HISTOIRE
GENERALE
DE LANGUEDOC
■ ÉDITION
ACCOMPAGNEE
DE DISSERTATIONS & NOTES NOUVELLES
CONTENANT
LE RECUEIL DES INSCRIPTIONS ANTIQ.UES DE LA PROVINCE
VV^- IM ANCHi:S IH- MKDAU.l.ES, DK SCEAUX, DES CARTES GÈOGR APH I aU ES , ETC.
ANNOTEE PAR
M. Charles ROBERT
Mt:,MRKE DE l/iNSTITUT
M. Paul MEYER
PROFESSEUR AU COLLEGE HE FRANCE
M. Anatole de BARTHELEMY
MF.MBRE ni." COMIT; I>ES TRAVAUX HISTORIQLES
M. Auguste MOLINIER
ANCIEN ÉLÈVE DE L 'ÉCOLE DES CHARTES
M. GERMER-DURAND
BIBLIOTHÉCAIRE DE LA VILLE DE NIMES
M. ZOTENBERG
BIBLIOTUtCAIRE AUX MAXUSCRITS DE LA BIBLIOTHÈQ.LE NATIOSALE
PUBLIEE PAR
M. Edouard DULAURIER
KEMBRE DE L INSTITUT
CONTINUÉE JUSaUES EN 1790
PAR
M. Ernest ROSCHACH
CORRESrONUANT OU MINISTÈRE l>E l'inSTRIICTION PUBLIQUE POUR LES TRAVAUX HISTORIQUES
'fous droits réservés pour ce qui concerne la nouvelle rédaction,
même partiellement.
HISTOIRE
GENERALE
DE LANGUEDOC
A\'EC DES NOTES ET LES PIECES JUSTIFICATIVES
nOM CI.. DEVIC & DOM J. VAISSETE
hi
RELIGIEUX BÉNÉDICTINS DE lA CONGRÉGATION DE SAINT-MAÛR
TOME SIXIEME
TOULOUSE
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PRÉFACE
DANS le tome III de VHistoïre de Languedoc, dont le texte remplit
le tome VI de la présente édition, les Bénédictins avaient raconté les
événements compris entre les années ii6ô Se 1271. Les faits qui se
passèrent en Languedoc durant cette courte période appartiennent presque
tous à l'histoire générale, Si. leur influence sur les destinées ultérieures du
midi de la France a été si grande, qu'on ne saurait accuser dom Vaissete
de n'avoir pas gardé une juste proportion entre les différentes parties de
son œuvre, en consacrant un volume entier à cette période, qui fut décisive
pour l'avenir de la Province.
En 1 165, quand se tient à Lombers le premier concile contre les hérétiques
albigeois, le Languedoc est à peu près indépendant; l'action des Capétiens
s'y fait à peine sentir; la langue, les mœurs, les institutions, le droit, tout
concourt à séparer entièrement la France du Midi de la France du Nord.
Au contraire, en 1271, quand meurt Alfonse de Poitiers, dernier comte
indépendant de Toulouse, le Languedoc tout entier passe sous l'autorité
directe du roi. Depuis longtemps d'ailleurs l'administration royale, établie
dans le pays dès 122g, a commencé ce travail de transformation 8v d'assi-
milation qui se poursuivra pendant des siècles, 5t duquel sortira l'unité
VI. -,
vj PREFACE.
territoriale Se politique de la France. L'hérésie albigeoise se meurt; l'Eglise
romaine est plus puissante que jamais dans la Province, Se un tribunal
exceptionnel, l'Inquisition, travaille à ramener à l'unité les dernières com-
munautés hérétiques, que la guerre a laissé subsister.
Tout, avant la guerre des albigeois, séparait le Nord St le Midi. Les races
qui habitaient les bassins de la Garonne & du Rhône, celles qui vivaient au
nord de la Loire, n'étaient pas les mêmes, S<. la Narbonnaise, plus qu'aucune
autre partie de la Gaule, avait reçu après la conquête romaine l'empreinte du
génie latin. Avec le temps, ces dissemblances n'avaient tait cjue s'accentuer.
Tandis que la noblesse féodale du Nord gardait sa puissance S<. ses privi-
lèges, dans le Midi, au contraire, les classes tendaient à se rapprocher. Les
chevaliers devenaient volontiers bourgeois des grandes républiques langue-
dociennes; le commerce, plus étendu S<. plus actif, enrichissait les classes
moyennes de la société; la condition des serts s'améliorait. La langue était
plus cultivée; le droit, issu du droit romain, plus parfait S<. plus philoso-
phique. Ajoutons-y la tolérance religieuse, qui avait gagné les hautes
classes; elles n'avaient pas cessé de croire, mais elles voyaient sans indigna-
tion leurs parents, leurs amis pratiquer une autre religion.
Tel était, en résumé, l'état moral Se social du Midi vers la fin du douzième
siècle. Séparé du Nord à tant d'égards, il devait avoir à compter avec lui,
le jour où les Capétiens essayeraient d'établir leur pouvoir dans le sud de
l'ancienne Gaule. La guerre des albigeois précipita le cours des événements,
8c le choc se produisit dans les premières années du treizième siècle. Le Midi
fut vaincu; nous le répétons, il était plus civilisé que le Nord ; les vices de
son organisation politique causèrent seuls sa défaite.
La féodalité était née du besoin de protection qui s'était imposé à tous en
France, au neuvième siècle, lors des invasions des Normands Si des longues
guerres civiles qui amenèrent le partage de l'empire de Charlemagne;
impuissant à protéger les hommes libres, qui dépendaient de lui, le roi
ou l'empereur n'avait pu les empêcher de se choisir un maître plus actif Se
PRÉFACE. vij
surtout plus voisin. Alors se multiplièrent les associations entre vassaux 8c
seigneurs, qui s'unirent aux grands officiers, devenus indépendants, &, sous
cette domination rude mais nécessaire, la France entière put se reconstituer
Se refaire sa force militaire. Mais ce mouvement ne s'arrêta pas aux anciens
comtés de Charlemagne 8c de Louis le Pieux. Si le roi de Laon ou de Paris
était impuissant à Toulouse, le comte de Toulouse ne l'était guère moins à
Nimes ou à Albi j il dut déléguer ses fonctions, se choisir des lieutenants
pour chacune des villes cjui composaient son duché, devenu héréditaire.
Ces lieutenants, à leur tour, fixèrent leurs dignités S<. leurs titres dans leur
famille & purent braver leur ancien seigneur, se liguer contre lui, lui faire
la guerre Se s'approprier les droits régaliens. Cela dura en Languedoc jusque
vers le milieu du onzième siècle. Mais, à cette époque, une réaction se pro-
duisit presque partout en France. Dans chaque province, le suzerain nominal
essava de rendre son pouvoir plus effectif, 8c ce que les rois de France firent
dans leurs États, les ducs de Normandie dans leurs domaines, les comtes de
Toulouse le tentèrent en Languedoc.
Aucun prince français ne portait de titres plus pompeux que les Raimond;
ducs de Narbonne, comtes de Toulouse 8c marquis, de Provence, ils étaient
suzerains de tout le pays qui s'étend des sources de la Durance aux confins
de la Gascogne, des frontières de l'Auvergne, de la Marche 8c du Dauphiné
aux Pyrénées, au Roussillon 8c à la mer. Mais cette puissance était plus
apparente que réelle. De tous les pays dont la souveraineté leur appartenait,
deux seulement dépendaient d'eux : le marquisat de Provence Se le comté
de Toulouse. Le reste du Languedoc était possédé par quatre ou cinq princes
assez puissants pour faire respecter leur indépendance. Se sachant, au besoin,
se liguer contre leur suzerain. Le comte de Toulouse était duc de Narbonne,
mais ce titre ne lui donnait aucun droit sur la ville de ce nom, que les
descendants des anciens vicomtes, dès le milieu du dixième siècle, possédè-
rent librement. Alfonse Jourdain essaya, lors de l'avènement de la célèbre
Ermengarde, de s'emparer de cette ville; il ne put s'y maintenir. Se tous ses
vassaux se coalisèrent pour s'opposer a un. accroissement aussi démesuré de
sa puissance. Sauf vSaint-Gilles, sur le Rhône, les comtes de Toulouse ne
possédaient rien à l'est de l'Aude; en Provence, ils avaient à lutter contre les
viij PRÉFACE.
comtes de Forcalquier, dépouillés par le traité de iiiS. Dans le Rouergue,
ils ne tenaient que le plat pays; la capitale du comté, un grand nombre de
chàteaux-forts appartenaient à révêc[ue & au comte. En Albigeois, à partir
de 1164, leur pouvoir devint purement nominal; le vicomte les remplaça à
Albi Jk le sud du pays resta seul dans leur dépendance. Les comtes de Foix
& de Comminges ne leur rendaient l'hommage que pour une partie de leurs
domaines. A vrai dire, les comtes de Toulouse ne possédaient en propre que
le Toulousain, v compris le Lauragais, la Gascogne toulousaine S<. le Querci
jusqu'aux, confins de la Marche, principauté étendue, pays riche Se fertile,
mais qui ne pouvaient fournir à leur maître ni assez d'argent ni assez de
soldats pour soumettre ses turbulents vassaux.
Plusieurs familles se partageaient le reste du Languedoc. Les vicomtes de
Carcassonne, maîtres du Razès, du Biterrois 8c de l'Albigeois, furent, durant
tout le douzième siècle, les chefs des coalitions contre les comtes de Toulouse.
Moins puissants qu'eux, les vicomtes de Narbonne, les comtes de Foix, les
comtes de Melgueil, les vicomtes de Nimes & les seigneurs de Montpellier
surent également faire respecter leur indépendance. Ce n'est pas qu'im-
puissants à les soumettre de vive force, les Raimond n'aient essayé de la
politique; par des mariages, ils tentèrent de se concilier quelques-uns de
leurs barons; par des achats, ils cherchèrent à arrondir leurs domaines. Le
premier moyen leur réussit peu, S<. le gendre de Raimond V, Roger II de
Carcassonne, passa sa vie à combattre son beau-père; le second fut, au
contraire, plus fructueux. Un mariage politique avait valu à Raimond' VI le
comté de Melgueil; Raimond V acquit Agde 8< Nimes; tout le pays entre
l'Hérault & le Rhône finit ainsi par appartenir aux comtes de Toulouse. Si
le Languedoc avait pu rester isolé, nul doute que ces princes n'v eussent
fondé une sorte de monarchie féodale; malheureusement pour eux, cette
province avait des voisins puissants & actifs, par suite dangereux.
Quatre princes pouvaient menacer l'indépendance du I anguedoc : l'em-
pereur d'Allemagne 8c les rois d'Angleterre, de France 8c d'Aragon. L-'empereur
était le moins à craindre; le comte de Toulouse, il est vrai, tenait de lui le
marquisat de Provence, 8c sa suzeraineté s'étendait sur le Vivarais; du moins
PREFACE. ix
telle était la prétention de la chancellerie impériale; mais Conrad, Frédéric
BarberoLisse, Henri \'I Se Frédéric II étaient trop loin 8<. trop occupés pour
se créer en France de nouveaux embarras, S; la lutte contre le Saint-Siège
suffisait largement à occuper leur activité.
Le roi d'Angleterre, Henri H, était plus dangereux. Voisin immédiat du
comte de Toulouse, actif, habile, il avait en outre des prétentions sur ce
comté; sa femme, Eléonore de Guyenne, était fille de ce Guillaume X qui
à deux reprises avait occupé Toulouse, pendant la minorité d'Alfonse-Jour-
dain, S< de Philippine, fille unique de Guillaume IV, comte de Toulouse.
Henri H épousa les querelles de sa temme, S<. Louis VII dut venir défendre
contre lui son nouveau beau-h'ère, Raimond \. Trop fidèle à ses amitiés de
jeunesse, le fils de celui-ci, R.aimond V'I, resta l'allié de Richard Cœur-dc-
Lion, devenu roi d'Angleterre, épousa sa sœur, c[ui lui apporta, en dot, le
diocèse d'.Agen, abandonnant pour un faible avantage la maison de France,
alliée traditionnelle, protectrice constante de sa famille. C'était une lourde
faute qu'il expia cruellement, quinze ans plus tard.
Soutenu par le roi de France, le comte de Toulouse n'avait rien à craindre
du roi d'Angleterre; le roi d'Aragon étai< pour lui un ennemi beaucoup plus
redoutable. Avant même cju'un mariage heureux eût réuni l'Aragon S< la
Catalogne, les comtes de Barcelone étaient pour ceux de Toulouse des rivaux
k craindre. De tout temps, ils avaient été en relation avec la Septimanie;
alliés à la plupart des familles princièies de ce pays, ils y trouvaient des recrues
toujours prêtes pour la guerre sainte contre les Maures, qu'ils poursuivaient
sans relâche. Raimond le Vieux, comte de Barcelone, en achetant, vers 1070,
les droits, plus ou moins légitimes, du vicomte & de la vicomtesse de Bézicrs
sur les comtés de Carcassonnc Se de Razès, fournit h ses successeurs iin
prétexte tout trouvé pour intervenir continuellement dans les affaires du
Languedoc. Les comtes de Barcelone, bientôt rois d'Aragon, resteront fidèles
à cette politique, & les vassaux des comtes de Toulouse, révoltés contre leur
suzerain, pourront toujours compter sur leur appui. F.n même temps, les
domaines de la maison d'Aragon s'étendent. En 1174, la mort du dernier
comte de Roussillon leur donne ce comté £<, celui de Cerdagne; en 11 25, le
comté de Provence est devenu un apanage de leur famille. Au nord, maitres
X PRÉFACE.
des vicomtes de Millau &. de Cariât, ils font sentir leur inikicnce jusqu'aux
portes de Rodez. La plupart des seigneurs du Languedoc sont leurs vassaux;
les vicomtes de Béziers tiennent d'eux Carcassonne & le Razès; les comtes
de Foix, ceux de Comminges, leur rendent hommage pour leurs possessions
d'Espagne. Narbonne, après la mort tle la vicomtesse Ermengarde, appartient
k la famille espagnole de Lara; enfin, les seigneurs de Montpellier ont de
tout temps entretenu avec les comtes de Barcelone des rapports suivis.
Tout d'ailleurs contribue à rendre plus sûrs les progrès de leur influence.
Entre la C'atalogne & la Septimanie, les relations sont journalières, les
intérêts, la langue, la littérature des deux pays sont les mêmes. Aussi la
population n'a-t-elle pas, pour la domination des rois d'Aragon, l'aversion
(lu'elle montrera plus tard ])our celle des Français. I^e Languedoc tout
entier hésite entre les comtes de Toulouse S<. les rois d'Aragon, comme s'il
prévoyait que le jour est proche où les armes devront décider entre eux, 8<.
ces deux maisons ennemies s'allient par des mariages répétés, mariages aussi
inutiles que le seront plus tard les mariages espagnols du seizième & du
dix-septième siècle. La guerre des albigeois vint dénouer la situation;
l'abaissement de la maison de Toulouse semblait devoir faciliter l'accomplis-
sement des projets ambitieux des princes d'Aragon. Quand don Pèdre se
décida à secourir R^aimond \T, en I2i3, il ne vint j^as relever la fortune de
son rival, mais établir définitivement sa suprématie, en écrasant Simon de
Montfort. Ses desseins n'étaient secrets pour personne; protecteur déclaré
des comtes de Foix £<. de Comminges, il plaidait leur cause devant le concile
de Lavaur 8<. les réclamait pour ses vassaux; il traitait le comte de Toulouse
non en allié, mais en inférieur. Se ses procédés outrageants pour celui-ci
furent en partie cause de la perte de la bataille de Muret. Mais, pour arriver
à ses fins, don Pèdre devait vaincre; général inhabile, il ne sut que se faire
tuer bravement St sa défaite entraîna la perte du Midi. Ni le nouveau roi,
don Jacme, tout jeune encore, ni les grands Aragonais, qui lui servaient
de tuteurs, ne pouvaient reprendre les projets de don Pèdre. Cependant les
années se passaient, Pvaimond VI reprenait un instant l'avantage, & un
adversaire bien plus redoutable, le roi de France, remplaçait les Montfort.
Les rois d'Aragon ne retrouveront plus l'occasion perdue, malgré les sympa-
thies des seip-neurs Se des bourp-eois du I/ana;uedoc.
PREFACK. xj
Jamais, même à l'époque de sa plus grande faiblesse, la royauté capétienne
n'avait cessé d'entretenir quelques relations avec les princes du Midi. La
chose, certaine pour Hugues Capet S< Robert, l'est moins pour Henri I £<
Philippe I; mais ces rapports ayant toujours été de courte durée, les rois
n'ayant jamais cherché à établir leur autorité dans le Midi, il n'est pas éton-
nant que les chroni((ues du temps ne mentionnent pas des faits qui, pour les
contemporains, n'avaient aucune importance. Il n'en faut pas moins supposer
que jamais ces |Minces ne perdirent le Midi de vue pour expliquer pourquoi
le jour où, sous Louis \'I, la royauté commença à prouver sa force, ce pa>s
devint sur-le-champ l'objet de son attention. Ce roi est le premier des
Capétiens auquel les églises du Languedoc soient venues demander la confir-
mation de leurs anciens privilèges. Il a avec les seigneurs du Languedoc des
rapports suivis, 8< grâce à ses soins, son jeune fils épouse l'héritière du
duché d'Aquitaine. En divorçant avec Éiéonore, Louis VII perdit, il est vrai,
une partie des avantages qu'avait obtenus son père, mais il répara en partie
sa faute, en soutenant R.aimond V, comte de Toulouse, contre Henri II, &
en excitant les fils de son rival contre leur père. Sous son règne, l'influence
royale se développe; lui-même vient, à plusieurs reprises, dans le Midi; il
entretient, avec les barons, avec les villes de la Province, une correspondance
assez active; le nombre des diplômes accordés par lui aux églises du pavs
montre (|ue les actes royaux ont repris une certaine autorité. En même
temps, SCS expéditions en Auvergne &<. jusqu'aux frontières du Vêlai prouvent
aux méridionaux que le roi de France est déjà assez fort pour tenir cam-
pagne 8c dompter les plus puissants rebelles. Avec Philippe- Auguste, la
politique traditionnelle de la royauté se développe Se s'affirme. Comme son
père Se son aïeul, ce prince protège les églises du Languedoc, mais, malgré
ses efforts, il ne peut retenir dans son alliance Raimond \'I, prince versatile
Se politique imprudent. Aussi le pouvoir royal était- il encore assez faible,
dans le Midi, au commencement du treizième siècle, Se un événement
comme la croisade des albigeois pouvait seul lui permettre d'y devenir pré-
pondérant.
La guerre des albigeois éclata en 1:09; mais, depuis longues années, on
pouvait prévoir qu'un jour ou l'autre le Midi hérétic[ue aurait à compter avec
xij PREFACE.
l'Eglise. Que le Languedoc fût tout entier acquis à l'hérésie, c'est ce qu'on
ne pourrait soutenir; au contraire, en dépit des invectives des auteurs du
temps tk de leurs exagérations, il est certain que les partisans des croyances
albigeoises n'y formaient cju'une minorité iniinie. Les princes méridionaux
dont aucun n'était hérétique, quoi qu'en ait dit le fougueux Pierre de Vaux-
Cernay, ne comprirent pas ([uel danger les menaçait; ils ne surent pas
voir qu'en présence d'un adversaire tel qu'Innocent III, il fallait oublier
les vieilles querelles S<. former un seul corps. S'ils l'eussent fait, la croisade
échouait, car la première armée de i:>o9 n'eût pu vaincre le Midi coalisé.
Mais le comte de Toulouse donna le signal de la défection; il ne rougit pas
de conduire les troupes étrangères qui allaient combattre son propre neveu,
Raimond-Roger. Le sac de Béziers, la prise de Carcassonne donnèrent aux
envahisseurs un point d'appui, !k la croisade trouva dans Simon de Montfort
le chef dont elle avait besoin.
Nous n'avons pas à refaire ici cette lamentable histoire; dom Vaissete
a raconté dans le détail les massacres, les fautes, les revers, qui signalèrent
ces quinze années. Rappelons seulement que la politique du roi de France
semble avoir été assez énigmatique Philippe-Auguste refuse son appui à
Pvaimond VI, cjui n'a rien fait jusque-là pour se concilier ses bonnes grâces,
mais il décline les oftres du pape, ([ui voudrait faire de lui le chef de la
croisade; ni en 1209, après le meurtre de Pierre de Castelnau, ni en 1:218,
après la mort de Simon de Montfort, ni en 1221, lors des premiers revers
d'Amauri, il ne consent à intervenir. Réservant, dès les premiers jours,
ses droits de suzeraineté sur le Midi, déniant au pape le droit de disposer des
domaines de Pvaiinond VT, Philippe-Auguste reste spectateur de la lutte, se
contentant d'en accepter les résultats, d'agréer, par exemple, l'hommage de
Simon de Montfort pour sa nouvelle principauté. Faut-il voir dans cette
conduite une preuve nouvelle de la perspicacité bien connue de ce prince,
le désir de laisser les deux partis s'épuiser mutuellement, en se réservant
d'intervenir au moment opportun? Faut-il, au contraire, attribuer cette
réserve prudente aux affaires de tout genre qui occupaient Philippe Se l'em-
pêchaient de s'occuper de provinces éloignées, comme le Midi? Les deux
opinions peuvent être soutenues, mais la seconde a pour elle plus de proba-
bilités.
PREFACE. xiij
Quoi ([u'il en soit, quand Honorius III, continuateur zélé de la politique
de son prédécesseur, vit, en 1228, Amauri de Montfort réduit à la dernière
extrémité, ce fut à Louis VIII, qui venait de remplacer Philippe-Auguste sur
le trône de France, qu'il s'adressa pour une nouvelle croisade. Une première
fois, les deux, parties ne purent s'entendre sur les conditions de l'accord à
intervenir, Si. tandis que le roi déclarait publiquement renoncer à l'entre-
prise, un moment projetée, le pape cherchait à se rapprocher de Raimond VII;
mais la mort de l'archevêque de Narbonne, auquel semble devoir revenir
l'honneur de cet essai de réconciliation, arrêta les négociations, S< en 12 20,
Honorius III dut recourir de nouveau à Louis VJII & accepter ses conditions,
assez dures, il faut le reconnaître. Le roi prenait la conduite de la croisade,
mais les avantages de l'entreprise devaient lui rester, les conquêtes futures
appartenir au royaume de France; l'Église de France payait les frais de
l'expédition. Honorius III accepta tout, 8(, Louis VIII put se mettre en cam-
pagne. Mal conduites, les opérations militaires réussirent cependant, grâce à
la crainte ([u'inspirait le pouvoir royal, & à l'épuisement du Languedoc.
Le pays presque entier fut soumis, & Raimond VII, en prolongeant la
résistance, ne put que retarder de trois ans sa défaite définitive. Le traité
de i2 2i_) consacra l'abandon du Languedoc oriental S< assura à la famille
royale la propriété du reste de la Province, dont Raimond ne conserva que
l'usufruit. Dès lors, l'indépendance du Midi fut perdue.
Les vingt années qui suivirent ce traité célèbre turent tristes pour le
pays. Mal administré par les officiers royaux, le Languedoc oriental eut à
souffrir de leurs exactions. Le comté de Toulouse, gouverné d'une manière
plus équitable, ne fut guère plus heureux. L'établissement de l'Inquisition
y entretint des divisions continuelles; la guerre de 1242 l'épuisa d'hommes
Se d'argent. Vaincus deux fois, en 1240 & en 1242, les Languedociens durent
subir les dures conditions de la paix de Lorris Se supporter les dépossessions,
les violences qui suivirent ces deux grandes prises d'armes.
Heureusement qu'un gouvernement plus intelligent allait réparer en partie
ces injustices Se rendre aux vaincus la résignation plus facile. En 1247, com-
mence pour le Languedoc le règne personnel de saint Louis. Ses cnc|uc-
teurs parcourent le pays, réparant les injustices des anciens sénéchaux Se de
xiv PREFACE.
leurs subordonnés, restituant les amendes mal acquises, rendant les biens
confisqués sans droit. En 1254, à son retour de la Terre Sainte, le roi
publie ses célèbres statuts, & depuis lors, jusqu'à sa mort, il ne cesse de
veillera la réparation des maux causés par ces longues guerres. De son coté, le
comté de Toulouse a changé de maître; à Raimond VII, en 1249, succède
Alfonse de Poitiers, dont le gouvernement rappelle celui de son frère, malgré
des dittérences sensibles. Il est moins aimé de ses sujets cjue Raimond VII,
mais son gouvernement n'en est pas moins meilleur que celui de ce dernier,
il cherche à assurer la bonne administration de la justice, à prévenir les
abus. Aussi, grâce aux efforts de ces deux princes, la masse de la population
finit-elle par se faire au nouvel état de choses, 8(. c'est à Louis IX 84 à
Alfonse que la couronne fut redevable de la conquête définitive de ce beau
pays.
Ce n'est pas que l'administration de ces deux princes n'ait profondément
modifié l'état ancien du Languedoc. Ils portèrent les premiers coups à
l'indépendance de ces grandes républiques municipales qui peuplaient la
Province & achevèrent de ruiner la féodalité méridionale; en soutenant
l'Inquisition, Alfonse Se Louis IX consommèrent la destruction des croyances
albigeoises, jusque-là répandues dans une partie du pavs.
On a le droit de regretter les anciennes franchises que Louis IX 8< Alfonse
furent les premiers à diminuer; mais, il faut le reconnaître, le L,anguedoc
ne devint français au treizième siècle que grâce à l'impéritie de ses princes,
ik aux divisions intestines des villes.
Ce sont là les principaux événements qui se passèrent dans cette Province
tic ii65 à 1271. Pour la plupart, ils n'intéressent pas seulement le Langue-
doc, mais la France entière. Aussi avons-nous cru nécessaire de donner, ])our
ainsi dire, la trame de l'histoire de la Province pendant ces cent années,
Dom Vaissete, préoccupé avant tout de raconter les faits dans leur ordre
chronologique, n'avait pas cherché à montrer leur suite & leur enchaîne-
ment; beaucoup d'ailleurs, qui aujourd'hui nous paraissent caractéristiques,
restaient forcément inaperçus pour le savant bénédictin; d'autres même, dont
PREFACE. XV
peut-être, en sa qualité de méridional, il sentait l'importance, étaient de
ceux qu'il n'eût point été prudent de trop mettre en lumière à son épo((ue.
Sans vouloir retaire son œuvre, c(ui restera longtemps le répertoire le plus
précieux 8c le plus exact pour tous ceux qui voudront étudier l'histoire du
Languedoc, au treizième siècle, nous n'avions pas les mêmes raisons que lui
pour ne pas insister sur ces côtés de notre histoire.
Au texte des Bénédictins, nous avons ajouté un grand nombre de notes;
ces notes sont de deux espèces : les unes rectifient des assertions erronées,
complètent certaines parties du récit primitif; les autres traitent quelques
points négligés par dom Vaissete. Les premières sont en grand nombre,
sans que nous ayons cherché à redresser toutes les erreurs peu importantes
commises par notre savant prédécesseur; ces erreurs de détail ne sont pas
telles qu'elles puissent modifier le fond du récit; elles portent le plus souvent
sur des noms de lieux mal orthographiés, Se les fautes de cet ordre sont
corrigées dans la, table des matières qui termine le volume. Nous avons mul-
tiplié, au contraire, les notes qui complètent le récit de dom Vaissete,
indiqué des faits oubliés par lui & traité des jioints importants d'histoire
S<. d'administration, qu'il avait absolument négligés. Partout où le récit de
l'Anonyme provençal connu par lui différait du poëme original de Guillem
de Tudèle & de son continuateur, nous avons rétabli en note la version de
ces derniers. Nous avons tait un travail analogue pour les bulles des papes,
en renvoyant toujours aux Regesta Pontificnm de Potthast, ik pour les faits
relatifs à saint Louis, que nous citons d'après sa vie par Le Nain de Tillemont,
aujourd'luii publiée. En outre, nous avons employé différentes sources que
dom Vaissete avait trop négligées. Le Trésor des Chartes, la collection Doat,
les cartulaires de Raimond VU, la correspondance d'Alfonse de Poitiers nous
ont fourni la matière d'un grand nombre de notes. Ajoutons-y beaucoup de
renseignements Se de rectifications, que nous avons empruntés aux principaux
ouvrages publiés depuis dom Vaissete sur l'histoire de Languedoc.
Le système d'annotation sutvi par nous pourra donner lieu à des repro-
ches, au-devant desquels nous croyons devoir aller. Certains trouveront
quelc|ues-unes de nos notes un peu longues, d'autres pourront remarquer
xvj PRÉFACE.
qu'elles ne sont pas répandues d'une façon égale dans tout le volume. C'est
ainsi qu'aucune note n'a été ajoutée au long récit, donné par le savant
bénédictin, des guerres entre Henri d'Angleterre & ses fils. Nous croyons
cependant pouvoir répondre à ces objections. Les parties du récit de dom
Vaissete que nous n'avons pas annotées, ne se rapportent d'ordinaire qu'indi-
rectement à l'histoire du Languedoc. C'est ainsi cjue, pour prendre comme
exemple le cas cité plus haut, tous ces événements, sur lesquels dom Vaissete
s'est si longuement étendu, ne rentrent qu'à peine dans cette histoire 5 ils
n'ont pas été sans influence sur le sort du pajs, mais cette influence a été si
lointaine & si faible, que le récit des Bénédictins peut paraître aujourd'hui
trop long. Aussi, avons-nous cru pouvoir laisser subsister tel quel le texte de
dom Vaissete; il est bien évident que les historiens d'Aquitaine ou d'Angle-
terre auraient tort de consulter, sur ce point particulier, l'ouvrage du savant
bénédictin. Nous pourrions, croyons-nous, expliquer de même toutes les
lacunes apparentes que l'on pourra signaler dans notre annotation. Quant
à la longueur inusitée de quelques notes, elle tient tantôt à l'abondance des
renseignements nouveaux réunis par nous, tantôt au grand iiombre d'inexac-
titudes commises par notre savant prédécesseur.
Nos notes sont tellement étendues, que des erreurs s'y sont certainement
glissées. Nous espérons que le lecteur nous les pardonnera, &. que malgré
ces taches, nos additions ne laisseront pas detre utiles aux futurs historiens
du Languedoc.
A. MOLINIER.
Paris, 1" mars 1880.
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AVERTISSEM-ENT
DU TOME III DE L'ÉDITION ORIGINALE
LES événemens arrivés dans le Languedoc depuis le milieu du douzième siècle
jusques vers la fin du suivant sont si abondans, qu'ils fournissent la matière de
ce troisième volume, qui commence à la condamnation des hérétiques lienriciens
au concile de Lombers en ii65, & finit à la réunion du comté deToulouse à la couronne
en 1271. Entre ces événemens, les plus importans sont l'hérésie & la guerre des albi-
geois, qui sont la principale partie du volume, & dont on rapporte l'origine, le progrès
& la fin : morceau aussi intéressant pour l'histoire de l'Église que pour celle du royaume.
Comme la Province a été le premier & le principal théâtre de l'une & de l'autre, nous
n'avons rien négligé pour les mettre dans tout leur jour & pour en décrire fidèlement
les circonstances. Nous avons entrepris ce travail d'autant plus volontiers, qu'on ne
trouve aucun historien parmi les anciens & les modernes qui l'ait exécuté, quoique
plusieurs l'aient tenté, mais sans succès, soit à cause de leurs préventions, soit par le
défaut des mémoires.
Le plus célèbre parmi les anciens est Pierre, moine de l'abbaye de Vaux-Cernay, au
diocèse de Paris, auteur contemporain & témoin oculaire de la plupart des faits qu'il
rapporte : il a écrit VHistoire d'Albij^eois, depuis la légation de frère Pierre de Casteluau
& de frère Raoul en i2o3 jusqu'à la mort de Simon de Montfort, arrivée en 1218, his-
torien véritablement estimable en bien des choses; mais si passionné pour Simon de
Montfort, dont il est admirateur perpétuel, & si déclaré contre les ennemis de ce
général de la croisade, qu'il est difficile d'en soutenir patiemment la lecture.
Guillaume de Puylaurens, auteur moins partial, mort vers la fin du treizième siècle,
nous a donné dans .^a Chionique, qu'il finit à l'an 1272, plusi'.urs circonstances intéres-
£;intcs touchant l'hérésie & la guerre des albigeois; & ([uoiciii'il ne soit pas tout à fait
xviij AVERTISSEMENT DU TOME 111 DE' L'ÉDITION ORIGINALE.
contemporain, il pouvait en être très-bien instruit; tant parce qu'il étoit du pays, qu'à
cause qu'il fut aumônier de Raimond VII, comte de Toulouse. Nous avons collationné
l'édition qui a déjà été donnée de cette Chronique sur un manuscrit de plus de quatre
cents ans, qui étoit le 261 de la bibliothèque de feu M. Baluze, & qui est aujourd'hui à
la bibliothèque du roi. Nous avons fait usage des variantes de ce manuscrit, qui est fort
bon, pour corriger plusieurs fautes, entre autres dans les noms propres, & pour remplir
quelques lacunes. Nous avions même dessein de donner une nouvelle édition de cette
Chronique; mais de crainte de trop grossir nos Preuves, nous avons cru devoir la laisser
pour la Collection des historiens de France, que dom Martin Bouquet fait imprimer
actuellement.
Enfin, nous trouvons un détail fort circonstancié d'une partie de la guerre contre les
albigeois, dans un Anonyme qui en a écrit l'histoire en langage du pays, depuis l'an 1202
jusqu'en 1219. Nous avons cru devoir donner son ouvrage parmi nos Preuves, parce
qu'il renferme plusieurs choses qu'on ne trouve pas ailleurs, & qu'il paroît que cet
auteur, quoique postérieur, étoit bien informé, & qu'il a puisé dans de bonnes sources.
Cet Anonyme a été connu de Catel', qui rapporte quelques fragmens de son ouvrage,
dont il avoit vu deux manuscrits défectueux au commencement & à la fin. Il le cite sous
le nom de YHistorien. du comte de Toulouse, à cause que l'Anonyme paroît fort porté
pour ce prince, & il en fait cas, de même que M. de Marca". Mais quoique cet historien
paroisse favorable en effet à Raimond VI, comte de Toulouse, il est faux cependant
qu'il soit suspect d'hérésie, ainsi que quelques modernes l'ont prétendu; car il donne
en divers endroits des témoignages non suspects de son zèle pour la foi catholique, &
de sa haine contre les hérétiques.
Comme le langage dont il se sert est à peu près semblable à celui qu'on parle encore
aujourd'hui à Toulouse & dans le reste do la Province, & que d'ailleurs la plupart des
mots sont les mêmes que ceux de la langue françoise, à la terminaison près, nous avons
jugé inutile d'ajouter une traduction françoise à cause du texte languedocieii, & jumis
avons cru qu'il suffisoit, par rapport aux étrangers, de mettre à la fin un glossaire pour
les termes les plus difficiles. Quant aux temps où l'auteur a vécu, nous ne trouvons rien
dans son ouvrage qui puisse le déterminer d'une manière bien précise. Tout ce qu'on
peut conjecturer, c'est qu'il vivoit après le treizième siècle, & qu'il écrivoit au plus tôt
vers le milieu du suivant. Deux raisons nous le persuadent ; la première est qu'il se
sert^ du terme de Languedoc, qui n'a été en usage que vers le commencement du qua-
torzième siècle; la seconde, que dans l'extrait'' du traité de paix de l'an 1229 qui est à la
fin de l'ouvrage (supposé qu'il soit du même auteur, comme il ])aroît par le style), il est
parlé du grand-maître de Rhodes. Or, cette île ne fut prise qu'en 1809 sur les infidèles
par les chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem, qui y établirent alors leur principale
résidence. Il semble de plus supposer dans un endroit' qu'il y avoit un évêque dans la
ville de Castres, qui ne fut érigée en évêché qu'en iSiy. On peut ajouter que nous ne
connoissons aucun manuscrit bien ancien de cet ouvrage, car les deux dont nous nous
■ Catel, Histoire des comtes de Toulouse, p. 25î. ■* Voyez tome VIII, Chroniques, c. 196.
* Marca, Htstotre du Bèarn, p. 737. ^ Ihid, c. 77.
' Voyez tome VIII, Chroniques, c. 3.
AVERTISSEMENT DU TOME III DE L'EDITION ORIGINALE. xix
sommes servis n'ont pas deux cents ans d'antiquité. Il paroît qu'Us ont été copiés l'un
sur l'autre. Ils renferment, en effet, la même lacune touchant les circonstances de la
mort de Simon de Montfort, & on n'y trouve que celle-là qui est assez longue. Nous
avons suivi l'orthographe de ces manuscrits, qui n'est pas uniforme, suivant la copie
que M. le Fournier religieux de l'abbaye de Saint-Victor de Marseille, nous a envoyée,
& qu'il a transcrite sur celui qui a a])partenu à feu M. de Peiresc, & qui paroît le plus
ancien. Nous l'avons collationnée avec un autre manuscrit de la bibliothèque du roi,
& nous avons trouvé fort peu de variantes. Au reste, quoique cet historien anonyme
mérite beaucoup d'attention, nous ne prétendons pas cependant nous rendre garans de
tous les faits qu'il avance & de leurs circonstances. Il paroît, en effet, qu'il s'est trompé
en certains endroits, & qu'il a renversé en d'autres l'ordre des faits; mais Pierre do
Vaux-Cernay lui-même, quoique contemporain, n'a pas évité quelques fautes sem-
blables.
Ce sont là les historiens sur lesquels nous nous sommes le plus appuyés pour l'histoire
de l'hérésie & de la guerre des albigeois; ce qui joint au secours que nous avons tiré de
quelques autres auteurs ou chroniques du temps, & à un grand nombre de monumens
ou d'actes authentiques, nous a procuré une abondante matière. Nous n'entrerons pas
ici dans le détail des différentes bibliothèques ou archives d'où nous avons tiré ces
titres : nous avons eu soin d'en indiquer les sources à la marge des Preuves ou du corps
de l'ouvrage; nous nous contenterons d'observer que trois registres ou cartulaires nous
ont fourni entre autres de grandes lumières.
Le premier est le registre intitulé : Reglstrum curiae Francîae. Il fut compilé vers la
fin du treizième siècle, & l'original en est conservé dans le Trésor des chartes du roi.
On en trouve deux copies écrites à peu près vers le même temps parmi les manuscrits de
Colbert, qui appartiennent aujourd'iiui au roi. Ce registre contient la plupart des actes
de Simon & d'Amauri de Montfort, dans bs temps qu'ils dominèrent sur une grande
partie de la Province, pendant & après la conquête des croisés, & ensuite de rois
Louis VIII & Louis IX, qui entrèrent dans leurs droits touchant la même conquête.
Les actes originaux sont aussi dans ce Trésor, & nous en avons eu communication. Le
second registre est le Carttilaire de Raimond VII, comte de Toulouse, qu'on voit
aujourd'hui dans la bibliothèque de M. le chancelier d'Aguesseau, ik dont on trouve
une copie moderne parmi les même manuscrits de Colbert, n" 1067. Enfin, le troisième
est le Cartulaire d'Alfonse, comte de Poitiers & de Toulouse, frère du roi saint Louis,
qui est aux archives du collège des jésuites de Toulouse, & dont on trouve aussi la copie
parmi les manuscrits de Colbert.
Quant aux modernes, plusieurs catholiques ou protestans ont entrepris d'écrire en
particulier l'histoire de la croisade contre les albigeois. Entre les catholiques sont les
PP. Benoît & Percin, jacobins, & le P. Langlois, jésuite. Le P. Percin a écrit en latin,
& son ouvrage a paru en 1693 avec son histoire du couvent de Toulouse de son ordre.
Les ouvrages des deux autres sont en françois. Celui du P. Benoît fut imprimé en 1691
en deux volumes in-12; il est intitulé : Histoire des albigeois &■ des vaudois. Le P. Lan-
glois fit [imprimer le sien à Rouen en 1703, sous le titre d'Histoire des croisades contre
les albigeois : il contient un volume in-12. Les uns & les autres n'étoient pas assez au
fait : ils ont commis un grand nombre de fautes; & si on peut accuser les protestans,
XX AVERTISSEMENT DU TOME III DE L'ÉDITION ORIGINALE.
qui ont écrit sur la même matière, d'une partialité outrée pour leur secte, on ne sauroit
excuser les catholiques de n'avoir pas été assez en garde contre Pierre de Vaux-Cernay,
& d'avoir épousé trop aveuglément sa passion pour Simon de Montfort, & sa haine
contre le comte de Toulouse & ses alliésj en sorte qu'ils sont, surtout le P. Langlois,
des déclamateurs plutôt que des historiens. Pour nous, nous nous sommes efforcés de
tenir un juste milieu, &., laissant les réflexions aux lecteurs, nous nous sommes attachés
simplement à rapporter les faits & à ne rien avancer que sur do bons garants.
On trouvera peut-être que nous nous sommes trop étendus; mais comme on ne
cherche, dans les histoires des provinces, que le détail qui manque dans l'histoire
générale du royaume, nous avons cru devoir donner une certaine étendue à la narra-
tion. La matière est si vaste que nous avons été obligés de supprimer plusieurs faits
moins importans, diverses circonstances, & une partie des actes que nous avions
préparés pour les preuves, pour ne pas trop grossir le volume; aussi nous nous sommes
contentés souvent de citera la marge les chartes, les archives & les manuscrits. Il est
vrai que plusieurs personnes de lettres, qui font beaucoup de cas de ces sortes de
monumens, auroient souhaité c,ue nous les eussions donnés, & ils nous ont pressés de
n'y pas manquer; mais comme le plus grand nombre des lecteurs prend peu d'intérêt à
ces sortes de recueils, & qu'accoutumés ou aux fictions poétiques ou à ces petits
romans qui inondent le public depuis un certain temps, ils ne lisent que pour s'amuser,
sans s'embarrasser de la vérité des faits & de remonter aux sources, nous avons cru
devoir user de réserve, & nous en userons encore davantage dans la suite. Au reste,
nous avons eu principalement en vue, dans les monumens que nous donnons, ceux
qui intéressent l'ancienne noblesse de la Province.
On sait que l'usage du royaume, aux douzième & treizième siècles, étolt de com-
mencer l'année à Pâques, & que les trois premiers mois de notre année étoicnt alors
les derniers; cet usage n'étoit pas cependant universellement observé, ni dans les
chartes, ni par les Auteurs'; & pour nous renfermer dans la Province, il y avoil
quelques pays, comme le diocèse de Narbonne, le comté de Foix, &c., où ondatoit
plus communément de la Nativité que de l'Incarnation. Dans d'autres cantons, on se
servoit indifféremment des deux dates, quoique celle de l'Incarnation y fût plus usitée.
Enfin on trouve quelques dates de l'Incarnation qui doivent être comptées depuis la
Nativité, & quelques autres de la Nativité qui doivent être prises depuis l'Incarnation.
Nous avons fait remarquer en quelques endroits cette variété de calcul; mais il eût été
trop long & trop ennuyeux de l'observer toutes les fois; il suffit d'avertir ici, en
général, que nous avons toujours adapté, autant qu'il nous a été possible, l'ancienne
chronologie à la nouvelle, en commençant l'année au premier de janvier.
Nous croyons devoir observer aussi que dans le style du treizième siècle & du précé-
dent on entendoit par le mot château (castrum) quelque chose de plus qu'une simple
forteresse. Les auteurs & les monumens du temps donnent, en effet, ce nom à tous les
bourgs fortifiés ou accompagnés d'une espèce de citadelle, parce qu'ils n'appeloient
cités (ou villes) que les villes épiscopales. Par le mot de château, dont nous nous
sommes servis, à leur exemple, on doit donc entendre une petite ville ou un gros bourg.
' Bollandistes, août, t. i, p. 480 & sec[, ,
AVERTISSEMENT DU TOME III DE L'ÉDITION ORIGINALE. xxj
Nous nous sommes un peu étendus sur la vie de divers poètes provençaux natifs de
la Province, qui ont vécu à la fin du douzième siècle ou au commencement du suivant.
Ces vies se trouvent, avec celles de plusieurs autres poètes provençaux, dans deux
manuscrits de la bibliothèque du roi. Nous avons cru qu'on nous pardonneroit d'autant
plus ce détail que ce que Jean de Nostradamus nous a donné, touchant les mêmes
poètes, est mêlé de beaucoup de fables. Nous avons négligé, d'un autre côté, d'entrer
dans de longues discussions, pour examiner & rectifier la suite & la succession des
évèques & des abbés du pays; ce travail appartient d'ailleurs plus particulièrement à
nos confrères qui donnent actuellement la nouvelle édition du GaJlia Christiana. Ils
vont faire paroître incessamment le sixième tome de ce grand ouvrage, qui contiendra
la métropole de Narbonne, & on peut assurer par avance qu'ils n'ont rien laissé a
désirer, soit pour l'étendue, soit pour l'exactitude de leurs recherches.
Nous avions projeté d'abord d'insérer dans ce volume la carte géographique de
l'ancien Languedoc, divisé par sénéchaussées & par vigueries ; mais comme les trois
anciennes sénéchaussées de cette Province n'ont été entièrement réunies à la couronne
qu'en 1271, nous avons jugé que cette carte seroit mieux placée à la tête du volume
suivant. Quant à la carte de la Province divisée par diocèses, suivant son état présent,
nous la donnerons avec la description du Languedoc; nous espérons rendre cette
dernière carte d'autant plus exacte qu'on pourra profiter des opérations de Messieurs
de l'Académie des sciences de Montpellier, qui ont entre])ris depuis longtemps, sous
les ordres de Nosseigneurs des F2tats, de lever sur les lieux le plan de tous les diocèses
particuliers du pays, & dont le travail est fort avancé. Enfin nous réservons pour le
volume suivant les sceaux de l'ancienne noblesse de la Province, qui feront une suite
de plusieurs planches".
Nous avons déjà averti que nous mettrions, dans le dernier volume, des additions &
des corrections pour tout l'ouvrage. Nous y discuterons entre autres de nouveau
l'époque de la translation du siège épiscojjal du Vêlai dans la ville du Puy. Un cha-
noine du Puy, qui prétend que cette translation est de la fin du troisième siècle, nous
a adressé un long mémoire, où il soutient son sentiment & réfute, avec beaucoup de
feu, la note que nous avons mise à ce sujet dans le premier volume. Nous déclarons
d'abord, par avance, que nous n'avons jamais prétendu donner nos conjectures sur
cette matière & sur toutes les autres que nous avons examinées comme des décisions
irréformables ; que nous respectons les anciennes traditions des Eglises, quand elles
ont quelque fondement solide; & qu'il n'y a que l'intérêt de la vérité qui nous a
engagés à dire librement notre pensée sur certains faits. Nous rapporterons donc fidè-
lement & dans toute leur force les raisons dont cet ecclésiastique se sert pour appuyer
son opinion; mais il nous permettra d'y joindre les raisons contraires : le public en
sera le juge.
Au reste, nous avons corrigé, dans ce volume, à mesure que nous avons eu occasion
de discuter la suite des faits, quelques fautes qui nous avoient échappé dans le second,
touchant la généalogie des comtes de Toulouse, des vicomtes de Béziers & de Carcas-
' Ces cirtes & les planches de sceaux seront insérées dans l'Album, qui paraîtra avec le dernier
volume de cette édition,
VJ. b
xxij AVERTISSEMENT DU TOME III DE L'ÉDITION ORIGINALE.
sonne, des seigneurs de Montpellier, &c., que nous avions donnée par avance. C'est à
quoi nous prions de faire attention.
Cet ouvrage a fait une perte considérable, j)ar la mort de dom CLAUDE DE Vjc,
mon collègue, décédé à Paris, dans l'abbaye de Saint-Gerniaiu des Prés, le 23 janvier
1784, peu de temps après la publication du second volume. Cette perte m'a été d'autant
plus sensible qu'ayant été associés pour le' même travail, depuis l'an 1715, nous avions
toujours vécu dans la plus parfaite union. Nous avions partagé les recherches, & il
m'avoit été d'un grand secours pour la composition des deux premiers volumes. Sa
mémoire, qui me sera toujours très-précieuse, demanderoit ici que je rendisse justice à
ses talens, & que je fisse l'éloge de ses qualités de cœur &: d'esprit, qui le rendoient
infiniment estimable, si je n'en avois déjà fait l'essai dans un mémoire, qui a paru
dans le Mercure de France du mois de mars de l'an 1734, & qui a passé dans le nouveau
Supplément de Moreri,
TABLE ANALYTIQUE
ADDITIONS ET CORRECTIONS MISES AU BAS DES PAGES
PAR LES NOUVEAUX ÉDITEURS
Abneville (traité dit d'); ses suites pour le
Midi. page 802
Agde; accord entre l'évêque & le chapitre
catliédral pour le partage du domaine de
cette ville. pp. 698-699
Agde (évêque d') ; poursuivi canonique-
ment en i2o5. p. 238
— Louis IX lui inféode l'île de Cette, p. 794
Agen; chartes de Raimond VU en faveur
de cette ville, de l'an 1221. pp. 543-544
— (Soumission d') à Alfonse en 1249.
p. 8i3
— (Sénéchal d'); démêlés entre lui & le
roi d'Angleterre en 1268. p. 904
Agenaisj expédition des croisés en Agenais
eu 1209. p. 287
Aigues-niortes; demandes adressées au roi
Louis IX par les habitants de cette ville;
analyse des privilèges que ce prince leur
• accorde en 1246, pp. 782-783
Alain de Lille & Alain du Puij note sur
ces auteurs. p. 2o5
Alais (enquête faite par les clercs du roi à)
en 1247. p. 793
Albano (cardinal d'); son intervention dans
le Venaissin en 1249. pp. 813-814
AIbi; accord p.TSsé en 1194, entre le vicomte
& l'évêque d'Albi. pp. 149-150
— (Charte de privilèges d') de 1220. p. 539
— (Évèque d'); obtient d'Alfonse un man-
dement pour la restitution des dîmes in-
féodées, pp. 916-917
— Se fait rendre hommage par Alfonse
po\ir le château de Castelnau de Bona-
fous, & adjuger les encours pour hérésie
des lieux dc< Montirat & Monestiés.
p. 909
Albigeois (les) ; origine orientale de leurs
doctrines. pp. 1-2
Albios (château </'); note sur ce lieu. p. 343
Alet (abbaye d'); rendue aux bénédictins
par ordre de Grégoire IX en 1232. p. 670
Alfonse de Poitiers; fête célébrée à Saumur
en 1241, à l'occasion de sa chevalerie.
p. 730
— Prend possession du comté de Toulouse
eu vertu du traité de Paris, pp. 810-811
— sa captivité en Egypte. pp. 814-815
— (Maladie d') en i252; lettre que lui écrit
le seigneur de Lunel. p. 829
— Est régent du royaume après la mort de
la reine Blanche & pendant l'absence de
Louis IX. p. 83o
— (Analyse d'un mémoire adressé par) au
roi, son frère, vers I256. p. 85 1
xxiv TABLE ANALYTIQUE DES ADDITIONS ET CORRECTIONS.
Alfonse do Poitiers (démêlés des officiers
d') avec l'abbaye de Boulboniie. g
pp. 852-853
— Refuse de secourir son frère, Charles „ ... , , , ^ , v. . i.Aif„,„„
d'Anjou, dans son expédition de Sicile. Baihes (nombre des) des Etats d Alfonse.
' p. 876 P- 930
— Refuse, malgré les instances de sa belle- Eardin (Guillaume); critique d'une asser-
sœur, la reine Marguerite, de secourir 'lO" àe ce chroniqueur. p. 816
Henri III d'Angleterre dans sa lutte con- Bar le Duc (comte de); prend part à la
tre les barons anglais. p- 874 croisade en 12 1 1 . p. 362
— (Date & lieu de la mort d'). pp. 927-928 Bastide (la); lieu pris par Montfort eu
— Exécution de son testament. P- 9^9 1217. p. 304
Alos (/o coms d') ; note sur ce perso.uiage. Baudouin, frère de Raimond VI ; histoire
' p. 366 de sa trahison. pp. 36o-36i-J62
Ananclet (château d'); note rectificative à — Sa mort. p. 433
ce sujet. p. 388 Baux (Barrai des); actes de la soumission de
Anduze (Pierre Bermond, seigneur d'); as- ce seigneur à Alfonse de Poitiers, p. 83i
sise que lui accorde le roi Louis IX en Beaucaire (siège de); récit de cette affaire
1243. p. 755 par le poëte anonyme, pp. 488, 491-492
Aragon (roi d') ; son intervention pendant — (Foire de); note à son sujet. p. 5o3
le siège de Carcassonne. p. 293 _ (Pi;ii„,es des habitants de), en 1247;
— Ses droits sur le Narbonnais. p. 5o analyse de ce document; Louis IX fait
— (Droits du roi d') sur Béziers & Mont- J.'oit -' quelques-unes de leurs rédama-
pellier. p- I7:>
lions en 1234. pp. 835-836
-Réclame les vicomtes de Millau & de Beaumont (Jean de), lieutenant de Louis IX
Gévaudan en i225. p. 622 J-ins le Midi; ses titres. p. 721
Aragon (Infants d") ; époque de leur tenta- Belleperche (abbé de); s'accorde avec Al-
tive d'invasion en France; elle doit être *o'ise au sujet des legs faits a son abbaye
placée vers 1263 & non en 1257. par Raimond VII. p. 821
pp. 853-854 & 875 Bérenger, archevèc[iie de Narbonne; date
Arles (concile d') de 121 1 ; note à son su- ''e sa mort. p. 379
jet; conditions imposées par les évéques Bernard Aton, dernier vicomte d'Agde; de-
au comte de Toulouse. pp. 347-348 vient chanoine de l'église cathédrale de
Armagnac (comte d'), guerre entre ce sei- cette ville. p. 121
gneur & Raimond VII en 1245. p. 774 Bertrand, évéque de Béziers, passe un ac-
Arnaud Amauri, légat du pape, archevêque cord avec Simon de Montfort le 1" mai
de Narbonne. p. :33 I2i3. pp. 418-419
Note sur sa conduite lors du siège de Béziers (prise de), en 1209; récit de Gui!-
Béziers. p. 289 lem de Tudéle. P- 289
Assemblées des trois états des sénéchaus- —Privilèges accordés à ses habitants en
sées de Carcassonne & de Bc-aucaire; ii85. ]ip. Ii5-ii6
note sur leur pouvoir. pp. 912-913 — (AffaiblissemcMit du pouvoir seigneurial
Aubenas (entrevue d'); sa date; ses résul- à), après 1194. p. i58
tats. pp. 268-269 — (Notariat de) au douzième siècle.
Aumônes faites à des établissements reli- pp. 40-41
gieux par Alfonse. p. 9o5 — (Évéques de); leur suite de 1240 à 1247.
— annuelles du même prince. p. 929 \i. 7*6
Avignonet (inquisiteurs tués à); note rec- — (Évéques & évéché de); actes ((ui leur
tificative. pp. 740-741 sont relatifs. pp. 99-100
Avignon; causes probables de la résistance — (Note sur la famille dite de). p. 58
de cette ville à Louis VIII. p. 607 —(Localités du diocèse de) qui embras-
— (Soumission d') à Alfonse de Poitiers & sent le parti de Raimond VII en 1242.
Charles d'Anjou en i25i. pp. 818-819 p. 743
TABLE ANALYTIQUE DES ADDITIONS ET CORRECTIONS. xxv
Bézicrs (vicomte de), Roger II; note sur Castellarii ; s?iis exnct île co terme clans les
la date de son alliance avec Ricliard canons du concile de Toulouse, de 1 229,
d'Aquitaine. p. 114 P- 940
Bézicrs Cviconife de), Raimond-Roger; son Castelnau (Pierre de); épo |ue de sa mis-
entrevue avec le légat en 1209. p. 236 sion, p. 229
— Opinions diverses sur les causes de sa — Rcn;arc[ue sur les circonstances de sa
mort. p. 3i3 mort. p. 263
Blanche, femme de Guillem de Minerve; Castelnaudary (siège de), en 1211. p. 374
donation que lui fait Louis IX. p. 840 Casteharrnsin (habitants de); renoncent à
Bonafous; construction du ch.àtcau de ce leur consulat en faveur de Raimond VII.
nom, & coutumes que Sicard Alaman P- 774
accorde à ses habitants. p. 727 Catalogne; troubles dans ce pays en 1217;
Bordeaux (concile provincial tenu à) en le roi Jacme prend la direction des af-
1 264; Alfonse proteste contre une de SOS laires. p. 5i2
décisions. p. 876 Catel; note sur une chronique citée par
Boulbonne; charte de Simon de Monifort
cet auteur. p. 5i
en faveur de cette abbaye. p. 3o2 Cannes (réclamations de l'abbaye de), en
c I • . • 1. 1 I u • 1262; salin de cette ville. pp. 871-872
— Se plaint au roi d un vassal de Rai- ^ ' M' ' ' '
moud VII. P- 778 Oaiix (seigneurs de); leurs droits sur la
H- ,„• , 1 ■!• 1 . dépouille des curés du village de ce nom.
istoirc de ses démêles avec les comtes ' '^
de Toulouse, le sire de Mirepoix 8; l'ab- ''" '"'
baye de Paniiers. pp. 852-853 Cécile, nièce de Raimond VII; épouse
.^méJée, comte de Savoie. p. 771
Cervaria (Guillem de), seigneur du Carcas-
p ses, jure fidélité à Louis VIII, en 1226.
p. 601
^ , , , ,., .,,,.,, Cette (ile dp); prétentions des chanoines
C..-.1iors (comté de); s il avait été a lene par ,,e Saint-Ruf sur cette île; conduite de
les comtes de loulouse au douziCMue Louis IX en cette occasion. p. 794
siècle. p. 36:>
, , . . , , . Chartres (Rainaud de), inriuisileur eu
Campagnoles ^commandene de); donation Toulousain; fa lettre h Alfonse.
faite à cette maison, en 1190, par le vi- Sj8-85o
comte de Bézicrs. p. i35 _, ,. , . .. ,. , . ' ' " ,?
Chevaliers du Midi, que Louis IX prend a
Candeil (abbaye de); remarque sur une sa solde lors de la croisade de Tunis.
charte de Richard d'Aquitaine en sa fa- p, qi5
P' ' Cîteaux (abbaye de); accord entre elle &
— S'accorde avec Alfonse touchant les legs Alfonse de Poitiers, au sujet des dettes
à elle faits par Raimond VII. de Raimond VII. p. 823
pp. 21- 22 C.larin, chancelier de Simon de Monifort.
Carcassoiine (prise de), en 1209; circons- p. 392
tances qui l'accompagnèrent. p. 296 Copiminges (comte de); combat entre lui
— Note sur la reconstruction de cette & le français Jori. p. 522
ville en 1247. pp. 785-786 _ Guerre entre lui & le comte de Foix.
— (Couvents de); leur reconstruction en p. 902
'^47' p. 7°6 Condom ; soumission de cette ville .à Al-
— (Première charte de coutume de), p. 112 fonse en 1249. p. 8i3
— (Coutumes de); note à leur sujet, p. 216 — (Habitants de); guerre entre eux & Gé-
— (Vicomtes de); note sur leur prétendue ""'' d"Armagnac. p. 900
descendance. P- 79« Conrad, légat apostolique en Languedoc;
— (Seigneurs terriers chargés de la garde date de sa mission. ' p. 537
de); \es mortes payes. p. 905 — Lettresque lui écrit Houorius III. p. 538
— (Localités du diocèse de), qui prirent le Consuls de mer, institués à Montpellier.
parti de Raimond VII, en 1242. p. 742 p. 945
xxvj TABLE ANALYTIQUE DFS ADDITIONS ET CORRECTIONS.
Corbeil (traité de), eu 1258. p. 86i Foix (château de), remis, eu i2i7,aucomfG
Cordes; fondation de cette ville en 12..3 par l'abbé de Saint-Thibéry. p. 5io
par le comte de Toulouse. p. 56o — (Habitants de); privilège de Jacme I,
Croisade; subside levé pour la croisade roi d'Aragon, en leur faveur, p. 889
dans les Etats de Rainiond VII en 1247 — (Comté de); ancien document sur sa
& 1248. p. 787 géographie. p. 886
— de 1270; note sur les dépenses qu'elle Foix (comte de); ses démêlés avec Simon
impose à Alfonse. pp. 907-908 de Montfort en 1216. p. 499
— contre les albigeois; sa prédication en — La paix de Lorris réserva-t-elle au suc-
France, p. 267 cesseur de Kaimond VII l'hommage du
Croisés contre les albigeois; note sur leur comte de Foix. p. ■jj'i
nationalité. p. 267 — Ses démêlés avec l'abbaye de Lézat; in-
— Leur nombre eu 1209. p. 284 tervention d'Alfonse, p. 917
Fontfroide (abbaye de); elle se fait rendre
par le roi la grange de Parahou. p. 849
L' — . Terres qu'elle achète d'Olivier de Ter-
mes, p. 857
Daumazanès (le); Indication bibliographi- pouage levé dans ses Éiats'par Rai-
que sur les coutumes de ce pays. p. 12a „,p,jj yn, lors de sa croisade, p. 788
Diego, évèque d'Osma ; date de sa mort._ _ alfonse ne leva pas de fouage en i 252 ;
P' ■^•^^ rectification d'une assertion de dom Vaiî-
sete. p. 829
E — Levé par Alfonse dans le Midi de 1261
à 1269; note à ce sujet. p. 901
Encapuchonnés (association des); son his- Foucois (Gui); note sur une édition de ses
toire. pp. 108-109 Quaestiones. P'9i'
Enquêteurs royaux dans le Midi ; objet de Franquevaux (abbaye de); remarque sur
leur mission ; ses résultats, pp. 793-794 un accord entre elle 8c Raimond V,'
— Leurs travaux dans le Midi en 1247 & comte de Toulouse. p. 124
1248; l'administration royale d'après
leurs registres. pp. 793-794
— Plaintes reçues par eux à Alais. p. 793 G
— Leurs assises dans la sénéchaussée de
Nimes de 1254 h 1257. p. 849 Gaillac; privilèges accordés à cette' ville,
— Leurs travaux de 125931262; note à en i 221, par Raimond VII. p. 542
ce sujet. p. 872 — (Troubles à) eu 1269; Alfonse infcr-
— Leurs assises de 1259 à 1262; indication vient en faveur de l'abbé. p. 914
de quelques-unes des restitutions faites Gascogne; guerres privées sur les confins
par eux. p. 870 de ce pays & du Toulousain en 1255.
— Leurs travaux en 1270. p. 916 P- 844
Enquêteurs d'Alfonse dans le Languedoc GaufrldusVosknsis; valeur du témoignage
en 1267 8i 1268; leurs décisions, p. 899 àe cet écrivain; état du texte de sa chro-
Êpaves (droit d'), à Toulouse; règlement
nique. p. 61
de 1192. p. 145 Génois; charte de Raimond VI en leur
•n • •• i-rii 1 • faveur. p. 61
Excommunication; diiterend a ce propos '
entre le sénéchal de Carcassonne & les Grandchamp (abbaye de), dans l'Ile-dc-
prélats de la Province. p. 843 France; charte fausse d'Amauri de Mont-
fort en sa faveur. p. 704
Grandsclve (al)bé de); s'accorde avec Al-
F fonse au sujet des legs faits à son cou-
vent par Raimond VII. p. 821
Foix (ville de); privilèges accordés à cette Grasse (abbaye de la); charte du roi d'Ara-
ville, en 1245, par le comte Roger, p. 774 gon en sa faveur. p. 92
TABLE ANALYTIQUE DES ADDITIONS ET CORRECTIONS. xxvij
Grasse (abbaye de la); accords, eu I2i5,
entre cotte abbaye & Simon de Mont-
fort, Gui de Lévis & Alain de Rouci_.
pp. 463-466
— Hommage que lui rend Amauri de
Montfort, eu 1219. P- ''^^^
— Vente faite, eu 1217, par Simon de
Montfort à cette abbaye. p. Soi
Grégoire IX; lettre écrite par ce pape à
Raimond VII, eu i235, au sujet de l'in-
quisition de Toulouse. pp. 698, 696
— Lettres écrites par lui en 1238, & rela-
tives à Raimond VII. p. 70?
Guerres privées dans la Province; mémoire
des agents d'Alfonse à ce sujet. p. 904
— Eu 1267. p- 90^
— En 1268; efforts d'Alfonse pour les ar-
rêter. * p. 9°4
Gui, fondateur de l'hôpital du Saint-Es-
prit de Montpellier; son origine, p. 72
Guidage (droits de); chartes relatives à
leur perception. P- 89
Guillem VIII, seigneur de Montpellier;
privilèges que lui accorde Célestiu III.
p. i38
— Remarques sur son testament. p. 202
— Poursuit les hérétiques & est protégé
par Innocent III. p. 224
Guillem Pierre, évéque d'Albi ; lettres du
pape Honorius III à sou sujet. p. 5i'j
Guillem Pelhisse, inquisiteur; analyse du
récit fait par lui de la révolte des habi»
tauts de Toulouse contre l'inquisition.
p. 691
H
Hérésie albigeoise; note sur ses progrès
eu Europe pendant les dixième & dou-
zième siècles. p. 221
Hérétiques; poursuites exercées contre
eux par Alfonse, de 1252 à I2")4.
p. 832
Hommages reçus par Alfonse à son retour
en Europe eu iiSo. p. 816
Honorius III; lettres écrites par lui aux
seigneurs & habitants du Languedoc en
faveur de Simon de Montfort. p. 714
— Lettres du même pour la croisade con-
tre les albigeois. p. "146
— Lettres du même en faveur d'Aniauri de
Montfort, écrites eu 1223. p. 072
Honorius III; lettres écrites ]5ar lui en
1224 pour l'affaire d'Albigeois. p. 5So
— Lettres écrites par lui en i225 pour l'af-
faire d'Albigeois. pp. 591-592
Hugues IV, comte de Rodez, rachète sou
voeu de croisade en 1247. p. 780
I
Innocent III ; note sur sa politique envers
Raimond VI en 1210. p. 320
Innocent IV; se plaint à Louis IX des vexa-
tions infligées par le sénéchal de Beati-
caire à des marchands génois. p. 763
Inquisition; ce que c'est à vrai dire. p. 223
— Date d'un acte d'inquisition publié par
dom Vaisséte.
p. 674
— (Prisons do 1') à Carcassonne & à Bé-
ziers. p. 779
Isle-Jourdain (seigneurs de 1'); se fout la
guerre en 1268 & 1269. p. 9o5
J
Jacme I, roi d'Aragon; guerre entre ce
prince & ses grands vassaux d'Aragon.
p. 882
— Pourquoi il ne prit aucune part h la se-
conde croisade de Louis IX, p. 915
Jeanne, comtesse de Toulouse; note sur
certains articles du testament de cette
princesse. p. 919
Juifs; leur état social dans le Languedoc.
p. 944
— de la sénéchaussée de Carcassonne; per-
sécutions dont ils sont l'objet eu 1246.
p. 783
— des états d'Alfonse; subside extraordi-
naire que ce prince leur fait payer.
P-
906
L
37J
61
La Grave (révolte de) en 1211.
Larzac (hospice du).
— (Précepteur du) ; lettre que
Raimond VII.
Latran (concile de) de I2l5; récit de la
chanson; sa valeur, pp. 473-474
Lattes (port d; ). p. loi
lui écrit
p. 802
xxviij TABLE ANALYTIQUE DES ADDITIONS ET CORRECTIONS.
Lattes (mailles de), droit de leude rendu à
la commune de Montpellier par Jacme I.
p. 862
Lautrec (vicomtes de); s'ils descendent du
comte Baudouin, frère de Rainiond VI ?
p. 438
— Guerre entre eux & Philippe de Mont-
fort en 1267. P- 902
Légats en Languedoc; étendue de leur
pouvoir. P- ^32
Lenaiii de Tillemont; cité à propos de
l'annulation du testament du comte Rai-
mondVlI. p. 821
Lévis (famille de); remarque sur le titre de
maréchal, porté par les membres de cette
famille. P- 656
Lézat (abbé de); accord entre lui & le
comte de Poix en 1241, & construction
de Sauveterre Saint-YlDars. pp. 732-733
Lézignan; accord relatif à ce château entre
Amauri de Montfort & le vicomte de
Narbonne. p- 533
Limoges; époque du passage de Louis de
France dans cette ville en 1219.
pp. 53o-53i
Limoux (ville de); réclamations de ses ha-
bitants en 1259. p. 871
Lodève (église de); diplôme de Philippe
Auguste en sa faveur. p. 119
Lomagne (vicomte de); ses démêlés avec
Raimond VII. p. 802
— Paix entre lui & Alfonse de Poitiers.
p. 822
Lorris (paix de) en 1242; note à ce sujet.
p. 750
— Serments prêtés par les seigneurs du
Midi en vertu de ce traité. p. 755
Louis, fils de Philippe-Auguste ; date de
son expédition de 1219. p. 628
— Craintes que son expédition inspire aux
Anglais. p. 529
Louis VIII, roi de France; conditions
qu'il propose au pape en 1224, en s'en-
gageant à continuer la guerre contre
Raimond VII; pourquoi le pape les re-
jetta, p. 578
— Son itinéraire en 1226, après la soumis-
sion du Languedoc. p. 619
Louis IX; s'il fit un voyage dans le midi de
la France en 1243. p. 759
— (Date du voyage de) dans le Midi en
1262. p. 873
Lourdes (château de); noms de ses défen-
seurs en 1216. p. 499
M
Maguelonne (chapitre cathédral de'i; que-
relles entre les chanoines vers 1 186-1 187.
p. 119
Marc (Pierre); sa mission dans le Langue-
doc en 121 2. p- 392
Marche (révolte du comte de la) en 1241;
dénoncée à la reine Blanche par un ha-
bitant de la Rochelle. p. 7^6
Marie de Moiil])eHier; démêlés entre elle
& son mari, Pierre d'Aragon. p. 241
Marmande (siège de) en 1219; sa date.
p. 53d
.Marseille; date de l'expédition faite par
Raimond VII pour secourir cette ville.
p. 664
Mathieu Paris; rectification d'une asser-
tion de ce chroniqueur. p. 804
Mathilde, fille de Constance, comtesse de
Toulouse ? p. 60
Medullum, identifié avec Me'^^oah, lieu de
l'Hérault. p. 62
Mehun (Robert de), évèque du Puy; pu-
nition de ses assassins. p. 527
Melgneil (comté de); cédé aux évéques de
Maguelonne par le pape; note sur le
prix payé par les acquéreurs, pp. 456-457
— Ils ont peine à y établir leur autorité.
p. 703
Millau (ville de); sa charte de coutume de
ii85. pp. 123-124
— Privilèges accordés aux habitants de
cette ville en 1229 par Louis IX. p. 637
— Tentative du roi d'Aragon sur Millau
en 1237. pp. 705-706
— (Comté de); Tendu par le pape au roi
d'Aragon en 1217. p. 5:2
Minerve (siège de), par Simon de Mont-
fort; dates extrêmes de cette affaire.
p. 33ï
— (Guillem de); donation de Louis IX à
ce seigneur. p. 840
Mirepoix (coutumes de); leur rédaction
en 1207. p. 253
— (seigneur de) ; se fait restituer le droit
de faire brûler les hérétiques de ses do-
maines, p. 913
— Démêlés de ce seigneur avec des sujets
du comte Alfonse. pp. 913-914
TABLE ANALYTIQUE DES ADDITIONS ET CORRECTIONS,
XXIX
Moissac; coutumes de 1197. p. 179
■ — (Siège de) en 1212; note à ce sujet.
p. 391
— (Abbé de); se plaint à Philippe-Auguste
des croisés & du comte de Toulouse.
p. 392
' — (Accord de 12*12 entre l'abbé de) & Si-
mon de Moutfort. p. 391
Monnaies émises parAlfonse. pp. 946-947
— épiscopales du Languedoc. p. 897
Monnaie de Toulouse; son histoire au
temps d'Alfonse. p. 833
Monsjovîs, lieu d'un engagement entre les
croisés & le comte de Foix; note à ce
sujet. Voye^ Montgey. p. 355
Montaigut (château de), en Albigeois; note
sur son emplacement. p. 793
Montauban (Siège de), en 1212; causes de
son abandon, p. 393
Montfort (Amauri de); n'a jamais repris
après 1226 le titre de comte de Toulouse ;
erreur de dom Vaissefe à ce sujet.
p. 704
Montfort (Philippe de), seigneur de Cas-
tres; guerre entre lui & le vicomte de
Lautrec; intervention de Louis IX & du
sénéchal de Carcassonne. p. 849
— Époque d'une guerre entre ce seigneur
& le vicomte de Lautrec. p. 834
— Guerre entre lui & Sicard Alaman en
1267. p. 902
Montfort (Simon de); son histoire avant
la croisade des albigeois. p. 298
— Ses opérations militaires pendant la fin
de l'année 1209. p. 3i8
— S'il parcourt l'Agenais vers mai 1 210 ?
p. 327
— Lacunes dans son itinéraire après la
prise de Termes (novembre-décembre
1210). p. 343
— Recrutement de ses soldats. p. 377
— Ses expéditions dans le pays de Foix en
1212. p. 393
— Ses donations à des chevaliers français.
p. 398
— Achète dans le Rouergue les châtea.ix
de Saint-Geniés & de la Roque de Bal-
zergue. p. 4J0
— Son itinéraire en juin I2i5. p. 463
— Troupes qu'il employa dans ses guerres.
p. 487
Montfort (Simon de); rectification tou-
chant deux actes de ce prince en faveur
des habitants de Nimes. p. 492
— Châtiment qu'il inflige auxToulousains
en 12 16. pp. 493, 495, 498, 499
— Circonstances de sa mort. p. 5i7
— Son tombeau à Carcassonne,
pp. 519-620
— Ses fondations dans l'église de Carcas-
sonne. p. 520
Montgey (bataille de) en 1211; note à es
sujet; circonstances de cette affaire ; au-
teurs qui en ont parlé. pp. 354-355
Montgrenier (château de), près de Foix.
p. 5oo
Montpellier (coutumes de) ; leurs éditions,
leur caractère. pp. 2i5-2i6
— (Traité de commerce entre le seigneur
de) & les vicomte & évêque d'Agde (i i85).
p. 116
— Charte de Louis VIII en faveur des mar-
chands de cette ville. p. 609
— (Soumission de) au roi Jacme en 1239.
p. 712
— (Droits réels & prétentions de Louis IX
& de ses successeurs sur la ville de).
pp. 881-832
— (Habitants de); traité entre eux & les
Génois (i 201). p. 195
— Leur alliance avec Nugnez Sanche, sei-
gneur du Roussillon. p. 663
— Guerre entre eux & les Marseillais;
terminée grâce à l'intervention du comte
de Provence, Charles d'Anjou. p, 847
Montréal (réclamations des habitants de)
en 1262, p. 871
Mouskcs (Philippe); rectification d'une
assertion de ce chroniqueur. p. 752
N
Najac; révolte de cette ville après la mort
de Raimond VII; répression de celte
tentative. pp. 809-810
Narbonne (remarque sur un traité entre)
& la ville de Pise. pp. 17-18
— Traité de commerce conclu entre celle
ville 8c celle de Gênes en 1224. p. 590
— ■ (Lettre de Grégoire IX en faveur des
habitants de). p. 633
XXX
TABLE ANALYTIQUE DES ADDITIONS ET CORRECTIONS,
Narboiine (lettre écrite par les consuls de Orzals (mine d), c-n Rouerguc ; disputée à
la cité de), l'archevêque, le vicomte & Alfonse par le comte de Rodez. p. »7^
l'abbé de Saint-Paul, touchant l'exercice Othon, évêque de Carcassonne; dates de
de l'inquisition. P- ^86 jqjj épiscopat. P- ^^4
(Lettre des consuls du bourg de) à ceux
de Niraes, touchant l'inquisition, p. 685
— (Coutumes de), rédigées en 1232. p. 673 p
(Vicomtes de); leurs possessions dans
le diocèse de Béziers. p- '-•■^ Pamiers; privilèges accordés à cette ville
(Démêlés entre l'archevêque & le vi- eu 1227 & 1232. pp. 616, 937
comte de) en 1247 & i 248; intervention _ (.Q,,gj.elles entre les habitants de) & Si-
d'Innocent IV & de Louis IX. p. l'i^ ^^.^^ jg Montant. p- 847
_ (Concile de) de 1244; analyse de quel- _ ^Q^jg^elles entre l'abbé de) & le comte
ques-uns des canons qui y sont promut- ^^ p^j^ ^^^^^ j^ souveraineté de cette
gués. PP* 764-70^ ville; intervention du roi de France.
(Duché de) ; contestation à ce sujet en- pp. 888-889
,re Simon de Montfort & l'archevêque ^^^.^ ^^ originaux de cet
Arnaud Amaiiri. P- J03 ^^^^ p. 532
Nimes (ville de); Raimond V confirme ses _ ; ,^^^^^.^.^.^^ „,ii ■ , ,, R.i.
privilèges en ii8o. p. 123 ^^^^^^^^ p. 662
— Charte de privilèges de 1194. p. IJ9 , .
^, ^ wi .• j „ Parlement d'Alfonse; note a son sujet.
_ (Règlement de 1199 pour 1 élection des p_ 3^5
consuls de;. p- i 9 ^^^^^^^ (seigneurs de); accord entre eux &
_ (Révolte de) en 1207, pp. 274-27J Alfonse. p- 822
-Complot tramé à Nimes contre les con- p^jj .^ ,,,3. remarque sur un di-
suls de cette ville en 1210. p. 02^ 1^1^ ^^^h^^^ ^^^^ ^^ p_t._^^^^ ^^^ ^^gg^ .^
— (Habitants de); alliance entre eux le {-église de Lodève. p. 119
ceux d'Aries en I2i3. p. 4>9 _^^XelUe au pape touchant l'affaire d'Aï-
— Date de la révolte de cette ville contre bigrois. P- ^61
Simon de Montfort. _ p-S.-; _ g^^ réponse au pape après le meurtre de
— (Ordonnance rendue par Louis IX en Piene de Casteluau. p. 205
i;')/i en faveur des habitants de), p. 807 . , 1 rr ■ 1
I2J4, en iavi,u f — Intervient dans les affaires de succes-
— (Note sur la suite des évêques de). ^ ^j^^^ jg |^ seigneurie de Montpellier.
p. 412
p. 87
Niort (seigneurs de); notes à leur sujet. ^ p^j^ d'une lettre de ce prince à Thi
pp. 700-701, 723 iiauâ, comte de Champagne. p. 647
— (Raimond de); note à son sujet, p. 7^3 j^^ légua jioint une somme d'argent à
Nobles de la province qui prennent part Amauri de Montfort, quoi qu'en aient
aux croisades de Louis IX. p. S29 dit quelques auteurs. pp. 568-569
Noms de lieux; corrections au texte de dom Pierre de Bénéveut, légat en Languedoc;
Vaissete. - pp. 791, 85i , &c. sa conduite; exagérations de Pierre de
NugnezSanche; époque de sa mort. Vaux Cernay. P- 444
P- 714 Pierre de Vaux Cernay; note sur la valeur
de son témoignage en certains cas.
p. 161
O •
Pierre, roi d'Aragon; privilèges que lui ac-
corde le pape Innocent III. p. 239
Orb (péage de 1'). p. 100 „ ... _ ^/- ^,
^1 '' . , T • i,r — Sa politique en I2i3. pp. 406-407
Ordonnance de I2J4; articles que Louis IX . ■ x/i .
fit aiouter p. 841 — Circonstances de sa mort a Muret, p. 427
OrLnnance de réformation, publiée par - Appréciation de son caractère, p. 430
les procureurs du comte Alfonse en 1270. Pont-Saint-Esprit (entrevue du), en 1217;
TABLE ANALYTIQUE DES ADDITIONS ET CORRECTIONS.
XXXI
Prélats de la Province; différends entre
eux & le sénéchal de Carcassonne en
13 55. pp. 842-843
Privilèges accordés par le Saint-Siège à
Alfonse; énumération & analyse de ces
actes. pp. 831-832
Procureurs fondés établis par Alfonse en
1270; lettres d'institution, noms, gages
& attributions de ces officiers.
pp. 921-922
Puisserguier (Bérenger de); plaintes de ce
seigneur contre le sire de Lévis. p. 872
Pujol (prise du); récit de cette affaire; re-
marque à ce sujet. p. 420
Puy (église du); lettres de Philippe-Au-
guste en sa faveur, en 1219. p. 527
— (Affaire de la régale du), sous Louis IX;
analyse des documents originaux.
pp. 838-839
Q
Quarantaine le roi; note à ce sujet, p. 941
Quatre cas (règle des); note à ce sujet.
p. 939
Querci ; une partie seulement de ce pays
appartenait à Raimond VII. p. 807
Queribus (siège de); époque de cette af-
faire, p. 843
R
Rabasiens (charte de privilèges pour), de
l'an 121 1. p. 846
— Autre charte de Raimond VII en faveur
des habitants de cette ville. p. 627
Rachat des biens confisqués sur les héré-
tiques; note à ce sujet. p. 832
Raimond du Fauga, évoque de Toulouse;
causes probables du procès qui lui fut
fait. p. 879
Raimond VI, comte de Toulouse; ne prit
pas la croix en 12 10. p. 28a
— Circonstances de son retour .i Toulouse
en 12 17. p. 507
— Etendue de ses Étals. p. 554
— Appréciation de son caractère.
pp. 555-556
Raimond VII; ses démêlés avec Frédéric H
en I 225. p. 592
— Sa guerre avec le comte de Provence;
intervention du pape Grégoire IX. p. 7c 5
Raimond VII; situation pécuniaire de ce
prince en 1239. p. 709
— Crée, eii 1240, un nouveau péage à
Marmande. pp. 723-724
— (Rapports de) avec le roi en 1240 Si
1242. pp. 724-725, 729
— Alliance entre ce prince & Jacme d'Ara-
gon en 1241. p. 726
— Excommunié, le 6 juin 1242, par frère
Ferrier, inc[uisiteur; note sur cet acte.
p. 74"
— Ses conquêtes dans les diocèses de Bé-
ziers & de Carcassonne. pp. 742-743
— Note sur la date de son absolution en
1244. p. 762
— Itinéraire de ce prince en janvier 1245.
pp. 772-773
— Son divorce avec Marguerite de la
Marche. p. 776
— Itinéraire de ce prince en avril 1246.
p. 778
— Résidait à la cour de France en février
1247. p. 786
— Promesses que le roi lui fait à l'occasion
de son projet de croisade. p. 7S7
— Itinéraire de ce prince en octobre 1 24S.
P- 799
— (Démêlés de) avec le comte de Leices-
ter, gouverneur de Gascogne, & avec le
vicomte de Lomagne. p. 802
— Rédaction de son testament. p. 8o3
— Son caractère; ses acquisitions; ses
États. i)p. 806-807
— Son testament est déclaré nul, à la de-
mande d'Alfonse de Poitiers. p. 820
Raimond Trencavel ; note sur les causes
de sa mort en 1167. p. 29
Raimondine (monnaie); note à son sujet.
p. 917
Rainier, évéque de Maguelonnej meurt
empoisonné. p. 796
Recettes & dépenses d'Alfonsej note à ce
sujet. p. 930
Rieunette (abbaye de). p. 224
Rodez (bourg de); coutume de 1196,
p. 178
— Nouvelles coutumes de 1201. p, 195
— (Comte & évéque de); leurs rapports.
p. 178
— (Evéque de); réclamalion adressée par
ce prélat à Alfonse de Poitiers. p. 904
xxxij TABLE ANALYTIQUE DES ADDITIONS ET CORRECTIONS.
Roger Bernard, comte de Foix; histoire Sénéchaux établis dans le Midi par Simon
de ses démêlés avec les inquisiteurs. de Montfort. P- 4^J
p. 7o3 Service militaire; les prélats de la Province
Roger de Comminges, comte de Pailhas; refusent de s'en acquitter. p. 843
note sur ce personnage. pp. 125-126 Statuts de Simon de Montfort en 1212;
Rouergue; expédition de Raimond VII leur caractère. p- 397
dans ce pays en i238. p- l^o
Roujan (réclamations des habitants de) en
1262. P-Syi T
Tarascon-sur-Ariége (privilèges de); charte
j^ de 12 16. p. 499
Temple; privilèges accordés à l'ordre du
Sabathier de la Bourgade (chronique dite Temple par le vicomte de Béziers en
de); sa valeur. p. 698 1201. p. I94
Lcr- Ml 1 ^ 1, . i„ „r1„; Termes (hahilants de); s'ils étaient tous
Sajnt-Affr.que (v.Ue de ; charte de prm- ^.^.,^.' ^., ,,,„. 3
léges de Raimond VU, en i2Ja. p. 700 ^ r >
c • . A . • , • A^^ ^„ ,0,^. nr,tP Termes (Olivier de); sa soumission en
Saint-Antonin (prise de), en 1212; note ^ _
r •. n ^8(^ 1244. P- 72J
sur ce fait. P- ^°° ^^ . „-
, , , 1 „ ]„. „.,K. rolntif.: — Vend u ue partie d C SCS d Omai ues. p. bS?
— Analyse de quelques documents reiatits f r
à cette ville. p. 786 Toulousains; tentent d'arrêter la marche
Saint-Gaudens; rectification d'une asser- '^^^ croisés en 1 2.1, en négociant.
tion de dom Vaissete touchant cette
p. 363
yjUe. P- 886 Toulouse (privilèges des habitants de).
Saint-Gilles (abbaye de); note sur quel- P" '°°
ques circonstances de ses démêlés avec — (Révolte de), en 1189. p. l3l
le comte de Toulouse, rapportées par _ ,p^^i,-3 j^ -^ ^^^^e les habitants de
Gervais de Tilbury. p. lOi ^^^^^ ^.j,^ g^ j^^ seigneurs du voisinage.
Accord entre cette abbaye & le comte p. icj-j
deToulouse, en 1209. ' p. 281 _ ^p^emier siège de), en 121 1 ; circonstan-
— (Changeurs de); acte de Raimond V en (-es de cette affaire. pp. 365-366
leur faveur. p. Sa _ ^ç^^^^^.^^^^^^^^ ^j^,^ gimon de Montfort in-
Saint-Girons; rectification d'une assertion fligg h), en 1216. pp. 498-499
de dom Vaissete relative à cette ville. ' , >, 1 . u • 1 \7t
gg^ — (Rentrée a) du comte Raimond VI, en
1217. p. 507
Saint-Marcel (siège de), en 1212; sa date. ^. , , , o
*' ' p. 378 — (Siège de), en 1217-1218; commence-
ment du siège; première tentative de
Saint-Pons (ville de); époque de sa sou- Montfort. pp. 5o8-5o9
mission à Louis VIII. p. 606 „ , , . 00
— Causes de sa résistance en 121 7 & 121b;
Saint-Salvi; date exacte de la réforme de ressources financières que les consuls
cette collégiale par l'évêque d'Albi, Guil- se procurent; renforts qu'ils reçoivent.
lem Pierre. p. 626 p. 5ii
Sarlat (abbé de); inféode à Raimond VII le -i- Seconde partie du siège; récit du poëme.
château de Beynac. p. 709 p. 5l5
Saverdun (hommage de); note sur les faus- — Nouvelle tentative des croisés, après^la
ses lettres attribuées à Raimond VII par mort de Simon de Montfort. p. 5i8
le comte de Foix. pp. 773-774 — Défenseurs de Toulouse en 1219. p. 532
Sénéchal de Simon de Montfort à Tou- — (Révolte des habitants de) contre l'iii-
louse; jugement rendu par lui en 1217. quisition en 1235. p. 691
p. joo — (Consuls & habitants de); leurs diffé-
Séiiéchaussées des domaines d'Alfonse dans rends avec Alfonse de Poitiers en i255.
le Midi. p. 823 pp. 845-846
TABLE ANALYTIQUE DES ADDITIONS ET CORRECTIONS. xxxiij,
Toulouse (Raimond VH reconnaît aux ha- Trencavel, dernier vicomte de Carcas-
bitants de) le droit d'éliie leurs consuls. sonne; valeur du revenu à lui accordé
p. 846 par le roi après sa soumission; remarque
— (Note sur le louage payé à Alfonse par ^ ^e sujet. p. yçjS
la ville de). p. i.'93 — Sou expédition de 1240. pp. 718-719
— (Les habitants de) obtiennent d'Alfonsc, — (Histoire des archives de), après 1247.
eu 1266, la confirmation de plusieurs de * p. 792
leurs privilèges. pp. 894-89J Turenne (vicomte de); rend hommage à
— (Confrérie du Carmel, à). p. 903 Raimoud VII, en 1286; remarque à ce
— (Habitants de); obtiennent d'Alfonse, ^"J"^'' P- %
en 1268, la confuiuatioii de certains
de leurs privilèges. pp. 908-909
— (Consuls de); leur règlement touchant U
le droit d'épaves (1192). p. 145
— (Règlement du vigiiier & des consuls Urbain IV; analyse d'une bulle de ce pape
de) sur les poids Si mesures publics. relative à l'inquisition. p. 876
P' '70 Usures (poursuites dirigées contre les juifs
— (Consuls de); leur règlement touchant pour la restitution des). p. 906
les dettes, en 1197. p. 181 _ (Ordonnance d'Alfou$e pour la restitu-
— (Règlement des consuls de), touchant tien des). pp. 919-920
les ennemis de la communauté, les prêts,
les courtisanes. p. 192
— P'ont une enquête sur les péages perçus V
aux environs de Toulouse. p. 209
— (Règlement fait, en I2c5, par les con- ,71 ^r- i- j s r- /
11, • 1 ! 1 1 ' •>/• Valence (Eglise de), en Espagne; son ré-
su s de), touchant les auberges, p. 2i6 . ,!• '^ » . n„ '1 r !• 1.
" *• ' tablissement en 12.39; '^^ Eglises du
— (Enquête sur les lieux de péage des en- Languedoc y contribuent pécuniaire-
viroiis de). P- ^37 ment. P'7i2
— (Acte relatif aux moulins du Bazacle à), Venaissin; prise de ]iossession de ce pays
p. ICI par les ofhciers d'Alfonse, en 1249. p. 8i3
— (Bouchers de); leurs statuts. p. iio Vigan (hôjntal du), près d'Albi; charte de
— (Boucheries & moulins de). p. 139 l'évèque de cette ville en sa faveur, p. 140
_ (Comtes de) ; noms de leurs alliés & de Villemur; note sur sa coutume, rédigée en
leurs ennemis en Provence. p. 486 1175. p. 80
_ (Prise de possession du comté de), au Villeneuve-le-Roi (Assemblée de); note à
nom d'Alfonse, par les commissaires ^°" 5U)et, p. 273
envoyés par la reine Blanche. Vivnrais; si ce pays faisait partie de l'Ein-
•rp. 3i2-8i3 pire, pp. 74-75
SOMMAIRES DES CHAPITRES
CONTENUS DANS CE VOLUME
LIVRE DIX-NEUVIEME
I. Origine & progrès de l'iiérésie dans la Province.
II. Concile de Lombers.
III. Concile de Cnpesiang.
IV. Ces hérciiqiies nommés albigeois. — Origine
de ce nom. — Leurs nouveaux progrès.
V. Raimond, comte de Toulouse, se sépare de
Constance, sa femme.
VI. Expédition du roi Louis le Jeune en Auvergne
contre les comtes d'Auvergne & du Puy, & le
vicomte de Polignac.
VII. Union du comté de Vêlai au domaine des
évètjues du Puy.
VIII. Origine de l'abbaye de Douhc, en Velai, Si
& de celle de la Capelle, au diocèse de Tou-
louse.
IX. Confirmation des privilèges de l'église de Nar-
bonne.
X. Constance, comtesse de Toulouse, se retire à \i\
cour du roi Louis le Jeune, son frère.
XI. Retour du pape Alexandre 111 à Montpellier.
— Son départ pour l'Italie. — Comtes de Rous-
tillon.
XII. Bataille entre les Pisans & les Génois à Sain t-
Cilles. — Le comte de Toulouse & le vicou.ic
Trencavel favorisent les premiers.
XIII. Alliance enrce les villes de Cènes 8c de Nar-
bonne. — La première fait la guerre à celle de
Montpellier.
XIV. Traité & alliance entre les comtes de Tou-
louse & de Provence.
XV. Le comte de Toulouse se déclare pour l'anii-
pape, à la sollicitation de l'empereur.
XVI. Le pape Alexandre III jette l'interdit sur le
comté de Toulouse, & le lève dans la suite.
XVII. Mort de Raimond-Bérengcr, comte de Pro-
vence, vicomte de Gévaudan, Sec.
XVIII. Le comte de Toulouse se saisit de la Pro-
vence, répudie Constance, sa femme, 8c épouse
Richilde, veuve du comte de Provence.
XIX. Alfonse, roi d'Atagon, dispute la succssMcn
de Provence à Raimond C^ hii dklare la g;. erre.
XX. Entrevue entre le roi d'Angleterre &, le comte
de Toulouse.
XXI. Suite de la guerre entre le roi d'Aragon 8c
le comte de Toulouse. — Le comte de Rodez
embrasse le parti du premier.
XXII. Fondation des abbayes de Bonnecombe, de
Feuillans & d'Eaunes. — Seigneurs d'Uzès.
XXin. Guerre & paix entre les comtes de Tou-
louse- Se de Savoie.
XXIV. Mort tragique de Raimond-Trencavel, vi-
comte de Béziers, Carcassonne, 8cc.
XXV. Enf.ins de Trencavel. — I^oger, son fils
aîné, lui succède & se ligue avec le roi d'Aragcn
contre le comte de Toulouse.
XXVI. Union du comte de Toulouse avec celui
de Forcalquier.
XX\ II. Siège de Béziers par le roi d'.\ragon.
XXVIII. Le roi d'Aragon cède la Provence à
Pierre, son frère, qui prend le nom de Rai-
iiiond-Eérenger & qui lui cède à son tour le
comté de Carcassonne, &c.
XXIX. Le vicomte Roger, paisible possesseur de
ses domaines sous l'autorité du roi d'Aragon.
XXX. Négociations avec le roi d'Angleterre tou-
chant le cgmté de Toulouse.
XXXI. Nouvelle expédition du roi Louis le Jeune
contre le vicomte de Polignac.
XXXII. Ce vicomte termine ses différends avec
l'évèque du Puy.
XXXIII. Nouvelle conférence du comte de Tou-
louse avec le roi d'Angleterre.
XXXIV. Surprise de Béziers par les troupes du
roi d'Aragon. — Massacre des habitans de cette
ville.
XXXV. Kvêques de Béziers. — Templiers 8i hos-
pitaliers de cette ville.
XXXVI. Voyage du roi d'Angleterre en Qucrci.
— Evêques de Viviers.
î;xx\T
SOMMAIRFS DES CHAPITRES.
XXXVII. Légation du cardin.il Hyacliulie dans In
Province. — Démêlés du vicomte Roger avec
l'abbaye de Saint-Pons.
XXXVIII. Raimond, comte de Toulouse, confirme
les privilèges des églises de CavaUlon & d'Albi.
— Sceau de ce prince.
VXXIX. Paix entre le comte de Toulouse & le vi-
comte Roger, à qui il donne sa fille en mariage.
XL. Paix entre le vicomte Roger &. la vicomtesse
de Narbonne.
XLI. Mort de Bernard Pelet , seigneur d'Alais,
mari de Béatrix, comtesse de Melgueil, — Ber-
trand, leur fils, prétend à ce cornié.
XLII. Béatrix dispose du comté de Melgueil en
faveur du comte de Toulouse.
XLIII. Testament & mort de Guillaume VII, sei-
gneur de Montpellier. — Guillaume VIII, son
fils, lui succède.
XLIV. Mariage de Raimond, fils du comte de
Toulouse, avec Erraessinde de Pelet, comtesse de
Melgueil.
XLV. Bertrand Pelet se met sous la protection du
roi d'Ar.»gon.
XLVI. Union du Roussillon au domaine des
comtes de Barcelone 8c rois d'Aragon.
XLVII. La guerre se renouvelle entre le roi d'An-
pleterre & le comte de Toulouse.
XLVIII. Entrevue 8t paix entre ces deux princes.
— Raimond se rend vassal de Henri pour le
comté de Toulouse.
XLIX. Le comte de Toulouse se ligue avec le roi
d'Angleterre contre les fils rebelles de ce prince.
L. Le roi prend l'église d'Agde sous sa protection.
LI. Vicomtes de Fenouillèdes, de Minerve, &c.
LU. Traité entre les villes de Narbonne Se de Pise,
LUI. Suite du divorce entre le comte de Toulouse
£•, Constance, sa femme.
LIV. Cour plénière tenue à Beaucaire par le comte
de ToLiloLise.
LV. Entrevue entre le roi d'Aragon & le comte de
Toulouse à Meuillon.
LVI. Mariage de Guillaume VIII, seigneur de
Montpellier, avec Eudoxe Comnène.
LVII. Seigneurs d'Anduze, d'Uzès, de Lunel, Gcc.
LVIII. Bernard-Aton , vicomte de Nimes, prend
l'administration de ses domaines. — Roger II,
vicomte de Carcassonne, s'occupe du gouverne-
ment des siens.
LIX. Assemblée de divers seigneurs de la Province.
LX. Différends entre le comte de Rodez, comme
vicomte de Lodève, & l'évéque do cette dernière
ville.
LXÎ. Le vicomte de Carcassonne acquiert la vi-
comte de Sault Se reçoit divers hommages.
LXII. Le comte de Toulouse confisque la vicomte
de Montclar.
LXIII. Paix entre le roi d'Aragon & le comte de
Toulouse.
LXIV. Mort d'Ermessinde de Pelet, comtesse de
Melgueil. — Raimond, fils du comte de Tou-
louse, son mari, hérite de ce comté.
LXV. Les vicomtes de Nitnes & de Carcassonne,
la vicomtesse de Narbonne & les seigneurs de
Montpellier se liguent avec le roi d'Aiagon
contre le comte de Touloiise.
LXVI. Mort de Guy Guerrejat de Montpellier.
LXVII. Fondation de l'hôpital & de l'ordre dci
hospitaliers du Saini-Esprit de Montpellier.
LX^TII. Le comte de Toulouse accorde divers pri-
vilèges aux hospitaliers de Saint-Gilles.
LXIX. L'empereur Frédéric accorde divers privi-
lèges aux évéques & aux habltans de Viviers.
LXX. Princes d'Orange. — Accord du comte de
Toulouse avec l'archevêque d'Arles. — Comtes
de Valentinois, &c.
LXXI. Saint Bénézet bâtit le pont d'Avignon.
LXXII. Progrès des hérétiques dans la Province.
LXXIII. Le cardinal de Salnt-Chrysogcnie est en-
voyé légat à Toulouse, avec plusieurs évéques,
pour y combattre les hérétiques. — Succès de sa
mission.
LXXIV. Le légat envoie l'évéque de Bath & l'abbé
de Clairvaux en Albigeois. — Le vicomte Roger
est excommunié.
LXXV. Fin de la mission du cardinal de Saint-
Chrysogone & de ses collègues.
LXXVI. Évéques de Toulouse. — Condamnation
des hérétiques au concile de Latran. — L'arche-
vêque de Narbonne les excommunie.
liXXVII. Le comte de Toulouse se ligue avec di-
vers seigneurs. — Evéques de Nimes & d'L'zès.
—.Maison d'Uzès.
LXXVIII. Le roi d'Aragon vient dans la Province.
— Le vicomte de Nimes se soumet à sa suzerai-
neté.
LXXIX. Tour Magne de Nimes.
LXXX. Suite du voyage du roi d'Aragon & du
comte de Provence, son frère, dans la Province.
— Le vicomte Roger reconiîoît leur suzeraineté
8c leur fait hommage.
LXXXI. Couronnement de Philippe-Auguste qui
succède au roi Louis le Jeune, son père.— Juifs
de Toulouse.
LXXXII. Suite de la guerre entre le roi d'.Aragon
& le comte de Toulouse. — Mort de Raimond-
Bérenger, comte de Provence, vicomte de Gévau-
dan, &c. — Sanche, son frère, lui succède.
LXXXIII. Le roi d'Aragon ravage le Toulousain.
LXXXIV. Expédition du cardinal-légat Henri,
évêque d'Albano, dans la Province, contre les
hérétiques du haut Languedoc. — Siège Se piii;
de Lavaur.
LXXXV. Déposition de Pons d'Arsac, archevèqua
de Narbonne. — Bernard-Gaucelin lui succède.
LXXXVI. Concile du Puy. — Vicomtes de Poli-
gnac.
LXXXVII. Les vicomtes de Carcassonne & ce
Nimes continuent la guerre contre le comte de
Toulouse, qui fait des règlemens de police pour
cette ville.
LXXXVIII. Mort de Guy Burgundion de Mont-
pellier.
LXXXIX. Le bienheureux Eeiaard.
SOMMAIRES DES CHAPITRES.
XXXV ij
XC. Le roi d'Aragon & l;i viconitesse de Narbonne
se lignent nvec Henri II, roi d'Angleterre, contre
le jeune roi, son fils, qui appelle le comte de
Toulouse à son secours.
XCI. Mort d'Albéric, fils puîné de Raimond V,
comte de Toulouse. — Béatrix, héritière du
Daupliiné, sa veuve, épouse le duc de Bour-
gogne.
XCII. Association faite au Puy pour le rétablisse-
ment de la paix.
XCIII. Le comte de Toulouse continue la guerre
& fait sa paix avec le seigneur de Montpellier.
XCIV. Le comte de Toulouse convient d'un traité
avec le roi d'Aragon.
XCV. Le comte iv Toulouse accorde divers privi-
lèges aux habitons de Nimes.
XC\ I. Roger, vicomte de Carcassonne, reçoit quel-
ques hommages. — Pont de cette ville sur r.\ude.
LIVRE VINGTIEME
I. Le roi d'Aragon échange le comté de Provence
& les vicomtes de Millau 8c de Gévaudan avec
Sanche, son frère, pour le comté de RoussiUon.
— Il rompt la paix avec le comte de Toulouse.
II. Le vicomte Roger adopte Alfonse, infant d'A-
rag'on. — Droits de l'évéque & du vicomte sur
la ville de Béziers.
III. Le roi d'Aragon & le duc d'Aquitaine font la
guerre au comte de Toulouse, qui lève le siège
de Carcassonne.
IV. Le seigneur de Montpellier répudie Eudoxc
Comnène & épouse Agnès.
V. Evéques de Lodèvc & de Maguelcnnc.
VI. Berna rd-Aton , vicomte de Nimes & d'Agde,
dispose de cette dernière vicomte en faveur de
l'église d'Agde.
VII. Raimond de Montpellier, évêque d'Agde.
VIII. Sœurs de Raimond V, comte de Toulouse.
— Comtes de Comminges.
IX. Mort de Roger-Bernard I, comte de Foix. —
Son fils Raimond-Rogsr lui succède.
X. Richard, duc d'Aquitaine, porte la guerre dans
les États du comte de Toulouse & s'empare de
diverses places.
XI. Le roi Philippe-Auguste fait diversion en fa-
veur du comte de Toulouse.
XII. Voyage de Philippe-Auguste au Puy. — Le
Vivarais est soumis à sa domination.
XIII. Le duc d'Aquitaine se réconcilie avec le roi
& demeure en possession des places qu'il avoit
enlevées au comte de Toulouse.
XIV. Révolte d'une partie des Toulousains contre
leur comte.
XV. Richard succède à Henri II, roi d'.Angleterre,
son père, & conserve les places qu'il avoit con-
quises sur le comte de Toulouse.
XVI. Voyage du comte de Toulouse vers le Rhône.
— Il donne en fief le comté de Diois à Aymar
de Poitiers, comte de V'alentinois.
XVII. Dép.irt du roi Philippe-Auguste pour la
Terre-Sainte. — Le comte de Foix prend part
i cette expédition.
XVIII. Le vicomte Roger engage une partie de ses
domaines.
XIX. Hommage du seigneur de Montpellier à
Raimond, comte de Melgueil, fils du comte de
Toulouse.
XX. Réunion de la baronnie d'Omelas au do-
maine des seigneurs de Montpellier.
XXI. Liaison du seigneur de Montpellier avec le
pape Célestin III.
XXII. Archevêques de Narbonne.
XXIII. Ermengarde, vicomtesse de Narbonne, se
démet de cette vicomte en faveur du comte de
Pierre de Lara, son neveu.
XXIV. Le vicomte Roger fait sa paix avec le comte
de Toulouse. — Ils établissent la paix en .albi-
geois de concert avec l'évéque d'Albi.
XXV. Privilèges de l'abbaye de Candeil. — Vi-
comtes de Saint-Anionin.
XXVI. Précautions du vicomte Roger pour assurer
sa succession à son fils.
XXVII. Ce vicomte tient un plaid à Carcassonne.
XXV'III. Différend entre le comte de Comminges
& le seigneur de l'Isle-Jourdain. — Vicomtes de
Gimoez. *
XXIX. Régale du Puy.
XXX.' Renouvellement de la guerre entre Richird,
roi d'.'Vnglcierre, & le comte de Toulouse.
XXXI. Le jeune Raimond de Toulouse répudie
Bé.itrix de Béziers pour épouser Boiirguigne de
Chypre.
XXXII. Le comte de Toulouse termine ses diffé-
rends avec les évéqucs de Viviers.
XXXIII. Différends entre les comtes de Toulouse
& les évéqucs de Vaison.
XXXIV. Richard, roi d'Angleterre, sort de pri-
son. — L'empereur lui donne le royaume de
Provence.
XXXV. La guerre se renouvelle entre le roi d'Ara-
gon & le comte de Toulouse. — Le premier dis-
pose du comté de Fenouillèdes, &c., en faveur
du comte de Foix.
XXXVI. Le comte Pierre de Lara se démet de la
vicomte de Narbonne en faveur d'Aymeri III,
son fils. — Mort d'Krmengarde, vicomtesse de
cette ville.
XXX\'II. Dernières dispositions de Roger II, vi-
comte de Béziers, Carcassonne, &c. — Sa mort.
XXXVIII. Raimond-Roger succède à Roger II,
son père. — Mort d'Adélaïde de Toulouse,
femme de ce dernier,
XXXIX. Hérétiques chassés de Béziers. — Troubit»
dans l'abbaye d'Alet.
XL. Accord entre le comte de Toulouse & le sei-
gneur de Montpeillier. — Murailles de Nimts.
XLI. Mort de Raimond V, comte de Toulouse. —
Son éloge.
XLII. Poètes provençaux célèbres.
XLIII. Enfans de Raimond V, comte de Tou-
louse.
XLIV. Raimond VI, son fils aîné, lui succède it
prend possession du comté de Toulouse.
XLV. Le roi Philippe- Auguste do me à P..:i-
VI
xxxvnj
SOMMAIRES DES CHAPITRES.
XLVI. Traité entre les comies de Toulouse 8<. de
Forcalquier.
XLVII. Ruiinoiid VI est excommunié pour c|ucl-
<]ues entreprises sur l'abbaye de Saint-Gilics.
XLVIII. Troisième concile de Montpellier. —
Evêques de Lodève.
XLIX. Paix entre Richard, roi d'Angleterre, &
RaimondVT, qui épouse Jeanne, sœur de ce
prince, après avoir répudié Bourguigne de
Chypre.
L. Mort d'Alfonse II, roi d'Aragon. — Partage
de ses domaines entre ses fils.
LI. Comtes de Rodez.
LU. RaimondVI rentre en possession du Querci.
— Coutumes de Moissac.
LUI. Raimond confirme les privilèges de l'église
de Nimes. — Naissance de Raimond Vil, son
fils.
LIV. Mariage de Marie de Montpellier, veuve de
Barrai, vicomte de Marseille, avec Bernard V,
comte de Comminges.
LV. Guerre entre les comtes de Comminges & de
Foix, & entre ce dernier &. le comte d'Crgel. —
Union de l'abbaye de Vajal à celle de Eoul-
bonne. — Fondation de celle de Valnègre.
LVI. Le comte de Toulouse se ligue avec le roi
d'Angleterre contre le roi de France.
LVII. Accord entre le comte de Toulouse & l'évê-
que de Viviers. — Maison d'Anduze.
LVIII. Le comte de Toulouse est relevé de son^
excommunication. — Le pape Innocent III le
presse d'aller au secours de la Terre-Sainte.
LIX. Nouvelles plaintes de l'abbé de Saint-Gillcs
contre le comte.
LX. Consuls de Nimes. — Jeanne, comtesse de
Toulouse, fait le siège du château de Caser.
LXI. Mort de Jeanne, comtesse de Toulouse.
LXII. Le comte de Toulouse épouse Eléonore d'A-
ragon. — Il fait hommage pour l'Agenois & le
Querci K Jean, roi d'Angleterre.
LXIII. Seigneurs de l'Isle-Jourdain, vicomtes de
Gimoez.
LXIV. Connétables du comte de Toulouse. — Le
vicomte de Béziers appelle le comte de Foix à
sa succession & se ligue avec lui contre ce
prince.. — Kvéques de Ëéziers.
LXV. Différend des comtes de Toulouse & de Foix
au sujet du château de Saverdun.
LXVl. Le vicomte de Béziers engage une partie
de ses domaines.
LXVII. Accord entre le comte de Toulouse &
l'abbé de Cluny, touchant le lieu de Saint-
Saturnin du Port.
LXVIII. Guerre entre les habitans de Toulouse Si.
ceux de Rabastens, en Albigeois, &l entre les
premiers & le vicomte de Lomagne.
LXIX. Le comte de Foix marie son fils avec l'hé-
ritière de Casielbon. — Le comte d'Urgel le fait
prisonnier.
LXX. Paix entre les comtes de Provence & de For-
calquier.
LXXI. Accord entre le comte de Toulouse & l'évê-
que d; Saint-Paul-Trois-Chiteaux.
LXXII. Vains efforts de Guillaume VIII, seigneur
de Montpellier, pour faire légitimer ses enfans
du second lit.
LXXIII. Testament de Guillaume VIII, seigneur
de Montpellier.
LXXIV. Mort de Guillaume VIII, seigneur de
Montpellier. — Son éloge.
LXXV. Fondation des chartreuses de Bonnefoy 8c
de Valbonne. — Seigneurs &i évéques d't'ïès. —
Maison de Sabran.
LXXVI. Le vicomte Raimond-Roger épouse Agnès
de Montpellier; il engage une partie de son
domaine à l'évéque de Béziers.
LXXVII. Consuls de Toulouse. — Chartes de Rai-
mond ^'I, comte de cette ville,
LXXVIII. Indie, sœur naturelle de Raimond VI,
comte de Toulouse, épouse GuiUabert de Lau-
trec.
LXXIX. Mort du comte Pierre de Lara, vicomte
de Narbonne. — Aymeri III, son fils aîné 8c
son successeur, fait hommage de sa vicomte au
comte de Toulouse.
LXXX. Le roi d'Aragon engage les vicomtes de
Millau & de Gévaudan au comte de Toulouse.
— Troubles dans ce dernier pays. — Evéques
de Mende.
LXXXI. Le comte de Comminges répudie Marie
de Montpellier.
LXXXII. Pierre, roi d'Aragon, c'pouse Marie, 8c
unit par là la seigneurie de Montpellier à son
domaine.
LXXXIII. Pierre Si. Marie font rédiger les cou-
tumes de Montpellier & les confirment.
LXXXIV. Voyage du roi d'Aragon à Rome où il
est couronné par le pape.
LIVRE VINGT ET UNIÈME
î. Progrès de l'hérésie dans la Province.
II. Erreurs des vaudois & des autres hérétiques.
— Assemblée ou concile de Narbonne. — Ori-
gine de l'abbaye de Fontcaude.
in. Le pape Innocent III nomme des commis-
saires contre les sectaires.
IV. Origine de l'inquisition.
V. Légation de frère Raynier & de frère Gui. —
Evcques de Carcassonnè.
VI. Légation du cardinal de Sainte-Prisqut.
Vil. Troubles de l'église de Toulouse. — Evcques
de cette ville.
VIII. Diverses sectes d'hérétiques dans la Pro-
vince.— Leurs mœurs, leur croyance, leurs rits.
IX. Frère Pierre de Castelnau Se frère Raoul, reli-
gieux de Fontfroide, légats dans la Province,
font abjurer l'erreur aux Toulousains.
X. Saint Dominique passe à Toulouse.
XI. Le roi d'Aragon condamne les héréiiques dans
une conférence tenue à Carcassonnè en présence
des légats.
XII. Le pape dépouille les évéques de leur juri-
diction ordinaire pour la donner à ses légats.
— Brouilleries entre l'archevêque de Narbonne
& ces derniers à cette occasion.
SOMMAIRES DES CHAPITRES.
XXXli
XIII. Aninud, abbé de Cîteaux, associé aux deux
autres légats.
XIV, L'archevêque de Narbonnc appelle au pape
des procédures des légats.
XV'. Suite de l'afTiire de l'archevêque de Nar-
bonne. — Les légats suspendent l'évèque de Bc-
ziers.
XV'I. Le comte de Toulouse promet aux légats de
chasser les hérétiques. — Déposition de Rai-
mond de Rabastens, évcque de celte ville.
XVII. Monnoie de Toulouse.
XVIII. Li; pape fait grâce à l'archevêque de Nar-
bonne.
XIX. Voyage du roi d'Aragon à Montpellier; ii
prend le château -de l'Escure sur les hérétiques,
& promet Sancie, sa fille, en mariage à Rai-
mond, fils du comte de Toulouse.
XX. Les légats déposent l'évcquc de Viviers.
XXI. Élection de Foulques de Marseille, poète
provençal, à l'évéché de Toulouse.
XXII. L'évèque d'Osma & saint Dominique se
joignent aux légats pour faire la mission coniic
les liéréiiqucs.
XXIII. Guerre entre le roi d'Aragon & les habi-
tans de Montpellier.
XXIV. La paix est faite entre le roi d'Aragon îk
les habitans de Montpellier.
XXV. Le roi d'.Arag&n cherche à répudier la reine
Marie de Montpellier, sa femme.
XXVI. Paix entre les comtes de Foix & d'Urgel.
XXVII. Le légat Pierre de Castelnau excommunie
le comte de Toulouse.
XXVIII. Conférence de Montréal.
XXIX. Douze abbés de Cîteaux se joignent aux
missionnaires. — Conférence de Pamiers.
XXX. L'institut de la Soclclc Acs pauvres cjlholi-
tjuei s'établit dans la Province.
XXXI. Mort de l'évèque d'Osma & de frère Raoul.
— Saint Dominique fonde le monastère de
Prouille.
XXXII. L'archevêque de Karbonne se réconcilie
avec le pape.
XXXIII. Le pape écrit au comte de Toulouse.
XXXIV. Indie, sœur naturelle du comte de Tou-
louse, épouse en secondes noces le seigneur de
risle-Jourdain.
XXXV. Le comte de Toulouse se rend aux volon-
tés du légat.
XXXVI. Marie, reine d'Aragon, accouche à Mont-
pellier de Jacques, son fils.
XXXVII. Évêques du Puy.
XXXVIII. Le pape exhorte le roi de France & les
principaux vassaux du royaume K prendre les
armes pour exterminer les hérétiques de la Pro-
vince.
XXXIX. Meurtre du légat Pierre de Castelnau.
XL. Le pape exhorte le roi, les évêques & les ba-
rons de France à tirer vengeance du meurtre de
Pierre de Castelnau & i envahir les domaines
du comte de Toulouse.
XLI. Publication de la eroisade contre les albi-
geois.
XLII. Les évêques de la Province députent au
pape d'un côté, 8c le comte de Toulouse de
l'a utre.
XLIII. Comtes de Rodez. — Projet de ma riage d ti
fils du comte de Toulouse avec la fille du comte
d'Auvergne.
XLIV. Le comte de Toulouse indispose contre lui
le roi Philippe-Auguste.
XLV. Le pape permet à ce comte de se justifier
& sollicite de nouveau la croisade contre les
albigeois.
XLVI, Innocent III donne ses instructions à ses
légats touchant le comte de Toulouse & envoie
Milon, son notaire, avec l'autorité de légat a
latcre .
XLVII. Le comte de Toulouse rend ses bonnes
grâces aux habitans de Nimes qui s'étoient ré-
voltés.
XLVIII. Arrivée de Milon en France. — Il as-
semble un concile à Montélimar Se cite à ^'a-
lence le comte de Toulouse qui se soumet à ses
ordres St lui remet sept de ses places fortes.
XLIX. Concile de Saint-Gilles. — Le comte de
Toulouse y reçoit l'absolution après avoir fait
serment, avec ses barons, d'observer tout ce que
le légat leur prcscriroit.
L. Le légat impose de nouvelles lois au comte de
Toulouse. — Il reçoit le serment des villes
d'Avignon, de Nimes & de Saint-Gilles & divers
châteaux en gage de la part des barons.
LI. Raimond, comte de Toulouse, prend la croix
contre les albigeois.
LU. Statuts du concile de Saint-Gilles, — Le pape
écrit au comte de Toulouse sur son absohiiiou
& impose le dixième en France pour les frais
de la croisade.
LUI. Milon va au devant de l'armée des croisés
assemblée à Lyon.
LIV, Le comte de Toulouse va à la rencontre des
croisés & s'accorde avec l'évèque d'Uzès.
LV. Milon Se l'abbé de Cîteaux font passer le
Rhône à l'armée & arrivent à Montpellier. —
Le vicomte de Béziers tente ini.iilcment de faire
sa paix avec eux.
LVI, Les croisés se joignent devant Béziers.
LVII. Siégt, prise & sac de Béziers,
LVIII, Accord entre l'archevêque, le vicomte 8t
les habitans de Narbonne, & les croisés,
LIX. Siège de Carcassonne.
LX. Le roi d'Aragon vient au camp des croisés &
tente inutilement de moyenner la paix entre
eux 8c le vicomte.
LXl, Prise de Carcassonne, — Le vicomte Rai-
mond-Rogerest enfermé dans une étroite prison.
LXII. Simon de Monifort est élu pour seigneur
de tous les domaines du vicomte Raimond-
Roger.
LXIII. Simon témoigne sa reconnoissancc envers
l'abbé de Cîteaux, & établit un cens annuel en
faveur de l'Eglise romaine dans tous les pays.
LXIV, Départ d'une partie des croisés,
LXV. Le comte Raimond se brouille avec le légat
& Simon de Montfort. — Le premier excom-
iiuiiiio les Toulousains,
SOMMAIRES DES CHAPITRES.
LXVI. Divers cliàicniix des eiivirons de Carcas-
sonnc & une partie de l'Albigeois se soumettent
à Simon.
LXV'II. Le duc de Bourgogne & la plupart des
croisés se retirent. — Concile d'Avigncn.
LXVIII. Les légats écrivent au pape contre le
comte de Toulouse.
LXIX. Mort dWlfonse II, comte de Provence.
LXX. K.Timond, comte de Toulouse, fait son tes-
tament, va à la cour de France & part ensuite
pour Rome.
LXXI. L'abbé de Pamiers livre cette ville à Simon
de Montfort. — Ses griefs contre le comte de
Foix.
LXXII. Simon de Montfort soumet le château de
Mirepoix & prend possession de Pamiers.
LXXIII. Les châteaux de Saverdun & de Lombers,
la ville d'Albi &. une grande partie de l'Albi-
geois se soumettent à Simon.
LXXIV. Les légats & Simon rendent compte de
leurs conquêtes au pape & lui demandent de
confirmer le dernier dans la possession du pays.
LXXV, Mort de Raimond-Roger, vicomte de Eé-
ziers. — Ses enfans.
LXXVI. Le comte de Foix donne son fils en otage
à Simon de Montfort. — Le roi d'Aragon refuse
de recevoir son hommage pour Carcassonne.
LXXVII. Simon s'accorde avec Agnès de Mont-
pellier, veuve du vicomte Raimond-Roger.
LXXVIII. Simon perd une partie de ses conquéies.
LXXIX. Le pape confirme Simon dans la posses-
sion de ses conquêtes & tâche de lui procurer
de nouveaux secours.
LXXX. Simon fait de nouvelles pertes. — Le comte
de Foix l'abandonne.
LXXXI. Succès du voyage de Raimond, comte de
Toulouse, à Rome.
LXXXII. Les Toulousains sont absous de l'excom-
munication.
LXXXIII. Le comte de Toulouse va à la cour de
l'empereur & à celle du roi de France.
LXXXIV. Assemblée de Saint-Thibéry. — Abju-
ration d'Ktienne de Servian.
LXXXV. Suite des expéditions de Simon. — Con-
férence de Pamiers.
LXXXV'I. Démarches inutiles du comte de Tou-
louse auprès du légat pour parvenir à sa justi-
fication.
LXXXVII. Siège & prise de Minerve.
LXXXVIII. Le pape confirme Simon dans la pos-
session de la ville d'Albi, & fait lever de nou-
veaux subsides pour la croisade.
LXXXIX. Suite des expéditions de Simon, — Ar-
rivée de nouveaux croisés.
XC. Accord entre le comte de Toulouse & Bertrar.d
de Baux, pilnce d'Orange. — Raimond Pelet,
seigneur d'Alais, rend hommage au premier.
XCI. Accord entre Raimond, comte de Toulouse,
& l'évêque de Viviers.
XCII. Concile de Saint-Gilles; on y refuse au
comte de Toulouse de se purger du crime d'hé-
résie Se de la mort du légat Pierre de Castelnai!.
XCIII. Siège & prise du château de Termes par
Simon de Montfort. — Maison de Termes.
XCIV. — Simon soumet plusieurs places & va en
Albigeois, où il a une entrevue avec le comie
de To»Jou»e.
XC\'. Conférence de Narbonne. — Le roi d'Ara-
gon reçoit l'hommage de Simon de Montfoit
pour Carcassonne.
XCVI. Conférence ou concile de Montpellier. —
Le roi d'Aragon donne son fils a Simon de
Montfort. — Mariage du fils du comte de Tou-
louse avec la sœur de ce roi.
XCVn. Seigneurs de Rabastens.
XCV'IIl. Concile d'Arles. — Le cointe de Toulouse
y est excommunié.
XCIX. Le pape fait saisir le comté de Melgueil
sur le comte de Toulouse & déposer divers
évêques.
C. Le comte de Toulouse se met en état de dé-
fense.
CI. Un nouveau corps de croisés va joindre Simon
qui reçoit la soumission du château de Cabaret.
CXI. Siège de Lavaur.
cm. Cinq mille Toulousains se croisent & vont
au secours de Simon au siège de Lavaur.
CIV. Roger de Comminges, seigneur de Savez, fait
sa paix avec Simon de Montfort.
CV. Le comte de Toulouse se rend au siège de
Lavaur & se brouille entièrement avec Simon.
CVI. Défaite de six mille croisés allemands par
le comte de Foix.
CVII. Le comte de Toulouse chasse l'èvèque de
cette ville.
CVIII. Prise de Lavaur.
CIX. Prise de Puylaurens.
LIVRE VINGT-DEUXIEME
I. Simon de Montfort déclare la guerre nu comte
de Toulouse Se. prend sur lui diverses places.
II. Siège & prise de Montferrand par Simon. —
Baudouin, frère du comte de Toulouse, se tourne
contre lui.
III. Suite des expéditions de Montfort contie le
comte de Toulouse. — Il entreprend le siège de
cette ville.
IV. L'évêque de Cahors fait hommage du comté
de cette ville à Simon de Montfoit.
V. Simon lève le siège de Toulouse. — Il fait des
courses dans le pays de Foix.
VI. Simon s'empare de Cahors & continue la
guerre.
VII. Le comte de Toulouse recouvre diverses pla^
ces & assiège Simon dans Castelnaudai v .
VIII. Divers corps de croisés marchent au secours
de Simon. — IJataille de Castelnaudaiy.
IX. Le comte de Toulouse lève le siège de Cas-
telnau.
X. Rannond VI remet diverses pinces sous son
obéissance.
XI. Le comte de Foix défie Montfcrt.
SOMMAIRES DES CHAPITRES.
xlj
Xn. Le roi se plaint des conquêtes de Simon au
pape, qui se saisit du comté de Melgueil.
XIII. Simon reçoit un nouveati renfort de croisés
& continue ses expéditions.
XIV. Gui de Moiufort vient au secours de Simon,
son frère.
XV. Simon est obligé de lever le siège de Saint-
M.Trcel en Albigeois.
XVI. Kvèques de Carcassonne. — Arnaud, abbé
de Citeaux, est élu archevêque de Narbonne; il
s'értge en duc de cette ville.
XVII. livéques de Nimes, Béziers, Lodève, &c.
XVIII. Le pape ordonne de nouveau à ses légats
de recevoir la justification du comte de Tou-
louse, & refuse d'accorder ses domaines à d'. lu-
ttes.
XIX. Guillaume dispute la seigneurie de Mont-
pellier à la reine d'Aragon, sa sœur.
XX. Le roi d'Aragon fait un voyage à Toulouse.
— Arnaud, archevêque de Nnrbonne, va servir
en Fspagne contre les Sarrasiiis.
XXI. Simon assiège & prend le château d'Haut-
poul.
\XII. Kmeute de Narbonne contre Gui & Amauri
de Montfort.
XXIII. Simon reçoit un nouveau secours de croisés
Si reprend diverses places sur le comte de Tou-
louse.
XXIV. Simon de Montfort assiège & prend Saint-
An ton in.
XXV. Simon de Mo.itfort soumet l'Agenois, où il
assiège & prend 1; château de Penne.
XXVI. Montfort prend Marmande Si Biron, pu-
nit la défection d; M^irtin d'Algais, & traite
avec le vicomte de Bcarn.
XXVII. Montfort assiège Moissac, le prend, &
soumet diverses places des environs.
XX^'III. Simon fait présent au pape de mille
r-.ircs d'argent.
XXIX. Simon porte la guerre dans le pays de
Foix. — Il soumet Muret & une partie du comté
de Comminges.
XXX. Le comte de Toulouse implore la protection
du roi d'Aragon, qui envoie des ambassadeurs
i: Rome pour se plaindre de la conduite de
S:mon. ••
XXXI. Prétentions de Pierre-BermonJ de Sauve
sur la succession du comte de Toulouse, scn
beau-pére.
XXXII. Seigneurs de Sauve & d'Anduze.
XXXIÎI. Le comte de Foix continue la gue.re
contre les croisés.
XXXIV. Simon convoque une assemblée générale
à Pamicrs 8t y établit des coutumes pour le gou-
vernement du pays conquis.
XXXV. Terres inféodées à divers chevaliers fran-
çois. — Evêques de Béziers.
XXXVI. Le pape écoute les pliintes du roi d'Ara-
gon en faveur des comtes de Toulouse, de Foix
£c de Comminges, & du vicomte de Béarn.
XXXVII. Le pape suspend la croisade contre les
hérétiques de la Province.
XXX^'III. Pie re, roi d'Aragon, se rend à Tou-
louse & négocie avec les évêques assemblés au
concile de Lavaur en faveur des comtes, ses al-
li.-s.
XXXIX. Le concile de Lavaur rejette les proposi-
tions du roi d'Aragon 8c refuse de recevoir le
comte de Toulouse à se justifier.
XL. Le roi d'Aragon appelle au pape du refus du
concile de Lavaur, °< se déclare ouvertement
pour le comte de Toulouse.
XLI. Le concile de Lavaur députe au pape pour
faire l'apologie de sa conduite à l'cga rd du
comte de Toulouse 5.' ses alliés.
XLII. Le comte de Toulouse fait de nouveaux
efforts, mais en vain, pour être reçu à se justi-
fier.
XLIII. Plusieurs évêques écrivent au pape contre
le comte & les kabitans de Toulouse.
XLIV. Le roi d',\ragon tâche de gagner le pape 8c
le roi Philippe-.Auguste en faveur du comte de
Toulouse.
XLV. Le roi d'Aragon donne la ville de Mont-
pellier à Guillaume, son beau-frèie. — Le pape
confirme le mariage de ce prince avec Marie.
— Sort des frères de cette princesse du second lit.
XL\'I. Marie porte ses plaintes au pape contre
les li.ibitans de Montpellier.
XL^ II. Marie meurt à Rome en odeur de sainteté.
XLVIII. Louis, fils du roi Philippe-Auguste, se
croise contre les albigeois, 8v puis abandonne
son dessein.
XLIX. Simon de Montfort Se Pierre, roi d'Ara-
goii , :e défient.
L. Pierre termine les différends qui s'étciciit èlî-
vés entre l'évêque de Viviers 8c le comte de Va-
leitinois.
l.I. Les déput.'s du concile de Lavaur prévien-
nent le pap? contre le comte £c les habitans de
Toulouse 8t leurs alliés.
LI'. Simon de Montfort reçoit un nouveau ren-
fort rie croisés, £c continue ses expéditions.
LUI. Amauri, fils de Simon, reçoit la ceinture
militaire. — La noblesse de Gascogne le rcccn-
noif pour son seigneur.
LIV. Le comte de Toulouse pren:! le château de
Pujol.
L^'. L: roi d'Aragon joint les ccTites dcTo^loi Lcr
de Foix & de Comminges j ils vent assiéger
Muret.
L'.'I. Siège 8c bataille de Muret. — Picric. rci
d'Aragon, y est tué.
L^'^. K.loge de Pierre II, roi d'Aragon. — Jac-
ques I, son fils unique Su son successeur, de-
meure au pouvoir de Simon de Montfcrt.
LVIII. Les Toulousains font des démarches peur
se soumettre.
LIX. Simon profite de fa victoire. Se porte ses
armes du coté du Rhône.
LX. Simon conclut le mariage d'Ainauri, son fils,
avec l'héritière du Dauphiné, S< soumet le coin ta
de Valcntinois.
LX'. L'^s Aragonois Se les Catalans font la guerre
à Simon qui refusoit de leur remettre leur rou
«lij
SOMMAIRES DES CUAPITRFS.
LXII. Arrivée du cartîînal cîe Piéncvent, nouveau
iég.it, dans la Province.
LXIII. Simon est enfin obligé de rendre le jeune
roi d'Aragon à ses sujets.
LXIV. Mort tragique de Baudouin, frère de Rai-
mond V'I, comte de Toulouse. — Sa postérité.
LXV. Aymeri, vicomte de Narbonne, déclare la
guerre à Simon de Montfort.
LXVI. Le cardinal de Bénévent, légat dans la
Province, suspend les hostilités. — Simon re-
met Moissac à son obéissance & lève le siège du
Mas d'Agenois.
LX\'II. Les Aragonois vont recevoir leur roi a
Narbonne.
LXVIII. La ville de Montpellier refuse de le te-
connoître.
LXIX. Le comte & les habitans de Toulouse, les
comtes de Foix, de Comminges Se de Roussillon,
le vicomte & les habitans de Narbonne se sou-
mettent au légat.
LXX. Simon achève d'envahir les domaines du
comte de Toulouse 8c se fait donner les vicomtes
de Nîmes & d'Agde par Bernard-Aton, ancien
vicomte.
J..XXI. Amauri de Montfort épouse l'héritière du
Dauphiné. — Conquête d'une parue du Roner-
gue & du Querci par les croisés au nom de
Simon.
LXXII. Simon remet l'Agenois sous son obéissance.
LXXIII. Simon assiège & prend Casseneuil. — Le
cardinal de Corçon dispose en sa faveur de
toutes les conquêtes faites sur les hérétiques dans
les pays de sa légation.
LXXIV. Simon s'empare de divers châteaux dans
le Périgord.
LXXV. Simon repasse en Querci &. en Rouergue,
& reçoit l'hommage du comte de Rodez.
LXXVI. Simon termine la campagne par la prise
du château de Sévérac.
LXXVII. Concile de Montpellier. — Il dispose
provisionnellement en faveur de Simon des do-
maines du comte de Toulouse & de tous les
pays conquis par les croisés.
LXXVIII. Le légat fait prendre possession, au
nom de l'Eglise romaine, de Toulouse & du
château de Foix.
LXXIX. L'archevêque d'Arles donne en fief Beaii-
caire & la terre d'Argence à Simon.
LXXX. Libéralités de Simon envers l'église d'Uzès
LXXXI. Louis, fils aîné du roi Philippe-Auguste,
se croise 8c vient dans la Province.
LXXXII. Le pape donne provisionnellement le
comté de Toulouse, 8<.c., à Simon.
LXXXIII. Le pape donne en fief le comté de Mel-
gueil aux évêques de Maguelonne.
LXXXIV. Seigneurs de Lunel. — Evêques de Ma-
guelonne.
LXXXV. Le comte de Toulouse se retire avec son
fils à la cour d'Angleterre.
LXXXVI. Suite du voyage du prince Louis. — Il
fait démanteler les villes de Narbonne, de Tou-
louse, 8cc. — Différends entre l'archevêque de
Narbonne 8c Simon de Montfort touchant le
duché de Narbonne.
LXXX'» H. Simo^i pien.l possession du château
de Foix, & do la vill!: ï< du comté de Toulouse.
LXXX^'IIÎ. Le p:ince Louis finit sa qua raiiiaine
a Toulouse.
LXXXIX. Le omtc d'Armagnac fait hommage à
Simon. — L'évcque de ^^lvier5 investit ce der-
nier de divers domaines.
XC. Origine des sénéchaussées de Eeai:caire, de
Carcassonne, 8cc.
XCI. Simon s'applique au gouvernement de ses
domaines, 8c fait raser les murs de Toulouse. —
Evêques d'Agde.
XCII. Concile de Latran. — Vaines prétentions
des archevêques de Tolède pour la jirimatie sur
la province de Narbonne.
XCIII. Evêques du Puy. — Vicomtes de Poli^nac.
XCIV. Saint Dominique fonde son ordre à Tou-
louse.
XCV. Le concile de Latran décerne diverses peines
contre les hérétiques albigeois.
XCVI. Le comte de Toulouse 8c son fils, avec les
comtes de Foix 8c de Comminges, vont au con-
cile de Latran pour demander la restitution de
leurs domaines.
XCVII. Décret du concile touchant les domaines
du comte de Toulouse. — Il adjuge le comté de
ce nom à Simon de Montfort &. réserve le reste
au jeune Raimond.
XCVIII. Décret touchant les comtes de Foix 8c de
Comminges.
XCIX. Départ du comte de Toulouse de Rome.
Le comte de Foix obtient des commissaires pour
la restitution de ses domaines.
C. Le jeune Raimond part de Rome 8e va joindre
à Gênes le comte de Toulouse, son père.
CI. Simon de Montfort prend possession du du-
ché de Narbonne, malgré l'archevêque qui l'ex-
communie. — Evêques de Eéziers.
Cil. Simon de Montfort prend une nouvelle pos-
session du comté de Toulouse Se tâche de se
conserver la possession de cette ville.
cm. Simon va à la cour du roi Philippe-Au-
guste, qui reçoit son hommage pour le duché
de Narbonne, le comté de Toulouse, Sec.
LIVRE VINGT-TROISIÈME
I. Une partie de la Provence se déclare en faveur
du comte de Toulouse 8c de son fils.
II. Le comte de Toulouse assemble une armée à
Avignon, en confie le commandeinent à son fils,
8c part pour l'Aragon.
III. Beaucaire se soumet au jeune comte Raimond,
qui fait le siège du château.
l'V . Simon de Montfort marche au secours du
château de Beaucaire.
V. Suite du siège du château de Beaucaire.
VI. Simon se retire de devant Beaucaire, dont il
cède le château au jeune Raimond par un tral;é.
VII. Simon se retire à Nîmes. — Privilèges de
cette ville. — Il marche vers Toulouse.
VIII. Simon cherche querelle au comte de Fois,
SOMMAIRES DES CHAPITRES.
xl'iii
IX. Simon cause une émotion dans Toulouse &
punit les Toulousains.
X. Gui de Montfort, fils puîné ie Simon, épou:e
riiéritière ds Bigorre.
XI. Simon lève le siège du cliâtcnu de Lourdes.
Xn. Snnon porte la guerre dans le pays de Foix
XIII.' Simon assiège le châte.iu de Montgrenier Ce
traverse la réconciliation du comte de Foix avec
l'Église.
XIV. Le cardinal Bertrand légat dans la Pro-
vince.
XV. Simon s'accorde avec l'évéque d'Agen. — Il
soumet dii'ers châteaux dans le Termenois.
XVI. Simon porte la guerre aux environs du
Rhône.
XVII. Simon attaque le comte de Valentinois &
fait la paix avec lui.
XVIII. Les Toulousains rappellent le comte Rai-
mond & le reçoivent dans leur ville.
XIX. Vains efforts des seigneurs de la maison de
Montfort pour chasser de Toulouse le comie
Raimond.
XX. Simon envoie demander du secours en France,
& assiège Toulouse.
XXI. Montauhan tente inutilement de secouer le
joug de Simon.
XXII. Suite du siège de Toulouse par Simon de
M o n i fo r t .
XXIII. Le pape, ? la sollicitation de Simon, tâ-
che de détacher Jacques, roi d'Aiagon, de son
son alli.Tncc avec le comte de Toulouse.
KXIV. La ville de Montpellier se remet sous
l'obéissance de Jacques.
XXV Saint Pierre Nolasquc.
XX'» I. Le pape écrit diverse, lettres en faveur de
Snnor. de Montfort, entre autres au îcunc Uai-
mond.
XXVII. Simon reçoit divers renforts £< continue
le siège de Toulouse.
XX\III. Mort de Simon de Montfort.
XXIX. KIoge de Simon de Montfort. — - Son fils
aîné '\iTiatiri lui succède & continue le siège.
XXX. Amauri de Montfort lève le siège de Tou-
louse Si emporte à Carcassonne le corps de son
père.
XXXI. Ar.iT.;ri d; Montfort se tient sur la défen-
siv; & se fait reconnoïtre dans ses nouveaux
coir.aines.
XXXn. Raimond VI, comte de Toulouse, fait ses
ilcriiieres dispositions.
XXXIII. Le jeune Raimond recouvre une partie
de l'Agenois, & le comtt de Comminges ses do-
maines.
XXXIV. Le pape s'intéresse en faveur dAmanri.
— Les Avignonois font mourir Guilla une de
B.1UX, prince d'Orange.
XXXV. Amauri parcourt ses domaine-.
XXXVI. Accord du comte Je Toulouse avec le sei-
gneur de Sauve, son petit-fits.auquel il tci!t ses
droits sur les vicomtes de M'iu & i-: Gév.iu-
ian
XXX\'II. L,i ville de Nimes Se une partie du
Ronerguc & du Querci rentrent sous l'obéis-
sance des comtes de Toulou:e.
XXXVilL DifTérer.d entre l'évéque & les habitans
du Puy & quelques seigneurs du Vclai.
XXXIX. Evéques du Puy. — ^'icomtcs de Polignac.
XL. Le prince Louis marche au secours d'Ainauri,
qui assiège Marmande.
XLI. B.Tiaille de Bazi-je. *
XLII. Louis joint Amaini devant Marmande 8c
force cette place à se rendre.
XLIII. Louis met le siéfre dcv.mt Toulouse & est
obligé de le lever. — Con: i de Rodez.
XL1\'. Privilèges de Toulouse & de Nimes.
XLV. Accord entre Amauri de Montfort & l'évé-
que d'Agde.
XLVI. Désordres des croisés. — Amauri dispose
d'Alais. — Maison d'Anduze.
XLN'II. Naissance de Jeanne, fille de Raimond le
Jeune, qui soumet Lavaur, Puylaurens, Mon-
tauhan & Castelnaudary.
XL\'III. Siège de Castelnaudary par Amauri de
Montfort. — Mort du comte Gui, son frère.
XLIX. Conrad, évéque de Porto, nouveau légat
dans la Province, chassé de Béziers. — Il ré-
forme les écoles de médecine de Montpellier.
L. Le pape exhorte le jeune Raimond & ses par-
tisans à mettre bas les armes.
LI. Amauri lève le siège de Castelnaudary.
LU. Ordre de la milice de la Foi de Jésus-Christ.
LUI. Siège St prise de Montréal sur Amauri.
LI\'. Amauri fait solliciter le prince Louis de
venir à son secours.
LV. Le jeune Raimond récompense les habitans
d'Avignon. — Il confirme la donation de la
ville de Montauhan en faveur du comte de Foix.
LVI. Amauri porte la guerre dans l'Agenois. —
La ville d'Agen se soumet au jeune Raimond.
LVII. Privilèges de Montauhan. — Le pape rend
une sentence d'txhérédation contre le jeune
Raimond. — Assemblée des hérétiques à Picus-
san.
LVIll. Consuls de Toulouse. — Moi5s.:c se soun-.ei
au jeune Raimond. — Vicomtes de Lomagne.
LIX. Sécularisation de la cathédrale de Vlcnd,-. —
Une partie des diocèses de Béziers & N.nbonnc
excommuniée.
LX. Amauri offre ses conquêtes au roi Philippe-
Auguste.
LXI. Rair.iond le Jeune_prie le roi de prccurcr sa
réconciliation avec l'Kglise.
LXII. Mort de Raimond VI, comte de Toulouse.
LXIII. Caractère de Raimond VI, ses bonnes qua-
lités 8c ses défauts.
LXI\'. Etendue des domaines de Raimond VI; ses
femmes, ses enfaiis.
LX^'. Poêles provençaux.
LXVI. Raimond VU, comte de Toulouse, accorde
divers privilèges aux hospitaliers.
LXVIT. Concile du Puy. — Union de l'abbaye
d'Alet à la cathédrale de Narbonne.
xliv
SOMMAIRES DES CiiAf-iTilES.
LXVni. Amauri offre do nouveau au roi de lui
céder les conquêtes des croisés.
LXIX. Différends entre le monastère de Prouille
& l'iibb.iyc de Saint-Hilaire.
LXX. Mort de Raiinond-Roger, comte de Foix. —
Ses enfans. — Son fils aîné Rojcr-Dernard II
lui succède.
LXXI. Le comte de Toulouse assiège Penne, en
Agenois, & Verdun sur la Garonne.
LXXII. Évêques de Mende. — Fondation de l'ab-
baye de Mercolre.
LXXI II. Trêve entre le comte de Toulouse Ci
Amauri de Montfort.
LXXIV. Conférences de Saint-Flour & de Sens, —
Evéqucs des hérétiques albigeois.
LXXV. Mort du roi Philippe-Auguste, — Le car-
dinal Conrad sollicite Louis VIII, son Sis Z<.
son successeur, de faire la guerre aux albigeois.
LXXVI. Le légat s'en retourne à Rome. — Mai-
son d'Anduze. — Evéques de Viviers.
LXXVII. La guerre se renouvelle entre le comte
de Toulouse & Amauri de Montfort. — Siège
de Carcassonne.
LXXVIII. Amauri est abandonné de res troupes.
LXXIX. Raimond soumet le comté de Melgueil.
LXXX. Le pape sollicite le roi de marcher en per-
sonne au secours d 'Amauri.
LXXXI. Amauri convient d'un traité avec les
comtes de Toulouse & de Foix, & quitte le pays
pour toujours.
LXXXII. Le jeune Trencavel rentre en possession
de Carcassonne & des autres domaines de sa
maison.
LXXXIII. Évcques de Carcassonne. — La ville
d'Albi & le Querci se soumettent au comte Rai-
mond.
LXXXIV, Amauri cède sous condition ses droits
sur les conquête des croisés au roi Louis VllI.
LXXXV. Le roi fait diverses demandes au pape
pour se charger de l'expédition d'Albigeois.
LXXXVI. Le roi écrit aux hïjbitans de Narbonne.
LXXXVII. Le comte de Toulouse envoie des am-
bassadeurs au pape & demande son absolution.
LXXXVIII. — Le pape écoute favorablement Rai-
mond VII & suspend la croisade contre lui &
ses alliés.
LXXXIX. Raimond s'assure de la ville d'Agde.
XC. Le roi abandonne le dessein de son expédi-
tion contre le comte de Totilouse.
XCI. Première conférence ou concile de Montpel-
lier pour la conclusion de la paix de Raimond
?i de ses alliés avec l'Eglise.
XCII. Raimond rend la ville & la vicomte d'Agde
à l'évéque.
XCIII. Seconde conférence ou concile de Mont-
pellier pour la conclusion de la paix du comte
de Toulouse & de ses alliés avec l'Eglise.
XCIV. Raimond, comte de Toulouse, rend les do-
maines usurpés sur diverses églises.
XCV, Raimond envoie des ambassadeurs au pape,
de concert avec l'archevêque de Narbonne & le
concile de Montpellier, pour terminer sa récon-
ciliation.
XCVI. M.iri.ige de licrtrand, frère naturel du
comte de Toulouse.
XCVII. Le comte de Foix, gardien du vicom:»
Trencavel.
LIVRE VINGT-QUATRIEME
I. La réconciliation de Raimond avec l'Eglise c»t
traversée.
II. Légation de Romain^ cardinal de S.unt-.^nge.
— Ligue du roi d'Angleterre avec le comte Rai-
mond.
IIÏ, Concile de Bourges ; le légat élude la récon-
ciliation de Raimond avec l'Eglise.
IV Pairie des comtes de Toulouse. — Archevêques
de Narbonne.
V. Le roi Louis VIII se charge de faire la guerre
en son nom au comte Raimond & à ses alliés.
VI, Le légat excommunie le comte Raimond Si ses
alliés, iait prêcher la croisade contre eux &
donne la croix au roi & aux barons du royaume,
's'il. Le légat accorde les décimes au roi, pendant
cinq ans pour les frais de la guerre.
VIII. Le roi fixe le jour de son départ,
IX. Le roi reçoit par avance la soumission des
villes de Saint-Antonin, de Béziers & de divers
seigneurs du pays.
X. Le pape écrit au roi d'Angleterre pour l'em-
pêcher de secourir le comte de Toulouse.
XI. Raimond tâche de se concilier la bienveillance
de ses alliés S.< de ses sujets. — Comtes de Com-
minges.
XII. Le roi Louis se met en marche.
XIII. Les villes de Niires, Puylaurens, Castres, &c.,
& divers seigneurs de la Province se soumettent
au roi.
XIV. Le roi arrive à .Avignon dont il entreprend
le siège. — Le lérat excommunie de nouveau
le comte de To;iicu:c,
XV. Carcassonne, Albi 2; une grande partie de la
Province envoient faire leurs srumissions au roi,
— Eencit, abbé ce ia Grasse,
X'v'I, Le coint: de Com:r,!ng:s f.iit sa p:iix.
X^'n, Suite dt: siégc ù'Avignon, cette ville est
enfin obligée de ;e rendre.
XVIII. Le roi établit i.n sénéchal à Beaucaire.
XIX. Le roi passe le Rhône, & toute la Province
se soumet à lui jusqu'à quatre lieues de Tou-
louse.
XX. Seigneurs de l'Islc-Jouidain.
XXI. Evêques de Carcassonne. — Le roi établit un
sénéchal dans cette ville.
XXII. Le roi tient une assemblée à Pamiers.
XXIII. Les comtes de Toulouse & de Foix renou-
vellent leur ligue.
XXIV. Le roi reçoit à Pamiers le serment de fidé-
lité des évêques de la Province & s'accorde avec
eux touchant le domaine de leurs églises.
XXV. Union de la vicomte de Fenouillèdes au do-
maine de Nugnez Sanche, comte de Uous»illon,
£t ensuite à celui de la couronne.
SOMMAillES DES CHAPITRES.
xlv
XX\). Le roi s'iiccordc avec .\gnc5, vicomtesse
douairière de Bézicrs, & établit Imbcrt de Beaii-
'•eu pour gouverneur de la Province.
X;-V1I. Mort du roi Louis VIII. — Soi:u Louis,
son fils, lui succède.
XXVIII. L"empereur demande au pape la restitu-
tion d'Avignon.
XXIX. Le lég.-.t impose des lois aux habitans d'A-
vig:ion.
XXX. Le comte de Toulouse se met en campagne
& preiid le château d'Auterive.
XXXI. Le roi donne à vie la vicomte de Gévaudan
& fut valoir ses prétentions sur le comté de
Melsfueil.
XXXII. Concile de Narbonnc. — Le vicomte Tren-
cavel recouvre Limoux & une partie de ses au-
tres doma mes.
XXXIII. BrouiUerics dans léglise de France à
l'occasion de la levée des décimes contre les albi-
geois.
XXXIV. Humbert de Beaujeu continue la guerre
contre le comte de Toulouse; l'évëque d'Albi,
le vicomte de Lautrec, &c., se liguent contre ce
comte.
XXXV. ÉvéTue; d'Albi.
XXXVI. L; comte Raimond prend divers dià-
teaux. — Mort de Gui de Montfort, frère de
Simon.
XXXVII. Siège Si prise de Casielsarrasin par Rai-
mond. — Beaujeu prend Montech & est battu.
XXXVIâl. Les François r.nvagent les environs de
Toulouse.
XXXIX. Le pape proroge la légation du cardinal
de Saint-Ange & lui ordonne de travailler i> la
paix du comte de Toulouse.
XL. Paix des seigneurs de Termes avec le roi &
l'Église.
XLI. L'abbé de Grandselve fait des propositions
au comte Raymond qui les accepte & convient
d'un projet de paix.
XLII. Conférence de Meaux pour la conclusion
de la paix. — Raimond jure de l'observer de-
vant la porte de la cathédrale de Paris.
XLMI. Articles de la paix.
XLIV. Le légat donne l'absolution au comte Rai-
mond.
^V. Amauri de Montfort ronfirme la cession
qu'il avoit déjà faite de ses droits en faveur du
roi sur les Ktats de Raimond, &c. — Fin d'A-
mauri.
XLVI. Ktendue des dom.'iines cédés par Raimond
au roi & à l'Eglise romaine. — Ancien ressort
des sénéchaussées de Beaucai re & de Ca rcassonne.
XLV'II. Etendue des domaines qui restèrent i Rai-
mond.
XLVIII. Le roi d'Angleterre traverse inutilement
le traité de paix.
XLIX. Vaines prétentions du roi d'Aragon sur les
domaines cédés par le comte de Toulouse.
L. Les coutumes de Paris restreintes aux terres
possédées par des chevaliers françois dans la
sénéchaussée de Ca rcassonne.
I.I. Origine de l'université de Toulouse.
LU. R.;imond rend hommage au roi & se rcirct
en prison jusqu'après l'exécution de tiuelques
articles du traité.
Lin. Ordonnance de saint Louis contre les héré-
tiques de la Province.
LIV. Origine de la seigneurie & comté de Castres.
— Seigneurs de Castres de la maison de Mont-
fort.
LV. Le comte Raimond exhorte le comte de Foix
à faire sa paix.
LVl. Le comte d'Astarac & le vicomte de Nar-
bonne font la paix avec le roi.
LN'II. Mathieu de Marly, lieutenant du roi dans
la Province, & Pierre de Colmieu, vice-légat, y
reçoivent le serment des peuples.
LVIII. Le comte Raimond sort de prison. — Le
roi le fait chevalier, lui rend la vicomte de
Millau & les autres fiefs du Rouergue.
LIX. Mariage de Jeanne, fille de Raimond, avec
Alfonse, frère de saint Louis.
LX. Raimond donne au roi la ville de Saint-
Antonin en échange. — Fin des vicomtes de
Saint-Antonin.
LXI. Roger-Bernard, comte de Foix, fait sa paix.
— Mort d'Ermessinde de Castelbon, sa femme.
LXII. Le comte Raimond revient à Toulouse, oii
il renouvelle ses promesses devant le légat.
LXIII. Concile de Toulouse. — Il établit l'inqui-
sition dans le pays.
LXI^^ Le cardinal légat parcourt la Province avec
Adam de Milli, que le roi y avoit établi pour
son lieutenant.
LX\'. Gui de Lévis, seigneur de Mirepoix, maré-
chal de France.
LXVI. Concile d'Orange. — Le cardinal de Saint-
Ange donne au roi la garde du inarquisat de
Provence, & part pour Rome.
LXVII. Accord entre le roi & l'évéque de Bézieis
touchant la justice & le domaine de cette ville
& du diocèse.
LX\'ni Nouveaux troubles dans le Toulousain.
LXIX. Le roi ordonne qu'on rende à Raimond les
biens usurpés sur lui. — Ce comte fait un voy.Tge
à la Cour. — Kvcques du Puy.
LXX. Université de Montpellier. — Dédicace de
I église de Notre-Dame de cette ville. — Evé-
ques de Maguelonne. — Fondation de l'abbaye
de Gigean.
LXXI. Pierre de Colmieu légat dans la Province.
— Le pape accorde un délai à Raimond pour
son pass.igc d'outre-mer.
LXXII. Divorce entre le comte de Toulouse &
Sancie d'Aragon, sa femme. — Le pape' écrit
diverses lettres en faveur de ce prince.
LXXIII. Raimond rend divers châteaux en fief au
comte d'Astarac.
LXXIV. L'empereur donne .i Raimond le comte
de Forcalquier — La ville de Marseille se sou-
met à ce comte, qui déclare la guerre »u comte
de Provence.
LXXV. Gautier, évéque de Tournai, légat dans la
Province.
XI VI
SOMMAIRES DES CHAPITRïïS.
LXXVI. Rainond continue la guerre Ae Provence.
— Il prend soin de 5cs domiiines & trnnsige avec
les abbés de Gnillnc & de Montnuban.
LXXVII. Seigneurs du pnys de S.ivez.
LXXVIII. Coutumes de Montolicu. — Asslgnnt
de Pierre de Voisins.
LXXIX. Le roi d'Ar.ngon va n Montpellier, après
la conquête de Majorque sur les Maures.
LXXX. Mort de Foulques, évèque de Toulouse.
LXXXI. Raiinond s"einploie à la recherche des
hérétiques. — Le pape arrête les entreprises des
ecclésiastiques contre lut ; mais il diffère de lui
rendre le marquisat de Provence.
LXXXII. Le comte accorde des privilèges aux ha-
bitnns de Montaiiban. — Maison de Varagne.
■ — Il s'accommode avec l'évêque d"Albi.
LXXXIII. Raimond s'abouche avec le roi d'An-
gleterre.
LXXXIV. Suite de la léjaticn de l'évoque de
Tournai.
LXXXV. Paix entre l'archevêque & le vicomte de
Narbonne. — Le comte cle Foix épouse la fiilf:
de ce dernier.
I.XXXVI. Coutumes des nobles & des habitans de
Narbonne & du Narbonnois.
LXXXV'II. L'Inquisition confiée aux frères prê-
cheurs, qui l'érigent en tribunal ordinaire.
LXXXVIII. Les papes Grégoire IX & Innocent IV
confirment l'établissement de l'université de
Toulouse.
LXXXIX. Assemblée de Melun.
XC. L'archevêque de Vienne succède à l'évêque de
Tournai dans sa légation.
XCI. Edit du comte de To'.ilouse contre les héré-
tiques.
XCII. Eudes le Queux, sénéchal de Carcassonne,
lieutenant du roi dans la Province.
XCIII. Vicomtes de Lautrec.
XCIV. Raimond fait un "Oyage à la Cour & com-
promet entre les mains du roi, de ses différends
avec le comte de Provence. — Jacques, roi d'.\-
ragon, va à Montpellier.
XCV. Raimond se plaint au roi des ecclésiasti-
ques de la Province, 3c eux se plaignent a leur
tour au pape des officiers du roi. — Evêqucs
d'Agde.
XCVI. Raimond rentre dans la possession du
marquisat de Provence.
LIVRE VINGT-CINQUIÈME
I. Concile de Béziers.
II. Troubles arrivés à Narbonue. — Les habitans
de la cité & ceux du bourg se font la guîrre.
m. Les hérétiques chassés de la Province passent
en Espagne & y sont défaits.
IV. Soulèvement en Albigeois contre les inquisi-
teurs de la foi.
V. Les inquisiteurs sont chassés de Toulouse avec
l'cvêque de cette ville & hs frères prêcheurs.
VI. Raimond, comte de Toulous;, revient d'Ita-
lie; il va 3 la Cour de France & ensuite i celle
de rF.mpereur — Evéques de Viviers.
VII. Les frères prêcheurs chassés de Narbonne. —
Le comte Raimond est excommunié par diverses
sentences.
VIII. Lettre du pape à Raimond qui rétablit les
frères prêcheurs dans le couvent de Toulouic,
IX. Raimond va à la cour de l'Empereur. — Le
vicomte de Tiirenne lui rend hommage.
X. Jacques, roi d'Aragon, fait hommage pour
Montpellier à l'évêque de Maguelonne. — Mai-
son de Montlaur.
XI. Trencavel se retire à la cour du roi d'Aragon,
qui s'accorde avec Nugnez-Sanche , comte de
Rotissiilon, son cousin.
XII. JDifl'érends entre Nugnex & le comte de Foix,
touchant le pays de Donazan, 8ic.
XIII. Le pape se radoucit à l'égard du comte de
Toulouse & ordonne au légat de modérer le zèle
des inquisiteurs.
XIV. Procédures des inquisiteurs.
XV. L'exercice de l'inquisition est suspendu pour
quelques années.
XVI. Roger-Bernard, comte de Foix, rechercha
par l'inquisition d'Aragcn.
XVII. Amauri de Montfort reprend ie titre de
duc de Narbonne, ik fait quelques entreprises
sur le comté de Melgueil.
XVIII. Raimond reprend la guerre centre le comte
de Provence.
XIX. Plaintes du pape contre Raimond.
XX. Le comte de Toulouse suspend la guerre de
Provence & envoie une amb.issadc à Rnnc.
XXI. Origine de la ville & des seigneu rs de Ricux.
XXII. L'évêque de Mr^guelonne donne en fief à
Raimond la ville de Montpellier.
XXIII. Plaintes des ecclésiastiques de la Province
contre l;s officiers du roi.
XXIV. Raimond demande diverses choses au pape,
qui lui accorde l'absolution, le dispense de pas-
ser outre-mer, 8ïc.
XXV. Gui, évèque de Sora, & Jacques, évèque d«
Palestrine, successivement légats dans la Pro-
vince.
XXVI. Aymar II, comte de Vnlentinois, se rend
vassal de Raimond pour divers fiefs du Vivarais.
XXVII. Raimond reçoit l'hommage de l'évêque
de Carpentras, s'accorde avec le comte de Ro-
dez, &r. — Seigneurs d'.Vnduze.
XXVIIÏ. Kvêques de Lodève.
XXIX. Entrevue 3 Montpellier entre le roi d'Ara-
gon Si le comte Raimond. — Le premier pacifie
celte ville.
XXX. Mort de Nugnez Sanche, comte de Rous-
siUon.
XXXI. Vicomtes de Narbonne.
XXXII. Le comte Raimond reprend la guerre con-
tre le comte de Provence.
XXXni. Rcgcr-Bcrnard, comte de Foix, reconnu
pour bon cnîholiqtie.
SOMMAIRES DES CHAPITRES.
XlV!)
XXXIV. Le cointe Rnlmond bat les François,
nssiége la ville d'Arles & ravage la Camargue.
XXXV. Rannond pacifie les troubles d'Avignon &
retourne à Toulouse.
XXXVI. Trencavcl, à la tête de divers seigneurs,
reprend sur le roi une partie des anciens do-
maines de sa maison.
XXXVII. Raimond refuse de secourir le sénéchal
de Carcassonne contre Trencavel. ^ Seigneurs
de Savez.
XXXVIII. Trencavel se rend maître du bourg de
Carcassonne & assiég; la cité.
XXXIX. L« roi envoie une armée contre Trenca-
vel, & le pays rentre dans l'obéissance.
XL. Les seigneurs d'Aniort se soumettent au roi,
qui unit par là au domaine une partie du pays
de Sault.
XLI. Le comte Raimond fait un voyage a la Cour,
& traite avec le pape contre l'Empereur.
XLII. Raimond fan la paix avec le comte de Pro-
vente.
XLIII. Le vicomte de Nnrbonne 8c divers seigneurs
se soumettent au roi.
XLIV. Ligue entre le roi d'Aragon 8c le comte de
Toulouse. — Kvéc(ues de Béziers. — Baronnie de
Castclr.au de Bonafo'is. — Monnoie d'Albi.
XLV. Divers prélats de la Province tombent entre
les main» de l'Empereur. — Evéques de Nîmes.
XLVI. Le comte Raimond fait hommage de Beau-
caire à l'archevêque d'Arles.
XLVII. Nouveau traité entre Raimond, le roi
d'Aragon 8c le comte de Provence. — Le premier
répudie Sancie d'Aragon, sa femme, pour épou-
ser Sancie, fille du dernier.
XLVIII. Le roi dispose du Poitou, des pays d'Al-
bigeois, Sec, en faveur d'Alfonse, son frère,
après l'avoir fait chevalier.
XLIX. .Mort de Roger-Bernard H, comte de Foix.
— Roger IV, son fils, lui si.ccèd».
L. Rfgcr fait hommage, à Lunel, au comte de
Toulouse.
II. Raimond envoie demander au pape la dis-
pense pour son mariage avec Sancie de P:o-
vence. — Ce mariage se rompt.
LII. Raimond retourne à Toulouse, se ligue avec
le comte de la Marche, Se fait un voyage en
Catalogne. — Seigneurs de l'Isb-Jourdain. —
Vicomtes de Gimoëz.
LUI. Comtes de Comminges.
LIV. Raimond tombe dangereusement malade Se
reçoit rab'olution de diverses sentences d'cx-
communication dont il avcit été frap-é.
LV. Raimond prend les armes contre le roi 8c
entraîne divers comtes, vicomtes & seigneurs
dans sa révolte.
LVI. Le comte de Toulouse s'>!liciie U-s évéques de
ses Etats it aijir par tim-méiii-s centre les héré-
tiques, 8c appelle au piipe des procédures des
inquisiteurs.
LVII. Mnssacre des inqunite. rs à Avignonet.
LVIII. Henri, roi d'Angleterre, Tient au secours
des comtes de la Marche 8c de Toulouse, 8c est
défait par le roi.
LIX. Raimond 8c ses alliés s'emparent de divers
pays, entre autres de la ville de Narboniie d'oti
Us chassent l'art hevêque, qui les excommunie.
LX. Raimond reprend le titre de duc de Nar-
bonne.
LXI. R.iiinond va joindre à Goidcaux le roi d'An-
gleterre 8c se ligue avec lui.
LXII. Raimond assiégé le château de Penne, en
Agenois. — Le comte de Foix l'abandonne 8c
fait sa paix avec le roi.
LXIII. Concile de Montpellier. — Réponse de
Raimond au comte de Foix.
LXIV. Raimond fait au roi des propositions de
paix qui sont re)ciées. — Il se soumet sans ré-
serve à la volonté de re prince.
LXV. Le roi ordonne l.i p.iix au comte de Tou-
louse 8c envoie des coiniiiissaires sur les lieux
pour recevoir sa soumission 8t celle de ses alliés.
LX^'I. Le comte Raimoni, le vicomte de Nar-
bonne 8c divers seigneurs se rendent à la Cour,
8c y terminent leur paix.
LXVII. Le comte de Foix se rend aussi à la Cour
8t le roi le reçoit à l'hommage comme son vas-
sal immédiat.
LXVIII. Raimond, de retour dans ses États, punit
les auteurs du massacre des inquisiicurs, 8c fait
prêter un nouveau serment entre les mains des
commissaires du roi par ses vassaux Se princi-
paux sujets.
LIX. Le roi confisque les domaines de Pierre-B.-r-
mond, seigneur d'Alais, Anduze, Sauve 8c Soiii-
inièrcs.
LXX. Le roi d'Angleterre se plaint h l'Empereur
du comte de Toulouse 8c conclut une trêve avec
la Fr.'ir.te.
LXXT.'Raiinon.l fi.mce Marguerite de la Marche.
LXXII. Seigneuis de Savez.
LXXIl!. Concile de Biziers. — Plaintes de Rai-
mond contre les inquisiteiuj.
LXXU'. Lettre de Raimond au roi touchant le
château de Penne, en Albigeois.
LXX\'. Le vicomte de Narbonne se soumet à l'.ir-
c h évoque.
LXXVI. Entrevue des rois de France 8c d'Aragon
au Puy. — Jacques, roi de Majorque, naît à
Montpellier. — Trêve entre les comtes de Tou-
louse 8c de Provence,
LXXV'II. Brouilleries entre le comte de Foix £< Icj
sujets du comte de Toulouse.
LXX\III. Le comte Raimond passe au-delà des
Alpes Se va à la cour de lempircur.
LXXIX. Raimond obtient son absolution du pape
& prolonge la trêve avec 1; comte de Provenc.-.
LXXX. Le pape ordonne aux inquisiteur» de con-
tinuer leurs procédures, g* mcdère leur autorité.
LXXXT. Concile de Naibonne — On y règle la
procédure des inqui!iiei;rs.
LXXXII. Nouvelle leclurthc c'es hérétiques dan»
la Prc.vinie. — Le pipe modère encore l'auto-
rité dei in-j uisiietirs.
LXXXllI. Si'jc ;?: pris; du château de Montségur
iur les héréiiqucs.
'")
SOMMAIRES DES CHAPITRES,
LXXXIV. Le comlc RaimonJ, principal plénipo-
tentiaire de rcmpereur Frédéric, négocie la paix
de ce prince avec le pape,
LXXXV. Frédéric punit la défection de l'évéquc
de Viviers & de la ville d'Avignon.
LXXXVI. Raimond repasse les Alpes & reçoit
l'hommage des comtes d'Astarac & de Commin-
ges pour ces comtés.
LXXXVII, Raimond reçoit à Toulouse les ambas-
sadeurs du comte de Savoie, auquel il donne
Cécile de Baux, sa petite-nièce, en mariage.
LXXXVIII. Raimond crée deux cents chevaliers
dans une cour qu'il tient à Toulouse.
l.XXXIX. Raimond va à la cour de France & à la
cour romaine, Se fait sommer le comte de Foix
de lui remettre le pays situé en deçà du Pas de
la Barre.
y.G Raimond assiste au concile de Lyon. — Evê-
ques de Maguelonne, — Archevêques de Nar-
bonne.
XCI, Raimond fait casser son mariage avec Mar-
guerite de la Marche, & projette d'épouser Béa-
trix, fille de R. Bérenger, comte de Provence.
XCII. Raimond échoue dans son dessein.
>I cm. La comtesse d'Astarac & le vicomte de Lo-
magne cèdent au comte de Toulouse leur droit
au comté de Fezensac,
ÎICIV. Raimond fait un pèlerinage à Saint-Jac-
ques, en Galice.
XCV. Conciles de Montpellier & de Béziers. —
On fait dans ce dernier de nouveaux règlemens
pour la procédure de l'inquisition.
> ?VI. Fondation de la ville & du port d'Aignes-
mortes.
XCV'II. Trencavel se soumet au roi & lui cède
tous ses droits sur les vicomtes de Béziers, Car-
cassonne, 8cc.
XCVIII. Construction de la ville basse de Carcas-
sonne. — Olivier de Termes prend la croix.
XCIX. Le comte Raimond va i la Cour 8c y prend
la croix.
C. Raimond engage une partie de ses sujets à se
croiser avec lui & tente inutilement de procurer
la sépulture ecclésiastique au comte, son père.
CI. Kvêques du Puy. — Raimond protège les in-
quisiteurs 8t fait un voyage en Espagne.
eu. Trencavel conclut la paix avec le roi & prend
In croix. — Sa postérité.
cm. Le roi envoie des commissaires dans la Pro-
vince pour y recevoir les plaintes contre ses
officiers, & restituer les biens qu'il "avoit mal
acquis.
CIV. Consuls de Toulouse. — Suite des affaires
de l'inquisition. — Juifs de la Province.
CV. Evéques de Maguelonne.
CVI Le roi saint Louis arrive dans la Province
pour aller s'embarquer à Aigues-mortes. — Fou*
dation de l'abbaye de Netloc. — Evéques de Car-
cassonne.
CVll. Raimond va joindre le roi à Aigues-mortes.
— Origine de la ville de l'Isle d'Albigeois. —
Départ du roi pour la Terre-Sainte.
C'\ in. Vicomtes de Polignac,
CIX. Le comte de Toulouse difTerc son dép,-.rt pour
Il Terre-Sainte.
ex. Concile de Valence. — Le pape change les
p-nitences des hérétiques condamnés en des
iiinendes pécuniaires.
CXI. Raimond parcourt ses domaines. — Il passe
en Espagne & confère avec l'infant de Castille.
— Vicomtes de Gimoëz.
CXII. Différends de Raimond avec le vicomte de
Loinagne.
CXÎII. Hérétiques brûlés à Agen. — Raimond va
joindre sa fille & son gendre à Aigues-moi tes.
CXIV. Testament & mort de Raimond VU, der-
nier comte de Toulouse de sa race. — Son ca-
ractère, étendue de ses domaines, &c.
LIVRE VINGT-SIXIEME
I. La reine mère envoie des commissaires ponr
prendre possession des Etats du comte R.iimond,
au nom d'Alfonse, son fils.
U. Les commissaires reçoivent le serment de fidé-
lité des seigneurs & des peuples.
m. Le roi d'Angleterre demande en vain la resti-
tution de l'Agenois,
IV. Rostaing de Sabran donne des sûretés. — Bar-
rai de Baux s'engage à soumettre la ville d'.Avi-
gnon à Alfonse.
V. Alfonse est fait prisonnier en Egypte & déli-
vré avec le roi, son frère. — Divers seigneurs
de la Province se distinguent dans cette expé-
dition.
VI. Alfonse & Jeanne reviennent en France, &
reçoivent à Eeaucaire les hommages de leurs
vassaux.
VII. Duel du seigneur de Lunel. — Saint-Géri.
VIII. Sicard d'Alaman, lieutenant général d'Al-
fonse dans le comté de Toulouse.
IX. Alfonse & Jeanne viennent dans leur trarqui-
sat de Provence. — La ville d'Avignon se sou-
met à ce prince & au comte de Provcr.ce, son
frère.
X. Alfonse & Jeanne font lfrrcn;r-ie d;.nsTcu-
loiise & y reçoivent le serment d; fidrlitc des
habitans. — Ils consultent jrour f.iirc c.Tsicr Je
testament du feu comte Raison '.
XI. Alfonse & Jeanne, ja fciv.r.'e, s'accoir.ir.ot'ent
avec les légataires de Raimord.
XII. Alfonse & Jeanne p.nrccurtiit le reste de
1. iirs domaines.
XIIJ. l.c comte & la comtesse de Toulouse retcur-
n.-.'t en France & y font leur séjour ordinaire.
— - Administration de leurs domaines.
XIV. Brouilleries entre l'archevêque & le vicomte
de Narbonne.
XV. Démêlés des ecclésiastique» de la Province
avec les officiers du roi.
XVI. Alfonse envoie des commissaires réforir.ô-
teurs dans ses Etats.
XVII. Le comte de Toulouse tombe danjeicuse-
ment malade, prend de nouveau la croix & en-
voie divers chevaliers à la Terre-Sainte.
SOMMAIRES DES CHAPITRES.
xlix
XVIII. Maison d'Anduze.
XIX. Alfonse reçoit la soumission de Barrai de
Baux.
XX. Alfonse se prépare à partir pour la Terre-
Sainte.
XXI. Le comte de Toulouse a des sujets de que-
relle avec le roi d'Angleterre.
XXII. Le roi revient en France avec divers che-
valiers de la Province qui l'avoient suivi à la
Terre-Sainte. — Seigneurs de Castres & de Lom-
bers.
XXIII. Le roi arrive à Beaucnire & parcourt une
partie du Languedoc. — Origine de l'assemblée
des trois Etats de la Province.
XXIV. Seigneurs & évéques d'Uzès. — Abbaye de
Fonts, prés d'Alais. — Dilférend des évéqt es
du Puy avec le roi pour la régale.
XXV. Le roi envoie des commissaires dans les sé-
néchaussées de Beaucaire & de Carcassonne. —
Concile & évéques d'Albi.
XXVI. Fin des vicomtes de Minerve.
XXVII. Le roi publie une ordonnance pour les
sénéchaussées de Beaucaire & de Carcassonne.
XXVIII. Alfonse publie une ordonnance sem-
blable pour ses domaines. — Concile ou assem-
blée de Béziers
XXIX. Siège & prise du château de Quéribus,
dans le Fenouillédes. — Les évéques de la Pro-
vince prétendent s'exempter du droit de che-
va uchée.
XXX. Différends d'Alfonse, comte de Toulouse,
avec les habitans de cetce ville.
XXXI. Les habitans de Montpellier lâchent de se
rendre indépendans. — Ils font la guerre aux
Marseillois.
XXXII. Les rois de France 8c d'Aragon compro-
mettent de leurs différends. — Le dernier tente
de soumettre la ville de Montpellier,
XXXIII. Procédures des commissaires du roi pour
les restitutions.
XXXIV. Alfonse se dispose à passer dans la Terre-
Sainte. — Monnoie de Toulouse.
XXXV. Le vicomte de Narbonne défie le roi d'Ara-
go„. — Évéques de Maguelonne,
XXX\'I. ^'icomtes de Lautrec, — Seigneurs de
Castres.
XXXVII, Olivier de Termes revient de la Terre-
Sainte. — Suite de sa vie,
XXXVIII, Archevêques de Narbonne. — Évéques
du Puy.
XXXIX, Inquisiteurs de la foi de Toulouse & de
Carcassonne.
XL. Traités entre les rois de France & d'Aragon
touchant la souveraineté sur la Catalogne, les
comtés de Carcassonne & de Razès, &c.
XLI. Le roi d'Aragon va à Montpellier & par-
donne aux habitans qui se soumettent.
XLIl. Concile de Montpellier.
XLIII. Traiié entre la France & l'Angleterre.
XLU'. Régale du Puy. — Évéques de Mende.
XLV. Différends entre les officiers du roi & les
évéques d'Albi.
XLVI. Ordonnance du roi pour la restitution des
biens de la Province mal acquis au domaine.
XL^'II. Accord entre le roi & l'archevêque d'Arles
touchant Beaucaire & la terre d'Argence.
XL\'III. Archevêques de Narbonne. — Evéques
du Puy, de Lodève & de Maguelonne, — Sei-
gneurs de Lunel.
XLIX. Suite des procédures des commissaires du
roi pour la restitution des biens mal acquis au
domaine dans la Province.
L. Le roi unit la ville de Pézenas au domaine,
— Seignturs de Mirepoix,
LI. Voyage de Jacques, roi d'Aragon, en deçà des
Pyrénées & à Montpellier.
LU, Origine du parlement de Languedoc.
LUI. Alfonse se prépare à retourner à la Terre-
Sainte; il met le comte d'Armagnac, son vassal,
à la raison.
LIV. Procès fait à Raimond de Felgar, évèque de
Toulouse, par les commiss.'iires du pape.
LV. Alfonse prétend exercer les droits de régale
dans l'église de Toulouse. — Evtques de cette
ville.
LVI. Le roi d'Aragon dispute au roi la souverai-
neté sur Montpellier.
L^'II. Voyage du cardinal Fulcodi en France; est
élu pape sous le nom de Clément IV. — Évèque
de Béziers.
L^'III. Mort de Roger IV, comte de Foix. —
Roger-Bernard III, son fils, lui succède.
LIX. Construction du pont Saint-Esprit.
LX. Divers seigneurs de la Province vont servir
en Italie sous Charles d'Anjou.
LXI. Alfonse, comte de Toulouse, se prépare à
son expédition dans la Terre-Sainte, — Il de-
mande un don gratuit à ses sujets.
LXII. Le pape écrit au roi touchant le comté de
Melgueil.
LXIII. Nouveaux différends entre l'archevêque &
le vicomte de Narbonne. — Monnoie de Nar-
bonne & de Mende.
LXIV. Alfonse, comte de Toulouse, convoque son
parlement. — Michel de Toulouse, vice-chan-
celier de l'Eglise romaine.
LXV. Voyage du roi d'Aragon à Montpellier.
LXVI. Le comte Alfonse impose un subside sur
ses sujets pour la croisade.
LXVII. Vicomtes de Lautrec,
LXVIII. Alfonse donne divers ordres pour le gou-
vernement de ses États. — Comtes de Rodez.
LXIX. Alfonse tient un nouveau parlement & se
prépare à son départ pour la Terre-Sainte.
LXX. Alfonse lève une imposition sur les juifs &
accorde quelques privilèges aux habitans de
Toulouse.
LXXI. Faculté de droit civil établie dans l'uni-
versité de Montpellier.
LXXII. V.iins efforts de l'église de Viviers pour
se soustraire à l'autorité du roi, sous prétexte
qu'elle étoit soumise à l'empire.
LXXIII. Mort du pape Clément IV. — Ses ou-
1
SOMMAIRES DES CHAPITRES.
LXXIV. Le roi lève des subsides pour son passage
d'ovure-mer. — Assemblée des trois états de la
sénéchaussée de Carcassonne.
LXX\'. Seigneurs de Mirepoix. — Évéques de Car-
cassonne.
LXXV'I. Jacques, roi d'Aragon, se met en mer
pour la Terre-Sainte. — 11 relâche à Aigues-
mortes & abandonne le dessein de ce voyage.
LXXVII. Arrivée du roi saint Louis à Aigiies-mor-
tes ; il y st journe deux mois ou dans le voisinage.
LXXVIII. Alfo ise, comte de Toulouse, & Jeanne,
sa femme, arrivent à Aymargues & s'y arrêtent.
LXXIX. Alfonse & Jeanne font leur testament à
Aymargues.
LXXX. La ville de Toulouse fait un don gratuit
à Alfonse.
LXXXL Départ du roi pour la croisade. — No-
blesse de la Province qui l'accompagne.
LXXXII. Alfonse & Jeanne s'embarquent .nprès
avoir mis ordre au gouvernement de leurs Etats.
LXXXin. Les croisés débarquent sur les côtes
d'Afrique. — Olivier de Termes s'y rend. —
Mort du roi saint Louis
LXXXIV. Vicomtes de Narbonne.
LXXXV, Seigneurs de Castres.
LXXXVL Les peuples de la sénéchaussée de Car-
cassonne prêtent serment de fidélité au roi. —
Assemblée des trois états de celte sénéchaussée.
LXXXVII. Nouvelle assemblée des trois états i'»»
la sénéchaussée de Carcassonne.
LXXXVIII. Mort d'Alfonse &. de la comtesse
Jeanne, sa femme. — Le roi Philippe III unit
leurs Etats à son domaine.
LXXXIX. Mœurs & coutumes des peuples durant
le treizième siècle. — Religion. — Clergé.
XC. Autorité du roi dans la Province & des grands
vassaux.
XCI. Justice, sénéchaux, viguiers, baillis, &c.
XCII. La Province comprise dans la Provence
prise en général. — Langue provençale.
XCIII. Loi romaine. — Coutumes particulières.
— Duel, épreuve du fer chaud, &c.
XCI'i^. Punition des crimes. — Adultère. — Droit
d'asile.
XCV. Bourgeois, tiers état, assemblées provincia-
les, tailles & autres subsides.
XCV'I. Noblesse, chevalerie, guerres particulières,
châteaux, nouvelles bastides.
XCVII. Serfs, affranchissemens.
XCVIII. Franc-alleu. — Juifs.
XCIX. Commerce. — Monnoies royales & sei-
gneuriales de la Province.
C. Études, universités, poésie provençale.
CI. Habits, noces, funérailles.
en. Notaires publics. — Chronoloeie.
JL '
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC
HISTOIRE
GENERALE
DE LANGUEDOC
/««.■iÇ^*'t*ï.«f^«'t^'«-^Ç^Ï^'S-«^««^îî«^*'t!iÇ«t.^^
LIVRE DIX-NEUVIEME
1. — Origine £• progrès de l'hérésie dans lu Province.
LF.S hérétiques qui donnèrent occasion, en ii65, à la célébration du
concile de Lomhers, en Albigeois, tiroient leur origine' des mani-
chéens d'Arménie qui, cherchant à faire des prosélytes, pervertirent,
vers la fin du neuvième siècle, une partie des Bulgares nouvellement con-
vertis à la foi chrétienne*. Quelques-uns d'entre ces derniers passèrent dans
• Bossnet, Hi noire des var'ratloni,l. il. — Fleury, des patriarches grecs de Constantinople, les églises
Uiitoire ecclésiaiti<juc, 1. 32, n. |8. slaves, formées dans le courant du neuvième siè-
' L'origine orientale de la secte albigeoise est cle, furent en proie à de grandes dissensions. Do-
un fait absolument certain, & tous les auteurs tées par les papes du privilège si envié de garder
modernes s'accordent pour faire naître ces doc- une liturgie particulière & d'officier dans la lan-
trines dans les couvents gréco-slaves du bassin du gue nationale, elles ne purent en user, & de là
Danube. Un auteur de notre temps, dont nous une guerre sourde entre les partisans delà litur-
aurons plus d'une fois occasion de citer les tra- gie latine & ceux des rites nationaux. Mêlées
Taux, le docteur Schmidt [Histoire & doctrine de la d'ailleurs aux populations païennes, encore nom-
secie des cathares & des albigeois, deux vol. in-8", breuses dans cette partie de l'Europe, & dont la
Paris & Genève, 1849), a essayé de préciser cette conversion fut assez longue, ces nations subirent
origine, & les conclusions auxquelles il est arrivé l'influence de leurs dogmes polythéistes, en même
offrent assez de vraisemblance pour que nous de- temps que de l'empire byzantin leur venaient
vions en donner un court résumé. toutes les hérésies dont fourmillaient les couvents
M. Schmidt rattache les hérétiques cathares, grecs. Au nombre de ces hérésies était le mani-
albigeois, &c. de l'Occident aux sectes dissidentes chéisme que les pauliciens d'Arménie avaient ap-
qui s'étaient formées dans le bassin inférieur du porté en Macédoine, & qui fit de rapides progrès
Danube. Placées entre l'influence des p.ipes & celle dans tout l'empire grec. Tiaisportcci au dixièiv.c
Éd.origin.
i. ni, p. 1.
An 1 i6fi
Ail I \6b
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XIX.
la suite en Italie où ils portèrent leurs erreurs. D'Italie cette hérésie vint en
France au onzième siècle, sous le règne du roi Henri I, qui fit brûler à
Orléans plusieurs de ces manichéens. Us eurent le même sort dans le Tou-
lousain 8t dans les autres provinces où ils s'étoient répandus. Leur secte y
demeura depuis, sinon éteinte du moins cachée, jusqu'à ce que Pierre de
Bruis 8c Henri, son disciple, l'ayant renouvelée vers le commencement du
siècle suivant, dogmatisèrent publiquement. On a rapporté ailleurs' de quelle
manière ce dernier séduisit une partie des peuples du Toulousain Si des
environs, & les travaux ilu cardinal Albéric, légat du pape Eugène HI, & de
Kd.origin. 52i„t Bernard, qui £rent un voyage sur les lieux pour extirper ses erreurs.
Par malheur, malgré tous les soins de ces hommes apostoliques, les hérétiques
se conservèrent dans le pays; ils y prirent bientôt après de nouvelles forces
& s'étendirent sous différens noms, non-seulement dans les provinces voi-
sines, mais encore dans presque toute l'Europe.
Un ancien auteur^ rapporte que les disciples d'Henri, faisant de grands
progrès en ii5i, surtout en Gascogne, Dieu suscita une jeune fille qui dis-
puta contre eux & en ramena plusieurs à la foi catholique. Leurs erreurs
passèrent, avant^ l'an 1160, de Gascogne dans toute la Gaule, l'Espagne,
l'Italie 8t l'Allemagne, £<. jusque dans les îles Britanniques où elles furent
condamnées la même année dans un concile tenu à Oxford. Celui de Tours'*,
de l'an ii63, auquel assistèrent dix-sept cardinaux, cent vingt-quatre évo-
ques & plus de quatre cens abbés, avec le pape Alexandre III qui y présida,
dressa en ces termes son quatrième canon contre les mêmes hérétiques :
« Une damnable hérésie s'est élevée depuis longtemps dans le pays de Tou-
« louse d'où elle a gagné peu à peu la Gascogne & les autres provinces, Si
« a infecté plusieurs personnes. C'est pourquoi nous ordonnons, sous peine
« d'excommunication, aux évcques 8c aux ecclésiastiques du pays d'y apporter
« toute leur attention Se d'empêcher qu'on ne donne retraite aux hérétiques
« Si qu'on n'ait commerce avec eux, soit pour vendre, soit pour acheter. » Il
est ordonné ensuite aux princes catholiques d'emprisonner ceux de ces sec-
taires qu'on découvriroit 8c de confisquer leurs biens; « 8c parce que, est-il
siècle dans la Dalmatie, ces doctrines hétérodoxes tie sur l'interprétation personnelle des Écritures
ne tardèrent pas à passer en Italie & de là en par les fidèles, cette liberté laissée à l'action indi-
France. viduelle dut amener de grandes divergencss entre
Ce fut une femme italienne qui les fit connaître les opinions, de même qu'au seizième siècle, du
»ux hérétiques brûlés à Orléans en 1022. jour où Luther eut remis la Bible entre les mains
Au onzième siècle le manichéisme avait gagné de tous, chacun put se créer une doc- trine pnrii-
toute la Lombardie, que les guerres civiles cnlc- culière. [A, M.]
vaient à la surveillance des papes. En même temps 'Voyez tome III de cette édition, 1. XVII,
d'autres missionnaires hérétiques allaient par l'Ai- n. lxxiv, p. 741 & suiv.
leraagne & les bords du Rhin gagner à leur foi la ' Math. Parisiensis, nd ann. i i5i.
Flandre, les Pays-Bas & le centre de la France. ' Cuillelmus Neubrigensis, Rerum An^llc^rum,
C'est sans doute à ces origines diverses qu'il faut 1. 2, c. i3.
attribuer en partie la confusion qui régnait dans ■* Le P. Labbc, Conciliorum colhetlo, &.c. t. 10,
toutes ces doctrines, la plupart fort incohérentes. c. i^ip.
Ajoutons que la doctrine cathare reposant en par-
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XIX. 3
« ajouté dans le canon, ils se rassemblent souvent de divers endroits, on fera
<c un& recherche exacte de leurs conventicules, qu'on détendra sévèrement, n
Le sommaire de ce canon est ainsi conçu ; Que tous évitent le commerce des
hérétiques albigeois. Cela prouveroit que le nom d'albigeois étoit déjà alors
en usage pour désigner ces hérétiques, s'il ne paroissoit d'ailleurs que ce
sommaire a été dressé longtemps après. En eftet, le nom d'albigeois n'est'
employé dans ce sens que dans des monumens bien postérieurs.
Enfin ces mêmes hérétiques avoient fait, en ii63, de grands progrès dans
le Périgord, suivant le témoignage d'un auteur contemporain^ qui décrit
leurs mœurs de la manière suivante : « Ces faux prophètes prétendent mener
« une vie apostolique 8< imiter les apôtres. Ils prêchent sans cesse, marchent
« nu-pieds, prient à genoux sept fois par jour & autant pendant la nuit;
« ils ne veulent recevoir d'argent de personne, ne mangent point de viande
Il & ne boivent pas de vin, & se contentent de recevoir leur simple nourri-
ce ture; ils disent que l'aumône ne vaut rien, parce que personne ne doit
« rien posséder; ils refusent de participer à la sainte communion, prétendent
« que la messe est inutile. Se déclarent qu'ils sont prêts à mourir 6c à souffrir
« le dernier supplice pour leur croyance. Ils font semblant d'opérer des pro-
K diges, &c. Ils sont au nombre de douze principaux, sous la conduite d'un
Il chef nommé Pons. » C'est de ce nombre de douze que ces imposteurs se
firent appeler apostoliques.
II. — Concile de Lomhers.
Les évêqucs & les seigneurs de la Province voulant arrêter les progrès de
l'erreur, conformément au ^ concile de Tours, s'assemblèrent vers le mois de
mai"* de l'an ii65, à Lombers, petite ville du diocèse d'Albi, dont les habi-
tans, entre lesquels il y avoit plusieurs chevaliers, protégeoient les hérétiques.
Il paroît que Guillaume, évêque d'Albi, procura la tenue de cette assemblée
à laquelle se trouvèrent^ avec lui Pons d'Arsac, archevêque de Narbonne, les
évêques Aldebert de Nimes, Gaucelin de Lodève, Gérard de Toulouse, S<
Guillaume d'Agde ; & huit abbés dont quatre étoient du diocèse d'Albi,
savoir : Roger de Castres, Henri de Gaillac, Pierre d'Ardorel, £< celui de
Candeil dont on ne marque pas le nom. Les quatre autres abbés étoient
Raimond de Saint-Pons S< Alphonse de Fontfroide, au diocèse de Narbonne,
Raimond de Saint-Guillem, dans celui de Lodève, S< Pierre de Cendras,
dans celui de Nimes. Les prévôts des cathédrales de Toulouse £<. d'Albi, avec
les archidiacres de Narbonne 6c d'Agde, 8i plusieurs autres ecclésiastiques v
assistèrent aussi. Quant aux seigneurs séculiers, Constance, sœur du roi
Louis le Jeune, Se femme de Raimond V, comte de Toulouse, s'y trouva avec
■ Voyez tome VII, Uote XIII, p. 3.'5. ' Le P. Labbe, Concillorum cotlcctio, &c. t. lo,
'Annal, abhat, Mjrgar. — M.ibillon , Vctcru c. 1470.
analecta, t. 3, p. 4')-/. — Pngi , ann. 11 63, n. 3 * Voyez tome VII, Note I, p. 1,
& seq. 5 nu.
An 1 165
An I lOJ
4 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XIX.
T\enca.vQ\, vicomte (& non pas comte comme quelques ' modeines l'ont avancé)
uuriil'I d'Albi, de Béziers, de Carcassonne St de Razès; Sicard, vicomte de Lautrec,
8<, Isarn de Dourgne. Ce dernier prenoit son surnom d'un château situé
dans l'ancien Toulousain, & aujourd'hui dans le diocèse de Lavaur, Il en
partageoit la seigneurie avec ses frères j ils en avoient hérité de Pons, leur
aïeul.
Une foule de peuple accourut de tous les environs à cette assemblée. Elle
nomma d'abord^ des députés ou commissaires pour disputer contre les héré-
tiques qui se faisoient appeler hons-liommes ik qui avoient à leur tête un
nommé. Olivier. On choisit pour cela les évêques d'Albi & de Lodève, les
abbés de Castres, d'Ardorel & de Candeil, &. un ecclésiastique nommé
Arnaud de Beben. L'évêque de Lodève interrogea ensuite les hérétiques au
nom de l'évêque d'Albi qui, comme diocésain, avoit la principale autorité sur
eux, & leur demanda s'ils recevoient la loi de Moïse &. les autres livres de
l'Ancien Testament : ils répondirent qu'ils n'admettoient que le Nouveau.
Puis il les interrogea sur divers articles de la foi; mais ils s'excusèrent de
répondre, à moins qu'ils n'y fussent contraints, ou s'expliquèrent d'une
manière ambiguë. Enfin l'assemblée ayant écouté tout ce qui fut dit de part
8c d'autre, on fit silence 8c l'évêque de Lodève prononça le jugement au nom
de l'évêque d'Albi 8c de ses assesseurs. Il déclara que ceux qui se faisoient
appeler bons-hommes étoient hérétiques. « Je condamne, ajouta-t-il, la secte
« d'Olivier 8c de ses associés, qui tiennent le sentiment des hérétiques de
« Lombers, quelque part qu'ils soient, suivant l'autorité des écritures. » Il
rapporta ensuite plusieurs passages du texte sacré pour réfuter les erreurs des
sectaires, qu'il partagea en six articles. Les hérétiques se récrièrent beaucoup
contre cette sentence : ils prétendirent qu'elle étoit injuste 8c qu'ils ne pou-
voient être jugés par l'évêque de Lodève qui étoit, disoient-il's, leur ennemi,
un hérétique, un faux pasteur 8c un hypocrite. C'est la raison pour laquelle,
ajoutèrent-ils, nous n'avons pas voulu lui rendre compte de notre foi; mais
nous offrons de prouver, par les évangiles 6* les épitres, qu'il n'est pas un
pasteur légitime, non plus que les autres prêtres 8c évêques, 8c qu'ils sont
tous des mercenaires : a Ma sentence est juridique, répliqua ce prélat; je suis
« prêt de la soutenir en la cour du pape Alexandre, en celle de Louis, roi
« de France, en celle de Raimond, comte de Toulouse, ou de sa femme qui
K est ici présente, 8c enfin en celle de Trencavel qui est aussi présent. » Ce
dernier, en qualité de vicomte d'Albi, avoit la principale autorité temporelle
clans le pays, après le comte de Toulouse qui en possédoit le comté.
Les hérétiques se tournant alors vers le peuple : Écoute-^, dirent-ils, gens
de bien, notre profession de Jbi. Ils parlèrent ensuite sur les articles contestés,
comme les catholiques; mais l'évêque de Lodève leur ayant proposé de faire
serment qu'ils croyoient de cœur ce qu'ils venoient de confesser de bouche,
■ Langlois, Histoire Jes croisades contre les a.lii- ' Le P. L;il)be, Concilicrum coUcctio, S<.c. t. lo,
geois, l. I, p. 32. c. H70.
HISTOIRE, GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XIX. 5 ~~ ~~
An iiCo
ils le lefuscrent, sous prétexte qu'il n'étoit pas permis de faire serment, sui-
vant levangile 6- les épitres, en quoi ils erroient manifestejnent. Aussi
furent-ils condamnés de nouveau par l'évêque de Lodève qui prouva par
divers passages du Nouveau Testament que le serment étoit permis, &,
qu'étant notés d'hérésie, ils dévoient s'en purger par serment.
Ces prétendus bons hommes, se voyant convaincus sur ce point, s'excu-
sèrent de faire le serment qu'on leur demandoit, sous prétexte que l'évêque
d'Albi leur avoit promis de les en dispenser. Ce prélat se leva aussitôt 8c,
leur ayant donné un démenti formel, il confirma par son suffrage la sen-
tence prononcée contre eux par l'évêque de Lodève, & défendit aux cheva-
liers de Lombers, en vertu de l'engagement qu'ils avoient pris avec lui, de
protéger les sectaires. Les abbés de Castres, d'Ardorel & de Candeil, 8c
Arnaud de Beben, commissaires, confirmèrent ensuite la sentence; elle fut
souscrite après eux, en présence de tout le peuple, par l'archevêque de Nar-
bonne, les autres évêques, abbés 8c ecclésiastiques; par le vicomte Trencavel;
par Constance, qui se qualifie sœur du roi de France 6- femme de Raimond,
comte de Toulouse, 8c qui souscrivit immédiatement après Trencavel ; par
Sicard,. vicomte de Lautrec, 8c enfin par Isarn de Dourgne.
C'est ainsi que les hérétiques henriciens, connus alors sous le nom de
hons-hommes, furent condamnés en ii65, dans le concile de Lombers, petite Éd.crisin.
• . . 't. lu, p, .1,
ville située à deux lieues d'Albi, vers le midi Se les frontières du diocèse de
Castres, 8c non à Lombez sur la Save, dans le Toulousain, comme quelques-
uns de nos critiques' les plus célèbres l'ont cru. La plupart des modernes se
sont trompés' aussi en rapportant ce concile à l'an 1176. Un des plus habiles
d'entre eux^ remarque à cette occasion que les originaux du concile de Lom-
bers prouvent que les hérétiques qui y furent condamnés étoient des mani-
chéens, puisqu'ils rejetoient l'Ancien Testament 8c condamnoient le mariage.
Du reste, nous n'entrerons pas ici dans le détail des autres erreurs qu'ils sou-
tenoient ou que différents auteurs leur attribuent, il nous suffira de dire en
général qu'ils étoient presque tous extrêmement ignorans Se qu'ils n'avoient
pas proprement de système uniforme, quoique le fond de leurs erreurs fût le
pur manichéisme.
IlL — Concile de Capestang,
Il paroît que Pons, archevêque de Narbonne, confirma, au mois de juillet
de l'an 1166, à Capestang, petite ville de son diocèse, la condamnation qu'il
avoit déjà faite des hérétiques au concile de Lombers. Nous savons du moins
que ce prélat, Pons, évêque de Carcassonne, Guillaume, évêque d'Agde,
Jean, évêque de Maguelonne, 8c plusieurs abbés 8c ecclésiastiques du second
ordre s'assemblèrent "* alors dans ce lieu où Bérenger de Sallèles ratifia en
■ Bossuet, Histoire Jes variations, 1. il, — Pngi, ' FIciiry, Histoire ecclhlaslique, 1. 62, n, 61.
ad ann. 1 176, n, 1. * Archives de l'église dt Narbonne.
' Voyez tome VII, Noff T, p. i.
Au II 65
6 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XIX.
leur présence une donation que son aïeul 8t son père avoient faite aux reli-
gieux du prieuré de Sallèles, dépendant de l'abbaye de Moissac.
IV. — Ces hérétiques nommés albigeois. — Origine de ce nom. — Leurs
nouveaux progrès.
Quant au nom d'albigeois, qui fut donné aux hérétiques condamnés au
concile de Lombers, quelques auteurs croient que ce fut à cause qu'ils étoient
. en plus grand nombre dans le diocèse d'Albi que partout ailleurs'. Mais il
est certain qu'on ne commença à leur donner ce nom qu'en 1208 8<. dans le
temps de la croisade qu'on publia contre eux. Or, comme ils étoient alors
pour le moins aussi nombreux dans le Toulousain, les diocèses de Carcas-
sonne 8c de Béziers & divers pays de l'Aquitaine, que dans l'Albigeois pro-
prement dit; il nous paroît qu'on les appela albigeois parce qu'ils avoient été
d'abord condamnés dans le diocèse d'Albi. Aussi nommoit-on, au treizième
siècle, parties d'Albigeois presque tout le haut Languedoc & les pays voisins,
à cause que ces sectaires y étoient également répandus. D'autres entre les-
quels* est le célèbre M. de Thou, prétendent que ce n'est pas du pays d'Al-
bigeois, en Aquitaine, mais du Vivarais, dont l'ancienne capitale s'appelloit
Albe, que ces hérétiques prirent leur nom; mais ce sentiment ne paroît^
avoir aucun fondement solide.
La condamnation de ces sectaires au concile de Lombers n'empêcha pas
leurs progrès, tant dans la Province que dans les pays étrangers'*, 8c ils
s'étendirent surtout en Bourgogne 8c en Flandres, sous le nom de poplicains.
Quelques-uns d'entre eux ayant été pris à Vézelai, en 1167, les archevêques
de Lyon 8c de Narbonne, l'évêque de Nevers Se plusieurs abbés s'assemblèrent
dans cette abbaye 8c les convainquirent de n'admettre que la seule essence
divine ; c'est de là sans doute que divers anciens les appellent ariens. Ils
furent convaincus aussi de rejeter le baptême des enfans, l'eucharistie 8c le
jnariage, 8c de plusieurs autres erreurs : les uns se convertirent, les autres
refusèrent de faire abjuration 8c furent brûlés 5 vifs.
On assure<5, sur l'autorité d'un monument qu'on prétend ancien, que les
hérétiques s'étant accrus extrêmement dans le Toulousain ils tinrent en 1167
un conciliabule général de leur secte à Saint-Félix de Caraman, à cinq lieues
de Toulouse, que leur prétendu pape, appelé Niquinta, présida à l'assemblée
' Voyez tome vu , Kote XllI , p. 33. — Re- e'iîegSum, t. 3, p. 644. — Diicliesne, Hlstônac Franc.
marquons pourtant que le sommaire du concile de SS, t. 4, p. 720.
Tours de 1162 (Voyez plus haut, n. i) porte les ^ Le P. Labbc, BlbUothcci nova monuscnftorum,
hérétiques albigeois. Il est vrai que dom Vaissete t. i, p. Sny.
dit que ce sommaire a été rédigé postérieurement. « Besse, Histoire des ducs, marquis & comtes de
Nous ignorons sur quoi il se fonde pour parler Narhonne, pp. 042 & 4S3. — Percin, Notae in
ainsi. [A. M.] haereScm Aliigcnsium, part. I. — Voyez tome VII,
' Voyez tome VII, Note XIII, p. 33. Note I, n. 4. —Voyez la remarque que nous avons
3 rt ■ j . , * ^
•"'"'• ajoutée à ce que dom Vaissete dit de ce concile,
' D'Achéry, Historii Fir^ehcensis, dans le Spi- tome VII, p. 4, c. 2.
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. X!X.
An Ii6j
t. m, p. 5.
à laquelle se trouvèrent les députés des hérétiques de France, de Loinbardie,
de l'Albigeois, du Toulousain, de Carcassonne 8<. de la vallée d'Aran, en
Gascogne; que ce prétendu pontife consacra alors un évêque, nommé Bernard-
Raimond, pour ceux du Tioulousain ; qu'il en ordonna d'autres pour les
églises de Carcassonne, d'Aran, d'Albigeois, de France & de Lombardie, &
qu'il déclara que ces évêques seroient indépendans les uns des autres. Ensuite
les églises de Toulouse 8c de Carcassonne choisirent, dit-on, chacune huit
commissaires pour régler les limites de leurs diocèses; celui de Toulouse eut
la même étendue que le diocèse catholique de cette ville, qui comprenoit
alors tout ce qui est renfermé aujourd'hui dans la province ecclésiastique de ûâ. oiigin.
Toulouse, 8c on assigna au diocèse de Carcassonne tout le reste de la pro-
vince de Narbonne.
V. — Raîmond, comte de Toulouse, se sépare de Constance, sa femme.
Constance fit un voyage k la cour du roi Louis le Jeune, son frère, peu
de temps après avoir assisté au concile de Lombers. Il paroît' qu'elle se sépara
alors entièrement de Raimond V, comte de Toulouse, son mari, de qui elle
avoit reçu divers sujets de mécontentement Se qui ctoit alors en Provence, 8c
qu'elle ne le rejoignit plus le reste de ses jours. Elle se plaignoit de ce que
ce prince n'avoit pas pour elle tous les égards qui lui étoient dus 8c de ce
qu'il avoit des maîtresses. C'est ce que nous voyons par divers monumens,
entre autres par les lettres qu'elle écrivit au roi Louis le Jeune, son frère.
Dans l'une*, elle le prie très-î'nstammcnt de la secourir au plus tôt, ne pou-
vant plus supporter son malheur; elle lui recommande un chevalier, nommé
Gui, « qui est parfaitement instruit, ajoute-t-elle, de tous mes secrets 8c qui
(( vous fera part de la nécessité où je me trouve. » Dans une autre ^ lettre
elle se réjouit d'en avoir reçu une de ce prince. « Si vos promesses, lui dit-
ti elle, sont bientôt accomplies, elles me rendront heureuse, de malheureuse
<| que je suis depuis longtemps. J'appréhende cependant que vos envoyés 8c
« les miens ne me trompent, 8<, pour dissiper entièrement ma crainte, je
« vous supplie de ne pas oublier votre infortunée sœur. » Enfin elle lui
écrivit la lettre suivante* : « A son très-cher père 8c vénérable seigneur, Se
« son très-cher frère Louis, par la grâce de Dieu roi des François, Cons-
« tance, comtesse de Saint-Gilles, salut, mais surtout affection. Je vous fais
« savoir, comme à celui en qui je mets toute mon espérance après Dieu, que
« le même jour que Simon, notre domestique, est parti d'auprès de moi, j'ai
« quitté l'hôtel 8c me suis rendue dans un village, en la maison d'un certain
« chevalier, car je n'avois ni de quoi manger, ni de quoi donner à mes ser-
« viteurs. Le comte n'a aucun soin de moi 8c ne me fournit rien de son
K domaine pour mes besoins. C'est pourquoi je supplie votre altesse, si les
' Voyez tome Vil, Vole II, p. 5. • Diichesrte, Hiit. Franc, f. 4, p, jiô, ep. ^5o.
' Duchcsn», fiistoriac Franc, t. 4, p. 712. * IbiA. ep. 44'j.
— 8 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XIX.
An 1 165
« ambassadeurs qui vont à la Cour vous disent que je suis ijien, de n'y pas
« ajouter foi; la chose est telle que je vous la mande, 8t si j'avois osé vous
« écrire, je vous aurois fait un plus long récit de mes malheurs; adieu. »
Constance alla peut-être joindre le roi, son frère, en Auvergne, dans le temps
que ce prince fut occupé, en' ii65, dans cette province, à une expédition
contre les comtes du pays 8i le vicomte de Polignac.
VI. — Expédition du roi Louis le Jeune en Auvergne contre les comtes
d'Auvergne i- du Puy, 6- le vicomte de Polignac,
Guillaume VI, comte d'Auvergne, descendoit des^ anciens vicomtes de Cler-
mont, à qui les comtes de Toulouse, ducs d'Aquitaine, avoient inféodé les
comtés d'Auvergne & de Vêlai, & qui depuis avoient pris le titre de comte.
Il eut deux fils, Robert III, qui lui succéda dans le comté d'Auvergne, &
Guillaume VHP. Pvobert III fut père de Guillaume VII, qui devoit natu-
rellement lui succéder; mais Guillaume VIII, oncle paternel de ce dernier,
lui disputa la succession, s'empara de l'Auvergne, prit le titre de comte du
pays, & ne laissa qu'une partie du domaine de sa maison à Guillaume VII,
qui la posséda sous le nom de comte du Puy^^ parce que les biens qui lui
furent laissés étoient situés en partie dans le Vêlai, qui étoit encore alors uni
avec le comté d'Auvergne.
Guillaume VII Si Guillaume VIII, qui sont qualifiés assez souvent tous
deux ensemble comtes d'Auvergne dans les monumens^ du temps, s'étant
unis, après avoir pacifié leurs querelles domestkjues, commirent une infinité
de brigandages'' dans les domaines des églises de l'Auvergne & du Vêlai;
tandis que d'un autre côté Pons, vicomte de Polignac, ayant enfreint'' la
paix qu'il avoit conclue en 1162, à Souvigni, en présence du roi, avec
l'évêque du Puy, vexoit ce prélat^, l'abbaye de la Chaise-Dieu Si les autres
églises du pays. Si continuoit d'exiger les péages à la levée desquels lui Si
son père avoient si souvent Si si solennellement renoncé.
La crainte des foudres de l'Eglise avoit engagé Guillaume VIII, lorsque le
pape Alexandre III passa à Clermont', de s'accommoder avec l'évêque de
cette ville. Le pape confirma alors cet accord par une bulle datée de la même
ville, le 19 d'août; ainsi cette bulle appartient à l'an 1162 81 non pas à
î'\n"o'"6 ''^^ 'i65, comme un moderne '° l'a avancé. Alexandre n'eut pas plutôt quitté
l'Auvergne que Guillaume VIII, son fils Robert Si le comte du Puy, son
neveu, recommencèrent leurs courses. Ils ravagèrent entre autres la ville de
' Voyez tome VII, Note III, p. 8. " Duchesne, ffislori.:e Franc, t. 4, pp. 417, rtop,
* Voyez tome II, ?/ote XVII, p. 42. 631,671,631,689.
^ Baluze, Histoire généalogique lie Ici maison d'Au- ' IhiJ. p. 417. — B.nluze, Histoire généalogique
fergne, t. 1, p. 59 & suiv. rfe la maison d'Auvergne, t. 2, p. 66.
* Duchesne, Historiae Franï. t. 4, p. 417. — * Duchesne, Historiac Franc, p. 682.
Voyez tome II, Note XVII, p. 42. » Baliize, Histoire généalogique de la maison d'Ju-
' Duchesne, Historiae Franc, t. 4, pp, 608, 63 1, vergne, t. 2, p. 65.
675 & suiy. '" Ibid.t. \, ip. 60.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XIX. 9 ^^ ,,^5
Brioude 8c les domaines' de l'abbaye de ce nom avec Pons, vicomte de Poli-
gnac, le comte de Rodez & divers autres seigneurs 8c chevaliers qu'ils s'étoient
associés 8c dont ils avoient formé une petite armée. Ces nouveaux désordres
excitèrent de nouvelles plaintes de la part de l'évêque de Clermont &c de
l'église de Brioude; 5c s'étant adressés au pape, le pontife excommunia^ les
deux comtes d'Auvergne 8c le vicomte de Polignac par une bulle datée de
Paris, le 20 de mars de l'an ii63. Guillaume VIII chercha alors à faire sa
paix, £c, étant allé trouver le pape Alexandre III à Tours, il fit tant par ses
promesses qu'il obtint son absolution^, vers le commencement du mois de
juin suivant. Comme sa pénitence n'étoit que feinte, il renouvela bientôt
après avec le comte du Puy, son neveu, 8c Pons, vicomte de Polignac, leurs
anciens brigandages dans les domaines des évêques de Clermont 8c du Puy,
Se des abbes du pays qui, ne trouvanf* aucun remède à leurs maux, firent
un voyage à la Cour pour exposer au roi Louis le Jeune leur triste situa-
tion. Ils sollicitèrent ce prince avec tant d'instance de venir à leur secours
que Louis, se laissant toucher par leurs prières, les prit sous sa protection,
se mit à la tête d'une armée, s'avança vers l'Auvergne 8c arriva enfin à
Biioudc''.
Les deux comtes 8c le vicomte de Polignac eurent la témérité de prendre
les'^ armes 8c de résister au roi; mais ce prince les eut bientôt défaits, '
8c, après les avoir fait prisonniers, il les emmena avec lui Se les tint en
prison.
Les comtes d'Auvergne, pour en sortir, eurent recours k Henri II, roi
d'Angleterre, dont ils se prétendoient vassaux Se qui les réclama' en cette
qualité; mais Louis les retint toujours jusqu'à ce qu'ayant donné des marques
suffisantes de repentir, Se promis solennellement de ne plus vexer les églises
du pays, il leur rendit la liberté^. Les deux comtes Se le vicomte de Polignac,
leur associé, gardèrent fort mal leurs promesses Se ne demeurèrent pas long-
temps sans commettre de nouvelles hostilités contre les églises de l'Auvergne
Se du Vêlai.
VII. — Union du comté de Vêlai au domaine des évêques du Puy.
Guillaume VIII se brouilla cependant de nouveau avec Guillaume Vil,
son neveu, au sujet du comté d'Auvergne qu'il avoit usurpé sur lui. Leur
querelle engagea le roi d'Angleterre' à venir en Auvergne, en 1167, à la
tête d'une armée, pour les mettre d'accord comme leur suzerain; mais Guil-
laume VIII manqua de se trouver au rendez-vous qu'on lui avoit marqué 8c se
mit sous la protection du roi Louis le Jeune, tandis que le comte du Puy, son
' Duchesne, Hlstorlae Franc, p. tfo8 & seq., • Diichesne, Hiitcrtete Franc, p. 653.
p 58i. ^ liid. p. 417,
' nu. p. 608. ' liid. p. 731.
' liij. p. 619. • tbiJ. pp. 671, 675 & suiv.
* Ihid. p. 415. ^ Robcrtus de Monte, Chronicon, p. j66.
10 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XIX.
An 1 166
neveu, demeura sous celle du roi d'Angleterre '. Le premier se maintint par là
dans la paisible possession du comté d'Auvergne qu'il transmit à ses descen-
dants; il paroît que le roi confisqua alors le comté du Puy ou de Vêlai sur
l'autre & l'unit^ au domaine des évêques du Puy. Ces deux comtes s'accom-
modèrent3 dans la suite, 6< Guillaume VIII céda enfin à Guillaume VII, son
neveu, une partie de l'Auvergne, que ses successeurs possédèrent sous le nom
de dauphiné d'Auvergne ou de comté de Clermont.
VIII. — Origine de l'abbaye de Douhe, en Velal, b de celle de la Capelle,
au diocèse de Toulouse.
Pierre, évêque du Puy, profita de la prison des comtes d'Auvergne 8c du
vicomte de Polignac pour travailler à la réformation des églises de son dio-
cèse. L'abbaye de Saint-Jacques de Douhe, qui étoit alors habitée par des
chanoines réguliers & dont on rapporte "* l'origine à l'an ii38, en avoit entre
autres un extrême besoin. Pierre voulant y établir la réforme de Saint-Victor
de Paris l'offrit^, vers l'an 1 165, à Etienne, abbé de Saint-Euverte d'Orléans,
connu sous le nom d'Etienne de Tournay, parce qu'il fut évêque de cette
ville. On ne voit pas que ce dessein ait été exécuté; mais cela prouve que
l'ordre de Prémontré n'étoit pas encore alors établi dans l'abbaye de Douhe.
Il V fut introduit bientôt après par le même évêque du Puy, & on prétend
que le pape Alexandre III confirma"^ cette introduction par une bulle datée
de Viterhe au mois de janvier de la quatrième année de son pontificat ; on n'a
pas fait attention que ce pape passa toute la quatrième année de son ponti-
ficat en France, Se que les lettres d'Etienne de Tournay, où il est parlé du
projet de cette réforme dans l'abbaye de Douhe, sont postérieures à cette
ncj.origin. tiate. H paroît donc que les Prémontrés ne furent introduits dans l'abbaye de
Douhe qu'après l'an ii65, & que ce fut seulement le i5 de juillet de l'an 1167,
car on voit'' que Pierre, évêque du Puy, établit, cette dernière année, les
chanoines réguliers dans cette abbaye. Au reste, c'est une des plus anciennes
de l'ordre de Prémontré en Languedoc; elle est encore gouvernée par un
abbé régulier. Si située sur une éminence qui domine le bord de la Loire, à
une lieue du Puy, vers le sud-est. Elle a cinq pj'ieurés en Vêlai ou en Viva-
rais sous sa dépendance, 8t l'abbé, entre autres privilèges, a celui de siéger
dans la cathédrale du Puy, après les quatre premières dignités.
L'abbaye de la Capelle, au diocèse de^ Toulouse, du même ordre de Pré-
montré, qui fut fondée en 1143 par Bernard Jourdain, seigneur de l'Isle, est
par conséquent plus ancienne que celle de Douhe. Jourdain de l'Isle, fils du
' EaUize, Histoire généalogique Je la maison tl'Aù- ' Stepliamis Torilacensis, ep. 19 & îo, p. 287.
vergne, t. 1, p. 66 & siiiv. — . Mnrténe, Veterum SS. amplissima colhclio, t. 6,
' Voyez tome IV, Note XVII, pp. 89, 90. p. 237.
' Baluze, Histoire généalogique de la maison il'Ju- ^ Gallia Christiana, nov. éd. t. 2, p. 770;
vergne, t. i, p. 66 & siiiv. ' Ibid. p. 706.
< GMia Christiana, ilOY. cd, t. 2, p, 769 & suiv. » Archives de l'abbaye de la Capellej
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XIX. ii
fondateur, y fit beaucoup de bien en it6i & ii63; elle subsiste sur la
Garonne, à la gauche de ce fleuve, à une lieue au-dessus de Grenade, dans
le domaine des anciens seigneurs de l'Isle-Jourdain.
IX. — Confirmation des privilèges de l'église de Narbonne.
Le roi Louis le Jeune, en allant à son expédition contre les comtes d'Au-
vergne Se le vicomte de Polignac, ou à son retour', passa à Souvigni, en
Bourbonnois, où il donna ^ en faveur de Pons, archevêque de Narbonne, un
diplôme qui est daté de l'an ii65. Ce prélat lui avoit écrit^ peu de' temps
auparavant pour lui marquer qu'il avoit un extrême désir de l'aller joindre;
mais que ne le pouvant alors, il lui envoyoit Bertrand, chantre de son église,
& le supplioit de renouveler en sa faveur le diplôme qu'il avoit accordé autre-
fois à son prédécesseur. En conséquence Louis fit expédier cette charte par"*
laquelle il confirma, en faveur de Pons, tous les droits que les rois ses prédé-
cesseurs avoient accordés à l'église de Narbonne, avec la justice & le domaine
tant sur le bourg de Narbonne que sur divers châteaux du pays.
X. — Constance, comtesse de Toulouse, se retire à la cour du roi Louis le Jeune,
son frère. '
On doit rapporter'' au même temps une lettre "^ que le commun conseil de
la ville S< du faubourg de Toulouse écrivit à ce prince, 8< dont voici le sujet.
Louis avoit envoyé quelques seigneurs dans cette ville pour y prendre la
comtesse Constance, sa sœur. Si l'amènera la Cour. Les Toulousains la firent
accompagner par quatre de leurs députés & les chargèrent de la lettre dont
on vient de parler, dans laquelle ils prient le roi d'avoir soin de cette prin-
cesse, de la protéger avec ses enfans 8< la ville de Toulouse, &t de la leur
renvoyer le plus tôt qu'il seroit possible : « Parce que, ajoutent-ils, c'est en
« elle & avec elle que nous mattons toute notre joie & toute notre force. »
On voit par là que ces peuples avoient beaucoup d'affection pour Constance,
nonobstant ses différends avec leur comte, son mari.
Louis, après avoir heureusement terminé son expédition dans l'Auvergne
Se le Vêlai, revint à Paris pour assister aux couches de la reine Alix de
Champagne, sa troisième femme, qui accoucha'^, le samedi dans l'octave do
l'Assomption de l'an ii65, d'un fils qui fut nommé Philippe & qui régna
dans la suite sous le nom de Philippe IL Constance, comtesse de Toulouse^
qui étoit alors arrivée à la Cour, fut une des marraines de ce jeune prince, son
neveu, dont la naissance causa une joie universelle dans le royaume, parce
que Louis n'avoit pas encore eu d'enfans mâles; les Toulousains en eurent
' Voyez tome VII, Ka'.c III, n. li * D'Achéry, SpiàUgiam, t. i3, p. 3iîi
* D'Achéry, Spicilegium, t. l3, p. 3i5. — [V'oyeï ' Voyez tome IV, Note II, n. i.
to-r.e V, Cl i56û, n. i3i.] ' Duchesne, Histeriac franc, t. 4, p. 7201
' Duchesne, Histdriae Franc, t. 4, p. 647. ' Util. p. 419;
An 1 itô
An II 65
12 IIISTOIllE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XIX.
surtout un fort grand plaisir ; ils écrivirent au roi, à cette occasion, une nou-
velle lettre' dans laquelle ils lui témoignent que le clergé Se le peuple du
pavs, après avoir rendu à Dieu des actions de grâces solennelles de cette
naissance, ne cessent de prier pour la conservation du jeune Philippe. « Nous
« vous envoyons, ajoutent-ils, comme vous nous l'avez ordonné par vos
« envoyés, quatre députés de notre chapitre {de capitulo nostro), savoir : trois
« séculiers dont ils marquent le nom, & le curé de Saint-Pierre des Cuisines,
« 8<. deux de notre conseil. « Ils chargèrent ces députés de poursuivre à la
Cour quelques affaires importantes qui regardoient la ville de Toulouse, 8c
leur firent prêter serment, avant leur départ, d'en soutenir les intérêts :
Sauf la fidélité qui est due, disent-ils dans leur lettre, à notre seigneur le
comte Se à la sérénissime dame notre comtesse. Enfin, ils supplient le roi
d'accorder sa protection à ses neveux, leurs seigneurs, & de leur renvoyer
incessamment sa sœur, leur dame. Il paroit que, malgré les vœux des Toulou-
Pùrp'b sains. Constance ne rejoignit plus le comte Raimond, son mari, & qu'ils
firent alors l'un 8<. l'autre divorce ensemble pour le reste de leur vie. Il est
certain du moins que Pvaimond répudia Constance^, comme nous le dirons
bientôt.
XI. — Retour du pape Alexandre III à Montpellier. — Son départ pour
l'Italie. — Comtes de Ronssillon.
Cependant le pape Alexandre III résolut de retourner en Italie après avoir
fait un séjour de plus de trois ans en France. 11 célébra à Sens la fête de
Pâques de^ l'an ii6j, puis il alla à Paris 8< à Bourges, ,& arriva au Puy
d'où il écrivit au roi"^, le 3o de juin; il partit ensuite pour Montpellier, où il
fit un assez long séjour, en attendant le temps de s'embarquer, parce qu'il
vouloit faire le voyage par mer. Durant^ cet intervalle, l'empereur Frédéric
fit tout son possible, soit par présens, soit par promesses, pour engager Guil-
laume, seigneur de Montpellier, à s'assurer de la personne d'Alexandre & à
le lui remettre entre les mains. Mais ce seigneur, avant horreur d'une telle
proposition, la rejeta avec indignation & crut au contraire qu'il étoit de son
devoir de faire toute sorte d'accueil au pontife.
Alexandre étoit déjà arrivé à Montpellier le :i de juillet de l'an ii65; il
y donna alors deux bulles, Vuns^ en faveur de l'abbaye de Calers, au diocèse
de Toulouse, & l'autre pour'' celle de fjonnefont, au diocèse de Comminges,
La dernière de ces bulles, dans laquelle le pape se sert du calcul pisan dans
la date, est souscrite par douze cardinaux qui étoient à sa suite. Pendant son
séjour à Montpellier il donna commission, le i" d'août, aux évêques ds
' Duchesne, Hislor'iae Franc, t. 4, p. 714. ' Giiillelmus Neubrigensis , Rerum Angllcaruni,
' Voyez tome VII, Note II. 1. 2, c. 16.
' Bnroniiis, Jeta Alexanâri III, nnn. ii65. ^ Archives de l'abbaye de Calers.
■• Le P. Lnbbe, Conc'diorum coUectlo, &c. t. 10, ' GallU C/iristiana, noy . eà. t. \ , Instruitt . p. iSa
c. i335. & seq.
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XIX. i3
Rodez 8c de Cahors pour' terminer le différend qui s'étoit élevé entre l'église
d'Albi & l'abbaye d'Aurillac au sujet de l'église de Vieux. Six jours après, i!
écrivit^ au roi, &, le dimanche 8 de ce mois^, il sacra archevêque de Lyon
Guichard, abbé de Pontigni. Enfin il écrivit de Montpellier, le 19 d'août,
diverses lettres'* : entre autres deux^* en faveur de Guinard ou Gérard, comte
de Roussillon.
Guinard étoit fils de Gausfred, comte de Roussillon, mort le mardi^ 24 de
février de l'an 11 63 (1164), & d'Ermengarde ou Trencavelle de Béziers, sa
première femme. Gausfred l'avoit répudiée de son autorité, vers l'an 1145,
pour en épouser une seconde dont il avoit eu des enfans; mais les papes '^
Eugène III & Adrien IV avoient déclaré nul ce second mariage & les enfans
illégitimes. Alexandre III confirma leur sentence par les deux lettres dont on
vient de parler. Il adressa ^ la première à Gérard & lui confirma, en considé-
ration de son dévouement envers le Saint-Siège & à la prière de Trencavel,
son oncle, les domaines qui lui appartenoient par droit héréditaire & dont
il déclara déchus tant la femme adultère que son père avoit épousée après
avoir répudié la légitime, que le fils qu'il en avoit eu. Par l'autre il chargea
Pons, archevêque de Narbonne, Hugues, archevêque de Tarragone, 8c les
évêques d'Elne 8c de Girone de protéger le comte Gérard dans la succession
de son père, conformément à la décision du pape Eugène III, son prédéces-
seur. Outre la nullité manifeste du second mariage de Gausfred, Guinard
ou Gérard, son fils, pouvoit d'ailleurs se fonder tant sur la donation que son
père lui avoit faite du comté de Roussillon, en ii5i, que'-' sur la confirma-
tion qu'il avoit faite de cette disposition peu de temps avant sa mort.
Enfin le pape Alexandre, ayant tout disposé pour son départ, se rendit le
22 du mois d'août de l'an ii65, au grau de Mauguio ou de Melgueil, lieu
situé à deux lieues de Montpellier, sur l'étang de Maguelonne qui commu-
nique avec la mer, 8c non pas à, l'embouchure du Rhône, comme un histo-
rien'" moderne l'a avancé. Il écrivit de là une nouvelle lettre " au roi Louis
le Jeune, 8c alla le même'^ jour par bateau dans l'île de Maguelonne, où les
cardinaux s'embarquèrent sur un vaisseau des hospitaliers de Saint-Jean de
Jérusalem qui devoit porter à la Terre-Sainte divers chevaliers, lesquels v
alloient en pèlerinage. Ce vaisseau ayant mis à la voile jeta l'ancre dès qu'il
fut un peu éloigné de l'île de Maguelonne, pour attendre le pape qui devoit
s'y embarquer. Le pontite s'étoit mis pour cela sur une galère de Narbonne
avec quelques cardinaux qui étoient restés auprès de lui, 8c il se préparoit à
' Baluzc, Mlseellanea, i. 4, p. 466. • Baluze, MiiceUanea, t. 2, p. 227,
' Le P. Labbe, Coneillorum colUctio, &c, t. 10, ' Marca Hispanica, c. 5oS.
c. Ii36. '" Fleury, Hiiloire ecclciiasti(jue, I. 71, n. 19.
' Duchesne, Historiae Franc, t. 4, p. 633. "Le P. Labbe, ConcUiorum coUcctio, &c. t. 10,
* Le P. Labbe, ConcUiorum coUectio, &c. t. 10, c. 1198.
c. 1347. " Baroniiis, Acta Alexandri Ht, ann. 1 iCH, —
' Baluze, MlscelLnea, t. 2, p. 227. Guillelmus Neubrigensis, Rerum AngUcarum, 1, 2,
' Marca Hispanica, ce. 5o8 & 1399. c, 16,
' Voyez tome III, 1. XVUI, n. xviii, pp. 787-89.
An I i6i
"- 7~ 14 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LÎV. XIX.
passer dans le vaisseau, quand on vit paroître plusieurs galères de la répu-
blique de Pise, qui s'étoient tenues cachées jusqu'alors Si que l'empereur Fré-
déric avoit envoyées pour lui dresser des embûches & tâcher de se saisir de
^lîd.orighi. 33 personne. Alexandre, s'étant aperçu du piège, revint sur ses pas Se retourna
aussitôt à Maguelonne. La flotte pisane s'approcha cependant du vaisseau
où étoient les cardinaux; mais voyant que le pape n'y étoit pas, elle passa
outre; le vaisseau craignant de recevoir quelque insulte de la part des Pisans,
81 étant hors d'état de leur résister, prit le large & fit voile vers la Sicile.
Ainsi le pape fut obligé d'attendre encore quelques jours à Maguelonne pour
plus grande sûreté. Il se rembarqua enfin dans le port de cette île sur un
petit vaisseau qui le conduisit heureusement à Messine. Après son retour en
Italie, il confirma ', à Anagni, le 25 d'août de l'année suivante, les privilèges
qu'Arnaud, archevêque de Narbonne, avoit accordés aux chevaliers du
Temple, du conseil & du consentement des hommes illustres de bonne
mémoire, Alphonse, comte de Toulouse, Hugues, comte de Rodez, Roger,
vicomte de Béziers, & de plusieurs autres nobles du pays.
XII. — Bataille entre les Pisans b les Génois à Saint-Gilles. — Le comte
de Toulouse 6" le vicomte Trencavel javorisent les premiers.
Les galères de Pise, qui cherchèrent à s'emparer de la personne dû pape
Alexandre III, croisoient^ sur la côte de la Province depuis le mois de juillet
précédent. Les Pisans les avoient fait équiper au nombre de six, &, comme
ils étoient alors en guerre avec les Génois, ils enlevèrent quelques bâtimens
de Gênes qui étoient sur cette côte. Les Génois, voulant avoir leur revanche,
armèrent quatorze galères Se les envoyèrent en course contre la flotte pisane,
sous le commandement d'Amicus Grille. Ce général s'étant mis en mer donna
la chasse sur la côte de Montpellier h. de Marseille aux galères de Pise qui
tâchèrent de se réfugier, en remontant le Rhône, dans le port de Saint-
Gilles. Les Génois, résolus de les aller attaquer jusque dans ce port, remon-
tèrent de leur côté le fleuve par l'embouchure opposée, située vers Marseille,
&, faisant le tour de l'île de Camargue, ils descendirent ensuite vers Saint-
Gilles. Les Pisans, avertis de leur approche, prirent bientôt la fuite par !a-
même embouchure où ils étoient entrés, & qu'on appeloit alors le grau de Li
Chèvre. Les Génois les poursuivirent &, ayant rencontré en cet endroit cinq
vaisseaux pisans qu'on avoit abandonnés, ils les brûlèrent; ils firent ensuite
route vers Montpellier, mais ayant trouvé le vent contraire, ils revinrent à
Saint-Gilles par le grau de la Chèvre & demandèrent des vivres aux habi-
tans ; ceux-ci leur en ayant refusé, ils eurent recours à ceux d'Arles qui
leur en fournirent & qui se liguèrent même avec eux, après quoi ils se
remirent en mer.
' Archives de l'église de Nartonne. licanim, t. 6. — Voyez tome V, chronique n. V,
' Chronicon Pisanv.m, p. 177 & sctj. — Chronicon c. 3o.
Genueitse, p. jo5 &■ seq. dans Scrifiçrçs rçrum iu;-
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XIX. i5
An 1 lOj
Cependant les Pisans, ayant armé une trentaine de galères pour faire
diversion, assiégèrent Si prirent, le 21 d'août, la ville d'Albenga, & ravagèrent
toute la côte de Gênes. Ils se rendirent de Jà au grau de Melgueil où ils
mirent le feu à cinq bâtimens génois qu'ils trouvèrent vides; ils vinrent
ensuite au grau de la Chèvre Si, remontant le Rhône, ils arrivèrent k Saint-
Gilles, le 1" de septembre, jour de la fête du saint, dans le temps qu'on y
tenoit une foire, à laquelle un grand nombre d'étrangers de toutes les nations
s'étoient rendus.
Les Génois, au désespoir de la prise d'Albenga, armèrent trente-cinq nou-
velles galères S<. les joignirent à celles qu'ils avoient déjà équipées. Ils firent
partir cette flotte, composée de cinquante bâtimens, sous la conduite du
même Amicus Grille, leur consul, pour aller attaquer celle de Pise qui étoit
à Saint-Gilles. Les Génois, après avoir remonté le Rhône par la grande
embouchure, passèrent devant Arles Si, ayant ensuite descendu le fleuve, ils
arrivèrent, la nuit du 3 de septembre, entre Fourques & le port de Saint-
Gilles, à deux milles de ce port; ils furent obligés de s'arrêter en cet endroit
à cause que la plupart des galères ne trouvant pas assez d'eau s'engravèrent.
Le lendemain 4 de septembre les consuls de Saint-Gilles vinrent prier celui
de Gênes de ne leur pas faire cet affront que d'attaquer les Pisans qui s'étoient
mis sous leur protection, avec promesse d'empêcher ces derniers de commettre
de leur côté aucune hostilité. « Je suis surpris d'une pareille proposition,
« répondit le consul Grille aux députés de Saint-Gilles; vous m'avez déjà
« traité comme ennemi, & vous m'avez refusé des vivres lorsque j'ai été chez
<i vous en dernier lieu. Si vous êtes donc de nos amis, fournissez-nous tout
« ce dont nous avons besoin, comme vous le faites à l'égard des Pisans; à
V ces conditions nous vous promettons de nous tenir éloignés de leur flotte, t.'nitpfro,
« Il ne nous convient pas, répliquèrent les consuls de Saint-Gilles, de favo-
« riser nos ennemis, 8c il paroîtroit par là que nous souhaiterions qu'il arrivât
« du mal entre vous 8c les Pisans, à qui nous avons donné notre foi dans le
« temps que nous ignorions votre arrivée. Le consul génois répondit : Si ma
« proposition ne vous plaît pas, obligez les Pisans de sortir de votre port, 8c
« nous vous promettons de ne les attaquer que lorsqu'ils en seront éloignés
« de six milles 8c hors de votre district. — Nous n'en ferons rien, dirent ceux
« de Saint-Gilles, parce que, si quelque malheur leur arrivoit, nous serions
Il couverts d'infamie; ainsi, si vous voulez les attaquer, nous les aiderons de
« toutes nos forces. »
Les Génois, après avoir entendu ces envoyés, députèrent â Raimond, comte
de Saint-Gilles ou de Toulouse, qui se trouvoit alors à Beaucairc. Les députés
de Gênes saluèrent ce prince 8c lui dirent : » Seigneur comte, la ville de
« Gênes a toujours témoigné jusqu'ici de l'amitié à votre père, à vous 6c aux
« vôtres, elle a toujours pris leurs intérêts comme les siens propres. On nous
« a envoyés pour savoir si vous voudriez nous rendre la pareille 8c nous
« accorder votre secours contre lès Pisans. » Le comte Raimond répondit :
« Ce que vous venez de dire, hommes prudens, est très-vrai, Se je souhaite
•- — i6 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XIX.
An I lou
« d'aimer 8<. d'Honorer votre ville comme mes prédéœsseurs l'ont fait. Je vous
« aiderai & je combattrai volontiers les Pisans si vous voulez me donner satis-
u faction, & à ma cour, comme il conviendra. » Lk-dessus les Génois nom-
mèrent des plénipotentiaires pour négocier avec le comte, & on convint que
le consul Grille, au nom de la république de Gênes, lui payeroit avant son
départ la somme de i3oo marcs d'argent, à condition que Raimond se décla-
reroit pour les Génois contre les Pisans ou qu'il ne prendroit pas la défense
de ces derniers, ou qu'il livreroit aux Génois les galères pisanes sans les per-
sonnes, ou enfin qu'il les laisseroit combattre sans donner aucun secours aux
uns ou aux autres S<. qu'il demeureroit dans une exacte neutralité. Pvaimond
fit serment, à Beaucaire, d'observer fidèlement ces articles en présence de
Corso, de Sigismond & des autres nobles Génois qui avoient été envoyés
pour négocier avec lui.
Ce prince se mit aussitôt en état d'exécuter sa promesse. 11 s'avança à la
tête de ses troupes vers les Génois qui, après avoir débarqué, s'étoient campés
sur le rivage du Rhône, à deux milles du camp des Pisans qui en avoient
fait autant. Ceux-ci, avertis que le comte étoit parti de Beaucaire 8c qu'il
étoit en marche, lui envoyèrent des ambassadeurs, & prièrent l'abbé de Saint-
Gilles de les accompagner pour le supplier de ne pas se déclarer contre eux.
Raimond continua cependant sa marche, & le général génois étant allé aussi
à sa rencontre pour le recevoir à la tête des archers Se des arbalétriers de son
armée, il campa entre les deux armées, mais plus près des Génois que des
Pisans. Il manda alors les principaux de Gênes pour lui faire serment de
tenir leurs conventions 8i de lui payer la somme qu'ils avoient promise.
Soixante-quinze Génois, entre ceux qui avoient été nommés tant par le
consul que par le comte, avoient déjà fait ce serment, quand il se répandit
un bruit parmi eux qu'ils ne pouvoient se fiera ce prince, attendu que l'abbé
de Saint-Gilles 8c d'autres religieux l'avoient dispensé du serment qu'il leur
avoit fait 8c en avoient chargé leur conscience. Les Génois se séparèrent alors
de Raimond sans rien conclure 8c, le soir même i3 de septembre, le combat
s'engagea entre eux 8c les Pisans, 8c dura jusqu'à la nuit qui les sépara.
L'action fut sanglante Se très-funeste pour les Génois qui eurent un très-
grand nombre des leurs tués ou faits prisonniers. Ils délibérèrent pendant
la nuit sur ce qu'ils avoient à faire : ayant appris qu'ils n'avoient rien à
espérer du comte Raimond qui, avec Trencavel, avoit promis son secours aux
Pisans, moyennant une somme plus considérable que celle qu'ils lui avoient
offerte, ils résolurent de décamper 8c de ne pas éprouver davantage le sort
des armes dans une terre étrangère dont les seigneurs favorisoient leurs
ennemis, 8c contre une armée supérieure. Pour faciliter leur embarquement
tAufp:'"'i. ^'^ ^^ mirent sous la protection des seigneurs de Baux, qui la leur vendirent
bien cher, Se étant enfin remontés sur leurs galères ils abandonnèrent leur
camp aux Pisans qui y mirent le feu.
Les Génois remontèrent le Rhône jusqu'à Arles 8c furent fort surpris de
trouver qu'on avoit jeté, depuis cette ville jusqu'au faubouro- de Trindue-
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XlX. 17
taille, un pont sur le fleuve, qui leur barroit le passage & qui étoit ganlé par
un corjjs de troupes. Le consul Grille dépêcha aussitôt au comte de Melgtieil,
c'est-à-dire à Raimond-Bérenger, comte de Provence, qui prenoit aussi le
titre de comte de Melgueil, parce qu'il étoit fils de Béatrix, héritière de ce
comté, pour savoir si on avoit jeté ce pont pour les empêcher de passer; 8<,
en cas que cela tût, pour lui déclarer qu'ils alloient assiéger Arles. Le comte
ne donna pas aux députes le temps de lui parler; il les prévint 8c leur dit :
« Allez dire au consul de Gênes 8c aux capitaines des galères que j'étois
« absent lorsqu'on a jeté ce pont 8c que je suis fâché de ce qu'il en agit
« envers moi plutôt en ennemi qu'en ami; je veux honorer 8c servir les
« Génois comme l'a toujours t'ait le comte de Barcelone, mon oncle paternel,
« Je]vais incessamment faire abattre le pont, 8c vous trouverez un asile assuré
» dans Arles. » La flotte génoise y fut reçue en effet, 8c elle demeura pen-
dant vingt jours entre cette ville 8c Trinquetaille. Pendant ce temps-là les
Génois firent tous leurs efforts auprès du comte de Provence pour l'engager
à se joindre à eux 8c aller ensemble combattre les Pisans. Ils lui offrirent
pour cela une somme très-considérable; mais ce prince les refusa absolument,
disant qu'il étoit uni très-étro'itement avec le comte de Saint-Gilles, 0 qu'il
ne convenait pas qu'il allât faire la guerre sur ses terres. Il se contenta de
conclure un traité avec eux par lequel il s'engagea, moyennant la somme de
quatre mille sols melgoriens qu'ils lui payèrent, de ne pas souffrir pendant
un certain temps qu'aucun vaisseau pisan abordât sur les côtes de son domaine.
Tel est le récit de cette guerre rapportée par deux anciens liistoriens, l'un
pisan 8c l'autre génois; celui-ci sous l'an ii65, 8c l'autre sous l'an 1166, en
quoi il n'y a aucune contrariété, parce que le Pisan suit la chronologie
observée alors dans sa république, suivant laquelle on comptoit les années
depuis l'Annonciation jusqu'à la fin de décembre, en devançant d'un an l'ère
An ii6j
vuiganc.
Xin. — Alliance entre les villes de Gênes £• de Narbonne. — La première
fait la guerre à celle de Montpellier.
Les républiques de Pise Se de Gênes, également puissantes Se jalouses l'une
de l'autre, continuèrent à se faire la guerre. La dernière, pour se dédom-
mager de la protection du comte de Toulouse qu'elle avoit perdue 8c se faire
un appui pour son commerce le long des côtes de la [Province, rechercha
l'alliance de Pons, archevêque, d'Ermengarde, vicomtesse, 8c du peuple de
Narbonne. Ils convinrent par des députés de part Se d'autre', le 12 de no-
vembre de l'année suivante, d'un traité suivant lequel ils dévoient se secourir
mutuellement pendant cinq ans, surtout pour le commerce maritime d'une
ville-à l'autre*. Ils s'engagèrent de plus réciproquement, tant que la guerre
' Voyez tome VIII, Charte n. i, c. i63 & suiv. faitement juste. On peut aussi y remarquer plu-
' Ce que Jom Vnisîcte dit de ce traita est par- sieurs autres clauses non moins intéressantes. Telle
VI. 1
An 1 165
i8
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XIX.
Éd. origin.
t. III, p. 12.
dureroît entre les Pisans Si les Génois, de ne recevoir aucun étranger sut
leurs bâtimens, excepté les pèlerins, & ils convinrent de refuser même
ceux-ci, s'ils étoïent de Montpellier ou de Saint-Gilles, ou depuis le Rhône
jusqu'à Nice; preuve que les Génois regardoient alors le comte de Toulouse
& le seigneur de Montpellier comme leurs ennemis; aussi voit-on qu'ils fai-
soient dans ce temps-là une cruelle guerre' aux habitans de cette dernière
ville, & ils désolèrent toutes les côtes du domaine de Guillaume VII, seigneur
de Montpellie^.
On prétend que ce* seigneur leur écrivit par deux fois pour les engager à
discontinuer leurs pirateries, & que l'abbé d'Aniane, son frère, alla à la cour
d'Alexandre III pour l'engager à prendre la protection des habitans de Mont-
pellier contre les Génois. Nous avons en effet^ deux lettres de ce pape, datées
d'Anagni, le ii d'octobre de la dixième année de son pontificat ou de
l'an 1168 : l'une est adressée à l'évêque de Gênes 8c l'autre aux consuls 8c au
peuple de cette ville. Alexandre leur fait part des griefs qu'avoit contre eux
Guillaume de Montpellier, qui se plaignoit entre autres de leurs fréquentes
incursions dans son port où ils brûloient les vaisseaux, pilloient 8c rançon-
noient les marchands. Sec, il leur déclare qu'il est obligé de prendre la
défense de ce seigneur, tant à cause de son affection envers le Saint-Siège
que de celle de son père, 8c leur enjoint de mettre fin à ces vexations, avec
ordre à l'évêque de Gênes, en cas de refus de leur part', de les punir par
l'autorité apostolique. On assure '^ que ces lettres n'eurent aucun effet; que,
malgré les ordres du pape, les Génois continuèrent d'exercer leurs brigan-
dages sur la côté de Montpellier, qu'ils menacèrent même d'assiéger cette
ville, 8c que ces menaces obligèrent le seigneur de Montpellier &c l'évêque de
Maguelonne à se liguer avec les Pisans pour se mettre à l'abri de leurs entre-
prises^.
est celle qui se rapporte au Jrolt Je naufrage ou
d'épave (t. VIII, c. 164); ce droit avait bien été
aboli en iiiî par l'archevêque Richard & le vi-
comte Aimeri (t. V, ce. 829, 83d) ; mais il est pro-
bable que cette renonciation n'avait pas eu tout
l'effet voulu. Remarquons aussi les clauses rela-
tives à la juridiction commerciale; la cour de la
vicomtesse de Narbonne juge les contestations en-
tre Génois & Narbonnais, & la cour des consuls
de Gênes celles qui peuvent s'élever entre Narbon-
nais Se Génois. [A. M.]
' Gariel, Séries praesulumMagalonenslum, p.zTp
& seq.
' lèU.
' liid. p. 220 & seq.
^ Ihid. p. 219.
' M. Germain, Commerce de Montpellier, t. i,
p. XXXVI, donne à ces événements la date de 1 169,
& fait à ce propos l'histoire de l'alliance & des
rivalités entre Montpellier & Gênes. Tous les
griefs des habitants de Montpellier contre les
Génois sont exposés dans un acte du Mémorial det
Nohles (p. i3). Ces différends amenèrent une al-
liance entre le seigneur de Montpellier & le comts
de Toulouse, & ils donnèrent même lieu, en 1 169,
entre Montpellier & Pise, ennemie de Gênes, s
une convention particulière que l'on peut voir
dans le livre de M. Germain [Commerce de Mont-
pellier, t. I, pp. 180, 181), pour la restitution de
leurs marchandises que les habitants de Montpel-
lier prétendaient leur avoir été enlevées. Cet acte
indique un rapprochement sensible entre les deux
villes. [A. M.]
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XIX.
19
An ii65
XIV. — Traité &■ alliance entre les comtes de Toulouse & de Provence,
On vient de voir que Raimoncl V, comte de Toulouse, & Raimond-
Bérenger, comte de Provence, vivoient en l}onne intelligence au mois d'août
de l'an 11 65. Ces deux princes", pour cimenter davantage leur amitié, eurent
une entrevue^ à Beaucaire, au mois d'octobre suivant, & formèrent ensemble
une ligue contre le comte de Forcalquier que le dernier avoit résolu de sou-
mettre, conformément au traité qu'il avoit fait avec l'empereur Frédéric. Les
comtes de Toulouse 8<. de Provence convinrent encore par le même traité de
s'entr'aider envers tous & contre tous, excepté le roi de France j de partager
entre eux le comté de Forcalquier, lorsqu'ils en auroient fait la conquête,
ainsi que les autres acquisitions que feroit le comte de Toulouse, à la réserve
des domaines que le dauphin occupait dans le temps de sa mort. Ils conclurent
enfin le mariage du fils aîné du comte de Toulouse, qui n'avoit alors que
neuf ans, avec Douce, fille unique du comte de Provence, qui lui assura
pour sa dot la moitié des comtés de Forcalquier & de Melgueil avec la partie
de la ville d'Avignon qui appartenoit aux comtes de Forcalquier. L'arche-
vêque de Tarragone & les é\ièques d'Ausone Si de Girone furent présents à ce
traité. Nous comprenons par là que le comte de Provence prétendoit que la
moitié du comté de Melgueil lui appartenoit, quoique la comtesse Béatrix,
sa mère, qui en étoit héritière, vécût encore alors. Cette moitié lui avoit été
donnée peut-être par le contrat de mariage passé entre le comte Bérenger-
Raimond, son père, 8c cette comtesse.
XV. — Le comte de Toulouse se déclare pour l'antipape, à la sollicitation
de Vempereur.
L'union qui se forma entre le comte de Toulouse 81 celui de Prevencc
engagea le premier à ménager beaucoup l'empereur Frédéric, à cause que
l'autre avoit embrassé le parti de ce prince en faveur de l'antipape. Rai-
mond, comte de Toulouse, y avoit d'ailleurs un intérêt particulier par rap-
port aux grands domaines qu'il possédoit dans le royaume d'Arles ou de
Provence uni alors k l'empire. Frédéric, de son côté, ne négligea rien pour
exciter le comte à abandonner le pape Alexandre III Se à se déclarer pour
l'antipape Pascal III, que les schismatiqucs avoient élu en 1164, après la
mort de Victor. Enfin ^ Frédéric fit tant par ses prières & ses promesses que
Pvaimond, qui d'ailleurs n'étoit plus si lié avec le roi Louis le Jeune depuis
qu'il s'étoit séparé de Constance, sa femme, sœur de ce roi, se rendit à la
volonté de l'empereur 8< ordonna à tous les ecclésiastiques, ses sujets, qui ne
voudroient pas reconnaître l'antipape, de sortir incessamment de ses Etats,
' ïsindi , A miel de la corona de Aragon, 1. 2,c. î"). ' Martène, Veterum SS. ampUssima colUctio, t. 2,
' Bouche, Chorographie ou description de la Pro- c. f'ii.
ycnce, t. I, p. l36.
Au 1 1 j j
:o HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XIX.
tant de ceux qui étoient dans l'étendue de l'empire que de ceux qui dépen-
doient du royaume de France.
Raimond étoit maître du Uauphiné depuis l'an ii63, à cause du mariage
projeté entre son fils puîné £< Bcatrix, héritière de ce pays. Lorsque le pape
Alexandre 111 monta sur la chaire de Saint-Pierre, l'évêque de Grenoble se
déclara contre lui & embrassa avec beaucoup de chaleur le parti de l'antipape.
Alexandre, ayant reçu la soumission du comte de Toulouse, chassa ce prélat
schismatique de son siège &< consacra en sa place Jean, religieux de la grande
Chartreuse, qui fut reconnu par la faveur & l'autorité du comte; mais Rai-
mond ayant pris les engagemens dont on vient de parler avec l'empereur, les
religieux de cette chartreuse, craignant que l'évêque de Grenoble ne fût
chassé, eurent recours à la protection du roi Louis le Jeune, à qui' ils écri-
virent : « Comme nous croyons, disent-ils à ce prince dans leur lettre, que
« c'est par une disposition de la Providence que le pays & le comté de Gre-
V. noble doit venir à votre neveu, il nous paroît, & à plusieurs autres, que
« vous devez en procurer la paix 8<, la tranquillité. C'est pourquoi nous prions
« très-instamment votre excellence d'écrire là-dessus au comte de Saint-Gilles
l'M.oiiRin. (( 5<^ Je lui représenter avec prudence l'oblic'ation où il est de protéger cet
« évêque & son église. » Cette lettre fut écrite vers la fin de lan ii65, car
les religieux de la Chartreuse y félicitent le roi Louis le Jeune sur la nais-
sance du prince Philippe, son fils.
Nous ne savons pas si le roi eut égard à cette prière; mais il est certain
que^ Raimond chassa enfin l'évêque de Grenoble de son siège à la sollicita-
tion de l'empereur. Le pape n'en fut pas plutôt informé, 8< des autres démar-
ches du comte en faveur de l'antipape, qu'il écrivit du palais de Latran, le
An 1166 29 d'avril de l'an 1166, à Henri, archevêque de Reims, pour le prier d'en-
gager le roi, son frère, à agir tant par ses lettres que par ses ambassadeurs
auprès de Raimond, pour le détourner de favoriser ce parti. 11 prie par la
même lettre ce prélat de s'employer auprès du comte pour le porter à rétablir
au plus tôt l'évêque de Grenoble dans son siège.
XVI. — Le pape Alexandre III jette l'interdît sur le comté de Toulouse,
6- le lève dans la suite.
Tous les soins d'Alexandre furent inutiles : Raimond demeura toujours
uni avec l'empereur en faveur de l'antipape, & s'attira ainsi l'interdit sur
tous ses domaines de la part du premier. C'est ce qu'on voit par une lettre
que le roi Louis le Jeune écrivit à ce pape en ces termes ; « Au^ très-saint
« père 8c seigneur Alexandre, par la grâce de Dieu souverain pontife, Louis,
« par la même grâce roi des François, salut & respect tel qu'il est dû. Votre
Cl Altesse n'ignore pas combien nous vous avons aimé, £<. les services que
■ Diichesne, ^i:r;;>«orfî, t. 4, p. 686. 'Catcl, Mémoires de l'histoire du Languedoc,
' M.irttnc, yeicrum SS, ampUssima ccUcctio,\, 2, p. 83,ï,
ç, 73;,
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XIX.
21
« nous Si notre royaume vous avons rendus comme à notre père. La ville de
« Toulouse est de notre royaume : nous l'aimons spécialement, de même
« que les citoyens que vous avez soumis à l'interdit, quoique la faute pour
« laquelle vous l'avez jeté ait été commise dans l'empire & non pas dans le
« royaume. Cette ville n'est point coupable, elle obéit à votre sainteté, & son
« évêque a été consacré par l'archevêque de Narbonne; c'est pourquoi nous
« vous prions de lever cet interdit & de daigner écouter là-dessus nos prières.
« Il y va de notre honneur, & nous vous en aurons de grandes obligations.
« Adieu. » Le pape écouta favorablement la prière du roi &, par une bulle'
qui est datée de Bénévent, le 12 mars de l'an 1168, 8c qu'il adressa à Géraud,
évêque, aux consuls, à tout le clergé 81 au peuple de Toulouse, il déclare
« qu'en considération de leur dévouement pour l'Eglise romaine, 8<. pour sa
« personne en particulier, de l'affection singulière que le roi Louis avoit
« pour eux, & des prières de ce prince, il lève l'interdit qu'il avoit jeté sur
« leur ville, à cause du forfait du comte de Toulouse, Se leur permet de célé-
« brer l'office divin dans les églises de la ville 8c du faubourg en l'absence du
« même comte. Il les exhorte enfin à lui demeurer plus fidèles en recon-
« noissance de cette grâce. » Nous comprenons par là que le comte de Tou-
louse favorisoit encore les schismatiques, au commencement de l'an 1168.
XVII. — i\Iort de Raimond-Bérenger, comte de Provence, vicomte
de Gévaudan, iyc.
Raimond-Bérenger, comte de Provence, ayant résolu de faire la guerre au
comte de Forcalquier, fit ses préparatifs 8c entreprit cependant un voyage en
R.ouergue. Nous avons, en effet, un hommage rendu dans ce pays, au mois
de mars de l'an 1166^, par Raimond de Vigoron à Raimond-Bérenger, fils de
la comtesse Béatrix, comte de Provence &• vicomte de I\Iillau, pour la moil?é
des châteaux de Vigoron 8c de Caylus. Ce prince retourna bientôt après en
Provence 8c, s'étant mis en campagne, iP assiégea la ville de Nice sur le
comte de Forcalquier. Durant le siège, s'étant un jour trop avancé, il fut
atteint d'un coup de flèche qui l'étenilit mort sur la place. La mort de Rai-
mond-Bérenger arriva en 1166; on n'en marque pas l'époque précise, mais
elle doit être placée entre les mois de mars 8c de novembre de cette année. Il
ne laissa de Pvichilde, sa femme, qu'une fille unique en bas âge, nommée
Douce, qu'il avoit promise en mariage à Raimond, fils aîné du comte de
Toulouse, 8c qui devoit être héritière de tous ses Ltats. lis consistoient dans
le comté de Provence, situé entre les Alpes, la Durance, le Rhône 8c la mer,
les vicomtes de Millau 8c de Gévaudan, une portion de la vicomte de Carlad,
en Auvergne, 8c la moitié du comté de Melgueil ou de Substantion, dont
Béatrix, sa mère, qui lui survécut, avoit disposé en sa faveur.
' Catel, Mim. delh'ut. Ja Languedoc, p. 886. ' Gcsta comhum Barcinoncnsium , c, 22, ap.
' Trésor de» chartes de Toulouse, sac 7, 11. 5. Marca Hiipinia.
[J.3,4.]
An 1 166
-> 1
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC, LIV. XIX.
XVIII. — Le comte de Toulouse se saisit de la Provence, répudie Constance,
sa femme, ^ épouse RiclùLle, veuve du comte de Provence.
Nous ignorons si Raimond, comte de Toulouse, joignit ses armes à celles
de Raimond-Bérenger contre le comte de Forcalquier, ainsi qu'ils en étoient
t"^!!!"' '°'i"' convenus, & s'il se trouva au siège de Nice. Ce qu'il y a de certain, est qu'il
passa une partie de cette année aux environs du Rhône. Il confirma' à Saint-
Gilles, au mois de juin, en faveur du chapitre de Nimes, la donation ou la
vente qu'il lui avoit faite des marais de Fontcouverte, en présence d'Aldebert,
évêque de Nimes, Bermond d'Uzès & Guillaume de Sabran; nous apprenons
d'ailleurs^ qu'il étoit dans son palais de Saint-Gilles au mois de décembre
suivant. Il paroît aussi que ce fut sous son autorité que les chevaliers (y les
bourgeois de Nimes s'accordèrent la mêiije année, comme il est marqué dans
une ancienne^ chronique. Enfin, nous savons que Raimond s'assura de la
Provence aussitôt après la mort du comte Raimond-Bérenger; car il dominoif*
le long de la côte de cette province, depuis Nice jusqu'à l'embouchure du
Rhône, dans le temps que les villes de Gènes & de Narbonne conclurent
leur traité de commerce, le 12 de novembre de l'an 1166.
Raimond se saisit de la Provence en vertu du traité^ qu'il avoit conclu
avec Raimond-Bérenger, suivant lequel Raimond, son fils, devoit épouser
Douce, fille unique S< héritière de ce prince. Pour affermir davantage ses
droits sur cette succession il épousa*' quelque temps après Richilde, sa veuve,
mère de Douce & nièce de l'empereur Frédéric. Ce fut peut-être dans la vue
de ce mariage qu'il répudia solennellement Constance, sa femme, sœur du
roi Louis le Jeune, de laquelle il étoit déjà séparé; &, comme il avoit
embrassé le parti de l'empereur Frédéric 81 de l'antipape, il y a lieu de croire
que l'un 81 l'autre favorisèrent sa nouvelle alliance; le premier en lui don-
nant sa nièce pour femme, & l'autre en cassant le mariage qu'il avoit con-
tracté avec Constance. Quoi qu'il en soit, on ne sauroit douter' que Raimond
n'ait épousé Richilde en secondes noces, car, outre que ce fait est appuyé sur
le témoignage de quelques historiens St qu'il est certain qu'il répudia Cons-
tance, nous voyons qu'après la mort de Richilde il prétendit hériter de son
douaire.
Constance se voyant répudiée, & n'ayant pas de quoi soutenir son rang,
fit solliciter^ le pape Alexandre III de lui faire restituer le comté de Bologne
qu'Eustache, son premier mari, fils du roi d'Angleterre, lui avoit constitué
pour son douaire, & dont Mathieu, frère de Philippe, comte de Flandres,
' Archives de l'église de Niitles. ^ Voyez tome VII, Note II, n. i & suiv.
' Archives du domaine de Mon«pellier,'titrcs de ' /iiV.
Saint-Gilles, n. lo. ' Martène, Vcterum SS. amplissima collectio, t. î,
^ Voyez tome V, c. 3o. c. ySS. — Le P. Anselme, Histoire généalogique des
■• Voyez tome VIII, c. 245. pairs de France, t. 2, p. 7221
' Marca Hispanica, c. i36p.
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XIX. 23 ~ ~
An 1 1 66
s'étoit cmpaio, sous prétexte des droits de Marie, sœur du même Eustache, sa
femme, qu'il avoit épousée, après l'avoir enlevée d'un monastère d'Angleterre
où elle étoit abbesse. Le pape prit avec chaleur les intérêts de Constance. Il
écrivit, le 27 août de l'an 1168, de Bénévent où il étoit alors, aux évêques de
Soissons, d'Amiens Se de Laon, 81 leur ordonna de faire tous leurs efforts
auprès de Mathieu 8c de Marie, sa femme, pour les engager à rendre le comté
de Bologne à cette comtesse, & de les excommunier de nouveau, en cas de
refus, pour cette usurpation, quoiqu'ils les eussent déjà excommuniés pour
avoir contracté un mariage si illicite. Il écrivit d'un autre côté à Henri, arche-
vêque de Reiras, frère de Constance, qui l'avoit sollicité en faveur de cette
princesse, 8c il lui manda de ne rien négliger pour obliger les témoins qui
avoient été présens à la constitution de son douaire, à rendre témoignage à
la vérité. Mathieu se maintint toutefois dans la possession du comté de
Bologne qu'il transmit à ses descendans, malgré les menaces 8c les anathèmes
d'Alexandre.
Le nouveau mariage de Raimond, comte de Toulouse, avec Richilde,
veuve du comte de Provence, ne lui fut pas aussi favorable qu'il l'avoit espéré,
pour se maintenir dans la succession de ce prince. Il rencontra un dange-
reux concurrent en la personne du jeune Alphonse, roi d'Aragon 8c comte
de Barcelone, qui la lui disputa 8c qui le chassa enfin de la Provence.
XIX. — Alphonse, roi d'Aragon, dispute la succession de Provence à Raimond
ô" lui déclare la guerre.
Alphonse étoit à Girone lorsqu'il ' apprit la mort du comte Raimond-
Bérenger, son cousin-germain. Comme il prétendoit avoir droit au comté de
Provence, en vertu de l'intéodation que l'empereur Frédéric en avoit faite*
en 1162, tant en faveur de ce comte que du feu comte de Barcelone, son
père, il prit d'abord le titre de marquis de Provence, de l'avis des principaux
de ses Etats. Il chercha ensuite à amuser le comte de Toulouse, qui s'étoit
emparé du pays, en attendant l'occasion de l'en déposséder. 11 lui fit dire
qu'il consentoit volontiers au mariage du jeune Raimond, son fils, avec
Douce, 8c lui fit espérer qu'il donneroit aussi son consentement au sien avec tu.orî
Richilde; mais sous ces apparences d'amitié, il passa bientôt après les Pyré-
nées à la tête d'un corps d'armée Se s'avança vers le Rhône. Le comte de
Toulouse, averti 3 de sa marche, se mit de son côté en état de lui disputer
l'entrée de la Provence. Si l'on en croit un des derniers historiens d'Espagne'^,
il alla même à sa rencontre, 8c il se donna alors une sanglante bataille entre
ces deux princes, sans qu'on sache lequel des deux remporta la victoire. Mais
on n'a rien de certain là-dessus. Ce qu'il y a de vrai est que, malgré tous
les soins de Raimond pour empêcher Alphonse de pénétrer en Provence, ce
' Zat'tta, Anales delà eorona Je Aragon, l. t,e.z5. ' Gestn comltam Sarcinonensium , c. 2i , apiid
' Voyez au tom« III <i« c«tt« édition, 1. XVIII, Marca Hispanica, c. Sâo.
n. Lii, p. 827. ^ Fcrrara», ann. 1167, n. 3.
m.
t. 111, p'.'ii.
An 1166
24 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XIX.
tleinier'se saisit' du château d'AIbaion, situé dans l'île de Camargue, sur le
bras du Rhône qui est du coté de Languedoc, & qu'il y entra suivi d'Hugues,
archevêque de Tarragone, de Pierre, évêque d'Ausone, & de divers seigneurs
aragonois & catalans. Le comte assiégea aussitôt ce château 8t il l'emporta
d'assaut; mais le roi eut le bonheur de se sauver, grâce à la vigilance de
Bertrand de Baux, qui avoit embrassé son parti après avoir abandonné celui
de Raimond & qui, l'ayant fait monter à cheval, lui fit traverser à la nage
l'autre bras du R,hône &. le conduisit ainsi sain &. sauf dans Arles, où il fut
reçu aux acclamations du peuple.
Alphonse étoitdcjà arrivé en Provence avant la fin de l'an 1166, comme il
paroît par une charte^ où il se qualifie roi d'Aragon, duc de Provence ô-
comte de Barcelone, & par laquelle il exempte de péage les religieux de Sau-
vecane, au diocèse d'Aix, en présence des archevêques d'Arles 8c d'Aix, d'Hu-
gues Si de Bertrand de Baux frères, de Guillaume de Montpellier, 8<c. Ce
dernier, qui s'étoit déclaré en faveur d'Alphonse, non content de lui avoir
donné passage sur ses terres, l'accompagna dans son expédition de Provence
contre le comte de Toulouse. Guillaume disputa cependant à ce prince la
tutelle de la jeune Douce, fille du feu comte Raimond-Bérenger; mais ils
s'accordèrent^ enfin par l'entremise de Jean de Montlaur, évêque de Mague-
lonne. La plupart des autres grands vassaux du comté de Provence prirent
y^„ ,,g le parti d'Alphonse qui, après s'être assuré la possession du pays, s'en qualifia
depuis indifféremment marquis & comte.
Raimond se voyant chassé de ce pays fit tous ses efforts pour le reprendre
Se ne cessa, dans cette vue, de faire la guerre au roi d'Aragon; mais les diffé-
rends qu'il avoit en même temps avec celui d'Angleterre l'obligèrent souvent
d'interrompre le cours de cette expédition : diversion dont Alphonse profita
pour affermir de plus en plus son autorité au delà du Pvhône.
XX. — Entrevue entre le roi d'Angleterre 6- le comte de Toulouse.
On a dit ailleurs que Raimond Si Henri, roi d'Angleterre, étoient con-
venus d'une trêve en 1162, qu'elle fut mal observée 8<, que la guerre se
renouvela entre eux les années suivantes. Enfin ces deux princes cherchèrent
k feire la paix, & ils eurent là-dessus une'* entrevue dans l'abbaye de Grand-
mont, en Limousin, durant le carême de l'an 1 167. Nous ignorons le résultat
de leur conférence; mais nous apprenons d'un historien ^ du temps que la
« guerre s'étant renouvelée la même année entre les rois de France & d'An-
gleterre, à cause du comté de Toulouse, ils convinrent au mois d'août d'une
trêve qui devoit durer jusques à Pâques de l'année suivante. On peut inférer
de là qu'il ne fut rien conclu dans l'entrevue de Grandmont entre le comte
' Gâta comhiim Barcinoncnsium , c, 22, ap. ' Gallia Chriitiana, pr. ei. t. 3, c. yyS.
Marca Hispanica, c. 503. < Robertiis de Monte, Chronicon, p. 786.
' Bouche, Ckorographie ou description de la Pro- ' Gervasius Dorobernensis, Chronicon, p. i^si.
vence, t. 2, p. loji.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XIX. 2 5 ^„ ,,g
de Toulouse S<. le roi d'Angleterre, qu'ils continuèrent les hostilités 8c qu'enfin
le premier fut compris dans la trêve que l'autre conclut au mois d'août avec
le roi de France.
XXI. — Suite de la guerre entre le roi d'Aragon iS- le comte de Toulouse.
Le comte de Rodej embrasse le parti du premier.
Raimond profita' de cette trêve pour aller reprendre son expédition de
Provence contre Alphonse, roi d'Aragon j on ne dit pas si le succès répondit
à son attente; il paroit seulement qu'Alphonse se maintint dans la possession
(lu comté de Provence : il résidoit ^ en effet à Arles, au mois d'août de
l'an 1167, 8< il y conclut la même année un traité avec Hugues II, comte de
ITodez, qu'on qualifie •* mal à propos d'Hugues III.
Hugues étoit vassal de Raimond pour son comté de Rodez, 8c en état par
lui-même de faire pencher la balance en faveur de ce prince dans la guerre
de Provence, s'il l'avoit secouru comme il y étoit obligé; mais il lui manqua
au besoin Se tourna même ses armes contre lui. Alphonse trouva moyen de
le débaucher par l'entremise d'Hugues, évêque de Rodez, frère de ce comte, ,'^n"'''''",-
£< de Guillaume VII, seigneur de Montpellier, Se ils conclurent ensemble un
traité'' suivant lequel Hugues, du conseil d'Aldebert d'Estaing Se de plu-
sieurs autres de ses principaux vassaux, donna à Alphonse la moitié du Car-
ladès qui étoit échu en partage à Richard, son aïeul, Se Alphonse le lui rendit
ensuite en fief avec l'autre moitié de cette vicomte dont le comte Gilbert, son
bisaïeul, avoit hérité, 8c qui avoit appartenu au teu comte de Provence.
Ainsi Alphonse, pour s'assurer du comte de Rodez contre le comte de Tou-
louse Se le détacher des intérêts de ce prince, lui céda en fief toute la portion
du Carladès dont le feu comte de Provence avoit joui Se qui devoit appartenir
à Douce, sa fille. Hugues fit ensuite hommage au roi d'Aragon pour tout le
Carladès, Se lui promit par serment de le défendre envers tous Se contre tous
pour les domaines que ce roi possédoit dans les diocèses de Rodej £,• de Mende,
c'est-à-dire pour les vicomtes de Millau Se de Gévaudan Se pour le reste de
ses domaines. L'acte est souscrit par Alphonse, qui se qualifie roi d'Aragon,
comte de Barcelone 6* duc de Provence, Hugues, comte de Rodez, Hugues,
évêque de cette ville, son frère, Guillaume de Montpellier, l'archevêque de
Tarragone, les évêques d'Ausone, de Saragosse Se de Barcelone, Hugues de
Baux, Bertrand, son frère, Gui de Séverac, Sec. On voit par là : 1° Que le
roi d'Aragon, voulant se mettre en possession des vicomtes de Millau Se de
Gévaudan, dépendantes de la succession du feu comte de Provence, se ligua
avec le comte de Rodci Se plusieurs autres seigneurs de Rouerguc, ((ui
ctoient en état de le favoriser dans cette entreprise Se qui abandonnèrent
' Gesti comitum Btrcinonenilum, c, il. ' Le P. Anselme, Histoiic gèiti'alcgi^ue Aa pairs
' Ztiritn, AaaUi de la corona Je Aragon, I. 2, Je France, t. 2, p. 697.
t. 25. — Bouche, Choro^rapliie ou Jcicriplion Je la ^ D'Achéry, Spicilcglum, t. 10, p. l63,
Provence, t. 1, p. tj^-j. ^
An 1 167
26 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XIX.
alors les intérêts du comte de Toulouse, leur seigneur, pour embrasser les
siens; 1° qu'il débaucha aussi les seigneurs de Baux, qui avoient été aupa-
ravant si unis avec Raimond & que ce comte avoit soutenus si constamment
dans leurs guerres précédentes contre la maison de Barcelone. Comme ces
seigneurs s'étoient alliés alors' avec celle de Montpellier, il y a lieu de croire
que Guillaume VII, seigneur de cette ville, qui fut toujours très-zélé parti-
san, de même que ses ancêtres, des comtes de Barcelone, servit beaucoup à
les détacher du comte de Toulouse pour les mettre dans le parti du roi
d'Aragon.
XXII. — Fondation des ahhayes de Bonnecomhe, de Feuillans i^ d'Eniines;
Seigneurs d'U-^ès.
Quant à la maison de Rodez, il paroît qu'elle étoit unie peu de temps
auparavant avec Raimond, comte de Toulouse; car Hugues, évêque de Rodez,
frère du comte Hugues, fonda ^ au commencement de l'an 11 66, conjointe-
ment avec ce prince, l'abbaye de Bonnecombe, en Rouergue, sous la filia-
tion de celle de Candeil, en Albigeois. Gauzbert, abbé de cette dernière,
mena une colonie de ses religieux à Bonnecombe, y célébra la première
messe, le 12 de janvier de l'an 1166, 8c y établit Matfred pour premier abbé.
D'autres^ rapportent cette fondation à l'an 1162; mais Hugues, évêque de
Rodez, qui y eut beaucoup de part, ne possédoit pas encore alors cet évêché.
Raimond V, comte de Toulouse, peut avoir cependant jeté dès lors les fon-
demens de l'abbaye de Bonnecombe, qui est située à trois lieues de Rodez,
vers le midi. Bermond, seigneur d'U-^ès & de Posquières, fut un des princi-
paux bienfaiteurs de ce monastère '^ auquel il fit une donation considérable
en 1168, en présence d'Aldebert, évêque de Nimes, Si de Raimond, évêque
d'Uzès, ses frères. Le même Bermond d'U-^és fut présent^ avec ses deux fils
Éléazar 8c Raimond, à une donation qui fut faite à Beaucaîre durant la
foire, au mois de mai de l'an 1168, par un seigneur du pays, en faveur de
l'abbaye de Franquevaux.
R.aimond V, comte de Toulouse, eut part aussi sans doute à la fondation
de l'abbaye de Feuillans, de l'ordre de Cîteaux, dans le diocèse de Toulouse,
dont les*5 uns mettent l'époque à l'an 1169, 8c les'' autres quelques années
auparavant. Elle fut fondée sous le nom de Notre-Dame de la Clarté-Dieu,
dans la forêt de Feuillans, par les religieux de la Creste, au diocèse de Lan-
gresç mais à cause de son trop grand éloignement, elle tut soumise dans la
suite à l'abbé de Bonnefont, dans le Comminge, sous la filiation de Mori-
mond. Enfin, il est vraisemblable que Raimond favorisa la fondation de
l'abbaye d'Eaunes, du même ordre, dans le Toulousain, qui subsistoit déjà
' Voyez tome IV, Note XXXVII, n. lo, p. i83. < Arcliives de l'abbaye de BortrlccombSi
* Catel, Histoire des comtes de Tolose, p. zri ' Mss. d'Auhays, n. 77.
Et suiv. '' Manriqiie, ann. 1 169, 1; 7, n. 9*
' Gallia Christiana, nov. éd. t. I, C. iSl. ' Gallia Cliristiana, t. 4.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XIX. 21 ~ ~
' An I 167
en 1184, & dont on prétend que les seigneurs de Montaut furent les prin-
cipaux bienfaiteurs. Elle dépend encore aujourd'hui du diocèse de Tou-
louse, £< est située à deux lieues au midi de cette, ville, dans un vallon
agréable, au voisinage de Muret. Les calvinistes la renversèrent de fond en
comble au seizième siècle. Quand à celle de Feuillans, elle est présente-
ment du diocèse de Rieux 8c chef d'une congrégation réformée de l'ordre
de Cîteaux; elle est à la gauche de la Garonne, auprès de la petite rivière de
Louge.
XXIII. — Guerre £• paix entre les comtes de Toulouse ^ de Savoie.
Alphonse, roi d'Aragon, ne se contenta pas d'affaiblir le comte Raimond,
en lui débauchant une partie de ses vassaux, il paroît qu'il lui suscita un
puissant ennemi en la personne du comte de Savoie, qui attaqua ses Etats du
côté du Dauphiné, pays que Raimond possédoit, commeon l'a déjà remarqué,
au nom d'Albéric Taillefer, son fils puîné, qui en devoit épouser l'héritière.
Il est certain du moins que Humbert, comte' de Savoie, entreprit la guerre
vers l'an 1167 contre le comte de Toulouse qui, étant occupé ailleurs, donna
le soin de la soutenir à Alphonse, son frère; que cette guerre dura assez long-
temps; qu'elle fut suivie de beaucoup d'incendies & de meurtres, & qu'enfin
elle fut terminée par un traité que saint Pierre, archevêque de Tarentaise,
nloyenna, suivant l'auteur contemporain de la vie de ce prélat.
XXIV. — Mort trafique de Raimond-Trencavel, vicomte de Béliers,
Carcassonne, &c.
Il y a lieu de croire que Raimond-Trencavel, vicomte de Béziers & de
Carcassonne, rompit de son côté la paix qu'il avoit conclue avec Raimond,
comte de Toulouse, son seigneur, pour se tourner du côté du roi d'Aragon,
son ancien allié. Ce vicomte, après avoir servi en ii65 sous les enseignes de
R.aimond, durant la guerre des Génois contre les Pisans, étant de retour de
cette expédition, permit avec Roger, son fils, au mois d'août de l'an 1166^,
de construire un château au lieu de Cambons, en Albigeois. Il tint un^
plaid à Albi, au mois de février de l'année suivante, la dixième de l'épiscopat
de Guillaume, évêque de cette ville, S<. il condamna les clercs de Sainte-Mar-
tiane à donner, le jour de la fête de cette sainte, le repas ordinaire à ceux de
Saint-Salvi. Enfin Raimond-TrencaveM 81 son fils Roger engagèrent le der-
nier de juillet de la même année 1167, à Miron de Tonnens, pour la somme
de onze mille sols melgoriens, dont cinquante valoient un marc d'argent, le
château de Balaguer, dans le Toulousain, & tout le reste du pays de Cheir-
' Vha. S. Pétri Tarcatasiens'is, ap. AA. Sancto- ' Archives de Saint-Salvi d'Albi. — [Voyez
rum, mai, t. ï, c. 33o. — Voyez tome IV, Note L, tome V, c. 408. J
n. ifi, pp. Z24 à 226. ' Voyez tome VIII, Preuves, n. 4, ce, 271, 272.
' Archives du chapitre de Foix.
An 1 167
28 HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV, XlX.
corb. Ce pays étoit composé de quatorze villages, entre autres de ceux de
Clialabre & de Sainte-Colombe, & nous comprenons par là qu'il s'étendoit
dans la partie méridionale du diocèse moderne de Mirepoix'.
Raimond-Trencavel ne survécut pas longtemps à cet engagement : il
mourut quelques mois après d'une mort funeste, dont un auteur contempo-
rain^ rapporte les circonstances suivantes : « Trencavel, dit cet auteur, après
« avoir servi le roi d'Angleterre dans son expédition de Toulouse, étoit en paix
« lorsqu'il se présenta une occasion d'aller au secours de son neveu attaqué
« par ses ennemis. Il prit les devans avec une partie de ses troupes & donna
« ordre au reste de son armée de le suivre. Les villes de Béziers & de Car-
« cassonne, qui lui étoient soumises, lui fournirent entre autres une nom-
« breuse 8<. vaillante jeunesse. Durant la marche, un bourgeois de Béziers
« prit querelle avec un chevalier & lui enleva un cheval de charge. Le chc-
(( valier, irrité de cette action & animé par tous les autres chevaliers, en porta
« ses plaintes à Trencavel & demanda qu'il lui fît faire léparation de l'injure.
« Le vicomte pour contenter les chevaliers, qui menaçoient de l'abandonner
« s'il ne rendoit justice à leur collègue, leur livra le bourgeois & leur permit
« d'en disposer à leur volonté. Ils le punirent aussitôt d'une peine légère à la
« vérité, mais qui le déshonoroit pour le reste de ses jours. Tous les bourgeois
« de Béziers conçurent un vif ressentiment de cette punition Si résolurent
tt d'en tirer vengeance. Dès que la campagne fut finie & que Trencavel fut
« de retour dans cette ville, ils le supplièrent instamment de leur faire justice
« Sv. de réparer la honte qui rejaillissoit sur tous leurs compatriotes. Le
« vicomte, qui étoit naturellement honnête & civil, leur répondit avec beau-
« coiipde douceur qu'il prendroit là-dessus le conseil des principaux habitans
« èi. qu'il répareroit volontiers un certain jour qu'il leur marqua, ce que la
ivj oriRin. „ nécessité oîi il s'éloit trouvé d'apaiser les chevaliers de son armée l'avoit
I.UliP. tû. ^ ir. •! •••1
« obligé de faire; Si ils parurent satisfaits de cette réponse. Le jour étant
<( venu, le vicomte se rendit dans la cathédrale suivi de sa cour. Il y attendoit
« avec l'évèque les principaux habitans, lorsque ceux-ci parurent armés de
« cuirasses Si de poignards cachés sous leurs habits. Celui qui se prétendoit
« offensé s'avança le premier Si dit à Trencavel : Voici ce malheureux qui est
(1 ennuyé de vivre, parce qu'il ne peut le faire qu'avec honte; dites-nous
« maintenant, mon seigneur, s'il vous plaît, si vous voulez réparer le mal
(I qu'on m'a fait. Le vicomte répondit fort honnêtement 81 plus même que
« sa dignité ne le demandoit : .le suis prêt de m'en tenir là-dessus au conseil
« des seigneurs qui sont ici présens Si à l'arbitrage des citoyens, ainsi que je
« l'ai déjà promis. Vous diriez fort bien, répliqua l'offensé, si notre honte
« pouvoit recevoir quelque réparation; mais comme cela est impossible, elle
« ne peut être lavée que dans votre sang. Aussitôt les conjurés tirent leurs
« armes de dessous leurs habits, se jettent avec fureur sur leur seigneur,
« quelque effort que fît l'évèque pour les en empêcher, 81 l'assassinent cruel-
' Et en pnrtie d'AIet. [A. M.] • Giii!lcliiius Neubrigensis, 1. î, c. ii.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XIX. 29
« lement devant l'autel avec ses amis 8< ses barons'. » Tel est le récit de cet
horrible attentat commis sur la personne de Pvaimond-Trencavel, vicomte de
Béziers, de Carcassonne, de Razès 8c d'Albi, par ses propres sujets. On peut
ajouter plusieurs circonstances omises par l'historien.
1° Nous apprenons de divers monumens l'époque certaine de cet assassinat.
Trencavel, dit une ancienne chronique^ de Nimes,///f tué un dimanche dt
l'an 1167, dans l'église de la Magdeleine de Bé-^iers. On lit les paroles sui-
vantes dans un ancien nécrologe de l'église de Carcassonne : Z? 14^ d'octobn
de l'an 1 167, le martyre de Trencavel, vicomte de Bé-^iers, 6- de ses compagnons
dans l'église de Saint e-Marie-Magdeleine de Bé-^iers. Ainsi ce vicomte fut tué
dans l'église de la Magdeleine de cette ville & non pas dans la cathédrale,
comme l'a avancé l'auteur de qui nous tenons le détail de sa mort. Quant au
jour, il est certain que ce fut le i5 d'octobre Se non pas le 14, ainsi qu'il est
dit dans le nécrologe de Carcassonne, car la mort de ce vicomte est marquée
le i5 d'octobre dans celui de Cassan, au diocèse de Béziers, & cela convient
très-bien avec la chronique de Nimes où il est rapporté qu'il fut tué un
dimanche. Il s'en suit de là qu'on doit rejeter le témoignage d'un autre his-
torien'^, quoique contemporain, qui assure que Trencavel fut assassiné un
dimanche de carême. Du reste, cet auteur confirme que l'attentat fut commis
dans l'église de la Magdeleine de Béziers, en présence de Bernard, évêque
de cette ville, 8c que le vicomte y périt avec plusieurs autres. Il ajoute que
les bourgeois de Béziers avoient fait serment au comte de Toulouse de se
saisir de Trencavel Se de le lui remettre parce qu'il les opprimoit; mais que
ce comte, dans son traité avec eux, n'avoit nullement fait mention de le faire
mourir : circonstance qui prouve que Raimond, comte de Toulouse, 8c ce
vicomte étoient alors ennemis, à cause sans doute que ce dernier s'étoii
déclaré en faveur du roi d'Aragon durant la guerre de Provence. Enfin on
doit aussi rejeter le témoignage de Catel"' qui dit"^ : que Trencavel j'ut tué h
jour de la Magdeleine ; on a, en effet, une charte de ce vicomte datée du
dernier^ de juillet de l'an 1167.
2° Suivant un historien du treizième siècle 8, les habitans de Béziers cas-
sèrent les dents à l'évêque dans cette occasion, parce qu'il voulut les empê-
cher de se jeter sur le vicomte.
3° On ne dit pas le nom du neveu de Trencavel en faveur duquel ce
' Le récit de Guillaume de Neubrige, historien ' Voyez tome V, c. 3o.
contemporain, il est vrai, mais éloigné du théâtre ' Ihid. c. 36.
des événements, présente certains faits peu cxpli- * Gaufridus, prior Vosiensis, Chronicon,
cables. On ne comprend pas trop l'animosité des ' Calel, Mémoires de l histoire du Languedoc
bourgeois contre le vicomte pour une affaire aussi p. 63ç,
légère, & il est probable qu'il faut donner à cet ' ' Ceci est évidemment une faute d'attention di
assassinat une cause beaucoup plus importante. Catel, qui a mal lu la phrase de la chronique dj
Nous sommes sans doute là en présence d'un épi- Nlnies. [A. M.]
sodé des luttes communales qui ensanglantèrent la ' Voyez tome VIII, Preuves, c. 171.
plupart des villes du Languedoc au douzième sic- ' Pierre de Vaux-Cernay, Historiti JUigcnslut»,
de. Voir notamment plus bas ce que rapporte dom c. 16,
V'aissete d'apù* Geoffroy de Vigeois. [A. M.]
An 1 1^7
3o HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANCjUEDOC. LIV. XIX.
vicomte avoit entrepris l'expédition qui donna occasion à sa mort. Il avoit
alors deux neveux qui pouvoient l'avoir appelé à leur secours, savoir : Ber-
.nard-Aton, vicomte de Nimes & d'Agde, fils de son frère Bernard-Aton, &
Gérard ou Guinard, comte de Roussillon, fils de sa sœur Ermengarde. Ce
dernier implora peut-être sa protection contre les enfans que Gausfred, son
père, avoit eus d'un mariage illégitime, St qui lui disputèrent la succession;
mais il est plus vraisemblable que Trencavel fut joindre, en 1167, avec ses
troupes Bernard-Aton, vicomte de Nimes, qui s'étoit engagé sans doute dans
la guerre de Provence en faveur du roi d'Aragon contre le comte de Toulouse.
tî'nitpf'l'à. 4° Enfin un auteur' du temps assure qu'un jeune fils de Trencavel, dont
il ne dit pas le nom, fut assassiné avec lui^.
XXV. — Enfans de Trencavel. — Roger, son fils aîné, lui succède i- se ligue
avec le roi d' Aragon contre le comte de Toulouse.
Trencavel laissa deux autres fils de la comtesse Saure, sa seconde femme.
L'aîné', nommé Roger, qu'un •'' historien moderne suppose mal à propos avoir
été son frère, lui succéda dans tous ses domaines. L'autre, appelé Raimond-
Trencave], ne prit jamais le titre de vicomte, &. il fut simplement apanage.
Il vivoit encore en iiçS"* & 121 15 mais nous ignorons s'il eut des enfans. Le
vicomte Raimond-Trencavel laissa outre cela trois filles, savoir : Cécile qui
avoit épousé depuis l'an ii5i Roger-Bernard, comte de Foix, 8c qu'il avoit
eue d'Adélaïde, sa première femme; Adélaïde & Béatrix qu'il eut de Saure,
la seconde. Adélaïde étoit déjà^ mariée en 1176 avec Sicard, vicomte de Lau-
trec; le vicomte Roger, son frère, lui paya cette année trois mille sols mel-
goriens en déduction de la somme de huit^ mille sols melgoriens qu'il lui
avoit promise. Béatrix se maria aussi dans la suite, &. elle épousa Raimond VI,
comte de Toulouse.
Nous avons parlé ailleurs du testament'^ que Trencavel fit en 11 54, il en fi^
un autre ^, ou plutôt une déclaration verbale durant une maladie qu'il eut peu
de temps avant sa mort. Par cet acte, qui fut rédigé par écrit trois années après,
il institua son fils Roger son héritier universel, & établit Guillaume-Pierre de
Bérens son sénéchal en Albigeois, avec pouvoir de gouverner tout le domaine
qu'il avoit dans le pays, dont il lui donna une partie en fict, entre autres le
lieu de Janes qui lui étoit demeuré de la succession du vicomte de Monclar'^.
■ Lo fait est peu vraisemblable; il n'est indi- ' Voyez tome VIII, ce. 3o8, Sop.
que que par Robert du Mont, & Raimond Tren- <^ Ih'td. c. 3i2.
cavel devait, en i 167, avoir plus de soixante-dix ' Voyez tome III, 1. XXVIII, ri. xxii, p. 792 8c
ans. En outre, tous les actes ne donnent que deux suiv.; tomeV, Chartes & Diplômes, n. CCCCXCIII,
enfants mâles à ce vicomte. Roger II & Raimond c. 1171 & suiv.
Trencavel. [A. M.] s Voyez tome VIII, Chartes, n. II, ce. i66,
' Robertus de Monte, Chronicon, ad ann. 1169. 267.
' Histoire de Béarn, p. 722. '' Ce n'est pas un fief proprement dit; ce n'est à
♦Voyez tome VIII, Chartes, ce. 421,422, & vrai dire que l'attribution temporaire à ce fonc-
ée. 609, 61 I, tionnaire d'une partie des revenus domaniaux de ■
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XIX. 3i "T ~~
An 1 167
Roger avoit environ dix-huit ans lorsqu'il succéda dans les vicomtes de
Béziers, Carcassonne, Albi Se Raz.es, à Raimond-Trencavel, son père. Il
résolut' aussitôt de venger sa mort : il trouva tous les princes voisins égale-
ment indignés de l'assassinat de Trencavel disposés à le seconder, & le pape
déclara les assassins excommuniés. Il implora entre autres le secours d'Al-
phonse, roi d'Aragon; mais comme pour l'obtenir il reconnut ce prince pour
son seigneur, au préjudice de la foi qu'il devoit à Raimond, comte de Tou-
louse, ce dernier, extrêmement irrité de sa démarche, le priva de tous^ ses
domaines 8<. en disposa, le 4 de décembre de l'an 1167, en faveur de Roger-
Bernard, comte de Foix, & de sa femme Cécile, fille de Trencavel , qu'il
reconnut pour seuls héritiers légitimes de ce vicomte. Raimond leur donna en
fief tous les domaines que Roger, frère aîné de Trencavel, possédoit dans le
temps de sa mort, savoir : la ville de Carcassonne & le Carcasses, la ville 81 le
pays de Razès, tout ce qu'il avoit en Albigeois, excepté le château vieux 8c
le faubourg d'Albi, 8c toutes les terres dont il jouissoit dans le Toulousain;
il s'engagea de plus à ne faire ni paix, ni trêve avec Roger 8c les autres fils
de Trencavel, sans la participation 8c le consentement de Cécile, du comte
de Foix, son mari. Se de leurs enfans. Le comte de Foix lui fit ensuite hom-
mage pour tous ces domaines, avec promesse de l'aider contre Roger 8c les
autres enfans de Trencavel, envers tous 8c contre tous, excepté ses propres
vassaux, dont il s'engagea de lui faire justice. Le comte de Toulouse aug-
menta en même temps le Jief de Roger-Bernard 8c lui donna les châteaux
de Parèle 8c d'Alsen, la terre d'Olmes 8c les autres domaines du comté de
Foix, à condition que Roger, fils de ce comte, lui feroit un semblable ser-
ment lorsqu'il en seroit requis. Le traité fut conclu en présence d'Ermen-
garde, vicomtesse de Narbonne, 8c d'Jymeri, son neveu, qui jurèrent au nom
du comte de Toulouse, que ce prince en observeroit fidèlement tous les
articles. On voit par là que si le seigneur de Montpellier 8c le vicomte de
Béziers, embrassèrent le parti du roi d'Aragon, le comte de Foix, la vicom-
tesse de Narbonne 8c Ayraeri , son neveu, demeurèrent dans la fidélité 8c
l'alliance du comte de Toulouse. Cet Aymeri étoit fils aîné^ d'Ermessinde de
Narbonne 8c d'Amalric de Lara, comte de Molina, en Espagne : Ermengarde,
vicomtesse de Narbonne, sa tante, sœur d'Ermessinde, l'avoit adopté 8c le
regardoit comme son héritier présomptif, parce qu'elle n'avoit pas d'enfans,
ni espérance d'en avoir.
Depuis le traité dont nous venons de parler, Roger-Bernard, comte de
Foix, fut étroitement uni avec Raimond, comte de Toulouse; il accorda avec t^iii°''^'"o
Cécile, sa femme, 8c Roger, leur fils'*, divers privilèges en 11 67 à ceux qui
viendroient habiter le bourg de Foix, 8c partagea du conseil de plusieurs de
l'Albigeois. Parmi ces revenus figurent notamment 'Voyez tome VIII, Chartes, n. V, ce. 273,
les leudes & les cautions de la rille d'Albi. 275.
[A. M.] ' Voyez tome VII, Note VI, p. i5.
' Guillelmus Neubrigensis, Rcrum Anglicarum, ^ Archives de l'abbaye de Foix.
I. 2, C. II.
An ii63
32 HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XIX.
ses barons, au mois d'août de l'année suivante, avec Pierre, abbé de Saint-
Vohisien, les droits domaniaux de la ville de Foixj ce pariage subsista depuis
entre leurs successeurs.
XXVI. — Union du comte de Toulouse avec celui de Forcalquier.
Le comte de Toulouse pour fortifier sa ligue contre le roi d'Aragon se
réconcilia & s'unit avec Bertrand, comte de Forcalquier. Leur union paroît
par la donation que le dernier fit à Saint-Gilles en 1 168, étant dans la maison
des hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem, & auprès de l'église de Saint-
Jean-Baptiste, de la ville de Manosque Se de plusieurs autres biens, en faveur
de ces hospitaliers 6c de Gaufred de Brésis, prieur de la maison de l'Hôpital
de Saint-Gilles. Le comte Bertrand marque dans cet acte' que, supposé que
Guillaume de Sabran (son^ neveu), auquel il lègue tout le reste de ses
domaines, ne fût pas content de cette disposition & qu'il vînt à la contredire,
il donne la moitié de ces domaines à Raimond, comte de Toulouse, 8c l'autre
moitié à un autre Guillaume de Sabran, son cousin, &. aux frères de ce der-
nier. Du reste, nous ignorons quelles furent les circonstances de la guerre
de Provence durant l'an 1 1685 on voit seulement que le comte Raimond étoit
dans le Toulousain, au commencement de novembre de cette année, 8c que
s'étant rendu le jour de la Toussaint dans le chapitre de l'abbaye de Grand-
selve, il y confirma^, en présence de toute la communauté, les privilèges que
ses prédécesseurs avoient accordés à ce monastère.
XXVII. — Siège de Bé-^iers par le roi d'Aragon,
Enfin Roger, vicomte de Béziers, ayant disposé toutes choses pour venger
sur les habitans de cette ville la mort de son père, alla à la rencontre"* d'Al-
phonse, roi d'Aragon, qui, dans le dessein de l'aider à tirer cette vengeance,
s'avança dans le pays en 1168 à la tête d'une armée. Après leur jonction ils
mirent le siège devant Béziers. Les habitans, dans la juste crainte qu'on ne
leur fit subir tôt ou tard la peine de leur crime, avoient eu soin de se forti-
fier 8c ils ne négligèrent rien pour faire une vigoureuse défense; en sorte que
le siège traînant en longueur, le roi d'Aragon Se le vicomte Roger, qui déses-
péroient de prendre la place, furent enfin obligés de composer avec eux.
Suivant le traité, le vicomte leur pardonna à certaines conditions qu'il leur
imposa. Cela fait, le roi d'Aragon leva le siège Se se retira^.
' Bouche, Li chorographie ou description ie la 1. 2, c. ii. — Gaufritlus, prior Vosiensis, Chro-
Provence, X. 2, p. 161. nicon, p, jd5.
' Ruffi, Dissertations historiques sur l'origine îles ' Bouche, La chorographie ou description de la
comtes de Forcalquier, &c. Provence, t. 2, p. Io56 & suiv. — Ge:ta comilur.i
' Archives de l'abbaye de Grandselve. Barcinonensiutn, c. 22.
* GuillelinuJ Neubrigensis, Rerum Anglicarum,
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XIX. 33
XXVIII. — Le roi d'Aragon cède la Provence à Pierre, son frère, qui prend
le nom de Raimond-Bèrenger £■ qni lui cède à son tour le comté de Car~
cassonnCf (/c
Le roi d'Aragon voulant retourner dans ses Etats pourvut, avant son
départ, au mois de décembre de la même année, au gouvernement de Pro-
vence, qu'il confia à R.aimond-Bérenger, son frère, auquel il donna le comté
de ce pays en commende pour le tenir sous ses ordres, à son service, 8v sous sa
fidélité, tant qu'il jugeroit à propos, & à condition de le lui rendre lorsqu'il
en seroit requis. II ajouta dans l'acte que si Raimond-Bérenger se trouvoit
forcé de faire hommage de ce comté à l'empereur Frédéric, il ne le possédc-
roit pas néanmoins héréditairement & qu'après sa mort il lui reviendroit ou
à celui de ses fils qui auroit le comté de Barcelone. Alphonse se réserva en
même temps le domaine direct des châteaux de Tarascon S<. d'Albaron, Se la
moitié de la monnoie de Provence, avec le pouvoir 8i l'autorité, lorsqu'il seroit
en personne dans la province, d'y commander absolument comme seigneur.
11 donna sous les mêmes conditions au même Raimond-Bérenger, son frère,
les comtés de Rode-{ (y de Cévaudan pour les posséder & les tenir de lui
pendant sa vie, supposé que ce prince fît hommage à l'empereur pour le
comté de Provence; en ce cas il se réserve la ville de Millau 8c la même
autorité, lorsqu'il seroit présent, qu'il s'étoit réservée sur la Provence. Rai-
mond-Bérenger fît ensuite hommage S< prêta serment de fidélité au roi, son
frère, pour tous ces domaines, 6- lui céda en échange, tant qu'il posséderait le
comté de Provence, tout son héritage 6- tous les biens qui lui étaient échus en
partage, quelque part qu'ils fussent situés.
On pourroit objecter contre cet acte qu'il ne paroît pas que Raimond-
Bérenger quatrième du nom, comte de Barcelone, & père d'Alphonse, roi
d'Aragon, ait eu un fîls nommé Raimond-Bérenger, car il ne fait mention
dans sa dernière disposition ' que de Pierre Se de Sanche, ses fils puînés, dont
le premier eut en partage le comté de Carcassonne &. les autres domaines
qu'il prétendoit en Languedoc. Mais on ne sauroit douter qu'Alphonse*, roi Éd. nrigin.
d'Aragon, n'ait eu un frère appelé Raimond-Bérenger, qui se qualifia comte
ou marquis de Provence jusqu'à sa mort, arrivée en ii8i. Ainsi Pierre, fils
puîné de Pvaimond-Bérenger IV, comte de Barcelone, aura changé^ son nom
Se pris celui de Raimond-Bérenger, après la mort de Raimond-Bérenger, son
cousin, comte de Provence, à l'exemple du^ roi, son frère, qui quitta le nom
de Raimond qu'il avoit reçu au baptême pour prendre celui d'Alphonse. Il
s'ensuit de là : i" Que Pierre ou Raimond-Bérenger céda, en ii68, au roi
Alphonse, son frère, en échange du comté de Provence, ceux de Cerdagne
■ Voy«z tome III, I.XVIII, n. LUI, p. 828 & suiv. 'Bouche, La chorograpltic ou Hecriptloa Je la
' Marca Hiipanica, c. 5l5. — Ruffi, Comtes Je Provence, pp. |3| & 149.
Provence, p. 5z. — Bouche, La chorégraphie ou ' Voyez tome III, I, XVIII, n. lui, p. 8:8 Si
Hes.riflion .le If. Provence, p. iSl, juiv.
t. m. p.
An 11 53
34 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XIX.
& de Carcassonne &t les autres domaines de Languedoc que le comte, leur
père, lui avoit donnés en partage. 2° Que le même Alphonse acquit par cet
échange la suzeraineté que sa maison prétendoit sur les pays de Carcassonne
& de Razès, & non par la mort de Pierre, son frère, ainsi que le suppose
un historien' d'Aragon, qui a ignoré que Pierre, frère d'Alphonse, est le
même que Raimond-Bérenger, à qui ce prince céda le comté de Provence en
échange de ces domaines.
XXIX. — Le vicomte Roger, paisible possesseur de ses domaines sous l'autorité
du roi d'Aragon.
Alphonse, roi d'Aragon, fut depuis étroitement uni avec Pv.oger, vicomte de
Béziers 5c de Carcassonne, qui, sous sa protection, jouit paisiblement des
domaines qui avoient appartenu au vicomte Raimond-Trencavel, son père,
nonobstant la donation que Raimond V, comte de Toulouse, en avoit faite
à Roger-Bernard, comte de Foix, Le vicomte de Béziers^ reçut en effet, au
mois de mars de l'an 1168, l'hommage du seigneur du château de Vinassan,
au diocèse de Narbonne, Jk l'année suivante celui des seigneurs de Clermont,
dans le Lauragais. Il possédoit vers le même temps avec Pierre, vicomte de
Minerve, le château de Peyriac, dans le Minervois. L'on voit encore une
charte 3 du 17 de novembre de l'an 1168, dans la date de laquelle il est
marqué que Roger de Bé-^lers dominoit sur la ville de Carcassonne, Roger
Pelapoul, qui étoit malade, se donna par cette charte pour frère vivant 6*
mort à l'abbaye de Fontfroide, avec la moitié des biens dont il avoit hérité
de Guillaume, son frère.
XXX. — Négociations avec le roi d'Angleterre touchant le comté de Toulouse,
Pendant la trêve qui avoit été conclue entre les rois de France 8c d'Anole-
terre, 8c dont le terme devoit expirer à la fête de Pâques de l'an 1 168, Henri"*,
comte de Champagne 8c Philippe, comte de Flandres, négocièrent la paix à
Soissons entre ces deux princes. Il fut arrêté que le roi d'Angleterre donne-
roit le duché de Guienne à Richard, son second fils, 8c que ce jeune prince
épouseroit une fille du roi de France; mais on ne fit aucune mention ^ du
comté de Toulouse. Peut-être que le roi d'Angleterre fit traiter séparément
sa paix avec le comte Raimond par Jean de Salisbery, qui fit un vovao-e à
Saint-Gilles, à la mi-carême de l'an 1168. Quoi qu'il en soit, ce projet n'eut
pas lieu, parce que le roi d'Angleterre ayant recommencé les hostilités avant
l'expiration de la trêve, celui de France ne voulut plus entendre parler de
paix. Les comtes de Champagne &c de Flandres renouèrent cependant la négo-
ciation pendant l'octave de Pâques; 8c Henri II, roi d'Angleterre, offrit d'ac-
■ Zurita, jinales delà corona de jinigon,!. 2, c. 25. ^ Joliannes Saiis'uerier.sis, EpUtoUe, n. 284.
' Cartulaire du château de Foix. Robortus de Monte, Chronlcon, ad ann. 1 iC3.
' Archives de l'abinyo de Fontfroide, » Joh.innes Sarisb»r!cn«is, ut supra.
An 1 169
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XIX. 33 "~ ~7
An I io3
cepter les articles arrêtés à Soissons. Les grands du royaume de France lui
déclarèrent alors que le roi ne vouloir plus consentir au mariage proposé
entre sa fille & le prince Richard 8c que si ce dernier, à qui le roi Henri, son
père, devoit donner le duché de Guienne en partage, vouloit faire valoir ses
prétentions sur le comté de Toulouse, le roi de France en seroit le juge avec
sa cour. On convint que les deux rois auroient là-dessus une entrevue le
dimanche d'après l'Ascension; mais Henri ayant continué les hostilités, il n'y
eut encore rien de fait. Ces deux princes convinrent ensuite d'une trêve jus-
qu'à la Saint-Jean-Baptiste, & ils eurent ce jour-là une conférence à la Ferté-
Bernard j mais ils se séparèrent de nouveau sans rien conclure, & on reprit les
armes de part 8c d'autre. Les négociations recommencèrent pendant l'Avent
8c on convint enfin de la paix à l'Epiphanie ' de l'année suivante. Richard fit
alors hommage au roi pour le duché de Guienne.
XXXL — Nouvelle expédition du roi Louis le Jeune contre le vicomte
de Polignac.
Après la conclusion de cette paix, le roi Louis le Jeune retourna en Au-
vergne 8c en Vêlai ^, afin de punir la témérité de quelques seigneurs, entre
autres de Pons, vicomte de Polignac qui, malgré les promesses les plus solen-
nelles, vexoit toujours l'église du Puy 8c les autres églises de l'Auvergne 8c
du Vêlai. Louis assiéçrea d'abord sur ce vicomte le château de Nonnette, place i^d-orifiin.
• 1 T • ¥1 • • • t. m, p. 2 2,
forte située aux environs de Brioude. Il poussoit vivement le siège de ce châ-
teau lorsque Pons, se voyant hors d'état de résister, vint se jeter ^ à ses pieds
avec son fils Héracle, 8c lui déclarer qu'ils s'en rapportoient entièrement à sa
décision 8c à celle de sa cour touchant leurs différends avec l'évêque du Puy,
avec offre pour la sûreté de leurs promesses de se remettre prisonniers entre
ses mains. Ce prélat, nommé Pierre, qui étoit présent, ayant consenti de son
côté à la médiation du roi, ce prince leva le siège 8c alla au"* Puy, où il fit
ses dévotions dans l'église de Notre-Dame. Il passa à son retour par Mont-
brison, en Forez, avec Pons, vicomte de Polignac, 8c Héracle, son fils, qu'il
emmena prisonniers à Paris.
XXXII. — Ce vicomte termine ses différends avec l'évêque du Puy,
Pierre, évêque du Puy, s'étant rendu ensuite à la Cour, se présenta devant
le roi, 8c là, en présence du vicomte de Polignac qui fut appelé au conseil, il
proposa '' au nom de son église tous les griefs qu'il avoit contre ce vicomte, 8c
en demanda la réparation. Pons n'osa nier les faits, 8c le roi ayant pris l'avis
de son conseil, Thibaud, comte de Blois, prononça la sentence. Il condamna
' Robertiis de Monte, Chronicon, ad ann i iû8. * Pérard, Recueil d'actes^ p. 586. — Voyez t. VII,
' Voyez tome VII, Note III, p. 8. Note III, p. 8.
' Baluze, Histoire généalogique Je U maison i'Au- '' Baluze, Histoire généalogique Je la maison J'Au-
vergn-, t. 2, p. 6'). vergne, t. 2, p. 66.
An I ^(l)
36 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XIX.
le vicomte à réparer tous les dommages qu'il avoit causés à l'église du Puy 8<
à subir les peines auxquelles il s'étoit soumis par les dittérens traités que lui
8< son père avoient conclus auparavant avec les èvêques du Puy, en cas qu'il
vînt à les violer & dont il n'avoit gardé aucun. 11 le condamna de plus à
restituera l'évêque tout ce que lui 8c ses gens avoient levé du péage depuis
l'accord qu'ils avoient fait à Souvigni, en présence & par la médiation du roi.
L'évêque fut chargé de son coté de dédommager tous les particuliers qui
avoient payé injustement le péage. Quant à l'oftense que le vicomte avoit
faite au roi par sa conduite, il tut dit que tous ses fiets demeureroient confis-
qués au profit de ce prince. Enfin on donna ordre au vicomte Pons de
demeurer au pouvoir du roi jusqu'à ce qu'il eût satisfait à tous ces articles.
Il paroît que ce prince lui accorda quelque temps après la liberté pour lui
donner moyen de remplir ses engagemens, car nous avons une lettre' de
Pons, vicomte de Polignac, au roi Louis le Jeune, qu'il appelle son père &
son seigneur, dans laquelle il lui marque qu'il avoit fait tout son possible
pour satisfaire aux articles qu'il lui avoit promis d'exécuter, de même qu'au
comte Raimond S<. au comte Thibaud, qu'il avoit remis sept chevaliers en
otage entre les mains de l'abbé de Seguret, ainsi qu'il le lui avoit ordonné;
mais qu'il ne lui avoit pas été possible de remettre les six fils de gentils-
hommes, parce qu'ils avoient été nommés par le conseil de ses ennemis; que
lieux d'entre eux, qui étoient ses parens, n'étoient pas ses vassaux; que deux
autres étoient au berceau Se que les deux derniers étant prêts à partir, les
ecclésiastiques du Puy, ses ennemis, avoient détourné leurs parens de les
laisser aller, sous prétexte qu'ils ne les reverroient plus. Enfin le vicomte
Pons prie le roi de l'excuser là-dessus, avec promesse cependant de se repré-
senter au jour marqué & d'amener avec lui tous ces jeunes gentilshommes
ou d'autres en leur place. Il paroît par cette lettre que Pvaimond, comte de
Toulouse, étoit alors à la cour du roi Louis le Jeune & qu'il fut un des juges
du différend entre l'évêque du Puy & le vicomte de Polignac.
Ce vicomte- n'ayant pu satisfaire à tous ses engagemens se remit en prison
8c y demeura longtemps avec son fils Héracle; ils ne recouvrèrent en effet
leur liberté qu'en 1171, après être convenus à Paris d'un nouvel accord avec
l'évêque du Puy, par la médiation de Thibaud, comte de Blois, & de Mau-
rice, évêque de Paris. Par ce traité l'évêque du Puy se désista d'une partie des
articles qui lui avoient été adjugés par la sentence définitive de l'an 1169. Le
vicomte & son fils promirent de leur côté de ne plus exiger aucun péage sur
les grands chemins Si remirent à l'évêque l(5ut le droit qu'ils avoient sur ki
monnoie du Puy, la leitde S<. les autres droits qu'ils levoient dans cette ville.
Ils lui remirent de plus tout le domaine qu'ils avoient à Saint-Paulhan avec
permission à ce prélat d'en rebâtir le château, de même que ceux de Cas-
telnau 81 de Chamel, qui avoient été détruits durant la guerre. Ms cédèrent
' Diichesne, Tl'tstoriae Frtincortim Script, t. 4, ' ia]uzf. Histoire généalogique i!el.t maison J'Aa-
p. 716. vcrgne, t. 2, p. 67 & Siiiv,
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XIX. 87 "777^
encore à l'évêque les quatre châteaux de Ceissac, d'Ainac, de Saint-Quentin
S< de Senculh, Sv quelques autres domaines. Ils promirent de ne faire jamais (''',''i-,'"''^'r3_
aucune acquisition dans les domaines de l'église du Puy, de ne plus rien
exio-er que de juste Se de légitime sur les terres de cette église & de taire
observer dans le diocèse la paix que l'évêque y établiroit. Ils renoncèrent à
l'hommage qu'ils avoient exigé des vassaux de l'église du Puy, entre autres
de Guillaume-Jourdain & de Guillaume de Saint-Didier, & s'engagèrent k
réparer les dommages que le prévôt de Brioude, le frère du vicomte, Pons de
Arlenc, son neveu, & leurs associés avoient causés à l'évêque. Le vicomte
Pons fit serment sur les saintes reliques d'observer ces articles, & son fils
Héracle fit un pareil serment devant le roi, qui voulut bien se rendre garant
envers l'évêque. Il s'engagea enfin de faire approuver ce traité par le pape 8<.
de donner pour ses cautions le comte de Saint-Gilles ou de Toulouse, les
comtes d'Auvergne, l'évêque de Clermont Se ses chevaliers 8c vassaux.
Pons, se voyant dépouillé de la plupart de ses domaines par ce traité, en
traîna l'exécution en longueur; en sorte que Pierre, évêque du Puy, pré-
vovant qu'il n'auroit jamais la paix avec lui s'il ne se relâchoit d'une partie
de ses prétentions, consentit à une nouvelle transaction qui tut moyennée
par Robert, évêque de Viviers, élu archevêque de Vienne, & Pierre, évêque
de Clermont. Ces deux prélats rendirent, en iiyS, une sentence arbitrale'
qui contient les articles suivans ; 1° L'évêque du Puy est condamné à rendre
{k à donner en fief à Pons, vicomte de Polignac, la moitié de la monnoie, de
l.i leude Se des autres domaines de la ville du Puy, qu'il avoit obtenus par
la sentence précédente de l'an 1171, l'autre moitié doit demeurer à l'évêque.
2° Ce dernier est aussi condamné à rendre au vicomte S<. à lui donner en fiet
deux des quatre châteaux qui lui avoient été adjugés par la même sentence,
savoir : ceux de Ceissac 8< d'.Ainac, & de lui rendre les deux autres châteaux
de Saint-Quentin S< de Seneulh, sans aucune condition. 3° 11 est dit t|ue le
vicomte restituera tout ce qu'il avoit acquis dans le domaine de Beaumont.
40 Que l'évêque S<. le vicomte ne pourront acquérir dans la suite aucune sei-
gneurie dans les châteaux, dont chacun d'eux possédoit déjà une partie; qu'ils
ne pourront non plus bâtir aucune forteresse, ni exiger aucuns droits dans
les domaines l'un de l'autre; il leur est permis cependant de rebâtir le châ-
teau de Saint-Paulhan S< les autres qui avoient été détruits durant la guerre.
5° Enfin il est ordonné que sur treize deniers de péage qu'on levoit par {de
trosello) trousseau dans la ville du Puy, l'évêque en auroit cinq, son chapitre
trois. Se que le vicomte tiendroit les autres cinq en fief de l'évêque. On régla
ensuite la manière de lever ce péage, dont les bourgeois du Puy étoient
exempts, Si on fit défense d'en lever d'autres dans les limites prescrites dans
l'acte. Le vicomte Pons^ jura l'observation de ce nouvel accord avec ses trois
fils, Héracle, Etienne de Pvochesavine 8< Hugues, chanoine de Brioude, Se
' Voyez tome VIII, Chartes, n. XVI, c. 296. ' Baliize, Hntoire ginéaU^iiluc AcU mai.'vn d'Aw
vcrgne, t, 2, p. 63.
'- — 38 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XIX.
An ) i6p ^
un grand nombre de chevaliers; & le roi Louis le Jeune l'autorisa la même
année iiyS par une charte datée de Fontainebleau : ainsi la tranquillité fut
enfin rendue au Vêlai après une longue suite de guerres qui l'avoient entiè-
rement désolé.
XXXÎII. — Nouvelle conférence du comte de Toulouse avec le roi d'Angleterre.
La paix qui avoit été conclue entre le roi Louis le Jeune Si Henri, roi
d'Angleterre, ne termina pas les différends de ce dernier avec Raimond,
comte de Toulouse. Mais les deux rois ayant eu' une nouvelle conférence à
Saint-Denis, le i6 de novembre de l'an 1169, Henri, qui avoit besoin de
Louis pour sa réconciliation avec Thomas, archevêque de Cantorbéri, promit
à ce prince, qui prenoit beaucoup de part à ces différends, de lui donner son
fils Riclïard pour le faire élever à sa cour, & d'entrer incessamment en confé-
rence à Tours avec Raimond pour moyenner la paix de ce comte avec Richard,
nouveau duc d'Aquitaine, au sujet du comté de Toulouse. Ceci est rapporté-
dans une lettre qui fut écrite alors à l'archevêque de Cantorbéri, où l'on
marque à ce prélat que, comme il n'y avoit aucun fond à faire sur les pro-
messes du roi d'Angleterre, il étoit fort douteux si cette conférence de Tours
se tiendroit. Nous n'avons d'ailleurs aucune preuve qu'elle ait été tenue;
mais quoique la paix entre le roi d'Angleterre & le comte de Toulouse n'ait
été conclue que quelques années après, il paroît qu'ils suspendirent jus-
qu'alors les hostilités de part & d'autre.
^Ed.orighi. Raimond fit cependant un voyage dans le bas Languedoc en 1169 8v reçut
alors, à Uzès^, l'hommage de Galburge &. de Hugues d'Ussel, son fils, pour
les châteaux d'Ussel, de Saint-Laurent 8c de la Roche, en présence de Rai-
mond, évêque d'Uzès 6- de Bermond d'U-^ès, son frère. 11 profita de la sus-
pension d'armes avec l'Angleterre pour punir la félonie de Roger, vicomte
de Carcassonne & de Béziers, son vassal, à qui il déclara la guerre, comme il
paroît par le récit qu'un ancien historien'* nous a laissé, de la manière dont
ce vicomte se vengea sur les habitans de Béziers de la mort de Trencavel,
son père.
XXXIV. — Surprise de Bé-^ïcrs par les troupes du roï d'Aragon. — Massacre
des hahitans de cette ville,
Roger fui excité à tirer vengeance de cette mort par le reproche que lui fit
un jour un de ses courtisans d'avoir vendu le sang de son père à ces habi-
tans. Il résolut aussitôt de les punir d'ime manière éclatante Se, quoi qu'il
leur eût déjà pardonné, il crut n'être pas obligé de garder sa parole à des
' Epist. S, Thomae Cantuarlcnsis, 1. 3, cp'ist. J. 3i4) origin. Voir Teiilet, Layettes, t. i, p. çd
<Ji. L'acte est de janvier i 170 (v. st.).]
thU. ■• GiiilIeliTius Neubrigentis, Rerum Angllc.:rum,
^ Trésor desChartes; Toulouse, sac 7, n. 6. [Auj. 1. 2, c.
I I.
niSTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XIX. 3ç, ^_^^_^^
perfides. Il eut recours au roi d'Aragon qui lui fournit un corps considérable
de troupes, sous prétexte de la guerre que le vicomte avoït à soutenir contre
le comte de Toulouse. Pour ne pas donner toutefois de l'ombrage aux habi-
tans de Béziers, Roger fit courir le bruit qu'étant informé que ce comte médi-
toit une prochaine irruption dans ses domaines, il étoit obligé de s'appuyer
de la protection du roi d'Aragon. Il se rendit ensuite à Béziers vers la fin ' de
l'an 1169 5c pria les habitans de loger en passant les Aragonois qui^venoient
à son service & de leur fournir des vivres. Les Aragonois de leur côté, pour
ôtcr tout soupçon, se partagèrent par bandes S< arrivèrent ainsi successivement
à Béziers, où ils logèrent chez les bourgeois. Dès qu'ils se virent assez forts
dans la ville, ils prennent tous les armes à un certain signal dont ils étoient
convenus, font main basse sur une partie des habitans, pendent les autres à
des potences, & leur font payer ainsi la juste peine de leur crime. On ne fit
quartier qu'aux juifs, qui apparemment n'avoient pas trempé leurs mains
dans le sang de Trencavel, aux femmes Si aux filles, que les soldats du roi
d'.\ragon épousèrent ensuite pour repeupler la ville. Il est fait mention de
cet événement tragique dans un^ acte de l'an 11 70, suivant lequel « le i^n\\-jo
« vicomte Roger, peu de temps après qu'il eut recouvré par le secours du
« roi d'Aragon la ville de Béziers, que les meurtriers de son père avoient
« occupée pendant longtemps, 8t qu'il y eut fait son entrée avec Bernard qui
« en étoit évêque, imposa avec ce prélat sur tous les nouveaux habitans, une
« redevance annuelle de trois livres de poivre par famille pour se dédom-
« mager des grandes dépenses qu'ils avoient faite-s pour la recouvrer.
XXX.V. — Évêques de Bé-^iers. — Templiers i- hospitaliers de cette ville.
Bernard, évêque de Béziers, assembla ■♦ quelque temps après le vicomte
Roger 8c les chevaliers du pays. Pour concourir, autant qu'il étoit en lui, ?.u
rétablissement de la tranquillité publique, après les guerres &» les périls qu'on
venoit d'essuyét, il leur fit jurer d'olîserver la paix, surtout à l'égard des reli-
gieux, des clercs, des paysans, des pêcheurs, des chasseurs, des malades, des
voyageurs, de ceux qui marclioient sans armes, 8cc. jusques au prochain
dimanche avant l'Ascension. Il enjoignit à son archidiacre de faire publier
cette ordonnance &c défendit de célébrer l'office divin dans les paroisses des
seigneurs qui refuseroient de s'y soumettre. Il confirma enfin la trêve de
Dieu en faveur de tous ceux qui scroicnt trouvés sans armes depuis le jeudi
au soleil couchant, jusqu'au soleil levant du lundi suivant. Ce prélat^, qu'on
dit de la maison de Lunel 8c fils d'une Guillelmette de Montpellier, avoit
succédé, dès l'an 1167, à Guillaume. Il fut arbitre'' en 1170, avec Gaucclin,
' Rotertiis de Monte, Chron'uon. p. 6S & suiv. — GalUd Ch/nùsnii, t. 2, p. -|i'^.
' GuilUlmus Neubrigensis, Rcrum Anglicarum, '' Voyez tome VIIT, Chartes, n. VI, c. a/fj.
1.2, cil. — Gaiifridus, prier Vosicnsis, C/ironi- 'Andoqiie, Calcxlcç^us des cyèijucs du Ili\i:rs,
con, p. 3i5. • p. 63 & suiv. — Gallia Chr'istiana, t. 2, p. 416.
' Andoque, Catalogue des évi^ucs de Béi'icrs, « Archives du château de Foix, caisse 12.
An
1 170
40
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XIX.
évêque de Lodève, Guillaume de Poitiers, Bernard-Rainiond de Capendu
8i Piene-Raiinond de Montpeyroux, des différends qui s'étoient élevés entre
Pierre-Raimond, fils de Bérenger de Béziers, & Ermessinde de Vias, sa mère,
touchant les châteaux de Vias au diocèse d'Agde, Si de Villeneuve au diocèse
de Béziers.
Il est fait mention du même Bernard, évcque de Béziers, en divers monu-
mens de son église, dans laquelle il établit' un trentin pour tous les cha-
noines qui viendroient à décéder. Arnaud^ de Maureillan engagea au mois
d'avril de l'an 1174 entre ses mains, pour mille sols melgoriens, dont qua-
rante-huit valoient un marc, à Bernard de Narbonne, camérier de la cathé-
drale de Béziers, en présence de Guillaume-Bernard, abbé de Saint-Jacques,
t.''ui?nf"\ '•''^ Bérenger de Béziers, Sic, tous les droits qu'il avoit au faubourg de cette
ville, 81 qu'il tenoit en fief du même camérier : « à la réserve du loyer 81 de
« l'acapte des maisons qui lui étoient échues par la trahison de Béziers. »
On voit encore par une autre charte^ de la même année que les biens de
ceux qui avoient pris part au meurtre du vicomte Trencavel avoient été con-
fisqués par un décret du vicomte Roger, son fils. Ce prélat 81 les chanoines
de son église s'accordèrent '* en 1180 avec Guillaume-Raimond, prieur de
l'hôpital de Jérusalem de Béziers, Pierre-Bernard, Jean de Rossignol Si. les
autres frères du même hôpital, par l'entremise de Raimond-l'Écrivain, prieur
de l'hôpital de Capestang, 81 de Bernard de Calvet, prieur de l'hôpital de
Goudargues, en présence d'Alfaric de Saint-Nazaire 81 de Jarenton de Balfre,
frères de l'hôpital de Jérusalem, Il donna'' la même année, avec ses chanoines,
aux frères de la milice du temple de Jérusalem, de la maison de Sainte-pAi-
lalie de Béziers, 81 k frère Bernard d'Escafré, procureur de cette milice,
l'église paroissiale de Saint-Martin de Ubertas, en présence de Guiraud de
Salivo, commandeur de Pézénas, d'Artaud de l'Espinace, commandeur de
Peyriès, au diocèse de Narbonne, de Pierre de Firac, d'Etienne 81 de Pierre
de Rodez, S< de quelques autres frères de la même milice. Enfin il vécut en
bonne intelligence avec le vicomte Roger, 81 ils donnèrent de concert en fief,
en 1170*^, 1174^ 81 1180, le tabellionage de Béziers, avec pouvoir à celui qui
le prit d'écrire tous les actes publics.
' Cartulnire de la cathédrale de Béziers.
' Martènc, Tkaanrus anecdolorum, t. i , p. otj.
'Andoque, Catalogue des crépues ,{c Bè:^'tcrs ,
p. 69.
■• Cartulaire de la cathédrale de Béziers.
' Ibii. [Voir t. V, c. i^lo, n"- 82, 8?..]
" Andoque, Catalogue des évé(jues de Béliers,
p. r>8. — Voyez toms VIII, Chartes, n. XXXIII,
c. 348.
' On peut voir cette charte au to:r,e VITI de la
présente cdiiion, c. jci, n. 18. La charge de no-
taire de Béziers y est traitée coinme une censivcj
le tenancier paye un acapte de cent sous & doit
donner annuellement à l'évéque six livres de poi-
vre à la Noël. Cette inféodation tut .ipprouvé»
par le vicomte Roger qui servit de témoin. Remar-
quons en passant que l'évéque de Béziers Bernard
& le vicomte Roger II ne vécurent pas toujours
en aussi bonne intelligence que le suppose dom
Vaissete. En avril 1 180 ce dernier renonça à tou-
tes les prétentions qu'il élevait sur le notariat de
cette ville (t. A'III, n. .Ip, c. 347); il reconnut
qu'il ne pouvait seul disposer de cet office & que
le consentement de l'évéque lui était nécessaire.
Quant à la seconde concession du tabellionat
faite en 1180 à Bernard Cota, & rapportée par
dom Vaisseie (t. VIII, n. 40, ce. 348 à 3.5o}, elle
fut un résultat de la grande révolte de 1167;
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XIX. 41 . . ,
' An I I y O
r
I
XXXVI. — Voyage dit roi d'Angleterre en Qtiercî. — Evêques de Viviers.
Quoique Raimond, comte de Toulouse, & Henri, roi d'Angleterre, eussent
suspendu les hostilités, ils se tenoient cependant en garde l'un contre l'autre.
En effet, le dernier ayant entrepris, vers la fin de l'an 1170, un voyage h
Notre-Dame de Rocamadour, en Querci, dans le domaine de l'autre, il fit
ce pèlerinage en corps d'armée & prêt à combattre, parce qu'il étoit au voi-
sinage du pays de ses ennemis , suivant le témoignage d'un historien ' du
temps. Cet auteur ajoute qu'Henri ne causa cependant aucun dommage dans
le Querci; qu'il témoigna au contraire beaucoup de bienveillance aux habi-
ta ns, & qu'il distribua de grandes aumônes aux pauvres.
Raimond, étant toujours uni avec l'empereur Frédéric, l'alla joindre
en II 70 aux environs du Rhône, & ce fut en sa présence que ce prince con-
firma*, par un diplôme, une donation qui avoit été faite à l'hôpital de Saint-
Jean de Jérusalem, du consentement de Raimond, évêque de Viviers. Cc^
prélat, qui éioit de la maison d'Uzès, mourut peu de temps après; car Robert,
surnommé d'Albert, son successeur, étoit dans la première année de son épis-
copat, le 2 de novembre de l'an 1171. Robert passa bientôt après à l'arche- "71717-7
vêché devienne, dont il étoit déjà"* élu archevêque en 1173. Nicolas lui
succéda dans l'évêchc de Viviers.
XXXVn. — Légation du cardinal Hyacinthe dans la Province. — Démêlés
du vicomte Roger avec l'abhaye de Saint-Pons.
L'union du comte de Toulouse avec l'empereur est une preuve que le pre-
mier étoit toujours favorable à l'antipape 8c au schisme. Ce fut peut-être pour
le ramener à son obédience que le pape Alexandre HI envoya le cardinal
Hvacinthe, son légat, dans la Province. Nous savons du moins que ce car-
dinal exerçoit cettP '^-gation à Montpellier en 1171 Se qu'il"' fut présent avec
Raimond des Arènes, aussi cardinal, Pons, archevêque de Narbonnc, Ber-
nard, évê([ue de Béziers, 8< Guillaume, abbé de Saint-Thibéry, à la décision
d'un différend qu'avoit alors Bernard, abbé de Saint-Guillcm du Désert. 11
est encore fait mention dans un autre monument'' du cardinal Hvacinthe
soupçonné de trahison, le not.iire a perdu sa ' Baluze, portefeuille de Viviers, n. 3. [-^rnio;Vir/,
ch.irge qui .1 fté donné» à un .lutre; elle lui est v. 19.]
rendue, & la concession de 1174, faite à Bernard ' Columbi, Vivariemes cplscopi, p. 2ir & se^.
de Canssinojouls, est annulée. Seulement cette * B;i\\ize, Histoire généalogique dr la maison J'Àu-
restitution coûte à Bernard Cota mille sous de vergne, t. 2, p. 68. — Voyez tome VIII, Chartes,
Melgi:eil, que le vicomte reçoit à cause de ses be- n. XVI, c. 297.
soins d'argent, mais qui ne lui sont point dus ' Gallia Chriitiana, nov. ei.t, 6, Imtrum. p. i83.
(c. 349). Cette concession nouvelle fut approuvée ' Voyez tome VIII, Chartes, n. LXV, c. 435.
à son tour par l'évéque, qui scella l'acte en même — C'est un acte de 1 19,5 par lequel les seigneurs
temps que le vicomte. [A. M.] de Sallèles réclament un jardin engagé par eux à
' Robertus de Monte, Chronicon, p. 790 & seq. l'église de ce village. [A. M.]
*- 42 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC, LIV. YAX.
An 1171 '
qui, étant à Naibonne, avoit fait un décret pour défendre aux églises d'en-
gager leurs biens à des étrangers.
L'archevêque de Narbonne, l'évêque de Béziers, Guillaume', évèque d'Albi,
les archidiacres de Narbonne 8<. de Carcassonne, & huit chevaliers ou sei-
gneurs séculiers, terminèrent en qualité d'arbitres, au commencement de
l'an 1171, un autre différend qui s'étoit élevé entre Roger, vicomte de Béziers
Si de Carcassonne, & Raimond, abbé de Saint-Pons de Thomières. Cet abbé
se plaignoit de ce que le vicomte avoit détruit & pillé son monastère durant
la guerre, 8<. de ce qu'il en avoit exigé la somme de trente mille sols m^elgo-
riens. Le vicomte se plaignoit de son côté de ce que l'abbé avoit fait cons-
truire le château de la Salvetat au voisinage de ses terres, sans son consente-
uiiup!"'6. ment & contre la volonté de son père. Suivant la sentence arbitrale, ils se
pardonnèrent réciproquement, &i le vicomte consentit que l'abbaye de Saint-
Pons jouît à l'avenir sans contradiction du château de la Salvetat, qu'il promit
de prendre sous sa protection, à condition que l'abbé lui feroit tous les ans,
8< à ses successeurs, une albergue de cinquante chevaliers, ou lui donneroit à
son choix cinquante sols melgoriens. L'abbé donna de plus au vicomte la
somme de deux mille sols melgoriens & lui céda les autres fiefs qu'il possédoit
dans le domaine de l'abbaye. Enfin le vicomte consentit qu'on rétablît le
monastère de Saint-Pons^ & qu'on l'enfermât de murailles. On trouve ici l'ori-
gine de la ville de Saint-Pons &; de celle de la Salvetat, située aujourd'hui
dans le même, diocèse, sur la rivière d'Agout, vers les frontières du diocèse de
Castres. L'acte est daté du lundi quatrième de janvier de l'an 1171, & prouve
qu'on ne comptoit pas toujours alors également le commencement de l'année
depuis Pâques.
XXXVIIT. — Raimond, comte de Toulouse, confirme les privilèges des églises
de Cavaillon C" d'Àlhi. — Sceau de ce prince.
Le comte de Toulouse passa une grande partie de cette année aux environs
du Pvhône, peut-être pour y continuer la guerre contre le roi d'Aragon. Il
confirma à Cavaillon'', au mois de mai, par son autorité présidiale ou comtale,
k l'évêque & à l'église de cette ville, la possession des moulins qu'ils avoient
sur la Durance, avec permission d'en construire de nouveaux St de détourner
même cette rivière par divers canaux, depuis le château de la Roche jusques
au territoire de Caumont; il leur donna de plus le péage sur la Durance.
Géraud d'Ami, Pierre de Caderousse & plusieurs autres seigneurs provençaux,
ses vassaux, furent présens à cette concession, qui fut traduite par Raoul,
avocat &• chancelier du comte, & scellée d'un sceau de plomb où on voyoit
' Gallia Christiana, nov; éd. t. 6, tnstrum. p. 283. peut dire c'est que l'atte de 1 171 est l'un des prc-
' L'expression de dom Vaissete est trop affir- iniers qui prouvent que cette localité eût déjà une
tiative. La ville de Saint-Pons a existé dès l'épo- certaine importance. [A. M.]
que où le monastère de ce nom a groupe autour ' Bouche, La chorographie ou description Je la
de ses bâtiments quelques maisons. Tout ce qu'on Provence, t. 2, p. loCtç Sa suiv.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XIX. 48
d'un' coté une croix, & de l'autre le comte à cheval avec ces mots tout autour :
S. Raymundi comitis. C'est là le plus ancien sceau que nous connoissions
où l'on voie les armes du comte de Toulouse.
XXXIX. — Paix entre le comte de Toulouse i- le v'icoTnte Roger, à qui
il donne sa fille en mariage.
Le comte se rendit ensuite à Saint-Gilles où il conclut, au mois de
novembre suivant, la paix avec le vicomte Roger auquel il fit serment^ de
conserver la vie, les membres 8c les domaines envers tous &. contre tous.
Pons, archevêque de Narbonne, Guillaume, évêque d'Albi, Ermengardc,
vicomtesse de Narbonne, Odon, vicomte de Lomagne, Alphonse, frère du
comte de Toulouse, Guillaume de Sabran, son connétable, Raoul, son chan-
celier, Géraud d'Ami, Eléazar d'Uzès 8c plusieurs autres seigneurs de marque
furent présens à cette paix, après laquelle R.aimond conclut le mariage d'Adé-
laïde, sa fille, qu'il avoit eue de Constance de France, avec Roger. Le comte
donna en dot à Adélaïde cinq cents marcs d'argent fin, 8c Roger lui assigna
pour douaire le château 6" tout le comté de Ra-^ès, le château de Balaguier,
le bourg de Limoux avec leurs dépendances, le château de Coufoulens, dans
le comté de Carcassonne, Stc. L'archevêque 8c la vicomtesse de Narbonne
furent aussi présens à cet acte avec Bernard, évêque de Béziers, Guillaume,
abbé de Saint-Thibéry, Guillaume de Sabran, 8cc. Le roi Louis le Jeune,
oncle d'Adélaïtle , prit part à cette alliance. Il écrivit^ une lettre pleine
d'amitié à Roger Se lui donna, en considération de son mariage avec sa nièce,
le château de Minerve avec ordre à ceux qui le posséderoient d'en faire
hommage à ce vicomte. « Vous le tiendrez, ajoute-t-il, de nous, 81 quand
« nous irons dans vos quartiers, vous nous en ferez hommage j soyez assuré
« que nous faisons aujourd'hui pour vous ce que nous n'avons jamais voulu
« faire pour aucun de vos prédécesseurs. » Ainsi Roger fut le premier vicomte
de Béziers 8c de Carcassonne vassal immédiat de la couronne. Au reste, ce
vicomte ne put faire sa paix avec le comte de Toulouse sans se brouiller avec
Alphonse, roi d'Aragon, qu'il avoit reconnu pour son seigneur. Aussi Alphonse
lui déclara-t-il'* bientôt après la guerre 8c, pour soutenir ses prétentions sur
les domaines de Roger, il fit faire ' vers le même temps une recherche des
actes qui pouvoient lui être favorables*^.
' Bouche, La chorographie ou description Je la une sorte de mémoire sur la manière dont leâ
Provence, t. 2, p. io5p & suiv. comtés de Carcassonne & de Razés furent acquis
' Voyez tome VIII, Chartes, n. VII, c. 276. par la maison de Barcelone. L'acte du reste abonde
' liiJ. n. IX, c. 279. en noms estropiés ou changés, en erreurs de faits
* Marca Hispanica, c. 1371. & de dates. On ne peut guère s'y fier pour les dé-
' Voyez tome V, Chartes, n. VI, c. 3i. tails. [A. M.J
' Voir tome V de cette édition, ce. 3i à 33. C'est
An 1171
An I 171
44 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XIX.
XL. — Paix entre le vicomte Roger (5^ la vicomtesse de Narhonne.
Ermengarcle, vicomtesse de Narbonne, c[ui s'ctoit liguée avec le comte de
Toulouse contre Roger, ht bientôt après sa paix avec ce vicomte : l'acte en
fut signé à Lésignan ', à la fin de l'an 1 17 i, & ils se firent un serment réci-
proque de s'aider envers tous & contre tous, excepté le comte de Toulouse. Ils
êîn'l^'l'-î. s'accordèrent dans la suite toucbant le château de Villcmagne qu'ils convin-
rent de démolir. Roger vécut depuis en bonne intelligence avec le comte de
Toulouse, son beau-père. Il tint sa cour^ à Limoux, au mois de juillet de
l'année suivante, Si y reçut le serment de quatre gentilshommes qui jurèrent
de garder fidèlement le château de Coustausa jusqu'à ce que Pierre de Vilar
fut fait chevalier. Il donna en fief, au mois d'août suivant, une maison du
faubourg de Saint-Vincent de Carcassonne, située dans le domaine comtal,
en présence de Mo'ise Cnravite, haile de ce domaine. Il reçut en 1172 l'hom-
mage pour le château de P'erens, en Albigeois, Si confirma^ au mois de mars
de l'année suivante les donations que le vicomte R.oger, son oncle, S<. le
vicomte Raimond-Trencavel, son père, avoient faites à l'abbaye de Salvanez,
en R.ouergue. Les seigneurs de Fournès, de Cueil, de PU)laurens Si d'Ala-
gnan lui firenf* hommage quelque temps après pour ces châteaux. Le der-
nier, situé dans le Razès, appartenoit à Guillaume d'Alagnan, vicomte de
Sault, qui. au mois de mai de l'an iiyS, reconnut le tenir de Roger par un
acte daté de Fanjaux, en présence du comte de Foix. Ce comte £< le vicomte
Roger, son beau-frère, étoient donc alors réconciliés : ainsi le comte Rai-
mond, en faisant la paix avec ce dernier, avoit révoqué la donation (|u'il avoit
faite à l'autre des domaines de ce vicomte.
XLI. — Mort de Bernard Pelet, seigneur d'Àlais, mari de Béatrix, comtesse
de Melgueil. — Bertrand, leur fils, prétend à ce'comté,
Raimond fit valoir ses prétentions sur le comté de Melgueil après la mort
de Bernard Pelet, seigneur d'Alais, arrivée vers la fin de l'année 1170 ou au
commencement de la suivante. Bernard avoit pris la qualité de comte de
Melgueil, depuis son mariage avec Béatrix, héritière de ce comté, dont il eut
un fils nommé Bertrand, Si une fille appelée Ermessinde, qui avoit épousé
Pierre-Bermond de Sauve, de la maison d'Anduze. Bertrand Pelet prit aussi
le titre de comte de Melgueil, aussitôt après la mort de Bernard, son père; il
prétendit à ce comté, quoique Béatrix, sa mère, à qui il appartenoit, vécût
encore alors Si que Douce, sa nièce, petite-fille de la même Béatrix par Rai-
mond-Bérenger, comte de Provence, qui avoit été promise en mariage au fils
du comte de Toulouse, eût des prétentions sur le même comté. Bertrand,
' Voyez tome VIII, Chartes, n. XI, ce. 281 à 184. ' Archives de l'abbaye de Salvanez.
' Cartulaire du châtsau de Foix. — Tome VIII, < Cartulaire du château de Foix.
c. ;85.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XIX. 40 ""[
^ An 1171
pour s'assurer de cette succession, malgré Béatrix, sa mère, s'unit étroitement
avec Guillaume VII, seigneur de Montpellier, qui avoit beaucoup d'autorité
dans le pays, Si, pour obtenir son secours, il lui donna par un acte' du mois
de juin de l'an 1171, le village de Grabels. Il donna^ en même temps en
fief à Gui, frère de Guillaume, L' fils de feu Guillaume, seigneur de Montpel-
lier, i^ ensuite religieux, tout ce que le comte Bernard, son aïeul, Se Béatrix,
sa mère, possédoient à Castclnau, à Subsiantion, à Saint-Martin de Crez S<.
dans plusieurs autres dépendances du comté de Melgueil. Bertrand se qua-
lifie-' encore par la grâce de Dieu comte de Melgueil, dans une exemption
de péao'e qu'il accorda, au mois de décembre de la même année, aux religieux
de l'abbaye de Franc[ucvaux, pour la ville d'Alais dont il étoit seigneur S;
qu'il tenoit de la succession de son père. Enfin il se dit Bertrand, comte, fils
de Béatrix, comtesse de Melgueil, dans une donation qu'il fit à l'abbaye de
Bonneval, en Rouergue; donation qu'on a datée"* mal à propos de l'an ii6j,
mais qui doit être postérieure à l'an 1170.
XLII. — Béatrix dispose du comté de Melgueil enfiiveur du comte de Toulouse.
Béatrix, mécontente de la conduite de son fils Bertrand, le déshérita^, le y;„ i,,^
I" d'avril de l'an 1171, S<. déclara en même temps pour ses héritières Ermes-
sijide, sa fille, 6" Douce, sa petite-fille, fille de feu Raimond, comte de Pro-
vence, son fils, qui étoient présentes. Elle leur donna entre-vifs le château S<.
le comté de Melgueil avec toutes leurs dépendances, spécialement la monnoie
de Melgueil, Se les investit de ce comté. Elle en céda généralement tous les
droits tant à Raimond, comte de Toulouse, au nom de Douce, sa petite-fille,
que le comte de Provence , père de cette dernière, avoit destinée pour épouse
au fils du même comte de Toulouse, qu'à Pierre- Bermond de Sauve, son
gendre, comme mari d'Ermessinde, sa fille, pour en jouir par égales portions;
à condition cependant qu'Ermessinde Si son mari tiendroient leur part en
fief du comte de Toulouse. Ce prince S< Picrre-Bermond de Sauve, (|ui
étoient aussi présens, acceptèrent la donation qui fut passée au palais de
Melgueil, en présence de Guillaume, comte de Forcal([uier, de Raimond de
Baux, Guillaume de Sabran, Géraud d'Ami, Bermond de Sauve, Sec. Cet acte
nous donne occasion d'ajouter ici deux réflexions. La première, que Douce M;,°"^'"i,
^ ' ^ 1 ' 1 t. m, p. 20.
de Provence devoit s'être retirée, après la mort de son père, auprès de Béatrix,
comtesse de Melgueil, son aïeule. Se que son mariage avec le fils du comte
de Toulouse, quoiqu'il ne fût encore que projeté, n'étoit pas rompu. La
seconde, que les seigneurs de la maison de Baux étoient alors partagés d'in-
térêts; que les uns, comme Raimond, suivoient le parti du comte de Tou-
louse; Si les autres, savoir : Hugues 6<. Bertrand, celui du roi d'Aragon. Les
deux derniers accordèrent, au mois de juin de l'an 1171, à Bertrand, abbé
' Voyez tome VIII, Chnrtcs, n. X, ce. 179, 280. ' Voyez tome VIII, Chnrtcs, n. X, c. 18a.
' G:iT\'i\, Séries pradulum Magalo!icnS:Um . p. 2 I j ^ GjUia Christiana, n. cd. t. 1 , p. î'iS.
Çi sî:j. ' Voyez tome VIII, Chartes, n. XV, ce. Kj'i à 296.
An 1 172
46 rnSTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XIX.
de Francjuevaux, 8c à son monastère, l'exemption ' de péage aux ports de
Saint-Gilles, du Pvhône 6c de Trinquetaille.
XLIII. — Testament ô- lyiort de Guillaume VII, seigneur de Montpellier,
Guillaume VIII, son fils, lui succède.
Guillaume VII, seigneur de -Montpellier, abandonna bientôt les intérêts
de Bertrand Pelet, 8c se raccommoda avec le comte de Toulouse qu'il recon-
nut^ pour comte de Melgueil par un acte du mois de juin de l'an 1172; il
avoua en même temps tenir de lui, à cause de ce comté, trois deniers par
livre sur le profit de la monnoie de Melgueil, conformément aux conventions
faites entre ses ancêtres 8c les anciens comtes de Melgueil. Il lui en fit hom-
mage ainsi que des autres droits 8c domaines qu'il tenoit de ces comtes.
Guillaume changea néanmoins peu de temps après Se se déclara de nouveau,
en faveur du roi d'Aragon, ennemi du comte de Toulouse, comme il paroît
par son testament^ daté du dernier de septembre de la même année. Par
cet acte il choisit sa sépulture dans le monastère de Grandselve, où son père
étoit mort l'eligieux, 8c veut que son fils Raimond y embrasse l'état religieux
avec mille sols melgoriens. Entre les legs pieux il fonde un anniversaire
dans la cathédrale de Maguelonne; il ordonne qu'on paye les dettes de feue
Mathilde de Bourgogne, sa femme. Se fait son héritier Guillaume, son fils
aîné, avec ordre de pourvoir à l'entretien de Guillaume, son second fils, 8c de
lui donner pour son partage une pension annuelle 8c viagère de vingt marcs
d'argent ou mille sols melgoriens. Il veut que Gui, son troisième fils, soit
élevé pendant six ans parmi les chevaliers du Temple 8c qu'il prenne leur
habit, si dans cet intervalle l'un ou l'autre de ses deux aînés n'étoit pas
décédé. Il confirme la donation qu'il avoit faite à Sibylle, sa fille, en la
mariant à Raimond Gaucehn, savoir : de cent marcs, de deux tasses d'argent
du poids de six marcs chacune, des habits nuptiaux, 5cc. Il lègue les mêmes
choses à Guillelmette, Adélaïde Se Marie, ses autres filles. Il fait mention
d'une cinquième de ses filles, qui étoit religieuse Se à laquelle il avoit donné
vingt marcs d'argent. Il veut que ces filles se marient par le conseil de Gui,
son frère, 8c substitue ses fils l'un à l'autre. A leur défaut, il appelle Gui,
son frère, à sa succession, 8c ensuite l'aînée de ses filles. Se successivement
Guillelmette, sa sœur, Bernard-Aton, vicomte de Nimes, fils de cette der-
nière, Adélaïde, son autre sœur, Se en dernier lieu Etienne-de Servian, son
neveu, à condition que la ville de Montpellier ne seroit jamais partagée Se
qu'elle appartiendroit toujours à un seul seigneur. Il met tous ses enfans sous
la garde 8c le gouvernement, de Jean, évêque de Maguelonne, qu'il fait son
exécuteur testamentaire, 8c de Gui, son frère, auxquels il laisse l'administra-
tion de ses biens, jusqu'à ce que son fils aîné ait atteint l'âge de vingt ans,
■ Mis. d'Auhays, n. 77. ' Voyez tome VIII, Chartes, n. XIV, ce. 287
' Gnriel, liée de la viUc de MonlpclVicr, p. 117, :i 252.
An 1 172
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XIX. 47
avec défense qu'aucun juif soit jamais haile de Montpellier ou de son domaine.
Enfin il met l'évêque de Maguelonne, Gui, son frère, ses vassaux 8t tous ses ;
domaines sous la garde 8c la protection à' Alphonse, roi d'Aragon, son seigneur. ^
Tel est le testament de Guillaume VII, seigneur de Montpellier, d'où nous . \
apprenons qu'il laissa de Mathilde de Bourgogne, sa femme, quatre fils 6c \
cinq filles, dont il n'y avoit que l'aînée, nommée Sibylle, qui fût alors mariée. \
Elle.avoit épousé, comme on vient de le voir, Raimond Gaucelin, seigneur 1
de Lunel, au diocèse de Maguelonne. Guillaume' avoit promis en mariage, 1
au mois de novembre de l'an 1169, Guillelmette la seconde, avec cent marcs ^
d'argent fin de dot, à Raimond, fils de Bertrand d'Anduze, Se d'Adélaïde de i
R.oquefeuil , sa femme, héritière de sa maison. Raimond l'épousa dans la
suite, & prit le surnom de Roquefeuil. Bertrand d'Anduze & Adélaïde, sa
femme, promirent de donner, en contemplation de ce mariage, tous leurs
domaines au même Raimond, leur filsj ils assignèrent à Guillelmette, pour =
la sûreté de sa dot, le château de Breissac, au diocèse de Maguelonne, avec t^r"^!"'""
toutes leurs terres situées depuis l'église de Sainte-Marie de Sumène jusqu'à
la mer, 8c pour son douaire, tout ce qu'ils possédoient à Valeraugues 6c dans '
diverses autres paroisses, avec promesse de donner vingt chevaliers de leurs '
terres pour cautions. Ils fournirent seize otages pour la sûreté de cette pro- '
messe, entre lesquels étoieut Raimond de Mandagot, Bermond de Sauve,
Bernard de Sauve, Hugues de R.abastens, Pons de Montlaur, Pierre de Ber- -i
mond, 6cc. Guillaume VII, seigneur de Montpellier, donna de son côté neuf {
otages pour caution du payement de la dot, entre autres Pierre de Bermond, 1
Raimond-Gaucelin, seigneur de Lunel, Pons-Gaucelin de Lunel, 8cc. L'acte i
fut passé à Montpellier, dans la maison de la milice du Temple, en présence :
de Jean, évêque de Maguelonne. Marie, quatrième fille de Guillaume VII,
épousa, au mois de novembre- de l'an 1 182, Aymeri, seigneur de Clerniont, )
au diocèse de Lodève. Guillaume VIII, son frère, qui la maria avec ce sei- ]
gneur, lui donna alors cent marcs à' argent fin en dot. Aimeri lui assigna de '■
son côté, pour son douaire, le château de Puylacher, celui de Saint-Pierre de \
Amelariis, Sec. Enfin nous apprenons d'ailleurs que Guillaume VII laissa \
une autre fille, nommée Clémence, qui épousa en^ 1199 Rostaing de Sabran, '
8c à laquelle Guillaume VIII, seigneur de Montpellier, sonfière, donna cinq \
mille sols melgoriens en dot. Cette Clémence n'est peut-être pas différente '
d'une des cinq filles de Guillaume VII, dont il fait mention dans son testa- \
ment. Se elle peut avoir changé de nom. C'est ainsi que Guillelmette, fille
du même Guillaume VII Se femme de Raimond de Roquefeuil, prit le nom \
de Marquise, comme il paroît par la quittance que ce dernier 8c la même
Guillelmette firenf* en 1200 à Guillaume VIII de la somme de cinq mille
sols melgoriens qu'elle avoit reçus en dot. i
■ D'Achéry, Spicileglum, t. 8, p. i65 & seq. — » Voyez tome VIII, Chartes, n. LXXII, c. 4^0.
Voyez tome IV, ?/o/e XXVII, n. IX, p. 143. ^ liU. c. 281. ■ ■ i
' Archives du domaine de Carcassonne transfé-
rées à Montpellier. \
-; 48 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XIX.
An 1 172 ~
On prétend ' que Guillaume VII, seigneur de Montpellier, vécut encore
quelques années après avoir fait ce testament; mais il est certain qu'il mourut
peu de temps après Si, à ce qu'il paroît, avant la fin de la même année 1 172.
Il étoit du moins décédé en 11 78 lorsque Guillaume^ VIII, seigneur de
Montpellier, jî/j de Mathilde, & Gui, son oncle paternel & son tuteur, déc\a.~
rèrent que le mont Saint-Bausile appartenoit aux chanoines de Maguelonne.
On assure^ que le corps de Guillaume VII, après avoir été embaumé, fut
apporté par les principaux de Montpellier dans l'abbaye de Grandselve où il
fut inhumé auprès de son père, dans un tombeau que les consuls de Mont-
pellier firent construire. On'* prétend encore que Raimond, son fils, après
avoir professé la vie monastique dans cette abbaye, devint dans la suite évêque
de Lodève; mais on se trompe : Raimond ^ de Montpellier, fils de Guil-
laume VII &t religieux de Cîteaux, fut évêque d'Agde Sv non de Lodèvc.
Quant à Gui, quatrième fils de Guillaume VII, il prit le surnom de Bur-
gundion, à cause de Mathilde de Bourgogne, sa mère, pour se distinguer de
Gui, son oncle, qui de son coté avoit pris celui de Guerrejat.
Ce dernier étoit'' au mois d'octobre de l'année suivante à Lérida, à la cour
du roi d'Aragon, comme on voit par la charte que ce prince donna alors en
faveur du monastère de Sainte-Croix de Volvestre de l'ordre de Fontevrault,
dans le Toulousain, & de Marie de Béarn, qui en étoit prieure. Gui Guer-
rejat fit, en 1174, une donation'' à l'abbaye de Valmagne, en qualité de sei-
gneur du château de Paulham, dans le diocèse de Béziers.
XLIV. — Mariage de Raimond, fils du comte de Toulouse, avec Ermessinde
de Felet, comtesse de Melgueil,
Après la mort de Guillaume VII, la comtesse Béatrix projeta de faire passer
entièrement le comté de Melgueil dans la maison de Toulouse, en mariant
Ermessinde, sa fille, qui étoit devenue veuve vers le même temps de Pierre-
Bermond de Sauve, dont elle avoit un fils, avec le jeune Raimond, fils du
comte de Toulouse. L'exécution de ce projet suivit de près, & Béatrix con-
firma, le 12 de décembre de l'an 1172^, en faveur de Raimond, comte de
Toulouse, la donation qu'elle lui avoit déjà faite de tout le comté de Mel-
gueil, « avec ordre à tous ceux qui le posséderoient dans la suite, de le tenir
« en fief de ce comte ou de son successeur qui auroit le comté de Saint-
« Gilles, » Par là elle rendit son comté mouvant de celui de Saint-Gilles,
sans aucun égard à la donation que ses prédécesseurs en avoient faite à l'Eglise
lid.origin. romaine. Béatrix donna en même temps en mariage Ermessinde, sa fille, avec
t. lil, p. iO. I 1 M
le comté de Melgueil pour dot, au fils du comte de Toulouse, avec clause
' Gariel, Séries praesuîum Magalonensiuni, -p. ii6. ' Esùennot, AntijuUates BeneJiciinae Vasconiae,
' liiJ. p. 226 & seq. t. 2, p. 421.
> nid. . ' Voyez tome VIII, Chartes, n. XIX, c. 3o3.
< nid. ' » Jiid. n. XV, c. 293 & siav.
' Ç(iUi.-i Cliri:li,ii;<ij nov. éd. t. 6,
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XIX. 40 —
^7 An 1 172
expresse que, quand même Ermessinde viendioit à décéder sans enfans de ce
mariage, la moitié du comté demeureroit au coitite de Toulouse pour les
dépenses qu'il y avoit taites ou qu'il y feroit dans la suite, & l'autre moitié
seroit à la disposition de sa fille, qui pourrait la donner ou au fils qu'elle
avoit de Pierre-Bermond de Sauve ou à ceux qu'elle auroit du fils du comte
de Toulouse. « Que si, ajoute Béatrix, le fils de Pierre-Bermond de Sauve
« étoit alors décédé, elle ne pourra en disposer qu'en faveur des enfans de
(i son second mariage. En tout événement, dit-elle ensuite, adressant la parole
i( au comte de Toulouse, vous retiendrez toujours la moitié du comté de
« Melgueil pour vos frais; à moins que Douce, ma petite-fille, fille de feu
Il mon fils Raimond, comte de Provence, ne survive & qu'elle ne vous épouse
i< ou votre fils; car je veux qu'elle ait alors la moitié du comté de Melgueil.
« Mais supposé qu'elle meure avant son mariage ou qu'elle épouse quelque
« autre, elle n'aura rien sur ce comté. C'est ainsi que je révoque, de votre
« consentement, la donation que j'avois faite à ma petite-fille. » Dans la
suite de l'acte, Ermessinde de Pelet prend le fils du comte de Toulouse pour
son mari 8c lui fait donation de tous les droits qu'elle avoit sur la succession
du comte Bernard Pelet, son père, pour en disposer quand môme elle mour-
roit sans enfans. Le comte de Toulouse assigna de son côté, au nom de Rai-
mond, son fils, pour le douaire d'Ermessinde, le comté d'U-^ès, dont il excepte
la moitié du péage de Valiiguière & de Saint-Saturnin du Port. Cet accord
fut passé en présence de Bermond de Sauve, de Raimond de Vézénobre,
d'Éizéar d'Uzès, de son frère Rainon, Sec; il fut dicté par Raoul, juriscon-
sulte £<. chancelier du comte de Toulouse. Le mariage d'Ermessinde avec
Pv.aimond, fils de ce comte, âgé alors de dix-sept ans, s'accomplit dans peu :
ainsi celui qui avoit été projeté en ii65, entre ce jeune prince 8c Douce de
Provence, fut rompu par Béatrix, aïeule de cette dernière, qui lui préféra sa
fille. Au reste, comme il n'est plus parlé de Douce, il est probable qu'elle
mourut bientôt après 8c qu'elle fit Béatrix, son aïeule, ou Ermessinde, sa
tante, ou enfin le comte de Toulouse ses héritiers, puisque ce comte fit valoir
dans la suite ses prétentions sur la Provence, comme étant aux droits de Douce.
Ce prince se qualifia depuis comte de Melgueil, comme il paroît entre autres
par une de ses chartes' de l'an 1174, suivant laquelle il restitua à l'église de
Maguelonne la dîme du sel qui se recueilloit entre l'étang 8c la mer, depuis
le lieu appelé Porcherïa jusqu'à Maguelonne, avec réserve de ses droits.
XLV. — Bertrand Pelet se met sous la protection du roi d'Aragon,
Ce mariage 8c l'union de Raimond, comte de Toulouse, avec la comtesse
Béatrix firent ombrage à Alphonse, roi d'Aragon, qui tâcha de les traverser,
8c qui étoit actuellement à Montpellier, dont le seigneur lui étoit entière-
ment dévoué^. Alphonse, pour faire de la peine à Raimond, se déclara le
' Cax\t\,Scr\cs praesulum Magalonensium, p. 217. ' Marca Hispaniea, c. |358 & seq.
VI. 4
'~. 5o HISTOIRE GÉNÉrxALE DE LANGUEDOC. LIV. XIX.
An 1 172
protecteur de Bertrand Pelet qui, de son côté, lui fit donation du comté de
Melgueil, & aux comtes de Barcelone, ses successeurs. Alphonse donna
ensuite ce comté en fief à Bertrand, sauf les domaines du seigneur de Mont-
pellier, avec tous les droits qu'il y avoit, tant pour raison des dépenses que
son père &; son oncle paternel y avoient faites que pour tout autre titre. Rai-
mond-Gaucelin de Lunel, beau-frère du seigneur de Montpellier & plusieurs
autres seigneurs, la plupart Catalans, furent présens à cet acte; mais, malgré
la protection du roi d'Aragon, Bertrand Pelet fut obligé bientôt après d'aban-
donner ses prétentions sur le comté de Melgueil.
11 paroît qu'Alphonse chercha en même temps à étendre sa domination sur
la vicomte de Narbonne, car nous avons une de ses chartes", datée du 21 de
juillet de l'an 1172, régnant Louis, roi de France, par laquelle il prend sous
sa protection l'abbaye de Fontfroide, au diocèse de cette ville, lui confirme
tous ses domaines, entre autres ce qu'elle possédoit par la donation d'Aymeri,
vicomte de Narbonne, £- d'Ermengarde, sa fille, St lui accorde divers privilèges
avec l'exemption de leude & de péage dans ses Etats ^.
XLVI. — Union du Roussillon au domaine des comtes de Barcelone &• rois
d'Aragon.
Alphonse se qualifie dans cet acte roi d'Aragon, comte de Barcelone, mar-
quis de Provence &• comte de Roussillon : preuve que Guinard ou Gérard,
^Éd.^origm. [lernier comte de ce pays, étoit alors décédé, 8<. que son testament est du 4 de
juillet de l'an 11 72, ainsi qu'il est daté dans une édition^ qui en a été
donnée, 8c non pas de l'an iiyS, comme le suppose un moderne"* qui, sans
aucune autorité, ne fait mourir^ ce comte qu'au mois de juin de l'an 11 78,
tandis qu'il rapporte lui-môme une charte^ datée de Perpignan, le 12 mai
de l'an 11 73, dans laquelle Alphonse, roi d'Aragon, se qualifie comte de
Roussillon.
Guinard, par ce testament'^, se donne pendant sa vie & après sa mort à
l'abbaye de Fontfroide, dans le diocèse de Narbonne, avec promesse, s'il venoit
à quitter le siècle, de s'y faire religieux 0 pauvre chevalier de Jésus-Christ. Il
y choisit sa sépulture, supposé qu'il vienne à décéder en deçà de la mer, &
lègue onze cens marabotins d'or à ce monastère pour lequel il avoit toujours
eu beaucoup d'affection; il lui avoit accordé^ le droit de pacage dans toutes ses
terres en 1166, 8< y avoit fondé une lampe. Il fait par son testament' divers
■ Voyez tome VIII, Chartes, n. XIII, c. 285. ' Caseneuve, Catalonia Fran. p. 202.
' Cette charte ne prouve pas que le roi d'Aragon * Baluze, Marca Hispan'tca, c. |362.
se soit attribué un pouvoir quelconque sur le ^ liid. e. 5i3.
Narbonnais. Il ne faut pas oublier que depuis ^ lild. c. iSâp.
fort longtemps les vicomtes de Narbonne possé- ' Caseneuve, Catalonia Fran. p. 20J. — Marca
daient des terres dans la Marche d'Espagne. C'est Hispanica, c. i3rto & seq.
sans doute de l'une de ces terres, données à l'ab- * Archives de l'abbaye de Fontfroide.
baye par le vicomte Aimeri & sa fille Ermengaide, 'Caseneuve, Catalonia Fran. p. 203. Marca
que le roi Alfonse aura voulu parler. [A. M.] Hispanica, c. i36o & seq.
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LTV. XIX. 5i
autres legs pieux, & laisse à Béatrix, sa cousine, le château de Mèze en alleu.
Cette Béatrix est la même que la sœur de Roger, vicomte de Béziers & de
Carcassonne, qui épousa dans la suite Raimond VI, comte de Toulouse. Enfin
Guinard, supposé qu'il mourût sans enfans légitimes, donne tout son domaine,
savoir : le comté de Roussillon 8c le droit qu'il avoit sur ceux de Pierrelate &
d'Ampurias, par les conventions qu'il avoit faites avec le comte d'Ampurias,
au roi d'Aragon, son seigneur, & à ses successeurs, & le charge par l'amitié
qu'il lui témoignoit par cette donation, à laquelle ce prince n'avoit aucun
droit, de prendre soin de ses amis. Vital, abbé de Fontfroide, Raimond de
Canet, Se Raimond de la Redorte furent témoins à ce testament. Guinard
mourut sans enfans peu de jours après, Se on a déjà vu que le roi d'Aragon
lui avoit succédé le 21 du même mois. Au reste, si ce comte eût choisi son
plus proche parent pour lui succéder, Roger, vicomte de Béziers 8t de Car-
cassonne, son cousin germain, auroit recueilli sa succession.
Guinard fut le dernier comte de Roussillon de sa race. Après sa mort,
Alphonse, roi d'Aragon, Se ses successeurs unirent ce comté à leur domaine 8c
le possédèrent, sous la souveraineté' de nos rois, jusques au milieu du trei-
zième siècle, qu'ils se tirèrent de cette dépendance par un traité^ dont on
parlera dans la suite. L'évêché d'Elne continua cependant d'être toujours
soumis à la métropole de Narbonne, même après ce traité; car c'est contre
toute vérité qu'un moderne^ a avancé « que l'évêque d'Elne ou de Perpignan
« est naturellement suffragant de l'archevêché de Tarragone; mais que depuis
K l'union du Roussillon à la France, il a été Uni par raison de politique 8c
« par emprunt seulernent à l'archevêché de Narbonne. »
XLVII. — La guerre se renouvelle entre le roi d'Angleterre ô* le comte
de Toulouse.
Suivant l'auteur'* d'une chronique écrite vers le commencement du trei-
zième siècle, la guerre se renouvela en 1172 entre Henri II, roi d'Angleterre,
6c Raimond V, comte de Toulouse. Cet auteur rapporte « que Henri, en
« qualité de duc d'Aquitaine, a}ant dernandé cette année l'hommage pour le
« comté de Toulouse k Raimond, qui le refusa, vint mettre le siège devant
« cette ville ; qu'il défendit cependant à ses troupes de causer aucun dom-
« mage aux habitans Se leur donna ordre de payer comptant tout ce dont ils
« auroient besoin. Le comte Raimond 8c les Toulousains, ajoute cet auteur,
■ Duchesne, Histortae Francorum SS., t. 4, Nous croyons que les deux opinions de Catel &
pp. 648, 780, &c. de dom Vaissete se peuvent concilier. L'auteur
' Voyez dans ce volume, 1. XXVI, n. XLV. écrivant longtettips après les événements aura
' Boulainvilliers, £fat rfc îa /"rance, t. 1, p. 3o5. confondu le siège de Toulouse de iiSp, levé
* Caxe\, ffistolre des comtes de Tolose, p. 2o5. — grâce à l'intervention du roi Louis Vil & l'al-
Nous n'avons pu retrouver à quelle chronique ap- liance de 1168-70, qui fit momentanément de
partenait le passage latin cité par Catel. Il dit Raimond V U vassal & l'allié de Henri II : le»
seulement qu'elle lui a été envoyée par un con- autres circonstances de son récit semblent controu-
seiller de France & qu'elle va jusqu'à l'an 1220. vées. [A. M.]
A» 117:;
Ail I I7i
52 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XIX.
« eurent alors recours au roi Louis le Jeune pour obliger l'Anglois à lever le
« siège. Enfin l'affaire fut terminée par négociation ; il fut convenu que le
« roi d'Angleterre feroit arborer son étendard sur la tour du cbâteau Narbon-
« nois, & que le comte lui prêteroit serment de fidélité, sauf celle qu'il devoit
« au roi de France; après quoi le siège ayant été levé, le roi de France s'en
K retourna chez lui. » L'on doit conclure de là que Henri II, roi d'Angle-
terre, assiégea de nouveau la ville de Toulouse en 1172, & que le roi Louis
le Jeune marcha une seconde fois au secours de cette ville; mais cette der-
nière circonstance est rapportée un peu diftéremment dans un manuscrit de
la même ' chronique, où il est marqué seulement que le siège de Toulouse
ayant été levé après la négociation, le roi s'en retourna chez lui : ainsi cela
doit s'entendre du roi d'Angleterre. Mais comme tous les auteurs contempo-
rains gardent un profond silence sur ce nouveau siège de Toulouse entrepris
t'ilTl^'^ P^' Henri II, roi d'Angleterre, l'auteur de la chronique pourroit bien avoir
voulu parler de celui que le même prince mit devant cette ville en iiSç, Ce
An 1173 qu'il y a de certain c'est que Henri II, en 1172, bornoit à la suzeraineté, en
qualité de duc d'Aquitaine, toutes ses prétentions sur le comté de Toulouse,
& que le comte Raimond ayant eu une entrevue avec lui, au commence-
ment de l'année suivante, il le reconnut pour suzerain, & fit enfin la paix
avec lui.
XLVIII. — Entrevue £,• païx entre ces deux princes. — Raimond se rend
vassal de Henri pour le comté de Toulouse.
Divers historiens du temps parlent de cette entrevue 8c en rapportent les
circonstances; mais pour les mieux entendre il faut reprendre la chose de plus
haut. Henri II, roi d'Angleterre, avoit quatre fils d'Élèonor, héritière d'Aqui-
taine, sa femme : Henri, né en ii55, Richard, en iiSy, Geoffroy, en ii58,
Se Jean, en 1168; il associa le prçmier au trône en 11 70, Se le maria en
même temps avec Marguerite, fille du roi Louis le Jeune & de Constance de
Castille. Le jeune Henri étoit un prince plein d'ambition qui, nonobstant
son âge peu avancé, prètendoit avoir part au gouvernement. Mais ne trou-
vant pas le roi, son père, disposé à cela, il se retira à la cour du roi de F'rance,
son beau-père, c(ui, cherchant une occasion d'abaisser la trop grande puis-
sance de Henri II, lui donna retraite, fomenta son mécontentement Sv lui
promit sa protection.
Durant ces brouilleries, le roi Henri & la reine, sa femme, ayant fait
en 1172 un voyage à Limoges, ils^ y disposèrent du duché d'Aquitaine en
faveur de Richard, leur fils puîné, & conclurent vers le même temps le
mariage de Geohroy, leur troisième fils, avec Constance, fille 8<. héritière de
Conan, duc ou comte de Bretagne. Ils firent ensuite un voyage en Anjou 8<
' Mss. de b bibliothèque Coislin. & seq. — Rogeriiis de Hoveden, Chron'icon, p. 3o5.
' Gaiifridus, prior Vosieiisis, Chron'icon, p. ji8 — Radiilphiis de Diceto, Ymtr/jines hittoriarum ,
&. Sîc[. — Kobçrtiij de Mo:KC, C/ironicon, p. cfii p. :>.') i . -, Jonnneô Bronipton, Ch'onicon, p. loji,
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XIX. 53
célébrèrent la tête de Noël à Chinon, où le jeune Henri, leur fils, vint les
joindre. Ils se rendirent ensemble, à la Purification de l'année suivante, à
Montferrand, en Auvergne, où ils eurent une entrevue, le 12 de février,
comme ils en étoient convenus, avec Alphonse, roi d'Aragon, Raimond V,
comte de Toulouse, Girard, comte de Vienne, & Humbert, comte de Mau-
rienne. Les deux rois d'Angleterre régalèrent magnifiquement tous ces princes,
St on conclut le mariage de Jean, quatrième fils de Henri H, âgé à peine
alors de six ans, avec la fille unique du comte de Maurienne. Les princes se
rendirent après cela médiateurs du différend de Henri & de Raimond, comte
de Toulouse, dont ils renvoyèrent la discussion à Limoges où ils se rendirent
tous. Enfin on y convint d'un traité, suivant lequel le comte Raimond :
1° Promit solennellement de faire hommage du comté de Toulouse au roi
Henri S<. à Richard, son fils, comme ducs d'Aquitaine. 2° Il déclara, tant
pour lui que pour les comtes de Toulouse, ses successeurs, que ce comté seroit
à l'avenir mouvant du duché d'Aquitaine par droit de fief. 3° Il ^e soumit au
service militaire à la tête de cent chevaliers pendant quarante jours, & à ses
frais, lorsqu'il en seroit requis, & ensuite durant quarante autres jours aux
dépens de Henri & de P».ichard quand ils le souhaiteroient. 4° Enfin il promit
de leur donner tous les ans, en signe de redevance, dix chevaux de prix ou
cent marcs d'argent, à leur choix. La plupart des anciens historiens ajoutent
([ue Pvaimond rendit en conséquence hommage de son comté de Toulouse à
Henri II, le premier' dimanche de carême, iS fivrier. Un auteur du temps ^
assure, toutefois, « que le jeune Richard, duc d'Aquitaine, à qui le comte de
« Toulouse devoit taire cet hommage, étant absent, on différa de terminer
« entièrement cette affaire jusqu'à l'octave de la Pentecôte suivante. » Quoi
qu'il en soit, Raimond vécut depuis en bonne intelligence avec le roi
d'Angleterre; quelques historiens^ prétendent même que Henri moyenna
alors la paix de ce prince avec le roi d'Aragon; mais il paroît que cette paix
ne fut pas si tôt conclue. C'est ainsi que Raimond, obligé de céder au
temps, reconnut enfin le roi d'Angleterre pour son suzerain, sauf cependant"^
la fidélité qu'il devoit à Louis, roi de France : vasselage qui ne fut pas de
longue durée.
XLIX. — Le comte de Toulouse se ligue avec le roi d'Angleterre contre les fils
rebelles de ce prince.
Raimond, après s'être réconcilié avec le roi d'Angleterre, crut devoir lui
révéler'', soit en qualité de vassal, soit pour s'insinuer davantage dans sa
bienveillance, la conspiration que le jeune roi, son fils, avoit formée contre
lui Si dont il étoit pleinement informé. Il lui en apprit le détail Si l'instruisit
' Gaiifridiis, prior Vosiensis, Chron'non, p. 3j8 * Rndulphiis de Diccto, Ymagines historiaram.
& seq. ' Gaufridus pfior Vosiertsis, Chroiikoii, p. 3i8
' Radiilphus de Diceto, Ymagincs historinrum, & seq.
• Joannes Brompion, Chror.icon, p. ic8i.
An 1 lyj
-~: ~r~ 54 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XIX.
An 1 173 T
des engagemens que la reine Eléonore, sa femme, & les princes Richard 8c
Éd.^OTigin^ Geoffroy, leurs fils, cjui étoient entrés dans le complot, avoient pris pour
faire soulever ses sujets. Il conseilla à Henri de prendre ses sûretés, & ils
sortirent ensemble de Limoges sous prétexte d'une partie de chasse 5 mais en
effet pour donner ordre à la garde des places. Henri en renforça les garni-
sons, &, ayant pris toutes ses précautions, il revint à Limoges par l'abbaye
de Vigeois, avec le comte de Toulouse, rejoindre les princes. Ils se séparèrent
enfin, le mercredi 28 de février, après avoir demeuré ensemble à Limoges
durant sept jours. Le comte de Toulouse retourna, à ce qu'il paroît, dans
cette ville où il donna en fief, au mois d'août de la même' année, le château
de Gemeil, en présence de Pierre de Toulouse, prieur Si maître de la maison
du Temple, &c.
Henri II prit de son côté la route de Normandie avec la reine Eléonore,
sa femme, 8c le jeune Henri, leur fils, qui, s'étant aperçu durant le voyage
que le roi, son père, étoit averti de ses desseins, s'évada secrètement^ d'Ar-
gentan, la nuit du 23 de mars, se réfugia à la cour du roi de France, son
beau-père, & leva l'étendard de la révolte. La reine Eléonore, sa mère, qui
étoit d'intelligence avec lui, fit soulever en même temps les princes Richard
& Geoffroy, ses fils, 8<. la plupart des seigneurs françois, sujets de l'Angle-
terre, que le jeune roi avoit déjà gagnés; ayant pris aussitôt les armes en sa
faveur, il commença les hostilités après Pâques.
Le cointe de Toulouse demeura toujours uni avec Henri II durant cette
guerre; il paroît même par la suite qu'il marcha à son secours ou qu'il permit
du moins à ses sujets de le servir; d'un autre côté, le roi^ Louis le Jeune 8c
le comte de Flandres, s'étant déclarés en faveur du jeune roi, le parti de ce
dernier^fut en peu si puissant qu'il devint très-formidable. Henri II fit cepen-
dant tous ses efforts pour détourner le roi de France de protéger ses fils
rebelles; mais les divers ambassadeurs qu'il'* lui envoya clans cette vue
n'avancèrent rien. Louis leur déclara nettement qu'il ne reconnoissoit pour
roi d'Angleterre que le jeune Henri, son gendre. Entre ces ambassadeurs
furent Rotrou, archevêque^ de Rouen, 8c Arnoul, évêque de Lisieux. Le roi
leur fit des plaintes amères de la mauvaise foi de Henri qui lui avoit souvent
jnanqué de parole. Il ajouta qu'il avoit déjà résolu de lui déclarer la guerre
avant que le jeune roi eût pris les armes : 1° Parce qu'il ne vouloit pas per-
mettre à la reine d'Angleterre, sa bru, d'aller joindre le jeune roi, son mari,
&c qu'il refusoit de lui rendre sa dot. 2° A cause qu'il soulevoit contre lui ses
sujets depuis les montagnes d'Auvergne jusqu'au Rhône. 3° Parce qu'il avoit
reçu l'hommage lige du comte de Toulouse au préjudice des droits de la cou-
ronne de France. Enfin Louis assura par serment aux deux prélats qu'il ne
' Trésor des chartes de Toulouse, sac 19, n. i. = Radulphus de Diceto, Chronkon.
[Auji J. 328; il y a ici une erreur matérielle corn- ' Robertus de Monte, Chronicon.
mise par don Vaissete. L'acte ne renferme pas le ■• Guillelmus Neubrigensis, 1. 2, c. 27.
nom de Limoges & paraît avoir été donné dans le = Petrus Blesensis, Epist. làî.
tnidi. Voir Teulet, Layettes, t. 1, p. 104.]
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XIX. 55 ~ 7"
An 1 17J
feroit jamais aucun traité avec Henri que du consentement de la reine Éléo-
nore Si de ses fils.
On vient de voir que le roi d'Angleterre sollicita le secours des peuples
depuis l'Auvergne jusqu'au Rhône. Il s'adressa par conséquent aux sujets du
comte de Toulouse : c'est ce qui paroît d'ailleurs par les lettres' que Pons,
archevêque de Narbonne, 8c Ermengarde, vicomtesse de cette ville, écrivirent
vers le même temps au roi Louis le Jeune. Le premier implore la protection
de ce prince au milieu des calamités dont il étoit environné, « entre les-
(I quelles, dit-il, celle qui nous touche le plus est les grandes pertes que la
c< foi catholique fait tous les jours dans notre diocèse où la nacelle de Saint-
« Pierre est tellement agitée par les entreprises des hérétiques qu'elle est sur
(I le point d'être submergée. Armez-vous donc du bouclier de la foi & des
Il armes de la justice, 8i venez au nom du Seigneur extirper l'hérésie de ce
(I pays. Nous avons encore, ajoute ce prélat, beaucoup d'inquiétude au sujet
I' des mouvemens que le duc de Normandie (c'est ainsi qu'il appelle Henri H
(I que Louis ne vouloit pas reconnoître pour roi d'Angleterre) se donne pour
" S^S"^*^ '^^ peuples à force d'argent, & pour s'emparer des extrémités de
I' votre royaume, sous prétexte de Toulouse ; espérant de conserver la tête par
« le moyen de la queue. Nous vous supplions de ne pas vous endormir
« là-dessus. Si vous venez dans le pavs, vous pourrez remédiera ces désordres,
(I rendre la paix à l'Église St conserver votre royaume. » L'archevêque de
Narbonne fait ensuite au roi des offres de service 8t lui donne des assurances
de sa fidélité. Il le remet pour le reste à ce que lui diroit de sa part maître iJJorigin.
Raoul « qui, ajoute-t-ii , a partaitement bien rempli les fonctions de votre
« envoyé auprès de tous ceux avec lesquels il a eu à négocier. » Le roi avoit
sans doute donné commission à Raoul de détourner les seigneurs 6c les peu-
ples de la Province de se déclarer en faveur de Henri II.
La vicomtesse Ermengarde, par sa^ lettre, dans l'adresse de laquelle elle
souhaite à Louis la magnanimité du roi Charles, remercie ce prince de celle
qu'il lui avoit écrite par le même maître Raoul, qui avoit été la visiter de sa
part. K Quant à ce que vous me marquez, dit-elle, de rompre tout commerce
« avec vos ennemis £c de persévérer dans votre amitié, comme j'ai déjà com-
(i mencé, vous pouvez être assuré que je n'ai fait aucun traité 8c que je n'en-
(I tretiendrai aucune liaison avec eux, n'ayant rien tant à cœur que de vous
(I donner dans toutes les occasions des preuves de mon obéissance. Je désire
u de protéger l'affaire de Toulouse, 8c je ne manquerai pas de me rendre à
« vos prières lorsqu'il sera nécessaire; mais si vous venez vous-même au
B secours de cette ville, je marcherai plus volontiers sous vos ordres. J'ai une
« grande douleur, 8c tous nos compatriotes sont également affligés de voir
Il notre province, que les rois de France ont honorée de tant de marques de
« leur bienveillance, Se à laquelle ils ont accordé tant de liberté, se soumettre
■ Duchesne, ffiîMriae fruncorjim 55i, t. 4, p. Ô74 ' Duchesnc, Historiae Fnncorum, t. 4, p. 574
Ei seq. & seq.
An 1 173
56 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XIX.
« aujourd'hui à ui;e domination étrangère j & cela à votre défaut, pour ne
« pas dire par votre faute. Que Votre Altesse ne se fâche pas si je lui parle si
« hardiment, parce qu'autant que je suis attachée à votre couronne comme sa
« vassale spéciale, autant j'ai de chagrin de la voir déchoir du faîte de sa
V grandeur. Car vos ennemis ne prétendent pas seulement s'emparer de Tou-
(( louse, mais encore, comme ils s'en vantent, de tous les pays situés depuis
« la Garonne jusqu'au Rhône. Ils avancent dans leur dessein afin d'attaquer
« plus facilement la tête après avoir subjugué les membres. Prenez donc les
(c armes, Si venez au plus tôt dans nos cantons avec des forces suffisantes, tant
« pour réprimer l'audace de vos adversaires que pour consoler vos amis. C'est
« ainsi que nos prélats & nos princes, qui, s'ils osoient se déclarer, ne deman-
« dent qu'à vous servir, défendront la ville de Toulouse avec vous, 8< sous
« votre autorité, & s'efforceront de rétablir les choses dans l'ancien état. Je
(i vous prie donc, 8c tous les autres en font de même, de ne pas vous arrêter
« à la dépense que cela pourra vous causer ; pour un marc d'argent qu'il
« vous en coûtera, vous en recouvrerez cent, 8(. vous exalterez par là votre
« nom dont la gloire est obscurcie parmi nous. Nous omettons une partie
« des choses que nous aurions à vous dire, mais maître Raoul, qui connoît
« très-bien 8c nos intérêts 8c ceux du pays, aura soin de vous en informer. »
C'est ainsi que la vicomtesse de Narbonne, après avoir reproché au roi la
faute qu'il avoit faite de permettre que le comte de Toulouse devînt vassal du
roi d'Angleterre, nous apprend les desseins qu'avoit alors ce dernier prince
d'établir sous ce prétexte sa domination dans toute la Province Se de s'en
servir pour faire diversion contre ses fils rebelles 8< le roi Louis le Jeune, leur
protecteur. Du reste, nous ignorons quelles furent les suites des desseins du
roi d'Angleterre sur le Languedoc; Se nous ne savons pas mieux quelle part
(1 eut le comte de Toulouse dans toute cette affaire, quoi qu'il paroisse qu'il
« fût toujours lié avec Henri II depuis le traité de Limoges.
L. — Le rot prend l'église d'Agde sous sa protection,
Louis continua cependant d'exercer son autorité dans la Province, 8c il
accorda, la même année iiyS, un diplôme en faveur de Guillaume, évêque
d'Agde, dans le préambule duquel' il marque combien il étoit jaloux de ses
droits. Il y rend grâces à Dieu de ce qu'il y avoit établi les rois de France
les vicaires de sa puissance, pour protéger les églises, conserver leur dignité
Se réprimer l'impiété des tyrans. Il confirme par cette charte l'église d'Agde
dans la possession de ses domaines, entre autres de la troisième partie de la
ville d'Agde 8< des droits domaniaux du comté, conjormément au diplôme de
Charlemagne; il la confirme aussi dans la possession du faubourg £c de l'ab-
baye de Saint-Sever, avec permission à l'évêque de fortifier la ville, à cause
des fréquentes incursions des méchans Se de crainte des Sarrasins. Il accorde
' Gallia Christlunn, ilov. ci, t. 6, Iiatrum. c. 3i6 & ssq.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XIX. 5? "; T"
' An 1 173
enfin à l'évêque la justice civile & criminelle sur les vassaux 8<. les chanoines
de son église. Le nombre de ces derniers avoit été jusqu'alors indéterminé; t.'ui^pf'j'i.
Guillaume' les réduisit à douze la même année & leur assigna certains biens
pour leur mense.
LI. — Vicomtes de Fenouîllèdes, de Minerve, i-c.
L'archevêque 8t la vicomtesse de Narbonne, loin d'imiter leurs prédéces-
seurs, dont les différends avoient causé tant de troubles dans le pays, vivoient
alors de bonne amitié. Ils reçurent conjointement*, le i3 d'octobre de
l'an 1173, la déposition de Bertrand d'Auriac, de Pierre- Olivier de Termes.,
son jrère, & des autres témoins qui avoient été présens au testament d'Arnaud,
vicomte de Fenouillèdes, lequel étant malade à La Grasse y avoit fait ce tes-
tament, le matin du 29 septembre précédent, & y étoit mort l'après-midi.
Suivant cet acte, Arnaud choisit sa sépulture dans l'abbaye de La Grasse 8<.
fait divers legs pieux, tant à ce monastère qu'à celui de Fontfroide, aux hos-
pitaliers Si aux templiers. II donne mille marabotins à sa femme, dont il ne
dit pas le nom, sur les revenus du château de Fenouillet fit ses dépendances;
&, supposé qu'elle fût enceinte, il fait héritier son fils ou sa fille posthume;
sinon il donne à Bérenger de Pierrepertuse, son neveu, le château de
Fenouillet avec ses dépendances, sauj la fidélité qu'il devait à la vicomtesse
Ermengarde. Il donne au même Bérenger la moitié de plusieurs villages du
pays de Fenouillèdes, la moitié du droit qu'il avoit sur le prieuré 5c le domaine
de Saint-Paul de Fenouillèdes, Se la moitié de tous les chevaliers Si de leurs
fiefs, qu'il avoit à cause du château de Fenouillet 61 de ses dépendances, 8<
du château de Saint-Etienne de Balérac. Il laisse l'autre moitié, par égales
portions, à Bertrand d'Auriac 8t à Pierre-Olivier de Termes, son frère, ses
proches parens, en considération des services ([u'ils lui avoient rendus. Il
donne enfin le reste de ses domaines, pour les partager également, à ses
quatre sœurs. Aide, Brunissende, Deude Se Alamande. Arnaud mourut sans
postérité masculine^ Si en lui finit la première race des vicomtes héréditaires
de Fenouillèdes. Il eut une fille posthume, nommée Ave, qui lui succéda
suivant son testament 8c qui porta la vicomte de Fenouillèdes dans la maison
de Saissac.
Pierre Raynard de Béziers, l'un des principaux seigneurs de la Province,
mourut aussi en 11 73. Il choisit sa sépulture par son testament'* dans le
monastère deCassan, où il fonda un anniversaire de même que dans ceux de
Salvanez Se de Valmagne. Il partagea ses biens à ses sœurs, en cas qu'il ne
laissât pas d'en fans de sa femme. L'une de ces sœurs avoit épousé Bernard-
Raimond de Capendu, S<. une autre Aymeri de Pont. 11 donna le château
■ Caniilaire de l'église d'Agde. — Gall'ia Chris- > Voyez tome VU, Not<- XXVII, ii. vil & se<l.
tiana, no», éd. t. 6, Instrum. c. 326 & seq. pp. 86, 87.
* Mnrtène, Thcmurus Anecdoiorum, t. 1, p. Ô74 ^ Cartiilaire du château de Foix, caisse i5.
& :en.
An 1 173
58
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XIX.
d'Oveillaii a une troisième nommée Cécile, qui, étant veuve de Pierre-Ermen-
gaud, avoit épousé Pierre de Minerve. Il déclara que Roger, vicomte de Car-
cassonne, lui devoit quatre mille sols melgoriens pour les dommages qu'il
avoit causés au même château d'Oveillan durant la guerre Se à ses vassaux.
Il donna à une quatrième sœur, femme de Guillaume de Poitiers, tout le
domaine qu'il avoit dans la ville de Béziers, au château de Villeneuve & par-
tout ailleurs, à condition de donner mille sols melgoriens à une autre de
leurs sœurs, nommée Adélaïde, & autant à une sixième,' appelée Fine, pour
être religieuses. Bernard, évêque de Béziers, fut témoin de ce testament dont
l'ouverture fut faite dans l'église de Saint-Sernin de cette ville, en présence
de l'archevêque de Narbonne. Pierre Raynard avoit pris le surnom de Béziers,
soit parce qu'il descendoit des anciens vicomtes de cette ville, soit parce qu'il
en possédoit une partie du domaine, à l'exemple de plusieurs autres anciennes
familles de la Province qui prirent leur dénomination, lors de l'institution
des noms propres, des villes où elles avoient des fiefs'. Pierre de Minerve,
beau-frère de ce seigneur, ne lui survécut pas longtemps, comme il paroît
par un^ acte de vente fait au mois de mars de l'an iiyô, à l'abbaye de Font-
froide, de la moitié de quelques terres situées à Védeillan, par Bernard de
Minerve, du conseil de la vicomtesse Ermengarde, de qui il les tenoit en
fief. Bernard marque dans cet acte que la moitié de ces biens appartenoit à
ses cousins, fils de Pierre Minerve. Guillaume de Minerve, frère de Bernard,
ratifia cette vente qui fut faite à Narbonne dans le palais d'Ermengarde, 81
avec l'approbation d'Aymeri de Narbonne, son neveu.
LU. — Traité entre les villes de Narbonne £• de Pise,
Éd. origin. La vicomtcssc Ermengarde^, Aymeri, son neveu, les consuls & les autres
t. m, p. 30. ti 7 ^ ' p
prud'hommes de Narbonne conclurent, le 4 de mars de la même année,
indiction Vil, par leur ambassadeur, avec la ville de Pise, en Italie, un traité
' L'origine de ces seigneurs est en effet extrê-
mement obscure, bien que pendant tout le dou-
zième siècle ils aient joué un grand rôle dans le
Midi. C'est ainsi qu'en ilo5, un Arnaud de Bé-
ziers épouse Matheline, fille du vicomte Bernard-
Aton (t. V, c. 794), & leur nom reparaît dans
tous les actes un peu importants de l'époque. Un
seul fait pourrait nous guider dans cette recher-
che; ce nom de Rainardj peu commun dans le
pays & que portait le seigneur dont le testament
est analysé par dom Vaissete. En io5âj l'évéque de
Béziers, Bernard, inféoda le bourg de Béziers &
la plus grande partie des droits & revenus qu'il
possédait dans cette ville à un certain Raina rd
Salomon (t. V, c. 486). Un peu plus tard, en 1 1 1 2
& 1122, nous trouvons un certain Pierre Rainard
(t. V, ce. 827 & 9o3). On pourrait faire d'Elisia-
rius, père d'enfants déjà âgés en 1 io5, le fils de ce
Rainard Salomon de io55, son petit-fils tout au
plus, & ce Pierre Rainard de 1112 serait le père
de celui de 1 173. On pourrait donc dresser de cett«
famille le petit tableau généalogique suivant :
[ Elisiarius
Rainard Salomon ) épouse
vers 10 56
Pierre I Pierre
On pourrait rattacher à cette famille une bonne
partie des individus qualifiés Je Biterri dans les
textes du douzième siècle (Voir au tome V VIndex
onomasticui). Parmi ces personnages, on peut re-
marquer ViW Guiîlelmus Arnaîdi de Biterri, qui
possédait le hurgus vicecomitalis, vendu en 1122
au vicomte Bernard-Aton. Il était peut-être père
d'Elisinrius. [A. M.]
" Tome VIII, Chartes, n. XXÏI, ce. 317, 3 18.
^ Archives de l'hôtel de ville de Narbonne.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XIX. 5q "~; 7
y An 1 173
dans lequel il est dit : 1° Que les Pisans jouiioient d'une entière sûreté
dans les ports du territoire de Narbonne. 2° Que, sur les plaintes de la
communauté de Pise, la vicomtesse feroit rendre justice dans l'espace de
quarante jours après qu'elle en seroit avertie à tous les Pisans qui auroient
reçu quelque dommage, soit à Narbonne, soit dans la vicomte. Enfin Ermen-
garde accorde aux Pisans les mêmes privilèges qu'elle avoit accordés aux
Génois par le traité' qu^elle avoit fait en ii66 avec ces derniers.
LUI. — Suite du divorce entre le comte de Toulouse £■ Constance, sa femme.
Le divorce qui duroit toujours entre Raimond, comte de Toulouse, Si.
Constance, sa femme, fut cause sans doute que ce prince se mit peu en peine
de conserver son ancienne union avec le roi Louis le Jeune, son beau-frère,
Se qu'il prit parti contre lui dans la guerre que les princes d'Angleterre firent
au roi Henri II, leur père. Constance, après sa séparation avec Raimond,
passa dans la Terre-Sainte 8<. s'établit dans une maison qu'elle avoit acquise
dans la plaine d'Ascalon. Cette princesse s'étant ensuite rendue^, en 11 78, à
Jérusalem, dans le chapitre des frères de l'Hôpital, elle leur fit donation de
cette maison, se donna pour leur sœur, entre les mains de Raimond de Mou-
lins, qui avoit alors la maîtrise de cet hôpital, 81 choisit sa sépulture dans
leur cimetière : elle fit cette donation à condition que l'hôpital de Jérusalem
lui payeroit tous les ans une pension viagère de cinq cents besans, tant qu'elle
demeureroit en Orient, ou de soixante-deux marcs & demi d'argent si elle
repassoit la mer.
Il paroît que Constance prit bientôt après ce dernier parti, par une lettre^
que le pape Alexandre III écrivit l'année suivante à Henri, archevêque de
Reims, frère de cette princesse. « Notre chère fille en J.-C, dit le pape dans
« cette lettre, la noble dame Constance, comtesse de Toulouse, votre sœur,
« nous ayant représenté qu'elle étoit résolue de garder la chasteté, parce que
K le comte de Toulouse, son mari, ne lui est pas fidèle Si qu'il entretient des
u concubines, nous l'avons exhortée à retourner avec lui. Toutefois, comme
(I elle refuse de se rendre à nos exhortations, jusqu'à ce que le comte ait
(1 renoncé à ses débauches, nous lui avons écrit pour l'engager à changer de
« conduite, 81 nous lui avons envoyé une ambassade solennelle pour le presser
« de rappeler la comtesse, sa femme, comme il convient, après avoir donné
« caution qu'il la traiteroit honnêtement 8t honorablement, St ainsi qu'il
« convient à une si grande Se si noble dame. Nous avons aussi ordonné à nos
<i vénérables frères l'archevêque de Narbonne & l'évêque de Nimes, 8; à notre
« cher fils Raimond, cardinal-diacre du titre de Sainte-Marie in via lata, de
« s'employer auprès du comte de Toulouse pour le porter à faire ce que nous
« souhaitons de lui, St'de nous faire savoir, 8t à vous aussi, le succès de leur
' Voyez ci-dessus, n. xiii, p. 17 & suit. ' Martine, Veterum SS. amplissima collection t. i,
' Voyez tome VIII, Chartes, n. XVII, ce. 299 à c. ioo3.
Soi.
An 1 174
~ 60 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XIX.
An 1 174
» négociation. C'est pourquoi nous vous prions, supposé que le comte juge à
« propos de rappeler honorablement la comtesse auprès de lui, d'exhorter
« celle-ci à y retourner, parce qu'il ne convient pas à une femme de vivre
« ainsi séparée de son mari; pourvu qu'il la traite avec honneur 8<. qu'elle
« n'ait pas un juste sujet de s'en séparer. »
Cette lettre est datée d'Anagni, le Il\ de février, &c elle appartient par con-
séquent à l'an 1174, car Alexandre III demeuroit alors dans cette ville, &
Henri, archevêque de Reims, mourut en iiyS. Elle prouve que le comte de
Toulouse avoit abandonné en 1174 les intérêts de l'antipape St s'étoit remis
sous l'obéissance d'Alexandre III. Quant à la réconciliation de ce comte avec
Constance, nous ne voyons pas qu'elle ait été faite, malgré tous les soins du
pontife, & il n'est plus fait mention de cette princesse dans la suite. On'
croit qu'elle se retira dans le monastère de Notre-Dame de Soissons, auprès
de Mathilde, sa fille, qui, dit-on, en étoit abbesse, qu'elle y prit l'habit reli-
gieux Se qu'elle y finit ses jours. Mais cela n'est fondé que sur la supposition
que Mathilde^, abbesse de Notre-Dame de Soissons, étoit sa fille; ce qui est
faux. Cette abbesse étoit fille d'une autre Constance, sœur du roi Louis le
Gros & tante de Constance, comtesse de Toulouse ■>.
LIV. — Cour plénîère tenue à Beaucalre par le comte de Toulouse.
t'^nr'p"'"- La guerre continua en 1174 avec divers succès de part &. d'autre entre les
princes d'Angleterre, soutenus par le roi Louis le Jeune, & le roi Henri II,
leur père'*, jusques à la fin de septembre qu'ils firent la paix. Nous ne savons
pas quelle fut la conduite de Raimond, comte de Toulouse, durant la suite
de cette guerre, & si le roi d'Angleterre exécuta le projet qu'il avoit formé de
faire soulever toute la Province en sa faveur. Ce qu'il y a de vrai, c'est que
le roi Henri II 8t le comte Raimond demeurèrent toujours unis, & que le
premier s'employa pour moyenner la paix entre Raimond & le roi d'Aragon.
Elle devoit être traitée durant une grande assemblée ou cour plénière que
Raimond tint cette année à Beaucaire, & dont un auteur du temps ^ nous a
laissé les circonstances suivantes. « Les princes & les seigneurs provençaux,
« dit cet historien, qui s'étoient rendus en grand nombre pendant l'été au
« château de Beaucaire, y célébrèrent diverses têtes. Le roi d'Angleterre avoit
« indiqué cette assemblée pour y négocier la réconciliation de Raimond, duc
u de Narbonne, avec Alphonse, roi d'Aragon; mais les deux rois ne s'y trou-
' Mnrtène, Voyage littéraire ie deux religieux Sura suivi de trop près. Peut-être faut-il admettre
icnéAictinS, p. 23. deux Mathildes, abbesses de Notre-Dame de Sois»
' Voyez tome VII, Note II, n. v, pp. 6, 7. sons, dont la seconde serait en effet fille de Cons-
' On peut se reporter ;i la note do dom Vaissete tance, sœur de Louis VII. [A. M.]
(t. VII, pp. 6, 7); mais il faut tenir compte de ^ Robertus de Monte, Chronicon. — Gervasius,
notre remarque [ibid. p. 7, col. 1, n. .'5). Le té- monachus Dorobernensis, Chronica rie temporc rc-
moignage de Suger nous paraît, à vrai dire, déci- gum Angliae Stcphani, Henrici II & Kicardi I.
sif. Il doit y avoir là une erreur de Dormay dans ^ Gaufridus, prior Vosiensis, Chronicon, p. 3ii
sou Histoire de Soisson'^ que le Gallia C/irtstiana 8c seq.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XIX.
6i
An 1 174
« vèrent pas pour certaines raisons; en sorte que tout cet appareil ne servit
u de rien. Le comte de Toulouse y donna cent mille sols' à Raimond
« d'Agout, chevalier, qui, étant fort libéral, les distribua aussitôt à environ
« dix mille chevaliers qui assistèrent à cette cour. Bertrand Raimbaud fit
« labourer tous les environs du château St y fit semer jusques à trente mille
« sols en deniers. On rapporte que Guillaume-Gros de Martel, qui avoit
« trois cens chevaliers à sa suite, fit apprêter tous les mets dans sa cuisine
« avec des flambeaux de cire. La comtesse d'Urgel y envoya une couronne
« estimée quarante mille sols : on avoit résolu d'y établir pour roi de tous les
« bateleurs un nommé Guillaume Mite, s'il ne se fût absenté. Raimond de
« Venous fit brûler par ostentation trente de ses chevaux devant toute l'assem-
K blée'. »
LV. — Entrevue entre le rot d'Aragon 0 le comte de Toulouse à Meuillon
Le roi d'Aragon eut cependant une entrevue cette année avec le comte de
Toulouse, comme il paroît par une charte ^ de ce roi, donnée à Perpignan,
au mois de novembre de l'an 1174, lorsqu'il étoit parti du pays d'Aragon
pour se rendre à la confirence qu'il devoit avoir avec le comte Raimond. Il
unit par cette charte l'hôpital de Larsac, situé en Rouergue, dans la vicomte
de Millau, sur les frontières du Gévaudan, au monastère de Notre-Dame de
Cassan, dans le diocèse de Béziers.
Guillaume VIII, seigneur de Montpellier, souscrivit à cette charte avec
plusieurs autres seigneurs. Or, comme il se trouva'* au mois de décembre
suivant avec le comte de Toulouse k une assemblée qui fut tenue à Meuillon
{ile Medullo)^, lieu situé alors dans le marquisat de Provence, & aujourd'hui
' cinquante sols raloient alors un marc d'argent
fin. [Note ici Binii\ct.\. — Le texte de Geoffroi de
Vigeois est altéré & aurait teUement besoin d'une
révision attentive que nous n'admettrons que sous
toutes réserves les chiffres véritablement fantasti-
ques, pour l'époque, qu'il indique. Tous les ma-
nuscrits s'accorderaient pour les donner, qu'il
faudrait encore compter avec la manie d'exagérer
dont sont possédés la plupart des chroniqueurs de
ce temps. [A. M.]
' A cette année i 174 se rapporte une chart» fort
importante de Raimond V en faveur des Ggnois.
(Voir M. Germain, Commerce de Montpellier, t. 1,
p. 98 & suiv.). Par cette charte, renouvelant la
concession de son oncle Bertrand de 1 109 (t. V,
ce. 809, 810), il en étend singulièrement les ter-
mes j les Génois obtiennent entie autres un fonJego
» Saint-Gilles, le monopole du commerce dans les
ports de la Méditerranée soumis au comte; les sa-
lins de Bouc, le rocher de Monaco (pour y cons-
truire une forteresse), une partie de la ville de
Nice, Marseille & Hyères. Le comte les exempte
encore de tout droit de péage dans ses domaines
& de la justice ordinaire, sauf les crimes entraî-
nant la peine capitale. Tous ces privilèges excessifs
avaient pour objet de gagner à Raimond l'alliance
de la puissante république contre son ennemi,
Alfonse d'Ar.igon. (Voir pour ce dernier point
l'ouvrage de M. Germain, plus haut cité.) L'acte
a été publié dans les Historiae patriae monumcnla,
Liier jurium reipuHicae Gcnuensis, t. I , p. 296.
[A. M.]
' Voyez tome VIII, Chartes, n. XIII, c. î8d
— Cet hôpital du Larzac n'appartint pas long-
temps à Cassan; du moins dès 1202 on trouve an
même lieu un hôpital de Saint-Michel qui dépen-
dait de l'hôpital mage de Millau. En i3o4, on
en rebâtissait les bâtiments, & l'évêque de Rodez
faisait faire à cet effet une quête dans son diocèse.
(De Gaujal, Etudes sur le Rouergue, t. 2, pp. 1^4
& 148.) [A. M.]
' Voyez tome VIII, Chartes, n. XVIII, c. 3o2.
' La présence à l'acte en question (t. VIII,
c, 302) de plusieurs prélots 8( seignsu-: du baj
*- 02 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XIX.
An 1 174
dans le Dauphiné, auprès du mont Ventoux; nous inférons de là que la con-
férence entre le roi d'Aragon & le comte se tint en cet endroit; mais nous
ignorons ce qui y fut conclu entre ces deux princes. Un historien de Pro-
vence' prétend qu'ils continuèrent à se faire la guerre jusqu'en 1176. II se
fonde sur une charte dans laquelle le comte de Toulouse accorde aux Génois
la liberté du commerce, l'exemption de toute sorte de droits 8c divers autres
privilèges dans tous les ports situés depuis Arles jusques à la Turbie, près de
Mourgues ou Monaco, & depuis la Turbie jusques à Narbonne : privilèges
dont Guillaume de Sabran, connétable de ce prince, alla jurer en son nom
l'observation à Gênes, au mois d'août de l'an 11 74. Cet auteur conclut de là
que Raimond prétendoit dominer alors sur toute la Provence, au préjudice
du roi d'Aragon; mais l'entrevue de ces deux princes à Meuillon étant pos-
térieure, cela ne prouve rien; &. ils peuvent avoir fait quelque traité de
paix ou de trêve dans cette assemblée à laquelle assistèrent le seigneur de
Montpellier, Pons, archevêque de Narbonne^, Jean évêque de Maguelonne,
Raimond-Guillaume de Montpellier, abbé d'Aniane, Bernard d'Anduze, Ber-
mond d'Uzès, Raimond-Gaucelin de Lunel, Guillaume de Sabran, Raimond-
Rascas d'Uzès, Bermond de Sommières, Guy Guerrejat de Montpellier,
Guillaume d'Arses & plusieurs autres seigneurs de marque. Le comte de
Toulouse promit alors par serment au seigneur de Montpellier de lui con-
server la vie & les domaines. Aifisi^ ils firent sans doute la paix ensemble.
LVI. — Mariage de Guillaume VIII, seigneur de Montpellier, avec Eudoxe
Comnène,
ÉJ.origin. Guillaume VIII avoit épousé depuis peu Eudoxe, fille de Manuel Com-
«•ill,p.38. ^ - j /^ - • 1 T T • JM -£11
nene, empereur cie (^onstantinople.- Jacques J, roi ci Aragon, petit-nls de
Guillaume & d'Eudoxe, rapporte les circonstances suivantes de leur mariage.
« C'est une chose certaine, dit ce roi dans les mémoires"* qu'il nous a laissés
« de sa vie en langue provençale, que le roi Alfonse, notre aïeul, fit de-
« mander à Emmanuel, empereur de Constantinople, sa fille en mariage.
« Pendant qu'on négocioit cette alliance, &, après qu'elle eut été arrêtée de
« part Se d'autre, notre aïeul épousa Sancie, fille de l'empereur de Castille.
« L'empereur de Constantinople, qui ignoroit le mariage d'Alfonse, envoya
« sa fille à ce prince, qui étoit comte de Barcelone &C marquis de Provence,
c( Se il la fit accompagner par un évêque & deux seigneurs de sa cour. Lors-
« qu'ils furent arrivés à Montpellier, ils apprirent que le roi Alfonse avoit
»
Langiiecloc, prouve que ce Mft/u/Zam doit être cher- avait sans doute de ce côté une maison de plai-
ché du côté de Montpellier. Il s'agit évidemment sance. [A. M.]
de Mej^ottls, écart de la commune de Maiiguio ' Bouche, Z.a chorographlt: ou description de Ij.
(anc. Melgue'd), que les textes appellent Me^ol, Provence, t. i, ■p. |8.
Medol, Medullum. (Voir Thomas, Dictionnaire Je ' Voyez tome VIII, Chartes, n. XVIII, c. 3o2.
l'Hérault, p. I r4, c. 2.) Le comte de Toulouse, qui ^ Gariel, Séries praesulum Magulonensium, p. 227.
dès cette époque possédait le comté de Melgueil, ^ Chronica 0 commentari del rey Jacme, c. 1.
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XIX. 63
« épousé Sancie de Castille; cela les mit dans un grand embarras : ils deman-
« dèrent conseil à Guillaume de Montpellier sur ce qu'ils avoient à faire. Ce
K seigneur, avant que de répondre, consulta les principaux de son conseil,
K qui furent tous d'avis qu'il épousât lui-même cette princesse. Il la demanda
« en mariage aux envoyés de Constantinople : ces ambassadeurs firent
« d'abord difficulté de la lui accorder, parce qu'il n'étoit ni roi, ni empe-
« reur, & ils le prièrent instamment de leur permettre de s'en retourner, à
« cause qu'ils avoient promis à l'empereur de lui ramener sa fille, si son
« mariage avec le roi d'Aragon ne s'accomplissoit pas. Guillaume ne se rebuta
« pas de ce refus, Se il fit de si grandes instances que les ambassadeurs de
« l'empereur consentirent enfin k sa demande, à condition que l'enfant qui
« naîtroit de ce mariage, soit mâle, soit femelle, hériteroit de la seigneurie
« de Montpellier. Ils exigèrent en même temps que tous les habitans de
« Montpellier au-dessus de dix ans fissent serment d'observer cette condi-
« tion : cela fait, les noces furent célébrées. » Jacques I, roi d'Aragon, ne
marque pas dans ce récit le nom de la princesse grecque, son aïeule; mais
nous apprenons d'ailleurs' qu'elle s'appeloit Eudoxe, St qu'elle porta le titre
iV impératrice après avoir épousé Guillaume. Quant à l'époque de ce mariage,
on peut la fixer à peu près par celui d'Alfonse II, roi d'Aragon, avec Sancie,
fille d'Alfonse VII, roi de Castille, qui fut célébré^ le 18 de janvier de
l'an 1174.
LVII. — Seigneurs d'Andu-^e, d'U-^ès, de Lunel, ^c.
Raimond V, comte de Toulouse, passa la plus grande partie de cette année
aux environs du Rhùne; il fut^ présent à Saint-Gilles, au mois d'août,
lorsque « Bernard d'Anduze 81 Bertrand, fils de feu Bernard Pelet, étant
« dans la maison des hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem de cette ville,
« donnèrent en fief, à Guy de Séverac, le château de Peyrelade, dans le
<i comté &i. l'évêché de Rodez. » Cet acte, qui fut passé en présence de Ber-
mond d'Uzès, de Guillaume de Sabran, de Raoul, avocat 8c chancelier de
Raimond, 8cc., prouve que Bertrand Pelet avoit fait alors sa paix avec ce
prince, 5c qu'il lui avoit abandonné ses droits sur le comté de Melgueil.
Le même Bernard, seigneur d'Anduze, qui fut le sixième de ce nom,
accorda cette année l'exemption d'usage 6* de leude dans ses terres à l'abbaye
de Franquevaux, 8t fit hommage à Aldebert, évêque de Nimes, pour les châ-
teaux de Montpezat, de Lecques, de Saint-Bonnet, 6<.c. Il fit diverses dona-
tions, en 118 1 8c 1184, à l'abbaye de Bonneval, en Rouergue. On lui donne+
pour sœur Eustorge, fille de Bernard d'Andu-^e d'Alais, laquelle épousa ^
Boson II, vicomte de Turenne; mais comme il est certain que cette vicom-
'Git\t\,ScrieiprcLesulum Magaîonensium,-p, 279, ' Le Laboureur, Histoire généalogique de la mai-
2' éd. son d'Anduze.
' Zurita, Anales de la corena de Aragon, 1. 2, * liid.
c. 33. ' Gaufridus, prior Vosiensis, Chronicon, p. 290.
An 1 174
-; 64 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIX. XIX.
An I I 7/j '
tesse étoit' veuve en 1143, & qu'elle avoit été mariée longtemps auparavant,
elledevoit être plutôt tante de Bernard VI, seigneur d'Anduze, que sa sœur.
Bertrand, abbé de Franquevaux, termina d'un autre côté, en 1174, les
différends qu'il avoit avec Raimond du Caylar & ses frères, en présence de
Raimond-Gaucelin, seigneur de Lunel , Ëc de Pons-Gaucelin, son frère.
Bermond, par la grâce de Dieu seigneur d'U-^ès £,• de Posquières, accorda la
même année à ce monastère, avec Eléazar Se Raimond, ses fils, le droit de
pacage dans toutes ses terres, 8c lui donna quelques domaines, en présence de
Pierre d'Ui^ès, abbé de Psalmodi.
LVIII. — Bernard-Aton, vicomte de Nîmes, prend V administration de ses
domaines. — Roger II, vicomte de Carcassonne, s'occupe du gouvernement
des siens.
Durant le séjour du comte de Toulouse à Saint-Gilles, Bernard-Aton,
vicomte de Nimes 8<. d'Agdc, se rendit à sa cour, S<. ils se promirent par un
Éd. orisin. scmient réciproque^ de s'entr'aider. Ce vicomte avoit atteint alors l'âee de
t. 111, P- 39. ' ' , . , . 1 • A
majorité, & il gouverna depuis ses domaines par lui-même, comme il paroît
par l'hommage qu'il reçut ■*, au mois de septembre de la même année, du sei-
gneur de Pouls, dans le diocèse de Nimes. 11 donna'* en fief, deux ans après,
le droit de criée de la ville de Nimes, par un acte qui fut confirmé d'abord
par la vicomtesse Garsinde & ensuite par la vicomtesse Guillelmette. Celle-ci,
qui étoit de la maison de Montpellier, étoit sa mère; l'autre, dont nous
ignorons la maison , étoit sa femme. La première prenoit encore quelque
part, en 11 79, au gouvernement des domaines de Bernard-Aton, son fils;
car ce vicomte confirma-' alors du conseil de Guillelmette, sa mère, l'abbave de
Valmagne, au diocèse d'Agde, dans la possession de ce qu'elle avoit au Heu
de Tortoirera, où elle avoit été fondée.
Roger, vicomte de Carcassonne &. de Béziers, s'appliqua de son côté au
gouvernement de ses domaines. Il accorda, au mois d'août de l'an ^ ii74) en
présence d'Ermengarde, vicomtesse de Narbonne, à Isarn Jourdain 8c Ber-
nard de Saissac, ses vassaux, une colline pour y construire un château qui
seroit appelé Mont-Revel. Ce château pourroit bien avoir donné l'oricrine à
la petite ville de Revel, en Lauragais. Il y avoit une autre branche de la
maison de Saissac dont étoit Bertrand, fils de Hugues de Saissac qui, en 1 168,
donna' une partie du bois de Boulbonne à l'abbaye de ce nom. Le même
Roger, qui se qualifie par la grâce de Dieu proconsul (ou vicomte) de Béjiers,
vendit^, le 16 de novembre de l'an 1174, à Sicard, abbé de Montolieu, 8c à
■ Baliize, Historia ecchsUe TuteUnsls, 1. 2, c. 17. ■• Domaine de Montpellier; Nimes, sac i, n. 2,
' Voyez [omeVin, Chartes, n.XX, ce. 3o6, Soy. ' Archives de l'abbaye de Valmagne.
^ Trésor des chartes; Toulouse, sac 7, n, 63. — * Voyez tome VIII, Chartes, n. XXI, c. 307.
[Voyez cet acte dans Teiilet, Layettes, t. i, p. 107. ' Archives du château de Foix.
Ce lieu est aujourd'hui Poulx (Gard), canton de ' Hiil. caisse 22.
Marguerittes.J
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XIX. 65
ses religieux, la moitié des lods Se ventes {Joris capiorum) qu'il avoit au châ-
teau £<. au bourg de Montolieu; Guillaume de Miraval lui céda ', au mois de
décembre suivant, les domaines qu'il possédoit à Castres & aux environs, en
dédommagement de la guerre qu'il avoit faite & des brigandages^ qu'il avoit
exercés. Enfin Roger reçut, l'année suivante, l'hommage pour les châteaux
de Rieux & de la Livinière, dans le Minervois.
LIX. — Assemhlée de divers seigneurs de la Province.
Le comte de Toulouse se rendit ^ médiateur, le 26 de mai de l'an iiyj,
d'un différend qu'avoit ce vicomte avec Guillaume, seigneur de Lunas, dans
le diocèse de Béziers, 8c rendit un jugement du conseil de Pons, archevêque
de Narbonne, Gaucelin, évêque de Lodève, Hugues, comte de Rodez, Ermen-
garde, vicomtesse de Narbonne, de l'archidiacre de cette ville, de Pierre-
Raimond d'Hautpoul, Pierre-Raimond de Montpeyroux, 6c Hugues de
Romegous, viguier de Carcassonne, qui lui servoient (ïassesseurs, en présence
de l'évêque de Béziers. Le vicomte donna en fief à Guillaume le château de
Lunas } 8t ce seigneur lui céda de son côté le lieu de Casteinau, dans le dio-
cèse d'Agde, tout ce qu'Astorg de Lunas, son aïeul, avoit possédé dans la
ville de Saint-Thibéry, 8c le château de Corver qu'il reprit en fief du vicomte,
lequel lui donna la somme de trente mille sols melgoriens pour racheter le
lieu de Casteinau.
LX. — Différends entre le comte de Rode-^, comme vicomte de Lodève,
6- l'évêque de cette dernière ville.
Gaucelin de Montpeyroux, évêque de Lodève, 8c Hugues, comte de Rodez,
qui se trouvèrent à ces assises, y terminèrent peut-être leurs différends au
sujet du château de Montbrun, dont ils partageoient le domaine. On a
remarqué ailleurs'* que ce comte descendoit par femmes des anciens vicomtes
de Lodève, dont ses ancêtres avoient hérité. Hugues, qui avoit eu^ cette
vicomte dans son partage, transigea <5 en 1167 avec Gaucelin, 8c ils con-
vinrent qu'ils domineroient chacun pendant six mois de l'année dans ce châ-
teau. Six ans après, ce comte emprunta dix-huit mille sols melgoriens de
l'évêque, des chanoines 8c des habitans de Lodève, avec promesse qu'il ne
feroit valoir, soit par les armes, soit en justice, les droits qu'il prétendoit avoir
sur eux, qu'après quarante jours, depuis qu'il leur auroit restitué cette somme.
11 donna Guillaume de Lunas pour caution, 8c ordonna aux troupes qu'il
' Voyez tome VIII, Chartes, n. XXI, ce. 3o8, ' Voyez tome VIII, Chartes, n. XXI, ce. 3o<j,
309. — [Il avait surtout donné asile à un certain 3io.
Arnaud de Monteassen, qui avait dépouillé plu- ■* Voyez tome IV, Note XXV, p, iip,
sieurs marchands de leurs marchandises, malgré ' liiJ.
le saufconduit du prince.] * Plantavit de la Pause, Chrcnologia pmcsulimt
' Aicliivei du château de Foix, caisse 12. LoAovensium, p. 91 & seq.
VI. c
An 1 174
An 1 170
An 1 1 75
Kd. origin.
t. IJl. p. 40.
6G HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XIX.
avoit mises en garnison à Lodève de défendre & de protéger l'évêque, même
contre sa propre personne, s'il venoit à l'attaquer & à enfreindre sa promesse.
Nonobstant un traité si solennel, Hugues fit de nouvelles entreprises à
Lodève; en sorte que l'évêque fut obligé d'avoir recours à l'autorité du pape
Alexandre III qui écrivit, en iiyS, à l'archevêque de Narbonne pour lui
ordonner d'avertir ce comte d'observer ses promesses & de ne pas molester ce
prélat; sinon de l'excommunier & de jeter l'interdit sur toutes ses terres
jusqu'à ce qu'il se fût soumis. Nous ignorons la suite de cette affaire; nous
savons seulement que Raimond', successeur de Gaucelin dans l'évêché de
Lodève, acheta, en 1188, du même comte de Rodez, pour la somme de
soixante &c six mille sols melgoriens, tout ce que ce dernier possédoit dans le
château de Montbrun &i dans le Lodévois, 8c que le comte promit en même
temps, tant pour lui que pour ses successeurs, de ne faire aucune acquisition
dans le pays, sans l'exprès consentement des évêques. Raimond V, comte de
Toulouse, ratifia^ cette vente quelque temps après, en qualité de comte par-
ticulier de Lodève 8i de suzerain du pays, Bidonna à l'évêque Raimond tout
ce qu'il possédoit lui-môme dans le Lodévois. Les évêques de Lodève éten-
dirent par là considérablement leur domaine dans le pays 3, sur lequel ils
dominèrent enfin entièrement; en sorte que tous les seigneurs du diocèse
devinrent"* leurs vassaux, entre autres Bérenger & Aymeri, seigneurs de
Clermont, qui rendirent, à ce qu'on prétend, en 1172 8<, 1184, leur horajnage
à Gaucelin, évêque de Lodève^.
LXI. — Le vicomte de Carcassonne acquiert la vicomte de Sault ^ reçoit
divers hommages.
Roger, vicomte de Béziers & de Carcassonne, termina amiablement, au
mois de mai de l'an iiyâ, un différend^ qu'il avoit avec Pons d'Olargues,
au sujet de la paroisse de Murasson, en Rouergue^. Il acquit, au mois de
juillet suivant, de Rose de Combret, une partie du château de ce nom, situé
en Rouergue, & de celui de La Caune, en Albigeois. Il donna vers le même
temps à Hugues de Romegous, son viguier de Carcassonne, les domaines
qu'il avoit confisqués sur un criminel, à condition qu'il seroit garde dans
cette ville pendant deux mois de l'année, &. permit aux habitans de Mous-
soulens de transférer leur village sur une élévation 8<. d'y construire une for-
An 1176 teresse. Il donna en engagement, au mois de février de l'année suivante, à
' Plantnvit de la Pause, ChronologU praestdum "Voir cet acte, tome VIII, c. 3i3 & suiv. Il
LoJovens'ium, p. 96 & seq, s'agissait d'un engagement; le vicomte niait que
" liH. p. 98. 1,1 paroisse de Murasson y fi'it comprise. Le vassal
' Voyez tome IV, iVore XXV, p. 129. dut réduire sa créance de mille sous, soit plus du
■* Plantavit de la Pause, Chronologin praeiulum tiers. [A. M.]
Lo.lovcns'ium, p. 98. ' Cartulaire du châtenu cie Foix. — Tome Vlil,
' Voir plus bas, à l'an 1210, ce que nous disons C lia r tes, n. XXI. ce. 'iii , izi.
du diplôme de Philippe-Auguste, octroyé par lui
à l'évêque de Lodève. [A. M.]
An 1 176
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XIX. 67
Elzéar de Castries, le péage depuis Béziers jusqu'à Montpellier, 8v régla les
droits que ce seigneur pourroit lever en conséquence, tant sur les voyageurs
que sur les marchandises, à condition de veiller à la sûreté des chemins. Il
donna aussi en fief, la même année, le guidage du chemin qui passoit par le
château de Rieux, dans le Minervois, aux seigneurs 8< chevaliers de ce châ-
teau". Pierre Roger de Mirepoix lui céda, au mois de septembre suivant,
tous les droits qu'il prétendoit à la succession de Guillaume d'Alanian,
vicomte de Sault. Il se rendit ensuite, au mois d'octobre, à l'abbaye de Notre-
Dame d'Alet, Se donna en alleu à ce monastère un emplacement dans la ville
de Limoux. Il acquit, au mois de décembre, le village de Favers, & reçut,
la même année, les hommages des seigneurs des châteaux de la Livinière,
d'Olonsac, Vinassan & Pépieux, dans le Minervois & le diocèse de Narbonne;
de Mèze, dans celui d'Agde; 8<. d'Aniort, de Belfort & de Castelpor, dans le
pays de Sault. Il paroît, par un acte de l'an 11 78, que les trois derniers châ-
teaux étoient tenus en arrière-fief de Guillaume d'Aniort.
LXII. — Le comte de Toulouse confisque la vicomte de Montclar.
Le comte de Toulouse fit un voyage dans son comté de Querci, au com-
mencement de l'an 1 176, 8c s'étant rendu ^ dans le chapitre du monastère de
Cayrac, le vendredi 6 de février, Pierre, abbé d'Aurillac, qui s'y trouvoit Se
de qui ce monastère dépendoit, l'appela en pariage pour la ville de Cayrac,
en présence de l'évêque de Cahors, des abbés de Figeac 8< de Maurs, de Ber-
trand &c de Guillaume de Cardaillac, Sic. L'abbé d'Aurillac fit cette associa-
tion, à condition que le comte seroit le défenseur du monastère 81 de la ville
de Cayrac, qu'il n'y^ feroit aucune nouvelle exaction, 8< qu'il ne pourroit
les aliéner de son domaine. Ce prince alla ensuite à Saint-Antonin, sur les
frontières de ses comtés de Rouergue Se d'Albigeois; 8< il y donna ■* en fief,
le 1" d'avril de cette année, les châteaux de Montclar Se de Montpezat, à
Arnaud de Montpezat, à Bertrand, son frère, 8<. à B. de Villemur, leur beau-
frère, au nom de leur sœur, femme de ce dernier. Ces seigneurs donnèrent
en même temps au comte, en pleine propriété t* droit d'alleu, le château
de Caylus,8c s'engagèrent réciproquement avec lui de n'avoir aucune amitié,
ni liaison avec Pons de Toulouse, sans le consentement les uns des autres.
On a dif* ailleurs que ce Pons de Toulouse descendoit des anciens vicomtes
de cette ville Se de Bruniquel, 8< que Raimond confisqua alors sur lui la
vicomte de Montclar en Querci. Ce prince revint peu de temps après du côté i^a. oiigin.
de Toulouse 8c accorda^, le 5 d'avril de la même année, une exemption de
péage dans toutes ses terres à l'abbaye de Boulbonne. Il se rendit enfin vers
le Rhône où il s'aboucha, le 18 d'avril suivant, avec Alfonse II, roi d'Aragon.
■ Voir tome VIII, ce. 32i, 322. Colbcrt , n. 1069 [Lat. 6009], p. 569. — Voyez
* Trésor des chartes du roi, reg. 176, n. 197. — tome IV, J/or<r XXXIII, p. 170.
Lacroix, de Episcopis CaJurcensihus, p. 7781 seq. * Voyez tome IV, Note XXXIII, n. vi, p. 170.
' Cartulaire des comtes de Toulouse, Mss. Ac ' Archives de l'abbaye de Boulbonne,
An 1 1 76
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XIX.
LXIII. — Paix entre le roi d'Aragon b le comte de Toulouse,
Cette entrevue se fit dans l'île de Gernica, située entre Beaucaire & Taras-
con, & ils y ' conclurent enfin la paix par l'entremise d'Hugues-Gaufied
(des vicomtes) de Marseille, maître de la milice (du Temple), assisté, au nom
du roi, de Raimond de Moncade, de Guy Guerrejat de Montpellier, & d'Ar-
naud de Villademolsj 8c, au nom du comte, d'Ermengarde, vicomtesse de
Narbonne, d'Ismidon de Faute & de Guillaume de Sabran, connétable de ce
prince. Suivant le jugement de ces sept arbitres : 1° Raimond céda à Alfonse,
moyennant la somme de trois mille cent marcs d'argent, tous les droits qu'il
prétendoit sur le comté d'Arles ou de Provence, de la manière qu'il étoit
écbu à Raimond-Bérenger IV, comte de Barcelone, par le partage de tout
l'ancien comté de Provence, réglé entre ce comte d'un côté & Alfonse, comte
de Toulouse, de l'autre ; & sur les vicomtes de Millau, de Gévaudan 81 de
Carlad • droits qu'il prétendoit tant au nom de Douce, fille de Raimond-
Bérenger, comte de Provence, laquelle avoit été promise en mariage à son
fils Raimond, qu'à cause du douaire de l'impératrice Richilde, mère de cette
princesse. 2° Le roi & le comte promirent de se rendre justice sur la vicomte
de Gévaudan, possédée par le premier, 81 sur le comté de Melgueil &. le châ-
teau d'Albaron , possédés par l'autre; en sorte que leurs différends sur ces
domaines demeurèrent indécis, & que chacun resta en possession de ce qu'il
avoit. 3° Le roi engagea au comte le château d'Albaron avec ses dépendances,
l'île de Camargue & quelques autres îles du Pvhône, jusqu'à ce qu'il lui eût
payé les trois mille cent marcs d'argent dont on vient de parler. 4° Le comte
promit de tenir compte, sur cette somme, de celle de quinze mille sols mel-
goriens pour la rançon d'Hugues-Gaufred, vicomte de Marseille. 5° Enfin ces
deux princes se pardonnèrent réciproquement tout le mal qu'ils s'étoient fait
durant la guerre, & promirent de vivre dans la suite, eux S<. leurs vassaux en
bonne amitié. Ce traité fut conclu en présence de Pierre (ou plutôt de Pons),
archevêque de Narbonne, Robert, archevêque de Vienne, Aldebert, évêque
de Nimes, des abbés de Psalmodi 81 de Saint-Thibéry, de Roger, vicomte de
Béziers Se de Carcassonne, de Raimond-Gaucelin & Pierre-Gaucelin, son
frère, seigneurs de Lunel, d'Elzéar de Castries 8<. de plusieurs autres sei-
gneurs ecclésiastiques 8c séculiers de la cour du comte de Toulouse, de Pvai-
nîond, archevêque d'Arles, de Pierre, évêque de Saragosse, Pvoger-Bernard,
comte de Foix, Gui de Sévérac, Bernard 8c Raimond de Baux, Sec, de la
cour du roi d'Aragon. Tel fut ce traité de paix, dont plusieurs modernes
ont parlé Se auquel ils ont ajouté quelques^ circonstances qui ne sont pas
exactes.
• Marca Hispantca, c. i368 & seq. ' Voyez tome VII, Note IV, pp. lo, ii.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XIX. 6g ~ T
/ An 1 170
LXIV. — I\Iort d'Er messin de de Pelet , comtesse de Melgueil. — Ra'imond,
fils du comte de Toulouse, son mari, hérite de ce comté.
Le roi d'Aragon , suivi de ses deux frères : Raimond-Bérenger, à qui il
avoit donné le comté de Provence pour le posséder sous son autorité, &
Sanche, marcha', au mois de juin suivant, contre la ville de Nice pour venger
sur ses habitans la mort de Raimond-Bérenger, comte de Provence, son
cousin. Quant au comte Raimond, il s'arrêta aux environs du Rhône, 8c
nous avons lieu de croire qu'il étoit à Malaucène, dans le diocèse de Vaison,
lorsque Ermessinde de Pelet, comtesse de Melgueil, sa belle-iille, femme de
Raimond, son fils, mourut dans ce château au mois de septembre de l'an 1 176.
Cette princesse, peu de temps avant sa mort, fit un testament^ nuncupatif,
suivant lequel elle lègue deux mille sols de rente viagère à la comtesse
Béatrix, sa mère, dispose de mille sols en œuvres pies, & donne le comté de
Melgueil 8c le reste de ses domaines au comte de Toulouse Se à Raimond,
son mari, fils de ce prince. Ermessinde étant morte peu de temps après, les
témoins qui avoient été présens au testament furent ouïs, le 3 de novembre
suivant, devant Raimond des Arènes, cardinal-diacre, 8c Aldebert, évêque de
Nimes, qui le publièrent avec la donation que la même Béatrix 8c Ermes-
sinde, sa fille, avoient faite quatre ans auparavant du comté de Melgueil au
comte de Toulouse 8c à son fils. Bernard-Aton, vicomte de Nimes 8c d'Agde, t.''nit'p'!"i2
Èlzéar, seigneur d'Uzès, Raimond dit Rascas, son frère, Raoul, chancelier
du comte de Toulouse, Guy Guerrejat de Montpellier, Pons-Gaucelin de
Lunel, Guy de Séverac 8c plusieurs autres seigneurs furent présens à cette
puljlication. Par là le comte de Toulouse 8c son fils acquirent un nouveau
droit sur le comté de Melgueil. Du reste, il ne paroît pas que ce dernier, qui
se remaria quelque temps après avec Béatrix de Béziers, sœur de Roger III,
vicomte de Béziers, ait eu des enfans d'Ermessinde de Pelet. Le cardinal
Raimond des Arènes étoit sans doute légat dans la Province, Se appartenoit
peut-être à une maison de ce nom établie, à Nimes, qui avoit pris son nom
des Arènes ou de l'amphithéâtre de cette ville. Il étoit dans^ le pays en 1171,
Se il fut présent à l'acte'* par lequel Raimond, comte de Toulouse, promit
en 1174, au vicomte Bernard-Aton, de lui conserver ses domaines.
LXV. — Les vicomtes de 'Nimes &■ de Carcassonne, la vicomtesse de Narhonnc
(S- les seigneurs de Montpellier se liguent avec le roi d'Aragon contre le
comte de Toulouse.
Bernard-Aton, Guy Guerrejat de Montpellier, son oncle (maternel), Guil-
laume VIII, seigneur de Montpellier, Se Burgundion, son hère, neveux du
' Bouche, La chorographie, &c. t. 2, p. io")3. ' Gallia Christiana, nov. éd. t. 6, InsZrum. c. 2S3.
' Voyez tome VllI, Chartes, n°' XV & XXIII, ' Voyez tome VIII, Chartes, n, XX, c. Soy.
ce. 193, 296, & îzB, 32.},
~ 70 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XIX.
An 1 177 '
même Guy, se liguèrent' l'année suivanle contre le comte de Toulouse, &
attirèrent dans leur ligue Roger, vicomte de Béziers & de Carcassonne. Ils
promirent tous cinq par serment ; 1° De s'entr'aider de tout leur pouvoir
« contre le comte de Toulouse 8< ses fils, durant la guerre cju'ils leur feroient.
« 2° De ne conclure aucune paix sans le consentement les uns des autres.
« 3° De ne pas permettre que le comte de Toulouse & ses fils acquissent la
« ville de Narbonne 61 les domaines de la vicomtesse Ermengarde; &., supposé
<i que ce comte &. son fils se rendissent maîtres de cette ville, de leur faire la
« guerre jusqu'à ce que quelque parent d'Aymeri de Narbonne ou le roi
« d'Aragon l'eussent recouvrée avec ses dépendances. « Le vicomte de Car-
cassonne donna au vicomte de Nimes, son cousin, 8c aux seigneurs de Mont-
pellier, Raimond de Tarrassone Se son fils, Pierre-Raimond d'Hautpoul 81
Guillaume de Saint-Paul pour garants de sa promesse.
Nous inférons de là que le comte de Toulouse vouloit s'assurer alors de
Narbonne; qu'Ermengarde, vicomtesse de cette ville, pour l'en empêcher, eut
recours à la protection du roi d'Aragon, des vicomtes de Carcassonne 8c de
Nimes, Se des seigneurs de Montpellier; 8c que ce fut le principal motif de
leur ligue contre ce prince. Quant au motif qui peut avoir engagé le comte
de Toulouse à faire quelque entreprise sur Narbonne, voici ce qui nous paroît
de plus vraisemblable. On a remarqué que la vicomtesse Ermengarde, se
voyant sans espérance de laisser postérité, avoit attiré à sa cour, dès l'an 1168,
Aymeri de Lara, son neveu, fils de sa sœur Ermessinde, 8c qu'elle l'avoit
adopté. Aymeri avoit, en effet, quitté le nom de sa maison pour prendre
celui de Narbonne, Se il administroit, en 1176, les domaines d'Ermengarde
comme s'il en eût été le maître. C'est ce qu'on voit par un acte^, du 26 jan-
vier de cette année, suivant lequel il se donne pendant sa vie 8c après sa
mort à l'abbaye de Fontfroide, s'engage d'y embrasser l'état religieux, sup-
posé qu'il renonce au monde, choisit sa sépulture dans ce monastère, le con-
firme dans la possession en franc-alleu de tous les biens qui lui avoient été
donnés dans la vicomte de Narbonne, Se se déclare son défenseur. On voit
encore que le même Aymeri jouissoit, en^ ii77> '^^ guidage 8c du péage sur
le chemin de Salses, dans la même vicomte. Se qu'il donna alors ces droits en
engagement. Or, comme Aymeri mouruf* la même année sans enfans, c'est
sans doute ce qui porta le comte de Toulouse à prendre des mesures pour
s'assurer de la vicomte de Narbonne, en qualité de suzerain, afin d'empêcher
Ermengarde d'en disposer en faveur de quelque autre de ses neveux sans son
consentement.
Nous ignorons le succès 8e les suites de cette ligue; il paroît seulement que
le comte de Toulouse étoit maître de Narbonne à la fin de l'année. Se qu'Er-
mengarde avoit appelé auprès d'elle, dès l'an 1179, ^^ comte^ Pierre de Lara,
son autre neveu, frère puînéi^ d'Aymeri. Quant aux vicomtes de Nimes Se
' Tome VIII, Chartes, n. XXIV, ce. 325, 3j6. ■• Voyez tome VU, Note VI, n. ÏV, pp. ifi, 17.
' Gallia Cliristiana, iiov. éd. t. 6, p. 4,5 & seq. ' Cartiiîaire du château ce Foix.
^ Tome VIII, Chartes, n. XXII, ce. 3i8, 3i(;. ' Voyez tome VII, ut supra.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XIX. 71 "T
' An 1 177
de Carcassonne, voici ce que les monumens nous apprennent d'evix pendant
l'année 1177. L/C premier' étant à Nimes, au mois de mai de cette année,
accorda divers privilèges à l'abbaye de Franquevaux, lui permit de posséder
en alleu les biens qu'elle avoit acquis dans ses domaines, où il lui accorda le
droit de pacage, s'en déclara le protecteur Se y choisit sa sépulture. Il étoit t!'n]°'p^'4i.
encore dans cette ville au mois de juin suivant, & il y vendit alors au prévôt
S<. aux chanoines de la cathédrale, du conseil de Guy, son oncle, deux sols de
cens qu'ils lui dévoient, 8t ratifia un accord que la vicomtesse Guillelmette,
sa mère, avoit fait auparavant avec eux, de l'avis de Guillaume de Montpel-
lier, son tuteur. Guillelmette approuva cette ratification.
Roger, vicomte de Béziers Se de Carcassonne, reçut ^ de son coté, au mois
d'avril de l'an 1177, l'hommage pour le château vieux d'Albi, 8t les forte-
resses de Tarsac, Abirac 8t Marsac. Il engagea, au mois d'août suivant, à
Roger de Durfort, l'albergue qu'il avoit à Malvers; Se k Hugues de Pvome-
gous, son viguier de Carcassonne, pour vingt-huit mille sols melgoriens, ses
domaines de Coutoulens, Capendu, Sec. Il reçut enfin, au mois de décemljre
suivant Seau commencement de l'an 1178, l'hommage pour le faubourg du
château de Lombers, en Albigeois, Se pour les châteaux de Pépieux Se de
Clermont.
LXVI. — Mort de Guy Guerre jat de Montpellier.
Guy Guerrejat de Montpellier ne survécut pas longtemps à la ligue qu'il
avoit formée avec ces deux vicomtes contre le com^ de Toulouse. Il tomba
malade à Aymargues, au diocèse de Nimes, y fit son testament^, le 7 de février
de l'an 11 77 (1178), Se mourut peu de temps après. Il choisit sa sépulture
dans l'abbaye de Valmagne, au diocèse d'Agde, à laquelle il donna les mou-
lins de son château de Paulhan Se divers autres domaines. Il légua à Guil- f
laume VIII, seigneur de Montpellier, son neveu, le lieu de Castelnau Se les
villagcsde Substantion Se de Crez; à condition qu'il payeroit vingt mille sols
de ses dettes. Il donna à Burgundion, son autre neveu, frère de ce dernier,
les châteaux de Paulhan Se du Pouget, au diocèse de Béziers, où il faisoit
ordinairement'* son séjour. Se quelques autres biens; aux fils de Raimond de
Castries ce qu'il possédoit aux châteaux de Saint-Pons Se de Loupian, au
diocèse d'Agde;- à Matthie, sa femme, la moitié du domaine de Sauzet, qu'il
substitua en entier à son neveu Burgundion, Sec. Il nomma pour ses exécu-
teurs testamentaires Jean, abbé de Valmagne, Rostaing d'Aiguillon Se Guil-
laume d'Aubeterre, Se institua héritier l'enfant dont sa femme pouvoit être
grosse; mais comme elle ne l'étoit pas, il mourut sans postérité. Guillaume,
seigneur de Montpellier, Se Burgundion, son frère, s'engagèrent k exécuter
' Voyez tome VIII , Chartes, n. XXV, ce. ^^6, par Compayré (ÉtuJcs hhtonques sur lAîbincols,
328. pp. 1.^0, 1^1.) La charte est d'avril i I77. (A. M.J
' Carfulaire du château de Foix. — Cet acte ' D'AcUéry, Spicilcgium, p. i5i & scq.
a, été depuis publié d'après une copie moderne ^ Cinulairc de l'abb;iye de Vahn,ignc.
•"I ' — 7 2 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XIX.
An 1 177 '
ce testament au mois de mais suivant, par un acte daté du château de Mont-
pellier, en présence de Jean de Montlaur, évêque de Maguelonne, de Ber-
nard d'Anduze & de Raimond, abbé d'Aniane. Ce dernier, qui fut ensuite
évêque de Lodève, se qualifioit', au mois d'août suivant, oncle paternel de
Guillaume, seigneur de Montpellier, & ayant l'administration de cette ville,
dans un acte d'échange que le même seigneur de Montpellier ratifia au mois
de novembre suivant.
LXVII. — Fondation de l'hôpital &• de l'ordre des hospitaliers du Saint-Esprit
de Montpellier.
Quelques auteurs^ ont avancé que Guy Guerrejat, dont nous venons de
parler, & qui étoit fils de Guillaume VI, seigneur de Montpellier, & de
Sibylle, est le même que Guy qui fonda, vers la fin du douzième siècle,
l'hôpital 8c l'ordre des hospitaliers du Saint-Esprit de Montpellier; mais la
date assurée de la mort de Guy Guerrejat fait assez voir qu'ils se trompent.
11 est certain d'ailleurs que cet instituteur n'étoit pas de la maison de Mont-
pellier. Tout ce qu'on peut dire sur son origine, qu'on ne connoît pas, est
■qu'il paroît qu'il étoit de cette ville ou des environs^.
Frère Guy ou maître Guy, car c'est ainsi qu'il est nommé simplement dans
tous les anciens monumens, fonda"* cet hôpital auprès de Montpellier, sous
l'invocation du Saint-Esprit, hors la porte de Saint-Gilles, vers la fin du dou-
zième siècle. Il en est en effet qualifié procureur ^fondateur dans une^
donation qui y fut faite en 1197. Il s'y dévoua au service des pauvres; 8t
ayant associé avec lui diverses personnes de piété, il leur dressa des règles 8c
établit un nouvel ordre d'hospitaliers dont il fut le premier chef £< le maître.
Il fit peu de temps après des fondations semblables dans diverses villes de
France, 8c il avoit déjà établi son iristitut dans deux hôpitaux de Rome,
lorsque le pape Innocent III le confirma, le 23 d'avril de l'an 1198. Ce pon-
tife fit venir Guy à Rome en 1204, avec quelques-uns de ses religieux, 8c leur
donna l'administration de l'ancien hôpital de Sainte-Marie, en Saxe, qu'il
utujf'll avoit fait rebâtir. Il unit cet hôpital à celui du Saint-Esprit de Montpellier
pour être gouverné par un même maître, sans préjudice de la juridiction de
V évêque de Maguelonne sur celui de Montpellier. Comme il n'y avoit encore
que des frères laïques parmi les hospitaliers du Saint-Esprit, Innocent
ordonna en même temps qu'il y auroit parmi eux un certain nombre de
clercs. Les premiers, qui ne faisoient que des vœux simples, s'érigèrent dans
' Mis. dAuhays, n. 82. blisseinent était de la part d«s seigneurs de Mont-
* Voyez tome VII, Note VIIT, pp. 10, 21. pellier l'objet d'une faveur toute marquée. Peut-
' M. Germain dans ses études sur la Charité a être aussi frère Gui était-il bâtard de l'un des ;ei-
Montpcllier (p. ?-ï du tirage à part), sans se pro- gneurs de Montpellier au douzième siècle. [A. M.]
nonccr, penche pourtant pour l'affirmative; il ■• Innocent III, 1. 1, Epist. 9:) & 97. — Gariel,
fait remarquer ce fait d'un legs exceptionnel fait Séries prticsulum Magaloncnsium, p. 260. — Héliot,
à l'hôpital du Saint-Esprit par Guillaume VIII Histoire des ordres monasti<jues, t. 2, cii. 3o Siiuiy,
en 1202, ce qui semblerait indiquer que cet éta- ' Voyez tome VIII, Chartes, n. LXV, c. ^Sû. ,
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XIX. vS . , „
la suite en chevaliers militaires 'j les autres firent des vœux solennels, 8c le
pape Eugène IV ajouta, en 1446, à la règle que frère Guy, leur instituteur,
leur avoit donnée, celle de Saint-Augustin 5 en sorte qu'ils se qualifièrent
depuis chanoines réguliers de l'ordre de Saint-Augustin. Les chevaliers de
l'ordre du Saint-Esprit de Montpellier furent entièrement supprimés en 1459
par le pape Pie II, & il n'y eut plus depuis que des religieux clercs dans
l'ordre; car c'est sans aucun titre légitime qu'on a voulu rétablir dans la
suite cette chevalerie.
Guy décéda^ à Rome en 1208. Après sa mort les religieux de l'hôpital du
Saint-Esprit de Montpellier députèrent quelques-uns d'entre eux à Rome,
& ces députés s'étant joints à ceux de l'hôpital du Saint-Esprit, en Saxe, ils
allèrent ensemble trouver le pape Innocent III, à Anagni, pour faire, en sa
présence Si de son consentement, l'élection d'un maître ou recteur de leur
ordre. Le pape jugeant qu'il étoit plus convenable que le recteur de l'hôpital
de Rome eût le gouvernement de tous les autres hôpitaux de l'ordre, lequel
s'étoit déjà étendu en diverses provinces, engagea les députés de Montpellier
à y consentir. Il fit ensuite élire en sa présence, le 6 de juin, un recteur
pour l'hôpital de Rome, & ordonna que celui de l'hôpital de Montpellier
seroit élu à l'avenir du consentement de celui-là. Honoré III changea^ ce
règlement & ordonna, en 1217, que ces deux maisons n'auroient dans la
suite rien de commun; que celle de Rome seroit chef de tous les hôpitaux
de l'ordre du Saint-Esprit en Italie, en Sicile, en Hongrie 8v en Angleterre;
& que l'hôpital de Montpellier auroit sous son autorité tous les hôpitaux du
Saint-Esprit dans les autres provinces de la chrétienté, sans aucune dépen-
dance l'un de l'autre. Grégoire X remit le maître de l'hôpital du Saint-Esprit
de Montpellier sous l'obéissance de celui de Rome; mais, en 1617, Paul V
rendit le généralat au commandeur de Montpellier, sous la dépendance cepen-
dant de celui de Rome, avec toute l'autorité que ses prédécesseurs avoicnt
exercée sur les provinces qui leur avoient été anciennement soumises : Gré-
goire XV confirma ce décret en 162 1. Enfin Urbain VIII ôta cette dépen-
dance en 1625. L'hôpital du Saint-Esprit de Montpellier, qui avoit été
entièrement ruiné durant les guerres de la religion, ne subsistoit plus alors,
Se cet ordre étoit presque anéanti en France. On travailla depuis à son réta-
blissement, & il fut déclaré en 1700, par un arrêt du conseil, purement reli-
gieux & hospitalier. Le roi confirma cet arrêt en 1708 & ordonna « que
« l'hospitalité seroit rétablie & observée dans la commandcrie générale, grande
« maîtrise régulière de l'ordre du Saint-Esprit de Montpellier, par le com-
« mandeur général, grand-maître régulier, qui y seroit incessamment établi. »
Le roi Louis XV a nommé en conséquence, le 3 de novembre de l'an 1716,
Melchior, cardinal de Polignac, à la grande commanderïe générale & chej de
l'ordre régulier hospitalier du Saint-Esprit de Montpellier de deçà les monts.
' Héliot, u( supra, t. 2, ch. 3o & sulv. ' Héliot, Histoire des ordres monasti<jue5, t. 2,
' Innocent III, I. i i, Epist. 104. — Gariîl, ch. jo & suiv.
Séries praesulum Magatonemium, p. i'>'>.
'- 74 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XIX.
An 1 177 ' T
Ce cardinal en exerce aujourd'hui les fonctions & emploie avec succès les
talens supérieurs qu'on lui connoît pour le rétablissement de l'ordre du Saint-
Esprit, tant au spirituel qu'au temporel; mais l'hôpital de Montpellier, qui
en est le chef, est encore enseveli sous ses ruines.
LXVIII. — Le comte de Toulouse accorde divers privilèges aux hospitaliers
de Saint-Gilles,
Raimond, comte de Toulouse, s'étoit déjà assuré de Narbonne' sur la
vicomtesse Ermengarde, au mois de décembre de l'an 1177, lorsqu'il donna
aux hospitaliers de Saint-Gilles de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem le droit
de pacage Si l'exemption de péage dans toutes ses terres, avec divers autres
privilèges, par une charte datée de Narbonne^. Il leur avoit accordé, au mois
de novembre précédent, à peu près les mêmes prérogatives. Pons^, arche-
vêque de Narbonne, fit donation la même année, à l'hôpital de Saint-Gilles,
de diverses églises de son diocèse entre les mains de Pierre Galterii, comman-
deur, 8c de Bernard de Lac, procureur du même hôpital dans le Narbonnois
i:d orî^in 5^ le Minervois. Raimond date l'une de ces deux chartes du règne de Louis
t. Ul, p. 4.-'. _ ...
de France, & de Frédéric, empereur des Romains. Il fait mention de ce der-
nier prince parce qu'il possédoit le marquisat de Provence 8c le Dauphiné
dans l'étendue de sa domination.
LXIX. — L'empereur Frédéric accorde divers privilèges aux évêques
(S" aux hahitans de Viviers.
Frédéric avoit fait sa paix au mois de juillet précédent avec le pape
Alexandre III. Durant son séjour en Italie, il y donna un diplôme"*, le 16 de
mars de l'an 1177, à la sollicitation de Nicolas, évêque de Viviers, qui lui
avoit envoyé des députés pour le prier de renouveler en sa faveur la charte
qu'il avoit accordée à Raimond, son prédécesseur. L'empereur déclare dans
le nouveau diplôme que l'église de Viviers n'est soumise qu'à l'Empire, Se il
la confirme dans la possession de ses domaines, entre autres de la monnoie,
du péage, 8c des autres droits régaliens, sauf la justice impériale. Il ajoute
qu'il prend sous sa protection l'évêque 8c les habitans de Viviers avec tout ce
qu'ils possédoient au dedans 8c au dehors de la ville; en sorte qu'il semble
par là s'arroger la souveraineté sur le Vivarais; entreprise manifestement con-
traire aux droits de nos rois, qui^ avoient dominé sur ce pays jusques au
règne de l'empereur Conrad \\l^. Ce prince fut le premier, en eiiei., qui
' Tome VIII, Chartes, n. XXVI, ce. SzS, Szp. ^ Archives de l'église de Narhojine.
' Ces divers autres privilèges sont l'exemption ^ Voyez tome VIII, Chartes, n. XXVII, ce. 33|
de toutes taxes à payer dans les foires & marchés & à .33.'?.
le droit d'acquérir & de recevoir; le comte excepte ' Voyez tome IV, IJotc I, p. i. — Columbi, De
pourtant de cette dernière concession les châteaux rchui geUis cphcoporum Dicnsiuni.
forts (co^/ïa cnstcZ/oram) & les hautes justices; il ré- ^ Dom Vaissete raisonne ici, d'après cette hy-
serve aussi ses droits d'est & de chevauchée. [A. M.) pothèse, qti'au dixième siècle le \'ivarais serait
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XIX. yS
' An 1 177
accorda', en 1140, un privilège en faveur de Guillaume, évêque de Viviers,
son parent; mais il paroît que ce prélat se contenta d'abord d'un vain titre
jusqu'à ce qu'enfin Raimond Se Nicolas, ses successeurs, ayant obtenu la con-
firmation de ce diplôme de l'empereur Frédéric I, le dernier tenta sous ce
prétexte d'étendre son autorité sur tout le Vivarais. Il rencontra divers^
obstacles de la part des comtes de Toulouse, qui possédoient le comté de
Vivarais sous l'autorité de nos rois 8c qui eurent avec lui ou avec ses succes-
seurs de grands démêlés dont on parlera dans la suite. Au reste, ce prélat ^
donna, au mois de février de l'an 1186, l'église de Saint-Pierre de Bannes Se
quelques autres de son diocèse à la commanderie de Jallès, dans le Vêlai, k
laquelle Arnaud de Bannes 8c ses enfans avoient donné, au mois d'août de
l'an 1181, tous les droits qu'ils avoient sur cette église. Hugues de Bannes
lui donna, en i2o3, toutes les dîmes qu'il avoit droit de prendre dans la
même paroisse"*.
LXX. — Princes d'Orange. — accord du comte de Toulouse avec l'archevêque
d'Arles. — Comtes de Valentinoïs, i-c.
L'empereur Frédéric vint en 1178 à Arles, où il se fit couronner roi de "xiTiT^
Provence^, dans la cathédrale de cette ville, le dimanche 3o de juillet, avec
l'impératrice, sa femme, 8c son fils Philippe. On prétend<5 qu'il accorda, vers
ce temps-là, à Bertrand de Baux, qui fut présent à la cérémonie, le droit de
se qualifier prince d'Orange avec la couronne de souveraineté. Il est vrai f[ue
les comtes ou seigneurs d'Orange prirent le titre de prince depuis la fin du
douzième siècle; mais il est certain aussi qu'ils ne cessèrent pas pour cela de
reconnoître la suzeraineté des comtes de Toulouse, comme marquis de Pro-
vence. Tiburge de Montpellier-Orange, femme ^ de Bertrand de Baux, avoit
hérité alors du comté d'Orange, par la mort de Raimbaud, son frère, décédé
sans enfans. Le même Bertrand, qui résidoit, au mois de décembre de
passé sous la suzeraineté des comtes de Toulouse &, le diocèse de Béziers d'une coutume singulière : de
par conséquent, des rois de France. Cette affirma- temps immémorial, les seigneurs de Caux s'arro-
tion du savant historien a été mise en doute par geaient le droit de piller les eflets du curé de cette
plusieurs historiens modernes. Ceux-ci supposent paroisse, après sa mort. Déjà en 1172 (Voir t. V,
au contraire que vers «jSS le Vivarais fut cédé par c. 1428, n. 69) Bérenger de Caux avait fait une
Hugues de Provence a Rodolphe, roi de Eoiirgo- première renonciation. En 1177 (lilj. c. 1419,
gne; à ce compte ce pays aurait été véritablement n. 74) Bernard de Caux la renouvelle, en son nom
terre d'Empire, Si Conrad III, Frédéric I & Frédé- & au nom de ses successeurs & héritiers. Au cas
rie II n'auraient fait qu'y exercer des droits incon- où l'un d'eux oserait exercer cette coutume, U
tcstables. (Vo\r ffiitoin- liaVlvarais, par M. l'abbé chapitre de Saint-Nazaire pourrait s'approprier
Rouchier, & les positions d'une thèse manuscrite les dîmes de Sallèles. [A. M.]
présentée à l'EcoIedesCliartes en I 87Ô, parM. Pon- '' Pagi, ad ann. 1178, n. 5. — Gallia Christiana,
tal ; Paris, 1876, in-8'', p. 16. [A. M.] nov. éd. t. i, Instram. p. 99 & seq.
' Voyez tome III, 1. XVIIl, n. 11, p. 772. • La Pisc, Tailcau de l'histoire & de la princi^
' Columbi, De rehus gestis cpiscoporum Vivarien- pttuté des princes d'Orange, p. 70. • — Bouche, La
Stum. ckorographie ou dcscript. delà Provence, t. 2, p. 1(55.
' Archives de l'église de Viviers. " Voyez tome III, 1. XVIII, n. xxvii, p. 797;
^ A cette année 1 1 77 se rapporte l'abolition dans & tome IV, Note XXXVII, n. x, p. i83.
■- ~ 76 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XIX.
An 1 178 '
l'an 1 178', à Courtheson, dans la principauté d'Orange, y fit alors une dona-
tion, du consentement de Tihurge, sa femme, b de ses fils, à l'abbaye de
Franquevaux, dans le diocèse de Nimes.
Il V a lieu de croire que Raimond, comte de Toulouse, se trouva à Arles
au couronnement de Frédéric. Deux raisons nous le persuadent : la première
est qu'il étoit dans cette ville au mois d'août de la même année, 8c qu'il
reconnut^ alors tenir en fief le château de Beaucaire & la terre d'Argence de
l'archevêque & de l'église d'Arles. Ce prélat, en reconnoissance, donna en fief
au comte les châteaux de Mornas 8c de Montdragon ; la seconde raison est
que l'empereur Frédéric fit expédier dans son palais, à Arles, le jour de son
couronnejnent dans cette ville-', un diplôme suivant lequel « il accorda à
« Guillaume de Pelteus, comte de Valentinois, Se au comte Dauphin le péage
« qu'on exigeoit sur le chemin le long du Rhône, depuis Valence jusqu'à
« Montélimar, à condition que tous les émolumens appartiendroient au comte
« de Valentinois, qui le tiendroit en fief du comte Dauphin. « Or, comme
ce dernier n'est pas différent* d'Albéric Taillefer, fils puîné de Raimond V,
comte de Toulouse, il est fort vraisemblable que celui-ci étoit alors à Arles.
Éd.OTig;ii._ Nous avons parlé ailleurs ^ de l'origine de Guillaume de Poitiers, qui fut
le premier comte de Valentinois de sa maison, par son mariage avec l'héri-
tière de ce comté Se de celui de Diois, 8c qui possédoit divers domaines dans
le diocèse de Narbonne. Il est encore fait mention de lui dans une donation^
faite à l'abbaye de Fontfroide, le 2 de mai de l'an 1 177, par Pons d'OIargues,
« du consentement d'Ermengarde, vicomtesse de Narbonne, Se en présence
« de Guillaume de Peiteus, de Pierre-Raimond de Narbonne, de Guillaume
« de la Pv.edorte, de Guillaume Faidit, 8cc. » On peut avoir remarqué ^ qu'il
étoit actuellement marié, en 1173, avec une sœur de Pierre-Pvaynard de
Béziers. Ainsi il aura épousé l'héritière de Valentinois en premières ou en
secondes noces.
LXXI. — Saint Bénè-^et hâtit le pont d'Avignon.
Dans le temps que l'empereur Frédéric se fit couronner roi de Provence à
Arles, on travailloit à un pont de pierre sur le Rhône, qui avoit été com-
mencé dès l'année précédente, vis-à-vis de la ville d'Avignon. Un jeune 8
berger, nommé Benoît ou Bénézet en langage du pays, entreprit un ouvrage
aussi hardi. On prétend qu'il eut une révélation en gardant son troupeau,
qu'ayant passé le Rhône il s'adressa à l'évêque Se au peuple d'Avignon; qu'il
leur fit entendre que Dieu lui ordonnoit de bâtir ce pont. Se qu'il prouva sa
mission par divers prodiges. Ce trait de la vie de Bénézet, que le peuple
■ Mis. d'Auhays, n. 77. ' Voyez tome III, p. 800.
• Voyez tome VIII, Chartes, n. XXVIII, ce. 333 « Archives de l'abbnye de Fontfiolde.
à 335. ' Voyez ci-dessus, n. li, p. 07 & siiiv.
' Portefeuille de M. Lancelot. » BoUandistes, ^ctu Sanctorum, 14 avril. — Hc-
' Voyez tome IV, Note L, n. XVt, p. 124. liot. Histoire des ordres monastiques, t. 2, ch. 42.
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XIX. 77
reconnoît pour saint, est une preuve qu'il étoit de' Languedoc. Le pont,
composé de dix-huit arches Se long de cent trente-quatre pas, fut achevé en
onze^ ans. Raimond V, comte de Toulouse, en favorisa la construction. On
bâtit auprès, du côté d'Avignon, un hôpital pour recevoir les pèlerins, 8c
saint Bénézet y établit une communauté de religieux, dont l'institut étoit de
veiller à la fabrique St à la conservation du pont, de recevoir St de servir les
pèlerins dans cet hôpital. C'est ce qui fit donner le nom de pontifes ou de
frères du pont à ces religieux hospitaliers, que Raimond VI, comte de Tou-
louse, prit sous sa protection en i2o3. Il leur accorda divers privilèges dans
l'étendue de ses Etats, & leur donna avec le comte de Forcalquier le droit de
passage qu'ils avoient sur le Rhône. Raimond VII, son fils, confirma cette
concession en 1287. Cette communauté fut supprimée en iSzi & unie à la
collégiale de Saint-Agricole d'Avignon, avec la chapelle qu'on avoit bâtie sur
la pile de la troisième arche du pont, Se dans laquelle saint Bénézet, mort
en 1184, avoit été inhumé. Ce pont est entièrement ruiné depuis le com-
mencement du dernier siècle.
LXXII. — Progrès des hérétiques dans la Province.
Le comte de Toulouse, peu de temps après le couronnement de l'empereur
Frédéric à Arles, fut obligé de se rendre dans sa capitale pour y recevoir
divers prélats qui y allèrent combattre les hcnriciens dont les erreurs s'étoient
renouvelées dans le pays S<. qui y taisoient beaucoup de ravages. C'est ce
qu'il nous faut reprendre de plus haut.
Ces sectaires, nonobstant leur condamnation au concile de Lombers,
en ii65, se perpétuèrent dans la Province, principalement dans les environs
de Toulouse, y firent de nouveaux prosélytes 81 ^ s'étendirent dans les pays
voisins. Enfin l'erreur fit des progrès si étonnans qu'elle gagna la plupart
des ecclésiastiques Se de la noblesse du haut Languedoc Se d'une partie du
bas. Raimond, comte de Toulouse, prince zélé pour la foi, résolut de remé-
dier à un si grand mal ; Se comme il n'ignoroit pas les services importans
que saint Bernard, abbé de Clairvaux, &. ses religieux avoient rendus trente
ans auparavant au comte Alfonse, son père, pour ramener ceux de ses sujets
qui s'étoient laissés séduire, il crut ne pouvoir mieux faire que de s'adresser
au chapitre général de Cîteaux, assemblé au mois de septembre de l'an 1177.
11 écrivit pour cela une lettre dans lacjuelle il expose les efforts que faisoient
les hérétiques dans ses États pour détruire la religion, Se prie les religieux
de cet ordre de venir promptement à son secours. « Cette hérésie a tellement
« prévalu, ajoute-t-il, qu'elle a mis la division entre le mari Se la femme, le
« père Se le fils, la belle-mère Se la belle-fille. Ceux qui sont revêtus du
« sacerdoce se sont laissés corromprej les églises sont abandonnées S< tombent
' BoUandistes, 14 avril, p. iC>-j. 'Gervasiiis Dorobeinensis, Chroiiuoit, ad ann.
' Bouche, La chorogr^phic ou description Je la 1177, p- 1441 & seq.
Provence, t. 2, p. i63.
An 1 178
■" r- 78 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XIX.
An 1178 '
« en ruine; on refuse d'administrer le baptême; l'eucharistie est en exécra-
t. H°'pf.'i7, « tion Si. la pénitence méprisée. On ne veut pas croire la création de l'homme
« & la résurrection de la chair; en un mot tous les sacremens sont anéantis,
« S' on introduit deux principes. Pour moi, continue-t-il, qui suis armé des
« deux glaives, & qui fais gloire d'être établi en cela le vengeur & le ministre
« de la colère de Dieu, je cherche en vain le moyen de mettre fin à de si
« grands maux, & je reconnois que je ne suis pas assez fort pour y réussir,
« parce que les plus notables de mes sujets ont été séduits & ont entraîné
« avec eux une grande partie du peuple; en sorte que je n'ose ni ne puis
« rien entreprendre. J'implore donc avec humilité votre secours, vos conseils
« Si vos prières pour extirper cette hérésie. Son venin est si violent, & l'en-
« durcissement de ceux qui sont séduits est si grand, qu'il n'y a que Dieu
« qui puisse le vaincre par la force de son bras. Comme le glaive spirituel
« est absolument inutile, il est nécessaire d'employer le matériel ; c'est pour-
« quoi j'agis auprès du roi de France pour l'engager à venir sur les lieux,
« persuadé que sa présence pourra contribuer beaucoup à déraciner l'hérésie.
« Dès qu'il sera arrivé, je le conduirai moi-même dans les villes, les châteaux
« Se les villages; je lui ferai connoître les hérétiques. Se je le seconderai de
« toutes mes forces, jusqu'à l'effusion de mon propre sang, pour exterminer
(c les ennemis de Jésus-Christ. » Ainsi parloit ce prince que quelques auteurs
passionnés ou mal informés ont accusé d'avoir manqué de zèle contre les
hérétiques.
LXXIII. — Le cardinal de Saint-Chrysogone est envoyé légat à Toulouse,
avec plusieurs évêques, pour y combattre les hérétiques. — Succès de sa
mission.
Il paroît que le comte de Toulouse implora aussi le secours de Henri, roi
d'Angleterre, pour réprimer ceux de ses sujets qui avoient embrassé l'erreur.
Nous savons' du moins que les rois d'Angleterre Se de France, après avoir
fait la paix, résolurent de venir en personne à Toulouse, en 11 78, pour en
chasser les sectaires ; mais ayant réfléchi ^ qu'ils feroient beaucoup plus utile-
ment d'envoyer sur les lieux des personnes savantes pour instruire & ramener
les peuples, 8t ayant communiqué leur dessein au pape Alexandre III, qui
l'approuva, ils chargèrent de cette commission Pierre, cardinal-prêtre du titre
de Saint-Chrysogone, légat en France, Guarin, archevêque de Bourges,
auparavant religieux de Citeaux 8c abbé de Pontigni, Réginald, évêque de
Bath, en Angleterre, Jean de Belles-Mains, évêque de Poitiers, Henri, abbé
lie Clairvaux, 8c plusieurs autres ecclésiastiques de mérite; avec ordre d'excom-
munier tous ceux qui ne voudroient pas se rendre à leurs exhortations. Nous
verrons dans la suite que Géraud de la Barthe, archevêque d'Auch, Géraud,
' Kogeni\s de Eoveien,Anr.alcs Anglicani, p. ^2j ° Voyez tome VII, Wore V, pp. ii 314.
& Deq. — Hobertus de Monte, Chronicon.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XIX. 70 -~ T
/ V An 1 178
évêqiie de Cahors, Se Gosselin', évêque de Toulouse, se joignirent à ces pré-
lats, soit qu'ils l'aient fait par zèle £t de leur propre mouvement, soit qu'ils
eussent été nommés par les deux rois. Ces princes enjoignirent en même*
temps à Raimond, comte de Toulouse, à Raimond, vicomte de Turenne, à
Raimond de Castelnau Si à divers seigneurs de donner main-forte Si tous les
secours nécessaires au légat & à ses associés, 81 de chasser du pays tous les
hérétiques.
Ces prélats se rendirent d'abord à 1 oulouse, ville extrêmement peuplée,
ajoute l'historien 3 du temps qui nous a laissé le détail de cette mission, 81
qu'on disoit l'asile & le centre de l'hérésie. Ils trouvèrent en arrivant que ce
bruit n'étoit que trop bien tonde, & que le clergé Se le peuple étoient égale-
ment infectés. Ils l'éprouvèrent surtout dans leur entrée, car ils furent reçus
avec de grandes huéesj 8c par toutes les rues 8<. les places où ils passèrent on
les montroit au doigt 81 on les appeloit hautement apostats, hypocrites ,
hérétiques, &c. Le légat 8c ses associés se reposèrent pendant quelques jours,
ensuite l'un d'entre eux prêcha publiquement 8c établit si solidement dans
son discours les articles de la foi catholique, que les hérétiques, ou n'osèrent
plus paroître, ou dissimulant leurs erreurs, se vantèrent de croire tous ces
articles. Le légat, voyant qu'il ne pouvoit engager les sectaires à se montrer
pour les convaincre en public, prit le parti d'en faire une recherche afin de
les obliger par force à se représenter &. à abjurer leurs erreurs. Il fit pro-
mettre par serment à l'évêqile de Toulouse, à une partie du clergé, aux con-
suls, 8c à tous les citoyens dont la foi n'étoit pas suspecte, de lui déclarer par
écrit tous les hérétiques 8c leurs fauteurs dont ils avoient connoissance. Entre
ceux qui furent dénoncés étoit un laïque des plus notables de la ville, nommé
Pierre Mauran, qu'on regardoit comme le chef de la secte. C'étoit un homme '^'^•oriRin.
riche, accrédité 8c avancé en âge, 8c si extravagant qu'il se disoit saint Jean
l'Évangéliste. Il possédoit entre autres deux châteaux, l'un dans la ville 8c
l'autre au dehors : il y tenoit des assemblées nocturnes, où il prêchoit, revêtu
d'une espèce de dalmatique. Son autorité étoit si grande qu'il avoit entraîné
dans l'hérésie une grande partie du peuple. Il divulguoit hautement ses
erreurs avant l'arrivée des commissaires; mais à peine furent-ils dans le pavs
qu'il feignit d'être bon catholique. Le légat, qui le regardoit comme l'arc-
boutantdes sectaires, résolut de commencer par lui; 8c le comte de Toulouse,
qui donna toute sorte de secours aux missionnaires, le fit citer par des appa-
riteurs. Cet homme, enlié de ses richesses, 8c comptant d'ailleurs les princi-
paux de la ville pour ses parens ou ses amis, refusa de comparoître. Le len-
demain le comte l'ayant mandé l'engagea, partie par caresses, partie par
menaces, à se représenter 8c l'amena lui-même devant le légat 8c ses collè-
gues. L'un d'eux l'interrogea Se lui dit : Pierre, vos concitoyens vous accusent
d'avoir abandonné la vraie foi pour embrasser l'hérésie arienne, 8c d'être
' Voyez tome VII, Note I, p. 2, 3. ' Roger! us deHoveden, Annales Anglican!, -p. izy
' Rogeriusde Hoyeien, Annales Anglicani, p. 827 & seq.
& seq.
An 1178
80 HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XIX.
tombé ou d'avoir entraîné les autres clans une infinité d'erreurs. Mauran,
jetant alors un profond soupir, soutint que cela étoit faux. On le pressa de
l'affirmer par serment, mais il le refusa, sous prétexte qu'il étoit homme
d'honneur 8t de considération 81 qu'on devoit s'en rapporter à sa seule parole.
Les commissaires persistèrent néanmoins à demander son serment, 8<. il
promit enfin de le donner, de crainte de passer pour hérétique s'il le refu-
soit ; car ces sectaires condamnoient le serment. On apporta aussitôt les
saintes reliques avec cérémonie, & on entonna l'hymne du Saint-Esprit.
Mauran pâlit alors & devint tout interdit : il jura cependant & promit de
répondre sur tous les articles de la foi. On l'interrogea ensuite sur le sacre-
ment de l'autel, & on lui demanda ce qu'il croyoit là-dessus. Il déclara que
le pain consacré par le ministère du prêtre n'étoit pas le corps de Jésus-Christ.
Les missionnaires n'en demandèrent pas davantage : ils se levèrent & ne
purent s'empêcher de répandre des larmes, tant de lui avoir entendu proférer
ce blasphème que par compassion pour lui; Si, après l'avoir déclaré héré-
tique, ils le livrèrent au comte qui le fit renfermer dans les prisons publiques,
sous la caution de ses parens : ses biens furent confisqués & on ordonna de
démolir ses châteaux.
Le bruit de cette condamnation s'étant répandu dans Toulouse, toute la
ville changea bientôt de face, & les catholiques encouragés reprirent le dessus.
Pierre, se voyant de son côté à la veille d'une mort prochaine & dépouillé
de tous ses domaines, rentra en lui-même, demanda à faire satisfaction 81
promit de se convertir. Il se présenta nu, en caleçon, devant tout le peuple,
Si, s'étant prosterné aux pieds du légat & de ses collègues, il leur demanda
pardon, reconnut ses erreurs, les abjura, embrassa la foi catholique & promit
par serment, sous caution, au comte, aux chevaliers & aux principaux habi-
tans de Toulouse, qu'il se soumettroit à tous les ordres du légat & qu'il les
exécuteroit fidèlement. On avertit ensuite le peuple de se rendre le lende-
main dans l'église de Saint-Sernin pour y être témoin de la pénitence de
Pierre Mauran. Le concours fut si grand dans cette église que ce ne fut pas
sans peine que le légat trouva place pour célébrer la messe. Pierre y entra
par la grande porte, nu &c sans chaussure, conduit d'un côté par l'évêque de
Toulouse, Se de l'autre par l'abbé de Saint-Sernin, qui avoient été le prendre
clans la prison, 81 qui ne cessèrent de le fustiger avec une poignée de verges
dans les rues Si les places publiques, jusques aux degrés de l'autel. Il lui
fallut percer, pour y arriver, une foule de peuple. Il se prosterna aussitôt
aux pieds du légat 81, ayant demandé pardon, il abjura de nouveau ses
erreurs 81 se soumit à la pénitence qu'on lui imposa. On confisqua ses biens,
81 on lui ordonna de partir dans quarante jours pour Jérusalem S<. d'v
demeurer pendant trois ans au service des pauvres, avec promesse, s'il reve-
noit après ce terme, de lui rendre ses biens, excepté les châteaux qu'on
ordonna de raser en mémoire de sa prévarication. En attendant son départ
il fut condamné à visiter tous les jours diverses églises de Toulouse, nu-pieds,
&i en prenant la discipline sur les épaules nues. Il fut condamné de plus à
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XIX. 8i
An 1178
une amende de cinq cents livres pesant d arp-cnt envers le comte de Tou- bj.onaiii.
, • - • 11- 1 • 1- .-, . . , '• ii'.p- !<)•
louse, son seigneur, a restituer les biens des églises quil avoit usurpes, a
tendre les usures qu'il avoit exigées Se à réparer les dommages qu'il avoit
causés aux pauvres : il promit par serment d'exécuter toutes ces choses.
LXXIV. - — Le légat envole l'évéque de Bath iS- l'ahlé de Claïrvaux
en Albigeois, — Le vicomte Roger est excommunié.
Le légat résolut ensuite d'excommunier tous les hérétiques qui avoient été
dénoncés & ceux qui étoient soupçonnés de les favoriser. L'abbé de Clairvaux
lui demanda alors permission de se retirer pour se rendre au chapitre général
de son ordre qui devoit se tenir au mois de septembre : le légat la lui accorda,
à condition qu'il iroit auparavant en Albigeois, avec l'évéque de Bath, pour
exhorter Roger de Béjiers, prince du pays', à rendre la liberté à l'évéque
d'Albi, qu'il avoit mis en prison sous la garde des hérétiques. Si pour lui
enjoindre de chasser ces sectaires de ses domaines, conformément à ses ordres.
L'évéque de Bath 8c l'abbé de Clairvaux, suivis du vicomte de Turenne £<
de Raimond de Castelnau, qui leur prêtoient main-forte, se rendirent peu
de temps après en Albigeois, où l'hérésie avoit un de ses principaux sièges.
Roger, informé de leurs approches, se retira à l'extrémité du pays, dans des
lieux inaccessibles, de crainte d'être obligé d'entrer en conférence Se de suc-
comber. Les deux prélats arrivèrent cependant à Castres^, l'une des plus
fortes places du pays, où la femme de R.oger avoit établi sa demeure avec ses
domestiques Se un corps de troupes pour la garder. Quoique tous les habitai'iS
de cette ville S<. des environs eussent embrassé l'hérésie ou la favorisassent,
ils n'osèrent pas toutefois contredire les deux missionnaires, qui combattirent
publiquement leurs erreurs S< déclarèrent Roger traître, héréti([ue Se par-
jure pour avoir violé la sûreté qu'il avoit promise à l'évéque d'Albi. Ces pré-
lats excommunièrent ensuite ce vicomte &• le déférent, au nom de Jésus-
Christ, de la part du pape Se des rois de Fiance 8e d'Angleterre, en présence
de sa femme Se de ses chevaliers; c'est-k-dire qu'ils lui déclarèrent la guerre.
On voit par ce récit, que nous avons rapporté fidèlement d'après les actes ^
des missionnaires mêmes, que Roger II, vicomte de Béziers, de Carcassonne,
d'Albi Se de Razès, favorisoit alors ouvertement les hérétiques, s'il n'avoic
embrassé leurs erreurs; mais il paroît qu'on pourroit le justifier, du moins
sur ce dernier article. En effet, ces sectaires se faisoient un point capital de
ne jamais jurer, Se ils avoient conçu une haine si implacable contre les ecclé-
siastiques ([u'ils ne faisoient aucun scrupule de les noircir par les calomnies
les plus atroces &. d'usurper leurs domaines. Or nous avons divers monu-
inens, depuis l'an iiyo jusqu'en 1182, de la libéralité de Roger envers les
église»; Se ils prouvent en même temps qu'il ne taisoit aucune difficulté de
' Voyez tome \'II, Note V, n. i, p. i i. 'Rogerius de Ucviden, Annale; Ar.gîi.-.-.nl, p. lay
» lia. p. li. Z<. se!).
VI, c
~ ~ 82 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XIX.
n 1 1 t 1 7 o
jurer. 11 donna', au mois de juin de l'an 11 70, la permission à la cathédrale de
Carcassonnc d'avoir un four dans le faubourg de Saint-Vincent de cette ville
£< défendit qu'il y en eût un autre dans ce faubourg, excepté celui de Ber-'
nard de Canet. Il marc|ua qu'il faisoit cette concession pour l'amour du Dieu
tout-puissant, £• de la bienheureuse vierge Marie, sa mère, pour les âmes du
seigneur R. Trencavel, son père, de Roger de Béjiers, son oncle, 6- de tous
les fidèles trépassés, 6- pour la rémission de ses péchés. Il confirma cet acte
Cil II 77, S<. fit une donation, au mois de juin^ de l'an 1170, au monastère
de Saint-Sauveur de Carcassonne. 11 accorda^, le 29 décembre suivant, à
l'abbaye de Grandselve, une exemption de leude & de péage dans toutes ses
terres, tant pour son âme que pour celle de Raimond-Trencavel, son père. Il
confirma'*, en 1172, les donations que ce dernier & Roger, son oncle, avoient
faites en faveur de l'abbaye de Salvanez, en Pvouergue. Enfin, sans parler
ici de plusieurs autres actes, Adélaïde, sa femme, laquelle avoit fait une
donation en ^ iiya à cette même abbaye, promit de la protéger, par serment
prêté sur les saints Evangiles, à^ Burlas, en Albigeois, le jour de la nativité
de la Vierge de l'an 1180. Elle confirma en même temps toutes les dona-
tions que Roger, vicomte de Bé-^iers, son mari, avoit faites à ce monastère, St
les conventions de ce vicomte avec Raimond, abbé de Salvanez, qu'il avoit
juré d'observer. Adélaïde se qualifie comtesse dans cette charte, de même que
dans plusieurs autres monumens, quoique Roger, son époux, ne prît que la
Éd. origin. qualité de vicomte, à cause qu'elle étoit de race comtale Se fille de Rai-
mond V, comte de Toulouse, 5c de Constance, sœur du roi Louis le Jeune.
F.lie suivoit en cela l'usage de son siècle. Enfin « Roger, vicomte de Béziers,
(( 5c Raimond-Trencavel, son frère, permirent '^ au mois de novembre de
(1 l'an 1182, à la cathédrale de Béziers Se à Bernard, évêque de cette ville,
« pour la rémission de leurs péchés Se pour l'âme de Raimond-Trencavel,
(i leur père, de faire toute sorte d'acquisitions de leurs feudataires dans tout
« l'évêché de Béziers, £<c. »
LXXV. — Fin de la mission du cardinal de S aint-Chrysogone
6* de ses collègues.
L'évêque^ de Bath, durant sa mission en Albigeois, y rencontra Raimond
de Baimiac 6c Bernard Raimundi, deux chefs des hérétiques, qui s'y étoient
réfugiés, disoient-ils, pour éviter les mauvais traitemens du comte de Tou-
louse (S- des autres barons. Ces deux sectaires, qui avoient fait un grand
nombre de prosélytes dans le pays, demandèrent un sauf-conduit Se offrirent
à ce prélat Se au vicomte de Turenne, si on le leur accordoit, de se repré-
' Mss. Colhert, n. 2275. [Lat. 9996.] ' Gall'it Chrlstiana, nov. éd. t. i, p. 288.
° De Vie, Chronicon episcoporum Carccaoncnsium, " Archives de l'abbaye de Salvanez.
^. 77. ' Archives de l'évêché de Béziers.
' Cartiilaire de l'abbnye de Grandselve. " Rogerius iiV.oyii.iin, Annales Angliccini.-ç.'ii-;
* Gallia Christiana, nov . éd. t. I, p. 288. & sea.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XIX. 83
senter devant le légat pour y défendre leur foi. Levêque 8i le viconite, pour
ne pas donner occasion de scandale aux toibles, si on refusoit d'entendre cco
deux prédicans, leur accordèrent ce sauf-conduit, tant au nom du légat que
du comte de Toulouse; à condition néanmoins que s'ils ne se convertissoient
]5as ils n'auroient que huit jours pour se retirer, après quoi ils seroient
chassés du pays par l'autorité séculière, conformément à Védit que ce comte
£• les autres seigneurs avaient jait publier. Le légat ayant ratifié cette per-
mission, les deux chefs se rendirent à Toulouse Si comparurent dans la cathé-
drale de Saint-Etienne, où le cardinal légat, l'évêque de Poitiers, aussi légat
du Saint-Siège, l'évêque de Toulouse, les autres commissaires & environ trois
cens ecclésiastiques ou laïques étoient assemblés pour les entendre. Ils pré-
sentèrent d'abord leur profession de foi écrite fort au long en langage du
pays. Le légat, s'apercevant qu'il y avoit des termes ambigus qui pouvaient
cacher le venin de l'hérésie, leur dit de s'expliquer en latin, tant parce qu'il
n'entendoit pas bien leur langage, que parce qu'ils ne s'appuyoient que sur
les Epîtres & les Evangiles dont le texte est en latin. Mais Raimond & Ber-
nard ignoroient cette langue. Se on fut obligé, par condescendance, de les
entendre dans la leur. Cela parut absurde au légat, qui s'en explique ainsi
dans la relation' de cette conférence qu'il nous a laissée. Raimond & son
collègue déclarèrent publiquement qu'ils ne reconnoissoient pas deux prin-
cipes. Se établirent l'unité d'un Dieu créateur de toutes choses; ils confes-
sèrent ensuite que les prêtres catholiques, bons ou mauvais, pouvoient con-
sacrer également le corps 8c le sang de Jésus-Christ. Ils déclarèrent qu'ils
croyoient la transsubstantiation du pain Se du vin dans le corps 8t le sang de
Jésus-Christ, le salut des enfans St des adultes par le baptême, sans lequel
personne ne pouvoit être sauvé, 8<. enfin tous les autres articles de la foi sur
lesquels on les accusoit d'errer.
Les commissaires, après avoir entendu cette profession de foi, l'approu-
vèrent : ils conduisirent ensuite Raimond Se Bernard dans l'église de Saint-
Jacques, où ils eu firent la lecture devant une foule de peuple qui s'y étoit
rassemblé. Le légat 8c ses associés leur demandèrent alors s'ils croyoient de
cœur ce qu'ils venoient de confesser de bouche? Nous n'avons jamais rien
enseigné de contraire, répondirent-ils. Se notre croyance a toujours été la
même. Le comte de Toulouse Se quelques ecclésiastiques 8c séculiers qui
étoient présens ne purent s'empêcher de leur donner un démenti, 8c ils les
convainquirent aisément d'imposture. Il se présenta en même temps plu-
sieurs témoins qui leur soutinrent en face qu'ils leur avoient ouï enseigner
les deux principes, l'un bon 8c l'autre mauvais, 8c débiter les autres erreurs
de leur secte. Raimond 8c Bernard prétendirent de leur coté que tous ceux
qui déposoient contre eux étoient de faux témoins. On les pressa alors de
confirmer par serment leur profession de foi; mais ils refusèrent, sous pré-
texte que Notre-Seigneur, dans l'Evangile, défend de jurer; ils ne faisoient
' Rigerivis de HoveJen, Annales An^licani, p. 327 & set].
An 1173
Au 1 1-:^
84 rnSTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LlV. XVÂ.
pas attention qu'ils avoient fait un serment clans leur acte où iis avoient pris
Dieu à témoin qu'ils cioyoient ainsi. On leur cita diverses autorités de l'Ecri-
ture sainte pour leur persuader qu'il est permis de jurer. Enfin le légat,
voulant user de clémence à leur égard, quoiqu'ils tussent suffisamment con-
vaincus par une nuée de témoins, les exhorta à renoncer k leurs erreurs £< à
É.i.orisin. se faire relever de l'excommunication lancée contre eux, tant par le pape que
t. mp, ^), ^iii»
par lui-même, par les archevêques de Bourges Se de Narbonne, Se l'évêque
de Toulouse; mais ils n'en voulurent rien faire Se demeurèrent dans leur
endurcissement. Le cardinal de Saint-Chrysogone, l'évêque de Poitiers, sou
collègue, Se tous les autres prélats Se ecclésiastiques prirent enfin le parti de
les dénoncer excommuniés à cierges éteints, eux Se leurs complices, en pré-
sence de tout le peuple, avec ordre à tous les fidèles de les éviter, de n'avoir
aucun commerce avec eux Se de les chasser du pays. Le comte de Toulouse
Se les autres grands de la Province firent ensuite serment devant toute l'as-
semblée, de ne favoriser en aucune manière les hérétiques. C'est ainsi que
finit cette mission dont un historien contemporain nous a laissé' la relation.
Cet auteur rapporte la lettre que Pierre, cardinal de Saint-Chrysogone,
léo'at, adressa en conséquence à tous les fidèles pour leur enjoindre de n'avoir
aucune communication avec Raimond Se Bernard; Se celle que Henri, abbé
de Clairvaux, écrivit sur la même affaire. Cet abbé remarque, à la fin de la
sienne, « que tous les princes chrétiens avoient occasion d'exercer leur zèle
(i pour la foi, en venant embrasser dans le pays la querelle de Jésus-Christ,
(1 Se afin, ajoute-t-il, qu'ils ne s'excusent pas sur le peu de fruit qu'il y auroit
<i à faire, qu'ils sachent que c'étoit l'opinion commune à Toulouse, que si
<i nous eussions seulement différé trois ans à taire cet acte de visite, à peine
(( V auroit-on trouvé quelqu'un qui eût invoqué le nom de Jésus-Christ. »
Nous verrons dans la suite que Raimond Se Bernard se réfugièrent à Lavaur,
dans le domaine du vicomte Pvoger.
Henri, abbé de Clairvaux, dans une seconde lettre = qu'il écrivit trois ans
après, nous a laissé quelques autres circonstances de cette mission. Il assure
que les principaux sectaires avouèrent, lorsqu'on leur eut accordé une cniicre
liberté, par le conseil des prélats Se des seigneurs, qu'ils prêchoient à la vérité
1 Évangile aux simples, mais que ce n'étoit que pour les séduire plus aisé-
ment; qu'ils ne croyoient pas que Jésus-Christ eût été vrai homme, qu'il eût
véritablement bu Se mangé, qu'il eût souffert la passion, qu'il fût ressus-
cité. Sec; mais que toutes ses actions rapportées par les évangélistes ne s'étoient
passées qu'en apparence; qu'ils rejetoient Se condamnoient le sacrifice de la
messe, le baptême des enfans, le mariage, les autres sacremens Se les offices
divins reçus dans l'Eglise catholique; qu'ils croyoient que Lucifer, le grand
satan, étoit le créateur des anges, du ciel, de la terre Se de toutes choses
visibles Se invisibles; qu'il étoit aussi le créateur Se le principe des mauvais
' Hogerius de Hovedcn. ' C-iufridiis, prior ^'oîlensis, Chrùr.'.con. p ^>i5
Ç.i. SCT, — V0YC2 toinj "l'U, -Viic I, n. 11, p. :,
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XIX. 85
anges; qu'il étoit Dieu; que e'étoit lui qui avoit donné la loi à iMoïse; Se
que l'union des deux sexes, soit entre païens ou non, étoit également crimi-
nelle. Henri, qui avoit été promu k l'évêché d'Albano quand il écrivit cette
lettre, dit ensuite que les femmes des hérétiques, qui étoient grosses, fai-
soient périr leur fruit. Il ajoute enfin : « Les hérétiques ont contessé autrc-
<i fois, publiquement (c'est-à-dire pendant la mission' dont on vient de
« parler), toutes ces choses Se plusieurs autres devant nous 8c devant nos
« vénérables frères Géraud, archevêque d'Auch, Géraud, évêque de Cahors,
« 8< Gosselin, évêque de Toulouse. Vierne, femme de Sicard de Boysse de
« Graulhet, qui, ayant été séduite par les sectaires, avoit quitté son mari
« pour les suivre, sous prétexte de mener une vie plus parfaite, confessa,
« entre autres à feu Guérin, archevêque de Bourges, qui prêchoit durant
« cette mission, qu'elle avoit commis des infamies horribles avec les plus
« reliùeux d'entre eux. »
LXXVI. — Evêques de Toulouse. — Condamnation des hérétiques au concile
de Latran. — L'archevêque de Narbonne les excommunie.
L'abbé de Clairvaux s'acquit une si grande estime par sa conduite & par
ses vertus, parmi les Toulousains, que le siège épiscopal de leur ville étant
venu à vaquer vers la fin de cette année, par la mort de Gosselin^, il fut
élu' unanimement pour le remplir. Mais sa modestie le lui fit refuser, &
Fulcrand fut élu k sa place. Cet abbé fut promu au cardinalat £< k l'évêché
d'Albano durant le concile de Latran, tenu au mois de mars de l'an 1179. H
revint dans la Province trois ans après en qualité de légat, & il exerça aiori
de nouveau son zèle contre les hérétiques; car la mission de l'an 11 78 ne
produisit pas tout l'effet que les évêques en atiendoient; 8c un auteur con-
temj)orain assure qu'elle ne servif* de rien. En effet, l'hérésie au lieu de
s'aïfoiblir y prit de nouvelles forces par la sévérité dont on usa envers ceux
qui avoient eu le malheur de l'embrasser. Au reste, le comte Raimond
demeura encore quelque temps à Toulouse après le départ du légat -^ Se de ses
' Voyez tome VU, Note I, n. ii, p. î. change avec les pèlerins (romci). Les fraudes cotn-
* Petriis Cellensis, 1. 8, Epist. 8, — Manrique, mises par un membre de la corporaiion furent
Annales Cistercienses, ann. i lyS, n. i . soumises au jugement des consuls de la ville ; ne
' Voyez tome VII, J/ore I, n. it. fut pas réputée fraude l'erreur qui ne dépassait
* Robertus de Monie, Chronicon, ann, i lyâ. pas un denier. Les boutiques de change pour les
'Trésor des Chartes j Toulouse, tac 2, n. 16. pèlerins ne purent être établies qu'à trois endroits
— Dom Vaissete fait ici une pjtite confusion, de la ville, savoir : l'Hôpital de Jérusalem, le
L'acte dont il parle & qu'on peut voir dans Te.iiet Temple & le cloître Saint-Gilles. Les aubergistes
[Layettes iiu Trésor des Chartes, t. 1, p. 119). ne de la ville s'engagèrent de leur coié à ne point
concerne pas les changeurs de Toulouse, mais ceux conduire ailleurs les pèlerins qui auraient à
de Saint-Cilles, & le comte Raimond V n'y païaît changer quelques espèces. Les changeurs de Saint-
mème pas. L'acte est donné au nom de son viguicr Gilles & leurs apprentis (iliscipuli) jurèrent sur les
de Saint-Gilles, Bertrand Ripert, & des consuls & évangiles d'observer cette ordonnance; leurs noms
conseillers de Saint-Gilles, Les changeurs de Saint- sont énoncés dans l'acte j ils sont au nombre
Gilles obtinrent pour cinq ans le monopole du d'environ cent trente-cinq. [A. M.]
An 1173
L'd. origîn.
;. Ul, p. i2
An 1 178
86
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XIX.
An 1 \-j()
associés, comme il paroît par les statuts qu'il donna aux cliangeurs de cette
ville au mois d'octobre de l'an 11 78'.
Le mêine ^ historien contemporain appelle agenois {^heret'ici quos Age-
nenses vacant) les hérétiques que le cardinal Pierre de Saint-Chrysogone &
ses collègues allèrent combattre à Toulouse; 8< on peut remarquer dans les
actes originaux qui nous restent de cette mission qu'on ne leur donne nulle
part le nom d'albigeois, dont les auteurs postérieurs se sont servis pour les
désigner. On ne leur donne pas non plus ce nom dans les actes du concile
de Latran de l'an 1 17g, dont le dernier canon fut dressé contre eux, Si auquel
se trouvèrent, parmi les évêques de la Province, Pons-* de Narbonne, Jean de
Maguclonne, Pvaimond d'Uzès, Bernard de Béziers &. Othon de Carcas-
sonne. Ce canon est conçu en ces termes : « Quoique l'Eglise"*, ainsi que
<( dit saint Léon, se contente d'un jugement sacerdotal, & qu'elle n'emploie
« pas les exécutions sanglantes; elle est cependant aidée par les lois des
(( princes afin que la crainte d'un supplice temporel oblige les hommes de
« recourir au remède spirituel. Comme donc les hérétiques, que les uns
« nomment cathares, les autres patarins 8c les autres poblicains, ont fait de
« grands progrès dans la Gascogne, l'Albigeois, le pays de Toulouse &
(c ailleurs; qu'ils y enseignent publiquement leurs erreurs & tâchent de per-
« vertir les foibles, nous les anathématisons avec leurs protecteurs & recé-
tc leurs, &. défendons à toute sorte de personnes d'avoir aucun commerce avec
(i eux : s'ils meurent dans leur péché, on ne fera aucune oblation pour eux,
» Se on ne leur donnera pas la sépulture parmi les chrétiens. »
En conséquence de ce canon, Pons d'Arsac, archevêque de Narbonne,
étant de retour dans son diocèse, dressa une lettre^, l'envoya à ses suffragans,
aux abbés & aux autres prélats de la Province, leur ordonna d'excommunier
les hérétiques, les fauteurs & défenseurs, les Brabançons, Aragonois, Coste-
reaux, 8c ceux qui les prenoient à leur service; accorda des indulgences a.
ceux qui s'élèveroient contre eux Se décerna diverses peines, par ordre du pape
8c du concile, contre les réfractaires.
' A cette même année 1178 se rapporte une
charte de coutume fort intéressante que Aom Vais-
sete ne paraît pas avoir connue, & que l'on trouve
dans Teulet, Layettes du. Trésor des Chartes, t. 1 ,
p. 120 (d'après J. 3o3, n. 46). Elle concerne la
petite ville de Villeraur, en Toulousain. Les prin-
cipales libertés concédées par le seigneur & les
chevaliers du château sont les suivantes : défense
d'arrêter ou de taxer arbitrairement aucun habi-
tant de Villemur. — Liberté à tous de quitter la
ville, en payant les dettes; le partant devra seu-
lement abandonner les terres qu'il t'ent du sei-
gneur ou en aliéner la jouissance avec l'aveu du
seigneur féodal. — Permission à tous de venir ré-
sider à ^'illemur en jouissant de toutes les libertés
des habitants de la ville. — Suppression de la
main-morte : la succession de l'habitant de Vil-
lemur, mort ab intestat, est recueillie par ses en-
fants; le seigneur n'hérite qu'à défaut de proches
parents. [A. M.]
' Robertus de Monte, Ckronicon, ad ann. 1178.
^ Concilia, t. ic, c. l53o.
* Ibid. c. 1 022.
= Voyez tome VIII, Chartes, n. XXXI, ce. ?,j^\
à 344.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XIX. 87 ~~:
' An 1 179
LXXVII. — Le comte de Toulouse se ligue avec divers seigneurs. — Évcques
de Nimes &- d'U-^ès. — Maison d'Ujés.
Cependant Raimond, comte de Toulouse, pour se mettre en état de résister
au roi d'Aragon, aux vicomtes de Béziers & de Nimes, 8< à la vicomtesse de
Narbonne, qui s'étoient ligués contre lui, s'unit avec divers seigneurs du bas
Languedoc, S< il conclut avec eux' un traité, le 28 d'avril de l'an 1179. Sui-
vant cet acte Raimond d'Uzès, Pons-Gaucelin de Lunel & Pierre de Bernis
reçurent en fiet de Raimond tous les domaines qu'ils possédoient dans la
vicomte de Nimes, savoir : Raimond d'Uzès, le château d'Aymargues, Pons-
Gaucelin, celui de Cauvisson , Se Pierre de Bernis, le château de ce nom,
avec promesse de l'aider contre le vicomte de Nimes, soit durant la guerre
présente, soit dans toutes celles ((u'il auroit dans la suite contre ce vicomte,
& de ne faire ni paix, ni trêve avec lui que d'un consentement mutuel. Rai-
mond donna de plus en fief à Pierre de Bernis tout le domaine que le
vicomte de Nimes avoit dans le château de Bernis, qu'il avoit par conséquent
confisqué sur lui en qualité de suzerain. Il lui donna aussi en fief le château
de Beauvoisin à condition de le rebâtir. Aldebert, évêque de Nimes, & Rai-
mond, évêque d'Uzès, l'un &. l'autre de la maison d'Uzès & oncles du comte
Raimond^, furent présens à cet acte.
Le nom d'Aldebert n'y est marqué à la vérité que par la lettre initiale de
ce nom 5 mais nous apprenons d'ailleurs^ que ce prélat vivoit encore en 1180.
Ainsi ceux"* qui mettent, en 11 77, sur le siège épiscopal de Nimes un pré-
tendu Ainard de Montredon se trompent. Aldebert fut présent^ à une dona-
tion faite en 1175, à l'abbaye de la Font de Nimes, soumise à sa juridiction,
dans laquelle le pape Eugène III & le roi Louis le Jeune le confirmèrent'',
de même que dans l'abbaye de Cendras. Le pape Innocent II lui avoit donné
l'inspection sur cette dernière lorsqu'il l'avoit confirmé à Rome; en sorte qu'il
posséda, du moins pendant trente-neuf ans, l'évêché de Nimes. Guillaume
d'U-(ès, qui étoit vraisemblablement son neveu, lui avoit déjà^ succédé dès
l'an ii83. Quant à Raimond, évêque d'Uzès, frère d'Aldebert, Bertrand lui û. oripi 1.
avoit succédé^ en ii83, & un autre Raimond à celui-ci en iiSS'-*. Le der- ' ''"""
nier Raimond fonda pour des filles une abbaye de l'ordre de Cîteaux dans
' Voyez tome VIII, Chartes, n. XXIX, c. 33j. Vaissefe a été admise par le nouveau Gallta Chns-
— Par cet acte, ces seigneurs rompirent le con- tiana & par M. Mabille (t. IV, p. 278). Seule,
trat féodal qui les unissait au vicomte de Nîmes elle est admissible. Aldebert est indiqué notam-
dont tous trois étaient vassaux. [A. M.] ment comme évêque de Nîmes dans une charte de
' Voyez tome IV, Note LU, p. ziy. 1 17^. (Teulet, Layettes du. Trésor des Chartes, t. 1,
' Voyez tome VIII, Chartes, n. XXXIII, c. 3ôo. p. 1 19 A.) [A. M.]
" Gallia Christiana, t. 3, p. 778. — Ménard, ' Voyez tome VIII, charte XXII, c. 3.8.
dans son Histoire Je Nimes, a repris cette opi- ^ Voyez tome V, Chroniques, n. V, c. 29.
nion, en soutenant seulement que Ainard de " Voyez tome VIII, Chartes, n. XXXIII, c. 3ô5.
Montredon, qu'il appelle Arnaud, commença par ' Gallia Christiana, nov. éd. t. 6.
itre coadjuteur d'Aldebert. L'opinion de dom ' Mss. d'Auiays, n, 88, p. 75.
An 1 179
88 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XIX.
son diocèse, au lieu dit aux Augustins. Au reste, R,aimond, seigneur d'Uzès,
qui fit le traité dont on vient de parler avec le comte de Toulouse, prit le
surnom de R.ascas; il étoit' fils de Bermond I, seigneur d'Uzès Se de Pos-
quières, qui, à ce qu'il jjaroît, vivoit^ encore alors, & dont il hérita de la
moitié de la seigneurie d'Uzès.
LXXVIII. — Le rot d'Aragon vient dans la Province. — Le vicomte de Nimes
se soumet à sa su-^eraineté.
Nous ignorons les circonstances de la guerre que le comte de Toulouse eut
à soutenir, en 1179, contre Alfonse, roi d'Aragon, & ses alliés. Nous appre-
nons seulement de divers monumens que ce roi !k R.aimond-Bérenger, comte
de Provence, son frère, vinrent cette année en personne dans le pa^s; que
le premier étoit à Béziers-^, au mois d'octobre, & que le vicomte Bernard-
Aton lui donna alors la ville de Nimes avec ses dépendances, la forteresse des
Arènes, située auprès de la même ville, le château nommé la tour Magne,
ceux de Marguerittes, Caissargues, Bernis, Beauvoisin, Candiac, Posquières,
du Caviar, d'Aimargues, Avibays, Aujargues, Cauvisson 8<. Clarensac, 8c les
reprit ensuite de lui en fiet, avec promesse de les remettre en paix 6- eu
guerre {iratus &- pacatus) aux comtes de Barcelone, ses successeurs, toutes les
fois que lui 8< les siens en seroient requis; de le servir envers tous 8t contre
tous, de môme que Raimond-Bérenger, comte de Provence, son frère, &; tous
ceux qui tiendroient le comté de Provence des comtes de Barcelone; de tenir
ces domaines en fief des comtes de Provence, & en arrière-fiet des comtes
de Barcelone, tant que le comté de Provence demeureroit dans leur maison;
Si enfin de lui faire prêter serment de fidélité par tous les habitans de
Nimes & des châteaux ci-dessus nommés. Bérenger, archevêque de Tarra-
gone, Arnaud 8<. Raimond de Villa-de-Muls, Pons de Mataplane, Guy de
Séverac, 8t plusieurs autres barons de la cour du roi d'Aragon, turent présens
à cet acte & à l'hommage que le vicomte de Nimes fit en conséquence à ce
jirince.
Un historien d'Aragon'^, qui rapporte mal à propos cet accord à l'an 1180,
prétend que Bernard-Aton, vicomte de Nimes, étoit auparavant vassal des
comtes de Barcelone, Se, qu'ayant refusé de rendre hommage k Alfonse, ce
prince lui fit la guerre & le força k le reconnoître pour son suzerain. 11 ajoute
qu'Alfonse s'étoit mis aussi alors en armes pour ])unir la félonie du vicomte
de Carcassonne, qui s'étoit auparavant reconnu vassal du comte de Toulouse,
St que ce vicomte s'étant soumis, il reçut le roi dans Carcassonne, le 2 de
novembre suivant. A'iais il est certain : 1° Que les vicomtes de Nimes
n'avoient jamais été jusqu'alors hommagers des comtes de Barcelone, Se qu'on
n'a aucun monument qui le prouve. 2° Que le vicomte Bernard-Aton ne se
' Voyez tome IV, VotchW, p. I17. * Ziiriia, Anales i!e la corcna Je Aragon, 1. i,
' Voyez tome VIII, Chartes, n. XXXIII, c. 35i. C. 33.
' D'Achéry, Spicilegium, t. lo, p. 174 8c scq.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV, XIX. 80 — [
' An 1 179
soumit à la suzeraineté d'Altonse S<. du comte de Provence, son frère, que
parce ([u'il setoit ligué avec eux, S< dans le dessein d'obtenir leur protection
contre Pvaifuond, comte de Toulouse, son seigneur naturel. « 3° Que le roi
d'Aragon ne fit pas alors la guerre au vicomte de Nimes, ni à celui de Car-
cassonne, puisqu'ils étoient déjà ligués depuis longtemps avec lui contre
Raimond, à la suzeraineté duquel ils entreprirent de se soustraire pour se
soumettre à la sienne,
LXXIX. — Tour Magne de Nhnes.
Nous observons, à l'occasion de ce traité, que c'est là le plus ancien monu-
ment que nous connoissons où il soit tait mention de la tour Magne de
Nimes, qui servoit alors de forteresse à la ville, de même que l'ancien amphi-
théâtre ou les Arènes. Nous joignons ici le plan de ce qui reste de cette tour,
qui est regardée avec justice par les connoisseurs comme un précieux morceau
de l'antiquité. Elle étoit bâtie sur la plus haute des collines qui environ-
noient la ville riçNimesS* qui se joignoient à ses murs. Plusieurs modernes'
ont parlé de ctr ancien édifice, qui est aujourd'hui à demi ruiné £<. qui n'a
plus que neuf toises S< deux pieds de hauteur, sans qu'on sache l'époque
précise de sa destruction. On peut voir dans leurs ouvrages la description
qu'ils en font. On ne convient pas si c'est aux Gaulois ou aux Romains
qu'on doit en attribuer la construction. On croit que cette tour étoit destinée,
du temps des derniers, pour garder les finances de l'empire. On l'appeloit
tour Magne, parce qu'elle étoit la plus grande, la mieux bâtie 5c la plus (''f,',''"*''!'-
élevée de celles qu'on avoit construito3 d'espace en espace autour des murailles
de Nimes.
I.XXX. — Suite du voyage du roi d'Aragon &• du comte de Provence, son
frère, dans la Province. — Le vicomte Roger reconno'tt leur sujeraineté 6"
leur fait hommage.
Ennengarde, vicomtesse de Narbonne, 8c le comte Pierre de Lara, son «
i.eveu Se son héritier j)résomptif, allies du roi d'Aragon, l'accompagnèrent
dans le voyage que ce prince fit dans la Province en 1179. N'ous avons, en
effet, un acte^ du 17 octobre de cette année, suivant lequel le vicomte Roger
augmenta les droits que Bcrenger de Puiserguier avoit coutume de pcrc.evoir
pour le guidage sur le chemin depuis Béziers jusqu'à Narbonne, Se depuis
' C.T.ui;r, A.it'ï^u'it's Je K'imcs, i». 32 & sulv, — sourgiiier une c«rt,iina somme à prélsver sur I«
MontUucoi^, Antiquité cxpU^uée, supplément, t. ^, péage de Saint-Thibsry à Marseillan, que pej -
? 1^') & suiv. cevait alors un certain Cuiliem- Arnaud. Par le
• Cliitenu de Foix, carlulaire, caisse i">. — Voir second, le Ticotnie autorisa la mém» scigilciir à
cet acte au toir.e VIII, c. 337 8c suiv. Il y eut faire payer le pc^ige de Biziers à Narbonne en
dîiix actes pour cette affaire. Par le premier, Ro- monnaie de Melgueil au lieu de monnaie de Ec-
g;r de BOzicrs donna en fief à Bérenger de Puis- zicrs. [A. M.l
An 1 179
90
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XIX.
Saint-Thibéry jusqu'à Marseillan, 6t les lui donna en fief « en présence du
« vénérable seigneur Alfonse, par la grâce de Dieu, roi d'Aragon, comte de
<( Barcelone & marquis de Provence, de dame Ermengarde de Narbonne &
(t du comte Pierre, qui, par ordre du seigneur Roger, furent témoins avec
« Pierre-Raimond de Hautpoul, &.C. » Bérenger de Puiserguier fit son testa-
<t ment' trois ans après.
Le roi d'Aragon Se le comte de Provence, son frère, se rendirent de Béziers
à Carcassonne, où le vicomte Roger fit, le 2 novembre de l'an 1179, la décla-
ration suivante^ en faveur du premier : « Moi, Roger, vicomte de Béziers,
« fils de dame Saura, reconnois devant vovis, mon seigneur Alfonse, par la
<i grâce de Dieu roi d'Aragon, comte de Barcelone, marquis de Provence,
« qu'étant encore enfant, & séduit par le conseil de quelques-uns de mes
« courtisans, je me suis déclaré vassal du comte de Toulouse pour Carcas-
« sonne 8c mes autres domaines, que je dois tenir, à l'exemple de mes prédé-
« cesseurs, de vous, à qui de plus j'ai fait la guerre & que j'ai irrité par cette
« conduite. Me reconnoissant coupable, je vous en demande pardon 81 je
<i me remets en votre pouvoir, avec promesse d'observer fidèlement à l'avenir
(( tous les traités dont nos pères sont convenus 8< d'en faire jurer l'observa-
» tion par les babitans de Carcassonne S< de Limoux, 8c par les grands de
« mon domaine. Je déclare aussi que, si je viens à mourir sans enfans, Rai-
« mond-Trencavel, mon frère, en me succédant, sera tenu aux mêmes obli-
« gâtions envers vous, tant pour le Carcasses, le Razès 8c le Lauragais que
« pour les autres pays que je tiens en fief; 8c qu'en cas que le même Rai-
« mond meure avant moi 8c que je décède sans postérité légitime, vous 8c vos
« successeurs disposerez entièrement de tous ces dojnaines en faveur de celui
(( de mes parens que vous voudrez cboisir. » L'auteur qui rapporte^ cet acte
prétend que le vicomte y fit donation de tous les domaines au roi d'Aragon,
en cas qu'il vînt à décéder sans enfans, 8c il a été suivi en dernier lieu par
un bistorien'^ d'Espagne; mais cela n'est pas marqué &c il y est dit tout le
contraire.
Nous avons plusieurs autres actes passés entre Alfonse II, roi d'Aragon, &
le vicomte de Carcassonne, durant le séjour que le premier fit en cette ville,
au mois de novembre de l'an 11 79 : 1° Roger, qui se qualifie vicomte de
Béjiers & de Carcassonne, donne-'* à ce prince, en propre & en franc-alleu,
le château &c la ville de Minerve avec tout ce qu'il possédoit dans le Miner-
vois ou qu'il y posséderoit dans la suite ; donation qu'il fit au préjudice de
l'autorité^ du roi Louis le Jeune, qui lui avoit accordé la suzeraineté sur ce
pays. 2° Le roi d'Aragon donna'' à son tour, au vicomte Roger, la ville de
Carcassonne 8c le Carcasses avec ses dépendances, le château de Laurac Se le
Lauragais, la ville 8c tout le pays de Razès avec ses dépendances, 8c nommé-
' Cartulaire de l'abbaye d'Aniane.
' Mnrca Hispanica, c. iSyi.
3 IbU. c. 5i3.
' Ferr»ras, ad ann. 1179, n, .f.
^ Murex H'ispanica, c. 13721
^ Voyez tome VIII, Cluirtes, n, IX, c. îyp.
' Marco. Hiffin'ica, c, l'i-ji,
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XIX. 91
ment la ville de Limoux, le pays de Sault, le château de Termes & le pays
de Termenois, & enfin le château de Minerve 6c. le Minervois, à condition
qu'il les tiendroit en fiet sous sa suzeraineté 8c celle des rois, ses successeurs.
Le vicomte accepta cette donation avec promesse d'être fidèle à AU'onse pour
tous ces pays S<. pour tous ses autres domaines, envers tous 8<. contre tous, &
de ne faire la guerre contre le comte de Toulouse &■ de Saint-Gilles, ou la
paix avec ce prince que par son ordre 8<. des comtes de Barcelone, ses succes-
seurs. 3" Roger' prêta en conséquence serment de fidélité au roi d'Aragon
pour tous ces pays, en présence de Pierre-Raimond de Hautpoul, de Guil-
laume de Saint-Paul Se de plusieurs autres de ses barons. 4° Le roi fit faire ^
serment en son nom par Raimond de Villa-de-Muls, Bernard d'Alion, Dal-
mace de Creixel & deux autres de ses barons, au vicomte, qu'il n'entrepren-
droit rien contre sa personne & qu'il lui conserveroit ses domaines. Le roi
ordonna ensuite à celui qui lui succèderoit dans le comté de Barcelone, soit
mâle, soit femelle, de prêter un pareil serment au vicomte & à ses successeurs
mâles ou j'emelles qui hériteroient de Carcassonne; « à moins, ajoute-t-il,
tt que celui ou celle qui me succédera dans le comté de Barcelone ne fût roi
« ou reine d'Aragon ; car alors il fera prêter ces sermens par les barons de sa
(i cour. 0° Enfin AU'onse &c Roger promirent^ de s'entr'aider dans la guerre
<i qu'ils avoient actuellement l'un 8c l'autre contre Raimond, comte de Tou-
(i louse & de Saint-Gilles, 8v dans celles qu'ils auroient dans la suite avec
(1 lui ou avec ses successeurs, 8v de ne taire aucun traité avec eux l'un sans
« l'autre; avec ordre à leurs successeurs de se lier par une semblable pro-
<■ messe. » Le roi fit jurer celle qu'il fit, 6- qu'il promit d'observer sur sa foi
6» sa croyance, au lieu de serment, par les mêmes barons qui avoient fait
serment dans l'acte précédent; 8<. le vicomte promit d'obsen'er cet accord sur
les saints Evangiles : nouvelle preuve que Roger n'étoit pas hérétique sur
l'article du serment^.
Ce vicomte se rendit^ en même temps vassal de Raimond-Bérenger, comte
de Provence, vicomte de Millau 8< de Gévaudan S<. frère du roi d'Aragon,
pour les châteaux de Brusque, Delpont Se de Murasson, en Rp^ergue; « qu'il
(I lui donna en propre 6- en j'ranc- alleu, Sv qu'il reprit ensuite de lui en fief.
!■ Il lui en fit hommage avec promesse de les tenir de lui en fief S< des comtes
K de Provence, ses successeurs, qui posséderoient la comté (ou plutôt la
» vicomte) de Millau. Roger ajouta ([ue, supposé que les comtés de Pro-
« vence 8; de Millau appartinssent dans la Suite à d'autres qu'au comte do
« Barcelone, lui S<. ses successeurs ne tiendroient ces trois châteaux que de
« ces derniers. » Le roi d'Aragon, durant son séjour k Carcassonne, y donna
' Marea Hlipan'iea, c. li-j'i. des Chartet, t. i , pp. t2j, 114, & dans les Mémoires
* liij. c. 1374. de la Société des lettfes & arts de Carcassonne, t. t,
• Hid, c. 1375. pp. 2^4 à 23j (article de M. Cros-M.-iyrevielle).
' Un serment analogue fut prêté en même temps [A. M.]
par les notables bourgeois de Carcassonne. On ' Voyez tome VIII, Chartes, n. XXX, ce. ijy,
trojvira cet act» dan» Teiilct, /.o/ftte; du Trésor 340.
An 1 179
KJ.oiigin.
t. 111, p. 55,
~; ni HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XI'/.
An 1 179 ■'
un diplôme en faveur de l'abbaye de La Grasse', c[u'il prit souî sa prolection
avec Arnaud, son abbé, S<. tous les domaines qu'elle possédoit dans l'étendue
de ses États; il leur permit de faire construire partout où ils voudroient des
châteaux Se des forteresses.
LXXXI. — Couronnement de Philippe-Auguste qui succède au roi Louis le
Jeune, son père. — Juifs de Toulouse.
Il paroît que la guerre que le comte de Toulouse eut à soutenir en 1179
contre ce prince S<. ses alliés, l'empêcha de se trouver au couronnement de
Philippe, son neveu, que le roi Louis le Jeune, père de ce jeune prince,
associa au trône, & qui fut couronné à Reims, le i" de novembre de la
même année. Les anciens historiens^ assurent cependant que Louis délibéra
là-dessus, à Paris, avec tous les archevêques , les évêques, les allés L- les
barons de tout le royaume; que cette cérémonie fut fixée au i5 d'août, mais
qu'elle fut différée ensuite au 1" de novembre, à cause d'un accident qui
arriva h. Philippe; & qu'enfin ce prince fut couronné à Reims, en présence
des archevêques, des évêques 6- de tous les princes du royaume, que le roi
Louis y avoit assemblés. On ajoute que c'est là la^ première cérém.onie où
on ait vu avec ordre i' détail les pairs de France. En effet, le roi Louis le
Jeune la rét^la lui-même- & ordonna qu'à l'avenir ce cérémonial seroit observé
au couronnement des rois de France; mais aucun auteur ne fait mention en
particulier du comte de Toulouse, & nous n'avons aucun monument qui
prouve qu'il ait assisté au sacre de Philippe-Auguste. Quoi qu'il en soit, ce
jeune roi, qui n'avoit alors que quatorze ans, succéda à la couronne après la
mort du roi Louis le Jeune, son père, arrivée le 18 de septembre de l'année
suivante. On a déjà remarqué que ce dernier, qu'on loue beaucoup pour sa
piété, fut le premier de nos rois de la troisième race qui fit valoir son auto-
rité dans la Province.
Philippe, au commencement de son règne, chassa tous les juifs du domaine
royal; mais ces peuples se maintinrent dans les villes soumises aux grands
vassaux de la couronne, entre autres à Toulouse, comme il paroît par une
sentence'* rendue, au mois de mai de l'an 1181, par Fulcrand, évêque de
cette ville, Se divers ecclésiastiques, ses assesseurs, au sujet du différend qui
s'étoit élevé entre le sacristain de l'église de Saint-Etienne Si les juifs de
Toulouse, touchant les quarante-quatre livres de cire qu'ils étoient tenus de
' Archives de l'abbaye de La Grasse. — Dom Se l'exempte d'une partie des leiides que l'on per-
Vaissetc a confondu deux actes différents de ce cevait dans ses Etats. [A. M.]
prince. On peut les voir dans Maliul [Cartulctire Je ' Rigord, Gesta Phillppi Àugusti, p. 4 & seq —
C.Trcassonne, t. 2, pp. 206, 2.')7), & tome V, ce. 1662, Rogerius de Ilovsden, Annales An^licani, ad ann.
l6!;.3. Par le premier, du i3 octobre 1172, le roi 1179.
d'Aragon permit à La Grasse de faire fortifier la ' Histoire gcncalogijue des grands officiers, t. 5,
ville de KivesalteSj par le tecond , qui est daté p. ?t.
de novembre 1 179, & donné a Pirpisnan (8t non à ' Catel , Mhnoires is l'histoire du Ldngucdoe,
Carcasscnnc;, il prend l'abbaye sous :a protection p. 893 & si;!v.
An 1 180
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XIX. q3
" An I i3o
lui fournir tous les ans le vendredi -saint. Le sacristain assuroit que ces
livres dévoient être du poids commun de Toulouse f £<. les juifs qui furent
condamnés prétendoient au contraire qu'elles dévoient être seulement du
poids de vingt sols la livre, qu'on appeloit livre prime.
LXXXII. — Suite de la guerre entre le roi d'Aragon 6- le comte de Tou-
louse. — Mort de Raimond-Bérenger, comte de Provence j vicomte de
Gévaudan, Oc, — S anche, son frère, lui succède,
La guerre continua dans la Province pendant les années 1180 & 1181 .''-;',-,°'''f^'!V:
r^ * , t. iU , p. 3^
entre Raimond, comte de Toulouse, d'un côté, & Alfonse, roi d'Aragon, &
ses alliés de l'autre, sans que nous en sachions le détail; sinon qu'Alfonse
assiégea' le château de Fourques, situé sur le Rhône, à deux lieues au-des-
sous de Beaucaire, qui appartenoit au comte. Raimond étoit, à ce qu'il paroît,
dans le pays au mois d'août de l'an 1180, & il confirma^ alors, en faveur de
l'abbaye de Saint-André sur le Rhône, la donation d'une partie du château
de Pujault, que Isnard de Gargaia avoit faite à ce monastère en y prenant
l'h.abit religieux. Le roi d'Aragon & le comte de Provence portèrent peut-
être, en 1180, leurs armes dans le Rouergue; car le comte de Toulouse
passa un accord-', le i^"' d'octobre de cette année, avec l'abbé d'Aurillac, aa
camp devant Capdenac, lieu situé sur les frontières du Rouergue & du
Querci.
Cette guerre fut funeste à Raimond-Bérenger, comte ou marquis de Pro-
vence. Adémar'', fils de Sicard, seigneur de Murviel, qui tenoit sans doute le
parti du comte de Toulouse, ayant marché en 1181 à la tête d'un certain An 1181
nombre de chevaliers, se mit en embuscade, le surprit aux environs de Mont-
pellier 81 le tua, le jour de Pâques 5 d'avril, avec Gui de Séverac qui l'accom-
pagnoit.
On prétend' que celui-ci étoit parent du comte de Provence, sous prétexte
qu'il est marqué dans un ancien auteur*^ que Gilbert, beau-père de Rai-
mond-Bérenger III, comte de Barcelone, eut sept filles, dont chacune épousa
divers seigneurs, entre autres le vicomte de Fcnouillèdes, Hugues de Baux,
Gui de Séverac, &c. On suppose'' en môme temps que ces filles de Gilbert
étoient nées d'une même femme qu'il avoit épousée, dit-on, avant son mariage
avec Gerberge, héritière de Provence, 8c qu'il ne se maria avec cette dernière
qu'en secondes noces; mais l'auteur sur lequel on se fonde ne le dit pas; il
met au contraire au nombre de ces filles Étiennette, femme d'Hugues de
Baux, laquelle étoit née certainement du mariage de Gilbert avec l'héritière
'TomeVni, Chartes, n. XXVIII, c. 333 à 335. ' ^:t\nze. Histoire gènéalogi<iue de la maison d'An.
' D'Achéry, Spicilegium, t. 8, p. i jp. vergne, t. i , p. 194.
' GaUia Christiana, t. 2, p. 9Ô.J. " Gaufridus, prior V'osiensis, p. 3^4.
* G;iiifridiis, prior Vosiensis, Labbe, p. 32^. — ' Baliize, Histoire gcnéulo^ijue df la maison d'Av.-
Chronicon Massiliense, danshabbs, Biiliolhcca nova vergne, t. 1 , p. 194,
mss. t. I, p. 341.
An 1 1 8 1
94 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XIX.
de Provence. Il n'y a d'ailleurs aucun fond à taire sur cet auteur' qui
donne pour grand-pcrc paternel à ce Gilbert un prétendu Raimond, sur-
nommé Tête-d'Etoupes, vicomte de Carlad, Si qui confond la généalogie des
comtes de Barcelone avec celle des vicomtes de Millau- dont étoit Gilbert;
en sorte qu'il fait descendre par mâles Alfonse II, roi d'Aragon, de ce pré-
tendu Raimond Tête-d'Etoupes, vicomte de Carlad.
Raimond-Bérenger, comte de Provence^, fut apporté après sa mort dans
l'Ile de Maguelonne &. inhumé dans la cathédrale de Saint-Pierre. Ce prince,
dont on fait un grand éloge S< qu'on nous représente comme extrêmement
aimable, étant décédé sans enfans, Alfonse, son frère, roi d'Aragon, lui suc-
céda dans le comté de Provence Se dans les vicomtes de Millau & de
Gévaudan qu'il lui avoit donnés en apanage pour ^ les posséder sous sa suze-
raineté. Alfonse en disposa peu de temps après en faveur de Sanche, son
autre frère, qui se qualifia depuis comte de Provence, comme il paroît par
divers monumens"^. Au reste, nous ne relèverons pas ici l'erreur de quelques
modernes qui ont prétendu que ce fut Bertrand de Baux qui fut tué le jour
de Pâques de l'an ii8i par [Adémar fils de] Sicard de Murviel : d'autres^
l'ont fait avant nous.
LXXXIII. — Le roi d'Aragon ravage le Toulousain,
Le roi d'Aragon, irrité au dernier point de la mort tragique du comte Rai-
mond-Bérenger, son frère<^, résolut d'en tirer vengeance. Ce prince, qui
étoit '^ à Montpellier avec le comte Sanche, son frère, au mois de juin de
cette année, alla assiéger le château de Murviel, situé dans le diocèse de
Béziers, le prit, le rasa Se fit main basse sur tous ceux des habitans qui eurent
le malheur de tomber entre ses mains. Il s'avança^ ensuite dans le Toulou-
sain à la tête de ses trou]ies, prit divers châteaux, vint camper sous les murs
de Toulouse, sans que le comte Raimond osât se montrer; fit le dégât dans
tous les environs St passa de là en Aquitaine, où il alla conférer avec le roi
d'Angleterre, son allié.
LXXXIV. — Expédition du cardinal-légat Henri, évêque d'Alhano, dans la
Province, contre les hérétiques du haut Languedoc. — Siège 6- prise de
Lavaur.
Les troubles que cette guerre causa dans la Province donnèrent occasion
aux hérétiques de s'y fortifier sous la protection du vicomte Roger qui les
■ Gaiifiidus, prior Vosiensis, p. 3^4. ' Bahize, Marca H'upnnica, c. 5i5.
' Ibid. p. 326. — Chronkon M.^ssilie:i!e, ut s:i- " Gaufndiis, prior Vosiensis. — Chronieon Massi-
pra. Uense. — Gc^ta coniitum Barctnonensium , c. 22.
' Gêna comitum Barcinoncnsium, c. 22. " Bouche, Chorographie ou description de h Pio-
* Bouche, Chorographie ou description de In Pro- vence, t. 2, p. 1 ")3 & suiv,
vcnce, t. 2, p. 153 & suiv. ' Gcsta comitum Rcircinor.eiisium , c. 2;.
An I I 8i
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XIX. çS
favorisa, à ce qu'il paroît, plus par politique que par inclination pour leurs
erreurs, dans le dessein de s'en servir contre le comte de Toulouse, leur l'j orifiin.
ennemi 8t le sien. Ces sectaires se fortifièrent dans divers châteaux de son
domaine d'où ils répandoient leur venin dans toute la Province. Le pape
Alexandre III, informé de leurs progrès, résolut d'envoyer un légat dans le
pays. Il choisit après le concile de Latran, pour cette commission, Henri,
abbé de Clairvaux, qu'il venoit d'élever au cardinalat S<. à l'évêché d'Albano,
8<. qui avoit donné des preuves de ses talens 5c de sa capacité dans la mission
qu'il avoit faite à Toulouse, deux ans auparavant, avec le cardinal de Saint-
Chrysogone. Henri' se rendit bientôt après dans la Province, Se nous avons
des preuves^ qu'il exerçoit sa légation dans le bas Languedoc, dès l'an 1180.
Il persuada par la force^ de son éloquence à un grand nombre de catholiques
de prendre les armes & de le suivre 5 & ayant formé un petit corps d'armée
il s'avança vers les domaines du vicomte Roger. Étant arrivé dans le pays, il
y donna audience dans le château de Lescure, le l'^de juillet de l'an iiSi'*,
à l'abbé de Sainte-Croix de Bordeaux, qu'il y avoit ajourné avec l'abbé de
Saint-Sever-Cap, pour les entendre sur les prétentions réciproques qu'ils
avoient sur le monastère de Souillac.
Un historien du temps"' donne en cet endroit le nom d'albigeois aux héré-
tiques que le cardinal Henri alla combattre; & c'est là le plus ancien monu-
ment que nous trouvons où on ait qualiiié ainsi les sectaires qui causèrent
tant de ravages dans la Province à la fin du douzième siècle Si au commen-
cement du suivant : mais il paroît que cet auteur ne leur donne ce nom,
qui 'ne fut commun* à tous que longtemps après, qu'à cause que le légat
Henri commença sa mission par ceux qui étoient répandus dans le pays
d'Albigeois où ils se maintenoient sous la protection du vicomte Roger. On
ne marque pas les circonstances de l'expédition que le légat entreprit dans
ce pays, 81 on se contente de nous apprendre qu'il alla^ quelque temps après
mettre le siège devant le château de Lavaur, l'une des principales places de
ce vicomte.
Raimond de Baimiac Se Bernard Raimundi, ces deux chefs des hérétiques
qui, après avoir été excommuniés à Toulouse, en 1178, par le cardinal de
Saint-Chrysogone, s'étoient réfugiés dans ce château, y avoient établi le
principal siège de l'hérésie. Le cardinal Henri, après l'avoir investi, l'attaqua
vivement. Les assiégés s'opposèrent de leur côté avec beaucoup de vigueur à
tous ses efforts; mais enfin Adélaïde de Toulouse, femme du vicomte, livra
elle-même la place à ce prélat, qui s'en rendit maître, à ce qu'on assure^,
par une espèce de miracle. On ne parle que d'un chevalier, nommé Raimond
' Manriqiie, Clstercicmes annales, aJ ann. 1 182, ^ Gaufridus, prior Vosiensis, Chronicon, p. 3i6. ^
c. 2. 0 Voyez lome VII, Note XIII, p. B.i.
" Voyez tome VIII, Chartes, n. XXXIII, c. 35o. ' Gaufridus, prior Vosiensis, Chronicon, p. ^26.
' Robert II s Ahissiodorensis.C/ironicon, ann. 1181. — Guillehnus de Podio Laiireniii, Chronicon, c. z.
— Gnufridus, prior Vosiensis, Chronicon, p. Szô. ' Manriqiie, Cislercienset annales, ad ann. 1 182,
■• Tome Vin, Chartes, n. XXXV, c. Syi à SyS. c. 2.
An 1 i3i
Ed. ori^in.
t. 111. p. ii
96 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XIX.
de Venoul, qui fut tué à cette expédition, après laquelle le vicomte Roger
se soumit 8i promit avec les principaux du pays de renoncer entièrement à
l'erreur. Henri l'obligea en même temps à lui remettre les hérétiques qui
étoient à Lavaur dont les deux principaux chefs Raimond de Baimiac 8c
Bernard Raimvmdi se convertirent Se embrassèrent l'institut des chanoines
réguliers; ce dernier dans la cathédrale de Toulouse, & l'autre dans l'église
de Saint-Sernin. On ajoute' que le légat persuada aux autres d'abjurer leurs
erreurs api^s les leur avoir fait connoître publiquement. Mais la conversion
de ceux-ci ne fut qu'apparente, & il est certain^ que l'hérésie, au lieu de
s'affoiblir, prit de nouvelles forces dans le pavs.
Quelques historiens^ font entendre que le cardinal Henri étendit en nSi
sa légation dans la Gascogne, & qu'il réduisit les hérétiques autant par la
force de sa prédication que parcelle de ses armes. Nous apprenons d'ailleurs,
d'une lettre'* d'Etienne de Tournay, abbé de Sainte-Geneviève de Paris, qui
l'alla^ joindre alors dans la Province pour quelque commission dont le roi
Philippe-Auguste l'avoit chargé, que ce légat s'avança au delà de Tculouse,
Jusque vers les frontières d'Espagne, ha. description que fait Etienne danj
cette lettre du triste état où il trouva le pavs prouve que la guerre qui \-
étoit allumée entre le roi d'Aragon & ses alliés d'un coté, &<. le comte de
Toulouse de l'autre, 8c qui y avoit attiré une foule de brigands, l'avoit mis
dans une extrême désolation. « La crainte du danger éminent où je me
« trouve exposé, dit l'al^lié de Sainte-Geneviève, par les courses des voleurs,
« des Cotereaux, des Basques Se des Aragonois, tait que je supporte avec
« moins de peine les fatigues du long & pénible voyage que j'ai entrepris.
« Je suis l'évêque d'Albano par les montagnes Se les vallées Se au milieu c'cs
« déserts. Je ne trouve partout que des villes consumées par le feu ou des
« maisons ruinées; les périls qui m'environnent me rendent l'image de !a
a mort toujours présente; on m'assure que je trouverai ce prélat au delà de
i<. Toulouse, près des Espagnols, Sic. »
LXXXV, — Déposition de Pons d'Arsac, archevêque de Narhonne,
Bernard- Gaucelin lui succède.
Etienne de Tournay parle encore, dans un autre endroit^, de l'état déj>îo-
rable où étoit alors la Province. C'est dans une lettre qu'il adressa à Jean de
Belles-Mains, évêque de Poitiers Se légat du Saint-Siège, pour le féliciter
« de ce qu'ayant été nommé à l'archevêché de Narbonne il avoit été promu
« bientôt après à celui de Lyon, Se de ce qu'il étoit exempt par là de pani-
u ciper à la barbarie des Goths, à la légèreté des Gascons Se aux mœurs
' Mnnriqtie, ad nnn. i i8i, c. 2. ■* StcphariDS Tornacensis, Epht. 73.
• G.uifridus, ptior V'osiensis. — Hugo Aiitissio- ^ Voyez tome VII, NoieV, n. vu, pp rrj, 20.
dorensis. " Sto^îhaniiS Torn.iteiisis, Epi;t. ■:).
' Robertus de Mont.", Chror.'icon, ;id nn:i. iioi.
— Giiilhiiiir.s de N,i!is;is, Cltrçniccn, ad ann. 1 iSi,
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XIX. 07 -" ~
7/ An 1181
« féroces des peuples de la Septimanie, où régnent, ajoute-t-il, plus qu'on ne
« sauroit croire, l'infidélité, la feinte, la tromperie Se la douleur. J'ai eu en
« dernier lieu, en passant dans le pays, dit-il ensuite, lorsque le roi m'en-
« voyoit à Toulouse, une image de la mort la plus terrible toujours présente
« devant mes yeux; j'y ai vu les églises brûlées ou presque détruites, 61 les
« lieux qui servoient auparavant d'habitation aux hommes devenus la retraite
(i des bêtes. J'avoue que j'ai été affligé en apprenant que vous étiez destiné
« pour un pays où vous pouviez espérer difficilement de faire quelque fruit;
« mais j'ai été rempli de joie quand j'ai su que vous étiez appelé à Lyon. »
Un historien contemporain' fait mention, sous l'an ii8i,de la promotion
de l'évêque de Poitiers à ces deux archevêchés de la manière suivante : « Jean,
« évêque de Poitiers, dit cet auteur, personnage recommandable par son
« érudition & son éloquence, ayant été élu à l'archevêché de Narbonne, 8c
« ayant entrepris le voyage de Rome pour aller recevoir sa confirmation, fut
« élu par le clergé de l'église de Lyon, du consentement du pape Luce. »
Enfin nous apprenons d'un ancien monument^ que les archevêchés de Nar-
bonne ik de Lyon étoient alors vacans par la déposition des deux arche-
vêques qui les remplissoient auparavant, « & que le cardinal Henri déposa
« ces deux prélats dans un esprit véhément, parce qu'ils ne faisoient aucun
« fruit, 8c qu'ils étoient répréhensibles. » On ignore le nom de l'archevêque
de Lyon qui fut alors déposé de son siège ; mais il n'y a pas^ lieu de douter
que l'archevêque de Narbonne qui subit un semblable sort, ne soit Pons
d'Arsac, qui possédoit cet archevêché depuis l'an 1162. Il paroît que les deux
archevêques ne furent pas déposés en même temps, mais en différens conciles
que le légat Henri aura tenus pour cela en 1181. On vient de voir, en effet,
que l'évêque de Poitiers avoit été élu à l'archevêché de Narbonne avant le
siège du château de Lavaur, qui fut entrepris au mois de juillet de cette
année, £c qu'il ne fut promu à l'archevêché de Lyon que sous le pontificat
à\x pape Luce 111, élu le 29 d'août suivant. Bernard-Gaucelin, de la maison
des seigneurs de Lunel, évêque de Béziers, fut élu archevêque de Narbonne,
après la promotion de l'évêque de Poitiers à l'archevêché de Lyon'*, 8c il con-
serva l'administration^ de lévêchè de Béziers jusqu'en 1184, que Geofroy fut
élu à cet évêché : ce dernier étoit de la maison des vicomtes de Marseille 8c
auparavant religieux dans l'abbaye de Saint-Victor de cette ville.
LXXXVL — Concile du Puy. — Vicomtes de Polignac,
Le cardinal Henri, après avoir terminé son expédition contre les hérétiques,
prit la route du Vêlai 8c tint^ au Puy, le i5 de septembre de l'an 1181, un
■ Robtrtiis de Monte, p. 806. — Pagi, ann. * Le sicge de Narlionne vaquait le 16 mai 1182,
1 181 , n. 6. date d'une bulle de Luce III (Gall'ia Christ iana, t. 6,
' Tabula. sepuUhralis ClaraevalUns'ium , apud Instr. c. 46; voir tome V, ce. t^66, iHCy). [A. M.)
Manrique. ' GaWa Christiana, nov. éd. t. 6,
> Voyez tome VII, Hôte VII, pp. 19, ïo. "= Tome VIII, Chartes, n. XXXV, ce. 371 à 373.
VI, - ,
t. m, p. 59.
"~ ;; — n8 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XIX.
An 1181 /
concile auquel les évêques de Poitiers, du Puy, de Maguelonne &. de Lodève
se trouvèrent. Il se rendit de là à Cîteaux, où il assista au chapitre général '
de son ordre. Étant retourné en Gascogne, il tint à Bazas le concile de la
province d'Auch, le 8 de décembre suivant, 8c présida à celui des deux pro-
vinces de Bourges & de Bordeaux, lequel fut assemblé à Limoges, le troisième
dimanche du carême de l'année suivante.
Quelques jours avant ce concile du Puy, Héracle, vicomte de Polignac, se
rendit^ dans cette ville, & là, touché du repentir, il promit, du conseil de
son père, à Géraud, évêque de Cahors, & à quelques autres chanoines de
Rrioude, de réparer le dommage qu'il leur avoit causé pour la somme de plus
de deux mille marcs d'argent lorsque, s'étant associé deux ans auparavant
avec des étrangers (c'est-à-dire sans doute avec les routiers qui causoient des
Kd. oiigin. ravages infinis dans tout le royaume), il avoit attaqué, pillé Se brûlé la ville
de Brioudc & le village de Saint-Germain. Héracle, fidèle à sa promesse, se
rendit à Brioude, au commencement du inois de septembre, & fit la satisfac-
tion suivante, de l'avis du vicomte, son père, de Guillaume, comte de Mont-
ferrand, son beau-père, &t de plusieurs personnes de distinction. 11 entra
dans la ville nu-pieds, 6t, étant arrivé à la porte de l'église de Saint-Julien,
il se soumit à la pénitence. Il alla ensuite à l'autel du saint martyr Se se
rendit enfin au chapitre, où il se remit à la discrétion des chanoines, auxquels
il céda le château de Cusse avec ses dépendances & quelques autres domaines
qu'ils lui rendirent ensuite pour les tenir d'eux en fief, à condition qu'aucun
des vicomtes de Polignac, ses successeurs, ne pourroit aliéner ce château.
Héracle accorda en même temps divers privilèges aux chanoines 8c aux habi-
tans de Brioude.
Héracle fut le troisième vicomte de Polignac de son nom. Il étoit fils de
Pons II, lequel vivoit alors. On vient de voir qu'il avoit épousé la fille du
comte de Montferrand, c'est-à-dire de Guillaume VII, comte d'Auvergne,
lequel se qualifia^ comte de Clermont & de Montferrand, 8c dont les descen-
dans prirent le titre dauphins d'Auvergne. On assin-e"^ que cette fille s'ap-
peloit Belissende, Se c'est sans doute la même qu'Assalide, fille du même
comte, qu'on donne pour femme à Béraud^, sire de Mercœur, sur l'autorité
d'un moderne^ qui est fort sujet h caution. Mais si cette Assalide ou Belis-
sende épousa le seigneur de Mercœur, ce fut en secondes noces. Quoi qu'il
en soit, il est du moins certain qu'Héracle III, vicomte de Polignac, épousa
une fille de Guillaume VII, comte d'Auvergne; car, outre le témoignage que
nous venons de rapporter, 8c qui le prouve manifestement, nous voyons que
Dauphin, comte de Clermont 8c de Montferrand, fils de ce comte, en faisant
■ Manrique, ad ann. 1 182, c. 2. ' Baluze, Histoire géncalogi^tte de la maison d'Au-
^"Z^xXuzGy Hisloire généalogique delamaison d' Au- veriync, t. 2, p. 65,
vergne, t. 2, p. (53 & siiiv. ' >'o5trnci;imus, Fie des poètes proyençauXj p. 3i
' Ihid. t. 2, p. 61 &. suiv. & >!:iï.
■' Chabron, Histoire ms. de la maison de Poli-
gnr.c, 1. 7, c. 9.
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XIX. 99
mention de' Pons III, vicomte de Polignac, fils d'Héracle III, l'appelle son
neveu; en sorte que ce Pons étoit fils de la sœur de Dauphin, St non pas de
la sœur de la comtesse de Montferrand, sa femme, comme on le prétend^ sur
l'autorité d'un monument^ qui ne le dit pas. Pons III, vicomte de Polignac,
avoit déjà succédé, en 1198, à Héracle III, son père, comme il paroît par la
donation que Dauphin, comte de Clermont, son oncle, lui"* fit alors du châ-
teau de Salazuit, au diocèse de Clermont. Le même Dauphin, comte d'Au-
vergne, accorda, au mois de juillet de l'an 1201^, le vicomte Pons, après la
mort du vicomte Héracle, son père, avec les chanoines de Brioude, touchant
l'exécution de la cession du château de Cusse, que ce dernier leur avoit faite
en n8i, & qui a donné lieu à cet article. Héracle III fonda "^ le prieuré de
Viage, de l'ordre de Grandmont, auprès de la Voulte-sur-Loire, en Vêlai.
LXXXVII. — Les vicomtes de Carcassonne & de Nîmes continuent la
guerre contre le comte de Toulouse, qui fait des règlemens de police pour
cette ville.
Roger, vicomte de Béziers 8c de Carcassonne, après l'expédition du cardinal
Henri, reprit les armes contre le comte de Toulouse, à qui il continua de
faire la guerre. 11 se rendit au château^ de Combret, en Rouergue, au mois
d'août suivant. Se y reçut l'hommage des seigneurs de ce château. Il passa de
là à Albi, où les chevaliers du cliâteau vieux de cette ville lui firent ^ ser-
ment, le dernier jour du même mois, « de l'aider dans toutes les guerres
« qu'il avoit ou qu'il auroit dans la suite avec le comte de Toulouse & ses
K enfans. « Il fit un accord avec Sicard, vicomte de Lautrec, son beau-frère,
qui renonça au serment que les seigneurs 8c les chevaliers du château de
Montredon lui avoient fait de le secourir durant les guerres présentes que
Roger avoit avec le comte de Toulouse. Sicard remit en même temps à Roger la
dot que ce dernier avoit donnée à Adélaïde, sa sœur^' en la mariant avec lui.
Enfin nous trouvons que le vicomte Roger 8<. Raimond-Trencavel, son frère "^,
permirent conjointement, au mois d'avril de l'an 1182, de rebâtir le château
de Belcastel, dans le comté de Razès. Il paroît, d'un autre côté, que Bcrnard-
Aton, vicomte de Nimes, afin de fournir aux frais de la guerre qu'il avoit
entreprise contre le comte de Toulouse, engagea", au mois d'août de l'an 1181)
pour treize mille sols melgoriens, à Pierre-Raimond, évêque d'Agde, tout ce
qu'il possédoit dans cette ville '^.
■ Baluze, Histoire généalogique de la maison d'Au- ' Voyez tomeVIII, Chartes, n. XXXIII, ce. 35i
vergne, t. i, p. zôi. £' ^^>••
' Ihid. p. 182 & suiv. ' Voyez tome VII, î/clc XVIII, n. iv, pp.56, Sy.
' Ibid. t. I, p. 258. '° Cartulaire du château de Foix.
* Ihid. p. 2ÔI. " Gallia Christiana, nOT. éd. t. 6, in episcopis
'' Ihid. pp. 64 & 65. Agathensihus.
* Chabron, Histoire mss. de la maison de Poli- '' A cette même année 1181 se rapporte une pro-
gnac, 1. 7, c. Q, messe faite par le vicomte de Béziers à l'évêque de
* Cartulaire du château de Foix. cette ville (tome VIII, ce. 358, Sjp); le vicomte
An 1181
An 1 1 iJ 1
Cd. origin.
t. 111, p. 00.
lOO
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XIX.
An ii8i
Quant au comte de Toulouse, il iit un voyage en Queici, au commence-
ment du mois d'août de l'an ii8i, Si il donna alors' à l'abbaye de la Garde-
Dieu, située dans ce pays, par le conseil de Guillaume de Melle, son viguier,
diverses terres qu'il avoit acquises de l'abbaye d'Aurillac, Sec, en présence de
Géraud, évêque de Cabors, Raimond, vicomte de Turenne, Guillaume de
Balaguier, abbé de Figeac, &C. Ce prince revint peu de temps après à Tou-
louse St il y tit dresser, au mois^ d'août, des règlemens de police, de l'avis
du chapitre {capituli) & du commun conseil de la ville & du faubourg. Il fit
quelques^ autres statuts semblables, au mois de mars de l'an ii8i (1182), 8c
il accorda divers privilèges à l'abbaye de Grandselve'', qu'il exempta entre
autres de leude ou de péage dans toutes ses terres, en présence de Pierre de
Saint-André, prieur de l'Hôpital, dans le Toulousain.
LXXXVIII. — Mort de Guy Burgundion de Montpellier.
Le comte de Toulouse fut délivré, au mois de décembre suivant, d'un de
ses ennemis en la personne de Burgundion de Montpellier, qui fit son testa-
ment'^ au mois de novembre de la même année. Burgundion légua par cet
acte tous les domaines qu'il possédoit dans le diocèse de Maguelonne à Guil-
laume VIII, seigneur de Montpellier, son frère, excepté quelques biens qu'il
destina pour certains legs & le payement de ses dettes. Il fit liéritière Bur-
gundiose, sa fille unique, qu'il mit sous l'administration d'Adélaïde de
Cognas, sa femme, tant que celle-ci vivroit en viduité : sinon il lui donna
s'engage par cet acte à ne point laisser rentrer
dans la ville un certain Pierre Vairat le Gros &
sa famille, qu'il qualifie de traîtres. L'évêque &
l'église de Saint-Nazaire purent confisquer les
terres que ces faidits tenaient d'eux. Il s'agit pro-
bablement ici de quelqu'un des chefs de la grande
révolte de 1167, révolte dirigée contre le pouvoir
de l'évêque aussi bien que contre celui du vicomte.
— Mentionnons encore un autre acte de cette an-
née, qui se rapporte aussi à l'évêché de Béziers
(tome VIII, c. 3;j9), C'est l'aliénation par l'évêque
Bernard Gaucelin, moyennant la somme de mille
sous de Melgueil, de sa part de la leude sur le bois,
les bateaux 8c les marchandises transportées par
eau. Le tiers de cette leude appartenait à l'évêque,
le reste au vicomte. D'après une clause du contrat,
relative à la mort de l'acheteur dans les cinq ans,
il semble que la part annuelle moyenne de l'évê-
que ait été de deux cents sous (de Melgueil), ce
qui porte le rendement annuel de cette leude à
six cents sous, somme assez forte pour l'époque.
En effet, d'après le tableau de M. Germain {Etudes
sur les monnaies seigneuriales Je Melgueil, p. 207),
de I 174 à 1 ii5, le sou de Melgueil valut 0,99 c.
de notre monnaie. Pour avoir la valeur relative,
jl faut au moinç sextupler cet!« valeur intrinsèque,
& l'on arrive à un total voisin de trois mille six
cents francs par an, dont le vicomte touchait deux
mille quatre cents francs & l'évêq^ie mille deux
cents. Remarquons que ce péage se levait unique-
ment sur le flottage de l'Orb, qui ne pouvait être
bien considérable. [A. M.]
' Gallia Christianay nov. éd. t. 1, ïnstrum. p. 47.
' Catel, Histoire des comtes de Tolose, p. 204
& suiv. — On peut voir cet acte d'août 1181,
tome VIII, c. 370. Il confirme aux habitants de la
ville & du bourg le droit de marque ou de repré-
sailles. On y ajouta encore des règlements sur le
métier des forgerons & des charpentiers, sur la
vente du poisson au détail, sur le prix de la
viande, le commerce du bois de construction & en
général de tous les objets de bois {arcae, vasa,
circuit, latae, scamna, lecti). Quant aux règlements
de mars 1182, que Catel a aussi publiés, & dont
notre auteur va parler tout à l'heure, on les trou-
vera au tome VIII, ce. 364, 365. Ils ont trait au
prix des poissons, & fixent le tarif que les ven-
deurs au détail devront observer. [A. M.]
^ Catel, Histoire des comtes de Tolose, p. 216.
^ Archives de l'abbaye de Grandselve.
= Voyez tome VIII, Chartes, n. XXXIV, ce. 345
à 313.
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC, LIV. XIX. loi
la jouissance de la moitié du château de Paulhan &. des autres domaines
dont leur lille devoit hériter. Burgundiose ne survécut pas longtemps à son
père, 8c elle décéda avant que d'avoir atteint lage de puherté. Guillaume,
seigneur de Montpellier, son oncle, prétendit lui succéder dans les châteaux
de Paulhan & du Pouget, situés dans le diocèse de Béziers Se dans ses autres
domaines, comme substitué à ces biens par Guy Guerrejat, son oncle paternel.
Adélaïde de Cognas, mère de Burgundiose, lui disputa la succession. Ils ter-
minèrent enhn leur différend par une sentence arbitrale, datée du mois de
février de l'an ii83. Guillaume VIII réunit par là ces deux châteaux à son
domaine; Se c'est en qualité de seigneur de Paulhan qu'il confirma', en ii85,
les donations que Guy Guerrejat, son oncle, avoit faites à l'abbaye de Val-
magne, à laquelle il donna d'autres domaines. Jean de Montlaur, évêque de
Maguelonne, fut le principal exécuteur testamentaire de Burgundion de
Montpellier^.
LXXXIX. — Le hîenhetireux Bernard.
Ce prélat' imposa, en 1170, une pénitence publique de sept ans à un de
ses diocésains nommé Bernard, homme de condition, qui lui avoit confessé
ses péchés. 11 lui ordonna entre autres de marcher toujours nu-pieds, de ne
point porter de linge, de jeûner ou de faire abstinence fort souvent. Sec. On
croit que Bernard étoit complice de l'assassinat de son seigneur dont on ne
dit pas le nom. Après avoir reçu les lettres de pénitence de son évêque, qu'il
fit confirmer par l'archevêque de Narbonne, son métropolitain, il entreprit
de longs pèlerinages, entre autres celui de Jérusalem; parcourut toutes les
parties du monde & voyagea jusqu'aux Indes. Il se fixa enfin à Saint-Omer,
en Artois, près de l'abbaye de Saint-Bertin, où il continua de vivre dans une
pénitence beaucoup plus rigoureuse que celle que son évêque lui avoit
imposée. 11 mourut enfin dans cette abbaye en 1182, après y avoir été revêtu
de l'habit monastique. La vie extrêmement mortifiée qu'il avoit menée, le
grand nombre de miracles que Dieu opéra par son ministère durant sa vie 8c
après sa mort par son intercession lui ont fait donner le titre de bienheureux
avec celui de pénitent"*,
■ Archives de l'abbaye de Vnlmagne. moulins du Bazacle (tome MTI, ce. Scç, 3i r). Un
' Un peu auparavant, en avril i i 8 i , le seigneur certain Raimond Gautier empêchait le prieur de
de Montpellier avait autorisé uns partie des habi- la Daurade & Raimond Besant d'attacher leurs
tanis de Lattes à établir dans leur ville un port moulins à la rive du fleuve & leur interdisait
& UP entrepôt de commerce («Viicar^are & ejt/vflre 6- l'approche des bords de celui-ci, sous prétexte
mittcrc pcnes vos averum suum). Voir ÎA. Cerm3in, que les rives de la Garonne lui appartenaient.
Commerce Je Montpellier, t. i, p. 187. [A. M.j Les demandeurs niaient le fait & ils eurent défi-
' Acta Sanctorum, avril, t. 2, p. 675 & seq. nitivement gain de cause, leur partie n'ayant pu
* A cette année Ii8j. (mars) appartient un eu- prouver ses dires [A. M.]
rieux règlement des consuls de Toulouse pour les
An 1 182
-: : — 102 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XIX.
An 1 102
•XC. — Le roi d'Aragon i- la vicomtesse de Narhonne se liguent avec Henri II,
roi d'Angleterre, contre le jeune roi, son fils, qui appelle le comte de Tou-
louse à son secours.
La guerre & les dissensions qui s'étoient élevées' entre Alfonse II, roi
d'Aragon, & ses alliés d'un côté, Se le comte de Toulouse de l'autre, conti-
nuèrent cependant en 1182. C'est ce que nous avons lieu d'inférer d'un acte
par lequel Alfonse, étant à Aix, en Provence, au mois de décembre de cette
année, confirma les donations des moulins de Paulhan que Guy Guerrejat
de Montpellier & son neveu Burgundion avoient faites à l'abbaye de Val-
magne; car c'est une preuve que ce prince se regardoit alors comme suzerain
dans les diocèses de Béziers & d'Agde, au préjudice du comte de Toulouse.
On voit d'ailleurs entre les hommages^ que Pvoger II, vicomte de Béziers &
~ ~! de Carcassonne, reçut en ii83 de plusieurs de ses vassaux, celui d'Aymeric
An ii83 ' ' 1 1) • I 1 1
de Roquefort, qui promet de 1 aider dans toutes ses guerres contre le comte
de Toulouse &• ses autres ennemis. Enfin ce comte 81 le roi d'Aragon prirent
ÉJ-origin. cette année deux partis opposés, & marchèrent en Aquitaine à la tête de
leurs troupes ; le dernier au secours de Henri II, roi d'Angleterre, Se l'autre
pour soutenir le jeune Henri, fils de ce prince; ce qu'il faut reprendre de
plus haut.
Le jeune Henri, toujours mécontent de ce que le roi, son père, l'ayant
associé au trône, ne lui donnoit aucune part au gouvernement, tandis que
Richard & Geoffroy, ses frères puînés, administroient l'un le duché d'Aqui-
taine &. l'autre la Bretagne, fit tous^ ses efforts, en 1182, pour obtenir le
duché de Normandie; mais n'ayant pu réussir il vint en Aquitaine où le duc
Richard, son frère, étoit en guerre avec les grands du pays qui s'étoient
révoltés contre lui, à cause de ses vexations & de son extrême cruauté. Le roi
Henri II & Geoffroi, comte de Bretagne, son fils, ayant marché aussi au
secours de Richard, ils agirent tous quatre dé concert contre les rebelles.
Alfonse '^ II, roi d'Aragon, 8c Ennengarde, vicomtesse de Narbonne, ame-
nèrent des troupes à ce prince 81 le joignirent à Périgueux. Ils assiégèrent
ensuite, vers la fin du mois de juin, le Puy ou château de Saint-Front, prin-
cipale forteresse de la ville de Périgueux, sur Talayrand, comte de Périgord,
qui favorisoit les ennemis de Richard. Ce duc fit peu de temps après la paix
avec les rebelles; mais elle ne fut pas de longues durée. La guerre recom-
mença ; elle continua avec divers succès de part 8<. d'autre jusqu'à la fin de
Tannée que la division se mit parmi les trois princes d'Angleterre, fils de
Henri II. Le jeune roi & Geoffroy, comte de Bretagne, se liguèrent contre
le duc d'Aquitaine, leur frère, avec les deux comtes d'Angoulême, Adhémar,
■ Voyez tome VIII, Chartes, il. XXXIV, c. 367. Dicato. — Gervasius, monachus Doioberiiensis.
' Cartiilaire du château de Foix. — Robertus de Monte, ann. i i83.
' Gaufridus, prior Vosiensis, Chronicon, p. 33o * Le P. Labbe, BïHiotlicca nova manuscriptorum,
& seq. — Rogerius de Hoveden. — Radulfus An t. 2, p. ySp,
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XIX. io3
An iiS.î
vicomte de Limoges, Raimond, vicomte de Tuienne, Pierre, vicomte de
Castiiion, £< plusieurs autres barons. Le roi Henri II, voulant mettre la paix
parmi ses fils, s'approcha de Limoges; mais les habitans donnèrent sur ses
troupes 8c prêtèrent serment de fidélité au roi, son fils, qui se révolta alors
ouvertement contre lui. Ce jeune prince, pour se soutenir, appela à son
secours le roi Philippe-Auguste, son beau-frère, Hugues, duc de Bourgogne,
Raimond, comte de Toulouse, 8c plusieurs autres princes, qui s'empressèrent
de le secourir, parce qu'il étoit autant aimé pour ses excellentes qualités que
le duc d'Aquitaine, son frère, étoit détesté pour ses vices. Le duc de Bour-
gogne 8c le comte de Toulouse l'allèrent joindre en personne ; mais le roi
Philippe-Auguste se contenta de lui envoyer un corps d'aventuriers nommés
paillais (palearios), lesquels faisoient partie de ces brigands qui, sous diffé-
rens noms, désoloient alors le royaume. Le jeune Henri les prit à sa solde
8c dépouilla les églises du Limousin 8c leurs trésors pour avoir de quoi les
entretenir.
Le roi d'Angleterre, résolu de punir la révolte de son fils, implora de son
côté le secours du roi d'Aragon, son allié, 8c de plusieurs autres princes de
deçà la mer, qui vinrent le joindre dans le Limousin. Après leur arrivée, il
s'empara de Limoges 8c assiégea ensuite, le i" de mars de Tan ii83, le châ-
teau de cette ville dont le jeune roi prit la défense. Les pluies abondantes
qui survinrent obligèrent, au bout de quinze jours, la plupart des troupes
qui formulent le siège à se retirer. Henri H le continua cependant comme il
put, 8c il célébra la fête de Pâques à Limoges, où le jeune roi, son fils, qui
étoit sorti du château 8c s'étoit emparé d'Angoulême, vint pour l'assiéger;
mais les habitans le repoussèrent avec tant de force qu'il fut obligé de se
retirer. Le jeune roi se dédommagea par la prise du château d'Aix, situé aux
environs. Il se rendit ensuite à l'abbaye de Grandmont dont il enleva le
trésor de l'église, 8c en fit autant dans celle de la Couronne où le duc de
Bourgogne le joignit. De là ils allèrent à Uzerche à la rencontre du comte
de Toulouse, qui y arriva le jour de l'Ascension, :6 de mai. Le jeune roi se
sentit alors incommodé; mais cela ne l'empêcha pas d'aller le lendemain à
Donzenac, 5c le lundi suivant à Martel, château de la vicomte de Turenne,
situé sur les frontières du Limousin. Enfin, après avoir été en pèlerinage à
Notre-Dame de Rocamadour, il revint à Martel, où sa maladie augmenta si
considérablement que, se voyant sans ressource, il demanda les derniers sacre-
mens. Les évêques de Cahors 8c d'Agen, l'abbé de Dalon 8c plusieurs autres
ecclésiastiques les lui administrèrent, 8<. il les reçut avec de grands sentimens
de componction, en présence du duc de Bourgogne 8c du comte de Toulouse,
qui ne le quittèrent jamais. 11 témoigna surtout beaucoup de regret de la ^%°"^'"j,
guerre qu'il avoit entreprise contre le roi, son père, £c il écrivit à ce prince
pour lui demander pardon 8c le prier de traiter plus humainement la reine
Eléonore, sa mère, qu'il tenoit prisonnière depuis plus de sept ans dans le
château de Salisbury. 11 mourut peu de temps après à Martel, le jour de
Saint-Barnabe, ii de juin de l'an ii83.
An 1 1 83
104 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC, LIV. XIX.
Aymar, vicomte de Limoges, conduisit ' son corps jusqu'à l'abbaye de
Grandraont où on célébra ses obsèques &. où on inhuma ses entrailles. Son
corps fut porté ensuite au Mans S<. enterré dans l'église de Saint-Julien; mais
comme il avoit choisi sa sépulture dans la cathédrale de Rouen, le clergé &
les habitans de cette ville demandèrent au pape que la volonté de ce prince
fût exécutée. Le duc de Bourgogne, le comte de Toulouse & l'évêque d'Agen,
qui avoient assisté à sa mort, se mêlèrent dans cette querelle, & ils écrivirent
tous trois au pape^ pour lui rendre témoignage « qu'ils avoient fait tout leur
« possible pour persuader au jeune Henri de se faire inhumer à Grandmont,
(' à cause de l'éloignement de la cathédrale de Rouen & de la difficulté des
Cl chemins, mais qu'il avoit toujours persisté à vouloir être enterré dans cette
Cl cathédrale auprès de Guillaume, son oncle, » Ainsi on fut obligé de l'y
transférer après l'avoir exhumé. La suscription de la lettre du comte de Tou-
louse est conçue en ces termes : ci Au très-révérend père en Jésus-Christ ik
V seigneur, Luce, par la grâce de Dieu pontife des R.omains, Raimond, par
« la même grâce duc de Narbonne, comte de Toulouse, marquis de Pro-
II vence : salut. Sec. «
Ce comte Se le duc de Bourgogne, principaux^ protecteurs du jeune Henri,
se retirèrent aussitôt après la mort de ce prince. Le vicomte de Limoges, des-
titué d'un si grand appui, remit, le 24 de juin suivant, le château de cette
ville au roi d'Angleterre qui, suivi du duc Richard, son fils, 8c du roi
d'Aragon, alla assiéger six jours après le château de Hautefort, dont il se
rendit maître le i" de juillet. Après la prise de cette place, le roi d'Aragon
retourna dans ses Etats.
Il est parlé du siège du château de Hautefort dans la Vie'* de Bertrand de
Born, poète provençal, dans la([uelle on trouve quelques circonstances de la
ruerre du jeune Henri, roi d'Angleterre, contre le roi son père, « Bertrand
n de Born, châtelain 8<. seigneur de Hautefort, en Périgord, dit l'auteur de
K cette Vie, vivoit du temps que Richard étoit comte de Poitiers : il fut tou-
« jours ennemi de ce prince, & se ligua contre lui avec le comte de Périgord
Cl Si Aymar, vicomte de Limoges. Il embrassa ensuite les intérêts du jeune
Cl Henri, roi d'Angleterre, au parti duquel il attira contre le roi d'Angleterre,
« son père. Se Richard, son frère, Aymar, vicomte de Limoges, le vicomte de
« Ventadour, le comte de Périgord Se son frère, le comte d'Angoulême Se ses
« deux frères, le comte Raimond de Toulouse, le comte de Flandres, le comte
(i de Barcelone^, Centulle d'Astarac, Gaston de Béarn, comte de Bigorre, le
Il comte de Dijon, Sec, Ces princes firent quelque temps après leur paix avec
Cl le roi d'Angleterre qui, suivi de son fils Richard S< du roi d'Aragon, vint
V assiéger le château de Hautefort Se obligea enfin Bertrand de Born à se
' Gniifridiis, prior Vosiensis. — Radiilfiis de ^ Mss. de la Bibliothèque du roi, n. 722.5.
Diceto. — RobertuS de Monte, ad ann. 11 83. ' L'auteur se trompe par rapport au comte de
' IA:irtene, Feteruni SS. ampîissima coUectio, l. 1, Barcelone ou roi d'Aragon, qui piit le parti de
c. 9,51 & seq. Richard, [Note de dom yaisscte.]
' Gaufridus, prior Vosiensis,
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XIX. io5
An 1 183
« rendre. Ce seigneur, prétendant que le roi d'Aragon l'avoit trahi, composa
« pour se venger un sirvente contre ce prince où il lui reproche : i° l'ori-
« gine de sa naissance, qu'il fait venir d'une pauvre famille du château de
« Carlad, dans la seigneurie du comte de Rodez; 2° la conduite qu'il avoit
» tenue à l'égard de la fille de l'empereur Comnène; 3° le parjure du prince
« Sanche, son frère, qui avoit abandonné les intérêts du comte de Toulouse
« pour se liguer avec le roi d'Angleterre, lequel lui avoit donné pour cela
« quelques domaines. »
Bertrand de Born pouvoit être fondé sur les deux derniers articles; mais il
est certain que ce poëte & l'auteur de sa vie se trompent en faisant descendre
Alfonse II, roi d'Aragon, en ligne masculine des vicomtes de Carlad, & en
quelques autres faits qu'ils ont avancés sur la généalogie de ce prince ; à
moins que Bertrand, par une licence poétique, n'ait cru pouvoir, en usant de
fiction, satisfaire son animosité Se sa vengeance.
Ce poëte fit encore un autre sirvente contre le roi d'Aragon à l'occasion ^:n\'\f(,'i.
suivante : « lorsque ce prince, dit l'auteur de la Vie de Bertrand, vint au
« secours de Henri, roi d'Angleterre, le comte de Toulouse alla au devant de
<i lui en Gascogne, l'attaqua, le battit Si fit prisonniers cinquante chevaliers de
« son armée. Le roi d'Angleterre, voulant racheter ces prisonniers, remit l'ar-
« gent de leur rançon au roi d'Aragon qui l'emporta avec lui 81 laissa en prison
« ces chevaliers, qui furent obligés de se racheter à leurs propres dépens. »
Bertrand de Born chanta les guerres que Henri II, roi d'Angleterre, eut
avec le roi Philippe-Auguste. Il rapporte dans les chansons qu'il fit sur ce
sujet les motifs de cette guerre, 5c on y trouve diverses circonstances histo-
riques sur lesquelles on peut se fonder jusqu'à un certain point. L'auteur de
sa Vie dit que ce seigneur aima Meuta ou Mathilde de Montagnac, dame *
d'une rare beauté, 8t femme de Talayran de Périgord, seigneur de Monta-
gnac, frère du comte de Périgord. Il ajoute que Bertrand eut pour rivaux
Richard, comte de Poitiers, Geoffroy de Bretagne, frère de ce prince,
Alfonse II, roi d'Aragon, & Raimond, comte de Toulouse; mais que Mathilde
préféra Bertrand à tous ces princes. Le même auteur parle de Constantin',
frère de Bertrand de Born, qui mourut dans l'ordre de Cîteaux.
XCI. — Mort d'Albérïcy fils puîné de Raimond V, comte de Toulouse,
Béatrïx, héritière du Dauphiné, sa veuve, épouse le duc de Bourgogne,
Hugues III, duc de Bourgogne, £<. Raimond V, comte de Toulouse, s'uni-
rent encore plus étroitement par le mariage de Béatrix, héritière du Dau-
phiné & veuve d'Albéric^ Taillefer, fils puîné du comte, laquelle épousa ce
duc à Saint-Gilles, en ii83, suivant le témoignage d'un historien'' du temps.
Le lieu où les noces furent célébrées &i les liaisons qui régnoient déjà entre
■ Mss. de la Bibliothèque du roi, n. 7698. ' Chron. Divioncnse, npud Labbe, Bibliothect
' Voyez tome IV, Note L, n. xvi, pp. 224, 225. nova manuscrlptorum, t. 1, p. 2J5.
An II 83
io6 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XIX.
le comte de Toulouse & le duc de Bourgogne, nous donnent lieu de croire
que le premier, après avoir perdu son fils Albéric, qui décéda sans enfans,
négocia lui-même le mariage de sa veuve avec l'autre pour ne pas laisser
passer le Dauphiné, dont il avoit joui au nom de ce fils depuis l'an' ii63,
dans les mains de quelque autre prince qui ne fût pas de ses amis. Hugues,
pour pouvoir contracter une alliance qui lui étoit si avantageuse, répudia
Alice de Lorraine, sa femme, dont il avoit deux fils. Un autre historien^
rapporte ce mariage sous l'an 1184, & il en parle en ces termes : « La même
« année Albéric Taillefer, comte de Saint-Gilles, étant décédé, le duc de
« Bourgogne répudia Alice, sa femme, dont il avoit eu deux fils, Eudes &
« Alexandre, 81 épousa la veuve d'Albéric, qui étoit fille de l'ancien dauphin
« 8<, dont il eut le jeune dauphin. Le désir de posséder les grands domaines
« qui avoient appartenu à cet ancien dauphin engagea le duc de Bourgogne
« à toutes ces choses. » Enfin un moderne ^ prétend que le fils puîné du
comte de Toulouse, qu'il appelle Guillaume Taillefer, décéda en 1181; mais
il ne donne aucune preuve ni du nom de ce prince, ni de l'époque de sa
mort. 11 ajoute que Taillefer fut cher aux peuples du Dauphiné, ses sujets,
81 que les princes ses voisins estimèrent sa vertu & redoutèrent son courage.
Il avoit donné, continue-t-il , en 11 76, divers domaines du Dauphiné au
prieuré de Saint-Amédée; 8c quoiqu'il n'eût que l'usufruit du pays durant la
vie de sa femme, 8c non pas la propriété, cette donation fut néanmoins auto-
risée après sa mort. Albéric pouvoit avoir tout au plus vingt-six à vingt-sept
ans lorsqu'il décéda en ii83 ou 1184. Le duc de Bourgogne eut de Béatrix
un fils, nommé André, qui prit le surnom de Guigues 8c qui fut le chef de
la seconde race des dauphins 8c comtes de Viennois, d'Albon 8c de Graisi-
vaudan. Béatrix se remaria"* en troisièmes noces avec Hugues, seigneur de
Coligny-le-Neuf , après la mort du duc de Bourgogne, son second niari,
arrivée en iigi, 8c elle eut des enfans de ce troisième mariage.
XCII. — Association faite au Piiy pour le rétablissement de la paix.
Le comte de Toulouse fit enfin sa paix avec le roi d'Aragon dans le temps
qu'ils paroissoient les plus irréconciliables. L'événement suivant, au rapport
de divers auteurs du temps^, donna lieu a leur réconciliation. Un charpen-
tier de la ville du Puy, que les uns nomment Pierre 8c les autres Durand,
homme simple 8c pieux, alla trouver l'évêque de cette ville, vers la fête de
Saint-André de l'an 1182, &c l'assura que Dieu lui avoit ordonné de rétablir
la paix dans le royaume, qu'une infinité de brigands qui couroient de toutes
parts Se la guerre que se faisoient divers princes avoient mis dans la dernière
' Voyez tome IV, Note L, n. xvi , p. 2i5 & < Histoire gSnêalog'ijue Jes pairs Je France, t. i,
Euiv. pp. 5^5, 563.
' Albericus, Chronicon, ann. i 184. 5 Gaufridiis, prier Vosiensis, Chronlcon, p. SSç.
' Chorier, Histoire générale du Dauphiné, t. 2, — Continuatio chron. Roberti de Monte. — Ri-
p. 72 & suiv. gordiis, De gestis Philippl Augusti, p. 12.
Au 1 183
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XIX. 107
désolation. II lui présenta un papier qu'il prétendoit avoir reçu du ciel &
sur lequel étoit peinte l'image de la Vierge, qui tenoit entre ses bras l'enfant Éd-o,igin.
Jésus, avec cette inscription autour : Agniis Dei, qui îollis peccata mundï,
dona nohis pacem, 8c l'exhorta de concourir de toutes ses forces à l'établisse-
ment de cette paix. L'évêque du Puy ne fit d'abord aucun cas de cette pré-
tendue révélation, & tout le peuple de la ville regarda cet homme comme un
visionnaire. Il se trouva cependant dans la suite quelques citoyens qui se
laissèrent persuader & qui formèrent, après Noël, une espèce d'association
ou de confrérie pour travailler de concert au rétablissement de la paix : leur
nombre augmenta peu à peu, & enfin ils dressèrent les statuts suivants.
On convint : i^ que ceux qui s'engageroient dans cette association porte-
roient un capuchon de toile blanche fait en forme de scapulaire, comme le
portoient les religieux de Cîteaux & à peu près comme le pallium des arche-
vêques, 8c qu'on y attacheroit du côté de la poitrine une plaque d'étain ou
de plomb sur laquelle seroit une image de la Vierge, telle qu'on l'a décrite,
avec ces mots : Agnus Del, Sec; 2° que ceux qui seroient reçus dans la con-
frérie confesseroient leurs péchés, donneroient six deniers tous les ans &c
iroient à la guerre avec leurs confrères toutes les fois qu'ils seroient com-
mandés, excepté les ecclésiastiques séculiers 8c réguliers qui, au lieu de porter
les armes, prieroient Dieu pour la paix.
La dévotion qu'on avoit à la Vierge, honorée dans l'église du Puy, ame-
noit ordinairement tous les ans dans cette ville un grand nombre de pèlerins
le jour de l'Assomption ; mais le bruit que fit cette confrérie y attira, en 1 183,
un concours encore plus grand; 8c plusieurs princes, évêques, abbés, cha-
noines Se autres ecclésiastiques s'y rendirent. L'évêque du Puy, qui avoit
changé de sentiment à l'égard du charpentier, le fit venir dans la cathédrale
le jour de la fête, 8c, l'ayant fait monter sur un échafaud qu'il avoit fait
dresser exprès, il lui fit exposer devant tout le peuple assemblé de quelle
manière il avoit reçu l'ordre de Dieu pour établir la paix : cet homme pour
preuve de sa mission montra l'image qu'il prétendoit avoir reçue du ciel.
L'évêque parla ensuite avec tant de force que tous ses auditeurs, fondant en
larmes, promirent par serment de garder la paix 8c dejnandèrent d'être
agrégés à la confrérie. Ils se revêtirent tous d'un capuchon fait comme on l'a
déjà dit, 8c le gardèrent toujours depuis pour marque de leur confédération.
Un des historiens' de qui nous avons pris ce détail observe que ceux qui
portoient le capuchon avec l'image de la Vierge, marchoient avec tant de
sûreté que si quelqu'un d'entre eux, après avoir commis un homicide, venoit
ti rencontrer le frère de celui qu'il avoit tué, ce frère oublioit aussitôt tout
ressentiment de vengeance, donnoit le baiser de paix au meurtrier, le con-
duisoit jusque dans sa maison 8c lui fournissoit toutes les choses nécessaires à
la vie. Un autre ^ ajoute que la paix fut ainsi rétablie dans toute la Gothie,
8c qu'elle y fut observée pendant quelque temps.
' Cniifridus, pr'ior Vosiensi». ' Rigordus, De gcstis Philipp! Augusti, p. 12.
io8 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XIX.
An 1 1 83
Un troisième ' historien du temps, mais étranger, rapporte l'histoire de cet
événement d'une manière un peu différente. Il assure que cette société, qu'il
appelle la secte des capuchons, commença d'abord en 1182 par douze citoyens
du Puy que l'évêque, qui fit le treizième, confédéra pour le rétablissement
de la paix, après que le charpentier lui eut fait part de la révélation qu'il
prétendoit avoir eue; que dans peu toute la ville du Puy & les pays circon-
voisins suivirent leur exemple j que des évêques, des abbés, des religieux &
des gens de toute condition embrassèrent l'institut, & firent serment de ne
causer aucun dommage à personne; mais de poursuivre de concert jusqu'à la
mort ceux qui leur feroient quelque injure. Il étoit permis, ajoute-t-il, aux
laïques de contracter un mariage légitime, à moins qu'ils n'aimassent mieux
demeurer dans le célibat. Ils portoient pour marque de leur secte 6" de leur
ordre un capuchon de toile sur lequel étoit appliquée, du côté de la poitrine,
une image de la Vierge d'étain ou de plomb; mais ils ne la mettoient que
quand ils alloient à l'armée. Cet historien dit enfin que ces associés, s'étant
extrêmement multipliés, ils exterminèrent presque entièrement, quelques
années après, les Brabançons, qui causoient des ravages infinis dans le
royaume.
Plusieurs auteurs postérieurs^ rapportent encore différemment l'origine &
t'^m*'"^65 '*^ progrès de cette association. Quelques-uns prétendent que ce tut une
supercherie de la part d'un chanoine du Puy, qui, voyant que le pèlerinage
de Notre-Dame étoit interrompu par les courses continuelles des routiers, S<.
par la guerre qui régnoit alors entre divers princes, aposta un jeune homme
qu'il déguisa en Vierge &< qui, s'étant montré au charpentier, homme simple
£c crédule, lui persuada tout ce qu'il voulut. Quoi qu'il en soit, il est cer-
tain du moins que cette apparition, vraie ou fausse, fit une si forte impres-
sion qu'elle donna occasion au rétablissement de la paix, à la destruction des
routiers qui désoloicnt les provinces Sv. à la cessation des hostilités entre
divers princes qui se taisoient la guerre; Se cet événement tut si célèbre dans
le temps qu'on le marqua dans la date des chartes. Telle est une donation ^
que Bernard d'Anduze fit, en ii83, à la confrérie de Sommières, Philippe,
roi des François, régnant, Guillaume d'Ujès étant évêque de Nimes, la
même année que la paix de la bienheureuse Marie commença iy qu'elle Jut
divulguée. Au reste, aucun de ces historiens ne marque le nom de l'évêque
du Puy qui procura cette paix. Ce fut Pierre'*, quatrième du nom, cjui pos-
séda cet évêché depuis l'an iiSg jusques en ii8g. Le pape Luce III lui
défendit^ d'empêcher à l'avenir le légitime mariage des veuves, & d'exiger
de l'argent contre les canons de celles qui se marioient ou qui se taisoient
enterrer "5.
' Gervasius, inonachus Dorolîcrnensis, Chron'tca, ' Innocent III, 1. lo, Ejrist. 85.
ad <inn. 1182. * Cette association des Encapuchonncs fut toute
* Gissey, 1. 3, ch. 6, — Théodore, Histoire de populaire & naquit pour amsi dire spontanément.
Vôtre-Dame du Puy, 1. 2, c. 3. La diversité des témoignages des auteurs contem-
3 Voyez tome VIII, Chartes, n. XXXIII, c. 355. porains qui cherchent à expliquer cet événement
^ Gallia Chriitiana, nov. éd. t. 2, p. 2o5 & seq. étrange suffit à prouver cette assertion. Les rava-
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XIX.
109
Ces mêmes historiens ne marquent pas non plus le nom des princes 8< des
grands seigneurs qui se trouvèrent au Puy à la fête de l'Assomption de
l'an ii83 Se qui jurèrent d'observer la paix. L'un' d'entre eux fait entendre
que le comte de Toulouse 8< le roi d'Aragon furent de ce nombre; car il inti-
tule le chapitre où il rapporte cet événement ; de la réformation miraculeuse
de la paix entre Raimond, comte de Saint-Gilles, iS- le roi d'Aragon. Mais
ces deux princes ne la conclurent que longtemps après.
XCIII. — Le comte de Toulouse continue la guerre contre le roi d'Angleterre
6" fait sa paix avec le seigneur de Montpellier.
Cependant les routiers Se les autres brigands que le jeune roi d'Angleterre
avoit appelés à son secours, achevèrent de désoler le Limousin 8<. étendirent
An ii83
ges des routiers, employés par les princes anglais
& les seigneurs méridionaux dans leurs guerres
continuelles, avaient réduit les populations du
centre de la France à l'état le plus précaire. On
peut voir dans un travail reinarcjuable de feu Gé-
raud, de l'École des Chartes, des détails intéressants
à ce sujet [Biillothi^uc de l'Ecole des Chartes, t. III,
p. iiî'i mais ces détails ne se rapportent pas assez
au Midi pour trouver place dans cette noie; d'au-
tres faits, mentionnés notamment dans le recueil
des miracles de Rocamadour (Voir dans la même
collection, t. 18, un article de M. Servois, pp. 2'!6
& 237), nous prouvent que le Midi eut sa large
part des malheurs de cette triste époque. Extorsions
& abus de pouvoir des petits seigneurs, ravages
& pillages des bandes armées qui parcouraient le
pays, tout s'unissait pour rendre la condition des
paysans déplorable. Tant de calamités surexcitè-
rent l'imagination populaire, & le recueil des mi-
r.icles de Rocamadour prouve qu'elles donnèrent
naissance à une recrudescence de dévotion à la
Vierge. Les pèlerinages, les vœux se multiplièrent,
& de ce grand mouvement des esprits sortit une
tentative des opprimés pour mettre fin au joug
qui pesait sur eux. Ce mouvement n'était ni sans
exemple, ni sans précédents. Dès le onzième siè-
cle, vers io3i, au rapport d'un contemporain,
André de Fleury (de Certain, Miracles de saint Be-
noît, pp. \i)2 & 193), les paysans du Berry, con-
duits par leurs prêtres & soulevés par l'archevêque
Aimon, avaient pris les armes pour faire respecter
la paix aux petits tyrans des environs. Inutile
d'ajouter que bien souvent la direction de ces
bandes échappa au clergé, & que ces révoltes dé-
générèrent en vraies jacqueries que les seigneurs
eurent d'autant moins de peine à réprimer que les
rebelles commettaient plus d'excès. — Comme en
io38, ce fut le clergé du Vêlai qui souleva le pays
en ii83 contre les oppresseurs. Le pèlerinage de
Kotre-Dame du Puy, très-fréquenfé à cette époque,
réunissait chaque année dans cette ville, au mois
d'août, un grand nombre de fidèles, & entretenait
dans toute la contrée une grande ferveur reli-
gieuse, & d'augre part le Vêlai avait eu à souffrir
plus que tous les diocèses voisins des luttes conti-
nuelles qui divisaient les seigneurs; rappelons
notamment l'hostilité permanente des vicomtes de
Polignac & des évêques du Puy. Aussi l'association
qui se forma fut-elle exclusivement religieuse, &
se plaça-t-elle sous la protection immédiate de la
Vierge; la règle que les confrères s'imposèrent fut
presque monastique (défense de jurer, de fréquen-
ter les tavernes, de porter des habits luxueux').
Cette institution eut d'abord des résultats excel-
lents; elle s'étendit dans tout lemidi de la France,
dans la Provence, l'Auxerrois & l'Orléanais, 8c
plusieurs défaites infligées aux routiers vinrent
prouver qu'elle avait bien son utilité. Mais elle
ne tarda pas à devenir un danger terrible pour
la société, telle qu'elle existait alors; de religieuse
& de pacifique, la confrérie devint une associa-
tion toute politique, & voulut obtenir des liber-
tés & des franchises. Dès lors abandonnée par
le clergé, elle cessa bientôt de compter; chassés
du diocèse d'Auxerre & du nord de la France'
les confrères essuyèrent plusieurs défaites & fini-
rent par disparaître entièrement. Les maux qu'ils
avaient essayé d'adoucir ne cessèrent pas de se faire
sentir, mais une nouvelle institution, \e commun
de la paix, les atténua dans une certaine mesure
& une fois l'autorité royale fermement établie
dans le Midi, & organisée par le sage & clair-
voyant Louis IX, les guerres privées devinrent de
plus en plus rares. (Voyez à ce sujet Bouiaric,
Institutions militaires, pp. 171-17.}.] [A. M.)
' Rigord.
■ Voir la firavure de la médaille qu'ils portaient dans
F. .Maiidel, Histoire dit Vflai, t, 2, p. 19?,
An ii83
An I iti/}
iio HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XIX.
leurs courses' jusque dans le bas Languedoc; ils passèrent^ dans l'Auvergne,
au. commencement de l'an 1184, & mirent l'abbaye d'Aurillac à contribu-
tion. Raimond, fils du comte de Toulouse, étoit alors à leur tête, suivant le
témoifniage d'un auteur-* du temps, qui marque « que ce prince repassa avec
« eux dans le Limousin, qu'ils assiégèrent le château de Payrac, le 7 de
« février. Se qu'ils ravagèrent tous les pays voisins soumis au roi d'Angle-
n terre. » Nous comprenons par là que Raimond, comte de Toulouse, con-
tinua la guerre contre le roi d'Angleterre &c Richard, duc d'Aquitaine, son
fils; mais il paraît qu'il fit bientôt après sa paix avec le seigneur de Mont-
pellier.
On rapporte"*, en effet, que « Guillaume, seigneur de Montpellier, rendit
« hommage à Raimond, comte de Toulouse, le 9 de mai de l'an 1184, en
« présence de Jean de Montlaur, évêque de Maguelonne; qu'il lui soumit,
« étant à genoux 8c les mains jointes, la ville de Montpellier, le château de
u Lattes &. le lieu de Castelnau ; qu'il renonça volontairement à toutes ses
« prétentions sur le territoire de Substantion, où il ne se réserva que les
« anciens usages, & qu'en un mot il assujettit tous ses domaines à l'autorité
« de ce prince^. »
XCIV. — Le comte de Toulouse convient d'un traité avec le roi d'Arason.
Enfin Raimond, comte de Toulouse, Se Alfonse, roi d'Aragon, terminèrent
entièrement leurs différends par un traité solennel dont ils convinrent<5 au
mois de février de l'an ii85. Leur entrevue se fit aux environs du Rhône 8c,
vraisemblablement dans l'île de Gernica, entre Beaucaire 8c Tarascon, sur
les confins de leurs Etats ; 1° Ils confirmèrent 8c renouvelèrent l'accord qu'ils
avoient conclu neuf ans auparavant dans cette île; en sorte qu'ils promirent
réciproquement de se faire droit les uns aux autres, par l'arbitrage de leurs
vassaux, touchant les prétentions que le roi avoit sur le comté de Melgueil
8c le château d'Albaron possédés par le comte, 8c celles que le comte avoit sur
les domaines du Rouergue 8c du Gévaudan possédés par le roi. 2° Ils pro-
mirent de vivre dans la suite en bonne intelligence 8c de s'aider mutuelle-
ment contre leurs ennemis communs, depuis le port ou le col de Cluse
jusques au mont Cenis, dans tous les comtés de Toulouse 8c de Querci, 8c
dans la Provence. 3° Ils convinrent d'obliger leurs sujets qui auroient quelque
t^liri^'cû <-lifférend avec l'un des deux à lui faire satisfaction. 4° Ils s'engagèrent à
s'entr'aider dans les prétentions qui leur étoient communes sur la ville
' Gariel, Scries praesulum Magaïonemium, p. 233. peut voir tome VIII, ce. SyS, 374. Ils ont pour but
' GaufridiiS, prier Vosiensis, Chronicon, p. 3^o de fixer le mode de possession des étaux dw i-.iar-
& seq. elle & le prix des viandes débitées sur lesdits étaux.
' Gaufridus, prior Vosiensis, Chronicon, p. 342. [A. M.1
^ Gariel, Séries praesulum Magalonensium, -p. 1^3. " Mjrca Hispanica , c. iSyS & seq. — Voyez
^ De cette année 1184 datent des statuts pour tome VII, Note IV, pp. 10 & ti.
la corporation des bouchers de Toulouse que l'on
An ii85
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XIX. m
d'Avignon. 5" lis exceptèrent de la promesse réciproque qu'ils se firent de se
secourir contre tous ceux qui les attaqueroient, le roi de France, le roi de
Compostelle (ou de Léon) S< le comte de Forcalquier. 6° Ils choisirent pour
arbitres, en cas qu'il s'élevât dans la suite quelque différend entre eux,
Bérenger, archevêque de Tarragone, Gaucerand de Pins, Guillaume de
Saliran 5c Raimond d'Agout, juge du palais; ou à leur défaut un pareil
nombre de leurs vassaux. Le traité fut passé en présence de l'archevêque de
Tarragone, de ces trois seigneurs, de Bernard, archevêque de Narbonne,
Bernard, évêque de Barcelone, Guillaume Pétri, prévôt de l'église d'Albi,
lequel parvint, la même année', à l'évêché de cette ville, & d'Ermengarde,
vicomtesse de Narbonne. Il parok par là que cette vicomtesse, alliée du roi
d'Aragon, s'étoit aussi réconciliée alors avec le comte de Toulouse.
XCV. — Le comte de Toulouse accorde divers privilèges aux hahîtans
de Ni me s.
Ce comte alla ensuite à ^ Nîmes, où il accorda, le i" de mars suivant, divers
privilèges aux habitans qui demeuroient dans l'enceinte des fisses dont on
venoit de renfermer cette ville. Il les exempta, entre autres, de tolte 6- de
queste, conformément à l'exemption que le vicomte Bernard-Aton, ses frères,
leur père Se leur mère leur avoient accordée. L'acte fut passé en présence de
Raimond Rascas, seigneur d'Uzès, & de plusieurs gentilshommes des envi-
rons. Il ne paroît pas que le vicomte Bernard-Aton fût alors à Nimes; mais
il y a lieu de croire qu'il fit sa paix avec le coipte Raimond en même temps
que le roi d'Aragon dont il étoit allié. Raimond se qualifie comte de Toulouse
&» de Nimes dans cette cliarte.
XCVI. — Roger, vicomte de Carcassonne, reçoit quelques hommages.
Pont de cette ville sur l'Aude.
Roger II, vicomte de Carcassonne, de Béziers, d'Albi & de Razès, autre
allié du roi d'Aragon, fit aussi sans doute sa paix avec le comte de Toulouse
vers le même temps; mais il paroît qu'ils n'étoient pas encore réconciliés au
mois de juin de l'an 1184, lorsque Raimond Vassadel de Puiserguier fit
hommage^ à ce vicomte & promît de le servir contre le seigneur de Toulouse
6" le seigneur de Narbonne pour un certain droit que Roger lui permit de
lever, à cause du guidage du chemin depuis Béziers jusqu'à Narbonne, &
qu'il lui avoit donné en fief. Aymerî de Clermont donna alors à Roger la
moitié du droit qu'il avoit sur les mines dans le territoire du château de
Cabrières. Ce vicomte accorda'* divers privilèges, au mois d'avril de la même
année, aux habitans de Carcassonne, entre autres la liberté de construire un
' GM\(i Christlana, nov. éd. t. i , p. |6. ' Cartiilaire du château de Foix.
' Voyez tome VIII, Ch.irtes, n. XXXVII, ce. 33o ■• Voyez tome VIII, Chartes, n. XXXVI.
& 33i. [Voir nu livre XX, an i 187. J
An 11 85
An ii8j
I 13
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LTV. XIX.
pont sur l'Aude'. Udalger de Poncian, par son testament^, suivant lequel il
se donna pour chanoine à la cathédrale de Carcassonne, le mercredi i" de mars
de l'an ii83 (1184), rit ce vicomte son exécuteur testamentaire St lui légua
tous les châteaux & domaines qu'il possédoit dans le comté de Razès Et le
diocèse de Toulouse, afin que son fils Udalger les tînt de lui en fief.
■ On peut voir cette charte complète, tome VIII,
ce. 374 à 376. C'est la première charte de coutume
de la ville de Carcassonne. Outre le droit de cons-
truire un pont sur l'Aude, elle accorde aux habi-
tants rafiVanchissement du droit de mainmorte &
les autorise à disposer de leurs biens par testa-
ment. Permission à tous de venir résider en toute
sûreté à Carcassonne; exemption du guidage & du
sur-guidage; fixation des droits sur l.i vente du
blé & du poisson; fixation du prix du sel au sa-
lin vicomtal. — A propos de ce pont, remarquons
que ce n'est pas du pont actuel de Carcassonne,
dit le Vieux-Pont, qu'il est question, mais d'un
autre qui a du précéder celui qui existe actuelle-»
ment. Ce dernier date de la fin du treizième siè-
cle. (Voir t. IV, p. 847, c. I, note.] [A. M.]
' Archives de la cathédrale de Carcassonne. —
De Vie, Histoire de Carcassonne, p. yS. — GalUa
Christiana, t. 6, Instium. c. 44t. — [Voye^ tome V,
c. •4(>'), n, 32.]
LIVRE VINGTIEME
I. — Le roi d'Aragon échange le comté de Provence £• les vicomtes de Millau
6* de Géwiudan avec Sanche, son frère, pour le comté de Rouss'tllon. — H
rompt la paix avec le comte de Toulouse.
LE roi d'Aragon, après la conclusion de sa paix avec le comte de Ton- ^-^{{"'^'l'
louse, fit quelque séjour aux environs du Rhône. Étant au mois de ,
mars suivant au château d'Albaron, dans l'île de Camargue, il fit une An uss
donation ' à l'abbaye de Franquevaux, dans le diocèse de Nimes, « pour la
« dédommager des pertes qu'il lui avoit causées, lorsqu'il avoit assiégé le chà-
« teau de Fourques. » Ce prince tint*, le même mois, k Aix, une assemblée
des principaux du pays. Il donna alors une charte, en faveur de la cathédrale
de cette ville, dans laquelle il se qualifie, par la grâce de Dieu roi d'Aragon,
comte de Barcelone 6* prince de Provence, & qu'il date ainsi : « Donné à
« Aix, lorsque nous avons repris la Provence des mains de Sanche, notre
« frère, en présence du comte de Foix, que nous avons établi alors baile
« (ou gouverneur) de Provence, de Bertrand de Baux, de Guillaume de
« Sabran, &c. »
On voit par là que le roi d'Aragon, qui avoit donné en 1181, après la mort
de Raimond-Bérenger, son frère, le comté de Provence 8c les vicomtes de i^m^'^p^'ûs.
Millau 8c de Gévaudan à Sanche, son autre frère, pour les posséder sous son
autorité comme une espèce d'apanage, les retira des mains de ce prince, au
mois de mars de l'an ii85, après qu'il eut fait sa paix avec le comte de Tou-
louse. En effet, Sanche se qualifioit encore comte de Provence au mois d'août
' Voyez tome VIII, Chartes, n. XXXVIII, ' Bouche, Histoire de Provence, t. z, p. 170 8c
c. 332. siiiv.
VI. 8
~, ~ 114 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC, LIV. XX.
de l'an ii85. Un moderne' prouve fort bien que ce roi, en retirant la Pro-
vence des mains de Sanche, lui donna en échange les comtés de Roussillor
£<. de Cerdaene : ainsi l'ancien- auteur des Gestes des comtes de Barcelone
se trompe lorsqu'il assure « que Sanche n'eut aucune part dans les domaines
« du roi Alfonse, son frère, & que ce dernier ne voulut jamais lui en rien
<( donner. » Au reste, le roi d'Aragon fit cet échange avec Sanche, son frère,
dans la vue de disposer, comme il le fit en effet, du comté de Provence &
des vicomtes de Millau & de Gévaudan en faveur d'Alfonse, son fils puîné.
On voit encore par la donation que le roi d'Aragon fit, en ii85, en faveur
de l'église d'Aix, que ce prince, après avoir repris le comté de Provence, en
confia le gouvernement à Roger-Bernard, comte de Foix, son cousin, qui
s'étoit sans doute ligué avec lui contre le comte de Toulouse.
La paix entre ces deux princes ne fut pas de longue durée. En effet, le
roi d'Aragon étant allé, au mois d'avril suivant, à Najac, en Rouergue, où
Richard, duc d'Aquitaine, ennemi du comte de Toulouse, lui avoit donné
rendez- vous, ils formèrent ensemble une nouvelle ligue 3. Par le traité
Richard céda à Alfonse « les domaines que Roger, vicomte de Béziers, &
« Trencavel, son frère, avoient tenus de lui en fief, & s'engagea : i° De faire
« restituer à ce prince le château d'Hariza que le roi de Castille lui détenoit
« avec quelques autres châteaux qui étoient au pouvoir du roi de Navarre.
« 2° En cas qu'il n'exécutât pas fidèlement cette promesse, de se remettre en
« otage dans une place d'Alfonse, quarante jours après que ce dernier l'auroit
« sommé de l'exécution. « Nous comprenons par Ik que le vicomte Pvoger H
s'étoit soumis à la suzeraineté du duc d'Aquitaine pour la vicomte de Car-
cassonne, & qu'il l'avoit reconnu pour seigneur dominant dans le comté de
II. — Le vicomte Roger adopte Alfonse, infant d'Aragon. — Droits
de Vévêque iy du vicomte sur la ville de Bé-^iers.
Le roi d'Aragon, après ce traité, en conclut un autre avec le même Roger,
qui s'exprime ainsi dans l'acte : « Moi, seigneur-^ Roger, vicomte de Béziers;
« de Carcassonne, de Razès 8c d'Albi, confesse & reconnois de bonne foi que
' Bouche, Histoire de Provence, t. 2, p. 170, une critique générnlement si perspicace que l'on
' Marca Hispanica, c. 55i. peut ajouter foi à son témoignage. Le Trencavel,
^ Zurita, Anales de la corona de Aragon, 1. 2, frère de Roger II, qui figure dans cet acte, est le
c. 40. Raimond-Trencavel qui paraît dans plusieurs actes
^ Cette alliance entre le duc d'Aquitaine &■ le conjointement avec lui (Voir notamment tome V,
vicomte de Béziers, car ce n'est pas autre chose, c. 1430, n. 84) &. qui, jusqu'en ii85, date de la
malgré cette forme de recommandation & d'iiom- naissance de Raimond-Roger, fut l'héritier pré-
mage que demandaient les mœurs du temps, dut somptif de Roger II. Il vivait encore en 1211; à
se couclure vers 1177, moment où Roger II avait cette date il céda à Simon de Montfort ses droits
guerre avec le comte de Toulouse (t. VIII, c. 325). sur les domaines de son feu neveu. (Voir t. VIII,
Remarquons que seul Zurita mentionne ce fait; il c. 609 & suiv.) [A. M.]
est vrai que cet auteur a eu entre les mains une ' Voyez tome VIÎI, Chartes, n. XXXIX, ce. 383,
telle masse de documents £t les a employés avec 384.
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XX. n5
An H 85
« VOUS mon seigneur Alfonse, par la grâce de Dieu roi des Aragonois, comte
« de Barcelone, marquis de Provence, m'avez défendu Si protégé contre tous
« mes ennemis. Je reconnois véritablement que j'aurois été dépouillé de tous
« mes domaines, si vous ne m'aviez secouru avec vos vassaux. Vous m'avez
« comblé de biens, aussi bien que mes sujets, dans tous nos besoins; vous
(c avez toujours fait la guerre pour moi, 8c vous avez regardé mes querelles
« comme les vôtres. Enfin, je vous suis entièrement redevable de la conser-
« tion de mon patrimoine : c'est pourquoi je donne à votre fils Alfonse ou à
K son défaut à tout autre de vos fils, que j'adopte pour mon fils, toutes mes
« terres, cités, villes, bourgs, châteaux, villages, hommes, femmes, évêchés,
« abbayes, prieurés 8c, en un mot, tous mes biens quels qu'ils soient, avec
« tout ce qui doit me revenir de la succession de mes proches; à condition
« que ce fils héritera de tout ce que vous avez en Provence 8c à Millau, de
« tout le comté de ce nom Se de tout ce que vous possédez dans les pays de
« Gévaudan 8c de Rouergue. » Le roi d'Aragon, de son côté, donna par le
même acte à son fils Altonse toute la terre de Provence Se Millau, avec ce
qu'il possédoit dans le comté de ce nom 8c dans le Gévaudan 8c le Rouergue,
ou à un autre de ses fils au défaut d'Alfonse. Bérenger, 'archevêque deTarra-
gone, Se plusieurs seigneurs séculiers furent présens à ce traité, qui fut passé
à Béziers,
Geofroy, élu* évêque, 8c les abbés de cette ville, Guillaume de Montpel-
lier, plusieurs autres barons du pays Se tout le peuple se rendirent ensuite
dans la cathédrale de Saint-Nazaire pour fixer les droits qui appartenoient à
l'évêque Se au vicomte, tant sur la ville de Béziers que sur les faubourgs. Se
savoir au juste en quoi consistoit le domaine de Roger sur cette ville, 8e ce
que le roi d'Aragon pourroit prétendre en vertu de cette donation. L'enquête éj. orign.
fut dressée, du consentement de l'évêque, de son chapitre, de Roger 6- de sa
cour, sur le témoignage de trois principaux bourgeois. On convint que le
vicomte n'avoit aucun droit de tolte, de queste 6" d'albergue sur les habi-
tans vassaux de l'église 8c sur les siens; qu'il n'avoit aucune justice sur
ceux-là, excepté les cas d'homicide Se d'adultère; Se que l'évêque Se le vicomte
avoient chacun droit de chevauchée sur leurs vassaux, mais pour les faire
servir seulement dans l'étendue du diocèse. On vérifia quelques autres articles
touchant l'administration de la justice. Se on reconnut que les églises Se les
hôpitaux de Béziers étoient des lieux d'asile. Il est marqué enfin que le
vicomte Roger avoit accordé que tous ceux qui viendroient s'établir à Béziers,
dans quelque quartier de la ville que ce fût, seraient libres Se indépendans,
tant de lui-même que de tout autre seigneur Se exempts de toute servitude,
comme l'étoient les autres habitans de la ville, que ce vicomte exempta de
payer la leude à Saint-Thibéry^.
' Catel , Mémoires ie l'histoire du Languedoc, fée, nous croyons devoir la compléter sur certains
p. 644. — [Gallia Christiana, nov. etl. t. 6, Instrum. points. — Même en cas d'adultère ou d'homicide,
ce. 142, I4-J.J commis p.ir un homme de l'église c.ithéJralc ou
' L'analyse de dom Vaissetc éwnt un peu ècour- des églises abbatiales de Saint- Aphrodise & de
t. 111, p. or
An 1 1 8 j
Ji6 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XX.
On ne sauroit se persuader que le vicomte Roger ait voulu par cet acte
faire une donation absolue de tous ses domain^^s à Alfonse, fils puîné du roi
d'Aragon, car la vicomtesse Adélaïde de Toulouse, sa femme, accoucha', vers
Pâques de la même année, de Raimond-R.oger, leur fils; il avoit par consé-
quent alors une espérance certaine de laisser un héritier. Ainsi il aura voulu
seulement se rendre vassal du jeune prince d'Aragon, comme successeur du
roi, son père, dans le comté de Provence Se les vicomtes de Millau Se de
Gévaudan. On voit, d'ailleurs, que Raimond- Roger hérita de tous les
domaines de Roger, son père, sans aucune difficulté de la part de la maison
d'Aragon. Au reste, comme cette donation fut faite au préjudice des droits
de suzeraineté que le comte de Toulouse avoit sur tous les domaines de
Roger, c'est une preuve que ce vicomte Se le roi d'Aragon qui la reçut
étoient alors ennemis de ce prince. Si qu'ils s'étoient ligués de nouveau
contre Jui^.
Roger se rendit, au mois de juillet^ suivant, à La Caune, en Albigeois, 8c
là, étant dans le cimetière de Sainte-Marie, il confirma avec la vicomtesse, sa
femme, par une charte qu'ils firent sceller de leur sceau, en faveur de Guil-
laume de Rocozel, prévôt de Notre-Dame de Beaumont, en Rouergue, toutes
les donations que ses ancêtres, fondateurs de cette église, y avoient faites.
Roger permit'^, au mois de février de l'année suivante, de bâtir le château
d'Escoussens. Il confirma', deux mois après, en présence de Guillaume Pétri,
évêque d'Albi, d'Isarn, abbé de Valseguier ou de Montolieu, de Bernard,
abbé de Caunes, Sec, une donation qu'un bourgeois de Carcassonne avoit
faite à l'abbaye de Fontfroide, & donna en fief, au mois d'août, ce qu'il avoit
au château de Ra-^ès^,
S.'iliit-Jîicqiies, le vicomte ne peut juger le criminel Béziers meurt intestat, ses biens restent un an St
qu en présence de l'évéque ou des nbbés. Le vicomte un jour dans une église ou entre des mains- fidè-
applique la punition corporelle, en cas de con- lesj si, au bout de ce temps, il ne s'est présenté
fiscation , l'église cathédrale eu abbatiale reçoit aucun héritier, ils appartiennent au seigneur dans
les biens. Si c'est une femme qui a été convaincue le bourg duquel il est mort. [A. M.]
d'adultère, elle subit la punition corporelle, mais ' Voyez tome V, Chroniques, c. 33, & tome VII,
le mari n'a point à supporter l'amende. Outre ces Note XXXIX, n. vi, p. 114.
deux cas, le vicomte connaît encore de la blessure ' Le raisonnement de dom Vaissete est parfaite-
avec effusion de sang quand la mort s'en est sui- ment juste, & les prétentions des écrivains espa-
vie. — Les deux coseigneurs ne peuvent l'un sans gnols, qu'il réfute dans la note plus haut citée,
l'autre exiger le sacramentum des habitants de Bé- ne sont nullement fondées. [A. M.]
ziers. — En cas de plainte par-devant le vicomte, ^ Voyez tome VIII, Chartes, n. XL, c. 385.
les habitants de Béziers n'ont à payer aucun droit * Cartulaire du château de Foix.
de Arudaria à la vicomtesse. — Le témoignage des ' Archives de l'abbaye de Fontfroide.
bailes du vicomte ou de l'évèque ne suffit pas en ' A cette année 1 i85 appartient un traité de
justice; il faut celui des probi homines qui ont commerce conclu entre le seigneur de Montpellier,
assisté à la capture du coupable. Le plaignant n'a l'évèque & le vicomte d'Agde. (Voir M. Germain,
point à fournir caution à la cour; celle-ci, toute- Commune de Montpellier, t. 2, pp. 420 à 422.) Par
fois, peut le retenir en otage dans l'intérieur de ce traité conclu pour dix ans, l'évèque & le vicomte
la ville; &, s'il en sort sans l'aveu du tribunal, s'engagèrent à protéger & à ne point molester
ce dernier peut le faire saisir partout où on le Guillaume de Montpellier & ses hommes, non
trouvera. — La partie gagnante dans un procès plus que les marchands venant au port d'Agde,
n'a à payer que les dépens; la partie perdante que ces marchands fussent chrétiens, sarrasins ou
pnye l'amendi; £< les dépens, — Si un habitant de juifs; leurs biens, leurs vaisseaux n'auront rien à
An 1 1 85
An 1 i8â
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XX. 117
III. — Le roi d'Aragon &- le duc d'Aquitaine font la guerre au comte
de Toulouse, qui lève le siège de Carcassonne.
Il est marqué, dit-on', clans les anciens martyrologes de la cathédrale de
Carcassonne « que cette ville tut assiégée en 1180, & que l'armée qui avoit
« formé le siège tut défaite le 4 des nones de février. » Un moderne^ assure,
sur cette autorité, que Raimond, comte de Toulouse, ayant assiégé alors Car-
cassonne sur le vicomte Roger, le roi d'Aragon vint au secours de ce dernier,
défît l'armée du comte & l'obligea à lever le siège.
Cet événement, qui appartient à l'an 11 86, suivant notre manière de
commencer l'année, détermina peut-être Richard, duc d'Aquitaine, allié du
roi d'Aragon, à attaquer de son côté le comte de Toulouse. Nous savons en
effet que Richard^, ayant assemblé en 1186 une armée considérable, entra
dans les terres de ce prince, ravagea plusieurs villages 8c lui enleva divers
châteaux, soit par la ruse, soit par la torce. On peut rapporter au temps de
cette expédition des lettres de Richard données"* à Agen , en présence de
Guillaume, seigneur de Montpellier, par lesquelles il prend l'abbaye de Can-
deil, en Albigeois, sous sa sauvegarde; elles nous donnent lieu de croire :
1° que ce duc étendit alors ses courses jusque dans l'Albigeois; 2° que le
même Guillaume étoit ligué avec lui.
IV. — Le seigneur de Montpellier répudie Eudoxe Comnène 6- épouse Agnès,
Ce seigneur répudia, en 1187, Eudoxe Comnène, sa femme, pour épouser
Agnès dont nous ne connoissons pas la maison, mais qui étoit proche parente
du roi d'Aragon. On ' prétend « qu'un des principaux motifs de ce divorce
« fut le mépris qu'Eudoxe, tîère de la grandeur de sa naissance, conçut de ^'{■,°'','6'i'-
(! Guillaume, qu'elle avoit épousé comme par force. On ajoute que ce sei-
(' gneur, indigné du procédé de sa femme, eut recours au roi d'Aragon, son
<■ protecteur, qui lui conseilla de la répudier & lui donna en mariage Agnès,
« sa parente, qu'il avoit tait élever dans son palais; que Guillaume, qui
« n'avoit qu'une iille d'Eudoxe dont il n'espéroit plus d'enfans &c qui souhai-
crnin<Jre de leur part, & ils ne pourront détenir cet événement au i février 1186 (v. st.). [A. M.]
soit leurs biens, soit leurs personnes, à moins de ' Besse, H'tnoire Jes ducs, marquis & comtes Je
faute bien certaine inculpa certa). Les obligations S^rhonne, p. 332.
du seigneur de Montpellier sont analogues, & ' GervasiusDorobernensls, CAronicon.ann. 1 1 86.
chacune des parties contractantes fit jurer en même ^ Voyez tome VIII, Chartes, n. XLI , c. 388.
temps qu'elle trois de ses amis. [A. M.] — Dora Vaissete tire de ce petit acte une conclu-
' Besse, Histoire des ducs de Narhonne, p. 332. sion trop précise. Il prouve seulement que l'ab-
On ne trouve rien de semblable dans les nécro- baye de Candeil ayant des relations commerciales
loges publiés par M. Cros-MayrcvicUe, en appen- ou autres dans les Etats du duc d'Aquitaine avait
dice i son Histoire de Carcassonne, p. 83 & sniv. besoin de sa protection. La pièce est d'ailleurs
Mais Besse avait sans doute connu les quelques donnée à Agen. [A. M.]
mots que dom Vaissete lui-même a édités ;^'oyez ^GaneX, Séries pracsulum Magalonensium, ^.iji,
tome V, c, 3.0); remarquons qu'il faut rapporter
An
An 1 187
118 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC, LIV. XX.
« toit extrêmement d'avoir un mâle pour successeur, employa le crédit de
« l'archevêque d'Arles pour obtenir du pape la permission de la répudier S<
« de convoler en secondes noces; & que, sur le refus du pontite, il passa
« outre & épousa solennellement Agnès, dont il eut plusieurs enfans. » Mais
la plupart de ces faits ne sont appuyés que sur l'autorité particulière d'un
historien moderne, qui ne se pique pas d'une exactitude trop scrupuleuse.
Ce qu'il y a de certain c'est que Guillaume, au mois d'avril de l'an 1187,
répudia Eudoxe dont il n'avoit qu'une fille, nommée Marie, pour contracter
un nouveau mariage avec Agnès, à laquelle il donna' pour douaire la moitié
de ses biens meubles Sv. immeubles"; & que cette dame étoit parente du roi
d'Aragon, comme il paroît par une donation^ que ce prince lui fit & au sei-
gneur de Montpellier, son mari, du château & du domaine de Prats pour en
jouir pendant leur vie. Cette donation du roi Alfonse est datée du mois
d'avril de l'an 1187, en présence de l'archevêque de Tarragone & de l'évêque
de Lérida, 8c il paroît par là que Guillaume épousa Agnès en Aragon, 8t
qu'Alfonse assista à cette cérémonie.
Eudoxe^, au désespoir de se voir répudiée, moins par amour pour le sei-
gneur de Montpellier, son mari, qu'elle ne pouvoit souffrir, que par les inté-
rêts de Marie, leur fille, eut recours à l'autorité de Jean de Montlaur, évêque
de Maguelonne, qui, conjointement avec l'archevêque de Narbonne, frappa
Guillaume d'anathème & jeta l'interdit sur tous ses domaines; mais, ajoute-
t-on, le roi d'Aragon, qui s'intrigua beaucoup dans cette affaire, engagea
bientôt après le pape à lever l'un Se l'autre. Eudoxe fut ainsi obligée de
quitter Montpellier : elle se retira dans l'abbaye d'Aniane, auprès de Rai-
raond-Guillaume, oncle paternel du seigneur de Montpellier qui en étoit
abbé, où elle mourut saintement.
V. — Evêques de Lodève & de Maguelonne.
Ce Raimond-Guillaume avoit été destiné, en 1146, par le testament de
Guillaume VI, seigneur de Montpellier, son père, à être religieux de Cluny.
Après avoir fait profession dans cet ordre, il avoit été élu abbé d'Aniane
en 1 162, & il succéda enfin à Gaucelin de Montpeyroux, évêque de Lodève,
décédé'^ le 7 de juillet de l'an 1187. Raimond-Guillaume de Montpellier,
qu'on surnomme de Madières, on ne sait sur quel fondement, acheva presque
entièrement, sous son épiscopat, ce que les évêques de Lodève, ses prédéces-
seurs, avoient commencé, 8c unit au domaine de son église la comté Se la
vicomte de Lodève avec le château de Montbrun qui en étoit le chef-lieu.
En effet^, Hugues, comte de Rodez, lui vendit en 1188, pour soixante mille
sols melgoriens, tout ce qu'il possédoit dans ce château 8<. dans tout le Lodé-
■ D'Achcry, Spicilegium, t, lo, p. 641. Lodovensium, p. 94. — Gallia C/iristiana, iiov.ed.
• Voyez tome VIII, charte XLII, ce. 388, SSp. t. 6.
' Gnriel, Scries praesulum Magaloncnsium. ^ Voyez plus linut livre XIX, n. LX, pp. 6"), 66,
* Plantavit de la Pause, Clironologia praesulum »— Voyeis tome IV, A/ote XXV, n, iv, p. l3o.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XX.
I K
An 1 187
vois, avec promesse de ne rien acquérir clans le pays sans le consentement
de l'évêque. Pierre de Lara, vicomte de Narbonne, son cousin, lui donna
d'un autre côté, en 1192, divers domaines du même pays; &<. Raimond V,
comte de Toulouse, lui céda peu de temps avant sa mort tout ce qu'il possé-
doit dans le diocèse de Lodève, 8c confirma en sa faveur la vente que le
comte de Rodez lui avoit faite des domaines du I,odévois, qu'il tenait en fief
des comtes de Toulouse. Ce prélat obtint en 1188 un diplôme du roi Phi-
lippe-Auguste, qui confirma les privilèges 8c les chartes que les rois de France
avoient accordés à l'église de Lodève, entre autres le droit sur les juifs du
Lodévois 8c celui de faire battre monnoie. 11 usa de ce dernier privilège Se il
nomma, en 1189, un essayeur de la monnoie'. Il tonda, en 1190, un prieuré
de filles de l'ordre de Cîteaux, à Notre-Dame de Corneille, dans son diocèse,
sous la dépendance de l'abbaye de Nonnenque, 6c termina la même année,
par l'arbitrage de Bernard, archevêque de Narbonne, un grand procès qu'il
avoit avec l'abbaye de Fontfroide, à laquelle Gaucelin de Montpeyroux, son
prédécesseur, avoit donné tous ses biens par son testament du 3o décembre
de l'an 1186. Enfin, « il céda^, au mois de novembre de l'an 1199, à Guil-
« laume, seigneur de Montpellier, son neveu, tant en son nom qu'en celui
V de son église, 8c comme donataire de Gaucelin, son prédécesseur, tout ce
« que le même seigneur de Montpellier pouvoir prétendre sur ses biens. »
Raimond-Guillaume mourut^ en 1201.
On assure'* que Guillaume, qui succéda en 1190 à Jean de Montlaur,
évêque de Maguelonne, 8c qui avoit été auparavant chanoine de cette église,
étoit aussi de la maison de Montpellier; mais on se trompe. Cette maison
donna cependant un autre évêque à l'Eglise, à la fin du douzième siècle, en
la personne de Raimond, évêque d'Agde, qui succéda à Pierre 3.
Éd. origin.
t. 111, p. 71.
■ KouJ ayons publia {Bihliothi^ut ie l'Ecole iei
Chartes, t. 37, p. SSz) cet acte de Philippe-Au-
guste d'après une copie du treizième siècle des ar-
chives nationales ( J. 895); dom Vaissete avait
probablement connu ce diplôme par Plantavit de
la Pause. Il est certain que cet acte a dû exister,
puisqu'un diplôme du même roi, de 1210 (voir
L. Delisle, Catalogue des actes de Philippe-Auguste j
n. 1 198), le mentionne; mais la copie du Trésor
des chartes présente certaines anomalies : un
préambule pompeux & incorrect, & l'addition à
la fin, hors du corps de l'acte d'un» clause impor-
tante. Pourtant nous croyons cet acte authenti-
que, 8c nous expliquons ces singularités par le
fait de l'éloignement de Paris où le roi avait dii
laisser sa chancellerie; l'acte est daté du Puy, où
Philippe-Auguste alla résider quelque temps à te
moment même. (Voir Delisle, ut supra, n"' iiy &
120.) [A. M.)
• Mis. d'Auhays, n. 82. — Gariel, Idée de la
ville de Montpellier, p, 137.
' Catel, Mém. de l'histoire du Languedoc, p. 297.
■• Voyez tome VII, Vofir VIII, n. vt, p. 21.
' Vers cette époque il y eut d'assez graves démê-
lés dans le sein du chapitre cathédral de Mague-
lonne, démêlés qui amenèrent l'intervention du
seigneur de Montpellier & du fils du comte de
Toulouse, puis du pape Urbain III. Le prévôt, en
l'absence de l'évêque, avait nommé un certain
Gui sacristain du chapitre. Protestation de l'évê-
que, qui s'en rapporte à l'arbitrage de l'archevêque
de Narbonne; Gui en appelle au pape; mais, pour
se fortifier, il demande l'appui du seigneur de
Montpellier & du jeune comte de Toulouse, qui
viennent ainsi s'entremettre dsuc l'administration
intérieure du chapitre & menacent l'évêque. Ce-
lui-ci & le chapitre, indignés, excommunient
Gui & ses complices & se plaignent au pape.
L'affaire fut confiée par Urbain III à l'évêque de
Kimes & à l'abbé de Saint-Gilles (Cf. M. Ger-
main, Maguclone sous ses êvêijues, pp. Sy, (S3,
184). La bulle est du 18 décembre 1 186 ou 1187.
|A. M.J
An 1 187
120 HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XX.
VI. — Bernard-Aton, vicomte de Nîmes &• d'Agde, dispose de cette dernière
vicomte en faveur de l'église d'Agde.
Sous l'épiscopat de ce dernier, « Bernard-Aton', vicomte d'Agde, fils de la
« vicomtesse Guillelmette, voulant pourvoir au salut de son âme 8c de ses
« parens, se donna pour chanoine à l'église de Saint-t,tienne du siège d'Agde,
« à Pierre, évêque du même siège, & à ses successeurs, avec tout ce qu'il
« possédoit dans le diocèse, savoir : la ville d'Agde, ses dépendances, tout ce
« que lui 5c son père avoient possédé dans le même diocèse. Se enfin tous les
« domaines cf^ la vicomte. » Bernard-Aton fit cette donation, au mois de juin
de l'an 1187, devant l'autel de l'église de Notre-Dame du Grau, située à un
quart de lieue de la ville.
Comme ce vicomte tenoit en fief la vicomte d'Agde de Raimond, comte de
Toulouse, l'évêque Pierre eut recours à l'autorité de ce prince pour obtenir
la confirmation de cette donation. Raimond lui accorda volontiers sa demande,
par une charte datée du cloître de Saint-Jacques de Melgueil, un mercredi
du mois de juillet de l'an 1187. « Il donna à ce prélat & à ses successeurs
« tonte l'entière vicomte ou comté d'Agde, comme Bernard-Aton, qui en étoit
« alors vicomte, son père Bernard-Aton &c les seigneurs d'Anduze l'avoient
« possédée, nonobstant les conventions qu'il avoit faites avec ce vicomte; à
« condition que l'évêque Pierre 8c ses successeurs tiendroient en fief cette
« vicomte de lui 8c de ses descendans. » Ce prélat promit d'être fidèle au
comte Raimond 8c à ses successeurs envers tous &c contre tous, 8c ils firent
sceller l'un 8c l'autre la charte de leurs sceaux.
Le 17 de juillet suivant « Bernard-Aton, vicomte d'Agde, fils de la vicom-
« tesse Guillelmette, étant dans cette ville, dans la chambre de l'évêque, animé
« de l'esprit de Dieu, se donna pour chanoine d'Agde à l'évêque Pierre 8c à
c( l'église cathédrale de Saint-Etienne, 8c leur donna avec sa personne toute
(( la vicomte ou comté d'Agde &c toutes ses dépendances, entre autres la ville
« d'Agde, les châteaux de Marseillan &c de Loupian, les fiefs, les mines d'ar-
<( gent, la justice civile 8c criminelle, 8cc., en un mot, tous les droits que le
« vicomte Bernard-Aton, son père, &c lui avoient possédés, justement ou injus-
« tement, dans le diocèse d'Agde. II déclara ensuite qu'il faisoit cette dona-
« tion du consentement 8c de la volonté de Raimond, comte de Toulouse,
« de qui il tenoit toutes ces choses en fief, 8c qu'il approuvoit la donation
« que le même très-glorieux comte Raimond avoit faite depuis peu étant à
« Melgueil, de toute la vicomte ou comté d'Agde en faveur de l'évêque Pierre
« 8c de son église dont ce comte lui avoit envoyé les lettres patentes, scellées
« de son sceau, pour le prier de les ratifier. II abandonna aux chanoines de
« l'église d'Agde tous les droits que lui &c ses prédécesseurs exerçoient juste-
' Catel, Mémoires de l'histoire du Linguedoc, p. 971 & siiiv. — Gallia Christiana, t. 1, p. 6oj nov.
C;l. t. 6, Instrum. c. 329 & seq.
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XX. 121 — —
An 1 187
« ment ou injustement sur les vassaux & les clercs de l'église d'Agde 8<. sur
« leur famille. Il confirma enfin tous les privilèges que les rois de France &
« les papes avoient accordés à Tévêque & aux chanoines de cette église. »
Au mois d'août suivant, le vicomte' monta sur la tour appelée de Mirabel
accompagné de l'évêque, des chanoines Si des principaux de la ville, 8c de là,
montrant de la main l'étendue de la vicomte d'Agde, il en mit ce prélat en
possession Se l'investit vers le même temps du château de Marseillan. Ce
sont là les circonstances de l'union de la vicomte d'Agde au domaine de
l'évêché de cette ville; sur quoi nous ajouterons quelques réflexions :
1° Le vicomte Bernard-Aton, qui fit cette donation, se sert du terme de
vicomte ou de comté d'Agde, de même que le comte de Toulouse qui la con-
firma ; mais ce ne fut proprement que la vicomte qui fut unie à l'évêché, car
Bernard-Aton ne pouvoit donner que ce qu'il possédoit: or ni lui ni ses lîJ. oriRin.
prédécesseurs n'avoient jamais joui que de la vicomte d'Agde; 8c le comté de
cette ville étoit alors uni depuis très-longtemps au domaine des comtes de
Toulouse. De là vient que Raimond V, en confirmant cette donation, se
réserva l'hommage de la part des évêques pour cette même vicomte. Les
évêques d'Agde se sont qualifiés toutefois depuis comtes de cette ville : ils se
sont fondés sans doute sur les actes où les termes de vicomte 8c de comté sont
confondus.
2° Bernard-Aton donna cette vicomte comme elle avoit été possédée tant
par lui que par son père. Or elle avoit été cédée' à ce dernier en ii5o par
Raimond-Trencavel, vicomte de Béziers 8c de Carcassonne, son frère, qui
lui avoit donné la ville d'Agde avec la partie du diocèse de cette ville située
à la gauche de l'Hérault. La vicomte d'Agde ne s'étendoit donc en 1187 que
jusqu'à ce fleuve. Le reste du diocèse appartenoit à Roger II, vicomte de
Ijéziers 8c de Carcassonne, fils de Raimond-Trencavel 8c cousin germain cle
Bernard-Aton.
3° Catel-^ prétend « que le vicomte Bernard-Aton quitta son comté pour
(1 être chanoine 8c passer le reste de ses jours au service de Dieu en l'église
« de Saint-Etienne d'Agde. » Il paroît, en effet, par l'acte de donation dont
on vient de parler, qu'il avoit alors dessein d'embrasser l'état ecclésiastique.
Messieurs de Sainte-Marthe'* vont plus loin : ils assurent que Bernard-Aton,
avant été reçu chanoine de la cathédrale d'Agde, y passa le reste de ses jours.
Mais nous avons lieu de douter si ce vicomte embrassa l'état ecclésiastique 8c
' Catel, Mémoires Je l'histoire Jtt Languedoc , Saint-Étienne, & lui concède ses domaines de
p. 972. Marseillan & de Loupinn (Cf. t. V, c. iSzo, n. 60)}
* Voyez tome III, 1. XVIII, n. xi, p. 781. la vente de la vicomte eut lieu le 17 juillet; cet
'Catel, Mémoires de l histoire Au Languedoc, acte de donation est du 26 du même mois. Rien
p. 972. ne prouve d'ailleurs, comme le dit dom Vaissete,
* C allia Chrisliana, t. 2, p. 60. — Les auteurs c]ue Bernard-Aton ait embrassé l'état ecclésiastique;
du premier Gallia Christiana avaient raison; du il est seulement probable qu'il ne se maria jamais
moins les éditeurs du nouveau Gallia ont publié & qu'il devint ainsi une sorte d'associé laïque de
(t. 6, Instrum. c. 329) un acte par lequel Bernard- la congrégation. [A. M.J
Aton se donne pour chanoine à la cathédrale de
~; ^ — 122 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XX.
An 1 187
si, en se donnant pour chanoine à l'église d'Agde-, il n'entencloit pas seule-
ment qu'il pariiciperoit aux prières des chanoines & qu'il seroit inhuiiié
parmi eux après sa mort en habit de chanoine, comme c'étoit alors une dévo-
tion assez ordinaire parmi les plus grands seigneurs, lesquels, suivant plu-
sieurs monumens qui nous restent, se donnoient avant leur mort pour reli-
gieux en quelque monastère, sans embrasser la profession monastique. Nous
avons, en effet, divers actes de Bernard-Aton, depuis l'an 1187 jusqu'en 12 14,
Se on ne voit dans aucun qu'il se soit qualifié chanoine ou qu'il ait embrassé
l'état ecclésiastique. Nous trouvons, au contraire, qu'il se qualifia toujours
vicomte d'Agde dans ces actes. Tel est l'engagement qu'il' fit, en 1189, en
faveur de Guillaume VIII, seigneur de Montpellier, & d'Agnès, sa femme,
pour dix mille sols raelgoriens, du château de Loupian, engagement pour
la sûreté duquel il hypothéqua le château de Marseillan. Il se qualifie aussi
vicomte d'Agde dans une donation^ entre-vifs qu'il fit, au mois de janvier de
l'an 1191, en faveur du même seigneur de Montpellier, d'Agnès, sa femme,
St de leurs enfans, du même château de Loupian dont il se réserva l'usufruit
pendant sa vie. Comme ce château dépendoit de la vicomte d'Agde, de même
que celui de Marseillan, cela pourroit faire croire que Bernard-Aton révoqua
la donation qu'il avoit faite à l'église d'Agde. Nous voyons d'ailleurs qu'il
engagea^ de nouveau pour dix ans, au mois de janvier de l'an 1194 (1195),
au seigneur de Montpellier & à Agnès, sa femme, le château de I,oupian,
avec clause expresse que ce château leur demeuréroit obligé pour la somme
de vingt mille sols melgoriens, dont cinquante-deux valoient un marc d'ar-
gent. Bernard-Aton se qualifie encore vicomte d'Agde dans cet acte qu'il fit,
sauf la donation de ce château au même seigneur, laquelle seroit valable,
soit pendant l'engagement, soit après le payement. On voit une semblable
clause dans un acte par lequeH Guillaume, seigneur de Montpellier, &. sa
femme, reconnoissent qu'ils ne sont tenus de payer à Bernard-Aton, vicomte
d'Agde, que quatorze mille sols melgoriens pour l'engagement du château de
Loupian, quoiqu'il paroisse par l'acte précédent qu'il étoit engagé pour !a
somme de vingt mille. Enfin on trouve dans les archives de l'évêché d'Agde''
un acte par lequel Bernard-Aton, vicomte de cette ville, donna en fief, au
mois d'août de l'an iigS, divers domaines de la vicomte d'Agde à Bérenger
de Sales, Bérenger de Thésan, &C.
4° Bernard-Aton possédoit aussi la vicomte de Nimes dont il fut le sixième
vicomte de son nom &. de sa race. Il étoit né posthume vers l'an 1109 S;
avoit succédé dans ces deux vicomtes à Bernard-Aton V, son père, sous ia
Éd.oiigin. tutelle de Guillelmette de Montpellier, sa mère. Dans la suite il épousa
t. ni, p. 73. ^ . , , . , . ' . . ,., . ' ,
Garsinde dont on ignore la maison; mais on ne voit pas quil en ait eu des
enfans. Il avoit déjà disposé, en effet, de la vicomte de Nimes en faveur du
' Voyez tome Vm, Chartes, n. XLVII, ce. Spy, < Voyez tome VIII, Chartes, n. XLVII, ce. 3-9,
398. 400.
' Ib'ii. c. 398. ' Archives de l'évêché d'Agde, n. 21. — Voyea
' Ihii. ce. 398, 399. terne V, c. i32o, n. 64.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC, LIV. XX. izZ
comte de Toulouse lorsqu'il fit donation, en 1187, de celle d'Agde à l'église
de cette ville j en voici la preuve : Bernard-Aton vécut au moins jusc{u'en 1 2 14;
or, dans tout cet intervalle, nous n'avons aucun monument qui prouve qu'il
ait exercé quelque autorité dans le diocèse de Ninies, &. qu'il se soit qualifié
vicomte de cette ville. De plus, il est certain que depuis l'an 1 187 ' les comtes
de Toulouse dominèrent absolument à Nimes & dans le diocèse, & qu'ils
réunirent en leur personne toute l'autorité temporelle sur ce pays, comme il
paroît entre autres par une charte^, suivant laquelle Raimond VI, comte de
Toulouse, confirma en 1197, en faveur de l'église de Nimes, un accord que
Guillelmette, mère de Bernard-Aton, aiurejois vicomte, avoit fait avec les
chanoines de la cathédrale. Enfin on a vu plus haut que Raimond V, comte
de Toulouse, confirma la donation de la vicomte d'Agde faite par Bernard-
Aton à l'église de cette ville, nonobstant les conventions qu^il avoit passées
avec lui. Or ces conventions supposoient sans doute que ce vicomte lui avoit
cédé tous ses domaines.
5° Il est vrai que Bernard-Aton donna ^, en 1:14, les vicomtes de Nimes
Si d'Agde à Simon de Montfort; mais outre qu'il ne se qualifie dans l'acte
que Bernard-Aton, fils de feu Bernard-Aton, vicomte de Nimes 6* d'Agde, i-
de Guillelmette, sa femme, il marque expressément qu'il fait cette donation
(I à cause de la substitution qui avoit été faite entre ses prédécesseurs d'un
(I cùté 8c les vicomtes de Béziers de l'autre, pour se succéder les uns aux
<( autres par défaut de descendans. » Cela prouve donc seulement que Simon
de Montfort, s'étant emparé de tous les domaines des maisons de Toulouse 8c
de Béziers, il engagea, pour s'en assurer la possession, Bernard-Aton à la lui
confirmer; mais ce n'est pas une preuve que ce dernier fût alors propriétaire
des vicomtes de Nimes 8c d'Agde.
6° Il semble que Bernard-Aton, suivant cette substitution, ne pouvoit pas
disposer de la vicomte d'Agde, en faveur de l'église de cette ville, sans le
consentement de Roger II, alors vicomte de Béziers 8c de Carcassonne, son
cousin germain, qui lui étoit substitué : or il ne paroît pas que Roger ait
donné ce consentement. Bernard-Aton crut peut-être pouvoir s'en passer,
après avoir obtenu celui du comte de Toulouse, son seigneur dominant, dont
il avoit abandonné les intérêts en 11 79 pour embrasser ceux du roi d'Aragon,
8c avec lequel il s'étoit par conséquent alors réconcilié'*.
■ Dom Vaissele aurait pu dire, depuis m85. En ' Voyez tome VIII, Chartes, n. CXIII, ce. (55i
effet, le 6 mars 1184 (v. st.), le comte Raimond V à 6J3.
confirma les libertés & franchises des habitants de '' La ville de Millau, en Rouergue, obtint ver»
Nimes, telles que les leur avaient concédées les cette époque des privilèges du roi d'Aragon, Ai-
anciens vicomies) liberté des personnes & des fonse. Ces privilèges, datés du 1" avril 1187, ont
biens, exemption des toltes & quêtes; concession été publiés par de Gaujal {Etudes sur le Rouerguet
des anciens communaux (devesiae). Raimond, t. 1, p. 283 Sisuiv.)) l'original existe à Paris, à
dans cet acte, s'intitule comte de Nimes. On le l.i Bibliothèque nationale [Collect. de Languedoc^
trouvera dans Ménard, Histoire de Nimes, t. 1, v. 1 96). Ces coutumes portent exemption de quête,
preuves, p. 40. — Voir plus haut, p. 111. [A. M.] tolte,&c. — Les frais de justice pour chaque affaire
' Voyez tome VIII, Chartes, n, LXVIII,cc. 442 seront réglés par les consuls, de concert avec le
à 445. juge de la cour & les conciliatorcs (^assesseurs). — »
An 1 187
An 1187
1:4
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XX.
VII. — Ralmond de Montpellier, évêque d'Agde.
Pierre, évêque d'Agde, survécut longtemps à la donation que le vicomte
Bernard-Aton lui avoit faite & à son église de la vicomte d'Agde. Raimond',
fils de Guillaume VII, seigneur de Montpellier, 8c de Mathilde de Bour-
gogne, lui succéda en 1192, Il avoit embrassé la profession religieuse dans
l'abbaye de Grandselve, au diocèse de Toulouse, conformément au testament^
de son père. On voit, en effet, parmi les témoins qui furent présens à une
donation 3 que Vivien, vicomte d'Hautvillar, fit à la fin de l'an 1186 à cette
abbaye, Raimond de Montpellier, prêtre 6- moine de Grandselve. Raimond V,
comte de Toulouse, qui étoit peut-être parrain de Raimond de Montpellier,
favorisa sans doute son élection à l'évêché d'Agde dont il ne prenoit encore
que le titre d'évêque élu'' au mois de juillet de l'an 1194. Raimond VI,
comte de Toulouse, le fit' son chancelier; & ce prélat exerçoit les fonctions
de cette charge en 1198, i2o3 8<. i2o5. Il fit son testament au mois de
novembre de l'an I2i3, légua^ sa bibliothèque à sa cathédrale, & donna à
l'abbaye de Valmagne, dans son diocèse, un psautier qu'il avoit composé en
l'honneur de Dieu 6- de la Vierge.
fich-Br
t. III, p. 74.
origin.
VIII. — Sœurs de Raimond V, comte de Toulouse, — Comtes de Comminges.
Raimond V, comte de Toulouse, après avoir confirmé à Melgueil, au mois
de juillet de l'an 1187, la donation du vicomte Bernard-Aton en faveur de
l'église d'Agde, se rendit vers le Rhône où il donna '^, au mois d'août suivant,
à l'abbaye de F'ranquevaux ce qu'il possédoit dans le territoire de Fourques
de la succession de feue Agnès, sa sœur, avec réserve de l'usufruit. Guillaume
de Sabran, Raimond Rascas, seigneur d'Uzès, El-^éar d'Ujès, son frère, Pierre
Tout accusateiir est astreint au serinent ie calum-
7iia; l'accusé subit l'épreuve de l'eau froide. — Les
droits de mouture dans les inouhns banaux sont
réglés à tant par setier; le meunier qui falsifiera
la farine pour en augmenter la quantité, payera
cinq sous d'amende & restituera le double de la
farine gâtée. — La mesure employée est celle de
Montpellier. — Celui qui meurt après testament
fait, son testament est exécuté, qu'il ait ou n'ait
pas d'héritier naturel. S'il n'a pas d'héritier &
meurt intestat, ses biens sont confisqués, & le sei-
gneur paye les frais des funérailles; s'il meurt in-
testat, ayant héritiers naturels, ceux-ci succèdent
librement. — L'adultère pris en flagrant délit com-
mis de jour, ne pourra racheter sa peine à prix
d'argent. Défense de punir le mari innocent pour
la faute de sa femme, & réciproquement. —Sauf-
conduit & sauvegarde pour les routes, les foires &
les marchés. — Etablissement du consulat; con-
cession d'un sceau commun & désarmes du prince
[vexillum). Les consuls ont droit d'arbitrage dans
toutes les questions intéressant le commun. [A, M.]
' Gaîlia Christiana, nov, éd. t. 6.
' l'oyez tome VIII, Chartes, n. XIV, c. 287.
' Archives de l'abbaye de Grandselve.
' Voyez tome VIII, Chartes, n. LXI, c. 428.
' Voyez tome VII, Note XLV, n. m, p. 129.
'' Catel , Mémoires de l'histoire du Languedoc ,
p. 973.
' Gaîlia Christiana, nov. éd. t. 6, Instrum, c. 197,
— [Ménard, Histoire de Nirres, t. 1, p. 247.] —
Remarquons que le comte se réserva l'usufruit de
ce domaine. Mais comme il devait à l'abbaye
quatre mille quatre cents sous raimondins, il lui
rétrocéda la inoitié de cet usufruit pour en perce-
voir les revenus jusqu'à payement intégral de cette
somme. Cet acte est un exemple curieux des
transactions financières compliquées auxquelles
en étaient réduits les plus grands seigneurs de
cette époque. [A. M.]
HISTOIRE GENEllALE DE LANGUEDOC. LIV. XX. laS
Fulcodii, juge S<. chancelier du comte, Se divers autres seigneurs furent pré-
sens à cette donation. Le même Elzéar d'Uzès, en qualité de seigneur de
Posquières, confirma', l'année suivante, cette abbaye dans la possession de
toutes les terres dont elle jouissoit dans ses domaines.
Agnès, sœur de Raimond V, comte de Toulouse, ne nous est connue que
par ce seul monument. Elle mourut sans enfans, supposé qu'elle eût été
mariée, puisque le comte, son frère, recueillit sa succession. Il paroît par là
qu'elle est dittérente d'une autre sœur de ce prince, mère de Bernard, comte
de Comminges, lequel, en^ 1191 & 1 196, se quaWiie Jils de la sœur du comte
de Toulouse. Ce Bernard, qui tut^ le sixième comte de Comminges de son
nom, étoit fils de Dodon , petit-fils de Bernard V, aussi comtes de Com-
minges, St arrière petit-fils de Roger de Comminges, suivant une* enquête
qui fut faite en 1197 pour prouver sa parenté avec Comtoresse de la Barthe,
sa femme, dont il se sépara. Roger de Comminges, bisaïeul de Bernard VI,
étoit frère puîné de Bernard IV, dont nous avons parlé'' ailleurs. Ainsi Ber-
nard V n'étoit pas fils de Bernard IV, comme nous l'avions cru d'abord.
Quant au comte Dodon, fils de Bernard V, il épousa par conséquent une
fille d'Alfonse-Jourdain, comte de Toulouse, dont on ignore le nom. Quel-
ques-uns qui la tout mal à propos fille de Raimond V, comte de Toulouse'^,
l'appellent Laurence. Du reste on assure'' que Dodon prit l'habit monas-
tique en 1181, dans l'abbaye des Feuillans 81 qu'il y fut inhumé. On lui
donne trois fils de la princesse de Toulouse, sa femme, savoir : Bernard VI,
Guy, qui fut seigneur d'Aure par sa femme, & un autre Bernard qu'on fait
seigneur du pays de Savez, portion du Toulousain. D'autres ^ prétendent
que le comte de Comminges eut de la sœur de Raimond V, comte de Tou-
louse, Bernard VI, qui lui succéda, Roger, comte de Pailhas', duquel on fait
descendre les vicomtes de Conserans 5c Arnaud, seigneur de Dalmazan '°, pays
qui anciennement faisoit partie du comté de Foix 8c qui étoit entré dans la
maison de Comminges par quelque alliance avec celle de Foix. Bernard VI,
comte de Comminges, épousa en premières noces Etiennette, nommée aussi
Béatrix, fille Se héritière de Centulle, comte de Bigorre, dont il n'eut qu'une
fille, nommée Pétronille, dont nous aurons occasion de parler dans la suite.
' Mss. d'Aahays, n. 77. de Montfort (t. VIII, c. 608), nous TOyons pa-
' Voyez lome VIII, Chartes, n. LI, c. 408. raître un Roger, comte de Comminges, qui n'est
' Voyez tome III, 1. XVIII, n. xii, pp. 781 , 782. autre que le comte de Pailbas dont il est ici ques-
' Voyez tome VIII, Chartes, n. LXIX, ce. 448, tion. Pierre de Vaux-Cernay (c. 53) l'appelle un
449. nobilis homo, de partîhus Vascon'tae ; le comte de
> Voyez tome IV, Noie XXII, pp. 1 i3 & 126, & Comminges s'appelant alors Bernard, il faut tra-
tome III, ut suprd. duire dans l'acte de 1211, Roger Je Comminges,
" Le P. Anselme, Histoire généalogique des grands comte. (A. M.]
officiers, t. 2, p. 63o. '•' Le Daumazanès appartenait encore au comte
' liid. de Foix en i2i8j voir aux archives départeraen-
' Oïhenart, Notitia Vasconiae, p. 322. taies de l'Ariége une copie du quinzième siècle de
' Ce qui donne une certaine consistance à cette la charte de coutume concédée à cette date par le
généalogie est le fait que dans plusieurs actes, comte Roger-Bern:ird aux habitants de Dauma-
notamment dans un hommage de 1211, à Simon zan. [A. M]
An 1 187
An 1 li
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XX.
IX. — Mort de Roger-Bernard 1, comte de Foïx. — Son fils Raimond-Roger
lui succède.
On a dit ailleurs qu'Alfonse, roi d'Aragon, confia en ii85 le gouvernement
de Provence à Roger-Bernard, comte de Foix, son cousin germain. Roger-
Bernard ne jouit pas longtemps de cette dignité : étant de retour dans ses
domaines, il y mourut' au mois de novembre de l'an 1188 & fut inhumé
dans l'abbaye de Boulbonne, de l'ordre de Cîteaux, située dans son comté de
Foix, qu'il avoit enrichie^ par ses libéralités. Il laissa de Cécile de Béziers,
fille du vicomte Raimond-Trencavel, qu'il avoit épousée en ii5i, un fils,
nommé Raimond-Roger, qui lui succéda dans ses domaines. 11 avoit eu un
autre fils, appelé Roger, qui étoit l'aîné & son héritier présomptif, dont il
est fait mention en divers actes^, depuis l'an ii65 jusqu'en 1174; mais nous
ne trouvons plus rien de lui après cette dernière année, 81 il étoit déjà
décédé en 1182, lorsque Roger-Bernard, comte de Foix, &> Raimond-Roger,
son fils, donnèrent en fief"^ les domaines de Quier. Roger-Bernard laissa de
plus deux filles^, dont l'une, nommée Esclarmonde, épousa Jourdain II, sei-
gneur de risle-Jourdain. On ignore le nom de l'autre, qui fut mariée avec
Roger de Comminges, vicomte de Conserans, & fut mère d'un autre ^ Roger
de Comminges, seigneur du pays de Savez, qualifié, en 1212, neveu"! du
comte de Foix^. Nous avons parlé en un autre ^ endroit d'une troisième fille
de Roger-Bernard, dont on ignore aussi le nom, & qui étoit sans doute
l'aînée, laquelle épousa en 1 162 Guillaume-Arnaud de Marquefave. On assure
que Roger-Bernard '° avoit épousé en premières noces une prétendue Cécile
de Barcelone dont il n'eut pas d'enfans; mais ce fait est avancé sans preuve,
8<. il est certain que Pvoger-Bernard n'eut jamais d'autre femme que Cécile
de Béziers, 81 qu'on l'a confondu " avec Roger III, son père, qui épousa en
effet une fille du comte de Barcelone. On aura cru qu'il eut pour femme
' Voyez tome VIII, Chartes, n. XLIV, ce. 391, ce personnage fût seigneur du Savès; dom Vais-
392. sete a mal saisi la suite des événements. Simon de
" Voyez tome III, 1. XVII, n. lxxvii, p. ySo. — Montfort est allé à Saint-Gaudens recevoir les
De Marca, Histoire de Biarn, p. 722. hommnges des seigneurs du Conserans & du Com-
' Voyez tome VIII, Chartes, n. V, ce. 27!! à 276. minges (haute Garonne & Ariége) ; de là il va dans
* Château de Foix, caisse 14. les montagnes vers Foix [apui fuxum) & ravage
' Petrus Vallis Cernaii, Historia Alhigensium, en grande partie la terre de ce Roger de Commin-
c, 6. ges. Le Savès est de l'autre côté, vers la Gascogne,
"Le P. Anselme, Histoire généalogique des grands tandis que, d'après les paroles mêmes du chroni-
o/ficiers, t. 2, p. 344. queur, la terre de Roger de Comminges était située
' Petrus Vallis Cernaii, Historia Alhigensium, vers l'Espagne; c'était donc le comté de Pailhas.
c. 64. [A. M.]
' Ce Roger de Comminges est certainement le -' Voyez tome III, 1. XVIII, n. lvi, p. 836.
même que celui que nous avons vu plus haut s'ap- '" Le P. Anselme, Histoire généalogique des grands
peler de Comminges en 121 1; au chapitre 53 de officiers, t. 2, p. 344. — De Marca, Histoire de
son histoire, Pierre de Vaux-Cernay le dit con- Bcarn, p. 721.
languineus; au chapitre 64 nepos comitis Fuxensis. " De Marca, ibid. p. 721.
En tout cas, ce dernier auteur ne dit pas que
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC, LIV. XX. 127 ""; TT
I An i 188
une sœur d'Altbnse II, roi d'Aragon & comte de Barcelone, sur ce que ce
prince appelle' Raimond-Roger, comte de Foix, son neveu ^ mais Raimond-
Roger n'étoit neveu du roi d'Aragon qu'à la mode de Bretagne, par Ximène t''fi-,'"'S'";
de Barcelone, tante de ce roi, laquelle avoit épousé Roger III, comte de
Foix, son aïeul. Au reste. Barrai, vicomte de Marseille, succéda au comte
Roger-Bernard dans le gouvernement du comté de Provence, & il le possé-
doit^ en 1190.
Raimond-Roger confirma, à^ la fin de l'an 1188, avec Raimond, abbé de
Saint-Antonin de Pamiers, le pariage que le comte, son père, avoit fait
en 1149 ^'^^'^ '-^ monastère; il se dit fils de Roger-Bernard 6- de Cécile dans
l'acte passé en présence d'Arnaud de Castelverdun 8<. de plusieurs autres de
ses vassaux. Il confirma*^ aussi, au mois de mars de l'année suivante, avec
Pierre, abbé de Saint-Volusien de Foix, du conseil de ses barons, savoir :
de Pv.aimond de Gilabert, d'Aton de Raimond, de Guillaume-Bernard d'As-
nave, de R. de Cher ou de Quier, d'Arnaud-Guillaume de Lordat & d'Ar-
naud du Puy, son baile, le pariage que le comte, son père, avoit fait en 1168
avec cette abbaye. Il se maria^, la même année 1189, avec Philippe, qu'on^
dit de la maison de Moncade, en Catalogne; de quoi nous ne trouvons
aucune preuve.
X. — Richard, duc d'Aquitaine, porte la guerre dans les Etats du comte
de Toulouse &- s'empare de diverses places.
La guerre qui s'étoit élevée entre Richard, duc d'Aquitaine, 81 Raimond V,
comte de Toulouse, paroissoit^ ralentie, lorsqu'elle se renouvela avec beau-
coup de vivacité. Raimond s'étant ligué contre Richard avec le comte d'An-
goulême, Gaufred de Lézignem & plusieurs autres des principaux d'Aqui-
taine, fit arrêter, par le conseil de Pierre Saissun, son domestique, divers
marchands aquitains qui commerçoient dans ses Etats. Il se mit ensuite en
campagne 81 ravagea les terres du duc, qui trouva moyen de s'assurer de la
personne de ce domestique. Richard le fit enfermer dans une étroite prison
8c le traita avec la dernière rigueur pour le punir du conseil qu'il avoit
donné à son maître. En vain Raimond fit ses efforts pour en obtenir le
rachat : tous ses soins furent inutiles. Il usa enfin de représailles & fit arrêter
deux chevaliers de la famille du roi d'Angleterre qui revenoient de Saint-
Jacques, en Galice, 8c passoient dans ses États; avec menace de les faire
mourir si Richard ne lui rendoit son prisonnier. Le duc d'Aquitaine, informé
de la détention de ces chevaliers, ne s'en mit pas beaucoup en peine, comp-
' Voyez fome VIII, Chartes, n. LIX, c. ^îS. '' Chronique manuscrite des comtes de Foix,
* Bouche, Li chorographlc ou deicription Je Id Baliize, mss. n. 419, — 0e Marca, Histoire Hu
Provence, t. 1, p. 172. Séarn, p. 753.
'Château de Foix, caisses 4 & 5. — Voyez " he P. Amelme, Histoire gcnéalogiijue des granit!
tome V, ce. 1116, 1616, n. X. officiers, t. i, p. 34.').
■* Archives de l'abbaye de Foix. 'Rogerde Hoyeisn, Annales Anglicani, an, 1 188,
1 Z~ 128 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC, LIX. XX.
An I I 00
tant que le respect qu'on avoit pour les pèlerinages empêcheroit le comte de
Toulouse de rien entreprendre contre eux. Raimond fut en effet obligé de
les relâcher à la prière du roi de France, qui les lui demanda par un motif
de religion, après en avoir retiré cependant une grosse rançon. Pv.ichard,
outré de dépit, résolut de pousser à bout le comte de Toulouse. Il prit' à sa
solde un corps de ces brigands qu'on appeloit Brabançons, 81, les ayant
joints à ses propres troupes, il fit une \£ruption, au printemps de l'an 1188,
dans les États de Raimond où il porta le fer £<. le feu. Il se rendit maître de
dix-sept châteaux, situés la plupart en Querci, entre autres de celui de
Moissac &, à ce qu'il paroît^, de la ville de Cahors. Il s'approcha ensuite de
Toulouse, dont il ravagea tous les environs, & se proposa d'en faire le siège.
XI. — Le roi Philippe-Auguste /ait diversion en faveur du comte de Toulouse,
Le comte, déconcerté par la rapidité de ces conquêtes, eut recours au roi
Philippe-Auguste, son souverain & son allié. Il représenta à ce prince que
les hostilités de Richard étoient une infraction manifeste de la trêve conclue
au mois de janvier précédent entre les deux rois lorsqu'ils avoient pris la
croix l'un Se l'autre pour aller secourir la Terre-Sainte 8c arrêter les progrès
du sultan Saladin. Les rois de France 8^ d'Angleterre étoient convenus en
effet alors que toutes leurs querelles cesseroient Se que les hostilités seroient
suspendues de part 8c d'autre depuis leur entrevue jusqu'après leur retour du
voyage d'outre-mer. Les Toulousains implorèrent de leur côté la protection
du roi, qui prit hautement leur défense avec celle de leur comte. Philippe
envoya des ambassadeurs à Henri, roi d'Angleterre, pour se plaindre de ce
que le duc Richard, son fils, avoit porté la guerre dans le royaume sans
aucune déclaration préalable 8c sans l'avoir auparavant défié : il lui fit
demander si c'étoit par son ordre que Richard avoit exercé ces ravages, 8c le
somma d'en faire réparation. Henri répondit que son fils avoit entrepris cette
expédition sans l'avoir consulté, 8c qu'il s'étoit contenté de lui faire savoir
par l'archevêque de Dublin qu'il n'avoit agi en tout cela que par l'avis du
roi de France.
^ Éd.oriBin. Philippe, peu content d'une pareille défaite, assembla ses troupes 8c
attaqua les Etats du roi d'Angleterre. Il entra d'abord dans le Berry, prit
Châteauroux, Argenton Se plusieurs autres châteaux, soumit à son obéissance
presque tout le pays avec une partie de la Touraine 8c s'avança jusque dans
le Bourbonnois où il s'empara de Montluçon 8c de quelques autres places.
Un historien du temps ^ prétend même que Philippe poussa jusque dans le
Querci où il soumit, dit-il, cinq comtés sur le roi d'Angleterre; c'est-à-dire
sans doute qu'il reprit cinq des châteaux que Richard avoit enlevés dans ce
"■ ' Roger de Hoveden, ad an. 1188. — Rigord, ' Voyez tome VII, Note IX, pp. 22 à 24.
De gestis Phdippi Augusti, p. 27. — Giiillelmus ' Radiilphus, Coggeshalae abbas, Chronicon An-
Armoricus. — Radiilphiis de Diceto. — Geivasius glicif,
Oorobernensis, ad an. 1188.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XX. 129
pays au comte de Toulouse. Quoi qu'il en soit, il est certain que la diver-
sion de Philippe en faveur de Raimond arrêta les entreprises de Richard,
qui fut obligé de marcher au secours du Berry.
Henri n'eut pas été plutôt informé de l'entrée de Philippe dans ses États,
qu'il envoya à ce prince l'archevêque de Cantorbéri pour l'apaiser; mais ce
prélat n'ayant pu rien gagner, il se détermina à passer la mer, débarqua en
Normandie, vers la mi-juilIet", Si se rendit à Alençon, où il assembla son
armée. Philippe quitta alors le Berry pour revenir en France s'opposer aux
desseins du roi d'Angleterre. Richard tenta vainement, après le départ de
Philippe, de reprendre Châteauroux, il fut obligé de se retirer. Il alla ensuite
en Normandie joindre le roi, son père, qui envoya de nouveaux ambassa-
deurs à Philippe pour lui demander la paix, avec offre de réparer les dom-
mages qu'il lui avoit causés. Philippe répondit fièrement qu'il n'abandonne-
roit son entreprise qu'après avoir entièrement soumis à son obéissance le
Berry ik le Vexin normand. Sur cela Henri Si Richard, son fils, se mirent
en marche Si s'avancèrent jusqu'à Mantes, où ils firent quelque dégât. Phi-
lippe, qui s'étoit avancé de son côté, leur fit proposer une conférence qu'ils
acceptèrent Si qui se tint, le 16 du mois d'août, entre Gisors Si Trie : elle
dura trois jours, sans que les deux rois pussent convenir d'aucun article. Après
leur séparation, ils eurent de nouveau recours aux armes : ils convinrent
cependant d'une nouvelle entrevue qui se fit le 7 du mois d'octobre. Phi-
lippe offrit alors à Henri de lui restituer toutes les places qu'il avoit sou-
mises, à condition que Richard rendroit de son côté au comte de Toulouse
toutes celles qu'il lui avoit enlevées; Si, comme il ne se fioit pas à Richard,
il demanda au roi Henri qu'il remît en otage le château de Pacy, en Nor-
mandie. Henri refusa de le iaire, Si les deux rois se retirèrent aussi ennemis
qu'auparavant.
XII. — Voyage de Philippe- Auguste au Pi/y, — Le Vïvaraïs est soumis
à sa domination.
Philippe prit la route du Berry 81 soumit en passant le château de Palud.
11 prit ii Châteauroux un corps de Brabançons qu'il conduisit jusqu'à Bourges;
mais les désordres que commettoient ces brigands l'obligèrent à les congédier,
après leur avoir enlevé leurs armes, leurs chevaux 81 tout le butin dont ils
s'étoient enrichis dans leurs courses. Il alla ensuite en Auvergne^ où il
soumit diverses places sur le roi d'Angleterre, qui étoit reconnu pour suze-
rain dans une partie du pays, Si s'avança jusqu'au Puy, en Vêlai. Il étoit
dans cette ville^, vers la fin du mois d'octobre ou le commencement de
novembre. Si il y donna alors deux chartes. Par la première il confirma, à
la prière de Pierre, évêque du Puy, les privilèges que le roi Louis le Jeune,
' Voyez tome VII, Note IX, pp. zz à 24. ' Voyez tome VII, Note IX, pp. 22 à 2.;.
* na.
VI. 0
An ii83
~ 77~ i3o HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV, XX.
An 1100
son père, avoit accordés k l'église de cette ville, entre autres la permission
d'y lever un péage de treize deniers du Ptiy pour chaque charge qui entroit
dans la ville, savoir : cinq deniers pour l'évêque, trois deniers pour l'église
du Puy 8t cinq deniers pour le vicomte de Polignac, qui les tenoit en fief
de la même église. Par l'autre charte' Philippe reçut l'hommage lige d'Odon,
seigneur de Tournon, pour le château de ce nom, situé en Vivarais, sur les
bords du Rhône^. Philippe-Auguste étendoit donc sa domination jusqu'à ce
fleuve, 8i le Vivarais lui étoit soumis. Il paroît, au reste, que ce prince entre-
prit le voyage du Puy par un mouvement de dévotion envers la sainte Vierge
honorée dans l'église de cette ville, & pour implorer son secours avant que
d'entreprendre le voyage de Terre-Sainte, à l'exemple du roi Louis VII qui
en avoit fait autant dans un cas semblable^.
XIII. — Le duc d'Aquitaine se réconcilie avec le roi, t- demeure en possession
des places qu'il avoit enlevées au comte de Toulouse.
Cependant le duc Richard, craignant que le roi d'Angleterre, son père, qui
Éi. origin. avoit divcrs suiets de mécontentement contre lui, ne le déshéritât & ne fit
1. 111. p. 77. ^
passer la couronne sur la tête de Jean, son frère puîné, chercha'* à se récon-
cilier avec le roi Philippe; il fit ce prince l'arbitre de ses différends avec le
comte de Toulouse, & offrit de s'en rapporter au jugement de sa cour, Phi-
lippe accepta la médiation, se réconcilia secrètement avec Richard 81 promit
de le protéger contre le roi, son père. Celui-ci, qui ignoroit tout leur manège,
convint, à la sollicitation de Richard, qui avoit ses vues en cela, d'avoir une
nouvelle conférence pour la paix avec Philippe. Elle se tint k Bonmoulins'',
le jeudi 18 de novembre, jour de l'octave de Saint-Martin, & dura trois jours.
Pendant la conférence, les deux rois, le duc Richard &. l'archevêque de
Reims occupèrent le milieu du lieu de l'assemblée, & ils étoient environnés
des grands &c des troupes des deux nations. On parla le premier jour avec
assez de tranquillité; la conférence s'échauffa le second, &. il se dit des
paroles si vives de part St d'autre le troisième, qu'on en vint réciproquement
aux menaces; en sorte que les troupes, s'étant mises en ordre de bataille,
n'attendoient plus de part &<. d'autre que le signal pour donner. Philippe
proposa d'abord à Henri de se rendre mutuellement toutes les places qu'ils
avoient conquises l'un sur l'autre depuis qu'ils avoient pris la croix. Se de
s'en tenir à la trêve qu'ils avoient conclue alors, jusqu'après leur retour de la
Terre-Sainte. Henri déclara qu'il aimeroit mieux convenir entièrement de
la paix par l'avis du clergé & des barons. Richard s'y opposa pour n'être pas
' Mss, Colhert, n. i66ç. Auguste que se rapporte l'acte pour l'église de
' Voyez l'indication de ces deux actes dans De- Lodève plus haut indiqué. [A. M.]
lisle. Catalogue des actes de Philippe- Auguste, ■* Roger de Hoveden, p, 36o. — Radulphus de
n°* 219, 220, p. 53. [A. M.] Diceto, p. 682. — Gervasius Dorobernensis ,
^ Dom Vaissete emprunte le fait de ce pèleri- an. 1188.
nage à Bochart de Sarron, Histoire de Notre-Dame ' Voyez tome VII, Note IX, pp. 22 à 24.
du Puy, p. 265. C'est à ce voyage de Philippe-
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XX. i3i
obligé de restituer le Querci qu'il avoit envahi sur le comte de Toulouse, 8c
dont il tiroit plus de mille marcs d'argent de revenu annuel; au lieu que
Chàteauroux, Issoudun & les autres places qui dévoient lui être rendues
appartenoient à des seigneurs particuliers, lesquels étoient seulement tenus
de lui en faire hommage. Philippe offrit ensuite à Henri de lui restituer
toutes les places qu'il avoit conquises pendant la guerre; à condition qu'il
ne retarderoit plus le mariage de la princesse Alice, sa sœur, avec Richard,
& qu'il feroit reconnoître ce prince par tous ses vassaux comme héritier du
trône d'Angleterre. Henri, qui n'avoit pas oublié les chagrins que lui avoit
causés Henri, son fils aîné, après qu'il l'eut déclaré son successeur, & qui
avoit tout à craindre du mauvais naturel de Richard, rejeta cette proposi-
tion. Richard, voyant que Philippe ne pouvoit rien gagner sur cet article,
manifesta alors les liaisons secrètes qu'il avoit prises avec ce prince, & dit au
roi, son père : « Je vois clairement aujourd'hui ce que j'avois de la peine à
croire; » puis, se tournant du côté du roi de France, il quitte son épée, étend
ses mains, lui rend hommage pour tout ce que la couronne d'Angleterre pos-
sédoit en deçà de la mer, 8<. lui prête serment de fidélité envers tous 8c contre
tous, sauf celle qu'il devoit au roi, son père. Philippe déclara alors à Richard
qu'il lui rendoit Chàteauroux, Issoudun 8c tout le reste du Berry. Henri,
qui ne s'attendoit pas à être spectateur d'une pareille démarche, en fut
extrêmement irrité; mais il jugea à propos de dissimuler, 8c se sépara de
Philippe après être convenus ensemble d'une trêve jusqu'au jour de Saint-
Hilaire, 14 de janvier suivant. Il s'achemina aussitôt en Aquitaine, 8c donna
ordre à son chancelier de se rendre en Anjou 8c de s'y mettre en état de
défense contre les entreprises de Philippe 8c de Richard qui furent depuis
très-unis. Le dernier demeura par là en possession des places qu'il avoit enle-
vées à Raimond, comte de Toulouse, qui fut obligé malgré lui de céder à la
force. Ce comte fit un voyage dans le bas Languedoc, au mois d'août de
cette année, 8c confirma alors, à Nimes', les privilèges des maçons de cette
ville, privilèges qu'il leur avoit donnés en fief %o\i% certaines corvées.
XIV. — Révolte d'une partie des Toulousains contre leur comte.
Il paroît que Richard avoit des intelligences dans Toulouse 8c qu'il sou-
leva, vers la fin de cette année, une partie des habitans contre le comte Rai-
mond, leur seigneur. Il est certain du moins qu'il s'éleva alors une grande
sédition dans cette ville, comme nous l'apprenons de deux* actes datés du
■ Voyez tome VIII, Chartes, n. XXXVII, ce. 38i, pose dom Vaissete, que la révolte des Toulou-
382. — [Cette charte est donnée à Carnas, Gard, s.uns, qui y est mentionnée, fut due à une inter-
arrondissement du Vigan, & non pas i Nîmes. vention étrangère. On peut n'y voir qu'une des
Cf. Ménard, Histoire de Nimes, t. 1, p. 148.] fréquentes séditions, inévitables dans ces sortes
' Catel, Histoire des comtes Je Tolose, p. 216 8c de républiques municipales, où le seigneur re-
suiv. — Voir cet acte au tome VIII, c. 392 & suiv. nonçait toujours difficilement i sa suprématie.
Rien dans cette charte ne prouve, comme le sup- [A. M.]
An II
An 1 189
An 1 189
t. 111, p. 78.
i32 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XX.
vendredi, jour de l'Epiphanie de l'an 1188 (1189). Par le premier, le comte
Raimond déclare, dans une assemblée de tout le peuple de Toulouse qu'il
avoit convoquée dans l'église de Saint-Pierre de Cuisines, « que tous les
« hommes 8<. toutes les femmes de la ville Si du faubourg pouvoient se fier
« entièrement à lui comme à leur bon seigneur. Il fait ensuite détense à
<c toute sorte de personnes de tuer aucun des habitans, de les insulter, de
t*'m°'^,l*^'";i " s'élever contre eux £<. de leur causer le moindre dommage, avec promesse
« de ne leur faire aucun mal, de leur rendre justice suivant le jugement des
V. consuls, &c à leur défaut des prud'hommes de Toulouse, 8c d'exécuter fidè-
« lement ce que l'évêque, les consuls, Toset de Toulouse & Aymeri de Cas-
« telnau décideroient pour la punition de ceux qui avoient excité la sédi-
tt tion. » Ce prince ajoute les paroles suivantes : « Moi, Raimond, comte,
« je jure sur les saints évangiles, de ma propre volonté. Si pour l'amour des
« Toulousains, d'observer toutes ces choses (quoique je ne sois tenu de le
« faire que parce que je le veux), sauf Si réservé tous mes droits Si domaines,
a comme je les ai Si les dois avoir. » Enfin les consuls de la ville 81 du tau-
bourg avec les principaux habitans lui prêtèrent serment de fidélité, Si à
ceux à qui il confieroit le gouvernement de Toulouse, sauf leurs droits, cou-
tumes 81 franchises.
Il est marqué dans le second acte' : « que lorsque le comte Raimond fit
« serment, le vendredi jour de l'Epiphanie de l'an 1188, à tout le peuple de
« la ville Si du faubourg de Toulouse, assemblé dans l'église de Saint-Pierre
« de Cuisines, ce prince se désista de tout ce qu'il pouvoit exiger à l'occasion
« des querelles 8c des séditions qui s'étoient élevées dans cette ville contre
u ceux qui y avoient pris part; que l'évêque Fulcrand Si les consuls de la ville
« Si du faubourg déclarèrent après, en jugeant, que les sermens Se les asso-
« dations, qui avoient été faits auparavant entre les habitants, étoient nuls,
« de même que ceux que le comte pourroit avoir faits; avec ordre d'apporter
« dans trois jours tous les originaux de ces actes, sous peine d'excommunica-
K tion de la part de l'évêque, contre tous ceux qui les retiendroient. »
XV. — Richard succède à Henri II, roi d'Angleterre, son père, &• conserve
les places qu'il avoit conquises sur le comte de Toulouse.
Après la Saint-Hilaire^, terme fixé pour la fin de la trêve entre les rois de
France 81 d'Angleterre, la guerre recommença entre ces deux princes. Le
cardinal d'Agnani, alors légat en France, s'entremit bientôt pour les accom-
moder 81 il les fit convenir enfin de prolonger la trêve jusqu'à la Purifica-
tion 81 ensuite jusqu'à Pâques. Durant cet intervalle, Henri fit tout son
possible pour détacher son fils de l'étroite union qu'il avoit contractée avec
le roi Philippe; mais tous ses soins furent inutiles. Cependant le légat fit
• Catel, Histoire des comtes Je Tolose, p. ii6 ° Roger de Hoveden. — Radulphus de Diceto.—
g; 5iiiv, Gervasiiis Dorobernensis, itn. 1189.
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XX. i33 ~~; 7~
An 1109
consentir les deux rois à une entrevue à la Ferté-Bernard, dans le Maine,
oi.1 ils se rendirent au commencement de juin. Philippe & Richard persis-
tèrent dans la demande qu'ils avoient déjà faite dans l'assemblée de Bon-
moulins, S< Henri continua de son côté à la leur retuser ; ainsi on reprit les
armes. Philippe 8<. Richard se rendirent dans peu maîtres de diverses places,
entre autres du Mans 5c de Tours, & poursuivirent de château en château
le roi Henri, qui, n'étant pas en état de se défendre, fut enfin obligé d'ac-
cepter tout ce que Philippe Se Richard voulurent dans une nouvelle entrevue
qu'ils eurent ensemble la veille de Saint-Pierre', à la Colombière, entre
Tours 8< Amboise.
Henri ne survécut pas longtemps à ce traité : il mourut à Chinon, le jeudi
6 de juillet suivant. Richard, son fils & son successeur, après l'avoir fait
inhumer dans l'abbaye de Fontevrault, prit possession de la Normandie, &.
s'aboucha, le 22 du même mois, entre Trie & Chaumont, avec le roi Phi-
lippe qui le pressa de lui rendre le Vexin. Richard, qui n'avoit aucune envie
de faire cette restitution, oftrit en échange à Philippe de lui payer quatre
mille marcs d'argent, outre les vingt mille que le roi, son père, s'étoit engagé
de lui donner par le dernier traité pour le dédommager des frais de son
armement. Quelques historiens assurent que Philippe rendit ensuite à
Richard toutes les places qu'il avoit conquises durant la guerre; d'autres*
disent au contraire que les deux princes ayant confirmé dans cette confé-
rence le traité qu'ils avoient conclu du vivant du roi Henri, ils convinrent
que Philippe garderoit toutes ces places 8< qu'ils se mettroient en marche
pour la Terre-Sainte au carême suivant. Quoi qu'il en soit, il est certain ^
que Richard conserva les conquêtes qu'il avoit faites en Querci surRaimond,
comte de Toulouse, au commencement de cette guerre, & que, content
d'avoir fait le roi l'arbitre de ses différends avec ce prince, ils demeurèrent
toujours ennemis, parce que le voyage d'outre-mer 81 divers autres obstacles
qui survinrent empêchèrent Philippe de juger cette affaire.
XVI. — Voyage du comte de Toulouse vers le Rhône. — // donne en fief
le comté de Diois à Aymar de Poitiers^ comte de Valentinoîs.
Durant ces diverses négociations, Raimond fit un vovage du côté du Rhône ÉJon^in.
,, ' t> t. m, p. 79
Se confirma à Saint-Gilles'*, au mois de juin de l'an 1189, en faveur de
Guillaume, abbé de Saint-André d'Avignon, en présence de Raimond d'Uzès,
de Guillaume & Gauzhert de Servian, de Pierre Fulcodii, &c., la donation
d'une partie du château de Pujault que Bertrand-Jourdain avoit faite à ce
monastère en y prenant l'habit monasticiue. Il accorda sa protection ^ la
même année à Bernard-Gaucelin, archevêque de Narbonne, à qui Gauce-
rand , seigneur de Capestang, 8< les habiians de ce château faisoient la
' Guillelmus Armoricus, p. ■]'), * D'Achéry, SplciUgium, t. 8, p. 204.
' Gervasius Dorobernensis, p. \'n''>. '• Gallia Christiana, t. I, p. 377 & scq. — Catil,
' Voyez tome VII, ffote IX, 11. v, pp. 2'i, 24. Mhiioires Je l'/iistoirc du Languedoc, p. 790.
~ : — i34 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XX.
An 1 189 ~
guerre. Enfin Raimond étant, au mois' de juin de l'an ii8g, à Saint-
Saturnin, aujourd'hui le Pont-Saint-Esprit, sur le Rliône, il y donna tout le
droit 0 le domaine qu'il possédait, soit par lui-même, soit par ses vassaux,
dans le comté de Diois, à Aymar de Poitiers, qui lui en fit hommage. Aymar
avoit succédé alors depuis peu à Guillaume, son père, dans les comtés de
Valentinois & de Diois. Il confirma, trois ^ ans après, les donations que le
même comte de Toulouse avoit faites à l'abbaye de Léoncel, de certains
domaines situés dans le Valentinois.
XVII. — Départ du roi Philippe-Auguste pour la Terre-Sainte, — Le comte
de Foix prend part à cette expédition.
Les rois de France Se d'Angleterre, ayant fait leurs préparatifs pour le
voyage de la Terre-Sainte, convinrent que si leurs Etats étoient attaqués
pendant leur absence, ils prendroient mutuellement la défense l'un de l'autre.
Les comtes 8c les barons des deux royaumes firent serment en même temps
de n'exciter aucune guerre durant ce temps-là; Se les deux rois partirent
ensuite, au mois de juin de l'an 1190. Après ce traité il ne fut pas possible
au comte de Toulouse de tirer raison du roi d'Angleterre & de reprendre les
places que ce prince lui détenoit. Le roi de France étant parti de Vézelai,
le 4 de juillet, se rendit à Gênes dans le dessein de s'embarquer au port de
cette ville. Il avoit écrit"', le 4 de mai précédent, à Raimond-Roger, comte de
Foix, pour l'inviter à prendre part à son expédition, le prier de lui amener
autant de troupes qu'il en pourroit rassembler, 8t lui donner rendez-vous
dans ce port. Le comte de Foix se rendit à l'invitation du roi S<. alla rejoindre
ce prince suivi de ses principaux vassaux, entre lesquels étoit Arnaud-Rai-
mond d'Aspel, qui engagea"* une partie de ses biens pour fournir aux frais
du voyage. On prétend ^ que Pons, vicomte de Polignac, accompagna aussi
le roi Philippe-Auguste à la Terre-Sainte.
Les deux rois débarquèrent en Sicile où ils passèrent l'hiver. Ils y con-
vinrent, au mois de mars suivant, d'un nouveau <5 traité, suivant lequel !
1° Richard céda, entre autres, à Philippe toutes ses prétentions sur l'Au-
vergne; & Philippe céda à son tour, à Richard, la ville de Cahors &. tout le
Querci avec ses dépendances; excepté les deux abbayes de Figeac 8< de
Souillac qu'il se réserva, 6- qui, étant royales, lui appartenaient. 2° Richard
s'obligea envers Philippe de ne faire plus à l'avenir aucune conquête sur le
comte de Saint-Gilles ou de Toulouse, tant que ce comte voudrait ou pour^
roit s'en rapporter à la justice de la cour du roi. 3° Philippe déclara « que si
« le comte de Saint-Gilles étoit condamné par sa cour, il n'exerceroit aucune
« hostilité contre le roi d'Angleterre pour la défense de ce comte, à moins
■ Tome VIII, Chartes, n. XLV, ce. SpS, Spfi. ' De Marca, Histoire du Bt-arn, 1. 8, ch. 1 3.
* Duchesne, Généalogie de la maison de Valenti- ■* Château de Foix, caisse r i.
nois. Preuves, p. 4. — Le P. Anselme, Histoire ^ Chabron, Histoire mss. de Polignac, I. r, c. id.
généalogique des grands officiers, t. 2, p. 1S7. " Rymer, f'ocdcra, t. 1 , p. 69.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XX. i35 ~T 7~
An 1 1 Bp
« qu'il ne jugeât à propos de le secourir de sa propre volonté. » Par celte
clause Richard s'assura de la possession provisionnelle du Querci.
XVIII. — Le vicomte Roger engage une partie de ses domaines.
Il ne paroît pas qvie le roi d'Aragon & Roger, vicomte de Béziers & de
Carcassonne, alliés de Richard, l'aient secouru durant la guerre qu'il entre-
prit en 1188 contre le comte de Toulouse; on sait seulement que le premier
étoit en armes l'année suivante du côté de la Provence; car on voit une de
ses chartes' datée du siège du château de Castellane, au mois de septembre
de l'an 1189. Quant au vicomte Roger, nous n'avons de lui, durant les
années 1188 8c 1189, que quelques hommages^ qui lui furent rendus, 8c
quel([ues permissions qu'il accorda de construire diverses forteresses dans ses
domaines. 11 engagea'', au mois d'août de cette dernière année, pour vingt-
cinq mille sols melgoriens, à Bertrand de Saissac, les biens c]u il possédoit à
cause de l'abbaye de Caunes, c'est-à-dire les domaines que ce monastère lui
avoit cédés pour l'avouerie. L'année suivante, il donna en engagement, pour
trois mille sols raimondins, la leude qu'il levoit sur la boucherie d'Albi, 61
reçut plusieurs hommages de ses vassaux. Il se rendit à la fin de juillet avec
Adélaïde de Toulouse, sa femme, à Beauniont, en Rouergue, où ils accor- t' ji,°''^'J'j;
dèrent divers privilèges à cette église'*.
XIX. — Hommage du seigneur de Montpellier à Raimond, comte de Melgueil,
fils du comte de Toulouse.
Guillaume VIII, seigneur de Montpellier, étoit alors en paix avec la
maison de Toulouse. Il reconnut^, en etfet, au mois de mars de cette année,
Raimond, fils de Raimond V, pour comte de Melgueil, Se lui fit hommage
en cette qualité pour les châteaux de Castries 8c de Castelnau, pour le village
de Centrai rargues 8c pour tout ce qu'il possédoit aux châteaux du Pouget 8c
de Pignan, dans le temps d'un accord précédent qu'ils avoient fait au prieuré
de Monterbedon, situé à une lieue de Montpellier. Guillaume déclara en
même temps qu'il reconnoissoit tenir de Raimond tous ces domaines en fief
franc 6- honoré, en sorte qu'il n étoit pas obligé de les lui rendre, ni à aucun
comte de Melgueil. Il reconnut de plus tenir du comte le chemin, depuis le
lieu de Malevieille jusqu'à la rivière de Vidourle, 8c depuis Montpellier
jusqu'à l'Hérault, trois deniers pour livre sur la monnoie de Melgueil, qu'il
' Archives Je l'abbaye de Graniselve. l'ordre de Saint-Jean, au diocèse de Béziers. Cène
' Cartulaire & archives dvi châte.iu (!e Foix. donation comprit le château de Campagnoles loiit
' Voyez tome VIII, Chartes, n. XLVI, ce. 396, entier avec les droits de justice & autres qui s'y
397. rapportaient, y compris les albcigi^es que le vi-
* Ajoutons à ces actes du vicomte de Béziers de comte y prenait sur plusieurs chevaliers (Vcit
l'année 1 190, une donation importante du même t. VIII, n. 70, c. 4o3). [A. M.J
seigneur à la commanderie de Campagnoles, de ' Voyez tome VIII, Chartes, n. XLVIII, c. 4-0.
An 1 190
An 1 190
In 1191
i36 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XX.
promit de ne pas contrefaire, & divers autres droits. Jean de Montlaur,
évêque de Maguelonne, Raimond Rascas, seigneur d'Uzès, Se plusieurs autres
seigneurs turent présens à cet hommage ou serment de fidélité.
XX. — Réunion de la baronnie d'Omelas au domaine des seigneurs
de Montpellier,
Le seigneur de Montpellier réunit quelques années après à son 'domaine
la baronnie d'Omelas & diverses autres terres considérables qui en avoient été
séparées en faveur de Guillaume, fils puîné de Guillaume V, son bisaïeul.
On a dit ailleurs' que ce fils puîné de Guillaume V prit le surnom d'Omelas,
parce qu'il eut la baronnie de ce nom en partage; qu'il épousa Tiburge,
héritière du comté d'Orange, dont il eut un fils, nommé Raimbaud, qui
quitta le surnom d'Omelas pour prendre celui d'Orange; & que Raimbaud
étant mort sans postérité, il fit héritière pour la baronnie d'Omelas 8c tous les
autres domaines qu'il avoit en deçà du Rhône, Tiburge, sa sœur, femme
d'Avmar, seigneur de Murviel, au diocèse de Béziers. Cette Tiburge fit héri-
tier k son tour Raimond-Aton de Murviel, son fils, & celui-ci donna ^, au
mois de juillet de l'an 1187, à Guillaume VIII, seigneur de Montpellier, son
cousin, &. à ses successeurs les châteaux d'Omelas & du Pouget, &c tous les
autres domaines qu'il possédoit depuis la rivière d'Hérault jusqu'à celle de
la Mousson, Se depuis le pont de Saint-Guillem jusqu'à la mer. Le seigneur
de Montpellier lui rendit ensuite ces domaines en fief avec quelques autres
dont il disposa en sa faveur.
Raimond-Aton de Murviel mourut^ quelque temps après, & ne laissa que
deux filles, Tiburge S<, Sibylle, qui demeurèrent sous la tutelle d'Aymar de
Murviel, leur aïeul paternel. Comme ces deux filles étoient fort riches, le
seigneur de Montpellier résolut de conclure le m.ariage de l'aînée avec Guil-
laume, son fils, &. d'Agnès, sa seconde femme. Dans ce dessein il eut une
entrevue à Maguelonne, au mois de juin de l'an 1191, avec Aymar de Mur-
viel, & ils convinrent des articles suivans : 1° Aymar promit de donner en
mariage à Guillaume, fils du seigneur de Montpellier, Tiburge, sa petite-
fille, & de lui assigner en dot tout ce que Raimond d'Orange &> Guillaume
d'Omelas, son père, avoient possédé dans les diocèses de Béziers, Lodève,
Agde & Maguelonne, savoir ; le château d'Omelas avec ses dépendances, &.
tout ce qu'ils avoient eu aux châteaux de Popian, Mazernes, Saint-Pons de
Mauchiens, Pouget, Mont-Arnaud, Pignan, Cornonsec, Montbazin £c Fron-
tignan; dans le village de Murviel, S(.c. 2° Il fut dit que si Tiburge venoit à
mourir avant la consommation de son mariage, le fils du seigneur de Mont-
pellier épouseroit Sibylle, sa sœur; 8< que si au contraire le fils du seigneur
de Montpellier venoit à mourir avant son mariage, son frère puîné épouse-
' Voyez tome IV, Vote XXXVII, pp. i83, 184. ' D'Achéry, Spicilcg'ium, t. 8, p. zoî & seq.
* Tome VIII, Chartes, n. XLII, ce. SSç, 3po.
An 1191
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LAKGUEDOC. LIV. XX. iSy
roit Tiburge, ou à son défaut Sibylle. 3° Le seigneur de Montpellier & Aymar
de Murviel s'engagèrent réciproquement de payer cliacun.dix mille sols mel-
goriens de dédit, en cas que ce mariage ne s'accomplît pas par la faute de
l'un ou de l'autre. 4° Aymar s'obligea à faire ratifier ces conventions par
Sibylle lorsqu'elle seroit parvenue à l'âge de puberté. 5° Il est marqué que
Tiburge ou Sibylle, quand l'une ou l'autre épouseroit le fils du seigneur de
Montpellier, auroit pour douaire (Jure sponsalitiae largitatis) le lieu de Cas-
telnau 6 les bains de Montpellier. 6° Aymar donna de plus en dot le château
de Paulhan à celle de ses petites-filles qui épouseroit le fils du seigneur de Éd «ligin.
^ * » o t. m, p. 81.
Montpellier. 7° Enfin ce seigneur 8c Aymar promirent par serment d'observer
tous ces articles sous la caution de divers seigneurs, savoir : de la part
d'Aymar, d'Etienne de Servian & de Bernard de Minerve, ses petits-fils
(^nepotes), de Guillaume-Ermengaud de Fossillon, Pierre-Raimond de Sau-
vian & Aymar de Montmerle, & de la part du seigneur de Montpellier, de
Guillaume de Mèze, Ermengaud Se Raimond de Pignan, &c. Le nom de la
mère de Tiburge 8t de Sibylle de Murviel n'est pas marqué dans l'acte; nous
apprenons', d'ailleurs, qu'elle s'appeloit Foy, qu'elle étoit fille de Pierre
d'Albaron, seigneur provençal, & qu'elle avoit eu en dot sept mille sols mel-
goriens, qui lui furent rendus en 1196.
Le mariage du fils aîné de Guillaume VIII, seigneur de Montpellier, avec
une des filles de Raimond-Aton de Murviel, ne s'accomplit pas, à cause qu'ils
étoient parens au troisième degré. C'est du moins la raison dont Tiburge,
qui étoit majeure en 1197, se sert dans un acte du mois d'août de cette
année, par lequel* elle délivre de leur serment ceux qui avoient juré de pro-
curer la célébration de ce mariage &. les dispense de toutes les obligations
qu'ils avoient contractées à cette occasion. Elle fit cette déclaration dans une
assemblée tenue sur la rive de l'Hérault, en présence de Gausfred, évêque de
Béziers, de Raimond, évêque d'Agde, & de plusieurs ecclésiastiques &. che-
valiers.
Le seigneur de Montpellier ne laissa pas de réunir k son domaine la
baronnie d'Omelas 8<. les autres domaines qui avoient été promis en dot à
Tiburge de Murviel. Elle 8c sa sœur Sibylle déclarèrent, en effet, par un
autre acte^ passé dans la même assemblée, « qu'étant parvenues à l'âge de
Il majorité elles choisissoient pour maris, de l'avis de leurs amis Se parens.
Il entre autres d'Etienne de Servian, leur cousin, 8c de Raimond, leur oncle,
<c Pons 8<. Frotard, fils de Pons d'Olargues; Se comme, ajoutent-elles, nous
!• souhaitons d'avoir de l'argent comptant en dot, nous vendons, tant pour
» cette raison que pour avoir de quoi payer les dettes Se les charges de l'héré-
« dite de Raimond-Aton, notre père, Se de Foy, notre mère, à vous Guil-
(' laume, seigneur de Montpellier, le château d'Omelas, avec les autres
«. domaines énoncés ci-dessus 8c situés dans les diocèses de Maguelonne,
' Voytz tome VIII, Chartes, n. LXV, ce. ^Ij, ' D'Achéry, Spicilegium, t. 8, p. iry.
,j35.. ' Mis. d'Auhayi, n. 82.
~ i38 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XX.
An I 191
« d'Agde, de Béziers S<. de Lodève pour soixante-dix-sept mille sols melgo-
« riens dont nous .vous marquerons l'emploi. » Files se réservèrent seulement
par cette vente le château de Murviel &. tous les autres biens qui avoient
appartenu à Aymar de Murviel leur aïeul ; en sorte que Tiburge n'eut de
cette somme que vingt mille sols, que Frotard d'Olargues, son mari, reconnut
avoir reçus.
XXI. — Liaison du seigneur de Montpellier avec le pape Célestin III.
On voit par ces actes que Guillaume VIII, seigneur de Montpellier, avoit
extrêmement à cœur l'avantage de Guillaume, son fils aîné, & d'Agnès, qu'il
avoit épousée du vivant d'Eudoxe Comnène, sa femme légitime. Comme il
avoit beaucoup à craindre cependant que les enfans de ce second lit ne fussent
déclarés bâtards, il ménagea extrêmement le pape 81 s'attira sa bienveillance
par toute sorte de moyens. C'est dans cette vue qu'ayant appris l'élection à
la papauté du cardinal Hyacinthe, qui prit le nom de Célestin III 8c qui,
lorsqu'il avoit été légat dans la Province, avoit été lié d'une étroite amitié
avec Guillaume VII, son père, il lui écrivit' pour mettre sa personne, jo/z jî//
Guillaume, Si ses domaines sous sa protection. Célestin lui répondit, le 24 de
décembre de l'an 1191, il lui marque que, faisant attention aux services que
Guillaume, son père, d'illustre mémoire, 8<. lui-même avoient rendus à l'Eglise
romaine & espérant qu'il marcheroit sur ses traces, il lui accorde sa demande
8c le met lui, son fils Guillaume &c ses biens sous la protection du Saint-
Siège. Il confirme en même temps en sa faveur le privilège que le pape
Alexandre III avoit accordé au même Guillaume VII de ne pouvoir être
excommunié que par le pape ou par celui à qui le pape en auroit donné
une commission spéciale, ou enfin par un légat à latere ; à moins qu'il n'eût
commis un genre de délit qui portât l'excommunication par lui-même, comme
d'avoir frappé un clerc ou un religieux &c d'être incendiaire^. Célestin défendit
Éa.origin. aussi d'interdire les chapelles que Guillaume avoit dans ses châteaux de
Montpellier 8c de La Palu ou de Lates, Se dont chacune devoit un écu d'or
de redevance au palais de Latran.
XXII. — Archevêques de Narbonne.
Célestin III confirma^, au mois de juillet de l'an iigi, l'élection que le
clergé de Narbonne avoit faite de Bérenger, évêque de Lérida, pour arche-
vêque de cette ville. Bernard-Gaucelin, prédécesseur de Bérenger, étoit donc
' Gar'ie\,Serieipraesalum Magalonen.sium,-p, î^o. valent désarmés contre lui. Malgré son amitié
' Cette tulle mettait en partie le seigneur de pour Guillaume VIII, Célestin III n'en fut pas
Montpellier à l'abri des conséquences canoniques moins sévère &, en 1194, il déclara nul ce m.i-
que pouvait entraîner son second mariage, si Scan- riage adultérin. (Voir M. Germain, Commune Je
Qaleux. Le pape seul pouvant l'excommunier, les MontpeUier, t. 1, p. XLix.) [A. M.]
évéques & archevêques de la Province se trou- ^ Baluze, Mïsccllanea, t. 2, p. 241.
t. IJI, p. 82.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XX. 189 ~~[^
décédé avant le 2 d'octobre de la même année, &. par consé(|uent le nécro-
loge ' de l'église de Narbonne, qui rapporte sa mort sous cette époque, est
fautif. Le seigneur de Saint-Nazaire, dans le diocèse de Narbonne, préten-
doit^ alors que le service Se la dépouille de la table de l'archevêque, avec le
cheval que ce prélat montoit le jour de son entrée dans cette ville après sa
conéscration, dévoient lui appartenir. Guillaume-Alfaric, seigneur de Saint-
Nazaire, s'accommoda là-dessus en 1188 avec l'archevêque Bernard-Gaucelin,
moyennant deux marcs d'argent ouvré, à quoi le tout fut évalué.
Bérenger, nouvel archevêque de Narbonne, étoit^ oncle de Pierre, roi
d'Aragon &t fils naturel de R.aimond-Bérenger, comte de Barcelone, aïeul de
ce prince. Avant sa promotion à l'épiscopat il avoit été abbé'* du Mont-
Aragon, dans la province de Tarragone. Le pape Célestin III, en confirmant
son élection à l'archevêché de Narbonne, déclare « qu'elle avoit souffert
« d'abord quelque contradiction, mais qu'il croyoit n'y devoir pas faire atten-
« tion, tant à cause du mérite de ce prélat que pour l'utilité de l'église de
« cette ville S< la nécessité des temps, le pays étant infecté de diverses erreurs
Il & agité par le fléau de la guerre. » Il ajoute à la fin de la bulle que
Bérenger s'étoit comporté avec beaucoup de sagesse, d'abord dans le gouver-
nement d'un monastère & ensuite dans celui d'un évêché, 8< qu'il y avoit
tout lieu d'espérer que l'église de Narbonne augmenteroit en biens spirituels
& en temporels sous son épiscopat; mais nous verrons dans la suite que les
successeurs de Célestin ne jugèrent pas si favorablement f'" ce prélat, qui
termina'', en iiyS, par un accommodement la guerre que Gaucerand, sei-
gneur de Capestang, 8i les habitans de ce château avoient entreprise contre
son prédécesseur 81 continuée contre lui.
XXIII. — Ermengarde, vicomtesse de Narbonne, se démet de cette vicomte
en faveur du comte de Pierre de Lara, son neveu.
Le crédit qu'Alfonse II, roi d'Aragon, avoit à Narbonne, contribua sans
doute beaucoup à placer Bérenger, son oncle, sur le siège métropolitain de
cette ville. Le comte Pierre de Lara, que la vicomtesse Ermengarde, sa tante,
avoit appelé depuis longtemps auprès d'elle St en faveur duquel elle se démit
entièrement peu de temps après de la vicomte de Narbonne, étoit en effet
lié très-étroitement"^ avec ce prince. Ermengarde fit cette démission^ vers la
fin de l'an 1192, 8<. on voit qu'elle lui avoit déjà fait part, dès l'an 1188, du
gouvernement de ses domaines par un acte de cetre année, dans letiuel
« Ermengarde, par la grâce de Dieu vicomtesse de Narbonne, 81 Pierre,
' Gallia Chriitiana, t. 3, p. 378. ' Catel, Mémoires Je l'histoire du Languedoc ,
' Catel, Mémoires Je l'histoire Ju Languedoc, p. 790.
p. 790. •• Voyez tome VIII, Chartes, n. LIX , ce. 425,
' Gallia Christiant, t. 3, p. 378. — Zurita, Ana- 426.
Us Je la corona Je Aragon, c. 25. ' Voyez tome VII, Note VI, n. vr, p. 17.
■* Marca Hispanica^ c. ;jo6.
T; 140 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XX.
fln 1 içji '
« comte par la même grâce, confirmèrent', pour eux & pour leurs successeurs,
« la vente du lieu du Terrail que Bernard, archevêque de Narbonne, avoit
« faite à Bernard, abbé de Fonthoide. » Cette vicomtesse confirma^, au mois
de septembre de l'année suivante, l'union du monastère de Sainte-Eugénie,
situé auprès de Narbonne, à la même abbaye, avec «toutes les donations
qu'elle y avoit faites. Il ne restoit plus alors dans le monastère de Sainte-
F.ugénie, qui avoit eu titre d'abbaye^ dans le neuvième siècle &. qui n'étoit
depuis longtemps qu'un prieuré conventuel, que cinq à six religieux iors([ue,
conjointement avec Guillaume du Lac, leur prieur, ils se donnèrent d'un
commun accord pour jrères à Bernard, abbé, êk. à l'abbaye de Fontfroide avec
tous leurs biensj tant à cause que leur maison étoit située dans un mauvais
air que par le désir d'une plus grande perfection; à condition qu'on entre-
tiendroità Sainte-Eugénie deux clercs, dont l'un seroit prêtre, pour y faire le
service divin. Les sœurs £,• les conjrères du monastère de Sainte-Eugénie con-
sentirent à l'union, de même que l'archevêque de Narbonne.
XXIV. — Le vicomte Roger fait sa paix avec le comte de Toulouse. — Ils
établissent la paix en Albigeois de concert avec l'évéque d'Albi.
Il paroît que Roger, vicomte de Béziers 8c de Carcassonne, étoit encore en
guerre avec le comte de Toulouse en 1190; mais qu'ils avoient fait leur paix
l'année suivante, c'est ce que nous inférons : 1° d'une permission"* que
Guillaume-Petri, évêque d'Albi, accorda en 1190 avec le consentement de
son clergé, aux recteurs & aux frères de l'hôpital du Vigan, situé hors la
Éd. origirr. ville, de faire construire une chapelle & d'avoir un prêtre pour leur célébrer
t. m, p. 83. ' ,. ' . .1 ' ., ....
la messe, « attendu quils ne pouvoient pas assister aux offices divins dans
« les églises de la ville, dont on tenoit les portes fermées depuis vêpres jus-
« qu'au lendemain quand toutes les messes étoient dites, à cause du passage
« des troupes qui mettoient le pa}S dans une désolation continuelle^. »
2° Des statuts que ce prélat & Raimond, comte de Toulouse, dressèrent
en 1191, du conseil de Roger, vicomte de Béjiers, le Sicard, vicomte de I.au-
trec, & des barons &. notables d'Albigeois, pour faire observer la paix dans
le pays.
' Catel, Mémoires Je l'histoire iu. LangueJoc , concéder à cette petite église du Vigan les droits
p. 594. pnroissinux. On ne put ni y baptiser, ni y dire
" Archives de l'archevêché de Narbonne & de des messes de relevailles, sinon pour les pauvres
l'abbaye de Fonifroide. — Gallia Chnsticna, nov. femmes qui auraient accouché dans l'hôpi'.al
éd. t. 6, même; ni y bénir de mariage, ni y donner la s?-
^ Voyez tome I, 1. IX, n. i.\x\v, p. 949. pulture excepté aux pauvres morts dans Ihosj-ic?,
* Voyez tome VHI, Chartes, n. L, ce. 40Û à & aux frères ayant vécu à la table commune. Le
v(o3. dimanche, les jours de fcte & pendant le carême,
'' Nous avons complété cet acte intéressant, d'à- le recteur doit exclure de l'église tout individu
prcs la copie fournie par Doat, Il fallait que les appartenant à une paroisse connue. Les chape-
gens de guerre fussent bien nombreux pour qu'une lains chargés de célébrer le culte sont nommés &
' ville comme Albi ne fut pas à l'abri de leurs institués par l'évéque. [A. M.J
incursions. L'évéque du reste se garda bien de
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XX. 141
Par ces statuts' : 1° Les églises, les monastères, les lieux saints, les clercs,
les marchands, les chasseurs, les pêcheurs, les chevaliers, les bourgeois, les
paysans St généralement tous les habitans du diocèse d'Albi avec tous leurs
biens sont compris dans la paix, & tenus de la garder entre eux. 2° Le
comte Raimond donne saut-conduit contre les entreprises des gens de guerre
aux laboureurs & à toutes les bêtes de labourage ou de charge qui porte-
roient le signe de la paix : il les met tous sous sa sauvegarde. 3° On défend
à tous les chevaliers 8c habitans du diocèse d'Albi de causer aucun dommage
dans le Rouergue, le Toulousain Se les autres diocèses voisins. 4° On ordonne
à tous les seigneurs particuliers de faire observer fidèlement cette paix par
leurs vassaux. 5° Les traîtres, les infracteurs de la paix Se tous ceux qui,
après qu'elle aura été établie, seront cités au tribunal du comte 8<. de l'évêque
8< qui refuseront de comparoître pour répondre sur les plaintes qu'on aura
portées contre eux, n'auront aucune sûreté. 6° Les prêtres 8t les curés aver-
tiront leurs paroissiens d'observer cette paix pendant cinq ans; ils leur en
feront prêter serment sur les saints évangiles & déclareront excommuniés
ceux qui refuseront d'en garder les conditions. 7° On payera au comte & à
l'évêque pour le soutien de cette paix, un setier de grain par charrue, dix
deniers, monnoie d'Albi, pour chaque bête de charge, 81 six deniers pour
chaque âne ou ânesse. 8° Enfin il est défendu de saisir, sous quelque pré-
texte que ce soit, les animaux qui porteroient le signe de la paix. Ces statuts
ont donné l'origine au droit de pesade [pacata ou passata) dont les comtes
de Toulouse 8c les évêques d'Albi partagèrent les émolumens. Se qu'on con-
tinue encore de lever en Albigeois, quoique le motif qui l'a fait établir ait
cessé depuis bien longtemps. Il n'y a que quelques villes, le clergé 81 la
noblesse du pays qui en soient exempts^.
XXV, — Privilèges de l'abbaye de Candeil. — Vicomtes de Saint-Antonin.
Le comte de Toulouse, l'évêque d'Albi Se le vicomte Roger accordèrent^ de
concert, vers le même temps, de l'avis de plusieurs personnes notables du
pays, aux religieux de l'abbaye de Candeil, le privilège d'être crus en justice
dans toutes leurs affaires sur leur simple serment, jusqu'à la somme de deux
cents sols, soit en demandant, soit en défendant, sans qu'on pût leur opposer
ni témoins, ni titres. Isarn, vicomte de Saint-Antonin, fut présent à cette
concession. Il étoit frère de Frotard, aussi vicomte de Saint-Antonin, avec
lequel iH vendit, en 1197, aux habitans de Saint-Antonin, le pré de la
ville pour mille sols de Cahors. Frotard vendit de son côté^, en 1198, à
Ratier de Caussade, ce qu'il avoit à Caussade 8e à Saint-Cyr. Ils avoienf^ un
■ GaUii Chnit'iana, nov. eJ. t. i, append. p. 6. * Archives de l'hôtel de ville de Saint-Antonin.
' Sur cette pesade, qui semble originaire du • Trésor des chartes de Toulouse, sac 19, n. 3
Rouergue, on peut voir au tome VII la A^olc XLVI, [Auj. J. 328. — Cf. Teulet, Layettes du Trésor,
n. II. [A. M.] t. I, p. 19(3.]
» Tome VIII, Chartes, n. XLIX, ce. .403, 406. « IhU.
An 1 1 pi
1 111, p. 84.
' 142 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XX.
An 1 191 '
troisième frère, nommé Sicard. Frotarcl eut un fils, nommé Isarn, qui con-
tinua la postérité '.
XXVI. — Précautions du vicomte Roger pour assurer sa succession à son fils.
Le vicomte Roger, en faisant sa paix avec le comte de Toulouse, le reconnut
sans doute pour son suzerain dans tous ses domaines & se délia en même
temps des engagemens qu'il avoit pris avec le roi d'Aragon, qu'il avoit déclaré
son héritier en 11 79. Mais comme il craignoit que cette déclaration ne
donnât lieu quelque jour à AUonse de chercher querelle à Raimond-Roger,
son fils, il crut devoir prendre ses précautions pour assurer sa succession à ce
fils. Dans cette vue il assembla^, au mois de mai de l'an iigi, ses principaux
vassaux. Trente d'entre eux, s'étant rendus par son ordre à Sausens, dans le
diocèse de Carcassonne, « promirent amour, confiance 8c fidélité à Raimond-
« Roger, fils de ce vicomte & d'Adélaïde, sa légitime épouse, & firent ser-
« ment de le maintenir de tout leur pouvoir, après la mort de son père, dans
« la possession de tous ses domaines. » Trente-trois autres chevaliers, vassaux
de Pvoger, prêtèrent un semblable serment dans le château de Carcassonne,
Éd. origin. sous l'ormcau. Ce vicomte^ se rendit, au mois d'octobre suivant, à Béziers
où il reçut l'hommage de Guillaume de Faugères pour le château de Lunas.
Il fit alors un accord'* avec l'évêque, suivant lequel ils promirent de s'en-
tr'aider St partagèrent la justice de la ville, à l'exception des cas d'homicide
& d'adultère dont la connoissance fut réservée au vicomte.
XXVII. — Ce vicomte tient un plaid à Carcassonne.
Roger retourna'' à Carcassonne, au mois de novembre, & y tint ses assises
pour juger un grand différend qui s'étoit élevé entre les chanoines de la
cathédrale & plusieurs habitans de la ville. Les premiers ne pouvant obliger
les autres à leur payer la dîme des jardins Se des champs semés de fourrage
[Jèrragines^), malgré l'excommunication dont ils les avoient frappés Se l'offre
qu'ils leur faisoient de mettre cette affaire en arbitrage, eurent enfin recours
à l'autorité de Roger, vicomte de Carcassonne, Béliers, Albi 6" Rajès, 6- de
sa cour; « non pas, ajoutent-t-ils dans l'acte, que ce vicomte ait quelque
K droit sur les dîmes &. les prémices, mais afin d'obtenir par un jugement
« porté par celui qui a le pouvoir de le rendre (Judicio potestativo), ce qu'il
« ne nous est pas possible d'avoir, ni par sentence arbitrale, ni par censures
« ecclésiastiques. » Le vicomte, après avoir pris cinq de ses vassaux pour
' En mai i 191, le comte de Toulouse concède à ' Cartulaire du château de Foix.
Hugues, évéque de Rodez, la dîme du revenu de ' Cntel, Mémoires de l'histoire du Languedoc ^
toutes les mines d'argent du diocèse de Rodez. Voir p. 64S.
Teulet, Layettes du Trésor, t. 1, p. 166 & suiv., ' Ihid. p. 640.
d'après J. 464, n. 3. [A. M.] " Du Cange, Glossaire.
■' Voyez to^ne VIII, Chartes, n. LU, ce. 41 1 , 412.
FIISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XX. 148 ~:
T An 1 1 9 1
assesseurs & écouté les raisons des parties, rendit un jugement dans son palais
de Carcassonne, en présence d'Othon, évêque de cette ville, de l'archidiacre,
neveu de ce prélat, S<. de divers seigneurs, entre autres d'Hugues de Rome-
gous, préfet (c'est-à-dire viguier) du Razès. Il conJamna les habitansà payer
cette dîme, & fit publier sa sentence à son de trompe avec ordre de s'y sou-
mettre. 11 est marqué dans l'acte que Roger suivit en cela l'exemple de Rai-
mond-Trencavel, son père, qui, en pareil cas, avoit rendu une semblable
ordonnance. Ce vicomte termina, vers le même temps, par l'arbitrage de
Bertrand' de Saissac, un différend qu'il avoit lui-même avec Pierre Olivier ^
de Terines, Raimond, son frère, 8< Rixovende, leur sœur, femme de Guil-
laume de Minerve, au sujet des mines du Termenois.
XXVIH. — DiJJèrend entre le comte de Comm'mges €• le seigneur
de l'Isle-Jourdain, — Vicomtes de Gimoe-^.
Bernard^, comte de Comminges, fils de la sœur du comte de Toulouse,
avoit alors un différend bien plus considérable avec Jourdain III, seigneur
de risle-Jourdain, à qui il demandoit les châteaux de Castera, de la Serre &
de Monfiel, avec le droit de guidage sur le chemin de Saint-Jacques, depuis
Toulouse jusqu'à Auch. Jourdain prétendoit de son coté que le château de
Saint-Thomas, possédé par le comte de Comminges, devoit lui appartenir.
Leur querelle alla si loin qu'ils se firent une guerre implacable. Enfin Rai-
mond, comte de Toulouse, qui était seigneur de l'un 6" de l'autre, voulant
pacifier cette querelle, leur ordonna de mettre bas les armes; Se les ayant
assemblés à Verdun sur la Garonne, au mois de janvier de l'an 1191, il les
fit désister de leurs demandes réciproques. Tous les châteaux dont nous
venons de parler sont situés dans la partie du Toulousain qui esta la gauche
de la Garonne, où le comte de Comminges possédoit divers autres domaines,
pour lesquels il étoit hommager du comte de Toulouse.
Quant à Jourdain, seigneur de Lille, il confirma^ avec Escaronne, sa
mère, après la mort de Bernard-Jourdain, son père, les coutumes que ce der-
nier avoit données à la ville de l'Isle-Jourdain. II acquit, au mois de mars de
l'an 1195 (1196), d'Arnaud de Montaigu, son cousin, la moitié de la vicomte
de Gimoez, située des deux côtés de la rivière de Gimone, dans le Toulou-
sain. Cet Arnaud de Montaigu étoit fils puîné d'Arnaud, vicomte de Terride
ou de Gimoez, & seigneur de Verdun sur la Garonne, qui mourut en ii63,
dans l'abbaye de Grandselve. Arnaud partagea ses domaines à ses trois fils,
Bernard, Arnaud St Guillaume; il donna à Bernard Si à Arnaud, dont le
premier prit le surnom d'Astafort, 8<. l'autre celui de Montaigu, la moitié de
la vicomte de Gimoez, Si la seigneurie de Verdun au troisième qui prit le
surnom de Verdun.
' Voyez loine VIII, Chartes, n. LUI, ce. 412 i ' Cartiilaire Je l'Isle-Jourdain, aux archives du
/,I4. doinaine de Montpellier. —Tome VII, .Volf XLII,
' /iiV. pp. 118, 119.
~r IJA HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XX.
An I 1 1; 1 > •
XXIX. — Régale du Puy.
Il y a lieu de croire que le comte de Toulouse observa religieusement la
suspension d'armes avec l'Angleterre tant que les rois Richard & Philippe-
Auguste furent occupés à leur expédition d'Orient, quoique les différends
qui s'élevèrent alors entre les deux rois eussent pu lui fournir un prétexte
plausible de reprendre les armes pour recouvrer les places que le premier lui
0- avoit enlevées. La mauvaise santé de Philippe l'ayant obligé d'interrompre
son expédition Se de repasser la mer, il arriva en France à la fin de l'an 1191.
t iii°'^^f'85. Ainard ou Aymard, nouvel évêque du Puy, s'étant rendu peu de temps après
— ^_ à sa cour' & lui ayant prêté serment de fidélité, il accorda alors à ce prélat
An 1192 ]g liberté de percevoir les revenus de l'évêché qu'il avoit saisis sous sa main.
C'est ici le plus ancien monument que nous ayons pour la régale de l'évêché
du Puy, à prendre ce terme pour le droit qu'ont nos rois de jouir des fruits
des évêchés, Se d'en conférer les bénéfices durant la vacance. On ne trouve",
en effet, aucun témoignage précis de ce droit avant le règne de Philippe-
Auguste, 8c il n'est fait aucune mention de la régale du roi de France avant
celui du roi Louis le Jeune, son père. Il paroît cependant que Philippe avoit
saisi les revenus de l'évêché du Puy pour un autre motif que celui de la
régale; car par une charte^, datée du mois de juin de l'an 1192, il donna
mainlevée à Aymard, évêque du Puy, des terres de son église qu'il avoit
saisies à cause de la rébellion de ce prélat, avec ordre aux habitans de cette
ville de lui rendre l'honneur qui lui étoit dû. Le roi, par une autre charte
donnée à Lauriac, la même année, ordonna au vicomte de Polignac d'ob-
server les accords que lui ou ses prédécesseurs avoient faits avec les évêques
du Puy, St confirma le diplôme du roi Louis le Jeune, son père, au sujet du
droit de leude qui devoit être levé dans la ville du Puy par l'évêque, le cha-
pitre St le vicomte.
XXX. — Renouvellement de la guerre entre Richard, roi d'Angleterre,
6- le comte de Toulouse.
Richard, roi d'Angleterre, demeura dans la Palestine après le départ de
Philippe, 8t il y fut'' atteint de la peste. Aussitôt qu'il fut guéri, il s'em-
barqua au port d'Acre & partit pour s'en retourner dans ses États au mois
d'octobre de l'an 1192; mais à peine fut-il en mer, qu'une violente tempête
qui s'éleva dispersa tous les vaisseaux de sa flotte & le porta malgré lui vers
' Gallia Christ'uina, nov. éd. t. 2, p. 709. une lettre de juin 1 192, ordonnant aux bourgeois
" Fleury, Histoire ecclésiastique , I. 70, n. $4; du Puy de rendre à leur évêque les honneurs qui
1. 74, n. 25, lui sont dus, qui se rapporte certainement à la
' Archives de l'église du Puy. — Gallia Chris- même affaire. [A. M.]
tiana, nov. éd. t. 2, p. 709. — M. Delisle n'a pas < Rogerivis de Hoveden. — Radulphus, Cogges-
connii cet actej il indique toutefois, dans son Ca- haine abbas, Chronicon Angliae, p. 829 & seq. dans
talogue des actes Je Philippe-Auguste, p. 91, n. 377, la Collectio amplissima de Martène, t. 5.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XX. 145
les côtes de Barbarie. Se voyant à trois journées de mer de Marseille, il
étoit tenté de venir débarquer dans le port de cette ville lorsque, taisant
réflexion que le comte de Saint-Gilles ou de Toulouse S<. les autres princes sur
les terres desquels il devoit passer avoient conspiré contre lui 8< lui avoient
dressé des embûches, il rit route vers Corfou &. prit terre sur les côtes de
Dalmatie, après six semaines d'une navigation très-périlleuse. Il tomba cepen-
dant dans les pièges qu'il vouloit éviter; 8< ayant été reconnu en passant à
Vienne, en Autriche, le duc Léopold le fit arrêter, vers la fin de décembre,
&C le remit ensuite entre les mains de l'empereur Henri VI, son ennemi.
Un moderne' prétend que Raimond, comte de Toulouse, attaqua la Gas-
cogne en 1192 Se porta la guerre dans les Etats de Richard pendant l'absence
de ce prince; mais l'auteur contemporain qu'il cite parle différemment de
cette guerre. « La même' année (1192), dit ce dernier historien, tandis que
« le sénéchal de Gascogne étoit malade, le comte de Périgord, le vicomte de
« la Marche Se presque tous les barons de Gascogne ravagèrent les terres du
» roi d'Angleterre. Le sénéchal demanda plusieurs fois la paix, ou du moins
<> une trêve, sans pouvoir obtenir ni l'une ni l'autre. Ayant enfin rétabli sa
« santé, il se mit en campagne, prit les châteaux & les forteresses du comte
(( qu'il munit ou qu'il rasa entièrement. Il s'empara également de toutes les
« places du vicomte 8t unit pour jamais son domaine {comitatum) à celui du
« roi. Le fils du roi de Navarre vint ensuite au secours du sénéchal avec
<( huit cents chevaliers, S< étant entrés ensemble dans les Etats du comte de
« Toulouse, ils prirent divers châteaux aux environs de cette ville, forti-
« fièrent les uns pour le sei-vice du roi, détruisirent les autres, étendirent
« leurs courses jusqu'aux portes de la même ville Se passèrent une nuit
(' presque sous ses murailles. « On voit par là que si la guerre se ralluma
en 119:, entre le roi d'Angleterre S< le comte de Toulouse, durant l'absence
ou la prison du premier, ce ne fut pas l'autre qui fut l'agresseur; à moins
qu il ne se tût joint auparavant avec le comte de Périgord & le vicomte de la
Marche; ce t(ue l'historien anglois, que nous venons de citer, ne marque pas"'.
XXXI. — Le jeune Raimond de Toulouse répudie Béatrix de Bé-tiers
pour épouser Bourguigne de Chypre,
Le comte Raimond, au lieu de se venger de ces actes d'hostilité, en usa
avec beaucoup de générosité & de politesse envers Bérengère de Navarre,
' Ferreras, Synopsis historica chronotogica de Es- sieurs moulins situés en amont. Ce Raimond re-
fffrtii, ann. 1192, n. 3. fus.i de rendre ces épaves & prétendit qu'elles lui
' Rogerius de Hoveden, Annales, p. 410. appartenaient de par un droit immémorial. L'af-
' A l'année 1192 se rapporte un curieux régie- faire fut portée devant les consuls deToulouse, qui,
ment des consuls de Toulouse touchant le droit malgré les raisons de droit invoqués par le défen-
d'épaves (tome vin, c. 414 81 suiv.). A la suite de deur, décidèrent qu'en pareil cas les épaves se-
grandes inondations de la Garonne, le fleuve avait raient rendues à leurs propriétaires respectifs, à
déposé sur les propriétés d'un certain Rnimond charge pour eux de réparer le dommage causé au
Caulisr des haicaux & du bois provenant de plu- domaine sur lequel on Icj retrouverait. [A. M.l
VI. ,0
An 1 192
"7777^ '4^ HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XX.
femme du roi Richard, & Jeanne, sœur de ce prince, veuve de Guillaume II,
roi de Sicile, qui traversèrent la Province Tannée suivante. C'est ce que
nous apprenons des anciens historiens anglois mêmes. Les deux princesses,
uîiup.'m. disent ces historiens, après avoir' suivi Pv^ichard dans la Terre-Sainte & s'être
remharquées avec lui, abordèrent en Italie avec la fille du roi de Chypre, &
demeurèrent pendant six mois à Rome, n'osant s'exposer à continuer leur
voyage de crainte de l'empereur. Le pape Célestin III leur fit l'accueil le
plus favorable Se les mit enfin sous la conduite d'un cardinal, qui les mena
par Pise Si Gênes jusqu'à Marseille. Le roi d'Aragon, qui étoit alors dans
son comté de Provence, les reçut dans cette dernière ville, les traita avec
beaucoup d'honneur & de respect, & les accompagna jusqu'aux frontières
de ses domaines. Raimond V, comte de Toulouse, 8< le jeune Raimond, son
fils, prirent ces trois princesses aux bords du Rhône 8< les conduisirent dans
leurs Etats, où le dernier épousa^ la princesse de Chypre, après avoir répudié
Béatrix de Béziers, sa femme. Tel est le récit de ces historiens.
Un autre auteur contemporain ^ marque les circonstances suivantes de cette
répudiation : « Le jeune Raimond, dégoûté de Béatrix, sœur du vicomte de
« Béziers, fit tout son possible pour lui persuader de se faire religieuse. La
« jeune comtesse, connoissant le dessein du prince, son mari, lui demanda
« s'il souhaitoit qu'elle entrât dans l'ordre de Cîteaux ou dans celui de Fon-
« tevrault? Non, répondit le jeune comte, je souhaite seulement que vous
« vous fassiez ermite, 8c j'auroi soin de pourvoir à tous vos besoins. Sur
« cette réponse, Béatrix exécuta la volonté de Pvaimond, qui, l'ayant répudiée,
(' épousa la fille du duc de Chypre. » Il y a lieu de croire'* que cette répu-
diation étoit déjà faite au commencement de l'an iigS^, lorsque Roger,
vicomte de Béziers, donna à Béatrix, sa sœur, la seigneurie & les revenus du
château de Mèzc, dans le diocèse d'Agde, pour en jouir tant qu'elle vivroit.
Nous observerons encore qu'un moderne '^ n'a pas entendu deux anciens
historiens qu'il cite, lorsqu'il assure, sur leur témoignage, que Roger remaria
sa sœur avec Pierre-Bermond de Sauve. Nous n'avons, d'ailleurs, aucune
preuve que Béatrix se soit remariée.
Le jeune Raimond, se croyant libre de se marier à une autre femme par
cette séparation, épousa la princesse de Chypre & célébra sans doute ses
noces avec elle lorsqu'elle traversa la Province, en iigS, avec les reines
d'Angleterre 8c de Sicile. Cette princesse, nommée'^ Bourguigne, étoit fille
d'Amauri de Lézignan, qui étoit alors duc de Chypre 8c qui en fut roi après
la mort de Gui, roi de Jérusalem, son frère, arrivée en 1194, 8c d'Esquive
' Radiilplms, Coggeshalae abbas, Chronnon An- ^ Voyez tome VII, Note X, n. m, pp. 20, 26.
g?/ae, p. 83o & seq. — Rogerius de Hoveden, An- '' Voyez tome VIII, Chartes, n. LVI , ce. 421,
nales, p. 417. 422.
■ Voyez tome VII, Note X, n. m, pp. 25, 26. * Besse, Histoire des ducs, mar<juls & comtes de
' Pierre de Vaux- Ceriiay, c. 4. [Remarquons Narionne, p. 33 1 .
que cet auteur, qui ne vint pns dnns la Province ' Le P. Anselme, Histoire généalogique des grands
avant 1210, ne parle ici que par ouï-dire.] officiers, t. 2, p. 689; t. 3, p. S3.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XX. 147
d'Ybelin. Elle étoit parente du jeune Raimond, du quatrième au cinquième
degré, & cette parenté servit de prétexte à ce prince quelque temps après
pour la répudier. Au reste, le comte de Toulouse conduisit lui-même les
reines d'Angleterre & de Sicile jusque sur les frontières de ses États, & elles
arrivèrent à Poitiers en toute sûreté.
XXXII. — Le comte de Toulouse termine ses dîjjèrends avec les évêques
de Viviers.
Ce prince fit un assez long séjour aux environs du Rhône, en iiçS, 8c
termina alors les différends qu'il avoit depuis longtemps avec Nicolas, évêque
de Viviers. Il prétendoit que ce prélat, sous prétexte du diplôme qu'il avoit
obtenu en 11 77 de l'empereur Frédéric I, s'arrogeoit, à son préjudice, une
trop grande autorité dans le pays dont les comtes de Toulouse, ses prédéces-
seurs, lui avoient transmis le comté. Enfin ils s'en rapportèrent à l'arbitrage
de Robert, archevêque de Vienne, qui, s'étant rendu' avec eux entre le
bourg de Saint-Andéol & le château de la Palu, les fit convenir des articles
suivans : t° Raimond renonça, tant pour lui que pour ses successeurs, en
faveur de l'évêque 8c de son église, à tous les droits qu'il prétendoit sur la
ville de Viviers. 2° Il promit de ne faire aucune acquisition de droit ou de
jÇf/'dans les domaines de l'église de Viviers, sans le consentement de l'évêque
8c de son clergé. 3» Ce prélat céda de son côté au comte le droit que l'église
de Viviers avoit sur le château de la Gorepière L- son mandement (ou district),
excepté les églises 8c leurs dépendances, 8c sur le château d'Aiguèse, dans le
diocèse d'Uzès 8c son mandement; il lui donna de plus cent marcs d'argent.
4° Le comte promit k l'évêque de lui faire justice avant la Pentecôte au
sujet du village de Saint-Marcel d'Ardèche, 8cc.
L'archevêque de Vienne termina^ vers le même temps, par son arbitrage,
quelques autres différends qui s'étoient élevés entre le même comte de Tou-
louse 8c divers seigneurs du Vivarais, entre autres celui du château de Ségue-
lières, qui a pris depuis le nom de l'Argentière, au sujet des mines d'argent
trouvées dans leurs domaines. Le comte renonça à tous les droits qu'il pré-
tendoit sur ces mines avec promesse de n'y rien acquérir du fief de l'église
de Viviers, moyennant six deniers pogeses que l'évêque de Viviers 8c ces sei-
gneurs lui permirent de lever sur chaque marc d'argent qu'on en tireroit. A
cette condition, le comte Raimond promit de défendre 8c de protéger les
ouvriers 8c les propriétaires.
XXXIII. — DïJJerends entre les comtes de Toulouse &- les évêques de Vaison.
Raimond avoit alors, depuis longtemps, avec les évêques de Vaison un
autre différend qui ne fut pas sitôt terminé. Ce prince, après avoir chassé
' Coliimbi, Vivar'ienscs episcopi, p. 212. ' Coliimbi, fivaricnses cphcopi, p. 219.
An 1 1 f)3
KJ origin.
t. Ili, p. 87.
An 1 ip3
148 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XX.
de' Vaison, vers l'an 1160% l'évèque Béienger de Mornas 8<. s'être saisi du
domaine épiscopal, le garda jusqu'à la mort de ce prélat, arrivée vers l'an 1 178.
Bertrand de Lambesc, successeur de Kérenger, voyant que le comte étoit en
possession du palais épiscopal, des châteaux de Crestet S< de Pvâteau, &i du
reste du domaine de l'évêché, eut recours à la force, Se recouvra enfin toutes
ces choses dont il jouit jusqu'à sa mort, arrivée vers l'an ii85. Bérenger de
Reillane lui ayant succédé, le comte somma ce dernier de lui remettre le
palais épiscopal de Vaison comme à son seigneur. Je n'en ferai rien, répondit
Bérenger; je ne tiens pas ce palais de vous, 8c je le tiens seulement de Dieu
& de la Vierge. Sur cette réponse, Raimond, voulant forcer l'évèque à obéir,
fit préparer une grande quantité de matériaux pour construire une forteresse
de charpente sur la montagne voisine de la ville. Bérenger défendit, sous
peine d'excommunication, aux ouvriers de continuer leur travail, S< a^ant
fait apporter tous ces matériaux dans son palais, il y fit mettre le feu. Le
comte ne garda plus alors aucune mesure avec ce prélat : il le chassa de la
ville dont il s'empara de même que de tous les domaines de l'évêché. Bérenger
se retira au château d'Entrechaux, Se là, ayant assemblé ses chanoines Si
tout son clergé, il excommunia P^aimond avec tous ses adhérens, S< jeta
l'interdit sur tout le domaine que ce prince possédoit dans le diocèse. Cette
excommunication n'empêcha pas le comte de garder les domaines saisis
jusque vers l'an 1188. Guillaume de Laudun, d'une ancienne maison du
bas Languedoc, ayant été élu alors évêque de Vaison, il les lui rendit; mais
cette paix ne dura pas longtemps, 8<. il s'éleva de nouveaux troubles dans le
diocèse, vers l'an iig3, après la mort de Guillaume de Laudun. Les gens du
comte s'assurèrent, en effet, du palais épiscopal dans le temps que le convoi
étoit en marche pour aller inhumer ce prélat dans sa cathédrale; ils se sai-
sirent en même temps des revenus de l'évêché. Se renforcèrent la garnison
du château de Vaison dont ils augmentèrent les fortifications. Ces difféiends
duroient encore en 121 1, lorsque Raimond, évêque d'Uzès, légat du Saint-
Siège, fit faire une enquête touchant les dommages causés aux évêques de
Vaison par les comtes de Toulouse'^ : Si c'est de cet acte que nous avons tiré
les faits que nous venons de rapporter. On n'y marque pas d'une manière
précise le sujet de ces différends; mais on voit assez par la déposition des
témoins que l'évèque de Vaison administra au légat, qu'il s'agissoit d'une
partie de la seigneurie de la ville que ce prélat prétendoit posséder sans
aucune dépendance du comte de Toulouse; Si que ce prince, en qualité de
marquis de Provence, croyoit être en droit de son côté de dominer dans
Vaison.
' Columbi, Je Episecpis Vasionens'ihus, p. 386 & 'Voyez tome III, 1. XVIII, n. x\xix, p. S12.
seq. — Boyer, Histoire de Vaison, p. 1 o3 & suiv. ' Columbi, de Efiscopis Vasioncnsihus , p. SSy
— Gallia Chrislianaj nOY. éd. t. 1 , p 927. 8t scq.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XX. ïAq — T
^ -' An 1 ipj
XXXIV, — Richard, roi d'Angleterre, sort de prison, — L'empereur lui donne
le royaume de Provence.
Cependant Richard, roi d'Angleterre, ayant négocié sa rançon avec l'em-
pereur Henri VI, ces deux princes conclurent un ' traité, au mois de septembre
de l'an 1193. Ils convinrent qu'Henri donneroit le royaume de Provence à
Richard, avec permission de s'en faire couronner roi le dimanche d'après le
jour de sa délivrance, qui fut fixé au 18 de janvier suivant. On assure que
l'empereur, par cette donation, « céda à Richard la Provence propre, le Vien-
« nois, les villes de Marseille, de Narbonne, d'Arles & de Lyon, jusqu'aux
« Alpes, avec ce qu'il possédoit en Bourgogne, l'hommage du roi d'Aragon,
B celui du comte de Die'^ 8c enfin celui du comte de Saint-Gilles; 8c que
a tous ces pays comprenoient cinq archevêchés & trente-trois évêchés. d Mais
on convient « qu'Henri n'avait jamais pu s'y faire reconnoître pour roi. Si
Il qu'aucun des princes du pays n'avoit jamais voulu se soumettre à ceux qu'il
« avoit présentés pour régner sur eux. i> On voit par là : 1° Qu'Henri VI,
qui succéda en 1190 à l'empereur Frédéric I, son père, n'avoit pu encore /m""^!,^'»;;
]}arvenir, trois ans après, à se faire reconnoître pour roi de Provence. 2° Que
le refus que divers princes, qui possédoient le domaine utile ou immédiat de
ce royaume, firent de se soumettre à sa souveraineté, l'engagèrent à le céder
au roi d'Angleterre. 3° Enfin qu'il prétendoit étendre son autorité sur la
métropole de Narbonne 8<, par conséquent, sur les pars situés en deçà du
P\.hône. Il ne pouvoit se fonder pour cela que sur des droits imaginaires; car
la province ecclésiastique de Narbonne n'avoit point fait partie du royaume
de Provence, cédé par Hugues, roi d'Italie, aux rois de Bourgogne, qui
l'avoicnt transmis aux empereurs d'Allemagne. Quant à l'hommage du comte
de Saint-Gilles, qu'Henri céda à Pvichard, on peut entendre par là seule-
ment c|u'il lui céda la souveraineté sur le m.arquisat de Provence possédé par
les comtes de Toulouse, (|ue les historiens anglois du douzième siècle ne
qualifient jamais que comtes de Saint-Gilles. Quoi qu'il en soit, il ne paroît
pas que Richard se soit fait couronner roi de Provence après qu'il fut sorti
de prison; ce c|ui n'arriva que le 4 de février de l'an 1194, Se on ne voit pas
non plus que ni lui, ni ses successeurs aient jamais exercé aucune autorité
sur ce pays, dont les empereurs d'Allemagne continuèrent de se regarder
comme souverains. Un historien ^ moderne prétend que Richard refusa le
royaume de Provence'*.
' Rogeriiis de HoveJen, Annales, p. 416. rcnt pour arbitres Sicard, vicomte de Laiitrec,
• Il y a DlsJen danj Roger de Hoveien, ce qui Frotard de Brens, B. de Boisseson & Dont Alaman.
ne signifie rien. [Note de dom Vaisicte.} — Les fiefs de chevaliers, possédés par l'cvêque,
' Le P. Oan\t\, H'titoire de France, i. i,p. i.)35. furent tenus par lui du vicomte, & il dut rendre
* En l'année i 194, le 3 mars, furent rôglces de à celui-ci les devoirs auquels étaient astreints les
longues contestations qui divisaient depuis Icng- anciens possesseurs. Dans le Castelviel, le vicomi*
temps l'évéque &. le vicomte d'Albi au sujet de la est seul seigneur; de la ville même, l'évéque n
Sîigneurie de cette ville. Les deux parties choisi- les deux tiers, le vicomte un tiers seulement. -»-
An 1 ip^
i5o HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XX.
XXXV. — La guerre se renouvelle entre le roi d'Jragon & le comte de Tou-
louse. — Le premier dispose du comté de Fenouillèdes, &c., en faveur du
comte de Faix.
Raimond-Roger, comte de Foix, revint sans doute de la Terre-Sainte avec
le roi Philippe-Auguste. Il étoit, en effet' , au mois de juin de l'an i içS, à la
cour d'AIfonse II, roi d'Aragon, son oncle à la mode de Bretagne, qui, à
cause de l'amitié ou de la parenté qui étoit entre eux & des services que ce
comte lui avoit rendus, fit expédier en sa faveur une charte dont il est hon
de rapporter les termes. « J'approuve &: je confirme, dit Alfonse dans ce
« diplôme, toutes les conventions que le comte Pierre a faites avec vous, tant
« par la donation de la vicomte de Narhonne que des autres choses; & je
« vous donne & vous confirme tout ce que le comte Pierre ou tout autre
« vicomte de Narbonne, quel qu'il soit, tient Se doit tenir de moi & de mes
M ancêtres dans la vicomte, la ville & tout le pays de Narbonne. Je vous
« donne encore & je vous confirme le château & le pays de Fenouillèdes, le
« château & le pays de Pierre-Pertuse; à condition que vous tiendrez toutes
a ces choses de moi & de mes successeurs, que vous me serez toujours fidèle,
« que vous me servirez en paix Se en guerre, de même que mes successeurs,
« pour tous ces domaines, & que vous ferez la guerre au comte Rainiond ou
« à celui qui sera seigneur de Toulouse & de Saint-Gilles. Que si vous
« mourez sans enfans légitimes, tout cela me reviendra & à mes successeurs.
« Entre ces domaines, vous me donnerez /johvozV sur les châteaux & les pays
« de Fenouillèdes & de Pierre-Pertuse, aussitôt que vous en serez le maître,
« & vous ne pourrez vous dessaisir de ces pays ou d'une partie qu'en ma
« faveur Si de mes successeurs. Et moi je vous promets de vous être, bon
« seigneur, de vous protéger dans toutes vos affaires £< de vous secourir dans
« la susdite guerre. » L'acte est daté d'Huesca, en Aragon, en présence de
Bérenger, archevêque de Narbonne, qui l'approuva, sauf son droit.
Nous comprenons par là : i" Que la guerre se renouvela en iigS entre !e
roi d'Aragon Si le comte de Toulouse, & que le comte de Foix & le vicomte
de Narbonne, qui reconnoissoient la suzeraineté du premier, se liguèrent
alors avec lui contre l'autre, leur ancien seigneur. 2° Que le comte Pierre de
Lara, en faveur duquel Erinengarde, vicomtesse de Narbonne, sa tante.
Le même acte fixe les redevances ducs aux deux voirs jusqu'à l'arrivée des officiers royaux. Ceux-ci
seigneurs parles marchands de la ville; ce sont conclurent, en i 229 (t. VIII, ad ann.), avec l'évé-
soit des redevances en deniers, soit des redevances que un accord très-avantageux à celui-ci; accord
en naturej les leudes sont partagées de la même qui fut rompu à la suite de discussions orageuses,
façon; les deux tiers à l'évéque, le reste au vicomte. 8t remplacé en 1264 par une nouvelle convention
La leude du pont appartient au vicomte, qui doit plus équitable & plus conforme à l'ancien état
entretenir le pont à ses frais. Voir dans Com- des choses. (Voir plus bas aux années 1229 £4
payré. Etudes sur l'Albigeois, p. 141 & sulv. une 1164.) [A. M.]
ancienne traduction de cet acte en langue vul- ' Voyez tome VIII , Chartes, n. LIX, ce. 425,
galre.— 'Cet acte régit les rapports des deux pou- 4261
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XX. i5r
s'étoit alors démise entièrement depuis' peu de cette Vicomte, pour se sou-
tenir contre Raimond, comte de Toulouse, qui n'approuvoit pas cette démis-
sion, s'unit étroitement avec le comte de Foix & l'appela^ à sa succession en
cas qu'il mourût sans enfans, tant pour la vicomte de Narbonne que poin^ la
suzeraineté sur les pays de Fenouil lèdes £v de Pierre-Pertuse, que les comtes
de Barcelone avoient donnés à ses ancêtres dès le commencement du dou-
zième siècle. 3° Enfin qu'Alfonse, roi d'Aragon, qui prétendoit dominer sur
tous ces pays, approuva la disposition du comte Pierre de Lara.
XXXVT. — Le comte Pierre de Lara se démet de la vicomte de Narbonne en
faveur d'Aymeri 111, son fils. — Mort d'Ermen garde, vicomtesse de cette
ville.
Pierre s'étant assuré jiar cette ligue la possession des domaines qui avoient
appartenu à la vicomtesse Emiengarde, sa tante, prit l'année suivante des
mesures pour les transmettre à sa postérité. Dans cette vue, « il fit donation,
« à cause de mort, le 28 du mois^ d'avril de l'an 1194, & donna par préciput
« sur tous ses autres enfans à Aymeri, son fils, à ses enfans 8<. à ses descen-
<( dans la ville & la vicomte de Narbonne, le pays de Béziers Sv tous les
« autres lieux qui appartenoient à la seigneurie de Narbonne; excepté le
« château de Montpezat qu'il déclara cependant devoir toujours être un fief
« mouvant de la vicomte de Narbonne. »
Cette disposition St quelques autres actes dans lesquels Pierre de Lara se
qualifie vicomte de Narbonne depuis l'an 1192 ont donné lieu à un généalo-
giste* espagnol, d'assurer qu'Ermengarde, vicomtesse de Narbonne étoit déjà
morte cette dernière année; mais il est certain qu'elle vécut longtemps après
& qu'elle ne mourut au plus tôt qu'au mois d'avril^ de l'an 1194.
Ermengarde mourut à Perpignan, dans les États d'Alfonse II, roi d'Aragon,
où elle se retira'' lorsqu'elle se démit, vers la fin de l'an 1192, de la vicomte
de Narbonne, en faveur du comte Pierre de Lara, son neveu. Les liaisons
étroites qu'elle avoit toujours entretenues avec Alfonse, l'engagèrent sans
doute à fixer sa résidence dans cette ville & à y finir ses jours. Elle admi-
nistra pendant plus de cinquante ans, avec beaucoup de prudence & de
dextérité, la vicomte de Narbonne dans des temps difficiles, Se ne se distingua
pas moins par les vertus viriles que par celles qui sont propres à son sexe, 8c
par la sagesse de son gouvernement; en sorte qu'elle s'acquit une très-grande
réputation avec l'estime & la considération des plus grands princes de son
temps, entre autres du roi Louis le Jeune. E'ile prit part, en effet, à la tête
' Voyez tome VII, jVofc VI, n. iv & suiv. p. 10 ■* Salaz.ir y C.istro, fiistoria gcnealo^ica du U casa
Se siiiv. de Lara, t. ) , p. lâo.
• Ihii. Note XXVII, n. m, p. 84. ' ^'oyez toins VU, Note VI, n. vu, p. i8.
'Voyez tome VIII; Chartet, n. XXXIV. [Le "Catel, Mémoires de fliisloire du Languedoc,
renvoi de dom Vaissete est fautif j il n'a pas publié p. :'j.")3, & Histoire des comtes de Tolose, i'' jait.
celte pièce dant les Pz-CHvfJ du tome II.] p. 16 J.
An 1 193
Au
'94
Éd. oiii^in.
t. 111, p. 8<).
An 1 ip^
102 HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XX.
de ses vassaux, à diverses expéditions militaires; S^ elle fut souvent l'arbitre
des différends qui s'élevèrent entre "les princes & les grands seigneurs. Elle
s'appliqua surtout à rendre elle-même la justice à ses sujets, prérogative dont
elle fut fort jalouse; & elle présida' à divers plaids assistée de ses principaux
vassaux. Enfin, ses rares qualités la mirent beaucoup au-dessus des personnes
de son sexe. Ayant succédé fort jeune au vicomte Aymeri II, son père, elle
eut d'abord beaucoup à craindre de l'ambition d'Alfonse-Jourdain, comte de
Toulouse, qui vouloit envahir la vicomte de Narbonne, sous prétexte d'en
prendre soin pendant sa minorité, en qualité de suzerain; mais son courage
&• sa fermeté la mirent à l'abri des entreprises de ce prince & de celles de
Raimond V, son fils; & elle se maintint dans la possession de tous les
domaines de ses ancêtres, sous la protection des comtes de Barcelone Si des
rois d'Aragon, ses parens, avec lesquels elle demeura toujours très-unie, &
qu'elle reconnut pour ses seigneurs, non par devoir, mais par amitié 8<. par
reconnoissance. Elle donna des marques de sa' religion, tant par les services
importans qu'elle rendit au pape Alexandre III que par ses libéralités envers
les églises. Elle combla entre autres de ses bienfaits l'abbaye de FDntfroide*
dont elle est regardée comme la principale fondatrice & où elle choisit sa
sépulture. Elle fit aussi beaucoup de bien au monastère de Quarante qu'elle
confirma-^, en 1182, dans la possession de tous les fiefs qu'il avoit acquis dans
ses domaines, & ne se réserva que la justice criminelle pour l'etfusion de
sang & l'adultère. Elle y fonda en même temps à perpétuité une messe pour
elle & pour ses parens, en présence de Frotard, Guillaume & Bérenger de
Villes-Passans, d'Ermengaud de Ville-Flairan, maître de la milice de Peiriez,
Pierre de Maillac, Pierre de Saint-Félix Sx. diverses autres personnes de con-
dition. Elle rendit à l'église de Narbonne son ancienne liberté par la renon-
ciation qu'elle fit à la dépouille des archevêques après leur mort. Elle. eut
cependant quelque différend avec l'archevêque Pons, qui se plaignif* au
pape Alexandre III de ce qu'elle s'attribuoit une trop grande autorité sur
l'abbaye de Saint-Paul; ce qui engagea le pape à permettre à ce prélat de
prendre par lui-même l'administration St le gouvernement de cette abbaye :
le pape Honoré III confirma cette permission en faveur des successeurs de
Pons. Enfin la cour d'Ermengarde fut une des plus brillantes de la Province;
& elle y fit un accueil favorable aux-"» principaux poètes provençaux de son
temps; on prétend '^ même qu'elle tenoit cour d'amour dans son palais. Entre
ces poètes elle protégea'^ singulièrement Saill de Scola, fils d'un marchand
i^d.onsiii. de Bergerac, en Périgord, lequel demeura toujours auprès d'elle, & ne la
quitta qu'après sa mort. Saill, dit-on, étoit jongleur, & ne faisoit que de
petites chansons; mais elles étoient fort estimées. Ermengarde fut la der-
' Voyez tome VIII, Clinrte;, n. XLIII, ce. 390, ■* Catel, Mémo'res de l'/iistD-rc Ju Lan^ucjcef
Spi . p. 3;i & siiiv.
' Catel, Mémoires de ihiitorre Jtl Lun^ueJac , ^ Voyez tome III, 1. XVIII, n. lvxx, p. 870,
p. 391 & suiv. " Cazeneuve, Jeux Floraux, p. ^.'1 & suiv.
' Archives de l'iibbnyc de Quar.inte. ' Bibliothc.-,ue du roi, mss. 722J.
t. 111, p. yo.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XX. i53
nière de sa race, & elle transmit tous ses domaines à la maison de l^ara, en
Espagne.
Le comte Pierre, chef de cette maison, son neveu, qui lui avoit déjà suc-
cédé quelques années avant sa mort, quitta le nom de Lara pour prendre
celui de Narbonne, aussitôt qu'il fut établi en France. Il y a lieu de croire
qu'il fit une démission absolue de la vicomte de Narbonne en faveur de son
fils Aymeri, peu de temps après qu'il lui en eut tait donation à cause de
mort. Nous ne voyons pas, en effet, qu'il se soit qualifié depuis vicomte
de Narbonne; nous trouvons, au' contraire, qu'il passa le reste de ses jours
à la cour d'Espagne, où il possédoit de grandes dignités, & que son fils
Avmeri prit de son vivant le titre de vicomte^ de Narbonne par la grâce
de Dieu,
Pierre, dans la donation dont on vient de parler, disposa aussi du pays de
Bé-^iers en faveur d'Aymeri, son fils. Cette clause pourroit faire croire que le
roi d'Aragon lui avoit donné la vicomte de Béziers St qu'il l'avoit confisquée
sur le vicomte Pvoger, pour le punir d'avoir fait sa paix avec le comte de Tou-
louse; mais on peut entendre aussi par le pays de Bé-^îers énoncé dans cette
donation, les domaines que les vicomtes de Narbonne possédoient de leur
chef dans l'étendue du diocèse de Béziers ■*. Quoi qu'il en soit, il paroît que
PvOger, après avoir fait sa paix avec le comte de Toulouse, vécut en paix avec
lui jusqu'à sa mort.
XXXVIL — Dernières dispositions de Roger II, vicomte de Bè-:^lers,
Carcassonne, (St. — Sa mort.
•
Pv.oger ordonna^, au mois de décembre de l'an iigS, que les juifs de
Limoux & d'Alet contribueroient à l'avenir, avec ceux de Carcassonne, aux
tailles 6- aux questes qu'il imposoit sur eux, ainsi que cela avoit été pratiqué
du temps de ses prédécesseurs. Il donna des'' lettres de sauvegarde, au mois
de janvier suivant, en faveur de Pons de Bram, abbé de Saint-Hilaire, Se des
domaines de cette abbaye situés dans le Carcasses 8c le Razès, S< termina "^
ensuite, le 3 du mois de mars, par l'arbitrage de Sicard, vicomte de Lautrec,
de Frotard-Pierre de Bérens, de Bernard de Boisseson & de Doat d'Alaman,
les différends qu'il avoit avec l'évêque d'Albi touchant la seigneurie de cette
ville & de ses dépendances.
Roger ne survécut pas longtemps à ce jugement; il fit un codicille, le
' ^i)l^Z3r y Castro, Historia gcnealogica Je la casa l'Argentiére & les locnlités environnantes. C'est
ife Lara, t. i, 1. 3, c. 3. — Voyez tome V'II, ce territoire que le testament de la vicomtesse Adé-
?/o(e VI, pp. i8, ip. — Archives de la vicomte de laïde, en 966, appelle Nchoiioncnse, & que dom
N.irbonne. ^'ai5scte a pris pour le Nébouzan. (Voyez tome III,
' S.ilazary Castro, Historia gencalngica Je la casa pp. 162, i63, & tome V, c. i.'j.'i.) [A. M.]
Je Lara, t. 4, p. 18. < \'oyez tome V'III , Chartes, n. LX , ce. ^26,
* Ces possessions étaient principalement situcss 427.
dans le nord de l'arrondissement actuel de Bcziers ' Archives de l'abbaye de Saint-Hilaire.
£< d I-.15 celui de Saint-Pons ; c'étaient Vjllemagne- ' Archives du domains de Carcassonne.
An 1194
An I ip4
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XX.
jeudi 17 de^ mars de l'an iir)3 de la nativité de Jésus-Christ, qu'on doit
compter cependant de l'Incarnation; ainsi le codicille appartient à l'an 1194.
. Il confirme par cet acte le testament qu'il avoit fait quelques années aupara-
vant entre les mains de Bernard, archevêque de Narbonne, & de Gaufred,
évêque de Béziers. Il choisit sa sépulture dans le monastère de Notre-Dame
de Cassan, au diocèse de Béziers, auquel il lègue sa table d'or ornée de
pierres précieuses, cinq mille sols melgoriens, h.c. Il fait d'autres legs pieux
en faveur des abbayes de Villelongue, de Caunes & de Saint-Hilaire; il
supprime le droit qu'il faisoit lever sur le pont de Carcassonne, 8t ordonne à
ses héritiers de réparer le tort qu'il avoit fait à la cathédrale de Saint-Nazaire
& à l'église de Sainte-Marie de cette ville; il fait quelques libéralités à plu-
sieurs de ses domestiques, entre autres à Bernard, son notaire ou secrétaire;
il veut que Raimond-Trencavel, son frère, soit entretenu pour la nourriture,
le vêtement & les équipages, tant qu'il demeurera à la cour de son héritier,
& il confirme le legs qu'il lui avoit fait dans son testament. Il institue pour
son héritier universel, ainsi qu'il l'avoit tait dans cet acte, Raimond-Roger,
son fils, qu'il avoit d' Adélaïde, sa femme légitime, fille du seigneur Raimond,
comte de Toulouse, & confirme les substitutions qu'il avoit faites dans ce
testament. Il établit Bertrand de Saissac, à la foi, à la protection & au con-
seil duquel il avoit déjà remis la personne Se les biens de ce fils, pour son
tuteur 6- haile {bajulum) pendant cinq ans, à compter depuis la prochaine
fête de Pâques. Il le charge de régir les domaines des diocèses de Béziers 6i
d'Agde pour l'utilité de cet enfant, avec le conseil de l'évêque de Béziers,
d'Etienne de Servian, d'EIzéar de Castries & Déodat de Boussagues. Il le
charge aussi d'administrer ses domaines d'Albigeois, de Rouergue £< du Tou-
lousain, avec le conseil de l'évêque d'Albi, de Guillaume de Vassal, de
Bérenger de Bonfils de Lavaur & de Guillaume de Saint-Paul. Quant au
,-^jj<"''S'^j Carcasses, au Razès, au Lauragais & au Termenès, Roger chargea Bertrand
de Saissac de gouverner ces pays par l'avis de ses viguiers, savoir : Arnaud de
Raimond, viguier de Carcassonne, & Guillaume d'Assalit, viguier de Razès,
Il nomma pour ses exécuteurs testamentaires le même Bertrand de Saissac,
les évêques 6- les chevaliers dont on vient de parler, 8<. il leur ordonna de
payer toutes ses dettes, suivant la décision d'Othon, évêque de Carcassonne,
de l'archidiacre Bérenger, de Guillaume Amelii & de maître Bertrand. Il
laissa Raimond-Roger, son fils £< son héritier, avec ses tuteurs, viguiers,
conseillers, balles, 8c tous ses domaines à la garde 8<. sous la protection &
administration de Raimond, fils du comte de Toulouse. Il révoque l'ancien
comte de cette ville {comitem Tolosanum maj'orem) Si tous ceux, de quelque
sexe qu'ils fussent , c[u'il avoit nommés dans son testament pour gérer la
tutelle & être bailes de son fils, excepté ceux qu'il établit dans son codicille,
parce qu'il tient les autres pour suspects. Enfin ce vicomte déclare, par ser-
' Bnluze, Hiitoirc gincalo^'ique de la malien d'Auvergne, t. 2, p. joo & siiiv. ^- Martine, T/iemurut
anccdotorum, t. 1 , c. 97.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XX. i55
ment prêté sur les saints évangiles, qu'il avoit ordonné toutes ces choses pour
plus grande sûreté, & qu'il faisoit sceller ce codicille de son sceau S<. de celui
de l'évêque de Carcassonne. Ce prélat, les viguiers de Carcassonne 8c de
Razès, & quelques autres y souscrivirent; Bernard de Canet, notaire de
Roger, l'écrivit & le scella, 8c trente-cinq des principaux vassaux de ce
vicomte s'engagèrent en même temps, par serment, de tenir la main à l'ob-
servation de tous ces articles. Bertrand de Saissac, les deux viguiers de Car-
cassonne Si de R.azès, Guillaume-Hugues, sous-viguier, Amblard 8c Guillaume
de Pelapoul, Guillaume du Puy, Pierre-Roger 8c Jourdain de Cabaret,
Pierre-Roger de Mirepoix, Guillaume 8c Jourdain de Saint-Félix, Raimond-
Trencavel, Guillaume de Roquefort, Bernard, Pons, Roger 8c Guillaume
Ferrol, Pierre de la Tour, Pierre de Penautier, Guillaume de Gordon,
Arnaud de Morlane, Sec, furent de ce nombre.
Telle est la dernière disposition de ce vicomte; mais nous n'avons plus le
testament dont il y fait mention. Il mourut' trois jours après 8c fut inhumé
comme il l'avoit ordonné au monastère des chanoines réguliers de Cassan,
au diocèse de Béziers, dans le nécrologe duquel on lit les paroles suivantes :
le 20 de mars mourut Roger, vicomte de Béliers, notre frère. Il avoit changé
de disposition par rapport à sa sépulture, car dans un codicille^ qu'il avoit
fait en 1179 il l'avoit choisie dans la chapelle de Saint-Martin de l'abbaNC
de Valmagne, au diocèse d'Agde, fondée par Trencavel, son père. Se il fit par
le même acte des biens considérables à ce monastère.
Ainsi finit ses jours Roger II, vicomte de Béziers, de Carcassonne, de
Razès 8c d'Albi, à l'âge d'environ cinquante ans, après avoir possédé pendant
vingt-sept ans, ces quatre vicomtes, avec les pays de Lauragais, de Miner-
vois, de Termenès 8c plusieurs autres domaines que Raimond-Trencavel, son
père, lui avoit transmis, 8c avoir passé une grande partie de sa vie à faire la
guerre à Raimond V, comte de Toulouse, son beau-père 8c son seigneur, de
concert avec le roi d'Aragon avec lequel il se ligua contre lui. Du reste 3,
nous trouvons ici une nouvelle preuve que ce vicomte avoit fait sa paix avec
Raimond dès l'an H91, car il révoque dans ce codicille la tutelle de son fils
qu'il avoit confiée à ce prince par son testament. Or cet acte est du moins de
l'an 1 191 puisqu'il déclare qu'il l'avoit fait entre les mains de Bernard, arche-
vêque de Narbonne, qui mourut cette même année. Roger étoit donc alors
en paix avec le comte de Toulouse, son beau-père. 11 paroît qu'il y eut
depuis quelque rehoidissement entre eux, puisqu'il le regardoit comme sus'
pect dans le temps de son codicille; mais ayant laissé par le même acte le
jeune comte de Toulouse, son beau-trère, pour tuteur de son fils, c'est une
preuve que cette nouvelle brouillcrie n'eût point de suites.
Pvoger II est encore plus connu dans l'histoire de l'Église par son attache-
ment à la secte des albigeois que dans celle de la Province par ses exploits
■ Voyez tome V, ce. 33 & 36. ' Voyez ci-dessus, n. XXIV, pp. 1^0-1411
' ArchiY«s de l'abbaye de Valmagne.
An
'94
~ i:")6 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC, LIV. XX.
An ii94
miliiaircs. On a parlé ailleurs' de l'accusation (ju'on forme contre lui d'avoir
embrassé les erreurs de ces sectaires; mais supposé qu'il ait eu le malheur de
les suivre pendant quelque temps, il est du moins certain qu'il les avoit
abandonnées sur la fin de ses jours 8t qu'il mourut catholique. Outre le ser-
Mi'rp*'"- r'^ent &c les legs pie.ux qu'il fait dans son codicille, on voit par cet acte qu'il
étoit alors très-uni avec tous les évoques de ses domaines; & on a déjà
remarqué que les chanoines réguliers du monastère de Cassan, où il tut
inhumé, !e qualifient leur frère,
XXXVIII. — Raïmond-Roger succède à Roger H, son père. — Mort
d'Adélaïde de Toulouse^ jemme de ce dernier,
Pvoger II ne laissa d'Adélaïde de Toulouse, sa femme, que P\.aimond-
Pvoger, son fils 8<. son héritier, qui demeura sous la tutelle de Bertrand de
Saissac 8< de ses autres tuteurs, jusqu'à ce qu'il eût quatorze ans accomplis;
ce qui arriva^ à Pâques de l'an 1199. Il gouverna ensuite ses domaines par
lui-même, mais cependant avec le conseil de sa mère, de Bernard de Pela-
poul, viguier de Béziers, &. des autres grands {p alïorum procerum meorum)
de sa cour, comme on voit dans un acte^ du mois d'août de l'an 1199. Ainsi
Adélaïde ne prit part qu'après la majorité de son fils à l'administration de ses
domaines; car elle avoit été exclue de sa tutelle dont il paroît que le vicomte,
son mari, l'avoit d'abord chargée par son testament, conjointement avec l'an-
cien comte de Toulouse, son l^eau-père; elle est en effet désignée assez clai-
rement dans la clause du codicille par laquelle Roger révoque tous les
tuteurs, de quelque sexe qu'ils fiissent, c[u'il avoit établis par ce testament,
parce qu'il les tenait pour suspects. Adélaïde ne mourut pas par conséquent
en 1193, comme un moderne"* l'a avancé sur l'autorité d'un ancien auteur
qui n'en dit rien. Nous ignorons cependant l'époque précise de sa mort; tout
ce que nous savons c'est qu'elle étoit déjà décédéc au mois d'avril de l'an 1201,
& qu'il est marqué dans le nécrologe du monastère de Cassan^, où elle fut
apparemment inhumée avec le vicomte, son mari, qvi'yidêla'ide, comtesse de
Béliers, mourut le 20 de décembre. Elle décéda donc ou à la fin de l'an 1199
ou à la fin de l'année suivante. On a dit ailleurs la raison pour laquelle elle
se qualifioit comtesse, tandis que son époux ne prenoit que la qualité de
vicomte, car c'est mal à propos que quelques auteurs^ donnent à ce dernier
le titre de comte qu'il ne prit jamais.
Nous apprenons quelques particularités d'Adélaïde de Toulouse, femme du
vicomte Roger II, dans la vie d'Arnaud de Marvoill ou Marviell, poète pro-
vençal, laquelle se trouve en langage du pays dans deux manuscrits de la
' N'oycz ci-dessus, liv. XIX, n. l.vxiv, pp. 8i, ^ Le ?, Anselme, Histo'nc gcticalog':(juc .les grjn.ls
C2. officiers, t. 2, p. 688.
' Voyez tome VII, Note XXXIX, n. vi, p. i 14. ^ Voyez tome V, Chroniques, c. 37.
' Voyez tome VIII, Chartes, n. LXXI, ce. ^t>?>, ' Catel, Mémoires Je l'histoire du LungncJoc,
/Ji^. p. 64 & suiv.
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XX. iS? "";
' An n 54
bibliothèque du roi. « Arnaud de Marvoill, dit l'auteur' de cette Vie, étoit
« né de basse extraction dans un château de ce nom en Périgord. Il se fit
« clerc; mais ne pouvant vivre il alla chercher fortune parmi le monde. Le
« sort le conduisit à la cour de la comtesse de Burlats, fille du preux comte
« Raimond Si femme du vicomte de Béziers, lequel avoit nom Tailleferj
« comme Arnaud faisoit bien des chansons & lisoit des romans, cela plut à
« la comtesse, qui lui fit beaucoup de bien. Il en devint amoureux & il fit
« des chansons en son honneur, sans oser toutefois s'en déclarer auteur. Enfin
« il fit une chanson qui commence par ces mots : La jranca captenen-^a, dans
« laquelle il découvrit sa passion. La comtesse ne la désapprouva pas, Se elle
« le combla de bienfaits. Cela l'encouragea à faire de nouvelles chansons
« qui témoignent qu'il avoit de grandes qualités 8<. de grands défauts. » On
ajoute dans l'autre manuscrit^ « que la comtesse de Béziers, dont Arnaud de
(( Marviell devint amoureux, étoit fille du bon Raimond, comte de Toulouse,
« &t mère du vicomte de Béziers que les François firent mourir lorsqu'ils
« l'eurent pris à Carcassonne; qu'on appeloit cette vicomtesse comtesse de
i( Burlats, parce qu'elle étoit née dans ce château (situé en Albigeois sur
« l'Agout, à une lieue au-dessus de Castres); que le roi Alfonse, qui étoit
« amoureux de la comtesse, s'apercevant de la passion qu'Arnaud avoit pour
« elle, en fut jaloux S<. qu'il l'obligea à le congédier; qu'Arnaud au désespoir
« se retira à la cour de Guillaume de Montpellier, qui étoit son ami & son
« seigneur, 8<. qu'il y pleura longtemps dans ses chansons la perte qu'il avoit
« faite. » La chanson d'Arnaud de Marviell qui commence par ces mots : La
franca captenen-^a, est dans le premier des deux manuscrits^, mais non pas
le sonnet dont parle Nostradamus"*, S;, qui commençoit par ces mots : Anas
vous. Cet auteur, qui tait Arnaud de Meyrveilh, gentilhomme provençal St
seigneur en partie du lieu de Meyrveilh, près d'Aix, en Provence, lui attribue
un traité intitulé : Las recasteiuis de sa comtessa. 11 se trompe également sur
le nom de la comtesse de Burlats, qu'il appelle Aléarde, au lieu d'Adélaïde.
Il fait mourir Arnaud en i2;o.
XXXIX, — Hérétiques chassés de Bé-^iers, — Troubles dans l'abbaye d'Alet.
Bertrand de Saissac prit la tutelle de Raimond-Roger aussitôt après la td.origin.
i oit. iii^ p. q3,
mort de Roger II & s'engagea'', le 4 du mois d'août suivant, en qualité de
tuteur du jeune vicomie, tant en son nom qu'en celui de son pupille, envers
Gaufred, évêque de Béziers, 8c Etienne de Servian : 1° A ne faire rien de
conséquence, sans les avoir consultés, dans la ville de Béziers & son diocèse,
8t dans celui d'Agde, tant que cette tutelle dureroit. 2° A les protéger l'un 8<.
l'autre avec leurs vassaux Si leurs biens, les églises £< les clercs. 3° A n'intro-
' Bibliothèque du roi, m». 7 225. — Rochegude, ^ Nostradamus, Vie ,!es anciens postes proveni^aux,
Parnasse, p. i5, & Mahn, p. 147 & siiiv. p. 6^> & siiiv.
" Bibliothèque du roi, ms. 7698. '' Tome VIII, Chartes, n. LXII, ce. 429 ?. 4"!! .
' liid, ms. 7 22:>.
An
'94
i58 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XX.
*
duire aucun hérétique ou vaudois clans la ville 8c le diocèse de Béziers ; à
chasser ceux qui pourroient y être St à donner une entière liberté à ce prélat
pour les expulser. 4° Enfin à n'établir avicun autre viguier à Béziers que
celui qu'ils approuveroient. L'évêque 8t Etienne de Servian promirent de
leur côté par serment, qui fut prêté au nom de ce prélat par Bérenger de
Lignan, à Bertrand de Saissac Se au vicomte, son pupille, de les conseiller
fidèlement dans toutes leurs affaires des diocèses de Béziers & d'Agde, 8c de
les aider contre tous, à l'exception du comte de Toulouse, de la part de
l'évêque, auquel, ajoute-t-il, je suis tenu de garder la fidélité. Le tuteur du
jeune vicomte 8c l'évêque de Béziers se promirent ensuite par un serment
réciproque de ne pas s'ôter la ville de Béziers 8c leurs domaines, 8c de s'aider
l'un 8c l'autre envers tous 8c contre tous, à l'exception du comte de Toulouse
de la part du prélat. Enfin Bertrand de Saissac, étant dans le palais vicomtal
de Bé-^iers, confirma' comme tuteur du vicomte R.aimond-Pv.oger, en présence
de la comtesse Adélaïde, de Bérenger de Thésan 8c de divers autres seigneurs,
le dénombrement qui avoit été fait quelques années auparavant des droits
que l'évêque 8c le vicomte avoient à Béziers^.
Bertrand de Saissac n'usa pas toujours de modération dans le gouverne-
ment des domaines du vicomte Raimond-Roger, 8c on lui reproche d'avoir
exercé de grandes violences dans l'abbaye d'Alet à l'occasion suivante. Pons
Amelii^, abbé de ce monastère, étant mort en 1197, après avoir fait clore de
murs la ville d'Alet 8c l'avoir environnée de fossés, de même que les princi-
paux lieux de ses dépendances, les religieux élurent dans les formes cano-
niques pour lui succéder Bernard de Saint-Ferréol, abbé de Saint-Polycarpe.
Cette élection déplut à Bertrand, qui avoit la principale autorité dans le
pavs en qualité de tuteur du jeune vicomte. Il se rendit à Alet, à main
armée, arracha le nouvel abbé de son siège avec effusion de sang, le fit ren-
fermer dans une étroite prison 8c l'y retint durant trois jours. Il fit mettre
cependant le cadavre de Pons Amelii dans la chaire abbatiale, 8c fit procéder
à une nouvelle élection par quelques religieux qu'il gagna, après avoir obligé
les autres à prendre la fuite. Les factieux élurent Bozon, qui, appuyé du
crédit de ce seigneur, disputa l'abbaye à Bernard de Saint-Ferréol. Leur
querelle fut d'abord portée devant Bérenger, évêque de Carcassonne, qui,
convaincu de l'intrusion de Bozon, mais craignant d'encourir la disgrâce du
vicomte, n'osa juger cette affaire 8c la renvoya à Bérenger, archevêque de
Narbonne, son métropolitain. On prétend que ce dernier, gagné par une
■ Catel, Mémoires de l'histoire du Languedoc, conséquence directe de l'une des clauses du testa-
p. 644 & suiv. ment de Roger II, qui instituait dans chacune de
* L'acte que dom Vaissete vient d'analyser est ses vicomtes un conseil de régence; Bertrand de
en somme une renonciation à peu près complète Saissac n'était pas assez fort pour faire prévaloir
du vicomte & de son tuteur à leurs droits de sou- son autorité à Béziers. Cet affaiblissement du pou-
veraineté. La ville de Béziers paraît dès lors s'être voir vicomtal fut peut-être l'une des causes du
eouvernée d'une manière presque indépendante, facile triomphe des croisés en 1209. [A. M.]
8c le pouvoir de l'évêque y devint d'autant plus ' Archives de l'abbaye d'Alet.
grand. Remarquons d'ailleurs que cet acte est la
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XX. i5n -~
1 An I 194
somme considérable que Bozon lui compta, bénit cet intrus, qui, peu de
temps après, engagea la plupart des domaines de son abbaye pour subvenir
aux dépenses qu'il avoit faites en l'achetant [pro mercatits abhatiae). 11 l'en-
detta si considérablement qu'à peine au bout d'une année y avoit-il de quoi
entretenir quelques religieux. Enfin il tint une conduite très-peu régulière
Se favorisa ouvertement les hérétiques du pays.
XL. — Accord entre le comte de Toulouse 6" le seigneur de Montpellier.
——'■'*" Murailles de Nimes.
Raimond V, comte de Toulouse, ne survécut pas longtemps au vicomte
Roger, son beau-fils. Il donna' en fief, en qualité de comte de Melgueil,
le 29 de mai de l'an 1194, le château de Frontignan à Guillaume VIII, sei-
gneur de Montpellier, qui lui en fit hommage, avec promesse de le servir
contre tous, depuis le Rhône jusqu'à l'Hérault. Il céda en mênie temps à
Guillaume tous les droits qu'il pouvoit avoir sur le château d'Omelas & sur
ses dépendances. Les évêques de Lodève, d'Agde & de Maguelonne, Ber-
nard, seigneur d'Anduze, Etienne de Servian, Guillaume de Sabran, Ros-
taing, son fils, Raimond Rascas, seigneur d'Uzès, &C., furent présens à cet
acte. Guillaume de Montpellier promit de son côté^, par serment, au comte
de Toulouse, de n'exiger à l'avenir aucun nouvel usage, péage, ni guidage éJ origin.
dans tout le pays de Substantion; & le comte jura d'observer toutes les pro-
messes qu'il avoit faites à ce seigneur.
Raimond se rendit ensuite à Nimes, où il accorda aux habitans de cette
ville, le 14-* de septembre suivant, la permission de la clore de murs 8<. de
fossés, avec la jouissance des mêmes immunités pour les frais de justice dont
jouissoient ceux du château des Arènes. On prétend '* que Nimes étoit demeuré
sans murailles depuis que Charles Martel les avoit fait abattre. Quoi qu'il en
soit, celles qui environnent aujourd'hui cette ville furent construites après
la concession de Raimond V, comte de Toulouse, dont nous venons de
parler^.
' Tome V'III, Chnrteâ, n. LXI, ce. 418, 429. Bernard-Arnaud un local, situé près de l'église de
' D'Achéry, Spic'ilegium, t. lo, p. 172 & seq. la Dalbade, à Toulouse, pour y établir un marché
' Archives de l'hôtel de ville de Nimes. de viande de boucherie. Le comte se réserva un
* Gautier, jinlK/uités de Nimes. — Voyez cet cens annuel de douze deniers toulousains sur cha-
acte dans Ménard, Histoire de Nimes, t. I, pr. que étal & un arrière-acapte de six deniers fCf.
p. 40 & suiv.j & ihid. 1. ?>, p. 248 & suiv. Ces Teulet, Layettes du Trésor, t. i, p. 176; d'après
murs furent construits en grande partie sur l'em- J. 33o, n"' 6 & 40). — Un an auparavant, en
placement des anciens murs romains. — Par la décembre 1192, le même avait autorisé la cons-
mêrae charte, le comte accorda aux habitants la truction de seize moulins sur les bords de la
jouissance des privilèges possédés par les bourgeois Garonne, moyennant un cens annuel de douze
des Arènes, notamment pour les frais de justice, deniers & quelques légères prestations. Le comte
dont ils furent ext :'.;->is dans tous leurs procès, s'engagea à ne point laisser construire d'autres
tant avec les chevaliers des Arènes qu'avec les cha- moulins sur la Garonne, depuis Portet jusqu'à
noines de la cathédrale. [A. M.] Blagnac (Teulet, ut supra, p. 169, d'après J. 33o,
' Vn peu auparavant, le lû février 1194, le n. ;). Voir ihid. p. 177, un acte du i,5 mai 1194
même seigneur avait concédé en fief à un certain relatif à cette dernière affaire). [A. M.]
An 1 iy4
i6o HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XX.
XLI. — Mort de Raimond V, comte de Toulouse, — Son éloge.
RaimondV mourut' à Nimes, âgé de soixante ans, vers la fin de l'année, Se
fut inhumé dans le cloître de la cathédrale où on voyoit autrefois son tom-
beau; mais il n'en reste plus aucun vestige depuis la destruction de cette
église par les prétendus réformés. On y voit seulement l'épi taphe de Pons^,
frère naturel de ce prince, qui y fut inhumé en i2o3. C'est tout ce que nous
savons des circonstances de la mort de Pvaimond V, duc de Narbonne, comte
de Toulouse & marquis de Provence. Il étoit alors de retour d'un pèlerinage,
si on peut s'en rapporter^ à Aymeric de Peyrat, abbé de Moissac, qui a écrit
vers la fin du quatorzième siècle la chronique de son monastère. « 11 est à
« savoir, dit cet auteur, que le seigneur de Monte incensi, abbé-chevalier de
« Moissac, voulant aller visiter la Terre-Sainte, engagea, étant à Montcuq,
« en Querci, pour un certain prix, l'abbaye militaire à Raimond, comte de
« Toulouse, fils d'Alfonse. Bernard n'étant pas revenu d'Orient, le comte
« Raimond fut le premier abbé-chevalier de Moissac, à cause de cet engage-
« ment. Ce prince avoit épousé madame Constance, fille du roi de France,
« Se il fut inhumé dans la ville des Arènes de Nimes, à son retour de son
(1 pèlerinage. Il mourut, ajoute-t-il, en iiqS. » Mais cet auteur se trompe sur
cet article, car Raimond décéda certainement en 1194.
Un ancien historien"* fait un grand éloge de ce comte, qu'il représente
comme un prince qui s'acquit une grande réputation de bravoure. « Rai-
« mond, dit un autre auteur du temps^, petit-fils par Alfonse, son père, du
« très-illustre Raimond de Toulouse, que le vulgaire appelle comte de Saint-
« Gilles, étoit aussi recommandable par ses exploits militaires que par sa
a prudence, son affabilité 8c sa grandeur d'âme : égal aux rois, S<. supérieur
« aux ducs 8c aux comtes, il soutint pendant très-longtemps la guerre contre
« Henri II, dit le Vieux, roi d'Angleterre, 8t contre Raimond-Bérenger,
« comte de Barcelone, qui ne cessèrent de le harceler. Il fut toujours vain-
« quetir de ces princes, parce qu'il prévint si bien par sa sagesse les desseins
« qu'on formoit contre lui qu'il les fit tous échouer. Dans le temps même
K qu'il paroissoit devoir succomber 81 être hors d'état de résistera ses ennemis
11 qui étoient les plus forts, il leur enlevoit la victoire par son génie 8c sa
K dextérité. » Cet auteur ajoute « que Raimond, ayant un jour épuisé sls
ic finances pour soutenir le poids de la guerre, 8c n'ayant plus de quoi sou-
ci doyer ses troupes, s'empara de l'abbaye de Saint-Gilles 8c du trésor de
' Rigord, de Gestis Philippi Augusù,^. 38. — ' Msj. de Colhert, n. 2 835, f 167. [Aiij. Int.
Guillelmus de Podio Laurentio, c. 5. — Chroiticon .J991A.J — Baliize, Historia ccclaiae Tutclcm:.',
anonymum, apud Catel, Histoire des comtes de To- p. 5o.
lose, p. 160. [C'est la Chronique dite de Saint- ' Guillelmus de Podio Laurentio, C/irom'con, c. 5.
Sernin, publiée par M. Em. Mabille, tome V, '^ Gervasius Tilberiensis, Otia impcrialia , dans
c, 5o.] Leibniiz, Rerum Brunsvicensium , t. i, p. 999;
' Voyez tome VU, Note XI, pp. 28, 29. t. 2, p. 7?3.
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XX. i6l
An 1194
i< l'église, qui ctoit fort riche à cause des grandes offrandes des pèlerins qui
Il visitoient ce monastère. Le comte, continue-t-il, fut aussitôt excommunié
u pour cette entreprise. Hugues, abbé de Bonneval, dans le diocèse de
Il Vienne, de l'ordre de Cîteaux, religieux d'une vie exemplaire, se rendit
u alors à Saint-Gilles pour le reprendre de son action & le porter à la péni-
II tence. Le saint abbé célébra la messe &, après qu'il l'eut finie, il s'avança
Il revêtu des habits sacerdotaux jusque sur le seuil de la porte de l'église, où
« le comte s'assit à ses pieds, environné de tous les grands de 'sa cour &
« d'une foule de peuple. Hugues, ayant fait silence de la main, prêcha sur
« la communion des saints avec beaucoup de force 8c d'éloquence. Pour
« donner des preuves de la vérité de la communion ecclésiastique & de la
« peine de l'excommunication, il fit apporter un pain tout chaud, qu'il prit,
<i qu'il montra à ses auditeurs Se dont il leur fit admirer la blancheur. Il
« excommunia ensuite ce pain avec les cérémonies ordinaires 8c le rompit j
« mais aussitôt il exhala une odeur insupportable 8c se réduisit en pourri-
« ture. Il prend après le même pain, l'absout 8c lève l'excommunication, 8c hj- ongm,
<i dans l'instant le pain reprend la blancheur 8c la saveur qu'il avoit aupa-
II ravant. Le comte, surpris d'un tel miracle, se jette aux pieds du vénérable
Il abbé fondant en larmes, reconnoît sa faute, restitue à l'abbaye de Saint-
« Gilles ce qu'il avoit enlevé, se soumet à la pénitence qu'il lui impose St
(i est rétabli dans la communion de l'Eglise par ce saint personnage'. »
Quoi c[u'il en soit de la vérité de ce prodige, on voit du moins par là que
si Raimond ne fut pas exempt de fautes, il fut docile à les réparer, 8c qu'il
écoutoit volontiers ceux qui l'en reprenoient. On ne sauroit disconvenir, en
effet, que ce prince n'ait mêlé quelques défauts à de très-grandes qualités j 8c
on peut lui reprocher entre autres la répudiation de la princesse ou, comme
on l'appeloit alors, de la reine Constance, sa femme, 8c peut-être aussi un
penchant trop fort pour l'autre' sexe. Quant au progrès que les hérétiques
firent de son temps dans la Province, les guerres continuelles qui l'occu-
pèrent presque depuis son enfance 8c qui l'engagèrent à appeler un grand
nombre de routiers d'Espagne dans la Province où ils portèrent la désolation,
ne lui permirent pas^ d'y apporter tout le remède convenable, soit pour le
bien de l'Eglise en général, soit pour ses propres intérêts 8c ceux de ses suc-
cesseurs en particulier. On a vu cependant qu'il témoigna un grand zèle
' Dom Vaissete aurait pu laisser cette anecdote tés contribuèrent à irriter Innocent III contre le
dans l'ouvrage de Gervais de Tilbury; elle n'est comte, dont les entreprises étaient parfois quelque
point déplacée au milieu de toutes les historiettes pfti téméraires. [A. M.J
qui remplissent cet ouvrage, d'ailleurs si curieux. ' Pierre de Vaux-Cernay, c. 4. — II faut se
Le fait est qu'avant l'an 1196 on ne voit pas que tenir en garde contre cet auteur, qui est trop en-
l'abbé de Saint-Gilles ait eu à se plaindre du nemi du comte de Toulouse & trop violent pour
comte de Toulouse (t. V, c. 171g, n. 77, & plus n'avoir jamais dit que la stricte vérité. Remar-
bas, n. 78), & a celte date le comte de Toulouse quons en outre que, dans le cas présent, il ne
était Raimond VI. On peut voir dans cette Ion- parle que par ouï-dire. [A. M.]
gue lutte entre les papes 8t ce dernier prince pour ' Guillelmus de Podio Laurentii, Chronicon,
i'abbaye de Saint-Gilles une des causes indirectes c. 6.
de la guerre des albigeois; du moins ces difficul-
VI. H
A-.1
194
102 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XX.
pour la conversion de ces sectaires, &. qu'il ne négligea rien entre autres
pour favoriser la mission que le cardinal de Saint-Chrysogone entreprit à
Toulouse en 1178. Nous savons' de plus c[u'il publia une ordonnance très-
sévère contre eux, par laquelle il condamna également au supplice tous ceux
qui seroient troitvés dans Toulouse Si ceux qui les auroient reçus chez eux,
& confisqua les biens des uns Si des autres, en sorte que plusieurs furent
brûlés viîs. Nous avons enfin divers monumens de la piété de Raimond :
outre les donations qu'il fit k l'abbaye de Bonnecombe, en Rouergue, qui le
regarde comme son fondateur, il exerça de grandes libéralités^ envers celle
t> f i CD
de la Garde-Dieu, en Querci, accorda divers privilèges à plusieurs autres
61 confirma-*, sous le règne de Louis le Jeune, la donation que le comte,
son père, avoit faite à la cathédrale d'Albi, de l'église de Vieux, en Albi-
geois.
La ville de Toulouse a des obligations singulières à Raimond V qui lui
accorda de grands privilèges 81 rendit plusieurs ordonnances pour le règle-
ment de sa police. Les autres villes de ses domaines, en particulier celle de
Nimes, lui furent également redevables : tout cela prouve la douceur de son
gouvernement. Un moderne"* prétend que le roi Louis le Jeune, en mariant
Constance, sa sœur unique, avec ce prince, l'honora de la dignité de pair de
France : il seroit à souhaiter que cet auteur eût donné des preuves d'une
pareille concession. Ce qu'il y a de vrai, c'est que les comtes de Toulouse ne
parvinrent ni plus tôt ni plus tard à la dignité de pair de France que les
autres cinq princes laïques qui en turent revêtus comme eux. Nous parlerons
ailleurs^ de cette matière.
XLIL — Poètes provençaux célèbres.
Jamais la poésie provençale ne fut en si grand honneur que du vivant de
R.aimond V, Si jamais aucun prince ne favorisa tant que lui ceux qui la
cultivoient. Il est aisé de s'en convaincre par deux '^ anciens manuscrits de la
Bibliothèque du roi qui renferment la vie 81 les ouvrages des poètes proven-
çaux, Si où il est très-souvent parlé ^ du bon Raimond, comte de Toulouse,
qui est notre Raimond V. PLntre les poètes qui vécurent de son temps, les
plus célèbres furent Bernard de Ventadour, Pierre-Roger, Pierre Vidais ^
Pierre-Raimond Si. Hugues Brunens. Nous avons déjà parlé ailleurs des deux
premiers; nous rapporterons ici les principales circonstances de la vie des
trois autres, Si nous ne ferons que traduire le texte de l'auteur provençal.
' Voyez tome VIII, Chartes, n. CV, c. 6i3. nous discutons la question à nouveau. Rappelons
' G allia Christiana , ncv. edlt. t. i, p. |85, que le comte de Toulouse ne paraît comme pair du
Instrum. p. 47. royaume que dans des auteurs peu surs ou posté-
' Catel, Histoire des comtes de Tolose, p. 10. rieurs, & que dom Vaissete donne à cette question
■*Besse, Histoire des ducs, mart/uis & comtes de une importance qu'il nous est impossible de lui
Narbonne, p. Siy. reconnaître. [A. M.]
' Voyez tome VII, Note XXVI, p. 74 & suiv., " Bibliothèque du roi, mss. 7225 & 7698.
& surtout ÏA Note additionnelle, p. 78 & suiv. où ' Voyez tome III, 1. XVIII, n. lxxx, p. i(><).
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XX. i63
An 1 194
« Pierre Vidal ou Vidais naquit à Toulouse d'un marchand pelletier. Il '
se distingua autant par sa voix, qui étoit des plus belles, que par ses extra-
vagances. Il faisoit des vers avec beaucoup de facilité 5 mais il étoit extrê-
mement médisant. Un chevalier de Saint-Gilles, de la femme duquel il avoit
fait entendre qu'il étoit amoureux, lui rit couper la langue. Hugues de
Baux eut soin de le faire panser; & ayant été guéri il alla outre-mer, d'où
il amena une grecque qu'il avoit épousée en Chypre. On lui fit accroire
que cette femme étoit nièce de l'empereur de Constantinople Se que l'em-
pire d'Orient lui appartenoit. Il se persuada si bien ces chimères qu'il ,^i'ii°''|f'gû.
employa tout son bien à équiper quelques barques pour aller conquérir cet
empire, & qu'il eut la folie de prendre les armes impériales ik de se faire
appeler empereur 8c sa femme impératrice. Une autre de ses folies étoit de
se croire bienvenu de toutes les dames qui, pour se divertir, faisoient sem-
blant d'avoir de l'amitié pour lui. 11 se croyoit être le meilleur chevalier
du monde, & il ne marchoit qu'à la tête d'une quadrille impériale. Il
demeura quelque temps à Marseille où il devint amoureux d'Adélaïde,
femme de Barrai, seigneur de cette ville, laquelle se rit longtemps de son
extravagance. Il se rendit ensuite à Gênes, d'où il passa la mer avec
Richard, roi d'Angleterre, qu'il suivit à son expédition d'Orient, sur
laquelle il fît plusieurs chansons. Il revint à Marseille, où il apprit la mort
du bon comte Raimond de Toulouse ; il en fut si affligé qu'il fît couper les
oreilles Se la queue à tous ses chevaux. Si raser la tête à tous ses domes-
tiques qui laissèrent croître la barbe 8t les ongles. Il vivoit dans ce deuil
extraordinaire lorsque le roi d'Aragon arriva en Provence accompagné de
ses barons, entre lesquels étoit Arnaud de Castelbon. Ce prince obligea
Pierre Vidais à quitter le deuil, à se réjouir Se à taire de nouvelles chan-
sons. Le poète obéit 8c fît la cour à deux dames, savoir : à Raimonde de
Bioil, femme de Guillaume Pvostaing, seigneur de Bioil, en Provence, 8c
à Étiennette, femme du seigneur de Penautier, dans le Carcasses, qu'on
nommoit la Louve de Penautier, 8c qui étoit née en Cerdagne. Pierre,
pour l'amour de cette dernière, prit le nom de Loup, mit un loup dans ses
armes, se revêtit d'une peau de loup 8c se fit chasser comme un loup dans
la montagne de Cabarets, par les bergers, les mâtins 8c les lévriers, qui le
poursuivirent un jour si vivement qu'on fut obligé de l'emporter à demi-
mort dans la maison de la Louve de Penautier. Cette dame 8c son mari se
réjouirent beaucoup de cette aventure : ils firent cependant traiter Pierre
Vidais qui, étant rétabli, se mit au service du roi d'Aragon, lequel prit
soin de lui'. » On trouve dans les manuscrits dont on a déjà parlé une
vingtaine de chansons ou pièces de vers de la façon de ce poète qui y fait
mention d'Altonse, roi d'Aragon, de Rainier de Marseille, d'Aymeri, roi de
Hongrie, du comte de Poitiers, « qui avoit recouvré, dit-on, les domaines
' [Rochegude, Parnasse, pp. 178, 180, 8c Mahn, pp. ii6 à 219. Ce dernier a publié vingt-trois
pièces ii c; poêle.]
An 1 194
iGa histoire générale de LANGUEDOC. LIV. XX.
« que ses prédécesseurs avoient perdus; » de Pvichard, roi d'Angleterre, de
Pierre, roi d'Aragon, de la guerre des Pisans contre les Génois, & de la
victoire que les premiers avoient remportée sur les autres. Il se qualifie, dans
ces ouvrages, chevalier d'Alfonse, roi de Castille. Jean de Nostradamus'
a écrit sa vie parmi celles des poètes provençaux qu'il a données. Il lui
attribue un traité intitulé ; La maneyra de retirar sa lengita. Il prétend,
sans preuve, qu'il fit son voyage d'outre-mer en 1227 8<. qu'il mourut deux
ans après.
« Pierre-Raimond, fils d'un bourgeois de Toulouse, étoit fort sage & spi-
« rituel. Il se fit jongleur, sut très-bien trouver 81 chanter. Si fit de très-
« bonnes chansons. Il passa la plus grande partie de sa vie à la cour d'Al-
« fonse II, roi d'Aragon, ou à celle du bon comte Raimond, ou enfin auprès
« de Guillaume de Montpellier : il se maria à la fin de ses jours à Pamiers^,
« où il mourut-'. «
Jean de Nostradamus"* parle d'un poëte de même nom, natif de Toulouse :
il le surnomme lou Proux ou le Vaillant, 8c prétend qu'il se rendit aussi
recommandable par ses exploits que par ses vers : « Il fut, dit-il, à la guerre
« de Syrie contre les infidèles avec l'empereur Frédéric, où il composa 81 dicta
« plusieurs belles chansons qu'il adressa à Jausserande del Puech, de noble
« 81 ancienne maison de Toulouse. » Il ajoute, sur l'autorité du Mongé des
îles d'Or, que Pierre-P».aimond fit plusievirs chansons en rime provençale
qu'il adressa à une dame de la maison de Codollet, au retour de la guerre.
Ce poëte, dit-il, écrivit un traité contra l'errour dels arrians, c'est-à-dire
contre les hérétiques albigeois, « 81 un autre contre la tyrannie des princes,
« 81 même de ce que les rois de France Se les empereurs se sont laissés assu-
« jettir aux curés; il fleurissoit du temps dudit Frédéric empereur. Se enfin
« il mourut, vers l'an 1225, à la guerre qui étoit alors entre les comtes de
« Provence & de Toulouse. » On croiroit sur ce témoignage que Pierre-
iid.origin. Raimond, dont il est parlé dans la Vie manuscrite des poètes provençaux,
est le même que celui dont Nostradamus fait mention; mais il y a lieu d'en
douter, car, de treize chansons de la façon de ce poëte, rapportées dans le
manuscrit, il n'y en a aucune qui commence par les mêmes mots que celles
qui lui sont attribuées par Nostradamus, lequel en rapporte les premières
strophes.
« Hugues Brunencs, natif de Rodez, dans la seigneurie du comte de Tou-
« louse, embrassa l'état ecclésiastique & s'appliqua aux belles-lettres. Il se
« fit jongleur 8< se rendit très-habile à trouver ; mais il ne composa pas le
« chant de ses chansons. Il vécut avec le roi d'Aragon, le comte de Toulouse,
« le comte de Rodez, son seigneur, Bernard d'Anduze Se le dauphin d'Au-
« vergne. Il devint amoureux d'une bourgeoise d'Aurillac, nommée madomna
« Galiène, qui méprisa sa passion. Le comte de Rodez le congédia, 8e il en
' Nostradamus, PoSles provençaux, p. 97 & suir. ' [Rochegude, Parnasse, p. 19, & Mahn.p. i33,
° Il y a Pomlers dans le manuscrit. [Note Je Ce dernier donne quatorze pièces de cet auteur.]
dom Faissete,] ■* Nostradamus, Poètes provençaux, p. 75,&suiv,
ÎHSTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XX. i65
« fut si chagrin c[u'il se fit religieux dans l'ordre (ou le monastère) de
« Strozza. » Nostradamus rapporte un peu différemment la vie de ce poëte.
Parmi les autres poètes provençaux qui se rendirent célèbres du temps de
Raymond V, comte de Toulouse, & dont il est parlé dans les anciens manus-
crits que nous avons cités, on trouve :
1° Pierre d'Auvergne', né dans le diocèse de Clermont, du vivant du
dauphin d'Auvergne : il fut réputé le meilleur troubadour jusqu'à Guiraud
de Borneil.
2° Arnaud d'Aniels, gentilhomme de Ribeyrac, en Périgord, qui aban-
donna les lettres pour se faire jongleur. Nostradamus* a écrit sa vie au long.
3° Peyrols, né dans un château de ce nom^, en Auvergne, dans le pays
du dauphin, auprès de Rocafort. C'étoit un pauvre chevalier qui se fit jon-
gleur, {k devint amoureux de Sail de Claustra, femme de Béraud de Mer-
cœur'*, sœur du dauphin d'Auvergne^. Il se maria à Montpellier Si y mourut.
4" « Pons de Capdueil, natif du Vêlai, riche, bien fait, bon chevalier
<( d'armes, beau parleur, galant & sachant également bien trouver, v'wloner
« 6- chanter. Il s'attacha à Adélaïde, femme de Noisil de Mercœur 8< fille de
(I Bernard d'Anduze, qui étoit un honnête baron de la Marche de Provence,
« Il fit plusieurs chansons en l'honneur de cette dame; & leur amour fut
« célébré dans le pays par plusieurs belles courts 5c diverses joutes. 11 la
(1 quitta pour aller en Provence à la cour de Naudiats, femme du seigneur
« de Marseille. Il voulut ensuite retourner auprès de la dame de Mercœur,
<i mais elle refusa ses services. Cela l'engagea à aller à la cour |de madame
(i Marie de Ventadour Se à celles de la comtesse de Montferrand, & de la
« vicomtesse d'Aubusson. Il revint enfin auprès de la dame de Mercœur qu'il
« ne quitta plus. Après la mort de cette dame, il se croisa & alla outre-mer
« où il mourut. » On trouve dans les manuscrits de la Bibliothèque du roi
quinze poèmes ou chansons de sa façon, entre lesquelles il y en a une qui
est fort pieuse, & qu'il composa lorsqu'il étoit à la guerre contre les Sarra-
sins. Il est représenté, dans la vignette du manuscrit, à cheval, armé d'un
bouclier !k d'une lance. Le bouclier, qui est fait en triangle, arrondi par les
deux côtés d'en bas, est un champ d'argent chargé d'un écu de gueules''.
5° " Guillaume de Saint-Leidier ou Dizier, natif aussi de Vêlai, S< châte-
<■ lain de Veillac ou Noaillac, dans le même pays, se fit généralement
« honorer, aimer 8< estimer. Il étoit bon chevalier d'armes, libéral, bien ins-
« truit, poli, civil Se galant. 11 fit la cour à Marquise, temme du vicomte de
« Polignac, 8<. sœur du dauphin d'Auvergne Se d'Adélaïde (ou Sail) de Claustre
« (femme de Béraud de Mercœur). Guillaume, pour cacher sa passion pour
■ Nostradamus, Poètes proverx^aux , p. i6î. — ' Nostradamus, Poëtes proven<;aux, f. 41.
(Rochegude, Parnane, p. i3."); Mahii, p. 89. Ce ^ Balnze, H'utoire gcncalogi<jue Je la maison d'Au-
dernier publie neuf pièces de lui] vergnc, t. 1 , p. 177. — [Rochegude, p. 88.]
' Nostradamus, Poites provenc^aux, p. 41 & suiv. ' [Rochegude, Parnasse, p. 10, & Mahn, p. .337.
* Baiuze, Histoire généalogique de la maison d'Au- Ce dernier donne dix-neuf pièces dt ce poëte, dont
vergne, t. 2, p. 253. la chanson pour la croisade, pp. 3.^4 à 355.]
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166 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XX.
« la vicomtesse de Polignac, lui donnoit le nom de Bertran dans ses chan-
« sons. Hugues le Maréchal, compagnon de Guillaume, que ce dernier avoit
« mis dans sa confidence, 8c qu'il appeloit aussi du nom de Bertran, étoit le
« seul qui connût le mystère; en sorte qu'ils s'appeloient tous trois de ce
»c nom dans les conversations familières qu'ils avoient ensemble. Guillaume
« de Saint-Dizier fit aussi des chansons en l'honneur de la comtesse de Rous-
« sillon en Viennois, dame de beaucoup de mérite. La vicomtesse de Poli-
« gnac en eut de la jalousie, & elle se vengea. Guillaume fut trahi d'un
« autre côté par Hugues le Maréchal, qui révéla ses amours avec cette vicom-
tf|i|°p°'"y « tessej de quoi il eut un extrême chagrin. » Il nous reste neuf de ses chan-
sons adressées à la fin à Bertran, il y parle honorablement du comte Rai-
mond. 11 est peint à cheval dans la lettre grise du manuscrit, tenant dans sa
main la lance & un écu de gueules chargé de trois tourteaux d'argent, joints
par une barre qui traverse & une autre qui descend en forme de T'.
6° Deusde ou Deusdedit de Prades, ainsi nommé d'un village de Rouergue,
situé à quatre lieues de Rodez. Il fut chanoine de Maguelonne, cultiva
beaucoup les lettres S<. fut très-habile à trouver; il fit plusieurs chansons;
mais comme il n'y parloit pas d'amour elles ne furent pas du goût du public,
& on ne les chanta pas. Il parle cependant d'amour dans neuf de ses chan-
sons qui nous restent^.
'^° Bérenger de Palazol, chevalier du pays de Pv.oussillon; il fit des chan-
sons en l'honneur d'Ermessinde, femme d'Arnaud d'Avignon, fils de Marie
de Pierrelatte^.
8° Guillaume Rainols, docte chevalier de la Cioutat, au comté de Forcal-
quier. Il fit des sirventes sur les différends qui s'étoient élevés en Provence
entre le roi d'Aragon & le comte de Toulouse'^.
g° Guérin le Brun, châtelain de Veillac, dans le diocèse du Puy. Il étoit
bon troubadour, quoiqu'il n'ait fait que des tensons\
10° Le dauphin d'Auvergne*', qu'on loue fort pour sa libéralité, & qui
m.ourut fort âgé vers l'an 1234^.
11° Raimond de Durfort Si Turc Malec, chevaliers du Querci^.
12° Albertats (ou Albert) Cailla, jongleur d'Albigeois; il ne sortit jamais
de son pays où il étoit fort aimé; il y a un sirvente de sa façon dans l'un
des manuscrits de la Bibliothèque du roi 9. Il est différent d'un autre poëte,
nommé Albertès, dont Nostradamus fait mention S<. qu'il fait natif de Sis-
teron, mais qui étoit du Gapençois, suivant le manuscrit de la Bibliothèque
du roi.
i3o Pierre de Bargeac, chevalier, compagnon de Guillaume de Balaun. Il
' Rochegude, Parnasse, pp. 281 à l83. " Baliize, Histoire généalogique tie la maison d'Au-
' Ibid. p. 86. ycrgnc, t. i , p. K)5>; t. 2, p. 25l.
' Hid. p. 117 & siiiv. " Rochegude, Parnasse, p. 84.
' Ihld. p. 72. * liiJ. p. 73.
' Voir une pièce de lui dans Rochegude, p. 367 ° IHd, p. 304 & suiv.
& suiv.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XX, 167
fut fort adroit & poli, Se devint amoureux de la femme d'un vavasseur du
château de Javiac. On a un sirvente de lui 5 il porte pour armes, d'azur
bandé d'or, dans la lettre grise du manuscrit'.
14° Pierre de Botignac, clerc gentilhomme du château de Hautefort, &
contemporain de Bertrand de Born, dont nous avons parlé ailleurs^.
ij° Tomiers en Palazis, qui fit des sirventes sur le roi d'Aragon, les comtes
de Provence 8c de Toulouse, 8c le seigneur de Baux^.
16" Guiraud de Salaignac, bon jongleur du château de ce nom en Querci'^.
17" Guillaume de Balaun-''.
18" Enfin Foulques de Marseille, Bernard de Miraval 8c quelques autres
dont nous parierons ailleurs.
An 1 194
XLIII. — Ënfans de Raimond V, comte de Toulouse.
Les anciens auteurs'' donnent trois fils à Raimond V, comte de Toulouse,
de Constance de France, sa femme, savoir : Raimond, Taillefer Se Baudouin.
Le premier, qui étoit né en 1106 8c qui, par conséquent, avoit trente-huit
ans dans le temps de la mort du comte, son père, lui succéda dans tous ses
domaines. Nous avons parlé ailleurs du second, qui s'appeloit Albéric de son
nom de baptême 8c qui mourut sans postérité vers l'an 1184, après avoir
épousé Bcatrix, héritière du Dauphiné. Baudouin, le troisième, survécut
longtemps à son père, 8c nous aurons souvent occasion de parler de lui dans
la suite. Il naquit'^ en France durant le séjour de Constance, sa mère, à la
cour, 8c il y fut élevé auprès du roi I>ouis le Jeune, son oncle, frère de cette
princesse. Après la mort du comte Raimond V, son père, il vint pour la pre-
mière fois dans la Province; mais Raimond VI fit difficulté de le reconnoître
pour son frère. Baudouin ayant été obligé de retourner en France, les prélats
ce les barons du pays, qui étoient parfaitement instruits de sa naissance 8c
de son éducation, lui donnèrent des lettres testimoniales par lesquelles ils
certifioient qu'il étoit fils de Constance, mère du comte de Toulouse S; sœur
du roi Louis le Jeune. Baudouin étant revenu en province avec ces attesta-
tions, 8c le comte Pvaimond, son fière, voyant qu'il ne pouvoit le mécon-
noître, il le retint auprès de lui; mais il ne lui donna qu'un apanage fort
médiocre. Raimond le fit cependant général de ses troupes dans la guerre
qu'il eut à soutenir en Provence contre les seigneurs de la maison de Baux;
Baudouin s'y comporta avec tant de valeur qu'il remporta sur eux une vic-
toire signalée dans une bataille qu'il leur livra. Mais ses exploits militaires
affoiblirent extrêmement sa santé 8c lui causèrent un crachement de sang,
sans que des services si importans fussent capables d'engager son frère à
t. 111, p. yo.
' Rochegude, Parnasse, p. 3^.
' liid. p. 1<)2; lisc^ de Boussignnc.
' liiJ. p. 273.
■• nu. p. 373.
' liid. pp. 3o, 3l.
* GuilUImus de Podio Laiirentii, Chronicon ,
c. 5. — Bernardus Gtiidonis, de Comit, Tolos.
' Guillclmus de Podio Laurentii, Chronicon,
c. 12.
~ i68 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XX.
An 1 194
augmenter ses revenus 8c à lui assigner quelque terre considérable, Rai-
mond V eut un autre lîls, nommé Pierre-Pvaimond ; mais celui-ci n'étoit pas
légitime '.
Ce prince eut encore de Constance, sa femme, une fille nommée Adélaïde,
dont on a parlé ailleurs, 8c qui épousa Roger II, vicomte de Béziers 8< de
Carcassonne. Il paroît^ aussi qu'il eut de Constance une autre fille légitime
dont on ne sait pas le nom, qui épousa un des frères de Dodon, comte de
Comminges. Il laissa enfin une fille naturelle, nommée Indie, qui se maria
en i2o3 avec Guillabert de Lautrec, 5i épousa en secondes noces, en 1206,
Bernard Jourdain, seigneur de l'Isle-Jourdain. On donne quelques autres
filles à ce prince, mais c'est par erreur ^ ou sans aucun fondement solide.
XLIV. — Ra'imond VI, son fils aîné, lui succède &> prend possession du comté
de Toulouse,
. Raimond VI, fils aîné 8c successeur de Raimond V, prit possession'* de la
An I ipa ' _ .... tA .
ville &c du comté de Toulouse, un vendredi du mois de janvier, jour de l'Epi-
phanie de l'an 1194, ou de l'an iigS suivant notre manière de commencer
l'année : preuve qvic R.aimond V étoit alors décédé depuis peu, ce qu'on
peut encore confirmer par le témoignage d'un historien du temps^, qui ne
parle de la mort de ce prince qu'à la fin de l'an 1194. Raimond VI, ayant
convoqué^ alors les consuls Se les principaux habitans de la ville 8c du fau-
bourg de Toulouse dans l'église de Saint-Pierre de Cuisines, reçut le ser-
. ment de fidélité qu'ils lui prêtèrent sauj' leurs droits, usages, coutumes 6*
Jranchises. Le comte jura d'observer de son côté ces coutumes 8c les confirma,
ainsi que les établissemens 8c statuts que Raimond, son père, 8c AUonsc,
son aïeul, avoient fait dresser en faveur des mêmes habitans, avec réserv-e de
ses propres droits. Il confirma^ aussi la sauvegarde que le comte Altonse,
son aïeul, avoit accordée à tous ceux qui demeuroient dans les limites de la
ville, ainsi qu'il les avoit prescrites, &c marqua en quoi consistoient les
privilèges de cette sauvegarde, qui portoit exemption de leude Se 'de péage
pour tous les habitans de Toulouse, 8c régloit les frais 8c les amendes de la
justice criminelle, excepté les hoinicides, les traîtres, les voleurs 8c les adul-
tères qu'il se réserva de punir à sa volonté, Sec.
' Voyez tome VU, ^ote II, n. vi, pp. 7, 8. ' Rigord, Gesta P/nlippi Augasi!.
' Ihii. — Voyez ;uissi, p. 7, la note 1 de la co- ^ Catel, Histoire des comtes de Tolose, p. 22I.
lonne 2. Le texte que cite dom Vaissete est assez ' Ihid. p. 194. — A'oir cet acte, tome \'1II,
postérievir. [A. M.] ce. 419 3421; nous l'avons daté à tort de t i 94
' Voyez tome VU, Vofc 11, n. vi, pp. 7, 8. (n. 5t.)j c'est 1 195 (n. st.). Le manuscrit que nous
^ Cntcl, Histoire des comtes de Tolose, p. 221 & avons suivi portait 1 lyj. [A. M.]
SUIV.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XX. i6q "- T
' An 1 i(j5
XLV. — Le roi Philippe-Auguste donne à Ralmond VI la garde
de Figeac.
Le roi Philippe-Auguste, cousin germain de Raimond VT, lui donna des
niartiues de sa bienveillance aussitôt après la mort de Raimond V par une
charte' dans laquelle il déclare « que pour l'amour qu'il portoit envers son
V très-cher ^ fiai cousin Raimond, illustre comte de Saint-Gilles, & pour le
« désir qu'il avoit de son agrandissement, il lui donne & à ses héritiers, en
<i augmentation de fief £<. d'hommage, la garde de Figeac avec tout le droit,
« le domaine 8<. la puissance qu'il y avoit ou qu'il devoit y avoir. » Pour
entendre cette concession, qui est datée du mois de février de l'an 1 194 (i igS)
St non de l'an 1190, comme un moderne* l'a avancé, il faut se rappeler que
Richard, roi d'Angleterre, avoit enlevé le Querci à Raimond V, comte de
Toulouse, & que par le traité que le roi Philippe-Auguste avoit fait en Sicile
avec lui, au mois de mars de l'an i igi, il lui avoit laissé ce pavs, à la réserve
des abba\es de Figeac 8c de Souillac, parce qu'elles étoient royales. Ainsi
Philippe remit par là Raimond VI en possession d'une partie du Querci, en
attendant que ce comte pût recouvrer le reste sur Richard, qui le lui déte-
noit toujours.
XLVI. — Traité entre les comtes de Toulouse &< de Forcalquîer.
Raimond VI, après avoir pris possession de la ville de Toulouse, fit un
voyage dans le bas Languedoc & en Provence. C'est ce qui paroît : i° par
les privilèges^ qu'il accorda à Nimes, au mois de mai de l'an iiço, aux habi-
tans de cette ville de ne pouvoir être arrêtés dans leurs maisons, &C.; 2° par
le bail à fief qu'il fît^ vers le même temps, comme comte de Melgueil, en
faveur de Raimond de Lambert, du lieu de Boutonnet, auprès de Montpel-
lier; 3° enfin par le traité qu'il conclut la même année avec Guillaume,
comte de Forcalquier, ([u'on^ qualifie Guillaume IV.
Ce traité'' renferme deux articles réciproques entre les deux comtes. Par
le premier, ils se promettent par serment un secours mutuel envers tous &c Kf ongin.
I ' r_ I _ t. Ul, p. 100,
contre tous Se de veiller k la conservation de leurs domaines. Dans le second,
Guillaume remet à Raimond la donation que le père de ce dernier lui avoit
faite de son comté, & toutes les acquisitions qu'il pouvoit y avoir faites, pro-
mettant par serment de n'en plus faire de nouvelles, sans son consentement,
dans les limites de ce comté, savoir : depuis le mont d'Alverne, près de
Cavaillon, jusques au Rhône, à la Durance 6- à l'Isère, ainsi que ces limites
' Voyez tome VIII, Chartes, n. LXIII, c. ^'ii. ^ Ganel, Séries ptaesulum Mttgaloncmium, p. 244.
' Brussel, Usage îles fiefs , t. 1, p. |35; t. 1, ' Ruffi, Dissertations historiques sur l'origine Jes
p. 38o. comtes de Forcalquier, 8vC.
' Hôtel de ville de Nimes. — [Méiiard, Histoire "^ Voyez tome VIII, Chnrtes, n. LXIV, ce. 4.32
Je Nimes, t. 1 , p. 249, & Preuves, p. 41.] à 4^4.
"T ~ 170 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XX,
An 1 19J '
étaient marquées dans les anciennes chartes ^ il lui cède enfin la moi lié de
risle & d'Avignon. Raimond, de son côté, renonce en faveur de Guillaume à
la donation que ce dernier avoit faite à Raimond V, son père, du comté de
Forcalqtiier, & lui cède toutes les acquisitions qu'il y avoit faites, avec pro-
messe de n'en pas faire de nouvelles, sans son agrément, dans l'étendue de
ce comté, qui étoit limité dans les anciennes chartes par le mont d'Alverne
jusques à Pont-Haut «S- le col de Câpre. Il lui cède aussi la moitié de l'Isle &
d'Avignon, & la jouissance pendant sa vie du village de Germain. L'évêque
de Cavaillon, Guillaume d'Ami, Pv.aimond-Rascas, seigneur d'Uzès, £<. plu-
sieurs autres seigneurs du bas Languedoc & de Provence furent présens a
ce traité, dont un historien' moderne rapporte le précis, mais qu'il date mal
à propos de l'an iigi.
Cet auteur est en peine de savoir le droit qu'avoient les comtes de Tou-
louse sur le comté de Forcalquier; mais il est aisé d'inférer de cet acte que
Raimond V, comte de Toulouse, ik Guillaume IV, comte de Forcalquier,
s'étoient appelés mutuellement^ à la succession l'un de l'autre, s'ils venoient
à mourir sans postérité masculine, savoir : dé la part de Raimond, du mar-
quisat de Provence, dont les bornes sont ici marquées; Se de la part de Guil-
laume, du comté de Forcalquier. Or, comme Guillaume IV n'eut qu'une
fille, qui épousa P\.ainon de Sabran, dont elle eut une fille, nommée Gar-
sinde, que le même Guillaume, son aïeul maternel, avoit donnée deux ans
auparavant en mariage à Alfonse, fils puîné d'Alfonse II, roi d'Aragon, avec
son comté de Forcalquier; Raimond VI, comte de Toulouse, avoit lieu d'es-
pérer de succéder un jour à ce comté & pouvoit le disputer au prince d'Aragon,
C'est ce qui engagea sans doute Guillaume IV, pour favoriser Alfonse, à
rompre ces conventions Se à faire un nouveau traité avec le comte de Tou-
louse, suivant lequel ils se remirent leurs prétentions réciproques sur le mar-
quisat de Provence &c le comté de Forcalquier, Au reste, ce traité nous donne
occasion d'ajouter ici deux réflexions, La première, que le marquisat de Pro-
vence comprenoit les pays situés entre la Durance & l'Isère & par consé-
quent la mouvance sur les comtés de Valentinois & de Diois, La seconde,
que le domaine de la ville d'Avignon étoit alors partagé entre les comtes de
Toulouse & de Forcalquier : nouvelle preuve que le comte de Barcelone,
après avoir partagé l'ancien comté de Provence, en 11 25, avec le comte de
Toulouse, avoit rendu aux comtes de Forcalquier la moitié d'Avignon^, qu'il
s'étoit réservée par ce partage, Guillaume IV fut le dernier comte de Forcal-
quier de la maison d'Urgel, On remarque "* que ces comtes portoient les armes
de Toulouse en 1168, 1174 S<. 1180, & on ignore le motif pour lequel ils les
avoient prises. Nous croyons qu'il n'en faut pas chercher d'autre que l'asso-
ciation mutuelle faite entre eux Se les comtes de Toulouse, pour se succéder
les uns aux autres par défaut de mâles,
• Columbi, Opéra, ei. \668, p. 90. '' Colinnbi , Opcra, éd. 1668, p. 90. — Ruffi,
' Voyez ci-dessus, 1. XIX, n. xxvi, p. 32. Dissertations historiques sur l'origine des comtes de
' Voyez tome IV, Note XV, n. m, pp. 76, 77. Forcalquier, &c.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XX. 171
XLVII. — Raimond VI est excommunié pour quelques entreprises sur
l'abbaye de Saint-Gilles,
Durant le séjour de Raimond VI aux environs du Rhône, en iigS, il fit
sur l'abbaye de Saint-Gilles quelques entreprises qui lui attirèrent de sanglans
reproches de la part du pape Célestin III. Ce pontife lui écrivit', en effet,
le i^'de mars suivant, une lettre dans laquelle il lui déclare : « Qu'il étoit
« dans la disposition de lui donner des marques de l'attection sincère qu'il
« avoit témoignée avant son élection au pontificat, au comte, son père, d'ho-
« norable mémoire; mais que ses actions l'avoient fait différer, & qu'il ne
« devoit pas compter sur son amitié, à moins qu'il ne fît une satisfaction
Il convenable des excès téméraires dont il s'étoit rendu coupable. » Entre ces
excès, Célestin reproche à Raimond d'avoir détruit plusieurs églises dépen-
dantes de l'abbaye de Saint-Gilles, d'avoir pillé les domaines de ce monas-
tère & fait construire une forteresse dans ses dépendances contre la teneur de
son serment. Il lui ordonne de raser incessamment ce château, de réparer
tous les dommages & de maintenir l'abbaye dans ses droits. « Sinon, ajoute-il.
Il sachez que nous avons donné ordre aux archevêques de Bourges, de Nar-
II bonne, d'Arles St d'Aix, 8t à leurs suffragans de vous excommunier avec
(I tous vos officiers & vos fauteurs; de jeter l'interdit sur vos États j de
Il faire renouveler tous les dimanches l'anathème avec les cierges allumés &
r, au son des cloches dans toutes les églises de leurs diocèses; & de défendre
Il de célébrer les offices divins dans tous les lieux où vous vous trouverez,
« jusqu'à ce que vous ayez pleinement satisfait. Enfin vous devez tenir pour
<i certain que si vous persévérez dans votre malice, nous avons absous tous
Il vos sujets du serment de fidélité qu'ils vous ont prêté. » Nous apprenons
d'un autre monument^ que Raimond donna le nom de Mirapetra au châ-
teau qu'il avoit fait construire dans le territoire de l'abbaye de Saint-Gilles,
Se qui donna principalement occasion à une lettre si fulminante. Nous savons
enfin que le comte n'eut aucun égard aux remontrances du pape & qu'il fut
bientôt après excommunié. Il paroit qu'il avoit fait quelque temps aupara-
vant un traité avec l'abbc de .Saint-Gilles & qu'il l'avoit rompu dans la suite :
c'est ce que nous inférons du premier canon du troisième concile de Mont-
pellier.
XLVIlI. — Troisième concile de Montpellier. — Èvêques de Lodève.
Ce concile se tint^ au mois de décembre de l'an iigS. Il fut composé des
évêques de la province de Narbonne, & il y a lieu de croire qu'ils s'y trou-
vèrent tous; car il est marqué dans le quatorzième canon que le concile étoit
' Voyez tome VIII, Chartes, n. LXVI, ce. 436 ' Baluze, Concilia Galliae Narioncnsis, p. 28 &
à 43s. «UIT.
' Gallia Chrlstlana, t. 6.
An 1 19a
Kd. oiisiii.
t. ni, p. 101,
"T ~ 172 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XX.
An 1 190 '
plénier. Maître Michel, légat du pape, y présida £<. on y dressa vingt canons.
Le premier ordonne l'observation exacte de la paix dans toute la Province,
« ainsi qu'on avoit déjà fait serment de l'observer, de la volonté du seigneur,
(( comte de Toulouse, Si qu'elle avoit été confirmée ensuite à Saint-Gilles,
« en présence du même légat, par les évêques d'Uzès Si de Nimes, tant pour
<( eux que pour toutes leurs terres. » Le légat déclare excommuniés, du con-
« sentement du concile, tous ceux qui violeroient cette paix, met leurs terres
en interdit &. délie leurs vassaux, dans le second canon, du serment de fidé-
lité. Le troisième canon anathématise tous les hérétiques, les Aragonois (ou
brigands), leurs compagnies qu'on appeloit mainades, & ceux qui tournis-
snient des armes aux Sarrasins. Il déclare aussi excommuniés les princes
séculiers qui, en étant avertis par l'Eglise, ne les punissoient pas conformé-
ment au concile de Latran 6- à celui que le pape Alexandre III avoit tenu
à Montpellier. Les canons suivans regardent l'usure, la trêve de Dieu 8c
l'établissement des nouveaux péages. Le neuvième défend aux juifs & aux
Sarrasins d'avoir des domestiques chrétiens S<. d'exercer quelque autorité sur
eux. On donne par les deux canons suivans divers privilèges aux juih Si aux
païens qui se convertissoient au christianisme. Les autres canons sont contre
les usuriers, pour ordonner la décence des habits des ecclésiastiques 8t des
laïques, 81 retrancher la somptuosité des repas de ces derniers. Le quinzième
défend aux religieux de professer le droit St la médecine, à peine de puni-
tion, suivant le décret du même concile tenu à Montpellier par Alexandre IIL
Le dix-neuvième confirme la sentence d'excommunication portée contre les
habitans de Capestang, dans le diocèse de Narbonne, qui, ayant fait prison-
nier l'évoque de Lodève, l'avoient fort maltraité 8<. obligé de payer sa rançon;
il soumet leur territoire à l'interdit, jusqu'à ce qu'ils aient fait une satisfac-
tion convenable. Enfin le vingtième ordonne, qu'à cause qu'il y avoit .plu-
sieurs hérétiques dans la province de Narbonne, l'archevêque & les évêques
aviseroient entre eux sur la manière dont ils feroient publier l'interdit contre
les infracteurs des décrets du concile; « de crainte, ajoute le canon, que ces
(i sectaires ne se servent de l'occasion d'un interdit général Se de trop longue
« durée pour surprendre la simplicité des fidèles. «
L'évêque de Lodève qui avoit été pris Si maltraité par les habitans de
Capestang, on ne sait pour quel motif, est le même (jue Rairaond, oncle
paternel de Guillaume VIII, seigneur de Montpellier. Il m.ourut en 1197 8(.
eut pour successeur Pierre Frotier, qu'on fait' de la maison des comtes de
Périgord, sans en donner la preuve. Ce dernier transféra en 1198 le corps
de saint Fulcrand Se eut de grands différends avec les habitans de sa ville
ild orisin^ cpiscopale, qui se saisirent du palais épiscopal, le mirent au pillage 8< obli-
gèrent ce prélat, aussi bien que les chanoines, à faire serment d'observer cer-
tains statuts.
On croit que maître Michel, qui présida au concile de Montpellier en
' Plantavit de la Panse, C/ironohgin pracsulum LoAovens'nim, p. ico & Sîo.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XX. lyS
qualité de légat du pape Célestin III, ne faisoit alors que passer dans la Pro-
vince pour aller en Espagne au secours des chrétiens consternés du progrès
que les Maures avoient fait depuis peu dans ce royaume'. En effet, le sixième
canon du concile accorde divers privilèges à ceux qui serviroient en Espagne.
Nous inférons de là que les peuples de la Province s'armèrent & passèrent
les Pyrénées pour aller combattre les Sarrasins. On voit du moins par le ser-
ment* de fidélité que Guillaume VIII, seigneur de Montpellier, prêta en 1193
à l'évèque de Maguelonne, que Grégoire, cardinal de Saint-Ange étoit alors
légat ordinaire dans la Province.
XLIX. — Paix entre Richard, roi d'Angleterre 6- Ralmond VI, qui épouse
Jeanne, sœur de ce prince, après avoir répudié Bourguigne de Chypre.
Le comte de Toulouse se rendit sur les frontières du Querci, vers l'automne
de l'an iiçS, pour résister à Richard, roi d'Angleterre, qui s'étoit avancé avec
un corps d'armée & qui prit quelques places sur lui. Cela paroît par le traité de
paix qui fut projeté, le 7 de décembre de cette année, entre ce roi &. Philippe-
Auguste, mais qui ne fut entièrement conclu que le i5 de janvier suivant,
dans une nouvelle entrevue qu'eurent ces deux princes auprès de Gaillon,
en Normandie. Par ce traité ^ Richard céda à Philippe tout ce qu'il avoit en
Auvergne, 8c Philippe rendit à Richard Issoudun, Grassay, &c., dans le
Berrv; Souillac, dans le Querci, avec ses dépendances, « excepté ce que le
<i comte de Saint-Gilles & les siens, ou le vicomte de Turenne & les siens y
« possédoient la veille de Saint-Michel précédente. » Après cet article on lit
le suivant : « Le comte de Saint-Gilles 8c moi, dit Richard, conserverons
« réciproquement tous les domaines que nous possédions la veille de Saint-
« Nicolas; je fortifierai toutes les places que je jugerai à propos dans ces
« domaines, comme dans ceux qui m'appartiennent en propre; 8c le comte
« de Saint-Gilles pourra faire la même chose dans les siens. Si le comte ne
« veut pas être compris dans cette paix, le roi de France ne le secourra pas
« contre moi : il me sera permis de lui faire tout le mal que je pourrai 8c de
«i ravager ses Etats. Que si je voulois, au contraire, retenir les conquêtes que
u j'ai faites, tandis que le comte de Saint-Gilles voudra faire la paix, je serai
« obligé de lui rendre tout ce que j'ai pris sur lui depuis la veille de Saint-
<i Michel, 6- il en sera de même de ce comte. Si enfin ce prince refuse la
<( paix, je ne ferai aucune entreprise contre lui, tant qu'il voudra s'en rap-
t porter au jugement du roi de France. »
Cet article ne plut pas au comte Raimond qui refusa de l'accepter; 8c la
paix n'ayant duré que quelques mois entre les deux rois, ils reprirent bientôt
les armes. Cependant Raimond, lassé enfin de cette guerre, eut recours à la
négociation 5c envoya en ambassade Guillabert, abbé de Castres, pour faire
' Ralaze, Concilia Galliae Narioncmh. 'Du Chesne, ffislor, Ncrm. SS. p. io5j. — ■
' Voyez tome VIII, Chartes, n. LVII, c. 41?!. Rigord, p. 3.p.
An 1 193
An I 106
"1 T 174 HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XX.
An I ipo ' ~
des propositions à Richard, qui les approuva' : ainsi la paix fut conclue entre
le roi d'Angleterre &. le comte Raimond aux conditions suivantes : 1° Richard
renonça^ à toutes ses prétentions sur le comté de Toulouse en qualité d'héri-
tier de la maison de Poitiers. 2° Il restitua à Raimond le Querci qu'il avoit
V envahi sur lui depuis l'an^ 1188. 3° Il lui donna'' en mariage Jeanne, sa
sœur, veuve de Guillaume II, roi de Sicile, avec l'Agenois qu'il constitua en
dot à cette princesse; à condition que Raimond 8c les enfans qui naîtroient
de ce mariage tiendroient ce pays en fief des rois d'Angleterre comme ducs
d'Aquitaine, &. qu'ils les serviroient avec cinq cents hommes d'armes pendant
un mois à leurs dépens, lorsque l'Anglois feroit la guerre en Gascogne. Un
moderne^ prétend que Pv.ichard donna aussi en dot à Jeanne, sa sœur, en la
mariant à Raimond, le Rouergue & le Querci; mais il n'y a aucune preuve
que le Rouergue ait jamais appartenu à Richard, ni qu'il en eût dépouillé le
comte de Toulouse : ainsi il ne peut l'avoir donné en dot à sa sœur. Pour le
Querci on peut croire que Richard, en le restituant à ce prince, le fit en
quelque manière dépendre de la dot^ de Jeanne, & qu'il s'y réserva l'hom-
mage en qualité de duc d'Aquitaine. Enfin un ancien auteur' nous apprend
que Richard vendit en cette occasion à Tancrède, roi de Sicile, le douaire
t.'ia°"^'oï "-P^ ^^^ Guillaume II, roi de Sicile, avoit assigné à la même Jeanne, sa
femme, dans le temps de leur mariage, Se que Tancrède le paya en argent
comptant.
Raimond, pour pouvoir épouser Jeanne d'Angleterre, répudia^ Bourguigne
de Lézignan ou de Chypre, sa troisième femme; sous prétexte qu'ils étoient
parens du quatrième au cinquième degré. Bourguigne, après sa répudiation,
se retira à Marseille^, où elle fixa son séjour en attendant quelque occasion
favorable pour repasser en Orient. Elle étoit encore en cette ville vers
l'an 1204, lorsque plusieurs chevaliers françois qui s'étoient croisés pour la
Terre-Sainte y débarquèrent. Gaucher de Montbelliard, l'un d'entre eux,
parent de Baudouin, comte de Flandres, l'épousa alors, la ramena en Orient
& en eut des enfans; mais, à ce qu'il paroît, cette princesse n'en donna aucun
au comte de Toulouse.
Pvaimond, étant libre parce divorce, épousa la reine Jeanne'° au mois
d'octobre de l'an 1196. Il y a lieu de croire qu'il se rendit pour cela à la
cour d'Angleterre, & que leurs noces y furent célébrées. Jeanne n'avoit alors
■ D'Achéry, Spicilegium, t. 7, p. 34.3. ' Guillaiiine de Tyr. Contin. ap. Martène, Co!-
' Catel, Histoire des comtes de Tolose, p. 208. — lectio amplissima, t, 5, c. 682. — [Ernoul & Ber-
Rapin Thoiras, Histoire d'Angleterre, 1. 7, nard le Trésorier, édit. de Mas-Latrie, p. 269.]
^ Voyez tome VII, Note IX, n. v, pp. 23, 24. ' Voyez tome VII, NoteX, n. m & suiv. pp. 25
■• Rogerius de Hoveden, p. 436. — Guillelmus à 27.
de Podio Laiirentii, c. 5. — Chronicon aiionymum, ^ Guillaume de Tyr, Contin. ap, Martène,
ap. Catel, p. 160. — [Voyez tome V, c. 5i.] — CoUectio amplissima, t. 5, c. 667. — [Ernoul, édi-
Pierre de Vaux-Cernay, c. 63. — Du TiUet, Tra/ïc tion de Mas-Latrie, p. 3â2 & suiv.; tome VII,
de 1269 entre la France & l'Angleterre. p. 25.]
^ Langlois, Histoire des croisades contre les alhi- '" Chronicon anonvmum, apud Catel, p. i6o. —
geois. 1. 2, p. 58. [Voyez tome V, c. 54.]
" D'Achéry, SpiciUgium, t. 7, p. 348.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XX. ijo
que trente 8c un ansj car elle étoit' née au mois d'octobre de l'an ii65. Elle
avoit épousé^ en 1177 Guillaume II, roi de Sicile, dont elle étoit veuve
depuis plusieurs années; c'est pour cela qu'elle garda le titre de reine, même
après son second mariage.
Suivant un ancien monument, <( le comte de Toulouse, après^ avoir épousé
« Jeanne, sœur du roi d'Angleterre, se rendit, le 12 de novembre de l'an 1 196,
« dans le cloître de Notre-Dame (de la Daurade) de Toulouse, dans la salle
« du prieur, 8c là il reconnut 8c accorda, en présence des consuls, au nombre
« de ciix-huit, du conseil de la ville Se du faubourg, 8c des principaux liabi-
« tans, qu'il n'avoit sur eux aucun droit de quête, de tolte, d'albergue 8c de
« prêt, à moins qu'ils ne le lui permissent volontairement. » Il confirma en
même temps les libertés, coutumes, usages 8c privilèges de" la ville de Tou-
louse, ainsi que le comte Alfonse, son aïeul, Se le comte, son père, les
avoient accordés 8c approuvés'*.
L. — Mort d' Alfonse II , roi d'Aragon. — Partage de ses domaines
entre ses fils.
Raimond VI, par le traité qu'il conclut avec Ricbard, roi d'Angleterre,
recouvra non-seulement ses anciens Etats que ce prince lui détenoit depuis
longtemps, mais il y ajouta encore l'Agenois, situé des deux côtés de la
Garonne, Il se vit délivré la môme année d'un voisin formidable, ancien
ennemi de sa maison, en la personne d'Altonse II, roi d'Aragon, qui mourut
à Perpignan, le^ 25 d'avril de l'an 1196, 8c fut inhumé dans l'abbaye de
Poblet.
Les historiens"^ font un grand éloge d'Alfonse II. L'un d'entre eux^ assure
que ce prince étoit reconnu pour souverain, dans le temps de sa mort, en
divers pays situés en deçà des Pyrénées, « entre autres dans le Béarn, la
« Gascogne, le Bigorre, le Comminges, à Carcassonne, à Béziers 8c à Mont-
ci pellier. » Mais : 1° l'on ne sauroit dire qu'Alfonse fût proprement souve-
rain d'aucun pays situé en France, car nos rois dominoient alors non seule-
ment sur tous ceux dont on vient de parler, mais encore sur toute la Catalogne.
2° Il s'en faut bien que ce prince fût maître, dans le temps de sa mort, de tous
ces pays; il est vrai qu'il prétendoit la suzeraineté sur Carcassonne, Béziers
' Robertus Je Monte, Chronieon. ziers, on sait (juellej relations étroites existèrent
' Rogerius de Hoyeden , p. 3i5. — Martène, entre ces princes & les rois d'Aragon aux doii-
Velerum SS. amplissima collectio, t. 3, c. 898. zième & treizième siècle. [A. M.]
' Catel, Histoire des comtes de Tolosc, p. 216. — ' Thalamus de Montpellier, [édition de la Société
[Voyez tome VIII, c. 439 & «iiiv. on nous pu- archéologique de Montpellier, p. 22 j même texte
blions à nouveau cet acte d'après JJ. xxi.] latin dans la Chronique de Saint-Sernin, tome V,
* Dom Vaissete n'a ici qu'à demi-raison. Il est c. 5o.]
bien certain que le roi d'Aragon, Alfonse, n'avait ' Gesta comitum Barcinonensium, c. 22 &$eq..—
aucun droit sur Montpellier & Béziers; mais il Zurita, Anales de la corona de Aragon, 1. 2, c. 47.
n'en était pas moins le suzerain des seigneurs de — Bouche, La chorographie de la Provence, p. 17;^
Montpellier, qui tenaient de lui des terres dans & suiv.
la Marche d'Espagre Quant aux vicomtes de Bc- ' Zuritn, Anales delà corona de Aragon, 1. 2, c. 47.
An
An 1 19!)
15j. orisin.
l. 111, p. lo.t.
176 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XX.
& Montpellier; mais, outre qu'il n'en jouissoit pas alors, les prétentions qu'il
pouvoit avoir sur ces deux dernières villes n'étoient appuyées que sur de^
fondemens chimériques'.
Alfonse laissa trois fils & quatre filles de Sancie de Castille, sa femme.
Pierre, l'aîné, lui succéda dans le royaume d'Aragon, la principauté de Cata-
logne & les comtés de Roussillon, de Pailhas, de Besalu 6<. de Cerdagne,
qu'il gouverna jusqu'à l'âge de vingt ans sous la tutelle de la reine, sa mère.
On ajoute^ que le roi, son père, disposa aussi en sa faveur de tous les droits
qu'il avoit depuis la ville de Béziers jusqu'au port d'Aspe; c'est-à-dire qu'Al-
fonse le fit son héritier pour les comtés de Carcassonne & de Razès, ou.
plutôt pour les prétentions qu'il avoit sur ces deux comtés; car le vicomte
Pvaimond-Roger, qui en possédoit le domaine utile, reconnoissoit alors pour
suzerain le comte de Toulouse, son oncle, son seigneur naturel. On doit
encore remarquer qu'il y avoit quelques comtés dépendans de l'Aragon ou de
la Catalogne sur lescjucls le roi Alfonse II ne dominoit que médiatemcnt
dans le temps de sa mort; tels que ceux de Besalu & de Cerdagne dont il
avoit disposé en faveur du prince Sanche, son oncle, qui lui survécut; celui
de Pailhas qui avoit encore alors ses comtes particuliers, £\c.
Alfonse, fils puîné d'Alfonse II, eut pour son partage le comté de Pro-
vence dont il fut le second comte de son nom. On prétend^ que le roi, son
père, disposa aussi en sa faveur des vicomtes de Millau & de Gévaudan, Se
du droit qu'il avoit sur Montpellier dont le seigneur lui avoit, dit-on, fait
hommage. On a vu cependant que Guillaume VIII, seigneur de Montpel-
lier, qui possédoit cette ville sous l'hommage de l'évêque de Maguelonne,
ifconnoissoit alors pour son suzerain dans le reste de ses domaines le comte
de Toulouse Si de Melgueil. Quant aux vicomtes de Millau & de Gévaudan,
il paroît que Pierre, roi d'Aragon, les eut dans son lot, puisqu'il les engagea,
en"* 1204, à Pvaimond VI, comte de Toulouse; peut-être que ces deux
vicomtes échurent d'abord à Alfonse II, comte de Provence, & que les deux
frères les échangèrent quelque temps après. Quoi qu'il en soit, le même
Alfonse II, fils du roi d'Aragon, unit^ le comté de Forcalquier au comté de
Provence par le mariage qu'il avoit contracté, en iigS, avec Garsinde de
Sabran, à laquelle Guillaume IV, comte de Forcalquier, son aïeul maternel,
donna alors ce comté en dot. Enfin Alfonse II, roi d'Aragon, eut un troi-
' Peu après, en avril 1197, le vigiiier de Tou- cien privilège, avaient le droit d'employer telle
louse, Pierre-Roger, fit, de concert avec les con- mesure qu'il leur convenait. Ce furent seulement
suis, un règlement sur les poids & mesures publics. des mesures publiques destinées à contrôler les
Cet acte nous apprend qu'il y avait des mesures en fraudes. (Cf. t. VIII, c. 440 & suiv.) [A. M.]
pierre à Saint-Pierre-des-Cuisines, à Saint-Géraud ' Gesta comitum Barcinonensium, q. 22 & seq. —
& à Saint-Sernin ; elles avaient même capacité Zurita , Anales de lu corona de Aragon, 1, 2, c. 47.
que deux autres mesures en cuivre (servant d'éta- * Zurita, Anales de la. corona de Aragon, 1. 2,
lonsi"), placées à Saint-Sernin & à Saint-Etienne. c. 47.
La quartière est fixée par cet acte à la moitié d'une ''Voyez tome VIII , Chartes, n. LXXX, c. 5i8
émine, & le carton vaut huit quartières. L'usage 8t suiv.
de ces mesures ne fut pas du reste obligatoire pour ^ Bouche, La chorographie ou description de la
içs habitants de Toulouse qui, en vertu d'un an- Provence^ t. 2, p. 173 & suiv.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XX. 177 — T
' ' Au 1 1()6
sièine fils, nommé ' Ferdinand, qui kit religieux de l'ordre de Cîteaux 8c
ensuite abbé de Mont-Aragon. Entre les hiles de ce roi, la seconde Se la
troisième, nommées Éléonore 8c Sancie, épousèrent dans^ la suite, l'une
Raimond VI, dit le Vieux, comte de Toulouse, 5c l'autre Raimond VII,
surnommé le Jeune, fils de ce prince.
Le roi Alfonse se rendit recommandable par ses exploits 8c ses excellentes
qualités. Il protégea ceux qui cultivoient de son temps la poésie provençale
8c ne dédaigna pas lui-même de taire des vers en cette languej ce qui l'a fait
mettre au nombre des poètes provençaux sous le nom à'Aljbnse, roi d'Aragon,
celui qui trouva, pour le distinguer du roi Alfonse I. On voit un poëme ou,
comme on disoit alors, une chanson de sa façon dans un des manuscrits^ de
la Bibliothèque du roi. Il est représenté à cheval, dans la lettre grise, armé
de toutes pièces; le caparaçon de son cheval chargé des armes d'Aragon, paie
d'or Se de gueules. Il est, d'ailleurs, fait mention de lui dans les anciennes"*
vies des poètes provençaux, St en particulier dans celles de Bertrand de lîorn
ou d'Hautefort, d'Arnaud de Marviel, de Pierre Rogier, de Pierre Vidal, du
Moine de Montaudon, de Foulques de Marseille, 8cc.
LI. — Comtes de Rode-^,
II est parlé dans ces vies du comte de Rode-:^ comme d'un des seigneurs de
son temps qui favorisèrent le plus la poésie provençale. Ce comte, qui se
nommoit Hugues 8c qui tut le second comte de Rodez de son nom, avoit
succédé, avant l'an iiôg, à Hugues I, son père. Il établit^, vers l'an 1161,
conjointement avec Hugues, évêque de Rodez, son frère, la paix dans le
diocèse de Rodez, dont il régla les conditions, du conseil des abbés, des pré-
vôts, des archidiacres Se des barons du pays; Se c'est ce qui a donné l'origine
au droit de commun de paix qu'on lève encore dans le Rouergue. Il épousa"^
Agnès, fille de Guillaume VIII, comte d'Auvergne, 8c en eut cinq fils, comme
il paroît par son testament^, daté du 8 d'octobre de l'an 1 176. Par cet acte il
choisit sa sépulture dans l'abbaye de Bonneval, en Rouergue. Il donne le
comté de Rodez 8c tous ses domaines jusqu'au Tarn, à Hugues, son fils aîné.
Il lègue à Gilbert, son second fils, le pays ou vicomte de Creissel 8c tous ses
biens situés au delà du Tarn, à condition qu'il tiendroit le tout en fief de
son aîné, avec substitution de l'un à l'autre. Il destine deux autres de ses fils
à l'état religieux, savoir : Bernard, le troisième, dans l'abbaye de Loc-Dieu
de l'ordre de Cîteaux, 8c Henri, le quatrième, dans celle de Conques. Il confie
le cinquième, nommé Guillaume, aux soins du prévôt, oncle de ce dernier,
avec cinq cents sols de pension annuelle sur le Carladois, 8c ordonne qu'en
* Zii t iï.i, A iiaUs Je la corons Je Aragon, l. 2, c. 47. * GaUia Chnstiana , nov. éd. t. 1 , Instrum. p. 5l .
* Vo/cï tDir.o VU, iVelf X, n"' V & vi, pp. 26,27. ' Voyez tome ^U, Note XII, pp. 3j à 33.
' Ms». n. 7 22j. ' Mariène, Vcterum SS. ampliaima colUclie, t. I,
* liid. 81 n. 769J. — [Roch:gude, Parnasse, ç. 897 & sc<j.
pp. 3j & ^i; Mjhn, p, ui & Juiv.]
VI. „
An 1 lyô
178 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XX.
cas ([ue ce prévôt, dont il ne dit pas le nom, mais qui est le même' que
Guillaume, alors prévôt de l'abbaye de Brioude £<. fils puîné de Guil-
laume VIII, comte d'Auvergne, ne voulût pas se charger de son éducation,
ce cinquième fils seroit religieux de Saint-Victor de Marseille avec deux mille
sols de Rode^. Il donna pour tuteurs & défenseurs à ses fils Hugues, évêque
de Pvodez, & Richard, ses frères. Enfin il ordonna de rendre à (Agnès d'Au-
vergne^) sa femme quatre mille sols du Puy Sv vingt-cinq marcs d'argent sur
le château d'Entraigues, qu'il avoit reçus pour sa dot, &t lui donna de plus
voitr son douaire {in sponsalitium) l'usufruit de la moitié du Carladois ou de
cette partie du même pays qui avoit appartenu à Richard, son aïeul, avec
réserve de la propriété pour son fils.
Richard , frère de Hugues II , fut présent à cet acte avec la mère & la
femme de ce dernier. R.ichard s'y qualifie comte, de même que dans un titre ^
de l'an 1195. Il avoit eu pour son partage la vicomte de Lodève avec la
moitié du Carladois, mais il n'eut sans doute ces domaines qu'en apanage,
car nous venons de voir que le comte Hugues II, son frère, disposa de ce
dernier pays en 1176 Sn. qu'il vendit la vicomte de Lodève aux évêques de
cette ville. On ne trouve plus rien de Richard après l'an 1195. Il mourut, à
ce qu'il paroît, sans postérité; ses biens furent du moins réunis au comté de
Rodez.
Hugues, comte de'* Rode-^, &• Hugues, son fils &• de la comtesse Agnès,
firent une donation, en iiçS, à l'abbaye de Conques. Hugues II se démit
entièrement de son comté, au mois de' mai de la même année, en faveur
d'Hugues, son fils; cela causa quelque contestation entre le comte & l'évêque
de R.odez, son frère; elle'' fut terminée bientôt après par la médiation de
l'iibbé d'Aurillac &. du comte R.ichard , leurs frères. Donat, viguier (en
R.ouergue) pour Raimond, comte de Toulouse, dont le comte de Rodez étuit
vassal, fut présent à cet accord. Hugues III jouit depuis du comté de Rodez,
mais ce ne fut pas pour longtemps, car il mourut sans postérité''', en 1196.
Hugues II, son père, qui lui survécut, disposa du comté de R.odez en faveur
de Guillaume, son cinquième fils, & cela nous donne lieu de croire que
Gilbert, son second fils, qu'il avoit substitué à Hugues, son aîné, étoit alors
décédé. Raimond £<. Henri avoient embrassé l'état monastique, conformément
au testament de Hugues II, leur père. Ce dernier avoit déjà donné, en 1199,
' Voyez tome VII, Uotc XII, pp. 3d n 33. sion (Cf. de Gaujal, EtuJes sur le Rouergue, t. 2,
' IhiJ. p. 8i. Voir dans le même auteur, ibiJ. pp. Si à
' G allia ChrUùana, nov. cd. t. i , /is!''"'". p. 5i . 83, le cérémonial de ce couronnement; quoi qu'en
* Biiluzc. Histoire gLnt'c:log':<jue de h ni-iison d'Au~ disent cet auteur St Bonal, dans son Histoire des
vcrrne, t. 2, p. 761. comtes de Rode^, c'était bien un hommage que
■' Archives du domaine de Rodez. prêtait le comte). — A l'occasion de cette investi-
'• Gallia Christiana, nov. e;l. t. \,lnstrum. p.5r. turc, les deux comtes accordèrent aux habitants
Ces contestations provenaient de ce que l'évêque du bourg de Rodez des privilèges dont le texte est
prétendait qu'avant d'être couronné, le nouve.iu perdu ; ils ;ont rappelés dans une diarte dj i,-!ci
comte lui devait l'hommage; les arbitres choisis (Voir plus bas, & de Gaujal, ut suprj, t. 1, p. 29J
lui donnèrent raison, & les deuK comtes, dont il ■ & suiv. Si. t. ;, p. 83). [A. M.)
était le fièrc !k l'oiule, se sojmiient à leur décl- - Voyez tone ^'11, No:c XII, pp. 3o à 33.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XX. 170 "";; "T
' I An 1 iç6
le comté de Rodez à Guillaume, son fils, qui en jouit absolument pendant
la vie de son père, lequel vécut jusqu'en 1:08. Guillaume conliima' en qua-
lité de comte de Rode-^, au mois d'avril de l'an 1204, la vente que son père
5v son frère avoient faite, sei^^^e années auparavant, en faveur de Raimond,
évêque de Lodève, de tout ce qu'ils possédoient dans le Lodévois.
LU. — Raimond VI rentre en possession du Çuerci. — Coutumes de Moîssac,
Raimond VI, comte de Toulouse, après avoir fait sa paix avec Richard, ^n 1 197
roi d'Angleterre, rentra en possession du Querci. Il se rendit, le 20 d'avril de
l'an 1197, à Moissac, où il déclara par un^ acte authentique, qu'ayant
recouvré cette ville, il promettoit une entière sûreté aux habitans & recon-
noissoit que lorsqu'il recevroit pour la première fois leur serment de fidélité
en qualité de seigneur, il devoit jurer de les protéger, avec dix de ses barons,
Raimond reçut ensuite dans le cloître de l'abbaye de Saint-Pierre le serment
de fidélité des mêmes habitans 81 autorisa-*, vers ce temps-là, les coutumes
du bourg de Moissac, après qu'elles eurent été rédigées par Bertrand, abbé
régulier du monastère, Bertrand de Fumel & les principaux habitans. Sui-
vant ces coutumes, Raimond se disoit seigneur de Moissac en qualité de
comte de Querci &c d'abbé-cAfVrt/zVr du monastère de ce nom. Elles sont
écrites en langage du pays St renferment les articles suivans.
1° L'abbé-chevalier, le jour de son entrée dans Moissac, fera serment aux
habitans de les défendre ik de les protéger, de n'imposer sur eux aucunes
mauvaises coutumes ou maltotes, Stc. Il fera prêter le même serment par dix
de ses barons, ensuite tous les habitans de Moissac au-dessus de douze ans
lui jureront fidélité.
2° Les différends qui pourront s'élever entre l'abbé-chevalier 8c sa famille
d'un côté 8<. l'abbé religieux 81 sa communauté de l'autre, seront terminés
par les prud'hommes de Moissac, sans qu'il soit permis de recourir à aucun
étranger} 8t, en cas que ces prud'hommes ne puissent s'accorder, les sei-
gneurs de Durfort, de Montesquieu Si de Malause seront seuls juges du
différend.
3° Le seigneur ou son viguier 81 les habitans de Moissac ne doivent pas
non plus recourir à des étrangers pour juger leurs différends.
40 Les habitans de Moissac paveront tous les ans, en carême, au seigneur ûJ.origin.
abbé-chevalier cinq cents sols de C.ahors pour tout droit de chevauchée 81 de
queste} 8t ils ne doivent personnellement aucune chevauchée, à moins qu'il
' Plantavit de la Pause, Chrono'.og'ia praeiulum bert de Fuinel d'environ iiîo. Quelques articles
Lodoveniiuin, p. io5 & scq. pourtant en furent supprimés, notamment celui
' Tome VIII, Chartes, n. LXVII, ce. 441, 442. qui établissait l'égalité judiciaire entre les bour-
' Titres de l'abbaye & de la ville de Moissac. geois & les chevaliers, & un autre qui déclarait
ATis. Colhcrt. [Au). Doat, 117, f" 1.] — Voyez les moines de l'abbaye justiciables des prud'hom-
Lngrèze-Fossat, Etudes sur Moissac, t. 1, p. 63 & mes. (Voyez ut supra, p. 112 à 114.) En somme, •
sutv. — Ces coutumes ne sont que la reproduction cette charte restreignait dans une certaine mesure
à peu près intégrale de la grande charte de C.a'.iz- les privilège; des habitants. [A. M.]
An 1 197
180 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XX.
n'y eût J5;ucrre pour le Jhit de JMoïssac; dans ce cas là ils seront ternis de
suivie !e seigneur en aimes, pourvu qu'ils puissent être de retour à Moissac
le jour même.
5° Les adultères pris en flagrant délit ne seront punis d'aucune peine
afflictive ; leur honneur 8< leurs biens seront mis seulement à la discrétion
du seigneur. Quant au vol & à l'homicide, le seigneur fera telle punition
corporelle des coupables que les prud'hommes de Moissac le jugeront à propos;
&C après la réparation des dommages, tous les biens seront confisqués au profit
du même seigneur.
60 Celui qui surprend un homme qui dérobe Si le tue n'est sujet à aucune
peine.
70 II n'y aura que l'abbaye de Moissac qui puisse servir d'asile aux malfai-
teurs, &C.
LUI. — Raimond confirme les privilèges de l'église de Nimes, — Naissance
de Raimond VU, son fils.
Le comte Raimond fit', vers le même temps, un voyage à l'abbaye de
Grandselve, où il confirma, en présence de Guillaume, seigneur de Montpel-
lier, les privilèges que le comte, son père, avoit accordés à ce monastère. 11
alla ensuite dans le bas Languedoc, où il exempta, au mois^ de juin de
l'an 1194, les chanoines de la cathédrale de Nimes de tous frais de justice
lorsqu'ils plaideroient devant lui & devant ses viguiers (y ses barons, confor-
mément au privilège que le comte, son père, leur avoit accordé. Il les con-
firma en même temps dans la possession des étaux que le feu vicomte Ber-
nard-Aton, fils de Cécile, &c ensuite Bernard-Aton, son fils, & Guillelmette,
mère de ce dernier, leur avoicnt donnés 81 des nouveaux étaux qu'ils avoient
acquis par l'accord qu'ils avoient fait avec le vicomte & l'évêque. Il ajoute :
(( J'accorde semblablement aux savetiers 8t aux tanneurs la permission de
« débiter leurs marchandises dans les autres étaux, c(ui, en vertu de cet
<( accord, sont échus dans mon partage 8c dans celui de l'évêque. » Il con-
firma aussi le traité que Guillelmette, mère de Bernard-Aton, autrefois vicomte,
avoit fait avec les chanoines &<. avec l'évêque au sujet des nouveaux étaux,
&c la permission que le même Bernard-Aton, autrefois vicomte de Nimes 6-
d'Agde, leur avoit accordée de construire un four. Nous comprenons par cette
clause que les comtes de Toulouse avoient succédé à ce vicomte dans la
vicomte de Nimes, comme nous l'avons observé ailleurs^. Enfin Raimond
reconnoît que lui 8< ses prédécesseurs n'ont jamais eu aucun droit d'albergue
sur l'église de Nimes. Il se qualifie comte de Toulouse &- de Nimes dans cet
acte, qui est daté du château de Beauvoisin, dans la vigne de l'église, durant
le siège de ce château'^.
0
' Archives de l'iihb.iye do Grandselve, ' Voyez ci-dessiis, n. vi, ].p. 120 à iî3.
• Voyez t9m« VIII, Chiutes, n. liXVIII, çc. .^^3 ' Min.ird, Histoire de Nimes, t. 1, p. 2ji, con-
à ^^i' jîçturc ^ue «e siège avait pont objci d« çhiisser
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XX. i8
i»i
Ail 1 lyy
Cette date prouve que Raimond VJ, comte de Toulouse, ctoit alors en
armes du coté du Rhône; mais nous ignorons le motit qui l'avoit engagé à
les prendre & à assiéger le château de Beauvoisin, situé à deux lieues de
Nimes vers le sud-est. La comtesse ou la reine Jeanne, sa femme, étoit en
même temps à Beaucaire', où elle accoucha, au mois de juillet suivant, d'un
iîls qui fut nommé Raimond.
11 V a lieu de croire que le comte de Toulouse passa le reste de l'année
auK environs du Rhône, & qu'il étoit ahsent de sa capitale lorsque son
viguier^ y Ht une ordonnance, au mois de novembre, de l'avis des consuls (S-
du commun conseil de lu ville 6- des faubourgs, touchant les moyens que les
créanciers dévoient employer pour se faire payer de leurs débiteurs. Nous
apprenons d'ailleurs que le comte de Toulouse étoit à Montpellier à la fin
de l'an 1197, 6t qu'il favorisa le mariage ([ui fut célébré alors entre Marie,
fille de Guillaume VIII , seigneur de cette ville, & Bernard VI, comte de
Comminges.
LIV. — Mariage de Marie de Montpellier, veuve de Barrai, vicomte
de Marseille, avec Bernard V , comte de Comminges.
Marie avoit épousé^ en premières noces, dans un âge où elle étoit à peine
nubile. Barrai, vicomte de Marseille, dont elle devint veuve en 1192, peu
de temps après son mariage. Son père, qui vouloit la déshériter pour avan-
tager les enfans qu'il avoit d'Agnès, sa seconde femme, ne lui constitua que
cent marcs d'argent en dot, en la promettant à Barrai, Se l'obligea de renoncer
à sa succession. Ce vicomte, par son testament, outre la restitution de ces
cent marcs, légua à Marie quatre cents autres marcs avec ses robes, bagues,
jo\aux Sv meubles de chambre. Geoffroy, évêque de Béziers, Si Rousselin,
frères de-Barral Se ses exécuteurs testamentaires, firent difficulté d'acquitter
ce legs; mais le pape Célestin 111, sur les plaintes de Marie, ayant ordonné
en 1194 aux archevêques de Narbonne & d'Arles de les v contraindre jiar
censures ecclésiastiques, ils furent obligés de la satisfaire. On prétend '•que
quelques routiers qui se sernient emparés du chji- débiteur passe d< l'un à l'autre jusqu'à ce qu'il
leiii. [A. M.| s'en trouve un qui consente à le retenir en pri-
' \'oyez tome V, c. 3.^. — Rogerius de Hovt- son. .— Si le débiteur s'échappe & se réfugie dans
den. Annales Anglicani, p. ^ÎS. — Guilleltnus de le cloître (de Saint-Sernin?), 1« créancier peut l'y
Podio Laurentii, c. 5. — Chronique anonyme d^m poursuivre & l'y faire détçnir. — Si un créan-
Catel, p. lôo. [Voyez tome V, c. Si.] cier laisse aller librement un débiteur, un autre
' Caiel, Hhtoire des comtes Je ToUie, p. 2:7 & créancier peut le saisir, & les droits du premier
tuiv. — N'oyez tome VUI, ce, j^^f) à 448. Après sont annulés. [A. M.]
plainte faite au viguier, le débiteur est enfermé ' C3t\<:\, Séries pracsulum Magalonemium , z'' ei.
huit jours au château Narbonnais; le neuvième p. 24^1 & seq. — Ruffi, Histoire Je Ma'seille,
jour, le créancier doit prouver que le débiteur a 2'' éd. t. 1 , p. 7.Î & suiv. — Chronicon Massi-
de quoi le payer; sinon on lui livre celui-ci, & licnsc, dans Labb:, Bihliotheca nov. manuscript,
il peut le tenir chez lui, aux fers, au pain & à t. 1, p. '{4.
l'e.iu, jusqu'à ce que les consuls aient examiné * Ruffi, Histoire Je Marseille, z' éd. t. 1 , p. fj
l'alTaire. — Quand il y a plusieurs créanciers, le & suiv.
I"d. Giipin.
. 1:1, p. 107.
An 1 ly/
182 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XX.
Banale, fille du même Banal, vicomte de Marseille, !ac(Ufcllc cpousr^ Hugues
de Baux, prince d'Orange, étoit née du mariage de ce vicomte avec Marie
de Montpellier, Se on s'appuie pour le pjrouver sur quelc|ues conjectures;
mais elles n'ont aucune vraisemblance, tant à cause de la parenté qui étoit
entre Hugues de Baux ik Marie, que parce que cette dernière n'avoit, en 1 197,
guères plus de quinze ans, comme nous le verrons bientôt; & qu'enfin en
parlant de tous ses enfans, dans son testament de l'an I2i3, elle ne dit rien
de Barrale. Ainsi Barrai aura eu cette fille d'Adélaïde de Roque-Martine, sa
])remièrc femme, doiu il est fait mention dans la Vie' de Foulques de Mar-
seille ik de queltjues autres anciens poëtcs provençaux.
La mort de ce vicomte a\ant rompu toutes les mesures du seigneur de
Montpellier, celui-ci chercha à remarier Marie, sa fille, &< à l'engager par de
nouveaux, liens à renoncer à sa succession. 11 jeta les yeux sur Bernard,
comte de Comminges, quoique ce comte eût actuellement deux femmes
vivantes. La première étoit Béatrix, comtesse de Bigorre, qu'il avoit répudiée
sans aucune forme de procès, sous prétexte de parenté, après en avoir eu
une fille, pour épouser Comtois de la Barthe. Bernard, voulant répudier
aussi cette dernière^, prétendit que son mariage avec elle ne pouvoit sub-
sister, à cause de la parenté qui étoit entre eux; Se s'étant rendu avec elle
dans l'église, au mois de novembre de l'an 1197, il se présenta à Raimond,
évoque de Comminges, & prouva devant ce prélat qu'il étoit parent de Com-
tors du quatrième au cinquième degré. Cette dame convint du tait en pré-
sence de tous ses parcns qui l'accompagnoient, des abbés, de tout le clergé
fk du peuple; &<, ayant donné son consentement à la dissolution de son
mariage, l'évêque prononça la sentence de séparation que l'archevêque d'Auch,
métropolitain de la Province, confirma sur-le-champ. Il est marqué dans
l'acte qui en fut dressé que le mariage du comte de Comminges avec Comtors
avoit duré peu de temps; preuve, ou que les deux fils &c la fille qu'on leur
donne -^j n'étoient pas tous nés pendant ce mariage, ou que Bernard les eut
d'une autre femme.
Ce comte, se voyant ainsi entièrement libre, se rendit k Montpellier, au
mois de décembre suivant, avec le comte de Toulouse, son cousin germain,
l'arclicvêque d'Auch, l'évêque de Comminges, Fulcrand, évêque de Tou-
louse, Raimon.d, évêque d'Agde, frère du seigneur de Montpellier, & plu-
sieurs seigneurs séculiers; St là il épousa Marie de Montpellier. Suivant le
contrat^ de mariage, Guillaume, seigneur de Montpellier, Jili de /eue ALi-
thilde (de Bourgogne), duchesse, déclare que, voulant marier Marie, sa fille,
avec le comte de Comminges, il lui donne en dot deux cents marcs d'argent
£< les habits de noces. Bernard assigne de son côté pour le douaire de Marie,
qu'il prend pour épouse, la jouissance pendant sa vie du château de Muret S<
de ses dépendances, qu'il lui hypothèque de plus pour sa dot; avec clause
' Mss. de !a Bibliothèque du roi, n'" 7 22;j & ' Le P. Ansclint, Histoire gcncalogi^ue Jts gr.tiuU
7698. tifficiers, &c. t. 2, p.63i.
' Tome Vin, Chartes, -.i. LXIX, ce. .}.)8, 449, ■• D'Achéry, Spiùh-gium, t. 1 1 , p. 35-.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XX. i83
expresse que !e fils c|ui viendra c'c ce mariage succédera au comte, son père,
dans tous ses domaines, £< (jue s'il n'y a qu'une hlle elle recueillera égale-
ment sa succession, excepté du pays de Comminges; en sorte que Bernard
ne se réserva que quatre châteaux pour en disposer en faveur de Bernard,
son jils , & de Comtors , fille d' Arnaud-Guillaume de la Barthe, lequel ne
pourroit prétendre autre chose. Marie de Montpellier se réserva de son côté
les droits Si les actions qu'elle avoit sur les biens St les héritiers de Jeu
Barrai, son mari, jusqu'à la somme de trois cents marcs d'argent; reconnois-
sant que celle de deux cents marcs que son père lui donnoit en dot, lui
avoit été payée en déduction des cincj cents marcs que le même Barrai lui
avoit légués par son testament, & que dans ces deux cents marcs étolent
compris les cent marcs qu'elle avoit eus en dot en se mariant avec Barrai.
Raimond, comte de Toulouse, Vijal de Montaigu 8c quatre autres seigneurs
promirent par serment, au nom du comte de Comminges, qu'il ohserveroit
toutes ces choses; & l'archevêque d'Auch, les évêques de Comminges 8t de
Toulouse promirent de leur côté, de l'aveu du même comte, de l'excommu-
nier Si de jeter l'interdit sur toutes ses terres, en cas d'infraction de sa part.
Bernard fit le comte de Toulouse donnèrent de plus, pour garans du traité,
Guillaume de Baux, Hugues, son frère, S< Bernard d'Anduze, avec promesse
de la part du comte de Toulouse, si le comte de Comminges ne l'accomplis-
soit pas iîdèlement, de lui faire la guerre à la tête de tous ses vassaux. L'acte
qui est daté de Montpellier, dans la chambre de Guillaume, seigneur de
cette ville, fut passé en présence de Raimond, évêque d'Agde, du prévôt de
Maguelonne Se de plusieurs seigneurs de la Province ou du diocèse.
Le même jour, Guillaume, seigneur de Montpellier, fit faire à Marie, sa
fille, un acte' dans lequel elle s'exprime de la manière suivante : « Il est
« notoire à tous ceux qui savent la morale fi< le droit que les femmes ne
c. peuvent être juges, ni avoir part à l'examen des procès Se à la pronon-
« dation des sentences; que c'est une coutume établie de tout temps dans
<i la seigneurie de Montpellier Se dans ses dépendances, que le domaine, la
0 tlomination, la puissance, la juridiction Se l'empire ne peuvent jamais être
I' transmis aux filles, tant tju'il y a des mâles; Se que les lois impériales
« interdisent aux femmes la possession des royaumes, duchés, principautés,
Il comtés, mar(|uisais Se juridictions quelconques. C'est pourquoi, moi, Marie,
'< fille de Guillaume de Montpellier, instruite du fait Se du droit, Se recon-
(1 noissant que je suis âgée de quinze ans Se plus, j'abandonne entièrement,
Il tant pour moi que pour mes héritiers Se successeurs, à vous, Guillaume,
« mon père, Se à vous, Guillaume, son fils Se de madame Agnès, m.on frère,
« toute la ville de Montpellier avec tout ce qui en dépend; le bourg de
« Latcs, ceux de Montferrier Se de Castelnau; les châteaux de Castries,
» dOmclas, du Fouget Se de Paulhan; les lieux de Cornon-Sec, de Mont-
' G,i ri el , 5crifi praesulum Magaloncnstum, 2' éd. p. î.ï^ & suiv. — Lice de Montpellier, i'' pnrt.
18:1 Si siiiv.
An II y7
l-'d. origin.
t. Ul, p. lui.
■~ J84 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XX.
An 1 ip7 ^
« bazin & de Mont-Arnaud, les cliâteaux de Pignan, de Frontignan, de
« Loupian, £cc. & tous les droits que je pourrois avoir à cause de la suc-
« cession de mon père & de ma mère; &, en toutes ces choses, je renonce
« expressément à tout droit écrit S<. non écrit, parce qu'on dit que Guil-
« laume, mon frère, fils d'Agnès, est né du vivant de ma mère 5 Se je renonce
« de la même façon en faveur de tous les mâles qui naîtront d'eux par degrés.
« Que si, ce qu'à Dieu ne plaise, Guillaume mon frère, fils de madame
« Agnès, vient à mourir contre notre espérance, je fais les mêmes renoncia-
« tions en faveur de Guillaume de Tortose, fils de madame Agnès, &. de tous
« les fils qu'elle aura de monseigneur Guillaume, mon père. Il est à savoir,
« cependant, que si monseigneur Guillaume, mon père, décède sans enfans
<i mâles, son héritage m'appartient, comme à la fille aînée, par le droit accou-
« tumé de Montpellier. » Marie fait ensuite serment d'observer fidèlement
tous ces articles. Bernard, comte de Comminges, son mari, en fit autant &
donna pour ses garans Raimond, comte de Toulouse, Vital de Montaigu &
les autres qu'il avoit donnés pour cautions dans son contrat de mariage, avec
une égale promesse de la part de l'archevêque d'Auch Se des évêques de Com-
minges Si de Toulouse, de l'excommunier en cas d'infraction. Mais toutes ces
précautions de Guillaume de Montpellier, pour assurer sa succession à ses fils
du second lit, furent inutiles.
LV. — Guerre entre les comtes de Commînires 6 de Foîx, b entre ce dernier
if le comte d'Urgel. — Union de l'abbaye de Vajal à celle de Boulbonne.
Fondation de celle de Valnègre.
Le comte de Comminges eut un différend l'année suivante avec Raimond*
Pvoger, comte de Foix, son voisin, qui se ligua' contre lui, au mois de
novembre, avec les seigneurs de Ganag. Le comte de Foix étoit en guerre
en même temps avec le comte d'Urgel, au delà des Pvrénées. On prétend^
que leur querelle s'éleva à l'occasion des limites de leurs Etats j qu'elle par-
tagea toute la Catalogne, & que le comte de Foix a\ant assiégé, en 1198,
la ville d'Urgel, il l'emporta de force, la mit au pillage avec la cathédrale,
fit les chanoines prisonniers, exigea d'eux une grosse rançon 8v désola tout
le pays.
Raimond-Roger étoit en deçà des Pyrénées, au mois de mars de la même
année, 8<. fut présent à-' la consécration de l'église de l'abbaye de Boulbonne,
qui fut faite le dimanche i5 de mars, l'an de l'Incarnation 119H, Philippe
étant roi de France, 6* Raimond comte de Toulouse : preuve certaine (|ue,
quoique l'acte .de cette consécration soit daté de l'Incarnation, on y com-
l'd.oiisin. mencc cependant l'année à la Nativité. Le comte de Foix accorda à cette
I. ni , p. lot). * «M 1 j 1 1 I 1 n
occasion divers privilèges à ! abbaye de boulbonne, en présence de Fulcrand,
' Voyez tome VMI, Chartes, n. LXXI, ce. /jô-, c. i 8. — Fcrrerns, Chronicoit, ad ann. moj. — De
A^,\, Mnrc.'i, fJhtoirc de Béarti, p. yij.
' Ziirita, Anales Ac h corona Je Aragon, I. 2, ' Voyei to:nc ^'I1T, Charte;, n. LXXI, c. ^ii.
An I 198
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XX. i85
évêque de Toulouse, de Laurent, cvêque de Conserans, d'Esclarmonde, sa
sœur, Stc. '
L'abbaye de Boulbonne étoit devenue alors très-considérable, soit par les
libéralités qu'elle avoit reçues des comtes de Foix, qui y avoient leur sépul-
ture, & de divers seigneurs des environs, soit par l'union qui y avoit été
faite depuis peu de deux autres monastères du voisinage, savoir : de ceux de
Vaïal ou Vajal & de Notre-Dame de Garnicia. Le premier*, qu'on appeloit
aussi la maison d'Aymeri [domus Aymerici)^ suivoit l'institut du bienheureux
Gérard de Sales, & dépendoit de l'abbaye de Tenaille, en Saintonge. Il étoit
situé auprès de la rivière de l'Hers, Se étoit déjà fondé en ii25, lorsque Ber-
trand de Beaupuy, l'un des principaux seigneurs du pays, fit une donation
à Aymeri S< aux frères de la maison de Vajal. Elle fut depuis gouvernée par
des abbés soumis à ceux de Tenaille jusqu'au mois d'avril de l'an iig5 que
Gautier, abbé de ce dernier monastère, & ses religieux ayant consenti à son
union avec celui de Boulbonne, de l'ordre de Cîteaux, trois moines St huit
convérs de Vajal firent profession entre les mains d'Odon , abbé de Boul-
bonne, qui se chargea de faire desservir l'église de Vajal •*.
L'abbaye de Boulbonne donna l'origine, d'un autre côté, à la fin du dou-
zième siècle ou au commencement du suivant, à divers monastères, entre
autres à l'abbaye de Valnègre ou Valnave, fondée pour des filles de l'ordre
de Citeaux, près du lieu de Lissac, dans le comté de Foix, &. aujourd'hui
dans le diocèse de Rieux. Guillaume de Lissac, chevalier, en fut le principal
bienfaiteur en 1209. L'abbaye de Valnègre fut unie, en 1442, à celle de
Boulbonne, dont elle avoit toujours dépendu. Elle étoit alors tombée dans
la décadence à cause des guerres "♦.
LVL — Le comte de Toulouse se ligue avec le roi d'Angleterre contre le roi
de France.
Le comte de Toulouse St Jeanne d'Angleterre, sa femme, allèrent en i igS^
à la cour du roi Richard, frère de cette princesse, & ils célébrèrent avec lui,
au Mans, la fête de Pâques qui tomboit, cette année, le 29 de mars. La
guerre s'étoit renouvelée alors entre ce roi & Philippe-Auguste, St Richard
faisoit tous ses efforts pour débaucher les grands vassaux de ce prince. Il
réussit en partie 8t trouva moyen de se liguer contre lui avec Baudouin,
' Ail mois d'octobre de la même annéis 1198 le * Voyez tome IV, p. 8Ô1 & siiiv.; l'union à
comte Raimond-Roger donnn à la colUgiale de l'abbnye de Boulbonne fut décidée en iv]3.', mais
Saint- Anionin de Pamiers la forteresse du Caylar, elle ne s'accomplit pas avant 144^. Il y eut pro-
constniite dans ladite ville à conJitlon de ne la babUment des démêles à ce sujet entre les deux
livrera aacun de ses ennemis. Voyez tome V, parties, démêlés dont nous ne connaissons qu'im-
c. i'i6,n. II. [A. M] parfaitement l'histoire. [A. M.]
' Archives de l'abbaye de Boulbonne. • Rojerius de Hoveden, Annula Ang!lc.:ni, p. 442
' Voyez sur cette abbaye de Vajal, tome IV, & ^^^. — Radulphus, abbas Coggcslial.ie, Chro-
p. fti."!, où nous indiquons Its quatre abbés de nicon Anglicum , ap. tilartinc, l'dcrum SS. r-mplis-
cette abbaye que l'on con laisse. [A. M.j sima collcctio, t. 5, c. 844.
An 1 198
'a„ ,,ç3 iS6 histoire générale de LANGUEDOC. LIV. XX,
comte de Flandres, Raimoiid, comte de Toulouse, les comtes de L,ouvain,
de Braine, de Guines, de Boulogne, du Perche, de Blois, de Bretagne. S<c.,
qui lui promirent tous par serment de ne faire la paix avec Philippe c[ue
d'un commun accord'. Nous n'entrerons pas dans le détail de cette guerre, qui
eut diftérens succès, parce qu'elle n'est pas de notre sujet 8< que, d'ailleurs,
les historiens ne marquent pas si le comte de Toulouse se mit en campagne,
ni s'il exerça quelque hostilité contre Philippe. Nous nous contenterons de
remarquer que Raimond étoit, au mois de juillet de la même année, dans le
Vivarais, où il lit un traité avec Nicolas, évoque de Viviers, au sujet des diffé-
rends qui s'étoient renouvelés entre eux touchant le domaine Si la juridiction
sur ce pays.
LVII. — Accord entre le comte de Toulouse b Vévêque de Viviers.
Maison d' yindu-^e .
Raimond ' prétendoit entre autres que le château de Ségaulières ou de
Largentière, avec quelques autres du voisinage, £c toutes les mines d'argent
(|u'on avoit ouvertes dans leur territoire, lui appartenoient. L'évoque de
Viviers", Aymar de Poitiers, comte de Valentinois, & Bernard d'Anduze, qui
possédoient divers domaines aux environs, soutenoient le contraire. Eniîn,
après avoir disputé pendant longtemps sur leurs droits réciproques, ils s'assem-
blèrent tous quatre dans la place publique d'Aubenas, au mois de juillet de
l'an 1198, & là ils convinrent des articles suivans : 1° L'évêque de Viviers,
le comte de \'^aIentinois Si Bernard d'Anduze déclarèrent nulles toutes les
conventions qu'ils avoient faites précédemment entre eux sur ce sujet.
2° L'évêque, du consentement des deux autres 81 de son chapitre, donna en
fief au comte de Toulouse 81 à ses successeurs la moitié du château de. Lar-
gentière, Si des droits justes ou injustes qu'on levoit sur les mines qui avoient
été découvertes ou qu'on découvriroit dans la suite depuis la rivière de Lande
jusqu'à Taurians, Si depuis le ruisseau de Brez jusqu'à Chassiers, excepté la
dtme de la dîme de ces mines, qu'il se réserva Si à son église. 3^ Le comte de
'jJj o''=si"- Toulouse prêta serment de fidélité en conséquence à l'église de Viviers, avec
promesse, tant pour lui que pour ses successeurs, de la défendre Si de la pro-
téger; de ne rien acquérir dans ses mouvances sans le consentement de
l'évêque 81 de ses chanoines, 81 de remettre le château de Largentière à chaque
mutation d'évêc|ue Si de comte. 4° L'évêque donna en fief, de la même
manière, un tiers de l'autre moitié du château de Largentière Si des droits
des mines à Aymar de Poitiers, 81 un autre tiers à Bernard d'Anduze, Si se
réserva l'autre. 5° On convint qu'indépendamment de ce que l'cvêcjue vcnoit
d'accorder au comte de Toulouse, ce prince continueroit de percevoir les
deniers qti'il levoit sur chaque marc d'argent qu'on tiroit des mines. 6" Enfin
on arrêta quelques autres articles de moindre importance. Peu de jours apiès,
' CoUimbi, De rehus gat'n episcoparum Flyariensium, p. ii3 & seq.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XX. 187 ~~; T
' An 1 153
le comte Raimoncl s'étant rendu dans la cathédrale de Viviers, v fit hommage
à saint Vincent, qui en est le patron, sur l'autel qui lui est dédié, pour le
iief qu'il venoit de recevoir de l'évêque en vertu de leur traité. Il est marqué
dans l'acte que tandis que Raimond haisoït l'autel, l'évêque tenait la chaîne
qui était pendue au col de ce prince. Cet hommage fut rendu en présence de
Bertrand, évêque de Saint-Paul-Trois-Châteaux, de Guérin de Randon, de
plusieurs autres chevaliers 8i de tout le peuple de Viviers. La dime sur les
mines d'argent, que l'évêque de Viviers se réserva par cet acte, étoit commune
entre ce prélat, qui en avoit les deux tiers, 8(. son chapitre auquel le reste
appartenoit, suivant un accord' qu'ils avoient fait là-dessus l'année précé-
dente. Au reste, Bernard d'Anduze, dont nous venons de parler 8t qu'on ^
appelle mal à propos Bermond, fut^ le septième seigneur d'Anduze de son
nom. Il étoit fils de Bernard VI & d'Eustorge, £< avoit succédé à son père
dans cette seigneurie 8t dans celle de Portes, au diocèse d'Uzès. Il confirma'^,
au mois de septembre de l'an 1 2o3, l'hommage que Bernard d'Anduze l'Ancien^
son aïeul, avoit rendu au monastère de Sauve pour la viguerie de Portes.
LVIII. — Le comte de Toulouse est relevé de son excommunication. — Le
pape Innocent 111 le presse d'aller au secours de la Terre-Sainte.
Il y avoit déjà trois ans que Raimond VI, comte de Toulouse, étoit excom-
munié à cause de ses entreprises sur l'abbaye de Saint-Gilles, lorsque le pape
Innocent III, qui avoit succédé à Célestin III, le 12 de janvier de l'an 1198,
écrivit % le 22 d'avril suivant, à frère Raynier, son légat dans la Province,
qu'il pouvoit lever l'excommunication dont ce prince avoit été frappé; à con-
dition qu'il feroit satisfaction 8< qu'il donneroit pour cela une caution suffi-
sante. Raimond promit sans doute d'accomplir tout ce que le légat demanda,
car l'excommunication fut levée, comme nous l'apprenons d'une lettre^ qu'In-
nocent écrivit à ce prince le 4 de novembre de la même année. « Avant été
<( réconcilié à l'unité ecclésiastique dont vous aviez été séparé par la multi-
11 tude de vos excès, lui dit le pape dans cette lettre, vous devez tâcher
« d'effacer par une pénitence proportionnée le grand nombre de vos péchés
(I passés. » Il l'exhorte ensuite à emplover ses armes pour le service de Dieu;
à marclier sur les traces du feu comte Alfonsc, son aïeul, S<. à s'acquérir
une gloire immortelle en allant, à son exemple, combattre les infidèles en
Orient. Il l'invite à entreprendre cette expédition, tant pour obtenir la pro-
tection du Saint-Siège que pour mériter une couronne éternelle, & lui
enjoint, pour la rémission de ses péchés 81 l'expiation de ses crimes, de
' Columbi, De reius gestis episcaperum Vivarien- ' Gall'ia ChristUna, nov. éd. t. 6.
sium, p. 2i3 & seq. '' Innocent III, 1. i, Eptst. 397. — Conférez
' /ii.^. Potthast, Rcgcsta, t. I, n. 407. Peu auparavant,
' Le Laboureur, Histoire généalogique Je la mai- le i5aoùt i ic)S {itiJ. n. .')47), Innocent III avait
son d'Anduie. " écrit à Bcrenger, archevêque de Narbonnc, pour
' Mis. d'Auhays, ni 25. le même sujet. [A. M.]
'"; ~ i88 flISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIX. XX.
An I I p8
prendre la croix pour aller défendre l'héritage de Jésus-Christ dans la Terre-
Sainte; il lui fait espérer, de la part de Dieu, s'il entreprend ce pèlerinage
dans des sentimens d'humilité Si de componction, de remporter sur les
ennemis de la foi la même victoire que son aïeul avoit remportée sur eux, &
d'avoir les mêmes succès que ce dernier avoit eus dans une pareille occasion.
Enfin il lui marque que s'il ne peut passer lui-même en personne dans le
pays d'outre-mer, il y envoie du moins un nombre de ses gens d'armes, sui-
vant l'étendue de ses domaines.
Innocent avoit alors fort à cœur de procurer un prompt secours à la Terre-
Sainte, où les infidèles faisoient tous les jours de nouveaux progrès. C'est ce
qui paroît d'ailleurs par une lettre circulaire' qu'il écrivit, le i5 d'août de
cette année, aux évoques, aux abbés & aux autres prélats, aux comtes, aux
barons. Se à tout le peuple des provinces de Narbonne, Lyon & Vienne,
pour les exhortera se croiser en personne ou à envoyer à leurs dépens des
troupes qui fussent prêtes à marcher pour l'Orient au mois de mars suivant,
lid.oiiBin. ^vec ordre d'v servir pendant deux ans. Pour les engarer à cette entreprise, i|
t- 111,1'- l'I. , , ' I ■ M. ~ • 1 • . "^ '
accorde de grands privilèges a tous ceux qui y prenciroient part, soit en per-
sonne, soit en y contribuant de leurs biens. Il commet à la fin de sa lettre
le soin de prêcher la croisade dans ces provinces, à l'archevêque de Narbonne
8< aux évêques de Nimes& d'Orange, Se leur enjoint de s'associer chacun un
frère templier 8c un frère hospitalier.
LIX. — Nouvelles plaintes de l'abbé de Saint-Gilles contre le comte.
Il ne paroît pas que le comte de Toulouse ait fait beaucoup d'attention
aux exhortations d'Innocent. En etkt, ce prince, après avoir reçu labsolu-
tion de son excommunication, en agit comme auparavant avec l'abbé 6< les
religieux de Saint-Gilles, qui portèrent^ contre lui de nouvelles plaintes au
pape. Ils se plaignirent surtout de ce qu'au lieu de détruire, comme Céles-
tin 111 le lui avoit ordonné, le château nommé Mirapetra, il en avoit au
contraire augmenté les fortifications. Innocent, indigné du procédé du comte,
ordonna, le i3 de juillet de l'année suivante, à l'archevêque d'Arles Si à
frère Ravnier, légat du Saint-Siège, de l'obliger à détruire ce château, con-
foVmément au décret de son prédécesseur.
Cet archevêque s'appeloit-* Imbert de Àquaria, Le pape Célestin III l'ho-
nora de diverses commissions Se le chargea entre autres de terminer un grand
différend (jui s'étoit élevé entre les templiers de Montpellier Se le chapitre de
la cathédrale de Maguelonne. Imbert rendit là-dessus une sentence** arbi-
trale à laquelle frère Déodat de Breisac, maître des maisons du Temple dans
les provinces de Narbonne Se d'Arles Se en d'autres, trère Pierre de Cabres-
pine, commandeur de la maison de Montpellier, 8\ frère Guillaume de Solaris,
'♦ ' IiinoceiK 111, 1. 1, Ep'iit. 335. ' GallU Chn^tiana, t. I, p. 564 & seq.
' GaUia C/instiana, nov, éd. t. 6. * Innocent III, 1. 1, Epist. ôsy.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XX. 189
commandeur d'Arles, acquiescèrent, du consentement de frère Pons de
Rigaud, maître en deçà de la mer.
LX. — Consuls de Nimes. — Jeanne, comtesse de Toulouse, fait le sîége
du château de Caser.
Le comte de Toulouse étant à Nimes, au mois de décembre de l'an 1198,
fit expédier dans le palais de l'évêque une ordonnance' pour régler l'élection
des quatre consuls de cette ville, en présence de ce prélat, de Guillaume de
Sabran, son connétable, d'Elzéar d'Aubays, son viguier, de Raimond-Guil-
laume, son juge S< son chancelier, Stc. Il s'éleva vers le même temps quelques
différends entre ce prince St divers de ses vassaux du haut Languedoc qui
l'avoient offensé 8c auxquels il fut obligé de faire la guerre. Jeanne d'Angle-
terre, sa femme, princesse également douée de prudence & de courage, prit*
sur elle le soin de le venger des rebelles, 8c, s'étant mise à la tête d'un corps
d'armée, elle entreprit sur les seigneurs de Saint-Félix le siège du château
de Caser, qu'on prétend •* être les Cassez dans le Lauragais. Par malheur ses
propres gens la trahirent S< fournirent des armes 8c des vivres aux assiégés,
en sorte que, malgré tous ses efforts, elle fut obligée de lever le siège. En
décampant elle eut encore le chagrin de se voir exposée à une nouvelle
trahison, car les siens mirent le feu au camp, d'où elle eut toutes les peines
du monde à se sauver. Cette princesse, outrée de douleur, partit aussitôt pour
se rendre à la cour de Richard, roi d'Angleterre, son frère, afin de l'animer
à tirer vengeance d'une pareille insulte; mais, s'étant mise en chemin, elle
apprit bientôt la mort de ce prince qui fut tué, le 7 d'avril de l'an 1199, au
siège du château de Chalus, en Limousin, qu'il avoit entrepris sur Avmar,
vicomte de Limoges.
LXL — Mort de Jeanne, comtesse de Toulouse,
Jeanne, accablée de tristesse par la mort de Richard, continua néanmoins
ca route 8c se retira"* à l'abbaye de Fontevrault, où elle avoit été élevée dans
sa jeunesse. Après y avoir passé quelques mois, elle se rendit à Rouen pour v
communiquer certaines affaires à Jean, surnommé Sans-Terre, son frère, qui
avoit succédé à Richard. Elle y tomba malade 8c, se voyant sans espérance
de guérison, elle témoigna, quoique mariée &c grosse, qu'elle souhaitoit de
' Voyez tome VIII, Chartes, n. LXX, ce. 449, ville & du seigneur dans leur administration,
j^h->. — Voici l'analyse de cet acte : Le peuple ou ta C'est en somme une élection à deux degrés,
majeure partie est convoquée par le cricur public [A. M.]
ou à son de trompe [luka], sous la présidence du ' Guillelmus de Podio Laurcntio, Chronicon ,
viguier du seigneur. — Chacun d«s quatre quar- c. 3.
tiers de la ville élit cinq prud'hommes, qui jurent ' Besse, Histoire des dues, marquis & comtes de
de nommer quatre consuls suivant leur conscience, Nurionne, p, 341.
— Les quatre consuls, ainsi élus, prêtent serment * Clypeui nas^entis f^nti ir-tldcitiis crjinis, (, î,
de toujours prendre conseil des intérêts dç lu p. lôo & se<j.
An I 193
An 1 ipç)
An 1 ipp
190 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XX.
nreiulrc l'habit rclipieux. Dans ce dessein, elle cnvo\a à Fontevrault cher-
cher la prieure du monastère; mais comme le temps pressoit & qu'elle com-
prit que cette prieure arriveroit trop tard, elle pria instamment l'archevêque
de Cantorl)éri, ([ui étoit présent, de la consacrer à Dieu en lui donnant ic
voile. Ce prélat fit d'abord beaucoup de difficulté de se rendre à cette
demande. 11 représenta à la comtesse de Toulouse qu'il ne lui étoit pas
permis de se faire religieuse du vivant de son mari; mais elle persista avec
i';j. on;;in. taiit de zèle Se de ferveur que l'archevêcrue de Cantorbéri, la crovant inspirée
t. H!, p. 1 1 j. _ . . . ' ,
du ciel, l'offrit à Dieu & à l'ordre de Fontevrault, en présence de la reine
Éléonore d'Aquitaine, sa mère, de l'abbé de Turpenay S; de plusieurs reli-
gieuses.
On a une donation' faite « par Jeanne d'Angleterre, ci-devant reine de
(i Sicile & alors comtesse de Toulouse, duchesse de Narbonne Si marquise de
« Provence, de mille sols angevins de rente sur les salines d'Agen, en faveur
<( des religieuses de Fontevrault, pour l'usage de leur cuisine, en présence de
« la reine Éléonore, sa mère, d'Hubert, archevêque de Cantorbéri, de Wau-
« tier, archevêque de Rouen, 8<.c. ; » & il y a lieu de croire que Jeanne fit
cette donation dans le temps qu'elle étoit malade à Rouen. Quoi qu'il en
soit, cette princesse ayant obtenu la grâce qu'elle avoit demandée avec tant
d'instance, mourut- bientôt après, le 24 de septembre de l'an 1199, 8i,
comme elle étoit avancée dans sa grossesse, on l'ouvrit dès qu'elle fut morte.
On lui tira un enfant qui eut le temps de recevoir le baptême 61 qui, étant
décédé presque aussitôt, fut inhumé dans l'église de Notre-Dame de Rouen,
Quant au corps de la comtesse, la prieure de Fontevrault l'apporta avec elle
dans cette abbaye, où il fut inhumé aux pieds du roi Henri H, père de cette
princesse, & à côté du roi R^ichard, son frère. Nous avons pris toutes ces cir-
coîistances de l'ancien nécrologe de Fontevrault où on fait un grand éloge de
Jeanne, qu'on y qualifie reine de Sicile £■ duchesse de Narbonne. Cette prin-
cesse S<. R,aimond VI, comte de Toulouse, furent mariés pendant trente-cinq
mois. Il ne paroît pas^ qu'ils aient eu d'autres enfans de leur mariage, que
Raiiuond le Jeune qui succéda dans la suite au comte, son père. Si le pos-
thume qui mourut S<. fut enterré à Rouen.
LXII. — Le comte de Toulouse épouse Éléonore d'Aragon. — Il fait hommage
pour VÂgenois 0 le Querci à Jean, roi d'Angleterre.
L'année suivante, le comte Raimond contracta'* une nouvelle alliance à
Perpignan avec Eléonore, sœur de Pierre H, roi d'Aragon, qu'il ' n'épousa
solennellement que trois ou quatre ans après, à cause de sa jeunesse. 11 eut
■ Livre rouge de la chnmbre des co:np!es. — Ba- ' Vùyes torae VU, Noie X, n. iv, pp. id à 28.
luze, Mss. n. 4ti. ■* Giiillclmiis de Podio Laurentii, Chror.icon ,
'* Clypeus nasccntis Fcn'.chml.h nst^ or.lînis, t. 2, c. .^t.
p. 160 & seq. — Rog-'.ius d; HovîJ;;.! , Ar.:iah> '' Wy.-: ioi-.e'>'li, Sj:-. X. u. v, p. ;3.
Anat!c.:n'r . p, -î"»--
An 12
HISTOIRE GÉNÉ1U1.E DE LANGUEDOC. LIV. XX. ini ""
^ An i;
une entrevue' la même année avec Jean Sans-Terre, roi d'Angleterre, son
beau-frère, qui se rendit en Aquitaine tant pour }• recevoir les hommages de
ses vassaux, que pour pacifier quelques troubles qui s'y étoient élevés, Pvai-
mond rit alors hommage à ce prince pour les terres Jk les châteaux que le
feu roi Richard lui avoit donnés pour la dot de la reine Jeanne, sa sœur. Il
fut stipulé dans l'acte qui en fut dressé, que lorsque le jeune Raimond seroit
parvenu à 1 âge île majorité, il posséderoit tous ces domaines, & en feroit
hommage au roi Jean, son oncle j que s'il venoit à mourir sans enfans, ces
mêmes domaines reviendroient au comte de Toulouse, son père. Se à ses suc-
cesseurs, qui les tiendroient par droit héréditaire des comtes de Poitiers, ducs
d'Aquitainej qu'ils seroient obligés de servir ces princes avec cinq cents che-
valiers pendant un mois à leurs dépens, toutes les fois que ces derniers
auroient guerre en Gascogne, £<. que si les comtes de Poitiers demandoient
un plus long service, ils seroient obligés de soudoyer ces troupes. On ne dit
pas le nom des domaines pour lesquels le comte de Toulouse fit alors hom-
mage au roi d'Angleterre; mais nous apprenons d'ailleurs que ce fut j^ur
l'Agenois & le Querci, qui avoient été donnés en dot à Jeanne, lorsqu'elle
épousa le comte Raimond; en sorte que ce dernier pays, qui n'avoit été que
restitué à Raimond VI S\ qui n'avoit jamais été de la mouvance du duché
d'Aquitaine possédé par les comtes de Poitiers, fut soumis désormais à leur
suzeraineté.
LXIII. — Seigneurs de l'Isle-Jourdain, vicomtes de Gimoe-^.
Raimond Vl autorisa par sa présence, au mois de septembre de l'an 1200,
le testament- de Jourdain H, seigneur de l'Isle-Jourdain, son vassal. Suivant
cet acte, Jourdain avoit trois fils 8c trois filles d'Esclarmonde (de Foix), sa
femme, à laquelle il donna entre autres deux mille sols morlanois sur le châ-
teau de Til. Il institua ses héritiers ces trois fils, nommés Bernard-Jourdain,
Jourdain 8< Othon-Pjernard ; il donna la ville de l'Isle-Jourdain avec le châ-
teau de Castera au premier, quatre châteaux au second, 8c deux au troi-
sième, en faveur duquel il disposa de la moitié de toute l'acquisition du
Crlmoe-{. Il donna l'autre moitié à ses deux aînés. Pour entendre cette clause
il faut savoir-* que Jourdain II avoit acquis, en 1195, la moitié de la vicomte
de Gimoe-^, d'Arnaud de Montaigu, son cousin germain, issu des anciens
vicomtes de Terride ou de Gimoez. Ainsi il donna le quart de cette vicomte
à son troisième fils Se l'autre quart aux deux autres. 11 ordonna que les filles Éviongin.
de sa maison n'héritassent jamais d'aucune de ses terres; mais qu'on leur
payât leur dot en argent comptant. Il n'est fait aucune mention dans cet
acte de Bertrand de l'Isle-Jourdain, évêque de Toulouse, qu'on lui donne
pour fils, mais qui n'étoit'* (juc son petit-fils. On se trompe aussi en le fai-
' Rogerliis de Hovcden, y/i:rt3/ts .■//;ç.'/cii«i,p. 4.')7 ■ Voyez tome VU, Note XLII, p. i i 8 t'c s:ir.-.
& S''q. ' IhiA. n. I, p. I |8.
' To••le^■IlI, Chnrtes. il. t..XXU, ce. ^f.r , a,<'I.
t. 111, p.'u.'i.
"7 103 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV, XX.
sant le troisième seigneur de Tlsle-Jourclain de son nom, car il n'est pas
dihérent de celui c[ui ' vivoit en 1191, Se qu'on a mal à propos distingue; en
sorte que d'un seul seigneur de l'Isle-Jourdain on en a fait deux. Les trois
iils de Jourdain II formèrent chacun une branche : Bernard-Jourdain II con-
tinua celle des seigneurs de l'Isle-Jourdain Se épousa^, en 1206, Indie, fille
naturelle'^ de Raimond V, comte de Toulouse, alors veuve de Guillabert de
Lautrec; Jourdain fit la branche des seigneurs de Launac; 8<. c'est sans doute
le même que Jourdain de l'isle dont il est fait mention dans la restitution'*
de dot que Guillaume-Pierre de Caraman fit, en 1202, à Constance, sa femme.
Enfin Othon-Bernard laissa aussi postérité. Il paroît qu'Esclarmonde, veuve
de Jourdain II, se retira, après la mort de ce seigneur, auprès de Raimond-
Roger, comte tic Foix, son trère, qui kit ])résent au testament du même
Jourdain II & fut garant^, au mois de mars de l'année suivante, de la vente
qu'Esclarmonde fit d'une vigne, en faveur de l'abbaye de Boulbonne, pour
cinquante sols toulousains. Nous aurons occasion de parler ailleurs de cette
dame qui eut le malheur de se laisser séduire par les^ hérétiques.
LXIV. — Connétables du comte de Toulouse. — Le vicomte de Bé-^lers
appelle le comte de Foix à sa succession (y se ligue avec lui contre ce
prince. — Evéques de Bé-^iers,
Raimond, comte de Toulouse, reçut à Carpentras, au mois de janvier' de
l'an I2CO (1201), l'hommage de Guillaume-Pierre de Bedoin, en présence
de Pv.ostaing de Sabran, son connétable, & de divers seigneurs; l'acte est
souscrit par Aldebert de Novis, son juge £■ son chancelier^. Rostaing avoit
succédé depuis peu dans la dignité de connétable du comte à Guillaume de
Sabran, son père, avec lequel il la possédoit conjointement, en 1 199, comme
■ Voyez ci-dessus, n. xxviii, p. i^S. tutelle (iaiVia); tout prêt fait dans ces conditions
>• Voyez tomcVIII, Chartes, n. LXXVlII, ce, 498, & non approuvé parle père ou parle tuteur est
4P9; l'acte est de 1107. nul. Si un pupille emprunte de l'argent par né-
' Voyez tome VII, Note X, n. 11, p. 24. cessité hors de Toulouse, le cas est soumis aux
^Trésor des chartes; Toulouse, sac iS, n. oz. consuls qui décident s'il y a lieu de reconnaître la
fAuj. J. Szz, copie ancienne. Teulei, Layettes, dette. — Peu de temps «iprès, en aoiit iioi, à
t. I, p. jSy. L'acte est d'aoiit 1202.] la requête de certains prud'hommes que gênait
' Voyez tome VIII, Chartes, n. LXXI, ce. 404, & scandalisait la présence de courtisanes habi-
.5-,. tant la rue de Comminges, on remit en vigueur
^ Voyez tome VIII, Chartes, n, CCLXIII. un ancien statut qui expulsait de l'enceinte de la
' A ces années 1200-1201, appartiennent deux ville toutes les femmes de mauvaise vie. Ce sta-
rèelements des consuls de Toulouse que l'on peut tut portait qu'en pareil cas, le viguier devait se
voir au tome VllI, c. 463 & suiv. Par le premier rendre immédiatemment à la requête des voisins
K's consuls de Toulouse, de concert avec le comte & expulser les courtisanes qui lui seraient slgna-
Raimond, défendirent à tous les habitants de la lées, sant quoi les bourgeois pourront procéder
ville d'entretenir des relations avec les ennemis de eux-mêmes à cette expulsion. Ce règlement se re-
l'un des bourgeois, sous peine d'être responsable trouve dans la plupart des villes du midi de la
envers cîux auxquels il doit ou auxquels il a France, & de lit la nécessité pour les courtisanes
donni caution. — Le second règlement est relatif d'exercer leur métier hot>5 de l'enceinte & souvent
ai,x prêts d'argent, t^u'il est détendu de faire à dans les foisé», [A. M.]
tO'.n homme vivant en puissance pntern«Ue ou «n * Archives de l'abbaye de Saint-André,
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC, LIV. XX. io3 "
' An 1201
il paroît' par une donation qu'ils iîrent alors au prieuré de Montesargues, de
l'ordre de Grandmont, situé auprès de R.ocheFort, dans la partie du diocèse
d'Avignon qui est en deçà du Rhône. Raimond se rendit à Narbonne quelque
temps après, 8< il y iit une donation^, vers la fin du carême, de la justice
haute if basse du lieu des Catalans, en faveur de l'abbaye de Moissac. Il se
brouilla vers le même temps avec le comte de Foix & Raimond-Roger,
vicomte de Béziers & de Carcassonne.
Ce dernier, qui étoit parvenu à l'âge de majorité depuis le printemps de
l'an 1199, donna, au^ mois d'août de cette année, « du conseil Si de la
« volonté de dame Adélaïde, sa mère, de ses viguiers de Béziers 8<. de Carcas-
« sonne, Si des autres grands de sa cour (6* aliorum procerum meorum), à
« Etienne de Servian, lé Pui ou la Garde de Vébrun. » Il est marqué dans
l'acte que ce vicomte 5c Guillaume, évêque de Béziers, le confirmèrent avec
leur sceau. Ce prélat "* étoit auparavant abbé de Saint-Aphrodise de Béziers
£<. avoit alors succédé dans l'évêché de cette ville à Gautrid de Marseille,
mort au mois de mai précédent.
Raimond-Roger ayant perdu quelque temps après Adélaïde de Toulouse,
sa mère, s'unit ' au mois de mars de l'an 1201 avec Raimond-Roger, comte
de Foix, son cousin, qui le prit sous sa protection & lui promit, par serment,
de l'aider contre le comte de Toulouse, Se contre tous les autres. Le vicomte
fit un pareil serment au comte de Foix, qu'il appela à sa succession, supposé
qu'il vînt à décéder sans enfans, S<. lui donna pour garants du traité Guil-
laume Pétri, évêque d'Albi, Boson, abbé d'Alet, Se trente-trois de ses princi-
paux vassaux. Le comte de Foix donna de son côté pour ses cautions huit
seigneurs, parmi lesquels étoit Roger de Comminges. Nous ignorons le motif
qui engagea le vicomte de Béziers Se le comte de Foix à se liguer contre le
comte de Toulouse. Un diUérend qu'eurent vers le même temps les deux
comtes au sujet du château de Saverdun, donna peut-être occasion à cette
ligue.
LXV. — Différend des comtes de Toulouse (S- de Foix au sujet du château
de Saverdun,
Nous savons, en effet, que le comte de Foix refusa de rendre au comte de
Toulouse, pour ce château, l'hommage que ses prédécesseurs avoient rendu
à ceux de ce prince. Le comte de Toulouse, sur ce refus, reçut'', au mois de
juillet de l'an 1201, pour le même château, l'hommage d'Arnaud de Vil-
" Voyez tome VIII, Chartes, n. LXXII, c. 460. ' Voyez tome VIII, Chartes, n. LXXIII, ce. 473
* Gaîlta Chriit'iana t nov. éd. t. i , Inszrum , p. 4 I . à 475.
' Voyez toine VIH, Chartes, n. LXXI, ce. 4J3, " Trésor des chartes; Toulouse, sac 5, n. 2.
454. — [Doin Vaissete se trompe sur ce nom de — Aiij. J. 309, orig. scellé. Teulet, Layettes, t. 1,
lieu; c'est .lujourd'hui Valros Hérault), canton p. 22J. Le comte de Toulouse, par cet acte, s'en-
de Servian. gageait à ne jamais rendre au comte de Foix le
^ GdUia Christiaiin, nov. éd. t. 2, p. 418 & seq. domaine direct du thâte.iu de Saverdun. [A. M.]
VI. 1 3
A:i 120I
194 HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XX.
lemui", qui n'étoit que son arrière-vassal sous la mouvance du comte de Foix,
t. iii,°p!"ri4. Se ((ui lui promit de le lui rendre, toutes les fois qu'il en seroit requis. Il
paroît par là que le comte de Toulouse, sur le refus que fit le comte de Foix
de lui rendre cet hommage, s'empara du château de Saverdun. Quoi qu'il
en soit, les deux comtes s'accordèrent' là-dessus dans la suite par l'entremise
de Bernard, comte de Comminges, 8c d'une quinzaine de gentilshommes ou
de jurisconsultes qui s'assemblèrent pour cela à Toulouse. Raimond VI deman-
doit que le comte de Foix fût obligé de réparer les fortifications de ce châ-
teau, qu'il lui en fit hommage & qu'il fût condamné à le renouveler toutes
les fois qu'il en seroit requis. Le comte de Foix convenoit de l'obligation de
l'hommage; mais il s'excusoit sur le rétablissement des fortifications, en ce
qu'elles n'avoient pas été détruites par sa taute & qu'elles avoient été ruinées
durant la guerre qu'il avoit eu à soutenir contre ses vassaux. Les arbitres le
condamnèrent à réédifier la tour 8c le château de Saverdun, & la paix fut
ainsi rétablie entre lui &t le comte Raimond.
LXVI. — Le vicomte de Béjîers engage une partie de ses domaines,
Raimond-Roger confirma^, le 27 de mars de l'an 1201, l'engagement qu'il
avoit fait, pour quinze mille sols melgoriens dont cinquante valoient un
marc d'argent, du château de Balaguier Se du pays de Chercorb, lequel com-
prenoit la "partie méridionale du diocèse de Mirepoix. Il se qualifie dans
l'acte, par la grâce de Dieu vicomte de Carcassonne, de Béziers, de Razès
SccrAlbi-*. Il déclare dans une autre charte avoir passé l'âge de quatorze ans.
Il donna en fief au seigneur de Faugères, du conseil de ses barons, le 6 d'avril
suivant, le château de Lunas, dans le diocèse de Béziers, avec tout ce qu'il
y possédoif à l'occasion de son père Roger &- de feue dame Adélaïde, sa
mère : il le déchargea de l'obligation de le lui rendre moyennant une somme
qu'il reçut en engagement, 8c lui assigna son remboursement sur les mines
de Villemagne 8c de Boussagues, dans le diocèse de Béziers. Il permit"^ la
même année aux églises d'Albigeois, de construire les bâtimens qu'elles juge-
roient à propos dans leurs domaines, sans prétendre aucun droit à cette
occasion. Divers seigneurs, entre autres Bernard de Villeneuve 8c Sicard de
Puylaurens, furent présens à cette concession. Il acquit^, au mois d'août de
l'an 1202, pour vingt mille sols melgoriens, de Guillaume-Pierre de Vintron,
tout ce que ce seigneur possédoit dans la paroisse de Saint-Amans de Val-
' Voyez tome VIII, Chartes, ce. 267 à 271. outre dans toutes les causes que les chevaliers du
' Ibid, Chartes, n. LXXIV, ce. 467, 468. Temple, leurs donats ou leurs hommes auront à
' C'est ici le lieu de mentionner les privilèges plaider devant la cour comtale, ils ne payeront
que le même vicomte accorda un peu plus tard à ni droits de justice, ni dépens. [A. M.]
l'ordre du Temple. (Acte d'octobre 1202, t. VIII, ^ Archives de l'église d'Albi. — [Voyez tome V,
ce. 483 à 485.) Renouvelant les chartes de son c. i335, n. 32j cet acte contient aussi concession
grand-père, Raimond-Trencavel, & de son père d'amortissement.]
Roger II, il leur confirma toutes leurs possessions '■' Cartulaire du château de Foix.
pribcntes & futures, sauf ses droits supérieurs. En
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XX. igS
toret, dans le château de Hautpoul, dans l'abbaye de Caunes, dans tout le
Cabardès, S<. depuis Saint-Pons jusques à Castres. 11 accorda', au mois de
novembre, des lettres de sauvegarde en iaveur de l'abbaye de Candeil, avec
divers privilèges. Enfin Bernard-Raimond de Capendu lui vendit-, l'année
suivante, pour treize mille sols melgoriens, le château de Vias, dans le dio-
cèse d'Agde, 8t le vicomte céda en même temps à ce seigneur la portion qu'il
avoii au château de Capendu, Se se réserva seulement le pouvoir de s'en
servir pour Jaire la guerre à ses ennemis & y plaider avec eux^.
LXVII. — Accord entre le comte de Toulouse &< l'abbé de Cluny, touchant
le lieu de Saint-Saturnin du Fort,
An 1201
La part que Raimond VI, comte de Toulouse, prit à la guerre qui s'éleva
en I20Î, entre Alfonse II, comte de Provence, St Guillaume IV, comte de
Forcalquier, l'obligea à résider aux environs du Rhône. Guillaume, mécon-
tent"* d'Âltonse, à qui il avoit donné en mariage Garsinde, sa petite-fille,
avec la plupart de ses domaines, révoqua une partie de cette donation en
faveur de Béatrix, sœur de Garsinde, son autre petite-fille, qu'il maria au
mois de juin de cette année avec André de Bourgogne, dauphin de Vien-
nois. Cette disposition ayant augmenté la brouilierie entre les comtes de
Provence Se de Forcalquier, ils eurent recours aux armes S<. se firent la guerre.
Guillaume pour se soutenir se ligua avec divers princes, entre autres avec le
comte de Toulouse, Se trouva moyen de mettre dans ses intérêts Sanche,
comte de Roussillon Se de Cerdagne, qui se déclara contre le comte de Pro-
vence, son neveu ^.
Durant cette guerre le comte de Toulouse passa un accord à Saint-Sa-
turnin du Port*^, aujourd'hui le Pont-Saint-Esprit, le i" de mai ou, selon
d'autres'', le i" de juin do l'an iio:, avec Hugues V, abbé de Cluny.
An I loi
' Archives de l'abbaye de Candeil.
' Cartuhiire du château ie Foix.
'En cette même année 1201 furent accordées
de nouvelles franchises au bourg de Rodez. On
peut voir dans de Gnujal, Etudes sur le Roucrgue,
t. 1, p. 295 & suiv. le texte de cet acte. Il porte
en substance confirmation des libertés concédées
par le précédent comte, exemption de tout péage
pour les marchands & gens de métiers dans un
rayon de quatre lieues autour de la ville. — Droit
pour tous les habitants de disposer de leurs biens.
— Ceux-ci peuvent construire librement des mai-
sons hors des murs; à l'intérieur des murs & dans
Ils fossés, chaque maison payera une albergue
d'un cavalier. — Les prud'hommes jugent entre le
comte, son baile & les bourgeois qui se prétendent
lésés par eux. [A. M.]
' Bouche, La chorographic ou description de la
Provence^ t. 2, p. 178.
* A cette année lîoi st rapporte un traité fort
curieux entre les Génois îk les habitants de Mont-
pellier. Nous analyserons sommairement cet acte
que rapporte M. Germain {^Histoire de la commune
de Montpellier, t. 2, pp. 422 à 426). — 1" Sauve-
garde réciproque entre les habitants des deux villes,
sauf quand les habitants de Montpellier se trou-
veront associés avec des gens de Pise ou de Vinti-
mille, ennemis de Gênes. — 2° Exemption de tous
péages à établir par la suite. — 3" Promesse des
deux parties de remettre k la justice le soin de
terminer leurs différends. — 4° Le traité ainsi
conclu est valable pour vingt-neuf ans. Ce traité
fut renouvelé plus tard, en 1225 (Voir plus bas
ad annum). [A. M.]
"• Gallia Christiana , nov. edit. t. 6, Instrum.
p . 3 o I .
' Guichcnon, Biitiothcca Scbusicir.a, p. 33r).
An 1202
196 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XX.
Hugues, du consentement du prieur du monastère de Saint-Saturnin du
Port, & en considération des services que le comte Raimond avoit rendus à
t^ii°"°i"i5 l'ahbaye de Cluny Si aux autres monastères de sa dépendance, lui donna en
fief Se à ses successeurs un emi^lacement dans la ville de Saint-Saturnin pour
y construire un palais, à l'endroit où le comte avoit commencé à bâtir une
tour, à condition de payer tous les ans un marabotin à son abbaye. Il con-
vint en même temps que le comte avoit un droit d'albergue à Saint-Saturnin.
En conséquence de cet accord, Raimond fit hommage à l'abbé de Cluny Se
confirma la transaction ' que le comte, son père, avoit faite autrefois avec le
même monastère de Saint-Saturnin, Si promit que ses successeurs feroient
un semblable hommage aux abbés de Cluny, à chaque mutation de comte
ou d'abbé, sans être obligés néanmoins de sortir pour cela des limites de
leurs domaines. Sec. L'acte est daté de la grande église de Saint-Pierre, en
présence de divers religieux de l'ordre de Cluny, entre autres de Rostaing
de Sauve, prieur d'Anduze, Se de Rostaing d'Anduze, prieur de Vernède, de
Géraud, abbé de Cruas, de Raimond-Guillaume, juge &< chancelier du comte
Raimond, d'Adalbert de Novis, son juge Se assesseur au château de Beau-
caire. Sic
L^VIII. — Guerre entre les habitans de Toulouse i- ceux de Rahastens,
en Albigeois^ 6* entre les premiers &- le vicomte de Lomagne,
Pendant l'absence de Raimond, les consuls de Toulouse^, ayant assemblé
les communes de celte ville, se rendirent en corps d'armée au lieu de Saint-
Bas sur l'Agoût, situé vers le confluent de cette rivière Se du Tarn, pour
venger les injures qu'ils avoient reçues des seigneurs, des chevaliers Se des
habitans de Rabastens, en Albigeois. Ils étoient sur le point de passer l'Agoût
lorsque Pilfort de Rabastens Se un autre député de Rabastens vinrent, le
10 de juin de l'an 1202, demander à s'accommoder Se offrir de s'en rapporter
au jugement de Raimond, comte de Toulouse, 6* de sa cour. Les consuls de
Toulouse ayant accepté ces offres, les députés de Rabastens firent serment
entre les mains de Raimond de Récalt, viguier de Toulouse, qui le reçut au
nom du comte, de s'en tenir à la décision de ce prince Se de sa cour qui ter-
mineroit ce différend à Toulouse; cela fait, l'armée des Toulousains se retira.
C'est ici le plus ancien monument que nous ayons trouvé où il soit fait
mention de la ville de Rabastens, l'une des principales du diocèse d'Albi.
On voit encore que les consuls de Toulouse étoient alors dans l'usage de
venger à main armée leurs propres querelles, par un accord^ qu'ils passèrent,
deux ans après, avec Vézian, vicomte de Lomagne, Se Odon , son fils, sur
lesquels ils avoient assiégé le château d'Auvillar, situé sur la Garonne, à la
tête des communes de leur ville. Par cet acte les consuls de la ville Se des
' ToiTie V, Chartes & Diplômes, ce. 1293 à I2(;:>. ' Lafaille, Aniiala de Toulouse, Preuves, p. 55
' Lafaille, Annales de Toulouse, t. 1, Preuves, & suiv.
p. ,13 & S'.iiv.
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XX.
197
Ali 1202
faubourgs de Toulouse, au nombre de vingt-cinq d'un côté, & le vicomte de
Lomagne & son hls de l'autre, se pardonnèrent toutes les entreprises qu'ils
avoient faites les uns contre les autres. Se convinrent que les habiians de
Toulouse ne payeroient à Auvillar que la leude ancienne; exaction qui avoit
donné occasion à la guerre. L'acte est daté du siège du cbâteau d'Auvillar,
le 14 de juin de l'an 1:04, en présence de Géraud, comte d'Armagnac,
d'Odon de Lomagne, son cousin, de Raimond, évêque de Toulouse, de Ber-
nard de Marestang, de Pierre-R.iimond, frère du seigneur Raimond, comte de
Toulouse, de Bernard-Jourdain de l'Isle, de Jourdain de l'Isle, son fils (ou
plutôt son frère), de Bernard d'Orbessan, Sec. Ce dernier étoit aussi alors en
guerre contre les habitans de Toulouse avec lesquels il fit la paix la même
année. Il promit à quelc[ues-uns des consuls de cette ville, de les servir à
l'avenir dans leur armée avec quatre chevaliers, Sic. Ils reçurent sa promesse,
tant en leur nom que des autres qui étoient alors du chapitre {de capitula).
Géraud, comte d'Armagnac, dont nous venons de parler, tut le quatrième de
son nom; il accorda', en iigS, divers privilèges à l'abbaye de Grandsclve,
par un acte daté Philippe étant roi de France, Raimond comte de Toulouse,
6» Fulcrand évêque^,
LXIX. — Le comte de Folx marie son fils avec l'héritière de Castelbon.
Le comte d'Urgel le fait prisonnier.
Raimond-Roger, comte de Foix, fut présent à l'accord passé, le 10 de juin
de l'an 120?., entre les consuls de Toulouse & les seigneurs de Rabastens.
Comme il étoît toujours en guerre avec le comte d'Urgel il s'allia^, pour for-
■ Archives de l'abbaye de Grandselve.
' Ou troiiveri les actes indiqués par dom Vais-
sete au tome VIII de la présente édiiion, avec
plusieurs autres que nous avons tirés du cartu-
laire du Bourg, conserve aux archives munici-
pales de To'.ilouse. Remarquons que ces actes,
dont la liste suit, ne sont que des préliminaires
de paix 8c n'indiquent pas le motif de ces {guerres
que Us habitants de Toulouse soutinrent contre
la plupart des seigneurs Se des petites villes du
voisinage : i" c. 476, 10 juin 1202, paix entre
les habitants de Rabastens & la commune de
Toulouse; dom V'aissete vient d'analyser cette
pièce. — 2" c. 48c, ;> août 1202, traité de paix
avec les seigneurs, chevaliers & prudhommes de
Villemiir; cette dernière communauté dut se sou-
mettre entièrement, s'engager à réparer tous les
torts trjpinac & maUficiaj, qu'elle avait faits aux
Toulousains, 8c se soiimettre nu jugement des
consuls de Toulouse; le plus coupable, Bertrand
de ^'lllemur, vint lui-même faire amende hono-
rable; ils durent payer une indemnité de quatre
mille sous, deux mille pour les frais de l'expédi-
tion faite par les Toulousains, deux nulle a ré-
partir entre les plaignants, par les consuls de
cette ville. — 3° c. 491, 19 mars i2o,l, traité de
paix définitif avec la communauté de Rabastens.
Les consuls de Toulouse renoncèrent à toute de-
mande pécuniaire, mais les seigneurs de Rabas-
tens supprimèrent toutes les leudes 81 nouvelles
coutumes établies depuis moins de cinquante ans.
Ce seul fait prouverait que ces guerres étaient avant
tout commerciales & que les consuls de Toulouse
voulaient s'ouvrir les routes qui aboutissaient à
leur ville. — 4° i2c3, 29 mai, c. 493. Accord tout
semblable avec les consuls de Saverdun; seule-
ment l'abolition des leudes, toltes & usages éta-
blis nu pont de Saverdun est absolue & ne souffre
aucune restriction. — .'»" c. 496, 24 octobre i2o3.
Paix avec la ville de Gaillac; les deux parties
se remettent leurs griefs réciproques. — 6" c. 5oo,
i3 avril 1204. Paix avec les seigneurs de l'Ile-
Jourdain; mêmes clauses que pour Caillac. —.
7" r. 502, iCi avril 1204. Accord avec Bernard
d'Orbessan, analysé par dom \'aissete. — S" c. J04,
14 juin 1204. Traité de paix avec le vicomte da
Lomagne. (Voir dom Vaissete.) [A. M.J
' De Marca, H'ntoirc de Béarn, p. 720 8t suiv.
~: 108 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. TA.
An 1202 -'
tifier son parti, avec Arnaud, vicomte de CastcUxin ou de Ccrùagne, par le
mariage de Roger-Bernard, son fils aîné, avec Ermessinde, fille unique Si
héritière de ce vicomte. Le contrat fut passé à Tarascon, dans le pays de
Foix, le 10 de janvier de l'an 1202. Le vicomte Arnaud donna en dot à
Ermessinde, sa fille : 1° la comtorie de Caboed & tous les autres biens qui
t.'iu,''p!^uc. avoient appartenu à sa femme, mère de la même Ermessinde; 2° la vicomte
de Castelbon, dont il se réserva la jouissance, excepté les vallées d'Andorre
& de Saint-Jean. Le comte de Foix assigna en même temps, pour le douaire
de sa belle-fille, le Lordadois avec tout le pays situé jusqu'aux Pyrénées,
&" établit son fils comte & la femme de son fils comtesse. Enfin le comte de
Foix S<. le vicomte de Castelbon substituèrent tous ces biens en faveur des
enfans (jui naîtroient de ce mariage, lequel occasionna l'union de la vicomt»
de Castelbon, située au delà des Pyrénées, au domaine des comtes de Foix,
Raimond-Roger, appuyé de cette alliance, passa les Pyrénées' avec un corps
d'armée, se joignit au vicomte de Castelbon Se à divers seigneurs catalans,
alla chercher le comte d'Urgel S<. lui livra bataille, le 26 de février de
l'an i2o3; mais il eut le malheur d'être battu Se de demeurer prisonnier avec
ce vicomte, cinquante chevaliers &t cinq cents fantassins de son armée.
LXX. — Paix entre les comtes de Provence 6- de Forcalquier.
La fuerrc continuoit d'un autre côté entre les comtes de Provence 8<. de
Forcalc[uier. Le premier, ne pouvant^ résister à l'autre, appela à son secours
Pierre, roi d'Aragon, son frère, qui tint^ une assemblée à Cervera, dans le
Roussillon, au mois de septembre de l'an 1202, à laquelle les archevêques de
Narbonnc Se de Tarraa;one assistèrent, 8< où on dressa de nouveaux statuts
pour l'observation de la trêve S<. de la paix. Pierre s'avança ensuite dansja
Province &, étant arrivé vers le Rhône, il négocia la paix entre les deux
comtes & la conclut enfin heureusement avant le mois de novembre de
l'an 1202, par l'entremise de divers prélats Se seigneurs de la Province. Les
comtes de Provence Sv de Forcalquier étoienl, en effet, réconciliés dans ce
temps-là, comme il paroîf* par les actes d'une assemblée tenue alors à
Manosque ik dans laquelle le comte de Forcalquier termina les différends
qu'il avoit avec quelques seigneurs qui rcfusoient de lui rendre hommrge
pour les fiefs qu'ils possédoient dans son comté. Ils avoient remis de concert
la décision de ces différends à Raimond, comte de Toulouse; mais ce prince
ne pouvant y vaquer par lui-même, à cause que ses affaires dcmandoient S(.ii
retour dans sa capitale, il en avoit donné la commission à Guillaume de
Baux, à Géraud d'Ami, Guillaume-Laugicr de l'Isle 6c Pvostaing de Sabr-n,
son connétable. Ces arbitres condamnèrent les seigneurs qui étoient en diffé-
rend avec le comte de Forcalquier à lui rendre hommage 8<, après sa mort, à
■ îÇiiritn, Anih's, !. 2, ce, 49, .0?, & 07. ' M.irca Hifpanic-i, c. i3-ij.
' Bouche, f.n chorogtaphic ou description Ac td * V:Oi\i:iiSf Dfscriptioii île la Provence, t. 2, ip. 1S4
Provence, ti ?., p. f78 & siiiv. Ct s-.àv.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XX. 199
AUonsc, comte de Pro\eiicc, son hciitier, à cause de Garsinde, sa fille, femme
de ce dernier. E^ntre les garants, que les parties se donnèrent mutuellement
pour l'observation du jugement, furent le comte de Provence lui-même,
Sanche, comte de Roussillon, Guillaume & Hugues de Baux, Géraud d'Ami,
Rostaing de Sabran, Svc, iS- par-dessus tous, ajoutent-ils, Raimond, comte de
Toulouse, Nous inférons de là que R.aimond fut un des principaux arbitres
de la paix entre les comtes de Provence & de Forcalquier. Géraud d'Ami,
dont nous venons de parler, étoit de la maison de Sabran 5 il reçut, en 1 198 ',
l'hommage de Raimond de Lunel pour quelques biens situés à Saint-Vincent
de Lunel-Vieil.
LXXI. — Accord entre le comte de Toulouse 6* Vévêque
de Saint-Paul-Trois-Châteaux.
I-e comte Pv.aimond quitta donc les bords du Rhône vers l'automne de
l'an iao2 pour aller à Toulouse; mais il retourna bientôt après aux environs
de ce fleuve, & il s'y accorda*, au mois de décembre de la même année, le
siège impérial étant vacant, avec Bertrand de Pierrelaite, évêque de Saint-
Paul-Trois-Châteaux. On prétend^ que Pvaimond avoit fait auparavant une
cruelle guerre à ce prélat, qu'après avoir passé le Rhône à la tête d'une
armée d'hérétiques, il avoit ravagé tout le diocèse de Saint-Paul & que cette
exécution engagea l'évêque à taire la paix; mais ce fait ne paroît fondé sur
aucun monument, & il est certain que Raimond, comte de Toulouse, ne se
mit pas, du moins si tôt, à la tête des hérétiques. Quoi qu'il en soit, l'évêque
Bertrand de Pierrelatte, du consentement des chanoines de son église, des
chevaliers Si des bourgeois de Saint-Paul, promit à Raimond & à ses succes-
seurs de le servir en plaid £,• en guerre envers & contre tous, pour la ville
de Saint-Paul-Trois-Châteaux & pour les domaines de l'évêché qu'il possé-
doit actuellement & qu'il posséderoit dans la suite. Ce prélat donna un baiser
au comte pour marque de sa fidélité, & il promit de marcher en armes, à
ses dépens, toutes les fois qu'il y auroit une chevauchée commune pour le
comte dans ce pa\s. Ce prince promit à son tour à l'évêque, en le baisant
en signe de sa fidélité , de le protéger à ses dépens, en plaid 6- en guerre,
lui, son église & ses domaines. L'archidiacre, un chevalier & un bourgeois
de Saint-Paul promirent par serment, tant en leur nom qu'en celui de leurs
concitoyens, l'observation de ce traité qu'ils avoient négocié, à ce qu'il paroît,
& auquel Guillaume de Baux & Hugues, son frère, l'évêque de Cavaillon,
Bertrand de Durfort, Rostaing de Sabran, Sic, furent présens.
' Trésor des chants; Toilouse, snc 7, 11. 6'). ' Ma. Je Br'icnne, n. Sort. — Galll^t Clirhtiana,
(J. 314, orig. TeuUt, Liyt:ttcs du Trésor, t. 1, nov. eJ. t. 1, Instrum. p. 121.
p. '99] ' Gallia Chriitïana, nov. ai. iiij,
Au lioi
200 HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XX.
LXXII. — Vains efjorts de Guillaume VIII, seigneur de Montpellier,
pour faire légitimer ses enj'ans du second lit.
Pierre, roi d'Aragon, & AU'onse II, comte de Provence, son frère, ayant
mis ordre aux affaires de Provence, se rendirent' à A4ontpellier; ils y étoient
à la fin de l'an 1202, La maladie ou la mort de Guillaume VIII, seigneur
de cette ville, les y attira sans doute; en effet, ce seigneur, par son testa-
ment, mit ses enfans sous la protection du premier.
Le désir extrême qu'avoit le seigneur de Montpellier de faire passer sa
succession sur la tète de Guillaume, son fils aîné 8t d'xVgnès, sa seconde
femme, qu'il avoit épousée du vivant de la première, fit qvi'il ménagea
l'amitié du pape Innocent III, dont il connoissoit le zèle contre ces sortes de
mariages illégitimes. C'est ce qui paroît par diverses lettres de ce pontife
adressées à Guillaume : par l'une, datée du^ 10 de juillet de l'an 1199, il le
prend sous sa protection avec tous ses domaines, à cause de son dévouement
au Saint-Siège; &., par une autre qu'il lui écrivit le même jour, en réponse
de celle dont ce seigneur avoit chargé le prévôt de Marseille, il le remercie
de tout ce qu'il avoit fait en faveur du siège apostolique, à l'exemple de ses
ancêtres. Il lui marque, sur la demande qu'il lui avoit faite d'envoyer un
légat à latere dans le pays pour y combattre l'hérésie, qu'il avoit destiné
frère Raynier pour cette fonction. Innocent écrivit deux autres lettres à Guil-
laume deux ans après. Par l'une 3, du i" de juillet, il lui donne avis qu'il
avoit nommé Jean, cardinal de Sainte-Prisque, pour légat dans la Province
contre les hérétiques, & le prie de le favoriser en tout ce qu'il pourroit. Par
l'autre, il prend sous sa protection la chapelle que ce seigneur avoit à Mont-
pellier, dans son palais, & qu'il avoit fort augmentée, 81 lui accorda divers
privilèges.
Guillaume, comptant sur la protection d'Innocent III, se hasarda enfin,
en 1202**, de prier ce pape de légitimer ses enfans du second lit, dans le
dessein de leur transmettre sa succession. Il lui fit demander cette grâce par
l'archevêque d'Arles, qui étoit alors à la cour romaine, &, pour l'obtenir plus
facilement, il fit valoir dans sa supplique les services que lui & ses ancêtres
avoient rendus au Saint-Siège. Il allégua de plus l'exemple du roi Philippe-
Auguste, dont le pape venoit de légitimer les enfans, nés comme les siens du
vivant dune femme légitime. Il représenta qu'il étoit soumis au pape plus
spécialement que ce prince, étant vassal de l'église de Maguelonne, qui rccon-
noissoit pour le temporel la suzeraineté du siège apostolique. 11 ajouta enfin
que le roi de France avoit un fils de la reine Ingelberge, sa première temmc,
' Bouche, Description ie la Provence, t. J, p. 185. ■• Innocent III, 1. 5, cpist. \^%. — Cf. Pottlunst,
■■ — Marca Hispànica, c. iSp.T. Regcsla, t. i, n. 1794, & voyez ce que M. Ccr-
' Innocent IIÏ, I. 2, cpist. 297 & seq, main <îit de cette .iffaire, Commune <ie Monîpclhcr,
' Gaiiel, Séries pracsulum Magalonensium,p. i66 i, lv-i,vii. Le mémoire du seigneur de Montpellier
£4 seq. est remarquable au point devr.e juridique. [A. M.j
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XX. :oi ~
An 1201
au lieu qu'il n'avoit Je la sienne aucune postérité masculine c[ui pût hériter
de ses domaines Se de son dévouement envers le Saint-Siège. Ces représenta-
tions ne firent pas beaucoup d'impression sur Innocent, cjui expose à Guil-
laume, dans la réponse qu'il lui fit, la différence qu'il y avoit entre son second
marias;e £< celui du roi Philippe : i° Lui, dit le pontife, le roi a été séparé
de sa femme par sentence de l'archevêque de Reims, au lieu que vous ne
vous êtes séparé de la vôtre que de votre propre autorité. 2° Philippe a épousé
sa seconde femme 8c en a eu deux enfans avant que d'avoir reçu la défense
de se marier avec elle; vous, au contraire, avez pris la vôtre au mépris de
l'Église qui, pour cela, vous a frappé d'anathème. 3° Le roi s'est séparé de la
reine sous prétexte d'affinité qu'il prétend prouver par témoins; pour vous,
vous avez répudié votre première temme sans raison; ainsi il n'y a aucune
présomption de légitimité en faveur de vos enfans du second lit. 4° Philippe
ne reconnoissant personne pour supérieur dans le temporel, continue le
pape, a pu se soumettre en ce point k notre juridiction, quoiqu'il eût pu
lui-même accorder celte dispense, non comme un père à ses enfans, mais
comme un prince à ses jujets; il n'en est pas de même de vous, qui êtes
soumis à d'autres, 8c vous n'avez pas assez d'autorité pour vous dispenser 'n ; ""^'"^'"o
vous-même sans le consentement de vos supérieurs. Pour toutes ces raisons,
ajoute Innocent, je suis obligé de surseoir encore le jugement de cette
affaire 8< de différer à vous accorder votre demande jusqu'à ce que vous
prouviez, s'il est possible, que votre faute est beaucoup moindre, 8< jusqu'à
ce que ma juridiction, pour décider un pareil cas, soit plus clairement éta-
blie : d'autant plus que la sainte Ecriture, les canons & les lois civiles
détestent les enfans nés d'un adultère. Innocent tâcha cependant de consoler
Guillaume par les témoignages d'une tendre affection 8<. d'un désir sincère
de lui faire plaisir en tout ce qu'il pourroit, selon Dieu Se l'honnêteté
publique.
LXXIII. — Testament de Guillaume VIII, seigneur de Montpellier,
Nonobstant une réponse si peu f'avorable, le seigneur de Montpellier,
espérant toujours obtenir par son crédit auprès du pape une déclaration de
légitimité de ses enfans du second lit, les regarda comme s'ils eussent été en
effet légitimes. Se, étant tombé dangereusement malade au commencement
du mois de novembre de l'an i;o2, il disposa de tous ses domaines en leur
faveur par son testament ', daté du 4 de ce mois^ (S< non de l'an 1211 comme
il est marqué dans le Spicilêge par une erreur de copiste). Suivant cet acte,
il choisit sa sépulture dans le cimetière de l'abbaye de Grandselve, à laquelle
il lègue cent livres. Il tonde un anniversaire dans la cathédrale de iMague-
lonne 6< un autre dans le monastère de Saint-Félix, 8< fait des legs pieux à
' D \ch»ry, .S/T/'ci/f^j'um, t. 9, p. 1 jj & s«q. * Msi. AAuhdys, n. 82. — C3x\<i\,Scncs pracsa-
lum Magaloncnsium.
An 1202
;oi HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XX.
l'abbaye de Saint-Gcniès, à l'hôpital du Saint-Elsprit, à la maison de Grand-
mont de Montherbedon, à l'hôpital de Saint-Guillem, aux églises de Saiiu-
Firmin & de Notre-Dame, à la chapelle tie son château, aux autres églises
& hôpitaux de Montpellier, &. à la chartreuse de Bonnefoy, dans le diocèse
de Viviers. Il ordonne d'habiller de pied en cap cent pauvres prêtres &. cinq
cents autres pauvres, de nourrir après sa mort, pendant cinq jours, cinq mille
pauvres chaque jour, de faire célébrer cinq mille messes pour le repos de son
âme, 8<c. Il confirme la donation que Guy, son oncle paternel, avoit faite
des moulins de l'Hérault, en faveur de l'abbaye de Valmagne, & nomme
quinze des principaux de Montpellier, entre lesquels étoit maître Guy (ion-
dateur de l'hôpital du Saint-Esprit de cette ville), pour payer ses dettes sur
la moitié de ses revenus'. Il fait héritier Guillaume, son fils aîné, à qui il
donne la ville de Montpellier avec ses dépendances S<. les châteaux & villages
de la Palti (ou Lates), de Montferrier, Castelnau, Castries, Loupian, Omelas,
Pouget, Popian, Montarnaud, Vindémian, Tressan, Saint-Pargoire, Saint-
Pons, Cornonsec, Montbazin, Frontignan, Miraval, Pignan, Saint- Georges,
Murviel, Moujolan & enfin tous ses domaines, depuis l'Hérault jusqu'au
Vidourle. Il donne à Thomas, son second fils, surnommé Tortose, le château
de Paulian, les droits qu'il avoit sur la ville de Tortose, en Catalogne, &
tous les biens qu'il possédoit au delà de l'Hérault, dans les diocèses de Lodève
Si de Béziers, avec mille sols de pension annuelle. Il lègue cent livres à
chacun de ses autres ([uatre fils, nommés Raimond, Bernard-Guillaume,
Guv & Burgondion, £< ordonne que le premier sera moine de Grandselve,
le second cb.anoine de Girone S<. de Lodève, le troisième moine de Cluny,
& le quatrième chanoine du Puy. Il ne donne à Marie, sa fille unique du
premier lit, que les deux cents marcs d'argent de sa dot, que le cojnte de
Toulouse & le comte de Comminges, son mari, lui dévoient, avec les habits
nuptiaux qui consistoient en quatre robes S<. quatre lits, avec clause expresse
que si son fils Guillaume étoit obligé de payer ces deux cents marcs, il auroit
action contre le comte de Comminges, qiii les avoit reçus, & contre ses cau-
tions, sauf le droit de Marie contre le même comte, contre celui de Tou-
louse S<. contre Rousselin & les garants que Barrai (vicomte de Marseille, son
premier mari) avoit donnés. Il lègue cent marcs d'argent à chacune de ses
deux filles, Agnès & Adélaïde, pour les marier. Il ordonne que si sa femme
Agnès avoit encore des enfans, les mâles seroient cZ^rc^ Se les filles religieuses.
Il lègue à la même Agnès, sa femme, tout ce qu'il lui avoit donné dans le
' Voici le tableau complet des legs pieun que Cun des antres hôpitaux; 1,000 aiiH religiciix Jg
Guillaume VIII fit par son testament, & M. Ger- Grammont; 100 sous à Grandselve; ico sous au5<
jnain ÇCommtme de Montpvlticj-y i, i.vil) est assez infirmes du pont de Castelnau; 100 inarcs d'ar-
disposé à y voir l'indice des remords deconicience gent pour la rédemption des captifs. — A Saint-
âe ce prince; .7,000 sous de Melgueil à la cathé- Firmin & à Nôtre-Dame des Tables deux calices,
drale de Maguelonrte pour \u\ anniversaire; valant chacun un marc &. demi. A la chartreuse
1,000 sDus à Saint-Félix de Montseau; Soo sous de Bonnefoy, dans le Vivarais, une certaine quan-
à Saint-Geniès; 1,000 sous à l'hôpital du Saint- tité de poisson salé par an. [A. M.J
Esprit} 200 à celui de Saint-Guillem; 5o à cha-
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XX. 2o3
An 12C2
temps de son mariage avec elle, Se. l'entretien, tant pour elle que pour ses
enj'ans. Il fait une substitution graduelle de tous ses biens entre ses enfans,
savoir : d'abord de mâle en mâle 5c après eux de fille en fille, en commen-
çant par Marie, son aînée. A leur défaut, il leur substitue aussi graduelle- [. fn "[ '^,'°'
ment Raimond-Gaiicelin, seigneur de Lunel, son neveu, Raimond de Roque-
feuil Se Bérenger-Guillaume, ses autres neveux. Il déclare ensiiite qu'en
considération de la fidélité des babitans de Montpellier & des services qu'ils lui
avoient rendus 8< à ses prédécesseurs : i° Il change la coutume de cette ville
qui permettoit à ceux qui étoient majeurs de quatorze ans de disposer de
leurs biens, £<. ordonne qu'à l'avenir il faudra, pour cela, avoir atteint l'âge
de vingt-cinq ans, conj'ormément au droit écrit. 2° Il leur donne une liberté
entière de vendre Se d'acheter du sel. 3° Il leur accorde l'abolition de tous
les nouveaux péages. Il charge Guillaume, son fils 8t son héritier, d'acquitter
toutes ses dettes & de payer, entre autres, cinquante mille sols qu'il devoit à
Bonet, juif de Montpellier, de l'avis de quinze des principaux babitans de
cette ville, qu'il lui donne pour conseil S< c[u'il laisse pour administrateurs
de tous ses domaines, & défenseurs de sa femme 8c de ses enfans jusqu'à ce
que son fils aine eût atteint l'âge de vingt-cinq ans'. Il met les uns 8c les
autres sous la protection de Px.aimond, évtque d'Agde, son frère, de Guil-
laume, évèque de Maguelonne, 8c de Guy, prévôt de cette église, 8c en cas,
ajoute-t-il, qu'il s'élève quelque guerre dans le pays, je prie Bernard d'An-
duze 8c Etienne de Servian d'en prendre la défense. Il prie aussi ces prélats
d'excommunier son fils, par l'autorité apostolique, supposé qu'il n'exécutât
pas fidèlement ce testament, avec défense de mettre aucun juif pour baile à
Montpellier. Il laisse ses enfans, ses terres 8c ses sujets sous la protection Se
la garde de Dieu, de la vierge Marie, de la reine d'Aragon, du roi, son fils,
61 du comte de Toulouse. A la fin de l'acte il change le lieu de sa sépulture,
qu'il choisit dans la cathédrale de Maguelonne, Se donne cent marcs d'argent
k Clémence, sa sœur, avec ordre à son héritier de lui paver cette somme au
bout de l'an, à moins que Rostaing de Sabran, son mari, ne la lui paye.
Enfin il donne à sa femme Agnès le lieu de Casfelnau, le château de Mont-
ferrier, les bains de Montpellier, la leude du Peyrou 8c de l'Aigadou, Si le
cens des juifs, au lieu Se place du douaire qu'il lui avoit assigné dans le temps
de leur mariage.
Telles sont les dernières dispositions de Guillaume VIII, seigneur de
Montpellier, qui mourut peu de temps après. Guillaume de Fleix, évêque
de Maguelonne, procéda en effet, le 9 de novembre de l'an 1202, à l'ouver-
ture de son testament, en présence des témoins qui y avoient souscrit, entre
lesquels étoit Raimond, évoque d'Agde, frère de ce seigneur, Se de tous les
' Dom Vaissete n'insiste peut-être pas asses siif chaque mois, je recrutèrent euU-mêmes ert cas de
ce fait & n'indique pas les conditions auxquelles décès de l'un d'entre eux. C'était une dernier*
ces bourgeois durent administrer la ville. Ils pos- tentative de Guillaume VIII pour assurer à son âls
icdèrent à peu près toute la souveraineté, purent la jouissance de sort héritnge, en intéressant à sa
nommer & changer le baile, reçurent ses comptes cause les habitants de Itontpellicr. [A. M.]
~~ 204 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XX.
An 1202 '
principaux habitaiis de la ville. Guillaume, fils 8< héritier de Guillaume VIII,
promit en même temps de l'exécuter fidèlement & affirma qu'il étoit majeur
de ([uatorze ans.
LXXIV. — Mort de Guillaume VIII, seigneur de Montpellier. — Son éloge.
Guillaume VIII mourut âgé d'environ quarante-cinq ans, après s'être
acquis l'amour de ses sujets par ses qualités personnelles 81 la douceur de son
gouvernement. Il s'appliqua en particulier à faire ceindre Montpellier de
nouvelles murailles 8<. donna' pouvoir, en ii96,à huit des principaux bour-
geois ou administrateurs de la ville, de conduire cet ouvrage à sa perfection.
Il paroît qu'il eut quelque différend avec l'évêque de Maguelonne 8c que leur
querelle fut portée devant le roi Philippe-Auguste, qui rendit là-dessus un
jugement^ auquel ce prélat promit d'obéir. Entre les monumens que ce sei-
gneur donna de sa piété, il exempta^, en ii8g, la maison du Temple de
Montpellier, dont Pierre de Saint-Grégoire étoit commandeur, de toute sorte
d'imposition dans ses domaines. Il exerça sa libéralité l'année suivante envers
le monastère de Montherbedon, de l'ordre de Grandmont, situé auprès de
Montpellier, & confirma'', en 1194, une donation que Guillaume de Mont-
pellier, moine, son aïeul, avoit faite en faveur de l'hôpital de Saint-Lazare de
cette ville. Il fit dédier, en i2oo\ l'église de Sainte-Croix de Montpellier,
qu'il avoit fait rebâtir, 8< fit du bien^ au monastère de Cassan; mais rien ne
fait plus d'honneur à sa mémoire que le zèle qu'il témoigna pour réprimer
l'hérésie qui, de son vivant, fit de si grands progrès dans la Province.
Ce zèle de Guillaume engagea un fameux docteur, nommé maître Alain
de Lisle, qui mourut^ à Clairvaux, en 1202, à lui dédier un traité qu'il avoit
t.^ni °p'°i''''i composé contre les hérétiques de son temps, contre les vaudois, les Juifs Se les
Sarrasins, 8<. qu'il avoit divisé pour cela en quatre parties. Alain, dans
l'épître dédicatoire^ de cet ouvrage, qualifie Guillaume, par la grâce de Dieu
prince de Montpellier, & le loue de ce que la grandeur de son esprit répond
à celle de sa naissance 8<. de sa dignité. Il déclare « qu'il le lui oHre 8< qu'il
« se soumet à son examen, parce qu'entre tous les princes de son temps, il
« étoit spécialement revêtu des armes de la foi, dont il étoit le fils & le
<( défenseur. » On'' prétend que cet Alain étoit natif de Montpellier. On se
fonde sans doute sur ce qu'il appelle Guillaume, son seigneur; mais il est
certain que cet auteur n'est pas différent'" d'Alain, né à Lille, en Flandres,
qui, ayant embrassé d'abord letat religieux dans l'ordre de Citeaux, fut
'Gnrlel, lAèe Je lu ville Je Montpellier, i'' part. ^ Gntiel, Séries praesulum Magalonen'ium. p. î6j,
p. 1.5!»} Séries praesulum Mag.iloi:ensiuni ^ p. 244. ^ IhiJ. p. 2.52.
' Tome VIII, Chartes, n. LXXII, ce. 462, 4(j.l. ' Albéric, C/ironieon, ni ailn. 1201.
' C:\t\e], Séries praesulum Magaloiicnrium, 'p. ;33 ' Alain, ÀJv. haeret. éd. 1612.
8t seq. ^ G^iri'^l^Series praesulum Magtilonensium^p, zCjt
■• Mss. J'Aubays, n. il, '" Casimir Ou'iiii, Je script, ceci, t. 2.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XX. 2c5
ensuite évêque d'Auxerre 8c qui, s'étant démis de cet évêché en 1167, se
retira à Claiivaux où, il mourut en 1202, dans un âge extrêmement avancé.
Il composa divers autres ouvrages parmi lesquels il dédia à Ermengaud, abbé
de Saint-Gilles, son abrégé de l'un &. l'autre Testament'.
Guillaume VIII se rendit recommandable par divers autres endroits, & on
a déjà vu que plusieurs poètes provençaux vécurent à sa cour sous sa protec-
tion. Il augmenta considérablement son domaine, soit par la réunion de la
baronnie d'Omelas 8c de ses dépendances, soit par celle de la viguerie inféodée
de Montpellier, avec ses droits, que Guillaume de Montolieu lui vendit
en^ 1197- Il acquit aussi, au mois de juillet^ de l'an 1202, les droits cjue
l'abbaye d'Aniane possédoit dans la paroisse de Saint-Paul de Frontignan.
Enfin il paroît que la conduite de ce seigneur auroit été irréprochable, s'il
n'eût répudié sa femme légitime pour en épouser une seconde. Il est vrai
qu'il couvrit cette démarche sous le prétexte spécieux de laisser des enfans
mâles héritiers de ses domaines ; mais il y a lieu de croire que le dégoût
qu'il avoit d'Eudoxe Comnène, sa première femme, 8c la passion qu'il conçut
pour Agnès eurent la principale part à la répudiation de la première. Nous
savons d'ailleurs que Guillaume ne fut pas insensible à l'amour, 8c nous
trouvons'* dans une charte de l'abbaye de Franquevaux, au diocèse de Nimes,
datée de l'an 1192, un « frère Bernard de Montpellier, religieux de ce
« monastère 8c fils de Guillaume, fils de Mathilde. » On ne sauroit douter
que ce Bernard ne fût bâtard. Au reste, il paroît que le testament de Guil-
laume VIII eut d'abord son exécution; cas nous avons^ un hommage rendu
pour la seigneurie de Montpellier par Guillaume, seigneur de cette ville,
fils d'Agnès, à Guillaume d'Autignac, évêque de Maguelonne, qui succéda
en i2o3, à Guillaume de Fleix dans cet évêché.
LXXV. — Fondation des chartreuses de Bonnefoy ô* de Valbonne, — Seigneurs
6" évêques d'U-^ès. — Maison de Sabran,
La chartreuse de Bonnefoy, au diocèse de Viviers, dont le seigneur de
Montpellier fait mention dans son testament, subsistoit déjà dès le milieu''
' Dom Vaissete est tombé dans l'erreur com- Puyj mais il repousse avec raison l'identité éta-
miine qui fait confondre deux & peut-être trois blie entre Alain de Lille & l'auteur de la Summa
théologiens du nom d'Alain, qui ont vécu au ^uijripartilj. C{. Real-Encyclcpaejie fur protestan-
commencement du treizième siècle. Alain de Lille tische Théologie und Kirche, n.a. 1877, t. 1, p. 233
n'a rien à faire ici, & ayant passé la majeure par- & suiv. [A. M.]
tie de sa vie en Angleterre, il n'eut certainement ' Gariei, Séries praesulum Magalonemium, p. iHj.
aucune relation avec le midi de la France. Un ' Voyez tome VIII, Chartes, n. LXXV, c. 479.
second Alanus est celui que l'on appelle de Podio — L'acte est du mois de juin.
& qui dédia une .Somme de l'Ecriture sainte, restée ■* Mis. d'Auhays; McUnga, vol. i.
inédite, à Ermengaud, abbé de Saint- Gilles. Le '' Cnr\t\, Séries praesulum Magalonensium , p. i-j^.
troisième serait l'auteur de la Summa ^uaJripjrtita " Voyez tome IV, p. 648 & suiv. une note four-
contra haerelicos W^aldenses. M. C. Schmidt, de nie aux nouveaux éditeurs p.^r M. l'abbé Rou-
Strasbourg, sans se prononcer positivement, tend chier. La fondation de Bonnefoy remonte pioLa-
à identifier ce dernier personnnge & Alain du blcment à l'an iij6. [A. M.|
An 1ZC2
An i2o3
"T T 206 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XX.
An i2o3
du douzième siècle. Elle est située sur les frontières du Vêlai, Se c'est la plus
ancienne que nous sachions avoir été fondée dans la Province'. Celle de
Valbonne, dans le diocèse d'Uzès, vient ensuite; elle doit son origine à
Guillaume de Vénéjan, évêque d'Uzès, qui échangea^, au commencement
de l'an 1204, l'église d'Ornols contre celle de Bondillons, dans son diocèse,
avec l'abbé d'Aniane îk le prieur du monastère de Goudargues, dépendant
de cette abbaye, pour la donner aux chartreux, qui y établirent une maison
de leur ordre Se lui imposèrent le nom de Valbonne. 11 est vrai qu'il paroît
qu'il y avoit des religieux à Bondillons en 1198 & 1201; mais ils étoient
vraisemblablement bénédictins soumis au prieur de Goudargues.
Raimond, seigneur d'Uzès, fut présent à cet acte d'échange; il enrichit
l'année suivante la chartreuse de Valbonne par ses libéralités, 8c confirma ce
nouveau monastère dans la possession de tous les biens que les chevaliers,
ses vassaux, lui avoient donnés. Decan, son fils, ratifia cette concession au
mois de mars de l'an 1207, 8<. Bermond, seigneur d'Uzès, approuva, au mois
de juillet de l'an 1212, la donation de Pv.aimond, son père. Se de Decan,
son frère. Guillaume de Vénéjan, auparavant évêque d'U-^ès, reçut cette
dernière confirmation, tant en son nom qu'en celui de tout l'ordre des cliar-
treux.
Nous inférons de ces divers monumens que Raimond, surnommé Rascas,
seigneur^ d'Uzès, qui vivoit encore au mois de juin de l'an"* 1209, laissa
deux fils, Decan Si. Bermond; que Decan lui succéda dans la seigneurie
t fu °'^'^ï"', d'Uzès, Se que ce dernier étant mort sans enfans, Bermond, son frère, recueillit
sa succession. Il paroît que Bermond avoit déjà succédé à son frère dès la fin
de septembre de l'an 1211, car il est qualifié alors seigneur d'Ujès dans le
testament^ de Pierre-Constans de Saint-Gilles, qui le nomma pour un de ses
exécuteurs testamentaires. Il continua la postérité Se vendit, en 1222, dix-
huit pièces de terre, avec Guiraude, sa femme^, à la chartreuse de Valbonne.
Il se qualifie seigneur d'Ui^ès &■ d'Aymargues, dans une donation qu'il fit à ce
monastère quatre ans après.
Nous avons une autre donation faite à cette chartreuse, en 1228, par
Rainon, seigneur d'Uzès, fils de feu Rainon, Se par Guillaume de Martorel,
son frère. Ils possédoient la moitié de la seigneurie d'Uzès '' Se étoient^ de la
maison de Sabran, dont on voit divers actes dans les archives de la même
' Columbi, De episc. Vivanensihus.f. Ii5&se<j. n. 48. [Cf. Teulet, Layettes, t. i, p. Syi & suiv.
' Voyez tome VIII, Chartes, n. LXXXIII, c. 534 l'acte est du 28 septembre 1211.]
8^ suiv. — [Remarquons que dom Vaissete n'a pas " Voyez tome VIII, Chartes, n. LXXXII, c. j32.
publié la pièce qu'il indique, mais des donations — Archives de l'abbaye de Valbonne. [L'acte est
faites à la chartreuse de Valbonne par des raem- du 22 décembre 1222, 8c on n'y parle que de huit
bres de la famille d'Uzès, dont la plus ancienne pièces de terre.]
est de juillet i2o5.] — Archives de la chartreuse ' Ces deux frères ne possédaient qu'un quart de
de Valbonne. la seigneurie d'Uzès. Voyez à ce sujet Charvet,
' Voyez tome IV, îiote LU, p. 228. La première maison d'Unes, p. 93. [A. M.]
< Innocent III, Epistolae, t. 2, p. 349. ' Voyez tome IV, Note LU, p. 228.
'Trésor des chartes du roi; Toulouse, sac 2,
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XX. 207
chartreuse. Guillaume de Sabran vendit entre autres à ce monastère, en 1207,
pour trois cents sols neufs ruimondins, un domaine dans la paroisse de Saint-
Paul de Sélérac, S< promit de faire latifier cette vente par Guillelmette, sa
femme. Il accorda, en I2i3, à ce même monastère & à tout l'ordre des char-
treux, une exemption de péage & d'usage dans le bois de Sabranenc. « Al-
(t modis, veuve de Rostaing de Sabran, connétable du comte de Toulouse,
(' vendit en I2i5, à la maison de Valbonne, le domaine de Cadenet, du
« consentement de Guillaume de Baux, par la grâce de Dieu prince
« d'Orange, 5< tuteur de Rostaing Se de Guillaume de Sabran, fils du même
(1 Rostaing. » Enfin divers autres seigneurs du voisinage firent beaucoup de
bien à cette chartreuse dans le temps de sa fondation '. De ce nombre furent
Géraud de Montaigu, Hélène, sa femme, Thibaud 8c Saurine, leurs enfans,
Rnimond, Géraud &!. Pierre-Géraud de Montaigu, frères. Sec.
Ouant à Guillaume de Vénéjan, évêque d'Uzès, qui avoit succédé, vers
l'an 1197, à Raimond, il se démit de cet évêché peu de temps après avoir
fondé la chartreuse de Valbonne & se retira dans cette solitude pour y passer
le reste de ses jours. Il vivoit encore en 1207. Ebrard, qui lui succéda dès
l'an 1204 8c qui possédoit encore l'évêché d'Uzès au mois d'août de l'an 1207,
eut pour successeur Raimond, auquel Rainon 8c Elzéar, seigneurs d'Uzès
en partie (de la maison de Sabran), firent hommage, au mois d'août de
l'an 1208, pour ce qu'ils possédoient dans le diocèse. Pvaimond Pelet fit hom-
mage, la même année, à Raimond, évêque d'Uzès, pour le château de Resson,
qu'il lui remit Se dont il lui fit donner les clefs, 8c, en témoignage de sa
fidélité, il fit arborer sur ce château l'étendard de Saint-Théodorit où était
un lion rouge.
LXXVl. — Le vicomte Raimond-Roger épouse Agnès de Montpellier;
il engage une partie de son domaine à l'évêque de Béliers,
Toutes les précautions de Guillaume VIII, seigneur de Montpellier, pour
assurer sa succession à ses fils du second lit, furent inutiles, Pierre, roi
d'Aragon, qui connoissoit les prétentions de Marie, sa fille unique du pre-
mier lit. Se qui savoit que Bernard, comte de Comminges, son mari, ne cher-
clioit qu'une occasion de la répudier, songea à l'épouser peu de temps après
la mort de Guillaume, afin d'unir par là à son domaine les grands biens de
la maison de Montpellier. On prétend*, cependant, que le roi d'Aragon fut
d'abord favorable aux enfans du second lit; qu'au mois de décembre de
l'an i2o3 il maria Agnès, l'un de ces enfans, avec Raimond-Roger, vicomte
de Béziers 8c de Carcassonne, Si qu'il lui assura deux mille cent sols melgo-
riens en dot ; mais tout ce que nous avons de certain là-dessus c'est que ce
vicomte épousa^, en effet, la même année, Agnès de Montpellier; qu'elle
'Archives de l'abbaye de Valbonne. — Mjs. ^ Thulamu! de Montpellier, [^p. z'i ieVéi\ùon ie
d'AuBjys, n. 88. la Société archéologique de Montpellier. Le m?-
' O^Tie\, Séries praesulum Mctgaîonerisium,p, 2'j'\, riape eut lieu en octobre ]
An i2o3
An I20J
;o8 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV, XX.
eut' vingt-cinc] mille sols melgoriens en dot, & que le vicomte, son mari, lui
assigna les châteaux de Pézénas Si de Torves pour son douaire.
Raimond-Roger confirma, le g d'octobre de l'an i2o3^, les privilèges que
Roger, son père, 6- Trencavel, son aïeul, avoient accordés à l'abbaye de
Grandselve, en présence de Rainiond, évêque d'Agde, de Calvet, abbé de
Saint-Aphrodise de Béziers, Sec. Il donna en fianc-alleu^, au mois de novembre
suivant, à l'abbaye de Boulbonne Se à Bérenger Valard, son abbé, une
maison située dans le faubourg de Saint-Vincent de Carcassonne, avec ordre
à ses baillis de cette ville, chrétiens 6- Jui/s, d'en faire jouir paisiblement ce
monastère. Il fit cette donation entre les mains 6- dans l'audience de Bérenger,
i.'iii °p'.°i"'2. évêque de Carcassonne, S; en présence de Raimond-Roger, comte de Foix,
de ses viguiers de Carcassonne, de Razès S<. de Béziers; de Raimond Lom-
bard, bailli de l'honneur comtal de Carcassonne, Sec. Le comte de Foix, que
le comte d'Urgel avoit fait prisonnier, le 26 de février de l'an i2o3, étoit
donc alors sorti de prison; à moins que la bataille, dans laquelle on prétend
qu'il fut pris, n'ait été donnée au mois de février de l'an i2o3, en commen-
çant l'année à l'Incarnation. Le vicomte Raimond-Roger engagea "*, au mois
de mai de l'an 1104, pour six mille sols melgoriens ou cent vingt marcs
d'argent, à Guillaume, évêque de Béziers, Se à son chapitre : 1° L'albergue
qu'il prétendoit sur eux, sur l'abbé de Saint-Aphrodise Se sur le village de
Lignan. 2° La justice pour les crimes d'homicide, d'adultère Se de vol, qu'il
avoit sur tous les ecclésiastiques du diocèse de Béziers, sur leurs familles Se
sur les lieux de Lignan Se d'Aspiran. Il fit cet engagement, dans lequel il
déclare qu'il étoit alors majeur de dix-huit ans, du conseil des barons de sa
cour ô» des bourgeois de Bé-[iers. Il met, entre les premiers, les viguiers de
Carcassonne Se de Béziers, Se Samuel, juif, haile de ses domaines. On assure^
qu'il déchargea en même temps l'évêque de Béziers de l'obligation où il étoit
de lui fournir cinc[uaiite chevaliers durant la guerre'^. Enfin il donna, du
conseil des grands de sa cour"^ , en 1206, à Pons de Bessan, la permission de
fortifier le lieu de Buat, dans le diocèse de Béziers.
LXXVn. — Consuls de Toulouse. — Chartes de Raimond VI, comte
de cette ville.
Il paroît que Raimond VI, comte de Toulouse, passa la plus grande partie
de Fan 1 2o3 aux environs du Rhône, Se qu'il étoit absent de Toulouse lorsque
les consuls^ 6" le commun conseil de cette ville Se du faubourg dressèrent une
ordonnance touchant le vol, le mercredi 12 de février de l'an 1202 (i2o3).
' Tome VIII, Chartes, n. XCIV, ce. 579 à 584. sur un acte de i2o3 (Voyez t. V, c. 1432, n. 91),
' Archives de l'abbaye de Grandselve. par lequel le vicomte permet aux chanoines de
' Archives de l'abbaye de Boulbonne, Saint-Nazaire de fortifier les églises de plusieurs
* Gallid Christlana, nov. éd. t. 6, Instr. c. 148 de leurs villages, à cause des ravages des gens de
& seq. guerre. [A. M. |
'' Andoque, Catalogue des évèijue! Je Béliers. ' Cartu'.aire du château de Foix.
' Cette assertion d'Ando^ue s'appuie sans doute " Catel, f/i:toire des comtes de Tolose, p. 228.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XX. 200 — ; T
•' An 120J
On apprend par ce règlement que ce qu'on appeloit alors à Toulouse le
chapitre (capitulum) étoit composé de la principale bourgeoisie, de laquelle
les consuls, au nombre de vingt-cinq, étoient les cbefs, 8c c'est du nom de ce
chapitre qu'on leur donna depuis celui de capitoulsf que cette assemblée ou
chapitre composoit la cour du comte, qu'elle exerçoit la justice criminelle
dans tout le diocèse 8t que le vicaire ou viguier du comte y présidoit en
l'absence de ce prince'. Nous apprenons d'ailleurs que P^aimond VI étoit à
Nimes, au mois de septembre de cette année, 8c qu'il y donna alors deux
chartes : par la première ^ il confirma, le 1 1 de ce mois, en faveur de Ber-
nard, abbé de Psalmodi, en présence de Rostaing de Sabran, son connétable,
un diplôme que le roi Charles le Simple avoit accordé à ce monastère. Par
la seconde^, il maintint Hugues de Laudumon, vestiaire de l'église de Nimes
8c prieur de Saint-Saturnin de Cauvisson, dans les privilèges dont lui 8c ses
prédécesseurs avoient joui dans ce château. Ce prince confirma vers le même
temps, à Montsavez'*, auprès d'Avignon, les privilèges que le comte, son
père, avoit accordés autrefois aux frères du pont d'Avignon, en présence de
Guillaume, évêque d'Uzès, de Rostaing de Sabran, son connétable, 8cc.
LXXVIII. — Indie, sœur naturelle de Raimond VI, comte de Toulouse^
épouse Guillabert de Lautrec.
Raimond étoit de retour à Toulouse au mois d'octobre suivant, 8c il y con-
clut^ alors, dans son palais nommé le château Narbonnois, le mariage d'Indie,
sa sœur (naturelle), avec Guillabert, fils de Pierre-Ermengaud de Lautrec.
Indie eut cent marcs d'argent fin pour sa dot, pour laquelle Pierre-Ermen-
gaud, son beau-père, hypothéqua le château de Fiac, en Albigeois. Ce sei-
gneur étoit sans doute de la maison des vicomtes de Lautrec; mais nous ne
trouvons pas sa descendance. Guillabert, son fils, mourut quelque temps
après sans laisser d'enfans d'Indie, qui se remaria, en 1206, avec le seigneur
de risle-Jourdain. Il avoit un frère, nommé Hugues-Ermengaud, qui hérita
de Pierre-Ermengaud, leur père, 8c qui épousa Castelane, fille d'Aymeri de
Castelnau. Nous ne trouvons <* pas non plus la descendance de Frédol de
Lautrec qui, avec Géraud de Pépieux {de Pipionibus), son fils, fit en 1200,
à l'abbaye de Fontfroide, une donation qu'il promet de faire ratifier par
Rixovendis, sa sœur. Le comte Raimond donna à Bessières sur le Tarn^,
' L'année luiTantc, en 120^, les consuls de Tou- 'Registre i3i des chartes du roi, n. 370.
louse. continuant leurs tentatives pour diminuer ^ Bouche. La chorographie ou description âe la
les charges qui pesaient sur le commerce de la Provence, t. 2, p. i63. — Acta sanctorum, avril,
ville, firent une enquête contradictoire sur les t. 2, p. 261.
taxes que l'on devait payer à Saint-Jory au pé.ige ' Voyez tome VIII, Chartes, n. LXXVIII, ce. .^98,
du comte. Cette enquête se fit par voie de témoi- 499-
gnages. Elle est fort curieuse. Voir tome VIII, ' Archives de l'abbaye de Fontfroide.
c. J07 & suiv. [A. M.) ' Archives de l'abbaye de Candeil.
' Registre 160 des chartes du roi, n. 84. — Ma-
billon, AnnaUs, I. 3, append. n. ^2.
VI. ,4
A,, ,^„3 2 10 HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XX.
quelciues jours après, des lettres de sauvegarde en faveur de l'abbave de Can-
deil. Etant à Castelsarrasin sur la Garonne, au mois de novembre suivant
il ' rit expédier de semblables lettres pour ses chers £■ fidèles, les bourgeois &
autres habitans de la ville de Cahors.
LXXIX. — Alort du comte Pierre de Lara, vicomte de Narbonne. —
Aymeri 111, son fils aîné &■ son successeur, fait hommage de sa vicomte au
comte de Toulouse.
t/iii "p."!"?. Raimond VI fit un voyage, au commencement de l'année suivante, dans le
diocèse de Narbonne, pour y laire reconnoître sa suzeraineté, de laquelle
An 1204 Fimengarde, vicomtesse de cette ville, Aymeri Si le comte Pierre de Lara,
neveux St successeurs de cette vicomtesse, s'étoient soustraits pour se sou-
mettre à celle des comtes de Barcelone 8<. rois d'Aragon. Pierre de Lara-',
après avoir iait démission, en 1194, de la vicomte de Narbonne en faveur
d'Aymeri III, son fils aîné, & s'être retiré à la cour de Castille, où il occu-
poit les premières dignités du royaume, mourut^, le 10 de juin de l'an 1202,
& fut inhumé dans le monastère de Horta, de l'ordre de Cîteaux, fondé par
les seigneurs de sa maison. Outre Aymeri, son aîné, à qui il avoit donné la
vicomte de Narbonne, il laissa de l'infante Sancie de Navarre, sa première
femme, plusieurs fils qui firent diverses branches en Espagne; entre autres
P».oderic ou Rodrigues, en faveur duquel il disposa du château de Montpezat,
dans la vicomte de Narbonne, qu'il s'étoit réservé en donnant cette vicomte à
•Aymeri. Il épousa en secondes noces Marguerite dont on ne connoît pas la
maison. On lui attribue la construction d'une tour pour servir de phare aux
vaisseaux qui sont en mer 6c qu'on appelle encore la tour du comte Pierre.
Elle est située au bord de la mer à une lieue & demie de Narbonne, auprès
d'une église champêtre nommée Saint-Pierre de la Mer.
11 ne paroît pas qu'Aymeri III, fils 8c successeur du comte Pierre de Lara
dans la vicomte de Narbonne, se soit soumis, du vivant de son père, à la
suzeraineté des" comtes de Toulouse, qui, en qualité de ducs & de comtes
particuliers de cette ville, avoient droit d'y dominer; on voit au contraire
que ce vicomte déclara qu'il exercerait le gouvernement 6- la domination sur
tout le pays de Narbonne dans un acte'* par lequel il dota, le 18 de février
de l'an 1202 (i2o3), pour l'âme du feu comte Pierre, son père, l'ermitage de
Saint-Victor, dans le diocèse de Narbonne, que frère Pierre de Lercio venoit
de fonder sous l'autorité du pape Innocent III. Aymeri se soumit cependant
enfin au comte de Toulouse, qui se rendit à Capestang, dans le diocèse de
Narbonne, au mois de mars de l'an 1204, pour recevoir son hommage. 11 est
marqué dans l'acte que ce vicomte, « ayant pris conseil de l'archevêque, des
' Archives de l'hôtel de ville de Cnhors. ' Voyez tome VII, Note VI, n. vi, pp. 17, 18,
' Salazar y Castro, Historici gcncalogica de la casa ^ Voyez tome VIII, Chartes, n. LXXVII, te. 487
lie Lara, t. 1 , 1. 2 & 1. 3. — Catel, Mémoires Je à 489,
l'hiito'ne du Languedoc, p. oçj.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XX. 311 ~Z
An 1204
« chevaliers, des prud'liommes & des citoyens de Narbonne, il prêta serment
« de fidélité au comte Raimond pour tout ce qu'il avoit à Narbonne Se dans
<i la vicomte de cette ville, excepté pour ce qu'il tenoit de l'archevêque, qui
<i avoit la supériorité sur la moitié de la même ville, Se de son église. «
Avmeri reconnut en même temps tenir en fief du même comte de Toulouse,
les terres de Saint-Gervais, de Nairan, Sec, que son père avoit données en
engagement au père de ce prince. Bérenger, archevêque de Narbonne, le
maître des templiers de Provence 8t plusieurs autres personnes de considéra-
tion furent présentes à cet hommage'. Aymeri vécut depuis en bonne intel-
ligence avec le comte Raimond. 11 reçut, à la fin de la même année, l'hom-
mage de Dalmace de Creissel pour le château de Fenouillet, Se donna, au^
mois de juillet de l'an 1:08, à Rodrigues, son frère, 8c aux fils de ce dernier,
le château de Lac, dans le diocèse de Narbonne.
I/XXX. — Le roi d'Aragon engage les vicomtes de Millau 0 de Gévaudan
au comte de Toulouse. — Troubles dans ce dernier pays, — Evêques de
Mende,
Nous ne voyons pas que Pierre, roi d'Aragon, ait formé le moindre obstacle
à l'hommage que le vicomte de Narbonne rendit au comte de Toulouse pour
sa vicomte, quelque intérêt qu'il eût à le contredire, à cause que les prédé-
cesseurs de ce vicomte avoient reconnu les siens pour leurs suzerains. Aussi
paroît-il que le roi 8( le comte furent toujours très-unis. Se que, loin d'avojr
ensemble quelque sujet de dispute, ils s'aidèrent mutuellement dans toutes
leurs affaires 8c se donnèrent réciproquement des marques d'une étroite
amitié. Ils eurent-^ à Millau, en Rouergue, au mois d'avril de l'an 1204,
une entrevue à laquelle Alfonse II, comte de Provence, frère du roi, se
trouva. Se ils passèrent alors un accord, suivant lequel le roi d'Aragon
engagea au comte Raimond la ville de Millau, les châteaux de Chirac,
Grèzes, Marvéjols, Sec, c'est-à-dire les domaines des anciennes vicomtes de
Gévaudan 8c de Millau, désignées dans l'acte sous le nom de comté de
Millau {/ de Gévaudan^, pour cent cinquante mille sols melgoriens, faisant
trois mille marcs d'argent. Le roi d'Aragon garantit cet engagement contre
Sanche, son oncle paternel, en cas que ce prince vînt à le disputer ou à en ('"i'îi"'",'"'";
ôter quelque chose, 8c donna pour caution le comte de Provence, son frère,
qui promit par serment d'observer fidèlement les conditions du traité.
L'un des motifs qui déterminèrent Pierre à faire cet engagement fut les^
diftérends qu'il avoit avec Guillaume de Peyre, évêque de Mende, qui, après
avoir chassé son baile du Gévaudan, assiégea Se prit sur lui la ville de Mar-
■ Voyez cet acte publié d'nprèî l'original (J. 314, 'Voyez tome VIII, Chartes, n. LXXX, ce. 5i8
n. lo) dans Teulet, Layettes du Trésor .les chartes^ à 522.
t. i,p. 248. ■• Voyez tome IV, Note XXVI, n. xvi & suiv.
' Catel , Mémoires île l'histoire Au Languedoc, pp. iSy, 1 38.
p. ■>'/>■ '' Archives de l'évéché de Mende.
An
212 HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XX.
véjols. Or il étoit moins à portée de faire valoir son autorité clans le pays
que le comte de Toulouse qui prit aussitôt possession de tous les domaines
qui venoient de lui être engagés. Guillaume de Peyre avoit succédé', en 1187,
dans 1 evêché de Mende, à Aldebert de Tournel, Se il le posséda jusqu'en 1 223.
11 eut plusieurs démêlés avec les habitans de cette ville qui le chassèrent, 8t
il n'y rentra qu'après avoir fait, en 1194, un accord avec eux, par lequel il
s'obligea à abolir les mauvaises coutumes qu'il avoit établies.
Mais la principale raison qui porta Pierre, roi d'Aragon, à engager les
vicomtes de Millau &. de Gévaudan au comte de Toulouse fut pour se mettre
en état de fournir à la dépense de son mariage avec Marie de Montpellier
& d'un voyage qu'il avoit projeté de faire à Pvome.
LXXXI. — Le comte de Commïnges répudie Marie de Montpellier.
On a dit plus haut que Guillaume VIII, seigneur de Montpellier, fut à
peine décédé que le roi d'Aragon forma le dessein d'unir^ cette seigneurie à
ses domaines en épousant Marie, fille de ce seigneur du premier lit. L'union
de Pierre avec Raimond, comte de Toulouse, que Guillaume avoit laissé pour
principal protecteur de ses entans du second lit, h. l'autorité que ce dernier
avoit dans la Province 8t en particulier dans le diocèse de Maguelonne dont
il étoit comte particulier, lui firent espérer de réussir. En effet, le comte
Raimond favorisa entièrement le roi d'Aragon dans cette affaire, 8t nous
avons lieu de croire qu'il engagea Bernard, comte de Comminges, son cousin
germain, à répudier solennellement Marie. Bernard y étoit très-disposé de
lui-même, &, soit par dégoût pour la comtesse, sa femme, soit par un effet
de sa légèreté naturelle, soit enfin par quelque autre motif secret, il avoit déjà
fait une tentative pour s'en séparer du vivant de Guillaume, seigneur de
Montpellier. Il s'adressa pour cela à l'archevêque d'Auch Si à l'évêqué de
Comminges ; mais ces prélats refusèrent d'approuver son divorce & de donner
une sentence de séparation. Bernard, voyant que cette voie lui manquoit,
eut recours à une autre : il maltraita extrêmement Marie pour l'obliger à se
retirer d'elle-même, 8<. ses mauvaises manières à son égard allèrent si loin
qu'elle fut enfin contrainte de se réfugier, vers l'an 1200, à la cour du sei-
gneur de Montpellier, son père. Ce seigneur prit fort à cœur les intérêts de
sa fille, moins, à ce qu'il paroît, par amitié pour elle que par la crainte, si
son mariage avec Bernard venoit à se dissoudre, de la voir rentrer dans ses
prétentions à sa succession à laquelle ils avoient renoncé solennellement l'un
& l'autre dans leur contrat de mariage. Il se plaignit de la conduite de ce
comte envers Marie au pape Innocent III, qui écrivit à l'archevêque de Nar-
bonne, à l'évêqué de Comminges S<. aux chapitres d'Auch S<. de Toulouse
(le siège vacant) pour leur ordonner d'avertir le comte de Comminges de
' Galli.1 Christlana, nov. éd. t. I , p. 90 & seq. c. II. — Gnriel, Séries praesulum Magalonens'ium,
• Guillelmus de Podio L.iurcntii , Cltronkon , p. 2^6 S<. seq.
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XX. ;i3 ~~
An 120^
reprendre Marie, de la traiter comme sa femme légitime, Si de recourir, s'il
étoit nécessaire, aux censures ecclésiastiques pour l'y contraindre; en sorte
que Bernard fut obligé de la rappeler & de la garder avec lui pendant la vie
de Guillaume.
Après la mort de ce seigneur, le comte de Comminges n'ayant plus à
craindre son crédit & se voyant au contraire appuyé par le roi d'Aragon, qui
avoit ses vues, & par le comte de Toulouse, qui les favorisoit, prit si bien ses
mesures qu'il répudia enfin Marie dans toutes les formes canoniques', sous
prétexte tiu'ils étoient conjoints du troisième au quatrième degré de consan-
guinité & d'affinité, & qu'il n'avoit pas été séparé légitimement de Béatrix
de Bigorre, sa première femme, qui étoit actuellement vivante. Bernard eut
deux filles de Marie de Montpellier qui furent censées légitimes. La pre-
mière, nommée Mathiide, épousa Sanche, seigneur d'Aure, fils d'Arnaud I,
vicomte de la Barthej l'autre, appelée Pétronille, fut mariée à Centulle II,
comte d'Astarac.
LXXXII. — Pierre, roi d'Aragon, épouse Marie, &• unit par là la seigneurie
de Montpellier à son domaine.
Par ce divorce Marie, étant libre de se remarier, épousa bientôt après ,.'in°p'^i"5
Pierre, roi d'Aragon. Leur contrat de mariage fut passé^ dans le cimetière de
la maison du Temple de Montpellier, le 5 de juin de l'an 1204^ : dans cet
acte Marie se constitua en dot la ville de Montpellier, les châteaux de Lates,
de Montferrier, d'Omelas, Sec, S<. généralement tous les domaines qui avoient
appartenu à feu Guillaume, son père, & les substitua en faveur du premier
enfant mâle qui naîtroit de son mariage avec le roi d'Aragon. Ce prince
assigna de son côté, pour le douaire de Marie, tout le comté de Roussillon,
depuis la fontaine de Salses jusques à la Cluse^,, pour en jouir pendant sa vie,
si elle lui survivoit. Pierre lui promit en même temps par serment « de ne
« la répudier jamais, de n'en épouser aucune autre pendant sa vie, 8t de ne
« rien aliéner des domaines de Montpellier qu'elle s'étoit constitués en dot. »
Il donna pour ses cautions le comte Sanche (son oncle), Alfonse, comte de
Provence, son frère, Guillaume de Baux 8<. Hugues, son frère, Rousselin,
vicomte & seigneur de Marseille, Pierre d'Ami, 8tc., lesquels firent tous un
pareil serment. Gui, prévôt de Maguelonne, 8v les principaux habitans de
Montpellier furent présens ; il est remarquable qu'entre ces habitans, Pons
de Vallauquez, Bertrand, son fils, & Pierre d'Estang, qui sont qualifiés che-
valiers, ne sont nommés qu'après quelques autres qui prennent le titre de
juriconsultes (causidicï) ou iX avocats. Le roi d'Aragon, pour se concilier la
' Innocent m, I. i5, EpUt. 121. ' Dom Vaissete se trompe; l'acte est d.iié du
* Gulllelmii» de Podio L.iurentii, Chronieon , i.Ojuin 1 204. Conférez M. Germain, Commani- <<<
c. II. — Catel, Mémoires Je l'histoire Au Langue- Montpellier, 1, pp. 267 à 269. [A. -M.)
doc, p. 669 8c SuiY. — D'Achcry, Spicilegium, t. 8, ' Marat Hispaniea, ce. 1 0 81 62.
p. lia & seq.
An i:
214 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XX.
bienveillance des mêmes habitans, promit' alors, par serment, de conserver
leurs usages 6<. leurs coutumes. Deux jours après ^, le roi Pierre prêta serment
de fidélité à Guillaume, évêque de Maguelonne, dans l'église de Notre-Dame
de Montpellier, Se lui fit hommage pour la seigneurie de cette ville, en pré-
sence d'une" grande assemblée, à laquelle se trouvèrent Raimond, comte de
Toulouse, Bernard d'Anduze, Guillaume de Baux (prince d'Orange) &c
Hugues, son frère, AU'onse, comte de Provence, le comte Sanche Se tous les
principaux de Montpellier.
Nous inférons de là : 1° Que Raimond, comte de Toulouse, se trouva à la
célébration des noces du roi d'Aragon avec Marie, Se f|ue ces princes, que
Guillaume VIII, seigneur de Montpellier, avoit nommés dans son testament
pour être les protecteurs & les défenseurs de ses enfans du second lit, aban-
donnèrent entièrement les intérêts de ces enfans, de même que Gui, prévôt
de Maguelonne, qu'il avoit nommé aussi pour la même fonction, Se qui hit
présent au contrat de mariage du roi Pierre avec Marie. :° Qu'Agnès, veuve
de Guillaume de Montpellier, fut obligée de quitter cette ville Se de se retirer
ailleurs avec ses enfans; mais il paroît qu'une partie des habitans de Mont-
pellier leur demeurèrent fidèles Se que ce tut le motif pour lequel le roi
d'Aragon proscrivit vers le même temps plusieurs de ces liabitans; nous ver-
rons d'ailleurs qu'il s'éleva alors divers troubles dans cette ville qui ne finent
causés, suivant toutes les apparences, que par l'attachement de ceux qui
tenoient le parti des enfans de Guillaume.
LXXXIII. — Pierre i- Marie font rédiger les coutumes de Montpellier
6* les confirment,
Pierre, roi d'Aragon, Se Marie firent quelque séjour à Montpellier après
leur mariage. Se ils y approuvèrent' conjointement, au mois d'août de
l'an 1204, les coutumes de cette ville qu'ils avoient fait rédiger pour en fixer
l'observation à l'avenir. Suivant ces coutumes, le seigneur de Montpellier
avoit pour chef de la justice dans cette ville un baile ou bailli qu'il chan-
geoit tous les ans. Cet officier choisissoit lui-même ses assesseurs, savoir : le
sous-baile, le juge, le vice-juge ou viguier, le greffier ou notaire, Sec, les-
quels n'étoient aussi qu'un an en charge. La ville étoit alors partagée en
sept quartiers, qu'on appeloit échelles, Se on continuoit de travaillera l'en-
tourer de murailles aux dépens des habitans. E.Wc étoit gouvernée par douze
des principaux d'entre eux, nommés consuls, qu'on élisoit tous les ans, qui
' Coutumes Je Montpellier; Mis, de Colhert, archéologique de Montpellier, & d'après deuk
n. 4936. manuscrits, de Paris (lat. 4666^ & de la facilité
' Tome VIII, Chartes, n. LXXXI, ce. 522, 523. de médecine de Montpellier, par M. Giraiid, dans
3 Coutumes Ae Montpellier ; Mss, de Culècrt, son Essai sur l'histoire du droit frani^ais, I, pr. 4*/
H. 4q36. ^— Thalamus ou Coutumes de Montpcl- & suiv.; enfin par M. Teulet, Layettes du Trésor,
lier. Ces coutumes de Montpellier ont été suc- t. 1, p. 205 & suiy. d'après une excellence copio
cessivement publiées en latin & en provençal du treizième siècle conservée aux archives natio-
âans le Petit ThalamAs, édition de la Société nales, J. 33p, n. 23. [A. M.]
ÎIISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XX. iiT)
avoient soin de la police Si qui étoient comme les conseillers du gouverneur
ou lieutenant, à qui le seigneur de Montpellier coniîoit le soin de cette ville
pendant son absence. Le gouverneur ne pouvoit rien statuer touchant l'admi-
nistration de la ville sans l'avis de ces douze consuls, ni nommer le baile, en
l'absence du seigneur, que de leur conseil. Le seigneur n'avoit à Montpellier
aucun droit de taille, de quête, ni de prêt, sans la volonté & le consentement
des habitans qui étoient exempts de péage dans tous ses domaines; il y est
marqué enfin qu'on suivroit le droit écrit en tout ce qui n'étoit pas spécifié
dans ces coutumes.
Le roi d'Aragon les confirma après les avoir fait examiner & en avoir con-
féré avec plusieurs personnes savantes. 11 se rendit pour cela, le i5 d'août de
l'an 1204, dans l'église de Notre-Dame de Montpellier, & là, en présence de
tout le peuple de la ville qui s'y étoit assemblé, il promit solennellement,
tant pour lui que pour ses successeurs, de les observer fidèlement, avec ordre
à sa cour de Montpellier d'y conformer à l'avenir ses jugemens, 8c, à leur
défaut, de suivre le droit écrit. Il fît sceller de son sceau en plomb l'acte de
cette confirmation dans lequel il se qualifie roi d'Aragon, comte de Barce-
lone 6- seigneur de Montpellier. Il excepte cependant de ces privilèges dans
le même acte « tous ceux qu'il avoit exilés de Montpellier 8< de tout le
« domaine qui avoit appartenu à feu Guillaume, seigneur de cette ville, fils
« de la duchesse MathiKle, parce que, ajoute-t-il, ayant eu connoissance de
« leurs fautes, dans le temps que la seigneurie de Montpellier m'est échue,
K j'ai fait serment de ne jamais permettre qu'ils reviennent dans le pays, à
« la demande du peuple de cette ville. » // ordonne ensuite 6* enjoint à la
reine, sa femme, de confirmer ces coutumes de la même manière, soit avec
lui, soit sans lui, lorsqu'elle en sera requise par les habitans, auxquels il
ordonne de promettre de leur côté de les observer « sous le même serment
« c[u'il leur avoit fait de les garder lui-même dans la maison de la Milice
(( de Montpellier, lorsque la seigneurie de Montpellier lui ttoit échue, » St
il renouvela ce serment en présence de Gui, prévôt de l'église de Mague-
lonne '.
La confirmation de Marie est postérieure de quinze jours, sans que nous
en sachions la raison. L'acte qu'elle en donna est daté du 28 d'août suivant,
de la chambre du château de Montpellie»". Marie s'y. qualifie reine d'Aragon,
comtesse de Barcelone 6- dame de Montpellier, femme de Pierre, roi d'Aragon,
6» fille de Guillaume de Montpellier. Elle déclare qu'elle confirme ces cou-
tumes de sa propre volonté iy par le commandement dudit roi, son seigneur.
Elle se sert des mêmes termes S< fait le même serment que ce prince.
' Nous ne pouvons ici analyser ces coutumes de le prix de l'appui accordé au nouveau souverain
Montpellier, qui contiennent cent vingt-trois par les habitants. Mais si elles innovent au point
articles & sont des plus importantes; elles furent de vue politique, il n'en est pas de même au
empruntées textuellement à Montpellier par plu- point de vue civil j c'est plutôt, pour cette der-
lieurs villes. Rappelons seulement qu'elles consa- nière partie, la codification & la rédaction d'an-
craient l'abdication définitive du pouvoir sei- ciens usages. [A. M.]
gncurial en faveur des consuls, & qu'elles furent
An 1204
An 1104
216
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XX.
LXXXIV. — Voyage du roi d'Aragon à Rome où il est couronné
par le pape.
On a déjà dit que Pierre, roi d'Aragon, avoit formé alors le dessein de
faire le voyage de R.ome; c'étoit pour s'y faire couronner roi par le pape
Innocent III. Dans cette vue il partit' pour la Provence S<. se rendit à Mar-
seille, où il fit son testament^, le 4 d'octobre de l'an 1204. 11 déclare dans
cet acte qu'étant résolu d'aller visiter le tombeau des saints Apôtres, il fait sa
dernière disposition par laquelle il institue pour son héritier le fils qui naîtra
du mariage qu'il avoit contracté, & substitue à ce fils Alfonse, comte de Pro-
vence, son frère, même en cas qu'il eût une fille, à laquelle il se contente de
léguer la somme de six mille marcs d'argent en dot. Il laisse la reine Marie,
sa femme, sous la protection du même comte de Provence, son frère, qu'il
charge de prendre soin des affaires de cette princesse avec le conseil des che-
valiers 8c des prud'hommes de Montpellier. Pierre s'embarqua^ ensuite sur
cinq galères avec toute sa suite composée, entre autres, du comte Sanche, son
oncle, de l'archevêque d'Arles, du prévôt de Maguelonne, d'Hugues de Baux"^,
de Rousselin, vicomte de Marseille, &C. Il passa à Gênes 8t se rendit enfin à
Pv.ome, où Innocent lui fit des honneurs infinis 81 le couronna solennellement
roi d'Aragon, le 11 de novembre suivant. La veille de son couronnement, il
fit serment^ au pape de lui être obéissant Si à ses successeurs, de défendre la
foi catholique 8c de poursuivre les hérétiques. Ces sectaires avoient alors fait
de grands progrès dans la Province, où ils donnèrent occasion à une guerre
des plus sanglantes. Nous en allons rapporter les circonstances dans le livre
suivant''.
' Gesta comltum Barcinonensium, c. 24. — Gesta
Innocent. III, c. 120 & seq.
' Bouche, Description de la Provence, t. 2,
p. 160.
' Gcsta Innocent, III, c. 1 2o & seq.
^ Innocent III, 1. 6, Epist. 229.
■■ Gariel, Séries praesulum Ma^alonemiuni , p. 27.^.
— Bouche, La chorograpkic ou description de ta
Provence, p. |63.
' C'est probablement à cette même année 1204
que l'on doit rapporter la rédaction définitive des
anciennes coutumes de Carcassonnc (Teulet, t. 1,
p. 272 & suiv.). En effet, elles sont postérieures
aux djutumes de Montpellier de 1204. qu'elles
reproduisent presque entièrement, & antérieures à
12C9, date de la croisade contre les albigeois; car
elles ne parlent ni du comte de Montfort, ni du
roi de France. On n'en connaît plus qu'un ma-
nuscrit du milieu du treizième siècle, celui que
Teulet a employé. Elles avaient déji été publiées,
d'après ce même manuscrit, par M. Cros-Mayre-
vielle, dans les Mémoires de la Société des arts
& sciences de Carcassonne, t. 1, pp. 177 à 2o5j
dans le même volume on trouve une ancienne
traduction en langue vulgaire, qui doit dater du
quatorzième siècle, mais dont nous ignorons la
provenance. Sauf les douze ou treize derniers
articles, cette coutume est la reproduction tex-
tuelle des principaux articles de la coutume de
Alontpellicr, mutalis mutjndis. Beaucoup d'arti-
cles sur le droit co:iim:rcial ont notamment été
supprimés. [A. M.J
*> >»
m:mmmMmmBM:mm:m:mw:mpmm^mm
LIVRE VINGT ET UNIEME
1. — Progrès de l'hérésie dans la Province.
TOUTES les missions qu'on entreprit au douzième siècle pour la con- , 'j'J|'"''8;",-
version des hérétiques qui s'étoient répandus en divers endroits de la
Province n'eurent qu'un fruit passager. Saint Bernard, qui le premier An 1204
employa son zèle dans le Toulousain Si l'Albigeois contre ces sectaires, les
obligea à la vérité pour la plupart, en 1147, à renoncer à leurs erreurs, soit
par la force de son éloquence, soit par les divers prodiges que Dieu opéra
par ses mains; mais ils les reprirent bientôt après. I-a mission que le cardinal
de Saint-Chrysogone fit en 1178, dans les mêmes pavs, n'eut pas un succès
plus heureux, malgré les soins qu'il se donna pour taire une recherche exacte
de ceux qui s'étoient laissés séduire : les pénitences sévères qu'il imposa à
ceux qui turent convaincus, & la confiscation de leurs biens qui s'ensuivit,
ne firent qu'irriter' les esprits, & ne changèrent rien à la disposition des
cœurs. Enfin le cardinal Henri, évêque d'Albano, étant venu en ii8i dans
le haut Languedoc, à la tête d'un corps de troupes, pour réduire les héré-
tiques, autant par les armes que par la persuasion, fit d'abord quelques foibles , 'in "'^'"'"jj
progrès; mais il n'eut pas plutôt terminé son expédition que, la crainte ne
taisant plus d'impression sur les peuples, ils prêtèrent l'oreille comme aupa-
ravant aux discours séducteurs de leurs faux apôtres, 6t que l'erreur, au lieu
de diminuer, ne fit que prendre de nouvelles forces.
On se contenta depuis, en c^uelques conciles qui furent tenus dans la Pro-
vince ou ailleurs, entre autres dans celui de Montpellier*, assemblé en 119^,
d'anathématiser les hérétiques & d'ordonner que leurs biens seroicnt con-
' Nicolas Trivet, Chronicon, anw, 1178. ' B^luzc, Concilia Narhoncnsis frovinciae, p. jO.
An 120.J
2i8 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXÎ.
risqués, conformément au concile de Latran de l'an 117g. "Les légats ordi-
naires, que les papes eurent soin d'envoyer dans le pays depuis le pontificat
d'Alexandre III, firent leurs efforts de leur côté pour ramener ces sectaires,
& plusieurs ecclésiastiques employèrent' leur plume à réfuter leur doctrine
perverse. Nous avons déjà parlé du traité que maître Alain, religieux de
Cîteaux Si auparavant évêque d'Auxerre, composa contre eux, vers la fin du
douzième siècle, & qu'il dédia à GuillaumeVIII, seigneur de Montpellier.
Bernard, abbé de Fontcaude, de l'ordre de Prémontré, dans le diocèse de
Narbonne, se mit aussi sur les rangs 8<. donna, vers le même temps, un traité
contre les vaudois & les ariens^ car on ne connoissoit pas encore^ le nom
d'albigeois sous lequel tous ces hérétiques furent ensuite compris.
II. — Erreurs des vaudois ^ des autres hérétiques. — Assemblée ou concile
de Narbonne. — Origine de l'abbaye de Fontcaude.
L'abbé de Fontcaude^ dit, dans cet ouvrage, que les hérétiques qu'il réfute
avoient commencé à répandre leurs erreurs sous le pontificat du pape Luce,
ce qu'on doit entendre sans doute de Liice II St non de Luce III, comme on
le prétend, à moins qu'il ne veuille parler que des vaudois; car il est certain
que les henriciens, qtii sont les mêmes que les hérétiques qu'il appelle ariens,
firent de grands progrès dans la Province au milieu du douzième siècle. Il
ajoute que Bernard, archevêque de Narbonne, prélat, dit-il, rempli de piété
& de religion & extrêmement zélé pour les intérêts de Dieu & l'honneur de
l'Égli-se, s'opposa comme un mur d'airain à leurs erreurs; qu'ayant convoqué
une grande assemblée, composée d'ecclésiastiques séculiers & réguliers, 8c de
laïques, il les y fit citer, &, qu'après un examen très-sérieux, ils furent con-
damnés. Bernard, archevêque de Narbonne, n'est pas différent de Bernard
Gaucelin qui posséda cet archevêché depuis l'an 1181 jusqu'en 1191; ainsi
on peut juger par là à peu près de l'époque de cette assemblée. L'abbé de
Fontcaude rapporte de plus que, malgré cette condamnation, les hérétiques
continuèrent à répandre leur venin en public 8c en particulier; que cela
engagea plusieurs ecclésiastiques 8c laïques zélés à entreprendre de les con-
vaincre de nouveau dans une autre assemblée; que, pour abréger la dispute,
les deux partis convinrent de choisir pour juge un prêtre nommé Raimond
de Daventer, homme également religieux 8c craignant Dieu, Se d'une nais-
sance très-illustre, mais encore plus distingué par ses mœurs 8c par sa con-
duite. Le jour marqué, dit cet abbé, les catholiques 8c les hérétiques s'étant
assemblés, les premiers proposèrent les chefs d'accusation qu'ils formoient
contre les autres; ceux-ci fournirent leurs reproches Se on disputa longtemps
de part 8c d'autre. Enfin Raimund de Daventer, avant pesé les raisons des
deux cotés, prononça que les hérétiques erroient sur tous les chets qu'on
' BibUothcca. Patrum, t. 24, &c. [Cf. livre XX, ' Voyez tome VII, Note XIII, pp. 34, 37, [&
p. 2o5, note 1.] nos observations à ce sujet, iiij,^
' Bihliothcca Pairum, t. 24, p. l585 & seq.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC, LIV. XXI. 210 " "
y An 1204
avoit produits contre eux. L'abbé de Foiitcaude, qui avoit été sans doute
présent à la conférence, résolut alors de rédiger par écrit les diverses autorités
dont on s'étoit servi pour & contre, afin, dit-il, de faire voir les f'ondemens
solides sur lesquels la foi catholique est appuyée & pour servir d'instruction
à plusieurs ecclésiastiques qui, par ignorance ou par défaut de livres, négli-
geant de résister aux sectaires, sont devenus un sujet de scandale aux fidèles.
C'est ce qui fait le sujet du traité de cet abbé, divisé en douze chapitres,
dans lesquels il expose les principales erreurs des hérétiques & donne des
armes pour les combattre. Ces erreurs étoient : 1° Qu'il ne falioit pas obéir
au pape Se aux autres prélats. 2° Que les pasteurs n'avoient aucune autorité.
3^ Que les simples laïques, 8<. les femmes mêmes, étoient en droit de prêcher
l'Évangile. 4° Que les prières des fidèles 8c les autres bonnes œuvres n'étoient
d'aucun secours pour les morts. 5° Qu'il n'y avoit pas de purgatoire Si que
l'âme, étant séparée du corps, alloit tout droit ou en paradis ou en enfer, ou, , 'îf, "'''";";,
selon d'autres, que les justes après leur mort n'alloient ni au ciel, ni en
paradis avant le jugement dernier; mais que leurs âmes étoient reçues en
attendant dans d'autres endroits. 6° Enfin qu'on ne devoit pas prier dans les
temples matériels, auxquels il ne falioit pas donner le nom d'église. Nous
dirons ici, par occasion, qu'il résulte de ce traité que l'abbaye de Fontcaude
subsistoit avant la fin du douzième siècle. Nous apprenons d'ailleurs qu'elle
étoit déjà fondée' dès l'an 1172, c'est tout ce que nous savons de son origine.
Elle est comprise aujourd'hui dans le diocèse de Saint-Pons 8c située à un
quart de lieue de la rivière d'Orb, sur les frontières des diocèses de Narbonne
&c de Béziers.
On assure^ que les hérétiques ne firent tant de progrès dans la Province
que par la négligence des princes séculiers Si des évêques qui, loin de les
réprimer, souffrirent qu'ils eussent des prêches 8t des cimetières publics, qu'ils
possédassent de grands biens dans le pays 8c qu'ils y eussent des établisse-
mens considérables. Un auteur -^ presque contemporain remarque qu'ils
n'étoient pas tous uniformes dans leur doctrine, que les uns étoient ariens,
les autres manichéens Se enfin les autres vaudois ou lyonois, Si que ceux-ci
disputoient vivement contre les premiers. Pour comble de malheur, ajoute-t-il,
le pa}S étoit alors rempli de différentes sortes de brigands, de routiers, de
voleurs, de malfaiteurs 8c d'usuriers manifestes; la plupart des séculiers
méprisoient tellement' les ecclésiastic[ucs qu'ils les regardoient pires que les
juifs, Se qu'ils disoient communément par imprécation : J'aimerois mieux être
prêtre que d'avoir Jliit telle chose. Les ecclésiastiques, de leur côté, n'osoient
se montrer en public, à cause de la haine qu'on leur portoit, 8c tâchoient de
déguiser leur état en cachant leur couronne qu'ils couvroient avec leurs che-
veux de derrière la tête, Les nobles Si les chevaliers destinoient rarement
leurs entans à l'état ecclésiastique 8c ne préscntoient aux évêques, pour des-
' Gall'ia Chriit'iana, nov. eJ. t. 6. ' Guillelnuis de Podio Laurentii, Cltron'icoii ,
' Cuillelmiis <ls Podio Laurtncii , Chrtnico'i , pratPat Si cap. (>•
p.-nsfat & cap. 6. ^
An 1204
2 20 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXI.
servir les églises de leur domaine ou dont ils percevoient les dîmes, que les
fils de leurs fermiers ou de leurs domestiques^ en sorte que les évêques étoient
obligés d'ordonner les premiers venus ; enfin la noblesse suivoit librement
telle secte qu'elle vouloit cboisir, & les liérétiques étoient en si grande véné-
ration, qu'outre qu'ils étoient exempts de taille, de guet St de garde, la plu-
part des legs pieux que faisoient les mourans leur étoient destinés, & que
leurs maisons servoient d'asile assuré à tous ceux qui étoient en guerre contre
leurs'ennemis. Telle est la triste peinture que fait cet auteur de l'état déplo-
rable où étoit la Province à la fin du douzième siècle.
Cet historien fait mention, dans la suite', d'un fameux hérésiarque, nommé
maitre Sicard, surnommé Cellérier, qui dogmatisoit dans le château de Lom-
bers, en Albigeois. Il ajoute que les chevaliers 8c les bourgeois qui l'habi-
toient faisoient tant de cas de ce novateur qu'ils défièrent Guillaume, évêque
d'Albi, d'entrer en dispute avec lui; mais, dit-il, ce prélat le convainquit
aisément d'erreur, sans avoir cependant assez d'autorité pour l'empêcher de
demeurer en ce lieu S<. d'y dogmatiser.
Le Toulousain n'étoit pas moins infecté que l'Albigeois, & Fulcrand,
évêque^ de Toulouse, ne pouvant se faire payer des dîmes de son église,
étoit obligé de mener la vie d'un simple bourgeois & de plaider^ contre son
chapitre pour avoir du moins le revenu d'une simple prébende, afin d'avoir
de quoi subsister : les guerres particulières qui régnoient dans le pays ne lui
permettoient pas d'ailleurs de faire la visite de son diocèse sans être accom-
pagné d'une escorte.
Les hérétiques firent aussi de grands progrès dans les domaines du comte
de Foix Se dans ceux de Raimond-Roger, vicomte de Béziers & de Carcas-
sonne. On a déjà vu qu'il y avoit un grand nombre de vaudois à Béziers
lorsque Bertrand de Saissac, tuteur de ce jeune vicomte, fit, en iiga, une
promesse solennelle de les chasser de cette ville; mais, bien loin de l'exécuter,
il fut lui-même'* un des plus zélés sectateurs des hérétiques, & ils devinrent
si puissans dans le diocèse de Béziers que le vicomte-' fut obligé d'accorder,
en i2o3, aux chanoines de la cathédrale la permission de fortifier l'église de
Saint-Pierre du Bois, de crainte qu'ils ne s'en emparassent.
Éd. origin. Ce ne fut pas seulement dans le Languedoc que Ihérésie prit de nouvelles
t. lii, p. i3o. , * , . '^ , * '
forces à la fin du douzième siècle. Elle fit vers le même temps des progrès
étonnans dans la plupart des autres provinces du royaume Se même dans les
pays étrangers, entre autres en Italie'', en Flandres, en Lorraine & en Alle-
magne. Elle se répandit surtout dans-' le Nivernois, où un de ses suppôts,
nommé Thierri, fut brûlé en 1198. On brûla aussi dans ce pays, trois ans
' Giiilleliniis de Podio Laureutii, Chronicon , nullement question d'hérétiques, mais de gens de
praefat & cap. 4. guerre en général. Voyez plus haut, p. 208.
• nu. cap. 6. [A. M.)
' Catel, Mémoires, p. 889. ' Guillelmus Neubrigensis, 1. 2, c. ij. — Cf.
* Pierre de Vaux-Cernay, c. 2. Pag'- •'•d ann. 1179, n. 6 & soq.
'Andoque, Catalogue des cvê<iues Je Béliers, ' Robsrtus Altissiodorensis, CAronicoK.
p. 7J. — Dans l'acte dont il s'agit ici, il n'est
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXI.
221
après, un autre hérétique appelé Évraud : c'étoit un chevalier à qui le comte
de Nevers avoit donné toute sa confiance Se qui avoit un neveu chanoine de
Nevers, nommé Guillaume. Celui-ci, aussi gâté que son oncle', se retira
après sa condamnation dans la province de Narbonne, où il fut extrêmement
honoré par les hérétiques, « tant à cause de son esprit, dit un auteur du
« temps, que parce qu'il avoit été instruit en France où étoit la source de la
« science & de la religion. » On brûla ^ encore huit de ces hérétiques à
Troyes en Champagne, l'an 1200.
Ces sectaires passèrent d'un autre côté les Pyrénées & cherchèrent à s'éta-
blir en Aragon 8<. en Catalogne; mais le roi Pierre II, qui régnoit alors dans
ces provinces, fit publier, en ii97,un^édit très-sévère contre les vaudois,
qu'on nommoit vulgairement sabbatatï, & qui se taisoient appeler pauvres
de Lyon, S<. leur ordonna de sortir de ses États dans un certain temps, à
peine d'être brûlés vifs & de confiscation de leurs biens'*. ,
Âii r ;
' Pierre de Vnux-Ceriiay, c. 3.
* Albcric, Chronicon.
' Marco. Hispanica, c. 1384 & iu'fr.
* L'hjriaie albigeoise, qui se développa surtout
dans le Languedoc, grâce à l'éiat politique de ce
pays qui favorisait ses progrès, fut beaucoup plus
répandue que ne le croit dom Vaissete, dans les
autres pays de l'Europe. C'est ce que M. Schmidt
prouve dune façon péremptoire dans son Histoire
Jes albigeois, que nous avons déjà citée plus d'une
fois. On a déjà vu (pp. 1 & z) que ce savant la
faisait naître dans les pays slaves de. l'Europe
orientale restés longtemps païens, & où des cir-
constances toutes pariiculièrcs favorisaient le dé-
veloppement de ces doctrines hétérodoxes. De là
elle prit tout naturellement sa route par l'Italie,
& au milieu du onzième siècle, vers io3.5, elle
était assez répandue dans la Lombardie pour que
l'Eglise dut exercer contre elle une longue répres-
sion. Un grand auto-da-fé «ut lieu à Monteforte
(Schmidt, I, p. 21 & suiv.), & les papes purent
croire^qu'ils avaient écrasé les ennemis de la foi j
vers le même temps périssaient à Orléans (loiz)
une partie des sectaires de France, qui tenaient
leur doctrine de ceux d'Italie. Mais l'auteur plus
haut cité prouve que ces doctrines continuèrent
à se propager, profitant des soucis de tous genres
qui détournaient ailleurs l'attention de la cour
romaine; pendant le reste du onzième & pendant
tout le douzième siècle, une foule de textes men-
tionnent l'existence de petites églises hérétiques
dans la plupart dis villes du nord de la pénin-
sule. C'est sans doute à cette époque que le ma-
nichéisme pénétra dans le midi de la France, qui
entretenait avec les républiques italiennes des re-
lations commerciales & politiques si actives. En
même temps les missionnaires hérétiques parcou-
raient le nord de la France, &, dès le commence-
ment du douzième siècle, on signale leur présence
en Champagne, en Picardie & en Flandre(I, p, 41).
Ces premiers sectaires font surtout des prosélytes
parmi les ouvriers, les gens de la basse classe que
frappaient davantage les vices 8t l'ignorance, alors
trop fréquents dans le bas clergé. De iii3 à 112.)
a lieu, dans les pays rhénans, la grande insur-
rection de Tanquelin; en ii5o, un soulèvement
analogue, dirigé par un certain Eon ou Eudes de
Stella, agite la Bretagne. Enfin à Cologne, en
1146, on trouve mentionnée une nouvelle église
de cathares (I, p. i53). Toutes ces églises, & sur-
tout celles de l'Italie & du midi de la France,
avaient des relations continuelles avec l'Orient,
avec les hétérodoxes bulgares, & il n'était pas de
ville en Italie qui ne contînt quelques partiians
de la nouvelle foi. En 1134, nous voyons brûler
plusieurs hérétiques à Vézelay (1, p. 87); d'autres
résident à Besançon. En 1170, ceux de Reims
subissent une terrible répression de la part de
l'archevcque Henri; d'autres poursuites qui ont
lieu en Flandre, amènent de grandes émigrations
vers l'Allemagne. Seule l'Angleterre resta isolée,
& l'Allemagne ne fut guère entamée que du côté
de Cologne. Toutes ces églises cathares furent du
reste facilement dispersées; ce fut dans le Midi
que la nouvelle secte put jouer un rôle politique.
Nous verrons plus tard qu'elle survécut long-
temps à la croisade de 1209, car In répression
continua durant presque tout le treizième siècle
en Italie. [A. M.]
An 120-j
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV, XXI.
III. — Le pape Innocent III nomme des commissaires contre
ces sectaires.
De si grands maux enflammèrent le zèle d'Innocent III. Ce pape fut à peine
monté sur la chaire de saint Pierre que l'archevêque d'Auch l'ayant informé
des progrès que les hérétiques faisoient dans la Gascogne Si les pays voisins,
il exhorta ce prélat, le \" d'avril' de l'an 1198, à agir vivement de concert
avec ses suffragans pour les faire chasser du pays de crainte qu'ils n'achevas-
sent de l'infecter, 8c à recourir pour cela, s'il étoit nécessaire, aux armes des
princes Si des peuples. Il écrivit^, le 21 du même mois, une lettre circulaire
aux archevêques d'Aix, Narbonne, Auch, Vienne, Arles, Embrun, Tarra-
gone Si Lyon, à leurs suffragans, Si aux princes, barons, comtes Si peuples
du pays pour leur notifier qu'ayant appris que \e%vaudois, cathares, patarins
S-; autres hérétiques répandoient leur venin dans ces provinces, il avoit nommé
frère Raynier, personnage d'une vie exemplaire, puissant en œuvres 81 en
paroles, Si frère Gui, homme craignant Dieu 8< appliqué aux oeuvres de cha-
rité, pour commissaires contre ces hérétiques. 11 les prie de procurer à ces
deux religieux tous les secours dont ils auroient besoin Si de les aider de
tout leur pouvoir, soit à ramener les sectaires, soit à les chasser s'ils refu-
soient de se convertir. Il enjoint en même temps à ces prélats de recevoir 8c
d'observer inviolablement tous les statuts que frère Raynier feroit contre les
hérétiques, avec promesse de les confirmer lui-même. 11 leur ordonne enfin
de faire garder les sentences d'excommunication que ce commissaire pronon-
ccroit contre les contumaces. « Outre cela, ajoute Innocent, nous ordon-
nons aux princes, aux comtes, Si à tous les barons 6- grands de vos pro-
vinces, Si nous leur enjoignons, pour la rémission de leurs péchés, de traiter
favorablement ces envoyés Si de les assister de toute leur autorité contre les
t hérétiques; de proscrire ceux que frère Raynier aura excommuniés, de
confisquer leurs biens Si d'user envers eux d'une plus grande rigueur s'ils
persistent à vouloir demeurer dans le pays après leur excommunication.
Nous lui avons donné plein pouvoir de contraindre les seigneurs à agir de
la sorte, soit par l'excommunication, soit en jetant l'interdit sur leurs terres.
Nous enjoignons aussi à tous les peuples de s'armer contre les hérétiques
lorsque frère Raynier 81 frère Gui jugeront à propos de le leur ordonner,
Se nous accordons à ceux qui prendront part à cette expédition pour la con-
'.' servation de la foi, la même indulgence que gagnent ceux qui visitent
l'église de Saint-Pierre de Rome ou celle de Saint-Jacques. Enfin nous
avons chargé frère Raynier d'excommunier solennellement tous ceux qui
favoriseront les hérétiques dénoncés, qui leur procureront le moindre
secours ou qui habiteront avec eux, 81 de leur infliger les mêmes peines.
'Innocent III, l. i, Epht. 8i. — [Potthast,
n. 69. J
'Innocent III, !. i, Epht. 9^. — [Potthast,
n. 9Ô.]
■ HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XXI. 2 23 ~
An 1 204
IV. — Origine de l'inquisition.
Frère Ravnier & frère Gui étoient deux religieux de l'ordre de Cîteaux. l 'Vii ""^'"i"',
Ils turent les premiers qui exercèrent dans la Province les fonctions de ceux
qu'on nomma depuis inquisiteurs. Ainsi c'est proprement à cette commission
qu'on doit rapporter l'origine de l'inquisition qui fut établie dans le pays
contre les albigeois & qui passa dans la suite dans les provinces voisines S<
les pays étrangers. Un célèbre historien' de nos jours fait remonter un peu
plus haut cette origine; il la rapporte au décret que le pape Luce III fit
en II 84, dans le concile de Vérone, pour ordonner aux évêques de recher-
cher, soit par eux-mêmes, soit par des commissaires, toutes les personnes sus-
pectes d'hérésie ; de décerner des peines différentes aux pénitens Se aux relaps,
8c enfin, après avoir employé les peines spirituelles contre les coupables, de
les abandonner au bras séculier. D'autres prétendent^ que le tribunal de
l'inquisition ne commença que lorsque le pape Innocent III dépouilla,
en 1204, les évêques de leur pouvoir 6< de leur juridiction ordinaire sur les
albigeois pour les transférer à frère Pierre de Castelnau 8c aux autres légats,
ses collègues, qu'il envoya alors dans la Province.
V. — Légation de frère Raynler i- de jrère Gui. — Evêques de Carcassonne.
Quoi qu'il en soit, le pape, peu de temps après avoir nommé frère Raynier
8<. frère Gui ses commissaires contre les hérétiques, envoya le premier en
K.spagne pour quelques affaires importantes dont il le chargea, en sorte que
frère Gui resta seul. Il écrivit", le i3 de mai de l'an 1198, aux mêmes prélats,
auxquels il avoit déjà recommandé ces deux religieux pour leur ordonner
d'obéir entièrement au dernier. Frère Raynier, étant de retour dans la Pro-
vince à la fin de l'année, le pape lui écrivit, le'* 23 de décembre, de même
qu'à frère Gui, son collègue, 8c à l'archevêque de Narbonne. Il leur marque
que l'évêque de Carcassonne, lui ayant demandé permission de se démettre
de son évêché, à cause de son grand âge qui le mettoit hors d'état d'avoir
soin du spirituel 8c du temporel de son église, surtout dans les circonstances
présentes oîi les hérétiques avoient séduit la plupart de ses diocésains, les-
r uels refusoient d'écouter les ministres de la .parole de Dieu, ils eussent à
1 'cevoir sa démission s'il éloit en effet hors d'état d'agir, avec ordre, dans ce
cas-là, de permettre aux chanoines de la cathédrale d'élire en sa place un
digne évêque capable de rappeler les errans. Il leur enjoint enfin d'employer
' Fleury, Histoire eccUiiastiijue, I, y3, n. 04. inander aux évêques d'user contre les hérétiques
' Henriquez, Annales Cistercienses, ad an. 1204, des droits de juridiction spirituelle qu'ils avaient
c. 3. — Cette seconde opinion semble la plus toujours possédés. [A. M.]
ex.Tcte; en effet, l'inquisition est à proprement 'Innocent III, 1. 1, Epist. i63.' — [Potthast,
pnrler un tribunal extraordinaire, & les canons n. 169.]
du concile de Vérone n'avaient fait que recom- ^ îbii. 1. i, Epist. 494. — [Potthast, n. î>o.\
In 1204
224
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXI.
toute sorte de moyens pour chasser les hérétiques de la province de Nar-
bonne.
L'évêque de Carcassonne, qui demandoit à se démettre s'appeloit Othon
8< possédoit cet évêché au moins depuis l'an 1170. On prétend qu'il l'occu-
poit encore après l'an ' 1200, ce qui prouveroit qu'on ne reçut pas sa démis-
sion. Ce qu'il y a de certain, c'est que Bérenger, son neveu, archidiacre de
la cathédrale, desservie alors par les chanoines réguliers, lui avoit succédé*
dès l'an 1202. On ajoute^ qu'Othon donna à Guillelmette, religieuse de
l'ordre de Cîteaux, le lieu de Rieunette, dans son diocèse, où elle fonda un
monastère de son ordre, dont elle fut la première abbesse. Bérenger, évêque
de Carcassonne, exerça son zèle contre les hérétiques de cette ville qu'il
tâcha de ramener : il leur"* prêcha un jour entre autres, avec beaucoup de
force, leur reproclia leurs erreurs Si leur prédit tous les malheurs qui leur
arrivèrent; mais il avoit à faire à des sourds volontaires qui, loin de déférer
à ses exhortations, entrèrent en fureur contre lui, le chassèrent de la ville Se
firent publier à son de trompe une défense très-rigoureuse d'avoir aucun
commerce avec lui.
Le pape honora, au mois de juillet de l'an 1199, frère Raynier qui, jus-
qu'alors, n'avoit exercé que la fonction de simple commissaire, de celle de
son légat dans les provinces d'Embrun, Aix, Arles fit Narbonne, 8<.^ ordonna
aux métropolitains de ces quatre provinces de le recevoir comme légat à latere
8i comme sa propre personne; d'observer religieusement toutes ses ordon-
nances Si de l'aider principalement à extirper l'hérésie. Il recommanda'^ en
même temps ce légat à Guillaume VIII, seigneur de Montpellier, qui, à ce
qu'il paroît, l'avoit sollicité de l'envoyer dans le pays'. Frère Raynier étant
' De Vie, Cltroaologia cpiscoporum Carxassonen-
sium, p. 79.
' Ihid. p. 80.
' Ihid. p. 75. — Le dernier acte du prédécesseur
immédiat d'Othon est du 17 juillet 1 166 (Cf. Ma-
h.\x\,Cartulciire ,\ , p. 407) ; Othon était évêque des le
17 juin 1170 [ihid. p. 408). Il avait été remplacé
par Bérenger en lioc, date de démêlés que ce der-
nier contribua à apaiser, 8c qui étaient relatifs i
l'abbaye d'Alet [ihid. p. 409). L'acte d'Othon pour
Rieunette, abbaye cistercienne du diocèse de Car-
cassonne, *e trouve ihid. p. i3j il est duïiS avril
Ii83; l'original existe aux archives de Carcas-
sonne. L'abbaye de Rieunette est d'ailleurs un
peu plus ancienne, & Guillelmette, si elle fut la
Br«mière abbesse de Rieunette, ne fut pas la fon-
datrice de In communauté, qui existait dés 1162
(V^ir ihid. pp. 21 & suiv.; & tome IV de cette
histoire, p. 647). La mort de l'évêque Oihon est
fixée par le nécrologe de Carcassonne au 8 des ides
(6 décembre), & par le nécrologe de Cassan aux
nones de décembre (5 décembre). Il dut mourir en
1 19.9 ou 1200. [A. M.J
^ Pierre de Vaux-Cernay, c. 7.
' Innocent III, 1. 2, Epist. 122 & suiv. — [Pot-
thast, n. 764, lettre du 7 juillet, & n. 78'», lettre
du 12 juillet I 199.]
* Innocent III, 1. ï, Epist. iSp. — [Potthasf,
n. 773, lettre du 10 juillet.]
' Guillaume VIII de Montpellier paraît s'être
fort occupé de ces affaires d'hérésie, & le pape l'em-
ploya plus d'une fois pour la répression des sec-
taires. C'est ainsi que le !"■ juillet 1201, le pape
lui recommande le nouveau légat, Jean, cardinal
de Saint-Prisque, & l'engage à lui prêter son assis-
tance dans l'accomplissement de sa difficile mis-
sion (Potthast, n. 1420). Quelques jours après il
ordonne à l'évêque d'Agde, Raimond, de livrer à
ce seigneur, pour être punis selon leurs démérites,
huit "hérétiques qu'il retenait prisonniers {ihid.
n. 1453.) En même temps. Innocent III renouve-
lait les privilèges spirituels accordés par ses pré-
décesseurs aux seigneurs de Montpellier & à la
chapelle de leur palais {ihid. n"' 1450-1452). Ce
qui n'empêchait pas le Souverain Pontife de re-
fuser son approbation au second mariage adul-
térin de Guillaume VIII, malgré les instances de
celui-ci. [A. M.]
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXI,
22D
An 1104
tombé malade, le pape lui associa dans sa légation ' maître Pierre de Cas~
telnau, archidiacre de Magnelonne, qui embrassa bientôt après l'institut de
Cîteaux, dans l'abbave de Fontfroide, au diocèse de Narbonne, & dont nous t.'iM,''p'''i"'ï
aurons occasion de parler dans la suite.
VI. — Légation du cardinal de Sainte-Prisque,
Nous ignorons le succès de la légation de frère Raynier. Il paroît seule-
ment que Jean de Saint-Paul, cardinal-prêtre du titre de Sainte-Prisque,
l'avoit déjà remplacé au mois de juillet de l'an 1:00, car nous avons une
lettre que le pape Innocent III- écrivit alors à ce cardinal, qu'il qualifie légat
du Saint-Siège, en lui envoyant un décret qu'il avoit dressé, de l'avis des
archevêques 6- évêques qui étoient à la cour romaine. Par ce décret : 1° Tous
les fauteurs, receleurs & défenseurs des hérétiques sont déclarés infâmes Si
incapables de posséder aucun office public, d'être reçus en témoignage, de
tester, &c., s'ils ne se corrigent après la seconde monition. 2° 11 est ordonné
de déposer de tout office 8< bénéfice les ecclésiastiques qui sont dans le même
cas, St. de déclarer excommuniés tous ceux qui communiqueront avec les uns
& les autres. 3<» Le pape ordonne de confisquer leurs biens dans les terres
soumises à sa juridiction temporelle. Se il enjoint aux puissances séculières
d'en faire de même dans leurs domaines, avec ordre de les y contraindre par
les censures ecclésiastiques, supposé qu'il y eût de la négligence de leur part.
Le cardinal de Sainte-Prisque exerçoit sa légation à Montpellier, au^ mois
de novembre de la même année, lorsque Imbert, archevêque d'Arles, con-
sacra dans cette ville, par son ordre Se en sa présence, l'église de Sainte-
Croix, assisté des évêques Guillaume de Maguelonne, Raimond d'Agde,
Guillaume de Béziers, Artaud d'Elne &(. Guillaume d'Uzès.
Innocent III recommanda'* à Guillaume VIII, seigneur de Montpellier, ce
cardinal qu'il envoyoit, dit-il, légat dans les parties de Provence. La lettre
du pape à ce seigneur est datée du i" juillet, la quatrième année de son pon-
tificat, c'est-à-dire de l'an 1201 ; mais il est fort vraisemblable qu'il y a faute,
& qu'il faut lire la troisième & non la quatrième année du pontificat d'Inno-
cent. On vient de voir, en ettet, que le cardinal de Sainte-Prisque exerçoit
sa légation dans la Province dès le mois de novembre de l'an 1200, 8c même
dès le mois de juillet précédent; ainsi le pape Innocent aura écrit à Guil-
laume de Montpellier pour lui recommander ce cardinal dès le commence-
ment de sa légation, 8c elle aura commencé par conséquent au mois de juillet
' Innocent III, 1. 5, Epitt. 71; I. 1, Epist. i6y. cripiion commémorative de cette cérémonie. Vne
— jPotihast, n. 267; lettre du 8 juin 1198, & indulgence de douze jours fut accardée à tous ceux
1716, du 6 .loùt iioi]; Epist. ô^ I . — [Potthasi, qui visiteraient l'église une fois p.nr an, le jour
n. 579; lettre du 17 janxier 1 199.] anniversaire de la dédicace. [A. M.]
• Gariel, Séries praesuîum Magalonensium, p. 267 ^ Gariel, ut supra, p. 166 8c suiv. — — La Justesse
& suiv. — [Potthast, n. 1091.] de la conjecture de dont V.iissete est prouvée par
^Ciritl, Stries praesuîum Magalonensium,^. i6'>. l'inicription rappelée à la note précédente.
^ (Voyez au tome "V, Inscriptions, p. 22, Tins- [A. M.]
VI. ,5
^-.6 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXL
An 113^
de l'an 1200. Quoi qu'il en soit, Innocent prie Guillaume, par. cette lettre,
d'aider de tout son pouvoir le cardinal de Sainte-Prisque contre les héré-
tiques, « afin, dit-il, que ceux que la crainte de Dieu 81 le glaive spirituel
Il ne pourront ramener à la vérité, soient du moins assujettis par le glaive,
« matériel Se par la confiscation des biens, ce qu'ils paroissent appréhender
« davantatre, »
VU. — Troubles de l'église de Toulouse. — Èvêques de cette ville.
Tous les soins de ces divers légats n'avancèrent pas beaucoup la conversion
de ceux qui s'étoient laissés séduire, 8< le mal au contraire ne fit qu'empirer.
L'église' de Toulouse fut agitée surtout de divers troubles, après la mort de
Fulcrand, son évêque, arrivée au mois^ de septembre de l'an 1200. L'ambi-
tion & la brigue des prétendans à cet évêché firent que le siège épiscopal
demeura vacant pendant longtemps. Si il l'étoit encore au mois de mars^ de
l'année suivante, ce qui causa un grand préjudice k la foi catholique. Enfin
le chapitre de la cathédrale, ne pouvant se réunir pour le choix d'un évêque,
se partagea en deux factions'* : l'une élut Raimond-Arnaud, évêque de Com-
minges, qui avoit été auparavant ^ chanoine régulier & prévôt de la même
cathédrale; Si l'autre Raimond de Rabastens, archidiacre de l'église d'Agen.
Les deux contendans soutinrent leur élection Si portèrent leur querelle
devant le pape Innocent 111 qui leur donna à chacun un cardinal pour audi-
teur. L'évêque de Comminges gagna sa cause, 81 le pape ordonna, en 1201,
à Arnaud, abbé de Grandselve 81 à l'abbé de Belleperche, de mettre ce prélat
en possession de l'évêché de Toulouse; mais cela ne fut pas exécuté, 81 Rai-
mond de Rabastens fit si bien qu'on procéda à une nouvelle élection, 8<.
qu'il fut maintenu sur le siège épiscopal de Toulouse^. Il ne se disoit cepen-
dant qu évêque élu au mois de juin de l'an 1202, parce que l'archevêque de
Narbonnc, son métropolitain, refusa de le sacrer.
Sur ce refus, Raimond de Rabastens s'adressa à Rome 8<. demanda de nou-
veaux commissaires pour examiner la canonicité de son élection. Le pape'^
nomma pour cela Jean, évêque de Limoges, Si les abbés de la Sauve Si de la
ili. origin. Couronne qui, s'étant rendus à Toulouse, firent une enquête 81 confirmèrent
l'élection de Raimond. Ils écrivirent ensuite au chapitre de Narbonne une
lettre dan.s laquelle ils marquent « que la vacance du siège de Toulouse ayant
« été suivie de dissensions 81 de querelles qui avoient duré fort longtemps,
« enfin, après de grandes disputes, on avoit élu unanimement Raimond,
« archidiacre d'Agen, qu'on avoit calomnié à la cour romaine, ce qui avoit
' GuilUlmus de Podio Laurentii, c. 6, =• Gallia Chrhtiana , noT. éd. t. r , p. 10"6.
" Catel, Mémoires, p. 889. — Voyez tome VIII, " Lafaille, Annales de Toulouse, t. 1, append.
Chartes, n. LXXII, c. 462. p. Û4.
' Voyez tome VIII, Chartes, n. LXXI, c. 4").';. " Baliize, Miscellanea, t. 6, p. 4)7.
* Cf. In causis, ''f , De eleclionihus & electorum
potestate.
I. m, p. i33.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXL 227
« engagé le pape à leur commettre l'examen de cette affaire; qu'ayant pro-
« cédé à leur commission avec toute la diligence possible, ils n'avoient rien
« trouvé qu'on pût opposer à l'élection de Raimond; qu'elle s'étoit faite
I' d'un commun accord, 8i que cet ecclésiastique étant capable de remplir
« dignement le siège de Toulouse, ils l'avoient confirmé, & qu'ils envoyoient
« l'élu à Narbonne pour s'y faire sacrer par son métropolitain; c'est pour-
« quoi, ajoutent-ils, nous vous exhortons à taire en sorte que l'archevêque
« de Narbonne fasse cette consécration, ou du moins son vicaire, avec le
.( nombre ordinaire de ses collègues, afin que l'église de Toulouse ne souffre
i( pas un plus long préjudice. » L'archevêque de Narbonne se rendit sans
doute à la demande des commissaires. Nous savons du moins que Raimond
de Rabastens fut sacré évêque, qu'il se qualifioit évêque de Toulouse ^ qu'il
étoit paisible possesseur de cet évêché au mois de décembre de l'an i2o3'.
Son élection fut cependant cassée bientôt après comme simoniaque, &. on lui
reprocha d'avoir obtenu par subreption les lettres de confirmation dont on
vient de parler.
VIII. — Diverses sectes d'hérétiques dans la Province. — Leurs mœurs,
leur croyance, leurs rit s.
Sous un tel évêque l'hérésie fit de nouveaux progrès dans le Toulousain.
Il y avoit"*, entre autres, dans ce pays, un des principaux hérétiques, nommé
Guillabert de Castres, qui demeuroit dans le château de Fanjaux, situé
aujourd'hui dans le diocèse de Mirepoix. Ce prédicant & plusieurs autres de
sa secte tenoient en ce lieu des assemblées publiques, où la principale noblesse
des environs se rendoit pour assister à leurs instructions. Tous ceux qui s'y
trouvoient adoraient les hérétiques en faisant plusieurs génuflexions devant
eux, à la dernière desquelles ils prononçoient ces mots : bénisse-^, prie^ Dieu
pour ce pécheur, Guillabert, dans une de ces assemblées qu'il tint vers
l'an 1204, associa à sa secte cinq dames de considération dont la plus quali-
fiée étoit Esclarmonde, sœur du comte de Foix 6t veuve de Jourdain, seigneur
de risle-Jourdain. Un témoin oculaire, qui s'y trouva & qui rendit sa dépo-
sition quarante ans après devant les inquisiteurs de Carcassonne, raconte
que la cérémonie se passa de la manière suivante : « Elle fut faite par le fils
« majeur de l'église de Toulouse assisté des autres hérétiques qui consolèrent
« 8c reçurent ces dames, lesquelles, à la demande des hérétiques, se rendirent
(' à Dieu 8i à l'Evangile, & promirent de ne plus jnanger à l'avenir ni chair,
« ni œufs, ni fromage; mais d'user seulement d'huile 8c de poisson. Elles
<i promirent aussi de ne pas jurer, ni mentir, de n'avoir aucun commerce
<i charnel tout le temps de leur vie. Se de ne jamais abandonner la secte par
>< aucune crainte de la mort. Après cette promesse, elles récitèrent le Pater
' Cîitel, Comtes Je Tolose, p. 23(5. — LafaUle, 'Tome VllI, Chartes, n. LXXVIII, 4- pièce
Ann.-iïe<, t. 1, append. p. '»*i. citée sous ce luiiTiéro.
An I2C4
An i;->^
28 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXI.
« noster à la manière des hérétiques. Ceux qui leur imposèrent les mains
<i firent une lecture sur elles, en tenant le livre sur leur tête, & leur don-
i< nèrent enfin la paix; premièrement avec le livre Si ensuite avec l'épaule,
« après quoi ils adorèrent Dieu en taisant plusieurs génuflexions, » Ce
témoin ajoute que Raimond-Roger, comte de Foix, frère d'Esclarmonde, se
trouva à cette cérémonie avec plusieurs chevaliers 8c bourgeois & que tous
ceux qui y assistèrent, tant hommes que femmes, à la réserve du comte, ador
rèrent les hérétiques qui, après la cérémonie, leur donnèrent la paix en les
baisant deux fois au travers de la bouche; ce qu'ils firent ensuite entre eux.
On appeloit cette cérémonie Consolation. On la trouve décrite' à peu près de
la même manière dans divers autres monumens des inquisitions de Toulouse
St de Carcassonne.
Pierre, moine ^ de l'abbavc de Vaux-Cernav, dans le diocèse de Paris, qui
accompagna quelques années après Gui, son abbé & son oncle, missionnaire
dans la Province, raconte d'une manière un peu différente les cérémonies
(jue les hérétiques observoient pour installer leurs prosélytes dans leur secte.
t 'ih''p.'^'"''t ^' assure qu'après leur avoir fait renoncer entièrement à la foi de l'Eglise
romaine, le ministre prétendoit leur donner le Saint-Esprit en leur soufflant
sept fois dans la bouche; qu'il leur faisoit ensuite renoncer à leur baptême
&i leur conféroit celui des hérétiques qui consistoit à leur imposer les mains
sur la tête, à les baiser 6t à les revêtir d'un habit noir. Mais il pouvoit v
avoir autant de cérémonies dittérentes qu'il y avoit de diversité entre les sen-
timens de ces sectaires; car nous avons déjà remarqué qu'ils n'étoient pas
uniformes dans leur doctrine.
Cet auteur distingue ', en eftet, deux sortes d'hérétiques qui étoient alors
dans le pavs, 8c qu'on désigna dans la suite sous le nom général d'albigeois'^.
Il appelle les uns simplement hérétiques 8t les accuse d'admettre les deux
principes des manichéens avec les autres erreurs de Manès. Ils croyoient
aussi, selon cet historien, deux Christs, l'un bon 8v l'autre mauvais. Le der-
nier étoit, disoient-ils, né à Bethléem, l'autre n'avoit jamais ni bu, ni mangé
8< n'avoit jamais été que spirituellement dans le monde, dans le corps de
saint Paul. Ils ajoutoient plusieurs rêveries semblables. Quelques-uns d'entre
eux croyoient un seul créateur; mais ils soutenoient qu'il avoit eu deux fils,
Jésus-Christ 8c le Diable. Pierre de Vaux-Cernay témoigne que les uns Se
les autres regardoient l'Eglise romaine comme la prostituée de l'Apocalypse,
qu'ils rejetoient ses sacremens 8c la résurrection des morts; qu'ils admettoient
une espèce de métempsycose, 8cc. Ces hérétiques, continue-t-il, étoient divisés
en parfaits ou bons hommes, & en simples croyans. Les premiers, qui étoient
les ministres de la secte, portoient des habits noirs, affectoient de garder la
chasteté, abhorroient l'usage de la viande, des œufs Si du fromage; préten-
doient qu'ils ne mentoient jamais. Se soutenoient qu'il ne leur étoit pas
' ^'oyez tome VMI, Charles, n. CCXXIV, ' Pierre de Vaiix-Cernay, c. j.
" Pisne de \',t x -Cern.-.y, c. 2. '■ Voyez tome Vil, ^'otc XIII, p. ^4, 3.j.
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XXL ::i;
permis Je jurer. Les simples cro)ans menaient la vie commune &;. espévoient
se sauver par la toi des parfaits auxquels ils étoient unis. Avec cela, ces
croyans prétendoient pouvoir s'abandonner à toute sorte de crimes, Se se flat-
toient de taire leur salut sans les expier par la pénitence, pourvu ([u'ils
pussent réciter le Pater noster en mourant & recevoir l'imposition des mains
ou, comme on s'exprimoit dans la secte, la consolation de quelques-uns de
leurs ministres ou parfaits. Ceux-ci étoient divisés en fils majeurs 6- mineurs
ou en évêques Se en diacres. P'nfin cet historien les accuse d'avoir des prin-
cipes détestables sur l'impureté, de rejeter le culte des images, Stc.
La seconde secte établie alors dans la Province, suivant le même auteur,
étoit celle des Vaudois. Ceux-ci, dit-il, étoient mauvais, mais beaucoup moins
(lue les autres; ils s'accordoient avec les catholiques sur plusieurs articles Se
ne différoient que sur quelques-uns. Il fait consister principalement leurs
erreurs dans ces trois points : i° De porter des sandales à la manière des
apôtres. 2" D'assurer qu'il n'y avoit aucune occasion où il tût permis de jurer
Si de tuer. 3° Enfin de prétendre que dans un cas de nécessité ils pouvoient
consacrer le corps de Jésus-Christ sans avoir reçu les ordres, pourvu qu'ils por-
tassent leurs sandales.
IX. — Frère Pierre de Castelnau 6- J'rère Raoul, religieux de Fontjroide,
légats dans la Province, font abjurer l'erreur aux Toulousains.
Nous n'avons aucuns mémoires sur les autres circonstances de la légation
du cardinal de Sainte-Prisque dans la Province. Le pape Innocent III l'avoit
déjà remplacé, dès la fin de l'an i2o3, par frère Pierre de Castelnau 8c frère
Raoul, l'un Se l'autre religieux profès de l'abbaye de Fontfroide, au diocèse
de Narbonne, de l'ordre de Citeaux'. On a parlé du premier que le pape
avoit employé dans la même fonction, en 1199, dans le temps qu'il étoit
archidiacre de Maguelonne. On le dit^ natif de Montpellier, 6c on fait un
grand éloge ' de ses talens Se de ses vertus, de même que de son collègue
qui est qualifié maître ; ce qui prouve qu'il étoit docteur**. Ces deux religieux
commencèrent lerr légation par Toulouse, à cause, dit un auteur du'' temps,
(|uc c'étoit principalement de cette ville que le venin de l'erreur se répandoii
dans le reste du pays. Après leur arrivée, ils assemblèrent, le samedi i3 de
' La nomination île Pierre de Castelnau comme dernière engage l'iibbc de Cîteaux à leur ad-
légat paraît, en effet, être peu antérieure à jan- joindre un certain nombre de religieux (Potihast,
vier IÎ04. Du moins par plusieurs lettres du 29 n. iio.'SJ. [A. M.]
janvier de cette .inné», Innocent III cherchait à ' Gar\e\^Scries praesulum Magalonensium ,^. y.î\ ,
lui faciliter l'accomplissement de sa mission; par ' Pierre de Vaux-Cernay, c. 1.
In première, adressée à l'archevêque Bérenger, il ' Sa nomination, comme archidiacre de Mngue-
cngage ce prélat .i agir par la suite plus vigou- lonr.e, avait donné lieu à des démêlés entre l'évé
reusement contre les hérétiques; une autre lettre que& le chapitre de cette église, démêlés terminée
du même jour fait les mêmes exhortations aux par le pape. — Cf. M. Germain, Maguelotw sous
prélats de la province de Narbonne. Une troisième ses cic^ui-s, p. 47. [A. M.]
délègue, comme prédicateurs, l'abbé de Valmagne ' Pierre de Vaux-Cernay, c. 1.
(Pierre) & Raoul, chanoine de Narbonne; une
An 1204
An 1 104
23o HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XXI.
décembre de l'an iio3, les consuls £<. les principaux habitans', qui firent ser-
ment entre leurs mains, au nom de toute la ville, de garder la foi catholique
romaine. Les deux légats, avant que de recevoir ce serment, confirmèrent,
Mji"p°j"'^ ^" vertu du pouvoir qu'ils avoient reçu dvi pape, les libertés, les usages & les
coutumes de Toulouse, Si déclarèrent c[ue le serment que les consuls 8t les
habitans alloient leur prêter ne pourroit apporter aucun préjudice à ces
libertés; que tous ceux qui le prêteroient seroient tenus pour fidèles chré-
tiens, &c qu'il ne pourroit leur causer aucun dommage ni dans leurs per-
sonnes, ni dans leurs biens, quand même ils auroient été accusés auparavant
d'hérésie; mais que ceux qui retuseroient de le faire seroient déclarés excom-
muniés. L'acte fut passé en présence de Raimond, évoque de Toulouse, de
Guillaume de Gantez, abbé de Saint-Sernin, des hailes &- vïguïers du comte
de Toulouse St de plusieurs des plus notables de la ville, entre lesquels
étoient vingt consuls^ qui reçurent cette confirmation tant en leur nom qu'en
celui de leurs collègues, qui étaient alors du chapitre (^de capitula), &c de
tout le peuple de Toulouse.
Si nous en croyons le même historien^ que nous avons déjà cité, ce ne
fut pas sans rencontrer bien des difficultés que Pierre de Castelnau &(. maître
Raoul engagèrent enfin les Toulousains à abjurer l'erreur & à chasser les
hérétiques de leur ville, & ils furent obligés pour réussir d'en venir aux
menaces; mais, dit cet auteur, ces peuples, peu fidèles à leurs promesses, se
parjurèrent bientôt Se tinrent des assemblées nocturnes, où ils alloient
entendre leurs prédicans. Il ajoute que toutes les villes des environs étoient
infectées de l'hérésie Si que presque tous les barons de la Province favori-
soient ou recéloient les hérétiques.
X. — Saint Dominique passe à Toulouse.
Diego -^^ de Âzèbes, évèque d'Osma, en Espagne, qvi'Alfonse, roi de Cas-
tille, son souverain, envoyoit en ambassade vers les frontières du Dane-
mark £1 de la Suède pour négocier le mariage de l'infant Ferdinand , son
fils, avec une princesse du pays, arriva à Toulouse à peu près vers le même
temps; il étoit suivi de saint Dominique, sous-prieur de sa cathédrale, alors
desservie par des chanoines réguliers. Ces deux célèbres personnages, qui
eurent beaucoup de part dans la suite à la conversion des hérétiques de la
Province, logèrent à Toulouse chez un de ces sectaires que saint Dominique
persuada si bien, tant par sa douceur que par la force de ses raisons, qu'il se
convertit la nuit même de l'arrivée de ces deux hôtes, qui continuèrent
ensuite leur voyage.
' Catel, Hhlo'ire des comtes de Tolose, p. 236. — nique à Toulouse eut lieu, paraît-il, en i2o3j
\'oyez tome VIII, Chartes, n. CV, c, 6i3. cl. le texte de la Vie de saint Dominique de maî-
' Pierre de Vaux-Cernay, c. i. tre Humbert, cité par les Bollandistes, août, t. i,
' Praedara. Francorum facinora. — Trivet, Chro- p. 39.'). [\. M.] — Voyez tome VII, Note XV,
nicon, apud d'Achéry, Spicilegium, t. 8, p. 54:'). — pp. 42, 47.
Ce passage de Diego d'Osma & de saint Domi-
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XXI. :3i
XI. — Le roi d'Aragon condamne les hérétiques dans une conférence tenue
à Carcassonne en présence des légats.
On ' rapporte un ancien acte qui prouve que frère Raoul & frère Pierre
de Castelnau se rendirent de Toulouse à Carcassonne. « 11 y est marqué que
" Pierre, roi d'Aragon, étant à Carcassonne, au mois de février de l'an i2o3
« (1204), déclara qu'il avoit fait venir en sa présence les hérétiques d'un
.' côté, & l'évêque de Carcassonne, frère Raoul & frère Pierre de Castelnau,
« légats du pape, de l'autre, pour être instruit de Vhéresie des vaudois ; qu'on
" convainquit ces sectaires d'erreur, tant par divers témoignages de l'Ecriture
<' sainte que par les décrets de l'Eglise romaine qui furent produits; que ce
' prince, ayant entendu les raisons de part & d'autre, jugea qu'ils étoient
" hérétiques; qu'il donna une seconde audience à d'autres hérétiques, à la
c prière du viguicr du vicomte de Carcassonne, qu'il prit pour assesseurs
« treize fauteurs d'hérétiques, 8c autant de catholiques; qu'ayant interrogé
<■ Bernard de Simorre, évêque hérétique, & ses compagnons pour savoir s'ils
» croyoient un seul Dieu tout-puissant, créateur des choses visibles Se invi-
I' sibles, auteur de la loi de Moïse Se du Nouveau Testament, ils avoient
I répondu après plusieurs subterfuges par un blasphème horrible, qu'ils
• reconnoissoient trois dieux & même un plus grand nombre, dont l'un,
'• qui étoit le mauvais, avoit créé toutes les choses visibles & étoit auteur
" de la loi de Moïse; que Jésus-Christ n'étoit qu'un pur homme, né d'un
«' homme Se d'une femme; qu'ils svoient nié les sacremens de baptême
" Se de l'autel, S< la résurrection générale. Se protesté publiquement que
« la vierge Marie n'étoit pas née selon la chair de jiarens charnels; &
« qu'enfin les deux légats leur ayant suffisamment prouvé qu'ils étoient
« hérétiques par l'autorité du Nouveau Testament, il les avoit déclarés tels
« le jour suivant, en présence de l'évêque de Carcassonne Se de plusieurs
«' autres. »
XII. — Le pape dépouille les évêques de leur juridiction ordinaire pour la
donner à ses légats. — Brouilleries entre Varcherêque de Narbonne £* ces
derniers à cette occasion.
Le pape, pour déraciner plus efficacement l'erreur, donna à frère Pierre
de Castelnau Se à frère Raoul un plein pouvoir d'agir en son nom, avec ordre
k tous les évêques de les recevoir comme lui-même, de leur obéir absolu-
ment, Se de leur promettre par serment qu'ils exécuteroient fidèlement tous
leurs décrets en matière d'hérésie; en sorte ((u'il ota par là à ces prélats leur
' Benoit, Histoire des alhigeois, t. I, pr. p. 269 Document: inédits sur l'Albigeois, p. 227. Ces let-
& suiv. — Cet .Tcte a été publié, probablement très sont du reste indiquées par Guillaume de
d'après le même mnatiscrit, qui se trourait alors Tudèle, v. ôi j la chroniqu»; en prose n'a pas
entre les mains d'un particulier, par Compayré, employé ce passage. [A. M.J
An 12c
lui. oriB'ii.
:. III, p. ijd.
An 1204
132 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXI.
juridiction ordinaire sur les liérétiques'. Un pouvoir si excessif & si inusité
brouilla bientôt les deux légats avec Bérenger, archevêque de Narbonne, 8c
avec la plupart des autres évêques de la Province qui soutïroient fort impa-
tiemment de se voir dépouillés, par deux simples religieux, d'une autorité
qu'ils tenoient immédiatement de Jésus-Christ, Se l'archevêque refusa^ nette-
ment de leur prêter le serment qu'ils exigeoicnt de lui. Les légats, pour l'y
contraindre, le déclarèrent suspens; mais il ne rit aucun cas de cette sen-
tence, 8v convoqua à l'ordinaire les évêques de la Province pour consacrer
Guillaume, élu évêque de Maguelonne. Les légats, irrités de sa démarche,
défendirent aussitôt aux évêques de s'assembler jusqu'à ce qu'enfin il consentit
de leur prêter le serment qu'ils demandoient. L'archevêque de Narbonne n'en
fit pas moins éclater ses plaintes contre les deux légats, qui, disoit-il, n'ayant
été nommés que pour agir contre les hérétiques 8c les chasser du pays,
étendent leur commission au delà des bornes 8c prétendent que c'est à eux,
privativement aux évêques Se au préjudice de leur juridiction, de punir tous
les crimes des ecclésiastiques.
Frère Pierre de Castelnau 8c frère Raoul formèrent à leur tour diverses
plaintes contre l'archevêque de Narbonne, qui tut accusé-^' auprès du pape
Innocent III : 1° D'une extrême négligence dans les fonctions de son minis-
tère, 8c de n'avoir pas encore visité ni sa province, ni son diocèse depuis
treize ans qu'il occupoitson siège; conduite, disoient-ils, qui n'avoit pas peu
contribué à l'accroissement de l'hérésie dans tout le pays, parce que les héré-
tiques, pour séduire les simples 8c leur faire voir les désordres du clergé,
citoient pour exemple la vie de ce prélat 8c des autres évêques, 8c attribuoient
à toute l'Eglise les vices des particuliers. 2° De soutenir que la simonie ne
ressentoit pas l'hérésie. 3° D'accorder sa protection 8c de donner retraite dans
un de ses châteaux à Nicol, chef des Aragonois ou brigands qui désoloient le
pays, quoique son prédécesseur l'eût excommunié publiquement dans les
châteaux de Capestang 8c de Cruscades, conformément au décret que le
concile de Latran avoit fait contre les Brabançons, les Aragonois, 8cc., décret
que ce prélat ne se mettoit d'ailleurs nullement en peine d'observer. 4° De
ne pas exercer l'hospitalité, de ne pas faire l'aumône 8c de s'absenter de sa
cathédrale, quoiqu'en pleine santé, jusqu'à huit ou quinze jours de suite;
ce qui faisoit que quelques-uns le regardoient comme un hérétiques 5° De
retenir en ses mains, contre les canons, les églises vacantes de Capestang 8c
de Montels. 6° D'avoir exigé quatre cents sols du teu évêque de Maguelonne
avant que de le consacrer. 7° D'avoir réduit à neuf, par négligence 8c par
malice, le nombre de dix-huit chanoines qu'il y avoit anciennement dans
' Innocent III ne tarda pas à étendre encore les comprend npiès cela les réciiir.inations des pré-
attributions des légats; une bulle du 6 décembre lats, & notamment celles de l'archevêque Bérenger
1204 donna à Pierre de Castelnau & à frère Raoul dont les vices étaient d'ailleurs notoires. [A. M.]
le droit d'enlever les bénéfices ecclésiastiques à ' Voyez tome VIII, Chartes, n. LXXIX, c. ôc^ç.
tous ceux qui leur paraîtraient indignes. (Potthast, ' Innocent III, 1. 7, Epist, 7g, apud Manrique,
n. 2337.) C'était mettre tout le clergé du Langue- Clstercienses annales, ad ann. 1204. — [rotiliasti
doc entre les maitis de ces deux religieux. On n. 2224, 21 mai i2~4-]
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXI. ^So "
An i:o.j
sa cathédrale. 8° De permettre k Bérenger de Monan', clianoine & archi-
diacre de son église, Si à maître P ., ahhé de Saint-Paul, de posséder plusieurs
bénéfices. 9° Enfin de souffrir que plusieurs moines Se chanoines réguliers
de son diocèse eussent quitté l'habit religieux pour mener une vie séculière
&t scandaleuse".
XlII. — Arnaud, abbé de Citeaux, associé aux deux autres légats.
Ces brouilleries engagèrent le pape Innocent III à nommer un nouveau
légat dans la Province pour l'associer à frère Pierre de Castelnau & à frère
Raoul. Il choisit pour cela Arnaud, surnommé Almaric"', abbé de Cîteaux,
religieux distingué par sa capacité, lequel ayant été auparavant, pendant trois
ans, abbé de Grandselve, au diocèse de Toulouse, connoissoit parfaitement
le pays, où il étoit en grande vénération'*; mais si cet abbé étoit recomman-
dable par sa vertu, on ne sauroit dire qu'il le fût beaucoup par sa naissance,
comme le prétendent, sans aucune preuve, deux modernes, dont l'un"' le fait
de la maison des ducs de Narbonne, 8t l'autre ^ de la famille des vicomtes de
Narbonne. Innocent III fit donc expédier, le 29 de mai de la septième année
de son pontificat ou de l'an 1:04, une nouvelle bulle^, dans laquelle il
nomme. ces trois religieux pour ses légats 8c se plaint beaucoup de la négli-
gence des évêques & des autres pasteurs. Il enjoint ensuite aux trois légats de
travailler de toutes leurs forces à extirper l'hérésie; d'excommunier les réfrac-
taires Si d'ordonner de sa part au roi Philippe, au prince Louis, son fils, , '^|'|-, "V^";-.
aux comtes, aux vicomtes Se aux barons du pays d'user de sévérité envers les
hérétiques, pour la rémission de leurs péchés; de les exiler, de les proscrire
8t de confisquer leurs biens. 11 accorde à ceux qui s'emploieront à cette œuvre
la même indulgence que gagnoient ceux qui alloient servir dans la Terre-
Sainte. « Et afin, ajoute-t-il, en adressant la parole aux trois religieux, que
<■ vous puissiez remplir plus librement les fonctions de la légation dont nous
I' vous chargeons, ou plutôt dont Dieu vous charge lui-même, nous vous
I' donnons un pouvoir plein Se entier dans les provinces d'Aix, Arles Se Nar-
" bonne, 8t dans les diocèses voisins ([ui peuvent être infectés d'hérésie, d'y
« détruire, d'y arracher Se d'y planter tout ce qui sera nécessaire; d'y punir
>' les contradicteurs. Sec. ■ Le pape accorde le même pouvoir à deux d'entre
les légats, supposé qu'ils ne pussent pas agir tous trois conjointement.
' [Corriger Moiijan.] lités d'administrateur qiii contribuèrent plus tard
' A la suite de ces accus.i'.ions , le pape enleva à son élévation. [A. M.]
i Bérenger Tabbaye de Montaragon, le 29 mai ' Langlois, Histoire des albigeois, 1. J, p. 65.
1104 (Potthast, n. ÎI26) ; dès le 3o mai i2o3, il '' Histoire de l'Académie des inscriptions & helles-
avait ordonné à ce prélat de se démettre de ce bé- lettres, t. 9, p. 2 18.
néfice (n. 1928). [A. M.j ' Innotent 111, 1, 7, Epist. 72, apud Manrique,
' Guillelmus de Podio Latirentii, c. 10. ut supra, c, 2. — [Potthast, n. 2229.] Cette lettre
' Arnaud Amauri, d'abord abbé du Poblet, en est du 3i mars 1204; le î3 (n. 2220) le Souverain
Cat.ilogne, fut abbé de Grandselve de septembre Pontife avait écrit à ce sujet à Philippe-Auguste.
1198 à novembre 1201 (Voyez tome IV, pp. 60-, [A. M.J
6:ri). Dès cette épotjue il déploya les grandes qua-
~ 234 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXI.
An 1104 "
Innocent écrivit en même' temps au roi Philippe-Auguste, &, après avoir
expliqué 8c distingué clans sa lettre les fonctions des deux puissances dans le
gouvernement de l'Église, il l'exhorte à s'employer, soit par lui-même, soit
par le prince Louis, son fils, soit enfin par quelque personnage de considé-
ration, à arrêter le progrès de l'erreur, u Contraignez, lui dit-il, en vertu du
« pouvoir que vous avez reçu d'en haut, les comtes & les harons à confisquer
« les biens des hérétiques, Si usez d'une semblable peine envers ceux de ces
» seigneurs qui refuseront de les chasser de leurs terres. » Enfin il prie ce
prince d'assister de toutes ses forces l'abbé de Cîteaux Se les deux religieux
de Fontfroide, ses légats, afin que le glaive matériel se joigne dans cette
grande affaire au glaive spirituel. Il écrivit^ aussi alors à l'évêque d'Auxerre
& à divers autres prélats pour les engager à agir auprès du roi Se des autres
princes pour l'extirpation de l'hérésie.
XIV. — L'archevêque de Narbonne appelle au pape des procédures des légats.
Le pape chargea les trois légats, par une lettre du 27 de mai de la même
année, d'informer sur les divers chefs d'accusation qu'on intentoit contre
Bérenger, archevêque de Narbonne; il leur ordonne de se rendre dans cette
ville, & supposé la vérité des fjiits, de le déposer & de faire élire un autre
archevêque en sa place. « Que si, ajoute Innocent, ceux à qui l'élection
1 appartient, refusent d'obéir, vous nommerez vous-mêmes, un mois après,
t( un archevêque digne de gouverner. » Frère Pierre & frère Raoul n'atten-
dirent pas l'arrivée de l'abbé de Cîteaux pour procéder contre Bérenger qui,
de son côté, leur fit signifier un appel"' au pape, daté du 27 décembre 1204.
« Dans la seconde légation que le pape vous a commise 8<. à l'abbé de Cîteaux,
« dit l'archevêque de Narbonne dans cet acte, vous frère Pierre de Castelnau,
n auriez dû, lorsque vous étiez sur le point d'entrer dans la Province, m'ap-
« prendre votre arrivée par quelque lettre d'honnêteté; mais vous êtes venu
« à l'improviste 8c dans le temps que vous saviez que j'allois me mettre en
« chemin pour aller à Rome détromper le pape des fausses accusations que
K des flateurs avoient formées contre moi. Vous 8c frère Raoul, sans consulter
« l'abbé de Cîteaux, votre collègue, m'avez défendu, sous peine d'anathème
« &c de privation d'office Se de bénéfice, comme au dernier des clercs, de
« sortir de mon diocèse sous quelque prétexte que ce fût. » Il reproche
ensuite à frère Pierre de Castelnau d'avoir outrepassé sa commission sur cinq
différens articles, dans l'affaire de l'église de Capestang, 8c il ajoute : « Pour
« ces griefs 8c pour plusieurs autres, moi, Bérenger, archevêque de Nar-
« bonne, je vous récuse absolument, vous, frère Pierre de Castelnau, 8c vous»
« frère Raoul, moines de Fontfroide, comme suspects 8c comme mes oppres-
« seurs, 8c j'appelle de vos procédures au pape Innocent : je mets sous sa
■ Innocent III, 1. 7, Epist. -ji). — Dom Vaissete ' R.iinaldi, ann. 1 Î04, n"" 59 & 69.
se trompcj la bulle qu'il analyse est du 7 février ' Voyez tome VIII, Chartes, n. LXXIX, ce. ôop,
|2o5. Conférez Potthast, n. 24041 [A. M.J ûiu
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXI. iSo
An 1204
« protection ma personne, toute l'église Si la province de Narbonne, Sec, Sic.
« Je renouvelle l'appel que j'ai déjà fait à Béziers, le jour de Saint-Barthé-
< lemy, au mois d'août dernier, avant votre arrivée dans la Province, en pré-
«■ sence de nos vénérables frères les évêques de Béziers, de Maguelonne Si de
lyodève, S<. de plusieurs autres personnes de considération; y ajoutant
•' néanmoins l'autre appel que j'ai fait ensuite à Narbonne, en plein chapitre,
" le jour de Saint-Capraisc, au mois d'octobre dernier. Enfin je renouvelle
" cet appel, parce que j'ai appris que vous, Arnaud, abbé de Cîteaux, leur , 'in °'^'^i"s
I' collègue, aviez procédé au préjudice de nos églises 81 de nos suffragans, en
I' exigeant, malgré les canons, le serment des clercs les uns contre les autres;
I' Si.encore parce que vous agissez d'une manière opposée à la douceur avec
" laquelle les autres légats qui ont été dans le pays en ont usé. Je vous
0 récuse aussi; j'appelle de vos procédures au pape. Si je vous indique 81 à
( vos collègues le dimanche de Quasimodo prochain pour poursuivre mon
i appel. Au reste, pour marquer mon respect envers le Saint-Siège Si le
1 désir que j'ai de conserver la foi, je déclare que je vous aiderai fidèlement
à chasser les hérétiques jusqu'à ce que je me mette en chemin pour la
<• poursuite de mon appel. « La signification de cet acte engagea les légats à
suspendre leurs procédures contre l'archevêque de Narbonne, Si ils envoyèrent
à Rome les informations qu'ils avoient faites contre ce prélat.
XV. — Suite de l'ajfaire de l'archevêque de Narbonne. — Les légats
suspendent l'évêque de Béliers.
Cependant frère Pierre de Castelnau, rebuté par les contradictions qu'il
rencontroit dans sa légation, écrivit au pape pour le prier instamment de
l'en décharger St lui permettre de retourner dans son monastère. Innocent
lui refusa sa demande, Si, pour l'encourager à continuer les fonctions de son
ministère, il lui fit espérer d'en recueillir de plus grands fruits par une lettre'
du 26 de janvier suivant. Le pape écrivit^, trois jours après, à l'archevêque
de Narbonne pour lui reprocher sa négligence à extirper l'hérésie de sa pro-
vince, 81 le refus qu'il faisoit de seconder en cela le zèle de frère Raoul Si
de frère Pierre de Castelnau, ses légats. Il reprend ensuite vivement ce prélat
de n'avoir pas voulu aller avec eux trouver le comte Raimond^ pour tâcher
de persuader conjointement à ce prince, de chasser les hérétiques de la Pro-
vince. Innocent reproche aussi à l'archevêque de Narbonne de n'avoir pas
voulu fournir un équipage convenable aux deux légats Si de ne leur avoir
donné qu'une seule monture. Il lui enjoint enfin de leur fournir tous les
équipages Si toutes les autres choses dont ils auroient besoin. Si de les aider
de tout son pouvoir dans l'exercice de leur légation. Il écrivit d'un autre
' Innocent III, 1. 7, Epist, 101, apud Manri- ' Il y a M. comllem dans Manrlqiiezj mais il
ijue, ad ann. 1 zoS, ci, — [Potthast, n. zSpi.] est évident que c'est une faute, 81 qu'il faut lire
' Innocent III, 1. 7, Epht. 14Î) iild, ç. ii — R, ctmitcm. \^Sote des Bénédictins.^
[Von indiquée dans Potthast. J
An iao5
An
206 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXI.
côté au roi ', le 7 Je février de la même année, pour l'exhorter de nouveau à
marcher en personne, ou d'envoyer du moins le prince Louis, son iils, au
secours de l'abbé de Cîteaux 8<. de ses collègues. Il le prie instamment de les
protéger 8< d'obliger les comtes & les barons du royaume à proscrire les héré-
tiques Se à confisquer leurs biens, & de confisquer lui-même les domaines
des seigneurs qui refuseroient d'obéir à cet ordre ou qui favoriseroient les
sectaires.
Pierre de Castelnau 8< Raoul, sur le refus que l'archevêque de Narbonne
leur avoit fait d'aller avec eux sommer le comte de Toulouse de chasser les
hérétiques, s'adressèrent à l'évêque de Béziers, à qui ils firent la même
demande. Ce prélat refusa non-seulement de la leur accorder, mais il ne
voulut pas même avertir les consuls de la ville épiscopale d'abjurer l'erreur
5c de prendre la défense de l'Église contre les hérétiques, & il les empêcha
de faire cette monition. Les deux légats assemblèrent alors le clergé de
Béziers, enjoignirent publiquement à l'évêque d'excommunier les consuls de
cette ville, s'ils ne renonçoient à l'erreur dans un certain temps. Ce prélat
promit de le faire, mais il ne tint pas sa parole; les deux légats le déclarèrent
alors suspens jusqu'à ce qu'il se fût présenté devant le pape, & défendirent
au clergé du diocèse, en vertu d'obéissance & sous peine d'excommunication,
de lui obéir durant cet intervalle.
Nous apprenons toutes ces circonstances d'une lettre que le pape Inno-
cent III écrivit^, le 18 de février de l'an i2o5, à Tévêque d'Agde 8t à l'abbé
de Saint-Pons de Thomières. Il s'y plaint beaucoup de la négligence de
l'évêque de Béziers à extirper l'hérésie de son diocèse & de sa désobéissance
aux légats, 8<. confirme la sentence de suspense dont on vient de parler; il
leur ordonne en même temps de faire dénoncer ce prélat, comme suspens,
dans toutes les églises du diocèse de Béziers, jusqu'à ce qu'il se fût présenté
à Rome avec les lettres des légats; de défendre au clergé & au peuple de lui
obéir 8c de commettre en attendant (juelques personnes capables pour gou-
verner le diocèse. L'évêque de Béziers, qui fut suspendu par les légats, s'ap-
Éd.oiisiij. neloit Guillaume^ de Pvoquezel ; il avoit succédé, en 1 199, à Gaufrid de Mar-
seille. Nous ignorons les suites de son affaire. Il fut tué l'an i2o5 par lu
trahison des siens îk fut inhumé dans le cloître du monastère de Cassan,
dont il avoit été prieur régulier avant que de parvenir à l'épiscopat. E.rmen-
gaud lui succéda"*.
r-
' Innocent m, I. -, Ep'ist. 112, itlJ. c. 1. — du Pont, sur le bord de l'eau, là où passaient les
Voir plus hnut, p. i3J. Cette lettre a déjà été citée pèlerins venant de Gascogne. On y ordonne aux
par dom Vaissete sous une autre date. [A. M.] aubergistes de ne yendre aux voyageurs que des
' Innocent III, 1. 7, Epht. 242, apud Manri- marchandises de bonne qualité; ils doivent avoir
que, ad ann. i2o5, c. 2. — [Potthast, n. 2i25.] une mesure bonne &. légale; vendre au prix fixé;
' Gallia C/iristiana, t. 4, p. 415. fermer leurs maisons au premier coup de la clo-
^ Outre le règlement contre l'hérésie, indiqué che; ne point injurier les voyageurs; ils n'ont
par dom 'Vaissete, cette pièce contient plusieurs pis le droit de s'entremettre de la vente ou de
indications curieuses sur les auberges de Toulouse. l'achat de chevaux par les pèlerins. Sic. — Le
Nous y voyons les auberges établies dans la rue même acte expulse les jongleurs St jongleuses de
t. in,p. i3ii
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XXI,
:?.7
An 1 icî)
XVI. — Le comte de Toulouse promet aux légats de chasser les hérétiques.
Déposition de Raimond de Rabastens^ évèqiie de cette ville.
On voit par ces différentes lettres du pape Innocent III que Pierre de
Castelnau & Raoul avoient dessein, avant latin de l'an 1204, d'aller trouver
Raimond, comte de Toulouse, pour le sommer de chasser les hérétiques de
ses États. Nous apprenons d'ailleurs' que ce prince se rendit enfin à leurs
remontrances & qu'il leur |)romit par serment de chasser les routiers & ks
hérétiques de ses domaines, & d'v rétahlir la paix. Raimond fit vraisembla-
blement ce serment au mois de mai de l'an i2o5, car nous savons que l'abbo
de Cîteaux Si ses deux collègues, s'étant rendvis vers ce temps-là à Toulouse,
ils y déposèrent Raimond de Rabastens, évêque de cette ville.
On a déjà dit que l'élection de ce prélat, quoique peu canonique dans son
origine, avoit été cependant confirmée par les commissaires du pape. Sa négli-
gence à remplir les fonctions épiscopales excita le zèle des légats, qui, avant
fait une nouvelle information, trouvèrent que lorsque le siège épiscopal de
Toulouse étoit vacant, Raimond de Rabastens avoit fait solliciter plusieurs
chanoines de lui donner leur suffrage; qu'ensuite, lorsqu'il fut élu pour la
seconde fois, il s'étoit lié par serment avec les chanoines qui lui avoient été
d'abord opposés. Se qu'après que sa première élection eut été cassée, il étoit
demeuré en possession de la maison épiscopale 8c avoit perçu les revenus de
l'évôché; sur cela ils le déposèrent solennellement. Ce prélat est qualifié, en
effet, autrefois évêque de Toulouse dans une lettre que le pape leur écrivit,
le 6 de* juillet de l'an iio:*), S< dans laquelle il rappelle toutes ces circons-
tances; d'où l'on doit inférer qu'il avoit été déposé au moins deux mois aupa-
ravant; mais il paroît que, malgré sa déposition, il se maintint encore quelque
temps dans son siège; car il est qualifié-* simplement évêque de Toulouse
dans un acte du mois de septembre suivant; Se nous verrons plus bas que
son successeur ne fut élu qu'à la fin de l'an i2o5. Peut-être appela-t-il au
pape de cette sentence, Se fit-il durer La procédure jusqu'à la fin de l'année,
(^uoi qu'il en soit, Innocent ordonna par la même lettre^ à l'ahbé de Cîteaux,
à Raoul i/ à Pierre, moines 'de Fontfroide, inquisiteurs du siège apostolique,
de destituer de son office Mascaron, prévôt de la cathédrale de Toulouse,
promu à cette dignité à la place de celui qui avoit été élu évêque de Com-
la ville; défend les fiinéraillci luxueuses; interdit
les démonsirations de deuil trop bruyantes (Voyez
tome VIII, ce. SiS, "116). — Peu après les consuls
de Toulouse Arent une enquête sur les lieux du
Toulousain & des pays environnants où devait se
payer la leude; nous connaissons par cet acte le
tarif en usage à Castelsarrasin, à Castelmaira, à
Pamiers, à Ax, à Mérens, à Castelnaudary, à La-
vaur, à Rabastens, à Avignonet, à Saint-Jory. Ce
furent les fermiers des leudes qui vinrent déposer
devant les consuls; cet acte passe en revue toutes
les routes qui venaient aboutir à Toulouse; une
seule paraît oubliée, c'est celle de Gascogne. (Voyez
tome VIII, c. 527 & siiiv.) [A. M.]
' Guillelmut de Podio Laurentii, c. 7.
' Innocent III, 1. 8, Eplst. 1 16. — [La lettre
est du !> juillet 120J; voyez Potthast, n. 2.");)7.j
^ Lafaitlc, Annales de Toulouse j t. 1, appcnd.
p. .■i7.
' Innocent III, ut supra. — [Les deux lettres
sont distinctes; la seconde est du ''' juillet inc'ij
Potthast, n. iSrt 1 .1
"■; ~ 238 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXI.
An i2oa
minges, à cause que, suivant sa propre confession, il avoit été du complot
pour faire élire Raiinond de Rabastens, &. qu'il s'étoit par là rendu indigne
de posséder aucun bénéfice ecclésiastique.
XVII. — Monnaie de Toulouse.
Le comte Raimond étoit encore à Toulouse au mois de juillet de' cette
année; il promit alors par serment, dans le cloître de la Daurade, en faveur
de la cathédrale de Saint-Etienne, de la même église de Notre-Dame de la
Daurade, de celle de Saint-Sernin, de toutes les autres églises de Toulouse,
des consuls & de tout le peuple de cette ville & du faubourg, de ne jamais
clianger la monnoie sepîène de Toulouse, que le teu comte, son père, avoit
établie lorsqu'il avoit changé celle du comte Alfonse, son aïeul, 5t de ne
jamais rien diminuer de son poids S<. de son aloi. Il eut sans doute beaucoup
de part à un règlement que les consuls de Toulouse firent avec le commun
conseil au ^ mois de mars de la même année, suivant lequel personne ne
pouvoit être accusé d'hérésie après sa mort, à moins qu'il n'en eût été accusé
pendant sa vie, ou, qu'étant malade il ne se fût donné aux hérétiques, ou
qu'enfin il ne fût décédé entre leurs mains.
Le comte de Toulouse, s'étant rendu ensuite dans son comté d'Agenois,
confirma dans le monastère de Saint-Etienne d'Agen, le 4 d'août suivant,
conjointement^ avec le prieur St les religieux de Saint-Capraise de cette ville,
les habitans de la Salvetat, en Agenois, dans l'usage des coutumes de la ville
d'Agen. L'acte est daté, régnant Raimond, comte de Toulouse, B. étant
évêque d'Agen. Ce prieur 8< ses religieux avoient appelé, deux ans aupara-
vant, le comte en pariage pour le lieu de la Salvetat.
XVIII. — Le pape /ait grâce à l'archevêque de Narhonne.
i':d.oiij;i;i. Cependant Bérenger, archevêque de Narbonne, n'ayant osé ou pu entre-
prendre le voyage de Rome pour y poursuivre son appel, en fit ses excuses
au pape qui, dans sa"* réponse du 6 de juin de l'an i2o5, lui reproche d'avoir
interjeté cet appel dans la vue d'éluder sa condamnation. Le pape ajoute ;
« que les légats ayant jugé à propos d'y déférer, lui avoient envoyé leurs
« informations; qu'il avoit attendu son arrivée, mais qu'au lieu de compa-
' C.Ttel, Histoire Hes comtes de Tolose, p. 229 & apostoliques durent (aire procéder à une nou-
su!v. — Voyez tome VIII, c. Ô40, où nous pu- velle élection canonique (Potthast, n. 25i6). L'af-
blions cette pièce; il faut corriger dans notre f^i ire paraît du reste ne pas avoir eu de suites; du
texte, la date de 1207 en 120,'). [A. M.] moins le Gallia Christiana & après lui M.MabilIe
' Catel, Histoire des comtes de Tolose. — Voyez (t. IV, p. Soy) , n'admettent qu'un seul Raimond
tome VIII, c. 5 i3 & suiv.; la pièce est du 10 mars évcque d'Agde de 1192 à 12|3, Raimond II de
1235, & plus haut, p. 235. — Peu après le 25 Montpellier. [A. M.]
mai i2o5, le pape fit procéder contre l'évèque ' Archives de la connétablie de Bordeaux.
d'Agde, Raimond; il chargea de cette affaire Mi- '' Innocent III, Epist. 160, apiid Manriquc, ad
chel, archevêque d'Arles, & les abbés de V^almagne ann. i 2o5, c. 4, — [La lettre est du zÇ juin i 25 j ;
& de Saint-Guillem du Désert. Ces commissaires Potthast, n. 2552. J
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXI. 289
« roître en personne ou d'envoyer quelqu'un en son nom pour le poursuivre,
« il s'étoit contenté de s'excuser par un envoyé sur ce qu'il n'avoit pu partir. »
Le pape lui dit ensuite que, suivant la rigueur du droit, il l'auroit dû juger
conformément aux informations; mais que, pour lui ôter tout prétexte de
murmurer, il vouloit bien encore lui accorder, pour se présenter en per-
sonne, un délai jusqu'à la Septuagésime prochaine; « que si, continue le
« pape, vous ne pouvez vous-même faire le voyage, soit par maladie, soit par
(( vieillesse, soit pour toute autre raison légitime, nous ferons décider cette
« affaire sur les lieux par des commissaires intelligens. Du reste nous renou-
« vêlons l'ordre que nous avons déjà donné, de vous défaire de l'abbaye de
« Montaragon. » Bérenger possédoit cette abbaye, située en Catalogne 8c
possédée par des chanoines réguliers, avant son élection à l'évêché de Lérida,
d'où il avoit passé à l'archevêché de Narbonne, 8<. il l'avoit toujours gardée
.depuis. Il obéit bientôt' sur cet article; 6t le prince Ferdinand, frère de
Pierre II, roi d'Aragon, S<. religieux profès de l'abbaye de Poblet, dans l'ordre
de Citeaux, en fut pourvu à sa place. Quant à l'archevêché de Narbonne, le
pape eut compassion de Bérenger, Se il écrivit^, l'année suivante, à l'abbé*
de Cîteaux & à ses deux collègues de le laisser en paix pour les crimes dont
il avoit été convaincu, parce qu'il vouloit lui donner le temps de Jàire péni~
tence.
XIX. — Voyage du rot d'Aragon à Montpellier ; il prend le château de
l'Escure sur les hérétiques, 6- promet Sancie, sa fille, en mariage à Rai-
mond, fils du comte de Toulouse.
Un auteur^ qui donne mal à propos le nom de Bertrand à l'archevêque
de Narbonne conjecture que le pape ne lui ordonna de se détaire de l'ab-
baye de Montaragon que pour seconder les vues qu'avoit Pierre, roi d'Aragon,
de la faire tomber à l'infant Ferdinand, son frère. Il est du moins certain
qu'Innocent fut toujours très-porté à faire plaisir à ce prince depuis qu'il
l'eût couronné à Rome, au mois de novembre de l'an 1204'*.
Pierre, à son retour sur les côtes de Provence, à la fin de la même année,
trouva' qu'AIfonse, comte de Provence, son frère, & le comte de Forcalquier
avoient rompu la paix, 8t que le premier étoit demeuré prisonnier de l'autre,
qui s'étoit saisi de tous ses Etats. Le roi d'Aragon se mit aussitôt en état de
délivrer par la force le comte, son frère, de sa prison, & obligea enfin le
' Manriquc, ad ann. iis/i, c. 4. faire couronner à Saragosse par l'archevêque de
Innocent III, 1. 9, Epist. 68, apud Raynaldi, Tarragone; promesse d'instituer un siège épisco-
ad ann. 1206, n. 27. [Lettre du 9 mai 1206; Pot- pal dans l'île de Majorque, s'il peut la conquérir;
thast, n. 2774,] permission de posséder les terres confisquées sur
' Manrique, Cistercienses annales, ad ann. 120,'), les hérétiques de son royaume; le pape renouvela
c. 4. ce dernier privilège, le 9 juin 1206 (Potthast,
■* Témoins les privilèges qu'il lui concéda par n. 2799). |A. M.|
quatre bulles du 16 juin i2o3 (Potthast, n°> 2543 '' Gesta comitum Bareinonemium, c, 2.f.
à 2.';46); permission à lui & à ses successeurs de se
An 1203
"T r~ 140 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXI.
comte de Foicalquier à lui donner la liberté, à lui rendre ses domaines Se à
renouveler leur traité de paix. Il alla ensuite à Montpellier où il promit'
solennellement, le i"^ de mars de l'an i2o5, aux^douze consuls de cette ville,
tant en son nom qu'en celui de la reine Marie, sa femme, de conserver tou-
jours sous une même domination &. seigneurie la ville de Montpellier Si
tous les châteaux qui en dépendoient, qu'il avoit reçus en dot, 8c de n'en
jamais rien aliéner, avec pouvoir aux mêmes consuls de statuer tout ce qui
seroit nécessaire pour le gouvernement de la ville. Si de la faire murer sous
son autorité 8< celle de sa cour, 81 avec promesse de tenir toujours éloignés
ceux qu'il avoit exilés, lorsqu'il avoit pris possession de Montpellier. Marie,
sa femme, confirma cette concession quatorze jours après, au château de Col-
lioure, en Roussillon, dans la chambre de la reine ii> devant le seigneur-roi.
lis retournèrent ensuite à Montpellier 81 ils y confirmèrent^, le i3 de juin
suivant, les statuts &t les coutumes de la ville dont on fit la publication, le
même jour, dans la maison des consuls, située à la place des Herbes {in salaria
Herbariae).
' Nous inférons que le roi d'Aragon s'étoit mis en armes quelque temps
auparavant, 8<. qu'il avoit été en Albigeois faire la guerre aux hérétiques, d'une
lettre^ qu'Innocent III écrivit, le 5 de juillet de cette année, à ses légats. Ce
pape leur mande, en effet, » de donner personnellement en fief, à Pierre,
« roi d'Aragon, le château de VEscure [Scurrae) que ce prince avoit recouvré
« sur les hérétiques, à condition que comme la propriété de ce château appar-
(( tenoità saint Pierre; il en feroit un certain cens annuel à l'Eglise romaine.»
Éd.origin. Qr ce château n'est pas différent de celui de l'Escure, au diocèse d'Albi, dont
les seigneurs se uisoient hommagers du pape.
Le roi d'Aragon, ayant passé les Pyrénées, se rendit à Jacca'*, où il étoitau
commencement du mois d'août suivant; il revint joindre la reine à Collioure,
au mois de septembre. Cette princesse, en reconnoissance des bienfaits qu'elle
en avoit reçus, lui fit alors donation^ entre-vifs, tant du château 81 de la ville
de Montpellier que de toutes leurs dépendances, pour en jouir en commun
pendant leur vie & passer à leurs enfans après leur mort, avec une entière
liberté à ce prince d'en disposer à sa volonté si elle venoit à décéder sans
postérité.
Marie, reine d'Aragon, avoit accouché alors ou du moins elle accoucha
bientôt après d'une fille, nommée Sancie, que le roi Pierre promit en mariage*^,
au mois d'octobre suivant, au jeune Raimond, fils du comte de Toulouse,
par un accord qui fut passé entre eux à Florensac, dans le diocèse d'Agde.
Par cet acte ; 1° Pierre s'engage de donner en dot à sa fille la ville & le
' Voyez tome VIII, Chartes, n. LXXXI, ce. 523, ad ann. i io5, e. 3. — [La lettre est du |6 juin
•ji6. i2?5; cf. Potthast, n. 2540. J
' Manuscrits Je Colhert, n. 493,'î. — [Cf. Teulet, * Zurita, Anales de la corona ie Aragen, 1. 2,
, Layettes, t. 1, p- 288 & suiv. où cette pièce est c. ^ii.
publiée d'après la plus ancienne copie existante.] ' D'Achéry, Spic'tlegium, t. 8, p. 220 & luiy.
' Innocent UI, 1. 8, Epiit. 97, apiid Maniique, * Ihid. t. 8, p. 222 & suiv.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXI.
241
An i2oâ
château de Montpellier, le château d'Omelas £<. toutes leurs dépendances.
2° 11 confirme les traités St les sermens conclus entre lui, le comte de Tou-
louse & le comte de Provence, son frère. 3° Il promet une amitié constante
au jeune R.aimond, qu'il reçoit en sa foi, & donne pour gage de sa promesse
le lieu de Castelnau avec les châteaux de Castries 8c de Montferrier, sauf le
droit que le comte de Toulouse y avoit d'ailleurs (en qualité de comte de
Melgueil). 4° Le comte promet de donner en mariage son fils Raimond, qu'il
avoit de la reine Jeanne, à Sancie, fille de Pierre, roi d'Aragon, 6* de Marie,
sa jemme, & dispose, à cause de ce mariage, du duché de Narbonne & du
comté de Toulouse, de leurs dépendances 'S< généralement de tout ce qu'il
possédoit, depuis l'Hérault jusqu'à la Gascogne, en faveur de son fils. 5° Il
assigne, pour le douaire de sa future belle-fille, les villes de Castelnaudary,
Castelsarrasin, Moissac Se Montauban avec leurs dépendances. 6° Il renou-
velle 5<. confirme les accords dont il étoit convenu avec le roi d'Aragon St le
comte de Provence. 7° Il s'engage, supposé que son fils vînt à mourir avant
son mariage avec Sancie ou après l'avoir épousée, de rendre aussitôt au roi,
son père, cette princesse qu'il prit par conséquent dès lors à sa cour pour la
faire élever. 8° Il promet de faire ratifier ces conventions par son fils dès que
ce jeune prince aura atteint l'âge de puberté. 9° Il assigne pour la sûreté de
sa promesse les châteaux de Montredon, de Cauvisson Se d'Aubays, dont
Elzéar d'Aubays avoit la garde. 10° Enfin le roi S< le comte s'engagent réci-
proquement, par serment prêté sur les saints évangiles, d'observer tous ces
articles, qui furent passés en présence d'un grand nombre de seigneurs des
deux cours, entre autres de Gaufred de Roquebertin, Raimond de Montcade,
Guillaume de Canet, de frère Examen de la Vate, prieur de l'hôpital de
Saint-Gilles Se châtelain d'Emposte, de Foulques, commandeur du Mas-
Dieu, de Bernard d'.Anduze, Bernard, son fils, Raimond de Sauve, Raimond
d'Arsac, Sec. Cet accord n'eut pas son exécution, parce que Sancie mourut'
en enfance*. L/C roi d'Aragon fit un voyage à Montpellier, au commencement
de l'année suivante. Se il y co.nfinna' alors la fondation du monastère de
Langogne, en Gévaudan.
■ Tome vu, Soie XXXV, n. i, pp. io3. 104.
' Ce contrat de m.Triage fut conclu pnr Pierre
d'Aragon, au mépris des droits de sa femme & des
promesses que lui-mcme lui avait faites par l'acte
de septembre 127"), que dom Vaisseie an..ly$e plus
haut, acte antérieur à la naissance de Sancie, 8c
rédigé alors qu'on ignorait quel serait le sexe de
l'enfant que la reine allait mettre au monde.
Aussi chercha-t-il à faire ratifier à Marie de
Montpellier cet acte qui la fraudait de ses droits
en disposant de son vivant d'une partie de la sei-
gneurie de Montpellier. La reine était alors à
Collioure, en Roussillon; son mari alla l'y trou-
ver 8c essaya de lui arracher son approbation ; la
luiîs fut long.ie; Mari; de Montpellier paraît
avoir résisté avec énergie. Elle ne céda qu'après
avoir pris conseil des prud'hommes de Montpel-
lier, 8( sur la menace que lui fît le roi de l'aban-
donner, elle 8c sa seigneurie, sans jamais lui prê-
ter aucun secours. Elle céda alors; mais de l'avis
des légistes qui l'entouraient elle fit une protesta-
tion secrète, qui nous est parvenue 8c qui nous
fournit tous ces détails. Cet acte, qui doit être
d'octobre ou de novembre 1206, a été publié par
M. Germain dans les Mémoires de la Société ar-
chéologique de Montpellier, année 1860, d'après
l'original conservé aujourd'hui à la Bibliothèque
nationale. On le trouvera au tome VIII de la pré-
sente édition, ce. 5i53, 53^. [A. M.]
5 Voyez tome V, Chartes, n. CXXXIH, c. 33c-.
VI.
>6
"777Iir~ -42 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC LIV. XXI.
XX. — Les légats déposent l'évêque de Viviers,
Les deux légats, Pierre de Castelnau St Raoul, après avoir déposé révêcjue
de Toulouse, se rendirent vers le Rhône & dans les provinces de Vienne 5c
d'Arles. Le premier étoit, en ' effet, dans le diocèse d'Uzès au mois de juillet
de l'an i2o5, & on assure^ qu'il tint, la même année, un concile à Arles,
où il fit dresser des statuts pour le gouvernement de l'église de cette ville. Ms
travaillèrent^ de concert, vers la fin de la même année, à la réformation de
l'église de Viviers, tant dans le chef que dans les membres, & obligèrent
l'évêque St tous les ecclésiastiques à leur promettre, par serment, de leur dire
la vérité sur tous les excès qu'ils avoient commis. Pendant l'information,
quelques chanoines accusèrent ce prélat de diverses choses très-graves, & on
trouva qu'il étoit, en effet, coupable de la plupart, tant par sa propre con-
fession que par la déposition des témoins. L'archevêque de Vienne, métro-
politain du pays, informé de la procédure, se rendit aussitôt à Viviers 8c
t. lu "p'^Hs. supplia instamment les légats de ne pas le déposer juridiquement, & de se
contenter de sa démission volontaire, parce qu'étant d'une grande naissance
& fort accrédité, il pourroit faire traîner l'affaire en longueur, ce qui tourne-
roit au préjudice de l'église de Viviers. Enfin l'évêque de Viviers se détermina
à donner sa démission, &- ne se réserva que l'office d'évèque. Les chanoines
s'assemblèrent ensuite pour procéder à l'élection de son successeur; mais les
légats leur défendirent de passer outre jusqu'à ce que le pape eût confirmé
la démission. Innocent III écrivit en conséquence, le 20 de janvier"* de
~T 7~ l'an 1206, au chapitre de Viviers une lettre dans laquelle il rapporte ce que
nous venons de dire &c approuve la conduite des légats « qui ont agi, dit-il,
« en cela avec prudence, parce qu'un évêque ne peut faire démission de son
« évêché sans la permission du Saint-Siège. » Le pape, après avoir confirmé
celle de l'évêque de Viviers, permet au chapitre d'élire un nouvel évêque en
présence des légats, dans le terme de huit jours, lesquels étant passés, il
ordonne aux légats de nommer un évêque par l'autorité apostolique. Il y a
une lacune dans les catalogues'' que nous avons des évêques de Viviers,
depuis l'an 1202 jusqu'en 1206. Ainsi nous ignorons le nom de celui qui se
démit de cet évêché vers la fin de l'an i2o5. Il est cependant fort vraisem-
blable qu'il n'est pas différent de Nicolas, qui occupa certainement ce siège
depuis l'an 1177 jusqu'en 1202, & que Bernon ou Burnon, qui lui avoit
déjà succédé en 1206, fut élu en sa place^.
■ Voyez tome VIII, Chartes, n. XXXII, c. 5r i. ' GalUa Chnstiana. — Coliimbi, De episcopis Vi-
' Gain a Christiana, nov. éd. t. i, p. i65. variensiius.
' Innocent III, 1. 8, Epist. 209, apud Manri- ^ Bernon était déjà évêque le 5 novembre 12- "1,
que, ad ann. i2o5. c. 2. date d'une concession personnelle d'Innocent III
* Innocent III, apud Manrique, ut supra. — en sa faveur. (^Potthast, n. 2604.) [A. M.]
[Pottliast, n. 2j3o ; la lettre est du 20 janvier 1 2o5
& non I 206.]
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXÎ. 243 ~ T
" An I20Û
XXI. — Election de Foulques de Marseille , poëte provençal, à l'évêché
de Toulouse.
Pierre de Casteinau tomba malade dans le temps qu'il vaquoit à l'exer-
cice de sa légation dans la province de Vienne. Il apprit alors' avec une joie
extrême que le chapitre de la cathédrale de Toulouse avoit élu enfin un
successeur à Raimond de Rabastens S< qu'il avoit choisi Foulques, abbé du
monastère de Florége ou du Toronet, au diocèse de Fréjus, en Provence, de
ro^re de Cîteaux.
Foulques étoit fils d'Alfonse, riche marchand de Gênes, établi à Marseille,
ce qui lui fit donner le nom de Foulquet de Marseille. Suivant sa Vie, écrite
parmi celles^ des anciens poètes provençaux, il cultiva dès sa jeunesse la
poésie vulgaire, dans laquelle il se distingua beaucoup. Après la mort de son
père, qui lui laissa de grands biens, il fréquenta les cours de divers princes,
protecteurs des poètes provençaux, entre autres celles de Richard, roi d'An-
gleterre, 6- du bon Raimond, comte de Toulouse. Il s'attacha surtout à celle
de Piarral, vicomte de Marseille, son seigneur, où il fit plusieurs chansons ou
poésies en l'honneur d'Adélaïde de Roquemartine, femme de ce vicomte, dont
il devint amoureux. Il témoigna aussi beaucoup d'amitié aux deux sœurs du
vicomte de Marseille, nommées l'une Laure de Sanjorlan, 8i l'autre Mabilie
de Pontevez. Alfonse, roi de Castille, l'honora de sa protection, & lorsque ce
prince eut été défait à Calatrava par les Sarrasins 8<. qu'il eut envoyé demander
du secours au pape, aux rois de France, d'Angleterre & d'Aragon, 8i au comte
de Toulouse; Foulques se donna beaucoup de mouvemens pour lui en pro-
curer auprès des barons du pays. La vicomtesse de Marseille, qui étoit une
dame très-vertueuse, ennuyée des amours Sa. des vers de Foulques, lui avant
donné ordre de se retirer de sa cour, il en fut au désespoir; il alla chercher
quelque consolation auprès de l'impératrice, fille de l'empereur Emmanuel &■
femme de Guillaume de Montpellier ^ princesse qu'on qualifie de chef ^ guide
de toute valeur, de toute courtoisie &- de tout enseignement. Elle agréa ses
services & le pria de faire des chansons pour elle, ce qu'il accepta volontiers.
La mort de la vicomtesse de Marseille, de Barrai, son époux, de Richard, roi
d'Angleterre, du bon comte Raimond de Toulouse & d'Alfonse II, roi d'Ara-
gon, lui causèrent tant de chagrin que, dégoûté du monde, il se fit religieux
de l'ordre de Cîteaux avec deux de ses fils, & fut élu bientôt après abbé du
Toronet; sa femme se fit en même temps religieuse de cet ordre. On trouve
ces circonstances de la vie de Foulques de Marseille, avant son élection à
l'épiscopat, dans deux anciens manuscrits de la Bibliothèque du roi, d'où l'on
doit conclure qu'il ne se retira au plus tôt dans le cloître que l'an 119g,
puisque Pv.ichard, roi d'Angleterre, mourut cette année. On trouve dix-neuf
■ Ciiillclintis de Poelio L.niirentii, c. ii. ' Mss. de la Bibliothèque du roi, n"' 722O &
7698.
"77T77~ -44 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXI.
de ses chansons' dans ces manuscrits. Elles sont adressées la plupart à une
i.'m,°".^'43. dame, nommée Nasimans, qui est sans doute le nom poétique qu'il donnoit
à sa maîtresse ou à la vicomtesse de Marseille, suivant l'usage de ses sem-
blables. Le Moine de Montaudon, poëte provençal qui vivoit vers la fin du
douzième siècle & au commencement du suivant, 8c qui, dans une de ses
chansons^, parle des plus célèbres troubadours de son temps ou de ceux qui
l'avoient précédé, met Foulques de Marseille au douzième rang. Voici le
couplet qui le regarde, que nous rapporterons dans sa langue originale :
E la do-:^ens sera Folquets,
De Marseïlla uns mercaders,
Que a faits un fol sagramen,
Çuant j'uret que chansos no jets ;
Et ani dison que Jb pervers f
Çu'el parjuret à son escien.
Plusieurs auteurs^' parlent de Folquet de Marseille Se de sa conversion après
avoir été jongleur. Jean de Nostradamus'* a écrit sa vie parmi celles des
poètes provençaux qu'il a données; mais il se trompe sur quelques articles,
entre autres lorsqu'il assure qu'fZ fut d'abord érêque de Marseille & ensuite
archevêque de Toulouse. Il ajoute qu'il était beau de sa personne, plaisant
£• libéral. On'"' prétend qu'il étoit profès de l'abbaye de Grandselve; mais il
n'y en a aucune preuve. Nous avons cru devoir entrer dans ce détail pour
faire connoître ce prélat qui joua un grand rôle dans l'affaire des albigeois.
Pierre de Castelnavi 8^ Raoul, son collègue, confirmèrent l'élection de<^
Foulques & le firent sacrer par l'archevêque d'Arles. L'archevêque de Nar-
bonne, métropolitain de Toulouse, contre les droits duquel se fit cette consé-
cration, en porta ses plaintes à Innocent III ; mais ce pape ne lui répondit
pas directement &C se contenta d'écrire un bref, le ii de mai de l'an 1206,
au chapitre de Narbonne, pour marquer que ce sacre s'étoit fait sans préju-
dice de la soiimission que l'église de Toulouse devoit à celle de Narbonne^.
Foulques vint ensuite à Toulouse, où il prit possession ^ de son église, le
dimanche 5 de février de l'an 120J (1206) £v prêcha ce jour-là sur l'évangile
de la semence, qui étoit celui du jour. Il trouva l'évêché de Toulouse extrê-
mement endetté; Raimond de Pv.abastens, son prédécesseur, en avoit engagé
la plupart des domaines, tant pour soutenir divers procès que pour faire la
guerre à Raimond-Fort de Beaupuy, son vassal. Il y avoit alors d'ailleurs,
dit-on, un si grand nombre d'ariens, de manichéens, d'hérétiques 6* de rau~
' Calel, Mémoires tic l'histoire du Langue.hc, ' Vincent de Bc.niivais, vt supra.
p. 891. '' Baluze, Miscelhneu, t. 6, p. ^3/.
' Jiid. ' La bulle est adressée directement à l'archevê-
^ Vincent de Beauvais, ipfcuZum Morale, part, "i, que & au chapitre de Narbonne (Voyez Potthast,
tit. 3. — Pétrarque, Triomfo d'amore, c. 4. n. 2778). [A. M.]
■• Nostradaraiis, Poites provençaux, p. 53 & suIt, ' Giiillelmiis de Podio Lniirentii, c. 6.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXl. 240 — T*
I An 1200
dois dans cette ville, que Foulques n'osoit se montrer & envoyer sans escorte
à l'abreuvoir public quatre mulets qu'il avoit amenés avec lui. Le comte de
Toulouse reconnut cependant ce prélat aussitôt après son élection, quoique
Raimond de Rabastens lui fût très-attaché; car nous avons' une donation
taite par ce prince à l'abbaye de Grandselve, le vendredi 24 de Jévrïer i2o5
(1206), Philippe étant roi de France, Raimond comte, 6* Foulques évêque
de Toulouse. Raimond fit bientôt après un voyage du côté du Rhône, & on
assure- qu'il iit hommage, le ig de mars suivant, à Michel, archevêque
d'Arles, pour les terres qu'il tenoit de son église.
XXII. — L'évèque d'Osma 6* saint Dominique se joignent aux légats
pour faire la mission contre les hérétiques.
L'abbé de Cîteaux, frère Pierre de Castelnau 8t frère Raoul se rendirent
de leur côté à Montpellier. Ils étoient dans cette ville-' lorsque Diego d'Azebez,
évêque d'Osma, en Espagne, S\ saint Domini([ue, son compagnon &. sous-
prieur de son église, y arrivèrent de Rome, vers le mois de juillet 1206.
L'évèque d'Osma avoit prié le pape de lui permettre de se démettre de son
évêché dans le dessein d'aller prêcher l'Evangile aux infidèles; mais, n'ayant
pu obtenir cette permission, il retournoit dans son diocèse. Il trouva les trois
légats résolus d'abandonner entièrement leur ministère, à cause que les héré-
tiques leur reprochoient sans cesse la vie scandaleuse des ecclésiastiques, &
que, n'ayant rien à répondre là-dessus, cela les empêchoit de faire aucun
fruit. L'évoque d'Osma les encouragea à continuer leur mission. Si, pour la
faire d'une manière plus utile, il leur proposa d'aller à pied 8t de ne porter,
comme les apôtres, ni or ni argent. Les légats s'excusèrent d'embrasser cette
manière de vie, de crainte qu'elle ne passât pour une nouveauté. Ils con-
vinrent cependant que si quelqu'un leur en donnoit l'exemple, ils le sui- t.'i1i°p!'^i'n.
vroient volontiers. Ce prélat leur déclara alors qu'il se mettroit lui-même à
leur tête, &< , ayant renvoyé tous ses domestiques, il ne retint ((ue saint
Dominique. Ils s'associèrent tous deux avec frère Pierre de Castelnau & frère
Raoul; car l'abbé de Citeaux fut obligé de partir pour aller tenir le chapitre
général de son ordre. Cet abbé promit en partant aux quatre missionnaires
de les rejoindre bientôt 8< d'amener avec lui plusieurs abbés Se religieux de
son ordre pour les aider dans leurs courses apostoliques.
Nos missioniiaires sortirent ensuite nu-pieds de Montpellier Si se rendirent
dans le Toulousain où ils parcoururent plusieurs villes S< châteaux ([ui
avoient embrassé l'erreur. Ils prêclièi»ent d'abord dans celui de Verfeil Se fer-
mèrent la bouche à deux fameux hérétiques avec lesquels ils eurent une dis-
pute réglée. Ils passèrent ensuite à Caraman, dans le Lauragais, où il v avoit
un grand nombre de sectaires. Ils y demeurèrent huit jours & disputèrent
' Archives de l'iibbnye de Grandselve. Podio Liiiremii, c. 8 & siiiv. — Trivet, Chroiii-
' Gallia Chriitiana, nov. cd. t. i , p. ')6.'>. con, — Voyez tome VU, Noîc XV, pp. .jj, ^^.
' Pierre de Vaux-Cernay, c. j. — Cuiltelmtis de
An 1206
246 HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XXI.
vivement contre deux chefs des hérétiques des plus accrédités ; l'un étoit
Guillaume, chanoine de Nevers, dont on a déjà parlé : ils les confondirent,
mais ils ne les convertirent pas, & il n'y eut que le peuple de Caraman qui,
fidèle à la grâce, renonça à l'erreur sans oser cependant chasser les deux
hérésiarques, parce que le seigneur du château les protégeoit. Ces habitans
firent toutefois beaucoup d'accueil aux missionnaires qu'ils reconduisirent
par honneur à leur départ une lieue loin.
De Caraman l'évêque d'Osma & ses trois associés allèrent k Béziers, où ils
demeurèrent pendant quinze jours. Ils confirmèrent dans la foi les catho-
liques qui se trouvoient dans cette ville & convainquirent d'erreur les sec-
taires. Ce prélat Se frère Raoul conseillèrent alors à frère Pierre de Castelnau
de se retirer, de crainte que les hérétiques, qui avoient conçu contre lui une
haine extrême, ne le fissent mourir. Frère Pierre retourna à Montpellier où
il fut un des arbitres de la paix qui fut conclue, au mois d'octobre de cette
année, entre les habitans de cette ville & le roi d'Aragon 5 ce qu'il faut
reprendre de plus haut.
XXIII. — Guerre entre le roi d'Aragon & les habitans de Montpellier.
Pierre, roi d'Aragon, étoit un prince magnifique qui aimoit extrêmement
l'éclat & à qui rien ne coùtoit. Pour subvenir' à ses grandes dépenses, il
mit des impôts extraordinaires sur ses sujets d'Aragon 8c de Catalogne, ik
emprunta des habitans de la ville & de la baronnie de Montpellier la somme
de cent soixante-quinze mille sols melgoriens pour laquelle il leur engagea
le château & les revenus de cette ville, le château de Lates & plusieurs autres
domaines des environs. Un historien^ du diocèse fait monter cet. emprunt
jusqu'à la somme de huit cent mille sols melgoriens. Si prétend que les
habitans la prêtèrent à ce prince à son retour de Rome pour se mettre en
état de soutenir la guerre en Provence en faveur du comte Alfonse, son frère,
contre le comte de Forcalquier; mais il se trompe^ pour la quantité de la
somme. Cet engagement & le peu d'égard, qu'on** assure, qu'eut le roi
d'Aragon pour les coutumes & les immunités de la ville de Montpellier, qu'il
avoit fait cependant serment d'observer, donnèrent occasion^ à plusieurs diffé-
rends qui s'élevèrent entre ce prince 81 les habitans, 81 à une sanglante
guerre qui en fut la suite; mais dont on ne marque pas les circonstances. Il
paroît seulement que le peuple de*^ Montpellier rasa le château seigneurial
de cette ville 81 combla les fossés qui l'environnoient. On ajoute ^ que le roi
fut contraint de sortir de la ville & de se réfugier au château de Lates; que
ceux de Montpellier l'y poursuivirent & qu'ils forcèrent ce château & le
■ Ziirita, Anales de la corona ie Aragon, 1. 2, "■ Tome VIII, Chartes, n. LXXXIV, ce. 534, 538.
C. 52. ^ Gesta comitum Barctnonensium, c. 24,
' Gariel, Séries praesulum Magalonensium,f. in'i * Voyez tome VIII, ut supra.
81 suiv. ^ Gàx\i\, Séries praesulum Magalonens'tum,f . i-jZ
' Gariel, ut supra, & suiv.
An I 20Û
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXI. 247
mirent au pillage, après avoir obligé ce prince à l'abandonner. Il est certain
du moins que, dans cette' occasion, les habitans de Montpellier ruinèrent ou
brûlèrent le château de Lates St qu'ils y tuèrent beaucoup de monde.
XXIV. — La paix est faite entre le roi d'Aragon 6" les habitans
de Montpellier.
Cette guerre intestine duroit^ déjà depuis quelque temps 8c causoit la
désolation de tout le pays, lorsque Guillaume d'Autignac, évêque de Mague-
lonne, s'entremit pour y rétablir la paix; & le roi d'Aragon St ses diocésains
voulurent bien s'en rapporter à sa décision. Ce prélat assembla à Villeneuve,
sur l'étang de Maguelonne, à deux lieues de Montpellier, l'archevêque d'Arles,
les évêaues de Nimes, de Béziers & de Lodève, frère Pierre de Castelnau, Éd. oiigin.
légat du Saint-Siège, les abbés de Saint-Guillem, de Valmagne & de Saint-
Frodille, plusieurs autres ecclésiastiques Si divers avocats; 6c là, de leur avis,
il régla, le 27 d'octobre de l'an 1206, les articles suivans, en présence du roi
d'Aragon Se du syndic de Montpellier qui les acceptèrent : 1° Ce prince Se la
reine Marie, sa temme, pardonnent aux habitans de cette ville toutes les
injures qu'ils en avoient reçues, Se promettent de les rétablir dans leur amitié.
2° L'engagement du château 8c des revenus de Montpellier 8c du château de
Lates, qui avoit été fait pour la somme de cent soixante 8c quinze mille sols
melgoriens subsistera jusqu'à ce qu'il soit acquitté. 3° Le roi promet de
restituer aux habitans de Montpellier tout ce qu'il leur avoit enlevé. 4° Les
prisonniers faits de part 8c d'autres seront rendus 8c en particulier ceux qui
ont été emmenés dans les terres de Rostaing de Sabran. 5° Le roi Se la reine
d'Aragon, pour donner des preuves de leur bonne foi, remettent à la garde
de l'évèque de Maguelonne les châteaux de Lates 8c d'Omelas, 8c les autres
domaines qui avoient été engagés, jusqu'après Uentier remboursement. 6° Les
habitans de Montpellier sont condamnés de payer au roi Se à la reine qua-
rante mille sols en dédommagement du château de Montpellier qu'ils avoient
détruit. 1° L'évèque de Maguelonne renvoie au pape la dispense que le roi
demandoit du serment qu'il avoit fait contre les exilés de Montpellier, parce
que, ajoute ce prélat, nous ne croyons pas pouvoir permettre avec sûreté de
contrevenir à un serment. 8° Enfin tous les évêques qui étoient présens décla-
rent excommuniés ceux qui enfreindront ces articles. L'accord fut passé en
présence des évêques de Vie Se d'Agde, des abbés de Psalmodi Se de Lodève, 8ec.
Le roi d'Aragon promit par serment, en même temps, par un acte particu-
lier, de ne pas entrer dans Montpellier, ni dans aucun autre des lieux (ju'il
avoit engagés à la communauté de cette ville, jusqu'à ce qu'il eût cntiè-
' Innocent III, 1. 16, Epist. ;3. — [Potthasf, analyser, fut compUtée, le 6 août 1207, par une
n. ^697.] nouvelle concession de Marie de Montpellier, qui
' Voyez tome V'III, Kt îupru. — Sur cette affaire, s'engagea à ne jamais reconstruire de forteress»
cf. Germain, Histoire de Montpellier, t. i, p. 40 dan» la rille. [A. M.]
& tulv. La charte d'accord, que dom Vaissete va
I
A„ ,^„(i ^8 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXI.
rement satisfait au prix de l'engagement. Le pape confirma ' ce traité,
le i3 d'avril suivant, & la paix tut ainsi rétablie, du moins pour quelque
temps, entre le roi d'Aragon & les habitans de Montpellier,
XXV. — Le roi d'Aragon cherche à répudier la reine Marie de Montpellier,
sa Jèmme.
Ces troubles* Se l'inconstance naturelle du roi d'Aragon le dégoûtèrent
extrêmement de la reine Marie, son épouse, qu'il chercha à répudier. Dans
l'espérance de réussir, il fit négocier son mariage avec Marie, héritière du
royaume de Jérusalem, & il y eut là-dessus des articles passés à Acre, le 21 de
septembre de l'an 1206. 11 s'adressa cependant au pape Innocent HP, qu'il se
flattoit de gagner. Il lui exposa qu'il avoit un grand scrupule d'avoir épousé
la reine sa femme, parce que le comte de Comminges, son premier mari,
vivoit encore Se que, de son côté, il avoit eu commerce avant son mariage
avec une proche parente de cette princesse. Sur cet exposé, il demanda des
commissaires pour examiner la vérité des faits : le pape nomma l'évêque de
Pampelune avec irère Pierre de Castelnau & frère Raoul, religieux de Font-
froide 8c légats du Saint-Siège , lesquels citèrent les parties devant eux.
Hugues de Torroja, parent du roi d'Aragon, comparut au nom de ce prince
St requit la cassation du mariage. La reine, de son côté, demanda un délai
pour se défendre, 6< l'affaire traîna en longueur.
XXVL — Paix entre les comtes de Foix £• d'Urgel.
An 1207
Le roi d'Aragon moyenna la paix, au mois de mars cle l'année suivante,
entre le comte de Foix 8c le comte d'Urgel, qui étoient depuis longtemps en
guerre : le comte de Foix 6< le vicomte de Castelbon, son allié, que le comte
d'Urgel ** avoit fait prisonniers, étant sortis de prison, ils convinrent, le 17 de
mars de l'an 1:07, des articles suivans par la médiation 8< en la présence^
de ce prince : 1° Raimond-Roger, par la grâce de Dieu comte de Foix,
Roger- Bernard, son fils, Se Ermengaud, /;rtr la grâce de Dieu comte d'Urgel,
se pardonnèrent mutuellement tout le mal qu'ils s'étoient fait & promirent,
par serment, d'être amis dans la suite &t de s'entr'aider envers tous 8c contre
tous. 2° Le comte d'Urgel, pour marque de son amitié, donna en fief au
comte de Foix 8c à son fils deux mille sols melgoriens de rente sur ses
domaines. Il promit en même temps ^ de donner en mariage à Arnaud,
vicomte de Castelbon, Elisabeth de Cardone, sa nièce, avec dix mille sols de
' G3ne\, Scries praesulum Ma^.'lonensium , -p, i-jy ^ Voyez plus haut , 1. XX, n. L\iv, pp. 19-,
& suiv. — [Potihast, n. 3084. ] lyS.
' Gcsta comitum Barcinonciisium, c, 24. — Voir ' Voyez to:neVIIÎ, Chartes, n. LXXXIV, ce. 5,13,
Zuntn, Anales, 1. 2. 540,
' Innocent III, 1. lo, Epllt. 221. — [Potthast, "Martène, Vctcrum SS. amplissinis colUctio, t. 1,
n. 2814; lettre du 17 juirt 1206. A'oyez aussi c. 1069 & suiv.
n. 2991 ; bulle du 28 janvier 1207. j
a
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXI. :!49 "7777^
Barcelone de dot, 8t tous ses domaines, s'il venoit à mourir sans enfans de
la comtesse Elvire, sa femme. Il promit de plus de payer quarante mille t.'iii.°p'.°J"6.
sols au vicomte, pour le dédommager de la prison qu'il lui avoit fait souffrir
& des maux qu'il lui avoit causés, & remit à son arbitrage & à celui de dix
autres de ses amis l'exécution de l'accord qu'il venoit de faire avec le comte
de Foix. Par un autre acte daté du même jour, Guillaume, vicomte de Car-
done, père d'Elisabeth, & le comte d'Urgel, son oncle, la donnèrent en
mariage au vicomte de Castelbon, qui lui assigna sur ses domaines de Cer-
dagne dix mille sols de douaire, dont le roi d'Aragon se rendit garant.
XXVII. — Le légat Pierre de Castelnau excommunie le comte de Toulouse.
Le légat Pierre de Castelnau, après avoir aidé à pacifier ce prince avec les
liabitans de Montpellier, fit un voyage du côté du Rhône', où il engagea la
plupart des seigneurs du pays qui se faisoient la guerre, à convenir de la
paix, dans le dessein de se servir ensuite de leur secours pour réduire les
liérétiques de la Province. Il se donna surtout de grands mouvemens auprès
de Raimond, comte de Toulouse, pour l'obliger à signer cette paix, à cesser
de favoriser les hérétiques & à réformer divers abus qu'il lui reprochoit;
mais ce prince refusa de l'écouter. Ce refus irrita le légat qui, se laissant
emporter par l'erreur d'un zèle sans bornes, excommunia Raimond, jeta l'in-
terJit sur toutes ses terres^, 8v écrivit au pape pour obtenir de lui la confir-
mation de sa sentence.
XXVIII. — Conjèrence de Montréal.
Tandis que Pierre de Castelnau metloit tout en œuvre pour arrêter le pro-
grès de l'erreur du côté du Rhône, l'évêque d'Osma & saint Dominique con-
tinuoient d'un autre côté leur mission. Après'' s'être séparés de ce légat à
Béziers, ils allèrent à Carcassonnc, où ils disputèrent contre les héréticjues
pendant huit jours. Ils parcoururent ensuite divers châteaux 5t s'anêtèrent
enfin à Montréal, dans le diocèse de Carcassonne, & non k Pvéalmont ou à
Montréjeau, comme quelques modernes^ l'interprètent mal à propos. Ils
curent dans ce château une célèbre conférence qui dura quinze jours, avec
divers chets des hérétiques, savoir : Arnaud Othonis, Guillabert de Castres,
Benoît de Termes 8i Pons Jnrdani. On convint de part Se d'autre de s'en
rapporter au jugement de Bernard de Villeneuve, de Bernard d'Arsens, che-
valiers, de Bernard de Got 8<. d'Arnaud de la Pvivière, bourgeois. La dispute
roula principalement sur la sainteté de l'Eglise, que les hérétiques préten-
doient être la Babylone de l'Apocalypse, & sur la messe qu'ils nioient avoir
été instituée par Jésus-Christ & ses apôtres. L'évêque d'Osma, pour confondre
' Pierre ic Vaiix-Cernay, c. 3. ' Pierre de Vaiix-Cerniiy, c. 3.
•Innocent III, 1. lo, Epi:t. 69. — [Potthnst, ' Langlois, Histoire des altigeois, 1. 2, p. 82,—
n. 3i 14.J Quéiif & Échiird, SS. or.!. PracJ. t. 1, p. 7.
""[ 200 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXL
An 1207
les héréticjues produisit les autorités du Nouveau Testament qui prouvoient
la foi catholique. On rédigea par écrit tout ce qui avoit été dit de part &
d'autre, & on le remit entre les mains des quatre séculiers qu'on avoit pris
pour juges. Un ancien' auteur gémit à cette occasion, avec fondement, de
l'état déplorable où étoit alors la religion dans la Province, £<. de ce qu'on
étoit obligé de s'en rapporter au jugement des laïques sur les matières de la
foi, & surtout des laïques qui, selon un historien^ du temps, étoient favo-
rables à l'erreur. Aussi ces prétendus juges, ayant refusé de prononcer, sous
prétexte qu'ils avoient à délibérer là-dessus, se saisirent de tous les mémoires
8c les livrèrent, à ce qu'on prétend, aux liérétiques. On se sépara donc sans
avoir rien déterminé : on assure cependant que, sur les raisons qui furent
proposées par les catholiques, cent cinquante hérétiques de Montréal se con-
vertirent & abjurèrent l'hérésic} &. on ajoute^ cfue, durant la conférence, saint
Dominique ayant mis par écrit les autorités dont il se servoit pour réfuter
l'erreur £<. les ayant données à un hérétique pour les examinera y répondre,
ce dernier les jeta par trois fois au feu, en présence de ceux de sa secte, sans
que le papier fût brûlé, mais aussi sans que le miracle fût capable de le con-
vertir.
XXIX. — Dou-^e abbés de Citeaux se joignent aux missionnaires.
Conférence de Pamlers,
Pierre de Castelnau vint rejoindre à Montréal les autres missionnaires, ses
collègues, durant cette conférence qui fut tenue"* vers le mois de juin de
l'an 1207. Il se sépara d'eux de nouveau bientôt après 8c retourna en Pro-
vence, où les affaires de la légation l'appeloient. Il étoit à Alanan, dans le
Vivarais, le deuxième du mois d'août suivant, 8t il y fut présent^ avec Ber-
trand, évêque du Puy, à l'hommage que Pons de Montlaur fit alors à Burnon,
évêque de Viviers, pour le château de Mazrel. Arnaud, abbé de Cîteaux,
Éd.oiiHin. suivi'^de douze abbés Si d'une vingtaine de religieux de son ordre, arriva
t. m, p. 147. , t> ....
aussi à Montréal durant la conférence. Ces nouveaux missionnaires, remplis
de zèle &<. de lumière, partirent de l'abbaye de Cîteaux'^, le !"■ de mars ou,
selon d'autres^, au mois de mai de l'an 1207. Ils s'embarquèrent sur la Saône
8c le Pdiône Se arrivèrent enfin dans le haut Languedoc. Entre eux étoit
Gui, abbé de Vaux-Cernay, au diocèse de Paris, qui amena avec lui Pierre,
son neveu, religieux de son monastère, lequel nous a laissé l'histoire de ce
qui se passa alors dans le pays 8c durant les années suivantes. Après leur
jonction avec l'évêque d'Osma Se ses collègues, ils délibérèrent ensemble sur
' Guillelmus de Podio Laiirentii, c. p. * Pierre de Vniix-Cernay, c. 5. — Martriqiie,
' Pierre de Vaux-Cernay, c. 3. ad ann. 1207, c. 1.
' Ibid. c. 7. — Trivet, Chronicon. ' Robertiis Altissiodorensis, C/tronicon, ad ann.
* Guillelmus de Podio Laurentii, c. 9. — Voyez i 207.
tome VII, Note XV, pp. 44, 45. * Guillaume de Nangis, Chronicon, ad ann. 1207.
' Golumbi, De episcopis Vivariemihus, p. 2îo.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXI. 25
201
An 1207
les moyens d'avancer leur mission; ils convinrent de se partager par bandes
de deux ou de trois & de parcourir ainsi tous les divers quartiers de la Pro-
vince que l'hérésie avoit infectés. Ils se dispersèrent donc & marchèrent tou-
jours à pied, en mendiant leur pain, à l'exemple de l'évêque d'Osma 8c de
ses associés.
Ce prélat', résolu de consacrer le reste de ses jours à cette mission, se dis-
posa bientôt après à retourner en Espagne pour y mettre ordre aux affaires
de son diocèse Se établir un fonds pour fournir à la subsistance des mission-
naires. Il partit, suivi de Raoul, légat du Saint-Siège, Se, à ce qu'il paroît,
de saint Dominique, 8c passa par Pamiers. Foulques, évêque de Toulouse,
Navarre, évêque de Conserans, &c plusieurs abbés vinrent le joindre dans
cette ville qui étoit pleine d'hérétiques 8c de vaudois. Les missionnaires,
après leur arrivée, offrirent d'entrer en conférence avec les sectaires qui accep-
tèrent le défi. Elle se tint dans le palais que Raimond-Roger, comte de Foix,
avoit dans la ville, 8c il y assista avec la comtesse, sa femme, 8c ses deux sœurs,
dont l'une avoit embrassé la secte des vaudois de même que sa femme, 8c
l'autre celle des hérétiques. Nous avons parlé ailleurs de cette dernière,
nommée Esclarmonde; on ne marque pas le nom de la première. L'une des
deux sœurs de Raimond-Roger (c'étoit sans doute Esclarmonde) voulut se
mêler dans la dispute, 8c parla en faveur des hérétiques; mais frère Etienne
de la Miséricorde, l'un des missionnaires, lui imposa silence 8c l'envoya filer
sa quenouille. Le comte de Foix, qu'on représente^ comme un ennemi déclaré
de Jésus-Christ 8c un des plus cruels persécuteurs de l'Eglise, traita alterna-
tivement dans son palais les missionnaires 8c les vaudois, tout le temps que
dura la conférence ; elle roula principalement sur les erreurs de ces derniers.
Maître Arnaud de Campranhan, alors clerc séculier, 8c l'un des plus qualifiés
de Pamiers, fut choisi pour arbitre, 8c, quoiqu'il fût entièrement favorable
aux sectaires, il les condamna cependant, renonça à l'erreur entre les mains
de l'évêque d'Osma, Se fut depuis un des plus zélés défenseurs de la foi
catholique; la plus grande partie des habitans, 8c surtout les pauvres, se
convertirent aussi.
XXX. — L'institut de la Société des pauvres catholiques s'établit dans
la Province,
Entre ceux qui demandèrent à faire abjuration fut un nommé Durand de
Huesca, qui obtint la permission de se retirer en Catalogne avec ses associés,
où ils embrassèrent la vie religieuse 8c fondèrent un institut' particulier sous
le titre de Société des pauvres catholiques. Durand, qui en fut le fondateuf,
' Pierre de Vaux-Cernay, c. 6. — GiilUelmus de n"« jjyi à3,Ô73.];l. i 2, £/)/Jt. 17, 66, 68 & suivi
Po.iio Laurcntii, c. 8. [Potthast, n"' 8766 à 3769.]; 1. i3, Epist. 63, 77,
■ Pierre de Vaux-Cern.iy, c. 6. 78 [Potthast, n"' 3998, 3999 & 4003.]; 1. i5,
' Giiillelmus de Podio Laiirentii, c. 8. — Inno- Epist. 82, 91, 92, 96 [Potthast, n"* 460.^, 45o6j
cent III, 1. Il, Epist. 196, 197, 199 [Potthast, 4508,4510.]
~~. 202 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXI,
An 1207
se présenta à [iinocent IH l'année suivante avec quelques-uns de ses compa-
gnons, dont les principaux étoient Guillaume de Saint-Antonin , Jean de
Narbonne, Ermengaud Si Bernard de Béziers, 8c, après qu'il eut fait une
profession de foi catholique, le pape approuva leur règle le 18 de décembre
de la même année. Ce nouvel ordre s'étendit bientôt en diverses provinces,
surtout en I^anguedoc, où Durand avoit déjà fondé plusieurs couvens en i 209,
dans les diocèses de Narbonne, Béziers, Uzès, Nimes &; Carcassonne. Ils
vivoient d'aumônes, s'appliquoient à l'étude Se à convertir les hérétiques,
tenoient des écoles, jeûnoient tous les ans deux carêmes, suivant l'usage de
l'Eglise, & portoient un habit modeste blanc ou gris, avec des souliers ouverts
par dessus, mais distingués de ceux dont se servoient les vaudois ou pauvres
de Lyon, qu'on appeloit pour cela insahate-^. Durand composa ([uelques
traités contre les hérétiques; mais il se rendit suspect à plusieurs évêques de
la Province, qui se plaignirent au pape de sa conduite & de celle de ses
disciples 8t les accusèrent de favoriser les vaudois. Le pape écrivit en consé-
quence aux uns Se aux autres le 5 de juillet de l'an 1209. Il avertit Durand
t.'in°p.'*i"i's & ses compagnons de se corriger de tout ce qui avoit donné lieu aux plaintes
des évêques de la province de Narbonne, Se exhorta ceux-ci à le tolérer pour
un temps, à l'instruireSe à chercher plutôt à l'attirer qu'à l'éloigner. Il paroît,
par ce que nous venons de rapporter, qu'Innocent-accorda sa protection à ces
nouveaux convertis, en faveur desquels il écrivit encore aux mêmes prélats,
qui formèrent contre eux de nouvelles plaintes les années suivantes. Nous ne
trouvons plus aucune trace de cet institut dans le pays, Se il y a lieu de
croire qu'il n'y subsista pas longtemps. En eftet, un ancien' historien assure
qu'il tomba entièrement peu à peu.
XXXL — Mort de l'évèque d'Osma i- de frère Raoul. — Saint Dominique
fonde le monastère de Prouille.
Après la conférence de Pamiers, l'évèque d'Osma prit congé des mission-
naires, continua son voyage Se mourut dans son diocèse au commencement'
* de l'année suivante; il étoit alors sur le point de retourner dans la Province
pour y employer le reste de ses jours à la conversion des hérétiques. Frère
Raoul, légat du Saint-Siège, s'en alla de son côté vers le Rhône, dans le
dessein de joindre en Provence Pierre de Castelnau, son collègue; mais il
mourut bientôt après dans l'abbaye de Franquevaux, au diocèse de Nimes.
Enfin Arnaud, abbé de Cîteaux, se retira aussi pour aller ailleurs, où des
affaires importantes l'appeloient; ainsi Gui, abbé de Vaux-Cernay,fut reconnu
pour chef Se maître de tous les missionnaires du haut Languedoc. Gui exeri^a
' Cu'illelmus de Podlo Lniifeatil, c. 8. donne comme date de cette mo:t l'è:e li-tô, c'est-
' Pierre de Vaux Cernay, c. 6. — Cf. totr.c VU, à-dire l'an 1207 (n. st.). Quoi qu'en dise dom
Note XV, pp. 45, 46. — La mort de Diego paraît Vaissete (tome \'n, ut supra), il n'y n pas de rai-
étre un peu antérieure; en effet, son épitaphe pu- son pour soupçonner l'autlicntlcLté de ce petit
bliée par les BoUandistes, août, t. 1 , p. jpO b, monument. [A. M.]
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XXI. 253
principalement son zèle dans le diocèse de Carcassonne, où il confondit plu-
sieurs t'ois Bernard de Simorre, l'un des principaux des hérétiques, avec lequel
il entra en dispute. Mais enfin la plupart des abbés & des religieux de son
ordre, rebutés par le peu de fruit qu'ils taisoient, abandonnèrent la mission
après V avoir employé trois mois, &c s'en retournèrent en France dans leurs
monastères, de sorte que saint Dominique resta presque seul.
Ce zélé missionnaire ayant associé quelques compagnons qui voulurent
bien prendre part à ses travaux, établit sa demeure ' aux environs du châ-
teau de Fanjaux, dans le diocèse de Toulouse, sur les confins du Lauragais
6c du Pv.azè5. Il y travailla à la conversion des hérétiques sous l'autorité d'Ar-
naud, abbé de Citeaux, légat du Saint-Siège, 8< ses soins furent si heureux
qu'il en ramena plusieurs à la foi catholique, entre autres un nommé Pons-
Roger, auquel il imposa une pénitence proportionnée à ses fautes, comme il
paroît par les lettres suivantes qu'il fit expédier en sa faveur. « Frère Domi-
« nique ^, chanoine d'Osma, le dernier des prédicateurs, à tous les fidèles
« qui verront ces lettres, salut en Jésus-Christ. Nous avons réconcilié à
K l'Église par l'autorité du seigneur abbé de Citeaux, légat du Saint-Siège
i< apostolique, qui nous a commis ce soin, Pierre-Roger, porteur des pré-
" sentes, lequel s'est converti : nous le condamnons, en vertu du serment
<c qu'il nous a prêté, à être conduit, les épaules nues, pendant trois dimanches
Il Se fêtes, par un prêtre ([ui lui donnera la discipline, depuis l'entrée du
(I village de Tresville (en Lauragais) jusqu'à l'église. 11 portera l'habit reli-
« gieux, 8c pour la forme Se pour la couleur, sur lequel il y aura deux petites
« croix cousues des deux côtés de la poitrine. Nous lui ordonnons de plus de
« s'abstenir toute sa vie de chair, d'oeufs Se de fromage, excepté les jours de
<' Pâques, de la Pentecôte 8c de la Nativité, auxquels nous lui commandons
« d'en user pour preuve qu'il a renoncé à ses erreurs. Il fera trois carêmes
« pendant l'année, entendra tous les jours la messe, gardera une chasteté
i> perpétuelle, Sec, 8c demeurera toute sa vie à Tresville, dont le chapelain
c (ou curé) veillera à sa conduite jusqu'à ce que l'abbé de Citeaux en ordonne
(' autrement. »
Plusieurs pauvres gentilshommes du pays n'étant pas en état de faire élever
leurs filles, en confioient l'éducation à des femmes hérétiques^ qui s'en char-
geoient volontiers pour étendre leur secte. Saint Dominique, voulant remé-
dier à un si grand mal, se chargea lui-même de pourvoir à l'instruction de
ces filles. Il en rassembla un certain nombre, les joignit à quelques autres
qu'il avoit converties à la toi catholique. Se leur fit embrasser la profession
religieuse avec la clôture perpétuelle, Sec. Elles n'avoient pas encore de
demeure fixe au mois d'août de l'an 1207, lorsqu'un nommé'* Sanche Gascus
8c sa femme donnèrent « à la sainte prédication, au seigneur Dominique
' Trivet. Chron'icon, p. 5^5. Gui, .ipiid Martène, Vvtcrutn SS. ampli:siv:a colhc~
'Mnrténe, Thcsaurus, t. i, c. 802. — Manri- tio, t. .'>, c. 4^3 & siiiv.
que, nd ann. 1207,0. i,& 1210,0.4. ' Voyez tome VIII, Chartes, n. LXXXVI, ç, fi.îa j
' Trivei, Ckronicon, ai ann. i^^V — Çernard & tome ^'11, T^ote XV, pp. 44, ^.'t,
An 1207
■~ 254 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXI,
An 1207 T
« d'Osma & aux frères & sœurs qui sont Se seront à l'avenir une maison au
t.'ui°p?i'49. " château de Vilar dans le Razès. » Le saint missionnaire les établit bientôt
après, partie à Fanjaux, partie auprès de l'église de Prouille, située à un
quart de lieue de ce château, comme il paroît par un acte', suivant lequel
Bérenger, archevêque de Narbonne, « donna, le 17 d'avril de l'an 1207
« (1208), à la prieure &. aux religieuses qui s'étoient nouvellement converties
« par les exhortations &. les exemples de frère Dominique d'Osma & de ses
« associés, Se qui habitoient au château de Fanjaux 5c dans l'église de Notre-
« Dame de Prouille, l'église de Saint-Martin de Limoux, située dans son
« diocèse 8c dans le Razès. » Frère Guillaume Clareti, compagnon de saint
Dominique, prit possession réelle de cette église^, le 17 de mars de l'année
suivante, au nom de la prieure 8c des religieuses, en présence de Bernard-
Raimundi, élu évêque de Carcassonne. Enfin les religieuses converties par
saint Dominique se fixèrent entièrement en 12 11, à Prouille, après que
Foulques, évêque de Toulouse, leur eut donné cette année l'église de ce
lieuj ce prélat leur donna aussi alors l'église de Bram, dans le Lauragais.
Elles reçurent cette ^ année 8c la suivante diverses autres donations qui furent
faites K à Sainte-Marie de Prouille, au seigneur Dominique, chanoine d'Osma,
c( Se à tous les frères Se sœurs présens Se à venir qui servent Dieu dans le
« monastère de Prouille, )> lequel est qualifié abbaye dans quelques-uns de
ces actes. Saint Dominique donna d'abord aux religieuses qui habitèrent
ce nouveau monastère, la règle qu'on pratiquoit dans ceux des chanoinesses
de Saint-Augustin. Entre ses bienfaiteurs furent Udalger"* de Fenouillet,
Raynon, son frère. Se plusieurs chevaliers françois qui, après la croisade de
l'ail 1209, s'établirent dans le pa}s. Au reste, on voit par ces donations que
le monastère de Prouille fut double dès sa fondation, comme il l'est encore
aujourd'hui. Saint Dominique, qui en fut le premier prieur pour les hommes,
y pratiqua pendant plusieurs années la règle de Saint-Augustin avec ses asso-
ciés, jusqu'à la fondation de son ordre, dont les religieuses de Prouille embras-
sèrent l'institut. Telle est l'origine de ce célèbre monastère qui conserve
encore beaucoup de restes de son ancienne splendeur. Il est situé dans le
diocèse de Saint-Papoul, portion de l'ancien Toulousain, sur les limites de:;
diocèses de Narbonne Se de Mirepoix^.
XXXII. — L'archevêque de Narbonne se réconcilie avec le pape.
Béienger, archevêque de Narbonne lorsqu'il fit donation de l'église de
Saint-Martin de Limoux en faveur de saint Dominique, s'étoit réconcilié
' Martène, Fetcrum SS. amplissima collcctio,l. 5, ' On pourra compléter ce que dom Vaissete dit
c. 439. ici du prieuré de ProuiUe, au moyen de la notice
^ Bernard Gui, ut supra. que nous avons consacrée à cet établissement re-
' Tome VIII, Chartes, n. LXXXVI,c. 553 &suiv. ligieux au tome IV de cette édition, pp. Sà^ 7.
•^ Quétif & Échard, SS. ord. Pracd. t. I, p. 10. R60. fA. M.]
— Voyez tome VIII, ut supra.
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XXI. 255 "
An izoy
avec le pape depuis un voyage qu'il avoit fait à Rome, vers le commencement
de l'an 1207. Nous apprenons les circonstances de cette réconciliation d'une
lettre' qu'Innocent IH écrivit, le 29 de mai de cette année, à l'évêque de
Conserans &■ à l'abbé de Cïteaux, légats du siège apostolique. Il leur marque
« que, suivant l'enquête qu'il avoit fait faire par les légats qu'il avoit envoyés
« dans la province de Narbonne sur les chefs d'accusation formés contre l'ar-
« chevêque de cette ville, il avoit trouvé que ce prélat étoit coupable d'avarice
« Si de négligence; qu'il avoit d'abord voulu se justifier, mais qu'il avoit eniîn
« demandé miséricorde & promis de se corriger; qu'ainsi, ayant égard aux
« fatigues du voyage qu'il avoit essuyées, à son grand âge, à ses infirmités,
n mais surtout à la démission qu'il avoit faite de l'abbaye de Montaragon,
(1 qui lui tenoit plus au cœur que l'archevêché de Narbonne, il lui avoit
« accordé un plus long délai pour taire pénitence du passé, avec menace
« cependant de le déposer s'il ne s'amendoit, avec défense de ne faire plus
« à l'avenir aucun commerce sordide d'argent & avec ordre de visiter sa pro-
« vince, d'y tenir des conciles, de combattre les hérétiques, &c. » 11 ajoute
« qu'ayant appris que Bérenger, loin de se corriger, avoit commis des crimes
« encore plus grands que les précédens, ils eussent à s'en informer. Si sup-
« posé la vérité des faits, à lui interdire l'administration de son église. Si à
« faire élire un autre archevêque en sa place; « mais ce prélat trouva bientôt
raoven d'apaiser le pape, ([ui le laissa en paix du moins pour quelque
temps.
XXXIII. — Le pape écrit au comte de Toulouse,
Innocent III écrivit^, le même jour, une lettre très-vive & très-menaijauie
à Raimond VI, comte de Toulouse, sur le refus qu'il avoit fait de conclure
la paix avec ses vassaux de Provence, suivant les ordres que le légat Pierre de
Castelnau lui en avoit donnés : refus qui avoit engagé ce dernier à l'excom- itdongin.
. , " ° '■ "I,p. i5o.
munier. Voici les principaux articles de cette lettre traduits littéralement.
« A noble homme Raimond, comte de Toulouse : l'esprit d'un conseil plus
« sage. Si nous pouvions ouvrir votre cœur, nous y trouverions & nous vous
M y ferions voir les abominations détestables que vous avez commises; mais
" parce qu'il paroît plus dur que la pierre, on pourra, à la vérité, le frapper
" par les paroles du salut; mais difficilement y pourra-t-on pénétrer. Ah ! quel
« orgueil s'est emparé de votre cœur 8<. quelle est votre folie, homme perni-
« cieux [pestilens), de ne vouloir pas conserver la paix avec vos voisins & de
" vous écarter des lois divines, pour vous joindre aux ennemis de la foi?
<i Comptez-vous pour peu de chose d'être à charge aux hommes; voulez-
' Innocent III, 1. lo, Eplst. 6S. — [Potthast, bonne pour leur ordonner de faire publier dans
n. 3ii3.] leurs provinces Us sentences d'excommunication
' Innocent III, 1. lo, Epist. 6i). — [Potthast, & d'interdit dont le comte venait d'être frappé
n. 3i 14.] Le même jour le pape écrivit aux arcbe- (ri. 3ii5). [A. M.]
vëques de Vienne, d'Embrun, d'Arles & de Nar-
An
1207
256
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXL
vous l'être encore à Dieu, S< n'avez-vous pas sujet de craindre les chàti-
mens temporels pour tant de crimes, si vous n'appréhendez pas les flammes
éternelles? Prenez garde, méchant homme, 8c craignez que par les hosti-
lités c|ue vous exercez contre votre prochain, & par l'injure que vous faites
à Dieu en favorisant l'hérésie, vous ne vous attiriez une double vengeance
pour votre double prévarication. Sic. Vous feriez quelque attention à nos
remontrances, & la crainte de ia peine vous empêcheroit du moins de pour-
suivre vos abominables desseins, si votre cœur insensé n'étoit entièrement
endurci, & si Dieu, dont vous n'avez aucune connoissance, ne vous avoit
abandonné à un sens réprouvé. Considérez, insensé que vous êtes, consi-
dérez que Dieu, qui est le maître de la vie & de la mort, peut vous faire
mourir subitement, pour livrer dans sa colère à des tourmens éternels,
celui que sa patience n'a pu porter encore à faire pénitence. Mais quand
même vos jours seroient prolongés, songez de combien de sortes de mala-
dies vous pouvez être attaqué, 8cc. Mais qui êtes-vous pour refuser tout
seul de signer la paix, afin de profiter des divisions de la guerre, comme
les corbeaux qui se nourrissent de charognes; tandis que le roi d'Aragon
8c les grands seigneurs du pays font serment d'observer la paix entre eux,
à la demande des légats du siège apostolique. Ne rougissez-vous pas
d'avoir violé les sermens que vous avez faits de proscrire les hérétiques de
vos domaines? Lorsque vous étiez à la tête de vos Aragonois 8\ que vous
commettiez des hostilités dans toute la province d'Arles, l'évêque d'Orange
vous ayant prié d'épargner les monastères 8c de vous abstenir, du moins
clans le saint temps 8c les jours de fêtes, de ravager le pays, vous avez pris
sa main droite 8c vous avez juré par elle que vous n'auriez aucun égard
ni pour le saint temps, ni pour les dimanches, 8c que vous ne cesseriez de
causer du dommage aux lieux pieux 8c aux personnes ecclésiastiques : le
serment que vous avez fait en cette occasion, qu'on doit appeler plutôt un
parjure, vous l'avez observé plus exactement que ceux que vous avez faits
pour une fin honnête 8c légitime. Impie, cruel 8c barbare tyran, n'êtes-
vQus pas couvert de confusion de favoriser l'hérésie Se d'avoir répondu à
celui qui vous reprochoit d'accorder votre protection aux hérétiques, que
vous trouveriez un évêque parmi eux, qui prouveroit que sa croyance est
meilleure que celle des catholiques? De plus, ne vous êtes-vous pas rendu
coupable de perfidie, lorsqu'ayant assiégé un certain château vous avez
rejeté ignominieusement la demande des religieux de Candeil qui vous
prioient d'épargner leurs vignes que vous avez fait ravager, tandis que
vous avez fait conserver soigneusement celles des hérétiques? Nous savons
que vous avez commis plusieurs autres excès contre Dieu; mais nous vous
portons principalement compassion (si vous en ressentez de la douleur) de
vous être rendu extrêmement suspect d'hérésie, par la protection c|ue vous
donnez aux hérétiques. Nous vous demandons quelle est votre extrava-
gance de prêter l'oreille à des fables 8c de favoriser ceux qui les aiment?
Etes-vous plus sage que tous ceux qui suivent l'unité ecclésiastique? Seroit-il
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXI. jSy — ;;;
' An 1207
possible que tous ceux qui ont gardé la foi catholique fussent damnés, 5<
que les sectateurs de la vanité 8<. du mensonge fussent sauvés, Sec? C'est
donc avec raison que nos légats vous ont excommunié & qu'ils ont jeté
l'interdit sur tous vos domaines; tant pour ces raisons que parce que vous
avez ravagé le pays avec un corps d'Aragonois; que vous avez profané les t.^ui°n'fl"i.
jours de carême, les fêtes & les quatre-temps, qui dévoient être des jours
de sûreté 8t de paix; que vous refusez de faire justice à vos ennemis qui
vous offroient la paix 8< qui avoient juré de l'observer; que vous donnez les
charges publiques à des juifs, à la honte de la religion chrétienne; que
vous avez envahi les domaines du monastère de Saint-Guillem 8c des autres
églises; que vous avez converti diverses églises en forteresses, dont vous
vous servez pour faire la guerre; que vous avez augmenté nouvellement les
péages; & qu'enfin vous avez chassé l'évêque de Carpentras de son siège :
nous confirmons leur sentence 8c nous ordonnons qu'elle soit inviolable-
ment observée jusqu'à ce que vous ayez fait une satisfaction convenable.
Cependant, quoique vous ayez péché grièvement, tant contre Dieu &
contre l'Eglise en général, que contre vous-même en particulier; suivant
l'obligation où nous sommes de redresser ceux qui s'égarent, nous vous
avertissons 81 nous vous commandons, par le souvenir du jugement de
Dieu, de faire une prompte pénitence proportionnée à vos fautes, afin que
vous méritiez d'obtenir le bienfait de l'absolution. Sinon, comme nous ne
pouvons laisser impunie une si grande injure taite à l'Eglise universelle 8c
même à Dieu, sachez que nous vous ferons ôter les domaines que vous
tenez de l'Église romaine; 8c si cette punition ne vous fait pas rentrer en
vous-même, nous enjoindrons à tous les princes voisins de s'élever contre
vous comme contre un ennemi de Jésus-Christ Se un persécutevir de l'Église,
avec permission à chacun de retenir toutes les terres dont il pourra s'em-
parer sur vous, afin que le pays ne soit plus infecté d'hérésie sous votre
domination. La fureur du Seigneur ne s'arrêtera pas encore : sa main
s'étendra sur vous pour vous écraser; elle vous fera sentir qu'il vous sera
difficile de vous soustraire à sa colère que vous avez provoquée. Donné à
« Saint-Pierre de Rome, le 29 de mai de la dixième année de notre ponti-
« ficat. »
Telle est cette lettre fulminante du pape Innocent III à Raimond VI, comte
de Toulouse, dont le principal motif est le refus que ce prince avoit fait de
conclure la paix avec ses vassaux du marquisat de Provence, avec lesquels il
ctoit en guerre, afin de joindre ensuite ses armes aux leurs pour exterminer
les hérétiques. Elle nous apprend quelques circonstances de cette guerre que
nous ignorons d'ailleurs. Quant aux domaines de Raimond, qu'Innocent
menace de confisquer sur lui, c'est apparemment le comté de Melgueil pos-
sédé par ce prince dont il veut parler; car le pape s'en prétendoit suzerain.
Enfin, cette lettre nous apprend que Raimond étoit en armes du côté du
Rhône pendant le carême de l'an 1207.
VI. 17
4 258 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXI.
An 1207
XXXIV. — Indie, sœur naturelle du comte de Toulouse, épouse en secondes
noces le seigneur de l'Isle-Jourdain.
Avant cette expédition, ce prince, étant aux environs de Toulouse au com-
mencement de février' de la même année, maria Indie, sa sœur naturelle,
veuve de Guillabert de Lautrec, avec Bernard-Jourdain, seigneur de l'Isle-
Jourdain. Indie se constitua en dot cinq mille sols toulousains de monnoie
septène, dont les vingt-six valoient un marc d'argent. Bernard-Jourdain, son
mari, lui assigna de son côté pour douaire une pareille somme. Bernard,
comte de Comrainges, Raimond de Rabastens, le même sans doute qui avoit
été déposé de l'évêché de Toulouse, & plusieurs seigneurs du pays furent
présens à ces actes. Il y a lieu de croire que Raimond, en partant peu de
temps après pour la Provence, laissa à Toulouse le comte de Comminges, son
cousin, 8c le seigneur de l'Isle-Jourdain pour y prendre soin de ses intérêts.
Ils furent témoins^, en eftet, avec divers autres seigneurs, au mois d'août
suivant, pendant l'absence de Raimond, de l'accord qui fut passé alors à
Toulouse, entre les consuls de cette ville & ceux de Cahors, au sujet des
marques ou représailles dont ils avoient usé de part Se d'autre 3.
XXXV. — Le comte de Toulouse se rend aux volontés du légat.
La lettre du pape au comte de Toulouse eut son effet : ce prince'*, soit
par la peine qu'il eut de se voir excommunié, soit par les menées secrètes de
Pierre de Castelnau qui, afin de l'obliger à signer la ^^B-'m^ suscita sous main
contre lui, sous prétexte de piété, tous les seigneurs de Provence qui lui
firent la guerre, se rendit enfin aux volontés de ce légat. Raimond, après
avoir conclu la paix avec tous ces seigneurs fut, à ce qu'il paroît, absous de
l'excommunication. Il étoit encore aux environs du Rbône le i" d'août de
t.^ni°p."ï'^-. l'an 1207, ce prince accorda^ alors dans l'abbaye de Saint-André, vis-à-vis
d'Avignon, un diplôme en faveur de ce monastère pour lui faire restituer
divers domaines usurpés. Il se rendit bientôt après dans son château de Mel-
■ Voyez tome VIII, Chartes, n. LXXVIII, ce. 498, appartenait alors & appartint jusqu'à la croisade
499. à un grand nombre de petits seigneurs qu'on peut
' Hôtel de ville de Cahors. croire issus de la même famille. Voulant agrandir
' A cette année 1207 appartient une pièce fort leur ville & y attirer les étrangers, ils y fondè-
intéressante, publiée par dom Vaissete dans ses rent un asile, une bastide comme on dit plus
preuves, mais qu'il n'analyse pas : ce sont les cou- tard, accordant certains privilèges à tous ceux
tûmes de Mirepoix, du 19 mai 1207. On en trou- qui viendraient s'y réfugier. Le servage fut aboli,
vera le texte au tome VIII, ce. 541 à 552. Nous ou du moins pour le conserver il fallut le con-
l'avons revu sur un cartulaire de Mirepoix du sentement du serf (e. 548); le droit de mainmorte
quatorzième siècle, aujourd'hui aux archives du fut supprimé (c. 549); les habitants eurent droit
château de Léran, parmi les titres de la maison de d'usage & de pâture dans les bois des seigneurs.
Lévis. Nous y avons joint une sorte de mémoire, en L'acte fut approuvé par le comte de Fc'.x,suze-
langue vulgaire, résumant l'acte, qui paraît dater rain des seigneurs de Mirepoix. [A. M.]
du quatorzième siècle, & fournit plusieurs ren- ^ Pierre de Vaux-Cernay, c. 3.
feignements intéressants. Le château de Mirepoix '■" Gallia Christiana, nov. éd. t. i , p. 873.
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XXI. 230 "~;
-' An 1207
gueil, 8c il y fut présent', le 4 de ce mois, lorsque Marie, reine d'Aragon,
fille de feu Guillaume, seigneur de Montpellier, 6- de l'impératrice Eudoxe,
permit aux habitans de cette ville d'en détruire entièrement la tour ou le
château 8<. d'en raser les fortifications, avec promesse que jamais aucun sei-
gneur de Montpellier ne pourroit la fortifier ou y élever quelque forteresse.
XXXVI. — Marie, reine d'Aragon, accouche à Montpellier de Jacques,
son fils.
Marie s'étoit alors réconciliée avec le roi d'Aragon, son mari, & c'est de
cette réconciliation que vint^ Jacques I, roi d'Aragon, leur fils. Divers auteurs
espagnols traitent de miraculeuse la naissance ou plutôt la conception de
Jacques, 81 ils rapportent là-dessus plusieurs circonstances singulières; mais
elles paroissent tout à fait fabuleuses : ce prince n'en fait du moins aucune
mention dans les mémoires qu'il nous a laissés de sa vie en langue provençale,
où il raconte lui-même, dans un chapitre entier^, comment il étoit venu au
monde.
Il Nous rapporterons maintenant, dit le roi Jacques, la manière dont nous
« avons été conçu 8t les circonstances de notre naissance. Premièrement nous
« avons été conçu de la manière suivante : Le roi Pierre, mon père, ne vou-
« lant pas voir la reine, ma mère, il arriva un jour que ce prince étant à
« Lates, tandis que ma mère étoit à Miraval, un seigneur, nommé Guillaume
I. de Alcala l'alla trouver S<. le pria avec tant d'instances qu'il lui persuada
« enfin d'aller voir la reine à Miraval, où il passa la nuit avec elle, &c Dieu
« voulut que je fus conçu alors. Quand la reine ma mère se sentit grosse
(I elle se rendit à Montpellier, où je naquis dans la maison de ceux de Tor-
" namire, la veille de la Chandeleur. Aussitôt que je fus né, ma mère m'en-
i( vo)a offrir à Dieu dans l'église de Notre-Dame, 8<. j'y entrai dans le temps
« qu'on chantoit le Te Deum de matines. On m'apporta de là dans la cha-
« pelle de Saint-Firmin, 81 j'y arrivai lorsqu'on chantoit le Benedictus. Ma
« mère prit ces rencontres pour des heureux pronostics qui lui firent beau-
« coup de plaisir. Elle fit faire douze cierges d'un égal poids 8c d'une égale
« grosseur, fit mettre à chacun le nom des douze apôtres, les fit allumer en
u même temps Se promit à Dieu de me donner au baptême le nom de l'apôtre
« dont le cierge brùleroit plus longtemps. Il restoit encore trois travers de
" doigt à celui de saint Jacques, tandis que tous les autres étoient déjà con-
« sûmes, 8c cela fit qu'on me donna le nom de ce saint apôtre. » Il est cer-
tain'* que Jacques I, roi d'Aragon, naquit à Montpellier le i" de février de
l'an 1108, suivant notre manière de commencer l'année, d'où il est aisé de
conclure que le roi Pierre, son père, se réconcilia avec la reine Marie vers le
mois de mai de l'an 1:07, 8c qu'ils étoient alors l'un 8c l'autre aux environs
■ Gnriel, Idée de Montpellier, p. 206, & Séries ^ Chronicx o comment, del rey Jacme, c. 4. ^
pritesulum Magalonensium, p. i-ji 8c seq. [Nouvelle édition de Barcelone, c. S, p. la&siiiv.]
" Voyez tome VII, Note XIV, pp. 38 à 42. ^ Voye;: tome VII, Note XIV, pp. 38, 39.
An 12.0J
260 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXI.
de cette ville; ils s'en étoient exclu l'entrée par le traité du mois d'octobre
de l'année précédente, pour les raisons que nous avons déjà dites ; mais il
paroît que la grossesse de la reine fut une occasion de réconciliation entre elle
& le roi son mari, d'un côté, & les habitans de Montpellier de l'autre. On
vient de voir, en effet, que cette princesse permit aux mêmes habitans,
le 4 d'août suivant, de détruire le château & les fortifications de Montpellier
qui faisoient le principal sujet de leur querelle. Nous voyons d'ailleurs que,
depuis, Marie fit son séjour dans cette ville, où elle rendit hommage' en son
nom, le i3 d'avril de l'an 1208, à l'évêque de Maguelonne, pour la seigneurie
de Montpellier. Au reste, la réconciliation de Pierre avec Marie ne fut pas de
durée % &. ce prince fit bientôt après de nouveaux efforts pour faire casser son
mariage.
XXXVII. — Évêques du Puy.
La crainte qu'avoit le pape Innocent III que les habitans du Puy, en
Vêlai, sous prétexte de garder exactement les canons, ne se laissassent cor-
rompre par les hérétiques fit qu'il les exhorta, le 7 de^ juillet de l'an 1207,
à observer leurs anciennes coutumes touchant la sépulture de leurs parens,
quoiqu'il eût défendu à l'évêque de rien exiger pour cette cérémonie. Ils
s'étoient plaints de ce que ce prélat, malgré la défense que le pape Luce III
avoit faite à son prédécesseur d'empêcher le mariage légitime des veuves 8c
Éd. orighi. d'extorquer d'elles une somme pour leur permettre de se marier, ainsi nue
t. lll, p. ï?3. * ' , •
pour la sépulture des défunts, commettoit non-seulement les mêmes vexa-
tions, mais les excommunioit 8< jetoit l'interdit sur eux sans aucune raison.
Le pape ordonna par sa lettre à l'évêque du Puy & à son clergé de leur resti-
tuer ce qu'ils avoient exigé mal à propos, & de leur laisser une entière liberté
de poursuivre les procès qu'ils avoient intentés contre lui; il enjoignit d'un
autre côté aux habitans de rendre à ce prélat l'honneur 8c le respect qui lui
étoient dus, 8c commit l'exécutioia de ces ordres aux évêques de Clermont 8;
de Nevers.
L'évêque du Puy, dont le nom n'est pas marqué dans cette lettre, s'appe-
loit"^ Bertrand de Chalançon; il avoit succédé, dès l'an 1198,3 Odilon de
Mercœur, qui avoit été auparavant doyen de Brioude. Bertrand renouvela,
au mois^ de janvier de l'an 1207, la société de prières qui étoit anciennement
établie entre son église 8c celle de Cluny. Il est marqué dans l'accord qui fut
passé à cette occasion ; 1° Que l'église du Puy, quoiqu'elle ne doive aller en
procession qu'au-devant du pape 8c du roi, s'engage de le faire pour l'abbé de
Cluny, une fois pendant la vie de chaque abbé. 2° Que l'abbé de Cluny,
lorsqu'il sera au Puy, aura la collation des bénéfices de la nomination du
' Voyez tome VIII, Chartes, n. LXXXI, c. .'5i6. ^ Gallla Chnstlam, nov. éd. t. 2, c. 707 & seq.
' Guillelimis de Podio Laiiremii, cil. ' Gissey, Histoire du Puy, 1. 3, ch. 8 & 9. —
' Innocent III, 1. 10, Epist. 8"), — [Potthnst, F. Th'.-odore, Histoire Hf l'église du Puv, ch. 2^,
n. 31.I7.]
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XXI. 261
chaj3ltre, à qui il en demandera cependant l'agrément; qu'il aura la garde des
clefs du trésor, la première place au chœur, la rétribution Se les honneurs de
chanoine, Sec. 3° Enfin que l'évêque du Puy jouira des mêmes privilèges
dans l'abbaye de Cluny.
XXXVlII. — Le pape exhorte le roi de France i- les principaux vassaux du
royaume à prendre les armes pour exterminer les hérétiques de la Pro-
vince.
m
Innocent III, voyant que ses exhortations pour extirper l'hérésie de la
Province n'avoient pas tout le succès qu'il désiroit, résolut d'y employer la
force. Dans cette vue, il écrivit", le 17 de novembre de l'an 1207, au roi Phi-
lippe-Auguste pour implorer son secours 81 l'exhorter à faire la guerre aux
hérétiques comme aux ennemis de Dieu Se de l'Eglise. Il lui déclare qu'il
veut qu'on coniisque tous leurs biens. Se lui accorde, soit qu'il aille en per-
sonne à cette expédition, soit qu'il y envoie seulement des troupes, ainsi qu'à
tous ses vassaux qui y contribueront, la même indulgence que gagnoient ceux
qui servoient dans la Terre-Sainte contre les infidèles^. Le pape écrivit dans
les mêmes termes au duc de Bourgogne, aux comtes de Bar, de Nevers Se de
Dreux, aux comtesses de Troyes, de Vermandois Se de Blois, à Guillaume de
Dampierre Se à tous les comtes, l>arons, chevaliers Se fidèles du royaume de
France. Nous ignorons l'effet qu'eurent d'abord ces lettres; mais il est cer-
tain qu'Innocent, extrêmement irrité du meurtre de Pierre de Castelnau,
son légat, qui suivit de près, vint enfin à bout de mettre tous ces princesen
mouvement pour exterminer les hérétiques. Ce meurtre arriva^ de la manière
suivante au commencement de l'an 1208.
XXXIX. — Meurtre du légat Pierre de Castelnau.
Le conite de Toulouse, après avoir signé la paix, suivant la volonté du
pape Se. de Pierre de Castelnau, ne se comportant pas'* dans la poursuite des
hérétiques d'une manière assez conforme à leur zèle, ce dernier l'alla trouver,
lui reprocha en face sa lâcheté, l'accusa de parjure Se de favoriser les héré-
' Innocent III, 1. 10, Ep'ut. 149, — [Potthasf, que si le clergé & les barons de France contri-
n. 32i3.] buent de leur côté; dans ce cas il s'engage à dé-
' Le roi répondit à cette lettre, & nous publions penser jusqu'à cinquante livres parisis par jour
ta réponse (tome VIII, c. jjy & suiv.). Philippe- pendant un an. Si pendant son expédition dans
Auguste ne refusa point son concours, mais y mit le Midi, le roi d'Angleterre rompt la trêve, le roi
des conditions qu'il était assez difficile au pape de France pourra rappeler ses troupes. [A. MJ
de remplir. Voici l'analyse de cet acte : la guerre ' Robertus Altissiodorensis, Chronicon, ad ann.
venant de recommencer avec le roi Jean d'Angle- 1208. — Chronicon Masslliense, apiid Labbe, B!-
terre, il serait impossible au roi d'entretenir deux hliothecu nova manuscriptar,, t. 1 , p. 841 . — Voir
armées. Si le souverain pontife peut ménager une Bollnndistes, mars, t. 1 , p. 416.
trêve solide entre lui & le roi d'Angleterre, il se ' Pierre de V;iux-Cernay, c. 3, suh fine. — In-
rendra à ses désirs; mais il faudra que la trêve nocent III, 1. 1 1, £pi5'. 2(5. [Pottliast, n. 3323.] —
comprenne le roi de Castillej il ne contribuera Robertus Altissiodorensis, C/ironicon, adann. 1208.
An 1207
An
An 1208
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXI.
ti([ues, le traita en tyran & l'excommunia de nouveau. Le comte, craignant
les suites de l'indignation du légat, le fit prier quelque temps après de se
rendre à Saint-Gilles, lui €• son collègue, avec promesse de les satisfaire
entièrement sur tout ce qu'ils exigeroient de lui. Les deux légats se rendirent
incessamment dans cette ville, & le comte parut se rendre à leurs remon-
trances 5 mais tantôt il promettoit de leur obéir absolument, 81 tantôt il for-
moit des difficultés sur l'exécution de ses promesses. Enfin les deux légats,
mécontens de son irrésolution, déclarèrent qu'ils alloient se retirer. Le comte,
fàcjié à son tour de leur départ, menaça de les faire mourir, ajoutant qu'il
feroit épier leurs démarches partout où ils iroient; & on assure qu'il leur fit
en effet dresser des embûches. L'abbé, les consuls & les bourgeois de Saint-
Gilles, informés du ressentiment du comte, firent tout leur possible pour
l'apaiser; mais n'ayant pu réussir, ils firent escorter, malgré ce prince, les
deux légats, qui furent obligés de s'arrêter & de coucher dans une hôtellerie,
sur les bords du Rhône, à l'endroit du passage. Le lendemain, i5 de janvier'
Éd. origin. (\q J'gn 1 2o8, ils se disposoient à traverser lé fleuve, après avoir dit la messe,
1. 111, p. 134. ' r _ ' 1 ^ '
lorsque deux hommes inconnus qui avoient logé avec eux s étant approchés,
l'un d'eux porta à Pierre de Castelnau un coup de lance qui l'atteignit au
bas des côtes & le renversa par terre; ce pieux religieux se sentant blessé dit
à son assassin ; Dieu vous pardonne, puisque je vous pardonne, 8c répéta plu-
sieurs fois ces paroles. Il régla ensuite avec ses associés les affaires de la mis-
sion, & ayant récité quelques prières, il expira.
C'est ainsi que le pape Innocent III raconte lui-même les circonstances de
la mort de Pierre de Castelnau, son légat, sur la relation sans doute que
l'abbé de Cîteaux lui en envoya. Le pape soupçonna extrêmement le comte
de Toulouse d'y avoir participé; mais il convient^ ailleurs que ce prince ne
fut jamais convaincu d'un pareil attentat, 8c on peut s'en rapporter à lui.
D'ailleurs, un auteur, qui a écrit vers le commencement du quatorzième siècle
en langage du pays l'histoire de la guerre des albigeois 8c qui est connu^ sous
le nom de l'historien du comte de Toulouse, disculpe entièrement ce prince.
Cet historien'* anonyme, après avoir dit que l'abbé de Cîteaux, légat du
Saint-Siège, suivi de plusieurs prélats &c de Pierre de Castelnau, fut trouver
le comte de Toulouse à Saint-Gilles, rapporte les circonstances suivantes :
K Quant le légat eut passé quelques jours à Saint-Gilles, Pierre de Castelnau
« eut une dispute fort vive avec un gentilhomme de la suite du comte Rai-
« mond au sujet de l'hérésie, 8c leur querelle s'échauffa tellement que le
« gentilhomme tua Pierre de Castelnau d'un coup de poignard. Ce meurtre
(( causa un grand mal, ainsi qu'on verra ci -après, 8c le légat 8c toute sa com-
« pagnie en furent extrêmement irrités. Pierre de Castelnau fut inhumé
« ensuite dans le monastère de Saint-Gilles. Quant au gentilhomme qui
« l'avoit assassiné, il s'enfuit à Beaucaire, auprès de ses parens 8c de ses amis;
' Voyez tome V, c. 36. ' Catel, Histoire des comtes Je Tolose, p. i5î.
' Innocent III, 1. i.5, Epist, 102. [Pottliast, ^ Voyez tome VIII, Chroniques, ce. 7 & 8.
n. 4517.]
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XXI. 263
<( car, si le comte Raimond eût pu se rendre maître de sa personne, il en
« auroit fait une telle justice que le légat & ses gens en eussent été plcine-
(1 ment satisfaits. Le comte eut un extrême chagrin de ce meurtre commis
« par un de ses domestiques. Le légat envoya incontinent au pape pour lui
« faire part de cet événement, & le pontife entra dans iine si grande colère,
« en apprenant l'assassinat du légat, qu'il convoqua la croisade pour en tirer
<i vengeance, pour réduire les hérétiques Se les faire rentrer dans le bon che-
« min. Le légat, ayant reçu du pape les pouvoirs nécessaires, partit aussitôt
« de Saint-Gilles avec sa compagnie, sans prendre congé du comte Raimond.
« Il se rendit dans son abbaye de Cîteaux, où il assembla le chapitre général
« de son ordre. Les abbés & les religieux y accoururent en foule & se char-
« gèrent de prêcher partout la croisade, ce qu'ils exécutèrent, &C.' « Cet auteur
parle ensuite fort au long des soins que se donna le comte de Toulouse
auprès du légat pour lui prouver son innocence touchant le meurtre de
Pierre de Castelnauj mais quoique Raimond n'y eût peut-être pas donné
occasion, il est certain du moins qu'on conçut^ de violens soupçons qu'il
avoit trempé dans ce crime.
Pierre de Castelnau fut inhumé^ d'abord dans le cloître de l'abbaye de
Saint-Gilles & transféré un an après, par ordre du pape, dans l'église du
monastère auprès du tombeau de saint Gilles. On remarque que dans le
temps de cette translation on trouva son corps aussi entier que s'il fût mort
le même jour. On lui donne généralement le titre de martyr; mais on ne le
qualifie que bienheureux. Les religionnaires, ayant pris & pillé en i562 la
ville de Saint-Gilles, brûlèrent les reliques du bienheureux Pierre avec les
autres qu'on conservoit dans cette église.
XL. — Le pape exhorte le roi, les évêques £■ les barons de France à tirer
vengeance du meurtre de Pierre de Castelnau £>- à envahir les domaines du
comte de Toulouse.
Le meurtre de ce légat enflamma le zèle d'Innocent III. Il n'en eut pas
plutôt appris la nouvelle qu'il écrivit, le lo de mars de l'an 1208, aux arclie-
' Le fond de cette Tersion, qui ne diffère p.TS plus naturellement par l'irritation qu'avaient
ejctrcniement de celle d'Innocent III & de Pierre soulevée à la cour de ce prince les procédés hau-
de Vaux-Cernay, se retrouve dans la Chanson de tains de Pierre de Castelnau. Il y eut de la part
la croisade (vers 73-97). Un seul passage y man- d'un vassal un excès de zèle coupable; rien ne
que, celui où le chroniqueur en prose affirme prouve que le meurtre t\XX. été prémédité de la
que Raimond VI aurait voulu punir sévèrement part de Raimond. Innocent III lui-même revint
le meurtrier; c'est évidemment un enjolivement peu après sur son affirmation & se contenta de
ajouté par le panégyriste du comte de Toulouse. dire que le comte était valAe suspectas, soupijonni
Dan» les deux versions, le temps du ineurtre, les 4e ce crime. (Voir la lettre citée plus haut.) Quoi
détails de la mort s'accordent; seulement, dans qu'il en soit, ce triste événement fut le véritable
son indignation, le pape crut à la complicité du signal de la croisade. [A. M.]
comte de Toulouse, complicité qui est peu pro- ' Guillelmtis de Podio Laurentii, c. 9.
bable; l'intérêt même de ce prince lui défendait ' hoWiniims, ut supra, — haûXtl, Vie des saints,
un pareil crime. On peut l'expliquer beaucoup 5 mars.
An i2o3
"7777^ -'^4 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXI.
vêques' de Narbonne, d'Arles, d'Embrun, d'Aix & de Vienne & à leurs suftVa-
gans, une lettre-circulaire dans laquelle il leur marque : « qu'ayant envoyé
« des missionnaires en Provence, entre lesquels étoit frère de Castelnau,
« moine 6- prêtre (dont il fait un grand éloge), pour y déraciner les vices &
« extirper l'hérésie, le diable avoit suscité contre lui le comte de Toulouse;
« que ce comte, après avoir été excommunié plusieurs fois pour ses excès
« contre Dieu 8c contre l'Eglise, 8<. plusieurs fois absous à cause de sa dissi-
(i mulation, ne pouvant retenir la haine qu'il avoit contre ce légat, qui lui
t.'ni^p'.^'s's. " faisoit des réprimandes, l'avoit appelé à Saint-Gilles avec son collègue. »
Le pape raconte ensuite le meurtre de Pierre de Castelnau de la manière
qu'on l'a déjà rapporté. « Frère Pierre de Castelnau, ajoute le pape, ayant
« répandu son sang pour la foi 8c pour la paix, il a véritablement souffert le
« martyre, 8c il feroit des miracles si l'incrédulité des gens du pays ne l'em-
« pêchoit; mais je crois que le sang de ce martyr sera plus efficace pour les
« retirer de leurs erreurs que ses prédications, s'il vivoit encore. Nous vous
« ordonnons donc, en vertu d'obéissance, de continuer les travaux de Pierre
« de Castelnau pour l'extirpation de l'hérésie, 8c de déclarer excommuniés
« dans vos diocèses, tant le meurtrier de cet homme de Dieu que tous ceux
<( qui l'ont favorisé, qui lui ont conseillé de commettre un si détestable assas-
<( sinat Se qui lui donneront retraite, 8c de mettre en interdit tous les lieux
« où ils se retireront, jusqu'à ce que s'étant rendus à Rome ils méritent
<( d'obtenir l'absolution de leur crime après une satisfaction convenable.
. •« Nous accordons une indulgence plénière à tous ceux qui entreprendront
« de venger le sang de ce juste sur les hérétiques qui cherchent à nous ôter
« la vie clu corps comme celle de l'âme. Quoique le comte de Toulouse soit
« déjà excommunié depuis longtemps pour plusieurs crimes énormes qu'il
« seroit trop long de détailler; cependant, comme il y a certains indices qui
H font présumer qu'il est coupable de la mort de ce saint homme, non-seule-
« ment en ce qu'il l'a menacé publiquement de le faire mourir 8c qu'il lui a
(t dressé des embûches, mais encore parce qu'il a admis le meurtrier dans sa
(( familiarité, ainsi qu'on l'assure, 8c qu'il lui a fait de grands présens, pour
« ne point parler des autres présomptions qui nous sont connues; par cette
« raison vous le dénoncerez excommunié. Et comme, suivant les saints canons,
n on ne doit pas garder la foi à celui qui ne la garde pas à Dieu, après l'avoir
« séparé de la communion des fidèles, vous déclarerez, par l'autorité aposto-
« lique, tous ceux qui lui ont promis fidélité, société ou alliance, déliés de
« leur serment, avec permission à tout catholique, sauf le droit du seigneur
« principal, non-seulement de poursuivre sa personne, mais encore d'occuper
i( 8c de garder ses domaines dans la vue de retirer de l'erreur les pays qui
« jusqu'ici en ont été infectés par sa méchanceté, parce qu'il est juste que les
« mains de tous s'élèvent contre celui qui élève les siennes contre tous : Se si
« cette punition ne le corrige pas, nous avons résolu d'aggraver la peine. Que
'Innocent III, 1. il, Epist. id, — [Potthast, n. 3324.]
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXI.
265
An 1208
« s'il promet de faire satisfaction, il faut avant toutes choses qu'il chasse les
« hérétiques de tous ses domaines 81 qu'il fasse la paix avec ses frères, parce
« qu'il a été principalement anathématisé pour les fautes qu'il a commises
« sur ces deux articles; quoique si Dieu faisoit attention à ses iniquités, à
« peine pourroit-il faire une satisfaction proportionnée, tant pour lui-même
« que pour cette multitude de gens qu'il a précipités dans la damnation. «
Innocent dit à la fin de sa lettre «. qu'il ne croit pas que la mort de l'homme
« de Dieu intimide l'évêque de Conserans & l'abbé de Cîteaux, légats du
« siège apostolique, & les autres catholiques, & qu'il est persuadé qu'elle les
« encouragera au contraire à suivre son exemple. >> Enfin il exhorte les pré-
lats des cinq provinces à aider de toutes leurs forces ces deux légats 8c à obéir
entièrement à leurs ordres.
Le pape écrivit' des lettres à peu près semblables : 1° Aux comtes, aux
barons 8< à tous les chevaliers des mêmes provinces 8c de tout le royaume,
qu'il presse de s'armer pour tirer vengeance de la mort de son légat, pour
exterminer les hérétiques 8c rétablir la paix. 2° A l'archevêque de Lyon 8c à
ses suffragans*, pour les engager à exhorter les clercs 8c les laïques de leurs
diocèses à s'employer contre les hérétiques. 3° A Philippe-Auguste, roi de^
France. Après avoir donné beaucoup de louanges à ce prince de son attache-
ment à la foi catholique, il le prie de s'armer pour venger l'injustice faite à
Dieu en la personne de Pierre de Casteinau, légat du Saint-Siège, de prendre
la protection de l'Eglise contre le tyran 6* l'ennemi de la foi ^ d'aller en per-
sonne dans la Province y détruire les hérétiques qui sont, dit-il, pires que
les Sarrasins; d'attaquer le comte de Toulouse pour l'obliger à faire satisfac-
tion à Dieu 8c à l'Eglise; de le dépouiller, lui 8c ses fauteurs, de tous leurs
domaines; de chasser les hérétiques du pays, 8c enfin d'y établir des habitans
catholiques'*. 4° A l'archevêque de Tours'' 8c aux abbés du Pin &c de Per-
seigne pour les charger de travaillera la réconciliation des rois de France 8c
' Pierre de Vaux-Cernay, c. 8. —Innocent. III
1. I I, Ef'iit. 29. [Potthast, n. 33x3.]
' Innocent. III 1. 11, Epist. 27.
> IhU. Epist. 28. — [Potth.njt, n. 3353.]
^ Nous donnons au tome VIII, c. .'i.lS & siiiv.
d'après M. Delisle, la réponse faite par le roi au
pape après le meurtre de Pierre de Casteinau. —
Philippe-Auguste commence par exprimer toute la
douleur que lui a causée le meurtre du légat; si le
pape a à se plaindre du comte de Saint-Gilles, le
roi aussi ne manque pas de griefs contre lui. Rai-
mond VI a épousé la sœur de Richard d'Angle-
terre pendant que celui-ci était en guerre avec le
roi de France; il a secouru le roi Jean, & la gar-
nison de Falaise était composée de Toulousains.
Philippe-Auguste n'a jamais pu tirer de lui, quoi-
qu'il possède une des plus grandes baronnies du
royaume, ni secours directs, ni secours indirects.
— Quant il marcher contre lui, le roi ne peut s'y
("gager, 1<> Anglais venant de rompre la trêve. Si
le clergé & les barons du royaume consentent i
contribuer à la croisade, le roi fournira volon-
tiers des hommes & de l'argent. — Le pape a
exposé la terre du comte au premier occupant;
mais des gens sages [litterati) 8c illustres ont assuré
au roi que le souverain pontife ne pouvait le faire
avant la condamnation formelle du comte comme
hérétique, & une fois la sentence portée, il doit
signifier cette condamnation au roi, qui expo-
sera lui-même, au premier occupant, cette terre
qui est de son fief. — On voit par cette analyse
détaillée que le roi réserva ses droits de suzeriiin
dès le premier jour de la croisade, & on comprend
pourquoi, sans favoriser aucunement Raimond \'I,
il s'abstint de prendre part à cette affaire épi-
neuse. L'événement montra que la cour de France
ne pouvait suivre de politique plus sage. [A. M.J
' Innocent. IH 1. 11, Epist. 3o & 3i. — [Pot-
thast, n»» 3355-3356.]
Kd.origin.
.111, p. 156.
An
i6G HISTOIRE GÉNÉRAI.'^, DE I.ANGUEDOC. Î.IV. XXI.
d'Angleterre, afin qu'ils joignent ensuite leurs armes contre les hérétiques de
Provence, 5° A l'abbé de Cîteaux ' qui lui avoit mandé qu'il étoit sur le
point de partir pour la Provence, c'est-à-dire pour le Languedoc, compris
alors dans la Provence prise en général. Il l'exhorte à consoler l'Église affligée
de la mort du légat frère Pierre de Castelnau, de sainte mémoire, à s'armer
de courage & à avancer dans le pays les affaires de la légation, conjointement
avec l'évêque de Conserans, son collègue {conlegato); lui promettant de les
secourir de tout son pouvoir. 6° Enfin à l'archevêque ^ de Tours 8c aux
évêques de Paris & de Nevers pour les obliger à rétablir la paix entre le roi
&c les grands du royaume & à exciter les seigneurs & les prélats à aller
promptement en Provence contre les hérétiques. Le pape chargea de ces
lettres^ Galon, cardinal-diacre, qu'il envoya légat en France auprès du roi,
& à qui il ordonna d'engager ce prince à envahir au plus tôt les terres du
comte de Toulouse &. à publier les indulgences qu'il accordoit à tous ceux
qui prendroient part à cette entreprise.
XLL — Publication de la croisade contre les albiseois.
Nous intérons de la lettre qu'Innocent III écrivit à l'abbé de Citeaux que
le collègue du légat Pierre de Castelnau, qui fut présent à Saint-Gilles lorsque
ce religieux fut tué, mais dont le pape ne dit pas le nom, étoit l'évêque de
Conserans 8c non cet abbé, quoique l'historien du comte de Toulouse fasse
entendre le contraire. Il paroît, en effet, par cette lettre, supposé qu'elle soit
datée du lo de mars de l'an 1208, comme les autres, car cela n'est pas marqué,
que l'abbé de Cîteaux étoit en France dans le temps du meurtre de Pierre
de Castelnau, au lieu que nous avons des preuves que l'évêque de Conserans
étoit, vers le même temps, aux environs de Saint-Gilles. C'est ce qu'on voit
par un acte'^ dans lequel il est dit : « que l'évêque de Conserans, légat du
« Saint-Siège, étant à Avignon, entre la Nativité 8c le premier jour de carême
« de l'an 1208, il ordonna à l'évêque de cette ville d'enjoindre aux habitans
« de détruire un fort que le comte de Toulouse avoit fait construire au pont
« de Sorgues, 8c dont il se servoit pour rançonner ceux qui passoient dans le
« grand chemin, avec promesse que si ce prince leur cherchoit querelle à
« cette occasion, il obtiendroit une bulle du pape qui les mettroit sous sa
« protection 8c excommunieroit le comte 8c tous ses partisans. » Sur cette
promesse, les consuls 8c les habitans d'Avignon rasèrent le fort.
L'abbé de Cîteaux'' 8c les religieux de son ordre, après avoir reçu leurs
pouvoirs de Rome, prêchèrent dans tout le royaume la croisade contre les
hérétiques de la Province 8c publièrent les indulgences que le pape y avoit
attachées. Un grand nombre de princes 8c de seigneurs s'empressèrent de
' Innocent. III 1. 11, Epist. 32. — [Potthast, '' Fantoni, Istoria d'Avinione, I. i, c. 5, n. 35.
n. 3357. J ' Pierre de Vaux-Cernay, ce. 8 & 17. — Guil-
' Ibid. Epist. 33. — [Potthast, n. 33)8.] lelmiis de Podio Laurentii, c. 8.
' Guillauins de Nangis, Chronique, année 1208,
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XXI.
267
An 1208
s'engager clans cette expédition, clans l'espérance de gagner plus commodé-
ment, 8< sans tant de frais, l'indulgence qui étoit accordée à ceux qui alloient
servir dans la Terre-Sainte. Gui, abbé de Vaux-Cernay, retourna en France
pour presser le départ de ces nouveaux croisés, & il fut un des plus ardens
prédicateurs de cette croisade : il persuada entré autres à Eudes III, duc de
Bourgogne, d'y prendre part, & à Simon de Montfort de l'y suivre'. Les plus
qualifiés d'entre les autres qui prirent la croix furent^ les comtes de Nevers,
de Saint-Paul, d'Auxerre, de Genève, de Forez, Sic. Tous ces croisés^, pour
se distinguer de ceux qui se destinoient pour la Terre-Sainte, mirent la croix
sur la poitrine, au lieu que les derniers la portoient sur l'épaule'^.
XLII. — Les évêques de la Province députent au pape d'un côté, 6" le comte
de Toulouse de l'autre.
Cependant^ les évoques, voyant que le nombre des missionnaires étoit fort
diminué dans le pays depuis la mort de l'évêque d'Osma, de Pierre de Cas-
telnau & de frère Raoul, députèrent à Rome Foulques, évêque de Toulouse,
& Navarre, évêque de Conserans, pour demander du secours, à cause du
péril éminent où étoit la foi dans les provinces de Narbonne, de Bourges &
de Bordeaux. On assure'' que le pape, touché de leurs remontrances, établit
alors dans ces provinces une mission perpétuelle de prédicateurs, dont saint
Dominique fut déclaré le chef, pour travailler sous l'autorité de Foulques,
évoque de Toulouse. Ainsi on prétend que l'ordre des frères prêcheurs com-
mença dès lors.
Le comte de Toulouse, infor-mé de cette députation 8c effrayé des grands
■ La prédicntion de In croisade ne fut pas sans
rencontrer quelques obstacles. Philippe-Auguste,
notamment, si nous en croyons un acte inédit
que l'on peut voir au tome VIII, c, 563 & suit.
essaya de modérer la ferveur religieuse qui pous-
sait ses vassaux à s'engager dans cette aventureuse
expédition. Par cet acte, de mai 1208, il donne
permission à Eudes, duc de Bourgogne, & à
Hervé, comte de Nevers, de prendre la croix con-
tre les albigeois, qu'il appelle les ariens. Mais en
même temps il déclare que seuls les chevaliers de
Bourgogne 8c de Nivernais pourront user de la
permission; il estime leur nombre à cinq cents.
Nul doute, d'ailleurs, qu'il n'ait dû renoncer à
cette clause restrictive; la plupart des provinces
du nord de la France fournirent des soldats à la
croisade, & la pièce est cancellée dans le registre
original, preuve qu'elle fut jugée bientôt inutile.
[A. M.]
' Voyez tome VIII, c, 9. — [Guillem deTudèle,
V. 170-176.]
' Rigord & Guillaume le Breton.
* Personne n'a encore dressé In liste des croisés
de 120^, & il serait assez difficile d'en faire un*
quelque peu complète. En effet, les chroniqueurs
ne mentionnent que les principaux seigneurs, &
pour faire un pareil travail il faudrait dépouiller,
non-seulement les cartulaires de la France, mais
■ ■ '
encore ceux des pays voisins : Belgique, Alle-
magne, Suisse, &c. Remarquons, en outre, que
chaque année une & souvent deux fois par an,
les légats 8c les prédicateurs amenaient au comte
de Montfort une nouvelle levée de pèlerins, qui
s'empressaient de repartir après avoir fait leurs
quarante jours. On peut toutefois assurer que ce
fut le Nord de la France qui donna le plus d'hom-
mes & d'argent, & que de tous les pays étrangers
l'Empire fournit le plus de soldats. Aucun nom
italien n'est cité par les chroniqueurs, & l'état de
l'Angleterre, l'hostilité du roi Jean empêchèrent
les barons anglo-normands de prendre à cette
guerre une part active. Les chefs de l'expédition
furent tous Français & pour la plupart de l'Ile
de France (Simon de Montfort, Robert de Mau-
voisin. Gui de Lévis, &c.). [A. M.]
' Pierre de Vaux-Cernay. — Guillelmus de Po-
dio Laurentii, c, 8.
* Guillelmus de Podio Laurentii, c. 8.
Kd. origin.
t. m, p. 157.
An i2o3
268
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XXI.
préparatifs qui se faisoient en France contre les hérétiques, dont la plupart
étoient ses sujets, vit bien que l'orage alloit tomber sur sa tête. Pour le
détourner, il députa de son côté, à Rome, Bernard, archevêque d'Auch, &
Raimond de Rabastens, auparavant évêque de Toulouse, qui lui étoient
entièrement dévoués, mais qui avoient, dit-on', une réputation très-mau-
vaise. Il les chargea de se plaindre au pape en son nom de la dureté extrême
avec laquelle Arnaud, abbé de Citeaux, le traitoit, & du peu d'égard qu'il
avoit pour lui; avec promesse de se soumettre entièrement à tout autre prélat
ou cardinal de la cour romaine que le pape voudroit envoyer.
Un ancien^ historien rapporte à cette occasion les circonstances suivantes.
« Le comte Raimond, dit cet auteur, instruit des mouvemens que l'abbé
« de Cîteaux se donnoit pour rassembler une armée de croisés contre les
H hérétiques de la Province, ne douta pas que cet abbé n'eût dessein de
« l'attaquer avec ces troupes pour se venger du meurtre de Pierre de Cas-
« telnau, son religieux; mais il jugea à propos de dissimuler, &, ayant appris
« que ce légat étoit à Aubenas, dans le Vivarais, il l'alla trouver suivi du
« vicomte de Béziers, son neveu. Se de plusieurs autres de ses principaux
c( vassaux; il fit tous ses efforts pour tâcher de l'apaiser Se le persuader de
« son innocence; mais tous ses soins furent inutiles. Il eut beau représenter
« qu'il étoit véritable enfant de l'Eglise, qu'il vouloit vivre 8c mourir dans
« son sein. Si que si un de ses domestiques avoit commis ce meurtre, il n'y
« avoit participé en rien, comme il étoit en état de le prouver; on ne voulut
« pas l'écoviter Se on le renvoya au pape. Sur cette réponse, le comte délibéra
« avec le vicomte de Béziers, son neveu, sur ce qu'ils avoient à faire. Ce
« dernier fut d'avis de convoquer toute la noblesse de leurs domaines 8c
(( d'avoir recours à leurs amis 8c à leurs alliés pour se mettre en état de
« défense contre les croisés, 8c d'établir de bonnes garnisons dans toutes leurs
« places. Raimond fut d'un sentiment contraire Se déclara à son neveu qu'il
« étoit résolu de prendre le parti de la soumission. Cette diversité d'avis
« causa de la division entre eux 8c porta le vicomte, lorsqu'il fut de retour
« chez lui, a faire la guerre au comte de Toulouse, son oncle. Quant à ce
« dernier, il se rendit à Arles 8c, après avoir hésité quelque temps sur la
« manière dont il agiroit, il se détermina enfin à envoyer des ambassadeurs
« à Rome pour y justifier sa conduite 8c se rendre le pape favorable. Il
« chargea de cette négociation l'archevêque d'Auch, l'abljé de Condom, le
« prieur des Hospitaliers de Saint-Gilles 8c Bernard, seigneur de Rabastens,
« en Bigorre, Se leur donna ses instructions^. »
' Pierre de VauTC-Cemay.
' Voyez tome VIII, c. 9 & suiv.
' Cette entrevue d'Aiibenas n'est racontée que
par 1; chroniqueur anonyme & par son pro-
toty);e Gviillem de Tudèle (vers 182-201 & 221-
224). Le fait en lui-même est vraisemblable; mais
les deux auteurs n'en racontent pas toutes les
circonstances; l'Anonyme, conforinément à son
habitude, a développé le texte du troubadour dans
un sens favorable au comte de Toulouse, & a attri-
bué à celui-ci l'intention de se soumettre; dans
Guillem de Tudèle, le comte propose au vicomte
de Béziers de résister ensemble; celui-ci refuse, &
son refus engage Raimond VI à envoyer des mes-
sagers k Rome. Remarquons que l'Anonyme a
commis, sur le nom de l'un de ces messagers, vne
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXI. 260 "T 7"
7 An i2o8
XLIII. — Comtes de Rode-^. — Projet de mariage du fils du comte
de Toulouse avec la fille du comte d'Auvergne,
En attendant le succès de son ambassade, Raimond fit un voyage dans son
comté de Rouergue, où Hugues, évêque de Rodez, lui engagea', au mois
de mars de cette année, le château de Palmat, en présence de Guillaume,
comte de Rodez, de Bernard d'Arpajon, 8tc. Le comte de Rodez, qui le
reconnoissoit pour son seigneur, lui donna alors en engagement pour vingt
mille sols melgoriens, du consentement d'Yrdoine de Canillac, sa femme, le
château^ de Montrosier avec tout le pays de Larsagues^, qui faisoit partie du
comté de Rodez & étoit composé de neuf châteaux, situés vers les sources de
l'Avevron 8t les frontières du Gévaudan.
Guillaume, comte de Rodez, fit son testamenf* la même année, du consen-
tement 6" par l'autorité du comte Hugues, son père. Comme il n'avoit pas
d'enfans, il institua son héritier universel Gui, comte d'Auvergne, son cousin,
81 lui substitua Guillaume, fils de ce comte; il mourut peu de temps après
sans postérité, 8t Gui, comte d'Auvergne, recueillit sa succession. Le comte
de Toulouse, qui avoit déjà acquis par engagement une portion du comté de
Rodez, songea alors à le réunir entièrement à son domaine. Dans cette vue,
il fit un traité, au mois de décembre de l'an 1208, avec le même Gui, comte
de Clermont ou d'Auvergne, suivant lequel : i" Il promit^ de donner en
mariage à une fille de ce comte, Raimond, son fils, 8c de Jeanne d'Angleterre,
sa femme. 2° Gui, à cause de ce mariage, disposa en faveur du jeune Rai-
mond, du comté de Rodez qui lui étoit échu de la succession du comte Guil-
laume, excepté le fief de Bernard de Benavent 8c du Chantoen. 3° 11 se l 'ifi "'''^IsJi
réserva aussi la vicomte de Carlad qui lui venoit de la même succession 8c
dont le comte de Toulouse s'obligea de faire l'acquisition, à condition que
Gui 8c ses héritiers la tiendroient de lui en fief, à titre d'engagement. 4° Il
fut stipulé qu'en cas que le jeune Raimond vînt à décéder avant que d'avoir
accompli ce mariage, un autre fils du comte Raimond, né d'une femme légi-
time, 8c son plus proche héritier, épouseroit la fille du comte d'Auvergne, 8c
que si cette fille venoit à mourir avant son mariage, le jeune Raimond, ou à
tingiillèrc méprise : il dit que l'un d'eux fut Ber- comme légat est du ii mnrs 1109, & elle fut le
nard, seigneur de Rabasiens, en Bigorre; corri- seul résultat effectif que purent obtenir les ambas-
ger Raimond de Rabastens, ancien évêque de Tou- sadeurs du comte de Toulouse. [A. M.]
louse, déposé en 1206; Pierre de Vaux-Cernay, ' Trésor des chartes; Toulouse, sac 9, n. 12. —
qui traite l'archevêque d'Auch & l'ex-évêque de [J. 3i8. Cf. Teulet, Layettes, t. 1, p. 3ij.]
Toulouse d'fxfiraii/fj & malijrti (c. 9), parle aussi 'Voyez tome VIII, Chartes, n. LXXXVIII,
de cette ambassade. L'entrevue d'Aubenas est pla- ce. 56i-5â2.
cée par Guillem deTudéle en mai I 209 ' j dom Vais- ' (Il faut lire Laisiagues. Voyez tome VIII,
sete, on vient de le voir, la place en février. (Voir Chartes, ut supra.]
plus bas ch. XLiii.) Nous croyons que le savant * Raluze, Histoire généalogique tlela maison d'Au-
bénédictin a raison, car la nomination de Milon vergne, t. 2, p. -jii.
'' Ihiâ. p. 8.(.
' Il dit 1210 par çrreur. (Vers 30O-207.)
An 1208
270 HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XXI.
son défaut un autre fils du comte de Toulouse, épouseroit une autre fille de
Gui. 5° Le comte de Toulouse s'engagea, en cas qu'il n'eût pas d'héritiers
légitimes ou que toutes les filles du comte d'Auvergne mourussent avant
l'âge' nubile, de restituer à ce comte & à ses héritiers le comté de Rodez, de
la manière que le comte Guillaume le possédait dans le temps de sa mort;
sauf les dépenses qu'il avoit faites en cette occasion 81 qui montoient à trois
cents marcs d'argent, Si celles qu'il devoit faire pour recouvrer entièrement
les domaines de ce comté jusqu'à la concurrence de cent cinquante autres
marcs. Il se réserva de plus en engagement les terres du comté de Rodez
qu'il auroit rachetées, &, dans le cas de cette restitution, il s'obligea, tant
pour lui que pour ses héritiers, à recevoir l'hommage de Gui ik de ses suc-
cesseurs pour le comté de Rodez. 6° Enfin il promit d'assigner un douaire à
la fille du comte d'Auvergne qui épouseroit son fils & de s'en rapporter pour
cela au jugement de Gui, vicomte de Limoges, &. de Raimond, vicomte de
Turenne. Ce traité fut arrêté à Martel, en Querci, en présence de ces deux
vicomtes £< de plusieurs autres seigneurs.
Le nom de la fille du comte d'Auvergne qui, suivant cet acte, devoit
épouser le fils du comte de Toulouse, n'y est pas marqué. On prétend ' que
c'est Hélis qui se maria dans la suite avec Raimond, vicomte de Turenne.
Quoi qu'il en soit, il est du moins certain que son mariage avec le jeune
Raimond ne s'accomplit pas, sans que nous en sachions la raison- Le comte
de Toulouse n'en acquit pas moins pour cela le comté de Rodez, Si il fit un
nouveau traité^, quelque temps après, avec le comte Gui, qui le lui céda
entièrement.
On vient de voir que Hugues II, comte de Rodez, vivoit encore en 1208.
Nous ignorons l'époque précise de sa mort; il paroît seulement que s'il sur-
vécut à Guillaume, son fils, ce ne fut pas longtemps. Il laissa^ de Bertrànde
d'Amalon, sa maîtresse, un fils naturel nommé Henri, qui, voyant que la
postérité légitime des comtes de Rodez avoit fini, prétendit succéder au comté
de ce nom, Si fit tous ses efforts pour s'en mettre en possession; mais Rai-
mond, comte de Toulouse, le lui disputa, tant en qualité de seigneur suze-
rain qu'en vertu des droits qu'il avoit acquis de Gui, comte d'Auvergne.
E,nfin ils s'accordèrent '^ à Rocamadour, en Querci : Raimond céda le comté
de Rodez à Henri, qui promit de lui payer seize cents marcs d'argent Si lui
engagea pour cette somme la ville de Rodez, le château de Montrosier Si
deux autres châteaux. Le comte de Toulouse se réserva par cet accord le
domaine principal sur le comté de Rodez, dont Henri demeura ainsi paisible
possesseur 81 qu'il transmit à ses descendans.
' Bnluze, Histoire généalogique de la maison d'Au- ' Voyez tome VII, Note XII, p. 32.
rergnc, t. i , p. b'o. "* ^3\\.\ze, Histoire gcni-alogitjue de la maison d' Au-
' Ihid. t. 2, p. 762. vergue, t. 2, p. 762.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXI. 271
' An 1208
XLIV. — Le comte de Toulouse indispose contre lui le roi Philippe-Auguste.
Les vives sollicitations du pape Innocent III auprès du roi Philippe-Auguste,
pour l'engager à envahir les domaines du comte de Toulouse, ne firent pas
beaucoup d'impression sur l'esprit de ce prince. Nous avons', en effet, une
lettre très-obligeante que Philippe écrivit, au mois de mai de l'an 1208, à
Raimond, comte de Toulouse, son cousin, pour lui recommander les intérêts
de. l'église de Maguelonne, en faveur de laquelle il confirma^, vers le même
temps, tous les privilèges que le roi Louis le Jeune, son père, lui avoit
accordés. Ces deux princes se brouillèrent toutefois quelque temps après. Les
grands^ préparatifs de la croisade faisant craindre au comte qu'on n'attaquât
ses Etats, il partit pour la Cour Se alla demander conseil au roi, comme à
son suzerain Si son proche parent, sur ce qu'il avoit à faire dans cette con-
joncture. Philippe lui conseilla de prendre le parti de la paix &t de la sou-
mission ; mais il lui défendit d'avoir aucun commerce avec l'empereur Othon,
son ennemi. Malgré cette défense, Raimond se rendit auprès de l'empereur,
soit pour lui demander aussi conseil, soit pour implorer son secours en cas tfu*"^'^!";
qu'il fût attaqué. Cette désobéissance déplut extrêmement à Philippe, qui
dès lors ne prit plus si à cœur les intérêts du comte.
XLV. — Le pape permet à ce comte de se justifier 0 sollicite de nouveau
la croisade contre les albigeois.
Cependant le pape ayant admis à l'audience les ambassadeurs de Raimond,
il les écouta "* assez favorablement Se leur. fit répondre, quelque temps après,
que puisque le comte se soumettoit à toutes les ordonnances de l'Église, il
acceptoit sa soumission Se lui permettoit de prouver son innocence, avec pro-
messe de l'absoudre, s'il n'étoit pas trouvé coupable, à condition, néanmoins,
quil remettroit sept de ses principaux châteaux à l'Église romaine pour la
sûreté de ses promesses, en attendant sa justification. Les ambassadeurs trou-
vèrent Raimond à Arles à leur retour j ils lui rendirent compte de leur négo-
ciation, Se il l'approuva.
Innocent III, pour remplacer Pierre de Castelnau, son légat, associa
Hugues-Raimundi, évêque de Riez, à la légation qu'il avoit commise à
l'évêque de Conserans 81 à l'abbé de Cîteaux, dans les cinq provinces dont
on a déjà parlé^. Il écrivit*^, le 9 d'octobre de l'an 1208, à tous les prélats de
France pour leur notifier qu'il avoit nommé ces deux évêques &. l'abbé de
' Voyez tome VIII, Chartes, n. LXXXIX, c. 563. des messagers de Raimond VI & à leurs belles pa-
* Gallia Christiaita, t. 3, p. 678 81 seq. rôles. [A. M.]
' Guillelmus de Podio Laurentii, c. i3. ' La lettre de créance pour ce nouveau légat est
, ^ Voyez tome VIII , ce. il & suiv. — Gulllem du 28 mars 1208. (Cf. Potthast, n. 3348.). [A. M.]
de Tudèle [v. 23.5-242] attribue cette concession, ° Innocent. III 1. 11, Epist. i58, — [Potthast,
plus apparente que réelle du pape, aux présents n. 35ii.]
~ T" 272 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXI.
An 1208 '
Cîtcaux, légats du siège apostolique, pour chefs ou généraux de la milice
chrétienne qu'il avoit convoquée dans le dessein d'exterminer les hérétiques
qui avoient infecté presque toute la Provence. 11 ordonna en même temps a
tous ces prélats d'exhorter leurs diocésains à entreprendre cette expédition.
Il accorda de grandes indulgences à tous les clercs & à tous les laïques qui y
prendroient quelque part & les exempta de payer les usures auxquelles ils se
seroient ohligés, même par serment, jusqu'après leur retour. Enfin il proposa
aux mêmes prélats de suivre dans leurs provinces l'exemple de l'archevêque
de Sens & de ses suffragans, qui avoient engagé les clercs 8t les laïques des
domaines du duc de Bourgogne, des comtes de Nevers 8c de Saint-Paul, &
des autres croisés, à payer volontairement le dixième de leurs revenus pour
l'entretien des troupes qui dévoient être employées à cette expédition. Le
pape ' écrivit le même jour au roi : il lui enjoint, pour la rémission de ses
péchés, de donner aide 6* conseil à ses trois légats, de porter tous ses sujets
à employer leurs personnes 8c leurs biens à une si sainte entreprise, 8c de
contraindre les juifs de son domaine à n'exiger que dans un temps commode
les usures que ceux d'entre leurs débiteurs qui y participeroient pourroient
leur devoir, ou du moins de donner à ces débiteurs un délai convenable. 11
avoit permis, le jour^ précédent, à tous les ecclésiastiques qui avoient pris la
croix ou qui la prendroient pour le service de Jésus-Christ contre les héré-
tiques de Provence d'engager leurs revenus pendant deux ans. Enfin il
déclara, par une lettre ^ qu'il adressa, le 11 d'octobre de la même année, à
tous les prélats de France qu'il prenoit sous la protection du Saint-Siège
tous ceux qui s'étoient croisés ou qui se croiseroient contre les hérétiques
provençaux, aussitôt qu'ils auraient placé le signe de la croix sur leurs poi-
trines, suivant l'ordre de ses légats.
^^ ^ Le pape pria le roi^, le 3 de février de l'année suivante, de nommer un
capitaine général de l'armée qui devoit servir contre les hérétiques proven-
çaux, afin qu'elle marchât en quelque manière sous ses ordres 8c sous ses
enseignes, 8c d'exhorter les croisés à conserver entre eux l'union 8c' la con-
corde. 11^ les exhorta lui-même à cette union 8c les encouragea à combattre
pour Dieu 8c pour la gloire éternelle. 11 manda '^ aux évêques de Riez 8c de
Conserans 8c à l'abbé de Cîteaux, d'absoudre Gui, comte d'Auvergne, des
excès qu'il avoit commis lorsqu'il avoit fait prisonnier l'évêque de Clermont,
son frère, parce que ce comte étoit en état d'avancer les affaires de l'Eglise
contre les hérétiques. Le comte Gui se croisa en effet, comme nous^îe verrons
dans la suite.
' Innocent. III 1. ii, Ep'nt. iSp. — [Potthasf, * Innocent. III 1. ii, EpUt. îk). — [Potthast,
n. 3.JI2.] — Rigord, an 1208. n. 3638.]
' mj. Epist. 157. — [Potthast, n. 3')io.] * ji,;j_ Ep'nt. iSd. — [Potthast, n°' 3639-3640.]
' Ihul. Epist. i58. — [Potthast, n. S'u^.] " Ibid. Epht. 284. — [Potthast, n. 3641.]
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXI. 2 73 ": ~"
' An 120^
XLVI. — Innocent 111 donne ses instructions à ses légats touchant le
comte de Toulouse & envoie Milan, son notaire, avec l'autorité de légat a
latere.
Nous apprenons d'une lettre' du pape, écrite vers ce teraps-là aux évêques
de Riez & de Conserans Se à l'abbé de Cîteaux, que le comte de Toulouse
lui avoit fait demander par ses envoyés de recevoir son hommage pour le
comte de Melgueil, qui est, dit Innocent, du droit ô- de la propriété de Saint-
Pierre. « Nous n'avons pas jugé, ajoute-t-il, de recevoir cet hommage, sur ce
« que l'abbé de Cîteaux nous a fait observer qu'en cas que ce prince persé-
u véràt dans sa malice £<. qu'il vint à être dépouillé de ce comté, nous en t.'i'ji°p.^'"o.
« disposerions selon que les affaires de l'Eglise le demanderoient; mais parpe
« que vous nous avez demandé de quelle manière les croisés doivent se com-
« porter à l'égard de ce comte, nous vous conseillons avec l'Apôtre d'employer
<i la ruse qui, dans une occasion semblable, doit être plutôt appelée pru-
« dence. Ainsi, après en avoir délibéré avec les plus sages de l'armée, vous
« attaquerez séparément ceux qui sont séparés de l'unité; vous ne vous en
« prendrez donc pas d'abord au comte de Toulouse, si vous prévoyez qu'il ne
« s'empresse pas de secourir les autres, St s'il est plus réservé sur sa conduite;
u mais le laissant pour un temps, suivant l'art d'une sage dissimulation,
« vous commencerez par faire la guerre aux autres hérétiques; de crainte
« que s'ils étoient tous réunis il fût difficile de les vaincre; par là, ces der-
« niers étant moins secourus par le comte, seront défaits plus aisément, S< ce
« prince, voyant leur défaite, rentrera peut-être en lui-même. S'il persévère
(i dans sa méchanceté, il sera beaucoup plus facile de l'attaquer lorsqu'il se
« trouvera seul 8v hors d'état de recevoir aucun secours de la part des autres.
(< Nous vous proposons ces précautions pour plus grande sûreté; mais comme
« vous serez sur l.es lieux, vous agirez suivant les circonstances, ainsi que le
a ciel vous l'inspirera. Se vous vous comporterez dans l'affaire du comte, après
« en avoir délibéré, comme vous verrez qu'il sera plus utile pour l'honneur
K de Dieu Se l'avantage de l'Église. » Tel est le plan que le pape Inno-
cent III traça à ses légats & qui fut suivi à la lettre.
Innocent, pour amuser encore davantage le comte de Toulouse, lui accorda^
la demande que ce prince lui avoit faite par ses ambassadeurs d'envoyer un
prélat romain dans la Province en qualité de légat a latere, avec lequel il pût
traiter, à cause que l'abbé de Cîteaux lui étoit suspect. Le pape nomma pour
cette fonction, sans révoquer cependant le pouvoir de cet abbé 8c des évêques
de Riez Se de Conserans, Milon, son notaire {notarius) ou secrétaire, dont
on fait un grand éloge Si qu'on loue surtout pour son intrépidité 8c son cou-
rage. Il lui associa, non pour la légation, mais pour le conseil, un cha-
' Innocent. III I. i i, Epist. iZz, — [Potthast, * Pierre de Vaiix-Cernay, c. 9 & suiv.
n. 3Û42.]
VI. 18
~ 2 74 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXI,
An I J09 ' '
noine de Gênes, nommé Thédise ou Théodose, qu'on loue aussi beaucoup
pour sa science, sa bonté & sa fermeté. Cette nomination fut fort agréable
au comte qui en témoigna publiquement sa joie, comptant que le nouveau
légat auroit plus d'égard pour lui &i lui seroit plus favorable que les autres;
mais ses espérances furent vaines. Ce nouveau légat étoit déjà nommé le
lef de mars de l'an 1209, comme il paroît par une lettre que le' pape adressa
alors à l'évêque de Riez, à l'abbé de Cîteaux & à maître Milon, légats du
siéae apostolique, pour leur recommander les intérêts des habitans de Mont-
pellier qui s'étoient conservés p^irs dans la foi & leur ordonner d'empêcher
qu'ils ne fussent inquiétés, soit dans leurs personnes, soit dans leurs biens,
par l'armée des croisés.
. XLVII. — Le comte de Toulouse rend ses bonnes grâces aux habitans
de Nimes qui s'étoient révoltés.
Tandis que cette armée se préparoit à marcher, le comte de Toulouse fai-
soit tous ses efforts pour gagner la bienveillance de ses sujets. Il pardonna
entre autres^ aux habitans de Nimes 8t du château des Arènes qui s'étoient
révoltés; il manda leurs députés au château de Cayssargues, situé à cinq
quarts de lieues de la ville, S<. là il leur promit par serment, le i5 de février
de l'an 1208 (1209), de leur remettre les griefs suivans : 1° De s'être liés par
serment, dans ses châteaux, contre la défense que Guiraud d'Ami, son con-
nétable, & Estienne Aldemarii, son viguier de Nimes, leur en avoient faite.
2° D'avoir fait mourir ce dernier, ravagé ses domaines, détruit & pillé sa
maison. 3° D'avoir aussi détruit & pillé le palais comtal situé au-dessous de
Mimes^, 81 un moulin qui en dépendoit aux portes de la ville Si d'en avoir
enlevé les matériaux. 4° De lui avoir refusé Si à ses gens l'entrée de la ville
81 du château, 81 d'y avoir introduit ses ennemis. 5° De s'être immiscés,
contre ses droits, dans l'exercice de la justice criminelle. Le comte, après
avoir accordé le pardon aux habitans de Nimes, confirma leur consulat, tel
qu'il avoit été réglé entre eux Si ceux du château des Arènes. 11 confirma
aussi leurs statuts Si leurs coutumes de la manière que le comte, son père,
Éd. origin. lui-même, Si les vicomtes de cette ville les avoient accordés. Enfin, il déclara
ï. 111, p. ibi. ' ^ . _ '
que quand quelquun auroit commencé de plaider devant les consuls de
Nimes, il ne pourroit plus décliner leur juridiction pour s'adresser à sa cour,
jusqu'à ce que le procès fût fini. Le lendemain, le comte s'étant rendu au
palais qu'il avoit au château des Arènes, confirma tous ces articles en pré-
sence des consuls, des chevaliers Si des principaux habitans; 81 deux cheva-
liers jurèrent en son nom qu'il les observeroit fidèlement"*. Le comte partit
■ Innocent. III I. 12, Ep'ist. 178. — [Potthast, ^ Cette révolte de Nimes est fixée, parMénard
n. .'!683.J (t. i,.p. 253), à l'an 1207; en effet, cet auteur a
' Tome VIII, Chartes, n. XC, ce. 567, 569. publié [ibid. pr. p. 42 & suiv.) un accord pour le
^ Corrigez, dam la. ville, au quartier du Prat. consulat entre les habitants de la rille & les che-
[A. M.] vnliers des Arènes, qui se rapporte certainement si
riISTOIRE GÉNKRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXI, 270
ensuite pour ie Caviar, clans le diocèse de Nimes, où il confirma', deux jours
après, les privilèges des habitans du comté de Melgueil^ Il vint quelque
temps après dans le Toulousain, & il étoit à Toulouse^ le 4 de mai.
Xl>V(I[. — Arrivée de MiLon en France. — // assemble un concile à Monté-
limar & ctte à Valence le comte de Toulouse qui se soumet à ses ordres 6"
Lui remet sept de ses places fortes.
l,fe pape, dans les instructions'' qu'il donna à Milon, son légat, lui enjoi-
gnit d'agir en toutes choses surtout dans l'affaire du comte de Toulouse, par
le conseil de l'abbé de Cîteaux, qui, lui déclara-t-il en termes exprès, /<?/•«
tout, if vous ne sere-:^ que son organe, parce que Le comte de Toulouse le tient
pour uispect i,- qu'il n'a aucune défiance de vous, Milon, étant enfin parti
(le Rome, arriva en France avec Thédise, son associé. Il se rendit aussitôt à
Aiixeirc, où Arnaud, abbe de Cîteaux, l'attendoit, & où ils concertèrent
ensemble les affaires de la légation. Milon le consulta sur divers articles, 5<.
Arnaud lui donna ses ordres par écrit sur chacun. Cet abbé lui marqua entre
autres d'assembler un concile S< d'y appeler les évêques qu'il jugeroit a
propos, avant que de procéder contre le comte de Toulouse, afin de prendre
leur avis dans cette affaire. Il lui indiqua quelques-uns de ces prélats en qui
il devoit prendre une confiance plus particulière. L'abbé de Cîteaux S< Milon
allèrent ensuite trouver le roi à Villeneuve, dans le diocèse de Sens, où ce
prince tenoit alors une assemblée ou parlement avec le duc de Bourgogne,
les comtes de Nevers & de Saint-Paul Se les autres graiuls du royaume-''. Ils lui
remirent les lettres que le pape lui écrivoit pour ie supplier d'envoyer au
moins son fils dans la province de Narbonne y prendre la défense de l'Églisc;
contre les hérétiques de ce pays, s'il ne pouvoit s'y rendre en personne. Le
roi répondit qu'il ne lui étoit pas possible d'entreprendre cette expédition, ni
par lui-même, ni par son fils, à cause de deux puissans ennemis, l'empereur
Othon Se le roi d'Angleterre, qu'il avoit actuellement sur les brasj que tout
ctHe aflairej l'acte eit élu 16 août U07. Ceit (■ • Voytz Preuves, p. 496. [SiC dans l'aneitnre
règlement Sfr l'électron de« consuls rédigé à cette édition; ce renvo est faux ; il nous a été impui-
époqiie par les habitants, que le comte de Toulouse tible de retrouver dans lei Preavei du toint \'III
fut obligé, deux ans plus tard, d'approuver. On It texte auquel fait allusion dom Vaiiltle.)
peut en voir l'analyse dam Ménard, l.l.i tout ce * Pierre de Vaux-Cernay, c. 10.
que nous en dirons, c'est qu'il excluait à peu près ' L'assernon de Pierre de \'3UX-Cernay est <cr-
complétement le comte 81 ses agents de l'adminii- firmée par un acte de Philippe-Auguste, qui prouve
tration de la ville. [A. M.] que le roi était m Vi)|encuve-le-Roi, prés Sent, le
' Mil. i'Aubayt, n. 81. 1" mai lioç; cet acte est un ciablisicmcnt reUiit
' Avant de quitter Nimes, le comte Raimond au paitage des fiefs, fait par le roi, par Eudes, due
avait vendu, pour la somme de trois cents sout de Bourgogne, Hervé, comte de Nevers, Renaud,
Raimondins. le village de Saint-Paul, près Beau- comte de Bourgogne, Gaucher, comte de Saini
cairc, > l'abbaye de la Font. Il s'y réserva la Pol , & plusieurs autres. Cf- Delisle, Acte, ,/«
haute iusiice & la chevauchée. Cf. Ménard, t. 1, Philippe- Aucune, n. Ii36, p i63. [A. M.]
p. i63 & suiv.; au même endroit, on trouvera
d'intéressants détail» sur l'état âorissantde l'ab-
baye de In Font à celte époque. (A. M.J
An 1 i~j')
"TTT^^ — -1^ HISTOIRE GÉNÉRAi^E DE LANGUEDOC. LIV. XXI.
ce qu'il pouvoit faire, étoit de permettre à ses barons de prendre part à cette
entreprise, & que c'étoit encore beaucoup dans les circonstances où i! se trou-
voit'. Un historien du temps^ assure cependant que ce prince fournit quinze
mille hommes de ses propres troupes pour l'armée des croisés.
Les deux légats, après 3 avoir pris congé du roi, se séparèrent. L'abbé de
Cîteaux demeura en France pour y rassembler l'armée, & Milon, suivi de
Thédise, se rendit à Montélimar sur le Pv.hône, où il convoqua un grand
nombre d'évêques pour délibérer avec eux sur l'expédition prochaine & la
manière dont on agiroit à l'égard du comte de Toulouse. Milon exigea que
tous ces prélats lui donnassent leur avis par écrit sur les articles que l'abbé
de Cîteaux lui avoit remis. Tous ces avis se trouvèrent uniformes, suivant un
historien du temps ; à quoi l'abbé de Cîteaux ne contribua pas peu sans
doute, car on a déjà vu qu'il nomma à Milon les évêques dont il devoit
prendre conseil dans cette affaire. Suivant le résultat de cette assemblée,
Milon cita le comte de Toulouse à Valence 8<. lui fixa un jour pour compa-
roître devant lui. Ce prince obéit sans aucune difficulté, 8<, s'étant rendu
dans cette ville, à la mi-juin de l'an 1209, il promit d'exécuter fidèlement
tous les ordres du légat, lequel lui ordonna de remettre sept de ses châteaux
à l'Eglise romaine pour la sûreté de ses promesses; il exigea de plus que les
consuls d'Avignon, de Nimes Se de Saint-Gilles lui fissent serment que, s'il
venoit à les enfreindre ou à désobéir à ses ordres, ils se regarderoient comme
déliés du serment de fidélité qu'ils lui avoient prêté & que son comté de
Melgueil seroit alors confisqué au profit de l'Eglise romaine.
Le comte se soumit à tout & prêta serment"*, entre les mains de Milon, de
la manière suivante : « L'an de l'Incarnation mil deux cent neuf, au mois
« de juin, je, Raimond, par la grâce de Dieu, duc de Narbonne, comte de
<( Toulouse, marquis de Provence, me remets moi-même avec sept châteaux,
t'ni°r^iû'-> " savoir : Oppède, Montferrand, Baumes, Mornas, Roquemaure, Fourques
« Si Fanjaux à la miséricorde de Dieu Se au pouvoir absolu de l'Église
« romaine, du pape 6c de vous, seigneur Milon, légat du siège apostolique,
« pour servir de caution au sujet des articles pour lesquels je suis excom-
« munie. Je confesse dès à présent tenir ces châteaux au nom de l'Église
« romaine; promettant de les remettre incessamment à qui vous voudrez Se
« quand vous jugerez à propos; d'obliger comme vous l'ordonnerez leurs
« gouverneurs Se leurs habitans à jurer de les garder exactement, tout le
« temps qu'ils seront au pouvoir de l'Église romaine, nonobstant la fidélité
« qu'ils me doivent, 8c enfin de les faire garder à mes dépens. » Milon
envoya bientôt après Thédise pour prendre possession de ces châteaux.
Ceux d'Oppède, de Mornas Se de Baumes sont situés au delà du Rhône,
dans l'ancien marquisat de Provence. Les quatre autres sont en deçà de ce
fleuve, savoir : ceux de Roquemaure Se de Fourques sur le Rhône, le pre-
' Voyez plus haut, p. 205. On voit que Pierre ' Pierre de Vaux-Cernay, c. i i.
de Vaux-Cernay a été bien renseigné. [A. M.] ^ Innocent. III Ephtolae, t. 2, p. 3^6.
' Guillaume le Breton, Philippeis, 1, 8, p. 192.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXl. 277
mier au diocèse d'Uzès & l'autre dans celui d'Arles, le château de Mont-
ferrand est dans le diocèse de Montpellier, 8c enfin celui de Fanjaux est le
même que celui de Largentière, en Vivarais.
XLIX. — Concile de Saint-Gilles. — Le comte de Toulouse y reçoit l'abso-
lution après avoir fait serment, avec ses barons, d'observer tout ce que le
légat leur prescriroît.
Le légat, après avoir reçu ce serment, alla à Saint-Gilles pour y donner
l'absolution au comte St le réconcilier à l'Église. Voici les circonstances que
les historiens 8c les monumens du temps' nous ont transmises de cette
fameuse cérémonie. Milon, accompagné des archevêques d'Arles, d'Aix &
d'Auch, & des évêquesde Marseille, Avignon, Cavaillon, Carpentras, Vaison,
Trois-Châteaux, Nimes, Agde, Maguelonne, Lodève, Toulouse, Béziers.
Fréjus, Nice, Apt, SiSteron, Orange, Viviers 81 Uzès, se rendit dans le vesti-
bule de l'église de l'abbaye, où on avoit dressé un autel sur lequel on avoit
exposé le saint sacrement 8t les reliques des saints. On conduisit en cet
endroit le comte Raimond, qui étoit nu jusqu'à la ceinture & qui fit d'abord
le serment suivant devant toute l'assemblée : « L'an douze du pontificat du
« seigneur pape Innocent III, le 18 de juin, je, Raimond, duc de Narbonne,
« jure sur les saints évangiles, en présence des saintes reliques, de l'eucha-
« ristie 8c du bois de la vraie croix, que j'obéirai à tous les ordres du pape
« 8c aux vôtres, maître Milon, notaire du seigneur pape 8c légat du Saint-
« Siège apostolique, 8c de tout autre légat du Saint-Siège, touchant tous 8c
« chacun des articles pour lesquels j'ai été ou je suis excommunié, soit par
« le pape, soit par son légat, soit par les autres, soit enfin de droit; en sorte
« que j'exécuterai de bonne foi tout ce qui me sera ordonné, tant par lui-
« même que par ses lettres 8c par ses légats, au sujet desdits articles, mais
« principalement sur les suivans : i' Sur ce que les autres ayant fait serment
M d'observer la paix, on dit que j'ai refusé de la signer. 2° F,n ce qu'on dit
(I que je n'ai pas gardé les sermens que j'ai faits pour l'expulsion des hérc-
n tiques 8c de leurs fauteurs. 3° Sur ce qu'on dit que j'ai toujours favorisé
« les hérétiques. 4° Sur ce qu'on me regarde comme suspect dans la foi.
« 5° Sur ce que j'ai entretenu les routiers ou les mainades. 6° Sur ce qu'on
« dit que j'ai violé les jours de carême, des fêtes 8c des quatre-temps, qui
« dévoient être des jours de sûreté. 7" Sur ce qu'on dit que je n'ai pas voulu
« rendre justice k mes ennemis lorsqu'ils m'offroient la paix. 8° Pour avoir
« confié à des juifs les offices publics. 9° En ce que je retiens les domaines
(' du monastère de Saint-Guillem 8c îles autres églises. 10° En ce que j'ai
« fortifié les églises 8c que je m'en sers comme de forteresses. 1 1" Sur ce que
« je fais lever des péages 8c des guidages indus. 12° Pour avoir chassé
' Pierre de Vaiix-Cernay, c. 12. — Acta apud f/istoirc ,lcs comtes de Tolosc , p. 24^ & suiv. — <
Innocent. III Epist. z, 3^8 & luiy. — Catel, Marténe, T/icsaurus^ i. 1, c.SiJ.
An 1209
■"; 2 78 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXI.
An 1209 '
« l'évêque de Carpentras de son siège. i3°Surce qu'on me soupçonne d'avoir
« trempé dans le meurtre de Pierre de Castelnau de sainte mémoire, princi-
« paiement parce que j'ai mis le meurtrier dans mes bonnes grâces. 14° Sur
« ce que j'ai fait arrêter prisonniers l'évêque de Vaison 8c ses clercs, que j'ai
« détruit son palais avec la maisoa des chanoines, 8c que j'ai envahi le châ-
« teau de Vaison. i5° Enfin sur ce qu'on dit que j'ai vexé les personnes reli-
« gieuses & que j'ai commis divers brigandages. J'ai fait serment sur tous ces
« articles 81 sur tous les autres qu'on pourroit m'objecter, 8<. je l'ai fait faire
« à tous ceux que j'ai donnés pour cautions touchant les châteaux de Four-
« ques, Oppède, Montferrand, 8ic. Si j'enfreins ces articles Se les autres
t.^iu,°p?l63. « qu'on pourra me prescrire, je consens que ces sept châteaux soient confis-
« qués au profit de l'Église romaine, 8c qu'elle rentre dans le droit que j'ai
« sur le comté de Melgueil. Je veux 8c j'accorde de plus qu'en ce cas je sois
<( excommunié; qu'on jette l'interdit sur tous mes domaines; que ceux qui
« feront serment avec moi, soit consuls ou autres 8c leurs successeurs, soient
« dès lors absous de la fidélité, du devoir 8c du service qu'ils me doivent; 8c
« qu'ils soient tenus de prêter serment de fidélité 8c de la garder à 1 Eglise
« romaine pour les fiefs 8c les droits que j'ai dans leurs villes &c leurs châ-
« teaux. Enfin je m'engage par le même serment à entretenir la sûreté des
« chemins. «
Le légat commanda ensuite à Raimond, en vertu du serment qu'il venoit
de faire 8c sous la peine qui y étoit comprise : 1° De rétablir l'évêque de
Carpentras dans tous les droits qu'il avoit au dedans 8c au dehors de cette
ville 8c de le dédommager de toutes les pertes qu'il lui avoit causées; de
fournir pour cela des cautions suffisantes ; de renoncer absolument au ser-
ment que les habitans de Carpentras lui avoient prêté depuis trois ans, 8c de
remettre à lui, légat, la forteresse qu'il avoit fait construire dans cette ville.
2° De restituer à l'évêque, au prévôt Se aux chanoines de Vaison les châ-
teaux 8c les autres domaines qu'il leur détenoit; de donner caution qu'il les
indemniseroit, soit pour les dommages qu'il leur avoit causés, soit pour leurs
édifices qu'il avoit détruits. Se de remettre le château de Vaison à lui, légat,
ou à celui qu'il commettroit pour cela. 3° De chasser entièrement de ses
domaines les Aragonois, routiers, Costereaux, Brabançons, Basques, mainades
8c autres brigands, sous quelque nom qu'ils fussent connus; de ne pas les
employer ailleurs Se de ne jamais se servir d'eux. 4° De ne donner aux juifs
aucune administration publique ou particulière dans ses Etats. 5° De veiller
à la sûreté des chemins publics. 6° Enfin d'exécuter fidèlement tous les autres
ordres que le pape ou ses légats pourroient lui donner dans la suite.
Seize barons, vassaux du comte de Toulouse, savoir : Guillaume de Baux,
prince d'Orange, Se Hugues, son frère, Raimond de Baux, leur neveu, Dra-
gonet (de Bocoyran), Guillaume d'Arnaud, Raimond d'Agoût, Ricard de
Carniumpo (Al. de Chamuno ou Carupno) , Bertrand de Laudun 8c Guil-
laume, son frère, Bernard d'Anduze 8c Pierre Bermond, son fils, Rostaing de
Posquières, Raimond, seigneur d'Uzès, Se son fils Decan, Raimond-Gaucelin,
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXI. 27g ~
' '' An 1209
seigneur de Lunel, & Pons-Gaucelin de Lunel firent ensuite serment entre
les mains du légat, suivant le commandement qu'il leur en avoit fait, d'obéir
fidèlement à tous ses ordres ou de tout autre légat, & à ceux de l'Eglise. Ils
s'engagèrent : 1° De renoncer aux mainade's, c'est-à-dire à l'association avec
les brigands. 2° De ne plus confier à des juifs l'administration de leurs
domaines. 3° De ne plus exiger ni péages, ni guidages. 4° D'observer la
paix & la trêve (de Dieu), suivant l'ordre, du légat du pape. 5° De conserver
la liberté des églises. 6° De démolir les fortifications qu'ils avoient faites en
quelques églises, de n'en fortifier jamais aucune, Se de restituer les dom-
mages qu'ils leur avoient causés, de même qu'aux ecclésiastiques & aux
laïques. 7° De faire justice à tous ceux qui formeroient des plaintes contre
eux. 8" D'accomplir exactement tous ces articles 81 les autres qu'on pourroit
exiger d'eux 8< de donner des cautions suffisantes. 9° D'entretenir la sûreté
des chemins publics. 10° Enfin de punir sévèrement tous les hérétiques,
leurs fauteurs 8t leurs receleurs qui leur seroient dénoncés par les évêques.
Le légat récapitula tous ces articles, en expliqua quelques-uns d'une manière
plus étendue, ordonna aux barons de les observer fidèlement en vertu de
leur serment, & leur défendit de se mêler en aucune façon de l'élection des
évêques & des autres prélats, 8t de s'immiscer dans le gouvernement des
églises, le siège vacant. Ensuite le légat fit mettre ' une étole au col du
comte de Toulouse; &. en ayant pris les deux bouts, il l'introduisit dans
l'église en le fouettant avec une poignée de verges. Après cette humiliante
cérémonie, il lui donna l'absolution; mais la foule étoit si grande que ce
prince ne put s'en retourner par le même cllcmiil par lequel il étoit venu &
qu'il fut obligé de passer par un des bas côtés de l'église où on avoit trans-
féré le tombeau du bienheureux Pierre de Castelnau; en sorte que plusieurs
crurent qu'il lui faisoit amende honorable de sa mort.
L. — Le légat impose de nouvelles lois au comte de Toulouse. — Il reçoit
le serment des villes d'Avignon, de Nîmes 6* de Saint-Gilles (S- divers châ-
teaux en gage de la part des barons.
Le lendemain, 19 de juin, le légat^ Milon imposa de nouvelles lois 8< (."in^i^'fi'f
renouvela ses ordres au comte de Toulouse. Il enjoignit à ce prince : 1° De
garder tous les hérétiques S< ceux qui les favorisoient publiquement pour les
livrer avec tous leurs domaines à la merci des croisés, 2° De ne plus protéger
à l'avenir les sectaires. 3° De ne jamais violer, ni permettre qu'on violât les
jours de dimanche, de carême St les autres exprimés dans le concile de
Latran. 4" De rendre justice, quand il seroit requis, aux églises, aux mai-
sons religieuses 81 aux pauvres, £< de la faire administrer par ses officiers à
ceux qui s'adresseroient à eux. 5° De détruire, au jugement des évêques dio-
' Pierre de Vaux-Cern.ny, c. il. suiv. — Catel, Histoire Jcs comtes de Talose ,
' Acta npiid Innocent. III Epist. î, p. ^/^1 & p. 2^5 & suiv.
An I20J
280 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXI.
césains, les fortihcations qu'il avoit faites aux églises Se de les rendre à ceux
à qui elles appartenoient. 6° De maintenir les églises 8t les maisons reli-
gieuses dans une entière libertéj de n'imposer sur elles ni albergues, ni pro-
curations ou aucune sorte de droit; de ne pas s'emparer de la dépouille des
évêques & des autres prélats après leur mort; de ne pas s'immiscer dans l'ad-
ministration de leurs églises ou dans l'élection de leurs successeurs, de laisser
une liberté entière aux électeurs, Sec. 7° De ne lever d'autres péages ou gui-
dages, soit par eau, soit par terre, que ceux qui étoient établis par l'autorité
des rois Se des empereurs. 8° De supprimer tous les greniers à sel qu'il avoit
établis, de n'en pas établir de nouveaux & de permettre le passage libre à
tous les voyageurs par eau & par terre. 9° D'observer la paix Si la trêve.
10° De s'en rapporter à la décision du légat ou de ses délégués touchant les
plaintes qu'on formeroit contre lui. 11° De veiller à la sûreté des chemins St
de n'obliger personne à se détourner des'anciennes routes. 12° De tenir pour
hérétiques S<. pour leurs fauteurs S<. receleurs tous ceux qui lui seroicnt
dénoncés ou à ses baillis, comme tels, par les évêques diocésains ou les autres
supérieurs ecclésiastiques. i3° De jurer d'observer la paix qui avoit été éta-
blie par ses légats ou qu'ils établiroient dans la suite, 8c de faire prêter un
pareil serment à tous ses vassaux. 14° De ne rien attenter ni directement, ni
indirectement, contre les sept châteaux qu'il avoit donnés en garde à l'Eglise
romaine pour la sûreté de ses promesses. i5° Enfin d'observer tous ces articles
Se ceux que le pape ou son légat pourroient lui prescrire de nouveau dans
la suite.
Le même jour les consuls d'Avignon Se de Nimes firent serment entre les.
mains du légat, du consentement du comte, d'agir de tout leur pouvoir pour
engager ce prince à observer fidèlement tous les articles pour lesquels il avoit
été excommunié, Se à obéir à tous les ordres de l'Église, avec promesse, en
cas qu'il vînt à y contrevenir, de ne plus lui donner aucun secours, de ne
plus le regarder comme leur seigneur. Sec; mais de prêter alors serment de
fidélité à l'Eglise romaine Se de lui obéir, en attendant qu'il eût pleinement
exécuté ces mêmes articles; de veiller à la sûreté des chemins publics; d'ob-
server tout ce qui avoit été ordonné au comte; de faire prêter tous les ans
un pareil serment à leurs successeurs, entre les mains de leur évêque ; Se
enfin de regarder comme hérétique manifeste quiconque refuseroit de faire
ce serment. Les consuls de Saint-Gilles avoient prêté le jour précédent un
semblable serment, tant pour eux que pour le consulat de la ville 8c de
l'église de Saint-Gilles, composé des villages de Seure, de Stagel, Sainte-
Colombe Se Speiran Se du territoire de Carmarignan.
Le comte de Toulouse déclara ensuite solennellement, à la demande du
légat, en présence des trois archevêques Se des dix-neuf évêques qui avoient
été présens à son absolution, qu'il accordoit une entière liberté Se exemption
à toutes les églises Se maisons religieuses des provinces de Vienne, Arles,
Narbonne, Auch, Bordeaux 8c Bourges, dans lesquelles ses domaines s'cten-
doient, avec promesse de n'exiger de ces églises Se monastères aucune
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XXL 281
An 1209
albergue, procuration ou autre exaction; de ne s'emparer de la dépouille des
évêques & des autres supérieurs ecclésiastiques après leur mort ; & d'observer,
comme un prince catholique, les autres articles touchant la liberté ecclésias-
tique que le légat jugeroit à propos de lui imposer. Guillaume de Baux,
prince d'Orange, fit alors une semblable déclaration pour toute l'étendue de
ses domaines'.
Le 20 de juin, les divers prélats auxquels Milon avoit donné la garde des
septs châteaux que le comte de Toulouse avoit livrés à l'Église romaine, firent t.'iu,°p'.''"65.
serment entre ses mains de les faire garder fidèlement, de ne les rendre à ce
prince que par un ordre exprès ou par une bulle du pape ou de ses légats;
d'employer leurs revenus pour les frais de la guerre, Sec. Ceux qui firent ce
serment furent Michel, archevêque d'Arles, pour les châteaux de Mornas 8<
de Fourques, l'évêque de Viviers pour le château de Fanjaux, l'abbé de
Montmajour pour celui d'Oppède, l'évêque & le prévôt d'Avignon pour ceux
de Roquemaure & de Baumes, 8t enfin l'évêque de Maguelonne pour le châ-
teau de Montferrand. Guillaume de Baux, prince d'Orange, Hugues, son
frère, Raimond de Baux, leur neveu, Pierre Bermond de Sauve, Raimond
Pelet, seigneur d'AIais, Raimond Rascas, seigneur d'Uzès, Rostaing de Pos-
quières & Raimond-Gaucelin, seigneur de Lunel, remirent en même temps
entre les mains du légat, pour gage de leur promesse, savoir : les trois pre-
miers, tant en leur nom que pour les seigneurs qui demeuroient au delà du
Rhône, pour les fils de Rostaing de Sabran, pour Bertrand de Laudun &
pour Guillaume, son frère, les châteaux deVitrole, de Montmirat Se du
Clarensans; 8c les derniers les châteaux de Grefeuille, de Roquefourquade
& de Sade, avec promesse d'obéir fidèlement aux ordres du légat touchant les
péages, les guidages, les juifs, les maînades, les églises fortifiées, la liberté
ecclésiastique. Sic, 8t de rendre justice dans les affaires du comte de Tou-
louse. Le lendemain le légat donna à Guillaume Porcelet les mêmes ordres
qu'il avoit donnés aux autres barons. Raimond-Gaucelin, l'un d'entre eux,
s'étoit réconcilié quelque temps auparavant avec ce comte qui, étant à Saint-
Gilles, lui avoit^ pardonné & lui avoit dit, en lui rendant son amitié : « Parce
« que vous revenez à moi, & que vous voulez être de mes amis, comme vous
« le devez, je vous rends la connétablie de Melgueil 8t je l'augmente en
« vous donnant tout ce que j'ai depuis Massillargues dont vous me ferez hom-
« mage. »
' Dans le même concile Us légats terminèrent août 1 109, par Jeux lettres, datées de Montpellier,
les querelles qui divisaient le comte de Toulouse 3c il abandonna à l'abbé toutes ses possessions dans
l'abbé de Saint-Gilles. — Le 10 juillet 1209, l'abbé la rille, & exhorta les consuls à être fidèles au
prétendit que le comte tenait en fief de l'abbaye monastère (Voir ut supra, n"' 84, 85, ce. 1720
tout ce qu'il possédait dans la ville (Voir tome V, & 1721). Cet accord fut confirmé par le pape Iii-
n. 83, c. 1727)) le comte nia le fait & prétendit nocent III , le 14 mai 1216 , après le concile de
y avoir plein droit de propriété. — Mais il fut Latran {ut supra, n. 90, c. 1722). [A. M.|
obligé de renoncer à set prétentions, & le 23 ' Gaùtï, Séries praesulum Magalonensium,f.3\i,
An I20
'J
282 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXlo
LI. — Raimond, comte de Toulouse, prend la croix contre les albigeois.
Le 22 de juin, le légat' fit, promettre par serment, au comte de Toulouse
Se à tous les barons qui étoient à Saint-Gilles, d'observer la paix entre eux
de la manière qu'elle avoit été réglée ou rétablie par les légats de l'Eglise
romaine, avec ordre de faire prêter un semblable serment par tous leurs vas-
saux. 11 leur ordonna, supposé qu'il s'élevât parmi eux dans la suite quelque
sujet de dispute, de s'en rapporter à la décision d'Hugues, évêque de Riez,
légat du Saint-Siège, de l'archevêque d'Arles, de l'évêque d'Uzès, du prévôt
de la cathédrale d'Avignon & des autres qui leur seroient désignés par l'Eglise
romaine; il les leur donna pour juges de leurs différends, sans préjudice des
ordres du Saint-Siège apostolique. Le comte de Toulouse, pour donner des
preuves de sa bonne foi, demanda ensuite la croix à Milon Se offrit de servir
contre les hérétiques de la Province. Le légat lui ayant accordé sa demande,
le comte fit un nouveau serment conçu en ces termes. « Au nom de Dieu,
« l'an douze du pontificat d« pape Innocent 111, le 22 de juin, je, Rai-
« mond , par la grâce de Dieu duc de Narbonne, comte de Toulouse &
t( marquis de Provence, jure sur les saints évangiles que lorsque les princes
(I croisés arriveront dans mes États, je leur obéirai entièrement, tant pour
« ce qui regarde leur propre sûieté que dans toutes les autres choses qu'ils
(( jugeront à propos de me commander pour leur utilité, & pour celle de
« toute l'armée. » Raimond s'engagea par là à prendre les armes contre ses
propres sujets 8*. à aider les croisés à les détruire. Mais, si nous en croyons
un auteur du temps ^ peu ami de ce prince, il ne prit ces engagemens que
par la crainte des croisés, & il n'y eut que deux de ses chevaliers qui prirent
la croix avec lui.
LII. — Statuts du concile de Saint-Gilles. — Le pape écrit an comte de
Toulouse sur son absolution 6* impose le dixième en France pour les /rais
de la croisade,
Milon, averti de l'approche de l'armée, se disposa à aller à sa rencontre.
Avant^ son départ de Saint-Gilles, il écrivit une lettre circulaire à tous les
archevêques Si évêques, pour leur ordonner, en vertu d'obéissance, de faire
publier dans leurs diocèses les statuts qui venoient d'être dressés dans cette
ville 8c de les faire observer inviolablement, sous peine d'excommunication
81 d'interdit. Il leur donna de plus les ordres suivans : « Vous relâcherez,
' Jeta ap. Inrtocent. lll Ep'tst. at supri, — ckevaliers; c'était sans doute afin d'empêcher tes
Catel, Histoire des comtes Je Tolose,-p. 24.5&siiiv. vassaux du comte de se prévaloir des privilèges
' Pierre de Vaux-Cernay, c. |3. — Cet auteur accordés par le pape aux croisés. Tel était du
ne dit pas expressément qu'il n'y ait eu que deux moins le biltde Raimond VI en prenant la croix,
des chevaliers de Raimond VI à prendre la croix, si l'on en croit Pierre de Vaux-Cernay. [A. M.]
mais que le légat ne la donna qu'à deux de ses ' Acta ap. Innocent. III Epist. z, p. 3ôo.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXI. 283 "T
An 1209
leur dit-il, la sentence d'interdit suivant la forme qui suit & qui vous a
été donnée ces jours passés dans la conférence de Saint-Gilles : Les absens
qui sont nommément excommuniés ou interdits, si ce sont des personnes
d'une grande considération, se présenteront pour recevoir l'absolution à un t.'iii°p!%.
des légats, avec des lettres de leur évêque diocésain, qui contiendront la
vérité du fait. Quant aux chevaliers moins qualifiés t- au peuple, il suffira
que l'évèque diocésain ou quelqu'un de sa part se transporte sur les lieux
soumis à l'interdit, t- là, après avoir reçu le serment de tous les habitans
d'obéir aux ordres de l'Eglise, il fera exhumer les corps de ceux qui ont
été enterrés durant l'interdit (y les fi r a inhumer de nouveau avec les céré-
monies accoutumées, après les avoir absous de l'interdit^ à moins que ceux
qui seront exhumés ne Jiissent nommément excommuniés , car ceux-ci
doivent être privés pour toujours de la sépulture ecclésiastique. Il fera
ensuite jurer d'observer la paix 6* les statuts qui la regardent. Tout ce
n qu'on vient de rapporter doit être observé dans les lieux où il n'y pas d'hé-
létiques manifestes. »
Le pape Innocent III ne fut pas plutôt informé de ce qui s'étoit passé à
Saint-Gilles qu'il écrivit', le 26 de juillet suivant, au comte de Toulouse :
Nous nous réjouissons dans le Seigneur 8c dans la force de sa grâce de ce
que, malgré tout ce qu'on avoit publié, & qui paroissoit nuire extrêmement
à votre réputation, vous vous êtes enfin soumis entièrement à nos ordres
pour la ritablir. Si de ce que vous avez donné toutes les cautions que notre
cher fils Milon, notre notaire, légat du Saint-Siège apostolique, vous a
demandées. Ainsi, au lieu d'un sujet de scandale que vous étiez auparavant,
vous êtes devenu un modèle à suivre, de sorte que la main du Seigneur
paroît avoir merveilleusement opéré en vous. Comme nous sommes très-
persuadés que cette démarche vous sera aussi profitable pour le temporel
que pour le spirituel, nous vous exhortons à vous comporter dans la suite
de telle manière parmi les fidèles que vous fassiez de nouveaux progrès dans
la foi catholique; vous qui jusqu'ici vous perdiez en faisant la guerre parmi
des perfides. Montrez-vous tel en toutes choses, que nous, qui souhaitons
votre avancement Se votre honneur, soyons obligés de vous accorder notre
protection : croyez que nous n'avons pas intention de vous imposer un
joug injuste 81 onéreux. »
Innocent écrivit* en même temps : 1° A tous les prélats du royaume^ pour
leur enjoindre, sous peine de censure, de contribuer d'une partie de leur
revenu aux frais Se à la dépense de l'armement, suivant l'état qui en seroit
dressé par l'évèque de Riez, l'abbé de Cîteaux 81 maître Milon, ses légats;
il marque dans cette lettre qu'il contribueroit lui-même à l'expédition d'une
somme considérable. 2° A tous les fidèles établis dans les terres des nobles
qui s'étoicnt croises contre les hérétiques provençaux pour leur ordonner la
■ Innocent. III 1. 11, Epist. 90. — [Cette lettre ' Innocent. III I. 12, Eplst. 86 & seq.
est du 27 juillet i 209; Potthast, n. 3784.] ' [Pottliast, n. 3787J cette lettre estdu 28 juillet.]
An 12
Éd. origin.
t. 111, p. iii;
284 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC, LIV. XXL
même chose'. 3° Aux trois légats^; il leur marque que, sur la demande qu'ils
lui avoient souvent faite d'obliger, par censures, les clercs 8? les laïques des
domaines des nobles qui s'étoient croisés, à payer le dixième d'une année de
leur revenu pour une si grande entreprise il avoit fait expédier ses lettres;
mais, qu'après avoir examiné le tout avec les cardinaux, il avoit trouvé ce
moyen trop dur; que, cependant, il s'étoit rendu à leurs instances 81 qu'il
leur commettoit son autorité pour engager parleurs exhortations les clercs &i
les laïques à payer, non pas précisément le dixième du revenu d'une année,
mais ce qu'ils jugeroient à propos; sans cependant y contraindre personne,
s'ils ne pouvoient les gagner par leurs persuasions; excepté les ecclésiastiques
séculiers St réguliers, qu'ils pouvoient forcer d'obéir par les censures ecclé-
siastiques, supposé qu'ils crussent que l'expédition ne réussît pas autrement,
& qu'il n'en dût pas arriver un grand scandale ; qu'au reste, quant aux
laïques, ils ne dévoient pas les y contraindre sans le consentement de leurs
seigneurs. 4° Enfin le pape écrivit à Milon en particulier pour lui témoi-
gner la satisfaction qu'il avoit des progrès de sa légation & l'exhorter à con-
tinuer.
LUI. — Milon va au devant de l'armée des croisés assemblée à Lyon,
Ce légat, suivi ^ de Thédise, son associé. Se de la plupart des évêques qui
s'étoient trouvés à Saint-Gilles, alla à Lyon au devant de l'armée des croisés,
qui s'y étoit rassemblée de toutes les parties du royaume vers la Saint-Jean-
Baptiste de l'an 1209. Elle étoit l'une des plus nombreuses qu'on eût encore
vu en France & même en Europe. Les auteurs ne conviennent pas cepen-
dant du nombre des troupes qui la composoient. Quelques modernes la font
monter à cinq cent mille hommes & d'autres à trois cent mille; les anciens
historiens n'en marquent pas le nombre Si Pierre de Vaux- Cernay'*, contem-
porain Se témoin oculaire, dit qu'il n'y avoit que cinquante mille combattans
quand elle fut arrivée à Çarcassonne^. On y voyoit des Flamands, des Nor-
mands, des Aquitains 8c des Bourguignons conduits par les archevêques de
Reims, de Sens Si de Rouen, les évêques d'Autun, de Clermont, de Nevers,
de Bayeux, de Lisieux Si de Chartres, 8c par un grand nombre d'ecclésiasti-
ques; Si entre les seigneurs séculiers, par Eudes, duc de Bourgogne, Hervé,
comte de Nevers, le comte de Saint-Paul, Simon de Montfort, comte de
Leycestre, le comte de Bar-sur-Seine, Gui de Beaujeu, Guillaume des
Roches, sénéchal d'Anjou, Gaucher de Joigny, Sic. On assure*^ que tous les
' [Pofthast, n. îySj.] ^.Pierre de Vaiix-Cernay, c. 17.
' [Cette lettre est du 17 juillet. Cf. n. 3780.] ' Guillem de Tudèle (v. 279-281) dit vingt mille
' Pierrt de Vaux-Ceriiay, c. i3. — Albéric, chevaliers, plus deux cent mille vilains & pay-
Clironicon. — Rigord, de Gcstis P/iilippi Avgusti, sans, sans compter le clergé & les bourgeois. On
p. 55. — Robertus Altissiodorensis, Chronicon. — ne peut permettre de telles exagérations qu'à un
Matthieu Paris, an I2i3. — Innocent. III I. 12, poëte. [A. M.j
Eptst. \oi. — Guillaume le Breton, P/ii7i/>^cis, 1. 8. 'Matthieu Paris, an I2i3.
— Caes-irius Heisterbacensis, 1. j, c, 21.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXI. • 285
croisés portoient des bourdons de pèlerin à la main pour marquer que c'étoit
une expédition toute sainte à laquelle ils s'étoient dévoués, & dans la vue de
gagner les indulgences que le pape avoit attachées à cette espèce de pèleri-
nage, à l'exemple des voyages qu'on faisoit alors dans la Terre-Sainte pour
combattre les infidèles. Les croisés, à leur arrivée à Lyon, choisirent leurs
chefs pour les commander Si mirent à leur tête, en qualité de généralissime,
Arnaud, abbé de Cîteaux Si légat du Saint-Siège.
Milon reçut en passant à Orange, le 25 de juin', du consentement de
Guillaume de Baux, prince de cette ville, le serment des consuls & des con-
seillers. Ils lui firent la même promesse que lui avoient faite quelques jours
auparavant les consuls de Nimes & d'Avignon, Si ils s'engagèrent de la
renouveler tous les ans entre les mains de leur prince. Le 27 de juillet,
Artaud de Roussillon lui prêta serment à Valence Si lui livra son château de
Roussillon pour la sûreté de sa promesse. L'évêque, le doyen, le vicaire Si
les autres chanoines de Valence promirent aussi par serment, à Milon,
d'abandonner le comte de Toulouse si ce prince refusoit d'exécuter les articles
qu'il avoit juré d'observer; d'obéir à l'Église romaine. Sic. Le légat continua
ensuite sa route Si joignit l'armée des croisés.
LIV. — Le comte de Toulouse va à la rencontre des croisés &• s'accorde
avec l'évêque d'U-^ès.
Le comte de^ Toulouse, qui avoit pris les devants, la rencontra à Valence.
La plupart des chefs, entre autres Pierre de Courtenay, comte d'Auxerre, 81
Robert de Courtenay, ses cousins germains, lui firent beaucoup d'accueil S<
furent charmés de le voir. 11 renouvela alors entre leurs mains le serment,
qu'il avoit déjà fait entre celles du légat, de leur rendre tous les services pos-
sibles 81 de se conduire comme ils le jugeroient à propos. Il leur donna
quelques châteaux pour gage de sa promesse Si s'offrit même de leur laisser
son fils en otage Si d'y demeurer lui-même. Il passa ^ un accord, le 7 de
juillet suivant, avec l'évêque d'Uzès 81 promit de tenir en fief à l'avenir, de
lui 81 de son église, les châteaux de Valabris, Aramon, Laudun, Vènejan Si
quelques autres, au nombre de treize, 81 ce que ses vassaux possédoient à
Monttrin, à Masmolène 81 dans trois autres châteaux, avec promesse d'en faire
hommage 81 de servir l'évêque 81 l'église d'Uzès envers tous 81 contre tous,
excepté contre le roi. 11 céda de plus à l'évêque le droit de justice dans le
lieu de Sainte-Anastasie Si se départit, tant de l'albergue de cent cinquante
sols qu'il avoit sur l'église d'Uzès que du droit de garde de l'évêché pendant
la vacance du siège. Le viguier 81 les vassaux du comte exécutèrent peu de
temps après cette transaction.
' Acta ap. Innocent. III Epist. t. 2, pp. 368 & ' Factum du duc d'Uzès contre l'évêque de cette
ïeq. ville, imprimé en 1718.
' Pierre de Vaux-Cernay, c, i5. — Guillelmus
de Podio Laureiuii, c, i3.
An 120Ç)
■~I 286 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXI.
An i2oy
LV. — Milon & l'abbé de Citeaux font passer le Rhône à l'armée 6* arrivent
à Montpellier. — Le vicomte de Bé-^iers tente inutilement de J aire sa paix
avec eux.
Guillaume' Ademar Se Lambert, seigneurs de Montélimar, firent, le 12 de
juillet, à Milon, le même serment que lui avoient fait à Saint-Gilles les autres
barons de Provence 8c lui livrèrent, pour la sûreté de leurs promesses, la
ville de Montélimar 61 les autres forteresses dont il confia la garde à l'évêque
de Viviers.
L'abbé de Cîteaux 81 Milon ayant fait passer le Rhône à l'armée, ils la
conduisirent à Montpellier, où elle s'arrêta pendant quelques jours. Raimond-
Roger, vicomte^ de Béziers, informé de son arrivée, se rendit aussitôt dans
cette ville pour faire sa paix avec les légats, à l'exemple du comte de Tou-
louse, son oncle. Il fit tous ses efforts pour justifier sa conduite & protesta
qu'il étoit entièrement soumis à l'Église; il avoua qu'à la vérité ses officiers
avoient favorisé les hérétiques, mais que c'étoit contre son intention 81 qu'il
Éd.origin. Jétestoit les erreurs des sectaires. Mais toutes ses protestations furent inu-
t. m, p. iCi. , _ r
tiles, 8<. le légat refusa de recevoir ses excuses; en sorte qu'il se retira très-
mécontent. A son retour à Béziers, il assembla les principaux de ses vassaux,
leur fit part du refus que le légat avoit fait de l'écouter & résolut, de leur
avis, de défendre ses domaines jusqu'à la dernière extrémité. Il pourvut
ensuite à la sûreté de ses places, 81, après avoir laissé une forte garnison dans
Béziers, il alla se jeter dans Carcassonne avec l'élite de ses troupes. 11 implora^
cependant le secours du roi d'Aragon, qu'il reconnoissoit pour son suzerain;
mais ce prince ne jugea pas à propos de le lui accorder, de crainte de se
brouiller avec le pape, 81 il aima mieux laisser périr les catholiques que de
donner pour les sauver sa protection aux hérétiques.
LVI. — Les croisés se joignent devant Bé-^iers.
Les croisés'^, après s'être reposés quelque temps à Montpellier, se mirent
en marche sous la conduite de l'abbé de Cîteaux. Le légat Milon demeura
encore quelque temps dans cette ville d'où il se rendit en Provence pour y
continuer les affaires de la légation. L'armée s'étant avancée vers les fron-
tières du diocèse de Béziers, son approche jeta une si grande terreur dans
tous les environs que les seigneurs du pays, ou abandonnèrent leurs châteaux
pour prendre la fuite ou se vinrent soumettre. Le château de Servian, situé à
■ Acta apud Innocent. III Epist. t. 2, p. 369. ' Innocent. III 1. i5, Epist, 212. [Potthast,
° Tome VIII, ce. 14, i5. — Le récit de l'entrevue n. 4655.]
de Montpellier entre le vicomte de Béziers & le ■* Pierre de Vaux-Cerilay, c. i5 & suiv. — In-
légat manque aujourd'hui dansGiiillem deTiidélej nocent. III 1. \i, Epist. 108. — Guillelmus de Po-
nul doute d'ailleurs que le poëme n'ait contenu le dio Laurentii, c. i3 & seq. — Praeélara Francorum
passage que l'Anonyme abrège ici. Cette entrevue facinora, p. 112. — Matthieu Paris, an I2|3. .—
dut avoir lieu vers le 10 juillet 1209. [A. M.] Voyez tpme VIII, ce. lâ, 16.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. L'IV. XXI. 287
deux lieues de Béziers, vers le levant, fut une des premières conquêtes des
croisés qui le trouvèrent vide Se qui s'en saisirent la veille de la Madeleine,
21 de juillet. Le lendemain ils campèrent devant Béziers dans la résolution
d'en faire le siège.
Deux autres corps les joignirent' alors. Le premier venoit du côté d'Agen
& étoit commandé par l'archevêque de Bordeaux, les évêques de Limoges, de
Bazas, de Cahors 8c d'Agen, par Gui, comte d'Auvergne, le vicomte de
Turenne, Bertrand de Cardaillac, le seigneur de Castelnau de Montratier
qui conduisoit ceux du Querci, &ic. Guillaume, archevêque de Bourges*, qui
avoit pris la croix avec une partie de ses diocésains, se seroit sans doute joint
à ce corps d'armée si la mort, qui l'enleva au commencement de l'année,
n'eût mis obstacle à ses desseins. Nous avons deux actes de Gui, comte d'Au-
vergne : il déclare dans l'un, qui est daté de Mercœur, le^ 26 d'avril de
l'an i^og, qu'étant résolu de marcher contre les hérétiques dans les pays
d'Albigeois, il assigne le douaire de Pétronille de Chambon, sa femme;
l'autre'^ est son testament qu'il fit au château d'Hermenc, le 26 de mai sui-
vant, étant sur le point de partir contre les hérétiques. Ces croisés^ se sai-
sirent en passant du château de Puy-la-Roque, en Querci, où ils ne trou-
vèrent personne pour le défendre & le détruisirent. Ils attaquèrent ensuite le
château de Cassanhol ou Chasseneuil, sur les frontières de l'Agenois, où il y
avoit une nombreuse garnison de Gascons. Ils y donnèrent l'assaut dans
l'espérance de l'emporter d'emblée; mais ils furent repoussés avec tant de
vigueur qu'ils furent obligés d'en faire le siège dans les formes. Seguin de
Boulogne, qui commandoit dans la pdacc, voyant qu'il n'étoit pas en état de
résister, demanda enfin à capituler. On lui permit de sortir vie 8<. bagues
sauves Se de se retirer où bon lui sembleroit. Les croisés entrèrent ensuite
dans la place 8c y firent brûler vifs plusieurs hérétiques, tant hommes que
femmes, qui s'y trouvèrent Se qui refusèrent de se convertir.
L'autre corps, qui joignit la grande armée des croisés devant Béziers, venoit
du côté du Vêlai St étoit commandé par l'évêque du Puy ; il avoit pris sa
route par le Rouergue & avoit passé à Caussade, dans le Querci, Si à Saint-
Antonin, sur les frontières de l'Albigeois; ces deux villes, que les croisés
auroient pu prendre, se rachetèrent par une grosse contribution, de quoi ils
furent fort blâmés. Ils entrèrent ensuite dans le Toulousain 8t brûlèrent en
passant le château de Villemur sur le Tarn.
■ Voyez tome VIII, ce. i8 i 20. — DomVaissete lants eux-mêmes, qu'avait effrayés l'annonce Je
a éii ici induit en erreur par une mauvaise leçon l'approche des croisés. Cette armée ne parvint
de l'Anonyme. Les deux manuscrits de cet auteur, donc même pas jusqu'à Villemur ; elle resta sur
en effet, dans le passage analysé ici par le savant les frontières du Querci & du Rouergue. [A. M.]
bénédictin, portent ./<ga</c5 au lieu de .^^encj. Nous ' Fita S. Guillelmi, archiepiscopi Biturkensis ,
avons corrigé cette faute d'après Guillem deTudèle dans les Bollandistes, au 10 janvier,
(vers 3oo & suiv.). Le corps de troupes qui fit ces ' Martène, Veterum SS. amplissima collectio, t. 1,
courses en Querci ne vint pas rejoindre l'armée des c. 1088.
croisés sous Béziers. Il se contenta de prendre Cas- * B iluze. Histoire généalogique de la maison d'Au-
seneuil & de rançonner la Caussade & le bourg vergne, t. 2, p. 82.
Saint-Antonin. VilUmur fut brûlé par les habi- ' Voyez tome VIII, ce. 18, 19.
An i20<j
An
liop
:88 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV, XXI.
LVII. — "Siège, prise ^ sac de Bè-^iers.
Après la jonction de toutes ces troupes, l'abbé de Cîteaux & les chefs de
l'année' députèrent aux habitans catholiques de Réziers Pvéginald de Mont-
peyroux, leur évêque, prélat également respectable par son âge avancé, par
sa science & par sa vertu, pour leur enjoindre, sous peine d'excommunica-
tion, de livrer aux croisés tous les hérétiques de cette ville avec tous leurs
biens, ou pour leur persuader du moins, s'ils n'étoient pas assez forts, de
t "îii °p'*'ioo sortir eux-mêmes, afin de n'être pas enveloppés dans la ruine des autres.
Réginald employa vainement son éloquence : les catholiques de Béziers retu-
sèrent, non-seulement de déférer à ses conseils, mais ils se lièrent plus étroi-
tement avec les hérétiques auxquels ils promirent par serment de répandre
jusqu'à la dernière goutte de leur sang pour la détense de la ville. Les croisés
se disposèrent alors à commencer le siège. Leurs chefs s'étant assemblés déli-
béroient actuellement sur les moyens de sauver les catholiques de la ville,
lorsque les assiégés, ayant fait une sortie, vinrent escarmoucher autour du
camp. Les goujats &. les rihauds de l'armée ne pouvant souftrir patiemment
une pareille insulte, s'attroupent de leur propre autorité Si, sans la participa-
tion de leurs commandans, ils repoussent les habitans de Béziers 8c les pour-
suivent jusque dans la ville, en criant de toutes leurs forces : Aux armes!
aux armes! Les croisés accourent de toutes parts pour les soutenir 8<. font
tous leurs efforts pour franchir le fossé &c escalader la muraille. Les assiégés,
après une vive résistance de deux à trois heures, sont obligés de céder, 8c
les croisés étant entrés aussitôt dans la ville, font main basse sur tout ce
qu'ils rencontrent, sans distinguer la religion, le sexe, l'âge Se la condition.
Les habitans éperdus se réfugient en foule dans les églises, dans l'espérance
d'y trouver un asile assuré; la plupart vont dans la cathédrale de Saint-
Nazaire Se s'y mettent sous la protection des chanoines, lesquels, revêtus de
leurs habits de chœur, font sonner les cloches pour exciter les vainqueurs à
compassion. Les autres se retirent dans l'église de la Madeleine; mais rien
n'arrête les croisés qui poursuivent leurs ennemis jusque dans les lieux saints
8c en font un carnage horrible; en sorte qu'on compte que sept mille habi-
tans périrent dans cette seule église. On ajoute que ce fut une punition de
Dieu pour le meurtre du vicomte Raimond-Trencavel, que ces mêmes habi-
tans avoient massacré dans cette église quarante-deux ans auparavant. Enfin
les croisés, après avoir assouvi leur fureur sur tout le peuple de Béziers,
qu'ils massacrèrent sans miséricorde. Se s'être enrichis des dépouilles de la
ville, y mirent le feu qui la consuma entièrement. Ainsi fut détruite de fond
en comble, le jour de la Madeleine, 22 de juillet de l'an 1209, la ville de
Béziers, également recommandable par les agrémens de sa situation Se le
' Pierre de Vaiix-Cernay. — Guillelmiis de Podio Laiirentii. — Innocent. III I. 12, Epist, 108. —
Pneelara Francorum facinora.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXI. 289
nombre de ses habitans. On ajoute qu'elle étoit si bien fortifiée 8c si bien
munie qu'elle paroissoit en état d'arrêter longtemps l'armée la plus formi-
dable. Les anciens historiens ne conviennent pas du nombre de ceux qui
périrent dans cette occasion; Arnaud, abbé de Cîteaux, qui étoit présent,
n'en met que quinze mille' dans la relation qu'il envoya bientôt après au
pape. D'autres^ disent seulement dix-sept mille; mais un historien du
temps ^, suivi par Albéric dans sa chronique, fait monter le nombre des morts
jusqu'à soixante mille {millia bis triplicata dedecem), & non pas seulement
jusqu'à trente mille comme le dit un"* moderne. Enfin un historien contem-
porain, mais étranger^, assure que cent mille habitans furent tués dans le
massacre de" Béziers. Ce dernier rapporte une circonstance que quelques
auteurs récens "^ révoquent en doute. Il dit : « Qu'avant le sac de Béziers,
u les croisés demandèrent à l'abbé de Cîteaux ce qu'ils dévoient faire en cas
« qu'on vînt à prendre la ville par assaut, dans l'impossibilité où on étoit
« de distinguer les catholiques d'avec ceux qui ne l'étoient pas. L'abbé,
« ajoute cet auteur, craignant que plusieurs hérétiques ne voulussent passer
« pour orthodoxes, dans la vue d'éviter la mort, 8t qu'ils ne reprissent ensuite
« leurs erreurs, répondit : Tuej-les tous, car Dieu connott ceux qui sont à
« lui. Ainsi on ne fit quartier à personne'^. » Quoi qu'il en soit de cette cir-
constance, les croisés, après la prise & le sac de Béziers, rassemblèrent tous
les corps morts en divers monceaux, y mirent le feu & se disposèrent 2
pousser plus loin leurs conquêtes*.
An liop
' Innocent, m 1. \i,Epiit. io8.
' Guillaume de Nangis, an. 1209.
' Guillaume le Breton, Philippeh, 1. 8.
' Daniel, Histoire Je France, t. 1, p. iSSz.
' Caes.-irius Heisterbacensis, 1. '}, c. 21.
• Quétif & Echard, Scrîptores orjinis Praeiicato-
rum, t. I .
' Dom Vaissete aurait pu être plus hardi, &
déclarer absolument apocryphe ce mot barbare que
la plupart des auteurs ont prêté au légat Arnaud.
Un érudit bien connu, M. Tamisey de Larrocfue,
dans un article publié dans les Annales de philoso-
phie chrétienne , i86r, t. 6, pp. iiS-128, a prouvé
que cette parole n'est point authentique; en efiet,
1° aile n'est rapportée par aucun des témoins ocu-
laires ou des écrivains contemporains dignes de foi,
mais par un moine cistercien allemand, Césaire
de Heisterbach, dont le livre, tout d'édification,
n'a à peu près aucune valeur historique; 1" il est
invraisemblable que des soldats échaufTés par le
combat aillent demander à \in prélat ce qu'il faut
faire des prisonniers. L'argumentation de M, Ta-
misey de Larroque nous paraît absolument déci-
sive, & il faut envoyer ce mot célèbre rejoindre
tant d'autres mots pseudohistoriques inventés après
coup. Mais l'auteur que nous citons va plus loin ;
il prétend prouver que Arnaud-Amauri n'a pris
VI.
aucune part à cet abominable massacre. Ici il s'a-
vance, à notre gré, beaucoup trop; nous ne vou-
lons pas faire le procès du légat qui, en se mettant
au point de vue des idées de son temps, ne faisait
que son devoir; mais il faut bien avouer que ce
massacre effroyable de près de quinze mille per-
sonnes, au bas mot, nous répugne, &que nous ne
pouvons éprouver aucune sympathie pour ceux qui
conduisirent une affaire aussi sanglante. Remar-
quons en outre que Guillem de Tudèle, catholique
sincère, affirme que le massacre de Béziers fut ar-
rêté à l'avance par le conseil de l'armée des pèle-
rins; les barons de l'ost voulurent ainsi terroriser
le pays & paralyser la résistance. (Voir plus bas).
L'événement montra qu'ils avaient calculé juste;
la plupart des places fortes du pays de Béziers &
du Carcasses furent abandonnées sans combat, &
les croisés purent arriver sans résistance jusque
sous les murs de Carcassonne. [A. M.]
' Le récit de la prise de Béziers par Guillem de
Tudèle (vers 42 1-525) s'accorde pour les principales
circonstances avec celui de Pierre de Vaux-Cernay.
Comme ce dernier, le poète attribue l'honneur de
la victoire aux truands de l'armée, & de son récit
il ressort que ce fut une surprise. II donne pour
raison du massacre épouvantable qui suivit la prise
de la ville, le désir des croisés de terrifier le reste
'9
"■; 200 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXI.
An 1209 /
LVIII. — Accord entre l'archevêque, le vicomte &• les habitans de Narhonne,
6- les croisés.
Bérenger, archevêque', & Aimeri, vicomte de Narbonne, suivi des députés
des nobles & des bourgeois de cette ville, arrivèrent vers le même temps au
camp; ils avoient eu la précaution, avant l'arrivée de l'armée, de dresser des
statuts très-sévères contre les hérétiques pour ne pas se rendre suspects &
pour éloigner du diocèse les armes des croisés 5 ils avoient ordonné que si
quelqu'un de la cité ou du bourg de Narbonne se trouvoit convaincu de
t.m,°p!^i7o. l'hérésie des vaudois ou de toute autre; d'avoir disputé contre la foi catho-
lique ou recelé quelque hérétique ou vaudois, & enfin d'avoir eu commerce
avec eux, il seroit livré à la justice pour être puni, Si que tous ceux qui ren-
contreroient quelque hérétique, le remettroient entre les mains de la justice,
avec permission de le dépouiller de tout ce qu'il porteroit sur lui. De plus,
ils avoient défendu, sous peine d'excommunication Si de punition corporelle,
à tout avocat, médecin, notaire, artisan, Sic, de donner aucun aide ou con-
seil; aux hérétiques Si à leurs fauteurs, de travailler pour eux, 61 à toute sorte
de personnes de les loger, sous peine d'excommunication. Si enfin d'avoir
aucun commerce avec ceux qui, venant du pays des hérétiques, n'apportoient
pas avec eux des lettres de catholicité de leurs évêques.
L'archevêque, le vicomte, l'abbé de Saint-Paul 81 les principaux de Nar-
bonne rirent serment entre les mains du légat 81 des chefs de l'armée : 1° De
garder la foi à tous les croisés; de leur fournir tous les secours 81 les vivres
dont ils auroient besoin; de protéger tous ceux qui iroient au camp ou qui
en reviendroient. Si de se comporter envers les croisés en bons catholiques
81 en bons frères. 2° De payer à l'armée quatre deniers pour livre de tous
leurs biens meubles ou immeubles, excepté de leurs montures, habits, livres
81 ustensiles de maison. 3° De livrer à l'armée tous les hérétiques avec leurs
effets 81 les biens que ceux qui n'étoient pas du pays leur avoient mis en
dépôt. 4° De représenter au duc de Bourgogne Si au comte de Nevers ceux
qui étoient suspects d'hérésie, afin qu'ils en disposassent suivant les ordres
de l'Eglise, par le conseil des archevêques 8t évêques qui étoient dans le
cainp. 5° De leur remettre les biens des juifs de Béziers, à condition que ces
deux princes se chargeroient de la défense de la ville de Narbonne. 6° L'ar-
chevêque 81 le vicomte leur promirent de plus de leur livrer les forteresses
qu'ils avoient dans la ville, dans le diocèse 81 dans la vicomte de Narbonne.
7° Les habitans de cette ville s'engagèrent de s'en rapporter à ce duc 81 à ce
comte pour la punition de ceux qui enfreindroient ces articles. 8° Enfin le
duc Si le comte, de l'avis 81 du consentement des barons de l'armée, promi-
du pays & d'affaiblir la résistance des places for- qu'au mois de septembre suivant (vers 481 à 489).
tes en montrant quel sort ils réservaient à leurs [A, M.]
' défenseurs; c'est à cette terreur qu'il attribue la ' Catel, Mémoires de l'histoire du Languedoc,
prise de Montréal & de Fanjaux, qui n'eut lieu pp. 597 & suiv.; pp. 791 & suiv.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXI. 20 1 ~~,
' An I 209
rent par serment à leur tour, tant en leur nom qu'en celui de tous les croisés
qui étoient alors dans le camp ou qui y viendroient dans la suite, à l'arche-
vêque, au vicomte, à l'abbé de Saint-Paul, aux bourgeois 8c aux nobles de la
cité 8t du bourg de Narbonne, de les garder fidèlement avec tous leurs biens,
81 dfe leur rendre, à leur retour en France, les forteresses qu'ils dévoient leur
livrer. Ce traité est daté du mois de juillet de l'an 1209. On prétend' que
l'armée des croisés, après s'être emparée de Béziers, s'étoit alors rendue devant
Narbonne & que cette soumission les empêcha de rien entreprendre contre
cette ville. Mais cela n'est appuyé sur aucun monument : il est certain d'ail-
leurs que les croisés marchèrent vers Carcassonne immédiatement' après là
prise de Béziers.
LIX. — Siège de Carcassonne.
Le bruit de cette sanglante conquête jeta l'épouvante dans tous les envi-
rons, Se ceux qui étoient préposés à la garde des châteaux les abandonnèrent
pour aller chercher un asile dans les rochers des montagnes voisines. L'armée
décampa cependant de Béziers Se s'empara en passant de ces places qu'on fait
monter à plus de cent^; quelques-unes se soumirent toutefois volontaire-
ment, parce que leurs seigneurs étoient catholiques. On y trouva de grandes
richesses & quantité de vivres, qu'on y avoit ramassés dans le dessein de tenir
tête aux croisés. On ajoute que plusieurs de ces châteaux étoient si forts & si
ûien munis qu'ils étoient en état d'arrêter seuls, pendant longtemps, toute
1 armée. Elle arriva enfin devant Carcassonne le i" d'août.
Cette ville, l'une des plus fortes de la Province, étoit alors entièrement
située à la droite de l'Aude j la cité, qui en faisoit la principale partie, est
élevée sur un rocher, au bas duquel coule cette rivière; elle est accompagnée
de deux faubourgs entourés, l'un Se l'autre, de murs Se de fossés. Outre sa
situation avantageuse & sa force naturelle, le vicomte Raimond-Roger, qui
s'y étoit jeté pour la défendre, avoit eu soin de la bien munir Si d'en augmen-
ter les fortifications; il s'étoit servi pour cela, à ce qu'on prétend, des pierres
du réfectoire Si des stalles du chœur des chanoines réguliers de la cathédrale.
Enfin la garnison étoit très-nombreuse Se composée des principaux vassaux
du vicomte, qui s'étoient renfermés avec lui dans la place, des habitans de Éforigin.
la ville Se de tous ceux des environs qui s y étoient réfugiés avec leurs meil-
leurs effets comme dans un lieu de sûreté.
Les croisés ne furent pas plutôt campés devant Carcassonne que le vicomte
Raimond-Rogcr, étant monté sur une tour pour les examiner, résolut de
■ Catel, Mémoires Je l'histoire du Languedoc, ' Pierre de Vaux-Cernay, c. i6. — Guilleliniis
p. 597. — L'opinioil combattue par dom Vaissete de Podio Laurentii, c. 14. — Innocent. III 1. 12,
paraît la plus probable; & les conditions du traité Epist. 108. — ■ Praeclara Francorum facinora. —
plus haut analysé ne prouvent que trop la ter- Robertus Altissiodorensis, Chronicon. — Voyez
reur qu'avait fait naître le massacre de Béziers. tome VIII, c. 22.
[A. M.] » Innocent. III 1. 12, Epist. 108.
An ii09
292 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXI.
faire une sortie sur eux la nuit suivante & de les attaquer, dans l'espérance
de les surprendre ; mais, sur les remontrances de Pierre-Roger, seigneur de
Cabaret, il changea de sentiment & se détermina à demeurer dans la place
& à la défendre jusqu'à la dernière extrémité. Les croisés, de leur côté, don-
nèrent l'assaut, dès le lendemain, au premier faubourg qu'ils croyoient
emporter d'emblée, parce qu'il étoit moins fort que le second qu'on appeloit
le grand faubourg. L'attaque & la défense furent également vives, tandis
que les évêques, les abbés & le reste du clergé de l'armée chantoient le Vent
Creator & faisoient de ferventes prières pour demander à Dieu le succès de
l'entreprise. Enfin, après un combat opiniâtre de plus de deux heures,
durant lequel le vicomte Pv.aimond-Roger fit des prodiges de valeur, les
assiégés furent obligés de céder, en sorte que les croisés se rendirent maîtres
du faubourg Si y mirent le feu. Simon de Montfort fut le premier des cheva-
liers qui monta à l'assaut. On combla aussitôt les fossés de ce faubourg & on
tenta l'attaque du second, qu'on espéroit emporter aussi sans le secours des
machines. Mais le vicomte le défendit avec tant de bravoure qu'il obligea les
assiégeans, quoiqu'ils eussent déjà franchi le fossé, à se retirer après une très-
grande perte. Ces derniers furent contraints de laisser dans le fossé un de
leurs chevaliers qui, ayant la cuisse rompue, ne pouvoit se remuer, sans qu'il
fût possible de lui donner du secours, à cause de la quantité de pierres Si de
flèches que les assiégés faisoient pleuvoir. Simon de Monttort, suivi de son
écuyer, eut assez de courage pour l'aller retirer. Si il l'emmena au camp.
Les croisés, voyant que la prise du second faubourg étoit beaucoup plus
difficile qu'ils ne l'avoient cru, prirent le parti de l'assiéger dans les formes;
mais l'effet de leurs machines n'étant pas assez considérable, on eut recours à
la sape pour ruiner les murailles par les fondemens. Dans ce dessein, on fit
construire une tour soutenue sur quatre roues 81 couverte de peaux de bœuf.
A peine eut-on commencé à la faire jouer qu'elle fut mise en pièces par les
pots à feu, les pierres 81 les poutres que les assiégés jetèrent dessus. Les tra-
vailleurs trouvèrent toutefois moyen de se mettre à l'abri dans le creux du
mur qu'ils avoient déjà percé Si d'y continuer leur travail sans être inquiétés.
Le huitième jour du siège, la muraille de ce faubourg ayant croulé entière-
ment, les croisés montèrent librement à l'assaut 81 forcèrent enfin les assiégés
à se retirer dans la cité. Ceux-ci, s'étant aperçus bientôt après que les assié-
geans étoient retournés dans le camp, revinrent dans le faubourg 81, après
avoir fait main basse sur tous ceux qui y étoient demeurés, ils y mirent le
feu 81 se renfermèrent dans la cité.
LX. — Le roi d'Aragon vient au camp des croisés &• tente inutilement
de moyenner la paix entre eux 6- le vicomte.
Pierre, roi d'Aragon, qui se prétendoit suzerain de Béziers 81 de Carcas-
sonne, se rendit peu de temps après au camp des croisés, dans la vue de
rendre service au vicomte Raimond-Roger dont il étoit ami 8< allié. En arri-
An 1209
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XXI. 293
vant' il descendit avec toute sa suite à la tente du comte de Toulouse, son
beau-frère. Il alla ensuite trouver l'abbé de Cîteaux & les chefs de l'armée,
qui lui firent beaucoup d'accueil : il leur demanda grâce en faveur du
vicomte 8c les supplia d'avoir pitié de sa jeunesse Se de vouloir bien entrer en
négociation avec lui; il leur représenta qu'ils dévoient être satisfaits par les
dommages qu'ils avoient déjà causés dans une grande partie de ses domaines.
Le légat Se les chefs demandèrent au roi si le vicomte l'avoit chargé de faire
des propositions de paix : Non, répondit le roi ; mais, si vous voulez me le
permettre, j'irai le trouver, 8c je suis persuadé qu'il ne refusera pas ma
médiation. On permit donc à ce prince d'entrer dans la ville 8c, s'étant
abouché avec le vicomte, celui-ci remit volontiers ses intérêts entre ses mains.
Le roi alla ensuite à la tente du légat, où tous les principaux croisés s'étoient
assemblés, Se il leur rendit compte de sa négociation. Il intercéda de nouveau
pour le vicomte, qu'il assura n'avoir jamais été hérétique, ni fauteur de A^.[°"s'"l\
l'erreur; il convint véritablement que ses officiers avoient favorisé les héré-
tiques pendant sa minorité ou sa jeunesse; mais il assura que c'étoit sans sa
participation 8c qu'il méritoit d'être excusé. 11 ajouta qii 'après tout, si Rai-
mond-Roger s'étoit rendu coupable de quelque chose, il étoit assez puni par
la destruction de la ville de Béziers Se du bourg de Carcassonne; qu'au reste
il offroit de se soumettre aux ordres du légat 8c de réparer tous les dommages
qu'il pourroit avoir causés. L'abbé de Cîteaux 8c les chefs de l'armée deman-
dèrent à délibérer en particulier sur cette proposition, 8c, après avoir conféré
ensemble, le premier répondit au roi d'Aragon que toute la grâce qu'on
pouvoit faire au vicomte étoit de lui permettre de sortir de Carcassonne, lui
treizième, avec armes, chevaux 8c bagages; k condition qu'il livreroit tous
les habitans à la discrétion des croisés. Le roi retourna aussitôt à Carcassonne
pour faire part de cette réponse au vicomte, qui répliqua qu'il aimeroit
mieux se laisser écorcher tout vif que de commettre une aussi grande lâcheté,
que d'abandonner le moindre des citoyens de cette ville. Le roi d'Aragon,
très-fâché de n'avoir pu réussir dans sa négociation, prit congé du vicomte 8c
ensuite du légat 8c des généraux Se reprit la route de ses Etats.
■ Voyez fome VIIÎ, ce. 24, 29. — Le chroni- est impossible de deviner les termes employés par
qtieiir anonyme & Guillem de Tudele, qu'il n'n le poëte. (Voir à ce sujet l'édition de M. Meyer,
fait que remnnier, sont seuls à mentionner l'in- t. 1, p. 28 & suiv.) Le reste du récit de Guillem
tervention du roi d'Aragon, qui en elle-même n'a deTudèle est du reste parfaitement vraisemblable,
rien que de vraisemblable. Toutefois, dans le texte & le langage qu'il fait tenir au roi d'Aragon tout
tn vers (vers 606-680), il y a évidemment une naturel; j.Tmais on ne le soupçonna de sympathie
lacune; le colloque entre le légat & Pierre II, nu pour l'hérésie ou les hérétiques, &, en sa qualité
moment de l'arrivée de celui-ci au camp, ne se de suzerain du vicomte de Béziers, il était tout dé-
trouve que dans le texte en prose, 8e ce que donne signé pour une pareille intervention. [A. M.]
celui-ci est telUmint vague & insignifiant qu'il
An ,,„„ 294 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXI.
I20p
LXI. — Prise de Carcassonne. — Le vicomte Raîmond-Roger est enjermé
dans une étroite prison.
Après son départ', les croisés, qui avoient interrompu les travaux du siège
à cause de ces pourparlers, les reprirent. Setant approchés des murailles, ils
firent une tentative pour combler le fossé Se prendre la ville par escalade;
mais les assiégés jetèrent sur eux tant d'eau bouillante ou lancèrent une si
grande quantité de pierres 8c de traits qu'enfin ils furent obligés de quitter
prise après une grande perte. Les croisés, rebutés par cet échec, désespéroient
de prendre Carcassonne, lorsque la saison combattit pour eux. Les chaleurs
devinrent si excessives que tous les puits de Carcassonne ayant tari les habi-
tans furent réduits aux abois, tandis que leurs ennemis avoient tout en abon-
dance dans leur camp. En cette extrémité les habitans demandèrent à capi-
tuler & offrirent de rendre la ville avec tous leurs effets, à condition qu'ils
auroient la vie sauve & qu'on les conduiroit en sûreté pendant une journée
de chemin. Les croisés s'étant assemblés pour délibérer là-dessus, tous les avis
allèrent à recevoir la ville à composition, tant à cause qu'il étoit très-difficile
de la prendre par assaut que parce que, si on traitoit ses habitans avec la
rigueur dont on avoit usé envers ceux de Béziers, cette ville seroit entière-
ment perdue avec toutes ses richesses, dont on avoit dessein de se servir pour
l'entretien de celui à qui on confieroit la garde du pays & de ses troupes.
On convint donc avec le vicomte Raimond-Roger d'accorder la vie sauve à
tous les habitans de Carcassonne, à condition qu'ils n'emporteroient avec
eux que leurs chemises 81 leurs hrayes. Tous les habitans sortirent ensuite
dans ce triste équipage, le i5 d'août de l'an^ i^og; mais on retint le vicomte
prisonnier, sous prétexte de le garder en otage, jusqu'à l'entière exécution
de la capitulation. On rassembla ensuite le butin immense qui se trouva
dans cette ville 8<. on préposa un certain nombre de chevaliers de l'armée
pour le garder; on le réserva pour l'entretien de celui à qui on devoit confier
le gouvernement de Carcassonne; mais les croisés en détournèrent ^ pour la
valeur de cinq mille livres; ce qui engagea le légat Si les évêques à excom-
munier ceux qui avoient commis ce vol.
C'est ainsi que Pierre de Vaux-Cernay, dans son histoire, 81 l'abbé de
Citeaux avec le légat Milon, dans la relation de cette expédition, qu'ils
envoyèrent quelque temps après au pape, rapportent les circonstances de la
prise de Carcassonne par les croisés. Deux autres auteurs"* contemporains
' pierre de Vaux-Ceniay. — Innocent. III 1. 12, s'arrête à l'an 1107, & c'est Guillaume le Breton
Efist. 108. lui-même, auteur de la Philippide, qui a con-
' Praeclara Fr^ncorum facinora. tinué & terminé la rédaction en prose de cette
' Epist. Innocent. III ap. Pierre de Vaux-Cer- chronique. Le fait qu'il raconte est absolument
nay, éd. i6i5, p. 822. invraisemblable, & il faut y voir une idée poé-
■• Guillaume le Breton, Philippeis, I. 8; Rigord, tique, une réminiscence de l'antiquité, du joug
rfc Gestis Philippi Auguit'i, p. .'iô. — Ces deux au- imposé à leurs ennemis vaincus par les Romains,
teurs se réduisent à un seul; l'ouvrage de Rigord [A. M.]
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXI. 2q5 "";
y An i2op
ajoutent que les croisés firent sortir tous les habitans de Carcassonne & ceux
du voisinage qui s'y étoient réfugiés par une porte de derrière si étroite qu'ils
ne pouvoient y passer que l'un après l'autre, & qu'ils ne portoient rien sur
leurs corps que ce qu'il falloir pour couvrir leur nudité. Un troisième' pré-
tend que les habitans en sortant de la ville à demi-morts par les fatigues du
siège, déclarèrent tous qu'ils vouloient embrasser la foi catholique, excepté
quatre cent cinquante qui demeurèrent obstinés, & qu'entre ces derniers
quatre cents furent brûlés vits & les autres pendus. Enfin, si nous en croyons
l'ancien auteur anonyme, qui a écrit en langage du pays l'histoire de cette t.'fu "p'."^! 73
croisade, la reddition de Carcassonne se passa d'une manière bien différente.
(c Le légat, dit cet historien ^, voyant qu'il ne pouvoit se rendre maître de
« Carcassonne en aucune façon, s'avisa d'envoyer un chevalier dans la ville,
« sous prétexte de faire des propositions de paix au vicomte, mais dans le
(c fond pour examiner la contenance des assiégés. Cet envoyé étant arrivé à
« la porte, suivi de trente autres gentilshommes, demanda à parler au vicomte
« qui se présenta à la barrière à la tête de trois cents hommes^. Ils entrèrent
« aussitôt en conférence : le chevalier dit au vicomte qu'étant de ses proches
« parens il ne pouvoit s'empêcher de lui témoigner qu'il regrettoit extrême-
« ment son sort, parce qu'il le voyoit sans ressource, & qu'il lui conseilloit
« de faire incessamment sa paix avec le légat. Je vous remets mes intérêts
« entre les mains, repartit le vicomte j j'irois moi-même trouver le légat Si
« les chefs de l'armée pour m'accorder avec eux, s'ils vouloient me donner les
« sûretés nécessaires; j'espère les convaincre que je ne suis pas coupable Se
« c|ue je suis contraint d'en agir ainsi. Seigneur vicomte, lui répliqua le
« chevalier, je vous jure, toi de gentilhomme, que si vous voulez me suivre,
« je vous conduirai 6c je vous ramènerai en toute sûreté, sans qu'il vous
« arrive aucun mal. Le vicomte trop crédule, après avoir reçu le serment du
« chevalier, le suit dans le camp 81 se rend, avec une troupe des siens qui
« l'accompagnoient, dans la tente du légat, où étoient assemblés les princi-
« paux de l'armée. Ces seigneurs furent extrêmement surpris de le voir; ils
« le reçurent cependant avec politesse. Il prit ensuite la parole pour faire
« son apologie, Se soutint que ni lui, ni ses prédécesseurs n'avoient jamais
« embrassé les erreurs des hérétiques; qu'ils ne les avoient jamais recelés Se
« qu'ils avoient toujours fait profession, comme il faisoit actuellement, d'obéir
« fidèlement aux ordres de l'Eglise. Que si, ajouta-t-il, les sectaires ont
« trouvé de la protection dans mes villes & dans mes terres, c'est la faute des
« officiers que le vicomte, mon père, m'a donnés en mourant pour me servir
« de tuteurs, 8<. pour administrer mes domaines peiKJant ma minorité. Il dit
■ Cacsarius Hciiterbaceilsis, 1. 5, c. 2. — Césnire ' Voyez tome VIII, ce. 3o à 32. — Cntel, H'is-
de Heisterbach aura confondu deux événement» to'ire des comtes de Toulouse, p. 202.
distincts j c'est au siège de Minerve (Pierre de ' [Lisez cent hommes. (Guillem de Tudéle, vers
Vaux-Cernay, c. 87) qu'une parrtedes hérétiques 708.)]
se convertirent. Nous .ivons déjà vu plus haut
(p. 28p) combien cet auteur est sujet à caution. ..^
[A. M.J
An
96 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXI.
ensuite qu'il n'avoit commis aucune faute qui méritât qu'on exerçât sur ses
terres 8c sur ses sujets une aussi cruelle vengeance; qu'au reste il se remet-
toit absolument avec tous ses domaines entre les mains de l'Eglise, S; qu'il
demandoit qu'on eût quelque égard à sa juste défense'.
« Après que le vicomte eut achevé de parler, le légat prit en particulier
les chefs de l'armée, qui ignoroient la trahison qu'on lui préparoit, pour
consulter avec eux sur la conduite qu'on tiendroit à son égard. On convint
de le retenir prisonnier jusqu'à ce que la ville fût rendue : on l'arrêta sur-
le-champ avec tous ceux de sa suite. Se il fut mis à la garde des troupes du
duc de Bourgogne. Les habitans de Carcassonne n'eurent pas plutôt appris
sa détention que leur courage commença à s'abattre 81 qu'ils résolurent de
chercher leur salut dans la fuite. Ils avoient connoissance d'un conduit
souterrain qui va depuis Carcassonne jusqu'aux tours de Cabardès, situées
à trois lieues de là^. La nuit étant arrivée, les assiégés s'enfuirent par ce
conduit & il n'en resta pas un seul dans la ville. Ils se dispersèrent ensuite
les uns du côté de Toulouse 8c les autres vers l'Aragon 8c l'Espagne. Le
lendeinain on fut fort surpris de ne voir plus paroître personne sur les
reinparts; on crut que c'étoit une feinte de la part des assiégés, 8c, pour
.en être plus assuré, on tenta un assaut. Comme les croisés ne trouvèrent
aucune résistance, ils s'emparèrent aisément de la ville, sans pouvoir com-
prendre par quel endroit les habitans s'étoient évadés; ils le trouvèrent
enfin après bien des recherches, 8c ils en furent au désespoir, car ils étoient
résolus de les traiter comme ils avoient traité ceux de Béziers. On rassembla
ensuite tout le butin dans la cathédrale par ordre de l'abbé de Cîteaux, 8c
ce légat, après avoir fait son entrée dans la ville, fit enfermer &c garder
très-étroitement, dans une des plus grosses tours, le vicomte Raimond-
Roger^. » Telles sont les circonstances de la prise de Carcassonne rappor-
tées par un ancien auteur du pavs, dont quelques-unes ne s'accordent pas
' Tout ce discours du vicomte n'existe pas dans
le texte en vers & paraît être une réminiscence de
la justification présentée par lui à Montpellier
quelques semaines plus tôt. [A. M.]
" Cette circonstance du souterrain est absolu-
ment fabuleuse; le poëme n'en dit rien & elle a
été ajoutée par l'Anonyme. Il en est de même de
la surprise des croisés, le lendemain, de leur dé-
fiance, &c. Tout cela a été inventé par lui à plaisir.
[A. M.]
' On vient de voir que l'Anonyme avait ajouté
quelques circonstances romanesques à la version
de Guillem de Tudéle. Le récit de celui-ci a
d'ailleurs une grande valeur; le poète est contem-
porain des événements qu'il raconte, & s'il est
moins partial que Pierre de Vaux-Cernay en fa-
veur des croisés, il est aussi bon catholique que
lui. Le récit du moine cistercien est certainement
trés-écourté, & après avoir donné de longs détails
(ur le siège des bourgs, il passe rapidement à la
reddition de la cité, sans dire comment elle fut
amenée. Y eut-il là de la part du légat la trahison
que semble indiquer Guillem deTudèle, ou le
vicomte se rendit-il volontairement? Il est difficile
de le décider, en l'absence de toute autre source
contemporaine. Remarquons toutefois que Pierre
de V'aux-Cernay, qui partageait les passions des
chefs de la croisade, n'aurait sans doute éprouvé
aucun scrupule à raconter le fait s'il était arrivé;
son silence permet de supposer, ce qui n'a rien
d'invraisemblable, que les assiégés se rendirent
faute de vivres & d'eau. Quant aux autres condi-
tions de la capitulation, elles furent bien telles
que les indique le chroniqueur latin ; les habitants
durent abandonner tous leurs biens & sortirent
les hommes en braies, les femmes en chemises;
c'est, du moins, ce que disait un habitant du pays
devant les enquêteurs royaux, en 1262 (cf. au
tome VII, le registre 1 des Enquêteurs royaux,
{" 69 i). [A. M.]
An 1209
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XXI. 297
avec le témoignage des auteurs contemporains j mais il y en a d'autres,
comme la détention du vicomte, qui sont confirmées par deux anciens histo-
riens. L'un, qui écrivoit alors', assure que ce vicomte, s'étant rendu dans le t^iï""^,'""
camp des croisés pour régler la capitulation, obtint avec peine qu'il seroit
permis aux habitans de Carcassonne de sortir en chemise la vie sauve 5 mais
qu'il fut renfermé lui-même dans une étroite prison. L'autre^ fait assez
entendre qu'on le retint prisonnier malgré la capitulation.
LXII. — Simon de Montfort est élu pour seigneur de tous les domaines
du vicomte Raimond-Roger,
Après la prise de Carcassonne, l'abbé de Cîteaux assembla les'' principaux
des croisés, afin de choisir l'un d'entre eux pour seigneur & gouverneur du
pays qu'on venoit de conquérir. Il proposa le duc de Bourgogne; mais ce
prince répondit généreusement qu'il avoit assez de domaines sans usurper
ceux de Raimond-Roger, & qu'on avoit causé assez de dommage à ce vicomte
sans qu'il fût nécessaire d'envahir encore son patrimoine. Le légat jeta
ensuite les yeux sur le comte de Nevers qui fit la même réponse. Enfin il
offrit le pays au comte de Saint-Paul qui, aussi indigné que les deux autres
de la trahison qu'on venoit de commettre envers le vicomte, déclara qu'il
n'avoit garde de l'accepter^. Ce retus de la part des trois principaux chefs de
l'armée embarrassa l'abbé, qui proposa alors de nommer deux évêques &
quatre chevaliers pour choisir avec lui celui qu'on établiroit seigneur du
pays. La proposition fut agréée, & Simoji de Montfort, comte de Leycestre,
fut élu. Ce comte fit d'abord quelque façon; mais il se rendit enfin aux
instances du légat 8c des chefs de la croisade.
On fait un grand éloge' de Simon & on le loue également pour sa piété,
sa valeur, la pureté de la foi 8c celle de ses moeurs. Sa naissance étoit des
plus illustres : on le fait descendre, en effet, de Guillaume, fils d'Amaury,
comte de Hainaut, qui vivoit au dixième siècle, Se on compte plusieurs
grands hommes parmi ses ancêtres. Guillaume, fils du comte Amaury, avoit
épousé l'héritière de Montfort, lieu situé sur la Seine, à huit lieues de Paris
vers le couchant, qu'on nomme Montlort-l'Amaury, à cause que le fils de
Guillaume s'appeloit Amaury. Simon fut le troisième seigneur de Montfort
de son nom; il étoit fils puîné de Simon II, seigneur de Montfort 8c comte
d'Evreux, 8c d'Amicie, comtesse de Leycestre, en Angleterre. Il eut la sei-
gneurie de Montfort 8c le comté de Leycestre en partage; il avoit épousé,
avant l'an 1190, Alice de Montmorency, dame non moins recommandable
' Robertiis Altissiodorensis, Chron'tcon, .nd ann. * Dom Vaissete mêle les deux versions; l'Ano-
|20(). nyme parle seul de l'indignation des princes.
' Guillaume de Nangis, an 1209. [A. M-.]
' Pierre de Vaux-Cernay, c. 17. — Innocent. III ' Pierre de Vaux-Cernay, c. 17. — Innocent. III
1. I2,£pijf. 108. — Voyez tome VIII, ce. 34 à 36. 1. 12, Epistol. 108. — Histoire généalogique des
— (Guillem de Tudéle, yers 779-82 r.] grands officiers, t. 6, p. 71 & suiv.
1 2q8 histoire générale de LANGUEDOC. LIV. XXI.
An 1Z09 /
par sa naissance que par sa piété & par sa sagesse; il en avoit alors plusieurs
fils, qui prirent part avec lui à l'expédition contre les hérétiques, où il étoit
venu servir sous les enseignes du duc de Bourgogne, qui l'avoit engagé à le
suivre. Il avoit déjà donné, en 1204, dans la Terre-Sainte, des preuves de sa
valeur'. 11 portoit une grande chevelure & étoit d'une taille avantageuse,
bien fait de corps, beau de visage, actif, vigilant, fort, vigoureux, infati-
gable, propre à tous les exercices, affable, poli, éloquent 5 mais de quelques
grandes qualités qu'il fût doué, la suite de ses actions nous fera voir qu'il
avoit une ambition démesurée; passion qui n'est jamais si dangereuse que
lorsqu'elle se couvre du voile de la religion^.
LXIII. — Simon témoigne sa reconnoissance envers l'abbé de Cheaux, fy
établit un cens annuel en faveur de VEglise romaine dans tous le pays.
Le premier soin de Simon, après que les croisés l'eurent élu pour seigneur
81 prince de toutes les conquêtes qu'ils venoient de faire, & des pays habités
par les hérétiques qui restoient à soumettre, fut de témoigner son dévoue-
ment à l'Eglise romaine & sa reconnoissance envers le légat, afin de se
maintenir par leur autorité, qui étoit alors très-grande dans les affaires tem-
porelles, en possession de tous ces domaines. 11 n'eut pas plutôt pris posses-
sion de Carcassonne 8c reçu le serment de fidélité de tous ceux qui s'établi-
rent dans cette ville ou qui demeuroient dans les environs, qu'il fit expédier
une charte^ dans laquelle il parle de la manière suivante. « Simon, seigneur
« de Montfort, comte de Lejcestre, vicomte de Béliers &• de Carcassonne. Le
« Seigneur ayant livré entre mes mains les terres des hérétiques, peuple
« incrédule, c'est-à-dire ce qu'il a jugé à propos de leur enlever par le minis-
« tère des croisés, ses serviteurs, j'ai accepté humblement 8t dévotement cette
« charge 8*. cette administration dans la confiance de son secours, à l'instance
tt tant des barons de l'armée que du seigneur légat St des prélats qui étoient
« présens. » Il déclare ensuite que, pour obtenir la grâce du Seigneur par
les prières de ses saints, il donne à l'église de Notre-Dame de Cîteaux, entre
les mains d'Arnaud, son abbé 81 légat du siège apostolique, qui étoit présent,
une maison à Carcassonne, une autre à Béziers 8t une troisième à Salelles
(dans le diocèse de Narbonne), lesquelles avoient appartenu à divers héré-
■ Les éloges que dom Vaissete vient d'indiquer cette expédition par Robert de Mauvoisin, qui
sont empruntés par lui à Pierre de Vaux-Cernay; devint plus tard son sénéchal de Béziers & qu'il
il se contente d'affaiblir les termes du chroni- employa dans nombre d'affaires importantes, &
queur. Inutile d'ajouter que le poëte toulousain par Gui, abbé de Vaux-Cernay, plus tard éveque
ne partage pas cette admiration, & qu'il a à peu de Carcassonne. Ces deux personnes le suivirent
près sur Montfort l'opinion que dom Vaissete en Terre-Sainte quand, mieux inspiré que le rcst»
exprime en son rtom personnel. (Voir le conti- des croisés qui s'oubliaient au siège de Zara, il
nuateur de Guillem de Tudèle, vers 8681-8700.) quitta l'armée en refusant de se mêler aux intri-
|A. M.] giies plus ou moins honnêtes qui amenèrent la
'Il avait pris part à la quatrième croisade prise de Constantinopla en 1204. [A. M.|
& se préparait à quitter l'Europe en i2o3. (Voir ' Voyez tome VIII, Chartes, n. XCI, ce. âyi,
notre catalogue, n. i3.) Il fut accompagné dans 572.
Éd. orîain.
t. 111, p. 175.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXI. 299
tiques, qu'il nomme, 81 que Dieu lui avoit données par le ministère aposto-
lique. L'acte est daté du mois d'août de l'an 1209.
Simon ordonna' d'un autre côté qu'on payât les prémices 8c les dîmes aux
églises dans toute l'étendue du pays qu'on venoit de soumettre, & déclara
qu'il traiteroit en ennemis tous ceux qui refuseroient d'obéir à cet ordre 5
puis, pour faire sa cour au pape, il établit un cens annuel de trois deniers
par feu ou maison en faveur de l'Église romaine, &, afin qu'on respectât les
censures ecclésiastiques dans ses domaines, il statua que tous ceux qui demeu-
reroient excommuniés pendant quarante jours, sans se faire absoudre, paye-
roient chacun cent sols, si c'étoit un chevalier; cinquante, si c'étoit un bour-
geois, 8i vingt sols, si c'étoit un homme du commun. Enfin, pour témoigner
encore plus particulièrement son dévouement à l'Eglise romaine, il résolut
de lui faire lui-même une redevance annuelle d'une somme considérable,
sans préjudice du droit des autres seigneurs.
LXIV. — Départ d'une partie des croisés,
Simon, conduit par l'abbé de Cîteaux*, son protecteur, alla trouver ensuite
le lue de Bourgogne & le comte de Nevers pour les supplier de lui accorder
leurs secours pendant quelque temps, afin de continuer la conquête du pays
sur les hérétiques qui possédoient encore un grand nombre de places fortes,
entre autres les châteaux de Minerve, de Termes St de Cabaret. Le duc de
Bourgogne se rendit à ses prières; mais le comte de Nevers refusa absolu-
ment de demeurer davantage Se partit avec toutes ses troupes. On assure que
ce dernier n'étoit pas ami du duc de Bourgogne, qu'il s'étoit élevé entre eux
un différend qui avoit été si loin qu'ils avoient été sur le point de terminer
leur querelle par les armes; que l'attachement de Simon au duc de Bour-
gogne engagea le comte de Nevers à lui refuser la continuation de son
secours, 8t que, s'il eût voulu le continuer, l'année des croisés étoit assez
forte pour conquérir tout le monde. Quoi qu'il en soit, la plus grande partie
des autres barons suivit l'exemple du comte de Nevers, &, comme l'espérance
de gagner les indulgences après quarante jours de service avoit été le prin-
cipal motif qui les avoit engagés à prendre part à cette expédition, ils ne
jugèrent pas à propos, ce terme fini, de s'exposer à de nouveaux périls^.
LXV. — Le comte Ra'imond se brouille avec le légat 6- Simon de Montfort,
Le premier excommunie les Toulousains.
Raimond, comte de Toulouse, se retira aussi après la prise de Carcas-
sonne. Avant son départ il convint avec Simon de Montfort de raser de part
' Innocent. III 1. 12, Epist. 108. Montfort, & au t. 2 de l'édition de la Chanson Je
' Pierre de Vaux-Cernay, c. 20. la croisade, de M. Meyer, pp. 42 à 45, les rensei-
' Voyez dans le poème de Guillem de Tudéle gnements que le savant éditeur a pu réunir sur
(vers 831-841), '" noms des princes 8c des chacun de ces personnages dont la plupart sont
seigneurs qui restèrent à la solde de Simon de mal connus. [A. M,]
An 1209
An 1209
3oo HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. I.IV. XXI,
8c d'autre quelques châteaux situés sur les frontières de leurs domaines, pour
éviter tout sujet de dispute. Ce prince', pour donner de nouvelles preuves
de sa bonne foi, promit de donner son his Pvaimond en mariage à la fille de
Simon; mais ils ne demeurèrent pas longtemps amis. Pvaimond étoit à peine
de retour à Toulouse que Simon ^ Si l'abbé de Cîteaux lui députèrent un
archevêque, un évêque, le vicomte de Saint-Florent & Aycard de P\.oussilIon,
pour le sommer, de même que les consuls de cette ville, de livrer aux barons
de l'armée, sous peine d'excommunication Si d'interdit, tous les habitans que
ces députés nommeroient 81 de livrer aussi leurs biens, avec ordre à ceux qui
seroient nommés de se purger devant les mêmes barons, conformément à la
coutume de Brayne ; Si, supposé que ceux qui étoient notés vinssent à
déclarer qu'ils étoient catholiques, de les envoyer également pour faire leur
profession de foi devant toute l'armée. Simon menaçoit le comte Pvaimond,
en cas de refus de sa part d'obéir à ces ordres, de lui courre sus Si de porter
la guerre jusque dans le cœur de ses États. Raimond, surpris d'une pareille
demande, répondit aux envoyés, qu'il n'avoit rien à démêler, tant pour sa
personne que pour ses sujets, ni avec Montfort, ni avec l'abbé de Cîteaux;
qu'il avoit reçu son absolution de Milon, légat du Saint-Siège; 81 que, puis-
qu'on lui cherchoit une nouvelle querelle, il étoit résolu d'aller à Rome se
plaindre au pape, tant des vexations que les croisés commettoient dans le
pays, sous prétexte de poursuivre les hérétiques, que de la manière dont ils
le traitoient lui-même, après les services qu'il leur avoit rendus dans tout le
cours de leur expédition. Le légat 81 Simon, sachant par le retour de leurs
t 'in ""^'^'''li envoyés la résolution où étoit le comte de Toulouse d'aller porter au pape
des plaintes de leur conduite, firent leur possible pour l'en détourner 81 lui
envoyèrent de nouveaux députés pour l'apaiser 81 pour tâcher de lui per-
suader qu'il avanceroit bien plus ses affaires s'il vouloit traiter avec eux;
mais Raimond, persistant dans son dessein, déclara qu'il iroit non-seulement
à Rome, mais encore à la cour du roi de France 81 à celle de l'empereur pour
leur remontrer, 81 à tous les barons du royaume, les maux 81 les vexations
qu'ils commettoient dans le pays; il exécuta en effet bientôt après cette réso-
lution^. Quant aux habitans de Toulouse, voici la conduite qu'on tint à
leur égard.
Tous ceux"* que les députés de l'armée avoient dénoncés comme suspects
d'hérésie déclarèrent publiquement qu'ils n'étoient ni hérétiques, ni fau-
teurs des hérétiques 81 offrirent d'ester à droit sur-le-champ 81 de s'en rap-
porter au jugement de l'Eglise. Ils protestèrent qu'ils faisoient profession
publique de catholicité Si qu'ils avoient prêté serment entre les mains des
deux légats, Pierre de Castelnau Si maître Raoul, qui les avoient reconnus
■ Pierre Je Vaux- Cernay, c. 34. fens, ancien évêque cle Toulouse, & de l*n!>ké de
' Voyez tome VIII, Chroniques, ce. 36, ?>f, & Montauban, & que celui-ci fut retenu prisonnier
Chartes, n. CV, ce. 612, 6i3. un an entier (vers 899 & suiv.). [A. M.]
' La chronique en vers dit qu'il se fit précéder, ■* Voyez tome VIII , Chartes, n. GV, c. 6i3 &
pour préparer le terrain, de Raimond de Rabas- seq.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXI. 3oi
avec tous les habitans de Toulouse pour véritablement catholiques. Les con-
suls ou capitouls de cette ville répondirent, de leur côté, aux députés de
l'armée, qu'ils avoient fait brûler juscju'alors tous les hérétiques qu'ils avoient
découverts, en vertu de l'ordonnance du teu comte Raimond V. Qu'ils étoient
prêts à faire ester à droit, dans le palais épiscopal de Toulouse, tous ceux
qu'on avoit nommés comme notés ou qu'on pourroit nommer dans la suite,
pour rendre raison de leur foi, soit devant les légats, soit devant leurévêque,
conformément au droit canonique Si à l'usage de l'Eglise romaine, 8c qu'en
cas de refus de ces oftres ils en appeloient au pape; mais tout cela ne put
arrêter l'abbé de Citeaux' qui, ayant assemblé les prélats qui se trouvoient
dans le camp, excommunia les consuls de Toulouse Si tous leurs conseillers,
& jeta l'interdit sur cette ville.
LXVI. — Divers châteaux des environs de Carcassonne 6- une partie
de l'Albigeois se soumettent à Simon.
Cependant la terreur s'étant répandue dans tout le pays* après la prise de
Carcassonne, les seigneurs de divers châteaux vinrent faire leurs soumissions
au légat. Les principaux de ces châteaux furent celui de Limoux, situé sur
une élévation, que Simon fit raser 8i transférer dans la plaine, & ceux de
Montréal Si de Fanjaux. Un seigneur du pays, nommé Pierre d'Aragon 3,
qui s'étoit mis à la suite du légat, contribua beaucoup à la reddition de ces
places. Simon décampa "* ensuite de Carcassonne avec le légat Si le duc de
Bourgogne Si s'avança jusqu'à Alzonne, château situé k trois lieues de cette
ville sur la route de Toulouse. Il laissa en cet endroit le gros de l'armée, par
le conseil du duc, pour aller avec un détachement prendre possession du
château de Fanjaux. Après y avoir établi une bonne garnison, il retourna au
camp où il trouva les députés de la viHe de Castres qui venoient pour se
soumettre. Le duc de Bourgogne lui conseilla d'aller avec son détachement
prendre possession en personne de cette ville qui étoit comme la clef de tout
le pays d'Albigeois. Les habitans firent beaucoup d'accueil à Simon, lui
livrèrent le château Si lui firent hommage. Pendant qu'il étoit dans cette
ville, les chevaliers du château de Lombers lui vinrent faire leurs soumis-
sions Si l'invitèrent à prendre possession lui-même de cette place; mais comme
il étoit dans le dessein d'aller rejoindre incessamment le gros de l'armée, il
se contenta de les prendre sous sa sauvegarde Si remit à un autre temps à se
rendre en personne sur les lieux. On prétend"' qu'il arriva alors à Castres
un miracle dont le récit fait voir du moins de quel esprit les croisés étoient
'Innocent. III 1. 12, Epist. 170. — Voyez furent tous faidits pendant cette guerre. Voir au
tome VU, Noie XVI, n. m, pp. 46, 47. tome VIII, le registre / des Enquêteurs royaux,
' Voyez tome VIII, c. 34. [Guillem de Tudèle, passim. [A. M.]
»ers 779-784.] * Pierre de Vaux-Cernay, c. 21 & suiy.
' On plutôt Pierre l'Aragonais; les seigneurs de '' liiJ. c. 22.
la famille d'Aragon, au diocèse de Carcassonne,
An iioy
An 1209
5o2 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXI.
animés. « On présenta à Simon de Montfort, dit l'historien de ce comte,
a deux hérétiques, dont l'un étoit du nomhre de ceux qu'on appeloit par-
« faits, Si l'autre n'étoit encore que néophyte & disciple du premier. Simon,
« ayant pris conseil sur ce qu'on feroit de ces deux hérétiques, ordonna
« qu'on les brûlât tout vifs. Le néophyte, frappé de cet arrêt de mort, déclara
« qu'il étoit prêt à abjurer l'erreur & qu'il étoit entièrement soumis à tous
« les ordres de l'Église. Sur cette déclaration il s'éleva une grande dispute
« parmi les croisés : les uns demandoient qu'on accordât la vie à ce malheu-
« reux, les autres vouloient au contraire qu'on le fît mourir, soit parce qu'il
« avoit été dans l'erreur, soit parce qu'il pouvoit avoir fait cette déclaration
t.m',°p.*'i77. « plutôt dans la vue d'éviter le dernier supplice que par le sentiment d'un
<i repentir sincère. Enfin Simon termina la querelle en ordonnant de nou-
« veau que les deux hommes fussent également exposés au feu. La raison
« qu'il donna de sa décision fut que si le néophyte étoit véritablement con-
« verti, la peine qu'il alloit subir lui serviroit pour l'expiation de ses péchés,
« & que si au contraire sa conversion étoit feinte, il souftriroit le talion pour
« sa perfidie. On prit donc les deux hérétiques, on leur lia les mains derrière
« le dos & on les attacha à de gros pieux par le col, le milieu du corps &
<( les cuisses. On demanda ensuite au néophyte dans quelle foi il vouloit
« mourir? J'abjure l'hérésie, répondit-il, & je veux mourir dans la foi catho-
« lique, & j'espère que ce feu me servira de purgatoire. On alluma ensuite
« le bûcher. L'hérétique parfait fut brûlé dans l'instant; mais les liens qui
(( attachoient le néophyte s'étant rompus, ce dernier sortit sain & sauf du
« brasier, sans qu'il parût sur son corps le moindre vestige du feu, excepté
« au bout des doigts. »
LXVU. — Le duc de Bourgogne &• la plupart des croisés se retirent.
Concile d'Avignon.
Simon ayant rejoint' bientôt après l'armée campée vers Carcassonne, le
duc de Bourgogne fut d'avis d'entreprendre le siège de Cabaret, château très-
fort, situé dans les montagnes du diocèse de Carcassonne, à trois lieues de
cette ville vers le nord. Les croisés se mirent en marche, campèrent à demi-
lieue de Cabaret St tentèrent le lendemain de donner l'assaut; mais ils furent
repoussés avec tant de valeur que, jugeant l'entreprise impraticable, ils décam-
pèrent. Trois jours après, le duc de Bourgogne prit la route de ses États &
partit avec la plus grande partie de ses troupes, en sorte qu'on ^ prétend qu'il
ne resta que fort peu de monde dans le pays avec Simon, Si seulement trente
chevaliers françois. Mais un ancien auteur ^ assure plus vraisemblablement
■ pierre de Vaiix-Cernay, c. zS. que nous nvons indiqué plus haut fp. 299, n. 3).
' Ihii. La leçon de l'Anonyme doit provenir d'un ma-
' Voyez tome VIII, c. 36. — Ce chiffre n'est nuscrit plus complet, ainsi que le conjecture
• fourni que par la chronique en prose. Guillem M. Meyer {Chanson de la croisade, t. i, p. iSp).
de Tudèle ne donne que quelques noms au passage [A. M.]
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XXI. 3o3
Au izop
que quatre mille cinq cents hommes, tant Bourguignons que Normands &
Allemands, outre plusieurs chevaliers du pays qui s'étoient engagés au ser-
vice de ce général demeurèrent dans son camp. Simon continua avec cette
petite armée ses expéditions dont nous reprendrons la suite après que nous
aurons parlé des soins que se donna Milon, collègue de l'abbé de Cîteaux,
aux environs du Rhône, pour les affaires de sa légation.
Les croisés étant partis de Montpellier, vers le 20 de juillet', Milon passa
ce fleuve par l'avis de l'abbé de Cîteaux & des chefs de l'armée, soit pour
rétablir la paix entre les comtes de Provence Se de Forcalquier, soit pour
recueillir dans le pays les subsides destinés à la subsistance des troupes. Avant
son départ, il exigea des consuls de Montpellier, le 24 de juillet, le même
serment que ceux de Nimes, d'Avignon &t de Saint-Gilles lui avoient prêté
au sujet du comte de Toulouse, des hérétiques, des juifs, des péages. Sec. Il
se rendit d'abord à Arles dont les consuls lui firent un semblable serment,
le 3o de juillet. Trois jours après, Brunon, évêque de Viviers, reçut au nom
du même légat un pareil serment des consuls & des habitans de Largentière,
dans le Vivarais. Enfin Hugues de Baux Se Rostaing, son neveu, après avoir
confirmé vers le même temps, entre les mains de Milon, le serment qu'ils
lui avoient prêté à Saint-Gilles, déclarèrent qu'ils tenoient leur château
d'Alanson en son nom & qu'ils étoient prêts à le lui remettre au premier
commandement.
Durant le séjour que ce légat fit à Arles, il apprit que Guillaume Por-
cellet avoit fortifié deux églises situées au voisinage, dans une île du Rhône,
81 qu'il s'en servoit pour vexer les passans 8c exercer divers brigandages. Il
assembla aussitôt les milices du pays pour aller raser ces deux églisesj mais
Guillaume ne lui en donna pas la peine &, étant venu se soumettre, il les
lui livra. Le légat, après les avoir fait détruire, fit un voyage à Marseille 8t à
Aix Si se rendit enfin à Avignon, pour y tenir un concile où il cita le comte
de Forcalquier pour l'obliger à jurer l'observation de la paix S<. des statuts
qui avoient été dressés à Saint-Gilles. Ce comte étant arrivé à Avignon, fit
d'abord quelque difficulté d'obéir; il se rendit enfin par le conseil des évêques,
prêta le serment, le 4 de septembre, en fit faire un semblable à plusieurs
chevaliers de sa suite 8t remit de plus au légat trois de ses châteaux pour
gage de ses promesses.
Suivant les actes ^ qui nous restent de ce concile d'Avignon, l'évêqtie de t.^uj^p'.^j"»
Riez 81 Milon, légats du Saint-Siège, y présidèrent, 81 il fut composé des
archevêques de Vienne, Arles, Embrun Se Aix, de vingt évêques, de plu-
sieurs abbés 8c de divers autres ecclésiastiques. On y dressa, le 6 de sep-
tembre, vingt 8c un canons pour la réformation des mœurs dans les pays de la
Provence. Le second ordonne aux évêques d'obliger, par les censures ecclé-
siastiques, tous les comtes, chevaliers, châtelains, 8cc., à exterminer les héré-
' Innocent. III I. 12, Epltt. 106. — Acta apiid * Conciliaj t. 10, c. 41 81 seq.
Innocent. Ill Epiitolac, t. 2, p. Syo 8l secj.
~. 3o4 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XX[.
An 1209 T
tiques; à faire jjayer une amende pécuniaire aux. excommuniés, comme on
avoit fait à Montpellier; à ôter toute administration publique aux juifs, S\c.
Le dixième ordonne de contraindre les peuples à jurer la paix. Le vinyiicme
exclut des bénéfices ecclésiastiques jusqu'à la troisième génération, les parcns
des meurtriers de Pierre de Castelnau de sainte mémoire, légat du Saint-
Siège, de maître Guifred, chanoine de Genève & de plusieurs autres per-
sonnes religieuses qui avoient été tuées depuis peu.
Durant le concile, les deux légats qui y présidoient, envoyèrent' maître
Thédise, chanoine de Gênes, 8<. Pierre de A'iontlaur, archidiacre d'Avignon,
pour informer sur la destruction que les consuls Se les habitans d'Avignon
avoient faite vers le commencement de l'année précédente, par ordre de
l'évêque de Conserans, légat du Saint-Siège, du château que le comte de
Toulouse avoit au pont de Sorgues, afin de mettre ces habitans en sûreté
contre la vengeance de ce comte. Cette enquête est datée d'Avignon, le 5 de
septembre de l'an 1209. Ledit comte n'étant pas alors dans cette ville, ni
dans cette province, mais dans un autre pays,
LXVin. — Les légats écrivent au pape contre le comte de Toulouse.
Outre les vingt canons, on fit^ dans le concile d'Avignon divers décrets,
dont Milon parle dans une lettre qu'il écrivit peu de temps après au pape &
dans laquelle, après avoir raconté le succès de son voyage de Provence, il
continue ainsi : « Quant au comte de Provence & à ses Etats, je n'ai pu
« rien statuer à leur sujet, parce qu'il est parti pour la Sicile avec sa sœur.
« On a dressé cependant divers statuts dans le concile pour l'utilité com-
« .mune 8<. pour la paix de toute la Province. Rousselin (vicomte de Mar-
« seille) y a été nommément excommunié, comme apostat 8c parjure, avec
« tous ses complices; & on a jeté l'interdit sur la ville de Marseille & sur
« tout son territoire. Je vous envoyé par le présent porteur, de l'avis de
« l'abbé de Cîteaux, les formules du serment que les barons, les villes & les
« autres lieux ont prêté pour les insérer dans les registres. Comme donc,
« très-saint père, la paix & la tranquillité ont été rétablies en Provence, je
(' supplie très-humblement votre sainteté, supposé que le comte de Toulouse,
« qui est ennemi de la paix & de la justice, se rende auprès d'elle, ainsi que
« plusieurs le croient, pour lui demander la restitution des châteaux qu'il
« m'a remis en votre nom (restitution qu'il se vante d'obtenir facilement),
« de ne pas vous laisser surprendre par ses paroles artificieuses, mais d'appe-
« santir de plus en plus sur lui le joug de l'Église, comme il le mérite; car
« il a transgressé presque tous les quinze articles pour lesquels il a fait ser-
« ment entre mes mains & a donné des cautions; principalement ceux qui
« sont contenus dans une autre lettre que je vous ai écrite avec l'évêque de
' ' Fantoni, htona d'Avinione, 1. i , c. 5, n. 3;j. ' Voyez tome VII, tlote XVI, ut supra. — In-
nocent. III 1. II, Ep'tst. ic6.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXI.
3o5
« Riez; c'est pourquoi il est manifestement déchu du droit qu'il a sur le
« comté de Melgueil, 8< les sept forteresses qu'il m'a remises sont confisquées
« au profit de l'Eglise romaine. Les habitans d'Avignon, de Nimes & de
« Saint-Gilles sont prêts à taire hommage à la même Église pour tous les
« droits qu'il avoit sur eux, conformément au serment qu'ils m'ont prêté en
« votre nom. On attendra cependant encore, comme il est marqué dans cette
« autre lettre, jusqu'à la prochaine fête de la Toussaint; mais s'il ne satis-
« fait pas d'ici à ce temps-là sur tous les articles, on procédera contre lui,
« tant par les peines spirituelles que par les temporelles. Les châteaux qu'il
« m'a remis sont si forts, soit par la nature, soit par l'art, qu'il sera très-aisé,
K avec le secours des barons 8c des villes du voisinage qui se sont engagés à
« l'Église par serment avec beaucoup de dévotion, de le chasser entièrement
« d'un pays qu'il a trop longtemps souillé par sa méchante vie. Au reste, il
« n'est nullement lésé en ce que l'Eglise romaine possède ces châteaux. C'est
« par ce moyen qu'il a évité ces jours passés le dernier supplice, 8t que le
« reste de ses domaines n'a pas été attaqué. Le comte de Forcalquier Se plu-
ie sieurs autres barons 8t gentilshommes qui ont remis plusieurs de leurs
« plus forts châteaux, non-seulement ne les redemandent pas, mais ils offrent
« encore ceux qui leur restent, parce qu'ils comprennent que c'est le seul
« moyen d'entretenir la paix 8t la tranquillité en Provence. Si le comte de
« Toulouse, ce qu'à Dieu ne plaise, recouvroit ces châteaux sans autre satis-
« faction, tout ce qu'on a fait contre les hérétiques & tout ce qu'on a établi
« pour le repos du pays deviendroit absolument inutile, & il seroit beaucoup
« mieux de n'avoir rien fait que de ne pas finir après avoir commencé. Que
« votre sainteté me pardonne si je m'étends peut-être un peu trop Si si j'écris
« autrement que je ne devrois; mais je parle de l'abondance du cœur, &
« mon zèle est bon ; plût à Dieu qu'il jût accompagné de la science! Quoique
« le comte de Toulouse St le noble (Guillaume Porcellet) dont j'ai déjà
« parlé Si dont j'ai fait détruire la torteresse, qui ne pourroit pas être remise
« sur pied pour cent mille sols, me dressent des embûches, ainsi que je l'ai
« appris certainement de divers endroits ; rien ne pourra cependant m'ar-
« rêter, 8i je ne m'effrayerai pas de tout ce qu'ils ont fait l'un Si l'autre pour
« machiner la mort du légat (Pierre de Castelnau); en effet, le comte, qui
« auparavant étoit ennemi du meurtrier, l'a admis depuis au nombre de ses
« amis Si dans sa familiarité; Si Guillaume Porcellet a toujours reçu depuis
«■ à sa table le frère de cet assassin. »
L'autre lettre' que Milon écrivit au pape, conjointement avec l'évêque de
Riez, son collègue, contient en détail les griefs qu'ils avoient contre le
comte de Toulouse. « Lorsque nous étions assemblés dernièrement au con-
« cile d'Avignon, au sujet des affaires de la Provence, disent les deux légats,
« nous avons excommunié le comte de Toulouse Si nous avons jeté l'interdit
H sur toutes ses terres, du conseil Si de la volonté du révérend père abbé de
An i2op /■■
Éd. origin.
t. m, p. 179.
'Innocent. III 1. 12, Epist. 107.
VI.
An 1209
3o6 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXI.
« Citeaux, & avec l'approbation du concile : 1° Parce qu'il n'a pas rétabli
« dans leurs domaines les évêques de Carpentras £<. de Vaison & leur clergé,
« comme moi, Milon, le lui avois ordonné en vertu de son serment. 2° Parce
<i qu'il n'a pas chassé de ses États les hérétiques & leurs fauteurs. Se qu'il ne
<( les a pas abandonnés à la discrétion des croisés. 3° Pour n'avoir pas rendu
« la justice aux églises, aux maisons religieuses & aux pauvres, ainsi qu'il
« lui avoit été ordonné. 4° En ce qu'il n'a pas nommé des commissaires pour
« recevoir les plaintes qu'on faisoit contre lui. 5° Pour n'avoir pas fait démolir,
« suivant le dire des évêques diocésains, les fortifications qu'il a fait faire aux
« églises. 6° Enfin parce qu'il n'a pas aboli les péages Se les autres exactions
(i injustes qu'il lève. Nous avons cependant modéré cette sentence, en sorte
« que s'il se représente devant nous avant la fête de tous les saints, & s'il
« satisfait pleinement sur tous les articles, il ne sera pas lié par cette excom-
« munication; mais seulement, en cas qu'il ne se présente pas : alors ses
« domaines seront soumis à l'interdit. Comme nous avons appris que le
« comte doit se rendre incessamment à Rome pour obtenir par la recomman-
« dation du roi Othon, du roi de France & de plusieurs autres, dont il se
« vante d'avoir l'amitié, la restitution des châteaux qu'il nous a remis, erreur
« qui seroit pire que la première; nous avons cru devoir vous faire connoître
« la vérité afin que, si ce prince obtient audience de votre sainteté, il trouve
« en vous la fermeté du successeur de saint Pierre. 11 est si étroitement lié
« par la grâce de Dieu 8t par vos soins, qu'il n'est pas en état de regimber
« dans la suite & d'éluder l'exécution de vos ordres sacrés; à moins, ce qu'à
« Dieu ne plaise, qu'on ne vienne à défaire, à l'instance de quelques-uns,
« ce qui a été déjà fait. » Les deux légats parlent ensuite au pape, tant de
l'excommunication qu'ils avoient lancée contre Rousselin (vicomte de Mar-
seille) & auparavant moine de Saint-Victor, qui, après avoir apostasie, s'étoit
marié, que de l'interdit qu'ils avoient jeté sur les habitans de cette ville,
pour l'avoir favorisé 81 avoir refusé de jurer l'observation des statuts dressés à
Saint-Gilles. Les deux légats ajoutent à la fin : « Le seigneur abbé de
« Citeaux, du conseil de tous les prélats qui étoient dans l'armée, a excom-
« munie les consuls 8<. les conseillers de Toulouse, & mis toute cette ville en
« interdit, parce qu'ils ont refusé de livrer à la discrétion des croisés les
« hérétiques & leurs fauteurs, qui sont en très-grand nombre dans le pays,
i< 81 de livrer aussi tous leurs biens. »
Ces deux lettres furent écrites vers le 8 ou le 10 de septembre, peu de
jours après la tenue du concile d'Avignon, durant lequel' les habitans
de Cavaillon prêtèrent entre les mains de Milon, au sujet du comte de
Toulouse, le même serment que les autres villes des environs avoient déjà
prêté.
' Acti ap. Innocent. III Epist. t. 2, p. SyS.
i^
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXI. 807
LXIX. — Mort d'Alfonse II, comte de Provence.
Nous apprenons de la première lettre qu'Alfonse, comte de Provence, étoit
allé alors en Sicile avec Constance, sa sœur, veuve d'Emeri, roi de Hongrie,
pour le mariage de cette princesse avec Frédéric, roi de Sicile, qu'elle épousa
en secondes noces. Alfonse vivoit donc encore au mois de septembre de
l'an 120g, & il ne mourut pas dans cette île au mois de février de cette année,
comme on le prétend ' ^ mais il ne survécut pas longtemps, car Garsinde de
Sabran, comtesse de Forcalquier, sa femme, étoit déjà veuve^ le i" de dé-
cembre de l'an 1209. Il laissa de cette comtesse un fils & une fille : le pre-
mier, nommé Raimond-Bérenger, âgé^ seulement de quatre ans ou environ,
lui succéda dans les comtés de Provence & de Forcalquier, sous la tutelle de
Pierre, roi d'Aragon, son oncle, qui l'emmena en Aragon; la fille, nommée
Garsinde, comme sa mère, épousa** dans la suite le comte de Savoie.
LXX. — Raïmond, comte de Toulouse, fait son testament, va à la cour
de France 6» part ensuite pour Rome,
Le comte de Toulouse, étant résolu d'aller à Rome, fit son testament ^ le
onzième jour de l'issue du mois de septembre de l'an 1 209, c'est-à-dire le 20 de
ce mois. Dans cet acte il lègue aux templiers 81 aux hospitaliers, supposé
qu'il vienne à décéder durant le voyage, tout le blé Se le vin qu'on aura
recueilli pendant l'année dans ses terres. Il donne de plus aux premiers son
cheval de bataille, ses armes, sa cuirasse. Sic, 8c aux autres son jeune cheval.
11 donne à Baudouin, son frère, 8< aux enfans de ce prince, nés en"^ légitime
mariage, l'engagement du comté de Millau & de la Roque de Valsergue, en
Rouergue, qu'il substitue à son fils Raimond, à condition que Baudouin
tiendra tous ces domaines du même Raimond, son fils. Il donne à Eiéonore
d'Aragon, sa femme, ce qui lui avoit été constitué en dot dans son contrat de
mariage. Si lègue à Bertrand, son fils (naturel '), les châteaux de Caylus Se
de Bruniquel en Querci; à condition qu'il les tiendra en fief de Raimond,
son fils, en faveur duquel il les substitue, si Bertrand vient à décéder sans
postérité. Il donne à Guillemette, sa fille, ce qu'il possédoit à Montlaur Se à
Saint-Georges (dans le Toulousain), avec une pareille substitution en faveur
de Raimond, son fils, qu'il déclare son héritier légitime 6< universel; avec
défense à lui de rien aliéner de ses domaines jusqu'à ce qu'il eût atteint
l'âge de trente ans. Il lui substitue Baudouin, son frère, 8t met tous ses
■ Zurlta, Anales Je la coronct de Aragon, 1. i, * Bouche, Histoire de Provence, t. 2, p. 187 &
c. .Ï8. suiv.
' Bouche, Histoire Je Provence, t. 2, pp. 188 & ' Voyez tome VIII, Chartes, n. XCII, ce. SyS
io3. à ■'177.
* Chron'ica 0 commenîari Jet rey Jacme, c. 1 2. ^ ^ Voyez tome VII, }^oîe XVIII, pp. 55 & suiv.
Voyez tome VII, Note XIV, p. 38 8c suiv. ' Ih'id. Note X, n. iv & suiv., pp. 26 à 28.
An 1Î09
3o8 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXI.
domaines sous la protection de Philippe, roi de France, son cousin, St
d'Othon, empereur des Teutons. Il donne pour tuteurs à Raimond, son fils,
' Bernard, comte de Comminges, son cousin, Baudouin, son frère, £< les con-
suls de Toulouse; il ordonne au second de prendre la défense de ce jeune
prince jusqu'à ce qu'il eût atteint l'âge légitime; & enjoint à Raimond,
quand il sera parvenu à cet âge, de ne rien entreprendre sans le conseil de
Baudouin. Il lègue de plus à ce dernier 8c aux enfans qu'il aura en légitime
mariage dix mille sols melgoriens de rente sur les péages, avec substitution,
en cas qu'il décédât sans enfans légitimes, en faveur de son fils Raimond,
auquel Baudouin sera tenu de faire hommage de cette rente, & qu'il sera
obligé d'aider durant la guerre, envers tous Si contre tous. Enfin en cas que
Raimond, son fils, & Baudouin, son frère, vinssent à décéder l'un & l'autre
sans postérité légitime, il appelle à sa succession Philippe, roi de France,
pour les domaines qu'il possédoit dans le royaume, & l'empereur Othon
pour ceux qu'il avoit dans l'empire au delà du Rhône j sans préjudice des legs
qu'il avoit faits en faveur de Bertrand, son fils. Si de Guillemette, sa fille.
Raimond, comte de Toulouse, fit remettre ce testament dans les archives
de l'abbaye de Saint-Denis, d'où nous l'avons tiré; ainsi ce prince étoit à la
cour de Philippe-Auguste vers la fin de septembre de l'an 1209. Nous savons,
d'ailleurs', qu'il s'y rendit alors pour engager le roi à le confirmer dans la
possession des péages qu'il levoit dans ses domaines, parce que le légat Milon
lui avoit fait promettre à Saint-Gilles de n'en exiger aucun qui ne fût auto-
t'ui'"^'"'si "^^ P'^^ ^^^ chartes des empereurs ou des rois. On assure^ que Philippe refusa
cette confirmation au comte; mais un ancien auteur témoigne^ au contraire
que le roi lui fit beaucoup d'accueil. Il ajoute que Raimond ayant fait des
plaintes à Philippe, au duc de Bourgogne, au comte de Nevers Si à la com-
tesse de Champagne des vexations que les légats 81 Simon de Montfort com-
mettoient dans la Province, & que leur ayant fait part du dessein qu'il avoit
formé d'aller à Rome, tous ces princes 8<. plusieurs autres prirent ses intérêts
avec chaleur Si lui donnèrent des lettres de recommandation auprès du pape.
Le comte fit bientôt après ce voyage, accompagné de divers seigneurs 81 des
députés"* de la ville de Toulouse qui allèrent poursuivre l'appel ({u'ils avoient
interjeté au pape des griefs qu'ils avoient contre l'abbé de Cîteaux. Repre-
nons la suite des expéditions de Simon de Montfort.
LXXI. — L'abhé de Pamîers livre cette ville à Simon de Montfort.
Ses griefs contre le comte de Foix.
Simon de Montfort, après le départ du duc de Bourgogne 81 de la plupart
des autres croisés, partagea les troupes qui lui restoient; il en envoya une
' Pierre de Vaux-Cernay, c. 37. très des seigneurs français au pape ne se retrouve
' Ihid. c. 42. pas dans le poëme; c'est sans doute une addition
' Voyez tome VIII, ce. 42, 44. — Guillem ,de de l'Anonyme. [A. M.]
Tudèle, vers 976-988; cette circonstance des let- ^ Voyez tome VIII, ce. 38, 39.
* HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXI. 3oo
' An 1Z09
dartîe dans' la vicomte de Béziers, sous les ordres de Guillaume de Contres,
dit aussi Verles d'Encontre, à qui il donna le gouvernement de cette vicomte
6< qui mit des garnisons dans les châteaux qui en dépendoient. Il confia le
gouvernement de la ville de Limoux & des environs, c'est-à-dire de la partie
du Razès qui s'étoit soumise, après la prise de Carcassonne, à un autre che-
valier, nommé Lambert de Creichi, 81 établit lui-même sa principale rési-
dence à Carcassonne. Il partit quelque temps après pour Fanjaux', où Vital,
abbé de Saint-Antonin de Frédélas ou de Pamiers, le vint prier de se rendre
dans cette dernière ville dont il vouloit le mettre en possession à la place
de Raimond-Roger, comte de Poix, qui la possédoit en pariage avec son
abbave.
Vital, pour avoir un prétexte de rompre le pariage auquel ses prédécesseurs
a%'oient appelé les comtes de Foix, alléguoit divers griefs contre R.aimond-
Roger. Ce comte, dit un historien du temps^, non content de favoriser les
hérétiques dans tous ses domaines, avoit fait construire une maison dans le
château de Pamiers, qu'il tenoit en fief de l'abbaye de Saint-Antonin de Fré-
délas, située à une demi-lieue, 5c l'avoit donnée à sa femme £< a ses sœurs,
hérétiques de profession ; lesquelles y avoient établi leur demeure Sv y
tenoient des écoles d'erreur, malgré tous les soins que l'abbé 8c les chanoines
réguliers du monastère se donnoient pour les en empêcher. Quelque temps
auparavant, deux chevaliers hérétiques, ses cousins germains 8c ses intimes
amis, ayant amené leur mère, tante du comte, dans le château de Pamiers,
l'abbé 8c les chanoines les chassèrent ignominieusement : l'un des deux che-
valiers, résolu de tirer vengeance de cet affront, ayant rencontré bientôt après,
dans une église voisine de Pamiers, un chanoine de l'abbaye qui disoit la
messe, il le tua impitoyablement, le mit en pièces, 8c arracha les yeux à un
frère du monastère. Dans une autre occasion, le comte de Foix étant venu à
Pamiers accompagné de routiers, de batteleurs 8c de courtisanes, demanda les
clefs du monastère à l'abbé qui refusa de les lui donner 8c les déposa sur la
châsse de saint Antonin, martyr, placée sur l'autel avec plusieurs autres
reliques. Le comte ne fit aucune difficulté de les enlever de cet endroit, 5c
après avoir renfermé l'abbé 8c les chanoines dans l'église, il les y retint pen-
dant trois jours, sans permettre qu'on leur donnât ni à boire, ni à inanger.
Il mit le monastère au pillage durant cet intervalle 8c coucha dans l'infir-
merie avec des femmes débauchées qu'il avoit amenées. Il chassa ensuite de
l'église l'abbé 5c les chanoines presque nus, 8c fit défendre à son de trompe,
dans tout Pamiers, de leur donner retraite, à peine de punition corporelle;
il détruisit enfin une grande partie de l'église 8c du monastère pour employer
les matériaux aux fortifications du château. On reprochoit de plus à Rai-
' Voyez tome VIII, ce. .38, Sp. seconde partie du poëme, aussi bon catholique «jiie
' Pierre de Vaux-Cernay, c. 24. le moine cistercien, donne à Raimond-Roger les
' Ih'ti. — Tout ce que Pierre de Vaux-Cernay plus grands éloges, & le pape ne le traita j.niiais
dit du comte de Foix est évidemment exagéré & arec la rigueur qu'auraient méritée les méfait»
inspiré par la passion j en tout cas l'auteur de la dont l'accuse le chroniqueur latin. [A. Mj]
An I Ï09
3 10 HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XXI.
mond-Roger ' de n'avoir donné aucune marque de respect pour les reliques de
saint Antonin lorsqu'il passoit un jour à cheval dans le temps qu'on les por-
toit en procession, suivant l'usage, dans une église située sur une montagne
voisine. L'abbé du Mont-Sainte-Marie, l'un des douze de l'ordre de Cîteaux
qui faisoient la mission dans le pays 8c qui étoit présent, s'écria alors,
ajoute-t-on, d'un ton prophétique : « Comte, vous ne rendez aucun hon-
« neur au saint martyr, votre seigneur; sachez que vous serez bientôt privé
t 'in°'^'''i'"'. " '■'••^ domaine que vous avez sur cette ville, 81 le saint fera que vous en serez
(( dépouillé de votre vivant. » Autre griefs : dans le temps que Raimond-
Roger, à la tête des routiers, faisoit la guerre au comte d'Urgel, il assiégea
les chanoines de la cathédrale de cette ville dans leur église, 5<. ils furent,
obligés de se rendre, parce que mourant de soif, ils étoient obligés de boire
leur propre urine; il pilla entièrement cette église, n'y laissa que les quatre
murailles & la fit racheter pour cinquante mille sols, après qu'il y eut commis
diverses impiétés avec ses soldats, de même que dans toutes les autres églises
d'Urgel. Un autre jour Raimond-Roger demanda une conférence aux évêques
de Toulouse &i de Conserans; mais, au lieu de se trouver au rendez-vous, il
assiégea un château dépendant de l'abbaye de Saint-Antonin , disant publi-
quement qu'il croiroit rendre un grand service à Dieu, s'il pouvoit tuer tous
les croisés de sa main. On achève son portrait en assurant qu'il pilloit les
monastères, qu'il détruisait les églises & qu'il avoit eu toute sa vie une soif
inaltérable du sang des chrétiens. C'est avec des traits semblables, accompa-
gnés de termes dictés par un zèle plein de fieP 8< d'amertume, qu'un"* auteur
contemporain, l'un des plus ardens partisans de la croisade contre les albi-
geois, dépeint Raimond-Roger, comte de Foix, qu'il traite de tyran, de bête
féroce, de chien, de cruel, de barbare, en un mot comme le plus scélérat 81
le plus misérable de tous les hommes. Nous avons cependant divers monu-
mens de ses libéralités^ envers les églises.
LXXII. — Simon de Montfort soumet le château de Mirepo'ix & prend
possession de Pamiers.
Simon de Montfort n'eut garde de refuser les offres avantageuses de l'abbé
de Pamiers; il se mit^ aussitôt en marche, prit en passant le château de Mire-
poix, qui appartenoit au comte de Foix, lequel en avoit fait, à ce qu'on pré-
tend, le réceptacle des hérétiques 8c des routiei-s, 8c en disposa'' en faveur de
Gui de Lévis qui faisoit les fonctions de maréchal dans son armée^. Il se
rendit ensuite à Pamiers, où l'abbé le mit en possession dvi château de cette
■ Pierre de Vaiix-Cernay, c. 24. - Nous n'avons pas retrouvé le texte de la do-
' Ihid. c. ifi. nation de Mirepoix à Gui de Lévis; il existait
^ Marca, Histoire Je Béarn, 1. 8, c. l5, n. 3. encore du temps de Besse. Voyez notre Catalogue,
■• Pierre de Vaux-Cernay, c, 46. n. 107. [A. M.]
* Archives de l'abbaye de Boulbonne, &C. ' Voyez tome VIII, Chartes, n. CXVIII, c. 660.
'' Pierre de Vaux-Cernay, c. 24.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXI. 3ii ~~:
An 1209
ville & le lui donna en pariage aux mêmes conditions' que le comte de
Foix, qu'il en dépouilla ainsi sans autre forme de procès, l'avoit tenu aupa-
ravant. Simon- en fit hommage à cet abbé, par un acte daté du mois de sep-
tembre de l'an 1209, en présence de Foulques, évêque de Tjulouse, de Bou-
chard de Marly (de la maison de Montmorency), de Guillaume de Lucé, de
Gui de Lévis, alors maréchal, de Simon 81 de Robert de Poissy, chevaliers
français f 6cc.
LXXIII. — Les châteaux de Saverdun £- de Lomhers, la ville d'Albi 6" une
grande partie de l'Albigeois se soumettent à Simon.
Le comte de Montfort, après s être mis en possession^ de Pamiers, alla à
Saverdun, château qui appartenoit aussi au comte de Foix 8t dont les habi-
tans lui ouvrirent les portes & se soumirent volontairement. Il revint de là à
Fanjaux & s'avança jusqu'à Lombers, en Albigeois, où environ cinquante
chevaliers, qui habitoient ce château, le reçurent avec honneur & promirent
de le reconnoître le lendemain pour leur seigneur; mais, sur l'avis qu'il eut
qu'ils tramoient un complot contre lui, il sortit dans l'instant sous quelque
prétexte, ces chevaliers le suivirent 8c, craignant qu'il ne fût averti de leur
dessein, 8t qu'il ne s'en vengeât, ils lui remirent aussitôt le château, lui firent
hommage &c lui prêtèrent serment de fidélité. Simon se rendit de là à Albi,
dont la seigneurie appartenoit au vicomte Raimond-Roger Se à l'évêque : ce
prélat lui fit beaucoup d'accueil & lui remit la ville. Simon soumit ensuite
tout l'Albigeois, à la réserve de quelques châteaux. Son historien dit que ce
pays appartenoit au comte de Toulouse & que ce prince l'avoit enlevé au
vicomte de Bé-[iers. Cet auteur ignoroit sans doute que les comtes de Tou-
louse possédoient le comté particulier d'Albigeois, & qu'en cette qualité,
outre le domaine principal qu'ils avoient dans tout le pays, ils y occupoient
diverses places qui leur étoient immédiatement soumises. Montfort revint
enfin à Carcassonne, où il trouva le légat Milon qui, après le concile d'Avi-
gnon, avoit rejoint dans cette ville l'abbé de Cîteaux, son collègue.
LXXIV. — Les légats 6- Simon rendent compte de leurs conquêtes au pape
6- lui demandent de confirmer le dernier dans la possession du pays.
Les deux légats écrivirent alors conjointement au^ pape pour lui rendre
compte du succès de la croisade. Ils lui racontent la prise de Béziers 8c de
Carcassonne, 8c l'élection qui avoit été faite de Simon de Montfort pour
prince 6" seigneur du pays. Après un grand éloge de ce général, ils font
remarquer au pape le soin qu'il avoit eu d'imposer un cens de trois deniers
,-,,,• J. • 1 1 • Il Ed. orîgin.
par maison en taveur de 1 Eglise romaine dans tous ses nouveaux domaines. Ils 1. 111, p. mi.
' Voyez tome VIII, Chartes, n. XCIII, et. 377, ' Pierre lîe Vaux-Cernay, c. 24 & suiv.
578. ' Innocent. III 1. 12, Epist. 108.
An I 209
3i2 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXI.
prient ensuite le pontife avec beaucoup de vivacité de traiter favorablement les
ambassadeurs de Simon, afin qu'il pût entièrement purger le pays d'héré-
tiques. « Quoique, ajoutent-ils, la plus grande partie de l'armée se soit
(( retirée, après avoir fait plus de besogne en deux mois qu'on n'auroit osé
« espérer en deux ou trois ans, il est resté auprès de lui un si grand nombre
« de braves chevaliers qu'il lui sera aisé, non-seulement de conserver les con-
« quêtes qu'il a déjà faites, mais même de se rendre maître de tout le reste
« du pays, après en avoir chassé les hérétiques, excepté Toulouse; pourvu
« que l'Eglise, dont il fait les affaires, contribue à la dépense; car il est évi-
K dent qu'étant en possession, outre les villes, dé deux cents châteaux très-
« forts, 6* que tenant dans les j'ers le vicomte de Béjiers, défenseur des héré-
u tiques, il a besoin de grands secours, soit pour munir les places qui lui
« sont soumises, soit pour faire de nouvelles conquêtes. »
Simon écrivit' de son côté au pape 8c lui envoya des ambassadeurs dont
le principal étoit^ un chevalier, nommé Robert de Mauvoisin. Il lui expose
l'ardeur avec laquelle il étoit allé servir dans les pays d'Albigeois ^ad partes
Albienses) contre les hérétiques, Si lui marque qu'il a été élu unanimement,
quoique indigne, par la vocation de Dieu, S<. du consentement des chefs de
la croisade, pour gouverner S<, administrer le pays conquis; qu'il avoit résolu
d'y demeurer pour l'honneur de Dieu Si l'accroissement de la foi, dans l'es-
pérance que l'hérésie y seroit entièrement éteinte, si sa sainteté vouloit bien
le soutenir. » Cependant, ajoute-t-il, comme ce travail demande une grande
(i dépense par deux raisons, il faut que vous acheviez ce que vous avez com-
» mencé. D'un côté les seigneurs qui ont pris part à cette expédition m'ont
« laissé presque seul entre les ennemis de Jésus-Christ qui errent parmi les
« montagnes 8<. les rochers. De l'autre, je ne saurois gouverner plus long-
« temps, sans être aidé de votre secours & de celui des fidèles, un pays
« devenu extrêmement pauvre par les ravages qu'on y a commis. Les héré-
« tiques ont abandonné une partie de leurs châteaux, après en avoir tout
« emporté ou les avoir détruits; ils conservent les autres qui sont les plus
« forts, dans la résolution de les défendre. II faut que je soudoie bien plus
« chèrement que je ne ferois dans d'autres guerres les troupes qui sont avec
« moi, & à peine puis-je retenir quelques soldats en leur donnant une
« double paye. » Il marque ensuite au pape, pour gagner sa bienveillance,
qu'il a imposé trois deniers de cens annuel sur chaque maison en faveur de
l'Église romaine ; imposition dont il demande la confirmation. Il ajoute qu'il
a ordonné que les dîmes dont les hérétiques jouissoient fussent entièrement
payées à l'Eglise. « Du reste, reprend-il, après avoir ainsi disposé toutes
« choses pour l'honneur de Dieu, suivant mon pouvoir, je supplie votre sain-
ce teté de vouloir bien me confirmer dans la possession de ce pays, qui m'a
(i été donné & à mes héritiers, de la part de Dieu & de la vôtre, par l'abbé
« de Cîteaux, votre légat, du conseil de toute l'armée, S<. d'accorder une
' Innocent. III 1. 12, Eplst. loo, ' Pierre de Vaux-Cernay, c. 29.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXI. 3i3 "";
An lïop
» pareille grâce à ceux qui, ayant participé ati travail, ont reçu une portion
« du même pays suivant leur mérite; » enfin il lui rend compte de l'atten-
« tion & de la vigilance que l'abbé de Cîteaux avoit apportées dans toute
cette affaire & lui recommande Robert de Mauvoisin, son envoyé.
LXXV. — Mort de Raïmoni-Roger, vicomte de Béliers, — Ses enfans.
Les deux lettres dont on vient de parler furent écrites deux mois après le
commencement de l'expédition, & par conséquent vers la fin de septembre
de l'an 1209. La première nous apprend que Simon tenoit encore alors dans
les fers le vicomte Raimond-Roger. Nous savons, d'ailleurs', qu'il le faisoit
garder si étroitement dans une des tours du palais vicomtal de Carcassonne,
où il l'avoit fait renfermer, qu'il ne lui permettoit de parler qu'à ses gardes.
Le vicomte ne survécut pas longtemps à une si dure captivité; il fut attaqué
d'une dyssenterie & mourut dans sa prison, le 10 de novembre suivant*, non
sans soupçon^ qu'on avoit avancé ses jours. 11 paroît, en effet, par un monu-
menf* du temps, qui n'est pas suspect, que Raimond-Roger mourut de mort
violente. Ce vicomte, se voyant sans ressource, se confessa à l'évèque de
Carcassonne, qui lui administra les derniers sacremens. Simon fit exposer
son corps dans la cathédrale, le visage découvert, afin, dit un historien'', ^"l-"'''?'"*
I _ ' c> ' ' _ ' 1. 111, p. 184.
qu'il fût reconnu de ses anciens sujets, 8<., sans doute aussi, pour écarter les
soupçons qu'on pouvoit former qu'il ne l'eût fait périr'^. Il lui fit rendre
ensuite tous les honneurs dus à son rang : les peuples des environs assis-
tèrent en foule à sa sépulture Si témoignèrent par leurs larmes un regret
extrême de sa mort.
Ainsi mourut, à l'âge de vingt-quatre ans, Raimond-Roger, vicomte de
Béziers, Carcassonne, Albi & Razès, seigneur du Lauragais, du Minervois,
du Termenois Se de divers autres domaines, neveu à la mode de Bretagne de
Philippe-Auguste, roi de France, neveu, par sa mère Adélaïde, de Rai-
mond VI, comte de Toulouse,, S<. parent ou allié de divers autres princes;
bien moins coupable d'avoir suivi ou favorisé les erreurs des hérétiques, qui,
dans le temps de sa naissance étoient déjà répandus dans ses États, que mal-
• Voyez tome VIII , ce. 3;, 38. — Cf. Guillem (Pierre de Vaiix-Cernay, Guillem de Tiidèle, Giiil-
de Tiidèle (vers 861 & 917-931); il y a Ici dans le laume de Puylaiirens), il mourut de dyssenterie;
pocme -me lacune que la longue paraphrase de au contraire, suivant le continuateur de Guillem
l'Anonyme ne permet pas de combler. [A. M.J de Tudèle (vers 336i) & le biographe d'Arnaud de
■ Voyez tome V, Chroniques, c. 26. Marveil (voir édit. de M. Meyer, t. 2, p. 46), il
' Voyez tome VIII, c. 37. [Guillem de Tudèle, aurai: été tué; le bruit en courut dès l'origine,
vers 862-868.] — Guillelmus de Podio Laurentii, Guillem de Tudèle, qui écrivait peu après 1209, le
C- i"(. prouve par ses imprécations contre ceux qui le
' Innocent. III 1. i5, Epist. 212. — [Potthast, répandaient. Sans nous prononcer, nous ferons
n. 4655. J remarquer que la version méridionale a pour elle
' Voyez tome Vni, ce. 37, 38. [Guillem de Tu- le témoignage d'Innocent III lui-même, qui dit
dèle, vers 917 — suiv.] textuellement dans la lettre plus haut citée, que
"■ La mort du jeune vicomte de Béziers donna, Raimond-Roger fut m'ncrahilitcr interfcctus; il
en effet, naissance à deux versions fort différentes. semble difficile de récuser un pareil témoignage.
Suivant les catholiques & les écrivains du Nord [A. M.]
-, 3 14 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXI.
An 1209 "
heureux d'avoir eu des tuteurs & des conseillers qui, durant sa minorité,
n'arrêtèrent pas leurs progrès dans les pays soumis à son autorité. Il laissa
d'Agnès de Montpellier, sa femme, qui lui survécut, un fils unique, nommé
Pvaimond-Trencavel, qui étoit encore, pour ainsi dire, au berceau : il n'étoit
né, en effet, qu'en 1207 '5 il l'avoit confié à la garde du comte de Foix, son
proche parent, qui prit soin de son éducation.
LXXVI. — Le comte de Foix donne son fils en otage à Simon de Montfort.
Le roi d'Aragon refuse de recevoir son hommage pour Carcassonne.
Simon de Montfort se rendit* peu de temps après à Limoux, pour s'y faire
reconnoître seigneur du pays. En chemin faisant, il prit quelques châteaux
& fit pendre ceux qui y étoient en garnison. A son retour il assiégea Preixan,
dans le diocèse de Carcassonne. Le comte de Foix le vint trouver au siège
de ce château qui lui appartenoit & dont il lui fit ouvrir les portes. Il se
soumit en même temps à ses ordres & à ceux du légat, & leur donna en otage
le plus jeune de ses fils, nommé Aymeri, jusqu'à ce qu'il se fût pleinement
justifié de l'accusation d'hérésie qu'on formoit contre lui.
Simon pressoit depuis longtemps Pierre, roi d'Aragon, de vouloir recevoir
son hommage pour la vicomte de Carcassonne, à cause de la suzeraineté que
ce prince prétendoit sur le pays : Pierre s'excusa d'abord de l'admettre à cet
hommage} mais, lassé de ses sollicitations, il lui donna rendez-vous à Nar-
bonne; ils se joignirent dans cette ville 8c allèrent à Montpellier, où ils
demeurèrent pendant quinze jours. Durant ce temps le roi d'Aragon amusa
Simon, & refusa enfin absolument de recevoir son hommage sous divers pré-
textes. Il envoya cependant secrètement à tous les nobles des vicomtes de
Béziers St de Carcassonne pour les engager à ne pas le reconnoître pour leur
seigneur & à secouer le joug de sa domination, avec promesse de les soutenir
& de marcher incessamment à leur secours.
LXXVII. — Simon s'accorde avec Agnès de Montpellier, veuve du vicomte
Raimond-Roger.
Nous apprenons l'époque de ce voyage d'un^ accord que Simon de Mont-
fort fit à Montpellier, le 20 de novembre de l'an 1209, avec Agnès de Mont-
pellier, veuve du vicomte Raimond-Roger, à laquelle il s'engagea de payer
tous les ans trois mille sols melgoriens pour son douaire, qui étoit assigné
sur les châteaux de Pézénas & de Torves. Il s'obligea de plus de lui rem-
bourser en différens payemens les vingt-cinq mille sols melgoriens de sa dot,
à raison d'un marc d'argent pour cinquante sols, & donna pour ses cautions
' Voyez tome V, Chroniques, c. 34. ^ Voyez tome VIII, Chartes, n, XCIV, ce. D79 à
' Pierre de Vaux-Cernay, c. 25 & siiir. — 582.
Tome vm, c. Sp. — [Guillem de Tudèle, vers
932-939.]
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXI. 3i5 ^„ ,^^^
Ayraeri, vicomte de Narbonne, Gui (de Lévis), maréchal, Pierre de Riche-
bourg, 8c Simon Se Robert de Passy, chevaliers françois. Agnès, moyennant
ces sommes, renonça en faveur de Simon à tous les droits qu'elle avoit tant
sur ces deux châteaux que sur tous les domaines du feu vicomte, son mari.
L'acte fut passé dans la maison des templiers de Montpellier, en présence de
Raimond, évêque d'Agde, oncle d'Agnès, Si de divers seigneurs.
LXXVIII. — Simon perd une partie de ses conquêtes.
Les intrigues du roi d'Aragon auprès des anciens vassaux du vicomte Rai-
mond-Roger pour leur faire secouer le joug de Simon de Montfort, eurent
le succès le plus favorable', & on vit bientôt la plupart des chevaliers des
diocèses de Béziers, Carcassonne & Albi se déclarer avec leurs châteaux
contre leur nouveau seigneur. Simon fut averti de ce soulèvement à son
départ de Montpellier. Il apprit en même temps que des gens du pays
tenoient assiégés, dans un château auprès de Carcassonne, Amaury & Guil-
laume de Poissy, chevaliers françois ; il vola à leur secours & arriva bientôt
sur les bords de l'Aude ; mais il trouva cette rivière si enflée par une inon-
dation qui étoit survenue, qu'il fut obligé d'aller passer à Carcassonne, &, t.^ni°p'5"iS5.
dans cet intervalle, les deux chevaliers furent obligés de se rendre prison-
niers. Simon eut vers le même temps un nouveau sujet de chagrin : il avoit
donné le château de Saissac, au diocèse de Carcassonne, à Bouchard de
Marly, qui s'y étoit établi avec soixante François. Bouchard, suivi de Gaus-
bert d'Essigny &t de quelques autres chevaliers de sa garnison, entreprit de
faire des courses jusques à Cabaret j mais Pierre-Roger, seigneur de ce château,
s'étant mis en embuscade avec quatre-vingts hommes, le surprit, tailla en
pièces son détachement, le fit lui-même prisonnier, le mit aux fers par repré-
sailles 8i le tint près de dix-huit mois en prison.
Enfin Simon, à son arrivée à Carcassonne^, apprit la défection de Gui-
raud de Pépieux, chevalier du Minervois, à qui il avoit confié le gouverne-
ment de diverses places situées aux environs de Minerve. Guiraud, pour se
venger de ce qu'un chevalier françois avoit tué un de ses oncles qu'il affec-
tionnoit beaucoup, quoique Simon de Montfort lui eût fait satisfaction de
cette injure en punissant le meurtrier, se mit à la tête de quelques troupes 8t
s'empara par surprise, sur ce général, du château de Puisserguier, au diocèse
de Narbonne, 8t fit prisonniers deux chevaliers qui en avoient la garde, 8c le
reste de la garnison. Montfort, résolu de tirer vengeance de Guiraud, engagea
le vicomte de Narbonne à le suivre 8t s'avança vers Puisserguier; mais ils
furent à peine arrivés devant la place que le vicomte refusa de l'aidera en
faire le siège 8c s'en retourna à Narbonne avec ses gens. Simon ne se voyant
' Pierre ie Vaux-Cernay, c. 2Ô & suiv. — ce. 39,40. — [Guillem de Tudèle, rers 940-953;
Voyez tome VIII, ce. 40, 41. — [Guillem de Tu- c'est à tort que rAnonyme dit que ce Guiraud de
dele, vers 9J4-968) défaite de Bouchard de Marli,] Pépieux était vassal du comte de Toulouse.] —
' Pierre de Vaux-Cernay, c. 27. — > Tome VIII, Robertus Altissiodorensis, Chronicon.
An 1209
3 16 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXI,
pas assez fort pour l'entreprendre, se retira à Capestang & vint le lendemain
à Puisserguier. Guiraud de Pépieux avoit abandonné la place pendant la
nuit, après avoir enfermé dans une tour cinquante soldats de la garnison,
dans le dessein de les faire périr. Simon les délivra 81 ruina le château de
fond en comble ; il se mit ensuite en campagne, quoique au fort de l'hiver,
8c rasa plusieurs châteaux de Guiraud de Pépieux : celui-ci, de son côté, se
retira à Minerve, où il conduisit les deux chevaliers françois qu'il avoit fait
prisonniers à Puisserguier; il leur fit arracher les yeux, couper le nez, les
oreilles & la lèvre supérieure, & les renvoya ainsi à Simon.
LXXIX. — Le pape confirme Simon dans la possession de ses conquêtes
6* tâche de lui procurer de nouveaux secours.
Les croisés', dont le courage comraençoit à s'abattre par ces divers échecs,
furent un peu consolés par l'arrivée de Gui, abbé de Vaux-Cernay, qui avoit
été solliciter du secours en France, & par celle de Pvobert de Mauvoisin^ que
Simon avoit envoyé à Rome, & qui arriva vers la fin de l'année. Robert
apporta à ce général une^ lettre d'Innocent III, du 11 de novembre, par
laquelle le pape lui témoignoit la joie qu'il avoit de ses exploits contre les
hérétiques, le félicitoit de ce qu'on l'avoit choisi pour seigneur de tout le
pays, 8c lui en confirmoit la possession pour lui 8c pour les siens, suivant sa
demande. Innocent marque ensuite à Simon de Montfort qu'il écrivoit à
Othon, empereur des Romains, aux rois d'Aragon 8c de Castille 8c à la
noblesse de Provence pour les engager à le secourir. « Nous aurions peut-
« être fait davantage, ajoute-t-il , si le besoin pressant de la Terre-Sainte
« nous l'avoit permis; car ceux qui combattent dans ce pays se sont déjà
« plaints fortement de ce que l'indulgence que nous avons accoi'dée à ceux
« qui marchent contre les hérétiques, avoit empêché qu'ils ne fussent secou-
« rus. » Enfin le pape exhorte Simon à conserver dans la foi les pays con-
quis, 8t lui promet son conseil 8c sa protection.
Innocent écrivit, en effef*, le même jour, à l'empereur Othon Se aux rois
d'Aragon 8c de Castille pour les presser de donner du secours à Simon de
Montfort 8c de punir sévèrement les hérétiques qui se réfugieroient dans
leurs Etats. Il marque dans ces lettres que ce général avoit déjà pris cinq
cents tant villes que châteaux, d'où il avoit chassé l'hérésie 8c où il avoit
rétabli la foi catholique : preuve bien claire qu'on en imposoit au pape 8c
que les légats 8c Simon de Montfort le trompoient de concert en lui exagé-
rant extrêmement leurs exploits 8c les progrès de l'erreur pour faire valoir
leurs services 8c venir à bout de leurs fins. Innocent écrivit aussi 5 alors aux
' Pierre de Vaux-Cernay, c. i8 & siiiv. ' Innocent. III 1. 12, Epist. ii'i. — [Potthast,
" Auquel le pape concéda, le 10 mai 1209, un n. 3833.]
privilège fort recherché à cette époque, celui d'à- ■• Ibid. Epht. 124. — [Potthast, n™383o, 333 1.]
yoir un chapelain particulier. (Potthast, n. 3827.) ^ Ibid. Ep'nt, 1 26. — [Potthast, n. 3832.)
[A. M.]
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXI. Si? ~
' An 1209
abbés £< aux autres prélats des diocèses de Narbonne, Béziers, Toulouse &.
Albi ; il leur marque que les effets que les hérétiques du pays leur avoient
confiés devant être confisqués avec tous leurs autres biens, ils eussent à les ,''ni''p^is',j
remettre à Simon de Montfort, à moins que ces sectaires ne se convertissent
incessamment. Il écrivit le' lendemain à ce général une seconde lettre dans
laquelle, après avoir beaucoup exalté ses conquêtes 81 son zèle contre les
hérétiques, il approuve l'élection que les chefs de la croisade avoient fait de
sa personne, du conseil des légats, pour seigneur des villes de Carcassonne
8(. de Béziers 8c de tout le reste du pays qui avoit été enlevé aux hérétiques.
Il le confirme, lui 8c ses héritiers, dans la possession de ces domaines, sauf le
droit des principaux seigneurs ; excepté cependant ceux d'entre eux qui
seroient hérétiques, fauteurs ou receleurs des hérétiques contre lesquels il
cléclare qu'il faut s'armer. Il approuve enfin, 8c il n'avoit garde de ne pas
l'approuver, l'établissement que Simon avoit fait d'un cens annuel de trois
deniers sur chaque maison du pays en faveur de l'Église romaine.
Innocent, par une autre lettre^, du i3 de novembre, exhorte tous les
nobles, les barons 8c les chevaliers qui étoient restés dans l'armée avec Simon
de Montfort, à continuer d'y demeurer 8c à se contenter du remboursement
de leurs dépenses depuis Pâques jusqu'à ce qu'il pût envoyer un nouveau
secours dans le pays. Enfin il chargea Robert de Mauvoisin de deux autres
lettres 3, datées du 11 de novembre de l'an 120g. L'une est adressée aux
archevêques d'Arles, Besançon, Vienne, Aix, Narbonne, Lyon, Embrun 8c
Auch, à leurs suffragans, 8c aux évêques d'Albi, Rodez, Agen 8c Cahors; 8c
l'autre aux consuls d'Arles, Avignon, Saint-Gilles, Nimes, Montpellier 8c
Tarascon, aux citoyens 8c à Aymeri, vicomte de Narbonne''; aux comtes de
Forcalquier, de Savoie, de Genève, de Mâcon, à Sanche, comte (de Rous-
sillon), 8ic. Le pape, après avoir témoigné dans ces lettres la joie qu'il avoit
du progrès de l'armée des croisés contre les hérétiques de Provence, 8c de
l'élection de Simon de Montfort pour gouverner le pays dont ces hérétiques
avoient été chassés, leur enjoint d'exhorter leurs diocésains, leurs sujets 8c
leurs concitoyens, à s'employer de toutes leurs forces pour achever de détruire
l'hérésie 8c à y contribuer d'une partie de leurs revenus. Il accorde une
indulgence plénière à ceux qui se croisent, les dispense de payer les usures
(ou intérêts) qu'ils pouvoient devoir, 8c leur donne un délai pour le paye-
ment du capital.
LXXX. — Simon fait de nouvelles pertes. — Le comte de Foïx l'abandonne.
Simon, lorsque Robert de Mauvoisin arriva de Rome à Carcassonne, vers
la Nativité de Notre-Seigneur de l'an 120g, avoit perdu une grande partie
de ses conquêtes. La ville de Castres 8c le château de Lombers, en Albi-
' Innocent. III 1. 12, Ep'nt. 122. — [Potthast, ' Innocent. III 1. 12, Epist. \'i6 & seq. — [Pot
n. 3334.] thast, n°' 3828, 3829.]
• Ihid. Epist. 129. — [Potthast, n. 3838.J * [Potthast, n. 383i.]
■■; 3i8 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXI.
An 1209
geois', avoient secoué depuis peu le joug de sa domination, Si Raimond-
Roger, comte de Foix, qui lui avoit fait ses soumissions, s'étoit entièrement
brouillé avec lui ^.
Raimond-Roger, voulant faire sa paix avec les légats, leur envoya à Saint-
Gilles l'abbé d'Eaunes, de l'ordre de Cîteaux, dans le diocèse de Toulouse,
pour la négocier en son nom. Cette paix ne fut pas conclue, soit parce que
l'abbé s'acquitta mal de sa commission, soit plutôt à cause de la dureté des
conditions qu'on vouloit imposer au comte, qui refusa de s'y soumettre.
L'abbé, s'étant mis en chemin pour retourner dans son monastère suivi de
deux de ses religieux & d'un convers, fut rencontré à un mille de Carcas-
sonne par Guillaume de Rochefort, frère de l'évêque de cette ville & ami du
comte de Foix; Guillaume les attaqua aussitôt, tua l'abbé 8c le convers £<
blessa dangereusement un des deux religieux. Comme le comte de Foix lit
ensuite beaucoup d'amitié à ce seigneur & qu'on vit dans ses équipages le
cheval de l'abbé, on le soupçonna d'avoir eu part au meurtre & d'avoir voulu
se venger sur cet envoyé de ce que sa négociation avoit mal réussi. C'est
ainsi que raconte les circonstances du meurtre de l'abbé d'Eaunes l'historien^
de Simon, qui veut en rendre complice le comte de Foix; mais nous appre-
nons, d'un monument du temps'*, que les croisés firent beaucoup d'accueil
aux assassins, qu'ils les admirent à leur table & dans leurs tentes, en sorte
qu'il paroît que ce furent les croisés eux-mêmes qui firent attaquer l'abbé
d'Eaunes & ses associés. Quoi qu'il en soit, le comte de Foix ne garda plus
depuis aucun ménagement avec Simon de Montfort; il reprit sur lui le châ-
t1ii°p'.^i87. ^^'^^ '^^ Preixan qu'il lui avoit livré,' fit sur celui de Fanjaux une entreprise
qui lui manqua, 8<. trouva moyen d'attirer^ dans une embuscade, sous pré-
texte d'une entrevue, plusieurs des principaux bourgeois de Pamiers, qu'il
arrêta prisonniers.
D'un autre côté, le château'' de Montréal se retira de l'obéissance de
Simon. Aymeri , qui en étoit seigneur & qui étoit l'un des plus puissans
chevaliers du diocèse de Carcassonne, l'avoit abandonné durant le siège de
cette ville & s'étoit enfui de crainte des croisés. Il étoit venu depuis se sou-
■ pierre de Vaux-Cernay, c. So & siiiv. — Marca, mains de l'atbé, &, pour se venger, le comte de
Histoire de Béarn, 1. 8, c. i5. Foix essaie, le 29 septembre, d'emporter Preissanj
' Le récit de Pierre de Vaux-Cernay, que dom autrement la suite des événements serait ineom-
Vaissete suit ici, est assez embrouillé; au chapi- préhensible. Cette partie de l'ouvrage de Pierre de
tre 24, il parle de la reddition de Pamiers qui eut Vaux-Cernay est du reste fort confuse. [A. M.J
lieu en septembre 1209 (Voir notre Catalogue , ' Pierre de Vaux-Cernay, ce. 3o & suit.
n. 3o); au chapitre 26, du siège de Preissan & de * Voyez tome VIII, Chartes, n. CV, c. 619. —
la première alliance entre le comte de Foix & Si- Ce monument du temps est la lettre des consuls de
mon de Montfort, & au chapitre 32, de la trahi- Toulouse au roi d'Aragon en 121 i; les deux partis
son du comte & d'une tentative sur le château de s'accusant réciproquement de ce meurtre, il est
Preissan, tentative infructueuse qui aurait eu lieu probable que l'auteur, Guillem de Roquefort, était
le jour de la Saint-Michel (29 sept.). Il faut évi- un de ces mercenaires qui passaient avec la plus
, derament placer le premier siège de Preissan dans grande facilité d'un camp à l'autre. [A. M.]
les premiers jours de septembre; dans l'intervalle, ' Pierre de Vaux-Cernay, c. 46.
Montfort va à Pamiers recevoir le paréage des " Il>i4- ?• -io & suiv.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXI. 3ig
mettre à Simon, qui lui avoit accordé son amitié & avoit commis la garde
de Montréal à un ecclésiastique de France. Aymeri trouva moyen de gagner
cet ecclésiastique qui lui rendit le château & qui se lia avec les ennemis de
Simon. Ce général punit bientôt l'infidélité de l'ecclésiastique; il assiégea le
château de Bram, où il s'étoit renfermé, le força à se rendre, s'assura de sa
personne, le fit dégrader par l'évêque de Carcassonne, &, après l'avoir fait
promener dans toute cette ville, attaché à la queue d'un cheval , il le fit
pendre.
Enfin la défection fut si générale à la fin de l'an 1209 que Simon perdit,
dans un très-petit espace de temps, plus de quarante châteaux qui secouèrent
le joug de son obéissance. Si qu'il ne restait plus à Noël, de toutes ses con-
quêtes, que Carcassonne, Fanjaux, Saissac, Limoux, dont on désespéroit
même, Pamiers, Saverdun, Albi & le château d'Ambialet, voisin de cette der-
nière ville. Pour comble de malheur, les gens du pays tuèrent ou mutilèrent
plusieurs de ceux qu'il avoit laissés à la garde du camp, 8t il apprit, vers le
même temps, la mort du légat Milon, son protecteur, décédé à Montpellier'
pendant l'hiver. Mais toutes ces disgrâces ne furent pas capables d'abattre son
courage.
LXXXI. — Succès du voyage de Raïmond, comte de Toulouse, à Rome.
Cependant Raimond, comte de Toulouse, étant arrivé à Rome, fut admis
à l'audience du pape vers la fin du mois de janvier de l'an 12 10. On raconte
différemment le succès de son voyage. Si nous en croyons^ un moderne,
Raimond prononça à genoux 8c les mains sur la poitrine, devant le pape 8c
le sacré collège, une longue harangue qu'il rapporte; mais cet auteur ne cite
aucun garant à son ordinaire, 8c il est assez aisé de s'apercevoir que c'est un
discours qu'il a fabriqué à plaisir. L'historien^ de Simon de Montfort assure,
d'un autre côté, que Raimond, voulant surprendre Innocent III pour l'en-
gager à lui restituer les châteaux qu'il avoit remis entre les mains des légats,
lui fit en apparence toute sorte de soumission Se promit d'accomplir fidèle-
ment tout ce qu'on jugeroit à propos de lui ordonner; mais que le pape
l'accabla d'injures, le couvrit de confusion, lui fit de sanglans reproches Si.
l'accusa d'être un incrédule, un persécuteur de la croix 8c un ennemi de la
foi. Toutefois, ajoute cet auteur, le pape craignant que le comte, réduit au
désespoir, ne persécutât encore plus vivement l'Église dans la province de
Narbonne, lui permit de se purger sur les deux principaux chefs d'accusa-
tion qu'on forinoit contre lui, savoir : du meurtre du légat frère Pierre de
Casteinau Se du crime d'hérésie; 8c il écrivit à l'évêque de Riez 8c à maître
Thédise pour leur ordonner de le recevoir à se justifier.
Un autre ancien historien'* dit au contraire que le comte Raimond, après
■ Pisrre de Vaux-Cernay, c. 34. ' Pierre de Vaux-Cernay, c. 33.
* Mézerai, Hi>tolre de France, t. z, p. 146 & * Voyez tome VIII, ce. 42, 43. — Guillem de
l»uiv. Tudéle, Ters 984-994. Aucun des deux récits n'est
An 1209
An 1210
An I2IO
ho HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XX!.
avoit fait quelque séjour à Rome, fut admis enfin à l'audience du pape, qui
l'écouta favorablement en présence de tout le collège des cardinaux. « Le
« comte, dit cet auteur, exposa devant l'assemblée les griefs qu'il avoit contre
« le légat & contre Simon de Montfort, qui ne cessoient de le vexer, nonobs-
« tant l'absolution qu'il avoit reçue du premier & le traité qu'il avoit fait
« avec lui. Il cita en témoignage un consul ou capitoul de Toulouse, qui
« étoit présent & qui, de son coté, forma des plaintes contre le légat & contre
« Simon de Montfort. Le saint père, indigné du procédé, prit le comte par
« la main, entendit sa confession & lui donna une nouvelle absolution, en
« présence de tout le sacré collège. Raimond alla quelques jours après prendre
« congé du pape, qui lui fit présent d'un riche manteau Si d'une bague de
« grand prix. »
Le récit de cet historien paroît confirmé par diverses lettres que le pape
écrivit à l'occasion du voyage de Raimond. II ' adressa la suivante, le 25 de
janvier de l'an iiio, aux archevêques de Narbonne & d'Arles Si à l'évêque
t. m,°p'.°!s8. d'Agen. « Raimond, comte de Toulouse, s'étant présenté devant nous, nous
« a porté ses plaintes contre les légats qui l'ont fort maltraité, quoiqu'il eût
« déjà rempli la plupart des obligations très-onéreuses auxquelles maître
,; Milon, notre notaire, de bonne mémoire, l'avoit assujetti. Il nous a fait voir
« de plus les certificats de diverses églises qui prouvent qu'il leur a fait satis-
« faction ; enfin il nous a assuré qu'il étoit prêt à exécuter entièrement toutes
« ses promesses qu'il n'avoit pu encore achever d'accomplir. Il nous a prié
« de lui permettre en conséquence de se justifier devant nous touchant la foi
« catholique, sur laquelle il est suspect depuis longtemps, quoique injuste-
(( ment, 8c de lui rendre ensuite les châteaux qu'il nous a remis; ajoutant
« qu'il n'est pas juste qu'on les détienne sans fin, ne les ayant donnés que
« pour caution. Quoiqu'on assure que ces châteaux sont dévolus à l'Église
« romaine, en vertu des obligations qu'il a contractées, parce qu'il ne les
« a pas remplies; cependant, comme il ne convient pas que l'Église s'en-
« richisse aux dépens d'autrui, nous avons traité bénignement le comte, 8i
K nous avons jugé, du conseil de nos frères, qu'il ne devoit pas perdre le
« droit qu'il a sur ces châteaux, pourvu qu'il exécute fidèlement ce qui lui a
a été ordonné. Il doit d'ailleurs nous tenir compte de ce que nous lui avons
« fait conserver ses domaines par l'armée chrétienne qui, par notre ordre,
K est allée combattre les hérétiques. Mais parce qu'entre toutes les causes
« nous devons être plus attentifs à celles qui regardent la foi, que nous
« devons les peser plus mûrement, nous avons enjoint à nos légats de tenir
«ntièrement admissible; mais le plus éloigné de la plus prospères. La lettre du pape à l'abbé de Cî-
vérité est celui de Pierre de Vaux-Cernay. Inno- teaux, que dom Vaissete analyse plus bas, donne
cent III était un politique beaucoup trop habile du reste, sur les intentions de la cour de Rome,
pour rompre aussi brusquement avec le comte de les renseignements les plus exacts & les plus cir-
Toulouse. Les invectives que le moine cistercien constanciés. [A. M.]
lui prête, n'auraient pu que pousser Raimond VI ' Innocent III, 1. 12, Epist. i5î & 169. —
à quelque extrémité fâcheuse pour la croisade, [Potthast, n"' 3887-3888.]
dont les affaires n'éiaient pas en ce moment des
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XXI.
An 1 2 1 o
« un concile dans un lieu commode, trois mois après avoir reçu les présentes,
« 8c d'y convoquar les archevêques, les évêques, abbés, princes, barons, clie-
« valiers Se autres dont ils jugeront la présence nécessaire, & si avant la fin
« du concile il se présente un accusateur contre le comte, à qui nous avons
« ordonné d'exécuter en attendant, ce à quoi il s'est obligé, 8t que cet accu-
« sateur s'offre de prouver que le comte s'est écarté de la foi orthodoxe &
« qu'il est coupable de la mort du légat Pierre de Castelnau; alors les légats,
« après avoir ouï les parties 8<. continué la procédure jusqu'à sentence défini-
« tive, nous renverront cette affaire suffisamment instruite. Si ils leur assi-
« gt)eront un terme précis pour se présenter devant nous Se y entendre leur
« jugement. Que s'il ne se présente aucun accusateur contre le comte, les
Il légats délibéreront de quelle manière ils recevront sa justification sur les
u deux articles, afin que son ignominie finisse dans l'endroit même où elle
« a commencé. Si le comte se soumet à taire preuve de son innocence, sui-
« vaut la forme qui lui aura été prescrite par les légats, avec l'approbation du
« concile, ils l'admettront à se justifier; mais si par hasard il vient à suc-
» comber, ils auront soin de nous en donner avis, en conservant toujours en
« leurs mains les châteaux qu'il leur a remis 5 ils nous avertiront aussi s'il se
(1 plaint qu'on l'opprime injustement, touchant la manière dont ils auront
« ordonné de se justifier. Dans l'un Se l'autre cas ils attendront la réponse
« du siège apostolique. Que si le comte se justifie canoniquement, de la
« manière qui lui aura été prescrite, ils déclareront publiquement qu'ils le
« tiennent pour catholique 8< pour innocent de la mort de Pierre de Cas-
ci telnau, 8c ils lui rendront ses châteaux après qu'il aura accompli ce qui
« lui a été ordonné; ils recevront cependant de lui une autre caution suffi-
u santé pour l'observation de la paix perpétuelle à laquelle il s'est engagé;
« mais qu'ils apportent surtout toute l'attention possible pour que l'exécu-
« tion de nos ordres ne soit point retardée par des questions frivoles 8c mali-
« cieuses. » Rien n'est plus sage que ces précautions, 8c si elles avoient été
employées de bonne foi de part 8c d'autre, elles auroient sans doute rendu la
paix au comte de Toulouse 8c à toute la Province.
Le pape écrivit' en même temps à l'évêque de Riez, son légat, 8c à maître
Thédise, chanoine de Gênes, pour leur enjoindre d'assembler le concile dont
on vient de parler, trois mois après la réception de la lettre, avec ordre d'v
recevoir la justification du comte de Toulouse de la manière dont on vient
de l'expliquer. Il leur mande par une autre lettre^ d'admettre ce prince, en
demandant ou en défendant, à plaider devant eux touchant les affaires qui
étoient de leur compétence, 8c qu'il avoit à poursuivre contre ceux qui lui
avoient causé du dommage dans le temps qu'il étoit excommunié. t^iii°p^i'8i
Innocent écrivit ■* aussi à l'abbé de Cîteaux une assez longue lettre dans
Iac(uelle, après lui avoir donné de grandes louanges sur les soins qu'il s'étoit
' Innocent. III 1. 12, Epist. ii3. — [Potthast, ' Innocent. III 1. 12, Epist. iJC. — [Potthast,
n. 388.;. J n. 338J.J
■ léiJ. Epist. iy>. — [Potthast, n. 3884.]
VI. ,,
An I2ib
32 2 HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XXI.
donnés pour l'extirpation de l'hérésie & le |rétablissement de la paix, il le
console sur la mort du légat Milon, 8c lui enjoint, toutes ^ttaires cessantes,
de se rendre dans les pays de sa légation pour continuer d'y travailler avec
l'évêque de Riez, son collègue. « Du reste, ajoute-t-il, quoique nous ayons
« reçu avec honneur le comte de Toulouse, qui s'est rendu auprès de nous
(( & qui a demandé humblement pardon, avec promesse de faire une entière
<( satisfaction, les lettres que nous lui avons données vous pourront apprendre
» ce que nous lui avons accordé. Nous avons commis l'exécution de ces
<c lettres à maître Thédise, clerc Si domestique de feu Milon, notre légat, à
Il cause qu'il est parfaitement au fait de cette affaire; non que nous lui
« accordions la dignité de légat, mais pour agir seulement comme délégué.
« Nous lui avons ordonné de ne rien taire que ce que vous lui prescrirez &
« de se comporter en toutes choses comme votre organe & l'instrument dont
« vous vous servirez; en sorte qu'il sera comme un hameçon que vous em-
« ployerez pour prendre le poisson dans l'eau, auquel il est nécessaire, par
« un prudent artifice, de cacher le fer qu'il a en horreur; afin qu'à l'exemple
« de l'Apôtre qvii dit : Étant homme rusé, je vous ai surpris par adresse,
« vous préveniez la tromperie par ce stratagème 8< que, comme un malade à
« qui l'amour du médecin adoucit l'aversion qu'il a pour les médecines, il
<c reçoive plus patiemment, par les mains d'un autre, le remède que vous lui
(c avez préparé. De plus vous devez savoir que les envoyés des citoyens de
« Toulouse s'étant présentés devant nous, ont offert de faire une entière
« satisfaction sur les articles pour lesquels ils ont encouru les censures ecclé-
<( siastiques. Se qu'ils nous ont remis des lettres de plusieurs personnes de
i( grande considération,. qui demandoient pour eux Se avec eux que nous leur
(( accordassions l'absolution. C'est pourquoi nous vous ordonnons, ainsi que
« nous vous l'avons marqué dans d'autres lettres, de révoquer la sentence qui
(c a été portée contre eux, après avoir reçu caution de leur part Si leur avoir
(I enjoint ce qui sera selon Dieu. Que s'ils négligent d'exécuter ce qui leur
ic sera ordonné, ils seront non-seulement soumis à la première sentence, mais
« on les punira encore plus sévèrement par des châtimens temporels. )>
Le comte de Toulouse demanda à Innocent l'explication de quelques
articles dont Milon, alors légat du Saint-Siège, lui avoit ordonné l'exécu-
tion. Ce pape lui répondit', le 23 de janvier, par une décision qui a été
insérée dans le droit canonique. Il déclare : i° Qu'on doit tenir pour héré-
tiques manifestes ceux qui prêchent publiquement contre la foi catholique,
ceux qui font profession de l'erreur ou qui la défendent, & ceux enfin qui
en ayant été convaincus ou qui en ayant fait leur confession devant leurs
évêques ont été condamnés comme hérétiques; il ajoute qu'on doit confis-
quer leurs biens Se les punir ensuite suivant la rigueur des lois. 2° Que le
légat ayant défendu au comte les péages, les guidages Si les greniers à sel,
cela doit s'entendre, supposé que ces droits n'eussent pas été établis avant le
• Innocent. III 1. 12, Epht. 1,54. — [Potthast, n. 3886; voyez aussi n. 3383.]
FilSTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXL 020
An 1210
concile de Latran par l'autorité des empereurs Se des rois ou par une ancienne
coutume depuis un temps immémorial. 3° Que l'ordre que le légat avoit
donné au comte de Toulouse de rendre justice à ceux qui formoient des
plaintes contre lui & de s'en tenir à la décision des légats ou de ceux qu'ils
-commettroient, devoit s'entendre, qu'il seroit obligé de comparoître St de
répondre devant les juges ecclésiastiques sur toutes les affaires qui étoient du
for de l'Eglise, sur tous les articles que le légat avoit dressés pour l'observa-
tion de la paix ou qui seroient dressés dans la suite sur cette matière par
l'autorité apostolique, & enfin dans toutes les affaires qui regardoient les
veuves, les pupilles, les orphelins 8<. les pauvres. 4° Que le comte n'exigeroit
pas des églises St des maisons religieuses les albergues ou procurations aux-
quelles il avoit déjà renoncé. 5° Que ce prince s'étant engagé à détruire les
fortifications qu'il avoit faites aux églises, au jugement des évêques diocé-
sains & à conserver celles cju'ils jugeroient à propos, on en agiroit de même
à l'égard des autres barons Se chevaliers. 6° Enfin le pape déclare qu'ayant t^ai°n'^i'o
ordonné à ses légats par d'autres lettres de recevoir une caution suffisante du
comte, après qu'il auroit accompli ce qui est marqué dans ces lettres, tou-
chant l'observation de la paix perpétuelle à laquelle il s'étoit engagé, les
légats recevroient la caution suivant l'état de ce prince Si comme ils la rece-
voient des autres grands St barons.
L'évèque d'Agen, qui se trouvoit' alors à Rome, se plaignit au pape de ce
que le comte de Toulouse exigeoit des églises du pays des albergues & des
procurations qui ne lui étoient pas dues, 8c de ce que ce prince & la com-
tesse, sa femme, avoient établi de nouveaux péages à Marmande, à Ville-
franche & en divers autres lieux. Ces plaintes engagèrent Innocent III à
écrire à l'archevêque de I5ordeaux & aux doyens des églises de Saint-André
& de Saint-Séverin de cette ville; il leur marque que le comte, qu'il appelle
son cher fils, ayant renoncé en sa présence à tous ces droits, ils usassent de
censures contre lui, en cas qu'il voulût les rétablir^. Il paroît, par une autre
lettre-* d'Innocent, que tous les hérétiques manifestes avoient été chassés de
l'Agenois 8c qu'il y restoit seulement alors quelques-uns de leurs fauteurs.
LXXXII. — Les Toulousains sont absous de l'excommunication.
Quant aux députés de la ville de Toulouse, nous apprenons le succès de
leur voyage par une autre lettre ■* que le pape adressa, le 19 de janvier, à
Arnaud, abbé de Cîteaux, légat du Saint-Siège, 6< à maître Thédise, cha-
noine de Gênes. 11 leur ordonne de se transférer incessamment dans cette
ville, à cause du péril qu'il y avoit de la laisser plus longtemps dans l'in-
' Innocent. III 1. 12, Epist. 170 & suit.; lyS ' Innocent. III 1. lî, Epist. 172. [Pottli.ist,
& si:iv. — [Potthast, n'" 3901 , 3902, 3903 ; lettres n. 3890, lettre du 28 jnnvier 1 2 ro.
dii 2 février 1210.] ■* Voyez tome VIII, Ch.'irtes, n. CV, ce. 6^,
'[Voyez Potthast, n"" 39:9-3910; lettres du 6i5.
/( rivrisr 12 c^.)
"T 3i4 " HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXI.
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terdit, tandis qu'elle étoit prête à donner satisfaction, Si après avoir reçu les
cautions nécessaires d'absoudre les habitans & de lever l'interdit. Arnaud,
abbé de Cîteaux, ayant reçu cet ordre, voulut procéder seul à son exécution,
sans l'assistance de son collègue; cela choqua les Toulousains qui le tenoient
pour suspect & le regardoient comme leur principale partie, & les engagea à
renouveler leur appel. Ces peuples y renoncèrent quelque temps après, tou-
tefois, à la prière de cet abbé, de Foulques, leur évêque, de l'évêque d'Uzès
Si de quelques autres personnes de considération, ils consentirent qu'il pro-
cédât seul, avec offre de lui payer la somme de mille livres toulousaines pour
le soutien de la foi. Arnaud accepta volontiers cette offre 8c déclara publi-
quement qu'il reconnoissoit les habitans de Toulouse pour vrais catholiques.
L'évêque d'Uzès, son assesseur Si son conseiller, leur donna ensuite la béné-
diction solennelle, en sa présence Se celle de Foulques, évêque de Toulouse,
avec promesse de la part de l'abbé de rétablir dans leur réputation ceux
qu'on avoit accusés faussement d'hérésie. Mais comme on ne lui paya d'abord
que la moitié de la somme, à cause des difficultés qui survinrent entre les
habitans pour la répartition, il excommunia aussitôt les consuls, sans leur
reprocher d'autre crime, & jeta de nouveau l'interdit sur une ville qui lui
étoit obéissante. Les Toulousains, surpris de ce procédé, prirent pendant
quelque temps leur mal en patience; mais, de crainte de passer pour rebelles
à l'Eglise, ils firent bientôt après vin nouveau serment, à la demande des
légats du pape Se de leur évêque, par lequel ils promirent de leur obéir, 8c
au pape, sur toutes les choses qui concernoient l'Eglise; se réservant néan-
moins, du consentement de ces prélats, la fidélité qu'ils avoient promise à
leur comte 8c ce qui regardoit le domaine de ce prince. Ils remirent en
même temps entre les mains de leur évêque, 8^ à sa demande, un certain
nombre des plus qualifiés d'entre eux en otage. Ce prélat les envoya à
Pamiers pour y demeurer au pouvoir de Simon de Montfort, maître de cette
ville. Se ils y séjournèrent depuis la mi-carême jusqu'au 9 d'août que ce sei-
gneur les relâcha, à condition de se représenter quand ils en seroient requis;
les Toulousains furent ensuite réputés pour catholiques, 8c on leva l'excom-
munication qu'on avoit lancée contre quelques-uns d'entre eux.
LXXXin. — Le comte de Toulouse va à la cour de l'empereur 6* à celle
du roi de France,
Raimond, après avoir terminé' les affaires qui l'avoient amené à Rome,
se rendit à la cour de l'empereur Othon pour implorer le secours de ce
prince contre les vexations de Simon de Montfort. Il alla ensuite trouver le
roi Philippe-Auguste pour tâcher de se concilier sa bienveillance; mais on
, 'j^,- "''«i" , assure que le roi le reçut très-froidement. On ajoute que Montfort, ayant
' Pierre de Vaiix-Cernay, c 34. — Guillem lors du second voynge de Raimond VI, vers icoi.
de Tiidèle dit la même chose de l'.iccueil du roi, |A. M . |
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XXI.
0 20
An
appris le vo\age de ce comte en France, ordonna à tous les vassaux qu'il
avoit dans le pays de lui faire toute sorte d'accueil, parce qu'ils n'étoient pas
encore ennemis déclarés'.
LXXXIV. — Assemblée de Saint-Thibéry.
de Servian.
Abjuration d'Etienne
Quoi qu'il en soit de cette politesse du seigneur de Montfort, il ne chercha
pas moins à s'approprier entièrement les pays qu'il avoit déjà soumis sur le
vicomte Raimond- Roger , neveu du comte de Toulouse. Mais comme il
n'avoit pas assez de troupes, il se contenta de se tenir sur la défensive & de
harceler de temps en temps ses ennemis pendant tout l'hiver. Au commence-
ment du carême il s'avança jusqu'à Pézénas, pour aller au devant d'Alice de
Montmorency, sa femme, qui venoit le joindre à la tête d'un bon nombre de
croisés qu'elle lui amenoit de France. Simon se rendit alors à Saint-Thi-
béry^, où Arnaud, abbé de Cîteaux 8c légat du Saint-Siège, les évêques de
Béziers, Agde & Maguelonne, les abbés de Valmagne, de Fontcaude, de
Saint-Thibéry Si de Saint-Aphrodise de Béziers se trouvèrent. Etienne de Ser-
vian, l'un des principaux seigneurs du diocèse de Béziers, comparut devant
tous ces prélats 8<. se déclara coupable pour avoir reçu dans ses châteaux Théo-
doric Baudouin & Bernard de Simorre, deux fameux hérétiques, & leur avoir
permis de prêcher leurs erreurs dans ses domaines. Il fit abjuration entre les
mains de l'abbé de Cîteaux, Si promit par serment de poursuivre à l'avenir
les hérétiques, sous peine de confiscation de ses biens. Il donna pour ses
cautions Pons d'Olargues Se Frotard, son fils, Guillaume de Puisalicon,
Ratier de Bessan, Pons de Thésan S< plusieurs autres seigneurs du pays.
Ensuite Simon rendit à Etienne le château de Servian 8<. lui donna en fief
tous les autres châteaux qu'il avoit confisqués sur lui pour crime d'hérésie,
avec réserve de la justice criminelle. Il imposa un cens annuel de trois deniers
par maison en faveur de l'Eglise romaine dans tous ces domaines dont
Etienne lui fit hommage lige, en présence de Rainald, évêque de Béziers,
■ Aux mois de mars & d'avril 1210 eurent lieu, à
Nimes, plusieurs événements importants que dom
Vaissete n'a pas connus & dont Ménard donne
l'histoire détaillée ft. I, p. jÔT-zyo). Encouragés
par les baillis du comte de Toulouse & probable-
ment par le comte lui-même, qui devait regretter
$6n abdication de 1209 'voyez plus haut, pp. 274,
27')), un certain nombre d'habitants de la ville
formèrent un complot pour renverser le consulat.
L'expulsion de l'un des meneurs de cette conspi-
ration, G. Imbert, inspira aux conjurés la résolu-
tion d'agir au plus vite. Us fixèrent la date de leur
coup de main au 27 avril 1210, & se munirent
d'armes offensives & défensives. Ils étaient au nom-
bre de deux cent cinquante, 8c leur principal objet
était de faire rentrer le comte dans la ville; Rai-
mond VI leur avait à l'avance donné une charte
de rémission pour tous les crimes qu'ils pourraient
commettre. L'affaire manqua, & les consuls de
Nimcs firent à ce sujet une enquête vers le com-
mencement de mai 1210, enquête qui a fourni à
Ménard les renseignements que nous venons de
résumer.
La paix fut du reste rétablie, le 23 août de cette
année, par l'entremise de l'évêque de Nimes, entre
les consuls de Nimes & les baillis du comte, véri-
tables auteurs du complot. [A. M.]
' Voyez tome VIII, Chartes, n. XCVI, ce. .W4,
."iSS. — Ces deux actes sont de lévrier & mars
1210. [A. M.]
,„ , , 320 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXI.
An i 2 1 o
de Raiinond-Guillauine, évêc|ue d'Agde, de Gui de Lévis, maréchal, S< de
plusieurs autres seigneurs, tant Provençaux que François.
LXXXV. — Suite des expéditions de Simon. — Conjérence de Pamiers.
Montfort amena la comtesse, sa' femme, à Carcassonne. En passant à
Capendu, il apprend que les liabitans du château de Montlaur, situé auprès
de l'abbaye de La Grasse, tenoient la garnison assiégée dans une tour. Simon
laisse aussitôt sa femme dans un lieu assuré, part avec une troupe de cheva-
liers pour aller au secours de cette garnison, la délivre Si fait pendre sans
rémission tous ceux qui la tenoient assiégée. Etant arrivé ensuite à Carcas-
sonne, il ne tarda pas à se mettre en campagne.
Il marcha d'abord vers le château d'Alzonne qu'il trouva abandonné. Après
s'en être saisi, il alla attaquer celui de Brom ou Bram, dans le Lauragais,
qu'il emporta en trois jours de siège. Il y fit une centaine de prisonniers, à
qui il fit crever les yeux 8<. couper le nez, &t qu'il envoya ainsi par repré-
sailles à Cabaret, sous la conduite de l'un d'entre eux, à qui il avoit laissé
^ un œil pour conduire les autres. Enfin il soumit en très-peu de temps tout
le Minervois, à la réserve des châteaux de Minerve Si de Ventalon. Vers la
fête de Pâques, il assiégea^ le château d'Alairac, situé dans les montagnes,
entre Narbonne Si Carcassonne, Si environné de rochers S< de précipices. Le
siège dura onze jours, au bout desquels les habitans craignant d'être obligés
de se rendre, s'entuirent la plupart pendant la nuit. Simon fit main basse
sur tous ceux qui restèrent, s'assura de ce château Si revint à Carcassonne.
Ce général alla quelque temps après à Pamiers pour assister à une confé-
rence à laquelle Pierre, roi d'Aragon, qui vouloit le réconcilier avec le comte
de Foix, l'avoit invité. Le comte de Toulouse, qui étoit alors de retotir de
son voyage de Rome Si de la cour de France, s'y trouva; mais tous les soins
du roi d'Aragon furent inutiles, Si on se sépara sans rien conclure. Ce prince
Si le comte Pvaimond se rendirent ensuite à Toulouse, Montfort marcha de
son côté à la tête de ses troupes vers le château de Foix Si fit le dégât aux
environs. Il rencontra aux environs de cette place une partie de la garnison;
il la chargea lui second S<. la poussa si vivement qu'il l'obligea à rentrer.
Les habitans de Foix, étant revenus de leur frayeur, parurent bientôt sur
les remparts Si lancèrent une si grande quantité de pierres qu'ils obligèrent
t.'iu,"]!)'."!"'-. Simon à prendre la fuite à son tour Si tuèrent le chevalier qui le suivoit.
Après cette excursion, ce général revint à Carcassonne.
Pierre-Pvoger, seigneur de Cabaret -^5 Raimond, seigneur de Termes,
Aymeri, seigneur de Montréal, Si les autres chevaliers qui tenoient encore
tête aux croisés, sachant que le roi d'Aragon étoit dans le pays, s'assemblè-
rent k Montréal S< lui députèrent pour le supplier de prendre leur défense,
' Pierre de Vaux-Cernay, c. .'•4. ' Pierie de ^'nux-Cenlay, c. 36.
' Ihid, c. jj.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXI. 827
avec offre de se soumettre à sa domination Si de lui livrer toutes leurs places.
Simon alla incontinent assiéger le château de Bellegarde, situé auprès de
Montréal, pour faire voir à ses enn&niis qu'il ne les redoutoit pas. Le lende-
main, le roi d'Aragon s'étant rendu auprès de Montréal, les chevaliers qui
l'avoient appelé allèrent au devant de lui, le prièrent instamment d'entrer
dans le château &. lui promirent de lui faire hommage suivant leurs engage-
mens; mais ce prince les refusa, à moins qu'ils ne lui livrassent en même
temps le château de Cabaret & tous leurs autres châteaux. Comme ils ne
jugèrent pas à propos de lui accorder sa demande, il se retira après avoir fait
prier Simon de Montfort d'accorder une trêve au comte de Foix jusqu'à
Pâques. La trêve tut accordée, mais elle tut bientôt rompue.
LXXXVL — Démarches inutiles du comte de Toulouse auprès du légat
pour parvenir à sa justification.
Le comte de Toulouse alla trouver l'abbé de Cîteaux & Simon de Mont-
fort pour leur signifier les ' ordres qu'il avoit obtenus du pape pour être reçu
à se purger du crime d'iiérésie 8c de la mort de Pierre de Castelnau. L'abbé
témoigna extérieurement beaucoup d'amitié au comte, qui étoit suivi du
même capitoul qui l'avoit accompagné à Rome & d'une partie de sa cour. Il
lui répondit qu'il se rendroit incessamment à Toulouse pour y régler le
temps Se la manière de cette justification. Ce légat alla bientôt après, en
effet, dans cette ville avec les évêques de Riez Se d'Uzès, ses collègues, ceux
de Béziers 8t de Marseille, &c. Le comte de Toulouse leur fit beaucoup
d'accueil & les défraya pendant tout leur séjour dans cette ville qui fut assez
long. Enfin on entra en contérenccj mais on ne voulut rien conclure, parce
que maître Thédise, chanoine de Gênes, que le pape avoit nommé pour
principal commissaire dans cette attaire, étoit absent. Pendant la conférence,
le roi d'Aragon^ s'avança jusqu'à Portet, au voisinage de Toulouse, Si
demanda une entrevue, dont on ne dit pas le sujet, avec l'abbé de Cîteaux
St Simon de Monttort, qui se rendirent auprès de lui; mais ils lui refusèrent
ses demandes. Ce prince repassa bientôt après les Pyrénées 8<. alla continuer
la guerre qu'il avoit entreprise contre les Maures d'Espagne. L'abbé de
Citeaux Si Simon de Montfort^, en attendant l'arrivée de Thédise, firent un
voyage du côté d'Agen 81 de Sainte-Easeille, pour agir contre les hérétiques
d'Agenois. Ils revinrent ensuite à Toulouse, d'où Simon alla à Carcassonne
dans le dessein de taire le siège du château de Minerve qu'il commença vers
la Saint-Jean.
' pierre de Vaiix-Cernay, c. 38 & siiiv. — Voyez p-Tft; il ne p.irle que du légat Arnaud AmaurI &
tome VIII, c. 42. de l'éveque Foulques; cette mission n'eut d'ail-
' Voyez tome VIII, c. 46. [GuiUem de Tudèle, leur» aucun résultat.
Ters 1020-1025.] C'est l'Anonym» (tome VIII de cette histoire,
' GuiUem deTudèle, vers 1026-1037, mentionne c. 46) qui, comprenant mal un rers du poète, a
bien un voyage fait en Agenais vers cette époque, introduit le comte de Montfort dans cette af-
mais il nedit pas que Simon de Monifort y ait pris faire. [A. M.]
An- 1210
An
3:8 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXI.
Enfin maître Thédise étant arrivé à Toulouse s'aboucha avec l'abbé de
Cîteaux, pour ne rien faire sans son ordre, & on reprit ensuite la conférence
touchant la purgation canonique du comte de Toulouse. Maître Thédise, dit
un historien du temps ' « étoit un homme circonspect Si prévoyant, qui
« n'avoit rien tant à cœur que d'éluder, sous des prétextes plausibles, la
(c demande que faisoit le comte d'être reçu à se justifier; il voyoit que si on
« le lui permettoit, il lui seroit aisé de s'excuser sur de fausses allégations ou
« par la ruse, & que la religion seroit par là entièrement perdue dans le pa)S.
« Tandis qu'il pensoit aux moyens de parvenir à ses fins, Dieu lui suggéra
(I un expédient pour se tirer de l'embarras où il se trouvoit. Le pape mar-
« quoit dans sa lettre qu'il vouloit que le comte exécutât les ordres qu'il avoit
" reçus touchant l'expulsion des hérétiques de ses Etats &. la révocation des
« nouveaux péages; or, il y avoit de la négligence de sa part dans l'exécu-
» tion de ces ordres. Cependant Thédise Se l'évêque de Riez, pour ne pas
« paroître opprimer le comte, lui fixèrent un certain jour pour se trouver,
« trois mois après^, à Saint-Gilles, avec promesse d'y recevoir, en présence
« d'une assemblée d'archevêques, d'évêques 8<. d'autres prélats, qu'ils y convo-
« cjuèrent, les pieuves de son innocence touchant le crime d'hérésie & le
« meurtre du légat Pierre de Castelnau. » Ils lui ordonnèrent^, en atten-
t.Vii.°p.'^i9\ dant de chasser les hérétiques 8c les routiers de ses domaines St d'exécuter
entièrement tous les autres articles qu'il s'étoit engagé d'accomplir par divers
sermens; afin, disent-ils dans une lettre qu'ils écrivirent au pape dans la
suite, que, s'il négligeait l'exécution de toutes ces choses, il ne put parvenir à
se justifier sur les deux antres.
Thédise "* vint aussi à Toulouse pour donner l'absolution aux habitans de
cette ville, suivant la commission qu'il en avoit reçue du pape; mais Foul-
ques, leur évêque, l'avoit déjà prévenu, 8<. il leur avoit donné cette absolu-
tion après qu'ils lui eurent promis par serment d'obéir aux ordres de l'Église,
£< qu'ils lui eurent donné dix des principaux citoyens en otage pour la sûreté
de leurs promesses. On prétend'' que le comte Raimond, qui agissoit de
bonne foi Se qui comptoit sur celle des légats, leur livra alors, à la persua-
sion du même Foulques, qui le trahissoit, le château Narbonnois, c'est-à-
dire son propre palais, & que l'abbé de Cîteaux, qui trompoit ce prince par
une feinte amitié, y mit une bonne garnison; mais ce fait nous paroît dou-
teux; car nous verrons plus bas que Raimond étoit encore maître du château
Narbonnois au mois de décembre de l'an 1210. Quoi qu'il en soit, ce prince,
après avoir pris jour avec les légats pour sa purgation canonique, passa un
accord à Moissac^, le samedi 26 de juin, avec Raimond, abbé de ce monas-
' Pierre de Vaux-Cernay, c. 39. Tudèle, vers 1007- 1019. Le fait n'est point indi-
» Voyez tome VII, Note XVI, n°* m & siiiv., que par Pierre de Vaux-Cernay, & quoiqu'il soit
pp. 46, 47. difficile de le rejeter, puisqu'il est rappoité par
' Innocent* III 1. 16, Epist. Sji un auteur contemporain généralement fidèle, il
^ Pierre de Vaux-Cernay, c, 3<), est absolument inexplicable. (A. M.]
' Voyez tome VIII, ce. 44, ^ii. — Guillem de * Archives de l'abbaye de Moissac.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXI. 8:9
tère, touchant la justice Se les droits seigneuriaux de la ville que le comte
possédoit en qualité d'abbé chevalier, en présence d'Adhémar, abbé de Mon-
tauban, Raimond de Récald ', sénéchal de Toulouse, Hugues Delfau^, séné-
chal d'Agenois, &c. Raimond partit ensuite pour la Provence.
LXXXVII. — Siège 6- prise de Minerve.
L'évêque de Riez^, l'abbé de Cîteaux 8t Thédise se rendirent de leur côté
devant le château de Minerve dont Simon de Montfort avoit déjà entrepris le
siège. Ce général s'y étoit déterminé à la demande des habitans de Nar-
bonne que la garnison de ce château incommodoit beaucoup par ses courses.
Sur cette demande, il manda à Aymeri, vicomte de Narbonne, & aux habi-
tans de cette ville que, s'ils vouloient l'aider plus efficacement qu'ils n'avoient
fait par le passé & demeurer dans le camp jusqu'à la reddition de la place,
il en teroit volontiers le siège, 81 ils le lui promirent.
Le château de Minerve étoit alors une des plus fortes places du royaume.
Il est situé dans la partie septentrionale de l'ancien diocèse de Narbonne,
comprise aujourd'hui dans celui de Saint-Pons 81 non dans le diocèse de
Carcassonne, comme quelques modernes'* l'ont avancé. Il a donné son nom
au pays de Minervois qui, anciennement, a eu titre de comté & de vicomte.
Il est élevé sur un rocher escarpé, environné de précipices qui lui servent de
fossés. Outre l'avantage de sa situation, qui '.z faisoit regarder comme une
place imprenable, il étoit détendu par une nombreuse garnison, commandée
par un brave chevalier, nommé Guillaume ou, selon d'autres, Guiraud de
Minerve, lequel en possédoit le domaine sous la mouvance des vicomtes de
Carcassonne.
Simon, après son arrivée devant'^ ce château avec ses troupes 81 celles de
la vicomte de Narbonne, investit la place 8c distribua les quartiers; entre les
chevaliers qui servoient sous ses ordres étoient Robert de Mauvoisin, Pierre
de Pvichebourg, Gui de Lucé, Jean de Monteil, Ferrin d'Issy, Gui de Lévis
Si Ancel de Coëtivi. Il paroît aussi qu'Alice de Montmorency, sa femme, £<
Amauri. son fils aîné, se trouvèrent à ce siège. Simon prit son quartier du
côté du levant^; Gui de Lucé, chevalier trançois, à la tête des Gascons, éta-
blit le sien au couchant; le vicomte Aymeri se posta vers le nord avec ses
vassaux 8t les bourgeois de Narbonne; enfin le reste de l'armée entreprit
l'attaque du côté du midi. On dressa aussitôt les machines pour battre la
' Corrigez Ric.nud. [A. M.] tion en prose, probiiblement d'après un texte du
• Corrigez del Far. [A. M.] poëme plus complet, parle de la disette d'eai: qui
' Pierre de Vaux-Cernay, c. 37. — Tome VIII, aurait décidé les assiégés à se rendre. [A. M.|
c. 40 & $ui». — Guillem de Tudèle, vers 10.G6- < Fleury, //l'jloirc «c/f-sinstif uf, — Daniel, «rî-
1087. loire de France, &c.
Le récit dn poëie & celui de l'Anonyme sont ' Voyez tome VIII, n. CI, c. 606.
extrêmement abrégés Sifournissent beaucoupmoins " Pierre de Vaux-Cernay, c. 37. — Tome VIII,
de détails que celui de Pierre de Vaux-Cernay, qui c. 46 & suiv.
paraît avoir été témoin oculaire. Seule la rédac-
An izio
An I2 10
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXL
place ; les Gascons construisirent un mangonneau, Se Simon fit élever un
pierrier si lourd qu'il en coûtoit vingt S<. une livres par jour pour le mettre
en mouvement; les assiégés se défendirent de leur côté en désespérés & firent
périr un grand nombre de croisés dans leurs fréquentes sorties. Ils entrepri-
rent entre autres un dimanche de mettre le feu au pierrier de Monfort qui
les incommodoit beaucoup; dans ce dessein ils y appliquèrent des paniers
pleins d'étoupes 8< d'autres matières combustibles imbibées de graisse, &<. y
t In""^'!"' mirent le feu sans que les assiégeans s'en aperçussent. Ceux-ci accoururent
cependant S< éteignirent le teu.
Les machines des croisés ayant fait une brèche considérable aux murailles
de Minerve, les assiégés, qui d'ailleurs n'avoient presque plus de vivres Si à
qui l'eau avoit manqué à cause de la chaleur excessive de la saison, perdirent
courage Se demandèrent à capituler après avoir soutenu un siège de sept
semaines. Guillaume de Minerve fut député avec un autre chevalier pour
aller régler les articles de la capitulation. Il étoit déjà d'accord là-dessus avec
Simon de Montfort lorsque l'abbé de Cîteaux 8c maître Thédise étant sur-
venus, Simon déclara au seigneur de Minerve qu'il ne pouvoit rien déter-
miner touchant la reddition de la place sans l'aveu de cet abbé, qui étoit le
maître de tous les croisés St à qui il appartenoit d'ordonner tout ce qui con-
viendroit. L'abbé se trouva fort embarrassé, dit' l'historien de Simon, il
souhaitait extrêmement la mort des ennemis de Jésus-Christ, mais étant prêtre
6* religieux il n'osoit opiner â faire mourir les hahitans de Minerve. Il ima-
gina un expédient pour se tirer d'affaires Si faire échouer la capitulation. 11
ordonna à Simon de Montfort Se à Guillaume de Minerve de rédiger chacun
en particulier, par écrit, les articles dont ils étoient convenus verbalement,
dans l'espérance qu'ils ne seroient pas d'accord Si. que ce seroit une occasion
de rompre le traité. En effet, Guillaume ayant lu les conventions, Simon en
contesta la vérité Si lui déclara qu'il n'avoit qu'à retourner dans son château
Si à le détendre comme il pourroit. Guillaume dit alors qu'il faisoit Simon
le maître de décider des conditions; mais ce général en déféra l'honneur à
l'abbé de Cîteaux qui les régla de la manière suivante ; i° Il accorda la vie
sauve à Guillaume de Minerve, à tous les catholiques qui étoient dans le
château Si même aux fauteurs des hérétiques. 2° Il ordonna que Simon
demeureroit maître de la place. 3° Il consentit que les hérétiques parfaits,
qui y étoient en grand nombre, eussent aussi la vie sauve s'ils vouloient se
convertir. Robert de Mauvoisin, qui étoit présent, se récria beaucoup sur ce
dernier article, disant qu'on étoit venu pour exterminer les hérétiques Si non
pour leur taire grâce. Il ajouta qu'il étoit à craindre que ceux de Minerve ne
fissent semblant de se convertir pour sauver leur vie, Si, résistant en face à
l'abbé de Cîteaux, il protesta que les croisés ne passeroient jamais cet article.
L'abbé lui répliqua : Rassure-^-vous, vous n'avej rien à craindre, parce que
peu se convertiront,
* Pierre de Vaux-Cernay, c, 3^.
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XXI. 33 1 ~; '
An 12 10
La capitulation étant ainsi arrêtée, les croisés entrèrent dans Minerve, le
2 2 de juillet de l'an 1210, en chantant le Te Deum, précédés de la croix St
des drapeaux de Simon de Monttort. Ils se rendirent aussitôt dans l'église
qu'ils réconcilièrent, & ils arborèrent sur le clocher, d'un côté l'étendard de
la croix, £< de l'autre celui de Simon. Gui, abbé de Vaux-Cernay, alla ensuite
trouver les hérétiques qui s'étoient rassemblés dans deux maisons, les hommes
dans l'une 8c les femmes dans l'autre. Il exliorta d'abord les premiers à se
convertir 8c entra en conférence avec eux. Un historien' moderne rapporte
les discours qui furent faits alors de part 8t d'autre^ mais par malheur cet
auteur a donné carrière à son imagination 6t il les a composés à plaisir. Ce
qu'il y a de vrai, c'est que les hérétiques refusèrent de se rendre aux exhor-
tations de l'abbé de Vaux-Cernay, dont l'éloquence ne put rien gagner sur
eux non plus que sur les femmes. Simon de Montfort étant alors entré dans
Minerve, fît de nouveaux efforts pour engager les hérétiques à abjurer leurs
erreurs; mais, voyant qu'ils demeuroient toujours obstinés, il ordonna qu'on
les arrêtât. Il fit ensuite dresser un grand bûcher 8t les condamna à être
brûlés vifs. La sentence fut exécutée sur-le-champ; plus de cent quarante de
ceux qu'on appeloit parjaits, ou même plus de cent quatre-vingts, suivant
d'autres*, moururent dans les flammes. Il ne fut pas nécessaire qu'on les
jetât dans le bûcher, ils s'y précipitèrent d'eux-mêmes avec un courage digne
d'une meilleure cause. De ce grand nombre il n'y eut que trois femmes qui
furent sauvées, 8c que la mère de Bouchard de Marly (Mahaud de Garlande)
fît retirer du bûcher 8c réconcilier à l'Eglise. Après cette exécution, tous les
autres habitans de Minerve renoncèrent à l'erreur Se se convertirent. Quant
à Guillaume, seigneur ou vicomte de ce château, Simon lui donna en échange
divers domaines aux environs de Béziers: mais Guillaume lui manqua de , "îf; "'''S'"-.
' 1 1. lu, p. 19 5.
fidélité bientôt après.
Outre l'abbé de Cîteaux, l'évêque de Riez 8< maître Thédise, Bérenger,
archevêque de Narbonne, Foulques, évêque de Toulouse, Raimond, évêque
tl'Uzès, Se i'abbé de Vaux-Cernav, se trouvèrent au siège de Minerve, comme
nous l'apprenons d'une donation que Raimond-Trencavel, fils de Jeu Rai-
mond'Trencnvel ^ de S. (Saure), sa femme, fit alors -^ de tous les droits qu'il
avoit soit par son père, soit par sa mère, sur les vicomtes de Béziers, Car-
cassonne, Albi, Razès Se Agde, en faveur de Simon de Montfort. Quelques
auteurs"* prétendent que ce Raimond Trencavel étoit lils du vicomte Rai-
mond-Roger, mort en 1209, après la prise de Carcassonne, 8c d'-i^gnès de
Montpellier, sa femme; mais ils se trompent. Raimond-Trencavel dont il
s'agit ici étoit oncle paternel de ce vicomte 8c fils puîné de Raimond-Tren-
cavel, vicomte de Béziers Se de Carcassonne, tué en 1167, Se de Saure, sa
seconde femme. Comme il avoit été simplement apanage, Simon de Mont-
fort ne fît pas une grande acquisition par cette cession qui, outre qu'elle
' L.Tngloi5, Histoire de U croisaJe contre les alii- ' Tome VIII, Chartes, n. CIII, ce. Ocç, 6i i.
geois,l. i, p. i6d & siiiv. ' De Vie, Chronicon episcoporum Carcassonen-
' Robertus Altis&iodorsr.sîs, Chronicon. sium, p. 86.
An
332 HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC LIV. XXI.
étoit forcée, ne pouvoit se faire au préjudice du fils légitime de Raimond-
Roger.
Nous inférons que Réginald, évêque de Béziers, se trouva aussi au siège
de Minerve, d'une ' donation que Simon, comte de Leycestre, seigneur de
Montjbrt, & par la grâce de Dieu vicomte de Bé-^iers 6" de Carcassonne, fit
à ce prélat, le 20 de juillet de l'an 12 10, du Châteauneuf, dans la paroisse
de Vendres, au diocèse de Béziers, « qui avoit été confisqué sur Bernard de
« Riussec, quoique ce seigneur, après avoir été condamné comme hérétique,
« eût été réconcilié à l'Eglise. » Simon se réserva l'hommage, & l'évêque de
« Béziers déclara qu'il le reconnoissoit comme son prince spécial, son protec-
« leur Se celui de son église. L'acte fut passé en présence d'Arnaud, abbé de
Cîteaus, Guillaume, archidiacre de Paris, Bernard, abbé de Saint-Aphrodise
de Béziers, Robert de Mauvoisin, chevalier françois, 8tc.
LXXXVIII. — Le pape confirme Simon dans la possession de la ville d'Albi,
£* jàit lever de nouveaux subsides pour la croisade.
Le pape confirma à Simon la possession de la ville d'Albi par une bulle ^
du 28 de juin de cette année. Il écrivit-*, le même jour, aux abbés & aux
autres prélats des diocèses de Narbonne, Béziers, Carcassonne, Toulouse Si
AIbi, pour leur ordonner de remettre entre les mains de Simon tous les effets
que les hérétiques qui retuseroient de se convertir leur avoient confiés, Si
donna pouvoir"* à l'évêque de Riez Si à l'abbé de Cîteaux de faire lever dans
les provinces de Besançon, Bordeaux Si Vienne, Si dans les diocèses de Pam-
pelùne, Limoges, Clermont, le Puy, Mende, Cahors Si Rodez, les subsides
qui étoient destinés pour l'entretien des troupes contre les hérétiques de la
Province. 11 leur marque qu'ils dévoient user de prières Si d'exhortations
dans les autres provinces pour obtenir un pareil subside. Le pape chargea^
ces deux légats d'informer sur les plaintes qu'on lui avoit faites contre les
archevêques de Narbonne Si d'Auch qu'on accusoit, non-seulement d'une
grande négligence dans l'exercice de leur ministère, mais encore de mau-
vaises mœurs; il leur enjoint de régler là-dessus tout ce qui sera convenable
Si d'employer les censures ecclésiastiques pour se faire obéir.
' Trésor des chartes de Carcassonne. — Voyez le plus I.irge & mettre le commencement du siège
tome VIII, ce. 599 à 601. L'acte est daté de Bc- vers le 1" juin, la reddition de la place le 18
ziers, & ne prouve pas que l'évêque de cette ville juillet. [A. M.]
ait assisté au siège de Minerve; il nous montre ■ Innocent. III 1. |3, Epist. 86. — [Potthast,
seulement que le siège de Minerve finit quelques n. 4026.]
jours .luparavant. Pierre de Vaux-Cernay (c. jçj) ' Innocent. III Epist. ap. Pierre de Vaux-Cer-
place la prise de Minerve vers la fête de la Ma- nay, édition de i6i5, p. 32.5 & suiv.
deleine (22 juillet); ailleurs il dit que le siège < Innocent. III 1. i.î, Epis:. 87. — [Potthast,
dura sept semaines (t. By). Enfin, il dit qu'il n. 4022.]
commença yen [cire a) la Saint -Jean (24 juin). Il ^ Innocent, III 1. i3, Epist. 88. — [Potthast,
faut prendre l'expression de circa dans son sens n. 4027.]
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXI. 333 '~:
An I 210
LXXXIX. — Suite des expéditions de Simon. — Arrivée de nouveaux
croisés.
La prise du château de Minerve' fut suivie de la soumission de celui de
Ventalon, dans le Minervois, dont le seigneur vint se soumettre volontaire-
ment à Simon de Montfort. Ce général s'y rendit aussitôt 8c le fit raser,
en punition de ce que la garnison avoit beaucoup incommodé les croisés.
Aymeri, seigneur de Montréal, 8c les habitans de cette ville lui députèrent
en même temps pour demander à se réconcilier avec lui, avec offre de la
part du premier de lui céder cette place, à condition qu'il le dédonrmageroit
par quelque autre domaine. Simon accepta ces offres 8c prit possession du
château de Montréal ; mais Aymeri lui manqua bientôt de parole 8c se
joignit à ses ennemis.
Simon reçut peu de temps ^ après un renfort de divers croisés de France,
conduit par un chevalier, nommé Guillaume de Caïc, qui lui annonça la
prochaine arrivée d'un corps de Bretons. Ces peuples s'empressèrent à l'envi
de prendre part à la croisade contre les hérétiques de la Province dans la vue
de gagner les indulgences qui y étoient attachées. Un renfort si considérable
détermina Simon à entreprendre quelque expédition de conséquence, &c il , '"j')} °'''*''"c
résolut d'aller assiéger le château de Termes, l'une des plus fortes places qui
fussent au pouvoir des hérétiques. Dans ce dessein, il se rendit avec l'abbé de
Cîteaux à Penautier, dans le diocèse de Carcassonne, Se ayant mandé la com-
tesse, sa femme, il lui donna ses ordres pour les préparatifs du siège 8c la
garde du pays pendant son absence, 8c nomma Verles d'Encontre pour com-
mander à Carcassonne sous l'autorité de cette dame.
XC. — Accord entre le comte de Toulouse 6- Bertrand de Baux, prince
d'Orange. — Raimond Pelet, seigneur d'Alais, rend hommage au premier.
L'évêque de Riez 8c maître Thédise, voulant cenir le concile qu'ils avoient
indiqué à Saint-Gilles pour y recevoir la purgation canonique du comte Rai-
mond, s'acheminèrent vers le Rhône, après la prise de Minerve. Ce prince,
qui avoit déjà pris les devants, passa un^ accord, le 12 de juillef*, dans
son palais de Saint-Gilles, avec Guillaume de Baux (prince d'Orange), fils
de Bertrand. Par cet acte : 1° Guillaume cède à Raimond le château de
Vachères avec ses dépendances. 2° Il lui pardonne tout le mal que ce comte
lui avoit fait Se à ses alliés. 3° Raimond donne en fief à Guillaume le châ-
teau d'Uchaut, au diocèse de Nimes, tout ce qu'il y avoit à Frigoulet, Se
■ Pierre de Vaiix-Cernay, c. 39. s''g' ^' Termes fut décidé. Guillaume de Contres
' /AiV, c. 40. — Robertiis Altissiodorenscs, CAro- fut chargé de garder la cité de Carcassonne sous
nlcon. — Voyez tome VIII, ce. 47, 48. — Guillem l'autorité de la dame de Montfort. (A. M.]
de Tudèlc, yen 1089-1154. Cet auteur donne le ' Tome VIII, Chartes, n. XCVII, ce. i59o, 591 .
récit du conseil tenu à Penauiier, dans lequel le '' Corrigez le 14 juillci. |A. M.|
An 12 10
334 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXI.
divers autres domaines. Après cet accord, le comte de Toulouse fit un voyage
à Uzès, où il reçut, le 18 de juillet, l'aveu de Raimond Pelet qui déclare qu'il
teiioit de lui en fief tout ce qu'il possédoit au dedans Se au dehors de la ville
d'Alais, le château de Bocoiran, au diocèse d'Uzès, 8c tout le reste de ses
domaines.
XCI. — Accord entre Raimond, comte de Toulouse, &> l'évêque de Viviers.
Raimond se rendit ensuite à Saint-Saturnin, aujourd'hui le Pont-Saint-
Esprit, sur le Rhône, où il joignit l'évêque de Riez 8t maître Thédise, qui
autorisèrent l'accord qu'il passa alors avec Bernon , évêque de Viviers. Ce
prélat 81 ses chanoines' se plaignoient : 1° De ce que le comte avoit tait
construire dans leur fonds le château de Fanjeau, dans le pays de Largen-
tière. 2° De ce qu'il avoit acquis & possédoit injustement plusieurs fiefs dans
leur mouvance ou dans leurs propres domaines. 3° Ils soutenoient que la
transaction^ que feu Raimond, comte de Toulouse, avoit faite avec Nicolas,
évêque de Viviers, étoit nulle, 8<. demandoient la restitution des châteaux
d'Aiguèse, de Groupière 8<. de Remoulins, de deux cents marcs d'argent Si
de six deniers par marc sur tout l'argent qu'on tiroit des mines. 4° Ils pré-
tendoient que le comte Raimond, le comte, son père, 81 leurs officiers leur
avoient causé de grands dommages à Largentière, avec les Agenois qu'ils
avoient pris à leur solde. Raimond se plaignoit de son côté de ce que l'évêque
de Viviers ne vouloit pas ratifier Si sceller de son sceau la transaction qu'il
avoit passée avec Nicolas, prédécesseur de ce prélat. Enfin, après que le comte
Se l'évêque eurent tait valoir leurs raisons devant Hugues, évêque de Riez,
légat du Saint-Siège, S<. maître Thédise, délégué par le pape, ils convinrent
des articles suivans par la médiation de Raimond, évêque d'Uzès : 1° L'évêque
de Viviers céda en fief au comte le château de Fanjeau avec la partie de la
maison qu'il y avoit Si celle que le même comte pourroit acquérir de Bernard
d'Anduze, de Pierre de Bermond, son fils. Si d'Aymar de Poitiers (comte de
Valentinois). 2° Ce prélat se désista de toutes les autres demandes Si confirma
en faveur de Raimond les transactions passées entre ce prince ou le comte,
son père, d'un côté, 81 les évêques de Viviers de l'autre; excepté la moitié des
revenus des mines de Largentière qu'il se réserva, au lieu qu'il n'en avoit
que le tiers par les transactions précédentes. Il se réserva de plus la dîme de
la dîme du profit des mines comme auparavant. 3^ Le comte restitua à l'évêque
81 à l'église de Viviers quelques fiefs qu'il avoit acquis dans leur domaine,
sans leur consentement. Sic. 4° Il prêta serment de fidélité sur les saints
évangiles à l'évêque, jura d'observer tous ces articles 81 promit que lui Si ses
successeurs feroient hommage pour ce fief au martyr saint Vincent, sur son
autel, dans la cathédrale de Viviers, avec la cérémonie que l'évêque tiendrait
' Voyez tome VIII, Chartes, n, XCIX, ce. Spz ' Voyez dans ce volume, livre XX, n, xx\ii,
à 598, pp. i,T8, I 3n,
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XXI. 335 ":
An 1210
lu chaîne que le comte porterait au col en baisant l'autel, 5° Le comte Si
levêque se donnèrent réciproquement pour cautions Pons de Montlaur 8t
Dragonet de Montdragon, avec la plus saine partie des habitans de Largen-
tière, 8t, s'étant rendus ensuite à Viviers, dans le cloître de l'évêque, ils
firent sceller cet accord de leur sceau de plomb y le 17 d'août suivant, en pré-
sence du comte Baudouin, frère du comte de Toulouse, 8t de divers seigneurs.
XCII. — Concile de Saint-Gilles ; on y refuse au comte de Toulouse de se
purger du crime d'hérésie &< de la mort du légat Pierre de Castelnau.
On voit par cet acte que Raimond, pour ôter tout prétexte aux légats de ('^,''ii°'''''',""
refuser de. le recevoir à se purger du crime d'hérésie & de la mort de Pierre de
Castelnau, faisoit tous ses efforts pour satisfaire à leurs ordres & s'accorder
avec les évêques Si les autres prélats de ses Etats qui se plaignoient des dom-
mages qu'il leur avoit causés; mais tous les soins du comte pour parvenir à
une justification qu'il souhaitoit avec tant d'ardeur furent inutiles. En effet,
le concile de Saint-Gilles s'étant assemblé au temps marqué, c'est-à-dire vers
la fin de septembre' de l'an 1210, on ne voulut pas permettre qu'il se pur-
geât sur ces deux articles, malgré ses pressantes sollicitations Si les ordres
précis que le pape avoit donnés, mais que les deux légats interprétèrent
comme ils voulurent. C'est ce qui paroît par le témoignage de Pierre de
Vaux-Cernay, qu'on ne peut assurément soupçonner d'être favorable à ce
prince. « L'évêque de Riez Si maître Tliédise ayant convoqué à Saint-Gilles,
Il dit cet historien^, les archevêques, les évêques Si plusieurs autres prélats,
« le comte de Toulouse se présenta devant eux pour se purger du crime
Il d'hérésie Si du meurtre du légat Pierre de C^^astelnau. Maître Thédise ayant
« pris la parole déclara au comte, du conseil des prélats, qu'on ne recevroit
« pas sa justification sur ces deux articles, parce qu'il n'avoit pas exécuté les
Il ordres du pape qu'il s'étoit engagé d'accomplir plusieurs fois. Il fit entendre
Il au concile que Raimond axant négligé d'obéir en des choses de peu de
Il conséquence, il ne lui seroit pas difficile de se parjurer, soit par lui-même,
« soit par ses complices, sur des articles plus considérables, savoir : sur le
Il crime d'hérésie Si sur la mort du légat, Si qu'ainsi il ne falloit pas l'admettre
Il à se justifier, jusqu'à ce qu'il eût entièrement satisfait à tout ce qui lui
Il avoit été ordonné. Le comte, se voyant frustré de ses espérances, se mit à
11 pleurer; maître Thédise, qui s'en aperçut Se qui étoit persuadé que ses
Il larmes n'étoient pas des larmes de componction 81 de pénitence, mais plutôt
" de méchanceté Si de chagrin, lui adressa alors ces paroles de l'Écriture :
I' Quelque^ grand que soit le débordement des eaux, elles n'arriveront pas
Il jusqu'à lui. » Cet historien ajoute que le comte Raimond fut alors excom-
munié derechef avec tous ses tauteurs Si ses coadjuteurs, du conseil 81 du
I
L
Voyez tome VII, Nate XVI, pp. 46, 47. ' Psauine 3i, ^ 8,
Pierre dç Vaux-Cernay, c. 35.
An 1210
336 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXI
consentement des prélats qui composoient l'assemblée, & cela pour plusieurs
raisons très-légitimes; mais il nous paroît' qu'il se trompe sur cet article ik
que Raimond ne fut excommunié que quelques mois après.
C'est ce qu'on peut inférer aisément d'une lettre^ que l'évêque de Riez 8c
Tliédise, chanoine de Gênes, qui présidèrent au concile de Saint-Gilles,
écrivirent, en I2i3, au pape Innocent III, pour lui rendre compte de la
manière dont ils s'étoient comportés envers le comte de Toulouse. « Nous
u faisons savoir à votre sainteté, disent-ils dans cette lettre qui nous apprend
« quelques autres circonstances du concile de Saint-Gilles, ce que nous avons
Il fait dans l'affaire de Raimond, comte de Toulouse, qu'elle nous a commise
(( autrefois. Nous avons tenu un concile à Saint-Gilles au bout de trois mois,
i< suivant la teneur du rescrit^ apostolique, & les archevêques, les évêques,
« les autres prélats, les barons mêmes, Se tous les autres dont nous avons cru
« la présence nécessaire s'y sont trouvés. Nous avions ordonné au comte, par
« nos lettres, de chasser avant toutes choses de ses Etats les hérétiques 8t les
« routiers, Si d'exécuter tous les autres articles qu'il s'étoit engagé d'accom-
« plir, de crainte, s'il y manquoit, qu'il ne mît obstacle à sa justification. Ce
« comte ayant été cité au concile y parut; mais comme nous vîmes manites-
« tement qu'il n'avoit pas exécuté ou qu'il n'exécutoit pas les ordres qu'il
« avoit reçus de la part de divers légats, surtout de celle de maître Milcn, de
« bonne mémoire, tout le concile fut d'avis de ne pas le recevoir alors à se
« justifier, car il n'étoit nullement vraisemblable qu'on pût s'en rapporter à
« son serment sur les deux crimes capitaux dont il étoit accusé, savoir : sur
« celui d'hérésie Si sur la mort du légat, après qu'il avoit transgressé si sou-
« vent ses sermens sur des choses d'une moindre importance. Les pères du
« concile Si nous lui enjoignîmes donc de chasser de ses domaines les héré-
« tiques Se les routiers 8c d'accomplir fidèlement tous les autres articles, afin
« de se rendre digne de recevoir de notre part, quand il le demanderoit,
t^iii"'^'"8 " l'exécution des ordres du siège apostolique. Après s'être retiré du concile,
« non-seulement il n'a pas exécuté ce que nous lui avons ordonné, mais il
« s'est livré absolument à son sens réprouvé. Se, oubliant la grâce que le
« Saint-Siège lui avoit faite, Se qu'il ne méritoit pas, il a ajouté iniquité sur
« iniquité 8c a commis des crimes encore plus énormes, en sorte que les légats
« l'ont plusieurs fois excommunié Se l'ont dépouillé de tous ses domaines,
H dont ils ont disposé en faveur du premier occupant. Au reste, que votre
K sainteté ne croie pas que nous ayons apporté la moindre négligence dans
Il l'exécution de ses ordres, car nous avons cité plusieurs fois le comte, 8c il n'a
« pas daigné se présenter devant nous ; il a refusé en notre présence de satis-
« faire les évoques de Carpentras Se de Vaison Se leur clergé. Se de payer la
« somme de près de mille marcs d'argent k laquelle, moi, évêque de Riez, Se
« maître Milon, de bonne mémoire, l'avions condamné autrefois, sous peine
' Voyez tome VII, Note XVI, n, 7, pp. 48, 49. ' Innocent. III I. 12, Epist. |36.
' Innocent. III 1 lû, Epist. Sp.
I
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XXI. 33/
« d'excommunication, en dédommagement des pertes qu'il avoit causées à ces
« prélats Se à leurs églises, aux autres ecclésiastiques Se aux pauvres misé-
« râbles qu'il a dépouillés de leurs biens, comme nous avons eu soin de vous
« en instruire par l'évêque de Nimes, alors abbé de Saint-Ruf, par nos lettres
(> 8c par moi-même Thédise, qui ai été ensuite à vos pieds vous faire le rap-
« port de tout ce qui s'étoit passé, &C. »
Cette lettre fait voir manifestement : i° Que le but des légats, dans le con-
cile de Saint-Gilles, fut d'éluder les preuves que le comte de Toulouse étoit
prêt de leur donner de son innocence touchant le crime d'hérésie Se le meurtre
de Pierre de Castelnau, afin de se dispenser de lui rendre les places qu'il
avoit remises entre leurs mains. 2° Que pour avoir un motif plausible du
refus qu'ils lui firent de recevoir sa justification sur ces deux chefs, ils sup-
posèrent qu'il n'avoit exécuté aucun des articles que le légat Milon avoit
exigés de lui. 3° Qu'ils ne l'excommunièrent pas d'abord dans le concile de
Saint-Gilles, mais seulement quelque temps après, sous prétexte de cette
inexécution. Nous verrons, en effet, plus bas, qu'il se tint plusieurs confé-
rences après ce concile pour négocier la paix de ce prince avec les légats &
avant c[ue ceux-ci en vinssent à l'excommunication. Il paroît, d'ailleurs, que
le comte de Toulouse n'étoit pas encore excommunié, le 17 de décembre de
cette année, lorsque le pape, à qvii les légats avoient rendu compte de ce qui
s'étoit passé dans le même concile, 8c à qui ils avoient fait entendre que le
comte n'obéissoit pas à ses ordres, lui écrivit la lettre suivante :
« Il n'est pas décent', dit le pape dans cette lettre, à un personnage d'un
(( aussi grand nom que le votre, d'être négligent dans l'exécution des justes
<( promesses qu'il a faites, quand il souhaite qu'on lui tienne celles qu'on lui
« a données. Puisque vous avez donc promis de chasser les hérétiques de vos
« domaines, nous sommes également surpris 8c afiligé d'apprendre qvi'ils y
« habitent encore par votre négligence, pour ne pas dire par votre permission.
« Outre le péril de votre âme, comme votre réputation en pourroit souffrir
« considérablement, nous vous prions 8c nous vous exhortons de ne pas dif-
« férer à les exterminer, ainsi que vous l'avez promis en notre présence;
« autrement leurs biens seront accordés, par le jugement de Dieu, à leurs
Il exterminateurs. »
Si le comte de Toulouse eût été alors excommunié, le pape lui auroit parlé
dans des termes bien plus forts; ce qu'on peut confirmer par une autre lettre*
qu'il lui écrivit le même jour, ainsi qu'aux comtes de Foix 8c de Comminges,
pour leur recommander Simon de Montfort. Aussi voyons- nous qu'Inno-
cent III ne confirma^ que le 17 d'avril de l'année suivante l'excommunica-
tion que ses légats avoient lancée contre ce prince. On peut ajouter enfin
que le pape, à qui ses légats firent entendre tout ce qu'ils voulurent, étoit
persuadé c[ue le comte de Toulouse avoit refusé de se justifier au concile de
' Innocent. III I. r3, Epist. 188. — [Potthast, 'Innocent. III 1. 14, Epiit. 36. — [Potthast,
n. 4149. J n. 472Ô.]
' Voyez tome VIII, Chartes, a. C, ce. 601 , 602.
VI, }a
An 1210
An 1210
338 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXI.
Saint-Gilles sur les deux articles qui, suivant ses ordres, dévoient lui pro-
curer la restitution des châteaux qu'il avoit donnés pour gage de son inno-
cence. C'est ce qui paroît par une lettre' que ce pontife écrivit, au mois
d'août de l'an mi, au roi Philippe-Auguste, Se dans laquelle il lui parle en
t.'^iii°p.''i9o. ces termes : « Nous savons que le comte ne s'est pas justifié, mais nous igno-
« rons si c'est par sa faute, quoiqu'on dise communément qu'il passe pour
Il hérétique dans le pays. » Nous avons cru devoir entrer dans ce détail pour
étahlir l'ordre Si la vérité des faits.
Si nous en croyons un ancien^ auteur, les évêques qui assistèrent au con-
cile de Saint-Gilles ne furent pas tous également opposés au comte Raimond.
« Le légat ayant assemblé le concile, dit cet historien, à l'instigation de
<c Foulques, évêque de Toulouse, qui cherchoit tous les moyens de dépouiller
« le comte de ses domaines, ce prince s'y rendit, comme vrai obéissant à
« l'Église, sans penser au piège qu'on lui tendoit. Raimond ayant montré
« les lettres du pape qui lui permettoient de se justifier, les avis des évêques
« furent partagés. Les uns vouloient le recevoir à faire preuve de son inno-
« cence Se tâchoient d'excuser sa conduite; les autres le regardoient comme
« criminel & refusoient de l'entendre; ainsi on se sépara sans rien conclure.
« Le comte, averti du dessein qu'avoit le légat de le déposséder de ses Etats,
« se retira alors 8< prit la route de Toulouse pour aller mettre ordre à ses
« affaires. » Il se rendit, au mois de décembre, dans l'Albigeois, où il eut une
conférence avec Simon de Montfort.
XCin. — Siège & prise du château de Termes par Simon de Montjort,
Maison de Termes.
Nous avons dit que Simon de Montfort, après la prise de Minerve, avoit
ordonné, sur la fin de juillet, de préparera Carcassonne toutes les machines
nécessaires pour le siège de Termes. Lorsque ^ tout fut prêt, il prit les devants
à la tête de ses troupes & laissa à Verles d'Encontre, qui commandoit à Car-
cassonne, le soin de faire partir toute cette artillerie. Verles l'ayant fait
charger sur des chariots hors la ville, Pierre-Roger, seigneur de Cabaret, qui
en fut averti par ses espions, sortit de ce château avec trois cens hommes
choisis, 8t s'étant avancé vers Carcassonne, il s'approcha pendant la nuit 6i
tâcha avec sa troupe de rompre à coups de hache les machines qu'on avoit
préparées pour le siège de Termes. Les sentinelles ayant fait du bruit, la
' Innocen*. III 1. 14, Eplst. i63. — [Potthast, monta immédiaiement à clieval pour s'en retour-
n. 4300; la lettre est du 25 août m i.] ner à Toulouse. [A. M.]
• Voyez tome VIII, ce. 53, 54. — Guillem de ' Pierre de Vaux-Cernay, c. 4 & suiv. — Rober-
Tudèle, vers i32o-i343. Le texte du poète a été, tus Altissiodorensis, CAronicon. — Voyez tome VIII
comme toujours, développé dans un sens favo- de cette édition, ce. 48 à 5o. — Guillem de Tudèle,
rable au comte de Toulouse, par l'Anonyme. vers 1 160-1239. Le récit du poëte est le plus com-
, Guillem de Tudèle se contente de dire que les plet & de beaucoup le plus clair. L'Anonyme a
exigences des légats furent telles que le comte dit : ajouté l'historiette de Pierre-Roger échappant 9.
En fin de compte tout mon comté y passerait,^ t^u'il ses ennemis par un stratagème. [A. M.]
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXL 33q —
' An 12 10
garnison de Carcassonne accourt au secours S<. oblige Pierre-Roger à prendre
la fuite; mais ayant rallié sa troupe il se met en embuscade dans un endroit
par où le convoi devoit passer. Verles d'Encontre, de son côté, se doutant de
quelque surprise, fit accompagner les machines par une grosse escorte dont
une partie s'avança pour battre l'estrade. Ceux, de Cabaret, voyant passer le
détachement à la pointe du jour, sortent de l'embuscade, l'attaquent & le
mènent battant jusqu'aux chariots qui étoient encore dans un pré voisin de
l'Aude. Le choc devient alors très-vit de part & d'autre jusqu'à ce qu'enfin le
gotiverneur de Carcassonne, étant accouru avec de nouvelles troupes, oblige
Pierre-R-oger à céder après avoir combattu avec beaucoup de valeur. Ce sei-
gneur évita plusieurs fois d'être tait prisonnier dans la mêlée par un strata-
gème qui lui réussit. Se voyant pressé par les croisés, il crioit de toutes ses
forces : Montjbrt, Montjbrt, 6c on le prit en effet pour un ami. De crainte
de nouvel accident, on reconduisit à Carcassonne les machines qui, d'ailleurs,
avoient besoin d'être raccommodées. On les fit partir quatre à cinq jours après
sous l'escorte d'un corps de Bretons qui étoient arrivés & qui allèrent joindre
Simon devant Termes.
Ce château a donné son nom à l'ancienne viguerie du Termenois, portion
considérable du diocèse de Narbonne, laquelle s'étend vers les Pyrénées S< Te
Roussiilon ; il est situé sur une montagne élevée qui est environnée de toutes
parts de vallées profondes, de précipices 8c de rochers affreux, 8c qui n'est
accessible que par un seul endroit, où les rochers ne sont pas tout à fait si
escarpés. Il étoit alors entouré de deux faubourgs séparés par une bonne
muraille. Le plus haut étoit situé sur la cime de la montagne, 8c l'autre, qui
lui servoit d'enceinte, sur le penchant. Ce dernier étoit défendu par une
seconde muraille, 8c ces fortifications étoient soutenues par une tour cons-
truite sur le sommet d'un rocher, appelé Tumet, éloigné d'un jet de pierre
du château. La garnison étoit très-nombreuse 8c composée de bons soldats,
parmi lesquels il y avoit plusieurs Catalans; elle étoit commandée par Rai-
mond de Termes, vaillant capitaine, qui avoit vieilli dans l'exercice des
armes Se avoit eu soin de pourvoir la place de toute sorte de munitions de
guçrrc 8c de bouche; en sorte qu'elle passoit pour imprenable &c qu'il parois-
soit que c'étoit une grande témérité que d'en entreprendre le siège.
Raimond de Termes descendoit d'une des plus anciennes maisons de la i,'u!,°3™.
Province qui possédoit depuis longtemps le château de ce nom 8c tout le pays
de Termenois, partie sous la mouvance des vicomtes de Eéziers 8c de Carcas-
sonne 8c partie sous celle de l'abbaye de La Grasse. La maison de Termes
étoit alors partagée en deux branches de l'une desquelles il ne restoit plus
que Rixovende, fille d'un autre Raimond de Termes, laquelle restitua',
en i2o8, à l'abbaye de La Grasse, le château 8c le village de Palairac, avec
plusieurs autres domaines voisins, qu'elle, Pvaimond &c Pierre- Olivier de
Termes, ses cousins, 8c leurs ancêtres avoient usurpés sur ce monastère 8c dont
■ Tréîor des chnrtesj La Grnsse, n. i . — [J. 3/j3 Cf.. TeuUt, Layctta, t. i, p. 322 & siiiv.]
An 12 10
340 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXI.
ils avoient conservé la possession, malgré l'excommunication que Pons d'Arsac,
archevêc[ue de Narbonne, & ensuite Bérenger, son successeur, avoient lancée
contre eux par ordre du pape. Pvix.ovende, en faisant cette restitution, prit le
voile, & l'abbé de La Grasse la reçut dans le chapitre des religieuses de ce
monastère. Raimond de Termes, chef de l'autre branche, épousa Ermessinde
de Courtsavine ', cfui fit un accord^ en 1197, du consentement du même
Pv.aimond, son mari, avec Pvobert, abbé d'Arles, en Pvoussillon, au sujet de la
restitution de ciuelques domaines. Ce seigneur fut père du célèbre Olivier de
Termes, l'un des plus grands capitaines de son siècle, dont nous aurons occa-
sion de parler dans la suite. Il s'étoit-^ rendu si formidable par ses exploits
qu'il avoit tenu tête, lui seul, tantôt au roi d'Aragon, tantôt au comte de
Toulouse £< tantôt au vicomte de Béziers, son seigneur. Mais s'il étoit recom-
mandable par sa naissance & par sa bravoure, il avoit eu le malheur de
donner tellement sa confiance aux hérétiques, qu'on assure qu'on n'avoit pas
célébré les saints mystères dans l'église de Termes depuis plus de trente ans^
quand Simon de Montfort mit le siège devant ce château'^.
Le peu de troupes que ce général avoit avec lui lorsqu'il commença cette
entreprise ne lui permit pas d'abord de faire toute la circonvallation de la
place. Aussi les assiégés, peu alarmés de son attaque, sortoient 8< entroient
librement, sans qu'il fût possible de l'empêcher. L'armée des croisés avant
grossi quelque temps après par l'arrivée de plusieurs pèlerins françois 8< alle-
mands, Montfort serra le château de plus près, malgré les fréquentes escar-
mouches qu'il étoit obligé de soutenir contre la garnison de Cabaret, qui
portoit ses courses jusque dans son camp, se |>ostoit sur les grands chemins 8c
ne faisoit grâce à aucun de ceux qu'elle pouvoit rencontrer. Cet obstacle fit
durer longtemps les travaux du siège, même après l'arrivée des évêques de
Chartres Si de Beauvais, de P\.obert, comte de Dreux, & du comte de Pon-
thieu, qui amenèrent un renfort très-considérable à Simon.
Ce général, après beaucoup de peine & de travail, fit dresser enfin de
grands pierriers pour battre les murailles du premier faubourg. Guillaume,
archidiacre de Paris, se donna beaucoup de mouvemens, soit pour animer les
croisés, soit pour avancer la construction des machines, soit enfin pour com-
bler les vallons &c aplanir les rochers. Après que les pierriers eurent fait une
brèche considérable, les croisés se disposèrent à donner l'assaut. Les assiégés
ne l'attendirent pas. Se, ayant mis le feu à ce premier faubourg, ils l'aban-
donnèrent. Les croisés accoururent aussitôt pour l'éteindre 8< se saisir de ce
poste; mais la garnison ayant fait alors une sortie vigoureuse, elle tomba si
rudement sur eux qu'elle les obligea à se retirer après une grande perte. Cet
' Corrige^ Couitsavi. [A. M.] des habitants de Termes à l'hérésie avait été bien
' Mcirca Hispanica, c. r33 & seq. prompte, car, dans le courant de l'année ii(.3
' Pierre de Vaux-Cernay, c. 40 & suiv, — '^^oyez (Voyez tome V de cette édition, c. 1278), eux
tome VIII de cette édition, ce. 5o à 52. — Ro- & leurs seigneurs se cotisaient pour faire cons-
bertus Altissiodorensis, Chronicon, truirc une nouvelle église en dehors du château.
■* Il faut convenir que, dans ce cas, l'adhésion [A. M.]
An 12 jc
L
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XXI. 841
échec ne découragea pas les assiégeans; ils travaillèrent ensuite à couper la
communication qui étoit entre le château de Termes & la tour de Tumet,
qui les incommodoit beaucoup, Se trouvèrent moyen, quoiqu'avec une peine
infinie, de placer un mangonneau entre l'un & l'autre. Cette machine fit
un tel fracas, malgré les eftorts des assiégés pour la détruire, que ceux ([ui
gardoient la tour de Tumet, ne pouvant ni soutenir l'attaque des assiégcans,
ni espérer aucun secours, l'abandonnèrent pendant la nuit. Les troupes de
l'évêque de Beauvais, c[ui avoient attaqué ce poste, s'en saisirent dès le len-
demain & y arborèrent l'étendard de ce prélat.
Les pierriers firent cependant plusieurs brèches aux murailles de la place;
mais les assiégés les réparèrent aussitôt en substituant derrière une nouvelle
muraille avec des poutres & des pierres. Montfort fit dresser un mangonneau
sur un rocher escarpé peu éloigné des murailles Se en confia la garde à cinq t.'iu,°p!*^io'i.
chevaliers 8< trois cents sergens. Les assiégés, que cette machine incommodoit
beaucoup, détachèrent huit cens hommes qu'ils soutinrent par un plus grand
nombre pour tâcher d'y mettre le feu. Ce détachement débusqua bientôt les
troupes qui gardoient le mangonneau, Se il n'y resta qu'un chevalier, nommé
Guillaume de Scuret, cjui résista lui seul à tous les efforts des assiégeans. Les
croisés, vo}ant qu'ils ne pouvoient le secourir, firent mine de monter à l'as-
saut pour le délivrer Se sauver leur machine. Ce stratagème leur réussit. Ceux
de Termes abandonnèrent aussitôt cette attaque pour aller au secours de la
place.
La longueur du siège 8< le défaut de vivres commençoient déjà à décou-
rager les croisés, lorsque l'eau vint à manquer entièrement aux assiégés par
le soin que Simon avoit pris de boucher ou de détourner toutes les sources
qui pouvoient leur en fournir; les habitans de Termes, réduits aux abois,
demandèrent alors à capituler. Simon leur envoya (Gui de Lévis) son maré-
chal, pour traiter avec eux. Raimond de Termes offrit de remettre la place,
à condition que Simon lui donneroit ailleurs un domaine équivalent Se qu'il
la lui rendroit après Pâr[ues. Les évêques de Beauvais Se de Chartres 8< les
comtes de Dreux Se de Ponthieu, comptant que l'expédition étoit finie, se
disposèrent alors à partir, malgré les instantes prières que Simon Se la com-
tesse, sa femme, leur firent de ne pas les abandonner jusqu'à ce que le châ-
teau de Termes fût rendu; mais toutes leurs sollicitations furent inutiles;
l'évcque de Chartres promit seulement de demeurer un jour de plus. Cela
engagea Montfort à accepter les offres.de Raimond de Termes, qui demanda
jusqu'au lendemain pour évacuer la place. Pendant la nuit il tomba une
pluie très-abondante qui remplit les citernes des assiégés, lesquels regardant
cette eau comme un présent du ciel retirèrent leur parole. Cette circonstance
n'empêcha pas l'évêque de Beauvais Se les comtes de Dreux Se de Ponthieu
de partir, nonobstant les nouvelles instances de Simon pour les retenir. Se
quoiqu'ils n'eussent pas encore accompli les quarante jours de service néces-
saires pour gagner l'indulgence de la croisade; deux chevaliers de la garnison
se rendirent cependant, selon la promesse qu'ils en avoient faite le jour pré-
~~r 342 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. I.IV. XXI.
An 1 2 10 ^
cèdent au maréchal de Simon. L'évêque de Chartres devant partir le lende-
main, pressa ce général de renvoyer ce maréchal à Termes pour tâcher de
renouer quelque négociation, & il lui conseilla de laisser Raimond maître
des conditions, pourvu qu'il lui livrât la place. Il lui conseilla aussi de joindre
à ce député Bernard-Raimond de Rochefort, évêque de Carcassonne, qui étoit
dans le camp, parce que ce prélat, étant du pays 8c ami particulier du sei-
gneur de Termes, 8c ayant d'ailleurs son frère 8c sa mère dans la place, il
pourroit contribuer beaucoup à faire réussir la négociation. Simon suivit cet
avis; mais ni son maréchal, ni l'évêque de Carcassonne ne purent rien obtenir
de Raimond de Termes, soit par caresses, soit par menaces; ce seigneur refusa
même au second la permission de s'aboucher avec son frère. Le lendemain,
l'évêque de Chartres étant parti, Simon de Montfort le conduisoit par honneur
jusqu'à une certaine distance, lorsque les assiégés font une sortie dans le des-
sein de mettre en pièces le mangonneau des croisés. Simon, averti de cette
entreprise par les cris de ses soldats, revient aussitôt sur ses pas 8c ayant ranimé
par sa présence le courage de ses troupes, il oblige les assiégés k rentrer dans
le château; mais il n'eu fut pas moins embarrassé. D'un côté, il ne vouloit pas
avoir la honte de lever le siège, 8c il voyoit de l'autre c[u'il n'étoit pas en état
de forcer la place avec le peu de monde qui lui restoit Se que l'hiver, qui est
très-rude dans ces montagnes, approchoit. L'arrivée de plusieurs Lorrains
qxù s'étoient croisés le tira de cette perplexité. Il continua le siège k la vue
de ce secours inopiné 8c ayant enfin par des travaux infinis fait avancer ses
machines beaucoup plus près des murailles, il y fit une grande brèche ainsi
qu'à la tour du château : il y attacha le mineur le jour de Sainte-Cécile,
donna ensuite tous ses ordres pour monter k l'assaut dès le lendemain Se se
retira sur le soir dans sa tente. Pendant la nuit les assiégés, qui se voyoient
Éj oriRin. saiis rcssourcc, cherchèrent leur salut dans la fuite 8c abandonnèrent la place.
t. 111, p. 202. ' . • r > •
On assure que ce qui les porta' à cette extrémité fut que l'eau de pluie
qu'ils avoient ramassée, étant très-mauvaise, elle avoil causé parmi eux une
dvssenteiHe qui en avoir fait périr un grand nombre; ainsi ceux qui restoient
prirent le parti de sortir pour se réfugier en Catalogne. Les fuyards furent
cependant découverts par les croisés qui les poursuivirent, en tuèrent plu-
sieurs 6t firent les autres prisonniers. Raimond de Termes, voulant rentrer
dans la place pour y prendre quelques bijoux qu'il avoit oubliés, fut pris
entre autres par un pèlerin ou croisé de Chartres. On le conduisit aussitôt k
Simon de Montfort, qui le fit renfermer, les fers aux pieds, dans le cul d'une
basse fosse d'une des tours de Carcassonne, où il le retint pendant plusieurs
années. C'est ainsi que fut pris le château de Termes, après une grande
perte de la part des croisés 8c un siège de près de quatre mois, durant lequel
Simon ne se distingua pas moins par sa vigilance que par son activité, 8c
exposa plusieurs fois sa vie. Ce comte y entra le 28 de novembre de l'an 12105
il fit grâce à toutes les femmes que les assiégés y avoient laissées 8c, les ayant
'Voyez tome VIII, ce. 3i, !ji. — [Guillein de Tudcle, vers lîpo-iîjfi.]
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXI. 3^3
mises en lieu de sûreté, il empêcha qu'on ne fit aucun tort ni à leur hon-
neur, ni à leur vie.
XCIV. — Simon soumet plusieurs places &- va en Albigeois, où il a
une entrevue avec le comte de Toulouse.
La prise de Termes jeta l'épouvante dans tous les châteaux des environs, &
ceux qui en avoient la garde prirent aussitôt la fuite pour chercher un asile
de côté & d'autre. On courut après eux & on en amena plusieurs à Simon,
qui les fit brûler vifs sans miséricorde. Après avoir laissé une bonne garnison
dans le château de Termes, il décampe Se s'avance jusqu'à celui de Coustaussa,
qu'il trouve vide & dont il s'assure. Il s'empare aussi de celui d'Albas que les
habitans avoient abandonné. De là il entre dans le diocèse de Toulouse 8c
attaque le château de Puyvert, qu'il prend au bout de trois jours de siège. Il
part ensuite pour l'Albigeois afin d'y soumettre les places qui lui avoient
manqué de fidélité. Il vient d'abord à Castres dont les bourgeois lui pro-
mettent toute sorte d'obéissance; puis il se rend au château de Lombers que
les habitans avoient déserté à son approche, & où il trouve une grande quan-
tité de vivres; il y laisse une garnison pour les garder, achève de soumettre
toute la partie du pavs située à la gauche du Tarn & arrive enfin au château
d'Ambialet, auprès d'Albi, où R.aimond, comte de Toulouse, lui avoit donné
rendez-vous pour la conférence dont on a déjà parlé, mais dont nous igno-
rons le motif'.
On assure^ que Raimond amena alors avec lui quelques-ttns des ennemis
capitaux de Simon, qui tentèrent de le surprendre 8<. de se saisir de sa per-
sonne; que ce général, averti du complot, évita leurs pièges &. fit des repro-
ches amers au comte de Toulouse d'avoir amené des traîtres pour attenter sur
sa vie; que le comte protesta qu'il n'en connoissoit aucun, & qu'enfin Simon
avant voulu les arrêter, Raimond l'en empêcha. L'historien, partisan de
Simon, sur la foi duquel nous rapportons ces circonstances, ajoute que le
comte de Toulouse commença dès lors à exercer la haine qu'il avoit conçue
' Dans riiincr.iirc <te Simon de Morttfort, îm- dans le passage correspondant ici à l'Anonyme
médiatement après la prise de Termes, il y a quel- (vers i3i4), donne Alhcjcs (Albigeois), & le mot,
ques difficultés que dom Vaissete n"a pas essayé quel qu'il soit, doit avoir trois syllabes pour faire
d'expliquer. Pierre de Vaux-Cernay (c. 42) men- le vers. Le mot Albejes est d'ailleurs peu compré-
tionne la soumission du pays environnant & cite hensible, puisque le poëte dit ensuite ju't ne fut
les ch&teauxde Constantin (Coustaussa, Aude, arr. assiégé, expression qui s'applique mal à un pays.
de Limoux, cant. de Couiïa) & de yirijepojlum M. Meyer (Chanson Je la croisade, t. 1, pp. 71,
(Puivert, Aude, arr. de Limoux, cant. de Cha- 72) traduit ^/ii, sans trancher la difficulté. Quant
labre). De là le comte ra dans l'Albigeois qui à y voir le mot Alhas, avec dom Vaissete, c'est,
l'était révolté. La rédaction en prose (tome VIII nous le répétons, une chose impossible) levers de
de celte édition, c. 53) mentionne un château, Guillem de Tudèle, si on admettait la correction,
Alhios, qui fut pris sans résistance; dom Vaissete serait trop court d'une syllabe. [A. M.]
y voit le château d'Albas, près Termes (Aude, * Pierre de Vaux-Cernay, c. 42. — Kous ne
nrr. de Narbonne, cant. de Durban). Mais il y a connaissons aucun autre texte mentionnant ce
k cela une petite difficulté; Guillem de Tudèle, guet-apens de Raimond VI. [A. M.]
An izio
An 1211
~ 344 HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XXI,
An 1210 " '
contre ce général ; c'est-à-dire que leur inimitié réciproque, qu'ils s'étoicnt
contentés jusqu'alors de garder dans le cœur, éclata & se inanifesta depuis
aux yeux dvi public.
Après cette conférence, qui se tint vers la mi-décembre, Raimond retourna
à Toulouse & là ', étant dans le château Narhonnois, il emprunta cent marcs
d'argent des habitans de Moissac. Le pape Innocent III* lui écrivit, vers le
môme temps, ainsi qu'aux comtes de Comminges & de Foix, &^ à Gaston,
vicomte de Béarn, pour leur ordonner de favoriser Simon de Montfort dans
la poursuite des hérétiques, à peine d'être traités comme fauteurs de ces sec-
taires. Le pape écrivit^ aussi à Simon pour lui ordonner de lever le cens
de trois deniers par maison imposé en faveur de l'Eglise romaine, dans tout
le pays conquis sur les hérétiques, & de l'employer comme il le lui ordon-
neroit.
XCV. • — Conférence de Narbonne. — Le roi d'Ârngon reçoit l'hommage
de Simon de Montjbrt pour Carcassonne.
Le comte de Toulouse assista à Narbonne, au mois de janvier suivanf^, à
une nouvelle conférence à laquelle le roi d'Aragon, son beau-frère, Simon
de Montfort, Raimond, évèque d'Uzès, & Arnaud, abbé de Citeaux, légats
du Saint-Siège, se trouvèrent avec maître Thédise. On y agita les moyens
t.'iii°p'".'o3 qii'on pourroit prendre pour réconcilier entièrement le comte Raimond à
l'Église''. I/'abbé de Citeaux lui offrit, dit-on, de le conserver dans la pai-
sible possession de tous ses domaines 8c des droits qu'il avoit dans les châ-
teaux possédés par les hérétiques, s'il vouloit les chasser de ses Etats. On
ajoute même que ce légat consentit encore, sous la même condition, que la
propriété du tiers ou du quart de plus de cinquante châteaux (d'autres'^
disent de plus de cinq cents), qui appartenoient aux hérétiques & qui
n'étoient pas de la mouvance de ce prince, lui fût acquise; mais qu'il refusa
toutes ces ofhes.
On traita aussi dans la conférence de^ Narbonne de la réconciliation du
comte de Foix à l'Eglise. Le roi d'Aragon demanda grâce pour lui aux légats,
qui l'accordèrent, à condition que ce comte feroit serment d'obéir entière-
ment aux ordres du pape & de ne plus attaquer à l'avenir les croisés, spécia-
lement Simon de Montfort, lequel promit de lui rendre, moyennant ce
serment, toutes les terres dont il s'étoit emparé sur lui, à la réserve du châ-
teau de Pamiers. Le roi d'Aragon, de sou coté, comme seigneur su-^erain
d'une partie du comté de Foix^, mit garnison dans le château de ce nom
■ Hôtel de ville de Moissac. l'aurcnsls, ap. Innocent. III Eplst. t. 2, p. 760
' Voyez tome VIII, Chartes, n. C, ce. 601, 602. & seq. — Voyez tome VHI, ce. ,"i3, Ô4, & tome VII,
5 Innocent. III 1. i3, Epist. 189. — [Pottliast, Note XVI, n. iv, p. 41.
n. 4i5o.] " Acta concilii faurcnsis, ap. Innocent. III
■• Elle eut lieu vers le 22 janvier, fête de Saint- Epist. t. 2, p. 76,5 & seq.
• \'incent. (Giullem de Tiidcle, vers i.'>4.').) [A. M.] ' Pierre de ^'a iix-Cernay, c. 4.3.
= Pierre de Vaux-Cernay, c. 43. — Acta concilii » Tome IV, Note XXII, n. 23, p. 1 20 & suiv.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXI. 845
8t promit à l'évêque d'Uzès S< à l'abbé de Cîteaux que les croisés n'auroient
rien à souffrir dans ce pays. Il jura de plus que, si le comte de Foix venoit
à se séparer de la communion de l'Eglise 8c de l'amitié de Simon de Mont-
fort, il remetiroit le château de Foix entre les mains des légats & de Simon;
de quoi il donna des lettres authentiques qu'il remit à ce dernier; mais on
assure que le comte de Foix se mit peu en peine d'exécuter ces conditions.
L'évêque d'Uzès & l'abbé de Cîteaux, après avoir accordé cette grâce au
roi d'Aragon, lui en demandèrent' une autre à leur tour. Ce fut de recevoir,
en qualité de comte ou de seigneur suzerain de Carcassonne, l'hommage de
Simon de Montfort pour cette ville; mais le roi rejeta absolument leur
demande. Le lendemain les deux légats & Simon renouvelèrent leurs ins-
tances auprès de ce prince, & ils le pressèrent tellement qu'enfin il consentit
de recevoir cet hommage. Un historien moderne^ prétend que le roi d'Aragon
possédoit la seigneurie de Carcassonne au nom de Marie de Montpellier, sa
femme, & qu'il la tenoit en fief de la couronne de France. Cet auteur se
trompe également sur ces deux articles : 1° Les ancêtres du roi d'Aragon pos-
sédoient le comté de Carcassonne depuis la fin du onzième siècle''. 2° Il est
certain que ce comté étoit mouvant de celui de Toulouse & qu'il n'étoit, par
conséquent, qu'un arrière-fief de la couronne de France.
XCVI. — Conférence ou concile de Montpellier. — Le roi d'Aragon donne
son fils à Simon de Montjbrt. — Mariage du fils du comte de Toulouse
avec la sœur de ce roi.
Quelque temps après"*, le roi d'Aragon, le comte Raimond, Simon de
Montfort, l'évêque d'Uzès Se l'abbé de Cîteaux se rendirent à Montpellier,
où ils tinrent une nouvelle conférence en présence de plusieurs prélats. Les
deux légats firent les offres qu'ils avoient déjà faites au comte de Toulouse,
qui promit de les accepter & d'en régler le lendemain les conditions; mais il
partit dès le grand matin, à l'insu des légats, sans avoir rien conclu. Si l'on
en croit un historien, qui n'omet rien pour dénigrer la conduite de Pv.aimond,
ce prince, qui croyoit aux augures, ayant vu voler à sa gauche un oiseau,
appelé de Saint-Antoine dans le pays, en tira un mauvais pronostic, 8t cela
l'engagea à se retirer avec précipitation.
Simon, qui souhaitoit extrêmement de se lier avec Pierre, roi d'Aragon,
sous la protection duquel il espéroit pouvoir se maintenir dans la possession
des domaines de la maison de Béziers, offrit de donner sa fille en mariage au
jeune prince Jacques, fils unique du même roi, qui agréa la proposition 8c
s'engagea avec lui, par un serment réciproque, d'accomplir ce mariage quand
An 1211
I' Pi«rra de Vaux-Ceriiay, c. 47. — Acta conetlii Ae Carcassonne, en se reconnaissant vassaux des
Vaurcnùs, ap. Innocent. III, Episl, t. 2, p. 76.J rois d'Aragon, s'étaient soustraits à la suzeraineté
& s.
:
& seq. des comtes de Toulouse. [A. M.]
* Daniel, Histoire Je France, t. 1, p. i38,"i. * Pierre de 'Vaux-Cernay, c. 47. — Acta concilii
' Il serait plus exact de dire que les vicomtes Vturcnsis, ut supra.
"TTirrr" ^^^ niSTomE générale de Languedoc, liv. xxl
leurs enfans seroient parvenus à un âge compétent. En attendant, le roi
Pierre, pour la sûreté de ses promesses, donna ce fils unique, qui n'avoit alors
que trois ans, à Simon de Montfort. Celui-ci, ravi d'avoir en son pouvoir un
otage de cette importance, se chargea de l'éducation du jeune prince qu'il
amena à Carcassonne, où il le garda bien soigneusement. Du reste, le roi
il'Aragon conserva toujours l'étroite liaison qu'il avoit contractée avec le
comte de Toulouse, son beau-frère, 8c il la cimenta ' peu de temps après par
le mariage de Sancie, sa sœur, avec le jeune Raimond, fils du comte de
Toulouse, âgé de quatorze ans; alliance qui causa beaucoup de chagrin à
t.'iti°p'.^204. Montfort. Raimond fit alors donation du comté de Toulouse en faveur de
R.aimond, son fils, dans la vue sans doute de mettre cette ville à l'abri des
entreprises des croisés, en cas qu'ils lui déclarassent la guerre.
XCVII. — Seigneurs de Rahastens.
Après la conférence de Montpellier, qui se tint vers la fin du mois^ de
janvier de l'an 121 1, le comte de Toulouse se rendit dans le haut Languedoc.
En passant à Rahastens, dans l'Albigeois, le 8 de février, les seigneurs ^ ik
les chevaliers, qui possédoient le domaine de ce château, du bourg de ce
nom 6- de ses faubourgs, au nombre de plus de cinquante, lui en donnèrent,
tant en leur nom qu'en celui de plusieurs autres de leurs collègues, la justice
criminelle, &c.
XCVIII. — Concile d'Arles, — Le comte de Toulouse y est excommunié.
Peu de temps après, les légats'* s'étant rendus à Arles, en Provence, ils y
convoquèrent un nouveau concile, auquel ils citèrent le comte de Toulouse,
& firent prier le roi d'Aragon de se trouver. Ces deux princes étant arrivés,
ils leur défendirent de sortir de la ville sans leur permission Si celle du con-
cile, & envoyèrent au comte les articles suivans, de l'exécution desquels ils
faisoient dépendre sa paix avec l'Eglise.
i» Le comte de Toulouse congédiera incessamment toutes les troupes qu'il
a levées ou qui sont en marche pour son secours. 2° Il obéira à l'Église,
réparera tous les dommages qu'il lui a causés & lui sera soumis tout le temps
de sa vie. 3° On ne servira aux repas, dans tous ses domaines, que de deux
sortes de viandes. 4° Il chassera les hérétiques 8<. leurs fauteurs de tous ses
' Pierre <îe Vaux-C«rrtay, e. 47. — j^i/ii conciZii au nombre d'environ quarante-cinq. — P.ir cet
P'aurensis) ut supra. — Guillelmus de Podio Lau- acte ils s'engagèrent à respecter la liberté person-
i-cntii, c. i8. nelle & les propriétés des habitants de Rahastens.
' Voyez tonle VII, Note XVI, n. v, pp. 47, 48. En outre le comte devint possesseur de toutes les
' Mis. de Colbeft, n. 1069 [lat. 6009], p. 144. justices du château, du bourg & du barrium (en-
•— Catel, Mémoires de l'histoire du Languedoc , ceinte extérieure). [A. M.]
p. 356. — Voyez tome VIII, ce. 602 à 6o5. Les ■• Voyez tome VIII, ce. 54 à 57. — [Guillem de
seigneurs & chevaliers de Rahastens (domini & Tudèle, vers 1348 à 1407.] — Temt VII, A'ote XVI,
milites), qui paraissent dans cette charte, sont n.vi,p. 48.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXl.
347
An 121 1
Etals. 5° Il livrera entre les mains du légat & de Simon de Montfort, dans
l'espace d'un an, tous ceux que les légats lui indiqueront, dont ils dispose-
ront à leur volonté, 6° Tous les habitans de ses domaines, soit nobles ou
roturiers [vihi ou vilain), ne porteront point des habits de prix, mais seule-
ment des chapes noires & mauvaises. 7° Il fera raser jusqu'au rez-de-chaussée
toutes les fortifications des places de défense qui sont dans ses Etats. 8° Aucun
gentilhomme ou noble de ses vassaux ne pourra habiter dans les villes, mais
seulement à la campagne. 9° Il ne fera lever aucun péage ou usage que
ceux qu'on levoit anciennement. 10° Chaque chef de famille payera, tous
les ans, quatre deniers toulousains au légat ou à son délégué, ii» Il resti-
tuera tous les profits qu'il a retirés des renouveaux' de ses domaines. 12° Le
comte de Montfort & ses gens voyageront en toute sûreté dans les pays
soumis à l'autorité de Raimond, & ils seront défrayés partout. i3° Quand
Raimond aura accompli toutes ces choses, il ira servir outre-mer parmi les
hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem, sans pouvoir revenir dans ses Etats
que lorsque le légat le kvi permettra. 14° Toutes ses terres & seigneuries lui
seront ensuite rendues par le légat 8c le comte de Montfort, quand il leur
plaira^.
' Renouties , rcnouti, terme dont on n'entend
pns bien la significaiion. [Ce sont les usuriers;
voyez le Glossaire de M. Meyer, au mot renorer.]
* Dom V'aissete, qui ne connaissait ce concile
d'Arles que par la rédaction en prose, n'en a pas
moins admis l'existence, & a donné à l'appui de
son opinion des raisons d'une grande valeur (Cf.
tome VIII, ut supra). Il ne pouvait connaître le
témoignage de Guiilem de Tudèle, :;ans quoi il
aurait été encore plus affirmatif. Que ce concile
se soit tenu à Arles, comme le dit Guiilem de Tu-
dèle, ou qu'il faille l'identifier avec la conférence
de Montpellier, plus haut mentionnée, comme
l'estime M. Meyer (t. 2, p. 76), il faut en admettre
l'existence. Mais on doit bien avouer que c'était
siinplement un acte de haute comédie, l'épilogue
du drame qui se jouait depuis plusieurs années
entre le comte de Toulouse & les légats. Le plan de
ceux-ci, les actes cités par dom Vaissete (pp. 27")
& 322) sont là pour le prouver, était de traîner les
choses en longueur & de laisser Simon de Montfort
s'établir fortement dans les Etats du vicomte de
Béziers, avant d'attaquer le comte de Toulouse. La
prise de Minerve & deTermes, qui, en soumettant
la partie orientale du Languedoc, assurait les der-
rières de l'armée de la croisade, leur parut décisive.
Si ils n'hésitèrent plus à dévoiler leurs projets.
Les conditions posées au concile d'Arles étaient
évidemment inacceptables, & étaient destinées,
dans leur pensée, à amener une rupture. La ver-
sion de Guiilem de Tudèle, différant quelque peu
de celle de l'Anonyme, nous la donnons d après la
traduction de M. Meyer, t. 2, pp. 76-78. — n La
charte dit ceci aux premiers mots : Que le comte
observe la paix, & de même ceux qui seront avec
lui, & qu'il renonce aux routiers aujourd'hui ou
demain. Qu'il rende leurs droits aux clercs, qu'ils
soient en possession de tout ce qu'ils lui deman-
deront; qu'il mette hors de sa. protection tous les
perfides juifs & les adhérents des hérétiques, ceux
que les clercs lui dénonceront, qu'il les livre tous,
& cela d'ici à un an, pour en faire à leur plaisir
& volonté; & plus de deux sortes de viandes ils
ne mangeront, ni par la suite ne vêtiront étoffes
de prix, mais de grossières capes brunes, qui leur
dureront plus longtemps. Ils détruiront entière-
ment les châteaux & les forteresses, & jamais plus
chevalier ne résidera en plan, mais dehors dans la
campagne, comme les vilains. Ils ne prendront
sur les chemins aucun péage illégitime, mais seu-
lement les vieux usages anciennement établis. Ils
donneront chaque année quatre deniers toulou-
sains aux paziers de la terre que les clercs établi-
ront; tou» les usuriers devront renoncer au prêt
à usure, & s'ils ont pris un intérêt, tout d'abord
ils le rendront. Et si le comte de Montfort & le»
croisés qui viendront chevaucher sur eux, comm«
font tant d'hommes, leur prennent de ce qui leur
appartient, ils ne s'y opposeront pas. En toute*
choses ils se conformeront à la volonté du roi de
France. Le comte devra passer la mer jusque vcrâ
le Jourdain & y rester autant que le voudront les
moines ou les cardinaux de Rome ou leur fondé
de pouvoir. Enfin, qu'il entre dails un ordre,
celui du Temple ou celui de Saint-Jean. Et, quand
il aura fait cela, ils lui rendront ses châteaux, &
An
348 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XX!.
Raimond, après avoir lu ces articles, les communiqua au roi d'Aragon qui
lui dit : On vous l'a bien payé. Ils en furent également indignes, & ils par-
tirent bientôt sans prendre congé des évêques. Les légats, irrités à leur tour
du départ précipité du comte, ne gardèrent' plus depuis aucun ménage-
ment : ils l'excommunièrent, le déclarèrent publiquement ennemi de l'Eglise
8c apostat de la foi, 8t disposèrent de ses domaines en faveur du premier
occupant. Ils députèrent en même temps Arnaud, abbé de Saint-Ruf, qui fut
ensuite évèque de Nimes, à Rome, pour informer le pape Innocent III de
tout ce qui s'étoit passé. Se ils eurent soin de le prévenir en leur faveur; en
sorte qu'Innocent confirma la sentence d'excommunication, le 17 d'avril de
l'an 1211, par une lettre^ adressée à l'arclievêque d'Arles, à ses suffragans Se
à l'évêque de Viviers. « Ayant cru jusqu'ici, dit le pape dans cette bulle, que
« le noble Raimond, comte de Toulouse, se rendroit à nos exhortations 8t
(( qu'il honoreroit l'Eglise comme un prince catholique doit faire; séduit par
« un mauvais conseil, il n'a pas seulement frustré notre attente; mais il s'est
« opposé avec méchanceté aux dispositions de l'Eglise & a enfrçint sans
« pudeur ses promesses & ses sermens. C'est pourquoi notre vénérable frère,
« l'évcque d'Uzès, & notre cher fils l'abbé de Cîteaux, légats du siège aposto-
« lique, ayant rendu contre lui une sentence, du conseil de plusieurs prélats,
« à cause de sa contumace manifeste, nous vous ordonnons de la faire publier.
« dans vos diocèses 8t de la faire observer, sous peine des censures ecclésias-
« ti([ues, jusques à une entière satisfaction. )> Le pape défendit^ aux mêirves
t.'i'[i°p'."2o5. piélats de restituer au comte les châteaux 8<. les autres domaines qu'il tenoit
de leurs églises. Nous comprenons'*, par ces lettres, que l'évêque de Riez
n'assista pas à ce concile d'Arles Se que ce fut l'évêque d'Uzès S<. l'abbé de
Cîteaux qui prononcèrent alors la sentence d'excommunication contre le
comte 8<. qui y présidèrent.
XCIX. — Le pape fait saisir le comté de Melgueil sur le comte de Toulouse
6* déposer divers évêques.
Le pape, en confirmant cette sentence, ordonna aux deux 5 légats de saisir
en leurs mains le comté de Melgueil, qu'il prétendoit appartenir à saint
Pierre, & de le taire garder jusqu'à nouvel ordre : preuve qu'il en dépouilla
alors le comte de Toulouse. Nous apprenons d'ailleurs*^ qu'il enjoignit aussi
alors à ses légats de saisir tous les autres domaines de ce prince 8c de les
donner en garde à ceux à qui il appartenoit de droit. Il donna ordre en même
s'il ne le fait, ils le chasseront à outrance, de 'Innocent. III 1. 14, Ep'ist. S?. — [Potthast,
sorte qu'il ne lui restera rien. » [A. M.] n. 4îJ7.]
' Acta conciVti Vaurensis , ap. Innocent. III, ^ Voyez tome VII, ?/o(t' XVI, n. vu, pp. 48, 49.
Epist. t. ï, p. yÔE & seq. — Robertus Altissiodo- » Innocent. III 1. 14, Epin, 35. — [Potthast,
• rensis, Chronicon. n. 4:2.1.]
' Innocent. III 1. 14, Ep'ist. 36 & 38. — [La " /iiV. Ep'nt. i63.
lettre est du i5 avril, Potthast, n. 422^.]
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXI. 3a(, ~
T / An 12 1 1
temps aux légats : 1° D'engager' rarchevêque d'Auch à se démettre de son
archevêché, comme étant incapable de l'occuper, avec menace, s'il refusoit,
d'y pourvoir comme il seroit à propos. 2° D'accepter la^ démission que l'évêque
de Rodez avoit offerte de son évcché. 3° De recevoir celle de l'évêque de
Carcassonne, qui avoit demandé d'être déchargé du fardeau de l'épiscopat,
8<. d'enjoindre au chapitre de son église de procéder à une nouvelle élection
dans l'espace de huit jours; sinon, il leur ordonne d'y nommer de leur auto-
rité 3.
fkrnard de la Barthe, alors archevêque d'Auch, fut déposé en"* effet; mais
ce ne fut que quelc[ues années après. Hugues, évêquede Rodez, de la maison
.les comtes de cette ville, se démit de bonne foi de son évêché, qu'il avoit
possédé plus de soixante ans; on lui avoit déjà élu un successeur, le i"de
juillet de l'an 1211, 8c il vécut longtemps après. Quant à l'évêque de Car-
cassonne, qui se nommoit Bernard-Raimond de Rochefort, 8t qui avoit
succédé à Bérenger, que les habitans avoient chassé, il fut^ obligé de se
démettre malgré lui de son évêché. On lui donna pour sa subsistance une
prévôté dépendante du chapitre de Carcassonne, composé alors de chanoines
réguliers. Il prit cependant toujours le titre d'évêque; mais sans ajouter de
Carcassonne. Le pape Innocent lll ôta ainsi de leurs sièges les évêques qui
pouvoient encore être favorables au comte de Toulouse, & eut soin de leur
en faire substituer qui fussent dévoués à Simon de Montfort.
C. — Le comte de Toulouse se met en état de défense.
Le comte de Toulouse, vovant que les légats l'avoient excommunié 8c
qu'ils avoient livré ses domaines au premier venu, ne douta nullement que
les croisés ne vinssent bientôt l'attaquer; ainsi il se mit'' en état de défense.
Il s'assura d'abord des habitans de Toulouse, à ([ui il exposa la conduite que
les légats avoient tenue à son égard, 8c qui lui promirent toute sorte de
secours &c une fidélité inviolable. Ceux de Montauban, de Castelsarrasin 8c
des autres principales villes de ses Etats, dont il étoit fort aimé, lui firent les
mêmes promesses. Il eut recours à ses amis, à ses alliés Se à ses vassaux, entre
lesquels les comtes de Comminges 8c de Foix, Gaston, vicomte de Béarn,
Savari de Mauléon, sénéchal d'Aquitaine pour le roi d'Angleterre, 8c plu-
sieurs chevaliers du Carcasses, l'assurèrent de leur assistance. Ce prince fit
tous ces préparatifs au commencement du carême ^ inais il ne voulut pas
encore se déclarer ouvertement contre Simon de Montfort.
' Innocent. III I. 14, Epist. 32. — [Potthast, ' GalUa Chnsliana, nov. éd. t. 6. — De Vie,
n. 4221.] Chronicon, p. 84 & seq.
■ nid. Epist. 33. — [Potihast, n. 4222.] '' Voyez tome VIII, ce. Sy, .13. — [Guillem de
' [Pottliast, n"' 4223-4224.] Tudele, vers ùiyi-iSyô, 1408-1426.]
* Galliit Chriitiana, nov. éd. t. i.
I
■"777777" ^^'^ HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XXI.
CI. — Un nouveau corps de croisés va joindre Simon qui reçoit la soumission
du château de Cabaret.
L'abbé de Cîteaux' avoit envoyé cependant en France l'évêque de Tou-
louse pour y solliciter de nouveaux secours contre les hérétiques 81 surtout
contre le comte Raimond, qu'il faisoit passer pour le plus grand de tous les
scélérats. Ce prélat se donna tant de soins qu'il engagea l'évêque de Paris,
Robert de Courtenay, Enguerrand de Couci, Juël de Mayenne [de Meduana),
& non de Alante, comme la plupart des modernes l'ont dit, 8<. plusieurs
autres seigneurs à se croiser & à le suivre. On assure que Léopold^, duc
d'Autriche, Adolphe, comte de Mons, 8< Guillaume, comte de Juliers, se
croisèrent aussi 8<. amenèrent à Simon un renfort considérable. Ces nouveaux
croisés arrivèrent à Carcassonne vers la mi-carême, qui tomboit le 10 de mars.
Deux jours après Simon confirma, en faveur de Raimond de Cahors, l'acte
par lequel il lui avoit donné en ^ fief, durant le siège de Minerve, les châ-
teaux de Pézénas & de Torves avec tous les droits qu'Etienne de Servian &
le vicomte de Béziers avoient auparavant sur ces châteaux. Il confirma cette
donation en présence de frère Yves, abbé de la Cour-Dieu, vice-gérant de
t.^ïu,°p!^-'jt.. l'abbé de Cîteaux, légat du Saint-Siège, de Raimond, vicomte d'Onges, Rai-
mond de Mauvoisin Se plusieurs aiitres chevaliers françois, d'Alice, sa femme,
& d'Amauri, son fils, qui l'approuvèrent. Il paroît que ce Raimond de Cahors
est le même que Raimond de Salvanhac, riche marchand de Cahors qui, sui-
vant un ancien'* historien, avoit prêté des sommes considérables à Simon
pour les frais de la croisade.
Ce général, après avoir ^ reçu ce nouveau renfort de croisés, résolut de
tenter quelque entreprise considérable. 11 assembla son conseil & se déter-
mina au siège de Cabaret, château qui a donné son nom au pays de Cabardès,
portion du diocèse de Carcassonne, située dans les montagnes qui confinent
avec l'ancien diocèse de Toulouse. Pierre-Roger, seigneur de ce château,
averti du dessein des croisés, commença alors à perdre courage. 11 voyoit sa
garnison fort diminuée par la désertion de plusieurs chevaliers qui avoient
fait leur paix avec Montfort; entre autres Pierre Miron & Pierre de Saint-
Michel, son frère, qui, autrefois, avoient arrêté prisonnier Bouchard de
Marly. l\ considéra de plus que les châteaux les plus forts n'avoient pu
résister, & que ceux qui se détendoient s'exposoient aux derniers malheurs.
Ces réflexions l'ébranlèrent, ik ayant fait venir devant lui Bouchard de Marly,
qu'il tenoit dans les fers depuis plus de dix-huit jnois, il lui dit : « Seigneur,
' pierre de Vaux- Cemay, c. 48. — Voyez 608. [Cet note est du 12 mars lïii (n. st.). —
tome VIII, ce. ,03, .îp. — Robertus Altlssiodo- Il est des plus curieux pour l'étude des insiitu-
rensis, Chronicon, — Adrien de Valois, NotitU tiens. [A. M.]
GallUrum. ■" Voyez tome VIII, c. 65. — [Guillcra de Tudèle. I
' Caesarius Heisterbacensis, 1. ~>, c. 21. vers 1634-1639.]
> Voyez tome VIII, Chartes, n. CI, ce. 6l^4 à * Pierre de Vnux- Cemay, c. 48.
I
I
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV, XXI. 35 1
« je vous oftre, non-seulement la liberté, mais encore le château dont je suis
«■ maître, si vous voulez moyennerma paix avec les légats Si Simon de Mont-
« fort. Je promets de les servir fidèlement envers tous Se contre tous; mais je
« demande d'être conservé dans la possessioia de mes domaines. » Bouchard
accepta la médiation Se, s'étant lié avec le seigneur de Cabaret par une pro-
messe mutuelle, il se rendit au camp des croisés & eut bientôt terminé sa
négociation. Le légat 8c Simon partirent pour aller prendre possession du
château de Cabaret, où ils mirent une forte garnison, & Simon dédommagea
Pierre- Roger par d'autres domaines qu'il lui assigna ailleurs; les croisés
acquirent ainsi une très-forte place sans coup férir; plusieurs autres châteaux
du voisinage suivirent l'exemple de celui de Cabaret
Cil. — Siège de Lavaur.
On résolut' ensuite de faire le siège de Lavaur. Cette ville, qui n'avoit
alors que le titre de château Se qui depuis a été érigée en cité ou évêché,
appartenoit à une veuve nommée Guiraude. Aymeri, frère de cette dame,
seigneur de Montréal, au diocèse de Carcassonne, 8c de Laurac le Grand,
chevalier de mérite, qui, après avoir été dépouillé de ses biens par les croisés,
s'étoit retiré auprès d'elle, entreprit la défense de la place; il avoit avec lui
quatre-vingts chevaliers tous également braves Se résolus de se défendre jus-
qu'à la dernière extrémité, sans compter les habitans 8c un grand nombre
d'hérétiques qui s'y étoient réfugiés; ce qui faisoit^ que Lavaur passoit dans
ce temps-là pour le principal siège de l'hérésie : la ville étoit d'ailleurs forte,
bien munie Se environnée d'épaisses murailles Se de fossés très-profonds. On
assure ^ que le comte R.aimond envoya secrètement au secours de Lavaur
plusieurs de ses chevaliers, entre autres Raimond de R.ecald, son sénéchal,
quoique cette ville ne fût soumise que médiatement à sa domination; car
Guiraude en possédoit le domaine utile au nom de ses enfans, sous la mou-
vance des vicomtes de Béziers Se de Carcassonne, qui la tenoient en fief des
comtes de Tovilouse.
Montfort, n'ayant pas assez de troupes pour faire la circonvallation, se con-
tenta d'une seule attaque Se partagea son armée en deux corps qui pouvoient
se prêter mutuellement du secours; il fit ensuite dresser ses machines Se battre
en brèche; mais les assiégés se défendirent avec tant de valeur 8c l'incommo-
dèrent par de si fréquentes sorties qu'il ne lui fut pas possible d'avancer les
travaux. Enfin les évêques de Lisieux Se de Bayeux, Pierre de Courtenay,
comte d'Auxerre, Se plusieurs autres seigneurs étant arrivés au camp, il investit
entièrement la place Se établit la communication entre les divers quartiers
par un pont qu'il fit construire sur l'Agout. Le comte Raimond'*, qui vouloit
' Pierre de Vaux-Cernay, c. 49. — Guillelmus ° Acta conciln Vaarensls, p. 764.
de Podio Laiirentii, c. 16. — Roberlus Altissio- ' IbiJ. — Pierre de V.uix-Cernay, c. 5d.
dorcnsis, Chronicon. — Voyçz tome VIII, ce. 61 à * Pierre de Vaiix-Ceriiay, c, 5o. — Tome VIII,
65, — [Giiillcin de Tndèle, vers 1J22-16JI.] Chartes, 11. CV, c. 616.
An 1211
An m i
352 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXI.
garder encore quelques ménagemens avec Simon, permit aux liabiians de
Toulouse de porter des vivres au camp des croisés; il leur défendit seulement
t.'iii°p'.'':"7. 'l'y conduire des machines de guerre. Foulques, évêque de cette ville, envoya
de son côté, à Simon, un corps de Toulousains qui s'étoient engagés' dans
une espèce de ligue ou de confrérie que ce prélat avoit érigée à Toulouse,
sous l'autorité du légat.
cm. — Cinq mille Toulousains se croisent 6- vont au secours de Simon
au siège de Lavaur.
Foulques institua cette confrérie dans la vue d'extirper l'hérésie & d'abolir
l'usure. Il donna la croix à tous ceux qui voulurent y entrer & les fit par-
ticipans de l'indulgence de la croisade. Tous les habitans de la ville de
Toulouse, à la réserve d'un petit nombre, Se quelques-uns du faubourg, s'em-
pressèrent de s'enrôler dans cette confrérie, suivant le témoignage d'un histo-
rien contemporain. L'hérésie n'y dominoit pas par conséquent, comme on
veut nous le faire croire. Foulques fit prêter serment à tous les confrères de
demeurer fidèles à l'Eglise & leur donna \)Oux prévôts ou officiers deux che-
valiers, Aymeri de Castelnau, surnommé Cosa, &c Arnaud, son frère, & deux
bourgeois. Ces quatre officiers érigèrent un tribunal si redoutable qu'ils for-
çoient les usuriers à comparoître devant eux & à faire raison à leurs débi-
teurs, & qu'ils punissaient à main armée les contumaces par la destruction Se
le pillage de leurs maisons. Cette conduite causa une grande division parmi
les habitans de la cité & ceux du bourg. Ces derniers, pour s'opposer aux
entreprises des autres, formèrent de leur côté une autre confrérie, qui fut
nommée la Ivoire pour la distinguer de l'autre, qu'on appeloit la Blanche,
en sorte qu'ils se livrèrent divers combats. C'est ainsi, ajoute le même liisto-
rien^, que Dieu établit par le ministère de l'évêque de Toulouse, son servi-
teur, non une mauvaise paix, mais une bonne guerre.
Ce prélat & l'abbé de Cîteatix ayant sollicité-^ fortement ceux des habitans
de Toulouse qui étoient de la ligue ou de la confrérie blanche, de marcher
au secours des croisés occupés au siège de Lavaur, il s'armèrent au nombre
de cinq mille £< se disposèrent à partir. Le comte de Toulouse, averti de leur
dessein, fit tout son possible pour les en détourner & leur défendit de sortir
de la ville; mais ils trompèrent sa vigilance &, ayant passé la Garonne à son
insu, au gué du Bazacle, ils arrivèrent malgré lui enseignes déployées au
siège de Lavaur. Les assiégés, les voyant venir de loin, crurent que le comte
les envoyoit à leur secours ; mais ils furent bien surpris lorsqu'ils virent
qu'ils campoient avec leurs ennemis.
' Guillelmus de Podio Laurentii, ce. i5& 17. ' Guillelmus de Podio Laiirentii , ce. lô&iy.
' Ikid. —Voyez tome VIII, Chartes, n. CV, c. 616.
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XXI. 353
An 121 j
CIV. — Roger de Comminges, seigneur de Save-{, fait sa paix avec Simon
de Montfort.
Roger de Comminges ', parent {consanguine us) du comte de Foîx, se rendit
au camp des croisés, durant le siège, pour faire ses soumissions à Simon de
Montfort. Il étoit sur le point de lui faire hommage pour tous ses domaines,
le jour du vendredi-saint, quand Simon vint à éternuer une fois; Roger prit
à mauvais augure cet unique éternuement, &c, s'étant retiré à l'écart avec ses
gens, il les consulta sur ce qu'il devoit faire, & refusa de rendre l'hommage
qu'il avoit promis; mais on le tourna tant en ridicule, qu'enfin il eut honte
de sa superstition êc rendit cet hommage par un acte ^ daté du siège de
Lavaur, le 3 d'avril de l'an 1211 (qui étoit le jour de Pâques). Roger y
déclare « qu'il a reçu tous les domaines qu'il possédoit de droit, ou qu'il
« devoit posséder, des mains de Simon, comte de Leycestre, seigneur de
« Montfort, S<. par la grâce de Dieu vicomte de Béziers 81 de Carcassonne,
« Si. seigneur d'Albigeois S< de Razès, pour les tenir en fief de lui 8t de ses
« héritiers, & qu'il lui en faisoit hommage lige, en présence de Pierre-Guil-
« laume, abbé de Combelongue, Raimond, vicomte d'Onges, Gui de Lucé,
« Gui de Lévis, maréchal, de l'évêque de Paris & de plusieurs autres sei-
« gneurs iy barons de l'armée de Dieu. » 11 prie à la fin ses seigneurs ^ pères,
Foulques, évêque de Toulouse, Se Navarre, évêque de Conserans, de vouloir
confirmer cette charte par l'apposition de leurs sceaux. Roger, qu'un moderne^
fait, sans aucun fondement, père de Bernard, alor'j comte de Comminges, &
que d'autres"* confondent avec ce dernier, étoit seigneur du pays de Savez,
portion de l'ancien Toulousain située à la gauche de la Garonne^. Il ne
paroît pas différent de Roger de Comminges, qu'on qualifie <5 vicomte de Con-
serans Se qu'on dit cousin germain de Bernard, alors comte de Comminges.
Quant au titre de comte de Comminges, que Roger prend lui-même dans
l'hommage qu'il rendit à Simon de Montfort, il est évident que c'est une
faute de copiste St qu'il faut lire simplement Roger de Comminges, comme
dans l'histoire'^ de Pierre de Vaux-Cernay. Au reste, Roger ne demeura t.m,"p'^3o8.
fidèle^ à Simon que fort peu de temps, St il abandonna bientôt son parti
pour reprendre celui de ses ennemis.
' pierre de Vaux-Cernay, c. 53. ' Le P. Anselme, Histoire gênêalog'iiiue des grandi
* Voyez tome VIII, Chartes, n. Cil, ce. 608, 609. officiers, &c. t. 2, pp. 64 1 & 642.
' Benoît, Histoire des aliigeois, t. 1, p. 164. ' Pierre Je Vaux-Cernay, c. 53.
* Daniel, Histoire de France, t. 1 , p. |388. ' liid.
'• Non pas du Savès, mais du Pailhas. Voir plus
haut, p. 126. [A. M,]
Vf.
An 1211
354
HISTOIRE GÉNÉl^ALE DE LANGUEDOC. LIV. XXI.
ÇV, — Le comte de Toulouse se rend au siège de Lavaur i- se brouille
entièrement avec Simon.
Le comte Raimond se vendit' aussi lui-même au camp, devant Lavaur,
vers la fin du carême, à la sollicitation de Pierre de Courtenay, comte
d'Auxerre, 8c de Robert de Courtenay, ses cousins germains, qui l'exhortèrent
si vivement k faire sa paix avec l'Église, qu'enfin il céda à leurs instances,
vint trouver les légats 8c eut avec eux une nouvelle conférence; on n'en
marque pas les circonstances; on assure seulement en général que Raimond
demeura inflexible 8c qu'il se retira le cœur ulcéré contre Simon de Mont-
fort. A son retour à Toulouse il défendit sévèrement à tous les habitans de
porter dorénavant des vivres au camp des croisés; 8c ayant fait occuper tous
les passages pour l'empêcher, la famine se mit enfin parmi eux.
CVL — Défaite de six mille croisés allemands par le comte de Foix,
Raimond ne garda plus depuis aucune mesure avec Simon de Montfort
8c les croisés, 8c il leur fit une guerre ouverte par le conseil de^ Bernard,
comte de Comminges, qui le pressa fortement de ne pas se laisser dépouiller
de ses domaines. Il apprit, vers^ le même temps, qu'un corps de six mille
' Pierre de Vaux-Cernay, c. 49.
' Acta concilii P'aurenùs, p. 766.
' Pierre de Vaux-Cernay, c. 5o. — Tome VIII,
ce. 62 à 64. — [Giiillem de Tiidèle, vers 1574-
1614.] — Les récits de la bataille de Montjoire
ou mieux de Montgey (voir ci-après), dans Pierre
de Vaux-Cernay & dans Guillem de Tudèle, dif-
fèrent assez pour que nous donnions la traduction
des deux versions. Le lecteur pourra comparer.—
Voici d'abord ce que dit Pierre de Vaux-Cernay :
<( Tandis qu'avait lieu auprès de Lavaur le collo-
que, dont nous avons parlé plus haut, pour la
réformation de la paix entre la Sainte Eglise &
le comte de Toulouse, une multitude de pèlerins
venait de Carcassonne à l'armée. Mais ces minis-
tres de ruse, ces artisans de trahison, je veux dire
le comte de Foix, son fils Roger-Bernard, Géraud
de Pépieux, & nombre d'hommes du comte de Tou-
louse, se placèrent en embuscade avec un grand
nombre de routiers, dans un château qu'on appelle
Montgey, près de Puylaurens. Quand les pèlerins
furent arrivés à cet endroit, ils se jetèrent sur eux;
& comme ils étaient sans armes & ignorants de
leur trahison, ils en tuèrent un grand nombre,
emportèrent à Toulouse l'argent des morts & se
le partagèrent. » Suivent les imprécations, dont
Pierre de Vaux-Cernay ne manque jamais d'ac-
compagner le moindre de ses récits. — Voici main-
tenant l'analyse du récit de Guillem de Tudèle :
Après la prise de Lavaur, le comte de Foix se met
en marche avec les hommes du comte Raimond,
pour attaquer (ici il manque quelques vers) les Al-
lemands, qui arrivent au nombre de cinq mille.
Parvenus à Montgey, les barons s'arment & se
rangent. Le comte de Foix attaquej les Allemands
& les Frisons se défendent longtemps; mais ils
finissent par périr tous. Les blessés sont achevés
& dépouillés par les vilains, accourus au bruit
de la bataille. Avertis, les Français accourent de
Lavaur; mais le comte de Foix, sans les atten-
dre, a déjà quitté Montgey & marche vers Mont-
giscard. — Quant à la rédaction en prose, elle
s'écarte ici considérablement du poème; non-seu-
lement elle place avec Pierre de Vaux-Cernay le
combat pendant le siège de Lavaur, mrais encore
elle donne plusieurs petites circonstances qui ne
paraissent pas de l'invention de l'auteur, & qui
ne se retrouvent pas dans le poëme, au moins dans
son état actuel. C'est un espion qui avertit le
comte de Foix de l'arrivée des Allemands à Mont-
gey; le comte de Foix va attendre les Allemands
dans un bois, & les attaque le lendemain matin
au soleil levant, au moment où les Allemands
levaient le camp & marchaient vers Lavaur. —
Malgré ces différences sensibles, les troi rédactions
ont un fond commun qui permet de les contrêler
l'une par l'.Tutre. Que l'action ait eu lieu pendant
le siège de Lavaur ou après, il faut négliger l'aç^
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XXI. 355
croisés allemands s'avançoit pour aller au secours de Simon, au siège de
Lavaur, & qu'ils étoient arrivés vers Montjoyre' {Mons Jovis), à deux lieues
&c demie de Toulouse, entre le Tarn 8c la Garonne, que divers modernes^
confondent avec le lieu de Montgausi, situé auprès de Foix; il fit aussitôt
un détachement de ses troupes sous les ordres de Raimond-Roger, comte de
Foix, de Roger-Bernard, fils de ce comte, &c de Guiraud de Pépieux, les-
quels setant joints à plusieurs braves du pays, se mirent en embuscade dans
un bois par où les Allemands dévoient passer. Le lendemain, au soleil levant,
les croisés voulant continuer leur marche, le comte de Foix sortit de son
embuscade 8c les attaqua avec tant de fureui qu'il les tailla en pièces 8c se
retira à Montgiscard, après leur avoir enlevé leur bagage. Montfort, averti
du combat, partit en diligence à la tête de quatorze mille hommes pour aller
au devant des Allemands ; mais il arriva trop tard 8c ne trouva qu'une multi-
tude de morts Se de blessés sur le champ de bataille. Il fit emporter ces der-
niers pour les faire panser 8c, après avoir fait inhumer les autres, il retourna
à Lavaur 8c reprit les travaux du siège. Un ancien^ auteur ne compte que
mille cinq cents croisés dans le corps d'armée qui fut défait à Montjoyre par
le comte de Foix. Il ajoute qu'ils étoient sous la conduite de Nicolas de Bazo-
ches, 8c qu'il y en eut mille de tués.
CVII. — Le comte de Toulouse chasse Vévêque de cette ville.
Le comte Raimond chassa'^ bientôt après de Toulouse Foulques, son
évêque, qui lui étoit très-suspect, 8c avec lequel il avoit eu depuis peu un
nouveau différend. Ce prélat, voulant faire l'ordination du samedi avant le
dimanche de la Passion, étoit très-embarrassé, parce que le comte, qui se
trouvoit alors dans la ville, étoit excommunié, 8c que les légats avoient jeté
l'interdit sur tous les lieux où il seroit présent. Pour obvier à cet inconvé-
nient, il envoya prier ce prince de s'absenter pendant qu'il feroit l'ordina-
tion. Se de sortir de la ville sous prétexte d'une promenade. Raimond, choqué
du compliment, envoya un de ses chevaliers à l'évêque pour lui ordonner de
sortir au plus tôt de ses États. Ce prélat répondit : « Ce n'est pas le comte
« qui m'a fait évêque. Se ce n'est ni par lui, ni pour lui que j'ai été placé sur
« le siège épiscopal de Toulouse; je suis élu suivant les lois ecclésiastiques,
cusation de traliiion <]ue Pierrre de Vaux-Cernay forme convient mieux, aussi bien que la situation
dirige contre le comte de Foix, & surtout cette géographique. En effet, le comte de Foix, le soir
assertion ridicule que les pèlerins n'auraient pas de sa victoire, revint coucher à Montgiscard.
iti armés. Que venaient-ils donc faire dans le Montjoire {alias Montjoie), proposé par dom
Languedoc, sinon se battre? Les négociations entre Vaissete & donné parla chronique en prose, est
le comte de Toulouse & Montfort n'étaient point beaucoup plus près de Toulouse que de Montgis-
sérieuses; Sien attaquant Lavaur, les croisés avaient card, & ce dernier lieu est entre la limite du Tarn
envahi les Etats de Raimond VI, qui était donc & Toulouse. [A. M.]
en état de légitime défense. [A. M.] 'Catel, Mémoires de l'histoire du LanguedoCj,
' Ce lieu, en latin Monsjovis, dans le poëme p. 3.03.
Mon/o/s, est probablement Monf^ey (Tarn), arron- ' Albéric, Chronicon, ad ann. 1211.
dissement de Laraur, canton d« Cuq-TouUa. La * Pierre de Vaux-Cernay, c. 5i,
An 1211
~~ 356 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXL
An 1211
« Se non intrus par violence Se par l'autorité du prince. Je ne sortirai pas k
« cause de lui; qu'il vienne s'il ose, je suis prêt à mourir pour arriver à la
« gloire par le calice de la passion. Que ce tyran vienne donc, accompagné
« de tous ses satellites, il me trouvera seul 8<. sans armes; j'attends la récom-
u pense, &t je ne crains rien de ce que les hommes peuvent me faire. » L'in-
trépidité de l'évêque arrêta les ordres du comte, qui n'osa rien attenter contre
lui. Foulques résolut enfin de lui-même de sortir de Toulouse, & étant parti
le dimanche de Qunsimodo, !«'' d'avril, il se rendit devant Lavaur, au camp
des croisés.
• ' -^ï» f:',' • ■ CVIIT. — Prise de Lavaur,
Le siège de cette ville traînoit cependant en longueur par la vigoureuse
défense des assiégés, qui, pour taire preuve de leur force, se montroient à
cheval sur les remparts, armés de toutes pièces. Entre les diverses' machines
que les assiégeans employèrent pour ahattre les murailles, ils en élevèrent
une qu'on appeloit cat {catus) ou guate, & qui servoit à lancer des pierres.
^Ed. origm. ]]g ]g poussèrent jusqu'au hord du fossé, qu'ils tâchèrent ensuite de comhler
par une grande quantité de fascines, dans le dessein de faire approcher
ensuite cette machine de plus près; mais les assiégés enlevoient les fascines
pendant la nuit par un conduit souterrain qui ahoutissoit à cet endroit du
fossé, en sorte que c'étoit tous les jours à recommencer. Les assiégés enle-
voient encore par ce conduit ceux qui travailloient à combler le tossé. Enfin
ils entreprirent une nuit de mettre le feu à la machine; deux comtes alle-
mands, qui en avoient la garde avec quelques troupes de leur nation, résis-
tèrent d'abord; mais ne pouvant plus soutenir les eftorts des assiégés, ils
furent contraints de se jeter dans le fossé en attendant du secours; il arriva
bientôt, Si les croisés obligèrent à la fin les assiégés à rentrer dans leur con-
duit, après leur avoir tué ou blessé plusieurs des leurs.
Les croisés désespéroient toutefois de pouvoir combler le fossé S< de se
rendre maîtres de la place, lorsque l'un d'eux proposa un expédient qui
réussit. On boucha l'ouverture par laquelle les assiégés entroient librement
dans le fossé avec une grande quantité de branches d'arbres toutes vertes ; on
y mit ensuite du bois sec 8c menu, des étoupes & diverses autres matières
combustibles enduites de graisse toutes allumées; enfin on remit par dessus
du bois vert, des bottes de foin mouillées & de l'herbe; cet amas remplit la
caverne d'une fumée si épaisse qu'il ne fut pas possible aux assiégés de se
servir de ce passage pour s'opposer aux desseins des croisés, lesquels comblè-
rent le fossé sans obstacle, firent approcher la machine des murailles 8c tra-
vaillèrent à la sape. Les assiégés, de leur côté, firent des efforts incroyables
pour s'opposer à ceux des croisés 8c jetèrent sur la machine, pour la brûler,
une prodigieuse quantité de tisons allumés, de la graisse bouillante Se des
■ Pierre de taux-Cernay, c. .Iz. — • Tome VITI, c. 63. — [GniUem de TiiJèle, vers i 563-1 rnl.]
HISTOIRE GENERALE DE lANGUEDOC. LIV. XXI, 35? "
' An 12 1 1
pieux aiguisés par le bout. Les évêques, l'abbé de la Conr-Dieu, qui exer-
çoit les fonctions de vice-légat, 6<. tout le clergé de l'armée cliantoient cepen-
dant le Feni Creator 5t demandoient à Dieu la victoire par de ferventes
prières. Enfin les travailleurs ayant percé la muraille, les croisés entrèrent
dans Lavaur S< firent main basse sur tous les liabitans qu'ils rencontrèrent,
sans distinction ni d'âge, ni de sexe. Un chevalier croisé, plus compatissant
que les autres, ayant appris qu'un grand nombre de femmes s'étoient rassem-
blées avec leurs enians dans une maison, alla demander grâce pour elles à
Simon de jMonttort qui la lui accorda 5 Se ce chevalier, dont on ne dit pas le
nom, les exempta par là du massacre général. C'est ainsi que cette ville fut
prise le jour de l'invention de Sainte-Croix, troisième de mai de l'an 1211.
On fit prisonnier Aymeri, seigneur de Montréal, & on le conduisit à Simon
de Montfort ayec quatre-vingts chevaliers ou gentilshommes de la garnison ;
d'autres' n'en mettent que soixante-quatorze. Simon ordonna aussitôt qu'on
les fît tous pendre à des gibets qu'il avoit tait préparer exprès. Aymeri tut
exécuté le premier à une potence plus élevée que les autres; mais comme
elle n'étoit pas bien assurée, elle vint à tomber. Simon, voyant qu'on em-
ployeroit trop de temps à raffermir les autres, ordonna qu'on fît passer tous
ceux qui restoient par le fil de l'épée, Se cet ordre fut exécuté sur-le-champ.
Quant à Guiraudc, dame de Lavaur, il la fit jeter toute vivante dans le tond
d'un puits, qu'il fit ensuite combler de grosses pierres, à cause que c'éloit
une hérétique obstinée. Un auteur étranger assure* qu'elle déclara qu'elle
étoit enceinte de son frère 8t de son fils; mais le silence des autres historiens
du temps qui ont écrit l'histoire de la guerre des albigeois, rend cette cir-
constance fort douteuse.
On trouva dans Lavaur un très-grand nombre d'hérétiques que les croisés
firent brûler tout vifs avec une joie extrême^. Leur nombre montoit, suivant
un ancien auteur"*, à quatre cens hérétiques parfaits; un autre -^ ajoute qu'on
leur offrit la vie, s'ils vouloient embrasser la foi catholique, mais qu'ils pré-
férèrent la mort, s'y exhortèrent mutuellement Se se précipitèrent eux-mêmes
dans les flammes; on pardonna au reste des liabitans de Lavaur sous cer-
taines conditions. Quant au butin, qui fut très-considérable, on assure'^ que
Simon de Montfort se l'appropria St qu'il s'en servit pour satisfaire un riche
marchand de Cahors qui lui avoit prêté de grosses sommes. Après cette expé-
dition^, l'évêque de Paris, Eno:uerrand de Coucy, Robert de Courtenay & Kd. origin.
> l ' k> J ' J \. 111, p. 310
Juël de Mayenne prirent congé de ce général S<. s'en retournèrent avec leurs
troupes. Les Toulousains 8 s'en retournèrent aussi, du consentement de Foul-
ques, leur évêque & de l'abbé de la Cour-Dieu, qui faisoient la fonction de
vice-légats dans le camp.
' Robertus Altissiodorensis, Chioniccn. ' Voyez tome VIII, c. 65. — [Gui 11cm de Tu-
' liiJ, dèle, vers lôSo-iôSp.]
' Pierre de Vaux-Cemay, c. 'yî. ' Pierre de Vaux-Cernay, c. 53.
* Pracclara Frjncorum fccinant, p. i ^i * Voyez tome VIII, Chartes, n. CV, c. 616.
^ Robcriiis Altissiodorensis, Chronict»
Au 12 11
358 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXI.
CIX. — Prise de Ptiylaiirens.
Sicard, seigneur de Puylaurens ', qui s'étoit d'abord soumis à Simon Se qui
lui avoit ensuite manqué de fidélité, ne fut pas plutôt informé de la prise de
Lavaur, qu'il abandonna son château pour se retirer à Toulouse. Simon s'en
saisit aussitôt 8< le donna à Gui de Lucé, chevalier françois, qui y établit
une forte garnison. Simon n'avoit osé encore attaquer directement les places
qui étoient du domaine immédiat du comte de Toulouse; mais il n'eut pas
plutôt soumis Lavaur qu'il entreprit la guerre contre ce prince, le poussa
avec une vivacité extrême 8t le dépouilla enfin de tous ses domaines pour
s'en revêtir lui-même.
' Pierre dt VauX;;^Çernay, c. 53,
^i^i^'^i:^'^t^i:^fi^^}i^:^i:^i:^i:^i:^s:^i:^^
LIVRE VINGT-DEUXIEME
l. — Simon de Montfort déclare la guerre au comte de Toulouse 6> prend
sur lui diverses places.
SIMON de Montfort, après avoir soumis les principales places qui avoient t.''ni,°p.''i'!'i.
appartenu au. feu vicomte Raimond-Roger 6t envahi le reste de ses
domaines, tourna ses armes contre Raimond VI, comte de Toulouse. '^" '*"
Le prétexte' dont il se servit pour déclarer la guerre à ce prince fut que,
s'étant retiré du camp des croisés devant Lavaur, il avoit détendu aux Tou-
lousains d'y apporter davantage des provisions de guerre & de bouche j mais
il se fondoit principalement sur ce que les légats du pape l'avoient excom-
munié 8{. avoient abandonné ses domaines au premier occupant. Simon ayant
décampé de Lavaur se présenta devant Montjoyre^ pour punir sur les babi-
tans de ce lieu la mort des six mille Allemands que le comte de Foix avoit
défaits aux environs. Il trouva qu'ils avoient pris la fuite, mais il pilla leurs
maisons 8c les ruina de fond en comble. Le comte ^ Raimond, surpris de ces
actes d'hostilité, offrit aux généraux des croisés de remettre sa personne 8<. ses
Etats, excepté la ville de Toulouse, au pouvoir & à la miséricorde des légats,
avec promesse d'exécuter fidèlement tous les ordres qu'ils lui donneroient, Kd-origm.
I l ' t. Ul, p. 212.
tant au sujet de la foi & de la religion qii'au sujet des dommages qui avoient
été causés aux églises, à condition qu'on lui accorderoit la vie sauve 8c qu'on
conserveroit ses domaines, soit pour lui, soit pour son fils. Plusieurs barons
de l'armée furent d'avis d'accepter cette offre ; mais les autres l'ayant rejetée,
'Pierre de Vaux-Cernay, c. Oj & suiv. — de ce lien, en latin Morts Gdu./i/', était Montgey
Guillaume de Puylaiirens, c. 18. Voyez I. XXI, ch. cxvii, p. 3jô. [A. M.]
' Nous avons vu plus haut que I« véritable nom ' Voyez tome VIII, Chartes, n. XV, c. 6i6t
An 1211
36o HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXII.
Simon continua son expétlition Se marcha vers le château de Casser ou des
Casses, dont il forma le siège.
Ce château, situé dans le Lauragais, à' une demi-lieue de Saint-Félix de
Caraman, dépendoit du domaine immédiat du comte de Toulouse, qui avoit
grande envie de le secourir; mais ne se voyant pas assez fort pour l'entre-
prendre, il s'avança seulement jusques àCastelnaudary, qu'il ahandonna après
Y avoir mis le feu, de crainte que les croisés ne s'en emparassent. Cependant
la garnison de Casser ne pouvant plus tenir, demanda à capituler & se rendit
aux conditions suivantes : i° Que Montfort lui permettroit de se retirer où
elle voudroit, la vie sauve. 2° Qu'elle livreroit aux croisés tous les hérétiques
qui se trouveroient dans le château. Ensuite les évêques qui étoient dans
l'armée entrèrent dans la place, où ils exhortèrent les hérétiques à se con-
vertir; mais leurs exhortations furent vaines, & ces prélats voyant l'obstina-
tion des sectaires, qui étoient au nombre de soixante, entre lesquels il y en
avoit cinquante de ceux qu'on appeloit parfaits, les abandonnèrent à la
merci des croisés, qui les bridèrent tout vijs avec une Joie extrême. Le comte
Raimond^ fit alors une nouvelle tentative pour obtenir la paix. Il demanda
une conférence aux principaux de l'armée, &t il alloit les trouver par ordre 8c
sous le sauf-conduit des légats, lorsque Simon, s'étant mis à la tête de plu-
sieurs chevaliers, courut sur lui à l'improviste, dans le dessein de le prendre
ou de le tuer, le poursuivit pendant plus d'une lieue, ik rompit par là toutes
les négociations.
II. — Siège 6" prise de Mont ferr and par Simon. — Baudouin, frère du comte
de Toulouse, se tourne contre lui.
Après la prise de Casser, Simon ^ entreprit le siège de Montferrand, château
situé dans le Lauragais, à deux lieues de Castelnaudary. Le comte Baudouin
avoit d'abord demandé au comte Raimond, son frère, le gouvernement de
cette dernière place, qu'il se faisoit fort de défendre en cas d'attaque; mais
Raimond, ayant jugé à propos de l'abandonner, lui avoit confié celui du
château de Montferrand, avec promesse de marcher à son secours s'il étoit
' Pierre de VauK-Ceriiay & Guillaume de Puy- beaucoup plus explicite & attribue au comte de
laurcns, ut supra. Châlons l'initiative de cet accord entre les deux
' Voyez tome VIII, a? jB^i'rt. parties. Fidèle à ses habitudes, le chroniqueur
' Pierre de Vaux-Cernay, c. 54. — Guillaume en prose a ajouté nombre de détails; c'est ainsi
de Puylaurens, ce. 16 & 18. — Voyez tome VIII, que le fait de l'entrevue entre Montfort & Bau-
Chroniques, ce. f)5 à 68. — [Guillem de Tudèle, douin, accompagné d'un seul gentilhomme, ainsi
vers 1641-1696.] — La trahison de Baudouin est que tout le long discours qu'il prête à Simon
racontée avec fort peu de détails par Pierre de (voyez tome VIII, ce. 66, 67), ne se retrouvent
Vaux-Cernay, qui se contente de dire que le comte pas dans Guillem de Tudèle. Il ressort seulement
de Montfort obtint de lui le serment de ne jamais du récit de ce dernier que Baudouin rendit le
porter les armes contre lui & l'Eglise. Il n'aurait château de Montferrand avant d'avoir épuisé tous
complètement abandonné le parti de son frère les moyens de défense & qu'il fit sa paix purticu-
qu'après une altercation avec lui. Guillem de Tu- lière avec le comte de Mon:fori. [A. M.j
dèl«, qui était à même d'être bien renseigné, est
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XXII. 36 1
An 121 1
I
assiégé. Quoique ce château ne tût pas des plus forts, Baudouin, qui étoit
brave & courageux, le défendit néanmoins pendant plusieurs jours avec qua-
torze chevaliers qui composoient sa garnison, dont le plus qualifié étoit le
vicomte de Montclar, contre les efforts de l'armée de Simon composée de
quatorze mille hommes. Enfin ce général ayant fait brèche, tenta de donner
l'assaut, & ses troupes franchirent le fossé j mais elles furent si bien reçues
par les assiégés, qui mirent en pièces toutes les machines, qu'il fut obligé de
taire sonner la retraite après une grande perte. Simon, surpris d'une pareille
résistance S< comprenant qu'il avoit à faire k un capitaine expérimenté en la
personne de Baudouin, prend la résohition de le gagner à quelque prix que
ce fût, lui fait dire qu'il souhaitoit d'avoir une conférence avec lui & lui
promet, foi de gentilhomme, une entière sûreté. Baudouin, sur cette parole,
va au camp suivi d'un seul chevalier; Simon n'omet rien pour le porter à se
rendre. Si, ayant beaucoup exalté sa valeur, il jette dans son esprit des soup-
çons contre le comte de Toulouse, son trère, qui l'exposoit ainsi dans une
place aussi faible, laquelle ne pouvoit manquer d'être bientôt forcée; il lui
promet la vie 8<. les bagues sauves, s'il veut lui remettre ce château, à con-
dition cependant qu'il ne porteroit jamais les armes contre les croisés; s'il
n'aimoit mieux s'engager à son service Se recevoir de sa main des domaines
suffisans pour son entretien. Baudouin se laissa tenter par l'appât d'une
meilleure fortune, &, voyant qu'il n'étoit pas en état de tenir plus longtemps
8t qu'il n'avoit aucun secours à attendre du comte, son frère, il accepte ces
propositions, promet par serment de ne plus porter les armes contre Simon 8<
les croises, £<. oftre même de servir ce général envers tous S<. contre tous. II
va ensuite trouver le comte, son frère, pour lui exposer les raisons qui
l'avoient obligé à cette démarche 8< tâche de les justifier; mais R.airaond,
qui étoit déjà informé de tout 8<. qui étoit extrêmement piqué de ce que
Baudouin avoit offert ses services à son ennemi capital, le reçut avec indi- , "ifj '";'*'!''j
gnation & lui ordonna de se retirer, avec défense de paroître jamais devant
lui.
Baudouin retourna alors vers Simon, le pria de le recevoir au nombre de
ses vassaux Si lui promit une fidélité inviolable. Simon, charmé de faire une
acquisition de cette importance, accepta volontiers ses offres, St Baudouin,
ayant été aussitôt réconcilié à l'Église, fit restituer sur-le-champ à quelques
pèlerins de Saint-Jacques, pour marquer la sincérité de son retour, ce que les
routiers leur avoient enlevé en haine des croisés'. Il demeura toujours depuis
attaché au parti de Simon, qui lui donna en fief plusieurs domaines dans le
Querci, où il alla fixer sa demeure, Si fit depuis une guerre implacable au
comte de Toulouse, son trère ^.
' Pierre de Vaux-Ceriiay, c. ô3. Chronique en prose & que Guillem de Tudèle seul
* Avant d'abandonner complètement le parti de nous rapporte, nous fait comprendre pourquoi
son frère, le comte Baudouin eut en effet avec lui cette entrevue entre les deux frères amena leur
une entrevue, àToulouse; mais un fait, que Pierre rupture. D'après Guillem de Tudéle, qui, ici, est
de Vaux-Ctrnay n'indique pas, non plus que la extrêmement obscur, après la reddition de Mont-
Aa izt I
362 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV, XXII.
III. — Suite des expéditions de Montfort contre le comte de Toulouse,
Il entreprend le siège de cette ville.
Montfort, avant soumis le château de Montferrand 8c quelques autres des
environs, s'assura de celui de Castelnaudary qu'il fit rétablir; il marcha
ensuite avec son armée du côté du Tarn qu'il passa à Rabastens. Ce château
& plusieurs autre3 du pays d'Albigeois, soumis à l'autorité immédiate du
comte de Toulouse, se rendirent alors aux croisés par l'entremise de l'évêque
d'Albi, savoir : ceux de Montaigu, Gaillac, Cahusac, La Garde, Puicelsi,
Saint-Marcel & La Guépie, avec celui de Saint-Antonin, situé sur les fron-
tières du Rouergue. Simon étoit sur les bords du Tarn, à la tête de l'armée
du Seigneur, le 5 de juin' de l'an 1211, lorsque^ Raimond-Trencavel, oncle
du dernier vicomte de Béziers, confirma dans son camp la cession qu'il avoit
déjà, faite en sa faveur durant le siège de Minerve de tous les droits qu'il
avoit sur les vicomtes de Béziers, Carcassonne, Albi, Razès Se Agde. Il
décampa'' bientôt après, sur l'avis qu'il eut que Thibaut, comte de Bar,
Henri, son fils, le comte de Châlons 8c plusieurs autres seigneurs de distinc-
tion étoient arrivés à Carcassonne avec- un grand renfort de croisés, la plupart
allemands. Henri, comte de Grand-Pré, qui étoit du nombre, mourut en
chemin. Simon dépêcha aussitôt au comte de Baf^pour le prier de faire mar-
cher ses troupes vers Toulouse, 8c, ayant pris les devants, il alla conférer
avec lui aux environs de Montgiscard. Ils conclurent de commencer leur
expédition par le siège de Toulouse Se firent ensuite défiler leurs troupes;
elles se joignirent vers Montaudran, lieu situé sur la petite rivière de l'Hers.
Les 5 Toulousains, informés du dessein des croisés, envoyèrent à l'armée
des députés qui furent admis à l'audience des légats, de Foulques, leur
évêque, 8c des généraux. Ils se plaignirent de ce qu'on vouloit assiéger leur
ville, tandis que tous les habitans étoient disposés à observer exactement tout
ce qu'ils avoient promis : ils ajoutèrent qu'on ne pouvoir leur rien reprocher
depuis la prestation de leur nouveau serment, leur réconciliation à l'Eglise
8c la remise des otages. Les légats 8c l'évêque de Toulouse répondirent que
ce n'étoit pas parce qu'ils eussent commis quelque faute qu'on alloit entre-
/errani, Baudouin se trouvant à Bruniqiiel avec met de Montfort. (Voyei Pierre de Vaux-Cemay,
son frère, aurait pris contre lui le parti des habi- c. 54.) [A. M.]
tants de ce château, que Raimond VI voulait brû- ' Voyez tome VIII, Chartes, n. CIII, ce. 609 à
1er pour empêcher les croisés de s'en empaier. 611.
Grâce à cette sédition, il aurait arraché à son frère ' Pierre de Vaux-Cernay, c. 55. — Guillaume de
le don de ce château & se serait alors complète- Piiylaurens, c. 18. — Albéric, Chronicoa, an 1214.
ment engagé les croisés. Ce ne serait qu'après cette — Voyez tomeVIII, Chroniques, c. 68.
affaire que Baudouin serait allé à Toulouse annon- ''Pour plusieurs bonnes raisons, il doit s'agir
cer à son frère le parti qu'il avait pris (Guillem ici du comte de Bar-le-Duc en Lorraine, Henri II,
de Tudèle, vers 1713-1737). Tous ces événements & non pas de celui de Bar-sur-Seine, qui avait
eurent lieu en mai iiii. [A. M.] déjà pris part à la croisade, en 1209. (Cf. Meyer,
' L'acte dont il est Ici question est probable- Chanson Je li Croisade, t. 2, p. 96, n. 1.) [A. M.]
ment du jour même du passage du Tarn par l'ar- '' Voyez tome VHI, Charles, n. CV, ci 6\-ji
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIL 363 ~
An 121 1
prendre le siège de leur ville, mais à cause qu'ils reconnoissoient le comte
Raimond pour leur seigneur, & qu'ils permettoient qu'il demeurât parmi
eux; que, s'ils vouloient le chasser avec ses partisans, renoncer à son obéis-
sance & au serment de iidélité qu'ils lui avoient prêté, & recevoir pour leur
seigneur celui qu'eux 8t l'Église leur donneroient, il ne leur seroit fait aucun
mai, sinon, qu'on alloit les attaquer vivement & qu'on les regarderoit comme
des hérétiques & des fauteurs des hérétiques. Les Toulousains, se croyant
liés par le serment de fidélité qu'ils avoient fait à leur comte & s'étant tou-
jours réservé cette fidélité dans leurs autres sermens, du consentement des
légats 8c de leur évêque, refusèrent d'acquiescer à cette demande, de crainte
de passer pour des traîtres envers leur comte qui, d'ailleurs, offroit d'ester à
droit. Alors Foulques, leur évêque, pour les punir de leur résolution, manda'
au prévôt de sa cathédrale Se à tous les ecclésiastiques de Toulouse d'en sortir
incessamnient. Tout le clergé sortit en effet aussitôt de la ville, nu-pieds,
avec le Saint-Sacrement; démarche qui fut extrêmement sensible aux Tou-
lousains^.
Le comte ^ Raimond ne s'alarma pas des projets des croisés. Il s'étoit
assuré du secours des comtes de Foix & de Comminges, qui l'avoient joint à
la tête de leurs vassaux, & il avoit enfin réuni en sa faveur, après cependant
beaucoup de soins & de peines, tous les habitans de Toulouse, qui lui pro-
mirent de se défendre jusqu'à la dernière extrémité, nonobstant la nouvelle Kdoiigin.
■ I ' t. m, p, 314
excommunication que le légat venoit de lancer contre eux. Dès qu'il eut
appris par ses espions l'arrivée de Simon de Montfort & du comte de Bar à
Montgiscard, il s'avança vers eux pour leur disputer le passage de l'Hers,
suivi des comtes de Foix St de Comminges, de cinq cents chevaliers d'élite &
d'un corps considérable d'infanterie. Il fit aussitôt rompre le pont qui étoit à
Montaudran, en sorte que les deux armées campèrent en présence, n'étant
séparées que par cette petite rivière. Les croisés, n'osant tenter le passage à
la vue de leurs ennemis, prirent le parti de se détourner pour chercher
quelque gué. En chemin faisant ils rencontrèrent un autre pont que le comte
de Toulouse faisoit actuellement abattre; ils attaquèrent les troupes de ce
prince, les firent reculer 8i passèrent enfin, partie sur ce pont 8c partie à la
nage. Raimond, pour n'être pas accablé par le nombre, prit le parti de la
retraite; mais ce ne fut pas sans avoir fait périr auparavant plusieurs croisés
Se fait divers prisonniers.
Le lendemain'* l'armée des croisés ayant marché vers Toulouse fit main
basse en chemin sur tous ceux qu'elle rencontra Se ravagea la campagne.
' Voyez toraeVni, Chroniques, ce. 68, 69. — de Montferrnnd & immédiatement après celle de
Pierre de Vaiix-Cernay, c. :>^. Lavaur (comm. du ch. liv). [A. M.]
' Ni Pierre de Viux-Cernay, ni Guillem de ' Voyez tome VIII, ce. 69, 70, & Chartes,
Tiidéle ne parlent de cette tentative des Toulon- n. CV, c. 618. — Pierre de Vaux-Cernay, e. Hii,
sains pour arrêter la marche des croisés j elle n'est — Guillaume de Piiylaiirens, c. 18. — Albéric,
mentionnée que par la lettre des Toulousains à Chranicon, an. 1214.
Pierre d'Aragon. La sortie des prêtres de Toulouse ■* Voyez tome VIII, Chartes, ut supra, — Pierre
est placée par le chroniqueur latin avant la prise de \'aux-Cerna)r, e. 55.
An I :
364 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXII.
Simon n avant pas assez de troupes pour faire la circonvallation de la ville à
cause de sa trop grande étendue, se contenta d'attaquer cette partie qu'on
appeloit alors le Bourg ou le faubourg, 81 qui étoit située vers l'abbaye de
Saint-Sernin. 11 campa dans une distance assez éloignée des murailles &
dressa ses batteries contre deux portes; mais les Toulousains, pour faire voir
qu'ils ne le craignoient pas, les laissèrent ouvertes jour Si nuit 8t en per-
cèrent même quatre nouvelles. Enfin Simon, après avoir pris l'avis du légat
Se des comtes de Bar Se de Cliâlons, tenta l'assaut; mais il fut reçu avec tant
de bravoure par les habitans dont le nombre surpassoit de beaucoup celui
des croisés, qu'il fut obligé de se retirer. Le comte de Toulouse fit alors une
sortie avec le comte de Foix, Se ils tombèrent si rudement sur les assiégeans
qu'ils en tuèrent plus de deux cents 8e en blessèrent autant. I/e comte de
Foix eut un cheval tué sous lui dans ce combat qui dura jusqu'à la nuit' Se
dans le([uel il perdit Raimond de Castelbon, l'un de ses plus braves cheva-
liers. Les assiégés firent encore diverses sorties les jours suivans, Se toujours
avec avantage; ils perdirent un parent du comte de Comminges Se Guil-
laume de Rochefort, frère de l'évêque de Carcassonne, dans une de ces sor-
ties qu'ils entreprirent sur le midi, lorsque les croisés, accablés par la chaleur
du jour, faisoient la méridienne après leur dîner, suivant l'usage; ils don-
nèrent sur un convoi escorté par Eustache de Quen^ Se par le châtelain de
Melphe, le mirent en désordre Se laissèrent mort sur la place le premier de
ces deux chevaliers.
IV. — L'évêque de Cahors fait hommage du comté de cette ville à Simon
de Montfbrt.
Durant le siège de Toulouse, Simon de Mpntfort donna en fief, le 20 de
juin^ de l'an 121 1, le comté de Caliors, à Guillaume de Cardaillac, évêque
de cette ville, qui lui en fit hommage S< lui prêta serment de fidélité avec
promesse de le tenir de lui, comme il l'avoit tenu'* de Raimond, autrejois
(quondam) comte de Toulouse. L'évêque d'Uzès Se Arnaud, abbé de Cîteaux,
légats du Saint-Siège, Foulques, évêque de Toulouse, l'abbé de Saint-An-
tonin de Pamiers, maître Thédise, chanoine de Gênes, Bouchard de Marlv,
plusieurs autres chevaliers françois. Se enfin frère Dominique , prédicateur,
furent présens à cet hommage Se se trouvèrent, par conséquent, au siège de
Toulouse. L'évêque de Cahors alla peu de temps après à la Cour, où il fit
liommage Se prêta serment de fidélité au roi par un même acte^, au mois
d'octobre suivant, pour le comté 6» la ville de Cahors. Il étoit persuadé sans
' Guillem de Tiidèle parle ici cîii comte de Coin- ■• Voyez tome IV, Note XLII, n. 2 S; siiiv. p. i()Ç
minges (vers 1798). C'est le texte en prose qui & suiv.
nomme le comte de Foix. [A. M.] ' Gallia Christian^, nov. éd. t. 1 , c. iSz. —
' Giiillem de Tiidéle dit Eiist;iche de Caus, & Brussel, V<age des Jiefs, t. 1, p. 3i. [Cf. Delisle,
1.1 rédaction en prose Eustache de Canhitz. [A. M.] Catalogue des actes de Philippe-Auguste^ n. iSoy.]
' Voyez tome VIII, Chartes, n. CI V, ce. 61 r ,61 1.
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XXII. 365 "";
An 12 11.
doute que Simon n'étoit pas personne légitime pour lui donner l'investiture
d'un fief sur lequel il n'avoit aucun droit : ainsi il s'adressa au roi pour plus
grande sûreté, car on vient de voir qu'il ne reconnoissoit plus Raimond pour
comte.de Toulouse Se pour son suzerain. Depuis ce temps-là les évêques de
Cahors sont devenus hommes liges de nos rois pour le comté de cette ville,
qu'ils ne possédoient auparavant qu'en arrière-fief 8t qu'ils tenoient immé-
diatement des comtes de Toulouse, qui le leur avoient' donné; si tant est
qu'ils n'aient pas profité des troubles qui s'élevèrent alors dans le pays, pour
s'ériger en comtes de Cahors, ce qui n'est pas hors de vraisemblance*.
Y, — Simon lève le siège de Toulouse. — Il Ja'it des courses dans le pays
de Foix.
Le siège de Toulouse duroit déjà depuis longtemps^ lorsque* Simon, , ''ni °^'^ô"s
voyant que tous ses efforts étoient vains, que la disette étoit dans son camp,
& que son armée s'affoiblissoit tous les jours, résolut de se retirer; résolution
dont la honte, si nous en croyons un ancien historien "', zélé partisan de ce
général, rejaillit bien moins sur lui que sur le comte de Bar, qui, à ce qu'il
fait entendre, ne fit pas bien son devoir. Quoi qu'il en soit, Simon ne vou-
lant pas décamper impunément, fit divers détachemens le lundi 27 de juin,
pour faire le dégât dans tous les environs de Toulouse. Les Toulousains
sortent alors en foule, sous le commandement d'Hugues d'Alfar, sénéchal
d'Agenois, & de Pierre d'Arsis son frère, donnent sur le camp des croisés,
leur tuent beaucoup de monde, entre autres Eustache de Canits^, l'un de
leurs meilleurs chevaliers, renversent leurs tentes, les mettent au pillage, 8t
délivrent leurs prisonniers qu'on tenoit dans les fers. Le comte de Foix étant
survenu à la tête des Béarnois & des Navarrois, attaque les troupes du comte
de Bar, les pousse vivement, & les oblige à prendre la fuite, après en avoir
tué & blessé un grand nombre. Enfin les cris des croisés ayant rappelé au
camp leurs troupes qui s'étoient dispersées aux environs de Toulouse, le
comte de Foix & le sénéchal d'Agenois se retirent en bon ordre & rentrent
dans la ville avec un riche butin, sans avoir perdu un seul homme'.
' Voytz tome IV, .Vert XLII, n. 2 & $ui». Tarn & le siège fut levé le 29 juin, jour de la fête
' Voyez ce que doin Vaissete dit de cette que»- de saint Pierre (voyez plus haut, p. 362, & plus
tion, au tome IV, passage cité plus haut, où il biis). [A. M.]
réfute l'opinion de Dominicy. Un fait certain, ' Pierre de Vaux-Cernay, c. 55. — Voyez
c'est qu'en 10791 Guillaume, comte de Toulouse, tome VIII, ce. 71, 72, & Chartes, n. CV, c. 618,
s'intitulait encore comte de Cahors (voyez tome V ' Pierre de Vaux-Cernay, c. 55.
de cette édition, c. 648), & les arguments de Do- ' Pierre de Vaux-Cernay ne mentionne que la
minicy sont tellement faibles que l'hypothèse d'une bataille plus haut racontée, dans laquelle périt ce:
aliénation de la souveraineté du comté de Cahors Eustache de Quen,que nous identifions avec Eus-
par les comtes de Toulouse paraît difficile à soute- tache de Caus ou de Canitz, mentionné par la
nir. [A. M.] chronique en prose & par le poëme (vers 1848).
' 0om Vaissete aurait du dire depuis quelque Des deux combats, il semble qu'on n'en doive
temps, car les combats sous Toulouse ne durèrent faire qu'un. (A. M.)
pas plus de trois semaines. En effet, le :i juin ' Cette dernière partie du récit, l'attaque du
1211, l'armée croisée était encore sur les bords du camp des croisés p.ir les Toulousanis, est e:iipriin-
An 12 11
366
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XXII.
Deux jours après, Simon leva le siège avant le jour, avec tant de précipi-
tation, qu'il laissa clans son camp la plupart de ses blessés &t une partie des
équipages : il acheva cependant de désoler en passant toute la campagne. Le
comte de Châlons Si une grande partie des croisés de sa suite, ayant ii,ni leur
service de quarante jours, prirent alors congé de ce général; mais le comte
de Bar demeura encore quelque temps. On assure cependant' que les deux
comtes, persuadés de l'injustice du procédé de l'abbé de Cîteaux £< de Simon,
envers les comtes de Toulouse, de Foix & de Comminges, les exhortèrent à
leur donner la paix; & que le légat & Simon se seroient rendus à leurs
remontrances, si Fovilques, évêque de Toulouse, ne l'avoit empêché.
Les Toulousains^, après la levée du siège de leur ville, en envoyèrent la
relation à Pierre, roi d'Aragon; ils lui font un détail, dans leur lettre, de la
conduite que l'abbé de Cîteaux avoit tenue jusqu'alors à leur égard & à
l'égard de leur comte; lui exposent les nouvelles menaces que les croisés leur
faisoient, & le prient instamment de s'intéresser en leur laveur, de ne pas
ajouter foi à ce que leurs ennemis pourroient publier de contraire à ce qu'ils
lui écrivoient, & de ne pas leur faire de la peine, attendu qu'ils étoient prêts
à satisfaire entièrement à l'Eglise sur tout ce qui seroit juste & raisonnable;
ils lui font entendre enfin, que les autres princes èf. les autres puissances
avoient également à craindre des entreprises des croisés, 8t se plaignent de
l'extrême sévérité des pasteurs, « qui nous excommunient, disent-ils, parce
« que nous nous servons des routiers, tandis qu'ils les emploient eux-mêmes,
« &. admettent à leur table & dans leur familiarité ceux d'entre ces brigands
« qui ont tué l'abbé d'Eaunes, & mutilé les religieux de Boulbonne. »
Montfort, suivi du légat^, prit sa route vers le pays de Foix, dans le dessein
de le ravager, afin de punir le comte Raimond-Roger des maux qu'il lui
avoit causés. 11 se rendit d'abord à Auterive, sur l'Ariége, & après y avoir
laissé quelque infanterie en garnison, il s'avança jusqu'à Pamiers. 11 fut à
peine parti, qu'un corps de routiers ayant paru devant Auterive, les habi-
tée par dom Vaissete à la lettre des consuls au roi
d'Aragon. Il nous semble que notre auteur a eu
tort de combiner ce récit & celui de Pierre de
Vaux-Cernayj les deux sources semblent parler
de deux faits différents. Nous aurions donc un
premier combat, dans lequel fut pris un convoi,
conduit par le châtelain de Melfe & Eustache de
Caus ou de Quen; ce combat est rapporté par Pierre
de Vaux-Cernay & par les deux chroniques en
langue vulgaire; il dut avoir lieu vers le i8 ou le
2o juin. Puis, le 27 juin, pendant que les troupes
de Montfort ravagent le plat pays autour de
Toulouse, le camp est assailli par les Toulousains,
qui le mettent au pillage. Ce fait n'est mentionné
que par la lettre des consuls, qui attribuent à ce
dernier échec la levée du siège, qui eut lieu deux
jours après, le 29 juin. [A. M.]
' Voyez tome VIII, ce. 72, 78. — Le nom du
comte de Chalon est remplacé dans le poëme
(vers 1878) par un autre, îo coms d'Alos, person-
nage inconnu & que M, Meyer n'a pu identifier
(voyez son édition, t. 2, p. 91). Le texte en prose,
suivant sa coutume, est beaucoup plus explicite
que le poëme, qui se contente de dire que ce sei-
gneur aurait voulu ménager un accord, mais que
les Français (par opposition aux Allemands),
l'évèque de Toulouse & les missionnaires s'y op-
posèrent. [A. M.]
" Voyez tome VIII, Chartes, n. CV, ce. 618 &
619.
' Pierre de Vaux-Cernay, c. 55, & tome VIII,
c. 74. — Voyez le poëme, qui donne beaucoup
moins de détails que Pierre de Vaux-Cernay
[vers 1872-1875; 1889-1892]. Il fait séjourner
l'armée des croisés dans le comté de Foix pendsnt
tout le fort dç l'été (juillet-août). [A, M.]
An 1211
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XXII. 867
tans leur ouvrirent les portes. La garnison, obligée de se réfugier clans le
château, se mit en état de défense; mais ne pouvant résister, elle capitula, 8c
obtint la permission de sortir la vie sauve. Simon se vengea en repassant par
Auterive qu'il livra aux flammes. Il alla de Pamiers à Vareilles, château
situé auprès de Foix, Si trouva en arrivant que les habitans l'avoient aban-
donné après y avoir mis le feu : il ordonna de l'éteindre, & mit garnison dans
la place. Il fit ensuite un dégât général dans le pays de Foix, &. s'empara
du bourg de ce nom, qu'il brûla; mais il n'osa attaquer le château. Enfin,
ayant désolé le pays pendant huit jours, il revint à Pamiers, dans le desseiri
de passer en Querci, dont l'évêque St une partie de la noblesse qui souhai-
toient, dit-on, extrêmement de l'avoir pour seigneur, à la place du comte de
Toulouse, le pressoient d'aller prendre possession.
VI. — Simon s'empare de Cahors (/ continue la guerre.
Simon pria le comte de Bar, & le reste de la noblesse allemande qui étoit t.'iii^p.^s'îii,
encore avec lui, de l'accompagner dans ce voyage. Ils lui accordèrent d'abord
sa demande; mais à peine l'armée fut arrivée à Castelnaudary, que le comte
de Bar s'excusa d'aller plus loin, 81 prit la route de Carcassonne, quelque
prière que lui fît Simon de demeurer encore quelque temps. La plupart des
Allemands consentirent cependant à le suivre, 81 il marcha avec eux 81 une
partie de ses troupes vers Cahors. 11 prit en passant le château de Caylus en
Querci, où il mit le feu. L'abbé de Cîteaux conduisit le reste de l'armée'
par une autre route; 81 ayant appris, dans le Lauragais, que ceux de Roque-
ville avoient mis en garnison quatre-vingts hérétiques dans une tour du
château des Cassés, il y donna l'assaut; 8c après avoir fait prisonniers tous ces
sectaires, il les fit brûler vifs; il fit ensuite raser la tour 8c le lieu des Cassés,
sans y laisser pierre sur pierre.
Montfort étant arrivé à Cahors, les habitans lui* firent beaucoup d'accueil
8c le reconnurent pour leur seigneur. Après quelque séjour dans cette ville, il
conduisit les Allemands jusqu'à Roc-Amadour, vers les frontières du Limousin,
d'où ils repassèrent chez eux. A son retour à Cahors, il apprend que le comte
de Foix avoit fait prisonniers deux croisés de considération, savoir : Lambert
de Turey, chevalier françois; 8c Gautier de Langhton, chevalier anglois, 8c
frère de l'archevêque de Cantorbéry, qu'il avoit laissés dans le pays^. Il part,
passe à Gaillac 8c à Lavaur, 8c arrive à Carcassonne, où il attend l'abbé de
Citeaux, qui s'en revenoit par Albi 8c Saissac. Ils avoient projeté d'aller en
Provence; mais la situation des affaires ne le permettant pas, Simon se rend
dans le pays de Foix, attaque un château voisin de Pamiers, dont on ne dit
pas le nom, 8c l'emporte d'assaut le lendemain, après avoir tué trois des six
' Voyez tome VIII, c. 74. — [Giiillem Je Tu- ' Pierre de Vaiix-Cernay, c. 5j. — Voyez
dèle, vers 1884-1890. Il place cet événement pen- tome VIII, c. 74.
dant le séjour que fit Mpntfort dans le pays de ' Voir sur cette affaire Pierre de Vaux-Cernay,
Foix. [A. M.| qui donne de nombreux détails, l.l. [A. M]
An izi 1
368 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXII.
chevaliers qui le défendoient & le reste de la garnison. Il apprend ensuite à
Pamiers que les habitans de Puylaurens avoient livré leur ville à Sicard leur
ancien seigneur, lequel tenoit assiégés dans le château les gens de Gui de
Lucé à qui il l'avoit donné. Il se met en marche pour les aller secourir;
mais en arrivant à Castelnaudary, on lui mande que le chevalier qui avoit
la garde du château de Puylaurens au nom de Guy de Lucé, l'avoit livré à
ses ennemis, après en avoir reçu une somme considérable. 11 fait' aussitôt
faire le procès à ce chevalier qui l'étoit venu trouver pour s'excuser, 84 le fait
pendre, sur le refus qu'il fait de se justifier par le diiel^.
VII. — Le comte de Toulouse recouvre diverses places 6* assiège Simon
dans Castelnaudary.
Simon laissa une partie de ses troupes à Castelnaudary, renforça la gar-
nison de Montferrand, Se se retira avec le reste à Carcassonne; il fut obligé
de prendre ces précautions, à cause que le comte Raimond s'étoit mis en
campagne Si tâchoit de recouvrer les places que les croisés lui avoient enle-
vées. Raimond ayant reçu de nouveaux renforts, reprit, en effet, divers
châteaux aux environs de Toulouse, & soumit entre autres, au mois d'août
de l'an 121 1, ceux de Belvèze & de Montgiscard, voisins l'un de l'autre : ils
appartenoient à Matfred de Belvèze, qu'on qualifie cousin de ce comte, St
qui, dit-on, après l'avoir exhorté vainement à abandonner les hérétiques,
avoit quitté son parti pour embrasser celui de Simon de Monfort^.
Parmi ceux qui s'empressèrent"* de marcher au secours de Raimond, l'un
des plus qualifiés fut Savaric de Mauléon, sénéchal d'Aquitaine pour le roi
d'Angleterre, qui lui amena deux mille Basques. Ce prince eut recours d'un
autre côté à ses vassaux 8c à ses amis. Il fit ensuite préparer toutes les machines
nécessaires pour un siège, & résolut d'aller attaquer Carcassonne. Montfort,
alarmé de ces préparatifs, se tint sur ses gardes, & ayant assemblé son conseil,
il se rendit à l'avis d'un chevalier nommé Hugues de Lastic, qui étoit de ne
pas attendre le comte de Toulouse, mais de se jeter dans Castelnaudary pour
l'arrêter dans sa marche. Montfort suivit ce sentiment, malgré l'opposition de
quelques-uns des siens, qui, sachant que Raimond s'avançoit avec une nom-
breuse armée, vouloient qu'on laissât seulement quelques troupes à la garde
de Castelnaudary, & que le gros des croisés l'attendît à Carcassonne ou à
Fanjeaux. Il se jeta donc dans Castelnaudary ^ avec toutes ses troupes, qu'on
' Ce fut Gui de Lucé & non Simon qui fit pen- * Voyez tome VIII, c. 73 & suiv. — fGuillem
dre ce chevalier. Voyez le texte de Pierre de Vaux- de Tudèle, vers 1915-1969.]
Cernay. [A. M.) ' Pierre de Vaux-Cernay, c, 56. — Guillaume
' La plupart de ces détails manquent dans le de Puylaurens, c. 19. — [Voyez le récit du conseil
poïme Si ne se trouvent que dans Pierre de Vaux- tenu par Montfort dans Guillem de Tudèle,
Cernay. [A. M.] vers 1970-2015.)
' Praeclara Franeorum faclnora, c. 29. — |Nous
ignorons où Bernard Gui a pu prendre ces Jét:iils;
^iicunc source contemporaine ne les donne.]
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XXII. 36o —;
' An 121 1
ne fait monter qu'à cinq cens hommes, tant chevaliers que sergens ou iantas- Éd.origin.
sins. Il fut joint quelque temps après par Gui de Lucé S< cinquante autres
chevaliers, qu'il avoit envovés pour servir le roi d'Aragon son seigneur contre
les Maures d'Espagne, & qu'il avoit rappelés sur le bruit de l'armement du
comte de Toulouse. On prétend' que le roi d'Aragon les voyant partir, leur
dressa des embûches pour les faire périr en chemin, & qu'ils les évitèrent en
prenant une autre route. Simon ne put recevoir alors que ce secours, Se il
fut obligé de partager le reste de ses troupes en d'autres endroits. Il avoit
laissé sa femme à Lavaur, sous la garde de Bouchard de Marly, à qui il avoit
donné la seigneurie Se le gouvernement de cette ville. Son fils aîné étoit
actuellement malade à Fanjeaux, Se une fille qu'il avoit eue dans le pays, étoit
en nourrice à Montréal, en sorte que toute sa tamille étoit dispersée.
Le comte Raimond, suivi des comtes de FoixSede Comminges, de Gaston,
vicomte de Eéarn; de Savaric de Mauléon, & de divers autres seigneurs,
parut devant Castelnaudary vers la fin de septembre de l'an 121 1', Se fit
camper son armée dans les prairies voisines de la ville : on assure que cette
armée étoit forte de cent mille hommes; mais ce nombre ^ paroît exagéré. Les
habitans qui le favorisoient, lui livrèrent aussitôt le bourg, ou la ville, dont
il s'assura; mais Simon, maître du château, détacha sur le champ une partie
de la garnison, qui chassa les Toulousains de ce poste. Ces peuples le repri-
rent toutefois le soir même, parce que les assiégés, qui n'étoient pas assez
forts pour le garder, furent obligés de l'abandonner.
Castelnaudary est situé sur une haute colline environnée d'une vaste Se
fertile campagne, à une demi-lieue de la petite rivière de Tonques. Le comte
Raimond établit son attaque sur cette colline, après s'être retranché de tous
côtés par de bons fossés, Se avoir entouré son camp de ses chariots, en sorte
qu'il paroissoit enfermé dans une forteresse. Se que les assiégeans sembloient
être les assiégés. Ce prince, pour éviter d'être chassé de nouveau du bourg
de Castelnaudary, en fortifia les murailles du côté du château, situé sur la
cime de la colline. Se fit diverses ouvertures du côté de la campagne, pour
avoir la communication libre avec l'armée; mais les croisés, dans une seconde
sortie, chassèrent de nouveau les assiégeans du bourg, Se les poursuivirent
jusque dans leur camp, où ils les forcèrent de se retirer. Ils conservèrent la
liberté du passage, dont ils se servoient tous les jours pour envoyer abreuver
leurs chevaux à une demi-lieue de la ville. Se firent tranquillement leurs
vendanges, sans que les assiégeans osassent s'y opposer.
■ Raimond fit travailler cependant à ses machines, malgré les sorties des
assiégés, qui venoient fréquemment escarmoucher autour de son camp. Le
comte de Foix Se Roger-Bernard son fils, voulant un jour se revancher, pro-
voquèrent au combat les croisés, qui s'étoient postés devant la porte du
château; mais ceux-ci les recurent si bien, qu'après avoir démonté Roger-
' pierre de V'aux-Cernay, ut lupra. ^ La Faille, Abrégé, p. i i.O. [Voyez plus haut.]
' Vers le temps des vendanges, dit Pierre de
Vaux-Cernay. [A. M.J
VI. t.,
\n 1 1 1 1
370 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXII.
Bernard & plusieurs autres chevaliers, ils les obligèrent de se réfugier avec
précipitation dans leurs tentes. Le comte de Foix s'empara néanmoins du
village de Saint-Martin-de-Landes, situé à une demi-lieue de Castelnaudary
vers Carcassonne, & de plusieurs autres postes avantageux des environs, qu'il
fit fortifier. Le comte de Toulouse reçut d'un autre côté la soumission des
peuples du pays, qui vinrent à l'envi lui offrir leurs services; quelques abbés
qui y possédoient des châteaux, abandonnèrent en même temps le parti de
Simon St lui prêtèrent serment de fidélité. Enfin les habitans de Cabaret,
château très-fort, situé à cinq lieues de Castelnaudary, lui offrirent de le
rendre maître de ce château. Raimond envoya un détachement pendant la
nuit pour en prendre possession; mais il manqua son coup, parce que ses
troupes ayant erré longtemps dans les ténèbres s'égarèrent & furent obligées
de revenir au camp.
Le comte de Toulouse fit dresser un mangonneau pour battre les murailles
du château de Castelnaudary. Le succès de cette machine ne répondant pas
à son attente, il en fit élever une autre beaucoup plus grande, qu'on appeloit
trébuchet, S< qui servoit à lancer une grande quantité de pierres. Celle-ci
eut un sort plus heureux, & on prétend' même qu'elle abattit une tour du
^Kd.orig|n^ château. Simon, que cette nouvelle machine incommodoit beaucoup, entre-
prit de la rompre; mais ses gens voyant qu'il yavoit de la témérité dans ce
dessein, parce que le trébuchet étoit très-bien gardé 8t environné de fossés
très-profonds, s'y opposèrent; St ayant pris la bride de son cheval, l'obligè-
rent malgré lui à rebrousser chemin & à abandonner son entreprise.
Vin. — Divers corps de croisés marchent au secours de Simon, — Bataille
de Castelnaudary,
Simon se vovant serré de plus près, envoya Gui de Lévis, son maréchal,
sur la fidélité Se la bravoure duquel il comptoit beaucoup, à Fanjeaux Se à
Carcassonne, tant pour prendre des vivres, dont le château de Castelnaudary'
commençoit à manquer, que pour rassembler les milices des diocèses de
Carcassonne & de Béziers, 8c les amener à son secours. Gui partit, mais per-
sonne ne voulut le suivre, & il revint seul à Castelnaudary. Simon l'envoya
de nouveau bientôt après, avec Mathieu de Marly ou de Montmorenci, frère
de Bouchard. Ils se donnèrent en vain divers mouvemens dans ces diocèses,
& employèrent à pure perte les caresses & les menaces pour obtenir du
secours. Ils s'adressèrent enfin aux habitans de Narbonne, qui leur déclarè-
rent que si Aymeri leur vicomte vouloit se mettre à leur tête, ils marche-
roient volontiers sous ses ordres ; ce vicomte refusa de le faire. Les deux
envoyés amenèrent cependant avec eux trois cens citoyens de Narbonne à
Carcassonne, où ils rassemblèrent cinq cens hommes du pays; mais leur
ayant proposé de les suivre à Castelnaudary, ils se débandèrent tous, & pri-
■ Voyez tome VIII, c. 77. — [Giiillem dç Tvidèle, vers 1028- 2o36.]
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXII. Syi
rent la fuite. Simon manda alors à Bouchard de Marly Ik à Martin d'Algais,
chevalier espagnol, qui étoient en garnison à Lavaur avec la comtesse de
Montfort, sa femme, de venir le joindre incessamment : il envoya d'un autre
coté à Fanjeaux un chevalier du pays, nommé Guillaume Cat, pour ramasser
des troupes dans tous les environs de ce château. Il comptoit heaucoup sur la
fidélité de ce chevalier qu'il avoit comblé de grâces. Guillaume étoit, en effet,
redevable à Simon de divers fiefs qu'il possédoit; & ce général, après lui
avoir conféré l'ordre de chevalerie, l'avoit admis si avant dans son amitié,
qu'il lavoit fait parrain d'une de ses filles née dans le pays, £<. l'avoit établi
gouverneur de son fils aîné. Guillaume paya cependant tous ces bienfaits
d'ingratitude : il rassembla à la vérité quelques troupes, suivant les ordres
qu'il avoit reçus; mais au lieu de les amener à son bienfaiteur, il s'en servit
pour dresser des embûches au maréchal Gui de Lévis, qui conduisoit le
secours de Carcassonne, £< qu'il vouloit livrer au comte de Foix : heureuse-
ment le maréchal évita les pièges qu'on lui avoit préparés. Simon fut si
indigné du procédé de Guillaume Cat, qu'il ne voulut plus avoir depuis
aucun commerce avec les chevaliers de notre langue, dit un ancien ' historien
du pays, &l qu'il les eut en exécration encore plus qu'auparavant.
Gui de Lévis ^ se joignit avec sa troupe à Bouchard de Marly 8v à Martin
d'Algais, qui amenoient deux cent vingt hommes bien armés & pleins de
courage, entre lesquels on met le fils du châtelain de Lavaur"^. L'évêque de
Cahors 8c l'abbé de Castres "* se joignirent aussi à ces deux chevaliers avec
un renfort considérable. Après leur jonction, ils prirent un chemin détourné
pour éviter toute surprise, £< passèrent à Saissac, château dont Simon avoit
donné le gouvernement au même Bouchard. Enfin ce général détacha Gui
de Lucé, le châtelain de Melphe, le vicomte d'Onges 8c quelques autres
chevaliers au nombre de quarante, pour aller au-devant de ce secours, 8c ne
garda avec lui pour la défense de Castelnaudary que soixante, tant chevaliers
qu'écuyers, avec l'infanterie,
Raimond-Roger, comte de Foix, informé de la marche de ces croisés,
résolut de les surprendre. 11 se posta d'abord à Saint-Martin-de-Landes; mais
ne se croyant pas assez fort, il revint au camp pour y prendre d'autres troupes.
Tous vouloient le suivre à cause de l'extrême confiance qu'ils avoient en sa
valeur : il se contenta d'un gros détachement. Se laissa le reste de l'armée au
comte de Toulouse 8c à Savaric de Mauléon, qui demeurèrent pour la garde
du camp. Il alla ensuite se mettre en embuscade entre Castelnaudary 8c Las
Bordes, à une lieue de cette ville. Le lendemain, Gui de Lévis, Bouchard de
Marlv 8c les croisés de leur suite, ayant entendu la messe de grand matin,
' Guillaume de Puyiaurens, c. 19. ■• La chronique en prose dit <t l'évêque de Cas-
Pierre de Vaux-Cernay, c. ,06. — Guillaume très. « Le poëme ne parle ni de l'évêque (dont le
de Puylaurens, c. 19 Voyez tome VIII, c. 77 & siège n'existait pas encore), ni de l'abbé de Cas-
suiv. — [Guillem de Tudèle, vers 2037-2072.] très; il dit seulement (vers 2045) que les Français
'Voyez tome VIII, ut supra. [On ignore quel marchèrent vers Castres. [A. M.]
est ce châtelain de Lavaur.]
\n 1211
"TTTTrr" -^7- HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXII.
s'étant confessés Se ayant communié, maiclièrent clans un ordre plus serré, se
t. iii,''p'."j'i'ç). doutant de quelque surprise, 8c détachèrent quelques-uns d'entre eux pour
battre l'estrade. Ceux-ci ayant découvert l'embuscade, rebroussent chemin 8t
en donnent avis à leurs camarades. Les croisés marchent alors avec encore
plus de précaution, 6i se préparent au combat. Raimond-R.oger, comte de
Foix, étant sorti de sa retraite, partage ses troupes en trois corps. Il met les
chevaliers pesamment armés dans le centre, 8c la cavalerie légère avec l'infan-
terie sur les ailes. Il marche ensuite en ordre de bataille contre les croisés,
que l'évêque de Cahors 8c un religieux de l'ordre de Cîteaux, substitut de
son général pour les affaires de la croisade, exhortoient à combattre. On en
vient aux mains : les croisés donnent d'abord avec fureur sur la cavalerie de
R.aimond-[loger, pesamment armée; mais ce comte soutient le choc avec
I)eaucoup de bravoure, repousse vivement les croisés 8c les met en fuite après
en avoir tué un grand nombre. Martin d'Algais fut un des premiers qui
lâcha le pied; mais l'évêque de Cahors lui fit des reproches si vifs, qu'il se
remit au combat. Raimond-Roger voulant profiter de son avantage, marche
cependant contre un corps de croisés qui s'étoient retirés du côté de Las
Bordes. Géraud de Pépieux, qui conduisoit l'avant-garde, les attaque brus-
quement, en criant : Foix, Foix, Toulouse ; 8c après avoir percé d'outre en
outre d'un coup de lance un chevalier trançois qui vouloit s'opposer à son
passage, il détait entièrement ces troupes'.
jMontfort, voyant cette déroute de la porte du château de Castelnaudarv,
où il s'étoit posté pour favoriser l'entrée des croisés, consulta ceux qui étoient
autour de lui : les uns lui conseilloient de demeurer à la garde du château;
les autres prétendoient, au contraire, qu'il devoit marcher incessamment en
personne au secours de ses troupes. 11 préféra ce dernier parti, parce que
l'affaire lui paroissoit décisive, 8c ayant assemblé les soixante chevaliers qui
lui restoient, il n'en laisse que cinq à la garde de Castelnaudary avec l'infan-
terie, Se s'avance avec les autres vers le comte de Foix. Bouchard de Marly,
Gui de Lévis, 8c tous ceux qui s'étoient dispersés, le voyant venir de loin,
raniment leur courage, se rallient Se reviennent à la charge. Le comte de
Foix les reçoit en brave, 8c les met de nouveau en fuite, après avoir tué le
fils du châtelain de Lavaur, en sorte que l'évêque de Cahors Se Martin
tr.A.lgais ne pouvant plus résister, sont obligés de céder Se de se réfugier à
Fanjeaux; ainsi le champ de bataille demeura pour la seconde fois à Raimond-
Roger; mais ses gens, au lieu de profiter de leur avantage, s'étant amusés au
pillage Se à dépouiller les morts, Bouchard de Marlv trouve moyen cependant
de rallier de nouveau les fuyards, 8e tombe sur les troupes du comte avec
tant de furie, qu'il en fait un carnage horrible. Raimond-Roger, au désespoir
de se voir enlever la victoire, fait des, prodiges de valeur pour tâcher de réta-
blir le combat. 11 tue de sa main trois autres fils du châtelain de Lavaur, Se
rompt son épée à force de frapper. Roger-Bernard, son fils, suivi de Sicard
' [Guillem de TuiUIç, vers 2^71-2 1 rç.]
UrSTOIKE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXII.
An 1211
tle Puvlaurens & de plusieurs autres chevaliers, accourt Se tait reculer les
croisés; mais ceux-ci redoublent de leur côté leurs etïorts, viennent enlîn k \
bout de mettre en fuite la cavalerie du comte, font ensuite main basse sur son '
infanterie, S<. l'obligent k s'enfuir lui-même malgré la supériorité du nombre
de ses troupes; car on prétend qu'il avoit trente hommes contre un '. 1
Simon de Monttort, quelque soin qu'il eût de hâter sa marche, n'arriva-
qu'après la fin du combat. 11 se met aussitôt k la poursuite des fuyards Se •
les pousse vivement. La plupart, pour éviter la mort, feignent d'être de son !
parti & crient : Montjbrt! Montjort! Puisque vous vous déclarez des nôtres, >
leur disent les croisés, donnez-en des preuves, S<. tuez ceux qui fuient
devant vous. Plusieurs exécutèrent cet ordre dans l'espérance de sauver leur •
vie, 8t par ce stratagème, les croisés armèrent leurs ennemis les uns contre \
les autres, S<. en firent périr un plus grand nombre. On assure que le comte
de Foix perdit dans cette action la plus grande partie de ses troupes, tandis <
que les croisés n'eurent qti'environ trente des leurs de tués. Enfin Simon, las \
de poursuivre les fuyards, retourna au champ de bataille, où il rallia toutes \
ses troupes, & s'étant mis k leur tête, il arriva triomphant devant Castelnau- i
darv. Durant l'action, Savaric de Mauléon ayant marché enseignes déplovécs l'J oriRin. !
, . ■' "^ 1 ^ t. UI, p. 220. !
avec une partie des assiégeans, s'approcha de la porte de Castelnau, où il
attendit avec beaucoup d'impatience des nouvelles du succès du combat. Il '
lit cependant quelques efforts pour se rendre maître du château; mais les '
cinq chevaliers qui le gardoient avec l'infanterie, repoussèrent son attaque î
avec force Se rendirent sa tentative inutile. \
C'est ainsi qu'un liistorien^, qui étoit alors sur les lieux, rapporte les cir- \
constances de cette action, durant laquelle Simon de Montfort ne combattit ï
pas, parce qu'il arriva trop tard. Un autre historien fait entendre néanmoins j
le contraire : « Il arriva un jour, dit ce dernier'' auteur, cjue (|uelques-uns des
I' clievaliers de Simon de Monttort conduisant k Castelnaudary un convoi ;
« qui venoit du diocèse de Carcassonne, le comte de Foix alla k leur ren- j
" contre 6c leur livra bataille. Simon, averti du péril où étoient ses gens,
« pourvut k la défense de la place Se sortit k la vue de l'armée ennemie, k
« la tête d'environ soixante chevaliers, pour secourir les siens, qui étoient j
« presque entièrement défaits. Etant arrivé au lieu du combat, il se joignit au
«1 petit nombre de ceux qui restoient encore k cheval, 8c s'étant jeté dans i
« la mêlée comme un lion, ses ennemis c[ui sentirent bientôt sa présence, ;
« furent obligés de prendre la fuite. Il les poursuivit, en fit un grand car- j
« nage 8c rentra victorieux dans le château, Sec. » Enfin, si nous en croyons
un autre ancien historien'', Simon de Montfort arriva avec un puissant j
' Guillem d« Tudcle, v<is îi î;-î2i6. — Ce der- ' Guillaume de Piiy la u ren s, c. 19. — La version :,
nier, qui donne des détails beaucoup plus précis de Guillaume de Puylaurens est presque entière- J
que Pierre de Vaux-Cernay, attribue la victoire à ment conforme i celle de Guillem de Tudèle; le
l'arrivée de Montfort, contre l'assertion du chro- récit de Pierre de Vaux-Cernay doit donc être lé-
niqueur latin. [A. M.) gèreir.ent inexact dans cet endroit. [A. M.] '
■ Pierre de Vaux-Cernay, c. 56. ' Tome VTII, ce. 79, 80. [Voyez plus haut ce
' Ibid. que nous disons du récit de Guillem de Tudèle. J
~ ' 374 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIÏ.
An 1211 ' '
secours pendant le combat, & s'élant jeté à corps perdu dans la mêlée, il Ht
périr bien du monde. Roger-Bernard, iiJs du comte de Foix, étant survenu,
ajoute cet historien, repoussa vivement les croisés, rétablit la bataille Se fit
durer l'action jusqu'à la nuit, qui sépara les combattans; en sorte que les
croisés se retirèrent à Castelnau, 8c le comte de Foix avec les siens dans le
camp du comte de Toulouse.
Ce dernier historien assure que le comte de Foix, en arrivant au camp,
trouva' que Raimond, comte de Toulouse, avoit déjà fait plier bagage, &t
qu'il étoit prêt à décamper, supposant que toutes ses troupes avoient été
tuées dans le combat; qu'il le rassura par sa présence; que Raimond, comptant
que Simon de Monttort ne manqueroit pas de venir l'attaquer, pour tirer
vengeance de la perte qu'il avoit faite, se mit en état de défense, 8t qu'enfin
Simon ayant attaqué le camp durant la première veille de la nuit, fut vive-
ment repoussé & contraint d'abandonner son entreprise^. D'autres""' préten-
dent que Simon résolut seulement, avant que de rentrer dans Castelnaudary,
de faire une irruption dans le camp du comte de Toulouse, mais qu'il changea
de sentiment S<. qu'il différa cette attaque au lendemain, par le conseil des
officiers de son arinée, parce qu'on ne pouvoit approcher du camp qu'à pied,
à cause des retranchemens dont il étoit environné. Se que les croisés étoient
extrêmement fatigués, au lieu que les troupes du comte de Toulouse étoient
toutes fraîches. Quoi qu'il en soit de ces circonstances rapportées différem-
ment par les historiens, il est certain que le comte de Foix fut battu & obligé
de se retirer après une grande perte. Quant à Simon, ce général étant arrivé
devant la porte de Castelnau, se déchaussa & \narcha nu-pieds jusqu'à l'église,
où il fit chanter le Te Deum, en action de grâces de la victoire qu'il venoit
de remporter.
IX. — Le comte de Toulouse lève le siège de Castelnau,
Le lendemain"^ le comte de Foix envoya des courriers dans tous les châ-
teaux des environs, où il fit publier qu'il avoit défait les croisés. Plusieurs
ajoutoient même que Simon avoit été fait prisonnier, qu'on l'avoit écorché
tout vif, & ensuite pendu. Sur ce faux bruit, divers châteaux se soumirent au
comte de Toulouse, qui continua le siège de Castelnau jusqu'à ce que Simon,
voyant que le secours qu'il avoit reçu n'étoit pas suffisant, prit le parti d'aller
lui-même assembler de nouvelles troupes. Ce général se rendit d'abord à
Narbonne, où il rencontra un corps de croisés françois qui étoient arrivés
depuis peu sous la conduite d'Alain de Rouci, chevalier de mérite. Le comte
'Voyez toine VIII, ce. 80, 81. — [Voyez le jusqu'au soir, aura commis une de ces erreurs
poëme, vers 2217 & suiv.] dont il est coutumier. [A. M.]
= L'attaque des croisés contre le camp du comte ' Pierre de Vaux-Cernay, c. id
de Toulouse est placée par Guillem de Tudèle ■" Pierre de Vaux-Cernay, c. 53. -^ Voyez
(vers 2241-2252) immédiatement après la première tome VIII, ce. Sr, 82. — (Guillem de Tudèle,
bataille; les deux témoignages sont d'accord ; le vers j2^o & suiv.] —Guillaume de Puylaurens,
chroniqueur en prose, en retardant le combat c. ly.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXII. oyà "7"
' An
de Toulouse, informé de la marche de ces croisés S<. du dessein qu'ils avoient
formé de venir le forcer dans ses retranchemens, assembla son conseil : on
y résolut d'un commun accord de décamper, n'y ayant d'ailleurs aucune
espérance de forcer la place. Après avoir donc fait mettre le feu à ses machines,
il partit &i se rendit à Puylaurens.
X. — Raimond VI remet diverses places sous son obéissance.
Simon, averti de la retraite de ce prince, & voyant qu'il n'avoit plus besoin
de troupes pour faire lever le siège de Castelnau, congédia celles qu'il avoit
rassemblées, Se ne retint que les croisés arrivés de France. Il fit démanteler
toutes les places des environs de Castelnau qui lui avoient manqué de fidé-
lité, St ayant appris que le château de Coustausa, situé vers Termes, s'étoit
soumis à ses ennemis, il y marcha en diligence, l'attaqua, S<. après ([uelques
jours de siège, il obligea les habitans à se rendre à discrétion. Il revint enfin
à Castelnaudary, où il fut informé des progrès que Raimond, comte de Tou-
louse, avoit faits depuis qu'il avoit levé le siège de cette place.
Raimond étant arrivé à Puylaurens, entra dans ce château malgré la
résistance de la garnison; il tourna ensuite vers l'Albigeois, dont la plupart
des villes se soumirent à son obéissance; entre autres Gaillac, Rabastens,
La Guépie, La Garde, Puycelsi, Cahusac & Saint-Antonin. Les habitans de
Montaigu dans le même pays forcèrent la garnison (jui étoit chez eux à se
retirer dans le château, où ils l'assiégèrent, & elle fut obligée de se rendre
avant que Simon, qui s'étoit mis en marche pour la secourir, fût arrivé; de
sorte qu'il ne resta plus à ce général en Albigeois que deux petits ch.âteaux,
entre ceux qu'il avoit enlevés à Raimond, lequel avoit soumis outre cela,
durant le siège de Castelnaudary ou peu de temps auparavant, ceux de Puy-
laurens, Casser, Saint-Félix, Montferrand, Avignonet, Cuc, Saint-Michel &c
Saverdun dans le Toulousain, 8< plusieurs autres jusqu'au nombre de cin-
quante. Les habitans du château de La Grave sur le Tarn, au diocèse d'Albi,
s'étoient aussi soumis au comte Pvaimond. Le gouverneur de ce châteati pour
Simon de Montfort, faisant raccommoder des tonneaux, le tonnelier qui
cherchoit une occasion de le tuer, le pria de regarder si le travail alloit bien.
Le gouverneur se courbe pour examiner l'ouvrage, & cet ouvrier lui porte en
même temps un coup de hache 8c lui coupe la tête. Aussitôt les habitans
prennent les armes St font main basse sur tous les François qui composoient
la garnison. Le comte Baudouin, frère du comte de Toulouse 8t allie de
Simon, informé de cette action, résolut d'en tirer vengeance. Il parut de
grand matin devant La Grave, Si les habitans croyant que c'étoit le comte
de Toulouse lui-même qui venoit k leur secours, parce que Baudouin portait
les mêmes arm-es que son jrere, ils lui ouvrirent leurs portes ; ce prince ne fut
pas plutôt entré, qu'il les fit tous passer au fil de l'épée '.
' Voyez dans Giiillem de Tudéle [vers izS" à II dit que les lijibitnnts de La Grave tuèrent leur
2j|i|) le rétit du poeie «si plus circonstancié. bailli, Pons de Beaiimont, à Inistigation des ha-
Kd.orioin. (
t. Ill.p. UM.
"777777" ^7^ HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXII.
XI. — Le comte de Fo'ix défie Montjort.
Montfort, au désespoir de tant de pertes, se rendit à Pamiers pour pour-
voir à la sûreté de cette ville. 11 y étoit à peine arrivé, que Raimond-Roger,
comte de Foix, l'envoya défier, avec promesse de venir dans quatre jours pour
le combattre. Montfort lui répondit qu'il l'attendroit non-seulement quatre
mais encore dix jours. Raimond-Roger n'ayant pas jugé à propos de tenir
sa promesse, Montfort recommence les hostilités. Se détache une partie de
ses troupes qui prennent S< rasent un château du pays de Foix; puis il
retourne du côté de Fanjeaux, d'où il envoie le châtelain de Melphe &
Gausfred, son frère, pour escorter un convoi qu'il faisoit conduire dans ce
château; mais le fils du comte de Foix, averti de leur marche, leur dresse des
embûches, les attaqvie, tue Gausfred, un autre chevalier parent de ce dernier
& quelques autres, fait un autre chevalier prisonnier, & met le châtelain en
fuite & toute son escorte.
XII. — Le roi se plaint des conquêtes de Simon au pape, qui se saisit
du comté de Melgueil.
Cependant le roi Philippe-Auguste ayant appris que les croisés avoient
dépouillé le comte de Toulouse d'une partie de ses domaines, se plaignit au
pape Innocent III de ce que Simon de Montfort s'en étoit emparé au préju-
dice de sa souveraineté. Le pape, dans la réponse ' qu'il fit au roi, le ^5 d'août
de l'an 121 1, lui parle en ces termes : « Le comte de Toulouse s'étant pré-
« sente autrefois devant nous, a tâché de s'excuser sur le crime d'hérésie j
« c'est pourquoi nous avons enjoint, à sa demande, à nos légats, d'assembler
« un concile, après une dénonciation préalable, St de le recevoir à se justi-
« fier; à moins qu'il ne se présentât contre lui un accusateur légitime dans
« un temps limité, avec détense de lui faire vine nouvelle querelle, après
,'j|i °p'.'^!"j. « cette justification. Si avec ordre de le punir comme hérétique s'il ne pou-
(1 voit se justifier. Nous savons qu'il ne s'est pas purgé de ce crime; mais nous
<( ignorons si c'est par sa faute, quoiqu'il soit généralement réputé pour héré-
(i tique dans le pays : ainsi il a perdu ses domaines, Se nous avons ordonné
(( à nos légats de les taire garder soigneusement pour ceux à qui ils appar-
« tiennent. Nous leur écrivons donc là-dessus, à vos instantes prières, des
« lettres par lesquelles nous avons suffisamment pourvu Si à votre avantage
<i S; à votre honneur. »
Il paroît par une autre lettre qu'Innocent^ écrivit, le 9 de mars de l'année
suivante à l'évêque de Maguelonne, que le pape s'étoit approprié le comté
bitants de GalIIac & de Doat Alaman. Mnlhei;- ' Innocent. III 1. 14, Epat. i'3. [Pouli.ist,
' iciis::nent la fin de la laisse civ est tellement n. ^i.'ir;?.]
corrompiie que plusieurs vers restent incxplica- ' Innccont. III 1. ij, Epin. ia. [Pottl-.ast,
blés. [A. M.J n, 4403.]
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XXII. 377
de Melgueil, Se qu'il l'avoit clonnc à terme à un nommé Jean Bocados, sous
prétexte que la juridiction de ce comté lui appartenoit immédiatement. Inno-
cent ordonne à ce prélat d'empêcher que quelques personnes puissantes du
pays, qui taisoient de la peine à ce fermier, au sujet des revenus Se des
domaines du même comté, qu'il posiédoit légitimement & tranquillement , ne
l'inquiétassent davantage.
XIII. — Simon reçoit un nouveau renfort de croisés £- continue ses expéditions.
Levêque d'Uzès, légat du Saint-Siège, voulant avancer les affaires de la
croisade, avoit donné' commission à Guillaume, archidiacre de Paris, &<. au
docteur Jacques de Vitri, curé d'Argenteuil, aux environs de Paris, de la prê-
cher partout. Ces deux missionnaires parcoururent une partie de la France
81 de l'Allemagne, & engagèrent \in grand nombre de personnes à se croiser
contre les albigeois. L'évêque de Toulouse & l'abbé de Vaux-Cernay qui
prèchoient en même temps en France, enrôlèrent une centaine de chevaliers-,
qui se mirent sous la conduite de Robert de Mauvoisin, lequel étoit allé dans
ce pays y solliciter de nouveaux renforts en faveur de Simon de Montfort,
Ce général, ayant ranimé son courage à la vue de ces troupes qui arrivèrent
à Carcassonne vers la fin de l'année, les conduisit à Fanjeaux, dans le dessein
d'attaquer le comte de Foix qui tcnoit assiégé depuis quinze jours Guillaume
d'Âure, chevalier du parti des croisés, dans le château de Cher ou Quier.
Ce comte, n'osant l'attendre, leva le siège S< abandonna ses machines. Simon
se rendit alors dans le pays de Foix, où il fit le dégât, St puit quatre châteaux
([u'il rasa. Etant de retour à Fanjeaux, il marcha avec toute son armée vers
le château de la Pommarède, au diocèse de Toulouse, l'assiégea dans les
formes Si y donna l'assaut au bout de quelques jours; mais la nuit étant
survenue, il fut obligé de l'interrompre £< de remettre l'attaque au lende-
main. Les assiégés, se voyant hors d'éiat de résister, firent un trou à la
muraille, se sauvèrent dans l'obscurité Si lui abandonnèrent la place. Il
marcha de Ik vers Albedun, château du diocèse de Narbonne, qui s'étoit
soustrait à son obéissance, 81 dont le seigneur vint au-devant de lui pour
lui faire ses soumissions.
XIV. — Gui de Montjbrt vient au secours de Simon, son frère.
Simon ^ célébra la fête de Noël à Castres, où Gui, son frère, qui l'avoit
suivi autrefois dans la Terre-Sainte, Si qui y étoit toujours demeuré depuis,
' Pierre de Vaux Ceni.iy, c. 58 & suiv. trOL.pe, à en iuger par le p.irii qu'en tir.i inl-
U est évident qu'il ne faut piis confonJre ces médiutcmeni Simon, devait être plus utile que Us
dievuliers avec les pèlerins ordinaires, qui, au renforts que lui envoyaient les prédications de
)-rin!cmps de chaque année, descendaient dans le Jacques de Vitri & de Guy de Vaux-Cernay.
L.'iitjuedoc. C'étaient probablement de petits no- (A. M.]
bles soudoyés par Simon de Montfort, & cette ' Pierre de Vaux-Ccrn..y, c. 60.
An lin
An 1212
~~. 378 HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XXÎI.
vint le joindre. Gui amena avec lui Helvise d'Ybelin, dame de Sidon, sa
femme, qu'il avoit épousée en Orient, 81 plusieurs enfans qu'il en avoit eus.
Il avoit repris en passant quelques châteaux d'Albigeois qui s'étoient soumis
au comte de Toulouse leur seigneur. Les deux Montfort se mirent en cam-
pagne, malgré la rigueur de l'hiver, & assiégèrent le château de Tudelle,
en Albigeois qui appartenoit au père de Géraud de Pépieux. Ils l'emportè-
rent dans peu, firent passer par le fil de l'épée tous ceux qui le défendoient,
& n'accordèrent la vie qu'au seigneur du château, qui demeura prisonnier
8i qui fut échangé contre Drogon de Compans, cousin de Robert de Mau-
voisin, que le comte de Foix' tenoit dans les fers. Simon assiégea ensuite le
château de Cahusac dans le même pays^.
Les comtes de Toulouse, de Foix & de Commingcs, pour retarder ses pro-
grès, assemblèrent alors leurs troupes, vinrent camper à Gaillac, à deux lieues
de Cahusac, & firent mine diverses fois de, vouloir aller l'attaquer; mais ce
général continua tranquillement le siège sans s'embarrasser de leurs menaces,
&c après avoir soumis ce château vers l'Epiphanie, il marcha droit à eux. Les
trois comtes n'osant l'attendre, se retirèrent à Montaigu, où Simon les
xSf\"p!^"l'i, poursuivit sans pouvoir les atteindre, 8<. ils se rendirent enfin à Toulouse.
Ce général revint à Cahusac, d'où il consulta Arnaud, abbé de Citeaux, qui
étoit alors à Albi, sur la suite de ses expéditions. Arnaud lui conseilla
d'entreprendre le siège de Saict-Marcel, château situé sur la petite rivière de
Sérou, k trois lieues d'Albi vers le nord, dans lequel le comte de Toulouse
avoit mis Géraud de Pépieux pour gouverneur.
XV. — Simon est obligé de lever le siège de Saint-Marcel en Albigeois.
Montfort, résolu de suivre ce conseil, envoya à Bruniquel prier le comte
Baudouin de venir l'aider. Après leur jonction qui se fit à Cahusac, ils atta-
quèrent le château de Saint-Marcel qu'ils ne purent investir que d'un côté,
parce qu'ils n'avoient que cent chevaliers & peu d'infanterie. Les comtes de
Toulouse, de Foix & de Comminges étant retournés avec leur armée com-
posée de cinq cens chevaliers & d'un corps d'infanterie, pour s'opposer aux
desseins des croisés, campèrent aux environs de Saint-Marcel, dont ils avoient
l'entrée libre. Le comte de Foix s'y jeta, défendit si bien la place, que
Simon, au bout de plus d'un mois de siège, n'étoit pas plus avancé que le
premier jour. La disette s'étant mise d'ailleurs dans son camp, à cause que le
comte de Toulouse, qui avoit occupé tous les passages, empêchoit qu'on n'y
apportât des vivres, il fut obligé enfin, après avoir manqué de pain pendant
plusieurs jours, de lever le siège la veille de Pâques (24 de mars)^. Simon
' Pierre de Vaux-Ceriiay, e. 60. — Voyez la levée du siège de Saint-Marcel (vers 234Û-
' iome VIII, c. 82 & suiv. 2349); mais il le fait commencer immédiatement
' Le siège dura deux jours, d'après Guillem de après la prise de Cahuzac, & le fait ainsi durer
Tudèle, vers 2333. [A. M.] un mois & demi de plu» que Pierre de Vaux-Cer-
' Guillem de Tudèle donne la même d>ite pour nny. [A. M.]
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXII. 379
se rendit à Albi, où il célébra cette fête, Se. le comte de Toulouse partit le
même jour pour Gaillac. Simon s'avança le lendemain vers cette dernière
ville & défia ce prince au combat; mais Raimond, ne jugeant pas à propos
d'accepter le défi, se tint enfermé dans Gaillac. Ainsi Simon retourna à Albi,
où il passa quelques jours, & où il donna' en fief, le 3 d'avril suivant, à
Guillaume, évêque de cette ville, & à ses successeurs, les châteaux de Rouf-
fiac & de Marsac, sauf ses droits régaliens.
XVI. — Evèques de Carcassonne, — Arnaud, abhé de Citeaux, est élu
archevêque de Narbonne; il s'érige en duc de cette ville.
Simon de Montfort^, à son retour à Albi, y trouva Gui, abbé de Vaux-
Cernay, son ami, qui venoit de France, Se qu'on avoit élu alors évêque de
Carcassonne à la place de Bernard-Raimond de Rochefort, qu'on avoit enfin
obligé à se démettre. Arnaud-Amalric, abbé de Cîteaux, fut élu d'un autre
côté archevêque de Narbonne le jour de Saint-Grégoire, 12 de mars de la
même année j l'évêque d'Uzès, son collègue dans la légation, qui étoit pré-
sent à l'élection & qui y eut sans doute beaucoup de part, la confirma le
même jour, par l'autorité du pape, 8c persuada ensuite à Arnaud de prendre
possession du duché de Narbonne. Le nouvel élu suivit volontiers ce conseil,
84 en se mettant en possession du palais archiépiscopal, il fit arborer sur la
tour le drapeau de l'église de Narbonne, en signe du domaine 6" du duché,
en présence du même évêque d'Uzès, des évêques de Béziers, Agde, Mague-
lonne, Lodève, Elne, Toulouse, Comminges 81 Conseransj des abbés de
Saint-Paul dé Narbonne, de Saint-Aphrodise de Béziers; du clergé 8c du
peuple de Narbonne. Le lendemain, Arnaud fit appeler devant lui le vicomte
Aymeri Se reçut, en qualité de duc de Narbonne, l'hommage 8c le serment
de fidélité de ce vicomte. Ces circonstances sont rapportées dans diverses'
lettres qu'Arnaud 8c son chapitre écrivirent, trois ans après, à l'occasion du
|Mocès que ce prélat eut k soutenir contre Simon de Montfort au sujet du
duché de Narbonne. Au reste, nous ignorons si Bérenger, prédécesseur immé-
diat d'Arnaud, mourut archevêque de Narbonne, car il pourroit bien avoir
été déposé, comme il en étoit menacé depuis longtemps par le pape, qui
avoit ordonné, au mois'* de juin de l'an 1210, à l'évêque de Riez 8c à l'abbé
de Citeaux ses légats, d'informer de la conduite de ce prélat, 8c de le déposer
s'ils le trouvoient répréhensible.
' GallU Chnstliim, tiov. ei. t. r, Instrum. p. 10. n. 40Î7.] — Par la même lettre, le pape donnait
[Catalogue des Montfort, n. ôo.] une commission semblable à ses lég.its, contre l'ar-
' Pierre de Vaiix-Cernay, c. 60. chevèque d'Aiich. Bérenger, archevêque de Nar-
' Catcl, Hutoire des comtes de Toulouse, p. 28 bonne, ne mourut que le 11 août iirS d'après le
& suiv.j Mémoires de l'histoire du Languedoc, nécrologe de l'église métropolitaine (cf. t. VIII,
p. 599 & suiv. — Besse, Narbonne, p. 466 ik suiv. c. 218). La conjecture de dom Vaissete se trouve
— Gallia Christiana, nov. éd. t. 1, p. 378. donc justifiée par les textes. [A. M.]
^ Innocent. III 1. i3, Epist, 34. — [Potthast,
An 1212
■■; 38o HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXll.
XVII. — Evéqites de l'aimes, Bé-^iers, Lodève, t-c.
Arnaïul, quelqvie temps après son élection, convoqua à Narbonne les évê-
ques ik les abbés de sa province pour assister à sa consécration. Nous trouvons
les noms de ces évêques dans la donation ' qu'il fit de l'église de Cuxac à sa
cathédrale, le premier de mai de l'an 1212, du consentement des évêques ses
suffragans, savoir : de Raimond d'Uzès, légat du Saint-Siège; Pierre de
Béziers, Raimond d'Agde, Pierre de Lodève, Guillaume de Maguelonnc,
Foulques de Toulouse, Gui de Carcassonne & R. d'Elne. Parmi ces évêques,
il y en avoit quatre de l'ordre de Cîteaux, en comptant le métropolitain. Il
t'iM "'"'"!"■ n'est pas fait mention de l'évêque de Nimes, dont le siège étoit peut-être
vacant : nous savons du moins qu'Arnaud, abbé de Saint-Pvuf, fut élu
évêque de cette ville en 1212. Les abbés qui furent présens à cet acte. Se qui
assistèrent à la consécration d'Arnaud, de même qu'à celle de Gui, abbé de
Vaux-Cernay, évêque de Carcassonne, laquelle se fit^ en même temps,
furent ceux de Saint-Gilles, Saint-Thibéri , Saint-Pons, Valmagne, Saint-
Aphrodise d^ Béziers & La Grasse. Arnaud fut sacré ■* le 2 de mai. I.-e vicomte
Avmeri lui donna ce jour-là un grand festin à titre d'albergue & en qualité
de son vassal pour le duché de Narhoniie.
Pierre, évêque de Béziers, avoit succédé'* depuis peu à Réginald de Mont-
peiroux "' S< non pas de Montpellier, comme on l'appelle communément.
Réginald obligea, en 1211, par l'autorité de Simon de Montfort, tous les
nobles de son diocèse, dont on peut voir l'énumération dans les actes '^ qui
en furent dressés, à restituer à son église les dîmes inféodées qu'ils possé-
doient. On dit que Pierre, son successeur, de la maison d'Aigrefeuil, étoit
déjà élu en 1211. Ce dernier mourut vers la fin de l'année suivante.
Quant k'^ Pierre, évêque de Lodève, on le fait de la maison de Lodève)
5i on assure qu'il étoit Jranciscain lorsqu'il jîarvint à l'évêché de cette ville;
mais saint François n'avoit pas encore alors fondé son ordre. Il avoit succédé
à Pierre Frotier, qui eut de grands démêlés avec les habitans de Lodève,
lesquels envahirent 8< pillèrent son palais épiscopal & l'obligèrent, avec ses
chanoines, à jurer l'observation de leurs usages & de leurs coutumes, que ce
prélat prétendoit être contraires à son autorité Se à sa juridiction. L'évêque
de Lodève & ses chanoines ayant été forcés de faire ce serment, en obtinrent
dispense du pape; mais leur querelle avec les habitans s'étant renouvelée à
cette occasion, S<. Pierre Frotier ayant refusé de confirmer les coutumes, il
fut cruellement assassiné dans son palais. Pierre, après lui avoir succédé,
' Voyez tome VIII, Ch.iitcs, n. CVI , ce. 619 ' Planiavjt de la Pniise, Chronologii pracsulum
Cl 620. Miigalonensiuni, p. 111.
' Pierre de Vaiix-Cern.iy, c. 6:!. ^ Gallia Chnstiana , t. 2, p. ^\:t. ^- (Voyeï
' Catel, Mémoires Je Vhutoirc Ju LangucAoc , tome V, c. I,j33, n. 98.]
p. Ô99 & siiiv. ■ Plantavit de la P.uise, p. 1 1 j >
' Galliu Chriilianj, no/, ci. t. 6.
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XXII.
?,8i
vengea sa mort, fit mourir les assassins, 8c exila leurs parens de tout le dio-
cèse jusqu'à la quatrième génération. Le roi Philippe-Auguste confirma celte
sentence en 1208, & accorda deux ans' après un diplôme au même prélat,
par lequel il confirma celui qu'il avoit donné quelques années auparavant
en faveur de Raimond de Montpellier, évêque de Lodève, avec concession
des droits régaliens, des mines du pays, 8c permission de battre monnoie,
laquelle auroit cours dans tout le diocèse, 8cc.
An 12 i£
I
XVIII. — Le pape ordonne de nouveau à ses légats de recevoir la justification
du comte de Toulouse, £■ refuse d'accorder ses domaines à d'autres.
Quelques auteurs ont prétendu que Raimond, évêque d'Uzès, succéda
immédiatement à Bérenger dans l'archevêché de Narbonne, fondé sur la
suscription d'une lettre du pape Innocent III adressée à Raimond, évêque
d'U-^ès, &■ à l'élu de Narbonne, légat du Saint-Siège; mais il n'ont pas fait
attention que cette suscription distingue l'évêque d'Uzès d'avec l'élu de Nar-
bonne. Le pape, dans cette lettre*, qui est de la fin du mois d'avril de
l'an 121:, leur dit : « Quoique Raimond, comte de Toulouse, ait été trouve
coupable en plusieurs choses contre Dieu 8c contre l'Église, 8c que nos
légats, pour l'obliger à se reconnoître, aient excommunié sa personne 6c
abandonné ses domaines au premier occupant; cependant il n'a pas été
encore condamné comme hérétique 8c comme complice de la mort de
Pierre de Castelnau de sainte mémoire, quoiqu'il en soit très-suspect.
C'est pourquoi nous avons ordonné que s'il se présentoit contre lui un
accusateur légitime, dans un certain temps, on lui assignât un jour pour
se purger, suivant la forme marquée dans nos lettres, nous réservant de
rendre là-dessus une sentence définitive, en quoi on n'a pas procédé sui-
vant nos ordres. Nous ne comprenons donc pas pour quelle raison nous
pourrions encore accorder à d'autres ses États, qui ne lui ont pas été ôtés,
ni à ses héritiers; surtout pour ne pas paroître lui avoir extorqué frauduleu-
sement les châteaux qu'il nous a remis, l'Apôtre voulant qu'on s'abstienne
< de l'apparence même du mal; car si on avoit rendu quelque sentence contre
lui sur ces deux articles, sans égard à la forme que nous avons prescrite,
elle seroit sans doute nulle. N'y ayant donc pas encore lieu de vous
accorder la demande que vous nous avez faite, (Je disposer de ses États en
faveur d'un autre, nous vous ordonnons de travailler de toutes vos forces
i< à conduire cette affaire d'une manière qui soit ferme &C solide. Nous man-
dons à l'évêque de Riez 8< à maître Thédise, chanoine de Gênes, d'y pro-
céder suivant la forme que nous leur prescrivons; 8c si c'est par la faute du
comte (|ue la procédure ne se continue pas, qu'ils aient à lui signifier Si
aux autres, que nous agirons comme le bien de la paix S; de la foi le
' Gallia Christiana, nov. ei. t. 6. — [Delisle, ' Innocent. III 1. i '>, Eplu. loi. — [Potih.ist,
Catalogue des actes de Philippe-Auguste, p. 276, n. 4J7i la bulle esi sans date de jour 8; de mois.)
n. 1 198 ; & plus haut, p. lin.]
I-'d.orlgin.
t. III, r- 22;
An i;
38: HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXII.
« demandera; mais qu'ils ne manquent pas de nous instruire de la vérité. «
Le pape Innocent III écrivit dans les mêmes termes à l'évêque de Riez St à
maître Thédise, & leur ordonna de ne rien négliger dans cette atfaire,
comme on dit qu'ils avaient fait jusqu alors.
Nous voyons par cette lettre : i° Que l'évêque de Riez 8c maître Thédise,
commissaires dans l'affaire du comte de Toulouse, avoient refusé jusqu'alors
de recevoir la justification de ce prince touchant le crime d'hérésie & la mort
du légat Pierre de Castelnau dont on l'accusoit, malgré les ordres précis
d'Innocent III qu'ils avoient éludés, &, qu'a}ant excommunié le comte 8c
disposé de ses États en faveur du premier occupant, ils le regardoient comme
pleinement condamné 8c déchu de sous ses domaines, mais que le pape
eut assez d'équité pour ne pas approuver leur procédé. :° Que l'évêque
d'Uzès, qui avoit conseillé à Arnaud, ahbé de Cîteaux, après son élection à
l'archevêché de Narbonne, de se qualifier duc de cette ville, prétendoit que
le comte de Toulouse n'avoit plus aucun droit à ce duché. Se qu'il lui étoit
libre d'en disposer, en qualité de légat, sous le bon plaisir du pape; qu'il
demanda à Innocent la confirmation de cette disposition, Se que le pape la
refusa. 3° Enfin qu'Innocent gardoit toujours en son pouvoir les sept châ-
teaux que le comte de Toulouse lui avoit livrés en 1209 8c à l'Eglise romaine,
pour gage de sa conduite, sans compter le comté de Melgueil qu'il avoit saisi
sur lui, sous prétexte de sa prétendue suzeraineté. Les chevaliers 8c le peuple
du château de Melgueil lui écrivirent, en effet, pour le féliciter de ce qu'eux
8c leur comté étoient spécialement soumis en propriété à l'Eglise romaine, 8c
pour le prier de ne pas les soumettre à d'autre que lui. Le pape, par sa
réponse', du 5 de juin de l'an 121 2, les exhorte à persévérer dans leur fidélité
&c les assure de sa protection.
XIX, — Guillaume dispute la seigneurie de Montpellier à la reine d'Aragon,
sa sceur.
Innocent III écrivit^ le lendemain, en qualité de comte de Melgueil, à
Marie, reine d'Aragon 8c aux habitans de Montpellier, avi sujet de Guillaume,
frère consanguin de cette princesse, lequel prétendoit que la seigneurie de
Montpellier lui appartenoit, 8c que cette reine la détenoit injustement. Le
pape marque dans cette lettre que la Juridiction sur le pays lui appartient,
8c ordonne à Marie 8c aux habitans de Montpellier, ou de restiluer^ette ville
à Guillaume, qui avoit eu recours k son autorité, ou de se présenter à son
tribunal, à la fête prochaine de la Toussaint, pour y être jugés.
Nous ignorons de quelle manière l'évêque de Riez 8c maître Thédise exé-
cutèrent les nouveaux ordres d'Innocent touchant la purgation canonique du
comte de Toulouse; il paroît cependant qu'ils évitèrent toujours d'en venir à
■ Innocent. III 1. |5, Epist. io3. — [Pottliast, * Innocent. III 1. i3, Epist. 104, — [Potthr.st,
^ . 4Ô18.] n. 4 J2i .]
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXII. 383 —
An 1112
l'exécution afin d'achever d'opprimer ce prince. Thédise entreprit', en effet,
exprès un voyage à Rome pour y taire l'apologie de sa conduite 6<. y noircir
de plus en plus celle du comte.
XX. — Le roi d'Jragon fait un voyage à Toulouse. — Arnaud, archevêque
de Narhonne, va servir en Espagne contre les Sarrasins.
Arnaud, archevêque de Warbonne^, peu de temps après sa consécration, se
disposa à aller servir en Espagne contre les infidèles. Miramolin^', roi de
Maroc, avoit passé la mer 8c fait une irruption dans ce royaume, où il portoit
la désolation. Alfonse, roi de Castille, dont il avoit attaqué les États, n'étant
pas assez fort pour lui résister, appela à son secours tous les autres princes
d'Espagne, 6c envoya l'archevêque de Tolède en France, pour y solliciter les
peuples à s'armer en sa faveur, Se à profiter de l'indulgence que le pape avoit
accordée à ceux qui prendroient part à cette expédition. Pierre, toi d'Aragon,
fut un des premiers qui se préparèrent à marcher au secours du roi de Cas-
tille. Il fit un voyage à Toulouse, au commencement de l'an 12 12, 8c y établit
pour son vicaire, c'est-k-dire sans doute pour son ambassadeur auprès du
comte, son beau -frère, un chevalier, nommé Guillaume de l'Echelle. Il
repassa bientôt les Pyrénées 8c, ayant assemblé ses troupes, il marcha vers Éd. origin.
Tolède. Arnaud, archevêque de Narbonne, partit de son côté à la tête de 'P-- ■
cent chevaliers françois Se d'un corps d'infanterie, le mardi d'après l'octave
de la Pentecôte de l'an 1212. Il visita en passant le roi de Navarre 8c per-
suada à ce prince, quoique ennemi du roi de Castille, de se joindre à lui
contre leur ennemi commun. Arnaud se rendit ensuite à Tolède à la tête de
ses troupes, qui avoient été levées pour la plupart dans les diocèses de Lyon,
de Vienne 8c de Valence. Il rencontra à Tolède plusieurs autres prélats 8<.
chevaliers françois qui avoient passé en Espagne dans le même dessein, entre
autres l'archevêque de Bordeaux, le comte d'Astarac, le vicomte de Tu-
renne, Sec. Tous ces François formoient un corps d'armée composé de deux
mille chevaliers, qui avoient chacun leur écuyer, de dix mille sergens à
cheval 8c de cinquante mille à pied. Ces troupes s'étant jointes à celles d'Es-
pagne, commandées parles rois de Castille, d'Aragon 8c de Navarre, rempor-
tèrent divers avantages sur les infidèles 8c les défirent entièrement en bataille
rangée, le 16 de juillet, dans un lieu appelé les Naves de Toulouse '^. On
compte que soixante mille Sarrasins y demeurèrent sur la place, tandis que les
chrétiens n'y perdirent que cinquante hommes. L'archevêque Arnaud contribua
beaucoup au gain de cette bataille, dont il nous a laissé une relation fort
détaillée : les chrétiens ayant pris la fuite au commencement de l'action, il fit
tant par ses exhortations qu'il ranima leur courage 8c les ramena au combat.
' Innocent. III 1. 16, Ep'ut. 35. ' [Par corruption, pour Emir al Mouraenia,
' Guillaume de Puylautens, c. 20. — Gallia prince des croyants.]
Christiana, t. i, p. 379. — Zurita, Anales de U ^ [Los Naves deïolosa.]
corona de Aragon,
An I2IZ
084 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXII.
XXI. — Simon assiège 6- prend le château d'Hautpoul.
Cette expédition fut très-glorieuse à Pierre, roi d'Aragon; mais elle l'em-
pêcha de soutenir le comte de Toulouse, son beau-frère, contre les entre-
prises de Simon de Monttort qui, après' avoir fait quelque séjour à Albi, se
rendit à Castres, d'où il alla assiéger le château d'Hautpoul, dans le Toulou-
sain, Les croisés arrivèrent le second dimanche d'après Pâques devant ce
château, situé entre Castres £c Lavaur, sur une haute colline escarpée, envi-
ronnée de rochers presque inaccessibles. Simon, qui n'avoit pas beaucoup de
troupes, ne put faire qu'une partie de la circonvallation. 11 fit dresser un
pierrier St le fit jouer le troisième jour du siège. Ayant ensuite fait mettre ses
chevaliers à pied, il fit la descente du fossé, donna l'assaut & emporta le pre-
mier faubourg; ses troupes ne pouvant cependant résister aux ettorts des
assiégés, qui faisoient pleuvoir une grande quantité de pierres, furent enfin
obligées de reculer Se d'abandonner l'entreprise. Le lendemain, le pierrier
ayant fait de plus grandes brèches, les assiégés prirent la fuite 8c se retirèrent
sur le soir. Les croisés s'en étant aperçus s'emparèrent bientôt de la place 8c
ne firent aucun quartier à tous ceux qui y étoient demeurés. Simon rit raser
le château d'Hautpoul 8c se rendit à Sorèze, où il donna en fief, le 23 d'avril*
de cette année, du consentement de la comtesse Alice, sa femme. Se d'Amauri,
son fils aîné, à Philippe Goloyn, chevalier françois, sous le service d'un homme
d'armes, les lieux de Vilarzel, de Montclar, de Pomars, Sec. confisqués sur les
hérétiques Se les fugitifs^.
XXn. — Émeute de Narbonne contre Gui 6- Amauri de Mont/ort.
Gui de Montfort 8c Amauri, son neveu, fils de Simon, firent un voyage
peu de temps'' après à Narbonne, où ils donnèrent occasion à une grande
émeute. Gui étoit logé dans l'archevêché, 8c Amauri dans la maison des Tem-
pliers. Ce dernier, qui étoit encore fort jeune, étant allé voir par curiosité
le palais du vicomte, voulut ouvrir une fenêtre de ce bâtiment qui étoit fort
■rieux, 8c la fit tomber avec quelque bruit. Aussitôt tout le peuple de Nar-
bonne s'attroupe 8c accuse publiquement le jeune Montfort d'avoir voulu
forcer le palais vicomtal. Amauri se réfugie dans la maison des Templiers :
le peuple ameuté l'y poursuit, l'y assiège 8c l'oblige à se retirer dans une
tour. Enfin un citoyen trouva moyen d'apaiser le tumulte durant lequel
deux écuyers de Simon de Montfort furent tués.
' Pierre de Vnux-Cernay, c. 6i . — [Le siège loyn, sénéchnl de Carcissonne; ce nom décèle une
d'Hautpoul n'est pas indiqué par Guillem de Tu- origine anglaise. Sa famille resta dans le pays &
dèle.] le roi Louis IX confirma à ses descendants une
' Manuscrits de Colbert, n. zinit. — Voyez notre partie des possessions que les Montfort lui ayaient
Catalogue, n. "ii. données. |A. M.]
' Nous retrouverons plus Için ce Philipp'.' Go- '' Pierre de ^^•^'.!\•-Cernay, c. (12,
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXII. 385 "T
An i z 12
XXIII, — Simon reçoit un nouveau secours de croisés ^ reprend diverses
places sur le comte de Toulouse.
Montfort étoit allé alors du côté de Toulouse à la rencontre d'un grand
nombre de pèlerins allemands, lombards Se auvergnats qui, s'étant joints,
venoient à son' secours. L'arrivée de ces nouveaux croisés jeta l'épouvante
dans tout le pays, Se la plupart des peuples de la campagne quittèrent leurs
habitations pour se réfugier à Toulouse Se à Montauban, les deux plus fortes
nlaces crui restoient au comte Raimond, lequel étoit dans la dernière avec les i;f oiigin.
J » , ^^ ' ^ t. Ul, p. 21:7.
comtes de Foix Se de Comminges. Simon, soutenu dun renfort si considé-
rable, reprit bientôt la plus grande partie des places qu'il avoit perdues, 8c
soumit en trois semaines les châteaux de Cuc, de Montmaur, Saint-Félix,
Casser, Montferrand, Avignonet, Saint-Michel 8t plusieurs autres du Tou-
lousain. Gui, nouvel évêque de Carcassonne, après avoir été sacré à Nar-
bonne, joignit l'armée des croisés à Saint-Michel, à une lieue de Castelnau-
dary, 8t la suivit toujours depuis. Le comte Raimond s'avança cependant
jusqu'à Puylaurens; mais Montfort ayant fait semblant de vouloir attaquer
cette place, Raimond se retira Se l'abandonna aux croisés qui s'en saisirent.
Un corps de noblesse allemande, commandé par le prévôt de l'église de
Cologne, joignit en cet endroit Montfort, qui rendit le château de Puylau-
rens à Gui de Lucé, auquel il i'avoit donné autrefois. Ce général, après avoir
campé pendant deux jours aux environs, détacha Gui, son frère, Se Gui de
Lévis, son maréchal, pour aller à Carcassonne au devant de Robert, arche-
vêque de Rouen, de Robert, élu évêque de Laon, Se de Guillaume, archi-
diacre de Paris, c[ui conduisoient un grand nombre de croisés françois. Son
armée étant ainsi extrêmement augmentée, il la partagea en deux corps : il
fit marcher une partie composée de ce nouveau renfort sous les ordres de
Gui, son frère, 8e s'avança avec le reste vers Rabastens, dans le diocèse d'Albi.
Ce château Se ceux de Montaigu 8e de Gaillac n'attendirent pas son arrivée,
8e se soumirent sans coup férir. Les bourgeois de Saint-Marcel, craignant
son ressentiment, lui envoyèrent alors les clefs de leur château 8c implorèrent
sa clémence; mais ce général ayant refusé de recevoir leur soumission, ils
abandonnèrent la place Se cherchèrent leur salut dans la fuite. Simon s'em-
para ensuite du château Se le fit détruire de fond en comble^. Il traita de
même celui de La Guépie, sur la petite rivière de Biaur, qu'il trouva aussi
abandonné. Il marcha enfin vers Saint-Antonin, dans le dessein de faire le
siège de cette ville, située en Rouergue, sur la rivière d'Aveyron, dans un
vallon très-agréable, au pied d'une colline.
■ Pierre de Vaux-Cernay, c. 62. — Voyez tome V de son édition, p. 5o), les traces de cet
tome VIII, c. 83. — [Guillem deTudéle, vers incendie se voyaient encore à Saint-Marcel, an
235^-23.54.] commencement de ce siècle. [A. M.]
' Suivant M. Diimége (additions & notes du
VI. »5
"Z 386 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXII.
An 12 12
XXIV, — Simon de Montfort assiège iS* prend Saint-Antonin.
L'évêque d'Albi, qui conduisoit l'avant-garde de l'armée, s'étant hâté d'ar-
river à Saint-Antonin, exhorta les habitans à se soumettre; mais Adhémar
Jourdain, chevalier de mérite que le comte de Toulouse y avoit mis pour
gouverneur, lui répondit fièrement : « Que le comte de Montfort sache que
(i jamais les hourdonniers ne viendront à bout de prendre mon château. » Il
appeloit hourdonniers les croisés, à cause qu'ils portoient des bourdons pour
marque de leur pèlerinage. Simon, informé de cette réponse, promit d'en faire
repentir le gouverneur. 11 arrive à Saint-Antonin St, ayant planté son camp
dans la plaine au pied du château, il est assailli le soir même par les habi-
tans qui font une sortie. Les sergens de son armée les repoussent avec
vigueur jusque dans la place & ils en font aussitôt l'atiaque sans la partici-
pation de leur généraux. Enfin, après un combat d'une heure, ils se rendent
maîtres de trois barbacanes ou ouvrages extérieurs; la nuit qui survint les
ayant empêchés de continuer leur entreprise; les assiégés, effrayés d'une
action si vigoureuse, commencent à perdre courage, & plusieurs tâchent de
se sauver par une porte opposée au camp ; les croisés, qui s'en aperçoivent,
les poursuivent & font main basse sur tout ce qu'ils rencontrent. A minuit,
Pons, vicomte de Saint-Antonin, jugeant que la ville seroit prise infaillible-
ment le lendejnain, envoie offrir à Montfort de la lui remettre, à condition
qu'il auroit la liberté de se retirer où il voudroit. Ce général lui refuse sa
demande & le vicomte se rend enfin à discrétion. Les croisés entrent dans. la
place de grand matin 5c après avoir fait mourir trente des principaux habi-
tans', pillé Si. saccagé la ville, sans épargner ni le monastère, ni le clergé,
Simon pardonne à tous les autres pour ne pas la dépeupler entièrement. Il
fait ensuite conduire à Carcassonne le gouverneur, le vicomte Pons, & plu-
sieurs autres chevaliers qu'il ordonne de renfermer dans une étroite prison.
Il dispose enfin du gouvernement de Saint-Antonin en faveur de Baudouin,
frère du comte de Toulouse, & l'y laisse avec une bonne garnison, Baudouin
engagea bientôt^ après ceux du château de Caylus, en Querci, à se sou-
tMti°'p"'>"'s. ""lettre à Simon, qu'ils avoient abandonné l'année précédente pour retourner
sous la domination du comte de Toulouse, leur ancien maître.
XXV. — Simon de Montfort soumet VAgenois, où il assiège 6" prend
le château de Penne,
Montfort, après la prise de Saint-Antonin, délibéra sur la suite des opéra-
tions de la campagne avec les évêques d'Uzès, de Toulouse & de Carcas-
' C'est du moins le chiffre donné par la rédnc- droit. La prise de Saint-Antonin eut lieu le di-
, tion en prose. Guillem de Tudèle dit vingt-huit manche en l'octave de la Pentecôte (6 mai 1212'!,
des principaux habitants & dix bourgeois; le texte d'après Pierre de Vaux-Cernay. [A. M.]
<ie ce dernier par<iît du reste corrompu en cet en- ' Pierre de Vaux-Cernay, c. 63,
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXII. 38]
sonne. On résolut de marcher vers l'Agenois, pays que Raimond, comte de
Toulouse, tenoit de la succession de Jeanne d'Angleterre, sa mère. L'évêque
d'Agen pressoit depuis longtemps ce général des croisés de s'y rendre, avec
oft're de l'aider de toutes ses forces S< de l'appuyer du crédit de ses parens,
qui étoient très-puissans dans le pays. Simon, s'étant mis en marche, se
saisit en passant de divers châteaux que la crainte de ses approches avoit fait
abandonner à leurs habitans; il les fait raser 8c ne conserve que celui de
Montcuq qu'il donne au comte Baudouin. Étant arrivé devant le château de
Penne, en Agenois, place très-forte, située sur le penchant d'une colline, au
bas de laquelle coule la rivière de Lot, dans un pavs aussi agréable que fer-
tile, il forme le dessein d'en faire le siège. Le conite de Toulouse y avoit mis
pour gouverneur Hugues d'Alfar, chevalier espagnol, homme brave Se intelli-
gent, qu'il avoit fait sénéchal du pays, à qui il avoit donné Guillelmette, sa
fille naturelle', en mariage, & qui avec quatre cens routiers qu'il avoit pris
à sa solde résolut de se détendre jusqu'à la dernière extrémité.
Simon, avant que de commencer le siège de Penne, laissa son armée devant
cette place Si alla à Agen, suivi de quelques chevaliers, pour recevoir la sou-
mission des habitans qui lui prêtèrent serment de fidélité 8c lui remirent leur
ville dont il prit possession. On peut observer à cette occasion que le zèle de
la religion régloit bien moins les pas de ce général que l'envie de s'agrandir
au dépens d'autruij car il est certain qu'il n'y avoit alors ^ aucun hérétique
manifeste à Agen. Or nous avons vu ailleurs que le pape ne regardoit pas
encore le comte de Toulouse comme convaincu des crimes dont on l'accusoit,
&t qu'il convenoit qu'on ne pouvoit lui ôter ses Etats. C'est donc uniquement
dans le dessein de les envahir Se de s'enrichir des dépouilles de ce prince que
Simon lui faisoit la guerre.
Ce général étant de^ retour à Penne, le dimanche troisième de juin, il en
commença le siège durant lequel l'évêque de Carcassonne, qui s'y trouva, fit
les fonctions de vice-légat, à cause de l'absence d'Arnaud, archevêque de
Narbonne, qui étoit alors en Espagne. Hugues d'Alfar, gouverneur de la
place, fit mettre aussitôt le feu au faubourg d'en bas 8< se renferma dans le
château avec sa garnison. Les croisés se saisirent ensuite du faubourg aban-
donné 8t y dressèrent des pierriers pour abattre les murailles; mais les assiégés
les démontèrent bientôt, Si ils harcelèrent tellement les croisés par leurs
fréquentes sorties que ces derniers n'avoient encore fait aucun progrès à la
Saint-Jean. Simon reçut cependant l'hommage de presque toute la noblesse
de l'Agenois, qui vint le reconnoître pour son seigneur. Enfin, voulant
avancer les travaux du siège Se remplacer plusieurs croisés qui, après avoir
fini leur quarantaine, demandoient à se retirer, il manda à Gui, son frère,
de le venir joindre.
Gui agissoit alors d'un autre côté avec un corps d'armée Se avançoit beau-
' Voyez tome VII, î/oie X, n, 4, pp. 26, 17. 'Pierre de Vaiix-Cernay, c. (53. — Voyez
" Innocent. III 1. iz,Ep',st. 172. — [Pottliast, tome VIII, ce. 84, 85. — [Guillem de Tudèle, vers
11 339D.] 240J-2443.]
An 12 12
Au i::i2
388 niSTOlRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXII.
coup les affaires de la croisade. Il étoit parti de Caicassonne, suivi de Robert,
archevêque de Rouen, Robert, élu évêque de Laon, Guillaiime, archidiacre
de Paris, Enguerrand de Bove, à qui Simon avoit donné depuis longtemps
une partie du pays de Foix, 8c de plusieurs autres chevaliers. 11 s'étoit étendu
dans le même pays, où il avoit pris d'assaut le château d'Ananclet", dont il
avoit fait passer la garnison par le fil de l'épée. Cette prise avoit jeté la ter-
reur dans tout le voisinage, £c les habitans de plusieurs châteaux, les avoient
abandonnés après y avoir mis le feu. Gui, après avoir achevé de les ruiner,
s'étoit avancé vers Toulouse, où ses approches avoient produit le même effet,
& il assiégeoit actuellement le château de Penne, en Albigeois, quand Simon,
son frère, lui manda devenir à son secours. Gui abandonna aussitôt le siège
de ce château S<, ayant fait le dégât aux environs, il se mit en marche £<
arriva enfin au siège de Penne, en Agenois.
t'^i'îi"' '*'.'','■ Simon chargea Gui, son frère, de l'attaque du côté du levant, & il con-
tinua lui-même celle qu'il avoit commencée vers le couchant. Comme les
machines qu'il avoit employées jusqu'alors étoient presque inutiles, il en fit
construire une beaucoup plus grande dont il espéroit un meilleur succès;
mais il sévit abandonné bientôt de l'archevêque de Rouen, de l'évêque de
Laon &. de la plupart des autres pèlerins françois, qui, ayant fini leur qua-
rantaine, & étant d'ailleurs fawgués de la longueur du siège, se disposèrent
à partir. Simon fit tout son possible pour les retenir encore pendant quelque
temps : le seul archevêque de Rouen consentit de demeurer jusqu'à l'arrivée
d'une troupe de nouveaux croisés qui venoient de Carcassonne, & qui avoient
à leur tête l'abbé de Saint-Rémi de Reims, un abbé de Soissons, l'archi-
diacre de Châlons-sur-Marne & le doyen d'Auxerre, lequel mourut peu de
temps après. Simon, aidé de ces nouveaux croisés, pressa la place de plus
près : les assiégés continuèrent de leur côté à se défendre avec beaucoup de
courage; & craignant de n'avoir pas assez de vivres, ils firent sortir de la ville
toutes les bouches inutiles; mais Simon fit rentrer ces exilés, & on ^ le loue
beaucoup de n'avoir pas daigné les faire mourir. Enfin, les machines ayant
ruirîé la plupart des maisons & fait une brèche considérable aux murailles,
les assiégés qui manquoient d'eau Se mouroient de soif, à cause de la chaleur
excessive de la saison, 8<. qui n'avoient d'ailleurs aucune nouvelle du comte
de Toulouse, demandèrent à capituler. Ils obtinrent la liberté de se retirer
avec la vie & les bagues sauves, & le gouverneur livra la place à Simon
le 25 de juillet ii\2. Le lendemain l'archevêque &. le chantre de Reims
arrivèrent au camp avec un nouveau renfort de croisés.
■ 11 faii< évidemment corriger Avelanetum, La- ' Pierre de Vaux-Cernay, c. 6.';
velanet (Arlége) , .-irrondissement de Foix. Pierre
de Vaux-Cernay porte j4nc/anfium [A. M.J
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXII. 389
XXVI. — Montfort prend Marmaiide £< Bîron, punit la déjection de Martin
d'Algais, 6- traite avec le vicomte de Béarn.
Durant le sîége de Penne, Simon détacha Robert de Mauvoisîn pour
prendre possession en son nom de Marmande sur la Garonne, qui étoit du
domaine direct du comte de Toulouse. Robert fut reçu favorablement des
bourgeois, qui lui remirent la ville; mais la garnison se retira dans le châ-
teau Si se mit en état de défense. Robert ayant tait dresser un mangonneau,
il n'eut pas plutôt commencé à le faire jouer que cette forteresse se soumit.
Simon récompensa les services de ce chevalier par la donation' qu'il lui fit,
le 17 de juillet de l'an 121 2, au siège de Penne en Agenois, des biens qui
avoient appartenu à Guillaume de Durfort de Fanjeauxj Robert les donna
au monastère de Prouille.
Montfort assiégea ensuite le^ château de Biron, dans le dessein de punir la
défection de Martin d'Algais, qui en éloit gouverneur 81 qui avoit quitté son
parti pour embrasser celui du comte de Toulouse. Il emporta le bourg de
Biron d'emblée, & somma la garnison qui s'étoit retirée dans le château de
se rendre. Comme elle étoit hors d'étal de résister, elle offrit de remettre la
place, à condition qu'elle sortiroit la vie sauve. Simon lui accorda cet article;
mais il voulut qu'on lui livrât Martin d'Algais, ce qui fut fait. Il permit a
ce chevalier de se confesser; & l'ayant ensuite fait attacher à la queue d'un
cheval, 8i promener ainsi dans tout le camp, il le £t pendre. II disposa du
gouvernement de Biron en faveur d'un chevalier nommé Arnaud de Mon-
taigu. Gaston, vicomte de Béarn, vint alors traiter avec lui touchant la
vicomte de Brulhois^, qui dépendoit du comté d'Agenois. Ils convinrent de
se trouver à Agen un certain jour pour conclure leur traité; mais le vicomte
manqua au rendez-vous. La comtesse de Montfort joignit le comte Simon,
son mari, dans ce pays accompagnée de l'évêque de Carcassonne"*. Elle se
saisit, en passant dans le Querci, de quelques châteaux, que les habitans
avoient abandonnés à ses approches.
XXVII. — Mont/brt assiège Moissac, le prend, &> soumet diverses places
des environs.
Montfort, après avoir soumis l'Agenois"', se rendit dans le Querci, 8c arriva
le 14 d'août de l'an 1212 devant Moissac, ville située sur le Tarn & les fron-
tières du Toulousain, au pied d'une colline, dans une très-belle campagne. Il
' Archives de Prouille. [Voir notre Catniogue, compngiiait In comtesse de Montfort pendant ce
n" 02-53.] Yoyage. Giiillcm de Tudèle dit (vers 2464), qu'elle
'Pierre de Vaux-Cernny, c. 63. — Voyez amenait à son vnari quinze mille hommes de ren-
tome VIII, c. 8:). fort. Pierre de Vaux-Ccrnay dit seulement qu'elle
'Pierre de Vaux-Cernay, c. C>j. — Marca, ayail avec elle ptiiicos pauperes €• pcrrgrlnos. [\. M.]
Hiitoirc {ie Béarn, 1. 6, ch. 16, n. 2. ' Pierre de Vaux-Cernay, c. 63. — Voyez
' Le chroniqueur Pierre de Vaux-Cernay ac- tome VIIT, ce. S^> & suiv.
An 1212
7777^ ^9° HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXII.
l'assiégea aussitôt avec le secours de Baudouin, frère du comte de Toulouse,
qui le joignit à la tête de quinze mille hommes'. Les habitans se voyant
menacés d'un siège, avoient appelé à leur secours un corps de routiers &
plusieurs bourgeois de Toulouse qui, au mépris de l'interdit que les légats
avoient jeté sur la ville à cause qu'elle étoit attachée au parti du comte de
'ia,''p'"33o. Toulouse, firent sonner tous les jours les cloches de l'abbaye : ayant été
ensuite investis, ils se seroient soumis volontiers à Simon; mais la garnison
les en empêcha. Se ils furent obligés de se défendre malgré eux. Simon avant
que de faire dresser ses machines, dont il donna la direction à Gui, évêque
de Carcassonne, & à Guillaume, archidiacre de Paris, tenta l'assaut; mais il
fut repoussé avec perte & obligé de se retirer. Il eut alors recours à ses
machines dont il ne fit pas un long usage, car les assiégés y mirent le feu
dans une sortie, Se poussèrent les croisés avec beaucoup de vigueur jusqu'à ce
que Simon étant survenu, il les obligea enfin à rentrer dans la place, après
avoir eu un cheval tué sous lui, reçu une blessure au pied & avoir failli
d'être pris. Dans cette action plusieurs croisés demeurèrent sur la place, 8c
les assiégés firent prisonnier un neveu de l'archevêque de Reims, qui étoit
venu au siège avec son oncle : ils lui coupèrent la tête & la jetèrent avec le
tronc par dessus les murailles.
Peu de temps après, Réginakl, évêque de Toul 8c non de Tulle, comme
quelques-uns^ Pont avancé, vint à Cahors à la tête d'un nouveau corps de
croisés, dans le dessein d'aller joindre Simon. Le comte de Foix, qui étoit à
Montauban, informé de sa marche, se mit en campagne, l'attaqua 8< l'obligea
de se réfugier dans un château du voisinage. Montfort détacha aussitôt le
comte Baudouin qui l'amena en toute sûreté. Il redoubla alors ses efforts, 8c
ayant fait élever une grande machine appelée Cat, il la couvrit de peaux de
bœufs toutes fraîches^ 5c la fit approcher de l'avant- fossé, qui étoit large,
profond 8c plein d'eau. Les assiégés opposèrent à cette machine un pierrier
pour la démonter, 8c ils vinrent à bout d'y mettre le feu dans une sortie;
mais les croisés ayant trouvé moyen de l'éteindre, ils donnèrent l'assaut le
lendemain aux ouvrages extérieurs, tandis que l'archevêque de Reims, les
évêques de Carcassonne, de Toul 8c d'Albi, l'abbé de Moissac avec une partie
de ses religieux, &c le reste du clergé de l'armée chantoient dans le camp des
hymnes 8c des cantiques, nu-pieds Se revêtus d'aubes, pour implorer le
secours du ciel. Leurs prières furent efficaces : les assiégés abandonnèrent
enfin ces ouvrages après avoir disputé longtemps le terrain, 8c se retirèrent
derrière les murailles de la place.
Cependant ceux de Castelsarrasin envoyèrent des députés au camp pour
se soumettre. Se Simon détacha vers le même temps Gui son frère, le comte
Baudouin 8c quelques autres chevaliers, pour s'assurer de Verdun sur la
' La mention de la présence de Baudouin ne se ' Langlois, Histoire Jes Aliigeois, 1. 5, p. zjl.
trouve que dans la chronique en prose, qui aura
fait quelqu'une de ces fautes auxquelles elle nous
a habitués. [A, M.]
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXII. 39;
Garonne, qui se rendit volontairement avec toutes les places des environs; en
sorte qu'il ne resta plus dans le pays, au comte de Toulouse, que la ville de
Montauban. Les bourgeois de Moissac, informés de cette soumission, & vo)ant
d'ailleurs que les machines des croisés avoient tait des brèches considérables
à leurs murs, firent négocier secrètement leur paix & otfrirent de se rendre,
pourvu qu'on leur accordât la vie & les bagues sauves. Simon refusa d'accepter
leurs oftVes, à moins qu'ils ne lui livrassent les routiers 8< le reste de la gar-
nison, & qu'ils ne lui fissent serment de ne plus porter les armes à l'avenir
contre les chrétiens. Les habitans de Moissac ayant consenti à ces articles,
ils ouvrirent leurs portes aux croisés le lendemain 8 de septembre &, s'étant
joints à eux, ils firent main basse sur la garnison composée de trois cens
hommes. Ils rachetèrent ensuite le pillage de leurs maisons pour la somme
de cent marcs d'or qu'ils donnèrent à Simon, lequel prit possession de la
ville & la remit à ra]}bé '. Il se réserva seulement le domaine qui appartenoit
de droit au comte de Toulouse sur le château 8<. se l'appropria. Il fit six
jours* après un traité avec Raimond, abbé de Moissac, suivant lequel ils
réglèrent les droits qui leur appartenoient sur la ville de ce nom 8< sur ses
dépendances : ces droits étoient échus à Simon, est-il dit dans la charte,
parce que Dieu les avait ôtés au comte de Toulouse pour ses péchés £• pour
les maux infinis qu'il avait causés à l'Eglise i^ à la Jbi catholique. L'acte
fut passé dans le chapitre de l'abbaye de Moissac le 14 de septembre de
l'an 1212, en présence de Gui, évêque de Carcassonne, 8c de Guillaume,
archidiacre de Paris, vice-légats dans le pays, des évêques d'Agen Si d'Albi,
de l'abbé de Clairac, 8tc. Philippe, roi de France régnant, &< Guillaume,
évêque de Cahors, gouvernant la province. L'abbé de Moissac ne fut guère
plus content de Simon de Montfort qu'il l'avoit été de Raimond, comte de
Toulouse : peu de temps après la prise de cette ville par le premier, il
députa'' un de ses religieux en Cour pour implorer la protection du roi,
auquel il exposa, comme au défenseur de son monastère, les maux qu'il
' Le récit clvi siège de Moissac est assez développé par moitié; au-dessus les deux tiers en r.ppar-
darts GuiUem deXuJéle (vers 2472-2614). Le poète tiennent au comte, le reste à l'abbé. — Les fiefs
mentionne quelques circonstances de plus que d'encours, confisqués, appartiennent au seigneur
Pierre de Vaux-Ccrnay, & notamment une escar- dont ils étaient tenus. — Exemption de justice
mouche entre le comte Baudouin & la garnison de séculière pour l'abbé, les moines, leurs bailes 8c
Montauban qui avait attaqué une troupe de pèle- les gens de leur famille. — Chaque année, la
rins. En outre, il assure que la reddition de Mois- comte lève à Moissac une quête de cinq cents sous
sac fut amenée par la chute d'une partie des murs de Cahorsj si une autre quête a lieu, elle ('cit
de la ville. [A. M.] être consentie par l'abbé, qui en a le tiers. — le
' Reg'ntrum curiae Franc'iae. — On peut voir comte de Montfort réserve ensuite se» droits d'al bé-
i'acte en question, tome VllI, ce. 621 à 62J. Cet chevalier sur plusieurs villages des alentours. —
acte est le renouvellement, au profit de Simon de En outre, on impose à tous les habitants de Mcis-
Montfort, des accords précédemment passés avec sac ne faisant pas partie de la famille de l'abbaye
le comte Raimond VI. En voici les principales & habitant les villages de l'abbé- chevalier, vn
clauses : Le château de Durand Mercier, situé droit du septième de leur revenu, droit dont l'iibbé
dans la ville, est inféodé à Montfort, sous la a le quart. [A. M.]
redevance annuelle d'une obole d'or. — Les droits ^ Voyez tome VIII, Chartes, n, CVII, ce. 635
de justice au-dessous de sept sous sont partagés 81 636.
An ] 212
Kd. orif;iii.
t. lu, p. 2JI.
An 12 12
092
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XXII,
avoit eus à souffrir, soit de la part des comtes de Toulouse, soit de la part
des croisés '.
XXVIII. — Simon yàit présent au pape de mille marcs d'argent.
Le pape Innocent III envoya* vers le même temps, dans le pays, un nommé
Pierre-Marc, originaire de Nimes, sous-diacre de l'Eglise romaine & correc-
teur des lettres apostoliques, pour lever le cens qui y avoit été établi en iaveur
de l'Église romaine & pour d'autres affaires. Il pria Simon de Montfort de le
pourvoir de la charge de son chancelier'', & le recommanda aussi à l'arche-
vêque^ de Narbonne Se à l'évêque d'Uzès, légats du Saint-Siège, & à tous
les prélats des églises censuelles de l'Eglise romaine dans les provinces de
Narbonne, Arles, Aix & Embrun Si dans les diocèses d'Albi, Rodez, Cahors
& Agen. Le pape ordonna^ à Simon, par une autre lettre, de faire remettre
à ce nonce les mille marcs d'argent du poids de Troyes, dont ce général avoit
résolu de lui faire présent. Eniin il manda à l'évêque de Maguelonne^ de
traiter avec le même envoyé touchant l'offre qu'il faisoit de donner cincf cens
marcs d'argent une fois payés, & vingt marcs de rente annuelle à l'Église
romaine pour la ferme du comte de MelgueiF.
' Dans cette lettre, l'abbé de Moissnc se plaint
.■i\i roi des usurpations des comtes de Toulouse,
usurpations assez anciennes, puisque les abbés-
chevaliers dont il parle existaient dès le onzième
siècle. Il expose ensuite qu'avant l'arrivée des
croisés, il se préparait à se rendre à la Cour avec
ses privilèges, sans doute pour obtenir de Phi-
lippe la confirmation de ces derniers; arrêté par
Raimond VI, qui lui a enlevé ses actes & ses
b;igages, il a dû reiriettre son voyage. Sont alors
venus les croisés, qui ont pillé le monastère &
l'ont réduit à une telle misère que l'abbé ne peut
se mettre en route. Il termine en priant le roi de
confirmer les anciens privilèges de l'abbaye & de
contribuer ainsi à sa restauration. [A. M.]
'Innocent. III 1. 1."), EpUt. 167. — [Potthnst,
n. 4:')89.] — Pierre de Vaux-Cernay, c. 70.
' Cette recommandation du pape paraît avoir
eu peu de succès auprès de Simon de Monifort,
car peu après celui-ci prit pour chancelier un
personnage alors inconnu, maître Clarin, qui
devint plus tard, après le triomphe de la croisade
& la mort de Gui de Vaux-Cernay, évèque de Car-
cassonnej il paraît dès mai 1114 (tome VIII,
c. 652) & signe des actes, en qualité de chancelier,
dos novembre suivant {ihid. c. 6ô8). [A. M.]
■* Innocent. III I. ,1 j, Epist. 168 8c scq. [Pot-
thast, n. 4090.]
■Innocent. III 1. lô, Epht, 171 & seq. [Pot-
thast, n. 4^183. J
^ [Potthast, n. 4.Î94. ]
' Ce Pierre Marc fut chargé de toute une mission
financière dans le Languedoc, & Innocent III
donna plusieurs bulles à cet effet. Il dut recevoir
les cens dus à l'Eglise romaine dans les provinces
de Narbonne, Arles, Aix & Embrun, & dans les
diocèses d'Albi, Rodez, Cahors & Agen (Potthast,
n. 4591-4.592). Les sommes touchées par Pierre-
Marc furent livrées par lui aux templiers de
Saint-Gilles & d'Arles, qui, en échange, donnè-
rent des lettres de change sur frère Aimard, tré-
sorier du Temple à Paris {ihi(f. n"' 4.'Ï93, 4.^96).
L'argent offert au Souverain-Pontife par Simon
de Montfort, fut payé par ces deux marchands,
Hélie & Raimond de Cahors, que nous avons déjn
vu plus haut acheter le butin de Lavaur & qui
paraissent avoir été les banquiers de la croisade
(Potthast, n"» 4'i9.t, 4596). Par une autre bulle du
Il octobre 1212, Innocent III manda encore à
Arnaud, archevêque de Narbonne, de remettre à
Pierre Marc toutes les pièces relatives au cens im-
posé sur ses domaines par Simon de Montfort en
faveur de l'Église romaine (n. 4606). Enfin ce même
Pierre Marc fut chargé de recevoir le serment de
fidélité des seigneurs de Lescure [iiiJ. n. 4622,
8c Compayré, Etudes hiitoriijuci sur lAlhigçois,
p. 295J. [A. M.]
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXII. 398
XXIX. — Simon porte la guerre dans le pays de Foïx. — Il soumet Muret
6* une partie du comté de Comminges.
Montfoi't voulant pourvoir à la défense des châteaux qui s'étoient soumis
aux environs de Moissac', donna entre autres le gouvernement de Castel-
sarrasin à Verles d'Encontre, celui de Montaut^ au comte Baudouin, & celui
de Verdun sur la Garonne à Pierre de Saissi. Il décampa ensuite Se se rendit
à Montauban dans le dessein d'en faire le siège; mais, ayant su que Rai-
mond, comte de Toulouse, en avoit renforcé la garnison de cent chevaliers,
sous les ordres de Roger-Bernard, fils du comte de Foix, il abandonna cette
entreprise pour aller ^ dans le pays de Foix arrêter les progrès des comtes de
Toulouse, de Foix Si de Comminges, qui, favorisés par les peuples, avoient
remis sous leur obéissance la plupart des places que les croisés avoient con-
quises, après avoir fait passer les garnisons par le hl de l'épée. Les comtes de
Toulouse 8t de Foix, qui s'étoient postés à Saverdun, d'oîi ils ne cessoient de
harceler la garnison de Ramiers, ne furent pas plutôt avertis de sa marche,
qu'ils se retirèrent avec précipitation au château de Foix.
Simon, à son arrivée dans le pays, détacha Enguerrand de Fîoves pour aller
à Carcassonne au-devant d'un nouveau corps de croisés allemands qui y étoit
arrivé, avec ordre de le lui amener à Pamiers. Enguerrand à son retour soumit
Saverdun sans coup férir. Simon, après la jonction de ces troupes, laisse à
Pamiers le gros de l'armée & s'avance avec le reste jusqu'à Foix, qu'il étoit
résolu d'assiéger; mais considérant la force de la place & sa nombreuse gar-
nison, il change de dessein, rejoint l'armée à Auterive, dont les habitans
avoient pris la fuite, & s'en empare. 11 passe de là à Muret, château situé sur
la gauche de la Garonne au-dessus de Toulouse. A ses approches, les habitans
mettent le feu au pont de bois qui étoit sur le fleuve Se prennent la fuite.
Simon, suivi de plusieurs autres, le passe à la nage, donne ses ordres pour
éteindre le feu Si, ayant rétabli le pont, il y fait défiler ses troupes S< se rend
maître de Muret. Les évêc[ues de ConseransS<. de Comminges qui lui avoient
conseillé cette expéditioji, le joignent en cet endroit, & marchent avec lui
vers Saint-Gaudens, dans le Comminges, qui se rend volontairement. Simon
reçut alors les soumissions de la noblesse du pays qui vint à l'envi lui rendre
hommage. Il alla ensuite'* ravager une partie des domaines de Pvoger de
' Voyez tome VIII, c. 8<5. — [Giullsm de Tu- dit seulement le poëte, fut .Tbandonnée à la requête
déle, vers 2610-2610.] des chanoines de Pamiers, que pressaient fort les
* C'est Montech (Tarn-8t-G,ironne), arrondisse- partisans du comte de Foix, surtout les routiers
ment de Castclsarrazin, & non Montant, comme qui tenaient garnison à Saverdun. [A. M.]
le dit le chroniqueur en prose. Voyez tome VIII, ' En retournant vers Foix, du côté des monta-
c. 89. [A. M.] g''^ss (^penctrans montana apud Fuxum^ dit Pierre
'Pierre de Vaux-Cemay, c. 63. — Voyez de Vaux-Cernny), c'est-à-dire vers le Daumnzanès
tome VIII, c. 89. [GuiUem de Tudèle, vers iCzx* & peut-être vers les frontières d'Espagne. Sur tou-
2627.] — 11 y a ici une lacune dans le pociiie tes ces expéditions qui eurent lieu en octobre,
(siège de Montauban), lacune que la rédactjon en novembre 1 2 1 2 (cf. GuiUem de Tudèle, vers 2O28-
prose ne permet pas de combler. Cette entreprise, 265i). [A. M.J
An 1212
~77nT7~ ^94 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXlî.
Commii>ges, neveu du comte de Foîx, S< rejoignit enfin l'évêque de Carcas-
sonne qu'il avoit laissé à Muret, &à qui il avoit confié le soin de fortifier
cette place. 11 étendit de là ses courses jusqu'aux portes de Toulouse, 8c fit
le dégât dans tous les environs, tandis que la garnison de Verdun, le comte
Baudouin & Gui de Montfort ravageoient de leur côté une autre partie du
Toulousain.
XXX. — Le comte de Toulouse implore la protection du roi d'Jragon, qui
envoie des ambassadeurs à Rome pour se plaindre de la conduite de
Simon.
Le comte Ralmond voyant qu'on le dépouilloit ainsi peu à peu de tous
ses Etats, & qu'il ne lui restoit plus de place considérable que Toulouse Se
Montauban, alla en Aragon implorer le secours du roi Pierre, qui lui promit
t.'^ui,''p'.°":V toute sa protection, prit hautement sa défense 8<. celle de son fils, Se envoya
une ambassade solennelle à Rome pour adoucir l'esprit du pape que les
légats avoient extrêmement aigri contre ce prince.
XXXI. — Prétentions de Pierre-Bermond de Sauve sur la succession du comte
de Toulouse, son beau-père,
Pierre Bermond, seigneur de Sauve, informé de cette ambassade 8c craignant
que le pape ne se déclarât, à la sollicitation du roi d'Aragon, pour le jeune
Raimond qu'on ne pouvoit équitablement envelopper dans la disgrâce du
comte de Toulouse son père, tenta de se faire adjuger la succession de ce
prince. Il prétendoit qu'elle lui étoit dévolue, sur le fondement que sa femme
étoit le seul enfant légitime du comte de Toulouse, à cause que le jeune
Raimond étoit né d'une femme qu'il avôit épousée du vivant de la première.
Il envoya une personne de confiance à Rome pour soutenir ses intérêts, 6c
écrivit, la veille de Saint-Thomas, la lettre suivante au pape', dans laquelle il
se qualifie son chevalier. « Moi 8c mes ancêtres étant spécialement vassaux de
« l'Église romaine, de laquelle nous tenons une partie de nos domaines, sous
« un certain cens, 8c lui ayant été obéissans &c dévoués, je ne doute nulle-
« ment que Votre Sainteté ne me conserve tous mes droits. J'ai épousé une
« fille du comte de Toulouse, laquelle est le seul enfant légitime qu'il a ;
« ainsi les domaines de ce prince m'appartiennent à plus juste titre qu'à tout
« autre. Je prie donc Votre Sainteté de ne pas instituer héritier Raimond,
'^ fils du comte de Toulouse, supposé qu'il vous en prie ou quelque autre
« pour lui, 8c de ne pas le regarder comme légitime, parce qu'il ne l'est pas,
« étant né d'une femme qui étoit parente du comte son père au troisième
« degré, 8c que ce comte a épousée durant la vie de la mère de mon épouse,
te sa terame légitime. Si le jeune comte de Toulouse étoit institué héritier,
' Innorent. III 1. i5, p. iii.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXII. 893
« non-seulement notre droit seroit anéanti, mais tous les soins que les croisés
« se sont donnés pour rétablir la foi dans la province de Narbonne, devien-
« droient inutiles. » Pierre-Bermond marque à la fin qu'il se soumettra à
' tout ce que le pape jugera à propos d'ordonner, Si qu'il est prêt d'obéir à ses
ordres, & pour gagner sa bienveillance, il a grand soin de lui dire qu'il a
toujours aimé 8i honoré Simon de Montfort, avec lequel il étoit déjà lié
d'amitié avant son arrivée dans le pays. Nous ignorons la réponse du papej
mais il est certain qu'il n'eut aucun égard à la demande du seigneur de
Sauve, & que malgré ses représentations, le jeune Raimond tut toujours
tenu pour légitime.
XXXII. — Seigneurs de Sauve £• d'Ându-:^e,
La femme de Pierre-Bermond s'appeloit' Constance, comme son aïeule
paternelle. Elle étoit fille de Raimond VI, comte de Toulouse, Se de Béatrix
de Béziers, sa seconde femme, que quelques auteurs ont^ confondue avec
elle. Constance de Toulouse avoit épousé en premières noces Sanche VI, dit
le Vaillant, roi de Navarre, qui la répudia, Se ensuite, dès l'an 1208, Pierre-
Bermond : on prétend 3 qu'après la mort de ce seigneur, elle se maria en
troisièmes noces avec Déodat de Séverac; mais on n'en donne aucune preuve.
On blâme beaucoup le roi Sanche, qui mourut en 1234, après quarante ans
de règne, sans enfans légitimes, d'avoir répudié cette princesse, qui étant très-
féconde l'auroit empêché de laisser éteindre sa race. Se dont il auroit pu
mieux soutenir les droits sur le comté de Toulouse que Pierre-Bermond; car
Simon de Montfort n'auroit pas eu vraisemblablement si bon marché de la
dépouille du comte Pv.aimond, si ce prince eût été soutenu par un roi aussi
vaillant que Sanche.
Pierre-Bermond fut le sixième seigneur de Sauve de son nom : il étoit fils
aine de Bernard VII, seigneur d'Anduze, qui confirma avec lui, au mois de
février"* de l'an 1214, une donation de treize métairies [mansos), qu'il avoit
faite trente ans auparavant à l'abbaye de Bonneval en Rouergue, pour le
salut de son âme, de ses parens. Se spécialement de son Jrère Pierre-Bermond.
Bernard VII mourut vers l'an iiiS, Se laissa"' entre autres enfans de sa
femme, dont on ignore le nom : 1° le même Pierre-Bermond qui fit la branche
de Sauve, Se qui eut pour son partage les seigneuries de Sauve, Sommières Se
.\nduze, avec une partie de celles d'Alais Se de Largentière. 2° Bernard VIII,
chet de la branche d'Anduze, seigneur de Portes, au diocèse d'Uzès, Se en
partie d'Alais Se de Largentière. Il épousa Vierne, dame du Luc, Pradelles,
Joyeuse Se en partie de Genouillac. Il étoit déjà mort au commencement de
' Guillaume de Puylaurens, c. .'>. — Le Laboii- ' Andoqiié, LangueJoc, p. 292.
reur, Généalogies manuscrites Je la maison royale ^ Arthives de l'abbaye de Bonneval.
de Navarre &■ de la maison d'Anduze, — Voyez ' Voyez tome VIII, Chartes, n. XLVI, ce. 769.
tome VII, Note X, n. 2, p. 24. -~ Le Laboureur, Généalogies ntanuscritcs de la
' Voyez tome VII, ihidi maison royale di: Navarre & de la maison d'Andu'^e.
An 1212
An 1212
I96 MISTOIRE GÉNÉRAI,E DE LANGUEDOC. I,!V. XXIÎ.
1. 111, p. 33:^.
iÎJ|Onsm._ l'an 1222. 3° Bermond, élu évêque de Viviers en 1222, 4° Bernard, religieux
de l'abbaye de Masan, de l'ordre de Cîteaux, au diocèse de Viviers. 5° Adé-
laïde, qui épousa le seigneur de Mercœur.
Pierre-fîermond VI mourut à Rome, en i2i5; il eut de Constance de
Toulouse, sa femme : 1° Pierre-Bermond VII, qui hérita des seigneuries de
Sauve, Anduze, Lèques, Saint-Bonnet, Montpesat, Madières, Poussin, Lar-
gentièrc, d'une partie de celles d'Alais & de Sommières, &c. 2° Pvaimond, qui
eut pour son partage la quatrième partie d'Anduze 8t tut la tige des barons
de Horac. 3° Bermond, qui fit la branche des barons du Cayla, au diocèse
de Nimes. 4° N., dame en partie du château de Sauve, qui épousa Hugues
de Mirabel. ;")" Béatrix, promise en mariage, en 1227, à Arnaud de Roque-
t'éuil, avec mille marcs d'argent de dot. 6" Sybillcj qui épousa Barrai, sei-
gneur de Baux.
t>
XXXIII. — Le comte de Foix continue la guerre contre les croisés.
Le comte de Toulouse, en partant pour l'Aragon, laissa le soin de ses
affaires aux deux comtes de Foix, père Se fils. Le dernier', pour faire diver-
sion, étendit ses courses vers Carcassonne & Narbonne, Se fit prisonniers plu-
sieurs croisés ou pèlerins qui venoient de France; il les conduisit au château
de Foix, S< là il leur fit souffrir divers tourmens par droit de représailles;
mais il ne put empêcher que Simon de Monttort n'ajoutât enfin à ses con-
quêtes la plupart des domaines qui restoient au comte de Toulouse.
XXXIV. — Simon convoque une assemblée générale à Pamiers & y établit
des coutumes pour le gouvernement du pays conquis.
Simon, se voyant maître d'un si vaste pays, songea à le policer. Dans celte
vue^, il convoqua une grande assemblée ou parlement à Pamiers, à la fin de
novembre de l'an 1212, & y appela les évêques, les nobles Si les principaux
bourgeois, en sorte qu'elle fut composée des trois états d'une grande partie
de la Province 8<. des pays voisins. L'archevêque de Bordeaux, les évêques de
Toulouse, Carcassonne, Agen, Périgueux, Conserans, Comminges S<. Bigorre
5 assistèrent, & Simon y fit dresser des statuts pour le gouvernement du pays
qui lui étoit soumis. L'assemblée choisit pour les rédiger douze personnages
des plus habiles, savoir : les évêques de Toulouse 8<. de Conserans, un tem-
plier Se un hospitalier entre les ecclésiastiques; quatre chevaliers françois Se
quatre habitans du pays, dont deux étoient chevaliers Se les deux autres
bourgeois. Ces commissaires convinrent de quarante-six articles Se les propo-
sèrent à l'assemblée qui les approuva; après quoi Simon de Montfort Se tous
' Pierre de Vaiix-Ccnlny, c. 64. Histoire lîcs comtes Je Tolose, p. i^.") & siiiv. —
' Pierre de Vaiix-Cernay, c. (>'>. — Voyez Martène, Thésaurus anccjotorum, t. 1, c. 8.>i &
tome VIII, c. 91. [Guillem de Tiidèle, vers 26).'- scq. — \'oycz tome VIII, Charte?, ce. 6zj j 635.
2663.1 — Rcgistrum curiae Franciac. • — CiHel,
An 12 12
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXII. 897
les chevaliers firent serment de les garder. Ces articles roulent en général sur
le rétablissement de la paix 8c de la justice dans le pays, l'extirpation de
l'hérésie, la liberté ecclésiastique, la police, la levée des tailles 8c des autres
impositions sur les peuples, le service militaire, la perception des droits dus
à Simon 8< aux autres seigneurs, les devoirs des vassaux envers leurs sei-
gneurs & des seigneurs envers leurs vassaux, Sec. Le quatrième article
exempte de taille les clercs, à moins qu'ils ne soient mariés 8c qu'ils n'exer-
cent la marchandise, 8c les pauvres veuves. Le septième confirme l'imposition
du cens annuel de trois deniers melgoriens en faveur de l'Église romaine
sur chaque maison habitée dans le pays conquis. Il est marqué dans le hui-
tième ' que les chevaliers trançois qui doivent le service militaire au comte
Simon ne pourront le rendre pendant vingt ans qu'avec des François 8c non
avec des gens du pays. Par le trente-quatrième les chevaliers 8c les seigneurs
catholiques du pays sont tenus envers Simon de Montfort ou leurs autres
nouveaux seigneurs, au même service auquel ils etoient obligés avant la croi-
sade. Il est détendu par le trente-sixième, à peine de confiscation de biens,
de porter des vivres aux Toulousains sans la permission du comte Simon. Le
quarante-troisième règle les successions, tant entre les barons 8c les chevaliers
qu'entre les bourgeois 8c les paysans, selon qu'il étoit en usage en France,
aux environs de Paris. Il est ordonné par le quarante-cinquième à toutes les
femmes, quoique catholiques, dont les maris étoient ennemis de Simon, de
sortir incessamment des terres de sa domination. Enfin le quarante-sixième
défend à toutes les veuves 8c héritières nobles qui avoient des forteresses ou
des châteaux dans leurs domaines de se marier, pendant l'espace de dix ans,
à d'autres qu'à des François, sans la permission du comte de Montfort^.
A ces quarante- six articles on en ajouta trois autres qui dévoient être
observés par le comte Simon envers les barons de France 8c les autres étran-
gers à qui il avoit donné quelques domaines dans le pays. Le premier règle t.^u""''"^-
de nouveau les successions entre les barons 8c les chevaliers, 8c entre les
bourgeois Se les paysans, suivant la coutume observée en France, aux envi-
rons de Paris. Le second défend à tous les seigneurs d'ordonner le duel dans
leur cour de justice, excepté pour les crimes de trahison, de vol 8c de rapine.
Le troisième marque que le comte Simon sera tenu de garder envers les
' [Corrije^ le dix- huitième.] ticles IV & VIII , exemptant de la taille non-
' Nous ne pouvons donner une analyse détnillée seulement les clercs, mais leurs hommes j l'art. X,
de ces statuts de 1212, qui n'ont pour nous qu'un pour la construction de nouvelles églises; l'ar-
intérêt tout à fait secondaire, puisqu'ils ne furent ticle III, relatif au payement des dîmes & prê-
en usage que pendant tout au plus sept ou huit mices; II, affranchissement des églises & destruc-
ans. On peut les voir au tome VIII, & nous nous tion des fortifications qu'y avaient élevées des
contenterons d'indiquer brièvement leur caractère. laïques. La plupart des articles, qui n'ont pas
Cet acte est le prix de l'appui constant prêté par rapport à cette suprématie de l'Église, ont trait
l'Eglise à Simon de Montfort; aussi toutes les au service militaire, que le conquérant régla avec
questions, tant controversées au douzième siècle, le plus grand soin & dans tous ses détails; on
si longtemps débattues entre les prélats & les sent que c'était pour lui le point important, le
princes méridionaux, y sont-elles résolues à l'avnn- seul moyen de rendre définitive la conquête qu'il
tage de l'Kglise; nous citerons notamment les ar- avait entreprise. |A. M.|
An 12 12
398 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXII.
barons de Fiance & les autres, à qui il avoit donné des terres dans le pays,
l'usage Se la coutume qui s'ojjserve en France, autour de Paris, touchant les
plaids, les jugemens, les dots, les fiefs & les devoirs féodaux. L'acte est daté
de Pamiers, dans le palais de Simon, le i" de décembre de l'an 12 12.
XXXV. — Terres inféodées à divers chevaliers français. — Evèques
de Béliers.
On voit par ces statuts que Simon de Montfort avoit disposé dès lors, en
faveur de divers chevaliers trançois, des terres qui avoient été confisquées sur
la noblesse du pays qui avoit eu le malheur d'embrasser ou de favoriser l'hé-
résie ou de se déclarer contre ce général; c'est ce qui donna lieu dans le
commencement du treizième siècle à l'établissement de plusieurs gentils-
hommes de France dans une partie de la Province. Entre les maisons de ces
gentilshommes, dont les descendans possèdent encore dans le pays, en tout
ou en partie, les terres que Simon leur inféoda, les principales sont celles de
Lévis & de Voisins'.
Au reste, quoiqu'il paroisse que Simon ait voulu peut-être établir dans
tous les pays conquis par les croisés, les coutumes de la ville 81 de la vicomte
de Paris; il est certain toutefois que ces coutumes n'eurent^ lieu que pour
les droits féodaux, & seulement dans les terres qu'il avoit ôtées à leurs
anciens seigneurs & inféodées à des chevaliers françois. Aussi laissa-t-il, sui-
vant l'article trente-quatre des statuts de Pamiers, les seigneurs des autres
terres dans l'usage & la liberté du service auquel ils étoient tenus avant la
conquête.
Montfort se rendit^ à Carcassonne après l'assemblée de Pamiers & alla
ensuite à Béziers pour y conférer avec Arnaud, archevêque de Narbonne, sur
les affaires de la croisade. Le siège épiscopal de Béziers étant venu alors à
vaquer, le chapitre élut pour évêque Guillaume, archidiacre de Paris, qui
refusa généreusement cette dignité. On fit une nouvelle élection & le choix
tomba sur Bertrand. Simon étant retourné à Carcassonne, y établit sa rési-
dence pendant l'hiver, durant lequel il ne se passa rien de considérable que
quelques escarmouches'* entre la garnison de Montauban, commandée par le
fils du comte de Foix, & celle de Castelsarrasin.
' La plupart de ces donations à des chevaliers milieu du quatorzième siècle. On trouvera plus
français, — donations dont il serait intéressant de détails à ce sujet, avec les preuves de ce que
de dresser une liste un peu complète, — furent nous avançons, dans notre note du tome VII sur
révoquées plus tard en bloc, lors de la paix de l'administration royale dans le Midi sous saint
Melun 8s. des accords qui suivirent ce traité ce- Louis. [A. M.]
lèbre. Toutefois, plusieurs de ces seigneurs ou leurs " Cnzeneuve, Franc-alleu, 1. j, c. 4 & suiv.
descendants ayant servi efficacement le roi saint ' Pierre de Vaux-Cernay, c. 65.
Louis pendant les guerres qui suivirent, obtinrent ''Voyez tome VIII, ce. 91, 92. — Guillem de
des assises & firent ainsi souche de familles nou- Tudèle, vers 2664-2739. Le poëte raconte successi-
velles; leurs descendants furent les terriers de rement avec de grands détails trois combats diffé-
Carcassonne, 8c quelques-unes de ces seigneuries rents entre les croisés, commandés par Gulllavime
gardèrent l'usage de la coutume de Paris jusqu'au d'Encontre, §i la garnison ds Montflubnn. Le
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XXII. 3nn -— T"
' ) An I2i3
XXXVI. — Le pape écoute les plaintes du roi d'Aragon en faveur des comtes
de Toulouse, de Foix £• de Comminges, 6- du vicomte de Béarn.
Cependant l'évêque de Segorve 8c maître Columbi, que Pierre, roi d'Ara-
gon, avoit envoyés à Rome pour se plaindre des vexations que les légats 8c
Simon' de Montfort exerçoient dans la Province, & y soutenir les intérêts
des deux comtes de Toulouse, ses beaux-frères, eurent audience d'Inno-
cent III, vers le commencement de janvier de l'an i2i3. Le pape les écouta
favorablement 8c écrivit, le i8 de ce mois, la lettre^ suivante à l'archevêque
e Narbonne, à l'évêque de Riez Se à maître Thédise, chanoine de Gênes ;
Notre cher fils, Pierre, roi d'Aragon, nous a fait savoir qu'il avoit refusé
de secourir le vicomte de Béziers, son vassal, qui imploroit son assistance,
après la publication de la croisade contre les hérétiques provençaux, lorsque
les croisés turent entrés sur les terres de ce vicomte. Se que., pour ne pas
retarder l'exécution des desseins de l'Église, il avoit mieux aimé manquer
aux catholiques que de protéger les hérétiques mêlés avec eux; en sorte
que le vicomte, se trouvant sans protection, a perdu tous ses domaines 6-
a été enfin tué misérablement. Vous, archevêque de Narbonne, Se Simon de
Montfort, ayant conduit ensuite l'armée des croisés dans les domaines du
comte de Toulouse, vous ne vous êtes pas contentés d'envahir tous les
lieux où il y avoit des hérétiques; mais vous vous êtes encore emparés de
ceux dans lesquels il n'y avoit aucun soupçon d'hérésie; car ayant exigé le
serment des peuples du pays, 8c leur ayant permis d'y demeurer, il n'est
nullement vraisemblable qu'ils soient hérétiques. Les mêmes ambassadeurs
nous ont remontré que vous avez usurpé le bien d'autrui avec tant d'avi-
dité Se si peu de ménagement, qu'à peine de tous les domaines du comte
de Toulouse lui reste-t-il la ville de ce nom avec le château de Mon-
tauban. Entre ces domaines usurpés, le roi d'Aragon marque le pays que , ^,^1 "''^"ji
Pv.ichard, roi d'Angleterre, avoit donné à sa sœur en la mariant avec ce
comte, les terres das comtes de Foix Se de Comminges, 8c celles de Gaston
de Béarn. Ce prince se plaint, de plus, de ce que vous, archevêque de
Narbonne, Se Simon, avez obligé les sujets de ces trois comtes, quoiqu'ils
soient ses vassaux, à prêter serment de fidélité à un autre, dans les domaines
que vous avez envahis. Il ajoute qu'à son retour de la guerre contre les
Sarrasins, le comte de Toulouse l'ayant été trouver Se lui ayant exposé ce
qu'il avoit souffert de la part des croisés, il avoit attribué à ses péchés le
refus que l'Eglise faisoit de recevoir la satisfaction qu'il offroit, étant dis-
posé d'exécuter tous nos ordres autant qu'il seroit possible; que ce comte
lui avoit dit ensuite que, pour n'être pas le seul à souffrir une pareille
confusion, il lui remcttoit ses domaines, son fils 8c sa femme, sœur de ce
même auteur mentionne quelques escarmouches ' Pierre de Vaux-Cernay, c. 70.
du côté de la Gascogne, escarmouches dont parle ' Innocent. III 1. ij, Ep'ut. 212. — [Potthast,
aussi Pierre de Vaux-Cernay (c. 65). [A. M.] n. 4655.]
An 121 J
400
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXII.
prince, afin qu'il prît leur défense ou qu'il l'abandonnât comme il jugcroit
à propos. Le roi marque ensuite qu'étant sur le point d'essuyer un afhont
pour ce sujet, Si que n'étant pas juste que la peine soit plus grande que le
délit, il nous supplie humblement de conserver le comté de Toulouse pour
le fils de ce comte, c|ui n'a jamais été imbu de l'erreur Se qui ne le sera
jamais, avec la grâce de Dieu. Il a promis de garder en son pouvoir, tant
le fils du comte de Toulouse que le comte lui-même, tout le temps qu'il
nous plaira, afin de faire instruire le premier dans la foi & avoir soin de
son éducation, Jk d'apporter toute son attention pour extirper l'hérésie du
royaume d'Aragon 8i pour y iaire fleurir la foi catholique, avec oftre dt
donner pour l'observation de toutes ces choses, telle caution que le Saint-
Siège demandera. Enfin il a déclaré que le comte de Toulouse est prêt à
faire pour le passé la pénitence que nous voudrons lui imposer 8< d'aller
servir contre les infidèles, soit dans les pays d'outre-mer, soit en Espagne,
sur les frontières des Sarrasins. Au reste, comme l'affaire est difficile 81
qu'elle a été conduite à une fin assez heureuse, on doit y procéder avec
iieaucoup d'attention pour ne pas détruire légèrement ce qui a été exécuté
avec tant de peine. C'est pourquoi nous vous ordonnons d'assembler un
concile dans un lieu commode &c assuré, d'y convoquer tous les archevêques,
évêques, abbés, comtes, barons, consuls & recteurs que vous jugerez à
propos; 8c après leur avoir proposé les demandes & les désirs du roi d'Ara-
gon, sans aucune considération humaine, de nous envoyer leur avis, afin
de statuer ensuite tout ce qui sera convenable. »
Le pape écrivit en même temps à Simon de Montfort en ces termes :
L'illustre' roi d'Aragon nous a fait remontrer par ses ambassadeurs, que
non content de vous être élevé contre les hérétiques, vous avez tourné les
armes des croisés contre les peuples catholiques; que vous avez répandu le
sang des innocens ik envahi, à son préjudice, les terres des comtes de Foix
8c de Gomminges, 8c de Gaston de Béarn, ses vassaux, quoique les peuples
de ces terres ne fussent nullement suspects d'hérésie. Ces ambassadeurs
nous ont assuré que, puisque vous avez exigé le serment de fidélité des
mêmes peuples 8c que vous permettez qu'ils habitent dans le pays, vous
faites un aveu tacite qu'ils sont catholiques; à moins que vous ne voulus-
siez passer vous-même pour fauteur des hérétiques. Ils se plaignent princi-
palement de ce que tandis que le roi, leur maître, faisoit la guerre contre
les Sarrasins, vous avez usurpé les biens de ses vassaux, 8c que c'étoit alors
que vous agissiez plus fortement contre eux, parce que vous saviez qu'il
étoit hors d'état de les secourir; 8c comme le roi est dans la résolution de
continuer cette guerre, il demande, pour être plus en état de s'v donner
tout entier, que ses vassaux soient rétablis dans leurs domaines. Ne voulant
donc pas le priver de ses droits, ni le détourner de ses louables desseins
nous vous ordonnons de lui restituer, 8c à ses vassaux, tous les domaines
Innocent, III ]. i',, Epist- 2i3. — fPottlinst, n, 46 j3 ; la lettre est du 17 janvier i2i3.]
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXII. 401
An I2i3
« que vous avez envahis sur eux; de crainte qu'en les retenant injustement,
« on ne dise que vous avez travaillé pour votre propre avantage & non pour
« la cause de la ici. »
Pierre, roi d'Aragon, se plaignit encore de ce qu'ayant donné en fief à
Simon de Montfort la ville de Carcassonne, ce comte ne lui rendoit pas les t.'ni,°p'.'^^"û.
devoirs auxquels les vicomtes de cette ville étoient tenus envers ses prédéces-
seurs. Sur cette nouvelle plainte, le pape écrivit à' Simon, le i5 de janvier
de cette année, 8c lui ordonna de rendre à ce prince, en qualité de son vassal,
tout ce qui lui étoit dû. Quant aux comtes de Foix & de Comminges, 6< au
vicomte de Béarn, ils n'étoient vassaux du roi d'Aragon que pour quelques
portions de leurs domaines^. Un illustre historien ^ prétend que le vasselage
des deux premiers dépendoit du comté de Carcassonne uni à celui de Barce-
lone, & possédé en propriété par le roi d'Aragon, duquel, pour cette raison,
une partie des comtés de Foix Se de Comminges relevoit; mais cet auteur se
trompe, car nous avons prouvé ailleurs'* que lorsque les comtes de Barcelone,
prédécesseurs du roi d'Aragon, acquirent le comté de Carcassonne, toutes les
terres possédées par le comte de Foix étoient indépendantes du comté de Car-
cassonne; qu'elles étoient soumises à la suzeraineté des comtes de Toulouse,
Se que ce ne fut que longtemps après que les comtes de Barcelone engagèrent
les comtes de Foix à reconnoître leur suzeraineté pour la partie du comté de
Foix située au delà du pas de la Barre.
XXXVII. — Le pape suspend la croisade contre les hérétiques
de la Province.
Le pape, ébranlé par les remontrances des ambassadeurs du roi d'Aragon,
écrivit'', le i5 de janvier, à Arnaud, archevêque de Narbonne, son légat. Se
lui marqua que l'aftaire de l'hérésie qui avoit infecté la Provence, étant en
bon train, il convenoit d'employer les armes des chrétiens pour une autre
beaucoup plus pressante, savoir : contre les Sarrasins d'Espagne qui faisoient
tous leurs etforts pour réparer leurs pertes. « C'est pourquoi, ajoute-t-il,
H nous vous ordonnons d'en conférer avec Pierre, roi d'Aragon, 8c avec les
« comtes, les barons 8c les autres personnes prudentes que vous jugerez à
« propos de convoquer, afin d'établir la paix ou la trêve dans la Province,
« sans fatiguer davantage le peuple chrétien, par les indulgences que le
« Saint-Siège a accordées à ceux qui portent les armes contre les hérétiques;
ti à moins que vous ne receviez un ordre spécial du Saint-Siège. » Ces lettres
• Innocent. III 1. i3, Epist. 114. — [Potthast, * Tome IV, Note XXIT, n. 2.3, pp. 120 & 121.
n. 2647.] ' Innocent. III 1. 1 5, Epist. 21.5. — [Potthast,
' Le comte de Foix posséd-nit la vicomte de Cas- n. 4648.] — Remarquons que dora Vaissete inter-
tclbon dans le diocèse d'Urgel, & Gaston de Béarn vertit l'ordre strictement chronologique; les deux
était de In famille de Montcade; quant au comte lettres du 15 janvier qu'il analyse ici précédè-
de Comminges, nous ne saurions dire s'il possé- rent 8c préparèrent, dans la pensée du pape Inno-
dait des terres en Aragon ou en Catalogne. [A. M.) cent III, les lettres si dures du 17 du même mois,
' Marca, Histoire de Béarn, 1. 6, c. 16. dont la traduction se trouve plus haut. [A. M.]
VI. 26
7" 4o: HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XXII.
An i;i J '
prouvent qu'Innocent III, qui aimoit l'équité &. la justice, se seroit fort
radouci envers Raimond, comte de Toulouse, si ses légats, d'intelligence avec
Simon de Montfort, auxquels il s'en rapportoit entièrement Si qui avoient
juré la perte de ce prince, ne l'en eussent détourné; ainsi toutes les démar-
ches du roi d'Aragon pour porter le pape à la douceur & à la charité chré-
tienne envers le comte, furent absolument inutiles.
XXXVIII. — Pierre, roi d'Aragon, se rend à Toulouse i- négocie avec les
évêques assemblés au concile de Lavaur en faveur des comtes, ses alliés.
Le roi Pierre faisoit agir par ses ambassadeurs auprès d'Innocent, en ' faveur
de Raimond, lorsque, s'étant rendu à Toulouse vers l'Epiphanie de l'an I2i3,
il créa dans cette ville divers chevaliers, sans s'embarrasser de communiquer
avec les habitans que le légat avoit excommuniés. Il fit proposer cependant
une conférence à l'archevêque de Narbonne & à Simon de Montfort pour
moyenner quelque accord. L'évêque de Riez & le docteur Thédise^ avoient
ordre du pape de terminer l'affaire du comte de Toulouse Se d'admettre ce
prince à la purgation canonique. Dans cette vue ils avoient convoqué un
concile à Avignon, pour la fin de l'an iiii ; mais Thédise étant tombé dan-
gereusement malade 8c plusieurs des prélats qui dévoient ;y assister, crai-
gnant la corruption de l'air qui régnoit alors dans cette ville, avoient jugé à
propos de différer de s'y rendre. Enfin le concile ayant été indiqué à Lavaur
pour la mi-janvier de l'an i2i3, les légats prirent de là occasion d'assigner
cette ville au roi d'Aragon pour la conférence qu'il demandoit.
Les archevêques de-* Narbonne 8c de Bordeaux assistèrent au concile de
Lavaur avec plusieurs évêques 8c abbés. Le roi d'Aragon se trouva à l'ouver-
ture 8c pria les évêques de restituer aux comtes de Toulouse, de Foix £< de
Comminges, 8c au vicomte de Béarn les domaines qu'on leur avoit enlevés.
Les évêques lui répondirent qu'il n'avoit qu'à mettre ses demandes par écrit
Se les envoyer cachetées au concile, avec promesse d'y faire toute l'attention
possible. Le roi demanda alors une trêve de huit jours pour pouvoir traiter ;
Simon y acquiesça; mais on prétend qu'elle fut mal observée de la part des
alliés de ce prince. Quoi qu'il en soit, le roi Pierre étant retourné ensuite à
Toulouse envoya, trois jours après au concile le mémoire suivant, daté du
i6 de janvier (de l'an i2i3).
i.''ai,''p."^"7. " Comme l'Eglise notre sainte mère a non -seulement des verges pour
« frapper, mais encore des mamelles pour allaiter, je, Pierre, par la grâce de
« Dieu roi d'Aragon, demande humblement Se avec instance à Votre Sain-
« teté, pour le comte de Toulouse, qui désire ardemment de rentrer dans le
<c sein de l'Église, en faisant la satisfaction personnelle que vous jugerez à
« propos de lui prescrire pour les excès qu'il a commis 8c pour les dommages
■ Pierre de Vaiix-Cernay, c. 66. 3 Pj"" de Vaiix-Cern.iy, c. 66,
' Innocent. III 1. irt, Epist, 3g,
niSTOlRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XXU. 403
(• qu'il a causés, soit aux églises, soit aux prélats, d'en agir à son égard avec
(1 clémence & miséricorde 8c de lui rendre les domaines qu'il a perdus^ Que
0 si l'Église ne croit pas devoir écouter la prière que je lui fais pour la per-
0 sonne de ce comte, je demande qu'on accorde du moins grâce à son fils; à
(i condition que le père satisfera personnellement pour ses excès, en allant
0 servir avec ses chevaliei-s, soit en Espagne sur les frontières des Sarrasins,
(. soit dans les parties d'outre-mer, ainsi qu'on le jugera plus convenable. On
(( observera soigneusement les démarches du fils, en sorte qu'il se comporte
« comme il faut, tant pour l'honneur de Dieu que pour celui de l'Eglise, £1
« on ne lui laissera l'administration de ses Etats que lorsqu'il aura donné
« des preuves manifestes de sa bonne conduite. » C'est donc pour le comte
de Toulouse lui-même, & non pour son fils, comme quelques modernes '
l'ont mal entendu, que le roi d'Aragon promettoit que ce prince iroit servir
contre les infidèles si on vouloit lui faire grâce.
(i Parce que le comte de Comminges, continue le roi d'Aragon dans son
« mémoire, n'a jamais été ni hérétique, ni fauteur des hérétiques; qu'il s'est
ri au contraire élevé contre eux, 61 qu'il assure qu'on ne lui a ôté ses domaines
o qu'à cause -qu'il a secouru le comte de Toulouse, son cousin (y son se'i-
« gneur, le roi prie pour lui comme pour son vassal, & demande qu'on lui
a restitue ses domaines, à condition qu'il satisfera aussi à l'Eglise de la
u manière qu'on l'ordonnera, s'il paroît qu'il ait failli en quelque chose. Le
I. comte de Foix n'étant pas non plus hérétique, & ne l'ayant jamais été, le
« roi prie pour lui comme pour son très-cher cousin & son vassal, qu'il ne
«1 peut abandonner sans honte. Il demande qu'à sa considération on lui
u rende les domaines qu'on lui a pris; à condition qu'il satisfera à l'Eglise
« de la manière qu'on le jugera à propos, sur tout ce qu'on trouvera qu'il a
u manqué. Le roi prie encore avec instance qu'on remette à Gaston de
(i Béarn, son vassal, 8c aux vassaux de ce vicomte, les domaines qu'on leur a
« enlevés, étant prêt d'obéir fidèlement aux ordres de l'Église 8c de s'en tenir
« à la décision de juges non suspects, si vous n'avez pas le temps de finir son
« affaire. Enfin le roi, en toutes ces choses, implore plutôt votre miséricorde
« que votre justice, par ses évêques, ses clercs 8c ses barons qu'il vous envoie,
« promettant de ratifier tout ce que vous réglerez avec eux, 8c vous priant de
« les expédier promptement, afin de pouvoir se servir au plus tôt du secours
(i de ces barons, 8c de celui du comte de Montfort pour la défense de la reli-
ii gion en Espagne. »
XXXIX. — Le concile de Lavaur rejette les propositions du roi d'Aragon
0 refuse de recevoir le comte de Toulouse à se justifier,
L'évêque de Riez^ Se maître Thédise, commissaires nommés par le pape
ppur recevoir la purgation canonique du comte de Toulouse, ayant lu le
' Lafaillc, Annales i!c Touloase, t. i, p. 117. ' Innocent. III 1. 16, Epist. iç.
r~ Dnniel, Histoire de France, t. 1, p. lïç'i.
Au 121 j
An izij
V.i. origin.
I. 1.1, p. -K.
404 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXH.
mémoire du roi Pierre, consultèrent le concile 8c voulurent que chacun
donnât son avis par écrit. L'archevêque de Narbonne Se les évêques d'Albi,
de Toulouse 8c de Comminges répondirent au nom de tous les autres 8<. décla-
rèrent qu'on ne pouvoit recevoir ce comte à se purger du crime d'hérésie
Se de la mort du légat Pierre de Castelnau, pour les raisons suivantes :
1° disent-ils dans leur réponse, le comte Raiinond a fait plusieurs sermens
de chasser les hérétiques Se les routiers de ses Etats, Se il n'en a gardé aucun.
2° Après son retour de Rome, où il a trouvé auprès du Saint-Siège plus d'accès
qu'il ne méritoit, il a augmenté les péages, vexé l'Eglise a la tête des héré-
tiques 8<. des routiers, 8c recelé 8c favorisé les premiers, qu'il défend de tout
son pouvoir. 3° Ses routiers Se ses complices ont fait périr plus de mille
croisés, soit ecclésiastiques, soit séculiers. 4° 11 a retenu en prison, pendant
plus d'un an, l'abbé de Montauban, fait prisonnier celui de Moissac, chassé,
à la tête des routiers, l'évêque d'Agen de son siège 8c de sa ville 5 il a dépouillé
ce prélat de tous ses domaines, 8c lui a causé du dommage pour plus de
quinze mille sols. 5° Enfin il y a si longtemps qu'il est suspect d'hérésie,
qu'il en résulte contre lui une présomption invincible. Pour toutes ces rai-
sons Se pour plusieurs autres, qu'il seroit trop long de détailler, il est indigne
d'être réconcilié à l'Église, Se son excommunication est d'une nature qu'il ne
peut être absous que par un ordre spécial du pape.
Le concile de Lavaur répondit' ensuite en corps, le 18 de janvier, au
mémoire du roi d'Aragon. La réponse commence par un grand éloge de ce
prince sur son attachement à l'Eglise. Les évêques, lui adressant la parole,
ajoutent : « Quant à ce que vous demandez pour le comte de Toulouse 8c
« pour son fils, la cause de ce dernier est la même que celle de son père^ &
<i elle en dépend; ainsi la connoissance nous en est interdite par une auto-
« rite supérieure, le comte ayant fait nommer par le pape pour commissaires
«c dans cette affaire, l'évêque de Riez 8c maître Thédise. Nous n'ignorons pas
V. les grâces que le pape lui a accordées après tous ses excès. Se que l'arche-
« vêque de Narbonne, légat du Saint-Siège, alors abbé de Citeaux, lui a
« fait des offres avantageuses, à votre prière, il y a deux ans, tant à Nar-
« bonne qu'à Montpellier. Le comte, au mépris de toutes ces choses, ajou-
« tant iniquité sur iniquité, a persécuté l'Église avec plus de violence, à la
<( tête des hérétiques 8c des routiers, en sorte qu'il s'est rendu indigne de
i< toute grâce.
« Le comte de Comminges, pour lequel vous vous intéressez, a commis
(( plusieurs excès 8c s'est associé, malgré son serment, avec les hérétiques Se
c< leurs fauteurs, comme s'il avoit été lésé en quelque chose; on l'a averti de
« revenir à lui-même; mais, au lieu de travailler à sa réconciliation avec
(. l'Eglise, il a persisté dans sa méchanceté, 8c il est encore excommunié.
« D'ailleurs le comte de Toulouse assure que c'est ce comte qui l'a poussé à
« faire la guerre. Le comte de Comminges est par conséquent l'auteur de
■ Pierre de Viiiix- Ccrnny, c. f,!i.
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XXII. 4o5
^ An i2i3
«i tous les maux qui s'en sont ensuivis; cependant, s'il se montre digne de
« recevoir l'absolution, lorsqu'il aura été absous & qu'il aura nommé quel-
« qu'un pour agir en son nom, l'Eglise ne refusera pas de lui rendre justice
« si on lui cherche querelle.
« Votre altesse ro}ale nous a priés encore pour le comte de Foix. Ce comte
« est depuis longtemps le protecteur des hérétiques St il est encore aujour-
« d'hui leur plus zélé défenseur; car il n'y a pas lieu de douter qu'on ne
« doive réputer pour hérétiques leurs croyans. Le comte de Foix est coupable
« d'ailleurs d'une infinité d'excès. Après avoir détruit & dépouillé les églises,
« faussé divers sermens, porté les mains sur ^ies clercs S<. les avoir empri-
(' sonnés, il a été enfin excommunié. Le légat lui avoit à peine fait grâce, à
« votre prière, qu'il a massacré les croisés, tant ecclésiastiques que laïques,
« qui marchoient avec simplicité contre les hérétiques de Lavaur. Elle se
« souvient sans cloute combien grande étoit cette grâce, que le légat voulut
« bien lui accorder à votre recommandation; Si c'est la faute du comte si elle
« n'eut pas son effet, car on a encore vos lettres adressées au comte de Mont-
« fort & scellées de votre sceau royal, dans lesquelles on lit cette clause :
« fious accordons encore que, si le comte de Foix ne veut pas tenir cet accord
Il iS- que vous ne voulie-^ pas écouter les prières que nous pourrons faire dans
Il la suite en sa faveur, la paix n'en subsiste pas moins. Toutefois, pourvu
« que ce comte se mette en état de recevoir l'absolution, si quelqu'un lui
« suscite des querelles, après ([u'il aura été absous, l'Eglise ne refusera pas
« de lui rendre la justice qui lui sera due.
« Enfin vous nous priez de restituer à Gaston de Béarn ses domaines Se
« les fiefs de ses vassaux. Pour passer sous silence un grand nombre d'accu-
« sations qu'on forme contre lui, il suffit de remarquer qu'il s'est ligué avec
« les hérétiques St leurs défenseurs contre l'Eglise Se les croisés. Il est de plus
« un persécuteur déclaré des églises S<. des ecclésiastiques, & il est venu au
« siège de Castelnaudary au secours des comtes de Toulouse Si de Foix
« contre ceux qui poursuivoient les hérétiques 6c leurs fauteurs. 11 a gardé
« chez lui le meurtrier du légat Pierre de Castelnau; l'année passée il a
« introduit les routiers dans la cathédrale d'Oléron, où ils ont commis plu-
« sieurs impiétés, S<. il a fait violence à des clercs. 11 a été excommunié pour
« tous ces délits; cependant s'il satisfait à l'Eglise, comme il le doit, on écou-
« tera ses demandes, après qu'il aura été absous ; autrement il ne convien- ^x]\i{°^^f'^l\^,
« droit pas à votre majesté ro)ale d'intercéder pour de tels excommuniés, 6c
« nous n'oserions répondre d'une autre manière après de pareils excès, 6cc. »
Les évêques du concile de Lavaur rappellent au roi d'Aragon, à la fin de
leur réponse, l'honneur que le siège apostolique lui avoit fait autrefois 6c
celui qu'il faisoit actuellement au roi de Sicile, son beau-frère (qui avoit été
élu empereur par le crédit du pape); ce qu'il avoit promis lorsqu'il avoit été
couronné à Rome par les mains du même pontife, 6c enfin les ordres qu'il
avoit reçus de sa sainteté. Ces prélats dressèrent en même temps une pro-
testation qu'ils envoyèrent au comte de Toulouse, dans laquelle ils lui décla-
An è ; 1 ;
406 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXII.
icnt' que c'étoit par sa faute, Se. par les obstacles qu'il avoit apportes lui-
même, qu'ils n'avoient pu terminer son affaire sans une permission spéciale
du pape.
XL. — Le roï d'Aragon appelle au pape du refus du concile de Lavaur,
6" se déclare ouvertement pour le comte de Toulouse.
Pierre, voyant que sa négociation ne prenoit pas un bon train, fit prier le
concile^ par ses ambassadeurs d'engager Simon de Montfort à accorder au
comte de Toulouse & à ses associés une trêve jusqu'à la Pentecôte ou du
moins jusqu'à Pâques. Il espéroit recevoir dans cet intervalle une réponse
favorable de Pv.ome, Se il comptoit que le bruit de la trêve empêcheroit les
peuples de France de se croiser 81 de venir au secours de Montfort; mais les
évêques rejetèrent sa demande. Enfin ce prince, ne pouvant rien gagner, se
déclara publiquement le protecteur du comte de Toulouse & de ses alliés, 8<
appela au Saint-Sicge du refus que les évêques du concile de Lavaur fai-
soient d'écouter ses propositions. Ces prélats ne firent aucun cas de cet appel
& passèrent outre. L'archevêque de Narbonne lui écrivit^ en même temps
une lettre fort vive pour le détourner & lui défendre de prendre cette pro-
tection. II lui fait entendre qu'il ne peut manquer de tomber dans l'excom-
munication, en embrassant le parti des excommuniés & des hérétiques, Se le
menace de dénoncer excommuniés tous ceux de ses sujets qui s'employeroient
à la défense du pays.
Ces menaces n'ébranlèrent pas le roi d'Aragon; il se lia au contraire plus
étroitement avec les comtes de Toulouse, de Foix Se de Comminges, le
vicomte de Béarn, les chevaliers de Toulouse, ceux de Carcassonne qui
s'étoient réfugiés dans cette ville, & enfin avec les Toulousains en général,
qui lui firent'* tous serment à Toulouse, le dimanche 27 de janvier de
l'an i2i3. Le comte de Toulouse Si son fils, par le leur, mettent leurs per-
sonnes, la ville Se le faubourg de Toulouse, celle de Montauban avec leurs
dépendances, tous leurs domaines, leurs vassaux Se sujets, à la disposition Se
dans la possession réelle Se actuelle de Pierre Se de ses lieutenans, avec pou-
voir, tant de promettre au pape, en leur nom, de faire entièrement ce qu'il
ordonneroit, que de les y contraindre s'ils refusoient d'obéir. Ils enjoignirent
au chapitre (c'est-à-dire à l'assemblée des consuls ou magistrats municipaux)
Se à tous les habitans de Toulouse de faire serment qu'ils obéiroient fidèle-
ment à ce prince pour l'exécution de toutes ces choses. Vingt-trois consuls
de Toulouse prêtèrent ensuite ce serment entre les mains du roi, au nom de
toiite la ville Se de tout le peuple de Toulouse. Raimond-Roger, comte de
Foix, Roger-Bernard, son fils, Bernard, comte de Comminges, Bernard, son
fils. Se enfin Gaston, vicomte de Béarn, lui firent un semblable serment^.
' Innocent. III I. i6, Ep!st. Sg, < tnnOMrtt. Ill 1. i6, Epist. 47 & seq.
' Pierre de Vaiix-Cernny, c. 66. ' H „e faut pas attribuée à Pierre d'Aragon éei
» liid. — Innocent, III 1. 16, Eplst, .(3. vues trop désintéressées; il était sans doute foist
IliSTOIUE GÉNÉRALE DE lANGUEDOC. LIV. XXlî. jov ~~ :~
' ' Au lii j
XLî. — Le concile de Lavaur dipiite an pape pour /aire l'apologie de sa
conduite à l'égard du comte de Toulouse £■ ses alliés.
Les prélats du concile de Lavaur, avant que de se séparer, écrivirent en
commun une longue lettre' au pape, Se lui rendirent compte de ce qui s'éloit
asséj ils commencent par remercier le pontife des soins qu'il s'étoit donnés
pour déraciner l'hérésie de la Province. « On trouve encore, ajoutent-t-ils,
des restes de cette peste dans la ville de Toulouse & dans quelques châ-
teaux des environs dont le prince, savoir le comte de Toulouse, connu
depuis longtemps pour fauteur 8c défenseur des hérétiques, attaque l'Eglise
avec les forces c[ui lui restent 8<. s'unit aux ennemis de la foi pour s'op-
poser à ceux qui la professent. Depuis son retour d'auprès de votre sainteté
il n'a exécuté aucune de ses promesses; il a augmenté les péages auxquels
il avoit renoncé si souvent & a favorisé de tout son pouvoir vos ennemis 8c
ceux de l'Eglise de Dieu; appuvé de la protection de (l'empereur) Othon,
ennemi de Dieu & de l'Eglise; il a menacé, comme on l'assure, de chasser
entièrement de ses Etats 8c l'Eorlise 8c le clergé, 8c il s'est lié dès lors plus l'MonRîn.
étroitement avec les hérétiques 8c les routiers. Dans le temps que 1 armée
catholique attaquoit Lavaur, où étoit le siège de Satan £c la primatie de
l'erreur, il a envoyé des chevaliers 8c des soldats au secours des assiégés.
Les croisés ont fait brûler vifs plus de cinquante hérétiques revêtus (ou
parfaits) qu'ils ont trouvés dans son château de Casser, outre un grand
nombre de cro)ans. Il a appelé contre l'armée de Dieu Savaric, sénéchal
du roi d'Angleterre, ennemi de l'Eglise, avec lequel il a eu la témérité
d'assiéger le comte de Montfort dans Castelnaudary : le Seigneur a puni
bientôt sa présomption, 8c une poignée de catholiques a mis en fuite un
nombre infini d'ariens. Se voyant sans espérance de la part d'Othon 8c du
roi d'Angleterre, il a envoyé des ambassadeurs au roi de Maroc pour
implorer son secours, à la honte du christianisme; mais Dieu a mis des
obstacles à ses mauvais desseins. Il a chassé révêc[ue d'Agen de son siège
8c l'a dépouillé de tous ses biens; il a fait prisonnier l'abbé de Moissac, 8<
il a détenu captif, pendant plus d'un an, l'abbé de Montauban. Ses rou-
tiers 8c ses complices ont fait souffrir le martyre à une infinité de pèlerins,
dont ils retiennent encore quelques-uns dans les fers : sa fureur n'a fait
de secourir les princes méridiortaux & ne pouvait haute politique & s'assurait à tout jamais cette *-^
*oir d'un hon teil les agrandissements de Simon suprématie. Du reste, il ne semble p;is qu'il y ait
de Montfort; mais s'il se jeta ainsi à corps perdu eu longtemps tort accord entre les confédérés; on
dans une affaire aussi dangereuse, ce fut dans des verra plus bas que le comte & le roi se disputèrent
Vues d'intérêt personnel. Il ne faut pas oublier assez aigrement avant la bataille de Muret, & il
que pendant tout le douzième siècle Us deuK mai- est bien certain que dans cette déplorable affaire,
tons d'Aragon & de Toulouse avaient été en guerre Raimond VI ne fit pas tout ce qu'il aurait pu
pour 1» suprématie du Midi. En se posant comme pour sauver le roi des suites de son imprudenc»
p-ytecteur de Raimond VI, alors humilié & près- militaire, [A. M.]
qut dépouillé, Pierre d'Aragon faisait un acte do ' Innocent. III 1, i6, Ej>iit. 41.
An I :
408 HISTOIRE GÉNÉRALE BE LANGUEDOC. LIV. XXII.
« que prendre de nouvelles forces, en sorte qu'il empire tous les jours 8c qu'il
« tait tout le mal qu'il peut contre l'Église, soit par lui-même 8c par son fils,
« soit par les comtes de Foix &. de Comminges 8c par Gaston de Béarn, ses
« confédérés, hommes scélérats 8c pervers. Le comte Simon de Montfort
« ayant occupé presque toutes leurs terres, à cause qu'ils sont ennemis de
« Dieu Se de l'Église, ils ont eu recours en dernier lieu au roi d'Aragon, par
<i le moyen duquel ils tâchent de surprendre votre clémence : ils l'ont amené
(( à Toulouse, avec nous, qui étions assemblés à Lavaur par ordre de votre
« léo-at 8c de vos délégués pour y entrer en conférence. Vous verrez ce que
« le roi a proposé, 8c ce que nous lui avons répondu par nos lettres scellées.
« Nous envoyons aussi à votre sainteté le conseil que nous avons donné à
» vos délégués, après en avoir été requis, sur le fait du comte de Toulouse. »
Ces prélats finissent leur lettre par prier le pape de terminer une affaire qui
avoit si heureusement commencé, de mettre la cognée à la racine de l'arbre
8c de le couper pour toujours, afin de l'empêcher de nuire. « Soyez certain,
« disent-ils, que si on restitue à ces tyrans ou à leurs héritiers les domaines
« qu'on leur a enlevés avec tant de peine 8c par l'effusion du sang de tant
« de chrétiens, outre le scandale qui en arrivera, l'Eglise 8i le clergé seront
(i dans un péril éminent. Au reste nous nous abstiendrons de rapporter les
'( énormités, les blasphèmes, les abominations Se les autres crimes dont ils
« sont coupables, de crainte que nous ne paroissiens faire un livre : nos
« envoyés pourront vous en raconter une partie de vive voix. »
XLII. — Le comte de Toulouse fait de nouveaux ejjbvts, maïs en vain,
pour être reçu à se justifier.
Ces envoyés furent' l'évêque de Comminges, l'abbé de Clairac, Guillaume,
archidiacre de Paris, maître Thédise, chanoine de Gênes 8c commissaire dans
l'affaire du comte de Toulouse, c'est-à-dire sa plus forte partie, 8c enfin
Pierre Marc ou de Marc (Marci), correcteur des lettres apostoliques. Avant
leur départ le comte de Toulouse fit^ encore une tentative auprès de l'évêque
de Riez 8c de maître Thédise pour tâcher de les fléchir : il leur envoya un
de ses chevaliers, nommé Cambon, accompagné d'un notaire, 8c leur fit signi-
fier l'offre qu'il faisoit d'obéir absolument à tous leurs ordres, les suppliant
humblement d'agir à son égard avec miséricorde 8c non dans la rigueur de
la justice, 8c de venir le trouver à Toulouse ou de lui marquer un lieu où
ils pussent s'assembler 8c conférer ensemble. Les deux commissaires répon-
dirent par écrit au comte qu'ils ne pouvoicnt traiter avec lui pour les raisons
(|u'on a déjà dites. Ils lui reprochent, dans leur réponse, le refus qu'il avoit
fait d'exécuter, conformément au rescrit qui étoit venu de Pvome, les ordres
qu'ils lui avoient donnés au concile de Saint- Gilles, Se ceux qu'il avoit
ensuite reçus de la part des légats à Narbonne 8c à Montpellier; d'avoir
' pierre do Viuix-Cernay, c. 66. ' Innocent. III 1. i6, Epist. Sr, & ^^.
An izi'i
riîSTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XXH. 409
augmenté les péages au lieu de les supprimer; d'avoir violé les sermens qu'il
avoit faits aux légats; £t enfin tous les autres griefs dont les évêques du con-
cile de Lavaur tout mention dans leur lettre au pape, « Vous avez de plus
« négligé, ajoutent-ils, de comparoître quand nous vous avons cité de la part t.'iïi°pl'l'4;,
(I du pape, 8c vous ne nous avez jamais requis de travailler à votre affaire
« pour laquelle vous nous avez tait nommer commissaires par le pape.
(1 Quoique vous ayez su que nous avons été depuis peu, pendant huit jours,
(' au concile de Lavaur, vous ne nous avez pas écrit, 8c vous n'y avez pas
« envoyé un ambassadeur. Pour ces raisons 8c pour plusieurs autres, vous ne
« méritez pas que nous vous recevions à vous justifier, suivant l'ordre du
<' pape, ainsi qu'il a été défini par tout le concile; c'est pourquoi nous pro-
« testons par les présentes, que nous aurons soin d'informer le pape de toutes
(( ces choses, afîn qu'il procède dans votre affaire comme il le jugera à
« propos. »
XLIII. — Plusieurs évêques écrivent au pape contre le comte iS- les habïtans
de Toulouse.
Les deux délégués ne manquèrent' pas, en effet, d'écrire au pape en par-
ticulier pour lui faire le détail de leur conduite à l'égard du comte de Tou-
louse; ils chargèrent de leur lettre les députés que le concile de Lavaur
envoyoit à Rome. Plusieurs évêques se servirent de la même voie pour écrire
conjointement ou séparément au pape contre ce prince. Entre ces prélats,
furent : 1° Michel, archevêque d'Arles, 8c les évêques Guillaume de Mague-
lonne, Guillaume de Carpentras, Guillaume d'Orange, Gaufrid de Saint-
Paul-trois-Châteaux, Bertrand de Cavaillon, Raimbaud, élu de Vaison, &c
Pons, abbé de Saint-Gilles. Leur lettre^ est datée d'Orange le 20 de février.
Après avoir loué le pape Innocent III d'avoir déraciné l'hérésie de leurs dio-
cèses 8c de presque toute la province de Narbonne, ils lui marquent la crainte
qu'ils ont c|ue la ville de Toulouse, si on la laisse subsister, 8c si on ne la
détruit pas entièrement comme un membre pourri, n'infecte tout le voisi-
nage, 8c ne fasse revivre l'erreur dans tous les endroits d'où on l'a chassée.
Ils le prient avec instance de s'armer du zèle de Phinées, 8c d'anéantir
entièrement cette ville (qu'ils comparent à Sodome 8c à Gomorrhe) avec tous
les scélérats qui s'y étoient rcfugics. « Autrement, ajoutent-ils, nous vous
« disons dans la vérité, qui est Dieu même, que si pour nos péchés, ce tyran,
« ou plutôt cet hérétique toulousain (ils désignent ainsi le comte Raimond),
« ou même son fils, pouvoit élever la tête qu'on lui a déjà écrasée. Se qu'il
t( faut lui écraser encore plus fortement; il feroit des ravages affreux 8c ren-
Il verseroit tout comme un lion rugissant, n Enfin ils prient le pape de s'en
rapporter entièrement sur les besoins de la province à maître Thédise, por-
teur de leur lettre, lequel, disent-ils, est pleinement informé de tout.
^ ' Innocent. TU 1. i5, E^y,:t. 3;. " Innocent. III 1. i6, Ep'tst. ^'>.
*
— — 4'0 HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIl.
Ail I ;i J '
2° L'archevêque de Bordeaux Si les évêques de Bazas Si de Pèrigueux
remercient' le pape du bien qu'il avoit fait dans les provinces de Narbonne
8i d'Aucli Se dans leurs diocèses, & d'avoir exterminé l'hérésie Si les routiers
par les soins de Simon de Alontfort Se des croisés. Ils le supplient, à la fin de
leur lettre, d'achever ce qu'il avoit commencé.
3° Bertrand, évêque de Béziers, prie^ le pape de détruire de fond en
comble la ville de Toulouse avec les lieux voisins, où le reste des hérétiques
s'étoit réfugié. Si d'empêcher que le comte Raimond Se son fils ne pussent
nuire davantage à l'Église. « Que Votre Sainteté prenne garde surtout, dit
« ce prélat, que le roi d'Aragon ne vous surprenne, & que ce prince qui, sai:s
« blesser le respect qui est dû à l'onction qu'il a reçue, paroît être devenu un
et enfant rebelle, Si qui se vante présomptueusement d'obtenir la restitution
tt des terres saisies Si les bonnes grâces de Votre Sainteté en faveur de ce
« comte Si de ses complices, ne les amène en votre présence, car ils sont tous
<i hérétiques, routiers, sacrilèges, homicides Si chargés de toute sortes de
« crimes. En effet, si la vills de Toulouse, qui est l'asile des hérétiques,
« comme elle l'étoit anciennement (car on lit qu'elle fut autrefois entièrc-
(i ment renversée. Si que la charrue passa par dessus pour une semblable
(( cause), demeure à ces hommes perfides, il en sortira une flamme qui dévc-
« rera nos cantons avec tous les pays voisins. » On ne sait dans quelle source
ce bon évêque avoit puisé la fable que la ville de Toulouse avoit été autrefois
entièrement renversée pour crime d'hérésie.
4° Enfin Bernard J, archevêque d'Aix, écrivit au pape k peu près dans les
mêmes termes, avec plusieurs abbés, tant contre la ville de Toulouse que
contre le comte Raimond.
XLIV. — Le roi d'Aragon tâche de gagner le pape i- le roi Philippc-Aiigustc
en faveur du comte de Toulouse.
t.'in,"?;']"^. Pierre, roi d'Aragon 4, ayant appris par ses ambassadeurs à R.onie que le
pape, sur leurs remontrances, avoit ordonné à Simon de Montfort de restituer
aux comtes de Foix Si de Comminges Si au vicomte de Béarn les terres qu'il
avoit envahies sur eux, & que ce pontife avoit mandé vers le même temps à
l'archevêque de Narbonne de révoquer la croisade contre les hérétiques, se
flatta de le gagner entièrement. Pour le prévenir sur ce qui s'étoit passé au
concile de Lavaur, Se lui faire entendre l'injustice du procédé des évêques c[ui
s'y étoient trouvés, il lui envoya les actes par lesquels le comte de Toulouse Se
son fils, les consuls Si les habitans de cette ville, les comtes de Comminges
Si de Foix avec leurs fils, Si Gaston, vicomte de Béarn, remettoient leurs
personnes Si leurs biens entre ses mains, avec promesse d'exécuter fidèlement
tout ce qu'il plairoit au pape de leur ordonner j il fit authentiquer les
' Innocent. III 1. 16, Epist. 4:;. « Piene de Vaux-Cernay, c; 6(1. — Innocent. III
' Ihid. Epist. ^,.^. . 1. 16, Epist. .)7i
» liul. Epiit. 4.0i
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIï. 411
copies de ces actes, dont il garda les originaux, par l'archevêque de Tarra-
gone Si les évêques & les abbés de ses Etats, qui l'avoient accompagné à
Toulouse, & qu'il avoit envoyés au même concile pour négocier la paix. Ces
prélats étoient à Perpignan lorsqu'ils vidimèrent ces actes, le 6 du mois de
mars de l'an i2i3.
Pierre songea d'un autre côté à se rendre le roi Philippe-Auguste favo-
rable. II n'ignoroit pas que ce prince, alors extrêmement refroidi envers le
comte de Toulouse, appuyoit la croisade, 8c qu'il avoit' même consenti,
quoique avec peine, que Louis, son fils, prît la croix au mois de février de
cette année, pour marcher au printemps suivant contre les hérétiques de la
Province, démarche qui avoit engagé une grande partie de la noblesse fran-
çoise à se croiser par complaisance pour le jeune prince. Le roi d'Aragon,
voulant détourner ce coup, envoya l'évêque de Barcelone & quelques cheva-
liers de sa cour en ambassade à Philippe, & les chargea de publier en France
c|ue le pape, par sa lettre à l'archevêque de Narbonne, avoit révoqué la croi-
sade contre les hérétiques. Il avoit en vue d'empêcher par là que Simon de
Montfort ne reçût de nouveaux secours; 61 c'est pour le même motif qu'il
envova des copies de cette lettre, scellées des sceaux des évêques de ses
États, au roi Philippe, à la comtesse de Champagne £<. à tous les grands
du royaume.
XLV. — Le roi d'Aragon donne la ville de Montpellier à CnilLiiimc, son
beau-frère. — Le pape confirme le mariage de ce prince avec Marie. — Sort
des frères de cette princesse du second lit.
Pierre chargea ses ambassadeurs à la cour de France d'une autre négocia-
tion très-importante; c'étoit de demander pour lui en mariage la fille du roi.
On a déjà remarc(ué que le roi d'Aragon, dégoûté depuis longtemps de la
reine Marie de Montpellier, sa femme, faisoit tous ses eftorts pour la répu-
dier; & il espéroit si bien que les ambassadeurs qu'il avoit chargés de pour-
suivre la dissolution de son mariage auprès du pape ne manqueroient pas de
réussir, c[u'il se regardoit déjà comme libre. Les intérêts de Marie, de laquelle
il étoit séparé de corps depuis longtemps, lui tenoient d'ailleurs fort peu
au coeur, comme il paroît par un acte^ suivant lequel, étant à Toulouse
le 14 de janvier de cette année, sans aucun égard pour les droits de cette
reine, Se de Jacques leur fils unique sur la baronnie de Montpellier, il
reconnut ceux de Guillaume, son beau-frère, fils de Guillaume VIII, sei-*
gneur de Montpellier, Se d'Agnès, sa seconde femme. En effet, il lui donna
en fief la ville de Montpellier, les châteaux de Lates, de Paulhan S< d'Omelas
&VCC leurs dépendances, c'est-à-dire tous les domaines de la maison de Mont-
pellier^ excepté ce que le comte de Toulouse possédoit en qualité de comte
de Meigueil, avec promesse de l'aider à recouvrer tous ces domaines des
' Pierre de Vjvix-Ceniry, c. 63. ' D'Achcry, Spicilcj^Um, t. 10, p. 178 & 5:q.
An 121 3
413 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIî.
mains de ceux qui les détenoient contre sa volonté. Raimond, comte de
Toulouse; Pvaimond-Roger, comte de Foix; Bernard, comte de Comminges;
Nugnez Sanche, rils du comte de Roussillon, & plusieurs grands seigneurs
du royaume d'Aragon &. de la principauté de Catalogne, qui avoient suivi
le roi Pierre à Toulouse, furent présens à cette donation. Les ambassadeurs
d'Aragon n'osèrent' cependant taire au roi Philippe la proposition du mariage
de sa Hlle avec le roi leur maître, parce qu'ils trouvèrent en arrivant qu'on
savait déjà à la cour le jugement que le pape venoit de rendre au sujet de la
dissolution du mariage de Marie, qu'il avoit déclaré indissoluble^.
Innocent IIP avoit commis depuis longtemps l'examen de cette affaire à
l'évêque de Pampelune & à ses deux légats frère Pierre de Castelnau S<. frère
Raoul; avec ordre de faire les informations sur les lieux. La mort des deux
derniers'^ 8c les grandes occupations de l'évêque de Pampelune ayant inter-
rompu le cours de la procédure, le pape nomma pour nouveaux commis-
saires Arnaud, abbé de Cîteaux, Se les évêques d'Uzès & de Riez ses légats.
Après divers actes faits devant ces prélats durant plusieurs années par le roi
& la reine d'Aragon, pour prouver de la part de ce prince l'invalidité de son
mariage, sous les divers prétextes dont on a parlé ailleurs, & de la part de
Marie pour en soutenir la validité, la reine en appela au pape, 8c se rendit
en personne à Rome pour y défendre sa cause. Le roi y envoya de son côté
xin procureur, & l'affaire ayant été plaidée en plein consistoire, le pape
déclara le mariage légitime 8t indissoluble le 19 de février de l'an I2i3'.
Innocent écrivit en même temps au roi d'Aragon pour l'exhorter à reprendre
la reine sa femme, S<. à la traiter avec toute l'affection d'un mari; surtout,
ajoute-t-il, puisque vous en avez eu un fils, 8i que c'est une dame qui craint
Dieu 8c. qui a beaucoup de mérite. Il lui marque à la fin que s'il refuse
d'obéir, il avoit ordonné aux évêques de Carcassonne, d'Avignon 81 d'Orange
de l'y contraindre par les censures ecclésiastiques.
Un autre motif engagea encore la reine Marie à faire le voyage de Rome.
Ses frères du second lit, qu'elle prétendoit être adultérins, lui disputoient
la succession de leur père, 8<. elle obtint alors du pape une sentence contre
eux ; c'est ce que nous trouvons dans les mémoires que Jacques I, roi d'Aragon,
leur neveu, nous a laissés de sa vie. « Guillaume^, seigneur de Montpellier,
K dit ce prince, épousa du vivant de la princesse de Constantinople, sa
' Pierre de Vaiix-Cernay, c. 68. la daie d'environ 1200, qui le rend inexpllctble.
' Ces ambassadeurs obtinrent tout au moins de [A. M.]
Philippe-Auguste une sentence en faveur de Guil- = Voyez plus haut, livre XXI, ch. xxv, p. 248,
lem de Montpellier contre Marie; du moins un ■• Innocent. III 1. i,5, Epîst. 221.
acte sans date, mais d'environ !2i.3, indiqué par ' Corrigez le iç janvier, date de deuH lettres dit
M. Delisle {Catalogue- ie$ actes de Philippe-Au' pape au roi ; ef. Potthast, rt. ^Cbô. Le meule jour,
guste,n. 1472 A, p. 33.')), semble le prouver) par le pape notifia la sentence à Marie de Mont-
cet acte, l'évêque de Magiielonne, Guillaume, pellier (Potthast, n. 4607). [A. M.]
s'engage à observer la sentence rendue en faveur « Chronica 0 commentari del rey en Jacmo, c. 3.
de ce Guillem par le roi. Cet acte a été publié par [Nouv. édit. de Barcelone, p. 1 i.l
dom Vaissete (tome VIII, ce. 462, 463], mais avec
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXII. 41 3
« femme, une dame de Castille, du nom du père de laquelle je ne me souviens
« pas; mais elle s'appeloit Agnès. Il en eut plusieurs fils, savoir : Guillaume
(I de Montpellier, qui posséda Péoylba jusqu'à sa mort; Burgundion, Rer-
« nard-Guillaume à qui j'ai donné ditTérens domaines, & à qui j'ai fait
« épouser Miliane', fille de Pons-Hugues, frère de Hugues, comte d'Ampu-
u rias, Se d'une dame de la maison d'En-Tença, & enfin un quatrième fils
Il nommé Tortoseta, que mon père éleva. Guillaume, fils aîné de Guillaume,
« seigneur de Montpellier, prétendit succéder comme mâle à la seigneurie
« de cette ville. Se il porta l'affaire devant le pape. Cette demande engagea
(I la reine Marie, ma mère, d'aller à la cour de Rome pour maintenir ses
<■ droits. Se pour faire passer la seigneurie de Montpellier à moi, qui étois
u son héritier. Le pape déclara par sentence que les fils de Guillaume, sei-
<■ gneur de Montpellier, Se d'Agnès étoient adultérins. Se jugea que Mont-
(> pellier devoit appartenir à la reine Marie Se à moi qui étois son fils. »
Bernard-Guillaume, que Guillaume VHI, seigneur de Montpellier, son père,
avoit destiné dans son testament à être chanoine de Girone Se de Lodève,
s'établit donc en Espagne, ainsi que la plupart de ses frères. Il prit le nom
d'En-Tença, 8e^ suivit le roi Jacques son neveu à la conquête du royaume
de Valence, où il se distingua beaucoup. Se où il mourut en iiSS. Le roi
Jacques qui avoit beaucoup d'amitié Se d'estime pour lui, à cause de sa
valeur, de ses excellentes qualités Se de ses services, le combla de bienfaits.
Il laissa un fils nommé Guillaume, âgé de dix à douze ans, qui hérita de
tous les domaines qu'il avoit en Espagne, Se que le roi Jacques, son cousin,
fit chevalier 3.
XLVI. — Marie porte ses plaintes au pape contre les hahltans de Montpellier.
Marie porta ses^ plaintes au pape de ce que les habitans de Montpellier
lui détenoient injustement. Se refusoient de lui rendre les revenus de cette
ville Se de ses dépendances, qui lui appartenoient de droit. Se que le roi,
son mari, leur avoit engagés. Elle prétendoit que ces revenus, faisant partie
de sa dot, son mari n'avoit pu les donner en engagement; que d'ailleurs les
habitans de Montpellier en jouissoient depuis si longtemps, qu'ils doivent
être payés de leur capital, Se qu'ils lui étoient par conséquent redevables.
Elle se plaignoit de plus de ce qu'ils avoient détruit le château ou palais
qu'elle avoit à Montpellier, qu'ils s'en étoient approprié les matériaux. Se
que, s'érigeant en seigneurs de cette ville, ils y usurpoient toute l'autorité,
créoient les notaires Se les consuls, ou magistrats municipaux, sans sa parti-
cipation Se contre sa volonté. Se régloient en leur propre nom les affaires de
la police. Elle ajoutoit qu'ils avoient pris Se brûlé le château de Lates, aupa-
■ [Carngei Julienne {JuViana).'] ' Voir plus bas, ch. i.wiii, pp. 440, 441.
" Chronica. 0 commentari del rey Jacmc. De l(t * Innocent. III 1. 16, Epist. li. — GaUz conu-
coitpicsta del re^no dt Valencia, ce. 18, 20, "•4, 67, tum Barc'inonemium, c. 24,
71 & suiv.
An 1 2 1 J
An i2i3
414 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. yXII.
Éd orisin. lavant fort peuplé, S< qu'ils avoient fait mourir la plupart de ceux qui l'IiaLî-
toient. Ces dommages montoient, suivant son calcul, à plusieurs milliers de
marcs d'argent. Enfin elle se plaignoit de ce que pour entretenir la discorde
entre elle Se son mari, ils l'avoient chassée d'un château dont elle avoit la
seigneurie, 8<. qu'ils avoient fait jurer à ce prince de ne pas entrer de deux
ans dans la ville de Montpellier. Sur ces plaintes le pape enjoignit, le 12 avril
de l'an 1.2 13, à l'archevêque & à l'abbé de Saint-Paul de Narbonne, 8c au
prieur de l'abbaye de Fontfroide, de citer devant eux les parties, de les
juger, de faire exécuter leur sentence par les censures ecclésiastiques, 8< de
contraindre en attendant les habitans de Montpellier à payer les dépens ([ue
la reine avoit faits, & à lui donner la moitié des revenus de son patrimoine '.
XLVII. — Marie meurt à Rome en odeur de sainteté.
Cette princesse fut attaquée de la fièvre peu de jours après, &c se voyant
dangereusement malade, elle fit son testament^ le 20 d'avril suivant. Elle
institua pour son héritier l'infant Jacques, son fils, & lui substitua Mathilde
8t Pétronille, ses filles, qu'elle avoit eues de Bernard, comte de Comminges,
son second mari ; elle confirma un autre testament qu'elle avoit fait aupara-
vant, en tous les articles qu'elle ne changeoit pas dans celui-ci : elle choisit
sa sépulture dans l'église de Saint-Pierre de Rome, à laquelle elle fit des
legs, dp même qu'à celles de Saint-Jean-de-Latran, de Sainte-Marie-Majeure
8t de Saint-Paul; avec ordre que la dépense de ses funérailles ne passât pas
trente livres Provençales. RWe légua à l'abbaye d'Aniane les pêcheries de
Frontignan 8t ses dépendances, que le seigneur de Montpellier, son père,
tenoit en fief de ce monastère; le château de Miravaux, au monastère de
Saint-Félix, &C. Elle donna pouvoir au pape Innocent 111 de changer ce qu'il
jugeroit à propos dans ce testament, 8<. mit son fils, ses filles, ses biens & toute
sa famille sous la protection de ce pontife 8c de l'Église romaine. Elle mourut
peu de jours après à Rome 3, Se fut inhumée dans l'église de Saint-Pierre,
auprès de sainte Pétronille, ainsi qu'elle l'avoit ordonné. Il est certain^
en effet, qu'elle décéda à Rome au mois"* d'avril de l'an I2i3 8t non de
Tan 12 19, comme l'a avancé mal à propos un historien^ d'Aragon, qui a
trompé ceux qui ont écrit après lui^. Au reste, cet historien déclare avoir vu
deux testamens de cette reine, l'un de l'an 1209 &c l'autre de l'an 121 1, dans
lesquels elle substitue ses filles à son fils, 8c à celles-là Raimond-Gaucelin,
seigneur de Lunel, 8c ses enfans, 8c à leur défaut Raimond, 8c ensuite Arnaud
de Roquefeuil frères, 81 enfin ses autres parens les plus proches, sans faire
' Sur cette affaire, cf. Germain, Histoire de ' Thalamus de MontpeUicr. [Édit. de la Société
Montpellier, t. i, pp. 47 à .'il. — Cet ériidit fait archéologique de Montpellier, p. 23; ce document
remarquer que de cette lettre d'Innocent III, il dit le 19 avril.]
résulte que le roi d'Aragon n'avait pas encore '' Ihid.
payé ses dettes aux habitants de Montpellier peu 'Zuritn, Anales de la corona de Aragon. 1. 2,
avant sa mort. [A. M.] c. 72.
' D'Achéry, Spiçilcgium, t. 7, p. 168 & scq, " Ferrera?, ad ann, 1219, n. 6.
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XXII. 4i5 •
" An i2i3
aucune mention de ses frères Si de ses sœurs du second lit. Tous les histo-
riens' font un grand éloge de Marie de Montpellier, reine d'Aragon, surtout
pour sa piété. Jacques, roi d'Aragon, son fils, en parle de la manière suivante
dans ses mémoires : « La* reine Marie ma mère étoit une des meilleures
« dames du monde. Elle craignoit & honoroit Dieu, 8c j'en povirrois dire
« beaucoup de bien. Elle Fut généralement aimée, & Dieu lui fit tant de
« grâces qu'elle est appelée à Rome & partout ailleurs la sainte reine. Plu-
« sieurs malades ont été guéris en buvant du vin ou de l'eau dans lesquels
(( on avait trempé de la pierre de son tombeau. Elle est inhumée à Rome
« dans l'église de Saint-Pierre, auprès de sainte Pétronille, fille de ce saint. »
Un ancien^ auteur témoigne encore que Dieu opéra dive'-s miracles par les
mérites de cette princesse.
XLVIII. — Louis, fils du roi Philippe-Auguste, se croise contre les albigeois,
il- puis abandonne son dessein.
Les ambassadeurs d'Aragon à la cour de Philippe-Auguste furent plus
heureux sur l'autre article de leurs instructions, qui étoit de détourner les
peuples de se croiser contre les hérétiques de la Province, £<. ils trouvèrent
les circonstances très-favorables. En effet, Philippe, qui avoit enfin consenti
que le prince Louis, son fils, prît la croix, & qui avoit fixé le jour de son
départ pour l'octave de Pâques, dans un grand parlement qu'il avoit tenu à
Paris le premier jour de Carême, changea bientôt après de sentiment, &
obligea ce jeune prince avec les chevaliers qui avoient résolu de le suivre, h
remettre l'expédition à une autre année, pour ne pas se priver de leur
secours durant la guerre & les autres affaires qu'il avoit sur les bras. D'un
autre'* côté, le pape qui, sur le rapport des ambassadeurs du roi d'Aragon,
croyoit l'affaire des hérétiques de la Province entièrement finie, envoya le
cardinal Robert de Courçon, Anglois de nation, son légat en France, & le
chargea d'exhorter les peuples à se croiser pour la Terre-Sainte; en sorte que t.m' "p'Ts
les évèques de Toulouse 8c de Carcassonne, qui étoient allés en France
aussitôt après le concile de Lavaur, tant pour prêcher la croisade contre les
al!)igeois, que pour contrecarrer les ambassadeurs d'Aragon, ne purent
engager que fort peu de monde, nonobstant les grands mouvemens qu'ils se
donnèrent. Quant au roi"* d'Aragon, ce prince qui étoit encore à Toulouse
le 7 de février, laissa en partant de cette ville plusieurs de ses chevaliers aux
deux comtes, Si fit un voyage à Perpignan, d'où il envoya prier Simon de
Montfort de se rendre à Narbonne pour y conférer ensemble.
■ Gesta eomitum Bxrc'inonensîutn, c. 24. ' Pierre de Vaux-Cernay, c. 66 & suiv. — Zu-
• Chronica o commentari del rey en Jacme^ c. 6. rlta. Anales de la corona de Aragon, 1. 2, c. 63.
(Noiiv. éd. e. 7, p. 14.] — [Cf. M.Germain, His- — Mss. Coliert, n. 1067. [Donation faite par le
toire de Montpellier, t. i, pp. 260, 261.] comte de Toulouse à Aimeri de Castelnau; l'acte
' Gesta eomitum Barcinonensium, c. 74. se retrouve dans Teulet, t. 1, p. 388, d'après J.
•• Pierre de Vaux-Cernay, c. 68. 33o, n. i3.]
An lii i
416 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIÎ.
XLIX. — Simon de Mo'itfort &• Pierre, roi d'Aragon, se défient.
Simon étoit alors vraisemblablement à Lavaur; car y il demeura quelque
temps après la séparation du concile, & il y donna deux chartes' le 21 &
le 24 de janvier. 11 répondit^ à l'invitation du roi Pierre, & se rendit à Nar-
bonne au jour marqué; mais n'y trouvant pas ce prince, ik voyant qu'un
grand nombre de routiers, d'Aragonois St de Toulousains s'y étoient rassem-
blés, il crut qu'on lui avoit dressé un piège, & se retira au plus tôt. Quelques
jours après le roi d'Aragon l'envoya défier dans les formes. Se détacha cepen-
dant un corps de Catalans pour ravager ses terres. Simon députa Lambert
de Turei, chevalier sage & discret, pour s'informer de la propre bouche de
ce prince, si le défi étoit véritable, lui déclarer qu'il ne croyoit pas avoir
forfait en rien contre lui, l'assurer qu'il étoit prêt à s'acquitter de tous les
devoirs de vassal, 8c lui offrir, en cas qu'il se plaignît de ce qu'il avoit pris les
terres des hérétiques par les ordres du pape & le secours des croisés, de s'en
rapporter au jugement de la cour romaine, ou de celle de l'archevêque de
Narbonne, légat du Saint-Siège. Simon chargea en même temps son envo^é
de rendre une lettre au roi, supposé que ce prince persistât dans son défi;
dans lequel il ne lui rendoit aucun salut, le déficit à son tour, & lui décla-
roit qu'il ne lui devoit à l'avenir aucun service, & qu'il étoit prêt à se
défendre contre lui, de même que contre les autres ennemis de l'Église. I/am-
bert s'étant présenté devant le roi Pierre, exécuta fidèlement sa commission,
8< lut devant toute la cour la lettre de Simon. Cette lecture enflamma la
colère du roi Se de ses courtisans, Se ce prince ayant ordonné à l'envoyé de
se retirer 8< qu'on veillât sur sa personne, il assembla son conseil. Quel-
ques-uns furent d'avis qu'il devoit citer Simon, pour le sommer en qualité de
son seigneur, de lui rendre le service auquel il étoit tenu envers lui; Se en
cas qu'il manquât d'obéir, de faire mourir Lambert de Turei. Le lendemain
cet envoyé parut de nouveau à la cour, répéta fièrement ce qu'il avoit dit la
veille, Se offrit de se battre en duel contre quiconque oseroit soutenir que le
comte Simon avoit offensé le roi injustement Se lui avoit manqué de fidélité ;
personne ne se présenta pour l'accepter. Se Lambert fut renvoyé sans aucun
mal, à la prière de quelques chevaliers aragonois de sa connoissance
L. — Pierre termine les dijjèrends qui s'étaient élevés entre l'évêque de Viviers
& le comte de Valentinois.
Pierre, roi d'Aragon, ayant résolu de faire la guerre à Simon de Montfort,
donna ses ordres pour lever des troupes. Se fit un voyage vers le Rhône : il
■ Archives de l'église d'Albi. — Manuscrits de ces événements ne sont point racontés parGiuUem
Coliert, n. 2275. [Voyez notre catalogue, n"« 05 de Tudèle, ou pU,tôt par son continuateur ano-
& (><>■] nyme, qui passe brusquement au récit de la prise
' Pierre de Vaux-Cernay, c. 66 & suiv. — Tous de Pujol & de la bataille de Muret. (A. M.)
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXII, 417
T ' An iziî
se rendit à Viviers', & termina comme arbitre, avec Hugues de Baux, prince
d'Orange & vicomte de Marseille, les différends qui s'étoient élevés entre
Burnon, évêque de Viviers, 8c Aymar de Poitiers, comte de Valentinois, au
sujet de divers domaines que ce dernier refusoit de reconnoître tenir en fief de
l'autre, à quoi il fut condamné. Pierre partit bientôt après pour la Catalogne
61 l'Aragon, où il assembla son armée pendant le mois de mai^ & les suivans.
LI. — Les députés du concile de Lavaur préviennent le pape contre le comte
6- les habitans de Toulouse iy leurs alliés,
L'évêque de Comminges, maître Thédise & les autres députés du concile
de Lavaur, étant arrivés^ cependant à Rome vers la fin d'avril, trouvèrent
l'esprit du pape extrêmement aigri contre Simon de Montfort par les intri-
gues des ambassadeurs d'Aragon, qui avoient dépeint ce général comme un
usurpateur. Se avoient indisposé contre lui la plupart des prélats de la cour
romaine. Ils eurent beaucoup de peine à faire changer leurs idées là-dessus;
mais comme ils étoient appuyés des lettres de presque tous les évêques du
pays, qui avoient un intérêt personnel à traverser la justification du comte
de Toulouse, Si qu'ils avoient des liaisons très-intimes avec Montfort, ennemi
capital de ce prince, ils tournèrent enfin entièrement l'esprit du pape, qui
écrivit une lettre fort vive au roi d'Aragon le 21 mai I2i3. Innocent'^, après ("ifi "!,'".!%
avoir préparé ce prince à la correction, en lui témoignant combien les hon-
neurs qu'il lui avoit rendus par dessus tous les princes chrétiens dévoient le
porter à la reconnoissance, lui fait de sanglans reproches d'avoir pris, contre
la défense du légat, la protection des Toulousains, excommuniés, dit-il, 8t
interdits à cause que plusieurs d'entre eux sont ou hérétiques manifestes, ou
crovans 8t fauteurs des hérétiques. Il lui marque ensuite, qu'ayant fait venir
en sa présence l'évêque de Segorve St maître Colomb, ses ambassadeurs, avec
les envoyés des légats 8c de Simon de Montfort; qu'après les avoir écoutés les
uns Se les autres, 8c avoir lu plusieurs lettres qui lui avoient été adressées, il
lui enjoignoit d'abandonner sans délai les Toulousains Si leurs associés,
nonobstant toutes les promesses qu'il pourroit leur avoir faites. « Que si,
« ajoute-t-il, ils souhaitent retourner à l'unité, comme vos ambassadeurs nous
« l'ont assuré, nous commettons l'évêque de Toulouse pour réconcilier à
« l'Église ceux qui voudront revenir sincèrement; mais nous lui ordonnons
K en même temps d'exterminer de cette ville tous ceux qui persisteront dans
« leurs erreurs, 8c de confisquer leurs biens. Nous sommes également surpris
« 81 fâché de ce que vous nous avez arraché un rescrit apostolique sur un
« faux exposé, pour faire restituer aux comtes de Comminges 81 de Foix 8c à
' Colimlîi, Vivnrienses ep'iscopi, p. îîi. a été reproduite par Pierre de Vaux-Cernay, c. 66.
* Ziirita, AaaUi de U corona de Aragon, I. 2, Dans l'édition des lettres d'Innocent III par Ba-
c. /)3. luze, cette pièce est datée du 2 juin I2l3. Ci,
* Pierre de Vaux-Cernay, ce. 66 & 70. Potthast, n. 4741. [A. M.]
' Innocent. Ill 1. 16, Epin. 48. — Ccue lettre
VI.
27
An i2i3
418 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXII.
« Gaston de Béarn leurs domaines, puisqu'ils sont excommuniés pour plu-
« sieurs grands crimes, & pour la protection qu'ils accordent aux hérétiques 5
« mais parce qu'un pareil rescrit ne sauroit subsister, nous le révoquons
'.( comme subreptice. Si ces comtes veulent se réconcilier à l'Eglise, ainsi
« qu'ils le disent, nous mandons à l'archevêque de Narbonne, légat du Saint-
c Sié-^e, de recevoir non-seulement leur caution juratoire, parce qu'ils ont
« transgressé leurs sermens, mais encore toute autre caution qu'il jugera
« nécessaire d'exiger, & de leur donner ensuite l'absolution. » Le pape
promet au roi d'Aragon d'envoyer sur les lieux un cardinal légat a latere,
suivant ses désirs, & de choisir un personnage sage, prudent Si équitable,
qui rende une exacte justice à tous ceux qui la demanderont. En attendant,
il ordonne à ce prince de convenir une trêve avec Simon de Montfort, & de
la o-arder fidèlement, excepté à l'égard des hérétiques, avec ordre à ce dernier
de lui rendre tous les services auxquels il étoit obligé pour les terres qu'il
tenoit de lui en fief. Enfin il déclare que si les Toulousains & les comtes
leurs protecteurs persistent dans leurs erreurs, il fera publier une nouvelle
croisade contre eux & contre leurs défenseurs : il l'exhorte à obéir exactement
à ces ordres « afin, dit-il, que vous ne m'obligiez pas à vous punir, en cas de
« désobéissance, quelque amitié que j'aie pour vous. Si vous vous opposez à
« la consommation d'une œuvre si sainte, dans laquelle la cause de Dieu 8c
« celle de l'Église se trouvent également intéressées, surtout en matière de
« foi , les exemples anciens & nouveaux pourront vous instruire du péril
« auquel vous vous exposez. » Le pape écrivit d'un autre côté à Simon de
Montfort, à l'archevêque de Narbonne 81 à l'évêque de Toulouse pour les
charger de l'exécution de ses ordres touchant cette lettre, 81 renvoya deux
jours après au ' légat a latere qui devoit se rendre dans la Province, la dis-
cussion des demandes que faisoit Raimond Pelet, lequel étoit allé à Rome
pour y soutenir les droits qu'il y prétendoit sur le comté de Melgueil, au
nom de son àieule, 8c qui offroit de prendre ce comté en fief de l'Église
romaine, sous vm cens annuel.
LIL — Simon de Montfort reçoit un nouveau renfort de croisés, 6» continue
ses expéditions.
Manassés, évêque d'Orléans^, 8c Guillaume, évêque d'Auxerre, son frère,
voyant que l'ardeur pour se croiser contre les hérétiques de la Province étoit
extrêmement ralentie depuis que le pape avoit en quelque manière révoqué
cette croisade, & sachant que Simon de Montfort étoit presque abandonné,
prirent la résolution de marcher à son secours^. Ils ramassèrent plusieurs
' Innocent. III 1. \6, Epist. 55. — [Potthast, ' Au premier mai I2t3, Simon devait être à
n. 4734; la lettre est du 28 mai I2i5.] Béziers; du moins, à cette date, il se reconnut
' Pierre de Vaux-Cernay, c. 69 & suiv. — Guil- redevable envers Bertrand, évêque de cette ville, de
laume de Puylaurens, c. 20. — Voyez tome VIII, cent marcs d'argent, qu'il lui devait pour sa part
ce. 92, 93. des échoites de sa ville épiscopale. En payement
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XXII. aiq —; T"
^ ' An I2i3
chevaliers Se arrivèrent à Carcassonne, d'où Simon les mena vers Muret. Ce
général ht ensuite le dégât dans tous les environs de Toulouse, ravagea les
moissons qui étoient déjà prêtes à couper, & se rendit maître de dix-sept
petits châteaux du pays : il les rasa tous, à la réserve de celui de Pujol, situé
à deux lieues de Toulouse vers le sud-est', où il laissa en garnison trois
chevaliers : Pierre de Sissi, Simon de Lisesnes 8<. Robert de Sartes, ou selon
d'autres d'Isarces, avec quelque infanterie.
LUI. — Amaiiri, fils de Simon, reçoit la ceinture militaire. — La noblesse
de Gascogne le reconnaît pour son seigneur.
Après cette expédition, Simon se rendit à Castelnaudary, où il avoit con- ÉJ-origin.
. ii. I I • •!• • - A • t. in, p. -il-.
voque une grande assemblée pour donner la ceinture militaire a Amaun, son
fils. Gui, son frère, qui assiégeoit alors le château de Puycelsi en Albigeois,
leva le siège pour assister à cette cérémonie, qui se fit le jour de Saint-Jean-
Baptiste, hors la ville, 8c sous des tentes, à cause que Castelnau n'étoit pas
assez grand pour contenir tous ceux qui s'assemblèrent à cette occasion.
L'évêque d'Orléans ayant célébré pontificalement la messe dans une grande
tente, qu'on avoit dressée exprès, assisté de l'évêque d'Auxerre, donna cette
ceinture au jeune Amauri, qui fut conduit à l'autel par le comte, son père,
8c la comtesse, sa mère, 8c qui demanda d'être fait chevalier pour le service
de Jésus-Christ en présence d'une foule d'ecclésiastiques 8c de gentilshommes.
Quelques jours après, Simon s'étant avancé vers Toulouse, où il fit quelques
prisonniers, se rendit à Muret suivi d'une grande partie de la noblesse de
Gascogne, qu'il y avoit convoquée, pour rendre hommage à Amauri, son
fils. Il le conduisit ensuite dans cette province, lui fit prendre possession des
domaines qu'il y avoit acquis 8c y continua la guerre*.
LIV. — Le comte de Toulouse prend le château de Pujol.
Pendant l'absence de Simon, le corn te de Toulouse, que la garnison du
château de Pujol incommodoit beaucoup, investit cette place, 8c après avoir
comblé le fossé, il tenta de l'emporter d'emblée; mais la vigoureuse défense
des assiégés l'obligea à faire le siège dans les formes. Ayant fait une ouver-
ture considérable aux murailles, il monta de nouveau à l'assaut, 8c prit enfin
il lui donna les possessions de Hugues de Paulin ' Le Languedoc oriental semble avoir été abso-
& de ses frères i Aspiran & autres lieux, en ne lument abandonné à ce moment; Simon de Mon t-
se réservant que le château de Peyriés & sa châtel- fort n'y avait pas encore porté ses armes, & Rai-
lenie. Le nom de lieu où cette charte fut donnée mond VI paraît n'y avoir exercé aucune autorité,
n'est pas indiqué, mais elle fut écrite par un no- Aussi les habitants de Nimes, ainsi délaissés &
taire de Béziers, & tous les témoins sont de ceite menacés par les routiers qui couraient le pays,
ville ou des environs. (Cf. tome VIII, ce. ôîy 8c firent-ils alliance, le il août I2i3, avec ceux
638.) [A. M.] d'Arles, pour se garder de leurs incursions & des
' Ce iiea paraît être le Pujol, écart de la com- tentatives des petits seigneurs voisins. (Cf. Ménard,
mune de Sainte-Foy d'AigrefeuiUe, canton de t. ■ , pr. 52, 53, & texte, pp. z-jz, 273.) [A. M.]
Lant.'i (Haute-Garonne). [A. M.)
An izi3
420 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXII.
le château malgré la résistance des assiégés, qui se retirèrent dans une tour,
où ils demandèrent à capituler. On écouta volontiers leurs propositions, parce
qu'on apprit que Gui de Montfort étoit en marche pour faire lever le siège.
Roger-Bernard, lils du comte de Foix, s étant approché de la tour,' régla les
articles avec les croisés à qui il accorda la vie sauve; mais qu'il fit cependant
prisonniers. On assure que le comte de Toulouse promit par serment de ne
les pas faire mourir; que nonobstant une promesse si solennelle, Simon
de Lisesnes fut tué sur le champ ; que tous les autres ayant été conduits à
Toulouse, soixante des principaux y furent pendus, après qu'on les eut fait
promener dans toute la ville attachés à la queue de leurs chevaux. Se que
tout le reste de la garnison fut passée au fil de l'épée. Le comte fit raser le
château de Pujol '.
LV. — Le roi d'Aragon joint les comtes de Toulouse, de Foix
6- de Comminges : ils vont assiéger Muret.
Simon assiégeoit alors Rochefort dans le Comminges, où il avoit soumis
plusieurs autres places. Aussitôt qu'il fut averti du siège du Pujol, il laisse
son fils devant Rochefort Si accourt à grandes journées. En passant à Car-
cassonne, il y rencontre les évêques d'Orléans 61 d'Auxerre, qui s'y étoient
arrêtés en retournant dans leurs diocèses. Il fait son possible pour les engager
à le suivre. Si à l'aider à faire lever le siège de Pujol; mais ces prélats lui
refusent leur secours. Il continue sa marche, Si apprend enfin à Castelnau-
dary la prise de la place 61 la manière dont on avoit traité la garnison. Sur
le récit qu'on lui en fit il ne put s'empêcher de verser des larmes contre son
ordinaire. Étant informé en même temps que le roi d'Aragon se disposoit à
passer les Pyrénées, il mande à son fils de lever le siège de Rochefort 61 de
le joindre incessamment. Quant Amauri reçut cet ordre, les habitans de ce
château demandoient à capituler : il leur accorda la vie sauve, mit garnison
dans la place Si alla trouver son père. Après leur jonction, ils se tinrent sur
leurs gardes, Si n'osèrent plus tant étendre leurs courses, parce que les pré-
paratifs du roi d'Aragon, 81 les sollicitations des chevaliers que ce prince
avoit laissés à Toulouse avoient engagé la plupart des châteaux situés aux
environs de cette ville à abandonner leur parti pour rentrer sous l'obéissance
du comte Raimond leur ancien maître.
Montfort Si les évêques de la terre d'Albigeois^ (entre lesquels on met
' Le récit de la prise du Pu]ol occupe les vers Comme Pierre de Vaiix-Cernay est aussi hostile
2786 à 2870 de la Chanson. Le récit de Pierre de aux Toulousains que le poële leur est favorable,
Vaux-Cernay est en désaccord avec celui du poëte il est impossible de dire lequel est dans le vrai,
sur plusieurs points; ce dernier prétend que le & de se prononcer en cette occasion. Remarquons
château fut pris de vive force & que c'est à ce du reste que dans le cas où Pierre de Vaux-Cernay
moment qu'eut lieu le massacre de la garnison aurait raison, il aurait pu garder un peu de l'in-
française; il ne donne pas les noms des chevaliers dignation qu'il téinoigne ici pour les massacres de
français & dit que c'est le comte Gui & non Si- Béziers, de Minerve, de Lavaur, &c. [A. M.J
mon qui arriva trop tard pour secourir les assiégés. ' Pierre de Vaux-Cernay, c, 63.
An 121 3
a^8.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXII. 421
l'archevêque de Narbonne Se l'évêque de Toulouse) députèrent deux abbés
au roi d'Aragon pour lui notifier la défense que le pape lui faisoit de pro-
téger les hérétiques & le sommer d'y obéir. Le roi le promit & se mit néan-
moins en marche peu de temps après à la tête de' mille chevaliers, tant
Catalans qu'Aragonois. Etant arrivé en Gascogne, il y soumit divers châteaux
que Simon de Montfort avoit conquis, & alla joindre ensuite à Toulouse les
comtes de Toulouse, de Foix 81 de Comminges qui l'y attendoient. Toutes worigin
leurs forces rassemblées formoient une armée ^ d'environ deux mille cheva-
liers Se de quarante mille fantassins, la plupart Toulousains. Le roi d'Aragon
& les comtes ses alliés prirent à Toulouse un grand train d'artillerie, Se
s'avancèrent vers Muret dans le dessein de l'assiéger à cause que la garnison,
composée de trente chevaliers Si de quelque infanterie, ne cessoit de faire des
courses jusques aux portes de Toulouse.
LVL — Siège £• bataille de Muret. — Pierre, roi d'Aragon, y est tué.
Muret est une petite ville dépendante du comté de Comminges, dans le
diocèse 8c à trois lieues de Toulouse, vers le sud-ouest, sur la gauche de la
Garonne, au confluent de la rivière de Louge dans ce fleuve. L'armée du roi
d'Aragon St de ses alliés y arriva le mardi 10 de septembre de l'an i2i3. On
com.mença aussitôt à dresser les machines & à les faire jouer pour abattre les
murailles. Le lendemain on donna l'assaut à une des portes de la ville, 8c
on emporta le premier faubourg, malgré la vigoureuse défense des assiégés,
qui se réfugièrent dans le second Se dans le château. Si les alliés avoient suivi
leur pointe, ils se seroient alors rendus entièrement les maîtres de la place;
mais avant été avertis qu'on voyoit paroître les signes militaires de Simon de
Montfori, ils cessèrent le combat, abandonnèrent le faubourg qu'ils avoient
déjà pris. Se se retirèrent dans leur camp pour s'y mettre en sûreté. On blâme
beaucoup le roi d'Aragon de cette retraite précipitée; car il lui étoit aisé de
prendre Muret, Se 11 eût évité le malheur qui lui arriva^.
Montfort parut en effet peu de temps après à la tête d'un petit corps
d'armée. La garnison de Muret se voyant menacée d'un siège lui avoit envoyé
demander un prompt secours, Se l'informer que la place étoit absolument
dépourvue de vivres. Simon étoit à Fanjeaux, où il s'étoit rendu sur le bruit
de l'approche du roi d'Aragon, 8c, prévoyant que ce prince pourroit bien
entreprendre le siège de Muret, il avoit déjà résolu de s'y jeter avec un
convoi pour ravitailler la place, 8c de tout hasarder pour la secourir. Il étoit
prêt à se mettre en marche le lendemain au matin, lorsque la comtesse, sa
femme, l'arrêta pour lui faire part d'un songe qu'elle avoit eu durant la nuit,
Se dont elle tiroit un fort mauvais augure. Simon la voyant extrêmement
• Voyez tome VII, l^otc XVII, pp. 49 à 54. rer le comte de Monifort dans la ville & finir la
■ Ihti. guerre d'un seul coup. — Voyez son discours aux
' D'après le récit en vers, le roi d'Aragon battit capitouls de Toulouse, dans la Chcnion, vers 2j5o
e:l retraite volontairement; il espérait ainsi atli- à ^'^^'J- \^- ^'1
An i:iJ
4:2 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV, XXIl.
troublée à cette occasion, se moqua d'elle pour la rassurer, & lui dit de laisser
s avance vers
ces sortes de superstitions aux Espagnols. Il part ensuite Se
Saverdun, dans le comté de Foix. En chemin il rencontre un second exprès
de la garnison de Muret, qui lui donnoit avis que les princes confédérés
avoient investi la place & commencé le siège. Il dépêche aussitôt un courrier
à la comtesse, sa femme, qui étoit partie pour Carcassonne, & la prie d'as-
sembler promptement un corps de troupes. Elle exécuta cet ordre du mieux
qu'il lui fut possible, & engagea le vicomte de Corbeil dans le diocèse de
Paris, qui ayant achevé sa quarantaine étoit prêt à s'en retourner, à demeurer
encore quelque temps dans le pays, & à se joindre au secours qu'elle envo\a
au comte, son époux. Montfort continua cependant sa route. En passant à
l'abbaye de Boulbonne, il dit à Maurin, sacristain', & depuis abbé de
Pamiers, qui étoit venu à sa recontre, qu'il alloit secourir Muret, &. que si
les assiégeans l'attendoient dans leur camp, il ne feroit aucune difficulté de
les attaquer : « Vous n'êtes pas assez fort, lui répliqua Maurin, pour vous
tt mesurer avec le roi d'Aragon, prince expérimenté dans l'art militaire, qui
« a sous ses ordres une nombreuse armée, & qui est uni à divers comtes très-
(> braves. Dans cette situation il ne convient nullement que vous hasardiez
« le combat avec si peu de monde. » Simon, dit-on, tira alors un papier de
son porte-feuille, &. pria Maurin de le lire. C'étoit une lettre que le roi
d'Aragon écrivoit à une dame, femme d'un grand seigneur du diocèse de
Toulouse, dans laquelle il lui marquoit, après l'avoir saluée, qu'il venoit
pour l'amour d'elle chasser les François du pays, 8c lui disoit plusieurs autres
choses obligeantes. Maurin, après la lecture de cette lettre, qu'un domestique
de la dame avoit interceptée Se envoyée à Simon, dit à ce général en la lui
rendant : « Que prétendez-vous dire par là? Ce que je prétends, répondit
« Simon, c'est que je ne crois pas possible que le roi d'Aragon renverse
(i l'œuvre de Dieu pour une femme. » La plupart des modernes qui ont parlé
de ce fait l'ont interprété en mauvaise part, & ont fait entendre que le roi
t.'^iii °pl^249 Pierre avoit écrit cette lettre à une de ses maîtresses; mais un habile critique^
nous en donne la clef, en faisant voir, comme il est certain, que cette dame
n'est pas différente ou d'Éléonor ou de Sancie, sœurs de ce prince, & femmes,
la première du comte de Toulouse le père, 8c l'autre du fils, 8c que c'est pour
l'amour d'elles 8c pour leurs intérêts que le roi leur frère prit les armes contre
les croisés.
Simon ^ entra dans l'église de Boulbonne Se y demeura quelque temps en
prière; puis il ôte son épée 8c la met sur l'autel en disant : « Seigneur, vous
« m'avez choisi, tout indigne que je suis, pour combattre pour vous; je
« prends cette épée de dessus votre autel, afin que, combattant pour votre
■ Guillaume de Puylaurcns, c, îo.' dément la défense de Pierre d'Aragon précisément
" Baluze, Marca Hispanica, c. 022. — Le fait sur un point où ce prince était tellement sujet a
en lui-même a peu d'importance; c'est une histo- caution, car la chasteté ne fut jamais la grande
riette sans aucune authenticité. Il est toutefois vertu du père de don Jacme. [A. M.]
singulier de voir dom Vaissete prendre si chau- ' Pierre de Vaux-Cernay, c. 63.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXII. 428
o gloire, je le fasse avec justice. « 11 va ensuite joindre ses troupes & s'avance
jusqu'à Saverdun. Il étoit accompagné des cvêques de Toulouse, Nimcs,
Uzès, Lodève, Béziers, Agde 8c. Comminges, Se des abbés de Clairac, Ville-
magne & Saint-Thibéry. L'archevêque de Narbonne, légat du Saint-Siège,
avoir ordonné à ces prélats de le suivre pour tâcher de moyenner la paix;
mais cet archevêque n'y étoit pas en personne, comme un historien ' de nos
jours le suppose.
Montfort^, outre les milices du pays qu'il avoit rassemblées 8c les cheva-
liers qui s'étant liés avec lui ne le quittoient jamais, avoit reçu depuis peu
un renfort de trente chevaliers franço's qui étoient venus pour faire leur
quarantaine de service, entre lesquels étoient Guillaume des Barres, son frère
utérin, Guillaume d'Aire 3, seigneur flamand. Si ses frères, Sec. Étant arrivé
à Saverdun sur le soir, il y assembla son conseil de guerre; il souhaitoit
marcher cette nuit-là même au secours de Muret ; mais tovis ses officiers
furent d'avis d'attendre au lendemain pour donner le temps de se reposer aux
troupes, qui étoient extrêmement fatiguées de leur marche, 8c il se rendit
à ce sentiment. Foulques, évêque de Toulouse, qui avoit déjà tenté plu-
sieurs fois inutilement de porter ses diocésains à la soumission, envoya alors
un exprès au roi d'Aragon Se fît demander un sauf-conduit à ce prince, tant
pour lui que pour les autres évêques, ses collègues, dans le dessein de taire
des propositions de paix. Le lendemain Simon de Montfort ayant fait appeler
de grand matin son chapelain, se confesse 8c fait son testament, puis il se
rend à l'église avec les évêques, 8c l'un d'entre eux ayant célébré la messe,
ces prélats déclarèrent excommuniés pendant le saint sacrifice, le comte de
Toulouse &c son fils, le comte de Foix 8c son fils, le comte de Comminges 8c
tous leurs associés; ils ne voulurent pas, par ménagement, comprendre
expressément le roi d'Aragon dans l'excommunication. Après la messe. Mont-
fort ayant assemblé ses troupes dans une plaine, se met en marche en ordre
de bataille &t s'arrête à Auterive, lieu situé entre Saverdun 8c Muret, à deux
lieues de l'un 8c de l'autre. L'exprès, que l'évêque de Toulouse avoit dépêché
au roi d'Aragon, rapporta en ce lieu la réponse de ce prince qui étoit que,
puisque les évêques venoient à main armée, il ne leur donneroit pas de
sauf-conduit. Sur cette réponse, l'armée continue sa marche 8c passe heu-
reusement un défilé, où il étoit aisé aux confédérés de l'arrêter au passage.
Enfin Simon arrive au bord de la Garonne, vis-à-vis de Muret, situé à la
gauche de ce fleuve.
Le prieur de l'hôpital de Toulouse vint en cet endroit trouver Foulques,
évêque de cette ville, 8c lui remit des lettres de la part des Toulousains qui
déclaroient qu'ils étoient disposés à obéir au pape 8c à ses légats. Foulques
renvoya le prieur au roi d'Aragon pour lui demander un passeport; mais ce
prince le refusa 8c dit que si ce prélat vouloit aller à Toulouse traiter avec
' Daniel, Histoire de France, t. I , p. iSpg. ' Baudouin d'Ayejnes, Chronique, mss. Coisliii,
' Pierre de Vaux-Cernay, c. 63. n. 90.
An izi3
424 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXII.
An I ii3 I "
les habitans il l'y feroit conduire sûrement. L'évêque ayant pris cette réponse
pour une raillerie, dit : » Il ne convient pas à un serviteur d'entrer dans
« une ville d'où son maître est exilé. Je ne retournerai pas dans un lieu
« d'où le corps de Jésus-Christ a été chassé, jusqu'à ce que mon Dieu & mon
« seigneur y retourne lui-même. » On peut avoir remarqué que c'étoit Foul-
ques lui-même qui avait chassé Jésus-Christ de Toulouse, par l'ordre qu'il
avoit donné à son clergé de sortir de cette ville 8<. d'emporter le suint sacre-
ment. A l'arrivée de Simon de l'autre côté de Muret, la plupart des croisés,
qui témoignoient une extrême ardeur de se battre, lui demandèrent avec
t.ni°P?^o. empressement qu'il les menât au combat; mais ce général ne le jugea pas à
propos, tant parce qu'il étoit déjà tard 8c que ses troupes & ses chevaux
étoient fort fatigués que dans l'espérance de pouvoir engager le roi d'Aragon
à abandonner la défense de ses alliés. Il passa donc la Garonne sur le pont
de bois qui étoit près de Muret, favorisé par la garnison dont une partie vint
à sa rencontre, & il entra ainsi dans la ville avec toutes ses troupes, sans
trouver aucun obstacle de la part des assiégeans. Foulques, évêquc de Tou-
louse, & les autres prélats, sachant que le sort des armes est journalier, s'en-
tremirent de nouveau pour porter le roi d'Aragon à la paix ou du moins à
conclure une trêve. Ils lui députèrent, de même qu'aux Toulousains, deux
religieux pour lui demander une conférence. Le roi répondit: « Pour quatre
« ribauds que ces évêques ont amenés avec eux, ce n'est pas la peine de leur
« accorder une conférence. » Pour les Toulousains, ils déclarèrent qu'ils
feroient eux-mêmes réponse le lendemain, & on suspendit jusqu'alors toutes
les hostilités. Le vicomte de Corbeil &c les autres chevaliers qui vcnoicnt de
Carcassonne St qui marchoient sur les pas de Simon de Montfort entrèrent
bientôt après dans Muret.
Le lendemain jeudi 12 de septembre, Simon se rend de grand matin dans
l'église du château de Muret 8<. y entend la messe; les évêques & les cheva-
liers en font de même dans l'église du bourg. Simon descend ensuite dans ce
bourg pour délibérer avec les principaux officiers de son arjnéc. Ils étoient
tous sans armes, parce que la négociation des évoques pour la paix duroit
toujours. Un auteur contemporain' assure que, durant cette négociation,
Montfort offrit au roi d'Aragon de lui remettre le château de Muret avec tout
le pays des environs; que le roi rejeta la proposition, à moins que ce général
ne se rendît à discrétion avec son armée, & que sur cela Montfort se déter-
mina à vaincre ou à périr. Les^ Toulousains, de leur côté, envoyèrent dire
à leur évêque par les deux religieux qui les étoient venus trouver la veille,
qu'étant unis avec le roi d'Aragon ils ne feroient rien sans sa participation.
Les évêques Se les abbés étoient résolus néanmoins d'aller nu-pieds trouver
ce prince pour l'exhorter à ne pas persécuter l'Église, & ils lui avoient déjà
" Caffaro, Annales Genaenscs , ap. Miiratori, .mitres sources ne disent rien de semblable, sauf la
Scriptorcs rerum Italtcarum, t. 6, p. 405. — Ce Chronique du roi Jacme. — Voir plus bas. [A. M.j
fait est douteux; le témoignage de Caffaro n'a "Pierre de Vaux-Cernay. — Voyez tome VIII,
^uc peu d'importance pour le cas présent, & les ce. 56 à 98. — Guillaume de Puylaurens, c. zo.
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XXll. 4^5
T " An i2i3
député un religieux pour lui annoncer leur arrivée lorsque Simon, qui avoit
fait ouvrir les portes de Muret pour laisser passer cet envoyé, se vit assaillir
par une troupe de gens d'armes; il les repousse, mais les assiégeans faisant
en même temps jouer leurs machines & pleuvoir une grêle de flèches 8c de
traits sur la maison où les évêques étoient logés, il dit à ces prélats ; « Vous
« voyez que nous n'avançons rien 8c qu'il y a déjà un grand tumulte; il est
« temps que vous nous permettiez de combattre. » Après avoir obtenu cette
permission, il ordonne à un chacun de prendre ses armes. En passant devant
l'église du château, il voit l'évêque d'Uzès qui disoit la messe; il entre 8c,
interrompant le sacrifice, il se met à genoux, les mains jointes. Se dit tout
haut : Mon Dieu, je vous offre &> je vous donne mon âme i- mon corps; il
fait la même cérémonie en repassant. En voulant monter sur son cheval de
bataille qu'on lui avoit amené, au sortir de l'église, le cheval se cabre Se le
fait rec>iler; les assiégeans, qui virent ce mouvement de leur camp, se mirent
aussitôt à faire de grandes huées. Simon, reprenant son cheval, monte dessus
8c, adressant la parole à ses ennemis, il dit tout haut : « Vous vous moquez
« de moi , présentement par vos clameurs, mais je me confie dans le Sei-
« gneur, 8c j'espère de crier après vous jusqu'aux portes de Toulouse. » Il
descend ensuite dans le bourg, où il trouve tous ses gens armés prêts à mar-
cher. Il n'avoit' qu'environ mille cavaliers, tant chevaliers que sergens; mais
tous braves Se bien aguerris. Les principaux étoient Gui, son frère germain,
Guillaume des Barres, son frère utérin, Baudouin, frère du comte de Tou-
louse, Alain de Rouci, le vicomte de Corbeil, Bouchard de Marly ou de
Montmorency, Sec. Enfin il se dispose à partir après avoir laissé son infan-
terie, qui n'étoit pas tort nombreuse, à la garde de la place.
Les croisés étant assemblés, Foulques, évêque de Toulouse, qui faisoit dans
leur armée la fonction de vice-légat au nom de l'archevêque de Narbonne,
s'avance la mitre en tête, revêtu de ses habits pontificaux Se tenant dans ses
mains un morceau de la vraie croix. Aussitôt tout le monde descend de liJ-origin.
t. 111, p. 331.
cheval Se chacun va l'un après l'autre adorer la relique. L'évêque de Com-
minges craignant que la longueur de la cérémonie ne ralentît l'ardeur des
croisés, prend cette relique des mains de l'évêque de Toulouse Se étant monté
sur une élévation il en bénit toute l'armée en disant : « Allez au nom de
« Jésus-Christ. Je,vous servirai de témoin Se je vous serai caution au jour du
« jugement, que tous ceux qui mourront dans ce glorieux combat obtien-
<c dront la récompense éternelle 8c la gloire des martyrs, sans passer par le
« purgatoire, pourvu qu'ils se soient confessés 8c qu'ils soient contrits ou
« qu'ils aient du moins une ferme résolution de déclarer à un prêtre, aussitôt
«1 après l'action, les péchés qu'ils n'ont point encore confessés. » Ce prélat
ayant répété plusieurs fois la même promesse à la demande des troupes, 8c les
autres évêques l'ayant confirmée, les croisés qui s'étoient déjà confessés s'em-
brassent, se pardonnent tout ce qu'ils pouvoient avoir les uns contre les
■ Voyez tOTie VIT, f/otr XVU, pp. ^9, 5,.
An 1 1 1 3
426 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXII.
autres 81 se mettent en marche. Les évêques &. le clergé, parmi lesquels un
écrivain ' tlu quatorzième siècle met saint Dominique, entrèrent dans l'eglise
Se y demeurèrent en prières pendant le combat.
Montfort ^ rangea ses troupes dans une esplanade située au dehors de
Muret &. les partagea en trois corps. Il donna le commandement de lavant-
garde à Guillaume d'Encontre, gouverneur de Castelsarrasin. Bouchard de
Marly occupa le centre dans lequel étoient Alain de Rouci &. Florent de
Ville, chevaliers François; il se mit lui-même à la tête de l'arrière-garde. Les
assiégeans, voyant cette évolution, tinrent conseil. Le comte de Toulouse tut
d'avis d'attendre les croisés de pied ferme dans les retranchemens du camp
dont il étoit aisé de défendre l'approche à coups de dards 8c de flèches; il
soutenoit qu'après les avoir affoiblis de cette manière on fondroit sur eux,
qu'on les mettroit ainsi plus aisément en fuite 8c qu'on les forceroit de ren-
trer dans le château où, manquant de vivres, ils seroient bientôt affamés 8c
obligés de se rendre. Le roi d'Aragon rejeta avec beaucoup de hauteur ce
sentiment qui, cependant, étoit le plus sage, &c le taxant de crainte 8c de
lâcheté, il fit résoudre les autres généraux à sortir des retranchemens 8c à
marcher au devant des croisés 5. Toute la cavalerie des assiégeans, au'* nombre
d'environ deux mille chevaliers, se mit donc en marche Se laissa à la garde
du camp toute l'infanterie, qui étoit infiniment plus nombreuse, mais très-
peu aguerrie, n'étant composée la plupart que des bourgeois de Toulouse 8c
de quelques places des environs. Les anciens historiens ne nous marquent
pas bien l'ordre de bataille de l'armée du roi d'Aragon 8c des comtes, ses
alliés; ils se contentent d'observer que leur ordonnance étoit très-mauvaise j
que le comte de Foix, à la tête d'une troupe de Catalans, commandoit l'avant-
garde; que le roi d'Aragon, par un effet de son courage, se mit au corps de
bataille, au lieu que, suivant l'usage ordinaire des rois, il devoit se postera
l'arrière-garde, &c qu'il changea ses armes avec celles d'un de ses chevaliers
pour n'être pas reconnu dans l'action. Nous inférons de là que Raimond,
comte de Toulouse, commandoit l'arrière-garde. Quant au fils de ce comte,
comme il n'étoit pas encore en âge de combattre, il se posta sur une élévation
d'oii il pouvoit être témoin du combat sans être exposé au péril.
Montfort fit défiler ses troupes par la porte orientale de Muret, située sur
la Garonne, dans un ordre extrêmement serré. 11 prit exprès ce chemin, tant
pour donner le change aux assiégeans 8c leur faire croire que la crainte l'obli-
geoit à prendre la fuite que pour éviter, s'il avoir marché droit vers leur
camp, posté du côté du couchant, d'exposer ses chevaux aux traits des Tou-
lousains qui étoient demeurés k la garde des retranchemens. Enfin ce général
' PraecUra Francoram facinom, apud Catel, » Le même fait se trouve dans le poëme,
p. n6. — Voyez tome VII, J^ofe XVII, n. 7, p. 54. vers Soy a 3o22; mais c'est Martin de Luzia,
' Pierre de Vaux-Cernay. ^ — Guillaume de Puy- seigneur ariigonais, qui fait repousser le conseil
laurens, c. 20. — Voyez tome VIII, c. 97, Chro- du comte de Toulouse. [A. M.]
niijue de Baudouin d'Ayesnes. — Voyez tome VII, ■• Voyez tome VII, Note XVII, n. 3, pp. 5o, 5l.
ut supra, pp. 5z, 53.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIt. 427 "" T
■ ' An 121J
ayant fait un détour 8c passé un ruisseau, étend son armée dans la plaine
& va donner brusquement sur les princes confédérés 5 son avant-garde attaque
la leur avec tant de force qu'elle l'oblige à se replier sur les ailes. Le corps
de bataille où étoit le roi d'Aragon se voit alors exposé à la fureur des croisés
qui, ayant reconnu l'endroit où étoit ce prince à ses enseignes, l'entourent
de toutes parts Se le pressent vivement. Le choc fut si violent que, suivant t}'fii°p%'î\
l'expression d'un ancien historien ', le bruit des armes qui se fit en ce
moment étoit semblable à celui que fait une troupe de bûcherons lorsqu'ils
tâchent d'abattre à grands coups de cognée les arbres des forêts. La seconde
ligne de l'armée des croisés étant survenue pour soutenir la première, Alain
de Rouci Si Florent de Ville, qui avoient conjuré la mort du roi d'Aragon,
comptant de s'assurer la victoire par cette mort, donnent vivement sur le
chevalier qu'ils voyoient revêtu de ses armes; mais Alain, reconnoissant
bientôt que le roi étoit meilleur chevalier, s'écrie que ce n'est pas lui. Ce
prince, qui étoit assez près, entendant ces paroles, pique son cheval Si se
montrant à découvert, dit à haute voix : Vraiment, ce n'est pas lui, mais le
voici. En disant ces mots, il porte un coup à un chevalier françois, le ren-
verse par terre & se jette dans la mêlée où il fait des prodiges de valeur.
Alain & Florent ayant en même temps rallié leur troupe, l'environnent 8c
lui portent de si rudes coups qu'enfin il succombe 8c demeure mort sur la
place avec plusieurs des principaux de sa cour qui combattoient à ses côtés ^.
Les croisés, animés par cet avantage, poussent encore plus vivement leurs
adversaires. Simon, voyant que son avant-garde Se son corps de bataille
s'étoient mêlés si avant parmi les escadrons ennemis qu'ils ne paroissoient
plus, marche alors pour les prendre en flanc sur leur gauche Se achever leur
défaite; il est arrêté par un fossé qui sépare les deux armées; mais ayant
heureusement rencontré un sentier qui le traversoit, il tombe enfin sur les
confédérés. Ceux-ci se défendent avec force. Se un chevalier atteint Simon
d'un si grand coup d'épée du côté droit que, par l'effort que ce général fait
pour le parer, il rompt son étrier gauche 8c ayant enfoncé l'éperon dans le
caparaçon de son cheval, il se voit sur le point d'être désarçonné; s'étant
enfin affermi. Si ranimant son courage, un autre chevalier lui porte un coup
à la tête. Simon, sans se déconcerter, va droit à ce chevalier, le renverse de
cheval d'un coup de poing qu'il lui donne sous le menton. Se jette la terreur
parmi les autres qui, n'osant plus résister, se débandent de toutes parts. En
même temps les comtes de Toulouse, de Foix 81 de Comminges, ayant appris
la mort du roi d'Aragon, perdent courage, prennent la fuite Se entraînent
après eux le reste de la cavalerie qui se met en déroute Se dont les croisés,
qui la poursuivent pendant quelque temps, font périr une grande partie.
' Giiillautne de Piiylaurens, c. ïo. arrangé) il est certain que l'armée des princes
' Le poëme ne parle pas du dégiiisement du roi confédérés fut surprise dans le camp au moment
& dit seulement qu'il fut tué des premiers; 1« ré- *A\\ dîner (cf. Meyer, Chanson He la croisade, t. 2,
et de Pierre de Vaux-Cernay, qui est emprunté p. i65), mais que le roi se fit connaître & résista
à la relation officielle des évêques, paraît un peu vaillamment. [A. M.]
An |2|3
428 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXII.
Simon, en habile général, se tient à la tête de ranière-garde & marche len-
tement en ordre de bataille pour soutenir ses troupes qui s'étoient dispersées
à la poursuite des fuyards, aiin que si ses ennemis venoient à se rallier, elles
trouvassent une retraite assurée auprès de lui.
Tandis que la cavalerie des deux armées étoit aux prises, les Toulousains
8t le reste de l'infanterie des alliés font une tentative pour emporter d'assaut
le château de Muret 5 mais ils sont repoussés avec vigueur &. obligés d'aban-
donner leur entreprise. Levêque de Toulouse députe alors à ces peuples un
religieux pour les exhorter à mettre bas les armes, avec promesse de leur
sauver la vie, &, en témoignage de la sûreté qu'il leur promet, il leur envoie
sa coule qu'il portoit toujours parce qu'il étoit religieux. Les Toulousains
répondent qu'ils savent que le roi d'Aragon avoit remporté la victoire & que
leur évêque ne cherchoit qu'à les faire périr, &, ôtant la coule à cet envoyé,
ils le maltraitent & le blessent dangereusement à coups de lance. Ils ne
demeurèrent pas longtemps sans être informés du succès de la bataille, 8c
voyant de loin les signes militaires des croisés qui revenoient triomphans, ils
se jettent en foule sur les bateaux qui les avoient amenés par la Garonne ;
plusieurs s'échappèrent ainsi, mais tous les autres furent noyés, tués ou faits
prisonniers, en sorte qu'on compte que les princes alliés perdirent' quinze à
vingt mille hommes dans cette journée. Entre les principaux seigneurs^ ara-
gonois qui furent tués avec leur roi, on met Aznard Pardi, Pierre, son fils,
Gomez de Luna 81 Michel de Lusia; il n'y eut aucun Catalan de marque de
tué. Quant aux seigneurs qui servoient sous les enseignes des comtes de
Toulouse, de Foix & de Comminges, ils trouvèrent la plupart leur salut
dans la fuite; ainsi la plus grande perte des alliés fut du côté de leur infan-
terie, milice alors peu propre à combattre contre un corps de cavalerie pesam-
ÉJ-orip"-, ment armé, composé de tout ce qu'il y avoit de plus brave parmi la noblesse.
Simon n'eut de son côté qu'un seul chevalier^ 8c huit autres croisés de tués.
Ce général, après s'être emparé de tout le butin du camp ennemi, d'où il
remporta de riches dépouilles, ordonna qu'on gardât soigneusement tous les
prisonniers dont les uns moururent dans les fers 8<. les autres furent obligés
de payer une grosse rançon. Il se rendit sur le champ de bataille, 8c là il
pria Mattred de Belvèze 8c quelques autres chevaliers, qui étoient présens
lorsque le roi d'Aragon avoit été tué, de lui montrer l'endroit où ce prince
étoit mort en combattant. II reconnut bientôt son corps qu'il trouva étendu
tout nu sur la terre; car la garnison de Muret ayant appris la victoire des
croisés, s'étoit empressée de sortir 8c, après avoir achevé de tuer les blessés
qui étoient restés dans le lieu du combat, elle avoit entièrement dépouillé
tous les morts. A cette vue Simon descend de cheval, fait enlever le corps du
roi 8c ne peut refuser, comme un autre David, des larmes sur la mort de ce
prince; puis il quitte sa chaussure, se rend nu-pieds dans l'église de Muret,
' Tome Vil, Note XVII, n°»3 & 4, pp. 5o, 5i. ' Rigoid, De gestis Philippi Augusti. — Il faut
^ Gesta comitum Barcttionenstuuij c. 14. — Ro- corrigei- GLiilIniime le Breton j rouvrage de Rigord,
deric de Tolède, 1. 6, c. 4. que celui-ci a terminé, s'arrête à 1207. [A. M.J
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXII. 42g ~^
offre à Dieu ses actions de grâces pour la victoire qu'il venoit de remporter,
fait vendre son cheval & ses armes & en distribue le prix aux pauvres. La
plupart de ces circonstances sont rapportées dans une relation que les sept
évêques 8c les trois abbés, qui étoient à la suite de Simon Se qui demeurèrent
dans Muret durant l'action, adressèrent' le lendemain à tous les fidèles pour
leur faire part d'une si glorieuse victoire. Un ancien historien ^ ajoute que
Simon de Montfort, pour récompenser le comte Baudouin de Toulouse des
services qu'il avoit rendus en cette occasion, lui donna en fîef toutes les con-
quêtes que les croisés avoient faites en Querci.
On trouve encore quelques autres circonstances de cette bataille dans les
mémoires que Jacques !"■, roi d'Aragon, fils du roi Pierre qui y fut tué, nous
a laissés de sa vie. « Simon ^ de Montfort, dit ce prince, étoit à Muret 81 avoit
Il avec lui huit cents à mille chevaliers. Le roi, mon père, vint contre lui
«avec plusieurs seigneurs de son royaume'' dont quelques-uns furent tués
« dans l'action; les autres prirent lâchement la fuite. Don Nugnez Sanche
« (fils du comte de Roussillon), Guillaume de Montcade Se quelques autres
« ne s'y trouvèrent pas; ils avoient envoyé prier le roi de les attendre; ce
« qu'il ne voulut pas faire. Le roi avoit couché cette nuit avec une de ses
« maîtresses 8c il étoit si fatigué que, lorsqu'il entendit la messe avant le
u combat, il ne put demeurer debout durant l'évangile 8c qu'il fut obligé de
« s'asseoir^. Avant la bataille le roi, mon père, voulut que Simon se rendît
u à discrétion, Se c'étoit une condition qu'il exigeoit. Simon 8c ceux qui
« étoient avec lui la trouvant trop dure, eurent recours au sacrement de
« pénitence, reçurent le corps de Jésus-Christ Se déclarèrent qu'ils aimoient
« mieux mourir en rase campagne que renfermés dans la ville. Ils sortirent
« ensuite pour livrer bataille. Les troupes du roi ne surent pas bien se
« ranger Se, autant par leur mauvaise ordonnance que pour leurs péchés,
u elles furent vaincues. Ainsi mourut mon père; car c'est de cette manière
(I qu'en ont toujours usé mes ancêtres dans les batailles qu'ils ont données,
u Se que j'en userai dans celles que je livrerai : vaincre ou mourir. Je
« demeurai à Carcassonne au pouvoir de Simon de Montfort qui prit soin
« de mon éducation, 8ec. »
LVII. — Éloge de Pierre II, roi d'Aragon. — Jacques /, son fils unique
6- son successeur, demeure au pouvoir de Simon de Montfi)rt.
Pierre, roi d'Aragon, dont tous les anciens historiens font un grand éloge,
étoit à la fleur^ de son âge lorsqu'il fut tué à la bataille de Muret. 11 étoit
' Pierre de Vaux-Cernay, c. ■j'i. * Ici, dans le texte, noms de plusieurs seigneurs
* Albéric, Chronicon, an Iîi3. — Le fait semble espagnols que dom Vaissete a passés. [A. M.]
faux; le comte Baudouin a bien assisté à la bataille '' L'auteur ajoute ici qu'il tient le fait du cha-
de Muret, mais il possédait depuis plusieurs an- pelain du roi, Gil, [A. M.]
néesde nombreuxchâteaux dans leQuerci. [A.M.] ^ Gesta comitum Barcinonensium, c. 24. — Ro-
' Chronica o commentari Jel rey en Jacme, c. 8. dcric de Tolède, Je Rehus Hispanic. 1. 6, c. 4.
[Nouvelle édition, c. 9, pp. 16 & 17.]
An 1210
43o HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXII.
grand, bien fait, libéral, gracieux, magnifique jusques à la prodigalité, Si
d'une probité à toute épreuve. Il avoit donné des marques de sa valeur en
différentes occasions, surtout dans les guerres d'Espagne contre les Sarrasins,
sur lesquels il avoit conquis diverses places. Jamais prince ne porta si loin
que lui son dévouement envers le Saint-Siège, Se le seul défaut qu'on peut
lui reprocber, c'est d'avoir eu un penchant trop violent pour les femmes.
Cette passion l'engagea sans doute à cultiver la poésie provençale, dans
laquelle il se distingua, 8c à protéger les poètes provençaux, qu'il aida de ses
libéralités. On le met en effet au nombre des plus célèbres poètes de son
temps dans un ancien manuscrit' de la Bibliothèque du roi, où on trouve
une pièce de sa façon ^.
^Éj.origm. Parmi ces poètes, l'un de ceux qui eurent plus de part à la faveur de ce
prince fut un nommé Perdigon, qui le paya d'ingratitude. « Perdigon^, est-il
« dit dans la vie de ce poëte, étoit fils d'un pêcheur du bourg de l'Espérou,
« dans le Gévaudan. Comme il savoit très-bien trouver Si jouer du violon, il
« se fit jongleur, Si acquit l'estime du dauphin d'Auvergne, qui le retint
« pour son chevalier, lui donna un établissement considérable, eut soin de
« son entretien Si l'amena avec lui dans toutes ses expéditions qui durèrent
« longtemps. Il reçut de grands honneurs de divers princes 8i barons. Si alla
« à Rome avec Guillaume de Baux, prince d'Orange, Foulques de Marseille,
« évêque de Toulouse, Si l'abbé de Cîteaux, pour agir contre le comte de
« Toulouse Si le faire dépouiller de ses domaines, de même que le vicomte
« de Béziers, neveu de ce prince, Si solliciter la destruction du Toulousain,
<• du Querci, du pays de Béziers Si de l'Albigeois. Perdigon fit ce voyage
V. lorsque Pierre, roi d'Aragon, eut été tué à la tête de mille chevaliers
« devant Muret, où ce prince perdit vingt mille hommes. \\ prêcha Si chanta
« partout publiquement pour engager les peuples à se croiser. Il composa un
o poëme en action de grâces à Dieu, de ce que les François avoient défait
« le roi d'Aragon, Si de la mort de ce prince qui l'avoit revêtu Si comblé de
u bienfaits; mais tous ceux qui survécurent au roi Pierre ne voulurent ni
« le voir, ni l'entendre. Si le méprisèrent. Après la mort du comte de Mont-
« fort, de Guillaume de Baux Si des autres barons qui avoient eu part à la
« croisade, Perdigon, qu'ils avoient protégé, n'osa plus se montrer. Si le dau-
« phin d'Auvergne lui ôta tous les biens qu'il lui avoit donnés. Il se retiia
' Bibliothèque nationale, ms. français 7223. roi chercheur d'aventures, & trouva moyen, en
" Ce que dom Vaissete dit ici est plutôt un pa- quelques années, de compromettre la puissance &
négyrique de Pierre d'Aragon qu'une appréciation le renom que lui avaient légués ses prédécesseurs,
de son caractère. Il en parle principalement Le seul mérite réel qu'on puisse lui reconnaître
d'après la chronique dite de Jacme, qui, quel est d'avoir protégé la littérature & les poètes; mais
qu'en soit l'auteur, est extrêmement favorable à ce mérite lui était commun avec tous les printci
ce prince. Ce qu'on sait de la conduite privée de de son temps, même avec Richard d'Angleterre,
Pierre & surtout de ses rapports avec la reine dont le caractère (cruauté à part) ressemble au sien
Marie de Montpellier & la commune de Mont- par plus d'un point. [A. M.]
pellier, le montre sous un aspect beaucoup moins ' Mss. 7226 & 7698. — Baluze, Histoire généi-
favorable. Léger, inconséquent, avide, il fut un logique de la maison d'Auvergne, t, 3, p. 253.
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XXII. 43 i "" T
" An liiJ
« alors auprès de Lambert de Monteil, gendre de Guillaume de Baux, &
« employa le crédit de ce seigneur pour être reçu dans l'abbaye d'Aiguebelle,
« de l'ordre de Cîteaux, où il prit l'habit religieux 8< où il mourut. » On
trouve cinq poëmes ou chansons de sa façon dans l'un des deux manuscrits
de la Bibliothèque du roi, qui contiennent les vies Se les ouvrages des
anciens poètes provençaux. Nostradamus ' rapporte quelques autres circons-
tances de sa vie qui paroissent fabuleuses, entre autres son prétendu mariage
avec Saure de Sabran. Il lui attribue une histoire en vers des victoires de
Raimond-Bérenger, dernier du nom, comte de Provence.
Les anciens historiens ont soin d'observer que si Pierre, roi d'Aragon, prit
les armes contre Simon de Montfort 81 les croisés, ce fut uniquement pour
l'amour de ses deux soeurs, femmes des deux comtes de Toulouse, père & fils,
dont ce général avoit juré la perte, 8c qu'il persécutoit avec trop de passion
St nullement pour soutenir les hérétiques. On voit, en effet, l'éloignement
que Pierre avoit de ces sectaires par plusieurs ordonnances^ très-sévères qu'il
fit publier contre eux. Du reste, Simon ayant^ remis le corps de ce prince
aux frères de l'hôpital de Jérusalem, il le fit transporter 8<. inhumer dans le
monastère de Sixena, en Aragon, fondé pour des filles de cet ordre par la
reine Sancie, sa mère. Un ancien auteur'* remarque qu'on l'inhuma en terre
sainte, parce qu'il avoit un privilège du pape de ne pouvoir être excommunié
sans son ordre spécial. On prétend^ que le tombeau de ce prince ayant été
ouvert en i555 on trouva son corps tout entier 8<. seulement un peu gâté du
nez. On jugea par l'inspection que Pierre avoit beaucoup de majesté 8c qu'il
étoit d'une taille qui approchoit de la gigantesque. Jacques I, son^ fils unique
81 de Marie de Montpellier, âgé seulement alors de cinq ans &c demi, hérita
de tous ses Etats. Simon de Montfort qui avoit mis ce jeune prince dans son
palais de Carcassonne, prit encore de nouvelles précautions pour s'assurer de
sa personne, 8c un ancien'^ historien le loue beaucoup de ne l'avoir pas fait
mourir pour se venger de ce que le roi Pierre avoit rompu l'alliance qu'ils
avoient contractée ensemble.
LVIH. — Les Toulousains font des démarches pour se soumettre.
On n'eut pas plutôt appris à Toulouse 8 le succès de la bataille de Muret
que toute la ville fut dans le deuil 8c dans la consternation. Il n'y étoit resté,
en effei, aucun citoyen qui n'eût à regretter la mort de son parent ou celle
de son ami. Les comtes de Toulouse, de" Foix 8c de Comminges, qui s'y
étoient réfugiés, ayant tenu conseil 8c voyant qu'ils n'avoient pas assez de
' Nostradamus, Poéffïjf rovfnfaB*, j). 123 & suiv. ' Gesta comitum Barcinonensium, ce. 24 & 26.
' Mtrca Hispanica, ce. 52 1 , i384, 1397, &c. ' Guillaume de Puylaurens, c. 22.
' Guillaume de Puylaurens, c. 22. — Gesta. * Ihid.
comitum Barcinonemium, c. 24. ' Voyez tome VIII, c. 98. [Guillem de Tudèle,
* Albéric, Chronicon, an. I2|3. vers 3097 à 3ii2,]
' Catcl, Mém. de l'histoire du Languedoc, p. 29S,
—; 7~ 432 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXII.
forces pour résister aux armes victorieuses de Simon de Montfort, résolurent
tm^^'k ''^ ^^ retirer &(. de céder au temps. Le comte Raimond, en partant, déclara
entre autres choses aux Toulousains, qu'il étoit résolu de retourner à Rome
pour y porter ses plaintes au pape des vexations que lui Se ses alliés avoient
à sourtrir, 8c qu'en attendant il les chargeoit du soin de pourvoir à leur
sûreté & de se défendre en cas d'attaque. Ce prince 8c les deux comtes, ses
alliés, sortirent ensuite de Toulouse. Raimond fit le voyage de Rome; mais
ce ne fut pas si tôt. Un ancien ' auteur fait entendre qu'il se retira alors à
la cour du roi d'Angleterre, son beau-frère.
Cependant les évêques Se les abbés qui étoient demeurés à Muret après la
bataille, crurent devoir profiter de cette conjecture pour engager les Toulou-
sains à se soumettre entièrement aux ordres du pape Se de ses légats, 8c ils
entrèrent là-dessus en négociation avec ces peuples, qui promirent une entière
obéissance. Comme ces prélats ne se fioient pas aux promesses des Toulou-
sains, à cause qu'ils avoient donné autrefois dix des plus qualifiés d'entre eux
en otage, 8c qu'ils les avoient laissé tomber en commise, ils demandèrent
deux cents otages entre les principaux bourgeois de Toulouse. Enfin ces peu-
ples, après avoir disputé longtemps sur le nombre, en offrirent soixante. Les
évêques en furent contents; mais quand il fallut les livrer, les Toulousains
retirèrent leur parole. Se il n'y eut rien de conclu.
LIX. — Simon profite de sa victoire, 6- porte ses armes du côté du Rhône.
Durant ces négociations, les habitans de Rabastens en Albigeois, qui
avoient abandonné le parti de Simon de Montfort pour embrasser celui du
comte de Toulouse, leur seigneur, n'eurent pas plutôt appris la victoire du
premier, qu'ils se remirent sous son autorité. Simon rendit ce château à Gui,
son frère, auquel il l'avoit déjà donné, 8c qui y mit garnison. Il reçut peu
de jours après un nouveau renfort de croisés, conduit par Raoul, évêque
d'Arras, avec lequel il entra dans le pays de Foix, 8c fit des courses jusqu'au
château de ce nom dont il brûla les faubourgs. Après avoir ravagé tout ce
pays 8c mis le feu partout, excepté aux forteresses qu'il ne put soumettre, il
s'étendit dans le Comminges, où il accorda des lettres de sauvegarde^ en
faveur de l'abbaye de Fontfroide datées de l'armée du seigneur 6- du camp de
Roquefort, l'an I2i3, la veille de Saint-Luc l'èvangéliste.
Ce général apprit vers le même^ temps qu'il s'étoit élevé divers mouvemens
du côté du Rhône; que la noblesse de Provence avoit rompu la paix qu'elle
■ Albéric, Chronicon, ann. 1114. — Raoul de fait remarquer M. Meyer (t. 2, pp. 167 & 168}.
Coggesh.ile, historien contemporain, dit la même [A. M.]
chose. [Hist. Ac France, t. 18, p. ic6.) Voyez aussi " Archives de l'abbaye de Fontfroide. [Cf. notre
Bernard Itier, Chroniques de Saint-Martial Je Li- Catalogue, n. 72; la date est corrompue dans le
mogtf. Un. de la Société de l'histoire de France, texte de Doat. La conjecture de dom Vaissete
p. 90). La première de ces chroniques dit même nous paraît d'ailleurs admissible.]
que Raimond VI prêta hommage à Jcan-sans- ' Pierre de Vaux-Cernay, c. 75.
Terre; Mai> son témoignage est isolé, comme le
An 12 1 3
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XXII. ^33
avoit juré d'observer, £<. que s'étant saisie de tous les passages, elle faisoit
beaucoup de mal aux croisés de France qui prenoient leur route de ce côté-là.
Il est fort vraisemblable que le comte de Toulouse se retira d'abord dans ce
pays après la bataille de Muret, qu'il tâcba de le faire déclarer en sa faveur,
Se qu'il étoit le principal auteur de tous ces mouvemens. Pour y remédier,
Simon prit le chemin du Rhône, Se passa par Narbonne dont les habitans
lui fermèrent les portes, en sorte qu'il fut obligé de coucher dehors. Ceux
de Béziers en firent autant, mais il fut reçu à Montpellier. Ceux de Nimes
vouloient aussi lui refuser l'entrée de leur ville; mais, craignant les effets de
son ressentiment, ils l'admirent enfin chez eux avec ses troupes, 8c lui firent
un très-bon accueil. Il se rendit de là au château de ïkaucaire, Se arriva enfin
à Largentière, dans le Vivarais', où Pons de Montlaur causoit beaucoup de
troubles. La plupart des croisés 5,'étoient alors retirés, Se il n'avoit avec lui
que quelques stipendiaires. L'archevêque de Narbonne l'accompagna pour
faire réussir une négociation dont nous parlerons bientôt.
Pons de Montlaur, d'une ancienne maison du Vivarais, que^ quelques-uns
confondent avec une autre de ce nom dans le Toulousain, alarmé des appro-
ches de Simon, alla à sa rencontre &c lui fit ses soumissions. Aymar de Poi-
tiers, comte de Valentinois, étoit aussi en armes dans ce quartier, où il
possédoit de grands domaines; il s'étoit déclaré en faveur du comte de Tou-
louse, avec lequel il avoit toujours été très-uni 8t dont il étoit vassal : prévenu
sur l'arrivée de Montfort, il avoit eu soin de se fortifier, 8<. il étoit si bien
muni que ce général, passant auprès d'un des châteaux de ce comte, qu'il
avoit résolu d'attaquer, n'osa l'entreprendre.
LX. — Simon conclut le mariage d'Amaurî, son fils, avec l'héritière
du D.iuphiné, 6- soumet le comte de Valentinois,
Simon traversa le Rhône & se rendit à Romans, près de Valence, où Eudes,
duc de Bourgogne, suivi des archevêques de Lyon 81 de Vienne, vint le
trouver, 8< eut une conférence avec lui. Le comte de Valentinois %y rendit l 'uj "p'^ijo
aussi, à leurs instantes prières; mais il ne voulut écouter aucune proposition
de paix. Le duc de Bourgogne & Simon de Montfort le firent appeler bientôt
après à une nouvelle conférence, & ne purent encore rien gagner sur lui.
Le duc, irrité de ce refus, se mit en état avec Simon de le contraindre par la
force à se soumettre aux ordres de l'Eglise 8< à ceux de ce général. Ces pré-
paratifs firent impression sur Aymar, qui consentit enfin à toutes les volontés
de Simon, Se lui livra, pour la sûreté de ses promesses, quelques-uns de ses
châteaux, dont ce général confia la garde au duc de Bourgogne.
La soumission du comte de Valentinois 8<. des autres seigneurs qui avoient
pris les armes du côté du Rhône en faveur du comte de Toulouse, ne fut
' Simon de Montfort était à Largentière, le * Lnnglois, Histoire des croisades contre les alhi~
5 novembre 1213; voyez notre Catalogue, n. yii. geois, 1. <>, p. 'Si6.
[A. M.)
VI. a»
An 1 2 1 j
An
1214
434 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXII.
pas le seul motif qui engagea Montfort à faire un voyage dans ce pays : il
avoit principalement en vue' d'y aller conclure le mariage d'Amauri, son
fils aîné, avec Béatrix, fille unique d'André de Bourgogne, dit Guigues VI,
dauphin de Viennois, 6c de Béatrix de Sabran-Castelard, sa femme, dans
l'espérance qu'elle hériteroit un jour du Dauphiné. Simon, pour avancer
cette affaire, avoit prié Arnaud, archevêque de Narbonne, de l'accompagner,
parce que ce prélat avoit beaucoup de crédit sur l'esprit d'Eudes III, duc de
Bourgogne, frère du dauphin. Arnaud agit en effet si bien auprès du duc,
que ce prince consentit au mariage de Béatrix, sa nièce, avec le jeune Amauri,
Simon fit un assez long séjour dans le pays pour terminer cette négociation %
Si. il étoit encore à Valence le mercredi avant la fête de Saint-Nicolas de
l'an i2i3.
LXI. — Les Aragonois 8c les Catalans font la guerre à Simon qui refusait
de leur remettre leur roi.
Pendant l'absence de Montfort, un corps d'Aragonois 8c de routiers fit
des courses dans ses domaines, 8c les ravagea jusqu'à Béziers, sous prétexte
qu'il refusoit de leur remettre le jeune Jacques leur roi, qu'ils lui avoient
fait demander par une ambassade solennelle après la bataille de Muret.
Montfort apprit en même temps que plusieurs chevaliers du pays avoient
abandonné son parti 8c s'étoient déclarés pour ses ennemis; cette révolution
l'engagea à quitter les bords du Rhône 8c à retourner du coté de Toulouse.
A son arrivée, il désola tous les environs de cette ville pendant quinze jours
S<. fit raser divers châteaux.
LXII. — Arrivée du cardinal de Bénévent, nouveau légat,
dans la Province.
Le cardinal Robert de Corçon, légat en France, qui jusqu'alors avoit fait
ses efforts pour exciter les peuples à se ci'oiser pour la Terre-Sainte, 8c engagé
ceux qui prêchoient la croisade contre les hérétiques toulousains, à travailler
en faveur des lieux saints, se rendit enfin aux remontrances de diverses
personnes zélées, 8c permit non-seulement à quelques-uns des prédicateurs
de faire prendre la croix pour aller combattre les hérétiques, mais il se croisa
lui-même contre eux. Le pape envoya vers le même temps un légat a latere
dans la Provence Se les pays voisins, suivant la promesse qu'il en avoit faite
au roi d'Aragon. Il choisit pour cette fonction Pierre de Bénévent, cardinal
du titre de Sainte-Marie en Acquire. Il le fit partir vers la fin de janvier-^ de
l'an 1 214, 8c le recommanda aux archevêques, évêqucs 8c autres prélats des
■ Pierre de Vaiix-Cernay, c. 7.5. — Le P. An- tre Catalogue, n. 74. La charte est du 4 décembre
inXme, Histoire généalogique des grands officiers, t. 1, 121 3.]
V- 5rt4. ' Innocent. III 1. 16, Epist. \6i. — [Potthast,
' Manuscrits de Colbert, n, 2275. [Voyez no- n. 4882.]
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XXII. 483
provinces d'Embrun, Aix, Arles & Narbonne, avec ordre de lui obéir. Il lui'
ordonna : 1° De s'informer sur les lieux, s'il étoit vrai que la vicomte de
Nimes fût une dépendance de celle de Béziers, comme Simon de Montfort,
qui la tenait en sa main au nom de l'Eglise romaine, le prétendoit, &t de lui
marquer ce qui en étoit. 2° De réconcilier à l'Lglise le comte de Comminges
8<. Gaston de Béarn, & de disposer de leurs personnes comme il le jugeroit à
propos, du conseil des gens sages, quoiqu'ils fussent coupaliles de divers
crimes énormes; parce que, ajoute-t-il, on ne doit pas refuser l'entrée de
l'Eglise à ceux qui frappent à la porte avec humilité. 3° Enfin, de rétablir
aussi dans l'unité ecclésiastique les Toulousains, nonobstant leurs excès, à
cause qu'ils avoient demandé plusieurs fois d'être réconciliés, 8c en dernier
lieu par Pierre Guitard &c Bernard Gilabert, leurs ambassadeurs, après tou-
tefois qu'ils auroient donné une caution suffisante, n La ville de Toulouse,
<i dit le pape dans sa lettre, étant ainsi réconciliée, demeurera sous la pro-
« tection du Saint-Siège, sans qu'elle puisse être inquiétée à l'avenir par le
Il comte de Montfort, ou les autres catholiques, tant qu'elle persévérera dans
<i la foi £<. la paix ecclésiastique. Que si ses habitans refusent de faire satis-
« faction 8<. persistent dans leurs erreurs, nous vous ordonnons d'exciter les
u croisés Se les autres fidèles, en renouvelant les indulgences, à détruire cette
<i peste, soit parmi eux, soit parmi tous les autres receleurs 8<. fauteurs des
« hérétiques, qui sont encore plus dangereux que les hérétiques mêmes. »
Ces lettres prouvent : 1° Que Simon de Montfort en passant à Nimes
après la bataille de Muret, vers le mois de novembre de l'année précédente,
s'étoit emparé de cette ville comme d'une dépendance des vicomtes de
Béziers & de Carcassonne, 8c que pour colorer son usurpation, il avoit déclaré
la tenir du pape, 8c en avoit pris possession au nom 8c comme par ordre de
l'Eglise romaine, quoiqu'il n'y eût point d'hérétiques^. 2° Que le comte de
Comminges, le vicomte de Béarn 8c les Toulousains envoyèrent à Inno-
cent III, peu de temps après la même bataille, pour lui demander grâce 8c se
soumettre entièrement k ses volontés. Le pape écrivit^ enfin, le 22 de janvier
de l'an 12 14, à Simon de Montfort pour lui recommander le nouveau légat,
avec ordre de lui obéir 8c de le traiter favorablement. Il lui marque qu'il
avoit chargé ce cardinal de l'obliger à rendre le jeune prince Jacques, fils de
feu Pierre, roi d'Aragon, à ses sujets.
LXIII. — Simon est enfin obligé de rendre le jeune roi d'Aragon à ses sujets.
Nous avons déjà remarqué que les Aragonois 8c les Catalans, sur le refus
que Simon leur avoit fait de leur remettre ce jeune prince, leur souverain,
' Innocent. III 1. \6, Epist. 170. — [Potthast, quisition n'y fonctionna jamais d'une manière
n"» 4886, 4887, 4890.] régulière. [A. M.]
' Nimes, en effet, appartenait au comte de Tou- ' Innocent. III 1. i(5, Epist. 171. — [Potthast,
louse depuis 1 LS7 ; les hérétiques paraissent n'y n. 4iiy~.]
avoir jamais été très-nombreux, du moins l'In-
An 12U
IM. ongin.
l. 111, p. 257.
An lîi^,
436 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXII.
lui avoient déclaré la guerre. Nugnez Sanche', fils du comte de Roussillon,
& proche parent du jeune roi, Guillaume de Montcade 8c Guillaume de
Cardonne, appuyés du vicomte de Narbonne, furent les chefs de cette expé-
dition. Tandis qu'ils agissoient par la voie des armes ^, ils firent solliciter le
pape par l'évêque de Segorve, ambassadeur de la couronne d'Aragon à Rome,
d'enjoindre à Simon de leur rendre ce prince. Ce prélat exécuta sa commis-
sion avec tant de zèle, qu'il fournit de son propre fonds à toute la dépense
nécessaire, Seaux présens qu'il fallut faire à la cour romaine pour obtenir cet
ordre qui étoit très-précis. En effet, le pape prévoyant que Simon formeroit
des difficultés pour s'empêcher de remettre le roi d'Aragon, qu'il étoit bien
aise de garder pour s'en servir suivant ses vues ambitieuses, lui parle en ces
termes dans sa lettre : a Comme il seroit tout à fait in<lécent que vous retins-
« siez encore ce jeune prince, sous quelque prétexte que ce soit, vous le
<( remettrez entre les mains du légat, afin qu'il dispose de sa personne comme
(I il le jugera à propos; sinon il procédera contre vous selon les ordres que
Il nous lui avons donnés. « Simon ayant reçu cette lettre, remit enfin le jeune
roi Jacques entre les mains du cardinal Pierre de Ijénévent, à l'arrivée de ce
légat dans le pays, comme nous le verrons bientôt.
LXIV. — Mort tragique de Baudouin , frère de Raimond VI,
comte de Toulouse. — Sa postérité.
Cependant Baudouin'', frère du comte de Toulouse, après avoir visité les
domaines que Simon de Montfort lui avoit donnés en fief en Agenois, vint
dans le pays de Querci le premier lundi de carême, 8< s'arrêta au château
de l'Olme soumis à son autorité. Le seigneur & les chevaliers de ce château
résolurent alors de se saisir de lui & de le remettre entre les mains du comte,
son frère, qui le haïssoit mortellement, à cause de la guerre implacable qu'il
ne cessoit de lui faire. Ils mirent dans leur complot les chevaliers S< les rou-
tiers que le comte de Toulouse tenoit en garnison dans le château de Mont-
levard"*, situé au voisinage, & Ratier, seigneur de Castelnau, château qu'on
appelle encore, à cause de ce seigneur, Castelnau de Mont-Ratier, voulut être
de la partie. Baudouin avoit d'autant moins de sujet de se défier du seigneur
de rOlme que, outre qu'il étoit son ami particulier, il avoit prêté comme lui
serment de fidélité à Montfort. Comptant donc être en sûreté dans l'Olme
il se coucha tranquillement. Si tous ceux de sa suite en firent de même dans
des maisons séparées. Entre ceux-ci étoit un chevalier françois, nommé
Guillaume de Contres, qu'un ancien historien^ du pays appelle toujours
' Chrcnica o commentin del rey en Jacmc, c. 9. < C'est niijoind'luii Mondenard (Tnrn-S;-Ca-
[Nouv. édit., c. 10, pp. 18, 19.] ronne), commune de Cazes-Mondenord. [A. M.]
' Gesti comltum Barcinonensium, c. 26. — Ro- = Voyez tome VIII, c. 91. [Nous avons laissé
deric de Tolède, 1. 6, c. Tj. — Zurita, Anala de cette leçon fautive dans notre édition (voyez le
la corona de Aragon, c. Où i).i,u\i. tome VIII, passlni), mais il est tvident que le
' Pierre de Vaux-Cemay, c. -.I. — Guillaume rédacteur do cette chronioue aura mal interprété
de Pi.ylaurcus, c. 23. r.ibtévintion du pocte, fî^. d'Encontrc]
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XXI!. /i37
' ' An 1214
Verles d'Encontre, £v à qui Simon de Montfort avoit confié le gouvernement
de Castelsanasin, S< un sergent françois que ce général avoit fait gouverneur
de Moissac. Durant la nuit, le seigneur de l'OIrae prend la clef de la chambre
où le comte Baudouin étoit couché, 8< étant allé joindre Pvatier de Castelnau .
S< les routiers auxquels il avoit donné rendez-vous dans un certain endroit,
il leur dit en leur montrant la clef : « Pourquoi tardez-vous? votre ennemi
« est entre vos mains : vous n'avez qu'à vous dépêcher, &. je vous le livre t'ni^p/'jj'ij.
« enseveli dans un profond sommeil S< sans armes, & avec lui plusieurs
« autres. » Aussitôt ils suivent ce seigneur qui les introduit dans le château;
ils posent des sentinelles à toutes les portes des maisons où il y avoit quel-
qu'un de la suite du comte, allument ensuite des flambeaux, 8t Ratier de
Castelnau, suivi du seigneur de l'Olme, ayant surpris Baudouin dans son lit,
se saisit de sa personne. Le bruit que fit la prise de ce prince éveilla ses
gens qui, voulant accourir au secours, furent tous pris ou tués, à la réserve
d'un petit nombre qui se sauva par la fuite.
Les routiers conduisirent d'abord Baudouin à Montcuq, château qui lui
appartenoit 8c dont les habitans les reçurent volontiers. Ils demandèrent en
même temps a ce prince de leur faire remettre incessamment la tour de ce
château où il y avoit une garnison françoise : Baudouin, bien loin de leur
accorder leur demande, fit défendre à cette garnison de se rendre, même
c[uand on le verroit prêt à être attaché au gibet, 8c lui ordonna de tenir
ferme jusqu'à ce que le comte de Montfort vînt à son secours. Les routiers,
pour se venger de ce refus, firent jeûner Baudouin pendant deux jours : le
troisième on lui permit de se confesser; mais un routier ne voulut pas souf-
frir qu'il communiât jusqu'à ce qu'il eût rendu un de ses camarades que ce
prince avoit fait prisonnier. La garnison de la tour de Montcuq se rendit
toutefois, à condition qu'on accorderoit la vie sauve à tous ceux qui la com-
posoient. Les routiers le promirent, 8c manquèrent bientôt après à leur parole
en les faisant tous pendre. Ils emmenèrent ensuite Baudouin à Montauban,
où ils le tinrent dans une étroite prison jusqu'à l'arrivée du comte Raimond,
son frère, qui étoit alors' à la cour du roi d'Angleterre. Raimond arriva
enfin, suivi des deux comtes de Foix, père 8c fils, de Bernard de Portelle,
chevalier aragonois, Se de plusieurs autres gens de condition : il les assembla
aussitôt hors la ville, 8c là, ayant pris leur avis, il condamna Baudouin, son
frère, à mourir, tant pour crime de félonie que par représailles de la mort du
roi d'Aragon à la([uel!e il avoit contribué. Un moderne- fait tenir un grand
dialogue entre le comte de Toulouse Se le comte Baudouin, son frère, durant
le conseil de guerre, 8c il rapporte un long discours de ce dernier pour se
laver du reproche de crime de félonie que le comte, son frère, lui faisoit;
mais tout cela est avancé à plaisir Se sans aucun garant.
Baudauin se vo\ant condamné à la mort, demanda la permission de se
■ Albéric, Chron'uc::. » Laiiglois, HUto'ire Jes crolsaJeS contre Us alll-
l^eois, 1. 6, p. 325 & suiv.
438 ÎIlSïÔrRÉ GENERALE DE LANGUEDOC, LIV. XXIL
An II 14 T
confesser 8<. l'obtint avec peine; le comte de Foix, Roger-Bernard son fils, £<
Bernard de Portelle, le prirent ensuite 81 le pendirent eux-mêmes à un noyer,
sans autre façon. Les chevaliers du Temple enlevèrent aussitôt son corps &
Tinhumèrent, avec la permission du comte Raimond, dans le cloître Si auprès
de l'église de leur commanderie de Villedieu, située entre le Tarn ik la
Garonne à deux lieues de Montauban. Telle fut la fin funeste de ce prince
qui paroissoit ijiériter un meilleur sort, & qui étoit très-recommandable par
sa valeur. Quelques historiens' blâment fort Raimond de l'avoir fait mourir,
surtout d'une manière si ignominieuse; mais sans vouloir excuser ici ce comte,
qui en auroit agi sans doute plus noblement en pardonnant à son frère, il est
certain que ce dernier lui avoit prêté serm.ent de fidélité comme un vassal à
son seigneur, & que s'étant tourné néanmoins contre lui pour embrasser le
parti de Simon de Montfort, ennemi juré de sa maison, il lui avoit iait tout
le mal qu'il avoit pu^.
Divers auteurs font descendre^ de Baudouin, frère de Raimond VI, comte
de Toulouse, les vicomtes de Lautrec, qui vivoient au milieu du treizième
siècle, «"k dont quelques branches subsistent encore de nos jours; mais quoi-
qu'il y ait de la vraisemblance dans cette descendance, on n'en a cependant
aucune preuve certaine"*. Ce qu'il y a de vrai, c'est que Sicard V, vicomte
de Lautrec, dont nous ne trouvons plus rien après l'an iigS, eut un fils
nommé Frotard, qui lui succéda £< qui vivoit en 1209. Depuis cette année
nous n'avons rien des vicomtes de Lautrec jusqu'en 1222 & 1228 qu'il est
fait mention des deux frères, Bertrand I & Sicard \T , qui possédoient cette
vicomte par indivis, 8t dont on ignore la filiation; ainsi rien n'empêche
i^d.origin. qu'ils ne fussent fils de Baudouin de Toulouse, 81 d'Alix, sœur & héritière de
Frotard, vicomte de Lautrec, dont on vient de parler. Or, comme Baudouin
ne contracta ce mariage que vers l'an 1196, & que le comte de Toulouse
confisqua sur lui après sa mort, pour crime de félonie, la vicomte de Bruni-
quel £< les autres domaines qu'il lui avoit donnés en fief, Bertrand & Sicard
dévoient être peu avancés en âge dans le temps de cette mort, 8c ils n'auront
recueilli que la succession d'Alix leur mère, c'est-à-dire la vicomte de Lautrec,
qu'ils transmirent à leurs descendans dont nous parlerons dans la suite 2.
' Pierre de Vaux-Cemay, c. 7.'i. — Guillaume dent linpiobnMe l'opinion de dom Vaissete. Vcîcî
■de Puylaurens, c. 23. ces faits ; d'après le savant bénédictin, Baudouin,
" Le récit de Pierre de Vaux-Cernay est ici iin- frère de Raimond VI, aurait épousé Alix, sœur
plicitement confirmé par le silence absolu du poète de Frotard de Lautrec, vers 1196; son premier
anonyme, qui ne dit rien de la mort de Bau- enfant serait donc né au plus tôt vers 1197; or
douin. Cette affaire fait peu d'honneur à Rai- nous sommes certains qu'avant juin 1218, date do
mond VI. La seule excuse qu'on puisse donner la mort de Simon de Montfort, un Sicard, vicomta
à sa conduite, s'il est possible de lui en donner de Lautrec, épousa Agnès, parente de Mathieu de
une, est l'animosité qu'avait excitée partout cette Mailly; Simon donna en dot à la nouvelle vicom-
abominabU guerre. [A. M.] tesse les châteaux de Sénegas & de Montredon
3 Voyez tome VII, JVorc XVIII, pp. 53 à 60. (cf. tome VIII, c. 1022J. Il est vrai que Sicard
■* Il>''l- pouvait avoir alors vingt ans environ, en le sup-
' Sans nous prononcer sur une question aussi posant né vers 1197; mais on conviendra oue le:
islicate, nous rappellerons certains faits qui ren- dates sont si précises qu'il faut jusqu'à nouvel
t. III
p. 2>g.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LlV. XXLI. ^Sg
LXV. — Âymeri, vicomte de Karhonne , déclare la guerre à Simon
de Montfort.
Aymeri, vicomte' de Narbonne, qui avoit déjà pris hautement le parti des
peuples d'Aragon & de Catalogne, avant rassemblé un corps de troupes de
ces deux nations & celles de sa vicomte, se disposoit à faire irruption dans
les terres de Simon, lorsque ce général, qui fut averti de ses desseins, 8c à qui
Guillaume des Barres, son frère utérin, avoit amené un grand renfort, résolut
de le prévenir. Simon ayant pénétré dans le Narbonnois, y fait le dégât, S<
se rend maître de la plupart des châteaux du pays. II marche ensuite droit à
Narbonne contre le vicomte qui étoit campé sous les murs de cette ville. Il
partage son armée en trois corps, & ayant pris le commandement de l'avant-
garde, il s'avance fièrement vers Aymeri 8c l'attaque. Les troupes du vicomte
qui étoient avantageusement postées sur une hauteur, se défendent avec
beaucoup de bravoure, repoussent les croisés 8c les poursuivent vivement.
Simon se bat en retraite, 8c ayant fait un effort, les sangles de la selle de son
cheval viennent à se rompre, &c il tombe par terre. Aussitôt ses adversaires
mettent tout en œuvre pour se saisir de sa personne ou pour le tuer; mais les
croisés étant accourus en foule, leur font quitter prise 8c le délivrent de leurs
mains. Guillaume des Barres, qui conduisoit l'arrière-garde, survient, se jette
dans la mêlée, 8c force enfin les confédérés à se retirer dans Narbonne.
LXVI. — Le cardinal de Bénêvent , légat dans la Province, suspend la
hostilités. — Simon remet Moissac à son obéissance (y lève le siège d'.t
Mas d'Agenois.
Sur ces entrefaites, le cardinal légat ^, Pierre de Bénêvent, étant arrivé dans
la Province, ordonna au vicomte 8c aux habitans de Narbonne de convenir
d'une trêve avec Montfort, 8c à ce dernier de suspendre les hostilités contre
ces peuples, ce qu'il fit. Simon alla ensuite au-devant du nouveau légat, 8c
après avoir conféré avec lui, il marche vers Moissac pour réduire les habitans
de cette ville, qui avoient secoué le joug de son obéissance, 8c pour agir contre
Raimond, comte de Toulouse, qui tenoit avec eux le château de Moissac
assiégé depuis trois semaines à la tête des routiers. Raimond, n'osant attendre
Son arrivée, prit le parti de lever le camp. Simon, après s'être rendu maître
de Moissac, part pour l'Agenois, afin de remettre aussi sous son autorité ce
pays que Jean, roi d'Angleterre, qui y avoit fait depuis peu un voyage, avoit
ordre rester dans un doute prudent. Remarquons ' Pierre de Vauv-Cernay, c. 76. — [II est plu-
cn outre qu'un vicomte de Lautrec est mentionné sieurs fois question de cette guerre avec Aimeri di3
plusieurs fois par le poëie provençal, continua- Narbonne dans le registre / des Enquêteurs royaux,
teur de Guillem de Tudéle, qui ne dit nulle part notamment au f 64 a. Voyez au tome VII. |
qu'il fut neveu du comte de Toulouse; (Voyez no^ ' Pierre d< Vaux-Cernay, c. 77.
{6:r.,ncnt vers 91 16.) [A. M.)
An \ziA
.'.n 111.}
440 HISTOIRE GÉNÉKALE DE lAKgUËDOC. LIV. XX!!".^
engagé à rentrer sous la domination du comte de Toulouse, son beau-freiV.,
qu'il avoit promis de soutenir de toutes ses forces. Il arrive au bord de la
Garonne, dans le dessein d'assiéger le Mas-d'Agenois, l'une des plus fortes
places du pays, située à la gauche de ce fleuve. Se y rencontre un grand
nombre de bateaux armés par les habitans de la Réole, prêts à lui disputer le
passage : il le tente néanmoins, & ayant passé malgré tous les efforts de ses
ennemis pour l'en empêclier, il campe devant le Mas & attaque le château;
jiiais au bout de trois jours il est obligé de lever le siège, tant à cause qu'il
manquoit de machines, que parce que le légat le pressoit de l'aller trouver
■ à Narbonne. Simon, à son retour, passa' à Penne, en Agenois, le dimanche"
iiorès l'octave de Pâques, c'est-à-dire le i3 d'avril de l'an 12 14.
LXVII. — Les Aragonois vont recevoir leur roi à Narbonne.
Simon, à son arrivée à Narbonne, remit entre les mains du légat le jeune
roi Jacques, que la principale noblesse d'Aragon^ St de Catalogne vint rece-
voir dans cette ville. Quelques modernes prétendent que Jacques fit alors
serment à Montfort de ne jamais porter les armes contre lui. Se de ne pas
tirer vengeance de la mort de son père. Mais, outre que ce fait n'est appuyé
sur l'autorité d'aucun ancien historien, ces auteurs n'ont pas fait attention
que le roi d'Aragon n'étoit âgé alors que de six ans 6; demi; ainsi qu'il le
marque lui-même dans les mémoires de sa vie. Se non de trei-^e ans quatre
mois, comme ils l'assurent-^. Jacques tut conduit ensuite au château de
Monçon, en Aragon, où il demeura deux ans Se demi, sous le gouvernement
, ili/'pl'^j'.'o de Guillaume de Montredon, maitre du Temple en Aragon & en Catalogne,
qui prit soin de son éducation'*.
LXVIII. — La ville de Montpellier refuse de le reconnoitre.
Les habitans de Montpellier refusèrent de reconnoitre Jacques pour leur
teigneur, 6<. sous prétexte de se maintenir dans la liberté qu'ils s'étoient
acquise par l'engagement que le feu roi Pierre leur avoit fait du domaine de
cette ville Si de ses dépendances, ils s'érigèrent en république; mais, appré-
hendant enfin de tomber au pouvoir de Simon de Montfort, ils eurent recours
EU roi Philippe-Auguste, qui les prit sous sa sauvegarde avec leur ville 6c
leurs biens au mois^ d'avril de l'an 1214. Philippe déclare qu'il les protégera
pendant cinq ans à compter depuis la présente fête de Pâques, Se qu'il les
regardera comme ses autres bourgeois. « Quant à la possession S< à la pro-
• Rcgistrum cur'iae Frunciac. [Voyez notre Cnta- ' Benoît Si Lnnglois, Histoire Jcs croisaAa eontr;
Irgue, n. 78.] Us albigeois.
' Chronici 0 commcntari del rey en Jacme, c. 9 ' Sur cette mission du cardinni de Bénévent,
Et :eq. c. 19. [Nouv. cdit. pp. 19 & 20, 3o & suiv.] conférez de Toiirtoulon , Histoire Jejjcme l",
~-Gcsta eomitum Barcinoncnsium, c. z6. — Ziirita, t. 1 . pp. 141 à 14.'). [A. M.]
/.r.rJcs Je la corona de Aragon, c. 66 & seq. s Voyez tome VHI, Chartes, n. CIX.cc. 6^1, C^'?,.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC." LiV. XXîi. ,141
(I piiétè de Montpellier, ajoute ce prince, & des châteaux qui en dépendent,
« dont les habitans sont actuellement nantis, nous ne permettrons pas qu'ils
« soient appelés en cause devant qui que ce soit, soit devant nous, soit
« devant nos vassaux, & ainsi, si le pape durant cette intervalle nous fait
« savoir par ses lettres que Jacques, fils du feu roi d'Aragon, doit hériter du
« domaine de Montpellier, les habitans de cette ville jouiront toujours de la
« même protection 8<. de la même sauvegarde. Que s'il arrive que Pierre qui
« est maintenant légat du pape dans ces provinces, enjoigne à Louis, notre
« fils aîné, de soumettre la ville de Montpellier au nom des croisés, nous
« serons alors entièrement libres des conventions que nous venons de faire
I' avec les députés de la commune de cette ville. » On voit par là que le roi
ne prit la protection des liabitans de Montpellier, qu'autant qu'il supposoit
que le pape ou son légat voudroient bien y consentir, & qu'il promit de
l'abandonner aussitôt qu'ils jugeroient qu'on devoit faire la conquête de cette
ville au nom de la croisade; mais à condition que ce seroit le prince Louis,
son fils aîné, qui feroit cette conquête.
LXIX. — Le comte i- les habitans de Toulouse, les comtes de Fo'ix, de
Comminges 6- de Roussillon, le vicomte 6- les habitans de Narbonne se
soumettent au légat.
Durant le séjour' du cardinal Pierre de Bénévent h Narbonne, les comtes
de Foix Se de Comminges, & la plupart des autres seigneurs que les croisés
avoient dépouillés de leurs domaines se rendirent dans cette ville, pour
implorer sa miséricorde, & lui demander la restitution de leurs biens. Le
légat les écouta, ou fit semblant de les écouter favorablement. Si les récon-
cilia à l'Église après qu'ils lui eurent donné une caution juratoire £< remis
divers châteaux très-forts qui leur restoient. Nous avons le serment que les
comtes de Foix^ 8< de Comminges prêtèrent à ce cardinal dans le palais
archiépiscopal de Narbonne, le 18 d avril de l'an 11 14, en présence de l'an-
cien évêque de Carcassonne, de Sanche, comte de Roussillon, des abbés de
Saint-Pons, d'Aniane 8t d'Alet, du grand maître du Temple & de divers
seigneurs. Les deux comtes abjurent, chacun par un écrit séparé, mais uni-
forme, toute doctrine contraire à ce qu'enseigne l'Eglise romaine : ils pro-
mettent sur les saintes reliques, l'eucharistie S<. la vraie croix : 1° De ne plus
favoriser les hérétiques, les faidits, c'est-à-dire ceux dont on avoit confisqué
les biens St qui étoient en fuite, Si les routiers, mais de les combattre 8<. de
ne leur donner aucun secours pour attaquer les domaines qui étoient au
pouvoir de l'Église romaine ou possédés sous son autorité. 2° D'obéir entiè-
rement au légat touchant les affaires de la foi, le rétablissement de la paix 6<
la sûreté des chemins. 3° De ne donner aucun secours k la ville de Toulouse
tant qu'elle ne seroit pas réconciliée avec l'Eglise Se avec ceux auxquels elle
' ri erre <5e Vaux-Cernay, c. 77. ' Voyez tome VIII, Cliartos, n. CX.cc. tf^.T à lî^j.
An 12 1.;
An izi.(
442 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXII.
faisoit la j^uerre. 4° De faire la pénitence S<. la satisfaction qui leur seroient
imposées, "soit par le pape, soit par le cardinal Pierre de Bénévent, soit enfin
par tout autre légat, pour les excès qu'ils avoient commis. Si à cause desquels
ils avoient été excommuniés. 5° Le comte de Comminges promet de remettre
au cardinal le château de Salies, 8c le comte de Foix celui de Foix pour la
sûreté de leurs promesses : ils s'engagent de plus de faire garder ces châteaux
à leurs dépens au nom de l'Église romaine, Si de remettre au légat toutes
leurs autres places qu'il jugera à propos de leur demander. 6° Le comte de
Comminges promet d'engager son fils Bernard à faire un semblable serment,
& le comte de Foix fait la même promesse pour son fils. 7° Le premier
promet encore de donner en otage celui de ses fils que le légat lui deman-
Éd. oriRin. jj,,.^ g^ nuand il le voudra, excepté celui qui est chevalier. 8° Enfin ils con-
sentent que les châteaux qu'ils dévoient livrer au légat demeurent confisqués
au profit de l'Église romaine, &. d'être réputés eux-mêmes excommuniés tk
parjures, s'ils manquent à ces promesses.
Aymeri, vicomte de Narborne, 8<. les habitans de cette ville prêtèrent aussi,
vers' le même temps, un semblable serment entre les mains du légat; ils
marquent de plus dans leur acte qu'ils ne seront tenus de marcher hors du
diocèse contre les infracteurs de la paix, qu'en cas que les diocèses voisins
voulussent faire la guerre à ces perturbateurs du repos public. Jls promettent
encore de ne s'emparer d'aucune des terres qui étoient au pouvoir des croises,
sans la permission du légat apostolique : ces terres, ajoutent-ils, étant possé-
dées au nom de l'Eglise romaine 8c sous son autorité. 2° De ne pas ôter au
légat les châteaux que le comte Sanche, le fils de ce comte 8c les autres
dévoient lui remettre en otage. 3° De ne pas soustraire le fils de Pierre, roi
d'Aragon, de ses mains ou de celles des personnes à qui il en avoit confié la
garde; mais de conduire ce prince partout où il voudra. Nous voyons par cet
acte que Sanche, comte de Roussillon, 8c son fils Nugnez Sanche prêtèrent à
Narbonne, au cardinal Pierre de Bénévent, un pareil serment, avant qu'il
remît entre leurs mains le jeune roi d'Aragon. Les habitans de Toulouse^ se
soumirent aussi à ce légat Se envoyèrent à Narbonne sept de leurs consuls
qui lui firent serment, le 25 d'avril de l'an 12 14, tant en leur nom qu'en
celui de leurs collègues 81 de tout le peuple de la ville; ils promirent de la
purger entièrement d'hérétiques, de ne donner aucun secours au comte de
Toulouse 8c à son fils contre l'Eglise romaine, nonobstant le serment de fidé-
lité qu'ils leur avoient prêté; de lui donner autant d'otages qu'il souhaiieroit
pour l'assurance de leurs promesses Si d'obliger tous leurs concitoyens au-
dessus de quatorze ans à faire un pareil serment.
Enfin Raimond VI, comte de Toulouse, lui-même fut réconcilié à l'Église
par le cardinal Pierre de Bénévent, qu'il alla trouver exprès à Narbonne :
circonstance que Pierre de Vaux-Cernay a affecté de passer sous silence, La
soujnission de Pvaimond est datée de cette ville, un mercredi du mois d'avril
'Voyez tome Vnl, Chartes, 11. CXI, ce. 646, 647. «Tome VIII, Chartes, n. CXII, ce. 647 à 65ti
An lii/
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXII. 448
de l'an 1214, Si contient deux actes. La teneur du premier est telle : « Je,
« Rainiond', par la grâce de Dieu duc de Narbonne, comte de Toulouse 8t
11 niarquis de Provence, m'offre moi-même à Dieu, à la sainte Eglise romaine,
« & à vous, seigneur Pierre, par la même grâce, cardinal-diacre, légat du
<i Saint-Siège apostolique, 8c je vous livre mon corps, dans le dessein d'exé-
« cuter & d'observer fidèlement de tout mon pouvoir tous les ordres, quels
« qu'ils soient, que le seigneur pape 6- la miséricorde de votre sainteté juge-
« ront à propos de me donner. Je travaillerai efficacement pour engager mon
« fils Raimond à se remettre entre vos mains, avec toutes les terres qu'il
« possède & à vous livrer son corps Si ses domaines ou tout ce qu'il vous
« plaira de ces domaines pour ce sujet, afin qu'il observe fidèlement, suivant
« son pouvoir, l'ordre du seigneur pape 8c le vôtre. »
L'autre acte est conçu en ces termes : « Je, Raimond, par la grâce de Dieu
(1 duc de Narbonne, 8cc., n'étant contraint ni par force, ni par fraude, vous
« offre librement, seigneur cardinal, mon corps avec tous les domain'es que
(1 j'ai eus Se possédés autrefois. Se que je confesse avoir entièrement donnés à
« mon fils Raimond, savoir : la partie des domaines que je tiens ou que
« d'autres tiennent pour moi Se de moi, en sorte que, si vous me l'ordonnez,
« j'abandonnerai tous mes biens Se je me retirerai auprès du roi d'Angle-
« terre ou dans tout autre endroit, où je demeurerai jusqu'à ce que je puisse
« visiter le siège apostolique pour y demander grâce Se miséricorde. De plus
0 je suis prêt de vous remettre 8c à vos envoyés toutes les terres que je pos-
« sède, en sorte que tous mes domaines soient soumis à la miséricorde Se au
" pouvoir absolu du souverain pontife, de l'Église romaine Se de vousj Se si
Il quelqu'un de ceux qui en tiennent une partie pour moi Se de moi refusent
« d'y consentir, je l'y contraindrai suivant votre ordre Se mon pouvoir. Enfin
« je vous offre mon fils avec tous les domaines qu'il possède. Se que d'autres
Il tiennent pour lui ou de lui. Se je l'expose à la miséricorde Se aux ordres
(1 du seigneur pape Se aux vôtres, 8e j'agirai pour l'engager 8c ses conseillers , '"uj ""'"J":,
1' à faire la même promesse Se à l'observer. » Le comte de Toulouse se retira
ensuite avec son fils à Toulouse^ où ils vécurent comme de simples particu-
liers, tandis que Simon de Montfort acheva d'envahir impunément le reste
de leurs États. Quant au légat Pierre de Bénévent, il partit bientôt après
pour l'Aragon, où il fit quelque séjour, tant pour installer le jeune roi
Jacques %\\x le trône que pour mettre ordre aux affaires du pays.
LXX. — Simon achève d'envahir les domaines du comte de Toulouse 6- se
fait donner les vicomtes de Nimes 6* d'Agde par Bernard-Aton, ancien
vicomte.
L'approche d'une nombreuse armée, qui dans ce temps-là s'avançoit vers
la Province, contribua sans doute beaucoup à déterminer les comtes de Tou-
' Catel, Hiit. des comtes Je Tolose, p. 3oo & siiiv. ' Guillaume de Puylaurens, c. 24 & suiv;
An 1214
444 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIî.
louse, de Foix & de Comminges à demander grâce au cardinal Pierre de
Bénévent 8t à se soumettre à ses ordres; mais ils eurent bientôt lieu de se
repentir d'une pareille démarche, car le légat ne se comporta pas à leur égard
avec la droiture qu'il convenoit. Pierre de Vaux-Cernay ', témoin oculaire,
qui assurément n'est pas suspect, ne peut s'empêcher en effet de convenir
« que la divine providence agit en cette occasion avec beaucoup de miséri-
ic corde, afin, dit-il, que tandis que le légat amusoit 8c adoucissoit à Nar-
« bonne, par une fraude pieuse, les ennemis de la foi, le comte de Montfort
Cl pût passer dans le Querci & l'Agenois avec les pèlerins qui étoient venus
(I de France & combattre ses adversaires, même ceux de Jésus-Christ. »
0 pieuse fraude, ô piété frauduleuse du légat! s'écrie dans une espèce d'en-
thousiasme cet auteur, enchanté d'une circonstance si favorable aux affaires
de Simon de Monttort, son héros.
La nouvelle armée des croisés^ arriva dans la Province, après Pâques de
l'an 1214. Elle étoit composée de divers corps particuliers dont le principal
étoit conduit par Gui, évêque de Carcassonne, qui avoit pris le chemin de
Lyon Si du Rhône. Ce prélat, après avoir passé une année en France pour
y solliciter du secours en faveur de Simon, étoit parti le dimanche de Çwa-
simodo, Si avoit été joindre huit jours après, à Nevers, ceux qui avoient pris
la croix des mains de maître Jacques de Vitry, autre promoteur zélé de la
croisade, 81 de quelques autres prédicateurs. Le cardinal Robert de Corçon,
légat en France, 81 Guillaume, archidiacre de Paris, avoient rassemblé d'un
autre côté un grand nombre de croisés, 81 leur ayant fait prendre une autre
route, ils leur avoient donné rendez-vous à Béziers pour la quinzaine de
Pâques; mais ce cardinal ne put arriver si tôt, parce qu'il fut obligé de
s'arrêter dans le Vêlai pour les affaires de sa légation. Tous les croisés s'étant
enfin rassemblés à Montpellier formèrent une armée forte, à ce qu'on pré-
tend, de cent mille hommes; mais il paroît qu'il y a faute dans le texte de
l'historien 81 qu'elle n'étoit pas si nombreuse à beaucoup près. Entre ces
croisés étoit le vicomte de Châteaudun 81 plusieurs autres chevaliers de
marque. Simon de Montfort alla à la rencontre de cette armée jusqu'à Saint-
Thibéry; il la mena à Carcassonne, où elle fit quelque séjour, durant que
ce général, qui songeoit toujours à ses intérêts particuliers, se fit faire une
' Pieire deVaux-Ceinay, c. 78. — Nous croyons, en recevant la soumission des princes du Midi, y
contre l'opinion de dom Vaissete, que Pierre de compris Raimond VI (& ce dernier détail est omis
Vaux-Cernay a noirci à plaisir la conduite du à dessein par Pierre df Vaux-Cernay), se confor-
légat Pierre de Bénévent. Du moins, rien ne mait aux instructions qu'il avait reçues & agissait
prouve que ce personnage ait fait autre chose indépendamment des autres légats, qui réunis-
qu'exécuter la mission que lui avait confiée In- saient au même moment l'armée de la croisade dans
nocent III, 8c il est certain que ce dernier n'était le nord de la France. Nous verrons le même, quel-
plus, à cette époque, aussi favorable à Simon de ques mois plus tard, refuser de donner à Simon de
Montfort qu'en 1210 & 1211. Malgré son échec, Montfort les domaines de Raimond VI, malgré la
la tentative de Pierre d'Aragon avait eu au moins décision du concile de Montpellier; ce seul fait
lin résultat, celui de faire connaître au pape les prouve qu'il ne dépassa jamais ses pouvo rs & que
excès de zèle de ses Irgnts & les entreprises hasar- sa conduite fut toujours loyale. [A. M.]
deusîs du comte de Montfort. Pierre de Bénévent, " Pierre de Vaux-Cernay, c. 78.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIî. aaS
donation' entre-vifs par Bernard-Aton, ci-devant vicomte de Nimes & d'Agde^.
Bernard-Aton lui céda ces deux vicomtes, quoiqu'il en eût déjà disposé Se
qu'il n'en jouît plus depuis très-longtemps, 8i déclara dans l'acte, daté du
palais de Carcassonne le 3 de mai de l'an 12 14, qu'il faisoit cette donation
en faveur de Simon, à cause de la substitution réciproque qui avoit été faite
entre ses prédécesseurs & les vicomtes de Béziers, & dans laquelle il étoit
marqué que, s'il décédoit sans enfans, la vicomte de Nimes, qui étoit échue à
son père, reviendroit aux successeurs du vicomte de Béziers. Simon, que cette
substitution ne pouvoit regarder, tâcha de colorer ainsi son usurpation de la
ville de Nimes sur le comte de Toulouse.
LXXI. — Àmattri de Montfort épouse l'héritière du Dauphiné. — Conquête
d'une partie du Rouergue 6- du Çueni par les croisés au nom de Simone
Après que les nouveaux croisés^ se furent reposés pendant quelques jours
à Carcassonne, Montfort les fit partir sous la conduite de Gui, évêque de
cette ville. Se de Gui, son frère, pour aller soumettre le Rouergue Si le
Querci à sa domination, ravager les terres de Ratier de Castelnau Si punir
ce seigneur de la niort du comte Baudouin de Toulouse. Montfort prit lui-
même la route du Rhône 81, étant arrivé à Valence, il s'y aboucha avec le duc
de Bourgogne Si le Dauphin, Si il y conclut entièrement avec eux le mariage
projeté entre Amaury, son fils aîné, qui l'avoit suivi. Si Bcatrix, fille du , '{'^{"p^ll'^
môme Dauphin. Simon amena ensuite cette jeune princesse à Carcassonne,
où on célébra ses noces; mais comme elle étoit encore en bas âge, le mariage
ne fut consommé que longtemps après.
L'évcque de Carcassonne Si Gui de Montfort, étant arrivés en Rouergue,
commencèrent par le siège de Maurillac, château très- fort. Le cardinal
Robert de Corçon joignit l'armée devant cette place qui fut attaquée avec
tant de vigueur que les assiégés se rendirent le jour même Si se soumirent
aux ordres de ce légat, qui fit aussitôt raser le château ; on y trouva sept héré-
tiques vaudois qui, ayant été amenés devant lui, avouèrent leurs erreurs.
Sur cet aveu, les croisés les firent brûler vifs avec une foie extrême. L'armée
se rendit ensuite en Querci où elle ravagea les terres des ennemis de Simon
de Montfort, qui l'alla joindre dans ce pays 81 en prit le commandement. Ce
général se mit alors en marche vers Montpezat, que quelques chevaliers
d'Agenois qui lui avoient manqué de fidélité l'année précédente, avoient
soustrait à sa domination 81 qui, n'osant l'attendre, prirent la fuite. Il s'em-
para de ce château Si le fit raser. Déodat de Barasc, l'un des principaux
barons du Querci, vint peu de temps après à sa rencontre Si lui promit de
■ Voyez tome Vlll, Chartes, n. CXIII, ce. 65i Celte cession n'avait pas grande importance pour
à rt.OS Montfort, puisque, depuis vingt-huit ans déjà,
" Cette pièce fut donnée à Béziers & non à Car- Bernard-Aton n'était plus vicomte ni d'Agde, ni da
cassonne. Simon de Montfort était à Carcassonne Nimes. [A. M.]
le 4 juin 1214. (Voyez notre Catalogue, n. Ho,) — ' Pierre de Vaux-Ccrnay, c. 79.
Alt 1214
446 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXII.
démolir' toutes ses forteresses, suivant ses ordres, par un acte daté de l'année
du Seigneur, près de Montcuq, le 12 juin de l'an 12 14.
LXXII. — Simon remet l'Agenois sous son obéissance,
Simon passa de là dans^ l'Agenois pour reprendre les châteaux de ce pays
qui lui avoient mancjué de fidélité. Leurs habitans, jugeant à propos de pré-
venir son arrivée, lui envoyèrent faire leurs soumissions, à la réserve de ceux
de Marmande. Simon fit raser la plupart de ces châteaux 8c ne conserva que
les plus forts, qu'il donna en fief à des François. Il vint ensuite assiéger
Marmande, où le roi d'Angleterre avoit mis garnison sous les ordres d'un de
ses chevaliers & fait arborer son drapeau sur le donjon du château. A la pre-
mière attaque des croisés, les habitans s'embarquèrent sur la Garonne pour se
réfugier à la Réole, & la garnison se retira dans une tour. La place étant
ainsi abandonnée, Simon s'en saisit 81 la mit au pillage; il accorda la vie
sauve à ceux qui s'étoient retirés dans la tour &c qui se rendirent. Il fit
ensuite détruire une partie des murailles de la ville 8<. munir, par le conseil
des croisés, le château & les tours. Il se rendit de là à Agen, dans le dessein
d'aller assiéger le château de Casseneuil, situé vers les frontières du Querci,
dans une plaine agréable, au pied d'une montagne. Les habitans, que l'his-
torien de Simon traite d'hérétiques, de ravisseurs, de parjures & de scélérats,
parce qu'ils avoient secoué le joug de son autorité, résolurent de leur côté de
se bien défendre, animés par Hugues de Rovignan, leur seigneur, frère de
l'évêque d'Agcn, qui avoit été auparavant ami de Simon 8< qui avoit aban-
donné son parti depuis peu.
LXXIIl. — Simon assiège &■ prend Casseneuil. — Le cardinal de Corçon
dispose en sa j'aveur de toutes les conquêtes faites sur les hérétiques dans
les pays de sa légation,
Montfort commença, le 28 de juin, le siège de Casseneuil, durant lequel
Raimond^, vicomte de Turenne, qui s'y trouva, le reconnut pour son sei-
gneur. Il se contenta d'abord d'attaquer la place du côté de la montao-ne,
parce qu'il n'avoit pas assez de troupes pour faire toute la circonvallation.
Ayant reçu quelque temps après un renfort, il céda cette attaque à son fils
Amaury 84 à l'évêque de Carcassonne, qui faisoit les fonctions de légat dans
l'armée, 8c alla camper dans la plaine avec une partie de l'armée. Il fit dresser
dans ces deux attaques diverses machines qui incommodèrent beaucoup les
assiégés, lesquels se défendoient cependant toujours avec courage, parce qu'ils
comptoient beaucoup sur le secours du roi d'Angleterre. Ce prince s'avança
en effet, jusqu'à Périgueux, à la tête d'un corps d'armée, composé de ses
' Registrum cariae Franciac. [Voyez notre Cpta- ^ Registnim cunae Franàac. [Voyez notre C i; i-
îogiie, n. 81.] logue, n. 82.]
' Pierre de Vaux-Cernay, c. 79.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXII. 447 —;
^T' An 1214
troupes 5(. de la noblesse de la Province qui avoit été dépouillée de ses
domaines 81 qui avoit été le joindre; mais après avoir fait semblant de vou-
loir attaquer les croisés, pour les obliger à lever le siège, il se retira sans
rien entreprendre.
Le cardinal Pv.obert de Corçon vint au camp de Casseneuil; mais ses affaires
ne lui permettant pas d'y faire un long séjour, il se rendit peu de temps
après à Sainte-Livrade, où il donna, au mois de juillet, une charte' par
laquelle il confirma Simon de Montfort dans la possession de tous les do-
maines qu'il avoit conquis sur les hérétiques Si leurs fauteurs dans l'Albi- t.''ui,°p!*'i6f.
geois, l'Agenois, le Rouergue, le Querci & les autres pays de sa légation, &
des domaines qu'il y acquerroit. Il reprit ensuite la route de France^, passa
h Cahors & demanda à entrer dans la ville ; les habitans lui en fermèrent
les portes & parurent en armes sur les remparts pour lui résister, supposé
qu'il voulût user de force. Ils se repentirent bientôt de leur démarche, lui
firent des excuses & promirent par serment d'obéir à ses ordres, qu'ils exécu-
tèrent sur-le-champ, en mettant le feu aux portes de la ville S; en payant
mille cinq cents marcs d'argent de dédommagement à Simon de Montfort.
Mais, craignant d'être encore recherchés, ils députèrent deux bourgeois à
Rome pour demander grâce au pape Innocent III, auprès duquel ils excu-
sèrent leur refus sur ce qu'ils appréhendoient qu'il ne leur arrivât quelque
malheur, s'ils eussent ouvert les portes au légat; parce que les comtes de
Toulouse Se de Foix, qui faisoient la guerre aux environs, avoient tué, peu
de temps auparavant, soixante-douze de leurs concitoyens 8< fait prisonniers
plusieurs autres. Le pajie leur accorda le pardon qu'ils demandoient par une
inille datée de Pérouse, le 2 juin de l'an 1116.
Cependant Montfort, ayant fait brèche^, se disposa à la descente du fossé
de Casseneuil, qui étoit large 8c rempli d'eau. Dans ce dessein, il fit ccns-
truire un pont avec des tonneaux liés ensemble 8c couverts de planches 8c de
claies. Ce pont s'étant enfoncé dans l'eau aussitôt qu'on voulut s'en servir,
il en fit fabriquer un autre d'une structure différente 8c tenta de le jeter à
la faveur de quelques barques, malgré les flèches des assiégés; mais il ne
réussit pas mieux que le premier, à cause qu'il se trouva trop lourd. Le chef
des ingénieurs lui ayant proposé une nouvelle machine, il la fit exécuter. On
éleva une grande tour de bois dont le toit étoit plat 8c couvert de claies : on
planta au-dessus une autre tour de charpente partagée en cinq étages, 8c on
la couvrit de claies; on y plaça un certain nombre d'arbalétriers, 5c on y fit
provision de seaux pleins d'eau pour éteindre le feu en cas que les assiégés
entreprissent de brûler la machine : on la couvrit en dehors du côté de la
place, par la même raison, de peaux de bœuf. Tout étant ainsi disposé, on
pousse la tour vers le fossé, nonobstant les efforts des assiégés qui font pleu-
voii inutilement une nuée de pierres pour tâcher de la rompre. La machine
'Voyez tome VIII, Chartes, n. CXIV, ce. 653 ' L:\cto\ii, Séries episcoporum Catarcens'ta'nj p. ijH.
3 655. ' Pierre de Vaux-Cernay, c. 79.
■"I 448 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIL
An 1214 T '
étant parvenue au bord du fossé, ceux qui étoient en bas y jettent une
grande quantité de gabions & de fascines, 8c tâchent de le combler, tandis
que ceux qui étoient dans les étages supérieurs ne cessent de tirer pour écarter
les assiégés. Ceux-ci redoublent leurs efforts S<. trouvent moyen, pendant la
nuit, de pousser vers la machine un bateau embrasé, rempli de matières com-
bustibles ; mais les assiégeans étant venus au secours empêchent l'effet de ce
brûlot. A mesure qu'on comble une partie du fossé, on fait avancer peu à peu
la machine vers les murailles jusqu'à ce que ceux de l'étage supérieur fussent
à portée d'atteindre les assiégés avec la lance. Enfin, un dimanche au soir,
Simon, se voyant en état de tenter l'assaut, range ses troupes, tandis que
l'évêque de Carcassonne S< tout le clergé de l'armée se mettent en prières sur
une éminence. Les croisés sortent de la machine, après avoir rompu les
claies qui la couvroient, & emportent les ouvrages extérieurs, que les assiégés
furent obligés d'abandonner pour se retirer derrière les murailles de la ville.
Les assiégeans, voyant cependant qu'il se faisoit tard Se qu'ils manquoient
d'échelles, n'osèrent pousser plus avant 8t passèrent la nuit entre les murs Se
le fossé; ils profitèrent de cet intervalle pour raser toutes les harbacanes 6< les
autres ouvrages extérieurs. Le lendemain les charpentiers de l'armée passèrent
la journée à construire un grand nombre d'échelles pour l'assaut qui fut fixé
au jour suivant. Les routiers qui composoient la garnison de Casseneuil,
informés de ces préparatifs, jugèrent à propos de ne pas l'attendre; ils firent
accroire aux habitans qu'ils alloient faire une sortie sur les croisés, 81 se sau-
vèrent cependant à la faveur de la nuit. Simon, averti de leur fuite, détache
quelques troupes pour les poursuivre 8<. fait donner l'assaut à minuit. Ses
troupes entrent dans la place sans aucune résistance, font main basse sur tous
ceux qui y restoient 8c y mettent le feu. Casseneuil tomba ainsi, le 17 (ou
t.'i'ii°p."i6'5. plutôt le 18) du mois d'août de l'an 12 14, après plus de six seinaines de
siège, au pouvoir de Simon, qui en fit raser les murailles.
LXXIV. — Simon s'empare de divers châteaux dans le Pérîgord.
Ce général conduisit ' ensuite son armée dans le Périgord pour y sou-
mettre divers châteaux, sous prétexte qu'ils étoient occupés par les ennemis
de la paix 8c de la foi. Il se rendit d'abord à Penne, en Agenois, où Raimond
de Montaut lui fit hommage lige 8c promit de le servir comme* les autres
barons d'Agenois y étoient obligés. Les seigneurs du pays, effrayés de la
prise de Casseneuil, n'osant l'attendre dans leurs châteaux 8c les ayant aban-
> donnés, il s'empare de celui de Dôme, sur la Dordogne, fait détruire la tour
8c les murailles, 8c y donne quelques jours de repos à ses troupes. Il reçoit
en cet endroit une lettre de l'évêque 8c du chapitre de Rodez qui lui pVo-
mettoient de lui faire justice pour tous les domaines qu'ils étoient obligés de
• Pierre de V.mxCernay, c. 80. » Reghtnim cunae Franche. [L'acte est du mois
de sîp-cmbrej voyez notre Catologuo, n. 89.]
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XXII. 44g
tenir de lui. Elle, abbé de Sarlat, vint le trouver d'un autre côté & lui
répondit, le 12 de septembre, de la fidélité des habitans de la Roque de
Gaiac '.
Simon détacha une partie de son armée ^, sous la conduite de l'évêque de
Carcassonne, pour aller ruiner le château de Montfort, dont le seigneur,
nommé Bernard de Casenac, qui avoit pris la fuite, se servoit depuis long-
temps pour exercer une infinité de brigandages dans tout le Périgord. On
prétend que ce seigneur 81 Alice, sa femme, sœur du vicomte de Turenne,
avoient fait prendre, par pure méchanceté, plus de cent cinquante personnes,
tant hommes que femmes, qui s etoient réfugiées dans l'abbaye de Sarlat, 8c
qu'ils avoient fait couper les pieds ou les mains aux uns, 8c arracher les yeux
aux autres. Simon confisqua tous les domaines de Bernard de Casenac, 8c
les donna en fief au vicomte de Turenne, beau-frère de ce seigneur, qui
lui en fit hommage par un acte daté de Dôme, au mois de septembre de
l'an 1214^.
Montfort se saisit "* d'un troisième château en Périgord, nommé Castelnau,
voisin de celui de Montfort, 8c y mit une garnison pour tenir tout le pays
en bride. Il s'empara aussi de celui de Bainac, dont le seigneur le pria de ne
pas détruire ce château, sous prétexte que c'étoit la seule place du pays qui
fût dans le parti du roi de France contre celui d'Angleterre. Montfort ne
jugea pas à propos de lui accorder sa demande. Se lui ayant fixé un terme
pour réparer les maux qu'il avoit causés; comme il vit qu'il ne se pressoit
pas d'exécuter ses promesses, il fit abattre malgré lui les tours 8c les murailles
de son château 5.
LXXV. — Simon repasse en Çuercî &« en Rouergue, £• reçoit l'hommage
du comte de Rode-^,
Montfort, après avoir soumis une partie du Périgord, retourna en Agenois
dont il fit raser toutes les forteresses. Il passa de là à Figeac, en Querci, 8c
rendit la justice à plusieurs personnes par l'ordre du roi, qui lui en avoit
donné la commission. Les seigneurs de Cadenac^, château situé au voisinage,
lui' firent alors leurs soumissions 8c le reconnurent pour leur seigneur par
un acte daté de Figeac, au mois d'octobre, en présence des évêques de Mende,
de Cahors 8c de Rodez, de l'abbé de Figeac, de Gui 8c d'Amaury de Mont-
fort 8c de divers autres seigneurs. Guillaume, abbé de Figeac, 8c ses reli-
gieux, lui donnèrent en même temps en fief le château de Peyrusse, sous la
redevance annuelle de dix marcs d'argent, 8c tout ce que le comte de Tou-
■ [Voyez notre Catalogue, n. 87.] pédition dans le Périgord que dans un intérêt
' Pierre de Vaux-Cernay, c. 80. — Baluze, H'nt. personnel, puisque ce pays ne contenait pas d'hé-
TuteUmis, p. 5i6. rétiques; c'était pour s'assurer de tous les domaines
' [Voyez notre Catalogue, n. 88.] qui appartenaient au comte de Toulouse. [A. M.J
^ Pierre de Vaux-Cernay, c. 80. ° [Corrige^ Capdenac]
^Montfort n'avait certainement fait cette eî:- ^ Registrum curiae Franciae. — Catalogue, n. 90.
VT. 29
An 1^14
An 1214
45o HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIY. XXII.
louse tenoit deux auparavant à Cadenac & à Dentillac '. Simon prit ensuite
la route du Rouergue^ 6c se rendit à Rodez. Henri, comte de cette ville, par
un reste de reconnoissance envers le comte de Toulouse, son seigneur Se son
bienfaiteur, faisoit difficulté de rendre hommage à Simon, sous prétexte qu'il
tenoit une grande partie de ses domaines du roi d'Angleterre. Enfin, après
plusieurs débats, Henri consentit, par l'entremise des évêques de Mende, de
Cahors, de Rodez, de Carcassonne 8c d'Albi, 8c de maître Thédise, chanoine
de Gênes, de se soumettre à la suzeraineté de ce général qui, ayant les armes
à la main, étoit en état de l'y forcer. Il lui fit donc hommage, 8c à Amaury,
son fils, dans le palais épiscopal de Rodez, le 7 de novembre de l'an 1214,
pour le comté de Rodez, la vicomte de Cambolas 8c pour tout le reste de ses
domaines situés à la droite du Lot, sauf les droits du pape sur Montrosier,
ceux de l'évêque du Puy sur le château de Ségur 8c ceux de l'évêque de
Rodez sur la monnoie de cette ville, 8c sur les châteaux de Coupiac 8c de
Éd.origin. Combrct. Il s'obligea en même temps de rendre à Simon 8c à son fils le
t. UI, p. 2ÛO. t> ^
même service auquel il étoit tenu auparavant envers le comte de Toulouse.
Simon pardonna de son côté au comte de Rodez toutes les injures qu'il pou-
voit en avoir reçues, lui promit sa protection tant qu'il lui seroit fidèle, 8cc,
L'évêque d'Uzès 8c plusieurs seigneurs furent présens à cet hommage.
LXXVI. — Simon termine la campagne par la prise du château de Séverac.
Simon de Montfort^ résolut alors de réduire le château de Séverac, situé
•sur les frontières du Rouergue 8c du Gévaudan, dont le seigneur, à la tête
d'une troupe de routiers qui y étoient en garnison, infestoit tous les envi-
rons 8c faisoit des courses jusques au Puy. Il envoya d'abord sommer ce sei-
gneur de lui remettre son château, 8c, sur son refus, il détacha une partie de
ses troupes sous les ordres de Gui, son frère, qui surprit le bourg inférieur
de Séverac, situé sur le penchant de la montagne, 8c s'en empara"*. Simon
suivit de près, 8c s'étant logé dans les maisons du bourg il dressa ses batte-
ries contre le château 8c le serra de si près que les assiégés, qui manquoient
de vivres, furent obligés de se rendre 5. Il confia la garde de la place à
l'évêque de Rodez 8c à Pierre-Bermond, seigneur de Sauve, 6c rendit bientôt
après au seigneur de Séverac tous les autres domaines dont Gui de Montfort
l'avoit dépouillé, 8c enfin le château de Séverac même, dont il reçut l'hom-
■ Voyez notre Catalogue, n. 91, & corrigez Cap- Kojae de VaUergae & Salnt-Geniès. Les deux évê-
denac & Lentillac. [A. M.] ques avaient dépensé pour leur garde neuf mille
# ■ Pierre de Vaux-Cernay, c. 80. — Voyez sous de Melgueil, que leur paya le comte de Mont-
tome VIII, Chartes, n. CIV, ce. 655 à ûSy. fort. Celui-ci dut les tenir en commise & les res-
^ Pierre de Vaux-Cernay, c. 80. tituer soit aux prélats, soit au pape ou à son
< Pendant le siège de Séverac, Simon de Mont- légat, après avoir recouvré les sommes par lui
fort se fit céder par les évêques de Mende & de avancées. [A, M.]
Rodez deux châteaux importants du pays que ces = Le siège de Séverac durait encore le i(5 no-
prélats tenaient au nom de l'Eglise romaine, & vembre 1214, date de l'acte que nous indiquons
(jui avaient probablement été confisqués sur des plus haut. [A. M.)
hérétiques, partisans du seigneur de Séyerac : La
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXII. 451
maj^e. Ce général termina la campagne par la prise de ce château ; anrès
avoir conquis sur le comte de Toulouse la plus grande partie de l'Agenois,
du Périgord, du Querci 8< du Rouergue, qu'il s'appropria, nonobstant la
soumission que ce prince avoit faite à Narbonne, au cardinal Pierre de Béné-
vent, & l'absolution que ce légat lui avoit donnée. Simon, voulant s'assurer
la possession de tous ces pays 8c la transmettre à sa postérité, eut recours à
l'autorité des légats du pape, qu'il savoit lui être aveuglément dévoués.
LXXVII. — Concile de Montpellier. — Il dispose prov'.s'ionnellement en faveur
de Simon des domaines du comte de Toulouse 0 de tous les pays conquis
par les croisés.
Le cardinal Robert de Corçon, qui avoit déjà disposé en sa faveur, contre
les ordres précis du pape, de l'Agenois, du Querci, de l'Albigeois !k du
Rouergue, entra parfaitement dans ses vues 8<, sous prétexte de terminer
l'affaire déjà commencée contre les hérétiques albigeois &■ toulousains, il
convoqua', étant à Reims, le 7 de décembre de l'an 12 14, un concile à
Montpellier, où il appela les archevêques de Bourges, Narbonne, Auch &
Bordeaux, avec les évêques, les abbés &c les archidiacres de ces provinces. Il
jTiarque dans les lettres de convocation qu'il avoit choisi la ville de Montpel-
lier préférablement à toutes les autres, tant à cause de sa situation favorable
Êc de sa proximité de Toulouse qui est, dit-il, la clef St le réceptacle de l'hé-
résie, qu'à cause de sa sûreté, de sa grandeur Si de la fertilité du pays. II ne
présida pas cependant à ce concile, comme il l'avoit projeté; ce fut^ le cardinal
Pierre de Bénévent, légat dans la Province, qui, étant de retour d'Aragon
oïl il avoit demeuré jusqu'alors, en fit l'ouverture, le mercredi 8 de janvier
de l'an 1214 (i2i5). Les quatre archevêques dont on a déjà parlé s'y trou-
vèrent avec celui d'Embrun, vingt-huit évêques, un grand nombre d'abbés
Se d'autres ecclésiastiques. Si plusieurs barons du pays dont on ne marque
pas le nom. On y dressa trente canons pour la réformation de la discipline
ecclésiastique, sur l'exaction des péages, la dénonciation des hérétiques St de
leurs fauteurs, Sec.
Outre ces canons, le concile de Montpellier fit un décret mémorable au
sujet du comté de Toulouse, dont il disposa par une entreprise manifeste sur
l'autorité temporelle en faveur de Simon de Montfort. Ce général, toujours
attentif à ses intérêts, s'approcha du lieu de l'assemblée; mais les habitans de
Montpellier, qui connoissoient son ambition, lui refusèrent l'entrée de leur
ville. Si il fut obligé de se tenir, durant tout le concile, dans un château
voisin, qui appartenoit à l'évêque de Maguelonne. Il ne manœuvra pas moins
pour cela, Si il ne manqua pas de venir tous les jours dans la maison des
tem.pliers, située hors de la ville, où il avoit de fréquentes conférences avec
' Bali'.ze, Concilia Narionensis prov. p. 38 & seq, ' Baluze, ihid. — Pierre de V'nux-Cernay, c. 80
S*, nous, th'id. p. 2j £<. SLiiv, & seq.
An 1214
An 121 j
An 12 13
452 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXII.
le légat 8t les évêques, en sorte qu'on peut dire qu'il fut comme l'âme du
concile. Un jour, le légat étant allé conférer à l'ordinaire avec lui dans cette
maison, l'amena à Montpellier avec ses deux fils Si les introduisit dans l'as-
semblée qui se tenoit dans l'église de Notre-Dame. Quelques chevaliers de
la suite de Simon se promenèrent cependant dans la ville : il n'en fallut pas
t.'ifi°p.''26V. davantage pour jeter l'alarme parmi le peuple, qui court en foule aux armes
81 s'attroupe de toutes parts. Les uns entourent l'église de Notre-Dame, les
autres occupent les rues par où Simon devoit s'en retourner; mais ce général,
averti du tumulte, se sauve de leurs mains par un chemin détourné. Ce fut là
le prélude du décret qui fut fait, peu de temps après, de la manière suivante :
Le cardinal Pierre de Bénévent' ayant disposé les esprits par un grand dis-
cours, qu'il prononça en plein concile, il appela ensuite chez lui les prélats
8<. leur dit : « Je vous conjure par le jugement de Dieu S< par l'obéissance que
« vous devez à l'Eglise romaine, de me donner, sans aucun respect humain,
« un fidèle conseil, suivant vos lumières, touchant celui à qui il convient,
u pour l'honneur de Dieu & de l'Eglise, pour la paix du pays, & pour le
<c purger entièrement d'hérésie, de donner la ville de Toulouse, que le comte
<c Raimond a possédée, & tous les autres domaines que l'armée des croisés a
« conquis. » Les évêques demandèrent quelque temps pour délibérer, 81 ayant
consulté chacun en particulier les abbés 8<. les autres ecclésiastiques de leurs
diocèses qui étoient présens, ils mirent leurs avis par écrit, 81 convinrent tous
unanimement de choisir le comte de Montfort pour prince &■ monarque de
tout le pays. Ils prièrent en même temps le légat de l'investir de tous ces
domaines; mais ce cardinal ayant examiné ses pouvoirs 81 trouvé qu'il n'avoit
pas assez d'autorité pour donner cette investiture, avant que d'avoir consulté
le pape, le concile prit le parti de députer à Rome l'archevêque d'Embrun &
quelques ecclésiastiques pour prier le pape de leur donner Simon de Montfort
pour seigneur &• monarque du pays.
Il est marqué dans une^ lettre du pape Clément IV que le cardinal Pierre
de Bénévent déclara le comté de Melgueil confisqué sur le comte de Toulouse
au profit de l'Église romaine, qui s'en prétendoit suzeraine. Nous inférons de
là que cette confiscation fut déclarée durant le concile de Montpellier; nous
verrons du moins que le pape Innocent III disposa bientôt après de ce comté
en faveur de l'église de Maguelonne.
LXXVIII. — Le légat fait prendre possession, au nom de l'Église romaine,
de Toulouse 6- du château de Foix.
Après le concile^, le cardinal légat envoya Foulques, éveque de Toulouse,
dans cette ville pour en prendre possession, de même que du château Nar-
bonnois qui servoit de palais au comte. Les Toulousains se soumirent volon-'
• Pierre de Vnux-Cernny c. 80. . pie^e de Va„x-Cernay, c. 80. _ Guillaume
<^^<u\,Scrn- friesulum Mao-,Uncr.ùum,ii.Z'^i. <]e Puylinirens, c. 24 & :uiv.
«
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXII. aSS —
^ An lîii
tairement à cet ordre, livrèrent la ville & le château à lei:r évêque, 8c obli-
gèrent le comte Raimond, son fils, & les comtesses leurs femmes de se retirer
dans la maison d'un simple particulier, nommé David de Roaix. Foulques
mit garnison dans le château Narbonnois aux dépens des habitans, qui lui
donnèrent outre cela pour la sûreté de leurs promesses, douze de leurs con-
suls que le légat envoya en otage à Arles, avec ordre d'y demeurer tout le
temps qu'il jugeroit à propos. Nous apprenons à peu près l'époque du départ
de ces otages, par un acte' suivant lequel les douze autres consuls ou capi-
touls, qui étoient restés à Toulouse, ayant convoqué le 20 de février de
l'an I2i5 l'assemblée générale de la bourgeoisie, il fut résolu, quoique le
nombre de seize consuls fût nécessaire selon les statuts pour gouverner la
ville, que les douze qui restoient en auroient l'administration jusqu'à la fin
de leur consulat. L'acte est daté : Philippe étant roi de France, Se Raimond
comte de Toulouse; mais ce comte n'y avoit plus alors aucune autorité;
l'évêque Foulques l'avoit entièrement envahie, comme il paroît entre autres
par le refus qu'il fit à^ Raimond de Recaud^, sénéchal de Toulouse, 8c l'un
des principaux conseillers du comte, de lui accorder la permission qu'il lui
demandoit, d'aller finir ses jours au service des pauvres dans un hôpital, sous
prétexte qu'il avoit porté ce prince à résister à l'Eglise. Le légat fit aussi
prendre possession au nom de l'Eglise romaine, du château de Foix, dont M
confia la garde à l'abbé de Saint-Thibéry , qui y établit pour châtelain
Bérenger, son neveu, qualifié damoiseau. Le cardinal Pierre de Bénévent,
s'étant ainsi assuré de tout ce qui restoit de places fortes dans le pays, permii
aux chevaliers dont les biens avoient été confisqués (^faiditos) durant la
la guerre, d'aller partout où ils vor.drcient, à condition qu'ils n'entreroient
pas dans les villes murées; qu'ils marcheroient sans armes; qu'ils ne monte-
roient que sur de simples roussins, 8c qu'ils ne porteroient qu'un éperon.
LXXIX. — L'archevêque d'Arles donne en fiefBeaucaïre C- la terre d'Argence
à Simon,
Simon de Montfort, après le concile de Montpellier, fit un voyage à Beau- j^i^'^i'^^.
caire"*, où Michel de Morèse, archevêque d'Arles, 8c son chapitre, lui donnè-
rent en fief, 8c à ses héritiers, le 3o janvier, la ville de Beaucaire 8c la terre
d'Argence, qui comprenoit la partie du diocèse d'Arles, située en deçà du
Rhône, avec leurs droits Se dépendances qui étoient possédés auparavant par
les comtes de Toulouse. Simon en fit hommage-lige à ce prélat 8c lui donna
quatorze cens marcs d'argent du poids de Montpellier d'acapte, avec promesse
de payer outre cela un cens annuel de cent marcs d'argent du même poids,
8c de donner aux archevêques d'Arles un denier pour livre toutes les fois qu'il
' Ca(el, Histoire des comtes de Tolose, p. 3o2. * Registrum euriae Franciae. — Caseneuve, /"ranc-
' Guillaume de Puylaurens, c. 24. AUeu, p. 3i5. — Galîia C/iristiana, nov. éd. t. i,-
' [Corrige^ Ricaud (Aude), arrondissement & Instrum. p. ico & seq, & t, 2, Instrum. p. 235.
canton de Castelnaudary.]
A>i I il 5
4^4 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXII.
feroit fabriquer clans le pays de la nouvelle monnoie à laquelle l'archevêque
promit de donner cours par son autorité. L'acte fut passé en présence de
l'évêque d'Avignon, de Pierre, abbé de Saint-Gilles, de maître Thédise, cha-
noine de Gênes, & d'un grand nombre d'ecclésiastiques & de séculiers.
Simon alla ensuite rejoindre le légat Pierre de Bénévent à Montpellier',
d'où ils se rendirent à Carcassonne.
LXXX. — Libéralités de Simon envers l'église d'Ujès.
Ce comte n'attendit pas la décision du pape pour disposer des domaines de
la maison de Toulouse, Si il agit avant cette décision comme s'il en eût été
le véritable maître; c'est ce qui paroît : i° Par une donation^ qu'il fit, le 7 de
février de l'an I2i5, du consentement d'Amauri, son fils, en faveur d'Arnaud,
évêque de Nîmes, du lieu de Millaud dans le vicomte de Nîmes, dont il
était &< devait être le maître^ soit en raison du comté de Toulouse, soit à
cause de la vicomte de Nimes. 2° Par une charte ^ datée de son palais de Car-
cassonne, le 16 de mars suivant, dans laquelle il déclare « que possédant
« par la commission que Pierre, cardinal diacre du titre de Sainte-Marie en
« Acquire & légat du Saint-Siège, lui en avoit donnée, toutes les terres &
« tous les droits que Raimond, ci-devant comte de Toulouse, avoit, soit
a par lui-même, soit par les autres, dans le diocèse d'Uzès, Sx. ayant appris
« que l'église d'Uzès avoit souffert beaucoup de dommages, il donne du
« mieux qu'il peut, tant pour soi que pour ses successeurs, à Raimond,
« évêque de cette ville, & à son église, divers lieux, villages, droits de péage,
« dîmes 81 autres domaines, que le même Raimond, ci-devant comte de Tou-
« louse, possédoit dans ce diocèse, ou d'autres pour lui. Sien particulier la
« viguerie d'Uzès, que Bermond tenoit de ce même comte. Il se réserve
« néanmoins la justice criminelle pour l'effusion de sang dans la plupart de
« ces domaines, dont il reprend quelques-uns en fief de l'église d'Uzès; avec
« promesse de confirmer cette donation, lorsque tout le pays lui aura été
« assigné à perpétuité par le pape, 81 de faire hommage k l'évêque Si à
« l'église d'Uzès pour tout ce qu'il tient d'eux. » En conséquence, Bermond,
seigneur d'Uzès, rendît hommage peu de temps après à l'évêque du fief de
la viguerie d'Uzès, qu'il tenoit auparavant du comte de Toulouse, &. pour
lequel il étoît obligé à une albergue de cent chevaliers.
LXXXI. — Louis, fils aîné du roi Philippe- Auguste, se croise 6- vient dans
la Province,
Simon reçut à Lavaur"*, le 1" d'avril suîvant, l'hommage de Guillaum.e,
évêque de Cahors, pour le château de Pestillac en Querci, Si celui de Bcr-
■ Pierre de Vaux-Cernay, c. 80. p. 3o5 & seq. ~ [Voyez tome VIII, ce. 6C0 Ï6'>i,
• Tome Vni, Chartes, n. CXV, ce. 658 & «9. où nous republions cet acte d'après l'orieiiial.]
' Gallia Christiana, noy. éd. t, 6, Instrum, * Registrum curiae Francité,
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXII, 455
naid de Cardaillac pour quelques autres châteaux du même pays'. Le len-
demain, Rostaing de Posquières reconnut tenir de lui le château de ce nom
dans le diocèse de Nimes. Il partit peu de jours après pour aller au devant
de Louis, fils aîné du roi Philippe-Auguste. Ce jeune prince^ s'étoit croisé
trois ans auparavant contre les hérétiques de la Province par un mouvement
de piété; mais la guerre que le roi son père avoit alors sur les hras l'avoit
empêché d'exécuter son dessein. Enfin, Philippe, ayant conclu une trêve avec
Jean Sans-Terre, roi d'Angleterre, le premier soin de Louis fut de satisfaire
sa dévotion. Il arriva à Lyon le jour de Pâques ig avril, suivi de Philippe,
évêque de Beauvais, son cousin, du comte de Saint-Paul, de Gautier, comte
de Ponthieu, Robert, comte de Séez & d'Alençon, Guiscard de Beaujeu,
Matthieu de Montmorenci, du vicomte de Melun & de plusieurs autres che-
valiers de distinction. Gui, évêque de Carcassonne, qui étoit allé quelque
temps auparavant en France, servit de conducteur à ce nouveau corps de
croisés, qui partit de Lyon le 20 d'avril. Se. continua sa route le long du
Rhône. Montfort rencontra Louis à Vienne & l'accompagna toujours depuis.
Le cardinal Pierre de Bénévent s'avança de son côté jusqu'à Valence pour
aller au devant des croisés.
Ce légat ayant appris le voyage de Louis, en tut troublé. Il craignoit que
ce prince, en qualité de seigneur principal du pays, ne changeât quelque
chose à la disposition qu'il venoit de faire des domaines du comte de Tou-
louse, 8< qu'il ne l'inquiétât dans la possession des villes de Toulouse, de
Narbonne 81 de plusieurs autres qu'il gardoit en séquestre, depuis qu'il avoit
donné l'absolution à leurs habitans. Dans cette appréhension, il s'empressa
de prévenir Louis pour le détourner de faire aucune entreprise contre ce
qu'il avoit réglé ; prétendant, suivant le témoignage d'un historien-* du temps,
« que ce prince ne devoit ni ne pouvait y donner aucune atteinte; attendu
« qu'il ne venoit qu'en qualité de croisé ou de pèlerin, 8c que le pays avoit
« été conquis par le pape avec le secours des croisés, sur le refus qu'avoit fait
« le roi Philippe, après plusieurs exhortations, de le purger de l'hérésie dont
« il étoit infecté. « Les craintes du légat furent bientôt dissipées : Louis, qui
étoit un prince doux Si débonnaire, lui déclara qu'il agiroit en toutes choses
suivant son conseil Si sa volonté.
LXXXII. — Le pape donne provïslonnellement le comté de Toulouse, i-c,
à Simon.
Louis s'arrêta k Saint-Gilles avec ses troupes; il y reçut les députés que le
concile de Montpellier avoit envoyés à Rome, Se qui apportoient la réponse
du pape datée du 1 avril. Par cette réponse, qui étoit adressée au légat, aux
évêques Si à Simon de Montfort, Innocent III commettoit à ce général la
'Voyez notre Catalogue, n°' 123-125, où ces ' Pierre de Vaux-Cetnay, c. 8;.
pièces sont datées du i" & du 3 avril 1216; cetta ' lèi.i.
dernière date est U vraie. [A. M.l
cd. 0l,:;lii.
t. lll, p'. i-jg.
An lîiô
456 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXII.
garde de tous les domaines que le comte de Toulouse avoit possédés, de
toutes les terres que les croisés avoient conquises & de celles que le légat
tenoit en otage, jusqu'à ce qu'il en eût été décidé autrement au concile
général qu'il avoit convoqué à Rome pour le i" de novembre suivant. Il
donna de plus à Simon les revenus de tous ces domaines avec l'exercice de la
justice 8c la juridiction jusqu'à ce temps-là. 11 exhorte ce général, à la fin de
sa lettre, de ne pas refuser cette commission ' : exhortation assez inutile, car
Simon n'étoit que trop bien disposé à une obéissance aveugle sur cet article.
Le prince Louis &. Montfort ne manquèrent pas de faire part de ces ordres au
légat, qui s'étoit arrêté à Arles avec pif.sieurs évêques.
LXXXIIL — Le pape donne en fief le comté de Melgueïl aux évêques
de Maguelonne.
Dans la régie qu'Innocent III accorda à Montfort des domaines qui avoient
appartenu au comte de Toulouse, il en excepta le comté de Melgueil ou de
Montferrand, dont il disposa^ en qualité de seigneur suzerain, en faveur de
Guillaume d'Autignac, évêque de Maguelonne, 8c de ses successeurs, auxquels
il l'inféoda, moyennant une redevance annuelle de vingt marcs d'argent, par
une bulle datée du 14 avril suivant. Innocent fit cette inféodation à condi-
tion que les évêques de Maguelonne feroient la guerre 8c la paix, pour les
intérêts du même comté, suivant les ordres du pape; qu'ils ne pourroient
inféoder ou aliéner, ni le château de Melgueil, ni celui de Montferrand,
qui étoient les chefs-lieux du comté, ni enfin aucun des fiefs qui en dépen-
doient. Depuis ce temps-là les évêques de Maguelonne ou de Montpellier se
sont qualifiés comtes de Melgueil ou de Montferrand; car, quoique le jeune
Raimond, comte de Toulouse, soit rentré quelques années après dans les
domaines qui avoient appartenu à son père, il ne put cependant recouvrer ce
comté, dont les évêques de Maguelonne demeurèrent en possession Se dont
ils obtinrent la confirmation de divers papes successeurs d'Innocent III. Ils en
ont joui depuis, non toutefois sans quelque contradiction de la part de nos
rois, successeurs des comtes de Toulouse, ainsi que nous le verrons dans la
suite. Au reste, il s'en faut bien que cette inféodation ait été gratuite. Outre
le cens annuel de vingt marcs d'argent, le pape en tira pour sa part douze
cent vingt marcs ou sterlings d'argent, sans compter cinq cens livres qu'il
fallut donner aux cardinaux pour les provisions, trois cent vingt livres valant
cent marcs sterling, un cheval 8c une mule du prix de trente-cinq livres au
camérier du pape, 8c plusieurs autres sommes qui furent distribuées aux offi-
' Poitliast, n. 4Ç)66; lettre du pape à Simon de août (HU. n. ^971); ordre aux chevaliers & ha-
Monifon (n. 4967), aux archevêques & évêques bitants de Melgueil d'obéir à leur nouveau sei-
du Midi (n. 4968), aux barons, consuls & fidèles gneur (n. 4974); enfin commission à Arnaud,
(n. 4969). [A. M.] archevêque de Narbonne, pour faire recouvrer
' Carte], Séries praesalum Magalonensiam, p. 3oj. les domaines aliénés parles comtes de Melgueil
JPotihast, n. 4972; première concession du 10 (n. 4973.)] [A, M.]
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXII, 4^7
An 12|5
clers de la chancellerie romaine, en sorte qu'on compte que l'évêque de
Maguelonne dépensa pour cela trente-trois mille sterlings neufs de demi-
livret Guillaume d'Autignac, pour satisfaire à une si grande dépense, céda
aux consuls de Montpellier, pour vingt-cinq raille sols melgoriens, deux des
douze deniers pour livre que le comte de Melgueil avoit coutume de prendre (."iii "p'^,!";,,
sur la monnoie de Melgueil, le bois de Valène 61 divers autres droits.
LXXXIV. — Seigneurs de Lunel. — Evêques de Maguelonne.
Ce prélat fut nommé ^, le i^"" d'avril de la même année, principal tuteur
des fils de Raimond-Gaucelin, seigneur de Lunel, qui fit alors son testament
par lequel il choisit sa sépulture dans le cimetière des Templiers de Mont-
pellier 8<. donne cinq mille sols melgoriens à chacune de ses deux filles, Rous-
seline & Guillelmette, & seulement mille sols à Raimonde, la troisième, qu'il
veut être religieuse à Arboras (dans le diocèse de Lodève). Il fait de plus
divers legs pieux pour réparer les dommages que lui & son père avoient
causés à l'abbaye de Psalmodi 81 aux religieuses de Saint-Geniès, 81 nomme
pour son héritier universel Pons-Gaucelin, son fils, auquel il substitue ses
deux filles aînées, 8c à leur défaut son neveu Guerso. Il exempte la ville de
Lunel de toute sorte de queste, 8t donne plusieurs autres tuteurs à son fils,
entre lesquels il nomme Guise, sa femme, 8c Raimond de Cauvisson, qu'il
fait baile 8c viguier de tous ues domaines pendant cinq ans. Raimond-Gau-
celin mourut vers le commencement de juillet de la même année. II avoit eu
ses deux filles aînées de Sibylle de Montpellier, sa première femme. Guillel-
mette, la seconde de ses fi. les, épousa^ Raynon IV, seigneur d'Uzès en
partie. Quant à Guillaume d'Autignac'*, il mourut en 1216, après avoir
ériiré, le jour de la Pentecôte de cette année, l'église de Notre-Dame de
Montpellier en paroisse. Bernard de Mèze, prévôt de la cathédrale, lui suc-
céda dans l'évêché de Magujlonne.
LXXXV. — Le comte de Toulouse se retire avec son fils à la cour
d'Angleterre.
Le comte de Toulouse Se son fils, informés de la disposition provisionnelle
que le pape Innocent III avoit faite de leurs domaines, en faveur de Simon
de Montfort, se convainquirent de plus en plus que toutes leurs soumissions
étoient inutiles; qu'on en vouloit bien moins à leurs sentimens ou à leur
conduite qu'à leurs États, 8c qu'enfin Simon ne cherchoit qu'à s'agrandir à
' Ces chiffres ont été fournis à Gariel par la cha à rentrer dans ses avances en spéculant Sjt
Chronique d'Arnaud de Verdale; cette somme fut la monnaie de Melgueil, qui fut dès lors émise en
versée au trésor pontifical par l'intermédiaire des son nom. [A. M.]
Templiers. (Cf. Germain, Maguelonne & ses cvè- 'Manuscrits d'Aubays, n. 83.
juej, pp. 48 & 49, & du même auteur, Études sur ' Voyez tome IV, 'Soie LU, p. 228.
le comté de Mtl^ueil, pp. Ô89, 5y3.) L'évêque cher- ^ Guiiel, Séries praesulum Magalonensium, p. 3ay.
"~ ~ .!j8 histoire GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XXII.
leurs dépens. Sur cela ' ils prirent le parti de sortir de Toulouse, où ils ne
pouvoient plus demeurer avec bienséance. Un ancien^ historien anglois fait
entendre que le père se retira alors à la cour de Jean Sans-Terre, roi d'An-
gleterre, son beau-frère, & qu'il fit hommage du comté de Toulouse à ce
prince, qui lui donna dix mille marcs d'argent pour se soutenir. Il est cer-
tain, du moins, que le jeune Raimond se rendit à la cour d'Angleterre Si
que le roi Jean^, son oncle, prit hautement sa protection. Quant aux deii::
princesses d'Aragon, leurs femmes, elles se retirèrent en Provence.
LXXXVI. — Suite du voyage du prince Louis. — Il fait démanteler les
villes de Narbonne, de Toulouse, C-c. — DiJJèrends entre l'archevêque de
Narbonne 6- Simon de Montfort touchant le duché de Narbonne.
Le prince Louis, étanf^ parti de Saint-Gilles accompagné du cardinal-
légat Si de Simon de Montfort, à la tête de son armée, se rendit à Mont-
pellier dont les habitans prêtèrent serment de catholicité entre ses mains &c
donnèrent caution qu'ils vivroient dans la pureté de la foi. Il alla ensuite à
Bézicrs, où il reçut une députation des habitans de Narbonne. On a déjà dit
qu'Arnaud, abbé de Cîteaux, n'avoit pas plutôt été élevé en 1212 sur le siège
archiépiscopal de Narbonne qu'il usurpa, suivant l'expression d'un historien
contemporain 5 qui d'ailleurs lui étoit très-attaché, le duché de cette ville,
que les comtes de Toulouse avoient possédé de tout temps. Simon de Mont-
fort, prétendant d'un autre côté profiter entièrement de la dépouille du
comte Raimond, s'opposa de toutes ses forces aux desseins d'Arnaud 6< lui
disputa le duché. Ce différend mit une grande division entre eux, malgré
l'union intime dans laquelle ils avoient vécu jusqu'alors. Simon, pour abaisser
l'autorité de l'archevêque, ordonna de détruire les murs de Narbonne, sous
prétexte que les peuples de cette ville s'étoient élevés contre Dieu i- contre
la religion, c'est-à-dire contre ses vues ambitieuses, 81 qu'ils avoient reçu ses
ennemis. L'archevêque défendit d'exécuter ces ordres, 8c, pour empêcher
Simon de prévenir Louis contre lui, il alla à la rencontre de ce prince jus-
qu'à Vienne. Mais quoiqu'il offrît devant le légat, tant pour lui-même que
pour le vicomte de Narbonne & les habitans de cette ville, de répondre S<. de
satisfaire à tous les griefs qu'on déduiroit contre eux, il ne put rien gagner
sur l'esprit de Louis qui, étant arrivé à Béziers, décida, par l'avis du légat,
de Simon de Montfort, des seigneurs croisés 8c de plusieurs prélats, qu'on
détruiroit incessamment, de la volonté 8c par l'autorité du même légat, les
t. Mi°p'f27'i. murs de Narbonne, de Toulouse 8c de quelques autres places, parce qu'elles
avoient causé beaucoup de mal à la religion. Louis défendit cependant à
' Guillaume it Pciylaurens, c. iS. le Breton, Je Gestis PhUippi-Augusti, p. 87. — .
* Raoul de Coggeshale, apud Martène, Collectlo Gallia Christiana, t. i, p. 078 & seq. — Bciie,
emplissima, t. 5, c. 873. [Voyez plus haut, p. 432.] Histoire des ducs de Narionne, p. 462 &. Suiy,
' Guillaume de Puyiaurens, c. 27. * Pierre de Vaux-Cernay, c, 82.
♦Pierre de Vaux-Cernay, c. 82. — Guillaume
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXII. 459
Simon d'inquiéter les habitans de ces villes en toute autre chose qu'en ce qui
regardoit la démolition de leurs murailles. Il commit pour l'exécution de ces
ordres deux chevaliers, & enjoignit aux habitans de ces villes d'abattre leurs
murailles dans l'espace de trois semaines, à peine d'une punition exemplaire.
C'est à ce sujet que les habitans de Narbonne lui députèrent à Béziers pour
lui témoigner qu'ils étoient prêts à obéir. On travailla donc à raser les murs
de Narbonne, au grand regret de l'archevêque.
Louis prit ensuite la route de Carcassonne avec Simon de Montfort Se tous
les croisés de France; il ordonna en partant de Béziers aux députés de Nar-
bonne de le suivre, pour lui servir d'otages jusqu'à l'entière démolition des
murailles de leur ville. Dès qu'il fut arrivé à Carcassonne, il y fit appeler, à
la persuasion de Montfort, Ayraeri, vicomte de Narbonne, que ce général
força, malgré lui, suivant les plaintes que l'archevêque Arnaud porta quelque
temps après au pape, à lui faire hommage comme au duc de Narbonne. Ce
prélat ajoute dans sa plainte que le vicomte ne fit cependant hommage à
Simon que provisionnellement, & jusqu'au concile général, sauf le serment
de fidélité qu'il lui avoit prêté auparavant à lui-même pour ce duché, & que
Simon obligea les députés de Narbonne, qui étoient en otage à Carcassonne,
à lui prêter le même serment & à lui payer une somme considérable. Nous
n'avons pas l'acte d'hommage qu'Aymeri rendit alors à Simon de Montfort
pour constater la vérité des faits avancés par l'archevêque Arnaud : il nous
reste seulement une charte' par laquelle, « Simon étant dans son palais de
« Carcassonne, le 21 de mai de l'an i2i5, en présence de Louis, fils aîné
« du seigneur Philippe, illustre roi des François, de l'évêque de Beauvais,
« du comte de Saint-Paul, du vicomte de Melun, de Mathieu de Montnio-
« rency, de Bouchard de Marly (frère de ce dernier) 8c d'Amaury, son fils;
« il prend sous sa protection & sauvegarde Aymeri, vicomte de Narbonne,
(c Se tous les habitans de cette ville, St leur pardonne tout le mal qu'ils
« avoient causé, soit à lui-même, soit à Gui, son frère. Se à Amaury, son fils;
« de quoi il fit faire serment sur ses armes, par Ferrin, son chevalier. » Le
vicomte'Sc les habitans de Narbonne jurent, dans le même acte, à Simon une
paix perpétuelle, de lui conserver la vie Si les membres, ses domaines. Sec*
Simon^, prévoyant que l'archevêque de Narbonne ne manqueroit pas d'avoir
recours au pape, sur l'esprit duquel ce prélat avoit beaucoup de pouvoir, fit
le même jour un acte d'appel dans lequel il déclare, « que se trouvant lésé
« par l'archevêque Arnaud en divers chefs. Se en particulier au sujet du
« duché de Narbonne, que le comte de Toulouse avoit tenu autrefois. Se en
« ce que ce prélat l'empêchoit d'exécuter la commission de Sa Sainteté, qui
' Tome VIIT, Chartes, n.CXVI, ce. 639 & 660. Rappelons que ce dernier titre était usurpé pat
' C'est évidemment cet acte que l'archevêque lui, & qu'à cette occasion tout au moins, Simon
Arnaud avait en vue dans sa plainte au pape. de Montfort avait raison de le lui disputer; au-
Quoiqu'il en exagère un peu la portée, ce n'en cun archevêque de Narbonne, avant Arnaud, ne
était pas moins une atteinte aux droits qu'il avait se l'attribua. [A. M.]
ou prétendait avoir comme duc d* Narbonne. ' Besse, Histoire des ducs de Narbonne, p. 465.
An 12 là
■— — a6o histoire Générale de Languedoc, liv. xxii.
An 1 2 1 a •
« lui avoît accordé la régie des domaines du même comte, Si des autres, jus-
« ques au concile général ; que craignant de plus grandes vexations, il appelle
« au pape, met sa personne, ses vassaux, 6c spécialement Aymeri, vicomte de
« Narbonne, 8c les habitans de cette ville sous la protection du saint père,
c( pour empêcher que l'archevêque ne les excommunie, 8c il assigne à ce
« prélat la fête de Tous les Saints pour la poursuite de son appel. » Ce que
Montfort avoit prévu ne manqua pas d'arriver; l'archevêque' appela de son
côté au pape quelques jours après, du préjudice que Simon lui causoit dans
la possession du duché de Narbonne, dont il prétendoit avoir joui paisible-
ment depuis trois ans. Il se plaignit de plus de ce qu'après le départ du
prince Louis, Simon avoit fait détruire de sa propre autorité les murs du
château de Cabrières, qui dépendoit du domaine de son église. Il envoya un
exprès à Rome, tant pour y poj'ter ces griefs que des lettres de son chapitre
Se de l'abbé de Saint-Paul, lesquels prioient instamment le pape de lui con-
firmer le duché de Narbonne, dont il avoit pris possession le jour de son
sacre ^.
Innocent III écouta favorablement les plaintes de l'archevêque 8c de l'église
de Narbonne; il fit expédier, le 2 de juillet de la même année, une bulle^
qu'il adressa au cardinal Pierre de Bénévent, son légat, 8c à Simon de Mont-
fort; il y fait un grand éloge d'Arnaud Se des soins qu'il s'étoit donnés pour
t. ni',''p!l!'72. la croisade contre les hérétiques albigeois, laquelle, dit le pape, lui devoit
une grande partie de ses succès; il expose, d'un autre côté, les obligations
singulières que Simon avoit à ce prélat, 8c dit ensuite, en adressant la parole
à ce général : « Nous sommes extrêmement surpris de ce qu'ayant fait hom-
« mage Se prêté serment de fidélité à l'archevêque de Narbonne, ainsi qu'il
.( nous l'a fait savoir, vous avez néanmoins poursuivi, comme il vous a plu,
« la démolition des murs 8c des tours de cette ville; l'exposant ainsi avec son
K clergé 8c son peuple aux insultes de ses ennemis, quoiqu'il soit prêt à vous
« faire justice sur tous vos griefs, devant Pierre, cardinal du titre de Sainte-
« Marie en Acquire, légat du siège apostolique. De plus, vous avez extorqué
« injustement, Se à son préjudice, le serment de fidélité du vicomte Se de
« quelques habitans de Narbonne qui étoient en otage à Carcassonne, Se
« vous avez tâché de le dépouiller du duché de Narbonne, qu'il assure pos-
« séder pacifiquement depuis sa promotion ; vous lui causez de la peine tou-
« chant le château de Cabrières 8c quelques autres domaines de son église
« que vous occupez injustement. Je vous exhorte donc, tant pour ne pas faire
'i tort à votre réputation que pour éviter d'être taxé d'ingratitude, à lie pas
'< causer de préjudice, ni de chagrin à ce prélat, qui vous a comblé d'hon-
'< neurs ; à ne pas déprimer celui qui a travaillé de toutes ses forces à votre
« élévation, 8c à lui faire une entière satisfaction, afin que lorsqu'il viendra
'( au concile général il n'ait pas de justes sujets de se plaindre de vous. Autre-
' Gallla Christlana, t. i, p. SyS & suiv. — Besse, 'Voyez ces lettres dans notre Catalogue, n"' i 16,
Histoire des ducs de Narbonne, p. 4,J4 & seq. & i 16 a. [,\. M.]
^ [Potthast, n. 4985.]
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XXII. 461
'■■ ment, comme nous n'employerons d'autre exécuteur de nos ordres que nous-
« mêmes, si vous négligez d'y déférer, nous aurons soin de corriger votre
« désobéissance comme il conviendra. »
On ne voit pas que Simon de Montfort ait jamais prêté serment de fidélité
8c rendu hommage à l'archevêque Arnaud, & qu'il l'ait reconnu pour duc de
Narbonne, ainsi que le pape le suppose dans cette lettre; Se Simon n'auroit
eu garde de fournir des armes contre lui-même. Ce qu'il y a de certain, c'est
que Montfort n'avoit pas plus de droit qu'Arnaud au duché de cette ville,
car c'est des dépouilles du comte de Toulouse qu'ils vouloient se revêtir l'un
£< l'autre. Un moderne' fait remonter cependant bien plus haut les préten-
tions des archevêques de Narbonne sur le duché de cette ville ; il va en cher-
cher l'origine dans la donation que le roi Pépin le Bref leur fit de la moitié
des droits domaniaux de la ville de Narbonne 6- de son comté : supposant
faussement, sans doute pour appuyer cette origine : 1° Que Raimond de
Saint-Gilles fit hommage & prêta serment de fidélité à l'archevêque Guifred
pour le comté & le duché de Narbonne. 2° Que l'archevêque Arnaud « sou-
« tenoit qu'il étoit en possession du duché depuis trente ans 8< au delà, !k
« que lui & ses prédécesseurs en avoient toujours joui paisiblement Se sans
« trouble. » Mais cet auteur fait dire à Arnaud ce qu'il ne dit pas. En effet,
ce prélat, dans les deux mémoriaux qu'il présenta^ aux papes Innocent III 6c
Honoré III, pour défendre ses droits sur le duché de Narbonne, se contente
d'assurer qu'après son élection à l'archevêché de cette ville, arrivée au mois
de mars de l'an 1212, il avoit reçu l'hommage du vicomte Aymeri pour le
duché de Narbonne, par le conseil de l'évêque d'Uzès, légat du Saint-Siège;
que le jour de sa consécration il avoit reçu l'albergue du même vicomte pour
le duché, 8c qu'enfin il avoit possédé cette dignité sans trouble pendant trois
ans, sans rien dire de ses prédécesseurs : preuve certaine que lui 8c Simon
ne fondoient leur droit au duché de Narbonne que sur la confiscation qu'ils
prétendoient en avoir été faite sur le comte de Toulouse, à cause de sa déso-
béissance aux ordres du pape 8c des légats du Saint-Siège, 8c sur l'autorité
que ces derniers s'étoient arrogée de disposer des domaines de ce prince. Or,
comme le comte Raimond VI n'étoit pas alors dépossédé légitimement de ses
domaines; qu'il ne le fut jamais dans la suite, suivant les lois des fiefs, 8c
que ce fut seulement la puissance ecclésiastique, qui n'a aucun pouvoir sur
le temporel des princes, qui l'en priva, il est aisé de conclure que ni l'arche-
vêque Arnaud, ni Simon de Monttort n'avoient aucun véritable droit sur le
duché de Narbonne. Au reste, si ce prélat se fût qualifié comte de Narbonne,
il auroit eu un fondement plus légitime.
■ Bcsse, Histoire des ducs de Narhonne^ p. 357 ' GalUa Christiana , t. i, p. ^73 & setj. — .
8c Suiv. Cciic, /listoire dcrs ducs de N-irèoTini-^ p. ^:>2 & stitv.
An izi5
" 402 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXII,
An 12 1 j ~
LXXXVII. — Simon prend possession du château de Foix, & de la ville
6" du comté de Toulouse,
^Éd-orisin.^ Durant le séjour du prince' Louis à Carcassonne, le cardinal Pierre de
Bénévént ayant convoqué, dans le palais épiscopal de cette ville, les évêques
St les seigneurs de l'armée, lut en leur présence & en celle de ce prince &.
Je Simon de Monfort, la lettre du pape qui commettoit ce dernier pour la
récrie Se l'administration du pays jusques au concile général. Simon envoya
aussitôt à Toulouse Gui, son frère, avec plusieurs chevaliers pour prendre en
son nom possession de cette ville, dont les habitans lui prêtèrent serment
de fidélité sans aucune difficulté. Ils obéirent également, quoiqu'à leur
grand regret, aux ordres que Gui leur donna d'abattre leurs murailles, & ils
mirent aussitôt' la main à l'œuvre. Louis partit ensuite de Carcassonne Se
passa à Fanjaux où il demeura quelques jours, tandis que le cardinal légat
8c Simon de Montfort firent un voyage à Pamiers, Raimond-Roger, comte
de Foix, vint à leur rencontre dans cette ville, mais Simon avoit conçu une
si grande haine contre lui qu'il ne voulut pas le voir. Ce comte renouvela
ses soumissions au légat, qui lui ordonna de remettre son château de Foix à
Simon : il obéit, & Simon ayant envoyé aussitôt un corps de troupes pour en
prendre possession & y demeurer en garnison, il alla avec le légat rejoindre
le prince Louis à Fanjeaux, d'où ils se rendirent ensemble à Toulouse, suivis
de tous les croisés. Les principaux de la ville vinrent au-devant d'eux 6c leur
firent leurs soumissions.
Quelques historiens- du temps font entendre que Louis assiégea d'abord
Toulouse dans les formes, & que les habitans ayant demandé à capituler, il
leva le siège, à condition qu'ils détruiroient leurs tours & leurs fortifications,
suivant la volonté de Simon de Montfort j qvt'ils chasseroient de la ville tous
les hérétiques qui ne voudroient pas se convertir, 8c qu'ils seroient dans la
suite bons catholiques 8c obéissans aux ordres du pape. Mais Louis peut
avoir imposé ces conditions aux Toulousains sans avoir assiégé leur ville : il
paroît, en effet, par le témoignage d'un ancien auteur 3, que Louis &c Simon
étant entrés sans difficulté dans Toulouse, délibérèrent sur la manière dont
ils traiteroient les habitans. « Simon assembla alors son conseil, dit cet his-
« torien, auquel se trouvèrent entre autres le prince Louis 8c Foulques,
(1 évêque de Toulouse. Ce prélat fut d'avis de mettre le feu aux quatre coins
(I de la ville pour tirer vengeance des maux que les Toulousains avoient faits
« aux croisés j mais le sentiment de Simon de Montfort prévalut. Ce général
' Pierre de Vaux-Ceniay, c. Si. — Voyez auteurs ont évidemment confondu cette première
tome VIII, c. 98 & suiv. — Cette partie du récit expédition de Louis VIII avec la seconde, qu'il
de l'Anonyme ne se retrouve plus aujourd'hui entreprit en 1219, après la mort de Simon de
d.ins le poëme, peut-étie par suite d'une lacune. Montfort.]
[A. M.] ' Voyez tome VIII, ce. 99, 100. — [Guillenî de
'Guillaume le Breton, de Gesth Philippl-Au- Tudèle, vers ji 18 3 jijp.]
Ki'-'-ti, p. S7. — Albiric, Chronicon. — [Ces deux
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV, XXII. 463
« se contenta de brider les Toulousains par la destruction de toutes leurs for-
(( tifications; il ne conserva que le château Narbonnois, où il mit une bonne
« garnison 6c établit sa demeure. »
LXXXVIII. — Le prince Louis finît sa quarantaine à Toulouse.
Louis, pendant son séjour à Toulouse', demanda à Simon de Montfort
de lui procurer quelque portion des reliques de saint Vincent, martyr, qu'on
gardoit dans l'église de son nom à Castres. Simon, par le crédit qu'il avoit
auprès de Guillaume, abbé de Castres S; de ses religieux de qui cette église
dépendoit, obtint, en considération de l'utilité 6* de l'avancement qu'il
avoit procuré dans l'affaire de Jésus-Christ, une partie de la mâchoire du
saint, dont Louis fit présent à l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés. L'acte
authentique de cette donation est daté de Toulouse, dans la chapelle de la
milice du Temple. Les religieux de Castres, de leur côté, en dressèrent un
autre l'an I2i5, le dimanche dans l'octave de l'Ascension^. Le prince Louis
ayant fini à Toulouse sa quarantaine de service ou de pèlerinage, prit la
route de France avec toute sa suite. On assure^ qu'ayant raconté, à son
arrivée à la Cour, tout ce qui s'étoit passé durant son voyage, le roi, les
princes Se les principaux barons de France, qui entendirent son récit, furent
également indignés de la conduite que Simon de Montfort, & Gui, son
frère, tenoient envers le comte de Toulouse.
LXXXIX. — Le comte d'Armagnac fait hommage à Simon. — L'évêque
de Viviers investit ce dernier de divers domaines.
Simon accompagna Louis jusqu'à Montauban, Se reçut alors dans cette "*
ville, le 8 de juin de l'an i2i5, l'hommage de Géraud, comte de Fezensac 8<.
d'Armagnac, pour ces deux comtés, la vicomte de Fezensaguet, 8c le reste de
ses domaines, excepté les fiefs qu'il tenoit de l'église d'Auch. Géraud promit
en même temps de suivre Simon, Amauri, son fils. Se Gui, son frère, soit
dans la province d'Auch, soit dans les diocèses de Toulouse 8c d'Agen au delà
de la Garonne, 8c de marcher à son secours dans les guerres qu'il auroit en
■ Catel, Mémoires de l'histoire du Languedoc, l'église de Lnon une partie de la mâchoire de
p. 3i & suiv. — Mabillon, Acta Sanctorum ordinis saint Vincent (Catalogue, n. 104), [A, M.]
Sancti Benedicti, «aec. 4, part, i, p. 653 & seq. ' Voyez tome VIII, ce. 101, 102. — [Guillem
' L'acte de Simon de Montfort est daté du mois de Tudèle, vers 3140 à 3148; l'indignation du ror
ce juin, sans indication de jour; mais nous sa- & des barons français contre Simon de Montfort
vons que le 6 juin I2i5, il était à Toulouse; à a été imaginée à plaisir par le chroniqueur en
cette date, Hélie Rudel de Bergerac promit de lui prose, qui prête même à Philippe-Auguste des pa-
rendre, à sa première semonce, le château de rôles très-vives. Rien de tout cela ne se trouve
Montlézier (Catalogue, n. io3). Le même jour, à dans le poëme. [A. M.]
Montauban, Gui, évêque de Carcassonne, & Si- * JJf^istrum cuWae /"raBc/af. [Dom Vaissete avait
mon de Montfort informaient l'abbé de Saint- publié cette pièce sous le n. CXXI de ses Preuves;
Vincent de Laon, qu'à la prière du comte de Saint- nous l'avons revue sur l'original; cf. tome VIII,
Pol l'abbé d» Castres avait bien voulu donner à ce. 686, 687.] [A. M.J
An i2i5
2
•": ~ 464 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXII.
An iiij ~ '
Éd. orisin. t|ecà clc MontpclHer. Garsias, archevêque d'Auch, &. Gui, évêque de Car-
cassonne, furent presens a cet acte. On voit par la que bimon setoit assure
alors de la ville de Montaubanj ainsi il ne restoit plus aucune place au
comte Raimond.
Ce général, en prenant possession de Toulouse par lui-même, exigea' des
habitans trois mille marcs d'argent, dont il fit fabriquer de nouvelles espèces
l'année suivante. Il prit auparavant, par écrit, un état des ordonnances des
monnoiesde France, que le roi Philippe-Auguste lui fit délivrer par les maî-
tres de ses monnoies, & qu'il jura d'observer de point en point. Il passa
quelques jours à Toulouse à son retour de Montauban, & se rendit ensuite à
Carcassonne pour y voir le cardinal légat Pierre de Bénévent, qui étoit sur
son départ, pour se trouver k Rome au concile que le pape y avoit indiqué,
£\ qu'il accompagna jusqu'à l'abbaye de Saint-Antoine, en Viennois. II reçut
en fief, à son passage à LaurioP sur le Rhône, des mains de Burnon, évêque
de Viviers, tant pour lui que pour ses héritiers, le 4 du mois de juillet, le
cliâteau de Fanjeaux dans le pays de Largentière, en Vivarais, & la moitié
de tous les revenus de ce château, qui étaient tombés en commise par le délit
du comte de Toulouse. Burnon lui céda de plus la moitié du commun de paix
dans le diocèse de Viviers, « à condition, ajoute-t-il, parlant à Simon, que
(( vous vous chargerez d'obtenir un ordre du pape qui m'enjoigne de vous
« donner tous ces domaines. » Ce prélat se réserva la moitié des autres
revenus que le comte de Toulouse posscdoit dans Largentière. Ainsi cliacun
s'empressoit à l'envi de profiter des dépouilles de ce prince infortuné.
XC. — Origine des sénéchaussées de Beaucaire, de Carcassonne, ô-c-.
Montfort, après avoir pris congé du légat, se rendit à Beaucaire, où il
donna, le"* 12 de juillet, à la cathédrale d'Arles, deux cens sols raimondins
de rente annuelle, payable par son sénéchal de Beaucaire, pour la fondation
d'un anniversaire qu'on célébreroit tous les ans dans cette église le 18 de
juillet, tant pour Simon, son père, 81 ses autres ancêtres, que pour lui-même
après sa mort. Nous ignorons le nom de celui que Simon avoit établi pour
son sénéchal à Beaucaire; mais nous trouvons ici l'origine de cette séné-
chaussée : elle doit être rapportée au mois de janvier de cette année, lorsque
l'archevêque d'Arles inféoda^ la ville de Beaucaire 8t la terre d'Argence à
Simon, lequel y établit alors un officier, à qui il donna le nom de sénéchal
pour le gouvernement du pays qu'il avoit acquis aux environs du Rhône.
Simon avoit aussi déjà institué un semblable officier à Carcassonne, pour
l'administration des domaines qui avoient appartenu au vicomte Raimond-
Roger. Nous trouvons que Philippe Goloin se'^ qualifioit sénéchal de Carcas-
• Boisard, Traité des monnaies, p. SSy. < Tome VITI, Chartes, n. CXVIII, ce. 66i, 66ç.
' Pierre de Vaux-Cernay, c. 82. ' Voyez ci-dessus, même livre, ch. Lxxix, pp. 4J3
' Voyez tome VIII, Chartes, n. CXVII, ce. 665 & 454.
i 667. « Voyez tome VIII, Chartes, c. 673.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXII.
465
An 12 1 5
sonne en i2i5, & il est à présumer que Simon l'avoit nommé à cette dignité
dès l'an 1209'.
Simon faisoit gouverner aussi en i2i5, par un sénéchal, l'Agenois qu'il
avoit envahi sur le comte de Toulouse, comme il paroît par un acte^ de cette
année, suivant lequel Itier de Villeboe & Guiscard Cabrols, chevaliers du
pays d'Agenois, déclarèrent « à leur très-illustre ^ très-cher seigneur, Simon
« par la grâce de Dieu comte de Toulouse 6- de Leycestre, vicomte de Béjiers
« 6- de Carcassonne f &< duc de Narbonne, que pendant l'absence de son
« altesse, ils s'étoient rendus devant son maréchal, Pierre de Voisins, & Phi-
« lippe, sénéchal d'Agenois, 8c qu'ils leur avoient soumis leurs châteaux &
« leurs domaines, pour en disposera sa volonté; qu'ils leur en avoient fait
« hommage en son nom, &c. » Preuve qu'on donnoit à Simon de Montfort
la qualité de comte de Toulouse 8c de duc de Narbonne, quoiqu'il n'eût
encore que la simple régie des domaines du comte Raimond^.
XCI. — Simon s'applique au gouvernement de ses domaines, & fait raser
les murs de Toulouse, — Êvêques d'Agde.
Simon étoîf* à Béziers le 6 du mois d'août; il se rendit ensuite à Carcas-
sonne, où il termina, le 24 de ce mois, par la médiation de Thédise, évêque
d'Agde, 8c de quelques autres arbitres, un différend qu'il avoit avec Guil-
laume, abbé de La Grasse, touchant la mouvance de plusieurs châteaux
confisqués pour crime d'hérésie, sur divers chevaliers qui en avoient été
dépouillés^. Puis il parcourut le Toulousain 8c l'Agenois, pour réformer
' Voici rénumération des sénéchaux que Simon
de Montfort établit dans ses conquêtes. A Tou-
louse, un certain G. de Chameniaeo (acte de 1217;
Yoir notre Catalogue, n. 142 a)} dans l'Agenais,
Philippe de Voisins (voir plus bas); à Carcassonne,
le Philippe Goloyn que dom Vaissete vient d'in-
diquer; à Beaucaire, un autre chevalier dont le
nom nous est inconnu; dans le Rouergue, A', de
Bena, qui paraît dans une exemption de la pezade
accordée à diverses maisons religieuses du diocèse.
(Voyez notre Catalogue, n. 121, acte du 11 mars
121Û.) [A. M.]
' Voyez tome VIII, Chartes, n. CXVIII, c. 677.
' Rien ne prouve que cet acte soit antérieur au
concile de Latran, Simon de Montfort fut sei-
gneur d'Agen jusqu'en 1217. [A. M.]
' Voyez tome VIII, Chartes, n. CXVIII, ce. 668
8c 665.
' Trois actes furent rédigés le même jour à Car-
cassonne; dom Vaissete en avait publié deux,
que nous avons complétés, & nous y avons joint
le troisième (tome VIII, c. 677 8t suiv.). Voici
l'analyse de ces actes qui se rapportent aux diffé-
rends entre l'abbaye de La Grasse & plusieurs sei-
gneurs des environs, & qui ont une réelle impor-
tance pour l'histoire d'une partie du Carcasses à
cette époque :
1° Accord entre l'abbé de La Grasse & Simon de
Montfort (tome VIII, ce. 670 à 675); arbitres :
Thédise, évéque d'Agde, Isarn d'Aragon, archi-
diacre de Carcassonne, Guillem-Arnaud de Soupetz
& Pierre-Martin de Casteinau. Il s'agissait d'un
certain nombre de châteaux du Carcasses dont le
comte réclamait la propriété comme ayant droit
des chevaliers (faidits), qui les tenaient en gage de
l'abbaye. De son côté, l'abbé réclamait un grand
nombre de villages tenus en fief par des chevaliers
faidits & qui devaient par suite lui revenir. Parmi
ces châteaux en figurent plusieurs qui avaient
appartenu au vicomte de Carcassonne, d'après la
convention de 1 1 10, qu'on peut voir au tome V
(ce. 811 à 814). Les prétentions du comte furent
en majeure partie écartées; on ne lui concéda que
quelques menues redevances en nature dans cer-
tains des châteaux qu'il réclamait. Quant aux
châteaux tenus en fief de l'abbaye, on substitua
le comte aux chevaliers faidits, & il dut rendre
hommage à l'abbé. Cet accord ne se fit pas sans
que l'abbaye eût à financer; elle racheta les droits
d'engagiste, que Simon voulait exercer, moyennant
VI.
3o
An n
466 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXII.
divers abus qui s'étoient glissés clans ces pays'. En passant à Lavaur, le der-
nier d'août, il donna aux Templiers de Montredon le lieu de ce nom : il
trouva en arrivant à Toulouse qu'on avoit exécuté ses ordres, & que les
murailles de la ville étoient abattues pour la plus grande partie. Il reçut
t.1ii,°p'.''-J'75. à Condom, le iS de septembre, l'hommage d'Othon de Montant pour le
château de Gramont {De Acrimontey- : il apprit vers le même temps que
Bernard de Casenac, seigneur de Castelnau en Périgord , avoit surpris ce
château sur un chevalier François qu'il y avoit établi pour gouverneur, 5c en
avoit fait pendre toute la garnison. On vient de voir que Thédise, chanoine
de Gênes Si commissaire du pape dans la Province contre les hérétiques, 6<
pour les affaires du comte de Toulouse, étoit déjà évêque d'Agde au mois
d'août de l'an I2i5. Il avoit succédé depuis^ dans cet évêché à Raimond de
Montpellier, religieux de l'ordre de Cîteaux.
XCII. — Concile de Latran. — Vaines prétentions des archevêques de Tolède
pour la primatie sur la province de Narbonne,
Le concile de Latran se tint au temps marqué, c'est-à-dire au commence-
ment de novembre de l'an I2i5. Il s'y trouva'* douze cens prélats, tant arche-
vêques 8c évêques qu'abbés. La plupart de ceux de la Province y assistèrent,
entre autres Arnaud de Narbonne, Robert du Puy, Foulques de Toulouse &c
Thédise d'Agde. Si nous en croyons un monument qu'on nous donne comme
ancien , Arnaud étoit déjà arrivé à Rome lorsque Rodrigue ou Roderic
'Ximenès, archevêque de Tolède, fit ses efforts auprès du pape, au commence-
ment d'octobre de cette année, pour être maintenu dans la primatie qu'il
prétendoit sur les archevêques de Brague, de Compostelle, de Tarragone Se
de Narbonne. Pvodrigue, dit-on, plaida sa cause en plein consistoire, 8c
s'appuya sur diverses bulles qui lui accordoient cette primatie; mais elle
lui fut contestée par tous ces métropolitains, entre autres par celui de Nar-
(lix mille sous de Melgueil & cent muids de grains principalement de terres situées dans la partie
(froment &orge). Cette convention ne fut changée occidentale du Razés, sur les frontières du comté
que plus tard, du temps du roi saint Louis, & de Foix. La querelle avait toujours pour objet les
régla les rapports entre les officiers royaux & droits tenus par les anciens possesseurs, aujour-
l'abbaye jusque vers 1254. d'iiui faidits, & que leurs successeurs cherchaient
2° Accord entre la même abbaye & Alain de induement à faire augmenter, par exemple divers
Rouci, seigneur de Termes (ce. 6-ji à 677). Alain droits utiles à Cépie, à Malviès, à Besset, à La-
prétcndait tenir en toute propriété des droits uti- garde, &c. La décision fut analogue à celle que
les & des terres que l'abbé disait relever de son les mêmes arbitres avaient rendue touchant Alain
monastère. Les arbitres, qui étaient les mêmes que de Rouci j une partie des domaines fut enlerce
dans la charte précédente, partagèrent les objets au maréchal & donnée en fief à Simon de Mont-
en litige; seulement, comme Alain paraissait avoir fort. [A. M.]
mal agi à l'égard du couvent, une partie des do- ' Pierre de Vaux-Cernay, c. 82. — Rcgistrum
maines qu'il réclamait lui furent enlevés & don- curiae Franciae. [Catalogue, n. i 14.]
nés au comte de Montfort, qui les tint en fief de ' [Catalogue, n. i 1 5.j
l'abbaye. ' Voyez tome VII, Note XVII, n. 9, pp. 54
3° Accord entre ladite abbaye & le seigneur de & 55.
Lévis (tome VIII, ce. 677 à 680). Il s'agit ici ■" Concilia, t. 11, c. 118 & seq.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXII. 467
bonne, qui ne jugea pas à propos cependant de déduire ses raisons 8c se con-
tenta de refuser de répondre &. de déclarer le lendemain 9 d'octobre, dans le
même consistoire, qu'il n'avoit pas été cité. C'est ce qui est rapporté dans ce
monument qui paroît suspect à quelques auteurs ' graves. Quoi qu'il en soit,
on ne voit pas que les archevêques de Tolède aient fait depuis aucune ten-
tative pour assujettir à leur prétendue primatie^ la province de Narbonne
qui, d'ailleurs, n'est pas comprise dans la bulle que le pape Grégoire VII
donna en faveur de ces archevêques vers la fin du onzième siècle.
XCIII. — Êvêques du Puy. — Vicomtes de Pollgnac.
Robert^, évêque du Puy, qui assista au concile de Latran, étoit de la
maison de Mehun ; il avoit succédé, depuis la fin de l'an i2i3, à Bertrand,
qui accorda, en 121 1, avec son chapitre, un subside de deux cent cinquante
marcs d'argent au roi Philippe-Auguste. Ce prince, par reconnoissance, lui
donna & à ses successeurs, en augmentation de régale, le château d'Arson,
dont il le fit investir par son connétable'*. Pons IV, vicomte de Polignac, fit
hommage^ de cette vicomte, au mois d'août de l'an I2i3, au même Bertrand,
évêque du Puy, & à son église; il embrassa ensuite la vie monastique dans
l'ordre de Cîteaux. On assurei^ que cet hommage est le premier qui ait été
rendu par les vicomtes de Polignac, pour le château de ce nom, aux évêques
du Puy, 81 que Pons IV le fit volontairement par un mouvement de piété.
On se fonde : 1° Sur ce qu'on n'en trouve pas d'autre avant celui-là. 2° Sur
ce que ce vicomte oblige ses successeurs à en faire un semblable, sans parler
de ses prédécesseurs suivant l'usage. 3° Sur ce que dans les anciens dénom-
bremens des terres 8c des fiefs qui appartenoient à l'église du Puy, entre
autres dans la bulle du pape Alexandre III, de l'an 1 164, le château de Poli-
gnac n'y est pas compris. 4° Enfin sur ce que, dans le jugement rendu
en 1 171, par le roi Louis le Jeune, au sujet des différends qui s'étoient élevés
alors entre les évêques du Puy 8c les vicomtes de Polignac, il est marqué
seulement que les derniers tenoient en fief des autres les droits qu'ils avoient
dans la ville du Puy, savoir : une partie du péage, de la monnoie. Sec.
Pons IV laissa trois fils d'Alcinoïs de Montlaur, sa femme, savoir ; Pons V
qui lui succéda; Arnaud qui, en 1.237, prenoit le titre de vicomte de Poli-
gnac 8c de chanoine du Puy, 8c qui fut succes,sivement prévôt de cette église,
abbé de Brioude 8c évêque du Puy ; 8c Héracle.
Robert de Mehun n'étoit encore c[\xélu évêque du Puy lorsque le roi Phi-
lippe-Auguste, qui le qualifie son cousin, lui donna, en 12 14, 8c à ses succes-
seurs, les châteaux de Chalançon, Rochebaron, Chapteuil &c Glavenas avec
■ Ferreras, ad ann. izi/), n. ô. Auguste, n"' i385, |386; ces àeux actes sont de
' Voyez tome I, livre'VII, ch. IX, pp. 739, 740. juin 1212. [A. M.]
' Gallia Christiana., nov. éd. t. 1 , p. 708 & seq. '' Voyez tome VIII, Chartes, n. CVIII, c. 638.
— Chabron, Histoire mss. de la maison de Polignac. " Chabron, Histoire manuscrite de la maison de
* Cf. Delisle, Catalogue des actes de Philippe- Polignac-,
An 121 5
An izi5
468 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXII.
leurs dépendances, qui appartenoient au domaine royal, avec pouvoir à ce
prélat de les acquérir comme il pourroit'. Il eut pour concurrent Bouchard
t.^iti,°p.^27i3. tle Rochebaron, qu'une partie des chanoines avoit élu, mais qui ne put
obtenir la confirmation de son élection.
XCIV. — Saint Dominique fonde son ordre à Toulouse.
Foulques, évêque de Toulouse, amena ^ avec lui au concile de Latran
saint Dominique, pour le présenter au pape & solliciter en sa faveur la con-
firmation de l'ordre des frères prêcheurs que ce saint venoit de fonder depuis
peu à Toulouse. Dominique, après avoir établi, dès l'an 1207, sa principale
résidence dans le monastère de Prouiile qu'il avoit fondé, l'avoit gouverné
pendant les années suivantes en qualité de prieur, sans que cet emploi l'em-
pêchât de continuer sa mission contre les hérétiques. Il traita ces sectaires
avec douceur & charité, 8c sa conduite lui attira l'estime universelle de tout
le pays. Pierre Cellani 8c Thomas, citoyens de Toulouse, touchés entre autres
de sa sainteté, se rangèrent au nombre de ses disciples 8c lui donnèrent,
en I2i5, leurs maisons situées dans.cette ville, auprès du château Narbon-
nois ou du palais des comtes. Dominique s'y établit aussitôt avec six de ses
compagnons Se y jeta les fonderaens de son ordre. L'évêque Foulques favo-
risa de tout son pouvoir ce nouvel établissement 8c déclara par un acte^, daié
de l'an I2i5, régnant Philippe, roi de France, 6* le comte de Montfort tenant
la principauté de Toulouse, « que pour déraciner l'hérésie, extirper les vices
« enseigner la règle de la foi 8c instruire les peuples dans les bonnes mœurs,
« il avoit nommé pour prédicateurs dans son diocèse frère Dominique 8c ses
« associés, qui se sont proposé, ajoute-t-il, de marcher religieusement à pied,
« de vivre dans la pauvreté évangélique 8c de prêcher l'évangile de la vérité. »
Il disposa ensuite en leur faveur, du consentement de son chapitre, de la
' sixième partie des dîmes de tout son diocèse, laquelle étoit assignée pour l'or-
nement &c la fabrique des paroisses. Il donna aussi, vers le même temps "*,
du consentement de Jourdain, abbé de Saint-Sernin, 8c du prévôt de sa cathé-
drale, à frère Dominique, chanoine d'Osma, l'hôpital situé à la porte d'Arnaud-
Bernard, pour les besoins [ad opus) des dames converties de Prouiile, 8c des
frères qui avoient soin d'elles tant pour le spirituel que pour le temporel.
Foulques présenta frère Dominique ^ au pape 8c lui demanda la confirma-
tion de l'ordre des Prédicateurs qu'il venoit de fonder. Le pape répondit qu il
convenoit auparavant que Dominique retournât dans la Province pour avoir
'Cette charte est de mars iîi5 (1214, v. st.). ventuum PraeJieatoram , ap. Martène, Collectlo
Elle a été imprimée dans le Gallia Christiana, ampltssima, t. 6, — Percin, Monumenta conventus
pr. éd. t. 3, p. çr-î. — Cf. Delisle, Catalogue des Tholosani fratrum Praejicatorum,
actes de Philipi>c-Auguste, p. 849, n. i532. [A. M.] ' Quétif & Echard, SS. ord. Praedicatorum, t. 1
' Praeclara Francorum facinora, p. 121. — Tri- p. 12.
vet, Chronicon. — Vha S. Dominici, ap. Quétif & ■* Vcyez tome VIII, Chartes, n. CXVIII, c. 6^6.
Echard, SS. ord. Praedicatorum, t. r, p. 9 & seq. '' Quétif & Echard, SS. ord. Praedicatorum, t. 1,
— Bernardtis Guidonis, Historia fundationis con p. 12.
An i2i5
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XXII. 469
l'avis de ses frères, touchant la règle qu'il vouloit embrasser; il confirma
cependant en sa faveur, le 8 d'octobre, la fondation du monastère de Prouille'.
Saint Dominique étant revenu dans le pays 8c ayant assemblé ses associés à
Prouille, vers la fête de Pâques de l'an 1216, on choisit d'un commun accord
la règle de Saint-Augustin, à laquelle on ajouta des constitutions particu-
lières. Il retourna à Rome, vers la fin de septembre de la même année, 8c
obtint du pape Honoré III, successeur d'Innocent III, la confirmation de sa
règle, qu'il lui présenta à la fin de décembre. Le pape adressa la bulle de
confirmation au prieur de Saint-Romain de Toulouse £> à ses frères qui
avaient embrassé la vie religieuse ou qui la professoient^. L'évêque Foulques
avoit donné alors depuis peu, à saint Dominique, cette église de Saint-
Romain avec une autre dans Pamiers, 8c celle de Sainte-Marie de Lescure,
située entre Lavaur Se Puylaurens, toutes trois dans son diocèse, pour y
fonder autant de couvens; mais le saint ne s'établit que dans la première
dont il reçut la donation pendant l'été de l'an 1216. Saint Dominique y
fonda le premier couvent de son ordre, lequel fut d'abord habité par seize
religieux dont il fut le premier prieur. Les frères prêcheurs y demeurèrent
jusqu'en I233 qu'ils s'établirent dans le couvent qu'ils occupent aujourd'hui
à Toulouse, 8c qui porte le nom de Saint-Thomas d'Aquin, depuis qu'on y
a transféré les reliques de ce saint docteur. Quant à saint Dominique, il
vint rejoindre ses frères à Toulouse, après Pâques de l'an 1217, 8c les ayant
tous assemblés à Prouille, au mois d'août suivant, il envoya plusieurs d'entre
eux dans les différentes parties du monde chrétien, où ils fondèrent divers
couvens de leur institut. Il demeura lui-même dans le pays jusqu'à la fin de
l'année qu'il retourna en Italie. Il revint dans la Province vers le mois d'oc-
tobre de l'an 12 18, passa de là en Espagne 8c revint pour la dernière fois à
Toulouse l'année suivante. Il se rendit ensuite à Paris, 8c ayant fait un
nouveau voyage en Italie, il y mourut à Bologne de la mort des justes, le f%°"^l"-
6 d'août de l'an 1221, après avoir fondé de son vivant un grand nombre de
couvens de son ordre, entre autres ceux de Toulouse, de Montpellier 8c du
Puy. On en fonda dans la suite de l'un 8c de l'autre sexe dans la plupart des
villes du pays. Nous avons cru devoir ce petit détail à la mémoire d'un des
plus grands saints de l'Église, qui a honoré la Province de sa présence 8c y a
fondé son ordre, qui l'a éclairée de ses lumières 8c l'a édifiée par ses vertus
durant plusieurs années de suite.
XCV. — Le concile de Latran décerne diverses peines contre les hérétiques
albigeois.
On dressa divers canons au concile de Latran. Le premier contient l'expo-
sition^ de la foi catholique contre les erreurs des hérétiques du temps, savoir i
■ [Potthaït, n. 4997.] ' Coneilia, t. 1 i, c. 142 & seq.
' Cette bulle est du 22 décembre 1216; ef; Pot-
thast, n°' 5402, 5403. [A. M.]
An 121 5
470 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXII.
les manichéens ou albigeois & les vaudois. Le troisième leur dit anatliême,
& ordonne qu'après leur condamnation ils seront livrés aux puissances sécu-
lières pour être punis; que les biens des laïques seront confisqués,, Se ceux
des ecclésiastiques appliqués aux églises dont ils recevoient leurs rétributions;
qu'on excommuniera ceux qui seront seulement suspects, s'ils ne se purgent
canoniquement, Se qu'ils seront traités comme hérétiques s'ils demeurent un
an dans cet état. Ce canon ordonne de plus que les puissances séculières
soient tenues. Se qu'on les oblige même, s'il est nécessaire, par les censures
ecclésiastiques, de promettre par serment d'exterminer de tout leur pouvoir
tous les hérétiques dénoncés, avec ordre aux évêques d'excommunier les
princes qui négligeront l'exécution de cet article St de dénoncer au pape ceux
qui demeureront un an sans y obéir; afin, est-il dit, que le souverain pon-
tife déclare leurs vassaux déliés du serment de fidélité. Se qu'il expose leurs
terres au premier catholique qui voudra s'en saisir, lequel les possédera sans
contradiction après avoir purgé le pays d'hérétiques, sauf le droit du seigneur
principal. Un célèbre historien' moderne remarque « qu'il semble, à la
« vérité, que l'Église entreprend ici sur la puissance séculière; mais, ajoutc-t-il,
« il faut se souvenir qu'à ce concile assistoient les ambassadeurs de plusieurs
« souverains, qui consentirent à ces décrets au nom de leurs maîtres; » mais
la présence de ces ambassadeurs ne paroît pas dans les actes. Enfin le même
canon accorde à ceux qui se croiseront contre les hérétiques, l'indulgence
que gagnoient ceux qui alloient à la Terre-Sainte, S< excommunie les croyans
des hérétiques, leurs receleurs & leurs fauteurs; il les déclare tous excom-
muniés, infâmes St incapables de plein droit de tous les effets civils, s'ils ne
satisfont dans un an, après qu'ils auront été avertis par leur évêque, Sec. On
prescrit ensuite aux évêques la manière dont ils dévoient agir pour exter-
miner les hérétiques qui se trouveroient dans leurs diocèses, avec menace de
déposer ceux qui seroient négligens dans l'exécution de cet ordre.
XCVI. — Le comte de Toulouse i- son fils, avec les comtes de Foix 6- de
Comminges, vont au concile de Latran pour demander la restitution de
leurs domaines.
Outre ces canons, le concile fit, touchant les domaines de Raimond, comte
de Toulouse, un décret, qu'on ne trouve pas à la vérité dans les actes, mais
qui est rapporté ou dont il est parlé dans divers auteurs^. Ce prince, suivi
des comtes de Foix Se de Comminges, se rendit à Rome quelque temps
avant le concile; il fut suivi bientôt après de R.aimond, son fils, qui s'étoit
retiré à la cour du roi d'Angleterre Se qui fut obligé de se déguiser en mar-
chand pour n'être pas reconnu. Quant à Simon de Montfort, il crut que sa
présence étoit nécessaire dans le pays pour s'en conserver la possession, Se se
■ Fleuri, Histoire ecclésiastique, 1. 77, n. 47. niques, ce. 102, io3. — [Le poëme, au moins dans
' Pierre de Vaux-Cernay, c. 83. — Guillaume son état actuel, ne donne pas ces détails.]
de Puylaurens, c. 16. — Voyez tome VIII, Chro-
An
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XXII. 471
contenta d'envoyer au concile Gui, son frère, 8c quelques-uns de ses cheva-
liers pour y prendre soin de ses intérêts. Il pouvoit se reposer d'ailleurs sur
1 évêque de Toulouse & sur quelques autres prélats qui lui étoient entière-
ment dévoués.
Le roi d'Angleterre' pourvut à tous les frais du voyage du jeune comte
Raimond, son neveu, 6c lui donna des lettres de recommandation pour le
pape. Ce jeune prince, le comte de Toulouse, son père, 8c les comtes de Foix
8c de Comminges, ayant été introduits dans le concile, se prosternèrent
aux pieds du pape, qui les fit lever. Le jeune Raimond présenta alors au
pontife les lettres du roi d'Angleterre, 8c ils exposèrent ensuite, chacun en
particulier, les griefs qu'ils avoient tant contre Simon de Montfort que contre
le légat; ils se plaignirent surtout de ce que Simon, nonobstant l'absolution
que le légat leur avoit donnée 8c leur soumission aveugle à tous ses ordres,
avoit envahi sur eux tous leurs domaines. 1/un des cardinaux, ayant pris la
parole, confirma la vérité de ce récit, parla hautement en faveur de tous ces
princes Se fut appuyé par l'abbé de Saint-Thibéry. Foulques, évêque de Tou- uni^p^j-s
louse, supportant impatiemment cette apologie, se leva 8c dit : « Le comte de
« Foix ne peut disconvenir que son comté ne soit rempli d'hérétiques, car
« après que le château de Montségur a été pris 8c rase, on a fait brûler tous
(1 les habitans. De plus, sa sœur a fait mourir son mari pour l'amour des
0 l'.érétiques ; elle s'est réfugiée dans Ramiers, où elle a demeuré pendant
« quatre ans Se où, par son crédit, l'hérésie a pris de nouvelles forces. Enfin
« ce comte, joint à celui de Toulouse, a fait périr, au lieu de Montjoyre, plus
« de six mille croisés qui alloient au secours de Lavaur. »
Le comte de Foix répondit à tous ces reproches 8c déclara : 1° Qu'il n'étoit
pas maître du château de Montségur que le comte, son père, avoit donné en
mourant à sa sœur, 8c qu'ainsi s'il y avoit eu des hérétiques ce n'étoit pas sa
faute, mais celle de sa sœur dont il n'étoit pas responsable. 2° Quant à ceux
qui ont été tués à Montjoyre, ce n'étoit, dit-il, qu'une troupe de brigands
qui désoloient le pays. « Mais l'évêque de Toulouse est coupable lui-même
u d'avoir livré sa ville épiscopale au pillage 8c d'y avoir fait périr plus de dix
« mille habitans de concert avec le légat 8c Simon de Montfort. » Plusieurs
barons de la Province, qui étoient allés à Rome à la suite des comtes, se plai-
gnirent à leur tour du procédé de Simon : Raimond de Roquefeuil se récria
beaucoup entre autres sur la manière cruelle dont ce général avoit fait périr
le feu vicomte de Béziers, 8c désolé ses domaines, tandis que ce vicomte
n'étoit ni hérétique, ni fauteur des hérétiques. Les comtes de Toulouse, de
Foix 8c de Comminges, après avoir exposé leurs griefs en pleine assemblée,
se retirèrent pour attendre la réponse.
Gui de Montfort Se les autres envoyés de Simon furent aussi Introduits
dans le concile. Ils déclarèrent que si on rétablissoit les comtes dans leurs
domaines, personne ne pourroit plus à l'avenir prendre la défense Se les iuté-
' Voyez tome VIII, at supra.
~Z ~ 47 2 HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XXII.
An liia "'
rets de l'Église, & ils furent appuyés de la plupart des prélats. Le pape, après
les avoir entendus, fit chercher dans les registres 8t dit que, suivant ce qui
s'étoit passé, il ne pouvoit, sans se faire un tort infini, se dispenser de rendre
aux comtes les domaines qu'on leur avoit pris, parce qu'il trouvoit que le
comte de Toulouse S<. ses associés avoient toujours protesté qu'ils vouloient
obéir à l'Église. Cette proposition ne fut pas du goût du plus grand nombre
des prélats; ils en murmuroient hautement lorsque le chantre de l'église de
Lyon, ecclésiastique de mérite, ayant pris la parole, assura le pape que le
comte de Toulouse lui avoit toujours été obéissant. « Vous savez bien, dit-il,
« en s'adressant au saint père, que ce prince vous a remis sur-le-champ ou à
« votre légat ses places fortes; qu'il s'est croisé des premiers & qu'il a com-
(i battu pour l'Eglise au siège de Carcassonne contre le vicomte de Béziers,
« son propre neveu. Il a fait toutes ces choses pour vous donner des preuves
« d'une entière obéissance. Vous ne pouvez donc vous dispenser de lui rendre
« ses domaines sans vous couvrir d'une honte qui rejaillira sur toute l'Église;
« de sorte que dans la suite on ne voudra plus se fier à vous. Il paroît,
» ajoute-t-il, en se retournant vers l'évêque de Toulouse & lui adressant la
t. parole, que vous n'aimez ni ce prince, ni votre peuple, car vous avez allumé
» un si grand feu dans Toulouse que rien n'est capable de l'éteindre; vous y
» avez fait mourir plus de dix mille hommes, 8c vous y en ferez périr encore
» davantage en persévérant dans vos desseins. Vous avez par là décrié la cour
« de Rome. Est-il juste que pour satisfaire la passion d'un seul tant d'autres
« soient sacrifiés? »
L'auteur' qui rapporte ces circonstances témoigne que le pape, ébranlé
par les discours du chantre de Lyon, avoua qu'il avoit été surpris & que le
comte de Toulouse 8v ses confédérés lui avoient toujours été obéissans. Il
ajoute que l'archevêque de Narbonne parla ensuite en faveur de ce prince &
de ses associés. On sera moins surpris de voir ce prélat, qui avoit été le prin-
cipal moteur de la croisade contre les albigeois & qui avoit traité le comte de
Toulouse avec beaucoup de dureté, se rendre l'apologiste de ce prince, lors-
qu'on fera réflexion qu'il étoit alors extrêmement brouillé avec Simon de
Montfort à l'occasion du duché de Narbonne. Enfin Thédise (évêque d'Agde)
i!^ili^p!^l"g, combattit, dit-on, le discours de l'archevêque de Narbonne &. parla avec feu
en faveur de Simon de Montfort. Le pape, continue le même historien, après
avoir écouté ces différens discours, dit qu'il étoit vrai qu'on lui avoit fait de
grandes plaintes & contre son légat & contre Simon de Montfort; il parut
disposé^ à rendre au comte de Toulouse 8i à ses associés tous leurs domaines,
8i déclara que, supposé que ce prince fût coupable, il n'étoit pas juste du
moins que son fils portât la peine de ses fautes. Cet aveu du pontife excita
de grandes clameurs parmi les prélats attachés à Simon de Montfort, qui
entraînèrent la plupart des suffrages, & protestèrent hautement que si on
' Voyez tome VIII, ce. io8, 109. 'Voyez tome VIII, ut supra. — Albéric, Cliro-
nicon, ann. izi i.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXII. 470
vouloît ôter à ce général les pays qu'il avoit conquis, ils l'aideroient de toutes
leurs forces à les conserver envers tous Si contre tous. L'évêque d'Osma' dit
alors au pape : « Saint père, ne vous effrayez pas de toutes ces menaces j
<i l'évêque de Toulouse est un grand flatteur; mais, malgré ses intrigues, il
« ne pourra empêcher que le fils du comte Raimond ne recouvre ses domaines
« sur le comte de Montfort. Ce jeune prince trouvera de l'appui auprès des
« rois de France & d'Angleterre 81 de plusieurs autres princes dont il est
« parent. Si il saura bien soutenir son droit, quoique encore jeune. » Le pape
répondit : « Ne vous embarrassez pas du fils du comte de Toulouse, car si le
« comte de Montfort lui retient ses domaines, je lui en donnerai d'autres,
« fil, s'il est fidèle à Dieu 81 à l'Église, il ne manquera de rien*. »
XCVII. — Décret du concile touchant les domaines du comte de Toulouse,
Il adjuge le comté de ce nom à Simon de Montfort (y réserve le reste au
Jeune Raimond.
Tel est le récit que nous a laissé un ancien historien des débats qui s'éle-
vèrent dans le concile de Latran au sujet du comte de Toulouse : débats
qu'un auteur^ du temps, partisan zélé de Simon de Montfort, n'a pu dissi-
muler'*. « Il est vrai, dit cet auteur, que quelques-uns de ceux qui assistèrent
« au concile, même, ce qui est plus fâcheux, parmi les évêques, étant ennemis
« de l'affaire de la foi, travaillèrent pour le rétablissement des comtes de
« Toulouse 81 de Foix dans leurs domaines; mais le conseil d'Architopel ne
« prévalut pas. Si les méchans furent trompés dans leurs espérances; car le
« pape, avec l'approbation de la plus grande Si de la plus saine partie du
» concile, fit dresser un décret, suivant lequel il ordonna que la ville de
« Toulouse, Si toutes les autres qui avoient été conquises par les croisés,
« seroient cédées au comte de Montfort, qui avoit travaillé plus que personne
« dans cette affaire, Si que les domaines que le comte de Toulouse avoit
■ L'évèqued'Osma n'assista pas au concile (voyez suite du discours s'enclii.îne d'une manière assez
réditioii de M. Meyer, t. 2, p, 190, note). Guillem vraisemblable. On peut toutefois se demander
d« Tudèle porte : l'archevêque d'Obizin, qui est comment le poëte a connu tous ces détails. Il
unefaute du manuscrit. La correction paraît d'ail- est probable que cette première réunion, où les
leurs impossible à faire. [A. M.] princes méridionaux plaidèrent leur cause, ne
" Le poëte donne encore (vers 3574-3595) un fut pas, à proprement parler, une session du con-
dialogue assez long entre le pape & l'abbé de cile, mais une sorte de conférence préparatoire,
Beaulieu (Bewley, en Angleterre); ce dernier, en- à laquelle le continuateur anonyme de Guillem
voyé du roi d'Angleterre à la cour de Rome pour de Tudèle put assister. Les dispositions du pape
soutenir la cause de Jean-sans-Terre contre le paraissent d'ailleurs avoir été telles qu'il les in-
primat Etienne de Langton, essaye une dernière dique, & les actes officiels prouvent que depuis
fois de fléchir le pape, en faisant valoir la re- plusieurs années Innocent III voyait la croisade
commandation du roi d'Angleterre en faveur du albigeoise sous un jour moins favorable. On peut
jeune Raimond. [A. M.] même remarquer que, pendant les quelques mois
^ Pierre de Vaux-Cernay, c. 83. qu'il vécut encore après le concile de Latran, il
' La remarque de dom Vaissete ne manque pas eut avec Montfort des rapports moins fréquents &
de justesse, &, surtout dans la rédaction en vers, qu'il ne lui écrivit guère que pour réprimander ses
plus développée que la chronique en prose, la excès de zèle ou arrêter ses empiétements. [A. JM.J
An izi5
An i2ij
474
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXII.
1:J. orisin.
I. Jl], p :So.
« possédés en Provence seroient réservés, pour en faire part, en tout ou
« partie, au fils de ce comte, s'il se rendait digne par sa fidélité Se sa con-
« duite de recevoir une telle grâce. » Ce décret nous a été conservé en
entier, & il est conçu, au nom du pape Innocent 111, de la manière sui-
vante :
<( Tout l'univers' est informé des travaux que l'Église a entrepris, soit par
les prédicateurs, soit par les croisés, pour exterminer les hérétiques & les
routiers de la province de Narbonne & des pays voisins. Le succès a
répondu, par la grâce de Dieu, à nos soins; en sorte que les uns & les
autres étant chassés, le pays est maintenant gouverné dans la foi catho-
lique & la paix fraternelle. Mais comme ce nouveau plant a besoin d'être
arrosé, nous avons jugé à propos d'y pourvoir, après avoir consulté le con-
cile. Que Raimond, comte de Toulouse, qui a été trouvé coupable en ces
deux articles, & que plusieurs indices certains prouvent depuis longtemps
ne pouvoir gouverner le pays dans la foi, soit exclu pour jamais d'y exercer
sa domination, dont il n'a que trop fait sentir le poids, & qu'il demeure
dans un lieu convenable, hors du pays, pour y faire une digne pénitence
de ses péchés; cependant qu'il reçoive tous les ans quatre cents marcs d'ar-
gent pour son entretien, tant qu'il obéira humblement. Que sa femme,
sœur du feu roi d'Aragon, laquelle, suivant le témoignage de tout le
monde, est une dame de bonnes mœurs & catholique, jouisse entièrement
& paisiblement des terres qui lui ont été assignées pour son douaire, à
condition qu'elle les fera régir de telle sorte, suivant l'ordre de l'Église, que
l'affaire de la paix & de la toi n'en souffre aucun préjudice; autrement on
lui donnera un équivalent, selon qu'il plaira au siège apostolique. Que
tous les domaines que les croisés ont conquis sur les hérétiques, leurs
croyans, leurs fauteurs 8c receleurs, avec la ville de Montauban & celle de
Toulouse, qui est la plus gâtée par l'hérésie, soient donnés (sauf en tout
le droit des hommes catholiques, des femmes & des églises) au comte de
Montfort, homme courageux & catholique, qui a travaillé plus que tout
autre dans cette affaire, pour les tenir de ceux de qui il doit les tenir de
droit. Le reste du pays qui n'a pas été conquis par les croisés sera mis,
suivant le mandement de l'Église, à la garde de gens capables de main-
tenir & de défendre les intérêts de la paix 8c de la foi, afin d'en pourvoir
le fils unique du comte de Toulouse, après qu'il sera parvenu à un âge
légitime, s'il se montre tel qu'il mérite d'obtenir le tout ou seulement une
portion, ainsi qu'il sera plus convenable^. » Suivant cette disposition, Simon
de Montfort ne devoit dominer que sur les pays qui avoient été conquis par
les croisés, 8c, par conséquent, seulement depuis Béziers &c Carcassonne
jusque vers l'Océan, les Pyrénées 8c la Dordogne. Le reste des domaines du
■ D'Achéry, Sp'inleg'ium, t. 7, p. iio. — Concilia, l'archevêque Arnaud pour faire assigner au comte
t. 11, c. 234. — Trésor des chartes, Bulles contre de Toulouse un revenu de cent cinquante marc»
hi hérétlijues, n. i3. [Potthast, n. Soop.] sur le château de Eeaucaire. (Potthast, n. Soie.)
' Ver» le même temps, Innocent III écrivit à \[^_ jyj 1
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV, XXH, 475
comte de Toulouse devoit être rais en séquestre pour le fils de ce prince. Nous
ferons dans la suite usage de cette remarque, qui est importante. On voit de
plus que le concile de Latran, ou plutôt le pape qui étoit son organe, n'eut
aucun égard à la demande de Pierre-Bermond de Sauve, gendre du comte de
Toulouse, qui s'étoit rendu à Rome pour soutenir les droits de sa femme 8t
de leurs enfans à la succession de ce prince, à l'exclusion du jeune Raimond;
ainsi ce dernier fut reconnu pour légitime, malgré les objections de ce sei-
gneur, lequel mourut dans le cours de cette poursuite. Un moderne' pré-
tend que dans la réserve de la Provence que le concile de Latran fit par son
décret en faveur de Raimond le Jeune, il faut en excepter le pays Venaissin
que les papes possédoient alors, ajoute-t-il, 61 qui ne fut à Raimond que
quelques années après. Cet auteur se trompe : le pape ne possédoit alors du
comté Venaissin que quelques châteaux que le comte de Toulouse avoit remis
en 1109 au légat Milon pour la sûreté de ses promesses. Ce comté fut réservé
par conséquent au jeune Raimond, avec le reste du marquisat de Provence
& avec la partie orientale du duché de Narbonne.
XCVIII. — Décret touchant les comtes de Faix &• de Commmges.
On trouve une^ autre clause de ce décret, laquelle ne paroît pas dans les
éditions qui en ont été données. Elle regarde le comte de Foix & suit immé-
diatement l'article du comte de Toulouse dans une bulle que le pape Inno-
cent III adressa à tous les fidèles, le i5 de décembre de l'an I2i5, quinze
jours après la clôture du concile. « Quant à l'affaire du comte de Foix, est-il
(( marqué, on en informera plus amplement, & l'on décidera ce qui sera juste ;
« en sorte que le château de Foix, qui nous a été délivré, sera gardé suivant
« l'ordre de l'Église, jusqu'à ce que l'affaire soit terminée. Comme il pourra
« s'élever des doutes St. des difficultés sur cette matière, le tout sera rapporté
« au jugement du siège apostolique, de crainte que ce qui a été déjà exécuté
i( à grands frais ne vienne à ôtre anéanti par l'insolence ou la malice de
« quelqu'un. » Il y a lieu de croire que le concile ordonna la même chose
touchant le comte de CommingesS.
XCIX. — Départ du comte de Toulouse de Rome. — Le comte de Foix
obtient des commissaires pour la restitution de ses domaines.
Le comte de Toulouse, après avoir attendu la'* fin du concile, dans l'espé-
rance d'obtenir la justice qu'il demandoit, informé du décret dont on vient
de parler, fit prier Innocent de lui donner audience. Ce pape la lui accorda
& lui déclara qu'on ne pouvoit faire autre chose en sa faveur pour le présent
' LafaiUe, Annales de Toulouse, t. i, p. 121. Simon de Montfort, Pottliast, n. 5oi5. [A. M.]
' Voyez tone VIII, Chartes, n. CXIX, ce. 681, < Voyez tome VIII, c. 1 12. — [Giiillem de Tu-
C%i. — [Potthajt, n. 6009.] dèle, yers 35ij9-3654.]
' Lettre du même jour pour le même objet à
An 1
An I2i5
476 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXlI.
que ce qui avoit été statué. Il lui donna sa bénédiction Se lui dit en le con-
gédiant que Raimond, son fils, pouvoit encore demeurer quelque temps a
Rome. Le comte partit bientôt après avec une partie de sa suite, laissa 1 autre
à son fils Se s'avança jusqu'à Viterbe. _
Raimond-Roger, comte de Foix, demeura à Rome avec le jeune Raimond;
il obtint enfin, le 21 décembre, une bulle' que le pape adressa à l'evêque
de Nimes Se à Guillaume-Jourdain, archidiacre de Gonflent, dans 1 église
d'Elne. « Ayant envoyé, dit Innocent III dans cette bulle, Pierre, cardinal-
« diacre du titre de Sainte-Marie en Acquire, en qualité de légat du siège
« apostolique dans les pays de la Provence, pour régler les affaires du pays,
« le comte de Foix, afin d'obtenir l'absolution, lui a fait serment d obéir à
« nos ordres & lui a remis le château de Foix, que ce cardinal a fait garder
« pendant quelque temps par l'abbé de Saint-Thibéry, lequel devant quitter
nit'^'Sl. « le pavs, en a commis la garde à Simon, comte de Montfort, jusqu'après le
' ' « concile général. Durant ce concile, le comte de Foix &. les autres nobles
« du pays s'étant rendus auprès du siège apostolique, ce comte s'est plaint à
« nous de ce qu'après s'être soumis à nos ordres Se avoir fait serment d'ob-
« server la trêve, le comte de Montfort Se les siens l'ont dépouillé injuste-
ce ment de plusieurs châteaux Se villages, ajoutant que les croisés avoient
« envahi auparavant, encore plus injustement, la plus grande partie de ses
« domaines, dans lesquels il demandoit d'être rétabli, soit par justice, soit
« par grâce. Cependant, comme on a avancé en notre présence, tant en faveur
« de ce prince que contre lui, diverses choses qui ont besoin d'éclaircisse-
« ment, nous vous ordonnons d'en informer, dans l'espace de trois mois
« depuis la réception des présentes. Se de terminer cette affaire ou par accord
« ou par sentence, ou enfin de nous la renvoyer toute instruite, en assi-
« gnant aux parties un terme suffisant pour pouvoir comparoître devant
« nous. Vous tâcherez de découvrir néanmoins pour quelle cause ce comte a
« perdu ses domaines avant qu'il se fût soumis à l'Eglise, Se vous aurez soin
« de nous le faire savoir. Nous voulons, en attendant, qu'on remette le châ-
« teau de Foix à l'abbé de Saint-Thibéry, qui le gardera sous notre autorité
« pour le comte, auquel on le restituera quand nous l'ordonnerons. Car c'est
« notre intention, que nous voulons être connue de tous, qu'après que
« l'affaire sera terminée, on rende le château de Foix au comte; que cepen-
« dant le comte de Montfort Se les siens ne lui fassent point la guerre, ni àr
« Roger de Comminges, son neveu ; mais qu'ils vivent en paix Se en sûreté,
c( pourvu qu'ils se tiennent eux-mêmes en repos, suivant les statuts de la
« paix qui ont été dressés dans le pays. » Le comte de Foix, satisfait^ d'avoir
obtenu cette commission qui lui faisoit espérer une prompte restitution de
ses domaines, alla joindre le comte de Toulouse à Viterbe, Se se rendit avec
lui à Gênes, où ils attendirent le jeune comte Raimond. Il ne rentra pas
' Voyez tome VIII, Chartes, n. CXIX, ce. 682, dèle, vers 3655-36(56. Le poëte fait aller le comte
684. — [Potthast, n. 5014.] de Toulouse à Saint-Marc, c'est-à-dire à Venise,
' Voyez tome VIII, c. 112. — [Guillem de Tu- avant de retourner à Gènes.]
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXII. 477
cependant aussitôt qu'il le croyoit dans la possession de ses États, car l'archi-
diacre d'Elne, l'un de ses commissaires, étant venu à mourir peu de temps
après, l'affaire traîna en longueur, à cause qu'il fut obligé de demander' un
nouveau commissaire.
C. — Le jeune Raïmond part de Rome &• va Joindre à Gènes le comte
de Toulouse, son père.
Le jeune Raimond*, après avoir demeuré à Rome environ six semaines,
demanda enfin son audience de congé. Le pape le reçut favorablement, 8<.
l'ayant fait asseoir auprès de lui, lui dit, selon le témoignage d'un ancien
auteur : « Mon fils, écoutez-moi; si vous suivez les conseils que je m'en vais
« vous donner, vous ne manquerez jamais. Aimez Dieu sur toutes choses &
« a)ez soin de le servir. Ne prenez jamais le bien d'autrui; mais défendez le
« vôtre, si quelqu'un veut vous l'ôter. En vous conduisant ainsi vous ne
« manquerez pas de domaines, & afin que vous ne demeuriez pas sans terres
V 8c sans seigneuries, je vous donne le comté Venaissin avec toutes ses dépen-
« dances, la Provence & Beaucaire, pour pourvoir à votre entretien jusqu'à
« ce que l'Église se soit assemblée en concile : alors vous pourrez venir, 8t on
« vous fera raison sur vos demandes contre le comte de Montfort. » Le jeune
prince, ajoute cet auteur, après avoir témoigné sa reconnoissance au pape, lui
répondit : « Saint père, si je puis recouvrer mes domaines sur le comte de
« Montfort & sur ceux qui les détiennent, n'en soyez pas fâché. Quoi que
« vous fassiez, lui répliqua le pape. Dieu vous fasse la grâce de bien com-
« mencer S<. de mieux finir. » Le pape lui donna ensuite sa bénédiction, &
lui ayant remis les lettres par lesquelles il lui réservoit le comté Venaissin 8<
les autres pays, il le congédia. Ce jeune prince alla ensuite joindre à Gênes
le comte, son père, & s'étant embarqués ils arbordèrent ensemble" à Mar-
seille.
CL — Simon de Montfort prend possession du duché de Narhonne, malgré
l'archevêque qui l'excommunie. — Evêques de Bé-^iers.
Gui de Montfort 8c les autres^ députés que Simon avoit envoyés au concile
de Latran pour y soutenir ses intérêts, étant de retour de leur côté dans la
Province, les évêques 8< les barons du pays attachés à ce général s'assemblè-
rent 8c lui conseillèrent de se rendre incessamment à la Cour pour demander
au roi l'investiture des domaines que le concile lui avoit adjugés. Simon se
disposa en effet à partir; mais il voulut auparavant prendre possession du
duché de Narbonne, qu'il prétendoit faire partie de ses domaines, quoique
■ Voyez tome VIII, Chartes, n. CXIX, c. 684. lui de l'Anonyme. Il ne contient d'ailleurs aucun
' Voyez tome VIII, ce. 112, ii3. — [Giiillem fait de plus. [A. M.]
de Tudèle, vers Siôâ-SySy.] — Le récit du poète ' Pierre de Vaux-Cernay, c. 83.
est plus détaillé & surtout mieux composé que ce-
An
An i2iâ
«. m, p. aSj.
478 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXII,
An 121Û T/ "
Éd.origin. le concile n'en eût fait aucune mention. Dans cette vue il s'approcha de cette
ville; mais il rencontra de grandes difficultés de la part de larchevèque
Arnaud.
Ce prélat, à son retour de Rome', vers la fin de janvier de l'an 1216, fit
son entrée dans Narbonne en qualité de duc de cette ville. Il ordonna en
même temps au vicomte Aymeri de renoncer à l'hommage qu'il avoit rendu
à Simon de Montfort, protesta contre, le déclara nul, défendit au même
vicomte d'y avoir jamais aucun égard, &. publia qu'il étoit allé à Rome £<
qu'il en étoit revenu duc de Narbonne. Il ordonna ensuite aux habitans de
construire à leurs dépens deux châteaux, l'un dans le bourg & l'autre dans
la cité, 61 de relever les murs de la ville.
Montfort, informé de toutes ces choses, en interjeta appel au pape, le
3o de janvier. Il mit par cet acte sa personne, ses alliés, ses domaines & spé-
cialement la ville, le duché & tous les habitans de Narbonne & du diocèse
sous la protection de Dieu 8c du pape, 8c ajourna Arnaud à Rome, à la Pen-
tecôte. Ce prélat^ étoit à l'abbaye de Fontfroide lorsque Simon lui fit signi-
fier cet appel, la veille de la Purification. Il lui répondit de la manière
suivante : « Si le comte de Montfort entreprend d'usurper le duché de Nar-
« bonne ou quelque chose du duché, 8c s'il apporte le moindre obstacle
(i pour empêcher que les murs de la ville soient rétablis, je l'excommunie
« avec ses fauteurs 8c tous ceux qui lui prêteront secours Se conseil à ce
« sujet. 1) Arnaud 8c Simon étant ainsi extrêmement aigris l'un contre
l'autre, l'évêque élu de Béziers 8c l'archidiacre de Narbonne s'entremirent
pour les réconcilier 8c firent prier Simon, qui s'étoit rendu à Lésignan, de
ne pas entrer dans Narbonne, de s'abstenir de prendre possession du duché,
8c surtout de ne pas recevoir, en qualité de duc, l'albergue du vicomte, parce
que, s'il le faisoit, l'archevêque l'excommunieroit infailliblement. Le lende-
main , l'archevêque d'Embrun , l'évêque élu de Béziers 8c l'archidiacje de
Narbonne allèrent à Canet pour négocier avec Montfort, qui leur promit de
s'en rapportera leur jugement. Arnaud accepta de son côté leur médiation,
sauf les ordres du pape; mais il refusa de mettre l'affaire du duché en com-
promis, en sorte qu'il ne put convenir avec Simon des articles qui dévoient
être mis en arbitrage. Arnaud offrit aux trois médiateurs 8c aux évêques de
Maguelonne, de Lodève, de Toulouse, Comminges, Tarbes 8c Gap, qui
étoient présens, de satisfaire Montfort sur toutes ses demandes, soit devant le
pape ou ses délégués, soit devant des arbitres s'il le falloit; mais à condition
que ce général n'entreroit pas dans Narbonne, 8c qu'il n'entreprendroit rien
sur le duché, à moins qu'il ne voulût être excommunié sur-le-champ. Il fit
cette déclaration devant les agens de Simon. Alors l'évêque de Toulouse
appela au nom de Simon, dont il étoit zélé partisan, 8c Arnaud excommunia
de nouveau ce comte avec tous ses adhérens, s'ils usurpoient la moindre chose
■ Besse, Histoire des dues, marquis & comtes <fc ' Bîss-, Hhio'irc Acs Jua, marqit'is & comtes de
Narbonne, p. 463 & suiv. Narbonne, p. 566 & suiv.
An 1216
t. 111, p. 283.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXII. 479
du duché. L'archevêque envoya le lendemain 1 evêque de Nîmes & le pré-
centeur de Narbonne à Lésignan pour avertir Simon, de sa part, qu'il se
donnât bien de garde d'entrer dans Narbonne pour prendre possession du
duché; mais le comte ne fit aucun cas de cette défense, &, s'étant mis en
chemin le jour suivant, il se prépara à faire son entrée dans la ville. L'arche-
vêque envoya à sa rencontre l'évêque élu de Béziers & les archidiacres de
Carcassonne & de Pvazès, avec ordre de lui réitérer la même défense & de lui
déclarer, supposé qu'il voulût passer outre, qu'il lui feroit fermer les portes
de la ville Si qu'il l'excommunieroit.
Toutes ces menaces n'empêchèrent pas Montfort de se présenter devant
Narbonne. L'archevêque l'attendit à la porte du Bourg, laquelle est propre-
ment du domaine de l'évêché, & aussitôt qu'il le vit venir il voulut la faire
fermer; mais les gens d'armes de la langue françoise {linguae Gallicae) le
repoussèrent, &, ayant tiré leur épée, se jetèrent sur lui. Montfort entra ainsi
dans Narbonne, malgré l'archevêque, reçut l'albergue du vicomte 8<. fit arborer
son étendard sur la tour du palais vicomtal. Arnaud punit sur-le-champ
l'excessive ambition du comte, comme il s'exprime lui-même par un nouvel
anathème, 81 il le dénonça excommunié, en présence de son chapitre, de
tout le clergé 8c des plus notables de la ville. Il jeta en même temps l'in-
terdit sur toutes les églises de Narbonne, spécialement sur la chapelle du ^%\°'''
château, tant que Simon demeureroit dans la ville. Ce comte, si ardent à
poursuivre les excommuniés, même après qu'ils avoient reçu leur absolution,
lorsqu'il y trouvoit son intérêt, n'eut aucun égard à cette excommunication
8c"fit hardiment célébrer le service divin dans cette chapelle dont il fit sonner
les cloches, tandis que celles de toutes les autres églises de Narbonne gar-
doient exactement l'interdit. L'archevêque, outré de ce procédé, défendit aux
clercs de Simon de célébrer davantage l'office divin dans la chapelle inter-
dite; mais ils continuèrent toujours, même en présence de Simon qui, ayant
reçu une nouvelle défense de la part du prélat d'entrer dans la chapelle du
château & d'y faire célébrer l'office divin, méprisa cette monition 6c n'y
répondit que par des railleries. Enfin l'archevêque ne pouvant plus supporter
tant d'insultes, aggrava l'anathème 8c excommunia de nouveau Simon dans le
vestibule de son palais, en présence de l'archevêque d'Embrun, de plusieurs
évêques 8t du peuple, pour être entré, en dépit des censures, dans une cha-
pelle interdite, y avoir assisté à l'office divin 8c l'y avoir fait célébrer. Ces
divers anathèmes, au lieu d'intimider Montfort, ne firent que l'irriter de plus
en plus. La nuit suivante, les François qui étoient à sa suite jetèrent plu-
sieurs fois des pierres contre le palais épiscopal 8c s'emparèrent, durant son
séjour à Narbonne, de tous les étaux de la ville 8c de la leude qui apparte-
noient à l'archevêque.
Ces faits sont rapportés dans la plainte qu'Arnaud envoya quelque temps
après au pape contre les entreprises de Simon. Celui-ci, de son côté, écrivit'
■ Ecsse, Histoire des ducs, marquis & comtes de Narionne, p. 474.
~7 T 480 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXII. ;
An 1210^ \
de Narbonne, k 27 de février, à 1 evêque, au doyen & au chapitre d'Uzès |
pour leur déclarer qu'il avoit proposé à l'archevêque de Narbonne de s'en !
rapporter à leur jugement & à celui des autres évêques de la Province, j
ses suftragans, ou du chapitre de Narbonne, ou enfin de deux ou de plu- |
sieurs de leurs amis communs, ou bien de s'en remettre à la décision du
pape ou de son légat : « Offres, ajoute-t-il, que ce prélat a refusées & que i
H nous faisons encore ; c'est pourquoi , pour nous mettre à l'abri de ses j
« menaces, nous avons appelé il y a longtemps au Saint-Siège, & nous
« renouvelons notre appel. Nous vous supplions, en cas qu'il jette l'interdit :
0 sur nos domaines, de ne pas exécuter sa sentence} car nous avons mis \
« notre personne, nos vassaux, nos terres 61 nos chapelles sous la protection |
« du pape, & nous l'avons ajourné pour poursuivre l'appel à l'octave de la j
« Pentecôte. » Simon, ayant enfin quitté Narbonne Si étant retourné à Car-
cassonne, quelques personnes d'autorité l'engagèrent à écouter des propo- j
sitions d'accommodement. Il déclara alors publiquement, par un acte du \
5 mars, que voulant bien vivre avec l'archevêque de Narbonne, il avoit com-
promis des différends qu'il avoit avec lui, entre les mains de l'évêque de
Nimes Si du camérier de l'église de Béziers, avec promesse de s'en rapporter '.
à leur jugement, à peine de mille marcs d'argent, supposé que ce prélat
voulût se soumettre de son côté à un semblable dédit: mais ces arbitres ne :
. . i
purent les mettre d'accord; ainsi le pape prit connoissance de cette affaire. 1
Arnaud demanda' au pape la confirmation de la sentence d'excommuni-
cation qu'il avoit portée contre Simon. Ayant appris ensuite la mort d'Inno-
cent III, arrivée le 16 de juillet de cette année, il adressa un mémorial*, au
mois de septembre suivant, à Honoré III, son successeur, lui porta les mêmes
plaintes contre ce comte Si en ajouta de nouvelles. Il se plaignit, entre autres,
de ce que Simon lui avoit enlevé, vers la fête de Pâques, les châteaux de
Quillan Si de Fontes, sans vouloir les rendre, quoiqu'il en eût été requis; de 1
ce qu'il l'avoit aussi dépouillé des châteaux d'Argens Si de Saint-Marcel, de la ■
moitié de celui de Ventenac 61 d'une grande partie de ses revenus; de ce \
que ce comte s'étoit opposé à la construction des murs d'argile, dont il faisoit "
entourer par provision la ville de Narbonne pour la mettre à l'abri des incur-
sions des brigands, &l de ce qu'il les avoit fait détruire. Arnaud se plaignit !
enfin de plusieurs autres excès de Simon; il pria le pape de "confirmer la
sentence d'excommunication qu'il avoit rendue contre ce comte, 61 de lui
t5i'[r,°p'^2Si. o'''lo""e'' '^^ réparer les maux qu'il avoit causés à l'église de Narbonne, Si de ,
le laisser paisible possesseur du duché de cette ville.
Honoré écrivit en conséquence, le 7 de mars de l'an 1217, au cardinal
Bertrand, légat en Provence, en faveur de l'archevêque de Narbonne, « dont '
<; Simon de Montfort, dit-il, est vassal, Si à qui le bourg Si la moitié de la
« cité de Narbonne appartiennent, ou plutôt qui appartiennent à l'Église |
1
■ Besse, Histoire Jes ducs, marquis & comtes de ' Besse, Histoire des ducs, marjuls & comtes Je !
Narbonne, p. 469 81 suiy. Narbonne, p. 462 & siiiv. I
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXII. 481 '
« romaine, à cause de l'arclievêché, 8c l'autre moitié pounoit appartenir aussi
« k la même église, à cause du duché. « Il ordonne au légat de rétablir l'ar-
chevêque dans la possession des biens dont il avoit été dépouillé, de con-
firmer ou d'infirmer la sentence d'excommunication qu'il avoit rendue contre
Simon, suivant que la justice le demandera, &c enfin de terminer ce diffé-
rend ou de lui en renvoyer la décision, après avoir tait les informations
nécessaires. Nous ignorons la suite de cette affaire, dont le pape évoqua la
connoissance à son tribunal par un bref' du 23 octobre suivant. Mais on
ne voit pas qu'il l'ait jamais jugée; il est certain d'ailleurs que Simon con-
tinua d'agir comme duc de Narbonne, appuyé sans doute de l'autorité du roi,
qui reçut son hommage pour ce duché. En effet, les habitans de Narbonne
le reconnoissoient |)our leur seigneur lorsqu'ils lui promirent^, au commence-
ment de l'année suivante, de détruire à sa volonté les murailles de leur ville,
qu'il leur avoit permis de relever. Si de chasser du pays les routiers 81 ses
autres ennemis. Il paroît qu'Aymeri, vicomte de Narbonne, était alors dans
les intérêts de l'archevêque^, avec lequel il se réconcilia 8< i^artagea, en iiij,
le droit de battre monnoie, en réparation des dommages qu'il lui avoit
causés &t en reconnoissance de ce que ce prélat lui avoit bien voulu rendre
son amitié, à condition que la monnoie seroit fabriquée au nom de l'un 8t de
l'autre, Se qu'ils en partageroient le profit. Aymeri consentit de plus que les
criées se fissent dans Narbonne au nom de l'archevêque, qui seroit nommé le
premier, Si au sien.
Au reste, l'évêque élu de Béziers, dont il est parlé dans les actes des diffé-
rends qui survinrent entre l'archevêque Arnaud 8c Simon de Montfort, tou-
chant le duché de Narbonne, se nommoif* Bernard de Cuxac. Il avoit succédé,
dès l'an 1214, à Bertrand de Saint-Gervais, qui n'avoit été qu'environ un an
en place. Bernard de Béziers, l'un des vassaux de l'évêché, renonça en faveur
de ce dernier au droit qu'il prétendoit avoir sur le cheval, la chape Si les
ornemens épiscopaux de l'évêque, lorsque ce prélat entroit pour la première
fois dans son palais épiscopal-"'. Nous ignorons la raison pour laquelle Bernard
de Cuxac fut si longtemps sans se faire sacrer.
Cil. — Simon de Montjbrt prend une nouvelle possession du comté de Toulouse
(S- tâche de se conserver la possession de cette ville,
Simon de Montforf^, après avoir pris possession du duché de Narbonne,
malgré les oppositions de l'archevêque Arnaud, se rendit à Toulouse. Aussitôt
après son arrivée, il convoqua dans le château Narbonnois, le 7 de mars de
' Mss. Je Balu\e, n, 065. tome IV, p. 720, note. Il est du i" janvier 1214
' Biiluze, Concilia Provinciae Narionensis, app. (11. st.), & n'est pas donné en faveur de l'évêque
n. XI. Bernard, mais de son prédécesseur Bertrand, qu'il
' Besse, Hiitoire des dua, marijuîs & comtes Je qualifie de nouvellement consacré. [A. M.]
Narkonne, p. 369. ° Guillaume de Puylaurens, c. 26 & stiiv. —
^ Gdllia Christian^, nov. éd. t. (i. Lafaille, Annales Je Toulouse, t. 1, Preuves,
S Cet «cte est public dan? la présente édition, p. 12.^.
An 1 2i6
An < 2 1 6
482 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXII.
Tan 12 16, tous les habitans de la ville & du faubourg, qui lui firent hom-
mage & lui prêtèrent serment de fidélité, de même qu'à Amauri, son fils, qui
étoit présent. Ces peuples les reconnurent tous deux &i leurs successeurs pour
leurs seigneurs, & les notaires datèrent, depuis, leurs actes, Simon étant
comte de Toulouse. Le lendemain mardi 8 de mars, le nouveau comte ayant
convoqué les consuls., le commun concile & le peuple de Toulouse, il leur
rit à son tour le serment suivant, en présence du vénérable 6- très-saint père
Bernard, archevêque d'Embrun, des vénérables pères les évêques de Toulouse,
de Lectoure, de Gap, de Bigorre (ou de Tarbes) & de Comminges, 81 de
pAisieurs autres personnes déconsidération. « Je, Simon de Montfort, par la
« grâce de Dieu duc de Narbonne, comte de Toulouse 81 de Leycestre,
« vicomte de Béziers 8c de Carcassonne, je jure de bonne foi, S<. je promets
« que je serai bon seigneur 8c fidèle, à l'honneur de Dieu 8c de la sainte
« Église, envers tous les hommes 8c toutes les temmes de Toulouse &c du
« faubourg; 8c je conservciai de bonne toi 8c défendrai l'église de Toulouse
K 8c tous les citoyens, dans leurs personnes Se dans leurs biens, sauf la justice
« en toutes choses : 8c si je manque en qvielques-uns de ces articles, je me
« corrigerai après en avoir été averti 8c avoir connu la vérité par le conseil
« des prud'hommes, pour ne pas encourir le crime de parjure, ce qu'à Dieu
« ne plaise. » Amaury, son fils, prêta le même serment. Il rit ensuite raser
, 'in"'*^"' entièrement les murs de, la cité 8c du bourg de Toulouse, aplanir les fossés,
abattre toutes les tours des maisons, qui étoient en grand nombre, Se enlever
toutes les chaînes des rues pour ôter toute occasion de révoltes; il fit fortifier,
dans la même vue, le château Narbonnois, Se retirer la terre dont il étoit
xempli jusqu'au faîte. Il fit ouvrir en même temps une porte du côté du
levant pour entrer 8c sortir à l'insu des habitans 8c malgré eux; il fit de plus
creuser un large fossé entre ce château 8c la ville, 8c l'entoura de fortes palis-
sades.
On croit que le château Narbonnois' de Toulouse, qui servoit de palais
aux comtes Se de citadelle à la ville, avoit été bâti par les Romains, La raison
qu'on en donne, c'est : 1° Que sa structure étoit romaine; ce qui paroissoit
plus particulièrement au frontispice, bâti de gros quartiers de pierre de taille,
cramponés avec des lames de fer Se de plomb. 2° Parce qu'on en tira, au
commencement du dernier siècle, diverses statues romaines parfaitement
belles. Ce château avoit quatre portes, deux au midi Se deux au septentrion,
Se étoit flanqué de deux grosses tours couvertes en plate-forme. Il fut détruit
au milieu du seizième siècle. Le parlement y fut établi dès son origine, &c
il occupe encore aujourd'hui son emplacement.
' Catsl, Mémoires de l'histoire du Languedoc, p. : i / & suiv.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXII. 488
cm. — Simon va à la cour du roi Philippe-Auguste, qui reçoit son hommage
pour le duché de Narhonne, le comté de Toulouse, &c.
Montfort, après avoir pris toutes' ses sûretés, permit aux douze consuls de
Toulouse, qui étoient en otage à Arles, de revenir chez eux; il nomma un
sénéchal pour exercer la justice & gouverner la ville de Toulouse en son
nom. Nous trouvons, en etfet, un G. de Chameniac, sénéchal de Toulouse
pour ce comte, dans un acte de l'abbaye de Boulbonne, du 21 de mai de
l'an 12 17. Il se mit bientôt après en chemin pour la Cour, 8c fut reçu^ par-
tout avec des honneurs infinis. On alloit au-devant de lui en procession, 8<.
on s'estimoit heureux de pouvoir toucher le bord de sesvêtemens. En passant
à Chartres il y confirma-*, au mois d'avril, une fondation qu'Amicie, comtesse
de Leycestre, sa mère, avoir fait en 1206, dans la cathédrale de cette ville.
I,e roi Philippe-Auguste lui fit un accueil très-favorable 8c lui donna l'in-
vestiture qu'il demandoit, par un acte"* conçu en ces termes : « Au nom de
<( la sainte 8c indivisible Trinité. Philippe, par la grâce de Dieu roi des
« François, sachent tous présens 8c à venir, que nous avons reçu notre cher
« vassal, Simon de Montfort, pour notre homme lige, pour les fiefs 8c terres
« qui ont été conquis sur les hérétiques 8c ennemis de Jésus-Christ, dans le
« ciuché de Narbonne, le comté de Toulouse 8c la vicomte de Béziers 8c de
a Carcassonne j dans les fiefs que Raimond, autrefois comte de Toulouse,
i( tenoit de nous, 8c pour les terres qui soiit de notre fief; sauf le droit
u d'autrui 8c celui de nos vassaux. Donné au pont de l'Arche, l'année 1216,
(( la trente-septième de notre règne. »
Quelques jours après, Philippe accorda en faveur de Montfort un autre
diplôme dont voici la teneur : « Philippe, par la grâce de Dieu roi des
Il François, à tous ses amis, vassaux 8c autres, auxquels les présentes par-
« viendront ; salut 8c dilection. Sachez que nous avons reçu pour notre
<i homme lige, notre cher 8c féal Simon, comte de Montfort, pour le duché
« de Narbonne, le comté de Toulouse, les vicomtes de Béziers 8; de Carcas-
<( sonne, savoir : pour les fiefs 8c terres que Raimond, autrefois comte de
<i Toulouse, tenoit de nous, 8c qui ont été acquis sur les hérétiques Se les
« ennemis de l'Église de Jésus-Christ; sauf le droit d'autrui 8c celui de nos
« vassaux, pourvu qu'ils professent la foi chrétienne; c'est pourquoi nous
« vous défendons expressément de vous mêler de nos fiefs ou de les saisir,
'( sinon en faveur dudit Simon, auquel vous donnerez aide 8c conseil lorsque
i( vous en serez requis par lui. Fait à Melun, le 10 d'avril de l'an 1216. »
C'est ainsi que Raimond VI, comte de Toulouse, fut dépouillé de tous ses
États, 8c que ce prince, le plus grand terrien qui fût alors dans le royaume,
' Gjjillaume de Puylaurens, c. 26 & suiv. 685. [Sur les différentes rédactions de cet acte
» Pierre de Vaux-Cernay, c. 83. important, qui fut donné entre le lo & le 3o
' DAchéry, Spicilegium, t. i3, p. 333. avril 1216, cf. Delisl:;, Catalogue, n"' i6jç-|fi(5i,
♦Voyez tome VIII, Chartes, n, CXX , ce. 684, p. "ÎJi-l
An I 2 1 f)
— : T 484 flISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIL
sans en excepter le roi même, se vit enfin réduit à ne posséder plus un pouce
de terre} sans que les liens du sang qui rattachaient à presque tous les sou^
verains de l'Europe, fussent capables de le mettre à l'abri des entreprises de
ceux qui en vouloient plus à ses domaines qu'à sa cro)ance. Philippe-Au-
guste, roi de France, son cousin germain & son principal souverain, auroit
dû naturellement prendre sa défense, surtout depuis que Raimond, ayant
reçu l'absolution, étoit réputé catholique; mais le roi, soit par foiblesse, soit
Êdorigin pa,- mécontentement, l'abandonna entièrement à la merci de ses ennemis,
I. lit, p. 2^'). I *
Jean, roi d'Angleterre, son beau-frère, se déclara à la vérité hautement en sa
faveur; mais il avoit de si grandes affaires sur les bras que sa protection lui
fut absolument inutile. Le roi d'Aragon, son neveu par alliance, étoit encore
en enfance. Se ses sujets venoient d'être tellement bridés par les précautions
du légat, qu'ils n'osèrent remuer. Frédéric, empereur 8<. roi de Sicile, autre
beau-frère de Raimond, avoit trop d'obligation au pape pour se mêler dans
la querelle de ce prince. Enfin Sanche, roi de Navarre, son gendre, depuis
qu'il avoit répudié sa fille, étoit brouillé avec lui ; & Henri, roi de Castille,
aussi son neveu par alliance, étoit trop jeune & trop éloigné pour le secourir.
Raimond fut donc forcé, malgré lui, de subir la sentence du concile de
Latran, qui, sans en avoir l'autorité, le privoit de tous ses Etats, & de souf-
frir que le roi en investît un étranger, sans avoir été entendu £< sans qu'on
lui eût fait son procès, comme il convenoit à un des premiers pairs du
royaume. La faute qu'il fit d'abord de ne pas s'élever contre les iiérétiques
qui infectoient la Province, S<. le peu de ménagement qu'il eut pour le
clergé, furent la source de ses disgrâces; mais rien ne lui fut plus désavan-
tageux que d'avoir en tête un aussi grand capitaine que Simon de Montfort,
qui, cachant une ambition excessive sous une apparence de piété, le poussa
à bout, 6c qui, cherchant beaucoup moins à le rendre bon catholique qu'à
se revêtir de ses dépouilles, le traita sans miséricorde. Aussi Simon, par un
secret jugement de Dieu, ne jouit pas longtemps du fruit de ses conquêtes;
il les perdit avec la vie presque aussi rapidement qu'il ks avoit faites, en
sorte que Raimond Se le comte, son fils, recouvrèrent enfin le patrimoine 'de
leurs ancêtres.
A%^%A%^%A%^%A^^%A^j^%^%^%A^fA9jA%^%A^
LIVRE VINGT-TROISIEME
I. — Une parue de la Provence se déclare en faveur du comte de Toulouse
6- de son fils.
RAIMOND VI, comte de Toulouse, & le jeune comte Raimond , son liJ-origm.
fils, n'eurent pas plutôt débarqué à Marseille qu'ils songèrent à recou-
vrer les domaines dont ils avoient été dépouillés. Comme le décret di. \a 1216
concile de L/atran n'avoit adjugé à Simon de Montfort que les conquêtes faites
par les croisés, lesquelles s'étendoicnt seulement depuis le diocèse de Béziers
jusque vers la Gascogne; que les villes de Beaucaire, de Nimes St les autres
domaines de la maison de Toulouse, situés aux environs du Rhône, bien loin
d'être compris dans le décret, étoient réservés nommément au jeune Rai-
mond, 8c que par conséquent Simon n'avoit aucun droit, même apparent, sur
ces dernières places, dont il s'étoit emparé; les deux comtes de Toulouse réso-
lurent de commencer par là.
L'accueil que leur firent les' Marseillois les encouragea beaucoup; & ces
peuples, qui se donnèrent entièrement à eux, promirent de les secourir de
toutes leurs forces. Quelques jours après les habitans d'Avifiinon leur envoyé- l'j.oiigin.
. ^ ' ' ^ . ^.. . .•' I III. n.2S.v
rent une dépuration solennelle pour leur faire les mêmes oHres & les inviter
à venir prendre possession de leur ville. Raimond VI & le comte, son fils,
profitèrent d'une conjoncture si favorable; s'étant rendus à Avignon, tout le
peuple accourut en foule au-devant d'eux & les reçut avec les plus grandes
démonstrations de joie. Arnaud d'Anguyers*, l'un des principaux, les haran-
gua à la porte de la ville, au nom des habitans, Se ils furent ensuite intro-
' Voyez tome VIII, c. i i3 & suiv. [Gnillem de ' [Corn'^fj Arnaud Aiidegier. Cf. le poëme, vers
TuaèU,vers3738-3783.] — Pierre de Vaux-Cernay, SySi.]
c. 83. — Guillaume de Piiylaurens, c, 17 8t suiv.
III, p.2Sij.
An 1216
486 HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIII.
duits clans Avignon aux cris redoublés de Fire Toulouse, le comte Ra'imond
6- son fils ! que le peuple taisoit retentir de toutes parts. Le comte de Tou-
louse, après avoir reçu l'hommage & le serment de fidélité des Avignonois &
donné ses ordres, s'assura de Tarascon, qui lui fit les mêmes promesses. Il
retourna ensuite à Marseille Se laissa son fils à Avignon, où plusieurs sei-
gneurs du pays vinrent joindre ce jeune prince 8<. lui offrirent à l'envi de le
servir pour l'aider à rentrer dans le patrimoine de ses ancêtres. Raimond VI
étant revenu quelque temps après à Avignon, y assembla son conseil, auquel
les principaux de la ville furent admis. On y résolut de reprendre les places
que ce prince avoit perdues & de déclarer la guerre à tous ceux qui les déte-
noient, nommément à Simon de Montfort. On conclut aussi qu'avant que
de se mettre en campagne, le jeune Raimond iroit prendre possession du
comté Venaissin 8c y établiroit de bonnes garnisons. Ce jeune prince partit
aussitôt à la tête d'un corps de troupes, 8c fut parfaitement bien reçu par tous
les peuples, qui lui firent hommage Se lui prêtèrent serment de fidélité, 8c
après avoir pourvu à la sûreté du pays, il rejoignit le comte, son père, à Avi-
gnon. Ce dernier, qui avoit appelé ses vassaux 8c ses alliés à son secours, fut
joint bientôt après par Raimbaud de Calm, Raimond Pelet, Lambert de
Monteil, Bertrand Porcellet, Raimond de Montauban, Pons de Montdragon
8c plusieurs autres seigneurs de distinction , qui , joints aux communes
d'Orange, de Courtheson, de Marseille, d'Avignon 8c des autres villes de
Provence 8c du comté Venaissin, que le jeune comte avoit rassemblés, for-
mèrent un corps considérable'.
IL — Le comte de Toulouse assemble une armée à Avignon, en confie
le commandement à son fils, i- part pour V Aragon.
Raimond VI confia le commandement de ce corps au jeune comte, son fils,
à qui il donna pour conseil les principaux barons du pays 5 il partit ensuite
pour l'Aragon^, dans le dessein d'y lever d'autres troupes pour s'en servira
assiéger la ville de Toulouse, dont les habitans, las de la domination de Simon
de Montfort, ne souhaitoient rien tant que de se remettre sous la sienne;
ainsi tout conspiroit en sa faveur, 8c il avoit lieu d'espérer de reprendre
bientôt toutes les conquêtes des croisés. Un ancien historien ^ admire, à cette
occasion, la profondeur des jugemens de Dieu. « Tant que les croisés, dit cet
' Ici dom Vaissete a commis plusieurs erreurs en les villes de Marseille, Tarascon, Lisle & Pierre-
suivant l'Anonyme de trop près (voyez tome VIII, latte. Gui de Cavaillon, Adémar de Poitiers, El-
c. I 16) ; ce dernier, ayant mal compris le passage zéar d'Uzès, Mondragon, Bertrand Porcellet, Pons
de Guillem de Tudéle, a confondu les amis & les de Saint-Just, &c. (vers 3846-3867). Sur tous ces
ennemis des comtes de Toulouse. Parmi ces der- personnages, conférez l'édition de M. Meyer,
niers, le poëie nomme le prince de Baux, R. Pelet, t. 2, pp. 204-208. [A. M.J
les habitants de Nimes , Orange & Courtheson, ' [Guillem de Tudèle, vers 3867-3912) sépara-
Raimbaud de La Calm, Jean de Semic le Bon, tion des deux comtes; recommandations de Rai-
Lambert de Montélimart & Lambert de Limoux. mond le Vieux à son fils.]
Les alliés des deux Raimond, au contraire, sont ' Guillaume de Puyiaurens, c. 27.
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIII. 487
' ' An 121Û
I' auteur, ne combattirent que pour le rétablissement de la foi catholique Se
'I pour l'extirpation de l'hérésie, ils réussirent partout; mais dès que le comte
« Simon, personnage digne de toute louange, eut achevé la conquête du
" pays & qu'il l'eut partagé à ses barons 8t à ses chevaliers, ils commençoient
« à peine à en jouir; que, se gouvernant par une autre fin pour laquelle ils
« l'avoient acquis, ils cherchèrent leurs propres intérêts plutôt que ceux de
« Jésus-Christ, lâchèrent la bride à la cupidité 8c à leurs désirs déréglés, attri-
« huèrent la victoire à leurs propres forces & non à Dieu, 8c ne se donnèrent
« presque aucun soin de rechercher ou de punir les hérétiques, c'est pour-
« ((uoi le Seigneur leur fit boire le calice de sa colère, comme il paroîtra par
« la suite. » On peut ajouter à cette réflexion que l'affaire de la croisade
contre les albigeois, ayant été terminée en quelque manière au concile de
Latran, Simon ne reçut plus depuis ces nombreux secours des croisés qui
lui venoient auparavant de toutes parts. Se qui, excités par un zèle de reli-
gion, s'exposoient aux plus grands périls. Il fut donc obligé, pour se main-
tenir dans la possession des domaines qu'il avoit envahis, de se servir de sti-
pendiaires St de soldats mercenaires qui, n'étant pas animés du même esprit,
ne combattirent pas avec la même ardeur". D'ailleurs, les anciens sujets du
comte de Toulouse, indignés de la manière dont ce prince avoit été traité,
mais surtout de voir que son fils, qui n'étoit pas coupable, avoit été privé du
patrimoine de ses ancêtres pour en revêtir un étranger, qui usoit d'une
extrême dureté à leur égard, firent à l'envi tous les efforts imaginables pour
secouer le joug de la domination de la maison de Montfort, &i pour se t. iii,°p'/"s.j.
remettre sous l'autorité de leurs anciens seigneurs.
III. — Beauca'ire se soumet au jeune comte Raimond, qui j'alt le siège
du château.
Le jeune Raimond étoit prêt à passer le Rhône à Avignon, à la tête de son
armée, lorsque les habitans de Beaucaire l'invitèrent à se rendre dans leur
ville, avec offre de la lui livrer, nonobstant la garnison que Simon de Mont-
fort avoit mise dans le château. Ce prince se mit en marche trois jours après
81 entra dans Beaucaire, aux acclamations du peuple qui lui prêta serment de
fidélité. Il reçut dans cette ville de nouveaux renforts qui lui vinrent du côté
de Tarascon, St se mit en état d'assiéger le château de Beaucaire, place très-
' Il ne faudrait pas croire, quoi qu'«n dise ici force des Montfort, ce fut le petit noyau de clie-
dom Vaissete, que les comtes de Montfort aient valiers & d'hommes d'armes français qu'ils avaient
jamais tiré grand service des bandes mal discipli- amenés avec eux dt leur pays natal. C'est avec cette
nées, que leur envoyaient chaque année les pré- troupe, siire & aguerrie, que Simon écrasa les
dications des légats. Il est certain, en effet, que chevaliers aragonais & catalans, & les alliés de
des soldats improvisés, venant faire un service de Raimond VI. Tant qu'il eut de l'argent &. des
quarante jours dans le Midi, sans chefs militaires, terres pour solder ces mercenaires, il fut le maître
tans discipline, ne devaient pas être d'une grande du Midi. Le jour où ces deux choses lui manque-
utilité dans des affaires comine les batailles de rent, il perdit la partie inégale qu'il avait si cou-
Muret ou de Castelnaudary. Ce qui fit toujours lu rageusement disputée pendant neuf ans, [A. M.J
An 1216
488 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIII.
forte & très-bien munie, située sur les bords du Rhône, dont Simon de Mont-
fort avoit confié le gouvernement à Lambert de Limoux, brave chevalier, son
sénéchal dans le pays. Lambert n'attendit pas les premières attaques; il iit
aussitôt une sortie à la tête d'une partie de sa garnison ; mais les troupes du
comte, aidées des habitans de Beaucaire, l'obligèrent à rentrer avec précipi-
tation dans le château, St lui tuèrent bien du monde. Le jeune comte
attaqua la place par terre 8c par eau du côté du Rhône, après avoir entouré
son camp de retranchemens 8c de fortes barrières. 11 tenta ensuite l'assaut,
tandis que ses soldats ayant ramassé une grande quantité de bois autour des
portes du château s'efforçoient de les brûler. Le gouverneur, se voyant extrê-
mement pressé &c n'ayant aucune espérance de secours, demanda alors à capi-
tuler Se offrit de remettre la place, pourvu qu'on lui accordât la vie sauve 8c
à toute la garnison. Le comte, du conseil de ses barons, rejeta sa demande 8c
ne voulut le recevoir qu'à discrétion. Sur cette réponse, le gouverneur résolut
de se défendre jusqu'à la dernière extrémité, repoussa l'attaque 8c obligea le
jeune R.aimond à se retirer. Ce prince fit ensuite élever des pierriers pour
battre les quatre portes du château auquel il fit donner un nouvel assaut
quelques jours après; mais il fut encore repoussé; il trouva moyen cepen-
dant d'empêcher les assiégés de puiser de l'eau dans le Rhône, ce qui, joint
au défaut de vivres qui commençoient à leur manquer, les incommoda beau-
coup '.
IV. — Simon de Montfort marche au secours du château de Beaucaire.
Gui 8c Amauri de Montfort% qui étoient dans le Toulousain, où ils com-
mandoient pendant l'absence de Simon, avertis du péril où se trouvoit le
château de Beaucaire, ramassent aussitôt le plus de troupes qu'il leur est pos-
sible 8c marchent au secours de cette place suivis de Gui, évêque de Carcas-
sonne. Ils dépêchent en même temps divers courriers à Simon, qui étoit parti
de^ France, au mois de mai de cette année, à la'' tête de cent vingt chevaliers
qu'il avoit pris à sa solde, pour le presser de hâter sa marche. Étant arrivés à
Nimes, à quatre lieues de Beaucaire, ils se disposent au combat par la confes-
' Guillem de Tiidèle, v. 3913-4059; commen- de manière à rendre l'investissement à peu prés
cément du siège de Beaucaire. — Le poème donne définitif & le ravitaillement de la place très-dif-
de grands détails sur cette première partie du ficile. Tout ceci a été fort abrégé & mal abrégé par
siège. Le château ne put être pris par les Proven- l'Anonyme, cjui a commis plusieurs confusions
çaux dans leur première attaque, mais une seconde (voyez tome VllI, ce. iipà I21). Seule la chro-
ies rendit maîtres d'une fortification moins impor- nique en prose parle de la tentative de Lambert de
tante, appelée la Redorte , & située au nord-est Limoux pour conclure une capitulation. [A. M.l
de la citadelle. Aus'itôt après, par le conseil de ' Pierre de Vaux-Cernay, c. 83, & tome VIII,
R. Gaucelin, habitant deTarascon, les assaillants c. 122 & suiv.
élevèrent un mur de pierres sèches, pour rendre ' Kobertus Altissiodorensis, Chronicon. Chro-
les sorties impossibles. Ce mur fut construit en nicon Turonensc, ap.Man'ene, Amplisiima coUcctio,
peu de temps, chacun mettant la main à l'œuvre; t. 5, c. icju.
des machines de guerre furent dressées & Tinter- ■* Pierre de Vaux-Cernay, c. 83, & tome VIII,
vall» entre la place & le Rhône fortement occupé, ut supra.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIH. 480
~ ' An 1216
sion Se la communion, 8c marchent le lendemain en oalie de bataille. On
leur donne avis en chemin que le jeune Raimond s'étoit assuré du château
de Béllegarde qui est sur la route, &, jugeant qu'il étoit important de
reprendre cette place, ils l'assiègent Se s'en rendent maîtres le jour même. Le
lendemain ils partagent leurs troupes en trois corps Se s'avancent jusqu'aux
portes de Beaucaire sans que le jeune Raimond daignât sortir de ses retran-
chemens. A^ant appris que Simon s'avançoit à grandes journées, ils vont à sa
rencontre à Béllegarde S<. retournent ensuite tous ensemble à Beaucaire dans
le dessein d'attaquer le jeune Raimond qui les attendoit dans la résolution
de les bien recevoir. Deux chevaliers de ce prince, nommés Raimond de
Belaros 8t Aymeri de Caire', s'étant détachés, donnent sur les avant-coureurs
de l'armée de Simon 8c engagent le combat qui dura jusqu'à la nuit avec
beaucoup d'opiniâtreté de part &c d'autre; mais enfin Simon fut obligé de
reculer Se de se retirer à Béllegarde*.
V. — Suite du siège du château de Beaucaire,
Simon partagea le lendemain son armée en deux corps. Il donna le com-
mandement de lavant-garde à Gui, son frère, 8c à Amauri, son fils. Il se mit
à la tête du corps de bataille S<. marcha vers Beaucaire avec une grande
quantité de machines Se d'instrumens propres pour un siège. 11 campa sur
la grève, le long du Rhùrie, Se assiégea le bourg ou la ville de Beaucaire.
Le jeune Raimond, à l'abri de ses retranchemens, continua néanmoins l'at-
ta((ue du château & reçut, vers le même temps, divers renforts d'Avignon,
de Tarascon, de Valabrèpue 8c des autres places du voisinage ctue lui ame- Éd.ons'"-
nèrent Raimond de Montauban, Sicard d'Aydie, Guillaume de Bellafar 8c
divers autres seigneurs. Il fit construire ensuite un bélier d'une grandeur
énorme; mais les assiégés trouvèrent moyen d'y mettre le feu ainsi qu'à la
plupart de ses autres machines. Simon se retrancha de son côté dans son
camp 8c se servit pour cela des arbres des environs qu'il lit couper. Il donna
l'assaut quelques jours après Se fut repoussé avec perte; on lui fit prisonnier
en cette occasion Guillaume de Bolic, l'un de ses plus chers chevaliers, que
les habitans de Beaucaire firent pendre aussitôt à sa vue sur leurs remparts.
Le lendemain le jeune Raimond fit braquer ses pierriers contre les retran-
chemens de Simon, tandis que ce général faisoit construire une gâte ou
grande machine que ses ouvriers ne purent achever, parce que les batteries
de Raimond mirent en pièces tout ce qui en avoit été fait. L'inutilité de tous
ces efforts découragea Simon, qui commençoit d'ailleurs à manquer de vivres,
parce que tout le pays s'étant déclaré contre lui il n'en pouvoit tirer qu'à
grands frais de Nimes 8c de Saint Gilles, Se qu'il falloit envoyer pour cela de
grosses escortes qui' l'affoiblissoient beaucoup. De plus, ses troupes étoient
extrêmement fatiguées à cause que la troisième partie étoit obligée de monter
' (L; poëme i.\i A'imon de Caron.] * [Guillem de Tiidèle, vers 4030-4144.]
An 1216
490 HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIH,
la garde jour & nuit, de crainte de quelque surprise, S<. il n'avoit qu'un
seul pierrier pour battre en brèche.
La garnison du château de Beaucaire n'étoit pas dans une meilleure" situa-
tion. Se voyant fort pressée, elle arbora un drapeau noir pour faire connoître
à Simon de Montfort l'extrémité où elle se trouvoit. Ce général, résolu de
tenter l'impossible pour prendre la ville, iit dresser une machine appelée
boso, Se abattit enfin une partie des murailles. Les assiégeans lui ayant
opposé une autre machine, enlèvent la sienne Se rendent tous ses etforis
inutiles. Ils s'aperçoivent cependant qu'il avoit attaché le mineur au rocher
sur lequel les murailles de Beaucaire étoient bâties. Ils préparent aussitôt une
mixtion de soufre en poudre qu'ils joignent avec beaucoup d'étoupes, 6<. y
avant mis le feu, ils jetèrent le tout sur les mineurs qui sont tous ou étouffés
ou brûlés. Raimond redouble en même temps ses attaques tant contre le châ-
teau que contre les retranchemens des croisés, & le gouverneur du château,
ne pouvant plus résister, arbore une seconde fois le drapeau noir. Simon, vou-
lant faire diversion pour le favoriser, range ses troupes au Piiy des pendus ou
aux fourches patibulaires de Beaucaire, & après avoir exhorté ses soldats à
vaincre ou à périr, il se dispose à donner l'assaut. Le jeune Raimond sort
alors de ses retranchemens 8t l'attend de pied ferme à son passage. Les deux
armées en viennent aux mains, & on combat des deux côtés avec une égale
fureur. Durant l'action les soldats de la garnison du château font une tenta-
tive pour s'évader; mais les troupes qui les tenoient assiégés les en empêchent.
Enfin la nuit étant survenue les combattans sont obligés de se séparer.
Le gouverneur du château se défendit encore pendant quelque temps,
malgré la disette des vivres, qui fut si grande qu'on fut obligé de manger les
chevaux qui étoient dans la place. Les assiégeans, continuant cependant de
pousser l'attaque, appliquent une machine appelée mostelle contre les murs
du château Se donnent l'assaut. Les assiégés les repoussent avec vigueur 8\
jettent sur cette machine un grand pot de terre rempli de poudre allumée^,
qui la réduisit presque entièrement en cendres. Simon se dispose en même
temps à faire une nouvelle tentative pour prendre la ville d'assaut 5 le jeune
Raimond le prévient 8c marche k sa rencontre. Un des chevaliers de Simon,
nommé Philippe d'Encontre ou de Contre, s'avance alors pour engager le
combat. Géraud de Bellafar, qui le voit venir, se détache 8c, lui ayant porté
un rude coup de lance, l'étend roide mort sur la place; les troupes des
deux partis se mêlent Se on se bat jusqu'à la nuit qui les sépare. Le jeune
Raimond, âgé seulement d'environ dix-neuf ans, fit des prodiges de valeui'
dans cette occasion, il ne cessa de combattre, assisté de Dragonet, son gou-
verneur, qui se tint toujours à ses côtés. Raimond de Rabastens, l'un de ses
chevaliers, se distingua aussi beaucoup;
' Voyez tome VIII, c. m. — Dom Vaissete a connaissaient & employaient la poudre. Le poème
raison de souligner ce mot. Grâce à l'Anonyme, ne parle, bien entendu, que de soufre en poiidrei
on pourrait croire que les gens du treizième siècle [A. M.]
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV, XXIII. 401 ' ^
"-' An 1216 !
j
VI. — Simon se retire de devant Beaucaire, dont il cède le château au jeune \
Raïmond par un traité.
Simon de Montfort s'étant retiré dans son camp, on assembla le conseil de j
guerre; on y résolut d'exécuter le stratagème suivant : on posta la nuit cent ;
chevaliers choisis entre le château & la porte de la ville. Dès la pointe du jour, . t.'ifi^p^l'ni \
Simon masqua avec le reste de l'armée la porte opposée. Il comptoit par cette ;
attaque qu'il attireroit toutes les troupes ennemies vers cette dernière porte, 8c :
que les cent chevaliers, qui avoient ordre de sortir alors de leur embuscade,
trouveroient l'autre sans défense Si s'en empareroient aisément : il tut trompé i
dans son attente. II se rendit maître d'abord, à la vérité, de la porte qu'il
attaquoit; mais il tut bientôt obligé de l'abandonner & de se retirer après une '
grande perte; tandis que les cent chevaliers turent repoussés avec une égale \
vigueur, S< presque tous tués ou faits prisonniers. Simon, au désespoir du '
mauvais succès de cette entreprise, assembla de nouveau son conseil de guerre. \
Gui, son frère, proposa de convenir d'un traité avec le jeune comte de Tou- j
louse, de lever le siège Si de lui abandonner la ville de Beaucaire, si ce \
prince vouloit accorder la vie 8< les bagues sauves à la garnison du château. '
On délibéroit là-dessus lorsqu'un soldat de cette garnison, qui avoit trouvé î
moyen de s'échapper, entra dans le conseil & représenta que ses camarades i
étoient réduits à la dernière extrémité, 81 qu'il ne leur restoit plus rien à
manger depuis trois jours. Cet exposé détermina enfin Simon à envoyer offrir '•
la paix au jeune comte aux conditions dont on vient de parler. L'envoyé ,j
s'adressa à Dragonet, gouverneur de Raimond, qui assembla aussitôt son con- \
seil pour écouter les propositions. Ce jeune prince les accepta; mais il ne ]
voulut accorder que la vie sauve k la garnison, & Simon fut obligé d'en
passer par là. Ce général envoya six des principaux de son armée à la tête î
desquels étoit Gui, son frère, pour signer en son nom la capitulation. Le |
jeune comte reçut les députés avec honneur Si, après avoir signé les articles,
il donna à la garnison du château la liberté de se retirer où elle voudroit. Il i
prit possession de la place, 81 Simon ayant levé le camp se retira du côté de 'i
Nimes. C'est ainsi que rapporte dans un plus grand détail les circonstances
de ce fameux siège un ancien auteur' dont la relation est conforme au témoi- ]
gnage des historiens du temps. L'un d'eux ^ prétend seulement que la gar- ■
nison du cliâteau de Beaucaire sortit avec tous ses bagages; mais cette cir* :
constance est contredite par les ^ autres '*.
' VoyeB tome VIII, c. 1 18-137. nombreuses notes, ajoutées par M. Meyer i sa tr.1- i
' Pierre de Vnux-C#rnay, c. 83, diiction, permettent de reconnaître. Aussi allons- <
' Guillaume de Puylaiirens) c. 28. nous, pour compléter Pierre de Vaux-Cern;iy ,
'Le récit du siège de Beaucaire est beaucoup suivi presque constamment par dom Vaissete ; 1
plus développé dans le poëte que dans leschroni- donner un abrégé succinct de la versiori du poète '
queurs latins, 8t il y occupe les vers 4o3o à 4970. provençal^ qui, ici, était probablement témoin i
Sa version est aussi beaucoup plus exacte, surtout oculaire. I
au point de vue lopographique, ce que les très- Simon apprend l'investissement du château j il j
A 11 1 i 1 6
.19; IJISTOIKE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIIL
Vil. — Simon se retire à frimes. — Privilèges de cette ville. — Il nuvxhc
vers Toulouse.
Les ailleurs cités ne marquent pas l'époque précise de cette expédition;
nous l'apprenons : 1° D'une charte ' suivant laquelle Simon de Montfort,
Gui, son hère, Se Amauri, son iils, étant devant le château de Beaucaire,
confirment, le 19 de juillet de l'an 1216, en présence de Foulques, évc(|ue
de Toulouse, de l'évêque de Nimes 5c de Gui, évêque de Carcassonne, les pri-
vilèges £< les coutumes que les anciens vicomtes 84 Raimond, autrefois comte
de Toulouse, avoient donnés aux consuls de Nimes. 2° D'un acte^ daté du
siège de Beaucaire, le 24 de juillet de l'an 1216, par lequel Simon donne
deux cents livrées de terre à Le Noir de la Pvedorte qui lui en rit hommage \
Monttort étant arrivé à Nimes y confirma"* de nouveau, aux mois d'août &
accourt; son frère Gui & les chevaliers qu'il a pu Réunion des borons de Montfort; discours vio-
réunir le précèdent & viennent, après une escar- lents & dispute du comte & de ses chevaliers. —
mouche de peu d'importance, occuper Bellegnrde, Nouveau répit jusqu'il l'Assomption (i:") aotit).
à dix kilomètres de Beaucaire. Les assiégeants, à Grande attaque des Français, qui occupent un
cette nouvelle, se fortifient & rendent l'investisse- instant une partie des retranchements du jeune
ment de plus en plus étroit. — Inquiétude des comte. Ils finissent par être repoussés &, conseillé
assiégés; Lambert de Limoux & Rainier de Chau- par son frère Gui, Montfort entame des négocia-
deron les rassurent & les exhortent à résister jus- tions qui amènent la reddition du château & la
qu'à la mort plutôt que de tomber entre les mains délivrance de la garnison. — Telle est la version
du jeune comte. — Bientôt arrive Simon, qui du chroniqueur méridional. Remarquons (^ue 1«
amène son armée sous les murs de Beaticaire, près succès du jeune comte de Toulouse ne fut pas com-
du fleuve. II tient conseil avec ses barons, subit plet. Un texte contemporain, un tcmon de Esr-
les reproches d'Alain de Rouci, qui lui reproche trand d'Avignon, cité par M. Meyer, t. 2, p. 26c,
son ambition en termes fort vifs & l'engage à dit que ce fut la couardise des Provençaux, qui
traiter. Remarquons que cette scène paraît un força Raimond à accepter les propositions du comte
peu arrangée, & que le poète a dû donner ici une de Montfort. Quoi qu'il en soit, le succès fut par-
forme dramatique aux bruits qui pouvaient cou- tagé, mais les suites de cette longue action furent
rir parmi les Toulousains sur les mésintelligences incalculables; les Français perdirent le prestige
entre Montfort & ses chevaliers. — Dès le lende- que leur avait donné la bataille de Muret, & le
main, les deux armées en viennent aux mains, soulèvement de tout le pays & surtout de Toulouse
après avoir été haranguées par leurs chefs; la ba- suivit de près. |A. M.]
taille reste indécise, & les soldats de Montfort re- ' Voyez tome VIII, Chartes, n. CXXII, c. CiZ,
viennent au camp. — Conseil tumultueux des ' Mss, Colhert, n. 2279. —[Catalogue, 11. i3o.]
croisés. — Simon fait construire des machines de ' Nous avons vu plus haut que le siège de Beau-
g ijfre. — Réduits à la dernière détresse, les assié- caire durait encore le i5 août 1216. [A. M.|
F-s font connaître leur situation à Montfort en ■• Trésor des chartes du roi, vol. 199, n. 410. —
arborant un drapeau noir; des renforts de Mar- Voyez notre Catalogue, n"" 129 & i3i. Dom Vais-
siille arrivent au jeune comte. — Suite des opé- sete a fnit deux actes d'un seul de Simon de
rations du siège; mort des mineurs de Montfort. Montfort, daté du 25 août 1216. On peut le voir
— Nouvelle bat.iiUe; les croisés sont encore re- au tome VIII, ce. 694, 69 j, où nous le republions
poussés. Désespoir de Montfort. — Les assiégés, d'après Ménard, Histoire tic Nimes. Le registre dit
réduits à l'extrémité, tiennent de nouveau conseil ; Trésor des chartes (auj. JJ. 199, f" jôi r"\ auquel
ils se décident à manger leurs cheva ux ; l'un d'eux, notre auteur renvoie, ne contient qu'une ccnfir-
Guillaume de la Mette, propose même de se man- mation des principales clauses des deux actes ds
ger les uns les autres; ce dernier conseil est re- juillet & août 1216, en faveur des habitants de
poussé, & les assiégés se décident il résister jusqu'au Nimes. Cette confirmation, donnée en novembre
dernier moment, puis à périr en combattant. — 1 ^63 par Louis XI, a été publiée dans les O.Jon-
Moiiveau combat sans rcsultiit hcrs de la ville. — ni:nccs, t. |6, p. |C2. [A. M.J
An izi6
a
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIII. 498
de septembre suivans, les privilèges des consuls de cette ville pour l'exercice
de la justice, & accorda aux habitans une entière exemption de péage, de
tolte, d'usage. Sec. Enfin, après y avoir laissé un corps de cavalerie, tant pour
la garde de la ville que pour harceler ses ennemis qui occupoient les envi-
rons, il partit' pour Toulouse, où sa présence étoit absolument nécessaire. Il
apprit, en eftet, que le comte R.aimond, après avoir levé un grand corps de
troupes en Catalogne Cs. en Aragon, s'avançoit dans le dessein de reprendre
cette capitale. Raimond, averti de la marche de ce général, rebroussa chemin,
parce qu'il n'étoit pas assez tort pour lui tenir tête, Se attendit une occasion
plus favorable. Simon, à son arrivée-' à Montgiscard, à trois lieues de Tou-
louse, détacha quelque cavalerie pour s'assurer de la fidélité des Toulousains,
qui lui étoit suspecte. Ces peuples, ne se fiant nullement à leur tour à Simon,
arrêtèrent prisonnier tout ce détachement; ce qui irrita tellement Simon qu'il
résolut d'en tirer une vengeance éclatante. 11 fut obligé cependant de la dif-
férer à cause des affaires qu'il avoit à terminer avec Pv.aimond-R.oger, comte
de Foix.
VIII. — Simon cherche querelle au comte de Foix.
On a dit que Raimond-Roger avoit obtenu du pape des commissaires qui
avoient ordre de lui rendre ses domaines après avoir examiné sa conduite.
Ce comte fut ensuite très-attentif à garder-* envers Simon la trêve Se la paix ,/j'fi °'i'*^.j''
qu'il avoit juré d'observer St que le concile de Latran avoit prolongée pour
quinze ans. Simon n'en agit pas de même à son égard; il exerça contre lui
divers actes d'hostilité pour l'obliger à se défendre, pour le rendre odieux au
pape Se mettre ainsi obstacle à son entière réconciliation à l'Eglise. Raimond-
Roger ne repoussa pas la force par la force ; il se contenta de porter ses
plaintes à Innocent III des infractions que Simon Se ses troupes faisoient jour-
nellement à la paix Se à la trêve. Se lui demanda de nouveaux commissaires
pour informer de ces contraventions. Le pape écouta favorablement la demande
du comte Foix, Se chargea de cette commission l'abbé Se le prieur de Font-
froide, au diocèse de Narbonne. Le dernier, en l'absence de l'autre qui étoit
malade, procéda aux informations. Se le comte de Foix s'étant présenté devant
lui au jour marqué, Simon s'excusa de comparoître Se d'envoyer même un
procureur, sous prétexte qu'il étoit occupé au siège de Beaucaire, en sorte
que le commissaire fut obligé d'ajourner de nouveau les parties au 11 de
septembre. Le comte de Foix se trouva en personne à Foix ce jour-là; mais
Lucas, procureur de SiiAon, prétexta diverses excuses pour s'empêcher de s'n-
' Pierre de Vaux-Cernay, c. 8!î. Montfort à son dépit de n'avoir pu prendre Beaii-
' Pierre de Vaux-Ccrnay, c. 8^. — Guillaume caire & au désir de lever une lourde amende sur
de Piiylaurens, c. 28 & suiv. — \'oyez tome VIII, Toulouse pour refaire ses finances. Remarquons
c. I j7 & SUIV, — Guillem de Tudèle. vers 4974- d'ailleurs qu'il serait difficile, même en adnieiiant
J370. — Naturellement, le poeie ne parK- ni de la entièrement la version de Pierre de Vaux-Cernay,
trahison des Toulousains, ni de leurs menées avec d'être très-sévère pour les Toulousains. [A. M, |
Paimond \'I. Il attribue l^i colère dç Simon dç ' Marc?, Hi'toire de B'-a-n^ \. 8, c. |3 & suiv,
y2.
An 1216
494 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIII.
rendre Se demanda qu'on assignât un autre lieu. Le commissaire indicpa
l'église de Saint-Jean de Verges qui, avec la ville & le château de ce nom,
étoit alors au |5ouvoir de l'Église romaine. Le comte de Foix donna un sauf-
conduit à Lucas, le vendredi après la Nativité de la Vierge. Ce procureur de
Simon, qui ne pouvoit plus reculer, comparut enfin &. forma de nouvelles
difficultés pour traîner l'affaire en longueur. Le prieur de Fontfroide, voyant
qu'il ne pouvoit exécuter sa commission, se borna à ordonner à Simon Si à
Ilaimond-Roger d'observer à l'avenir exactement la paix & la trêve; à quoi les
deux comtes s'engagèrent réciproquement par des lettres datées du 14 de sep-
tembre.
IX. — Simon cause une émotion dans Toulouse 6 punît les Toulousains.
Après le renouvellement de cette trêve, Simon, voulant exécuter le dessein
qu'il avoit formé contre les Toulousains, marcha' vers Toulouse en ordre de
bataille^. Ces peuples envoyèrent aussitôt au-devant de lui un certain nombre
de leurs concitoyens pour tâcher de l'apaiser S< lui faire leurs soumissions;
mais il refusa. de les recevoir, leur reprocha d'avoir été d'intelligence avec les
habitans de Beaucaire & de favoriser secrètement le comte Raimond Se son
fils, Se fît serment de ne pas c[uitter les armes jusqu'à ce qu'ils lui eussent
remis en otage les principaux d'entre eux. Les députés s'excusèrent sur tous
ces reproches, assurèrent Simon de Montfort de leur fidélité & lui deman-
dèrent son amitié, sans pouvoir le fléchir. Il les fît arrêter, lier Se garrotter. Se
conduire prisonniers dans le château Narbonnois, nonobstant les remon-
trances de quelques-uns de ses barons qui tentèrent de lui faire comprendre
les suites d'une telle démarche. Le comte Gui, son frère, fît en particulier
tout son possible pour le porter à pardonner aux Toulousains Se à se con-
tenter de les punir en exigeant le prix de la c[uatrième ou de la cinquième
partie de leurs biens, afîn d'avoir de quoi reprendre Beaucaire; il ne fut pas
plus écouté que les autres, 8e Simon préféra l'avis de Foulques, évêque de
Toulouse, qui fut de tirer vengeance de ces peuples en les dépouillant de
tous leurs biens Se en mettant les principaux en prison. Ce prélat, non con-
tent d'avoir donné un conseil si contraire à l'humanité, offrit à Simon d'aller
lui-même dans la ville Se d'engager tout le peuple à aller au-devant de lui,
afîn qu'il pût arrêter ainsi tous ceux qu'il jugeroit à propos. Montfort ayant
accepté les offres de Foulques, ce prélat entre dans Toulouse Se persuade aux
habitans d'aller incessamment trouver ce général pour lui demander pardon,
avec promesse qu'ils l'obtiendroient sûrement. Aussitôt les Toulousains, sur
la parole de leur évêque, sortent en foule Se vont à la rencontre de Montfort,
' Pierre de Vaux-Cernay, Guillaume de Puy- louse. M. Meyer soupçonne avec raison l'auteur
laurens & tome VIII, ut supra. [Guillem de ïu- d'exagération. Remarquons ici qu'il y eut un cer-
déle, ut supra.] tain intervalle entre In fin du siège de Beaucaire
' Guillem de Tudèle (vers 4970 à 4979) fait ve- & le voyage de Montfort à Toulouse. — Voyez plus
nir
le comte en trois jours de Beaucaire à Tou- haut, p. 492. [A. M.]
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXllI. 405—;
^^ An izi6
qui ordonne à ses troupes de les arrêter & de les mettre dans les fers k mesure
qu'ils arrivoient. Une si noire trahison jette l'épouvante parmi ceux qui
ctoient les derniers; ils prennent la fuite & s'en retournent au plus vite
annoncer à leurs compatriotes qui étoient restés le sort de ceux qui les avoient
précédés, & les empêcher de venir se livrer d'eux-mêmes entre les mains de
leurs ennemis. Cependant l'évêque Foulciues fait mettre la ville au pillage Kd. origm.
par un corps de troupes qui 1 avoit suivi !x qui y commet des excès horribles.
Le peuple irrité entre en fureur; il court aux armes, s'attroupe dans les rues
6<. s'y barricade. Les gens de Montfort s'avancent pour charger les habitans
qui, pleins de rage, vont à leur rencontre comme des lions aftamcs Se les obli-
gent enfin à sortir de la ville Se à se réfugier dans le château Narbonnois,
après en avoir tué ou blessé un grand nombre. Durant l'émotion, Gui de
Montfort survient avec un corps de troupes, mais il est également repoussé
S<. contraint de prendre la fuite '.
Simon arrive peu de temps après avec les prisonniers; il les fait renfermer
dans le château Narbonnois, entre dans la ville & ordonne à ses troupes de la
mettre à feu 8t à sang; on met aussitôt le feu en trois endroits différens, à
Saint-Remesy, à Joux-Aigues Se vers la place de Saint-Etienne. Les Toulou-
sains assemblés dans cette place, voyant leurs maisons brûler, font un nouvel
effort, donnent sur les soldats de Montfort, les mettent en fuite & les obli-
gent à se réfugier, partie dans la cathédrale, partie dans la tour de Mas-
caron ou dans le palais épiscopal. Ils éteignent l'incendie &, revenant à la
charge, ils poussent le reste des partisans de Montfort de rue en rue jusque
dans la maison du comte de Comminges, où ils les attaquent vivement. Simon,
informé du péril où étoient les siens, se rend promptement dans la place de
Saintes-Scarbes avec tout ce qu'il peut ramasser St rallie en cet endroit ceux
qui s'étoient réfugiés dans la cathédrale, dans la tour de Mascaron 8<. dans le
palais épiscopal ; mais rien n'arrête les Toulousains qui, renforcés par ceux
du quartier de la Croix-Baragnon, l'attaquent avec toute l'intrépidité dont
un peuple en fureur est capable. Il se fait là un combat très-acharné : les
Toulousains, préférant la mort à la tyrannie de Simon de Montfort, l'obligent
à leur abandonner le champ de bataille 8t à se retirer dans la cathédrale
après avoir laissé un grand nombre des siens sur la place. Ce général, avant
rallié cependant de nouveau ses troupes dans cette église, revient à la charge :
il attaque d'abord ceux qui gardoient la porte Sardane; mais il est reçu avec
une valeur à laquelle il ne s'attendoit pas 8c obligé d'abandonner entière-
ment son entreprise St de se retirer au château. Montfort se fait alors amener
les Toulousains qu'il détenoit prisonniers dans cette forteresse Se leur déclare
que s'ils n'engagent leurs compatriotes à lui rendre la ville, il leur fera
couper la tête à tous. Foulques, évêque de Toulouse, le détourna de cette
' Giiillem de Tudéle, vers .')070-ji3f). Comhat ruse, rentrent précipitamment dans la ville, trou-
dans Toulouse; le poète attribue la trahison s» la vent les soldats de Montfort occupés à piller les
fois à l'évêijue Foulques & à l'abbé de Saint-Ser- maisons & courent aux armes. [A. M.j
nin. L« habitants de Toulouse, soupçonnant une
An 1216
496 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIH.
résolution Se lui proposa un stratagème qu'il goûta ik que ce prélat exécuta
ridèlement. Foulques alla trouver l'abbé de Saint-Sernin également dévoué à
ce général, Se l'ayant fait entrer dans ses vues, ils allèrent de concert dans
toutes les rues, publiant, pour apaiser le peuple, que Simon s'étoit enfin
rendu aux remontrances de son conseil ; qu'il étoit très-mortihé de ce qui
venoit d'arriver 8c prêt à donner la liberté aux prisonniers Si à pardonner le
passé, pourvu que les habitans rentrassent chez eux Si qu'ils lui remissent
incessamment leurs armes Si les tours de leurs maisons, avec promesse de leur
rendre tout ce qui leur avoit été enlevé dans le pillage S<. de vivre à l'avenir
avec eux en bonne amitié. Ils ajoutèrent qu'ils se rcndoient cautions de l'exé-
cution de ces promesses Si que si le peuple de Toulouse retusoit d'accepter
des conditions si raisonnables, Simon étoit résolu de faire mourir tous ceux
qui étoient en son pouvoir, entre lesquels on comptoit les plus apparensde la
ville.
Les Toulousains s'étant assemblés pour délibérer sur cette proposition, les
uns étoient d'avis de la rejeter, persuadés que leur évêque ne cherchoit qu'à
les tromper comme ils l'avoient éprouvé si souvent; les autres vouloient au
contraire (ju'on 1 acceptât. Enfin, après plusieurs débats, l'envie de sauver
leurs prisonniers les fit résoudre à faire la paix aux conditions qu'on leur
offroit, pourvu que Simon donnât la liberté aux prisonniers. L'évêque Si
l'abbé, qui attendoient la résolution de l'assemblée, ne l'eurent pas plutôt
apprise, qu'ils allèrent en faire part à Simon'. Ce général l'approuva & fit
déclarer aux Toulousains par les deux prélats que, pour rendre la paix plus
authentique, il iroit le lendemain lui-même, suivi de ses barons, la signer
dans l'hôtel de ville. Si qu'ils n'avoient qu'à s'y trouver à l'heure marquée,
t.'în ,°p'.°29 1 3vec leurs armes. Simon, ayant cependant fait armer secrètement toutes ses
troupes, se met le lendemain matin à leur tête 81 se rend à la maison de ville,
où il trouve les habitans en armes. Il entre dans l'assemblée, Si l'abbé de
Saint-Sernin prenant la parole dit : « Messieurs, monsieur le comte, qui est
(i ici présent, vous a tait assembler pour faire la paix avec vous Si vivre dans
« la suite en une parfaite union, ainsi que M. l'évêque Foulques vous l'a
« déclaré. Ce prélat a pris beaucoup de peine pour conclure l'accord. Si il
« faut ((ue vous disiez si vous l'approuvez. » Tout le peuple répondit par
acclamation qu'il y consentoit. L'abbé reprenant alors la parole dit : » Le
« comte oUre de donner saut-conduit à tous ceux qui, n'étant pas contens du
« traité, voudront se retirer ailleurs, Si il ne sera fait aucun mal à ceux qui
« demeureront; M. l'évêque Si moi sommes garans des articles. « Ensuite
' Giiillem de Tudèlc, vers 5i37-528i ; négocia- son frère & soutenue parun certain Lucas, homme
lions de l'abbé de Saint-Sernin 8c de l'évêque. — de loi, qu'il avait employé dans ses négociations
Dom ^^^issete parle plus bas d'un conseil tenu avec le comte de Foix, finit par être abandonnée
dans l'intervalle par le comte de Montfort & que & on se borna à lever une grosse amende & à pren-
Guillem de Tudèle nous a rapporté tout au long dre des otages. Pierre de Vaux-Cernay neparleque
(vers ôSfiS- Ô468). Simon y proposa à ses barons d'une manière incidente de toutes ces affaires &
de détruire entièrement la ville & de n'y pas laisser mentionne seulement la destruction des murailles
pierre ÎV pieire. Cçttç réspluuon, çombiinue par dç lii villç Se la capture ^es étapes. |A, M,|
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIII. 497
Simon se fait remettre les armes que les liabitans de Toulouse avoient appor-
tées 5 se saisit des tours des maisons de la ville & y établit des soldats en gar-
nison, 8< puis, par la plus noire perfidie, il fait arrêter & mettre aux fers les
principaux habitans. Il assemble son conseil Se y propose de mettre la ville
au pillage & de la raser entièrement. Gui, son frère, lui représenta avec
liberté le tort qu'une pareille conduite feroit à sa réputation, attendu que les
Toulousains s'étoient soumis à tous ses ordres. Un baron, nommé Valats ',
appuya cette représentation S<. dit à Simon : « Seigneur, vous savez que la
« plupart des habitans de Toulouse sont gentilshommes^ ainsi, par un senti-
« ment d'honneur 8c de générosité vous ne devez pas exécuter une telle réso-
<i huion. » Quelques autres de ses conseillers lui firent de semblables remon-
trances. Enfin Lucas, l'un d'eux, qui avoit beaucoup d'ascendant sur son
esprit, soutenu par Tévêque de Toulouse Se par le reste des assistans, le déter-
mina àretenir les prisonniers, à les disperser & à faire racheter aux Toulou-
sains, par une grosse somme, le sac de leur ville. Aussitôt Simon envoie les
prisonniers en divers endroits, 8c ayant fait asseml)ler le reste des habitans de
la cité 8t du bourg à Saint-Pierre des Cuisines, il leur ordonne de lui payer
trente mille marcs d'argent, somme exorbitante pour une ville épuisée, avec
menace, si cette somme ne lui étoit entièrement payée le i'"' de novembre,
de les faire tous périr^. Les Toulousains turent obligés de subir cette dure loi.
Un ancien historien^ remarque que ceux qui conseillèrent à Simon d'imposer
une si grosse somme sur ces peuples, le firent à mauvais dessein, parce qu'ils
savoient bien que les extorsions & les violences qu'il faudroit nécessairement
qu'il exerçât pour la lever, ne manqueroient pas d'aigrir encore davantage
les habitans de Toulouse contre lui 8c de les rendre de plus en plus favo-
rables au rappel de leur ancien comte. Les duretés inouïes dont on usa dans
la levée de cet impôt jetèrent, en effet, les Toulousains dans le dernier
désespoir^.
X. — Gui de Montfort, fils puîné de Simon, épouse l'héritière de Bigarre,
Simon'', après avoir reçu cette somme qu'il exigea, dit-on, pour se dédom-
mager des dépenses qu'il avoit faites au siège de Beaucaire, partit de Tou-
louse à la Toussaint, se rendit à Saint-Gaudens &c alla ensuite à Tarbes
' [Corrige^ Alain de Roucy.] * Le poëte (vers 5583 à .Ï648) fait fixer I.-1 somme
' Cette assemblée est la même que celle que à payer par les Toulousains dans un dernier con-
dom Vaissete indique plus haut, sur la foi de seil, tenu par Montfort après la soumission de
l'Anonyme; le comte de Montfort n'assista pas à la ville. Remarquons que tous les discours qu'il
cette première réunion, dans l.iquelle l'abbé de rapporte à cette occasion paraissent peu authen-
Saint-Sernin & l'évêque de Toulouse décidèrent tiques], 8c que son récit de la soumission de Tou-
te* habitants à la soumission. Quant à l'assem- louse est plein d'obscurités. 11 n'a eu évidemment
bléi tenue à Saint-Pierre des Cuisines, elle est qu'une idée très-peu nette de la suite des événe-
rapportée par Guillem deTudèle, vers 5480 à 5Ô82. ments. On s'aperçoit qu'il n'en a pas été témoin
Le poète termine par la description de la démoli- oculaire, mais qu'il parle par ouï-dire. [A. M.]
tion de l'enceinte ds Toulouse. [A. M.] ' Guillaume de Puylaurenj, c. 29. — Pierre de
' Guillaume de Puylaurens, c. 29, Vaux-Cernay, c. 83,
VI. ?,
An 1216
' • V..., 4q8 histoire Générale de Languedoc, liv. xxiii.
An lïiû ^-'
terminer un mariage qu'il avoit projeté depuis longtemps entre Gui , son
second fils, & non pas son frère, comme un ancien historien ' l'a avancé, Se
Pétronille de Comminges, héritière du comté de Bigorre. Le contrat^ fut
passé à Tarbes, le dimanche d'après la Toussaint de l'an 1216. Ainsi ceux-là
se trompent qui prétendent^ que ce fut en 12 18. Les évêques de Bigorre ou
de Tarbes, de Conserans, d'Oléron 8c d'Aire, & les abbés de Clairac, de
Saint-Pierre de Générez & de Saint-Savin, « attestent dans l'acte que Gui,
« fils de Simon, duc de Narbonne, comte de Toulouse Se de Leycestre, vicomte
a de Béziers Si de Çarcassonne, 8c seigneur de Montfort, avoit épousé en leur
« présence 8v de plusieurs barons qui avoient conclu ce mariage avec eux,
« Pétronille, comtesse de Bigorre, laquelle, avant la célébration solennelle
« des noces en face de l'Église, avoit constitué devant eux en dot à Gui, le
« comté de Bigorre Se la vicomte de Marsan, pour passera leurs enfans; que
« Gui, de son côté, du consentement de son père, donnoit pour douaire à
« Pétronille cinq cents marcs d'argent de rente annuelle, qui seroient affectés
« avant Pâques sur les terres situées aux environs de Çarcassonne, par l'en-
« tremise de l'archevêque d'Auch, des évêques de Tarbes Se de Comminges,
Éd.origin. „ g^^ ^q r Je Coarase, chevalier. » Gui donna pour ses cautions le duc, son
' t. III, p. 293. _ ' _ _ 1 _ ' _
père, Si Amauri, son frère; Se Pétronille, trois de ses barons, savoir : Rai-
mond Garsias de Lérida, Bernard de Castelbajac Se Guillaume de Barbazan.
Le lendemain lundi, les noces ayant été célébrées, les barons de Bigorre Se
les autres vassaux du pays firent hommage à Gui de Montfort, mari de Pétro-
nille, Se Gui leur fît serment à son tour de gouverner le pays suivant ses
coutumes. Pétronille étoit fille unique de Bernard V, comte de Comminges,
8e d'Étiennette, fille unique Se héritière de Centulle, comte de Bigorre, sa
première femme. Elle avoit épousé en premières noces, vers l'an 1 198, Gaston
dit le Bon, vicomte de Béarn, Se en secondes, en I2i5, Nugnez Sanche, fils
de Sanche, comte de Roussillon Se de Cerdagne. Ce second mari de Pétro-
nille vivoit encore lorsqu'elle épousa en troisièmes noces Gui de Montfort;
ainsi Simon ne fit aucun scrupule d'arracher cette comtesse des bras d'un
mari légitime pour la marier à son fils par des vues d'agrandissement Se d'am-
bition. On peut remarquer encore qu'il y avoit une grande disproportion
d'âge entre l'un Se l'autre. Se qu'il ne paroît pas que le comte de Comminges
ait donné son consentement au mariage de sa fille avec Gui de Montfort.
Elle eut deux filles de ce mariage, Se après la mort de Gui elle convola en
quatrièmes noces Se ensuite en cinquièmes'*.
' Pierre de Vaiix-Cernay, c. 83. '' [Sur les aventures de eette Pétronille, voir dans
' Martène, Thésaurus anecdotorum, t. 2, c. 854- la BihVwthe(jue dé l'Ecole des chartes, un article de
' Histoire généalogique des pairs de France, t. 2, M. L. Merlet, t. r3, p. 3o5 Bt siiiv.]
p. 62 I , &. t. 6, p. 75.
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIII.
499
An
XI. — Simon lève le siège du château de Lourdes.
Simon Se Gui de Montfort, son fils, allèrent assiéger, aussitôt après ce
mariage, le château de Lourdes, dans le comté de Bigorre ', qui étoit au pou-
voir de leurs ennemis^; mais la garnison le défendit avec tant de valeur qu'ils
furent obligés d'abandonner cette entreprise. Simon, après la levée du siège,
se rendit à Saint-Lizier, capitale du Conserans, où il ^ termina, le jeudi avant
Noël de l'an 1216, un différend qu'il avoit avec l'évêque de Conserans, tou-
chant le domaine de cette ville qui fut adjugé à ce prélat. Il partit le lende-
main 81 reçut en chemin l'hommage de Taregneux'* de Castillon 8t de ses
deux fils-' par un acte daté du vendredi avant Noël de Van 12 16, en chemin,
auprès du château d'Aspet^, dans le Comminges. Centulle, comte d'Astarac,
fut présent à cet hommage & en fut caution : preuve qu'il n'étoit pas encore
entré dans la ligue des comtes de Toulouse & de Foix contre Simon. On doit
en dire autant de Vivien, vicomte de Lomagne, & d'Odon, son fils; car il
paroît par une donation^ qu'ils firent à l'abbaye de Moissac, à la mi-décembre
de la même année, qu'ils reconnoissoient encore alors Simon pour leur sei-
gneur.
XII. — Simon porte la guerre dans le pays de Foix.
Ce général retourna ensuite à Toulouse qu'il acheva de piller 8c où il fit^
raser entièrement le reste des tours 8c des maisons qui pouvoient faire quelque
défense. Il résolut en même temps d'aller assiéger le château de Montgre-
nier', auprès de Foix, sous prétexte que le comte Raimond-Roger avoit rompu
la trêve, mais, dans le fond, pour l'empêcher d'obtenir la restitution de son
■ Voyez tome VIII, c. 149.
'Une bulle du 24 novembre 1218 nous fait
connaître le nom de quelques-uns des défenseurs
de ce château. C'étaient Nugnès Sanche, plus tard
comte de Roussillon & Guillem Ramon de Mon-
cade. Garsias, archevêque d'Auch, &. le légat Ber-
trand furent chargés de les excommunier (Pot-
thast, n. 5928). [A. M.]
^ Gallia Christiana, nor. ti. t. i,/njlrum.p. i85
& seq. [22 décembre 1216; voyez notre Catalogue,
n. 137.]
* Corrige^ Teregnus. Les deux fils de ce sei-
gneur s'appelaient Roger & René. [A. M.]
' Registram turiae Franciae. [23 décembre 1216;
voyez notre Catalogue, n. i38.]
" [Aujourd'hui Espèche (Hautes-Pyrénées), arron-
dissement de Bagnères-de-Bigorre.]
' Archives de l'abbaye de Moissac.
' Pierre de Vaux-Cernay, c. 83 & suiv. — Marca,
Hiitoirc de Béarn, 1. 8, c. 19. — Voyez tome VIII,
c. 149. [Guillem de Tudcle, vers 5563 à OSôy.]
'Les relations entre le comte de Foix &Simon de
Montfort paraissent avoir été assez tendues depuis
déjà longtemps. En effet, un acte du premier juillet
1216 prouve qu'il ne reconnaissait pas Montfort
comme comte de Toulouse. C'est la confirmation
des coutumes de la ville neuve de Tarascon-sur-
Ariége, fondée, au douzième siècle, par le comte
Roger-Bernard (cf. tome VIII, ce. 688 à 69 1 ). Cett»
charte des plus curieuses permet de dater la fon-
dation de cette ville, aujourd'hui assez impor-
tante, & ajoute un fait nouveau à l'histoire des
villes neuves dans le Languedoc. Nous y avons
joint deux actes postérieurs, de 1266 & i3o4, por-
tant nouvelle confirmation des libertés dudit lieu
& explication d'un article de la coutume dont le
sens prétait à discussion. Ces documents, dont le
texte laisse malheureusement un peu à désirer, au
moins pour le premier d'entre eux, proviennent
des archives municipales de Taraîcon-sur-Ariége.
[A. M.]
An 12 1 '
5oo HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIII.
château de Foix. Le pape Honoié III avoit ordonné', en effet, le 27 novembre
de cette année, à l'ablié de Saint-Tliibéi y, de restituer au comte de Foix ce
château, qu'il avoit gardé jusqu'alors au nom de l'Eglise romaine. Honoré,
d'un autre coté, écrivit^, le 8 de décembre, au comte de Foix pour lui
apprendre qu'il avoit donné ces ordres en conséquence de la demande qu'il
en avoit faite par ses ambassadeurs. « Nous avons ordonné de vous rendre le
« château de Foix, dit le pape, quoique plusieurs personnes nous aient
" suggéré de ne pas le faire, de crainte qu'après l'avoir recouvré vous ne
(i troubliez de nouveau les affaires de la foi & de la paix; mais nous nous
(i sommes déterminés, tant parce que vous avez obéi fidèlement à l'Église Se
« au cardinal Pierre de Bénévent, depuis que ce légat vous a accordé l'abso-
« lution, que pour ne pas donner lieu de dire que l'Eglise romaine ne tient
« pas ses promesses; étant d'ailleurs toujours en état d'appesantir notre main
« sur vous & de vous arrêter, en cas que vous refusiez de nous obéir. Nous
<i ordonnons donc à l'évêque de Maguelonne & au prieur de Fontfroide de
(i recevoir de vous, de Roger-Bernard, votre fils, & de Pvoger de Comminges,
» votre neveu, une caution suffisante que vous ne troublerez pas la paix 8<
« les affaires de la foi, & une promesse de votre part, suivant laquelle vous
« consentirez, en cas que cela arrive, que le château de Foix demeure con-
« fisqué au profit de l'Eglise romaine. Vous payerez enfin la somme de quinze
« mille sols melgoriens à l'abbé de Saint-Thibéry pour la dépense qu'il a faite
^Kd.oii-in., „ ^ la garde de ce château, lequel vous sera rendu après l'exécution de tous
« ces articles. »
XIII. — Simon assiège le château de Montgrenier &• traverse la réconciliation
du comte de Foix avec l'Église.
An 1217
Simon, pour traverser cette restitution, chercha querelle à Raimond-Roger
&c prétendit que ce comte avoit fait construire le château de Montgrenier^,
auprès de Foix, au préjudice de la trêve, S< qu'il y donnoit retraite aux
ennemis de la foi ; sous ce prétexte, il se met en marche 8t assiège ce château,
le 6 de février de l'an 1217. Roger-Bernard, fils du comte de Foix, qui se
trouvoit alors heureusement dans la place, située très-avantageusement sur la
pointe d'un rocher & très-bien munie, en prit la défense; car c'est Roger-
Bernard qui la détendit & non Roger de Comminges, comme l'a avancé un
de nos historiens'*, qui confond ce château de iMontgrenier, dans le pays de
Foix, avec celui du Mas-Garnier sur la Garonne, dans le diocèse de Tou-
louse. Le procédé de Montfort surprit extrêmement le comte de Foix; il
comparut à Perpignan devant les deux commissaires Se leur demanda l'exé-
'Manrique, Annales Cistcrcientcs , an. 1217, ' Ce château paraît être celui de Montgaillarj,
c. 3. dont les ruines se voient encore près de l'Ariége,
* Baluze, Miscellanea, t. 2, p. 2,')2. — Pierre de à cinq kiloinètrcs au sud-sud-oiiest de Foix. Cf.
Vaux-Ccrnay, ç. 83. — Marca, Histoire de Bénrn, Meyer, t. 2, p. 291. [A. M.J
1. 0, c, ij. ■* Çatelj Htnolrç de! cqm<(s de Telotc . p 3i\,
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIII. 5oi
cution des ordres du pape. 11 s'excusa de ce c|u'il ne pouvoit taire comparoître
aussi son fils & Roger de Comminges, son neveu, parce que le comte de
Montfort, pour mettre obstacle à la restitution du château de Foix, étoit
entré à main armée sur ses terres &. qu'il les tenoit assiégés. Enfin il les sup-
plia d'engager ce général à lever le siège; protestant qu'il ne demandoit pas
mieux que d'observer la paix & de réparer, soit par le jugement du pape,
soit par la décision du cardinal -légat qui devait venir, soit enfin par leur
arbitrage, toutes les contraventions qu'on prouveroit qu'il y avoit faites. Les
commissaires, contents de ces offres, écrivirent à Simon de Montfort 8t le
pressèrent de lever le siège de Montgrenier; mais ce général n'eut aucun
égard à leurs prières. Le prieur de Fontfroide & l'abbé de Saint-Thibéry,
accompagnés de plusieurs religieux, se rendirent ensuite dans le camp de
Simon pour le porter à la paix; mais, loin de devenir plus traitable, il se mit
en campagne, ravagea le pays Se se saisit de la ville de Foix qu'il fit fortifier.
Il offrit cependant, pour amuser les commissaires, de se représenter devant
eux St d'y discuter les raisons qu'il avoit eues d'attaquer le comte Raimond-
R.oger. L'abbé de Saint-Thibéry & le prieur de Fontfroide, voyant qu'ils
n'avoient pas la force en main pour se faire obéir, turent ainsi obligés de
retourner à Perpignan joindre l'évêque de Maguelonne 8<. le comte de Foix.
Ce dernier leur remit alors un acte, daté du 17 de février de l'an 12 17, par
lequel il leur promet par serment, tant en son nom qu'en celui de Roger-
Bernard, son fils, &C. de Roger de Comminges, son neveu, de ne jamais trou-
bler^n aucune manière les affaires de la paix 8t.de la foi; consentant, en cas
qu'il vînt à enfreindre cette promesse, (|ue le château de Foix demeure con-
fisqué au profit de l'Eglise romaine. Il donna pour ses cautions le comte Rai-
mond-Bernard, Hugues-Pierre de Fenouillet & Pilfort de Rabastens. Six
jours après, Arnaud, vicomte de Castelbon, ratifia cet acte sous la caution de
Bernard de Portelle, d'Aton- Arnaud de Castelverdun Si de Raimond de
Quier; S<. le 24 de février, Roger-Bernard, fils du comte de Foix, quoique
assiégé dans le château de Montgrcnier, y donna son consentement, sous la
caution d'Arnaud de Comminges Se d'Arnaud de Villemur. Enfin Hugues,
comte d'Ampurias, Se Guillaume, vicomte de Castelnau, s'en rendirent aussi
garans le 8 de mars. Les commissaires trouvant toutes ces sûretés suffisantes,
envoyèrent leur procès-verbal au pape ; mais le comte de Foix ne put obtenir
si tôt la restitution de son château par l'opposition de Simon de Montfort; il
paya ' cependant quarante livres, monnoie de Toulouse, par semaine à l'abbé
de Saint-Thibéry pour la garde, jusqu'à ce qu'il lui eût été rendu.
Montfort, résolu de prendre le^ château de Montgrenier, s'obstina à l'as-
sicger malgré la rigueur de la saison. La valeur avec laquelle les assiégés se
défendirent auroit sans doute rendu tous ses efforts inutiles; mais, manquant
à la fin de vivres, ils furent obligés de capituler la veille de Pâques, après
' Voyez tome Vltl.CIiarUS, n.CXXI's', ce. i^jj, * Pierre de V.mx-Cernay, c. 83. [Même vcrjiorl
yoo. dans Guillem de Tudèle, v. jûû8 à HijS.]
■"T 5o3 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIIl.
An 1217
avoir soutenu un siège de six semaines. Roger-Bernard de Foix ik toutes ses
troupes eurent la liberté de se retirer avec leurs armesj mais on l'obligea de
promettre par serment de ne pas faire la guerre pendant un an contre Simon
de Montfort & ses alliés.
; XIV. — Le cardinal Bertrand légat dans la Province.
Éd.ori(?:,i. Qjj vient de voir qu'on attendoit dans la Province un nouveau légat au
t. 111, p. 297 1 o
mois de février de l'an 1217. Le pape nomma', en effet, le 19 de janvier de
la même année, Bertrand, cardinal-prêtre du titre de Saint-Jean &. de Saint-
Paul, pour exercer cette fonction dans les provinces d'Embrun, Vienne,
Arles, Narbonne S; Auch, 8c dans les diocèses de Mende, du Puy & d'Albi,
avec pouvoir d'y régler les affaires de la paix & de la foi. Il le recommanda à
tous les prélats de ces provinces &c de la Provence, & ordonna en même temps
aux maîtres (S- aux écoliers demeurant à Paris d'envoyer quelques-uns d'entre
eux dans les pays de Toulouse pour y prêcher & instruire les peuples, comp-
tant qu'ils feroient beaucoup de fruit, à cause de la grande réputation de
science & de vertu qu'ils s'étoient acquise dans tout le pays. Il écrivit quel-
ques jours après à Foulques, évêque de Toulouse, à qui il refusa la demande
que ce prélat avoit faite de se démettre de son évêché pour retourner dans le
cloître. Se de partager son diocèse en plusieurs autres, sous prétexte qu'il ne
pouvoit le gouverner utilement dans ce temps de trouble, à cause de sa trop
grande étendue. Il écrivit aussi, le 18 de mars, aux consuls & aux habitans
de Montpellier pour les prendre sous sa protection & accepter l'offre qu'ils lui
avoient faite, de même qu'à son prédécesseur, de payer tous les ans deux
marcs d'or de redevance au Saint-Siège, chaque marc valant cent masmatins.
XV. — Simon s'accorde avec V évêque d'Âgen. — Il soumet divers châteaux
dans le Termenois.
Montfort, après la prise du château de Montgrenier, se rendit^ à Carcas-
sonne, d'où il alla à Agen; il y transigea 3, le 18 d'avril suivant, dans l'église
de Saint-Capraise, avec Arnaud, évêque de cette ville, touchant la justice 8c
la seigneurie de la ville 8c des faubourgs dont ils convinrent de jouir en
pariage. L'évêque s'engagea de tenir sa moitié 8c la monnoie d'Agen en fief
du comte, qui étoit de retour dans son palais de Carcassonne dès'* le 7 de mai
■ Pierre de Vavix-Cernay, c. 84. — Raynaldi, date, il vendit à l'abbé de La Grasse plusiei'rS
an. 1 21 7, n"' 49, 52. [Potthast, n. 5425.] — Mss, familles de serfs & une albergue annuelle de
de Balu^e, n. 565. — Gariel , Séries praesulum trente chevaliers, qu'il possédait dans le château
Magalonenùum, p. 817 & seq. de Cabrespine, en vertu de l'accord de 1 2 1 5. Voyea
° Pierre de Vaux-Cernay, c. 83. notre Catalogue, n. 142. — Peu après, étant en-
' Caseneure, Instructions pour le franc-alteu de core à Carcassonne, Simon confirma à l'abbaye de
ta province de Languedoc, p. 3i8 & suiv. — Gallia Boulbonne la possession du lieu d'Ampouilhac;
christiann) noT. éd. t. 2, Instrum. c. 431 & suiv. l'acte est de mai IÏ17, sans indication de jour.
'Archives de l'abbaye de La Grasse. [A cette Voir ièiJi n. 144.]
FIISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIIl. 5o3
de la môme année'. Simon se remit bientôt après en campagne Se s'empara de
di%'ers^ châteaux aux environs de Termes, dans le diocèse de Narbonne, où
les routiers s'étoient réfugiés : les uns furent emportés de vive force & les
autres se rendirent volontairement. Durant cette expédition, Guillaume de
Pierre-Pertuse lui promit de le servir fidèlement dans cette frontière 3, en pré-
sence Se sous la caution d'Aymeri, vicomte de Narbonne, dont il étoit homme
lige. Simon, de son côté, pardonna à Guillaume tout le mal que ce seigneur
lui avoit fait jusqu'alors & le prit sous sa protection avec tous ses vassaux.
L'acte est daté du château de Montgaillard, en Termenois, le 22 de mai de
l'an 1217.
XVI. — Simon porte la guerre aux environs du Rhône.
Montfort résolut^* ensuite de porter la guerre aux environs du Rhône pour
s'opposer aux progrès du jeune comte Raimond que les habitans de Saint-
Gilles, entre autres, avoient appelé & reçu chez eux, malgré l'abbé 8c les
religieux qui, ne pouvant l'empêcher, étoient sortis nu-pieds avec le saint
sacrement, après avoir jeté l'interdit 8<. l'excommunication sur la ville. Ce
jeune prince avoit soumis ensuite fout le pays voisin 8c établi sa principale
résidence à Avignon, oii il donna"' en fief, au commencement de janvier de
cette année, à Raimond de Roqueteuil, les châteaux de Breissac 8c de Ganges,
dans le diocèse de Maguelonne. Il se qualifie dans l'acte : Raimond, par la
grâce de Dieu jeune comte de Toulouse, fils de Raimond, comte de Toulouse,
(y de la reine Jeanne. Dans une autre charte, qu'il donna aussi à Avignon,
le I I de mai suivant, en faveur du monastère des filles de Valsave, il prend
le titre de Raimond, fils du seigneur Raimond, par la grâce de Dieu duc de
Narbonne, comte de Toulouse &■ marquis de Provence. Il paroît que le comte
de Toulouse étoit lui-même du côté du Rhône 5 car il accorda^ divers privi-
lèges aux consuls 8c habitans de Beaucaire par une charte datée de cette ville,
le 28 de mars de l'an 12 17. On prétend même que par reconnoissance il éta-
blit'' alors en leur faveur la fameuse foire qu'on y tient tous les ans 5 mais
nous ne trouvons aucune preuve de cette concession. Il témoigna aussi, vers
■ Au même mois de l'année 1217 appartient le ' Pierre de Vaiix-Cernay, c. 83.
seiil acte judiciaire qui nous reste de l'adminis- ' Tome V'III, Chartes, n. CXXV, c. 702, 7o3.
tra:ion de Simon de Montfort dans le Languedoc. ■• Pierre de Vaux-Cernay, c. 83.
C'est un jugement rendu par son sénéchal de Tou- * Tome VIII, Chartes, n. CXXIII, ce. 695, 697,
louse, le 21 mai 1217, dans une cause intéressant ' Recherches sur la ville de Beaucaire, p. 98 &
l'abbaye de Boulbonne & R. de Chauderon, l'un suiv.
des défenseurs de Beaucaire (tome VIII, ce. 701, ' "Puité historique sur la foire de Beaucaire. —
702'. Il s'agissait de plusieurs métairies de Puivert, On peut voir la pièce du 28 mars 12 17 dans les
que ce chevalier avait enlevées au« moines; ces registres des Enquêteurs royaux (tome VII, reg. £>,
derniers soutenaient les avoir jadis acquises de f" 33 h). Ce qui a peut-être donné lieu à cette
l'abbaye de Cuxa & produisaient les actes d'acqui- assertion touchant la foire de Beaucaire eit une
sinon, actes dont leur adversaire contestait l'au- charte du 2 mai 1217, qu'on peut voir au incir.e
thenticité. Après enquête, les propriétés en litige endroit, par laquelle le comte de Toulouse vend
furent rendues à l'abbaye, dont R. de Chauderon aux consuls de Beaucaire le poids public de cette
reconnut pleinement le bon droit. [A. M.J rille. [A. M.]
An 1217
A !i 1217
504 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIII.
le même temps, sa gratitude envers les Marseillois : il les aftranchit' de toute
sorte de droits dans ses terres, leur accorda une entière liberté d'y commercer,
Se leur donna deux maisons dans Beaucaire.
Simon, à son arrivée- aux environs du Rhône, se présenta devant Saint-
Gilles; mais les habitans lui en refusèrent l'entrée S< appelèrent de tout ce
,.^ih'p';!,""8. qu'il pourroit entreprendre contre eux au cardinal f'ertrand, légat, qui étoit
alors à Orange. Gérard, archevêque de Bourges, 5< Robert, évêque de Cler-
mont, qui avoient pris la croix, ayant joint Simon avec un renfort considé-
rable de croisés, il les employa au siège du château de Posquières, nommé
aujourd'hui Vauvert, dans le diocèse de Nimes, qu'il eut bientôt soumis. Il
assiégea ensuite le château de Bernis, l'emporta, fit pendre la plupart des
habitans 8<, par cette exécution, il jeta la terreur dans tous les environs; en
sorte que les peuples ayant pris la fuite, il remit en fort peu de temps sous
son obéissance tout le pays situé à la droite du Rhône, à la réserve des villes
de Beaucaire & de Saint-Gilles & de quelques châteaux. Il se rendit enfin à
Saint-Saturnin du Port, aujourd'hui le Pont-Saint-Esprit, pour conférer avec
le cardinal Bertrand, qui fut obligé dépasser le P\.hône à Viviers, à cause que
les habitans de Marseille, d'Avignon, de Saint-Gilles, de Beaucaire Si de
Tarascon refusoient non-seulement d'obéir à ses ordres, mais le tenoient
comme bloc|ué dans Orange; ils le poursuivirent même jusqu'à Saint-Satur-
nin, S<. tirèrent sur lui du port de cette ville dont ils étoient les maitres-^.
L'archevêque de Bourges Se l'évêque de Clermont s'en retournèrent après
avoir fini leur quarantaine de service. Quant à Simon, il se remit en cam-
pagne aussitôt après la conférence de Saint-Saturnin, prit 5c renversa de tond
en comble la tour de Dragonet, située sur le Rhône, S<. mit dans les fers tous
ceux cpui l'avoient défendue, sous prétexte que leur seigneur s'en servoit pour
rançonner tous ceux qui montoient ou qui descendoient ce fleuve. Simon se
saisit aussi du cliâteau de la Bastide & de tous les autres domaines de Dra-
gonet, qui se remit peu de temps après dans son parti, auquel il avoit renoncé
depuis un an. Se abandonna lâchement celui du jeune Raimond dont il étoit
gouverneur Se l'un des principaux conseillers. Ce seigneur n'est pas sans
doute différent de Dragonet de Montdodon, qui est nommé le premier"' entre
les principaux barons qui furent présens à l'hommage que Raimond de
Roqueteuil rendit à ce jeune prince au commencement de cette année"'.
' Ruffi, Histoire Je Marseille, i'' éd. 1. 4, c. 6. tre M. Meyer, t. i, pp. 292, ip.T, soit La B.istitte
' Pierre de Vaux-Cernay, c. 84. — Tome VIII, d'Engras (Gard), arr. d'Uzès, cant. de Lussan, soit
c. 100. La Bastide d'Ognols, comm. de Goiidargiies, canton
' L'entrevue du Pont-Saint-Esprit eut lieu dans du Pont-Saint-Esprit. Le poëme, au moins dans
la première quinzaine de juillet 1217; Simon de son état actuel, ne parle pas de la prise du châ-
Montfort était auprès de cette ville le 14 de ce teau de Dragonet, qui, M. Meyer le fait rem.ir-
mois, date de l'honimagc que lui rendit Raimond quer {ut supri , p. 29.'!;, devait être sur la rive
Pelet, seigneur d'Alais. (Voyez notre Catalogue, droite du Rhône. La suite des événements "ar..ît
n. 140.) [A. M.] un peu confuse dans cette p;;r;ie de son récit, ik
■• Voyez tome VIII, Chartes, c. 696. les causes de la trahison de Dragonet y sont r.ul
'■• Le château de La Bastide, que dom Vaissete indiquées. [A. M.]
mentionne un peu plus haut, est, ainsi que le mon-
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIII. 5o5
An 1217
XVII. — Simon attaque le comte de Valent'viois ^ fait la paix avec lui.
Simon de Montfort ayant pris l'avis du cardinal Bertrand, légat du Saint-
Siège, sur la suite de son expédition, forma le dessein d'aller attaquer ' au
delà du R.hône le jeune Raimond Si Aymar de Poitiers, comte de Valentinois,
allié de ce prince. Il lit préparer un grand nombre de bateaux à Viviers pour
le passage du fleuve, &., s'étant joint à un corps considérable de croisés con-
duits par l'évêque de Nevers, que le jeune comte de Toulouse n'osa attaquer,
quelque envie qu'il en eût, il se mit en marche & traversa le Rhône à la vue
de ses ennemis, nonobstant tous les efforts qu'ils firent pour s'y opposer. Un
coup si hardi jeta l'épouvante parmi les peuples qui abandonnèrent les villes
6 les campagnes pour prendre la fuite. Simon 8< le légat, qui le suivoit, se
présentèrent aussitôt devant Montélimar dont le principal seigneur, nommé
Guitard d'Adhémar, étoit dans le parti du jeune Raimond, quoiqu'il se tùt
rendu homme lige du pape. Ce seigneur offrit alors de remettre la place au
cardinal-légat j mais les habitans aimèrent mieux se soumettre à Simon lui-
même, à la persuasion d'un cousin de Guitard c[ui possédoit l'autre portion
de la seigneurie de Montélimar ik qui avoit toujours été attaché à ce général ^.
Simon entreprit quelques jours après le siège de Crest, château très-tort £<
très-bien muni, dans le Valentinois, dont un brave chevalier, nommé Arnaud
Dcidie, étoit gouverneur au nom du comte Aymar de Poitiers, à qui il appar-
tenoit. Plusieurs évèques du pays Se environ cent chevaliers françois, que le
roi Philippe-Auguste envoya à Simon pour servir sous ses ordres pendant six
mois, l'aidèrent à cette expédition. On négocia cependant la paix entre ce
général & Aymar, & ils convinrent enfin d'un traité. Simon promit de donner
sa fille en mariage à ce comte qui promit, de son côté, de vivre en bonne
amitié avec lui 8c lui livra plusieurs de ses châteaux pour la sûreté de sa pro-
messe. Le comte de Valentinois conclut en même temps la paix avec Humbert
de Mirabel, évêque de Valence, avec lequel il avoit de grands différends. Ce
prélat, qui avoit été chartreux 8c qui est honoré 3 comme bienheureux, eut
d'autres démêlés avec les habitans de Valence 81 divers seigneurs du pays 5 il
appela à son secours, pour les soumettre, Bertrand, évêque du Puy, Gui, sei- , ''j^j'"^,'f,
gneur de Tournon, 8c Géraud Bastet : il donna en reconnoissance le pa\sde
'Pierre de Vaux- Ceriiny, c. 84. — Voyez (ilii.l. n. 5491) lui ordonne en même temps de
tome VIII, Chartes, c. i5o. veiller à ce que r.'irchevéqiie puisse librement
' Une dts premières iifTiiires dont le nouveau relever les fortifications de son château de Ca-
légat eut i s'occuper fut celle de Narbonne, dont brières, détruites malgré lui. Le 23 octobre d; la
le duché était toujours disputé par l'archevêque même année, le pape, revenant sur cette j ri-
Arnaud à Simon de Montfort. Par une bulle du mière décision, manda à Arnaud de Narbonne de
7 mars 1117 (Pofihast, n. 5490), le légat fut chargé se rendre à Rome dans les vingt jours, sans tî-
de remettre le prélat en possession du duché & de nir compte des décisions du légat (n. 53 r 1 ),
tous les droits en dépendant, & de confirmer la [A. M.]
sentence d'excommunication prononcée par lui ' Colnmh'i, Je Episcopis yah'ntincnsiius. — Gal-
contre Montfort. Une autre bulle du même jour Ha Chrntiandt t. 3, c. 11 i3.
A II r 2 1 7
5o6 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIII.
Diunstal au second, Se le lieu de Charmes au troisième. La paix étant con-
clue entre Simon de Montfort 8c le comte de Valentinois, le gouverneur de
Crest se rendit volontairement au premier'.
XVIII. — Les Toulousains rappellent le comte RaimoncL &• le reçoivent
dans leur ville.
Montfort s'applaudissoit^ de la prospérité de ses armes & du succès de ses
négociations lorsqu'il apprit que la ville de Toulouse & plusieurs places des
environs s'étoient soulevées contre lui. Durant son absence, les Toulousains,
outrés de l'extrême rigueur dont il avoit usé à leur égard, appelèrent secrè-
tement.le comte Raimond, leur ancien maître, & promirent de lui livrer la
ville. Ce prince, qui étoit alors au delà des Pyrénées, rassemble au plus tôt
un corps d'Aragonois & de Catalans, qu'il avoit déjà engagés à son service,
&, suivi du comte de Pailhas^, il va joindre dans le Comminges Bernard, son
neveu, comte de ce pays. Roger-Bernard, fils du comte de Foix, ayant accouru
d'un autre côté à son secours avec divers seigneurs, il marche vers Toulouse.
En chemin faisant, le comte de Comminges, qui conduisoit l'avant-garde,
rencontre à la Salvetat, à quatre lieues de Toulouse, un corps de troupes de
Simon de Montfort qui, sans se douter de rien, étoient venues faire des
courses dans le pays j il les charge & les pousse vivement; mais il est repoussé
à son tour. Il commençoit à plier lorsque Roger de Montant, Roger d'Aspel
& Roger-Bernard de Foix, étant arrivés à propos, ils rétablissent le combat
8t défont entièrement ce corps de troupes qui avoit soumis le château de
Mazères, dans le pays de Foix. Le comte Raimond, ne trouvant plus d'ob-
stacle à son passage, arrive au voisinage de Toulouse 8t fait avertir ceux des
habitans qui lui étoient dévoués ; il s'avance ensuite, le matin du i3 du"*, mois
de septembre, à la faveur d'un brouillard épais, traverse la Garonne au gué
qui est sous le moulin du Bazacle & entre dans Toulouse sans être aperçu.
Au bruit de son arrivée, le peuple se partage : les uns se déclarent hautement
en sa faveur & lui donnent les plus grandes démonstrations d'amitié; les
autres, plus timides & sachant par expérience jusqu'à quel point Simon de
Monttort portoit la vengeance, n'osent embrasser son parti Si se retirent partie
avec les François dans le château Narbonnois, partie dans le palais épiscopal
ou dans le cloître de Saint-Etienne Si partie dans le monastère de Saint-
Saturnin. Pvaimond tâche de ramener ceux-ci 8c les gagne bientôt, les uns
par caresses Se les autres par menaces. Enfin les Toulousains réunis prennent
les armes, se joignent à ses troupes, font main basse sur tous les François ou
les autres partisans déclarés de Simon qu'ils rencontrent 8c s'assurent de la
' Cette expédition de Montfort en Provence l'oc- ^ C'est-à-dire de Roger de Comminges, qui venait
cupa pendant le mois d'août 1217. [A. M.] d'abandonner le parti de Montfort, auquel il avait
' Pierre de Vaux-Cernay, c. 84 & suiv. — prêté hommage en 1211, pendant le siège de La-
Guillaume de Puylaurens, c. 3o. — Voyez vaur. [A. M.]
tome Vin, ce. i5o à t53. * Voyez tome V, Chroniques, ce, 44, 5l & 221 1,
An 1217
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC, LIV. XXIII. 5oj
ville. Comme elle étoit démantelée, Raimond s'occupa nuit &. jour à la forti-
fier. Il fit creuser de larges fossés tout autour, les garnit de palissades Se de
bons retranchemens qu'il affermit avec des poutres, & fit élever à la hâte des
bastions Se des redoutes'.
XIX. — Vains ejjbrts des seigneurs de la maison de Montfirt pour chasser
de Toulouse le comte Raimond.
La comtesse de Montfort*, qui se trouvoit dans le château Narbonnois avec
ses deux brus, la femme de Gui de Monttort, sa belle-sœur. Se leurs enfans,
envoya aussitôt à ce dernier Se au comte Simon, son mari, leur faire part de
ce qui venoit d'arriver. Sur cet avis Gui de Montfort, frère de Simon, Se Gui,
son neveu, comte de Bigorre, qui étoient du côté de Carcassonne, se mettent
en marche à la tête de plusieurs chevaliers. Se, comptant d'emporter la ville
de Toulouse d'emblée, ils y donnent l'assaut du côté du plan de Montolieu.
Les Toulousains, encouragés par la présence de leur seigneur Se du comte de
Comminges, les repoussent Se les obligent à se retirer après leur avoir tué
beaucoup de monde. Ce mauvais succès ne rebute pas les deux Montfort r ils
tentent une seconde attaque du côté tlu jardin de Saint-Jacques; mais ils y
sont encore plus mal reçus que dans la première, Se sont contraints de se
réfugier dans les maisons voisines du château Narbonnois. Enfin, ne pouvant
espérer de forcer les Toulousains, ils implorent le secours de l'archevêque
d'Auch 8e du comte d'Armagnac. Raimond, de son côté, ne négligea rien
pour se soutenir Se donna ordre au jeune comte, son fils, de le venir joindre
incessamment. Divers seigneurs de Gascogne, de Querci, d'Albigeois, du
Carcasses, Sec, entre autres Gaspard de la Barthe, Roger de Comminges,
Bertrand-Jourdain de l'Isle, Géraud de Gourdon, seigneur de Caraman, Ber-
trand de Montaigu Se son frère Gaillard, Bertrand Se Guitard de Marmande,
Etienne de la Valette Se Aymar, son frère, Gérard de la Mothe, Bertrand de '^,<i-, «""'bj»-
, . . . 1 . t- III, p. 3oo.
Pestillac Se Géraud dAmanieu, tous chevaliers braves Se aguerris, lui ame-
nèrent des renforts 8e entrèrent dans Toulouse au bruit des trompettes Se
enseignes déployées^.
Simon de Montfort, ayant appris cette révolution aux environs du Rhône,
eut grand soin de ne pas l'ébruiter Se se pressa de conclure une trêve avec le
' Guillem deTudèle, vers 5709 à 5907. — Beau- ronne, canton de Légiievin). Là, ils rencontrent
coup plus de détails que dans Pierre de Vaux- Jori, chevalier du parti de Montfort ; le combat se
Cernay. Le comte de Pailhas a recueilli le comte termine par la fuite des Français. Le letidemain,
Raimond, qui lui expose que les habitants de le comte entre dans Toulouse, en traversant le
Toulouse l'invitent en secret à rentrer dans leur fleuve à gué, à la faveur d'un épais brouillardj
ville. Les comtes de Comminges & de Pailhas, le que le poète qualifie de miraculeux. [A. M.|
fils du comte de Foix , Roger de Moniaut & ' Pierre de Vaux- Cernay, c. 84 & suiv. — ^
Guillem Unaut de Lanta l'engagent à partir 8c Guillaume de Puylaurens, c. 3o. — ■ Voyei
promettent de le soutenir. Ils entrent en Com- tome VIII, c. lâi;
minges, passent la Garonne (probablement vers ' Guillem de Tudèle, vers 5909-6138. — Beau-
Muret ou peut-être a Martres) & arrivent à la coup plus développé que la chronique en proséj
Salvetat (au), la Salvetat Sainte-Foix, Ha»te-Ga- mais aucun fait important de plus. [A. M.]
An 1217
5oB HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIIL
jeune comte Raiinond. Dès que le traité fut signé, il passe ce fleuve S<. marche
vers le Toulousain suivi du cardinal-légat 5 mais il a le chagrin de se voir
abandonne en chemin par une partie de ses troupes. En arrivant à Baziége
il se met en ordre de bataille, parce que tout le pays s étant déclaré pour son
adversaire, il craignoit quelque embuscade. Le comte Gui, son frère, qui étoit
allé à sa rencontre l'avant joint bientôt après, ils prennent la résolution, de
l'avis du légat, de brusquer de nouveau l'attaque de Toulouse & de donner
l'assaut, & dans ce dessein ils font provision d'échelles. Les comtes de Tou-
louse & de Comminges les laissent avancer jusqu'au bord du fossé 8<. font
alors une si rude décharge sur leurs escadrons qu'ils les mettent en désordre
& les obligent de reculer. Le comte de Comminges prend en même temps
une arbalète S<. décoche un trait avec tant de force contre Gui, frère de Simon,
quil lui perce les deux cuisses de part en part & le renverse dans le fossé. Le
jeune Gui, comte de Bigorre, est en même temps dangereusement blessé.
Les comtes de Toulouse & de Comminges sortent ensuite des retranchemens,
donnent avec furie sur les François &. les forcent enfin de prendre la fuite.
Simon, déconcerté, abandonna son entreprise & prit le parti de faire le siège
de Toulouse dans les formes. Pour comble de malheur, il apprit bientôt après
que, sur la nouvelle de l'échec qu'il venoit d'essuyer, le renfort que l'arche-
vêque d'Auch lui envoyoit s'étoit entièrement débandé aux environs de Tou-
louse '.
XX. — Simon envole demander du secours en France, £» assiège Toulouse.
Cependant le cardinal Bertrand fit partir Foulques, évêque de Toulouse,
pour aller chercher du secours en France. Foulques associa à sa mission
divers prédicateurs, entre autres le fameux Jacques de Vitry, & ne négligea
rien pour persuader aux peuples de se croiser en faveur de Montfort. Ce
général envoya de son ^ côté la comtesse, sa femme, à la Cour pour solliciter
le roi de le soutenir; le comte Pv.aimond s'en inquiéta fort peu,8t ayant reçu •*
un corps de Navarrois & de Catalans, que le comte de Foix lui amena &. qui
entra dans Toulouse aux acclamations de tout le peuple, il se mit en état de
faire une longue 8<. vigoureuse défense.
Simon entreprit le siège de Toulouse vers la fin de septembre^ de l'an 12 17.
Il attaqua d'abord la ville du côté du château Narbonnois £<. de la porte de
' GuiUem de Tiidèle, vers 6140 à 6i>6y. — Le rives, pour en rendre le ravitaillement plus diffi-
poc;ne donne beaucoup de détails sur le retour de cile. [A. M.]
Simon de Montfort de Provence, le premier com- ' Robertus Altissiodorensis , Continuatlo , an.
bat jous Toulouse & les conseils tenus par les 1217.
barons croisés, après leur premier échec. On y ' Pierre de Vaux-Cernay, c, 84. — Voyeg
remarque notamment (6287 à 6304) l'excommu- tome VIII, ce. i56, 167.
nication lancée contre Toulouse par le cardinal ■• Au plus tôt dans le courant d'octobre, si l'on
légat, qui voue la ville à la destruction & décrète considère le temps qu'il lui fallut pour être in-
le massacre de tous ses habitants. Simon de Mont- formé de la révolte, faire sa paix avec le i.-une
fort se décide ensuite i bloquer la ville sur les deux comte & revenir du bas Languedoc. [A. M.j
An 1217
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIIL Soç
Montolieu ; mais, voyant que cet endroit étoit très-fort, il résolut de tenter une
seconde attaque à la porte du faubourg de San-Subra, qui est situé de l'autre
coté de la Garonne & qui étoit joint à la ville par deux ponts dont les assiégés
étoient les maîtres. Dans ce dessein, il partagea ses forces &, laissant à Amauri,
son fils, le soin de continuer les travaux de la première attaque, il passa la
rivière avec une partie de ses troupes St dressa ses batteries contre cette porte;
mais il se vit aussitôt assailli par les Toulousains qui, par leurs sorties, ne lui
donnèrent pas un moment de relâche & lui tuèrent beaucoup de monde.
Cela lui fit prendre la résolution de retourner dans son premier quartier ;
il s'y disposoit lorsque le comte de Foix, ayant fait une nouvelle sortie, l'at-
taqua, le mit en fuite St le poursuivit jusqu'à Muret, où Simon repassa la
Garonne sur les mêmes bateaux dont il s'étoit servi pour la passer. Ce général
en entrant dans la barque eut le malheur de tomber à cheval dans un endroit
très-profond, St, comme il était pesamment armé, il fut sur le point de se
noyer; mais ajant été promptement secouru il en fut quitte poiu" perdre son
cheval. 11 ramena enfin ses troupes au camp devant le château Narbonnois &
la porte de Montolieu, St redoubla ses efforts pour avancer le siège".
Le comte Pvaimond, après avoir chassé Simon de l'attaque du faubourg
San-Subra, assembla les habitans de Toulouse pour délibérer avec eux sur leur
commune défense. Ils lui renouvelèrent to.us les protestations d'une fidélité
inviolable, & lui ofhirent leurs corps, leurs vies & leurs biens. On résolut de
dresser divers trébuchets, pierriers Se mangonneaux pour attaquera, battre le Kd.origin.
château Narbonnois, de relever les murailles de la ville & de les renforcer
surtout du coté de ce château. On mit aussitôt la main à l'œuvre, Se tous les
Toulousains, tant hommes que femmes, s'employèrent à ce travail jour £< nuit
avec la plus vive ardeur.
XXI. — Montauban tente Inutilement de secouer le joug de Simon.
Sur ces entrefaites, Montfort, pour s'assurer de la fidélité des habitans de
Montauban, qui lui étoit fort suspecte, leur fit demander des otages, qu'ils
furent obligés de lui donner. Quelques jours après il envoya dans cette ville
son sénéchal d'Agenois St l'évèque de Lectoure pour les tenir en bride. Les
habitans firent alors avertir secrètement le comte de Toulouse qu'il leur étoit
aisé de s'assurer de la personne de ce prélat 61 de ce chevalier 8c de les lui
livrer, s'il vouloit leur envoyer un renfort. Sur cet avis Raimond fait partir
cinq cents hommes d'armes qui, ayant marché toute la nuit, arrivent à la
pointe du jour à Montauban^ 8c y sont introduits par les conjurés; ceux-ci,
' Guillem de Tiidele, vers 6568-6723. Tentative retrouveauciin dansPierre deVaux-Cernay. [A. M.]
du comte de Monifort sur la rive gauche de la ' Le fait est possible, quoique entre les deux
Garonne. En signe de défi, les croisés commencent villes il y ait près de cinquante kilomètres. Les
la construction d'une ville neuve sous les murs nuits étant assez longues au mois d'octobre, on
mêmes de Toulouse, & Simon accorde de grands peut supposer la troupe partie le soir vers huit
privilèges à ceux qui viendront l'habiter (6627- heures & arrivant le lendemain matin vers sepç
0/3.^,-. Ces dît'V-ls panisscnt 5u'-p;ct5, Ç\ on \\\r\ hçiires, soit onjî heures ài marche- [A. M.J
t. m, p,3oi.
An 1217
5 10 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC, LIV. XXIII.
qui étoient au nombre de plus de trois mille, s'étant joints à ces troupes,
s'assurent des places publiques, les barricadent, posent des. sentinelles aux
portes des maisons où le sénéchal d'Agenois & l'évêque de Lectoure étoient
logés, & apportent une grande quantité de bois pour y mettre le feu, en cas
qu'ils ne pussent se saisir de leurs personnes. Les François qui étoient dis-
persés dans la ville entendant du bruit, se lèvent, courent aux armes, atta-
quent les conjurés, les mettent en fuite, délivrent le sénéchal 81 l'évêque 8c
mettent enfin la ville au feu & au pillage'.
XXII. — Suite du siège de Toulouse par Simon de Montfort.
Raimond, ayant achevé de construire toutes les machines nécessaires pour
l'attaque du château Narbonnois, les fit jouer contre cette forteresse, qu'il ne
cessa de battre pendant tout l'hiver, tandis que Simon continuoit le siège de
la ville, mais sans succès. Entre les divers chevaliers qui marchèrent au secours
de ce dernier, furent Géraud, comte d'Armagnac St de Fezensac, Roger, son
frère, Anissand de Caumont 8<. Oton de Montaut qui, par un acte daté^ du
siège devant Toulouse, au-dessus du château Narbonnois, le 18 de décembre
de l'an 1217, lui répondirent de la fidélité de Bernard-Jourdain de l'Isle.
Nous avons aussi une charte par laquelle Rostaing, seigneur de Posquières,
' au diocèse de Nimes, étant au siége^ de Toulouse, le 3 de février suivant, fit
hommage lige à Simon de Montfort, avec promesse de le servir, tant pour le
château de Posquières, que ce comte lui avoit rendu à la recommandation
d'Héracle de Montlaur, que pour celui de Marguerittes. Le seigneur de Mont-
laur se rendit en même temps caution de Rostaing de Posquières, dont il
devait hériter après sa mort, 8t fit en conséquence hommage lige à Simon
pour les châteaux de Posquières 81 de Marguerittes, en présence du cardinal
Bertrand, légat du Saint-Siège, des évêques d'Agde 81 de Lodève, de Guil-
laume d'Ailac, commandeur de la milice du Temple en Provence &« dans le
Toulousain, 8c de divers seigneurs. Raimond Pelet rendit"* aussi hommage
vers le même temps à Simon de Montfort pour la seigneurie d'Alais. Ces actes
prouvent que Simon continua le siège pendant l'hiver, quoiqu'on prétende i'
qu'il le changea en blocus à l'approche de cette saison, à cause qu'il n'avoit
pas des forces suffisantes, 8c qu'ayant reçu au printemps suivant un nouveau
renfort de croisés, il le reprit seulement alors. On voit d'ailleurs un autre
acte'' donné au siège de Toulouse , le i3 de décembre de Van 121 7, par
lequel Montfort recommande les intérêts de saint Dominique 8c de ses cou-
vens aux sénéchaux de Carcassonne 8c d'Agen''.
■ En revanche, les princes méridionaux recoii- ^ Baliize, Histoire généalogique de la maison
vrèrent à cette époque (février izi8) le château d'Auvergne, t. 2, p. 86. [Catalogue, n. i5i.]
de Foix, qui fut remis au comte de Toulouse par ^ Catel, Mém. de l'histoire du Languedoc, p. 341.
l'abbé de Saint-Thibéry, Bérenger, auquel le pape ^ Marca, Histoire de Béarn, 1. 8, c. 20.
en avait confié la garde. (Cf. Guillem de Tudèle, '^ Pierre de Vaux-Cernay, édition Camuzat,
vers 6869-6871.) [A. M.] p. 326. [Catalogue, n. 147.)
' Tome VIII, Chartes, n. CXXV, ce. 703, 704. ' On peut se demander comment U ville Js
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIII. 5ii
An U17
XXIII. — Le pape, à la sollicitation de Simon, tâche de détacher Jacques,
roi d'Aragon, de son alliance avec le comte de Toulouse,
Simon, pour aftbiblir le parti du comte de Toulouse & lui ôter les
secours qu'il tiroit d'Aragon 8c de Catalogne, se plaignit à Honoré III des
liaisons du jeune Jacques, roi d'Aragon, avec ce prince. Sur ces plaintes, le
pape ' ordonna, le 23 d'octobre de l'an 1217, au cardinal Bertrand, son légat,
de détourner Jacques 8c ses sujets de faire aucune entreprise contre Simon de
Montfort; de leur détendre de violer la trêve établie par le concile général de
I-atran ; de leur déclarer que s'ils avoient quelque différend avec Simon ils
eussent à s'en rapporter à la décision du Saint-Siège, 8c enfin de les excom-
munier 8c de jeter l'interdit sur le pays, s'ils avoient recours aux armes. Dans
une autre lettre qu'Honoré écrivit au roi d'Aragon lui-même, le 28 décembre x!^\\\^affo2
suivant^; il rappelle à ce prince le souvenir des obligations qu'il avoit au Saint-
Siège, Il qui vous a tiré, ajoute-t-il, des mains de ceux que vous appelé-^ vos
<( ennemis pour vous rendre à vos sujets. « Il se plaint ensuite à Jacques de ce
qu'il avoit envoyé du secours aux Toulousains, 8c de ce qu'il s'opposoit aux
desseins du légat. Il lui enjoint de rappeler incessamment ce secours &c lui
défend d'en envoyer davantage, 8c d'attaquer directement ou indirectement •
les domaines possédés dans les pays au nom de l'Eglise romaine. « Autrement,
«dit-il, vous pourriez tellement nous indisposer 8c l'Église romaine, que
« nous serions obligés d'employer les nations étrangères pour punir votre
« royaume. » Comme le roi d'Aragon n'avoit pas beaucoup de part au gou-
vernement, à cause de sa jeunesse, le pape écrivit à Sanclie, comte de Rous-
sillon, grand-oncle de ce prince, pour se plaindre de ce que le roi avoit
Toulouse, assiégée pour la deuxième fois depuis puisés comme partisans de Montfort; que plu-
six ans, put résister si longtemps aux efforts des sieurs autres, en quittant la ville sous prétexte de
croisés. Il faut croire qu'instruits par leurs dé- pèlerinage ou d'affaires commerciales, avaient
faites répétées, les chevaliers méridionaux se don- trouvé moyen de se soustraire aux lourdes charges
lièrent quelques-unes des qualités de leurs pru- qui pesaient sur tous les bourgeois; que d'autres
dents & tenaces ennemis. En outre, les renforts enfin refusaient de payer leur quote-part, en allé-
très-nombreux que le comte Raimond avait ame- guant leur prétendue pauvreté. Ils demandaient à
nés d'Espagne vinrent fort heureusement augmen- Raimond VI l'autorisation de faire vendre à l'en-
ter le nombre des défenseurs de la ville. Enfin, la can les biens meubles & immeubles de tous ces
connaissance certaine du sort qui les attendait, bourgeois. Cette autorisation leur fut immédiate-
s'ils ne résistaient pas jusqu'à la dernière extré- ment accordée par le comte, & le jeune Raimond
mité, put donner aux habitants le courage du dé- la renouvela en son nom personnel, le 7 juin sui-
sespoir. Aucun moyen ne fut épargné par les con- vant.
suis pour rendre la défense plus efficace. Le poète En exécution de cette ordonnance; le 28 oc-
anonyme nous les montre allant exciter le peuple tobre 1220, les consuls vendirent les biens d'un
à l'approche des combats, dirigeant la défense, certain Pons Paumade, qui n'avait pas pris part à
veillant aux approvisionnements, &c. Une charte la défense de Toulouse. (Cf. tome VIII, ce. 736
de janvier 1218, que nous publions au tome VIII à 738.) [A. M.]
de la présente édition, c. 706 & suiv., indique ' Raynaldi, an. 1217, n. 55 & suiv. [Potthast,
comment ils parvinrent à se procurer des res- n. 56io.J
sources pécuniaires. Ils vinrent exposer au comte ' Corrigez le 27. [Potthast, n. 5643.]
que nombre de Toulousains avaient été ex-
An IZI7
012
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIII.
embrassé par son conseil Se celui des autres grands d'Aragon, le parti des
Toulousains'.
XXIV. — La ville de Montpellier se remet sous l'obéissance de Jacques.
Jacques I, roi d'Aragon, n'étoit sorti ^ alors que depuis l'année précédente
du château de Monçon, où il avoit été renfermé pendant^ deux ans & demi,
8<. il n'étoit que dans la dixième année de son âge"*. Il marque lui-même qu'il
n'avoit pas encore atteint l'âge de puberté dans une charte qu'il donna à la
fin^ de l'an 1218, à Lérida, où il avoit convoqué les Etats de son royaume,
£< par laquelle il pardonne aux douze consuls & aux habitans de Montpellier,
ses sujets, tous les griels qu'il avoit contre eux, leur accorde son amitié Se.
confirme leurs privilèges. Bernard, évêque de Maguelonne, assista, à ce qu'il
paroît, à ces Etats, car il céda alors ^ à ce prince, pour la somme de vingt mille
sols melgoriens : 1° Quatre deniers pour livre sur la monnoie de Melgueil.
2° Ses droits sur les châteaux de Pignan 8c de Saussan. 3" Enfin tout ce que
le même prince lui devoit à cause des châteaux de Frontignan, Castries, Cas-
te! nau &t Centrairargues, 8c qui consistoit dans le droit de guidage, pour lequel
le seigneur de Montpellier payoit tous les ans à l'évêque un marabotin d'or.
Les habitans de Montpellier s'étant réconciliés avec le roi Jacques', par l'en-
tremise du pape Innocent III, l'avoient enfin reconnu pour leur seigneur Se
lui avoient prêté serment de fidélité dès le commencement de l'an 1216. Il
s'étoit élevé depuis quelque nouvelle brouillerie entre eux, que le pape Ho-
noré III apaisa vers la fin de l'an 12 18, 8c c'est ce qui donna lieu à la charte
du roi Jacques dont nous venons de parler. Ce prince demeura depuis pai-
sible possesseur de la seigneurie de Montpellier, malgré les nouveaux troubles
que l'esprit républicain dont les habitans étoient animés, y excita de temps
en temps ^,
' [Potthast, n. 5644; la lettte est du 29 dé-
cembre.]
' Voyez tome Vil, Vote IV, pp. 10 & 11.
3 Chronica 0 commentar'i del rey en Jacme^ c. 12.
* On peut voir sur cette détention du jeune roi
à Monzon & sur les troubles qui agitaient la Ca-
talogne à ce moment 1 ouvr..ge de M. de Tourtou-
lon, Jacmc /'', t. 1, pp. 147 à 1 j3. Le pays étant
profondément troublé par les luttes entre les in-
fants Sanche & Fernand, qui se disputaient la
régence du royaume & la tutelle du prince, un
parti royal finit par se former, & grâce à son
secours, Jacme I" put quitter le château de Mon-
zon, où il était détenu par le maître du Temple,
Guillem de Montredon. La date exacte de cette
évasion n'est pas connue; elle eut lieu après le
19 juin 1217 (voir tit supra, p. ij3, note).
Dom Vaissete, en l'absence de tout document di-
plomatique, l'avait fixée à la fin de l'an 1216
pu au çommçncement dç ijiy (voir tonie VII,
Note XIV, pp. 38 à 42). Une fois sorti de prison,
Jacme eut bientôt ramené à lui les populations
aragonaises &. catalanes, & les deux infants du-
rent renoncera leurs prétentions. [A. M.]
^ Zurita, Anales de la corona de Aragon, 1. 2,
c. 7 1 .
^ G3r\e\, Séries praesulum Magalonensium,-p. 3zo
& seq.
' liid. p. 3 14 & 329.
* Le 6 juin 1217, le pape avait rendu au jeune
roi d'Aragon le comté de Millau, engagé en
1204, par son père, à Raimond, comte de Tou-
louse. L'évêque d'Uzès avait occupé ce pays depuis
la condamnation de ce dernier prince & l'avait
confié à la garde de Guillaume, évèque de Mende.
Honorius ordonna à celui-ci de le rendre à Jac-
ques d'Aragon, annulant ainsi les conventions
passées entre Raimond VI & Pierre d'Aragon.
[A. M.]
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIII.
Dl.
An 1217
XXV, — Saint Pierre Nolasque
On prétend que le roi Jacques fonda à Barcelone, le 10 du mois d'août de
l'an 12 18, l'ordre de la Merci pour la rédemption des captifs dont saint Pierre
Nolasque fut l'instituteur Se le premier général. D'autres reculent cette fon-
dation de quelques années. Comme nous n'avons aucune ' vie originale de
ce saint, nous ne saurions dire rien de certain là-dessus. Tout ce qu'il y a de
vrai est que saint Pierre Nolasque naquit ou au Mas-Saintes-Puelles ou à
Saint-Papoul , dans le Lauragaisj qu'il fonda cet ordre à Barcelone^, vers
l'an 12 18, pour la rédemption des captits retonus entre les mains des infi-
dèles; qu'il y admit des prêtres & des chevaliers laïques; que tous les géné-
raux furent pri" du nombre de ces derniers, depuis saint Pierre Nolasque
lui-même, jusqu'en i3i7; que, par conséquent, ce saint étoit laïque; qu'il
mourut en i256 & qu'il fut canonisé en 1628. Du reste, cet ordre s'étendit
dans la Province bientôt après sa fondation; il possède des couvens à Tou-
louse, à Montpellier, à Carcassonne, 8cc.
XXVI. — Le pape écrit diverses lettres en faveur de Simon de Mont/ort,
entre autres au jeune Raimond.
Le pape Honoré III écrivit, à la fin du mois de décembre de l'an 1217,
diverses lettres ^ qui concernent les affaires de la Province :
1° Aux consuls 8c aux habitans de Toulouse, d'Avignon, de Marseille, de
Tarascon, de Beaucaire & de Saint-Gilles pour leur ordonner de rompre leur
ligue contre Simon de Montlort 8<. de cesser de lui faire la guerre, avec pro-
messe, s'ils lui obéissoient, de lever la sentence d'excommunication, d'interdit
& d'abandon de leurs biens au premier occupant, que le cardinal Bertrand,
son légat, avoit lancée contre eux, & de les réconciliera l'Eglise.
2° Au jeune comte Raimond auquel il parle en ces termes : « A Raimond, rîci. oHiiin.
(i fils de noble homme Raimond, autrefois comte de Toulouse, l'esprit d'un ' p- " ■
« conseil plus sage. Quoique votre père se soit attiré par ses énormes forfaits
<( une sentence d'exhérédation, non-seulement pour lui-même, mais encore
<( pour toute sa postérité; le Saint-Siège, plein de bonté, 8c, par compassion
« pour votre jeunesse, a toutefois réservé en son pouvoir une partie des
« domaines que votre père possédoit en deçà du Rhône, pour vous les donner
H comme il conviendroit, supposé que vous ne marchassiez pas sur ses traces.
« Mais vous imitez sa malice 8c vous faites tous vos efforts, ainsi que nous
(1 l'avons appris avec douleur, pour détruire dans le pays l'affaire de la paix
•1 Se de la foi, affaire qui a coûté tant de peines 8c tant de travaux. Vous avez
« porté le trouble au delà de ce fleuve, au mépris du siège apostolique, tandis
' Voyez tome VU, Note XX, p. 60 à 63. » Raynaldl, année 1217, n. 58 & suiv.
' Hétiot, Histoire Acs ordres monastiques, t. î, thnst, n°' 56.^2 & 6647. 1
C. J4 & suiv. — Voyez tome VII, Note XX, p. 6z,
VI. 33
fPoi-
An
■'7
JI4
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIII.
« que les exemples domestiques cle%'roient vous faire assez comprendre com-
(( bien il est dangereux de regimber contre l'éperon; car si l'Eglise romaine
« appuyée, non de ses propres forces, mais de celles de Dieu, souffre l'oppres-
« sion pendant un temps, elle n'a qu'à commencer à appesantir sa main sur
« les rebelles, Se elle triomphe aussitôt plus admirablement (par le secours de
« Dieu) dans les endroits où elle paroîtia plus vexée. Nous vous exhortons
« donc à rejeter les conseils de ceux qui vous ont séduit jusqu'ici & à lâcher
« d'éprouver la douceur du Saint-Siège plutôt que sa sévérité, & à ne pas
« troubler, soit par vous-même, soit par les autres, les pays situés au delà du
« Rhône; mais à vous montrer si exact à exécuter nos ordres que vous ne
« soyez pas privé de l'eftet de la grâce apostolique. Apprenez donc à être sage
<i par les disgrâces de votre père, & ne vous rendez pas Dieu contraire Se vous-
» même contraire à Dieu. Si vous avez quelque sujet de dispute qui vous
<c intéresse vous-même ou vos associés, déférez-en le jugement au Saint-Siège
« qui ne manquera pas de vous rendre justice'. »
3° Au comte de Foix, qui avoit pris les armes contre Simon de Montfort,
pour l'engager à les quitter^.
4° A Philippe-Auguste-^, roi de France. Le pape le sollicite fortement d'en-
voyer contre les Toulousains tous ceux de ses vassaux qui n'étoient pas
engagés dans la croisade de la Terre-Sainte.
5° Enfin le pape écrivit à tous les évêques de France pour les exciter à
encourager les fidèles de leurs diocèses à aller secourir Simon de Montforf^.
An 12 lî
XXVII. — Simon reçoit divers renjbrts &- continue le siège de Toulouse.
Foulqiies, évêque de Toulouse^, se donna tant de soins en France durant
tout l'hiver pour procurer du secours à ce général, qu'enfin il lui amena au
printemps un corps de croisés, entre lesquels étoient*^ Michel de Harnes Se
Amand de Chisoin'^, chevaliers flamands. Simon redoubla alors ses efforts
' [Potthast, n. 5640.]
' [Potthast, n. 5646.]
^ Raynaldi, année 1217, n. 58 & siiiv. — Da-
chesne, Historîae Francorum scrîptores coaeîane't,
t. 5, p. 8ji. [Potthast, n. 5646.]
* Il écrivit encore, le 3 janvier lu 8, à Simon
de Montfort de restituer sans retard à l'évêque de
Viviers le château de Fanjeaux, en Argentière,
tombé en commise & mouvant de cette église.
Potthast, n. Û638. — Ajoutons-y d'autres lettres
analogues à celles pour le comte de Foix, du
i3 janvier 1218, aux consuls 8c habitants de
Montpellier, au vicomte de Turenne, aux sei-
gneurs de Gourdon & à tous les barons du Querci
(Potthast, n. Û669). Par d'autres lettres du même
jour, le pape remercie de l'appui qu'ils donnent
au comte de Montfort Aymcri de Narbonne & les
{labitants de cette ville, Adémar de Poitiers, comte
de Valentinois, Amanieu d'Albret & plusieurs ba-
rons de Gascogne, Guillaume, prince d'Orange, 8c
divers seigneurs de Provence [ihid..n. 5670). Un
mois plus tard, fidèles à leurs promesses, les habi-
tants de Narbonne prêtèrent serment de fidélité
3 Simon de Montfort & lui promirent de détruire
leurs murailles S<. de ne point recevoir ses enne-
mis. Ils en informèrent le roi de Fiance & le pape
Honorius par lettres du 27 février 1218, (Cf. notre
Catalogue, n. i52.) [A. M.]
' Guillaume de Puylaurens, c. 3o. — [La dona-
tion du château de Verfeil est en réalité du 4 juin
1214. — Voyez tome VIII, c. 653.]
' Chronique dé Baudouin d'Avesnes, mss. Je Cois-
lin, n. 490,
' [Corrige^ Cysoing (Nord), arrondissement de
Lille. 1
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XXÎII.
5i5
contre la ville de Toulouse; pour témoigner sa reconnoissance ' à Foulques,
il donna alors à ce prélat Se au\' évêques de Toulouse, ses successeurs, le châ-
teau de VerFeil avec une vingtaine de villages qui en dépendoient, sous la
redevance d'un chevalier armé, en cas qu'il eût guerre dans le pays : dona-
tion qui augmenta considérablement le domaine temporel des évêques de
Toulouse, qui en jouissent encore aujourd'hui. Pierre, évêque de Rodez, alla
aussi ^ au secours de Simon de Montiibrt au siège de Toulouse, au commence-
ment de l'an 1218. Ce général donna, le zj de mai suivant^, durant le
même siège, à Bertrand de Gourdon, cent livres monnoie de Cahors de rente
sur divers villages du Querci"*, Stc.
An 1 2 1 3
■ Guillaume de Puylaurens, c. 3o.
' Martine, Collectio ampliss'tma, t. I, c. n3r.
* Voyez tome VIII, Chartes, n. CXXV, ce. 704
à 706.
■* Cette partie du siège de Toulouse a été fort
abrégée par dom Vaissete, qui n'avait, il est vrai,
entre Us mains que la rédaction en prose, dont
la véracité pouvait lui paraître parfois un peu sus-
pecte. Le poëte nous permet aujourd'hui de com-
bler en partie cette lacune, & des détails que
donne ce témoin oculaire on peut conclure que ni
les Toulousains, ni leurs adversaires ne restèrent
oisifs durant cet hiver; pendant que les premiers
fortifiaient leur ville & complétaient leurs fortifi-
cations un peu improvisées, les autres s'occupaient
des approvisionnements & cherchaient à recom-
mencer plus heureusement la guerre. Outre de
longs conseils tenus par Simon de Montfort. con-
seils à propos desquels le poëte nous peint, en
les exagérant sans doute beaucoup, les dissensions
qui affaiblissaient l'armée des croisés, il nous ra-
conte plusieurs combats livrés avant l'arrivée du
légat. Dans l'un de ces combats notamment, sans
les encouragements du comte de Foix & du comte
de Comminges, les Français étaient bien près
d'atteindre leur but. Ce ne fut qu'après ce nouvel
échec, qui eut probablement lieu en janvier ou
février 121 8, que le comte de Montfort se décida
à envoyer des prédicateurs en France pour y lever
de nouvelles troupes (vers 7090 & suiv.). Il les fit
accompagner par sa femme & plusieurs chevaliers
dévoués. — Pendant les mois qui suivirent, les
opérations paraissent s'être ralenties quelque peu.
Les barons toulousains s'occupèrent à ravitailler
la ville (vers 7142 & suiv.), & le comte de Com-
minges alla même défendre ses domaines contre
les incursions du Français Jori. — Quand arriva
Pâques, qui, cette année, tombait le i5 avril, les
combats recommencèrent sans plus de succès pour
Montfort, dont le découragement croissait de plus
en plus, au rapport même de son panégyriste,
Pierre de Vaux-Cernay. Tous ces combats avaient
lieu sur le pla de Montolieu, à l'est de la cité,
qui, au rapport du poëte, était devenu un vrai
charnier.
Vers la fin de mai, arrivèrent les renforts pro-
mis par le cardinal Bertrand, qui se composaient
principalement de Flamands & d'Allemands;
parmi eux étaient ce Michel de Harnes, que cite
dom Vaissete & qui était l'un des héros de Bou-
vines, & Araaury de Craon. Le poëte prétend que
Montfort avait alors près de cent mille combat-
tants sous ses ordres; c'est sans doute une exagé-
ration poétique (vers 7455 81 7456). L'action re-
commence aussitôt sur les deux rives du fleuve;
Montfort est repoussé & obligé de se retirer sur la
rive droite. Une inondation ayant sur ces entre-
faites enlevé les ponts de Toulouse, Simon revient
attaquer les tours qui en gardaient la tête du côté
de Saint-Cyprien (vers 7571 & suiv.). Les Tou-
lousains jettent un pont provisoire sur la Ga-
ronne, rétablissent leurs communications avec les
défenseurs de ces deux tours, & parviennent ainsi
à les approvisionner de vivres & de munitions.
Enfin la tout tombe entre les mains de Montfort,
qui y dresse son étendard. — Bientôt nouveau
renfort pour les croisés; le comte de Saxe arrive
au camp avec une grande troupe d'Allemands
(vers 7864 & suiv.). Malgré ces nouveaux secours,
les Français doivent évacuer la tour du pont,
après y avoir mis le feu. Une troupe de croisés,
ameiiée par Jori & Pierre de Voisins, est repoussée
avec perte & doit repasser la Garonne en désordre.
— Désespéré de cet insuccès, Montfort fait ap-
procher la chatte des murs & l'applique aux forti-
fications qui longeaient le château Narbonnais.
Malgré tous ses efforîr- il est encore oblige de
battre en retraite. [A. M.]
TTTITs" ''^^ HISTOIRE GÉNÉRALE PE LANGUEPOC, LIV. XXIII.
XXVIII. — Mort de Simon de Montfort.
Simon, impatient de' reprendre la ville de Toulouse, fit élever vers ce
temps-là une grande machine de charpente, nommée cate, tant pour s'en
servir à combler le fossé que pour battre les retranchemens dont les Toulou-
sains avoient ceint leur ville, & tenter ensuite l'assaut. Cette machine n'ayant
pas réussi à son gré, il commença à se décourager. Il étoit d'ailleurs extrême-
ment rebuté, soit par la longueur £<. les fatigues du siège, soit par les grandes
dépenses où il s'étoit engagé. Enfin il étoit sensiblement piqué des fréquens
reproches que lui faisoit le cardinal légat qui ne cessoit de le presser d'avancer
les travaux 8c qui attribuoit à un défaut de courage & à son peu d'expé-
rience dans l'art militaire la lenteur du siège; en sorte que la vie lui étant
ennuyeuse, il prioit Dieu de le retirer du monde. Il fut bientôt exaucé, car
étant entré le lendemain de Saint-Jean-Baptiste, iS de juin de l'an 1218,
t'^ui°""<'o <^l3"s la machine dont on vient de parler, une pierre lancée d'un mangon-
neau des assiégés l'atteignit à la tête & l'étendit roide mort.
C'est ainsi que rapporte, en peu de mots, les circonstances de la mort du
célèbre Simon de Montfort, un ancien^ historien. Elles sont décrites un peu
différemment & dans un plus grand détail par un auteur contemporain^,
son zélé partisan. « Le comte Simon, dit ce dernier historien, tenoit la ville
« de Toulouse assiégée depuis neuf mois, lorsque les assiégés se disposèrent
« de grand matin à faire une sortie, le lendemain de la Saint-Jean-Baptiste,
« dans l'espérance de trouver une partie des François endormis. Ils se parta-
<i gèrent en deux corps dont l'un eut ordre d'attaquer les machines, tandis
Il que l'autre feroit une irruption dans le camp des croisés, afin de les obliger
Il à diviser leurs forces. Simon assistoit actuellement à matines lorsqu'on vint
« l'avertir que ses ennemis se préparoient à faire cette sortie. Il ordonne qu'on
Il lui apporte ses armes, 8<., les ayant prises, il va entendre la messe. A peine
« est-elle commencée que les Toulousains défilent dans le fossé, enseignes
Il déployées 81 en ordre de bataille. Ils se séparent ensuite comme ils l'avoient
« projeté : une partie attaque ceux qui gardoient les machines & l'autre
« marche droit au camp. On vient dire aussitôt à Simon de courir prompte-
« ment au secours de ses troupes que les Toulousains poussoient vivement.
« Ce général répond qu'il marchera dès que la messe sera finie; dans l'instant
<i un nouvel exprès lui annonce que ses soldats ne peuvent plus soutenir le
« choc, qu'ils commencent à plier 8c qu'il y en avoit déjà un grand nombre
« de tués ou de blessés. Je n'irai pas, répliqua Simon, que je n'aie vu aupa-
« ravant mon Rédempteur. Enfin le prêtre a\ant levé la sainte hostie, il
<i récite le Niinc dimittis, part 8v s'avance dans la mêlée. Son courage ranime
« celui des croisés, 8c ayant rétabli le combat, il fait reculer les Toulousains
' Guillaume de Puylaurens, c. 3o. ' pierre de Vaux-C«rnay, c. ?ô.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIII. Siy
i( jusque clans leur fossé. Ces peuples continuent cependant de taire pleuvoir
« sur les assiégeans une grêle de pierres & de traits de leurs mangonneaux 8c
<i de leurs autres machines. Simon, pour se parer de leurs coups, se retire
« alors devant les siennes, à l'abri des claies qui les couvroient, & se tient là
« pour s'opposer aux assiégés, supposé qu'ils revinssent à la charge ; mais à
« peine s'étoit-il posté dans cet endroit qu'une pierre, partie d'un mangon-
« neau, l'atteint à la tête, le blesse mortellement 8c ne lui laisse que le temps
« de recommander son âme à Dieu, après quoi il expire &. reçoit encore cinq
« coups de flèches dans le corps. » Tel est le récit de Pierre de Vaux-Cernay
qui, étant sur les lieux, pouvoitêtre bien informé. Quelques modernes' pré-
tendent que ce fut une femme qui lança la pierre du mangonneau dont il
fut atteint. D'autres' disent que ce fut un nain; mais nous ne trouvons rien
de ces circonstances dans les anciens. Après ^ sa mort, un de ses chevaliers
couvrit son corps afin qu'on ne s'aperçût pas du malheur qui venoit d'arriver.
Gui, son frère, le fit emporter ensuite dans la tente du cardinal-légat. Ce
prélat 8c l'évêque de Toulouse qui s'y trouvoit, furent également consternés
d'une si grande perte''.
XXIX. — Eloge de Simon de Montfort. — 15*0/1 fils aîné Amaiirï lui succède
&• continue le siège.
Ainsi mourut, les armes à la main, Simon de Montfort, après avoir rempli
la chrétienté du bruit de ses exploits 8c de ses victoires. Ce fameux capitaine,
dont les anciens historiens, qui sont presque tous ses panégyristes, font les
plus grands éloges, fut, suivant les uns, le Judas Machabée de son siècle, 8c,
si on en croit les autres-', il doit être vegardé comme un véritable martyr.
Nous n'avons garde de vouloir rien diminuer de la gloire qu'il s'acquit, à si
juste titre, par ses excellentes qualités; mais on ne sauroit disconvenir qu'il
n'ait mêlé quelques défauts à un plus grand nombre de vertus, 8c il est aisé
de reconnoître, en lisant dans les auteurs du temps le récit de ses actions,
qu'avec beaucoup de piété, un zèle ardent pour la religion, un courage
invincible, une extrême valeur, une science consommée dans l'art militaire,
8c un cœur généreux, bienfaisant 8c libéral, il avoit une passion démesurée
de s'agrandir Se d'élever sa famille au faîte des grandeurs; qu'il étoit dur, fier,
inflexible, colère, vindicatif, cruel 8c sanguinaire. Enfin divers auteurs"^ très-
' Zsnoix., Histoire des alh'igcii\s,\. à. de cette chronique (voir tome VIII, c. I79)> 1«
' Histoire généalogique des grands officiers, t. 6, poëie toulousain attribue à des femmes l'honneur
p. -j't. d'avoir tué le chef de la croisade (vers 8449-8450).
• Voyez tome VIII, c. 179. Son témoignage donne une plus grande valeur à
' Le poète place la mort de Montfort dans une une version que dom Vaissete avait raison, en
sortie des assiégés qu'il venait de repousser, comme l'absence de toute preuve sérieuse, de considérer
le dit Pierre de Vaux Cernay, sortie qui avait comme une tradition sans valeur. [A. M.]
pour objet de détruire la chatte, qui gênait fort ' Pierre de Vaux-Cernay, Guillaume le Bre-
le» défenseurs de la ville. Comme l'Anonyme, dont ton, &c.
notre auteur n'a pu connaître le pabs.ige puisqu'il * Guillaume de Puylaurens, ce. 27 & 3o. — ■
navait à sa disposition qu'un manuscrit mutilé Raynaldi, ad ann. Iîi7) n. ô.;.
An 1218
An 1218
5i8 HISTOIRE GÉNÉRALE DE I ANGUEDOC. LÎV. XXIII.
pieux, entre les anciens & les modernes, sont persuadés que Dieu, par sa
mort, voulut punir son ambition &. sa négligence à corriger les désordres des
croisés.
t.in,°p.'^îS?. Simon laissa' d'Alix de Montmorenci , sa femme, quatre fils : Amauri,
Gui, Robert Se Simon, & trois filles. Amauri lui succéda dans ses dignités
St se qualifia comme lui duc de Narbonne, comte de Toulouse, vicomte de
Béziers Si de Carcassonne, Sic. Gui fut comte de Bigorre par sa femme; ainsi
qu'on l'a déjà dit : Robert mourut sans alliance. Enfin Simon fut comte de
Leycestre, en Angleterre, Si forma la branche des comtes de ce nom Si de
Noie. Des trois filles de Simon, les deux aînées, Amicie Si Laure, furent
mariées, la première à Gaucher de Joigny, Si l'autre à Géraud de Pecquigny.
La troisième se fit religieuse à Saint-Antoine-des-Champs lès-Panis.
Autant la mort de Simon jeta la consternation dans le camp des croisés,
autant causa-t-elle de joie dans la ville de Toulouse dont les habitans se virent
délivrés d'un ennemi extrêmement dangereux. Les Toulousains^ étoient, en
effet, presque réduifj aux abois par les fatigues qu'ils avoient essuyées durant
un si long siège S<. par la disette qui commcnçoit déjà à se faire sentir dans
là ville, sans espérance de la ravitailler Si de pouvoir faire leur moisson. A la
première nouvelle de cette mort, ils s'arment^ Si font une vigoureuse sortie
sur ceux qui avoient attaqué le faubourg Si l'hôpital de San-Subra, attaque
que Simon de Montfort avoit reprise au commencement du printemps, après '
avoir reçu les renforts qui lui étoient venus de France. Les croisés, ne pouvant ^
tenir contre l'effort des Toulousains, prirent la fuite après avoir eu un grand
nombre des leurs tués sur la place, Si laissèrent leurs tentes &. leurs équipages
à leurs ennemis.
Le cardinal-légat,-de l'avis des évêques Se des principaux chefs de l'armée,
fit prêter cependant serment de fidélité 8< rendre hommage à Amauri de
Montfort par tous les barons, les chevaliers 81 les autres seigneurs à qui Simon
avoit inféodé les terres du pays. Amauri, voulant ensuite tirer vengeance de
la mort de son père, assemble un grand nombre de chariots, les fait remplir
de paille, de sarmens Si d'autres matières combustibles, Si, après les arvoir fait
conduire le plus près qu'il étoit possible des portes de la ville, il y fait mettre
le feu. Les assiégés accourent aussitôt pour l'éteindre, 81 donnant en même
temps sur ceux qui conduisoient les chariots, les font passer au fil de l'épée,
s'avancent vers le camp, y mettent le désordre Si rentrent enfin dans la ville
chargés des dépouilles des croisés'^.
■ Histoire généaîdgi^tte des grands officiers, t. 6, * Le poei?, après avoir raconté le conseil tertii
p. 74 8c siiiv. par les chefs croisés, parle aussi de cette tentative
' Guillaume de Pujflaurens, c. 3:>. d'Amaiiri. Elle dut lieii pendant une grande tem-
' Pierre de Vau5t-Cernay, c. 86. — Voyez pête, qui arriva le dimanche après la mort d*
torrie VIII, ce. lyp, l&o. — Guillem de Tudèle, Simon, c'est-à-dire le premier juillet. Les Frari-
Vers 8483-8490. Suit, dans le poëme, vers 8491- çais comptaient sur l'aide du vent (vers 85c3-
8,5o2, la description de la joie du peuple de Tou- 8633). Le courage des assiégés & leur résistance
louse, en apprenant la mort du comte de Mont- opiniâtre les força à rentrer dans leur camp sans -
fort. [A. M.] avoir réussi. fA. M.]
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIII.
"9
An 1218
XXX. — Amaiiri de Montfort lève le siège de Toulouse 6- emporte
à Carcassonne le corps de son père,
Amauri, le cardinal-légat 8c les principaux seigneurs de l'armée se ren-
dirent quelques jours après à Pamiers, où l'abbé & les cbanoines du monas-
tère de Saint-Antonin de Frédélas appelèrent le premier' en pariage de la
seigneurie de cette ville, comme ils avoient fait à l'égard de Simon de Mont-
fort, son père. Amauri leur prêta serment de fidélité le même jour, 8 de
juillet, dans l'église du monastère, & ayant pris possession de la ville & du
château de Pamiers, il retourna au camp devant Toulouse 8t continua encore
pendant quelque temps le siège, sans oser toutefois rien entreprendre de
considérable; voyant enfin qu'il n'étoit pas assez fort pour se rendre maître
de la ville, soit par la désertion des gens du pays qu'il avoit pris à sa solde 8c
qui se déclaroient contre lui, soit par le défaut de vivres, par l'épuisement de
ses finances &c l'empressement qu'avoient les croisés de s'en retourner, il se
détermina à décamper, quoique avec beaucoup de peine, à la persuasion de
Gui, son oncle 8c son principal conseiller, dans l'espérance de venir reprendre
le siège au printemps suivant avec de plus grandes forces. Il fit mettre le feu
à toutes les baraques que ses troupes avoient faites pour se loger 8t se mit en
marche^, le jour de Saint-Jacques, iS de juillet. Il fit aussi mettre le feu au
château Narbonnois qu'il abandonna; mais les assiégés l'eurent bientôt éteint.
Amauri, suivi du cardinal-légat, de l'évêque de Toulouse 8c du débris de son
armée, se rendit à Carcassonne 8c emporta avec lui le co'rps de Simon, son
père, qu'il avoit fait ensevelir à la manière de France {more Gallico) 8c qu'il
mit en dépôt dans la chapelle de Sainte-Croix de la cathédrale de cette ville.
Il lui fit faire ensuite des obsèques magnifiques; on prétend qu'il le fit inhu-
mer dans cette même chapelle 8c on ajoute^ qu'une grande pierre, qu'on voit
■ Voytz tcmeVlIl, Chartes, n. XCIII, ce. SyS,
J79.
"Catel, H'ntdire ie Toulouse, p. 3i5. — Cf.
Giiillem de Tiidèle, vers 8634 Sa siiiv. Cette retraite
avait i\é précédée d'un long intervalle d'inaction
8c de loisirs forcés. Voir vers 8634. [A. M.]
' Besse, Histoire des comtes de Carcassonne, p. i.^o
8t suivantes, [Voyez l'épitaphe ironique du poète,
Vers 8681-8700.] Quant au tombeau de Simon de
Montfort, cjue Besse dit avoir vu, il a sans doute
fait confusion ; du moins on n'a jamais retrouvé
la pierre dont il parle, & l'épitaphe qu'il invente
bu transcrit n'est pat autre chose que tout un
long passage du récit de la mort de Simon par
Pierre de Vaux-Cernay. Des recherches faites dans
ce siècle-ci, à Carcassonne, par M. Dumège, ame-
nèrent la découverte d'un bas-relief grossièrement
sculpté & représentant plusieurs scènes, dans les-
quelles ce savant paraît assez disposé à voir la
représentation de la mort du chef de la croisade
devant Toulouse. M. Dumège ne présente d'ailleurs
•on opinion qu'avec une grande réserve. Sans
vouloir nous prononcer à ce sujet, nous ferons
remarquer que le bas-relief en question, à le bien
examiner, ne présente peut-être pas tous les dé-
tails caractéristiques qu'on a voulu y voir. C'est
un siège de ville assez grossièrement représenté}
dans l'intérieur de la ville a lieu une scène de
meurtre : un homme est étranglé par deux au-
tres personnages, tandis qu'un troisième le poi-
gnarde. Les costumes sont du commencement du
treizième siècle; mais le fait est tellement rare
d'un artiste de cette époque représentant ainsi un
fait tout contemporain, qu'il est plus prudent de
ne point conclure, sous peine peut-être de pren-
dre pour la représentation du siège de 1218 un
épisode de l'histoire biblique. Ce bas- relief a été
reproduit plusieurs fois 8c notamment dans l'édi-
tion de M. Dumège, t. 5, aux Additions. Voir
aussi Mahul, t. 5, pp. 294, 295, d'après M. Cros-
An i2i(
0 20 HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIII.
encore au devant de la cathédrale de Carcassonne, où Simon est représenté
armé, avoit été préparée pour être mise sur son tombeau ; mais qu'elle ne fut
t1u°'^'^3o6 P^^ posée, à cause qu'ayant été enfin achevée, Amauri fut assiégé dans Car-
cassonne & obligé de sortir de cette ville : on rapporte même l'épitaphe de
Simon; mais c'est une pièce fabriquée de nos jours, sur les propres paroles
du dernier chapitre de l'histoire de Pierre de Vaux-Cernay. Ce qu'il y a de
vrai ', c'est que le corps de Simon de Montfort fut apporté en France avec
celui de Giii, son fils, & inhumé dans le monastère de Hautes-Bruyères de
l'ordre de Fontevrault, situé à une lieue de Montfort-l'Amaury. On l'enterra
au milieu de l'église de ce prieuré, devant le grand autel, sous une pierre
plate, avec sa femme. Sa figure est sur un pilier, proche la grande grille, la
face tournée vers cet autel & les mains jointes^.
XXXI. — Amauri de Montjbrt se tient sur la défensive 6- se fait reconnaître
dans ses nouveaux domaines.
Amauri •'', après avoir rendu les derniers devoirs au comte, son père,
assembla les principaux des croisés qui l'avoient suivi & les pria instamment
de demeurer encore quelque temps avec lui pour l'aider à défendre ses
domaines & tenir la campagne; mais la plupart s'excusèrent. Le cardinal
Bertrand lui conseilla alors de se contenter de mettre de bonnes garnisons
dans les places, en attendant qu'il pût lui procurer un secours suffisant pour
assiéger de nouveau Toulouse. Il renvoya cependant Foulques, évêque de
cette ville, à la Cour pour prier le roi d'envoyer de nouveaux renforts. Se
demanda à Rome des bulles pour faire prêcher partout la croisade contre les
Toulousains. Le comte de Saxe, qui s'étoit trouvé au siège de Toulouse, partit
bientôt après pour s'en retourner dans ses États : avant son départ il con-
seilla à Amauri de conclure quelque traité avec le comte Raimond; mais le
légat rejeta bien loin ce conseil & déclara qu'il aimeroit mieux être écorché
tout vif, que de ne pas tirer vengeance de la mort de Simon de Montfort.
Plusievirs villes, qui avoient été soumises à ce dernier, entre autres celle de
ÎAaytiy'ieWe, La monuments de Carcassonne, fp. ~i, quels dix livres par an pour le chapelain &
175, 177. [A. M.] trois livres pour le luminaire. Cette charte fut
'Histoire de Philippe de Mouskes, inss. de la confirmée par saint Louis en lîSp. (Cf. notre Ca-
Bibliothèque du roi, p. 160. [Edit. Reiffenberg, talogue, n. 176.) Un peu avant sa mort, proba-
t. 3, pp. 383, 384.] — Histoire généalogique des blement vers 1217, Simon de Montfort avait en
grands officiers, t. 6, p. 74 & suiv. outre donné au chapitre cathédral de Carcassonne
' Dom Vaissete ne parle pas des fondations le lieu de Villalier, dans le Carcasses. L'acte de
pieuses, faites peu après ces funérailles de Simon cette donation ne nous est pas parvenu; mais
de Montfort dans l'église cathédrale de Carcas- elle est mentionnée dans une enquête du treizième
sonne, par sa femme & ses enfants. Par acte d'oc- siècle. (Cf. notre Catalogue, n. 149.) Sur le sort de
tobre rïip, Alice de Montfort & ses fils Amauri ces fondations, qui subirent plus tard plusieurs
& Gui confirmèrent la fondation jadis faite par transformations, voyez Mahul, t. 5, pp. 290 &
leur époux & père d'un chapelain dans l'église 549. [A. M.]
Saint-Nazaire. A cette fondation fut attaché un ' Voyez tome VIII, c. i83. — [Guiilem de Tu-
revenu hebdomadaire de cinq sous de Melgueil, dèle, vers 870 1-8780.]
payable par le salin de Carcassonne, sur les-
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIII. 5:1
Limoux', écrivirent à Amauri pour lui donner des marques de leur fidélité.
On assure^ que ce comte, en reconnoissance de l'affection que Limoux lui
témoigna en cette occasion, l'érigea en ville, de simple château qu'il étoit
auparavant; que depuis ce temps-là elle devint la capitale du Razès ; qu'il y
fonda le couvent des religieux de la Trinité 8c qu'il y fit d'autres fondations
pour l'âme de Simon, son père^.
XXXII. — Raîmond FI, comte de Toulouse, fait ses dernières dispositions.
Le comte de Toulouse, durant le siège de cette ville, y fit ■* un testament,
le 3o de mai de l'an 1218, en présence de son cher cousin Bernard, comte de
Comminges, de Dalmace de Creixel, de Roger-Bernard (de Foix) & de Rai-
mond de Recald-^, l'un de ses principaux officiers. Il déclare dans cet acte qu'il
s'est déterminé à le faire par la crainte des jugemens de Dieu, 8c ordonne
que tous les revenus qu'on retireroit de ses métairies du Toulousain seroient
remis aux hospitaliers 8c aux templiers de Toulouse pour être distribués aux
pauvres par les frères de ces deux milices, par le comte de Comminges, par
les trois autres témoins déjà nommés Se les consuls de Toulouse. Il dispose
ensuite de tous ses biens meubles 8c immeubles en faveur de son fils Rai-
mond, à la miséricorde duquel il laisse Bertrand, son fils. Enfin il révoque
tous ses autres testamens. Le jeudi 5 de juillet il déclare, par un acte^
authentique, qu'il se donne pour le salut de son âme Se la rémission de ses
péchés à l'hôpital de Saint-Jean de Jérusalem, comme il l'avoit déjà fait
longtemps auparavant, 8c promet solennellement à Aymar de Cabanes, com-
mandeur des hospitaliers de Toulouse, de ne prendre leur habit ailleurs que
dans leur hôpital, où il veut être inhumé, en cas qu'il vînt à décéder avant
cette cérémonie. Aymar de Cabanes le reçut ensuite, au nom de Bertrand,
prieur de Saint-Gilles, pour frère de cet hôpital, le fit participant de tous les
biens spirituels 8c temporels de l'ordre en deçà 8c au delà de la mer Se lui
promit, au nom du même prieur de Saint-Gilles, de lui donner l'habit des
hospitaliers, ([uand il jugeroit à propos de le prendre. Ce sont les dernières
dispositions de Raimond VI, comte de Toulouse. Il paroît qu'il pourvut en
même temps au payement de ses dettes, car nous avons un acte'', du mois de
juillet de l'an 12 18, par lequel le jeune Raimond donne à Jourdain de Sapiac
la forteresse de l'île Amade pour la sûreté des sommes que le comte, son père,
lui devoit.
' V'oy«2 tome VIII, Chartes, n. CXXVI, c. 711. accords passés entre l'abbaye & Simon de Mont-
' Besse, Histoire Jei comtes de Carcassonne. [Cette fort. C'était l'exécution de l'accord ménagé en
assertion de Besse ne repose sur aucun texte con- m 5, entre l'abbé & le comte, par Thédise, évêqne
temporain & paraît sans fondement.] d'Agde, & plusieurs autres arbitres. Voyez plus
' Le 22 février 1219 (tome VIII, ce. 721, 722}, haut, pp. 46^) & 466. [A. M.]
l'abbé de La Grasse, Guillaume, déclara avoir * Lah\\[e, Jnnales Je Toulouse, t. 1, preiiv.;,
reçu l'hommage d'Amauri de Montfort pour les p. 124 & suiv.
châteaux tenus jadis du monastère par les vicom- ' [Corrige-^ Ricaud.|
tes de Carcassonne & par certains chevaliers, châ- ' Catcl, Histoire des comtes de Tolose, p. 3i8.
teaux dont les noms étaient rapportés dans les ' Tome VIII, Chartes, n. CXXIII, ce. 697, 698.
Ail 121 S
"" r~ 02 2 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LlV. XXIII.
An 1218
XXXIII. — Le jeune Raïmond recouvre une partie de Vylgenois, 6* le comte
de Comm'mges ses domaines.
Ce jeune prince, voulant profiter de la déroute des croisés, partit pour
l'Agenois à la tête d'un corps de troupes, dans le dessein de remettre le pays
sous son obéissance. Il se rendit d'abord à Condom & ensuite à Marmande Se
Éd.origm._ à Aiguillon; il fut reçu ' partout avec une extrême joie, & les peuples firent
main basse sur les garnisons que Simon de Montfort avoit établies chez
eux. Le comte de Comminges se mit aussi en campagne, recouvra tous les
domaines que Simon de Montfort lui avoit enlevés Si fit mourir Joris, que ce
général avoit établi pour gouverneur dans le pays, St la plupart des autres
François qui s'y trouvèrent.
XXXIV. — Le pape s'intéresse en faveur d'Amaurï. — Les Avignonois font
mourir Guillaume de Baux, prince d'Orange.
Le pape Honoré, informé de cette révolution, en témoigna beaucoup de
chagrin. Il ordonna^, le 11 d'août, à tous les évêques de France d'engager
les peuples de leurs diocèses, qui ne s'étoient pas encore croisés pour la Terre-
Sainte, à s'armer & à marcher incessamment au secours d'Amauri de Mont-
fort pour l'aider à venger la mort du comte, son père, 8c celle de Guillaume
de Baux, prince d'Orange, que les Avignonois avoient tué 8t mis en pièces.
Un historien^ du temps fait mention de la mort tragique de ce dernier, qui
fut pris par les Avignonois dans le temps qu'il leur faisoit la guerre, qu'ils
écorchèrent tout vif Se qu'ils coupèrent en petits morceaux. Nous avons encore
un bref** du pape Honoré, daté de la troisième année de son pontificat) par
lequel « il ordonne à tous les fidèles de courir sus aux Toulousains Si aux
« Avignonois, k Pvaimond, comte de Toulouse, à son fils, aux comtes de Foix
« 81 de Comminges, 81 à leurs enfans, pour avoir tué 81 mis en pièces Guil-
« laume de Baux, prince d'Orange, n
Dans d'autres lettres que le pape adressa, le i3 d'août de l'an î2i8, au^ roi
Philippe-Auguste 81 au prince Louis, son fils, il déplore la perte de Simon
de Montfort, exhorte le roi à envoyer son fils à la tête d'une puissante armée
/
■ Voyez tome VIIl, c. 184. "- [GuilUnl it Tu- Haute-Garonile, arr. de Saint-Gaudens) ; après \in
dèle, vers 8781-8789.] — Le combat du comte de rude combat, Jori est fait prisonnier & toute sa
Comminges contre Jori est raconté par l'Anonyme troupe rest* sur le champ de bataille. [A. M.]
en quelques lignes; il occupe dam le poëme les ' Raynaldi, année 1218^ n. 55.
vers 879:) à 8940. Voici le résumé de cette affaire : ' Nicolas de Braye, GestA Ludovici VllI, ap;
Jori, maître de Saint-Gaudens, ravageait le paysj Duchesne, t. 5, p. 317.
le comte de Coraraiiiges rassemble l'élite de ses * Tréiot àei ch&ru%. Bulles contre lei hérétiques,
chevaliers & se met à sa poursuite. Il passe à n. i5. [J. 43o; Teulet, t. I, p. 466; Potthast;
Martres ajSrès lui, arrive à Saint-Elix à force de n. 5888.]
thevaux, & s'engage ensuite dans les montagnes 'Duchesne, Scriptores i t. 5, p. 85i & suiv.
qui séparent la Haute-Garonne & le Gers. Il [Potthast, n. 5889; autre lettre pour le même
l'atteint enfin vers Palmiers (La Bastide-Paumèsi' objet au prince Louis, iHd. n. 5890.]
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIIL 5:3
au secours d'Amauri, & leur accorde une indulgence plénière, de même qu'à
ceux qui prendroient part à cette expédition. Il confirma ' quelques jours
après Amauri, à la demande de ce seigneur, dans la possession des villes de
Béziers, Carcassonne, Albi, Toulouse Se Montauban, Si de tous les autres
pays conquis sur les hérétiques dont le pape Innocent III & le concile de
Latran avoient disposé en faveur de Simon, son père, & de ses héritiers; à
la charge que chaque maison de la conquête payeroit trois deniers par an au
Saint-Siège. Le pape ayant appris^ depuis que le roi se disposoit, avant
même que d'avoir reçu sa lettre, à envoyer des troupes au secours d'Amauri
contre les Toulousains, lui écrivit, le 5 de septembre, pour le prendre sous
sa protection avec tout son royaume, & comme le roi avoit demandé la per-
mission de lever le vingtième sur tout le clergé de France pour fournir aux
frais de l'armement. Honoré la lui accorda en déclarant par une autre lettre
à tout le clergé que le vingtième qui avoit été déjà imposé pour le secours
de la Terre-Sainte, seroit partagé 8c employé, la moitié à cette expédition 8t
l'autre moitié contre les Toulousains. Le pape changea de disposition deux
jours après Se destina contre ces peuples, par un bref au roi, tout ce qui pro-
viendroit du vingtième dans les provinces d'Arles, Vienne, Narbonne, Auch,
Embrun 8c Aix avec quelques autres secours^. Le prince Louis ne vint cepen-
dant que l'année suivante dans la Province.
XXXV. — Amauri parcourt ses domaines.
Amauri, pour affermir sa domination dans les pays dont il venoît d'hériter
du comte, son père, les parcourut Se s'y ût reconnoître pour seigneur. Il alla
entre autres à Albi, où il donna^ pour trois ans, le 21 de septembre de cette
année, à Guillaume, évêque de cette ville, la ferme du château vieux 8c de
tous les autres domaines qu'il avoit à Albi S< aux environs; il se réserva seu-
lement le droit de chevauchée 8c tous les François qui possédoient quelques
biens dans le pays'. De là il se rendit à Moissac, où il fit hommage'', quatre
jours après, à Raimond, abbé du monastère, 8c confirma les accords que le
comte, son père. Se l'abbé de Moissac avoient passés au sujet du domaine de
cette ville. Le comte Gui, oncle d'Amauri, Bertrand de la Roque, comman-
' Raynaldi, année iîi8, rt. H^. — Duchesne, (Potthast, n. SçSo). Ert outre, le pape Manda au
t. 5, p. 853 & SUIT. [Potthast, n. SSpS; lettre du cardinal, deux jours plus tard, d'engager ce raême
17 août 1218.] évêque à se démettre de ses fonctions épiscOpales,
'Duchesne, t. 5, p. 804 & suiv. [Potthast, " qu'il remplit depuis longtemps d'une manière
h"' 5900, 6901, 5902, 5903.] indigne. » [Potthast, n. 5932.) Ce sont les termes
' [Potthast, n. ^904.] de la bulle; à moins d'y voir une allusion à ce
' Voyez tome VIII, Chartes, n. CXXVII, ce. 712 fait de la remise de Lescure aux Toulousains,
8t 714. nous ignorons sur quoi se base ce jugement sévère
' Malgré cette concession du comte de Mont- & peu mérité. [A. M.]
fort, Guillem Peire, évêque d'AIbi, parut suspect * Archives de l'abbaye & de l'hôtel de ville de
au pape. Le 26 novembre 1218, Honorius III lui Moissac. — Gallia Christiana, nov. éd. t. 6, app.
ordonne de restituer au lé^at le château de Les- p. 41. [Catalogue, n. 167J l'acte est du l6 sep-
cure, qu'il avait, paraît-il, livré aux Toulousains tembrc 1218.] /
An 1218
t. 111, p. 3o8.
■; ~ 5:4 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIII.
An iiiB '
deur du Temple du bailliage du Toulousain, £<. Pierre de Bart, maître de la
commanderie de Ville-Dieu, furent présens à cet acte. Enfin nous en trou-
vons un ' d'Amauri, daté de Gontaud, en Périgord, le 8 d'octobre 1218, sui-
vant lequel il donne le gouvernement du château de Montastruc à Etienne
de Feriol, son vassal, en présence de Gui de Montfort, son oncle, de Gui,
comte de Bigorre, son frère, de Begon & de Nompar de Caumont, Sic.
XXXVI. — Accord du comte de Toulouse avec le seigneur de Sauve, son
petit-fils, auquel il cède ses droits sur les vicomtes de Millau 6- de Gé-
vaudan.
Éd. oiigin. Le coiiite de Toulouse étoit alors à Perpignan, où il donna en fief, le
9 d'octobre^, à Pierre-Bennond de Sauve, son petit-fils par sa fille : 1° Le
château de la Roque-Valsergue, en Rouergue, avec toutes ses dépendances,
qu'il avoit acquis en échange tant de feu Pierre- Bermond, son gendre, père
du même Pierre, que de Bernard d'Anduze, aïeul de ce dernier. 2° La somme
de quatre mille marcs d'argent fin pour laquelle feu Pierre, roi d'Aragon, lui
avoit engagé, en^ 1204, les comtés de Millau tS* de Gévaudan, avec les droits
qu'il pouvoit avoir d'ailleurs sur ces deux comtés. 3° La suzeraineté & la
domination qu'il avoit sur les terres de Raimond Pelet. 4° Le droit Se la
domination qu'il avoit sur les terres de Bernard d'Anduze, oncle paternel du
même Pierre, soit que Bernard les possédât en son nom, soit en celui de
Vierne, sa femme, spécialement le château de Joyeuse, en Vivarais, avec pro-
messe de l'aider à recouvrer tous ces domaines, à condition que Pierre n'tn
pourroit disposer qu'en faveur de ses frères & de leurs descendans légitimes.
Ce seigneur promit de son côté au comte de Toulouse, son aïeul, de le servir
envers tous & contre tous, excepté contre le pape & le roi de France, à moins
qu'ils refusassent de lui faire justice. Le comte Raimond se réconcilia ainsi
avec la maison de Sauve, branche de celle d'Anduze, très-puissante dans le bas
Languedoc. Pierre -Bermond, petit-fils de ce prince, renonça sans doute alors,
moyennant cette donation, aux prétentions qu'il avoit sur les autres domaines
de la maison de Toulouse, 8c dont on a parlé ailleurs. Pierre-Bermond, sei-
gneur de Sauve, autorisa "* en 12:5, comme suzerain, en présence de Pierre
d'Auliret, son connétable, &C., l'émancipation que Raimond de Ginestous,
seigneur de Galargues, fit de son fils Bégon. Il paroît, par ce que nous venons
de dire, que le comte de Toulouse ne jouissoit pas, en 12 18, des comtés ou
plutôt des vicomtes "' de Millau & de Gévaudan, qui lui avoient été engagées
parle feu roi d'Aragon. Les légats du pape s'en étoient saisis durant la guerre
Si avoient confié la garde de la vicomte de Gévaudan à l'évêque de Mende.
Quant à celle de Millau "5, le pape écrivit vers ce temps-là au cardinal Ber-
' Rcgistrum curiae Frrinciac. [Cninlogiie, n, r68.] ' Mss. i'Auhays, n. i5-2.
■Voyez tome Vin, Chnrtcs, n. CXXX, ce. 718 > Voy«z tome IV, 2Vo«c XXVI, p. .Jy.
gl 721 . ' Raynaldi, an. 1 1 iS, n. 7 1 . [Potthast, n. jpiS j
> Ibid. n. LXXX, ce. 018 à J2l. lettre dii 3i octobre 1218. J
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIII. 5:5 T
An 1218
trand, légat dans la Province, de permettre à Jacques, roi d'Aragon, d'en
donner le gouvernement â sa tante, pourvu qu'il n'en arrivât aucun mal à
l'Eglise romaine. Cette tante du roi d'Aragon n'est pas différente d'Eléonor,
femme du vieux comte de Toulouse Si sœur de Sancie, femme du jeune
comte.
XXXVII, — La ville de Nimes ^ une partie du Rouergue &■ du Querci
rentrent sous l'obéissance des comtes de Toulouse.
Sancie, tandis que le comte de Toulouse, son beau-père, 8c le jeune comte,
son mari, travailloient à rétablir leur autorité dans leurs anciens domaines
81 à recouvrer les pays que la maison de Monttort leur avoit enlevés, se
rendit à Nimes' au mois de novembre de^ l'an 12 18. Elle fut reçue dans
cette ville par les habitans, qui secouèrent le joug d'Amaviri de Montfort 8c
rentrèrent sous l'obéissance du comte de Toulouse, leur seigneur naturel.
Sancie, en reconnoissance, confirma leurs privilèges, tant au nom du comte,
son beau-père, qu'en celui de son mari, avec promesse que ces deux princes
ratiheroient eux-mêmes cette concession. Elle approuva en même temps, au
nom des deux comtes, tous les jugemens qui avoient été rendus à Nimes, à la
cour du comte de Montfort, pendant tout le temps qu'il avoit été maître de
cette ville 8c accorda enfin aux habitans le pardon entier du passé. Elle donna
pour cautions de ses promesses les consuls 8c les conseillers d'Avignon, de
Tarascon, Beaucaire 8c Valabrègue. Le jeune Raimond remit cependant la
plus grande partie du Rouergue 8c du Querci sous son autorité, 8c donna en
fief^, étant à Najac, le dimanche jour de l'Epiphanie de l'an 1218 (1219), le ~T
château de Loupian Se de Balaruc Se l'église de Palais, dans le diocèse d'Agde,
à Pierre de Mèze 8c à Pons de Cauce"*, qui promirent de le servir pour ces
domaines, comme de fidèles chevaliers, envers tous 8c contre tous, en présence
de CentuUe, comte d'Astarac, Se de plusieurs seigneurs. Centulle avoit donc
quitté alors le parti d'Amauri de Montfort. Quant au vieux comte de Tou-
louse, il se rendit à Nimes, au mois de mars suivant, Se il y ratifia sans doute
alors la charte de la comtesse Sancie, sa bru.
XXXVIII. — DiJJérend entre l'évêque & les habitans du Puy &• quelques
seigneurs du Vêlai.
Le Vêlai n'étoit pas moins agité par la guerre civile que le reste de la Pro-
vince à l'occasion des différends qui s'étoient élevés entre Robert de Mehun,
■ Voyez tome VIII, Chartes, n. CXXIX, ce. yij défense, dut se soumettre à la décision des consuls
à 718. & fournir caution. Voyez Ménard, t. i, texte,
' Nimes obéissait encore à Simon de Montfort p. 280, 81 preuves, p. 62 h. |A. M.]
en mars 1218 (n. st.), & il était alors défendu à ' Voyez tome VIII, Chartes, n. CXXIII c. 698.
tous les habitants d'aller dans les terres des par- [L'acte est de la nuit du 6 au 7 janvier 1219.]
lisans du jeune comte Raimond. Un bourgeois, * [Corrige^ de Caut (Hérault], canton d« ?i- '
du nom de Bertrand Durîtnd, ayant enfreint cens zinas ]
An 1219
i:6 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXlil.
Éj.origin. évÊque du Puv, & les habitans de cette ville. Robert', étant de retour du
concile de Latran, se rendit au Puy suivi de Gui, comte de Forez, 8<. signifia
aux. habitans un bref par lequel le pape Innocent III leur ordonnoit de se
soumettre entièrement aux volontés de ce prélat. Cet ordre ne fit qu'irriter le
peuple ; on courut aux armes, & Robert fut obligé de se réfugier en Forez,
d'où il lança une sentence d'excommunication contre les mutins, après quoi
il se retira dans l'abbaye de Pontigni. Le pape Honoré III, successeur d'Inno-
cent, informé de ces désordres, ordonna aux évêques de Mende & de Mâcon
de travailler k ramener les habitans du Puy à leur devoir; mais les deux
prélats n'ayant pu rien gagner, il confirma la sentence d'excommunication;
il chargea néanmoins les évêques d'Auxerre Si de Troyes de se rendre à la
cour du roi Philippe-Auguste pour moyenner la paix entre l'évêque & les
habitans du Puy par l'autorité de ce prince. Philippe, ayant écouté les par-
ties, les fit convenir des articles suivans, contenus dans une charte^ qu'il fit
expédier à Vernon, au mois de mars de l'an 1218 (1219) : 1° Les habitans du
Puy, quand ils voudront faire quelque collecte ou imposition de taille, seront
obligés de notifier au roi, en la personne de son bailli d'Auvergne ou à
l'évêque, la somme qu'ils voudront lever, à condition que cette collecte ne
pourra être employée ni contre l'un, ni contre l'autre. 2° Il leur est permis
d'avoir un sceau povir sceller leur lettre. 3° Ils sont confirmés dans la posses-
sion des biens dont ils jouissoient depuis quarante ans. 4° Ils sont tenus aux
chevauchées ou au service militaire en faveur de l'évêque, qui sera obligé de
les protéger. 5° Les habitans détruiront toutes les fortifications qu'ils avoient
faites entre le cloître ik la ville à l'occasion de la guerre. 6° Ils seront obligés
de plaider devant l'évêque, sauf l'appel au roi. 7° Quand quelque malfaiteur
se réfugiera dans le cloître du Puy, les habitans pourront le dénoncer à
l'évêque ou à son bailli, qui le feront prendre 8t punir après qu'il sera sorti
de cet endroit ou de tout autre lieu saint. 8° Enfin la commune du Puy ne
pourra s'armer que pour le roi 6c pour l'évêque. Il sera permis toutefois aux
particuliers de marcher en armes au secours de leurs amis, pourvu que ce ne
soit ni contre le roi, ni contre l'évêque, ni contre l'église du Puy. On voit à
la fin de cette charte le nom de dix des principaux habitans de cette ville
qui se rendirent garans du traité pour la somme de 700 marcs d'argent. Le
roi confirma^ en même temps les privilèges que le roi Louis le Gros, son
aïeul, & le roi Louis le Jeune, son père, avoient accordés à l'église du Puy.
L'évêque de Senlis conduisit ensuite l'évêque Pvobert au Puy; les habitans,
après avoir demandé pardon à ce dernier, se réconcilièrent entièrement avec
lui. Robert avoit aussi alors avec Pons de Montlaur de grands démêlés que
Philippe-Auguste termina par un accord qu'il leur fit passer"* à Paris, au mois
de novembre suivant. Pons déclara entre autres tenir du roi le château de
' Gallia Christiana, nov. éd. t. 2, c. 709 & ' Gallin Ckrlstiana, nov, éd. t. 2, p. 709 & seq.
seq. [Delisle, ut supra, n. iSpS.]
" Baluze, Miscellanea, t. 7, p. 336. [Cf. Delisle, ■* Baltize, Histoire d'Auvergne, t. 2, p. 86 &. seq.
Catalogue de Philippc-Juguste, n. 1892.] [Cf. tome VIIÎ, c. 72S, 729.]
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIII. 027 •"
' An IZ19
Montbonnet St cinq autres châteaux du Vêlai, dont il fît hommage à ce prince
envers tous 8c contre tous. Le roi donna ensuite des lettres' par lesquelles il
confirma les privilèges que les évêques du Puy avoient reçus des papes & des
rois ses prédécesseurs pour que personne ne pût construire de nouvelles forte-
resses depuis le Rhône jusqu'à Aligne, depuis Alais jusqu'à Montbrison, £<.
depuis Saint- Auban^ jusqu'au Puy, sans sa permission & celle de l'évêque
du Puy.
XXXIX. — Evêques du Puy. — Vicomtes de Polignac.
Robert de Mehun ne survécut pas longtemps : un chevalier ^ du pays,
nommé Bertrand de Cares, qu'il avoit excommunié pour les dommages qu'il
avoit causés à son église, conjura sa perte Se, s'étant associé avec une troupe
de scélérats, il l'assassina, le 21 de décembre de l'an 12 19, au village de Saint-
Germain de la Prade, auprès de l'abbaye de Doé, oîi ce prélat fut inhumé'^.
Cet attentat fît une peine extrême aux habitans du Puy, qui s'armèrent pour
en tirer vengeance Se regrettèrent fort leur évêque, également recomman-
dable par les qualités du corps, par sa naissance & par ses mœurs. Ils fîrent
la guerre aux parens de Bertrand 8t détruisirent leurs châteaux. Ce chevalier
Se ses complices obtinrent toutefois leur absolution à Rome, après s'être soumis
à une pénitence des plus rigoureuses''. Un historien^ du temps marque que
Bernard de Montaigu, auvergnat, neveu par son père d'Eustorge, archevêque '-.^j°''g'"-
de Nicosie, de Pierre, maître des templiers, de Guérin, maître des hospita-
liers. Sec, succéda à Robert; mais ce Bernard, qu'on a omis dans le cata-
logue des évêques du Puy, ou ne fut pas sacré ou ne jouit pas longtemps de
cette dignité, car Etienne de Chalançon étoit déjà élu"^ évêque du Puy au
mois d'août de l'an 1220. Le pape Honoré III l'ordonna diacre, prêtre 8c
évêque, au mois de juillet de l'an 1222, 6c lui donna le pallium-. Ce prélat
établit dans sa ville épiscopale des couvens pour les dominicains Se les fran-
ciscains, Se eut de nouveaux différends avec Pons de Montlaur qu'il prit les
armes à la main Se qu'il renferma dans les prisons de l'évêché. Ces différends
furent accommodés, au mois d'août de l'an 1222, par l'entremise de Gui,
■ Manuscrits de Coliert, n"' 2669 & i6yo, — Cf. ' Robertus Altissiodorensis, Continuation année
Delisle, Catalogue, n°' içSS, 1934, 1935, pp. 427, 1220. — Voyez Gallia Christiana, nov. éd. t. 2,
428. — Par la première de ces chartes, le roi règle c. 709 & suiv. — Raynaldi, an. 1220, n. 28.
le partage des pé.nges entre l'évèqiie & le seigneur ' Voyez dans F. Mandet, Histoire du Vêlai, t. 4,
de Montlaur, & ordonne à ce dernier de protéger pp. 23 à 62, le résumé des principaux auteurs qui
les marchands dans un rayon déterminé. Cet ac- ont parlé de l'épiscopat de Robert de Mehun.
cord fut ensuite approuvé par l'évêque Robert de [A. M.]
Mehun, puis par Pons de Montlaur, dont nous 'Par une lettre du 10 juillet 1220, le pape
publions la charte au tome ^'III de la présente enjoignit aux évêques de Viviers & de Saint-Paul-
édition (voir plus haut). [A. M.] Trois-Châteaux de contraindre les assassins 3 ac-
' C'est soit Saint-Alban d'Ay (Ardèche), arron- complir la pénitence à laquelle ils s'étaient soumis
dissement de Tournon, soit Saint-Alban en Mon- (Potthast, n. 6298). [A. M.]
tagne (Ardèche), arrondissement de Largentière. * Albéric, CAronicon, an. 1219.
[A. M.] ' Gallia Christiana, nov. éd. t. 2, c. 709 & seq.
An I2lr
528 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. YXIII.
comte de Forez, qui condamna Pons à un dédommagement de quatre cents
marcs d'argent en faveur de l'église du Puy &(. à faire hommage à l'évêque.
Etienne de Chalançon', plusieurs autres prélats 8c divers barons Si gen-
tilshommes furent présens, à la fin du mois d'octobre de l'an 1228, lorsque
Pons V, vicomte de Polignac, épousa Adélaïde, fille de Guarin, seigneur de
Traîne). Les noces furent célébrées à Saint-Haond, en Vêlai, & Pons assigna
pour le douaire d'Adélaïde les châteaux de la Mote, de Cucé & de Salesuit,
avec deux cents marcs d'argent sur le reste de ses domaines. Pons fit hom-
mage lige à ce prélat l'année suivante^ pour la vicomte de Polignac. Il étoit
alors fort jeune, car en 1229 il n'avoit pas encore^ vingt-cinq ans, mais il
avoit atteint cet âge en i23i.
XL. — Le prince Louis marche au secours d'Amauri, qui assiège
Marmande.
Louis, fils aine du roi Philippe-Auguste, se disposa, au commencement du
printemps de l'an 12 19, à se mettre en marche pour l'Aquitaine St à venir
ensuite dans la Province au secours d'Amauri de Montforf*. Les deux comtes
de Toulouse père & fils, jugeant que l'armement de ce prince les regardoit,
employèrent toute sorte de moyens pour le détourner & pour engager le roi
à révoquer l'investiture qu'il avoit donnée de leurs domaines à Simon de
Montfort Si à Amauri, son fils. C'est ce que nous apprenons d'une lettre^ que
le pape Honoré écrivit au roi, le i5 de mai de cette année, par laquelle il
l'exhorte à persévérer dans le dessein qu'il avoit formé en faveur des affaires
de la foi dans les pays de Toulouse, 81 à ne pas se laisser surprendre par les
Toulousains 8c leurs complices, qui le pressoient de faire une nouvelle dispo-
sition du comté de Toulouse 8c des pays voisins, u Ce seroit, ajoute le pape,
K aller directement contre les statuts que l'Eglise a dressés depuis longtemps
« Si contre votre honneur, ayant déjà accordé toutes ces choses à Simon de
(c Montfort d'illustre mémoire, 8c ensuite à notre cher fils Amauri, comte de
« Toulouse. Votre excellence voit assez que le but des Toulousains 81 de leurs
« associés est de rendre inutiles, ce qu'à Dieu ne plaise, tous les préparatifs
« que vous avez faits pour cette affaire. » Le pape marque ensuite qu'il est
persuadé que le roi ne se laissera pas séduire jusqu'au point de faire une
nouvelle concession de ce pays aux dépens de son salut 8c de sa réputation,
81 de différer l'expédition projetée. Sic. Les mouvemens que les comtes de Tou-
louse se donnèrent pour empêcher le roi de tourner ses armes contre eux
' D'Achéiy, Spicilegium, t. 12, p. 167. dans le Languedoc, prenait ses dernières disposi-
* Gallia Chnstiana, nov. éd. t. 2, c. 712. lions avant de partir. A cette date, le roi Phi-
' Chabron, Histoire manuscrite de lu maison Je lippe Auguste confirma deux chartes données par
Polignac, 1. 7, c. i3. lui, au moment de son départ pour l'Albigeois.
■* L'expédition de Louis de France devait être Cf. Delisle, Catalogue des actes de Philippe-Au-
décidée en principe depuis déjà quelque temps; guste, n°' 1884 & i885, p. 415. [A. M.]
car, en mars 1218, nous voyons que Guillaume ' Duchesne, ^cr/pJoreJ, t. J, p. 85î Çt seq. [Pot-i
d«î Roçh?5, 5^n<;«h{ll d'Anjou, (|ui raccompagna thajt, n. 6066.]
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIII. 5^o
' An III y
n'eurent aucun etVet, Se le prince' Louis se mit en marche à la tête d'une
grande armée S<. s'avança vers l'Aquitaine^. Amauri de Montfort se rendit de
son côté en Agenois à la tête de ses troupes, tant pour aller à la rencontre de
ce prince que pour tâcher de reprendre la partie de ce pays qui s'étoit sou-
mise au comte de Toulouse depuis la mort de Simon, son père. Il assiégea
bientôt après Marmande, où commandoit pour le comte Raimond, Centulle,
comte d'Astarac, S<. dont la garnison étoit composée de plusieurs vaillans che-
valiers, entre lesquels étoient Guiraud de Samatan, Arnaud de Blanquetbrt
gt Guillaume-Arnaud de Tantalon^.
XLI. — Bataille de Ba-^lége.
Le jeune Raimond se mit aussitôt en état de secourir les assiégés. Il étoît
sur le point de partir lorsqu'il reçut un courrier de Raimond-Roger, comte de
F(/ix, qui le prioit de venir le joindre incessamment, parce qu'avant fait des
courses dans le Lauragais d'où il emmenoit une grande quantité de bétail, il
étoit prêt à se voir enlever sa proie par les troupes qu'Amauri de Montfort
avoit laissées à la garde du pays & qui marchoient contre lui. Raimond-
Roger, se voyant hors d'état de résister, s'étoit renfermé dans Baziége, lieu
situé à trois lieues de Toulouse, avec tout son butin, en attendant l'arrivée '•'V°'''^"-
du jeune comte Raimond. Ce prince lavant joint, ils tiennent conseil 8i
prennent la résolution d'attaquer leurs ennemis à la tète desquels étoient les
deux frères Folcaud 8c Jean de Rrigier {de Brigerio)^, braves chevaliers, le
vicomte de Lautrec, &c. On se dispose aussitôt au combat. Arnaud de Ville-
mur fait tous ses efforts pour détourner Raimond de s'y exposerj mais ce
jeune prince, plein d'ardeur Se de courage, rejette avec indignation une telle
proposition & range lui-môme son armée en bataille Se la partage en trois
lignes. Il place Raimond-Pvoger, comte de Foix, 8<. Roger-Bernard, son fils,
à la tête de l'avant-garde avec leur vassaux; il donne le commandement du
corps de bataille au comte de Comminges, 8t il se met lui-même avec Ber-
trand, son frère, à l'arrière-garde. Loup de Foix ayant donné ensuite le
signal, le comte de Foix s'avance jusqu'aux bords d'un fossé qui le séparoit
des troupes de Montfort qu'il attaque avec vigueur; mais il est vivement
repoussé 8< obligé de reculer. Le jeune Raimond, pour le soutenir, se détache
alors de l'arrière-garde Ik s'élance dans la mêlée comme un lion rugissant,
' Guill.iume ie Puyl.mrens, c. 3r. — Voyez Aquitaine (Potthnst, n. 6079). Les craintes clés
tome VIII, c. i83. [GuiUein de Tudéle, vers Sp^jj- Anglais peuvent se comprendre, car l.i première
8972.] opération de Louis fut le siège de Marmande,
' Cette expédition ne fut pas sans éveiller ville située sur les limites du comté de Toulouse
quelques craintes chez le roi d'Angleterre & ses & des possessions anglaises du continent,
barons. Ils s'adressèrent au pape, qui chargea le [A. M.]
cardinal-légat Bertrand de leur déclarer que son ' Il faut encore y ajouter, outre plusieurs nobles
intention & celle des cardinaux était que le prince . moins connus, Vezias, vicomte de Lomagncj
royal respectât scrupuleusement les droits & les Guillem de Tudèle, vers 89.Ï9. [A. M.]
domaines du roi d'Angleterre en G.iscogne 81 en ^ [Le poëine porte de Brezi.J
Vf. 3j
An 1219
53o HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIII.
suivant l'expression de l'ancien historien ' qui nous a laissé le détail de cette
action. Les chevaliers françois ne pouvant tenir contre ses eftorts, Pierre-
Guiraud^ de Segiuet, l'un d'entre eux, crie à ses camarades de tirer droit sur
ce jeune prince Si de réunir leurs forces contre lui, parce que sa mort feroit
intailliblement pencher la victoire en leur faveur. Rainiond, entendant ces
paroles, se fait donner par son écuyer une lance forte 8c courte, 8c, s'enfon-
çant encore plus avant dans les escadrons ennemis, il rencontre Jean de Bri-
gier 8c lui porte un si rude coup de lance qu'il le perce de part en part 8c le
renverse de cheval en s'écriant : Francs chevaliers, Jrappe-^} l'heure est venue
que nos ennemis vont être entièrement défaits. A peine avoit-il prononcé ces
mots que Seguret, courant vers lui la lance en arrêt, lui porte un coup qui
la fait rompre sans que le prince en fût blessé, ni .désarçonné, à cause de la
bonté de ses armes. Raimond redouble ses efforts Se secondé par le comte de
Foix ils rompent les François 8c les mettent en fuite après leur avoir tué
beaucoup de monde. Le vicomte de Lautrec fut un des premiers qui se
sauva. Les deux frères Folcaud 8c Jean de Brigier demeurèrent prisonniers
avec Sicard de Montaut, Pierre-Guiraud de Seguret 8c plusieurs autres. Le
jeune Raimond fit pendre Seguret 8c conduire tous les autres en divers châ-
teaux, où il les garda pour les échanger avec quelques-uns des siens, entre
autres Bernard-Oton d'Aniort, qui avoit été pris auparavant. Un ancien
historien 3 fait entendre que ce combat se donna pendant l'hiver Se durant le
siège de Castelnaudary, c'est-à-dire au commencement de l'an 122 1. Il rap-
porte quelques circonstances un peu différentes; mais celui de qui nous
tenons ce détail, 8c qui paroît plus croyable'*, assure que le jeune Raimond
livra la bataille de Baziége tandis qu'Amauri de Montfort étoit occupé au
sicge de Marmande.
XLII- — Louis Joint Amauri devant Marmande 6- force cette place
à se rendre.
Le prince^ Louis, après avoir soumis la ville de la Rochelle sur le roi
d'Angleterre, s'avança vers l'Agenois 8c vint joindre Amauri à ce siège à la
tcte d'une nombreuse armée composée de tout ce qu'il y avoit de plus dis-
tingué parmi le clergé 8c la noblesse de France. On y comptoit, en effet,
une vingtaine d'évcqucs''^ entre lesquels étoient ceux de Noyon, Senlis Se
'Voyez <otne VIII, ce. 184 a 188. |Gi,illem it précèds les préliminaires du troisième sicge de
Tudèle, vers 897.3-91 16.] Toulouse, & que le troubadour cessa d'écrire à
' [Ou plutôt GuilUm.] ce moment même. [A. M.]
» Guillaume de Puyhurens, c. 3i. 'Guillaume de Puylaurens, c. 32. — [Voyez
•Voyez tome VIII, ut supra. — L'Anonyme tome VIII, c. 188 & suiv. [Guillem de Tudèlc,
ayant ici suivi à peu près exactement le récit du vers çnC-g'iiî.]— Cu'tUàume \e Breton, De gestts
poète, il vaut mieux s'en rapporter à lui & placer Ph'dippi- Augusti, p. 94 , & PhilippUe, 1. XJi. —
ce combat pendant le siège de Marmande; re- Chronicon Taronense, ap. Martène, CoUect. ampl.
marquons d'ailleurs que dans le poëme, composé t. 5, c. co(j. — Albéric, Chronicon, ann. 1219.
presque au fur & à mesure des événemenis, il « Mj. Je Saint-Mfrfial dp- Limoges. [C'est prÇf
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXITl. 53i
An \iiy
Tournai; trente-trois comtes, dont un des plus distingués étoit Pierre, comte
ou duc de Bretagne, St un très-grand nombre de barons £< autres seigneurs;
il y avoit de plus six cents chevaliers, dix mille archers, &c. Louis, après son
arrivée, fit donner l'assaut à Marmande & se rendit maître d'une partie des
ouvrages extérieurs. Les assiégés, voyant alors qu'il ne leur étoit pas possible
de résister plus longtemps, offrirent de se rendre la vie Jk les bagues sauves;
mais on ne voulut les recevoir qu'à discrétion, 8< ils furent obligés de se
soumettre à cette condition. La garnison sortit donc de la place, tk s'étant
rendue au camp devant la tente de Louis, l'évêque de Saintes conseilla à ce
prince de faire mourir tous ceux qui la composoient; les comtes de Saint-
Paul 5c de Bretagne & l'archevêque d'Auch s'opposèrent fortement à ce des-
sein; le dernier parla surtout avec feu en faveur du jeune Raimond, qu'il
soutint n'être ni hérétique, ni fauteur des hérétiques. « Il me paroît, ajou-
« ta-t-il, en adressant la parole à Louis, que l'Église lui cause un grand 'jf- °'''s,i";
« préjudice Si qu'elle devroit lui faire grâce puisqu'il offre une entière sou-
« mission. Vous voyez d'ailleurs qu'il détient prisonniers, à Toulouse, Fol-
« caud de Brigier 8c plusieurs autres barons, qu'il fera pendre par représailles
« aussitôt qu'il aura appris que vous aurez fait périr ceux qui étoient dans
« Marmande. » Louis se rendit à ces raisons, & se contentant de retenir les
troupes de la garnison prisonnières de guerre, il les fit conduire à Puylau-
rens, où on les échangea peu de temps après avec ceux que le jeune Raimond
avoit pris à la bataille de Baziége. Les troupes d'Amauri entrèrent ensuite
dans Marmande 8c firent main basse sur tous les habitans qu'elles purent
rencontrer, au nombre de cinq mille, tant hommes que femmes ou enfans :
action barbare qui irrita extrêmement Louis.
XLIH. — Louis met le siège devant Toulouse 6* est obligé de le lever.
Comtes de Rode-{.
Ce prince s'avança ensuite vers Toulouse qu'il étoit résolu d'assiéger. Le
jeune Pvaimond, prévoyant son dessein, avoit pris toutes les précautions pos-
sibles pour se bien défendre : il avoit augmenté les fortifications de la ville
Et s'étoit assuré du secours de ses alliés Se de ses vassaux, qui accoururent au
nombre de mille chevaliers, sans compter l'infanterie. Il partagea la garde
des différens quartiers de la ville S< cîes batbacanes ou des ouvrages avancés,
au nombre de dix-sept, aux seigneurs de sa cour', parmi lesquels étoient le
vicomte Bertrand, son frère, Roger-Bernard, fils du comte de Foix, Guiraud
de Minerve, Arnaud de Comminges 6< son cousin Arnaud-Pvaimond d'Aspel,
b.iWcment la chronique Je Bernard Itier, biblio- Tu3clc, veri 93î3-g578.] — Le poème s'arrcle a"
thécaire de Sdini-MartuI ; »oy«î l'édition de commencement du »'ége. Ce que la rédaction en
M. Duplès-Agier, p. 104. D'après Bernard Itier, prose y a ajouté est tout à fait insignifiant 8t ne
le prince Louis passa à Limoges le i6 mai 1219, fait que mentionner l'échec des assiégeants en
jour de Pentecôte.) lennss très-yagues & très-généraux. [A. M|
'Voyez tome VIII, c;. 19?, 191. [Ciiil!sm •ii
An 121^
532 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIIL
Bernard-Jourdain, seigneur de l'Isie-Jourdain, Guiraud de Gourdon, sei-
gneur de Caraman, Stc., qui firent tous serment de Ijien défendre les postes
qui leur étoient confiés '. Les habitans de Toulouse s'empressèrent à l'envi
d'offrir à leur jeune comte leurs biens Si leurs vies Se l'assurèrent qu'ils
étoient résolus à répandre jusqu'à la dernière goutte de leur sang pour son
service. Ce prince, outre la distribution des quartiers, disposa un corps de
troupes, dont il se réserva le commandement, pour être prêt à marcher dans
tous les endroits qui seroient attaqués Se qui auroient besoin de secours. 11
eut soin de plus de taire provision de toute sorte de munitions, & eut
recours à la protection du ciel en implorant l'intercession d'un grand nombre
de saints dont on conservoit les reliques dans la ville; après quoi, a^ant fait
dresser ses machines sur les murailles, il attendit de pied ferme l'armée fran-
çoise.
Louis arriva devant Toulouse, le^ i6 de juin de l'an 1219, suivi d'Amauri
de Montfort St du cardinal Bertrand, légat du Saint-Siège. Il fit aussitôt la
circonvallation de la ville & des faubourgs, établit ses quartiers Se dressa ses
batteries; puis il attaqua la place avec beaucoup de vivacité & tenta de l'em-
porter d'assaut; mais tous ses efforts furent vains, parce que la défense fut
toujours supérieure à l'attaque. Enfin, voyant qu'il avoit perdu beaucoup Je
monde 6c qu'il ne pouvoit rien avancer, il prit le parti de renoncer à son
entreprise Si leva le siège, sous prétexte que le temps qu'il avoit résolu de
servir étoit expiré. Quelques-* auteurs disent qu'il fut forcé de prendre cette
résolution, parce qu'il se vit trahi par plusieurs chevaliers de son armée qui
favorisoient secrètement le comte Raimond ; d'autres prétendent qu'il fut
bien aise de faire échouer cette expédition, afin d'obliger Amauri de Mont-
fort qui ne se pouvoit soutenir par ses propres forces, à lui céder, comme il
arriva, en effet, toutes les conquêtes que les croisés avoient faites dans le
pays. Quoi qu'il en soit, Louis décampa de devant Toulouse, le 1" d'aoLit''j
après avoir tenu cette ville assiégée durant quarante-cinq jours. 11 partit
avec tant de précipitation, qu'il abandonna toutes ses machines, dont les
assiégés s'emparèrent 61 auxquelles ils mirent le feu. Il laissa seulement en
partant deux cents chevaliers à Amauri de Montfort pour le servir pendant
un an.
Henri, comte de Rodez, s'empressa de marcher au secours de Louis-", Se
étant au siège de Toulouse, le 28 de juin de Van 12 19, il remit tous ses
domaines, dans le dessein d'aller à la Terre-Sainte, à lu garde Se à la défense
de Pierre, évêque de Rodez, pour les tenir sous les ordres de son seigneur
Amauri, duc de Narbonne, comte de Toulouse Se seigneur de Montfort. 11
' La plupart des défenseurs de Toulouse énu- rellement, n'ont pu Jaissjr que peu de traces d.uis
mérés par le poète toulousain sont entièrement les cliartes du pays. [A. M.]
inconnus, & M. Meyer, dans son excellente édi- ' Voyez tome Vil, Note XIX, p. 60.
tion de la Canso, n'a pu en identifier qu'un petit ' Guillaume le Breton, De gestis Philippi-Àc:-
nombre. Ce savant estime avec raison que c'étaient gani, Chron'uon Turonense, & Albéric.
des soldats d'aventure, des mercenaires ayant à ce ' Voyez tome 'VII, ut supn.
moment une grande réputation, mais qui, natu- ' Tome VIII, Chartes, n. CXXXI, ce. 72^, 7-3.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIII. 533
An
pariit bientôt après & tomba malade à Acre, chez les hospitaliers, où il fit
un codicille, au mois d'octobre ' de l'an 1221. Par cet acte, il choisit sa sépul-
ture dans cette maison & s'y donne pour frère. On prétend * qu'il ne mourut
qu'après l'an 12:7 St qu'il ne laissa d'Algayette de Scorailies, sa femme, que ÉJ.orîRtn.
deux fils St une fille, savoir : Hugues, qui lui succéda dans le comté de
Rodez, sous la tutelle de la comtesse, sa mèrej Guibert, St Guise, à laquelle
il laissa: en dot mille marcs d'argent. Se qui épousa Pons, seigneur de Mont-
laur, en Vivarais, sur les frontières du Vêlai. Nous avons vu cependant un
acte^ de l'an 1227, suivant lequel » Jean, fils du feu comte de Rodez, vou-
« lant prendre les ordres sacrés, donna, du consentement de Bernard de
i< Rodez, son frère, à Hugues 8c à Richard de Rodez, ses autres frères ger-
« mains, sa portion du comté de Rodez. »
L'évêque de"* Châlons-sur-Marne Se Enguerrand, sîre de Couci, se trou-
vèrent aus^i, en 121g, au siège de Toulouse, de même que Jean de Béthune,
cvêque de Cambrai, qui y fut tué^ le 27 de juillet. Un ancien auteur*^ fait
entendre que Louis, en décampant, fit un accord avec le jeune comte de
Toulouse, d'où l'on pourroit croire qu'il laissa ce prince paisible possesseur
de ses domaines. Ce qu'il y a de vrai, c'est que le mauvais succès des croisés
dans cette expédition eut des suites très-heureuses pour la maison de Tou-
louse, qui reprit depuis plusieurs places^ que les Montfort lui avoient enle-
vées. . ....
>
XLIV. — Privilèges de Toulouse i- de Nîmes.
Nous ignorons si le vieux comte de Toulouse étoit dans cette ville durant
le siège; mais nous savons qu'il y accorda, le 10 de septembre de la même
année*, avec son fils, divers privilèges aux habitans, qu'il voulut sans doute
récompenser de leur fidélité S< de leurs services. Il les exempta de toute sorte
d'exactions & d'impôts, 8c ne se réserva dans Toulouse que les droits accou-
tumés sur le sel, le pain Se le vin. Ces deux princes firent un voyage en
Albigeois, au mois de novembre suivant. Le jeune Raimond, qui se quali-
fioit'' par lu grâce de Dieu duc de Narbonne, comte de Toulouse & marquis
de Provence, 6- fils de la reine Jeanne, reçut à Gailiac, le jour de Saint-
Martin , l'hommage d'Olivier Se de Bernard, seigneur de Penne, dans le
môme pays. Ce comte Se Raimond VI, son père, confirmèrent'", dans la
' Mnrtèrte, Anipl. CoUccl. t i, c. lirtS & suiv. cnr les comtes de Toiiloi;se & le roi de France
' Histoire gcncalogijuc Jcs grands officiers, t. :, furent loiijours en froid jusqu'à l'an 1226, époque
p. (199. où Louis VIU déclara définitivement la guerre i
' Archives du château de Salles, en Rouergue. Raimond VII,]
^ Raynaldi, année 1219, n. 36. — Duchcsnc, 'Guillaume de Puylaiîrens, c. 33. — Chronicoii
Scriptorei, t. 5, p. 854. Turonenie.
' Gallia Christicna, nov. éd. t. 3, c. 34 & seq. ' Registre |6,'> du Trésor des Chartes du roi,
' Bernard Gui, ap. Raynaldi, ann, 1219, n. 37. n.423.
— [Malgré la valeur aujourd'hui reconnue des ^ Mss. Je Colbett, n. 1067 flnt. 6009].
ir.ivaux de Bernard Gui, le fait paraît do.i:eux, '" To;:ie VIU, Chartes, n. CXXX, ce. 72c, 721^
534 HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC, LIV. XXIII,
An 12 ip '
même ville, la donation du château de la Roque de Valsergue, en Rouergue,
en faveur de Pierre-Bermond de Sauve, seigneur d'Anduse en partie. Le
jeune Raimond se rendit ensuite à Nimes, où il confirma, le 28 de décembre
suivant', la charte que la comtesse Sancie, sa femme, avoit accordée l'année
précédente aux habitans de cette ville. Il donna ^ quelques jours après divers
privilèges aux chevaliers qui habitoient dans le château des Arènes.
XLV. — Accord entre Amauri de Montfort i- l'évêque d'Agde.
Amauri de Montfort, depuis la levée du siège de Toulouse, ne songea
plus à de nouvelles conquêtes; il tâcha seulement de conserver celles qui lui
restoient. Il se rendit à Castelnaudary, 8c là, en présence de la comtesse
Alice de Montmorency, sa mère, du cardinal Bertrand, de l'évêque de Car-
cassonne, du comte Gui de Montfort, son frère, de Lambert de Turey, sei-
gneur de Lombers, &c., il passa un^ accord, le 3 de septembre de l'an 1219,
avec Thédise, évêque d'Agde. Par cet acte : 1° Il reçoit en fief de ce prélat les
châteaux de Florensac Ik de Pomeiroh, dans la vicomte d'Agde, St ceux de
Bessan Si de Torolle, dans celle de Béziers. 2° L'évêque, de son côté, en
qualité de comte Se de vicomte d'Agde, reçoit en fief d'Amauri , comte de
Toulouse, tout ce qu'il possédoit à Agde, dans ses dépendances Si dans plu-
sieurs châteaux du diocèse, & lui en fait hommage. 3° Amauri promet que
s'il peut recouvrer le château de Montagnac il le rendra à Thédise, qui le
tiendra en fief de lui, avec pouvoir à ce prélat de s'en saisir sur ceux qui le
possédoient, Se qui n'étoient pas sans doute différens des comtes de Toulouse
ou de leurs partisans. 4" Amauri cède à Thédise les albergues qu'il exigeoit
dans quelques châteaux en qualité de vicomte de Béziers; ce prélat lui cède
à son tour 8c à ses héritiers, tant en son nom qu'au nom des évêques d'Agde,
ses successeurs, la chancellerie^ du comte de Toulouse 6" le droit qu'il y
avoit. 5° Enfin Thédise renonce à tous les actes où il éfoit porté que le
vicomte de Béziers étoit vassal de l'évêque d'Agde en fief honoré.
XLVI. — Désordres des croisés. — Amauri dispose d'Alais, — Maison
d'Andu-^e,
L'hiver suivant^ les deux frères Folcaud 8c Jean de Brigicr, suivis de plu-
sieurs autres partisans d'Amauri, entreprirent de faire des courses dans le
Toulousain. Le jeune Raimond, pour arrêter leurs brigandages, se mit aus-
jÉlorigin. gitôt en campagne Se, les ayant rencontrés, il les combattit, les fit prisonniers
' Arcti'ivcs cle l'hôtel de ville Je Nimes. — Doin ' GalVu C/trist'i:tna, rtôv. ei. t. 6, Instruni. c. 314
Vaissete commet ici une petite erreur. L'acte est du Se suiv. [Voyez au tome VIII , ce. 725 à 728, où
to des kalertdes de juin (zS mai) de l'année 1219. nous republiorts cet acte d'après l'original.!
Il a été publié par Mena rd, Iliit. de Nimes, t. 1, 'Voyez tome VII , Note XLV, n. 3, pp. 128
pr. 84. Voyez tbid. texte, p. 284. (A. M.| £t 129.
• Tome VIII, Chartes, n. CXXIII, ce. 698, Û99. ' Guillaume de Puyhuirsns, c. 33*
Al 1220
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIÎI. 535 '
& leur fit couper k tête qu'on promena clans Toulouse au bout d'une perche.
On regarda la mort de ces deux chevaliers François comme une juste puni-
tion des crimes qu'ils avoient commis : le premier usoit entre autres d'une
cruauté extrême envers ceux qu'il prenoit à la guerre; il taisoit périr de
faim, dans le fond d'un cachot, ceux qui n'avoient pas cent sols à lui donner
pour se racheter, 8c jeter ensuite leurs corps, même lorsqu'ils n'étoient encore
qu'à demi-morts, dans des cloaques où ils achevoient de mourir. Peu de
temps avant cette expédition Folcaud avoit fait pendre deux prisonniers &
avoit obligé l'un des deux de servir de bourreau à l'autre, qui étoit son propre
fils. Enfin les deux frères étoient plongés dans des débauches infâmes : ils
entretenoient publiquement des concubines S«. ne faisoient aucun scrupule
d'enlever les femmes mariées. Ces excès, qui n'avoient que trop d'imitateurs
parmi les chevaliers françois établis dans la Province, indisposèrent de plus
en plus les peuples contre leur domination, & tout le pays cherchoit à l'envi
l'occasion de se remettre sous l'obéissance de ses anciens maîtres; en sorte
qu'Amauri faisoit tous les jours de nouvelles pertes. Le château de Servian ',
au diocèse de Béziers, entre autres, secoua le joug de son autorité peu de
temps après Pâques de l'an i2;o. Ce comte étoit alors dans le bas Lan-
guedoc où il tâchoit de conserver le peu de places qui lui restoient. Il con-
fisqua les domaines de Pierre-Bermond, seigneur de Sauve, qui, comme on
l'a déjà vu, étoit rentré dans le parti du comte de Toulouse, son aïeul; il en
disposa, le i5 d'avril de cette année, en faveur de Bernard d'Anduze, qui lui
étoit demeuré fidèle 8c qui lui fit^ hommage, dans l'église de Saint-Jean
d'Alais, pour la moitié de la tour 8c de la ville d'Alais, qui avoit appartenu à
Pierre-Bermond, Raimond Pelet fit en même temps hommage, pour l'autre
moitié d'Alais, à Amauri, qui obtint peu de temps après, du pape Honoré,
une nouvelle confirmation^ de la donation que le pape Innocent III avoit
faite à Simon, son père, des villes de Béziers, Carcassonne, Albi, Toulouse,
Montauban'', 8cc.
XLVIÎ. — Naissance de Jeanne, fille de Raimond le Jeune, qui soumet
Lavaur, Puylaurem, Montauban 6* Castelnaudary.
Le jeune comte' Raimond continua cependant de profiter des circons-
tances, & après les couches de la comtesse Sancie, sa femme, qui accoucha
' Albéric, C/irott'eoti. Awniiri s'engn»e:i à faire rendre cette place nii
• Tome VIII, Chartes, ti. CXXXt, cC. 72J, 714. vicomte après la Pâques de l'an 1221, & à lui
' Baluzc, Miscellanea, t. 2, p. 2.54. payer en attendant une rente de trois cents livres
* Amauri de Montfort resta dans 1< bas Lan- de Melgueil, représentant sans doute les revenus
gucdoc nu moins jusqu'au 17 juin. A cette der- de cette ville. Ce fait prouve une fois de plus con;-
nière date, il était à Béziers, & termina un dilTc- bien les assertions de Guilliume de Puylaurens
rend qu'il avait Bvec le vicomte de Narbonne, sur les désordres & les usurpations des croisés sont
Amauri, dont un chiteau important, celui de fondées. [A. M.]
Lézignart, avait été occupé par Gui, frère de Si- ^Guillaume de r'uyljurenj, c. 33, — PrciecUri
mon de Montfort (tome VIII, ce. 73j, 73;). Framorum facuiorj, ^. \i(>.
An 1220
An 1220
l'J. origin.
t. Iil. p. 3i.\
536 HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC, LlV. XXIIL
cette année d'une fille nommée Jeanne, il se mit en campagne & prit diverses'
places sur Amauri, entre autres Lavaur dont il fit passer la garnison au fil
de l'épée, à la réserve de quelques-uns qui se sauvèrent à la nage dans les
domaines de Sicard, vicomte de Lautrec, dont la femme les reçut sous sa
protection'. Il prit ensuite par capitulation le château de Puylaurens &
accorda la vie sauve avec une entière sûreté à Ermengarde, veuve de Folcaud
de Brigier, dont on a déjà parlé & à qui Simon de Montfort avoit donné ce
château. Il accorda la même grâce aux en fans de cette dame Si à tous ceux
qui composoient la garnison jusqu'à ce qu'ils fussent sortis du pays. Le vieux
comte de Toulouse ayant remis d'un autre côté sous son obéissance la ville
de Montauban, il la donna en fief avec quelques places voisines, à R.aimond-
Roger, comte de Foix, en reconnolssance de ses services. Le jeune Raimond
confirma cette donation ^ en faveur de Raimond-Roger & de ses descendans,
par un acte daté de Gaillac, en Albigeois, le jour de Saint-Jean-Eaptiste de
l'an 12 20, 81 non de l'an 12 10, comme on le ^ prétend. Il donna quelques
jours après à R.oger-Bernard, fils du comte de Foix, tous les biens qui
avoient appartenu à Castelnaudary & aux environs, aux deux frères Pierre
èi Guillaume de Martin, lesquels s'étoient retirés de cette ville. L'acte est
daté dedans Castelnau, le lundi i3 de juillet de l'an 1220.
XLVIII. — Siège de Castelnaudary par Amauri de Montfort. — Mort
du comte Guif son frère.
I,e jeune Raimond avoit alors'^ repris cette dernière place; maïs à peine
s'en étoit-il mis en possession qu'Amauri de Montfort, au désespoir de l'avoir
perdue, mit sur pied tout ce qu'il put ramasser de troupes Se vint l'assiéger
avec Gui, comte de Bigorre, son frère. On vient de voir, en effet, que ce
siège étoit déjà commencé dès le i3 de juillet de l'an 1220. Le jeune Rai-
mond en prit la défense avec Roger-Bernard, fils du comte de Foix, & comme
il avoit eu soin de la bien munir Se d'v établir une bonne o;arnison, Amauri
trouva dans cette entreprise plus de difficulté qu'il n'avoit cru. Raiir.ond
s'appliqua surtout à fatiguer les assiégeans par de fréquentes sorties. Il en fit
une entre autres, le 27 de juillet'', durant laquelle le jeune Gui, comte de
Bigorre, fut blessé à mort Se fait prisonnier par les assiégés, entre les mains
desquels il expira bientôt après. P<.aimond le fit ensevelir décemment dans
une bière. Si l'ayant fait couvrir d'un drap de pourpre il le renvoya à son
frère Amauri. On dépeint^ Gui de Montfort, comte de Bigorre, comme un
jeune seigneur brave, bien fait, pieux Si qui donnoit de grandes espérances;
• Cette vicomtesse de Lautrec étnit, en effet, pa- ' Marcn, WiAo'irc âc Liam, p. "!,- S,,
fente de Bouchard de Marly, l'un des plus dévoués ■* Guillaume de Puylaurens, c. jj. — RobertiiS
défenseurs d'Amauri de Montfort. Voir au livre Altissiodorensis, Continuatio. — Voyez tome N'II,
précédent, p. 4^8. [A. M.] Note XXI, n. 1, pp. 63, 65.
' Tome VIII, Chartes, n. CXXXIII, ce. -jjji & ^ Voyez tome VU, u: supra.
y35. ' Robeitus Alti::iodorensi5, Contliiunùo,
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIII, 53 7
aussi fut-il fort regrette des François & principalement du comte Amauri,
son frère. 11 ne laissa que' deux filles de Pétronille de Comminges, comtesse
de Bigorre, sa femme. La première, nommée Alice, qui hérita de ce comté,
épousa en premières noces Eschivat de Chabanois, & en secondes Raoul de
Courtenay. Pétronille, dame de Rambouillet, la seconde, fut mariée à Raoul
de la Roche-Tesson, en Normandie.
Amauri de Montfort^, irrité de la mort du comte de Bigorre, son frère,
résolut dès ce jour de ne pas quitter le siège de Castelnaudary qu'il ne l'eût
vengée par la prise de cette place, & il s'opiniâtra tellement à la poursuite
de son entreprise qu'il y employa inutilement plus de huit mois 6c jusqu'à
la fin de l'hiver suivant. Nous avons divers monumens^qui fojit mention de
ce siège, qui en fixent l'époque Se la durée 8< qui prouvent que Gui, évêque
de Carcassonne, Arnaud, évêque de Nimes, l'abbé de Montolieu, Gui de
Lévis, maréchal du seigneur comte (Amauri), Pierre de Sainte-Colombe,
chevalier. Sec, s'y trouvèrent.
XLIX. — Conrad, évêque de Porto, nouveau légat dans la Province, chassé
de Bé-^iers, — Il réjorme les écoles de médecine de Montpellier.
Le cardinal Bertrand, légat dans la Province, étoit alors à la cour, où
Honoré III l'avoit envoyé pour négocier quelques affaires. Le pape nomma
pour le remplacer, dès la fin de l'an 1219'*, le cardinal Conrad, évêque de
Porto-^, auparavant abbé de Cîteaux, à qui il donna pouvoir'^ d'imposer
pénitence aux réguliers qui s'étoient écartés de leur devoir dans les terres de
sa légation. Le pape adressa, vers le même temps, une^ lettre à tous les
fidèles, tant clercs que laïques des pays de Provence, confiés aux soins de
Conrad, & les exhorta à l'aider à faire des collectes pour les affaires de la
foi. Ce légat arriva^ dans la Province vers la Pentecôte de l'année suivante
& la parcourut sans obstacle jusqu'à Béziers; mais, étant arrivé dans cette
ville les habitans le chassèrent'^. Il fut obligé de s'aller embarquer sur la
côte voisine & de se rendre par mer à Narbonnc, où il se réfugia, ]iarco que
tout le pays s'étoit soulevé contre Amauri de Montfort S\ sctoit soumis au
jeune vicomte Trencavel ou plutôt à Raimond-Roger, comte de Foix, son
tuteur, qui reprit sur Amauri la ville 8(. la vicomte de Béziers. Conrad fut
très-bien accueilli par l'archevêque Sv le chapitre de'"' Narbonne, qui firent
tout leur possible pour lui faire oublier les mauvais traitemens qu'il avoit
' Histoire gcnèxloglijac Jcs grinjs of/îcicrs, t. 6, l;s réguliers qu'il jugerait coupables. — Pouhast,
p. 7.0. n 6 i83.]
'Guillaume de Puylaurens, c. 3r. — Robertui ' AlLiric, C/ira/i/ron, ann. lîio,
Altissiodorensis, Continuatiu. ' GaîVui Cfiristhna, nov. eî. t. 6, c. 112.
» Voyez tome VIII, Charles, n. C.XXXII, c. ylj ' Tome VIII, Chartes, n. CXXXIV, ce. 733, 7I,;.
à 734, & tome VII, Ncte XXI, pp. 63 i 6.5. » Voyez ton.e VU, Wol^ XXII, p. 66.
* Voyez tome VII, Note XXII, p. 66. — [C; '' G ailla C'irisiicna, nor. cl. t. 6, c, 110. —
nouveau légat paraît déjà dans une bulle du Voyez tome VU, Note Wl\, p. 66.
l3 décembre 1219, lui donnant tous pouvoirs sur '" Gallia Christianaj net. cJ. t. 6, c. 110.
An 1220
"T; 538 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIII.
An 1220
reçus à Béziers. Comme il manquoit d'argent pour soutenir les frais de sa
légation, il engagea à ce' chapitre une couronne d'or & le reste de son
trésor pour la somme de trois mille livres melgoriennes. Il conserva une vive
rçconnoissance de ce prêt &, étant sorti quelque temps après de la Province
il écrivit au chapitre de Narbonne deux lettres, l'une de Troyes, en Cham-
pagne, le i5, &. l'autre de Châlons-sur-Saône, le 3o du mois d'août de
l'an 12 20, pour le remercier des services qu'il en avoit reçus en cette occa-
sion Se lui donner des assurances du payement. Il revint ensuite dans la
Province & fit des règlemens à^ Montpellier, au mois de septembre suivant,
pour la réforme des écoles de médecine, de l'avis des évêques de Maguelonne,
Agde, Lodève & Avignon. Il les rétablit dans leur ancienne splendeur Se
ordonna qu'à l'avenir personne n'entreprendroit d'enseigner cette science qu'il
n'eût donné des preuves de sa capacité devant l'évêque St les professeurs de
médecine 3.
L. — Le pape exhorte le jeune Ralmond £,• ses partisans à mettre ha!
les armes.
Entre divers ordres'' que le pape Honoré III donna à ce légat, il lui enjoi-
gnit : 1° D'exhorter le seigneur d'Orartge, qui avoit pris les armes contre les
habitans d'Avignon, partisans du jeune Pvaimond, comte de Toulouse, à
presser son expédition contre eux, de les engager à abandonner le parti de ce
comte &c d'employer pour cela le secours de l'archevêque de Rouen. 2° De
défendre aux chapitres des églises cathédrales de Provence, dont les évêques
étoient favorables au même prince où à ses alliés, d'en élire de nouveaux,
i.ni,''p."3"6- ^^ siège vacant, pendant tout le temps de sa légation, sans son consente-
ment; de déclarer nul tout ce qui seroit fait au contraire, S<. d'arrêter les
entreprises de ces prélats. 3° D'engager tous les clercs & les laïques du pays
à payer un certain cens annuel pour les affaires de la foi. Honoré écrivit vers
le même temps aux consuls Se au peviple des villes de Toulouse, Nimes 8c
Avignon pour leur fixer un temps après lequel, s'ils ne s'étoient fait relever
de l'excommunication dont ils avoient été frappés & ne promettoient entre
les mains du cardinal Conrad, son légat, d'obéir entièrement à ses ordres, il
les menace d'exécuter la résolution qu'il avoit prise de supprimer les évêchés
de ces villes, de les réunir aux diocèses voisins 8i de confisquer tous leurs
biens, comme étant désobéissans au décret que le concile général avoit dressé
contre les hérésies.
' MarCa, De côitcarJantîa saceriotll & impeni, ronileinent de Frédéric II comme empereur. Le
1. 5, c. 34. lendemain il écrivait aux évâques des provinces
' Gariel, Séries praciulum Magalonenslum , de Narbonne, Vienne, Aix, Arles & Lyon, pour
p. i3j6. leur demander de donner à Conrad toit l'appui
' Le pTpe consola le légat de tous les déboires dont ils seraient capables. [A. M.]
qu'il éprouvait dans l'exercice de ses fonctions, ^ Raynaldi, ann. 1221, n. 42 & seq. — Voyez
par une lettre du 24 septembre 1220 (Potthast, tome ^'III, Chartes, n. CXXXIV, ce. j'iç), 740.
n. Û3i3), & lui annonça en même temps le cou-
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIil. 53()
Nous avons' encore deux autres lettres que le pape écrivit la cinquième
année de son pontificat au jeune Pvaimond Se au comte de Foix, pour les
obliger à mettre bas les armes; il en adressa une semblable au comte de
Comminges. Par celle qu''l écrivit à Pvaimond il l'exhorte à rentrer dans
l'unité de l'Eglise dont il avoit été séparé ; à donner dans un mois des
marques de sa soumission entre les mains du cardinal Conrad, son légat, Se
à faire serment d'obéir à tous ses ordres. » Sinon, poursuit le pape, soyez
» certain que nous vous priverons des pays situés en deçà du Pvhonc qui vous
Il ont été réservés. Et ne vous glorifiez pas des heureux succès que vous avez
« eus jusqu'ici, comme si vous pouviez prévaloir contre Dieu; parce c[ue si
fi nous vous ôtons ce pavs, vous ne pourrez le garder longtemps, étant exconi-
« nuinié; car il est aisé de dépouiller celui qui ne possède pas à juste titre. »
Honoré, par sa lettre au comte de Foix, l'exhorte, de même que le fils de ce
comte, à se faire relever de l'excommunication qu'ils avoient encourue, avec
menace, en cas de refus de leur part, de les priver du château de Foix 8i du
reste de leurs domaines^.
LI. — Àmaiin lève le siège de Castelnauiary.
Amaurl de Montfort^, qui étoit toujours occupé au siège de Caslelnau-
dary, voyant qu'il se morfondoit devant cette place, que la vigoureuse
défense des assiégés rendoit tous ses efforts inutiles 8c que ses troupes, fati-
guées par Ja longueur extraordinaire de l'expédition, se décourageoient ou
désertoient de jour en jour, prit enfin le parti de décamper vers le commen-
cement de mars de l'an 1221, épuisé de travail 8<. de finances. Il y a lieu de
croire qu'il alla joindre le légat Conrad qui étoit alors à Carcassonne : Amauri
résidoit en effet dans cette ville au mois"* d'avril suivant.
■ Voyez tome VIII, Chartes, ut supra, — Ray- l'y réclamer. — On ne peut arrêter Ou violenter
naldi, ann. iiii, n. 42 & seq. un habitant d'Albi, du moment qu'il est prêt à
'Acetie année 1233 appartient une charte de ester en justice. — On ne peut prendre à Albi ni
privilèges accordée par l'évèque Guillem Pierre quête, ni tolte, ni alberguc, sans le consentement
aux habitants d'Albi. Il y avait eu débat entre des habitants. — L'évêque doit soumettre les con-
lei consuls & le prélat, touchant l'interprétation testations qu'il pourra avoir avec un habitant
de certains articles de la coutume de cetie ville. d'Albi au jugement des prud'hommes. — L'amende
On résolut de faire une enquête. L'acte en a été pour coups & blessures entraînant perte de sang
publié par Compnyré, Documents sur l'AUIgrois, est fixée à soixante sous Kaimondins. — Vicn-
pp. 147 i 149. Le premier article déclare que tous nent ensuite les articles pour l'homicide, l'adul-
les habitants d'Albi peuvent tester sans demander tère, &c. [A. IV!.]
l'autorisation du seigneur; ce dernier, c'est-à-dire ' Guillaume de Puylaurens, c. 11. — Roberi'.i!
l'évêque, n'hérite que dans le cas où un bourgeois Altissiodorensis, Continuatio,
neurt intestat, sans Ijisscr d'héritiers naturels. ' Pierre de Va ux-Cern.iy, éd. Camuzat, p. 32(5.
— Tout individu venant se réfigier i Alhi est — [Donation à Prouille du 17 avril 122OJ C;iia-
sous la protection de la communauté, d.ms les logue, n. tyi.j
li.niies do consulji, & son seigneur ne peut venir
An 1220
An 1 1: 1
-; :.io HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXllî,
1A\. — Ordre de la milice de la Foi de Jésus-Christ,
Conrad y publia, le 5 de février de l'an 1220 (1-221), des' lettres pour
déclarer « que toutes les terres ou rentes qu'Amauri de Montfort, ses barons
(' S< ses chevaliers avoient données à l'ordre de la Foi de Jésus-Cbrist dans la
(1 province de Narbonne, rcviendroient librement à ce comte Se aux autres
« donateurs. » L'ordre de la Foi avoit été établi depuis peu dans ce pays^ par
diverses personnes zélées pour la religion qui, dans le dessein d'extirper l'hé-
résie, obtinrent permission du pape Honoré III d'instituer un ordre militaire
dont ceux qui l'embrasseroient prendroient les armes contre les hérétiques, à
l'exemple des templiers qui combattoient les Sarrasins en Orient, 8c s'em-
ployeroient, tant à maintenir la toi qu'à la conservation des immunités ecclé-
siastiques. Le pape ayant donné pouvoir au-* cardinal Conrad de fonder cet
ordre, pourvu que ceux qui y seroient admis suivissent quelque règle déjà
approuvée, ce légat l'institua en 1220, è<. fière Pierre Savaric, qui se quali-
fioit humble 6- pauvre viaitre de la milice de l'ordre de la Foi de Jésus-
Christ, en fut élu le chef. C'est ce qu'on voit par ses lettres'' données à Car-
cassonne, le 9 de février de cette année, suivant lesquelles lui & ses frères
Cl promettent aide & secours à Amauri de Montfort 81 à ses héritiers pour la
(■ défense de sa personne & de ses domaines, & s'engagent à chercher Se à
<i détruire le? hérétic|ues, les rebelles à l'Eglise £<. tous les autres, soit chré-
« tiens ou non, qui feroient la guerre à ce comte, avec promesse de le rece-
« voir dans leurs clK"itcaux8< de ne pas accepter davantage la donation de ses
« domaines ou de ses fiefs sans sa permission, excepté les aumônes raison-
ci nables que l'I'lgiisc peut accorder. »
On voit par là que l'ordre militaire de la Foi de Jésus-Christ fut institué
t.'j'îi,''p!T-. principalement pour maintenir la maison de Montfort dans la possession des
domaines qu'elle avoit envahis sur celles de Toulouse, de Foix, de Coni-
minges, de Béziers, Sic, 8<. comme Amauri fut bientôt après dépossédé de
tous ces biens, l'ordre de la Foi tomba sans doute avec lui. Nous ne trouvotis
plus en effet, depuis, dans le pays, aucun monument qui le regarde. Quel-
ques-^ auteurs prétendent qu'on l'unit dans la suite à un autre qui fut ins-
titué, en'' 1229, par l'archevècjue d'Auch Se ses suffragans, sous le titre de
l'ordre des frères de la milice de Saint-Jacques, établie en Gascogne pour la
défense de la joi b de la paix. S; que le pape Grégoire IX confirma en i23i.
Le pape marque dans sa bulle que les frères de cet ordre avoient. embrassé
l'institut de ceux de la milice de Saint-Jacques, déjà approuvée par le Saint'
' Duchesnc, Scriptorcs, t. 5, p. S71. * Rcg'istrum curiac Franciac. — Héliot, lilstoin
' Rnynaldi, ann. ijîr, rt. 41. Jei ordres religieux, t. 8, p. 286 & suiv. — Corri-
' Voyej tome VIII, Chnrtes, 11. CXXlV, c. 740. ge~ le 5 fivricr, & voyej irmc VIII, ce. 7^"!, 744,
.— Ln première autorisation donnée par le pape où nous donnons ctite pièce d'après l'original.
est d.i 7 juin t22t, Potthast, n. 6675. Voir aussi [A. M]
une bulle du 16 juillet suivant, pour Is mir.ie ' Héliot, ut supra, p. 287 & suiv.
objet, ibii. n. O658. | \. M.J 6 Ca/îia Clir'utiani, nov. cd. t. \,lnslrum. p. I^î.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV, XXIII, 541
Siège. Cet ordre de Saint-Jacques subsista dans le pays jusqu'en 1261. Le
grand-maître & ses religieux, qui étoient réduits à un petit nombre, firent
alors profession 8<. s'incorporèrent dans l'abbaye de Feuillans, de l'ordre de
Cîteaux, dans le Toulousain.
LUI. — Siège 0 prise de Montréal sur Amaiirl.
La levée du siège de Castelnaudary fut suivie' de la perte que fit Amauri
de Montfort de plusieurs villes Se cbâteaux des environs, entre autres de
celui de Montréal, dans le diocèse de Carcassonne, que le jeune Raimond 8<
le comte de Foix assiégèrent sur Alain de Pv.ouci, chevalier françois, qui en
étoit seigneur. Ils se rendirent bientôt maîtres de la ville parce qu'elle étoit
sans défense ik que les bourgeois la leur livrèrent. Ils dressèrent ensuite leurs
batteries contre le château où Alain de R.ouci s'étoit réfugié avec la garnison,
après avoir envoyé son fils Alain à Carcassonne demander du secours à
Amauri. Les deux comtes donnèrent l'assaut à ce château le second jour du
siège, 8<. Alain de Rouci, le père, ayant été blessé dangereusement à la tête,
Alain, son fils, qui étoit de retour de Carcassonne, demanda à capituler Si.
députa Arnaud de Villemur, chevalier, pour régler les articles : la garnison
obtint la vie 6<. les bagues sauves, 6t le jeune Alain sortit de la place le même
jour; de sorte qu'Amauri de Montfort, qui s'étoit déjà avancé pour la secourir,
fut obligé de s'en retourner à Carcassonne. Alain de Rouci, le père, l'alJa
joindre avec ses troupes : il s'excusa sur ce qu'ayant été blessé il n'avoit pu
défendre le château de Montréal, & mourut peu de temps après de sa bles-
sure. Outre le château Se la ville de Montréal Simon de Montfort lui avoit
donné en fief le château de Termes, dans le diocèse de Narbonnc, avec tout.
le pays de Termenois, 8c il jouissait encore de ce dernier pays au mois de
mai de l'an 11:0, comme il paroit par les différends qu'il avoit^ alors avec
l'abbaye de La Grasse, au sujet des albergues Se de quelques autres droits
q^ue ce monastère prétendoit sur divers villages du Termenois. Quant à Alain
de Rouci, le fils, on le soupçonna d'avoir été d'intelligence avec le comte de
Toulouse, qui lui donna un sauf-conduit, 5< il n'osa se présenter devant le
comte Amauri.
LIV. — Amauri fait solliciter le prince Louis de venir à son secours.
Amauri, voyant qu'il faisoit tous les jours de nouvelles pertes, sollicita
le prince Louis, fils du roi Philippe-Auguste, de venir à son secours.
Honoré III pressa en même temps Louis de reprendre cette expédition 8c lui
accorda pour cela la levée du vingtième sur tout le clergé du royaume. Ce
' Guillaume de Piiylaiirtns, c. 31. — Alb'ric, " Archives de l'abbaye de La Grasse. — Cata-
Chronicon, ann. 1221. — Voyez tome VIII, Char- logiie, n. 181, élection d'arbitres par les deux
tes, n. CCCXXX , & tome VII, ?/otc XXI, n. 3, parties, & n. 18.') (acte du 23 août 1220J, sentence
pp. 65, 66. définitive de ces arbitres. [A. M.J
An 1221
Aa 122 1
542 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIII.
prince profita de cette grâce & partit à la tête d'tin grand corps de troupes;
mais, au lieu de continuer la guerre contre le comte de Toulouse & ses alliés,
il tourna ses armes contre le roi d'Angleterre, ce qui irrita extrêmement le'
pape. Les grands vassaux contribuèrent aussi aux frais de l'armement du'
prince Louis, sous prétexte de faire la guerre aux hérétiques, comme il paroît
par des lettres^ du roi Philippe-Auguste, datées de Melun, au mois de mai
de l'an 1121, dans lesquelles il déclare que Blanche, comtesse de Cham-
pagne, lui ayant accordé le vingtième de ses revenus pour le secours de la
terre d'Albigeois, cela ne tireroit pas à conséquence.
LV. — Le jeune Raîmond récompense les hahitans d'Avignon. — // confirme
la donation de la ville de Montauhan en faveur du comte de Foix.
Le vieux comte de Toulouse & ses alliés, n'a} ant rien à craindre de Louis,
continuèrent sans obstacle la guerre contre Amauri de Montfort, tandis que
le jeune Raimond, son fils, travailloit du côté du Rhône à affermir sa domi-
nation dans le pays. Ce jeune prince se rendit à Avignon 6c y ^ donna, le
25 de mars, aux consuls & aux hahitans de cette ville, en reconnoissance des
services qu'ils lui avoient rendus &t au comte, son père, & des dépenses qu'ils
Éd. origin. avoicnt faites pour les soutenir, tous les droits qu'il avoit sur les châteaux de
Caumont, de Tor, &.C., avec divers privilèges. Il promit de faire ratifier cette
concession par le comte, son père'*, qu'il alla joindre ensuite dans le haut
Languedoc. Il confirma, en effet, au mois de juillet suivant, à Gaillac-^, en
Albigeois, en faveur des consuls Se des hahitans de cette ville, les coutumes
Se les privilèges que ses prédécesseurs leur avoient accordés, & il leur en
donna de nouveaux.
LVL — Amauri porte la guerre dans l'Agenois. — La ville d'Agen se soumet
au Jeune Raimond.
Cependant Amauri de Montfort, voyant la défection presque générale dans
tous les pays conquis par son père, fit de nouveaux efforts pour les conserver.
■ Manrique, Annales CiHerclcnses, ann, lizz, jcttis aux mêmes charges que les autres bourgeois
c. I, n. 7 & suiv. de Gaillac. — Si le comte ou d'autres seigneurs
' Brussel, Usage des fiefs, t. I, p. 417 & suiv. achètent ou acquièrent d'une manière quelconque
— [Voyez Delisle, Catalogue des actes de Philippe^ des honneurs dans la ville, ils contribueront pro-
Auguste, n. loSo, p. 466.] portionnellement à ses dépenses. Mêmes disposi-
' Tome VIII, Chartes, n. CXXXV, ce. 743 à 746. tions pour les acquisitions que feront à l'avenir
■• liid. ce. 747 & 748. les maisons religieuses &: personnes ecclésiastiques.
' Archives de l'abbaye de Gaillac Cette charte Exemption de péage pour tous les hctmmes de
a été publiée par Compayré, Documents inédits sur Gaillac dans les Etats du comte de Toulouse. Les
l'Aliigeois, pp. 374 & suiv. En voici l'analyse. octrois de la ville ne pèseront que sur les étrangers.
Confirmation de toutes les anciennes libertés : — Partage des droits de justice & des amendes entre
droit d'asile, liberté à tout venant, quelle que le plaignant & le seigneur. — Suppression de la
soit sa condition; s'il est tenancier, il doit aban- tolte, de la quête & de l'albergue. — Fixation des
donner sa tenure à son seigneur. — Les bailes, amendes pour vol de jour ou de nyit, pour l'ho-
tant du cpmte que des autres seigneurs, sont assu-. jitiiçide, &c. [A. M.]
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIII. 5^Z
L'archevêque de Bourges, les évêques de Cleimont &< de Limoges & divers
autres prélats lui avoient amené quelque secours; il marcha avec eux S<. avec
le cardinal Conrad, légat du Saint-Siège, vers l'Agenoisj il mit d'abord le
siège devant le château de Clermont, situé sur la droite de la Garonne, £<.
avant appris que les bourgeois d'Agen étoient disposés à rentrer dans l'obéis-
sance du comte de Toulouse, leur ancien maître, il n'omit rien pour les en
détourner. Il manda les consuls de cette ville, leur fit beaucoup de caresses
8{. leur donna des lettres authentiques datées devant Clermont sur la Garonne,
le i*' d'août de l'an 1221 '. Dans ces lettres il fait un grand éloge des habi-
tans d'Agen 6t de la fidélité qu'ils lui avoient gardée jusqu'alors; il expose
ensuite que ses ennemis tentoient de l'ébranler en publiant qu'il alloit se
•rendre dans cette ville pour se saisir de tous les biens des habitans &c leur
demander des otages : il déclare qu'il les prend sous sa protection spéciale,
les assure de son amitié & promet par serment qu'il les protégera toujours 8c
qu'il ne leur causera aucun dommage tant qu'ils lui demeureront fidèles;
qu'il ne tirera d'eux aucune vengeance pour le soupçon qu'il avoit conçu de
leur félonie; qu'il ne leur demandera aucuns otages & qu'enfin il leur par-
donne entièrement tout le passé, pourvu qu'ils lui fassent justice, conformé-
ment à leurs coutumes approuvées par ses prédécesseurs, 8(.c. Les consuls
d'Agen, de leur côté, prêtèrent serment de fidélité à Amauri, en leur nom &
en celui de leurs concitoyens, avec promesse d'obéir à ses héritiers quels qu'ils
fussent; de n'accorder l'entrée de leur ville à aucun de ses ennemis, &c.
« Ils permettront cette entrée libre, ajoute Amauri, à nos baillis 81 à nos
« autres envoyés 61 même à tous ceux qui ne sont pas de cette langue (c'est-
<i à-dire aux François) 6c qui nous seront attachés, mais surtout à nous-
« mêmes, S<c. »
La crainte qu'avoit ce comte de perdre Agen n'étoit pas sans fondement.
Cette ville se soumit en effet, peu de jours après, au jeune R.aimond qui,
étant à Toulouse, le dimanche septième jour de l'issue du mois d'août de
l'an 1221, c'est-à-dire le 22 de ce mois-, promit solennellement de protéger
les habitans d'Agen, de les défendre en personne, en cas que le comte de
Montfort ou tout autre les assiégeât, £c d'y entretenir à ses dépens sur les
revenus du sel, pour les soutenir, une garnison de vingt chevaliers armés, de
trente sergens 8c de dix arbalétriers à cheval 8c même un plus grand nombre
de gens d'armes s'il étoit nécessaire. Il donna les consuls ou capitouls de
Toulouse pour garans de ces promesses, confirma par une autre charte ^ les
privilèges 8c coutumes d'Agen 8c fixa les droits qu'il levoit dans cette ville à
cause du pariage avec l'évêque''. Nous ne savons pas si Amauri de Montfort se
rendit maître du château de Clermont, en Agenois. Nous savons seulement
' Martène, Thésaurus anccdotorum, t. i, c. 884. * On peut voir au fome VIII, ce. 753 & siiiv,
[Catalogue, n. içS.) deux autres chartes données le même jour par le
' Voyez tome VIII, Chartes, n. CXXXV, ce. 748 jeune Raimond, & empruntées par nous à la pu-
& 749. [Corrige^ le 25.] blication de MM. Magen & Tholin. Par la pre-
' Registrç i'ix du Trésor des chartes. r;iière de ces chartes, le comte amnistie tous ceux
An lîii
t. m, p. 3n)
544 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXII!.
An izii • '
qu'il étoit à Narbonne, le 7 de novembre suivant', Si qu'il y donna alors
des lettres de sauvegarde pour l'abbaye de Fontfroide. Il y a lieu cependant
de croire qu'il fut obligé de lever le siège de Clermont, à cause que nous
voyons que la ville d'Agen se soumit bientôt après au jeune comte Raimond.
LVII. — Privilèges de Montaithan, — Le pape rend une sentence d'exhéréda-
tion contre le Jeune Raimond, — Assemblée des hérétiques à Pieussan.
Ce prince & le comte, son père, continuèrent leurs expéditions contre
Amauri. Le dernier étant ^ à Montauban, à la mi-octobre de cette année, y
statua qu'on ne payeroit que buit deniers pour chaque tonneau de vin qui
descendoit le Tarn, depuis Montauban jusqu'à Moissac. Pv.oger-Bernard, iils
du comte de Foix, à qui ce prince avoit donné la seigneurie de Montauban,
y avoit fait un autre règlement^ quelques jours auparavant, touchant les
donations faites aux gens de mainmorte; les sept du chapitre ou capitouls de
Montauban l'approuvèrent.
Kd. oriRin. Le pape Honoré III, apprenant que le jeune Raimond faisoit tous les
jours de nouveaux progrès sur Amauri de Montfort St qu'il ne tenoit aucun
compte de la prière qu'il lui avoit faite de mettre bas les armes, prit enfin
le parti extrême de porter contre lui le jugement suivant : « Notre'* cher fils
« Bertrand, cardinal du titre de Saint-Jean 8i de Saint-Paul, alors légat du
« Saint-Siège apostolique, faisant attention que Raimond, fils de Raimond,
(i ci-devant comte de Toulouse, ne se contentoit pas d'imiter la méchanceté
(1 de son père, mais ([u'il la surpassoit de beaucoup, lui a ôté par sentence
.1 tous les droits cju'il pouvoit avoir sur les domaines qui avoient appartenu
Il ou qui appartcnoient à son père dans l'étendue de sa légation; nous con-
n firmons cette sentence comme juste, ainsi qu'elle est plus amplement
« énoncée dans les lettres qui en ont été expédiées. Donné au palais de
« Latran, le 25 octobre, la sixième année de notre pontificat (ou l'an iiii). »
Honoré eut recours de plus à l'autorité du roi Philippe-Auguste à qui il
écrivit'' le i"" de février de l'année suivante pour l'exhorter à relever l'affaire
de la foi dans les pays d'Albigeois, où elle étoit entièrement tombée.
Les hérétiques s'y étoient fortifiés en effet, S<. il est fait mention dans les
registres de l'Inquisition de Toulouse, d'une assemblée générale tenue en 122:,
à Pieussan, dans le P\.azès, composée d'une centaine des principaux 8c à
des tjabltants d'Agsn qui ont soutenu la cause ' Archives de l'abbaye de Fontfroide. [Corrigez
d'Amaurt de Montfort. En même temps il promet le 6 novembre & voyez notre Catalogue, n. 194]
de faire modérer l'intérêt des prêts iisuraires. Par ' Archives de l'hôtel de ville de Montauban.
le second acte, il confirme les principaux privi- ' Voyez tome VIII, Chartes, n. CXXXVI, ce. ^.ij
léges du consulat & des habitans d'Agen, donne & ■j'>\,
aux douze consuls le droit d'interpréter la cou- ' Raynaldi, a nn. 1211,
tume dans les cas douteux, proinet de ne prendre ' Duchesne, Scnptores, t. 5, p. 457. — [Pctthast,
ni otage, ni taxes illicites dans la ville, de ne n. 677';.]
point incarcérer les bourgeois, de ne point aug-
menter les péages, &.C. (A. M.]
An 1222
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXHL 543
laquelle Guillabcrt de Castres, évêqiie des Toulousains, présida. Les héré-
tiques du Razès demandèrent qu'on leur donnât un cvêque particulier, parce
qu'ils ne savoient pas s'ils dévoient obéir à celui du Toulousain ou à celui
du Carcasses. On les satisfit, & Guillabert de Castres ordonna pour leur
évoque Benoît de Termes qu'il prit parmi ceux du Carcasses. Il fit cette ordi-
nation par l'imposition des mains & la. consolation. Il ordonna aussi Rai-
mond Agulerius ^oux fils majeur, & Pierre Bernardi pourjf/j mineur,
LVIII, — Consuls de Toulouse. — Moissac se soumet au jeune Raimond,
Vicomtes de Lomasne.
Les deux Raimond approuvèrent' conjointement, au mois de mars de
l'an 1222, divers règlemens pour l'élection des consuls de Toulouse, qui
dévoient être pris moitié de la ville Se moitié du faubourg. Le jeune Rai-
mond fit ensuite un voyage en Gévaudan, 8<. donna^ à Chirac, le 14 du
même mois, des lettres de sauvegarde pour l'hùpital d'Aubrac. Il se rendit de
là en Querci, où il reprit Moissac sur la fin du mois. Après ' son entrée dans
cette ville, il confirma les privilèges des habitans qui, de leur côté, lui prê-
tèrent serment de fidélité. Il reconnut que quand le seigneur de Moissac en
prcnoit possession, dix de ses barons dévoie*?^ jurer avec lui d'observer ces
lîriviléges. En conséquence il fit faire ce serment par Bertrand, son frère,
Otton, vicomte de Lomagne, 8<. Hispan, son frère, Pilfort de Rabastens,
Bernard de Durfort, S<c. Otton St Hispan de Lomagne étoient fils du vicomte
Vivien qui avoit donné au premier'*, l'année précédente, la moitié de tous
les domaines qu'il possédoit dans les diocèses de Toulouse, d'Agen & de Lec-
toure, 6< en particulier cette dernière ville dont il étoit coseigneur avec
l'évêque, Auvilar 6c Jumat. Raimond le Jeune rendit alors' aux habitans de
Moissac les droits 8<. les possessions dont ils jouissoient lorsque les croisés
mirent le siège devant Carcassonne, avec promesse de leur faire justice, sui-
vant que le jugeroient le chapitre (el capital) ou les capitouls Se les pru-
d'hommes de Moissac, avec réserve des droits Se des actions qu'il avoit sur
ceux qui avoient forfait contre lui jusqu'à ce jour.
LIX. — Sécularisation de la cathédrale de Mende. — Une partie des diocèses
de Béyers €• Narbonne excommuniée.
Le cardinal Conrad, évêque de Porto 8c légat dans la Province, fit cepen-
dant un voyage en France, sans doute pour solliciter le roi Philippe-Auguste
■Voyez tome "Vin, Chartes, n. CXXXVIII, n. 48. — J. 322; Teulet, t. 1, p. 025; acte du
ce. 75'j & 737. 28 octobre 1221. Le 7 mai précédent, le jeune
"Archives de la domcrie d'Aubrac. — [Voyez comte Raimond avait pris l'engagement de garan-
tomc IV, p. 894.] tir cette donation qui n'était encore que projetée,
' Tome vin. Chartes, n. CXXXV, ce. 749, 700. [A. M.J
^ Tié;or des chartes du roi ; Toulouse, sac l'i, ' Hôtel Ai ville de Moiss:ic.
VI. 35
Au
Au 12:2
K\6 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV, XXIII.
à envoyer du secours à Amauri de Montfort; il passa' par Meiide où il con-
firma, le 24 de mars de cette année, à la demande de Guillaume, évêque de
cette ville, 8c de ses chanoines, un statut fait par Henri 8< Géraud, arche-
vêques de Bourges, métropolitains du pays, pour l'établissement de quinze
chanoines séculiers, à la place des chanoines réguliers qui desservoient la
cathédrale. Il dénonça, excommuniés à Narbonne ^, le 28 d'avril suivant,
Il tous ceux qui, s'étant déclarés ennemis de l'affaire de Jésus-Christ, avoient
« pris les armes & avoient fait le dégât aux environs de cette ville, qui,
« ajoute-t-il, est fidèle à l'Eglise romaine. !> 11 excommunie nommément,
dans cet acte, les habitans de Capestang, Béziers, Puyserguier, Villeneuve,
Casouls, Bisan, Florensac, Murviel, Corneillan, Thésan, Sauvian, Sérignan,
t m ''""]"o Cessenon, Olonsac, Peyriac & de plusieurs autres lieux des diocèses de Nar-
bonnc &< de Béziers, dont il expose les biens à la discrétion de ceux de
Narbonne : preuve bien certaine que toutes ces places avoient secoué dès lors
le joug d'Âmauri de Montfort pour retourner sous la domination de leurs
anciens maîtres, & que ce comte avoit ])erdu presque tous les domaines que
Simon, son père, avoit conquis dans la Province.
LX. — Amauv'i offre ses conquêtes au roi Philippe-Auguste. ^
Amauri, se voyant réduit à l'extrémité êc désespérant de pouvoir rétablir
ses affaires, envoya les évoques de Nimes & de Béziers au roi Pliiiippe-
Auguste pour lui offrir de lui céder tout le pays conquis. Il dépêcha en même
temps au pape pour lui faire part de ses disgrâces. Le pontife en fut vive-
ment touché : il écrivit, le 14 de mai, la lettre^ suivante au roi Philippe-
Auguste : « Vous savez, notre clier fils, combien l'Eglise est ébranlée dans ce
« tem|os-ci, surtout dans les pays d'Albigeois, sur les limites de votre royaume.
« Les hérétiques la combattent ouvertement, prêchent publiquement contre
« la foi, tiennent des écoles d'erreur & élèvent leurs évêques contre les
» r.ôtres. Personne n'ignore les soins que l'Eglise romaine s'est donnée pour
<' déraciner cette peste de vos Etats, non-seulement par les censures ecclésias-
« tiques, mais encore par les secours temporels. Vous n'ignorez pas que la
« puissance séculière est obligée de réprimer les rebelles par le glaive maté-
« riel lorsque le spirituel ne peut pas arrêter leur malice, &. que les princes
« doivent chasser les méchans de leurs Etats; à quoi ils peuvent être con-
« traints de droit par l'Eglise, s'ils sont coupables de négligence. Comme
(c nous écrivons aux autres princes de purger leurs terres de ces sectaires, 8<
11 que cette peste fait de nouveaux progrès dans votre royaume, en sorte que
' Archives de l'évêché de Mendo. rilbigeols (n. 1^826), & chnrge Guillaume, arclie-
' Tome VIII, Chartes, n. CXXXIX, ce. yïy vèque de Reims, légat du Saint-Siège, de lever
à j5). promptemcnt le vingtième pour la croisade sur
^ Rnynaldi, ann. 1222, n. 44 Si :cq. — Pot- tous les ecclésiastiques & communautés de sa léga-
thast, n. 6828. En même temps le pape presse tous tion (n'" 6827, 683o, (•3'i 1 }. [A. M.J
les habitants du royaume de s'armer contrç le}
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIII. 547
« les ennemis de la foi semblent prévaloir S<. triompher des fidèles, il est de
« votre excellence, si vous voulez avoir quelque égard pour votre honneur St
« pour le salut de votre âme, ainsi qu'il convient, de combattre aussi puis-
<i samment que promptcment les hérétiques de votre royaume 8<. leurs fau-
(I teurs; de crainte que, si vous différez davantage, la foi n'y soit anéantie,
« que le reste du pays qui est encore au pouvoir des catholiques ne soit
Il entièrement perdu S< que l'erreur ne se communique dans le voisinage, ce
« qui est fort à appréhender. Vous comprendrez sans doute par là à quels
« périls sont exposés & l'Eglise & vos États. Afin donc qu'on n'attribue pas
« le renversement de la foi, comme on nous le reproche souvent, soit à votre
(i faute, soit à nous, qui avons dû vous avertir de chasser les héréticjues,
<■ nous vous prions, nous vous exhortons autant qu'il est en nous, Se nous
« vous enjoignons pour la rémission de vos péchés, du commun conseil de
« nos frères, d'unir à votre domaine tous les pays que le comte de Montfort
» a tenus de vous en fiet de ce coté-là; puisque ce comte n'est pas en état de
« les détendre Se qu'il vous les a déjà offerts, soit par les évoques de Nimes
« S< de Béziers, ses ambassadeurs, soit par ses lettres qu'il nous a commu-
« niquées, pour les posséder dans la suite vous 8t vos héritiers à perpétuité.
<( Travaillez avec diligence St conjointement avec nous, comme il appartient
Il à la magnificence royale, à accéler cette affaire, en sorte que vous n'alié-
« niez jamais ces pavs de votre domaine Se de celui de vos fils. Au reste,
«soyez assuré que nous avons excommunié depuis longtemps Raimond,
«1 ci-devant comte de Toulouse, son fils & leurs associés; qu'ils ont été avertii
« avec douceur 8t qu'ils ne veulent pas se corriger comme ils doivent; maii
i( qu'ils persévèrent obstinément dans leur méchanceté. Soyez certain que,
» pendant tout le temps que vous vous employerez de bonne foi à l'accom-
« plissement de cette affaire, qui est celle de Jésus-Christ, nous vous secour-
« rons par la levée du vingtième 81 par les indulgences accordées à ceux qui
<c se croisent contre les albigeois. Se que nous vous protégerons pour la défense
M de vos Etats, si quelqu'un vouloit entreprendre de les attaquer, »
Il ne paroît pas que les sollicitations du pape 8c d'Amauri aient fait beau-
coup d'impression sur le roi Philippe. C'est ce que nous avons lieu d'inférer
d'une lettre' qu'il écrivit, vers ce temps-là, àThibaud, comte de Champagne,
qui, pressé par le légat du pape, demanda permission à ce prince de se charger
en son nont de l'affaire d'Albigeois. Le roi lui répondit qu'il y consenloit,
sauf cependant le service que ce comte lui devoit. « Car, ajoute Philippe,
« nous ne voulons pas nous lier dans cette affaire par aucune promesse, parce
« que nous sommes sur le point d'avoir la guerre avec le roi d'Angleterre 6c
' Voyez tome VIII, Chartes, n. CXLII, c. 751. question devait durer jusqu'à ia Pâques de l'an
— M. Delisl; [C:itilogue Acs actes de Philippe- 1220 (Voyez ihid. n. i5o6j. Ainsi datée, cette
Auguste, n. 1868, p. 421) place cette pièce à la pièce se rapporte aux efforts tentés par le pape
fin de 1118 ou de 1217. En effet, le roi y parle Honorius & ses légats en faveur d'Amauri de
(voir plus bas) de la trcve qu'il avait avec le roi Montfort, après la mort du comte Simon. \'oyea
d'Angleterre, trêve qui expirait dans un an, à plus haut, ch. xxmv, pp. Jia, Ô23. [A. M.]
partir de la prochaine Pâques. Or, la trêve en
An 1222
liJ. orisin.
1. 111, p. 321.
Au
548 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIII.
« que la trêve que nous avons conclue avec lui ne doit durer que de la fête
<i de Pâques prochaine en un an. Il ne nous convient pas de nous livrer à
« d'autres entreprises &c nous devons laisser toutes celles qui nous détourne-
« roient de notre défense S<. de celle du royaume, laquelle doit nous occuper
<( principalement. »
LXI. — Raimond le Jeune prie le roi de procurer sa réconciliation
avec l'Église.
Le jeune Raimond, informé des démarches d'Amauri de Montfort auprès
du pape 8c auprès du roi pour le rendre odieux 8c pour noircir sa conduite,
écrivit' à ce prince la lettre suivante afin de le toucher 8c de le prévenir en
sa faveur. « A son très-sérénissime seigneur Philippe, par la grâce de Dieu
« roi des François, salut Se prompte obéissance à ses ordres. J'ai recours à
« vous, seigneur, comme à mon unique refuge, comme à mon seigneur 8c à
« mon maître, Se, si je l'osois dire, comme à mon proche parent; vous sup-
« pliant d'avoir pitié de moi Se de me faire rentrer, en vue de Dieu, dans
« l'unité de la sainte Église, afin qu'après avoir été délivré de l'opprobre
« d'une honteuse exhérédation , je reçoive de vous mon héritage. Seigneur,
« j'atteste Dieu Se les saints que je m'étudierai à faire votre volonté Se celle
« des siens. J'aurois été très-volontiers me présenter moi-même devant vous;
« mais, ne le pouvant pour le présent, quoique je le souhaite avec ardeur, je
« prie votre majesté d'ajouter foi à ce que vous diront de ma part Gui de
« Cavaillon Se Isnard Aldegarius, porteurs des présentes. Donné à Montpel-
« lier, le 16 de juin de l'an 1222. » Raimond se rendit ensuite à Avignon'
où il déclara^, au mois de juillet suivant, aux consuls Se aux habiians de cette
ville qu'il reconnoissoit que le château du monastère de Saint-André Se le
lieu du Pont de Sorgues étoient dans le district de leur consulat, avec cession
de tous les droits que le comte, son père, 8c lui pouvoient y avoir. L'acte est
scellé en plomb du sceau du jeune comte Se de celui des consuls d'Avignon,
dont un historien^ moderne fait la description.
LXIL — Mort de Raimond VJ, comte de Toulouse.
Tandis que ce prince aftermissoit son autorité du côté du Rhône, le comte
Raimond VI, son père, se tenoit dans sa capitale, où il donna en"* fief, le
5 de juillet de cette année, les grandes boucheries de cette ville. Raimond VI
ne survécut pas longtemps. Se il mourut à Toulouse au mois d'août^ sui-
■ Voyez tome VIII, Chartes, n. CXL,cc. 709 original, au Trésor des chartes, J. 3jo, n. 9.
8c 760. Voyez Teiilet, t. 1, p. 547. Renouvelé par Rai-
" Bouche, La chorographie ou description Je la mond VII, le 21 janvier IZIÎ, J. 3i4, n. Il;
Provence, t. 2, p. 1062. Teulet, t. 1, p. .0j8. [A. M.]
' Ilfid, ^ Praecîara I''ranco!um facliiora , p. 126.
■^ Manuscrits Je Colhirt, n. 227S. — Lat. 9996;
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XXllI. 540
' -' An iiiz
vant. Un auteur' du temps rapporte les circonstances suivantes de sa mort.
t( L'an 1222 mourut le comte de Toulouse de mort subite. Il perdit d'abord
« la parole ; mais il conserva la mémoire 8t la connoissance, &. Jourdain, abbé
« de Saint-Sernin , l'étant allé voir, le comte lui tendit les mains par un
« mouvement de dévotion. Les frères hospitaliers de Saint-Jean étant sur-
et venus, ils jetèrent sur lui le manteau de leur ordre avec la croix, qu'il
« baisoit, 8c il expira aussitôt. On porta son corps dans leur maison; mais il
« n'y fut pas inhumé, car il étoit excommunié, & on l'y voit encore sans
« sépulture. Son fils, après avoir fait dans la suite la paix avec l'Église 8c
« avec le roi de France, produisit divers témoins atiprès du Saint-Siège pour
« prouver qu'il étoit mort avec des sentimens de repentir; mais il ne put
<( obtenir qu'il fût inhumé. »
Raimond le Jeune entre dans un plus grand détail des circonstances de la
mort du comte, son père, dans la requête' qu'il présenta aux commissaires
que le pape avoit nommés pour informer sur les mœurs & la conduite de ce
prince, 8c cette requête est appuyée du témoignage d'un grand nombre de
témoins graves 8c irréprochables. Raimond VI, expose Raimond VII, son fils,
dans le neuvième article 8c les trois suivans de sa requête, « donna des mar-
ie ques 8c des indices de sa contrition Se de sa pénitence dans le temps de sa
<t mort. Il tomba malade dans la maison d'Hugues de Jean, dans le faubourg
« 8c la paroisse de Saint-Sernin, 8c il y fut attaqué subitement de la maladie
i( dont il mourut, à son retour de l'église de Notre-Dame de la Daurade, où
(1 il étoit allé le matin pour prier; il y étoit retourné le même jour aussi
i( pour prier. Sentant que sa maladie augmentoit, il en craignit les suites;
« il envoya aussitôt chercher l'abbé de Saint-Sernin, homme fort religieux 8c
Il très-versé dans les saintes lettres, dans la paroisse duquel il étoit malade,
(( pour demander d'être réconcilié à l'Eglise 8c absous, pour recevoir la péni- ( 'm ""^j",
« tence 8c faire tout ce qui étoit nécessaire pour le salut de son âme, invo-
« quant fréquemment le secours de Dieu 8c sa miséricorde. L'abbé lardant
« quelque temps à venir, le comte étoit fort empressé sur le salut de son
(( âme, demandoit souvent pourquoi il ne venoit pas, 8c lui envoyoit message
(c sur message pour le solliciter de se rendre incessamment auprès de lui.
K Enfin l'abbé de Saint-Sernin étant arrivé, le comte perdit la parole par la
« force de son mal, Se voyant l'abbé il lui demanda, autant qu'il lui fut
i( possible, par des signes bien marquées, ne le pouvant par la langue, d'être
Il réconcilié à l'Eglise ; il lui fit entendre aussi le désir qu'il avoit de confesser
« ses péchés 8c d'obtenir tout ce qui étoit nécessaire pour la pénitence 8c le
(1 salut de son âme, en tournant humblement 8c dévotement les yeux vers
<i lui 6c faisant effort pour lever la tête de son côté : baigné des larmes que
« la contrition lui faisoit verser, il étendoit ses mains 8c, les avant jointes, il
« les mit entre celles de l'abbé. Les hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem,
« que le comte avoit mandés pour être témoins de son absolution, 8c parmi
■ Guillaume de Puylanrsns, c. 3.(. " Percin, ,1e Haercù All'g. pnrt. 4, p. 76 &sutv,
Ail 1122
55o HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LiV. XXIII.
« lesquels il avoit élu sa sépulture de son vivant, étant présens, l'un d'entre
« eux jeta sur lui son manteau avec la croix pour s'assurer ainsi de son inbu-
<i mation parmi eux; mais l'abbé S<. les cbanoines de Saint-Sernin voulurent
« le retenir, à cause qu'il étoit mort dans leur paroisse, Se l'abbé avertit le
« peuple de ne pas le laisser sortir du faubourg, parce qu'il vouloit Se devoit
« le garder pour l'enterrer dans son église. » Ainsi mourut, dans la soixante-
sixième année de son âge, Pv.aimond VI, duc de Narbonne, comte de Tou-
louse Se marquis de Provence, après avoir gouverné ses domaines pendant
vingt-huit ans, depuis la mort du comte Pvaimond V, son père, Se avoir passé
une grande partie de sa vie dans le trouble Se l'agitation, à cause de la guerre
qu'il eut à soutenir contre un nombre infini de ses compatriotes qui, ayant
conjuré sa perte par un principe de religion, vinrent enfin à bout de le
dépouiller de tous ses Etats. Il eut cependant le bonheur d'en recouvrer la
plus grande partie avant sa mort Se de les transmettre à Raimond VII, son
fils unique qu'il avoit eu de Jeanne d'Angleterre, sa femme,
LXIII. — Caractère de Raimond VI, ses bonnes qualités (S- ses défauts.
Rien n'est plus affreux que le portrait que font de ce prince les historiens
de la croisade qui fut entreprise de son temps contre les hérétiques albigeois,
mais surtout Pierre, moine de Vaux-Cernay, le plus passionné' d'entre eux
Se, par conséquent, le plus récusable. A en croire cet auteur^, Raimond VI
avoit favorisé l'erreur dès son enfance, Se il menoit toujours quelque héré-
tique avec lui, afin de pouvoir mourir entre ses bras. « Car il croyoit,
« ajoute-t-il, qu'un homme, quelque pécheur qu'il fût, seroit sauvé sans faire
« pénitence, pourvu qu'à l'article de la mort il pût recevoir l'imposition des
(i mains de la part des hérétiques. Se c'est pour cette raison qu'il faisoit porter
« toujours avec lui le Nouveau Testament, à cause que ces sectaires détes-
« tent l'Ancien. Ce comte, continue le même historien, dit un jour aux
i( hérétiques, comme nous le savons certainement, qu'il vouloit faire élever
(( son fils parmi eux, à Toulouse, pour apprendre leur croyance, Se il déclara
(( une autre fois qu'il donneroit volontiers cent marcs d'argent pour qu'un de
Il ses chevaliers, qu'il faisoit instruire dans leur foi, pût bien l'apprendre;
« il recevoit avec plaisir les présens des hérétiques. Se quand c'étoit quelque
i( chose de bon à manger, il ne permettoit pas que personne y touchât; il le
« réservoit pour lui Se jjour ses plus intimes amis. Il se mettoit souvent à
« genoux devant les hérétiques, comme nous le savons de science certaine,
<i Se il leur demandoit la bénédiction en les baisant. Un jour le comte
« attendoit quelques personnes Se, comme elles ne venoient pas, il dit:
« Il paroît bien que le diable a fait le monde, parce que rien ne succède
« suivant mes vœux. Il dit de plus à l'évcque de Toulouse, ainsi que nous
' Mnrca, H'utorre <fc Pcarn, pp. Sz^ & -jjz. — ' Pierre ai Vaiix-Cein.Ty, c. 4.
Lafiiille, Annules de Tnulousç, t. 1, p. 12.^ £t
àlUY.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. I.IV. XXUÎ. 55 1 "
« l'avons apjMis de ce prélat, que les religicuK de Citeaux ne pouvolent être
Il sauvés, parce qu'ils nourrissoient des brebis qui s'accouploient. O hérésie
(i inouïe ! s'écrie à cette occasion Pierre de Vaux-Cernay, dans un de ces
<■ enthousiasmes qui lui sont si familiers. Le comte dit au même évêque,
i( poursuit cet liistorien, de venir la nuit dans son palais St qu'il entendroit
c( la prédication des hérétiques, d'où l'on doit conclure qu'il les entendoit
(( souvent prêcher durant la nuit. » Nous passons sous silence plusieurs
historiettes semblables rapportées par cet auteur qui accuse RaimondVI'
d'avoir abusé de sa propre sœur &. d'avoir eu un si grand penchant pour
les femmes que, dès son enfance, il avoit commerce avec les maîtresses de
son père. Cela joint à l'hérésie, ajoute-t-il, iit que le comte, son père, lui
prédit souvent qu'il seroit un jour dépouillé de tous ses États. « Enfin le
(1 comte Raimond, dit cet auteur, a protégé les routiers, dont il s'est servi
» pour piller les églises, détruire les monastères 8t ruiner tous ses voisins.
« C'est ainsi que s'est toujours comporté ce membre du diable, ce fils de
« perdition, ce fils aîné de Satan, cet ennemi de la croix, ce persécuteur
<( de l'Église, ce détenseur des hérétiques, cet oppresseur des catholicjues,
c ce parjure dans la foi, cet homme plein de crimes, ce réceptacle de toute
« sorte d'iniquités. »
Ces faits sont démentis dans l'enquête' que Raimond VII fit faire 8i dont
on a déjà parlé. Ce prince voyant ^^ que le corps du comte, son père, demeu-
roit sans sépulture ecclésiastique, nonobstant les marques de repentir qu'il
avoit données dans le temps de sa mort, fit tout son possible, après avoir fait
sa paix avec l'Eglise, pour lui procurer cet honneur. Il s'adressa d'abord au
pape Grégoire IX, qui donna commission à l'évêque d'Albi & à l'abbé de
Grandselve d'informer sur la vie & les mœurs de Raimond VI; mais ces deux
prélats ayant négligé d'exécuter leur commission, il eut recours à Inno-
cent IV. Ce pape nomma, au mois de mars^ de l'an 1247, de nouveaux
commissaires'* qui s'assemblèrent à Toulouse, dans la maison des Templiers,
au mois de juillet suivant. R.aimond le Jeune leur présenta requête Ê< cota
douze articles sur lesquels il les pria d'informer. « Le seigneur comte de^
(i Toulouse, fils de la reine Jeanne, expose Raimond VII dans cette requête,
1) au sujet de la bonne vie, des mœurs, de la dévotion, de la fidélité, de la
« contrition, des signes 8<. des marques de pénitence du seigneur comte de
« Toulouse, son père, de bonne mémoire, afin que vous vous instruisiez de
« la vérité, qu'il soit réconcilié à l'Église & qu'on lui accorde la sépulture
Il ecclésiastique, propose : 1° Que ledit comte, son père, a fait de grandes
« libéralités & aumônes aux églises, aux monastères Se aux autres maisons
« religieuses. 2° Qu'il faisoit l'aumône aux pauvres, tant en argent qu'en
<i habits St. en vivres. 3° Qu'il avoit une très-grande dévotion envers les
■ Percirt, Je Haercsi, ut supfâ. ' Voytz tome VII, Note XXXVIII, p. lop.
' Caiel, Histoire Jes comtes Je Tolose, p. 3'Î8 ^ Voyez ci-nprès, 1. XXV, ch, c.
& suiv. — Plantavit, Chronologia pracsulum Lodo- '' Pcrcin, de llacrcsi,
\)ensium, p. 167 !t Juiv,
An 12.Z1
i-d. oriaiii.
. )ii,p. 3^;!
An ii22
552 HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC, LIV. XXIII.
« églises & les personnes ecclésiastiques. 4° Qu'il avoit son chapelain Se
« qu'il entendoit volontiers & dévotement la messe &i l'office divin, quand il
« n'étoit pas excommunié. 5° Qu'il alloit souvent à l'église pour prier dans
« le temps qu'il étoit excommunié; qu'il faisoit alors de longues prières 8<
<i avec dévotion à la porte des églises, n'osant entrer à cause du respect
« qu'il avoit pour le pouvoir des clets. 6° Qu'il recevoit volontiers Se avec
« douceur 8c politesse les personnes ecclésiastiques & religieuses. 7° Qu'il
« fréquentoit les maisons religieuses par dévotion; que, dans le temps de
« la guerre, il prenoit la défense des monastères 8c des églises, soit dans les
« personnes, soit dans les biens, par un mouvement de piété. 8° Qu'il étoit
(i fort affligé, dans le temps qu'il étoit excommunié, de ne pouvoir assister
« k l'office divin 8c d'être séparé de, la communion des fidèles. » Nous avons
déjà rapporté les quatre derniers articles qui regardent les circonstances de
sa mort.
En conséquence, les nouveaux commissaires procédèrent à l'audition de
plus de cent dix témoins, la plupart ecclésiastiques ou religieux, qui attes-
tèrent la vérité de ces articles 8c ajoutèrent d'eux-mêmes plusieurs circons-
tances favorables à la mémoire de Raimond VI. Ils déclarèrent qu'il protégea,
malgré la guerre qu'il avoit à soutenir contre Amauri de Montfort, la nou-
velle construction de la cathédrale de Saint-Etienne de Toulouse, de la nef
de laquelle on le regarde' comme le fondateur; qu'il avoit fait de grandes
libéralités 8c des biens considérables aux abbayes de Grandselve, Calers,
Bonnecombe, Candeil, Belleperche 8c la Garde-Dieu, de l'ordre deCîteaux;
à celle de la Capelle, de l'ordre de Prémontré; au monastère de Pinel, de
l'ordre de Grandmont; à ceux de l'Espinasse 8c de la Grâce-Dieu, de l'ordre
de Fontevrault; à l'église de Notre-Dame de Rocamadour, en Querci ; à
tMu,°p.^3"\. ci^oi on pouvoit ajouter^ l'abbaye de Franquevaux, au diocèse de Nimes;
qu'il avoit traité favorablement les frères Mineurs lorsqu'ils étoient venus
s'établir dans Toulouse au nombre de dix, 8c qu'il leur avoit fait un accueil
gracieux; qu'il nourrissoit tous les jours treize pauvres à sa table, dont il
faisoit distribuer les restes en aumônes; qu'il jeunoit au pain 8c à l'eau le
Vendredi-Saint; qu'il aidoit les prêtres à se revêtir pour le saint sacrifice, au
défaut des clercs; qu'il avoit un très-grand respect pour eux; qu'il faisoit des
chantés abondantes, 8c qu'enfin, après sa mort, l'abbé de Saint-Sernin, qui
étoit présent, déclara au peuple par serment que le comte étoit décédé dans
de bonnes dispositions, qu'on pouvoit prier Dieu pour lui, 8cc. Nonobstant
une enquête si authentique 8c si décisive, laquelle dans d'autres circonstances
auroit suffi pour faire regarder Raimond VI comme mort en odeur de sain-
teté, le comte, son fils, ne put obtenir que son corps reçût les honneuis de
la sépulture. On voyoit encore son cercueil, au milieu du quatorzième siècle,
dans le même état où il avoit été mis d'abord après sa mort, c'est-à-dire auprès
du cimetière de Saint-Jean de Toulouse, suivant le témoignage d'Aymeri de
' Cntel, Histoire des comtes .le Tolo;e, p. 3i7. ' Gv.r\i:],Serics pr^csulum M<,gc:Un:niiKr,!,-a. 11^.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIII. 553
Peyrat, abbé de Moissac, qui écrivott alors sa' chronique & qui, après avoir
dit que ce prince mourut de paralysie, ajoute qu'il avoit vu en cet endroit
son corps enseveli, ou plutôt profané, 8t à moitié mangé des rats. Un autre
auteur*, qui a écrit au commencement du seizième siècle, dit à ce sujet :
« J'ai vu une chose digne de remarque & d'admiration, & que tout le monde
« peut voir, c'est que si le corps ou les ossemens de Raimond, qu'on conser-
« voit fort négligemment dans un cercueil de bois, sont aujourd'hui dispersés
« & comme abandonnés, sa tête est néanmoins gardée fort soigneusement
« par les frères de Saint-Jean de Toulouse. Le crâne, qui est encore tout
« entier, a une fleur de lys si bien marquée par la nature sur l'os du derrière
« de la tête, qu'il est aisé de connoître que ce prince étoit venu ainsi au
« monde. Cette fleur est de la même couleur que la tête qui est desséchée &
« dans laquelle il n'y a aucune ride; ce qui fut peut-être un présage que le
« comté de Toulouse seroit réuni à la couronne. J'ai vu avec mes compa-
« triotes qui vivent encore, le corps de ce comte enfermé dans un cercueil
« de bois, au cimetière de Saint-Jean; mais présentement ce cercueil est brisé
« & les os sont dissipés. La tête est aussi dure que l'ivoire & de couleur
« roussâtre. Raimond étoit d'une taille avantageuse, vaillant, courageux,
« hardi, 8cc. » On montre encore de nos jours^ ce crâne dans la maison de
Saint-Jean de Toulouse, où il est conservé; la fleur de lys y paroît très-bien
formée & empreinte naturellement. Elle est de la grandeur d'un demi-écu.
Nous n'entreprendrons pas de faire l'apologie de Raimond VI, qu'on ne
sauroit excuser d'avoir favorisé les hérétiques ou du moins de ne les avoir pas
réprimés ou chassés de ses Etats; mais quant à ses sentimens, il n'y a aucune
preuve qu'il ait professé lui-même l'erreur, 8< il est faux qu'il ait été déclaré
hérétique par le concile de Latran, comme quelques-uns'^ l'ont avancé. Il
offrit toujours, au contraire, de se justifier pleinement. Se ce qui prouve qu'il
étoit bien assuré de son innocence, c'est qu'on ne voulut-' jamais recevoir sa
justification, quelque soin qu'il se donnât pour être écouté; aussi ceux à qui
les inquisiteurs firent subir*^ l'interrogatoire après sa mort, pour s'informer
de sa doctrine, ne l'accusèrent pas d'avoir communii|ué avec les hérétiques,
mais seulement de les avoir admis dans sa familiarité, en sorte que ce fut là
son plus grand crime.
LXIV. — Etendue des domaines de Raimond VI; ses femmes, ses enfans.
L'auteur^ dont on a déjà parlé 8i qui a écrit, au commencement du seizième
siècle, les Gestes des Toulousains, rapporte en deux vers languedociens l'épi-
taphe de Raimond VI, qu'il suppose avoir été tirée des vieux marbres; il y
' Aimeri de Peyr.nf, Chronicon. — [Lat. 4991 *■] ' De Marca, Histoire île Bfarn, 1. 6, c. 18.
■ Bertrand!, de Gestis Tolosanorum, (" 28. * Voyez tome VIII, Chartes, n. CCLXIV.
' Lafaille, Annalei de Toulouse, t. I , p. 126. ' Bertrandi , de Gestis Tolosanorum , (' 28. —
* Le P. Anselme, Histoire généalogique des grands Catel, Histoire des comtes de Tolosc, p. Sip.
officiers, t. 6, p. ij.
An 1222
An i22i
554 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LlV. XXIIÎ.
est marciuc : qu'il n'y avait aucune puissance sur la terre capable de h;
déposséder de ses domaines si l'Eglise ne s'en fût pas mêlée ^ mais il est aisé
d'apercevoir que cette épitaphe est de la façon de l'auteur même. En effet,
Raimond n'ayant pas été inhumé on ne peut lui avoir dressé d'épitaphe. 11
est vrai qu'il n'y avoit aucun prince en France, pas même le roi, qui pût
lui disputer pour l'étendue des domaines, 8< un auteur', qui a écrit en vers
l'histoire de ce temps-là où il vivoit, assure que ce comte tcnoit en fief du
l 'i'îi °','"i"6 10' Philippe- Auguste, son cousin, autant de villes qu'il y a de jours à l'an.
Il V a sans doute un peu de licence poétique dans ce calcul, 8i on auroit de
la peine à trouver un si grand nombre de villes dans les Etats que Raimond
possédoit, soit directement, soit indirectement, sous la mouvance du roi de
France, car le marquisat de Provence, qui lui appartenoit £< qui s'éteiidoit
entre l'Isère & la Durance d'un côté, les Alpes 8< le Rhône de l'autre, rele-
voit de l'Empire ; mais Raimond VI possédoit dans le royaume, en deçà de ce
fleuve, lors([ue les croisés l'attaquèrent : 1° Le duclié de Narbonne, qui lui
donnoit une autorité supérieure sur toute la province ecclésiastique de Nar-
bonne. 1° Le domaine direct des comtés particuliers de Narbonne, Nimes,
Uzès, Béziers, Agde Se I,odèvc, 3' Le comté de Toulouse qui compreiioit
toute la province ecclésiasticjue de ce nom. 4° Les comtés particuliers d'Albi-
geois, Querci &c Pvouergue, en Aquitaine, outre l'autorité suzeraine sur plu-
sieurs autres pa}s de cette province S< de la Gascogne. 5° Enfin le Vivarais
dans celle de Vienne^.
■Raimond VI tenoit tous ces domaines de ses ancêtres, 8(. il en renfermoit
la dénomination sous le titre de duc de Narbonne, comte de Toulouse Ce mar-
quis de Provence qu'il prenoit ordinairement. Il y avoit ajouté de plus : 1" Le
comté particulier de Melgueil ou de Maguclonne, dont Ermessinde de Pelet,
sa première femme, qui en étoit liéritière, lui avoit fait donation. i° Celui
d'Agenois, qui comprenoit les diocèses d'Agen Se de Condom. Il l'avoit eu
pour la dot de Jeanne d'Angleterre, sa quatrième femme. 3° Les vicomtes de
Millau 8c de Gévaudan que" Pierre, roi d'Aragon, son beau-frère, lui avoit
donné en engagement. Il transmit les droits qu'il avoit sur tous ses pavs à
Raimond VII, son fils, avec l'autorité suzeraine qu'il exerçoit sur les comtés
de FoIk, de Comminges, de Rodez, 8<c.
Nous avons parlé ailleurs de ses différentes femmes, entre lesquelles Éléo-
nore d'Aragon, qu'il avoit épousée en cinquièmes Si dernières noces, lui sur-
vécut; elle se retira dans le diocèse d'Uzès, où il lui avoit sans doute assigné
son douaire. On voit^, en effet, une donation de treize livres d'amendes de
' Guillaume le Breton, PhilippiJe, 1. 8, p. 191, NarbonnCi celui de Béziers au vicomte de ce nciri,
* Dom Viiissete exagère un peu l'étendue des celui d'Agde à l'évèque, celui de Lodève à l'évc-
Etnts de Raimond VI. En réalité le duché de Nar- que de cette ville & au comte de Rodez. Il parta-
bonne ne lui appartenait pas; il portait bien le geait l'Albigeois avec l'évèque & le comte d'Albi,
titre de duc de Narbonne, mais n'exerçait sur cette II n'en était pas moins le plus puissant vassal du
ville aucune autorité. Il possédait le domaine di- roi de France après le roi d'Angleterre. [A. M.]
rect d'Uzcs & de Nimes, mais celui de Narbonne ' Archives de la chartreuse de Valbonne.
appartenait aux archevêques 8c aux vicomtes de
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIII. 555 ~ '
An i;22
rente faite, le 4 de février de l'an 1226, à la chartreuse de Valbonne, dans
le diocèse d'Uzès, par Pierre-Géraud de la Bolène, 8i datée du lieu d'Ato-
lène, dans la chapelle de la dame reine Eléonore, fille du Jeu roi d'Aragon.
Nous trouvons, d'un autre côté', que la dame reine, veuve de Raimond le
Vieux [majoris), jouit après la mort de ce prince du domaine de Millau, en
Rouergue, St que Pierre, roi d'Aragon, son frère, lui avoit donné en dot en
la mariant avec le même prince.
Quant aux enfans que Pvaimond VI eut de ses différentes femmes, nous
n en connoissons- certainement que deux, savoir : Constance & Raimond VII.
Il laissa de plus plusieurs enfans naturels, entre autres Bertrand, qu'il aban-
donna par son testament k ia miséricorde de Raimond, son fils, lecjuel eut
soin de le pourvoir; Guillelmette , qui épousa Hugues d'Alfar, chevalier
navarroisj 81 Raimonde, qui tut religieuse au monastère de l'Espinasse, de
l'ordre de Fontevrault, dans le diocèse de Toulouse. On lui donne ^ quelques
autres filles, en particulier Indie, qu'on prétend qu'il eut de Béatrix de
Béziers, & qui épousa en premières noces Guillabert de Lautrec, St en
secondes le seigneur de l'Isle-Jourdain ; mais cette Indie étoit sœur naturelle
£t non pas fille de Raimond VI.
On voit par là que le reproche que l'on fait à ce prince d'avoir aimé les
femmes n'est pas sans fondement. On trouve d'ailleurs"* qu'il se plaisoit fort
au jeu des échecs. Pour les vertus militaires on ne sauroit les lui disputer, 8c
il faut qu'il ait été un très-grand capitaine pour s'être soutenu contre le
nombre prodigieux d'ennemis qu'il eut à combattre pendant presque tout le
cours de sa vie, & pour avoir recouvré la plus grande partie de ses domaines
après en avoir été entièrement dépouillé. Aussi les modernes les plus pré-
venus contre lui ne peuvent s'empêcher de convenir qu'il avoit de grandes
qualités. « Raimond n'avoit rien de médiocre, dit un^ d'entre eux, dans ses
(1 bonnes, ni dans ses mauvaises qualités : il avoit l'âme noble £< le génie
Cl aisé; il possédoit l'art de tenir ses voisins attachés à ses intérêts; l'adversité
(' ne l'abattoit point ; on eût dit que la fortune le rendoit plus grand à
(1 mesure qu'elle le persccutoit davantap;e; les siéçes qu'il soutint dans Tou- l'd.ongin.
<i louse contre de puissantes armées, qui ne purent i y forcer, sont des preuves
« certaines de son courage. La manière dont il reconquit la capitale de ses
« États, après l'avoir perdue, est encore plus glorieuse<5, &c. » Raimond VI
' Hôtel <îe ville de Millau, ne racontait pas la mort i'un grand persortiinga
' Voyez tome V'II, Noie X, pp. 24 à 28. «ans couvrir sa tombe de fleurs de rhétorique i
' Le P. Anselme, Histoire ginialogique des grands habitude d'oraison funèbre. Sans nous occuper ici
efficiers, t. 2, p. 689. des mœurs de Raimond VI, nous devons recon-
' Pierre de V'aux-Ccrnay, c. 4. naître qu'il n'était ni le profond politique, ni le
' Langlois, Histoire des croisades contre les alhi- capitaine habile que dom Vaissete vient de nous
fcois, 1. 2, p. .13 & suiv. montrer. Sa conduite de 1204 à 1209 fut impru-
^ Les éloges que dom Vaitsete accorde à Rai- dente, de 1209 à 1211 peu courageuse, & s'il fut
mond VI p:uvent paraître un peu exagérés. Pour un instant rétabli à Toulouse, il le dut uniquè-
comprendre le langage du «avant bénédictin, il ment à l'attachement de ses sujets & sans doute
faut se rappeler les habitudes littéraires des histo- aussi à la haine fort naturelle que leur inspirait
riens du dix-huitltme siècle j à cette époque on Simon de Montfort. On peut en outre lui repro-
An 1222
j56
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIII.
protégea beaucoup ceux qui, de son temps, cultivoient la poésie provençale.
Les plus célèbres d'entre ces poètes furent les suivans : on trouve un précis
de leur vie avec une partie de leurs ouvrages dans deux manuscrits' de la
Bibliothèque du roi, en langage provençal, que nous ne ferons que traduire.
LXV. — Poètes provençaux.
1. « Raimond de Miraval, chevalier du Carcasses & seigneur pour un qua-
trième du château de ce nom, dans le Cabardez. Quoique la naissance
l'eût assez mal partagé des biens de la fortune, dit l'auteur de sa Vie, il
trouva moyen de se rendre recommandable 8t de s'attirer la faveur & la
protection de Raimond, comte de Toulouse, qui l'appeloit ordinairement
Audiars, nom qu'il se donnoit à lui-même dans ses vers. Ce prince l'honora
de son amitié 8c eut soin de son entretien, à cause de la vivacité de son
esprit & de son habileté dans la poésie vulgaire. Miraval fut aussi fort chéri
de Pierre, roi d'Aragon, du vicomte de Béziers, de Bertrand de Saissac Se
de tous les principaux barons du pays. 11 étoit si galant Se si poli que
toutes les dames cherchoient à le connoître avec empressement Se qu'elles
ne se croyoient estimables qu'autant qu'elles avoient quelque part à sa
bienveillance. Il en aima une entre autres, nommée la Loube de Penau-
tier, femme d'un riche chevalier, seigneur en partie du château de Cabaret.
Cette dame, qui étoit très-belle, spirituelle 8<. savante, étoit aimée de divers
seigneurs du pays, mais surtout du comte de Foix, d'Olivier de Saissac, de
Pierre-Roger de Mirepoix S<. d'Aymeri de Montréal. Raimond de Miraval
fit des chansons en son honneur, de même que Pierre Vidal, autre poète
du temps; elle ne souttrit les assiduités du premier qu'à cause de la répu-
tation qu'elle s'attiroit par-là, car elle n'avoit aucun penchant pour lui, 8c
elle préféroit le comte de Foix à tous ses autres amans; préférence qui
donna lieu à de mauvais bruits 8<. fit tort à sa réputation. Raimond de
Miraval, pour se consoler, s'attacha à la marquise de Minerve, Jèmme du
comte (ou plutôt du vicomte) de Minerve, qui étoit jeune 8c belle. Il la
célébra dans ses chansons, 8c en composa d'autres en l'honneur d'Adélaïde
de Boisesson, du château de Lombers, en Albigeois, femme de Bernard de
Boisesson. Cette dernière, qui étoit jeune 8c d'une rare beauté, se sentit
fort flattée de ce qu'un poète aussi célèbre lui faisoit la cour; honneur
que les dames ambitionnoient alors extrêmement, parce qu'il les faisoit
estimer 8c leur attiroit une foule d'amans. En effet, le comte de Toulouse,
le vicomte de Béziers 8c tous les principaux seigneurs du pays cultivèrent
aussitôt l'amitié d'Adélaïde, 8c Pierre, roi d'Aragon, en devint si éperdu-
ment amoureux, sans l'avoir jamais vue, sur le simple récit que Miraval
cher l'assassinnt de son frère Daudoiiiii, qu'il plus grandes qualités, tant politiques que inili-
autorisa tout au moins, s'il n'y prit pas une taires. [A. M.]
part directe. Son fils Raimond VII avait un ca- ' Mss. n"' 7223 & 7698. — [Auj. fonds fran-
ractère beaucoup plus sympathique & de bien çais Sj^ & '749-]
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIII. 55? ~: —
' Ali 1 ïSi
« lui fit de ses charmes, qu'il fit présent à cette dame de plusieurs bijoux de
■t prix, lui écrivit souvent & fit un voyage exprès à Lombers pour la voir.
Il Pierre eut, dit-on, sujet d'être content de son voyage, au grand regret de
tt Miraval qui, de dépit, quitta la cour de ce prince. Comme Adélaïde de
M Boisesson n'aimoit ce poëte que par vanité, elle ne fit aucun scrupule de
« lui jouer un tour, qui lui causa un extrême chagrin. Elle étoit intime amie
«1 d'Ermengarde de Castres, qu'on appeloit la belle Albigeoise, 8c qui avoit
« épousé un Vavasseur ou gentilhomme de cette ville, où elle étoit née, fort
u avancé en âge, dont elle cherchoit à se débarrasser. Ermengarde, à l'insti-
« gation d'Adélaïde, envoya dire à Miraval qu'elle étoit résolue de l'épouser,
« s'il vouloit répudier sa femme, nommée Dona Caudairenca. Miraval accepta
« la proposition avec joie & renvoya sa femme sous prétexte qu'il n'en vou-
« luit pas qui sût trouver, & qu'il sutfisoit qu'il y eût un troubadour dans sa
« maison. Caudairenca avoit pour amant un chevalier, nommé Guillaume
« Bremon, pour qui elle faisoit des chansons : elle fit semblant d'être fâchée
« de se voir répudiée, mais elle en profita aussitôt pour épouser cet amant.
« Miraval, comptant de son côté d'épouser Ermengarde de Castres, fut la
« dupe de cette dame qui se maria avec Olivier de Saissac, qu'elle aimoit
« beaucoup. Miraval, au désespoir d'être devenu la fable du public, demeura
« deux ans entiers sans vouloir faire de chansons. Enfin Brunissende, femme ^j'.-°f'g"'
« de Pierre-Roger de Cabaret, l'ayant pris pour son chevalier, il recom-
« mença à faire des vers. Il interrompit encore dans la suite ses poésies par
« le chagrin qu'il eut de voir que les croisés avoient enlevé au comte de Tou-
«( louse, son protecteur, Argence, Beaucaire, Saint-Gilles, l'Albigeois, 8cc.,
« que le vicomte de Béziers étoit mort après avoir perdu les vicomtes de Car-
« cassonne & de Béziers; que la principale noblesse du pays ou avoit péri
H ou avoit été obligée de se réfugier à Toulouse, après avoir été dépouillée
« de ses domaines; qu'il avoit perdu sa femme; que sa maîtresse l'avoit trahi,
« & qu'enfin on l'avoit chassé de S(Wi château. Il reprit toutefois courage
« lorsqu'il sut que Pierre, roi d'Aragon, étant venu à Toulouse pour conférer
« avec le comte & consoler [ses sœurs Eléonore 8c Sancie, il avoit promis à ce
<( prince 8c au jeune comte, son fils, de reprendre Beaucaire 8c Carcassonne,
« avec le château de Miraval, 8c de tirer le peuple de la profonde tristesse où
« il étoit plongé, à cause des malheurs passés. Miraval, flatté d'un espoir plus
« heureux, rompit la résolution qu'il avoit faite de ne plus composer de
« chansons jusqu'à ce qu'il eût recouvré son château, 8c il en fit une en
« l'honneur d'Eléonore, femme du comte de Toulouse, princesse, dit l'au-
« teur de la Vie de ce poëte, aussi distinguée par sa rare beauté que par la
« bonté de son cœur. Miraval, qui avoit conçu une forte passion pour elle,
« sans oser la lui déclarer, lui adressa cette chanson qui commence par ces
<' mots : Bel mes qui eu chant, 8c l'eiwoya ensuite au roi d'Aragon. Ce
<< prince arriva quelque temps après avec mille chevaliers au secours du comte
« de Toulouse; mais il eut le malheur d'être tué devant Muret. » Nous avons
cru devoir nous étendre sur la vie de ce poëte, parce qu'on y trouve diverses
An 12 22
558 HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC, LIV. XXl'I.
circonstances qui ont rapport à l'histoire du temps'. On voit vingt-quatre
de ses chansons ou poëmes dans l'un des manuscrits de la Bibliothèque du
roi*. Nostradamus parle ^ d'un de ses tensons ou dialogues en vers, entre lui
& Bertrand d'AUamanon, autre poëte provençal ; on y agite la question si
on devoit donner la préférence à la nation provençale ou à la lombarde;
Miraval soutient les intérêts de la première. Nostradamus lui attribue encore
un traité intitulé : Las lau-^ours de Proensa ou les Louanges de la Provence.
11 ajoute qu'il mourut fort âgé S<. fort pauvre, en 1218.
2. Il Raimond-Jourdain, vicomte de Saint-Antonin, en Pvouergue, sur les
« frontières du Querci &i de l'Albigeois, fut aussi habile trohaire (ou poëte)
« que bon chevalier. Il aima la femme du seigneur de Penne, en Albigeois,
(( qui ne fut pas insensible à son amour. S'étant trouvé à une bataille, il y
« fut blessé £< passa pour mort; cette nouvelle causa tant de chagrin à la
<( dame de Penne qu'elle sortit du pays & se rendit de l'ordre des hérétiques.
(c Raimond-Jourdain, apprenant le sort de cette dame, en fut accablé de dou-
« leur, renonça à la poésie, ne parut plus en public £< passa un an entier
« dans le deuil & la tristesse. Enfin Alice de Montfort, lîlle du vicomte de
« Turenne & femme de Guillaume de Gourdon, qui étoit jeune 8< belle,
« l'ayant pris pour son chevalier, l'engagea à reprendre sa gaieté naturelle,
«1 8c il recommença à faire des chansons'*. » On en trouve sept de sa façon
dans les manuscrits de la Bibliothèque du roi. Nostradamus-' prétend que ce
vicomte se retira, vers l'an 1:06, à la cour de Raimond-Bérenger, comte de
Provence, fils d'Alphonse II, roi d'Aragon; mais il n'en est rien dit dans les
manuscrits, non plus que des autres circonstances qu'il rapporté de la vie de
ce poëte.
3. Guillaume Fip'ueire, fils d'un tailleur d'habits de Toulouse S<. tailleur
lui-même, Se non pas gentilhomme avignonois, comme le dit Nostradamus^,
qui le fait vivre dans le temps que les papes transférèrent leur résidence à
Avignon, à moins que ce ne soient deux, différens poëtes de même nom. Le
Toulousain « (|uitta sa patrie lorsque les croisés s'en rendirent inaîtres & se
« retira en Lombardie, oli il se fit jongleur. Il savoit très-bien chanter, 8c il
u fut accueilli des seigneurs 8c du peuple; mais il étoit tort libertin. » Il n'y
a qu'une de ses chansons dans les manuscrits du roi 7.
t'ui,°p^'^3"'8. 4- " Cadenet, natif d'un château de ce nom, en Provence, sur la Durancc,
« fils d'un pauvre chevalier. Il étoit encore enfant lorsque le comte de Tou-
« louse ayant pris 8c pillé ce château, il fut amené dans le Toulousain par
H un chevalier, nommé Guillaume de Lantar, qui prit soin de son éduca-
« tion. U finit ses jours parmi les chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem. »
' [Ro.cliegLide, Parnasse occ'itanien, pp. 220 à suiv. Une pièce de hii à In suite, iliij. p. 200
226.] & suiv.]
' [Six de ces chansons ont été imprimées, ut ' Nostradamus, p. 90 & suiv.
supra, pp. 226 à 237.] " IhiA. p. i5d & suiv.
' Nostradamus, Vies des plus célihrcs & anciens ' [Rochegude, Parnasse occitanicn, p. 24!?. — La
poètes provençaux, p. 60. pièce citée par dom %'aisscte, pp. 2.ji à 2j5.]
■" [Rochegude, Parnasse occitanicn , p. 199 &
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC, LIV. XXIII. SSq
L'auteur de sa' Vie marque qu'il l'avoit vu. Il est représenté dans la vignette
du manuscrit une toque sur la tête, habillé d'une soutane violette avec un
manteau noir, sur lequel est brodée du côté droit vine croix pattée S< fleu-
ronnée d'argent, la branche perpendiculaire de la croix plus longue que la
transversale*. On peut fixer plus précisément l'époque où vivoit ce poëte par
deux actes que nous avons vus, où il est fait mention de Guillaume Hunaud
de Lantar, qui l'amena dans le Toulousain. L'un est-^ de l'an 1217, 8<. l'autre
est le testament même de Guillaume, qui mourut au mois de novembre de
l'an 11:2.
5. « Hugues de Saint-Cyr, natif du lieu de Tegra, en Querci, 8c fils d'un
« pauvre vuvasseur [ou seigneur de fief), nommé Arnaud de Saint-Cyr, parce
n c[u'il étoit du château de ce nom, en Querci, auprès de Notre-Dame de
« Rocamadour. Ses frères l'envoyèrent étudier à Montpellier, Si ils vouloient
« l'engager à embrasser l'état ecclésiastique; mais son penchant pour la poésie
« l'emporta, St il s'appliqua à la jonglerie ^ il fit divers couplets avec le comte
u de Pvodez, le vicomte de Turenne & le bon dauphin d'Auvergne. II séjourna
Il assez longtemps en Gascogne & il demeura à Poitiers avec Savaric de Mau-
« léon, qui l'équipa. Il passa de là à la cour d'Alphonse, roi de Castille 81 de
i> Léon, 8c à celle de Pierre, roi d'Aragon. Il parcourut ensuite la Provence
« Se la Lombardie, Se, s'étant marié, il cessa de faire des chansons. » Nostra-
damus^ dit qu'il mourut en i22J\
6. « Avmar le Negrès (ou le Noir), natif du Châteauvieil d'Albi, fut fort
« civil Si beau parleur; ce qui lui attira l'estime du public. Pierre, roi
« d'Aragon, Se le comte de Toulouse, celui qui jiit déshérité, l'honorèrent de
" leur protection, 81 le dernier lui donna des maisons Se des terres à Tou-
« louse. )) On trouve quatre de ses chansons dans les manuscrits de la Biblio-
thèque du roi'^.
7. Le comte de Fois (Raimond-Roger). Sa vie n'est pas écrite; on rapporte
seulement deux petites chansons de sa façon, en réponse à Pierre, roi
d'Aragon ^.
8. Savaric de Mauléon, riche baron du Poitou, dont on fait un grand
éloge.
i), Guillaume de Berguadon, vicomte de ce lieu, en Catalogne : il célébra
dans ses vers Eléonore d'Aragon, comtesse de Toulouse^.
' Mss. n. 72Ï.). ' [Rochegiide, Parnujîf occ;Va«iVnj pp. i6i, lôi.
' [Rochegude, Parnasse occitanlcn, p. 1 13. Une Une pièce de lui à la suite.]
pièce de lui à la suite.] ' [Rochegude, Parnasse occitanien, p. Sàp. Une
' Ttésor des chartes; Toulouse, sac 19, n. 6, & pièce de lui, pp. Sjj, 36o.]
sac 14, n. 73. — [J. 328 & 323j Teulet, t. 1, ' [L'une d'elles dans Rochegude, p. 291.]
pp. 446 & 5;')2. Voyez aussi la table du tome VIII ' [Sa vie, dans Rochegude, p. 1Ô2 ; deux pièces
de la présente édition.] de lui, pp. i52 & 'M-j
^ Noîtrad.imus , Vtes des plus céll-bres & anciens
poètes provençaux, p. 78.
An 1222
An 1221
56o HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEErOC. LIV. XXIII.
LXVI. — Raïmond VII, comte de Toulouse, accorde divers privilèges
aux hospitaliers.
Raiinoncl VII avoit vingt-cinq ans lorsqu'il succéda au comte Raimond VI,
son père. Il se qualifia aussitôt, à son exemple, par la grâce de Dieu duc de
Narbonne, comte de Toulouse &> marquis de Provence ; ainsi qu'il paroît entre
autres dans une charte qu'il donna à Lavaur', au commencement d'octobre
de l'an 1222, par laquelle il confirma aux hospitaliers de Saint-Gilles le droit
de pacage dans toutes ses terres. Il donna pouvoir^ en même temps aux hos-
pitaliers d'Orange de faire de nouvelles acquisitions dans ses fiefs, 81 les
exempta de péage ^.
LXVII. — Concile du Puy. — Union de l'abbaye d'Alet à la cathédrale
de Narbonne.
Cependant les affaires d'Amauri de Montfort allant toujours en empirant,
le cardinal Conrad, légat du Saint-Siège, pour les rétablir, indiqua par des
lettres datées de Dijon, au mois de juin"* de l'an 1222, un concile au Puy,
en Velal, pour le 20 de juillet suivant, 8< y appela les chanoines de la cathé-
drale de Narbonne. 11 avoit dessein d'y traiter une affaire qui les intéressoit
8(. dont voici le sujet. Boson, abbé d'Alet, étant redevable de son élection à
la protection^ de Raimond-Roger, vicomte de Béziers 81 de Carcassonne, lui
demeura toujours fidèle, 8< après que les croisés se furent rendus maîtres de
ces deux villes, il livra celle d'Alet, de concert avec quelques-uns de ses reli-
gieux, au comte de Foix, tuteur du fils de ce vicomte. Le cardinal Conrad^,
pour le punir de cette action, fit faire des informations, & les ayant portées
au concile du Puy, il y dégrada Boson 81 les religieux qui lui étoient asso-
ciés, du conseil des prélats assemblés. Il fit ensuite un décret à Souvigni, en
■ Voyez <ome VIII, n. XXVI. poser de leurs biens par testament; quand l'un
' Trésor des chartes; Toulouse, sac 5, n. 17. — d'eux mourra intestat, le comte n'héritera qu'à dé-
[J. 309 j Teulet, t. I, p. 55 1.] faut de parents jusqu'au quatrième degré. — Tarif
' Un mois plus tard, le comte Raimond VII des droits de justice pour les causes civiles portées
fonda la ville de Cordes, en Albigeois. La charte devant le baile du comte. — Les bouchers restent
de fondation a été publiée par Compayré, Docu~ assujettis à diverses redevances en argent & en na-
ments inédits, pp. 398 à 400, d'après l'original. ture. — Le crime de faux poids ou de fausse me-
Comme dans toutes les villes neuves, les libertés sure est puni d'une amende de cinq sous. — Les
les plus étendues furent concédées à tous ceux qui habitants de Cordes ne payeront aucune leude
viendraient construire une maison dans la nou- dans tout l'Albigeois, sauf les merciers & les mar-
velle bourgade. L.; comte ne lèvera aucun cens an- chands. Ils pourront se servir des bois & des car-
nuel & ne prendra que ses droits de lods & ventes. rières de pierre du comte dans tout l'Albigeois.
— Les nouveaux arrivants seront exempts de la [A. M.]
quête, de la taille & de toute redevance onéreuse * Gallia Christiana , nov. edit. t. 6, Instrum,
en blé ou autrement. — Ceux qui, pour venir à c. i to.
Cordes, abandonneront leurs seigneurs, n'auront '' Voyez plus haut, livre XX, ch. xxxix, p. iSy.
plus à payer à ceux-ci qu'un cens annuel de douze ^ Gaîlia Christiana, nov, éd. t. 6, Instr, c. 1 i i
deniers, monii.iie de Cahors. — Ils pourront dis- & seq.
I. m, p.
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIIL 56 1
An 122J
Bouibonnois, le 16 de septemlire suivant, par lequel il unit l'abbaye d'AIet i':j. oriK
avec tous ses biens à la cathédrale de Narbonne, en considération des tra-
vaux que les chanoines de cette église 8i toute la ville avoient soutenus pour
les aftaires de la foi, avec ordre de chasser les moines èi. de mettre des ecclé-
siastiques séculiers en leur place. II envoya en même temps à Rome les
députés du chapitre de Narbonne & les chargea d'une lettre très-pressante
pour le pape, dans laquelle il lui demandoit la confirmation de ce décret. Le
pape le confirma, en effet, au mois de mai de l'année suivante, 81 Conrad
ordonna, au mois d'octobre de l'an i2 23, que le chapitre de Narbonne feroit
desservir à l'avenir l'église d'AIet par douze chanoines séculiers, dont il régla
les fonctions & les revenus. Le pape confirma ce nouveau décret à la fin de
l'année. Les religieux d'AIet, qui n'avoient participé en rien pour la plupart
aux démarches de leur abbé, appelèrent à Rome de toutes ces procédures; ils
se plaignirent au pape de ce qu'on les avoit chassés injustement de leur
monastère Se de leurs domaines, & demandèrent d'y être rétablis. L'affaire
traîna en longueur; enfin le pape Grégoire IX commit aux abbés de Riupoll
& de Grandselve l'examen de ces plaintes, avec ordre, si elles étoient justes,
de rétablir les religieux d'AIet dans la possession de leur monastère. Ces deux
commissaires restituèrent, en i233, l'abbaye d'AIet aux religieux qui en
étoient exilés depuis dix ans, 8c qui, pour le bien de la paix, cédèrent',
en 1246, une partie de leurs biens à l'archevêque & au chapitre de Nar-
bonne, par la médiation de Guillaume, abbé d'Aniane.
LXVIII. — Amauri offre de nouveau au roi de lui céder les conquêtes
des croisés.
Le cardinal Conrad se rendit à Béziers au mois de décembre de l'an 1222.
Amauri de Montfort lui députa alors Clarin, son chancelier, & frère Jean le
Pénitencier pour lui communiquer le dessein où il étoit de céder au roi Phi-
lippe-Auguste le pays d'Albigeois 8t tous ceux du voisinage que lui ou son
père avoient possédés, 8c pour l'engager à porter ce prince à recevoir son
offre. Ce cardinal 8c les évêques de Lodève, de Maguelonne, de Béziers 8c
d'Agde, qui se trouvoient avec lui, écrivirent en conséquence au roi 8c le
pressèrent d'accepter cette cession, avec promesse de le soutenir de toutes
leurs forces; mais Philippe refusa de nouveau les offres d'Amauri^.
LXIX. — Différends entre le monastère de Prouille &• l'abbaye
de Saint-Hilaire.
Le cardinal Conrad confirma, à Béziers, le 28 de mars de l'année sui-
vante'', la donation ({ue Bérenger, archevêque de Narbonne, avoit faite,
' Bibliothèque du roi; Baliize, Balles, n. j"». cetts pièce de novembre 1221 ; nous avons adoptj
* Voyez tome VIII , Chartes, n. CXLI , c. 760. cette date nu tome VIII.]
— [M. Delisle, dialogue, p. ^67, n. iioS, date ' Martène, Collectio ampUssima, t. 6, c. ^?ii &
VI. 36
An i2i3
An 1223
562 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIII.
en 1208, de l'église de Saint-Martin de Limoux 8c de ses dépendances, en
faveur du monastère de Prouille ; donation qui causa de grands différends,
d'un côté entre l'abbé ik les religieux de Saint-Hilaire, au diocèse de Carcas-
sonne, de qui cette église dépendoit, Se saint Dominique Si les religieux de
son ordre de l'autre. Les premiers, fâchés de perdre, sans être coupables, une
partie considérable de leur domaine, s'opposèrent de tout leur pouvoir à cette
donation, 81 les autres, pour la conserver, les accusèrent de favoriser l'hé-
résie; en sorte que saint Dominique obtint, non-seulement la confirmation
de cet acte, mais encore l'union entière de l'abbaye de Saint-Hilaire au
monastère de Prouille. 11 fut aisé à l'abbé de Saint-Hilaire & à ses religieux
de se purger de l'accusation qu'on formoit contre eux; mais ils ne purent
obtenir si tôt la restitution de leur monastère. Les parties compromirent dans
la suite entre les mains de Thédise, évêque d'Agde, qui, par une sentence
arbitrale, adjugea, au mois de mars de l'an 1217, le monastère de Saint-
Hilaire avec ses dépendances, à l'abbé & aux religieux, excepté le prieuré de
Saint-Martin de Limoux qui demeura à Jrère Dominique, prieur de Saint-
Romairif & aux autres frères de la Prédication, à condition que ceux-ci
payeroient aux autres une redevance annuelle de trois muids de blé. Nous ne
savons pas si les frères prêcheurs refusèrent d'acquitter cette redevance ou si
les religieux de Saint-Hilaire ne voulurent pas exécuter la transaction; mais
le prieur Se les religieuses de Prouille se plaignirent, l'année suivante, d'avoir
été chassés avec violence de l'église de Saint-Martin de Limoux par l'abbé 8t
les religieux de Saint-Hilaire. Arnaud, archevêque de Narbonne, commit
l'évêque de Carcassonne pour informer sur cette plainte, & ce dernier remit,
au mois d'avril de l'an 1219, les religieuses de Prouille dans la possession
de cette église. Les religieux de Saint-Hilaire firent difficulté de s'en des-
Éd.origin. saisir, & l'archevêque de Narbonne fut obligé de le leur ordonner par une
sentence du mois d'octobre de l'an 1222. Enfin le cardinal Conrad ayant
confirmé, au mois de mars de l'année suivante, le monastère de Prouille dans
la possession de l'église de Saint-Martin de Limoux, les parties convinrent
de nouveaux arbitres & passèrent une dernière transaction, le 27 de mars de
l'an 1224, suivant laquelle l'abbé Si les religieux demeurèrent en possession
de leur monastère. Se les religieuses de Prouille de l'église de Saint-Martin
de Limoux.
LXX. — Mort de Raimond-Roger, comte de Foix. — Ses enfans, — Son
fils aîné Roger-Bernard H lui succède.
Le comte de Toulouse perdit, peu de temps après la mort de son père, l'un
de ses plus fermes appuis en la personne de Raimond-Roger, comte de Foix,
qui avoit alors recouvré la plupart des domaines que les croisés lui avoient
i. m, p. yio.
Siiiv. \Histoire des couvents des frères prêcheurs, bnye de Saint-Hilnire & du monasière de Prouille.
par Bernard Gui.] — Gallia Christiana, nov. éd. '"
t. 6, Instrum. c. 443 & seq. — Archives de l'ab-
par Bernard Gui.] — Gallia Christiana, nov. éd. [Sur cette affaire, voyez tome IV, pp. 8J3, S5
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIII, 563
enlevés, entre autres les châteaux de Pamiers & de Mirepoix. Raimond-
Roger, après avoir repris ce dernier château, le rendit' à Pierre-Roger de
Mirepoix, à Ysarn, son frère, à Loup de Foix & aux autres chevaliers qui en
possédoient la seigneurie avant la croisade, & qui lui en firent hommage dans
le château de Pamiers, le lundi de la dernière semaine de mars de l'an 1222
(i223). Il mourut^ peu de jours après, tant pour s'être morfondu au siège
de Mirepoix que d'un ulcère qui le tourmentoit beaucoup. 11 donna, durant
la guerre que les croisés avoient entreprise dans la Province, des preuves
signalées de sa valeur. Se combattit bien moins pour la défense de l'erreur
que pour s'empêcher d'être dépossédé de tous ses biens. 11 soutint toujours,
en effet 3, qu'il étoit exempt d'hérésie, & il est certain, quelque désavanta-
geux que soit le portrait que Pierre de Vaux-Cernay, guidé par la passion"*
& par l'aigreur, fait de ses mœurs & de sa conduite, que le plus grand
reproche qu'on puisse lui faire, par rapport à la foi, c'est d'avoir toléré les
hérétiques^ dans ses domaines & d'avoir souffert que ses proches les favori-
sassent. Ainsi il étoit dans la même disposition qu'un chevalier, nommé
Pons-Aymar de Rodèle, qui, interrogé un jour par Foulques, évêque de
Toulouse, pourquoi, étant catholique, il ne chassoit pas les hérétiques du
pays, répondit'' à ce prélat : « Nous avons été élevés ensemble, nous avons
« des parens parmi eux, &. nous ne cherchons qu'à vivre en paix & tran-
« quillement. »
P\.aimond-Roger avoit fait son testament'^, au château de Pamiers, le 14 de
mai de l'année précédente; il institua Roger-Bernard, son fils aîné, héritier
du comté de Foix Se de ses dépendances, entre lesquelles étoient : 1° Le pays
de Volvestre, que le comte de Comminges^ tenoit de lui en fief. 1° La
vicomte d'Evols avec les pays de Donazan & de Capcir, que Pierre, roi
d'Aragon, lui avoit donnés en fief, au mois de janvier de l'an 1208, après
les avoir confisqués pour crime de félonie sur Bernard d'Alion, son vassal.
Raimond-Roger donna à Aymeri, son second fils, tous ses domaines situés
dans les diocèses de Narbonne St de Carcassonne, & ordonna à son fils aîné
de payer la rançon du même Aymeri jusqu'à la valeur de cin(| cents marcs
d'argent, si ce fils, qu'il avoit été obligé de remettre, malgré lui, en 1209 8c
dans le temps de son oppression, entre les mains de Simon de Montfort, ne
pouvoit s'évader ou obtenir autrement sa liberté. 11 ordonna à son héritier
de payer à Cécile, sa fille, femme de Bernard, fils du 5' comte de Coin-
minges, neuf mille trois cents sols toulousains ou cinq cents marcs d'argeht
qu'il lui devoit pour sa dot. Il choisit sa sépulture dans le monastère de P;oul-
' Voyez tome VIII, Chartes, il. CXLI, ce. 767 ' \ oyez lome VIII, Clinrtes, n. CCLXIII.
8c 768. — Guillaume de Puylaurens, c. 34. — " Guillaume de Puyiaurens, c. 8.
Chronique manuscrite lies comtes tie foix, msi, de ' De Marca, Histoire de Béarn, 1. 8, ch. zo,
Baluze 419. 11. 7-
■ Tome VII, Note XXIII, n. 1, pp. 67 & 68. * Il>i'<- c\\. i3, n. 8.
> De Marca, Histoire de Béarn, 1. 6, ch. 18, & ' Voyez tome VIII, Chartes, n. CLVI, ce. 797
1. 8, ch. ij, n. 3. & 798.
•• au.
An izzli
~T ~ 564 .ilSTOIKE GÉNÉRALK DE LANGUEDOC. LIV. XXIII.
An 1223 ^
bonne, où il avoit été reçu depuis longtemps pour frère, 8<. laissa mille cinq
cents sols de rente annuelle à ce monastère pour la nourriture des pauvres.
11 confirma la donation qu'il avoit faite de divers domaines en faveur de
l'abbaye de Pamiers pour la dédommager des pertes qu'il lui avoit causées, Se
lui accorda divers privilèges. Tel est le testament de Raimond-Pvoger qui,
suivant la remarque d'un savant historien', prouve : 1° Qu'il avoit recouvré
tous ses domaines avant sa mort. 2° Qu'il mourut dans le sein de l'Eglise,
dont il n'avoit jamais abandonné la foi. Il avoit restitué^ au monastère de
Prouille, le jour qu'il recouvra le château de Poncian ', au mois de juin de
l'an 1221, les biens que ce monastère avoit à Prouille, à Fanjeaux & à
Limoux.
Quelques modernes'* prétendent que Raimond-Roger laissa plusieurs
autres entans, 8c on prétend qu'il épousa en secondes noces Ermengarde de
Narbonne; mais on la confond avec la seconde femme de son fils; il est
t.1n°p.^33'i. certain, en effet, qu'il n'eut d'autre femme que Philippe, qui étoit morte
sans doute dans le temps de son testament, puisqu'il n'en fait aucune men-
tion dans cet acte : cette comtesse eut le malheur "' d'embrasser l'hérésie; mais
il paroît qu'elle abjura l'erreur avant sa mort. Quant aux enfans qu'on
donne à ce comte il n'y a aucune preuve qu'il en ait eu d'autres que ceux
qu'il nomme dans son testament, excepté Loup & Esclarmonde, à laquelle
Roger-Bernard, son frère, donna <5 dix mille sols melgoriens de dot, lorsqu'il
la maria, au mois de janvier de l'an 1 235, avec Bernard d'Alion, seigneur de
Son, de Quérigut, &c. On doute'^ si Loup, duquel on fait descendre les
seigneurs de Rabat, étoit légitime ; Pvaimond-Pvoger peut l'avoir eu de
quelque maîtresse, car on a déjà vu qu'il ne fut pas insensible ^ à l'amour.
On pourroit mettre aussi au nombre de ses enfans naturels un fils appelé
Raimond; en effet, suivant un acte des archives du château de Foix'- « Rai-
« mond de Foix, chevalier, fils de feu Raimond de Foix & de Gaillarde, sa
« femme, confirma, le 28 de décembre de l'an 1247, la donation qu'il avoit
« faite de tous ses biens, il y avoit plus de vingt ans, k l'abbaye de Boul-
« bonne, lorsqu'il avoit pris l'habit religieux dans ce monastère'". « On a
déjà dit que Raimond-Roger cultiva la poésie provençale & qu'il fut mis
au nombre des plus célèbres poètes de son temps.
' De Maïca, Histoire île Béarn, 1. 8. ' Voyez tome VU, ut supra.
' Archives du château de Foix. ' Voyez ci -dessus, ch. i.xv, p. 5Ô6.
^ Peut-être est-ce le château de Pieusse, arron- " Château de Foix, crusse 6.
dissement de Limoux, qui se disait Poncianum en '° Il est bien probable que ce personnage n'ap-
latin. [A. M.] partenait nullement à la famille des comtes de
* Voyez tome VII, Note XXIII , n. ii, pp. 68 Foix. Le nom seul de sa mère le prouve, puisque
& 69. dom \"ai5Seie vient de dire que Raiinond-Roger
' Voyez tome VIII, Chartes, n, CCXXIX, c. iok"! n'eut jamais d'autre femme que Philippe, & que
81 suiv. l'acte qu'il cite nomme Gaillarde, fcmrne de Rai-
« Ibid. n. CCVIl, c. </,<). mond-Roger. [A. M.)
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIII.
JOO
An 1223
LXXI. — Le comte de Toulouse assiège Penne, en à génois, £,■ Verdun
sur la Garonne.
Roger-Bernard II, rils &. successeur de Raimond-Roger, demeura toujours
étroitement uni avec Raimond, comte de Toulouse, &c ils résolurent de con-
cert de chasser entièrement Amauri de Montfort du pajs. Dans ce dessein
Raimond, s'éiant mis en campagne vers la fin de l'hiver, attaqua le' château
de Penne, en Agenois, tandis qu'un autre corps de ses troupes assiégea
Verdun sur la Garonne. Il paroît toutefois que le cardinal Conrad, légat du
Saint-Siège, nègocioit alors quelque traité, & qu'il se proposoit de tenir à
Clermont, en Auvergne, vers la fin du mois d'avril de l'an 12 23, une confé-
rence k laquelle ce prince devoit se trouver. C'est ce que nous avons lieu
d'inférer d'une lettre^ que Jacques, roi d'Aragon, écrivit d'Huesca aux con-
suls & aux habitans de Millau, en Rouergue, qui l'avoient prié d'envoyer
((uelque personne de confiance à la cour de Clermont pour demander au car-
dinal légat la restitution du comté de Millau, c'est-à-dire des vicomtes de
iMillau 8c de Gévaudan que le roi Pierre, son père, avoit engagées au feu
comte de Toulouse, St pour s'opposer aux prétentions du comte de Toulouse.
Jacques répondit qu'il s'en rapportoit à leur sollicitation S<. k leurs lumières
Si à celles de Guillatnne, évèque de Mende, son cousin.
LXXIl. — Evéques de Mende. — fondation de l'ahbaye de Mercoire,
Guillaume étoit^ de la maison de Pe\ re Si avoit succédé, en 1187, k Alde-
bert de Tournel. 11 favorisa la fondation de l'abbaye de Mercoire qui fut
construite dans son diocèse, vers le commencement du treizième siècle, pour
des filles de l'ordre de Cîteaux, sous la dépendance de celle de Mazan, en
Vivarais. Ce monastère, qui est situé dans les montagnes du Gévaudan, au
milieu d'une torêt, vers les sources de l'Allier, ne fut d'abord gouverné que
par des prieures, jusqu'au milieu du même siècle qu'il y eut des abbesses.
C'est la seule abbaye de ce diocèse. Les seigneurs de la maison de Randon
en sont les principaux bienfaiteurs, s'ils n'en sont les fondateurs; elle a été
ruinée plusieurs tois par les calvinistes. Guillaume de Pevre se démit en 12 23
de l'évêché de Mende entre les mains du cardinal Conrad, & entreprit
ensuite le voyage de la Terre-Sainte. Le chapitre élut à sa place, la même
année, Etienne de Brioude, homme de mérite, mais dont la naissance étoit
vicieuse. Etienne alla à Rome, où le pape lui donna toutes les dispenses
nécessaires, 61 où il tut sacré par l'évêque de Chartres, k cause que l'arche-
vêque de Bourges, son métropolitain, qui étoit aussi alors k Rome, n'avoit
pas encore reçu le pallium. Etienne, étant de retour dans son diocèse, fut
' Guillaume de Pli y In uren s, c. 34. '' Gallia Chrtstiana, wo^f . eà. t. i , p. 90 & suiv.;
' Voyez tome VIII, Chartes, n. CXLIII, te. ■j6j p. 112 & suiv. — Archives de l'jibbciye de Mer-
à 76.). coirc.
An 1123
566 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIII.
obligé d'assembler un corps d'armée pour réprimer les violences que les sei-
gneurs du pays exerçoient envers les paysans, leurs vassaux. Il soumit entre
autres Randon de Châteauneuf, 8< prit sur lui & rasa dix-huit de ses châ-
teaux. Jacques, roi d'Aragon, écrivit', au mois d'octobre de l'an l'iiS, à ce
prélat; il lui marqua qu'ayant appris, sur le rapport que lui en avoient fait
frère E. de Tourne], maître de l'Hôpital en Aragon, &i Hugues Carboneril,
son chevalier, qu'il devoit tenir le château de Grèzes ik la terre de Gévaudan
,''„i°p"j"2. de l'église de Mende ; il se soumettoit à faire cette reconnoissance &. le prioit
de prendre la défense de ces domaines, il s'ensuit de là que les vicomtes de
Millau & de Gévaudan avoient été alors restituées au roi d'Aragon; mais
nous ignorons si ce fut dans la conférence de Clermont qui, vraisemblable-
ment n'eut pas lieu ^.
LXXIIl. — Trêve entre le comte de Toulouse &■ Amaurî de Montjbrt.
Tandis que le comte de Toulouse assiégeoit sur Amauri de Montfort Penne,
en Agenois, le cardinal Conrad ^ écrivit de Béziers, le i" de mai, au roi
Philippe-Auguste, conjointement avec les évêques de Nimes, d'Agde & de
Lodève qui s'étoient réfugiés avec lui dans cette ville. Ils lui marquent qu'ils
attendent tous les jours la mort, à cause qu'ils étoient environnés des ennemis
de la foi & de la paix. « A^ais, ajoutent-ils, nous avons été consolés par l'ar-
(( rivée d'un courrier qui nous a appris que vous avez assemblé les prélats &
(( les barons de votre royaume, à Melun, pour délibérer avec eux sur le
(' secours dont le pays d'Albigeois a besoin. » Ils exhortent ensuite le roi à
venir au plus tôt dans le pays rétablir les affaires de l'Eglise dont ils lui font
une triste peinture. Ils lui apprennent à la fin que les ennemis assiégeoient
actuellement Penne, en Agenois, 8c Verdun, & que les villes 8< les châteaux
les recevoient à l'envi de toutes parts.
Il !ie paroît pas que le roi se soit beaucoup empressé d'envoyer au légat le
secours qu'il demandoit. Ainsi Amauri de Montfort se détermina à marcher,
suivi'* du même cardinal-légat, de l'évêque de Limoges Si de divers autres
prélats qui lui avoient amené des troupes, pour faire lever le siège de Penne
d'Agenois. Il prit sa route par le diocèse d'Albi, se saisit en passant du châ-
teau de Lescure & le rasa. Ce château appartenoit^ alors à Saisse, veuve de
Guillaume-Bernard de Lescure, en qualité de tutrice de ses deux fils Guil-
laume-Bernard & Bertrand. Amauri prit^ aussi le lieu de la Bastide, dans
le même pays, que Déodat d'Alaman avoit fait construire Si fortifier. Ce
comte étant arrivé enfin à Penne, en Agenois, tenta de faire lever le sié^e
de cette place ; mais ne pouvant réussir Si voyant qu'il n'étoit pas en état de
tenir tête au comte de Toulouse, il conclut une trêve avec lui & ils con-
' Archives de l'évêclié de Mende. — Gallta Chris- ^ Guillaume de Puylnurens, c. 3^.
tiaaa, nov. éd. t. i, Instrum. c. 2;j. ' archives de la cathédrale d'AJbi,
' Voyez plus haut, p. 5i3, note 8. ^ Guillaume de Puylaurens, c. 3.j,
3 Tome VIII, Chartes, n. CXLIV, ce. yôj, 766.
An 1223
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC, LIV. XXIII. Sôy
vinrent de s'assembler dans un certain temps à Saint-Flour, en Auvergne,
pour y jurer une paix durable 8c perpétuelle. Ils arrêtèrent par provision
que cette paix seroit cimentée par le mariage d'une des sœurs d'Amauri
avec Raimond, comte de Toulouse. Nous inférons de là que ce dernier avoit
résolu dès lors de répudier Sancie d'Aragon, sa femme. Nous savons', en
eHet, qu'il y avoit beaucoup de refroidissement entre eux vers ce temps-là,
qu'ils vivoient séparés & qu'enfin le pape Grégoire IX lui ordonna de la
reprendre.
Après la conclusion de cette trêve ^, les deux armées se retirèrent St Amauri,
étant allé dans son palais de Carcassonne, Raimond lui rendit visite 8c
coucha une nuit dans le château de cette ville. Comme ce dernier étoit fort
jovial, pour se divertir, il fît courir le bruit parmi ses gens, qui étoient logés
hors du château, que le comte Amauri l'avoit fait arrêter. Aussitôt les Tou-
lousains prirent la fuite 8c ne cessèrent de courir jusqu'à ce que s'étant
aperçus que ce n'étoit qu'un jeu, ils revinrent auprès de leur maître, qui rit
beaucoup avec Montfort à leurs dépens. Durant la trêve, le pape écrivit^ au
cardinal Conrad, son légat, le i8 de juin, pour lui recommander les intérêts
de l'évêque de Viviers, en cas que la paix se conclût entre Raimond Se
Amauri, 8c pour l'engager à faire en sorte que dans le traité on laissât entiè-
rement à ce prélat le château de Fanjeaux ou de Largentière que le Saint-
Siège lui avoit adjugé.
LXXIV. — Conférences de Saint-Flour (y de Sens. — Evêques des hérétiques
albigeois.
Raimond 8c Amauri n'ayant pu convenir de la paix"* dans la conférence de
Saint-Flour, en indiquèrent une nouvelle à Sens, où le cardinal Conrad
devoit tenir en même temps un concile, qu'il convoqua pour le commence-
ment du mois de juillet. En attendant, H.aimond retourna à Toulouse 8c y
reçut"', le 26 de juin, pour le château d'Albin, en Rouergue, l'hommage de
Déodat d'Estaing, qui promit que si on venoit à découvrir des mines d'ar-
gent dans le territoire de ce château, il céderoit la moitié du pro£t à ce
prince.
Le cardinal Conrad, dans la lettre'' qu'il adressa à l'archevêque de Rouen,
à ses suffragans, à tous les autres prélats 8c aux chapitres de cette province,
le 2 de juin de l'an I223, pour les inviter au concile de Sens, se plaint amè- [','îi'"''^J3J
rement de l'élection que les hérétiques avoient faite d'un antipape sur les
frontières de la Bulgarie, de la Croatie, de la Dalmatie 6c de la Hongrie.
' Grégoire IX, Ep'ut. |8, apud Labbe, Concilia, y rester encore. Lettre du lo septembre I2J.'>,
t. II, c. .■>,")8. Potthnst, n. 7079. Le légal se décida pour le dé-
' Guillaume de Puyiaurens, c. 34. part. (Voir plus bas,} [A. M.]
= Voyez tome VIII, Chartes, n. CXLVII, c. 774. ' Guillaume de Puylaurens, c. 84.
— Vn peu plus tard, ces négociations ayant sans ' Manuscrits de Colbert, n. 1067. [Latin 6009,]
doute subi un temps d'arrêt, le p.ipc laissa le lé- " Concilia, t. ii, c. 288 & suiv. — Martine,
gat libre de juger s'il devait quitter le pays ou Thésaurus anecdotorum , t. 1, c. pco.
Kn izi'i
568 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIII.
(( Les albigeois, dit-il, se rendent auprès de lui en foule & le consultent
« comme un oracle. Cet antipape a établi un de ses vicaires en France,
« nommé Barthélémy de Caicassonne, parce qu'il est natif de cette ville : ce
« dernier exerce son autorité sur l'Agenois, dont il a cédé le siège à un
« èvêque de la secte, nommé Vigoureux de Bathone, &. il s'est transféré dans
« le Toulousain. Ce Barthélémy se qualifie serviteur des serviteurs de La
« sainte foi 8<. s'immisce dans le gouvernement ecclésiastique jusqu'à ordonner
t( des évêques. Nous vous enjoignons donc, par l'autorité du pape, de vous
<( rendre à Sens avec les autres prélats de France, le jour de l'octave des
<i apôtres saint Pierre 8<. saint Paul pour nous donner conseil sur l'affaire des
« albigeois 8< tâcher d'y apporter quelque remède. » L'antipape des héréti-
ques mourut peu de temps après.
LXXV. — Mort du roi Philippe-Auguste . — Le cardinal Conrad sollicite
Louis Vm, son fils 6- son successeur, de faire la guerre aux albigeois.
Il se trouva au concile de Sens six archevêques £c vingt évêques, entre
lesquels Foulques de Toulouse fut le seul de la Province qui y assista. A
peine étoit-il commencé que le roi Philippe-Auguste', qui vouloit y être
présent, demanda qu'on le transférât à Paris. S'étant mis en chemin pour se
rendre dans cette ville, la mort l'enleva à Mantes, le 14 de juillet de l'an I223.
Ce prince, l'un des plus grands rois qui aient occupé le trône des François,
favorisa la croisade contre les albigeois; mais quelques sollicitations^ que lui
fissent les papes ou leurs légats, il ne voulut jamais se charger de cette expé-
dition par lui-même, 8t il retusa constamment les offres qu'Amauri de Mont-
fort lui faisoit de lui céder ses droits sur les pays conquis par les croisés. Il se
contenta de contribuera l'extirpation de l'hérésie, soit par les grandes sommes
qu'il employa de son vivant ou cju'il destina pour cela après sa mort, soit en
permettant que les seigneurs de son royaume prissent les armes & allassent
servir dans le pays, soit enfin en y envoyant deux diverses fois le prince
Louis, son fils. Philippe, prévoyant ce qui arriva en effet dans la suite, disoit
sur la fin de ses jours : « Je sais qu'après ma mort les ecclésiastiques ne man-
<( queront pas de solliciter mon fils de se charger en personne de l'expédition
« contre les albigeois-, &, comme il est délicat, il ne pourra en supporter les
« fatigues; il succombera & mourra bientôt, & le royaume demeurant ainsi
« entre les mains d'une femme 81 d'un enfant sera exposé au dernier péril. »
Philippe légua entre autres par son testament vingt mille livres parisis
(d'autres^ disent trente mille) à Amauri de Monttort pour le délivrer, lui, sa
femme, ses enfans & les siens des mains de leurs ennemis dans le pays d'Al-
bigeois'^. Après sa mort, le cardinal Conrad "' sollicita le roi Ijouis VIII, son
■ Guillaume le Breton, Philipp'ule, 1. 12. * ^'o)■ez tome VIU, Chiirtes, ut supra, ce. ypj
' Voyez tome VIII, Chartes, n. CLV, c. 79^. — & -ji/i.
Guillaume de Puylaurens, t. 34. * Il ser.iit plus exact de dire que cette somme
' Albéric, Chronicon, (ut prise par le roi Louis A'III, à la demande du
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIII. 56q
-' A II 1 2 2 J
fils Se son successeur, de protéger l'expédition contre les hérétiques S< de per-
mettre que les prélats de France, qui étoient résolus d'aller les combattre,
continuassent de leur faire la guerre. Louis répondit qu'il y consentoit volon-
tiers, quoiqu'il ne tut pas encore bien au fait de l'état du royaume. Le légat
consulta ce prince sur ce qu'il y avoit à faire pour sauver ceux qui étoient en
garnison dans les places qui restoient encore dans le pavs à Amauri de Monl-
fort. Le roi ' ordonna qu'on donnât à ce comte, pour retirer ces garnisons,
dix mille marcs d'argent sur la somme c(ue le roi, son père, avoit destinée en
aumônes par son testament. Louis partit ensuite pour Reims, ou il fut sacré
le 6 du mois d'août.
LXXVL — Le légat s'en retourne à Rome. — Maison d'Andu-^e. — Evéques
de Viviers,
Le cardinal^ Conrad, après avoir assisté à cette cérémonie, s'en retourna
à Rome Si passa à Vienne, sur le Rhône, au mois d'octobre^ suivant. Il
commif*, avant son départ, les évoques de Nimes 8t de Lodève pour terminer
les différends qui s'étoient élevés entre Pierre-Bermond, seigneur de Sauve,
Se les fils de Bernard d'Anduze, son oncle paternel, touchant le domaine de
la ville d'Alais. Arnaud, évêque de Nimes, ayant pris pour adjoints Bermond,
évêque de Viviers, Se Bernard, religieux de l'abbaye de Mazan, dans le Viva-
rais, oncles paternels de Pierre-Bermond de Sauve Se de ses cousins, rendit
une sentence à Largentière, en Vivarais, le 8 de septembre de cette année,
suivant laquelle Pierre-Bermond fut condamné à céder à Vierne, veuve de
Bernard d'Anduze, St à ses entans, la moitié du péage d'Alais, les châteaux y-i.oriam.
de Calberte Se de Bellegarde & quelques autres domaines, à condition qu'eux
Si leurs successeurs tiendroient le tout en fief de lui Se de ses héritiers Se
cju'ils lui céderoient entièrement leur droit sur Alais Se sur les autres biens
cle sa maison. Bernard d'Anduze avoit succédé à Guillaume dès l'année pré-
cédente dans l'évêché^ de Viviers j il mourut avant l'an 1 236.
LXXVn. — La guerre se renouvelle entre le comte de Toulouse 6- Amauri
de Montjbrt. — Siège de Carcassonne,
La mort du roi Philippe-Auguste fit échouer le projet de paix entre le
comte de Toulouse Se Amauri de Montfort, Se il n'y eut rien de conclu sur
te sujet dans le concile de Sens transféré à Paris 5 de sorte que le terme de la
p.ipe, sur les vingt cinq mille marcs laissés par ' Albcric, Chronicon.
son père pour aumônes & restitutions. C'est évi- ' Gallia Christiana , nov. edit. t. 6, Instrum.
demment à ce fait que se rapporte le témoignage c. Ii3.
de Guillaume le Breton & d'Albéric de Trois-Fon- ' Voyez tome VIII, Chartes, n. CXLVI, ce. 769
laines, car le testament de Philippe-Auguste (Teu- à 773.
let, t. I, pp, 549 à 55i), ne dit pas un mot du ' Columbi, de Episcopis Vivanenubus, p. 221 &
sire de Montfort ou des albigeois. |A. M.] stq
' Duchesne, Scriptorts, t. 5, p. 860.
iii,p. :<3.|.
Ail I22J
070 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXlIl.
trêve étant expiré, on eut recours aux armes de part & d'autre. Les comtes de
Toulouse' £<. de Foix allèrent bientôt après assiéger Carcassonne au nom du
jeune Trencavel, fils unique de feu Raimond-Roger, vicomte de Béziers £(.
de Carcassonne, de l'éducation duquel le père du comte de Foix avoit pris
soin, 8c qui étoit âgé alors d'environ seize ans. Ce siège fut long Se opiniâtre.
Enfin, Amauri s'étant avancé ^ à la tête d'un corps de troupes pour le faire
lever, les comtes alliés prirent le parti de se retirer.
LXXVIII. — Amauri est abandonné de ses troupes.
Amauri, pour ne pas laisser oisive l'armée qu'il avoit levée'', l'employa au
siège d'un château dont on ne dit pas le nom; mais les pluies abondantes
qui tombèrent & la disette qui se mit dans son camp l'obligèrent à se retirera
son tour 81 à se réfugier à Carcassonne, où il se vit bientôt après abandonné
de la plupart des troupes qui lui festoient, parce qu'il n'étoit pas en état de
les soudoyer. Il eut le malheur, en même temps, de perdre diverses places,
dont les peuples s'empressèrent à l'envi de se remettre sous le gouvernement
de leurs anciens maîtres, sans qu'il lui fût possible d'empêcher la détection.
Parmi les chevaliers trançois'^ qui le quittèrent, soixante d'entre eux prirent
leur route par Béziers. Le comte de Toulouse, averti de leur marche, les
attendit à leur passage, au delà de cette ville, & les surprit. Cette noblesse,
se voyant hors d'état de résister, offrit au comte de lui remettre leurs chevaux
de bataille Se leurs armes, pourvu qu'il voulût leur permettre de se retirer
en paix sur leurs palefrois. Ce prince, qui comptoit qu'ils ne pouvoient lui
échapper, exigea qu'ils se rendissent prisonniers de guerre. Alors ces braves'
chevaliers, faisant de nécessité vertu, prennent la résolution de périr plutôt
que de se voir dans les fers. Ils élisent un chef, se mettent en état de défense,
Se, tandis qu'ils soutiennent l'attaque, ils font marcher devant tous leurs
équipages; ils tournent ensuite leurs armes contre les Toulousains, les enfon-
cent, les poursuivent vivement 8<. en laissent plusieurs sur le champ de
bataille, entre autres Bernard d'Audeguier, chevalier d'Avignon Se écuyer du
comte, qu'ils avoient pris pour le comte lui-même, & le sénéchal d'Aragon.
Après cette victoire, ils se retirèrent librement à Lodève, d'où ils continuèrent
leur chemin sans aucun obstacle.
LXXIX. — Raimond soumet le comté de Melgueil.
Le comte de Toulouse avoit remis sous son obéissance le comté de Mel-
gueil , dont les habitans lui avoient prêté serment de fidélité. Le pape
Honoré'^, informé de cette démarche, écrivit à la noblesse 8c au peuple de ce
' Guillaume de Puylaurens, c. 34. ■• Guillaume de Puylai^rens, c. 34. — Albéric,
° Voyez tome VIII, Chartes, n. CL, c. 783. Chronicon.
' Voyez tome V'III, ut supra, & Guillaurat de ' Raynaldi, nnn. i223, n. 4. — La lettre du
Puylaurens, c. 34. P''P'^ est du 23 décembre 1 2j3 ; Potthast, n. 7127;
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIIL Syi
comté pour leur ordonner de retourner incessamment sous l'autorité de
Tévêque de Maguelonne, leur seigneur, sans aucun égard au serment qu'ils
avoient prêté à Raimond, « n'étant pas permis, ajoute-t-il, de garder les ser-
ti mens qu'on a fait mal à-propos, d II les menace de les punir sévèrement
s'ils n'obéissent promptement. Dans une autre lettre qu'il écrivit à l'évêque
de Maguelonne il confirme la sentence prononcée par ce prélat contre le
comte Raimond pour s'être emparé du château de Melgueil, qui appartient,
dit-il, à l'Eglise romaine; il donne pouvoir au même prélat de faire une
collecte modérée sur les églises de son diocèse pour l'employer aux affaires
de la foi, avec permission d'absoudre les liabitans du comté de Melgueil qui
retourneroient à l'obéissance de l'Église. Enfin le pape, par une troisième
lettre' adressée à l'archevêque de Narbonne, lui ordonne d'engager le comte
de Toulouse à restituer le château de Melgueil à l'église de Maguelonne S<
à réparer tous les dommages qu'il lui avoit causés.
LXXX. — Le pape sollicite le roi de marcher en personne au secours
d'Amauri
Cependant le cardinal Conrad', étant arrivé à Rome, y rendit compte
au pape Se au sacré collège du succès de sa légation. Il assura que le roi
Louis VIII avoit promis, le jour de son couronnement, de poursuivre l'affaire
des albigeois 5t d'en préférer le soin à tout autre; qu'il avoit permis aux
prélats de son royaume & à tous ceux qui avoient abandonné cette expédi-
tion pour les intérêts de l'Etat, de les laisser pour la reprendre, 8< qu'enfin
il avoit envoyé dix mille marcs d'argent pour la continuer. Sur ce rapport, le
pape écrivit une lettre de compliment à Louis, le i3 de décembre, dans
laquelle il l'exhorte à s'engager en personne dans cette entreprise, & pour la
lui faciliter il déclare qu'il est résolu de prolonger la trêve entre la France S<.
l'Angleterre. Le pape ^chargea en même temps l'archevêque de Bourges S<
l'évêque de Langres, qui se trouvoient alors à Rome, & il leur enjoignit en
vertu de sainte obéissance, de se rendre à la cour de France pour solliciter
le roi de lui accorder les demandes qu'il lui faisoit, de l'avis des cardinaux,
touchant l'affaire d'Albigeois. Il écrivif* encore, le lendemain 14 de décembre,
à ce prince, 8<., après lui avoir représenté les maux 8< les progrès que les
hérétiques faisoient dans le pays d'Albigeois, & l'obligation où il étoit d'y
remédier, il le prie de prendre les armes & de se charger personnellement l'e
la poursuite de cette affaire. « Au reste, ajoute-t-il, comme nous avons appr's
le même jour le pape assure révéque de Mague- 'Duchesne, Scrïptores, t. 5, p. 86?. — Pottfi;ist,
lonne que la sentence d'excommunication pro- n. 7118; le même jour, le pape informe Am.uiri
noncée contre le jeune comte ne seia rapportée de Montfort de ces nouvelles démarches, n. 71 17.
qu'après restitution du château de Melgueil, ik':,!. [A. M.J
n. 7126. Cette dernière lettre ne paraît pas être ^ Duchesne, t. j, p. 858. — [Potthast, n. 7r 1 2.]
celle que dom Vaissete a analysée. [A. M.J ■* Duchesne, t. 5, p. 857 & scq. ^- [Potthas-,
' Tome VIII, Chartes, n. CXLV'II, ce. 774, 77.J. n. 7120.]
An I2i3
lid. Ori^iil,
t. 111, p. .i:l;
An i:
bj2 HISTOIRE GÉNÉRALK DE LANGUEDOC. LIV. XXIII.
<i qu'Âmauii, comte de Toulouse, est prêt à vous oftrir tous les droits qu'il a
« sur ce pays pour l'unir à votre domaine, recevez ces offres, & possédez-le
u à perpétuité, vous 8<. vos héritiers. Nous avons excommunié depuis long-
<( temps Raimond, autrefois comte de Toulouse, son fils 8<. leurs fauteurs 5
i. mais, loin de se corriger, quoique nous les ayons avertis avec douceur, ils
!■ persévèrent avec obstination dans leur malice, Jkc. « Le pape prie ensuite
le roi d'écouter favorablement l'archevêque de Bourges 8c les évêques de
l,angres & de Senlis, qu'il avoit nommés pour aller à sa cour lui faire des
propositions de sa part. Il ordonna' la levée du vingtième surtout le clergé,
même sur les exempts pour l'employer à la continuation de la guerre contre
les hérétiques,
LXXXI. — Âmauri convient d'un traité avec les comtes de Toulouse
(S" de Foix, & quitte le pays pour toujours.
Toutes ces précautions n'avancèrent pas davantage les affaires d'Amauri de
Montfort qui *, abandonné de ses troupes 81 environné de ses ennemis, étoit
obligé de se tenir renfermé dans Carcassonne avec le peu de chevaliers qui
lui restoient. U étoit d'ailleurs hors d'état de conserver longtemps cette place
jiar le défaut de vivres. Dans cette extrémité il eut recours à Arnaud, arche-
vêque de Narbonne, 8c à l'abbé de Fontfroide, 8c les pria instamment de
ménager une trêve ou une paix entre lui 8c les comtes de Toulouse Se de
Foix. Arnaud, ne voulant rien faire par lui-même, convoqua les évêques de
Nimes, d'Uzès, de Béziers 8< d'Agde pour les consulter là-dessus.
Durant cet intervalle les comtes de Toulouse &c de Foix engagèrent dans
leurs intérêts Aymeri, vicomte de Narbonne, qui fit hommage 8c prêta ser-
ment de fidélité au premier, qu'il reconnut pour duc de Narbonne, avec pro-
messe de lui remettre cette ville; mais l'archevêque, qui s'v rendit bientôt
après l'en empêcha 8c appela à son secours Amauri de Montfort. Ce comte se
mit aussitôt en marche 8c se présenta aux portes de Narbonne; Avmeri lui
en refusa l'entrée pendant deux jours; à la fin il la lui accorda, à la prière
de l'archevêque, des autres prélats qui s'y étoient assemblés 8c des habitans.
Ces prélats 8c le clergé de Narbonne firent ensuite tout leur possible pour
ramasser une somme en faveur d'Amauri, afin qu'il pût conserver Carcas-
sonne au moins jusqu'à Pâques. Ils cherchèrent à emprunter 8c offrirent de
demeurer en otage Se d'engager tous leurs domaines pour la sûreté du paye-
ment; mais ils ne trouvèrent personne qui voulût leur prêter. Amauri offrit,
■ Rayiirildi, ann. 1223,11.41. — \ oir Pottliast, courante clans sa province 2c dans celle de Tours ;
n. 7111, lettre du 11 déceinbre 1223, à l'arche- le pape écrivit en même temps dans les mêmes
vêque de Sens pour le prier d'emprunter de suite termes aux archevêques de Reims & de Sens.
cinq mille marcs d'argent & de les faire passer à N. 7122; commission aux abbés de Saint-Victor
Amauri de Montfort, qui, sans ce prompt secours, de Paris & de Vaux-Cernay pour forcer au paye-
va se voir obligé de quitter le Midi. — N. 7121; ment du vingtième les exempts de la province de
lettre du 16 du même mois, à l'archevêque de Sens. [A. M.]
Bourges, pour la levée du vingtième de l'année ' Voyez tome VIII, Chartes, n. CL, c, 783 & 5uiv.
An 1223
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XXllI, SyS
de son côté, d'engager tous ses domaines de France Se même sa propre per-
sonne, si on vouloit lui prêter trois mille livres, qu'il devoit à ses chevaliers
pour le service qu'ils lui avoient rendu pendant quelques semaines. Il offrit
de plus de demeurer en otage à Narbonne jusqu'à la fin du payement, pourvu
que les habitans le reçussent sous leur foi & sous leur sauvegarde. Se que le
vicomte, qu'il regardoit comme son ennemi capital, ne demeurât pas dans la
ville; toutes ces offres furent rejetées, 6c il ne trouva pas un sol à emprunter.
L'archevêque Arnaud voyant cependant que le comte ne pouvoit quitter le
pays sans un péril évident, à cause du grand nombre de femmes 6c d'enfans
nui seroient obligés de le suivre, de la difficulté de passer les rivières qui Éd.origin.
• • j o j J> ' J 1 • 1 l.Ul.p. 336.
étoient inondées ck du peu d espérance de trouver des vivres dans un pays
entièrement soulevé contre lui, se donna enfin tant de soins qu'il trouva à
engager une partie des domaines de son église pour une certaine somme qu'il
lui remit 6c dont Amauri se servit pour soudoyer ses troupes pendant quel-
ques jours, afin d'avoir le temps de chercher quelque expédient; puis tous
les prélats 6c ce comte, suivi de ses stipendiaires, se rendirent à Carcassonnc 8c
examinèrent ensemble les moyens qu'on pourroit prendre pour conserver cette
place jusqu'à Pâques. Amauri offrit alors de nouveau à ses chevaliers de se
remettre en otage 8c de leur engager ses domaines de France, pour la sûreté
de leur payement, s'ils vouloient continuer de le servir jusqu'à ce temps-là.
L'archevêque fit les mêmes offres si on vouloit lui prêter mille livres pour
entretenir cent chevaliers à Carcassonne jusqu'à Pâques, en attendant qu'on
pût avoir recours au roi ; il ne se trouva que vingt chevaliers qui voulussent
rester, entre lesquels furent Gui de Montfort, oncle' d'Amauri, le maréchal
de Lévis 8c Lambert de Turey..
Amauri de Montfort, se trouvant ainsi sans ressource, fut obligé de traiter
avec les comtes de Toulouse 6c de Foix, qui se rendirent devant Carcassonne
&c convinrent^ avec lui des articles suivans, le 14 de janvier de l'an 1228
(1224) : 1° Il promit de consulter ses amis de France; de suivre l'avis qu'ils "ÂnTïH"
lui donneroient au sujet de la paix que les comtes de Toulouse 8c de Foix
souhaitoient de conclure avec lui 8c avec l'Eglise romaine; de s'employer de
bonne foi à la conclusion de cette paix, 8c de rendre réponse au plus tard à
la Pentecôte prochaine. 2° On convint que, durant cet intervalle, toutes les
églises denieureroient en l'état où elles étoient 6c qu'elles conserveroient en
paix tout ce qu'elles possédoient, spécialement l'archevêque de Narbonne, ses
suffragans, l'évêque d'Agen 8c tous les autres prélats du pays. 3° On convint
d'une trêve, pendant les deux mois suivans, pour toutes les places qui res-
toient dans le pays à Amauri de Montfort, savoir : pour Narbonne, Agde,
Penne d'Albigeois, la Roque de Valsergue, en Rouergue, 8c le château de
Termes, dans le diocèse de Narbonne, 8c on excepta Carcassonne, Minerve
Se Penne d'Agenois. Les comtes de Toulouse 8c de Foix promirent de ne pas
attaquer les six premières places pendant les deux mois de la trêve 6c de ne
' Voyez toiTit VU, Note XXV, n. ii, p. 72. ' Tome VIII, Chartes, n. CXLVIII, et, 779, 780,
~. 074 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIII.
An I 224 ' ~
pas s'en rendre maîtres, à moins que ceux qui y étoient en garnison ou leurs
habitans ne se soumissent volontairement à eux. 4° Ces deux comtes se réser-
vèrent la permission d'entrer durant cet intervalle dans Narbonne & dans
Agde, quand ils le jugeroient à propos, avec promesse de ne donner aucune
atteinte aux droits des églises Si des peuples de ces deux villes j de ne leur
faire aucune violence, & de n'exercer les droits qu'ils y prétendoient qu'après
l'expiration de la trêve. 5° Ils promirent de rendre aux chevaliers 8t aux
autres les biens dont ils avoient été dépouillés pour avoir suivi le parti
d'Amauri, 81 en particulier aux habitans de Béziers, Narbonne & Carcas-
sonnej à Amanieu d'Albret, Raimond de Capendu, Roger-Bernard de Rovi-
gnan, Bérenger de Montlaur, la comtesse de Rodez 8c son fils, Raimond-
Arnaud de Saissac 81 généralement à tous les autres, pourvu qu'ils leur pro-
missent fidélité 8c qu'ils leur demeurassent fidèles. 6° Enfin ils promirent de
donner dix mille marcs d'argent à Amauri, à condition qu'il moyenneroit
leur paix 8c celle de leurs associés avec l'Eglise.
Amauri, voyant qu'il ne lui étoit plus possible de garder les domaines que
lui ou son père avoient acquis dans la Province, en fit diverses libéralités. Il
donna' le même jour, du conseil de Gui de Montfort, son oncle, 8c de
quelques autres de ses amis, à l'abbaye de Fontfroide les pâturages des mon-
tagnes du Minervois; &c le lendemain il fit donation à Bernard, évêque de
Béziers, du château de Casouls, 8c à Arnaud^, archevêque de Narbonne, de
celui de Termes. Il sortit ensuite de Carcassonne avec tous ^ les François, le
mardi i5 de janvier de Van 1223 (1224), abandonna pour toujours le pays,
que sa maison avoit possédé pendant près de quatorze ans, 8c prit la route
de France. L'archevêque de Narbonne 8c les évêques de Nimes, d'Uzès, de
Béziers 8c d'Agde se retirèrent de leur côté à Montpellier, d'où ils écrivirent
huit jours après au roi, pour lui rendre compte de tout ce qui s'étoit passé,
faire l'apologie d'Amauri, qui avoit été forcé malgré lui de prendre ce parti,
8c exhorter ce prince à reprendre le pays sur les ennemis de l'Église.
LXXXII. — Le jeune Trencavel rentre en possession de Carcassonne
& des autres domaines de sa maison.
Aussitôt qu'Amauri fut sorti de Carcassonne, les comtes de Toulouse 8c de
Foix s'assurèrent de cette ville 8c la remirent au jeune Trencavel auquel elle
appartenoit par droit de succession. Ce vicomte rentra ensuite en possession
de presque tout le patrimoine de ses ancêtres, 8c tout le pays se soumit à son
autorité, de gré ou de force. Il assiégea 8c prit'*, en effet, vers ce temps-là, le
château de Lombers, en Albigeois; 8c les habitans de Béziers l'ayant reconnu
pour leur seigneur, ils rasèrent le palais que Simon de Montfort y avoit fait
• Voyez tome VIII, Chartes, n. CXLIX, ce. 781 M'oyez tome VIII, Chartes, n. CL, c. 785,
& 781- & tome V, c. 3"). — Gesta Ludovici l'III, p. 285.
' Archives de l'église de Narbonne. [Catalogue, ■• Voyez tome VIH, Chartes, n. CCCXLIV, &
n. ïoâj. tome VII, Note XXII, p. 6û.
l'-d. oiigin.
t. 111, p. yiT.
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIII. . Syâ
construire Si dont le roi donna ensuite l'emplacement' aux jacobins pour y
bâtir un couvent. Trencavel s'assura^ aussi, ou le comte de Foix en son
nom, de la ville de Liinoux, ([u'il fit rebâtir & fortifier sur la colline où elle
étoit située avant que Simon de Monttort l'eût fait transférer dans la plaine.
Il se qualifioit alors Trencavel par la grâce de Dieu vicomte de Bé-^iers, sei-
gneur de Carcassonne, de Rajès & d'Albi, comme on voit entre autres dans
un acte^ daté de son palais de Carcassonne, au mois de février de l'an 1224,
par lequel, en reconnoissance du soin que Roger-Bernard, comte de Foix,
son cousin, St Rainiond-Roger, père de ce comte, avoient pris de son éduca-
tion, & des services qu'ils lui avoient rendus, il confirme en faveur du même
Roger-Bernard, en présence de la principale noblesse du pays & des habi-
tans de Carcassonne, la donation que le vicomte Raimond-Roger, son père,
avoit faite autrefois au père de ce comte de tous ses domaines, en cas qu'il
vint à décéder sans postérité légitime.
LXXXIII. — Evêques de Carcassonne. — La ville d'Albi iS- le Querci
se soumettent au comte Raimond.
Gui, évêque de Carcassonne, partisan zélé de la maison de A-lontfort, ne
survécut pas longtemps à la perte que les François firent de cette ville, 5; il
mourut le 21 mars'* suivant. Bernard-Raimond de Roquefort, son prédéces-
seur, qui vivoit encore & qui avoit été obligé de se démettre de cet évêché
malgré lui, s'en remit alors en possession; on prétend même qu'il agissoit,
depuis l'an 1220, comme s'il avoit été véritablement évêque de Carcassonne.
D'un autre côté Raimond, comte de Toulouse, rentra en possession de la
ville d'Albi, dont le principal domaine lui appartenoit en qualité de comte
d'Albigeois, Si il confirma les^ privilèges de cette ville sous la caution des
consuls Se des habitans de Toulouse. Il recouvra aussi tout le Querci, à la
réserve de la capitale du pays qui demeura à Guillaume de Cardaillac, son
évêque, sous le titre de comté de Cahors. Ce prélat''' en fit hommage, au
mois de février de la même année, au roi Louis VIII, qui promit de ne
jamais aliéner de la couronne l'iiommage des évêques de Cahors 61 leur
évêché.
liXXXlV. — Amauri cède sous condition ses droits sur les conquêtes des croisés
au roi Louis VllI,
Amauri ne fut pas plutôt arrivé à la Cour qu'il céda au roi ses droits sur
les domaines conquis par les croisés, par un'^ acte conçu en ces termes ;
• Archives des jacobins de Béziers. — [Conférez * De Vie, Chronlcon episcoporum Canasscnenslum,
tome IV', p. 727, note; charte du 26 février 1 248. J p. 92 & seq.
' Voyez tome VIII, Chartes, n. CCCXVI. ' Tome VIII, Chartes, n. CLIV, ce. 791 & 792.
' liiil. n. CLI, ce. 787 à 789. ° Rigistrum curiie Franciae.
" Voyez tome VJII, Chartes, n. CLII, c. 789.
Au 1224
~. 576 • HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIII.
An 1224 '
(i Âmauri, seigneur de Monttort, à tous ceux, qui ces présentes lettres verront,
<i salut : Sachez (|ue nous quittons à notre seigneur Ivouis, illustre roi des
« François, Si à ses héritiers à perpétuité, pour en disposer à sa volonté, tous
« les privilèges & dons que l'Eglise romaine a accordés à Simon, notre père,
<( de pieuse mémoire, au sujet du comté de Toulouse 6- des antres pays
<( d'Albigeois, supposé que le pape accomplisse toutes les demandes que le
« roi lui fait par l'archevêque de Bourges & les évêques de Langres 81 de
<' Chartres; sinon, qu'on sache pour certain (|ue nous ne cédons rien à per-
» sonne de tous ces domaines. Fait à Paris, l'an mil deux cent vingt-trois,
« au mois de février. » On assure ' que Louis VIII, ayant accepté cette ces-
sion, donna alors en récompense à Amauri la charge de connétable de
France; mais il est certain qu'il ne fut pourvu de cette dignité que plu-
sieurs années après, & que la cession, qui étoit conditionnelle, n'eut pas si
tôt son accomplissement. En effet, Amauri se qualifioit encore duc de Nar-
bonne, comte de Toulouse, Sic, au mois d'août de l'an 1224, qualité qu'il
prend aussi dans les lettres^ datées de Paris, au mois de novembre suivant,
par lesquelles il pardonne à Elle de Rudel, seigneur de Bergerac, en Péri-
gord , tous les griefs qu'il avoit contre lui. Il est vrai qu'on cite^, pour
prouver que le roi Louis VIII accepta d'abord absolument la cession d'Amauri,
l 'ni "''% '••■''^ ordonnance qu'on attribue à ce prince 5c qu'on prétend datée du 5 d'avril
de l'an I2 23 (1224), dans laquelle le roi parle des peuples du diocèse de
Nimes comme de ses sujets immédiats. Mais on se trompe : cette ordonnance
n'est ■* pas différente de celle que le roi saint Louis donna, au mois d'avril de
l'an 1228, contre les hérétiques de la Province, après qu'il eut conclu la paix
avec Raimond VII, comte de Toulouse.
LXXXV. — Le roi J'alt diverses demandes au pape pour se charger
de l'expédition d' Albigeois.
L'archevêque de Bourges & les évêques de L,angres 8c de Senlis avant eu
audience du roi Louis VIII firent tout leur possible auprès de ce prince pour
l'engager, de la part du pape, à se charger en personne de l'expédition''
contre le comte de Toulouse &: ses alliés, Si lui promirent, au nom du pon-
tife Si des cardinaux, de le laisser le maître de tous les trésors de l'Église 81
de lui procurer tous les secours nécessaires. Le roi ayant fait assembler son
conseil y fit dresser des articles dont il demandoit au pape l'exécution préa-
lable Si qui étoient conçus de la'^ manière suivante.
' Guillaiime de Piiylaiirens, c. 34. - Giir\e\, Séries praesulum Magalonensium, p. 33i
' Trésor des chartes; Toulouse, sac 9, n. 28. — & seq. — Raynaldi, ann. 1223, n. 44.
Voir notre Catalogue, n. 210, & Teulet, t. 2, * Laiirière, Ordonnances, t. 1, p. 5o.
p. 40. On trouvera dans ce dernier ouvrage l'acte ' Voyez tome VIII, Chartes, n. CLV, c. -tq5
d'Amauri, le serment de fidélité de Hélie Rudel & " Voyez tome VIII, Chartes, n. CLV, c. 701 i
une charte de Louis Vin acceptant l'hommage de 794.
celui-ci. [A. M.]
]
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIII. 577
Le roi demande : 1° Que lui & tous ceux qui iront avec lui en albigeois
jouissent des indulgences accordées à ceux qui se croisent pour la Terre-Sainte.
2° Que les archevêques de Bourges, de Reiras 8c de Sens aient le pouvoir
d'excommunier les personnes Si de jeter l'interdit sur les terres de tous ceux,
soit régnicoles, soit étrangers, qui l'attaqueront ou qui attaqueront les domaines
de ceux qui seront dans son armée, & sur les terres de ceux qui se feront la
guerre £><. qui ne voudront pas convenir d'une paix ou d'une trêve, suivant
ses ordres. 3° Que ces prélats aient le pouvoir de contraindre par les cen-
sures ceux qui se seront engagés à aller servir avec lui en Albigeois, à payer
les sommes dont ils seront convenus. 4° Qu'ils aient le pouvoir d'excommu-
nier les personnes & de jeter l'interdit sur les terres des barons de France 8c
des autres vassaux du roi qui n'iront pas servir en personne en Albigeois ou
qui, n'étant pas en état de marcher, ne payeront pas un subside convenable
pour chasser de l'Albigeois les ennemis de la foi; puisque les barons sont
tenus par leur hommage &c par leur serment de fidélité de servir le roi contre
ceux qui attaquent le royaume, &i que l'État n'a pas de plus forts agresseurs
que les hérétiques. Et enfin que toutes ces censures ne puissent être levées
qu'après une satisfaction due 8c raisonnable. 5° Que la trêve entre la France
8c l'Angleterre, dont le pape, le roi de Jérusalem 8c le roi d'Angleterre deman-
dent la prorogation, soit prolongée pour dix ans, parce que le roi ne sait pas
combien durera cette affaire Se qu'il sera obligé de s'épuiser d'hommes 8c de
finances. 6° Le roi demande que le pape lui fasse expédier une bulle authen-
tique par laquelle il déclare que l'un 8c l'autre, Raimond père 8c fils, 8c leurs
héritiers à perpétuité, ont été Se sont exclus [abjudicatio) de la possession du
comté de Toulouse, de ses dépendances 8c de tous les autres domaines situés
dans le royaume; que leurs associés ont été privés de toute la vicomte de
Béziers Se de Carcassonne 8c de ses dépendances ; 8c qu'enfin tous ceux qui
les ont aidés ouvertement durant la guerre, qui s'opposent à cette affaire, qui
s'y opposeront dans la suite 8c qui font ou qui feront la guerre, ont perdu
toutes leurs terres situées dans le royaume. Il demande de plus que les trois
archevêques dénoncent publiquement cette exclusion 8c que toutes ces terres
lui soient confirmées Se à ses héritiers à perpétuité, ou à ceux à oui il les
donnera, s'il veut en disposer, sauf la réserve de l'hommage, tant pour lui
que pour ses héritiers, comme étant le seigneur principal. 7° Il demande qu'on
lui donne l'archevêque de Bourges pour légat, avec pouvoir, entre autres, de
réconcilier à l'Eglise ceux qui feront une satisfaction convenable; que la
légation de ce prélat s'étende sur totis les archevêques 8c évêques des pays qui
s'opposent à la foi catholique, 8c des autres provinces qui peuvent apporter
quelque utilité ou quelque obstacle à cette affaire; que ce prélat ait enfin la
même autorité qu'exerçoit Conrad, évêque de Porto, légat d'Albigeois f Se
qu'on prêche dans tout le royaume pour le secours de la terre d'Albigeois ^ le
tout nonobstant tout appel quelconque. 8° Comme les dépenses dans les-
quelles le roi doit s'engager pour cette affaire sont immenses, il exige que
l'Église lui fournisse, pendant dix ans, soixante mille livres parisis par an,
VI. 37
An 1224
An 1
224
578
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIH.
pour être employées dans ce pays. g° Il demande que le pape agisse auprès
de l'empereur pour que les peuples des terres de ce prince, voisines de VAl-
t.m°p^J3g ^'g^ois ', ne lui causent aucun préjudice dans cette affaire & ne lui apportent
aucun empêchement, ou qu'il lui soit permis, du consentement de l'empe-
reur, de les attaquer comme les autres, sauf le droit de ce prince. « Si on
« m'assure l'exécution de ces articles, poursuit le roi, j'irai en personne en
« Albigeois, 8t je travaillerai de bonne foi à cette affaire. La cour romaine
« me laissera alors la liberté, 8c à mes chrétiens, d'établir notre demeure dans
« le pays, d'y aller & d'en revenir comme nous voudrons. Enfin, ajoute le
« roi, j'enverrai mes chers ô- féaux, l'archevêque de Bourges Si les évêques
« de Langres & de Chartres, pour proposer ces demandes 81 les faire agréer,
« en sorte que si elles ne sont pas acceptées actuellement, je ne serai tenu
« d'aller en Albigeois que quand je le jugerai à propos^. »
LXXXVI.
Le roi écrit aux habitans de Narbonne.
Ces articles étoient si flatteurs pour l'autorité du pape que Louis VIII ne
douta nullement qu'Honoré ne les acceptât de tout son cœur; ainsi il se
disposa à cette expédition. Dans cette vue il prévint les habitans des villes
qui s'étoient montrés les plus affectionnés à la croisade, 8<. il écrivit dans les
termes suivans à ceux^ de Narbonne. « Notre ami 8<. féal Amauri, comte de
« Montfort, nous a assuré de vive voix. Si nous l'avons appris de plusieurs
(I autres, que vous vous êtes toujours comportés fidèlement dans l'affaire de
« Jésus-Christ, de quoi nous vous avons de grandes obligations. Nous sommes
B bien aise de vous apprendre que le pape nous a prié de nouveau d'ap-
« porter tous nos soins, pour l'amour de Jésus-Christ 81 pour l'honneur de
H l'Eglise, à combattre les hérétiques 81 les ennemis de la foi dans le pays
« d'Albigeois. Nous sommes donc résolu, du commun conseil de nos barons,
« d'aller en personne contre les hérétiques albigeois, 81, si Dieu le permet,
« de nous mettre en marche trois semaines après Pâques pour attaquer vigou-
' Voyez tome VII, Note XIII, p. 3â.
' Les demandes faites par le roi Louis étaient,
il faut le reconnaître, assez modérées. Au moment
d'entreprendre une guerre difficile, de profit in-
certain, qui pouvait être longue, & faire courir
au royaume les plus grands dangers, le roi avait
besoin de garanties contre un nouveau revirement
de la politique pontificale. Mais Honorius III ne
paraît pas avoir été très-disposé à accepter ces
conditions si nettement formulées. On peut attri-
buer en partie ce changement dans sa conduite
aux sollicitations du roi d'Angleterre & de ses
envoyés; mais il faut aussi y voir un acte de
politique liardie, peut être trop habile. Nous ne
voyons pas que le pape ait jamais pensé sérieuse-
ment, avant l'année 1225, à donner le comté de
Toulouse au roi de France. Il voulait plutôt se
servir du nom redouté de celui-ci pour amener
Raimond VII à composition. En effet, mieux
valait pour la cour romaine ce dernier prince
affaibli & à peu près à la discrétion du pape que
Louis VIII, alors le second prince de l'Europe,
belliqueux, riche, puissant & qui, bien certaine-
ment, aurait plus d'une fois traversé les desseins
du souverain pontife. On s'explique donc pour-
quoi, en présence des propositions si précises du
roi, le pape se retourna tout à coup vers Rai-
mond VII, avec lequel du reste il était depuis
déjà longtemps en rapports indirects. Seulement
cette politique trop habile faillit faire tout man-
quer & retarda jusqu'à 1226 la campagne que
Louis VIII aurait pu entreprendre dès 1224,
[A. M.]
' Voyez tome VIII, Chartes, n. CLIII, c. 790.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIII. 579
c( reusemeiit Se unir k notre domaine toute la terre d'Albigeois. C'est pour-
n i[uoi nous vous jDrions instamment de garder soigneusement la ville de
« Narbonne 8< tous les environs, comme vous l'avez fait par le passé, 8<. de
c< conserver ce pays au service de Dieu Se au nôtre, pour l'amour de nous.
« Donné à Paris, au mois de février de l'an 12 23 (1224).
LXXXVII. — Le comte de Toulouse envoie des ambassadeurs au pape
£" demande son absolution.
Raimond, comte de Toulouse, informé de ces négociations, fit tout son
possible pour les rompre, en tâchant de se rendre le pape Honoré favorable
8< d'obtenir son absolution. Il fit agir entre autres', auprès du pontife, le
roi d'Angleterre, son cousin germain, qui ordonna à l'évêque de Lichfield,
son ambassadeur à Rome, de solliciter fortement Honoré en faveur de ce
prince. C'est ce que nous apprenons d'une dépêche de ce prélat où il marque
« qu'il ne sauroit rendre service à R.aimond, à moins que ce comte n'envoie
« à Rome ses ambassadeurs, 8c il promet de s'informer des instructions qu'il
« seroit à propos de leur donner. Cependant, ajoute-t-il, le sentiment de la
« plus saine partie de la cour romaine est que le comte poursuive ses ennemis
" avec force, Sec. » Raimond écrivit une lettre^ très- respectueuse au pape,
Se promit de lui envoyer incessamment des ambassadeurs pour recevoir ses
ordres Se se soumettre entièrement à ses volontés. Le pape exhorta en consé-
quence l'archevêque de Narbonne à travailler efficacement pour engager le
comte à purger le pays d'hérétiques Se à restituer tous les biens qui avoient
été enlevés aux églises, Se pourjnoyenner un accord entre ce prince Se Amauri
de Montfort; de telle sorte qu'il pût écouter favorablement ces ambassadeurs,
à la tête desquels étoit le vicomte^ de Cavaillon. Le pape les reçut assez gra-
cieusement Se loua leur prudence Se leur sagacité dans une lettre qu'il écrivit
à Raimond, le dernier de janvier de l'an 1224, Se dans laquelle il lui
marque qu'ayant examiné tout ce qu'ils avoient voulu proposer de vive voix,
il avoit résolu d'envoyer légat en France 6- en Provence, Romain, cardinal-
diacre du titre de Saint-Ange, pour mettre ordre aux affaires du pays. Il
l'exhorte à obéir fidèlement à ce légat, s'il vouloit mériter la grâce de Dieu
Se la protection du Saint-Siège; il lui recommande à la fin ses propres ambas-
sadeurs qu'il lui renvoie.
LXXXVIII. — Le pape écoute favorablement Raimond VII &- suspend
la croisade contre lui 6* ses alliés.
Le pape chargea quelque temps après le cardinal Conrad, évêque de Porto,
qu'il envoyolt"* légat auprès de l'empereur Frédéric, de passer à la cour du
' Rymer, AcU, t. i, p. 271. ' Voyez torac VIII, Chai-tcs, n. CXLVII, c. 775
■ Voyez tome VIII, Chartes, n, CXLVII, c, 776 & 776.
& 776. •• Ihid. n. CLV, ce. 795 & 796.
An 1224
■_
An 1224
58o HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC, LIV. XXIII.
roi Louis VIII pour terminer entre autres avec ce prince la négociation de
l'atïaire d'Albigeois. Conrad se disposoit à partir, lorsqu'il arriva à Rome des
ambassadeurs de l'empereur pour presser le secours de la Terre-Sainte. Ces
t^ui°'^'°3"o envoyés firent de si fortes instances que le pape S<. les cardinaux résolurent
de suspendre toutes les autres aftaires, même celle d'Albigeois, pour s'occuper
uniquement de celle-là; Honoré prit cette résolution vers la fin de mars. Il
en fit part au roi, le 4 d'avril ' ,; il lui marqua qu'il avoit d'abord chargé l'ar-
chevêque de Bourges & les évêques de Langres S<. de Chartres de la réponse
à ses demandes touchant l'affaire d'Albigeois, Se que les deux derniers étoient
déjà partis de Rome lorsque les ambassadeurs de l'empereur étant arrivés
pour le solliciter de s'employer au secours de la Terre-Sainte, il avoit cru
devoir lui dépêcher incessamment le cardinal-évêque de Porto pour lui com-
muniquer les lettres de ce prince & le prier instamment d'engager R.aimond,
fils de feu Raimond, comte de Toulouse, à faire la paix avec Dieu & avec
l'Église. « On sait certainement, ajoute le pape, qu'il redoute tellement votre
« puissance que, s'il connoît que vous avez véritablement dessein de vous
« armer contre lui, il n'osera vous attendre Si se soumettra absolument aux
« ordres de l'Église, qu'il offre déjà d'exécuter; mais ce doit être à condition
« qu'il chassera entièrement les hérétiques du pays; qu'on réparera tous les
« dommages causés aux églises Si aux ecclésiastiques; qu'on maintiendra à
« l'avenir la liberté ecclésiastique. Si qu'on aura égard, dans le traité de paix
« qui sera conclu, à l'honneur de notre très-cher fils Amauri, comte de Tou-
« louse, qui s'est exposé, de même que Simon, son père, d'illustre mémoire,
« pour le service de Dieu Si du Saint-Siège; c'est pourquoi nous ne pouvons
« lui manquer en aucune manière. En faisant ces choses vous procurerez le
« salut de plusieurs, 81 cette discorde, qui peut être un grand obstacle au
« succès des affaires de la Terre-Sainte, étant ôtée, vous pourvoirez utilement
« au secours de ce pays. Vous ne sauriez acquérir une plus grande gloire
« qu'en obligeant Raimond, par la seule terreur de vos armes Si sans effu-
« sion de sang, à obéir au Saint-Siège, Sic. »
Honoré écrivit^ le lendemain, à peu près dans les mêmes termes, à Arnaud,
archevêque de Narbonne ; il lui dit qu'il envoie le cardinal-évêque de Porto
au roi de France pour engager ce prince à renouveler l'affaire de la paix 81
de la foi dans le pays de Provence, où elle étoit fort déchue; 8< qu'il écrivoit
au roi pour le porter à moyenner la paix entre Raimond Se Amauri, dans le
dessein de s'appliquer plus librement au secours de la Terre-Sainte; puis le
pape prie ce prélat de s'entremettre de cette négociation 6< de s'associer, s'il
le jugeoit à propos, quelques évêques de Provence, afin qu'avant commencé
cette affaire avec toute la prudence possible, il eût la gloire de la terminer.
• Duchesne, Scriptores coaetanei, t. 5, p. Sâp. — Amauri de Montfort & à son oncle Gui de quoi
Potthast, n. 7212. Lettre du même jour aux évê- payer les dettes qu'ils avaient contractées pendant
ijues 8t archevêques de France pour les prier d'ap- leurs campagnes dans le Midi; lettre du 4 mai
puyer les demandes que le légat fera au roi, 1224, Potthast, n. 7234. [A. M.]
n. 7213. — Le légat dut, en outre, donner à ' Tome VIII, Chnrtes, n. CXLVII, ce. 776, 777.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIII. 58i ""i
« Que si, poursuit-il, Raimond fait des offres qui puissent être acceptées par
le Saint-Siège, rendez-vous auprès du cardinal Conrad pour lui en faire part,
de même qu'au roi Louis, &. intormez-moi de tout.» Enfin le pape remercie
l'archevêque de Narbonne des témoignages d'amitié qu'il avoit donnés à
Amauri de Montfort, quand ce dernier avoit quitté le pays. 11 écrivit aussi
aux archevêques Si évêques de Provence pour leur enjoindre, surtout à ceux
qui en seroient requis par l'archevêque de Narbonne, de seconder ce prélat
pour la réussite de cette négociation. Un ancien' historien assure que les
présens de Raimond 8< du roi d'Angleterre firent un très-bon effet à Rome
Si engagèrent les cardinaux 8\ le pape même à s'intéresser en faveur de ce
comte Se à écrire au roi d'abandonner l'affaire d'Albigeois.
LXXXIX. — Raimond s'assure de la ville d'Agde.
Sur ces entrefaites, Raimond, voyant que la trêve de deux mois qu'il avoit
conclue avec Amauri de Montfort étoit expirée, se rendit à Agde, le dimanche
des Rameaux 7 d'avril, y exigea le* serment de fidélité des habitans, y éta-
blit ses officiers, fit arborer son drapeau sur les murailles en criant : Tou-
louse, Toulouse, S< saisit tous les revenus que l'évêque avoit dans la ville. Il
s'assura ensuite des châteaux de Marseillan & de Loupian qui appartenoient
à ce prélat^.
XC. — Le roi abandonne le dessein de son expédition contre le comte
de Toulouse.
Le cardinal Conrad, évêque de Porto "*, étant arrivé à la cour de France,
remit au roi les lettres dont le pape Honoré l'avoit chargé. Par ces lettres,
Honoré, pour donner tous ses soins au secours de la Terre-Sainte, révoquoit
pour un temps les indulgences que le concile de Latran avoit accordées à
ceux qui se croisoient contre les hérétiques albigeois, & déclaroit que Rai-,
mond, comte de Toulouse, étoit bon catholique. Conrad exhorta ensuite le ÉJ-oriRin.
roi, contormement a ses institutions, a engager Kaimonu par la crainte de
ses armes à se soumettre entièrement à l'Église 6t à faire toutes les choses
dont on a parlé. Le roi fut vivement piqué de ce que le pape, au lieu de
favoriser ses desseins 81 de lui accorder ses demandes touchant l'affaire d'Al-
bigeois, avoit changé de sentiment à cause de la guerre d'outre-mer. Il fit
appeler le cardinal Conrad dans une grande assemblée ou parlement général
qu'il tenoit alors à Paris, S< lui remit sa^ réponse à la lettre du pape, le qua-
■ Histoire Je Philippe Mouikes, ms. de la Bi- * Un peu plus tard, étant à La Roque de Val-
bliothèque du roi, (" 160 v". — [Ed. de Reiffen- sergue, en Rouergue, ce prince reçut le serment
berg, t. I, pp. 446, 447.] de fidélité de Raimond d'Anduze pour tous ses do-
" Gallia Cliriitiana, nov. ed, t. 6, Imtr. c. 33â maines, tant du Rouergue que du pays de Nimes.
& seq. L'acte est de juillet 1224. Voir Teulet, t. 2, pp. 84
' Voyez tome VIII, Chartes, n. CLV, ce. 79a, & .'i.i. [A. M.]
796. — Ge'.ta LuJoyici FUI, an. 1224. '' Tome VIII, Chartes, n. CLV, ce. 795 & 796.
An 1224
082 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIll.
trième dimanche d'après Pâques 5 de mai. Le roi fait dans cet écrit l'apologie
de sa conduite 8c dit : « Puisque le pape ne juge pas à propos de nous
« accorder les demandes raisonnables que nous lui avons faites touchant l'af-
« faire d'Albigeois, nous protestons publiquement devant tous les prélats 81
« les barons de France que nous n'en sommes plus chargé. Quant à la paix
« à laquelle le pape veut que nous portions le comte Raimond , soit par
« menaces, soit par exhortations, nous avons répondu au seigneur cardinal-
« évêque de Porto qu'il n'étoit pas nécessaire d'examiner les articles de foi,
« ni de traiter dans cet accord de ce qui la regarde. Mais nous consentons
« que l'Église romaine, à laquelle l'examen des matières de foi appartient,
« s'accorde avec Pvaimond, comme elle le jugera à propos, sauf notre droit Si
« nos fiefs sans la moindre diminution, en sorte qu'on n'impose à Raimond
« aucun fardeau nouveau ou inusité. Enfin nous avons déclaré à ce prélat
« qu'il ne nous parlât plus à l'avenir de cette affaire, dont nous sommes
K entièrement déchargé. «
XCI. — Première conférence ou concile de Montpellier pour la conclusion
de la paix de Raimond ^ de ses alliés avec l'Eglise.
Les circonstances ne pouvoient être plus favorables pour Pvaimond ; aussi
ce prince en profita-t-il pour poursuivre la conclusion de sa paix avec l'Eglise.
Arnaud, archevêque de Narbonne, lui fit' proposer peu de temps après d'en-
trer en conférence. Raimond y donna volontiers les mains, & ils se rendirent
à la Pentecôte à Montpellier avec plusieurs prélats que l'archevêque avoit
appelés. Raimond se soumit^, en présence de toute l'assemblée, à l'exécution
des articles suivans. Il promit : 1° De garder la foi catholique de la même
manière que la sainte Eglise romaine la prêchoit 8<. l'enseignoit, & de la taire
garder de même dans toute l'étendue de sa domination. 2° De purger entiè-
rement ses États d'hérétiques, suivant le jugement de l'Église; de confisquer
leurs biens 8<. de les punir sévèrement. 3° D'observer Se de faire observer
exactement une paix pleine & entière dans toutes ses terres & d'en chasser
les routiers. 4° De restituer aux églises 8<. aux ecclésiastiques tous leurs droits.
5° De maintenir & de faire maintenir dans la suite les églises 8<. les maisons
religieuses dans leurs libertés & leurs privilèges. 6° Enfin de payer vingt
mille marcs d'argent en différens termes; soit en réparation des dommages 8c
des injures que les églises &c les ecclésiastiques avoient soufferts, soit pour
être pourvu, par le respect qu'il portoit à l'Église romaine 8c au pape, à
l'honneur du comte de Montfort : « Bien entendu, cependant, ajoute-t-il,
« que le pape Honoré engagera ce comte à renoncer à toutes les demandes
(( qu'il pourroit faire sur mes domaines 8c sur ceux de mes alliés, 8c qu'il lui
« fera rendre tous les actes que Simon de Montfort 8c lui ont obtenus à ce
' Voyez tome VIII, Chartes, n. CXLVII, c, 777. ' Baluze, Concilia provinciae Narhor.cnsi;. p. 60
& suiv.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIII. 583 "" ^
An 122,).
« sujet, tant de la part des papes que du roi de France, & de Raimond,
« comte de Toulouse, mon père. « R.oger - Bernard , comte de Foix, &
Trencavel , vicomte de Béziers & de Carcassonne, principaux alliés de
Pvaimond, firent les mêmes promesses, &. les ayant rédigées par écrit, ils
les scellèrent de leur sceau avec ce comte, 8c les remirent à l'archevêque
de Narbonne.
XCII. — Raimond rend la ville 6 la vicomte d'Agde à l'évêque,
Raimond, pour témoigner le désir sincère qu'il avoit d'exécuter fidèlement
tous ces articles, restitua' durant l'assemblée, le mardi de la Pentecôte 4 de
juin, à Thédise, évêque d'Agde, cette ville avec les châteaux de Marseillan &
de Loupian, dont il s'étoit saisi depuis peu. Il ordonna en même temps à
Bérenger de Joaras, qu'il avoit établi pour son bailli à Agde, de remettre ce
prélat en possession de ces domaines, conformément aux ordres de l'arche-
vêque de Narbonne. Peu de jours après, Bérenger s'étant rendu à Agde par
ordre du même archevêque, y déclara devant Thédise 8i devant tout le clergé Éd.oiiRjn.
8c le peuple, le dimanche 9 juin suivant, de la part 8i au nom de Rannond,
que ce comte n'avoit aucun droit sur la ville d'Agde, renonça entièrement au
serment de fidélité que les habitans lui avoient prêté 81 rendit à l'évêque de
plein droit la ville 8c la vicomte d'Agde j puis il restitua à ce prélat le châ-
teau de Marseillan Se, le jour suivant, il lui fit remettre celui de Loupian.
Thédise, pour la conservation de ses droits, annula publiquement, quelques
jours après, les actes de juridiction que le comte Raimond pouvoit avoir
exercés à Agde ou dans la vicomte de cette ville, depuis qu'il s'en étoit
emparé.
XCIII. — Seconde conférence ou concile de Montpellier pour la conclusion
de la paix du comte de Toulouse & de ses alliés avec VEglise.
L'archevêque de Narbonne ayant reçu la soumission du comte Raimond à
l'assemblée de Montpellier, en indiqua une autre dans la même ville pour
le 21 d'août suivant, afin d'y consommer entièrement cette affaire. Il prit cet
intervalle afin d'avoir le temps d'instruire le pape de ce qui s'étoit passé 8c
d'en recevoir la réponse. En attendant, le comte Raimond alla faire un tour
dans son comté de Rouergue Se reçut ^ à la Roque de Valsergue, au mois de
juillet, l'hommage de Raimond d'Anduze pour la quatrième partie du château
6c de la ville d'Anduze Se pour le reste de ses domaines. Il paroît qu'il passa
de là en Querci, car, suivant un acte daté du même mois de juillet^, Etienne
de Montpezat lui donna, en présence de Sicard, vicomte de Lautrec, tout ce
' Galîia Christiana, nov. éd. t. 6, Itiitr. c. 336 paraît fautif. Il aura oublié de publier l'acte en
& suiv. question aux preuves de son tome III. [A. M.]
" Voyez tome VIII, Chartes, n. CCXCV & sui- ^ Manuscrit de Colhert, n. 1067. — [Lat. 600;. ]
yants. Le renvoi donné par dom Vaissete nous
An
584 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIII.
qu'il avoit à Montpezat & à Beaufort, avec réserve de l'usufruit pendant
sa vie.
Enfin le pape répondit' à la lettre de l'archevêque de Narbonne en ces
ternies : « Nous n'avons rien à vous mander sur la réponse que vous a faite
<c le noble homme Raimond, fils de feu Raimond, comte de Toulouse, &
« sur l'écrit qu'il vous a remis,' scellé de son sceau & du sceau de quelques
« autres, dans lequel sont contenus les articles qu'il a promis d'exécuter.
« Mais comme il a été réglé qu'on tiendroit une nouvelle conférence le
« jour de l'octave de l'Assomption, après laquelle on doit nous envoyer
« une ambassade solennelle, ainsi que vous nous l'avez fait savoir par vos
« lettres, nous vous ordonnons de vous employer efficacement, afin de
« l'engager à exécuter de telle sorte ce qu'il a promis 8< toutes les autres
« choses, que l'ambassade qu'il doit nous envoyer puisse lui être utile.
« Ayez soin surtout de nous mander ce qui se sera passé dans cette confé-
« rence. »
Amauri de Montfort mit tout en œuvre pour la traverser &c en empêcher
le succès, qu'il craignoit beaucoup. Dans cette vue, il écrivit^ aux archevê-
ques d'Arles Se d'Auch 8t aux évêques qui dévoient s'y trouver. Il les exhorte
à terminer heureusement l'affaire de Jésus-Christ qu'ils avoient commencée
avec tant de gloire, mais à ne pas se presser. « Le roi, ajoute-t-il, est sur le
« point d'entreprendre cette affaire & de la conduire à la fin; c'est pourquoi
(i je vous conjure de ne faire aucun accord, ni paix qui puisse nous porter
« préjudice avec Raimond, fils de feu Raimond, comte de Toulouse, 81 de
« vous y opposer, puisqu'il en rejailliroit un grand scandale & une igno-
« minie éternelle sur le clergé, sur le peuple & sur l'Eglise universelle. »
Amauri se qualifie dans cette lettre par la grâce de Dieu duc de Narhonne,
comte de Toulouse (y seigneur de Montfort ^ preuve qu'il conservoit encore
alors ses prétentions sur les conquêtes des croisés dans la Province, & que la
cession qu'il en avoit faite au roi Louis VIII n'étoit que conditionnelle; mais
nonobstant tous ses soins, la nouvelle assemblée ou concile"* de Montpellier
se tint au temps marqué par ordre du pape, & l'ouverture s'en fit le dimanche
d'après l'octave de l'Assomption 25 d'août. Comme nous n'avons pas les actes
de ce concile, nous ignorons le nom des évêques qui y assistèrent; nous savons
en général qu'Arnaud, archevêque de Narbonne, y appela les évêques, les
abbés 81 les autres prélats de toute la Provence ^ qu'ils s'y trouvèrent presque
tous; que les archevêques d'Arles & d'Auch, les évêques d'Agen, Nimes,
Réziers, R.odez, Agde 81 Carpentras, les abbés de Grandselve, Moissac,
Belleperche, Caunes, Saint-Sernin de Toulouse, &C., furent du nombre; que
' Voyez tome VIII, Chartes, n. CXLVII, ce. 777 ' Daluze, Concil'ia prov'mc'iae Karloncnùs, p. 63
& 778. — Le lendemain le pape assure de non- & suiv.
veau l'évêque de Maguelonne que tous ses intérêts ' Albéric, Chronicon, an. 1224. — Gesta Ludo-
seront sauvegardés dans l'accord qui va être conclu vici f'ill, an. 1224.
avec Raimond VIIj lettre du 12 juillet, Potthast,
n. 7286. [A. M.]
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIII. 585 ~
An 1 224
Raimond VII, comte de Toulouse, Roger-Bernard, comte de Foix, &. Tren-
cavel, vicomte de Béziers, s'y trouvèrent aussi avec plusieurs barons, leurs
vassaux ou confédérés; & qu'enfin l'archevêque de >s^arbonne, qui présidoit
au concile, y reçut leur serment qui nous a été conservé en entier, 6t qui est t.'i'ii °p'S"3
conçu de la manière suivante :
« Au nom' de Notre Seigneur Jésus-Christ, l'an de son incarnation 1224,
« le 25 d'août, Nous Raimond, par la grâce de Dieu duc de Narbonne,
« comte de Toulouse, marquis de Provence, désirant ardemment de faire la
« paix avec la sainte Eglise romaine, à l'honneur de Dieu, de la même Église
« S<. de notre très-saint père en Jésus-Christ Honoré, souverain pontife :
c( nous vous offrons d'un cœur pieux & avec une véritable dévotion, tant
« pour nous que pour nos vassaux & nos alliés, seigneur Arnaud, archevêque
« de Narbonne, & par vous à la sainte Eglise romaine & au pape, tout ce
<c que nous avons offert & promis à la sainte Eglise romaine dans l'autre con-
« férence, savoir : que nous garderons la foi catholique^, &c. Cependant,
« personne ne s'étant présenté ni dans cette conférence, ni dans l'autre pour
« le comte de Montfort, avec lequel nous n'avons pu traiter, ainsi que notre
« saint père le pape Honoré l'avoit ordonné, nous ne pouvons rien répondre
« présentement là-dessus; mais comme nous allons envoyer une ambassade
« solennelle au pape, on pourra traiter pleinement avec nos ambassadeurs,
« tant sur cet article que sur tous les autres qui regardent notre réconcilia-
« tion, 8t conduire le tout, avec la grâce de Dieu, à une heureuse fin; accor-
(i dant & promettant de ratifier à jamais & d'observer fidèlement tout ce qui
« sera fait 8t ordonné par la volonté du pape avec nos ambassadeurs, au sujet
« de notre affaire. Et quoique nous croyons avoir fait restitution, pour la
« plus grande partie, aux églises & aux ecclésiastiques, ainsi que nous l'avions
« promis dans l'autre conférence, nous promettons néanmoins, maintenant,
« de leur restituer entièrement tout ce qui peut rester, suivant le jugement
« du pape ou de l'archevêque de Narbonne, ou enfin de chaque évêque dans
« son diocèse. Quant à nos sujets de Toulouse, qui ont été chassés -^ {J'aiditi)^
« nous les rappellerons Si les rétablirons dans leurs biens de la manière que
u le pape le jugera à propos. Enfin si tout ce que nous avons offert au pape
Il ne suffit pas, comme c'est régner que de servir la sainte Eglise, nous exé-
« cuterons humblement & fidèlement tout ce qu'il voudra nous ordonner,
M sauf la domination de notre très-sérénissime seigneur roi de France, & du
« seigneur empereur; & nous donnerons des cautions suffisantes, au jugement
« du pape, pour le partait accomplissement de toutes ces choses. Et nous,
« R.oger-Bernard, par la grâce de Dieu comte de Foix, & Trencavel, par la
« même grâce vicomte de Béziers, nous promettons de les exécuter de la
« même manière dans nos domaines 8i de les garder à perpétuité, comme
« notre seigneur le comte de Toulouse a promis de les observer à jamais, tant
' Bahize, ConciUa provinciae Narhonensis, p. 63 ' Voir ci-dessus, ch. xci, p. 582.
& suiy. [Cf. tome VIII, c. 804 & suiv.J ' Baliize, Concilii provinciae Narionensis, p. 33.
"" 586 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC, LIV, XXIII.
An 1224
« pour lui que pour nous &t pour ses autres confédérés. Donné à Montpel-
« lier, le jour & l'an marqués. »
XCIV. — Raimondf comte de Toulouse, rend, les domaines usurpés
sur diverses églises.
C'est tout ce que nous savons de ce concile de Montpellier, excepté qu'un
ancien historien' rapporte qu'on y ordonna la levée de mille marcs d'argent,
sans dire pour quel sujet. Le comte Raimond, pour donner de plus grandes
preuves du désir qu'il avoit d'obéir exactement aux ordres du pape, restitua
alors à diverses églises les domaines qu'elles prétendoient qu'il avoit usurpés
sur elles.
1° Il s'accorda à Montpellier^, le 28 d'août de cette année, avec Arnaud,
évêque d'Agen, touchant la justice de la ville & des faubourgs d'Agen,
qu'ils partagèrent entre eux. L'évêque s'engagea de tenir en fief du comte,
sa moitié avec la monnoie d'Agen, &. de donner à chaque mutation un
autour de redevance ou d'acapte, à la place de l'albergue que le comte lui
remit.
2° Le lendemain 3 ce prince, étant dans la maison des templiers de Mont-
pellier, restitua en présence d'Arnaud, archevêque de Narbonne, médiateur,
à Arnaud, évêque de Nimes, le village de Millau, dans le diocèse de cette
ville.
3° Il transigea, deux jours après, avec Thédise, évêque d'Agde (qui dans
l'acte le qualifie comte de Toulouse'), au sujet de la vicomte d'Agde que
Raimond céda entièrement à ce prélat, lequel lui en fit hommage. Thé-
dise convint que, supposé qu'on exigeât le commun de paix dans le diocèse,
la moitié en appartiendroit au comte, lequel restitua à l'évêque la chan-
cellerie que les évêques d'Agde tenoient depuis longtemps des comtes de
Toulouse.
4° Enfin Raimond étant encore à Montpellier '^, le 28 du même mois, res-
titua à l'évêque de Carpentras les châteaux de Baux & de Malamort, Sic,
Kd. origin. 5m- lescfucls il se réserva le droit de chevauchée, l'alberpue & divers autres
1. 111, p. J41 1 'a
droits.
XCV. — Raimond envoie des ambassadeurs au pape, de concert avec
l'archevêque de l^arbonne ^ le concile de Montpellier, pour terminer sa
réconciliation.
Après la conclusion du concile de Montpellier 5, l'archevêque de Narbonne
Si le comte de Toulouse envoyèrent de concert une ambassade solennelle à
• Albéric, Chron'uon. * Voyez tome VIII, Chartes, n. CL^"^, c. 8ct
' GaUia Christiana, nov. eà. t. 2, Iiistr, c. j^?jz & siiiv.
gt 5uiv. ■* Albjric, Chronïccn,
î Turac Vin, Chartes, il. CLVil, c. Soi & suiv.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIII. 58/
Rome pour porter au pape les actes du concile 5 lui rendre compte de ce qui
s'étoit passé & faire au pontife les soumissions de Raimond &i de ses confé-
dérés. Hugues Béroard, archevêque d'Arles, fut choisi pour chef de cette
ambassade, & on lui associa quelques évêques avec les abbés de Saint-Sernin
de Toulouse & de Cannes. Un ancien monument" du temps nous apprend
que parmi ces ambassadeurs il y avoit des évêques, des chevaliers 6- des clercs.
L'archevêque d'Arles n'étoit pas encore parti, le 21 du mois suivant, car lui
6<. ses chanoines s'accordèrent^ alors, au sujet du château de Mornas & de la
terre d'Argence, avec le comte de Toulouse, qui déclara tenir le château de
Beaucaire de l'archevêque 61 de l'église d'Arles.
XCVI. — Mariage de Bertrand, frère naturel du comte de Toulouse.
Le comte Raimond, en attendant le succès de l'ambassade qu'il avoit
envoyée à Rome, se retira dans sa capitale; il se rendit, à la fin du mois de
décembre suivant, au château de Salvagnac, en Albigeois, sur les frontières
du Querci, pour y conclure le mariage de Bertrand, son trère naturel, avec
Comtoresse, fille de Mainfroi de Rabastens, qui fit^ d'abord un échange avec
lui 8<. lui céda sa part du château de Puycelsi contre ceux de Cestairols &. de
Couffoulens, en Albigeois, que Mainfroi reçut en fief. Raimond déclara en
même temps, qu'à cause de cet échange il donnoit Bertrand, son Irère, pour
mari à Comtoresse, fille de Mainfroi, avec les châteaux de Bruniquel & de
Monclar, en Querci, 8c celui de Salvagnac, en Albigeois. Par un autre acte
passé le"* même jour, Pvaimond fit donation entre-vifs de ces trois châteaux à
Bertrand, son frère. Ces deux actes furent passés en présence de Sicard,
vicomte de Lautrec, Pons d'Olargues, Pilfort de Rabastens & plusieurs
autres seigneurs. Le comte Raimond acquit ^ alors le reste du domaine de
Puycelsi.
XCVIL — Le comte de Foix gardien du vicomte Trencavel.
Roger-Bernard, comte de Foix, 8c le vicomte Trencavel se retirèrent de
leur coté dans leurs domaines après le concile de Montpellier; le premier
se qualifioit alors gardien du vicomte Trencavel iy de ses terres^^ ou bien
Roger-Bernard, par la grâce de Dieu comte de Foix, ayant en garde le
soin &• la pleine administration de toutes les vicomtes de Béliers, de Car-
cassonne , de Ra-^ès &• d'Alhi pour le seigneur vicomte Trencavel, mon
cousin. En cette qualité il engagea le château 81 le pays de Balaguer pour
' Rymer, t. I, p. 274. ' Manuscrits de Colbert, n. 10S7. — Lat. 6009.
' Recherches sur la ville Je licaucairef p. 6. Acte du mois de décembre 1224, dont l'original
' Voyez tome VIII, Chartes, n. CLIX, ce. 811 est au Trésor des chartes, J. 340, n. 10. Voyez
à 8i5. Tculet, t. 2, p. 43. [A. M.]
■• Catel, Histoire des comtes de Tolose, p 225 Se « Voyez tome VIII, Chartes, n. CLVIII, ce. 808
E L:1V. à 8 I I ,
An I
An 1124
588 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC, LIV. XXIII.
douze mille sois melgoriens & donna en fief le château d'Olonsac, dans le
Mineivois.
Tout paroissoit enfin disposé à la parfaite réconciliation de Raimond VIF,
comte de Toulouse, & de ses alliés à l'Eglise, & à l'entier rétablissement de
la paix dans la Province, accablée sous le poids d'une si longue guerre; mais
ni ce prince, ni le pays n'eurent le bonheur de jouir si tôt d'un calme si
désiré; les menées secrètes de la maison de Montfort 8c plusieurs autres cir-
constances y mirent obstacle & reculèrent la conclusion de la paix pour
quelques années.
â::)àDêj)êj><â:)êj>âs>^â^à:)âj)éyâj>êj>é2<â^
LIVRE VINGT-Q.UATRIÈME
I. — La réconciliation de Raimond avec l'Église est traversée.
ES ambassadeurs' que Raimond VII, comte de Toulouse, envoya au Éj.ongin.
t. m, p. 10.
pape Honoré III, après le concile de Montpellier, arrivèrent à Rome,
au mois d'octobre de l'an 1224; ils furent admis aisément à l'audience An 1224 ]
d'Honoré, qui traita de l'affaire de ce prince pendant plusieurs jours avec le j
sacré collège; mais il n'y eut rien de déterminé, & ces envoyés n'avoient 1
encore reçu aucune réponse positive à la fin du mois de décembre, parce que
le roi de France traversa leur négociation par les ambassadeurs qu'il avoit \
envoyés de son côté, St dont l'un des principaux étoit Gui^ de Montfort; en (
sorte que ceux du comte de Toulouse, après avoir attendu longtemps inuti- ;
lement, furent enfin obligés de s'en retourner sans avoir pu rien^ obtenir en !
faveur de ce prince, quoiqu'il fût appuyé de tout le crédit de ceux que le roi î
d'Angleterre avoit alors à la cour romaine & qui prirent'* extrêmement cette ]
affaire à cœur. i
Quelques prélats, qui durant les troubles avoient profité des dépouilles du \
comte de Toulouse, dans la crainte d'être obligés de lui rendre ses domaines, (."jn °p'*''<"*(i :
mirent obstacle d'un autre côté à sa réconciliation avec Rome Si firent \
entendre au pape qu'il n'étoit pas sincèrement catholique, puisqu'il détenoit i
toujours les biens qu'ils prétendoient qu'il avoit usurpés sur leurs églises au
lieu de les restituer comme il l'avoit promis. De ce nombre fut l'évêque de
Viviers, qui s'étoit emparé du château de Largentière que le comte avoit remis ■
<
■ Rymer, t. i, p. 274. ' Rayiinldi, ann. 1226, n. 33 8c suiv, '
' Ihii. p. 273. * Rymer, t. 1, p. 281. ;
~ 5go HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIV.
An 1224 /
au légat pour la sûreté de ses promesses, & que ce prélat avoit confisqué à
son profit. Le pape écrivit là-dessus', le 25 du mois d'août de l'an 12:4,
durant l'assemblée ou le concile de Montpellier, au doyen & au chantre de
l'église de Valence, & au sacristain de Romans. « Le noble homme Rai-
« mond, fils de Raimond, autrefois comte de Toulouse, dit-il dans sa lettre,
« notis a fait souvent proposer qu'il souhaitoit de faire satisfaction à Dieu 8c
« à l'Église pour ses crimes, & de rentrer dans l'unité ecclésiastique dont il a
« été séparé à cause de ses excès; mais ses œuvres démentent ses paroles. Il a
« offensé si grièvement Dieu 8c l'Eglise que quand il donneroit même tout
« son bien, il ne sauroit faire une satisfaction convenable; il ajoute excès
« sur excès 8c opprime les églises, en sorte qu'il vexe actuellement, comme
« nous l'avons appris, celle de Viviers, pour ne pas parler des autres, 8c qu'il
« s'est emparé de la ville de Largentière, qui est un des principaux domaines
« de cette église, sous prétexte que son père en a possédé autrefois une partie;
« il commet cette vexation après que le siège apostolique ayant privé entière-
« ment son père de tous ses États pour crime d'hérésie, a confirmé cette ville
« à l'église de Viviers qui l'avoit unie à son domaine par droit de commise.
« C'est pourquoi nous vous ordonnons d'avertir ce noble d'être attentif à ne
V pas commettre de nouveaux excès, mais plutôt à réparer les anciens 8c à
« discontinuer de persécuter cette église, nommément dans ce domaine 8c
« dans tous les autres, 8c de lui déclarer que, s'il ne se rend pas à nos remon-
te trances 8c s'il persiste à inquiéter l'église de Viviers, c'est vainement qu'il
« se flatte d'obtenir sa réconciliation. Enfin, s'il ne se corrige, vous n'avez
« qvi'à user de censures envers lui &c envers ses complices, nonobstant tout
« appel ; car celui qui est déjà lié peut l'être encore davantage^. «
A„ . ~ Honoré renouvela ces plaintes ^ à la fin du mois de février de l'année sui-
vante, 8c nous comprenons encore par là que l'ambassade que Raimond
avoit envoyée à Rome, de concert avec le concile de Montpellier, pour y ter-
miner sa réconciliation avec l'Eglise, n'eut pas le succès qu'il en attendoit.
On affecta, en effet, de répandre dans le public 8c d'insinuer à la cour
' Voyez tome VIII, Chartes, n. CXLVII, c. 778. tous ceux qui aTaient été créés depuis le précé-
' Le 8 octobre de l'an 1224 fut conclu un nou- dent traité entre Gênes & Narbonne, du temps de
veau traité de commerce entre le podestat de Gè- la vicomtesse Ermengarde, furent abolis. — Cer-
nes & la ville de Harhonne (^Inventaire de Nar- taines marchandises, fer, acier, futaines, achetées
ionne, série AA, annexe, pp. i3à 1 5). Les députés à Gênes, ne peuvent être vendues à Marseille,
des consuls, de l'archevêque & du vicomte de Nar- Montpellier ou à Saint-Gilles, ni même à un tiers
bonne allèrent à Gênes. On y décida d'accorder des commissionné par un négociant de ces trois villes.
saufs-conduits à tous les habitants, négociants & — Ce traité avec Gênes fut suivi d'un autre sem-
navigateurs, tant de l'une que de l'autre ville. Les blable entre Narbonne & Pise, conclu le 19 sep-
causes portées par des Génois par-d ant les con- tembre 1226 {ut supra, pp. 16, 17). Il a pour objet,
suis de Narbonne durent être réglées dans les outre un contrat de protection mutuelle, de fixer
vingt jours qui suivraient la plainte. Le podestat un délai pour l'expédition des procès portés par
de Gênes accorda de son côté une indemnité de les Narbonnais devant les tribunaux de Pise (ce
cinq sous à chaque plaideur qui viendrait à Gênes délai est de trente jours), & de modérer les droits
soutenir son procès & qui le perdrait. — Les levés dans le port de cette dernière ville. Ce traité
deux républiques s'engagèrent à ne point créer de fut conclu pour quarante-neuf ans. [A. M.J
nouveaux droits & à ne pas augmenter les anciensj ' Voyez tome VIII, Chartes, n, CXLVII, c. 799,
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XKIV. 5qi "" ~
I An 122J
romaine' que, malgré les marques de soumission que le comte &L ses associés
avoient données, ils ne professoient pas moins l'erreur, soit publiquement,
soit en secret; qu'ils retenoient divers domaines qui dévoient être rendus aux
églises, 8<. que, s'ils avoient fait quelques restitutions, c'étoit par la crainte
des armes du roi Louis VIII, qui étoit alors dans le Poitou Si l'Aquitaine, &c
non par un mouvement de piété 8c de repentir. Enfin on taxoit l'archevêque
d'Arles, chef de l'ambassade de Raimond à Rome, d'une partialité outrée
envers ce prince, &C on ne l'accusoit de rien moins que d'avoir trahi à vil
prix en sa faveur, au concile de Montpellier, les intérêts de son église. Un
auteur* moderne prétend même « qu'on fit connoître au pape que Raimond
« avoit récemment eu la hardiesse de demander que le concile de Montpel-
« lier autorisât la liberté de conscience dans le Languedoc; sans quoi il avoit
« protesté qu'il ne donneroit jamais son consentement pour la paix de
« l'Église. » Calomnie atroce, supposé qu'on l'ait avancée; mais on a tout
lieu d'en douter, nonobstant l'air de confiance avec lequel cet écrivain la
débite ; car il est certain, par les actes du concile^ même, que Raimond offrit
alors de chasser tous les hérétiques de ses Etats & de les punir sévèrement;
8< nous verrons plus bas qu'il ne se départit jamais de cette offre.
II. — Légation de Romain, cardinal de Saint-Ange. — Ligue du roi
d'Angleterre avec le comte Raimond.
Le pape, prévenu par les intrigues des ennemis de Raimond, résolut d'en-
voyer un nouveau légat en France pour y terminer sur les lieux l'affaire du
comte & de ses associés. Il choisit pour cette fonction Romain, cardinal-
diacre du'^ titre de Saint-Ange, personnage adroit & rusé, qu'il recommanda ,'';']•, ""^j":.
au roi, aux grands, à tous les prélats & aux villes de France, par des lettres
datées du i5 de février de l'an iiiS. Le pape, après avoir représenté l'étal
déplorable de la province de Narbonne & des pays voisins, déclare par ces
lettres qu'il envoie pour son légat le cardinal Romain, afin de remédier aux
maux qui affligeoient ce pays; lui donnant un plein pouvoir de détruire,
d'arracher, de planter, d'édifier, &C., tant dans le royaume de France que
dans la Provence & dans les provinces de Tarentaise, Besançon, Embrun,
Aix, Arles & Vienne. Dans les instructions qu'il lui donna il le chargea
entre autres d'avertir le comte Raimond de cesser à l'avenir de vexer l'Église
dont il recherchoit l'amitié. « Qu'il sache, ajoute le pape, que sans cela il
« ne sauroit obtenir du Saint-Sicge l'absolution qu'il lui demande. » Il lui
' Albéric, Chronlcon, aux communautés de France & des terres d'Em-
' Langlois, Histoire des croisades contre Us aUi' pire. Elle est du i3 février (Potthast, n. 7358).
gcois, 1. 8, p. 418. Elle fut suivie, le i5, de deux lettres, différentes
' Balaze, Concilia Galliae Narbonetsls. dans les termes, identiques au fond, adressées
' Raynaldi, année I225, n. 28 & suiv. — Tré- aux évoques & clercs de France & au roi [li'd,
sor des chartes, Albigeois, n. 3. [J. 428, vidimus.] n"* ■jiôo, ySôi). [A. M]
.— La première lettre est adressée aux seigneurs &
An 1220
592 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIV.
recommanda de plus les intérêts d'Amauri de Montfort à qui il écrivit une
lettre particulière pleine d'affection, accompagnée d'une somme considérable
pour le rétablissement de ses affaires. Il lui recommanda aussi l'évêque d'Agen,
qui se plaignoit du comte de Toulouse', 8c lui ordonna d'engager le roi
Louis VIII à conclure une trêve avec le roi d'Angleterre, afin de pouvoir
ensuite tourner librement ses armes contre les hérétiques^. Enfin il écrivit au
roi deux lettres pour l'exhorter à la conclusion de cette trêve 3. Le cardinal
Romain, étant arrivé à Paris, assista à une'* grande assemblée ou parlement
que le roi y avoit convoqué le jour de l'octave de l'Ascension 8<. dans lequel
on délibéra entre autres sur l'affaire d'Albigeois. Il se rendit ensuite à Tours,
vers la fin de juin, d'où il alla, trois jours après, joindre le roi à Chinon pour
conférer avec lui sur la même affaire. Le roi tint cette année divers autres
parlemens auxquels le légat assista. Se où on agita cette affaire, mais sans
prendre aucune résolution. Enfin on convint de tenir pour cela, à la fête
de Saint-André une assemblée ou concile à Bourges; le comte Raimond 81
Amauri de Montfort, son compétiteur, y furent appelés.
Raimond, persuadé que le cardinal de Saint-Ange ne lui étoit pas favo-
rable, chercha à se faire des alliés pour se soutenir, en cas qu'il eût une nou-
velle guerre à essuyer 5. Il eut recours à Henri III, roi d'Angleterre, son
cousin germain, qui, de son côté, ne demandoit pas mieux que de trouver
un appui contre le roi de France, qui s'étoit emparé sur lui de divers pays.
Henri 8c Raimond firent donc ensemble un traité de ligue, comme nous
l'apprenons de la lettre suivante du roi d'Angleterre, datée du 14 d'août
de l'an 12 25. « Le roi '5, à son cousin Raimond, duc de Narbonne, comte
« de Toulouse 8c marquis de Provence, salut avec la plénitude du plus sin-
« cère attachement. Vous pouvez avoir appris des ambassadeurs que vous
« avez envoyés à Rome 8c de ceux que vous avez en France, auprès du roi
« 8c du légat, avec quelle ardeur les nôtres ont pris vos intérêts dans ces
« deux cours. Vous n'ignorez pas non plus la vivacité avec laquelle les Fran-
« çois ont cherché à nous chagriner 8c à nous déprimer, ainsi que nos prê-
te décesseurs 8c les vôtres. Cela doit vous rendre attentif à ne pas vous laisser
<( surprendre par les artifices qu'ils pourroient employer pour rompre notre
« union que les liens du sang doivent rendre encore plus étroite. Pour la
« fortifier davantage, nous avons mandé à nos chers 8c féaux Richard, comte
a de Poitiers, notre frère, Guillaume, comte de Salisbury, 8c Philippe d'Au-
' Cette lettre pour l'évêque d'Agen est du 1 3 no- * Chronicon Turonense, ap. Martine, CoUettlo
vembre 1225. Cf. Potthast, n. 7496. [A. M.) amplis, t. 5, c. 1066. — Gesta Ludovici FUI.
' Le 26 février, il engageait de nouveau le légat ' Il avait, à cette époque, des démêlés avec l'em-
à presser le roi de prendre une décision (Potthast, pereur Frédéric II, qui lui écrivit de Palerme, le
n. 7372) & lui ordonnait de donner à Amauri de 3i mars 1225, une lettre assez vive pour lui re-
Montfort des subsides pour son entretien, sur le procher l'aliénation des terres de l'Empire, lui
produit du vingtième (Potthast, n. 7371). [A. M.] inféodées. (Voir Teulet, t. 2, p. 5o.) [A. M.j
' On peut voir une de ces lettres, que Potthast ' Rymer, t. i , p. 241 81 seq.
place à tort vers décembre 1226, dans les Regesta,
n. ySio. [A. M.]
IRIM.
t. III, p. 348.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIV, 5q3 ~ T
' An 122J
« hignac, ou du moins à ce dernier, en cas que l'éloignement ou quelque
« autre obstacle ne permettent pas aux deux autres de vous aller trouver avec
« les piésens ambassadeurs, Alexandre de Bassingburn & maître Guillaume
<i de Tornour, pour vous remettre le traité de ligue & de confédération que
« nous avons projeté Si, qu'ils avoient devers eux depuis longtemps, 8c recevoir
<c de votre part une semblable obligation. 11 sera bon, cependant, de mettre
« ces deux actes en dépôt dans quelque maison religieuse, pour plus grande
« sûreté, afin d'y avoir recours quand il sera temps, parce que s'ils venoient
« présentement à être publiés, il pourroit nous en arriver du préjudice sans
« qu'il nous en revînt aucune utilité. Mais si vous souhaitez qu'on tasse actuel-
(( lement l'échange des deux actes, il en sera ce qu'il vous plaira. Nous vous
« conseillons de bonne foi de travailler efficacement & de toutes vos forces à
« obtenir la paix avec l'Eglise; 8t par la grâce de Dieu nous nous armerons, , ■j'jj"''^'
« autant qu'il sera possible, pour venir à votre secours 8t défendre votre hon-
« neur. Les dangers des chemins sont cause que nous ne vous envoyons pas
« une ambassade plus solennelle pour terminer cette négociation. » Dans les
instructions que le roi d'Angleterre envoya en même temps à Philippe d'Au-
bignac, il lui recommande de se garder des ruses des François, qui faisoient
tous leurs efforts pour mettre la division entre lui & le comte Raimond. Au
reste, nous n'avons pas le traité même de ligue dont ces deux princes con-
vinrent sans doute alors j mais il fut très-peu utile à Raimond par les raisons
que nous dirons bientôt.
III. — Concile de Bourges : le légat élude la réconciliation de Raimond
avec l'Eglise,
Raimond étoit sans doute en chemin pour se rendre à Bourges, lorsque
passant auprès de' Caliors, le 10 d'octobre de cette année, les consuls de
cette ville, qui'étoient en diftérend avec leur évêque St son chapitre au sujet
d'une cloche que les premiers prétendoient être en droit de faire sonner sans
la permission des autres, lui demandèrent sa protection. Raimond la leur
accorda volontiers 8c exerça par là son autorité dans une ville que l'évêque
tâchoit de soustraire à la domination que ses ancêtres avoient toujours eue
sur elle jusqu'au temps des troubles.
Raimond se trouva à l'ouverture du concile de Bourges qui se fit^ le jour
indique, 29 de novembre de l'an 12 25-^. Six archevêques, savoir : ceux de
Lyon, Reims, Rouen, Tours, Bourges 6c Auch s'y trouvèrent en personne.
■ Lacroix, Du episcop'is Ca.lurcensitus, p. 90 C; Dans ces lettres, Louis VIII qualifie le comte de
Siiiv. soi-dîsant comte de Toulouse & le met sous la pro-
' Chronicon Turoneme, ut supra. — Miiitliieu i:ctioii du comte de Cliamp^igne, dont un vassal
Piris, ann. 1226. — Albéric, Chronicon, — Ray- dut aller le prendre, le 2') novembre, à la Souter-
naHi, an, 1227, n, 56 8< suiv. raine, sur les frontières du Limousin. Ces détails
' Pour Yenir au concile, Raimond VII avait du sont fournis par Lenain de TiUemont, Fie Je
demander un sauf-conduit au roi, qui le lui ac- saint Louis, t. 1, p. j8o. [A. M.J
corda par lettres datées de Melun, novembre 1 223,
Vî, - 38
An 1225
594 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIV.
Un historien ' du temps observe que l'archevêque de Bordeaux ne put s'y
rendre à cause qu'il étoit malade. Il ajoute que le siège de Narbonne étoit
alors vacant; que les évêques de neuf provinces y assistèrent au nombre de
cent avec les abbés, les prieurs & les députés des chapitres, Si que les dis-
putes qui s'élevèrent pour la préséance que l'archevêque de Lyon prétendoit
sur celui de Sens, 8c l'archevêque de Rouen sur les provinces de Bourges,
d'Auch & de Narbonne, firent que, pour empêcher la division entre les pré-
lats, ils ne siégèrent pas comme dans un concile réglé, mais seulement comme
dans une simple assemblée. On ne comprend pas sur quel fondement les
archevêques de Rouen pouvoient prétendre la primatie dans les trois pro-
vinces dont on vient de parler. Suivant une ancienne chronique^, il se trouva
un plus grand nombre de prélats au concile de Bourges, & il y assista qua-
torze archevêques, cent treize évêques &t cent cinquante abbés de toutes les
provinces des Gaules, sans compter les procureurs des absens. Il est certain,
en effet, que le légat convoqua^ à Bourges tous les archevêques, évêques 6-
autres prélats, les personnes religieuses 6- les députés des chapitres de sa léga~
tion; or, comme elle s'étendoit dans toutes les Gaules, ce fut par conséquent
un concile national de toute la France.
On commença"^ par la lecture des lettres de la légation du cardinal de
Saint-Ange. On délibéra ensuite sur l'affaire du comte de Toulouse qui,
ayant comparu dans l'assemblée, demanda avec humilité d'être absous 8< reçu
dans le sein de l'Eglise, avec oftre de se purger de tous les griefs dont on
pourroit l'accuser, de se corriger s'il étoit coupable, de faire une justice rigou-
reuse, suivant son pouvoir, de tous les hérétiques avérés ou convaincus qui se
trouveroient dans ses terres, & de travailler efficacement pour en extirper
l'hérésie. Il promit de plus que tous ses sujets obéiroient parfaitement à
l'avenir à l'Eglise; qu'il entretiendroit la paix 8< la sûreté publique dans le
pays; qu'il restitueroit en entier tous les revenus ecclésiastiques. Se qu'enfin
il répareroit tous les dommages qu'il avoit causés aux églises. Amauri de
Montfort s'étant présenté à son tour au concile, demanda d'être rétabli dans
la possession des domaines du comte Raimond : domaines dont il prétendoit
que le pape Innocent Se le feu roi Philippe avoient disposé en faveur de
Simon, son père. Il produisit les lettres du pontife Se celles du roi, suivant
lesquelles le comte de Toulouse étoit condamné, «S- les pays des Albigeois
étoient adjugés à Simon. Il ajouta que le feu comte Raimond avoit été privé
au concile général de Latran,du moins de la plus grande partie des domaines
qu'il possédoit alors, à cause de l'hérésie qu'on appelle l'hérésie des albigeois.
^ÊJ. origm. Le comte de Toulouse répliqua qu'il étoit prêt de rendre au roi Se à l'Eglise
romaine tous les devoirs auxquels il étoit tenu pour ces domaines dont il
' Matthieu Paris. siastiques de sa légation, ni surtout qu'ils aient
^ Voyez tome VIII, Chartes, n. CLX, ce. 8i5, assisté au concile en personne ou par procu-
816. reurs.]
' Ih'ti. n. CLXXXI, c. 866. — [Le légat ne dit ' Matthieu Paris. — Chronicon Turonense, ut
point qu'il convoqua tous les dignitaires ecclé- supra.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIV. SgS
devoit hériter. Amauri lui demanda alors s^il voulait s'en remettre au Juge-
ment des dou-^e pairs de France. — Que le roi reçoive mon hommage, répliqua
Raimond, car je suis prêt de m'en rapporter à ce jugement , parce qu'autre-
ment il ne voudrait peut-être pas me reconnaître pour pair? La dispute entre
les deux compétiteurs sechauftant, le légat' trouva que les offres que Rai-
mond faisoit, d'obéir aux ordres de l'Eglise, n'étaient pas comme il les devoit
faire, 8c ordonna, en vertu d'obéissance, à chaque archevêque de s'assembler
en particulier avec les évêques de sa province, d'examiner mûrement cette
affaire 8t de lui donner ensuite en conscience leur avis par écrit; avec
défense, sous peine d'excommunication, de le communiquera personne, sous
prétexte qu'il vouloit en faire part au pape 81 au roi avant que de le publier;
ainsi l'assemblée se sépara sans rien conclure, 8c le comte Raimond fut ren-
voyé dans ses Etats. Le légat assura depuis que l'avis des évêques avoit été
de ne pas absoudre Raimond, en conséquence des ojj'res qu'il Jaisoit, 8c que
lui, légat, avoit été chargé de prier le roi d'entreprendre en son nom l'expé-
dition contre les albigeois, 8c de lui offrir, en cas qu'il s'en chargeât, de lui
payer une décime pendant cinq ans, afin qu'il eût de quoi soutenir les frais
de la guerre ^.
IV. — Pairie des comtes de Toulouse. — Archevêques de Narbonne.
On peut remarquer dans ce récit, appuyé du témoignage de deux auteurs
contemporains : 1° Que Raimond Vil, comte de Toulouse, étoit du nombre
des douje pairs de France, 8c que ce nombre étoit par conséquent fixé dès
lors. Nous ajouterons qu'il paroît ' qu'il tenoit le premier rang parmi les
laïques en qualité de duc de Narbonne. 2° Que la demande que faisoit
Amauri de Montfort, que Raimond fût jugé par ses pairs, n'avoit rien que
de juste 8c de raisonnable, Se qu'elle étoit conforme aux usages de la monar-
chie. La maxime que l'Eglise n'a aucune autorité sur le temporel des rois 8c
des princes étant en effet inviolable, on devoit regarder comme nulle la dis-
position que le pape Innocent III Se le concile de Latran avoient faite des
domaines de la maison de Toulouse en faveur de celle de Montfort, 8c il
n'appartenoit qu'au roi 8c à ses pairs de juger si Raimond VI, père de Rai-
mond VII, avoit forfait 8c commis quelque action qui méritât qu'on le
dépouillât de tous ses domaines, non-seulement dans sa personne, mais encore
dans sa postérité"*.
' Voyez tome VIII, Chartes, n. CLXXXI, c. 866. le plus en faveur au treizième siècle. Ce nYtaii
' Ihtd, [Dom Vaissete aurait du avertir qu'en guère au fond qu'une maxime, qui servait à légi-
somme c'est le récit d'un ennemi personnel de timer les usurpations du plus fort. Les papes mi-
Raimond VII, & que nous ne connaissons pas rent trois fois au moins leurs théories en pratique,
exactement les offres de celui-ci & les exigences Deux fois ils réussirent; le comte d'e Toulouse &
de l'Eglise.] Frédéric II finirent, en somme, par perdre leurs
' Voyez tome VU, Note XXVI, pp. -j j^ à 83, & États; mais la troisième fois, ils échouèrent, & en
noire Note adiitionnellc , pp. 78, 79. dépit de tous leurs efforts, le roi d'Aragon garda
* Il serait difficile de dire aueile était la théori la Sicile & l'Aragon. [A. M.)
An 122J
~: ~ 5q6 histoire générale de LANGUEDOC. LIV, XXIV.
On vient de voir qu'Arnaud Amauri, archevêque de Narbonne, étoît mort
dans le temps du concile de Bourges : perte très-considérable pour le comte
de Toulouse; car, depuis le concile de Montpellier, ce prélat paroissoit avoir
embrassé ses intérêts avec chaleur, &, s'il eût vécu plus longtemps, il auroit
sans doute conduit l'atTaire de ce prince à une heureuse fin. Arnaud mourut'
le 29 de septembre de l'an i2:5, étant à FonttVoide. Six. jours auparavant il
avoit donné à cette abbaye, en présence de Bernard, évêque de Béziers, ses
livres, son palefroi, Svc. Nous inférons de là qu'il mourut à Fontfroide. Son
corps tut apporté à Cîteaux dont il avoit été abbé, 81 où on lui dressa un
magnifique mausolée dont un célèbre académicien^ nous a donné le dessin
8t la description. Il le tait premier inquisiteur de la foi contre les albigeois;
on a pu remarquer cependant que d'autres religieux de son ordre avoient
déjà précédé Arnaud dans cette fonction; mais cette faute est beaucoup plus
pardonnable que l'anachronisme qui a échappé à cet auteur, lorsqu'il dit :
« Qu'Arnaud, archevêque de Narbonne, mourut au mois de septembre de
« l'an 1225, deux ans avant que saint Dominique allât à Rome pour faire
« agréer son institut au pape; » car on sait que saint Dominique mourut
le 6 d'août de l'an 1221. Pierre Amelii, chanoine & grand archidiacre de
Narbonne, & camérier de l'église de Béziers, succéda à Arnaud dans l'arche-
vêché de Narbonne, par malheur pour Raimond, car Pierre lui fut aussi
opposé qu'Arnaud eût pu lui être favorable.
V. — Le roi Louis VIII se charge de faire la guerre en son nom au comte
Raimond &• à ses alliés.
Enfin le cardinal légat agit^ avec tant de vivacité auprès du roi Louis VIII
que ce prince, autant par l'espérance de réunir à sa couronne des pays con-
sidérables, qui pouvoient en relever l'éclat, que par zèle pour la religion,
se chargea d'entreprendre en son nom la guerre contre Raimond, comte de
Toulouse. Les ménagemens qu'il auroit dû avoir, ce semble, pour ce prince,
l'un des premiers pairs du royaume & son proche parent, contre lequel il
j.^iîi °P =j";, n'avoit rien de personnel, ni d'autre sujet de querelle, sinon qu'il n'extermi-
noit pas assez promptement quelques hérétiques qui pouvoient rester dans le
pays; enfin les protestations réitérées que Raimond & ses associés ne cessoient
de faire publiquement dans toutes les occasions, de leur attachement invio-
lable à la foi catholique 81 du désir sincère qu'ils avoient de prendre toutes
les mesures convenables pour déraciner entièrement l'hérésie de leurs do-
maines, ne furent pas capables de l'arrêter. Louis ne se détermina'* toutefois,
à cette expédition, qu'après que le légat lui eût promis que le pape défen-
droit au roi d'Angleterre, sous peine d'excommunication, de lui faire la
■ Gallia Christiana, t. I, p. 333. — Guillaume ^ Raynaldi, année I2i;), n. 3.
i* Puylaurcns, c. 35. * Matthieu Paris, année 1226.
' Histoire Je l'académie Jes Inscriptions & Délies-
Lettres^ t. 9, p. 218 & suiv.
IIISTOiRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIV, O'jy
guerre S< d'attaquer les domaines qu'il possédoit actuellement, soit justement,
soit injustement, tant qu'il seroit occupé à combattre les hérétic(ues albigeois
Se le comte de Toulouse, & qu'il lui ordonneroit au contraire de l'aider de
toutes ses torces pour l'ex-écution de son entreprise.
Le roi, résolu ' de porter ses armes dans la Province, convoqua à Paris une
assemblée des notables du royaume, le troisième jour après la conversion de
saint Paul (:8 janvier), de l'an 112'S (12:6). Les prélats & les barons qui s'y
trouvèrent furent le cardinal de Saint-Ange, légat, les arcbevêques de Reim.s,
Bourges, Sens, Rouen, Tours 5 les évêques de Beauvais, Langres, Laon,
Noyon , Senlis, Térouane, Chartres, Paris, Orléans, Auxerre & Meaux ;
Philippe, comte de Boulogne Se de Clermont, Pierre, comte de Bretap-ne,
Robert, comte de Dreux; les comtes de Chartres, de Saint-Paul, de Rouci !k
de Vendôme, Mathieu de Montmorenci, connétable de France, Robert de
Courtenai, boutillier, Enguerrand de Couci, le sénéchal d'Anjou, Jean de
Nesle, les vicomtes de Sainte-Suzanne Se de Châteaudun, Savari de Mau-
léon, Thomas S< Robert de Couci, Gautier de Joigny, Gautier de P\.inel,
Henri de Sully, Philippe de Nanteuil, Etienne de Sancerre, Gui de la Roche,
René d'Amiens, Pv.obert de Poissx-, René de Montfaucon, Bouchard de Marlv
Se Florent de Hangest. Le roi leur ayant demandé de lui donner leur avis
sur l'ajjhire de la terre d'Albigeois, ils approuvèrent c[u'il s'en chargeât per-
sonnellement, Se consentirent à cette entreprise par leurs lettres^, avec pro-
messe de l'aider de bonne toi, comme étant leur seigneur-lige, pendant tout
le temps qu'il y travailleroit Se jusqu'à ce qu'il l'eût tcYminéc.
VL — Le légat excommunie le comte Raimond £« ses alliés, fait prêcher la
croisade contre eux 6- donne la croix au roi iy aux barons du royaume.
Ensuite^ le légat excommunia publi((uement, par l'autorité du pape, Rai-
mond, comte de Toulouse, Se ses associés. Se le déclara hérétique condamné ;
il confirma la possession de ses domaines au roi de F^rancc Se aux héritiers
de ce prince à perpétuité. Amauri de Montfort Se Gui, son oncle, cédèrent
au roi en même temps, par de nouvelles lettres, tous les droits qu'ils avoient
sur ces domaines. Se le premier ne prit plus depuis le titre de comte de Tou-
louse Se de duc de Narbonne. Ce fut alors, sans doute, que le roi donna à
Amauri, en dédommagement, l'expectative de la charge de connétable. Le
vendredi suivant (3o de janvier), le roi, après en avoir délibéré avec les évê-
ques Se les barons, prit la croix avec eux des mains du légat Se s'engagea
d'aller exterminer les hérétiques Se de faire la guerre au comte de Toulouse,
leur prétendu fauteur. Le légat envoya en même temps des prédicateurs dans
tous les coins du royaume, avec ordre de publier la croisade contre les héré-
tiques albigeois, Se avec pouvoir d'absoudre les fidèles qui s'engagcroicnt
' Chron'icon Turoneme, apud Martine, Colhcùo ' Voyez tome VIH, n. CLXII, ce. 817, 818.
cmplissima , t. ">. — Voyez tome ^'I1I, Chartes, ' Chronicon Turancr.sc. — Cesta LuJoyici l'HI.
n. CLXI, ce. i,6, 817.
An iî;ô
An 1226
An
)o8 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIV.
dans cette enticjorise de tous leurs pécliés S\ des vœux qu'ils pourroient avoir
faits, excepté celui du pèlerinage de Jérusalem. Un historien du temps' fait
mention de cet événement en ces termes : » En ce temps-là le légat Romain
« fit prêcher dans toutes les Gaules qu'on eût à s'armer & à se croiser contre
« le comte de Toulouse Si ses sujets, qu'on disoit tous infectés d'hérésie. En
(' conséquence, un grand nombre de prélats & de laïques, excités bien plus
« par la crainte du roi de France 8c par la faveur du légat que par le zèle de
« la justice, prirent la croix. Il paroissoit, en effet, à plusieurs que c'étoit
« un grand abus que d'aller déclarer la guerre à un fidèle chrétien, surtout
« étant constant £<. notoire à tous que ce comte avoit prié avec instance le
« légat dans le concile de Bourges de venir lui-même dans toutes les villes
« de ses États Se de s'informer dans chacune si on y professoit la foi catho-
« lique, avec offre de faire une justice sévère, suivant le jugement de l'Église,
t'iu°p'T^'i " '■^^ ^°'-^^ '-'^"^ 'ï"^ auroient des sentimens contraires à la foi, Se, supposé
« qu'il se trouvât quelque ville rebelle, de la contraindre de tout son pouvoir
« à faire une satisfaction convenable. Quant à sa propre personne, il offroit,
« en cas qu'il eût manqué à quelque chose (quoiqu'il ne se sentît coupable
« de rien) de satisfaire entièrement à Dieu & à l'Église, comme un fidèle
« chrétien. Si de répondre sur tous les articles de la foi sur lesquels le légat
« jugeroit à propos de l'interroger. Le légat méprisa toutes ces offres, 8<. le
« comte, tout catholique qu'il étoit, ne put trouver grâce auprès de lui, à
« moins qu'il ne voulût abandonner tous ses domaines Si y renoncer pour
Cl toujours, tant pour lui que pour ses successeurs*. »
VII. — Le légat accorde les décimes au rot, pendant cinq ans, pour les frais
de la guerre.
Le cardinal de Saint-Ange, voulant^ mettre le roi en état de fournir aux
frais de son expédition, lui assigna, du consentement de quelques évêques,
cent mille livres tous les ans, pendant cinq ans, sur les revenus ecclésiasti-
ques du royaume, qu'il assujettit au payement d'une décime, Si déclara en
pleine assemblée que, si cette somme ne suffisoit pas, il lui livreroit tous les
trésors de l'Église. Nous avons les lettres'' de cette assignation données au
nom du cardinal légat, des cinq archevêques Si des dix évêques dont on a
déjà rapporté les noms, Si scellées de leurs sceaux. Ils y déclarent, « que le
« roi a)ant pris la croix contre les albigeois ils l'avoient mis sous la protec-
(( tion de l'Eglise, avec sa famille, son royaume Se tous ceux qui travaille-
K roient à cette œuvre, tout le temps qu'ils s'y employeroient; qu'ils leur
« avoient accordé la même indulgence que gagnoient ceux qui se croisoient
' Mattiiieii Paris, année 1226, p. 33i, édit. de ' Chrcnicon Turonense. — Gesta Ludovici VIII.
1640. ■• Voyez tome VIII, Chartes, n. CLXII, ce. 817,
' Voyez dans Potihast, n. 7542, la réponse d'Ho- 818.
norius III à la dépêche du légat, lui annonçant
la conclusion du traité. [A. M.]
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIV. 699
« pour Jérusalem; qu'ils avoient dénoncé, excommunié Pvaimond, fils de Kai-
<< mond, autrefois comte de Toulouse, ses fauteurs, ses associés 61 tous ceux
« qui lui donneroient conseil, soit contre l'Eglise, soit contre le roi; qu'ils
« avoient aussi excommunié tous ceux qui feroient la guerre en France ou
» qui envahiroient le royaume, tant étrangers que régnicoles, avec défense
t( de les absoudre jusqu'à ce qu'ils eussent réparé le dommage qu'ils auroient
« causé au roi & aux siens, & enfin tous ceux qui se feroient la guerre &
« qui refuseroient de convenir d'une trêve ou d'une paix, suivant les ordres
« du roi. Mais parce, ajoutent-ils, que c'est ici une affaire qui demande de
« grandes dépenses, nous avons promis au roi de lui donner, pendant cinq
« ans, le dixième de tous les revenus ecclésiastiques, si l'affaire dure autant
« de temps; la dépense pour la culture des terres & des vignes déduites. »
Ils déclarent ensuite que les hospitaliers, les templiers, les religieux de
Cîteaux & de Prémontré seroient exempts de payer cette décime, de même
que tous les prélats & ecclésiastiques qui se trouveroient en personne à cette
expédition. Ils témoignent enfin que le roi, avant que de prendre la croix
des mains du légat, avoit protesté hautement qu'il ne prétendoit point s'en-
gager par là à demeurer dans l'Albigeois ; mais qu'il se réservoit la liberté
d'y aller St d'en revenir quand il le jugeroit à propos 8c de pouvoir le faire
sans aucun scrupule de conscience, & sans vouloir y engager ses héritiers par
vœu, en cas qu'il vînt à manquer; de quoi les évêques lui donnèrent acte'.
Le légat écrivit^, le cinquième de février suivant, une lettre circulaire à
tous les métropolitains de France pour leur marquer que le roi avoit pris la
croix contre les hérétiques avec plusieurs archevêques, évêques, comtes, barons
St grands de France ;. déclarant qu'il avoit mis ce prince, sa famille & son
ro\aume sous sa protection; qu'il excommunioit 8<. dénonçoit excommu-
niés Piaimond, fils du feu comte de Toulouse, ses alliés, 8<.c.; qu'il avoit
accordé au roi, du consentement du concile de Bourges, le dixième de tous
les revenus ecclésiastiques du royaume, Ê<c. « C'est pourquoi, ajoute-t-il,
« nous vous ordonnons de publier cette excommunication dans vos provinces,
« d'y faire prêcher la croisade 8c d'exhorter vos sutfragans à prendre la croix
« avec vous. Nous vous apprenons, ajoute-t-il à la fin, que le roi sera en per-
i< sonne à Bourges, à la tête de son armée, un mois après Pâques, prêt à
« marcher contre les hérétiques, &c que nous y serons avec lui. »
VIII. — Le roi jixe le jour de son départ.
Le roi convoqua^ une nouvelle assemblée ou parlement, à Paris, le
dimanche de Lœtare 29 de mars; il y concerta avec le légat, les évêques Se
les barons les opérations de la guerre, Se il manda en conséquence à tous les
■ Toutes ces conditions ne témoignent pas de la ' Martène, Thés, aneciot. t. i, c. çSi & seq,
part de Louis VIII d'une coniïance excessive dans ' Chrtnicon Turonense, ap, Labbe, Concilia, t. g,
le» inieniions du Ujat, d»nt plus tard, d'ailleurs, c. 3oi. — Matthieu Paris.
Grégoire IX eut i réprimer les excès de ïèle. (A. M. |
An 1226
An, .26 *5°° FIISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIV.
M'ii"""-;"^- '^'assaux du royaume de se trouver en armes à Bourges, le quatrième dîmanche
d'après Pâques, parce qu'il étoit résolu d'arriver à Lyon le jour de TAscen-
sioii. Il se détermina à prendre cette route à la demande des Avignonois ' qui
lui envovèrent des députés pour lui ortVir le passage du Rhône sur leur pont.
Ces peuples, qui étoient excommuniés depuis douze ans pour avoir embrassé
le parti du comte de Toulouse, leur seigneur, firent prier le légat, par les
mêmes députés, de leur donner l'absolution, avec promesse de satisfaire entiè-
rement à l'Eglise Se de donner des otages pour la sûreté de leur parole.
IX. — Le roi reçoit par avance la soumission des villes de Saint-Antonin,
de Bé-^iers &• de divers seigneurs du pays.
Cependant le roi, voulant se donner un nouveau titre sur les domaines de
Raimond, reçut, au mois d'avril, la cession que Gui de Montfort^ lui fit de
ses droits sur la ville de Saint-Antonin, en Rouergue. Il envoya aussitôt frère
Ebrard, chevalier du Temple, pour prendre possession en son nom de cette
ville Si recevoir le serment de fidélité des habitans. Ceux-ci n'osant se déclarer
ouvertement jusqu'à l'arrivée de Louis dans le pays, de crainte que le comte
de Toulouse ne ravageât leurs terres pour se venger, firent le serment; mais
ils prièrent ce chevalier de ne pas l'ébruiter St d'intercéder pour eux auprès
du cardinal légat, afin qu'il levât l'interdit qui étoit sur leur ville.
Le roi & le légat sollicitèrent Jacques, roi d'Aragon^, neveu du comte de
Toulouse, de ne pas prendre les intérêts de ce prince. Jacques, qui étoit fort
pieux, se rendit à leur demande Se défendit à tous ses sujets de donner
retraite aux hérétiques Se de leur fournir aucun secours. Nugnez Sanche,
comte de Roussillon, à qui le roi fit part du dessein de son expédition, lui
répondit, le 29 d'avriP, 8c lui offrit tous ses domaines pour faire la guerre
aux hérétiques.
Les préparatifs de Louis jetèrent une si grande terreur dans l'esprit de la
plupart des seigneurs & des peuples de la Province que plusieurs jugèrent à
propos de prévenir son arrivée & de lui envoyer faire leurs soumissions. Le
seigneur de Laurac, château qui a donné son nom au Lauragais, fut un des
premiers-'' avec son père & ses frères. Raimond de Roquefeuil^ se rendit à
Narbonne Si promit par serment, le 16 de mars, k Pierre, archevêque de
cette ville, en présence des évêques de Nimes, Maguelonne, Agde, Béziers S<
Elne, des abbés de La Grasse St de Fontfroide Si de divers ecclésiastiques,
d'obéir exactement à tous les ordres du cardinal légat S<. du roi, tant dans les
cliefs pour lesquels il avoit été excommunié que pour avoir donné secours à
feu Raimond, comte de Toulouse, k Raimond, son fils, à Trencavel, qu'on
' Voyez tome Vni, Chartes, n. CLXX, c. 833. * Gallin Cliristiana, nov. éd. t. 3, c. 778 & seq.
' Ib'uL 11. CLXIV, c. 823 & suiv. — [Voyez l'ncte dans Teiilet, t. 2, p. 81, d'après
' liiJ. n. CLXV, ce. 83?, 83 r. l'original, J. 327, n. 4. — Ce Raimond de Rotjue-
* Ihid. n. CLXVI, ce. 83i, 832. feiiille était du diocèse de Niiiies & non de celui
* Ibid. n. CLXIII, c. 819, 820. tt Léïiers.] [A. M.j
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIV. 6oi
An 1226
appeloït vicomte de Bé-^iers, 8t aux autres qui setoient opposés à l'Église St
au comte de Monttort. Il remit, |)our la sûreté de ses promesses, entre les
mains de ce prélat, ses châteaux de Roquefeuil, Paules' Se Valeraugue, dans
le diocèse de Nimes, celui de Blanquetort, dans le diocèse de Mende, 8<. celui
de Caylus, en Rouergue, avec offre de payer tous les frais de leur garde 8c
de faire prêter serment de iidélité au roi & au cardinal légat par tous ses.
vassaux, sous peine de commise, s'il n'exécutoit pas ses promesses^. Bernard
d'Alion, seigneur de Son, dans le Donazan, promit le même jour à l'abbé
d'Ardourel d'obéir à l'Eglise, conformément au serment qu'il avoit prêté
d'être fidèle au roi, au commencement de la croisade, entre les mains de
Simon de Montfort, &i dans la suite entre celles d'Âmauri, son fils''.
Le 14 avril suivant, Pons de Thésan, Bérenger de Puiserguier, Pons 8c
Frotard d'OIargues frères, Pierre-Pvaimond de Corneillan, Guillaume-Pierre
de Vintron Se quelques autres chevaliers du pays promirent par serment, à
Aspiran, dans le diocèse de Béziers, entre les mains de l'évêque de cette ville,
d'obéir fidèlement aux ordres du légat dans les articles pour lesquels ils
avoient été excommuniés, 8c firent un serment semblable à celui de Raimond
de Roquefeuil'*. Quelques jours après, Pierre de Villeneuve fit la même pro-
messe à Lignan ', 8c les liabitans de Béziers prêtèrent un pareil serment, le
29 d'avril, entre les mains de leur évêc[ue, avec offre de la part des principaux
de se rendre en otage à Narbonne ou dans tel autre lieu que rarchevêc[ue
élu de cette ville voudroit leur indiquer^. Dans le Gévaudan, Odilon Guarin,
seigneur de Châteauneuf, Se Guillaume de Meschin écrivirent au roi, le
i5 d'avril, qu'ils possédoient leurs terres en fief de l'église de Mende ou de t.']'Ji °n''^3"j
l'abbaye de Saint-Gilles; mais qu'ils les lui oHroient comme à leur seigneur
principal, avec promesse de recevoir son armée chez eux, si elle passoit dans
le Vêlai 8c le Gévaudan. Ils chargèrent l'abbé de Saint-Gilles, qui étoit alors
à la Cour, d'assurer le roi de leur fidélité 8c qu'ils n'avoient aucune liaison
avec le comte Raimond. Pierre-Bermond, seigneur de Sauve, neveu de ce
comte, se rendit lui-même à la Cour 8c fit hommage lige au roi, au mois de
mai suivant, pour les châteaux de Sauve 8c d'Anduze, pour ce qu'il possédoit
à Alais'^, Sec.
X. — Le pape écrit au roi d'Angleterre pour l'empêcher de secourir le comte
de Toulouse.
Le pape Honoré III chargea le cardinal de Saint-Ange, son légat, d'en-
gager le roi, les prélats Se les grands de l'armée à n'avoir en vue, dans cette
■ [Corrige:^ Pauses, .h P.'.ush.] "= Voyez tome VIII, n . CLXXIII, ce. 84.!, 844.
' Mentionnons encore le serment de Bertrand de ' Ajoutons-y une lettre de Gulllera de Cervaria,
Gourdon, de mars 1226. Te ul et, t. 2, p. 72. [A. M.] qui se soumet à Louis VIII & lui offre son secours
' Voyez tome VIII, Ch.irtei, n. CLXIII, c. 820. contre les hérétiques. C'est probablement le sei-
^ IM. ce. 820, 821. [Teulet, t. 2, pp. 73, 74, gneiir de Serviez (Aude), arrondissement de Car-
n°' 1752-1757.] cassonne; car il charge l'abbé de La Grasse de
' [Le 22 avril |2;C; ; Teulet, t. :, p. tJ, n. \-j(i'j.\ porter sa lettre au roi. Teulet, t. 2, p. 81. [A. M.]
An 1 216
602 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIV.
expédition', que l'extirpation de l'hérésie, St à ne pas envahir, sous le pré-
texte de la guerre, les domaines que les princes catholiques, surtout l'empe-
reur, Si. les rois d'Aragon & d'Angleterre possédoient en France. Il écrivit,
le 29 d'avril, une lettre très-forte à ce dernier, qui s'étoit mis en armes 8c
paroissoit disposé à passer la mer, tant pour reprendre les provinces que Louts
lui avoit enlevées que pour ne pas laisser opprimer le comte de Toulouse,
son cousin germain, son allié & son vassal. Il lui défend dans cette lettre
d'attaquer le roi, tant que ce prince seroit occupé à faire la guerre aux albi-
geois, Se de donner aucun secours à Raimond. « Comme il est plus sage, dit
« Honoré au roi d'Angleterre, de prévenir les maux que d'y chercher du
« remède lorsqu'ils sont arrivés, si vos ambassadeurs eussent été plus attentifs
« à ce que nous leur avons dit touchant la conclusion de la trêve, soit main-
« tenant avec le roi de France, soit autrefois avec le feu roi, son père, vous
« ne seriez pas dans l'embarras où vous vous trouvez. Enfin nous avons
K attendu longtemps les ambassadeurs qu'on nous destinoit au sujet de l'extir-
« pation de l'hérésie du pays d'Albigeois, afin que le noble homme Rai-
« mond, fils du feu comte de Toulouse, s'il est véritablement catholique,
« comme il l'assure, purgeât ce pays de l'erreur qui s'est étendue dans le voi-
« sinage & dans les provinces éloignées; mais nous n'avons point avancé,
« quoiqu'on ait travaillé assez longtemps. C'est pourquoi le concile général
K ayant statué que si un seigneur temporel, après en avoir été requis par
« l'Église, néglige d'extirper l'hérésie de ses domaines, il soit excommunié
« par le métropolitain & ses comprovinciaux ; que s'il ne satisfait pas dans
« l'année le souverain pontife délie ses sujets de leur serment de fidélité, 8t
« que ses Etats soient abandonnés au premier occupant catholique qui s'en
« saisira, lequel les possédera sans contradiction Si les maintiendra dans la
« foi orthodoxe; nous avons été contraint d'envoyer de notre cour (^de nostro
« latere) Romain, cardinal-diacre de Saint-Ange, à cause que cette affaire
« appartient spécialement à l'Eglise romaine, parce qu'elle est maîtresse de
« la foi dont la perte est moins supportable que celle de toute autre chose. De
« là il est arrivé que le roi de France, animé, comme nous le croyons, d'un
« véritable zèle, a pris la croix avec presque tous les prélats &<. les barons de
« son royaume pour exterminer les hérétiques du pays; & parce que vos
« intérêts nous sont très-chers, nous vous exhortons à ne donner aucun
« secours à Raimond; car, outre qu'il est excommunié avec ses fauteurs, vous
« rendriez votre foi suspecte, vous seriez enveloppé dans le même ana-
« thème, Sic. Ne faites pas la guerre au roi de France, ni par vous, ni par
« votre frère, ni par quelque autre, tant que ce prince sera occupé à l'affaire
« de la foi &<, employé au service de Jésus-Christ pour ne pas l'obliger à faire
« diversion, Sic. » Le pape déclare cependant à la fin de sa lettre qu'il ne
prétend pas qu'il soit fait aucun préjudice, à l'occasion de cette expédition,
aux droits du roi d'Angleterre, qui, après avoir reçu cette lettre, assembla
' Raynaldi, année 1126, n. 33 & suiv. [Lettre du 27 avril 1226; Pottliast, n. 7J61.] — C/iren'ieen
Turonense, c, 1069.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIV. 6o3 "T"
An I2UO
son conseil '. Ce prince souhaitoit extrêmement passer la mer à la tête de son
armée, malgré la défense du pape; mais tous les avis ayant été de suspendre
son départ & d'attendre l'événement de l'expédition du roi Louis, qu'on
comptoit ne pouvoir réussir, sur ce qu'un certain astrologue en avoit prédit, 1
il se détermina enfin à prendre ce parti, en sorte que Raimond se vit privé ;
d'un puissant secours ou du moins d'une diversion favorable & abandonné à •'
la merci de ses ennemis. <
'!
I
I
XI. — Raimond tâche de se concilier la bienveillance de ses alliés
&- de ses sujets. — Comtes de Comminges.
\
Ce comte, prêt à se voir accabler, prit toutes les précautions que la pru- ,
dence pouvoit lui suggérer dans une occasion si périlleuse : il tâcha de Kdongin. j
gagner de plus en plus l'aftection de ses peuples & de ses vassaux, & accorda^ ' •
aux habitans de Toulouse, le dimanche lo de mai de l'an 1226, la confirma- \
tion de leurs privilèges, avec permission d'étendre les limites de la banlieue \
de cette ville jusqu'à une lieue aux environs. Il donna ^ en fief, huit jours I
après, à Roger-Bernard, comte de Foix, Se à sa postérité le château de Saint- \
Félix, dans le Toulousain, avec une quinzaine de châteaux ou de villages '
([ui en dépendoient. Il fit, quelques jours après, un voyage à Agen, & y
confirma ■* les privilèges des consuls & des habitans de cette ville; il leur
promit solennellement, le 22 de mai, de les défendre en personne, si le roi \
de France ou la croisade ou tout autre venoit à les assiéger. Ces peuples, de j
leur côté, lui promirent fidélité & secours contre le roi de France, contre la j
croisade 8t contre tous, 8c de ne faire avec eux ni paix ni trêve sans son s
consentement. « Que si , Rajoutent-ils, l'Église ou quelque prélat vouloit \
« nous absoudre des obligations que nous contractons avec le comte, notre |
« seigneur, nous ne nous tiendrons pas pour absous : nous avons juré cet
« accord sur les saints évangiles, S;c. » Les officiers ou baillis que Raimond '
avoit commis au gouvernement de son marquisat de Provence obligèrent ou i
hypothéc[uèrent d'un autre côté', au nom de ce prince, le i*' de juin, aux \
podestats Si habitans d'Avignon, le château de Beaucaire, ses dépendances,
le château de Malaucène, tout le Venaissin 8c tous les autres domaines qu'il
avoit aux environs du Rhône pour la sûreté des sommes qu'il leur devoit.
Enfin Raimond se réconcilia*^ avec Raimond de Roffiac, abbé de Moissac,
qui le reconnut pour comte de Toulouse, Se qui remit à la fin du mois d'août,
aux habitans de cette ville, tous les griefs qu'il avoit contre eux pour l'avoir
livrée à ce comte.
Il n'est rien dit dans cette a'ffaire, non plus que dans les négociations pré-
^K cédentes, de Bernard V, comte de Comminges, parent 8c allié du comte de
L
■ Matthieu Paris. ■• Voyez tome VIII, n. CLXVIII, ce. 835, 836.
' Mss. du feu abbé de Crozat. [Lat. 9994-] '' Ihid. n. CLXIX, ce. 837, 838.
' Voyez tome VIII, Chartes, n. CLXVlI,cc. 832 ' Trésor des Charles j Toulouse, sac n, n. 41.
à 834. [J. 320 J Teulet, t. 2, p. 89, n. 1793.]
■T 7~ 604 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIV.
An 1:26 I
Tovilouse, qu'il avoit secouru dans toules ses autres guerres. Cela pourroit
faire croire qu'il éloit déjà mort. Quelques' auteurs prétendent, en eltet,
qu'il prit l'habit monastique, sur la fin de ses jours, dans l'abbaxe de Boul-
bonne, qu'il y mourut S<. qu'il y fut inhumé vers l'an 1224. Sa mort est
rapportée d'ailleurs, dans une chronique^, sous l'an 1228. Mais : 1° 11 étoit
encore en vie, Se dans le siècle-', au mois de mai de l'an 1224, lorsque Ber-
nard, son fils, épousa Cécile de Foix. 2° On assure"* qu'il fit une donation
à l'abbaye de Feuillans, au mois de septembre de l'an 1224. Il vivoit donc
dans le temps du dernier concile de Montpellier. Quant à l'époque de sa
mort, nous la trouvons expressément marquée ' dans un ancien auteur, où il
est dit qu'il mourut au mois de février de l'an 12 25 (c'est-à-dire de l'an 1226,
suivant le style moderne), Sv qu'il fut inhumé à Montsavez, sans faire men-
tion de sa profession monastique, témoignage qui la rend tort douteuse.
Quoi qu'il en soit, Bernard V, comte de Comminges, laissa plusieurs enfans
de ses trois femmes dont on a parlé ailleurs. 11 eut de Comtors de la Bartlie,
la seconde, Bernard (jui lui succéda dans le comté de Comminges & qui fut
le sixième de son nom. On lui en donne une quatrième, nommée^ Béatrix,
dont on prétend qu'il eut Arnaud-Roger, qui tut d'abord religieux de Cîteaux,
dans l'abbaye de Bonnefond, & ensuite évêque de Comminges. Du reste, ce
comte fît des biens considérables à l'abbaye de Feuillans, située dans ses
domaines, 8c donna en diverses occasions des marques de sa valeur durant la
guerre des albigeois. Nous en avons de sa piété dans la donation qu'il fit, au
mois de février de l'an 1197^, aux abbayes de Notre-Dame de Gojon S< de
Notre-Dame de l'Oraison-Dieu, de filles de l'ordre de Cîteaux, dans le dio-
cèse de Toulouse, de quelques domaines situés à Muret. Le dernier monas-
tère, cjui avoit donné l'origine à l'autre, fut uni en 1440 à celui d'Eaunes,
8c désuni en i6i5. 11 fut alors transféré à Muret, où il subsiste encore aujour-
d'hui.
XII. — Le roi Louis se met en marche.
Le roi s'étant enfin rendu à^ Bourges au temps marqué, y assembla son
armée 8c se mit en marche; il traversa le Nivernois 8c arriva à Lyon à la
fête de l'Ascension, qui tomboit le 28 de mai. On assure que son armée étoit
composée de cinquante mille hommes de cheval, tant chevaliers qu'écuvers,
i.m,°r!''.f'k ^ '^'"" P'"^ grand nombre de fantassins. Le légat, les prélats 8c les barons,
qui avoient pris la croix avec lui à l'assemblée de Paris, 8c dont on a rapporté
' Histoire généalogique des gmiiis officiers, t. ;, ' Hist. g''néalogijur, ut supra.
p. 63i. ' Catel, Histoire des comtes de Tolose, preuves,
' Chronicoii aiionymuni, ap. Catel, Histoire des p. 127.
comtes Je Tolose, pr. p. 16 1 . [Voyez tome V, c. 52, " Histoire généalcgiijue, ut supra,
Chronicon S. Saturnini.] ' Dom Estiennot, Frsg. mss. t. 12. [Lat. 12774.]
^ Voyez tome VIII, Chartes, 11. GL\ I, ce. 7J7, ' Gesta Ludovici VllI. — Voyez tome VIII,
758. Ch.irtes, ce. 83y, 840.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIV. Co5
les noms, s'y trouvèrent tous avec Amauri & Gui de Montfort, qui, soutenus
du légat, ctoient les principaux moteurs de cette expédition.
Le roi fit ensuite einbar((uer' les gros bagages, les vivres 8c l'artillerie sur
le Rhume & continua sa marche le long de ce fleuve. Il n'étoit pas encore
arrivé sur les confins des Etats du comte Raimond lorsque les consuls 8< les
habitans de diverses villes de la domination de ce prince, frappés d'une ter-
reur extrême à l'approche d'une armée si formidable, s'empressèrent d'aller à
sa rencontre pour lui faire leurs soumissions, lui présenter les clefs de leurs
villes Se lui donner des otages.
XIII. — Les villes de Nimes, Puylauréns, Castres, (S-c, î/ divers seigneurs
de la Province se soumettent au roi.
Les habitans de la ville de Nimes & du château des Arènes, résolus de
prévenir l'arrivée de Louis, firent- serment, le 5 de juin, entre les mains
d'Arnaud, leur évêque, qui le reçut au nom de l'Eglise romaine 8<. du car-
dinal légat, de satisfaire sur tous les chefs pour lesquels ils avoient été excom-
muniés & d'obéir à toutes les volontés du roi, sans aucune condition ni
réserve, 8c ils livrèrent à ce prélat la ville Se le château pour en disposer sui-
vant les ordres du roi, à la miséricorde duquel ils se remirent absolument,
dans la confiance que ce prince les maintiendroit en paix sous son autorité
immédiate. C'est ainsi que la ville de Nimes 8c son diocèse furent réunis à
la couronne, Se ils n'ont point cessé depuis de dépendre du domaine immé-
diat de nos rois. Le roi reçut cette soumission avec bonté, mais il ordonna '
quelques jours après aux chevaliers qui avoient leurs habitations dans le
château des Arènes, d'en sortir 8c d'aller demeurer ailleurs jusqu'à ce qu'il
eût terminé l'altaire d'Avignon, /«///' /^wr Jro/f. Il envoya en même temps
un détachement de ses troupes pour prendre possession de ce château en son
nom. Les chevaliers des Arènes ayant obéi, Louis les remercia 8c les con-
serva dans la possession de leurs biens, avec ordre à révê([ue de Nimes Se à
Guillaume de Bène, son bailli, de leur fournir des maisons dans la ville.
D'un autre côté les habitans de Puylaurens, dans le Toulousain, ayant
Sicard, leur seigneur, à leur tête, écrivirent ■* au roi, le 8 de juin, pour lui
donner de pareilles marques de soumission. Les consuls 8c les habitans de
Castres, en Albigeois, tant chevaliers que bourgeois, en firent ' autant quatre
jours après, 8c déclarèrent par un acte dont ils chargèrent les députés qu'ils
envoyèrent à ce prince, qu'ils s'étoient rendus aux exhortations de Pierre,
archevêque de Narbonne, de Guillaume, évêque d'Albi, 8c de Guillaume,
abbé de Castres} qu'ils avoient juré d'obéir aux ordres du légat, dans toutes
'Matthieu Paris. — Geita Ludovici f'III. — ' Archives de 1 h5tel Je ville de Niines. [Méiiard,
Guillaume de Puylaurens, c. 3">. — Philippe t. i, p. 29"), & Preuves, pp. qS & suiv.]
Mouskes, C 168 V» & suiv. [Édit. Reiffenberg, ^ Voyez tome VIII, n. CLXXIV, ce. 849 à 8',i.
t. 2, pp. 488, 490 & 494.] ' Martèiie, Thésaurus anecdotorum, t. 1 , c. 940
'Voyez ^ome^'III, n. CLXXIII, c. 841 & suiv. & 5 ,iv.
An 1226
-;; ~ 606 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIV.
An 1220
les choses pour lesquelles ils avoient été excommuniés; cju'ils avoient livré
les clets de leur ville St du château au même abbé, qui les avoit reçues au
nom du roi 8c qu'ils avoient cédé à ce prince tous les droits que le vicomte
de Béziers y avoit auparavant, le suppliant d'envoyer un viguier pour en
prendre possession. Isarn de Saint-Paul 81 Sicard de Puylaurens, seigneurs
de Saint-Paul sur i'Agout, dans le Toulousain', écrivirent au roi, le 14 du
même mois, avec les consuls Si tous les chevaliers du lieu pour lui apprendre
qu'ils lui avoient prêté serment de fidélité entre les mains de l'abbé de
Castres, leur seigneur, 81 qu'ils lui envoyoient des députés pour le lui porter^.
XIV. — Le roi arrive à Avignon dont il entreprend le siège. — Le légat
excommunie de nouveau le comte de Toulouse.
Les habitans de la ville d'Avignon, aux approches^ de Louis, lui dépu-
tèrent de nouveau leur podestat 81 quelques-uns des plus notables de la ville,
qui le rencontrèrent à Montélimar. Ils lui renouvelèrent les promesses qu'ils
lui avoient déjà faites à Valence par leurs autres députés de donner passage
à l'armée sur leur pont, 81 ils demandèrent leur absolution au cardinal de
Saint-Ange. Ce légat la leur promit après avoir reçu leur serment par lequel
ils s'engageoient d'obéir à tous les ordres de l'Eglise, de remettre toutes leurs
forteresses, de laisser passer l'armée au milieu de la ville & de donner des
otages pour la sûreté de ces promesses. E^nfin le roi étant arrivé au voisinage
d'Avignon, la veille de la Pentecôte 6 de juin, le cardinal légat lança publi-
quement une nouvelle excommunication contre le comte de Toulouse 81 ses
associés 81 jeta un nouvel interdit sur toutes ses terres. Le lendemain, jour
de la Pentecôte, le roi posa son camp devant Avignon.
Les Avignonois avoient fait construire un pont de bois sur le Rhône au
Éd. orighi dehors de la ville : le lendemain trois mille hommes de l'armée défilèrent sur
1. 111, p. J?5.
ce pont sous la conduite du comte de Blois. Le roi 8c le légat déclarèrent
alors aux Avignonois que leur intention étoit de traverser la ville avec le
reste de l'armée 8c de passer sur le pont de pierre qui y aboutissoit. Ces peu-
ples, craignant que le roi ne prît occasion de ce passage pour s'emparer de
leur ville 8c qu'il ne les punît de leur ancien attachement au comte de Tou-
louse, leur seigneur, refusèrent fièrement le passage, firent fermer leurs
portes 8c offrirent seulement au roi de lui permettre de passer avec quelques
personnes de sa suite. Ils donnèrent cependant cinquante otages 8c livrèrent
ime partie de leurs châteaux. Le roi Se le légat, prétendant qu'ils leur avoient
promis le passage libre, demandèrent l'exécution de cette promesse, 8c le roi,
pour dissiper leurs craintes, leur donna des lettres de sauvegarde, tant pour
'Voyez tome Vin, n. CLXXIV, ce. 849 à 8ôi. ' Guillaume de Puylnurens, c. 34 & suit. —
' [La ville de Saint-Pons prêta plus tard ser- Gesti LudoviciVIll . — Matthieu Paris, an. 1226.
ment de fidélité, le 27 février 1227, à la demande — Philippe Mouskes. [Édit. Reiffenberg, t. 2,
de son abbé, auquel le roi avait écrit à ce sujet. '■ — pp. 494 à 4^)8.]
Voyez tome VIII, c. 862. |
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIV. 607
leurs personnes que pour leurs biens 8c leurs murailles. Ces peuples persis-
tèrent néanmoins dans leur résolution, refusèrent de livrer les vivres que les
croisés avoient déjà tait acheter dans Avignon, attaquèrent & tuèrent quelques
François, 8<. empêchèrent la communication de l'armée en faisant rompre le
pont de bois qui étoit sur le Rhône'. Le légat tenta de les ramener; mais
n'avant pu les fléchir, il donna un décret, de l'avis des évêques & des autres
prélats de l'armée, le 9 de juin, par lequel il enjoignit au roi Jk aux croisés,
en vertu de leur vœu, de purger la ville d'Avignon d'hérésie & de tirer ven-
geance de cette injure; sauf le droit des églises, de l'empereur & des autres
catholiques.
Le roi, indigné à son tour d'un tel procédé, fit la circonvallation d'Avi-
gnon, le 10 de juin. Se l'attaqua dans les formes par trois endroits différens.
Les habitans, qui se prétendoient vassaux de l'empire, se mirent en état de
défense, S(. comme la place étoit très-forte & abondamment pourvue de toute
sorte de munitions, ils soutinrent le siège avec tant de fermeté qu'il dura
beaucoup plus longtemps que le roi ne l'avoit cru. Cependant les prélats 8c
les barons de l'armée, de crainte que l'empereur ne se formalisât de cette
entreprise, lui écrivirent* pour lui exposer les raisons qui les avoient engagés
à assiéger les Avignonois, qu'ils regardaient comme des hérétiques, des rece-
leurs (/ des fauteurs des hérétiques. Le roi 8c le légat écrivirent aussi à ce
prince pour faire leur apologie. Ils déclarent tous qu'ils ne faisoient ce siège
qu'en qualité de pèlerins, pour l'amour de Dieu 8; pour le soutien de la foi
auquel tout catholique est tenu; sans préjudice, ajoutent-ils, en tout 8c
partout de votre droit, contre letiuel le roi n'a garde de vouloir rien entre-
prendre. Le roi chargea^ de cette lettre les évêques de Beauvais 8c de Cam-
brai &c l'abbé de Saint-Denis, qu'il envoya en ambassade à l'empereur pour
le prévenir.
XV. — Carcassonne, Àlbi (y une grande partie de la Province envoient faire
leurs soumissions au roi. — Benoît, abbé de La Grasse.
Louis, de concert avec le cardinal légat, donna cependant commission à
Pierre Amelii, archevêque de Narbonne, de parcourir la Province pour
engager les peuples à se soumettre à son obéissance 8c aux ordres de l'Église.
Ce prélat s'employa avec succès à cette commission 8c persuada à la plupart
des seigneurs 8c des villes depuis le Rhône jusqu'aux environs de Toulouse,
■ La version que dom Vaissete vient de nous Louis VIII furent mnl observés par son avant-
rapporter est celle des barons français dans leur g^^de 8c la ville menacée de pillage; peut-être
lettre à l'empereur. (Voyez tome VIII, ce. 840 à aussi les Avignonais redoutaient-ils quelque coup
842.) Elle semble assez exacte pour les détails, de main, une occupation hardie, qui, une fois
mais elle a omis probablement un ou deux faits accomplie, aurait été définitive. [A. M.]
essentiels. Pour rompre un traité aussi solennel, ' Voyez tome VIII, Chartes, n. CLXXI, ce. 840
quelque légers qu'on puisse les supposer, il fallut à 842.
que les Avignonnais eussent des raisons suffisan- ^ Philippe Mouskes. [Edit. Reiflfenberg, f. 2,
tes; probablement que les ordres donnés par pp. :)\i à 514.]
An 1226
1. 111
p-
— Co8 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIV,
An I21Û
de se lier par serment envers le roi & l'Église, & d'envoyer des députés à Avi-
gnon pour donner à ce prince & au légat des marques de leur soumission.
Entre ces villes, celle de Carcassonne fut une des premières. Ses habitans
chargèrent leurs députés d'une lettre ' qu'ils envoyèrent au roi, le i6 de juin,
dans laquelle ils lui mandent qu'ils s'étoient rendus aux exhortations de
labbé de la Grasse, qui les avoit pressés de lui témoigner la fidélité qu'ils
lui dévoient & de rentrer dans l'unité de l'Eglise, malgré les sollicitations du
comte de Foix, qui étoit dans le château avec une nombreuse garnison 8c
qui les animoit par sa présence à se défendre en cas d'attaque. Ils envoyèrent
en même temps au roi, avec les clefs de leur ville, une copie du serment
qu'ils avoient prêté à cet abbé, suivant lequel ils promettoient de lui livrer
leur ville 8c le château à la première réquisition qu'il en feroit, pour les
recevoirau nom de ce prince Se du cardinal légat. Les habitans^ d'Albi firent
une semblable députation au camp d'Avignon, 8c le roi leur écrivit qu'il les
prenoit sous sa protection 8c qu'il leur envoyoit leur évêque, deux ecclésias-
tiques Se Pierre Mir, chevalier, pour recevoir leur serment de fidélité.
Éd.oiipn. Divers princes 8c seigneurs allèrent trouver Louis VIII au siège d'Avignon,
soit pour l'aider dans cette expédition, soit pour se soumettre à ses ordres.
De ce nombre fut Raimond-Bérenger^, comte L- marquis de Provence, comte
de Forcalquier, qui lui fit serment « de l'aider, lui 8c les siens, suivant son
« pouvoir, dans la portion de la Provence située aux environs du Rhône,
« contre Raimond, dit comte de Toulouse, Se ses fauteurs, avec promesse de
« garder Se de faire garder tout le pays que le roi possédera au voisinage de
« ce fleuve, sauf son honneur 8c la fidélité Se le respect qu'il devoit à l'em-
« pereur. » Louis promit de son côté à Raimond-Bérenger de ne faire ni
paix ni trêve avec Raimond, fds de Raimond, autrejbis comte de Toulouse,
sans qu'il y fût compris. Gui, seigneur de Tournon'* sur le Rhône, Rostaing
de Sabran, seigneur de Bagnols, au diocèse d'Uzès, Se Raimond-Gaucelin,
seigneur de Lunel, s'étant rendus au camp d'Avignon, firent hommage lige
au roi, au mois de juin, de tous leurs domaines; Se Bernard Pelet, cosei-
gneur d'Alais, ne pouvant à cause de ses infirmités faire le voyage, envova
Bernard, son fils, qui fit le même hommage. Enfin Héracle, seigneur de
Montlaur^, dans le Vivarais, rendit alors hommage à Louis VIII pour les
châteaux d'Aubenas, de Saint-Laurent Se de Wissel, qu'il tenoit auparavant
du comte de Toulouse. Le roi, après^» avoir reçu ces soumissions, détacha
divers corps de troupes, par l'avis de son conseil, pour prendre possession en
son nom de toutes les places qui lui avoient envoyé des députés, entre autres
de Saint-Gilles, Marseille, Beaucaire, Narbonne, Termes, Carcassonne,
Arles, Tarascon Se Orange'.
■ Voyez tome VIII, Chartes, n. CLXXIII, ce. 846 ' Biilu^e, Hhloire d'Auvergne, t. 2, p. 87.
s 848. — Guillaume de Puylaurens, c. 3">. ' Philippe Mouskes, f" 17") & suiv. [Édit. Reif-
' Voyez tome V'III, Chartes, n. CLXXIII, c. 84'). fenberg, t. 2, pp. âiîz, .i.'ii.
' Ihid. n. CLXXII, ce. 842, 84!!. ' P.ir une charte donnée aii mois de juin, pen-
^ Ih'id. n. CLXXIV, c. 8.">2 & suiv. dant le siège d'Avignon, Louis VIII prit sous sa
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIV. 609
Nous avons des lettres' de ce prince, datées du siège d'Avignon, au mois
de juillet de l'an 1226, suivant lescjualles, reconnoissant que l'abbaye de La
Grasse avoit été fondée Si dotée par les rois, ses prédécesseurs, Se voulant
récompenser les soins que Benoît, qui en étoit abbé, s'étoit donnés pour lui
soumettre les villes de Carcassonne & de Béziers, &. quelques châteaux du
pays, il restitue à ce monastère tous les fiefs qui en dépendoient Si qu'Amauri,
comte de Montfort L- autrejbis vicomte de Béi^iers & de Carcassonne, & ses
chevaliers avoient possédés; il lui donne le droit de confiscation pour crime
d'hérésie dans tous les domaines Si fiefs de l'abbaye Si plusieurs autres pri-
vilèges. Benoît^, abbé de La Grasse, étoit de la maison d'Alignan^, au diocèse
de Béziers; il succéda, en 1249, à Pierre de Montlaur, dans l'évêché de Mar-
seille, qu'il posséda jusqu'après l'an i263. Pendant son épiscopat, il fit deux
fois le voyage de la Terre-Sainte 81 composa un commentaire sur le titre
des décrétales de la sainte Trinité 81 de la foi catholique pour réfuter les
erreurs de son temps. Il dédia "* cet ouvrage au pape Alexandre IV. Si mourut
en 1268, après avoir embrassé peu de temps auparavant l'institut des frères
mineurs.
XVL — Le comte de Comminges fait sa paix.
Le comte Raimond se vit aussi abandonné de Bernard VI, comte de Com-
minges, l'un de ses principaux alliés, qui, s'étant '' rendu au camp d'Avignon,
au mois d'août suivant, fit la paix avec le roi Si le légat, 81 déclara, par un
acte scellé de son sceau, qu'il se soumettoit entièrement à la volonté de ce
prince, auquel il fit hommage lige, devant le légat, de tous les domaines
qu'il voudroit bien lui laisser de sa pure volonté, avec promesse de l'aider
contre les ennemis de l'Eglise Si les siens, 81 surtout contre le comte Rai-
mond. Roger-Bernard, comte de Foix, vint aussi vers le même temps faire
au roi des propositions de paix; Si un ancien historien "^ assure qu'il remit
son fils en otage à ce prince Si qu'il demeura au camp jusqu'à la fin du
siège; mais le roi ne jugea pas à propos de lui accorder les articles de ses
demandes, en sorte qu'il se retira sans avoir rien conclu.
protection les habitants de Montpellier, leurs ' Histoire manuscrite Je Vahiaye de La Grasse,
biens & leurs marchandises, en leur concédant le — Gallia Christiana, nov. éd. t. i, p. 65 & scq.
droit de commercer librement dans le royaume, ' [Aujourd'hui Lignan, Hérault, arrondissement
en payant les droits de leudes & de péages. Cette & canton de Béziers.]
charte fut accordée par lui à R. Lambert & à ' Bahize, Miscellanea, t. 5, p. 349.
R. Loup, consuls de Montpellier, & à R. de Con- ' Voyez tome VIII, Chartes, n. CLXXIV, ce STi? ,
ques & R. de Sauret, notables de la même ville, 853. — Philippe Mouskes, f" lyS v" & seq. [Édit.
qui étaient vraisemblablement allés lui en de- Reiffenberg, t. 2, p. 532.] — Guillaume de Puy-
mander l'octroi. Voyez Germain, Commerce Je laurens, c. 35.
Montpellier, t. 1 , p. 189. [A. M.] ^ Philippe Mouskes. [Édit. Reiffenberg, t. 2,
' Voyez tome VIH, Chartes, n. CLXXX, ce. 855 p. 532.]
&857.
VI. 39
An I 226
"■; ~ 6io HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIV.
An iziù
^ XVII. — Suite du siège d' Avignon, cette ville est enfin obligée de se rendre.
Le comte de Toulouse, capitaine expérimenté, se voyant hors d'état de
tenir la campagne 8<. de résister en face aux François, avoit pris toutes les
mesures possibles pour tâcher du moins de leur nuire & de les faire périr par
la faim. Avant leur arrivée ' à Avignon, il avoit fait transporter au loin tous
les vivres qui se trouvoient dans le pays, avec les femmes, les vieillards, les
enfans, les troupeaux, Sec, Si les avoit fait mettre en lieu de sûreté. De plus
il avoit fait labourer tous les prés afin que les chevaux de l'armée françoise
ne trouvassent pas de quoi subsister. Louis avoit eu, à la vérité, la précaution
de faire voiturer par le Rhône une grande quantité de vivres & de fourrages;
t.%°p*'35'8 ^"^^^^ son armée les ayant entièrement consumés, il étoit obligé de faire de
fréquens détachemens pour chercher c'a quoi subsister, 8c le comte de Tou-
louse, qui se tenoit aux environs d'Avignon, ne manquoit pas avec sa petite
troupe de leur dresser des embûches S<. d'en tuer un grand nombre. Enfin la
famine s'étant mise dans le camp, y causa de furieux ravages, tandis que
les flèches h. les pierres des assiégés faisoient périr bien du monde : l'infec-
tion causée par les cadavres des hommes & des chevaux, qui demeuroient
sans être enterrés, augmentèrent le mal par la grande quantité de grosses
mouches noires engendrées par cette corruption qui, s'insinuant dans les
tentes & se mêlant avec les alimens & la boisson, quelque précaution qu'on
prît pour les écarter, causoient la mort à plusieurs. L'historien^ contempo-
rain qui rapporte ces faits ajoute que le roi & le légat, impatiens de mettre
fin à une expédition si longue Si si funeste, résolurent de donner l'assaut;
qu'ils firent avancer toutes les troupes, lesquelles s'étant rendues en foule sur
le pont d'Avignon, ce pont vint malheureusement k crouler; qu'environ trois
mille hommes tombèrent dans le Rhône 8<. y furent submergés presque tous;
que les Avignonois firent alors une sortie sur les assiégeans; qu'ils les sur-
prirent tandis qu'ils dînoient; qu'ils leur tuèrent deux mille hommes Si
que, pour les éloigner davantage, ils élevèrent un retranchement au delà du
fossé; mais nous avons lieu de douter de la plupart de ces circonstances avan-
cées par un auteur étranger ennemi de la France.
Une des raisons qui contribuèrent le plus à la longueur du siège d'Avi-
gnon fut, à ce qu'on ^ assure, l'intelligence que plusieurs des principaux de
l'armée entretenoient avec les assiégés & le comte de Toulouse, qu'ils tavori-
soient secrètement, soit par un sentiment de compassion pour ce prince, qu'ils
voyoient attaqué sans aucune cause légitime, soit par divers sujets de mécon-
tentement qu'ils avoient reçus du roi, soit enfin pour d'autres raisons. On
met de ce nombre Thibaud, comte de Champagne, Pierre Mauclerc, comte
ou duc de Bretagne, 8c Hugues de Lézignem, comte de la Marche 8c d'An-
' Matthieu Paris, an. 1226. — Philippe Mous- ' Matthieu Paris. — Chronicon Turonense, apiiJ
kes. [Édit. ut supra.^ Martène, Col. amplis, t. 5, c. 1069. — Philippe
' Matthieu Paris. Mouskes. [Hdit. Reiffenberg, t. 2, pp. 5i5 & 5if>.|
HISTOIRE GÉNER.ALE DE LANGUEDOC. LIV, XXIV, 611
goulème, qui s'étoient déjà ligués'. Le premier ditïéra- le plus qu'il put sa
marche 81 n'arriva au camp qu'après le commencement du siège, & dès qu'il
eut achevé son service de quarante jours, suivant la coutume de France, il
demanda au roi la permission de se retirer. Le roi la lui refusa, & le comte
ayant répliqué qu'il n'étoit pas tenu à un plus long service, il partit malgré
ses ordres-^.
Le roi, ayant résolu cependant de ne pas quitter le siège d'Avignon jusqu'à
ce qu'il se fût rendu maître de la place, fit redoubler les attaques & obligea
enfin les assiégés à demander à capituler, lis donnèrent deux, cents ou, selon
d'autres"*, trois cents des plus notables d'entre eux en otage, 8<. ayant juré,
le 12 de^ septembre de l'an 1226, d'obéir fidèlement aux ordres de l'Église, ils
se rendirent à la discrétion du légat, après avoir soutenu un siège de trois
mois. Ce prélat mit les otages en lieu de sûreté en attendant qu'il fît savoir
sa volonté aux habitans d'Avignon & il leur donna cependant pour évêque
Nicolas de Corbie, religieux de Cluny. Un historien <5 du temps rapporte
diverses autres circonstances de la prise d'Avignon par les croisés, lesquelles,
si elles étoient vraies, ne teroient pas honneur à la mémoire du cardinal de
Saint-Ange. On ne doit pas faire plus de fond sur le nombre des François
qu'il prétend qui périrent à cette expédition, & qu'il fait monter à plus de
vingt-deux mille hommes, tant tués que submergés dans le Rhône ou morts
de maladie, d'où il paroît évidemment, ajoute-t-il, que cette guerre avoit été
entreprise injustement, 8c bien plus par un mouvement d'ambition que par
le désir d'exterminer les hérétiques. Un autre historien'^, bien plus croyable,
se contente de remarquer « que les Avignonois se voyant hors d'état de résister
« plus longtemps, après avoir soutenu un siège de trois mois, livrèrent leur
« ville au roi 8<. au légat sous certaines conditions, 8c qu'ils furent mulctés,
» soit par la perte de leurs murailles, qui furent rasées, soit par diverses
M autres peines, » Il ajoute que plusieurs François moururent à cette expé-
dition de diverses maladies; que ce fut un grand bonheur que la ville se fût
rendue, car la Durance grossit tellement quinze jours après qu'elle inonda
le camp que l'armée françoise avoit occupé Se que le roi auroit été obligé de
lever le siège. Quant au nombre des François qui périrent à ce siège, nos
historiens^ n'en font monter le nombre qu'à deux mille, qui moururent, tant
par les flèches 8t les pierres des assiégés que par la mortalité qui se mit dans
le camp; on convient^ que deux cents chevaliers portant bannière furent de
ce nombre. Gui, comte de Saint-Paul, 81 l'évêque de Limoges, étoient des
plus qualifiés entre ceux qui furent tués.
■ Dom Lobineau, Hiitoirc de Bretagne, 1. 7, " Matthieu Paris, an. 1216, — Voyez tome VII,
p. 21.;. "' supra.
•Mjtthieii Paris, &.c. ' Guillaume de Puylaiirens, c. 3.Ï.
' Gesta LuJoyici VIII. * Gesta Ludovici VllI. — Voyez tome VII,
^ Philippe Moiiskes. [F.dit. ReifTeiiberg, t. 2, ?/ore XXIV, n. 2, p. 71 .
' ',541.] 'Philippe Mouskes, 1° 178 v". [Édit. Reiffen-
ez tome VII, î^ote XXIV, pp. 70, 71. berg, t. 2, pp. J41 à 543.]
Au 1226
t. m.p.jjcj.
An iiz6
6ïi HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIV.
XVIII. — Le roi établit un sénéchal à Beaiicaire.
Louis VIII demeura quelques jovirs à Avignon, après la prise de cette ville,
comme il paroît par deux, chartes', suivant lesquelles l'abbé S<. les religieux
du monastère de Saint-André, situé de l'autre côté du Rhône, lui permirent
& à ses héritiers de réparer les murs du village de Saint-André, qui porte
aujourd'hui le nom de Villeneuve d'Avignon, & d'y élever une forteresse, &
l'appelèrent en pariage pour la seigneurie de ce village. Le roi leur assigna,
en récompense, quarante livres tournois de rente, à prendre sur le port de
Beaucaire 8c sur les autres revenus de ce château, dont les habitans avoient
déjà envoyé faire leurs soumissions à ce prince durant le siège d'Avignon. Il
y établit dès lors un sénéchal royal pour le gouvernement & l'administra-
tion des pays circonvoisins, entre autres la ville de Nimes; il confia cette
charge à un chevalier françois, nommé Péregrin Latinier {Latinarius), qui
prend la qualité de sénéchal du seigneur roi de France, à Beaucaire 6" à
Nimes y dans une sentence^ arbitrale datée du 9 de février de l'an 1226 (1227),
par laquelle il régla les droits que les seigneurs de Bagnols, au diocèse
d'Uzès, avoient sur cette ville 8< ceux qui appartenoient aux habitans en
vertu de leurs privilèges & de leurs coutumes. C'est là l'origine de la séné-
chaussée royale de Beaucaire & de Nimes, qui a toujours été remplie jusqu'à
nos jours par des sénéchaux d'une naissance distinguée.
XIX. — Le roi passe le Rhône, 6- toute la Province se soumet à lui
jusqu'à quatre lieues de Toulouse,
Après^ la prise d'Avignon, le roi ayant traversé le Rhône s'avança dans la
Province dont une grande partie avoit déjà prévenu son arrivée par une
soumission volontaire ; l'autre lui donna à son passage des marques sembla-
bles de son obéissance, en sorte qu'il s'assura sans coup férir de tout le pays,
depuis le Rhône jusqu'à quatre lieues de Toulouse. Il ordonna alors de"*
détruire la ville de Limoux avec ses fortifications que les habitans avoient
rétablie sur la colline où elle étoit anciennement située, 8c il la fit trans-
férer de nouveau dans la plaine. Pour les punir de leur rébellion, on leur
imposa une taille annuelle de deux cens livres nielgoriennes. Se on confisqua
l'emplacement de leurs maisons. Le cardinal légat. Foulques, évêque de
Toulouse, Se divers autres prélats accompagnèrent le roi, qui s'arrêta quel-
ques jours à Béziers Se se rendit de là à Carcassonne. Bernard^ de Com-
minges, seigneur de Save-^, Roger d'Aspel 8i Bernard de Marestang, avec
leurs barons ou vassaux, l'allèrent joindre sur la route 8c lui prêtèrent ser-
*■ Voyez tome VIII, n. CLXXVI, ce. S:");, 858. ■• Voyez tome VIII, n. CCCXVI, ce. rSpi, iSpj,
' Portefeuille de Lancelot. = Ibid. n. CLXXIV, ce. 854, 8jj£
' Gâta Ludovici FUI. — Guillaume de Puylau-
reiis, c. 3i
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIV. 6i3 ■— T"
An 1226
ment de fidélité par divers actes datés du jour de l'exaltation de sainte Croix.
Jourdain de Cabaret' 8<. les autres seigneurs de ce château se mirent aussi
en chemin pour aller faire leurs soumissions au roi, à Carcassonne; mais le
premier eut le malheur de tomber entre les mains du comte de Toulouse Se
de mourir en prison au bout de deux ans. L'abbé de Feuillans 81 le comte
de Comminges* travaillèrent en même temps pour soumettre au roi les autres
seigneurs du Toulousain, Se ils reçurent en son noin, quelques jours après,
le serment de fidélité de Guillaume de Maurens, d'Odon de Pressac, de
Guillaume-Bernard de Marquefave, de Bertrand-Jourdain & de Bernard-
Jourdain de risle.
XX. — Seigneurs de l'Isle-Joiirdaïn.
Bernard-Jourdain donna-' son fils Jourdain en otage au roi 8c au légat
pour assurance de sa fidélité 8<. le remit au comte de Comminges, qui s'en
chargea. Il fut le second seigneur de l'Isle-Jourdain de son nom, Si fit son
testament au mois de mars de l'an 1227 "* (1228). Suivant cet acte, passé en
présence d'Indie, sœur naturelle de Raimond VI, comte de Toulouse, sa
femme, il se donne à l'abbaye de Grandselve, où il choisit sa sépulture. Il
veut qu'on rende à la même Indie la somme de dix mille sols morlanois ou
toulousains, qu'il avoit reçus pour sa dot. Il donne à Bernard-Jourdain, son
fils, la ville de l'Isle-Jourdain Se quelques châteaux; à Jourdain, son second
fils, le château de jMontaigu avec tous les droits qu'il avoit dans le Gimoez
Se au delà (ou à la droite') de la Garonne, dans le Toulousain. Il destine '!'■;': ""^'pï,"-
\ . / ' _ t. m, p. joo.
l'enfant dont sa temme étoit grosse à être chanoine régulier de la cathédrale
de Toulouse, si c'étoit un mâle, ou religieuse de l'Espi nasse si c'étoit une
fille. Se ne dit rien de sa fille Mascarose qu'il avoit promise en mariage dès
Tan 1221 à Bernard de Marestang, fils d'un autre Bernard, dans le temps
que celui-ci promit de donner une de ses filles en mariage au fils du même
Bernard-Jourdain; mais ce mariage de Mascarose ne s'accomplit pas. Se elle
fut promise l'année suivante à Guillaume-Bernard de Lavaur. Quant à Ber-
nard-Jourdain III, fils de Bernard-Jourdain II, il épousa^, en 12 25, Anglésie
de Marestang, conformément à «cet accord. Peu de temps après la mort de
Bernard-Jourdain II ^ de l'Isle, Indie, sa femme, accoucha d'un fils posthuine
qui fut nommé Bertrand Se qui, ayant été chanoine régulier de la cathédrale
de Toulouse, suivant la destination de son père, fut élu évêque de cette
ville en 1270.
' Baluze, ms. ôii. [Lat. 59.54*, p. SS & suiv. * Voyez tome VIII, n. CXXXVIl, ce. 731, ySi-
Cf. tome VII, Entjuéteurs royaux, reg. H, 11. 4(.] * IbiA. n. II, c. 2o5.
' Voyez tome VII, ut supra. ' Voyez tome VII, Noie XLII, n. 1, p. 118.
'Voyez tome VIII, n. CLXXIV, ce. 8J4, 855.
77mr~ ^H HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIV,
XXI. — Èvêques de Carcassonne. — Le roi établit un sénéchal
dans cette ville.
Le roi Louis VIII ', durant son séjour à Carcassonne, chassa de cette ville
Bernard-Raimond de Rochefort qui, après en avoir été évêque, avoit été forcé
de se démettre de son évêché durant la croisade & l'avoit repris depuis que
' ville de Carcassonne étoit retournée à ses anciens maîtres. Clarin, chan-
celier de feu Simon de Montfort, fut élu alors évêque de Carcassonne. Ber-
nard-Raimond vécut encore quelques années après avoir été dépossédé de
nouveau de cet évêché, & ne mourut qu'en i23i. Le roi, avant son départ
de Carcassonne, y établit pour sénéchal Adam de Milly, chevalier françois,
qui eut sous sa juridiction tous les pays des environs qui avoient été infectés
de l'hérésie & qui s'étoient soumis à l'autorité de ce prince; de là vient que
les premiers sénéchaux de Carcassonne se quaiifioient^ sénéchaux du roi
dans les pays d'Albigeois. Us prirent dans la suite le titre de sénéchaux de
Carcassonne Se de Béziers, parce que ces deux villes étoient les principales
de leur ressort.
XXII. — Le roi tient une assemblée à Pamïers,
Le roi se rendit ensuite ^ à Ramiers, ville qui dépendoit alors du diocèse
de Toulouse, Se il y tint, au mois d'octobre, une assemblée ou concile com-
posé de tous les évêques Si de tous les barons qui étoient à sa suite. Foulques,
évêque de Toulouse, eut soin de fournir, à ses dépens, à la subsistance de ce
prince & de toute son armée, pendant tout le temps qu'il séjourna dans le
Toulousain. Nous n'avons plus les règlemens qui furent faits à cette assem-
blée, nous savons seulement que pour obvier au mépris que faisoient de
l'excommunication les peuples de la province de Narbonne & des environs,
on y ordonna, du conseil du cardinal de Saint-Ange, légat, que quiconque
se laisseroit excommunier après la troisième monition, seroit condamné à
payer une amende de neuf livres Si un denier, Si que s'il demeuroit con-
tumax pendant un an, ses biens seroient canfiqués.
XXIII. — Les comtes de Toulouse 6- de Foix renouvellent leur ligue.
On prétend"* que le cardinal de Saint-Ange tint vers le même temps une
autre assemblée à Saint-Jean de Verges, auprès de Foix, dans laquelle il
donna, dit-on, l'absolution à Roger-Bernard, comte de Foix, qui se soumit
à l'Église, Sic. On cite pour garant de ce fait les annales de Foix ou de
France, où on ne trouve rien de semblable. Il est évident, en eftet, qu'on a
■ De Vie, Episcop. Carcas. p. 92 & suiv. — Albé- ' Guillaume de Puylaurens, c. 36. — Concilia,
rie, Chronicon, an. 1226. t. 1 1, c. 804 & suiv.
'Voyez tome VIII, Chartes, n. CCIV, c. 944. '' Sponde, an. 1226. — Concilia, t. Il, c. 3c2.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIV. 61!
An tiii
confondu cette prétendue assemblée de Saint-Jean de Verges avec celle qui y
fut tenue' au mois de juin de l'an 1229 pour la réconciliation du comte de
Fois, avec l'Eglise & le roi ; mais tant s'en faut que Roger-Bernard ait fait
sa paix dans le temps qu'on le prétend, qu'il se ligua alors au contraire plus
étroitement avec Raimond, comte de Toulouse. Ces deux comtes étant, en
effet, dans cette dernière ville ^, le dernier de septembre de l'an 1226, firent
ensemble un nouveau traité dont voici les principaux articles : 1° Ils se
remettent réciproquement tous les griefs qu'ils pouvoient avoir l'un contre
l'autre. 2° Us promettent de ne conclure ni paix ni trêve avec l'Eglise ou
avec le roi de France & leurs alliés, sans leur consentement mutuel. 3° Rai-
mond donne à Roger-Bernard S<. à ses héritiers les droits 8c la seigneurie qui
lui appartenoient sur les châteaux de Perelle, Castelverdun, Quier, Rabat
& Alzen & sur la terre de Bernard Amelii de Pailhers, à condition que ce
comte & ses successeurs lui rendroient hommage de ces domaines & à ses
héritiers. 4° Raimond confirme en faveur de Roger- Bernard la donation
qu'il lui avoit déjà faite du château de Saint-Félix & de ses dépendances
dont il promet de le mettre en possession, &C. 5° Enfin le comte de Tou- t'ui'"'''j"oi
louse promet au comte de Foix, en cas que Trencavel, vicomte de Béziers,
vînt à décéder sans postérité légitime, de lui donner l'investiture de tous les
domaines que ce vicomte tenoit de lui en fief dans les vicomtes de Béziers,
Carcassonne, Albi & Agde, dans le Rouergue 8c dans le diocèse de Lodève,
81 de lui prêter aide, secours 8c conseil, pour se mettre en possession des
terres qui ne relevoient pas des comtes de Toulouse dans ces pays, supposé
qu'il y en eût quelques-unes ou qu'on voulût le troubler dans leur possession
8c lui faire la guerre. Les deux comtes jurèrent d'observer ces articles en
présence de Sicard de Montaud, Pons de Villeneuve, Othon de Terride,
Pons Azémar, Pierre de Durban, Bernard de Durfort, Arnaud de Villemur,
Raimond d'Aniort, Pierre de Fenouillet, Pierre-Roger de Mirepoix, châte-
lain d'Aure, 8c de divers autres seigneurs qui leur étoient demeurés fidèles.
Les consuls 8c le commun conseil de la ville &c du faubourg de Toulouse se
rendirent garants du traité envers le comte de Foix, par ordre 8c à la prière
de leur comte.
XXIV. — Le roi reçoit à Pamiers le serment de fidélité des évêques de la
Province 6- s'accorde avec eux touchant le domaine de leurs églises.
Le roi Louis VIII reçut à Pamiers, durant l'assemblée qu'il tint dans cette
ville au mois d'octobre de l'an 1226, l'hommage 8c le serment de fidélité des
évêques de la province de Narbonne. C'est ce que nous inférons d'un acte^,
suivant lequel Amauri de Montfort, qui étoit présent, atteste qu'Arnaud,
'Voyez tome VIII, Chartes, n. CXCIII, c. poS. éTeqiies de la Province aient prêté serment à Pa-
' Marca, Histoire de Béarn, I. 8, ch. il, n. 3. miers, mais qu'ils ont prêté serment au roi. L'évê-
' Voyez tome VIII, Chartes, n. CLXXIX, ce. 8()o que de Nimes, ajoute la charte, rendit hommage
gi 8()i. _. L'acte en question ne dit pas que les plus tard à Saint- Germain en Lnye. [A. M.]
Au 1226
"616 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIV.
évêque de Nimes, étant alors demeuré malade à Carcassonne, le roi confirma
en taveur de ce prélat la donation que Simon de Montfort lui avoit faite du
lieu de Millau, dans le diocèse de Nimes, « à condition qu'il lui prêteroit le
« même serment de fidélité que lui avoient prêté les autres évê(|ues de la
« province de Narbonne. » Louis s'accorda en même temps avec la ])lupart
de ces prélats, touchant les biens qui avoient été confisqués sur les hérétiques
dans les mouvances de leurs églises 8t qui avoient été unis au domaine
royal, 8cc., entre autres' avec Pierre, archevêque de Narbonne^, 8t Raimond,
évêque d'Uzès. Il maintint aussi alors, à ce qu'on prétend, Pierre, évêque
de Lodève, dans la possession du comté de Montbrun (ou de Lodève)-'. Enfin
Amauri de Montfort ayant renoncé'* durant cette assemblée aux droits qu'il
avoit sur la ville & le château de Pamiers, par le pariage dont il étoit con-
venu avec l'abbé 8c les religieux de Saint-Antonin de Frédélas, ces derniers
en disposèrent, du consentement du cardinal légat, en faveur du roi pour
en jouir pendant sa vie aux mêmes conditions qu'ils avoient appelé aupara-
vant les comtes de Foix ?c les seigneurs de Montfort-"'.
XXV. — Union de la vicomte de Fenouillèdes an domaine de Niigne-^ Sanche,
comte de Roussillon, iS* ensuite à celui de la couronne.
Louis, après avoir terminé l'assemblée ^ de Pamiers, reprit la route de
France 8<. reçut à Beaupuy, entre Pamiers 8t Castelnaudary 7, au mois d'oc-
tobre, l'hommage-lige pour la vicomte de Fenouillèdes 6- de Pierrepertuse,
de Nugnez Sanche, comte de Pvoussillon, qui le lui rendit,, sauf la fidélité
qu'il devoit au roi d'Aragon, « en sorte, ajouta-t-il, que si la guerre venoit
« à s'élever entre les deux princes, je ne pourrai secourir le roi d'Aragon à
« cause des doinaines que je tiens du roi de France, Si que je serai obligé
<( de les remettre à ce dernier pour les reprendre après la paix. » Nugnez
avoit succédé, dès l'an 1217^, aux comtés de Pvoussillon, de Confient, de
Cerdagne & de Valespir, ([ue le cointe Sanche, son ])ère, troisième fils de
Raimond-Bérenger IV, comte de Barcelone, &c de Pétronillc, reine d'Aragon,
avoit enfin obtenus pour son partage 8<. qu'il lui avoit donnés avant sa mort.
Ces deux princes avoient eu des liaisons intimes avec Raimond VI S<. Pvai-
mond VII, comtes de Toulouse, qu'ils avoient soutenus jusqu'alors ou favo-
risés du moins secrètement durant la croisade. Mais Nugnez, voyant les
' Gallia Christiana, t. i , c. 382 & siiiv., & nov. vier [228, il accorda nux habitants une charte de
éd. t. 6, Instrum. c. 3o6 8c siuv. coutumes, que Ton peut voir nu tome \'III, ce. 870
" [La charte est datée de Monestiès, dans l'Albi- à 876. EUe est la plus ancienne que l'on ait pour
geois.j Pamiers. Elle (nx confirmée par le comte de Foix,
' Piantavit, Lodovem. episc. p. 136 & suiv. en 12,33. [A. M.]
< Voyez tomeVIII, Chartes, n.CLXXVII, ce. 858 «Guillaume de Puylaurens, c. 36.
& 859. ' Marca Hispaitica, c. 141 1. — Martène, AmpU
^ Voyez la charte de l'abbé, dans Teulet, t. 2, CoUcct., t. i,c. 1202.
pp. pâ & 96, d'après J. 336, n. 1. — Une fois ' D'Achéry, Spicileg'tum, t. 8, p. 363. — Gcsta
rentré en possession de Pamiers, l'abbé Maurin comitum Barcinonensium. c. 5j[y. — Zur'iia, Andes.
paraît en être resté paisible possesseur. Le |5 jaii- 1. 2, c. 71.
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIV. 617 ~ 7
' An 1226
grands préparatifs du roi Louis VIII contre le dernier, & jugeant qu'il netoit
pas en état de résister, il abandonna lâchement ses intérêts & tâcha de se
rendre le roi favorable, dans l'espérance de se maintenir, sous l'autorité de ce
prince dans la possession de la vicomte de Fenouillcdes 8t de Pierrepertuie.
On prétend ' que Louis VIII avoit confisqué cette vicomte pour en disposer
en faveur du comte Nugnez, sur une prétendue Béatrix, qu'on dit fille
unique S<. héritière de Guillaume de Lara, fils de Manrique de Lara, comte
de Molina, en Espagne, & d'Ermessinde de Narbonne, & frère puîné d'Ay-
meri & de Pierre de Lara, successivement vicomtes de Narbonne. On ajoute t. 'ni "p. *']',];
quelques autres^ circonstances qui sont ou peu exactes ou destituées de fon-
dement. Voici ce qui en est.
Ave, fille 8t héritière^ d'Arnaud III, vicomte de Fenouillèdes, ayant épousé
un seigneur de la maison de Saissac, dont on ignore le nom, &. dont elle
étoit veuve en 1209, en eut un fils, nommé Pierre, qui fit hommage"* avec
elle, la même année, pour la vicomte de Fenouillèdes, à Aymeri, vicomte de
Narbonne, aux ancêtres duquel les comtes de Barcelone avoient donné la
suzeraineté sur le pays ou comté de Fenouillèdes dès le commencement du
douzième siècle. Pierre, vicomte de Fenouillèdes, fils d'Ave, prit le surnom
de Fenouillet, 8c s'étant lié avec le comte de Toulouse, le comte de Foix, le
vicomte de Béziers Se les autres seigneurs de la Province qui soutinrent la
guerre contre Simon de Montfort Si. les croisés, il eut un sort semblable au
leur : ses domaines furent confisqués par l'Eglise Se adjugés enfin à Nugnez
Sanche, comte de Roussillon. Nous ignorons l'époque précise de cette confis-
cation 5 mais on vient de voir que Nugnez Sanche possédoit déjà la vicomte
de Fenouillèdes, au mois d'octobre de l'an 1226, lorsqu'il en fit hommage au
roi Louis VIII. Nugnez se maintint dans la possession de cette vicomte. Se
il en rendit^ un nouvel hommage au roi sajnt Louis, au mois de juillet de
l'an 1228. Pierre de Fenouillet fit cependant tout son possible pour la recou-
vrer, sous la protection du comte de Toulouse Se de ses autres alliés; mais
après que ce dernier eut conclu la paix avec le roi, au mois d'avril de
l'an 1229, Pierre, ne pouvant pas se soutenir par lui-même, fut enfin obligé
de mettre bas les armes. Se, par un acte'' daté du i'^ de juin de la même
année, il céda à Nugnez Se à sa postérité « le château 6- toute la vicomte de
« Fenouillèdes, en réparation des dommages que lui Se ses chevaliers avoient
« causés à ce comte Se à ses vassaux; ce qu'il ne pouvoit réparer en aucune
« autre manière. » Ave, qui étoit présente, ratifia la cession de Pierre de
Fenouillet, son fils. Se transféra à son tour à Nugnez tous ses droits sur la
même vicomte, dont ce prince jouit paisiblement jusqu'en 1242. Pierre de
Fenouillet s'étant ligué alors avec le comte de Toulouse, le comte de Foix, le
' Salazar, Hlstoria de la casa de Lara, 1. i5, ^ Voyez tome VIII, Chartes, n. XCV, ce. 583,
c. 14. 084.
■ Voyez tome VII, .Vote XXVII, pp. 83 à 88. = Marca Hlspanica, c. 1411.
' Voyez plus haut, 1. XIX, n. Li, pp. 5;, 58, <^ Tome VIII, Chartes, n. CLXXXIX, ce. 898,
& tome VII, ul supra, 8.J9.
An I 226
618 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIV.
vicomte de Narbonne Si les autres grands de la Province, qui déclarèrent la
guerre au roi, fit revivre ses droits sur la vicomte de Fenouillèdes, dont il fit
hommage', au mois d'octobre de cette année, au vicomte de Narbonne; mais
le comte de Toulouse & ses alliés s'étant soumis peu de temps après, le comte
de Roussillon continua de jouir de la vicomte de Fenouillèdes, qu'il transmit
avec ses autres domaines à Jacques I, roi d'Aragon, son parent 81 son héri-
tier, qui la céda au roi saint Louis par le traité qu'ils conclurent ensemble
en ii58. Par là cette vicomte demeura réunie à la couronne. Il est vrai que
Hugues de Saissac, fils 81 héritier de Pierre de Fenouillet, se qualifioit*
vicomte de Fenouillèdes, en lîSg, & que Béatrix, sa veuve & tutrice de leurs
enfans, demanda^ au parlement tenu à Paris, à la Chandeleur de l'an 1264,
qu'on lui adjugeât sa dot & son douaire sur les biens de son mari, c'est-à-
dire sur la vicomte de Fenouillèdes; mais elle fut déboutée de sa demande,
« parce que ces biens avoient été confisqués pour hérésie sur le père du
« même Hugues, » dont les descendans, qui prirent le surnom de Fenouillet,
s'établirent'* dans le Roussillon, où ils possédèrent les vicomtes d'IIle, de
Canet, 8ic. Reprenons la suite du voyage du roi Louis VIII dans la Pro-
vince.
XXVI. — Le roi s'accorde avec Agnès, vicomtesse douairière de Béliers,
ô" établit Imbert de Beaujeu pour gouverneur de la Province.
Le roi se rendit de Beaupui"^ à Castelnaudary Si poursuivit sa route par
Puylaurens, Lavaur & Albi. Les habitans de cette dernière ville lui prê-
tèrenf^ serment de fidélité, 81 il y fit un traité'' avec Agnès de Montpellier,
vicomtesse douairière de Béziers 81 mère du jeune vicomte Trencavel. Simon
de Montfort s'étoit accordé*, en. 1209, avec elle, & lui avoit assigné trois
mille sols melgoriens de rente pour son douaire. Le roi, qui étoit entré dans
les droits de la maison de Montfort, promit pour la sûreté de ce douaire cent
quarante livres de rente annuelle à Agnès, 81 lui assigna cette somme sur la
ville de Béziers, payables par son bailli de Béliers. Les lettres furent expé-
diées par Pierre, archevêque de Narbonne, 81 elles sont datées d'Albi, au
mois d'octobre de l'an 1226. Louis, avant 9 que de partir de cette ville, confia
Êd.origin. à Imbert OU Humbert de Beaujeau, chevalier aussi distingué par sa naissance
que par sa bravoure 81 son expérience dans l'art militaire, 81 qui fut dans la
suite connétable de France, le gouvernement de tous les pays qui venoient
de se soumettre à son obéissance. Il lui laissa en même temps un corps con-
sidérable de troupes pour tenir les peuples en bride : Humbert doit donc
' Voyez tome VIII, Chartes, n. CCI, ce. J096, ^ Voyez tome VII, Note XXVII, pp. 87, 88.
1097. ^ Guillaume de Puylaurens, c. 36.
■ Ibid. n. CCCXXXI, c. 1449. «Voyez tome VIII, n. CCXCVI, ce. i3oi, i3oi.
' Registre Olim. [Archives nat. X^, I, f» 139 r". ' Ih,d. n. CLXXVIII, ce. 839, 860.
La sentence fut rendue au parlement de la Pente- * Ihid. n. XCIV, ee. 579 à 082.
côte 1264. Cf. Boutaric, Actes du Parlement, t. 1 , ' Guillaume de Puylaurens. — Geita Ludo-
p. 78, n. 855. j vni l'ill. — Guillaume de Nangis, Chronicon.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIV. 619
être compté pour le premier gouverneur de la Province depuis ?a réunion à
la couronne. Il fît' brûler vif vers ce temps-là, à Cannes, dans le diocèse de
Narbonne, un évêque des hérétiques, nommé Pierre Isarn, qui avoit été con-
damné par l'archevêque de Narbonne. On assure^ que le roi laissa aussi
dans le pays Amauri de Montfort pour y commander sous les ordres d'Hum-
bert de Beaujeu.
XXVII. — Mort du roi Louis VIII. — Saint Louis, son fils, lui succède.
Le roi Louis VIII, suivi du cardinal de Saint-Ange & des principaux pré-
lats & seigneurs qui avoient pris part à son expédition^, continua sa route 8c
arriva à Clermont"*, en Auvergne, à la fin d'octobre. La maladie s'étoit alors
mise parmi ses troupes, à cause des fatigues de la campagne ; & Guillaume,
archevêque de Pveims, le comte de Namur 8t Bouchard de Marly^ moururent
pendant ce voyage. Etant arrivé à Montpensier, le jeudi avant la Toussaint,
19 du même mois, il y tomba lui-même malade. Louis, se voyant sans espé-
rance de guérison, fit appeler*^ dans sa chambre, le 3 de novembre, les prélats
& les principaux seigneurs qui l'accompagnoient, savoir : les archevêques de
Bourges & de Sens, les évêques de Beauvais, de Noyon & de Chartres, Phi-
lippe, comte de Boulogne, le comte de Blois, Enguerrand de Couci, Archam-
baud de Bourbon, Jean de Nesle Se Etienne de Sancerre; il leur ordonna
par la fidélité qu'ils lui dévoient Si leur fit promettre par serment, s'il venoit
à décéder, de faire incessamment hommage à Louis, son fils aîné, comme à
leur seigneur 8c à leur roi, 8c de le faire couronner le plus tôt qu'il seroit
possible. Ce prince mourut cinq jours après, le dimanche 8 de novembre,
sans avoir pu exécuter le projet qu'il avoit formé de retourner dans la Pro-
vince la campagne suivante pour achever de la soumettre.
Louis VIII fut un prince également recommandable par ses exploits 8c par
ses vertus; il laissa de Blanche de Castille, sa femme, plusieurs fils, dont
l'aîné, nommé Louis comme lui, qui lui succéda Se qui a mérité le glorieux
titre de saint, n'étoit alors que dans la douzième année de son âge : ainsi la
prédiction du roi Philippe-Auguste fut accomplie. Les gens d'église'' enga-
geront mon fils, disoit-il, à faire la guerre aux hérétiques albigeois; il rui-
nera sa santé à cette expédition : il y mourra. Se par là le royaume demeu-
rera entre les mains d'une femme 8c d'un enfant. Mais la minorité de saint
Louis eut un succès beaucoup plus heureux qu'on n'avoit osé l'espérer. Les
'Domaine d« Montpellier, Acte» ramassés, l'hommage de Guillaume de Calmont d'OIt, pour
liasse i,n. i5. toutes ses possessions dans le pays (De Gaujal,
' Philippe Mouskes, (" 178 v". [Edit. ReifTen- Etudes sur le Roucrgue, t. 2, p. 100, & Teulet,
berg, t. 2, p. 548.] t. 2, pp. 96 & 94.) [A. M.]
' Il passa par Rodez, où l'abbé de Figeac, ' Baliize, Histoire d'Auvergne, t. 2, p. 272.
Guillaume, vint lui prêter hommage pour le châ- ' Philippe Mouskes, f" 179. [Edit. ReiiTenberg,
teau de Peyrusse, que Simon de Montfort lui avait t. 2, pp. 049, 55o.]
donné en 1214; le roi s'engagea de son côté à ' Martène, Thés. anecJot. t. 1, c. 937.
protéger l'abbaye. A Espalion, Louis VIII reçut ' Ciiillaume de Piiylaiireiis, c. 36.
An 1226
~~ 7" 6:0 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIV.
An 1220
prélats 8t les seigneurs qui s'étoient trouvés à Montpensier, à la mort du roi,
son père, écrivirent' une lettre circulaire à tous les grands du royaume pour
les inviter de se trouver à la cérémonie de son sacre qui se fit à Reims, le
premier dimanche de l'Avent. Plusieurs des principaux de l'Etat, mécontens
du gouvernement passé, s'absentèrent de cette cérémonie & excitèrent quel-
ques troubles au commencement du règne de ce prince. Ces divisions opérè-
rent une diversion favorable au comte de Toulouse qui chercha à s'appuyer
de l'autorité 8c du crédit de l'empereur Frédéric, lequel avoit toujours été
porté pour lui.
XXVIII. — L'empereur demande au pape la restitution d'Avignon,
"Comme la ville d'Avignon étoit alors comprise dans les terres de l'Empire,
Louis VIII avoit écrit une^ lettre d'honnêteté à Frédéric pour lui marquer
les motifs qui l'avoient engagé à cette entreprise. L'empereur n'en fut pas
moins choqué; il en porta-' ses plaintes au pape 8<. demanda qu'il lui fît res-
tituer les villes de Provence & du royaume d'Arles, dont les François s'étoient
emparés à la gauche du Rhône, particulièrement celles que le comte Rai-
mond tenoit en fief de l'Empire. Le pape lui répondit, le 22 de novembre de
l'an 1226, qu'il ne permettroit jamais qu'on violât les droits de l'Empire &
qu'il avoit ordonné à Romain, cardinal de Saint-Ange, son légat, de les
conserver soigneusement en purgeant le pays d'hérésie; mais qu'il étoit obligé
de différer à lui accorder sa demande jusqu'à ce que ce cardinal l'eût instruit
de tout ce qui s'étoit passé dans cette affaire & lui eût marqué quelles étoient
t'ui°''"3i]' ^^^ terres ([ui appartenoient à l'Empire dans le pays. Il ajouta qu'il ordonne-
roit au légat de retenir en son pouvoir & en celui de l'Eglise les villes qui
dépendoient de l'empire Si de les faire garder, en attendant, par des prélats ou
par des ecclésiastiques, sans préjudice des droits de l'Empire & de la fidélité
qui étoit due à l'empereur, pour les lui faire rendre lorsqu'il seroit au tait
&. qu'il n'y auroit aucun péril ni pour la paix, ni pour la foi. Il ordonna en
même temps au cardinal de Saint-Ange d'empêcher que les droits de l'empe-
reur ne fussent violés, sous prétexte de détruire l'hérésie.
XXIX. — Le légat impose des lois aux hahitans d'Avignon.
An 1227
Le légat rendit '^ une sentence, au commencement de janvier de l'année
suivante, par laquelle il donna enfin l'absolution aux habitans d'Avignon,
après qu'ils eurent fait serment d'observer exactement les articles suivans &
' Martène, ut supra. — Guillaume de Nangis, ^ Fantoni, IstorU d'Avinione, 1. i, p. ;15 & suiv.
Chronicon. — Philippe Moiiskes, f" 177 y°. [Édit. Reiffenberg,
'Inventaire descharfesdii roi. [Voyez tomeVIII, t. 2, pp. 542, 5^3.]
Chartes, c. 842.]
' Rnynaldi, an. \iz6, n. 3o & siilv. [Potthas-,
n. 7614.]
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIV. 621
quelqus autres. Il leur défendit de donner aucun secours aux comtes de Tou-
louse & de Foix. jusqu'à ce que ces comtes fussent rentrés dans le sein de
l'Eglise; il leur ordonna au contraire de secourir de toutes leurs forces le roi
de France & les siens; de s'opposer aux desseins des ennemis de ce prince,
depuis Montpellier Se en deçà, 8t de défendre les terres que l'Eglise possédait
en deçà du Rhône, contre tous ceux qui, au mépris des ordres de l'Eglise,
entreprendroient de les attaquer. Ces terres sont les mêmes que les châteaux
que Raimond VI, comte de Toulouse, avoit remis en 1209, dans son mar-
quisat de Provence au légat Milon, pour la sûreté de ses promesses, & que
l'Église romaine qui se les étoit appropriés, avoit gardés depuis sous prétexte
que ce comte n'avoit point satisfait à ses engagemens. Le cardinal de Saint-
Ange ordonna encore aux Avignonois de ne plus recevoir chez eux les héré-
tiques ou vaudois, sous peine de bannissement, de destruction de leurs mai-
sons & de confiscation de leurs biens; de payer mille marcs d'argent en
dédommagement à l'église d'Avignon; de détruire les murailles 8< les rem-
parts & de combler les fossés de leur ville, 81 de ne pas les rétablir sans sa
permission &• celle du roi de France } de raser trois cents de leurs maisons à
son choix. Si toutes les tours de la ville qu'il jugeroit à propos; d'envoyer,
au mois d'août suivant, trente chevaliers armés dans la Terre -Sainte pour y
servir pendant un an à leur dépens; de payer six mille marcs d'argent
d'amende pour les affaires de la paix 8c de la foi; Si enfin de remettre au roi
toute leur artillerie 81 leurs machines de guerre pour en disposer comme il
voudroit. Les Avignonois furent obligés de subir ces lois, 8< le roi employa
l'amende qu'ils payèrent' à construire le château de Saint-André en deçà
du Pv.hône pour les tenir en bride.
XXX. — Le comte de Toulouse se met en campagne 6* prend le château
d'Auterive.
Raimond, comte de Toulouse, voulant rétablir ses affaires, qui étoient
extrêmement délabrées, se mit en campagne^ pendant l'hiver 81 assiégea le
château d'Auterive sur l'Ariége, à quatre lieues de Toulouse, vers le midi.
Les François qui étoient dans le pays ne purent secourir la place assez tôt &i
la garnison fut obligée de se rendre la vie sauve. Le comte y perdit un de
ses meilleurs chevaliers en la personne d'Etienne de Ferréol , du diocèse
d'.'^gen, qui tut tué d'un coup de flèche. Il renforça en même temps la gar-
nison du château de Bécède, dans le Lauragais, 81 y mit pour commander
Pons de Villeneuve 81 Olivier de Termes.
'Philippe Mouskes. [Édit. ReifTenberg, t. ï, ' Guillaume Je Piiylaurcns, c. S;,
p. 543.]
An 1227
"1 6:2 FIISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIV.
An 1127
XXXI. — Le roi donne â vie la vicomte de Gévaudan i^ fait valoir
ses prétentions sur le comté de Melgueil.
La reine Blanche & son conseil, occupés à dissiper la ligue que les comtes
de Champagne, de Bretagne St de la Marche avoient formée contre le jeune
roi, ne pouvant envoyer dans la Province un corps de troupes pour en achever
la conquête, mirent toute leur attention à maintenir dans l'obéissance, autant
qu'il étoit possible, les peuples soumis. C'est dans cette vue que le roi accorda,
au mois de janvier' de l'an 1227, des lettres de sauvegarde en faveur des
bourgeois de Saint-Antonin, en Rouergue, & qu'il donna ^ à vie, vers le
même temps, à Béraud, seigneur de Mercœur, le château de Grèzes 8c tout
ce qui dépendoit de la vicomte de Grè-^es, c'est-à-dire la vicomte de Gévau-
dan^. Béraud déclara qu'après sa mort cette vicomte reviendroit au roi 8(. à
ses héritiers, avec promesse de la garder comme les autres châteaux qu'il
tenoit de ce prince, & de la lui rendre à la première réquisition. « Que si
« quelqu'un, ajoute-t-il, venoit à recouvrer le château de Grèzes par le juge-
« ment de la cour du roi, je le rendrai ; Si si le roi est remboursé du prix
« de l'engagement que feu Raimond, comte de Toulouse, avoit sur Millau
Éd origin. „ g^ sur les autres domaines du roi d'Aragon, il me fera part de cette somme
1. 111, p. J63. . ° , '. .
« pour ce qui regarde le château de Grèzes. » Nous inférons de là que les
peuples des vicomtes de Millau Se de Gévaudan s'étoient soumis au roi
Louis VIII l'année précédente. Se que ce prince avoit fait prendre possession
en son nom de ces deux vicomtes, sous prétexte qu'il étoit au droit du comte
de Toulouse, à qui le roi d'Aragon les avoit autrefois engagées'^.
Il paroît que le roi vouloit aussi s'assurer du comté de Melgueil, comme
d'un domaine qui avoit appartenu à ce comte, nonobstant les prétentions de
l'Eglise romaine qui l'avoit donné en fief aux évêques de Maguelonne. Le
pape Grégoire IX écrivit, en effet 5, le 20 de mai de l'an 1227, à l'archevêque
de Bourges que le comté de Melgueil ou de Montferrand étoit un ancien fief
de l'Eglise romaine j que suivant l'accord qui avoit été fait entre le légat du
Saint-Siège Se feu Raimond, comte de Toulouse, ils étoient convenus que ce
comté reviendroit librement à l'Eglise romaine si le comte n'exécutoit pas les
ordres qui lui avoit été donnés touchant les hérétiques; qu'étant manifeste
qu'il n'y avoit pas obéi, il avoit été non-seulement dépouillé de ce comté,
mais encore de tous ses autres domaines. « Or, poursuit-il, le pape Inno-
« cent III, ayant donné ce comté en fief à l'évêque de Maguelonne Si à ses
'Voyez tome VIII, Chartes, n. CLXIV, c. 825. commit l'examen de cette affaire au cardinal-
'Ihid. n. CLXXIX, c. 860. légat. (Potthast, n. 7475.) [A. M.]
• 'Voyez tome IV, Note XXVI, n. 9 & siiiv. '^ Martène, Thésaurus anecjotorum, t. I, c. 940.
j). i35. [Potthast, n. 7914. Lettre du même jour à l'arche-
^ En septembre 1220, le roi d'Aragon avait vêqiie de Narbonne, n. 7915, St du 23 mai 1223
aussi élevé des réclamations & demandé la resti- à Louis IX, n. 7910. Cette dernière d'après Gariel,
tution de la vicomte à lui enlevée par Amauri Idée de la ville de Montpellier, t. r, p. 1G6.]
de Montfort & par l'évèijue de Rodez; le pape
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIV. 023
« successeurs, & le pape Honoré & nous, ayant confirmé cette donation,
« nous avons cru devoir prier notre très-cher fils le roi Louis de ne pas
« inquiéter ce prélat & de ne pas permettre que personne l'inquiète, tou-
« chant la possession de ce comté S<. de ses dépendances, 6ic. »
XXXII. — Concils de 'Narhonne. — Le vicomte Trencavel recouvre Limoux
6- une partie de ses autres domaines.
Grégoire écrivit', vers le même temps, au jeune roi Si à la reine mère
pour les presser de continuer l'expédition que le feu roi avoit commencée
contre les hérétiques de la Province. Les progrès du comte de Toulouse 8c
de ses associés l'engagèrent sans doute à écrire cette lettre. Aussi voit-on par
le concile provincial que Pierre, archevêque de Narhonne, tint dans cette
ville, durant le carême de l'an 1217, qu'ils avoient repris alors plusieurs
places que Louis VIII leur avoit enlevées. On dressa^ vingt canons dans ce
concile entre lesquels les suivans sont les plus remarquables. On confirme
par le premier le statut que le roi Louis VIII avoit fait l'année précédente à
l'assemblée de Pamiers contre ceux qui méprisoient l'excommunication. Les
trois suivans défendent aux juifs d'exiger des chrétiens des usures trop fortes,
d'avoir chez eux des nourrices 61 des domestiques chrétiens, d'exercer les
offices publics, S<c., 8c leur ordonnent, pour se distinguer des chrétiens, de
porter sur leurs habits une figure de roue d'un demi-pied de circonférence,
5c de payer tous les ans à Pâques, à la paroisse de leur domicile, une rede-
vance de six deniers melgoriens par famille. Suivant le cinquième, le curé
ou un ecclésiastique devoit être présent aux testamens pour s'assurer de la foi
du testateur. Le douzième déclare que les clercs seront exempts de taille, tant
pour leur patrimoine que pour leur personne, avec défense aux laïques, sous
peine d'encourir les censures, de les imposer à la taille. Le treizième défend
l'établissement des nouveaux péages. Le quatorzième enjoint aux évêques
d'instituer dans toutes les paroisses des témoins synodaux ou inquisiteurs de
i'hérésie 8c autres crimes manifestes. Le quinzième 8c le seizième veulent que
les consuls, les châtelains, les podestats 8c les barons soient contraints par
censures d'abandonner les hérétiques 8c leurs fauteurs, 8< que tous ceux qui
auront été hérétiques revêtus, notés ou just nent suspects d'hérésie, ne puis-
sent exercer les offices publics. Le dix-septième est énoncé de la manière sui-
vante : « Nous statuons 8c ordonnons très-étroitement de dénoncer excom-
i munies tous les dimanches 81 fêtes, au son des cloches 8c à cierges éteints,
« Raimond, fils de Raimond, autrefois comte de Toulouse, le comte de Foix
« 8c Trencavel que l'on appelle vicomte de Béziers, les Toulousains héréti-
« ques, leurs croyans, fauteurs, défenseurs &c receleurs; mais surtout ceux de
u Limoux 8c autres qui avoient fait serment au seigneur Louis, roi de France,
' Mis, de Colhcrt. n. 2669. ' Concilia, t. i i , c. Zoi & suiv. — Giiil'aume de
Pi.ylaurens, c. 36.
An 1227
"7 6i4 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIV.
An I 227 T
« d'heureuse mémoire, 6<. qui ensuite se sont retirés de l'Eglise, avec tous
« ceux qui leur vendent des armes, des chevaux 81 des vivres, ou qui leur
« fournissent sciemment d'autres secours ; & d'abandonner leurs biens 8c
« leurs personnes au premier occupant. » Il est marqué à la fin du dernier
canon qu'on célébrera tous les ans le concile provincial le dimanche Laetare.
ûd.oiisin. Qq^ canons prouvent que la ville de Limoux, après s'être soumise au roi
t. Ul.p. JOO. r 1, 1 • I • rr-.
Louis VIII, étoit rentrée sous 1 obéissance du vicomte Trencavel, son ancien
seigneur j c'est ce qu'on peut encore confirmer par deux actes du 17 juin de
cette année, suivant' lesquels « Trencavel, par la grâce de Dieu vicomte de
« Béziers, seigneur d'Albi, de Carcassonne Se de Razès, met sous la garde,
« protection Se défense de Roger-Bernard, comte de Foix, vicomte de Cas-
« telbon, la ville de Limoux Si tout le Razès, tant que les François occupe-
« roient ses domaines. Si six ans après qu'ils auroient perdu Béziers Si Car-
« cassonne. » Trencavel fit donation en même temps en faveur du comte de
Foix de la terre de Chercorb qui s'étendoit dans la partie méridionale du
diocèse de Mirepoix, & que ce comte avoit rachetée pour quinze mille sols
melgoriens d'Isarn Bernard de Fanjaux qui la tenoit en engagement.
XXXIII. — Brouilleries dans l'église de France à l'occasion de la levée
des décimes contre les albigeois.
Quoique le jeune roi eût discontinué^ la guerre d'Albigeois, comme il se
sentoit appuyé par le cardinal légat, il prétendit lever néanmoins la décime
que le clergé de France avoit accordée au feu roi, son père, pendant cinq
ans pour les frais de cette expédition. Les chapitres des églises cathédrales
des provinces de Reims, Sens, Tours Si Rouen firent difficulté de payer cette
imposition, sous prétexte qu'elle n'avoit été accordée que pendant l.e temps
de la guerre j or, comme il paroissoit que le jeune roi l'avoit abandonnée, ils
prétendoient n'y être plus obligés. La reine Blanche 81 le cardinal légat, qui
vivoient dans une parfaite intelligence, prirent alors des mesures pour les
contraindre à continuer de payer la décime. Le légat rendit entre autres une
ordonnance, le 17 de mai, par laquelle il donna pouvoir au roi de saisir les
biens de ces églises, « afin, ajoute-t-il, que la puissance séculière réprime au
« moins ceux que la crainte de la juridiction ecclésiastique n'empêche pas de
« mal faire. » Il enjoignit, étant^ à Sens, le 5 de juin, à l'archevêque de
Tours Si à ses suffragans de publier cette ordonnance. Le clergé de ces quatre
provinces en appela au pape, peu de jours après, 81 de toutes les procédures
qui s'en suivroient; sur le fondement qu'ils n'avoient accordé la décime que
comme un pur don gratuit 81 volontaire pour faire la guerre aux albigeois,
81 que n'y ayant personne pour la continuer avec le même succès qu'aupara-
' Tome VIII, Chnrtes, n. CLXXX, ce. 863 à 86"). une copie de Bahize. (Voyez fome ^'III, ce. 869,
' Raynaldi, an. 1227, n. âo & suiv. 870.) Elle est publiée avec sa vraie date de 1227
' Trésor des chartes, Albigeois, n. 7. [Dom Vais- dans Teulet, t. 2, p. 124, d'après l'original,
sete a donné cette pièce, datée de 1228, d'après p. 421.]
ii
I
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIV, 6:5
An 1227
vant, ils n'étoient pas tenus de la payer. Le légat, sans s'embarrasser de cet
appel, décerna des censures contre les appelans, fit saisir tous leurs biens par
les officiers du roi 8c commit diverses vexations. Le clergé en porta des
plaintes amères à Grégoire IX. Ce pape, qui en fut d'abord touché, écrivit
des lettres de consolation aux églises qui se prétendoient lésées', fit une vive
réprimande au cardinal de Saint-Ange & lui manda de révoquer son ordon-
nance^; mais ce légat, ayant fait des remontrances, gagna cependant l'arche-
vêque de Sens Se l'évêque de Chartres, qui promirent^, au mois d'août sui-
vant, de payer mille cinq cens livres parisis pour les décimes des églises de
leur province. Enfin, le roi ayant envoyé un renfort pour agir contre le
comte de Toulouse, le pape permit à ce prince, le i3 de novembre, de lever
la décime.
XXXIV. — Humbert de Beaujeu continue la guerre contre le comte de Tou-
louse ; l'évêque d'Albi, le vicomte de Lautrec, Çyc, se liguent contre ce
comte.
Humbert de Beaujeu, après avoir reçu ce renfort, commença d'agir offen-
sivement 8c mit le siège, pendant l'été de l'an iiiy"*, devant le château de
Becède, en Lauragais, où Pons de Villeneuve 8c Olivier de Termes comman-
doient pour le comte de Toulouse. L'archevêque de Narbonne 8c l'évêque de
Toulouse marchèrent au secours d'Humbert qui, après avoir fait une brèche
suffisante, se prépara k donner l'assaut; mais les assiégés, voyant qu'ils
n'étoient pas en état de résister, s'enfuirent pendant la nuit pour la plupart,
les autres furent passés au fil de l'épée ou assommés à coups de pierres par
les François. L'évêque de Toulouse tâcha, autant qu'il pût, de sauver la vie
aux femmes 6c aux enfans de ce château, qui étoit de son diocèse; mais on
ne fit aucune grâce à Gérard de la Mote, diacre hérétique, 8c à ses compa-
gnons qui furent tous pris 8c brûlés vifs. Humbert continua ses expéditions,
dont nous ignorons le détail 8c l'époque précise : on sait^ seulement qu'il
assiégea le château de Cabaret, dans le Carcasses, 8c celui de la Grave sur le
Tarn, en Albigeois, Se qu'il fit ensuite une course du côté de Cordes, dans le
même pays, dont il ravagea les environs pendant trois jours. Au reste, il est
faux^ qu'il ait soumis alors la ville de Toulouse 8c le pays toulousain, ainsi
que quelques auteurs l'ont avancé. Nous ignorons aussi la plupart des démar- , 'if, "''^jî]"
ches de Raimond, comte de Toulouse, pendant cette campagne. Nous appre-
nons qu'il étoit à Gaillac, en Albigeois, au mois d'août, 8c qu'il exempta^
'Lettre de fin juillet 1227 aux chapitres de ^ Guillaume de Puylaurens, c. 37. — Guillaume
Reims & de Paris, pour les consoler de la mort de Nangis, Ckronicon.
de Louis VIII & les assurer qu'il les protégera ' Tome VIII, Chartes, n. CCCXLIII, ce. i5o7,
contre les entreprises du légat. (Potthast, n. 7986.) 1 'loi.
La lettre de réprimande au légat, du même jour, ' Voyez tome VII, .Volf XXV, n. i, pp. 71, 72.
itij. n. 7985. [A. M.] " Archives de l'hôiel de ville de Gaillac. [L'acte
' [Potthast, n. 8o53.] ne porte pas de nom de lieu, & a été publié par
• Tome VIII, Chartes, n. CLXXXI, ce. 868, 869. Compayré, p. 877; il est écrit en langue vulgaire.]
An 1227
616 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIV.
alors les consuls 8^ les habitans de cette ville de tout droit de leude Se de
péage dans ses terres. Une partie de l'Albigeois étoit donc alors soumise à ce
prince. Le reste du pays obéissoit au roi, comme il paroît par le traité' de
ligue que formèrent ensemble, vers ce temps-là, Guillaume-Pierre, évêque
d'Albi, les chanoines de sa cathédrale. Gaillard de Rabastens, prévôt de
Saint-Salvi, Sicard, vicomte de Lautrec, St les principaux habitans d'Albi. Ils
promirent par serment entre les mains de Philippe de Be-^tesi, sénéchal en
Albigeois pour le seigneur roi de France, de se secourir mutuellement, sauj
la fidélité due à l'Eglise £- au seigneur roi de France.
XXXV. — Èvêques d'Albi.
Guillaume-Pierre se^ démit peu de temps après de l'évêché d'Albi, entre
les mains du cardinal légat, sans doute à cause de son grand âge, car il pos-
sédoit cet évêché depuis l'an ii85. Ce prélat, qui étoit de la maison de
Bérens^, retira'* en 1202 l'église de Sainte-Martiane des mains de Guillaume
Oalric, qui en étoit abbé chevalier, de Raimond, son fils, & de ses filles qui
l'opprimoient. Il réforma les chanoines réguliers qui desservoienl celle de
Saint-Salvi, 8c dont il avoit été du nombre avant son élévation à l'épiscopat.
Il leur accorda la permission d'élire leur prévôt, liberté dont ils avoient été
privés pendant cinquante ans^. Le pape Grégoire IX, ayant approuvé sa
démission, ordonna au chapitre d'Albi, le 20 décembre de l'an 1227, à cause
du péril où étoit la foi dans le pays, d'élire un évêque dans l'espace de quinze
jours, avec le conseil de l'archevêque de Bourges, métropolitain du pays;
sinon il déclare qu'il avoit enjoint à ce prélat d'en nommer un de son auto-
rité. L'ancien évêque 81 trois députés du chapitre furent nommés pour aller
trouver l'archevêque à Rocamadour, en Querci, 8c convenir avec lui de cette
élection. L'ancien évêque ne put faire le voyage 8c les trois autres élurent,
le 28 d'avril suivant, à l'instigation du même archevêque. Durant, archi-
diacre de Bourges. Quant à Guillaume, il vécut encore trois ans après avoir
fait sa démission 8c mourut au mois de mai de l'an i23o<'; il fut inhumé
dans le chapitre du cloître de la cathédrale de Sainte-Cécile, contre la cou-
tume de ses prédécesseurs, qui avoient leur sépulture dans l'église de Sàint-
Salvi.
' Archives de l'hôtel de ville d'Albi, [Cet acte ' [Corrige^ Brens.]
dans Doat, v. io5, f° 277; voyez tome V, c. 1341, ■• Cette réforme, que nous avions d'abord fixe'e
n. 6').] à l'an i 1 85, est postérieure à 1 20<') & antérieure à
' GalUa Chrht'iana, nov. éd. t. i, p. i5 & seq.; l'an 1208. — Conférez tome IV, p. 58r, tome V
Instrum. p. 6 & seq. — Archives de la cathédrale c. 1408, & Erratum, c. 2235. [A. M.]
d'Albi. [Doat, v. io5, f i38) voyez tome V, * Martène, j<m;i;. CoHfcf. t. 6, c. 494.
c. i336, n"' 33 à 35.] — Baluze, Miscellanea, t. 4, ^ Le 22 mai, d'après l'ancien obituaire deSainte-
p. 487, & Historia Tutelcnsis, p. 529 & seq. Cécile; cf. Compayré, p. 283. [A. M.l
(Potthast, n"» 8086, 8088; lettres à l'archevêque
de Bourges & au chapitre d'Albi.]
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC, LIV. XXIV, 627
XXXVf, — Le comte Raïmond prend divers châteaux. — Mort de Gui
de Mo ntjbrt, frère de Simon.
Le comte de Toulouse s'étant remis en campagne', l'hiver suivant*, assiégea
8c prit le château de Saint-Paul, situé dans le Toulousain sur l'Agout^j il fit
divers autres progrès dont nous ne savons pas le détail. Il paroît'^ que Pierre-
Bermond, son cousin germain, prit les armes en sa faveur dans le bas Lan-
guedoc, 8c qu'il rompit la trêve qu'il avoit conclue avec Bernard Pelet, co-
seigneur avec lui d'Alais. Les François, de leur côté, ne demeurèrent pas
oisifs; ainsi la guerre continua avec feu de part 8c d'autre. Elle fut funeste
à Gui de Montfort, frère puîné du fameux Simon, qui fut tué d'un coup de
flèche à la tête, le 3i de janvier de l'an 12285, ^■^^ siège de Vareilles, dans
le comté de Foix. Gui de Montfort étoit seigneur de la Ferté-AIais, en
Beauce; il avoit eu en partage cette seigneurie, qu'il transmit à Philippe,
son fils, avec ses droits sur diverses places que Simon, son frère, lui avoit
données dans le pays conquis par les croisés. Il avoit eu ce fils** d'Elvise
d'Ybelin, sa première femme, qu'il avoit épousée en 1202, à la Terre-Sainte.
Il s'étoit remarié^ en secondes noces dans le pays avec Briande, sœur de
Lambert de Monteil Adhémar, en Provence, veuve de Lambert de Thurei,
chevalier françois, à qui Simon de Montfort avoit donné en fief la baronnie de
Lombers, en Albigeois. Elle avoit eu un fils de ce premier lit 8c elle en eut
un autre de Gui de Montfort, son second mari, auquel elle survécut. Ce fils
du second lit fut nommé Gui, comme son père, 8c il succéda à sa mère 8c à
son frère utérin dans la seigneurie de Lombers.
XXXVIÏ. — Siège 6- prise de Castelsarrasin par Raimond. — Beaujeu prend
Montech £< est battu.
Le comte Raimond assiégea 8, vers Pâques de l'an 1228, la ville de Castel-
sarrasin, située sur la Garonne, à sept lieues de Toulouse; il emporta bientôt
le corps de la place, en sorte que la garnison qui la défendoit fut obligée de
se retirer dans la tour du château. Il fortifia ensuite si bien son camp par
■ Peu de tempi auparavant, Grégoire IX avait contractés ou plutôt reconnus par Raimond VII,
engagé le comte de Champagne à chasser les mar- le 19 novembre 1227, probableraen,t à Toulouse,
chands de Toulouse des foires de son comté. Pot- [A. M.]
thast, n. 8073 j lettre du 5 décembre 1227. [A. M.] ' Voyez tome VIII, Chartes, n. CLXXIX, ce. 861
' Le i3 janvier 1228, il exempta les habitants & 862.
de Rabastens du péage qu'il percevait à Gaillac & ' Guillaume de Puylaurens, iliJ. — Praeclara
k Confoulens (confluent du Tarn & de T'Agout (?) Francorum facinora,-— Voyez tome VII, Note XXV,
sur eau ou sur terre j il déclare dans la charte pp. 71, 72.
qu'il leur fait cette concession à cause des grands ' Histoire généalogiijue lies grands officiers, t. 6,
services qu'ils lui ont rendus. [A. M.] p. 79.
An 1228
f
'Guillaume de Puylaurens, c. 87. — Voyez 'Voyez tome VII, ?/o(e XLIV, n. 2, p. 125.
eulet, t. 2, pp. l35 81 i36, d'après J, 32o, n. 42, ' Guillaume de Puylaurens, c. îy.
J. 3 17, n. 16, deux actes relatifs à des emprunts
An 1228
628 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIV.
des lignes de circonvallation & de contrevallation que les troupes françoises
'^u"i"'''3Ïs jointes à divers seigneurs du pays, qui accoururent au secours des assiégés,
n'osèrent l'attaquer. Humbert de Beaujeu, qui s'étoit retiré dans ses terres
après la campagne précédente, étant venu dans le pays sur le bruit de ce
siège, s'avança quelque temps après à la tête d'un corps de troupes, accom-
pagné des archevêques de Narbonne & de Bourges, & des évêques de Tou-
louse 8(. de Carcassonne ; mais il n'osa non plus rien entreprendre & s'arrêta
au voisinage pour observer les démarches du comte. L'évêque de Toulouse
campoit auprès de la commanderie de Ville-Dieu de l'ordre des Templiers :
les habitans du lieu ne voulurent pas recevoir ses troupes, parce qu'ils
avoient été aux prises avec les François qui étoient venus au secours de Cas-
telsarrasin. Enfin frère Gui de Bruciac ou de Brussac, commandeur de Ville-
Dieu, reçut l'évêque de Toulouse & lui fournit des vivres dont ses troupes
avoient un extrême besoin. Durant le séjour que ce prélat fit à Ville-Dieu,
des jeunes gens conjurèrent de le livrer au comte de Toulouse, mais la con-
juration fut découverte.
Beaujeu, ne pouvant donner aucun secours à Castelsarrasin, entreprit, pour
faire diversion, du conseil des prélats Si des barons de son armée, le siège
de Montech, château situé aux environs. 11 le força à se rendre au bout de
quelques jours, 6i il y fit prisonniers Othon de Terride, de la m^iison de
risle-Jourdain, Othon de Linières & quelques autres chevaliers qui le défen-
doient. La prise de ce château par les François n empêcha pas celle de Cas-
telsarrasin par le comte Raimond, qui accorda la vie sauve à la garnison,
laquelle fut obligée de capituler, parce qu'il ne lui restoit plus de quoi sub-
sister.
Si nous en croyons un auteur ' contemporain, qui passe pour suspect, Pv,ai-
niond remporta une victoire signalée sur les François après la prise de Cas-
telsarrasin. « Vers ce temps-là, dit cet historien, le roi de France envoya un
« corps considérable de troupes en Provence pour combattre le comte de
« Toulouse & le chasser du pays. L'armée françoise apprenant que ce comte
« étoit à Castelsarrasin, qui lui appartenoit, résolut de l'y assiéger. Le comte,
« averti du dessein des François, se mit en embuscade avec un corps de
« troupes dans une forêt voisine où il les surprit. Ces peuples se défendirent
« avec beaucoup de courage; mais ils eurent le malheur, outre les morts,
« de laisser prisonniers quinze cens chevaliers 5i deux mille sergens armés.
« Le comte fit dépouiller ceux-ci jusqu'à la chemise, 8c après avoir fait arra-
« cher les yeux aux uns, couper le nez & les oreilles ou enfin les bras &
« les pieds aux autres, il les renvoya ainsi pour jeter la terreur parmi ses
« ennemis. Quant aux chevaliers, ce prince, après s'être saisi de tous leurs
« équipages, les fit renfermer dans une étroite prison. Ce combat fut donné
« auprès de Castelsarrasin, le 18 de mai de l'an 1228. Et, pour le dire en
« peu de mots, les François furent mis en fuite ou faits prisonniers trois
' Matthieu Paris, an. 1228. [Tout ce récit est probablement inventé à plaisir ]
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIV. 620 ~~ ~
' An 1228
« diverses fois en différentes occasions, durant cet été, par le comte de Tou-
« louse. »
XXXVIII. — Les François ravagent les environs de Toulouse.
Humljert de Beaujeu, après avoir' été spectateur inutile de la prise de Cas-
telsarrasin, s'avança jusqu'à Lavaur dans le dessein d'aller assiéger Saint-Paul
sur l'Agoutj mais il changea bientôt d'avis Se s'approcha de Toulouse. Il
campa au voisinage de cette ville vers la Saint-Jean-Baptiste, dans un lieu
appelé Pech-Almari, situé vers le levant, & ayant été joint par les archevê-
ques d'Auch & de Bordeaux, par divers évêques, barons 8<. communes de Gas-
cogne, il ravagea toutes les vignes qui occupoient les hauteurs. Il transféra
ensuite son camp à Montaudran 8t partagea ses troupes en trois corps, dont
l'un fourrageoit tous les jours les moissons, l'autre rasoit les maisons fortes
du pays, Se le troisième déracinoit les vignes. C'est ainsi que les François,
ayant l'évêque de Toulouse à leur tête, portèrent la désolation dans les envi-
rons de cette ville pendant l'espace de trois mois qu'ils y séjournèrent. Après
cette exécution militaire, les prélats, les barons, les chevaliers 6< les peuples
de Gascogne s'en retournèrent, 81 le reste de l'armée s'avança vers Pamiers.
Beaujeu s'arrêta dans la plaine de Saint-Jean de Verges, d'où il soumit tout
le pays de Foix jusqu'au Pas de la Barre; il établit ensuite des garnisons dans
toutes les places qui étoient de défense 8t congédia ses troupes. Pendant ce
temps-là le comte de Toulouse reçut ^ à Gaillac, en Albigeois, le 8 de juin^
l'hommaee des chevaliers dû château de Montaipu, dans le même pays, au no. origin.
, , ^ '^ -^ . '• "1, p. 369.
nombre de trente-deux, St étant à Rabastens, le 6 de juillet suivant, les sei-
gneurs de Najac, en Rouergue, lui firent le leur, en présence de Roger-
Bernard, comte de Foix, d'Othon de Terride, Pilfort de Rabastens, &ic.
XXXIX, — Le pape proroge la légation du cardinal de Saint-Ange 6- lui
ordonne de travailler à la paix du comte de Toulouse.
Le pape Grégoire IX ^ ne cessoit cependant d'exhorter le jeune roi & la
reine Blanche, sa mère, à poursuivre vivement la guerre d'Albigeois, tandis
que le cardinal Romain de Saint-Ange, qui leur étoit entièrement dévoué,
continuoit de faire lever en leur faveur, avec une rigueur extrême, les décimes
sur tout le clergé de France, comme on voit par une de ses"* lettres datée du
5 de décembre de cette année. Le pape avoit résolu de le rappeler; mais il
le continua dans^ sa légation à la prière du roi 8t l'établit son légat alatere,
■Guillaume de Puylaurens, c. 37. — Voyez légation est du 21 mars 1128; cf. Potthast,
tome VIII, Chartes, n. CCCXLIII, c. iTioy. n. 8i5o. — La bulle originale pour la dispense
' Mss. Colkert, n. 1067. [Lat. 6009, p. 142.] du mariage, qu'on peut voir au tome VIII, d'après
' Raynaldi, an, 1218, n. 2 8t suiv. un vidimus du cardinal-légat, est au Trésor de»
* Voyez tome VIII, Chartes, n. CLXXXI, ce. 869 chartes, J. 435, n. 1-2. Cf. Teulet, t. 2, p. 140.
6 870. [Corrige^ 5 juin, au lieu de 5 décembre.] Elle est du 25 juin 1228. [A, M.]
^ Raynaldi, ut suya. — La nouyelle bulle de
I
Au lZ2<i
63o HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIV.
tant en France qu'en Provence & dans les provinces de Lyon, Tarentaise,
Embrun, Vienne, Aix 8< Arles. Le pape donna ordre à ce cardinal, quinze
jours après ', de travailler de toutes ses forces à la conclusion de la paix entre
le jeune roi Se R.aimond, comte de Toulouse, 8t lui donna pouvoir, en cas
qu'on pût y parvenir par le mariage de l'un des trères du roi avec la iille du
comte, de dispenser de la parenté qui étoit entre eux^.
XIj. — Paix des seigneurs de Termes avec le roi 6* l'Eglise.
Pierre, archevêque de Narbonne, 8c Clarin, évêque de Carcassorne, tra-
vailloient fortement, d'un autre côté, à détacher du parti de Pvaimond, les
sei2;neurs du pays qui tenoient encore pour ce prince, & ils engagèrent enfin
les deux frères Olivier & Bernard de Ternies à les prendre pour médiateurs
& à conclure leur paix avec l'Église & le roi. Elle fut arrêtée à Narbonne, le
2 1 de novembre^, & ces deux chevaliers déclarèrent, en présence des deux
prélats & de Gui de Lévis, maréchal, qu'ayant été jusqu'alors seigneurs de
Termes, ils cédoient au roi Louis le château de ce nom Si qu'ils les en met-
toient en possession au nom de ce prince. « Quant au reste du pays de Ter-
« menois, ajoutent-ils. Se aux domaines de nos vassaux, tant chevaliers
« qu'autres, qui ont été & qui seront réconciliés à l'Eglise, nous nous en
« remettons à la miséricorde du roi, & nous les recevons en commende de la
« part de ce prince, de vous Gui de Levis, maréchal, comme nous les possé-
« dions dans le temps que le feu roi vint à Avignon. Enfin nous promettons
« d'être fidèles au roi Se à ses héritiers Se de l'aider contre ses ennemis S<
« ceux de l'Église. « L'archevêque de Narbonne, l'évêque de Carcassonne Se
Gui de Lévis scellèrent cet acte de leur sceau Se promirent de le faire sceller
des sceaux des nobles hommes Humbert, seigneur de Beaujeu, qui est dans le
pays de la part du roi de France 6" du seigneur Philippe de Montforti II fut
passé en présence de Pierre de Voisins, d'André, sénéchal du Toulousain, Sec.
D'où nous inférons : i° Que Gui de Lévis, Pierre de Voisins Se les autres
chevaliers françois, à qui Simon de Montfort avoit fait part de la conquête Se
qui en avoient été dépouillés depuis la mort de ce général, furent rétablis
dans leurs domaines en 1226, par le roi Louis VIII, lorsque ce prince «ut
repris la plus grande partie du pays. 2° Que Louis VIII Se le roi saint Louis,
son successeur, firent gouverner, depuis l'an 1226, par un sénéchal la partie
du Toulousain qu'ils avoient soumise sur le comte Raimond.
'Le 9 juillet 1128, Grégoire IX écrivit aux étaient un peu hyperboliques, & que le ton de
consuls & au peuple de Narbonne pour les remer- ces deux lettres ne rappelle guère celui des bulies
cier de leur attachement à la foi & des secours qu'ils que les papes Innocent III & Honorius III écri-
avaient prêtés au cardinal-légat de Saint-Ange. virent plus d'une fois aux habitants de la même
On trouvera une traduction de cette bulle dans ville. [A. M.)
rinventaire des archives Je Narbonne, série AA, ' Voyez tome VIII, Chartes, n. CXC, ce. 900,
p. 1 iq. Le 12 avril 1233, Grégoire IX écrivit de 901, [& plus haut, p. 629.]
nouveau à ce sujet aux habitants de Narbonne & ' Ibid. n. CLXXXII, ce. 877 & 878.
au vicomte. Il faut reconnaître que ces éloges
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIV, 63 1
An 1 220
XLI. — L'abbé de Grandselve fait des propositions au comte Raimond qui
les accepte &< convient d'un projet de paix.
Le légat, voyant que les ravages exercés par le seigneur de Beaujeu dans
le Toulousain avoient fort découragé le comte Raimond 8t les habitans de
Toulouse, Si que ce prince, abandonné de la plupart de ses alliés & de ses
vassaux, étoit d'ailleurs hors d'état de continuer la guerre, crut que le moment
étoit favorable pour lui faire des propositions de paix Se pour l'amener au
point qu'il avoit concerté avec la reine mère &t le conseil du jeune roi. Dans
cette vue, il lui ' envoya Elle Guarin, abbé de Grandselve, qui alla joindre le
comte à Baziége, dans le Lauragais, à quatre lieues de Toulouse, où ils con-
férèrent ensemble. Raimond écouta volontiers les propositions de paix, 8i après
être convenu avec l'abbé de Grandselve de s'assembler incessamment à Meaux,
en Brie, dans le domaine de Thibaud, comte de Champagne, que ce prince
avoit pris pour médiateur, il donna à cet abbé son plein pouvoir'-, daté de
Toulouse le lo de décembre de l'an 1228. Raimond y déclare « que désirant
(1 de tout son cœur rentrer dans l'unité de l'Église, 8c demeurer dans le
<i domaine, la fidélité Se le service de son seigneur le roi de France 8c de la
« dame reine mère, sa cousine, il leur envoie, ainsi qu'au cardinal Romain,
« légat du Saint-Siège, Elie, abbé de Grandselve, pour traiter avec eux de la x^t\\"^l^%'o
« paix, à laquelle cet abbé avoit longtemps travaillé; l'établit son procureur
« 8c promet, du conseil de ses barons 8c spécialement des consuls de Tou- ^" '^^9
« louse, de ratifier tout ce qu'il fera avec le conseil, 8c du consentement de
« son très-cher cousin Thibaud, comte palatin de Brie Se de Champagne, Sec. »
L'abbé de Grandselve étant retourné en France convint avec le comte de
Champagne de divers articles que R^aimond ratifia par des lettres datées du
mois de janvier de l'an 1228 (1229). Nous les omettons parce que qu'ils sont
à peu près les mêmes que ceux qui furent arrêtés à Paris, au mois d'avril sui-
vant, 8c dont nous parlerons bientôt; on les peut voir d'ailleurs dans nos
preuves^.
XLIL — Conférence de Meaux pour la conclusion de la paix. — Raimond
jure de l'observer devant la porte de la cathédrale de Paris.
Le cardinal de Saint-Ange, après avoir tenu"* deux conciles touchant
l'ajj'aire d'Albigeois, l'un à Sens, à la Nativité de Notre-Seigneur, l'autre à
Senlis, à la Purification, se rendit ^ à Meaux, au temps marqué pour la con-
férence qui y avoit été indiquée. Le comte Raimond s'y rendit aussi avec
' Guillaume de Puylaurens, c. %(). * AlWric, Chronicon.
'Voyez tome VIII, Chartes, n. CLXXXIII, ' Guillaume de Puylaurens, c. Sp.
ce. 878 à 883.
' liij. — Voyez Martine, T/ies. anecdot. t. 1,
c. 943 & suiv.
An 1229
632 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIV.
l'archevêque de Naibonne, les évèques de la Province, un certain nombre de
députés de la ville de Toulouse & divers autres prélats que le légat y avoit
appelés. Enfin, après ([u'on y fut convenu des articles de la paix, l'assemblée
se transféra à Paris pour y consommer cette grande affaire avec le roi, qui
approuva le traité dont on dressa deux copies' authentiques, l'une au nom
de ce prince & l'autre au nom du comte Raimond ^. Le roi, le cardinal ^
Romain, légat du Saint-Siège, £<. le comte se rendirent ensuite le Jeudi-
Saint "*, 12 d'avril de l'an 1229, devant le grand portail de la cathédrale de
Notre-Dame de Paris, & là, après la lecture faite du traité, le comte fit ser-
ment de l'observer dans tous ses points, en présence du cardinal-évêque de
Porto, légat en Angleterre, d'Otton, cardinal-diacre du titre de Saint-Nicolas
in carcere Tulliano, qui alloit légat en Dace, des archevêques de Sens 8c de
Narbonne, des évêques de Paris, Autun, Niraes, Maguelonne, Toulouse, &
de toute la Cour.
XLIII. — Articles de la paix.
Dans ce traité 5, qui s'écarte en quelque chose de l'accord préliminaire,
Raimond déclare d'abord qu'ayant soutenu la guerre pendant longtemps
contre l'Église romaine & contre son très-cher seigneur le roi de France, 6c
que désirant de tout son cœur d'être réconcilié à l'Église, 8c de demeurer
dans la fidélité 8c le service du roi, il avoit fait tous ses efforts, soit par lui-
même, soit par des personnes interposées, pour parvenir à la paix; qu'elle
avoit été enfin conclue de la manière suivante, 8c qu'il promet, entre les
mains de Romain, cardinal-diacre de Saint-Ange, légat du Saint-Siège apos-
tolique, qui reçoit sa promesse, au nom de l'Église romaine, d'en observer
fidèlement tous les articles.
Raimond promet ensuite : 1° D'être fidèle 8c obéissant au roi 8c à l'Eglise
8c de leur demeurer attaché jusqu'à la mort; de combattre les hérétiques,
leurs croyans, fauteurs 8c receleurs, dans les terres que lui 8c les siens possé-
doient 8c posséderoient, sans épargner ses proches, ses vassaux, ses parens,
ses amis; de purger entièrement le pays d'hérésie 8c d'aider à purger celui
qui appartiendroit au roi.
2° De faire une prompte justice des hérétiques manifestes 8c de les faire
rechercher exactement, ainsi que leurs fauteurs, par ses baillis, suivant
l'ordre du légat, 8c, pour faciliter cette recherche, de payer pendant deux ans
■ Voyez tome VIII, Chartes, n. CLXXXIV, Paris, Toulouse, Maguelonne, Albi & Nimes, &
c. 883 & suiv. des archevêques de Sens & de Narbonne. Cf. Teu-
' Ajoutons-y une autre expédition datée du let, t. 2, p. 102 a. [A, M.]
Il avril & dont le Trésor des chartes contient 'Guillaume de Puylaurens, c. 3t), — Ray-
trois exemplaires (J. 3o5, n. 3, 4 & 7). Elle est naldi, an. 1228, n. 26.
intitulée au nom du cardinal-légat. Enfin un ^ Voyez tome VII, Note XXV, n. 3 & suiv.,
autre exemplaire, intitulé au nom de Rai- pp. 72, 73.
mond VII (J. 33i, n. 3), ajoute une clause an- ^ Voyez toneVllI, Chartes, n. CLXXXIV, c. 885
nonjant l'apposition des sceaux des évêques de & suiv.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC, LIV. XXIV. 633
An iiiy
deux marcs d'argent, 8c dans la suite un marc à chacun de ceux qui pren-
droient un hérétique condamné comme coupable par 1 evêque diocésain ou
par ceux qui auroient pouvoir de le juger, Si quant à ceux qui n'étoient pas
hérétiques manifestes ou leurs fauteurs, de suivre les ordres de l'Église & du
légat.
3° De garder la paix 8c de la faire garder dans tous ses domaines, d'en
chasser les routiers 8c de les punir; de protéger les églises 8c les ecclésiasti-
ques; de les maintenir dans leurs droits, immunités 8c privilèges; de faire
respecter par ses sujets le pouvoir des clefs; de garder 8c faire garder les sen-
tences d'excommunication ; d'éviter les excommuniés de la manière qu'il est
marqué dans les canons; de contraindre ceux qui demeureroient un an
excommuniés à rentrer dans l'Eglise par la confiscation de leurs biens, jus-
qu'à ce qu'ils eussent fait une satisfaction convenable ; de faire observer toutes t. uVp!"^"!.
ces choses par ses baillis; de punir ces otficiers s'ils étoient négligens ; de
n'en instituer aucun qui ne fût catholique; d'exclure les juifs 8c ceux qui
étoient notés d'hérésie des charges publiques, 8cc.
4° De restituer présentement les biens 8c les droits des églises 8c des ecclé-
siastiques, savoir : ceux qu'ils possédoient avant l'arrivée des croisés 8c dont
il paroîtroit qu'ils avoient été dépouillés, 8c quant aux autres, d'ester à droit,
soit devant les ordinaires, soit devant le légat, ses délégués 8c ceux du Saint-
Siège.
5° De payer ou faire payer les dîmes de l'avenir; de ne pas permettre que
les chevaliers 8c autres laïques en possédassent, mais de les faire rendre aux
églises. Se de remettre entre les mains de personnes sûres la somme de dix
mille marcs d'argent pour réparer les maux qui avoient été causés aux églises
8c aux ecclésiastiques, laquelle somme seroit distribuée proportionnellement
par ceux que le légat commettroit.
6° De payer, outre cela, à l'abbaye de Cîteaux deux mille marcs d'argent,
qui seroient employés en fonds de terre pour servir à l'entretien des abbés 8c
des frères durant le chapitre général ; cinq cens marcs à l'abbaye de Clair-
vaux, mille marcs à celle de Grandselve, trois cens à celle de Belleperche 8c
autant à celle de Candeil, tant pour leurs bâtimens 8c en réparation des
dommages qu'il leur avoit causés que pour le salut de son âme ; de payer de
plus, six mille marcs d'argent pour être employés aux fortifications 8c à la
garde du château Narbonnois de Toulouse 8c des autres places qu'il remettra
au roi, 8c que le roi gardera pendant dix ans pour sa sûreté 8c celle de
l'Église; 8t enfin de payer ces vingt mille marcs d'argent dans l'espace de
quatre ans, cinq mille marcs tous les ans.
7° De payer encore quatre autres mille marcs d'argent pour entretenir,
pendant dix ans, quatre maîtres en théologie, deux en droit canonique, six
maîtres ès-arts 8c deux régens de grammaire qui professeroient ces sciences à
Toulouse.
8° De prendre la croix des mains du légat aussitôt que ce prélat lui auroit
donné l'absolution; d'aller servir ensuite outre-mer pendant cinq années
Ai) i2i9
634 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIV.
consécutives contre les Sarrasins pour l'expiation de ses péchés, & de partir
pour ce pèlerinage dans l'intervalle du passage qui devoit se faire depuis le
mois d'août prochain jusqu'au mois d'août de l'année suivante.
9° De traiter en amis &. de ne pas inquiéter ceux de ses sujets qui s'étoient
déclarés pour l'Église, pour le roi &. pour les comtes de Montfort & leurs
adhérens, à moins qu'ils ne fussent hérétiques; à condition que l'Eglise 8c le
roi traiter' 'ent de même ceux qui s'étoient déclarés contre eux en sa faveur,
excepté ceux qui ne consentiroient pas à ce traité.
io° « Le roi faisant attention à notre humiliation, dit ensuite le comte
« Raimond , & espérant que je persévérerai constamment dans la dévotion
« envers l'Église & dans la fidélité envers lui; voulatit me faire grâce, don-
« nera en mariage, avec la dispense de l'Eglise, ma fille, que je lui remet-
« trai, à l'un de ses frères, & il me laissera tout l'évêché (ou diocèse) de Tou-
« louse, excepté la terre du maréchal (de Lévis) que ce dernier tiendra en
« fief du roi. Après ma mort, Toulouse & son évêché appartiendront au frère
« du roi qui aura épousé ma fille & à leurs enfans, & s'il n'y en avoit pas de
« ce mariage ou si ma fille meurt sans enfans, ils appartiendront au roi Si à
« ses successeurs, à l'exclusion de mes autres enfans; en sorte qu'il n'y aura
c( que les enfans du frère du roi Se de ma fille qui y auront droit. »
11° Le roi me laissera l'Agenois, le Rouergue, la partie de l'Albigeois qui
est en deçà du Tarn, du côté de Gaillac, jusqu'au milieu de la rivière, & le
Querci, excepté la ville de Cahors, les fiefs Si les autres domaines que le roi
Philippe, son aïeul, possédoit dans ce dernier pays au temps de sa mort. Si
je meurs sans enfans nés d'un légitime mariage tous ces pays appartiendront
à ma fille, qui épousera l'un des frères du roi. Si à leurs héritiers; de telle
sorte cependant que j'exercerai mon autorité de plein droit comme un véri-
table seigneur, sauf les conditions susdites, tant sur la ville Si le diocèse de
1 1ii*"'*'3-2 Toulouse que sur les autres pays dont on vient de parler. Si que je pourrai
à ma mort faire des legs pieux, suivant les usages Si les coutumes des autres
barons de France. Le roi me laissera toutes ces choses, sauf le droit des églises
Si des ecclésiastiques.
^ 12° Je laisse Verfeil Si le village de Las Bordes avec leurs dépendances à
l'évêque de Toulouse Si au fils d'Odon de Lyliers, conformément au don
que le feu roi Louis, de bonne mémoire, père du roi. Si le comte de Mont-
fort leur en ont fait; à condition, toutefois, que l'évêque de Toulouse me
rendra les devoirs auxquels il étoit tenu envers le comte de Montfort; 5c
l'autre ceux auxquels il s'étoit obligé envers le feu roi. Toutes les autres
donations faites soit par le roi, soit par le feu roi, son père, soit par les
comtes de Montfort, seront nulles 8t n'auront aucun effet dans les pays qui
me resteront.
i3° J'ai fait hommage-lige Si prêté serment de fidélité au roi, suivant la
coutume des barons du royaume de France, pour tous les pays qui me sont
laissés. J'ai cédé précisément au roi Si à ses héritiers à perpétuité, tous mes
auucs pays Si domaines situés en deçà du Rhône, dans le royaume de France,
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIV, 635
An I22p
avec tous les droits que j'y ai. Quant aux pays St domaines qui sont au delà
de ce fleuve dans l'Empire, avec tous les droits qui peuvent m'y appartenir,
je les ai cédés précisément £<. absolument à perpétuité à l'Église romaine
entre les mains du légat.
14° Tous les habitans de ces pays, qui en ont été chassés par l'Église, par
le roi 81 par les comtes de Montfort, ou qui se sont retirés d'eux-mêmes,
seront rétablis dans leurs biens; à moins qu'ils ne soient hérétiques con-
damnés par l'Eglise, excepté néanmoins dans les biens qui peuvent leur avoir
été donnés par le roi, par le teu roi, son père, 8t par les comtes de Montfort.
'Que si quelques-uns de ceux qui demeureront dans les pays qui me sont
laissés, spécialement le comte de Foix Se les autres, ne veulent pas se sou-
mettre aux ordres de l'Eglise 8t du roi, je leur ferai une guerre continuelle,
& je ne conclurai avec eux ni paix ni trêve, sans le consentement de l'Église
8t du roi : les domaines qu'on prendra sur eux me resteront après que j'aurai
rasé toutes les places fortes; à moins que le roi ne voulût les garder lui-
même pendant dix ans, pour sa sûreté 81 celle de l'Église, après l'acquisition
que j'en aurai faite, &. il les retiendra alors pendant ce temps-là avec leurs
revenus.
i5° Je ferai détruire entièrement les murs de la ville de Toulouse 8c com-
bler les fossés, suivant les ordres 8c la volonté du légat.
16° J'en ferai de niême de trente villes ou châteaux, savoir : de Fanjeaux,
Castelnaudary, Becède, Avignonet, Puyiaurens, Saint-Paul 8c Lavaur (dans
le Toulousain); de P\.abastens, Gaillac, Montaigu 8c Puycelsi (en Albigeois);
de Verdun Se de Castelsarrasin (dans le Toulousain); de Moissac, Mon-
tauban 8c Montcuq (en Querci); d'Agen 8c de Condom (en Agenois); de
Saverdun Se d'Auterive (dans le Toulousain); de Casseneuil, Pujol 8c Au-
villar (en Agenois); de Peyrusse (en Rouergue) ; de Laurac (dans le Tou-
lousain), 8c de cinq autres, suivant la volonté du légat : les murailles Se les
fortifications de ces places ne pourront être rétablies sans la permission du
roi. Je ne pourrai élever ailleurs de nouvelles forteresses; mais il me sera
])ermis de bâtir de nouvelles villes non fortifiées dans les domaines qui me
resteront, si je le juge à propos. Que si quelqu'une des places dont on doit
abattre les murs appartient à mes vassaux, 8c s'ils s'opposent à leur démoli-
tion, je leur déclarerai la guerre, 8c je ne ferai ni paix ni trêve avec eux sans
le consentement de l'Eglise 8c du roi, jusqu'à ce que ces murs soient entière-
ment détruits 8c les fossés comblés.
17° J'ai juré 8c promis au légat 8c au roi d'observer de bonne foi toutes ces
choses 8c de les faire observer par mes vassaux 8c sujets; j'obligerai les habi-
tans de Toulouse Se tous ceux des pays qui me sont laissés à jurer de les
garder soigneusement, 8c on ajoutera dans leur serment qu'ils s'employeront
efficacement pour m'obliger à les garder; en sorte que si je contreviens à
tous ou à quelqu'un de ces articles, ils seront aussitôt déliés du serment de
fidélité qu'ils m'ont prêté; que je les délie dès maintenant de la fidélité 8c de
l'hommage qu'ils me doivent Se de toute autre obligation, 8c qu'ils adhère- t. ui,"p!'37 j.
An 1229
636 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIV.
ront à l'Eglise & au roi. Si je ne me corrige dans l'espace de quarante iours,
depuis que j'aurai été averti, 8c si je refuse de subir le jugement de l'Église
dans les matières qui la regardent, 81 celui du roi dans celles qui le concer-
nent, tous les pays qu'on me laisse tomberont en commise en faveur du roi.
Se je serai dans le même état que je suis maintenant par rapport à l'excom-
munication, 8< soumis à tout ce qui a été statué contre moi 8c contre mon
père dans le concile général (de Latran) 81 depuis.
18° Mes sujets 8c vassaux ajouteront encore dans leurs sermens, qu'ils aide-
ront l'Eglise contre les hérétiques, leurs croyans, leurs fauteurs Se leurs rece-
leurs, 8c contre tous ceux qui seront contraires à l'Église, pour l'hérésie 8c le
mépris de l'excommunication dans les pays qui me sont laissés; qu'ils servi-
ront le roi contre tous ses ennemis, 8c qu'ils ne cesseront de leur faire la
guerre jusqu'à ce qu'ils soient soumis à l'Église 8c au roi.
19° Ces sermens seront renouvelés de cinq ans en cinq ans suivant l'ordre
du roi.
20° Pour l'exécution de tous ces articles je remettrai entre les mains du
roi le château Narbonnois, qu'il gardera pendant dix ans 8c qu'il pourra for-
tifier s'il le juge à propos. Je lui remettrai aussi les châteaux de Castel-
naudary, de Lavaur, de Montcuq, de Penne d'Agenois, de Cordes, de Pey-
russe, de Verdun 8c de Villemur : il les gardera pendant dix ans, 8c je
payerai tous les ans quinze cens livres tournois pour la garde, pendant les
cinq premières années, indépendamment de six mille marcs dont on a déjà
parlé. Les autres cinq années le roi les fera garder à ses dépens, s'il juge à
propos de les tenir encore en sa main durant ce temps-là. Le roi pourra
détruire les fortifications de quatre de ces châteaux, savoir : de Castelnau-
dary, Lavaur, Villemur 8c Verdun, si cela lui plaît 8c à l'Église, sans préju-
dice de la somme marquée pour la garde; mais les rentes 8c les revenus, 8c
tout ce qui dépend du domaine dans ces châteaux, m'appartiendront, 8c le
roi en fera garder les forteresses à ses dépens avec le château de Cordes. J'y
tiendrai des baillis qui ne soient pas suspects à l'Église 8c au roi pour rendre
la justice 8c faire la recette de mes revenus. Au bout de dix ans le roi me
rendra les forteresses de ces châteaux 8c celui de Cordes, sauf les conditions
susdites, 8c supposé que j'aie rempli mes obligations envers l'Eglise 8t le roi.
Je livrerai au roi le château de Penne d'Albigeois, d'ici au 1" d'août, pour
qu'il le garde pendant dix ans avec tous les autres, 8c si je ne puis le lui
remettre dans cet intervalle, je l'assiégerai 8c ne cesserai de faire la guerre à
ceux qui l'occupent jusqu'à ce que je l'aie soumis, sans que cela retarde mon
départ pour le pays d'outre-mer, 8c si je ne puis le prendre dans un an, j'en
ferai donation ou aux templiers ou aux hospitaliers, ou enfin à d'autres reli-
gieux, 8c si on ne trouve aucuns religieux qui veuillent en accepter la dona-
tion, il sera entièrement détruit, 8cc.
21° Le roi décharge les habitans de Toulouse 8c tous les peuples du pays
qui m'est laissé de tous les engagemens qu'ils avoient contractés, soit envers
lui Se envers le roi, son père, soit envers les comtes de Montfort ou autres
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIV. 63? ~~;
' An 1229
pour eux, des peines & de la commise auxquelles ils setoient soumis, s'ils
revenoient jamais sous mon obéissance ou celle de mon père; 81 il les délie,
autant qu'il est en lui, du serment qu'ils lui avoient prêté. Dans l'expédi-
tion ' authentique qui fut faite de ce traité au nom du roi, les noms des
grands officiers de la couronne qui y furent présens sont marqués au bas.
Enfin le comte de Toulouse déclara, par un acte séparé^, « que Thibaud^,
« comte palatin de Champagne & de Brie, son très-cher cousin, qu'il avoit
« pris pour médiateur, ayant ordonné que vingt citoyens de Toulouse, de
« son consentement 81 du leur, demeureroient en otage auprès du roi jusqu'à
« ce qu'on eût démoli cinq cens toises des murs de Toulouse & qu'on eût
« comblé autant de toises des fossés de cette ville, dans l'endroit qu'il plairoit
« au légat & au roi d'indiquer; ces otages (dont il marque les noms) avoient
« fait serment qu'aussitôt après leur délivrance ils poursuivroient la destruc-
« tien du reste de leurs murailles. »
XLIV. — Le légat donne l'absolution au comte Raimond.
Raimond, avant fait serment^* d'observer fidèlement tous ces articles, fut ,^,1i'""''^i"-
introduit dans l'église de Notre-Dame de Paris par le légat qui, l'ayant con-
duit au pied du grand autel, lui donna l'absolution de son excommunica-
tion, 8c à tous ceux de ses alliés qui étoient présens. « C'étoit un spectacle
« digne de compassion, dit un auteur du temps 5, de voir un si grand homme,
« après avoir résisté à tant de nations, être conduit jusqu'à l'autel, en che-
« mise, en haut-de-chausses {in braccis) & nu-pieds. » Le légat fit en même
temps expédier un acte'^ de cette absolution, dans lequel il déclare, « que le
« noble homme Raimond, fils de Raimond, autrefois comte de Toulouse,
« avant été longtemps rebelle à l'Église 8c au roi, s'étoit enfin rendu à leurs
« ordres 8c aux siens; qu'il étoit venu humblement 8c dévotement demander
« son absolution 8c implorer leur clémence &c non leur jugement; qu'il avoit
« juré solennellement en sa présence, devant la porte de l'église de Paris, le
« jour de Jeudi-Saint, d'obéir absolument aux ordres de l'Église 8c aux siens,
« dans tous les points pour lesquels il avoit été excommunié. Ayant égard,
« poursuit le légat, à son humilité 8c à sa dévotion, nous avons eu soin de
« lui donner l'absolution, suivant la forme accoutumée dans l'Église 8c nous
« l'avons aussitôt déclaré excommunié de son consentement, s'il contrevient
« à quelqu'un des articles qu'il a promis d'observer Se qui sont contenus dans
« le traité de paix, Se, s'il ne les exécute pas, nous le réduisons en ce cas au
• Catel, Histoire iei tonnes de Tolose, p. 332 8c fassent. Cet acte est indiqué par de Gaiijal, Etudes
suiv. sur le Roucrgue, t. 2, p. io3, qui renvoie aux
' Ce traité de Paris fut suivi, peu de temps archives de Millau. [A. M.]
après, d'un traité particulier pour la yicomté de 'Voyez tome VllI, Chartes, n. CLXXXIX,
Milhau, à Inquelle Louis IX accorda divers , rivi- ce. 892, 893.
léges, notamment celui de citer pardcvant les * Guillaume de Puyiaurens, c. 89.
consuls de cette ville tous les débiteurs des habi- ' liij.
t.ints, en quelque lieu du royaume qu'ils habi- ' Tome VIII, Chartes, n. CLXXXV, ce. 893, 894.
An ii2p
638 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV, XXIV.
« même état qu'il étoit avant son absolution, quant à l'excommunication, 8c
« nous le soumettons aux peines qui ont été décernées contre lui 81 contre
« son père, soit clans le concile général, soit depuis. Donné à Paris, le
« 12 d'avril de l'an 1228 ' (122g). » C'est ainsi que la paix fut enfin conclue
entre le roi saint Louis 8< Raimond VII, comte de Toulouse, par ce fameux
traité, qui fit changer de face au gouvernement de la plus grande partie de
la Province, 8<. qu'il est à propos d'éclaircir par quelques remarques.
XI<V. — Amavr'i de Montfort confirme la cession qu'il avoit déjà faite de ses
droits en faveur du roi sur les Etats de Raimond, &c. — Fin d'Amauri.
On voit par ce traité que les principaux instigateurs de la guerre contre
Raimond songeoient^ bien moins à s'assurer de sa catholicité qu'à le dépos-
séder de ses domaines &t à s'enrichir de ses dépouilles. En effet, ce comte
avoit toujours demandé la paix avec ardeur 8<. offert d'exécuter tous les
ordres que le pape & le légat voudroient lui donner pour l'expulsion Si la
punition des hérétiques, comme on peut s'en convaincre par divers monu-
mens, entre autres par les offres qu'il fit en 1224 au concile de Montpellier.
Car, quant à sa propre personne, il ne fut jamais suspect d'hérésie, Si il ne
fut excommunié que parce qu'il ne vouloit pas renoncer à ses justes préten-
tions sur le patrimoine de ses ancêtres. Aussi dès qu'il eut cédé une grande
partie de ses domaines, il fut généralement reconnu pour catholique; ses
sentimens furent jugés orthodoxes, Si on n'exigea de lui aucune abjuration
de ses erreurs. Il est vrai que le concile général de Latran avoit disposé de
la plus grande partie des Etats du comte, son père, en faveur de Simon de
Montfort, & que les papes avoient confirmé la possession de ces domaines à
Amauri de Monfort, qui céda ses droits à nos rois; mais on sait que c'est une
maxime des plus constantes 81 des plus inviolables que l'Église n'a aucun
pouvoir sur le temporel des rois 8< des princes. Il ne falloit donc rien laisser
de ses domaines à Raimond VII, si ses sentimens sur la foi étoient aussi mau-
vais qu'on le prétendoit Si si la disposition du concile de Latran étoit légi-
time, ou bien il ne falloit pas le priver d'une portion si considérable de
l'héritage de ses pères, s'il étoit véritablement catholique Si résolu, comme il
l'étoit en effet, de punir ses sujets qui étoient hérétiques manifestes. On
peut ajouter que, quoiqu'il paroisse que le conseil du roi saint Louis fondât
les prétentions de ce prince aux domaines de la maison de Toulouse, sur la
cession d'Amauri ; il ne la croyoit pas toutefois bien assurée, puisque, si elle
eût été incontestable, il n'auroit eu garde de laisser à Raimond un domaine
qui étoit encore très-étendu.
Le jeune roi eut cependant la précaution de faire confirmer cette cession
par Amauri qui, quelques jours après la conclusion du traité de paix, déclara
■ Voyez tome VII, Hôte XXV, n. 4, p. 73.
' Bo^chcj Histoire de Provence, t. 2, p. 224 & suiv.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIV. 63q ~T
-' An 1229
par un acte' authentique « qu'il avoit cédé librement Si absolument au roi
« Louis, d'illustre mémoire, fk à ses héritiers, à perpétuité, tous les droits
« qu'il pouvoit avoir sur le comté de Toulouse, la vicomte de Béziers 8c toute 'iii'"''^l"5
« la conquête d'Albigeois, avec promesse de ne plus faire valoir ses droits
« dans la suite sur tous ces domaines, ni même en vertu de la paix que le
« roi Louis, fils de ce prince, avoit faite avec Raimond, comte de Toulouse,
o ou qu'il pourroit faire dans la suite avec les autres seigneurs du pays. Il
« ajouta que le roi n'étoit tenu à aucun dédommagement pour cette cession ;
« à moins que voulant y faire attention, & en considération de ses services, il
« ne lui donnât quelque chose de sa grâce 81 de sa libéralité. » Le roi n'avoit
donc pas encore alors disposé de la charge de connétable en faveur d'Amauri,
comme quelques auteurs l'ont avancé : aussi Mathieu de Montmorenci, qui
en étoit pourvu, la garda-t-il jusqu'à sa mort arrivée au mois de novembre
de l'an 1280.
Saint Louis pourvut Amauri de cette charge aussitôt après la mort de Ma-
thieu de Montmorenci, 8t non pas seulement en I23i, ainsi qu'un généa-
logiste* moderne le prétend. En effet, Amauri prend le titre de connétable
de France dans une ordonnance^ touchant les juifs, que saint Louis fit
publiera Melun, au mois de décembre de l'an iiSo, 8c qu'il donna, du con-
seil de ses barons, au nombre de dix-huit, lesquels la scellèrent de leurs
sceaux avec le roi, qui plaça le sien au milieu. Il est vrai que cette ordon-
nance paroît datée de l'an i233 dans la dernière édition "* qu'on en a donnée;
mais c'est une faute qu'on auroit dû corriger. Au reste, Amauri de Montfort
exerça sa charge de connétable jusqu'à l'année 1241^, qui fut celle de sa
mort. Il revenoit alors de la Terre-Sainte, où il avoit passé en 1289 8c où il
avoit été fait prisonnier 8c conduit à Babylone. Il mourut en passant à
Otrante, en Calabre, 8c fut inhumé à Rome, dans l'église de Saint-Jean de
Latran. Son cœur fut apporté au monastère de filles de Hautes-Bruyères de
l'ordre de Fontevrault, dans le diocèse de Chartres, 8c enfermé dans le creux
de l'épaule gauche de sa figure, posée sur un pilier vis-à-vis celle de Simon,
son père, près la grande grille du chœur des religieuses vers le maître-autel.
XLVI. — Étendue des domaines cédés par Raimond au roi & à l'Eglise
romaine. — Ancien ressort des sénéchaussées de Beaucaire &■ de Carcas-
sonne.
Le roi saint Louis réunit à la couronne, par le traité de l'an 122g, le
domaine médiat ou immédiat de plus des deux tiers de la Province, car le
comte Raimond lui céda tous les droits qu'il avoit depuis les limites du dio-
cèse de Toulouse ou de la province ecclésiastique de ce nom 8c la rivière du
■Voyez tome VIII, Ch.Trtes, n. CLXXXVI, ' Trésor des chartes, Juifs, n. 12. [1.427; Cf.
ce. 894, 895. Tetilet, t. 2, pp. 192, 193.]
' Hiitoire géncalcgi<jue ici grands officiers, t. 6, * Laiirière, Ordonnances, t. 1, p. 54.
p. yo. ' Histoire généalogique, ut supra.
"T 640 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIV.
An 1229 •
Tarn jusqu'au Rhône. Or ces droits comprenoient : 1° Le duché de Nar-
bonne : dignité que les comtes de Toulouse possédoient depuis plus de trois
siècles & qui leur donnoit une autorité supérieure dans la province ecclésias-
tique de Narbonne. 2° Les comtés particuliers de Narbonne, Béziers, Agde,
Maguelonne ou Melgueil, Nimes, Uzès 8c Viviers. 3° Les prétentions qui
leur pouvoient rester sur les anciens comtés de Vêlai, de Gévaudan 8c de
Lodève. 4° La partie du Toulousain qu'on appeloit la terre du maréchal (de
Lévis) 8c qui s'étendoit dans les diocèses modernes de Mirepoix 81 de Pamiers,
vers le midi. 5° Plus de la moitié du comté d'Albigeois, c'est-à-dire tout ce
qui est compris aujourd'hui dans le diocèse de Castres 8c dans la partie de
celui d'Albi située à la gauche du Tarn. 6° Enfin la vicomte de Gévaudan
ou de Grezés que Raimond tenoit en engagement du roi d'Aragon. On
compte' que les domaines cédés par Raimond au roi saint Louis valoient
dans ce temps- là six mille livres tournois de rente, somme alors très-considé-
rable 5 sans parler de ceux qui avoient appartenu à Trencavel 8c à divers
autres seigneurs, qui demeurèrent unis au domaine royal 8c qui compre-
noient les vicomtes de Béziers, Carcassonne, Razès, Albi, 8cc.
Le roi, après la réunion de tous ces pays à la couronne, les partagea sous
l'autorité 8t l'administration des deux sénéchaux royaux que le roi Louis VIII,
son père, avoit déjà établis dès l'an 1226, l'un à Beaucaire 8c l'autre à Car-
cassonne. Le premier, qui se qualifia sénéchal de Beaucaire 8c de Nimes, eut
sous sa juridiction les diocèses de Maguelonne, aujourd'hui Montpellier,
Nimes, Uzès, Viviers, Mende 8c le Puy, avec la partie de ceux d'Arles 8c
d'Avignon qui est en deçà du Rhône. Le ressort de l'autre, qui prit le titre
de sénéchal de Carcassonne 8c de Béziers, fut composé des deux diocèses de
ce nom, de ceux de Lodève Se d'Agde, du diocèse de Narbonne, qui compre-
noit ceux d'Alet 8c de Saint-Pons; de la partie de l'Albigeois située à la
Éd. origin. pauche du Tarn 8c de la terre du maréchal de Lévis, dans le Toulousain,
t. m, p. i7<>. ° , , , , . 11 J T- 1 • I n •
Ces deux sénéchaussées avec celle de loulouse, qui demeura au comte Rai-
mond, formèrent ce qu'on appela dans la suite plus particulièrement la Lan-
guedoc.
L'Eglise romaine ne profita guère moins des dépouilles de Raimond :
outre le comté de Melgueil ou de Maguelonne qu'elle avoit confisqué sur
lui 8c sur le comte, son père, 8c qu'elle avoit donné en fief aux évêques de
Maguelonne, elle s'appropria, par ce traité de paix, le marquisat de Pro-
vence situé à la gauche du Rhône, entre l'Isère 8c la Durance, que Raimond
lui céda. On prétend^, 8c c'est, à ce qu'il paroît, avec quelque fondement,
que le pape pour s'assurer la possession de ce grand domaine 8c se faire un
appui, ne se réserva que la partie qui fut nommée comté Venaissin, 8c qu'il
disposa alors, s'il ne l'avoit tait auparavant, du reste du pays qui comprenoit
soixante-treize ou soixante-seize châteaux, en faveur d'Aymar de Poitiers,
comte de Valentinois, à qui il le donna en fief, à condition qu'il serviroit
■ Voyez <ome VIII, Chartes, n. CCCXX, c. 140Î. * Fantoni, Istoria d'Avigntone, 1. 2, c. i,n.(5i.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIV. 641
l'Eglise romaine dans le Venaissin avec cent chevaliers Si quatre cens fantas-
sins. Mais le pape Grégoire IX eut honte enfin de s'être prévalu de la situa-
tion violente où se trouvoit le comte Raimond pour s'enrichir à ses dépens,
& il lui rendit, en 1234 ', le marquisat de Provence que ce prince avoit cédé,
d'ailleurs, à l'Eglise romaine sans la participation & l'autorité de l'empereur
Frédéric, souverain du pays. Une paix si désavantageuse à Raimond a donné
lieu à un historien du temps* de remarquer qu'un seul des articles du traité,
par exemple de ceux par lesquels ce comte s'oblige à ne pouvoir disposer du
comté de Toulouse en faveur d'aucun de ses héritiers, de payer vingt-sept
mille marcs d'argent. Sec, auroit suffi pour sa rançon s'il avoit été fait pri-
sonnier en bataille rangée. « Je passe sous silence, ajoute cet auteur, les
« autres dures conditions auxquelles il se soumit 8t qui auroient paru très-
« onéreuses quand il auroit été détenu en prison; en sorte qu'on croit que
« c'est à Dieu 8c non aux hommes qu'on doit attribuer ce traité. »
XLVII. — Etendue des domaines qui restèrent à Raimond.
Après cette paix, il ne resta plus au comte Raimond, de tant de domaines
qui avoient rendu ses ancêtres les plus puissans 8c les plus accrédités des
grands vassaux de la couronne, que les pays suivans : i" Le comté ou dio-
cèse de Toulouse, qui comprenoit alors tout ce qui dépend aujourd'hui de la
province ecclésiastique de ce nom, savoir : les diocèses de Toulouse, Pamiers,
Montauban, Lavaur, Saint-Papoul, Rieux, Lombez Se Mirepoix, excepté la
partie méridionale de ce dernier ou la terre du maréchal. Le comté de Foix,
sur lequel Raimond conserva sa suzeraineté, étoit compris dans l'étendue de
ce pays. 2° La partie septentrionale du diocèse d'Albi située à la droite du
Tarn, que le comte fit gouverner par un sénéchal particulier, conjointement
avec le Rouergue. 3° Ce dernier pays ou les deux diocèses de Rodez Se de
Vabre, qui n'en composoient alors qu'un seul. Se qui comprenoient la vicomte
de jMillau, la suzeraineté sur le comté particulier de Rodez Si divers autres
domaines. 4° Le Querci, excepté la ville de Cahors 81 quelques autres fiefs.
5° Enfin tout l'Agenois ou les diocèses d'Agen 81 de Condom ; pays que
Jeanne d'Angleterre, mère de Raimond, avoit eu en dot. Du reste, ce comte,
depuis ce traité, ne se qualifia plus duc de Narbonne; qualité qui lui don-
noit le premier rang' parmi les six pairs laïques du royaume; en sorte que
sa pairie fut appliquée depuis au comté de Toulouse, 81 qu'il n'eut plus que
le quatrième rang parmi les mômes pairs laïques.
■ Voyez tome VII, Hôte XXIX, pp. 90 à 93. ' Voyez tome VII, !Vo«e XXVI, p. 7^ & siiiv.
• Guillaiime de Puyiaurens, c. 39. [Et Hôte additionnelle, pp. 78, 79.]
An 1229
VI.
"■; 642 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC, LIV. XXIV.
An 1229 T
XLVIII. — Le roi d'Angleterre traverse inutilement le traité de paix.
Il paroît que Henri, roi d'Angleterre, traversa ce traité ; il envoya du moins
des ambassadeurs à Raimond', quelque temps avant qu'il fut conclu, avec
des lettres de créance pour tout ce qu'ils lui proposeroient d'avantageux à
l'un &i à l'autre. Nous ignorons le succès de cette négociation; mais le roi
saint Louis ayant reçu Vhommage-lige de Raimond pour tous' les pays qu'il
lui laissa, parmi lesquels étoient l'Agenois St le Querci que ce comte tenoit
auparavant en fief des rois d'Angleterre, sans parler du comté de Toulouse
que le comte, son père, avoit enfin soumis à la suzeraineté de ces princes,
c'est une preuve que Raimond, obligé de céder aux circonstances, abandonna
les intérêts de Henri, & que le roi, qui étoit alors en guerre avec ce dernier,
sur lequel il avoit conquis presque toute l'Aquitaine, se mit peu en peine de
les ménager.
XLIX. — Vaines prétentions du roi d'Aragon sur les domaines cédés
par le comte de Toulouse,
^Kd.origim Quelqucs historicns espagnols^ prétendent que la plupart des domaines
que le comte Raimond céda au roi par le même traité étoient soumis à la
couronne d'Aragon ; mais cette prétention est tout à fait chimérique. Il est
vrai que le feu roi s'étoit saisi sur le vicomte Trencavel, en vertu de la ces-
sion d'Amauri de Montfort, des vicomtes de Carcassonne, Béziers, Albi,
R.azès, Sic, qu'une partie de ces domaines relevoient du roi d'Aragon, comme
comte de Barcelone, & que saint Louis se maintint dans leur possession ; ce
qui fut dans la suite un sujet de querelle entre les deux rois; mais on ne
voit pas que Jacques, roi d'Aragon, ait formé alors la moindre opposition à
la cession d'Amauri.
L. — Les coutumes de Paris restreintes aux terres possédées par des chevaliers
Jrançois dans la sénéchaussée de Carcassonne,
La révocation que le roi saint Louis fit par le traité de l'an 122g de toutes
les donations de terres qui avoient été faites, tant par lui-même 8t le feu roi,
son père, que par les seigneurs de la maison de Montfort, à divers chevaliers
francois, dans l'étendue des pays qui furent laissés au comte Raimond, y fit
cesser dès lors l'observation des us et coutumes de la ville 81 vicomte de Paris
que Simon de Montfort avoit introduits, 81 que ces seigneurs étrangers
s'étoient obligés de garder par rapport à la féodalité de ces terres. De là ces
coutumes n'eurent plus aucune force dans toute l'ancienne sénéchaussée de
Toulouse, dans le Querci, le Rouergue & l'Agenois, oii ces terres furent
■ Rymer, t. i, p. Soy & siiiv. 'Ziiritn, I. 2, c. 85.
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIV, 648
restituées à leurs anciens possesseurs ou à leurs plus proches, ou bien con-
fisquées au profit du comte de Toulouse. Il n'en tut pas de même dans la
sénéchaussée de Carcassonne, où ces coutumes demeurèrent en usage dans la
suite, mais seulement pour les terres qui restèrent aux seigneurs françois,
auxquels elles avoient été inféodées. Quant à la sénéchaussée de Beaucaire,
comme les diocèses qui la composoient n'avoient pas fait partie de la conquête
de Simon de Montfort, qui avoit établi ces coutumes, elles n'y furent jamais
observées.
LI. — Origine de l'université de Toulouse.
Enfin nous trouvons dans le même traité l'établissement de l'université de
Toulouse, par l'obligation que le comte Raimond contracta d'entretenir pen-
dant dix ans, dans cette ville, des maîtres ou professeurs en théologie, en
droit canon, en philosophie &i en grammaire. Car, après les dix ans, ces
sciences continuèrent d'y être enseignées, &t on y ajouta dans la suite des
professeurs en droit civil & en médecine j ce qui forma les quatre facultés
dont cette université est aujourd'hui composée. On voit le nom des premiers
maîtres qui professèrent k Toulouse, dans une quittance ' qu'ils donnèrent,
au commencement de l'an iiSg, du payement de leur honoraire; quelques-
uns d'eux, avec un grand nombre d'écoliers*, s'étoient retirés à Toulouse,
en 122g, après avoir abandonné l'université de Paris, à cause des troubles
qui s'y étoient élevés; ainsi celle de Toulouse tut florissante dès son origine,
&t elle le devint encore plus bientôt après. Il semble cependant qu'on peut
faire remonter cette origine plus haut que l'an 1229, puisque Alexandre'', qui
mourut évêque de Chesler, en Angleterre, en 1288, avoit professé publique-
ment la théologie à Toulouse avant l'arrivée de saint Dominique dans le
pays"*, & que le célèbre jurisconsulte frani^ois Accurse ^ y enseignoit publique-
ment le droit civil en 1227.
LU, — Raimond rend hommage au roi 6- se remet en prison jusqu'après
l'exécution de quelques articles du traité.
Le comte Raimond, ayant reçu son absolution dans la cathédrale de Paris,
fit'' hommage au roi pour tous les domaines qui lui étoient restés par le
traité, conformément à un des articles. Le roi reçut cet hommage à condition
que le comte les exécuteroit tous. « Sinon, dit ce prince, nous le remettons,
K de son consentement, dans le même état qu'il étoit, par rapport à nous
' Tome VllI, chartes, n.CCXXV, ce. 1022, loîS. ♦Probablement à l'école c»pitiilaire de Snint-
' Raynaldi, an. i 229, n. 02 & suiv. .^ Du Bou- Etienne, qui devait exister avant la guerre des al-
lay, Hift. universitatis Parisiensis, t. 3, p. |32 bigeois. En 1 1 55, un certain Guillem était capiicoZ
81 suiv. de cette école Cf. tome V, c. i 187. [A. M.]
^ Trivet, Chronlcon. an. 1238, ap. d'Achéry, '' Du Soulay, ut supra.
Spicileeium, t. 8, p. 533. " Catel, Hist. des comtes de Tolose, p. 339 & suiv.
An 1229
~ 644 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIV.
« & au royaume, avant son hommage, Ictjuel sera regardé comme non avenu,
€( &. nous pourrons faire courir sur lui & occuper les pays que nous lui
u avons laissés par le traité de paix. » Le roi déclara de plus qu'il garderoit
pendant dix ans les châteaux qui dévoient lui être remis pour la sûreté de
l'Eglise 8c pour la sienne; en sorte que si Raimond n'observoit pas ses pro-
messes, s'il causoit quelque dommage à l'Eglise durant cet intervalle, &. s'il
refusoit de le réparer dans l'espace de quarante jours, il l'y forceroit dans
celui de deux mois & remettroit alors ces châteaux à l'Eglise, qui en jouiroit
jusqu'à ce qu'il eût fait une entière satisfaction, 8cc.
Raimond, par un autre acte', déclara qu'il s'étoit remis volontairement en
prison à Paris, dans le Louvre, pour donner de plus grandes sûretés à l'Église
■if. <"•'«;":, 81 au roi, 6c qu'il y demeureroit jusqu'à ce qu'il eût fait remettre sa fille à
Carcassonne, entre les mains des commissanes du roi, 8c qui! leur eût fait
livrer cinq de ses châteaux, savoir : le château Narbonnois 8c ceux de Penne,
en Agenois, la Roque de Peyrusse, Cordes 8c Verdun, « Ainsi, ajouta-t-il,
« lorsqu'il apparoîtra au roi 8c au cardinal légat que j'aurai exécuté ces deux
H articles, je m'en retournerai librement, de même que les citoyens de Tou-
« louse qui sont demeurés en otage à la suite de la Cour, lorsque le roi sera
« assuré qu'on aura rasé les cinq cens toises de murailles de la ville de Tou-
« louse, les plus voisines du château Narbonnois, que le passage à ce château
« sera libre 8c que les fossés seront comblés. « Ces deux actes, qui sont pos-
térieurs au traité de paix, sont datés du mois d'avril 1228, 8c ils sont, par
conséquent^, du i3 ou du 14 de ce mois, parce qu'on commençoit alors
l'année le jour de Pâques, 8c que cette fête tomboit le i5 d'avril en 1229.
On voit par là que le comte Raimond se remit en prison au Louvre aussitôt
après avoir reçu son absolution.
LIIL — Ordonnance de saint Louis contre les hérétiques de la Province.
Saint Louis fit publier en même temps^ une ordonnance'* adressée^ à tous
les barons 6- vass.iux, à tous ses sujets 8c à tous les baillis 8c bonnes villes
des provinces d'Arles 8c de Narbonne, 8c des diocèses de Rodez, Cahors, Agen
8c Albi. 11 déclare que, voulant faire rendre à Dieu l'honneur 8c le culte qui
lui sont dus, il ordonne ce qui suit : 1° Les églises 8<. les ecclésiastiques de
ces pays jouiront des mêmes libertés 8c immunités dont jouit l'Église galli-
cane. 2° Parce que, ajoute-t-il, les hérétiques ont répandu depuis longtemps
leur venin dans vos cantons, nous ordonnons, pour l'extirpation de l'hérésie,
que ceux qui s'écartent de la foi catholique, quelque nom qu'on leur donne,
' Catel, Histoire des comtes de Tolose, p. 333. — suiv, — Lauriére, Ordonnances, t. I, p. 52. —
Guillaume de Puylaurens, c. 40. C'est ce qu'on .Tppelle l'ordonnance Cupientes, du
' Voyez tome VII, Note XXV, n"* 3 & 4, pp. 72 premier mot du pré.imbule; elle fut aussi envoyée
& y3. aux habitants d'Agde. Cf. tome V, c. iSzS,
■ liid, n. .";, p. 73. n. jcj. [A. M.]
^ Catel, Histoire des comtes Je Tolose, p. 340 & ' Mss. Je Coislin, n. 248.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIV. 6a5
^ An ] 229
soient punis sans délai, dès qu'ils auront été condamnés par l'évêque diocé-
sain ou par les autres ecclésiastiques qui en ont le pouvoir, avec défense à
toute sorte de personnes de recevoir les hérétiques, de les défendre, de les
favoriser, de les croire, 8cc. Ceux qui contreviendront à cette défense ne seront
plus reçus à l'avenir en témoignage & promus aux honneurs & aux dignités;
ils seront incapahles de succéder, & leurs biens seront confisqués, tant sur
eux-mêmes que sur leur postérité. 3° Le roi ordonne aux barons du pays, à
ses baillis 8<. à tous ses sujets de rechercher les hérétiques 81 de les dénoncer
aux ecclésiastiques qui avoient pouvoir de les juger, pour en faire une
prompte justice. 4° Pour accélérer cette recherche, le roi veut que ses baillis
payent deux marcs d'argent pendant deux ans, Se dans la suite un marc pour
cliacun des hérétiques dénoncés qui seront pris, avec ordre de les condamner
8< de les punir. 5° 11 ordonne ensuite de -chasser entièrement les routiers du
pays pour y établir une paix plus assurée; d'éviter les excommuniés; de
forcer par les peines temporelles, c'est-à-dire par la saisie de leurs biens, ceux
qui seroient demeurés dans l'excommunication pendant un an, à rentrer dans
l'unité de l'Église, avec défense de leur rendre leurs biens qu'après qu'ils
auront reçu l'absolution. Il ordonne enfin de restituer les dîmes aux églises,
sans que les laïques en puissent posséder davantage. 6° 11 enjoint aux barons,
aux vassaux Se aux bonnes villes de faire serment d'observer tous ces articles
entre les mains des baillis qui seront députés à cet effet 8c qui feront eux-
mêmes serment de veillera leur observation, un an après qu'ils auront été
reçus dans leurs charges. « Nous voulons, dit le roi, que ces statuts soient
« observés, en sorte que notre frère même jure de les garder 8c de les faire
Il garder par ses sujets, lorsqu'il sera en possession du pays. »
LIV. — Origine de la seigneurie £• comté de Castres — Seigneurs de Castres
de la maison de Montfort.
Le roi, quelques jours après la conclusion de son traité avec le comte Rai-
mond, inféoda' à Philippe de Montfort, fils de Gui St neveu du fameux
Simon, sous le service de dix chevaliers, la partie de l'Albigeois située à la
gauche du Tarn, excepté la ville d'Albi que ce prince se réserva, avec le droit
de régale 8c les autres droits seigneuriaux qu'il avoit dans cette ville. Phi-
lippe lui fit en même temps hommage de ce pays par un acte daté de Paris,
au mois d'avril de l'an 11 29, c'est-à-dire peu de jours après Pâques. « S'il
« arrivoit, dit le roi, dans les lettres de cet hommage, que le comte Raimond
« n'observât ^as la paix qui a été conclue entre l'Église, nous 8c lui; le pays
« que nous avons donné à Philippe de Montfort nous reviendra, 8c il demeu- , ''if, "p^'j"'
« rera notre vassal, comme son père l'a été du feu roi, notre père. Que si,
« pour la sûreté de l'Église 8c la nôtre, nous gardions alors quelques-uns des
« châteaux du domaine qui a appartenu au père de Philippe, nous serions
' Catel, Mémoirei pour l'histoire ie LangueJoc, p. 70J.
^„,^ 646 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIV,
« obligés de lui en remlre la valeur clans le domaine qu'il tient de notre
« libéralité au delà tle la rivière d'Albi, vers Carcassonne, 8<c. »
On trouve ici l'origine de la seigneurie de Castres, chef-lieu du pays qui
fut inféodé à Philippe de Montfort ; seigneurie qui passa à ses descendans Se
qui, dans la suite, fut érigée en comté; elle comprenoit tous les domaines qui
avoient appartenu aux Trencavels en qualité de vicomtes d'Albi , dans la
partie de l'Albigeois située à la gauche du Tarn, excepté la ville d'Albi. Il
paroît que Simon' de Monttort avoit disposé de ce pays, après la conquête,
en faveur de Gui, son frère, père de Philippe; mais les divers événemens de
la guerre n'avoient pas permis à Gui d'en jouir paisiblement, 8c ce n'est pro-
prement que depuis cette inféodation que cette branche de la maison de
' Montfort, qui s'établit dans le pays, y posséda un domaine si considérable.
Philippe de Montfort, premier du nom, se qualifia depuis seigneur de Cas-
tres. Il s'engagea à Melgueil^, le 7 d'août de l'an 1239, envers Bernard (de
Combret), évêque d'Albi, & le chapitre de sa cathédrale, de leur assigner
dans cinq ans, sur ses domaines, excepté sur les châtellenies de Lombers 5<
d'Ambialet, les vingt livres melgoriennes de rente que Simon, d'illustre
mémoire, son oncle paternel, leur avoit données (en 121 2) avec ordre à son
sénéchal de Lombers ou à celui qui tiendroit sa terre d'Albigeois de payer en
attendant tous les ans cette rente.
LV. — Le comte Raimond exhorte le comte de Foix à faire sa paix.
Le comte de Toulouse s'étoit engagé envers Roger-Bernard, comte de Foix,
à ne conclure ni paix ni trêve sans sa participation : il tint exactement parole
8c entama dans le pays, de concert avec Roger-Bernard, la négociation pour
la paix. Lorsqu'il la conclut ensuite à Paris, il fit tout son possible pour
moyenner celle de son allié; mais, n'ayant pu réussir, il s'obligea à le com-
battre s'il refusoit de se soumettre^, se saisit, en qualité de suzerain, des
domaines du même comte jusqu'au Pas de la Barre, lesquels furent confisqués
à son profit 81 il y établit des baillis pour les gouverner en son nom. Il lui
écrivit cependant la lettre suivante, le 25 d'avril : « Raimond "^j par la grâce
« de Dieu comte de Toulouse, à noble homme Roger- Bernard , comte de
« Foix; jouissons des biens temporels, en telle sorte que nous ne perdions
« pas les éternels. Étant venu en France pour conférer avec le cardinal
« Romain, légat du Saint-Siège, 8t notre très-cher seigneur le roi de France,
« nous nous sommes écarté par le conseil du comte de Champagne Se de nos
« autres amis, des articles que nous vous avions montrés, noVis soumettant
« absolument aux volontés du roi Se du cardinal. Et certes nous avons obtenu,
« par la grâce de Dieu, des conditions bien plus avantageuses que nous ne
« l'aurions osé espérer autrement. Nous avons beaucoup parlé avec eux de
' Voyez tome VII, A'otc XLIV, pp. 124, iiT). " Voyez tome VIII, Chartes, n. CXCIII, ce. poS
" Archives de l'évêché d'Albi. & 904.
' Guillnume de Piiylaiireiis, c. 40.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIV. 647 ~~
^ ' An 1229
« votre aftaire, Se nous y avons travaillé avec toute l'ardeur possible, comme
« le sait très-bien le comte de Comminges, votre beau-frère; mais nous
« n'avons pu terminer entièrement cette négociation à votre avantage. Néan-
« moins, le cardinal envoie sur les lieux, à nos instantes, & principalement
« pour votre affaire, notre vénérable &. cher père, Pierre de Colmieu, avec
« un plein pouvoir. C'est un homme dont nous avons éprouvé la sagacité, la
ti droiture, la religion, la douceur & la bonté dans toutes les occasions 5 c'est
" pourquoi novis vous conseillons de faire tout votre possible pour le voir Se
(i de détérer à ses avis. Si vous le faites de bonne grâce, nous ne doutons pas
(c c(ue votre affaire ne parvienne à une bonne fin. » Le comte de Foix profita
bientôt après de cet avis.
L,VI. — Le comte i'Astarac &• le vicomte de Narhonne font la paix
avec le roi.
Quant au jeune Trencavel, autre allié du comte de Toulouse, il n'en est
rien dit dans toutes ces négociations. Se il perdit entièrement le patrimoine
de ses ancêtres, sans c[u'il paroisse qu'il fût coupable d'autre crime que d'être
fils d'un père proscrit. Centulle, comte d'Astarac Se Aymeri, vicomte de Nar-
bonne, vassaux Se anciens alliés du même comte de Toulouse, furent traités
plus humainement. Le premier trouva moyen de faire sa paix en abandon-
nant ce prince avant le traité de Paris. Le roi, pour l'attacher à ses intérêts,
lui donna en fief' mille livres de rente, qu'il lui assigna sur des terres de
l'Agenois, lorsqu'il auroit fait la conquête de ce pays sur le comte Raimond, 'in'"^'*'3io
à condition que Centulle le serviroit dans la guerre d'Albigeois avec neuf
autres chevaliers. Ensuite, le roi ayant laissé l'Agenois à Raimond par le
traité de paix, il assigna à Centulle cent marcs d'argent de rente dans la
sénéchaussée de Carcassonne, Se ce comte s'engagea seulement à le servir avec
deux autres chevaliers pour cette rente. Enfin le roi pardonna à Aymeri, en
considération des services Se à la prière* de Matthieu de Marly ou de Mont-
morenci, beau-frère de ce vicomte, qui avoit épousé en secondes noces Mar-
guerite, sœur de ce seigneur. Le roi, voulant donc faire grâce k Aymeri,
déclara, au mois d'avril de l'an 1229, que les fils que ce vicomte avoit de la
sœur de Matthieu de Marly pourroient lui succéder; « en sorte, ajoute ce
« prince, qu'ils me feront hommage de cette succession quand ils seront par-
ti venus à un âge compétent ou bien quand je le jugerai à propos; à moins
« que leur père ou eux ne commettent quelque action qui m'obligeât de les
« priver de leurs domaines. »
'Voyez tome VIII, Chartes, n. CLXXXVII, 'Voyez tome VIII, Chartes, n. CLXXXVIII,
ce. 895, 896. ce. 897, 898.
An iizy ^4^ ■ HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIV.
LVII. — Matthieu de Marly, lieutenant du roi dans la Province, L- Pierre
de Colmieu, vice-légat, y reçoivent le serment des peuples.
Le roi nomma le môme ' Matthieu de Marly, qui étoit cousin germain de
Matthieu de Montmorenci, connétable de France, pour accompagner, en
qualité de son lieutenant {^tenens vices domini régis in partibus Alhigesiï)
dans les pays d'Albigeois, Pierre de Colmieu, chapelain du pape^ 8<. vice-
légat, afin d'y recevoir le serment des barons, des chevaliers Se des peuples
pour l'observation de l'ordonnance qu'il venoit de rendre contre les héré-
tiques. Ces deux, commissaires s'étant rendus à Narbonne, le vicomte Aymeri,
les habitans de cette ville & les chevaliers du Narbonnois, prêtèrent^ ce ser-
ment entre les mains du vice-légat, le i 7 de mai de l'an 1229, par ordre &
en présence du même Matthieu de Marly, devant Pierre, archevêque de Nar-
bonne Si son chapitre, dans une assemblée générale qui tut tenue pour cela
dans la cour du vicomte.
LVllI. — Le comte Raimond sort de prison, — Le roi le fait chevalier, lut
rend la vicomte de Millau 6- les autres fiefs du Rouergue.
Le comte Raimond ayanf^ exécuté les trois articles préliminaires auxquels
il s'étoit engagé, dont l'un étoit de remettre sa fille entre les mains des com-
missaires du roi, qui la reçurent à Carcassonne, le second de livrer à ce prince
cinq de ses châteaux, & le troisième de détruire une partie des murailles de
Toulouse, sortit de la prison volontaire qu'il avoit gardée jusqu'alors, & le
roi le créa chevalier le jour de la Pentecôte, 3 de juin. Il suivit ensuite la
cour qui alla successivement, durant ce mois, à Moret, dans le Gâtinois, 6t à
Loris, dans le diocèse d'Orléans.
Le roi manda alors ^ à divers seigneurs de Rouergue, qui avoient fait hom-
mage Si prêté serment de fidélité au feu roi, son père, qu'il les dispensoit de
ces obligations &i leur ordonnoit de faire hommage 8i de prêter serment de
fidélité à son très-cher cousin & vassal Raimond, comte de Toulouse, « sans
« préjudice, ajoute-t-il, du traité que nous avons conclu ensemble. » Raimond
déclara de son côté que le roi lui avoit restitué la vicomte de Millau, dans le
diocèse de Rodez, avec toutes ses dépendances, & qu'il avoit promis à ce
prince d'ester à droit devant sa cour contre quiconque se plaindroit de cette
restitution. Cette clause regardoit Jacques, roi d'Aragon, dont le père avoit
donné en engagement cette vicomte avec celle de Gévaudan au feu comte de
Toulouse, & qui prétendoit que ce comte avoit remis le prix de l'engage-
ment. Depuis ce temps-là ces deux vicomtes, qui ne composoient auparavant
■ Cntel, Histoire des comtes de Tolose, p. 340. ^ Guillaume de Puylaurens, c. 40.
' Marténe, Thés, anccdot. t. 1, c. 936. ' Voyez tome VIII, Chartes, n. CXCI, c. 902.
«Voyez tome VIII, Chartes, n. CLXXXVIII,
ce. 896, 897.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC, LIV. XXIV. 640 ~
T7 An 1229
qu'un même domaine sous le nom impropre de comté de Millau, furent
séparées. La première fut restituée au comte de Toulouse & fit partie de son
domaine, & l'autre demeura unie à celui du roi, qui en avoit déjà donné la
garde à vie au seigneur de Mercœur. Le roi Jacques fit valoir cependant ses
prétentions sur la vicomte de Millau, 8c ayant assiégé cette ville' quelques
années après, il la prit; mais le comte Raimond la reprit sur lui.
LIX. — Mariage de Jeanne, fille de Raimond, avec Alphonse,
frère de saint Louis.
Jeanne, fille du comte Raimond, arriva à Moret^ durant le séjour que la
Cour fit en cet endroit au mois de juin de l'an 122g. Le cardinal légat, sui-
vant le pouvoir qu'il en avoit reçu du pape, donna alors la dispense du
degré de parenté qui étoit entre cette princesse & Alphonse, frère de saint
Louis, pour pouvoir se marier. On voit par là que le roi se détermina bientôt
sur le choix de celui de ses frères qui devoit contracter ce mariage, qu'un
généalogiste^ prétend, mal à propos, avoir été arrêté dès l'an 1224. Au reste
il convenoit très-bien par rapport à l'âge, car Alphonse & Jeanne étoient nés ^ %''"^3^^\
l'un & l'autre en 1220. Comme ils n'étoient pas par conséquent en état de le
consommer, on se contenta de les fiancer en présence du cardinal légat, 6c
les noces ne furent célébrées que huit ans après'*.
LX. — Raimond donne au roi la ville de Saint-Antonin en échange.
Fin des vicomtes de Saint-Antonin.
Le roi Se le comte Raimond s'accordèrent"', vers le même temps, par l'en-
tremise du légat 8c du comte de Champagne, au sujet de la ville de Saint-
Antonin, en Rouergue, qui devoit être restituée au comte, 8c de la ville de
Cahors 8c des autres fiefs du Querci qu'il prétendoit devoir lui être aussi
rendus. Ces domaines demeurèrent au roi qui, en dédommagement, renonça
au payement des quinze cens livres tournois par an que le comte s'étoit obligé
de donner pendant cinq ans pour la garde des châteaux qu'il devoit remettre
pour la sûreté de ses promesses. Le roi demeura depuis en possession de la
ville de Saint-Antonin, gouvernée anciennement par des vicomtes qui étoient
hommagers des comtes de Toulouse. Le dernier fut Bernard-Hugues, fils du
feu vicomte Frotard 8c de Bertrande, lequel*' céda au roi, au mois d'octobre
de l'an 1249 8c le 24 de mars de l'an i25o (i25i), tous les droits qu'il avoit
par la succession de son père sur la ville de Saint-Antonin, sur le château de
Bérone 8c sur la ville de Saint-Cyr, entre les mains de Géraud de Malamort,
' Voyez tome VIII, Chartes, n.CCCXX, c. 1 401. ' Voyez tome VIII, Chartes, n.CXCI, ce. 901
' Ibid. n. CXC, c. 901. 81 901.
' Histoire généalogique des grands officiers, t. 2, ^ Trésor des chartes; Languedoc, n. 14. — Ar-
p. 83. chives de Téglise de Saint-Salvi d'Albi. [J. 296;
' Voyez tome VII, Vote XXXIII, pp. 96, 97. Teiilet & de Laborde, t. 3, p. 84. J
An 1229
65o HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIV.
sénéchal pour le roi à Saint-Antonin qui, en récompense, lui donna cinq
cens livres tournois de rente.
LXI. — Roger-Bernard, comte de Fo'ix, fait sa paix. — Mort d'Ermess'inde
de Castelhon, sa femme.
Le vice-légat Pierre ' de Colmieu & Matthieu de Marly, lieutenant du roi
dans la Province, s'étant avancés à la tête d'une armée dans le pays de Foix,
pouroblio'er le comte Roger-Bernard à se soumettre, celui-ci alla à leur ren-
contre à Saint-Jean de Verges, Se là, déférant au conseil que le comte de
Toulouse lui avoit déjà donné, il se soumit sans réserve, le 16 de juin, aux
volontés du roi & du légat. Il promit, de l'avis 8t en présence des prélats &
des barons qui étoient dans l'armée Françoise, de purger son pays d'héré-
tiqties; de travailler au rétablissement de la paix; d'observer les règlemens
qui avoient été faits là-dessus; de restituer tous les biens usurpés sur les
églises, excepté le fait de Pamiers, que nous expliquerons dans la suite, sur
lequel 8^ sur la pénitence qui devoit lui être imposée, il s'en rapporta entiè-
rement à la décision du légat. Il remit de plus les châteaux de Lordat & de
Montgranier entre les mains du roi pour la sûreté de ses promesses, qu'il fit
aussi au nom d'Aymeri 8c de Loup, ses frères^, 8<. d'Athon-Arnaud de Castel-
verdun. L'archevêque de Narbonne, les évêques de Tournay, Toulouse, Car-
cassonne 8t Conserans, les abbés de La Grasse, Boulbonne, Foix & Combe-
longue, Guillaume de Chavignac, seigneur de Châteauroux, le maréchal de
Lévis, Pierre de Voisins & divers autres chevaliers François furent présens à
cet acte. Roger-Bernard alla ensuite à la Cour, où il termina-', au mois de
septembre, sa réconciliation avec le roi 8t le légat. Comme le comte de Tou-
louse s'étoit déjà saisi sur lui, par droit de commise, de la partie du comté
de Foix située en deçà du Pas de la Barre, le roi lui assigna en dédomma-
gement mille livres de rente stir les lieux d'Arsens, Alairac, Preixan & Fon-
cian, dans le diocèse de Carcassonne, qui avoient appartenu autrefois à sa
maison. Roger-Bernard en fit hommage-lige au roi, qui lui remit le château
de Lordat 8< prit à la place celui de Foix pour le garder pendant cinq ans,
avec promesse de le lui rendre, de reprendre ensuite pendant cinq autres
années celui de Lordat, de les faire garder à ses dépens pendant ce temps-là
avec celui de Montgranier, 8c enfin de les lui restituer au bout de dix ans.
Roger-Bernard promit de son côté de ne faire aucune fortification dans ses
autres places, de chasser les ennemis du roi, 8cc.
Les châteaux de Foix, de Lordat 8c de Montgranier sont situés au delà du
Pas de la Barre 8c hors des limites de la partie du pays de Foix mouvante du
comte de Toulouse, qui s'en étoit mis en possession ; mais le comte Rai-
mond, considérant les grands services que les deux derniers comtes de Foix
■Voyez tome vin, Chartes, n. CXCIII, ce. 903 » Guillnume de Puylaurens, c. 40. — Voyei
i 906. Albéric, Chronicon. tome VIII, Chartes, n. CXCIV, ce, 906 à 909.
" Voyez tome VII, Note XXIII, n. 2, pp. 68, 69.
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIV. 65 1
lui avoient rendus S<. au comte, son père, rendit cette partie le i" d'octobre'
suivant, à Roger-Bernard, qui lui en fit hommage. Un ancien^ historien
assure que Raimond ne rendit ce pays à Roger-Bernard qu'en comme nde ;
qu'il se réserva la liberté de le reprendre quand il le jugeroit à propos, 8c
qu'il l'accorda seulement à vie à ce comte. En effet, Raimond prétendit dans
la suite ne l'avoir rendu que de cette manière; mais les actes dont nous
venons de parler prouvent manifestement le contraire; 8i il paroît que Rai-
mond n'agit pas dans cette occasion avec toute la droiture convenable. Roger-
Bernard^ rentra aussi en possession du château & de la ville de Pamiers,
dont ses prédécesseurs avoient joui en pariage avec les abbés 8< les religieux
de l'abbaye de Frédélas ou de Pamiers : & c'est cette réserve du fait de
Pamiers qu'on avoit promis d'expliquer. Après le renouvellement de ce
pariage il donna, de concert avec Maurin, abbé de Pamiers, & ses religieux,
au mois de septembre de l'an i^Si, des coutumes aux consuls Si habitans de
Pamiers, ou confirma les anciennes.
Roger-Bernard, peu de temps après avoir fait sa paix avec le roi, perdit
Ermessinde, vicomtesse de Castelbon ou de Cerdagne, sa femme, qui, par
son testament du 28 décembre de l'an iiig'*, lui laissa l'administration de
tous ses biens, fit son héritier Roger, leur fils, 8c légua dix mille sols melgo-
riens à leur fille dont elle ne marque pas le nom, sur les revenus de la vallée
d'Andorre. Elle choisit, par cet acte, sa sépulture dans la maison des hospi-
taliers de Costoge 8c donna d'autres marques de sa religion; néanmoins sa
mémoire-^ fut flétrie dans la suite avec celle d'Arnaud, vicomte de Castelbon,
son père, décédé en 1216, par les inquisiteurs d'Aragon, lesquels firent
exhumer leurs ossemens en 1270, comme ayant été hérétiques, fauteurs 8c
receleurs des hérétiques. La fille de Roger-Bernard, comte de Foix, Se d'Er-
messinde de Castelbon, s'appeloit Esclarmonde. Elle épousa <5, au commence-
ment de l'an ii3i, Raimond, fils de Raimond Foie, vicomte de Cardonne,
8c de Tarroge, sa femme. Roger-Bernard donna en même temps son fils
Roger en mariage à Brunissende, fille du même vicomte de Cardonne, 8c ils
convinrent que les dots de leurs filles, qui étoient de cinq cens marcs d'ar-
gent pour chacune, seroient compensées.
LXII. — Le comte Raimond. revient à Toulouse^ où il renouvelle ses promesse
devant le légat.
Cependant Pierre de Colmieu, vice-légat, s'étant rendu à Toulouse^, au
mois de juillet de l'an i22(;, réconcilia cette ville à l'Eglise pendant l'absence
■ Tome VIII, Chartes, n. CXCVIII, ce. 923, 924. ' Znt'its, Anales Je la ccrona de Aragon, \. ?>,
' Guillaume de Puylaureiis, c. 40. e. 76. — Marca, Histoire de Bcarn, 1. 8 , c. 22,
' Marca, Histoire de Béarn, I. 8, ch. 22, n. 2. n. 4.
— Château de Foix, caisses 4 & :"). " Voyez tome VIII, Chartes, n. CCVII, ce. 9J4
' Voyez lome Vlll, Chartes, n. CXCVII, ce. 920 & ç5:>.
i pil, — Msrcn, Histoire de Béarn, 1. 8, c. 22, n. 4. ' Guillaume de Puy la urens, c. 4^.,
An 1229
Kd. orisîii.
t. m, p. 3i>2
""; 652 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC, LIV. XXIV.
Art 12 2p
du comte Raimond, qui étoit encore à la Cour, d'où il ne revint que vers la
lin du mois de septembre'. Le cardinal de Saint-Ange, légat du Saint-
Siège^, le suivit de près & arriva dans la Province, à la tête d'un corps de
croisés, auxquels il avoit accordé de grandes indulgences. Si dont il se servit
tant pour la démolition des places fortes du pays que pour achever de le sou-
mettre au roi & à l'Église. Les Toulousains marchèrent à son secours & tout
obéit sans résistance, excepté un seul château qui se défendit. Enfin le légat
se rendit à Toulouse où, après ^ avoir enjoint au comte d'exécuter tous les
articles du traité de paix, qu'il lui récapitula, les commissaires du roi reçurent
le serment de fidélité de ce prince, le remirent en possession, au nom du légat
&. du roi, des pays qui lui avoient été laissés par le même traité, & en dres-
sèrent un procès-verbal.
LXIII. — Concile de Toulouse. — H établit l'inquisition dans le pays.
Le légat célébra ensuite à Toulouse, au mois de novembre, un concile
auquel se trouvèrent"* les archevêques de Narbonne, de Bordeaux & d'Auch,
un grand nombre d'évêques 8t d'autres prélats, le comte de Toulouse, les
autres comtes &<. barons du pays, le sénéchal de Carcassonne Si deux consuls
de Toulouse, l'un de la cité Si l'autre du bourg. Ces derniers ayant fait ser-
ment, sur l'âme de toute la communauté, d'observer les articles de la paix,
le comte Raimond Si les seigneurs l'approuvèrent, en prêtèrent un sem-
blable, Si tout le pays suivit leur exemple. On fit ensuite quarante-cinq
canons dans le préambule desquels le cardinal de Saint-Ange s'exprime de la
manière suivante : « Quoique divers légats du Saint-Siège aient fait plu-
« sieurs statuts contre les hérétiques, leurs fauteurs ou receleurs, pour con-
c( server la paix dans le diocèse de Toulouse, la province de Narbonne Si les
« diocèses Se les pays voisins. Si pour le bien du pays; faisant cependant
(( attention que ces provinces, après avoir été longtemps désolées, sont actuel-
« lement pacifiées, comme par miracle, par le consentement Si la volonté des
« grands, nous avons jugé à propos d'ordonner, du conseil des archevêques,
« des évêques, des prélats, des barons Si des chevaliers, ce que nous avons
« jugé nécessaire pour purger du venin de l'hérésie un pays qui est comme
<( néophyte Si pour y conserver la paix. » Ce concile de Toulouse fut donc
une assemblée mixte, Si les canons qu'on y dressa émanèrent de l'autorité
des deux puissances.
Plusieurs de ces canons regardent l'établissement de l'inquisition dans le
i m"'^''']"? P^y^ P°"' ^^ recherche des hérétiques. On y ordonna^, en effet, que les
évêques députeroient dans chaque paroisse un prêtre Si deux ou trois laïques
de bonne réputation, lesquels feroient serment de rechercher exactement tous
■ Mss. de Colhert, n. 1067. < Concilia, t. 1 1, c. 417 & suiv. — Mss. de l'in-
■ Guillaume de Puylaiireiis, c. 40. — Albéric. quisition de Carcassonne.
Chroniccn. ^ Concilia, ibid. can. 1, 2 & 3.
' Catel, Hist. des comtes de Tolosc, p. 337 & Suiv.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV, XXIV.
653
les hérétiques & leurs fauteurs, de visiter pour cela toutes les maisons, depuis
le grenier jusqu'à la cave, & tous les souterrains où ils pouvoient se cacher,
& de les dénoncer ensuite aux ordinaires, aux seigneurs des lieux 8c à leurs
ofiiciers pour les punir sévèrement. On ordonne ' ensuite la confiscation des
biens 8c statue d'autres peines contre ceux qui leur permettroient dorénavant
d'habiter dans leurs terres. Pour ne pas confondre cependant ^ l'innocent
avec le coupable, on défendit de punir personne comme hérétique, à moins
qu'il n'eût été jugé tel par l'évêque ou par un ecclésiastique qui en eût le
pouvoir. On permet à toute sorte de personnes de faire partout la recherche
des hérétiques, Se on donne ordre aux baillis des lieux de prêter main-forte
pour cette recherche, avec autorité au bailli du roi de procéder dans les
domaines du comte de Toulouse, 8c au comte 8c aux autres, dans les domaines
du roi. On statua que les hérétiques revêtus, qui s'étoient convertis, n'habi-
teroient pas les lieux suspects d'hérésie où ils demeuroient auparavant, mais
dans des villes catholiques; que, pour preuve qu'ils détestoient leurs anciennes
erreurs, ils porteroient deux croix sur la poitrine, l'une à droite, l'autre à
gauche, d'une couleur différente de celle de leurs habits. Se qu'ils ne pour-
roient être admis aux charges publiques, ni être capables des effets civils,
sans une dispense particulière du pape ou de son légat a latere. On appeloit
croisés pour le fait d'hérésie ceux qui étoient ainsi condamnés à porter des
croix. Il est ordonné ^ ensuite que les autres hérétiques, qui ne se seroient
pas convertis de leur propre mouvement, mais par la crainte des peines,
seroient renfermés 8c nourris aux dépens de ceux qui posséderoient leurs
biens, avec ordre à l'évêque, s'ils n'avoient rien, de pourvoir à leur subsis-
tance. Il est enjoint^ aux hommes depuis quatorze ans 8c au-dessus, 8c aux
femmes depuis l'âge de douze ans, de renoncer par serment à toute sorte
d'erreurs; de promettre de garder la foi catholique; de dénoncer &i de pour-
suivre les hérétiques. Se de renouveler ce serment tous les deux ans. On''
déclara suspects d'hérésie tous ceux qui ne se confesseroient pas 8c ne commu-
nieroient pas trois fois l'an. On. défendit aux laïques^ d'avoir chez eux des
livres de l'ancien Se du nouveau testament, excepté le psautier, le bréviaire
ou les heures pour l'office divin, qu'il n'étoit pas même permis de garder tra-
duits en langue vulgaire : on fut obligé de faire cette défense, qu'on trouve^
ici pour la première fois, afin d'empêcher l'abus que les hérétiques faisoient
des livres saints.
Les canons suivans prescrivent d'autres mesures pour extirper l'hérésie du
pays, y entretenir la paix 8c pourvoir à la sûreté publique : ils défendent de
construire de nouvelles forteresses 8c de relever celles qui étoient détruites;
ils maintiennent les églises 8c les ecclésiastiques dans leurs immunités 8c pri-
vilèges; font défense de faire payer la taille aux clercs, excepté à ceux qui
An 1 229
' Concilia, t. I I , c. 427, can. 4 & suir.
' liiJ. can. 8.
' IkiJ. can. il.
< ni l. can. 12.
* Concilia, can. i 3,
* lii.l. can. 14.
' Fleuri, Histoire eccléiiastl^uf, 1. 79, n. 53.
"1 654 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIV.
An iiîp "
étoient marchands ou mariés, 8<. de lever de nouveaux péages. On ordonna'
de plus de se liguer actuellement par serment contre les ennemis de la toi Se
de la paix, nommément contre Guillaume, seigneur de Pierrepertuse, qui
occupoit le château de Puylaurens (dans le pays de Fenouillèdes), Se Nai-
raud d'Aniort^, qu'on déclara excommuniés, s'ils ne se soumettoient quinze
jours après l'expiration de la trêve qui leur avoit «té accordée. On défendit^
aux barons, châtelains, chevaliers, citoyens ou bourgeois Se paysans (^rurales)
de s'engager par serment dans aucune autre ligue, sous peine d'une amende
proportionnée à leur condition. Enfin il est ordonné à tous les juges de rendre
la justice gratis. Se de publier tous les ans ces statuts dans les provinces aux
quatre-temps de l'année. Ce sont là les principaux canons de ce concile de
Toulouse, durant lequel l'évêque'* de cette ville défraya la plupart des prélats
qui y assistèrent.
C'est donc à ce concile qu'il faut attribuer l'établissement fixe Se perma-
nent du tribunal de l'inquisition. On en commença aussitôt les procédures,
Se le cardinal légat ^ fit examiner durant l'assemblée tous ceux qui étoient les
plus suspects. Pour y mieux réussir, il fit réhabiliter par le concile Guillaume
de Solier, hérétique revêtu, qui s'étoit converti volontairement afin de se
t Ifi "' '"38' servir de son témoignage contre ses complices. Cette recherche ou inquisition
fut établie en telle sorte que les évoques entendirent chacun séparément un
certain nombre de témoins que Foulques, évêque de Toulouse, leur admi-
nistra, Se, après avoir reçu leurs dépositions, ils en remirent les actes entre
les mains de ce prélat pour les conserver Se y avoir recours en cas de besoin :
ils expédièrent ainsi cette affaire beaucoup plus vite. On entendit d'abord
ceux qui étoient réputés catholiques, Se ensuite ceux dont la foi étoit plus
suspecte; mais ces derniers convinrent ensemble de ne rien révéler qui pût
leur causer du préjudice ; aussi cette procédure fut-elle entièrement inutile.
Quelques-uns plus prudens, prévoyant qu'ils seroient dénoncés, prévinrent
les informations, s'avouèrent coupables Se demandèrent pardon au légat qui
leur fit grâce. Il la refusa aux autres Se, les ayant forcés à comparoître, ils
furent traités durement. Enfin quelques autres eurent recours aux voies de
droit Se demandèrent qu'on leur déclarât les noms de ceux qui avoient déposé
contre eux, afin d'examiner s'ils n'avoient pas quelque sujet de récusation Se
s'ils n'étoient pas de leurs ennemis. Ils suivirent le légat jusqu'à Montpellier
pour l'engager à leur accorder cette demande ; mais ce prélat, craignant que
les accusés n'entreprissent sur la vie de leurs délateurs, éluda leurs instances.
Se leur fit voir seulement en général la liste de tous les témoins; or, comme ils
ignoroient ceux qui les avoient chargés, ils n'osèrent en récuser aucun en par-
ticulier, se désistèrent de leurs poursuites Se se soumirent enfin à ses ordres.
Si nous en croyons un écrivain^ moderne, le concile de Toulouse « fit un
' Concilia, ut supra, can. Sy. — Mss. de l'Inqul- * Guillaume de Puylaurens, c. 40.
sition de Carcassonne, ' liiA. c. 41.
' [Corrige^ Guiraud de Niort.] '^ Langlois, Histoire des alèigeois, 1. 8, p. 423
s Concilia, can. 38. & suiv.
FilSTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIV. 655
<i autre décret pour l'érection de la charge d'un maréchal de la foi, qui auroit
« droit de prendre les armes pour courir sus aux hérétiques qui oseroient
« remuer, Se fit cette charge héréditaire en faveur de Lévis. Ce fut, ajoute-t-i!»
« une juste récompense des services que Gui de Lévis, seigneur de Mirepoix,
« avoit rendus depuis le commencement de la croisade; » mais ce décret est
une fable. Au reste, le comte Raimond exécuta de bonne foi tous ceux du
concile de Toulouse; il fit' faire à ses dépens une exacte recherche des héré-
tiques, qui perdirent pendant l'hiver leur principal appui en la personne
d'un nommé Guillaume, qu'on appeloit le pape des albigeois, & qui, ajant
été pris, fut brûlé tout vif.
LXIV. — Le cardinal légat patcourt la Province avec Adam de Millî,
que le roi y avoit établi pour son lieutenant.
l,e cardinal de Saint-Ange partit de Toulouse, vers le commencement de
décembre, Se alla à Lézignan, dans le diocèse de Narbonne, où Pierre de
Colmieu, son vice-légat, rendit une sentence*, de son conseil 6t en sa pré-
sence, St d'Adam de Milli, chevalier, vice-gérant du roi (ou vice-roi) dans le
pays d'Albigeois ; ce fut au sujet du différend qui s'étoit élevé entre les offi-
ciers du roi 8t Philippe de Montfort, à qui ce prince avoit cédé ses droits sur
la ville d'Albi d'un côté, Se Durand, évêque de cette ville, de l'autre, tou-
chant la seigneurie & la juridiction. Le cardinal légat se rendit ensuite à
Béziers, où il termina 3, le 9 de décembre, un différend qui s'étoit élevé entre
le même Adam de Milli, comme lieutenant du roi dans le pays, 8t l'abbé St
le monastère de La Grasse, au sujet des biens confisqués sur les hérétiques.
Il décida que le roi 8c ses officiers s'en tiendroient à l'accord que Simon de
Montfort avoit fait avec cette abbaye, 8t que le roi mettroit en main tierce
les fiefs dépendans du monastère, afin que l'abbé & les religieux pussent
recevoir leurs droits ordinaires, ou bien que ce prince leur donneroit un
dédommagement. Le légat régla la même chose touchant un semblable diffé-
rend entre Adam de Milli 5<. l'évêque de Béziers : "il commit vers ce temps-là
les abbés de Saint-Sernin de Toulouse Si de Grandselve pour informer sur
les prétentions que le comte de Toulouse Se l'abbé de Moissac avoient sur la
seigneurie de cette dernière ville'*.
LXV. — Gui de Lévis, seigneur de Mirepoix, maréchal de France.
Adam de Milli' Se Gui de Lévis, maréchal dans l'Albigeois du seigneur
Louis, roi illustre des François, avoient reçu commission de ce prince d'assi-
' Albéric, CAron/cort. 'Trésor des chartes; Toulouse, jac ,'> , n. 7.
' Gallia Chrhtiana, nov. éd. t. I, Instr. p. 8. — [J. jof); Teulet, t. 2, p. 164. L'acte est daté de
Voyez tome VIII, Chartes, n, CXCV, c, 909 & Beaucaire, 18 décembre 1229. Une première se-
siiiv. nteilce fut rendue à ce sujet par Pierre de Colmieu
' Trésor des chartes; La Grasse, n. 2. [J. 3^3; peu après; J. 3o9, n. 72. Teulet, t. i, p. i6û.]
Teulet, t. 2, p. 164.] ' Baluze, Histoire généalogique de lu maison
An I 22J
An 122
y
656 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIV.
gner à Pierre, archevêque de Narbonne, quatre cens livres de rente pour le
dédommager des fiefs mouvans de son église qui avoient été confisqués sur
les hérétiques 8c unis au domaine. Gui de Lévis exécuta seul cette commis-
sion à Béziers, le jour de Sainte-Luce de l'an 12:19, 8<., à ce qu'il paroît, en
présence du légat ; il assigna, en conséquence, à l'archevêque de Narbonne
t.'iu,"p!^3"5. quatre châteaux du diocèse, savoir : Anissan, Pépieux, Pieussan & Pvoutié.
Le roi confirma dans la suite cette assignation Se chargea l'église de Nar-
bonne de célébrer après sa mort, en reconnoissance, un anniversaire pour
son âme. On doit inférer de cet acte que Gui de Lévis, premier du nom,
après avoir été, depuis le commencement de la croisade, successivement maré-
chal de Simon 6<. d'Amauri de Montfort, fut avant sa mort véritablement
maréchal du roi de France, Se qu'on anroit pu, par conséquent, ne pas
l'omettre, comme on l'a fait', dans le catalogue des grands officiers de la
couronne. Si nous en croyons même un moderne^, Gui de Lévis commanda
l'armée du roi sous le comte de Montfort, qui en était généralissime, comme
on parle aujourd'hui^; ainsi on devroit mettre Gui au rang des maréchaux de
France, dès le commencement de la croisade; mais cet auteur n'a pas fait
attention que les armées des croisés qui furent employées contre les albi-
geois étoient rassemblées de divers pays 8c de diverses nations, Se qu'elles ne
firent jamais la guerre dans la Province au nom du roi, pendant toute la vie
de Philippe-Auguste, qui ne voulut jamais se charger de cette expédition en
son nom. Se que ce fut seulement le roi Louis VIII, son fils, qui l'entreprit
en 1226. Ce n'est donc qu5 depuis cette dernière époque que Gui de Lévis
devint maréchal du roi de France. Les successeurs de Gui se donnèrent le
titre de maréchaux de Mirepoix ou maréchaux d'Albigeois, jusqu'à la fin du
quinzième siècle, qu'ils se qualifièrent"* maréchaux de la foi, qualité qu'ils
ont toujours prise depuis 8c qu'ils regardent comme héréditaire, sur le fonde-
ment que Gui I fut maréchal de l'armée de la foi. Ce seigneur'' étoit déjà
mort, à ce qu'on prétend, au mois de novembre de l'an i23o. Il laissa de
Guiburge, sa femme, dont on ignore la maison'', deux fils 8c une fille.
L'aîné, nommé Gui, lui succéda dans la seigneurie de Mirepoix 8c des autres
terres que Simon de Montfort lui avoit données en fiet, après en avoir
dépouillé les anciens seigneurs, sous prétexte d'hérésie. Saint Louis confirma,
en 1229, à Gui I de Lévis, la possession de tous ces domaines, qui s'éten-
doient dans la partie méridionale du Toulousain comprise aujourd'hui dans
le diocèse de Mirepoix, 8c qu'on appela la terre du maréchal. Ces terres
d'Auvergne, t. 2, p. 583. — Gallia. Chriitiana, vèrcnt ce titre honorifique. Dora Vaissete a d'ail-
nov. éd. t. 6, Instrum, c. 69 & scq. leurs r;iison de relever l'erreur de Baluze, qui
* Histoire généalogique des grands officiers. suppose que Simon de Montfort agissait comme
' Baluze, Histoire généalogique de la maison lieutenant du roi de France, ce qui ne fut jamais
d'Auvergne, t. 1, p. 3 10. vrai, [A. M.]
' Cette assertion est peu fondée. En réalité, Gui ■* Baluze, Histoire généalogique de la maison
de Lévis était maréchal du comte de Montfort, d'Auvergne, t. 1, p. 3io.
c'est-à-dire officier de sa maison & premier chef ^ Histoire généalogique des grands officiers, t. a.
militaire à son service, & ses descendants conser- ' \'oye2 tome VII, Note XXIV, n. 2, p. ii.
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIV. 65? —
' An iiip
avoient appartenu auparavant médiatement ou immédiatement aux comtes
de Foix ou aux vicomtes de Béziers & de Carcassonnej mais Gui de Lévis 8c
ses descendans les possédèrent en hommage-lige de la couronne. On a dit
ailleurs que Gui de Lévis, qui s'établit dans la Province, étoit originaire des
environs de Paris, où il avoit fondé, en 1190, l'abbaye de la Roche.
LXVI. — Concile d'Orange. — Le cardinal de Saint-Ange donne au roi
la garde du marquisat de Provence , 6* part pour Rome.
Romain, cardinal de Saint-Ange, après avoir traversé la Province, passa le
Rhône' 8t se rendit à Orange, où il célébra un concile dont nous n'avons
plus les actes. On y reçut, selon toutes les apparences, les décrets de celui que
ce légat venoit de tenir à Toulouse. Quant à son époque précise, nous savons^
que Romain étoit à Orange le 24 de décembre de l'an 1229, avec les évêques
de Nimes, Béziers & Carcassonne, qui assistèrent sans doute à ce concile &
qui, ce jour-là, rendirent une sentence, conjointement avec le vice-légat
Pierre de Colmieu, au sujet des différends qui s'étoient élevés entre l'évêque
d'Agde St Adam de Milli, chevalier, vice-gérant du roi de France dans la pro-
vince de Narbonne. Par ce jugement l'évêque 81 l'église d'Agde cédèrent au
roi les fiefs que le comte de Montfort avoit possédés autrefois dans leur mou-
vance, entre autres les châteaux de Florensac, de Pomerols, Sec. Les fiefs que
l'évêque d'Agde tenoit du comte de Montfort, savoir : Montagnac & Mèze
demeurèrent à ce prélat, qui s'engagea à en prêter serment de fidélité au roi.
Le cardinal de Saint-Ange déclara à Orange, le 27 de décembre de^ la même
année, qu'Adam de Milli avoit assigné, de son consentement, sur le diocèse
de Carcassonne, mille livres de rente au comte de Foix, 8c qu'il devoit asseoir
mille cinq cens livres de rente à Lambert de Limoux, chevalier, mille livres
à Pierre de Voisins, 8c faire des assignations semblables à quelques autres
chevaliers,
D'Orange le légat se rendit au château de Mornas, 8c là, étant sur son
déparf* pour Rome, il remit, deux jours après, le soin 8c l'administration du
pays que le comte de Toulouse possédoit autrefois à la gauche du Rhône
(c'est-à-dire du marquisat de Provence), à Adam de Milli, vice-gérant du roi éd. oriRin.
de France, 8c de Péregrin Latinier, sénéchal de Beaucaire. Il les chargea de
le garder au nom de l'Eglise romaine, à condition que le roi le feroit gou-
verner de bonne foi, soit par eux-mêmes, soit par tout autre qu'il jugeroit à
propos de commettre : « En sorte, ajoute le légat, que si le roi se sent lésé de
« cette garde, il en avertira le pape ou moi, 8c nous l'en déchargerons dans
« trois mois, 8c en ordonnerons comme nous le jugerons à propos; à condi-
(i tion aussi que le roi nous rendra ce pays deux mois après qu'il en aura été
« requis. » Le légat, ou plutôt le pape, se détermina à confier cette garde au
' Guillaume de Puyiaurens, c. 40. — Voyez ' Voyez tome VIII, n. CXCVI, c. 917.
tome VIII, Chartes, n. CXCVI, ce. 916, 917. ' /Aii/. ce. 917, 918.
' Voyez tome VIII, thtd.
VI. • 4»
An i22p
An i23o
658 HISTOIRE GÉNÉRALE) DE LANGUEDOC. LIV. XXIV,
roi, soit à cause qu'elle étoit onéreuse, le pays souffrant alors une extrême
disette par les ravages préçédens de la guerre, soit dans le dessein de le resti-
tuer incessamment au comte de Toulouse, qui se qualifioit, en effet, marquis
de Provence^ au' mois d'octobre de cette année; mais cette restitution n'arriva
pas si tôt,
Le légat cassa de son autorité^, le 29 de décembre, tous les actes qui
avoient été faits durant la guerre, Si qui étoient contraires aux droits des
églises. Il remit ensuite^ entre les mains de Foulques, évêque de Toulouse,
les lettres par lesquelles il imposoit des pénitences à tous ceux qu'il avoit
trouvés suspects d'hérésie dans cette ville, suivant les informations qui en
avoient été faites. Foulques, à son retour, fit publier ces lettres dans l'église
de Saint-Jacques de Toulouse, en présence de tous ceux qu'elles regardoient,
Si qu'il y avoit fait appeler. Quant aux autres informations de l'inquisition
que le légat avoit faites dans la Province, il les emporta avec lui de crainte
que, s'il les laissoit dans le pays, les malintentionnés ne les découvrissent 61
ne fissent mourir ceux qu'ils trouveroient avoir déposé contre eux. Le car-^
dinal de Saint-Ange se rendit à Malaucène'*, le 3o décembre, Si continua
sa route après avoir exercé dans le pays une autorité despotique; car il ne
voulut jamais^ permettre aux églises, durant tout le temps de sa légation, dg
faire aucune élection sans son consentement,
LXVn, — Accord entre le roi ^ Vévêqiie de Béliers touchant la Justice
^ le domaine de cette ville &■ du diocèse,
Ce cardinal, avant son départ pour l'Italie, nomma "^ Pierre, archevêque de
Narbonne, 81 Clarin, évêque de Carcassonne, pour arbitres d'un différend
qu'avoit Bernard, évêque de Béziers, avec Adam de Milli, vice-gérant du roi
dans la Province, touchant la justice Si le domaine de la ville 81 du diocèse
de Béziers. Ces deux arbitres rendirent quelque temps après, du consente-
ment des parties, une sentence dont voici les principaux articles : 1° Le châ-
teau de Servian 81 les autres châteaux qui avoient été -confisqués pour fait
d'hérésie demeureront au roi, 81 le château de Casouls, que le comte Amawri
avoit rendu à l'évêque, demeurera à ce prélat, de même que les autres
domaines que Simon de Montfort lui avoit donnés 81 à ses successeurs. 2° Les
droits sur les juifs appartiendront au roi, excepté le cens dû à l'évêque 81 aux
chanoines. 3" Les droits que les vicomtes de Béziers levoient sur le blé, Sic.
seront adjuges au roi. 4° Les préconisations (ou publications) se feront à
Béziers au nom du roi 81 de l'évêque. 5° Le tiers de la leude sur le chemin
sera adjugé à l'évêque. 6° Les informations pour les crimes appartiendront à
la justice de l'évêque ou des abbés de Saint-Aphrodise 81 de Saint-Jacques dq
Béziers; mais la punition pour l'adultère Si l'homicide appartiendra à celle
■ Voyez tome VIII, Chartes, n.CXCVIII, c. 923. * Tome VIII, Chartes, n. CXCVI, çç. 917, 918.
' Catel, Histoire des comtes de Tolose, p. 343. ' Gallia Chnstiana, nov. éd. t. 1, Instr. p, il.
' Guillaume de Piiylaurens, c. 40. ^ liid. t. û, Instr. c. i5i & seq.
An 123^
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV, XXIV. 65()
du roi. 1° Les hommes libres établis clans les domaines du roi Se dans ceux de
l'église de Béziers, pourront s'établir dans les villes Jk les châteaux de l'un
ou de l'autre, à leur choix. 8° Les impositions à la taille seront réparties, eu
égard aux biens qu'un chacun tient du roi & selon la quantité qu'il en pos-
sède. Si personne ne sera mis à la taille, en aucune manière, pour sa per-
sonne, c)° Les vassaux de l'église, qui demeurent dans les châteaux du roi,
seront tenus de plaider devant les officiers de ce prince pour leurs affaires
personnelles, io° L'évêque &. l'église de Béziers conserveront Içs domaines
qu'ils prouveront avoir possédés, soit dans la ville, soit dans son territoire,
avant l'arrivée des croisés : il en sera de même du roi. Tous les autres biens
dont on n'a pas de preuve certaine seront partagés entre le roi & l'évêque.
11° Les donations & les ventes faites aux églises de Béziers & du diocèse,
tant par le comte de Montfort ou ses officiers que par les chevaliers François,
ses vassaux, subsisteront en leur entier, u» Le roi fera justice des voleurs j
mais tous leurs biens seront confisqués en faveur ou de l'évêque ou des abbés t.'iu°p'."j"7.
de Béziers, leurs seigneurs. iS" Enfin les deux arbitres partagèrent la ville &
les faubourgs de Béziers ; ils assignèrent au roi la partie qui étoit de son
domaine, & à l'évêque celle qui étoit du sien 8t en marquèrent les limites.
Il paroît par l'acte que le tiers cle la ville & de se§ droits domaniaux fut
adjugé à l'évêque.
LXVin. 1 — Nouveaux troubles dans le Toulousain.
On assure' que la crainte que le cardinal de Saint-Ange avoit, qu'après
son départ de la Province les hérétiques ou leurs fauteurs n'attentassent sur la
vie de leurs délateurs, n'étoit que trop bien fondée. Se que plusieurs furent
tués sur le soupçon que ceux qui étoient suspects d'hérésie avoient conçus,
qu'ils avoient déposé contre eux, ou sous prétexte qu'ils persécutoient les hérév
tiques. On vouloit rendre responsable de cet attentat le comte de Toulouse,
qu'on cherchoit toujours à chagriner, Se à qui le roi ^ défendit de rien aliéner
des domaines du diocèse de Toulouse, avec ordre de révoquer les donations
qu'il pourroiten avoir faites. Entre ceux qui furent^ tués par les ennemis de
la paix, après le départ du légat, l'un des principaux fut André de Calvet
(^Culveti) ou Chalvet, brave chevalier, qualifié sénéchal du roi, parce que le
roi Louis VIII lui avoit confié sous ce titre le gouvernement de la partie du
Toulousain qui se soumit à lui en 1226, gouvernemeitt qu'il avoit géré jus-
qu'à la paix de Paris. Il fut surpris Si massacré dans un bois.
D'un autre côté, plusieurs de ceux qui n'avoient pour vivre que ce qu'ils
retiroient de leurs brigandages durant la guerre, voyant que la paix leur
ôtoit le moyen de subsister, renouvelèrent leurs courses Se ravagèrent les
terres de l'évêque de Toulouse, à qui d'ailleurs divers seigneurs Se gentils-
' Guillniime de Puylniirens, c. 40. ' Guillaume de Piiylaiirens, c. 40.
' Voyez lome VIII, Chartes, n. CXCII, c. 9o3.
Aa 12
660 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIV.
hommes refusèrent de payer la diine. Ce prélat, irrité de ces vexations, alla
trouver le comte Raimond Se lui dit : « Je sais que, par la grâce de Dieu &
« la vôtre, j'ai recueilli mes dîmes assez tranquillement l'année dernière;
« maintenant c'est à vous que je m'en prends du trouble que je souffre, &
« ne croyez pas que je puisse le supporter patiemment. Je suis disposé à être
« exilé de nouveau, n'ayant jamais été mieux que durant mon exil. »
LXIX. — Le roi ordonne qu'on rende à Raimond les biens usurpés sur lui.
Ce comte fait un voyage à la Cour. — Evêques du Puy.
Raimond avoit à son tour des plaintes à faire contre les ecclésiastiques de
ses Etats. Il étoit porté expressément, dans le traité de Paris, que toutes les
donations que les croisés avoient faites des biens de ce comte, dans l'étendue
des pays qui lui restoient, seroient révoquées; plusieurs églises du diocèse
de Cahors jouissoient entre autres de divers domaines, en vertu de semblables
donations Se ne se mettoient nullement en peine de les rendre. Raimond s'en
plaignit au roi qui l'écouta favorablement Se écrivit', au mois de mai de
l'an 1280, à Guillaume de Cardaillac, évêque de Cahors, pour le prier
de rendre lui-même Se de faire rendre à ce comte les biens usurpés par les
ecclésiastiques de son diocèse. Il pria en même temps ce prélat de ne pas
permettre que Raimond fût molesté en rien ; « Il vous est, ajoute-t-il,
« plus expédient de l'attirer par des bienfaits que de l'irriter par des cha-
« grins. »
Le roi, par d'autres lettres^, datées de Paris à la fin du mois d'avril de la
même année, déclare « qu'il veut que son frère Alphonse, lorsqu'il sera par-
ti venu à un âge légitime, ou celui qui sera comte de Toulouse, rende hom-
« mage à l'évêque du Puy Se à ses successeurs pour les châteaux d'Aubenas,
« de Saint-Laurent Se d'Ussel, dans le diocèse de Viviers, qui étoient de la
« mouvance de ce prélat Se que les prédécesseurs de son cher 8e féal Pv^ai-
« mond, comte de Toulouse, avoient tenus du même évêque, comme ce même
« comte l'a confessé devant nous, » termes d'où l'on peut inférer que Rai-
mond avoit fait alors un voyage à la Cour. Etienne de Chalançon, évêque
du Puy, déclara en même temps que lui Se ses successeurs étoient tenus de
recevoir cet hommage d'Alphonse, frère du roi, qui aura pour femme la fille
de Raimond, comte de Toulouse, quand il sera parvenu à un âge compétent,
ou de celui qui sera comte de Toulouse. Enfin le roi ordonna alors à Héracle
de Montlaur de reconnoître tenir ces trois châteaux de l'évêque du Puv, jus-
qu'à ce qu'Alphonse, son hère, fût parvenu à un âge légitime. Etienne de
Chalençon^, évêque du Puy, mourut au commencement de l'année suivante
Se eut pour successeur Bernard de Rochefort.
'Trésor des chartes; Toulouse, sac 3, n. 65. biens » eux donnés par Simon & Amauri de
[J. 3o6; Teulet, t. 2, p. 177; le roi ordonne Mcntfort.J
au prélat & aux ecclésiastiqives du diocèse de ' Gallia Christiana, nov. éd. t. 2, Imtr. c. 233.
rendre, conformément au traité de Melun, les ^ Ibid. c. 713,
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIV. 66 1 ~ ; —
An 12J0
LXX. — Université de Montpellier. — Dédicace de l'église de Notre-Dame
de cette ville. — Evéques de Maguelonne. — Fondation de l'abbaye de
Gigean,
Le roi confirma, au mois de juin de l'an i23o, les privilèges que ses pré-
décesseurs avoient donnés à l'éplise de Maguelonne, Si accorda à levêciue le l'-J.onsin.
pouvoir (' de recevou^ le serment' de ceux qui dévoient être élevés au grade
« de licencié & de docteur dans la faculté de droit canon & de droit civil,
" dans l'étude de la ville de Montpellier. » Il prescrit ensuite la forme de ce
L-rment, suivant lequel celui qui étoit reçu devoit jurer d'être fidèle & obéis-
sant à l'èvêque de Maguelonne, « Se de ne pas empêcher que ce prélat
" n'ag_g''s^"ât l'excommunication contre ceux qui nègligeroient de se soumettre
« à l'Eglise, en taisant jeter des pierres & porter un cercueil ou bière devant
K leurs maisons ou autrement, suivant l'ancienne coutume du diocèse. »
I/université de Montpellier étoit donc alors entièrement formée Si composée
de toutes les facultés, contre le sentiment de ceux* qui prétendent que ce fut
seulement en 1289 qu'on y prit des degrés. Nous savons de plus que Jean de
Montlaur, évêque de Maguelonne, fit^ en 1242 divers règlemens, du con-
sentement de l'université, tant des docteurs que des disciples qui étudioient
aux arts, « touchant les maîtres Si les écoliers qui s'appliquoient à la gram-
> maire Si à la logique k Montpellier Si à Montpelliéret. » Il y est fait men-
tion du recteur de cette université.
Bernard de Mèze, évêque de Maguelonne, en faveur duquel saint Louis
accorda la charte dont on vient de parler, dédia, en 1280, l'église'* de Notre-
Dame des Tables, alors la principale de Montpellier, avec les archevêques de
Narbonne, d'Arles Si d'Aix Si leurs suffragans, par ordre du pape Grégoire IX,
qui leur écrivit pour cela, le 18 de juillet de la même année. Les évêques de
Marseille Si d'Apt, n'ayant pu se rendre k Montpellier au jour marqué, à
cause des troubles de la province d'Aix 6- de la ville de Marseille, n'y arri-
vèrent que le 26 d'août; mais ils accordèrent les mêmes indulgences que les
autres évêques avoient accordées dans le temps de la dédicace. Bernard de
Mèze mourut le 25 de janvier'* de l'an i232. Sous son épiscopat, Jacques, roi
d'Aragon, seigneur de Montpellier, fonda le couvent des Cordeliers de cette
ville, dans lequel le chapitre général de leur ordre fut assemblé en 1287.
L'abbaye de Saint-Germain, près de Montlaur, transférée ensuite k Saint-
Félix de Montseré, Si connue aujourd'hui sous le nom de Gigean, fut aussi
fondée sous l'épiscopat de ce prélat, dans son diocèse, pour des filles de l'ordre
de Cîteaux. Elle subsiste encore Si est située sur la grande route de Mont-
■ Tome VIII, Chartes, n. CXCIX, ce. 917, 918. ■* Gar\e\, Séries praesulum Magaloneniium,-p.oj^o
' Du Boulay, Hist. un'tvenitatii Pariiiensis, t. 3, & seq. (Voyez le Petit Thalamus, p. 2,^.]
p. 488. ' Le Petit Thalamus dit le 24 décembre qui sui-
' GaïUl, Séries praesulum Magalonensium,p. 356 rit la dédicace. [A. M.]
& seq.
"~ : — 662 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIV.
An i2jo
pellier à Pézénas. Jean, frère de Pv-ostaing, seigneur de Montlaur & prévôt
de la cathédrale de Maguelonne, succéda à Bernard de Mèze dans cet évêchê.
LXXl. — Pierre de Colmieu légat dans la Province. — Le pape accorde
un délai à Raimond pour son passage d'outre-mer.
On prétend ' que Gautier, évêque de Tournai &. légat du Saint-Siège dans
la Province, se trouva à la dédicace de l'église de Notre-Dame de Montpel-
lier; ainsi il auroit exercé sa légation dès le mois d'août de l'an i23o. Il est
vrai c|ue les évoques de la Province^ ayant député cette année Clarin, évêque
de Carcassonne, à Pvome, pour y porter leurs plaintes contre le comte de
Toulouse, ce prélat obtint du pape que l'évêque de Tournai seroit envoyé
dans le pays afin d'y poursuivre, en qualité de légat, les affaires de la foi &•
de la paix ; mais nous voyons, par diverses lettres de Grégoire IX, que Pierre
de Colmieu exerça les fonctions de légat dans la Province, au moins jusque
vers la fin du mois de septembre de cette année. Grégoire écrivit ces 3 lettres
au sujet du comte de Toulouse. Il parle ainsi dans celle qu'il adressa, le g de
juillet, à Pierre de Colmieu, son chapelain ^ légat du Saint-Siège apostolique.
» Les ambassadeurs du noble homme Raimond, comte de Toulouse, nous
« ayant supplié de lui accorder un délai, tant pour son passage dans la Terre-
(( Sainte que pour le payement des dix mille marcs d'argent qu'il doit aux
« églises, en réparation des dommages qu'il leur a causés; attendu qu'étant
(i réconcilié depuis peu à l'Eglise, il ne peut disposer de son domaine comme
i( il faudroit 6c qu'il ne sauroit fournir aux frais nécessaires de son passage
» d'outre-mer pour la fête de Pâques prochaine, à cause que ses Etats sont
(( entièrement épuisés : voulant favoriser son zèle envers Dieu & envers
« l'Église, nous lui accordons pour le payement dé cette sdiiilne un. délai qui
(i durera autant que nous le voudronsi Quant au temps du passage, vous
a consulterez là-dessus le roi 8t la reine de France, & après avoir délibéré
(I avec les prélats & les barons que vous jugerez à propos St avoir considéré
tt toutes choses, vous nous renverrez leur avis pour nous déterminer ensuite"*. »
LXXII. ^-^ Divorcé entre le comté de Toulouse £< Sancie d'Aragoiïy sa feihihe.
Le pape écrit diverses lettres eh faveur de ce prince.
L-d.origin. IDans une autre lettre que Grégoire IX écrivit quelques jotirs après à l'ar-
' ""■ ''^' chevêque d'Arles Ê<. à l'évêque d'Orange, il leur mande, qu'ayatit appris que
' Qane\,Si:rtcs praciulutn Magàloiien!ium,'ç.'i^o ■• Riilniond VII tdmmeiiça le pnyèment dès
& scq. lourdes charges pécuniaires que lui avait irapc-
" Guillaume de Puylnurens, c. 41. sées le traité de Paris en novembre N 23 1. Par une
' D'Achéry, .V^jiciicgium, t. 3, p. 17c & suiv. — charte du 18 novembre dé cette année (J. 309,
Concilia, t. 1 1 , c. 358 & suiv. — Mis. de Colhert, n. 1 o, 2; Teulet, t. 2, p. i26), il prit des arran-
n. 1067. — Tome VIII, Chartes, n. CCI. ce. 931 , gements pour payer les sommes qu'il devait à l'ab-
912. [Potthnst, n. 8584; lettre du même jour pour baye de Cîteaux en plusieurs termes & y engagea
les mêmes affaires, à Raimond VII, n. 8585.] ses revenus du péage de Marmande. [A M.]
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIV. 663
Raimond, comte de Toulouse, & Sancie (d'Aragon), sa femme, s'étoient
séparés 8t ne vivoient plus ensemble, comme ils y étoicnt obligés, ils eussent
à travailler pour les réconcilier, afin d oter le scandale 8< les empêcher de
risquer leur salut, avec pouvoir d'user sur cela de censures. Que si, poursuit
le pape, l'une des deux parties objecte qu'il y a quelque empêchement,
« vous informerez là-dessus 8<. vous nous renverrez l'enquête alîn que nous
M procédions devant Dieu, Sec. » Nous verrons ailleurs les suites de ce divorce.
Grégoire écrivit trois autres lettres, les 5, i3 & i8 de septembre suivant, à
Pierre de Colmieu, son chapelain 6- légat du Saint-Siège. Par la première il
lui permet, à la prière du comte de Toulouse, d'évoquer à son tribunal les
procès qu'on pourroit faire à ce comte sur des matières qui seroient du for
ecclésiastique'. Par la seconde il accorde au comte la permission d'imposer à la
taille les vassaux des églises de ses Etats, comme ses autres sujets, afin de
ramasser l'argent nécessaire pour satisfaire aux engagemens qu'il avoit pris
dans le traité de Paris^. Le pape écrivit la troisième au même légat, à l'évêque
de Toulouse & à l'abbé de Grandselve, touchant la demande que ce prince
lui avoit fait faire par ses ambassadeurs, de permettre qu'on donnât la sépul-
ture ecclésiastique au comte, son père, dont le corps étoit demeuré jusqu'alors
sans être inhumé, quoique étant décédé avant la réconciliation du pays à
l'Église, il eût donné à sa mort des indices certains de pénitence 8<. qu'il eût
fait tout son possible pour être réconcilié à l'Eglise. « Les ambassadeurs de
« Raimond, ajoute le pape, nous ont représenté que la nécessité, 8v non le
« mépris de la religion, avant privé le comte de recevoir les derniers sacrc-
« mens, & que les jugemens de l'Eglise devant être contormes à ceux de
« Dieu, nous eussions à ordonner que le feu comte, qui pour cela doit être
« censé absous par l'Église, comme on croit qu'il l'a été auprès de Dieu, soit
« inhumé dans un cimetière ecclésiastique. » En conséquence le pape ordonne
aux deux prélats Se à Pierre de Colmieu de faire les informations nécessaires
&i de les lui renvoyer-*.
LXXÎIÎ. — Raimond rend divers châteaux en fief au comte d'Aitanic.
Nous ne savons pas le inotif du voyage que Raimond fit à la Cour au
mois d'avril de l'an iiSo. Quelques auteurs"* modernes assurent « qu'il se
« ligua cette année avec le roi d'Angleterre, Thlbaud, comte de Champagne,
« & les comtes de Bretagne & de la Marche contre le roi de France; mais cjue
« leur ligue fut bientôt dissipée par le jeune roi. » On ne trouve aucun ves-
tige de cette ligue, ni dans les monumens, ni dans les auteurs du temps, Se
■ [Potihasf, n. 8r>98, 8t tome \'III, n. CCI, ' [Potthasti ii. 86o8) lettre à Pierre de Col-
c. 9Î1.] mieu, du i8 septembre} n. 8616, lettre à l'évêque
' (Voyez tome VIII, n. CCI, ce. 931, çîî, & Pot- de Toulouse &à l'abbé de Grandselve, du 23 du
«hasi, n. 8rtc5. Cf. ibid. n. 86i3) lettre semblable même mois.]
k l'archevêque N.irbonne & .tux évéques de ^ Catel, ffii(o/Ve lies comlfj i/e ITeîojc, p. 3^6.
Toulouse & de .'J.nes, du 2J septembre.] (A. M.)
An 12J0
"■;; ; 664 histoire générale de Languedoc, liv. xxiv.
An I2J0 ^
toutes les apparences sont que c'est une fable. Ce que nous savons de certain
de Raimond, c'est qu'il étoit de retour dans ses Eiats à la fin du mois de juin
de la même année'. Il fit sa paix^, le 3 de septembre suivant, avec Centulle,
comte d'Astarac, auquel il donna en fief le château de Saint-Orcns 8c toute
la terre de Fimarcon, en Agenois, outre le château de Sompuy, dans le dio-
cèse d'Auch, qu'il lui avoit dé)à donné. Le comte de Foix. lui rendit hom-
mage, le 26 du même mois, pour le château de Saverdun &. pour tout le
reste du comté de Foix situé jusqu'au Pas de la Barre, dans le diocèse de
Toulouse.
LXXIV. — L'empereur donne à Raimond le comté de Forcalqitier. — La
ville de Marseille se soumet à ce comte, qui déclare la guerre'au comte de
Provence,
Raimond prend le titre de marquis de Provence dans cet acte S< dans quel-
ques autres de ce temps-là, non pas que le pape lui eût encore restitué ce
marquisat; mais sans doute à cause que l'empereur Frédéric lui donna^ en
fief, la même année, la terre de l'Isle, les villes de Carpentras 8t de Pierre-
latte, 8c les comtés de Forcalquier 8c de Sisteron, qu'il ôta à Raimond-Bé-
renger, comte de Provence, à cause de sa félonie, 8c parce qu'il avoit soustrait
la ville d'Arles à l'autorité 8c à la juridiction de l'Empire, comme s'exprime
une ancienne chronique qui n'entre pas dans un plus grand détail. Nous
apprenons'*, d'ailleurs, que Raimond-Bérenger assiégea cette année la ville
basse de Marseille, depuis le commencement du mois d'août jusqu'à la Tous-
saint, sans pouvoir la soumettre, 8c qu'il s'éleva alors divers ' troubles dans la
province d'Arles. On sait de plus que Pvaimond, comte de Toulouse, rendit
dans cette occasion de grands services aux Marseillois, qui l'appelèrent à leur
secours, 8c qu'en reconnoissance, ces peuples lui firent donation*^, le 7 de
novembre, peu de jours après la levée du siège de leur ville par le comte de
i';j oiicîn. Provence, de la ville basse de Marseille, vulgairement appelée la ville vicom-
i. m, p.3ç)o. ' . . , ' °. „ . ^^ . . . ,
taie, pour en joun^ seulement pendant sa vie. Kaimonu, qui etoit sur les
lieux, accepta cette donation 8c promit aux Marseillois de les protéger, en
présence du comte de Rodez, du vicomte de Lautrec Se de plusieurs autres de
ses chevaliers 8c vassaux. Nous inférons de là que ce prince avoit marché au
secours des Marseillois à la tête de toute cette noblesse. Un historien'' du
' Voyez tome VIII, Chartes, ce. 925, 9215. '' Voyez ci-dessus, ch. i.\x, p. 661.
' Ihid. ce. 929, 930. ^ Tome VIII, Chartes, n. CCII, c. 914 & siilv. —
' Ihid. Chroniques, c. îo5. [Voyez lat. 6009, Ruffi, dans ses Comtes Je Provence, a daté cet acte
pp. 423 & 426; ces pièces y sont datées de dé- de 1 i.Ty, en plaçant in.il une virgule. Dom Vaissete
cembre i 2 3,5 & décembre 1 239, & ces dates parais- a eu absolument raison de placer cette expédition
sent admissibles, du moins Tindiction est exacte. à l'année i23j. La chronique de Marseille la date
L'auteur anonyme de la chronique Sabnthier a de iijj, & voici les paroles de la chronique ro-
certainement vu ces actes, & n'a fait que les ana- mane de Montpellier (7'Aa/dmu5, p. 26) : £n «ovcm-
lyser inexactement.] ^re [ i 23oj venc lo coms R. a,Mas5eîha e Acron li las
* Chron'icon Massiî'iense, apud Labbe, Bthlioih, rendas & giteron ne lo coms de Provensa, [A. M.]
nova, t. I, p. J42. ' Guillaume de Puylaurens, c. 48.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIV. 665
temps assure, en effet, que Raimond n'eut pas plutôt paru en armes du côté de
Marseille que le comte Raimond-Bérenger ne jugea pas à propos de l'attendre.
Le motif qui engagea ' Raimond-Bérenger à assiéger la ville de Marseille
fut que les liabitans, qui avoient trouvé moyen d'unir à leur communauté les
droits de leurs anciens vicomtes, s'étant érigés en république, refusoient de
reconnoître son autorité 8c étoient en différend avec leur évêque dont il étoit
le protecteur. Depuis ce temps-là le comte de Toulouse & celui de Provence
se firent la guerre, & elle dura, plus de trois ans. Le premier établit un viguier
à Marseille pour gouverner cette ville en son nom; mais il n'en retira de
revenu qu'autant que les habitans voulurent bien lui donner, & quoiqu'il
les eût délivrés de leurs ennemis, il éprouva cependant plusieurs fois leur
légèreté & leur inconstance.
LXXV. — Gautier, évêque de Tournai, légat dans la Province,
Le pape Grégoire IX sollicita Raimond^, le 2 du mois de janvier de l'année
suivante, de payer k l'abbaye de Cîteaux 8< aux autres monastères de cet
ordre les sommes auxquelles il s'étoit engagé par le traité de Paris : « Autre-
« ment, ajoute-t-il, nous avons ordonné à l'évêque de Tournai, légat du
« Saint-Siège, de vous y contraindre par les censures ecclésiastiques. » Le
pape manda, en eftet, à ce prélat, peu de jours après, d'obliger le comte à ce
pavement & d'user de censures s'il étoit nécessaire, « en prenant cependant
« la précaution de ne pas lancer l'excommunication ou l'interdit sur ses Etats,
« sans en avoir reçu auparavant un ordre spécial. »
Gautier ou Wautier de Marnis, évêque de Tournai^, exerçoit donc les
fonctions de légat dans la Province, dès le mois de janvier de l'an I23i, 8c
nous savons qu'il fit son entrée'* solennelle en cette qualité dans la ville d'Albi,
le 24 de mars suivant. Aussitôt que ce prélat, dont on loue fort^ la probité 8c
la prudence, fut arrivé dans le pays, il cita le comte Raimond à son tribunal
pour V répondre sur l'accusation qu'on formoit contre lui d'avoir enfreint le
traité de Paris en plusieurs chefs. Le comte comparut à Castelnaudary, dans
l'église de Pierre-Albe, 8c le légat ayant ordonné à tous ceux qui avoient fait
des plaintes de lui en remettre les preuves par écrit, il les communiqua au
comte (jui promit d'y satisfaire.
LXXVL — Raimond continue la guerre de Provence, il prend soin de ses
domaines 6- transige avec les abbés de Gaillac 6- de Mautauban.
Ce prince se rendit"^, au mois de février suivant, à Limoges, où Raimond,
abbé de Saint-Martial, l'appela en pariage, du consentement de son clia-
' Ciiillaiime de Puylaurens, c. 4^. — Bouche, ^ Archives de l'église d'Albi. [Voyez lome V,
Hiit. Je Provence, t. 2, p. 209 & suiv. r. 1342, n. 7.3 j acte réglant dans quel ordre les
■ D'Achéry, Spicilegium, t. 3, p. 171 & suiv. — légats devront visiier les églises d'Albi.]
Concilia, t. 1 1, c. 36o. [Potthast, n. 864.O.] ' Guillaume de Puylaurens, c. 41.
' Gallia C/tristiana, nov. éd. t. 3, c. 217. ° Mss. Coliert, n. 1067. [Lai. 6009, p. 3i.]
An I 23o
An 12J 1
An i:
666 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIV,
pitre, pour le village d'AsprièreS, en Rouergue, en présence de l'évêque
d'Orange, 8cc. Il donna des lettres de sauvegarde, au mois de juin') pour
tous ceux qui se rendroient à la dédicace du monastère de la Sauve, dans le
diocèse de Bordeaux, 8c continua la guerre contre le comte de Provence. En
effet, les habitàns de Tarascon promirent*, au mois d'août de cette année, à
Guillaume Augier, qui reçut leur promesse au nom de ce prince, « de ne
« faire ni paix, ni trêve, ni traité avec le comte de Provence Ss. avec tous ceux
H avec lesquels il étoit en guerre, sans son consentement ; de le servir contre
«i eux, excepté contre l'Église romaine, l'empereur, le roi de France & l'ar-
« chevêque d'Arles &c de le suivre dans cette guerre durant l'espace de cinq
« ans, quand il viendroit en Provence. »
On ne voit pas que Raimond ait fait si tôt ce voyage ; il paroît au contraire
par divers 3 actes qu'il passa le reste de l'année dans le haut Languedoc. Pvai-
mond de Dourgne, qui n'avoit pas d'enfans d'Algaye, sa femme, lui iit dona-
tion, le lo d'août, de la moitié des châteaux de Puylaurens, de Dourgne, 8<.c.,
dont il se réserva l'usutrult; à condition que s'il avoit un fils, ce fils épouse-
roit, avec tous ses fiets, la fille de Bertrand, frère dudit seigneur comte, Se
que s'il avoit Une fille, elle seroit mariée à un des fils d'Hugues Alfier'*. Le
comte de Toulouse s'accorda, au mois d'octobre suivant, avec le6 abbés de
Montauban Si de Gaillac, touchant ^ leurs différends, dont le cardinal de
t.'iii,°p'.^J"l. Saint-Ange avoit renvoyé la décision à Grimoald, évêque de Commingesj
Durand, évêque d'Albi, Géraud, âbbé de la Chaise-Dieu, de qui ces deux
abbayes dépendoient, Pons de Villeneuve, chevalier, 8cc., furent les média^
teurs. Les deux transactions sont datées de Gaillac, en Albigeois, le i3 d'oc-
tobre de l'an i23i. Par l'une^, le comte reconnoît tenir en fief de Raimond,
abbé, 8t dès religieux de Saint-Michel de Gaillac, toUt ce cju'il avoit dans
cette ville. Par l'autre'', il cède à Arbert Aurioli, abbé de Saint-Théodard de
Motttauban, le quatrième de la justice Si des droits seigneuriaux de cette ville
St de risle-Made. Il se reconnut en même temps vassal de l'abbé & du monas-
tère de Saint-Théodard pour le château de Toulvion , avec l'obligation de
tenir une fois l'étrier à l'abbé à chaque mutation, quand il en seroit requis.
Bertrand, frère de ce prince, Guillaume, sénéchal d'Albigeois, c'est-à-dire de
la partie de ce pays qui étoit restée au comte, Arnaud de Moniaigu, chevalier
d'Albigeois, Sic, furent présens à ces deux actesi
' Cartulalre de l'abbâye de la Sauve. "■ Voyez tome VIII, Chaflés, n, CCVI, c. 9^9
' Voyez tome VIII, Chartes, 11. CCIII, ce. yjS, & siiiv.
pSp. ' Trésor des chartesj Toulouse, sac 5, n. 9. [J.
' Msi, Colbert, 11. lorty. 3io, original scellé; J. Sep, n. 9; minute. Cf.
< [Voyez cet acte, tome VllI, ce. 940 à 943, Teulet, t. 2, pj). 221 à 2î3.] — Mî5. CoîAcr», n. 1067
d'après J, 322, n. 54. Corrige:^ Hugues d'Alfar.J & 2670. — Le Btet, Histoire de Montauian, p. 64
^ Titres de Baluze, Lan^ucdoCj n. 37, 8< suiv.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXÎV. 667
LXXVII. — Seigneurs du pays de Save"^.
Le pape exhoria Raimond ', vers le même temps, à punir sévèi'eittent l'at-
tentat que Bernard de Comminges, seigneur du pays de Savez, portion du
Toulousain, Se quelques autres de ses vassaux avoient commis sur un religieux
de l'abbaye de Conques, en Rouergue, qu'ils avoient arraché de Tautel, blessé
dangereusement Se ensuite fait pendre. Raimond donna de si bons ordres
qu'enfin Bernard de Comminges h. Blanche (d'Hunaud de Lantar), sa femme,
firent toutes les satisfactions convenables à l'abbé 81 aux religieux de Con-
ques, qui, par une lettre qu'ils écrivirent au comte quelques mois après, lui
marqvièrent qu'ils ctoient contens 8<. le prièrent de rendre à Bernard les
domaines qu'il avoit saisis sur lui St de le traiter avec miséricorde.
LXXVIII. — Coutumes de Montolieu. — Assignat de Pierre de Voisins,
Adam de Milli, lieutenant du roi dans la partie de la Province réunie à la
couronne, assiégea & prit, à ce qu'il paroît, la ville de Montolieu, dans le
diocèse de Carcassonne, que l'abbé Se les religieux du monastère de ce nom
recouvrèrent en effet, cette année, sur les ennemis* de la paix £- de la Jbi
qui l'avoient occupée jusqu'alors. Ils donnèrent à cette occasion des coutumes
& des privilèges aux liabitans de Montolieu. Adam de Milli étant^à Béziers,
au mois de septembre dé la même année, vendit à l'abbaye de Catines les
biens confisqués dans sa nlouvance pour crime d'hérésie, sur divers chevaliers
du voisinage, quoique plusieurs de ces chevaliers eussent été depuis réconci-
liés k l'Eglise.
Eudes Coqui ou le Quéux, sénéchal du toi dai\s les pays d^Alhigêois, fut
présent à cette vente. Il apprécia "* de nouveau, par ordre du même Adam de
Milli, le revenu de diverses terres, que ce dernier aVoit dêjci assignées poui'
mille livres de rente à Pierre de Voisins, l'un des chevaliers françois qui
avoient suivi Simon de Montfort à la croisade. La plupart de ces terres étoient
situées datis le P\.aiès, h. quelques-unes dans le diocèse de Carcassonne : les
plus remarcjuables étoient le château de Raies qui avoit donné soli nom au
pays, LimoUx, qui en étoit alors la capitale, Arques Si CouffoulenS, anciennes
baronnies, 8(.c. Le roi-' approuva cet assignat par deux chartes, l'une dé
l'an 1148 8c l'autre de l'an 1260. Suivant la dernière, le roi confirma eii faveuf
de Pierre de Voisins la possession de tous ces domaines, avec la haute & la
basse justice, sous le service de cinq chevaliers, 8c se réserva à l'avenir la con-
.fiscaiion pour hérésie. Ce seigneur, chef de l'illustre maison de Voisins, qui
' D'Achéry, Sp'icUegium, t. 3, p. 174 & seq. — * Voyea tome VIII, Chartes, 11. CCIV, ce. 943 à
Concilia^ X, I I , c. 36o. 94''''
* Martène, Thés, anectot. t. I , c . 967 & seq. ' Archives du domaine de Montpellier) séné-
' Voyez tome VIII, Charles, n. CCV, c. 94a & chaussée de Carcassonne en général. Titres parti-
siiiv. culiers) 9'' continuation, registre n. 3.
An ii3 I
An iz3i
668 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIV.
subsiste encore dans la Province, s'y procura ainsi un établissement considé-
rable qu'il transmit à ses descendans, lesquels acquirent dans la suite divers
domaines du Termenois qui avoient appartenu à Olivier de Termes, & où
ils exercèrent la haute justice. Géraud de Voisins, damoiseau, seigneur d'Ar-
qués, l'un d'entre eux, fut inquiété là-dessus en iSiS, par le procureur du
roi de la sénéchaussée de Carcassonne, qui se plaignoit de ce que ce seigneur
obligeoit ses vassaux du Termenois d'aller plaider à Arques devant les juges
de son domaine, contre les ordonnances du roi. Géraud, qui prétendoit jouir
de ce droit depuis soixante ans, proposa un accommodement au sénéchal de
Carcassonne, 8<, moyennant une somme qu'il paya, le roi le maintint dans ce
droit. Suivant le dénombrement qui fut fait alors, il se trouva que les terres
assignées à Pierre de Voisins composoient deux cent quarante-trois feux, dont
cent qiiarante-cinq dépendoient de la baronnie d'Arqués, 8t que les terres du
'm"''"!"-. Termenois acquises par les descendans de ce seigneur en comprenoient cent
vingt-trois. On expliquera ailleurs ce qu'on entendoit par le ternie de feu.
LXXIX. — Le roi d'Aragon va à Montpellier, après la conquête de Majorque
sur les Maures.
Jacques, roi d'Aragon, fit en i23i un ' voyage à Montpellier, sa patrie, où
il paroît qu'il fut, pour la première fois depuis son avènement à la couronne
d'Aragon : il y accorda, le 6^ du mois d'août, divers privilèges en faveur des
habitans^. Ce prince, âgé alors seulement de vingt-trois ans, après avoir dis-
sipé les factions'* qui troublèrent les premières années de son règne, s'étoit
rendu recommandable par ses exploits contre les Sarrasins, sur lesquels il
enleva, en 1229, la ville & une grande partie de l'île de Majorque. Les peu-
ples^ de sa baronnie de Montpellier marchèrent à son secours 81 l'aidèrent de
plus en cette occasion d'une somme considérable. Il leur en témoigna sa gra-
titude par la donation qu'il leur fit de cent maisons dans l'île de Majorque
pour l'établissement de leur commerce. Ils lui fournirent de nouveau cent
mille sols melgoriens pour continuer la guerre contre les infidèles, & il leur
accorda de son côté de nouveaux privilèges. Les peuples du Narbonnois"^ ser-
virent aussi sous ses enseignes dans cette occasion, St entre les principaux
seigneurs du pays qui prirent part à la conquête de Majorque, on fait une
mention honorable d'Olivier de Termes, qui y acquit beaucoup de gloire 8t
dont nous aurons occasion de parler souvent dans la suite.
' Voyez tome VIII, Chroniques, c. îiî. [Petit contre tous, sauf le pape & TÉglise & les rois de
T/ialamuSj p. ïô.] — Registre loo du Trésor des France & d'Aragon; il prit en même temps tous
chartes, n. 229. les habitants de Montpellier voyageant dans ses
' [Corrige^ le 2J & le 27 août, & voyez Germain, Etats sous sa sauvegarde. Voyez Germain, Commerce
Histoire de Montpellier, t. 2, pp. 18, 19, note 1]. de Montpellier, t. I, pp. 191 à 194. [A. M.]
' Peu avant ce premier voyage de Jayme V à '' Zurita, 1. 2 &. 3.
Montpellier, le i" juin i23l, son parent Nu- ^ GarieX, Séries praesul. Magalonensium, pç. i3^
gnez Sanche, seigneur de Roussillon & de Cer- à 842.
dngne, fit alliance avec les habitants de cette ville ^ Zurita, 1. 3, ch. 4.
& leur promit ses secours & ses conseils envers &
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIV. 669
LXXX. — Mort de Foulques, évêque de Toulouse.
Foulques, évêque de Toulouse", souffroit toujours de grandes contradic-
tions, soit de la part de plusieurs gentilshommes de son diocèse qui refusoient
de se dessaisir des dîmes inféodées qu'ils possédoient, soit de celle des anciens
seigneurs du château de Verfeil, qui, voulant recouvrer leur ancien patri-
moine, dont il s'étoit mis en possession, ne cessoient de lui faire la guerre.
Il trouva moyen d'apaiser ces derniers : il s'accorda avec eux & obligea les
autres à rendre à l'église les dîmes dont ils étoient les maîtres. Enfin, après
avoir^ transféré, vers l'an laSo, les dominicains de Toulouse du couvent de
Saint-Rome dans celui qu'ils occupent aujourd'hui. Si mis la première pierre
au fondement de leur église, iP mourut le 25 de décembre de l'année sui-
vante. Ce prélat, l'un des plus zélés partisans de la maison de Montfort &
ennemi déclaré de celle des comtes de Toulouse, fut inhumé en l'abbaye de
Grandselve, de l'ordre de Cîteaux dont il avoit été religieux. Ses confrères**
le qualifient bienheureux, 8c on lui attribue quelques ouvrages. On a parlé
ailleurs de son talent pour la poésie provençale. Frère Raimond de Felgar^,
natif du château de Miramont, au diocèse de Toulouse, & provincial des
frères prêcheurs, fut élu^ en sa place, le 21 de mars de l'année suivante j
l'évêque de Tournai, légat du Saint-Siège, confirma son élection.
LXXXI. — Raimond s'emploie à la recherche des hérétiques. — Le pape
arrête les entreprises des ecclésiastiques contre lui; mais il diffère de lui
rendre le marquisat de Provence.
Le nouvel évêque de Toulouse, marchant sur les traces de son prédéces-
seur, poursuivit vivement les hérétiques 8c défendit avec ardeur les droits de
son église; il excita surtout le comte de Toulouse à seconder son zèle 8c
employa tantôt les voies de rigueur 8c tantôt celles de douceur pour obliger
ce prince à faire ce qu'il souhaitoit; enfin il l'engagea à agir de concert avec
lui pour la recherche des sectaires dont ils prirent entre autres, dans une
nuit, dix-neuf, tant hommes que femmes, de ceux qu'on appeloit revêtus,
lesquels s'étoient cachés dans les montagnes. Payen, autrefois seigneur de la
Bécède, dans le Lauragais, étoit du nombre.
Raimond ne fut point arrêté'' dans la ferme résolution qu'il avoit prise de
donner dans toutes les occasions des preuves de sa parfaite soumission aux
ordres de l'Église, ni par les malintentionnés qui tâchoient de l'en détourner,
■ Guill.iiime de Piiylaiirens, c. 41. ' \Corngei Fauga & Miremont.]
* Martine, Amplis, collectio, t. 6, c. 459. [Ber- ^ Martèiie, Amplis. CoUectio, t. 6, c. 410. —
nard Gui, Hntoria conventus Tholosani.] Guillaume de Puylaurens, c. 42.
^ Guillaume de Puyiaurens, ce. 41 & 41. ' EpistoU Gregorii IX, ap. d'Achéry, Spicile-
■* Menologium Cisterciense, JJ dcc. — Henriqnez, gium, t. 3, p. 174 &. seq. — Concilia, t. 11, c.'i6l
fasciculus sanctorum onlinis Cisterciensis. — Man- & seq.
rlque, Annales Ciiterclenses, an. 1 23 1 , c. 5.
An I23i
An i23z
An iziz
6]o HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIV.
ni par la mauvaise volonté de quelques prélats, qui, fâchés de sa réconcilia-
tion avec le pape S<. ne pouvant plus profiter de sa désunion pour s'enrichir
de ses dépouilles, lui cherchèrent querelle sous divers prétextes & lancèrent
contre lui de fréquentes sentences d'excommunication. Le comte, pour se
mettre à l'abri de ces entreprises, en porta ses plaintes à Grégoire IX, qui
ordonna, le i8 de février de l'an jiSi, à l'évêque de Tournai, son légat, de
le traiter avec douceur & charité, d'engager ces prélats ^ agir de inême à son
égard &<. d'empêcher qu'ils n'attentassent rien contre lui; « étant expédient,
« ajoute le pape, pour augmenter la piété du comte, de l'arroser bénignç-
« ment comme une jeune plante 8c de le nourrir du lait de l'Eglise '. »
,Yii°p'.'^3"i. L'empereur Frédéric, le roi saint Louis 5<. la reine Blanche avoient solli-
cité Grégoire de restituer à Raimojid les terres situées à la gauche du Rhône,
c'est-à-dire le marquisat de Provence dont l'Eglise romaine étoit en possession
depuis la paix de Paris. Le roi & la reine, sa mère, avoient aussi prié le pape
de proroger le terme dvi passage du comte à la Terre-Sainte. Grégoire leur
répondit, le 4 de mars suivant; il prend Dieu à témoin dans sa lettre qu il
n'avoit gardé jusqu'alors ces terres que pour y affermir la foi catholique 8c
nullement pour se les approprier; qu'en cela il n'avoit pas cherché ses inté-
rêts, mais l'avancement des affaires de la religion 81 de la paix. « C'est pour-
« quoi, ajoute-t-il, quoique nous aimions sincèrement le comte, comme un
(( fils particulier du Saint-Siège 8c que nous souhaitions son avantage, s'il n'y
(( met lui-même obstacle, ayant pour lui une affection paternelle; il con-
« vient cependant de ne rien déterminer dans une affaire de cette impor-
(( tance sans avoir bien examiné toutes choses. Et comme nous ne sommes ]3as
<( bien informés de ce qui est le plus expédient dans cette affaire, nous ordon-
« nons à l'évêque de Tournai, légat du Saint-Siège, d'assembler les archevê-
(i ques, les évêques, les abbés 8c les autres prélats de sa légation, 8c après en
« avoir délibéré avec eux, de nous envoyer leur avis, afin que nous procé-
<c dions ensuite comme il conviendra; en sorte que nous tâchions de satisfaire
(■ à Dieu 8c aux hommes, 8c à tout ce qui vous pourra être le plus agréable. »
Le pape écrivit à peu près les mêmes choses à Raimond. Il justifie la con-
duite qu'il avoit tenue à son égard 8c l'usage qu'il avoit fait de la verge pour
gagner un fîls, Il l'assure qu'il l'aime sincèrement d'un amour paternel 8c
qu'il souhaite ardemment de lui procurer une plus grande élévation, s'il s'en
rendoit digne ^, Sec. Enfin le pape le recommanda huit jours-' après à l'évêque
de Tournai, son légat, Se aux prélats de sa légation. Se leur ordonna de con-
server ses droits de la même manière qu'ils vouloient que ceux de leurs
églises fussent conservés'*,
■ [Potihast, n. 8881.] de Ripoll pour rétablir les moines bénédlciins
' [/ii(<. )!• 8388, letlreà Louis IX; n. 8889, lettre dans labbaye d'Alet, donnée autrefois à l'église
à la reine mère; n. 8890, lettre à Raimond VII.] de Narbonne par le cardinal-légat Conrad. fPot^
' Concilia, t. 11, c. 36i & seq. — Mss. Colhert, thast, n. 8910.) L'archevêque de Narbonne ayant
n. 1067. [Potthast, n. 8896.] été indûment excommunié par les coinmissaires,
■•Peu après, le :> avril 1232, le pape commit le pape annula leur sentence (lettre du i3 juin
les abbés de Ripoll & de Grandselve & le prieur I233, Potthast, n. 9228), [A. M.]
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIV. 671
' An
LXXXII. — Le comte accorde des privilèges aux habitans de Montauhan,
Maison de Varagne. -^-. Il s'accommode avec l'évêque d'Albi.
Raimond fit son séjour à Toulouse durant une partie de l'an i2?)i. Il y
étoit, le mardi i3 de janvier, lorsqu'il' accorda au chapitre [al capital) & aux
habitans de Montauban, moyennant mille sols de Cahors qu'ils lui donnè-
rent, la liberté de faire vendre publiquement le sel par toute sorte de mar-
chands, sans se réserver aucun droit, excepté la leude Se le péage accoutumés.
L'acte fut passé en présence des capitouls de Montauban & des consuls de
Toulouse, le dimanche quatorzième jour de l'issue du mois de janvier de
l'an i23i, c'est-à-dire le 18 de ce mois de l'an iiSi, suivant le style moderne.
Arnaud de Baziége, fils de feu Bertrand de Varagne, & Bertrand de Baziége,
son fils, lui* donnèrent la moitié du lieu de Baziége, & il leur rendit en
échange ce qu'il possédoit au château de Gardouch, dans le Lauragais. C'est
là un des plus anciens titres de la maison de Varagne ou de Gardouch, l'une
des plus qualifiées de la Province. Le lundi 24 d'avril suivant, Raimond
d'Hunaud, fils de Géraud, lui vendit^ deux |îarts duc hâteau de Saint-Rome
St ce qu'il avoit à Baziége j quelques jours après, Blanche, femme de Bernard
de Comminges, seigneur de Savez & sœur du même Raimond d'Hunaud,
ratifia cette vente. Le comte R.aimond alla ensuite en Albigeois 81 passa un
accord à Cordes, le 11 du mois de mai, avec Durand, évêque d'Albi, par la
médiation de Pierre, évêque de Rodez, touchant quelques domaines du pays
sur lesquels ils étoient en différend. Le comte, par cet acte, céda entre autres
à révê((ue d'Albi le château de Montirat, avec réserve de l'hommage'*. Enfin
Pvaimond étant de retour à Toulouse, le 10 de juin, y reçut, en présence de
Bernard, comte de Comminges, l'hommage de Bernard, Gaillard & Bertrand
de la Garde pour la Bastide de Montsalzat, nouvellement bâtie.
LXXXin. — Raimond s'abouche avec le roi d'Angleterre,
Raimond fit un voyage^, au mois de septembre suivant, du côté de Bor-
deaux, où il alla joindre Henri HI, roi d'Angleterre, qui avoit passé la mer
à la tête d'une armée pour tirer raison de quelques infractions qu'il préten-
doit que le roi de France avoit faites à la trêve qu'ils avoient conclue ensemble.
Henri, dans une lettre qu'il écrivit à l'empereur Frédéric, le 19 de ce mois,
pour lui rendre compte de ses démarches, lui marque entre autres, « qu'ayant
« passé en Gascogne il avoit conféré avec son très-cher cousin Raimond,
<( comte de Toulouse & marquis de Provence, sur le rétablissement de ses
Il affaires, & qu'il avoit pris l'avis de ce comte. » On pourroit inférer de là ,^i[i°''*''."
que Henri prit Raimond pour médiateur de ses dittérends avec le roi saint
■ Cartulaire de l'hôtel de ville de Montaubnn. ' Mis. Colhert, n. lofiy. [Lat. (îoop, p. 364.]
' Communiqué par M. de Gardouch. [Cf. Teulet, * [Voyez cet acte dans Compayré, pp. 322, 323.]
t. 2, pp. 23o, 23i , d'après J. 3o3, n. 2.] ^ Rymer, Acta puhlica, t. I, p. 325 & siiiv.
y 4.
TTTIâl" ^T^ HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIV.
Louis. Ce qu'il y a de vrai c'est que Henri avoit une si grande confiance en
Raimond qu'ayant donné, au mois d'octobre suivant', un passeport au roi
de Navarre pour traverser la Gascogne, ce fut à condition que ce comte lui
serviroit de caution.
LXXXIV. — Suite de la légation de l'évêque de Tournai.
Gautier, évêque de Tournai, continua d'exercer sa légation dans la Pro-
vince pendant l'année I232. Il confirma, à Béziers, le i3 du mois de mars de
l'an 1282, la fondation que Pierre, archevêque de Narbonne, avoit faite au
mois de juillet précédent '^ (l'an i23i) du couvent des frères prêcheurs de
Narbonne. Il fit élire alors pour abbé de Gaillac Guillaume, prieur de Saint-
Pons de Thoraières, sans préjudice des droits de l'abbé de la Chaise-Dieu,
duquel l'abbaye de Gaillac dépendoit ; il se rendit ensuite à Montréal 8c de
là à Carcassonne, où il commit^, le 20 de mai, Durand, évêque d'Albi, pour
remettre les chanoines de Saint-Vincent de Castres dans la possession de
leur église, de laquelle l'abbé & les religieux, qui prétendoient qu'elle leur
appartenoit, les avoient chassés. L'évêque de Tournai fit un assez long
séjour à Carcassonne, 8c il y étoit encore"* au commencement de septembre
de l'an i232.
LXXXV. — Paix entre l'archevêque &> le vicomte de liarbonne. — Le comte
de Foix épouse la fille de ce dernier,
Pierre, archevêque de Narbonne, termina-'', au mois d'août de la même
année, les différends qu'il avoit avec le vicomte Aymeri qui, pour se soutenir,
avoit fait venir'' dans cette ville des Catalans Se avoit obligé ce prélat à
prendre la fuite. Le vicomte, après avoir fait sa paix avec l'archevêque, lui fit
hommage, en présence des évêques de Béziers 8c d'Agde, de Roger-Bernard,
comte de Foix, 8cc., pour tout ce qu'il possédoit dans le bourg de Narbonne,
8c pour la moitié de la cité, suivant les limites qui en avoient été réglées
entre lui 6c l'archevêque Arnaud. Il est fait mention dans cet acte du capitale
de Narbonne, situé dans la partie de la ville qui étoit soumise au vicomte.
Roger- Bernard, comte de Foix, avoit épousé depuis peu, à Narbonne,
Ermengarde, fille '^ du même vicomte Se de Marguerite de Marly ou de Mont-
morenci, sa seconde femme. Le contrat de mariage est daté du 20 de janvier
de l'an 1282 de la Nativité de Notre-Seigneur; en présence 8c du consente-
ment de Matthieu de Marly, oncle d'Ermengarde, à laquelle Aymeri, vicomte
' Rymer, Acta publica, t. i, p. 327. ' Archives de l'abbaye de Boulbonne.
° Gallia Chriitiana, nov. éd. t. 6, Instrum. c. 61 ^ Archives de l'église de Narbonne.
& suiv., & tome III, Animadvers'iones in tomum {. ^ Catel, Mémoires^ p. 608.
Archives de l'archevêché de Narbonne. " Marca, Histoire Je Bcarn, p. 761.
' Martène, Thésaurus anecdotorum, t. 1 , c. 970
& s ni Y.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIV.
673
de Naibonne, son père, donna pour dot trente mille sols melgoriens. Avmeii
appela de plus', à sa substitution, les enfans qui naîtroient d'elle 61 de
Roger-Bernard, après le décès sans postérité d'Aymeri & d'Amalric, ses fils.
Sicard, vicomte de Lautrec, & plusieurs autres chevaliers furent présens à
cet acte.
Au 1 i'.\z
LXXXVI. — Coutumes des nobles (y des hahltans de Norhonne
iy du Narbonnois.
.Aymeri fit rédiger* Se confirma, au mois d'octobre suivant, à la demande
des chevaliers de Narbonne &(. du Narbonnois, les anciennes coutumes dont
ils avoient joui jusqu'alors. Ce vicomte, Pierre, ichevêque de Narbonne, Se
Guillaume de Peironet, abbé de Saint-PauP, confirmèrent ensuite celles des
autres habitans de Narbonne; mais les deux derniers refusèrent d'approuver
l'article où il est porté que les fils qui seront destinés par le testament de
leur père à être clercs ou moines, ne pourront demander que ce qui leur
sera légué par ce testament"*. Guillaume de Peironet, abbé de Saint-Paul"',
avoit succédé en iiSi, à Pvobaut, qui, la même année, fut élu évêque de
Pavie, en Italie.
LXXXVIF. — L'Inquisition confiée aux frères prêcheurs, qui l'érigent
en tribunal ordinaire.
Le pape Grégoire IX, informé que plusieurs hérétiques de la Province,
après avoir abjuré leurs erreurs, les avoient reprises, écrivit^ au roi S< le pria
d'avertir Raimond, comte de Toulouse, de n'avoir aucun commerce avec eux
81, sous prétexte que les évêques'^ étoient détournés par diverses occupations
il commit, au mois d'avril de l'an i233, aux frères prêcheurs, l'exercice de
l'inquisition contre les hérétiques dans le Toulousain & le reste du royaume
6c spécialement dans les provinces de Bourges, Bordeaux, Narbonne, .Auch
Vienne, Arles, Aix & Embrun, avec pouvoir tle procéder par sentence contre
les accusés*. Il recommanda les frères prêcheurs à tous les prélats du royaume
aux comtes de Toulouse S<. de Foix, & à tous les autres comtes, vicomtes
barons Si sénéchaux de France, 6t à tous les barons d'Aquitaine, les priant
An 12^3
' Tome \'III, Charte», n. CCVII, ce. pSâ, çây.
•/AiJ. n. CCVIII, ce. 960 à 963.
' Ces coutumes sont publiées avec une traduc-
tion ancienne en langue vulgaire, & d'oprès les
divers thalamus des archives de Narbonne, dans
l'Inventaire Je Narionne , série A A, Annexe,
pp. 11 à 3o. Elles furent rédige'es le 24 février
12Î1, & confirmées le 19 décembre de la même
année 81 le 23 février |233. Nous ne pouvons
analyser ici ce document, qui est extrémemeiu
important, 8t dont chaque article porte une cour;e
note, indiquant s'il se trouvait dans les aniie:ines
coutumes ou bien s'il est nouvellement ajouté. La
plupart des articles sont d'ailleurs relatifs au droit
civil, & on les retrouve presque tous dans les cou-
tumes des villes voisines : Montpellier, Carcas-
sonne, Nîmes & Béziers. [A. M.]
^ Archives de l'hôtel de ville de Narbonne.
^ Baluze, portefeuille, liasse Languedoc, n. 14.
* Raynaldi, année I233, n. âp. — Guillaume
de Puylaurens, c. 43.
' Percm, Hiitoia inijuiùt'ioim Tolosanae, p. 2,
c, 4, n. I su IV.
' [Cf. Potthast, n'" 91 53 & 91 jj.]
VI.
An 1233
674 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIV.
de favoriser ces religieux dans l'exécution de leur commission. En consé-
j']'Jj°'''K^"-j quence, l'évêque de Tournai, légat du Saint-Siège, établit à Toulouse deux
religieux de l'ordre de Saint-Dominique, savoir : frère Pierre Cellani 81 frère
\ Guillaume Arnaldi, qui furent les premiers inquisiteurs de leur oidre dans
cette ville. 11 en établit de même dans chacune des principales villes où ils
avoient des couvens, comme à Montpellier, Carcassonne, Cahors, Albi, 8cc.
Depuis ce temps-là, ces religieux érigèrent en France, mais surtout à Tou-
louse 8c à Carcassonne, un tribunal qui a duré pendant plusieurs siècles, &
auquel ils firent citer, non-seulement tous ceux qui leur furent dénoncés
comme hérétiques ou suspects d'hérésie ou qu'ils citèrent eux-mêmes, mais
encore tous ceux qui étoient accusés de sortilège, de magie, de maléfice, de
judaïsme, 8tc. Ils suivirent' une procédure qui leur étoit propre dans les
divers jugemens qu'ils rendirent, &c ou ils livrèrent les accusés au bras sécu-
lier pour être brûlés vifs ou ils les condamnèrent à être renfermés pour tou-
jours dans des prisons particulières, ou enfin ils se contentèrent de leur
imposer des pénitences laborieuses, suivant qu'ils étoient plus ou moins cou-
pables. L'usage de renfermer dans une prison perpétuelle ceux qui étoieni
convaincus d'hérésie ou les relaps, fut alors établi dans le pays, comme on
voit par une lettre' que Grégoire IX écrivit, le 25 d'avril de cette année,
aux évêques de la province de Narbonne. Entre les hérétiques qui furent
pris à Toulouse, on se ^ saisit de leur principal chef nommé Vîgorosus de
Baconîa, qui fut brûlé vif.
LXXXVIII. — Les papes Grégoire IX £• Innocent IV confirment
l'établissement de l'université de Toulouse,
Le pape, par une autre lettre qu'il adressa '^ le dernier d'avril au comte
Raimond, confirma l'établissement de l'université de Toulouse, & lui accorda
les privilèges dont jouissoit celle de Paris. Il y ordonne aux habitans de
Toulouse de fournir des maisons pour la demeure des écoliers, 8c veut que
le prix en soit réglé par quatre commissaires, deux clercs 8c deux laïques. Il
exempte les professeurs, les écoliers 8c leurs domestiques de la juridiction des
juges séculiers; les met sous la protection du comte Se de ses officiers, 8c
ordonne à ce prince de payer aux professeurs l'honoraire auquel il s'étoit
engagé par le traité de Paris. Il écrivit une lettre^ semblable à l'université
des maîtres 6- des écoliers de Toulouse, 8c leur accorda de plus le privilège de
régenter partout 8c de jouir du revenu de leurs bénéfices après avoir subi
■ Voyez tome VIII, Chartes, n. CCXVI, c. 984 crits existent à la bibliothèque municipale de
& suiv. — Le insmolre que dom Vaissete a publié ' Toulouse. [A. M.]
est bien moins ancien qu'il ne le suppose; il ne ' Tome VIII, Chartes, n. CCIX, ce. 969, 970.
peut être antérieur à 1297, puisqu'il cite Saint- ' Albéric, Chronicon.
Louis en France parmi les pèlerinages imposés ' D'Achéry, Spicilegium, t. î, p i8o&seq. —
aux hérétiques. Le traité le plus complet sur la Concilia, t. 1 1 , c. 364 & seq. [Potthast, n. 9176.]
matière & le plus ancien reste encore la Practica ^ Du Boulay, Hitt. uniYersitatis Parisicnsis, t. 3,
de Bernard Gui, dont les deux meilleurs manus- p. 149 & seq.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIV. 670
l'examen dans la même université. Il commit l'exécution ' de ces bulles à
l'archevêque de Narbonne Se aux évêques de Toulouse Se de Carcassonne.
Innocent IV confirma ces privilèges par une bulle ^ datée de Lyon, au mois
de septembre de l'an 1245.
LXXXIX. — Assemblée de Melun.
L'évêque de Tournai, légat du Saint-Siège, animé^ d'un grand zèle pour
le rétablissement de la foi dans les provinces de sa légation & pour l'entière
extirpation de l'hérésie, s'imagina que le comte de Toulouse ne le secondoit
pas à son gré. Sur cela, il accusa ce prince de négligence, soit dans la pour-
suite des hérétiques, soit dans l'exécution des articles du traité de Paris, .S<.
porta l'accusation devant le roi, qui manda le comte à sa cour. Le légat s'y
rendit de son côté & amena avec lui l'archevêque de Narbonne St quelques
autres évêques de la Province. Il se tint à ce sujet une conférence à Melun,
& le légat ayant déduit tous les griefs qu'il avoit contre le comte, il fut décidé
que ce prince y pourvoiroit incessamment, par le conseil & l'arbitrage de
l'évêque de Toulouse, qui étoit présent, 8c d'un chevalier, nommé Gilles de
Flageac, personnage sage 8c discret que le roi enverroit sur les lieux. Quant
à l'évêque de Tournai, il paroît que le temps de sa légation étant expiré, il
retourna dans son diocèse; nous n'avons du moins aucune preuve qu'il ait
été dans la Province après cette conférence, qui fut tenue'* vers le milieu de
l'automne de l'an i233. Nous voyons, en effet, que le comte Raimond étoit^
encore dans ses États à la mi-août de l'an i:33.
XC. — L'archevêque de Vienne succède à l'évêque de Tournai
dans sa légation.
Le pape nomma ^ pour légat dans la Province, à la place de l'évêque de
Tournai, Jean de Burnin, archevêque de Vienne. Il lui écrivit^, le i3 de
janvier de l'année suivante, & aux autres archevêques 81 évêques de Provence,
pour les exhorter à agir avec douceur 8c modération envers le comte de Tou-
louse, « qui se montroit très-dévot envers le Saint-Siège, 8c fils spécial de
« l'Église romaine. » Il leur fit défense de l'excommunier aussi aisément
qu'ils le faisoient 8c de jeter l'interdit sur ses terres. Il écrivit deux jours après
à ce prince même, qui le soUicitoit vivement, soit par ses lettres, soit par ses
ambassadeurs, de lui restituer le marquisat de Provence 8c le pays Venaissin.
Le pape lui marque, « qu'il souhaiteroit fort pouvoir lui accorder cette
«demande; mais qu'à cause des prétentions que plusieurs avoient sur ce
' Archivas de l'église de Narbonne. ' Mis. de Colbcrt, n. lojy. [Lai. (1009, pp. 5i8
■ Voyez lomeVIII, Chartes, n. CCLXXII.c. 1184 & r,zr.\
8( siiiv. ° Voyez tome VU, ut supra.
> Guillaume de Piiylaurens, c. 42. ' D'Achéry, Spicilegium, t. 3, p. 180 &8eq.
< Voyez tome VU, Noie XXVUI, pp. 89, 90, [Potthast, n. 9365.] — Concilia, t. 1 1 , c. 36ô.
An i2j3
An 1234
lid. origir.
t. 111, p..V
A„ ,^3^ 676 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIV.
« pays 8<. voulant rendre à chacun ce qui lui étoit dû, il ne pouvoit pour le
« présent lui donner une réponse positive. » Du reste, il l'exhorte à persé-
vérer dans le zèle dont il étoit animé contre l'hérésie 8< à demeurer toujours
attaché au Saint-Siège. Il ajoute que c'étoit un moyen assuré pour obtenir
au plus tôt l'eft'et de sa demande'.
On est en peine de savoir^ qui étoient ceux qui pouvoient avoir des pré-
tentions sur le marquisat de Provence, au préjudice des droits légitimes 8<
incontestables du comte R.aimond sur ce pays. Les uns ^ prétendent que
c'étoit Aymar, comte de Valentinois, en faveur duquel le pape avoit démem-
bré ce marquisat, en lui donnant en fief soixante-treize ou soixante-seize
villes ou châteaux qui en dépendoient. D'autres"* veulent que Raimond-
Bérenger, comte de Provence, qui étoit alors en guerre avec Raimond, s'oppo-
soit {sic) à cette restitution; mais supposé que l'un ou l'autre de ces deux
comtes, ou tous les deux ensemble, aient formé en effet quelque difficulté
là-dessus, c'étoit sans aucun fondement apparent. Nous croirions bien plus
volontiers que le pape, dans l'espérance de se maintenir en possession d'un
domaine si considérable, feignit lui-même ces difficultés, afin de traîner l'af-
faire en longueur.
Grégoire IX recommanda 5, le 18 d'avril suivant, l'archevêque de Vienne,
légat du siège apostolique dans les pays d'Albigeois, à Jacques, roi d'Aragon,
81 pria ce prince de ne pas permettre qu'aucun de ses sujets troublât les affaires
de la foi 8<. donnât retraite aux perturbateurs de la paix. Il recommanda
aussi'' le légat à tous les évêques des Gaules 8c au comte de Montfort ; il
chargea spécialement ce prélat d'user de toute la rigueur des lois contre les
hérétiques cachés dans le Toulousain, 8<. de s'informer si Raimond VI, comte
de Toulouse, avoit donné à sa mort des marques de pénitence : « Afin, dit le
« pape, de lui procurer les honneurs de la sépulture & de pouvoir témoigner
u ma bienveillance envers son fils, qui a été réconcilié à l'Eglise. »
XCI. — Edit du comte de Toulouse contre les hérétiques.
Cependant Gilles de Flageac'^, commissaire du roi, s'étant mis en chemin,
vit en passant la fille aînée de Raimond-Bérenger, comte de Provence, dont
le mariage avec le roi étoit déjà arrêté. Il trouva en arrivant à Toulouse que
l'évêque avoit rédigé tous les articles de réformation, 8c s'étant joint à lui pour
les présenter au comte Raimond, ce prince dressa bientôt après une ordon-
nance ou é^ir qu'il fit publier, le 18 de février de l'an i233 (1234), dans une
grande assemblée qu'il tint à cette occasion dans le cloître de Saint-Etienne
de Toulouse & à laquelle se trouvèrent l'archevêque de Vienne, nouveau
légat dans la Province, les barons du pays, le sénéchal de Carcassonne, Etc.
' [Pottliast, n. 9567.] ' Bouche, ut supra.
* Bouche, Provence, t. 2, p. 106.'). ' Archives de l'Inquisition de Toulouse.
* Fantoni, htoria délia citta d'Ayignione, 1, 2, ' Raynaldi, ann. 1234, n. 14.
c. I, n. 61. ' Guillaume de Puylaurens, c. 42.
An j 2^4
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC, LIV. XXIV. 677
Cette ordonnance, dont on voit l'original dans le trésor' des chartes du roi,
& dont on a donné diverses éditions, comprend vingt Se un articles, suivant
lesquels le comte Raimond, « après en avoir délibéré avec les évêques 8c les
« autres prélats, les comtes, les barons, les chevaliers & plusieurs autres per-
« sonnes prudentes de ses États, & de leur avis Se consentement, déclare
« qu'il a fait divers règlemens pour purger d'hérésie ses domaines & ceux de
« ses sujets, avec ordre aux barons, aux chevaliers, aux baillis Se à ses autres
H officiers, de les observer, conformément à la paix de Paris. » Les plus remar-
quables de ces articles sont les suivans :
1° Le comte ordonne une recherche exacte des meurtriers de ceux qui pour-
suivoient les hérétiques, S<. il veut qu'ils soient punis sévèrement. 2° Les habi-
tans des lieux payeront un marc d'argent pour chaque hérétique, à celui qui
s'en saisira dans leur territoire. 3° On détruira les maisons où on aura trouvé
un hérétique vif ou mort depuis la paix de Paris, St celles où ils auront
prêché du consentement du maître, avec confiscation des biens de tous ceux
qui y demeurent. 4° Les biens de ceux qui se sont faits ou qui se feront héré-
tiques, seront confisqués, même au préjudice de leurs enfans Se de leurs autres
héritiers légitimes, & leurs maisons seront rasées. S" Les biens de ceux qui
traverseront les inquisiteurs des hérétiques dans leurs recherches ou qui ne
les favoriseront pas, seront aussi confisqués, 8c ils subiront une punition cor- , f^]^,-°'''fij"-
porelle. 6° Les biens de ceux qui ont été hérétiques revêtus seront confisqués,
quand même ils auroient rompu tout commerce avec les hérétiques, à moins
qu'ils ne produisent des lettres testimoniales de leur réconciliation. 7° Ceux
qui, après avoir abjuré l'hérésie, ne porteront pas ou cacheront les deux croix
cousues sur leurs habits des deux côtés de la poitrine, qu'ils auront été con-
damnés de porter par leur evêque, encourront ^a même peine.
Les autres articles regardent la paix dont le comte ordonne l'observation
dans tous ses États, avec ordre d'en chasser les routiers, les proscrits (Jayditos)
Se les voleurs. 11 prend toutes les maisons religieuses 8c en particulier celles
de l'ordre de Cîteaux, sous sa protection 8c veut qu'on punisse sévèrement
tous ceux qui leur causeront du dommage; il permet de mettre un gardien
perpétuel dans chacune, afin d'empêcher qu'elles ne soient vexées par les
barons 8c les chevaliers qui s'y faisoient traiter [albergare). Enfin il défend
d'établir de nouveaux péages dans ses terres 8c dans celles de ses vassaux 8c
révoque tous ceux qui avoient été établis depuis trente ans. Raimond, après
la publication de son ordonnance, y apposa son sceau 8c la remit à Gilles
de Flageac, commissaire du roi, pour la porter en cour 8c donner au roi des
preuves de son attention à maintenir la foi dans ses États^. Le légat l'envoya ^
de son côté à Rome, 8c le pape la confirma. Eudes Coqui ou le Queux la fit
publier aussi dans sa sénéchaussée Se en ordonna l'observation.
■ Trésor d« chartes; Toulouse, snc U, n. 66. — ' Guillaume de Puyhmrens, c. 42.
Catel, Comtes, p. 354 & suiv. — Conclia, t. 11, ' Ri>yn;.ldi, an. 1234, n. 14.
c. 449 & seq. [Voyez tome VIII, 'ce. 963 à 969,
ou nous donnons cet acte d'après l'original.]
An ti34
678 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIV.
XCII. — Eudes le Queux, sénéchal de Carcassonne, lieutenant du roi
dans la Province,
Ce dernier, qui se qualifie chevalier &- lieutenant du seigneur roi de
France clans un acte' de la mi-septembre de l'an 1232, assigna^, au mois
d'avril de l'an 1234, à Béatrix, veuve de Lambert de Limoux, & à ses fils
Lambert 5c Simon de Turey ou deTouri, mille cinq cens livres de rente sur
diverses terres de la sénéchaussée de Carcassonne &c leur donna entre autre
celles de Saissac, Pêcherie, Beaufort, Asillan le Grand, Pardaillan, &c.
XCIIL — Vicomtes de Lautrec.
Le roi ordonna^ au sénéclial le Queux, au mois de février de l'an 1234
^^1235), « de conserver sous sa baillie, la terre de sa chère h. téale la vicom-
« tesse de Lautrec, dans le même état dans lequel le feu vicomte de Lautrec,
« son mari, la tenoit du temps du feu évêque de Cahors, qui étoit mort en
« faisant droit. « Ce vicomte, dont le nom n'est pas marqué ici, est le même
que"* Sicard VI, frère puîné de Bertrand I, avec le([uel il posséda par indivis
la vicomte de Lautrec, comme il paroît par d'autres lettres, suivant lesquelles^
Mathieu de Marly, chevalier, 6<, Amauri de Montfort, certifient, au mois de
janvier de l'an i238 (1239), « que Sicard, vicomte de Lautrec, ayant perdu
« de droit toutes les terres qu'il possédoit héréditairement, le roi Louis, de
« bonne mémoire, avoit rendu à leur prière à Agnès, vicomtesse de Lautrec,
« femme dudit vicomte, leur cousine, & k ses héritiers, toutes ces terres, &
« lui avoit donné de plus les châteaux de Sénégas & de Montredon, en
« échange des biens que Simon lui avoit donnés en la mariant. » On doit
inférer de ces actes & d'un autre qui nous apprend que Bertrand, vicomte de
Lautrec, recouvra^, en i235, le château de Lautrec, & qu'il y amena sa
femme un an après : 1° Que Bertrand I Se Sicard VI, vicomtes de Lautrec,
perdirent par confiscation cette vicomte, 8c que le roi Louis VIII rendit,
en 1226, la portion du second k Agnès, sa femme. 2° Que Guillaume de
Cardaillac, évêque de Cahors, travailloit quelque temps avant sa mort, arrivée
en 1234'^, à restituer, par ordre du roi, la vicomte de Lautrec k ces deux
frères. 3° Que Sicard VI étoit déjà décédé au commencement de l'an i235.
4" Enfin que cette vicomte fut restituée cette même année k Bertrand I, k
Agnès, veuve de Sicard VI, 8c aux entans de ce dernier, qui fut'' inhumé
aux Cordeliers de Lavaur.
Au reste Agnès, vicomtesse de Lautrec, étoit de la maison de Mauvoisin,
' Archives de l'abbaye de La Grasse. [Voyez ' Rcg'istrum cut'me Franclae.
tome V, col. 1667, n. iSy. Donation de terres ' Voyez tome VII, Note XVIII, p. 53.
confisquées sur des hérétiques à un chevalier, avec ^ Voyez tome VIII, Chartes, n. CCXXV, c. 1022.
retour à l'abbaye de La Grasse. Voyez ihid, c. 1668, ^ Registre de l'Inquisition de Toulouse,
n. i38.] ' Gciilix Chr'titlana, nov. éd. t. 1, p. i33.
' Toms VIII, Chartes, n. CCXII, ce. 97!?, 974. ' Mis. de Coislin, n. 691, al. i32.
I
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIV. 670
' ' An 12^4
en France', S<. fille de Gui, seigneur de Rosny, près de Mantes, & d'Alice de
Porrhoët. Elle laissa de Sicard VT, son mari, plusieurs fils qui héritèrent de
la moitié de la vicomte de Lautrec & partagèrent^ avec Bertrand I, leur oncle,
les appartemens du château de Lautrec, par un acte daté d'un mardi du mois
d'avril de l'an 1242. Bertrand I fit ce partage avec Pierre, Isarn & Frotard,
ses neveux, qui stipulèrent dans l'acte pour Gui, Bertrand 8t Amalric, leurs
frères, lesquels sans doute étoient alors encore mineurs. Ces six frères possé-
dèrent la moitié de la vicomte de Lautrec, que Pierre, Isarn, Bertrand Se t.'m°p'.*']y'8.
Amalric partagèrent avec le reste de leurs domaines, le 17 d'août de l'an 1255^,
Pierre eut le château de la Bruguière, Isarn celui de Montredon, Bertrand
celui de Sénégas avec la bladade du Lautreguois, Se enfin Amalric le château-
d'Amhrcs. La justice & les hommages des chevaliers de la moitié de la vicomte
restèrent par indivis à ces quatre frères, qui passèrent un compromis, le 17 de
juin de l'an i256, conjointement avec Bertrand I, vicomte de Lautrec, dit
l'Ancien, leur oncle, au sujet des différends qu'ils avoient avec les chevaliers
de Lautrec. Après ce partage, Amalric, vicomte de Lautrec, fils de feu Sicard,
vicomte de Lautrec, rendit hommage du cliâteau d'Amhres"*, situé alors dans le
diocèse d'Alhi, St aujourd'hui dans celui de Castres, le 17 de novembre de
l'an 1256, à Philippe de Montfort l'Ancien & à Philippe de Montfort le
Jeune, son fils, seigneurs de Castres. Il déclara que Sicard, son père, avoit •
tenu ce château du père de Philippe le Jeune, qui donna en même temps à
Amalric le droit de confiscation pour l'hérésie dans les domaines qu'il venoit
de reconnoître, avec promesse de le protéger 8<. de le défendre, comme les sei-
gneurs dévoient défendre leurs vavasseurs, leurs barons & leurs vassaux. Pierre,
l'aîné'' des quatre frères, épousa Vacherie de Monteil-Adémar, & mourut sans
enfans. Par sa mort, Isarn, Bertrand & Amalric partagèrent entre eux,
en 1270, sa portion de la vicomte de Lautrec. Isarn laissa postérité, &. de lui
descendent par mâles les seigneurs de Montfa 6c de Saint-Germier qui sub-
sistent encore. Quant aux deux autres, Bertrand 8c Amalric, ils laissèrent
aussi postérité; mais elle tomba enfin en quenouille, 8c par là une portion
tie la vicomte de Lautrec passa dans les maisons de Lévis, d'Arpajon, Voi-
sins, 8cc. Nous parlerons ailleurs de Bertrand I, vicomte de Lautrec, frère
aine de Sicard VI 8c de sa postérité.
XCJV. — Raimond fait un voyage à la cour 6- compromet entre les mains
du roi, de ses différends avec le comte de Provence. — Jacques, roi d'Aragon,
va à Montpellier.
Pvaimond VII, comte de Toulouse, aussitôt après avoir fait publier son édit
contre les hérétiques, se rendit à la Cour, qui étoit alors à Lorris, dans le
' Duchesne, MdUon de Dreux, p. I 14. * Archives du domaine de Montpellier j Lautrec,
* Archives du domaine de Montpellier j Lautrec,^ reconnaissances d'Ambres, n. 1.
cartulaire, n. 14. 'Ma. de Coislin, ut supra.
' Mis. de Coislin, n. 6pl, al. |32>
An 12^4
680 niSTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIV.
GâtinoisjSi il y passa un compromis' au mois de mars de l'an 1:33 (1234),
suivant lequel il remit la décision de tous les différends qu'il avoit avec Rai-
mond-Bérenger, comte de Provence, entre les mains du roi &. de la reine
Blanche, sa mère. Pvaimond-Bérenger &. Béatrix. de Savoie, sa femme, avoient
passé* un semblable compromis au mois de février précédent, avec promesse
de ratifier la décision du roi lorsque ce prince auroit épousé leur fille. Ces
différends, qui duroient depuis longtemps 8t qui avoient été suivis de la
guerre, n'avoient pu être terminés par l'archevêque 3 de Vienne, légat du
Saint-Siège, qui travailla beaucoup, mais sans fruit, à mettre la paix entre
les deux comtes.
Si nous en croyons quelques modernes'', le mariage du roi saint Louis avec
Marguerite, fille du comte de Provence, fut célébré à Montpellier, dans
l'église de Notre-Dame, le i'"' de novembre de l'an 1234, 8c Jean de Mont-
laur, évêque de Maguelonne, leur donna la bénédiction nuptiale, en pré-
sence de Jacques, roi d'Aragon, 8c d'Yolande de Hongrie, laquelle, ajoute-t-on,
après avoir passé à Montauban 8<. à Castres, s'étoit rendue à Montpellier pour
épouser de son côté ce dernier prince. Mais il est certain '', au contraire, que
saint Louis épousa, à Sens, Marguerite de Provence, le 27 de mai de l'an 1234,
8c que Jacques, roi d'Aragon, n'épousa"^ que l'année suivante Yolande de
Hongrie, qui arriva par mer à Barcelone. 11 est vrai qu'on ^ prétend que
Jacques fit un voyage à Montpellier, au mois de novembre de l'an 1234, Se
on assure^ qu'on lui fit alors dans cette ville une entrée magnifique; mais,
outre que ce voyage est contredit' par les anciens monumens, quand le roi
d'Aragon l'auroit entrepris, ce n'eût pas été pour assister au mariage du roi
avec Marguerite, sa cousine, car il étoit alors dans le dessein de faire la
guerre à ce prince pour recouvrer le comté de Carcassonne, qu'il prétendoit
que saint Louis avoit envahi sur lui : c'est ce qui paroît par une lettre '° que
le pape Grégoire IX écrivit, le 3o d'août de cette année, à Pvaimond-Bérenger,
comte de Provence, qu'il chargea de négocier la paix, entre les deux. rois.
XCV. — Raimond se plaint au roi des ecclésiastiques de la Province, i- eux
se plaignent à leur tour au pape des ojficiers du roi. — Evêques d'Agde.
Le comte de Toulouse, durant le séjour qu'il fit à la Cour, au moi de mars
de l'an 1234, se plaignit au roi de ce que divers ecclésiastiques avoient acquis,
maigre lui, plusieurs fiefs dans sa mouvance. Saint Louis, qui étoit très-con-
tent de la conduite de ce prince, ordonna, pour le satisfaire, que les ecclé-
■ Voyez tome VIII, Chartes, ii. CCX, c. 971. « Ferreras, an. Ii3."), n. '>.
• /4iV. n. CCX, ce. 971, 972. ' Ziirita, ><na/cs, 1. 3, c. 19.
'' Guillaume de Puylaurens, c. 42. ' dncUSeriei praesulum Magtilonensi:im,T^.'ij,6.
^ Gsriel, Séries pracsulum Magalonemium, p. ^^6. ° Ferreras, an. 1234, n. 5.
— Gallia Christiana, t. 3, p. 586. — Bouche, Fro- " Raynaldi.an. I234,n. 17. [Potthast, n.9Ji7.]
vence, t. 2, p. 240.
'' Gestt Ludovici IX, p. 3.)i. — La Chaise, His-
toire de saint Louis, 1. 3.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIV. 63 1
An i:j:i
siastiques videroient ' leurs mains de tous ces fiets, avec défense d'en accruérir Éd-ori-in.
de nouveaux sans sa peranission & celle du comte. Le clergé de la Province
se plaignit k son tour au pape des vexations qu'il avoit à souffrir des baillis
que le roi avoit envoyés dans le pays d'Albigeois, lesquels chargeoient d'im-
positions les vassaux des églises, saisissoient leurs fiets pour contraindre les
possesseurs k se soumettre k leur juridiction, n'avoient aucun égard aux dona-
tions qui leur avoient été faites par Simon de Montfort, & s'étoient emparés
des domaines des évêques de Béziers Se d'Agde pour les obliger k ester k droit
devant le roi; en sorte c[ue ces prélats avoient été forcés de se rendre k la
Cour 8c d'\- plaider, malgré eux £<. sans le consentement de leurs chapitres,
contre l'ordre & la coutume des églises de la province de Narbonne. Ils dédui-
soient plusieurs autres griefs, en particulier le chagrin que le roi causoit aux
évêques du pays, de qui il exigeoit le serment de fidélité, sans aucun égard
aux traités arrêtés entre les légats du Saint-Siège d'un coté Se les baillis du
roi de l'autre, par rapport aux différends que ces prélats avoient avec le fisc.
Ces plaintes sont détaillées dans une lettre^ que le pape Grégoire IX écrivit,
le 2 de mai de l'an 1234, au roi saint Louis, & dans laquelle il prie ce prince
d'envoyer des commissaires sur les lieux pour les apaiser, conjointement avec
l'archevêque de Vienne, légat du Saint-Siège.
Les officiers^ du roi prétendoient que Bernard, évêque de Béziers, avoit
usurpé divers domaines de la couronne, & ce prélat fut obligé de promettre
au sénéchal de Carcassonne, par un acte daté de Montpellier, le 2j du mois
d'août de l'an i233, de se rendre en personne k la Cour ou d'y envoyer de sa
part, avant le i5 de novembre suivant, 81 de s'en rapporter entièrement k la
décision du roi, tant au sujet de ces usurpations c[ue sur les donations que le
comte de Montlort avoit faites k son église. Quant k 1 évêque d'Agde, nommé
Bertrand de Saint-Just, qui avoit succédé k Thédise depuis l'année précédente,
il se rendit aussi k la Cour, Se fit un accord'* avec le roi, au mois de juin de
l'an 1234, suivant lequel il céda k ce prince le château de Montagnac, l'hom-
mage de ceux de Florensac, Pomerols, Bcssan, Stc. les droits qu'il avoit sur
la chancellerie du comte de Toulouse, Sic. Le roi s'engagea de son côté k lui
donner en fief les biens situés dans la mouvance de l'église d'Agde, qui
avoient été confis([ués pour crime d'hérésie. Sec.
XCVI. — Raimond rentre dans la possession du marquisat de Provence.
Raimond, comte de Toulouse •'', s'étant plaint d'un autre côté au roi de ce
qu'après avoir donné une entière satisfaction k l'Eglise, le pape lui détenoit
toujours le marquisat de Provence, au lieu de le lui restituer, le roi écrivit
en sa faveur deux lettres k Grégoire IX. Dans la première'', datée de Lorris,
■ Tome VIII, Chartes, n. CCXXI, ce. 971, q"-.!. ■• Voyez tome VIIÎ, Chartes, n. CCXIII, ce. 976
* RayiiaHi, an. i 2.'$4, n. i!>. [Potthast, n. ç^Hi.] Îl t)-jt).
' Trésor des chartes; Toulouse, sac 1, n. 3. [J. ^ Voyez tome VII, Vofe XXIX, pp. 90 à o3.
333; Teiilet, t. 2, p. 368.] "• Raynaldi, an. i233, n. 61.
~7~)7" ^^^ HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXIV.
au mois ck mars de l'an I233 (1234), le roi déclare au pape qu'il n'avoit plus
dessein de conserver la garde des domaines situés au delà du Rhùne, dans
l'Empire, que le cardinal de Saint-Ange, alors légat, avoit remise à ses baillis.
Par l'autre', datée aussi de Lorris, le lendemain de la Saint-Grégoire ou
le i3 de mars, il lui marque « qu'il l'avoit prié de rendre ces domaines à son
« cher 8c féal cousin Raimond, comte de Toulouse, qui les avoit possédés
« autrefois, ainsi que ses prédécesseurs; dans la confiance que cette restitu-
« tion l'engageroit à garder la paix de l'Eglise & à une plus grande fidélité
« envers lui. Nous nous portons d'autant plus volontiers, poursuit le roi, à
« réitérer cette demande, que le comte n'a pour héritière qu'une fille unique,
« qui doit épouser, avec votre dispense, notre très-cher frère ; c'est pourquoi
« nous regarderons cette grâce comme si elle nous étoit faite à nous-même;
« il est certain d'ailleurs, ainsi que nous l'avons appris par le témoignage des
« prélats du pays, que le comte est fort attentif à rechercher & à punir les
« hérétiques; nous vous prions de plus de vouloir l'écouter favorablement,
« pour l'amour de nous, dans toutes ses autres justes demandes. » La reine
mère écrivit au pape dans les mêmes termes.
Le dernier article de la lettre du roi prouve que Raimond passa bientôt
après les Alpes &. qu'il se rendit à Rome pour solliciter auprès de Grégoire IX
la restitution de son marquisat de Provence. Nous savons*, en effet, que ce
pontife le lui rendit enfin la même année. On croit-' que Grégoire, outre les
fortes sollicitations de la reine mère & du roi, se déterm.ina à rendre cette
Kd.oiiRin. justice à Raimond, à cause des services importans que ce comte lui rendit
t.UI,p.400. ' • D • 1 11 . 1 , j
alors; car on ajoute que Kaimonu alla cette année commander les troupes du
pape contre les Romains qui l'avoient chassé de Pvome. Quoi qu'il en soit, le
comte de Toulouse ayant été rétabli dans cet ancien patrimoine de sa maison'*,
en fit hommage, au mois de septembre suivant, à l'empereur Frédéric, qu'il
alla trouver à Montefiascone, 8c qui, dans l'acte d'investiture qu'il lui on
donna-^, déclare « que, considérant la fidélité 8c la dévotion de son très-cher
« allié Se féal Raimond, comte de Toulouse, 8c qu'ayant reçu de lui le ser-
« ment d'hommage Se de fidélité pour une portion de l'Empire, il lui donne
(( Se confirme, de même qu'à ses héritiers, la terre de Venaissin 8c toutes les
K autres terres que ce comte Se ses prédécesseurs avoient autrefois possédées
« dans l'Empire Se dans le royaume d'Arles Se de Vienne; le restituant dans son
« ancienne dignité de marquis de Provence, que ses ancêtres avoient possédée,
« avec défense à toute sorte de personnes, soit ecclésiastiques, soit séculières,
« de le troubler lui 8e ses héritiers dans la possession de ces domaines, à peine
« de mille livres d'or. Sec. » C'est ainsi que Raimond VU, comte de Toulouse,
fut enfin rétabli, vers le milieu de l'an 1234, dans la possession du marquisat
de Provence; il en demeura depuis paisible possesseur, 8c il le transmit, après
sa mort, à Jeanne, sa fille unique Se son héritière universelle.
' Raynaldi, an. 1234, ri. |5. ■'Voyez tome VII, ut supra.
' Voyez tome VII, Note XXIX, pp. ço à çS. ' Voyez tome VIII, Cliaites, n, CCXIV, ce. 979
•La Chaise, Histoire de saint Louis, I. 3, n. 2. à 981.
A.J.4.|.J.^».|,>^.|.-|,^,-^-î,.î,.|,.|,^^,^>^.«,.|,|,.J,,.^^
LIVRE V1NGT-CINQ_UIÈME
I
Concile de Bé-^iers.
JEAN de Buniin, archevêque de Vienne £<. légat du Saint-Siégc, assembla ("^("{["p"'"',
le concile de la province de Narbonne à Béziers, après que Raimond',
comte de Toulouse, eut fait publier son édit contre les hérétiques. Dans An uS^
ce concile, qui fut tenu le quatrième dimanche de carême, 2 d'avril de
l'an 1234, on confirma^ les canons qui avoient été dressés au concile de Nar-
bonne de l'an 1227, & on y dressa vingt-six nouveaux canons. Il est d'abord
ordonné d'excommunier tous les dimanches les hérétiques ou leurs fauteurs;
de se saisir de leurs personnes partout où on les trouvera, 8c de les présenter
à l'évêque ; de tenir pour hérétiques ceux qui, ayant été réconciliés à l'Eglise,
ne portoient pas sur leurs habits les deux croix, suivant l'ordre des évêques, 8cc.
Ensuite il est enjoint aux curés de tenir un état de tous ceux qui étoient
suspects d'hérésie dans leurs paroisses 81 de veiller à l'observation des statuts
du concile de Toulouse, avec défense aux seigneurs de donner ou de vendre
leurs baillies ou offices publics à des gens suspects. Les canons qui suivent
regardent la discipline ecclésiastique 8c régulière. Enfin il est ordonné, dans i.'iu,°p!*i,'oi.
le dernier, à tous ceux qui avoient atteint l'âge de quatorze ans Se au-dessus,
de promettre par un nouveau serment d'observer la paix.
■ Guillaume de Puylaurens, c. 42. — Voyez ' Catcl, Histoire des comtes Je Tolose, p. .'>^8 &
terne VU, Note XXVIII, pp. 8p, 90. suiv. — Concilia, t. 2, c. .friG & seq.
~ : — 684 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XX .'•
ir. — Troubles arrivés à 'Narhonne. — Les hah'itans de la cité £• ceux
du bourg se jont la guerre.
Pierre', archevêque de Narbonnc, ordonna en conséquence, du conseil &
du consentement de l'archevêque de Vienne, légat du Saint-Siège, & des évo-
ques de Nimes, fjéziers, Toulouse & Elne, aux habitans de la cité Se du bourg
de Narbonne, âgés de quatorze ans & au-dessus, de prêter ce serment. Il leur
enjoignit de jurer de garder la foi catholique, de poursuivre les hérétiques,
de favoriser l'Inquisition, de rompre la trêve qu'ils avoient faite avec Olivier
de Termes 8c ses alliés, de renoncer à toutes les associations & ligues formées
entre eux, Sic. Les consuls de Narbonne prêtèrent ce serment, le i" d'octobre
de l'an 1234; mais ils firent difficulté de jurer l'observation de quelques
articles que l'archevêque leur avoit prescrits. Se par lesquels ce prélat parois-
soit vouloir exiger quils lui fissent serment de fidélité, comme à leur seigneur
temporel, au préjudice des droits du roi 8c de leur vicomte Aymeri. Pour
entendre ce qui engagea l'archevêque de Narbonne à exiger le serment sur
ces articles, il faut reprendre les choses de plus haut.
Il se forma à Narbonne^, entre les habitans du bourg, au mois d'octobre
de l'an 1219, une confédération par laquelle ils se promirent un secours
mutuel pour la conservation de leurs droits; sauf ceux de l'Eglise, du cardinal
légat 8c des seigneurs de la cité Se du bourg, qui étoient l'archevêque, le
vicomte Aymeri 8c l'abbé de Saint-Paul; se réservant de juger eux-mêmes
tous les dittérends qui s'élèveroient entre eux. Cette confrérie, qu'on nomma
de l'Amistance ou de l'amitié, tut composée de tous les artisans du bourg.
Elle subsistoit depuis plusieurs années, lorsque le P. François Ferrier, Catalan
de naissance, prieur des frères prêcheurs de Narlx)nne, ayant découvert, au
mois de mars de l'an 1234^, un hérétique qui divulguoit ses erreurs dans le
bourg, le déféra à la justice de l'archevêque 8c du vicomte. Ce religieux,
emporté par l'excès d'un zèle qui ne connoît point de bornes, alla ensuite à
la tête d'une troupe de sergens chez un des habitans du bourg, nommé Rai-
mond d'Argens, qu'il prétendit être suspect d'hérésie 8c qu'il conduisit en
prison. Cette action excita une grande rumeur parmi les confédérés qui,
s'étant attroupés, enlevèrent le prisonnier 8c le ramenèrent chez lui. Le len-
demain, le vicomte Aymeri ayant assemblé les chanoines des chapitres de
Saint-Just 8c de Saint-Paul, avec les frères prêcheurs Se les frères mineurs,
délibéroit avec eux sur cette affaire, lorsque le P. Ferrier s'étant levé, excom-
munia tous les fauteurs des hérétiques, nommément Raimond d'Argens, avec
ceux qui l'avoient retiré de sa prison. L'archevêque étant survenu, convint
avec le vicomte d'arrêter prisonnier de nouveau ce même bourgeois 8c de
mettre garnison chez lui. Les confédérés s'étant rassemblés de leur côté devant
' Tome VIII, Chartes, n. CCXV, c. 98 i & siiiv, ^ Peicin, Monumenta convcntus Tolosani, p. 52.
' Catel, Mémoires de l'histoire du Languedoc ,
p. 6o3 & suiv.
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV, XXV. 685 -" : —
An 12J4
la maison de leur confrère, et voyant venir l'archevêque 8t le vicomte pour
l'enlever, jettent leurs capes, crient de toutes leurs forces, Tue, tue, donne
sur eux, & les obligent à s'enfuir, eux & le prieur des frères prêcheurs qui
les accompagnoit, après les avoir fort maltraités. L'archevêque tenta inutile-
ment d'apaiser la sédition, il ne put rien gagner; ainsi il se crut obligé de
jeter l'interdit sur le bourg de Narbonne & d'excommunier tous les confé-
dérés par une sentence du 24 de mars de l'an 1234. Il aggrava cette peine,
au mois de mai suivant, 8c excommunia tous ceux qui auroient quelque
commerce avec les confédérés, lesquels, pour se venger, se saisirent de ses
domaines & de ceux de l'abbé de Saint-Paul, causèrent de grands désordres
dans Narbonne 8c chassèrent l'archevêque de la ville'. Ce prélat, étant revenu
au mois de juillet, essuya plusieurs insultes de la part des habitansdu bourg,
qui se soumirent cependant, vers la fin de septembre, 8c lui prêtèrent, au
commencement d'octobre, le serment dont on a déjà parlé.
Cette soumission ne rendit pas cependant le calme à la ville de Narbonne.
Le prieur des dominicains ayant reçu un ordre de son provincial de faire une
nouvelle recherche des hérétiques dans le diocèse, l'archevêque lui donna
pour adjoints l'archidiacre de Razès 8c son officiai, avec permission d'informer
contre ceux du bourg, mais non contre ceux de la cité. Le prieur monta alors
en chaire 8c déclara publiquement que tous ceux qui viendroient, dans l'es- i!\ii°p^ll's.
pace de quinze jours, faire leur confession ne recevroient aucune punition,
excepté ceux qui étoient déjà diffamés pour fait d'hérésie; mais que, passé ce
temps-là, on ne feroit aucune grâce, soit à ceux qui n'auroient pas dit la
vérité, soit à ceux qui ne se seroient point présentés. Les habilans du bourg,
pour traverser les procédures de l'inquisiteur, en appelèrent au pape, au roi
■ Ce fut sans cloute peu après l'expulsion de Ne tenant aucun compte des canons du concile
l'archevêque que les consuls du bourg de Narbonne de Toulouse, ils agissent suivant leur bon plaisir
écrivirent à ceux de Nimes une lettre justificative & sans règle. Dans un sermon public, frère Fer-
que Ménard a publiée (Histoire Je Nimes, t. I, rier a calomnié le bourg & ses habitants; alors
pr. 73-75). Dans cette lettre, ils se plaignent de quelques imprudents, à l'insu & sans l'aveu de»
l'arcbevéque & des inquisiteurs qui, malgré leur consuls & autres prud'hommes, ont attaqué In
offre d'ester à droit, les ont excommuniés, en dé- maison des frères prêcheurs & y ont fait du dé-
fendant de payer les collectes que la communauté gât. 'Intervention des consuls qui châtient les
pourrait réclamer; aux notaires publics de rédi- émeutiers. L'archevêque excommunie le bourg; il
ger des actes privés pour les habitants du bourg; aurait retiré sa sentence pour une certaine
aux médecins de les soigner, aux prêtres de leur somme d'argent; les consuls, confiants dans leur
administrer les sacrements ou de recevoir leurs innocence, ont refusé de payer leur absolution,
confessions, sauf z l'article de la mort & sous Us terminent leur lettre en se plaignant de l'ar-
bonne caution. — Ils se plaignent ensuite de la chevêque, qui a oublié tous les services rendus par
rigueur apportée par frère Ferrier & ses collègues ei,x à la foi, du temps du comte de Montfort, &
dans l'exercice de l'inquisition; ils n'observent les éloges dont à cette époque les légats & lui-
pas les règles canoniques, confisquent les biens même les ont honorés.
des innocents, mettent à mort secrètement dans Comme nous analysons plus bas la défense des
l'intérieur des prisons, adressent aux accusés, siin- consuls de la ciié & de l'archevêque, nous avons
pies gens sans instruction (simplices & illiterati), jugé utile de donner ici celle des consuls du
des questions captieuses sur des points obscurs & bourg, dont les termes sont beaucoup plus mo-
controversés de philosophie & de théologie, par dérés & dont le dire paraît mériter au moins
exemple la nature de l'âme & le moment de sa autant de confiance que celui de leurs adversai-
naissance, & les condamnent s'ils se contredisent. res. [A. M.]
Au I 2J4
686 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXV.
& au légat; & cet appel lui lia les mains. Ils allèrent néanmoins iiouver
l'archevêque au nombre de plus de cinq cens, le i'^'' de décembre de cette
année, lui demandèrent pardon du passé & le prièrent de leur rendre leo
prisonniers, avec offre de lui taire toutes les satisfactions convenables. Ce
prélat leur refusa leur demande, sous prétexte qu'ayant porté par leur appel
cette affaire devant le légat, ce dernier, assisté des évêques du pays, avoit
confirmé sa procédure & sa sentence. Les troubles continuèrent donc dans
Narbonne, & les habitans de la cité a}ant embrassé le parti de l'archevêque,
firent une guerre ouverte à ceux du bourg, qui composoient la moitié de la
ville'. Us s'assiégèrent les uns les autres &c se battirent en plusieurs ren-
contres; de sorte qu'il y eut beaucoup de sang répandu. Enfin ces peuples
convinrent, le 4 d'avril de l'an 1286 de la Nativité, par l'entremise de l'abbé
de Fontfroide & de Bérenger de Boutenac, viguier du vicomte, d'une trêve
que deux cens des principaux habitans du bourg & autant de la cité jurèrent
d'observer. Cependant Jean de Fricamps, sénéchal dans le pays d' Albigeois
(ou de Carcassonne), négocia la paix. Ceux du bourg, qui l'avoient pris pour
arbitre, prièrent Raimond, comte de Toulouse, de cautionner pour eux; ce
que ce prince leur accorda par le ministère de Pons de Villeneuve, son séné-
chal de Toulouse, 8c de plusieurs autres de ses chevaliers^. Jean de Fricamps,
s'étant fait autoriser d'un autre côté par le vicomte de Narbonne, rendit une
' Voyez tome VIII, Chartes, n. CCXXI, c. looo des Lecoq, & par les consuls du bourg, touchant
& suiv. — Catel, Mémoires de l'histoire Au Lan- certains articles imposés à ceux-ci par le prélat
gueJoc, p. 147; Histoire des comtes Je Tolosc, (voir tome VIII, ut supra). Elle ne parle que de
Chronique, p. 172. [Chronique de Saint-Paul de la lutte à main armée qui recommença presque
Narbonne j cf. tome V,c. 40]. immédiatement, & raconte aussitôt l'expulsion
^ Après ce compromis, les consuls de la cité, des frères prêcheurs Se le pilhige de leur couvent,
l'archevêque, le vicomte de Narbonne & l'abbé de C'est alors qu'intervient le comte de Toulouse;
Saint-Paul écrivirent une longue lettre au roi; les consuls de la cité, qui, ici, semblent altérer
lettre datée da 3i juillet (i236) (Teulet, t. 2, quelque peu la vérité, le représentent comme un"
pp. 321 à 323), & qui présente les faits sous un auxiliaire dévoué des habitants du bourg, entrant
tout autre aspect. Tout en tenant compte de l'ani- dans le bourg, y amenant les chevaliers faidits,
mosité qui divisait les deux partis, il faut bien qui occupaient encore la campagne, Olivier de
reconnaître que la version que nous allons ana- Termes, Géraud de Niort & leurs alliés, & souie-
lyser n'est pas entièrement invraisemblable. — nant les liabitants à main armée. C'est alors que
Les plaignants commencent par rappeler que le les consuls de la cité & leurs alliés se décident à
bouig de Narbonne servit toujours de lieu de re- recourir à la protection du roi & à lui envoyer
fiige aux hérétiques. Frère Ferrier ayant ordonné leurs plaintes par écrit.
des enquêtes & des arrestations, les habitants se Sans accorder à cette lettre une confiance abjO-
soulevèrent & se portèrent à des voies de fait sur lue, on peut remarquer qu'elle complète heureuse-
la personne des consuls de la cité, de l'archevêque ment les indications fournies par les autres actes;
S< de l'inquisiteur. Excommuniés pour ce fait, ils tous les détails ne sont peut-être pas exacts, mais
ne tinrent longtemps aucun compte de l'excom- la suite des événements y est assez bien observée,
municaticn, retenant les biens de l'archevêque & 8c on a là un curieux exemple des luttes civiles
refusant de lui payer ses droits. Enfin ils com- qui ensanglantaient parfois les villes du Midi. Il
promirent entre les mains de Jean, archevêque de semble que Pcrcin ait puisé les détails que dora
Vienne, légat du pape, & se soumirent auxvolon- Vaissete lui a empruntés plus haut dans la lettre
tes de l'archevêque. C'est alors sans doute que ce- que nous venons d'analyser, en y ajoutant, bien
lui-ci rendit sa sentence d'octobre 1234 (tome VIII, entendu, tous ceux que sa trop ficondc imagma-
cc. 981 à 983). La lettre passe ici sous silence les tion pouvait lui suggérer. Peut-être aussi a-t-il
ijclamations présentées au sénéchal du roi. Eu- employé ici le récit de CiiiUem Pelhis'.e. [A. M.]
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXV. 687
sentence, au mois de mars de l'année suivante, condamna les habitans de la
cité de Narbonne à réparer les dommages qu'ils avoient causés à ceux du
bourg, ordonna à ceux de ces derniers qui avoient pris part au meurtre de
quelques-uns des autres, d'aller servir pendant un certain temps contre les
infidèles, soit en Espagne, soit outre-mer, 81 défendit aux uns & aux autres
de se liguer à l'avenir par aucune sorte de confédération. Le vicomte Aymeri
pardonna ensuite à ceux du bourg Se leur rendit son amitié.
III. — Les hérétiques chassés de la Province passent en Espagne
6- y sont défaits.
Les frères prêcheurs, à qui le soin de l'inquisition contre les hérétiques
étoit nouvellement confié, agirent partout ailleurs avec une égale vigueurj
8<. nous apprenons d'un historien du temps' que plusieurs sectaires de la
Province, ne pouvant se dérober à leurs poursuites, se réfugièrent au delà
des Pyrénées, où ils s'emparèrent à main armée de diverses villes, ordon-
nèrent des évêques de leur secte, &c commirent de grands désordres; que les
peuples du pays s'étant croisés les défirent dans une bataille rangée, au prin-
temps de l'an 1234, leur enlevèrent leurs places & les exterminèrent entiè-
rement.
IV. — Soulèvement en Albigeois contre les inquisiteurs de la foi.
La sévérité extrême dont usèrent d'abord les nouveaux inquisiteurs envers
ceux qui étoient accusés ou soupçonnés d'hérésie, aigrit extrêmement les
esprits des peuples, qui les maltraitèrent en divers endroits. En Albigeois,
trois frères prêcheurs*, qui avoient été envoyés à Cordes pour y chercher les
hérétiques, y furent, à ce qu'on assure, massacrés par les habitans en i233,
Deux autres religieux du même ordre, nommés Arnaud Catalan & Guillaume
Pelisse, qui exerçoient l'inquisition à Albi, par ordre de leur provincial, y
firent d'abord brûler vifs deux hérétiques, Se imposèrent pour pénitence, à
douze autres citoyens de cette ville, d'aller servir outre-mer pendant un cer-
tain temps. Frère Arnaud Catalan rendit ensuite une sentence'* pour faire
exhumer les corps de quelques personnes qui étoient mortes dans des senti-
mens erronés. Il choisit le jeudi d'après la Pentecôte de l'an 1234, jour auquel
l'évêque d'Albi tenoit le svnode dans la cathédrale de Sainte-Cécile, pour faire
exécuter son jugement; 8<. il ordonna au bailli Se aux officiers de ce prélat
de faire déterrer, entre autres, une femme qui étoit inhumée dans le cime-
■ Matlhitu Paris, année 1234. — Seul Matthieu ' Percln, Monumenta conventus Tolosani, p. 48,
Piru mentionne ce fait, du moins à notre con- n"' 11 & \J; — Martj/rei Avinioneti, c. 2 & seq.
naissance, & cet auteur est tellement sujet à eau- ' Martène, Tkesaurui novus anecdotorum, t. r,
tion <|u'il est difficile de supposer qu'il ait seul c. 985 81 seq.
connu un fait aussi important, qu'il était fort
capable d'inventer. [A. M.]
An 12^4
An 123^
688 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXV.
tière de l'église de Saint-Etienne, Ces officiers, craignant d'exciter une émo-
tion populaire, refusèrent d'obéir. L'inquisiteur se rendit alors lui-même sur
les lieux, suivi de quelques ecclésiastiques, 6c là, ayant pris un hoyau, il
i.Vii,°p'.^404. donna les premiers coups pour déterrer le corps, laissa le reste à faire aux
gens de l'évêque, 8c. se rendit au synode. 11 n'est pas plutôt entré dans l'église
cathédrale que les gens de l'évêque viennent l'avertir qu'ils avoient été chassés
du cimetière par le peuple attroupé. Cette opposition n'ayant fait qu'irriter
son zèle, il retourne sur les lieux pour se faire obéir. Il se voit bientôt envi-
ronné de deux ou trois cens personnes qui, s'étant jetées sur lui, le maltrai-
tent & crient : Que ce traître sorte de la ville, qu'il meure ^ il n'est pas permis
de le laisser vivre? On l'entraîne ainsi dans une rue voisine; mais il s'échappe
heureusement, retourne dans le cimetière & ensuite dans la cathédrale, &. là
il excommunie toute la ville en présence de l'évêque, du clergé Si du peuple.
Quelques-uns des séditieux, touchés de repentir, promirent alors par serment,
à l'évêque, de donner satisfaction, 8t prièrent l'inquisiteur de leur pardonner.
Celui-ci répondit qu'il oublioit volontiers tout ce qui regardoit sa personne;
mais que pour l'injure faite à l'Église St au pape, il ne pouvoit ni ne devoit
la pardonner : il se relâcha toutefois de sa sentence, à la prière de l'évêque
6t. de toute l'assemblée '.
V. — Les inquisiteurs sont chassés de Toulouse avec l'évêque de cette ville
6" les frères prêcheurs.
Le tumulte fut encore plus grand à Toulouse : les deux inquisiteurs, frère
Pierre Cellani 8c frère Guillaume Arnaud, firent citer à leur tribunal* tous
ceux qu'ils crurent pouvoir aisément convaincre d'hérésie, 8c les condam-
nèrent. Durand de Saint-Bars, viguierdu comte, voulut ensuite exécuter leur
jugement 8i faire brûler vif un de ceux qui avoient été condamnés; mais cet
homme se disant chrétien Se bon catholique, la populace s'attroupa 8c empê-
cha l'exécution, en murmurant hautement tant contre les inquisiteurs que
contre le viguier. Cependant le criminel ayant été reconduit en prison 6c
ayant refusé de se convertir, ceux qui l'avoient défendu jusqu'alors l'aban-
donnèrent. Se le viguier le fit brûler vif avec plusieurs autres que le bailli
du comte avoit amenés de Lavaur 8c qui avoient été remis à l'évêque de Tou-
louse. Les deux inquisiteurs allèrent ensuite faire la recherche des hérétiques
clans le Querci, 8c firent exhumer à Cahors plusieurs corps qu'on brûla après
les avoir traînés dans les rues. Ils se rendirent de là à Moissac, oii ils firent
brûler plus de deux cens hérétiques. L'un des accusés, ayant trouvé moyen
de s'échapper, se réfugia dans l'abbaye de Belleperche, où il prit l'habit reli-
' Percin, auquel dom Vaissete a emprunté le rédigé par un témoin oculaire, & qui paraît ab-
récit de cette émeute d'Albi, n'avait fait que tra- soluraent sincère & tout à fait exact, (Voir plus
duire un fragment ajouté à la fin de la chronique bas.) [A. M.]
de Guillem Pelhisse, & qui est peut-être de cet ' Guillaume de Puyiaurens, c. 43. — Percin,
auteur. C'est une espèce de procès-verbal des faits ut supra.
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XXV. 68n ~~ T"
J t.n 1234
gieux; mais on continua les procédures, Se, comme il s'enfuit en Lombardie,
il fut condamné par contumace. Ces exécutions jetèrent une grande terreur
parmi le peuple.
L'abbé de Saint-Sernin de Toulouse se chargea de la recherche des héréti-
ques dans cette ville, durant l'absence des inquisiteurs, Se fit prendre, en i235, An 1235
de concert avec le viguier du comte, un habitant du bourg de Saint-Sernin,
ou du faubourg de Toulouse, qu'on prétendoit être leur fauteur. Quelques-
uns de ses compatriotes l'enlevèrent aussitôt de prison Se le firent évader. Les
inquisiteurs, informés de cet enlèvement, retournèrent à Toulouse Se firent
citer plusieurs personnes à leur tribunal, avec promesse de ne condamnera
la prison, à l'exil ou à la confiscation des biens aucun de ceux qui, dans un
certain temps, viendroient faire devant eux une confession sincère; car,
ajoute l'ancien auteur de qui nous tenons ce récit, « le comte Raimond avoit
« accordé aux frères inquisiteurs que tous ceux qui diroient la vérité ne per-
« droient rien de leurs biens, Se plusieurs de ceux qui avouèrent leurs fautes
«i de bonne foi éprouvèrent cette grâce. »
Cependant les inquisiteurs ordonnèrent d'exhumer, dans divers cimetières,
ceux qu'ils assuroient être morts dans l'hérésie. Se, après avoir fait traîner
leurs cadavres à demi pourris ou leurs ossemens dans toutes les rues de Tou-
louse, ils les firent brûler. Cette conduite excita une nouvelle rumeur dans
la ville, dont les consuls députèrent au comte, pour le prier de venir mettre
quelques bornes au zèle excessif de ces religieux. Ce prince, étant arrivé,
pria les inquisiteurs de suspendre pour un temps leurs poursuites, à cause
des inconvéniens qui pourroient en arriver; mais ils refusèrent dé l'écouter.
Raimond s'adressa alors à l'archevêque de Vienne, légat du Saint-Siège,
auquel il se plaignit surtout de frère Pierre Cellani, qui devoit lui être plus
attaché que tout autre, à cause qu'il avoit été domestique du feu comte, son
père, Se qui étoit devenu son ennemi capital'. Il pria le légat d'empêcher que
cet inquisiteur exerçât plus longtemps ses fonctions dans le Toulousain, Se il ,'^|'îj°'^'^''';5
obtint sa demande. L'archevêque de Vienne l'envoya dans le Querci, où,
s'étant associé avec deux autres religieux de son ordre, il parcourut tout le
pays, Se y fit le procès à divers hérétiques. Le départ de Pierre Cellani ne
ralentit pas le zèle de Guillaume-Arnaud, son collègue, Se des autres frères
prêcheurs de Toulouse, ses confrères. Frère Guillaume fit exhumer de nou-
veau les corps de plus de vingt personnes du faubourg Se de la ville de Tou-
louse, qu'il fit brûler publiquement, après les avoir fait traîner par les rues.
Il condamna en même temps comme hérétiques plusieurs personnes vivantes,
entre autres Arnaud-Roger, qui fut ensuite évêque parmi les sectaires. Quel-
ques-uns de ceux qui furent condamnés, entre lesquels étoient plusieurs per-
sonnes de condition, prirent la fuite S< se réfugièrent à Montségur, où ils
furent pris dans la suite Se brûlés vifs.
■ Le I 5 mai i 23 'i, Grégoire IX exhorta le comte thast, n. 9904). On voit quelles étaient les dispo-
se les capitouls à favoriser de tout leur pouvoir siiions des deux parties; aucune ne voulait rien
les frères prêcheurs & les autres inquisiteurs (Pot- céder. [A. M.]
VI. ^4
77i735~ "^9° HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXV.
Frère Guillaume-Arnaud alla ensuite à Carcassonne ', où il interrogea Ber-
nard Oton de Niort, son frère, seigneur de Laurac, Si leur mère, qui ne vou-
lurent rien avouer. A son retour à Toulouse, il fit citer par divers ecclésias-
tiques plusieurs des principaux habitans, qu'il accusa d'être fauteurs des
hérétiques. Ces bourgeois refusèrent non-seulement de comparoître, mais ils
menacèrent l'inquisiteur, s'il ne discontinuoit ses poursuites. Les consuls de
Toulouse prirent la défense de leurs concitoyens. Se ordonnèrent à l'inquisi-
teur, de concert avec Pierre de Toulouse, viguier du comte, ou de disconti-
nuer ses poursuites ou de sortir de la ville. Cet ordre ne put ébranler l'intré-
pidité de ce religieux, qui fit citer de nouveau à son tribunal tous ceux qu'il
croyoit suspects d'hérésie pour répondre sur leur foi. Les consuls chassèrent
alors les ecclésiastiques dont l'inquisiteur s'étoit servi pour faire cette nouvelle
citation, avec menace, à quiconque se chargeroit à l'avenir d'une pareille
commission, de le faire mourir. Ils firent publier à son de trompe dans toute
la ville, conjointement avec le viguier, des défenses à tous les habitans, sous
de grièves peines, d'avoir aucun commerce avec les frères prêcheurs, & de
leur vendre ou donner aucune chose : ils mirent des gardes à la porte de leur
couvent pour empêcher qu'on ne leur portât de quoi vivre; mais, pendant
trois semaines que dura la défense, plusieurs personnes charitables eurent
soin de pourvoir secrètement à leur subsistance, & ils ne manquèrent de rien.
Cependant, comme trère Guillaume-Arnaud continuoit ses procédures, du
conseil de ses confrères, le viguier & les consuls, persuadés que rien n'étoit
capable de l'arrêter, l'obligèrent de sortir de la ville. 11 partit^, le 5 de
novembre de l'an i235, 8<. ses confrères l'accompagnèrent en procession jus-
qu'au bout du pont de la Daurade au delà de la Garonne. Les consuls, qui
se trouvèrent en cet endroit, protestèrent publiquement que s'il vouloit dis-
continuer ses poursuites, il pouvoit demeurer paisible dans son couvent;
sinon ils lui signifièrent, de la part du comte Raimond, qu'il eût à se retirer"
hors des terres de son obéissance. Frère Guillaume prit le chemin de Car-
cassonne avec un compagnon & il ne fut pas plutôt parti qu'il fit citer de
nouveau plusieurs habitans de Toulouse par le prévôt de la cathédrale de
Saint-Etienne, & par quelques ecclésiastiques des paroisses de la ville, à qui
il en avoir laissé l'ordre. Les consuls, irrités, firent arrêter pendant la nuit
ces ecclésiastiques, &, les ayant fait conduire à l'hôtel de ville, ils les chas-
sèrent le lendemain, avec défense à tous les autres, sous peine de mort, de
faire de nouvelles citations. Quatre frères prêcheurs citèrent néanmoins les
consuls de Toulouse pour comparoître à Carcassonne devant l'inquisiteur.
Ces magistrats ne gardèrent plus alors de mesures & prirent le parti extrême
de chasser tous ces religieux de leur ville, avec l'évêque Raimond, qui étoit
de leur ordre, 8c défendirent de nouveau à toute sorte de personnes de com-
paroître au tribunal de l'inquisiteur. Les frères prêcheurs, au nombre d'en-
' Guillaume de Puylaureiis & Percin, ut supra, ' Voyez tome VII, Note XXXI, p. pi).
— Martène, Thésaurus novus anecdotorum, t. i,
c. 992; Collectio amplissima, t. 6, c. 460 & seq.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXV. 691
viron quarante, sortirent donc de Toulouse, le 6 de novembre", deux à deux,
en procession, en récitant des prières; ils se retirèrent à Braqueville, maison
de campagne des chanoines réguliers de la cathédrale. Quanta l'évêque Rai-
mond, il alla à Carcassonne joindre l'inquisiteur, qui rendit quelques jours
après une sentence^, datée du 10 de novembre de l'an iiSo, après en avoir
conféré, dit-il, avec les évêques de Toulouse 8c de Carcassonne, le provincial
de son ordre 81 l'archidiacre de Lézat, qui lui servoient d'assesseurs. Par cette
sentence, il excommunia nommément onze capituLaires (ou capitouls) de
Toulouse, comme jauteurs des hérétiques, 8c il la fit publier dans les églises
de Carcassonne 8c des environs. Il n'est rien dit du comte Raimond dans
cette sentence; cependant on assure^ que ce prince avoit donné ordre de
chasser l'inquisiteur 8c les trères prêcheurs de Toulouse. Un historien"* con-
temporain témoigne de plus que les chanoines de la cathédrale de Toulouse
8c leurs domestiques turent maltraités en cette occasion; « mais, ajoute- t-il,
(i je juge à propos de passer cela sous silence, à cause du respect que j'ai pour
« cette ville, dont la totalité, quoique bonne en soi, étoit gâtée par un peu
« de ferment^. »
Au I î3j
Kd.oiigin.
. Ul, p. 406.
' Voyez tome VII, ut supra.
' Mariène, Thésaurus novus anecdotorum, t. i,
c. 992.
> Voyez tome VII, Note XXXI, p. 95.
* Guillaume de Puylaurens, c. 43.
'L'ouvrage de Guillem Pelhisse, inquisiteur,
qui a fourni à Percin le fond du récit que dom
Vaissete vient d'analyser, n'existe plus en origi-
nal, mais une copie complète, provenant de la
bibliothèque de M. de Murât, s'en retrouve à
Carcassonne. — Cet auteur, contemporain, té-
moin & acteur dans les faits qu'il rapporte, fait
remonter les dissensions à Toulouse, à l'année
I23i, presque immédiatement après la paix de
Paris. Maître Rolland, professeur de théologie à
la nouvelle université, ayant accusé, en plein
sermon, la ville d'être un nid d'hérétiques, fut
réprimandé par les consuls, mais il ne tint aucun
compte de l'avertissement & fit continuer les
poursuites contre les hérétiques, dont plusieurs
furent déterrés & traînés sur la claie. — Un peu
plus tard, nouveau conflit de juridiction : un
catholique de la ville injurie un autre bourgeois
en l'appelant hérétique j il est condamné par les
consuls à une amende pécuniaire, à des excuses
& à l'exil; soutenu par les frères prêcheurs, il
en appelle à l'évêque, qui lui donne gain de
cause, & l'insulté doit s'enfuir en Lombardie. —
C'est alors qu'a lieu la condamnation de cet héré-
tique, brûlé malgré l'opposition du peuple, par
le viguier Durand de Saint-Bars. — En iiB,"), ne
pouvant plus suffire à leur tâche, les frères prê-
cheurs s'adjoignent des frères mineurs & des clercs
& chapelains de la ville, qui, conduits par Arnaud
Dominique, vont faire une descente judiciaire
au château des Cassés, dans le Lauragais. Le dé-
nonciateur fut plus tard tué, une nuit, dans son
lit, auprès de Lanta. — Revenus à Toulouse, vers
le milieu de l'an 1235, Guillem Arnaud & ses
confrères reprennent leurs procédures. Les con-
suls les invitent à les cesser; ils refusent & on
finit par les expulser, probablement vers le i5 ou
16 octobre. Le récit de Percin, que dom Vaissete
a dii laisser de côté (voyez tome VII, p. 9.'i], est
rempli d'invraisemblances; mais Bernard Gui s'est
trompé en fixant l'expulsion de l'inquisiteur au
j & celle des frères au 6 novembre; Guillem
Pelhisse, témoin oculaire, place entre les deux
actes un véritable siège de trois semaines (^ue les
frères prêcheurs eurent à soutenir dans le cou-
vent. Ainsi disposés, les faits sont admissibles,
tandis que dans le récit de dom Vaissete & de
Bernard Gui, on ne comprend pas que dans l'es-
pace d'une nuit l'inquisiteur ait eu le temps de
faire ses citations, les consuls de délibérer, 81 les
religieux d'exécuter les ordres de Guillem Ar-
n.iud. Ajoutons que Guillem Pelhisse affirme
que la nouvelle citation de l'inquisiteur fut don-
née à Carcassonne, Enfin l'expulsion des reli-
gieux, précédée des nouveaux démêlés avec les
consuls, que domVaissete a racontés, eut lieu, dit
notre auteur, le 5 novembre 1235, mardi après la
Toussaint. — Les religieux ne restèrent à Braque-
ville qu'une nuit; le lendemain, le prieur les en-
voya dans les différents couvents de la Province,
81 lui-même se rendit à Pottet. [A. M.]
An 1235
692 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXV.
VI. — Raîmond, comte de Toulouse, revient d'Italie ; il va à la Cour
de France b ensuite à celle de l'Empereur. — Èvêques de Viviers.
Raimond étoit alors de retour d'Italie depuis le mois d'octobre ' de l'an 1 ;34.
Il alla à la cour au mois de mars suivant Si confirma^, à Melun, la donation
que ses prédécesseurs avoient faite en faveur de l'abbaye d'Aurillac, du lieu
de Saint-Sulpice, dans le diocèse de Toulouse, que Bertrand, abbé de ce
monastère, avoit inféodé à Déodat d'Alaman & ensuite à Sicard, son fils. Ce
domaine passa depuis dans la maison de l'Isle-Jourdain. Raimond étant de
retour à Toulouse, Durand de Saint-Bars 8c Durand, son fils, lui remirent^,
le 20 d'avril, tout ce qu'ils étoient en droit de lui demander au sujet de la
viguerie de cette ville, que le premier avoit exercée. Il paroît qu'il étoit aux
environs du Rhône au mois de juin suivanf*, St il alla joindre à Haguenau,
en Alsace, vers la fin de l'année, l'empereur Frédéric qui y fit expédier deux
chartes en sa faveur, l'une au mois de décembre & l'autre le dernier de ce
mois. Par la première^, Frédéric donne de nouveau à Raimond l'investiture
de la terre de Venaîssin 6- du marquisat de Provence, dont il lui défendit^
quelque temps après d'aliéner aucun domaine. Par l'autre', il lui donne
pour vassaux, en considération de ses services, à lui &. à ses héritiers, les sei-
gneuries des villes de l'Isle & de Carpentras, des châteaux d'Entraigues,Cade-
rousse, Mometaines, Pierrelatte & Entrechaux, dans le même pays, avec ordre
à eux de lui rendre hommage comme à leur seigneur. Une ancienne chro-
nique ^ ajoute que l'empereur Frédéric donna alors à Raimond la ville d'Arles
& ses dépendances avec le comté Venaissin. Ce comte fut présent à un autre
diplôme que l'Empereur fit expédier au mois de janvier suivant, dans le même
endroit, pour confirmer, en faveur de l'évêque de Viviers, les privilèges que
lui & ses prédécesseurs avoient accordés à l'église de cette ville.
Si nous en croyons un moderne ', l'empereur accorda par cette dernière
charte à Bernon, évêque de Viviers, un droit de péage, tant par eau que sur
terre, dans le lieu de Donzère Si dans le bourg de S^\nt-knAto\^ jusqu'au
■ Voyez «orne vu, ?/o«e XXIX, n. 3, pp. 91, 92. 'Voyez tome VIII, Chroniques, c. 2c5. — Ce
* Archives du domaine de Montpellier, cartu- fait est emprunté à ce qu'on appelle la chronique
laire de l'Isle-Jourdain. de Sabathier de la Bourgade. Cette compilation
' Manuscrits de Colhert, n. 1067. — [Corriger le n'est pas, à proprement parler, une chronique,
lï avril 1235, & cf. Teulet, t. 2, p. 288, d'après c'est plutôt la réunion d'un certain nombre d'ex-
J. Szo n. 48.1 traits d'actes, empruntés à des sources diverses, &
■• Manuscrits de Colhert, n. 1067. [Lat. 6009, que dom Vaissete a presque tous publiés ou in-
p_ 3q7.1 diqués au cours de son récit. Pour le fait parti-
' Bouche, La chorégraphie ou description de la culierqui nous occupe, l'auteur anonyme de cette
Provence, t. 2, p. 227. cojnpilation a évidemment voulu parler de l'acte
" Catel, Histoire des comtes de Tolose, p. 38. de Frédéric II plus haut indiqué. C'est par inad-
' Bouche, La chorégraphie ou description de la vertance qu'il a mis Arles au nombre des lieux
Provence, t. î, v>- io65&suiv. — Trésor des char- inféodés par l'empereur à Raimond VII. [A. M.J
tes, Toulouse, sac 5, n. i3. [J. 309; original; ' Columbi, l'e episcopis Vivariensibus, p. 222,
Teulet, t. 2, p. 3oi.]
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC, LIV. XXV. 6q3 "~; ~
' Ail 1235
Jleuve du vieil Ardèche, qui fait les limites de l'Empire, & jusqu'à Viviers &
au Til ; mais on ne trouve rien de cela dans la charte ', où le nom de i'évêque
de Viviers est exprimé seulement par la lettre initiale B, Nous n'avons d'ail-
leurs rien de certain touchant les évêques de Viviers^ depuis l'an 1228, que
Bertrand d'Anduze occupoit le siège épiscopal de cette ville, jusqu'en 1241,
que Sébastien en étoit en possession.
VII. — Les frères prêcheurs chassés de I^arhonne. — Le comte Raïmond
est excommunié par diverses sentences.
Les habitans de Narbonne imitèrent la conduite des Toulousains envers
les inquisiteurs & les religieux de l'ordre de Saint-Dominique, qu'ils chas-
sèrent aussi de la ville, après avoir envahi^ leur couvent &. biifé ou déchiré
les livres de l'inquisition. Ces diverses entreprises excitèrent"* le zèle de l'ar-
chevêque de Narbonne, des évêques de Carcassonne Se de Toulouse, Se de
frère Guillaume-Arnaud, inquisiteur, qui comprirent enfin Raimond, comte
de Toulouse, dans l'anathème qu'ils avoient lancé contre les consuls de cette
ville.
Ce prince essuya, vers le même temps, plusieurs autres sentences d'excom-
munication, en particulier à l'occasion d'un différend qu'il avoit-' avec le
prieur du Mas d'Agenois, touchant la justice Se la seigneurie de la ville de
ce nom. Les commissaires que le pape avoit nommés pour prendre connois-
sance de cette affaire, déclarèrent que Raimond avoit encouru l'excommuni-
cation pour avoir usé de voies de fait contre ce prieur ; ils hrent publier leur
sentence dans les provinces de Bordeaux, de Narbonne Se d'Arles, jetèrent
l'interdit sur tous ses Etats, Se ordonnèrent de cesser la célébration des offices Éd.origin.
' t. Ul, p. 407.
divins partout où il se trouveroit. Ils écrivirent en même temps au roi pour
le prier de forcer, par son autorité, le comte à respecter les censures ecclésias-
tiques Se à rétablir le prieur du Mas dans ses biens. Le roi ne fit pas beau-
coup d'attention à ces prières; enfin le prieur du Mas obtint une nouvelle
bulle, le 3 d'août de l'an I235, par laquelle le pape confirme la sentence des
commissaires; mais le comte n'y eut pas plus d'égard qu'aux précédentes.
D'un autre côté, Grimoald, évêque de Comminges, commissaire'^ délégué
pour juger le différend qui étoit entre ce prince Se l'abbé de Moissac, tou-
chant la seigneurie de cette ville, après avoir cité plusieurs tois Raimond à
son tribunal, sans pouvoir l'engager à comparoître, le déclara nommément
excommunié, en présence des archevêques d'Auch Se de Bordeaux, par une
sentence datée de Toulouse, le 16 de mars de l'an i235 (i236), avec ordre
aux évêques de Toulouse, Albi, Rodez, Cahors Se Agen,de le faire dénoncer
pour tel dans toutes les paroisses de leurs diocèses. Grimoald donna un ordre
' Voyez to:ne VIII, Charles n. CCXVII, ce. 989 ■* Raynaldi, an. 1236, n. 43.
à 9JI. ^ yiani\t[ue. Annales Ciitercicnses, an, \Zji>,c.Z,
* Coltimbi, ut supra. n. 9 & seq.
' Catel, Histoire des comtes de Tolcse, p. 3JS. "Tome VIII, Chartss, n. CCXVIII, ce. 99 r 1993.
An 1236
An 1235
694 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXV.
semblable, au mois de mai suivant, à l'archevêque de Narbonne & à ses
suftVagans.
VIII. — Lettre du pape à Raîmond qui rétablit les frères prêcheurs
dans le couvent de Toulouse.
Cependant Raîmond, évêque de Toulouse', quoique attaqué de la fièvre
quarte, suivi de quelques religieux de son ordre, se rendit à Rome, Se y
porta des plaintes au pape Grégoire IX de ce qu'on l'avoit chassé de sa ville
épiscopale, avec l'inquisiteur 8t les frères prêcheurs, ses confrères. Divers
modernes*, pour n'y avoir pas fait assez d'attention, ont prétendu que ce fut
Jean, archevêque de Vienne, légat du Saint-Siège, qui fit lui-même le voyage
pour porter ces plaintes au pape; mais il est certain qu'ils se trompent. Gré-
goire écrivit^ en conséquence, le 28 du mois d'avril de l'an iiSô'^, une longue
lettre au comte Raimond, dans laquelle il lui fait des reproches sanglans de
cette entreprise, 5c en raconte les circonstances ainsi qu'on les lui avoit rap-
portées. 11 parle d'abord des soins que ses deux prédécesseurs, £1 lui-même,
s'étoient donnés pour extirper l'hérésie des pays d' Albigeois, Se de l'attention
qu'il avoit eue d'envoyer successivement l'évêque de Tournay 81 l'archevêque
de Vienne, légats dans ces pays, pour y veiller à l'observation des canons
dressés dans le concile de Toulouse, & maintenir l'établissement de l'univer-
sité de cette ville; puis il ajoute : « Mais ce que nous craignions est arrivé :
« cet archevêque & les autres prélats de sa légation nous ont appris que votre
« viguier & les consuls de Toulouse ont d'abord formé des difficultés pour
(( empêcher qu'on ne procédât contre les hérétiques, & fait plusievns insultes
« à Guillaume Ainaud , frère prêcheur, qui exerçoit dans cette ville avec
« beaucoup de zèle l'office d'inquisiteur par notre autorité 8< celle du même
« archevêque; qu'ils l'ont chassé ensuite avec violence; qu'ils ont défendu
« dans toute la ville Si le faubourg, à toute sorte de personnes, de vendre ou
M donner aucune chose à notre frère, l'évêque de Toulouse, 8c à son clergé
« d'avoir aucune communication avec eux, de demeurer à leur service 8c de
■ Giiillainne de Puylaiirens, c. i)3. — Percin, dans les rnémes termes, mutaf/'j mut<in<//'j, est aJrcs-
Monumenta convcntus Tolosani, p. 5o & seq. sée à Jean, archevêque de Vienne (Potthast,
' Caltl, Histoire des comtes de Tolose, p. 358. — n. ioi52). C'est celle dont une copie ancienne,
Langlois, Histoire des croisades contre les albigeois, conservée au Trésor des chartes, a été publiée par
1. 8, p. 446. — Fleury, Histoire ecclésiastique, Teulet (voi r plus haut). Enfin Potthast (n. i oi5i)
1. 80, n. 40. mentionne du même jour une autre lettre à Rai-
' Trésor des Chartes, Toulouse, sac 20, n. |3. mondVII, d'après du Boulay [Hist. de l'université
— [J. 3295 Teulet, t. 2, p. 3 14 j Potthast.n. loiSz.] de Paris, t. i, ji. i56); par cette lettre, qui com-
— Baluze, Mss. n. 366. [Auj. lat. 4222.] — Ray- menée comme les deux bulles plus haut indi-
naldi, an. 1236, n. 39 & suiv, — [La bulle est quées, le pape ordonne au comte de réformer
adressée à l'abbé de Grandselve, à l'archidiacre & l'université de Toulouse. Nous croyons que cette
ail doyen de Périgueux. Cf. Potthast, n. 9982.] prétendue bulle n'est qu'un extrait de celle qu'ana-
■* Le pape écrivit le même jour deux lettres pour lyse dom Vaissete, & dans laquelle le pape se
cette affaire. La première, adressée à Raimond VII plaint de l'état d'abandon où le comte laisse
(Potthast, n. loiâo), est celle que dom Vaissete l'université de Toulouse. [A. M,]
Ta analyser & traduire en partie. L'autre, conçue
I
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXV. 6n5 Ti 7~
J An I2JJ
(I faire aucun présent ou aumône aux frères prêcheurs. De plus, les consuls
« de Toulouse ont fait saisii^ par leurs gens, clans le temps c[ue vous étiez
« dans la ville, la maison de l'évêque qui y étoit actuellement malade, &(. fait
(I prendre ses chevaux &c ses autres effets; ils ont blessé grièvement quelques
« chanoines ou clercs, soit dans l'église, soit dans leur cloître, soit enfin dans
« la maison épiscopale. Ils leur ont fait d'autres insultes Si ont mis des
« gardes dans toutes les maisons ecclésiastiques pour empêcher qu'on ne leur
« fournît les choses nécessaires à la vie. Ils ont contraint l'évêque 8<. ses clercs
« de sortir de la ville 5 ils ont défendu d'y prêcher publiquement & d'y
« entendre la parole de Dieu : tout cela a été fait par votre ordre, comme ils
" l'assurent; vous qui étiez obligé, suivant le concile de Toulouse & le traité
« de Paris, de protéger les églises Si les ecclésiastiques, de conserver leurs
« droits & leurs libertés, de concourir efficacement à la punition des héré-
« tiques, de payer une certaine somme à ceux qui se saisiroient de leurs
« personnes, de donner tous les ans un honoraire aux maîtres régens de
« Toulouse, pendant un temps fixé. Se d'aller servir outre-mer avec plusieurs
(1 bourgeois &■ chevaliers de vos domaines : vous avez supprimé cet honoraire,
« ce qui a fait, dit-on, cesser les études. Vous avez établi des formules
« iniustes, contraires à nos statuts & au droit, au sujet de l'incruisition contre i:J.oris;n.
« les hérétiques que vous avez favorises par la. Vous traversez cette recherche :
n vous permettez à plusieurs de ceux qui étoient déjà condamnés, d'habiter
« dans le pays, & vous donnez retraite aux étrangers qui y viennent cher-
« cher un asile; vous avez parmi vos conseillers ou domestiqvies des gens
« suspects ou diffamés pour fait d'hérésie, vous les avez promus aux offices
« publics, &, comme on a lieu de le conjecturer par l'examen de vos faits,
« vous ne craignez pas de vous montrer fauteur des hérétiques, leur receleur
Il 6c défenseur, & vous ne vous mettez pas en peine de vous corriger, après
Il en avoir été souvent averti. De là plusieurs enfans de perdition ont eu
H l'audace d'attenter à la vie de quelques prêtres 8< des autres catholiques
« qui, par zèle pour la foi, poursuivoient les hérétiques : de là plusieurs ont
M abjuré la catholicité pour embrasser l'erreur; de là enfin d'autres ont causé
« des dommages considérables Si fait divers outrages aux églises, aux ecclé-
« siastiques 8c aux catholiques occupés à l'affaire de la foi, & vous avez refusé
(I d'en faire justice après en avoir été requis plusieurs fois. Nos vénérables
o frères, l'archevêque de Narbonne, les évêques de Toulouse 81 de Carcas-
K sonne 81 ledit frère Guillaume, ayant lancé plusieurs fois l'excommunica-
II tion pour toutes ces choses, tant de leur autorité que de la nôtre, soit
« contre vous, soit contre lesdits consuls, 8<. le même frère Guillaume ayant
« ordonné aux prêtres des églises de Toulouse 8<. aux frères mineurs de cette
« ville de publier les dimanches & les fêtes cette sentence d'excommunica-
« tion, les consuls ont chassé violemment ceux qui se disposoient à faire cette
« publication ; ils ont fait de grandes menaces aux frères mineurs pour
« l'avoir faite, 8<. on en a battu quelques-uns jusqu'à effusion de sang. Ce
« n'est pas encore tout : vous Si les consuls de Toulouse, vous montrant
A:i izij
G()G HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXV.
(c ennemis de la foi catliolique, avez fait défendre inibliquement de compa-
ti roîtie devant l'inquisiteur pour répondre sur la foi ou sur autre chose, sous
« peine de punition corporelle Si de confiscation de biens. Comme nous ne
« saurions passer sous silence tant d'attentats commis au préjudice de la foi,
i( nous vous enjoignons de les corriger suivant l'ordre du légat, & de les
« faire réparer par les consuls de Toulouse & vos autres sujets, suivant le
« pouvoir qui vous en a été donné; de ne pas différer davantage votre départ
<i pour le prochain voyage d'outre-mer avec les mêmes bourgeois & cheva-
« liers, Si d'y servir pendant cinq ans, conformément au traité de paix : sinon,
« nous ordonnons au légat de vous y contraindre, ainsi que les autres, par
<i les censures ecclésiastiques Si de faire publier tous les dimanches Si fêtes
ic dans toutes les églises de sa légation, au son des cloches Si à cierges éteints,
» lesdites sentences d'excommunication, jusqu'à ce que vous ayez fait une
« satisfaction convenable. »
Ainsi parle Grégoire IX dans cette lettre : il enjoignit à l'archevêque de
Vienne, son légat, supposé que le comte Raimond refusât d'obéir à ces ordres,
de l'y contraindre par censures Si de rétablir l'étude ou l'université de Tou-
louse; de supprimer toutes les confréries ou associations dans l'étendue de sa
légation ; de casser tous les statuts qui avoient été faits contre la foi ou contre
la liberté ecclésiastic[ue; d'ôter des offices publics les gens suspects ou diffamés
pour hérésie. Si leurs défenseurs, excepté ceux qui, après avoir confessé leurs
fautes, auroient reçu l'absolution. Sic. Enfin le pape exhorta le roi dans une
autre lettre à user de toute son autorité pour obliger le comte Si les con-
suls de Toulouse à réparer le passé. « Achevez', ajoute-t-il, ce que le roi
(i Louis VIII, votre père, a heureusement commencé dans le pays d'Albi-
« geois ; engagez le comte à passer la mer au mois de mars prochain pour
« aller servir dans la Terre-Sainte, Si envoyez Alfonse, votre frère, prendre
« l'administration du comté de Toulouse. » Enfin le pape donna une dis-
pense à ce dernier pour épouser Jeanne, fille du comte R.aimond, à cause
qu'ils étoient parens au quatrième degré ^. Alfonse Si Jeanne avoient alors
seize ans accomplis. Si ils étoient par conséquent en âge de se marier : aussi
leur mariage fut-il célébré l'année suivante^.
Grégoire ordonna'*, le i5 de mars de l'an 1236-"', au comte Raimond, de
rappeler à Toulouse les frères prêcheurs. Si de leur permettre de continuer
l'office d'inquisiteur dans ses États : il les lui recommanda, ainsi qu'aux con-
t. iii'p! 409- ^^^^ ^^ Toulouse. Le comte, voulant donner des preuves de son obéissance,
eut à Carcassonne, avec l'archevêque de Vienne, une conférence à laquelle
■ [Potthast, 11. 10293; bulle du 9 février 1237.] chait encore à Raimond VII sa conduite envers
' La bulle de dispense du pape est datée du les inquisiteurs (Voyez plus haut). De toutes les
z-j mai 1236 j cf. Teulet, t. 2, p. Siy, d'après J. bulles de cette époque indiquées par Potthast, nous
435, n. I, original; & Potthast, n. 10167. [A. M.] n'en voyons aucune qui réponde à l'analyse de
' Voyez tome VII, A'ote XXXIII, pp. 96, 97. dom Vaissete. [A. M.]
■* Percin, Monumenta convtntus Tolosani, p. 5o ' La date fournie par Percin est certainement
8i suiv. fausse, puisque le 28 avril I236, le pape repro-
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXV, 607 ~ ~
il An 12JÛ
les inquisiteurs se trouvèrent; il rappela bientôt après à Toulouse l'évêque
de cette ville & les frères prêcheurs, & rétablit ces derniers dans leur couvent,
le jour de l'octave de saint Augustin de l'an i236. Le légat ne leva pas
cependant l'excommunication dont Raimond étoit happé. Ce comte étoit
encore excommunié le 23 d'octobre suivant, comme il paroît par une lettre'
que le pape écrivit alors à l'empereur Frédéric, auquel il iit un crime d'avoir
communiqué avec ce prince.
IX. — Raimond va à la cour de l'Empereur. — Le vicomte de Turenne
lui rend hommage.
On voit par là que Raimond se rendit cette année à la cour de l'Empereur.
11 acheta à Albi*, au mois de mars de l'an i236, en présence de Guillaume,
soti sénéchal dans le pays, pour six mille sols de Cahors, de Guillaume Fro-
tiers Si. de vSicard, son frère, tous les droits qu'ils avoient au Castelvieil d'Albi,
£<■ dans le diocèse, soit forteresses, villes, seigneuries, 8cc. Il reçut-* à Orange,
le 3 de juillet, l'hommage des seigneurs de Caderousse, que l'empereur Fré~
déric lui avoit donnés pour vassaux } ainsi ce fut dans l'intervalle de ces deux
actes qu'il fut à la cour de ce prince. Raimond, de retour à Toulouse, y
reçut'*, le 1 1 d'août suivant, dans la condamine comtale 6- dans sa tente,
l'hommage lige de Raimond, vicomte de Turenne, qui reconnut tenir ce que
lui &c ses prédécesseurs avoient tenu en fief de ceux de ce prince ou de lui-
même, savoir : Castelnau de Mafré, près de la Dordogne, la vicomte de
Brassac St le château de Salignac. Le vicomte de Turenne déclara en même
temps que lui 8t ses prédécesseurs n'avoient jamais fait hommage de toutes
ces choses ni au roi Philippe, ni aux autres rois de France, ni enfin aux
comtes de Montfort. Roger-Bernard, comte de Foix, Bernard, comte de Com-
minges, Roger de Comminges, comte de Pailhas, Bernard-Othon, seigneur
de Laurac, Roger de Foix, Bertrand, frère du comte Raimond, Sicard de
Montaut 8<. Pons de Villeneuve, sénéchal de Toulouse, furent présens à cet
hommage. Raimond^ se rendit ensuite àCarcassonne, où il étoit le 22 d'aoï^it.
Il déclara'^ k Laurac, deux jours après, que Barrai de Baux, son sénéchal de
Venaissin, avoit rendu par son ordre aux chevaliers, aux prud'hommes 8c à
toute la communauté d'Avignon, leurs anciens privilèges.
' Raynaldi, an. ii36, n. 23 £t siiiv. [C'est en 1214 (Voyez notre Catalogue, n. 81), il n'est
peut-être le n. io2:Jô de Potthast.) pas question de ces châteaux, & le vassal ne Oiit
' Archives de révéché d'Albi. .lucune réserve. Nulle réserve non plus dans l'hom-
' Tome VIII, Chartes, n. CCXIX, ce. 993 à 991. mage du même à Philippe-Auguste (Catalogue de
* Trésor des chartes, Toulouse, sac 7, n. 102. — M. Delisle, p. 3 18, n. 1401). [A. M.]
J. 3i6i Teiilet, t. 2, p. 323. — Corrigez le 12 août ^ Voyez tome VIII, Chartes, n. CCXXI, c. ioo3.
(11° idtts augusti). — L'affirmation du vicomte de [C'est à cette époque que Raimond VII se porta
Turenne est peu croyable, car dans l'hommage caution des consuls du bourg de Narbonne.]
rendu par son prédécesseur à Simon de Montfort •■ Voyez tome VIII, Chartes, n. CCXIX, c. 997.
An .235 "^9^ HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV, XXV.
X. — Jacques, roi d'Aragon, fait hommage pour Montpellier à Vévêque
de Maguelonne. — Maison de Montlaur.
Jacques, roi d'Aragon, avoit' refusé jusqu'alors de faire hommage pour la
seigneurie de Montpellier à Jean de Montlaur, évêque de Maguelonne; mais
Grégoire IX le lui ayant ordonné, il se rendit enfin aux remontrances du
pape; & étant à Montpellier, il fit cet hommage à la mi-décembre, en pré-
sence de Raimond-Bérenger, comte de Provence, son cousin, du comte d'Am-
purias & de plusieurs autres seigneurs de sa cour Si du pays, entre autres de
Pierre de Fabrègues, fils de Bertrand de Montlaur. Cette maison de Mont-
laur étoit différente d'une autre de même nom établie dans le Vivarais, dont
étoit Héracle de Montlaur, fils de feu Héracle, qui maria ^, au mois de juin
de l'an I235, Pons, son fils, avec Guise, sœur d'Hugues, comte de Pv.odez,
laquelle eut mille marcs d'argent pour sa dot. On trouve encore dans le
même temps un Hugues de Montlaur^, maître de la milice du Temple en
Provence Çy dans les parties de l'Espagne, qui confirma en faveur du roi saint
Louis, par une charte datée de Montpellier, au mois de juin de l'an i236,
du consentement de ses frères (ou des chevaliers du Temple) d'Auvergne, le
pariage de quelques villages que Gilbert de Héracle, maître de la même milice
en deçà de la mer, avoit fait autrefois avec le roi Philippe-Auguste. Nous
ignorons si cet Hugues étoit de la maison de Montlaur en Vivarais, ou de
celle du diocèse de Maguelonne, ou enfin d'une troisième de même nom,
dans le Toulousain.
Le roi d'Aragon fit quelque séjour à Montpellier, 8< il reçut"*, le 18 de
janvier de l'année suivante, l'hommage d'Hugues, comte de Rodez, pour la
vicomte de Carladois. Il repassa bientôt après les Pyrénées & alla continuer
la conquête du royaume de Valence sur les Maures, qu'il ^ avoit déjà com-
mencée. Ses sujets de la baronnie de Montpellier le secoururent dans cette
expédition, de même que Pierre Amelii, archevêque de Narbonne, qui mar-
cha en personne à la tête de plusieurs chevaliers du pays 8t de cinq cens
hommes de pied. Hugues de Montlaur, maître de la milice du Temple en
lîj. ongin. Provence, & divers autres croisés de France prirent part aussi à cette expédi-
t. 1 1 1 p. 4 10. * *
tion, 8c l'archevêque de Narbonne, qui s'y distingua^, contribua beaucoup à
la prise de la ville de Valence, que ce prince força enfin à se rendre^.
' Ga riel, 5cn'cs pmcsulum Magalonemiunij-p. 847 *• Albéric, Ckronicon, an. I238. — Gallia Chr'is-
& seq. — Voyez tome VIII, Chartes, n. CCXX, tlana, nov. éd. t. û, Instrum. c. 65.
ce. 997 à 1000. ' De cette même année 1236, date un accord
' Archives du domaine de Rodez; Acquits, n. 55. entre le chapitre & l'évêque d'Agde dont on peut
' Regiitrum curiae Franciae. — [Cf. lat. 9988, voir l'analyse, tome V, ce. 132^, i325. Il s'agissait
f" 61 i & 62.] des hautes justices & de la suzeraineté de la ville
^ D'Achéry, Spicileg'ium, t. 10, p. 170. d'Agde, dont la seigneurie appartenait définitive-
' Chronica 0 commcntarl del rey en Jacme, ce. 91 ment à l'évêque depuis 123^, date de son accord
& [12. — Zurita, Anales de la corona de Aragon, avec le roi. (Cf. livre XXIV, ch. xcv, p. 63i.)
1. 3, c. 21 & suiv. Tous les crimes entraînant la peine du sang, c'est-
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXV. 699
XI. — Trencavel se retire à la cour du roi d'Aragon, qui s'accorde avec
Nugne-^-Sanche, comte de Roussïllon, son cousin.
Il paroît que Trencavel, qui se qualifioit toujours vicomte de Bé-^iers, servit
alors sous les enseignes du roi d'Aragon. Nous savons du moins qu'il s'étoit
retiré k sa cour', &c qu'il y étoit au mois de mai de l'an i236. Il avoit sans
doute embrassé ses intérêts durant le différend que ce prince eut, l'année
précédente, avec Nugnez-Sanche, comte de Roussillon, qui prétendoit^ la
suzeraineté sur la ville de Carcassonne & le Carcasses, sur l'honneur de
Trencavel, sur la vicomte de Narbonne, &.C., tant en vertu de la substitution
testamentaire de Raimond-Bérenger IV, comte de Barcelone Se prince d'Ara-
gon, son aïeul paternel, que d'une donation faite au comte Sanche, son
père, par Alfonse II, roi d'Aragon, son oncle paternel 8c aïeul du roi Jacques.
Nugnez prétendoit de plus avoir des droits sur le comté de Provence Se la
vicomte de Millau, en Rouergue. Jacques, roi d'Aragon, son neveu à la
mode de Bretagne, lui demandoit de son côté la restitution du Valespir, du
Capcir St de quelques autres domaines. Enfin ces deux princes passèrent un
compromis, au mois de mai de l'an i235, &, par l'accord qui s'en suivit,
Jacques, voyant qu'il étoit héritier présomptif du comte de Roussillon, qui
n'avoit pas d'enfans, lui compta une somme 8t lui laissa la possession des
comtés de Roussillon, Cerdagne, Confient S<. Valespir, St de tous les autres
domaines dont il jouissoit.
XII. — Dijjerends entre Nugne-^ & le comte de Foîx, touchant le pays
de Donajan, iyc.
Nugnez eut aussi ^ de grands différends avec Roger-Bernard, comte de
Foix, 8c Roger, son fils, au sujet du pays de Cerdagne; ce qui occasionna
entre eux une longue guerre. Us convinrent enfin de la paix, au mois de
septembre de l'an 1233, 8c il fut dit dans un article du traité, « qu'Arnaud
« de Son 8c Bernard d'Alion, son frère, esteroient à droit, tant pour eux que
« pour Bernard d'Alion, leur père, à la cour du comte Nugnez, pour le châ-
« leau de Son, pour celui de Quérigut 8c pour les autres dépendances du
« château de Son (c'est-à-dire pour le pays de Donazan, portion du diocèse
« de Narbonne 8c aujourd'hui de celui d'Alet), Se que si le comte de Foix
« venoit à obtenir ce pays, soit par droit, soit par guerre, soit enfin de toute
à-dire l'exercice de la haute justice, furent ré- nomination des consuls. On voit qu'en soinme
serTÉs à l'évêque & à sa cour. Les meubles saisis l'évêque succédait directement aux vicomtes d'Agde
par sentence judiciaire sont partagés entre lui & & avait hérité de tous leurs droits & de toutes
le chapitre. A l'évêque appartiennent l'ost & la leurs prérogatives. [A. M.]
chevauchée, le droit de criée & de proclamation, ' Zurita, Anales de la corona de Aragon^ 1. 3,
l'inspection des poids & mesures, la garde des clefs c. 25.
de la ville, l'institution des banniers ou bandiers ' Ihid. c. 23.
& des tabellions, la perception de la leude, la ' Marca Hispanica, c. 422 & seq., & 5ro.
An 12 jj
■"^TTUT" 7°° FIISTOIKE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXV.
« autre manicre, il en feroit hommage au comte Nugnez, comme les pvédc-
« cesseurs de Bernard d'Alion en avoient fait hommage aux comtes de Cer-
« dagne. » On voit par là que le Donazan, qui étoit anciennement un fief
immédiat du comté de Cerdagne, en étoit devenu un arrière-fief, depuis
que feu Pierre, roi d'Aragon, avoit donné ce pays aux comtes de Foix. Roger
de Comminges, comte de Pailhas, Guillaume d'Aniort, Loup de Foix, Stc,
furent présens à l'acte de dépôt que les comtes de Roussillon & de Foix firent
de ce traité dans l'abbaye de Fontfroide. La guerre se renouvela dans la
suite entre eux, 8c ils convinrent d'un nouveau traité de paix, au mois de
septembre de l'an i236, par l'entremise de Bernard, abbé d'Alet, & de Rai-
mond, vicomte de Cardone.
XIH. — Le pape se radoucit à l'égard du comte de Toulouse t- ordonne
au légat de modérer le -^èle des inquisiteurs.
Le comte de Toulouse' engagea cependant le roi d'écrire au pape Gré-
goire IX pour le prier de retirer ses pouvoirs aux inquisiteurs de l'ordre des
frères prêcheursj qui étoient animés d'une haine secrète contre lui, 8c de lui
permettre de différer de deux ans son départ pour la Terre-Sainte. Grégoire
eut égard à ces remontrances, &c, dans une lettre qu'il écrivit, le 3 de février
de l'an 1287, à l'archevêque de Vienne, son légat, il lui ordonna de destituer
ces inquisiteurs, si le comte avoit contre eux de justes sujets de suspicion.
11 répondit en même temps au roi, 8c lui marqua que, vaincu par ses prières,
il consentoit que Raimond ne partît pour la Terre-Sainte que de la fête pro-
chaine de Saint-Jean-Baptiste en un an 5 à condition qu'il donnèrent caution
qu'il se mettroit en chemin dans cet intervalle. Le légat, après avoir reçu
ces ordres, fit divers règlemens^ touchant l'inquisition contre les hérétiques.
11 promit de traiter avec indulgence tous ceux qui, dans un certain temps,
viendroient s'accuser eux-mêmes ou révéler leurs complices, &c, comme
l'extrême rigueur des frères prêcheurs avoit jeté la terreur dans les esprits, il
donna pour collègue à l'inquisiteur de cet ordre un frère mineur, afin que la
douceur de ce dernier tempérât la trop grande sévérité de l'autre. 11 ordonna
enfin, par grâce, que les inquisiteurs parcourroient à l'avenir le pays Se
iid. oriRin. feroient les informations sur les lieux, afin crue les peuples ne se plaignissent
t. liitp. 411. ^ , . . . - . . - .
plus qu'on les fatiguoit inutilement par les courses qu'on leur faisoit faire.
XIV. — Procédures des inquisiteurs.
Le légat avoit donné^ auparavant pour adjoint à frère Guillaume Arnaud,
de l'ordre des frères prêcheurs, le grand archidiacre de Carcassonne. Ces
' Raynaldi, an. iiTy, n. ?>?i. ce. loi.f, loi "i. — Registre de l'Ir.quisiiion de
'Guillaume de Puylaiirens, c. ^?>. — Pjrclii, Toulouse. — Manuscriti de Colhert, n. io6-j.\Voyez
Monumcnta convcntus Tolosani, p. 5i. JJ. xi,\, f" 84 a.] — La pièce est du 1 mars 1237.
' Voyez tome VIII, Chartes, n. CCXXIV, Ce Bernard Othon n'était pas seigneur de Niort,
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXV, 701
deux inquisiteurs condamnèrent comme hérétiques, à Carcassonne, le lundi
avant les Cendres de l'an iiSô (iiSy), Bernard-Otlion de Niort, trois de ses
frères & leur mère, assistés de Clarin, évêque de Carcassonne, 8c en pré-
sence de Jean de Fricamps, sénéchal de Carcassonne, Gui de Lévis, Pierre
de Voisins, de l'abhé de Saint-Michel de Cuxa, 8<.c. Ils enjoignirent ensuite
au comte de Toulouse de confisquer les biens de ces quatre seigneurs 8c de
s'en saisir, avec ordre à l'évêque de Toulouse de l'y contraindre par les cen-
sures ecclésiastiques.
Frère Jean de Netoya, provincial des frères mineurs en Provence, fut
nommé par l'archevêque de Vienne pour collègue de frère Guillaume
Arnaud; mais comme il étoit fort occupé, ce prélat substitua en sa place
frère Etienne de Saint-Thibéry son frère, qui procéda en qualité d'inquisi-
teur', avec frère Guillaume, dès la fin de mars de l'an iiSy, de lavolonté 6-
du consentement du comte de Toulouse. Ces deux religieux continuèrent
leurs procédures jusqu'au mois d'octobre de cette année, 8c rendirent diverses
sentences tant contre les vivans que contre les morts. Ils firent exhumer
entre autres plusieurs personnes accusées d'être décédées dans l'hérésie, 8c
traîner leurs ossemens dans toutes les rues, en criant à son de trompe : Çul
fera ainsi, périra ainsi. Us firent ensuite consumer ces ossemens par les
flammes, 6c brûler plusieurs personnes vivantes, à Toulouse, à Albi Se
ailleurs. Us rendirent ces sentences « ayant pour assesseurs Raimond, évêque
« de Toulouse; Raimond, abbé de Moissac; frère Jean, ministre des frères
« mineurs en Gascogne, 8c frère Pons, prieur des frères prêchelirs en Pro-
« vence^. » On trouve dans les informations ou dans les jugemens, que ceux
à qui on ordonnoit divers pèlerinages pour pénitence étoient obligés de
visiter les églises nu-pieds, en chemise, 8c en se fouettant avec une poignée
de verges; que ces pénitens étoient tenus de porter pendant un certain temps
sur leurs habits, des deux côtés de la poitrine, deux croix de deux palmes de
long 8c de deux doigts de large chacune; que les hérétiques, nommés vul-
gairement vaudois dans le pays, lisoient l'Evangile en langue vulgaire; qu'il
y avoit des femmes qui dogmatisoient; que celles qui étoient hérétiques par-
faites s"\mm\s(:o\ent dans les fonctions du ministère, bénissoient le pain, 8cc.;
que les hérétiques s'abstenoient de viande; qu'ils admettoient les deux prin-
cipes des manichéens, 8cc. Les deux inquisiteurs rencontrèrent^ cependant
quelque difficulté à Toulouse; car ayant condamné six hommes ou femmes
de cette ville comme hérétiques, le viguier 8c les consuls refusèrent de les
prendre, de confisquer leurs biens, 6- de faire de leurs personnes ce qu'on
mais de Laiirac; c'étaient ses frères Guillem Ber- quelques détails sur la disparition de cette famille
nard & Géraud, qui portaient le nom de la terre importante. [A. M.)
de Niort, château-fort, situé yers les sources de ' Voyez tome VIII, Chartes, n. CCXXIV,
l'Aude. Les plus anciens seigneurs de Niort pa- ce. ioi5 à 1017.
raissent dès l'an 1 1 00 (tome V, c. 364). Pendant ' Registre de l'Inquisition de Toulouse. — Per-
tout le douzième siècle, ils figurèrent à la cour cin. Monumenta. conventus Tolosani, p. 5i.
des vicomtes de Carcassonne, dont ils étaient ' Percin, Martyres Avinioneti, c. 3.
vassaux. Dom Vaissete nous donnera plus bas
An 12;;/
"T : — 702 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV, XXV.
An I 2^-j I
faisait des hérétiques , c'est-à-dire de les faire brûler vifs. Cette résistance
déplut aux inquisiteurs, qui par une sentence qu'ils publièrent dans la
cathédrale de Saint-Etienne, le 24 de juillet de l'an 123/, excommunièrent
le viguier Se les consuls, du conseil de Raimond, évêque de Toulouse, de
Bernard, abbé du Mas sous Verdun, du prévôt de Saint-Etienne St du prieur
de la Daurade.
XV. — L'exercice de l'inquisition est suspendu pour quelques années.
Entre les villes du Toulousain que les deux inquisiteurs' parcoururent,
ils se rendirent à Castelnaudary, où ils citèrent un grand nombre de gens
suspects de cette ville, hommes 8c femmes; mais ils n'en purent rien tirer,
car ces peuples avoient comploté de ne rien révéler. Ils trouvèrent plus de
sincérité à Puylaurens, où étant arrivés à l'improviste, les habitans n'eurent
pas le temps de former un semblable complot. Cette recherche engagea*
plusieurs personnes du haut Languedoc à se réfugier aux environs de Mont-
pellier, pour se mettre à l'abri des poursuites des inquisiteurs. Les habitans
de cette ville en avertirent le pape, qui ordonna à l'archevêque de Vienne,
son légat, à la fin de février de cette année, de se transporter sur les lieux,
de punir les coupables ik d'épargner les innocens. Enfin, il vint un ordre de
la cour pour arrêter les poursuites; ce qui fit que l'exercice de l'inquisition
demeura^ longtemps en suspens. On ne trouve pas, en eftet, dans les anciens
registres de ce tribunal, que les inquisiteurs aient procédé par sentence dans
Édoi-iR">^ le Toulousain, depuis le mois d'octobre de l'an 1287 jusqu'en 1:41, &. on
n'a que de simples passe-ports donnés en 1238 par les deux inquisiteurs,
Guillaume Arnaud 8<. Etienne de Saint-Thibéry, en faveur de ceux auxquels
ils avoient auparavant imposé des pénitences.
XVL — Roger-Bernard, comte de Foix, recherché par l'inquisition d'Aragon.
On fit aussi une recherche exacte des hérétiques dans les Etats du roi
d'Aragon en 1287, Se les évêques de Catalogne s'étant assemblés cette année
en concile à Lérida'*, commirent divers religieux franciscains & dominicains,
avec quelques ecclésiastiques pour cette recherche. Roger, à qui Roger-Ber-
nard, comte de Foix, son père, avoit cédé depuis peu la vicomte de Castelbon
ou de Cerdagne, permit à ces inquisiteurs d'exercer leurs fonctions dans
cette vicomte, où ils firent exhumer les corps de dix-huit défunts pour les
faire brûler, 81 condamnèrent plusieurs vivans à une semblable peine. Le
comte de Foix ne fut pas lui-même exempt de censure : Pierre, évêque
■ Guillaume de Puylaurens, c. 43. ' \'oyez tome %in, Chartes, n. CCXXIII,
' Raynaldi, année xzH-j, n. 32. — [Pottlinst, ce. loioà isi.^.
Tî. io3oo; bulle du 26 février 1237.]
' Guillaume de Puylaurens, c. 43. — Voyez
tome VIII, Chartes, n. CCLXIX, c. 1174.
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XXV. yoT
d'Urgel, l'excommunia comme fauteur Se défenseur des hérétiques. Ce comte
en appelia, au commencement de juin de l'an iiSy, à Velu de Tarragone, en
présence des évêques de Vie & de Lérida, sous prétexte que le jugement étoit
nul pour plusieurs raisons qu'il détailla par écrit, Si auxquelles Guillaume,
procureur de Véglise de Tarragone, répondit par des apostilles'. Guillaume
prend ce titre ^ parce que, ayant été élu archevêque de Tarragone après la
mort de l'archevêque Sparago, qui avoit été chanoine régulier de la cathédrale
de Toulouse, il ne s'étoit pas fait consacrer : il renonça quelque temps après
à l'épiscopat.
XVII. — Amauri de Montjort reprend le titre de duc de Narhonne, 6- fait
quelques entreprises sur le comté de Melgueil.
Le pape écrivit-* en 1287 au dauphin^ qu'il qualité homme très-noble, pour
le reprendre « de ce qu'étant soutenu par divers seigneurs, il avoit envahi
« une partie du comté de Melgueil qui étoit soumis à l'Eglise romaine & au
n pape, & pour lui ordonner, en expiation d'un tel attentat, d'aller outre-mer
« exercer sa valeur contre les infidèles''. » Ce dauphin n'est pas dittérent
d'Amauri de Montfort, qui avoit épousé, en 12 14, Béatrix"', alors fille unique
£< héritière présomptive du dauphin André de Bourgogne, & de Béatrix de
Sabran, sa première femme. Or, comme le dauphin André épousa depuis
tîéatrix de Montterrat, dont il eut Guigues VII, dauphin de Viennois, 8c
qu'il mourut en 1:36 laissant ce fils pupille, il faut qu'Amauri ait disputé
la succession du Dauphiné à ce dernier, 8c qu'il se soit lui-même qualifié
dauphin après la mort d'André, son beau-père. Quant aux prétentions
' Il nous paraît nécessaire de rétablir un peu cette affaire, la vicomte de Castelbon appartenant
l'ordre des faits. Le comte de Foix avait été ex- à son filsj il rappela qu'il avait appelé à l'avance
communié depuis quelque temps, quand, dans le de la sentence, 8c que, au mépris de cet appel,
concile de Lérida, il fut conclu avec son fils Ro- l'évêque avait procédé contre lui. Comme il avait
ger, auquel il avait donné la vicomte de Castel- exécuté les ordres des inquisiteurs, il dut d'autant
bon, que le vicomte de Cardone entrerait dans plus facilement obtenir gain de cause. Son mé-
cette vicomte pour prêter main-forte aux inqui- moire juridique est des plus intéressants à lire,
siteurs & à G., procureur de Tarragone. Celui-ci [A. M.]
y exerça longtemps les fonctions d'inquisiteur; ' Mara Hhpanlca, c. 027.
condamna 8c emmena prisonnières quarante-cinq ' Raynaldi, année izSy, n, 3i.
personnes, fit exhumer 8c brûler les ossements ' Voir plus bas. Nous n'avons pu retrouver la
de dix-huit autres, démolir deux maisons, Se ré- bulle indiquée par Raynaldi 8c dom Vaissetc.
clama la remise entre ses mains de deux héré- Nous ne savons donc que penser des prétentions
tiques notoires qui s'étaient échappés. Il donna de ce dauphin. Mais il est certain que l'évêque de
acte de tous ces faits au jeune comte, le 27 mai Maguelonne eut souvent fort à faire pour se
I 237. — Aussitôt après, le 4 juin, Roger-Bernard maintenir en possession du comté de Melgueil.
demanda à être absous de l'excommunication dont En janvier 1246, Innocent IV commit l'arche-
il avait été frappé, & exposa ses moyens jiiridi- véque de Narbonne pour forcer les vassaux du
ques par-devant les évéques d'Urgel, de Vie 8c comté de Melgueil à obéir à leur suzerain. Cf.
de Lérida , 8c Guillem, procureur de Tarragone. Germain, Maguelonc sous ses évéques, pp. 207-
L'excommunication avait été fulminée par l'évé- 208. [A. M.]
que d'Urgel, à la suite d'une guerre entre les ha- '' Guichenon, Bliliothcca Seiusinna, p. 70. —
bitants de Castelbon 8c ceux de la Seu-d'Urgel. Le P. Anselme, Histoire généalogique des grands
Roger-Be;nard dénia toute responsabilité dans officiers, x. 1, p. 564.
Al) I 2 !! 7
"TTITâT" 7°4 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. L!V. XXV.
qu'Amauri pouvoit avoir sur le comté de Melgueil, dont il s'empara en
partie, elles étoient les mêmes que celles qu'il avoit sur toutes les conquêtes
de Simon de Montfort son père, 8c qu'il fit alors revivre, on ne sait par quel
motif. On voit, en eftet, qu'il se qualifioit duc de Narbonne 6- comte de
Toulouse dans des lettres' qu'il donna au mois d'avril de l'année suivante.
Mais le comte Raimond, paisible possesseur de ses États, s'embarrassa peu
des vaines prétentions d'Amauri^.
XVIII. — Raimond reprend la guerre contre le comte de Provence.
Raimond reprit la guerre en 123/ en faveur des Marseillois, contre Rai-
mond-Bérenger, comte de Provence. Il étoit dans cette province au mois de
mai, & il donna alors quelques châteaux^ en fief à Raimond de Baux,
prince d'Orange, 8c à sa postérité. Il donna aussi la bastide de Montalvagne
à Guillaume de Sabran 8i à ses entans, à condition qu'ils le serviroient dans
ses guerres, excepté contre l'Empereur. Hugues de Baux, Barrai son fils,
Raimond de Baux, prince d'Orange, Guillaume, comte de Forcalquier, 8cc.,
furent présens à ce dernier acte, 8c ils étoient par conséquent unis avec Rai-
mond dans la guerre que ce prince renouvela contre Raimond-Bérenger. Ce
dernier se voyant "^ extrêmement pressé, engagea Jacques, roi d'Aragon, son
cousin, dont il ne pouvoit tirer aucun secours, à cause que ce prince s'étoit
mis en campagne pour assiéger la ville de Valence sur les infidèles, à se
joindre à lui pour se plaindre au pape Grégoire IX de la conduite que le
comte de Toulouse tenoit à son égard.
XIX. — Plaintes du pape contre Raimond.
Sur ces plaintes, Grégoire écrivit au roi saint Louis, le 20 de mai de cette
année, 8c l'exhorta d'empêcher Raimond de continuer la guerre de Pro-
vence, qu'il n'avoit entreprise, disoit le pape, que pour se venger de ce que
' Voyez tome VIII, Chartes, n. CCXXV, e. 1021. champ, est probablement un faux. L'original ou
' L'interprétation que dom Vaissette donne des ce qui passe pour l'original existe encore aujour-
lettres du pape adressées au dauphin doit être er- d'hui à la Bibliothèque nationale; c'est une mau-
ronée. En effet, rien ne prouve qu'Amauri de vaise copie du quatorzième siècle, au moins in-
Montfort ait reparu dans la Province, après 1226. terpolée, sinon fabriquée de toutes pièces, & à
Au contraire, dans cette même année izjy, nous laquelle, pour donner l'apparence d'un original,
le trouvons fort occupé de ses préparatifs pour la on a appendu un sceau équestre d'Amauri. Le
croisade. Le 28 octobre 1237, le pape ordonna à style de Tacte renferme plusieurs expressions inu-
l'archevêque de Sens & à son pénitentiaire, Guil- siiées 81 on peut, sans trop risquer de se tromper,
laume, de lui faire compter trois mille marcs sur déclarer l'acte fjux de tous points. [A. M.]
le rachat des vœux de croisades (Potth. n. 10469). ' Voyez tome VIII, Chartes, n. CCXXII, ce. 1008
En outre, le roi, si jaloux de son autorité, n'aii- & 1009. — Trésor des Chartes; Toulouse, sac 8,
rait pas laissé un de ses grands officiers attaquer n. 22. — [J. 01 7 ; Teulet, t. 2, p. 841 . — Cet acte
ainsi les domaines de TEglise. Enfin, la seule est daté d'Avignon, 20 mai 1237.] [A. M.]
preuve sérieuse que dom Vaissete eût pu invoquer, ^ Raynaldi, année 1237, n. 3^ & suiv.
cette charte d'Amauri de Montfort pour Grand-
HISTOIRE Gi^SERALE DE LANGUEDOC, I.IV. XXV. 700
le comte Raimond-Bérenger avoit marché au secours du feu roi Louis VIII
durant le siège d'Avignon. Il écrivit aussi dans la même vue à Raimond lui-
même, aux comtes de Bretagne Se de la Marche, à l'archevêque de Vienne,
son légat, 8cc. Enfin il ordonna aux peuples d'Avignon 81 de Marseille,
ligués avec le comte de Toulouse, de mettre bas les armes'.
Le pape se plaignit, dans sa lettre au roi, de ce que le comte Raimond ne
payoit pas l'honoraire des régens de l'Université de Toulouse, ainsi qu'il v
étoit obligé} de ce que ses baillis ou officiers dans le Venaissin avoicnt chassé
l'évêque de Vaison, vieillard aussi respectable par son âge que par sa nais-
sance, après lui avoir enlevé la ville & le château de ce nom, & causé d'au-
tres dommages; de ce que ce comte avoit rétabli le péage sur le sel dans le
comté de Venaissin, péage auquel le comte son père avoit renoncé; 8c enfin
de ce qu'il avoit occupé le domaine de diverses églises, sans se mettre en peine
de se corriger, après en avoir été averti plusieurs fois par l'archevêque de
Vienne. « C'est pour cela, ajoute-t-il quoiqu'il soit déjà excommunié pour
ft toutes ces choses, qu'il présume de commettre des actions encore pires au
0 mépris des clefs de l'Eglise. »
XX. — Le comte de Toulouse suspend la guerre de Provence
6" envoie une ambassade à Jiome.
Cette lettre eut un bon effet : Raimond promit d'envoyer des ambassadeurs
à R.ome, tant pour demander pardon au pape du passé, que pour se sou-
mettre entièrement à ses ordres. Il paroît que l'archevêque de Vienne, légat
du Saint-Siège, s'opposa à cette ambassade; car le pape^ défendit qu'on
empêchât ce comte d'envoyer à R.ome des prélats & des religieux pour ses
ambassadeurs; » étant, ajoute-t-il, du devoir d'un pontife, d'imiter la clc-
« mence de celui qui souhaite le salut 8c non la mort des pécheurs. » Enfin,
il y a lieu de croire que Raimond suspendit la guerre de Provence; car il
étoit de retour^ à Toulouse le dimanche 7 de juin de cette année. Il reçut"*
quel([ues jours après, au camp devant Millau, en Rouergue, l'hommage de
Matfred de Castelnau, en présence de Bertrand son frère, d'Hugues, comte
de R.odez, Bertrand de Cardaillac^, Sec. Il retourna en Provence avant la fin
■ La lettre à Raimond est du iS tuai, celle au ses qu'il a faites dans le temps au légat Romain,
roi du 10 mai tzi-j. Le pape écrivit en même lors de la paix de Paris, & à passer le plus
temps à la reine Blanche Si aux grands du royaume promptemeni possible en Terre-Sainte, conformé -
(Potthast, n°' iciiij & io36i). — Dans sa lettre, ment aux engagements qu'il a pris. Au cas où il
qui est très-sévère, le pape dit qu'au rapport de refuserait de donner satisfaction au pape, l'ar-
Jacques d'Aragon, la haine de Raimond contre le chevéque de Vienne a ordre d'excommunier tous
comte t!c j^rcvence a pour cause l'aide fourni par ses adhérents Si tous ceux qui attaqueront le comte
lui à Louis VIII, lors du siège d'Avignon. Après de Provence. [A. M.]
avoir passé en revue tous les griefs qu'il a contre " R.iynaldi, année i zjy, n. 84 & sulv. — [Pot-
lui : rétablissement du salin en Provence, vio- thast, n. 10422; lettre du 28 juillet 1237.]
lences & usurpations envers l'évêque de V.iison, ' Archives de l'abbaye de Montolieu.
négligence à payer les professeurs de l'universii; ^ Voyez lome VIII, Charles, n. CCXXII, c. 1010.
de Touloi;ic; il l'engage à accomplir les promes- ' En eilct, la viUe de Millau avait été repri:;e
VI. 4'"'
An 1237
l'id. oii:;i:j.
t. 111, p.'4i3.
An iiJ'j
An i2j8
706 HISTOIRE CtÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV, XXV.
du mois de juillet', Se passa un compromis à Villedieu, près de Montauhan, ^
le 9 de novembre suivant^, entre les mains de Raimond, évoque de Tou-
louse, au sujet des différends qu'il avoit avec le chapitre de la cathédrale
d'Albi.
XXI. — Origine de la ville &> des seigneurs de Rieux,
Au mois de mai de l'année suivante, Gentile de Gensac, fille de feu Aymar
de Gensac & de Sibylle d'Auterive, autorisée par Raimond de Benque son
mari, déclara à Raimond^, comte de Toulouse, devant Raimond, évêque de
cette ville, Guillaume Isarn, archiprêtre de Rieux, !kc.,que tout le domaine
qu'elle avoit par la succession de son père St de sa mère 8t de Saurimène sa
sœur, sur le château de Rieux de Volvestre, St à Gonac, Bezenac, Montes-
quieu, 8tc., étoit tombé en commise pour n'en avoir pas reçu l'investiture dans
l'an & le jour, & qu'ainsi elle l'abandonnoit à ce prince. C'est le plus ancien
monument que nous connoissions touchant la ville de Rieux, aujourd'hui
épiscopale'^. Raimond reçut quelques hommages dans son palais de Toulouse
le 21 d'août suivant. Il fit ensuite un voyage en Rouergue, & Jean de Mont-
laur, évêque de Maguelonne, l'alla joindre à Millau, le 28 de ce mois.
XXII. — L'évêque de Maguelonne donne en fief à Raimond la ville
de Montpellier.
Ce prélat lui donna alors'^ en fief la ville de Montpellier, le château de
Lates & les autres domaines que Jacques, roi d'Aragon, tenoit de l'église de
Maguelonne, avec permission d'en prendre possession Si d'acquérir les droits
de tous ceux qui en auroient quelqu'un à Montpellier ou dans ses dépen-
dances, nommément de Guillaume de Montpellier, fils de feu Guillaume de
Montpellier : il promit enfin de l'aider en toutes ces choses. Raimond accepta
la donation & promit, de son côté, à Jean de Montlaur de conserver le droit
de ce prélat sur Montpellier Si sur ses autres domaines, & de ne pas y exercer,
soit par lui-même, soit par les autres, la justice civile &. criminelle, lorsqu'il
par le roi d'Aragon, probablement en 1206, & le ■• Peu après le comte se rendit une première fois
comte de Toulouse eut à la reprendre. Cette agrès- dans le Rouergue, Le 3 mai il s'empara à main
sion du roi d'Aragon dut avoir lieu peu avant armée du château de CayUis, près Saint-Affiique,
izSy; il est du reste certain qu'il posséda un qui avait pris les armes contre lui (De Gaujal,
instant cette ville. (Cf. tome VIII, c. 1401. — t. 2, p. io5). Quelques jours plus tard, le 28 mai,
De Gaujal, t. 2, p. io5). [A. M.] il confirma les coutumes de Saint-Aftrique (Cf.
' Bouche, La cfiorographie ou description de la ihid, t. 1, pp. 3i6-3l9). Ces coutumes, qui sont
Provence, t. 2, p. 1066. en langue vulgaire, sont importantes surtout à
' Archives de l'église d'Albi. cause des indications qu'elles renferment sur le
' Manuscrits de Colbert, n. 1067. — [Teulet, t. 2, tarif des amendes. Elles ne parlent pas d'ailleurs
p. 377, d'après l'original, J. 326, n"' 28 & 29.] — de libertés municipales. [A. M.]
Nous ne connaissons pas de lieu du nom de Gonac, "• Gallia Christiana, t. 3, c. ,587, & nov. éd. t. 6,
mais Bezenac est certainement Be^ac, Ariége, ar- Instrum. c. 368. — Trésor des chartes; Toulouse,
rondissement de Pamiers. [A. M.] sac i^, n. 78. [J. 323, Teulet, t. 2, pp. 387 à 389. j
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXV. 707 "" "
' ' Ail I2J0
auroit pris possession de la seigneurie de Montpellierj de lui en faire hom-
mage, de garder 8c de faire garder 'es libertés & les droits de l'église de
Maguelonne Se des habitans de Montpellier, 8c d'assigner à ce prélat les
châteaux de Miraval, de Frontignan 8c de Balaruc, Sec. pour qu'il en jouît
de plein droit. Bernard du Fesc, notaire de l'évêque de Maguelonne, jura
sur l'âme de ce prélat Se par son ordre l'observation de tous ces articles, dont
Raimond Gaucelin, seigneur de Lunel, se rendit garant avec Raimond de
Baux, prince d'Orange, Se Rostaing de Montpezat, qui firent serment de les
observer spécialement pour le comte Raimond. Jean de Montlaur prétendoit t.'i'îi °p'.^4'!4.
que Jacques, roi d'Aragon, avoit fait diverses entreprises contre les droits de
son église, 8c qu'ainsi la seigneurie de Montpellier, que ce prince tenoit de
de lui en fief, étant tombée en commise, il lui étoit libre d'en disposer. Il se
plaignoit surtout d'une ordonnance' par laquelle Jacques avoit défendu,
le 4 de février de cette année, à tous ses sujets de Montpellier de plaider dans
toute autre cour, soit civile, soit ecclésiastique, que la sienne.
XXIII. — Plaintes des ecclésiastiques de la province contre les officiers du roi.
Le clergé de la Province* porta d'un autre côté de nouvelles plaintes au
pape Grégoire IX au sujet des vexations q>i'il prétendoit qu'il avoit à souffrir
de la part des officiers du roi de France. Grégoire ordonna en conséquence,
le 16 de mars de l'an 1208, à l'archevêque de Narbonne Se aux évêques de
Maguelonne 8c d'Elne, de contraindre par censures les sénéchaux 8c les
baillis du roi dans la province de Narbonne, à cesser de s'emparer des domaines
des églises après la mort des évêques 8c des autres prélats, sous prétexte des
droits régaliens} entreprise, ajoute-t-il, qui n'avoit jamais été faite par les
prédécesseurs de ce prince, ou par les autres. Il défend toutefois à ces prélats
de lancer l'excommunication 8c l'interdit sur les terres du roi, à moins qu'il
ne leur en donnât un ordre spécial.
XXIV. — Raimond demande diverses choses au pape, qui lui accorde
son absolution, le dispense de passer outre-mer, etc.
Le comte de Toulouse^ fit demander au pape Grégoire IX, par les ambassa-
deurs qu'il lui envoya. Se dont on a déjà parlé : 1° l'absolution de l'excom-
munication dont il avait été frappé; 2" d'ôter l'office d'inquisiteur aux frères
prêcheurs, qui dans leurs procédures contre les hérétiques, ne suivoient ni les
lois civiles ni les lois canoniques; mais de laisser à l'avenir cette fonction
• Gariel, Séries praesulam Magalonem'tum , p. 35o que de Toulouse (Potthast, n. loSçS), à Louis IX,
& seq. du lo août suivant (n. 10641), '"fi" du 20 août,
' Marca, De concorjantia, éd. de 1704, p. 1277. à Giii, évéqiie de Sora, pour lui ordonner d'.ib-
— iPotthast, n. 10540.] soudre Raimond (n. 10644). Nou' n'avons pas re-
' Raynal.li, année i23S,n. 52,& m3<), n. 71 & trouvé l'instruction du 9 juin à l'évêque de Pales-
suiv, — Lcii.s du I 2 mars 1 233, à Raimond, évé- trina. [A.M.]
"XTTTsT" 7°^ FIISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXV.
aux évêques, auxquels elle appartenoit de choit; 3° de permettre d'inhumer
en terre sainte le corps du feu comte Pv.aimoiid son père, attendu qu'il étoit
prouvé par l'enquête que l'évêque d'Albi & les abbés de Saint-Sernin de
Toulouse 8c de Grandselve avoient faite, que ce prince avoit donné à sa
mort des marques de pénitence; 8< de lever les censures dont ce même comte
avoit été frappé par les juges délégués du Saint-Siège; 4° d'être dispensé du
serment de passer outre-mer & d'y servir pendant cinq ans, pour ne pas
paroître s'engager par contrainte, mais avec liberté, comme les autres chré-
tiens, dans une expédition si pénible 8c si laborieuse, avec promesse cependant
de se dévouer à cette entreprise, à la tête de sa noblesse, au premier passage
général, 81 de demeurer en Orient autant de temps que sa dévotion le lui
suggéreroit. Le roi fit appuyer cette dernière demawde de Raimond par
l'évêque de Clermont, son ambassadeur à Rome.
Grégoire répondit favorablement au premier article; St en attendant qu'il
fît partir le cardinal Jacques, évêque de Palestrine, qu'il avoit résolu d'en-
voyer incessamment dans la Province avec l'autorité de légat a latere', à la
place de l'archevêque de Vienne, il ordonna à l'évêque de Toulouse 8c aux
inquisiteurs de suspendre pour un temps les censures qu'ils avoient décernées
contre les sujets du comte. Se de l'admettre lui-même à la communion de
l'Église, après qu'il auroit promis par serment de réparer ses fautes passées.
Nous ignorons la réponse du pape aux deux articles suivans; mais on sait
que l'exercice de l'inquisition fut suspendu dans le pays pendant plusieurs
années. Enfin le pape ordonna à l'évêque de Palestrine le 9 de juin : 1° d'ab-
soudre le comte Raimond des censures dont il étoit lié; 2° de le dispenser du
serment qu'il avoit fait de passer outre-mer : « C'est pourquoi, poursuit-il,
« si le comte se montre digne d'obtenir cette grâce, nous vous enjoignons,
« après que vous lui aurez donné l'absolution, suivant la tonne qui vous est
« prescrite. Se qu'il aura promis par serment entre les mains du roi, du conseil
« des archevêques de Sens Se de Rouen, auxquels nous donnons nos ordres
« là-dessus, qu'il ira outre-mer au premier passage général avec les autres
« ultramontains, pour y servir pendant trois ans, selon son état Se sa condi-
« tion, comme il l'offre par ses ambassadeurs; de lui permettre par l'autorité
« des présentes, de revenir avi bout de ce terme; en sorte néanmoins que s'il
« enfreint les choses susdites, cette permission ne puisse lui servir de rien,
V. &e soit regardée comme non avenue. »
XXV. — Gui, évêque de Sora, & Jacques, évêque de Palestrine,
successivement légats dans la province.
Le cardinal de Palestrine ayant reçu ses ordres se mit en chemin; mais
t'ui''p.^u'5. l'empereur Frédéric', alors ennemi de Grégoire, lui refusa le passage par la
' Le pnpe ne recommanda l'évêque de Paies- t. 2, pp. 416-418, Pot'hast, n. 10-98. — Voyei
trina au roi de France qu'en octobre 12^9, en lui plus bas). [A. M.]
demandant ses secours contre Frédéric II ^Tjulet, ' Raynaldi, année 1239, n. 2.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGu'EDOC. LIV. XXV.
709
Provence S<. traversa, autant qu'il fut en lui, sa négociation. Il paroît cepen-
dant ' que ce légat étoit arrivé dans la province en 1239, car le pape lui
ordonna cette année de prendre la défense de l'évêque de Maguelonne contre
plusieurs personnes puissantes que ce prélat avoit excommuniées, à cause de
la tyrannie qu'elles exerçoient dans le comté de Melgueil &<. de Montferrand,
qu'il tenoit de l'Eglise romaine sous un cens annuel.
Gui, évêque de Sora, au royaume de Naples, exerça les fonctions de légat
dans la Province jusques à l'arrivée du cardinal de Palestrine, comme on voit
par une lettre- que les maîtres de l'université de Toulouse lui écrivirent,
le 4 de février de l'an i238 (iiSç), pour lui témoigner que le comte Rai-
mond avoit achevé de les satisfaire de leur honoraire, ainsi qu'il l'avoit
ordonné. Nous apprenons d'ailleurà^ que Vévêque de Sora, légat du Saint-
Siège, donna labsolution à ce prince, après qu'il eut promis d'obéir généra-
lement à tout ce que le pape & ce même légat jugeroient à propos de lui
ordonner, au sujet des articles pour lesquels il avoit été excommunié, entre
autres pour n'avoir pas restitué à l'abhé de Moissac les domaines de son abbaye
dont il s'étoit saisi.
An izZy
XXVI. — Aymar II, comte de Valentïnois, se rend vassal de Raîmond
pour divers fiefs du Vivarais.
Raimond étoit aux environs du Rhône'*, au mois de février de l'an 1239^.
Aymar II, comte de Valentinois, lui déclara par un acte, à l'Isle, dans le
V'enaissin, le 9 d'avril suivant, « que le château de Bais avec ses dépendances
i> étoit de son alleu; que les châteaux ci-dessous nommés, qui lui ap])arte-
<i noient en plein droit de propriété, 8t qu'il avoit actuellement en sa main
« ou qu'on tenoit de lui en fief, ou enfin sur lesquels il avoit la supériorité,
« étoient également ses alleux, 8c qu'il n'en tenoit aucun en fief ou autre-
« ment, de quelque seigneur temporel que ce fût; savoir : les châteaux de
■ Guillaume de Puylnurens, c. 4J.
* Voyez tome V m, Chartes, n. CCXXV,cc. loîi
& lOJJ.
' Ibii. n. CCXXXI, ce. 1041, lo^î.
' Voyez tome VIII, Chartes, n, CCXXV, ce. I023
81 1024. — Acte du 24 février iiSp, par lequel
Raimond VII se reconnaît débiteur envers Jean
d'Orlhac, de Montpellier, de huit cent trente li-
vres de Melgueil, pour solde de tout compte; il
hypothèque pour leur payement par annuité de
cent cinquante livres ses droits à Marseille. L'acte
est donné à Saint-Gilles. Il est probable que
c'était ce banquier de Montpellier qui avait fait
les frais de l'expédition de Provence. Du reste la
position pécuniaire de Raimond VII n'était pas
des plus brillantes à cette époque, l.e 3 mai iîi<),
étant à Marseille, il dut demander à l'abbé de
Cîteaux un sursis pour le payement des sommes
qu'il lui devait. (Teulet, t. 2, p. 406, d'après T.
309, n. 10). [A. M.)
' Un peu auparavant, Raimond VU était allé
faire un voyage dans le Périgord & dans l'Agenais.
Il obtint alors, le 3 septembre 1 238 (Teulet, t. 2,
pp. 389-390, d'après J. 309, n. 16), de Guiraud,
abbé de Sarlat, la donation du haut domaine de
l'important château de Beynac (Dordogne, arr. &
canton de Sarlat). Il s'engagea à rendre hommage
pour ce château â l'abbé 8c à son église, dans le
chœur de l'église de Sarlat, & à payer, en rendant
l'hommage, cent sous, monnaie de Périgord. Le
même jour, le comte sous-inféoda le château de
Beynac à Gaillard de Beynac [Ihii. t. 2. pp. 390-
391). Les deux actes furent rédigés par un notaire
d'Agen St, par conséquent, furent probablement
passés dans cette ville. [A. M.]
~l[~i 710 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXV.
« Saint-Alban, Tournon , Privas, Boulogne 8< cinq autres de leurs dépen-
« dances, le domaine qu'il avoit sur les châteaux du Pouzin, la Gorse, Saint-
« Ândéol, Brion, Saint-Agrève 8c neuf autres. » Aymar reçut ensuite tous
ces domaines en fief franc de Raimond, comte de Toulouse, son cousin, après
lui en avoir donné le domaine principal & direct : il ne s'y réserva que le
domaine utile & la possession naturelle, 5c il lui en rendit hommage les
mains jointes devant les évêques d'Albi 8c de Cavaillon, devant Hugues Se
Barrai de Baux 8c divers autres seigneurs. Tous ces domaines étant situés
dans le diocèse de Viviers dépendoient par conséquent de l'ancien comté de
cette ville, qui appartenoit encore aux comtes de Toulouse à la fin du dou-
zième siècle 8c au commencement du suivant : ainsi ces comtes possédoient
alors la suzeraineté sur tous ces châteaux, 8c les comtes de Valentinois ne
pouvoient les tenir depuis longtemps en franc alleu. Aussi Aymar ne marque
pas dans l'acte que ses prédécesseurs les eussent possédés de cette manière,
quoiqu'un généalogiste moderne' l'ait avancé. Voici donc, à ce qu'il nous
paroît, de quelle manière les comtes de Valentinois avoient acquis cette auto-
rité indépendante sur une grande partie du Vivarais.
On a remarqué ailleurs^ qu'Aymar de Poitiers, premier du nom, comte de
Valentinois, s'étant déclaré, en i2i3, en faveur de Raimond VI, comte de
Toulouse, durant l'affaire des albigeois, Simon de Montfort lui déclara la
guerre 8c convint enfin d'un traité avec lui. Or, comme le même Raimond
fut privé deux ans après de ses domaines au concile de Latran, 8c que ce
prince 8c Raimond, son fils, en furent censés exclus jusqu'au traité de paix
de l'an 1229, Aymar I aura profité de ces troubles pour établir sa domina-
tion sur le Vivarais, qui étoit contigu à ses Etats 8c, par conséquent, à sa
bienséance, &c qui n'étoit pas compris dans les pays que le concile de Latran
adjugea à Simon de Monttort, car on ne lui donna que ce qui avoit été con-
quis par les croisés. Enfin Raimond VII, étant rentré en 122g dans la pai-
sible possession d'une grande partie de ses États, il aura fait ses efforts pour
recouvrer l'autorité que ses ancêtres avoient exercée sur le Vivarais, 8c cela
avec d'autant plus de fondement que le roi de France, à qui il avoit cédé
une partie de ses domaines, n'en jouissoit pas. D'un autre côté Aymar II,
comte de Valentinois, soit par justice, soit par reconnoissance envers la maison
de Toulouse, à laquelle ses prédécesseurs étoient redevables^, en quelque
manière des comtés de Valentinois 8c de Diois, se sera soumis à Raimond VII
Éd.oriBin. pout ccttc partie du Vivarais, dont il étoit en possession 8c dont il conserva
le domaine utile. Il paroît qu'Aymar reconnut en même temps tenir en fiet
de Raimond le comté de Die. Il déclara, en effet, vers l'an 1256"*, par un
acte authentique à Gui Fulcodi, conseiller d'Alfonse, comte de Poitiers 5c de
Toulouse, « qu'il avoit reconnu à la vérité tenir du feu comte de Toulouse
' Le P. Anselme, Histoire géiiéalogiijue des grands ' Voyez tome III, livre XVIII, ch. xxvii, p. 800,
officiers, t. 2, p. 188. & plus haut, livre XX, ch. xvi, pp. i33 & 134.
• Voyez plus haut, livre XXII, ch. LX, pp. 433, «Voyez tome VIII, Chartes, n. CCCXVIII,
434. c. iSpS.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXV, 711
« le château de Bais, le comté de Die &. généralement tout ce qui dépen-
« doit de ce comté; domaines que son aïeul avoit reç\is en fief du même
K comte de Toulouse; mais qu'il n'avoit prétendu comprendre dans cette
« généralité que le comté de Die; qu'il avoit fait cette reconnoissance par la
« crainte du comte qui le menaçoit de lui faire la guerre, &c. »
Aymar II étoit petit-fils' d'Aymar de Poitiers, premier du nom, comte
de Valentinois, à qui Raimond V, comte de Toulouse, avoit donné le comté
de Diois en fief. Aymar I eut de Philippe de Fay, sa femme, dame de la
Voulte S\ de plusieurs autres terres en Vivarais, un fils 81 une fille. Le fils,
nommé Guillaume, comme son aïeul, mourut en 1226, quatre ans avant
Aymar I, son père, 81 laissa de Flotte de Bérenger, Aymar II dont on vient
de parler. La fille d'Aymar I, nommée Josserande, épousa Pierre de Ber-
mond, seigneur d'Anduze 8c de Sauve, dont elle eut Roger, qui fit une
branche de la maison d'Anduze. Philippe de Fay, son aïeule, disposa en sa
faveur, le 3o de mai de l'an 1246, du château de la Voulte & de ses autres
domaines du Vivarais.
XXVII. — Raimond reçoit l'hommage de l'évèque de Carpentras, s'accorde
avec le comte de Roder^, iyc, — Seigneurs d'Andu-^e.
Le comte de Toulouse reçut à Orange^, le i5 de mai de l'an 1239, l'hom-
mage 8c le serment de fidélité de Guillaume, évêque de Carpentras, pour la
ville de ce nom, le château de Malamort, 8cc. Il passa le Rhône bientôt
après, 8c vint dans le Fvouergue, où l'évcque de Rodez 8c son chapitre lui
donnèrent en fief, vers la fin du même mois, le Puy de Vernéjol, à cause des
services qu'ils avoient reçus de lui Se de ses prédécesseurs^. Le comte, en
reconnoissance, leur remit le droit qu'il avoit sur le château de Luzech. Il
confirma"*, vers le même temps les coutumes que teu Raimond, son père,
avoit données aux habitans de Millau, 8c reçut à Castelsarrasin, dans le Tou-
lousain, le 21 de juin, l'hommage^ de Raimond-Bernard de Durtort, pour
Puy-Cornet 8c divers autres domaines du Querci. Il retourna ensuite dans
le Rouergue^ 8c remit, le i" d'octobre, en présence de Bernard, comte de
Comminges, Pierre, vicomte de Murât, 8cc., à Hugues, comte de Rodez, fils
de feu Henri, aussi comte de Rodez, les mille six cens marcs d'argent que ce
dernier s'étoit engagé de payer au feu comte de Toulouse, son père, par le
traité qu'ils avoient conclu à Rocamadour '^. Hugues, comte de Pvodez, avoit
épousé Isabeau de Pvoquefeuil, fille aînée 8c héritière de Raimond d'Anduze,
seigneur de Roquefeuil, 8c de Dauphine de Turenne, qui lui avoit apporté
'LeP. Xmclme, Histoire généalogi<iue des grands ' Manuscrits de Colhert, n. ioG-j . — [L'original
officiers, t. 2, p. 187 & suiv. était autrefois au Trésor des chartes, J. 314,
'Voyez tome VIII, Chartes, n. CCXXVII , n. 17; il manque aujourd'hui} cf. Teulet, t. 2,
ce. 1027 à io3o. P- 410, &. lat. 6009, p. 48.]
^ Gallia Christiana, nov. éd. t. 1, Instr. p. 2o3. ^ ZaXuze, Histoire généalogique de la maison d'Au-
' Hôtel de vi^e de Millau. — [Le 19 mai I23S; vergne, t. 2, p. 762.
cf. de Gaujal, t. 2, p. io3.J ' Voyez plus haut, I. XXI, ch. XLiii, p. 269.
An 1239
"" : 7' 2 HISTOIRE nÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXV.
les terres de Rocjueieuil Se de Nîéruey^ la vicomte de Creyssel 8c la terre de
Pneissac.
XXVIII. — Évéques de Lodève.
On assure' que le co;nte de Toulouse réveilla cette année les droits de ses
ancêtres sur le diocèse ou comté de Lodève, Si qu il lit occuper en son nom
une partie du domaine de l'évcque, qui excommunia Aymar de Guillem,
seigneur de Clermont, tant pour avoir donné retraite dans son château k
l'agent de ce prince, que parce qu'il relusoit de lui rendre hommage. Ce
prélat, nommé Bertrand de Mornai, avoit succédé à Pierre, qui, sur la fin de
ses jours, prit l'habit des frères mineurs dans le couvent qu'il leur avoit fondé
à Lodève, & qui mourut en 1287. L'élection de Bertrand de Mornai, qui
étoit religieux de Saint-André d'Avignon, fut confirmée par l'archevêque de
Narljonne; mais il mourut avant son sacre. Guillaume de Casouls lui suc-
céda en 1241.
XXIX. — Entrevue à Montpellier entre le roï d'Ai ngon L- le c077ite Raimond.
Le premier pacifie cette ville.
Le comte de Toulouse fut rendre visite à Montpellier-, au mois d'octobre,
à Jacques, roi d'Aragon, qui y fit cette année un séjour de cinq mois-*, après
s'être acquis une gloire immortelle par ses nouvelles victoires sur les Maures,
entre autres par la prise de la ville de Valence, qui s'étoit enfin rendue, la
veille de Saint-Michel, 28 de septembre de l'année précédente'*. Jacques,
avant passé l'hiver dans cette ville, s'embarqua vers la fin de mai de l'an 1 239^
pour aller mettre la paix St. la concorde entre les habitans de Montpellier
qui, conservant toujours i'esprit d'indépendance, étoient en différend tou-
chant le gouvernement de la ville avec Atbrand, que ce prince y avoit établi
ûj.oiigin. povir son baile ou gouverneur. Jacques débarqua^ au port de Lates où les
' '?\3\\iav\t,Chronolo^\a praesulum Lodovens'tum, seigneurs de sa siiiie & d'une foule nombreuse
p. lôo. — Gallia. Christlana, t. 3, c. 673, qui s'était portée à sa rencontre. 11 descendit à
' Chronica 0 commcntari Jel rey en Jacnie ; Vf la Montpellier, chez son baile Atbrand, objet de la
contjueita deî rcgno de Murcia, c. !i & suiv. haine des riches bourgeois qui gouvernaient alors
' Voyez tome VII, Noie XXXII, pp. 9J, 96. Montpellier. Les conjurés demandèrent une cn-
^ Après la prise de Valence, le pape rétablit trevue au roi & lui exposèrent leurs griefs, que
l'église de cette ville & y fonda un siège épiscopal. le prince refusa d'écouter. Atbrand, cependant,
Pour subvenir aux premiers besoins du nouveau gagna la population ouvrière, qui vint protester
clergé, il fit lever une taille sur les églises de dif- de sa fidélité & offrir son appui. Le roi put ainsi
férents pays, notamment de Languedoc. La part faire leur procès aux rebelles qui furent bannis
du diocèse de Toulouse fut de mille livres tour- & dont les biens furent confisqués. Au reste,
nois, dont l'abbaye de Lézat eut à payer cinquante M. de Tourioulon remarque que, en 1246 & en
livres. — Cf. tome V, c. 1789, n. 416. [A. M.] i253, deux des principaux conjurés furent suc-
' Cette affaire de Montpellier ne nous est con- cessivement bailes de Montpellier (p. 23), ce qui
nue que par la chronique attribuée au roi Jacme, prouve qu'ils rentrèrent bientôt en grâce. Ajou-
dont le récit est analysé par M. de Tourtoulon tons qu'en fin de compte le roi dut céder & rendre
[Jacme I, t. 2, pp. 18-27). ^' '°' arriva à Lattes, la charge de baile annuelle. [A. M.j
le 2 juin 1239. Il entra dans la ville escorté des ^ Canel, Séries praesulum Magahnensium, p. 355.
HI3T0IRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XXV, yij
cotisuls de Montpellier l'allèient prendre à la tète de cent chevaux, Se le con-
duisirent dans la ville. On prétend' que dans le temps qu'il y taisoit son
entrée solennelle, ayant à ses côtés Fernand d'Açagra & Assalid de Gundal,
deux des principaux de sa cour, Pierre de Boniface, l'un des plus considé-
rables de Montpellier Se le chef des factieux, attecta de se placer entre le roi
8c l'un de ses seigneurs. Se que les courtisans voulant venger sur-le-champ
cette témérité, le prince les en empêcha. Quoi qu'il en soit, Jacques, roi
d'Aragon, marque lui-même, dans les mémoires qu'ils nous a laissés de sa vie,
qu'étant descendu à Montpellier, à la maison d'Atbrand, son bailli, Se que
cet officier ayant trouvé enfin moyen de gagner le peuple, il s'assura de la
ville Se punit ensuite par l'exil Se la confiscation des biens les consuls Se les
autres principaux habitans qui lui avoient manqué de respect.
Le roi d'Aragon remit ainsi la paix dans Montpellier; il l'affermit, le
17 d'octobre, par une déclaration* suivant laquelle : 1° Il rétablit dans leurs
biens, réputation Se honneurs, à l'exception de Pierre de Boniface, de Guil-
laume de Barca Se de quelques autres fugitifs ou exilés, tous ceux qui s'étoient
ligués pour empêcher qu'Atbrand, qu'il avoit établi pour son bailli {bajulus)
ou lieutenant à Montpellier, ou quelque autre habitant de cette ville n'exerçât
cette charge, ou que tout autre de ses sujets qu'il y enverroit n'en pût faire
les fonctions que pendant un an. 2° Il statue qu'à l'avenir l'évêque de Mague-
lonne ne sera pas appelé pour l'élection des consuls, qu'il n'y assistera pas 8c
qu'ils ne prêteront pas serment entre ses mains. 3° Il ordonne que tous ceux
qui avoient exercé quelque office pendant un an dans la cour de Montpel-
lier n'auroient aucune autre administration durant l'année suivante, 8c que
tous ceux qui avoient été repris de justice seroient exclus de l'office de tabel-
lion. Le second article de cette ordonnance prouve que la désunion duroit
toujours entre Jacques, roi d'Aragon, Se Jean de Montlaur, évêque de Mague-
lonne; désunion qui avoit engagé ce prélat à confisquer sur ce prince, en
qualité de suzerain, la seigneurie de Montpellier dont il avoit disposé en
faveur du comte de Toulouse; mais il paroît que ce dernier se désista de ses
prétentions dans l'entrevue qu'il eut^' à Montpellier avec le roi Jacques, vers
la mi-octobre de cette année Se dont on a déjà parlé. Raimond-Bérenger,
comte de Provence, cousin du roi. Se la plupart des seigneurs du pays furent
aussi lui rendre visite pendant son séjour à Montpellier, dont les habitans"*
lui donnèrent diverses fêtes pour témoigner leur joie de ses victoires sur les
Maures. Enfin Jacques, après s'être acquis l'amitié Se l'estime de tout le
peuple, partit"' vers la fin d'octobre de l'an I23g, s'embarqua sur une galère
de quatre-vingts rames qu'il avoit fait équiper. Se se rendit par mer à Col-
lioure, en Roussillon, d'où il retourna par terre à Valence pour donner ordre
aux affaires de cette nouvelle conquête.
' Zuritn, Anales de la corons de Araooti. * C/iron'tca del rey en Jacmf. ^ M unt.inei", CAro-
* G,\neï, Séries praesulum Mag.tlonensium, p. 3,).î. nica dels reys d'Arago, c. 9. — Ferreras, an. I23(),
' Chronica del rey en Jaeme. — Voyez tome VII, 11. 7.
Note XXXII, p. 96. " Voyez tome VII, Note XXXII, p. 93, 96.
An 1239
"TTiTsT" 7'4 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC, LIV. XXV.
XXX. — Mort de Niigne-^ Sanche, comte de Roussïllon.
Nugnez Sanche, comte de Roussillon, oncle du roi Jaoques à la mode de
Bretagne, vendit', quelques mois après, au roi saint Louis, pour vingt mille
sols melgoriens, le château de Pierrepertuse, dans le diocèse de Narbonne,
qu'il avoit acquis de Guillaume de Pierrepertuse, & dont le roi de France
lui avoit confirmé la possession. Nous ne trouvons plus depuis aucun monu-
ment où il soit fait mention de ce comte, qui mourut sans doute bientôt
après. Il étoit au moins décédé, le 21 janvier de l'an 1241, lorsque Bernard,
évêque d'Agde, 8c ses autres exécuteurs testamentaires remirent^ en son nom,
à Jacques, roi d'Aragon, toutes les actions qu'il avoit sur le Roussillon, la
Cerdagne, le Gonflent, Perpignan & Collioure, par les accords qu'il avoit
passés avec le même Jacques,. Pierre & Alfonse, rois d'Aragon, &.c. Nugnez
Sanche mourut sans enfans, & Jacques, roi d'Aragon, qui recueillit sa suc-
cession comme son plus proche parent, en vertu de ces conventions, lui suc-
céda dans les comtés de Roussillon, de Gonflent, de Valespir & de Cerdapne,
8<. dans la vicomte de Fenouillèdes^.
XXXI. — Vicomtes de Narbonne.
Amalric succéda d un autre côté à Aymeri IV, vicomte de Narbonne, son
père, qui mourut'* le i*"^ de février de l'an iiSg. Aymeri, quelque temps
t^in,°p'-i''is. avant sa mort, changea la disposition qu'il avoit faite touchant sa sépulture,
après son avènement à la vicomte de Narbonne, & ordonna qu'en quelque
lieu qu'il décédât, on portât son corps dans l'église des hospitaliers de Saint-
Jean de Narbonne, où il se donna pour frère, en cas qu'il vînt à se faire reli-
gieux. Si où il fut inhumé. Ge vicomte, durant la guerre des albigeois,
soutint en plusieurs occasions les intérêts des comtes de Toulouse, ses suze-
rains j mais il ne favorisa jamais l'erreur, 6<, le pape Grégoire IX, par deux
brefs^ des années 1233 81 i236, qu'il lui adressa, de même qu'au peuple de
la cité Si du bourg de Narbonne, les loue extrêmement de leur attachement
à la foi catholique & de la haine qu'ils avoient toujours 'portée aux héré-
tiques albigeois. Aymeri IV fut d'ailleurs libéral envers les églises de ses
domaines; de quoi il reste divers témoignages. Il écrivit^, en i233, avec les
consuls de Narbonne, à l'abbé de Gîteaux pour le prier de confirmer un
statut de l'abbaye de Fontfroide, par lequel les religieux de ce monastère
s'étoient engagés de préparer Si de faire eux-mêmes toutes les hosties qui
' Archives du domaine de Carcasse une. son testament le 17 décembre 1241 , Cf. de Tour-
' Bibliothèque du roi; Mss. de Gaignières. toulon, t. 2, pp. 78-9. [A. M.]
' La mort de Nugnez Sanche eut lieu en réalité * Catel, Mémoires de l'histoire du Languedoc,
le 19 janvier 1242 (n. st.). Ni dom Vaissete, ni p. 608.
ceux qui l'ont suivi n'ont fait la réduction de ' Archives de la maison de ville de Narbonne.
l'ancien au nouveau style. Ce prince avait fait ^ Voyez tome VIII, Chartes, n, CCVII, c. 957.
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XXV, yiS
seroient employées pour le saint sacrifice de la messe dans tout le diocèse, en
conséquence d'une fondation qu'un citoyen de Narbonne avoit faite, dans la
vue de ménager la foiblesse de ceux qui disoient que le pain pétri par les
mains impures des femmes, & même des clercs, ne pouvoit se changer au
corps de Jésus-Christ. Entre les autres actes les plus remarquables de ce
vicomte, nous trouvons qu'il donna, en 12 17, avec' Marguerite de Montmo-
rency, sa femme, aux juifs de Narbonne, les habitations & les ouvroirs qu'ils
occupoient dans cette ville, & qu'on appeloit la Juiverie, avec leurs écoles,
moyennant mille sols melgoriens d'acapte & dix sols narbonnois de rede-
vance annuelle. Il reçut, en 1228, en présence d'Hugues de Pérignan & de
Pvaimond, ses écuyers, l'hommage de Bernard de Saint-Etienne, pour la villi-
cation ou viguerie de la domination de la vicomte du hourg de Narbonne
qu'il tenoit en fief honoré, dont il avoit hérité de Guillaume-Raimond du
Bourg, son oncle, 8t dont ce dernier avoit hérité lui-même de Bérenger, son
père, & de Guillaume-Raimond du Bourg, son aïeul.
Aymeri laissa deux fils 8c une fille de Marguerite de Montmorency, qui
éloit déjà morte au commencement de l'an I232, & qui fut inhumée dans
l'abbaye de Fontfroide*; il l'avoit épousée en secondes noces après la mort
de Guillelmette de Montcade, sa première femme, dont il n'eut pas d'enfans.
Les deux fils furent Amalric ou Manriquez, & non pas Aymeri, comme il
plaît à un généalogiste^ moderne de l'appeler, 8c Aymeri, Amalric succéda à
son père dans la vicomte de Narbonne 8c fit dresser, quelque temps après son
avènement à cette vicomte, un mémoire'* des droits qui lui appartenoient
dans Narbonne. Quant à Aymeri, fils d'Aymeri IV, il paroît-J qu'il étoit
l'aîné d'Amalric. Il embrassa la cléricature 8c fut seigneur de Verneuil &c
chanoine de Chartres, On croit ^ qu'il est le même qu'Aymeri de Narbonne,
chanoine de Saint-Paul de cette ville, qui mourut en 1256. Il éloit du moins
déjà décédé^ en i263. Les trois filles d'Aymeri. IV furent Marguerite, Ermen-
garde 81 Alix j la dernière fut religieuse à Port-Royal, dans le diocèse de
Paris. On prétend ^ que Marguerite épousa Géraud-Adhémar, seigneur de
Rochemaure, 8c qu'elle décéda en 1272; mais si ce mariage se fit en effet,
Marguerite n'épousa Géraud qu'en secondes noces, car elle étoit déjà mariée'-^,
en 1233, avec Guillaume de Montcade, qui reçut quinze mille sols melgo-
riens pour sa dot. On a dit ailleurs qu'Ermengarde épousa, en i232, Roger-
Bernard, comte de Fois.
' Archives de la ville de N.irbonn*. — Catel, acte donné par leur père, est nommé avant sort
Mémoires de l'hhtoire du Languedoc, p, (Jc8. frère.]
' Archives de l'abbaye de Fontfroide. •• Le P. Anselme, ut supra.
' he P. \nsclme. Histoire généalogique des grands ' Cartulaire de Port-Royal.
officiers, t. 3, p. 761 & suiv. ' Le P. Anselme, Histoire généalogique des grands
* Voyez tome VIII, Chartes, n.CCCXXV.c. 1464 officiers, t. 3, p. 762 & suiv.
& suiv. J Voyez tome VIII, Chartes, n. CCVII, ce. pSS
'' Ibid. n. CCVII, c. 936. [Aymeri, dajis cet à 9J7,
~; — : — 716 msTOiRE générale de Languedoc, liv. xxv.
XXXII. — Le comte Raîmond reprend la guerre contre le comte de Provence.
11 paroît que Raiinond, comte de Toulouse, renouvela la guerre en 1:09,
contre Raimond-Bérenger, comte de Provence. Leur dissension duroit au
moins encore au mois de novembre de cette année, car ce dernier prince
étant alors à Aix, promit' à Jacques, évêque de Palestrine Se légat du Saint-
Siège, de marcher à ses propres dépens en Italie ou dans la Loinbardie, au
secours du pape Se de l'Eglise romaine, & de les servir avec quarante cheva-
liers Se dix arbalétriers, lorsque ses différends seroient terminés avec le comte
de Toulouse, au sujet des terres que celui-ci possédait, entre lesquelles étaient
la ville de Marseille b le comté Venaissin; mais ces différends ne finirent
pas si tôt, à cause des nouvelles liaisons que Pvaimond prit avec l'empereur
Frédéric, qui étoit irrité contre Raimond-Bérenger, de ce que lui ayant
r:d_ongiii. ordonné d'attaquer le comte de Savoie, allié du comte de Flandres, dont il
étoit mécontent, il avoit refuse non-seulement a obéir, mais avoit tait sous-
traire la ville d'Arles à son autorité. Frédéric, pour se venger, mit le comte
Raimond-Bérenger au ban de l'Empire Se disposa d'une partie de ses États,
entre autres du comté de Forcalquier, en faveur de Raimond, comte de Tou-
louse, Se de ses héritiers, par un diplôme^ daté de Crémone, au mois de
décembre de l'an I23g. Il ordonna^ en même temps à Raimond de se mettre
en armes Se d'attaquer Pvaimond-Bérenger. Le comte de Toulouse se disposa'*
donc à marcher du côté du Rhône, Se partit après le commencement de jan-
vier de l'an 1240, car il déclara alors à Toulouse qu'il quittoit P\.oger-Ber-
nard, comte de Foix, des engagemens qu'il avoit contractés en sa faveur
envers l'abbé de Saint-Antoniu de Ramiers.
XXXIII. — Roger-Bernard, comte de Foix, reconnu pour bon catholique.
Roger-Bernard termina' peu de temps après les différends qu'il avoit avec
l'évêque d'Urgel, au sujet de l'excommunication que ce prélat avoit lancée
contre lui pour avoir retusé de répondre devant les inquisiteurs de la foi. Ce
comte se présenta enfin devant eux, le 12 de mars de l'an 1240, dans le
temps de grâce, Se avoua que, n'étant encore âgé que de dix ans. Se depuis, il
avoit eu quelque commerce avec les hérétiques, entre autres avec Esclarmonde,
sa. tante, Se avec sa mère; mais il protesta qu'il ne s'étoit jamais écarté de la
foi de l'Église romaine, Se qu'il avoit toujours cru qu'on ne pouvoit se sauver
hors de l'Eglise catholique. Sur cette déclaration, Pons, évêque d'Urgel,
révoqua, le 4 de juin suivant, la sentence qu'il avoit prononcée contre lui
'Voyez tome Vlil, Chartes, n. CCXXV'III, diorographie ou description Je la Provence, t. 2,
ce. lo33, 1034. p. 24.").
' Trésor des chartes, Montpellier, sac 2, n. 21. ' Matthieu Paris.
[J. 340, ancienne copie, & J. 610, n. 4, original ■* Voyez tome VIII, Chartes, n. CCXXX, c. loSy.
scellé; Teiilet, t. ?., pp. 419-420.] — Bouche, La ' Ibiii. n. CCXXIX, ce. 1034 a 1037.
An 1243
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV, XXV, 717
pour fait d'hérésie, & reconnut qu'il étoit bon catholique. Il est remarquable
que le pape. Grégoire IX étoit en relation avec Roger-Bernard dans le temps
même que ce comte étoit excommunié', car il lui écrivit, le 2 d'avril de
l'an i^Sç, pour lui apprendre qu'il avoit excommunié l'empereur Frédéric,
& l'exhorter à n'avoir aucun commerce avec ce prince S<. à l'éviter,
XXXIV, — Le comte Ralmond bat les François, assiège la ville d'Arles
6- ravage la Camargue,
Le pape écrivit sans doute une lettre semblable à Raimond, comte de Tou-
louse; mais ce prince avoit des liaisons trop fortes avec Frédéric pour y
déférer. Il continua, en effet, la guerre contre le comte de Provence, suivant
les ordres que l'Empereur lui en avoit donnés. Il se rendit maître* du pont
de Bonpas sur la Durance, où il établit une garnison pour s'assurer du pas-
sage, & entra dans le comté ^ de Provence, où il fit le dégât & poussa vive-
ment le comte P^aimond-Bérenger. Celui-ci, se voyant extrêmement pressé,
eut recours aux François qui s'étoient établis aux environs du Pv.hône depuis
la paix de l'an 1219, 6t à la noblesse du même pays qui avoit prêté serment
de fidélité au roi en conséquence de ce traité. Les uns & les autres, ayant
formé un corps d'armée, marchèrent au secours du comte de Provence; mais
Raimond leur ayant dressé une embuscade, les surprit au passage & les défit
entièrement. Ce comte soumit ensuite une vingtaine de places, tant en deçà
qu'au delà du P».hône, lesquelles appartenoient au roi ou au comte Raimond-
Bérenger. Il se saisit entre autres du château "♦ de Trincjuetaille, séparé de la
ville d'Arles par le Rhône, & situé dans l'île de Camargue, assiégea cette
ville par eau & par terre avec le secours des Marseillois, ses sujets, pour la
remettre sous l'obéissance de l'Empereur, Se la tint assiégée pendant la plus
grande partie de l'été de l'an 1240,
Le roi d'Angleterre"', informé de la guerre que Raimond faisoit au comte
de Provence, son beau-père, écrivit à l'Empereur & lui demanda grâce pour
ce prince. Le roi de France, qui étoit aussi gendre du comte de Provence,
mit sur pied sept cens chevaliers Se un grand corps d'infanterie, avec ordre de
marcher vers le Rhône, Se écrivit à Frédéric pour savoir si c'étoit par scn
ordre que Raimond faisoit la guerre à ses sujets. L'Empereur lui répondit
qu'il n'avoit garde de vouloir exercer quelque hostilité contre la France; mais
que si quelques François voisins des terres du comte de Toulouse, pour faire
leur cour au beau-père de leur roi, avoient marché inconsidérément St sans
ordre au secours de Raimond-Bérenger, on ne devoit pas être surpris qu'ils
eussent été battus, parce qu'ils étoient les premiers agresseurs, 6<. qu'il est
naturel de repousser ceux qui nous attaquent; qu'au reste, son dessein étoit
d'éviter toute occasion de rupture entre la France Si l'Empire, Se que dans
■ Archives du cliâieau de Foix. * Guillaume Je Puylaurens, c. .).'!.
• Héliot, Ordres monaslK/ues, t. 2, p. 285. ' Matthieu Paris, pp. 53-? & !)'.i-^,
' M.itthieu Paris, année t?.^^.
An 1240
An
~ 718 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXV.
cette vue il falloit se rendre réciproquement ce qui avoit été pris, & réparer
Éd. origin. ]e clommaee de part 8c d'autre. Raimond écrivit de son coté au roi : il excusa
t. m p. 420. ^ *
la conduite de l'Empereur Se eut soin de l'informer du véritable état des
choses. Il leva ensuite le siège d'Arles 8c se retira, après avoir ravagé toute
l'île de Camargue. Le roi rappela alors les troupes qu'il faisoit marcher vers
la Provence.
XXXV. — Raîmond pacifie les troubles d'Avignon 6- retourne à Toulouse,
Raimond se rendit dans leVenaissin, où il s'employa' à pacifier quelqiies
troubles qui s'étoient élevés à Avignon, à l'occasion suivante. Cette ville,
après s'être érigée en république, avoit choisi pour podestat ou principal
magistrat, sous le bon plaisir de l'Empereur, un comte, nommé Bernard, zélé
pour les intérêts de ce prince, mais peu propre au gouvernement. Bernard,
par sa conduite, indisposa contre lui une grande partie des Avignonois, déjà
partagés entre l'Empereur 8c le comte de Provence. Ceux qui tenoient pour
ce dernier s'étant mis en armes, résolurent de chasser le podestat, Se ils n'au-
roient pas manqué de livrer ensuite la ville aux ennemis de Frédéric, si le
comte Raimond ne l'eût empêché. Ce comte, qui étoit généralement aimé à
Avignon, fit demander, à la prière du comte Bernard 8c des principaux habi-
tans, qu'on l'élût lui-même pour podestat. L'élection de Raimond se fit en
effet; il étoit sur le point d'aller prendre possession de cette charge, lorsque
le comte Gautier, vicaire général de l'Empereur dans le royaume d'Arles, le
pria par ordre de ce prince de la lui céder. Raimond, dans la vue de ménager
les intérêts de Frédéric, fit quelque difficulté; mais enfin il fit sa démission
par un acte daté de l'Isle, dans leVenaissin, le 11 d'août de l'an 1240, en
présence de Bernard, comte de Comminges, 8c de plusieurs seigneurs qui
lavoient suivi sans doute à la guerre de Provence; il alla le lendemain a
Avignon pour installer le comte Gautier dans la dignité de podestat de cette
ville, 8c fit encore'' quelque séjour dans le pays. Il prit ensuite la route de
, sa capitale, Se en passant à Penautier^, auprès de Carcassonne, Guillaume
d'Ulmeio, sénéchal de cette ville, vint le trouver Se le pria de joindre ses
armes aux siennes pour chasser du pays les ennemis du roi, qui en avoient
déjà soumis une grande partie.
XXXVI. — Trencavel, à la tête de divers seigneurs, reprend sur le roi
une partie des anciens domaines de sa maison.
Trencavel, fils de feu Pvaimond-Roger, vicomte de Béziers, Carcassonne, Sec,
étoit le principal auteur de cette révolution'*. Ce vicomte, après avoir été
' TomeVIII, Chartes, n. CCXXX, ce. !o37 à 1 oSp. iinissin par Raimond VII aux seigneurs ie ce
[Le nom de ce comte était Bérard & non Bernard.] nom; acte du 22 août 1240.]
" Manuscrits de Colhert, n. 1067. [Lat. 6009-, ' Guillaume de Puylaurens, c. 43.
p. 578. Inféodation de la ville de l'Isle-en-Ve- ■* Cette tentative de 1240 est aujourd'hui beau-
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXV. 710
' '' An i2/,o
dépouillé, en i;:6, par le roi Louis VIII, de tous les domaines de ses ancê-
tres, qu'il avoit repris sur les croisés, s'étoit tenu depuis au delà des Pyré-
nées, sous la protection du roi d'Aragon, en attendant une occasion favorable
de les recouvrer. Enfin, ayant formé une ligue avec divers seigneurs du
pays, ses anciens vassaux, & étant favorisé secrètement', ce semble, par le
comte de Toulouse, il parut en' armes, pendant l'été de 1240, dans les dio-
cèses de Narbonne & de Carcassonne, suivi de quelques chevaliers catalans
ou aragonois, 81 de plusieurs autres du pays, dont la plupart avoient éié
proscrits pour hérésie. Les principaux étoient Olivier de Termes, Raimond
de Orzals, Raimond-Hugues de Serre-Longue, Raimond de Villeneuve &
Hugues de Romegous, son neveu, Jourdain de Saissac, &C. Avec leur secours,
Trencavel soumit bientôt sans coup férir plusieirrs châteaux de ces deux dio-
cèses, qui lui ouvrirent les portes; entre autres Montréal, Montolieu, Saissac,
Limoux, Asillan Se Lauran. 11 fit passer par le fil de l'épée la garnison de
quelques autres qui refusoient de se rendre, 8c, après s'en être assuré, il fit
le dégât aux environs des places qui demeuroient fidèles au roi. Un progrès
si rapide étonna les François établis dans le pays, & la plupart des prélats
Si. des seigneurs, ne se croyant pas en sûreté chez eux, abandonnèrent leurs
villes 8t leurs châteaux, 81 allèrent chercher un asile dans la cité de Carcas-
sonne avec leurs familles Se leurs effets, tant à cause qu'elle étoit la plus
forte place du pays que pour empêcher Trencavel de s'en emparer. L'arche-
vêque de Narbonne 8c l'évêque de Toulouse s'y rendirent des premiers, 8t ce
dernier prélat, qui passoit pour fort éloquent, alloit de temps en temps dans
le bourg de Carcassonne pour exhorter les habitans à la fidélité envers le
roi. Cependant on eut soin de pourvoir la cité de toute sorte de munitions :
on avança les vendanges, dont le temps n'étoit pas éloigné; on répara les
murailles 8c on prépara tout ce qui étoit nécessaire pour soutenir un siège,
jusqu'à l'arrivée du secours qu'on envoya demander en France.
XXXVII. — Raimond refuse de secourir le sénéchal de Carcassonne contre
Trencavel, — Seigneurs de Save-^.
Les choses étoient dans cette situation, lorsque le comte Raimond, passant , "ifj '"''*''"•
à Penautier, vers la fin du mois d'août, le sénéchal de Carcassonne le pressa
de s'unir à lui pour combattre Trencavel Se ses associés. Le comte répondit
qu'il délibéreroit là-dessus avec son conseil, quand il seroit arrivé à Tou-
louse; il continua son chemin Se augmenta par cette conduite les soupçons
coup mieux connue qu'au dix- huitième siècle, général des anciens domaines de la maison de
grâce à la publication du rapport de Guillaume Béziers. |A. M.]
des Ormes à la reine Blanche, que nous pu- ' Guillaume de Puylaurens, c. 48. — Gesla Lii-
blioni au tome VIII (c. 1042 & suiv.), & grjce Jovici IX, ap. Duchesne, t. 5, p, 33.(. — Chro-
à un certain nombre de documents inédits.. On n'icon Sancti Mejardi Suessionenus, ap. d'Achéry,
peut voir au tome ^^II , la Nott' LI , où nous SpicUegium, t. 2, p. 797. — Albéric, Chronicon,
refaisons l'histoire de cette expédition, en mon- p. 1243. — Voyez tome VIII, Chartes, n. CCLVII,
trant qu'elle entraîna un soulèvement presque c. 1128, & n. CCCXVI, ce. iSpi, i3çz.
An 1 340
7:0 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV, XXV.
de son intelligence' avec Trencavel; il s'arrêta à Castelnaudary &t y donna,
le 1" de septembre, à Amanieu d'Albret l'investiture de tous les fiefs que le
père de ce seigneur possédoit en Agenois. Il étoit déjà arrivé à Toulouse
le 5 du même mois, & il reçut" alors dans son palais l'hommage de Bernard
81 de Fortanier de Comminges, fils de feu Bernard de Comminges, seigneur
du pays de Savez, qui le lui rendirent pour tout ce pavs, 8< pour tout ce
qu'ils possédoient dans le Toulousain, tant en leur nom qu'en celui d'Aymerf
leur frère, en présence de Bernard, comte de Comminges; Bernard, comte
d'Armagnac; Pons de Villeneuve, sénéchal de Toulouse, &c.
Bernard de Comminges, père de Bernard 8c de Fortanier qui rendirent cet
hommage au comte Raimond pour le pays de Savez, étoit, dit-on^, fils puîné
de Dodon, comte de Comminges; mais nous ne trouvons pas de preuve de
cette filiation. Il prenoit le surnom de Sainte-Foy, parce que c'étoit le chef-
lieu de son domaine. Il laissa plusieurs autres enfans de Blanche d'Hunaud
de Lantar, sa femme, qui lui survécut. Il disposa par son testament"* de tous
ses domaines en faveur de Bernard, Fortanier St Aymeri ses fils (JMnjor'uun
6" autcabadam prae aliis suisfratribits), avec substitution de l'un à l'autre. Se
donna par préciput à Bernard, qui étoit l'aîné, les châteaux de Montpezat
8t de Savignac, la milice de Quintal, 8<. trois autres châteaux à son choix.
Il légua à Roger, chanoine de Saint-Etienne de Toulouse, 8<. à Gaillard,
chanoine de Saint-Antonin de Pamiers, ses fils, six cens sols toulousains à
chacun, 8c une pareille somme pour poursuivre leurs études quand ilsseroient
parvenus à un âge compétent; quatre cens sols toulousains à Esquieu 8c
Raimond-Roger, ses autres fils, pour se faire religieux; trois mille sols mor-
lanois à Braïde, 8c deux mille à Navarre, ses filles, pour se marier, outre leurs
ajustemens. Enfin il choisit sa sépulture parmi les hospitaliers de Saint-Jean
de Toulouse, 8c leur légua son cheval de bataille &c l'armure de son corps
8c de son cheval, tant en fer qu'autrement, comme il convenoit à un che-
valier d'être armé, pour être employés outre-mer au service de Jésus-Christ.
Revenons à Trencavel.
XXXVIII. — Trencavel se rend maître du bourg de Carcassonne & assiège
la cité,
Trencavel ayant pratiqué-"' vme intelligence dans le bourg de Carcassonne,
les bourgeois promirent de le lui livrer. L'évêcjue de Toulouse 8c le sénéchal
de Carcassonne voulant d'un autre côté s'assurer de leur fidélité, les assemblè-
rent dans l'église de Notre-Dame, 8c les obligèrent à promettre par serment
sur les saints Evangiles, devant le Saint-Sacrement exposé sur le grand autel
' Voyez tome VIII, Chartes, n. CCXXX, c. loSç. * Château de Foix, caisse 7.
^ Manuscrits de Colhert, n. 1067. — [Cf. Teulet, ^ Guillaume de Puylaureiis, c. 4!). — Chronîcoii
t. I, pp. 432 &. suiv. d'après J. 014, n. 19, ori- Sancti Medardi Sucssionensis. — Chronicon Saticii
einal.J Pauli Nartone, ap. Catel, Histoire des comtes de
' Le V. \nsclme. Histoire gènéalogipte des grands Toîose, p. 171 & suiv. [Cf. tome V, c. 3p.]
offuierSj t. 2, p. 63o.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXV. 721
' An 1240
de la Vierge 8c devant les saintes reliques, qu'ils seroient fidèles à l'Église &
au roi, 81 à ceux qui étoient dans la cité. Le lendemain, jour de la Nativité
de la Vierge, on reçut des lettres du roi, qui promettoient d'envoyer un prompt
secours. L'évêque de Toulouse Si le sénéchal de Carcassonne firent part de
cet avis aux prélats & aux seigneurs qui étoient dans la cité; mais la nuit
même les conjurés introduisirent Trencavel 8< ses associés dans le bourg. Ce
vicomte permit aux ecclésiastiques qui s'étoient réfugiés dans l'église de se
retirera Narbonne,8i leur donna des lettres de sauvegarde; ce qui n'empêcha
pas qu'ils ne fussent assassinés à la sortie de la ville, 8< auprès des portes, au
nombre de plus de trente. Les seigneurs de Penautier se joignirent bientôt
après aux rebelles, malgré les sermens qu'ils avoient fait d'obéir au sénéchal.
Trencavel tenta aussitôt de se rendre maître de la cité de Carcassonne
contiguë au bourg. Dans cette vue, il fit attacher le mineur aux murailles,
mais les assiégés rendirent son travail inutile par des contre-mines. Les confé-
dérés attaquèrent ensuite un moulin, situé entre la cité 81 le bourg, 8c s'en
emparèrent après avoir tait passer au fil de l'épée ceux qui le gardoient; ils
firent diverses ouvertures aux maisons du bourg, 6c mirent tout en œuvre
pour tâcher de pénétrer dans la cité ; mais les assiégés se défendirent avec tant
de valeur, qu'ils soutinrent pendant plus d'un mois tous leurs efforts, jusqu'à
l'arrivée du secours que le roi avoit fait partir sur l'avis de ces troubles, après
avoir tenu un parlement ou assemblée à Bourges'.
XXXIX. — Le roi envoie une armée contre Trencavel, 6- le pays rentre dans
l'obéissance.
La plupart des anciens historiens^ ne mettent que Jean de Beaumont à la Éd.origin.
, . , T , t m, p. 4SJ.
tête de ce secours; mais les monumens^ du temp's nous apprennent que Geof-
froy, vicomte de Châteaudun, Henri de SuUi, Jean de Beaumont, chambellan
du roi, c'est-à-dire chambrier de France"*, Ferri Pasté maréchal de France,
6c Gui de Lévis, dit maréchal de Mirepoix, avoient le commandement des
troupes françoises que le roi envoya dans la Province contre Trencavel. Ce
vicomte, informé^ de leur approche, abandonna précipitamment, le 2 d'octobre
le bourg de Carcassonne, 8c après y avoir mis le feu en plusieurs endroits
8c en avoir fait retirer les habitans, il se réfugia avec ses associés dans le
château de Montréal.
L'armée françoise acheva de ruiner le bourg de Carcassonne, d'où elle alla'^
' Albéric, Chron'icon. absolument distinctes. Jean de Beaumont était
' Geitu Ludovici IX. — Guillaume Guiard) chambellan, & le camérier était, en 1240, Jean
p. i3">. de Nanteuil. Les continuateurs de Ducange ont
'Voyez tome VIII, Chartes, n. CCXXXII, commis la même erreur que dom Vaissete & mis
c. 1046 & suir. Jean de Beaumont au nombre des camériers de
* Le chef de l'armée royale paraît avoir été Jean France (v° Camerariuj). [A. M.]
de Beaumontj du moins les actes d» midi p.irlent '• Guillaume de Puylaurens. — Praeclara Fran-
toujours de l'arriTée de /ean </f fifaumont. Remar- corum facinora, p. |36. — Gesta Ludovici IX.—
quons ici l'erreur de dom Vaissete, qui confond le Chronicon Sancti Mcdardi.
camérier & le chambellan; ces fonctions étaient " Guillaume de Puylaurens,
VI. 46
"; 722 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXV.
An 1240 '
assiéger Trencavel dans Montréal; mais la vivacité de la défense étant égale
à celle de l'attaque, le siège traîna en longueur. Enfin les comtes de Toulouse
& de Foix s'étant rendus au camp, réglèrent la capitulation c[ui fut acceptée
de part & d'autre. Les assiégés eurent la liberté de se retirer avec armes 81
bagages; après quoi les généraux français s'assurèrent du château de Montréal.
Le vicomte Trencavel repassa les Pyrénées & retourna en Catalogne, où il
établit son séjour. Jean de Beaumont remit ensuite par la force, mais non
sans beaucoup de peine &. de travail, sous l'obéissance du roi, les autres
châteaux, dont pour abréger, ajoute un historien du temps', on omet de
rapporter les noms. Nous apprenons, d'ailleurs^, que les François reprirent
alors la ville de Montolieu, qu'ils la ruinèrent de fond en comble avec le châ-
teau, qu'ils assiégèrent 3, au mois de novembre, le château de Pierrepertuse,
situé vers les frontières du Pv.oussillon , & l'obligèrent à se rendre; que
Guillaume de Pierrepertuse & Gaucelin de Campendu, qui étoient du
nombre des rebelles, se soumirent le 16 de ce mois. Si qu'enfin le premier
remit aux généraux françois son château de Cugugnan, dans le diocèse de
Narbonne, & ses autres domaines.
XL. — Les seigneurs d'Anïort se soumettent au roi, qui unit parla au domaine
une partie du pays de Sault,
La ville d'AIet, qui s'étoit déclarée pour Trencavel, son ancien seigneur,
se soumit aussi alors au roi 8< lui prêta serment de fidélité. D'un autre côté,
Géraud de Niort ou Aniort, l'un des chels des conjurés, étant allé joindre
l'armée françoise à Dulhac, an-dessous de Pierrepertuse, fit ses soumissions
aux généraux, tant en son nom qu'en celui de sa mère, de ses frères, de ses
neveux & de ses associés, & leur remit ses châteaux de Niort, de Castelpor,
de la Bastide de Rochan & de Dourne, situés dans le pays de Sault, à con-
dition que lorsqu'il se seroit présenté devant le roi, ce prince, qui pourroit
garder ces châteaux, les lui restitueroit après que les nonces du pape l'auroient
réconcilié à l'Eglise, avec sa mère, ses frères, ses neveux & ses alliés, sans
qu'ils pussent être exilés les uns &. les autres, ni mis en prison, & que le roi
s'employeroit à lui procurer cette réconciliation. « Et en cas, dit Géraud, que
« le roi ne l'ait pas obtenue à la Pentecôte prochaine, ce prince me rendra
« alors mes châteaux ik m'accordera un mois de trêve. »
Les généraux français, après avoir ratifié ce traité, reprirent la route de
France, Se emmenèrent avec eux le même Géraud de Niort, qui leur promit
de nouveau, à Issoire en Auvergne, le i3 de décembre suivant, que si de ce
jour-là juscju'à quinze jours après Pâques ses frères venoient à s'échapper de
la prison du roi, il seroit obligé de les représenter morts ou vifs, à peine de
confiscation de ses châteaux. Le roi approuva ce traité au mois de janvier
■ Gfsta la^/ovi'c; 7X. [Guillaume de N.mgls.] ^ Voyez tome VIII, Chartes, n. CCXXXII,
' Voyez tome VIII, Chartes, n. CCLVII, c. 1 1 28. c. 1046.
An 1241
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XXV. 728
de l'an 1241, &C garda cependant les châteaux de la maison de Niort; il fit
donner en échange à Géraud une rente annuelle sur le trésor royal, & lui fit
rendre, au mois de décembre de l'an 1248, les revenus de tous ses domaines,
situés tant dans la plaine du diocèse de Carcassonne que dans les montagnes
du pays de Fenouillèdes, à condition que lui 8t ses frères n'habiteroieiit pas
dans le pays Se que leurs châteaux demeureroient sous sa main. Hugues d'Arsis,
sénéchal de Carcassonne, exécuta ces ordres en 1244. Deux ans après', le roi
ordonna à Jean de Cranis, successeur d'Hugues d'Arsis, de rendre à Bernard-
Othon, Guillaume & Guillaume-Bernard d'Aniort, frères de Geraud, le village
de Paraza, pour en jouir tant qu'il le jugeroit à propos, & il s'engagea vers le
même temps de rendre dans cinq ans la Bastide de Beauvoir en Lauragais à ^^{l[°'''^'"u
Pvaimond d'Aniort^. Enfin, Géraud d'Aniort étant mort en 1256^, le roi ne
se crut pas obligé de rien donner àses frères, parce qu'il n'avoitpas traité avec
eux, & il ordonna à son sénéchal de Carcassonne de saisir 81 de garder tous
les domaines qui leur avoient appartenu; c'est ainsi qu'une grande partie du
pays de Sault, portion de celui de Fenouillèdes, fut réuni à la couronne'^.
Jean de Beaumont St les autres généraux françois étant arrivés à la Cour,
après avoir terminé leur expédition contre Trencavel, & vaincu les apostats
albigeois, suivant l'expression d'un historien du temps^, le roi rendit à Dieu
des actions de grâces pour une victoire si signalée. Un autre historien''
remarque que l'hiver de cette année fut si rude, qu'il eût été fort dangereux
pour l'armée françoise de séjourner plus longtemps dans le pays.
XLI. — Le comte Raimond fait un voyage à la Cour, 6" traite avec le pape
contre l'Empereur.
Raimond, comte de Toulouse, se rendit'^ quelque temps après à la cour.
Avant son départ 8, il reçut, le 5 de décembre de l'an 1240, l'hommage de
Pierre, vicomte de Lautrec, pour le château de la Bruguière, dans le Toulou-
sain', & donna, trois jours après, le bail de la nouvelle monnoie de Toulouse
■ Archives du domaine de Carcassonne. — Ma- * Une charte de i 145 (tome V, c. 1077) semble
nuscrits de Colhert , n. 26Û9. même faire des seigneurs de Niort une branche
' C* Raimond d'Aniort ou mieux de Niort, re- de la famille des vicomtes de Sault. Par cet acte,
paraît dans un mandement de Louis IX, d'avril Guillem d'Alaigne, vicomte de Sault, achète de
ou mai 1247 (Cf. tome VIII, ce. i 193-1194) Mo- son neveu Uzalger, fils de Gila, une partie du
lesté par Olivier de Termes, par Jean d'Arcis, territoire de Niort & tous ses droits sur la vicomte
châtelain de Cabriéres, & Tibaud de Corbeil, il de Sault. Cet Uzalger paraît avoir été seigneur de
se rendit à la Cour 8c obtint du roi un ordre au Niort. [A. M.]
sénéchal pour lui faire justice. Louis IX ordonna ' Gesta Lu(tx>v'tc'i IX, p. 334.
en même temps à son bailli de faire rendre au ° Guillaume de Puylaurens, c. 43,
plaignant deux mas à Lézignan, à lui enlevés ' liid, c. 44.
par Pierre des Voisins, un péage dont l'avait dé- ' Voyez tome VIII, Chartes, n. CCXXX, ce. 1039
pouillé Hugues d'Arcis, jadis sénéchal, & de le & 1040.
faire absoudre de l'excommunication dont l'ar- 'Le 20 décembre 1240, le comte Raimond VII
chevèque de Nar bonne l'avait injustement fra ppé. était encore» Agen. A cette date il décida, de con-
[A. M.] cert avec les prud'hommes de la Rivière (pays ri-
' Voyez tome VIII, Chartes, n, CCXXXIII, verains de la Garonne), de percevoir au port de
C. 1047 & suiv. Marmande une taxe, dite collecte, de quatre sous
~ 724 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXV.
Au 1241 ' '
pour être fabriquée du poids de dix-sept sols. 11 se persuada enfin qu'il ne
seroit jamais bien avec le pape Grégoire IX, tandis qu'il soutiendroit le parti
de l'empereur Frédéric, &<. voyant d'ailleurs que les ecclésiastiques profitoient
de sa désunion avec le Saint-Siège pour lui susciter tous les jours de nou-
velles affaires, il résolut enfin d'abandonner ce prince pour embrasser le
parti de Grégoire. Dans ce dessein, il convint d'un traité' avec le cardinal
Jacques, évêque de Palestrine, légat du Saint-Siège, & lui promit par serment
« d'obéir entièrement aux ordres du pape, de l'Eglise romaine 8c du légat, &
« d'aider l'Eglise romaine fidèlement & puissamment, spécialement contre
« Frédéric, dit empereur, & ceux qui soutenoient le vice de son élection. » Il
donna pour ses garans Roger-Bernard, comte de Foix, & Arnaud Othon,
vicomte d'Auvillar, ses vassaux, avec les consuls de Toulouse, d'Agen S<. de
Montauban. Il leur écrivit de Clermont en Auvergne le !*=■■ de mars, dans le
temps qu'il étoit en chemin pour la Cour de France, & leur ordonna de faire
un pareil serment, en son nom, entre les mains de l'évêque d'Agen, que le
légat avoit commis pour le recevoir. Il s'engagea de plus^ de se trouver avec
l'évêque de Toulouse au concile que le pape avoit convoqué à Rome contre
Frédéric.
Raimond ayant joint le roi à Montargis, lui promit^ par serment, le
14 de mars, comme à son seigneur lige, de le servir envers tous Si contre tous;
de faire la guerre de bonne foi aux ennemis de ce prince dans les pays
d'Albigeois; de détruire, quand il en seroit requis, tous les châteaux qu'il
avoit fait construire depuis la paix de Paris; de démolir celui de Montségur
aussitôt qu'il pourroit s'en rendre maître; de chasser de ses Etats Xq^ proscrits
(faiditos) 6c les ennemis du roi, Si d'aider à les chasser des domaines de ce
prince; de lui faire prêter serment par ses sujets, conformément au traité de
Paris, quand il en seroit requis; 8c enfin de laisser entre ses mains pendant
deux ans, à compter depuis la fête de Pâques prochaine, les châteaux qu'il
lui avoit livrés par ce traité; il fit toutes ces promesses, sauf les articles 8c les
conventions du même traité'^.
arnaudins par tonneau de vin pour payer leurs & Tholin, ut supra, -p. 5i & suiv.). C'est proba-
créances à Gaillard Colomb & autres baviqiiiers de blement aux démêlés amenés par cette créiince
Bordeaux. Il fut stipulé que les premières recettes qu'il faut attribuer une longue guerre qui avait
serviraient à payer les trente mille sous avancés divisé les habitants de la Réole & leurs voisins
auxdits créanciers par les bourgeois de Moissar, des Etats de Raimond VII, guerre sanglante,
Marmande, le Mas, le Port-Sainte-Marie, Agen, dont plusieurs chartes du même recueil ont con-
Castelsarrasin & Montauban (Cf. tome VIII, serve le souvenir (Cf. iiitl. p. 3i & suiv.), & qui
ce. lo5i, loSz). En effet, le 27 avril précédent, avait duré plusieurs années (i:34 à iiip). II
plusieurs de ces communautés s'étaient engagées est à croire que Raimond VII avait contracté ces
à payer à Gaillard Colomb & à ses associés la obligations pour payer les lourdes indemnités
somme de deux mille marcs (Cf. Magen & Tholin, que lui avait imposées le traité de iiay, fA. M.J
Chartes d'Agen, t. i,pp. 49-^0). Cet accord per- ' Voyez tome VIII, Chartes, n. CCXXXIV,
mit au lieutenant du sénéchal de Gascogne de ce. iciiz, io53.
donner un sauf-conduit à tous les habitants ' Guillaume de Puylaurens, c. 44.
d'Agen qui viendraient négocier à Bordeaux & à ' Voyez tome VIII, Chartes, n. CCXXXV,
la Réole, & ce sauf-conduit fut approuvé par le ce. ioô3, loiij.
principal intéressé, Gaillard Colomb (Cf. Magcn ^ Nul doute que le roi n'ait exigé ce serment de
IIISTOÎRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXV. 7-5 "~;
' An 1240
XLII. — Raimond fait la paix avec le -comte de Provence.
Le comte de Toulouse dissipa par ce serment tous les soupçons que le roi
pouvoit avoir conçus de sa fidélité; 8c pour en donner de plus grandes
preuves, il se réconcilia alors avec Raimond-Bérenger, comte de Provence, qui
avoit envoyé des ambassadeurs au roi son gendre, pour le prier d'interposer
ses bons offices, afin que ce comte cessât de lui chercher querelle. Le roi avoit
écrit en conséquence à Raimond pour le porter à épargner Raimond-Bérenger;
Si le roi d'Angleterre', avec son trère Richard, lui ayant fait la même prière,
ce prince, qui n'avoit plus rien à ménager avec l'Empereur, se rendit aisé-
ment à leurs instances 8t conclut la paix avec Raimond-Bérenger.
XLin. — Le vicomte de Narbonne £,> divers seigneurs se soumettent au roi,
Amalric, vicomte de Narbonne*, accompagna le comte de Toulouse à la
Cour de France, & promit aussi au roi par serment, le i5 de mars, comme à
son seigneur lige, de le servir envers tous & contre tous, de faire la guerre à
ses ennemis d'Albigeois, de lui livrer ceux de ses châteaux qu'il lui feroit
demander, S<c. Enfin, Olivier de Termes^, Pierre de Cugugnan, Bérenger
son frère 8< quelques autres seigneurs du parti de Trencavcl, qui ne s'étoient 'j'j'j "''S'"/
pas encore soumis, allèrent trouver le roi à Pontoise au mois de mai, S< pro-
mirent d'obéir à ses ordres.
XLIV. — Ligue entre le roi d'Aragon (y le comte de Toulouse. — Evêques
de Béliers. — Baronnie de Castelnau de Bonajbus. — iMonnoie d'Albi.
Le comte Raimond demeura peu de temps à la cour, à cause qu'il avoit
promis de se trouver à Rome au concile que le pape y devoit tenir après
Pâques. Il prif* la route de Marseille, suivi de l'évèque de Toulouse, dans
le dessein de se mettre en mer. Le cardinal Jacques, évêque de Palestrine,
Raimond VII, à cause de sa conduite plus que inond VII avec la Cour de France peut paraître
suspecte lors de la récente tentative de Trencavel. en certains cas peu loyale; mais il suffit de se
En effet, le seigneur féodal pouvait réclamer de rappeler la manière dont on l'avait traité, en
son homme lige un nouveau serment en cas de 1229, pour lui trouver plus d'une excuse. [A. M.]
soupçon de trahison; telle était du moins la ' Matthieu Paris, année 1 241.
coutume bien établie dans l'Ile de France, au " Voyez tome VIII, Chartes, n. CCXXXV,
treizième siècle. D'autre part, il est bien certain ce. 10.04, 'o5j.
qu'en refusant de secourir le sénéchal de Carcas- ^ Reglstrum cur'iac Franciae. — On peut voir ces
sonne, en 1240, Raimond VII avait commis un serments publiés d'après les originaux dans Teu-
acte peu conforme à son serment de fidélité. De- let, t. 2, p. 449. Le même auteur donne : 1" la
puis déjà longtemps il préparait son soulèvement promesse d'Olivier de Termes pour le château
de 1242; il semble même que ce soit pour s'assu- d'Aguilar & pourtous ses domaines, qu'il soumet,
rer un appui qu'il ait cherché à se rapprocher haut & tas, à la volonté du roi; 2° une promesse
de Frédiric II; voyant que celui-ci ne pouvait analogue des seigneurs de Cugugnan (/i/.-/. p. 4.O0)/
l'aider, il finit par l'abandonner & chercha à ob- [A. M.)
tenir l'appui de Grégoire IX. La conduite de Rai- ^ Guillaume de Puylaurens, c. 44.
An ,j,, 726 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXV,
M'
légat du Saint-Siège, avec divers prélats François & espagnols, les avoient
précédés, 8c après s'être ejnbarqués au port de Nice, ils étoient arrivés à
Gênes. Le comte de Toulouse, à son passage à Lunel, y rencontra Jacques,
roi d'Aragon, qui s'y ctoit rendu pour contérer avec lui. Jacques étoit arrivé
à Montpellier dès le 12 de mars de cette année'. Il y termina alors, par la
médiation de Bernard, évêque de Béziers, les différends qu'il avoit avec Jean
de Montlaur, évêque de Maguelonne, touchant la justice de Montpellier &
de Montpelliéret, le cens des juiis & les autres droits de leurs domaines. Il fut
dit entre autres, dans l'accord qu'ils passèrent ensemble, qu'on n'appelleroit
jamais à l'évêque des sentences rendues par le roi ou ses lieutenans dans la
cour de Montpellier. Ce prélat céda au roi Jacques tous les droits qu'il pré-
tendoit sur le consulat de cette ville, l'exercice de la justice criminelle dans
ses propres domaines, 8tc., & le roi reçut tout cela en fief de l'évêque.
Bernard de Cuxac, évêque de Béziers, qui moyenna cet accord, mourut le
23 de janvier^ de l'année suivante. On voit, en effet, que le siège épiscopal
de Béziers étoit^ vacant le 26 de janvier de Van 1242 de la Nativité, par
vine protestation que les chanoines de la cathédrale de Narbonne firent ce
jour-là, contre Pierre leur archevêque, en cas que ce prélat voulût confirmer,
sans leur participation & au préjudice de leurs droits, l'évêque de Béziers
qui devoit être élu. Cette élection tomba sur Pv.aimond de Vallauquez, d'une
ancienne maison du pays'*.
Le roi d'Aragon & le comte de Toulouse, dans l'entrevue qu'ils eurent à
Lunel, convinrent^, le 18 d'avril de l'an 1241, du traité suivant : 1° Ils se
liguèrent envers tous & contre tous, pour la défense de la foi catholique 8t
de l'Église romaine, nommément contre les hérétiques & tous les autres}
excepté de la part du roi contre le roi de Castille & le comte de Provence,
&. de la part du comte contre les rois de France Se de Castille; 2° le roi
d'Aragon promit à Raimond d'agir fortement à la cour de Rome pour engager
le pape à lever la sentence d'excommunication & d'interdit qui avoit été
' D'Achéry, Spicilegium, t. lo, p. 181 & seq. que rinltiaU, & à ne mettre qu'un évêque entre
' Gallia Chrlstiana, t. 2, c. 48, & nov. éd. t. 6. Bernard de Cuxac & Raimond de Salle. [A. M.]
5 Voyez tomeVIII, Chartes, n. CCXLII, c. 1080. '' Manuscrits de Cotslin, n. 686. — Cf. tomeVIII,
* Le nouveau Gallia Christiana , & avec lui ce. loaS à io58, où nous donnons cette pièce d'a-
M. Mabille (tome IV, p. 266), ne donne pas Rai- près l'original du Trésor des chartes. — Cette
mond de VaiUiauquez pour successeur immédiat convention donna lieu à la rédaction de deux
à Bernard de Cuxac. Ils placent entre ces deux actes: l'un, du 19 avril, traité d'alliance entre les
prélats trois autres évéquesj le premier du nom deux princes envers & contre tous, sauf les rois
duquel on ne connaît que l'initiale R., archi- de Castille & de France & le comte de Provence;
diacre de Saint-Nazaire, élu peu avant le 17 fé- l'autre, du 28 avril suivant, convenant d'une trêve
vrier 1243. Un second. P., qui souscrivit au concile . entre eux, leurs hommes & leurs royaumes, pour
de Narbonne de 1244; un troisième, Raimond de deux ans. Quant à la clause relative au mariage
Salle, dont le nécrologe de Saint-Nazaire place la du comte Raimond avec la fille du comte de Pro-
mort au 20 juillet 1247 (voyez tome VIII, c. 260). vence, elle se trouve dans l'acte du 5 juin, ou
Comme ce dernier texte dit qu'il occupa le siège plutôt du 6 juin 1241, passé à Montpellier, &
deux ans, cela reporte son élection au milieu de que dom Vaissete indique plus bas, d'après Zu-
1245. Nous serions d'ailleurs assez disposé à iden- rita [A. M.]
tifier ces deux évèques obscurs dont on ne connaît
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXV. 7^7
' ' An iîi)!
lancée contre sa personne & ses domaines, Se pour obtenir la dispense néces-
saire afin qu'il pût épouser Sancie, fille du comte de Provence. Le lendemain,
19 d'avril, Raimond reconnut', sous certaines conditions, tenir en fief de
Durand, évêque d'Albi, le château de Bonafous en Albigeois, que Sicard
d'Alaman tenoit en fief de lui-même. Barrai de Baux &. divers autres seigneurs
furent présens à cet acte avec Gui Fulcodi, dont le nom paroît ici pour la
première fois : le comte de Toulouse l'employa depuis dans diverses affaires,
£< il parvint enfin à la papauté sous le nom de Clément IV.
C'est au même Sicard d'Alaman que le château de Bonafous doit son ori-
gine. Ce n'étoit auparavant qu'un lieu ^ désert inhabité, appelé le Pit'i de
Eonafocens, que le comte Raimond inféoda à ce seigneur, sous l'albergue de
cent chevaliers, 5c le service militaire de deux chevaliers & trois sergens, à
condition qu'il y construiroit un château ou une ville. Ce château fut des-
tiné' quelques années après par Raimond pour la fabrique des raimondens
d'Albi, monnoie qui devoit avoir cours dans l'Albigeois, le Rouergue & le
Querci, S< dont le comte, l'évêque d'Albi 8t Sicard d'Alaman partagèrent le
profit. On l'appela dans la suite Castelnau de Lévis, parce qu'il passa dans
une branche de la maison de Lévis. C'est une des baronnies dont les seigneurs
entrent tous les ans aux Etats de la Province.
XLV. — Divers prélats de la Province tombent entre les /nains de l'Empereur.
Evêques de Nimes.
Tandis ([ue Raimond'* conféroit à Lunel avec le roi d'Aragon, l'évêque de
Toulouse, qui étoit à sa suite 8<. qui devoit l'accompagner en Italie, s'avança
jusqu'à Beaucaire. Il y rencontra divers prélats françois qui, n'ayant pu
s'embarquer pour aller au concile & qui, n'osant s'exposer à faire le chemin Éd.origin.
par terre, de peur des embûches que l'empereur Frédéric leur avoit dressées,
s'en retournoient chez eux. La crainte de tomber entre les mains de ce
prince, qui faisoit tous ses efforts pour empêcher la tenue du concile, n'arrêta
pas l'évêque de Toulouse : il poussa jusqu'à Aix 8c se rendit à Marseille,
avec plusieurs évêques 8c abbés, pour y attendre une occasion favorable de
faire le trajet. Raimond, à qui la ville de Marseille étoit soumise, l'y joignit
bientôt après. Ils étoient résolus de se mettre au plus tôt en mer avec les pré-
■ Tome VIII, Chartes, n. CCXXXVI , ce. io58, chevauchée & l'ost, dans le diocèse d'Albi. Il np-
loip. prouve d'avance toutes les coutumes que ledit Si-
' Archives de l'évéché d'Albi. — Voyez cette card pourrait accorder aux futurs habitants de la
charte dans Compayré, £iuiej AiJloriyaej, pp. 3 12- nouvelle ville. Ces coutumes, qui sont datées du
3i3. Elle est datée de Toulouse, i5 janvier 1234 11 mai izHô, ont été publiées dans le même ou-
(v. st.). Par cet acte, Raimond Vil donne en fief vrage, pp. 3i3 à 32o. Elles sont en langue vul-
à Sicard Alaman le pays de Bonafous, dont il gaire. [A. M.]
énojice les limites, avec permission d'y élever une ' Tome VIII, Chartes, n. CCLXXX , ce. 124Ô,
ville, dont Sicard & ses successeurs percevront tous i 247.
les revenus; le comte ne se réserve qu'une albergiie ■* Guillaume de Puylaurens, c. 44. — Matthieu
annuelle de cent chevaliers montés, 8c le service Paris. — Raynaldi, année 1241, n. 53 & suiv.
de deux chevaliers & de trois fantassins pour la
I. UI, p. 425.
An 1Z41
728 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXV.
lats qiiî s'y étoient rassemblés, lorsqu'ils apprirent que l'Empereur, qui avoit
armé une puissante flotte, s'étoit saisi le 3 de mai, après un- rude combat,
de la plupart des vaisseaux sur lesquels les évêques qui étoient à Gênes
s'étoient mis pour passer à Pvome; Si cette nouvelle les 'fit renoncer au des-
sein de s'embarquer. Entre les prélats cjui étoient sur les vaisseaux génois,
quelques-uns eurent le bonheur de se sauver, entre autres l'archevêque d'Arles
&. l'évêque du Puyj mais le plus grand nombre tomba entre les mains de
Frédéric, savoir : l'évêque de Palestrine, légat du Saint-Siège; les archevêques
de Rouen, Bordeaux, Auch & Besançon; les évêques de Carcassonne, Agde,
Nimes, &C., que l'Empereur fit conduire prisonniers dans le ro\aume de
Naples'. Ce prince relâcha quelque temps après, à la prière du roi^, tous les
évêques François; mais Arnaud, évêque de Nimes, St. quelques autres étoient
déjà morts durant leur captivité. Arnaud décéda à Avellino, dans la terre
de Labour^, 6c fut d'abord inhumé dans la cathédrale de cette ville; son
corps fut porté dans la suite dans celle de Nimes. Pvaimond fut élu à sa place.
XLVI. — Le comte Raïmond fuît hommage de Beaucaire
à l'archevêque d'Arles.
Le comte 6< l'évêque de Toulouse"*, ayant perdu toute espérance de passer
en Italie, prirent la route du Rhône. Le premier alla faire un tour dans son
marquisat de Provence, Se étant à Cavaillon^, dans la chambre de l'évêque
de cette ville, le 3o de mai de l'an 1241, il v déclara, en présence des évêques
d'Albi, de Carpentras 6c d'Orange, à Jean, archevêque d'Arles, qu'il tenoit
de lui en fief, 6<. de l'église d'Arles, le château de Beaucaire 6c la terre
d'Argence. Ensuite il fit hommage pour tous ces fiefs à ce prélat, qui lui en
donna l'investiture, avec promesse de l'aider de tout son pouvoir à les recou-
vrer, Se à les conserver, de faire une vive guerre, Si d'y employer tous les
moyens spirituels 6c temporels.
XLVIL — Nouveau traité entre Raïmond, le roi d'Aragon &- le comte de
Provence. — Le premier répudie Sancie d'Aragon, sa femme, pour épouser
Sancie, file du dernier.
II paroît par là que Raimond avoit formé le dessein de recouvrer les anciens
domaines de sa maison situés à la droite du Rhône, qu'il avoit cédés au roi
' Le 3i juillet 1241, le p^pe écrivit aux prélats reproche durement à Frédéric II sn conduite en-
prisonniers pour les consoler de leur innlhcur vers ses fidèles & le menace de son inimitié.
(Potthast, n. iioôo). Dans cette lettre il nomme [A. M.)
les évêques de Nîmes, Carcassonne & Agde. ' Voyez tome V, Chroniques, c. 3o. — GiUia
[A. M.] Christiana, t. 3, c. 779.
' La lettre écrite à l'Empereur par Louis IX, à ■* Guillaume de Puylaurens, c. 44.
cette occasion, est donnée par Guillaume de Nan- ' Tome VIII, Chartes, n. CCXXXVI, ce. loôj,
gis dans sa Vie de saint Louis {Hist. de France, 1060.
t. 20, p. 332), Elle est assez hautaine, & le roi
An lî-ji
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XXV. 729
par le traité de Paris de l'an 1229, car la ville de Eeaucaire & le pays
d'Argence étoit de ce nombre, à moins que rarchevê(|iie d'Arles, qui se pré-
tendoit suzerain de ce dernier pays, ne crût être en droit d'en disposer à son
gré'. Quoi qu'il en soit, Raimond cimenta peu de temps après d'une manière
encore plus forte, la ligue qu'il avoit déjà tormée avec Jaccjues, roi d'Aragon,
qu'il alla joindre à Montpellier. Il conclut avec lui & avec Raimond-
Bérenger, comte de Provence, qui s'y étoit rendu de son côté, un nouveau
traité daté du 5 juin^. Ils convinrent : 1° que le roi Jacques, Raimond Gau-
celin, seigneur de Lunel., Si un chevalier nommé d'Albèse^, seroient garans
envers Raimond-Bérenger, comte de Provence, que ce prince engageroit la
reine Sancie (d'Aragon), femme de Raimond, à demander elle-même son
divorce avec ce comte, devant les juges délégués par le Saint-Siège; & supposé
qu'elle le refusât, que le même comte de Provence la feroit sortir de ses
Etats où il l'avoit retirée, lui ôteroit tout ce qu'il lui avoit donné, & ne lui
fourniroit plus rien dans la suite; 2° que Raimond solliciteroit de son côté
son divorce, Si donneroit à Sancie, au lieu de dot, mille marcs d'argent une
fois payés, outre cent marcs de pension annuelle pendant la vie de cette
princesse. L'évêque de Toulouse, le comte d'Ampurias, ikc, furent présens à
ce traité.
Le roi d'Aragon & le comte de Provence abandonnèrent ainsi les intérêts
de Sancie^ leur tante, sœur de feu Pierre, roi d'Aragon, que Raimond VII,
comte de Toulouse, qui en étoit séparé depuis longtemps, résolut alors de
répudier dans les formes, pour épouser Sancie de Provence, dans l'espérance
d'avoir de cette dernière des enfans mâles qui pussent lui succéder, &. d'exclure
ainsi, du moins de la plus grande partie de sa succession, Jeanne sa iîlle, t.'in°p'.»^"i.
femme d'Alfonse, frère du roi.
Raimond crut réussir d'autant plus aisément dans cette affaire, que s'étant
ligué depuis peu avec Grégoire IX, contre l'empereur Frédéric, il se flatta que
ce pape lui accorderoit les commissaires qu'il demanderoit. Il obtint^, en
effet, Durand, évêque d'Albi, & le prévôt de Saint-Salvi de cette ville, qui
lui étoient entièrement dévoués, & qui eurent ordre d'examiner la validité de
son mariage avec Sancie & de porter sur cette affaire un jugement définitif.
Raimond ayant disposé toutes choses, se rendit avec les deux commissaires
dans l'île de la Vergne, située dans le Rhône, entre Beaucaire & Tarascon; 8t
là il prouva par témoins, devant plusieurs évêques qui s'y trouvèrent, que le
' Ce fait de l'inféodation de Beaucaire & de la Teulet, t. ::, pp. 4Ô^-4.'ir; acte du 6 juin li^l,
terre d'Argence ejt une preuve de plus de ce que d'après l'original, J. 587, n. 4. — Voyez plus haut,
nous avons annoncé plus haut. Les rapports entre p. 716.]
Raimond VII & la Cour de France devaient être ' Le véritable nom de ce seigneur est Alhcta, &
bien tendus pour qu'il se hasardât ainsi à contre- M. de Tourtoulon [Jacme I^', t. 2, p. 57, note),
venir formellement au traité de 1229, qui avait identifie ce personnage avec Albeta de Tarascon,
cédé au roi le château de Beaucaire, devenu chef- conseiller de Ramon Bgrenger, & plus tard de
lieu d'une sénéchaussée royale. [A. M.] Charles d'Anjou. [A. M.]
" Guillaume de Puylaurens, c. 44. — Zurita, * Voyez tome VII, Note XXXV, p. 104.
AnaUi de la corons de Aragon, 1. 3, c. 3p. [Cf. ' Guillaume de Puylaurens, c. 44.
~ 7 3o HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XXV.
/in 12^1 '
comte Raimond VI, son père, avoit tenu Sancie d'Aragon sur les fonts, 8c
qu'il n'avoit pu par conséquent l'épouser. Cette comtesse, qu'on fit compa-
roître dans l'assemblée, accompagnée du roi d'Aragon & du comte de Pro-
vence ses neveux, n'opposa qu'un profond silence au témoignage de ceux qui
déposèrent contre ses intérêts. Les deux commissaires rendirent aussitôt une
sentence de divorce & cassèrent son mariage avec Raimond. Sancie alla
ensuite établir sa résidence au château de Padernes, dans le Venaissin, dont
ce comte lui céda' la jouissance pour sept mille sols raimondens de rente
viagère qu'il s'étoit engagé de lui payer. Elle y vivoit encore au mois de mai
de l'an 1246, & elle y mourut^ vers la fin de l'an 124g.
L'évêque de Toulouse, qui jusqu'alors avoit toujours suivi le comte Rai-
mond, ne se trouva pas à l'assemblée de la Vergne : il demeura à Beaucaire,
quelque prière que lui fît ce prince d'y assister, afin de ne pas participera la
sentence de divorce, parce qu'il tenoit pour suspects les témoins qui déposè-
rent dans cette affaire. Le roi, le comte Alfonse, son frère, & la comtesse
Jeanne de Toulouse, femme de ce dernier, en surent beaucoup de gré à ce
prélat & lui en témoignèrent depuis leur reconnoissance.
XLVIIL — Le roi dispose du Poitou, des pays d'Albigeois, &c., en faveur
d'AlJbnse, son frère, après l'avoir fait chevalier.
La Cour étoit alors ^ à Saumur-sur-Loire, oîi le roi tint une grande assem-
blée ou parlement à la Saint-Jeaia-Baptiste de l'an 1241. Il y fit la cérémonie
de donner la ceinture militaire"* au comte Alfonse, son frère, en faveur duquel
il disposa en même temps des comtés de Poitou & d'Auvergne, & des terres
d'Albigeois^, pour les posséder à perpétuité. Il lui donna par là tous les
domaines que le comte Raimond lui avoit cédés par le traité de Paris de
l'an 122g. Quelques auteurs modernes'' prétendent qu'Alfonse épousa alors
Jeanne de Toulouse; mais le mariage avoit été consommé quatre ans aupa-
ravant. Du reste, ce fut dans cette assemblée de Saumur qu'Hugues, comte
de la Marche, qui étoit devenu vassal d'Alfonse pour les fiefs qu'il possédoit
dépendans du Poitou, commença à faire éclater l'esprit de révolte qui l'ani-
' Tome VIII, Chartes, n. CCLXXIV, ce. i2o3, tenant compte du pouvoir de l'argent au treizième
1204. siècle, fait quelque chose comme neuf cent qua-
' Ih'ii. n. CCXCII, c. 1279. tre-vingt-cinq mille francs; somme énorme pour
' Gesta Ludoyicl IX, p. 336. — Albéric, Chro- l'époque. Ce fut, il est vrai, la fête la plus bril-
nicort, année 1241. lante du règne de saint Louis. — Au nombre des
^ Le récit de cette grande fête est donné avec nouveaux chevaliers créés à cette occasion, on
une foule de détails pittoresques par Joinville (éd. trouve Pons d'Olargues 8c Sicard de Murviel.'tous
de Wailly, 1874, pp. 55 à Sy). Cet historien y deux du Languedoc, qui reçurent des robes neuves
assistait & servait à table le roi de Navarre, comme & des chevaux. [A. M.]
sénéchal héréditaire de Champagne. Le compte '' Cette expression de terre d' Albigeois, ou bien
des dépenses faites par saint Louis à l'occasion de est une erreur d'Albéric de Neufmoutiers ou si-
cette fête a été publié par Boutaric (^Bihliothc^ue gniiîe simplement que le roi concéda à son frère
de l'Ecole des Chartes, t. 14, p. 22 & suiv.). Elles tous les droits que le traité de Paris lui assurait à
montèrent à cent quatre-vingt-dix-sept mille cin- la succession de Raimond VU. [A. M.]
quante-deux francs de notre monnaie, ce qui, en ' Voyez tome VII, Note XXXIII, pp. 96, 97.
An 12
4'
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXV, ySi
moit, révolte dans laquelle il entraîna quelque temps après le comte de
Toulouse, s'il ne l'avoit déjà fait alors. Ce dernier, après l'assemblée de la
Vergne', reçut à Lunel l'hommage de Roger IV, comte de Fois,
XLIX. — Mort de Roger-Bernard II, comte de Fo'ix. — Roger IV, son fils,
lui succède.
Roger venoit de succéder à Roger-Bernard deuxième du nom, comte de
Foix, son père, qui vivoit encore^ le 20 de mai de l'an 1241, Trois jours après,
R.oper-Bernard fit son testament 3, Il choisit sa sépulture dans l'abbave de
Boulbonne de l'ordre de Cîteaux,à laquelle il donna une somme, &. fit d'autres
legs à diverses églises. Il institua héritier Roger, vicomte de Castelbon, son fils,
légua à sa fille Esclarmonde sept cent cinquante marcs d'argent qu'il lui avoit
promis dans son contrat de mariage; à Cécile, son autre fille, trente mille
sols melgoriens, lorsqu'elle seroit parvenue à un âge nubile, & enfin à Ermen-
garde, sa femme, quarante mille sols pour sa dot & son augment. Il chargea
les religieux de l'abbaye de Boulbonne, qu'il fit ses exécuteurs testamentaires,
de payer cinq mille sols melgoriens aux abbés d'Aurillac 8c. de Figeac, & aux
consuls 8t aux bourgeois de ces villes, en réparation des dommages qu'il leur
avoit causés autrefois, lorsqu'il avoit fait prisonniers, durant la guerre,
Géraud, abbé d'Aurillac, & plusieurs des mêmes habitans. Il confirma, le
26 de mai ^ suivant, les donations que les comtes de Foix, ses prédécesseurs,
avoient faites à l'abbaye de Boulbonne; & étant mort peu de jours après ^ dans
ce monastère, après y avoir pris l'habit religieux & reçu les derniers sacre-
mens des mains de l'abbé, il y fut inhumé comme il l'avoit ordonné. Les , "i 1; ",'''''^'',';
religieux de Boulbonne exécutèrent sa volonté au mois de septembre suivant,
envers les abbés 8c les habitans d'Aurillac 8t de Figeac, qui quittèrent le
monastère de Boulbonne, l'âme de Roger-Bernard, comte de Foix, 8(. le comte
Roger, son fils, des dommages qu'il leur avoit causés. Nonobstant des dispo-
sitions si pieuses, sa mémoire fut recherchée^ plusieurs années après par les
inquisiteurs de la foi, qui firent tout leur possible pour engager le bailli de
Mazères, son ancien domestique, à l'accuser d'hérésie. Cet officier, qui avoit
assisté Roger-Bernard dans sa dernière maladie à Pamiers 81 à Boulbonne,
déposa qu'il étoit mort après avoir reçu tous ses sacremens, 8c qu'il ne savoit
pas qu'il eût jamais fréquenté les hérétiques.
Roger-Bernard deuxième du nom avoit succédé en 1228 à Raimond-Roger,
son père, 8c s'étoit déjà distingué dès lors par plusieurs actions de valeur durant
la guerre des albigeois. Il se rendit également recommandable dans la suite
par ses vertus civiles 8c militaires, qui lui méritèrent le surnom de grand. Son
' Guillaume de Puylaurens, c. 44. ■* Voyez tome VIII, Chartes, n. LXXI, c. 433.
■ Tome VIII, Chartes, n. CCXXXVII, c. 1061. 'Archives de l'abbaye de Boulbonne. [Voyea
' Marca, Histoire de Béarn, p. 761 & suiv. — tome VIII, Catalogue de Boulbonne, n. cxxvii.J
Archives de l'abbaye de Boulbonne. — Tome VII, « Tome VIII, Chartes, n. CCCXXXIX, c. 1481
Nojf XXIII, n. 3, p. 69. & suiv.
"; 73: HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXV,
An I 241 '
union avec le comte de Toulouse, son seigneur, lui attira divers anatlicmcs
Se la confiscation de tous ses domaines; mais il eut enfin le bonheur de les
recouvrer. 11 les transmit à Pvoger, son fils unique : il l'avoit eu d'Ermessinde,
héritière de la vicomte de Castelbon, qu'il avoit épousée en premières noces
en 1202. Il laissa encore de ce mariage Esclarmonde qui avoit épousé, en I23i,
Raimond, fils du vicomte de Cardone. Il eut d'Ermengarde de Narbonne,
sa seconde femme, qui lui survécut longtemps, Cécile qui épousa, en i256,
Alvare, comte d'Urgel, lequel répudia en même temps Constance de Mont-
cade, sa première femme.
L. — Roger fait hommage, à Lunely au comte de Toulouse.
Roger IV, comte de Foix, avoit déjà succédé à Roger-Bernard II, son père',
dès le mardi 4 de juin de l'an 1241. Il se rendit peu de temps après à Lunel,
où il fit hommage- le 27 de juin à Raimond, comte de Toulouse, pour tout
ce que lui Si ses prédécesseurs avoient tenu des comtes de Toulouse, spéciale-
ment pour le château de Saverdun Se les autres domaines situés en-deçà du
Pas de la Barre, dans le diocèse de Toulouse, que le même P^aimond avoit
rendus au comte Roger-Bernard, son père. Roger s'engagea le lendemain, en
renouvelant cet hommage, d'en rendre un semblable à Pvaimond, Se de lui
prêter le même serment de fidélité, s'il en étoit requis parce prince, lorsqu'il
seroit de retour dans le Toulousain. Maurin, abbé de Saint-Antonin de
Pamiers, accompagna Roger à Lunel, Si offrit à Raimond de l'associer au
pariage dont les abbés ses prédécesseurs étoient convenus pour la ville de
Pamiers avec les comtes de Foix, Si de le mettre à leur place^; mais Pvaimond
refusa généreusement cette offre, 81 persuada à Maurin de continuer ce
pariage avec Roger; il écrivit même à la Cour en faveur de ce comte, qui s'y
rendit bientôt après. Roger la rencontra à Orléans, où'' il fit hommage-lige
au roi, au mois de juillet de la même année, pour les châteaux qu'il possédoit
dans le diocèse de Carcassonne, avec promesse de ne pas les fortifier sans sa
permission, de n'y pas recevoir les ennemis de l'Eglise, Sic. Enfin il renou-
vela'"', le 23 de juillet suivant, avec Maurin, abbé de Pamiers, le pariage dont
on a déjà parlé, en présence de Guillaume de Barrage, prieur de l'hôpital de
Saint-Rémi de Toulouse, Bertrand-Jourdain de Lille, Guillaume-Bernard
d'Asnave, Raimond de Durfort^, Sic.
' Tome VIII, Chartes, n. CCXXXVII , c. 1061 de Pamiers & leur avait promis de respecter leurs
& suiv. [Partage de droits à Foix entre le comte coutumes. (Cf. Ourgaiid, pp. 235 & suiv.) — Cet
ik l'nbbé de Saint-Volusien.] acte avance de trois jours la date de la mort du
' Tome VIII, Chartes, n. CCXXXVIII, ce. 1064 comte Roger-Bernard. (Voir plus haut.) (A. M.]
à ic68. — Marca, Histoire de Béarn, p. j66. '' En décembre 1241, le nouveau comte s'accorda
' Guillaume de Puyiaurens, c. 44. avec Pierre de Dalbs, abbé de Lézat (tome VIII,
^ Tome VIII, Charles, n. CCXXXIX, ce. 1066, c. 1068 & suiv.). Celui ci lui inféoda la moitié de
1067. tous les revenus du lieu de Lézat, dont les consuls
^ Château de Foix, caisses 4 8c 5, — Archives de durent être noinmés par les deux parties. Leurs
l'église de Pamiers. — Dès le 1"' juin 1241, le viguiers agirent de concert pour le recouvrement
nouveau comte avait reçu le serment des habitants des impôts. Le comte dut rétablir, respecter &
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXV. 733
LI. — Raimond envoie demander au pape la dispense pour son maria" e avec
Sancie de Provence. — Ce mariage se rompt.
Le comte de Toulouse, quelque temps après avoir reçu à Lunel l'hommage
du nouveau comte de Foix, se rendit à Aix', où il concerta avec Jacques, roi
d'Aragon, 81 R.aimond-Bérenger, comte de Provence, les moyens d'achever
la conclusion de son mariage avec Sancie, fille du dernier. Ils convinrent
d'envoyer de concert une ambassade solennelle au pape Grégoire IX pour lui
demander la dispense de la parenté, sous prétexte que cette alliance étoit
nécessaire pour rétablir parmi eux une paix parfaite. Ils se croyoient si assurés
de l'obtenir, à cause que le pape leur avoit obligation, & paroissoit disposé
en leur faveur, que les ambassadeurs étant partis, 8<. Raimond ayant repassé
le R.hône, le roi Jacques, en qualité de procureur de ce comte. Sien son'nom,
épousa Sancie à Aix^ le 11 d'août de l'an 1241, conditionnellement cepen-
dant, 8c supposé que le pape accordât la dispense depuis ce jour jusqu'à la
Septuagésime prochaine. Sancie de Provence, de son côté, du consentement
du comte Pvaimond-Bérenger, son père, Si de la comtesse Béatrix, sa mère,
épousa sous les mêmes conditions Raimond, comte de Toulouse, en la per-
sonne de Jacques, roi d'Aragon, son procureur, en présence des archevêques
d'Arles 8< d'Aix, des évêques de Riez, Toulouse, Carpentras, &c.
Raimond étoit alors à Beaucaire, où il donna ^ le lendemain des coutumes
8c des privilèges à la ville 8c au château de Buzet, dans le Toulousain, en
présence de Gaillard, prévôt de l'église de Saint-Saivi, de maître Guillaume
de Puylaurens, notaire de Vévêque de Toulouse, de Raimond-Gaucelin, sei-
gneur de Lunel, &CC. Le roi d'Aragon 8c le comte de Provence furent cautions
envers les habitans de Buzet des coutumes que Raimond leur donna : preuve
qu'ils allèrent joindre ce prince à Beaucaire. Mais tous leurs empressemens pour
conclure au plus tôt le mariage "^ de Raimond avec Sancie de Provence furent
inutiles : les ambassadeurs qu'ils envoyoient à Grégoire IX apprirent à Pise
la mort de ce pape, arrivée le 20 d'août; 8c cet événement fit échouer leur
projet, parce que le siège pontifical vaqua pendant une vingtaine de mois.
Durant cet intervalle, Raimond projeta une autre alliance. Se Sancie de
Provence épousa Richard, frère du roi d'Angleterre.
faire respecter par tous l'ancienne immunité du merci. Les causes criminelles de la nouvelle ville
monastère, dont la charte énumère les bornes, furent jugées par le viguier du comte & par celui
protéger ceux qui iraient aux foires annuelles & de l'abbé. Le comte, pour tout le fief, dut payer
aux marchés hebdomadaires de Lézat, & prêter annuellement une albergue valant vingt-cinq sous
serment de fidélité à l'abbé. — Enfin, celui-ci de Morlas. [A. M.]
inféoda au comte le lieu de Saint-Ybars pour y ' Guillaume de Puylaurens, c. 44 & suiv.
élever une ville neuve, que l'on appela Sauveterre, ' D'Athéry, Spicilcgium, t. 8, p. 23 i .
&dont les revenus furent partagés également entre ' Registre 18 de la sinéchaussée de Toulouse,
les deux copariageants. On ne put y recevoir des f" 6.
hommes venant de Lézat. Le comte s'engagea à ■■ Guillaume de Puylaurens, c. 45.
construire sur la hauteur un château rendabîe à
A:l 1 2^ 1
Kd.origin.
t. III, p. 428.
~ 734 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXV.
An 1241 ' T
LU. — Raimond retourne à Toulouse, se ligue avec le comte de la Marche,
^ fait un voyage en Catalogne. — Seigneurs de l'Isle-Jourdain. — Vicomtes
de Gimoëj,
Raimond fit encore quelque séjour aux environs du Rhône, où il s'ac-
corda', le 27 du mois d'août, avec Bertrand, prévôt de la cathédrale d'Arles,
touchant les dommages qu'il avoit causés à cette église dans l'île de Camargue,
durant la guerre précédente. Il partit ensuite pour sa capitale & confia
pendant son absence le gouvernement du marquisat de Provence à Raimond
Gaucelin, seigneur de Lunel, qui acheta^, le 16 de février suivant, au nom
de ce comte, le château de Samnon pour vingt-cinq mille sols guillelmins,
par un acte daté de Montélimar.
Raimond, de retour à Toulouse, y reçut, le 2 de septembre de l'an 1241,
l'hommage^ de Raimond-Jourdain, jî/j de Jeu Odon de Terride, qui reconnut
tenir de ce prince toute la terre (ou vicomte) de Gimoëz, 8c tout ce qu'il
possédoit dans le diocèse de Toulouse, en présence de Bernard, comte de
Comminges. Ce seigneur étoit de la maison de l'Isle-Jourdain^ 81 cousin
germain de Jourdain V, qui en étoit alors le chef ^.
Ce dernier avoit succédé depuis peu, dans la seigneurie de l'Isle, à Bernard-
Jourdain III, son frère aîné, qui étoit mort sans entans mâles''. Se qui par son
testament choisit sa sépulture dans l'abbaye de Gimont. Il laissa par le même
acte à Englesie de Marestang, sa femme, cinq cens sols de Morlas, outre sa
dot, 8<. cent sols pour ses vêtemens; légua cent marcs d'argent à Alpays, sa
fille, par droit d'institution 6- d'hérédité, & fit son héritier universel Jour-
dain de l'Isle, son frère. Après sa mort, arrivée'' en 1240, Jourdain, qui fut
le quatrième seigneur de l'Isle de son nom, maria^ la même Alpays, sa
nièce, avec Géraud de Fourcez, 8c lui donna deux mille sols de Morlas en
dot. Hugues, évêque de Bigorre, Hugues de Pardeillan, père dudit Géraud,
Guillaume de Podanes, Bertrand 8c Raimond-Jourdain de l'Isle, Raimond
d'Alfaro 8c divers autres chevaliers furent présens au contrat de mariage, qui
est daté du 5 de mai de l'an 1244.
Le comte de Toulouse ayant formé le dessein ' de recouvrer les domaines
qu'il avoit été obligé de céder au roi par le traité de Paris, se ligua avec
' Trésor des chartes; Toulouse, sac 20, n. 3. — en Querci & sur les limites du Rouergue. Cf. Teu-
[J. 329, Teulet, t. 2, p. 455. — Le comte paya au let, t. 2, p. 455, d'après l'original, J. 314, n. 20.
prévôt une somme de deux cents livres tournois.] L'acte est du même jour, 29 septembre 1241.
" Trésor des chartes; Toulouse, sac 21, n. 191. [A. M.]
— [J. 33o; Teulet, t. 2, p. 464.] — Manuscrits Je ^ Cartulaire de l'Isle-Jourdain, aux archives du
Colbtrt, n. 1067. domaine de Montpellier.
' IhiJ. p. 260. — [J. 3i4; Teulet, t. 2, p. 455; ' ^'oyez tome VIII, Chroniques, c. 2c6. (Chro-
acte du 29 septembre & non du 2.] nique dite de Sabathier de la Bourgade. J
'' Voyez tome VII, Note XLII, p. 119. ' Cartulaire de l'Isle-Jourdain, ut supra.
" A cet hommage, il convient d'ajouter celui de ' Guillaume de Puylaurens, c. 45,
Fortanier de Gourdon pour plusieurs lieux situés
An I 24 1
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXV. ySS
Hugues de Lésignem, comte de la Marche, qui étoit mécontent de la Cour,
St qui pouvoit lui être d'un grand secours, à cause qu'il avoit épousé Isabeau,
comtesse d'Angoulême, mère d'Henri, roi d'Angleterre, avec lequel il étoit
fort lié. Il lui demanda sa fille en mariage, & conclut' avec lui, au mois
d'octobre de l'an 1241, une ligue offensive Si défensive contre le roi saint
Louis; mais il tint le traité secret jusqu'à ce qu'il fût^ temps d'éclater, & il
eut soin d'y faire entrer les rois de Navarre, de Castille & d'Aragon, & le
vicomte Trencavel. Pour se lier avec les deux derniers, il fit un voyage au
delà des Pyrénées & se rendit à Barcelone, où Trencavel, qui y avoit établi
sa demeure, se remit, lui, toute sa terre & ses vassaux, à la discrétion & à la
volonté de ce prince & du roi d'Aragon, par un acte^ daté du 17 d'octobre,
avec promesse de ratifier tout ce qu'ils détermineroient à son sujet, conjoin-
tement avec trois seigneurs qu'il nomma pour ses procureurs, & de rendre
hommage manuel au roi d'Aragon, suivant le for d'Aragon.
LUI. — Comtes de Commïnges.
Raimond ayant repassé les Pyrénées"^, Bernard, nouveau comte de Com- , "ifi '"''^'!,';
minges, lui fit hommage, le 4 de décembre suivant, 8c lui prêta serment de
fidélité pour les châteaux de Muret & de Samatan, 81 pour tout le reste des
fiefs qu'il possédoit dans le diocèse de Toulouse, en présence de l'évêque de
Comminges, de Roger, comte de Foix, de Jourdain & Bernard-Jourdain de
risle, & d'un grand nombre d'autres seigneurs. Bernard fut le septième comte
de Comminges de son nom. Il étoit fils de Bernard VI, qui mourut subite-
ment, étant à dîner ' à Lantar, le jour de Saint-André, 29 de novembre pré-
cédent. Bernard VI fut inhumé"^ dans l'abbaye de Bonnefont, de l'ordre de
Cîteaux, au diocèse de Comminges. Il laissa de Cécile de Foix, sa femme,
un autre fils, nommé Arnaud-Roger, qui fut successivement chanoine régulier,
prévôt & évêque de Toulouse, Si plusieurs filles, entre autres Mascarose, qui
épousa Henri II, comte de Rodez. On lui donne'' une seconde femme, nommée
Thérèse, dont on ne dit pas la maison; mais cette Thérèse étoit femme^ de
Bernard VII, son fils, lequel épousa en secondes noces Laure de Montfort.
LIV. — Raimond tombe dangereusement malade 6- reçoit l'absolution
de diverses sentences d'excommunication dont il avoit été J'rappé,
L'année suivante, le comte Raimond reçut à Castelsarrasin, le 12 de février,
l'hommage de Guillaume de Gourdon pour tout ce qu'il possédoit dans les
' Trésor des chartes; Poitou, sac 2, n. 5. — ' Guilhuiine de Puylaurens, c. i)5.
[J. 192; Teulet, t. 2, p. 4:17; acte du li octobre.] ° Voyez tome VIII, Chroniques, c. 214. (Chro-
— Guillaume de Puylaurens, c. 46. nuuie de Berdouez.)
' Philippe Moiiskes, p. 2o3. — [Éd. Reiffenberg, ' Le P. Anselme, Histoire généalogique des grands
t. 2, p. 677.] — Matthieu Paris, année 1242. officiers, t. 2, p. 672.
' Tome VllI, Chartes, n. CCXL, ce. 1067, 1068. » Voyez tome VIII , Chartes, n. CCXCVIII,
' /Ai'ii. n. CCXLl, ce. 1076, 1077. c. i3i2.
An 1242
~r~, 736 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXV.
diocèses' de Cahors & de Périgueux, dont ce seigneur lui fit donation entre
vifs, avec réserve de l'usufruit, à cause des services qu'il en avoit reçus, 6*
parce qu'il lui était lié par le sang (£■ vobis sum vinculo consanguinitatis
adstrictus). Il partit ensuite pour l'Agenois, & tomba ^ si dangereusement
malade, au château de Penne, qu'on désespéra entièrement de sa vie. Dans
cette extrémité, il appela dans sa chambre l'official d'Agen, le curé du lieu 8c
le chapelain du château, & leur demanda l'absolution des diverses sentences
d'excommunication dont il avoit été frappé : i° Pour les dommages qu'il avoit
causés durant la guerre, dans l'île de Camargue, à l'église d'Arles & aux
autres églises de Provence. 2° Pour ceux qu'il avoit causés à l'évêque de
Cavaillon, à son église 81 aux autres églises de la province d'Arles. 3° Pour
les griefs que l'évêque de Vaison & son église avoient contre lui, au sujet de
la ville Si du château de Vaison. 4° Pour le fait de l'église du Mas-d'Agenois,
qu'on prétendoit qu'il avoit dépoiiillée de ses droits. L'official d'Agen & ses
deux associés s'informèrent des médecins du comte, dont l'un professoit publi-
quement la médecine à Toulouse, s'il étoit effectivement en danger. Ils attes-
tèrent tous qu'il étoit en très-grand péril 5 ainsi l'official donna l'absolution
à Raimond, après que ce prince eut restitué à l'église du Mas-d'Agenois la
justice de cette ville, 61 promis par serment d'obéir aux ordres de l'Eglise
touchant les autres chefs pour lesquels il avoit été excommunié, d'extirper
l'hérésie, &.C. L'acte authentique qui en fut dressé est daté du 14 de mars de
l'an 1241 (1242), en présence de Bertrand, sénéchal d'Agenois, Raimond-
Gaucelin, seigneur de Lunel, 8ic. Raimond releva heureusement bientôt
après de cette maladie.
LV. — Raimond prend les armes contre le roi 6- entraîne divers comtes,
vicomtes 6- seigneurs dans sa révolte.
Ce prince ne s'étoit rendu vraisemblablement en Agenois que pour être
plus à portée de concerter avec Hugues, comte de la Marche, l'exécution des
projets qu'ils avoient formés contre le roi saint Louis. Hugues ne tarda ^ pas,
en effet, à lever l'étendard de la révolte, &, s'étant assuré du secours de
Henri, roi d'Angleterre, son beau-fils, il se mit en armes'*. Raimond, de son
côté, s'en retourna à Toulouse aussitôt après sa guérison, 8<. ayant assemblé^
ses principaux vassaux au mois d'avril, il leur communiqua ses desseins Se
leur demanda leur conseil 6; leur secours. Ils furent tous d'avis de prendre
' Manuscrits de Collert , n. 1067. — [J. 3o4, nombre de détails sur l'origine de cette révolte.
n. 7^; cf. Teulet, t. 2, pp. 463 & siiiv.) Elle ne nomme pas le comte Raimond VU; mais
" Voyez tome VIII, Chartes, n. CCXLIII, c. io83 dit que le roi d'Angleterre avait entraîné dans la
à 1087. toalition tous les seigneurs de Gascogne. Cette
' Matthieu Paris, année 1242. lettre a été publiée avec un commentaire liisto-
* Les intrigues du comte de la Marche & de sa riquc des plus intéressants par M. Delisle (fii*/<o-
femme Isabelle furent dénoncées à la reine Blan- thèijue Je l'Ecole Jes Chartes, t. 17, p. 5i3 &
che par un habitant de la Rochelle, dont nous suiv.). [A. M.]
ignorons le nom, mais dont la lettre fournit ° Guillaume de Puylaurens, c. 45.
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV, XXV. yS;
les armes 8i promirent de l'aider de toutes leurs forces. La promesse' que
Roger, comte de Foix, lui £t en cette occasion, le 5 d'avril de cette année,
est conçue en ces termes : « Sachent tous que nous, Roger, par la grâce de
« Dieu comte de Foix & vicomte de Castelbon, étant requis par vous, R.ai-
« mond, par la grâce de Dieu comte de Toulouse, notre seigneur, de vous
« donner conseil pour savoir si vous ferez présentement la guerre avec vos
« alliés au roi de France, pour recouvrer vos domaines; après avoir considéré
« très-attentivement de combien de pays le roi vous a dépouillé, & toutes les
« autres choses qui sont à considérer dans cette affaire, &, voyant que le
« temps approche, nous vous le conseillons de bonne foi. Si nous vous jurons
« sur les saints évangiles que nous nous joindrons à vous dans cette guerre,
« comme à notre seigneur lige, que nous vous aiderons contre ledit roi,
« 8c que nous vous défendrons de toutes nos forces. » Raimond ^ s'assura en
même temps du secours de Bernard, comte d'Armagnac, de Bernard, comte
de Comminges, d'Hugues, comte de Rodez, d'Amalric, vicomte de Narbonne,
du vicomte de Lautrec, d'Arnaud Othon, vicomte de Lomagne, de Raimond-
Gaucelin, seigneur de Lunel, Pons d'Olargues, Bérenger de Puyserguier &
plusieurs autres seigneurs du diocèse de Béziers; de Jourdain, seigneur de
l'Isle-Jourdain, des habitans d'Albi, 8cc. Bérenger de Puyserguier-* étoit fils
d'un autre Bérenger, mort en 1240 & inhumé dans la commanderie de Saint-
Jean de Campagnac, au diocèse de Béziers, où il s'étoit donné pour Jrère.
Parmi ces seigneurs il y en eut quelques-uns qui eurent la malice de pro-
mettre leur secours à Raimond, dans la vue de le perdre en le précipitant
dans la révolte^.
LVI. — Le comte de Toulouse sollicite les évêques de ses Etats à agir par
eux-mêmes contre les hérétiques , i/ appelle au pape des procédures des
inquisiteurs.
Le comte retourna en Agenois bientôt après, & la, pour faire voir qu'il
n'avoit aucune intention par ses démarches de favoriser les hérétiques, il
déclara"' publiquement à Arnaud, évêque d'Agen, le i" de mai de l'an 1242,
en présence de l'abbé de Saint-Maurin, du sénéchal d'Agenois, de Gaston de
Gontaud & de divers autres seigneurs, qu'il prioit instamment ce prélat,
dans le dessein d'extirper l'hérésie de tous ses Etats, d'exercer l'inquisition
dans le diocèse d'Agen en qualité d'ordinaire, & de commettre pour cela
quelques frères mineurs 81 prêcheurs ou autres ecclésiastiques; protestant
qu'il étoit prêt de l'aider lui Se ses délégués de toutes ses forces pour la pour-
suite des hérétiques; de faire exécuter les sentences qu'il rendroit contre
' Voyez tome VIII, Chartes, n. CCXLlV,c. 1087. de Foix, auquel Guillaume de Puyiaurens (c. 45)
* Guillaume de Puylauren», c. 4"). reproche amèrement ia trahison & qui obtint du
' Archives du domaine de Montpellier; Puis- roi de devenir vassal immédiat de la couronne, au
tourguier, n. 1. préjudice du comte de Toulouse. [A. M.]
♦ Dom Vaissete veut sans doute parler du comte ^Tome VIII, Chartes, n.CCXLV,cc. 1088, 1089.
VI. 47
An I lijï
An 1241
738 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXV.
eux, de faire justice des coupables, de confisquer leurs biens, S<c. Il ajouta
que si frère Bernard de Caucio & frère Jean, son compagnon, de l'ordre des
frères prêcheurs, vouloient procéder à l'inquisition dans le diocèse d'Agen,
non en qualité de commissaires nommés par leur provincial, mais comme
simples religieux, & par le devoir de leur état & de leur profession, il étoit
disposé à les seconder de tout son pouvoir, de leur donner un sauf-con-
duit, etc., avec offre de contraindre tous ceux qui étoient suspects d'hérésie à
se représenter devant eux. Enfin il protesta néanmoins qu'il ne prétendoit
pas renoncer à l'appel qu'il avoit interjeté au Saint-Siège contre les frères prê-
cheurs qui exerçoient l'inquisition dans ses États, en vertu de la commission
de leur provincial, confirma cet appel £< déclara qu'il avoit dessein de le
poursuivre. Il fit une semblable protestation ' devant les évêques d'Albi, de
Cahors & de Rodez, & on assure qu'il supplia ces prélats de ne pas employer
les frères prêcheurs dans l'otfice d'inquisiteurs, mais plutôt les religieux de
Cîteaux & les franciscains^.
On trouve ici une preuve bien sensible que Raimond avoit de bonnes
intentions pour l'extirpation de l'hérésie; mais il prétendoit que les inquisi-
teurs ne dévoient pas procéder sans l'aveu & la commission des évêques des
lieux, qui, comme ordinaires & par leur caractère, étoient en droit de con-
noître de toutes les matières qui concernent la foi. Or, comme les frères prê-
cheurs prétendoient de leur côté exercer l'inquisition indépendamment des
évêques. Se en vertu de la commission que le pape Grégoire IX avoit donnée
à leur provincial, de pouvoir déléguer ceux qu'il jugeroit à propos, le comte
s'opposa à ces prétentions 8c en appela à Rome. Au reste, il paroît que ce qui
occasionna cet appel fut que les frères inquisiteurs qui avoient suspendu leurs
procédures depuis l'an iiSy, voulurent les reprendre. Pendant la vacance du
Saint-Siège, les deux inquisiteurs de Toulouse condamnèrent^, en effet, à
Lavaur, au mois de décembre de l'an 1241, plusieurs hérétiques, en présence
du clergé 8<. du peuple, du conseil de Pierre, archevêque de Narbonne, &
étant assistés de Raimond, évêque de Toulouse, Ik de Pierre, abbé de Sorèze.
Ils parcoururent ensuite le Toulousain, & ils rendirent diverses sentences
d'un côté Si d'autre contre les hérétiques &c leurs fauteurs. Cette conduite
irrita beaucoup les sujets de Raimond, à cause de la sévérité extrême dont
usoient les deux inquisiteurs; elle eut pour eux des suites funestes, comme
nous Talions voir.
LVII. — Massacre des Inquisiteurs à Avignonet,
Ces deux inquisiteurs étoient frère Guillaume-Arnaud, qu'on dit natif l'e
Montpellier, de l'ordre des frères prêcheurs, 8<. frère Etienne de Narbunne,
' Percin, Monumenta conventus Toloiani, p. 5i. fortifier leur ville pour parer aux éventualitis
' En quittant Agen, Raimond VII revint à Tou- qui pouvaient se présenter. Cf. tome VIII, c. i.i^j.
louse. Il y était le i i juin j à cette date, il écrivit [A. M.]
aux consuls & aux prud'hommes d'Agen d'avoir à ' Registre de l'Inquisition de Toulouse.
HISTOIRE GENERALE J3E LANGUEDOC. LIV. XXV. 780
' '' A n 1 2 ^ X
OU, selon d'autres, de Saint-Thibéry, de celui des Mineurs. Ils avoient associé
à leurs fonctions' Raimond, surnommé l'Ecrivain [Scriptor), qu'on nommoit t "^ui "p*^'"",
aussi de Costiran, chanoine régulier de la cathédrale de Toulouse & archi-
diacre de Lézat ou de Villelongue, selon son épitaplie, S< le prieur d'Avi-
gnonet, religieux bénédictin de l'abbaye de Cluse, dans le Piémont, & non
pas religieux d'un prétendu monastère de Cluse, dépendant de l'abbaye de
Saint-Papoul, comme quelques-uns l'ont* avancé. Ces quatre inquisiteurs
s'étant rendus à Âvignonet, château situé dans le Lauragais, turent logés
dans le palais ou maison que le comte de Toulouse avoit dans ce lieu; ils
s'occupoient avec beaucoup de vivacité à poursuivre les hérétiques du pays,
lorsque Raimond d'Alfaro, bailli d'Avignonet pour le comte, ayant conspiré
leur mort, envoya chercher du secours au château de Montségur, dont Pierre-
Roger de Mirepoix étoit seigneur, Si qui servoit d'asile aux proscrits Si aux
sectaires. Aussitôt Pierre-Roger assemble sa garnison Si, ayant proposé à ceux
qui la composoient d'entreprendre une expédition qui leur seroit avanta-
geuse, il se met à la tête d'un certain nombre de chevaliers Si de sergens ou
fantassins, se rend dans la forêt de Gaiac^, située au voisinage d'Avignonet,
Si y fait faire halte à ses troupes. Un renfort de Gaiac l'étant venu joindre en
cet endroit, il fait marcher devant douze soldats armés de haches Si les suit
avec le reste de ses gens. Il arrive ainsi à la maison des lépreux, située hors
d'Avignonet, où on vient l'avertir sur le soir que les inquisiteurs alloient se
coucher; il est introduit ensuite dans le château durant la nuit, la veille de
l'Ascension 28 de mai de l'an 1242. Ceux qui étoient armés de haches se
joignent alors à quelques habitans d'Avignonet, armés aussi de haches 81 de
bâtons. Si Raimond d'Alfaro s'étant mis à leur tête, ils vont ensemble à
l'appartement des inquisiteurs, brisent les portes de la salle où ils étoient
couchés. Si massacrent impitoyablement frère Guillaume-Arnaud, à qui ils
en vouloient principalement à cause de sa fermeté, frère Etienne, l'archidiacre
de Lézat, le prieur d'Avignonet, frères Bernard de Pvoquefort Si Garsias
d'Aure, de l'ordre des frères prêcheurs, compagnons de frère Guillaume-
Arnaud, frère Raimond Carbonerii, de l'ordre des frères mineurs, compagnon
de frère Etienne, Bernard, clerc de l'archidiacre de Lézat, Pierre-Arnaud,
notaire ou greffier de l'inquisition, Fortanier Si Adémar, nonces ou appari-
teurs de ce tribunal, lesquels se laissèrent tous égorger sans se défendre, Si
en chantant le Te Deum; on pilla ensuite leurs meubles Si leurs papiers.
On assure que Raimond d'Alfaro, qui étoit revêtu d'un pourpoint blanc, se
vanta d'avoir frappé le premier les inquisiteurs avec une massue de bois, que
les deux nonces ou domestiques des inquisiteurs étant montés au bruit pour
donner du secours à leurs maîtres, furent tués Si jetés par les fenêtres; qu'un
' Guillaume de Piiylaurens, c. 4J. — Bollan- ' Lafiiille, Ahrégc, p. 140.
distes, 7 mai, p. 180 & siiiv. — Catel, Histoire des ' Corrige^ Gaja la Selve CAude), arrondissemein
comtes de Tolose, p. 3(52 & suiv. — Percin, Mar- de Casieinaiidary, canton de Fanjcauxj le lici; àe
tyres Avinioneti. — Voyez tome VIII, Charles, Gaiac est absolument inconnu. Cf. Desazars, ut
n CCLXIV, c. ii5i & suiv. infra. [A. M.J
^„ ,,^, 740 HISTOIRE GENERALE DE ^ANGUEDOC. LIV. XXV,
des assassins coupa la langue de frère Guillaume- Arnaud, £< que Raimond
d'Alfaro, étant venu joindre ensuite aux flambeaux le reste de la troupe, il
leur raconta la manière dont les choses s'étoient passées Se les congédia. Enfin
on ajoute que Raimond d'Alfaro avoit si bien pris ses mesures que si le des-
sein qu'il avoit de surprendre les inquisiteurs dans leur lit eût manqué, il se
seroit infailliblement saisi de leurs personnes entre Castelnaudary & Saint-
Martin, où il leur avoit dressé des embûches. Telles sont les circonstances de
cette scène tragique, tirées pour la plupart des registres de l'inquisition de
Carcassonne 8c attestées par ceux qui étoient présens. L'un d'eux témoigne
qu'après le meurtre les assassins emportèrent les habits, les bardes & les
papiers des inquisiteurs; qu'ils furent tués l'un d'un coup de flèche, l'autre
d'un coup de hache, un troisième d'un coup de lance. Se un quatrième d'un
coup de couteau; que Pierre-Roger de Mirepoix reprocha aux meurtriers de
ne lui avoir pas apporté le crâne de frère Guillaume-Arnaud, dont il vouloit
faire une tasse pour boire. Sec.
Les frères prêcheurs Se mineurs enlevèrent les corps de leurs confrères,
qu'ils inhumèrent à Toulouse, dans les églises de leur ordre, où on voit
encore aujourd'hui leurs tombeaux avec leurs épitaphes, Si où on les révère
comme martyrs, sans leur rendre cependant un culte public. Quant à l'archi-
diacre de Lézat Se à son clerc, ils furent inhumés dans le cloître de la cathé-
drale de Saint-Etienne de Toulouse, d'où on les transféra, vers l'an 1643, dans
t. iii',°p-4"2. l'église, avec leurs épitaphes. Quelques auteurs ont prétendu que les conjurés,
après avoir dépouillé les inquisiteurs, leur firent souffrir divers tourmens;
qu'ils firent découler sur leurs membres du plomb fondu, de la poix 6<. de la
résine bouillantes; mais ces circonstances sont fabuleuses Se contraires à la
déposition d'un témoin oculaire', de qui nous tenons la véritable relation
de leur mort. Au reste, Raimond l'Ecrivain, archidiacre de Toulouse, l'un de
ceux qui furent massacrés, s'étoit distingué* par son talent pour la poésie pro-
vençale, St on conserve encore quelques poèmes ou chansons de sa façon ^.
• Voyez toiîie VIII, Chartes, n. CCLXIV, c. i i5i & de ViHelongiie, en l'église de Toulouse, & cha-
g< sviiv. noine de Saint-Etienne de Toulouse. D'accord
' Caseneuve, Jeux Floraux, p. ÔQ. avec dom Vaisscte, M. Desazars croit que ce Rai-
' Le massacre des inquisiteurs à Avignonet a été mond est le même que le troubadour Raimond de
l'objet d'une intéressante monographie publiée à Costiran. Enfin les inquisiteurs étaient accompa-
Toulouse, en 1869, par M. Desazars de Mont- gnés du prieur d'Avignonet, moine de Cluse, c'est-
gailhard (in-8, 58 pages). Nous lui emprunterons à-dire probablement, comme le veut dom Vais-
quelques détails qui complètent le récit de dom sete, de Saint-Michel de Cluse, en Piémont, &
Vaissete, en renvoyant pour le surplus aux actes non du prieuré obscur de Cluse, près de Saint-
publiés par le savant Bénédictin dans les Preuves Papoul. Il faut encore y ajouter le notaire Pierre-
de son histoire. — Commençons par les noms des Arnaud & deux clercs, Fortanier & Aimar. —
victimes. Les deux inquisiteurs étaient Guillem L'auteur du complot paraît avoir été Raimond
Arnaud, de l'ordre des Prêcheurs, & Etienne ou d'Alfar, baile du comte de Toulouse, c'est-à-dire
Estève, des Mineurs ; le premier était accompagné son sénéchal, & non baile d'Avignonetj ce per-
de deux frères de son ordre, Bernard de Roquefort sonnage était trop riche & trop important pour
£c Garsias d'Aure; le second de frèie Raimond remplir des fonctions aussi infimes. Les circons-
Carbonnier. Aux deux inquisiteurs s'était joint tances du meurtre sont assez connues, & les actes
Raimond l'Ecrivain (5rW/!(or), archidiacre de Lézat publiés par dom Vnissete les font suffisamment
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XXV. 741
Cet attentat, quoique commis à l'insu S<. pendant l'absence du comte de
Toulouse, iit beaucoup de toit à ce prince, & ses ennemis ne manquèrent
pas d'en profiter pour décrier de plus en plus sa conduite. Quelques-uns'
même de ses alliés se servirent de ce prétexte pour rompre la ligue qu'ils
avoient formée avec lui contre le roi, & faire leur paix. Comme le siège de
Pvome étoit alors vacant, les cardinaux^ écrivirent au provincial 8c aux frères
prêcheurs de Provence pour les consoler. Ils marquent dans leur lettre, qu'ils
croient que ceux qui avoient répandu leur sang dans cette occasion étoicnt
martyrs de Jésus-Christ, à cause du genre de mort qu'ils avoient souffert 8<
des autres circonstances. Frère Ferrier & les autres inquisiteurs de Carcas-
sonne^ dénoncèrent aussitôt excommuniés tous les assassins, & enjoignirent
au comte de Toulouse de les poursuivre, sous peine d'être compris lui-même
dans l'anathème.
LVIII. — Henri, roi d'Angleterre, vient an secours des comtes de la Marche
6" de Toulouse, ô* est défait par le roi.
Cependant le comte de la Marche ayant pris les armes contre le roi Se
contre le comte Alfonse, son seigneur'*, sollicita vivement Henri, roi d'An-
gleterre, de marcher à son secours. 11 ilattoit ce prince de la jonction du roi
d'Aragon 8<. du comte de Toulouse, Se il fit tant, qti'enfin Henri partit d'An-
gleterre, le i5 de mai, & débarqua quelques jours après au port de Royan,
en Saintonge, vers l'embouchure de la Garonne dans la mer, Le roi avoit eu
la précaution de prévenir son arrivée, & a]Mès avoir tenu à Paris, au mois de
janvier précédent, un parlement où la guerre avoit été résolue contre le comte
de la Marche 8c ses alliés, il s'étoit avancé vers la fin d'avril jusqu'à Chinon,
en Touraine, à la tête de son armée, 8c il avoit passé en Poitou, où il avoit
soumis diverses places du domaine du comte de la Marche. Il assiégeoit
actuellement Fontenai, lorsque le roi Henri, ayant débarqué, lui envoya
déclarer la guerre, vers la mi-juin^, au préjudice de la trêve conclue entre
les deux couronnes. Se alla camper sous Taillebourg sur la Charente. Louis,
connaître. — A la suite du récit du massacre, tance, dom Vaissete renvoie à un acte qu'il n'a
l'écrirain dont nous analysons l'ouvrage indique pas publié in extenso. Il n'a donné & nous ne
sommairement, d'après Gérard de Fraichet & les republions d'après lui que l'excommunication dé-
chroniqueurs postérieurs, les nombreux miracles finitive lancée contre Baimond VII, le 21 juillet,
qui auraient précédé ou suivi la mort des inqui- par l'archevêque de Nnrbonne. Quant à l'excom-
^ueurs. 11 termine en racontant l'insuccès de tous munication de frère Ferrier, qui est du 6 juin
les efforts faits pour obtenir à Rome la canonisa- précédent, elle est contenue dans une bulle du
tion de ces religieux & en démontrant d'une pape Innocent IV, qui l'annule (ce. 1142^1144),
façon péremptoire que jamais, avant ces derniers mais elle est incomplète. (Voyez au tome VIH
temps, il ne fut rendu à Avignonet de culte public l'Erratum.) Cette sentence fut précédée de somma-
il leur mémoire. [A. M.] tions réitérées au comte, sommations qui restèrent
' Guillaume de Puylaurens, c. 4.5. sans effet. Cf. Teulet, t. 2, p. 658. [A. M.]
' BoUandistes, 7 mai, p. 180 & suiv. — [Cf. * Matthieu Paris, année 1242. — Gesta Ludo-
Potihast, n. 11074; <:"'« bulle des cardinaux ne vici IX, p. 337 & suiv. — La Chaise, Histoire de
porte aucune date.] saint Louis, 1. 5.
' Voyez tome VIII, Chartes. — Par inadver- '' Rymer, Acta puitica, t. 1, p. 40Û.
An 1242
"" 742 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV, XXV.
An 1 2^1 ' T
craignant les suites d'une ligue qui lui paroissoit formidable, surtout par la
jonction des rois d'Aragon £<. de Castille, qui y étoient entrés, & du comte
de Toulouse, qui cherchoit depuis longtemps une occasion de se venger des
François, fit tout son possible par sa modération pour empêcher Henri d'en
venir à une rupture; mais n'ayant pu rien gagner sur l'esprit de ce prince,
il se repentit d'avoir porté trop loin son amour pour la paix, & dit à ses
courtisans : « Je suis fâché de ce que le roi d'Angleterre, mon cousin, que
« j'ai souhaité d'avoir pour ami, se soit laissé séduire par les comtes de la
» Marche &. de Toulouse, dont l'un est coupable de trahison St l'autre noté
« d'hérésie, & qu'il prétére leurs fausses promesses à mon amitié; » ainsi il
se résolut à la guerre.
Le roi d'Angleterre étant campé à Taillebourg, le 3o de juin, déclara'
« qu'il promettoit de bonne foi à son très-cher cousin Raimond, comte de
« Toulouse 8t marquis de Provence, de travailler de toutes ses forces, tant par
« lui-même que par ses amis 8i ses vassaux, pour lui faire épouser Margue-
« rite, sa sœur, fille du comte de la Marche & d'Angoulême, dans le terme
« dont ils conviendroient à leur ])remière entrevue; » mais les projets du
comte de la Marche^ n'eurent pas les succès qu'il espéroit. Le roi soumit
tout le pays jusqu'à la Charente, s'approcha de l'armée angloise, campée à
l'autre bord de cette rivière, sous Taillebourg, & se posta vis-à-vis, le 19 de
juillet. Il attaqua le lendemain les Anglois qu'il obligea à prendre la fuite &
à se retirer à Saintes; il les y poursuivit & il les défit entièrement dans une
sanglante bataille qui se donna quatre jours après. Henri se réfugia à Blaye
& passa ensuite à Bordeaux, pour plus grande sûreté, avec le débris de ses
troupes. Le roi de France continua ses conquêtes & acheva de soumettre les
places qui restoient au comte de la Marche; en sorte que ce dernier, se voyant
Éd. origin. 53115 rcssource, fut Contraint de demander la paix: le roi eut la bonté de la
lui acccoruer, 5c elle tut conclue au commencement du mois cl août ^,
LIX. — Raimond (S- ses alliés s^emparent de divers pays, entre autres de la
ville de Narbonne <l'oii ils chassent l'archevêque, qui les excommunie.
Pendant que ces choses se passoient en Poitou 8c en Saintonge, Raimond,
comte de Toulouse, Amalric, vicomte de Narbonne, Trencavel Se leurs alliés
s'étant mis en campagne'*, portèrent la guerre dans les domaines du roi, aux
environs de Narbonne, 8c battirent ceux qui voulurent s'opposer à leurs entre-
prises, entre autres Pons-Pierre de Ganges, qui fut tué dans un combat. Il#
s'assurèrent'' ainsi, en peu de temps, du Razès, du Minervois, du Narbon-
nois, du Termenois 8c de quelques autres pays voisins, dont les peuples se
soumirent pour la plupart volontairement à leur domination 6, Il paroît que
' 'Kymtt, J rt.t puhl'ica, X. i,p. 401. ^ Voyez tome Vin,Cli,Mtes, n, CCXLVI, ce. lopo
' ' Matthieu Fàris. — Gesta Luiov'ici IX. & 1091.
' Voyez tome VII, Note XXXIV, n. i , pp. 97, p8. ^ Les registres des enquêteurs, que nous publions
^ Guillaume de Puyiaurens, c. 4.0. au tome Vil, fournissent sur les conquêtes de
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXV.
74J
le comte Raimond ne commença cette expédition qu'après !e ii de juin; car
il étoit encore ce jour-là à Toulouse, où il permit ' aux juits de cette ville de
vendre leurs maisons situées dans la rue de Joutx-Aigites, que quelques bour-
geois achetèrent pour y bâtir le couvent des carmes, lesquels s'étoient déjà
établis hors de la ville, à l'extrémité du faubourg du château Narbonnois.
Amalric, vicomte de Narbonne^, introduisit le comte Raimond dans cette
ville & le reconnut pour son seigneur. Il s'empara aussitôt du palais Se de
tout le domaine de l'archevêque Pierre Amelii, & exigea de grosses sommes
des vassaux de l'église de Narbonne. Ce prélat se retira à Béziers, où les cha-
noines de sa cathédrale, quelques-uns de l'église de Saint-Paul, & plusieurs
bourgeois le suivirent le lendemain. Il y rendit une sentence •*, le 2i de
An 1242
Uaimond, en 1242, des renseignements très-pré-
cieux, qui prouvent que, comme le dit dom Vais-
sete, elles s'étendirent jusqu'au pays de Béziers &
même entamèrent en partie ce dernier diocèse. —
Voici ces renseignements que nous groupons par
localités. — Roco^els (Hérault, comm. de Ceilhes
& Rocozels, cant. de Lunas); ce château fut forti-
fié pour résister au comte de Toulouse, & un cer-
tain Déodat Escolier, de Saint-Gervais, y porta
des vivres & des armures (garnimenta ferrca). Son
seigneur, Guillem de Saint-Maurice, était partisan
de Raimond VII (Reg. A, n. 47). — Corneilhan
(arr. & cant. de Béziers); ce château, situé à une
lieue Se demie de Béziers, abandonna la cause
royale, & tous les habitons prirent part à cette dé-
fection. A la suite de leur soumission & quoique
placés sous la sauvegarde du roi, ils éprouvèrent
diverses vexations de la part des officiers du roi,
& notamment de B. Mabille, viguier de Béziers
(Registre A, n°» 62, 63, 66, 68, &c.). — MagaUs
(Hérault, canton de Roujan), se déclara contre le
roi j les insurgés s'emparèrent d'une certaine quan-
tité de blé déposée dans cette place par R. Ber-
trand d'Auiignac, partisan du roi, qui ne put
les recouvrer (Registre A, n. 82). La communauté
de Saint-Geniès y avait déposé ses effets, qui fu-
rent pillés lors de la reprise du château; pour les
recouvrer, il lui fallut payer au sénéchal Guil-
laume des Ormes, dix livres de Melgueil (n. i 2-'),
Les habitants de Magalas durent payer une ran-
çon ; elle était sans doute assez forte; ils se plai-
gnirent au roi, &, le 22 février 1247, celui-ci
écrivit au sénéchal de Carcassonne d'informer à
ce sujet & de ne rien exiger d'eux avant un nou-
veau mandement (tome VIII, ce. 1192-1193) —
Cabrières (Hérault, cant. de Montagnac) fut repris
par Jean de la Planche & Guillem de Lodève, qui
promirent de respecter les biens & les personnes
des habitants; cette promesse fut violée par les
châtelains, qui empêchèrent plus tard lesdits ha-
bitants de séjourner dans le château (Reg. A,
n. 9a). — Brusque (Aveyron, cant. de Camarès)
soutint un siège contre les officiers du roi (Reg. A,
n. 107). — Ko^aeirun (Hérault, arr. de Saint-Pons);
le sénéchal Guillaume des Ormes dut fortifier ce
château & y envoya Bérenger de Lestang, cheva-
lier, avec seize sergents, qui y restèrent pendant
un mois & six jours, & dont la solde ne fut jamais
réglée (Reg. A, n. 1 23); deux autres sergents firent,
en 1247, une semblable réclamation (n. i33). —
Roujan (Hérault, chef-lieu de canton) embrassa le
parti de Raimond VII, & prit pour capitaine un
chevalier faidit, Hugues du Caylar (Reg. B, n. 46).
— Cessenon (Hérault, cant. de Saint-Chinian) ; ce
château fut pris par G. de Minerve, partisan de
Raimond VII; un de ses soldats, G. P. de Vin-
trous, prit le châtelain Anseau & la garnison sous
sa protection & voulut les conduire en lieu sûr;
il les escorta jusqu'à Maraussan. Quelques autres
partisans du roi furent massacrés aux portes mê-
mes de Ccssenon (Reg. I, f. 26 i). — Dans le
Carcasses & le Razès, Limoux embrassa le parti du
comte (Reg. I, f. 9 a & 44 i); Laure (arr. de Car-
cassonne, cant. de Peyriac-Minervois) ouvrit ses
portes aux chevaliers faidits (liid. f. 1 8 i) ; enfin
citons Rieux Minervots (arr. de Carcasïonne, cant.
de Peyriac-Minervois) & Grè-^e, écart de la com-
mune de Carcassonne [ïhid, f. 64 a h). — On peut
donc dire que Raimond VU trouva des partisans
dévoués jusqu'à l'Hérault, mais disséminés & pro-
bablement mal armés & mal dirigés; aussi leur
action eut-elle peu de résultats; la bataille de
Taillebourg, en écrasant Henri III, réduisit à
l'impuissance le plus sérieux des confédérés.
[A. M.]
' Catel, Mémoires Je l/iistoire du Languedoc ,
p. 237. — [Cf. sur l'établissement des cannes à
Toulouse, tome IV, p. 696.]
^ Chronicon Sancti Pauli Narbonac , ap. Catel,
Comtes, p. 172. [Cf. tome V, c. 40J. — Baluze,
Concilia Galliae Narbonensis , append. p. 90 &
suiv., p. III.
' Voyez tome VIII, Chartes, n. CCXLVI,cc. 1090
& 1091 .
An 124X
744 HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XXV.
juillet, par laquelle : 1° Il excommunie 8<. déclare excommuniés tous ceux
qui avoient tué les inquisiteurs & leurs compagnons, & ceux qui avoient
donné aide S<. conseil aux assassins. 2° Il dénonce Ilaimond, comte de Tou-
louse, excommunié par trère Ferrier £<, les autres inquisiteurs, comme fau-
teur & défenseur des hérétiques, parce qu'il retusoit d'exécuter les sentences
de l'inquisition. 3° Il excommunie de nouveau ce prince comme routier, vio-
lateur de la paix, usurpateur des biens de l'Eglise, Se parjure envers l'Eglise
Si le roi de France, avec tous ses alliés 61 complices, nommément les comtes
de Comminges 61 de Rodez, celui qui se dit vicomte de Bé-^iers (c'est-à-dire
Trencavel), Olivier de Termes, Aymeri de Clermont S< ses frères, Pons de
Villeneuve, Pons d'Olargues, B. Hugues de Serrelongue 8< ses cnfans, 8c
généralement tous les associés de Raimond. 4° Il excommunie tous ceux du
Razès, du Minervois, du Narbonnois Se du Termeiiois, ses diocésains, qui
les avoient reçus.
On peut remarquer, à l'occasion de cet acte, que les inquisiteurs avoient
déjà alors excommunié le comte Raimond; aussi trouve-t-on ' une sentence
d'excommunication lancée contre ce prince par frère Ferrier Se frère Guil-
laume-Raimond, de l'ordre des frères prêcheurs, inquisiteurs dans les dio-
cèses de Narbonne, Béziers, Carcassonne, Rodez, AIbi & Elne, du conseil
de l'archevêque de Narbonne, de l'évêque d'Albi S< de divers autres prélats,
pour n'avoir pas voulu exécuter leurs jugemens. Au reste, le comte Raimond
& ses alliés étendirent alors plus loin leurs conquêtes dans les domaines du
roi, Si on sait que les diocèses^ d'Albi 81 de Carcassonne se soumirent pres-
((u'entièrement à leur autorité.
LX. — Raimond reprend le titre de duc de Narbonne,
L/e 8 du mois d'août suivant^, « Raimond, par la grâce de Dieu duc de
(( Narbonne, comte de Toulouse Se marquis de Provence, Si Amalric, par la
<i même grâce vicomte Se seigneur de Narbonne, étant sur le pont de cette
» ville, promirent solennellement, tant en leur nom qu'en celui de leurs
« associés, défenseurs Si amis : 1° Une entière sûreté aux habitans de Nar-
« bonne, soit ecclésiastiques, soit séculiers, même aux François qui s'y trou-
« voient. 2° De conserver les droits de l'archevêque, excepté, dit Amalric,
(1 ceux que j'ai sur ses immeubles, pour la poursuite desquels le comte promet
i( de ne pas faire la guerre à ce prélat. 3° Enfin de ne pas permettre qu'aucun
" de ceux qui sont condamnés pour hérésie demeurent dans Narbonne, Sec. »
Raimond reprit donc le titre de duc de Narbonne après sa ligue avec le comte
de la Marche. Il exerça en effet alors son ancienne autorité sur cette ville,
comme il paroît par un mémoire que l'archevêque fit dresser^, le dimanche
' Tome VIII, Chartes, n. CCLX, ce. 1 143, 1144. 'Voyez tome VIII, Chartes, n. CCXLVII,
" Marca, Histoire de Bcarn, p. 763. — Régis- ce. 1091 à 1094.
tre 3i du Trésor des chartes. — Voyez tome VIII, * Baluze, Concilia Naréoncnsis, ut supra.
Chartes, n. CCLVII, c. 1129.
I 2^2
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV, XXV. yp ~^
17 du mois d'août, touchant les griefs qu'il avoit contie le vicomte Amaliic,
qu'il accusoit entre autres de s'être emparé de ses domaines, de la justice, de '^:^,:"^''^''l
la moitié de la monnaie qui lui appartenoit, &C.
LXI. — Raimond va joindre à Bordeaux le roi d'Angleterre t- se ligue
avec lui.
Le roi, informé de cette révolution, détacha le comte de la Marche, à qui
il avoit déjà pardonné', l'ancien comte de Bretagne & une partie de son
armée pour aller dans la Province agir contre les rebelles, se saisir du passage
des Pyrénées & empêcher que le roi d'Aragon ne vînt au secours de l'Anglois.
Nous ignorons les circonstances de l'expédition de ces deux généraux qui, à
ce qu'on croit^, n'achevèrent pas leur voyage. D'autres^ prétendent que le
vicomte de Narbonne les défit} mais nous ne trouvons nulle part la preuve
de ce fait.
Raimond alla joindre ensuite à Bordeaux le roi d'Angleterre, & ils con-
vinrent ensemble d'un traité'* dont voici les principaux articles ^ 1° Ils pro-
mettent de s'aider mutuellement, pendant toute leur vie, contre le roi de
France Si ses alliés, envers tous Se contre tous. Henri excepte l'Eglise romaine
à laquelle il déclare qu'il veut rendre toute sorte de respect 8c l'obéissance
qui lui est due, 8c l'empereur Frédéric, son beau-frère; Raimond excepte de
son côté ce dernier prince, qu'il qualifie son seigneur. Si. contre lequel il
déclare qu'il n'aidera pas Henri, non plus que l'Empereur contre Henri.
2° Ils promettent de ne faire ni paix, ni trêve avec le roi de France & ses
alliés, sans le consentement l'un de l'autre. 3° Henri déclare que si par hasard
l'Eglise romaine (ce qu'à Dieu ne plaise, ajoute-t-il,) venoit à inquiéter Rai-
mond, 8c «i le roi de France l'attaquoit en personne par ordre du pape, il ne
laisseroit )as de marcher au secours de ce prince, nonobstant les prières que
le pape pourroit lui faire pour l'en détourner, à moins qu'il ne le lui défendît
sous peine d'excommunication. « Pour lors, poursuit Henri, il nous sera
« permis de suspendre la guerre contre le roi de France, tant que ce roi sera
« occupé en personne, 8c, par ordre de l'Eglise, dans les Etats du comte;
« mais aussitôt qu'il sera sorti du pays, je recommencerai la guerre contre le
« roi en faveur du comte. » 4° Henri fit jurer par son ordre, 6- sur son âme,
Jean de Plessat, son vassal, d'observer toutes ces choses, 8c il fit faire le même
serment à ses barons du Bordelois 8c du Bazadois, au nombre de quatorze,
entre lesquels étoient Elie Rudel, seigneur de Bergerac, Arnaud de Blanque-
fort, Amanieu de Noaillan, Guillaume-Arnaud de Tantalon. Le comte de
Bigorre avec Gaston, vicomte de Eéarn, se rendirent cautions du traité au
' Matthieu Paris, p. Siji & suiv. bonne défit quelques chevaliers du roi sans donner
' Lobineau, Histoire Je Bretagne, 1. 8, cb. 12. leurs noms & renvoie à Duchesne, t. 5, p. âpS a
' La Chaise, Histoire Je saint Louis, 1. 5, n. 18. (Chronique de Guillaume de Puylaurens). Cf. fiis-
— Lenain de Tillemont, que La Chaise ne fait toire Je saint Louis, 1. 2, p. 467. [A. M.J
qu'abréger, dit seulement que le vicomte de Nar- ' Rymer, Acta publiea, t. 1, p. 410 & seq.
A„., , 74*5 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXV.
nom de ce prince. Raimond jura lui-même l'observation des articles avec
vingt-quatre de ses vassaux, savoir : Amanieu d'Albret, Arnaud de Blanque-
fort, Guillaume-Raimond de Pins, seigneur de Caumont, Guillauine-Arnaud
de Tantalon, Gaston de Montaut, Arnaud de Montpezat, Begon Se Nompar
de Caumont, Bertrand de Cardaillac, Aymeri de Gourdon , Raimond de
Caussade, Amalvin de Pestillac, &c. La communauté d'Agen fit un sem-
blable serment par son ordre, & il donna Bernard, comte de Comminges,
pour son garant. Enfin Henri & Raimond déclarèrent d'un consentement
réciproque que si l'un ou l'autre venoit à enfreindre ces articles, tous les
seigneurs, dont on vient de parler ne seroient plus tenus à la fidélité qu'ils
dévoient à celui qui seroit infracteur, mais qu'ils se tourneroient contre lui.
On expédia deux actes authentiques du traité. Celui du roi est daté de Bor-
deaux, le 28 d'août, 8<. celui du comte, du 3 de septembre. Durant le séjour
que Raimond fit dans cette ville, le roi d'Angleterre moyenna ' la paix entre
ce prince & Guillaume-Arnaud de Tantalon d'une part, 8<. le vicomte de
Fronsac de l'autre. On ne marque pas quels étoient les différends qui avoient
occasionné la guerre entre eux. Henri les fit convenir d'un traité, le 3o du
mois d'août, 8c paya six cens marcs d'argent au comte pour le vicomte de
Fronsac.
LXn. — Raimond assiège le château de Penne, en Agenois. — Le comte
de Faix l'abandonne i^ fait sa paix avec le roi.
Un ancien historien anglois^ rapporte : que Raimond alla von furtivement
le roi Henri à Bordeaux j qu'il fit tous ses efforts pour l'encourager à conti-
nuer la guerre contre la France; qu'entre les motifs dont il se servit pour l'y
engager, il lui dit que le roi n'étoit pas si formidable qu'il le pensoi.t, puis-
qu'il avoit résisté autrefois lui seul à toutes ses forces, quoique ce prince fût
soutenu par le pape; qu'il promit de marcher à son secours aussitôt qu'il
auroit repoussé leurs ennemis communs des frontières de ses Etats; Se qu'il
t.'ai°pl4'"5. se retira enfin après avoir reçu de Henri des présens considérables. Nous
inférons de là que les François faisoient alors la guerre à Raimond, Se comme
il assiégeoit, au commencement du mois d'octobre, le château de Penne, en
Agenois, dont il étoit le maître quelque temps auparavant, c'est une preuve
qu'ils s'en étoient emparés depuis sa défection, 81 qu'ils avoient pénétré en
Agenois.
Tandis que Raimond étoit occupé à ce siège, le roi, qui travailloit sous
main à détacher de la ligue les principaux alliés de ce comte^ g^gna enfin
Roger, comte de Foix, qui, voyant que les affaires prenoient un mauvais
train, fut charmé de trouver une occasion de faire sa paix. Roger écouta
volontiers les propositions que le roi lui fit faire, 81 se réconcilia avec ce
' Rymer, Acta. public a. t. i, p. 412. ' Guillaume de Puylaurens, c. 45. — Marca,
* Matthieu Paris, p. 692. Histoire de Béarn, p. yôS & suiv.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXV. 747
prince à l'insu de Raimond, nonobstant les promesses solennelles qu'il
avoit faites à ce dernier. Il s'engagea môme de servir le roi contre lui, 8^ le
roi lui promit à son tour de le recevoir, lui 8c ses successeurs, au nombre des
vassaux immédiats de la couronne, pour les domaines qu'ils tenoient aupara-
vant en fief des comtes de Toulouse, de la mouvance desquels il les tira pour
toujours.
Roger, après avoir conclu ce traité & recouvré les bonnes grâces du roi,
écrivit de Pamiers,le 5 d'octobre, une lettre de défi à Raimond, qu'il qualifie
cependant par la grâce de Dieu comte de Toulouse, marquis de Provence
6" duc de Narhonne ; il lui donne aussi le titre (X'altessey mais non pas celui
de son seigneur comme auparavant. Cette lettre est une espèce de manifeste
dans lequel le comte de Foix excuse sa démarche, sur ce qu'il ne pouvoit
faire autrement, sans s'exposer à perdre son âme, son corps, ses biens & sa
réputation. Il rappelle à Raimond qu'après le traité de Paris, il avoit laissé
non-seulement en guerre le comte Roger-Bernard, son père, mais qu'il avoit
promis même de le combattre, S< qu'il lui avoit enfin conseillé de faire la
paix avec le roi Se avec l'Eglise comme il le pourroit. « Pvoger-Bernard, ajoute
« Roger, fit cette paix comme il put. Se non comme il voulut; Sv. s'étant lié
« ainsi lui-même &. ses héritiers, les obligations qu'il a contractées empêchent
« notre bonne volonté pour vous. D'ailleurs, je crois que vous n'avez pas
« oublié que vous avez donné le feu comte mon père pour votre caution
« envers l'Eglise, Se que vous l'avez absous de la fidélité 8c de l'hommage
« qu'il vous devoit, si vous faisiez jamais la guerre contre elle 8c contre le
« roi. Vous ne devez pas vous fâcher non plus, si pour notre excuse évidente
« 8c véritable, nous vous faisons ressouvenir de ce que vous avez ôté à notre
c( père 8c à nous la terre de Saint-Félix Se plusieurs autres, 8c de ce que vous
« avez envahi sur nous depuis peu les châteaux que le roi nous avoit donnes
« dans le Carcasses, quoique vous n'y eussiez aucune juridiction, 8c qu'ils
(( nous eussent été baillés pour nous récompenser des domaines que notre
« père avoit perdus pour vous soutenir dans la guerre. C'est pourquoi,
« attendu que le seigneur roi de France, auquel nous avons fait hommage
« 8c prêté serment de fidélité avec votre consentement, 8c qui nous a honoré
« de plusieurs bienfaits, nous presse instamment 8c nous somme de le secourir
K au plus tôt contre vous, 8c que nous ne saurions lui désobéir sans être
« coupables de parjure 8c sans risquer d'être dépouillés de nos domaines, 8cc.,
« nous signifions par la présente à votre altesse, que nous sommes résolus de
« nous attacher fidèlement au roi 8c à l'Eglise, 8c de leur donner aide 8c
« conseil du mieux qu'il nous sera possible; persuadés que nous sommes en
« cet endroit entièrement absous de la fidélité 8c de l'hommage envers vous,
« Au reste, ne soyez pas surpris si pour ces raisons nous vous faisons la guerre
« dans la suite; vous signifiant que nous ne vous devons ni fidélité ni
H hommage, dans la guerre que nous allons vous déclarer en faveur du roi
« 8c de l'Eglise. » Les abbés de Pamiers, de Foix 8c de Lézat, &c quelques
autres ecclésiastiques, certifièrent au bas de cette lettre, que Roger l'avoit fait
An 12^2
Kd. origin.
1. 111, p. .\M<.
~. 748 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. L!V. XXV.
An lî^î ' ■
écfiic de leur avis, pour la notifier au comte de Toulouse, !k qu'ils éloient
prêts d'en rendre témoignage devant le roi £<. l'Eglise.
LXIII. — Concile de Montpellier. — Réponse de Raimond au comte de Foix.
L'abbé de Pamiers, qui donna ce certificat, se nommoit Maurin. 11 prenoit
la qualité' de délégué du Saint-Siège ; tn sorte qu'il paroîtque les cardinaux,
l'avoient nommé, pendant la vacance du siège de Rome, pour exercer les
fonctions de légat dans la Province : il présida, en effet, en qualité de délégué
du Saint-Siège, à un concile qui fut tenu à Montpellier vers le mois de sep-
tembre de cette année, Si dont nous ignorons le sujet.
Raimond reçut, durant le siège de Penne en Agenois, le défi du comte de
Foix. Il en fut si irrité, qu'il engagea les vassaux immédiats de ce comte, qui
étoient dans son camp, à lui faire hommage-lige. C'est ainsi qu'Arnaud de
Marquefave^, fils de feu Bernard, lui rendit hommage le g d'octobre pour
tout ce qu'il possédolt depuis Foix jusqu'à Toulouse, & principalement pour
le château de Marquefave. Le lendemain, Raimond répondit à Roger & lui
marqua^ qu'il étoit extrêmement surpris de ce qu'après tous les services que
lui & ses ancêtres lui avoient rendus & aux siens, il vouloit l'abondonner
sans raison pour se joindre à ses ennemis. « Souvenez-vous, ajoute-t-il, de ce
« que vous m'avez dit plusieurs fois, que si je venois à perdre mes domaines,
« vous ne vouliez pas conserver les vôtres, &c. « Enfin il le somme, en vertu
de son serment de fidélité & de son hommage, de remettre incontinent entre
les mains du viguier de Toulouse, qu'il avoit commis, le château de Saverdun,
comme il y étoit obligé, pour s'en servir ensuite contre ses ennemis, jusqu'à
ce qu'il fût rentré dans le devoir, avec ordre aux seigneurs particuliers de ce
château d'obéir à cet officier & de lui rendre hommage comme de fidèles
vassaux.
LXIV. — Raimond fait au roi des propositions de paix qui sont rejetées.
H se soumet sans réserve à la volonté de ce prince.
Pvaimond, évêque de Toulouse, ([ui étoit lié d'une amitié très-étroite avec
le comte Raimond, persuadé'^ que la ligue dans laquelle ce prince étoit entré
le perdroit infailliblement, fit cependant tout son possible pour le portera
se réconcilier avec le roi ; & il agit si efficacement, que le comte résolut de
demander la paix Se chargea ce prélat de la négocier, de l'aveu des comtes
de Comminges & d'Armagnac, du vicomte de Lomagne, de Jourdain de l'Isle,
& de plusieurs autres seigneurs qui s'étoient liés de bonne foi avec lui.
'Voyez tome VIII , Chartes, n. CCXLIX, ^ Guillaume de Puylaurens, c. 4Ô. — Matthieu
ce. 1095, 1096. Paris, p. 393 & suiY. — Voyez tome VIII, Char-
" Manuscrits de Colhert , n. 10Û7. — [J. 814, tes, n. CCLI, c. 1097 & suiv. — Tome VII,
n. 20, original j cf. Teulet, t. 2, p. 481.] 'Note XXXIV, pp. 97, 98.
^ Voyez tome VIII, Chartes, n. CCXLVIII,
ce. 1094, 1095.
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC, LIV. XXV. 749
L'évêque de Toulouse profita des conjonctures, qui paroissoient favorables.
En effet, le roi, après avoir soumis tout le pays entre Saintes 8c Blaye, s'étoit
avancé, à la vérité, jusques à quatre lieues de cette dernière ville, dans le
dessein d'aller chercher le roi d'Angleterre jusqu'à Bordeaux; mais la maladie
s'étant mise parmi ses troupes, St étant malade lui-même, il avoit été obligé
de s'arrêter 8<. de reprendre ensuite la route de France au mois de septembre,
après avoir conclu, à ce qu'on assure, une trêve de cinq ans avec le roi d'An-
gleterre'. Le roi étoit occupé, en chemin faisant, à mettre des garnisons dans
les places que le comte de la Marche lui avoit cédées, lorsque l'évêque de
Toulouse vint lui faire des propositions de la part du comte Raimond. Il les
reçut avec bonté; mais les ayant tait examiner dans son conseil, on ne fut
pas d'avis de les accepter, parce qu'il sembloit que le comte vouloit imposer
lui-même la loi. Le roi répondit donc que R.aimond n'avoit qu'à se soumettre
sans condition 8c sans restriction; Se pour le forcer en quelque manière d'en
venir à ce point, il fit partir un corps d'armée sous les ordres d'Hugues,
évêque de Clermont, & d'Imbert de Beaujeu, pour agir contre lui sur les
frontières du Querci £<. attaquer ses autres domaines.
Le comte Raimond, se voyant d'un côté pressé de toutes parts. Si l'évêque
de Toulouse, en lui rendant compte de sa négociation, l'ayant assuré, de
l'autre, que s'il ne se soumettoit entièrement à la volonté du roi, il n'avoit
aucune paix à attendre, écrivit^ enfin à ce prince, le 20 d'octobre, de Penne
en Agenois, soit qu'il eût alors soumis cette place, comme il est assez vrai-
semblable, soit qu'il en continuât le siège. 11 se soumet, dans cette lettre, sans
restriction aux ordres du roi, 8c lui demande grâce, tant pour lui-même que
pour SCS associés, du nombre desquels il exclut les hérétiques, 8c ceux qui
étoient condamnés pour hérésie, avec offre de l'aller joindre incessamment s'il
vouloit lui envoyer un sauf-conduit à Cahors. « Je vous promets fermement,
M ajoute ce comte, rempli de confusion 8c de douleur de ce qui s'est passé,
u non par un motif de crainte, mais pour plusieurs raisons que vous saurez
« en temps Se lieu, de vous être inviolablement attaché tout le reste de mes
« jours, de vous servir fidèlement envers tous 8c contre tous, de défendre 8c
« d'honorer l'Eglise suivant vos désirs, de protéger la foi catholique, de purger
n le pays d'hérétiques. Se de faire une justice sévère de ceux qui, à notre
« honte, ont tué les inquisiteurs. Que si, ce qu'à Dieu ne plaise, vous ne
« jugez pas à propos de recevoir notre soumission, Se si vous refusez de nous
« donner la paix, que Dieu juge entre vous Se nous, si étant obligés de nous
M défendre, il arrive malgré nous, qu'il y ait du sang répandu. Se si tous les
« autres malheurs inséparables de la guerre s'ensuivent. » Raimond écrivit en^
même temps à la reine-mère, sa cousine, pour lui marquer le repentir qu'il
avoit de ses démarches, 8c le désir sincère où il étoit de se réconcilier avec le
roi. Il la prie de se rendre sa médiatrice, Se pour lui-même Se pour ses alliés.
■ Voyez tome vu, Note XXXIV, p. 99. ' Voyez tome VIII, Chartes, n. CCLI, ce. 1097
' Tome VllI, Chartes, 11. CCLI, ce. 1 ico, 1 101 . à IC99.
An 1241
KJ.oii.^'n.
t. 111, p. 437.
"; 75o HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXV.
An iZijz '
II dit enfin qu'il ne propose aucune condition, qu'il se remet à la miséri-
corde du roi, & qu'il se désiste des propositions que l'évêque de Toulouse
avoit faites depuis peu à ce prince^ avec promesse de lui garder une fidélité
inviolable'.
LXV. — Le roi donne la paix au comte de Toulouse i- envoie des commis-
saires sur les lieux pour recevoir sa soumission 6" celle de ses alliés.
Le comte donna ^ ces lettres à Raimond, prévôt de la cathédrale de Tou-
louse, qu'il envoya à la Cour pour y négocier sa paix, 8c que l'évêque de cette
ville chargea de son côté d'y travailler de toutes ses forces. Lorscjue cet ecclé-
siastique arriva à la Cour, le roi se disposoit sérieusement à porter la guerre
dans la Province, & à attaquer vivement Raimond. Dans cette vue, il avoit
obtenu du clergé le vingtième des revenus ecclésiastiques, sous prétexte de
faire la guerre aux hérétiques. Le prévôt de Toulouse trouva que plusieurs
des principaux du parti de Raimond avoient déjà envoyé leurs députés pour
faire leur paix particulière 8<. se déclarer contre ce comte, s'il ne faisoit pas
lui-même la sienne. Ces circonstances l'obligèrent à presser sa négociation.
Se la reine Blanche l'ayant secondé avec beaucoup de zèle Stde vivacité, le roi
Louis se porta d'autant plus volontiers à la clémence, qu'en désarmant ce
prince, toutes les semences de révolte étoient entièrement étouffées, & qu'il
faisoit plaisir à la reine sa mère, qui prenoit fort à cœur les intérêts de
R.aimond, son cousin germain. Quelques-uns, dit un auteur du temps^,
blâmèrent la reine d'avoir eu trop d'indulgence pour ce comte; mais elle
n'agit, ajoute-t-il, que par zèle pour l'Etat, & dans le dessein d'y rétablir
la paix.
Le roi nomma Ferri Pâté, maréchal de France ; Jean de Gay ou le Jày, che-
valier de mérite, &i Guillaume de Limoges, son clerc, pour aller recevoir dans
la Province les sûretés que P^aimond promettoit de donner dans ses lettres.
Le comte, informé du départ de ces trois commissaires, s'approcha de sa
' Le clerc qui a classé au treizième siècle cette ritage de son frère Alfonse. Dans la lettre à la
partie du Trésor des chartes a rais au dos de la reine Blanche, il y a un passage que nous com-
lettre de Raimond VII la note suivante : Hum'i- prenons mal aujourd'hui. C'est celui (toine VIII,
liacio R. quondam comitis Tholosani post ii!l':mam c. 1098} oii Raimond dit que par sa conduite à
guerram. C'est bien, en effet, une véritable hunii- l'avenir il fera taire ceux qui médisent de lui &
liation à laquelle se résignait Raimond VII, & on qui calomnient la reine à son occasion. Blanche
ne peut lire les deux lettres écrites par lui au roi avait pris à la Cour la défense du comte, ce qui
& à la reine Blanche sans une certaine pitié. Il n'était qu'honorable pour elle, & avait ainsi excité
fallait que la situation de ce malheureux prince l'animosiié des ennemis personnels de celui-ci.
fut bien précaire pour le forcer à une telle démar- C'est du moins ce que laisse entendre Guillaume
che; &, étant données les circonstances, il faut de Puylaurens. Voyez plus bas. [A. M.]
avouer que Louis IX se montra relativement mo- ' Guillaume de Pi:ylaurens, c, ^5. — Matthieu
déré dans ses exigences. 11 est vrai qu'en se met- Paris, p. Hq!). — Tome VIII, Ch.irtes, n. CCLI
tant ainsi à la disposition du roi & de sa Cour, c. 1 102.
le comte s'ôtait tout moyen de tenter une nouvelle 'Guillaume de Puylaurens, c. iâ. Vcyez
prise d'armes, & que Louis IX n'aurait pu dimi- tome VIII, Chartes, c. iop8,
iiuer ses domaines sans amoindrir d'autant l'hé-
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXV, vSi "^
' An izi^%
capitale, 8c après avoir reçu', au mois de novembre, le serment de fidélité des
chevaliers S< des consuls de Saverdun, il les joignit^ auprès d'Alfonse dans le
diocèse de Carcassonne. L'évêque de Clermont s'y étant rendu de son côté
avec Imbert de Reaujeu, on convint d'une trêve, & on fixa un jour auquel
Raimond se présenieroit devant le roi à Lorris dans le Gâtinois, pour y ter^
miner sa réconciliation.
Raimond s'étant rendu^ ensuite à Saint-Rome, dans le Lauragais, il y pro-
mit solennellement, le 22 de décembre, aux trois commissaires, à l'évêque de
Clermont & à Imbert de Beaujeu, d'exécuter fidèlement les promesses qu'il
avoit faites au roi, de donner à ce prince toutes les sûretés nécessaires lorsqu'il
seroit arrivé à la Cour, de lui restituer avant son départ toutes les places &.
tous les domaines dont il s'étoit emparés depuis la guerre, soit par lui-même,
soit par ses alliés; de rétablir toutes choses dans le même état qu'elles étoient
auparavant, 5t d'observer en son entier le traité de Paris, soit par rapport à
l'Eglise, soit par rapport au roi. En conséquence, il remit entre les mains'*
d'Hugues, évêque de Clermont, 8<. d'Imbertde Beaujeu, le château de Saver-
dun Se celui de Brom ou Bram, par un acte daté près de Villepinte, dans le
Lauragais, avec permission au roi d'en disposer comme il le jugeroit à propos.
11 quitta en même temps les habitansd'Albi 81 Amalric, vicomte de Narbonnc,
du serment de fidélité qu'ils lui avoient prêté-
Ce vicomte promit alors^ de son côté, qu'aussitôt qu'il seroit arrivé en la
présence du roi, il s'engageroit d'obliger tous les habitans de la cité Se du
bourg de Narbonne à prêter à ce prince le même serment de fidélité qu'ils
avoient prêté au feu roi son père, de se rendre à Narbonne avant son départ
pour la Cour; d'y déclarer publiquement que le comte Raimond l'avoit absous
de son serment 8t de toutes leurs conventions, £t de remettre cette ville aux
commissaires du roi, qui en prendroient possession au nom de ce prince. t'^ni°p'*''"3
Amalric se rendit, en effet, bientôt après à Narbonne, où il fit cette déclaration
devant le peuple, entre les mains de l'évêque de Clermont, qu'il remit en
possession de tout ce que le roi y possédoit avant la guerre, par un acte daté
du mois de janvier suivant.
LXVI. — Le comte Raimond, le vicomte de Narbonne g- divers seigneurs
se rendent à la Cour^ ^y terminent leur paix.
Le comte R.aimond partit avec les trois commissaires du roi pour se rendre
à la Cour. En passant à Montauban, il éîablif^, le 28 de décembre, Sicard
d'Alaman pour son lieutenant dans le Toulousain, l'Albigeois, le Rouergue^
le Querci & l'Agenois, c'est-à-dire dans toute la partie de ses Etats située en
' Trésor des chartes; Toulouse, sac 7, n. 21. — ' Voyez tome VIII, Chartes, n. CCLI, ce. 1099,
[I. 3 14; Teulet, t, 2, p. 483, acte du 1'^' nor.] 1 ico,
' Guillaume de Puylaurens, c. 45. '■' liiJ. n. CCLII, ce. 1 1 o4 à 1 108.
' Tome VIII, Chartes, n. CCLI, c. 1102.— [Cor- ' IkU. n. CCXhV , c. 1137.
^'ge^ le jo novembre ciu lien du 22 décembre.]
~ 7~ 702 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXV.
An I2^i I
deçà du Rhône. Enfin le comte étant arrivé à Lorris au mois de janvier de
l'an 1242 (1243), 1° Il y déclara devant le roi, par des lettres' scellées de son
sceau, qu'il se soumettoit, lui, ses Etats & ses alliés à la miséricorde de ce
prince. 2° Il jura de faire prêter serment de fidélité au roi devant les com-
missaires que ce prince enverroit sur les lieux, par tous les barons, châtelains,
chevaliers 8c vassaux, 8c par tous les habitans des bonnes villes de son obéis-
sance, depuis l'âge de quinze ans 8c au-dessus, suivant la formule exprimée
dans le traité de Paris, &c d'en faire délivrer des actes authentiques. 3° Il
promit de remettre, entre les mains du roi Se de ses commissaires, les châteaux
de Puycelsi en Albigeois, Najac en Rouergue,Si Laurac dans le Toulousain,
outre celui de Penne en Agenois, pour les garder pendant cinq ans à compter
du \" de mars suivant. 4° De faire son possible pour livrer le château de
Penne en Albigeois entre les mains de ce prince. 5° Enfin d'accomplir entiè-
rement toutes les promesses qu'il avoit faites par le même traité de Paris, 8c
de raser, quand le roi le jugeroità propos, toutes les fortifications qui avoient
été faites à ses places durant la guerre 8c auparavant. Il déclara de plus, par
un acte particulier, qu'ayant fait sa paix avec le roi, que lui ajant fait
hommage (quoique, ajoute-t-il, nous ne croyons pas y avoir jamais contrevenu
dans toute notre conduite), 8c qu'étant tenu de lui remettre ou à ses commis-
saires les châteaux de Puycelsi, de Najac 8c de Laurac, ce prince auroit le
pouvoir de les confisquer, supposé qu'il ne les lui eût pas remis après la mi-
mars prochaine. Un ancien historien- assure que Raimond remit alors au
roi des lettres qu'il avoit reçues de l'Empereur, par lesquelles ce prince l'exhor-
toità continuer la guerre-'. Il promit"* enfin à la reine Blanche, le 19 de jan-
vier, de purger son pays d'hérétiques 8c de faire une justice sévère 8c une
recherche exacte de ces sectaires.
Amalric, vicomte de Narbonne, arriva à Lorris quelques jours après, suivi
de treize des principaux habitans de cette ville, qui prêtèrent serment de
fidélité au roi, le 23 de ce mois, envers tous 8c contre tous, avec promesse de
conserver fidèlement les domaines de ce prince 8c de s'élever contre ce vicomte
8c ses héritiers, s'ils entreprenoient quelque chose de contraire à cette fidélité.
Amalric promit de son côté, par serment, de détruire toutes les fortifications
qu'il avoit faites dans ses châteaux depuis la dernière guerre. Raimond Gau-
celin, seigneur de Lunel, 8c Bérenger, seigneur de Puyserguier, prêtèrent ce
jour-là un semblable serment^; 8c le lendemain samedi, 2i^ de janvier, Pierre
' Voyez tome VIII, chartes, n. CCLI, ce. 1104, ses calomnies dont l'Empereur fut l'objet, d'autant
I io5. plus que, dans le même passage, Philippe Mouskes
' Philippe Mouskes, p. 204. [Êdit. Reiffenberg, accuse Frédéric d'avoir appelé les Tartares en Eu-
t. 2, pp. 681-682.] rope. Louis IX eut toujours avec Frédéric des rap-
' Ce n'est pas tout à fait le sens du passage de ports amicaux qui n'auraient pu persister après
Philippe Mouskes, auquel renvoie dom Vaissete. une trahison aussi insigne. |A. M.]
Cet auteur dit seulement que c'est l'Empereur qui ■* Voyez tome VIII, Chartes, n. CCLI, ce. 1 104,
décida les comtes de Toulouse & de la Marche & ito5.
le roi d'Angleterre à entreprendre la guerre. On '' Trésor des chartes; Toulouse, sac 5, n°" 18 &
peut voir dans cette assertion une des nombreu- 1;. — [J. Sic ; Teulet, t. 2, p. 48^,]
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XXV. 733 ~
' An I :.;j
de Grave', Pierre de Miramont Se Vagier de Montolieu chevaliers, de la
bailUe de Carcassonne , en firent autant.
LXVII. — Le comte de Fo'ix se rend aussi à la Cour, 0 le roi le reçoit à
l'hommage comme son vassal immédiat.
Roger, comte de Foix, alla de son côté trouver le roi à Montargis, au mois
de janvier de l'an 1243, & il y rendit hommage lige^ à ce prince pour tous
les domaines qu'il tenoit du comte de Toulouse durant la dernière guerre. Le
roi lui promit de ne plus le remettre, lui & ses héritiers, sans leur consente-
ment, sous l'hommage de ce comte. Depuis ce temps-là les comtes de Foix,
qui, dès leur origine, avoient été hommagers de ceux de Toulouse, d'ahord pour
tout le comté de Foix, 8<. ensuite seulement pour la partie de ce comté située
en deçà du Pas de la Barre, devinrent vassaux immédiats de la couronne,
changement qui causa un chagrin extrême au comte Raimond. Il est vrai
qu'un moderne^ assure que le roi ne retint l'hommage des terres que le comte
de Foix avoit dans la mouvance des comtes de Toulouse que pour la vie de
Raimond seulement, parce qu'il ne vouloit pas que le comte Alfonse soutïrît
des fautes de son beau-père; mais, outre qu'on vient de voir que le roi promit
à Roger de ne pas le remettre lui 6* ses héritiers sous la foi Se l'hommage Éd.oriKin.
des comtes de 1 oulouse, on ne trouve pas que les comtes ae b oix aient jamais
rendu hommage à Alfonse, lorsque ce prince fut parvenu au comté de Tou-
louse après la mort du comte Raimond. Si nous en croyons un autre historien'*
moderne, Raimond 8< Roger se virent alors en présence du roi, qui scella
par son autorité l'accord qu'ils firent ensemble, & défendit réciproquement à
leurs vassaux de rien entreprendre les uns contre les autres : autre circonstance
dont nous ignorons la preuve. Ce qu'il y a de vrai, est que Roger'' promit au
roi de délivrer les prisonniers qu'il avoit faits sur le comte de Toulouse, à
condition que lorsqu'il seroit de retour dans le pays, ils lui donneroient toutes
les sûretés nécessaires qu'ils ne lui feroient pas la guerre, qu'ils ne lui cau-
seroient aucun préjudice, qu'ils reviendroient sous son hommage, Se que le
comte Raimond délivreroit de son côté Sicard Si Hugues de Durfort, Si les
autres prisonniers de Fanjaux Si de Laurac, Si leur restitueroit leurs biens.
Nous comprenons par là que Raimond Si Roger se firent la guerre après que
le dernier eut abandonné l'autre. En effet"^, Arnaud de Marquefave, Giitl-
laume-Aton son frère, Pons de Villeneuve, Si plusieurs autres, se déclarèrent
alors en faveur du comte de Toulouse contre celui de Foix, leur seigneur
• Manuscrits Je Colhert, n. zC6<). dom Vaisseie va faire tout à l'hture n'en est pnj
'Voyez tome VIII, Chartes, n. CCLIII, ce. i io3 moins fondée. Jamais le comte de Foix ne recon-
& 1109, nut la suzeraineté d'Alfonse de Poitiers. [A. M.]
' La Chaise, Histoire ie saint louis, l. .ï, n. ï.3. * Marca, Histoire Je Béarn, p. 767.
— Cf. Lenain de Tillemont, t. 2, p. 481. Cet ' Voyez tome VIII, Chartes, n. CCLIII, ce. 1 107
historien se fonde, pour interpréter ainsi l'acte à 1110.
du roi (JJ. XXX*, n. 206), sur les mots suivants : ' Château de Foix, caisse 3.^.
istius Raimunji, nunc comitis, La remarque (jue
VI. ^s
;^„ ,^^3 754 HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XXV.
immédiat, qui les fit prisonniers. Enfin, le comte de Foix obtint ' un ordre du
roi, qui enjoignoit à l'évêque de Toulouse de lui remettre le château de
Saverdun,que ce prélat tenoit en séquestre, 8<au comte deToulouse d'absoudre
les chevaliers Si les habitans du même château du serment de fidélité qu'ils
lui avoieiit prêté.
• r
LXVIIÏ. — Raimond, de retour dans ses Etats, punit les auteurs du massacre
des inquisiteurs , €- fait prêter un nouveau serment entre les mains des
commissaires du roi par ses vassaux £• principaux sujets.
Raimond ne fut pas^ plutôt de retour à Toulouse que, voulant tenir ses
promesses, il fit pendre sans miséricorde tous ceux qui avoient eu part au
massacre des inquisiteurs à Avignonet. Ensuite les consuls de la ville 8c du
faubourg de Toulouse firent serment^, le 28 février, en sa présence 8t par
son ordre, entre les mains de Jean le Clerc 81 d'Oudard de Villars, envoyés
par le roi dans le pays pour le recevoir; ils promirent : 1° D'observer fidèle-
ment le traité de Paris & de demeurer toujours fidèles au roi & à l'Église, en
cas que Raimond vînt à l'enfreindre. 2° D'aider l'Église contre les hérétiques
8c leurs fauteurs. 3° De se tourner contre Raimond, supposé qu'il vînt à faire
la guerre au roi. Les commissaires du roi firent prêter le même serment à
tous les habitans de Toulouse, âgés de quinze ans 8c au-dessus : Sicard de
Montant 8c Sicard de Miramont en prêtèrent un semblable peu de jours après,
6c durant les mois de mars 8c d'avril suivans. Ils parcoururent avec les com-
missaires du comte le Toulousain, l'Albigeois, le Rouergue, le Querci 81
l'Agenois, 8c y reçurent un pareil serment de la part des barons, des cheva-
liers 8c des habitans des principales villes de la domination de Raimond. On
conserve les originaux de ces actes dans le Trésor des chartes du roi, 8c on y
voit les sermens de Bernard, comte de Comminges, 8c d'Hugues, comte de
Rodez; ceux de Pilfort de Rabastens, Pons Amelii, Guillaume-Pierre de
Bérens, Maffré de Rabastens, Bertrand, frère de Raimond^ comte de Tou-
louse, 81 Raimond de Cominiac, qualifiés barons d'Albigeois ; des chevaliers
8c bourgeois de Rabastens, des consuls 8c habitans de Gaillac, des consuls,
chevaliers, nobles 8c habitans de Cordes, 8c des habitans de Puycelsi, Mon-
taigut 8c Cahuzac, en Albigeois; ceux de Jourdain de l'Isle, Bernard Amelii
de Paillez, des chevaliers 8c habitans de Lavaur 8c de Fanjaux, des habitans
• de Castelnaudary, Verdun , Villemur, Laurac, Puyiaurens, Saint-Paul de
Cadajoux, Castelsarrasin, Mas de Verdun, Montesquieu 8c Saint-Jory, dans
le Toulousain; ceux des habitans de Najac, Millau, Peyrusse 8c Villeneuve,
en Rouergue; ceux de Guillaume de Gourdon, Bertrand de Cardaillac,
Déodat de Barasc, Gilbert de Castelnau 8c Hugues de Cardaillac, barons du
Querci ; des habitans de Montauban, des chevaliers 8c nobles de son bailliage,
' Château de Foix, caisse i i . ^ Voyez tome VIII, Chartes, n. CCLIV, ce- i i i3
' Guillainne de Puyiaurens, c. 46. à 1 1 15. — Regtstrum curiae Franciac,
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LA>3GUED0C. LIV. XXV. 755 "~ ~T"
' An 12^3
d'Arnaud de l'Espinasse & des autres habitans du bailliage de Lauserte, des
habitans de Saint-Cir, Moissac, Lauserte, Châteauneuf de Laval, Montcuq,
Capdenac Se Caylus, en Querci; ceux des barons ci'Agenois, savoir : Arnaud-
Oton, vicomte de Lomagne 8c d'Auvillar, Amanieu d'Albret, Bernard d'Hu-
gues, Autinier de Rovignan, Begon & Nompar de Caumont, Bernard &
Arnaud deDurfort, Gaston 8c Vital de Gontaud, Arnaud d'Espagne Si Pons- t.'iu,°p'4"i.
Amanieu de Nadaillan; des consuls 8c des habitans d'Agen, Condom, Mezin,
Marmande, Pont-Sainte-Marie 8c Penne, en Agenois, 8c enfin celui des con-
suls Si habitans de Narbonne'.
LXIX. — Le roi confisque les domaines de Pierre-Bermond, seigneur d'Alais,
Andu-^e, Sauve &> Sommières.
Pierre-Bermond, seigneur d'Anduze ' 8c en partie d'Alais, fit aussi, au mois
d'avril de l'an 1248 (après Pâques), sa paix avec le roi, qui avoit confisque ses
châteaux d'Alais, Anduze, Sauve 81 Sommières, sans doute pour s'être ligué
avec le comte de Toulouse, son cousin germain. Le roi, après lui avoir par-
donné, lui assigna Se à ses descendans mâles par droit d'aînesse, six cens livres
de rente annuelle, tant dans le pays d'Hierle {in terra Erisdii) que sur le
château de Roquedu, pour les tenir en hommage lige. Ce pays, que les
ancêtres de Pierre-Bermond avoient possédé, étoit composé de divers châteaux
8c villages situés dans les Cévennes, sur les frontières des diocèses de Lodève,
de Nimes, aujourd'hui d'Alais 6c de Mende. Le roi s'y réserva le droit de
chevauchée, le château de Merueys 8c la liberté de faire détruire tout ce qu'il
jugeroit à propos du château de Roquedu, avec défense à Pierre-Bermond
d'élever aucune fortification sans sa permission, 8c d'entrer lui 8c ses héritiers
dans les châteaux ou villes d'Alais, Anduze, Sauve 8c Sommières, que le roi
unit ainsi en partie à son domaine. Enfin ce prince se réserva la liberté d'as-
signer ailleurs, s'il le jugeoit à propos, ces six cens livres de rente à Pierre-
Bermond, qui promit de lui être fidèle à l'avenir. Oudard de Villars, séné-
chal de Beaucaire, fit cette assignation au mois de juillet suivant, en présence
de Raimond, évêque de Nimes, de Raimond-Pierre de Ganges, Bernard de
' On peut voir la liste de ces serments dans nos nuscrite Je la maison d'Anduze. — Cette charte a
additions au tome VIII, ce. i 1 18 à 1 1 20 ; dans le été publiée par Ménard {Histoire de ffimes, t. 1,
Registrum curiae on n'a donné que le titre de p. 75 & suiv.). L'acte du roi est daté de Pierre-
chaque acte c'est cette liste qui remplit les der- buffière (Haute-Vienne, arr. de Limoges), avril
niers feuillets de cette compilation. Dans celle 1243. Peu après le roi ordonna à l'évèque de
que donne ici dom Vaissete, il y a quelques noms Nîmes & à l'abbé de Psalmodi de vérifier si
de lieux fautifs que nous corrigeons. — Guil- l'assise de six cents livres faite par le sénéchal,
lem-Pitrre de Brens &. non de Berens. — Raimond Oudard de Villiers, avait exactement cette va-
Je Cominiac, il paraît dans le serment de Pons- leur. Vérification faite, la valeur de l'assise fut
Amiel de Capdenac, c'est Comiac (Lot, arr. de reconnue exacte, & les prélats abandonnèrent
Figeac). — Bernard Amiels de Pailhiés &. non de l'affiire, le plaignant ayant retiré sa plainte, &
Paille^. — Fort Sainte-Marie . (A. M.] quatre personnes honnêtes ayant offert de donner
' Manuscrits de Colbert, n. 2669. — Manuscrits de ladite assise un loyer de six cent quatre-vingts
d'Auhays, n. 2.0-2. — Le Laboureur, Histoire ma- livres tournois. [A. M.]
~ T" 756 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXV.
An 1143 '
Barre, chevaliers, Sec. Le roi, par cette confiscation, réunit au domaine la
moitié de la ville d'Alais. L'autre appartenoit à Pvaimond Pelet, qui étoit
convenu, en iiSS ', avec Pierre-Bermond que le plus ancien d'entre eux ou
de leurs héritiers auroit la préséance sur l'autre dans cette ville.
LXX. — Le roi d'Angleterre se plaint à l'Empereur du comte de Toulouse
6- conclut une trêve avec la France.
Henri, roi d'Angleterre, au désespoir de la paix du comte de Toulouse avec
le roi, s'en plaignit amèrement* à l'empereur Frédéric, son beau-frère, dans
une lettre datée de Bordeaux, le 8 de janvier de l'an 1243. Il fondoit ses
plaintes sur ce que, s'étant engagés réciproquement à ne faire ni paix ni trêve
sans la participation l'un de l'autre, Raimond avoit conclu la paix à son insu,
au préjudice de son serment. Il écrivit à peu près dans les mêmes termes à
Pierre de la Vigne, juge de la grande cour impériale 8c ministre de Frédéric;
mais Henri n'avoit pas tant à se plaindre, s'il est vrai, comme les anciens
historiens, 8t même les Anglois^ l'assurent, qu'il étoit convenu lui-même
d'une trêve de cinq ans avec le roi de France avant la fin de l'an 1242, 8<.
cela sans la participation de Raimond, dans le temps même que ce comte étoit
actuellement en guerre avec le roi. Quoi qu'il en soit, Henri"* fit un traité
solennel avec le roi pendant la semaine sainte de l'an 1243. Ils convinrent
d'une trêve qui devoit durer depuis le jour de la Saint-Benoît, 21 de mars,
jusqu'à la Saint-Michel, & ensuite pendant cinq ans. Le roi donna pour ses
garans les comtes de Toulouse, de la Marche, d'Auvergne, 8<c.
LXXI. — Raimond fiance Marguerite de la Marche.
Le mariage projeté entre Raimond, comte de Toulouse 81 Marguerite de
la Marche, s'accomplit-"' cependant, & le comte s'étant rendu à Angoulême, à
son retour de la Cour'', il y fiança solennellement cette princesse; mais
comme ils étoient parens du troisième au quatrième degré, ce fut sous condi-
tion qu'ils obtiendroient dans un an la dispense du pape. Pvaimond nomma
ensuite ses ambassadeurs à Rome Pons d'Astoaud, son chancelier, 81 Guil-
laume de Puylaurens, son chapelain ou aumônier, pour obtenir cette dis-
pense; le premier fit en effet le voyage, mais soit à cause de la vacance du
Saint-Siège, qui ne fut rempli que vers la fin du mois de juin de cette année,
soit pour d'autres raisons que nous ignorons, la dispense ne vint pas; en
sorte qu'il n'est pas certain^ qvie le mariage ait été consommé.
■Voyez tome VIII, Chartes, n. CCXXV, ce. 1021 ' Voyez tome VIII, Chartes, n. CCLXX, c. 1170
1022. & siiiv.
' Rymer, Acta publica, p. 414 8c seq. * Voyez tome VU, Note XXXV, n. iv, pp. io5,
' Matthieu Paris, p. SpS. — Voyez tome VII, 106.
Note XXXIV, n. m, p. loi. ' Ihid.
■• Rymer, Acta publica, p. 416.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXV. 75? "" ::"
' ' An 124J
LXXII. — Seigneurs de Savei^.
Raimond étant de retour dans sa capitale y reçut, le 22 de février de
l'an 1243 8c les jours suivans, l'hommage de Bernard Amelii, seigneur de
Paillés, pour Roquefissade ', Alzen, Artigues & plusieurs autres châteaux ou
villages situés vers le pays de Foix, £<. celui de Bernard 81 Fortanier de Cora-
minges, fils de feu Bernard de Comminges de Savez, qui reconnurent en
leur nom 8<. en celui d'Aymeri, leur frère, tenir de lui tout le pays de Savez,
ce qu'ils avoient à Boulbonne, & généralement tout ce qu'ils possédoient
dans le Toulousain. Le 17 de mars suivant, Roger de Comminges, fils de ,.^ii°p^°^"',.
Roger, comte de Pailhas, reconnut tenir de ce prince le château de Quier,
dans le pays de Foix.
LXXIII. — Concile de Bé-^iers. — Plaintes de Raimond contre
les inquisiteurs.
Raimond se rendit quelque temps après à Béziers, pour assister à un concile
qui fut tenu dans le palais épiscopal de cette ville, &. auquel se trouvèrent*
les archevêques de Narbonne 8< d'Arles, les évêques de Toulouse, Lodève,
Agde, Nimes, Carpentras, Marseille, Rodez, Albi, Agen 8c Cahors; les abbés
de Villemagne, Saint-Thibéry, La Grasse, Saint-Pons, Quarante, Saint-
Hilaire, Saint-Papoul, Foix, Pamiers, Gaillac, Grandselve, Fontfroide, Boul-
bonne S< plusieurs autres; les archidiacres de Béziers, Narbonne, Mague-
lonne, Nimes, Lodève Se Toulouse; les procureurs de l'évêque de Carcassonne,
les prévôts des églises d'Arles, Nimes, Maguelonne & Toulouse, &c. Le comte
fit la déclaration suivante en plein concile, le samedi dans l'octave de Pâques
(18 d'avril) de l'an 1248, en présence de plusieurs chevaliers 8t laïques, de
frère Pons, prieur provincial des frères prêchevns, en Provence, 8c des autres
religieux de son ordre, qui se disoient juges de l'hérésie dans ses États par
l'autorité apostolique : « Je déclare, dit Raimond, que frère Ferrier 8c frère
« Guillaume-Raimond, de l'ordre des frères prêcheurs, qui prétendent avoir
« juridiction pour informer contre les hérétiques dans mes États, ont rendu
« contre moi une sentence d'excommunication, nonobstant &c après l'appel
« légitime que j'ai interjeté au Saint-Siège de leurs procédures, soit par rap-
« port k leurs personnes, soit par défaut de juridiction; &c que cette sentence
« m'a beaucoup diffamé, quoique rendue contre le droit. Mais ayant fait ma
« paix avec le roi de France, 8c étant dans une ferme résolution de purger
<i le pays d'hérétiques, comme j'y suis obligé, de concert avec maître Guil-
« laume, clerc, 8c les autres ambassadeurs du roi ; 8c le différend que j'ai
« avec les frères prêcheurs, ne pouvant être terminé à cause de la vacance
■ Manuscrits de Colbert, n, 1067, — [J. 3i4, ' D'Achéry, Sp'tcilcgium , t. 4, p. 263. — Gallttt
n. 78 & n. 24; Originaux; actes des 22 & 26 fé- Christiana, nov. éd. t. 6, Instr. p. i55.
Trier 1243 j Teiilci, t. 2, p. 498 & suiv.j
~~r~~~r 758 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXV.
« du siège apostolique; pour ne pas retarder les affaires de l'inquisition Se
« pour témoigner mon zèle pour la foi, j'offre, à la sollicitation des mêmes
« ambassadeurs, à vous, archevêques de Narbonne & d'Arles, qui êtes ici
« présens, ou si vous ne voulez pas procéder tous seuls, conjointement à tous
« les évêques de l'assemblée, ou enfin à tous ceux que vous voudrez associer,
« de m'en rapporter entièrement à votre décision, tant au sujet de l'appel
« que j'ai interjeté que de la sentence des frères prêcheurs qui m'excom-
« munie, dans l'espérance que vous me rendrez la justice que je mérite;
« que vous aurez égard à ma personne & à ma réputation, Se que l'affaire de
« l'inquisition aura un heureux succès. »
Deux jours après', R.aimond somma les évêques de ses Etats, savoir : ceux
de Toulouse, Agen, Cahors, Albi & Rodez, ou d'exercer eux-mêmes l'inqui-
sition contre les hérétiques dans leurs diocèses, ou de l'y faire exercer en
leur nom, soit par les religieux de l'ordre de Cîteaux, 8c les frères prêcheurs
Se mineurs, soit par telles autres personnes qu'ils jugeroient à propos, avec
promesse de les aider de tout son pouvoir dans cette recherche, de faire exé-
cuter leurs sentences ou jugemens par ses sénéchaux, viguiers 6- autres baillis;
de punir les coupables, de confisquer leurs biens, Sec. Le comte fit cette som-
mation en présence de l'archevêque de Narbonne, des évêques d'Agde, Car-
pentras 8c Lodève, de l'abbé de Saint-Paul de Narbonne, Raimond-Gaucelin,
seigneur de Lunel, Barrai, seigneur de Baux, Hugues d'Arcis, sénéchal de
Carcassonne, Oudard de Villars, sénéchal de Beaucaire, Sec. Nous ignorons
la réponse des évêques; mais nous verrons bientôt que les frères prêcheurs
furent continués dans l'exercice de l'inquisition , avec cependant quelques
modifications.
LXXIV. — Lettre de Raimond au roi touchant le château de Penne,
en Albigeois.
Raimond fit encore quelque séjour à Béziers, d'où il écrivit^ au roi, le
22 d'avril, pour lui marquer qu'il avoit travaillé de toutes ses forces depuis
son retour de la Cour, pour lui remettre le château de Penne, en Albigeois,
de la même manière qu'il lui avoit remis les autres châteaux; mais que les
chevaliers qui en étoient les maîtres refusoient de lui obéir; à nioins que le
roi ne promît par des lettres patentes de le lui rendre au bout de cinq ans;
Se il le pria de faire expédier ces lettres.
LXXV. — Le vicomte de Narbonne se soumet à l'archevêque.
Amalric, vicomte de Narbonne, voulant de son côté exécuter les conditions
xhn°p^442. de son traité de paix, promit solennellement, le 25 d'avril, dans le couvent
■ Voyez tome Vîll, Chartes, n. CCLV, ce. 1121 ' Voyez tora» VIII, Chartes, n. CCLI, c. iio5.
& r 112.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXV. 75n — " ~
I ' An 1 24J
des frères mineurs de Narbonne ', en présence d'Hugues d'Arcis, sénéchal de
Carcassonne, à Pierre, archevêque de Narbonne, d'obéir entièrement à ses
ordres touchant la réparation des dommages qu'il lui avoit causés. Douze
chevaliers, ses vassaux, & vingt des principaux habitans de la ville se ren-
dirent ses cautions & promirent, en cas d'inexécution de sa part, de se
remettre en otage à Capestang.
LXXVl, — Entrevue des rois de France &• d'Aragon au Puy. — Jacques,
roi de Majorque, naît à Montpellier. — Trêve entre les comtes de Toulouse
i/ de Provence.
Le comte Raimond, de retour dans le Toulousain, confirma à Buzet*, le
14 de mai suivant, les religieux du monastère de Pinel, de l'ordre de Grand-
mont, fondé par ses prédécesseurs, dans la possession de tous les biens qu'ils
avoient acquis. Il fit ensuite un voyage du côté du Rhône, & se trouva peut-
être à l'entrevue que les rois de France & d'Aragon eurent, au mois de juin
de cette année, au Puy, où ils tinrent leur cour, suivant un ancien monu-
ment^. Jacques, roi d'Aragon, avoit passé quelque temps auparavant en deçà
des Pyrénées 5 & la "* reine Yolande, sa femme, accoucha à Montpellier, la
veille de la Pentecôte (ou le 3o de mai), de l'infant Jacques, qui fut ensuite
roi de Majorque. Le roi d'Aragon retourna à Montpellier après son entrevue,
& reçut dans cette ville, à la fin du mois de juin, un nouveau serment de
fidélité des habitans, qui promirent de lui être soumis pendant sa vie &, après
sa mort, à la reine Yolande, sa femme, si elle vivoit en viduité 6t ne se fai-
soit pas religieuse, 8t ensuite à leur fils Pierre ou à tel autre de leurs enfans
qu'il voudroit leur donner pour seigneur.
Le comte Raimond, en s'approchant du Rhône, avoit dessein de reprendre
la guerre contre le comte Raimond-Bérengerj mais Jean, archevêque d'Arles,
leur fit^ conclure une trêve jusqu'à la fête de la Toussaint, 8c ils la signèrent
à Beaucaire, le 29 de juin. Raimond profita de cet intervalle pour faire un
voyage en Italie.
' Caseneuve, Franc alleu, p. 296 & suit. iupra) est le testament de Pons, comte d'Urgel,
* Tréior des chartes, reg. 176, n. i55. écrit le 5 juin 12^3, à Balaguer, au moment où
' Marza Hispan.ica,c. 53g. — La liste des séjours ce seigneur se disposait à aller à la Cour des deux
Ae Louis IX, publiée dans les Historiens de France rois à Sainte-Marie du Puy. Aucun historien nin-
(t. 21, p. 412), n'indique pas pour l'année 1243 dique cette entrevue. Peut-être ne fut-elle que
un Toyage d« ce prince dans le midi de la France. projetée & n'eut-elle pas lieu; en tout cas, il
Le 29 mai, le roi est à Paris, en juin à Pontoise faut la reporter à juillet ou août, moment où
& à Vernon , en septembre nous le trouvons à l'itinéraire laisse un vide, qu'elle comblerait en
l'hôpital près Corbeil, en octobre à Melun. L'en- partie. [A. M.]
trevue aurait donc du avoir lieu vers le mois de ' Voyez tome VIII, Chroniques, n. III, c. 212.
juin. Le seul document cité par Baluze (Marca, ut * Ibid. Chartes, n. CCLVI, ce. 112421128.
• „. . 7^0 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXV.
An iijLj I
LXXVII. — Brouillerîes entre le comte de Foix &• les sujets du comte
de Toulouse.
Raimond, en partant de Toulouse, avoit donné ordre ' à Sicard d'Alaman,
son principal ministre, à qui il laissa le gouvernement de ses Etats pendant
son absence, de remettre aux seigneurs, chevaliers, consuls 8<. bourgeois de
Saverdun, au pays de Foix, le serment de fidélité qu'ils lui avoient prêté
durant la dernière guerre contre le roi. En conséquence, Sicard ordonna à
Bertrand, frère du comte, le i" de juillet de l'an 1243, de faire cette remise;
mais quelques voies de fait qui survinrent entre Roger, comte de Foix, Se les
vassaux du comte de Toulouse, retardèrent l'exécution de cet ordre. Le roi,
informé de ces troubles, interposa son autorité Si ordonna au comte de Foix
8<. à Sicard d'Alaman de lui envoyer des députés pour leur signifier sa volonté.
Sicard obéit & convint d'une suspension d'armes. Le roi nomma des commis-
saires & ordonna à l'évêque de Toulouse, qui tenoit le château de Saverdun
en séquestre, de le remettre au comte de Foix pour le posséder de la même
manière qu'il l'avoit tenu au commencement de la guerre. Ce prélat donna
ses ordres pour exécuter ceux du roi, par des lettres datées de Montauban,
le 25 d'octobre. Il étoit alors sans doute en chemin pour la Cour de France,
oi.1 il se rendit en ettet^ cette année, & non pas à celle de Rome, comme l'a
avancé un historien moderne ■*. Le comte de Foix, Bertrand, frère du comte
de Toulouse, Se les commissaires, qui étoient le sénéchal de Carcassonne,
R.aimond de Capendu St Loup de Foix, s'étant rendus "* à Saverdun, le
vendredi après la Saint-Nicolas (11 de décembre), Bertrand remit par ordre
de Sicard, lieutenant du comte Raimond, le serment de fidélité aux seigneurs,
chevaliers, consuls 8t bourgeois de cette ville. Le procureur de l'évêque de
Toulouse restitua de son côté le château de Saverdun au comte de Foix, qui
en prit possession, en protestant qu'il le recevoit sous l'hommage & la fidélité
du roi de France. Les commissaires ordonnèrent en même temps, pour la
sûreté que les prisonniers du comte de Foix dévoient lui donner, qu'ils lui
promettroient par serment de ne lui causer aucun dommage, non plus qu'à
l'abbé de Lézat, de lui pardonner tout le mal qu'il leur avoit fait dans la
dernière guerre, & de lui faire un nouvel hommage. Arnaud de Marquefave,
son fils, & tous les autres chevaliers qui s'étoient déclarés en faveur du comte
de Toulouse, leur seigneur médiat, contre celui de Foix, leur seigneur
t.''i1i,''p?44'3. i'Tii"'^<-liat, & qui avoient été fait prisonniers, furent ensuite délivrés, & firent
hommage à Roger, avec Loup de Foix, oncle paternel de ce comte, pour la
seigneurie de Saverdun. Roger de Comminges & Roger, comte de Pailhas,
son père, qui avoient embrassé aussi le parti du comte de Toulouse contre
■ Tome VIII, Chartes, n. CCLVIII, ce. i iSi & ' Guinaume de Pujlaurens, c. 46.
Il33. — Marca, Histoire de Bcarn, 1. 8, ch. 24, ■* Fleuri, Histoire ecclcsiastiiiue, 1. 82, n. 8.
p. 766 & siiiv. ■• \'oyez tome VIII & Marta, ut sufrx.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXV. 761
celui de Foix, durant la guerre, hrent ' dans la suite leur paix avec ce
dernier.
LXXVIII. — Le comte Raimond passe au delà des Alpes i^ va à la cour
de l'empereur.
Deux motifs engagèrent Raimond, comte de Toulouse, à faire un voyage
au delà des Alpes. Le principal étoit de se rendre à la cour de l'empereur
Frédéric, qui résidoit alors dans la Fouille, 8<. l'autre de poursuivre à la cour
romaine son appel contre les inquisiteurs. Il y avoir eu de la froideur entre
ces deux princes; mais Frédéric écrivit peu de temps auparavant une lettre^
à Raimond, dans laquelle il lui témoigne beaucoup d'affection, lui marque
qu'il étoit prêt à lui en donner des preuves, s'excuse sur le silence qu'il avoit
gardé à son égard, 8c l'assure que son amitié pour lui n'avoit jamais varié Se
que les circonstances ne l'avoient pas altérée. R.aimond joignit ce prince à
Malfi ^, dans la Fouille, au mois de septembre de l'an 1243, & fît un assez
long séjour à sa cour d'où il alla de temps en temps aux environs prendre le
divertissement de la chasse. Un moderne"*, trompé par l'ancien auteur^ qui
tait deux fois mention de ce voyage de Raimond, savoir : sous l'an 1242 8c
sous l'an 1243, sans doute par l'erreur des copistes, assure que ce comte alla
à la cour de Frédéric dès le mois de septembre de l'an 1242, 8c qu'il y
demeura toute l'année suivante; mais il est certain que Raimond ne passa
les Alpes qu'en 1243. Il obtinf^ alors de Frédéric la restitution du marquisat
de Frovence ou du comté Venaissin, que ce prinee avoit confisqué au com-
mencement de l'an 1241, parce que ce comte s'étoit déclaré alors contre lui
en faveur du pape Grégoire IX.
LXXIX. — Raimond obtient son absolution du pape iS- prolonge la trêve
avec le comte de Provence.
Raimond s'employa par reconnoissance à la réconciliation de l'empereur
avec le pape Innocent IV, qui avoit été élu à Favie, le 24 de juin de cette
année, après une vacance du siège pontifical de plus de vingt mois. Comme
Raimond avoit besoin de se mettre bien lui-même auparavant dans l'esprit
du pontife, il lui envoya'^ d'abord faire ses soumissions. Innocent ayant fait
ensuite son entrée k Rome vers la fête de la Toussaint, Raimond se rendit à
sa cour 8c lui fit remettre ^ des lettres du roi de France, qui le sollicitoit vive-
• Voyez tome VIII, Chartes, n. CCLVIII, * Raynaldi, an. lï^S, n. 28.
ce. 1 133, 1 134. — Château de Foix, caisse 20. ' Ricardus de Sancto Germaiio, ut supra.
' Pierre de Vignes, 1. 3, ep. 32. — Tome VII, « Guillaume de Puylaurens, c. 46. — Voyez
Note XXXIV, pp. pij à io3. tome VII, Note XXIX, n. 5, p. 93.
' Ricardus de Sancto Germano, ap. Ughelli, " Raynaldi, an. 1243, n. 3i.
Italia sacra, nov. éd. t. 10, & Muratori, Rerum « Ricardus de Sancto Germano, ut supra. —
/taiicarum, t. 7, p. icjo&suiv. — [Corrige^ Melfi, R:iyualtii, an. 1244, n. 17. — Trésor des chartes;
dans 1,1 Basilicate.J Croisades, sac 1, n. 4^ & suiv. — |J. 447jTeuIet,
An 1;, j
~~ ~ 762 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXV.
An 12^3 '
ment de le traiter favorablement ; mais le pape ne voulut pas l'admettre à
son audience, qu'il n'eût été réconcilié à l'Église. Cette cérémonie se fit de
la manière suivante. Raimond s'engagea d'abord par un acte authentique
d'obéir exactement à tous les ordres de l'Église, & donna caution juratoire
comme il satisferoit pleinement à ceux qui l'avoient excommunié, supposé
que leurs censures fussent justes & raisonnables. Après cette promesse il reçut
l'absolution le 2 de décembre, 8c Innocent lui ayant donné audience, il
demanda la révocation de la censure que les inquisiteurs avoient portée
contre lui. Se dont il avoit appelé au Saint-Siège. Le pape le renvoya à l'ar-
chevêque de Bari, qui lui donna l'absolution. Le pape le rétablit ensuite
. 1^ dans sa réputation & rendit compte de toutes ces choses, le i" de janvier
suivant, au roi saint Louis'. Innocent marque à ce prince qu'il avoit fait un
bon accueil au comte, à sa recommandation; qu'il l'avoit reçu, du conseil des
cardinaux, à la grâce du siège apostolique, & qu'il avoit été d'ailleurs charmé
d'en agir ainsi, « parce que ce comte tenant un des premiers rangs entre les
K princes du monde, il pouvoit être d'une grande utilité à l'Église. « Raimond
vécut depuis dans une parfaite intelligence avec Innocent, qui lui témoigna
dans toutes les occasions une affection singulière, 8c qui enjoignit aussitôt à
tous les archevêques 8c évêques de France, 8c en particulier à Zoen, évêque
d'Avignon, de publier dans leurs diocèses l'absolution qu'il avoit donnée à
ce prince, 8c sa réconciliation avec l'Eglise. Ce fut, en conséquence de cet
ordre, que Pierre, archevêque de Narbonne, dans des lettres* datées du mois
de mars suivant, déclara le comte Raimond absous de toutes les sentences
d'excommunication que lui &c ses suffragans avoient prononcées contre lui^.
Innocent écrivit en même temps"* à l'évêque d'Avignon pour l'engager à
s'employer pour prolonger la trêve que le roi d'Aragon avoit ménagée entre
les comtes de Toulouse 8c de Provence, Se pour terminer enfin par uiie paix
Éd.origin. la cruellc guerre qui duroit entre evix depuis si longtemps. Nous inférons
de là que la trêve conclue au mois de juin précédent jusqu'à la Toussaint,
entre ces deux comtes, par l'entremise de l'archevêque d'Arles, avoit été pro-
longée à la sollicitation du roi d'Aragon, 8c qu'elle étoit sur le point de finir^.
t. 2, p. 323. Bulle du pape Innocent IV, du 2 dé- ' Tome VIII, Chartes, n. CCLXI, ce. 1 145, 1 146.
cembre 1243, adressée à l'-Trchevéque de Bari; ' La réconciliation de Raimond VII ne devint
Potthast, n. 11187.) — Voyez tome VIII, Chartes, définitive que le 17 mai 1244. Cette dernière
n. CCLX, ce. 1 142 & 1 144, & Additions & correc- date est, en effet, eell» d'un» bulle dn pape Inno-
tions, cent IV cassant cette sentence de frère Ferrier 8c
' Avant cette bulle du 1" janvier 1244 (Pot- de ses acolytes dont nous avons parlé plus haut,
thast, n. Ii2i3), Innocent IV avait déjà écrit au Cette bulle avait été publiée par dom Vaissete,
sujet de la même affaire à Louis IX, le 12 décem- mais d'après la copie incomplète du ms. lat. 60C9
bre 1243 (Potthast, n. 1 i 192). Le roi avait envoyé (Cartulaire de Raimond VII), & il l'avait placée
à la cour de Rome pour suivre cette affaire G., à l'an 1243. Elle est donnée in extenso par Teu-
archidiacre de Coutances, & Guillaume de Limo- let, t. 2, p. 534 & suiv., d'après l'original, J. 447,
ges ; ce dernier était celui qui avait réglé les n. 42 (Conférez tome VIII, c. 1143 &. suiv., &
conditions de la paix de Lorris. La lettre à Zoen, aux Additions & corrections). [A. M.)
évêque d'Avignon, est du 7 janvier 1244 (liid. ^ Raynaldi, an. 1244, n. 17.
n. 11218). [A. M.] ' Le ro décembre 1243, le pape écrivit au roi
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXV. yôS
LXXX. — Le pape ordonne aux inquisiteurs de continuer leurs procédures,
(S- modère leur autorité.
Quant au différend que le comte de Toulouse avoit avec les inquisiteurs
de l'ordre des frères prêcheurs, touchant l'autorité qu'ils exerçoient indépen-
damment des évêques, il ne fut pas terminé tout à fait à sa satisfaction. Ces
religieux s'adressèrent' à Innocent aussitôt après son élévation au pontificat,
îk lui demandèrent d'être déchargés du soin de l'inquisition, à cause des tra-
verses qu'ils avoient à essuyer. Le pape ne jugea pas à propos de leur accorder
leur demande : il écrivit, le lo de juillet de l'an 1248^, au prieur provincial
S< aux frères inquisiteurs de cet ordre établis en Provence, pour les engager
à continuer leurs fonctions, suivant la forme que le pape Grégoire IX leur
avoit prescrite, 81 qu'il avoit renouvelée lui-même, avec pouvoir au même
provincial d'établir 8c de destituer les inquisiteurs, du conseil de ses frères,
comme il jugeroit à propos. II confirma cette disposition l'année suivante Si
ordonna de plus à ce provincial, le 20 de juillet de l'an 1243, de renou-
veler l'inquisition dans le diocèse de Toulouse, qui commençoit d'y être
négligée. Enfin ce fut pour favoriser les frères prêcheurs -^ dans la recherche
des hérétiques, qu'il nomma au mois de septembre suivant, Zoen, évêque
d'Avignon, légat dans la Province, avec défense de faire aucune élection dans
toutes les églises des pays soumis à la légation de ce prélat sans son consen-
tement, sous prétexte qu'il v avoit à craindre qu'on ne choisît quelqu'un
suspect d'hérésie.
Le pape, pour modérer cependant le trop grand zèle des inquisiteurs, leur
enjoignit, le 12 de décembre suivant '^j de n'imposer aucune peine aux héré-
tiques ou à leurs fauteurs qui, n'étant ni condamnés, ni convaincus, vien-
droient d'eux-mêmes avouer leurs fautes dans un temps marqué, après lequel
on procéderoit à l'ordinaire contre les désobèissans, Se on imploreroit en cas
de besoin le bras séculier. Il tâcha, d'un autre côté, de remédier dès le com-
mencement de son pontificat à un abus qui scandalisoit les fidèles Se qui
donnoit lieu aux hérétiques de décrier l'Eglise. C'est que les évêques 8c les
ecclésiastiques, par un motif d'intérêt personnel, jetoient souvent des inter-
dits généraux pour la faute d'un ou de quelques particuliers. Afin d'obvier à
cet inconvénient. Innocent défendit^ de rendre de pareilles sentences dans
les lieux suspects d'hérésie, au delà du Rhône (c'est-à-dire en deçà par rap-
ponr le pritr de faire restituer par Pierre d'Ath les, marchandises par le sénécKal «Je Beancaire. Cf.
sénéchal de Beaucaire, les marchandises & le na- tome VIII, c. 1167. [A. M.]
vire dont il avait dépouillé Thomas de Pinasca, ' Percin, Martyres, c. i3 8; siiiv. — Registre de
bourgeois d» Gènes (Potthast, n. 1 1 I9i). De sem- l'Inquisition de Toulouse.
blables faiti durent se renouveler souvent; le 14 " [Potthast, n. iio83.]
janvier 12^5, Innocent IV eut encore à écrire * Raynaldi, année 1243, n. 17 & suiv., 3o &
à Louis IX pour des faits analogues; il s'agissait suiv.
de plusieurs marchands de Gènes qui, allant aux ^[Potthast, n. 11 193.]
foires de Lagny, avaient été dépouillés de leurs ' Archives de l'Inquisition de Carcassonne.
An 1244
~ 764 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXV.
An 1244 ' •
]:)ort à nous), dans la province de Provence limitée par les frères prêcheurs, 8c
ordonna à l'évêque de Carcassonne de révoquer & de déclarer nulles toutes
celles qui avoient été rendues '.
LXXXI. — Concile de Narbonne. — On y règle la procédure des inquisiteurs.
Les inquisiteurs de la Province ayant reçu le nouveau pouvoir du pape
pour exercer leurs fonctions, recommencèrent leurs procédures avant la fin de
l'an 1243, & les continuèrent les années suivantes sans aucun obstacle, soit
de la part du comte de Toulouse, soit de la part des évêques. Ils consultèrent
toutefois ceux-ci assemblés dans un concile qui fut tenu dans la province de
Narbonne^, à la fin de la même année ou au commencement de la suivante,
Sv leur demandèrent la résolution de plusieurs difficultés qui se rencontroient
dans l'exercice de leur ministère.
Pierre Amelii, archevêquo de Narbonne, présida à ce concile auquel se
trouvèrent Jean, archevêque d'Arles, Raimond, archevêque d'Aix; les évêques:
Clarin de Carcassonne, B. d'Elne, Jean de Maguelonne, G. de Lodève,
P. d'Agde, Raimond de Nimes, Durand d'Albi 8<, P., élu de Béziers; avec
les abbés de Saint-Gilles, de Saint-Aphrodise de Béziers 8c de Castres. Ces
prélats firent vingt-neuf canons, qu'ils adressèrent aux frères inquisiteurs de
l'ordre des frères prêcheurs établis dans leurs provinces ou dans les pays voi-
sins, en réponse aux questions que ces religieux leur avoient proposées. Voici
ce qu'il y a de plus remarquable dans ces canons. Vous enjoindrez 3, disent
les évêques (parlant aux inquisiteurs), aux hérétiques ou à leurs fauteurs qui,
s'étant venus accuser eux-mêmes, n'ont pas été mis en prison, de porter des
croix sur leurs habits, de se présenter tous les dimanches à leur curé pendant
la messe, entre l'épîtve &c l'évangile, ayant une partie de leur corps nu,- sui-
vant la saison, 8c une poignée de verges à la main pour recevoir la disci-
^Éd.oiigin. pline, 8cc. Ces pénitens feront la même cérémonie à chaque procession
solennelle, 8c tous les premiers dimanches du mois ils visiteront, en se fouet-
tant avec des verges, toutes les maisons de la ville où ils ont fréquenté les
hérétiques; ils jeûneront, visiteront les églises, 8cc. On ne leur permettra"*
pas à l'avenir d'aller servir outre-mer, conformément à la défense que le pape
en a faite depuis peu, de crainte que se trouvant en grand nombre dans les
lieux saints, ils ne les profanent^. On^ construira des prisons pour y ren-
fermer les pauvres qui seront convertis, 8c on pourvoira à leur subsistance.
Les pénitences'' seront laissées à la discrétion des inquisiteurs, avec permis-
sion à eux de les augmenter ou de les diminuer dans la suite. Les coupables
' [Potthast, n. 11092; la bulle du 16 juillet ' Le canon ."> ordonne de les envoyer dans une
1243.] ville quelconque, autre que celle où ils ont sé-
^ Concilia, t. Il, c. 487 & suiv. — Tome VII, journé jusque-là, & de les y interner à perpétuité
Noie XXX, pp. 94, rji). ou à temps. [A. M.]
' Concilia, ihiA. can. 1. •> Concilia, can. 4.
^ Ihid. can. 2. ^ Ihid. can. 5.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXV. yôS
feront' une confession publique de leurs crimes, & ils en feront dresser des
actes authentiques^. « Comme il y a des villes 3, disent les évêques, où le
« nombre de ceux qui doivent être renfermés dans une prison perpétuelle
« est trop grand, en sorte qu'on ne trouve pas assez de pierre 8c de ciment
« pour construire des prisons, nous conseillons aux inquisiteurs d'attendre
« là-dessus les ordres du pape. » Les relaps '^ seront abandonnés au bras sécu-
lier, sans miséricorde, pour être punis comme ils le méritent; mais on ne
doit pas leur refuser la pénitence s'ils la demandent^. On détermine'^ ensuite
les fondemens sur lesquels on devoir regarder quelqu'un comme fauteur dts
hérétiques. Les inquisiteurs'^ doivent s'abstenir d'imposer des amendes pécu-
niaires pour l'honneur de leur ordre; leurs fonctions étant d'ailleurs assez
affligeantes. On défend* à ceux qui seront trouvés coupables d'hérésie, d'en-
trer en religion sans la permission du pape ou de son légat. Aucun de ceux'
qui doivent être renfermés en prison n'en sera exempt, pour quelque raison
que ce soit, sans une grâce spéciale du Saint-Siège '°. Il est permis" de rece-
voir le témoignage des infâmes, des criminels & même des complices en
matière d'inquisition contre les hérétiques; Se il est défendu aux inquisi-
teurs'^ de révéler les témoins; mais on ne pourra condamner personne qui
ne soit pleinement convaincu. On réputera'-* désormais pour hérétique celui
qui sera convaincu par témoins ou par d'autres preuves, quoiqu'il nie sa
faute. Enfin '*' on entre dans le détail des points pour lesquels quelqu'un doit
être censé fauteur des hérétiques ô* des vaudois. Les évêques ajoutent à la
fin, en adressant ces décrets aux inquisiteurs : « Nous vous écrivons ceci, non
« pour vous obliger à suivre nos conseils, n'étant pas convenable de res-
« treindre, au préjudice de cette affaire, par des règles ou des formules, autres
« que celles du siège apostolique, la liberté qui vous a été donnée; mais seu-
« lemenl pour seconder votre zèle, comme il nous a été enjoint par le même
« siège apostolique; afin que, comme vous supportez nos charges, vous rece-
« viez, par l'effet d'une charité mutuelle, nos avis & notre secours dans une
« affaire qui est la nôtre. »
' Concilia, ihid. can. 6. ' Concilia, can. 14 & siiiv.
' Les canons 7 & 8 permettent aux inquisiteurs ' Ibid. can. 17.
de modérer ou d'aggraver la peine à leur gré, & ' Itid. can. 18.
chargent les curés de veiller à l'accomplissement ' Jhid. can. 19.
des pénitences imposées à leurs paroissiens. '° Le canon 20 énumère ceux sur lesquels s'étend
[A. M.] l'autorité inquisitoriale ; ce sent ceux qui ont
' Concilia, can. 9. péché dans les limites du territoire soumis à sa
* Ihid, can. II. juridiction, qui y ont eu domicile, qui y ont exercé
' Le canon 10 détermine les cas où il y a ré- une charge ou emploi quelconque, y ont été arrêtés
bellion : refus d'accepter la pénitence après ser- ou cités. — Le canon 21 ordonne aux inquisiteurs
ment d'obéir aux ordres de l'Eglise; évasion de 'de se communiquer mutuellement leurs renseigne-
la prison où on a renfermé l'hérétique. Le canon ments. — Le canon 22 défend de faire connaître
12 décide les cas où il y a rédicive, il suffit pour en aucun cas les noms des témoins. [A. M.'
être relaps de rentrer en relations avec les héré- " Concilia, can. 24.
tiques après avoir reçu l'absolution. Au cas même " Ihid. can. 12 & suiv.
où ils auraient une excuse valable, ils doivent " Ihid. can. 26.
être condamnés à la prison perpétuelle. [A. M.] " Ihid. can. 29.
An I 244
~ 766 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXV.
Au l2-)-t '
LXXXII. — Nouvelle recherche des hérétiques dans la Province. — Le pape
modère encore l'autorité des inquisiteurs.
Les inquisiteurs, après avoir reçu cette réponse, procédèrent sans relâche à
la recherche des hérétiques, savoir' : ceux de Toulouse, dans l'ancien diocèse
de cette ville, 8c ceux de Carcassonne, dans le reste de la province de Nar-
honne, & dans les diocèses d'Albi, Rodez, Mende & le Puy. Ils firent déterrer
en divers endroits les corps de ceux qui étoient accusés d'être morts dans
l'hérésie, 5c les firent brûler publiquement. Quant aux vivants, ils citèrent à
leur tribunal tous ceux qui leur furent dénoncés ou qu'ils crurent suspects,
parmi lesquels on trouve plusieurs personnes de condition dont nous nous
dispenserons de rapporter les noms. On voit leurs interrogatoires dans les
registres de l'inquisition de ces deux villes; on y nomme plusieurs évoques,
diacres, fils majeurs €■ fils mineurs des hérétiques, 6c on y rapporte diverses
circonstances de leurs cérémonies. On y trouve entre autres qu'ils avoient des
cimetières particuliers dans les villes, 8c il y est marqué que dans leurs repas
les convives, au premier coup qu'on buvoit, au premier morceau de pain
qu'on mangeoit 8c quand on commençoit à servir quelque plat, disoient
bénisse-^, 8c que les parfaits, qui étoient présens, répondoient : Dieu vous
bénisse. Raimond de Pérèle^, chevalier du diocèse de Toulouse, dépose à la
fin du mois d'avril de l'an 1244, devant l'inquisiteur de Carcassonne, que
Guillabert de Castres, évêque hérétique, avoit ordonné à Monségur, il y avoit
quinze ans, en sa présence Se en celle d'Aton-Arnaud de Castelverdun, un
évêque 8c un fils majeur pour les hérétiques d'Agenois, 8c un autre fils majeur
pour ceux du Toulousain, 8cc. On trouve de plus dans ces actes des preuves
des erreurs de ces sectaires, dont quelques-uns avançoient qu'ils croyoient
que Dieu n'avoit pas fait les choses visibles; que les sacremens de baptême
8c de mariage ne servoient de rien au salut; que les enfans morts après avoir
été baptisés étoient damnés; que Jésus-Christ n'étoit pas dans l'Eucha-
ristie, Sec. D'autres nioient l'incarnation du Verbe, le saint sacrifice de la
messe, la résurrection des morts. F^nfin quelques autres avouoient d'une
manière claire 8c précise les deux principes du manichéisme. Il est vrai qu'ils
ne donnoient pas tous également dans des erreurs si grossières : aussi les
inquisiteurs dans leurs interrogatoires avoient-ils soin de distinguer l'hérésie
de la vaudoisie, en sorte que ceux qu'on nommoit simplement hérétiques
adoptoient les erreurs de Manés, mais non pas ceux qu'on appeloit vaudois,
lesquels étoient en plus grand nombre.
La recherche exacte que firent les inquisiteurs 8c la sévérité de leurs pro-
cédures engagèrent la plupart des accusés à en appeler au pape, 8c ils obtin-
rent des brefs de pénitencerie pour se mettre à l'abri des poursuites; mais sur
' Registres de l'Inquisition de Toulouse & de ' [Corrige^ Pereille, Ariége, arr. de Foix.]
Carcassonne.
V.d, origiii.
t. 111, p.4^6.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXV. 767
les remontrances' que firent là-dessus, à Innocent IV, le 14 de juin de
l'an 1245, les évêques de Carcassonne, Elne, Toulouse, Uzès, Lodève &
Nimes, l'évêque élu de Béziers, les abbés de Saint-.A.phrodise & de Saint-
Jacques de Béziers, & celui de Quarante, le pape permit aux inquisiteurs de
continuer leurs procédures. Cela fit que, s'ils ne purgèrent pas entièrement
le pays d'hérétiques, les sectaires n'osèrent plus du moins se montrer publi-
quement, 8t que plusieurs, pour éviter de tomber entre leurs mains, se réfu-
gièrent dans les pays étrangers & surtovit en Lombardie, où ils formèrent^
une église particulière appelée VégUse de France, composée d'environ cent
cinquante personnes. Il n'en resta guères davantage dans le pays, &. les églises
de Toulouse, d'Albigeois 8c de Carcassonne, avec les débris de celle d'Age-
nois, n'étoient plus composées que d'environ deux cents cathares en i25o,
lorsque frère Reynier, qui avoit été de leur secte &: qui avoit pris ensuite
l'habit religieux dans l'ordre des frères prêcheurs, écrivit contre eux sa Somme,
dans laquelle il ne compte que quatre mille de ces hérétiques dispersés dans
tout le monde & partagés en seize églises. Cet auteur distingue ces héré-
tiques des pauvres de Lyon ou vaudois, qu'il appelle Uonistes, & qu'il par-
tage en Lombards & en Ullramontains. Il ne reproche à ces derniers que
trois erreurs, savoir : 1° De dire qu'il est défendu de jurer sous peine de
péché mortel, & que les puissances séculières n'ont pas le pouvoir de punir
les malfaiteurs. 2° Que tout laïque peut consacrer le corps de Jésus-Christ.
3° Enfin que l'Eglise romaine n'est pas celle de Jésus-Christ.
Le pape, pour modérer encore davantage la trop grande autorité des inqui-
siteurs &t les empêcher d'en abuser, leur défendit^ de rendre aucune sentence
£< de porter aucun jugement, sans l'avis & le consentement des ordinaires,
qui procédèrent quelquefois d'eux-mêmes 81 sans le ministère des inquisiteurs
contre les hérétiques de leurs diocèses. Entre plusieurs sentences portées^ par
les évêques du pays, nous en avons une rendue, en iiSo'', par Guillaume
de la Broue, archevêque de Narbonne, de l'avis de l'abbé de Saint-Paul Se
de quelques autres ecclésiastiques de son église} Si une autre^, le i"' d'août
de l'an 1201, par « Raimond Vital, officiai de Pamiers, pour l'évêque de
« Toulouse, St député par lui inquisiteur de l'hérésie dans tout le comté de
« Foix S<. la terre de Mirepoix, du conseil de plusieurs ecclésiastiques, juris-
« consultes, religieux 81 autres. » Il paroit, d'ailleurs, que les évêques de la
province n'eurent pas beaucoup d'égard dans la suite à la bulle du pape,
qui permettoit au provincial des frères prêcheurs de nommer lui-même les
inquisiteurs, car les évêques de Toulouse, d'Agen, d'Albi 81 de Carpentras
déférèrent cette nomination, au mois de juin de l'an izSî^, à Philippe, tré-
' Voyez tome VIII, Chartes, n.CCLXIX, ce. 1 173 * Mat\<:ni, Thésaurus aneciotorum, t. i,c. 1045.
à 1176. = Voyez tome VIII, Chartes, n. CCLXXXVII,
' iamma /ratris Kfncrii, ap. Martène, rAisaariij ce. 1272, izyS. [L'acte est de izSi (n. st.))
anecdotorum, t. 5, c. 1767 & suiv. * Château de Foix, caisse 3i.
' Baliize, Concilia Galliae Narionensis, append., ' Voyez tome VIIÏ, Chartes, n. CCXCIX, ce. i3i3
p. loj . 8t |3 14.
An I 2.)4
An I 244
768 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXV.
sorier de Saint-Hilaiie de Poitiers, &. à Gui Fulcodi, commissaires d'Alfonse,
comte de Toulouse & de Poitiers, à condition cependant que les inquisi-
teurs ne détermineroient rien sans leur conseil , & avec protestation de
suivre en toutes choses la forme canonique de l'inquisition. Le pape Inno-
cent IV enjoignit' d'un autre côté, le 12 de novembre de l'an 1247, aux
archevêques de Bordeaux, Narbonne & Arles, à leurs suffragans, aux évêques
de Cahors, le Puy, Mende, Albi S<. Rodez, 8c aux inquisiteurs de l'hérésie,
t.'îii^p.'^i'V:. '•Js f'^"'^ restituer aux femmes catholiques leurs dots, qui avoient été confis-
quées avec les biens de leurs maris hérétiques; & il ordonna, le 14 de mai de
l'an 124g, aux inquisiteurs, de supprimer une partie de leurs officiers pour
empêcher leurs exactions sur ceux qui se convertissoient.
LXXXIII. — Siège & prise du château de Montségur sur les hérétiques.
La prise du château de Montségur, qui étoit presque le seul asile qui res-
toit à l'hérésie dans la Province, acheva de l'abattre. Ce château, situé dans
le voisinage des Pyrénées, à l'extrémité du Toulousain, &<. aujourd'hui dans
le diocèse de Mirepoix, vers les frontières du pays de Sault, est bâti sur un
rocher escarpé & bordé de précipices affreux. 11 appartenoi"t anciennement à
des seigneurs particuliers qui le possédoient sous la mouvance des vicomtes
de Béziers 8c de Carcassonne. Il avoit été pris au commencement de la croi-
sade par Simon de Montfort, qui en avoit disposé en faveur de Gui de Lévis,
maréchal de son armée, de même que de celui de Mirepoix, dont il est
éloigné de trois lieues vers le midi ; mais il avoit été repris par Pierre-Roger
de Mirepoix 8t Raimond de Pérèle, ses anciens seigneurs, partisans du vicomte
Trencavel, qui en avoit fait sa principale place d'armes 81 le refuge des pros-
crits Se des hérétiques. La situation de cette place ^, qui passoit pour impre-
nable, en rendoit la conquête très-difficile j mais comme la tranquillité du
pays 8t l'entière expulsion des hérétiques dépendoient de sa soumission,
Pierre Amelii, archevêque de Narbonne, Durand, évêque d'Albi, Hugues
d'Arcis, sénéchal de Carcassonne, Raimond de Campendu 6c divers autres
seigneurs résolurent d'en entreprendre le siège. Ils mirent un corps de troupes
sur pied Se, s'étant joints au mois de mars de l'an 1244, ils l'attaquèrent;
mais ils ne purent rien avancer pendant longtemps, tant par la vigoureuse
défense de la garnison que par la nature du lieu. En effet, plusieurs cheva-
valiers de mérite qui s'y étoient retirés avec leurs familles, voyant qu'il falloit
se résoudre à vaincre ou à périr, se battirent en désespérés, secondés par leurs
femmes qui, malgré la toiblesse de leur sexe, partagèrent avec eux toutes les
fatigues du siège. Enfin les généraux catholiques ayant rassemblé une troupe
de gens du pays accoutumés à grimper sur les rochers, 8c les ayant fait sou-
tenir par un gros détachement de l'armée, ces troupes escaladèrent heureuse-
' Registre de l'Inquisition de Toulouse. — [Pot- Histoire des comtes Je Tolose, Preuves, p. 162. —
thast, n. 12743.] Registre de l'Inquisition de Carcassonne. — Voyez
'Guillaume de Puylaurens, c. 46. — Catel, tome VIII, n. CCCXLIII, c. i5o6&suiv.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXV. 760
' ■' An 1244
ment, pendant une nuit, le rocher sur lequel ce château est situé, S< ayant
surpris 5<, égorgé ceux qui gardoient un ouvrage avancé, posté dans le coin
du rocher, elles s'en emparèrent. Le lendemain les assiégeans frémirent
d'horreur à la vue des dangers qu'ils avoient courus pendant la nuit, au tra-
vers des précipices qu'ils avoient été obligés de franchir pour venir à bout
d'une entreprise qu'ils n'auroient osé tenter pendant le jour, 8c, profitant de
leur avantage, ils frayèrent le chemin de cet ouvrage au reste de l'armée.
Puis, étant plus à portée du château, ils le pressèrent si vivement que les
assiégés, ne pouvant plus résister, demandèrent à capituler. On leur accorda
la vie sauve, à condition qu'ils livreroient à la discrétion des vainqueurs
environ deux cens hérétiques revêtus (ou parfaits), tant hommes que femmes,
qui s'étoient réfugiés dans la place, entre lesquels étoit Bertrand-Martin, leur
évêque. On exhorta d'abord les sectaires à se convertir; mais comme ils per-
sistèrent dans leurs erreurs, on traça une enceinte au pied de la montagne,
on l'entoura de pieux & ayant dressé un grand bûcher au milieu, on les y
fit périr par les fiammes, à la réserve de quelques-uns qui trouvèrent moyen
de s'évader; plusieurs personnes de condition furent du nombre de ceux qu'on
brûla vifs, entre autres Esclarmonde, fille de Raimond de Pérèle, l'un des
seigneurs de Montségur. Ce château se soumit vers la mi-carême de l'an 1244,
8t fut rendu à Gui, maréchal de Mirepoïx, qui en fit hominage ' au roi, au
mois de juillet de l'année suivante.
LXXXIV. — Le comte Raimond, principal plèmpotentïalre de l'empereur
Frédéric, négocie la paix de ce prince avec le pape.
Le comte de Toulouse, après avoir reçu son absolution du pape & terminé
à la cour romaine toutes les affaires qui l'intéressoient personnellement,
employa sa médiation^, comme principal plénipotentiaire de l'empereur Fré-
déric, conjointement avec Pierre des Vignes 5(. Thadée de Suesse, grands
juges de la cour impériale, pour réconcilier ce prince avec le Saint-Siège, lis
mirent la négociation en bon train, Se Frédéric écrivit à divers princes de
l'Europe pour les prier d'envoyer leurs ambassadeurs à Rome, afin d'y être
présens à la conclusion de la paix, que son très-cher iy féal allié le comte Kd.oiigin.
Raimond avoit négociée. Baudouin, empereur de Constantinople, qui se
trouvoit alors à Rome, se joignit au comte pour faire réussir l'accommode-
ment. Enfin les ambassadeurs de Frédéric étant convenus des articles du
traité, ils en firent la lecture, le jeudi saint de l'an 1244, en présence du
même Baudouin, de tout le sacré collège, d'un grand nombre de prélats, des
sénateurs St du peuple romain ; mais quelques jours après Frédéric refusa de
les ratifier, malgré ses promesses; ainsi le pape & l'empereur demeurèrent
' Reg':strum curiae franciae. — Voyez tome VIII, biens héréditaires. Le roi le lui concéda en aiig-
c. 1 1 ^T) & suiv. cet hommage que nous republions ment de fief. [A. M.]
d'après l'original, J. 622, n. 22. Le sire de Lévis ' Matthieu Paris, année 1244, p. 629 & suiv,
réclamait le château comme faisant partie de ses — Raynaldi, année 1244, n'" 16, 20 & suiv.
VI. 49
1. m, p. 4+8.
^^^^ 770 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXV.
plus brouillés que jamais'. Le pape, ne se croyant pas en sûreté à Pvome, se
rendit à Gênes Si se réfugia ensuite à Lyon. Frédéric, de son côté, préten-
dant que le pape avoit voulu le tromper, envoya son apologie* dans toutes
les cours de l'Europe, se vanta d'avoir des lettres testimoniales de l'empereur
Baudouin Si du comte Raimond, qui justifiolent sa conduite, 81 se soumit à
la décision des rois de France Si d'Angleterre £,■ cLe leur baronage.
LXXXV. — Frédéric punit la déjection de Vévêque de Viviers
& de la ville d'Avignon.
Raimond demeura en Italie jusqu'à l'automne; il obtint une buUe^ par
laquelle le pape le mit, lui, toute sa famille 81 ses biens, sous la protection
du Saint-Siège. Il se tint ordinairement durant cet intervalle à la cour de
l'empereur, Si il y étoit sans doute lorsque ce prince, par un diplôme daté
de Pise, au mois d'août de cette année"*, pour punir l'évêque de Viviers de
ce qu'il avoit transgressé ses ordres Si s'étoit uni avec les rebelles de l'empire,
révoqua les privilèges pour les péages qu'il avoit accordés aux prédécesseurs
de ce prélat. Le nom de l'évêque de Viviers, contre lequel l'empereur étoit
offensé, n'est pas marqué dans la charte-''. Raimond obtint lui-même un
diplôme par lequel Frédéric, en punition de ce que les habitans d'Avignon
s'étoient soustraits à la fidélité qu'ils dévoient à ce comte Si à l'empire, les
priva des fiefs de Géraud d'Ami Si de Pierre d'Ami, oncle paternel de ce der-
nier, de la maison de Sabran, que le même comte Raimond leur avoit donnés,
avec ordre à ces deux barons de retourner sous l'hommage immédiat de ce
prince. La charte est datée de Pise, au mois d'août de l'an MCCXLF indic-
tion II. Preuve que l'empereur y suit le calcul pisan dont on a parlé ailleurs.
Ainsi cette charte appartient à l'an 1244 81 non à l'an 1245, comme quel-
ques-uns "^ le prétendent. L'année suivante^ l'empereur donna à Raimond
tous ses droits sur Avignon, à cause de la rébellion de cette ville.
LXXXVI. — Raimond repasse les Alpes &• reçoit l'hommage des comtes
d'Astarac £• de Comminges pour ces comtés.
Ce comte revint enfin dans ses Etats après avoir fait plus d'un an de
séjour au delà des Alpes^. Il se rendit d'abord à Narbonne, Si là, s'étant joint
'Le récit de toutes ces négociations se trouve ■* Voyez tome VIII, Chartes, n. CCLXV, ce. 1 160
notamment dans une encyclique d'Innocent IV du & 1 161 .
3o avril 1244 (Potthast, n. i iSjp), dans laquelle ' On ne connaît aucun acte des évoques de Vi-
le pape rend justice aux efforts de Raimond VII viers entre 1241, année où siégeait Sébastien, &
pour amener la fin de ces dissensions. [A. M,] 1245; à cette dernière date le chef de cette église
' Matthieu Paris, p. 642. était Arnaud de Vogué. Cf. tome IV, p. .414.
* Trésor des Chartes; Croisades, sac 1, n. 43. — |A. M.]
[J. 447; Teulet, t. 2, p. 566. Bulle du 27 avril " Fantoni, Istoria d'Avinione, 1. 1, p. 69.
1245. Le i5 mai suivant, le pape accorda au ' Voyez toine VIII, Chroniques, n.II,c. 207.
* comte de nouveaux privilèges spirituels; Potthast, * Guillaume de Puylaurens, c. 46 & suiv.
n. 1 1664.]
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XXV. 771
' ' An 12^4
au vicomte Amalric, pour faire satisfaction ' à l'archevêque Pierre Amelii,
qu'ils avoient chassé de cette ville en 1242; ils l'y introduisirent solennelle-
ment, lui servirent d'écuyers, à pied Si sans manteau, 8t conduisirent son
cheval par la bride depuis le couvent des Cordeliers jusqu'au palais épiscopal,
011 ce prélat leur donna l'absolution. Les chanoines & les bourgeois de Nar-
bonne, qui avoient suivi leur archevêque dans son exil volontaire, revinrent
alors dans la ville.
Raimond étant arrivé à Toulouse, Segnis, veuve de Centulle^, comte
d'Astarac, mit, le i3 de novembre, sa personne, son fils Centulle, tout le
comté d'Astarac & tous les domaines qui avoient appartenu au feu comte
Centulle, son mari, sous la protection & le vasselage de ce prince, qui reçut
en même temps l'hommage du jeune Centulle. Le viguier de Toulouse se
transporta quelques jours après dans le comté d'Astarac pour y faire recon-
noître le haut domaine du comte de Toulouse. Centulle II, comte d'Astarac,
épousa^ dans la suite Pétronille de Comminges, dont il n'eut pas d'enfans,
& Bernard, son frère, lui succéda. Bernard VI, comte de Comminges'*, se
rendit aussi vers le même temps vassal du comte Raimond, du conseil d'Ar-
naud-Roger, évêque de Comminges, son oncle paternel, & de plusieurs de
ses barons, pour tout ce qu'il possédoit dans les diocèses de Comminges 8c
de Conserans, 8c lui en fit hommage lige, en présence des évêques de Tou-
louse 8c de Comminges, de l'abbé de l'Escale-Dieu, de Roger, comte de
Pailhas, d'Amalric, vicomte de Narbonne, &c.
LXXXVII. — Raimond reçoit à Toulouse les ambassadeurs du comte de Savoie,
auquel il donne Cécile de Baux, sa petite-nièce, en mariage.
Raimond reçut en ce temps-là, à Toulouse, une ambassade solennelle
d'Amédée ou Amé IV, comte de Savoie, pour lui demander en mariage Cécile,
fille de Barrai de Baux, sa nièce^. Cette ambassade étoit composée d'Aymar, Éd.origin.
seigneur de Bressieux, Humbert de Seyssel 8c Aymar de Compeys. Raimond '• '"• p- -^^g-
ayant agréé leur demande, s'engagea, le 22 de novembre de l'an 1244, de
travailler à l'accomplissement de ce mariage 8c de donner pour dot à Cécile
six mille livres monnoie de Vienne, payables en différens termes^. H promit
■ Chronicon Sancti Paali Narhone, apiid Catel, terres de la rive gauche du Rhône pour le cas où
Histoire Jes comtes Je Tolose, Preuves, p, 172.^ il mourrait sans enfants. Cf. de Tourtoulon, t. 2,
[Cf. tome V, c. 40 & suiv.] p. 647 8c suiv. d'iiprès les archives d'Aragon. Cette
' Voyez tome VIII, n. CCLXIV, ce. 1162» iiô!). donation dut être révoquée peu après, puisqu'il
— Manuscrits Je Colhert, n. 1067. n'en est pas question dans l'acte que dom Vaissete
' Histoire généalogiijue Jes granJs officiers, t. 2, vient d analyser. — En maii I25i, une partie de
p. 617. la dot de cette princesse n'avait pas encore été
^ Voyez tomeVIII, n. CCLXVII, ce. I i65 à 1 167. payée. Amédée, comte de Savoie, écrivait, » cette
' Baluze, MiscelUnea, t. 6, p. 53o & suiv. — date, à l'évéque de Toulouse, à Sicard Alaman &
Trésor des chartes, Toulouse, sac 5, n, 3. — à Raimond Gaucelin, seigneur de Lunel, d'avoir
(J. 3io(Teulet, t. 2, p. 041 & luiv.] à solder ce reliquat, du payement duquel ils
'Trois ans auparavant, le 26 février 1241 (v. st.), s'étaient portés pour cautions (Toulouse, V, 3ç, ori-
Eaimond VII avait assuré à cette même Cécile ses ginal scellé; J. 3io; Teulet, t. 3, p. 1 18). [A. M.]
~; 772 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXV.
An 1244 ' '
de plus de donner pour cautions de sa promesse les évoques de Toulouse,
Cahors, Albi & Rodez; les comtes de Comminges & de Pvodez ; Amalric,
vicomte de Narbonne; Raimond-Gaucelin, seigneur de Lunel, Raimond de
Baux, prince d'Orange, Dragonet de Moniauban,' Aymar de Poitiers, comte
de Valentinois, & Guillaume d'Ami, seigneur de Castelnau, ou d'autres éga-
lement suffisans. On convint que le comte de Savoie constitueroit mille marcs
d'argent à Cécile de Baux pour son augment, sur les villes de Chambéry ou
de Montmeillan. L'acte fut passé au château Narbonnois Se scellé du sceau
du comte de Savoie que les ambassadeurs avoient apporté avec eux, de ceux
de ces ministres, du comte de Toulouse & de Barrai de Baux. Cécile étoit
petite-nièce de Raimond 8c non passa nièce', comme quelques auteurs l'ont
cru. Elle étoit fille de Barrai, seigneur de Baux 81 vicomte de Marseille, Se
de Sibylle d'Anduze, fille de Pierre-Bermond, seigneur d'Anduze, 8t de
Constance de Toulouse, sœur du même Raimond. Elle avoit été déjà accordée
avec Guigues, cinquième du nom, dauphin du Viennois 8t comte d'Albon;
mais le mariage n'avoit pas été consommé. Amédée l'épousa en secondes noces,
& la cérémonie^ s'en fit à Orange, le 18 de décembre suivant.
LXXXVIII. — Raimond crée deux cents chevaliers dans une cour qu'il tient
à Toulouse.
Le comte Raimond, après son retour d'Italie, tint à Toulouse ce qu'on
appeloit alors une cour plénière^. Tout ce qu'il y avoit de plus distingué
dans la noblesse des provinces méridionales du royaume se trouva à cette
cour que Raimond tint aux fêtes de Noël de l'an 1244. Il y créa deux cents
chevaliers, entre lesquels furent Bernard, comte de Comminges, Pierre,
vicomte de Lautrec, Gui de Sévérac, Sicard d'Alaman, son lieutenant Se
principal ministre, Jourdain de l'Isle, Guillaume de Bonneville ou de Bou-
ville, Bernard de la Tour, Sec. Arnaud de Comminges fut aussi sans doute
de ces nouveaux chevaliers; car il fit hommage à Raimond'*, le 3i de
décembre de cette année pour la ville & le pays de Dalmazan, 5c pour tout
ce qu'il possèdoit dans le Toulousain, en présence de Roger de Comminges,
comte de Pailhas, son frère, & de Roger, fils de ce dernier. Arnaud de Com-
minges 81 Roger, son fils, rétractèrent^ cet hommage deux ans après Se se
soumirent pour le pays de Dalmazan à la suzeraineté du comte de Foix,
qu'ils avoient refusé de reconnoître jusqu'alors. Raimond fit ensuite un
voyage en Albigeois'', suivi des évêques de Toulouse 81 d'Albi, de Bernard,
' Cmchenon, Histoire gênéalogiijue de la maison 'Voyez tome VIII, Chartes, n. CCLXXIV,
de Savoie, t. \, ^. 2-jî. — Voyez tome VII, iVote X, ce. 1204, i2o5.
n. IV, pp. 26 à 28. * Manuscrits de Colhert, n. toC)-j. — On peut voir
'Guichenon, Histoire généalogique, t. 3, pr. les actes auxquels dom Vaissete fait allusion dans
p, 71. Teulet, t. 2, p. 548 & 5^9. En voici l'indication
' Guillaume de Puylaurens, c. 47. sommaire. — Rabastens, \'> janvier 1246, vente à
• * Manuscrits de Colhert, n. 10Û7. — [J. 3i4, Raimond VII par Sicard de Miremont, de la ville
n. 2p; original. Teulet, t, 2, p. 547.] de Cintegabelle. — Rabastens, 18 janvier 1245,
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XXV. 773
' ' An 12.;.^
comte de Commingcs, Amalric, vicomte de Narbonne, Jourdain de l'isie &
Pons d'Astoaud, son chancelier; il étoit de retour à Toulouse au commence-
ment de février de l'année suivante. An 12^5
LXXXIX. — Raimoni va à la cour de France i- à la cour romaine, ^ fait
sommer le comte de Foix de lui remettre le pays situé en deçà du Pas de
la Barre,
Ce prince alla bientôt après à la Cour' d'où il se rendit à Lyon, pendant
le carême, pour y conférer avec le pape Innocent IV, qui y faisoit son séjour.
Il fît un nouveau voyage à la Cour, 81 étant de retour à Toulouse il chargea
Sicard de Montant d'aller sommer de sa part Roger, comte de Foix^, tant
en .vertu du serment que ce comte lui avoit prêté que de leurs conventions Se
des obligations qu'il avoit contractées envers lui, de lui livrer incessamment
tout le pays situé en deçà du Pas de la Barre, dans le diocèse de Touloiise,
« pays que nous avons donné en commande, dit Raimond, étant à Saverdun^
« à votre père, après que nous l'avons retiré des mains des François, comme
« vous ne l'ignorez pas sans doute. « On assure^ que Raimond ne £t cette
sommation que pour se venger du comte de Foix, à qui il ne pouvoit par-
donner de ce qu'il s'étoit soustrait à son vasselage. Si que, pour soutenir sa
démarche, il fit fabriquer de fausses lettres : action très-déshonorante pour
sa mémoire, si elle est aussi vraie qu'on le prétend'*.
hommage de Fortanier de Gourdon pour divers
châteaux & domaines au diocèse de Cahorî. —
Raimond VII était de retour à Toulouse dès le
23 janvier suivant, hommage de R. de Orgel/iio,
& de Raimond-Géraud de Moissac {liid. p. 049
& suiv.). [A. M.]
' Guillaume de Puylaurens, c. 47.
'Voyez tome VIII, Chartes, n. CCLXVIII,
ce. 1 172, I 173.
' Tome VII, Note XXXIV, n. iv, p. 99 & suiv.
* L'argumentation de dom Vaisseteen faveur de
Raimond VII (Voyez tome VII, ut supra) paraît
assez convaincante pour que nous n'ayons pas à
revenir sur cette affaire des fausses lettres qu'au-
rait fabriquées le comte de Toulouse. Aux raisons
que le savant Bénédictin a données, il aurait pu
en joindre deux autres. L'évêque d'Albi & l'abbé
de Moissnc donnèrent, le 29 octobre 1249, un vi-
dimus de l'acte accusé de faux (Cf. tome VIII,
c. 12.Î9). En outre, deux personnages, dont nous
n'avons aucune raison de suspecter la bonne foi,
ce même Durand, évéque d'Albi, & Raimond
Gaurtlme, seigneur de Lunel, attestèrent, le 21
mars i 248, qu'ils avaient assisté à l'acte par lequel
Roger Bernard avait reçu, en 1241, à Lunel, le
château de Saverdun en commende (Teulet, t. 3,
p. 23). Cette déclaration met l'authenticité de cet
acte hors de doute. — Toutefois à bien examiner les
trois actes de l'hommage de Roger de Foix, en 1241
(Cf. tome VIII, c. 1 064 & suiv.), on ne peut s'em-
pêcher de reconnaître qu'il existe entre eux plu-
sieurs contradictions. Le premier parle de l'hom-
mage rendu à Raimond VII par le comte de Foix
pour Saverdun ; le troisième, au contraire, dit que
Saverdun a été donné en commende à Roger, qui
doit le restituer à la première réquisition. Exa-
minons maintenant les trois actes en eux-mêmes;
leurs formes diplomatiques ne peuvent nous rensei-
gner; les dates concordent & aucun d'eux ne peut
à ce point de vue être soupçonné. Toutefois, si
nous examinons leur provenance, nous verrons que
le second nous a été conservé par le registre JJ. xix,
cartulaire de Raimond VIT, compilé après la mort
de ce prince, & que le troisième, l'acte attaqué,
est en original au Trésor des chartes. Le premier,
au contraire, provient des archives de Pau, &, par
conséquent, du chartrier des comtes de F";™. C'est
aussi de ce chartrier que provenaient les deux dé-
clarations de frère Guillaume de Brive, que dom
Vaissete réfute avec beaucoup de tact (Tome VIT,
p. 100). Enfin si nous remarquons qu'en 1242,
lors de la paix particulière du comte de Foix avec
le roi de France, Raimond VII somma son vassal
de lui remettre le château de Saverdun, conformé-
An 1245 ' 7 T
Éd. orîpin.
t. 111, p. 45o.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXV,
Cet acte réveilla l'animosité qui n'avoit déjà que trop éclaté entre les deux
comtes, 8t ils auroient sans doute terminé leur querelle par les armes si le
roi n'eût évoqué à soi cette affaire St nommé des commissaires ' pour informer
sur la vérité des faits ^. Il paroît cependant que Raimond confisqua ces
domaines sur Roger, car la plupart des coseigneurs de Saverdun & plusieurs
autres chevaliers du pays, le reconnurent depuis pour leur seigneur immé-
diat; en sorte que Roger, ne pouvant les réduire par la force, implora la
protection de la reine Blanche 8c les fit excommunier; mais ils obéirent tou-
jours à Raimond 3.
XC. — Raimond assiste au concile de Lyon. — Êvêques de Maguelonne.
Archevêques de Narbonne,
Ce prince'^, après ce coup d'autorité^, retourna à Lyon i^, où il se trouva
avec Baudouin, empereur de Constantinople, & Raimond-Bérenger, comte
de Provence, au concile qu'Innocent IV y célébra à la fin du mois de juin,
81 dans lequel il déposa l'empereur Frédéric. Nous ignorons le nom des
évêques de la Province qui assistèrent à ce concile. On assure-' que Jean de
Maguelonne, Raimond de Toulouse Si Guillaume de Lodève furent de ce
nombre, 8<. on ajoute que le premier étant décédé durant le concile, le pape
nomma de son propre mouvement, pour lui succéder, frère Raynier, Italien,
de l'ordre des frères Prêcheurs; mais on se contredit, puisqu'on rapporte^ un
hommage rendu à Jean de Montlaur, évêque de Maguelonne, en 1247. Nous
ment à ses promesses, que le refus du vassal amena
de longs démêlés que saint Louis dut apaiser (Cf.
tome VIII, c. loçS), on reconnaîtra qu'il y aurait
là de quoi accuser Roger du fait peu honorable
dont il chargeait Raimond VII, & qu'on pourrait
le soupçonner d'avoir fabriqué la première lettre
d'hommage de Saverdun de 1241 & soudoyé le
témoignage de Guillaume de Brive. (A. M.]
■Voyez tomeVllI, n. CCXXVIl , ce. I232 à
1234.
' Le 14 février 1245, le comte de Folx donna
des libertés à la ville de ce nom (Tome VIII,
c. 1 168 & suiv.) ; il concéda aux habitans le droit
d'élire leurs consuls au nombre de sept; tous les
habitants durent prêter serment de fidélité aux
consuls, & ceux-ci promettre au comte & à la
communauté de défendre la ville de Foix, ses
droits & ceux du seigneur. En même temps le
comte fixa l'étendue de la banlieue de la ville,
décida que nul ne pourrait acheter ou vendre un
habitant ou une habitante de Foix, & que aucun
d'eux ne serait mis en prison s'il offrait d'ester en
droit. [A. M.]
' Voyez tome VII, Note XXXIV, n. iv, pp. 100
&. 101.
■• Vers la même époque Raimond VII était en
guerre avec le comte d'Armagnac, Bernard. Ce der-
nier avait donné pour caution Arnaud Ot, vicomte
de Lomagne & d'Auvillar. Il paraît que Bernard
ne remplit pas ses promesses, car le 22 juillet i 246,
son répondant dut payer à Bérenger de Promilhac,
viguier de Toulouse, la somme de treize mille sous
de Morlat, valeur des dégâts causés à la terre de
Raimond par le comte d'Armagnac. Cf. Teulet,
t. 2, p. 577 8c suiv. [A. M.]
^ Le 3c mai 1246, il se fit céder par les habi-
tants de Castelsarrasin, probablement à la suite de
dissensions intérieures, le droit de nommer les
consuls de la ville (Tome VIII, c. 1 170 & suiv.).
La justice civile & criminelle fut rendue par le
viguier du comte & le baile du viguier, qui purent
s'associer un jurisconsulte pour les causes diffi-
ciles. La ville de Moissac fit le lendemain 3i mai
un abandon analogue. (Cf. Teulet, t. 2, p. 568.)
[A. M.]
' Guillaume de Puylaurens, c. 47.
' Gariel, Séries praesulum Magalonensium, p. 359
& suiv. — Plantavit, Chronologia praesulum 'Loio-
vensium, pp. i53 8c 168. — Percin, Hist. academ.
Tolos. part. 2, c. 4.
' Gariel, 5eri« praesulum Magalonemium, p. 359
Si suiv.
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XXV. 775
n'avons d'ailleurs aucun monument qui prouve que frère Raynier ait succédé
à ce prélat avant le mois de mars de cette dernière année.
La mort empêcha Pierre Amelii, archevêque de Narbonne, d'assister au
concile de Lyon. Il mourut, en effet, à Narbonne ', le 20 de mai de l'an 1243,
8t fut inhumé dans le monastère de Cassan, où il avoit choisi sa sépulture.
Si l'on doit s'en rapporter à une monition que le chapitre de sa cathédrale
lui adressa-' en 1241, pour l'avertir de ses défauts, il étoit bien moins propre
à gouverner un diocèse qu'à manier les armes 8c à commander un corps de
troupes, comme il fit au siège de Valence, en Espagne, où il se distingua par
sa valeur^. On voit cependant que Pierre Amelii avoit du zèle pour la disci-
pline, car il déposa "*, en 1242, trois archidiacres & quelques autres bénéfîciers
de son église, parce qu'ils ne résidoient pas dans les cures qu'ils possédoient
conjointement avec leurs prébendes, & que quelques-uns n'étoient ni prêtres
ni diacres. Le pape Innocent IV lui avoit permis^, au commencement de
l'an 1245, de faire porter la croix devant lui dans la Province durant sa vie.
Guillaume de la Broue, abbé de Saint-Aphrodise de Béziers, Se natif de
Puyssalicon, au diocèse de Béziers, lui succéda 61 fut élu quatre jours après
sa mort.
XCI. — Raimond fait casser son mariage avec Marguerite de la Marche,
(y projette d'épouser Béatrix, fille de R, Bérenger, comte de Provence.
Le concile de Lyon finit le 17 de juillet. Pendant sa tenue Se après sa
conclusion, les comtes de Toulouse 8<. de Provence renouvelèrent <5, en pré-
sence d'Innocent, 8<. avec son agrément, le projet~de leur alliance, par le
mariage du premier avec Béatrix, quatrième fille de l'autre, princesse d'une
rare beauté, sous la promesse que leur fit le pape de leur accorder la dispense
de la parenté qui étoit entre eux. Raimond avoit fort à cœur de terminer
cette alliance, soit parce que Béatrix devoit hériter de la Provence, suivant le
testament de son père, soit dans l'espérance qu'elle lui donneroit des enfans
mâles; mais comme il étoit marié avec Marguerite de la Marche, il falloit
auparavant faire casser ce mariage. Pour y réussir, il prétexta qu'il étoit
parent de Marguerite du troisième au quatrième degré; qu'il ne l'avoit
épousée que sous la condition qu'on obtiendroit la dispense dans un an. Se
que cette dispense n'avoit pas été accordée. Il demanda un commissaire au
pape, sur l'amitié duquel il comptoit beaucoup, 8c obtint Octavien, cardinal-
diacre du titre de Sainte-Marie in Via lata, qui lui étoit entièrement dévoué,
■ Gaïlit Christtana, t. i, c. 384. — Archives de 187, & qui semblent prouver que le prélat .ivait
l'église de Narbonne. empiété ou essayé d'empiéter sur les droits de son
■ Voyez tome Vm, Chartes, n. CCXLII, ce. 1077 chapitre. [A. M.]
il 1080. * Archives de l'église de Narbonne.
' Aux actes publiés par dom Vaissete 81 relatifs ' Gullia Christiana, nov. éd. t. 1, Instr. c. 64.
aux différends entre Pierre Amiel & son chapitre * Guillaume de Puylaurens, c. 47, — Rufiî,
cathédral, on peut en ajouter plusieurs autres, Comtes de Provence, e. 4.
que nous indiquons au tome V, c. 1375, n"' 186-
An 124J
~~. r~ 776 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXV.
An \z^j I '
èi qui fit une enquête à Lvon, les i3, 17 Se 29 de juillet'. Six témoins, entre
lesquels étoient Baudouin, empereur de Constantinople , l'archevêque de
Reims & les évê([ues de Liège Si de Poitiers furent ouïs 5 & ayant tous attesté
la parenté cjui étoit entre Raimond &. Marguerite, le commissaire rendit une
sentence, le '.') d'août, par laquelle il cassa leur mariage Se leur ])ermit de
convoler en d'autres noces^. Il paroît que Marguerite de la Marche consentit
volontiers à la dissolution de son mariage, qui, à ce qu'il paroît-*, n'avoit pas
été consommé. Elle épousa bientôt après Aymeri VIII, vicomte de Thouars,
8c ensuite, en troisièmes noces, Geoffroy de Châteaubriant.
Le comte R.aimond, se voyant libre '^, convint avec le comte de Provence
d'épouser Béatrix, fille de ce prince, aussitôt que le pape auroit accordé la
i-j.onsin. dispeuse. Ces deux comtes, étant comme assurés de l'obtenir, partirent de
t. UI, p. 431. 1 ]• 1 1 !• • •
I,yon St se rendirent dans leurs Etats pour y disposer tout ce qui étoit néces-
saire à la célébration des noces 5 mais Pvaimond fit une faute irréparable de
n'avoir pas profité, avant son départ, de la bonne volonté du papej car à
peine fut-il chez lui que Raimond-Gaucelin, seigneur de Lunel, qu'il avoit
laissé en Provence pour y prendre soin de ses aHaires, lui dépêcha un cour-
rier qui lui apprit la mort de P\.aimond-Bérenger, comte de Provence, arrivée
à Aix, le ig du mois d'août de l'an 1245, après avoir confirmé son testament
de l'an 1288, par lequel il déclaroit Béatrix, sa quatrième fille, héritière des
comtés de Provence & de Forcalquier & de tous ses autres domaines. Rai-
mond-Gaucelin mandoit à Raimond de se rendre incessamment en Provence
pour y accélérer la conclusion de son mariage avec cette princesse. Il ajou-
toit cependant qu'ayant consulté Pvomieu de Villeneuve & Albert de Tarascon,
deux des principaux conseillers du feu comte, que ce prince avoit laissés
])our tuteurs de Béatrix & régens de ses États, ils lui conseilloient de ne
pas venir dans le pays à main armée, mais avec peu de suite, pour ne pas
effaroucher les peuples. Ces deux ministres, qui n'étoient nullement dans
les intérêts de Raimond, ne lui donnèrent ce conseil que pour le mieux
trahir. Ils prirent en effet la résolution secrète avec Béatrix de Savoie, com-
tesse douairière de Provence Si mère de Béatrix, de donner cette princesse en
mariage à Charles, frère du roi de France, & pour avoir le temps de négo-
' Tome VIII, Chartes, n. CCLXX, ce. 1 1 76, 1 1 83. Ce qui est le plus curieux dans cette série de
' Voyez tome VII, Note XXXV, n. m & suiv. dépositions, c'est l'ignomnce où se trouvent cer-
pp. 104, io5. tains témoins, notamment l'cvêque de Poitiers
'Voici les ascendants des deux conjoints qui, (tome VIII, c. 1179), du nom de telle ou telle
en effet, étaient cousins au quatrième degré : personne illustre. Il faut aussi remarquer que tous
parlent d'après des bruits publics & que le com-
lissaire apostolique ne chercha pas à prouver
Louis VI.
Constance cp. Raimond V. Pierri; de Courtenay. par des actes la parenté des deux parties.
Raimond VI. Almodis, comtesse d'AngouIcme. [A. M.J
'^^''^-'^— ■ — — ■~~- — '^ — ■^*" ~ * Guillaume de Puylaurens, c. 47. — Chronictn
Raimond VII. Isabelle épouse : 1° jean-sans- -* ... t t, *r «.... .
TeiTo, roi d'Angleterre; 2" Hu- massihense, ap. Labbe, Noya Biiliotheca manus-
gues X, seigneur de Lusignan & criptorum , t. 1 , p. 742. — Gesta LuJovici IX,
cojmejJe_la Marche. ^_ p. 3^5, _ r„(-j;^ f„„,^, j^ Proyence. & Bouche,
Marjjuerite, liantée à Raimond VII. t. 2.
An 1 2.;
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXV. 777
cicr cette alliance ik de la taire réussir, il leur iinportoit d'amuser le comte
de Toulouse, de crainte que ce prince, qui avoit la force en main 8^ qui étoit
à portée, ne leur tit quelque violence.
XCII. — Raimond échoue dans son dessein.
Raimond arriva en Provence peu accompagné, comme on le souhaitoit.
Les deux régens lui donnèrent aussitôt les plus belles espérances du monde j
mais ils firent traîner la négociation de son mariage en longueur 81 empê-
chèrent sous main que le pape ne confirmât la dissolution de celui de ce
prince avec Marguerite de la Marche. Raimond obtint à la fin cette confir-
mation ' par une bulle datée du 26 de septembre; mais il ne put avoir la
dispense qui lui étoit nécessaire pour épouser Béatrix, malgré les soins qu'il
se donna*, tant auprès du comte de Savoie, oncle de cette jeune princesse,
que de Jacques, roi d'Aragon, cousin germain du feu comte de Provence.
Jacques, qui s'étoit rendu k Aix aussitôt après la mort du comte de Provence,
promit ou fit semblant de promettre à Raimond de le favoriser, quoiqu'il eût
en vue de faire épouser Béatrix à son propre fils. R'aimond gagna aussi divers
seigneurs du pays, qui parurent portés pour lui; mais les reines de France
&(. d'Angleterre, 8<. la femme de Richard, prince d'Angleterre, sœurs aînées
de Béatrix, prétendant l'exclure de la succession, traversèrent d'abord tant
qu'elles purent son mariage avec Raimond. Ensuite la reine Blanche ayant
écouté les propositions des deux régens en faveur de son fils Charles; & le
roi, son fils, 81 elle ayant eu une entrevue avec le pape dans l'abbaye de
Cluny,vers la fin du mois de novembre, elle le détourna de donner la dis-
pense pour le mariage de Raimond, 8c le fit consentir à celui de Béatrix 8c.
de Charles. Raimond, qui ignoroit toutes ces inenées, s'étoit flatté jusqu'alors
que la reine Blanche, sa cousine germaine, favoriseroit ses desseins. Dans
cette espérance, il lui envoya un de ses confidens pour la solliciter de le pro-
téger; mais il fut si mal servi que son ambassadeur rencontra en chemin le
prince Charles, qui s'avançoit vers la Provence pour y épouser Béatrix, avec
un corps d'armée que le roi, son frère, lui avoit donné, tant pour s'assurer
du pavs que pour en chasser Jacques, roi d'Aragon, qui tenoit cette princesse
assiégée. Charles en arrivant trouva les choses si bien disposées pour lui qu'il
s'empara aisément des principales places, & le roi d'Aragon, n'osant l'attendre,
décampa aussitôt; ainsi il épousa solennellement 61 sans obstacle la jeune
comtesse de Provence, le dernier de janvier de l'an 1246. An 1246
' Trésor des chnr tes; Toulouse, sac 9, n. 70. — " Guillaume de Puylaurens & Geita LuJovie'i IX,
[J. 3i8; Teulet, t. 1, p. 58.'>. La pièce est du ut supra. — Matthieu Piris, p. 684 & suiv. & 704.
l5 septembre IZ^Ô.] — Chrontcon Massiliensc,
A„,^^g 778 HISTOIRE GÉNÉIIALF, DE LANGUEDOC. LIV. XXV.
XCIII. — La comtesse d'Astarac 6" le vicomte de Lomagne cèdent au comte
de Toulouse leur droit au comté de l'e-^ensac.
Le comte Raimond, se voyant la dupe des Provençaux, repassa le Rhône,
& s'étant rendu dans son palais de Toulouse, Signis', comtesse douairière
d'Astarac, & Odon ou Oton, vicomte de Lomagne, lui cédèrent, le 26 de
mars de cette année, en présence de Bernard, comte de Comminges, de maître
t. iii°p.'^4"2. Guillaume de Fuylaurens, son chapelain, Sec, tous les droits qu'ils avoient
sur le comté de Fezensac, excepté quelques domaines qu'ils se réservèrent.
Pour entendre le motif de cette cession, il faut savoir que Bernard IV, comte
d'Armagnac 8<. de Fezensac, mort vers la fin du douzième siècle, eut^ quatre
fils qui lui survécurent, savoir ; Géraud IV, Arnaud-Bernard, Pierre-Géraud
81 Roger. Géraud IV lui succéda, comme l'aîné, & mourut en 1229, laissant
un fils, nommé Bernard V, & une fille dont on ne dit pas le nom, Se qui
épousa Arnaud-Othon, vicomte de Lomagne. Bernard V étant mort sans pos-
térité, en 1244, Géraud V, son cousin germain, fils de Pvoger, son oncle,
prétendit lui succéder, à l'exclusion du vicomte de Lomagne & de Signis,
comtesse d'Astarac, qui, n'étant pas en état de résister, cédèrent leurs droits
au comte de Toulouse. Nous concluons de là que Signis étoit sœur de
Bernard V, comte d'Armagnac 8t de Fezensac, puisqu'elle prétendoit à sa
succession.
XCIV. — Raimond fait un pèlerinage à Saint-Jacques, en Galice.
Raimond alla^ visiter ses domaines en Rouergue 8t en Albigeois durant les
mois d'avril & de mai, & y reçut les hommages de divers seigneurs"*. Il entre-
' Manuscrits de Colhert, n. 1067. — Tome VIII, de Carcassonne. En février 1146, le roi manda à ce
Chartes, n. CCLXXIII, ce. iij; à 1201. dernier de les rendre à l'abbaye (Cf. tome V'IU,
' Histoire généalogique des grands officiers, t. 3, c. 1190). Quelques mois plus tard, les moines
p. 412. vinrent encore se plaindre au roi du baile du
^ Manuscrits de Colhert, n. 1067. — Archives du comte à Cintegabelle , qui avait occupé leurs
domaine de Rodez. — Voici le relevé de quel- granges & les avait pillées. Le comte offrit de
ques-uns de ses actes : 24 avril 1248; hommage s'en rapporter au jugement du sénéchal de Car-
de Gui de Sévérac, rendu à Rodez. — 27 avril, cassonne. Le roi accepta la proposition & en
au même lieu; compromis entre le comte & Gé- écrivit au sénéchal en août 1246 [Ihid. c. 1 191 &
raud, évêque de Cahors (voyez plus bas). — Le suiv.). [A. M.]
3o avril, le comte était à Cordes, dans le Tarn; * Il était à Rodez, le 27 avril 1246, date d'un
le 3 mai, à la Salve ta t, dans l'Hérault; le 12 juillet, acte d'arbitrage passé entre lui & Gui raud, évêque
à Fanjeaux. Tous ces actes seront indiqués au de Cahors, par lesquels ils remirent à Bernard de
tome VIII, dans le catalogue des actes des deux Anteraco & à Sicard Alaman la décision de leurs
derniers comte» de Toulouse. — Le comte Rai- différends. (Cf. Teulet, t. 2, p. 612.) Le 3 mai 1246,
mond VII eut, en cette même année 1246, quelques se trouvant à la Salvetat(Za Salvctat d'Angles, Hc~
affaires à régler avec le roi Louis IX; il s'agissait rault, arr. de Saint-Pons), il se fit céder le château
de l'abbaye de Boulbonne, dont un certain Ber- de Montdenard, dans le Querci, par les seigneurs
nard de Durfort avait brûlé la grange. Les moines du lieu, & donna immédiatement de nouvelles
• s'adressèrent au roi, qui intervint; le comte fit coutumes aux habitants. (Cf. Teulet, t. 2, p. 614
saisir les biens du coupable & les remit au sénéchal & suiv.) [A. M.]
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXV. 779
prit l'été suivant un voyage' ou pèlerinage à Saint-Jacques, en Galice, dont
on assure que la dévotion ne fut que le prétexte. On ]5rétend, en effet, que
l'envie extrême qu'il avoit de laisser -des enfans mâles lui fit négocier un
nouveau mariage au delà des Pyrénées, aussitôt que celui qu'il avoit projeté
avec Béatrix de Provence eut manqué. On ne dit pas le nom de la personne
qu'il avoit résolu d'épouser; on rapporte seulement qu'une dame étrangère,
de grande condition, se trouva dans l'église Saint-Jacques dans le temps
que Raimond y entendoit la messe ; qu'on crut que c'étoit là celle avec
laquelle il devoit se marier, & qu'on publia même qu'il l'avoit épousée; mais
ce bruit étant sans fondement il fut bientôt dissipé. Raimond étoit à Fan-
jaux, en deçà des Pyrénées, le la de juillet de l'an 1246^. Il transigea, à
Agen^, le 26 de septembre, avec frère P., évêque de cette ville, qui préten-
doit que la montagne de Puymirol, sur laquelle ce comte faisoit construire
une nouvelle ville, qu'on nomma Grandchâteau, étoit de la mouvance de
son église. Ce prélat céda à Raimond tous les droits qu'il y avoit, moyen-
nant la somme de cinq cens livres monnaie d'Agen, que le comte lui assigna
sur le péage de Marmande. Raimond fit bâtir en même temps une église
paroissiale dans ce lieu, 81 le pape lui accorda la présentation à la cure.
XCV. — Conciles de Montpellier &• de Bé-^iers. — On fait dans ce dernier
de nouveaux règlemens pour la procédure de l'inquisition.
Guillaume de la Broue'*, archevêque de Narbonne, 8c tous les évêques,
ses suftragans, à la réserve de celui de Maguelonne, savoir : Raimond de
Toulouse, Clarin de Carcassonne, Bérenger d'Elne, Guillaume de Lodève,
Pierre d'Agde, 81 les évêques de Nimes 8c d'Uzès, tinrent à Béziers, le 19 d'avril
de cette année, un concile auquel les abbés 8c les autres prélats de la Pro-
vince se trouvèrent. On y dressa quarante-six canons, qui furent tirés la plu-
part des conciles précédens 8c qui regardent l'extirpation de l'hérésie, la
réformation de la discipline, la conservation de la liberté ecclésiastique 8c
des biens des églises, l'observation de la paix, 8cc. On y défendit aux juifs
du pays d'exercer de si grandes usures 8c d'avoir des domestiques chrétiens,
8c aux chrétiens de les prendre pour médecins dans leurs maladies. On leur
ordonna de plus de porter une marque pour se distinguer^.
Pierre, cardinal-évêque d'Albano'', écrivant au mois de mars précédent à
' Guillaume de Puylaurcns, c. 47. — Voyez concile de Béziers, le roi manda au sénéchal de
tome Vil, Note XXXV, n. vi, pp. 106, 107. Carcassonne de donner aux frères prêcheurs des
* Manuscrits de Colbcrt, n. 1067. — [|J. 323, prisons convenables, à Carcassonne & à Béziers,
n.84j original; donation par dame Cavaers de pour y renfermer les hérétiques. Il ordonna en
la moitié de Fanjaux; Teulet, t. 2, p. 629.] même temps de veiller à ce que ceux-ci eussent
' Manuscrits Je Colhert, n. 1067. [Lat. 6009, chaque jour le p;iin & l'eau, surtout ceux dont le
p. I 19. La bulle d'Innocent IV, du 24 avril 1247, roi détenait les biens. (Cf. tome VIII, c. 1206.)
iHd. p. 472.] [A. M.]
* Le P. Labbe, Concilia, t. i 1 , c. 676 & suiv. ' Le P. Labbe, Concilia, t. 1 i , c. 687 & suiv.
' En juillet 1246, probablement à la suite de ce
An. 2^6 780 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV, XXV.
l'archevêque de Narbonne, lui marquoit « qu'étant auparavant vice-gérant
« du pape dans les pays de Provence, il lui avoit fait savoir d'ordonner aux
« inquisiteurs des hérétiques, d'agir avec son conseil ou celui de ses sutïra-
« gans pour l'imposition des pénitences. Je vous ordonne de nouveau,
« ajoute-t-il, de leur enjoindre de ne rien faire sans votre conseil ou celui
<i des autres évêques. Quant aux dépenses qu'ils sont obligés de faire, vous
« y pourvoirez conformément au concile tenu à Montpellier par l'évcque
(i d'Avignon, alors légat du Saint-Siège. » Nous voyons par là que ce car-
dinal avoit succédé, dès le mois de mars de l'an 1246, à Zoën, évêque d'Avi-
gnon, dans la légation de la Province, à laquelle ce dernier avoit été nommé
en 1243. Il ne nous reste aucun autre monument du concile de Montpellier,
dont il est parlé dans cette lettre.
Les évêques de celui de Béziers dressèrent, en conséquence de la même
lettre, trente-sept articles pour régler les procédures de Tinquisition, 8<. les
adressèrent' « aux inquisiteurs de l'ordre des frères Prêcheurs établis dans
« les provinces d'Arles, Aix, Embrun S; Vienne, dans la province de Nar-
« bonne, excepté le diocèse de Toulouse, 8c dans les diocèses d'Albi, Pvodez,
« Mende & le Puy. » On excepte ici le diocèse de Toulouse, parce cju il
avoit ses inquisiteurs particuliers auxquels ces réglemens furent aussi sans
doute envoyés. On a déjà remarqué que les inquisiteurs qui résidoient à
Carcassonne étendoient leur juridiction sur tout le reste de la province de
Narbonne & sur les quatre diocèses de la première Aquitaine exprimés dans
l'adresse du concile de Béziers. Ces articles sont conformes, pour la plupart,
à ceux qui furent dressés deux ans auparavant dans le concile de la province^
de Narbonne, & répondent à diverses questions que les inquisiteurs avoient
proposées aux évêques. Ils font le principal fondement de la procédure qui
fut observée depuis, non-seulement dans les tribunaux de l'inquisition éta-
blis dans ces provinces, mais encore dans le reste de la chrétienté. Suivant
ces articles, les inquisiteurs dévoient assembler le clergé 8c le peuple dans
certaines villes de' leur district, après une citation générale, Se marquer un
temps de grâce dans lequel tous ceux qui viendroient révéler leurs propres
fautes ou celles des autres, tant morts que vivans, seroient exempts de la
peine de mort, de la prison perpétuelle, de l'exil 8c de la confiscation de leurs
biens; passé ce temps limité, ceux qui ne profitoient pas de la grâce étoient
assujettis à une ou plusieurs de ces peines, suivant la qualité de leurs fautes.
Il est ordonné aux inquisiteurs d'abandonner au bras séculier (pour être
brûlés vifs) les hérétiques, parfaits ou revêtus, qui refuseroient de se con-
vertir. Les relaps, les fugitifs, les contumaces 8c ceux qui n'avoient pas profité
du temps de grâce dévoient être condamnés à une prison perpétuelle Se ren-
fermés dans de petites cellules séparées, avec confiscation de leurs biens. On
appelle dans ces statuts ces prisonniers pour crime d'hérésie, les emmurés
{immurati)-^ de là vient que l'on nomme encore aujourd'hui à Toulouse, par
' Voyez tome VII, Note XXX, ii, ii, p. 93. ' Voyez plus haut, ch. Lxxv, pp. 764, 7ÛÔ.
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XXV, 781
corruption, lous Armurats les prisons qui servoient à cet usage Se qui sub-
sistent encore. On régla ensuite les pénitences qu'on imposeroit à ceux qui
ne dévoient pas être renfermés clans les prisons, comme d'aller servir contre
les infidèles pendant un certain temps, de porter sur leurs habits deux croix
d'étofte jaune, l'une par devant &i l'autre par derrière; la branche perpendi-
culaire de la croix devoit avoir deux palmes & demie de long, la transversale
deux palmes, 8c l'une & l'autre trois doigts de large, &c. Ceux qui avoient
été hérétiques revêtus, & qui se convertissoient, dévoient porter de plus une
troisième croix, savoir : les hommes sur leur capuchon, & les femmes sur leur
voile. Les relaps & ceux qui avoient porté les autres à se pervertir étoient
encore obligés de mettre au-dessus des deux croix de devant & de derrière
un bras transversal d'une palme de la même étofte. Lorsque les pénitens qui
étoient obligés de porter ces croix alloient servir outre-mer, ils les quittoient
à leur débarquement 81 les reprenoient à leur retour. On prescrivit enfin
divers autres genres de pénitence, suivant l'exigence des cas, 8c on défendit
aux laïques d'avoir des livres de théologie, même en latin, 8c aux ecclésias-
tiques d'en avoir en langue vulgaire. Au reste on recommanda fort aux inqui-
siteurs de ne pas révéler le nom des témoins.
XCVL — Fondation de la ville £« du port d'Aigues-mortes,
Guillaume de la Broue, archevêque de Narbonne, quelques mois après le
concile de Béziers, alla trouver le roi, qui étoit à Lorris, en Gâtinois, 81 qui
avoit alors pris la croix dans le dessein d'aller faire la guerre aux infidèles
dans la Terre-Sainte, Ce prince prit de là occasion de faire avancer la cons-
truction d'un port de mer qu'il avoit fait commencer sur les côtes de la Pro-
vince. Il n'eut pas plutôt' acquis le bas Languedoc par le traité de Paris
qu'il résolut d'établir un port sur la côte de ee pays, tant pour y attirer le
commerce maritime que pour mettre ses sujets à l'abri des caprices de l'empe-
reur Frédéric, qui étendoit sa domination sur la côte de Provence où se fai-
soient les embarquemens pour la guerre d'outre-mer. Dans cette vue il fit
creuser un port à Aigues-mortes, dans le diocèse de Nimes, lieu ainsi nommé
à cause des marais Se des eaux croupissantes qui sont aux environs, 8c dépen-
dant de l'abbaye de Psalmodi, qui en étoit distante de trois quarts de lieue.
Il y fit tracer en même temps l'enceinte d'une ville, 8c il paroît^ que l'un Se
l'autre étoient déjà commencés dès l'an 1240. Ce prince, ayant résolu de
passer la mer, donna des ordres pour avancer ces ouvrages, fit entourer de
murailles la ville Se le port d'Aigues-mortes, Se élever auprès une tour qu'on
nomma Constance, pour servir de citadelle Se de phare aux vaisseaux qui
entreroient dans le port. Il établit dans cette tour un gouverneur avec une
'Cattl, Mémoires Je l histoire Ju Languedoc. 'Matthieu Paris, année 1 240, p. 53-.
p. 328 & SUIT. — Di] Cange, Oiscrvntions sur l'his-
toire Je saint Louis^ p, 101. — Voyez tome Vl'_
Note XXXVI, pp. 107, 108.
An 1245
\Zi. origîn.
t. lll.p. 4N
An
240
782 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXV,
garnison. Tous ces ouvrages étoient déjà presque ?^lievés en 1246, suivant
le témoignage d'un historien du temps ', qui dit « que le roi de France, pour
« empêcher l'empereur Frédéric de mettre obstacle à son voyage d'outre-mer
« 8c se passer de ses ports, fit construire en Provence, à grands frais, un port
« très-commode sur la Méditerranée, 81 eut soin de le munir de bonnes forti-
« fications. » Le roi , voulant peupler la nouvelle ville d'Aigues-mortes,
accorda de grands privilèges Si des coutumes à ses habitans^; il les exempta,
entre autres, de taille, de quête, &.C., pour toujours, 8< de toute sorte de che-
vauchée pendant vingt ans. Se, après ce terme, hors des limites des diocèses
de Maguelonne, Uzès, Nimes, Arles Se Avignon. Il régla la juridiction des
consuls, qui dévoient avoir le gouvernement politique de la ville, y établit
un bailli ou viguier Se un juge royal pour y rendre la justice, par une charte^
'Matthieu Paris, année 1240, p. yoô. — Voyez
tome VII, ut supra,
" Ménard a publié [Histoire de Nimes, t. 1, pr.
p. 77 & suiv.) le méinoire des demandes faites au
roi par les habitants d'Aigues-mortes. Nous n'en
citerons que quelques articles qui sont particuliè-
rement intéressants. Ils demandent à jouir des
mêmes libertés que les habitants de Beaucaire,
dans toute la sénéchaussée; le droit de construire
des fours à volonté en payant chaque année au
roi tant par four; le privilège d'user des pâturages
communs, sans qu'un étranger puisse y envoyer
ses bestiaux. Mêmes franchises pour tous les mar-
chands à Algues-mortes qu'à Nîmes. — Deman-
dent l'établissement de deux consuls de mer. —
L'exemption ad catenam Accnis, Saint-Jean d'Acre,
comme les Vénitiens, les Génois & les Pisans; à
Acre même un baile royal & un consul, ce der-
nier nommé par les quatre consuls, nommé &
payé comme celui de Pise, & pour trois ans. —
Que le roi fasse amener l'eau douce à la ville,
qu'il fasse exécuter une levée pour la garder des
eaux des marais, levée allant jusqu'à Psalmodi ;
qu'il s'entende avec l'abbé de Psalmodi pour
exempter les habitants d'Aigues-mortes de la
dîme. — Que chaque année les prélats & les
barons de la Province, de Toulouse au Puy, se
rassemblent à Aigues-mortes & y célèbrent une
grande fête, & que le nom de la ville soit changé
en celui de Bona per forsa. — Si le roi accorde
ces demandes la ville attirera chez elle une partie
des habitants de Pise, Venise, Montpellier &
Gênes. [A. M.]
' Manuscrits de Colbert, n"' 2270 & 2669. — Se-
cousse, Ordonnances, t. 4, p. 41 & suiv. — Voyez
tome VII, ut supra, — Voici l'analyse de ces pri-
vilèges concédés à Aigues-mortes par saint Louis,
& que l'on peut voir dans Teulet, t. 2, pp. 618 à
622, d'après l'édition de Galland, Franc alleu,
l'original du Trésor des chartes ayant disparu de-
puis longtemps. Le roi exempte les habitants de
toutes quêtes, toltes & tailles; pendant vingt ans
ils ne devront ni l'ost, ni la chevauchée; après ces
vingt ans on ne pourra leur imposer de chevau-
chées hors des diocèses de Maguelonne, Uzès, Ni-
mes, Orange & Avignon. Chaque habitant pourra
se faire remplacer par un piéton convenablement
armé & équipé. Sont exemptés de la chevauchée à
jamais ceux qui ont moins de vingt-cinq livres
tournois, les mineurs, les notaires, les juriscon-
sultes & les médecins. La chevauchée ne sera pas
rachetable & ne durera pas plus de quarante jours.
— Les droits de lods & vente sont fixés à un ving-
tième du prix de vente. — Les donations, enga-
gements & partages ne paient aucun droit. — La
non payement du cens n'entraîne pas la confisca-
tion de la tenure. — Les habitants sont exempts
de tous péages & redevances analogues. — Les con-
suls, au nombre de quatre, sont nommés par la
communauté, & changés chaque année ; ils nom-
ment leur conseil juré. — Les consuls font faire le
guet & autres corvées, nomment les banniers, qui
ne peuvent percevoir au delà du tarif convenu. —
Les consuls décident, répartissent & perçoivent les
collectes & les tailles. — Sont exempts des collectes
& des dépenses les consuls, pendant l'année de
leurs fonctions, le baile & le juge du roi, le no-
taire de la cour & deux courriers. — Les consuls
n'ont que la juridiction civile pour ceux qui
s'adressent à leur tribunal. — Chaque année, à
l'époque du départ des vaisseaux, les consuls pré-
sentent & la cour du roi nomme un intendant
des affaires ma ritimes, qui s'appelle consul de mer.
— Les consuls ont une maison commune, un
clavaire, des huissiers, &c. — On ne peut être
consul deux ans de suite. — Le baile & le juge
du roi ne peuvent être de la ville Si sont changés
tous les ans. — Suivent des règles de procédure
pour la cour du roi, pour la tenue des prisons,
les affaires de simple police, la poursuite de l'adul-
tère, la débauche, les rixes, les coups & blessures,
l'application de la torture. — La prescription cri-
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXV. 788
qui est datée de Paris, au mois de mai de l'an 1246, 8<. qui fut confirmée
par Philippe le Hardi S< les autres rois, ses successeurs. Telle est l'origine de
la ville d'Aigues-mortes, éloignée aujourd'hui de plus d'une demi-lieue de la
mer, qui s'est retirée peu à peu j la grande quantité de sable que les courans
ont porté dans le port l'ont tellement engorgé qu'il n'y en reste presque plus
aucun vestige'. D'ailleurs, le mauvais air qiii règne aux environs a presque
entièrement dépeuplé cette ville, qui a cependant toujours un viguier royal
8c un gouverneur^.
An 12^6
XCVII. — Trencavel se soumet an roi 6- lui cède tous ses droits sur
les vicomtes de Béliers, Carcassonne, b'C.
Jacques, roi d'Aragon, fit en 1246 un-* voyage à Montpellier. Le vicomte
Trencavel, son cousin germain, qu'il avoit gardé jusqu'alors à sa cour, voyant
qu'il ne lui restoit plus aucune espérance de recouvrer les domaines de ses
ancêtres, passa les Pyrénées Si se rendit à Carcassonne, où il traita avec
Clarin, évêque de cette ville, & le sénéchal Jean de Cranis. Il déclara ensuite
dans le palais de ce prélat^*, le 23 d'août de l'an 1246, qu'il se soumettoit à
la volonté du roi, & remit Roger, son fils, en otage entre les mains du même
sénéchal de Carcassonne; & « supposé, ajoute-t-il dans l'acte en adressant la
« parole à cet officier, que le roi veuille recevoir ma soumission, il me fera
(t absoudre par le pape de l'excommunication dont je suis frappé, sinon
min elle varie de dix ans à un an, suivant le crime.
— L'enquête, une fois ouverte, ne peut durer plus
d'un an. — Les frais de justice sont fixés à deux
sous pour livre de la valeur de l'objet en litige, en
cas d'objet mobilier; au vingtième pour les im-
meubles. — L'inspection des poids & des mesures
publiques appartient à la cour du roi. [A. M.]
' C'est la une erreur qui a été répétée par presque
tous les auteurs. En réalité la mer ne s'est pas
retirée ou plutât l'exhaussement du rivage n'a pas
éié si considérable que l'on croit depuis six cents
ans. lamnis Aigues-mortes n'a été située sur la mer
elle-même, mais sur des étangs salins communi-
quant avec la mer par un canal, un grau, que l'on
appelle encore le grau Louis, & qui est entière-
ment comblé. Le port lui-même était formé par
deux étangs, que l'on appelle la Marete & le
Repauset. Les sables ont peu à peu comblé ces
étangs & les canaux qui les reliaient à la Médi-^
terranée; mais la distance entre la ville & la mer
a toujours été sensiblement la même. Cf. une
communication faite à l'.Tcadémie des sciences
par M. Martins, en juin 1874 (ap. Wallon, Hist.
Je saint Louis, t. i, p. 248, note). Nous ne dis-
cuterons pas ici l'assertion bizarre de Dumège
(AJJit. t. 6, p. .îâ), qui veut qu'Aigues-mortes ait
été un port célèbre dès le douzième siècle. C'est
une rêverie sans aucun fondement. fA. M.l
' Ven cette époque le roi fit arrêter plusieurs
juifs de la sénéchaussée de Carcassonne, nous ne
savons trop pour quel motif. Sur la plainte des
seigneurs il fit relâcher les juifs qui ne lui appar-
tenaient pas en propre. Il ordonna de plus au
sénéchal, en juillet 1246, de faire défense à tous
les juifs de pratiquer l'usure & de ne forcer aucun
chrétien à payer leurs dettes aux juifs (tome VllI,
c. 1191). Un mois plus tard il mandait au même
officier de négocier avec les juifs qu'il retenait
prisonniers, au sujet de leur rançon, & de faire
rendre par eux tous les effets que leur avaient
engagés des chrétiens (lèid. c. 1 192). On peut
voir, à propos des juifs & des persécutions qu'ils
eurent à subir, Lennin de Tillemont, t. 5, pp. 286
à 293. Protégés par les papes, mais rançonnés
sans merci par les seigneurs & le roi, ces malheu-
reux étaient alors dans l'état le plus misérable,
surtout dans le Midi, où, avant la conquête de
Montfort, ils avaient joui de grands privilèges 8t
d'une sécurité extraordinaire. Voyez, à ce sujet,
un excellent mémoire de M. Saige, Bibliothèque
Je r Ecole Jes chartes, XXXIX, 255 & suiv.
[A. M.]
' Gariel, Séries praesulum Magalonensium , p. 359,
< Voyez tome Vin, Chartes, n. CCLXXV, ce. i zo6
& 1207.
y^„ ,^.j 784 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXV.
« vous me ferez conduire avec mes associés clans une place de sûrelc. « Le
roi ayant fait examiner cet acte dans son conseil avec la lettre de Jean de
Cranis qui proposoit de l'accepter S<. d'assigner cinq cens livres de rente en
fonds de terre dans la sénéchaussée de Carcassonne à Trencavel pour lui
donner de quoi subsister, répondit au sénéchal, au commencement de l'année
y^,, 1^ suivante : « Que cette assignation ne convenoit pas. — Mais, dit le roi, si
« Trencavel, qui se qualité vicomte de Bé-^iers, rend tous les titres qu'il a
« concernant cette vicomte; s'il renonce à tous les droits qu'il a sur ce pays
« Se dans la sénéchaussée de Beaucaire ; s'il donne toutes les assurance?
« nécessaires; s'il se tait absoudre de l'excommunication qui le lie, St s'il
« prend enfin la croix pour passer la mer avec nous, comme il lui a été pro-
« posé, nous voulons qu'après que vous aurez reçu de sa part les sûreté»
« convenables, vous lui assigniez six cens livres de rente dans la sénéchaussée
« de Beaucaire. »
Trencavel se soumit' à toutes ces conditions, 8c céda, tant pour lui que
pour ses successeurs, entre les mains du sénéchal de Carcassonne, par un
acte daté de Béziers, au plan de Saint-Félix, devant l'église, le 7 d'avril de
l'an 1247 de la nativité de Jésus-Christ, les vicomtes de Béziers & de Carcas-
sonne, & tout ce que lui &. ses prédécesseurs avoient possédé dans les diocèses
de Narbonne, Agde, Maguelonne, Nimes & Albi. Il fit cette cession en pré-
sence de Guillaume, archevêque de Narbonne, des évêques Pons d'Agde,
Raimond de Béziers, & Guillaume de L.odève ; des abbés de Villemagne,
Saint-Paul de Narbonne, Saint-Thibéry £< Saint-Aphrodise de Béziers, de
Bérenger de Guillem, seigneur de Clermont, Déodat de Boussagues, Gau-
fiid, seigneur de Faugères, Pons d'Olargues, Sicard de Murviel, Guillaume
i':j. oriRin. de Thésan , Raimond de Campendu, & de divers autres seigneurs & du
peuple. 11 déclara ensuite, devant toute l'assemblée, qu'il délioit les consuls
Si tous les habitans de Béziers & de Carcassonne du serment de fidélité qu'ils
lui avoient prêté, & renonça à toute autorité & juridiction sur eux. Il se
qualifie dans l'acte « Trencavel, autrefois vicomte de Béziers & de Carcas-
« sonne, 8t fils de teu Raimond-Roger, vicomte de Béziers & de Carcas-
,« sonne. » L'archevêque de Narbonne- 8<. les évêques de Béziers Se d'Agde
protestèrent en même temps publiquement, devant le sénéchal de Carcas-
sonne, tant en leur nom qu'en celui de tous les abbés Si de toutes les églises
de leurs diocèses, contre tout ce qui pourroit leur être préjudiciable dans
cette cession, avec réserve de tous les droits auxquels Trencavel étoit tenu
envers eux. Les abbés de Villemagne, Saint-Pons de Thomières, Aniane,
Saint-Thibéry, Saint-Paul de Narbonne Si" Saint-Aphrodise de Béziers sous-
crivirent à cette protestation. Trencavel parcourut ensuite les divers pays
qui avoient été soumis à sa domination ou à celle de son père, Si fit une
semblable renonciation devant le peuple assemblé; c'est ainsi que s'étant
'Trésor des chartes; Languedoc, n. ii. — ' Voyez tomeVIII, Chartes, n. CCLXXV, ce. 1 208
[J. 29.1; Teiilet, t. 3, pp. 4 à <>.] — Catel, Mé- & 1:09.
moires de l'histoire du Languedoc, p. 647 & siiiv.
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XXV.
7 83 "1
' An 1I.J7
rendu à Castres, en Albigeois, il renonça publiquement, le 12 de mai sui-
vant, au domaine qu'il avoit sur les chevaliers Jk les habitans du château de
Lombers.
XCVIII. — Construction de la ville basse de Carcassonne. — Olivier
de Termes prend la croix.
Le roi, en acceptant' la soumission de Trencavel, pardonna aux. habitans
de Carcassonne qui, ayant suivi le parti de ce vicomte, avoient été proscrits
Si obligés de s'enfuir, il permit à Jean de Cranis, son sénéchal, de les rap-
peler, en payant une amende pécuniaire dans un certain temps, & ordonna
k cet othcier de leur rendre leurs biens, de leur assigner une demeure & de
les laisser vivre suivant leurs coutumes, qu'il se réserva cependant de pouvoir
changer comme il le jugeroit à propos, à condition qu'ils rebâtiroient l'église
de Notre-Dame 8c celle des frères mineurs ou cordeliers, qu'ils avoient
détruites^ avec défense au sénéchal de rappeler les traîtres qm avoient intro-
duit Trencavel dans l'ancien bourg de Carcassonne. Enfin, il cliargea cet
officier d'engager l'évèque de cette ville à se relâcher sur l'amende qu'il pré-
tendoit que ces habitans dévoient lui payer. Jean de Cranis ayant rassemblé
tous ces fugitifs leur donna un emplacement auprès de Carcassonne, entre
la cité Se l'Aude, où ils bâtirent d'abord le nouveau bourg, que ce sénéchal
transféra^ quelque temps après, par ordre du roi, de l'autre côté de cette
rivière, où il subsiste aujourd'hui Se fait la portion la plus considérable
de cette ville, l'une des principales de la Province^ j il donna par ordre du
' Voyez tome VIII, Chartes, n. CCLXXVI,
ce. 1220 & 1221.
• Ihid. c. 1498.
' La ville de Carc.issonne, avant 1240, se com-
posait de la cité, située à peu près dans la po-
sition qu'elle occupe encore aujourd'hui, Se de
bourgs assez étendus portant différents noms &
couvrant le bas de la colline, entre l'Aude &
celle-ci & vers la route actuelle de Narbonne.
Détruits, les uns en 1209, les autres en 1240,
ces bourgs étaient restés en ruines jusqu'en 1247.
C'est alors que Louis IX, ayant pardonné au prin-
cipal .tuteur de la grande prise d'armes de 1240,
ne put tenir plus longtemps rigueur à ses obscurs
auxiliaires. Une autre raison dut l'eng.iger à celte
mesure, la pauvreté de l'église de Carcassonne,
qui, par la fuite des habitants, avait perdu la
plupart de ses tenanciers, & dont les terres étaient
tntre les mains du roi. Dès le 28 février 1244, le
pape écrivait à Louis IX pour l'eng.Tger à resti-
tuer au chapitre de Saint-Nazaire les biens, tenus
jadis de lui Si confisqués par le roi à cause de
l'hérésie des fcudataires (Cf. Mahul, t. à, p. 5J4
& suiv.). Deux ans plus tard, le pape était forcé
d'exempter les chanoines de l'obligation de rece-
voir de nouveaux collègues, vu la pauvreté de la
communauté [ihid. p. 555). Ce fut en 1247 que le
roi se décida à rappeler les Carcassonnais. Déjà
ses sergents & soldats de la cité avaient construit
des maisons sur le bord de l'Aude; mais elle»
avaient été démolies par ordre du roi, & ce nou-
veau bourg n'avait eu qu'une existence éphémère
(tome VIII, c. 1498). Aussi, pour éviter une nou-
velle trahison comme celle de 1 240, qui avait failli
être fatale à la cité, fit-il transporter la nouvelle
ville sur la rive opposée de l'Aude. Le chapitre
fut indemnisé des pertes qu'il avait faites à la
suite de la destruction de l'ancien bourg (Mahul,
t. 5, p. 555 8(.suiv.)& les faidits reconstruisirent
leurs maisons sur des terrains concédés par le
roi. Cet emplacement appartenait au chapitre ca-
thédral, qui reçut en échange la moitié du lieu de
Villalier. Le chapitre reçut, en outre, un revenu
de dix livres de Melgueil, pour l'indemniser des
pertes qu'il avait subies (Teulet, 3, 4<5 ; chartes
d'août 1248). Les habitants durent, de plus,
indemniser l'évèque & le chapitre, & s'engagè-
rent à leur payer deux mille livres de MelgueiJ,
dont partie pour le clergé du diocèse, éprouvé
par la révolte de 1240 (Mahul, t (ï, p. 4 Se
VJ.
5o
An
M7
7H6
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC, LIV. XXV.
roi', dans le nouveau bourg, un terrain aux frères prêcheurs, qui v bâtirent
un couvent^.
Entre les partisans de Trencavel, Olivier de Termes, l'un des plus braves
chevaliers de son temps, tenoit les premiers rangs. 11 renouvela, en 1146, la
soumission qu'il avoit faite au roi en 1241^, 8c permit à divers gentils-
hommes, auxquels ce prince avoit assigné des rentes sur les domaines qui lui
avoient appartenu, d'en jouir. Il fit plus, il ofhit ses"* services au roi, qui
les accepta volontiers, 8c, ayant pris la croix, il s'engagea d'amener avec lui
outre-mer quatre autres chevaliers 8<. vingt arbalétriers. Se de les soudoyer à
ses dépens.
XCIX. — Le comte Raïmond va à la Cour iy y prend la croix.
Le roi, craignant que Pvaimond, comte de Toulouse, ne remuât pendant
son absence, résolut de l'amener aussi avec lui. Dans cette vue il le manda-''
au commencement de l'an 1247. On assure que Pvaimond arriva à la Cour
au mois de marsi^; que le roi Se la reine Blanche, sa mère, lui firent beau-
coup d'accueil Se le pressèrent de se croiser'^j qu'il s'excusa sur le défaut
sulv.). Enfin, il leur fallut reconstruire dans la
nouvelle ville les églises de l'ancien bourg qui
prirent les mêmes vocables. Tout cela dut leur
coiiter fort cher; mais l'industrie des draps alors
si florissante, le commerce qui reprenait grâce à
une administration plus régulière & plus douce,
tout cela permit à la nouvelle ville de devenir
bientôt prospère. La ville actuelle, quoique bâtie
sur le même emplacement, n'est pas celle de saint
Louis, qui a été détruite par le prince Noir en
i355. [A. M.]
' Manuscrits de Colbert, n. 2270. — Archives des
Jacobins de Carcassonne. — Le couvent des frères
prêcheurs de Carcassonne aurait été fondé vers
i23o par révêque Clarin, si l'on en croit une
ancienne tradition; mais nous avons montré au
tome IV de cette édition, p. 730 &. suiv., le cas
qu'il fallait faire de cette tradition. Il n'existait
pas avant 1247, & on peut voir au même volume,
p. 750 81 suiv. par quelles péripéties passa cet éta-
blissement. Quant aux frères mineurs, ils avaient
un couvent dans l'ancien bourg dès 1240, époque
oii Trencavel le détruisit. En 124?) le roi ordonna
de le reconstruire, & après 1247 il fut transporté
dans le nouveau bourg (Cf. tome IV, p. 753). Sur
tous ces couvents on peut consulter tome V,c. 1487
& suiv. où nous indiquons un certain nombre
d'actes qui leur sont relatifs. [A. M.]
' A la même année 1247 appartiennent plu-
sieurs pièces intéressantes relatives à la ville de
Saint-Antonin de Rouergue. Cette ville, cédée dès
1226 à Louis VIII, par Gui de Montfort, oncle
d'Am.auri, se soumit peu après au rpi (tome V'UI,
c. 825), & lui fut cédée définitivement en 1229
par la paix de Paris; mais les habitants ne joui-
rent pas toujours d'une entière tranquillité; pla-
cés sur les limites de deux diocèses, ils furent
exposés aux incursions des routiers, & ils esti-
maient, en 1243, à dix mille marcs d'argent les
dommages que leur avaient causés les officiers du
comte de Toulouse depuis la paix de 1229 (Cf.
Teulet, t. 2, p. 5c8 o). Leurs plaintes restèrent
plusieurs années sans effet. Enfin, en 12.47, le
roi manda au sénéchal de Carcassonne d'obliger
Raimond VII à laisser les habitants de cette viile
jouir de leurs vaines pâtures, & à ne plus empê-
cher ses hommes d'aller à leur marché (tome VÎH,
c. 1225 & suiv.). Peu après il décida que cette
ville ferait partie de la sénéchaussée de Carcas-
sonne (Cf. ihld. c. 1227). Quelques années plus
tard, Louis IX se fit céder par Bernard-Hugues,
fils & héritier de Frotard, dernier vicomte de
Saint-Antonin, ses droits sur cette ville pour la
somme de cinquante livres tournois (Cf. Teulet,
t. 3, p. 84; acte d'octobre 1249). [A. M.]
' Catel, Histoire des comtes de Tolose, p. 363.
* Voyez tome VIII, Chartes, n. CCLXXVI,
ce. 1221, 1222.
= Ibid. n. CCLXXVI, ce. 1224, I22â.
^ La Chaise, Histoire de saint Louis, 1. 6, n. 22.
— [Cf. Lenain deTillemont, t. 3, p. i5.î.]
" Raimond VII était probablement à la Cour
dès février 1247. Le 22 de ce mois, le roi écrivait
au sénéchal de Carcassonne que le comte s'était
plaint à lui des semonces faites par cet officier à
ses vassaus nobles; semonces que les usages & la
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV, XXV. 787
d'argent; que la reine, pour lui ôler tout prétexte, lui prêta une somme con-
sidérable ; Si qu'enfin le roi lui ayant promis de ne le laisser manquer de
rien, il se détermina à prendre la croix. Ce qu'il y a de certain, c'est que le
roi fit un traité' avec R.aimond pour l'engager à le suivre dans son expédi-
tion d'outre-mer 5 qu'il lui promit de lui restituer le duché de Narbonne, 8c
de lui donner, pour fournir à la dépense, vingt à trente mille livres; Se que
Pv.aimond se croisa^ aussitôt après son arrivée à la Cour. Le pape, informé
de sa démarche, la loua extrêmement, & il le prit-* sous sa protection spé-
ciale, tant qu'il seroit croisé & qu'il serviroit dans la Terre-Sainte : il adressa
l'exécution de cette bulle à divers évêques, recommanda le comte au roi,
qu'il remercia du bon accueil qu'il lui avoir fait, écrivit au patriarche de
Jérusalem de le protéger à son passage, 8c chargea son légat de lui délivrer,
quand il seroit arrivé outre-mer, deux mille marcs sterling pour l'aider à
s'y soutenir"^. Raimond écrivit de son cùté^ au pape pour lui témoigner le
désir extrême qu'il avoit de déraciner entièrement l'erreur de ses Etats. Le
pontife chargea l'évêque d'Agen d'y travailler efficacement, 81 manda à frère
Hugues, religieux de l'ordre des Mineurs, de faire payer au comte, pendant
tout le temps qu'il seroit dans la Terre-Sainte, les rachats des voyages pour
ce pays 8c les legs pieux qu'il avoit consacrés à cet usage. Enfin le pape
ordonna, au mois de mai de l'année suivante^, à l'évêque d'Agen 8c aux
inquisiteurs dans les terres ducomte, de révoquer les longs pèlerinages qu'ils
avoient prescrits à ceux qui avoient été condamnés comme hérétiques, 8c leur
défendit d'en imposer de semblables durant le temps du passage d'outre-mer^.
An tz^j
Éd. origin.
t. ni, p. 456.
coutume du pays lui interdisaient (Cf. tome VIII,
c. 119Î). [A. M.]
' Voyez tome VIII, n, CCCXX, c. 1402. — Le
roi lui promit, en effet, vingt mille livres parisis
pour subvenir à l'entretien de ses chevaliers &
arbalétriers. (Teulet, t. 3, p. Si.) Les lettres de
promesse sont datées de mai 1248; plus tard, Al-
fonse de Poitiers réclama le paiement de cette
somme à son frère, en soutenant que puisque Rai-
mond VII n'étoit pas allé à la croisade, à cause de
sa maladie d'abord, de sa mort ensuite, le roi était
tenu d'accomplir lespromesses qu'il lui avait fai-
tes. Inutile d'ajouter que Louis IX paraît avoir
repoussé cette réclamation, assez peu foiidée, il
faut le reconnaître. (A. M.]
* Guillaume de Puylaurens, c. 47,
' Trésor des chartes; croisades, sac 1, n. 4.Î 8c
suiv. — (J, 447j Teulet, t. 3, p. 18; bulle du
3 décembre 1 247.]
' Le 9 décembre 1247, le pape délégua Hugues
de Turennc, de l'ordre des Mineurs, pour prêcher
la croisade dans les États de Raimond VII (Cf.
tome VIII, c. I 242 & suiv.). Le même jour Inno-
cent IV charge ce même religieux de lever le ving-
tième des revenus ecclésiastiques dans les Etats du
comte & de le lui remettre nuand il se mettra en
route {Ih'ii. c. 1243 & suiv.). Quatre jours plus
tard il autorise l'archevêque d'Auch à commuer
en un voyage en Terre-Sainte les peines des héré-
tiques de son diocèse, condamnés au mur ou au
port de la croix {Ihii. c. 1 244). Enfin, le 9 avril
1243, il annonça à frère Hugues de Turenne, qu'à
la demande de Raimond VII, il avait accordé
aux croisés de ses Etats les privilèges dont jouis-
saient ceux des domaines du roi [Ihid. c. 1244 &
suiv.).
Dès le r'' octobre 1248, Raimond VU donnait à
Hugues de Turenne quittance de plusieurs sommes
importantes touchées par lui en vue de la croi-
sade (Tome VIII, c. 1248 & suiv.). Ce sont ces
sommes que le comte ordonna par son testament
de restituer au pape. [A. M.]
' Raynaldi, an. 1248, n. 27.
' Registre de l'Inquisition de Toulouse.
' Vers la même époque le pape s'occupa de dé-
mêlés qui venaient de s'élever entre le vicomte &
l'archevêque de Narbonne. Nous avons réuni plu-
sieurs pièces sur cette affaire (tome VIII, ce. 1229
à 1232). Il s'agissait d'un droit de haute justice
réclamé par l'archevêque, & dont le vicomte
l'avait dépouillé en faisant enlever le corps d'un
pendu & une main coupée exposés aux fourchas
An 1 2^7
788
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXV.
C. — Raimond engage une partie de ses sujets à se croiser avec- lui & tente
inutilement de procurer la sépulture ecclésiastique au comte, son père.
Raimond ne fut' pas plutôt de retour dans ses Etats qu'il engagea un
grand nombre de barons, de chevaliers S< de bourgeois, ses sujets, à se
croiser^. Il fit équiper divers vaisseaux, & disposa toutes choses pour son
voyage^. Comme il avoit fort à cœur de procurer la sépulture ecclésiastique
au feu comte Pvaimond VI, son père, il se donna de nouveaux mouvemens
pour obtenir, avant son départ, du pape Innocent IV, la permission de
l'inhumer. Innocent, par une bulle du 26 de février de l'an 1247, nomma
Guillaume, évêque de Lodève, Se les deux inquisiteurs, frère Raimond de
Cantio, jacobin, &c frère Guillaume de Brive, cordelier, pour faire de nou-
velles informations '^ touchant les circonstances de la mort de ce prince, avec
ordre de les lui envoyer pour porter ensuite lui-même un jugement définitif.
Les trois commissaires s'étant rendus à Toulouse, Raimond leur présenta''
douze articles dont il oftrit de prouver la vérité par témoins, Se dont le
résultat étoit que le comte son père avoit vécu & étoit mort dans de grands
sentiments de piété & de pénitence. Les commissaires procédèrent ensuite,
dans la maison des Templiers de Toulouse, à l'audition de plus de cent
témoins, qui déposèrent tous en faveur de Raimond VI, en présence des
évêques de Rodez St d'Albi, de divers ecclésiastiques, d'Amalric, vicomte de
Narbonne, Rairaond-Gaucelin, seigneur de Lunel, Sic. Cette enquête dura
de Capestang. — Le vicomte prit les devants & se
plaignit au roi des empiétements de l'archevêque
& du sénéchal de Carcassonne qui soutenait ce
dernier. D'où mandement de mai 1247 ordonnant
au sénéchal J. de Cranis, de faire enquête. Dans
l'intervalle, le pape en écrivit au roi & le pria
de s'interposer (bulle du 3o mai 1247; Potthast,
n. 12536). Aussitôt nouveau mandement du roi
au sénéchal, lui ordonnant de faire droit à l'ar-
chevêque (juin 1247). Le sénéchal procède contre
le vicomte; celui-ci en appelle au roi, mais ne
comparaît pas pour soutenir son appel j Louis IX,
au mois d'août suivant, ordonna au sénéchal de
faire droit à son adversaire, puis d'ajourner les
parties par devant sa cour s la prochaine Chan-
deleur. Enfin, en février 1248, arrêt de la cour
du roi déboutant le vicomte & remettant l'arche-
vêque en possession de la haute justice de Capes-
tang. Cet arrêt ne termina pas le différend entre
les deux parties; le 8 octobre suivant, le pape
ordonnait encore à l'abbé de Saint-Jacques, à
l'archidiacre de Béziers & a» prieur de Cassan de
faire observer l'excommunication lancée contre
Amaiiri de Narbonne, qui avait fait garder les
portes du palais archiépiscopal par des hommes
d'armes. (Potthast, n. i3o7i.) [A. M.J
'Guillaume de Puylaurcns, c. 47. — Catel,
Mémoires de l'histoire du Lanauedoc^ p. 358 & suiv.
— Percin, De haeresi, part. 4, p. 76 & suiv.
' Le 7 janvier 1 247, Hugues IV, comte de. Rodez,
prit la croix en s'engageant à aller en Terre-
Sainte lui-même ou à y envoyer un chevalier à
ses frais. Au surplus, il ne remplit jamais son
vœu. Pour s'en racheter il donna au comte Rai-
mond VII une somme de cent livres tournois. Ci.
de Gaiijal, t. 2, p. ic8. [.A.. M.]
' A cette occasion le comte leva dans ses Etaii
une aide, ainsi que le lui permettait la coutume
féodale. Nous n'avons aucun document sur la ma-
nière dont cet impôt fut réparti; mais nous con-
naissons dans le détail l'histoire d'un impôt sem-
blable levé de 1263 i 1268 par le comte Alfonse,
& les documents de la chancellerie de celui-ci
renvoient constamment aux actes passés en 1247
& 1243, Le successeur de Raimond VU toucha
racine l'arriéré de cet impôt, dont on payait encore
le reliquat en 1252 & 1260. Cf. Boutaric, Alfonse
de Poitiers, p. 280. (A. M.]
■* Voyez plus haut, 1. XXIII, ch. L\ii, pp. 549
Si. 5,Vi. — [Potthast, n. 12426.)
'' ^ oyez ihi.l.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXV, 780 ""l
' -' An IÎ47
depuis le commencement de juillet jusqu'au 16, que le comte ayant été obligé
de s'absenter, Raimond d'Alt'aio, son viguier, la fit continuer au nom de ce
prince : elle fut entièrement terminée ' le 24 du même mois, 8< les commis-
saires l'ayant envoyée au pape, Raimond sollicita un jugement favorable par
un procureur ([ui se rendit exprès à Lyon, où Innocent IV faisoit toujours
son séjour. Cet envoyé s'adressa à un prélat de la cour romaine qui lui promit
de l'aider de son crédit 81 l'assura que le pape consentiroit volontiers à la
demande du comte, si le roi vouloit l'appuyer. Raimond obtint aisément de
ce prince des lettres de recommandation auprès d'Innocent j mais 11 se trouva
que le prélat qui avoit donné l'avis, qu'il s'étoit fait payer bien chèrement,
avoit joué le comte, & que le pape n'avoit rien promis : du moins Innocent
le nia-t-il, & répondit qu'il feroit procéder, si l'on vouloit, à une nouvelle
enquête, parce que celle qui avoit été faite n'étoit pas suffisante. Le procu-
reur du comte, qui n'avoit aucune instruction là-dessus, ne voulant rien
entreprendre de lui-même, retourna à son hôtel, où il trouva une défense de
faire aucune nouvelle démarche s'il voyoit qu'on lui eût manqué de parole.
Le pape fit expédier^ cependant, le 19 de novembre de l'an 1247, une nou-
velle commission à l'archevêque d'Auch & aux évêques du Puy Si de Lodève.
Il y expose les divers soins que le comte Raimond s'étoit donnés pour obtenir
la sépulture ecclésiastique du feu comte, son père, & déclare que les raisons
pour lesquelles Raimond VI, père de ce prince, avoit été excommunié
n'étant pas clairement exprimées dans l'enquête que le même évêque de
Lodève avoit faite, 8c qui lui avoit été envoyée; que d'ailleurs la qualité des
témoins qui avoient été entendus n'étant pas exprimée, 8c qu'enfin ne sachant
pas ce que c'éloit qu'une autre information dont il y étoit parlé, il n'avoit
pu terminer cette affaire; qu'ainsi il les chargeoit d'informer de nouveau 8c
de faire ensuite inhumer dans un cimetière ecclésiastique le corps de ce
prince, après lui avoir donné l'absolution, s'il n'y avoit aucun obstacle qui
l'empêchât. Un moderne assure-' que les trois nouveaux commissaires, sur
des dépositions qu'ils estimèrent dignes de foi, firent la cérémonie d'absoudre
le corps de Raimond VI, 8c il cite en témoignage la bulle même du pape, ,'iii'°"^'"'
qu'on garde, dit-il, aux archives de l'église du Puv; mais nous avons lieu
de douter de la vérité de ce fait; car le même auteur assure que Guiùùvme de
Murât, évêque du Puy, fut l'un de ces trois commissaires. Or, la commission
est adressée simplement à l'évêque du Puy, sans que son nom y paroisse, 8c
on n'a aucune preuve que Guillaume de Murât ait été évêque du Puy avant
l'an ii5o. Quoi qu'il en soit, il est certain c|ue le corps de Raimond VI
demeura toujours sans être inhumé; en sorte, dit un auteur du temps ^, que
le comte, son fils, ne put réussir, ni à contracter un nouveau mariage, ni à
procurer les honneurs de la sépulture à son père.
' Voyez tome VII, î/olc XXXVll, pp. 109, 110. ' Théodoret, Histoire du Puy, p. ::8y & siiiv. —
' Catel, Mémoires Je l'histoire du Languedoc ^ Galîia Christiaiia , nov. éd., t. 2, c. 7 t.'*.
p. 371. — [Potthast, n. 1x762. Cf. tome VIII, ' GuiU.iii;nc de Puylaiirens, c. 47.
77^7^ 79° HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXV.
r
CI. — Evêqiies du Puy. — Raîmond protège les inquisiteurs t- /ait
un voyage en Espagne.
Guillaume de Murât, évêque du Puy, succéda ' à Bernard de Montaigu.
Les habitans du Puy tentèrent de se soustraire à l'autorité temporelle de ce
dernier 8c excitèrent divers troubles; ce qui l'obligea à jeter l'interdit sur la
ville en 1289; mais appuyé par le roi, il les mit enfin à la raison, 8c ils lui
firent leurs soumissions. Bernard de Ventadour succéda, en iîSi, à Guil-
laume de Murât dans l'évêché du Puv.
Les affaires qui engagèrent le comte Raimond à s'absenter de Toulouse,
durant le mois de juillet de l'an 1247, l'appelèrent, à ce qu'il paroît, en
Espagne, où nous savons qu'il fit un voyage^ cette année. Le roi ordonna
à cette occasion, au sénéchal de Carcassonne, de ne rien attenter sur les
domaines de ce prince pendant son absence. Il avoit repassé ^ les Pyrénées
& étoit à Avignon, le 2 d'octobre, & à Lavaur, dans le Toulousain, à la fin
de décembre. Il ordonna, la même année, pour honorer'* la mémoire des
inquisiteurs tués à Avignonet, 8c sans doute pour faire sa cour au pape, k
tous les juges 8c consuls de sa domination, d'obliger les peuples d'assister
aux prédications des frères prêcheurs &c mineurs, même les jours de fête,
lorsque ces religieux passoient dans les villes Se les villages; 8c ce fut appa-
remment sous sa protection que les inquisiteurs de Toulouse firent, vers le
même temps, une nouvelle recherche des hérétiques, dont ils condamnèrent
un grand nombre, dti conseil de divers prélats, à une prison perpétuelle,
après les avoir absous.
Cil. — Trencavel conclut la paix avec le roi £> prend la croix.
Sa postérité.
Trencavel, pour terminer entièrement sa paix avec le roi, se rendit à Paris,
Su mois d'octobre de l'an 1247, ^ ^^ '^ renouvela^ en présence de ce prince,
la cession qu'il lui avoit déjà faite de tous ses droits sur les vicomtes de
Bé::*iers Se de Carcassonne, 8c sur tous les domaines que sa maison possédoit
dans les diocèses de ces deux villes 8c dans ceux de Toulouse, Albi, Agde,
Lodève, Nimes 8c Maguelonne. Il en fit sceller l'acte du sceau dont il se ser-
voit lorsqu'il se qualifioit vicomte de Béziers, Se du nouveati qu'il avoit fait
faire exprès; après quoi il fit rompre, en présence du roi, le premier de ces
deux sceaux avec son contre-scel. Le roi, ayant accepté cette cession, donna
en dédommagement à Trencavel 8c à ses héritiers, par des lettres datées de
' Théodoret & Gallla Chnn'iana, ut supra. Lavaur lors de sa rédaction. Il peut avoir été
' Tome VIII, Chartes, n. CCLXXVI, c. 1222. reçu par un de ses bailes. [A. M.]
' Manuscrits ctc Coliert, t\. 1067. — [Lat. 6009, ' Percin, Monumenta conventus Tolosani, p. .")3.
p. 276, & Teulet, t. 3, p. 19. Ce dernier acte ne ' Voyez tome VIII, Chartes, n. CCLXXV,
prouve pas absolument la présence du comte à ce. 1212, 12 r3.
An 12/7
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXV. 791
Pontoise, six cens livres de rente dans la sénéchaussée de Beaucaire, pour les
posséder en fief & hommage lige, savoir : deux cens livres sur le lieu de la
Caunette, & le reste à Beilegarde & sur le péage de Beaucaire, à condition
qu'il pourroit assigner ailleurs cette rente s'il le jugeoit à propos, 8c qu'elle
ne seroit que de cinq cens livres, au lieu de six cens, si c'étoit dans la vicomte
de Béziers. Le cas arriva quelques années après, 8c le roi ayant ordonné, au
mois d'août de l'an i255, à Pierre d'Auteuil, son sénéchal de Carcassonne,
d'assigner à Trencavel cinq cens livres de rente dans la vicomte de Béziers
ou dans les autres pays de la sénéchaussée, le sénéchal exécuta' sa commis-
sion au mois de juin de l'année suivante, 8c assigna pour cette somme les
domaines de Pauligny, Belvesé, Raissac, Saint-Martin de Villereclam, Ces-
seras 8c Cadirac^, dans le Minervois 8c le Razès, portions du diocèse de Nar-
bonne ; 8c Trencavel renonça à l'assignation de six cens livres de rente qui
lui avoit été faite dans la sénéchaussée de Beaucaire. C'est tout ce qui resta
à l'héritier des vicomtes de Béziers, Carcassonne, Razès, Albi, Nimes &c Agde,
de tous les biens que ses ancêtres avoient possédés, 8c cette ancienne maison,
qui depuis la fin de la seconde race avoit joui des droits régaliens dans ces
six vicomtes jusqu'au commencement de la guerre des albigeois, 8c qui étoit
la plus puissante de la Province, après celle des comtes de Toulouse, se vit éj onj,;,,.
enfin réduite à la condition d une des moindres du pays : funeste suite d'une
guerre de religion qui força Trencavel, sans aucune faute de sa part, à porter
l'iniquité du vicomte Pvaimond-Roger, son père. En effet, quoique l'assigna-
tion qu'on lui fit par grâce d'une petite partie de ses anciens domaines
puisse être évaluée, suivant le cours présent de notre monnoie, k vingt ou
vingt-cinq mille livres de rente, cela suffisoit-il pour le dédommager d'une
si grande étendue de pays qui devoit naturellement lui appartenir, 8c qu'on
confisqua sur lui dans le temps qu'il étoit, pour ainsi dire, au berceau? Et si
cette confiscation étoit nulle de plein droit, comme il paroît par la cession
même qui lui fut demandée, on pouvoit du moins lui laisser un état plus
honnête, tandis que de simples chevaliers françois 8c de nouveaux venus
obtinrent vers le même temps dans le pays des établissemens beaucoup plus
considérables^.
' Voyez tomeVllI, chartes, 11. CCCXIX, ce. 1396 les Pièces fugitives du marquis i'Âuhays, & pa?
à i3oQ. MahuI, Cartulaire de Carcassonne^ t. 5, p. 3o8.
' Voici les formes exactes de ces noms de lieux : Elle valut à la famille la reconnaissance de sa no-
Pauligne, Aude, arr. de Limoux j Belve-^c, id.; blesse lors de la recherche de de Bezons en 1669.
Raissac-sur-Lampy, Aude, arr. de Carcassonne; Mais l'hisioiie a le droit d'être plus difficile, &
Saint-Martin de Vilîereglan, KuAcy nxr, àc h\VL\ou'K.^ une remarque suffit pour rendre cette généalogie
Cesseras, Hérault, arr. de Saint-Pons; Cadirac , invraisemblable, c'est que jamais les Trencavels ne
Hérault, commune d'Olonzac. [A. M.] s'appelèrent de Carcassonne, mais de Béliers, ce qui,
^ Nous ne signalerons que pour rttémoire la ainsi que le remarque dom Vaissete, était leur nom
prétendue descendance des vicomtes de Béziers & patronymique. En outre les degrés ont été si mal
de Carcassonne, qui, sous le nom de Carcassonne, calculés par l'auteur de cette généalogie que de
aurait survécu jusqu'au dix-huitième siècle dans Trencavel, dernier vicomte, à 1492, il ne compte
le diocèse de Lodeve. Cette généalogie a été impri- que quatre générations, ce qui n'est pas assez pour
mée par Dumège (Additions, t. 6, p. 42), d'après près de deux cent quarante ans. [A. M.]
An ,247 79' HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXV.
Trencavel, après s'être soumis à la volonté du roi, prit la croix' St s'en-
gagea d'accompagner ce prince à la Terre-Sainte avec cinq chevaliers Si cinq
arbalétriers. Le roi ordonna alors au sénéchal de Carcassonne de permettre
aux gentilshommes, anciens vassaux de ce vicomte, entre autres à Raimond
de Tais, chevalier, d'aller & de venir dans le pays, pourvu qu'ils ne tussent
coupables que d'avoir pris parti en sa faveur durant la guerre qu'il avoit
faite quelque temps auparavant, &. à condition qu'ils se feroient absoudre de
l'excommunication qu'ils avoient encourue. Il ordonna, d'un autre côté, au
même sénéchal, de remettre incessamment à Trencavel ses fils qu'il tenoit en
otage; & il le chargea, sur ce que ce vicomte lui avoit déclaré, qu'il avoit
laissé tous les titres de sa maison entre les mains de Roger, comte de Foix,
d'engager ce dernier à les rendre. Roger étoit le dépositaire de ces papiers,
soit à cause de la proximité du sang qui le lioit avec Trencavel, dont le comte
Raimond-Roger, son aïeul, & Roger-Bernard, son père, avoient été les
tuteurs, soit en vertu deâ substitutions réciproques que leurs ancêtres s'étoient
faites de tous leurs domaines. Roger obéit & rendit presque tous ces titres,
qui sont conservés encore dans le Trésor des chartes du roi. Il en retint
quelques autres, en particulier un ancien cartulaire où on trouve la plupart
des actes des anciens vicomtes de Béziers, Carcassonne, Nimes, Albi, &c. Ce
cartulaire étoit conservé dans la caisse i5 du trésor des chartes de Foix. Nous
en avons tiré de grandes lumières pour l'histoire de ces anciens vicomtes 8c
des comtes de Foix, leurs parens^.
Trencavel suivit le roi outre-mer, & il s'y distingua par sa valeur. Il revint
de la Terre-Sainte avec ce prince, 8v le dernier acte que nous ayons de lui
est une vente ^ qu'il fit au roi, en I263, avec la vicomtesse Saurine, sa
femme, £• leurs fils Roger de Bé-^iers &• Raimond-Roger, pour six cens livres
tournois, du château de Saint-Martin de Villereclam, dans le Razès, Se de
ses dépendances, qu'il avoit reçu en assignat. Nous comprenons par cet acte,
dans lequel Trencavel se qualifie autrefois vicomte de Béjiers, que ses descen-
dans prirent le surnom de Béliers : surnom qu'il prend lui-même dans une
c[uittance qu'il fit au roi en 1248"*. Il étoit sans doute décédé, au mois de
décembre de l'an 1267, lorsque le roi-"' donna à Roger de Bé-^iers,fils de
Trencavel, sous une rente annuelle, les droits qu'il avoit à Cesseras, dans le
Minervois. Enfin le même Roger de Béliers, fils de Trencavel dit vicomte de
'Voyez tome VIII, Chartes, n. CCLXXVI, dans le supplément du Trésor. Le reste, probable-
c. 122J. ment fort négligé, périt dans ini grand incendie
' Jamais les archives des Trencavel ne furent dé-- au commencement de ce siècle. Le cartulaire que
posées au Trésor des chartes; du moins aucun des dom Vaissete indique a échappé, & appartient
anciens inventaires de ce dépôt n'en porte trace. aujourd'hui à la Société Archéologique de Mont-
ïls durent être rendus par le cointe de Foix & pellier. [A. M.)
portés à Carcassonne. Plus tard, à une époque in- ^ Voyez tome VIII, Chartes, n. CCCXLIV,
déterminée, ils furent reportés à Foix, ik c'est là ce. LÎ^g, i5ro.
que Doat les consulta en 1668. Une partie de ces ^ Ihid. n. CCLX, c. 1214.
. actes fut enlevée, en 1702, par ordre du roi & ^ Besse, Carcassanne, p. 168. [Cf. tome VIII,
transportée à Paris, où ils se trouvent encore ce. i.")93 & i.')99, d'après lat. 9996.]
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXV.
793
Bèjiers, se croisa', en 1269, & promit de suivre le roi saint Louis dans son
expédition contre les infidèles. Nous ne trouvons plus dans la suite aucune
trace des descendans de Trencavel^.
An I 2/.7
cm. — Leroi envoie des commissaires dans la Prorince pour y recevoir les
plaintes contre ses officiers, 6- restituer les biens qu'il avoit mal acquis.
Guillaume de la Broue, archevêque de Narbonne, fit aussi un voyage à
la Cour, au mois d'octobre de l'an 1:47, ^ i' pioniit au roi, en présence du
légat, tant pour lui que pour les autres évêques de la Province, de faire
payer exactement, depuis le i"de mai, la décime imposée par ordre du pape
sur tout le clergé de France pour la guerre d'outre-mer^. Ce prince envoya
vers le même temps des commissaires dans toutes les provinces du royaume
avec ordre de dédommager tous ceux qui auroient souffert quelque injustice
de sa part ou de celle de ses officiers, & de leur restituer les biens qu'ils
prouveroient leur avoir été enlevés. Maître Pierre de Castro & frère Jean du
Temple, de l'ordre du Val des Écoliers"*, furent nommés commissaires ou ûd.oriRin.
inquisiteurs dans les deux sénéchaussées de Carcassonne 8c de Beaucaire, 'P + 5-
avec l'autorité de lieutenans de roi->. S'étant rendus à Alais, au mois de
' Trésor des chartes; croisades, n. 25. — [J. 4Ô6.
Cf. tome VIII, c. 1600.]
" L'évaluniion par dom Vaissete du revenu ac-
cordé à Trencavel par le roi est un peu faible.
D'après les travaux de M. de Wailly, q\ii sont
regardés aujourd'hui comme les plus dignes de foi,
la livre tournois, au temps de saint Louis, valait
17 fr. 9735. La valeur intrinsèque de l'assise de
Trencavel était donc, la première fois, dans la sé-
néchaussée de Beaucaire, de 10,983 fr. 10 c; la
seconde fois, dans la sénéchaussée de Carcassonne,
de 8,986 fr. 8.^ c. Le pouvoir de l'argent aujour-
d'hui étant le cinquième de celui de l'argent au
treizième siècle, il faut multiplier par .0 ces deux
sommes pour avoir leur valeur extrinsèque. Nous
trouverons dans le premier cas : 04,920 fr. :jo c;
dans le second : 44,934 fr. 25 c. Notre calcul ne
diminue en rien la portée des observations de dom
Vaissete. Le roi de France s'en tira à bon marché
avec le dernier vicomte; & c'est avec raison que
le savant Bénédictin fait remarquer que de sim-
ples seigneurs possédaient dans la Province des
assises infiniment plus considérables. Nous cite-
rons comme exemples Gui de Lévis, Pierre des
Voisins & Lambert de Limoux. [A. M.]
'Voyez tome VIII, Chartes, n. CCLXXVI ,
c. It22.
* Trésor des chartes; Toulouse, sac 11 , n. 07.
— [J. 320; rouleau original long de 4'"fio.] On
peut en voir l'analyse au tome VII, parmi les
registres des EntjuC-teurs royaux. Cette enquête ren-
ferme en tout cinquante-huit plaintes, d'autant
plus intéressantes qu'elles se rapportent à des faits
commis dans une terre relevant du roi. La plu-
part sont dirigées contre les châtelains royaux
d'Alais; quelques-unes contre le sénéchal. Nous
citerons aussi le cas plus grave de la dame de
Rousson dont le sénéchal voulut faire sa maî-
tresse, ce qui prouve jusqu'où allaient les pré-
tentions des officiers royaux. [A M.]
' Les enquêteurs royaux, en 1247 & 1248, s'ac-
quittèrent de leur mission dans les deux séné-
chaussées. Divers registres nous sont restés de cette
grande enquête, registres que nous publions in
extenso ou sous forme d'analyses détaillées dans le
lome VII de la présente histoire. La plup.irt des
plaintes qu'ils eurent à examiner se rapportent
aux excès commis par les officiers royaux depuis
le traité de 1229, & ces excès sont tels qu'ils ne
permettent pas d'adopter sans examen le senti-
ment de la plupart des historiens sur le gouver-
nement de Blanche de Castille. Le midi paraît,
d'après ces actes, avoir été abandonné à des admi-
nistrateurs avides, sans conscience & au fond in-
capables; aucun contrôle de la part du pouvoir
central, dont souvent les ordres formels sont mé-
connus; exactions grandes & petites, abus de
pouvoir envers les particuliers & envers les com-
munautés, rien ne manque à cette administration
inique. Ce fut l'honneur du roi Louis IX de com-
prendre que le Languedoc ne pourrait être pacifié
& soumis qu'en employant d'autres moyens, &
glace à vingt ans d'une administration plus hon-
nête & plus modérée, il sut si bien s'attacher les
An r2^8
" 704 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXV.
An 1247 ' J'
novembre de cette année, les consuls de cette ville leur portèrent des plaintes
contre Pierre Faber, ci-devant sénéchal de Beaucaire, qui avoit fait diverses
extorsions sur eux. Tiburge, veuve de Bernard Pelet, & Bernard Pelet, leur
fils, se plaignirent aussi des vexations qu'ils avoient souffertes de la part de
ce sénéchal, qui avoit fait détruire la tour d'Alais, nonobstant les prières que
Guîraude, dame d'Ujès, lui avoit faites de ne pas l'abattre, 8c l'appel que
Svbille, aïeule du même Bernard Pelet (fils de Tiburge), laquelle avoit la
garde de cette tour, avoit interjeté au roi. Plusieurs gentilshommes de la
viguerie d'Alais portèrent, d'un autre côté, des plaintes aux commissaires du
roi, tant contre le même Pierre de Athns dit F abri, sénéchal de Beaucaire,
Pierre de Nonnecourt & Jaconimus, frère & successeur de Pérégrin Latina-
rius, ses prédécesseurs, que contre les officiers particuliers de la viguerie
d'Alais. Les habitans de la sénéchaussée de Carcassonne ne firent pas de
moindres plaintes contre les officiers de cette sénéchaussée', entre autres ceux
d'Aiguesvives, dans le Minervois. Le roi, sur le rapport des commissaires, fit
restituer^ à divers gentilshommes de la même sénéchaussée les domaines que
ses officiers leur avoient saisis mal à-propos^. Il fit informer'* sur les diffé-
rends qui duroient toujours entre les comtes de Toulouse & de Foix, avec
ordre au premier de se départir du serment de fidélité qu'il avoit reçu des
chevaliers de Saverdun. Il ordonna 5, au mois de février de l'année suivante,
au sénéchal de Carcassonne de restituer au comte de Toulouse les châteaux
de Penne, en Agenois, Puycelsi, Najac & Laurac, & de faire transférer à
Carcassonne les vivres & les armes qui étoient dans ces places. FInfin il
s'obligea'^, au mois de mai suivant, de payer à Raimond vingt mille livres
parisis, en cas que ce comte passât la mer pour le secours de la Terre-Sainte.
CIV. — Consuls de Toulouse. — Suite des ajfaires de l'inquisition.
Juifs de la Province.
Raimond faisoit ses préparatifs pour ce voyage. Il engagea à Toulouse, la
veille de l'Epiphanie de cette année-', le comte de Pvodez à se croiser ou du
populations méridionales qu'après 1270 il n'y eut droits de suzerain contre les prétentions de la cour
plus que quelques individus à rêver une nouvelle pontificale (tome VIII, c. r '•')'])■ Les chanoines de
séparation. — Nous donnons, dans le tome VII, Saint-Ruf avaient fait citer l'évéque d'Agde par
les deux registres de Béziers, quelques pièces pour devant le pape au sujet d« l'île de Cette. Le roi
Carcassonne, des extraits de deux registres pour les s'opposa à ce que la couf pontificale connut de
vigueries de Nimes & de Beaucaire, enfin l'analyse cette affaire, cette île étant un fief de la couronne
du rouleau d'Alais, que dom Vaissete a connu. de France. En effet, on peut voir au même to-
Les enquêteurs s'étaient fait remplacer à Nimes lurae, c. io32, l'hommage du prélat pour cette île,
par le sacristain & l'aumônier du chapitre cathé- hommage qui est daté du 29 octobre 1239. (A. M.]
dral de cette ville. [A. M.] ■• Voyez tome VIII, Chartes, n. CCLXXVII,
' Trésor des chartes; Toulouse, sac 9, n"" 87, ce. I232 à 1234.
93, 96, 99. — [Cf. tome VII, Enquêteurs royaux, ^ Ihid. n. CCLXXVI, ce. 1224, 1225.
série C] " Trésor des chartes; Toulouse, sac 5, n. 61. —
'Voyez tome VIII, Chartes, n. CCLXXVI, [J. 3 1 1 ; Teulet, t. 3, pp. 32, 33. Voyez plus haut,
c. 1224 (restitutions à GuiUem de Vintrous & à p. 787.]
Guillem de Montesquiou). ' Archives de la ville de Rodez. — GalUa Chris-
' Vers la même époque Louis IX fit respecter ses tiana, nov. éd. t. 1, Instrum. c. 52.
FIISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC, LIV. XXV. 7n5
' '' An i2/.'3
moins à envoyer outre-mer un chevalier entretenu à ses dépens. Il déclara',
peu de temps après, aux habitans de Toulouse assemblés dans leur palais
commun, que le consulat de cette ville leur appartenoit en propre ou à leur
commune, 8< qu'elle avoit l'autorité d'élire tous les ans ses consuls au nombre
de vingt-quatre, savoir : douze de la cité 8c autant du faubourg.
Ce prince, pour donner au pape de nouvelles preuves de son zèle pour
l'extirpation de l'hérésie, l'avertit^ que plusieurs hérétiques étrangers, qui
s'étoient venus établir dans ses Etats, joints à ceux qui y restoient, faisoient
cfivers progrès, & le pria de donner ses ordres pour une recherche plus exacte
de ces sectaires. Le pape commit, le 29 d'avril de l'an 1248, l'évêque d'Agen,
S<. lui ordonna d'informer dans les terres de Raimond, avec le conseil des
inquisiteurs des lieux Se des diocèses, & en observant les formalités pres-
crites. Le lendemain le pape^ permit, à la prière de Raimond, à ceux des
sujets de ce prince qui n'étoient enformés en prison que pour un temps ou
qui n'étoient condamnés qu'à porter des croix pour crime d'hérésie, de se
croiser St de marcher au secours de la Terre-Sainte. Il permit même à ce
prélat ou à son défaut à l'archevêque d'Auch de faire grâce à ceux qui étoient
condamnés à une prison perpétuelle. Si qui, ayant donné des marques d'un
sincère repentir, se croiseroient. Enfin iH permit à l'évêque d'Albi, comme
gérant, les affaires de la foi par l'autorité ordinaire dans sa ville &- dans son
diocèse, de délivrer de prison, du conseil des inquisiteurs, les hérétiques qui
y étoient rehfermés & qui donnoient de véritables marques de pénitence, à
condition qu'on leur imposeroit d'autres peines convenables. Il enjoignit
cependant aux inquisiteurs de la province de Narbonne d'informer de nou-
veau, tant contre les hérétiques qui avoient été déjà jugés que contre tous les
autres, afin de rétablir les registres de l'inquisition, dont certaines gens
s'étoient saisis, 8c qu'ils avoient brûlés au sortir d'une assemblée, après avoir
tué le clerc ou le curseur de l'inquisition. Les inquisiteurs commuèrent sou-
vent depuis la peine de ceux qui avoient été condamnés pour hérésie, en
une amende pécuniaire dont ils marquoient l'emploi 5, C'est ainsi que les
deux inquisiteurs de Toulouse appliquèrent, en 1255, au bâtiment de l'église lîd.oiigin.
de Lavaur, qui sert aujourd'hui de cathédrale, les sommes que dévoient payer ' ■P"'"'
douze des principaux habitans de cette ville condamnés pour hérésie, dont
ils avoient commué la peine.
Innocent IV ordonna'', le 7 de juillet de l'an 1248, à l'évêque de Mague-
lonne, conformément aux remontrances de ce prélat, de défendre aux juifs
de son diocèse 8c du voisinage de porter des chapes rondes &c larges, comme
les clercs 8c les prêtres, 8c de leur enjoindre, au contraire, de s'habiller d'une
manière différente des ecclésiastiques 8c même des laïques, afin qu'on pût les
' Catel, Hiitoire des comtes Ae Tolose, p. 323.—" ' Archives de la cathédrale de Lavaur. — Per-
Voyez tome VII, Note XLVII, p. 241. c'in. De in^uisltione, p. 97. — [Cf. tome V, c. i 533.]
' Tome VIII, Chartes, n. CCLXXIX, c, 1241. * Baluze, Miscellanea, t. 7, p. 407 [Potthast,
> IhiA. n. CCLXXIX, c. 1240. n. 129715.]
1 IhiA. n. CCLXXIX, ce. i238, 1239.
An 11^8 79*^ HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXV.
distinguer. Il manda', au mois d'octobre suivant, aux inquisiteurs de la pro-
vince de Narbonne de l'ordre des frères Prêcheurs, d'envoyer à leur provin-
cial d'Espagne & à frère Raimond de Pennafort, la formule suivant laquelle
le feu pape Grégoire IX leur avoit prescrit de procéder contre les hérétiques
pour la suivre dans la recherche de ceux qui étoient dans les Etats du roi
d'Aragon Se dans la partie de la province de Narbonne soumise à ce prince.
C'est ce qui a donné l'origine à l'inquisition d'Espagne.
CV. — Êvêques de Maguelonne.
L'évêque de Maguelonne, dont on vient de parler, étoit de l'ordre des
frères Prêcheurs & s'appeloit frère Raynier. Le zèle qu'il témoigna^ pour
rétablir dans son clergé la discipline ecclésiastique, qui y étoit fort déchue,
lui attira des ennemis, qui l'empoisonnèrent avec une hostie consacrée. Cet
attentat donna lieu au chapitre de Maguelonne de faire un statut pour
ordonner que dans la suite le diacre & le sous-diacre partageroient l'hostie
avec le célébrant, & qu'ils prendroient aussi avec lui une partie du vin con-
sacré. Frère Raynier décéda le i3 de janvier de l'an 124g. Après sa mort^ le
chapitre de Maguelonne envoya à Lyon des députés qui, du consentement
du pape 81 en sa présence, élurent pour leur évêque Pierre de Conques ou
de Conches, sacristain de leur église. Le pape approuva cette élection, le i"de
mars suivant, & déclara que la manière dont elle avoit été faite- ne pourroit
préjudicier dans la suite à la liberté du chapitre.
CVL — Le roi saint Louis arrive dans la Province pour aller s'embarquer
à Aignes-mortes. — Fondation de l'abbaye de Netloc, — Êvêques de Car-
cassonne.
Le roi saint Louis'*, ayant disposé toutes choses pour son départ, se mit
en chemin, le vendredi 12 de juin, après avoir laissé la régence de l'État à
la reine Blanclie, sa mère. Il passa à Lyon, où il conféra avec le pape Inno-
cent IV, & ayant ensuite continué sa route il assiégea 8c prit le château de
la Roche de Gluin sur le Rhône, dont le seigneur rançonnoit sans miséri-
corde, sous prétexte de lever un droit de péage, tous les pèlerins qui pas-
sotent par là pour aller à la Terre-Sainte. Nous apprenons l'époque précise
de ce siège d'une quittance^, que Trencavel fit au roi, d'une somme qu'il
avoit reçue sur le péage de Beaucaire, à la Roche de Gluin, le 8 de juillet de
' Baluzc, Miscellanea, p. 414 & suiv. — [Pot- dom Vaissete reproduit d'après Gariel. Cf. Ger-
thast, n. i3o55j lettre du 20 octobre 1248.] -nain, Maguelone sous ses éyê^uss, p. Tip. [A. M.|
' Gat\t\, Séries praesulum Magalonensium, p. 363 ' Baluze, Miscellanea, t. 7, p. 466 & suiv. —
gi 5uiv, — Ce fait de l'empoisonnement de Rainisr [Potthast, n. i3233.]
est rapporté par Arnaud deVerJale, qui vivait ■" Gcsta Ludovici IX, -p. i^:!- — Matthieu Pâ:is,
moins de cent ans après l'événement & mourut année 1248. — Guillaume de Puylaurens, c. 48.
vers i3Ô2. C'est lui qui fournit les détails que ^ Voyez tome VIII, Cli.irtes, n. CCLXXV, c. 1 21 4.
An 1 2 ^, 3
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XXV. 797
Van 1248. Louis étant arrivé aux environs d'Avignon' ses troupes insultèrent
les habitans de cette ville, qu'ils accusoient d'avoir empoisonné le feu roi
Louis VIII, S<. qu'ils appeloient en passant albigeois, traîtres, empoison-
neurs, 6tc. Ces peuples, ne pouvant supporter un pareil reproche, surprirent
pour se venger quelques François dans des défilés, & les tuèrent ou les
dépouillèrent entièrement. Les courtisans tâchèrent alors d'exciter la colère
du roi 8c voulurent lui persuader d'assiéger Avignon 5 mais ce prince ne
jugea pas à propos de se détourner, & ayant passé le Rhône à Tarascon, il se
rendit à Beaucaire, où il donna une charte, au mois d'août de l'an 1:48,
en faveur d'Oudard de Magneville, son sergent^, & vint de là à Nimes.
On a plusieurs chartes de ce prince datées de Nimes, au mois d'août de
l'an 1248, entre autres une donation ^ qu'il fit alors de vingt livres de rente
sur le péage de Béziers aux religieuses de l'abbaye de Netloc {de Nitido loco),
de l'ordre de Cîteaux, fondée dans le diocèse d'Agde par son cher t- Jèal
Guillaume de Lodève. Cette abbaye, qui étoit située aux environs du châ-
teau de Mèze, fut unie, vers la fin du quinzième siècle, à celle de Valmagne,
dans le même diocèse. Guillaume de Lodève, son fondateur, y choisit sa
sépulture"* 8t lui fit de nouvelles libéralités par son testament du 8 de sep-
tembre de l'an 1248. Ce seigneur, qui possédoit de grands domaines dans les
diocèses de Lodève 5c d'Agde, entre autres à Montagnac, Pézénas, Flo-
rensac, Sec, qu'il avoit acquis de Pierre de Bermond 8c de Patave, sa femme,
ordonna à Guillaume, son fils 8c son héritier, de faire chevalier Pierre de
Mèze, 8cc. 11 avoit un domestique qui prit son nom, 8c contre lequel les
habitants de Béziers apportèrent^ leurs plaintes au roi quelques années après, tu origin.
Le roi alla de Nimes à Aigues-mortes<5 pour s'y embarquer; il y fit quelque
séjour, 8c Pv.aimond, abbé de Psalmodi, lui en céda alors le territoire pour
quelques terres voisines de Sommières'. Il échangea aussi alors ^ avec Bernard
cle Sommières le château du Caylar, au diocèse de Nimes, contre la moitié de
la ville de Sommières 8c quelques autres domaines. Guillaume-Arnaud,
évêque de Carcassonne, qui avoit succédé depuis peu à Clarin , mort"-' le
:6 d'avril de cette année, alla joindre le roi '° à Aigues-mortes.
' Matthieu Paris. Histoire généalogique Je la maison d'Auvergne, t. i,
' Manuscrits de Colbert, n. 2173. — [Lat. 9996,' p. 87.
p. loi, confirmation delà donation faite, en 1242, ' Registram curiae Franciae, (Teulet, t. 2, p. ^5 •
par Humbert de Beaiijeu, ihid. p. 101. — Corrigez d'après l'original, J. 295, n. i3.]
de Moineyille, ./« Moi'/ifviHa.] «Voyez tome VIII, Chartes, n. CCLXXXI,
' Trésor des chartes, registre i.'3, n. i33. c. 1247.
' Baluze, Portefeuille de Languedoc. ' DtVicyChronologia praesulum Canassonen.'ium,
'Voyez tome VIII, Chartes, n. CCCXXXVI, p. m.
ce. 1467 à 1469. "" Trésor des chartes; Carcassonne, n"* 2 & 3. —
• liid. Chroniques, n. III, c 21 3. [Chronique [J. 335; Teulet, t, 3, p. 46. — Voyez plus haut,
de l'hôtel de ville de Mt ntpellier.] — Baluze, p. 78"!.]
t. III, p. ,,(ii.
~ 7" 708 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXV.
An 12,^8 ' /
CVII. — Raimond va joindre le roi à ligues-mortes. — Origine de la ville
de l'Isle d'Albigeois, — Départ du roi pour la Terre-Sainte.
Le comte de Toulouse avant appris l'arrivée de ce prince à Aigiies-morles
se rendit auprès de lui. En passant àLauran, dans le Minervois, il échan-
gea ', le 6 d'août, avec Bérenger & Gautier de Saint-Jean, « les terres que
« Pierre Amelii avoit possédées à Montaigu, contre la forteresse ou bastide de
« Beauvoir & une vigne contiguë, située entre cette forteresse & la ville de
« l'Isle d'un côté, le chemin public & la rivière de Tarn de l'autre, dans le
« diocèse d'Albi. » Nous remarquons ces choses parce que c'est là le plus
ancien monument que nous ayons trouvé où il soit fait mention de la ville
de l'Isle, en Albigeois, qui est aujourd'hui l'une des principales du pays.
Elle fut bâtie au treizième siècle des ruines de l'ancien château de Montaigu,
situé dans le voisinage^.
Raimond arriva à Aigues-mortes, vers la mi-août, 81 y conféra avec le roi,
qui s'embarqua 3 dans ce port, le mercredi ^5 du même mois. Se demeura
deux jours à l'ancre pour attendre un vent favorable. Enfin Louis fit voile,
le vendredi suivant, accompagné de Pvobert & Charles, ses frères, 8c de ce
qu'il y avoit de plus distingué dans la noblesse du royaume. Entre les sei-
gneurs de la Province qui le suivirent furent Trencavel, auparavant vicomte
de Bèziers, Philippe I de Montfort, seigneur de Castres, Gui de Montfort,
son frère, seigneur de Lombers, 8c Olivier de Termes, qui se signalèrent par
leurs exploits dans la Terre-Sainte.
CVin. — Vicomtes de Polignac.
Pons V, vicomte de Polignac, se croisa"* aussi, 8c vendit, pour fournir aux
frais de son voyage, au chapitre du Puy, pour vingt mille sols viennois, le
vendredi avant la Pentecôte de cette année, les droits qu'il avoit sur la mon-
noie du Puy, 8c qui consistoient en cinq deniers pour livre sur celle qui se
fabriquoit de nouveau. Il mourut durant cette expédition, 8c laissa d'Alix de
Trainel, sa femme, morte le 16 d'août de l'an 1248 8c inhumée aux Jacobins
du Puy, un fils 8c une fille. Le fils, nommé Armand, qu'il laissa en parlant
pour la Terre-Sainte sous la garde d'Armand, son frère, abbé de Saint-Pierre
de la tour au Puy, lui succéda. La fille, appelée Agnès, épousa, en 1240, le
' Manuscrits de Colhert , n. 1067. — [J. 3o3, une partie de son territoire qui, dès le milieu du
n. i5, original. — Teulet, t. 3, p. 42.] douzième siècle, portait le nom de hla (Cf. ut
' M. Rossignol [^Monographies communales, t. 4, supra, t. 3, p. 286]. M. Rossignol fait remarquer
p. 283) adopte l'opinion de dom Vaissete. En effet que le plan de l'Isle est tout à fait réguler &
le château de Montaigut, sur lequel on peut con- semble bien prouver que la ville fut bâtie d'un
sulter le même ouvrage (iiid. p. 338-343), & dont seul coup. [A. M.]
une partie de la commune de l'Isle porte encore le ' Gesta LuJovici IX, p. 346.
• nom, fut détruit en 1229, après la paix de Paris. ■• Chabron, Histoire manuscrite de la maison Je
Une nouvelle ville dut se former peu après sur Polignac, 1. 7, ch, i3.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXV. 700
lyj An 1248
jeune Héracle, fils d'Héracle, seigneur de Montlaur, en Vivaiais. Il donna
en dot à cette fille la terre de Pradcs Si quatre cens marcs d'argent, du poids
du marc qu'on appelloit du vicomte 6- qui valait quatre-vingts sols du Puy.
Armand, seigneur d'Alègre, Pons, seigneur de Vissée, Gui, seigneur de la
Roche, 8<. Bertrand, seigneur de Chalençon, furent cautions de cette dot.
Pons eut d'abord quelque différend avec l'évêque du Puy au sujet de l'hom-
mage pour la vicomte de Polignacj mais ils s'accordèrent, en 1229, par l'ar-
bitrage de Guillaume, doyen de l'église du Puy, Héracle d'Arlenc, chanoine
de cette église, Se Guillaume, seigneur de Chalençon. Il pacifia, en i233,
les différends qu'il avoit avec les seigneurs d'Alègre 61 de Seneuil, & soutint
ime petite guerre contre les seigneurs de Châteauneuf-Randon Si Gui de
Meschin, seigneur de Tournel, touchant la baronnie de Ceissac, dont ils pré-
tendoient la moitié comme héritiers de Guillelmette de Polignac, leur aïeule.
Bernard de Montaigu, évêque du Puy, Si Pierre, prévôt de la même église,
terminèrent cette c[uerelle en 1243. Armand, vicomte de Polignac, fils de
Pons V, épousa, en 1201, Béatrix, fille de Bernard, seigneur de Mercœur,
laquelle eut vingt-cinq mille sols de Clermont en dot'.
CIX. — Le comte de Toulouse dijj'ère son départ pour la Terre-Sainte.
Le comte de Toulouse^, après avoir pris congé du roi à Aigues-mortes, se
mit en chemin dans le dessein de s'embarquer lui-même à Marseille, sur un
grand vaisseau qu'il avoit fait équiper sur les côtes de Bretagne Si qu'on
devoit lui amener dans la Méditerranée. Il prit la route de l'Isle, dans le
pays Venaissin, où il confirma 3, le 25 d'août, les privilèges de la ville 81 du
faubourg de Gaillac, en Albigeois. Il attendit ■* longtemps à Marseille ce
vaisseau qui arriva enfin; mais la saison étant alors un peu trop avancée pour
se mettre en mer il remit son départ à l'année suivante, du conseil des pré- éj. ongm.
lats £1 des seigneurs qui dévoient le suivre. 11 etoit encore a Marseille, le
i*'' d'octobre 5 il repassa bientôt après le Rhône Si se rendit en Rouergue'.
ex. — Concile de Faïence. — Le pape change les pénitences des hérétiques
condamnés en des amendes pécuniaires.
Quelque temps après le pape, craignant que l'empereur Frédéric ne passât
les Alpes Se ne vînt l'attaquer jusque dans Lyon, résolut de prévenir les
peuples pour les empêcher de favoriser ce prince. Dans cette vue il fit tenir**,
■ Bibliothèciue Coislin, inventaire de Mercosur. t. 3, p. 48); vente par GeofTroi de Cavaillon de
[Cf. Bibl. nat. français, n"* 18679 ^ 18680] ses possessions dans le diocèse de ce nom. — Le
" Guillaume de Puylaiirens, c. 48. 2J du même mois, il était à Lcporine , dans le
' Tome VIII, Chartes, n. CCLXXXII, c. 1248. Roiiergue, lieu qui nous est inconnu, probable-
* Guillaume de Puylaurens, c. 48. ment près de Saint-Rome du Tarn {Ihii. p. 48
'' Manuicrits Je Colhert, n. 106 j. — Le 10 octobre & suiv.). [A. M.]
le comte était à Avignon (J. 3i4, n. 43 j Teulet, * Le P. Labbe, Concilia, t. 1 1 , c. 695 & suiv.
An 1248
800 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV, XXV.
au commencement de décembre de l'an 1248, un concile à Valence sur le
Rhône, auquel les deux cardinaux d'Albano & de Sainte-Cécile présidèrent.
Les archevêques de Narbonne, Vienne, Arles 8t Aix s'y trouvèrent avec
quinze évêques, entre autres ceux de Béziers, Agde, Uzès, Nimes, Lodève,
Agen & Viviers. On y ordonna par le second canon de renouveler tous les
trois ans le serment de la paix, 8t d'v ajouter qu'on ne donneroit aucun
secours à Frédéric, en cas qu'il vînt en deçà des Alpes, & on renouvela
l'excommunication lancée, tant contre ce prince & ses fauteurs que contre
ceux qui l'avoient appelé ou qui l'appelleroient dans le pays. Les autres
canons ordonnent l'exécution des anciens pour la conservation de la foi, de
la liberté ecclésiastique, 8<c. Il est marqué qu'on traitera comme fauteurs des
hérétiques ceux qui n'exécuteront pas les sentences des inquisiteurs, qui
quitteront de leur autorité les croix qu'ils étoient obligés de porter sur leurs
habits après avoir abjuré l'hérésie, Se qu'on les contraindra à les reprendre.
11 est défendu aux inquisiteurs de se servir du ministère des avocats dans
leurs procédures, & enjoint aux juifs de porter une marque qui les distingue
des chrétiens. Enfin on casse toutes les confréries ou associations faites contre
les canons dans les villes ou châteaux du pays.
Le pape, sous prétexte d'animer le zèle du comte de Toulouse contre les
hérétiques, envoya, au mois de mars de l'année suivante, Algise, son chape-
lain & son pénitencier dans la province de Narbonne, dans les diocèses de
Toulouse, Albi, Rodez, Cahors, Agen & les pays voisins, avec pouvoir de
commuer les pénitences imposées par les inquisiteurs en amendes pécu-
niaires, qui dévoient être appliquées aux besoins de l'Eglise Se de la Terre-
Sainte, 6c de donner toutes les dispenses nécessaires, nonobstant les privilèges
accordés aux inquisiteurs'. La plupart de ceux qui avoient été condamnés
profitèrent sans doute d'une occasion si favorable de se rédimer des peines
infamantes qui leur étoient imposées. Le pape accorda^, d'un autre côté, à
quelques habitans de Limoux, qui avoient été condamnés pour hérésie, à
porter des croix ou à d'autres pénitences notables, de les taire changer par
les inquisiteurs; mais ceux-ci leur ayant donné une absolution sans réserve,
il en témoigna son mécontement à l'archevêque de Narbonne, au mois d'août
suivant, 8c lui ordonna de faire reprendre les croix à ceux qui les avoient
quittées Se de leur faire accomplir la pénitence qui leur avoit été imposée.
CXL — Raimond parcourt ses domaines, — Il passe en Espagne 6" confère
avec l'infant de Castille, — Vicomtes de Gimoëj.
Le comte Raimond^, en attendant le temps de son embarquement, fit un
voyage en Agenois, à la fin du mois de janvier; il vint ensuite à Verdun sur
■ Baluze, Bulles, n. SS. — [Armoires, v. 33 r, était à Coiidom le 3i janvier 1249; Teiilet, t. 3,
n. 58; original scellé.] p. 54.] — Voyez tome VIII, n. CCLXXXUl,
' Baluze, Bulles, n. 60. [Ihid. n. 60.] ce. 1 lâc-, '1 2J1 . [Raimond \'II était à Toulouse le
^ Manuscrits deColèeit,n. xoôy. — [RaimondVII iS mars.]
rnSTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXV. 801 " ""
An iziS
la Garonne S<. reçut à Toulouse, le 11 d'avril suivant, l'hommage d'Jsarn
Jourdain Se de Bernard, fils de feu Bertrand Jourdain de l'Isle, qui recon-
nurent tenir de lui tout ce qu'ils possédoient dans le pays de Gimoez & aux
environs de la Garonne, vers la Gascogne, dans le diocèse de Toulouse. II
paroît' que ces deux frères moururent sans postérité, & que Jourdain IV,
seigneur de l'Isle-Jourdain, leur cousin germain, leur succéda dans la sei-
gneurie de Launac & dans la portion de la vicomte de Gimoez, dont ils
avoient hérité de Bertrand, leur père. Pvaimond fit bientôt après un voyage^
au delà des Pyrénées; on n'en marque pas le motif, mais on sait qu'il se
rendit à Logrogno, sur les confins de la Castille; qu'il eut une conférence
avec l'infant Alfonse. fils aîné du roi de Castille, S< qu'il y séjourna pendant
quinze jours. Le comte, à son retour dans ses États, tomba malade, 8c, ayant
un peu rétabli sa santé, il se rendit à Agen, où il reçut, le 10 de juin^,
l'hommage d'Arnaud Garsias du Fossat, pour divers châteaux de l'Agenois,
en présence de Géraud, évêque de Cahors, d'Amalric, vicomte de Narbonne,
Guillaume-Raimond de Pins, seigneur de Caumont, 8tc.
CXII. — Différends de Raimond avec le vicomte de Lomagne.
Arnaud-Othon , vicomte de Lomagne, vassal de Raimond, après avoir
épousé Marie, nièce de ce prince Si fille de Pierre-Bermond de Sauve, Se reçu t.'^i1i,°p"453.
de lui toute sorte de bienfaits, abandonna ses intérêts. Il se joignit, en effet,
à Simon de Montfort, comte de Leycestre, gouverneur de Gascogne pour le ^" ^^^"^
roi d'Angleterre, qui avoit entrepris la guerre dans le pays contre les sujets
ou alliés de Raimond, & fit prisonnier Géraud d'Armagnac, vassal de ce
prince. Simon, qui étoit fils du fameux Simon de Montfort, mort en 12 18,
vouloit peut-être faire revivre les prétentions de sa maison sur le comté de
Toulouse; car on ne marque pas le sujet de cette guerre, 5<. on qualifie
Simon comte de Leycestre, émule'' ou concurrent de Pvaimond. Quoi qu'il
en soit, ce dernier, piqué de ce que le vicomte de Lomagne s'étoit uni à ses
ennemis, le somma, à Agen, le 11 de juin de l'an 1249-"', de lui remettre le
château d'Auvillar, Se tous les autres domaines qu'il tenoit de lui en fief
dans l'Agenois, 8c de donner la liberté à Géraud d'Armagnac. Arnaud-Othon
refusa d'obéir 8c fit signifier à Raimond, le i"" de juillet suivant, un appel
au roi ; son principal motif étoit qu'il n'avoit rien fait qui méritât que Rai-
mont le dépouillât de son fief. Quant à Géraud d'Armagnac, le vicomte
s'excusa de le délivrer sur ce qu'il l'avoit pris les armes à la main dans les
domaines qu'il tenoit du roi d'Angleterre, Se dans lesquels Géraud lui faisoit
la guerre, domaines, ajoute-t-il, bien plus étendus que ceux que je possède
dans votre mouvance. Nonobstant cet appel, Raimond'' fit condamner le
■ Voyez tome VII, Note XLII, p. i 18 & siiiv. ■• Guillaume de Puylaurens, c. 48.
'Guillaume de Puylaurens, c. 43. 'TomeVIII, Chartes, n. CCLXXXIV, c. 125!.
' Manuscrits de Colhert, n. 1067. — [J. 3i4, ° Ibid. ce. 1203, 12J4, & n. CCXCIII, ce. 1289,
n. 4^ ; Tsulct, t. 3, p. 70.] 1290.
V Si
An 1249
802
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXV.
vicomte à sa cour d'Agenois, qui déclara que le château d'Auvillar 8t tous les
autres domaines qu'il possédoit dans le diocèse d'Agen étoient tombés en
commise, & s'en saisit au nom de R.aimond '.
CXIII, — Hérétiques hridés à Agen, — Raîmond va joindre sa fille
&• son gendre à Aigues-mortes.
Le comte de Toulouse, durant le séjour qu'il fit alors ^ à Agen, y fit brûler
vifs quatre-vingts croyans des hérétiques, après qu'ils eurent été convaincus
de leurs erreurs en sa présence. Il partit, quelque temps après pour aller à
la rencontre d'Alfonse, comte de Poitiers, son gendre, & de Jeanne, sa fille,
qui avoient pris la route d'Aigues-mortes & qui dévoient s'y embarquer pour
la Terre-Sainte. Alfonse S< Jeanne étoient partis de France à la fin de juin,
à la tête d'un renfort considérable qu'ils amenoient au roi, Si ils firent voile
le 26 d'août.
CXIV. — Testament &■ mort de Raimond VII , dernier comte de Toulouse
de sa race, — Son caractère, étendue de ses domaines, i/c.
Raimond-', après avoir pris congé de sa fille & de son gendre, se rendit à
Millau, en Rouergue, où il fut attaqué de la fièvre ■*. Elle ne l'empêcha pas
' Dom Vaissete n'a pas parfaitement saisi la
suite des événements. Simon de Montfort, comte
de Leycestre, ne cherchait pas à faire revivre les
prétentions de sa famille sur le comté deToulouse;
mais chargé par le roi d'Angleterre, le i''' mai
1248, du gouvernement de la Gascogne troublée
par les guerres civiles, il s'efforçait de rétablir
la paix dans cette province (cf. un article de
M. Ch. Bémont, dans la Revue historique, t. 4,
1877, p. 244 & suiv.). Le vicomte de Lomagne fut
l'auxiliaire du lieutenant du roi anglais & le
secourut contre le comte d'Armagnac. Dans cette
guerre l'archevêque d'Auch, partisan de ce comte,
fut vivement pressé &, en novembre 1248, il était
presque assiégé dans sa ville épiscopale; le pape
dut l'autoriser à réclamer les droits de visite de ses
églises, quoiqu'il ne pût les visiter en personne
(Potthast, n. 18069 & suiv.). Inquiet de ces luttes
qui portaient le trouble dans des Etats relevant
de lui, Raimond VII intervint 8c, par une pre-
mière lettre du 1 1 juin 1249, il somma le vicomte
de lui remettre le château d'Auvillar & la terre
qu'il tenait de lui en lief; le même jour, par une
seconde lettre, il lui ordonna de remettre en li-
berté le comte d'Armagnac (cf. tome VIIl, c. izôi
& suiv.). Quelques jours après, le vicomte n'ayant
point obtempéré à ces ordres, Raimond porta
l'affaire devant sa cour d'Agen, qui décida que le
vicomte devait livrer le château d'Auvillar & la
vicomte de ce nom, pour garantie de l'exécution
des promesses par lui faites à son suzerain, le
condamna aux dépens & lui ordonna de délivrer
Géraud d'Armagnac. L'acte est du 29 juin 1249
(cf. tome VIII, c. 1253 & suiv.). Le comte fit
signifier cette sentence à Arnaud-Othon par Gas-
ton de Gontaud & R. Bernard de Balencs. Le
!'''■ juillet suivant, le vicomte répondit par un
long mémniri; dans lequel, pour éluder les de-
mandes de son suzerain, parfaitement fondées au
point de vue du droit féodal, il a recours au
droit romain & finit par en appeler au roi de
France (cf. tome VIII. ce. i25i à 12.53). La que-
relle fut plus tard apaisée par Alfonse de Poi-
tiers. [A. M.J
' Cniliaumc de Puylaurens, c. 48. — Gcstn Lu-
ioyici TX, p. 334.
' Guillaume de Puylaurens, c. 48.
* Le comte Raimond VU était à Millau dès le
22 août. A cette date, il écrivit au précepteur de
Sainte-Eulalie du Larzac d'avoir à remettre les
forteresses, qu'il tenait de lui au nom du Temple,
â son bailli de Rouergue, R. du Puy. Dans cette
lettre le comte se plaint des usurpations commises
à son détriment par les chevaliers du Temple, &
déclare qu'il ne veut pas laisser ces excès impunis,
de peur du préjudice que sa négligence pourrait
causer à lui & à ses descendants. Cf. Teulet, t. 3,
p. 75- [A. M.)
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC, LIV. XXV.
A" 1 249
de continuer son chemin ; mais étant arrivé à Pris, auprès de Rodez, il tut
obligé de s'alliter, Se, vovant c[u'il y avoii du danger, il mit ordre aux
affaires de sa conscience. Il se contessa à un fameux solitaire ou ermite du
pays, nommé frère Guillaume Albaronier. L'évêc[ue d'Albi, qui étoit accouru
sur la nouvelle de sa maladie, lui administra le saint viatique, qu'il reçut
avec une piété exemplaire. Aussitôt qu'il sut que le corps de Jésus-Christ
entroit dans la maison, il sortit du lit &, tout foible qu'il étoit, il alla au
devant & comm.unia à genoux sur le pavé de sa chambre. Plusieiirs autres
évêques de ses Etats, savoir : ceux de Toulouse, Agen, Cahors 8< Rodez se
rendirent aussi à Pris avec les principaux de ses vassaux & les consuls de
Toulouse : ils étoient tous d'avis qu'il se fît transporter dans cette ville; mais
il voulut qu'on le reportât à Millau, & y il fit son testament le iS de sep-
tembre '.
Suivant cet acte', qui est en original au Trésor des chartes du roi, Rai-
mond choisit sa sépulture dans le monastère de Fontevrault, où Henri, son
aïeul, 8c Pvichard, son oncle, rois d'Angleterre Se la reine Jeanne, sa mère,
étoient inhumés, S< il veut être placé aux pieds de cette princesse. Il ordonne
la restitution de tout ce qu'il avoit mal acquis, 8c lègue dix mille marcs ster-
ling en œuvres pies, savoir : cinq mille à l'abbaye de Fontevrault, à laquelle
il lègue de plus son argenterie 8c ses bijoux, 8c cinq mille autres aux monas-
tères de l'Espinasse, Brugairac^, Longages 8c Sainte-Croix, du même ordre
dans le Toulousain, aux abbaves de Goyon , Oraison-Dieu, Grandselve,
Feuiilans, Eaunes, Bonnecombe 8c Belleperche, de celui de Cîteaux; aux
couvens des filles de Prouille, de l'ordre de Saint-Dominique, de Notre-Dame
du Bousquet, au diocèse de Saint-Paul-Trois-Châteaux, 8c de Saint-André,
au diocèse de Vaison ; à la cathédrale de Saint-Etienne de Toulouse, 8<c. Il
lègue de plus à ces églises tous ses troupeaux. Il institue Jeanne, sa fille,
femme d'Alfonse, comte de Poitiers, son héritière universelle, 8c confirme
tous les privilèges, coutumes 8c libertés dont jouissoient les barons, chevaliers
&c autres vassaux, les églises, les monastères, les villes, les châteaux £c les Woiisin.
1 r • !• t. III, p. ,|().|..
villages de ses domaines, avec défense de leur causer aucun préjudice tou-
chant les tailles 8c autres impositions qu'ils lui avoient accordées, «0/2 par
devoir, mais de leur propre volonté. Il laisse le gouvernement de tous ses
États à Sicard d'Alaman, avec pouvoir d'en recevoir tous les revenus, d'établir
les officiers qu'il jugeroit à propos. Se de délivrer tous ses legs avec les autres
exécuteurs testamentaires, jusqu'à ce que sa fille Jeanne en eût pris posses-
sion. Enfin il nomme pour ses exécuteurs testamentaires les évêques de Tou-
■ D'.-iprès les dépositions faites por Sicard Ala- Cf. Boiitaiic, Alfonse Je Poitiers, p. 81 & suiv.
•man, Pons Astoaud & Jean Auriole, lors de l'en- [A. M.]
quête ouverte plus tard sur la validité du testament ' Trésor des chartes ; Toulouse, sac 5, n. 64. —
de Raimond Vil, la rédaction de ce testainent fut [J. 3] i ; Teulet, t. 3, pp. 78 à 80. — Tome VIII,
commencée lors d'une maladie du comte à Riom, ce. izyS à izâp.] — Catel, Histoire des comtes de
& la plupart des dispositions en furent dés lors Tolose, p. Syî & suiv.
arrêtées. Plus tard, il fut repris & complété à ^ [Corn'gi-r Bragairac]
Pris, enfin terminé à Millau cii mourut le comte.
An 1249 ^°'* HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXV.
louse, Agen, Albi, Cahors, Rodez, Carpentras & Cavaillon, 8c ses chers &■
féaux Bernard, comte de Comminges, Sicard d'Alaman, Se quatre bourgeois
de Toulouse, au choix de ces deux derniers.
Ce testament est scellé de dix sceaux i celui de Raimond est au milieu,
du côté droit, & ensuite ceux de Gui de Séverac, de Guillaume, abbé de
Moissac, Jourdain de l'Isle, Hugues, comte de Rodez, 6c Durand, évêque
d'Albi, 8c du côté gauche sont, après celui du comte, ceux de frère Guillaume
de Brive, Raimond d'Alfaro, Richard Philagrius &c Bernard, comte de Com-
minges '.
Le lendemain^ Raimond fit un codicille en présence de ce dernier, de
Sicard d'Alaman, de Pons d'Astoaud, son chancelier, 8ic., par lequel :
1° Il déclare que, s'il revenoit de cette maladie, il exécuteroit le vœu qu'il
avoit fait d'aller en personne servir dans la Terre-Sainte, avec ordre à son
héritière, s'il ne pouvoit accomplir ce vœu, d'y envoyer cinquante chevaliers
armés pour y servir à ses dépens pendant un an.
2° Il ordonne de rendre au pape les sommes qu'il avoit reçues du vingtième
sur les biens ecclésiastiques, des legs 8c des rachats des vœux pour le voyage
d'outre-mer.
3° Enfin il veut qu'on rende au roi de France Se à la reine-mère l'argent
qu'ils lui avoient donné pour ce passage.
Un historien du temps^ ajoute que Raimond, se voyant au lit de la mort,
ordonna de rendre à Innocent IV les sommes que ce pape lui avoit fait donner
pour faire la guerre aux ennemis de l'Eglise 8c surtout à Thomas de Savoie,
qui avoit encouru l'indignation du pontife, parce qu'il avoit épousé la fille de
l'empereur Frédéric, son ennemi déclaré. Ainsi, le pape, pour faire la guerre
à ce prince, empêcha Raimond de passer cette année à la Terre-Sainte, comme
il l'avoit projeté, 8c le retint dans le pays pour l'opposer aux partisans de
Frédéric, avec lequel ce comte étoit par conséquent brouillé dans le temps de
sa mort.
Raimond, ayant fait ses dernières dispositions Se reçu l'extrême-onction,
mouruf* à Millau, en Rouergue, le 27 de septembre de l'an 1249, à l'âge
de cinquante-deux ans.
Guillaume de Puylaurens, qui nous a laissé une chronique où il décrit
la plupart des actions de ce comte dont il étoit chapelain ou aumônier,
marque « que la Providence permit qu'il mourût dans la partie orientale
« de ses États, afin, dit-il, que le corps de ce dernier prince de la maison
« de Toulouse, devant être rapporté vers l'Occident, reçût en passant les
« derniers devoirs de tous ses sujets, qui témoignèrent un extrême regret de
■ \Corr\ge\ ainsi jae suit l'un des noms donnés tioi. Cet auteur est beaucoup trop sujet à caution.
;>(ir rfom Fai5«te ; Ricliard Filangier.] Il n'existe pas trace de ces guerres entre Rai-
' [Corrige^ le surlendemain 25 septembre.] mond VII & Thomas de Savoie, & dans les der-
^ Matthieu Piris, année 1249, pp. 771 &. 820. niers temps de sa vie le comte ne paraît pas être
— Le témoignage de Matthieu Paris ne suffît allé au delà du Rhône. [A. M.]
pas pour permettre de croire au fait en ques- '' Guillaume de Puylaurens, c. 48.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXV. 8o5
An 12^9
t. 111, p. 465.
« sa mort. » On embauma en effet son corps, 8c, après l'avoir renfermé avec
beaucoup de soin dans un cercueil, on le transporta avec pompe par Albi,
Gaillac 5<. Rabastens jusqu'à Toulouse, où on le mit sur la Garonne, dans
un bateau qu'on y avoi< préparé, Si qui le conduisit par eau au monastère
du Paradis, en Agenois, de l'ordre de Fontevrault, où il demeura en dépôt
jusqu'au printemps de l'année suivante qu'on le transféra à l'abbaye de
Fontevrault. « Ce tut un spectacle digne de compassion, ajoute cet histo-
« rien, de voir les peuples aller en fouie au devant du convoi ou le suivre
« en pleurant & en gémissant sur la perte de leur seigneur naturel, Si sur
« ce qu'il ne laissoit aucune postérité masculine. C'est ainsi qu'il plut à
« Notre-Seigneur Jésus-Christ de faire voir à toute la terre, qu'il tiroit ven-
<i geance du pays, à cause de l'hérésie dont il étoit infecté, en enlevant
<i aux peuples celui qui les gouvernoit. »
Raimond fut inhumé dans le chœur de l'abbaye de Fontevrault, auprès
de Jeanne d'Angleterre, sa mère. On y voyoit autrefois leurs tombeaux' avec
ceux de Henri II, roi d'Angleterre, d'Éléonor d'Aquitaine, sa femme, père &
mère de la même Jeanne, de Richard, roi d'Angleterre, son frère, & d'Eli-
sabeth de la Marche, femme de ce dernier. Mais Jeanne-Baptiste de Bourbon,
abbesse de Fontevrault, déplaça tous ces tombeaux en i638, en faisant réparer
Si accommoder le chœur : elle substitua à l'ancienne figure du comte R.ai- Éd.orisin.
mond, relevée en bosse Se couchée sur son tombeau, une autre figure moderne
à genoux, qu'elle plaça sur un piédestal qui est auprès des autres tombeaux,
lesquels furent mis ensemble dans un avant-corps qui est au fond du chœur
du côté de l'évangile.
Raimond étoit un prince qui méritoit véritablement d'être regretté de ses
sujets; car quoiqu'il ne fût pas sans défauts, ses vertus étoient cependant
bien supérieures. Il étoit doux, affable, libéral, magnifique. Se ne manquoit
ni d'esprit, ni de jugement; il avoit donné des preuves éclatantes de sa
valeur dans les diverses guerres qu'il avoit eu à soutenir dès sa jeunesse, soit
pour conserver & recouvrer le patrimoine de ses ancêtres, soit pour secourir
ses alliés, soit enfin pour venger ses querelles particulières, & il fut un des
plus braves capitaines* de son temps. On loue aussi sa circonspection; mais
bn l'accuse de légèreté Si d'imprudence-* dans sa conduite Se de variation
dans la poursuite des hérétiques, qu'il ménagea trop, dit-on, dans certains
temps, 81 qu'il poursuivit dans d'autres avec un zèle outré. Il est vrai que
dans les commencemens de son gouvernement il ne les réprima pas assez
vivement, au gré de la cour de Rome 81 des ecclésiastiques de ses Etats, qui
demandoient qu'il les exterminât sans miséricorde; mais aussi les mêmes
ecclésiastiques furent-ils très-contens de lui durant les dernières années de
sa vie, car il tint alors une conduite uniforme à l'égard des hérétiques. Si ne
négligea rien pour en purger ses Etats. Du reste, quelque conduite qu'il ait
' Montfaucon, Monuments de la monarchie fran- ' Lafaille, Abrégé, pp. i36 & 142. — La Chaise,
faijc, t. 2, p. ii3 & siiiv. Histoire de saint Louis, 1. 3, n. |3, 1, 8, n. 16.
' Matthieu Paris, année 1249, p. 771. [Lenain de Tiltemont, t. 3, p. 274.]
An 1249
806 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXV.
tenue envers eux, sa foi personnelle ne fut jamais suspecte, & il fit toujours
une profession ouverte de catholicité. Il eut, d'un autre côté, beaucoup à
souffrir des ecclésiastiques, qui le chargèrent à l'envi de censures dans les fré-
quens différends qu'ils eurent avec lui pour des intérêts temporels; en sorte
que les papes furent obligés de mettre des bornes à l'abus manifeste que
firent quelques prélats du pouvoir des clefs contre Pvaimond. Ils furent bien
plus réservés envers ce prince lorsqu'il eut gagné les bontjes grâces des papes,
à quoi il s'appliqua sur la fin de ses jours. Il y réussit enf^n, Se il étoit très-lié
avec Grégoire IX lorsque ce pape vint à décéder. Il n'eut pas moins de part
à l'amitié d'Innocent IV, qui avoit une entière' confiance en lui^.
Outre les sommes immenses qu'il s'engagea de payer à plusiexu's églises
par le traité de paix qu'il conclut avec le roi, en 1229, &. les grandes libéra-
lités qu'il exerça envers elles par son testament, nous avons divers autres
monumens de sa piété, 8<. il y a peu d'églises & de monastères situés dans
l'étendue de ses domaines qui ne conservent quelques chartes dans lesquelles
il donne en leur faveur, ou des marques de sa protection ou des preuves de sa
magnificence. Il fonda entre autres, en 1246, l'entretien d'un prêtre dans
l'hôpital ou dommerie d'Aubrac^ pour y célébrer la messe, tant pour lui-même
que pour les comtes, ses prédécesseurs & successeurs.
Raimond fut extrêmement jaloux de son autorité 8c attentif à l'adminis-
tration de ses domaines, & il ne négligea rien pour les conserver ou pour les
étendre; c'est ce qui l'engagea sans doute à commettre une action qui, si
elle est vraie, n'est pas honorable pour sa mémoire 8c prouve qu'il étoit vin-
dicatif.
On l'accuse'* d'avoir fait fabriquer de fausses lettres pour dépouiller le
comte.de Foix d'une partie de son comté Se le punir de s'être soustrait à son
vasselage. On se fonde sur une déclaration que fit après sa mort frère Guil-
laume de Brive, cordelier, que le pape lui avoit donné pour son confesseur
ordinaire, avec pouvoir à ce religieux Se à son compagnon de résider à sa
cour, d'user de souliers, d'aller à cheval, 8cc. Mais quelque forte que soit cette
preuve elle ne nous paroît^ pas suffisante pour croire Raimond coupable d'un
si noir procédé.
Ce prince, lorsqu'il mourut, possédoit actuellement*^ :
' Matthieu Paris, ut supra. naissons mal; mais elle paraît avoir été plus érjui-
' Il serait peu équitable de juger le caractère de fable & plus douce que celle de ses prédécesseurs,
Raimond VII sans tenir compte des circonstances 8c les témoignages de regret que ses sujets lui ac-
difficiles qu'il eut à traverser. On a pu l'accuser cordèrent sont là pour témoigner de ses hautes
de faiblesse & de versatilité, mais la position dif- qualités. [A. M.]
ficile où l'ava ient placé les fautes de son père Rai- ^Archives d'Aubrac. [Sur les autres donation»
mond VI & l'animosité des légats apostoliques de ce comte à cette maison religieuse, voyci
l'obligeait à une politique parfois un peu double. tome IV, p. 894.]
En somme le traité de 1229 fut une œuvre inique, ■* Voyez tome VIT, Note XXXIV, n. 4, pp. 10 r,
8c on ne peut blâmer Raimond d'avoir essayé, en ° liid.
1242, de reconquérir les Etats qu'il avait perdus, 102. [Voyez plus haut, pp. 77^, 774.]
bien qu'en renouvelant la guerre, il violât la foi * Comme le fait remarquer Boutaric dans sort
jurée. Quant à son administration, nous la con- ouvrage d'Alfoiise de Poitiers (p. 67 81 suiv.), dom
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XXV. 807 "~:
' Am 1:49
1° Le comté de Toulouse, qu'il tenoit de ses ancêtres Si qui comprer.oit
tout l'ancien diocèse de cette ville, lequel compose aujourd'hui une province
ecclésiastique entière. Il dominoit sur tout ce pays, à la réserve du comté de
Foix 8t des domaines de la maison de Mirepoix cjul avoieni été soustraits à
son autorité 5 mais il prélendoit dans le temps de sa mort rentrer dans la
suzeraineté' dont ses prédécesseurs avoient toujours joui sur ce comté, Se r.'iii,°p!*!l6ij.
l'unir pour la plus grande partie à son domaine.
2° La partie de l'Albigeois située à la droite du Tarn, tout le Rouergue Se
tout le Querci -, qu'il tenoit aussi de ses ancêtres.
3° L'Agenois, qui comprenoit les diocèses d'Agen St de Condom 8t qui
avoit été donné en dot à Jeanne d'Angleterre, sa mère.
4° Le marquisat de Provence, qui, à ce qu'il paroît, étoit alors moins
étendu qu'il ne l'avoit été anciennement, mais qui comprenoit du moins,
outre tout le conitat Venaissin, les diocèses de Saint-Paul-T rois-Châteaux St
d'Orange.
5° L,a seigneurie de la ville basse ou la vicomte de Marseille que Pvaimond
ne possédoit qu'à vie & qui lui étoit échue par la soumission volontaire des
peuples de cette ville.
6° La suzeraineté sur les comtés de Comminges, d'Astarac Se de Fezensac,
sur le comté de Diois, Si. les terres que le comte de Valentinois possédoit dans
le Vivarais, Sec, outre celle qu'il exerçoit sur les seigneurs particuliers qui
possédoient des terres dans ses autres domaines, entre lesquels étoient les
comtes de Rodez Si divers vicomtes.
7" Enfin il paroît que Raimond avoit des prétentions sur la seigneurie de
Tripoli, en Syrie, possédée anciennement par ses ancêtres, car Guillaume
d'Anduze 64 Philippe, vicomtesse de Narbonne, sa sœur, qui prétendoient^
en avoir hérité de ce prince, leur oncle, en firent donation entre vifs,
en i25g, en faveur d'Aymeri, fils d'Amalric, vicomte de Narbonne, Se de
la même Philippe.
Raimond transmit tous ces domaines, qui lui étoient restés d'une domi-
Vaissete n'a pas indiqué un des caractères les plus vient d'attribuer à Raimond VII la ville d'Albi,
curieux de l'administration de Raimond VII. Sans qui formait une seigneurie particulièie possédée
doute pour compenser les pertes que lui avait fait par l'évêque; le comté particulier de Rodez, qui
subir le désastreux traité de 1229, il s'attacha à mouvait du comte, mais ne lui appartenait pas en
augmenter ses domaines directs en faisant dans propre) enfin la ville de Saint-Antonin qui, cédée
l'intérieur des diocèses qui lui étaient restés toutes au roi en 1229, faisait partie de la sénéchaussée
sortes d'acquisitions. Boutaric en donne la liste de Carcassonne. Quant au Querci, M. Boutaric,
{1,1.); nous indiquons tous les actes de cette espèce au moyen des noms des bailies fournis par les
au tome VIII de la présente édition à la suite des comptes d'Alfonse, a prouvé {Alfonse de Poitiers,
Chartes & Diplômes. Non content d'acheter des p. 65 & suiv.) que Raimond VII ne possédait
domaine», Raimond attira encore dans son vas- guères que la moitié de ce pays; une seule de ses
selage nombre de particuliers, qu'il prit sous son douze bailies était située au nord du Lot. Le reste
captennium & qui, en devenant ses hommes, ac- du Querci relevait directement du roi (Figeac,
crurent d'autant son influence dans les fiefs tenus Gourdon, Turenne) & faisait partie de la séné-
de lui. [A. M.] chaussée de Périgord. [A. M.]
' Marca, Histoire Ae Bèarn, 1. 8, c. 24, p. 770. ' Voyez tome VIII, Chartes, n, CCCXXXI,
' Il faut excepter des États que dom Vaissete ce. I4^.'>, 1446.
8c8 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXV.
An 1249
nation bien plus étendue possédée par ses prédécesseurs, à Jeanne, sa fille
unique, femme d'Alfonse, comte de Poitiers & frère du roi. Ainsi finit la
postérité masculine des comtes de Toulouse, après avoir duré £<. joui de ce
comté pendant quatre siècles complets, depuis Frédelon, créé comte de Tou-
louse, en 849, par le roi Charles le Chauve.
^^ y y ^^ tj^ y y (j^ (jj ^ (j^ ^_j (j^ ^ ^ (_) (jj y ^ (j^ (^ ^ (^ sj (^ ^j ^^ ^^ ç_j (^ (_j 5^ 5^
LIVRE VINGT-SIXIEME
I. — - La reine mère envoie des commissaires pour prendre possession des Etats
du comte Raimond, au nom d'AlJbnse, son fils.
Ki. origin.
t. IIl.p. .|(i7.
ALFONSE, comte de Poitiers, 8c Jeanne, sa femme, fille unique 8<.
héritière de Raimond VII, comte de Toulouse, étoient actuellement
en mer dans le temps de la mort de ce prince. Après avoir été battus' An 1249
de la tempête, qui les obligea de relâcher à Acre, ils débarquèrent enfin k
Damictte, en Egypte^, le dimanche 24 d'octobre de l'an 1:49. '^'"^i ils ne
purent recueillir par eux-mêmes la succession du comte Raimond; mais la
reine fîlanche, attentive aux intérêts d'Alfonse, son fils, suppléa à leur
défaut. Guillaume de Pian, sénéchal du roi à Carcassonne, à qui elle-* avoit
donné ses instructions, 8t qui étoit à Béziers dans le temps de cette mort,
partit pour la Cour aussitôt qu'il en eut appris la nouvelle pour en informer
cette princesse S< recevoir ses ordres. Comme on ignoroit dans le pays les
dernières dispositions de Raimond, il y eut une espèce d'interrègne pendant
le voyage du sénéchal"*. Nous trouvons, en effet, un acte du 8 d'octobre de
'Joinville, p. '\^. [KJiiion de Wailly, 1874, la cour comtale, & les consuls rendirent In justice
p. loo.J en leur propre nom. Les habitants se prêtèrent
' Gcila Luiovici IX, p. 3!>^. mutuellement serment de fidélité [fccerunt conju-
' Archives de l'église de Béziers. rationem). La maison du comte fut envahie &
* Cet interrègne ne fut pas sans donner lieu à saccagée; du blé qui lui appartenait saisi; un
des tentatives de révolte de la part de plusieurs envoyé de Sicard Alaman fut éfonduit, 8c on lui
villes de la Province. Nous citerons notamment répondit que la ville ne voulait plus des bailesdu
Najac, dont les habitants essayèrent de secouer le comte. Le sénéchal de Rouergue essaya de leur
joug. A peine eurent-ils appris que Raimond VU faire entendre raison ; il n'obtint satisfaction que
était malade à Rodez, qu'ils se firent livrer le châ- sur quelques points; les habitants maintinrent la
teau par le châtelain, s'emparèrent des archives de plupart de leurs prétentions, & le firent même
An I 249
810 HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XXVI,
l'an 1249', Louis étant roi de France, Raimond, êvêque, (S- Toulouse n'ayant
Éd.origin. p^js de comte {Tolosae vacante comité'^ par lequel Roger, comte de Foix, ht
serment à dame Honors de Beaumont, à Loup de Foix 8c aux autres sei-
gneurs de Saverdun, de conserver les coutumes de cette ville.
Cette espèce d'interrègne ne dura pas longtemps ; dès que Guillaume de
Pian eut informé la reine Blanche de la mort de Raimond elle fit expédier
des lettres^ datées de Paris, au mois d'octobre de l'an 124g, & les adressa à
ses chers du chapitre {de capitulo) (c'est-à-dire aux consuls ou capitouls) &
aux prud'hommes de la ville & du faubourg de Toulouse. La reine, après y
avoir témoigné le regret qu'elle avoit de la mort du comte Raimond, son très-
cher cousin, & déclaré que ses Etats étoient échus à Alfonse, comte de Poitiers,
son fils, &c k Jeanne, femme de ce prince, leur enjoint d'obéir 8t de prêter
aide 8c conseil à Gui 8c Hervé de Chevreuse, chevaliers, 8c à Philippe, tré-
sorier de Saint-Hilaire de Poitiers, chapelain du mê)ne Alfonse, qu'elle
envoyoit prendre possession du pays.
IL — Les commissaires reçoivent le serment de fidélité des seigneurs
&' des peuples.
Les trois commissaires, étant arrivés à Toulouse, se rendirent, le i" de
décembre suivant, dans le château Narbonnois, qui étoit le palais des comtes,
8c là, ayant fait lire leur commission, en présence de la principale noblesse
8c des notables du pays qui s'y étoient rassemblés, ils reçurent le serment
des uns 8c des autres « qui promirent fidélité à Alfonse, comte de Toulouse
« 8c de Poitiers, 8c marquis de Provence, à Jeanne, sa femme, fille de feu
« Raimond, comte de Toulouse, 8c à leurs enfans communs, sauf le droit du
« roi 8c de ses héritiers, conformément au traité de paix conclu à Paris, entre
« le roi 8c le même comte de Toulouse. » On voit par là que Blanche fit
prendre possession des États de Raimond, en vertu de ce traité 8c non du
testament de ce prince, dont il n'est pas dit un mot dans l'acte. Aussi ver-
rons-nous, dans la suite, qu'AUonse tâcha de le faire casser^.
attendre longtemps à la porte de la ville avant de mais il fait remarquer à Alfonse qu'il faut se
l'y laisser entrer. Ces détails nous sont fournis hâter d'accorder le pardon aux habitants de Na-
par une enquête de l'an 1251. (J. 820, n. 74; jac, car la ville se dépeuple & s'appauvrit. On
Teulet, t. 3, pp. i33, |35.) Il semble que les an- pourra leur vendre le pardon de leur rébellion;
ciens seigneurs de Najac aient donné l'exemple de le crime d'hérésie fournira au comte plus d'une
la révolte. Une lettre, écrite probablement en occasion d'exercer son droit de confiscation. (J.
février 1203, par le sénéchal Jean d'Arsis, à 326, n. 40; original. — Teulet, t. 3, pp. 58»
Alfonse de Poitiers, nous donne encore quelques & 583.) [A. M.)
détails sur cette affaire. Le lieu de Najac était, ' Archives du château de Foix.
paraît-il, devenu un lieu de refuge pour les héré- ' Catel, Histoire Ja comtes Je Tolose, p. 878 &
tiques, & le sénéchal, de concert avec l'évéque, fit suiv. — Voyez tome VIII, Chartes, n. CCLXXXV,
poursuivre de ce chef un grand nombre d'habi- c. 1260 & suiv.
tants. Plusieurs chevaliers & bourgeois perdirent ' La remarque de dom Vaissete est extrêmeinent
leurs biens, & le comte résolut de faire construire juste; le comte Raimond VII avait bien institué
une forteresse à Najac. Le sénéchal loue ce projet sa fille Jeanne héritière universelle, mais les offi-
& s'engage à le mettre promptement à exécution; ciers de son gendre ne tinrent aucun compte de
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV, XXVI. 8ii
Le premier qui fît ce serment fut Bernard, comte de Comminges, & ensuite
plusieurs barons Se chevaliers du Toulousain, entre autres Sicard de Mon-
taut, Jourdain de l'Isle de Saissac, Bernard Amelii de Paillés, Sicard d'Ala-
man, Guillaume-Arnaud de Biran, pour dame Segnis, comtesse d'Astarac, 5c
sur lame de cette comtesse, Roger de Montaut, Isarn-Jourdain de l'Isle,
Raimond-Jourdain de l'Isle, Bernard Fortanier & Aimeri de Comminges,
Décime, dame de l'Isle & veuve de Pierre de l'Isle, Arnaud Se Guillaume de
Felgar, frères de l'évêque de Toulouse; les consuls de Lavaur, Puylaurens,
Laurac, Fanjaux, Verdun, Rieux, Villemur, Montferrand & Castelsarrasin,
dans le Toulousain; les barons & chevaliers d'Albigeois, savoir : Pons Ame-
lius de Cahusac, Pierre-Raimond Se Jourdain de Rabastens. Bertrand, fils du
seigneur Bertrand, frère diidit feu comte de Toulouse, Bernard de Montes-
quieu, &C. ; les consuls S< prud'.hommes de plusieurs villes de ce pays, savoir :
de Gaillac (entre lesquels étoit Bernard de Foucaud), de l'Isle, Castelnau de
Montmirail, Rabastens Se Cordes. L'archevêque de Narbonne, les évêques
de Toulouse, Agen Se Comminges, Amalric, vicomte de Narbonne, Pons d'As-
toaud, chancelier dudit Aljbnse, comte de Toulouse, Gui Fulcodi, Guillaume
de Puylaurens, Guillaume de Pian, sénéchal de Carcassonne, Hugues d'Arcis,
son prédécesseur, Pierre de Voisins 8c plusieurs autres des plus qualifiés de la
Province étoient présens. Les jours suivans les commissaires reçurent dans le
même palais le serment de fidélité de plusieurs autres barons 8c chevaliers, 8c
en particulier de Pincèle, mère de Géraud (comte) d'Armagnac, tant en son
nom qu'en celui du même Géraud, son fils; de Guillaume-Aton de Villemur
pour le fait de Saverdun Se le reste de ses terres; de Pierre, vicomte de Lau-
trec, Roger-Bernard, fils de Loup de Foix, Roger d'Aspel, Gui de Séverac,
Mafré de Rabastens, Sec, des consuls Se prud'hommes de Lauzerte 8c Moiit-
cuq, en Querci, d'Avignonet, Caraman, Saint-Félix, Bessède, Castelnaudary
8c Saint-Paul, dans le Toulousain ; de Peyrusse, Villeneuve, Millau 8c Najac,
en Pv.ouergue; 8c enfin des arbalétriers 8c sergens de feu Raimond, comte de
Toulouse.
Le jeudi 6 de décembre de la même année, les consuls' 8c tout le peuple
de la ville 8c du faubourg de Toulouse s'étant assemblés, les commissaires
leur déclarèrent qu'ils commettoient, par un exprès commandement de la
reine, 8c pour autant de temps qu'il plairoit à cette princesse 8c à Alfonse,
comte de Poitiers, son fils, pour gouverneur général de tout le pays, Sicard
d'Alaman, à qui ils ordonnèrent de prêter en conséquence serment de fidé-'
lité, conformément à la formule envoyée par la reine Blanche, dont ils firent
Cette clause de son testament & prirent possession disposer à sa guise; nous venons plus t id qu'elle
du pays en venu du traité de Paris. Nul doute l'essaya; mais le traité de Paris existait, qui per-
que, prévoyant le cas, qui, en effet, se présenta, mit au roi de recueillir son héritage, siiis tenir
où les deux époux mourraient sans enfants, ils compte de dispositions qu'il déclarait nulles par
n'aient réservé les droits du roi stipulés par ce avance. [A. M.]
traité. On peut croire que si le testament de Rai- * Catel, Histoire des comtes de Totose, p. 378 Se
mond Vil eût été mentionné, Jeanne, héritière & suiv. — Voyez tome VIII, Chartes, n. ÇCLXXXV,
par conséquent propriétaire de ses Etats, eût pu en ce. 1264, 1260.
An 1249
812
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXVI,
la lecture; la reine leur ordonnoit de faire prêter un pareil serment à tout
autre qui seroit promu à cette charge, tant qu'ils seroient dans le pays.
Ensuite Sicard promit par serment aux consuls Se aux habitans de Toulouse
de les maintenir dans l'usage de leurs libertés & coutumes, & de les observer
fidèlement lui-même jusqu'à l'arrivée du comte Alfonse. L'archevêque de
Narbonne Si l'évêque de Toulouse, qui étoient présens, attestèrent en même
temps qu'ils avoient vu la formule originale de cet acte, envoyée par la reine,
avec celle du serment de fidélité que les habitans de Toulouse avoient ordre
de prêter S< qu'ils prêtèrent alors à ce prince. Ces peuples y ajoutèrent, sui-
vant l'ordre prescrit, « sauf cependant le domaine du roi de France Se la
« paix de Paris, en tant que cela touche le roi Se ses héritiers. » La reine
avoit marqué dans les instructions qu'elle avoit données aux commissaires,
« que les habitans de Toulouse, après avoir prêté ce serment, pourroient pro-
« tester s'ils vouloient, que c'étoit sans préjudice de leurs coutumes Si de leurs
« libertés, n
Le lendemain 7 de décembre, les mêmes commissaires reçurent, à Tou-
louse, le serment de fidélité d'Hugues, comte de Rodez; 6<. s'étant ensuite
transportés à Verdun sur la Garonne, Bernard d'Arpajon & Bérenger de
Combret, seigneurs dans le Rouergue, en firent autant. Ils passèrent de là à
Moissac sur le Tarn, où Déodat de Barasc, Fortanier de Gourdon, Bertrand
de Cardaillac, le vicomte de Calvignac & quelques autres barons Si cheva-
liers du Querci, avec les consuls de Moissac & de Montauban, firent une
pareille cérémonie, sans faire mention cependant du traité de Paris. Elle se
passa dans le palais abbatial de Moissac, en présence de l'évêque de Toulouse,
des abbés de Moissac S< de Montauban, de Pons d'Astoaud, chancelier du
comte Alfonse, &c. Les deux frères Gui Si Hervé de Chevreuse Si Philippe,
trésorier de Saint-Hilaire de Poitiers, firent ainsi reconnoître le comte Alfonse
par les seigneurs 8c les peuples du Toulousain, du Querci, du Rouergue 8<
de l'Albigeois'.
' L'un des commissaires envoyés par la reine
Blanche, Philippe, trésorier de Saint-Hîlaire de
Poitiers, raconte tous les événements de ce voyage
dans une lettre au comte Alfonse, datée de Corbeil
(20 avril izSo). Cette lettre a été publiée, il y a
déjà longtemps, dans la BihUoth'eque de l'Ecole lies
Chartes (t. i, p. ISp), & Boutaric l'a reproduite
in extenso dans son ouvrage sur Alfonse de Poi-
tiers (p. 69 & suiv.). Nous allons en donner l'ana-
lyse sommaire, en datant aussi exactement que
possible les actes des trois commissaires. — La
reine Blanche avait été chargée expressément par
son fils de veiller à ses intérêts, l'état de santé de
Raimond VII faisant sans doute prévoir un pro-
chain dénouement. Aussi à peine eut-elle appris
la mort de son parent, dont la nouvelle lui avait
été apportée par un certain Aimeri Portier, qui
paraît avoir fait partie de la maison du feu comte.
elle fit appeler à Corbeil le trésorier de Poitiers,
& lui demanda conseil ^ après mûre délibération,
il fut décidé que Gui & Hervé de Chevreuse iraient
avec le trésorier lui-même recevoir le serment de
fidélité des villes & des vassaux. Cette décision fut
prise dans le courant d'octobre, & le dimanche
qui suivit la Saint-Martin d'hiver (14 novembre),
les commissaires étaient déjà près de Toulouse. —
Reçus par Sicard .41aman, qui avait administré
le pays dans l'intervalle, ils entrèrent dans la
ville & demandèrent aux bourgeois de leur prêter
serinent de fidélité. Ceux-ci refusèrent, prétendant
qu'il leur fallait attendre le retour de leurs collè-
gues, qui étaient allés s'entendre avec la reine &
lui demander la confirmation de leurs coutumes.
Les commissaires leur accordèrent quinze jours de
délai, & c'est ce qui explique pourquoi la presta-
tion du serment de fidélité n'eut lieu que le
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XXVI.
iio
An 12
<9
III. — Le roi d'Angleterre demande en vain la restitution de l'Agenois.
Quant à l'Agenois, Henri, roi d'Angleterre, prétendit que ce pays devoit
lui appartenir par droit de reversion, & écrivit', le i3 de décembre de
l'an 1349, à Simon de Montfort, comte de L,eicester, son lieutenant en
Gascogne, pour le charger d'en demander la restitution en son nom, aux
exécuteurs testamentaires du comte R.aimond, auxquels il écrivit aussi 5 mais
toutes ses sollicitations furent inutiles. Les consuls & habitans d'Agen^ dépu-
tèrent en cour, au mois de février suivant, 8c la reine mère leur ayant donné,
à leurs instances, la formule du serment de fidélité qu'ils dévoient prêter à
Alfonse, comte de Poitiers 8< de Toulouse, 8< à Jeanne, sa temme, absens
pour le service de Jésus-Christ, ils se soumirent à leur autorité.
An 1;
IV. — Rostaing de Sahran donne des sûretés. — Barrai de Baux s'engage
à soumettre la ville d'Avignon à Alfonse.
On ne voit pas que personne ait pris possession du marquisat de Provence
pour Alfonse £<. Jeanne pendant leur absence-*. On sait seulement qu'Oudard
de Villars, sénéchal de Beaucaire, s'appliqua après la mort du comte Rai-
mond, à contenir dans le devoir le long du Rhône les anciens partisans de
ce prince. Rostaing de Sabran, l'un des principaux, pour ôter tout soupçon
sur sa conduite, déclara'*, le 21 d'octobre de l'an 1249, à Saint-Saturnin sur
6 décembre suivant. (Boutaric, pp. 71, 72.) De
Toulouse, les commissaires se rendirent dans les
différentes villes du comté, recevant les serments
des habitants & mettant des garnisons & des châ-
telains dans les forteresses. A Agen, les bourgeois
& les nobles refusèrent le serment, disant que le
comte devait promettre d'abord d'observer leurs
coutumes. — D'.Agen le trésorier se rendit à la
Réole pour s'aboucher avec Simon de Montfort,
comte de Leicester, qui venait de pacifier la Gas-
cogne & de punir rudement les rebelles (Cf. à ce
sujet un travail de M. Ch. Bémont, Revue histo-
riijue, t. 4, pp. 2483 2:)3); il n'y resta qu'une nuit,
& rappela au comte sa promesse de partir pour
l'Orient; Simon s'engagea à partir à la Saint-
Jean, mais jamais il n'exécuta sa promesse. — De
la Réole, les commissaires retournèrent à Penne
d'Agenais, puis à Rodez, recevant partout les ser-
ments de fidélité & les hommages. — Ils étaient
de retour à la Cour, àRoyaumont, un peu avant
la Chandeleur (fin janvier 1 2Ô0). — Ils y trouvè-
rent Sicard Alaman, le sire de Lunel, qui revenait
du Venaissin (Voyez plus bas), & les consuls d'A-
gen, qui finirent par se soumettre (Voyez plus bas).
Barrai de Baux vint aussi y promettre fidélité &
s'engagea à faire rentrer la ville d'Avignon dans
le devoir. — On voit par ce résumé que cette lettre
ne laisse pas que de fournir quelques détails in-
téressants & de fixer la chronologie de ces deux
mois si remplis d'événements. [A. M,]
' Rymer, Acta publica, t. 1, p. 430 & suiv.
° Trésor des chartes, Toulouse, sac 4, n. 10. —
Auj. J. 307, original scellé; Teulet, t. 3, pp. 94,
9."j. Lettre des habitants de Condom 8c d'Agen à
la reine Blanche. Ils lui exposent qu'ils n'ont
voulu prêter serment à ses commissaires que sous
certaines conditions, de crainte de porter préju-
dice» leurs coutumes. N'ayant pu s'accorder avec
eux, ils envoient à la reine quelques-uns de leurs
bourgeois, qui lui exposeront les demandes des
deux villes & les condiiions qu'elles mettent à leur
soumission. [A. M.]
' Les commissaires d'Alfonse n'allèrent pas, en
effet, dans le "Venaissin, & le trtsorier de Poitiers
en donne la raison. Le cardinal d'Albano s'y était
rendu pour prendre possession du pays au nom de
l'Kglise; pour éviter de se compromettre avec lui,
ils y envoyèrent le sire de Lunel, qui se chargea
d'y recevoir lès serments de fidélité & d'y faire
reconnaître le pouvoir du comte. [.A. M.]
< Voyez tome VIII, Chartes, n. CCLXXWI,
c. 1268. — L'acte est du 21 octobre 1249. L'imer-
An i2io
814 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXVI.
le Rliône, aujourd'hui le Pont-Saint-Esprit, devant le cardinal Pierre, cvêquc
d'Albano, vice-gérant du pape dans les pays de Provence 8t les provinces
voisines, 81 devant les évêques de Carpentras & de Vaison, cju'il étoit résolu
de demeurer toujours dans la fidélité du roi. Si, pour en donner des preuves,
il remit au même sénéchal son château de Saint-Victor, dans le diocèse
d'Uzès, chef-lieu de ses domaines, & le pria d'en faire abattre les fortifica-
tions. Il paroît cependant cjue les peuples du marquisat de Provence se sou-
mirent à Alfonse aussitôt après la mort de Raimond, excepté ceux d'Avi-
gnon qui, s'étant érigés en république, refusèrent de le reconnoître Si se
maintinrent dans l'indépendance sous la protection de Barrai de Baux, leur
podestat. Barrai, craignant enfin d'encourir l'indignation de ce prince, se
rendit à la Cour', au mois de mars de l'an 1260, St promit à la reine de
t.'in,°p'.°4-o. travailler de toutes ses forces pour engager les habitans d'Avignon à se sou-
mettre à Alfonse, de même que ceux d'Arles qui, s'étant érigés aussi en répu-
blique, refusoient l'obéissance à Charles, son frère ; sinon de leur déclarer la
guerre dans un mois; mais il s'acquitta mal de sa promesse, Se les Avigno-
nois demeurèrent toujours rebelles à Alfonse.
V. — Alfonse est fait prisonnier en Egypte 6» délivré avec le roi, son frère.
Divers seigneurs de la Province se distinguent dans cette expédition.
Ce prince ayant appris à la Terre-Sainte la mort du comte Raimond, son
beau-père, résolut de repasser incessamment la mer avec la comtesse Jeanne,
sa femme, & de venir prendre possession du pays; mais divers obstacles qui
survinrent, ne lui permirent pas d'exécuter si tôt son dessein. Après avoir
amené au roi, son frère, un renfort considérable, que les historiens du temps*
appellent l'arrière-ban de France, l'armée marcha vers le Caire, en Egypte,
8<. arriva, le 20 de décembre, à la Massoure, où le roi fut arrêté plus long-
temps qu'il ne l'avoit cru au passage du Thanis, à cause de l'opposition des
Sarasins, qui s'étoient rassemblés de l'autre côté du fleuve. Alfonse donna des
preuves de sa valeur en différentes petites attaques qu'il soutint de la part
des infidèles, mais il eut le malheur de tomber entre leurs mains Si d'être
fait prisonnier, le 5 d'avril de l'an 1260, avec le roi 8< le comte d'Anjou, ses
frères^. Ils demeurèrent au pouvoir des Sarrasins jusqu'au 6 de mai, qu'étant
vention dii cardinal légat d'Albano en Venaissin démêlés assez vifs avec les officiers du roi, démè-
est mentionnée aussi par la lettre du trésorier de lés qui avaient du entraîner une lutte à main
Saint-Hilaire à Alfonse. Il semble que l'Eglise ro- armée. [A. M.]
inaine ait essayé de faire revivre à ce moment ses ' Voyez tome VIII, Chartes, n. CCLXXXVIII,
anciennes prétentions sur les pays de la rive gauche ce. 1274, 1273. — Fantoni, Istoria délia citta
du Rhône, & le cardinal se dit lieutenant, vices d'Avignione, 1. 1, ch. 5.
perens, du pape dans les pays des bords du Rhône. ' Joinville, p. 35. [Edit. de Wailly, p. p8.] —
— Rostaing de Sabran obtint pour la destruction Matthieu Paris, an. i25o. — La Chaise, Histoire
de son château, une indemnité pécuniaire, qu'un de saint Louts.
accord du 29 janvier 1260 fixa à deux cent cin- * Il fut fait prisonnier le 6 & non le 5 avril.
quante livres tournois (tome VIII, ce. 1269, 1270). Les Français avaient quitté les bords du Nil la
Le seigneur de Sabran avait sans doute eu des veille au soir, y, Si ce fut au milieu de la journée
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXVI. 8i5
enfin convenus de leur rançon, ils furent délivrés &. conduits à Damiette, où
ils rejoignirent la reine & les autres princesses, leurs épouses, qu'ils y avoient
laissées. Jeanne de Toulouse témoigna surtout une joie extrême de revoir le
comte Alfonse, son mari, & elle l'accompagna à Acre, oii le roi se rendit avec
le débris de ses troupes, après avoir remis Damiette aux infidèles.
Le roi, étant arrivé à Acre, y fixa son séjour dans le dessein de continuer
son expédition; il fit expédier', au mois de juillet suivant, trois chartes qui
nous font connoître les services qu'il avoit reçus de quelques chevaliers de la
Province qui l'avoient suivi. Par la première il ordonne au sénéchal de Car-
cassonne d'assigner vingt-huit livres tournois de rente à ses chers & féaux
Raimond S<. Guillaume d'Aban , 8i de conserver au dernier le poste qu'il
occupoit dans la citadelle de Carcassonne avant leur départ pour la Terre-
Sainte. Par les deux autres, il veut que ce sénéchal rende le château d'Aguilar
à Olivier de Termes, Se tant à lui qu'aux autres chevaliers de sa suite, les
terres du Termenois jusqu'à concurrence de deux cens cinquante livres de
rente, excepté le château de Termes. Le roi tenoit ces terres en sa main, &<.
il les avoit fait saisir sur ces seigneurs à cause de leur rébellion. Il accorda
dans la suite plusieurs autres grâces à Olivier de Termes, dont tous les histo-
riens du temps* font de grands éloges : Olivier commandoit les arbalétriers
8c les routiers durant cette expédition, 8c il trouva moyen de se sauver à
Damiette, dans le temps que l'armée du roi fut défaite par les infidèles. Un
de ces historiens^ le fait mourir peu de temps après dans cette ville avec ses
routiers par les mains des Sarrasins; il se trompe, on vient de voir qu'Oli-
vier suivit le roi à Acre, 8c il est certain qu'il vécut encore longtemps après.
VL — Alfonse 6- Jeanne reviennent en France, ô- reçoivent à Beaucaire
les hommages de leurs vassaux.
Le roi ayant permis aux princes Alfonse 8c Charles, ses frères, de repasser
la mer, ils s'embarquèrent à Acre, vers la fin de juin.'*, avec les princesses,
leurs épouses, 8c abordèrent enfin vers les côtes de France^; il paroît que ce
fut au port d'Aigues-mortes. Alfonse se rendit ensuite à Beaucaire où il reçut 6,
à la mi-octobre, avec la comtesse Jeanne, sa femme, l'hommage de Bernard,
comte de Comminges, pour tout le comté de ce nom 8c pour les terres qu'il
possédoit dans le Toulousain, en présence de Raimond, évêque de Toulouse,
des sénéchaux de Carcassonne 8c de Beaucaire, de Pvaimond-Gaucelin, sei-
dii lendemain, vers trois heures, que, rejoints par 1277. — Archives du Domaine de Montpellier,
les Sarrasins & accablés sous le nombre, ils furent [Latin 9778, i" 282 A.]
tous pris ou tués. (Cf. Lenain de TiUemont, t. 3, ' Joinville, p. 108, [Edit. de Wailly, p. 344.] —
pp. 325 à 328.) Alfonse ne recouvra la liberté que Matthieu Paris, an. i25o, p. 793.
le 8 ou 9 mai; il était resté en otage entre les ' Matthieu Paris, p. 796.
mains des Sarrasins jiifqu'au payement de la ran- '' Joinville, p. 83. [Edit. de Wailly, p. 100. 1
,çon des autres seigneurs français. (Ibid. pp. 378 ' Voyez tome VIII, Chartes, n. CCXCII, c. 1279.
à 38o.) [A. M.[ « IbU. n. CCXCI, ce. 1277 & 1278.
' Voyez tome VIII, Chartes, n. CCXC, ce. 1276,
An
— : — 8i6 HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV, XXVI.
An I2J0
gneurde Lunel, & de divers autres seigneurs qui étoient allés à sa rencontre.
Alfonse & Jeanne reçurent aussi à Beaucaire, vers le même temps, l'hom-
mage de Bertrand & de Pierre, vicomtes de Lautrec, jjour tous les fiefs qu'ils
possédoient dans le Toulousain ; ceux de Jourdain de Saissac & de Jourdain
de risle, d'Hugues, comte de Rodez, pour le comté de ce nom 8i pour tous
les autres fiefs qu'il possédoit en Pvouergue ; de Guillaume de Saint-Maurice
pour Saint-Chevrier & la 7'our, & enfin, au mois de novembre suivant, celui
de Bernard d'Arpajon pour le château de Caumont & ses domaines du
Rouergue'.
VII. — Duel du seigneur de Lunel. — Saint Géri.
Alfonse confirma R.aimond-Gaucelin, seigneur de Lunel, qui fut présent
t.'iu,°pi''i-'i. à to'-'^ c^^ hommages, dans la dignité de sénéchal du pays Venaissin, qu'il
avoir exercée sous le feu comte Raimond. L'auteur d'une ancienne chro-
nique^ prétend que ce seigneur fut condamné la même année à perdre la tête,
& c[ue ses biens furent confisqués à l'occasion suivante : « Raimond-Gaucelin,
« dit-il, ayant conçu une haine implacable contre un autre chevalier, nommé
« Guillaume de Bouville, avec lequel il avoit un procès pour une terre
« située aux environs de Beaucaire, qu'il avoit perdu par sentence d'Oudard
« de Villars, sénéchal de Beaucaire & de Nimes, fit citer ce chevalier devant
<i le même sénéchal pour lever le gage de duel. Bouville comparut, mais le
t( sénéchal déclara qu'il n'y avoit pas lieu de lever le gage. Nonobstant ce
<( jugement les deux chevaliers choisirent chacun un parrain, se battirent en
a duel, 8c se blessèrent l'un l'autre; après quoi leurs parrains les sépararèrent.
« Le sénéchal, pour les punir de leur désobéissance, les condamna tous les
« deux à perdre la tête, confisqua leurs biens. Si condamna par contumace
(i les deux parrains à la même peine. » Si ce fait est vrai, Raimond-Gau-
celin obtint bientôt sa grâce; car d'un côté il est qualifié seigneur de Lunel
' Trésor des chartes; Toulouse, sac 7, n"' pc-çS. Preuves, c. 4 (édit. princeps.) Quoiqu'il ne faille
— [Auj. J. Si 5.] — Hommages de Guillem de Saint- jamais accepter sans examen les assertions de
Maurisse pour le château de Saint-Caprais (Teu- Guillaume Bardin, le fait qu'il indique ici paraît
let, t. 3, p. 109); des vicomtes de Lautrec pour être vrai, au moins en partie. Il n'a, en effet,
lîiir vicomte & le château de Bruguière (ibij. rien d'invraisemblable. Guillem de Bouville est
p. 1 10); de Jourdain de Saissac & de Jourdain de un chevalier du temps assez connu (Cf. tome VIII,
risle pour leurs terres du diocèse de Toulouse; de Index onomasticus, sui verho), & le sénéchal de
Gui de Séverac pour Séverac, la Panouse, Auzits, Beaucaire était, à cette époque, Oudard de Vil-
Panat, &c. ; de Guillem de Bouville pour ses do- liers. XSn seul point nous paraît douteux; il est
maines d'Agenais [ibid. p. 111); enfin d'Hugues, peu probable que le sénéchal ait frappé d'une
comte de Rodez, pour le comté de ce nom [ihid. peine si sévère un seigneur aussi puissant que
p. 110). Tous ces actes sont datés de Beaucaire & Raimond Gaucelin de Lunel. La peine fut peut-
du 3o octobre. Le serment de Guillem de Bouville être prononcée, mais elle ne pouvait être appli-
est dans J. Sic, n. 6. L'hommage de Bernard d'Ar- quée. — Le seigneur de Lunel était encore séné-
p.ijon, que dom Vaissete indique ensuite, est du chai du Venaissin en 12,52; il était remplacé
16 novembre suivant (J. Si^. n. 49). Il ne porte dans ces fonctions par Jean d'Arsis, sénéchal de
* point de date de lieu (al su/>raj p. 111). [A.M.| Rouergiie, en novembre 1254. (Bouta 1 ic, .(<//o«se
' Bardin, Chronicjue manuscrite, — Cf. tome X, de Poitiers^ pp. 169, 170.) [A. M.]
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXVI. 817
clans divers raonumens ', depuis le mois de mars de l'an iîSo jusque vers
l'an 1269, & il exerça la charge de sénéchal du Venaissin - jusqu'à l'Ascension
de l'an 1 253.
On prétend^ aussi que saint Géri, pèlerin, mort en Italie vers l'an 1270,
étoit de la race de ce seigneur 8c son proche parent; mais quoiqu'il paroisse
que saint Géri étoit natif de Lunel, nous n'avons cependant d'ailleurs aucune
preuve qu'il fût de la maison des seigneurs de cette ville"^.
Vm. — Sicard d'Alaman, lieutenant-général d'AlJbnse dans le comté
de Toulouse.
Alfonse 81 Jeanne de Toulouse, sa femme, après avoir fait quelque séjour
à Beaucaire, repassèrent le Rhône; ils étoient'» en effet à Aix, en Provence,
le 20 d'octobre, & ils prirent sans doute possession en passant du marquisat
de Provence. Alfonse'^ & le comte d'Anjou, son frère, allèrent ensuite trouver
Innocent IV à Lyon, tant pour le solliciter d'envoyer un prompt secours au
roi Louis, leur frère, dans la Terre-Sainte, que pour le prier de terminer
enfin ses différends avec l'empereur Frédéric : différends qui mettoient
obstacle à ce secours, au grand scandale des fidèles. Ces deux princes pas-
sèrent ensuite à la cour d'Angleterre, afin d'engager le roi Henri III à mar-
cher lui-même pour la guerre d'outre-mer. Alfonse, après son retour en
France, confirma dans le gouvernement du comté de Toulouse, Sicard d'Ala-
man, qui prend la qualité de vice-gérant de ce prince dans un acte du mois
d'avril de l'an iiSo"^, &t celle de sénéchal général du comté de Toulouse, dans
l'hommage* qu'il reçut à Montauban au nom d'Alfonse, à la fin du mois de
février de l'an 1200 (i25i), de Gaillard d'Adémar, fils de Bernard d'Adémar
de Lescure, pour le village de Rosières, en Albigeois. Il se qualifie vicaire
général du comté de Toulouse pour le comte Aljbnse, dans un ordre qu'il
donna vers le même temps pour faire des informations sur le privilège^ que
les habitans de Millau prétendoient d'être exempts de péage. Enfin il donna,
le 8 de mars suivant, en la même qualité, des lettres de sauvegarde '° pour
l'abbaye de Bonneval, en Rouergue : preuve que Sicard étendoit également
son autorité sur tous les domaines qui avoient appartenu aii feu comte Rai-
mond en deçà du Rhône.
■ Trésor des chartes, Toulouse, sac 5, n. 5. — ' Voyez (ome VIII, Chartes, n. CCLXXXVI,
[J. 3io]. — Baluzc, M'iicelUnea, t. 7, p. 5j4. ce. 1270, 1271.
' Voyez tome VIII, Chartes, n. CCXCII, c. 1283. ' Manuscrits de Colhert, n. IoC)7. — [Original,
' Bollandistes, mai, t. 6, p. 139 & suiv. J. 314, n. 5o; Teulet, t. 3, p. 117. L'iicte est du
* Voyez tome VII, Uote XXXVIII, pp. 1 1 o, 1 1 1 . 22 février 1 25o (v. st.).]
'Trésor de» chartes; Toulouse, sac 4, 11. 5.'>. ' Archives de la ville de Millau. — [Cf.de Gau-
[J. 307.] jal, t. 2, pp. 111,1 12.]
' Matthieu Paris, année \iito, pp. 799 & 8o3. '° Archives de l'abbaye de Bonneval.
An 1253
An i25i
V'î.
— ; : — 8i8 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXVI.
An 12JI
IX. — Alfonse 6" Jeanne viennent dans leur marquisat de Provence. — La
ville d'Avignon se soumet à ce prince 6- aiL comte de Provence, son jrère.
Le comte de Poitiers Si de Toulouse, voulant après son retour d'Angleterre
visiter ses nouveaux domaines, prit la route du Rhône avec la comtesse
Jeanne, son épouse. Ils arrivèrent en Provence au commencement de mai de
l'an i25i, & ils y reçurent les hommages' des seigneurs du pays, entre autres
d'Agout de Balmes, Raimond de Baux, Guillaume de Baux, prince d'Orange,
Guillaume, P^aimond 8c Ricaut du Puy, Agout de Sault pour la terre de
Sault, 8tc. Ce prince se rendit ensuite à Beaucaire^, où il avoit donné ren-
dez-vous à Charles, comte d'Anjou & de Provence, son frère, pour concerter
ensemble les moyens de réduire la ville d'Avignon, sur laquelle ils avoient
un droit égal & qui leur étoit toujours rebelle. Ils se disposoient à l'aller
attaquer lorsque les Avignonois leur envoyèrent des députés pour demander
la paix. On convint de part Si d'autre des articles suivans : i° Alfonse 8c
Charles auront la haute 8c moyenne justice dans la ville d'Avignon, sauf les
privilèges 8c les coutumes des habitans. 2° Les deux princes établiront un
viguier commun dans cette ville pour y rendre la justice en leur nom avec
Éd.oiiain. deux juges ou assesseurs qu'ils changeront tous les ans, 8c ces officiers seront
étrangers. 3° Les Avignonois seront exempts de tailles 8c de péages. 4° Les
affaires seront jugées dans Avignon, 8c on ne pourra appeler que de celles où
il s'agira d'une somme au-dessus de cinquante sols. 5° Les habitans d'Avi-
gnon pourront servir leurs amis à la guerre, excepté contre les deux princes,
leurs seigneurs, Sec. Cet accord fut passé, le 7 de mai de l'an i25i, dans le
château royal de Beaucaire, en présence des évêques d'Avignon, d'Orléans 81
de Riez, de Pvaimond-Gaucelin, seigneur de Lunel, sénéchal du Venaissin
pour le comte Alfonse, de Gui Fulcodi, de Pons d'Astoaud, du sénéchal de
Beaucaire, Sec. Trois jours après Alfonse 8c Charles s'étant rendus à Avignon,
devant les degrés de l'église de la Vierge, ratifièrent ce traité, en présence des
évêques d'Orléans 8c de Vaison, des comtes de la Marche 8c de Soissons, de
Gui de Chevreuse, Guillaume de Beaumont, Philippe d'Eaubonne, Géraud
d'Ami, seigneur de Castelnau, Sec. Ces deux princes 8c leurs successeurs
dominèrent depuis par indivis sur la ville d'Avignon, qui, quoiqu'enclavée
dans le comtat Venaissin, lequel appartenoit au premier ou à Jeanne, sa
femme, n'en fit pas cependant partie Se fut gouvernée par des officiers parti-
culiers^. Le même jour 10 de mai, les deux princes promirent à Zoën, évêque
■ Trésor des cha rtes j Toulouse, sac 7, n. 52. — acte à l'exercice de la haute j iistice dans leur ville
[J. 3i4j Teiilet, t. 3, p. i32; rôle original.] & d.ins son territoire; ils rendirent en outre les
' Fantoni, Istoria A'Ayignione, 1. i , c. ô. — Tré- fiefs que le comte de Toulouse leur avait jadis con-
sor des chartes; Toulouse, sac 5, n°* 65 & 73. — cédés & qui comprenait la banlieue de la ville &
. [J. 3ii ; copie authentique; Teulet, t. 3, p. 126 les châteaux environnants. (Voyez plus haut, li-
8c suiv.] vre XX1\', p. 6c?>.) A la suite de cet abandon
' Les Avignonais renoncèrent en somme par cet explicite, les deux comtes confirmèrent leiirs li-
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXVI. 819
d'Avignon, d'apporter tous leurs soins pour extirper l'hcrcsie de cette ville t-i
des environs '.
X. — Alfonse &• Jeanne font leur entrée dans Toulouse £■ y reçoivent le
serment de fidélité des hahitans. — Us consultent pour j'aire casser le
testament du feu comte Raimond.
Alfonse & Jeanne partirent ensuite pour Toulouse où ils firent leur entrée^
solennelle le mardi 23 de mai. Le dimanche suivant, ce prince fit assembler
tous les habitans dans la maison de ville, 8c là il jura, en leur présence, de
les maintenir dans l'usage de leurs libertés, privilèges 8c coutumes. Le même
jour 28 mai, il assembla vingt jurisconsultes des plus fameux, tous versés
dans l'un €• l'autre droit, tant ecclésiastiques que séculiers, entre lesquels
étoient Pons d'Astoaud, son chancelier. Se Gui Fulcodi qui fut ensuite pape
sous le nom de Clément IV. C'étoit pour les consulter sur le testament 8c le
codicille du feu comte Pvaimond, son beau-père, 8c les prier d'en examiner
la validité, « à cause, disoit-il, que plusieurs vouloient lui persuader que ces
« deux actes ne pouvoient faire foi de la dernière volonté de ce prince, quoi-
<( qu'on y vît les sceaux de plusieurs personnes. » Le conseil fut d'avis « que
« quoique les deux actes fussent sains 8c entiers, le testament étoit néan-
« moins invalide, parce qu'il n'étoit pas marqué qu'il eût été lu devant le
K testateur 8c les témoins; qu'il n'étoit pas rédigé dans la forme prescrite, Se
« qu'ainsi, à moins qu'on ne le prouvât par des témoins convenables, il ne
V pouvoit avoir par lui-même la force ni de testament nuncupatif, ni de tes-
(< tanient olographe} attendu, ajoutent les jurisconsultes, que le testateur ne
c( déclare pas que cet acte a été lu devant les témoins 8c scellé devant lui; que
« d'ailleurs leurs souscriptions n'y paroissoient pas 8c qu'il a été ouvert pen-
ce dant l'absence de l'héritier, dans le temps qu'il ignoroit la mort du testa-
« teur, sans avoir été appelé à l'ouverture ou à l'insinuation, 8c sans que les
« témoins, après avoir reconnu leurs sceaux, aient fait leur déclaration dans
(i le temps de l'ouverture, conjbrmément au droit civil; surtout n'ayant pas
« été insinué dans les tribunaux royaux, comme cela se doit faire de droit.
« C'est pourquoi, continuent les docteurs, il paroît que cet écrit ne suffit pas
u pour prouver la volonté du testateur, 8c que le seigneur comte, son succes-
bertés nnx habitanis. Les ventes faites par la com- Avignon (J. 3ii, n. 65, original scellé; Teiilet,
mune pendant l'administration de Barrai de Baux t. 3, pp. 129, i3o). [A. M.]
purent être résiliées par elle en restituant les soin- ' Ce fut une des clauses du serment imposé au
mes reçues. Le viguier des comtes remplaça les nouveau viguier des deux seigneurs; il s'engagea
magistrats municipaux & s'adjoignit tels conseil- à extirper l'hérésie de la cité & de son territoire
1ers qu'il lui plut. — La punition des rebelles & & à protéger & défendre de tout son pouvoir
le règlement des indemnités pécuniaires à payer l'évèque & l'église d'Avignon, les autres églises
aux laïques & aux ecclésiastiques qui avaient souf- du pays & leurs droits temporels. (Teulet, t. 3,
fert de la révolte, furent réservés aux comtes. — Cet p. 127 a.) [A. M.]
accord, conclu le 7 mai, à Beaucaire, par les am- ' Catel, Histoire des comtes Je Tolosc, p. 38o Si.
bassadeurs des habitants d'Avignon, fut ratifié le suiv. — Voyez tome VIII, Chroniques, n. I'>',
1 c! du même mois, par l'assemblée du peuple, à c. ?. 1 .1 [Chronique do EerJouez.l
An 1261
An i25i
820 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LÎV. XXVI.
« seur, Se la dame comtesse, femme de ce dernier, ne sent pas tenus, en
<i aucune manière, de l'exécuter s'il n'y a d'autres preuves ou s'ils 112 s'y
« croyent obligés en conscience 8t suivant le for intérieur. Quant au codi-
« cille, poursuivent-ils, comme il y est fait mention de plusieurs témoins qui
« étoient présens, nous croyons qu'il faut les entendre séparément, ik que,
« si cinq d'entre eux s'accordent, l'acte est valide 8<. doit être exécuté en tout,
« & seulement pour les legs pieux, s'il n'y a que deux à trois témoins qui
« déposent. »
Telle est cette célèbre décision touchant les dernières dispositions de Rai-
mond VII, comte de Toulouse, sur lesquelles le comte Alfonse, son gendre,
ne cherchoit à s'éclaircir, que dans le dessein de s'exempter d'acquitter les
legs pieux que ce prince avoit faits, & qui montoient à des sommes considé-
rables : en quoi il semble qu'il ne fit pas assez d'honneur à la mémoire d'un
beau-père qui lui avoit laissé des domaines si riches & si étendus j car il ne
t.'ni°p!^<i7'3 pouvoit pas douter de la dernière volonté de ce prince; tous les témoins qui
avoient assisté à son dernier testament, parmi lesquels il y en avoit de la pre-
mière considération, étant encore pleins de vie',
■ Cette affnire, l'anmilation du testament de attestaient la véracité. — Rer.iarqiioiis en outre
Raimond VII, n'est guère honorable pour Alfonse que ce n'était même pas l'authenticité du testa-
de Poitiers 8c prouve que ce prince, tout pieux & ment qu'Alfonse attaquait, mais sa valeur judi-
tout charitable qu'il se soit montré en d'autres ciaire, & que jamais on n'osa soutenir que Rai-
circonstances, tenait peu à faire des largesses im- mond VII n'eût pas rédigé ou fait rédiger l'acte
modérées. La succession de son beau-père, grâce en question. Alfonse était si peu sûr de son bon
aux restitutions ordonnées par lui & aux dettes droit qu'il dut se rendre aux réclamations ce
qu'il avait contractées, était assez grevée; le tré- certains légataires qui, plus entreprenants ou
sorier de Saint-Hilaire de Poitiers, dans sa lettre plus puissants que les autres, l'amenèrent à com-
à Alfonse, remarque que les derniers termes des position. Fontevrault ne rendit les joyaux que lui
revenus étaient peu élevés, & Sicard Alaman avait légués Raimond VII qu'en 1253; en 1270
n'avait pu lui faire aucun payement, toutes les certaines abbayes réclamaient encore une indem-
sommes disponibles étant employées. Ce n'en était nité, & le parlement d'Alfons^ était obligé de re-
pas moins un devoir pour Alfonse, qui recueillait connaître leur bon droit. — Sur cette affaire, que
une si riche succession, d'acquitter les legs pieux dom Vaissete a jugée avec son tact ordinaire, en
décidés par son beau-père, & les raisons misera- peut encore consulter Boutaric, pp. £0 à 85. Cet
blés, de pure procédure, invoquées par les juris- auteur rapporte notamment la déposition de Si-
consultes dont il mit la complaisance à l'épreuve, card Alaman sur la manière dont le testament
prouvent bien qu'il ne jugeait pas sa conduite avait été rédigé. (J. io3i, n. 23.) Il s'associe en
trop conforme aux règles de la simple équité. somme au blâme de dom Vaissete, tout en niant
Annuler un testament, au treizième siècle, parce que la cupidité seule ait poussé Alfonse de Poitiers
qu'il ne remplissait pas toutes les conditions mar- à cette action. La question étant uniquement une
quées par les constitutions des empereurs romains, question d'argent, & les légataires étant presque
était chose assez plaisante; à raisonner ainsi, tous des ecclésiastiques, nous ne voyons pourtant
aucun testament de cette époque, y compris ceux pas quel autre mobile aurait pu décider le comte.
d'Alfonse & de Jeanne, sa femme, n'était valable. Ce ne fut pas d'ailleurs le seul cas où Alfonse
Depuis longtemps c'était une règle du droit cou- donna trop d'importance à des questions pécu-
tumier qu'un testament était authentique, du niaires. [A. M.]
moment qu'un certain nombre de témoins en
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXVI. 821
XI. — Aljbnse 6- Jeanne, sa femme, s'accommodent avec les légataires
de Raimond.
Un historien moderne prétend à la vérité qu'Alfonse, nonobstant cette
décision, exécuta ponctuellement le testament du comte Raimond, son beau-
père. Si qu'il en confirma toutes les restitutions ^ en disant que les princes ne
perdent jamais rien à rendre ce qui ne leur appartient pas; mais il lui prête
cette sentence 8c il suppose sans preuve ce qui n'est pas'. En effet, Alfonse
envoya quelque temps après ^ sommer l'abbesse & les religieuses de Fonte-
vrauit, à qui les exécuteurs testamentaires de R.aimond avoient déjà remis
tous les bijoux que ce prince leur avoit légués, de les lui rendre. Elles firent
d'abord beaucoup de difficultés, mais enfin elles s'accommodèrent, & raoven-
nant la somme de quinze cens livres tournois une fois payée, & quatre cens
livres tournois de rente qu'Alfonse & Jeanne leur assignèrent sur le péage de
Marmande, en Agenois, elles renoncèrent au payement des cinq mille marcs
d'argent que le teu comte Raimond leur avoit légués &c rendirent tous les
joyaux de ce prince. Alfonse St la comtesse, sa femme, s'accommodèrent aussi
avec les abbayes de Grandselve Si de Belleperche, & donnèrent-' à la pre-
mière quinze livres de rente & à l'autre dix, sur le salin ou grenier à sel de
Toulouse, pour les legs qui leur avoient été iaits dans le même testament.
XII. — Alfonse & Jeanne parcourent le reste de leurs domaines.
Alfonse 8t Jeanne ne firent pas un long séjour à Toulouse, 8c ils étoient
déjà partis de cette ville le 3o de mai j le premier donna ce jour-là, à Verdun
' Ln Chaise, Histoire de saint Louis, 1. lo. n. 12. sac 5, n. 33. — Cf. Tenlet, t. 3, p. 221. Actes du
— Lenain de Tillemont, t. 3, pp. 427, 428. — La 6 octobre 1264, rédigés tous deux à Vincennes.
Chaise, en arrangeant le texte de Lenain, lui a L'abbé de Grandselve (J. 307, n. 14) réclamait à
fait dire tout autre chose que ce qu'il avait écrit. Alfonse les cent marcs légués par Raimond VII,
En parlant de l'équité d'Alfonse, l'historien de mille sous toulousains prêtés par son couvent à
saint Louis cite quelques mots du préambule de ce dernier prince, & mille marcs, montant de
l'un des actes de ce comte (Catel, Comtes, p. 393), l'indemnité stipulée par le traité de Paris, en 1 229.
oii il est dit que les princes ne perdent jamais à Alfonse s'en tira à bon marché avec une renie de
restituer ce qui ne leur appartient pas; phrase quinze livres de Toulouse. Les réclamations de
qui est de style, & qui ne nous apprend rien sur l'abbé de Belleperche, qui étaient un peu moins
les sentiments personnels d'Alfonse. Lenain a élevées, furent apaisées au moyen d'une rente de
d'ailleurs connu la consultation des jurisconsultes dix livres; ces deux rentes furent assises sur le
sur le testament de Raimond VII & en cite un salin de Toulouse. L'acte de Belleperche est dans
fragment. Il ajoute ^u^il paraît, par plusieurs actes, J. 3 10, n. 33. Du reste, moins de trois ans plus
ijue le testament passa pour bon, & il renvoie aux tard, l'abbé de Belleperche renonçait au bénéfice
accords avec Fontevrault. Cela prouve seulement de cet accord & rendait à Alfonse la rente qui lui
qu'il n'avait pas examiné tous les actes que nous avait été assignée. (Acte du 1 i mars 1267, J. 3i2,
connaissons aujourd'hui. [A. M.] n. 7; Teulet, t. 3, p. 3.0i.) Une autre abbaye du
' Voyez tomeVIlI, Chartes, n. CCCIV, ce. 1324, Languedoc, celle de Candeil, fut plus tenace, &
i325. — Manuscrits deColhert, n. iCCr). [hai. ()i-]Z, en décembre 1266, Pons Astoaud & Eudes de la
f" 277 a.\ Montonière durent lui accorder une somme de
' Trésor des Chartes; Toulouse, sac 4, n, 14, & cinq cens livres, payables en cinq ans, par termes
An 1 2 5 1
An I2JI
822 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV, XXVI.
sur la Garonne, une charte en faveur de l'abbaye de Grandselve '. Ils parcou-
rurent ensuite les autres domaines qui avoient appartenu au feu comte Rai-
mond, & commencèrent par l'Agenois. Arnaud-Othon, vicomte de Lomagne^,
vint trouver le comte Alfonse à Agen, lui fit excuse d'avoir offensé le feu
comte, son beau-père, & lui demanda par grâce de lui rendre la vicomte
d'Auvillar, que la cour d'Agenois avoit confisquée sur lui. Alfonse se laissa
iléchir & rendit cette vicomte à Arnaud-Othon, qui lui en fit hommage lige,
le 4 de juin, en présence de Gui de Chevreuse, Robert de Saint-Cler 8c
plusieurs autres chevaliers de la suite de ce prince ou du pays. Le vicomte
de Lomagne, s'étant réconcilié avec Alfonse, l'accompagna jusqu'à Penne, en
Agenois, où ce prince ordonna, le 8 de juin 3, à son sénéchal de Rouergue,
de continuer de payer à son cher 6- féal R.aimond-Gaucelin, seigneur de
Lunel, la pension annuelle & viagère de cinq mille sols melgoriens que le
feu comte Raimond, son beau-père, de bonne mémoire, lui avoit accordée.
Le comte & la comtesse de Toulouse passèrent à Lauzerte, en Querci,
le 12 de juin, & arrivèrent le lendemain à Montauban où ils demeurèrent
quelques jours'*. Ils parcoururent ensuite l'Albigeois & le Rouergue. Alfonse
reçut à Millau, le 5 de juillet, l'hommage de Guillaume de Barrière 5, en
présence de l'évêque de Toulouse, de Pierre de Voisins, sénéchal de cette
ville, Jean d'Arcis, son sénéchal de Rouergue, Sic. Pierre de Voisins, cheva-
lier françois, posséda la dignité de sénéchal de Toulouse, jusqu'en 1254. II
donna en cette qualité, au mois d'aoûf^ de l'an I25i, le bail de la nouvelle
monnoie de Toulouse, sur laquelle Alfonse régla les droits que les mon-
noyeurs dévoient prendre.
XIII. — Le comte &• la comtesse de Toulouse retournent en France ^ y font
leur séjour ordinaire. — Administration de leurs domaines.
Alfonse & Jeanne prirent bientôt après la route de l'Auvergne, & étant
arrivés à Glosille, le 7 de juillet, ils y confirmèrent'' les habitans de Gaillac,
égaux. Elle réclamnit deux cents livres de Cahors, ' Cutulaire d'Alfonse, aux archives du collège
prêtées par elle à Raimond VII, & deux cents des Jésuites de Toulouse. [JJ. 24", f" 1 1 1 a]. —
marcs que ce prince lui devait en exécution de la Voyez tome VIII, Chartes, n. CCXCIII, c. 1291.
paix de Paris. (Original, J. 3o3, n, 21.) [A. M.] ■• Le comte & la comtesse étaient à Montauban,
' Archives de l'abbaye de Grandselve. le i5 juin i25i) à cette date, ils accordèrent à
' Voyez tomeVIII, Chartes, n. CCXCIII, ce. 1289 Olivier & Bernard de Penne, qui venaient de leur
à 1291. — Le lendemain 5 juin, Alfonse rendit céder le château de Penne d'Albigeois, une rente de
expressément au vicomte le château d'Auvillar, cent livres, prix des fortifications dudit château,
dont la cour d'Agen, à la requête de son beau- & réduisirent à quatre chevaliers l'albergue de
père, avait prononcé la confiscation, reconnais- vingt chevaliers qui leur était imposée. (Original,
sant ainsi implicitement la justice de cette sen- J. 3|2, n. 53; Teulet, t. 3, pp. i32, |33.) [A. M.]
tence. (Tome VIII, ce, 1291, 1292, d'après JJ. 24", 5 Manuscrits de Colhert, n. 10Û7. [Original, J.
f» 58 h.) Le 8 juin suivant, étant à Penne d'Age- 3i5, n. <)'j; Teulet, t. 3, p. i3(j.]
nais, Arnaud Ot se reconnut redevable envers * Tome VIII, Chartes, n. CCXCV, ce. 1297 à
Alfonse d'une somme de cinq mille sous de Mo ri a s t 299. — Catel, //(5îorrc ées comtes iîe 7'o/o5e,p. 389.
que le feu comte lui avait prêtée. [Ih'id. c. 1291.) ' Archives de l'hôtel de ville de Gaillac [Doat,
[A. M.] vol. 116, f" 26.] & de Montauban.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXVI. 828
en Albigeois, dans leurs coutumes 8<. privilèges. Ils confirmèrent, le lende-
main, à la Roque de Valsergue, les coutumes de la ville de Montauban. Ils
se rendirent de là' à Riora, 8c étant à l'abbaye de Cîteaux, au mois de
novembre suivant, ils assignèrent^ à ce monastère la somme de seize cents
marcs d'argent sur le péage de Marmande, en déduction de celle de deux mille
marcs que le comte Raimond s'étoit engagé de leur payer par le traité de
Paris. Le comte Si la comtesse de Toulouse firent depuis leur séjour en
France, particulièrement au château de Vincennes, 8c ne revinrent dans la
Province que sur la fin de leurs jours. Ils partagèrent^ l'administration Se le
gouvernement des domaines qui avoient appartenu au feu comte Raimond
entre quatre sénéchaux indépendans les uns des autres. Le premier fut celui
de Toulouse, qui avoit sous son autorité tout l'ancien diocèse de cette ville.
Le second étendoit la sienne sur l'Agenois 8c le Querci. Le troisième sur le j"^,"!
Rouergiie 8c sur la partie de l'Albigeois située à la droite du Tarn; 8c enfin
le quatrième exerçoit sa juridiction sur le marquisat de Provence ou le comté
Venaissin. Outre ces domaines, Alfonse fit gouverner ceux qui lui apparte-
noient en propre, savoir : l'Auvergne, par un officier qui se qualifioit conné-
table, 8c le Poitou Se la Saintonge, par deux sénéchaux différens'*. Au reste,
la comtesse Jeanne ^ conrirmoit ordinairement, à la fin de chaque charte)
celles que le comte Alfonse, son mari, donna en différens temps, pour les
pays qui avoient appartenu à Pv.aimond ; elle se qualifioit dans ces actes com-
tesse de Toulouse 0 de Poitou, au lieu qu'Alfonse prenoit le titre de comte
de Poitou o* de Toulouse,
' C.itel, Histoire Jcs comtes Je Tolose, p. 38^. par erreur que doin Vaissete dit que ce prince alla
* Trésor des chartes; Toulouse, sac 5, n. 68. — à Cîteaux; tout semble prouver qu'il se rendit
— Au). J. ?toy, n. 68; Teulet, t. 3, pp. 146, 147. directement à Paris. [A. M.]
Le trésor des chartes contient trois actes relatifs ' Voyez tome VIII, Chnrtes, n. CCXCII, c. 1284
à cette affaire : 1° Une lettre de l'abbé de Cîteaux, & suiv.
Boniface, à Alfonse de Poitiers, sans date, mais * Voici sur ces sénéchaussées quelques détails
antérieure au 24 novembre. Dans cette lettre il que nous empruntons à Boutaric, Alfonse Je Pot-
est dit que la cause doit être jugée à Paris dans la tiers, p. i63 & suiv. — Jusqu'en 1205, la Sain-
quinzaine de Toussaint. L'abbé y rappelle les tonge & le Poitou ne formèrent qu'une sénéchaus-
accords passés entre son couvent & Raimond VIT; sée. — L'Auvergne fut administrée tantôt par un
celui-ci, après leur avoir assigné un revenu de bailli, tantôt par des connétables. L'un de ceux-ci
deux cents marcs à percevoir sur les revenus de notamment, Geoffroi Thomas (1255-1261), com-
Marmandc, le leur avait enlevé violemment, après mit de nombreux abus, & les enquêteurs d'Alfonse
quatre ans de jouissance, & avait repris la qua- reçurent dans leurs tournées nombre de plaintes
trième annuité déjà perçue. Il restait leur devoir contre lui. — L'Agenais & le Querci formaient,
à sa mort mille quatre cents marcs dont l'abbé comme sous Raimond VII, une seule sénéchaus-
réclame le payement à Alfonse, héritier de ses sée. — Le Rouergue de même; de izSô à 1262,
Etats. L'affaire fut réglée le 24 novembre suivant; l'Albigeois lui fut uni. — Le Toulousain 8c l'Al-
on promit à l'abbé de lui faire payer chaque an- bigeois formèrent une seule sénéchaussée de r249
née, à Marmande, cent marcs jusqu'à concurrence à i256& à partir de 1262. — Le comtat Venais-
du montant de la créance. La lettre d'acceptation sin formait une sénéchaussée particulière.
de Boniface est datée de Saint- Port - sur- Seine [A. M.]
(Seine-&-Marne, arr. de Melun), &. celle d'Al- ' Catel, Histoire des comtes de Tolose, p. 384 Se
fonse, de Paris, du mois de novembre. C'est donc suiv.
An I 231
ongni.
t. Hl, p. 4.74.
An i2Ji
824 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXVI.
XIV. — Brouïllerles entre l'archevêque &■ le vicomte de Narhonne.
Le diocèse de Naiboniie étoit depuis longtemps dans le trouble par la divi-
sion qui régnoit entre l'archevêque 81 le vicomte : division qui fut poussée
jusqu'aux dernières extrémités. Guillaume de la Brouë, après avoir été promu
à l'archevêché de Narbonne', se plaignit au pape Innocent IV, en 1248,
de ce qu'Amalric, vicomte de cette ville, nonobstant le serment de fidélité
qu'il lui avoit prêté Si l'hommage qu'il lui avoit rendu, le dépouilloit de ses
droits & empiétoit sur l'autorité &. la juridiction de son église Se des autres
de son diocèse. Sur ces plaintes Innocent écrivit au roi pour le prier d'ac-
corder sa protection à ce prélat; mais le vicomte continua ses entreprises,
défendit aux habitans de Narbonne de reconnoître l'archevêque pour leur
seigneur, fit pendre un des vassaux de ce prélat 8c emprisonner plusieurs
autres, & mit des gardes aux portes du palais épiscopal dans le dessein de
se saisir de la personne des écuyers & des autres domestiques de l'archevêque.
Ce prélat, pour se venger, excommunia publiquement Amalric avec tous ses
partisans, 8<. jeta l'interdit, tant sur la chapelle vicomtale que sur la cité 8c
le bourg de Narbonne^. Le vicomte appela au pape de ses censures; mais,
malgré son appel, le pape nomma des commissaires, le 8 de novembre de
l'an 1248, 8c leur ordonna d'exécuter la sentence de l'archevêque.
Gui & Hervé de Chevreuve 8c Philippe, trésorier de Saint-Hilaire de Poi-
tiers, étant arrivés pour prendre possession du comté de Toulouse, par ordre
de la reine Blanche, s'entremirent pour accommoder ce prélat avec le vicomte,
8c leur firent passer un compromis, le 4 de décembre de l'an 1249, par lequel
ils convinrent de s'en rapporter à la décision de Raimond, évêque de Tou-
louse. L'archevêque, en attendant l'arrivée de ce prélat, envoya sornmer le
vicomte par l'abbé de Caunes^, le 16 de février suivant, de réparer les griefs
qu'il avoit contre lui ; il se plaignoit entre autres de ce qu'Amalric s'étoit
approprié les fiefs qui relevoient de l'église de Narbonne, 8c en particulier
du Capitole; de ce qu'il se qualifioit seigneur de cette ville, tandis que le
haut domaine appartenoit à sa personne; de ce qu'il avoit retiré cinq mille
sols de deux camps qu'il avoit fait tenir à Narbonne pour la vente des Sarra-
sins, quoique le profit de ces camps dût être commun entre eux; de ce que
le même vicomte, irrité de se voir excommunié, avoit empêché les peuples de
porter leurs offrandes dans les églises; de ce qu'il avoit chassé 8c dépouillé
son propre aumônier, parce qu'il gardoit l'interdit qui avoit été jeté sur
sa chapelle; & enfin de ce qu'il y avoit néanmoins fait célébrer les offices
divins, 8cc. L'abbé de Caunes alla le lendemain, à Coursan, signifier cette
plainte au vicomte.
La reine Blanche, régente du royaume, informée de cette affaire, qui fai-
' Baluze, Concilia Galliae Narhonemis, Appen- ' Bnhize, Conàlia Galliae Karioncr.sis, Appcn-
dix, p. 99 & seq. dix, p. ic8 8; se<;.
' liitt. p. 127.
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XXVI. 8a5
An I2ÔI
soit beaucoup de bruit clans le royaume, interposa ' son autorité 8< manda au
sénéchal de Beaucaire & à l'évêque de Toulouse de la terminer. L'arche-
vêque demanda qu'avant toutes choses le vicomte réparât les griefs qu'il avoit
contre lui. Ce dernier vouloir à son tour que l'archevêque levât l'excommuni-
cation. Enfin ils convinrent, le 25 de juillet de l'an i25o, de s'en rapporter
au jugement de quatre citoyens de Narbonne, & ils choisirent pour sur-
arbitres Raimond, évêque de Toulouse, & Guillaume de Pian, sénéchal de
Carcassonne. Les uns & les autres s'étant assemblés, le 5 d'août, s'ajour-
nèrent à Narbonne pour y porter un jugement définitif, le 6 d'octobre sui-
vant; mais divers obstacles ne leur ayant pas permis de se rassembler, 8<. le
vicomte continuant toujours ses entreprises, l'archevêque eut recours à l'au-
torité du pape qu'il alla trouver à Lyon, 6< qui révoqua^, le 29 de novembre lidoiigi...
de l'an i25o, le privilège qu'il avoit accordé auparavant à Philippe d'An-
duze, femme du vicomte Amalric, d'entendre l'office divin dans la chapelle
de son mari & dans les autres lieux interdits, avec ordre à l'évêque de Car-
cassonne de taire observer celui que l'archevêque avoit jeté sur cette chapelle.
Le pape pria ensuite la reine Blanche d'obliger le vicomte de Narbonne à
exécuter l'ordonnance de l'an 1229, suivant laquelle il étoit enjoint aux
officiers du roi de saisir les biens de ceux qui demeureroient plus d'un an
dans l'excommunication, attendu que le vicomte étoit dans le cas.
Cependant le sénéchal de Carcassonne ^ 8c quelques autres seigneurs de
considération, s'étant entremis de nouveau pour apaiser ces troubles, firent
convenir, le 10 de janvier de l'année suivante, l'archevêque & le vicomte de
Narbonne, de subroger l'évêque de Béziers à celui de Toulouse 8c de s'en
tenir à sa décision. L'archevêque 8c le vicomte s'étant rendus bientôt après à
la Cour, ils convinrent, le 11 de février, devant la reine Blanche, qui auto-
risa le compromis, de prendre pour adjoint à ce prélat Gui Fulcodi, fameux
jurisconsulte Se clerc du. roi'*. Ces deux arbitres s'étant rendus ^ ensuite à
Narbonne, y prononcèrent leur sentence, le 7 de juillet de l'an I25i, en
présence de l'évêque d'Agde, de l'abbé de Quarante, 8cc. : 1° Ils ordonnè-
rent que les préconisations ou publications se feroient à l'avenir à Narbonne,
comme elles se faisoient anciennement, c'est-à-dire tant au nom de l'arche-
vêque qu'en celui du vicomte, 8c que ce dernier rétabliroit l'autre dans
ses domaines 8c dans sa juridiction, sauf ses droits au pétitoire. 2° L'exé-
cution des peines corporelles contre les malfaiteurs est réservée au vicomte.
3" Celui-ci est condamné : à restituer les tailles qu'il avoit exigées des habi-
tans de Cuxac, vassaux de l'archevêque, sous prétexte qu'il s' étoit croisé;
à renoncer à l'hommage qu'il avoit reçu de Bertrand du Capitole, pour le
Capitole de Narbonne, 8c à permettre que l'archevêque eût son notaire, qui
pourroit recevoir tvjus les actes publics. 4" On permit au vicomte de se dire
' Baluze, Concilia Galliae Narionensis, Appen- * Baluze, Concilia Galliae Narbonemis, Appen-
Hix, p. 104 & seq. dix, p. i3i .
' liid. p. 101 & seq. = Ihii. p. i5i.
' Ihid. p. I 22 & seq.
An i; ji
8:6 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXVI.
seigneur de Narbonne. 5° L'archevêque fut condamné à lever l'interdit qu'il
avoit jeté sur la chapelle du vicomte 8c sur la cité & le bourg de Narbonne,
Si la sentence d'excommunication qu'il avoit lancée contre Amalric St contre
ses officiers; à condition qu'ils promettroient d'obéir aux ordres de l'Eglise.
Quant à la peine canonique dont ils étoient liés, il leur est enjoint de se
faire absoudre, & on leur donna un délai jusqu'à la Nativité de la Vierge.
L'archevêcjue révoqua alors la sentence d'interdit dont il avoit frappé la
cité Se le bourg de Narbonne, & l'abbé de Saint-Aphrodise de Béziers leva
l'excommunication par son ordre, après qu'Amalric eut promis d'obéir à ceux
de l'Eglise & d'exécuter la sentence en tous ses points : ce vicomte donna
pour ses cautions Raimond de Durban & Bernard de Saint-Etienne, cheva-
liers. Il restitua ensuite tout ce à quoi il avoit été condamné, & pour marque
de cette restitution il remit un éventail (^Jlabellum) entre les mains de cet
abbé qui, de son côté, leva l'interdit jeté sur la chapelle vicomtale & sur
toutes les autres églises où Amalric se trouveroit. L'archevêque se plaignit
cependant peu de temps après aux arbitres de ce qiie le vicomte n'exécutoit
pas la sentence dans tous ses points, 8c qu'il empêchoit, entre autres, son
notaire de recevoir les actes publics. Sur ces plaintes' l'évêque de Béziers Se
Gui Fulcodi condamnèrent le vicomte, au mois de septembre suivant, à per-
mettre que ce notaire retînt les contrats de mariage, les testamens, 8cc, Ils
rendirent cette nouvelle sentence en présence de l'évêque d'Agde 8c de divers
ecclésiastiques, entre lesquels étoit Guillaume Duranti, chanoine de Mague-
lonne, qui fut ensuite évêque de Mende.
Ces divers jugemens ne rendirent pas la paix au diocèse de Narbonne :
l'archevêque, toujours mécontent du vicomte Amalric, qui n'exécutoit pas à
son gré la sentence arbitrale, lui fit signifier^, le 4 de décembre, suivant
par cleux clercs de son église, un acte pour le sommer de réparer incessam-
ment divers griefs dont il se plaignoit, &i dont l'un étoit qu'il ne vouloit pas
permettre aux clercs d'acheter des alleux dans ses domaines, sans payer un
certain droit; ce qui, ajoutoit-il, a toujoiirs été permis à un chacun, même
x.^\\\°'v^a]'(,. <^ux )uifs, suivant les usages 8c les coutumes du pays, 8cc. Ce vicomte^ 8c ses
,. officiers, ne faisant aucun cas de cette sommation, l'archevêque les excom-
An 1202 munia publiquement de nouveau dans l'église de Saint-Just, le 12 de jan-
vier de l'an I252. Amalric demeura pendant quelque temps frappé d'ana-
thême ; mais las de vivre excommunié, il alla trouver l'archevêque, lui
demanda pardon 8c promit de lui faire une entière satisfaction. Ce prélat
reçut en même temps le serment du vicomte, qui jura d'obéir aux ordres de
l'Église 8c aux siens, 8c, lui ayant prescrit les réparations qu'il devoit faire,
il lui donna l'absolution, dans le palais archiépiscopal, le 18 de mai suivant.
Enfin Amalric s'étant présenté'* devant Raimond, évêque de Béziers, le 11 de
décembre de la même année, promit d'accomplir la pénitence que ce prélat
' Baluze, Concilia. Galliae Narèonensis, Appen- ' Archives de l'abbaye de Fontfroide.
dix, p. 148. ^ Baluze, Concilia Galliae 'Narhonensis, p. i ai
' Ibid. p. ',14 & SBq. & suiv. — Catel, Mémoires, ut supra.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXVI. 827
lui imposeioit, pour avoir tenu en prison Se laissé mourir clans les fers un
clerc marié, notaire de l'archevêque, & lui demanda l'absolution, conformé-
ment au pouvoir que le pape lui en avoit donné. L'évêque de Béziers, en
donnant cette absolution au vicomte, se réserva de lui imposer dans la suite
une pénitence proportionnée; ce qu'il ne fit qu'au mois d'octobre de l'an 1264.
Il lui défendit de faire emprisonner à l'avenir aucun clerc sans la permission
du juge ecclésiastique, Si lui ordonna de faire exhumer à ses dépens le corps
de ce notaire, de le faire inhumer avec cérémonie dans l'église de Saint-
Félix, sa paroisse, d'y fonder un anniversaire pour lui, d'entretenir une
lampe qui brùleroit continuellement dans la cathédrale, de donner dix livres
tournois en aumône, &c. Ce dernier acte est daté de Béziers, dans les écoles
de théologie des frères mineurs, en présence de Jacques, abbé de Saint-Aphro-
dise de Béziers, Guillaume Duranti, chanoine de Maguelonne, Pons de la
Redorte, Raimond du Lac, chevaliers, &c.
XV. — Démêlés des ecclésiastiques de la Province avec les officiers du roi,
Guillaume de la Broue, archevêque de Narbonne, eut un autre démêlé'
avec le sénéchal de Carcassonne qui s'étoit saisi des châteaux & des fiefs que
le roi avoit cédés à Pierre, son prédécesseur, pour le dédommager des
domaines qui avoient été confisqués sur les hérétiques dans la mouvance de
l'église de Narbonne. Il porta des plaintes de cette saisie à Innocent IV, qui
écrivit de Lyon, le i3 de février de l'an iiSi, au comte d'Anjou, pour le
prier de faire cesser ces vexations, qu'il croyoit que le sénéchal avoit com-
mises par son ordre. Le pape écrivit^ de Pérouse, le 22 de juillet de l'année
suivante, à l'archevêque de Narbonne & à l'évêque d'Elne pour les engager,
sur les plaintes du clergé de France, à employer leurs bons offices auprès des
officiers royaux, soit dans la Province, soit dans le reste du royaume, pour
qu'ils ménageassent davantage les intérêts des églises, dont ils saisissoient
les biens Se qu'ils maltraitoient de diftérentes manières, sous prétexte que les
princes dont ils tenoient leurs pouvoirs en étoient les protecteurs ou les
avoués. Durand, évêque d'Albi, fut un de ceux qui se plaignirent le plus des
entreprises des offi.ciers séculiers. Ce prélat, son chapitre, les abbés, les
prieurs 81 les autres ecclésiastiques de son diocèse écrivirent là-dessus au
pape, qui enjoignit, le 18 de mai de l'an i252, à l'archevêque d'Auch, d'em-
ployer les censures ecclésiastiques pour mettre ces officiers à la raison.
XVI. — Alfonse envoie des commissaires réformateurs dans ses Etats.
Outre les sénéchaux à qui Alfonse avoit confié l'administration St le gou-
vernement ordinaire de ses domaines S; de la comtesse Jeanne, sa femme, ce
■ Bibliothèque du roi, Baluze, Bulles, n. Cz. — • ' Marca, Concordantia sacerjotii & impcrii, nov.
[Armoires, v. 33 i, n. 62j bulle du ii février S( éd. p. 1277.
non du i3.J
An I2J2
"" 8:8 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXVI.
A II I î j :
prince, à l'exemple du roi saint Louis, son frère, envoyoit fré([i!emmcnt des
commissaires {missi) dans ses États pour y réformer les abus c[ui pouvoient
s'y glisser. Il choisit' pour cette fonction, en I252, Jean de Maisons (de
Domibus), chevalier, maître Gui Fulcodi, Pierre Bernardi, frère Jean de
Castelnau & frère Philippe de l'ordre des frères Mineurs. Ces envoyés s'étant
rendus dans l'Agenois, dressèrent des articles de réformation & les publièrent
à Agen, dans le palais épiscopal & dans les autres domaines qui avoient
appartenu au feu comte Raimond, qu'ils parcoururent. Enfin ils firent^ à
Toulouse, le mercredi après le dimanche des Rameaux de l'an I253 (1254),
la publication de ces règlemens, dont ils ordonnèrent l'exécution, sauf en
toutes choses la volonté du comte Aljbnse , & dont voici les principaux
articles : 1° Les sénéchaux obligeront par la saisie des biens ou par l'empri-
sonnement à l'égard des pauvres, tous ceux qui, au mépris des censures
ecclésiastiques, seront demeurés plus d'un an excommuniés, à rentrer dans
Kj.oiigin. le sein de l'Église; à mcins cru'ils n'aient appelé de la sentence qui les
t. Ul, p. 177. . . . ' . . .
excommunie ou qu'ils n'aient été excommuniés /'oz/r Z^j dîmes {pro decimis).
2° Il est défendu aux juifs de construire de nouvelles synagogues Si de sortir
de leurs maisons le vendredi saint. 3° Les sénéchaux ne donneront pas les
bailUes (ou bailliages) à des clercs, 8c révoqueront ceux à qui ils en ont
donné, afin de les empêcher de se dissiper. Ils ne mettront pas non plus dans
ces charges ceux c[ui sont suspects d'hérésie. 5'' Il est détendu aux séné-
chaux, sur les plaintes des barons & des chevaliers du pays, de construire de
nouvelles bastides, sans l'exprès commandement du comte. 6° On règle la
juridiction des baillis, 8t. il leur est ordonné de se tenir dans les bornes qui
leur avoient été prescrites par ce prince lorsqu'il avoit été dans le pays.
7° Enfin on marque de quelle manière les officiers du comte dévoient agir
dans la confiscation des biens des hérétiques, & pour la restitution des dots
des femmes catholiques dont les maris avoient été condamnés pour crime
d'hérésie.
XVII. — Le comte de Toulouse tombe dangereusement malade, prend de
nouveau la croix &• envoie divers chevaliers à la Terre-Sainte.
Alfonse eut une attaque de paralysie vers la fin de l'an 125:. Se voyant
dans un danger évident il fit vœu de retourner à la Terre-Sainte 8< reprit
la croix. C'est ce que nous apprenons^ d'une lettre que Philippe, trésorier
de Saint-Hilaire de Poitiers 81 chapelain de ce prince, écrivit au roi. Cette
lettre n'est point datée ; mais elle est antérieure au i" de décembre de
' Bibliothèque du roi; Bahize, Rouleaux, n. z. Note du tome VII sur l'administration royale en
— [Armoires, v. Sp^, n. 694. C'est le journal de Languedoc, où nous en donnons une longue
voyage des enquêteurs royaux d'Agen à Montau- analyse. On peut voir aussi ce que nous y disons
ban. On peut le voir au tome VII à la suite des des enquêteurs d'AIfonse & du pouvoir qui leur
Enquêteurs d'Alfonse.] était accordé par ce prince. [A. M.]
' Voyez tome VIII, Chartes, n. CCCV, ce. iSii ^ Voyez tome VIII, Chartes, n. CCCI, ce. i3i(5,
à 1329. — On peut voir sur ce règlement notre i3i7.
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XXVI. 829
Fan 1252, jour de la mort de la reine Blanclie. Ce fut peut-être par une
suite de sa maladie qu'Alfonse, étant extrêmement incommodé des veux, eut'
recours, par le moyen de Raimond-Gaucelin, seigneur de Lunel, Se de deux
juifs de cette ville, à un fameux juif qui demeuroit en Aragon & qui pas-
soit pour un excellent oculiste. Ce prince, ne pouvant exécuter si tôt son
vœu, envoya en attendant à la Terre-Sainte un grand nombre de chevaliers
de tous ses domaines; on trouve leurs noms dans une charte^ que le roi
saint Louis donna au camp de Joppé, au mois de décembre de l'an i252,
pour confirmer une sentence arbitrale qu'Olivier de Termes avoit rendue au
sujet d'un différend qui s'étoit élevé entre ces chevaliers 8<. les hospitaliers
de Saint-Jean de Jérusalem. Alfonse leva à cette occasion un subside dans
ses domaines^.
XVIII. — Maison d'Andu-^e.
Le roi, par une autre charte'* datée du camp devant Joppé, au mois de
juillet de l'an i252, manda à Philippe, archevêque de Bourges, aux évêques
de Paris, de Senlis & d'Evreux, 8<. à Gaufrid, archidiacre de Paris, de rendre
à Pierre-Bermond de Sauve, s'ils croyoient qu'il y étoit obligé en conscience,
les domaines qui lui avoient appartenu, Se dont ce seigneur demandoit la
restitution. Guillaume d'Andu-^e ayant renouvelé ces instances après la mort
de Pierre-Bcrmond, son père, arrivée en 1254, le prince Louis, fils aîné du
An I iji
' \'oytz toine VIII, Chartes, n. CCCII, ce. iSiy
à iSip. — Cette lettre est extrêmement curieuse à
plusieurs points de vue. Le juif en question, dont
rhabileté médicale était célèbre, surtout pour les
maladies des yeux, habitait le royaume d'Aragon
ou plutôt Montpellier qui faisait partie des do-
maines du roi Jacme. Il s'appelait Habrahym ou
Abraham, & avait résidé dans le pays des Sarra-
sins, probablement les royaumes mahoméians
d'Espagne. Raimond-Gaucelin de Lunel lui en-
voya deux juifs pour le consulter touchant la
maladie d'Alfonse; il s'engagea à guérir celui-ci
s'il pouvait distinguer le vert du bleu & recon-
naître de prés des objets de petite dimension.
Mais ce médecin craignait tellement d'être retenu
contre son gré en France, où ses coreligionnaires
étaient cruellement traités, qu'il hésitait à se
rendre à l'invitation. Aussi le seigneur de Lunel
engagc-t-il Alfonse à s'adresser directement au roi
d'Aragon & promet-il de faire la commission lui-
même & d'employer tous les moyens possibles pour
le décider. Nous ne connaissons pas le résultat de
cette curieuse négociation. [A. M.]
' Voyez tome VIII, Chartes, n. CCC, ce. i3 14 à
i3i6. — Les noms de ces chevaliers avaient été
fort maltraités par le copiste de dom Vaisseie,
nous les avons rétablis d'après l'original. La
plupart étaient du midi; quelques-uns seulement
du Poitou & de l'Angoumois. On peut même re-
marquer que la plupart n'étaient pas originaires
des domaines d'Alfonse, mais du comté de Foix
& du diocèse de Carcassonne; parmi eux nous
retrouvons plusieurs des chevaliers faidits qui
avaient aidé Trencavel lors de son expédition
de 1140. Comme son frère, Alfonse paraît avoir
pris à son service un certain nombre de ces per-
sonnages, qui étaient sans doute fort heureux
de racheter en Orient leur ancienne rébellion,
& qu'une vie d'aventures, on peut même dire
de brigandages, avait dû préparer à la guerre de
Syrie. [A. M.)
' Voyez tome Vill, Chartes, n. CCXCII,c. 1282.
— Le document auquel renvoie dom Vaissete ne
parle pas à proprement parler de la levée d'un
subside. C'est une mention de compte ainsi conçue :
De promissts factis d, comiti pro via transmarina m
partihus Tholosanis €r alla terra tlîa. On ne peut
entendre par là un subside régulier, mais des pro-
messes particulières, peut-être même le reliquat
du fouage levé par Raimond VII, & dont Alfonse
perçut l'arriéré. Cette mention se trouve dans le
compte de l'Ascension ii.'j.'î. [A. M.]
* Domaine de Montpellier; actes ramassés,
liasse 8, n. 6.
An I 232
KJ.orij;in.
t. III, p. 17^
An I 263
83o HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXVI.
roi, ordonna', le lundi après la Trinité de la même année, au sénéchal de
Beaucaire de lui rendre la terre d'Yerle. Ce jeune prince prit donc les rênes
du gouvernement après la mort de la reine Blanche, son aïeule, & pendant
l'absence du roi, son père, quoiqu'il ne fût dans le temps de cette mort que
dans la douzième année de son âge. On peut confirmer cette observation par
d'autres lettres^, suivant lesquelles Louis, fils aîné du roi de France, étant à
Paris, au mois d'avril de l'an i252 (i253), ordonne au sénéchal de Carcas-
sonne de laisser Bérenger Guillelmi, fils de Bérenger Guillelmi, dans la pos-
session du château de Clermont, au diocèse de Lodève, attendu qu'il oftroit
de faire hommage au roi, son père^.
Au reste Pierre Bermond, ancien seigneur de Sauve "*, laissa de Josserande
de Poitiers, sa première femme, fille d'Aymar, comte de Valentinois, 8c de
Philippe, dame de la Voulte & de plusieurs châteaux du Vivarais : 1° Guil-
laume dont on vient de parler & à qui il donna la baronie d'Yerle que le
roi lui avoit accordée par grâce, pour tous les anciens domaines de sa maison
qui avoient été confisqués. 2° Roger qui hérita de la Voulte &t des autres
terres que Josserande, sa mère, avoit en Vivarais, & qui fit une branche de
la maison de Bermond. 3° Béraud qui posséda diverses terres dans le Tou-
lousain & l'Albigeois. 4° Philippe, femme d'Amalric, vicomte de Narbonne.
5° Marie qui épousa Arnaud-Othon, vicomte de Lomagne. Pierre-Bermond
se maria en secondes noces avec Alemande de Pierre, fille de Raimond, sei-
gneur de Ganges. Guillaume d'Anduze, sou fils aîné, épousa-"' dans la suite,
avec la permission du roi 8c à la prière d'Alfonse, comte de Toulouse, de la
femme duquel il étoit cousin, la fille 8c héritière d'Egline, veuve de Pons
d'Olargues. Il fit une nouvelle tentative pour obtenir du roi la restitution de
la liaronie de Sauve, possédée par ses ancêtres; mais il fut débouté "^ de sa
demande au parlement que ce prince tint à la Chandeleur de l'an 1268 (1259).
XIX. — Alfonse reçoit la soumission de Barrai de Baux.
Cependant Barrai '', seigneur de Baux, voulant faire sa paix avec Alfonse,
comte de Poitiers 8c de Toulouse, 8c la comtesse Jeanne, sa femme, les fit
' Voyez tome VIII, Chartes, n. CCCVII, c. i335. assistés dans leurs fonctions par un conseil dont
" Domaine de Montpellier; actes de Clermont- plusieurs membres nous sont connus. Cf. Lenain
Lodève, n. i. de Tillemont, t. 3, pp. 467, .468, & Boutaric,
' Le jeune prince Louis gouverna sous la tu- pp. 87, 88. [A. M.]
telle de ses oncles Alfonse & Charles. Plusieurs * Le Lahowrewr, Histoire manuscrite Je la maison
actes des années 1253 & 12,54 '* prouvent. C'est d'Aniiu-^e.
à ces deux princes que s'adressent les évéques & ' Archives du Domaine de Montpellier; actes
abbés du royaume pour obtenir la confirmation ramassés, liasse 8, n. 3.
de leur élection, que les feudataires demandent " Registre Oiim. — [Boutaric, t. 1 , p. 26, n. 3 14.
l'investiture de leurs fiefs. \}ne requête des maîtres La cour décida que la demande n'était pas receva-
de l'université de Paris & des Jacobins qualifie blo, le père de Guillem d'Anduze ayant forfait sa
même Alfonse de rector tune regni. En mai 1253, baronnie.]
les deux frères reçurent de saint Louis pleins pou- ' Trésor des chartes ; Toulouse, sac 5, n. 70.
voirs pour traiter avec l'Angleterre. Ils étaient
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XXVI.
50I
An lijj
d'abord solliciter par la reine mère 8c par le comte d'Anjou & de Provence, de
lui pardonner sa félonie. Il vint enfin les trouver lui-même au mois de mars
de l'an 1202 (i253), au château de Vincennes où ils résidoient toujours, 8c
leur fit ses soumissions. Alfbnse lui accorda le pardon du passé Se lui rendit
les fiefs du pays Venaissin £• des terres adjacentes, qu'il avoit confisqués sur
lui 8c que ce seigneur tenoit auparavant du feu comte de Toulouse. Barrai
promit ' fidélité pour ces fiefs à AUonse &• aux marquis & seigneurs du
Venaissin, ses successeurs, 6c lui en fit hommage, avec promesse de n'exercer
aucune violence envers les habitans de ces fiefs, 8c d'aller servir durant deux
ans à la Terre-Sainte à ses dépens, avec neuf autres chevaliers 8c dix arbalé-
triers^. Alfonse s'accorda^, au mois de mai suivant, avec Etienne, abbé de
Clairvaux, Se ses religieux, touchant les sommes qu'il leur devoit au nom du
feu comte Raimond, 8c leur assigna cent quatre livres parisis de rente sur la
prévôté de la Rochelle, pour l'entretien de vingt étudians en théologie de
l'abbaye de Clairvaux, dans le collège de Saint-Bernard de Par's; moyennant
cette assignation l'abbé 8c les religieux de Clairvaux le reconnurent pour
patron 8c Jondateurde ce collège.
XX. — Alfonse se prépare à partir pour la Terre-Sainte.
Ce prince se préparoit alors à retourner dans la Terre-Sainte"*. Le pape
Innocent IV, voulant seconder son zèle 8c lui procurer des secours suffisans
' Trésor des chartes; Toulouse, sac ô, n. 29.
' Dom Vaissete a commis ici quelques petites
erreurs it date, que l'analyse des actes en ques-
tion va nous permettre de rectifier. La première
lettre est de janvier 1 2 03. (Copie, J. 3i 1, n. 70 ;
Teulet, t. 3, p. 173;. Par cet acte, Alfonse rend à
Barrai de Baux set fiefs du Venaissin, à la requête
de Charles d'Anjou ; mais ilstipulequeceux aux-
quels il les aura donnés depuis la confiscation,
continueront à les tenir, sauf pour Barrai à fane
valoir ses droits de propriété devant les tribu-
naux. Tous les actes des officiers du comte rcsteiu
valables, sauf à Barrai à les attaquer par les voies
de droit. Par un autre acte du même mois [ih'ul.
pp. 174, 17a), Barrai reconnaît que c'est par puie
grâce qu'Alfonsc lui a fait cette restitution, s'en-
gage à lui être fidèle à l'avenir & à s'acquitter de
tous les d.i/its féodaux, & promet d'aller, dans
l'année, servir en Terre-Sainte avec dix arbalé-
triers à cheval, pendant une anr)ée entière. —
Par un troisième acte [itid. n. 4o38j J. 3io,
n. i8], le même Barrai promet de ne pas molester
ceux de ses vassaux qui ont embrassé la cause de
son suzerain. Enfin, par un dernier acte, il déclare
que, au cas où il mourrait avant d'accomplir son
pèlerinage, son fils aîné Bertrand le ferait à sa
place (iA«<.). [A. M.)
' Trésor des chartes; Toulouse, sac 5, n"' 3i &
32 ; Fondations, sac 2, n. 16. — [Originaux scel-
lés; Teulet, t. 3, pp. 181 à i83 ; l'acte est du 3 mai
1 2J3.]
* Trésor des chartes; Toulouse, sac 6, n. 34.—
Le conservateur des privilèges apostoliques du
comte Alfonse semble avoir été à ce moment le
trésorier de Poitiers. Du moins c'est à lui que
sont adressées les bulles du pape Innocent IV que
dom Vaissete va analyser. En voici la liste; nous
y joignons l'indication de quelques autres docu-
ments analogues, qui n'ont pas encore été signa-
lés. — 14 mars I253, donation des usures 8c res-
titutions de biens mal acquis jusqu'à concurrence
de trois mille marcs d'argent. (J. 3 12, n. 34 (.'>),
Teulet, t. 3, p. 176). — 21 mars I253, donation
des legs pieux dans l'étendue des domaines du
com.te {ihid.); du même jour, bulle pour le rachat
des vœux de croisade (li/rf.); du même jour, per-
mission au trésorier de Saint-Hilaire d'absoudre
les croisés des excommunications qu'ils auront pu
encourir (J. 442, n. 3; Teulet, t. 3, pp. 176, 177);
— du même jour, ordre au même de forcer les
barons & chevaliers des domaines d'Alfonse, qui
se sont croisés, à passer en Terre-Sainte avec le
comte au prochain passage ou à racheter leur vœu
(J. 442, n. 4 (4); Teulet, t. 3, p. 177); —du
An i2J3
83 1
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XXVI.
pour cette expédition, lui accorda, lorsqu'il se mettroit en chemin : i° Trois
mille marcs d'argent sur les restitutions des usures & des biens mal acquis
qui seroient faites dans le royaume de France & les comtés de Toulouse, Poi-
tiers, Provence & Bretagne. 2° Les rachats que dévoient payer ceux qui s'étant
croisés pour la Terre-Sainte ne pourroient ensuite exécuter leur vœu. 3° Les
legs faits en général pour le secours de la Terre-Sainte. Alfonse ne profita
pas de ces concessions, parce que divers obstacles s'opposèrent à son départ.
L'archevêque de Narbonne & les évêques de Béziers, Lodève Si Agde lui
firent des remontrances', au mois de mai de la même année, touchant le
bruit qui s'étoit répandu qu'il alloit faire restituer aux plus proches parens
des hérétiques, moyennant une certaine somme ^, les biens qui avoient été
29 mars, nouvelle bulle pour l'assignation à Al-
fonse des sommes provenant du rachat des vœux
de croisade dans ses domaines (J. 3i2, n. 3^ (i)j
Teulet, t. 3, pp. 177, 178). — Quelques mois plus
tard autres bulles pour cette affaire : du 1" oc-
tobre, permission au trésorier d'absoudre les croi-
sés de leurs péchés (J. 3 1 2, n. 34 (8); Teulet, t. 3,
p. 196); — du 17 octobre, confirmation à Alfonse
du droit de percevoir les legs pieux, restitutions
& usures (J. 3i2, n. 34(2;; iiiA.); — du même
jour, ordre à l'abbé du Pin (diocèse de Poitiers) &
au trésorier de Saint-Hilaire d'assurer à Alfonse la
jouissance des grâces qui lui ont été concédées par
le Saint-Siège en vue de sa croisade. (J. 442, n. 7 ;
Teulet, t. 3, p. 197.) — Ces concessions furent
renouvelées par Alexandre IV, successeur d'Inno-
cent. Le 28 janvier 12:56, il ordonna au trésorier
de Saint-Hilaire de continuer à percevoir les ra-
chats de vœux, les sommes provenant de restitu-
tions, &c., dans les terres du comte, en Navarre,
en Bretagne & en Provence, pour les remettre à
Alfonse, quand il partira. (J. 3i2, n. 34 (10);
Teulet, t. 3, pp. 283, 284.) — Le 8 mai suivant,
il ordonne au même de forcer les croisés des Etats
du comte à passer en Terre-Sainte ou à racheter
leurs vœux. (J. 3 12, n. 34 (i5)i Teulet, t. 3,
p. 294.) — 4 juillet 1206, nouvelle bulle sem-
blable à celle du 28 janvier {ihid. p. 309). —
Enfin le 12 novembre 1207, le même pape en-
joint encore audit trésorier de veiller à ce que
l'argent provenant des revenus concédés à Al-
fonse ne soit pas détourné de son usage. (J. 3 12,
n. 34 (1 3)j Teulet, t. 3, p. 389.) — Ces ressources
étaient loin d'être à dédaigner; ainsi, dans la
seule année 1 200, Alfonse perçut de ce chef six
mille six cent quarante-neuf livres tournois; il
est vrai que les recettes tombèrent rapidement à
mille & même à deux cent cinquante livres.
(Boutaric, Alfonse de Poitiers, p. 3 14, note.)
Toutefois c'était une précieuse ressource pour des
expéditions aussi ruineuses & aussi difficiles.
[A. M.|
' Voyez tome VIII, Charles, n. CCCIII, ce. i322
à 1324.
' Ce projet financier d'Alfonse sem.ble ne pas
avoir eu de suite; mais à en croire les plaintes
des prélats, le rachat des biens tombés en com-
mise pour hérésie aurait, dans l'idée des officiers
d'Alfonse, constitué une sorte de fouage pesant à
la fois sur les catholiques & les hérétiques. — Les
poursuites contre ces derniers ne paraissent pas,
du reste, s'être ralenties à cette époque. Le 1 1 mai
1262, Innocent IV avait renouvelé les pouvoirs
des frères prêcheurs, inquisiteurs dans la province
de Narbonne. (J. 43 I, n. 26 ; Teulet, t. 3, p. iSj.)
— De plus, vers mai 1 264, Alfonse fit présenter à
la curie romaine le projet d'une nouvelle bulle
réglementant & aggravant les peines prononcées
contre les hérétiques. On peut voir ce projet au
tome VIII, c. i333 & suiv. En voici les disposi-
tions les plus intéressantes. La bulle est adressée
au prieur des frères prêcheurs, à Paris. Les noms
des témoins & leurs dépositions ne seront ni en-
tièrement publics, ni absolument secrets; celles-ci
seront communiquées à des prél.Tts & autres per-
sonnes discrètes, choisies & convoquées par l'in-
quisiteur. Les prédicateurs-quêteurs seront sous la
haute main de l'inquisiteur, qui pourra leur in-
terdire ou leur permettre à son gré les sermons
publics. — Une partie de ces dispositions fut
adoptée par la cour romaine & insérée par elle
dans une bulle du 11 juillet 1254. (Original,
J. 43 I , n. 27; Teulet, t. 3, pp. 21 5, 216.) Les dé-
positions durent être reçues en présence de deux
ecclésiastiques, au choix de l'inquisiteur, & trans-
crites séance tenante & devant eux. L'inquisiteur,
en prononçant l'incarcération ou en rendant l'ar-
rêt, devra prendre l'avis de l'ordinaire ou de ses
vicaires. Une autre bulle, du i3 juillet, donna
en outre à l'inquisiteur le droit d'interpréter les
statuts faits contre les hérétiques, en prenant
l'avis de l'ordinaire & de cacher les noms des
témoins & des dénonciateurs. (Original, J. 4JI,
n. 29; Teulet, t. 3, pp. 216, 217.) |A. M.]
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XXVI.
833
An \2
confisqués sur ces derniers. Enfin', au mois de juillet suivant, il fit le bail
de la nouvelle monnoie qu'il devoit faire fabriquer à Toulouse^.
XXI. — Le comte de Toulouse a des sujets de querelle avec le roi
d" Angleterre.
L'année suivante Alfonse eut quelque démêlé avec Henri III, roi d'Angle-
terre, qui avoit passé la mer pour punir la révolte des Gascons. Les Anglois
causèrent alors divers dommages aux sujets d'Alfonse, & étendirent leurs
courses jusqu'aux portes de Toulouse -^. Le comte en porta des plaintes à
Henri, qui en réparation de ces dommages, s'engagea'* de payer sept mille
deux cent cinquante-huit livres de Bordeaux. Alfonse, par des lettres datées
de Vincennes, le iS de mars de l'an i253 (1254), commit la répartition de
cette somme à Hugues d'Arcis, son sénéchal de Toulouse, a proportion des
pertes que ses sujets avoient faites, en comptant soixante-six sols huit deniers
de Bordeaux pour un marc d'argent. La bonne intelligence étant ainsi réta-
blie entre les deux princes, Henri donna des lettres de sauvegarde dans son
camp auprès de Bergerac, le 28 juin suivant, en faveur des marchands du
comté de Toulouse qui négocieroient en Gascogne, à condition qu'ils n'ap-
porteroient pas de vivres à ses ennemis''. Il paroît qu'Henri Se Alfonse eurent
bientôt après quelque nouveau sujet de dispute, car ils convinrent* d'ar-
bitres qui dévoient s'informer, dans la quinzaine de la Nativité de la Vierge,
des dommages que leurs sujets s'étoient causés les uns aux autres, indépen-
damment de l'infraction de la trêve, pour laquelle il y avoit d'autres commis-
saires nommés.
An
1234
' Voyez tome VIII, Chartes, n. CCXCV, ce. 1297
à i3o I .
' L'histoire de la monnaie de Toulouse a été
faite par Boutaric, pp. 184, 187. Nous allons ré-
sumer ce qu'il en dit, en renvoyant, pour les
détails, au tome VIII, où nous donnons quel-
ques-uns des actes qui se rapportent à cette affaire.
Alfonse, en prenant possession de ses États, rem-
plaça l'ancienne monnaie toulousaine, dite sep-
tine, par une monnaie imitant la monnaie tour-
nois 8t dont la ressemblance arec la monnaie
royale lui attira même des reproches de la part
de son frère Louis IX. (Cf. Boutaric, pp. 189,
190.) Cette monnaie fut donnée à bail par son
sénéchal, le i"'aoùt 12J1, pour trois ans. Ce pre-
mier bail dut être résilié, & en avril I253 nous
trouvons d'autres fermiers de la monnaie, qui de-
mandent à leur tour au sénéchal, Pierre des Voi-
sins, la résiliation de leur contrat. fCf. tome VIII,
ce. i3i9-i32i.) Les torts étaient réciproques; le
sénéchal n'avait pas tenu ses engagements & les
fermiers avaient pris à ferme la monnaie royale
de Carcassonne & y avaient porté du billon pro-
venant de Toulouse. L'affaire fut soumise à deux
bourgeois de Toulouse, dont un changeur, qui dé-
cidèrent que le traité était nul, &. rendirent leur
liberté aux deux parties; celles-ci acceptèrent la
décision des arbitres. (Cf. tome VIII, ce. i32i,
|322, & Teulet, t. 3, p. 179.) C'est alors qu'Al-
fonse conclut le nouveau traité, auquel dom Vnis-
sete vient de faire allusion, & qu'on peut voir au
tome VIII. Les conditions imposées aux nouveaux
fermiers étaient sans doute plus équitables, car
l'un d'eux reprit l'affaire pour son compte per-
sonnel en 1256. (Boutaric, p. 187.) [A. M.]
> Voyez tome VIII, Chartes, n. CCXCII.c. 1284.
* Cartulaire d'Alfonse. |JJ. 24 b, f 1 *.]
' L'acte original est au trésor des chartes, J. 307,
n. 5i j cf. Teulet, t. 3, p. 212. L'analyse qu'en
donne dom Vaissete est d'ailleurs parfaitement
exacte. [A. M.]
^ Rymer, Acta publica, t. I, p. 52 1 .
"";; — : — 834 histoire générale de Languedoc, liv. xxvi.
XXII. — Le rot revient en France avec divers chevaliers de la Provincç qui
l'avaient suivi à la Terre-Sainte. — Seigneurs de Castres & de Lombers,
Le roi, après un séjour de près de six ans outre-mer, se disposa enfin h.
repasser en France où sa présence étoit absolument nécessaire. Il se rendit,
au mois d'avril de l'an 1254, à Acre où il devoit s'embarquer & où il donna,
avant son départ, aux frères de Saint-Lazare d'Acre', la permission d'en-
voyer, une ou deux fois l'an, un de leurs vaisseaux au port d'Aigues-mortes
,_''jij°p8j"- pour y trafiquer avec exemption de toute sorte de droits. Le roi s'embarqua
ensuite, le vendredi 24 d'avril, avec toutes ses troupes, excepté cent chevaliers
qu'il laissa pour le secours des chrétiens de la Terre-Sainte.
Philippe I de Montfort, seigneur de Castres, fut du nombre de ces der-
niers. Il fixa son séjour^ dans la Terre-Sainte où il avoit épousé en secondes
noces Marie d'Antioche, dame de Thoron, dont il eut plusieurs enfans. Il
laissa l'administration de sa terre de France 6- d'Albigeois à Philippe II, son
fils, qu'il avoit eu d'Eléonor de Courtenay, sa première femme, morte avant
l'an i23o, & se réserva deux mille livres tournois de rente pendant sa vie sur
ces biens, dont il disposa dans la suite en faveur du même Philippe II dit
le Jeune, son fils. Guide Montfort, seigneur de Lombers, en Albigeois, frère
consanguin de Philippe I, avoit accompagné aussi le roi à la Terre-Sainte j
mais il mourut sans enfans au commencement de cette expédition. Lambert
de Monteil-Adhémar, son oncle maternel, lui succéda dans la baronie de
Lombers.
Quant à Olivier de Termes, au vicomte Trencavel & à la plupart des autres
chevaliers de la Province qui avoient suivi le roi outre-mer, ils s'embarquè-
rent pour repasser avec lui en France. Après le départ de la flotte elle essuya
une rude tempête auprès de l'île de Chypre, 8c le péril fut si grand ^ qu'Oli-
vier de Termes, n'osant s'exposer davantage à la mer, demanda qu'on le
débarquât dans cette île : on lui accorda sa demande & le roi continua sa
route. Cette action d'Olivier ne fit aucun tort à sa réputation, & Jean, sire
de Joinville, témoin oculaire Si non suspect, rend"^ à cette occasion un témoi-
gnage bien avantageux à ce chevalier. « Le grant doumaige, dit ce naïf his-
torien, que li roys eust fait au peuple qui estait en sa nef, puet Von veoir à
Olivier de Termes, qui estait en la nef le roy ; liquex estait uns des plus
hardis hommes que je onques veisse £• qui miex s'estait prouve-^ en la Terre-
Sainte : n'osa demeurer avec nous pour poaur de naierj ainçois demeura en
Cypre, 6- at tant de destourhiers qu'il fu avant un an 6- demi que il revenist
'Manuscrits de Colhert^ n. 2669. [Lat. <)'Jli, ■• Joinville, p. ii3 & siiiv. [Édition de Wailly,
1° 25o b.\ p. 344. Nous remplaçons le texte rajeuni & mu-
° Domaine de Montpellier; AIbi, n. 8. — Voyez tilé donné par dom Vaissete par un passage em-
tome VII, î^ote XLIV, pp. i25, 126. prunté à l'édition plus haut citée.]
' Joinville, p. 108 & suiv. [Edition de Wailly,
p. 338 & suiv.]
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XXVI.
835
/Vn i25j
au roy ; &■ si estait grans hom &■ riches hom, &- bien pooit paier son passaige.
Or regarde-:^ que peties gens eussent fait qui n'eussent eu de quoy paier, quant
teix hom ot si grant destourbier. »
XXIII. — Le roi arrive à Beaucaire &• parcourt une partie du Languedoc.
Origine de l'assemblée des trois Etats de la Province,
Le roi Louis IX arriva ' devant le château d'Hyères, en Provence, le lo de
juillet, &, quoiqu'il eût formé le dessein d'aller débarquer à Aigues-mortes,
il descendit néanmoins deux jours après en Provence, d'où, après avoir passé
le Rhône, il se rendit à Beaucaire. Il donna quelques chartes* dans cette
ville datées du mois de juillet ; une entre autres en faveur de Trencavel ,
ancien vicomte de Béziers, qui lui ayant représenté que les lieux de la Cal-
mette Se de Bellegarde, qu'il lui avoit assignés pour trois cens dix livres de
rente, ne valoient pas cette somme, il y ajouta trente livres de rente sur le
péage de Beaucaire.
Les chevaliers &• les bourgeois^ de cette ville firent alors des plaintes au
roi contre ses officiers de justice*} ce qui engagea ce prince à publier une
' Joinville, p. 1 1 5 & suiv. [Édition de Wailly,
p. 358 & suiv.]
' Manuscrits de Coliert, n. 2670. [Lat. 9778,
f" 283.]
î Voyez tome VllI, Chartes, n. CCCVIII.cc. i337
à 1340.
* La charte de Louis IX dit, en effet, que les
habitants de Beaucaire ont porté leurs plaintes
devant le roi 5 mais rien ne prouve que celui-ci
ne parle pas du long mémoire présenté par eux
quelques années auparavant à ses enquêteurs.
Nous le donnons au tome VII (Enquêteurs rcyaux,
registre D), & une analyse sommaire de ce texie
permettra de reconnaître que l'ordonnance du roi
Louis IX fit droit à la majeure partie de ces justes
réclamations. — 1° Les habitants réclament le
droit de nommer leurs consuls, privilège que leur
avait accordé le comte Raimond VII, en 1217,
& qu'avait supprimé le sénéchal de Beaucaire,
Pèlerin. — 2" Ils réclament contre l'usage intro-
duit par le même officier de lever des gages sur
les parties dés l'ouverture de la cause, contre
l'habitude jusque-là établie. — 3° Le même a
confisqué des droits de pacage à eux donnés par
le comte de Toulouse, & les a forcés à payer pour
leur usage le trentième du bétail. — 4° Le setier
du marché de Beaucaire ou droit de mesure avait
été donné aux habitants & consuls par le comte
de Toulouse; le sénéchal le leur a enlevé. —
5" De tout temps la défense d'exporter le blé ne
pouvait être prononcée par le sénéchal que de
l'aveu des habitants; depuis c::.q ans (en 1248)
>1 s'est affranchi de cette obligation. — 6" De-
puis le même temps les officiers de la cour, au-
tres que le viguier Se le juge, ont cessé de payer
leur part des dépenses communes de la ville. —
7° Ils demandent que le viguier & le juge soient
changés tous les ans, qu'ils s'engagent par ser-
ment à observer les us & coutumes de la ville, &
qu'ils ne reçoivent de leurs subordonnés que le
boire & le manger. — 8° Depuis 1246 on a sup-
primé les deux charges de maîtres jurés, qui déci-
daient toutes les contestations relatives aux bâti-
ments, S*, ce gratuitement & sans frais. — 9" Les
sénéchaux ouvrent les pâturages du château aux
bestiaux des communautés deTarascon & d'Arles.
— 10" Malgré les anciens privilèges des comtes de
Toulouse les sénéchaux lèvent des tailles & des
quêtes dans le château. — 11° Depuis le temps de
Pierre d'Athies, les sénéchaux n'observent plus la
règle qui défend au viguier d'agir avant que le
juge ait prononcé la sentence, & de retenir en
prison préventive l'accusé qui offre caution, sauf
le cas de crime puni de mort ou de mutilation. —~
12" Autrefois les juifs de Beaucaire payaient leur
part des dépenses de la ville; le sénéchal Pèlerin,
voulant les avoir sous sa main, les a soumis à une
taxe annuelle spéciale, en les exemptant de toute
contribution aux dépenses de la ville. — Nous ne
laissons de côté que quelques faits particuliers
énoncés par les syndics de Beaucaire. — Si l'on
compare les demandes faites en 1248 par les ha-
bitants de Beaucaire & l'ordonnance rendue par
Louis IX en leur faveur en 1254, on verra que ce
prince fit seulement droit à leurs plaintes touchant
l'exercice de la justice, la procédure de sa cour,
— : : — 836 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXVI.
An I2J4
ordonnance datée de Saint-Gilles, au mois de juillet de l'an 1264, laquelle
contient divers règlemens pour l'administration de la justice, ccnjormément
à l'usage établi dans le pays depuis les temps les plus reculés. Entre ces règle-
mens l'un des plus remarquables est le suivant : « Afin qu'il soit permis aux
« habitans de Beaucaire, dit le roi, d'user plus librement de leurs biens,
« nous défendons étroitement à nos sénécbaux de les empêcher de porter où
« ils voudront leur blé, leur vin & leurs autres denrées pour les vendre; à
« condition, toutefois, qu'ils ne fourniront ni armes, ni vivres aux Sarrasins,
« tant que les chrétiens leur feront la guerre, ni à tous ceux qui seront en
« guerre avec nous. S'il arrivoit cependant quelque cas pressant, pour lequel
« il conviendroit de défendre de porter les denrées hors du pays, le sénéchal
« assemblera alors un conseil non suspect, auquel se trouveront quelques-
« uns des prélats, des barons, des chevaliers &. des habitans des bonnes villes,
« de l'avis desquels le sénéchal fera cette défense ; & quand elle aura été faite
« il ne pourra la révoquer sans un conseil semblable. Durant la défense il
« ne fera grâce à personne ; ce que nous voulons être étendu aux cours de
Éd-origin. (, PQ5 sénéchaussécs de Beaucaire & de Carcassonne, & être exactement
« observé par elles, n Le roi déclare ensuite que tous ceux de Beaucaire con-
tribueront également aux collectes communes, excepté le viguier, le juge &
le notaire de la cour ou le greffier, qu'il veut être exempts de tailles ; sauf le
privilège des particuliers. Ce prince confirma aussi les habitans de Beaucaire
dans l'usage ancien où ils étoient de se servir du droit écrit} « non pas,
« ajoute-t-il, que l'autorité de ce droit nous oblige Se nous astreigne 5 mais
« parce que nous ne voulons pas pour le présent changer leurs moeurs &
« leurs coutumes. »
Cette ordonnance, qui est très-importante pour les privilèges 8t les immu-
nités de la Province, & qui a échappé aux recherches de nos compilateurs,
établit parfaitement l'usage où on étoit alors, usage qui a été suivi depuis
presque sans interruption, d'assembler les trois Etats du pays pour les con-
sulter lorsqu'il s'agissoit de quelque matière intéressante pour les peuples.
C'est là le plus ancien monument qui prouve que le tiers état ait été nom-
mément appelé dans les assemblées de la Province & même du royaume.
Ainsi on peut le regarder comme le principal fondement qui a donné l'ori-
gine à nos états, suivant la forme qui s'y est observée depuis, lesquels ne
sont devenus généraux que par le concours des états particuliers de chaque
sénéchaussée qui s'assemblèrent d'abord séparément 8<. qui s'étant réunis dans
la suite n'ont composé qu'un seul corps; nous traiterons ailleurs cette matière
avec plus d'étendue.
l'interdiction d'exporter le blé, la contribution chartes de Raimond de Toulouse qui les contien-
de ses officiers aux dépenses de la commune, le nent sont de 1217, c'est-à-dire d'une époque où
serment du viguier & la prison préventive. — Les il était excommunié & en guerre avec les catho-
autres articles furent repoussés, soit que les con- liques. — Quoi qu'il en soit, on voit par cette
, suis n'eussent pu prouver la vérité de leurs asser- analyse quel intérêt peut présenter la comparaison
tions, soit que les privilèges dont ils réclamaient des ordonnances de réformaticn de Louis IX &
l'usage eussent paru peu légitimes; en effet, les des enquêtes qui les avaient précédées. [A. M.j
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXVI. 83? "~ ~
' An 1204
XXIV. — Seigneurs & évêqiies d'U-^ès. — Ahhaye de Fonts, près d'Alais,
Différend des évéques du Puy avec le roi pour la régale.
On voit par la même ordonnance que le roi saint Louis, après avoir passé
à Beaucaire, se rendit à Saint-Gilles; il alla ensuite à Nimes où il demeura
quelques jours de la fin du mois de juillet & du commencement d'août, & il
y donna diverses chartes. L'une des premières fut pour confirmer' la dona-
tion que le feu roi, son père, avoit faite en 1226 en faveur de Raimond,
évêque d'Uzès. Le nom du successeur de ce prélat, à qui saint Louis accorda
cette grâce, n'est pas marqué; nous savons qu'il s'appelloit Bertrand 8c qu'il
avoit succédé à Pons, lequel acquit % en 1242, la huitième partie de la sei-
gneurie d'Uzès, de Raimond IIP, seigneur d'Uzès en partie ê<. de la tour
d'Aiguës, fils de feu Raimond, seigneur du Cayla & frère de Guillaume dit
Martorel. Philippe de Mamolène, femme de Raimond III, ratifia cette vente,
& Rostaing de Sabran, leur fils, en fit autant l'année suivante. Ces seigneurs
d'Uzès étoient de la maison de Sabran, de même qu'Eléazar IV, qui possédoit
en même temps une autre partie de la seigneurie de cette ville. Ce dernier
testa'*, en 1254, Se laissa un fils, nommé Bérenger, qui lui succéda dans une
partie de la moitié de la seigneurie d'Uzès. L'autre moitié appartenoit alors
en entier à Decan, descendant des anciens seigneurs d'Uzès, qui confirma,
en 1254, avec l'évêque & le prévôt de la cathédrale, l'accord fait, en 11 44,
entre leurs prédécesseurs. Le même Decan, seigneur d'Uzès, fondé de pro-
curation de Robert, son irère, chapelain du pape, céda au roi, en 1264, les
droits qu'il prétendoit sur le château de Cauvisson, moyennant vingt livres
tournois de rente. Ce Robert d'Uzès fut fait évêque d'Avignon ^ en 1267.
Bertrand, évêque d'Uzès, vivoit encore en 1272.
Parmi les chartes que le roi donna à Nimes, au mois d'août de l'an 1254,
une des principales est celle <5 qu'il fit expédier en faveur des habitans de
cette ville, 81 qui est à peu près semblable à celle qu'il avoit donnée peu de
jours auparavant en faveur de ceux de Beaucaire. 11 assigna par une autre''
' Gallia Chr'tiùana , nov. edit. t. 6, Instr. c. 3o6 en voici l'analyse sommaire. — Les habitants de
& seq. Nimes choisiront les banniers (sorte de gardes
' Manuscrit d'Auiays, n. 88. — Voyez tome IV, champêtres) & les présenteront à la Cour du roi
Note LU, p. 218 & suiv. qui les nommera. Cette permission, .Tccordée par le
' Il faut corriger Rainen & non RaimonJ, Cf. roi, est toute temporaire & ne donne aucun droit
à ce sujet Charvet, La première maison dU\is, aux habitants. — Le juge & le viguier seront nom-
pp. 94, 9.5. [A. M.] mes pour un an. — L'enquête, ordonnée par la
' Voyez tome VIII, Chartes, n. CCCVI, ce. 1329 coutume du pays en matière criminelle, sera faite
à i333. par des juges jurés, qui infligeront l'amende & la
^ Gallia Christiana, nov. edit. t. 3. Addition à lèveront immédiatement, sauf appel. — L'accusé
la page 819 du tome 1. pourra payer l'amende par avance pour éviter le
* Voyez tome VIII, Chartes, n.CCCVIII,cc. i339 jugement; mais le juge & le viguier ne devront l'y
& 1340. — En effet, une partie des articles de cette contraindre ni par menace, ni par ruse. [A. M.]
ordonnance se retrouve dans celle de Beaucaire; ' Manuscrits de Colhert, n°» 2669 & 2670. [Cf.
pourtant quelques-uns des articles sont différents; lat. 9778, f° 212 a.]
An I
204
838
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXYI.
Éd. origin.
t. III, p. 481.
de même date trente livres de rente annuelle aux religieuses de Fonts, près
d'Alais, de l'ordre de Cîteaux, sur le péage de cette ville, au lieu de la
dixième partie du péage de la R.oque que Pierre Bermond, alors seigneur de
Sauve & de la moitié d'Alais, leur avoit donnée pour l'entretien de sept reli-
gieuses ; ce qui ne suffisoit pas. Enfin le roi , par une troisième charte de
même date, accorda, à la prière des archevêques d'Arles, de Narbonne 81
d'Aix, & de plusieurs autres prélats qui étoient à sa suite, aux ecclésiastiques,
aux religieux & à leur famille, une exemption de péage à Beaucaire, excepté
pour les marchandises. Ce prince se rendit ensuite à Alais & continua sa
route par les Cévennes. Étant arrivé au Puy', le dimanche veille de Saint-
Laurent g d'août, il y reçut ce jour-là le droit de giste de la part des bour-
geois; le lundi 10, de la part de l'évêque élu du Puy, & le mardi, de la part
du chapitre; ainsi il séjourna trois jours dans cette ville.
Cet évêque^ élu du Puy, nommé Bernard de Ventadour, avoit succédé,
dès la Pentecôte de l'an iiSi, à Guillaume de Murât. Il refusa d'abord de
reconnoître le droit de régale sur son église; mais, s'étant rendu à la Cour,
il le reconnut sur la ville du Puy seulement, devant le conseil du roi'; le
mardi après l'octave de la Pentecôte de l'an 1254. Il fut reçu ensuite à prêter
le serment de fidélité. Comme il prétendoit, cependant, que le chapitre ne
devoit pas dénoncer au roi la vacance du siège, ni lui demander la permis-
sion d'élire, & que la régale ne s'étendoit pas sur les domaines de l'évêché
situés hors de la ville, on étoit convenu qu'on feroit une enquête 81 qu'on
s'en rapporteroit à la décision des arbitres. Le roi étant enfin arrivé au Puy,
ce prélat & son chapitre d'un côté &C. ce prince de l'autre, choisirent pour
décider ce différend Philippe, archevêque de Bourges; nous ignorons si Ber-
nard de Ventadour fut sacré après ce compromis 3. On assure que ce prélat
' Ducange, Observations sur l'histoire Je Join-
vllle. — Brussel, Usage des fiefs, t. i, p. 553.
^ Galîia Christiaiia, nov. edit. t. 2, p. 71 5. —
Manuscrits de Colbert, n. ziSy. — Registrum curiae
Franciae,
' Sur cette affaire de la régale du Puy on peut
consulter Lenain de Tillemont, t. 4, pp. 126, 127.
Mais ni lui, ni dom Vaissete n'ont connu tous les
actes relatifs à cette affaire, qui ne manque pas
d'importance. En voici l'historique d'après les
pièces conservées aujourd'hui au trésor des chartes.
Bernard de Ventadour avait dû reconnaître que
les droits de régale du roi sur la ville du Puy &
les biens de l'évêque situés à l'intérieur de la ville
n'étaient pas douteux; il voulut prêter sur-le-
champ serment de fidélité, mais le conseil du roi
ne voulut recevoir son serment que sous condition
& après promesse de laisser faire une enquête sur
la question de fait & de droit. C'est ce que disent
ses lettres du 9 juin 1264, que dom Vaissete in-
dique ici & qu'on peut voir dans Teulet, t. 3,
p. 211, d'après J. 338, n. 4"; original scellé.
L'acte est daté de Paris. Revenu au Puy, l'évêque,
de concert avec son chapitre & avec le consente-
ment du roi, choisit pour arbitre Philippe, arche-
vêque de Bourges (août 1254; Teulet, t. 3, p. 219;
J. 333, n.4'; original scellé). L'affaire traîna as-
sez longtemps, & on revint, en 1 256, à l'idée d'une
enquête; Arnaud, successeur de Bernard de Ven-
tadour, y donna son consentement, le 1"''' juillet
1255. Il s'agissait de la régale des biens situés hors
de la ville du Puy; on devait aussi rechercher si
le chapitre était obligé, après la mort d'un évêque,
de demander au roi la permission de faire une
nouvelle élection. (Teulet, t. 3, pp. 3o7, 3o8 ; ori-
ginal,!. 338, n. 5'.) Le chapitre cathédral con-
sentit à son tour à l'enquête au mois de juillet.
(Ihid. p. 3i2; J. 338, n. 5'.) Quand Gui Foucois,
ancien clerc du roi, fut devenu évêque du Puy,
c'est-à-dire en novembre 1257, le chapitre essaya
défaire régler la question en sa faveur; il pria le
roi d'engager le nouvel élu à accepter les fonctions
épiscopales, & réclama en même temps les régales
de son église. (Original, J. 346, n. 43; Teulet, t. 3,
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXVI. 889 ■
reçut au Puy', le vendredi saint 20 de mars de l'année suivante, le roi saint
Louis qui s'y rendit, dit-on, pour le jubilé qu'on avoit accoutumé d'y gagner
lorsque les deux fêtes se rencontroient. Mais outre que l'Annonciation tom-
boit, en i255, le jeudi &. non le vendredi-saint, il n'y a aucune preuve que
le roi ait fait ce voyage 5 d'ailleurs Bernard de Ventadour, évêque du Puy,
mourut en 1264, & Arnaud de Polignac, abbé de Saint-Pierre de La Tour Se
prévôt de la cathédrale, lui succéda la même année. Le roi, durant le séjour
qu'il fit au Puy, au mois d'août de l'an 1264, y reçut^ l'hommage de Barthé-
lémy, évêque de Cahors, pour cette ville & le comté; il poursuivit sa route
par Brioude, Issoire, Clermont, &vc.
XXV. — Le roi envoie des commissaires dans les sénéchaussées de Beaucaire
^ de Carcassonne, — Concile &• évêques d'Albi.
Ce prince, également attentif au bien spirituel 8c au bien temporel de ses
sujets de la Province, y ordonna la tenue d'un concile & nomma des com-
missaires dans les deux sénéchaussées de Beaucaire & de Carcassonne pour la
restitution des biens & des droits unis mal à propos au domaine, en faveur
de ceux qui prouveroient qu'ils en avoient été injustement dépouillés. Ces
commissaires furent-' Philippe, archevêque d'Aix, frère Pons de Saint-Gilles,
de l'ordre des Prêcheurs, frère Guillaume-Robert de Beaucaire, de celui des
Mineurs, 8c le fameux Gui Fulcodi. Ils se rendirent à Nimes, au mois de
novembre suivant, 8c rétablirent les habitans de cette ville dans l'ancienne
forme d'élire leurs consuls, que le sénéchal 8c le viguier avoient changée.
Le concile fut tenu"* à Albi 8c composé des évêques des provinces de Nar-
bonne, Bourges 8c Bordeaux. Zoën, évêque d'Avignon, y présida en qualité
de légat cju Saint-Siège, 8c on y dressa soixante-douze canons : 1° Pour l'en-
tière extirpation de l'hérésie du pays ; sur quoi on se conforma à ceux du
concile de Toulouse de l'an 1229, les évêques en supprimèrent seulement ou
p. 392.) L'affaire fut alori ex.iminée par le parle- Le chapitre accepta cette décision au mois d'août*
ment, qui rendit l'arrêt dans ses assises de la Pen- suivant [ihii. p. ^83 ; original, J. 338, n. 6), &
tecôte Iî58. (Boutaric, Actes du Parlement, t. i, remercia le roi d'avoir terminé cette affaire en sa
p. 20, n. 242.) L'arrêt fut approuvé par le roi, faveur. Lennin de Tillemont remarque avec rai-
mais après plus d'une année de retard, en juillet son [ut supra) que les légistes de Louis IX ne
I 2.59. Louis IX renonça au droit d' prendre pos- paraissent pas avoir connu certain acte de 1212,
session, pendant la vacance «iu siège, du palais qu'il indique, acte qui aurait pu donner gain de
épiscopnl & des châteaux situés hors du chef-lieu cause au roi. — La question ne fut pas réglée
du diocèse, & reconnut que le chapitre n'était définitivement par cet arrêt de 1258, & nous
point obligé de lui notifier la mort de l'évêque & verrons plus tard que les démêlés se renouvelèrent
de lui demander la permission de procéder à une en 1295 8c 1296 & même en i326. [A. M.]
nouvelleelection.il retint seulement le droit de ' Gissey, Histoire du Puy, p. 390. — Gallin
réclamer la remise temporaire ratione dominii , Ckristiana, nov. éd. t. 2, p. 7l5.
pour raison de suzeraineté, des fortifications de la ' Manuscrits de Coliert, n. 2670. [Cf. lat. 9778,
cité, & celui d'y exercer jure regalium, par droit f° loû i.]
de régale, pendant la vacance du siège, la juri- ' Voyez tome VIII, Chartes, n.CCCX,cc. 1344,
diction temporelle, d'y percevoir les péages, &c. 1345.
(Copie, J. 338, n. 6j Teulet, t. 3, pp. .474, 475.) * Concilia, t. 11, c. 722 & seq.
An 1264
: — 840 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXVI.
An 12^4 ^
y ajoutèrent quelque chose par rapport aux circonstances présentes. 2° Pour
le rétablissement de la discipline ecclésiastique & régulière. On y ordonna
entre autres de tenir un double registre de l'inquisition & de garderies deux
originaux séparément dans des lieux sûrs; de construire des prisons dans
chaque diocèse pour y mettre les hérétiques qui seroient condamnés à y être
renfermés; d'exhumer & de brûler les ossem'ens de ceux qui étoient morts
dans l'hérésie, &c. On défendit aux juifs de porter des chapes rondes, afin
qu'on ne les confondît pas avec les chrétiens; on leur ordonna, pour se dis-
tinguer, de porter sur la poitrine une roue d'un doigt d'épaisseur 8<. d'une
palme de diamètre. On y défendit enfin de lever de nouveaux péages. Ce
concile est postérieur à la mort du pape Innocent IV, qui y est qualifié de
bonne mémoire dans le trente-cinquième canon & qui décéda le 7 de décembre
de l'an 1264. Ainsi s'il fut tenu cette année, comme on le prétend', ce fut
durant le carême de l'an i255, qu'on ne comptoit encore alors que 1254, à
commencer à l'Incarnation. On doit conclure de là que Durand, évêque
d'Albi, n'y assista pas, puisqu'il mourut^ le vendredi avant la Saint-Laurent
de l'an 1254. Bernard de Combret, prévôt de la cathédrale, lui succéda & fut
élu le lendemain.
XXVI. — Fin des vicomtes de Minerve,
Le roi, quelque temps après son arrivée en France, y donna 5, par une
charte datée de Pontoise, au mois d'octobre de l'an 1264, à Guillaume de
Minerve, chevalier, à cause des services qu'il en avoit reçus, cinquante livres
Éd.origin. de rente en fief, nu'il promit de lui assigner sur les terres qui avoient été
confisquées sur lui. Guillaume est le dernier que nous connoissions de la
race des anciens vicomtes de Minerve, dont le roi s'appropria les domaines, à
cause que ceux de cette maison eurent le malheur d'embrasser les erreurs des
albigeois. Il avoit suivi le roi à la Terre-Sainte'* & avoit épousé Blanche,
sœur d'Olivier de Termes, à laquelle le roi donna en i253, en considération
des services de son frère, soixante livres de rente sur les biens qui avoient été
confisqués sur son mari pour avoir de quoi subsister. Guillaume de Minerve
n'en eut que des filles; le roi voulut que le droit qu'elles avoient sur la dot
■ Concilia, t. ii, c. ySS. p. 3o.] — La première lettre du roi était datée
* Gallia Christiana, nov. edit. t. I, p. 19, Tnstr, du camp près Sidon, septembre Ii53; elle concé-
p. 8. Martène, Thésaurus anccdotorum, t. 1, dait à Blanche, femme de Guillem de Minerve,
£_ ioSt. Archives de l'église d'Albi. dont le roi tenait la terre, une rente de soixante
^ Archives du domaine de Montpellier. — Cf. livres sur le lieu de Villegly, en considération des
lat. 999<5, p. 3i. L'acte du roi est daté, dans ce bons services du frère de Blanche, Olivier de Ter-
ttianuscrit, de Péronne & non de Pontoise; l'as- mes. Ce revenu devait être supprimé après la mort
signation qu'il stipule fut faite par le sénéchal de son mari, qui aurait permis à Blanche de récla-
Pierre des Voisins, au mois de décembre suivant; mer sn dot, hypothéquée sur les terres que le roi
la ville de Lacaune sous Minerve & quelques terres avait confisquées. Guillem de Minerve mourut
à Aiguesvives servirent à asseoir le revenu. [A. M.] avant 1266, &, par lettres du mois de septembre
■* Archives de l'abbaye de Fontfroide. — Ma- 1266, Louis IX permit à sa veuve de continuer à
nuscrits de Colbert, n. 2275. — lAuj. lat. 9996, percevoir ce revenu de soixante livres. [A. M.]
t. III, p. 482.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXVI. 841 ~ ~"
' Ail 1254
de leur mère fût réglé après le décès de cette dame, suivant les usages 81 les
coutumes du pays.
XXVII. — Le roi publie une ordonnance pour les sénéchaussées de Beaucatre
(S- de Carcassonne.
Le roi, non content des deux ordonnances' qu'il avoir fait publier en pas-
sant dans la Province, après son retour de la Terre-Sainte, en faveur des
habitans des deux sénéchaussées de Beaucaire & de Carcassonne pour corriger
les abus qui s'y étoient glissés, en fit publier, au mois de décembre suivant,
une nouvelle, qui contient trente-neuf articles, & dont il étendit ensuite
l'usage au reste de ses domaines & à tout le général du royaume. Les pre-
miers articles regardent le serment que les sénéchaux de Beaucaire 8t de Car-
cassonne, & les autres officiers de ces deux sénéchaussées étoient tenus de
faire, de rendre la justice sans distinction des personnes, suivant les coutumes
6t les usages approuvés; de ne pas recevoir de présens; de n'en point envoyer
aux gens du conseil du roi ; de ne pas protéger les baillis inférieurs qui
malverseroient dans leurs charges, Sic. Il est défendu aux baillis supérieurs,
tant qu'ils seront en charge, d'acheter des immeubles dans leurs bailliages
ou sénéchaussées sans la permission du roi ; d'épouser, eux Si leurs parens,
des filles du pays; d'empêcher le transport du blé, du vin Si des autres den-
rées du pays, sans une nécessité urgente Se sans avoir pris conseil. Sic. Au
mois de février suivant le roi ajouta trois articles à cette ordonnance^, dans
quelques exemplaires de laquelle on a marqué mal à propos^ le nom du
sénéchal de Cahors au lieu de Carcassonne ; car le roi n'avoit pas alors de
sénéchal dans le Querci; pays qui n'étoit pas de son domaine, mais de celui
d'Alfonse, son frère. Il est certain '*, d'ailleurs, qu'elle fut d'abord dressée
pour les deux sénéchaussées royales de Beaucaire Si de Carcassonne.
XXVIII. — Alfonse publie une ordonnance semblable pour ses domaines.
Concile ou assemblée de Bé-^iers.
Le comte Alfonse se conforma à ces dispositions pour ses domaines parti-
culiers par une ordonnance ^ qu'il fit publier, vers le même temps, touchant
l'administration de la justice. Il régla aussi la manière dont ses sénéchaux
dévoient donner ses baillies ou prévôtés Si les différens degrés d'appel des
sentences de ses juges. Enfin il enjoignit à tous ses officiers de gouverner
suivant le droit, les coutumes Si les usages du pays''.
' Latirière, OrJonnancei, t. I , p. 65 & siiiv. — enfin de soustraire les hommes des barons & des
Baliize, Concilia Galliae Narionensis, p. 68 & seq. seigneurs à l'obligation de payer des droits de
* Cf. Laurière, ut supra, p. 76. Ces articles ont guidage aux sénéchaux. [A. M.]
pour objet d'interdire aux sénéchaux l'entretien ' Laurière, Ordonnances, t. 1, p. 68.
de bétail ailleurs que dans leurs propres pâtura- ^ liid. p. 76.
ges; — de fixer les taxes à percevoir par les clercs ^ Tome VIII, Chartes, n. CCCXI.cc. t352 à |356.
des cours royales pour les expéditions d'actes, — & * Sur cens ordonnance de Louis IX, on peut
~~. r~ 842 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXVI.
An 1 ii>o '
L'ordonnance de saint Louis, dont nous venons de parler, fut enregistrée
dans un concile ' ou assemblée générale tenue dans le palais épiscopal de
Béziers, le 8 de mai de l'an I255, & composée des prélats, des barons & des
chevaliers du pays, Guillaume, archevêque de Narbonne, y présida, 8c les
évêques de Béziers, Toulouse, Lodève, Nimes, Agde & Uzès, les procureurs
des évêques de Carcassonne 81 de Maguelonne, les abbés de Saint-Pons,
Aniane, Villemagne, Cannes, Montolieu, de Saint-Aphrodise 81 de Saint-
Jacques de Béziers, de Joncels, Saint-Hilaire, Quarante, Saint-Chinian, 8c
enfin les procureurs des abbés d'Alet, Saint-Guillem du Désert 8c Saint-Poly-
carpe s'y trouvèrent, outre les archidiacres, les précenteurs 8c divers autres
ecclésiastiques.
XXIX. — Siège &> prise du château de Quérihus, dans le FenouilUdes. — Les
évêques de la Province prétendent s'exempter du droit de chevauchée.
Pierre d'Auteuil, sénéchal de Carcassonne, avoit écrit trois jours avant
cette assemblée à l'archevêque de Narbonne 8c à ses suffragans pour leur
déclarer qu'ayant reçu ordre du roi d'assiéger le château de Quéribus, situé
dans le fief du roi, à cause que ce château étoit le réceptacle des hérétiques
Se des malfaiteurs, 8c, qu'ayant déjà commencé de l'attaquer, ils eussent à
lui donner du secours pour le soumettre, sans préjudice de leurs droits. Ces
prélats ayant délibéré là-dessus prétendirent qu'ils n'étoient pas tenus de
suivre à l'armée le roi ou son sénéchal, 8c que toutes les fois qu'ils l'avoient
fait dans les temps passés, ce n'avoit pas été par leur ordre, mais bien par
celui des légats du pape ou de l'archevêque de Narbonne. Ils consentirent
cependant de donner en cette occasion quelque secours au sénéchal, soit par
t. iii',°p! 483. eux-mêmes, soit par leurs vassaux; non parce qu'il l'exigeoit, mais par amour
pour le roi; à cause que cette expédition regardoit le bien public 8c les inté-
rêts de l'Eglise; mais ils se réservèrent leurs droits 8c leurs immunités.
Cette réserve déplut sans doute au sénéchal. On trouve*, en effet, une
lettre écrite au roi, le i5 de juin de la même année, par Gui de Lévis, sei-
gneur de Mirepoix, Pierre Se Arnaud de Grave, Philippe Goloyn 8c Frotard
de Penne, chevaliers, qui attestent avoir vu 8c entendu dire que les prélats
de la Province de Narbonne, de la sénéchaussée de Carcassonne 8c de Béziers,
8c leurs gens, avoient servi plusieurs fois dans ses armées commandées par
ses sénéchaux Se qu'ils avoient servi, entre autres, dans celle du comte de
Montfort^.
consulter au tome VII notre 'Note sur l'adminis- nistration. L'ordonnance d'Alfonse , imitée de
tration royale au temps de saint Louis. Cet acte celle de son frère, eut le même but & les mêmes
fut rédigé d'après les plaintes portées devant les résultats. [A M.]
enquêteurs royaux, en 1247 & 1148, & il eut une ' Concilia, t. 1 1, c. ySS & seq.
importance extrême. Il contribua à faire accepter * Archives du domaine de Montpellier; actes
par les populations méridionales la domination ramassés, liasse 8, n. 6, acte 11.
des rois de France, & à réparer les maux causes ' Ce n'était pas la seule cause de discussion qui
par quarante ans de guerre & de mauvaise admi- existât à cette époque entre le sénéchal de Car-
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XXVI. SaS ~ 77
T An 1255
Le château de Quéribus, que Pierre d'Auteuil assiégea, étoit situé dans le
pays de Fenouillèdes ; il l'avoit déjà soumis au mois d'août de cette année',
cassonne & les prélats de la Province. Non-seule-
ment ceux-ci refusaient à cet officier le service
militaire, mais encore ils voulaient l'obliger à
promettre par serment d'observer certains articles
de l'ordonnance de 1228, dite Cupientes, qui lui
semblaient dangereux pour l'autorité royale. En
effet, cette ordonjiance portait entre autres dispo-
sitions que chaque sénéchal devait jurer de procé-
der contre les excommuniés qui ne demanderaient
pas leur grâce dans l'année, en saisissant leurs
biens. Louis IX, en i255, ordonna à Pierre d'Au-
teuil de prêter serment comme tous ses prédéces-
seurs. (Cf. tome VIII, c. i36o.) Pour expliquer son
refus, cet officier adressa au roi un long mémoire
justificatif que l'on peut voir au même volume,
c. 1419 & suiv., & que nous allons analyser en
partie. C'est une réponse à un mémoire envoyé au
roi par l'évéque d'Agde, l'abbé de Saint-Polycarpe
& l'archidiacre de Fenouillèdes, mémoire que nous
n'avons pas, mais qu'elle nous fait connaître en
partie. — Le sénéchal commence par expliquer
pourquoi il refuse de jurer d'exécuter l'ordon-
nance Cupientes. A l'en croire, & de nombreux
actes du temps prouvent que de pareils abus se
produisaient souvent, les prélats emploient l'ex-
communication pour forcer les vassaux du roi à
faire leur volonté; ils les excommunient pour
uue cause futile, ne leur accordent l'absolution
qu'après soumission, &, s'ils persistent dans leur
résistance, demandent au bout de l'année la con-
fiscation de leurs biens. Pierre d'Auteuil cite no-
tamment l'exemple des hommes de Siran, hommes
du roi, que l'archevêque de Narbonne a excommu-
niés, parce qu'ils voulaient faire payer la taille à
la femme d'un clerc mineur. [Ibid. c. 1420). — Il
les accuse ensuite de ne pas prononcer la confis-
cation en faveur du roi dans tous les cas prévus
par l'ordonnance. — Les mêmes prétendent qu'à
eux seuls appartient la connaissance des cas de
violation de la paix publique, &, au moyen de
l'excommunication, ils se sont fait céder des terres
importantes par divers seigneurs. — 11 serait in-
juste de frapper de confiscation les bailes & les
sergents du roi, excommuniés pour avoir réclamé
ses biens 8t ses droits usurpés par les gens d'égiise.
— Le juge qui revendique les prérogatives de la
justice royale est excommunié par les prélats pour
avoir rempli son devoir. — Les mêmes réclament
la dîme des fours, des moulins, des tuiles, des
menus fruits, &c., & les prémices des vignes, des
olives, ce qui est contraire aux usages du pays ;_
ceux qui résistent sont excommuniés. En outre,
au cas même oii le sénéchal prêterait le serment
•n question, ils ne laisseraient pas confisquer les
biens d'un clerc ou d'un chanoine qtii refuserait
de se soumettre. — Les prélats prétendent que c'est
au sénéchal à aller les trouver, & qu'ils n'ont
point à obéir à ses convocations, ce qui est atten-
tatoire à la majesté royale. — Le sénéchal arrive
ensuite à cette question du service militaire; il
a fait la semonce, sur l'ordre du roi, dans les for-
mes accoutumées , & les abbés étaient disposés à
obéir quand un ordre de l'archevêque les décida à
résister, sauf deux. Leur exemple entraîne les ha-
bitants d'Albi, d'Agde & de Narbonne, & certains
seigneurs terriers se montrent prêts à le suivre.
L'archevêque a écrit au sénéchal que ni lui, ni
les autres ecclésiastiques ne sont tenus de faire
l'ost 8c la chevauchée pour le roi; si la résis-
tance continue, il faudra que le roi envoie des
troupes de France, car les seigneurs terriers & les
prélats sont les maîtres de presque tout le pays.
Du temps du vicomte les hommes d'église s'acquit-
taient de l'ost & de la chevauchée. — L'archevêque
prétend que la punition des brigands & autres
perturbateurs de la paix publique ne peut être
faite qu'après en avoir délibéré avec lui & l'avoir
laissé sommer par trois fois le délinquant d'avoir
à se soumettre. Ce serait, dit le sénéchal, rendre
la répression impossible, en laissant aux ennemis
le temps de se fortifier & de se munir d'armes 8t
de vivres. — Ce n'était pas ainsi que les hommes
d'église servaient le comte de Montfort; tous
obéissaient à ses convocations & la désobéissance
était punie d'une amende. — Quant à l'évéque
d'Agde, il a refusé de se rendre au siège de Qué-
ribus; il a défendu à ses hommes de donner asile
aux sergents du roi, de leur fournir des vivres;
il protège les marchands qui fraudent les péages
royaux. — Enfin le sénéchal termine, en énumé-
rant les textes des constitutions impériales qui
obligent les églises à s'acquitter du service mili-
taire. — Sans accorder à ce document une con-
fiance exagérée, il faut remarquer qu'il paraît
véridique, & que tous les faits qu'il cite sont
vrais ou vraisemblables. Ce n'est du reste qu'un
épisode, assez important à la vérité, de la grande
lutte entre les officiers royaux & les juges ecclé-
siastiques, lutte dans laquelle le roi Louis IX
soutint plus d'une, fois les droits du pouvoir laïque
avec fermeté & indépendance. [A. M.]
' Le siège durait probablement encore en juillet
125.); en effet, à cette époque, Louis IX an-
nonça à Pierre d'Auteuil qu'il avait mandé au
sénéchal de Beaucaire de proclamer la chevau-
chée & d'obéir à ses ordres. C'était sans doute
pour porter secours au sénéchal de Carcassonne
& remplacer Us hommes d'église que les prélats
An i25j
844 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV, XXVI.
car le roi lui manda ' en ce temps-là, « de retirer la garnison du château
« neuf de Carcassonne, excepté deux sergens &- une guette, qu'il retiendroit
« aux gages ordinaires & d'y habiter lui-même avec sa famille pour le garder^
« de détruire entièrement le château d'Aniort ; de ne laisser que quinze ser-
« gens en garnison dans celui de Termes & vingt dans celui de Çuéribus}
« de retirer la garnison du château de Minerve dont il confieroit la garde au
« viguier, qui n'auroit pas pour cela des gages plus forts j de fortifier le châ-
« teau de Puylaurens & de réduire à quatre sols tournois tous les stîpen-
« diaires i^soldadar'ws) qui en avoient cinq. »
XXX. — Différends d'Alfonse, comte de Toulouse, avec les habitans
de cette ville.
L'absence d'Alfonse, comte de Toulouse, causa quelques troubles dans cette
ville dont les habitans prétendoient^ que le sénéchal 81 le viguier donnoient
tous les jours quelque nouvelle atteinte à leurs privilèges 8<. à leurs coutumes;
ils en portèrent des plaintes à ce prince, au commencement de l'an 1255, & .
Alfonse écrivit aussitôt au sénéchal, Si lui manda de laisser jouir par provi-
sion les Toulousains de certains articles de leurs coutumes qu'il lui marquoit.
Il ordonna d'un autre côté au viguier de ne rien innover sans sa permission
touchant l'administration de la justice pour laquelle il étoit en différend
avec les consuls, avec promesse de nommer incessamment des commissaires
pour régler toutes choses. Ce prince envoya bientôt après, en effet, Guil-
laume de Rolland, chanoine de Paris, son clerc, & Philippe d'Eaubonne,
chevalier, qui sont qualifiés en quelques monumens, vice-gérens (ou lieute-
nans) du comte de Toulouse^.
Ces deux commissaires, étant arrivés à Toulouse'*, assemblèrent les consuls
(ou capitouls) dans la maison commune, & là ils leur représentèrent de la
part du comte, que la plupart des articles des privilèges & des coutumes de
la ville de Toulouse étoient contraires ou à la justice 81 à l'équité ou aux
intérêts de ce prince; qu'ainsi ils les prioient instamment d'y renoncer, à
moins qu'ils n'eussent des remontrances raisonnables à faire pour en obtenir
n'avaient pas voulu convoquer. (Cf. tome VIII, Guillaume de Bagneux, avait dû déclarer la guerre
c. i36i.) [A. M.] aux barons & chevaliers de Gascogne qui moles-
• Archives du domaine de Montpellier; séné- taient & attaquaient les bourgeois du comte,
chaussée de Carcassonne, titres particuliers, 8' con- L'expédition fut heureuse, & dans les premiers
tinuation, n. 2. — Cf. tome VIII, c. i 362. L'ana- jours de septembre i 255, les coupables durent se
lyse de cet acte, donnée par dom Vaissete, est soumettre au jugement de la cour comtale d'Agen,
exacte. La prise du château de Quéribus rendit & fournir des cautions. La plupart de ces sei-
sans doute définitive la soumission du pays, & le gneurs étaient de la vicomte de Lomagne & de la
roi crut pouvoir réduire les dépenses pour la garde Gascogne toulousaine; c'est ce qui explique pour-
des forteresses du pays. [A. M.] quoi ils étaient vassaux d'Alfonse. (Cf. J. 192,
' Catel, Histoire des comtes de Tolose , p. 38i n. 7; Teulet, t. 3, pp. 260, 261.) [A. M.]
& siiiv. — Mss. de feu M. Foucault, conseiller ■* Voyez tome VIII, Chartes, n. CCCXII, ce. iSjo
d'Etat, n. 1 i5. à 1374.
' Vers la même époque le sénéchal d'Agenais,
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXVI.
845
An 1255
la conservation. Ils se retirèrent ensuite pour laisser une liberté entière
d'opiner. Les consuls convoquèrent une assemblée générale des habitans, le
3 de juin de l'an 1^55. Les évêques de Toulouse Si de Conserans, les abbés
de Saint-Sernin & de Sorèze, le prévôt de la cathédrale, les deux nouveaux
inquisiteurs, plusieurs autres religieux, le sénéchal de Toulouse, Sicard
d'Alaman 81 Pons d'Astoaud s'y trouvèrent à leur prière. Après qu'on eut
examiné la matière, l'assemblée pria les évêques de Toulouse 81 de Conse-
rans, 81 tous ceux qu'on vient de nommer, d'aller représenter aux commis-
saires, « que la ville de Toulouse ayant reçu de bonnes coutumes de ses
0 comtes, ils étoient résolus de les observer sans aucun changement jusqu'à
« l'arrivée d'Alfonse, à qui ils exposeroient leurs raisons, & qui, à ce qu'ils
« espéroient, voudroit bien les confirmer, sans consentir à les mettre en com-
« promis, comme les deux envoyés l'avoient proposé. « Pons d'Astoaud fut
choisi pour porter la parole. Si il signifia cette réponse aux commissaires.
Les Toulousains députèrent' en même temps à Alfonse poar le supplier de
les maintenir dans leurs usages. Ce prince répondit que ton intention n'avoit
jamais été d'abroger leurs privilèges ou leurs bonnes coutumes, mais plutôt
de les conserver, 81, comme ils se plaignoient des commissaires, il les chargea
de lui envoyer les articles de leurs anciens usages que ces derniers vouloient
abolir, avec promesse d'y mettre ordre.
I^es Toulousains envoyèrent bientôt après ces articles; mais toutes leurs t
sollicitations furent inutiles. Alfonse, instruit sans doute par ses deux com-
missaires, donna une ordonnance^ à Vincennes, le dimanche après la Saint-
Éd.origîn.
111, p. +84.
' Catel, Histoire des comtes Je Tolose, p. 38o 8c
tuiv.
' Trésor des chartes; Toulouse, sac 9, n. 83. —
Archives de l'abbaye de Moissac. — Nous publions
au tome VIII plusieurs pièces relatives à cette
affaire. En premier lieu (c. iSyô & suiv.) le mé-
moire rédigé par les conseillers d'Alfonse contre
les prétentions des consuls de Toulouse. Il est
antérieur au 12 décembre I255. Les principaux
griefs formulés contre les consuls sont les sui-
vants : extension exagérée de leur droit de ju-
ridiction ; ils citent devant eux les baillis du
comte & exigent des gages de ses hommes, tant
du diocèse de Toulouse que des diocèses voisins;
de même pour les hommes de ses vassaux; ils
citent les nobles du comte, & font la guerre à
ceux qui n'obéissent point; ils ont notamment
détruit un château tenu du comte par Bernard de
Comminges. — Us prétendent juger les contesta-
tions existant entre un habitant de Toulouse &
tout autre homme du comte, & empêchent les
sénéchaux ou leur lieutenant de juger ces causes.
— Les parties prétendent pouvoir opter entre la
cour municipale de Toulouse & celle du viguier
du comte, & les consuls ont défendu aux avocats
de plaider devant celle-ci. — Les consuls empê-
chent le viguier de punir les marchands qui
fraudent les péages du comte & défendent à cet
officier de prendre des gages sur eux. — De même
ils s'opposent à la punition de l'adultère, même
en cas de flagrant délit. — En outre ils empêchent
le viguier de forcer les témoins k déposer, n'ad-
mettent pas pour valables les aveux & les dépo-
sitions reçues par lui, ne le laissent pas (aire
enquête sur les crimes commis à Toulouse & hors
de Toulouse. — Ils condamnent deux fois pour le
même crime, percevant l'amende pour le comte 8c
pour eux-mêmes. — Ils ne laissent pas les parties
se pourvoir en appel devant le comte. — Ils ré-
clament les amendes pour crime de fausse mon-
naie. — Enfin ils déclarent que tout acte, inté-
ressant un bourgeois de Toulouse, passé devant un
notaire étranger à la ville, est nul de plein droit.
— Cette consultation fut approuvée par Gui Fou-
cois. — Une autre pièce donne de ces plaintes
une sorte de table que l'on peut voir au même
volume, ce. 1882, 1384. — Nous n'avons pas la
lettre même écrite par Alfonse à la suite de cette
consultation, mais une minute, corrigée & abré-
gée par un de ses conseillers. (Cf. tome VIII,
ce. 1384 à 1389.) Elle est la reproduction presque
exacte, quoiqu'on termes un peu différents, du
An I2Ô5
846
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXVI.
Nicolas d'hiver de l'an i255 (& non pas de l'an 1204, comme il est marqué
dans l'édition qvie Catel ' en a donnée). Il s'y élève avec force contre les
entreprises qu'il prétendoit que les consuls 8c le commun conseil de la ville
& du faubourg de Toulouse avoient faites sur son autorité & sa juridiction,
8t fait divers règlemens contraires aux anciens usages. Il fît notifier cette
ordonnance aux habitans de Toulouse par maître Etienne de Bagnols, cha-
noine de Reims, Philippe d'Eaubonne, chevalier, & Pierre-Bernardi, son
sergent, qu'il envoya dans le pays. Il manda de plus^ aux consuls & aux
habitans de Toulouse qu'il vouloit rentrer dans le droit où avoit été le comte
Raimond, son prédécesseur, de nommer les consuls de cette ville; droit dont
il prétendoit avoir été dépouillé depuis la mort de ce prince; il leur avoit
écrit ^ la même chose au mois de septembre précédent. Nous ignorons l'effet
de ces deux lettres; mais il est certain "^ que Raimond VII, peu de temps
avant sa mort, avoit laissé aux habitans de Toulouse une entière liberté
d'élire eux-mêmes leurs magistrats municipaux. Les nouveaux commissaires
d'Alfonse, après avoir notifié^ l'ordonnance de ce prince, firent divers règle-
mens pour la justice de la cour du viguier, touchant les avocats, les huissiers,
les notaires ou greffiers, &C. Maître Etienne (de Bagnols), l'un de ces com-
missaires, est qualifié lieutenant du seigneur comte dans le Toulousain, dans
quelques actes de l'année suivante''.
mémoire que nous venons d'analyser; seulement
elle revendique de plus le droit, pour le comte, de
nommer les consuls (Voyez plus bas), & elle in-
siste pour que tous ses mandements soient com-
muniqués par les consuls au peuple assemblé en
cons'dium générale, ou même, si l'affaire est d'im-
portance, en parlement. Ce fut, en effet, la poli-
tique constante des rois de France de prendre le
parti du menu peuple contre l'oligarchie bour-
geoise qui gouvernait les communes du moyen
âge, application habile du précepte : diviser pour
régner. Le ton de cette lettre est assez dur & les
formules employées ont un caractère commina-
toire. — Le rédacteur de la lettre a expliqué dans
la minute qu'il n'a pas transcrit tous les articles
contenus par le mémoire précédent, car quelques-
uns peuvent paraître contraires aux usages de la
Province & même aux règles du droit écrit, no-
tamment en ce qui touche la procédure. (Jhid.
ce. |388, 1389,) ^ Au fond, dans l'espèce, les deux
adversaires avaient tort & raison à la fois, les
consiils défendaient non-seulement leurs privilè-
ges légitimes, mais ceux que les derniers Raimond
n'avaient pu les empêcher d'usurper au milieu
des difficultés qu'ils avaient traversées; beaucoup
d'ailleurs de ces droits, usurpés suivant Alfonse,
iivaient été concédés aux Toulousains en récom-
pense de leur fidélité & de leur conduite héroïque
pendant la guerre des albigeois, & cette conduite,
cette fidélité étaient fort suspects au pieux fils de
Louis VIII, du vaincu de 121p. D'autre part, Al-
fonse, qui cherchait à restaurer l'autorité comtale
affaiblie sous ses prédécesseurs, ne pouvait souffrir
au milieu de ses domaines une république indé-
pendante, régentant ses officiers, faisant la guerre
à ses vassaux, citant devant son tribunal les ha-
bitants de tout le comté. Les Toulousains durent
céder cette fois; mais ils prirent leur revanche,
en 1265, quand le comte vint leur demander une
aide pour la croisade. [A. M.]
■ Catcl, Histoire des comtes de Tolose, p. 387 &
suiv.
' liid. — Cartulaire du comte Alfonse.
' Catel, Histoire des comtes de Tolose, p. 3j5.
' Catel, Histoire des comtes de Tolose, p. 335 &
suiv. — Cf. à ce sujet tome VII, p. 241, note de
M. E. Roschach sur les institutions municipales
de Toulouse. La concession du comte Raimond VII
est du 25 janvier 1247 (v. st.); par cet acte, le
comte reconnaît, que la communauté de Toulouse
a le droit d'élire elle-même les consuls, dont six
des meilleures familles, six des familles de la classe
moyenne; les élections ont lieu sans que le comte
ou ses agents puissent intervenir. [A. M.]
5 Tome VIII, Chartes, n. CCCXXV, ce. iSgp,
1395.
^ Le juge d'Alfonse à Toulouse, Aimer: Palher
(Pallierii), fut pris, dans le courant de cette année
i2J5, pour arbitre par Sicard de Montaut, sei-
gneur d'Auterive, & par les habitants de Pamiers.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXVI,
847
An 1255
XXXI. — Les hahitans de Montpellier tâchent de se rendre indépendans,
lis font la guerre aux Marseïllois.
Les habitans de Montpellier, sujets du roi d'Aragon, renouveloient alors
leurs efforts pour se soustraire à l'autorité de ce prince & s'ériger en répu-
blique. Dans cette vue ils formèrent' une ligue, le 26 d'octobre de l'an 1254,
avec Amalric, vicomte de Narbonne, qui s'engagea de les secourir avec deux
cens arbalétriers, de prendre leur défonse & de les protéger contre tous ceux
qui violeroient leurs droits, excepté contre le roi de France 81 ses frères, &
contre le roi de Castille. L'évêque de Maguelonne entra dans cette ligue.
Ces peuples cberchèrent ^, vers le même temps, à faire la paix avec ceux de
Marseille avec lesquels ils étoient en guerre, afin d'avoir moins d'ennemis sur
les bras. Le sujet de cette guerre venoit de ce que les marchands marseillois
vouloient dominer sur ceux de Montpellier & les réduire sous leur consulat.
Leur querelle commença au port d'Acre, dans la Palestine, Se elle fut poussée
si vivement qu'enfin les deux peuples en vinrent à une guerre ouverte, Si
que les vaisseaux marchands des deux villes, qui faisoient alors presque tout
le commerce du royaume dans le Levant & la Méditerranée, exercèrent depuis
diverses hostilités les uns contre les autres. Charles, comte de Provence,
tenta, après avoir soumis la ville de Marseille à sa domination, d'accommoder
ce différend & fit convenir les deux villes de quelques articles; mais il ne
put réussir à les mettre d'accord par la faute des Marseillois. Ces peuples &
ceux de Montpellier convinrent ensuite de prendre pour arbitre Barrai de
Baux, qui s'engagea de faire exécuter les conventions que ces derniers avoient
faites avec le comte de Provence, sans préjudice des droits que ce comte,
celui de Toulouse & lui-môme avoient sur Montpellier; mais tous ses soins
(Cf. tome VIII, ce. iStjy, IJ7C.) Ce seigneur pré-
tendait avoir le droit d'augmenter, suivant son
bon plaisir, la leude qu'il prenait à son barrage
d'Auterive sur l'Ariége. Les consuls de Pamiers 8c
leurs procureurs fondés soutenaient qu'il ne pou-
vait percevoir qu'une taxe de six deniers de Morlas
par mesure [cuheîoîum') de vin. L'arbitre dérer.ciit
à Sicard d'augmenter tes tarifs j seulement, consi-
dérant que plusieurs moulins situés près dudit
barrage étaient en mauvais éiat, il condamna les
habitants de Pamiers à lui payer soixante livres
tournois en deux termes. C'était une manière
détournée d'acheter son consentement tout en
évitant une augmentation de péage & les tracas-
series perpétuelles, qui en étaient la suite Du
reste les habitants de Pamiers n'étaient pas seuls
à se plaindre de ce seigneur; en 1268, exaspérés
sans doute par quelques nouvelles exactions, les
Toulousains détruisirent son barrage, qu'il dut
refaire à ses frais. Alfonse ordonna à Sicard
Alaman de lui faire justice. (Cf. tome 'VIII,
c. i6i5.) [A. M.]
' Tome VIII, Chartes, n. CCCXII, ce. 1341 à
1344.
'Ruffi, Comtes de Marseille, p. yd. — Voyez
tome VIII, Chartes, n. CCCXXV, ce. 1413 à 1419.
— Cette guerre avait été assez vive pour nécessiter
l'intervention du pape Alexandre IV, qui en écri-
vit au sacristain de Nimes, le 4 janvier 1267. (Ger-
main, Histoire du commerce de Montpellier, t. I,
p. 222.) Les habitants de Montpellier, qui furent
en somme condamnés par Charles d'Anjou, avaient
pris les devants & accusé les Marseillais auprès
du pape de violation de la foi jurée. Ils s'étaient
aussi plaints au roi Louis IX qui chargea, vers le
même temps, le sénéchal de Carcassonne & l'ar-
chidiacre d'Aix de faire enquête sur des actes de
violence, que les Marseillais auraient commis à
à leur préjudice dans le port d'Aigues-mortes.
{Uid. p. 223.J [A. M.]
An 12,65
848 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXVI.
pour rétablir la paix entre ces deux villes furent inutiles, & la guerre con-
tinua entre elles comme auparavant. Enfin Charles, comte d'Anjou 81 de
Provence, ayant interposé de nouveau sa médiation, elles envoyèrent des
députés à Brignoles, où il les fit convenir de la paix le g de juin de l'an 1 257.
Par l'un des articles du traité, les habitans de Montpellier furent condamnés
à payer soixante mille sols royaux à ceux de Marseille pour les dédommager
des pertes qu'ils leur avoient causées; preuve que les premiers avoient été
supérieurs durant cette guerre.
Cela n'empêcha pas que les peuples de Montpellier ne travaillassent tou-
jours à se soustraire à l'autorité du roi d'Aragon, de concert avec Pierre,
évêque de Maguelonne, qui, pour s'appuyer de la protection du roi de
France', déclara, le i5 d'avril de l'an i255, à Sommières, dans la chapelle
du château, devant Guillaume d'Auton, sénéchal de Beaucaire, & Gui Ful-
codi, commissaire de ce prince : « Que la ville de Montpellier Si ses dépen-
t.^m°p^'85. " dances avoient été de tout temps un fief de la couronne de France, &. que
« les évêques, ses prédécesseurs, avoient toujours tenu en fief des rois de
« France, leurs seigneurs, tant la partie appelée Montpelliéret que le reste
« de la ville de Montpellier avec le château de la Falu, vulgairement nommé
u Lates, tenu de lui, évêque, en fief par le roi d'Aragon; non pas comme
« roi, mais comme seigneur de Montpellier. » Ce prélat reconnut en même
temps qu'il avoit fait hommage au roi de toutes ces choses, ou à la seine
Blanche, laquelle l'avoit reçu pour ce prince. Enfin il déclara qu'il devoit
tenir en fief du roi de France tout ce qui étoit contenu dans la charte du
feu roi Philippe-Auguste.
XXXIl. — Les rois de France &« d'Aragon compromettent de leurs dijjérends.
Le dernier tente de soumettre la ville de Montpellier.
Le sénéchal de Beaucaire & Gui Fulcodi ne reçurent vraisemblablement
cette déclaration que pour contrecarrer Jacques, roi d'Aragon, 81 l'obliger
d'en venir à un accord avec le roi, touchant les prétentions qu'il avoit
entrepris alors de faire valoir sur divers domaines situés dans la Province &
dans les pays voisins. Aussi ces deux rois passèrent un compromis^ au mois
de mars suivant, & promirent de s'en rapporter, à peine de trente mille
marcs d'argent, à la décision du doyen de Bayeux & du sacristain de Girone,
qu'ils choisirent pour arbitres de ces différends & qui dévoient porter leur
jugement dans le terme d'un an.
Le roi d'Aragon 3, résolu ensuite d'aller soumettre les habitans de Mont-
' GàtieX, Séries pmesulum Magalonensium, ■ç.^-jG lome VIII, c. iSôz), par lequel le roi défend au
& suiv. — Gaîlia Christiana, nov. éd. t. 6, Imtr. sénéchal de prendre part à la guerre qui pou-
c. 370 & suiv. vait s'ouvrir d'un moment à l'autre entre le roi
' Marca Hispanica, c. 1440 & suiv. d'Aragon & les habitants de Montpellier. —
'Voyez lome VIII, Chartes, n. CCCXVII, Louis IX observa la même neutralité dans la
ce. i3gi, 1394. — Aces mandements on peut en guerre entre le vicomte de Béarn & Esquivât de
ajouter un autre du mois d'août suivant (Cf. Chabanais & défendit au sénéchal de secourir
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXVI. 849
pellier, demanda au roi le passage sur ses terres avec la permission de s'y
pourvoir de vivres £<. d'employer à cette expédition les François qui vou-
droient le suivre. Le roi l'écouta favorablement & manda au sénéchal ^e
Carcassonne de permettre le passage, à condition, néanmoins, que ce prince
donneroit des assurances que lui & ses troupes ne causeroient aucun dom-
mage dans le pays. II lui permit aussi de s'y pourvoir de vivres 5 mais quant
aux peuples il leur défendit de marcher à son secours, à moins qu'ils n'y
fussent obligés en vertu de leurs fiefs. Le roi donna les mêmes ordres au
sénéchal de Beaucaire, 81 enjoignit, peu de temps après, à celui de Carcas-
sonne, d'assembler les prélats &. les barons de sa sénéchaussée, entre autres le
maréchal de Mirepoix 8c Pierre de Voisins, pour examiner les sûretés que le
roi d'Aragon devoit donner en cette occasion. Il fut conclu que le sénéchal,
qui devoit partir pour la Cour, demeureroit sur les lieux; mais nous igno-
rons les autres résolutions de l'assemblée. Il paroît seulement que le roi
d'Aragon ne passa pas les Pyrénées, 8c que la ville de Montpellier se maintint
toujours dans l'indépendance de ce prince'.
Ao \i'ji
XXXIII. — Procédures des commissaires du roi pour les restitutions.
L'archevêque d'Aix, Gui Fulcodi, 8c les autres commissaires que le roi
avoit envoyés dans les sénéchaussées de Beaucaire &c de Carcassonne pour !a
restitution des biens mal ac([uis au domaine, continuèrent cependant leurs
fonctions. Ils se rendirent à Nimes, au mois de septembre de l'an i255, 8c v
portèrent* divers jugemens, entre autres en faveur de Bérenger de Sauve,
chevalier, de Decan, seigneur d'Uzès, 8cc. Us retournèrent dans cette ville.
Ail 1 2Ô6
celui-ci. (Mandement du 17 mars 12 05, tome VIII,
c. i3i6.) [A. M.]
' Pendant cette année ii.'jd, le roi régla encore
quelques affaires importantes intéressant la tran-
quillité du pays. Il fit rendre au comte de Foix
plusieurs droits de justice dont l'avaient dépouillé
ses officiers. (Voyez tome VIII, ce. iSSy, i3io.) Il
fit aussi rendre à Tabbaye de Fontfroide la grange
de Paraone, qui, ayant été abandonnée par les
moines pendant la guerre, avait été occupée par
Pierre de Voisins. (Cf. tome VIÎI, c. iSii). Ce-
lui-ci répondit qu'elle était comprise dans son
assise. Le roi ordonna au sénéchal de rendre la
grange aux religieux, en indemnisant le posses-
seur laïque. (liiJ. c. i363.) Enfin il eut à apaiser
une guerre que se faisaient Philippe de Mcntfort,
seigneur de Castres, &. le vicomte de Lautrec ; il
('agissait des hérésies de la terre de ce dernier que
réclamait son compétiteur. Le roi ordonna d'abord
au sénéchal de s'informer s'il a jamais usé de ses
droits sur les hérésies de ces domaines avant d'in-
féoder la seigneurie de Castres aux Montfort. (Cf.
tome VIII, c. i36i.) Au mois d'août, il lui manda
de s'entremettre entre les deux parties &, au cas
où elles refuseraient de s'accorder, de les citer
devant le parlement, {lii^i.) Au mois de décembre
suivant il lui ordonna de saisir ces droits d'héré-
sie & de frapper le vicomte d'une amende pour
en avoir perçu les revenus, malgré ses engage-
ments. (Cf. t. VIII, c. 1364.) [A. M.]
* Trésor des chartes; Quittances, sac 2, n. 1 3 St
suiv. — Manuscrits d'Auhays, n. 2j-2. — Il ne
semble pas que les plaintes reçues par les commis-
saires du roi lors de celte grande enquête aient
jamais été réunies, ou du moins le registre, s'il a
existé, en a disparu. Nous avons rassemblé au
tome VII, en les empruntant au trésor des char-
tes, tous les actes émanés de l'archevêque d'Aix
que nous avons pu retrouver. Ces pièces vont de
novembre 1254 à octobre 12^7. On y leir.arque
surtout, sous le numéro II, une série de restitu-
tions St. d'indemnités, décidées par les commis-
saires dans leurs assises à Nimes, & plusieurs
pièces en faveur de Sibille, dame d'Alais. Quant
aux autres actes indiqués par dom Vaissete d'iiprès
les archives du domaine de Montpellier, nçiu
n'avons pu les retrouver s Paris. [A. M.]
VI.
^4
~~ T7' 85o HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXVI.
au mois de juillet de l'année suivante, 5<. entre diverses sentences qu.'ils ren-
dirent en présence du sénéchal de Beaucaire, ils restituèrent le château de
Qurfort à Jean & à Bernard de Sauve 8i à Gaucelin de Durfort, qui s'étoient
ligués autrefois contre le roi avec Pierre Beritiond, & auxquels les sénéchaux
de Beaucaire & de Carcassonne avoient pardonné, confonnément au traité de
paix moyenne par l'archevêque de Vienne, alors légat du Saint-Siège dans le
pavs. Ils accordèrent par grâce deux cens cinquante livres tournois, au mois
de janvier suivant, à Sibylle d'Alais, veuve de Raimond Pelet, qui n'avoit
pu rien obtenir des biens de Bernard d'Anduze, son père. Entre les nobles
de la sénéchaussée de Carcassonne, qui demandèrent aux commissaires la
restitution des biens qui avoient été confisqués sur leurs parens, furent'
Adélaïde St Brunissende de Minerve, filles de feu Pierre de Minerve Si de
Condors, fille d'Esquieu de Minerve 8i d'Agnès; Marquise, fille de feu Aymeri
de Clermont Si femme de Pierre de Lauran, fils de Pierre-Roger de Cabaret;
Guillaume-Pierre de Vintron, qui demandoit la restitution du château de
Cessenon, comme curateur d'Aude, fille de Saure, fille de feu Hugues de
Cessenon. Gui Fulcodi, l'un des commissaires, fit des apostilles sur toutes ces
requêtes &. observa, entre autres, que Bérengère de Roquebrune, mère du
F5d. origin. même Guillaume-Pierre de Vitron, Si Guillaume de Minerve, son aïeul
t. "I. p- 4S0. . , . . .
maternel, etoient morts hérétiques.
XXXIV. — Alfonse se dispose à passer dans la Terre-Sainte,
Monnaie de Toulouse.
Alfonse, comte de Toulouse, se disposoit toujovirs à retourner dans la Terre-
Sainte, Si ce fut pour l'aider à fournir aux dépenses de cette expédition que
le pape Alexandre IV fit ordonner^ à tous ceux qui avoient pris la croix dans
les royaumes de France Si de Navarre, dans les comtés de Toulouse, de Pro-
vence Si de Poitiers, Si qui n'étoient pas en état de faire le voyage avec ce
prince, de lui en payer le rachat. Le pape assigna aussi à Alfonse le produit
des restitutions des biens mal acquis 81 des usures, 5i les legs faits pour la
Terre-Sainte dans tous ces pays, jusqu'à la somme de trois mille marcs d'ar-
gent. Ce prince, dans le dessein de mettre ordre à ses affaires avant son
départ, fit présenter^ au roi, son frère, un mémoire qui contenoit divers
articles. 11 demandoit entre autres : 1° Que le roi, son frère, le garantît de la
demande que le roi d'Aragon lui faisoit de la vicomte de Millau, située dans
le P\.ouerguej attendu que ce pays avoit été cédé au feu comte Raimond, son
beau-père, par le traité de Paris. 2° Qu'il lui cédât l'hommage du seigneur
de Mirepoix, que le roi s'étoit réservé par le même traité, Si qu'il lui rendît
aussi les fiefs du comté de Foix, avec la jouissance depuis la mort du même
' Domaine de Montpellier, sénéchaussée de Car- ' Voyez tome VIII, Chartes, n. CCCXX, ce. 1400
cassbnne, actes j-amassés, sac 1, n. 4, à 1403.
' Trésor des chartes; Toulouse, sac 6, n. 34. —
(Voyez plus haut, pp. 83 j & 832.]
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXVI.
85i
A« I2ji
comte Raimond, qui avoit été maintenu dans la possession de tout Vévêché
de Toulouse. 3° Qu'il entretînt cinquante chevaliers £<. dix arbalétriers pour
le secours de la Terre-Sainte, ou qu'il le remboursât des dépenses qu'il avoit
faites pour y envoyer un pareil secours, en conséquence du testament du
même comte Raimond; parce que le roi s'étoit engagé envers ce dernier à
lui restituer le duché de Narbonne & à lui donner une somme considérable
lorsqu'il s'étoit croisé. 4° Qu'il lui permît de lever dans le comré de Tou-
louse & ses autres domaines les legs faits pour la Terre-Sainte 8c le rachat
des vœux pour le passage d'outre-mer'.
Nonobstant tous ces préparatifs, Alfonse n'entreprit pas alors ce voyage &
continua son séjour dans le château de Vincennes, où il donna cette année
diverses chartes : 1° Il y affranchit les habitans de la ville de Gaillac, en
Albigeois^, du droit de pesade, moyennant trois cens marcs d''argent qu'ils
lui pa)'èrent. 2° Il reçut l'hommage de Nicolas, évêque de Conserans^, qui
reconnut, en son nom & en celui de son chapitre, tenir en fief honoré de ce
prince comme comte de Toulouse, tant la partie de la ville de Conserans, qu'ils
possédoient immédiatement, que celle que le comte de Comminpes tenoit
d'eux en fief, & tout le reste des domaines de leur église, qu'ils ne tenoient
auparavant d'aucun seigneur. 3° Il donna des coutumes'* aux habitans de
Villefranche, en Rouergue, de Sainte-Foy & de Montclar, en Agenois. 4° Il
' Les demandes d'Alfonse n'étaient pas toutes
également fondées. En ce qui concerne Millau,
elles étaient manifestement inadmissibles. Le ré-
dacteur de ce mémoire suppose que cette vilie
a été donnée en dot à la sœur du roi d'Aragon,
épouse du comte Raimond VII. Au contraire elle
avait été engagée par Pierre d'Aragon, en 1204, à
Raimond V'I. En outre, il dit que le roi Pierre
avait perdu ses droits sur cette vicomte en com-
battant contre l'Eglise & le roi; autant d'erreurs;
ce prince ne fut jamais déclaré hérétique par
1 Kglise, & son fils hérita de tous ses domaines &
de tous ses droits. Le s«ul argument qu'on put
employer contre lui était le non paiement de la
somme à lui avancée par Raimond VI en 1204.
Mais ce sont là des considérations historiques
auxquelles ne pouvaient se livrer les gens du trei-
zième siècle, & les deux parties, le roi Jacme en
essayant de reprendre Millau les armes à la main,
en 1237, Alfonse en en réclamant la propriété,
en 1206, étaient également dans leur tort. —
Pour ce qui est de la terre de Mirepoix, le juriste
d Alfonse use d'une équivoque assez subtile. Le
traité de 1229 (Cf. tome VIII, c. 887) porte que
le roi restitue à Raimond VII l'évêché de Tou-
louse, sauf la terre du maréchal qui reste dans
la mouvance directe de la couronne; un peu plus
bas, il est dit que Toulouse & ion diocèse revien-
dront, après la mort de Raiir.^nd, à celui des
frères du roi qui aura épousé Jeanne deToulouse;
mais ici il n'est plus parlé de la terre de Mire-
poix, & Alfonse en conclut que cette fois on en-
tend le comté de Toulouse tout entier. — Alfonse
était beaucoup plus dans son droit en réclamant
l'hommage du comte de Foix, qui ne fut enlevé i
Raimond VII que par le traité de IÏ42, postérieu-
rement au traité de Paris, en vertu duquel Alfonse
possédait le comté de Toulouse. Sa réclamation
resta d'ailleurs sans effet. — La promesse du roi
à Raimond VII de lui restituer le duché de Nir-
bonne, s'il allait ii la croisade, n'est mentionnée
que par cet acte ; il suffit de connaître Louis IX
pour croire sans peine qu'elle a pu être faite. —
Quant à l'argent promis en même temps, la récla-
mation d'Alfonse ne pouvait être admise, la pro-
messe ayant été faite à la personne de son beau-
père & non à lui. [4. M.]
• Hôtel de ville de Gaillac. — [Cf. tome VIII,
c. I J93, d'après JJ. 24", f" 83 ; charte de mai 1 255.]
^Trésor des chartes; Toulouse, sac 6, n. 4.
[J. 3r2.] — Lafaille, Annales, t. 1, pr. p. 10. —
Gallia Chrhtiana, nov. edit. t. i, Instrum. p. 186.
* Trésor de» chartes; Toulouse, sac 11, n. 61.
[J. 32o; Teulet, t. 3, pp. 297 i 299; charte pour
Villefranche.] — Domaine de Montpellier, séné-
chaussée de Carcassonne; actes ramassés. — Car-
tulaire du comte Alfonse. [JJ. 24 b, f"> 54 o &
55 a.] — Catel, Histoire des comtes de Tolose,
p. 389 & suiv.
An i:5â
85:
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XXVI.
ratifia un échange passé en son nom, au mois de mars de la même année, par
Etienne de Bagnols & Pierre-Bernard de Chartres, ses clercs, 6c Philippe
d'Eaubonne, chevalier, avec Pierre de Montbrun, chevalier, à qui ilsavoient
donné en échange, contre la ville de Baziége, le château & la ville de Mon-
tesquieu, & les biens confisqués sur Bernard de Montesquieu, chevalier,
actuellement emmuré pour crime d'hérésie. 5° Enfin il fit le bail de la mon-
noie de Toulouse pour trois ans, sous certaines conditions, avec promesse de
n'en pas faire fabriquer ailleurs de semblable durant ce temps-là. Il écrivit
vers le même temps au sénéchal de Carcassonne pour le prier de donner cours
à cette monnoie dans les Etats du roi son frère, comme il permettait que celle
de ce prince eût cours dans les siens ' .
'Dans le courant de cette même année 1266,
l'abbaye de Boiilbonne eut avec Alfonse de graves
démêlés. Placé sur les limites de quatre Etats dif-
férents (comtés de Toulouse ScdeFoix, domaine
royal & seigneurie de Mirepoix), ce monastère
était perpétuellement en lutte avec ses puissants
voisins, dont un seul, le roi de France, était dis-
posé à le protéger efficacement. Avec les comtes de
Poix, protecteurs du monastère, les abbés finirent
par s'entendre, & en concluant avec eux un pa-
réage pour la ville de Mazères, ils purent être
tranquilles de ce côté. (Cf. tome VIII, Catalogue,
n. i35.)Mais il ne leur fut pas aussi facile de
s'accorder avec quelques-uns de leurs voisins.
L'un de leurs plus grands ennemis était l'abbé de
Saint-Antonin de Pamiers ; l'inimitié entre les
deux couvents devint si grande en 1249, qu'elle
nécessita l'intervention des puissances ecclésiasti-
ques & séculières. En novembre 1248, l'accord
avait pu se faire entre les deux couvents, tou-
chant un legs fait à Boulbonne par le dernier
comte de Poix, legs dont Pamiers réclamait une
partie [ut iupra, n. 127). Mais ce bon accord ne
dura pas. En juin 1249, s familiers de Pamiers
s'emparèrent de la grange de Bonrepaux à m.ain
armée, en détruisant quantité de blé & d'autres
denrées, blessèrent & maltraitèrent les religieux.
{Ihid. n. I 28.) Le pape fut informé de cette aggres-
sion par l'abbé de Saint-Paul de Narbonne, qu'il
avait commis pour cette affaire. [Ihid. n. 129.)
L'abbé de Pamiers & celui de Boulbonne élurent,
en janvier 1260, des arbitres dont le comte de
Foix & l'abbé de Saint-Sernin de Toulouse [Ih'iA.
n. i3i); mais les efToris de ces arbitres n'eurent
aucun résultat, 8c, en octobre 1261, Innocent IV
chargeait les abbés de Fontfroide &. de La Grasse
& l'archevêque de Narbonne de frapper d'excom-
munication l'abbé &. les chanoines de Pamiers.
(Ihid. n. 132.) L'affaire fut arrangée en juillet
1256. [Ihid. n. 145.) — Avec le maréchal de Mi-
repoix, l'abbé de Boulbonne eut aussi de longs
démêlés. Louis IX en écri^it au sénéchal de Car-
cassonne, en février I255, & le ch.nrgea de les ré-
gler sans permettre au sire de Mirepoix d'attaquer
l'abbaye. (Cf. tome VIII, c. i358.) L'affaire fut
terminée en juin i256; sur les conseils de Rai-
mond-Arnaud, abbé de Bonnefont, l'abbé de Boul-
bonne, Adémar, abandonna à Gui de Lévis ses
droits sur les villages de Belvezer, Belène & Prndes,
moyennant une redevance annuelle de dix mi.itîs
de blé. (Catalogue, n. 143.) — Avec le comte de
Toulouse les querelles furent beaucoup plus vives.
Nous avons vu plus haut qu'en 1247 (Cf. p. 778)
le roi Louis IX avait ordonné au sénéchal de
Carcassonne d'intervenir entre Raimond Vil g[.
l'abbaye de Boulbonne. Cette intervention resta
inutile, 8c, vers 1248, peu avant la mort de ce
comte, l'abbé Adémar se plaignit de ce dernier &
son officier, Boniface deThueys, qui lui avaient
enlevé les granges deTramesaigues 8c d'Ampoulhac,
avec sept cent soixante-quinze setiers de blé qu'el-
les contenaient) la seconde de ces granges avait
été incendiée, 8c il estimait à trois cents livres le
dommage causé au monastère. Malgré les ordres
du roi, Raimond VII n'avait encore rien rendu.
[Ihid. n. i3o.) Quand Alfonse eut pris possession
du comté de Toulouse, l'.abbé s'adressa à lui, 8c,
en août I25>, le sénéchal Pierre de Voisins res-
titua la grange d'Ampoulhac. [Ihid. n. i38.) Mais
les agents d'Alfonse se montrèrent peu respec-
tueux de cette décision. En octobre i255, ses en-
quêteurs réclamaient l'annullation de cette resti-
tution, 8t le sénéchal de Carcassonne, chargé p.ir
le roi Louis IX du règlement de cette affaire, assi-
gnait un jour aux deux parties pour lui exposer
leurs réclamations. [Ihid. n. 140.) Les officiers du
comte n'y mettaient pas de grands ménagements;
en octobre iiiô, Alexandre IV dut excommunier
ceux qui troublaient l'abbaye de Boulbonne dans
la possession de ses biens, 8c cette bulle fut fulmi-
née par l'évéque de Carcassonne, Guillaume, le
lô février I25j ; le sénéchal 8c les autres officiels
d'Alfonse, qui s'étaient emparés à main armée des
granges d'Ampoulhac 8c d'Artenac, furent publique-
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXVI.
An 12.06
XXXV. — Le v'iromte de Narhonne défie le roi d'Aragon. — Évéqiies
de Maaiielonne.
Le roi défendit' au sénéchal de Carcassonne, en cas que la guerre s'élevât
entre le roi d'Aragon & les habitans de Montpellier, d'y prendre aucune part,
non plus que ses sujets, 8<. lui ordonna de permettre aux vassaux que le roi
de Castille avoit dans la sénéchaussée d'aller servir ce prince en personne
contre ses ennemis, sauf la fidélité qu'ils lui dévoient 8c ses droits. Cette per-
mission regardoit principalement Amalric, vicomte de Narbonne, qui, s'étant
ligué avec Alfonse, roi de Castille, contre Jacques, roi d'Aragon, défia ^ ce
dernier, de la part de l'autre, par un acte public daté du lo de mars de
l'an 1256, preuve que le roi saint Louis favorisa le roi de Castille contre
celui d'Aragon. Aussi les arbitres dont il étoit convenu avec le roi Jacques
en 1255, pour terminer dans un an leurs différends, n'ayant rien conclu, les
infans d'Aragon^ eurent recours aux armes 8c commirent divers actes d'hosti-
lités dans la sénéchaussée de Carcassonne. Le roi, qui ne désiroit que la paix,
informé de ces hostilités, envoya Thomas de Montléard, chevalier. Si frère
Jean de la Trinité, son chapelain, au roi d'Aragon, pour s'en plaindre. Ces
deux ambassadeurs, après s'être acquittés de leur commission, mandèrent au
sénéchal de Carcassonne d'assembler Olivier de Termes 8t quelques autres
des principaux vassaux de la sénéchaussée pour délibérer avec eux sur ce
qu'il y avoit à faire dans ces conjonctures. Le sénéchal assembla en consé-
quence les milices du pays'* pour résister aux infans d'Aragon, 8c somma les
Cj.origîn.
t. 111, P.4S7.
ment excommuniés. (/A. n. 141.) Un autre acte, du
14 février iî56, nous montre les agents d'AIfonse,
à Cintegabelle, envahissant les granges, maltrai-
tant les moines, incendiant le clocher de l'église
de Tramesaigues, pillant les paroissiens. [Ih'td.
n. 147.) En mai 1255, un mandement de Louis IX
nous apprend que ce prince avait confié à l'évéque
de Béziers le soin de rechercher qui, du comte de
Foix ou d'Alfonse, avait le droit de garde sur les
domaines en question, dans quel territoire ce»
granges étaient situées. (Cf. tome VIII, c. iSi'iô.)
Nous ne connaissons pas le résultat de l'enquête)
nous voyons seulement, par quelques actes posté-
rieurs, que le roi prit l'abbaye sous sa protection
spéciale. En octobre 1253, Pierre de Provins, ser-
gent du roi, défendit à Guillem de Touges, baile
de Cintegabelle & de Caumont, l'entrée de Mazères
& du pays de Foix, défense qu'il méprisa & qui ne
l'empêcha pas d'y commettre de nombreux excès.
(Catalogue, n. i52.) En décembre 1261, ce même
personnage recommença ses attaques à main armée
81 s'empara de la ville de Mazères; les dommages
causés par lui dans cette attaque furent estimés
par l'abbé & le comte de Foix a trois mille livres.
Le sénéchal de Carcassonne intervint de nouveau.
(ItU. n. 154.) On volt par là qu'au fond il nt
s'agissait pas tant des gr.inges de l'abbaye de ,
Boulbonne que des limites des comtés de Foix
& de Toulouse. C'était le résultat de cette clause
malencontreuse du traité de Lorris, qui avait
affranchi le comte de Foix de l'hommage à Rai-
inond VII, clause qu'Alfonse ne put faire rappoj-
ter & qui donna lieu à tant de différends entre
lui & son puissant voisin. Ces différends n'étaient
jamais bien graves, mais ils maintenaient le pays
dans un état de guerre perpétuel, & l'abbaye de
Boulbonne, entre autres, put souvent s'appliquer
le vers du poète :
Quidquid dulirant rcgcs, plcctuntur Achivi.
[A. M.]
' Domaine de Montpellier, 8' continuation.—
[Voyez plus haut, p. 848.]
'Tome VIII, Chartes, n. CCCXXII, ce. 1410,
141 I.
' ItiJ. n. CCCXXIII, ce. 1411, 1412.
^ Registre Oîim, — La pièce que dom Vaissete a
publiée n'est pas datée; mais nous croyons qu'elle
est postérieure à 1237. En effet, elle suppose la
p lix conclue entre les rois de France & d'Aragon,
An i2Jû
8
34
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XXVI.
Au 12J7
liabitans d'AIbi de se mettre en armes, de le suivre dans cette expédition Si
de se rendre à La Grasse; mais ils refusèrent d'obéir; c'est tout ce que nous
savons de la suite de cette affaire. Nous voyons cependant que le roi d'Aragon
n'avoit pas encore soumis la ville de Montpellier le 7 de février de l'année
suivante', car Guillaume-Christophe, évêque de Maguelonne, fit taire alors
une copie authentique de l'accord passé, en 1210, entre Guillaume d'Auti-
gnac, son prédécesseur, & les consuls de Montpellier, « pour l'envoyer au
u roi, ensemble avec les griefs & querelles qu'ils avoient résolu de poursuivre
« contre le roi d'Aragon. »
Ce prélat, qui étoit auparavant chanoine & archidiacre de Maguelonne,
avoit succédé à Pierre de Conques, mort le 8 de février de l'an i256. Ce der-
nier avoit protégé singulièrement le monastère de Notre-Dame du Paradis
fondé dans les faubourgs de Montpellier, sous la règle de Saint-Benoît, &
l'institut des moinesses de Saint-Damien, lequel a passé aujourd'hui aux reli-
gieuses de la Visitation. Guillaume-Christophe prêta au roi, à Nimes, le
lundi après l'octave de la nativité de Notre-Seigneur de l'an 1206 (1257),
entre les mains de Guillaume d'Auton, sénéchal de Beaucaire, en présence
de Gui Fulcodi, de Guillaume de Laudun, Rostaingde MontautSc Amalric
de la Roche, chevaliers, le même serment de fidélité que son prédécesseur
avoit prêté deux, ans auparavant^.
XXXVI. — Vicomtes de Laiitrec. — Seigneurs de Castres.
Amalric, vicomte de Narbonne^, marcha au secours de Bertrand dit l'an-
cien, vicomte de Lautrec, dans la guerre que ce vicomte avoit à soutenir
contre Philippe II de Montfort, seigneur de Castres. Bertrand & ses neveux
& elle regarde l'attaqvie des infants comme une
véritable violation de la foi jurée. De plus le ju-
gement des Olim, auquel renvoie doin Vaissete, ne
fut rendu qu'au parlement de la Pentecôte 1268.
C'est un arrêt confirmant une sentence de Thomas
de Montcéliart, sénéchal de Carcassonne, par la-
quelle les habitants d'AIbi avaient été condamnés
à deux mille cent livres tournois d'amende pour
ne s'être pas rendus à une convocation pour l'ost,
faite par Pierre d'Auteuil, sénéchal; il s'agissait de
repousser les infants d'Aragon, qui venaient d'en-
vahir le royaume. (Boutaric, Actes du parlement,
t. I, p. 114, n. 12(55.) Il n'est pas probable qu'on
ait attendu onze ans pour juger en appel une
cause aussi simple. Aussi pensons-nous que l'on
peut rapprocher cette tentative des infants d'Ara-
gon d'uneautre expédition des mêmes personnages,
qui eut lieu en i263. (Voyez plus bas.) C'est sans
doute à cette occasion que fut faite une enquête
fort curieuse & pleine de renseignements histori-
ques sur le droit du roi de réclamer le service
d'ost aux habitants d'AIbi, enquête dont le savant
bénédictin a publié une partie. (Cf. tome VIII,
ce. i5o6à locç.) [A. M.]
' Trésor des chartes, Maguelonne, sac 2, n°» 22
& 26. — [J. 340.] — Galî'ta Christlana, t. 3,
p. 079. — Voyez plus haut, année I2i3, p. 412.
— Gariel, Séries praesulum Magalonens'ium , p. 871
& sviiv.
' Teulet, t. 3, p. 343, d'après J. 340, n. 25;
copie authentique; l'acte est du mardi après l'oc-
tave de la Noël 1256 (v, st.) & non du lundi.
Cette date répond au 2 janvier 1257 (n. st.).
|A. M.]
' Domaine de Montpellier, sénéchaussée de Car-
cassonne, titres particuliers, 8* continuation,
n. 2, & actes ramassés des trois sénéchaussées,
liasse 8, n. 12. — On peut voir plus haut, p. 84c,
l'analyse d'une partie de ces pièces. La guerre
commença dès 1255; du moins les premiers man-
dements de Louis IX pour cette affaire sont de
cette année. Elle se prolongea & traîna pendant
toute l'année i256 & finit en I258 par l'accord
que dom Vaissete analyse plus bas. [A. M.]
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXVI. 855
lin ii3j
Pierre, Isarn, Bertrand 8i Amalric, fils de Sicard, son frère, aussi vicomtes de
Lautrec, prétendoient que les biens confisqués pour hérésie dans l'étendue
de cette vicomte dévoient être réunis à leur domaine, & Philippe soutenoit
qu'ils lui appartenoient en qualité de suzerain. Le roi, informé de cette
guerre, ordonna à Pierre d'Auteuil, sénéchal de Carcassonne, d'interposer
son autorité & d'informer s'il étoit en possession de ces biens avant qu'il eût
donné la terre d'Albigeois à Philippe de Montfort. Le sénéchal s'en saisit j
mais il rendit ensuite à Bertrand l'ancien, par ordre du roi, ceux dont ce
vicomte étoit nanti avant la paix de l'an 1229. Le fils de feu Guillaume de
Paulin, sur qui ces biens avoient été confisqués, en demanda la restitution à
Bertrand; mais ce vicomte refusa de les rendre, &, l'ayant rencontré, il le
tua. Le roi, voulant punir cet attentat, ordonna au sénéchal d'arrêter le
vicomte prisonnier; ce prince lui ordonna de le délivrer le dimanche après
la Saint-Nicolas de l'an 1257, à condition qu'il payeroit dçux cens livres aux
parens & amis du mort; qu'il leur abandonneroit les domaines dont il étoit
question, & qu'il iroit servir outre-mer à ses dépens pendant deux ans. Ber-
trand se soumit à toutes ces conditions, le i3 de février suivant, en présence
de Philippe de Montfort, d'Olivier de Termes & de plusieurs autres seigneurs
qualifiés. Il mourut sans doute dans la Terre-Sainte, car il ne nous reste
plus, depuis, aucun monument de lui. Sicard VII, son fils, lui succéda dans
la moitié de la vicomte de Lautrec.
Philippe II de Montfort, seigneur de Castres, eut un autre démêlé avec
Pierre, vicomte de Lautrec, Si Vacquerie, sa femme, au sujet du château de
Fiac Si de quelques autres domaines qu'il prétendoit être de sa mouvance.
lis le terminèrent' au mois de mai de l'an i258, par l'entremise de Pierre
de Voisins, Pierre de Grave Si Boson de Monestier. Raimond, abbé de Can-
deil, appela* en pariage, en 1262, pour diverses terres dépendantes de son
abbaye, le même Philippe de Montfort, qui se qualifioit « successeur en
« Albigeois, au-delà du Tarn, des comtes de Toulouse Si de Montfort, des
« vicomtes de Béziers 81 autres seigneurs. « Cet abbé avoit succédé à Ancelin,
qui donna ^, en I258, des coutumes à la ville de la Bessière, en Albigeois, t.^fi°p'.4"s.
qu'il avoit fondée. Philippe II de Montfort confirma"*, au mois de janvier
de l'an 1260, celles de la ville de Castres, du conseil 6- de la volonté de
Guillaume de Pelut & des autres chevaliers terriers de son père. Il se dit
dans cet acte i> vice-gérant de Philippe de Montfort, seigneur de Tyr Si de
« Thoron, son père, à Castres, dans le Narbonnois, en Albigeois, Si dans
« toutes les terres qu'il possédoit en Albigeois, avec pouvoir de les gouverner
« Si d'en réformer l'état, à cause du droit qu'il devoit avoir un jour sur ces
« terres. »
■Voyez tome VIII, Chartes, n. CCCXXVIII, ^ Archives de l'abbaye de Cinaeil.
ce. 1434, 1435. * Manuscrits Je Brlcnnc, n. 3iâ.
• Archives du domaine de Montpellier. — [Cf.
Rossignol, Monographies communales, 1. i , p. 3jo
& suiv.j
An i;J7
856 HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XXVL
XXXVII. — Olivier de Termes revient de la Terre-Sainte, — Suite de sa vie,
Olivier de Termes étoit de retour de !a Terre-Sainte depuis la fin de
l'an 1255. Pendant son absence' Guillaume de Niort & quelques autres
gentilshommes avoient fait la guerre à Guillaume de Canet, son neveu, &
ravagé ses terres 5 mais le roi avoit ordonné au sénéchal de Carcassonne de
faire réparer les dommages. Après son retour il soutint lui-même une autre
guerre contre quelques seigneurs de son voisinage sur lesquels il fit divers
prisonniers; le roi, qui le considéroit beaucoup pour les services importans
qu'il en avoit reçus & pour sa grande expérience dans l'art militaire, lui
donna dans cette occasion 8t dans plusieurs autres des marques particulières
de sa bienveillance. Ce seigneur, après avoir vaincu ses ennemis, songea à
mettre quelque ordre à ses affaires, qui étoient fort délabrées, à cause des
dettes immenses qu'il avoit contractées pour la guerre d'outre-mer. Dans cette
vue il fit son testament^ au mois de novembre de l'an laSy. Il choisit sa
sépulture dans le monastère de Fontfroide, supposé qu'il décédât en deçà de
la mer. Il assigna pour le payement de ses dettes tous les revenus de ses
terres pendant vingt ans, à compter depuis le jour de sa mort, excepté du
château de Talairan Si des domaines du Val-de-Daigne, qu'il réserva pen-
dant ce temps-là pour la subsistance de son fils Raimond, qu'il fit son héri-
tier universel. Il légua son château d'Aguilar au roi de France, & pria ce
prince de faire délivrer, en considération de ce legs, vingt à trente mille sols
tournois à ses exécuteurs testamentaires pour l'acquit de ses dettes. Il ordonna
de restituer à Thérèse, sa femme, les six mille sols melgoriens de dot qu'il
ei] avoit reçus, & nomma pour ses exécuteurs testamentaires l'archevêque de
Narbonne, le sénéchal de Carcassonne St Raimond de Sierra-Longa, son
frère, pour agir du conseil de l'abbé de Fontfroide & du prieur des jacobins
de Narbonne.
Olivier vécut encore plusieurs années après ce testament, & acquitta pen-
dant sa vie la plupart de ses dettes ou des restitutions auxquelles il se croyoit
obligé. Il avoit déjà vendu 3, en 125^, étant dans la Terre-Sainte, le village
de Marcorignan à l'abbaye de Fontfroide; & il lui vendit, en iiSy, les châ-
teaux de Saint-Nazaire & de Sainte-Valère, au diocèse de Narbonne, pour
quatre-vingt mille sols melgoriens. Il se qualifie dans cet acte fils de Jeu
noble homme le seigneur Raimond de Termes, 6- de dame Ermessinde de Cour-
savine. Le roi lui ayant permis ensuite de vendre le reste de ses domaines,
ce prince lui acheta, en 1260, le château d'Aguilar, la ville ou village de
Termes, &c., pour trois mille trois cent vingt livres tournois. Enfin Olivier
vendit cette année 8t les suivantes pour cinquante mille sols tournois d'un
' Archives du domaine de Montpellier. — [Cf. » Archives de IVbbaye de Fontfroide. — Manus-
lome VIII, c. iSjy; mandement de novembre crits de Colhert, n. 2275. — Voyez tome VIII,
• 254.] Chartes, n. CCCXXXVIII, ce. 1473, 1474. —
* Archives de l'abbaye de Fontfroide. Besse, Histoire de Carcassonne, p. 168 & suiv.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC LIV. XXVI. 807
côté, & près de deux cent mille sols melgoiiens de l'autre, les châteaux de
Tuchan, Siguiran, Roquedefa, Sérignan, Taurisan, Arques &. Caunettes,
dans le Tennenois ou le diocèse de Narbonne; ceux de Brenac, dans le
Razès, 8c de Pech-Sieuran, dans le Lauragais', 8c plusieurs autres domaines
aux abbayes de la Grasse 8c de Fontfroide, à la cathédrale de Carcassonne, à
la commanderie de Peyriès*, Sec. Il retourna^ à la Terre-Sainte pour y cueillir
de nouveaux lauriers, 8c débarqua à Acre au mois de septembre de l'an 1264.
Il y fit un troisième voyage, après l'an 1267, 8c y séjourna jusqu'au mois de
juillet de l'an 1270, qu'il alla joindre'* le roi saint Louis devant Tunis. Il
suivit le roi dans cette expédition, 8c, étant revenu en France après la mort
de ce prince, le roi Philippe le Hardi -^ le renvoya encore à la Terre-Sainte, au
mois d'avril de l'an 1278, à la tête de vingt-cinq chevaliers 8c de cent arba-
létriers, 8c il y mourut enfin le i 2 d'août de l'an 1276. Nous avons cru devoir
ce petit détail à la mémoire d'un des plus braves 8c des plus magnifiques
chevaliers de son siècle, qui, après avoir recouvré une partie des domaines de
SCS ancêtres, qu'il avoit eu le malheur de perdre pour avoir embrassé le parti
du vicomte de Béziers, son seigneur suzerain, les employa avec profusion au
service de la religion 8v de son prince.
An 1107
Éd orîfîîn.
:. 111, p. 4t>i).
XXXVIII. — Archevêques de Narbonne. — Évêques du Puy.
Guillaume de la Brouë, archevêque de Narbonne, 8c Armand de Polignac,
évêque du Puy, moururent en 125/, le premier le 26 de juillet, 8c l'autre
au mois de juin de cette année. Le chapitre de Narbonne élut pour arche-
vêque Jacques, auparavant abbé de Saint-Aphrodise de Béziers, 8c le célèbre^
Gui Fulcodi, qui fut depuis pape sous le nom de Clément IV, succéda à
Armand de Polignac. On ne marque pas le jour de l'élection de Gui ; mais
il n'étoit encore (\\x'élu au mois de janvier de l'année suivante, lorsque le roi
' Plusieurs de ces noms de lieux ont été mal
orthographiés par dom Vaissete; en Toici les for-
mes exactes : Sa'intc-Vali'ere, Aude, arrondissement
de Narbonne. — Coursavi, Pyrénées-Orientales,
arrondissement de Cérct. — Taur't^Cj Aude, arron-
dissement de Carcassonne. — Brentic, Aude, arron-
dissement de Limoux. — Pcxiora, Ai.de, nrror.dis-
sement de Castelnaudary. [A. M.]
' Sur les rentes faites par Olivier de Termes à
Fontfroide, on peut consulter Cauvet, Etude histo-
rique sur Fontfroide, pp. 3i5, 337, ^97 ^ passim.
On y trouvera l'histoire de chacun des domaines
cédés par ce chevalier. On peut encore consul:er
le mss. latin 9996, passim & MahuI, t. 4 & j,
passim. Dom Vaissete a publié de son côté les let-
tres de Louis IX autorisant Olivier de Termes à
vendre ses domaines (Cf. tome VIII, ce. 1473 &
1474); le roi se réserva le droit de choisir les
lieux 81 domaines qu'il jugerait utile d'acquérir
pour son compte. C'est ainsi qu'il acheta le châ-
teau d'Aguilar moyennant trois mille trois cent
vingt livres tournois. {IbiJ.) Olivier de Termes
vendit une autre partie de ses domaines à Pierre
de Voisins {lettre de Louis IX, du 1 o octobre 1 260 ;
tome^'III, c. 147.")); Alfonse de Poitiers l'autorisa
en même temps à vendre ce qu'il possédait à Ville-
pinte à l'abbé de Sorèze, jusqu'à concurrence d'un
revenu annuel de vingt-cinq livres tournois [Ihid.
c. 1476); ce prince approuva même d'avance toutes
les ventes qu'il pouvait conclure avec ses vassaux
nobles, tels que Pierre de Voisins, Lambert de Li-
moux, Philippe de Monifort & Gui de Mirepoix.
{Ihid. c. 1477.) (A. M.]
' Sanuto, 1. 3, part, ii, c. 7.
^ Gesta Ludovici IX, p. 391.
'' Sanuto, 1. 3, part. 12, ce. 12 & 14.
^ Gallta Christiana, nov ci. t. 2, p. 716 & seq.
TTr- — 858 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXVL
An 1107
saint Louis, par une ordonnance' qu'il adressa à tous ses sujets du diocèse
du Puy, défendit les guerres privées, avec ordre au sénéchal de Beaucaire
d'y tenir la main.
XXXIX. — Inquisiteurs de la foi de Toulouse 6- de Carcassonne,
Alfonse, frère de saint Louis, donna de nouvelles preuves de son zèle pour
l'extirpation de l'hérésie dans une ordonnance qu'il fit dresser, à Vincennes,
au mois de mars de l'an I256 (iiSy)^. Il déclara que tous ceux qui seroient
élevés dans la suite à la dignité de sénéchal, de consul ou de viguier, dans
son comté de Toulouse ou dans les pays voisins, seroient tenus de faire ser-
ment entre les mains des inquisiteurs de la foi, qu'ils poursuivroient les
hérétiques 8t les feroient emprisonner; il ordonna aussi aux baillis infé-
rieurs de prêter un semblable serment. Les inquisiteurs consultèrent^ quel-
qties temps après le pape Alexandre IV sur plusieurs difficultés qu'ils ren-
controient dans l'exercice de leur charge. Le pape répondit à leurs questions,
le 3 de décembre de l'an i^Sy, par une bulle qui est conçue à peu près dans
An 12:18 les mêmes termes que celle qu'il adressa, l'année suivante, aux frères mineurs
d'Italie, touchant les mêmes difficultés. Enfin le roi, après avoir mis sous
sa sauvegarde'* les inquisiteurs de Carcassonne, au mois d'octobre de l'année
suivante, enjoignit au sénéchal de cette ville de faire continuer la construc-
tion des prisons pour y renfermer les hérétiques, & ordonna aux seigneurs
hauts justiciers^, qui avoient droit de confiscation pour fait d'hérésie, de
pourvoir à la subsistance des emmurés de leurs terres, avec défense à eux de
mettre dans les charges publiques ceux qui étoient suspects^.
XL. — Traités entre les rois de France &■ d'Aragon touchant la souveraineté
sur la Catalogne, les comtés de Carcassonne 0 de Ra-^ès, Syc.
Le roi termina enfin, en i258, les différends qu'il avoit depuis longtemps
avec Jacques, roi d'Aragon, touchant la souveraineté sur la Catalogne 8c le
• Li:\u!iere, 'jraonranccs, t. i, p. oj. i\ainaua ae i^narires « son collègue, jean ae
'Voyez tome VIII, Chartes, n. CCCXXIV, Saint-Pierre, eurent des scrupules & se demandè-
cc. 1412, 1413. rent si une pareille conduite était bien régulière,
' Archives de l'Inquisition de Carcassonne. & s'il n'y avait pas empiétement du pouvoir civil
* Raynaldi, année 1208, n. 23. sur l'ecclésiastique. Mais on leur objecta que c'é-
' Voyez tome VIII, Chartes, n. CCCXXIX , tait le seul moyen de réduire l'hérésie, que s'ils
ce. 1435, 1436. reprenaient les anciens errements, on pourrait les
" Une lettre de l'inquisiteur Rainaud de Char- accuser d'avoir affaibli l'autorité de l'inquisition,
très, à Alfonse de Poitiers, du commencement de Ils prirent donc conseil des clercs du comte & il
l'année 1267 (Cf. tome VIII, ce. 1409, 1410), fut décidé que l'on en référerait au pape. On dut
nous révèle un abus dont les officiers du comte & surseoir à l'exécution de toutes les sentences, en
les inquisiteurs, prédécesseurs de Rainaud, se ren- attendant la réponse de la curie. — Le zèle des
daient coupables. Quand le tribunal avait con- officiers d'Alfonse, ce qui rend la chose encore
damné un hérétique à la prison perpétuelle, les plus odieuse, s'il est possible, avait une cause des
officiers laïques le faisaient brûler, & les inquisi- plus misérables; les biens des hérétiques con-
teurs ne s'y opposaient ni dénonçaient le fait. damnés au feu appartenaient au seigneur, & c'é-
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXVI. SSg
Roussillon, que ce dernier ou ses prédécesseurs avoient usurpée à son préju-
dice, Jacques, de son côté, avoit des prétentions sur divers domaines de la
Province ou des pays voisins, dont le roi étoit en possession. On a déjà vu
que les deux rois avoient passé à ce sujet un compromis qui n avoit servi de
rien. Ils reprirent les négociations, St Jacques donna procuration', à Tor-
tose, le 14 de mars de Tan iiSy (i258), à Arnaud, évêque de Barcelone,
Guillaume, prieur de Sainte-Marie de Corneillan, & Guillaume de Roque-
feuil, son lieutenant à Montpellier, pour se rendre en qualité de ses ambas-
sadeurs à la cour de France & y terminer cette affaire. Il leur donna pou-
voir en même temps, par un acte séparé^, de conclure le mariage de sa fille
Isabelle avec Philippe second fils du roi.
La Cour étoit à Corbeil, au diocèse de Paris, lorsque les ambassadeurs
d'Aragon y arrivèrent. Ils convinrent^ avec le roi Louis IX des articles sui-
vans, le 1 1 de mai de l'an i258 : 1° Ce prince céda au roi Jacques & à ses
successeurs tous les droits qu'il avoit sur les comtés de Barcelone, Urgel,
Besalu, Roussillon, Empurias, Cerdagne, Confiant, Girone 8c Ausone.
2° Jacques céda à son tour à Louis & à ses successeurs tous les droits qu'il
prétendoit « sur la ville Si le pays de Carcassonne Si de Carcasses; sur la
« ville 81 le pays de Razès; sur les villes 81 le pays de Laurac 81 de Laura-
« gais; de Termes Si de Termenois; de Béziers Si vicomte de Béziers; de
« Minerve Si de Minervois; d'Agde 81 d'Agadois; d'Albi 81 d'Albigeois, de
« Rodez Si de Rouergue ; de Cahors Si de Querci ; de Narbonne Si de duché
« de Narbonne; de Puylaurens, de Quéribus, de Castelfisel 81 de Sault; de
« Fenouillet 81 de Fenouillèdes; de Pierrepertuse 81 de Pierrepertusès; de
« Millau 81 de comté de Millau; de Gévaudan , de Grèzes 81 de vicomte
« de Grèzes; de Nimes Si de Nemausois; de Toulouse 81 de comté de Tou-
« louse 8c de Saint-Gilles; 81 enfin sur tous les domaines qui avoient appar-
ie tenu à feu Raimond, comte de Toulouse. » Le j)ays de Foix est compris
dans le préambule du traité, entre ceux sur lesquels le roi d'Aragon avoit
des prétentions; mais il n'en est rien dit dans l'article de la cession qu'il fit
de tous ces pays au roi. 3° On convint que s'il se trouvoit quelques fiefs
dépendans du pays de Fenouillèdes dans les comtés de Roussillon 81 de
Besalu ou dans les autres comtés cédés par Louis à Jacques, ils demeure»
roient entièrement à ce dernier; de même que les fiefs dépendans des mêmes
comtés, qui se trouveroient dans le Fenouillèdes, appartiendroient à Louis.
4° Jacques céda à Louis la ville de Millau Si son comté pour les posséder de
tait là une source de revenus toute trouvée. Au ' Trésor des chartes, Montpellier, sac 2, rt. 27.
sujet de ces revenus, qui donnaient lieu à une [Original, J. Ô89, n. :>; Teulet, t. 3, pp. 405-408. J
comptabilité spéciale, on peut voir une instruc- — Cutsl, Mémoires de l'histoire du Languedoc, p. iç,
tion en français, d'Alfonse à Jacques du Bois, clerc — Marca Hispanica, c. 1444 & seq. — La Chaise,
pour le fait d'hérésie. (Cf tome VIII, ce. 14")3, Hiitoire de saint Louis, 1. 11, n. 21. — [Lenain
1454.) [A. M.] deïillemont, t. 3, pp. i37 à 144 ) on peut corriger
■Voyez tome VIII, Chartes, n. CCCXXVII, les erreurs historiques de cet auteur au moyen du
ce. 1429, 1430. récit de dom V.iisset».]
' D'Achéry, Spicihgium, t. 12, p. 586.
An lî'ti
860 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXVI.
la même manière que ce dernier prince & les siens les possédoient, avec une
entière cession du droit de rachat, tant du même comté de Millau que de la
vicomte de Grèies (ou de Gévaudan)j que feu Pierre, roi d'Aragon, son père,
avoit engagés à Raimond VI, comte de Toulouse. 5° Enfin Jacques céda à
Louis tout le droit qu'il pouvoit prétendre sur la ville 5c le comté de Tou-
louse, le comté de Saint-Gilles, l'Agenois & le Venaissin, & sur tous les
autres domaines qui avoient appartenu à feu Raimond, comte de Toulouse.
Les princes Louis & Philippe', fils du roi de France, furent présens à ce
traité, avec l'évêque d'Apt, Raimond-Gaucelin, seigneur de Lunel, Simon,
sire de Nesle, le connétable de France, &c. Le roi d'Aragon le ratifia* à
Barcelone, le 16 du mois de juillet suivant, en présence d'Arnaud, évêque
de Barcelone, du même Raimond-Gaucelin, seigneur de Lunel, Gautier de
Pins, Guillaume de Roquefeuil, Guillaume de Montclus 8c divers autres
seigneurs de sa cour. Nous comprenons par-là que le seigneur de Lunel,
qui avoit été présent au traité, fut envoyé par le roi en qualité de son
ambassadeur ou plénipotentiaire auprès du roi d'Aragon pour en obtenir la
ratification de ce prince de même que du traité de mariage qui fut conclu
alors^ entre Isabelle d'Aragon 8c Philippe, second fils du roi; mais comme
l'un 8c l'autre n'avoient pas encore atteint l'âge compétent, il ne fut célébré^
que quatre ans après ; cette célébration donna occasion aux deux rois de
confirmer le traité, dont quelques modernes rapportent ^ des circonstances
fabuleuses.
Quant à l'avantage réciproque que ces deux princes retirèrent de cet
accord, par la cession qu'ils se firent l'un à l'autre, les historiens ^ sont fort
partagés. Les François conviennent tous, 8c cela est hors de doute, que les
droits de Louis à la souveraineté sur la Catalogne Se sur le Roussillon étoient
incontestables; mais les uns assurent que ceux de Jacques sur les pays qu'il
céda à la France étoient chimériques; tandis que les autres prétendent qu'ils
n'étoient pas si mal fondés. Il paroît que les uns 8c les autres ne sont'^ pas
assez au fait. Ce qu'il y a de certain, c'est que Jacques avoit des droits réels
de suzeraineté sur les comtés de Carcassonne Se de Razès, sur le Lauragais
8c le Termenois, 8c sur le pays de Sault ; 8c, pour le domaine immédiat ou
utile, sur les pays de Fenouillèdes 8c de Pierrepertuse , sans parler des
vicomtes de Millau Se de Gévaudan qu'il étoit en droit de retirer, en payant
le prix pour lequel le roi Pierre, son père, avoit donné ces deux vicomtes en
engagement, en 1204, à Raimond VI, comte de Toulouse; mais pour tous
les autres pays énoncés dans la transaction, il n'y avoit aucune prétention
légitime. On peut juger par là si la cession fut égale de part Se d'autre, Si
' La Chaise, Histoire Je saint Louis, 1. i 1 , n, îl. ' D'AcIiéry, Spicileglum, t. Il, p. 586.
' Trésor des chartes, Montpellier, sac 2, n. 27. ' Gesta Ludovici IX, p. Syi & seq.
— [Original, J. 687, n. 7 ; Teulet, t. 3, pp. 422 ' Voyez tome VII, Note XXXIX, pp. 111 à 1 16.
à 42Ô.] — Caseneuve, Catalonia, p. iii. ^ [Sur * Ibid.
les différentes copies de ce traité conservées au ' Ihid,
Trésor des chartes, cf. Teulet, t. 3, p. 420.]
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXVI. 86 1
An i2ji
si la souveraineté sur la Catalogne 6t le R.oussillon, que le roi de France
céda à celui d'Aragon, valoit autant que les droits utiles 8c honorifiques que
ce dernier céda à l'autre sur les pays dont on vient de parler, 8<. sur lesquels
saint Louis avoit d'ailleurs la souveraineté. Ce dernier affermit du moins,
par ce traité, son autorité dans les sénéchaussées de Beaucaire Se de Carcas-
sonne, situées vers les frontières des Etats d'Aragon, & se délivra de la crainte
que Jacques, qui étoit un prince belliqueux, ne portât la guerre dans la
Province & ne l'inquiétât dans la possession de la plupart des pays qui com-
posoient ces deux sénéchaussées. En un mot, il voulut prévenir tout sujet de
querelle & de dispute entre les deux couronnes'. Jacques ne conserva ainsi,
en deçà des Pyrénées, d'autre domaine que la seigneurie de Montpellier avec
ses dépendances & la suzeraineté sur la vicomte de Carlad, en Auvergne,
qu'il se ^ réserva, & qui faisoit partie du domaine des anciens vicomtes de , ff,°"'^
Millau, ses ancêtres maternels.
XLI. — Le roi d'Aragon va à Montpellier £,• pardonne aux hahltans
qui se soumettent.
Un autre avantage que le roi d'Aragon trouva dans le traité fut que le roi,
qui jusqu'alors avoit paru favoriser la rébellion des habitans de Montpellier
contre lui, ne les protégea plus; en sorte qu'ils furent obligés de se sou-
mettre. Ils implorèrent, en effet bientôt après, la clémence de Jacques, &
prièrent instamment ce prince de les honorer de sa présence. Jacques, s'étant
laissé fléchir, arriva auprès^ de la ville, le lo de décembre de l'an i258. Gui
Fulcodi, évêque du Puy, & Raymond Gaucelin, seigneur de Lunel, qui
étoient à sa suite, & qu'il avoit admis dans son conseil, le supplièrent alors
de pardonner à ces habitans, qui étoient venus au devant de lui & qui lui
donnoient toute sorte de marques de respect, de soumission Si de repentir.
Le roi leur accorda leur demande, 8c, avant que d'entrer dans la ville, il fit
expédier un acte de rémission, daté le même jour, du plan (ou place) qui est
devant les Frères Prêcheurs de Montpellier, o^i le peuple s'étoit assemblé en
parlement par son ordre, en présence de l'archevêque de Narbonne, des évê-
' L'appréciation du traité de izâS par dom pour la France, qu'il préserva d'une guerre tou-
V'aissete peut paraître erronée sur certains points. jours itnmincnie, en cédant des droits plus ou
Quoique beaucoup plus récents que ceux du roi moins surannés, droits qu'il aurait été impossible
Louis IX sur la Catilogne, les droits de Jacine sur de faire valoir avec quelque chance de succès. —
les pays qu'il céda au roi de France par le traité Ct. à ce sujet de Tourtoulon, t. 2, pp. 3i6 à 3i8.
de Corbeil, n'en étaient pas moins incontestables. Ainsi que le remarque cet auteur, le traité de Cor-
Le» uns comme les autres étaient plus ou moins bcil achevait l'œuvre du traité de Paris de 1229,
fondés; mais en cas de guerre Tacme aurait trouvé & enlevait tout appui étranger aux derniers dé-
dans le mécontenteir.en! d'une partie de la no- fenseurs de l'indépendance méridionale. [A. M.)
blesse méridionale un appui qui eût manqué à ' La Chaise, Histoire de :ant louis, \. 1 1 ,n. zi .
Louis IX en Catalogne. Ajoutons que l'acqulsi- — [Cf. Lenain deTillemont, m 'upra.]
tion de Millau & de la vicomte de Cariât n'était ^ Catiel, Séries praesulum Magalonimium, p. 33o
pas sans importance. Aussi l'acte de 1 2 j8 peut-il & seq. — Thalamus de Montpellier. [E.it. de la
être regardé en somme comme fort avantageux Société archéologique, p. 27.]
m.
p. .pyi.
Ail i;j3
862 HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XXVI,
ques du Puy, de Barcelone, d'Elne, de Rodez &. de Maguelonne'. Jacques fit
ensuite son entrée solennelle dans Montpellier, &c vécut depuis en bonne
amitié avec les habitans. Il étoit encore dans cette ville ^, le 26 de février de
Tan 12095 il n'y fit peut-être un si long séjour que parce qu'il eut, cette
dernière année, quelque nouveau sujet de dispute avec le roi de France ; car
celui-ci fit défense^ à ses sujets de la sénéchaussée de Beaucaire de porter
des vivres à Montpellier Se dans les autres domaines de Jacques; mais la paix
fut bientôt rétablie entre les deux rois; saint Louis donna main-levée de
cette défense, au mois d'octobre de l'an 1259, 81 lé sénéchal la signifia aux
trois ordres du pays.
XLII. — Concile de Montpellier.
Jacques, archevêque de Narbonne, tint à Montpellier, au mois de septembre
de l'an 1258, un concile'* de sa province, dans lequel on dressa dix canons,
tant pour la discipline 8c la liberté ecclésiastique & pour la conservation des
biens de l'Eglise que pour mettre des bornes à l'avarice des juifs, qui exi-
geoient des usures exorbitantes. Si pour régler la manière dont on devoit
procéder à l'égard des clercs coupables de crimes. Ce prélat fit une procession ^
solennelle, le 2 de mai de l'année suivante, pour demander à Dieu de
détourner une peste qui désoloit la Province Si le reste du royaume,
XLIII. — Traité entre la France £■ l'Angleterre.
Le roi Louis termina aussi, en i258, les différends ^ qu'il avoit avec Henri,
roi d'Angleterre, au sujet de diverses provinces de France dont ce prince lui
demandoit la restitution. Louis fut maintenu par le traité dans la possession
de la Normandie, de l'Anjou, du Maine, de la Touraine 8c du Poitou, qui lui
étoit contestée ; il céda de son côté à l'Anglois : 1° Les droits qu'il avoit, tant
en fiefs qu'en domaines dans le Périgord, le Limousin 8c le Querci ; mais
avec réserve de l'hommage de ses frères. 2° Ce dernier pays, supposé que
Richard, roi d'Angleterre, l'eût donné en dot à Jeanne, sa sœur, en la mariant
■ En même temps Jacme rendit à la commune le Ronchères avait interdit le transport du blé à
droit de percevoir le droit de leude, appelé les Montpellier. Le roi, par mandement du i3 ocio-
mailles de Lattes, droit qui avait été l'une des bre lîSp, lui ordonna de lever cette défense &
causes de la mésintelligence entre les deux parties. lui interdit de la renouveler à l'avenir, sans son
Cf. à ce sujet M. Germain, Commune de Montpel- ordre exprès. [A. M.]
lier, t. 2, pp. i6, 3o & suiv. [A. M.] ^ Catel, Mémoires Je l'histoire du Languedoc,
' Zurita, Anales de la corona de Aragon, 1. 3, p. 798. — Gariel, Séries praesulum Magalonen-
c. 57. sium, p. 382 & s;:". — Concilia, t. 1 1 , c. 778
3 Voyez tome VIII, Chartes, n. CCCXXXI , & suiv.
ce. 1449, 1450. — Ce n'était pas sur l'ordre du 'Catel, Mémoires de rhii.:ire du Languedoc,
roi, mais de son j.opre mouvement & après avoir p. 798.
pris l'avis i:i prélats, des nobles & des pru- <• Rymer, Acta puhlica, t. 1, p. 6-ji> &. scq &
d'hommes de la sénéchaussée, conformément à l'or- p. 728. — Dumont, Corps diplomatique, t. 1,
donnance de 1204, que le sénéchal GeofTroi de p. 207.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXVI.
863
à Raimond VI, comte de Toulouse, & que la comtesse Jeanne de Toulouse,
femme du comte Alfonse, mourût sans enfans. 3° L'Agenois, en cas que la
même comtesse décédât sans postérité j en attendant il lui donna en équiva-
lent la somme de trois mille sept cent vingt livres de rente, à laquelle le
revenu de ce pays fut évalué, 8cc. Simon de Montfort', comte de Leycestre,
beau-frère du roi d'Angleterre & fils puîné du fameux Simon de Montfort,
renonça vers le même temps, en faveur du roi, à tous les droits qu'il pouvoit
prétendre, tant sur le comté de Toulouse, la vicomte de Béziers (y toute lu
conquête d'Albigeois que sur le comté d'Évreux & le reste de la Normandie^.
An 1253
XLIV. — Régale du Puy. — Èvêques de Mende.
On rapporta^ dans un parlement, que le roi tint à la Pentecôte de cette
année, l'enquête qui avoit été faite touchant la régale du Puy, & on adjugea
à ce prince les droits de justice 8c tous les revenus épiscopaux. le siège épi-
scopal vacant, excepté ceux de l'autel 8t les péages que l'évêque levoit dans
la ville. Le roi déclara"* cependant, au mois de juillet de l'année suivante,
que n'ayant pu trouver par cette enquête que lui Se ses prédécesseurs eussent
tenu la maison épiscopale du Puy, les forteresses de la ville & les châteaux
de la campagne pendant la vacance du siège épiscopal, excepté pendant les
deux dernières; qu'il eût nommé aux dignités Se aux prébendes, & qu'on lui
eût dénoncé la mort de l'évêque ou qu'on lui eût demandé la permission de
faire une élection, il ne vouloit pas inquiéter davantage l'église du Puy. Il
ajouta que quoiqu'il ne prétendît plus demander la garde des forteresses de
la ville, en vertu de la vacance du siège épiscopal, il la demanderoit néan-
moins quand il le jugeroit à propos, à raison de son domaine, Se qu'ayant
trouvé par la même enquête que la justice de la ville du Puy, des faubourgs
An iiSp
Éd. origin.
t, UI, p. 492.
' Tome VIII, Chartes, n. CCCXXXII, c. i4;m.
' Ce traité est ce qu'on appelle fort impropre-
ment le traité d'AbbevilIe. (Sur ce nom, cf. une
note très-concluante de M. Cli. Bémont, dans la
Bibliothèque Je l'Ecole des Chartes, t. Sy, p. 2.53.)
On a beaucoup discuté pour savoir s'il était avan-
tageux ou désavantageux pour la France. Nous
n'avons pas la prétention de décider la ques-
tion; nous croyons pourtant qu'en cédant des
provinces absolument françaises, & en reconsti-
tuant ainsi le domaine anglais sur le continent,
ce traité prépara la guerre de Cent-Ans & même
la rendit inévitable, en multipliant les points de
contact entre les deux royaumes. Les droits de la
couronne de France sur ces provinces étaient, à
vrai dire, assez mal fondés, & la guerre de 1204
assez peu légitime. Mais l'usurpation n'était pas
plus flagrante que celle à laquelle les Plantagenets
devaient la couronne d'Angleterre, & si Louis IX
était décidé à tout restituer, il eut mieux fait
d'annuler le traité de Paris de 1229, & de réta-
blir dans ses domaines le dernier vicomte de Bé-
ziers. Il semble certain qu'il fut poussé à cette
restitution impolitique par des scrupules de con-
science; mais l'influence que Marguerite de Pro-
vence, sa femme, avait sur lui, l'appui constant
que cette princesse prêta à sa sœur Eléonore,
femme d'Henri III, donnent à croire qu'on sut
habilement faire naître ces scrupules au grand dé-
triment du royaume. — Quoi qu'il en soit, l'ana-
lyse que dom Vaissete donne des clauses de ce
traité relatives à Alfonse est exacte; ajoutons-y,
d'après Boutaric, p. 94, que l'enquête pour savoir
si le Querci avait fait partie de la dot de Jeanne,
femme de Raimond VI, ne fut terminée qu'en
1285, & conclut à l'assignation au roi Edouard I
d'un revenu de sept cent cinquante-huit livres
tournois, moyennant quoi le Querci fut réuni à
la couronne. [A. M.]
' Registre Olim. — [Cf. plus haut, pp. SSp, 840.]
* Gallia Christlana, nov. éd. t. 1, Instr. p. 284
Se seq.
An izâp
864 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXVI.
81 de tout le domaine épiscopal, lui appartenoit de tout temps par droit de
régale, pendant la vacance du siège, de même que le péage 8c les autres
revenus de l'évêché, il se réservoit ces droits Se à ses successeurs. Gui Fulcodi,
évêque du Puy, qui étoit alors à la Cour, obtint cette charte Se l'envoya à s(;n
chapitre. Le roi 6- sa coordonnèrent ' ordre, vers le même temps, au sénéchal
de Beaucaire de faire une enquête sur le différend qui s'étoit élevé entre Odi-
lon, évêque de Mende, & Hugues, comte de Rodez, qui se plaignoit de ce que
ce prélat avoit reçu à son préjudice l'hommage de Guérin de Châteauneui
pour les châteaux d'Apchier, de Saint-Alban Si de Mont-Âlairac, en Gévaudan.
Odilon, évêque de Mende-, étoit de la maison de Mercœur; il possédoit
le doyenné de Brioude lorsque cet évêché étant venu à vaquer S<. les cha-
noines s'étant partagés pour l'élection entre Armand de Peyre, prévôt, & Ber-
nard d'Apchier, chanoine de la cathédrale, le pape Innocent IV, qui étoit
alors à Lyon, le nomma de sa propre autorité en 1247. Les deux autres con-
tendans ayant renoncé à l'évêché, le chapitre de Mende, pour soutenir son
droit, élut ensuite Guillaume de Baffie; mais enfin celui-ci fut obligé de
céder, comme les autres, à Odilon de Mercœur, qui conserva pendant quel-
ques années le doyenné de Brioude, dont il se démit enfin en faveur
d'Odilon, son neveu, fils de son frère. Ce prélat s'accorda^, tant en son nom
qu'en celui de son chapitre, au mois de décembre de l'an 1263, avec le roi,
touchant la vicomte de Grèzes ou de Gévaudan, sur laquelle il prétendoit
quelques droits, & qu'il céda entièrement à ce prince, qui lui donna un
dédommagement. On peut voir dans la charte quelles étoient les dépen-
dances de cette vicomte, dont la ville de Marvéjols est aujourd'hui le chef-
lieu. Odilon de Mercœur eut divers démêlés avec la principale nqblesse du
Gévaudan, entre autres avec Randon de Châteauneuf, qui l'assiégea dans
Mende } ce prélat l'obligea à lever le siège £<. à prendre la fuite. Il fut évêque
de Mende jusqu'au commencement de l'année 1274, qui fut celle de sa mort.
Au reste, il paroît certain que Guillaume de Châteauneuf, qui fuf* grand-
maître de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem, depuis l'an 1261 jusqu'en 1260,
étoit proche parent 8<. de la même maison que Randon de Châteauneuf dont
nous venons de parler; car le nom de Guillaume-'' étoit fort usité dans cette
maison, l'une des plus anciennes du royaume.
XLV. — Di/Jèrends entre les ojficïers du roi 6- les évêques d'Albi.
Il fut ordonné dans un nouveau parlement<5 que le roi tint à la Toussaint
de l'an 1209 que l'évêque d'Albi (Bernard de Combret), répondroit à la Cour
'Voyez tome VIII, Chartes, n. CCCXXXI, ♦ Vertot, tf/itoiVf rfe itfa/ie, t. i , p. Spç & suiv.
ce. 1446 a I449' ^ Le P. Anselme, Histoire généalogique Jes granJs
'Martine, Thésaurus anecdotorum, t. i , c. 1024. officiers, t. 3, p. 808 & siiiv.
— Gj/Zia Christiana, nov. edit. t. 1, p. 73. — " Registre Olim . — [Eoutaric, Actes du Paile-
Voyez tome VII, Noie XLI, pp. 117, 118. ment, t. 1, p. 33, n. 379.]
> Voyez tome VIII, Chartes, n. CCCL'I, ce. i.OJo
à i5j2.
HISTOIRE GÉhIÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXVI. S65
An 12.09
i( sur l'ajournement personnel qui avoit été décerné contre lui pour avoir fait
« une assemblée de gens d'armes, parmi lesquels il y avoit plusieurs /ro/cnVy
« (/aiditos), contre la défense du sénéchal de Carcassonne, & on débouta
« l'archevêque de Bourges de la demande qu'il faisoit, que ce prélat fût ren-
« voyé à sa cour, à cause qu'il tenoit de lui la ville d'Albi & qu'il étoit son
« suffragant. » Pour entendre le motif de cet arrêt, il faut reprendre les
choses de plus haut.
A peine le roi Louis VIIT eut-il pris possession de la ville d'Albi, après la
cession qu'Amauri de Montfort lui eut faite de tous les droits qu'il prétendoit
y avoir, qu'il s'éleva de grands différends entre les officiers royaux St l'évêque
au sujet de la juridiction temporelle que chacun d'eux prétendoit sur cette
ville. Pierre de Colmieu, vice-légat du Saint-Siège, tâcha de les terminer,
en 1229, par une sentence' arbitrale; mais le sénéchal de Carcassonne & le
bailli royal qui résidoit à Albi, croyant que le roi étoit lésé dans ce juge-
ment, n'y eurent aucun égard. L'évêque, de son côté, soutint. ses préten-
tions avec beaucoup de chaleur, 8i les habitans ayant pris son parti, ils chas-
sèrent de la ville le bailli royal, 8c empêchèrent qu'on ne levât le péage du
roi. Le sénéchal de Carcassonne les fit citer à son tribunal pour lesoblig-er à ';'',• ""s'",
. . . t. m p. 49.^
faire satisfaction; mais ils refusèrent de comparoître. Le roi saint Louis étant
parti ensuite pour la Terre-Sainte, ils promirent de s'en tenir à la décision
de Tarchevêque de Bourges & de Guillaume de Pian, sénéchal de Carcas-
sonne, qu'ils prirent pour arbitres, du conseil de la reine mère. Ayant appris
peu de temps après que ce prince avoit été fait prisonnier à la Massoure, ils
ne voulurent plus mettre l'affaire en arbitrage, formèrent diverses ligues ou
associations, prirent les armes, s'assurèrent des portes de la ville £t s'élevèrent
de nouveau contre les officiers du roi ; en sorte qu'ils auroient tué le bailli
rov'al, si Pierre, l'un des vicomtes de Lautrec, ne l'eût fait évader. Le séné-
chal porta des plaintes de tous ces griefs à la reine mère. Se lui adressa,
en iiôi, un mémoire* dans lequel il marque en détail les droits qui, à ce
qu'il prétendoit, appartenoient aux anciens vicomtes d'Albi, que le roi repré-
sentoit. Il assembla en même temps un corps de troupes 5<. assiégea cette ville
sur l'évêque, qui, pour se soutenir^, vendit aux habitans de Gaillac le droit
de pesade qu'il avoit dans leur ville.
Ce prélat, voulant se mettre à l'abri des poursuites des officiers du roi,
implora la protection de l'archevêque de Bourges, son métropolitain, dont il
se rendit vassal &<. à qui il fit hommage "*, en 1254, pour sa ville épiscopale.
Il mit ensuite^ un corps de troupes sur pied, appuyé du secours d'Isarn &
d'Amalric, vicomtes de Lautrec, Se de divers gentilshommes; ravagea le pays
pendant l'été de l'an iing, 8t fit la guerre à l'abbé de Gaillac, qui étoit sou-
' Gallia Christiana, nov. éd. t. i, Instrum. p. 8. * GjUia Christiar.a, nov. eé. t. i, Iiistr. p. 8. —
— Voyez ci-dessus, livre XXI\ , ch. L\iv, p. 6"i.'». Trésor des chartes; Toulouse, sac 8, n. 71 . [J. 3 17.]
•Voyez tomeVni, Chartes, n.CCXCVI, ce. i3oi 'Voyez tome VIII, Chartes, n. CCCXXXIV,
à 1 So.*». ce. i^j.j à 1462. — Gallia Chriaticna, nov. éd.
' IkiJ. 11 CCXCVII, ce. i?>io il i3i2. t. I, la'trum. p. 8 & Sît;.
An i25r)
866 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXVI.
tenu de son côté par Bertrand (le jeune), vicomte de Lautrec, Bertrand,
vicomte de Bruniquel, c[ue l'évêque fit prisonnier, & plusieurs autres sei-
gneurs. Pierre d'Auteuil, sénéchal de Carcassonne, informé de cette entre-
prise, fit citer aussitôt à son tribunal l'évêque, les consuls St les habitans-
d'Albi, 8<. leurs associés, & les somma de lui remettre les prisonniers qu'ils
avoient faits. Ce prélat, sous prétexte que la seigneurie d'Albi lui apparte-
noit sous le vasselage de l'archevêque de Bourges, refusa de répondre à la
citation, 8c fit signifier au sénéchal un appel au roi. Le sénéchal, sans s'en
embarrasser, assembla Olivier de Termes, Lambert de Turey, Pierre de
Grave, Se les autres principaux seigneurs de la sénéchaussée, se mit à leur
tête, vint en Albigeois, se saisit du temporel de l'évêque 8c condamna les
habitans d'Albi, qui s'étoient mis en état de lui résister, à une amende con-
sidérable. Ceux-ci eurent recours à la protection de l'archevêque de Bourges,
leur prétendu seigneur, à qui ils écrivirent par leurs députés ' , 8i leur évêque
s'étant rendu à un concile qui fut tenu à Bourges, au mois de septembre de
la même année, &, à ce qu'il paroît pour cette affaire, pressa vivement l'ar-
chevêque de s'employer en sa faveur auprès du roi, qui l'avoit fait citer, 8c qui
rendit au parlement de la Toussaint l'arrêt dont on a déjà parlé.
L'évêque 8c les habitans d'Albi promirent enfin d'obéir aux ordres du séné-
chal de Carcassonne, 8c se présentèrent devant lui à la Purification de l'année
suivante. Cet officier condamna alors à diverses amendes Pierre, Isarn 8c
Amalric, vicomtes de Lautrec, 8c plusieurs autres chevaliers du pays pour
avoir pris les armes en faveur de l'évêque d'Albi j Alfonse, comte de Tou-
louse, fit condamner^ aussi à des amendes par le sénéchal de cette ville tous
ceux de ses sujets qui s'étoient trouvés dans la chevauchée b le conjlit d'armes
entre l'abbé de Gaillac 8c l'évêque d'Albi. Le sénéchal de Carcassonne^ fit
faire cependant une nouvelle enquête pour prouver les droits que le roi avoit
dans Albi, entre autres celui de chevauchée. L'évêque renouvela'' de son côté,
en 1262, son hommage pour la ville d'Albi à l'archevêque de Bourges, 8c les
habitans députèrent à ce prélat pour lui demander sa protection. Enfin Ber-
nard de Combret, las de tous ces troubles, demanda permission au pape
Urbain IV de transiger avec le roi, 8c ils convinrent des articles suivans, au
mois de décembre de l'an 1264 : 1° Le roi céda à l'évêque la haute justice
dans la ville d'Albi. 2° Ils convinrent que la moyenne seroit commune entre
eux 5 c[ue leurs officiers l'exerceroient par prévention; qu'ils partageroient les
confiscations pour crime d'hérésie 5, Sec.
' Martèiie, rAcsiiaras anfCiVoïorKm, t. I , c. I 107. 'Nous ne mettons aucune note nouvelle sur
" Trésor des chartes; Toulouse, sac 4, n"" 23 & cette .iffaire d'Albi, les détails que nous aurions à
55. — Voyez tome VIII, Chartes, n. CCCXXXIV, ajouter étant beaucoup trop nombreux pour être
ce. 1462, 14(13. donnés au bus des pages de ce volume. Nous ferons
'Voyez tome VIII, Charles, n. CCCXLni, dans une Note critique du tome VU le récit de
ce. i5o6à i5o9. ces querelles, & grâce à plusieurs documents du
■• Martine, Thésaurus anecdotorum, t. 1, c, 11 17 plus haut intérêt, presque tous inédits, nous espé-
& suiv. — Registrum curiae Franciae, — Gallia rons donner une idée exacte de l'histoire de ce
Chrsstiana, nov. éd. t. 1, Jnstrum. p. 9 & seq. différend, épisode fort intéressant des luttes entre
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC, LIV. XXVI. C67 "~ 1 —
XLVI. — Ordonnance du roi pour la restitution des hiens de la Province
mal acquis au domaine.
Outre les arrêts que le roi rendit dans son parlement, en i25g, pour le
repos & la tranquillité de ses sujets des deux sénéchaussées de Beaucaire Si
de Carcassonne, il publia à Vincennes, au mois d'avril de la même année', xS\\°ç'wv.
une ordonnance^ dans laquelle il résout diverses questions qu'Henri de Vir-
ziles^, Nicolas de Châlons Se Pierre de Voisins, qu'il avoit envoyés commis-
saires dans ces deux sénéchaussées, pour restituer les biens que le domaine
avoit mal acquis, lui avoient proposées, touchant cette restitution ou sur
d'autres matières. L.a réponse du roi contient vingt-sept articles dont voici
les principaux. Ce prince'^, modérant la rigueur de son ordonnance de
l'an 1228, qui commence par le mot cupientes, déclare que les biens saisis
sous prétexte d'hérésie seront rendus à tous ceux qui en demanderont la res-
titution ; excepté à ceux qui auront pris la fuite par la crainte de l'inquisi-
tion, qui n'auront pas tait purger leur contumace St qui auront recelé les
hérétiques condamnés à la prison ou abandonnés au bras séculier. Les
femmes^ ne seront pas privées de leurs biens par les fautes de leurs maris, 6c
les biens des hérétiques qui, sans avoir été cités, auront embrassé l'état reli-
gieux, seront rendus à leurs héritiers. On satisfera* les créanciers & les femmes
des hérétiques, conjormément au droit écrit qui est en usage dans le pays.
Les tailles imposées' par le comte de Montfort & levées ensuites par le roi
demeureront au même état qu'elles ont été imposées, St on ôtera l'augmen-
tation, s'il s'en trouve quelqu'une; elles diminueront à proportion des biens
que le domaine royal possède dans chaque lieu, Si elles tiendront la place
lies anciens services ou gistes auxquels les hommes d'Albigeois étoient tenus.
Les" propriétaires auront^ la liberté de vendre leurs alleux sans être obligés
de payer aucun lods. Enfin le roi^ ordonne aux commissaires de garder ce
qui est prescrit dans le droit civil, touchant les fils des proscrits {jaiditorum)-^
droit, dit ce prince, qui est observé dans le pays'".
le pouvoir ecclésiastique &. le pouvoir royal au '" Sur cette ordonnance, qui acheva la réforme
temps de Louis IX. [A. M.] qu'avaient ébauchée les statuts de 1254, on peut
' Voyez tome VII, Note XL, pp. 1 16, 1 17. voir au tome VII notre Note sur l'administration
" Laurière, Ordonnances, t. 1, p. 62 & suiv. royale dans la Province. Elle eut surtout pour
' [Corrige'^ de Vézelai {de Vir-[iliacoj.\ objet de restituer leurs dom.iines aux nobles qui
* Cap. I. les avaient perdus, & elle reconstitua en partie
'' Cap. 2. l'ancienne aristocratie territoriale dans la séné-
' Cap. 4. chaussée de Carcassonne; elle eut en même temps
' Cap. 19 & seq. des résultats très-importants, en contribuant à
' Cap. 23. faire accepter par le Midi la domination fran-
' Cap. 26. çaise. [A. M.]
An i:
A.1 i25o
868 IIISTOIUE GÉNtTxALE DE LANGUEDOC. LIV. XXVI.
XLVII. — Accord entre le roi & l'archevêque d'Arles touchant Beauca'ire
6" la terre d'Argence,
Le roi s'accorda', au mois d'octobre suivant, avec l'archevêque d'Arles, au
sujet de la ville de Beaucaire Si du pays d'Argence, qui comprenoit la partie
du diocèse d'Arles située en deçà du Rhône, pays que les comtes de Tou-
louse possédoient auparavant sous la mouvance de l'église d'Arles, Si que
Simon de Montfort avoit acquis de la manière^ qu'on l'a rapporté ailleurs.
Le roi étant devenu possesseur du même pays par le traité de l'an 1229, 6* ce
prince ne faisant hommage à personne, l'archevêque d'Arles lui demanda un
dédommagement. Enfin Gui Fulcodi, évêque du Puy, que le pape avoit
chargé du soin de cette affaire, la termina, St le roi assigna à cet archevêque
cent livres tournois de rente sur le péage de Beaucaire pour toutes ses pré-
■ tentions.
XI/VIIL — Archevêques de Narbonne. — Êvêques du Puy, de Lodève
t de Maguelonne. — Seigneurs de Lunel,
Les talens éminens qu'on remarquoit dans l'évêque du Puy, engagèrent*
vers le même temps les chanoines de la cathédrale de Narbonne, après la
mort de Jacques, leur archevêque, arrivée le 5 d'octobre de l'an iiSg, à
l'élire en sa place, & ils firent cette élection par compromis cinq jours après.
Gui Fulcodi ne prit pas si tôt cependant possession de l'archevêché, 81 il ne
se qualifioit encore qu'archevêque élu, au mois de'* mai de l'année suivante,
lorsqu'il reçut à Narbonne l'hommage d'Amalric, vicomte de cette ville. 11
continua de gouverner en même temps l'église du Puy jusqu'au 22 de juillet
de l'an 1260'', que le chapitre de cette église élut pour évêque Guillaume
de la Roue, religieux de la Chaise-Dieu, qui ne fut paisible possesseur de
l'évêché qu'en 1263, parce qu'il eut un concurrent en la personne de Simon,
trésorier de Saint-Martin de Tours, que le doyen 8<. le prévôt de l'église du
Puy avoient élu de leur côté. Au commencement de l'épiscopat de Guillaume
de la Roue, Simon de Montfort, à qui Esquivât de Chabanois, son neveu,
avoit cédé les droits qu'il avoit sur le comté de Bigorre, fit présenter^ l'an-
cienne redevance à laquelle les comtes de Bigorre s'étoient assujettis envers
cette église.
Gui Fulcodi se qualifie évêque du Puy i- archevêque nommé de Narbonne,
le i3 de décembre de l'an 1260, dans la sentence arbitrale" qu'il rendit alors,
' GallU Chrisùana, iioy. éd. t. 2, Iitstr. p. iSâ. ■ Galliti ChristUna, nov. ed, t. z, p. 23i.
' Voyez plus haut, livre XXII, ch.Lwix, pp. 453 «Voyez tome VIII, Chartes, n. CCCXLII,
& 454- ce. |5C2, i5o1.
> Baliize, Concilia Galliae Nartonensis, Append. ' Trésor des chartes; Maguelonne, sac i, n. 7.
p. c6i & seq. [J, Sîj.] — Gariel, Séries praesulum Magalonrn-
* Baluze, Concilia Galliae Narhonrnsis, Append. num, p. 3S') & seq. — Gallia Chriatiana^ nov. ed.
p. tfn & seq. t. f,, InUrum. p. T-.?.
An I ;
l'"d. orit*;ii.
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XXVI. 869
à Montpellier, dans le palais Se en présence de Jacques, roi d'Aragon, au
sujet des ditïérends qui s'étoient élevés touchant le domaine & la justice de
la même ville, entre ce prince & Guillaume, évêque de Maguelonne. Plu-
sieurs seigneurs des plus considérables de la cour d'Aragon ou du pa%s furent
présens à ce jugement, entre autres Hugues, comte de Rodez, Pvaimond-
Gaucelin, seigneur de Lunel, Raimond de Sainte-Eugénie, Gui de Sévérac,
Guillaume de Roqueteuil, Arias Yranchez, Hugues de Creyssel 8c Raimond
de Roger, chevaliers j Bérenger de Frédol , prévôt de l'église de Mague- t.'iu^p. 19:.
lonne, Sec. Ce dernier, qui étoit frère de Pierre de Frédol, damoiseau, sei-
gneur de la Vérune, succéda deux ans après à Guillaume dans l'évêché de
Maguelonne. Quand à Raimond-Gaucelin, seigneur de Lunel, il est encore
fait mention de lui ' en 126g. Il ne laissa qu'un fils, nommé Rousselin, qu'il
fit héritier de la seigneurie de Lunel & de ses autres domaines, dont il sub-
stitua la moitié à Géraud d'Ami, seigneur de Castelnau, de la maison de
Sabran. Rousselin épousa Béatrix de Genève 8c mourut sans enfans; par là
Géraud d'Ami, comme substitué, hérita de la moitié de la baronie de liUnel.
Rousselin disposa de l'autre en faveur de Raimond-Gaucelin de Sabran-
Uzès*, son neveu à la mode de Bretagne, par Guillelmette de Lunel, sa
tante, femme de Raynon de Sabran, seigneur d'Uzès en partie, 8c aïeul
paternel de ce dernier.
Gui, évêque du Puy &■ archevêque de Narbonne, termina aussi ^ comme
arbitre, en 1260, les différends qui s'étoient élevés entre Raimond, évêque
de Lodève, Se les habitans de cette ville. Raimond avoit succédé dès l'année
précédente, dans cet évêché à Guillaume de Casouls. Le comte de Rodez "^j
qui conservoit encore un reste de l'autorité que les vicomtes de Lodève, ses
prédécesseurs, avoient exercée dans celte ville, se plaignit quelque temps
après de ce que l'élection de Raimond avoit été faite sans sa participation 8c
de ce qu'on ne lui avoit pas confié la garde du palais épiscopal durant la
vacance, suivant l'usage. Sur cette contestation l'évêque 8c les chanoines de
Lodève s'accordèrent avec le comte de Rodez. Ils convinrent que ce comte
8c ses successeurs auroient à l'avenir cette garde en pareil cas, 8c on lui
donna une somme pour ses autres prétentions.
Le nouvel archevêque de Narbonne fit, au mois d'avril de l'an 1261, un
vojage à la Cour, où le roi confirma^ en sa faveur les traités faits entre l'ar-
chevêque Pierre, son prédécesseur, 8c le feu roi, touchant les biens confisqués
sur les hérétiques dans la mouvance de l'église de Narbonne. Gui Fulcodi
fit alors hommage à ce prince 8c lui prêta serment de fidélité pour les
domaines que son église avoit reçus en dédommagement. Il ne posséda pas
longtemps l'archevêché de Narbonne. Le pape Urbain IV, instruit de sa
' Voyez tome Vin, Chartes, n.CCCXLI, ce. looi * Plantavit, Chronologm praesulum Loiovenùum.
& iJo2. — Rcgistrum curiae Franciae. p. 200. — Voyez tome IV, Note XXV, n. iv,
' Voyez tome IV, Note LII, p. 228. p. 1 3o.
' Plantavit, Chronolog .i pr:icsu!um Lo.iovenslum . ' Registrum curiae Franciae. — Gallia Ch
An 12Û1
m-
f- I9'4- liini, nov. éd. t. 6, Imtrum. c. 69 Si seq.
~; ; — 870 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXVL
. An 1261 '
capacité 8c de ses vertus, le créa cardinal-évêque de Sabine, au mois de
décembre de l'an 1261. Comme cette promotion l'obligeoit à se démettre de
l'archevêché il ne put' se résoudre à quitter son église, 8<. il s'excusa auprès
du pape d'accepter sa nouvelle dignité. D'ailleurs, le roi, à qui il étoit fort
utile, soit par ses conseils, soit par ses services, souhaitoit extrêmement le
retenir en France, du moins encore pendant un an ; mais Urbain fit de si
fortes instances, tant auprès de ce prince qu'auprès de Gui, à qui il écrivit
la lettre du monde la plus honorable, 81 à qui il enjoignoit de se soumettre
en vertu d'obéissance, qu'enfin ce prélat se rendit. Il fut iort regretté dans
son église, qu'il avoit édifiée par sa vie vraiment épiscopale 8c dont il avoit
réformé la discipline par des statuts synodaux^. Après son départ pour l'Italie
le chapitre de Narbonne élut en sa place Maurin, chapelain du pape 81 cha-
noine de la cathédrale.
XLIX. — Suite des procédures des commissaires du roi pour la restitution
des biens mal acquis au domaine dans la Province,
Cependant maîtres Henri de Virziles, Nicolas de Châlons-sur-Marne 81
Pierre de Voisins, clercs du roi, & ses inquisiteurs ou commissaires dans la
sénéchaussée de Beaucaire 8c de Carcassonne, continuoient de travailler à la
restitution des biens mal acquis au domaine. Le roi ^ leur renvoya, le jeudi
p^^ 1^^, après le dimanche Laetare de l'an 1161 (1262), l'examen des demandes (jue
les ecclésiastiques séculiers 8c réguliers de la province de Narbonne 8c des
diocèses voisins lui faisoient à ce sujet, avec ordre de lui remettre les infor-
mations. Ils ordonnèrent à Pierre d'Auteuil, sénéchal de Carcassonne, de
donner un dédommagement aux habitans de Limoux qui ne seroient pas
notés publiquement d'hérésie 8c de révolte {^de jaidimento) ou convaincus
d'avoir pris part aux guerres de Trencavel 8c du comte de Toulouse, pour les
' Baluze, Conc'diti Galîiae Narhonensis, Append. qu'une partie des biens réclamés par lui, ï.s en-
n. 3o. quêteurs n'iiyant pas jugé suffisantes les preuves
' liid. p. 70 & seq. qu'il fournissait à l'appui de ses réclamations. La
^ Archives de l'évêché de Béziers. — Manuscrits maison de Prouille obtint aussi (n. 85, p. 184) la
de Baluze, n. 012. [Lat. 3954*.] — Ce registie restitution de plusieurs domaines à elle donnés
dont nous publions toute la partie utile au par divers bienfaiteurs. — L'abbaye de Caunes
tome VII de la présente édition (Enquêteurs réclama de son côté contre "diverses usurpations
royaux, registre H), contient en effit un certain & abus de pouvoir commis par les agents royaux
nombre de restitutions faites à des ecclésiastiques. (n. 88, p. 194). — Celle de ViUelongue se fit res-
Nous citerons notamment (n. 70, p. 144 du re- tituer une terre donnée autrefois par le comte de
gistre) les plaintes de l'abbaye de Saint-Pons de Montfort (n. 89, p. 197). — Autres réclamations
Thomlères, auxquelles il fut fait droit en majeure de l'hôpital de Capestang (n. 94, p. 207), du
partie; elle réclamait un certain nombre de châ- prieur de Camon (n. 102, p. 22Ô). — L'abbesse
teaux, jadis tenus d'elle par des chevaliers héréti- de Nonenque demanda plusieurs censives qui lui
ques, & se plaignait des exactions & des violen- furent délivrées (n. 112, p. 2joJ. — L'abbé de
ces des petits officiers royaux, qui, en dépit des ViUemagne réclama la moitié des hautes justices
nouvelles ordonnances, continuaient à respecter & de la taille du château de Lignan ; il fut dé-
assez mal les droits & les privilèges des églises & bouté d'une partie de ses demandes (n. ii5,
des particuliers. Citons encore [Ibid. n. 71 , p. i55) p. 2Ô5). — Autres demandes du chapitre de Lcdève
les demandes de l'abbé de Quarante, qui n'obtint (n. 121, p. 269, & n. 122, p. 274). [A. M.]
HISTOIRE GÉNÉP,.ALE DE LANGUEDOC. LIV. XXVI. 871
terres cju'on leur avoit prises pour bâtir la ville, lorsque les lieutenans du
roi dans la Province ayant fait la paix avec eux au nom de ce prince, réglè-
rent qu'elle seroit transférée de dessus la colline où elle étoit située, dans la
plaine. Ils ordonnèrent aussi de supprimer les quatre mille sols de taille que
Gautier Gastablat, sénéchal de Carcassonne, avoit imposée sur eux, pour
remplir les onze mille sols qu'il avoit donnés en assignat à Pierre de Voisins
sur la même ville, parce que cette taille avoit été imposée contre l'ancienne
liberté des habitans de Limoux, qui obtinrent ainsi ce qu'ils ' avoient
demandé inutilement quelques années auparavant & qu'on leur avoit refusé,
sous prétexte de leurs révoltes passées^.
Les consuls^ & les habitans du nouveau bourg de Carcassonne deman-
dèrent aux mêmes commissaires la restitution de l'emplacement de l'ancien
bourg 8< des jardins voisins; mais l'ancien bourg fut adjugé au roi, à cause
qu'ils avoient pris part à la guerre deTrencavel, &c que d'ailleurs ce prince
leur avoit donné des places dans le nouveau pour y bâtir. Les commissaires'*
refusèrent aussi la demande que taisoient les habitans de Béziers d'être
dédommagés du terrain que le roi avoit donné, en 1248, aux dominicains,
dans l'ancien palais vicomtal de cette ville, pour y bâtir un couvent; ils
s'excusèrent sur ce que ce château avoit appartenu au comte de Montfort, &
sur ce que, quoiqu'il eût été dém.oli lorsqu'il quitta le pays, il leur étoit
défendu par leurs instructions de faire aucune restitution des domaines qui
avoient été possédés par ce comte durant son séjour dans la Province-"'. Enfin
An 1262
t. 111, p. 496.
' Voyez tome VIII, Chartes, n. CCCXVI,cc. iSpi
& liyi.
' Ce que dom Vaissete a publié est la requête
présentée niix enquêteurs par le défendeur, Pierre
de Voisins, contre les demandes des consuls de
Limoux. On y trouve le récit fort curieux des ré-
voltes successives des habitants de cette vills,
qui, à plusieurs reprises, fut transportée dans
la plaine j à chaque nouvelle révolte les habi-
tants revenaient habiter la colline. En 1240, ils
avaient repris les armes, & le défendeur déclare
que leur rendre leur ancienne liberté serait d'un
mauvais exemple. Les enquêteurs ne statuèrent
que sur la demande d'indemnités pour les terrains
occupés en 1228, lors de la construction de la
nouvelle ville. Les personnes non notées d'hérésie
& qui n'avaient point pris part aux guerres de
1240 & 1242, durent seules être indemnisées.
Registre H des Enquêteurs, n. 64, p. i35.) —
Le même registre contient plusieurs autres resti-
tutions faites à diverses communautés. La ville de
Montréal obtint la restitution de revenus confis-
qués par les officiers royaux, de différents privi-
lèges dont elle avait été dépouillée, & l'amnistie
pour un certain nombre de prud'hommes chassés
de la ville par Jean de Beaumont contre la foi
jurée (n. 80, p. 174). — Les consuls de Roujan
firent ramener la taille annuelle à l'ancien
chiffre; elle avait été augmentée induement par
le sénéchal Guillaume des Ormes, qui avaii forcé
les consuls à renoncer à un appel, interjeté par
eux, en employant la violence & les menaces
(n. 80, p. 2i5). [A. M.]
' Voyez tomeVIll, Chartes, n. CCCLX.cc. 1495
à 1497.
* Archives des Jacobins de Béziers. — Gallia.
Clirlstiana, nov. éd. t. 6, Instrum, c. 1 56. — [Cf.
tome V, ce. 1449, 1460, n. 188.]
' Notons encore parmi les restitutions effectuées
par les enquêteurs de Louis IX un accord entre eux
& l'abbaye de Caunes. Cette dernière demandait le
rétablissement de l'ancien salin de Caunes, qui
devait appartenir pour moitié au roi, pour moitié
au couvent. Le sénéchal Jean de Fricans en avait
dépouillé les moines. Avant lui tout le sel ap-
porté à Caunes devait être vendu aux officiers de
l'abbaye & à ceux du roi, qui l'emmagasinaient
& le revendaient en partageant le bénéfice. En
outre l'abbé prétendait que c'était lui qui devait
percevoir sur les acheteurs de sel les droits de
mesure. Le sel ainsi extrait de l'entrepôt de Cau-
nes ne pouvait être transporté que par certaines
routes. Les enquêteurs ne trouvèrent pas les actes
produits par l'abbé suffisamment probants; tou-
An I ;
872 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXVI.
ils firent' un grand nombre de restitutions des biens unis au domaine royal
en faveur des veuves Se des descendans de divers gentilsbommes de la séné-
chaussée de Carcassonne, dont on avoit confisqué les terres, soit pour crim.e
d'hérésie, soit pour avoir porté les armes en faveur du comte de Toulouse ou
de Trencavel. Ils députèrent Pierre du Puy, juge de la cour royale de Car-
cassonne, pour l'exécution de leurs sentences; 8c cet officier ayant formé,
quelque difficulté, Philippe de Cahors, clerc du roi, fit de nouvelles infor-
mations ; après quoi ils confirmèrent leurs jugemens, que Guillaume de
Cohardon, sénéchal de Carcassonne, fit rédiger quelque temps après dans
un registre^ pour en conserver la mémoire.
L. — Le roi unit la ville de Pé-^enas au domaine. — Seigneurs de Mirepoîx.
Philippe de Cahors étoit chefcièr^ de .Saint-Merry de Paris 81 frère puîné
d'Élie de Cahors, chanoine de la cathédrale de Paris. Ils avoient un troisième
frère, appelé Raimond, 8<. ils étoient fils de Raimond de Cahors, bourgeois
de Montpellier, à qui Simon de Montfort avoit donné en fief, en 1211, les
châteaux de Pézenas Se de Torves, qu'ils vendirenf* au roi pour trois mille
livres tournois, au mois de mars de l'an 1261 (1262).
Le roi tint 5, durant l'octave de la Chandeleur de cette année, un parle-
ment dans lequel on jugea un procès qui s'étoit élevé entre Guiot de Lévis,
maréchal de Mirepoix, 8c Bérenger de Puiserguier, chevalier. Ce dernier
demandoit de rentrer dans la possession des châteaux de Florenzac Se de
Pomerols, au diocèse d'Agde, dont il prétendoit que Bérenger, son père, avoit
été dépouillé injustement, durant la guerre des albigeois, par Simon de
tefois, ne voulant pas risquer de retenir des droits ces prononcées par les trois enquêteurs plus haut
injustement acquis, ils cédèrent à l'abbaye cer- nommés. Barthélémy du Puy & un autre clerc du
taines menues redevances assises sur des domaines roi, Pierre Amiot (alias Amiet) furent chargés de
voisins de Caunes. Le salin de Caunes fut par leur exécution. Enfin Guillaume de Cohardon,
suite virtuellement supprimé. (Cf. t. VII, Enqué- sénéchal de Carcassonne, chargea ce même Bar-
teurs royaux, registre H, n. 87.) L'abbé & le cou- thélemy de réunir tous les actes de cette enquête
vent acceptèrent cette transaction par acte du en un registre spécial, dont le manuscrit que
8 mai 1262. (Cf. tome VIII, ce. 1498 à i5oo.) nous avons publié est la copie. [A. M.j
Elle fut renouvelée & modifiée, en 1270, par ce ' Kcgistrum curiae Fraiiciac.
même abbé & le sénéchal Guillaume de Cohar- ■* Trésor des chartes; Languedoc, n. 21 . [J. 2i;ô.j
don. (Original, J. 29;), n. 19.} [A. M.] ^ Registre Olim. Cf. Boutaric, Actes du Parle-
' Manuscrits de Balu\e,n. 5r2. ment, t. i, p. Sç, n. 6Ô3. L'affaire était déjà en-
' Manuscrits de Balu\e, n. Ô12. — Voici, d'à- tamée en 1206, date d'un mandement du roi au
près le préambule de ce registre (Tome VII, En- sénéchal de Carcassonne lui ordonnant de faire
quêteurs, reg. H.), la succession des travaux de ce comparaître les deux parties par devant lui.
tribunal ambulant. Les plaintes furent reçues (Tome VIII, c. i366.) Le 18 avril 1261, en vertu
d'abord par Gui Foulcois, qui fut bientôt appelé d'un autre mandement du roi, le sénéchal, Bé-
à des fonctions plus importantes, & par Henri renger de Puisserguier, 8t le procureur de Guiot
de Vézelai, Nicolas de Châlons & Pierre de Voi- de Lévis allèrent à Florensac examiner les chà.
sins, clercs du roi. Barthélémy du Puy (& non teaux & les terres, dont Bérenger réclamait la
Pierre du Puy), juge de la cour du sénéchal, fut restitution. L'arrêt du parlement de 1262 fut con-
chargé de défendre les intérêts du roi, d'être son forme aux principes établis par le roi Louis IX
procureur. Les enquêtes furent conduites par Phi- dans son instruction aux enquêteurs de 1269.
lippe de Cahors, autre clerc du roi, & les senten- [A. M.]
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXVI. 873 ~~ 7"
' An I 202
Monttort, qui en avoit disposé en faveur de Gui de Lévis, a'ieul du même
Guiot. Le roi donna commission à Gui Fulcodi, arclievêque de Narbonne,
d'informer de la vérité des faits, 6<. ayant vérifié que Bérenger de Puiser-
guier, père du demandeur, s'étoit uni au comte de Toulouse dans la guerre
que ce prince avoit faite au roi, en 1242, & qu'il s'étoit emparé par force de
.ces deux châteaux, Guiot de Lévis tut maintenu dans leur possession. Guiot
ou Gui de Lévis fut le troisième seigneur de Mirepoix de son nom; il épousa
Isabelle de Montmorency dont il eut plusieurs enfans.
LL — Voyage de Jacques, roi d'Aragon, en deçà des Pyrénées
6" à Montpellier.
Au mois de mai suivant le roi, accompagné de la ^jrincipale noblesse du
royaume, se rendit' à Clermont, en Auvergne, pour la consommation du
mariage du prince Philippe, son fils, avec Isabelle d'Aragon, qui fut con-
duite à Clermont par le roi Jacques, son père, suivi des infans Pierre 8(.
Sanche, 8c de tout ce qu'il y avoit de plus distingué à sa cour. Le roi saint
Louis assigna alors à Isabelle, pour son douaire, les lieux de Lauran 8<
d'Angles, 81 la forêt de Servian dans la sénéchaussée de Carcassonne, 8<
quinze cens livres de rente sur le grenier à sel de Carcassonne; à condition
que cette assignation cesseroit si Philippe parvenoit au trône, 8i que ce
prince assigneroit alors six mille livres tournois de rente à la reine, son
épouse, pour son douaire*. Après la célébration des noces le roi d'Aragon alla
à Montpellier, où il paroît qu'il avoit fait un voyage ■* au mois de septembre
précédent, 8t où il termina le mariage de l'infant Pierre, son fils aîné, qui
épousa solennellement, le i3 de juin de l'an 1262, dans l'église de Notre-
Dame de cette ville. Constance, fille de Mainfroi, roi de Sicile. Ferdinand, t. ni"'.^!";
fils du roi d'Aragon, Gausbert, vicomte de Casteinau, Olivier de Termes,
Pvaimond-Gaucelin, seigneur de Lunel, & un grand nombre de prélats Se
d'autres seigneurs furent présens à cette cérémonie, Pierre assigna pour le
douaire de Constance le domaine de la ville de Girone avec les juifs, Stc, &
lui en donna l'investiture par un couteau firme. Constance eut cinquante
mille onces d'or en dot'*. Le roi d'Aragon envoya la même-^ année Guillaume
de Roquefeuil, gouverneur de Montpellier, en ambassade à la cour de Savoie,
' Gesta LuAovici IX, p. îyi & suiv. — D'A- à ce sujet une lettre des plus élogieuses à la fin du
chéry, Spicilegium, t. 8, p. Coj. — Trésor des mois de juillet 1262. Jacme d'Arjigoii dut même
chartes; Aragon. déclarer tju'en s'alliant à Manfred, il n'entendait
' Lenain de TiUemont ("tome \V, pp. 248 à pas le soutenir dans sa lutte contre le Saint-Siège.
2.")i) recule ce voy.nge jusqu'au mois de juillet, ce : De Tourtoulon, t. 2, p. .^26, note.) [A. M.]
qui placerait le mariage de Constance 8c de Pierre ' Domaine de Montpellier; titres de Montpel-
d'Aragon un mois avant celui de Philippe & d'/sa- lier.
belle. 11 cite, en effet, nombre de textes qui prou- * D'Achéry, Spicilegium, t. 10, p. 190 & suiv.
vent que Louis IX fut sur le point de rompre le '' Zurita, Anales Je la corona de Aragon, 1. 3,
mariage projeté, à la nouvelle de l'alliance de c. 64.
Jacme I & de Manfred, & Uib.iin IV lui écrivit
An 1262
874 HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XXVI.
pour traiter du mariage de Jacques, son autre iils, avec Eéatrix, fille du
comte Amédée; mais cette alliance n'eut pas lieu.
LU. — Origine du parlement de Languedoc.
■ Il ne paroît pas qu'Alfonse, comte de Toulouse & de Poitiers, ait accom-
pagné le roi saint Louis, son frère, à Clermont. Gui de Sévérac, l'un de ses
principaux vassaux du Rouergue, l'alla joindre, en 1261, à Nogent-l'Erem-
bert, peut-être pour appuyer les plaintes' qu'il lui avoit déjà portées contre
les vexations dont on accusoit Vivien, évêque de Rodez^. Ce prince 8c la
comtesse Jeanne, sa femme, firent leur résidence^ ordinaire à Longpont, les
deux années suivantes, & il y donna commission'^, la veille de la nativité de
f^^ ijg3 Notre-Seigneur de l'an I263, à Odon de Moutonier, son clerc, de terminer,
en qualité de son auditeur, un différend qu'il avoit avec Hugues, comte de
Rodez, 8t quelques seigneurs du pays, touchant une mine d'argent trouvée
à Orzals, en Rouergue. Cette affaire avoit été déjà plaidée, en 1262, devant
Raoul de Gonesse, trésorier de Saint-Hilaire de Poitiers 8c vice-gérant d'Al-
fonse. Raoul, ayant consulté l'évêque de Toulouse, Sicard d'Alaman, Pons
d'Astoaud, le même maître Odon de Moutonier 8c plusieurs autres, avoit
refusé d'entériner une requête que le comte de Rodez lui avoit présentée, 8c
remis à délibérer sur cette matière avec les commissaires du comte Alfonse au
prochain parlement, qui devoit se tenir dans la quinzaine de la fête de la
Toussaint. Sur ce refus le comte de Rodez en avoit appelé à ce prince, qui
avoit commis, par des lettres datées de Longpont, la veille de Saint-Jean-
Baptiste de l'an i263, Philippe de Boissy, sénéchal de Rouergue, pour décider
cet incident. Ce sénéchal ayant rendu son jugement, le comte de Rodez en
avoit encore appelé à Alfonse. Tel étoit l'état du procès lorsque ce prince
commit Odon de Moutonier pour le terminer. Odon^ étant à Toulouse y
rendit une sentence interlocutoire, le jeudi après la nativité de la Vierge de
f^^^ ijg l'an 1264, en présence de Sicard d'Alaman, de Pons d'Astoaud, de Pierre,
vicomte de Lautrec, des sénéchaux de Toulouse 8c de Rouergue, du viguier
' Tvésov des chartes ; Toulouse, sac 2, n. ;2. — Aifonse répondit que le vicomte de Béarn était
Voyez tome VIII, Chartes, n. CCCXXXVII, l'agresseur. Une nouvelle demande n'eut pour
c. 1467 & suiv. — Clément IV, Epist. 342. résultat que de provoquer, de la part d'Alfonse,
'Durant ces années I25l, 1262 & 126?), Al- une dernière démarche de conciliation qui, resiée
fonse eut à résister aux demandes indiscrètes de inutile, amena l'intervention armée du sénéchal
6a belle-sœur, Marguerite de Provence. Cetie prin- de Toulouse en faveur du comte de Comrainges.
cesse, mêlée à des intrigues politiques, & désireuse Dans plusieurs autres circonstances, Alfonse eut
de procurer des secours à sa sœur Eléonore, femme à résister à Marguerite, qui lui demandait parfois
d'Henri III, essaya de gagner l'appui d'Alfonse. des actes peu équitables & réprouvés par le droit
De là toute une correspondance fort intéressante des gens. [A. M.]
que Boutaric a puuliée (p. 100 & suiv.), & qu'il ' Trésor des chartes; Toulouse, sac 6, n. 68 &
est nécessaire d'indiquer brièvement. En 1263, suiv.; sac 11, n. 64.
Gaston de Béarn, qui pouvait être un allié utile ^ Archives du domaine de Rodez,
pour le roi d'Angleterre, était en guerre avec le 'Voyez tome VIII, Chartes, n. CCCXLVIII,
comte de Commmges, vassal d'Alfonse; Margue- ce. 1J26 à i528.
rite pria son beau-frère d'intervenir en sa faveur.
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XXVL 870
de Toulouse & de plusieurs jurisconsultes qui lui servoient d'assesseurs. Il
déclara que le trésorier de Saint-Hilaire de Poitiers avoir simplement admis
la requête du comte de Rodez, 8c, qu'après l'avoir reçue, il avoit déclaré qu'il
en délibérerait au prochain parlement du seigneur comte de Poitiers ^ de
Toulouse ' .
Nous sommes entrés dans le détail de cette procédure parce qu'elle nous
apprend l'ordre judicaire observé dans les domaines du comte Alfonse, & que
ce prince avoit son parlement, comme son frère avoit le sien, pour juger en
dernier ressort les affaires que ses sujets portoient devant lui par appel ou
qu'il trouvoit à propos d'y évoquer. Nous donnerons ailleurs d'autres preuves
qu'Altonse avoit, en effet, un parlement particulier pour toute l'étendue de
ses domaines & de la comtesse Jeanne, sa femme. Si qu'il en tenoit les séances
à sa cour; on convient^, en effet, qu'il l'établit dès son avènement au comté
de Toulouse. C'est là la véritable origine du parlement de Toulouse ou de
Languedoc que nos rois, successeurs d'Alfonse dans le comté de cette ville,
continuèrent après sa mort comme nous verrons dans la suite. Le parlement
de Toulouse, à prendre ce terme dans le sens qu'on lui donne communé-
ment, est donc aussi ancien que celui de Paris ou de France, puisque les
plus anciens registres qu'on ait de ce dernier ne remontent pas au-dessus de
l'an 1259^. Au reste, Alfonse, après avoir acquis "^ le droit d'Hugues de Saint-
Romain, chevalier, dans le domaine duquel la mine d'Orzals étoit située,
transigea enfin, au mois de novembre de l'an i265, avec le comte de Rodez,
& demeura en possession du tiers de cette mine, outre la moitié du droit
de seigneuriage, qui consistoit en trois sols par marc, de l'argent qu'on en
tiroit, 8tc. Il laissa l'autre moitié en fief au comte de Rodez''.
' Sur cette affaire on peut consulter Boutaric, née, était ambulatoire, c'est-à-dire qu'il suivait le
pp. 108 à 210. La mine était située en partie sur comte dans ses nombreux voyages, & s'occupait
les terres d'un chevalier, Hugues de Saint-Rome, des affaires de tout l'apanage d'Alfonse & des an-
vassal du comte de Rodez, & Alfonse réclamait ciens domaines de Raimond VII. Ses sentences
les droits de suzerain, qu'il devait partager avec n'avaient d'ailleurs aucun caractère définitif, &
le comte de Rodez. Dés 1262 la mine d'Orzals devaient, pour devenir exécutoires, avoir été ap-
était sous la main d'Alfonse. Une transaction prouvées par le comte. On a un rôle fort curieux
passée en 1265 partagea également le domaine de ce parlement pour les domaines du midi, de
entre les deux parties, La recette fut toujours l'an 1270, rôle dont nous parlerons plus loin.
assez médiocre; en 1268, elle était de quatre cent — Remarquons en passant que dom Vaissete ra-
marcs d'argent, valant mille livres. Les contesta- jeunit le parlement de Paris de quelques années,
tions avec le comte de Rodez duraient encore en Le plus ancien des OLin commence à l'an 1204.
1267. [A. M.] [A. M.]
' La Chaise, Histoire de saint Louis, 1. 5, n. 5, ' Trésor des chartes; Toulouse, sac 6, n. i i.
p. 304. ■* C'est à cette année 1263 qu'il faut placer
' Le parlement d'Alfonse n'était pas un parle- cette tentative des infants d'Aragon sur le Lan-
ment dans le sens ordinaire du mot, mais une cour guedoc, que nous avons déjà rappelée plus haut,
plénière, investie de pouvoirs administratifs & & que dom Vaissete avait datée à tort de 12Ô7.
judiciaires, & jugeant principalement les causes Une lettre de Louis IX, d'octobre 1263, publiée
entre le comte & les particuliers. Il se composait par Boutaric, p. lij, note, prouve péremptoire-
des officiers d'Alfonse, qui venaient à termes fixes ment qu'elle eut lieu vers cette époque. Par cette
lui rendre leurs comptes, des clercs enquêteurs, lettre le roi demande à son frère d'ordonner au
qui rapportaient les enquêtes par eux faites sur sénéchal de Toulouse de s'occuper de cette affaire,
les lieux, Sic. Il siégeait aux grandes fêtes de l'an- [A. M.J
An 1264 ^/^ HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXVI,
LUI. — Aljbnse se prépare à retourner à la Terre-Sainte ; il met le comte
d'Armagnac, son vassal, à la raison.
x^nulT^lk Alfonse, dans le dessein de passer incessamment' à la Terre- Sainte,
demanda, en 1264, au pape Urbain IV la confirmation des grâces qu'Inno-
cent IV, son prédécesseur, lui avoit accordées pour cette entreprise, savoir :
le rachat des vœux de ceux qui, s'étant croisés, n'avoient pu les accom-
plir, &C. Urbain lui accorda sa demande, le 27 d'août de la même année^, &c
lui écrivit^ ensuite pour le prier de changer. Se au lieu d'aller outre-mer, de
joindre ses armes à celles du comte de Provence, son frère, pour venir en
Italie le venger de Mainfroi, roi de Sicile; mais le comte persista dans sa
première résolution'*. Ce prince ordonna, vers le même^ temps, à Pierre de
Landreville, son sénéchal de Toulouse, d'assembler la noblesse du pays Si de
déclarer la guerre à Géraud, comte d'Armagnac, son vassal, qui s'étoit révolté
contre lui. Le sénéchal se mit aussitôt en armes, ravagea les terres de Géraud,
■fit sur lui plusieurs prisonniers Se l'obligea à demander la paix 8c à donner
des otages. Alfonse manda alors à Landreville qu'après avoir reçu des assu-
rances de la part de ce comte Se de Pincelle, safemme^ comme ils esteroient
à droit devant sa cour 8c lui feroient toutes les satisfactions convenables, il
lui rendit ses otages 8c les domaines qu'il avoit saisis sur lui^. Le sénéchal
condamna ensuite Géraud à payer à Alfonse quinze cens livres tournois pour
' Trésor des chartes; Toulouse, sac 6, n. 64. [J. même remarquer que pour venir en aide à son
3i3,l frère, il était forcé de recourir aux usuriers, (/iii.
' Vers la même époque, Alfonse se plaignit au pp. 114, ii5.) [A. M.]
pape d'un canon du concile provincial de Bor- 'Trésor des chariesj Toulouse, sac 4, n. ô.), &
deaux, qu'il jugeait préjudiciable à ses intérêts. sac 6, n. 10. [J. 3o7 & 3i2.]
Ce synode avait décidé que les lieux où on aurait " De cette année 1264 date une grande bulle du
saisi des biens ecclésiastiques seraient soumis à pape Urbain IV que Boutaric a publiée (pp. 443 a
l'interdit ipso facto. Alfonse envoya à Urbain IV 447), & <]ui est un véritable code de procédure à
deux ambassadeurs, Guillaume de Doué, chevalier, l'usage de l'inquisition, rédigé pour les inquisi-
&. Guichard, son clerc, & lui demanda de le met- leurs des domaines du comte de Poitiers. Sans en-
tre à l'abri des conséquences de ce statut, en don- trer dans l'analyse détaillée de ses dispositions,
liant à ses privilèges antérieurs une certaine exten- nous en dirons quelques mots. — Cet acte annuité
sion. Il écrivit en même temps au pape (21 oct. toutes les procédures faites sans le concours des
I 264) & à plusieurs des cardinaux du sacré collège. dominicains inquisiteurs, même celles des ordi-
Ses réclamations paraissent être restées sans effet, naires. — Pour prononcer la peine de la prison
& la cour romaine ne voulut pas se prononcer perpétuelle, ils s'adjoindront les ordinaires ou, en
dans cette querelle assez délicate. (Cf. Boutaric, cas d'absence, leurs vicaires; les dépositions des
pp. 432, 433, & tome VIII, ce. 1541, 1,542.) témoins seront reçues en présence de deux person-
[A. M.] nés religieuses choisies par eux. Les inquisiteurs
' Raynaldi, année 1264, n. 14. pourront ne point publier les noms des témoins,
^ Urbain IV avait déjà fait faire une première si cette publication paraissait dangereuse pour
démarche auprès d'Alfonse par le cardinal de ceux-ci. Enfin le pape donne aux commissaires
Saint-Ange, démarche restée inutile. (Boutaric, tout pouvoir pour agir, rechercher, punir, ab-
p. I 14.) Clément IV, successeur d'Urbain IV, re- soudre, concéder des indulgences, citer, enten-
nouvela ses instances par une bulle de juin 126J, dre, &c. Cette bulle rendait aux inquisiteurs tous
dans laquelle il fait le tableau le plus sombre de les pouvoirs que les évêques avaient essayé de leur
la détresse du nouveau roi de Sicile. Alfonse n'ac- enlever quelques années auparavant. [A. M.]
corda que quelques secours pécuniaires en faisant
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXVI. 877 —
' ' An I 2f>4
'es frais de la guerre 5 mais par un accord qu'il passa ensuite avec lui à Tou-
louse, à la fin de septembre de l'an 1264, il se contenta de quatre cent cin-
quante livres de Morlas.
LIV. — Procès fait à Raimond de Felgar, êvêqite de Toulouse,
par les commissaires du pape.
La ville de Toulouse étoit alors dans le trouble & l'agitation à l'occasion
du procès intenté à Raimond de Felgar, son évêque, auparavant religieux de
l'ordre des frères Prêcbeurs. Ce prélat' fut accusé de divers crimes devant le
pape Urbain IV, entre autres de mener une vie licencieuse & d'être extrê-
mement négligent dans les fonctions de son ministère. Sur cette accusation
le pape nomma Maurin, archevêque de Narbonne, Bérenger de Frédol ,
évêque de Maguelonne, & le prieur de Nérac, de l'ordre de Saint-Benoît,
pour se rendre à Toulouse, y examiner en qualité à' inquisiteurs ou de com-
missaires la vie & la conduite de Raimond de Felgar. Ils se transportèrent
tous trois bientôt après dans cette ville 8c y commencèrent leur procédure;
mais l'évêque ne jugea pas à propos de comparoître, quoiqu'ils l'eussent cité,
8c, après leur avoir fait signifier un appel au pape, il partit pour Rome,
malgré la défense qu'ils lui avoient faite de s'absenter. Après son départ ses
officiers prirent le soin de sa défense, 8c, comme il étoit fort aimé dans la
ville, le sénéchal, le viguier 8c les principaux babitans se déclarèrent haute-
ment en sa faveur, 8c refusèrent constamment d'exécuter les ordres des com-
missaires. Ceux-ci, voulant se faire obéir, excommunièrent le viguier 8c les
officiers de l'évêque, 8c donnèrent en même temps avis au pape des traverses
qu'ils essuyoient dans l'exécution de leur commission. Le pape écrivit, le
28 de janvier de l'an 1264, au comte Alfonse, pour le prier d'ordonner au
sénéchal de Toulouse 8c à ses autres officiers de favoriser les trois commis-
saires 8c de permettre qu'ils prissent sur les revenus de l'évêché de Toulouse
de quoi fournir aux frais de leur commission, comme il le leur avoit accordé.
Il adressa cette lettre à Maurin, archevêque de Narbonne, qui l'envoya au
comte, le 17 de mars, 8c l'accompagna d'une des siennes, dans laquelle il
expose, à ce prince le refus que le sénéchal, le viguier 8c capitulaires (ou
capitouls) de Toulouse lui faisoient, 8c à ses collègues, de prendre sur les
revenus de l'évêché de Toulouse les dépenses de la commission 8c le prie
d'interposer son autorité pour les y contraindre.
Alfonse, après avoir reçu la lettre du pape, manda, le samedi avant les
Rameaux (12 d'avril), au sénéchal de Toulouse, d'en délibérer avec des per-
sonnes intelligentes 8c non suspectes; « 8c supposé, ajoute-t-il, que le vicaire
« 8c les autres officiers de l'évêque vous donnent de bonnes raisons pour vous
<i empêcher de saisir le temporel de l'évêché, afin de subvenir aux frais de
' Vovez fitne VIII, Chartes, n. CCCXLIX, c. i^zS & juiv. — Trésor dcî chartes; Toulcise, sac 6,
-~ ;: — 878 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXVI,
An I 264 '
<( la commission, excusez- vous tant auprès du pape qu'auprès des commîs-
« saires de ne pouvoir procéder à cette saisie. » II lui ordonne enfin de lui
faire savoir ce qui se passeroit. On voit par là qu'Alfonse étoit favorable à
l'évêque de Toulouse', qui avoit à la tête de son parti Béraud d'Anduze,
Éd. oiigin. cousin dc la comtesse Jeanne, femme de ce prince. Béraud, pour intimider
les commissaires, alla un jour a la tête d une troupe de gens armes dans le
cloître de Saint-Etienne, où ils demeuroient, & menaça de les faire mourir j
mais ayant été repoussé par les domestiques de l'archevêque & de ses collè-
gues, ses gens déchargèrent leur fureur sur l'écuyer [scuîi/èro) de ce prélat
qui ramenoit ses chevaux de l'abreuvoir &. le blessèrent à mort. Les commis-
saires portèrent des plaintes de ces violences, le 24 d'avril, au comte Alfonse,
& lui marquèrent que le sénéchal refusoit toujours, malgré ses ordres, de
pourvoir à leur entretien sur les revenus de l'évêché de Toulouse.
Ces plaintes étant inutiles Se le sénéchal persistant toujours dans son refus
les commissaires usèrent de voies de fait & se dédommagèrent de leur propre
autorité, soit sur le temporel de l'évêché de Toulouse, soit sur les biens des
Toulousains qui étoient attachés à leur évêque; en sorte que le pape, informé
de ces désordres, fut obligé d'écrire, le 18 de mai suivant, au comte Alfonse,
pour le prier de protéger l'évêque de Toulouse & ses adhérans, 8c de ne pas
permettre qu'on fît tort à leurs personnes ou à leurs biens, sauf les frais de la
commission. Cependant le sénéchal Pierre de Landreville, voulant exécuter
les ordres du comte, assembla plusieurs jurisconsultes, 81 ayant fait appeler
à l'assemblée Bernard Saisset, chancelier de l'église de Toulouse, le vicaire
général, l'official & les procureurs de l'évêque, il leur déclara que s'ils avoient
de bonnes raisons pour empêcher la saisie des revenus de l'évêché ils n'avoient
qu'à les proposer. Le vicaire général ' répondit qu'il n'y avoit aucun lieu de
faire cette saisie, parce que l'évêque avoit récusé les commissaires pour des
raisons légitimes, 8t qu'il avoit appelé de leur procédure au Saint-Siège où
il avoit obtenu un auditeur apostolique; qu'ainsi il le sommoit de surseoir à
la saisie, avec menace, en cas qu'il passât outre, de l'excommunier lui 8<. tout
son conseil. Landreville ordonna aussitôt la surséance, 8c, pour se mettre à
l'abri des menaces que les commissaires avoient faites de jeter l'excommuni-
cation 81 l'interdit sur sa personne, sur la ville de Toulouse 8t sur tous les
Etats du comte Alfonse, il appela au pape avec le lieutenant du viguier & les
consuls de Toulouse, tant en leur nom qu'en celui du peuple, de tout ce que
les mêmes commissaires pourroient décerner contre eux; ces derniers voyant
alors qu'ils ne pouvoient aller plus avant 81 craignant d'être maltraités par la
populace, furent obligés de se retirer.
Pierre de Landreville s'étoit déjà déclaré ouvertement partisan^ de l'évêque
'Voyez tome VIII, Chartes, n. CCCXLIX, resta en fonction jusqu'en i :68, année de sa mort.
ce. i5/!6, 1537. (Boiitaric, p. 169.) Voir aussi tome VIII, c. i58i,
" Archives de l'abbaye du Mas-Garnier. — Cf. à un mandement d'Alfonse, fort élogieux pour ce
ce sujet tome IV de cette histoire, p. 488. Le séné- fonctionnaire. [A. M.]
chnl ne dut pas être puni bien sévèrement, car il
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXVI.
879
An 1264
de Toulouse, qu'il avoit aidé peu de temps auparavant, conjointement avec
Béraud d'Anduze, à s'emparer de force de l'abbaye du Mas-Garnier où ce
prélat avoit ensuite déposé labbé & nommé un autre en sa place. Les reli-
gieux du Mas appelèrent de cette entreprise au comte Alfonse, qui nomma
Philippe de Montléard, chevalier, & maître Barthélémy d'Orléans, chanoine
d'Angoulême, pour aller taire une enquête sur les lieux. Les deux commis-
saires citèrent le sénéchal, qui n'osa comparoître, 8c le condamnèrent par
contumace, le 8 de mars de l'an 1264 (i265), à rendre à l'abbaye du Mas
tout ce qu'il en avoit enlevé, 8c qu'on estimoit mille livres toulousaines; ils
réservèrent au comte Alfonse à le punir personnellement.
Raimond de Felgar', évêque de Toulouse, obtint enfin à Pvome, du pape
Urbain IV, l'absolution de la sentence d'excommunication que l'archevêque
de Narbonne avoit lancée contre lui; mais à peine fut-il de retour dans son
diocèse que cet archevêque l'excommunia de nouveau sans garder aucune
formaHté; de quoi le pape Clément IV, successeur d'Urbain, le reprit sévè-
rement, le 22 de juillet de l'an i265*. Raimond fut ainsi obligé de retourner
à Rome, où il obtint une nouvelle absolution; mais son affaire ne finit pas
si tôt, 81 elle duroit encore ■'' au mois de septembre de l'année suivante,
lorsque le pape manda aux inquisiteurs députés contre l'évêque de Toulouse,
que ce prélat se plaignoit de ce qu'après avoir entendu un très-grand nombre
de témoins contre lui ils ne lui permettoient d'en produire que quelques-
uns pour sa défense. Le pape déclara ensuite que n'y ayant pas de promo-
teur dans cette affaire l'évêque pouvoit récuser ceux des témoins qu'il jugeroit
à propos. Se que, pour plus grande liberté, il lui permettoit d'en faire ouïr
jusqu'à cent pour sa justification: en un mot, il ordonna aux commissaires tdongin.
'...',,, j . • .11- • "■ '"' P '^''•
ou inquisiteurs a entendre autant de témoins pour établir son innocence
qu'ils en avoient reçus pour prouver les crimes de fratricide 8t de simonie
dont il étoit accusé. Enfin il leur donna permission de prolonger la procédure
au delà du terme marqué, autant de temps qu'il en faudroit pour recevoir la
déposition de tous ces témoins. Le pape accorda ■* un nouveau délai, le 18 de
décembre suivant, soit pour que ce prélat pût donner les moyens de récusa-
tion qu'il avoit contre les témoins qui lut étoient contraires, soit pour
entendre ceux qui lui étoient favorables.
' dénient IV, Epist, 108. été attaqué sur le chemin public par le baile, le
* La violence avec laquelle l'archevêque Maurin )ug« & les hommes de ce dernier, dépouillé de ses
poursuivit l'évêque Raimond du Fauga nous donne b.igages & traité ignominieusement par eux. Il
à penser qu'il était conduit par une haine person- termine en priant le roi de faire punir les auteurs
nelle. Un mandement d'Alfonse, d'environ 1262 d'un tel attentat. fA. M.]
(tome VIII, ce. i5o5, i5o6), vient à l'.ippui de ^ Clément IV, £^;st. 3y8. — Catel, Mémoires de
notre opinion. Le comte y expose au roi que Rai- l'histoire du Languedoc, p. pc/l.
mond du Fauga, se rendant au concile provincial ■* Clément IV, Epist. 418.
de Béziers, convoqué par l'archevêque Maunn, a
An I 264
88û HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXVI.
LV. — Alfonse prétend exercer les droits de régale dans l'église de Toulouse.
Evéques de cette ville.
Il V a lieu de croire que Raimoncl de Felgar se tira de cette attaire avec
honneur. Le pape le qualifie, en effet, son très-cher frère dans une lettre'
qu'il écrivit, le 20 d'octobre de l'an 1267, à l'évêque de Béziers, pour le
charger de confirmer la sentence d'excommunication lancée par l'official de
Toulouse contre le viguier de cette ville qui, sous prétexte des droits de régale,
s'étoit saisi des biens de l'évêché de Toulouse, au nom du comte Alfonse, sur
le faux bruit qu'on avoit fait courir de la mort de ce prélat. Raimond pos-
séda d'ailleurs paisiblement l'évêché de Toulouse jusques à sa mort, arrivée-
le 19 d'octobre de l'an 1270, après l'avoir gouverné pendant trente-neuf ans.
11 fut inhumé dans l'église des dominicains de Toulouse, ses confrères, aux-
quels il avoit fait beaucoup de bien ^. On y voit encore son tombeau & son
épitaphe où on fait un grand éloge de sa personne. Un historien moderne**,
de son ordre, croit qu'on s'est trompé d'avoir dit qu'on avoit formé diverses
accusations contre lui, 8c qu'on l'a confondu avec Raimond, évêque de Tou-
louse, qui vivoit sous le pontificat d'Urbain II ; mais l'accusation intentée
contre Raimond de Felgar est appuyée sur un si grand nombre de monu-
mens qu'on ne sauroit la révoquer en doute. On attribue à ce prélat » plu-
sieurs écrits contre les hérétiques de son temps.
Le chapitre de Toulouse élut à sa place Bertrand de l'Isle-Jourdain, prévôt
de la cathédrale, qui tut sacré vers la fin de novembre de l'an 1270. Ce
nouvel évêque étoifS fils de Bernard-Jourdain II, seigneur de l'Isle-Jourdain,
8c d'Indie, fille naturelle de Raimond VI, comte de Toulouse. Il naquit
posthume en 1227, 8c son père l'ayant destiné par son testament à embrasser
l'état religieux parmi les chanoines réguliers de la cathédrale de Toulouse, il
y fit profession 8c en devint prévôt. Il étoit déjà parvenu à cette dignité 8c à
celle de chapelain du pape, au mois de septembre de Tan 1209, lorsqu'étant
à Paris, il y termina un différend qui s'étoit élevé entre Jourdain, quatrième
du nom, seigneur de l'Isle-Jourdain, son frère, 8c Isarn-Jourdain Se Bernard
d'Astafort, touchant la succession de Rajmond-Jourdain, fils d'Othon de
Terride, vicomte de Gimoëz, son oncle paterneF, mort sans enfans.
LVI. — Le roi d'Aragon dispute au roi la souveraineté sur Montpellier.
Jacques, roi d'Aragon, envoya^, en 1264, k la cour de France, une ambas-
sade solennelle, composée d'Arnaud, évêque de Barcelone, 8c de Pons-
' Clément IV, Ep\n. j^lî. s Voyez tome VII, Note XLII, n. i, p. pi8.
' GiiiUamne de Piiylaurens, c. ôi. ' /ii'rf. n. Il, pp. ii8, 119.
' Percin, Monumenta conventus Tolosani , ann. 'Voyez tome VUl, Chartes, n. CCCXLVII,
1270 & i38ô. ce. i5ip à 1Ô26.
'' liiJ, ann. 1270, n. 7.
' IhiJ. ann. 1270, n. 8.
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XXVI. S3i
An
I-IJ orijii'i.
Hugues, comte d'Empuiias, pour se plaindre au roi de ce que le sénéchal de
Beaucaire avoit cité à son tribunal ses officiers S; les liabitans de iMontpel-
lier, où il prétendoit ne reconnoître aucun supérieur. Ces ambassadeurs,
étant arrivés à la Cour, entrèrent en conférence avec le roi & son conseil,
le 25 de mai, 8c proposèrent leurs raisons. Le roi leur répondit, entre autre?,
qu'il n'avoit jamais eu intention de faire aucun tort au roi d'Aragon ; que
Montpellier étoit dans son fief &c dans les limites du royaume, 8c qu'ainsi
ayant une pleine autorité dans le pays, son sénéchal étoit en droit de sou-
mettre les habitans de cette ville à sa juridiction. Les ambassadeurs avancè-
rent dans leur réplique que les anciens seigneurs de Montpellier n'avoient
jamais reconnu aucun supérieur (mais outre l'hommage qu'ils rendoient soit
aux évêques de Maguelonne, soit aux anciens comtes de Melgueil, on pou-
voit leur citer divers monumens' dans lesquels ils qualifient nos rois leurs
seigneurs). Les envoyés, pour soutenir leur paradoxe, l'appuvèrent sur un
autre, savoir que les évêques de Maguelonne ne reconnoissoient pas eux-
mêmes la souveraineté de nos rois. (On a vu ailleurs des preuves du con-
traire.) Le roi leur répondit qu'il se feroit informer de l'état des choses par
le sénéchal de Beaucaire, 8c qu'il en délibéreroit au prochain parlement avec
le cardinal Fulcodi, qui avoit également à cœur les intérêts des deux rois, 8c t.'in,°p
qui s'étoit employé, tant pour négocier la paix entre eux que pour la con-
clusion du mariage du prince Philippe, son fils, avec Isabelle d'Aragon;
qu'au reste il aimoit sincèrement le roi Jacques; qu'il étoit si éloigné de
vouloir lui causer le moindre préjudice touchant la ville de Montpellier,
qu'il aimeroit mieux lui céder ses propres droits que d'empiéter sur ceux de
ce prince, 8c qu'enfin il manderoit au sénéchal de Beaucaire de surseoir ses
poursuites juscjues à nouvel ordre. Les ambassadeurs demandèrent alors au
roi qu'il donnât un ordre absolu au sénéchal de disconstinuer ses procédures,
8c offrirent de mettre l'affaire en arbitrage; mais ils ne purent ébranler la
fermeté de Louis, qui s'en tint à sa résolution; en sorte qu'après avoir protesté
sur la guerre que cette dispute pouvoit faire naître entre les deux couronnes,
ils se retirèrent.
Jacques n'osa cependant avoir recours aux armes pour soutenir une que-
relle si mal fondée. En effet, les droits du roi étoient si certains qu'ils ne
souffroient aucune difficulté. Ainsi les sénéchaux de Beaucaire continuèrent
d'exercer leur juridiction sur les liabitans de Montpellier, quelque démarche
qu'ayent faite dans la suite les successeurs du roi Jacques pour les en exempter,
&c il paroît que ce prince abandonna entièrement ses prétentions ^. Il étoit
' Dudiesne, t. 4, p. 719. — [Ce renvoi indi- dii royaume de France. Mais il faut convenir qu'en
que une lettre de Guillem VII de Montpellier à fait, elles étaient peu admissibles. Les premiers
Louis le Jeune, dans laquelle ce seigneur traite le successeurs des Carolingiens n'avaient pas plus de
roi de dominas Sttus, &. se dit son chevalier (miles pouvoir dans le midi de la France que les rois
ejus). [A. M.] d'Allemagne, & ce n'était pas avant Louis VII que
' En droit les prétentions de Louis IX & de ses l'influence des Capétiens avaient recommencé à se
officiers étaient fondées; la ville de Montpellier faire sentir à Montpellier. Philippe- Auguste , le
£(. son territoire avaient fait de tout temps paiiie premier, s'était entremis des affaires intérieures de
V'. .-.<
Al» 1 ; J.}
882'
HISTOIRE GÉNEllALE DE LANGUEDOC. LIV. XXVI.
d'ailleurs assez occupé dans l'intérieur de ses États par les troubles' qui s'y
élevèrent la même année au sujet d'un subside, nommé le bouage, qu'il y
avoit établi. La plupart des grands lui résistèrent ouvertement, entre autres
Bernard-Guillaume d'Entenza, comte de Pailhas & de Ribagorça, qui lui
chercba de plus querelle sur la seigneurie de Montpellier, qu'il prétendoit
lui appartenir, parce qu'il étoit petit-fils par son père, appelé aussi Bernard-
Guillaume, mort au Puy-Sainte-Marie, de Guillaume VIII , seigneur de
Montpellier, & d'Agnès, sa seconde femme. Les habitans de cette ville, qui
avoient donné ^ cent mille sols melgoriens à Jacques pour la confirmation de
leurs privilèges, s'opposèrent également à l'imposition du bouage^. Le roi
délibéra"*, en effet, avec le cardinal Gui Fulcodi, sur l'affaire du roi d'Aragon
dans un parlement qu'il tint en 12645 "i^is nous ignorons la résolution qui
y fut prise.
LVn. — Voyage du cardinal Fulcodi en France ; est élu pape sous le nom
de Clément IV, — Evêque de Béjiers,
Gui étoit alors de retour d'Italie où il avoit été prendre possession de l'évê-
cbé de Sabine 8c du cardinalat. Après cette cérémonie, le pape Urbain IV
le nomma ^, à la fin de l'an 1268, légat en Angleterre, dans l'espérance qu'il
pacifieroit par sa dextérité les troubles qui s'étoient élevés dans ce royaume
entre le roi & les grands, avec pouvoir de publier la croisade pour mettre ces
derniers à la raison. Gui, ayant repassé les monts, prit sa route par la Pro-
vince, St termina à Béziers, le 27 de mai de l'an 1264, par une sentence
arbitralei^, les différends qui s'étoient élevés entre Pons, évêque de cette ville,
cette seigneurie. Toutefois ce n'était pns le fait
d'une politique inhabile que d'utiliser ces droits
surannés pour se mêler des affaires intérieures de
cette seigneurie importante, & ce fut à ces réserves
prudentes de Louis IX que les rois ses successeurs
durent l'acquisition de Montpellier. Développée
& soutenue tous les jours par des légistes habiles
& tenaces, la théorie des cas royaux finit par pré-
valoir, & un jour vint où le roi de France, après
avoir expulsé les deux souverains de Montpellier,
s'y trouva seul maître. [A. M.]
' Zurita, Anales de la corcna ie Aragon, 1. 3,
c. 66.
' Gariel, Séries praesitlum Magalonensium, p. 291,
^ On peut consulter à ce sujet de ïourtoulon,
t. 2, p. 335 8c suiv. On trouvera dans cet auteur
de nombreux renseignements sur ce dissentiment
entre Jacme & ses vassaux. L'origine de la querelle
était un déni de justice fait par le roi au vicomte
de Cardone, dans une première assemblée des cer-
tes, tenue en novembre 1264. Dans une seconde
session, la question du louage, impôt dont Jacme
demandait l'octroi sans indiquer dans quelle forme
il comptait le lever, amena de nouvelles querelles.
La noblesse d'Aragon abandonna le roi & celui-ci
dut renouer les négociations avec elle. Une pre-
mière entrevue à Calatayud n'eut aucun résultat,
&, pour apaiser le mécontement de 'ses barons,
Jacme fut obligé de soumettre le différend au ju-
gement des cortès réunis à Exéa, en avril i265j
l'assemblée donna sur presque tous les points gain
de cause aux rebelles. [A. M.]
' Registre Olim. — Le renvoi de dom Vaissets
est faux, les Olim ne contiennent rien sur cette
affaire de Montpellier. Il est d'ailleurs certain
que Gui Foucois fut présent au parlement de la
Pentecôte de l'an 1264J il est mentionné dans un
arrêt contre la veuve d'Hugues de Saissac, vicomte
de Fenouillet. (Bouta rie. Actes du Parlement, t. I,
p. 78, n.gS.-).) [A. M.]
' Baluze, Concilia Galliae Narhonensis, Append.
n. 3i & suiv. — Raynnldi, année 1263, n. 84
& suiv.
^ Archives de l'abbaye de Sa int-Aphrodise & de
l'église de Béziers. — Andoque, Evé<;uts de Béliers,
p. io;> & suiv. — [Cf. à ce sujet tome V, c. >^jo
& suiv. n"" 189 à 196, (1 263-1264J.]
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXVI. 88?) —; —
An 1204
£<. les chanoines de sa cathédrale d'une part Se ceux de la collégiale de Saint-
Aphrodise de l'autre, au sujet de l'élection d'un abbé que ceux-ci avoient
faite sans le consentement des autres. Gui Fulcodi cassa cette élection par sa
sentence. Pons, évêque de Béziers, étoit de la maison de Saint-Just. Il avoit
succédé à Pv.aimond de Vallauquez, mort au mois de juin de l'an 1261. Ce
dernier confirma, en 1259, la fondation du couvent des religieuses de Sainte-
Claire de Béziers; fondation que le pape Alexandre IV confirma de son côté,
le 25 de février de l'an 1260, par une bulle, « dans laquelle il approuve leur
« établissement suivant la règle de Saint-Benoît & l'institution des moniales
<i cloîtrées de Saint-Damien-d'Assise. »
Le cardinal Fulcodi fit ensuite un voyage à Montpellier 8t y consacra', la
veille de la Pentecôte de l'an 1264, l'église des frères Mineurs. Il se rendit
de là en France dans le dessein de passer la mer pour exercer sa légation en
Angleterre ; mais les évêques & les barons de ce royaume, révoltés contre
leur roi, lui en refusèrent l'entrée. Obligé de s'arrêter à Boulogne-sur-Mer,
il excommunia de là les Anglois rebelles, 8c jeta l'interdit sur la ville de
Londres 8c sur les cinq ports d'Angleterre qui lui étoient fermés; mais voyant
que ses censures 8c ses tentatives étoient inutiles, il reprit le chemin de
Rome, 8c apprit bientôt après que les cardinaux assemblés à Pérouse l'avoient
élu pape à la place d'Urbain IV, mort dans cette ville, le 2 d'octobre précé-
dent. Il fut contraint de se déguiser pour éviter les embûches de Mainfroi,
roi de Sicile, 8c étant arrivé à Pérouse, il fit d'abord beaucoup de difficulté
d'accepter le pontificat. Il se rendit cependant à la fin, fut couronné dans t.iii.p.'Vi
cette ville, le 26 de février de l'an i265, 8c prit le nom de Clément, parce
qu'il étoit né le jour de saint Clément.
Gui Fulcodi, dont nous avons eu déjà occasion de parler plusieurs fois,
étoit né à Saint-Gilles sur le Rhône, dans le diocèse de Nimes, d'une bonne
famille qui portoit le surnom de Fulcodi 8c non celui* de le Gros ou Grossi,
que quelques modernes lui donnent. Son père, Pierre Fulcodi ou Fulcois, un
des meilleurs jurisconsultes de son temps, après avoir été chancelier de Rai-
mond VI, comte de Toulouse, à la fin du siècle précédent, avoit dans la suite
embrassé la vie monastique dans la grande Chartreuse où il étoit mort en
odeur de sainteté. Gui suivit d'abord l'exercice des armes 8c se maria avec
une jeune demoiselle dont il eut plusieurs enfans^ de l'un 8c de l'autre sexe.
Il s'adonna ensuite à l'étude de l'un 8c l'autre droit, 8c il y fit des progrès si
étonnans qu'il passa pour le plus grand jurisconsulte de son siècle. Il joignit à
cela des qualités encore plus estimables : une prudence consommée, beaucoup
de probité, de piété, de modestie 8c de zèle pour la religion. Toutes ces
vertus lui attirèrent une réputation éclatante, avec l'estime universelle des
gens de bien, 8c on avoit tant de confiance en ses lumières qu'il devint
comme l'arbitre général des plus grands différends qui s'élevèrent dans le
' Gixriel, Séries praesulum Magi'.'jnensium, -p. iBo. ' Rymer, Acta, t. i , p. 1740.
' Voye?: tome VU, Note XLIII, pp. I23 & 124.
An ii65
"TTTIÏT" ^^4 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. I.IV. XXV!.
pays & clans les provinces voisines. Raimond Vil, comte de Toulouse, dont
il étoit né sujet, Alfonse, son successeur, le roi saint Louis, le roi d'Aragon
& divers autres princes l'employèrent à l'envi dans leurs affaires les plus
importantes; & le roi l'admit au rang de ses conseillers les plus intimes.
Après la mort de sa femme il embrassa la cléricature & fut successivement
archidiacre & èvêque du Puy, archevêque de Narbonne, cardinal-évêque de
Sabine, &. enfin souverain pontife. Un auteur contemporain' parle de lui
de la manière suivante : « Clément, pape, né de Saint-Gile en Provence, fu
ce estrais de chevalières & de bones gens, & estoit grant clerc en droit, 8c
« estoit bons advocas le meillor de la terre, & avoit renon d'estre loiaus homs}
« ce que n'avient pas souvent de gens de son mestier. Il ot famé espousée,
« de laquele il ot ii filles. Après la mort sa famé se tint comme clerc, Se fu
« entor le roi Louis de France, Si. delà fu évesque du Fui, Sec. »
Clément IV, après son élévation au pontificat, écrivit^, le 7 de mars de
l'an 1265, la lettre suivante à Pierre de Saint-Gilles (son neveu) : « Tandis
« que plusieurs se réjouissent de notre élévation nous gémissons sous le far-
ci deau qui nous est imposé, S< nous n'y trouvons que des sujets de crainte &
<( de larmes. Pour vous apprendre donc la manière dont vous devez vous con-
c( duire dans cette circonstance, sachez que vous n'en devez être que plus
« modeste; car un honneur passager, dont nous sommes fort humilié, ne
« doit pas élever nos proches. Nous vous défendons, de même qu'à votre frère
<c Se à tous nos parens, de venir nous trouver sans une permission spéciale;
« autrement vous seriez obligés de vous en retourner pleins de confusion.
« Ne cherchez pas à cause de nous une alliance plus considérable pour votre
<( sœur; vous ne nous y trouveriez pas disposé, 8<. nous ne vous donnerions
<■ aucun secours. Si vous la mariez cependant au fils d'un simple chevalier,
« nous vous promettons tout au plus trois cens livres tournois; que si vous
« aspirez à quelque chose de plus relevé, n'attendez rien de nous. Nous vous
« ordonnons de tenir tout ceci secret 81 de n'en parler qu'à votre mère. Nous
« ne prétendons pas de plus qu'aucun de nos parens s'élève sous prétexte de
<i notre promotion. Se nous ne voulons pas que Mabilie Si Cécile avent
» d'autres maris que ceux qu'elles auroient eus si nous étions resté simple
« clerc. Allez voir Gilie; dites-lui de demeurer toujours à Suyse 8<. de garder
« la même modération h. la même modestie dans ses habits; qu'elle ne s'em-
« ployé pour personne auprès de nous, car ses prières deviendroient inutiles
« à celui pour qui elle les feroit, 8c pourroient lui être désavantageuses à
« elle-même. Si par hasard on lui offre de l'argent, qu'elle le refuse, à moins
« qu'elle ne veuille perdre entièrement mes bonnes grâces. Saluez votre mère
(( Si vos frères; nous ne vous écrivons pas 81 à ceux de la famille avec la
« bulle, mais sous le sceau du Pêcheur dont les pontifes romains se servent
' Marténe, y!;"/)Zisiim<t collectio, t. "j, c. -/^ij. — ' Clément IV, Epist. 2. — Voyez tome VII,
[Continuateur de GuiUauTne de Tyr. Coll.itionné wï supra.
sur l'édition de l'Académie, dans le Rnucil des
historiens occidentaux des croisades, t ?, p. 448. j
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XXVI. 885 —;
An 1205
« dans leurs aftaiies secrètes. » Cette lettre, qui prouve d'une manière bien
manifeste S< le détachement Se la modestie du pape Clément IV, nous fait Édorism.
connoitre une partie de ses parens '. Pierre le Gros ou de baint-Gilles, a qui
il l'adresse, étoit fils d'une de ses sœurs 5<. frère d'Adélaïde qui épousa Guil-
laume de Boulbon, chevalier, dont elle devint veuve en 1268. Clément^
avoit aussi un frère, qui étoit curé, £< qu'il se contenta de pourvoir d'une
meilleure cure. Quant à ses deux filles Mabilie £<. Cécile, les seuls enfans qui
lui restoient lorsqu'il fut fait pape, la première fut religieuse à Nimes^. La
principale noblesse de la Province s'empressa de demander l'autre en mariage;
mais Clément, voyant que tous ces seigneurs cherchoient plutôt à épouser la
fille du pape que la fille de Gui Fulcodi, refusa de la marier & se contenta
de pourvoir honnêtement à son entretien. Enfin il obligea un de ses neveux,
qui jouissoit de trois prébendes, à se contenter d'une seule.
Ce pape conserva, d'un autre côté"*, une tendre affection pour la ville de
Saint-Gilles, sa patrie, & pour l'abbaye de ce nom ; il leur en donna des
marques dans toutes les occasions. Il ne fut pas moins sensible au souvenir
de ses anciens amis'', entre lesquels étoient Sicard d'Alaman & Olivier de
Termes, Se il approuva le dessein que celui-ci lui communiqua, en 1260, de
retourner dans la Terre-Sainte Se d'y finir ses jours en combattant contre les
infidèles. Il aima toujours l'église de Narbonne, son ancienne épouse, Se lui
rendit^ toute sorte de services. Il soutint ses droits auprès du roi'', Se ceux
des autres églises de la Province lui furent également chers; il porta ^ des
plaintes à ce prince des griefs qu'elles avoient contre les officiers royaux, qui
les traînoient de parlement en parlement, Se l'exhorta à les protéger en consi-
dération des services que les prélats du pays lui avoient rendus pendant la
guerre ; il écrivit' à ces derniers, le i5 de juillet de l'an 1 265, pour les encou-
rager à ne pas se lasser de demander au roi, là-dessus, la justice qui leur
étoit due. Son amour pour l'église de Narbonne ne l'aveugla pas cependant
sur les défauts de Maurin, son successeur immédiat dans l'archevêché de cette
ville, Se il le reprit '° fortement de sa précipitation dans ses jugemens, de sa
légèreté Se de sa négligence, dans une lettre qu'il lui écrivit vers le même
temps. Il lui fit une vive réprimande, dans une autre occasion ", d'avoir mal
parlé du sacrement de l'autel, durant un voyage qu'il- avoit fait à Rome.
Maurin se justifia sur ce dernier article, Se Clément tut content de son apo-
logie.
' Voyez tome VII, at supra. ' Clément IV, Epist. yS, 80, 270, 576.
' Clément IV, Epist. 63i, " Baluze, Portefeuille coté ScheAae Narionenses.
^ Martène, Amplissima collée tio, t. :>, c. i 06. — [Cf. tome V, c. !.'>8o, n"^ 216 à 219.]
* Clément IV, Epist. 286, SSj, .052, 701. — ' Clément IV, Epist. 270, j-j6.
Gallia Christiana, nov. éd. t 6, Instrum. c. 2d3. ' Raynaldi, année 1260, n. 3o & siiiv,
— Cf. Ménard, Histoire de Nimes, t. 1 , pp. 86 à ' Baluze, ut supra
go, où l'on trouvera douze bulles de privilèges '° Clément IV, £^ijt. 108.
.-iccordées par le pape Clément IV à l'abbaye de " Ihid. Epist. 649, 677.
Saint-Gilles. [A. M
An i2i.j
886 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXVI.
LVIII. — Mort de Roger IV, comte de Foix. — Roger-Bernard III, son fils,
lui succède,
Pierre d'Auteuil, auparavant sénéchal de Carcassonne, se trouva ' au par-
lement de la Pentecôte de l'an 1264. Il y fit le rapport d'une sentence qu'il
avoit rendue neuf ans auparavant, par laquelle il avoit adjugé au roi les
grandes justices du lieu de Penautier, contre le comte de Foix. Ce comte
étoit Pv.oger, quatrième du nom, qui mourut^ le 24 de février de l'an 1265,
& que divers auteurs font mourir, mal à propos, un an auparavant,
Roger soutint la guerre 3, en 1261, en Catalogne, contre Jacques, roi
d'Aragon, sous la mouvance duquel il possédoit divers domaines au delà des
Pyrénées, Cette guerre lui réussit fort mal, & il fut obligé de payer dix mille
sols à ce prince pour les frais de son armement. Il en eut une autre contre
Alvarez, comte d'Urgel, & Géraud de Capraria, son frère, qui firent la paix
avec lui, au mois de décembre de l'an i256, Se lui cédèrent'^ divers domaines
du comté d'Urgel, en présence d'Esquivat, comte de Bigorre, Ce dernier
confia 5 à Roger, au mois de novembre de l'an 1267, la garde de la ville de
Saint-Girons &. du pays de Nébouzan, jusqu'à ce qu'Arnaud d'Espagne, jf/j
de Roger de Comminges Se de Raimonde d'Aspel, son vassal, à qui ce pays
appartenoit, eût atteint l'âge de vingt-cinq ans. Gaston, vicomte de Béarn,
qui avoit des prétentions sur le même pays, au nom de Mathe, sa femme, le
lui engagea l'année suivante "5,
Roger IV, comte de Foix, augmenta considérablement les domaines de ses
ancêtres, tant en deçà qu'au delà des Pyrénées. Il remit ^ un dénombrement
de tous ceux qu'il tenoit du roi, au sénéchal de Carcassonne, au mois de
septembre de l'an 1263. Il s'étoit alors réconcilié avec les inquisiteurs de la
foi avec lesquels il avoit eu des démêlés fort vifs. Après cette réconciliation
il fit publier une ordonnance^, le dernier de mars de l'an 1261, pour déclarer
' Registre Ollm. — Cf. Boiitaric, Actes Ju Par- du ry mars I258, concerne le Nébouzan & sa ca-
Icment, t. i, p. 5, n. 46 a. Cette sentence a été pitale Saint-Gaudens, qui furent engagés par lut
publiée par dom Vaissete. (Cf. tome VIII, ce. iSyç au comte de Foix pour une somme de huit mille
& i38o.) Nous avons déjà parlé de cette affaire sous de Morlas. [A. M.]
plus haut. Voyez p. 849. [A. M] ' Tome VIII, Chartes, n. CCCXLV, ce. i5io à
' Voyez tome VII, Note XXIII, p. 69. 1514. — Cette pièce, dont nous avons un texte à
' Marca, Histoire de Bèarn, 1. 8, ch. 24. peu près satisfaisant, est le plus ancien document
^ Château de Foix, caisses 26 & 40. d'ensemble que nous possédions sur la géographie
5 Voyez tome VIII, Chartes, n. CCCXXVI, du comté de Foix & de la partie méridionale du
ce. 1428 & 1429. Toulousain. Il nous montre que les possessions
* Dom Vaissete a fait ici une petite erreur & des comtes de Foix comprenaient tout le comté de
a confondu Saint-Girons & Saint-Gaudens. Le ce nom, beaucoup de châteaux dans le Toulousain
premier acte, de novembre izSy, concerne Saint- & dans la vallée de l'Hers, le Daumazan, le Bol-
Girons & le pays avoisinant, c'est-à-dire le Bi- bestre, & un certain nombre de places fortes dans
gorre ou du moins la majeure partie de ce comté, le Comminges. Nous aurons à revenir sur cet im-
qui furent donnés en commende au comte de Foix, portant document dans notre note géographique
du consentement du comte Esquivât, par les con- du tome X. [A. M.]
suis de Saint-Girons & les principaux seigneurs ' Voyez tome VIII, Chartes, n. CCCXXXIX,
du pays. — L'acte de Gaston, vicomte de Béarn, ce. 1479 & 1480. [Cf. 11, CCCL, c. 1343.]
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXVI. 887
An 1265
exclus de tout otlice public ceux qui étoient notés ou suspects d'hérésie. L'in-
quisiteur de Carcassonne lui chercha néanmoins querelle dans la suite au
sujet du bailli de Foix, & le poussa si vivement que Roger, qui avoit pris la ^ i-J|Origin.
protection de son officier, fut obligé d'appeler au pape le 12 de décembre de
l'an 1264. Ce comte étoit alors malade à Mazères, Se son mal ayant augmenté
considérablement, il se fit transporter dans l'abbaye de Boulbonne, où il
mourut ' dans la chambre de l'abbé, le 24 de février de l'an 1260, après avoir
reçu les derniers sacremens avec beaucoup d'édification & s'être fait revêtir
de l'habit de l'ordre de Cîteaux, en présence du même abbé de Boulbonne,
de ceux de Calers, du Mas-d'Asil 8t de Lézat & de tous les religieux de la
maison. Il fut inhumé, le lendemain mercredi 25 de février , dans l'église de
cette abbaye qu'il avoit fait construire sous l'invocation de saint Jacques 8c
de saint Philippe, dans une chapelle particulière qu'il avoit dotée, en 1262,
de deux cens sols toulousains de rente. Il v avoit fait transférer les tombeaux
de ses ancêtres qui furent reconnus, en i25i, pour fondateurs de ce monas-
tère par le chapitre général de Cîteaux; l'archevêque d'Auch, les évêques de
Toulouse & de Comminges, les abbés dont on vient de parler & un grand
nombre d'ecclésiastiques, de religieux 8t de laïques, qui étoient accourus de
toutes parts, assistèrent à ses obsèques 81 témoignèrent beaucoup de regret
de sa mort.
Ce comte, par son testament, fait son fils Roger-Bernard héritier du comté
de Foix, de la vicomte de Castelbon ou de Cerdagne, de ses terres du Car-
cassés 81 de tous ses autres domaines; il avoit déjà disposé^ en sa faveur, dès
le 25 de juillet de l'an 1260, de la vallée d'Andorre, de celle de la Garde &
des divers châteaux qui y étoient compris. Il lègue : 1° A Sibylle, sa fille,
femme d'Aymeri, fils d'Amalric, vicomte de Narbonne, outre sa dot, cent
livres de rente sur son château de Rustiqties, au diocèse de Carcassonne ;
Sibylle avoit eu trente mille sols melgoriens en dot. 2° A Agnès, son autre
fille, femme d'Esquivat, comte de Bigorre, qu'elle avoit épousé, en 1256,
avec vingt-cinq mille sols morlanois de dot, sept mille autres sols que ce der-
nier lui devoir. 3° A Philippe, sa troisième fille, femme d'Arnaud d'Espagne,
cinq mille sols melgoriens outre sa dot. Le contrat de mariage de Philippe
de Foix 81 d'Arnaud d'Espagne, fils de/^« Roger de Comminges 8t de Guise,
sa femme, fut passé^, le 7 de juin de l'an 1262, en présence de Gaston de
Béarn, vicomte de Moncade, Géraud, comte d'Armagnac, Raimond, vicomte
de Cardone, Arnaud, abbé du Mas-d'Asil, Arnaud-Roger, comte de Pailhas,
Px.aimond-Roger, son frère, Guillaume de Son, Stc. Mais comme Philippe
n'avoit pas encore l'âge compétent, il ne fut célébré que le i5 de janvier de
l'an 1263 (1264). Arnaud d'Espagne fut obligé'* d'obtenir une dispense du
' Voyez tome VIII, Chroniques, c. 2 i 5 [Chro- Boulbonne. — Voyez tome VII, A'ofe XXIII,
nique de Berdouez] , & Chartes, n, CCCXXXIX. p. 69.
ce. 1480 & 148 1. — Marca, Histoire de Béarn, ' Ch&teau de Foix, caisse 26.
l. 8, ch. 24. — Catel, Histoire des comtes de To- •* ïhid, caisse 22.
laie. Preuves, p. i63, — Archives de IVbbaye de ' Ihid, caisse 14.
An I 26Ô
888
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XXVI.
pape, qui coûta mille sols morlanois, à cause que Philippe étoit sa parente.
Roger ordonne ensuite qu'Esclarmonde, sa quatrième fille, qui étoit encore
fort jeune, fût élevée dans le château de Foix jusqu'à l'âge de quinze ans;
il lui substitue tous ses domaines, en cas que Roger-Bernard, son fils, mourût
sans entans mâles; sinon il lui donne quarante mille sols melgoriens pour
sa dot. Elle épousa dans la suite Jacques, infant puîné d'Aragon, qui fut
depuis roi de Majorque. Roger laissa l'administration Si l'usufruit de tous
ses domaines à Brunissende de Cardonne, sa femme, tant qu'elle vivroit en
viduité. 11 prie le roi de prendre son fils Roger-Bernard en sa garde 8c pro-
tection Se de le recevoir pour son vassal, sous le même hommage auquel lui
8c le comte, son père, avoient été tenus. Enfin il nomme pour ses exécuteurs
testamentaires Amanieu d'Armagnac, archevêque d'Auch , Gaston, vicomte
de Béarn, Raimond, vicomte de Cardone, Se les abbés de Boulbonne Se du
Mas-d'Azil. Amanieu étoit frère de Géraud, comte d'Armagnac St de Fezensac;
il fut d'abord chanoine rép-ulier de la cathédrale de Toulouse St élu arche-
vêque d'Auch en 1262.
Roger-Bernard III, comte de Foix, se rendit' à Pamiers, le lendemain de
la sépulture du comte Roger (IV), son père, le jeudi après la jête de Saint-
Mathias de Van 1264 (i265). Se là il remit à l'abbé Se aux religieux du
monastère de Saint-Antonin, en présence de l'archevêque d'Auch, des évo-
ques de Toulouse Se de Comminges, des vicomtes de Cardone Se de Nar-
bonne, le château Se tous les autres droits que le feu comte, son père, avoit
possédés dans cette ville^. Le 8 de mars suivant il fit serment, du consente-
' M.irca, Histoire de Béarn, 1. 8, ch. 24.
' C'est à ce moment que prirent naissance des
querelles fort vives, qui, en se prolongeant, fini-
rent par amener l'intervention du roi de France à
Pamiers, & dont l'origine était la fausse interpré-
tation des clauses de l'ancien contrat de paréage.
La remise du château de Pamiers par le comte aux
chanoines n'était qu'une simple formalité, consta-
tant la suzeraineté du chapitre. Le jour même de
la remise, en 1264, Adémar de Saint-Sernin, syn-
dic & cellérier de Saint-Antonin, nomma contre
tout droit les fermiers des fermes possédées aupa-
ravant par le comte de Foix. (Ourgaud, p. 246.)
De nouvelles querelles ne tardèrent pas à naître
à l'occasion des droits de leudes que chacune des
deux parties voulait s'approprier, & dans une de
ces querelles un sergent du roi de France jugea à
propos d'intervenir en faveur de l'abbaye. (ibiJ.
p. 247; acte d'avril 1265.) Dans cette lutte l'ab-
baye avait pour elle les habitants dtPamiers dont
les comtes de Foix avaient sans doute violé les
privilèges; c'est ainsi que deux mois plus tard les
bourgeois soulevés contre Roger-Bernard le tinrent
assiégé pendant toute une journée dans l'église du
Mercadal. [Ihid. pp. 248, 249.) Pour se venger, le
comte fit condamner les coupables, parmi lesquels
les consuls d'un des quartiers de Pamiers, à l'exil
& à la confiscation. {Ibid. pp. 124, I25.) — La
situation déjà tendue fut encore aggravée par la
nomination de Bernard Saisset, comme abbé du
monastère d« Saint-Antonin; esprit fougueux, ca-
ractère entreprenant, peu scrupuleux en plus d'un
cas, ce personnage n'était pas animé de disposi-
tions très-pacifiques. Tout d'abord il refusa de
recevoir Loup de Foix, puis le vicomte de Béarn,
envoyés par le comte pour négocier un accord.
(Ourgaud, pp. 25i à 253; actes d'août 1268.) II y
avait, en effet, déj.à un an entier que l'abbé négo-
ciait avec Louis IX; dès le 5 août 1267, les habi-
tants nommaient quatre procureurs pour s'enten-
dre avec le roi & l'abbé. (Original, J. 33i, n. 2'.)
La négociation prit toute une année; Bernard
Saisset était chargé des pleins pouvoirs de son
chapitre & put s'entendre avec les officiers royaux.
Dès 1268 (juillet) l'affaire était réglée; le roi pre-
nait possession du paréage pour dix ans & rem-
plaçait momentanément le comte de Foix. L'acte
définitif ne fut rédigé que le quatre juin 1269, &
approuvé le même jour par Raoul, évêque d'Al-
bano, légat apostolique. (J. 336, n°' 5, 6.) — Par
un autre acie du même jour, l'abbé reconnut que
les habitants de Pamiers éîaient tenus de faire
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXVL 889 ^„ ,,,^.
ment exprès de l'archevêque d'Auch 8t d'Arnaud Garsias, abbé du Mas-d'Azil,
ses tuteurs^, aux. seigneurs, aux nobles & aux habitans de Saverdun de con- ('[[{"p^'s";
server fidèlement les coutumes Se les libertés de ce château. Il alla bientôt
après à Paris, où il assigna^, le i5 d'avril de la même année, du conseil de
l'archevêque d'Auch, & en présence de Géraud, comte d'Armagnac, k Brunis-
sende, sa mère, sept mille sols de rente pour son douaire. Cette comtesse lui
donna entre vifs, deux jours après, tous les droits qu'elle avoit, à raison du
bail, suivant la coutume de France, sur les terres du Carcasses. Il rendit
hommage 3, à Perpignan, le 29 août suivant, à Jacques, roi d'Aragon, pour
les châteaux de Son & de Quérigut & pour le reste du pays de Donazan,
pour la ville d'Evols, pour ce qu'il possédoit dans la Cerdagne & le Con-
fient-», &c.
Roger-Bernard III n'avoit pas encore vingt-cinq ans lorsqu'il succéda au
comte Roger IV, son père. 11 avoit été promis en mariage^, au mois d'octobre
de l'an i252, à Marguerite de Montcade, fille de Gaston, vicomte de Béarn,
& de Mathe de Mastas, qu'il devoit épouser solennellement cinq ans après.
Marguerite eut mille marcs d'argent en dot. Roger-Bernard reçut'', en 1267,
l'hommage d'Arnaud d'Espagne (son beau-frère), par la grâce de Dieu vicomte
de Conserans, fils de Jeu noble Roger de Comminges, qui reconnut tenir de
lui le château de Quier, avec tout ce qu'il possédoit dans le Savartez Se le
reste du comté de Foix. Arnaud d'Espagne étoit fils de Guise 8< proche parent
de Bernard de Comminges, qui, étant mort sans enfans, laissa sa succession
à Fortanier 8c Aymeri ^, ses frères, qui en firent le partage en présence de
Bernard, comte de Comminges, leur cousin. L'un des deux frères se chargea
de payer à Gailharde, veuve du même Bernard de Comminges, mille sols
morlanois pour sa dot, par un acte daté du mardi, dernier jour de septembre
de l'an 1269, Alfbnse étant comte de Toulouse.
LIX. — Construction du pont Saint-Esprit.
Alfonse favorisa, à ce qu'il parolt, la construction du fameux pont Saint-
Esprit sur le Rhône, qui fut commencé en 1205. On prétend que les fré-
quents naufrages qui arrivoient au passage du fleuve par l'extrême rapidité
des eaux, faisant souhaiter avec ardeur aux peuples du pays qu'on pût bâtir
l'ost 81 la chevauchée, comme les gens du domaine * Le i'" août de la même année, Jacme d'Aragon
royal, in coniiuestti Alèigssii Sr per totum comi- avait pris sons sa protection les hommes de Foix
tatam Tholosanum. (^Ihid. n. 7.) Cet acte habile qui viendraient commercer dans ses Etats, & leur
rendait le roi tout puissant à Pamiers. En le con- avait accordé divers privilèges judiciaires, comme
cluant, Louis IX crut peut-être protéger l'église de ne point être poursuivis pour dettes, à moins
de Saint-Antonin; en réalité, & malgré les torts d'être principaux débiteurs ou répondants; c'était
possibles du comte de Foix, il prêta son appui à les exempter du droit de m.arque. Cf. tome VIII,
une usurpation. [A. M.] ce. 1J49 & i.J5o. [A. M.]
' Voyez tome VII, Note XXIII, p. 70. ' Marca, Histoire de Béarn, 1. 8, ch. z6.
' Château de Fo;x, caisse 2. " Château de Foix, caisse 14.
' liij. caisse 10. ' UiJ. caisse 7.
'~ ~" Sno HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XXVI,
An liOa '
un pont en cet endroit, un ange apparut à un berger qui gardoit son trou-
peau dans le voisinage & lui ordonna d'entreprendre ce travail Si d'y bâtir
une chapelle avec un hôpital ; que le berger inspiré de Dieu & aidé des
aumônes des fidèles mit aussitôt la main à l'œuvre, &c. Le plus ancien monu-
ment qui rapporte ce fait est une bulle du pape Nicolas V, de l'an 1448. 11
est évident qu'on ' y a confondu le prétendu auteur du pont Saint-Esprit avec
saint Bénézet, berger, architecte de celui d'Avignon. Ce qu'il y a de vrai,
c'est que les habitans^ de la ville de Saint-Saturnin-du-Port, ainsi appelée à
cause du passage qu'il y avoit en ce lieu sur le Rhône, s'étant associés, réso-
lurent de construire un pont sous le nom du Saint-Esprit, parce qu'ils attri-
buèrent leur résolution à l'esprit divin.
Leur ressource étoit moins dans leurs richesses que dans l'espérance d'ob-
tenir des contributions abondantes 81 des aumônes volontaires de tous les
peuples des environs intéressés à la réussite d'un ouvrage si utile. Ils firent
donc quêter de part & d'autre pendant quelques années, &. ayant ramassé une
somme assez considérable ils l'employèrent en matériaux, disposèrent toutes
choses pour jeter les fondemens Se commencèrent par construire une maison
sur la rive droite du Rhône pour la retraite des ouvriers. Dom Jean de
Tyanges, prieur du monastère de Saint-Saturnin-du-Port, de l'ordre de Cluny,
& seigneur de la ville en pariage avec le roi, s'opposa à cette construction,
sous prétexte qu'elle étoit préjudiciable aux droits du monastère. Il porta
l'affaire devant le sénéchal de Beaucaire, qui ajourna les parties &. ordonna
qu'en attendant les choses demeureroient au même état. Cependant les
ouvriers ou les entrepreneurs 81 leurs conseillers, qui étoient des principaux
habitans de Saint-Saturnin, sommèrent le prieur, le 16 d'août de l'an 1265,
de consentir à la construction du pont ; attendu que tout étoit prêt pour
commencer. Sa. que le temps étoit favorable, parce que les eaux du Rhône
étoient alors fort basses. Le prieur répondit qu'il avoit fait son opposition &
qu'il attendoit la décision du sénéchal de Beaucaire. Il se rendit toutefois
Éd.oiigm^ bientôt après, 81 posa solennellement la première pierre, le 12 de septembre
suivant^, à la première arche du côté opposé ou à la rive gauche du fleuve.
Depuis ce jour, on continua le travail sans interruption avec des peines Se
des dépenses immenses, qui durèrent pendant près de quarante-cinq ans; car
le pont ne fut achevé que vers la fin de l'an 1809. Les habitans de Saint-
Saturnin eurent la principale direction de ce grand ouvrage, sous l'autorité
du prieur 8c de ses religieux. Ils élisoient tous les ans trois d'entre eux, qui,
sous le nom de recteurs, avoient l'intendance sur tout le bâtiment S; rendoient
compte à la fin de l'année de leur administration 8t de l'emploi des quêtes
qu'ils faisoient faire de toutes parts, lesquelles furent autorisées par les bulles
des papes &(. les chartes de nos rois. Ces recteurs achetèrent une carrière sur
les bords du Rhône, au bourg Saint-Andéol, à deux lieues au-dessus de Saint-
■ Voyez plus haut, livre XIX, ch. lxxi, pp. 76, ' Archives du monastère & de l'hôpital du Pont-
77- — Héliot, Histoire des ordres religieux, t. 2, Saint-Esprit.
P' 287. 3 Gallia Christiana, nov. éd. t. 6, instr. c. 3o8.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXVI, 891
Saturnin ou du Saint-Esprit, où on les voituroit commodément par eau. Ils
établirent en même temps une société ou confrérie de frères donnés Se de
sœurs données, auxquels ils donnèrent, en 1281, des règlemens Se un liabit
particulier. Les premiers étoient employés ou à la construction du pont ou à
quêter dans toute la chrétienté, Se les autres à avoir soin des ouvriers Se des
malades.
Le pont étant fort avancé on bâtit auprès une chapelle, sous l'invocation
de la sainte Vierge Se de saint Louis, avec un hôpital dont le roi Philippe le
Bel ' approuva la construction par des lettres patentes du 25 de février de
l'an i3og (i3io). Ce prince exempta en même temps ces lieux avec la per-
mission du pape, de la juridiction de la principale église de Saint-Saturnin,
Se ordonna que les aumônes des fidèles seroient employées à l'entretien du
pont, après qu'on l'auroit entièrement fini. Se au service de la chapelle Se de
l'hôpital, sous l'administration des habitans de la ville. Philippe, pour con-
tribuer lui-même à cet entretien, accorda aux recteurs du pont un droit appelé
le petit-blanc, qui consiste dans la levée de cinq deniers tournois pour chaque
minot de sel qui remonte le Rhône j ce qui produit environ huit à dix mille
livres tous les ans.
On appela d'Avignon, pour desservir la chapelle Se l'hôpital Se continuer
les quêtes, les frères de l'ordre des Pontifes ou Hospitaliers de Saint-Bénézet^,
à qui le pape Nicolas V ordonna, en 1448, de porter l'habit blanc avec un
morceau d'étoffe rouge sur la poitrine, qui représentoit deux arches d'un
pont surmonté d'une croix, pour les distinguer des hospitaliers du Saint-
Esprit de Montpellier Se du Saint-Esprit in Saxia, à Rome. Ces religieux du
Pont-Saint-Esprit, les seuls qui restoient de l'ordre des Pontifes, tentèrent
dans la suite de se séculariser, sans quitter cependant la vie commune Se
l'habit blanc, qu'ils portoient encore en 1622, "c'est pourquoi on les appeloit
les prêtres blancs. Ils cessèrent de vivre en commun en i633; mais le parle-
ment de Toulouse leur enjoignit, en i66g, de reprendre la vie commune 6c
régulière, Se adjugea après leur mort leur dépouille à l'hôpital du Pont-Saint-
Esprit. Ils quittèrent de nouveau la vie commune, en 1676, après avoir
changé leur habit blanc en noir. Se ils se sont enfin érigés en une espèce de
collégiale sous l'autorité de l'évêque diocésain. Ces ecclésiastiques ne desser-
vent plus aujourd'hui que l'église, parce que l'hôpital qui y étoit joint fut
détruit à la fin du seizième siècle pour bâtir la citadelle, laquelle fut achevée
en 1622. On a construit, en 1690, au Pont-Saint-Esprit un nouvel hôpital
avec une petite chapelle sous l'invocation de saint Louis, Se on y a mis,
en 1694, des sœurs grises pour avoir soin des malades.
Telle est l'histoire de la construction du pont Saint-Esprit, l'un des plus
hardis morceaux d'architecture qu'on puisse voir. Il donna dans la suite son
nom à la ville de Saint-Saturnin-du-Port, Se elle l'avoit déjà pris au milieu
' Tome vin, Chartes, n. CCCLXXI, ce. 1748 à ' Héliot, ut supra.
1700.
Al i2<j5
—; ~" 802 HISTOIRE GÉNÉllALE DE LANGUEDOC. LIV. XXVI.
du quinzième siècle. Il a quatre cent vingt-ciiuj toises de long, depuis l'angle
flanqué du bastion Saint-Michel de la citadelle, qui fait un des pieds-droits
de la première arcade du côté de la ville, jusqu'au bout de la rampe qui ter-
mine la dernière arcade de l'autre côté du Pvhône. Sa largeur est de douze
pieds dans œuvre & de dix-sept pieds hors d'œuvre, y compris l'épaisseur des
parapets. Il est soutenu par vingt-six arches d'une inégale largeur, savoir :
dix-neuf grandes & sept petites. Les plus grandes ont dix-huit toises d'ou-
verture. Il y a deux cent soixante-sept toises fondées sur le roc, 8t cent cin-
td. oriein. quante-trois sur des pilotis: mais on en comprendra mieux toutes les dimen-
t. ni. p 507. ». ' '. . . . '
sions par le plan que nous joignons ici.
LX, — Divers seigneurs de la Province vont servir en Italie
sous Charles d'Anjou.
Alfonse, comte de Toulouse 8v de Poitiers, se disposoit toujours à son pas-
sage à la Terre-Sainte, lorsque Charles, comte d'Anjou & de Provence, son
frère, entra en Italie, où il étoit appelé par le pape pour faire la conquête de
la Lombardie 8<. des royaumes de Naples S<. de Sicile, sur Mainfroi, fils naturel
de l'empereur Frédéric II. Charles s'embarqua à Marseille pour cette expédi-
tion, le i5 de mai de l'an i265, suivi de ce qu'il y avoit de plus considérable
parmi la noblesse de ses Etats Se des provinces voisines, entre autres de René
de Beauvau', qui parvint dans la suite aux premières dignités du royaume
de Naples. Plusieurs seigneurs des plus qualifiés de la Province se firent un
plaisir d'aller servir sous ses enseignes; tels furent Philippe II de Montfort,
seigneur de Castres, Gui III de Lévis, maréchal de Mirepoix, Si Jourdain IV,
seigneur de l'Isle-Jourdain.
Le premier avoit alors de grands différends^ avec Amalric, vicomte de
Lautrec, seigneur de Girossens & d'Ambres, en Albigeois, qui, à ce qu'il
prétendoit, l'avoit insulté dans le château de Cadalen. Il laissa en partant la
poursuite de cette affaire à ses agens, qui confisquèrent le château d'Ambres
sur Amalric /fOi/r crime de félonie. Le vicomte prétendit de son côté que cette
confiscation étoit nulle, « parce que lorsqu'il s'agit d'une question féodale
« entre le seigneur & le vassal, elle doit être jugée par les pairs de la Cour.
« Or, ajoutoit-il, en adressant la parole dans ses écritures au procureur de
« Philippe, vous qui n'êtes pas pair, ne pouvez connoître de cette affaire. »
Charles détacha^ Philippe de Montfort, dès le commencement de l'an 1260,
avec un corps de troupes pour lui préparer les voies au delà des Alpes; com-
mission dont ce chevalier, qui étoit fort brave, s'acquitta avec honneur; Phi-
lippe battit, en effet, les partisans de Mainfroi.
An ,i6û Jourdain IV, seigneur de l'Isle, n'alla joindre Charles qu'au commence-
ment de l'année suivante. Etant arrivé à Pérouse, le 29 de janvier, il y fit
' Sainte Marthe, Généalogie de Beauvau. ^ Gesta Ludovici IX.
' Domaine de Montpellier, Girossens, n"" i & 2;
Ambres, n. 4.
HISTOIRE GEMERALF. DE LANGUEDOC. LIV. XXVI. 8q3 ~ JT
-' An I lou
son testamcni' dans lec|uel il déclaie « qu'il étoit en chemin pour aller dans
« la Fouille, au secours de l'Eglise romaine Se du seigneur Charles, roi de
« Sicile. )) II avoit laissé à son départ l'administration de ses domaines à Ber-
trand, son frère, prévôt de la cathédrale de Toulouse, & avoit pris à sa suite
Raimond de Saint-Paul, damoiseau du diocèse de Toulouse. Philippe de
Montfort, le maréchal de Mirepoix Se le seigneur de l'Isle-Jourdain, signa-
lèrent leur valeur durant cette expédition. Les deux premiers comman-
doient^, avec le fils de Barrai de Baux, l'avant-garde de Charles à la fameuse
bataille de Bcnévent, que ce prince gagna sur Mainfroi, son concurrent,
le 26 de février de l'an 1266. Charles, quelque temps après cette victoire,
avoit dessein de rappeler auprès de lui Barrai de Baux, qu'il avoit établi
gouverneur de Milan, sous le titre de podestat, Se de lui substituer Philippe
de Montfort; mais il changea de résolution, Se il envoya ce dernier en Sicile
pour V être son vicaire ou vice-roi.
LXI. — yiljbnse, comte de Toulouse, se prépare à son expédition dans
la Terre-Sainte. — Il demande un don gratuit à ses sujets.
.\lfonse, comte de Toulouse, envoya^, au commencement de l'an 1266,
Jean de Nanteuil, chevalier, 8< Guiscard, son clerc, en ambassade au pape
Clément IV pour lui demander : i" La permission de lever une décime sur
le clergé de France pour les frais de la guerre d'outre-mer. 2° Quelques
bénéfices pour ses aumôniers. Le pape se contenta de lui donner de bonnes
espérances pour l'avenir. Se le pressa cependant de partir le plus tôt qu'il
pourroit pour cette expédition. Ce prince, pour fournir aux frais de son arme-
ment, fit demander un don gratuit"* aux habitans de Toulouse, qui lui
envoyèrent, au mois de mai de cette année, deux d'entre eux pour traiter
avec lui Se lui faire les remontrances qu'il avoit promis d'entendre par leurs
députés au prochain parlement. Ils le sollicitèrent en même temps de les
' Tome VIII, Chartes, n. CCCXXI, c. 1407. pour le mode de payement; Alfonse n'en nyant
^ Gesta LuJovici IX. p. ^^j. — Clément IV, phis de nouvelles, deinanda des renseignements au
Ep'til. 242, 206 & suiv. sénéchal & lui ordonna de veiller à ce que les
' Clément IV, Epist. ;.;"), r.67, 364 & suiv. 408. payements arriérés fussent promptement effectués.
* Voyez tome VIII, n. CCCLIII, ce. iSôo, i55i. Au mois de novembre suivant, nouvelle lettre à
— Nous donnons au tome VIII de la présente édi- Guillem de Montrevel, le priant de rappeler leurs
tion un certain nombre de mandements inédits promesses aux consuls. — Quelques jours après il
relatifs à ce fouage (c. i55i & suiv.). D'abord le écrit à ceux-ci, leur déclare qu'il ne pourra rece-
furmulaire des lettres envoyées aux consuls de voir d'autre monnaie que la tournois, & leir
Toulouse 81 acceptées par eux; le fouage était de enjoint d'avoir à verser la somme entière dans
six mille livres tournois, payables dans le délai les deux mois. — Au mois de décembre, rien
d'un an, en trois termes, & la lettre de non préju- n'était encore payé, & force était à Alfonse d'ac-
dice du comte portait que l'octroi de ce subside corder un nouveau délai jusqu'à la Chandeleur
était i.t gracieux & que les Toulousains n'y de l'an 1:68. Nous .-.vons là un exemple de la
étaient point tenus. — Kn octobre 12Û7, le paie- résistance qu'Alfonse rencontrait dans ses exi-
ment n'était pas encore commencé, deux religieux gences financières, résistance dont presque toutes
dominicains, Guillem de Montrevel, inquisiteur les grandes villes donnèrent l'exemple, & qui
ii la foi, 8c Guillem-Eirnard étaient venus de la fut imitée par les vassaux du comté de Toulouse,
part des consuls propeser un nouvel ariangement lA. M.]
ÎIISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXVI,
An,z66 ^94
honorer de sa présence; ils le traitent clans leur lettre tantôt d'altesse, tantôt
de majesté &. tantôt de sérénité Si de magnificence' , Ce prince, marchant sur
■ Les habitants de Toulouse ne perdirent pas
cette occasion de faire acheter par le comte leur
consentement à la levée du fouage. Les rapports
entre les consuls & Alfonse, très-iendus en i2r)r),
paraissent avoir été meilleurs à cette époque, &
ils en profitèrent pour lui réclamer certaines ré-
formes. Nous publions au tome VIII, c. iSSz &
suiv. le mémoire présenté à Alfonse par deux des
consuls, Durand de Saint-Bars 8c Arnaud d'Escal-
quens, qui, vraisemblablement, vinrent dans le
nord en même temps que les autres ambassadeurs
de la ville. Us demandent dans ce mémoire :
1° une nouvelle confirmation générale de leurs
anciennes coutumes, & notamment des articles
suivants. — 2° Restitution du consulat; chaque
année les consuls & membres du chapitre nom-
meront leurs successeurs. — Le viguier, à son
entrée en fonctions, promettra de défendre, pro-
téger & secourir les capitouls & les habitants de
Toulouse. — 3° Les consuls connaîtront, con-
formément aux anciens usages, de tontes les cau-
ses criminelles intéressant les habitants. — Le
comte renouvellera la charte de Raimond VII
pour la restitution du consulat à la communauté.
— 4" Tous les habitants de Toulouse seront
exempts de leudes & péages, comme le portent
les privilèges des anciens comtes. — Sur les biens
confisqués pour fans d'hérésie, on prélèvera le
montant des dettes des anciens possesseurs. —
5" Les consuls avaient droit d'interpréter la cou-'
tume en matière civile, quand il y avait doute;
que ce privilège leur soit restitué. — 6° Les con-
suls doivent aussi connaître des cas d'infraction
a ux règlements monétaires du comte. — Le viguier
du comte doit mettre en liberté tout accusé qui
offre de fournir caution, sauf le cas de flagrant
délit ou de crime notoire. — 7° Que les dîmes
soient réduites au taux qu'elles atteignaient du
temps de Raimond VII. — 8" Les fossés du fau-
bourg ont été inféodés à diverses personnes par la
communauté; que le viguier cesse de troubler ces
feudataires dans leur possession. — A la suite
viennent les réponses préparées par le conseil
d'Alfonse : 1° Le comte pourra répondre qu'il
compte observer toutes leurs bonnes coutumes. —
2" L'élection des consuls était, en effet, faite jadis
par les bourgeois, mais de la manière suivante : les
vingt-quatre consuls sortant de charge élisaient
quatre nouveaux consuls, qui eux-mêmes nom-
maient les vingt autres. Le comte, plus d'une
fois, avait fait lui-même l'élection. Quand le feu
comte Raimond VII mourut, il avait nommé les
consuls pour un an. Lui mort, les bourgeois chas-
jCrent ceux-ci plus de six mois avant la fin de
leur charge, & frustrèrent ainsi le comte actuel
de ses droits. Aussi une ordonnance rendue à
Lavaur par Gui Foulcois remit-elle le comte en
possession du droit d'élection. — 3° Le viguier
prête serment aux consuls; mais c'est parce que
le comte le veut bien, car l'ordonnance rendue
par son grand conseil a décidé que le viguier
était le supérieur des consuls, & c'est devant lui
que sont portées en appel les causes plaidées de-
vant le tribunal consulaire. — 4° C'est aussi par
tolérance du comte que les consuls connaissent
des causes criminelles. Des abus s'étant produits,
il a été décidé que les plaignants auraient le
choix entre leur tribunal & celui du viguier. —
;j" L'acte du dernier comte, touchant la restitu-
tion du consulat, paraît avoir été fait sans son
aveu; l'original ne porte pas le sceau du comte.
Remarquons que c'était là une chicane de procu-
reur, les actes notariés dans le raidi, même ceux
des princes, ne portant pas de sceau. — C L'exemp
tion de péages fut concédée autrefois, pendant la
guerre, par le comte & un grand nombre de sei-
gneurs; mais la paix venue, elle ne fut pas obser-
vée; seulement, pendant que le feu comte était
occupé en Provence, les Toulousains s'affranchi-
rent du paiement des leudes & péages, & brisèrent
le barrage du comte à Verdun. Leur demande, au
reste, est contraire à une ordonnance récente du
comte actuel. — 7" La demande pour les dettes des
Toulousains, dont les biens ont été confisqués, est
juste, & le comte l'accorde. — 9° Que les consuls
s'expliquent plus clairement touchant leur droit
d'interpréter la coutume; le comte en délibérera.
— 10° Pour les délits relatifs à la monnaie, la
demande des consuls est inadmissible ; rien de
semblable ne s'est vu dans le royaume de France,
& le comte est le maître de sa monnaie.— 1 1° Pour
la mise en liberté sous caution, il y a été pourvu
par une ordonnance spéciale. — 12° Quant aux
fossés du faubourg, qu'on s'informe auprès du vi-
guier; s'il y a injustice, elle sera réparée. —
13° Pour ce qui est des dîmes & prémices, il y a
certainement des abus dont souffrent les hommes
du comte; que les consuls détaillent leurs griefs,
& il y sera pourvu. — Suit le projet d'ordon-
nance : les habitants de Toulouse ne payeront ni
leudes ni péages pour les produits de leurs terres
situées dans la banlieue (in/ra dccos), & pour tout
ce qui sera apporté dans cette ville pour la con-
sommation des habitants, a.l uszis civium. Le
viguier ne pourra refuser la caution que d,-.ns h
cas de crime puni de mort ou de mutilation, &,
dans ce cas, le prévenu sera jugé par le vijuier &
les consuls réunis. — Les consuls sont mis en de-
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXVI. 80 5 " """
/ An 1266
les traces du roi, son frère, envoya des commissaires sur la fin de l'année
pour rendre justice à tous ceux qui avoient quelque plainte à faire contre
lui. Il choisit pour cette fonction Pons d'Asto, -id & Odon de Moutonier,
son clerc', qui parcoururent le Toulousain, l'Albigeois, l'Agenois, le Querci , ''n, '"',''''"'t.
& le Rouergue, S<. restituèrent divers domaines à tous ceux qtii purent
prouver qu'ils en avoient été dépouillés injustement par les comtes, ses pré-
décesseurs.
LXII, — Le pape écrit au roi touchant le comté de Melgueil,
On avoit fait entendre au roi* que le comté de Melgueil lui appartenoit
ou du moins au fils de Pierre Pelet, seigneur d'Alais, & que l'évêque de
Maguelonne, qui le possédoit sous la mouvance du Saint-Siège, en jouissoit
sans aucun titre légitime. Le roi, par un désintéressement qui a peu d'exem-
ples, prit en quelque manière le pape Clément IV lui-même, qui étoit sa
partie, pour arbitre dans cette affaire & le pria de l'instruire de la vérité.
Clément lui répondit, le 16 de septembre de l'an 1266, 8c lui dit : « Le comté
(I de Melgueil est un fief censuel de l'Eglise romaine qu'elle a tenu juste-
« ment, comme on le dit communément. Le comte Bertrand, bisaïeul de
Il Pierre Pelet, 8c les comtes de Toulouse l'ont possédé en divers temps avec
<i justice, ainsi qu'ils l'assuroient, ou sans aucun droit légitime, comme
i' d'autres le croyent 5 mais le comte de Toulouse, père du dernier mort,
« ayant été privé de ses domaines par le pape Innocent III pour des causes
<i qui appartiennent à la foi, le légat Pierre de Bénévent confisqua ce comté
« au nom de l'Église romaine. Raimond Pelet, bisaïeul de Pierre, demanda
« à ce légat la restitution du comté. L'affaire fut plaidée, 8< elle demeura
Il indécise, parce qu'on trouva que le cens annuel d'une livre d'or, dont le
« comté étoit chargé envers l'Eglise romaine, n'avoit pas été payé depuis
u plusieurs années. Dans la suite l'Eglise romaine voyant que Raimond Pelet
« n'avoit pas prouvé ce qu'il avoit avancé, 8c d'ailleurs le cens annuel n'ayant
« pas été payé, il plut au pape d'intéoder le comté de Melgueil à l'évêque de
« Maguelonne 8c à ses successeurs, sous un certain cens, &c ce prélat en jouit
« paisiblement, excepté que le dernier comte de Toulouse envahit sur lui le
« château de Melgueil Se quelques autres j mais il les lui rendit quelque
meure de prouver leur droit d'interprétntioii de l>i de ces privilèges avaient été concédés nuK Ton-
coutume. — Les pluignants, en cas d'action crimi- lousains par leurs comtes, à la suite de la guérie
nelle, auront le choix entre la cour du viguier & des albigeois ou pendant cette guerre, & que des
celle des consuls. — On peut remarquer que le privilèges accordés dans de pnreilles circonstances
comte ne céda que sur les points où ses officiers pouvaient sembler peu légitimes à Alfonse.
avaient absolument tort, & que son conseil em- [A. M.]
ploya toutes les ressources de la dialectique judi- ' Voyez tome VIII, Chartes, n. CCCLIV, c. 1693
ci.iire pour repousser les demandes des consuls, & suiv. — Trésor des chartes; Toulouse, sac r,
dont la plupart étaient fondées 8c, les preuves en n. 21 [J. 3o3] j sac 6, n°' |3, i5, 16, 18, 83. [J.
abondent, autorisées par les précédents. Pourtant .'Î12 &. 3i3.] — Cartulaire d'Alfonse de Poitiers,
plus tard, il lui fallut encore céder sur certains — [JJ. 24 B, pa55im.]
points (voir plus bas). Remarquons que la plupart ' Clément IV, Epist. ij6.
An 1266
896 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXVT.
« temps après. Ce que nous avons dit du légat Pierre de Bcnévent, se passa
« avant que le.roi, votre père, entreprît la guerre d'Albigeois, & avant même
« qu'il assiégeât la ville de Toulouse du vivant du roi, son père. Pour nous,
« qui avons toujours été amis sincères de Pierre Pelet & de ses prédécesseurs,
« faisant réflexion sur ce qui s'est passé, nous avons travaillé autrefois à
» engager l'église de Maguelonne à lui céder quelque chose pour ses droits;
« mais nous n'avons pu réussir. Nous avons même permis, en dernier lieu, à
« l'instance du même Pierre Pelet, à l'évêque de Maguelonne, de lui assigner
« quelques rentes, tant pour ôter tout scrupule de conscience, s'il en y avoit
« quelqu'un, que pour faire cesser les murmures du peuple. Croyez-donc,
« mon très-cher fils, qu'il ne vous est fait aucun préjudice. Si ceux qui pré-
« tendent le contraire demandent d'où vient que l'Église romaine peut avoir
« des fiefs dans le royaume de France, nous répondrons qu'elle y possède
« celui-là &. d'autres, & rien ne l'empêche, puisque le royaume n'est pas né
i( avec les rois &. qu'il n'a pas été acquis par les rois tous seuls. S'ils lisent les
« anciens historiens de la conquête de la province Narbonnoise, ils trouve-
<( ront que les papes y ont travaillé en personne, 61 qu'ils y ont eu la prin-
.« cipale part. « Clément entend parler ici de la fable ou du roman de Philo-
mena, qui fait assister le pape Léon III, accompagné du collège des cardinaux,
avec le roi Charlemagne, à la conquête de la Narbonnoise sur les Sarrasins,
Enfin Clément exhorte le roi à ne pas troubler l'évêque de Maguelonne Sv
en sa personne l'Église romaine, dans la possession du comté de A-lelgueil, Ê<
à ne pas ajouter foi à ce que des flatteurs pouvoient lui suggérer sur ce sujet.
Il écrivit' en même temps à ce prélat pour l'exhorter à ne rien craindre &
l'assurer de sa protection dans cette affaire. Nous pourrions faire plusieurs
réflexions sur ces deux lettres; mais un auteur^ célèbre nous a prévenus.
On peut d'ailleurs consulter ce que nous avons déjà dit^ sur la donation que
Pierre, comte de Melgueil, fit en io85 de son comté à l'Eglise romaine, dont
il se rendit vassal sans la participation du roi, son souverain. Du reste, nos
rois ont laissé depuis ce comté aux évêques de Maguelonne, Se nous ne trou-
vons, après saint Louis, que le roi Philippe le Bel, son petit-fils, qui ait
renouvelé la querelle sous le pontificat de Boniface VIIL
Éd. oriRiii. Clément IV écrivit deux autres lettres au roi saint Louis, l'an 1266 : l'une'*,
t. III, p. 3o;). ... .
le 22 de juillet, en faveur des ecclésiastiques de la province de Narbonne;
l'autre, le 21 de septembre. Dans la dernière^ il loue ce prince d'avoir fait
construire un port à Aigues-mortes, le seul du royaume sur la Méditerranée
propre aux embarquemeiis pour le passage de la Terre-Sainte, S<. la tour de
Constance, qui servoit également 8t de phare pour les vaisseaux qui entroient
dans le port 8t de forteresse pour la sûreté des marchands qui y commerçoient.
Il approuve ensuite le dessein que le roi, qui l'avoit consulté, avoit formé
d'entourer cette ville de murailles & de mettre pour cela une imposition,
' Clément IV, Ep'i:t. 377. * Manuscrits Je Saluée, n. (.'>. — [L;it. iioi6.|
" Caseneuve, Franc-Allcu, 1. i, chap. 3. ' Clément H', Epi'î. 379.
' Tome III, 1. XV, chap. wvn, pp. 4^">, 44^1.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXVI. gqy — "7
-" An 12Û6
tant sur les prélats de la province de Narbonne Si sur les peuples du voisi-
nage que sur les consuls & marchands de Montpellier St des autres villes des
environs, après que ce prince les auroit convoqués & pris leurs avis, soit en
sa présence, soit devant les commissaires qu'il envoyeroit sur les lieux.
LXIII. — Nouveaux différends entre Varchevéque (y le vicomte de Nurhonne.
Monnaie de Narbonne 0 de Mende.
Le pape écrivit', le ii de mai de la même année, à l'évêque d'Agde, 8i le
chargea de prendre connoissance d'un différend qui s'étoit élevé à Narbonne,
entre le vicomte Amalric & les habitans d'une part, 8c Maurin, archevêque
de l'autre. Les consuls de cette ville avoient requis le premier, au mois de
juillet précédent, de faire fabriquer de nouvelles espèces dont on avoit besoin,
ainsi que ses prédécesseurs l'avoient toujours pratiqué en pareil cas. Amalric,
avant pris l'avis de l'abbé de Saint-Paul, fit travailler. L'archevêque en fut
informé, & ce prélat, sous prétexte que le vicomte ne pouvoit rien faire sans
son consentement, lui défendit de passer outre j Amalric, soutenant au con-
traire que le droit de battre monnoie lui appartenoit à lui seul &c qu'il le tenoit
en fief du roi de France, ne fit aucun cas de la défense de l'archevêque; pour
se mettre cependant à l'abri de ses censures il appela au pape. Nonobstant
son appel, Maurin l'excommunia 8t avec lui les ouvriers de la monnoie &
tous les habitans qu'il avoit employés, & jeta l'interdit sur toutes ses terres.
Nous ignorons le jugement que l'évêque d'Agde rendit sur ce différend 5 mais
nous savons que les consuls & les principaux habitans de Narbonne s'étant
rendus, le 12 d'avril de l'an 1270, dans le palais du vicomte Amalric, ce der-
nier les fit sommer far Amalriguet, son fils, de ne pas consentir à la fabrica-
tion de la nouvelle monnoie que l'archevêque vouloit faire battre 8c de ne pas
l'employer dans le commerce; sur quoi ils déclarèrent qu'ils en délibèreroient.
Le roi ou son parlement auroient dû naturellement prendre connoissance
de ce différend ; mais il n'en est rien dit dans les registres des parlemens qui
furent tenus en 1266. On voit seulement, dans celui de la Pentecôte^, que
l'évêque de Mende fut rétabli dans la possession de faire battre monnoie dans
sa ville épiscopale ; droit dont ses prédécesseurs avoient joui 8c dont il avoit
été dépouillé par le sénéchal de Beaucaire. Il est marqué qu'on appeloit cette
monnoie deniers mendois. Dans le parlement suivant, tenu à la Toussaint,
on ordonna d'ôter les sergens que le même sénéchal avoit mis pour le roi au
Fuy, parce que c'étoit au préjudice de la juridiction que l'évêque avoit dans
cette ville.
■ ' Hôiel de ville de Narbonne. — Domaine de que du Puy. En 1272, un nouvel arrêt rendu par
Montpellier; Narbonne, n"' 2 & 4. le Parlement ordonna au sénéchal de laisser cir-
' Registre Ohm. — Cf. Boutaric, Actes du Par- culer la monnaie de l'évèq\ie de Mende dans les
lement, t. 1, p. 98, n. io52j arrêt pour l'évêque fiefs & arrière-fiefs de ce prélat. Cf. lilJ. p. 171,
de Mende. Cette monnaie avait cours dans tout le n. i863. [A. M.|
diocèse. — Jiiii. p. 99, n. 1064; arrêt pour l'évè-
v;. 57
An 1267
— • 8q8 histoire Générale de Languedoc, liv. xxvi.
An izoo ^
LXIV. — Alfonse, comte de Toulouse, convoque son parlement. — Michel
de Toulouse, vice-chancelier de l'Eglise romaine,
Alfonse, comte de Toulouse, convoqua de son côté son parlement ' en 1266,
par des lettres datées de Rampillon, la veille de Saint-Barnabe, &c il établit
pour présidens Evrard Malethans, chevalier, connétable ou gouverneur d'Au-
vergne, Jean de Montmorillon, chevalier & prêtre poitevin, & Guillaume de
Plapape, archidiacre d'Autun, avec pouvoir de choisir eux-mêmes leurs asses-
seurs ou conseillers, tant clercs que laïques. Il est fait mention de ce parle-
ment dans des lettres* d'Alfonse, datées du dimanche après la fête de saint
Barnabe, apôtre, l'an 1266, par lesquelles il ordonne à Evrard Malethans,
chevalier, son connétable d'Auvergne, d'entendre Jean, seigneur de Châtillon :
Vous lui rendre-;^ justice, dit ce pnnce, jusqu'à notre parlement, qui se tiendra
le lendemain de la quinzaine de la fête de tous les Saints, if vous aure-^ soin
de nous faire savoir, à notre dit futur parlement, ce que vous aure-^fait.
L'auteur^ qui fait mention de la convocation de ce parlement nous apprend,
sous l'année suivante, « que Michel de Toulouse, archidiacre de Narbonne,
« personnage très-savant Se très-versé dans la philosophie & l'astronomie,
« écrivit un traité sur les droits & les prérogatives des archidiacres, Se que ce
i|d oiigin. <j traité déplut beaucoup à son archevêque, qui l'excommunia St le dépouilla
(c de son bénéfice. Michel en appela au pape qu'il alla trouver Se qui lui
« donna l'absolution, le rétablit dans l'archidiaconé St approuva son livre.
« Je l'ai lu, ajoute cet auteur, St on y trouve diverses prophéties, n Le roi
accorda aussi sa protection à Michel de Toulouse, qui parvint à la dignité de
vice-chancelier de l'Église roma'ine, comme on voit"* par un acte daté de
Pérouse, le 27 d'octobre de l'an 1267, suivant lequel « Michel de Toulouse,
« vice-chancelier de l'Eglise romaine & archidiacre de Narbonne, déclare
« que la liberté que le roi lui avoit accordée, de faire voiturer à Toulouse le
« sel qu'il retiroitde son archidiaconé de Narbonne, & qui en faisoit le prin-
« cipal revenu, ne tireroit pas à conséquence pour ses successeurs. »
LXV. — Voyage du roi d'Aragon à Montpellier.
Jacques, roi d'Aragon, après avoir fait s, en 1266, la conquête du royaume
de Murcie sur les Sarrasins, expédition dans laquelle Guillavime de Roquc-
feuil, gouverneur de Montpellier, s'acquit beaucoup de gloire, se rendit dans
cette dernière ville, sa patrie, & il paroît qu'il y étoit déjà arrivé*^ dès le
mois d'octobre de cette année. Il y fit un assez long séjour Se il y donna*,
* Bardin, Chronique, — [Cf. tome X, Preuves^ ^ Chronica o commentari del rcy en Jacme ; ren-
ée. 4 8c T) de l'édition princeps.] questa de Murcia, c. i56.
' Diichesne, Histoire de Cliastillon, pr. p. 4. ^ Zurita, Anales de la corona de Aragon, !. ê
^ Bardin, Chroniijue. — [Cf. uî supra, c. 5.] c. 7 1 .
^ Trésor des chartes; Narbonne, n. 1 1 . [J. 337.] ' Clément IV, Epist. SSp.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV, XXVI. 899
le 19 de janvier suivant, une charte en faveur de l'abbaye de La Grasse. Le
pape Clément IV lui écrivit', le 29 d'avril, pour l'exhorter à engager ses
lieutenans à ne pas enfreindre, comme ils faisoient, l'accord qu'il avoit
moyenne, avant son élévation au pontificat, entre lui & les habitans de
Montpellier, touchant l'élection du baile Si des autres officiers de sa cour
royale dans cette ville.
LXVL — Le comte Aljbnse impose un subside sur ses sujets pour la croisade.
Le pape écrivit diverses lettres^ à Alfonse, comte de Toulouse, durant
l'année 1267, pour l'exhorter à se préparer à son expédition de la Terre-
Sainte par la visite de ses États Se la réparation de tous les griefs que ses
sujets avoient contre lui^. Il lui fait espérer de lui accorder pour cette entre-
prise trente mille livres tournois sur le tiers des revenus ecclésiastiques qu'il se
proposoit de lever. Il lui marque qu'il avoit destiné pour le roi, son frère, les
subsides de la croix dans tout le royaume, 8c qu'il y avoit compris, de son
consentement, ses propres États, quoiqu'il eût d'abord résolu de lui réserver
cette portion des subsides; c'est que le roi saint Louis avoit repris la croix,
dès le 25 de mars de cette année, avec le dessein de passer de nouveau dans
la Terre-Sainte. Plusieurs chevaliers de la Province se croisèrent à cette occa-
sion, entre autres Raimond'* Seguin de Melgueil. Parmi ceux qu'Alfonse
retint à son service, Sicard de Montant, chevalier de la sénéchaussée de Tou-
lause, s'obligea^, sous la garantie de Guillaume Hunaud, chevalier. Si de
An I 267
' Baluze, Portefeuille Je Montpellier.
' Clément IV, Epist. 48:1 & suiv., 536. — Ray-
naldi, année 1267, n. fio.
' C'est sans cloute pour obéir aux instances du
pape qu'Alfonse délégua Pons Astoaud & Eudes
de la Montonière pour faire enquête sur les mé-
faits de ses agents dans le midi, La lettre de com-
mission est du 18 avril 1267 (Voyez tome VIII,
c. i566)j elle est valable pour un an. Elle fut
renouvelée en juillet & décembre 1268, & en mars
1269. {liiJ. ce. 1576, 1582, 1587.) Ces commis-
saires devaient en même temps veiller aux intérêts
du comte, chercher à lui procurer de l'argent &
s'occuper de la levée du foiiage. Nous avons plu-
sieurs lettres de restitutions données en leur nom,
plusieurs existent dans le Trésor des chartes en
original, la plupart se retrouvent dans le regis-
tre JJ. 24<^. Nous n'indiquerons que les princi-
pales. Beaucoup de ces plaintes se rapportaient à
des faits datant de l'époque de Raimond VII.
Telle est (voyez tome VIII, ce. 1641 & 1684) la
plainte de Guillem-Aton de Gaillac, qui réclamait
une somme par lui prêtée à ce prince & dont il
n'avait été payé qu'en partie; pour l'indemniser
on lui avait engagé les bailie^ de Lavaur & de
Puylaurens, pour les tenir jusqu'au payement de
sa créance. L'affaire n'était pas encore terminée
en 1269, & Alfonse écrivit au sénéchal de Tou-
louse de s'informer combien de temps le plai-
gnant avait tenu les deux bailies, & combien
il lui était encore dû. — On peut encore voir
d'autres actes de ces enquêteurs, de l'année 1267,
pour la justice de Puylaurens, au tome VIII
(ce. 1593, 1594); l'usurpation remontait aussi au
temps de Raimond VII. Une autre pièce {liid.
ce. iSpS, 1596) se rapporte à la juridiction du
lieu de Gaillac, réclamée par l'abbé & par le sei-
gneur de Brens. Une troisième restitue une partie
de la justice de Gazais à Bernard de Penne, ceue
justice ayant été comprise dans l'échange fait entre
ce seigneur & Alfonse de Poitiers. [liid. ce. 1596
à 1598.) D'autres réclamations se rapportent à la
justice du lieu de Cahuzac (JJ. 24», f° 94 u), à
une forteresse enlevée au seigneur de Jonquières
par Raimond VII (Ibid. 1° 80 a), à une somme
d'argent due par celui-ci à un bourgeois de Tou-
louse. [Ihid. f" 94 h.) Ces mêmes enquêteurs avaient
déjà parcouru la Province dès 1266. (JJ. 24", f<'43
& suiv., & f 88 & suiv.) [A. M.]
" Clément IV, Epist. 487.
' Trésor des chartes} Toulouse, «ac 10, n. 4 [J.
319]; sac I I [J. 320].
— ûoo HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXVI.
An I 207 7
Sicard, vicomte de Lautrec, damoiseau, d'amener vingt chevaliers avec lui
pour une certaine somme dont il convint, & pour le Joitage qui seroit levé
dans ses terres. Ce prince écrivit de Rampillon, au commencement de mai
de l'an 1267, à son sénéchal de Toulouse 8c d'Albigeois, de faire lever inces-
samment le fouage dans sa sénéchaussée &. d'en faire remettre le produit au
Temple, à Paris, avec les deniers des haillies de la même sénéchaussée, le
jeudi après la quinzaine de la Pentecôte, « comme ayant propos de soccore
V personaument à la Sainte-Terre d'outre-mer, qui a si grant mestier de
« grant aide, &■ où il lui conviendra j'aire si grant despens (S- si grant mises.
« Et de rechef nos vos mandons, ajoute-t-il, que quant vos affermerez vos
« haillies de vostre sénéchaussie ne les affermez mie à gens soupçonneuses
« de l'hérésie, ne d'autre grant crime, ne à Juis, ne à vos parens, ne à vos
« cosins, ne à vos aftins, ne à aucuns de vostre mesniée, ne à autres qui
<i soient à nos gaiges ne aux vostres, Sec. » Il ordonna à cet officier par
d'autres lettres, à la fin du mois de septembre suivant, « de faire lever inces-
« samment le fouage ou aide que l'on lui doit Jk qu'on lui a promis dans sa
c( sénéchaussée pour le secours de la Terre-Sainte. » Il envoya de semblables
ordres à ses sénéchaux d'Agenois, de Querci, de Venaissin, de Poitou, de
Saintonge &. de Pvouergue, 8t à son connétable d'Auvergne. Il chargea de
plus Pons d'Astoaud &<. Sicard d'Alaman, chevaliers, 8c les autres commissaires
qu'il avoit envoyés dans ces provinces de lui procurer, par toutes les voies
qui leur étoient marquées, autant d'argent qu'il seroit possible pour fournir
aux frais de son armement'.
Il paroît que la ville de Toulouse s'abonna pour le fouage avec Alfonse,
qui écrivit^, vers le même temps, aux consuls 8c aux habitans qu'il proro-
iln "'''^m'i i^soit, à leur prière, jusqu'à la Purification, le payement des six mille livres
tournois qu'ils lui avoient promis. Nous inférons d'une autre de ses lettres
que les nobles étoient exempts de fouage; car Bertrand Carbonel, damoiseau,
s'étant plaint de ce que les consuls de Lavaur vouloient l'obliger à le payer à
son préjudice; parce qu'il était noble & fils de chevalier, b qu'il n était pas
d'usage qu'on mit les nobles à la taille pour le fouage ou pour tout autre
chose, le comte écrivit, le mercredi avant la Pentecôte, au sénéchal de Tou-
louse, de ne pas permettre que ce damoiseau fût mis injustement à la taille
contre l'usage accoutumé. Enfin Alfonse manda au même sénéchal de sus-
pendre la levée du fouage sur les hommes du vicomte de Lautrec, son vassal,
jusqu'à ce qu'il fût assuré qu'ils y étoient tenus de droit ou de coutume;
' En 1267, Alfonse eut à apaiser une guerre as- vembre 1267. (Tome VIII, ce. 1608, 1609.) L'^if-
sez vive, qui s'était élevée entre les hommes de faire, du reste, ne put s'arranger à l'amiable, &
Condom, qui lui étaient soumis, & Géraud, comte en mars 1268, le comte, informé de nouvelles at-
d'Armagnac. Gaston de Béarn avait voulu inter- taques de Géraud contre ses hommes de Condom,
venir & avait réclamé l'aide du roi de France. chargea le sénéchal de saisir les fiefs que ce sei-
Louis IX pria son frère de confier l'instruction de gneur tenait de lui, & lui ordonna de ne les lui
cette affaire à Bertrand, prévôt de Toulouse, à rendre que sous bonne &. sûre caution. (TomeVIII,
Sicard Alaman & a» sénéchal de Toulouse, aux- ce. i635, i(536.) [A. M.]
quels Alfonse envoya ses pleins pouvoirs en no- ' Trésor des chartes, ut supra.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXVI. qoi ""; ~
J An 1267
mais qu'il tâchât cependant de les engager à lui accorder volontairement
quelque somme à la place du fouage'.
LXVII.
Vicomtes de Lautrec.
Le vicomte de Lautrec, dont le nom n'est pas marcjué dans cet acte, étoit
ou Isarn ou Bertrand, son j'rère, en faveur desquels Alfonse écrivit au com-
' Alfonse commença à s'occuper de la lerée du
fouage dès 1257. (Majen & Tholin, p. 74.) Les
actes (jue nous avons donnés dans le -ome VHI de
la présente édition, & ceux que nous avons rele-
vés dans les registres de ce prince, vont nous per-
mettre de donner de cet impôt une idée plus pré-
cise que n'a pu le faire dom Vaissete. Le fouage,
impôt personnel, levé par famille & par village,
avait déjà été p'rçu par le comte Rairaond Vil à
l'occasion de la croisade, que la mort l'empêcha
d'accomplir. En 1261, Alfonse avait obtenu une
nouvelle promesse de ses sujets du midi; mais au
moment de faire lever l'impôt, il se ravisa, espé-
rant avoir plus d'argent en traitant avec chaque
ville en particulier. Aussi vers le milieu de l'an-
née 1261 écrivit-il au sénéchal d'Agen de prendre
à ce sujet des renseignements précis & de les lui
envoyer le plus promptemcnt possible. Un des
clercs du comte, Guillaume du Plessis, fut spécia-
lement chargé de cette négociation, dont Alfonse
recommanda le soin à tous ses officiers & vassaux
du raidi. (Cf. tome VIII, ce. 1489, 1490.) Pour
faire des propositions, on dut se reporter aux étais
du fouage perçu par Raimond VII, [Ihid. c. 1491.)
Peu après, Alfonse envoya à tous ses sénéchaux des
instructions générales. (Ibii. c. 1493 & suiv.),
qui prouvent qu'Alfonse n'était pas trop sur de
son droit. Le sénéchal devra représenter aux sujets
du comte que c'est la première fois qu'il requiert
pareil service, tandis que le roi & les autres b -
rons l'ont demandé deux ou trois fois. La levée du
fouage sera faite par douze prud'hommes choisis
par les habitants de chaque ville. Dans les villes
des vassaux on s'entendra avec le seigneur. Si on
a suivi d'autres règles du temps du comte Rai-
mond, règles qui agréent davantage aux gens du
pays, qu'on observe la coutume. Les villes 8c les
seigneurs qui voudront s'abonner pour une somme
une fois payée seront libres de le faire. — Le paye-
ment du fouage n'alla pas sans quelques lenteurs
& de nombreuses difficultés, & l'événement prouva
qu'Alfonse avait eu raison de s'y prendre à l'a-
vance. Les opérations, commencées en 1261, du-
raient encore en 1269, & les commissaires du
comte rencontraient toutes sortes de résistances.
Les grandes villes comme Toulouse s'étaient abon-
nées, mais les petits villages, les seigneurs, ne
mettaient pas un grand empressement à s'acquit-
ter, — En 1268, les hommes des templiers &. des
hospitaliers refusèrent de payer le fouage sous
prétexte qu'ils avaient déjà payé une redevance
spéciale à leurs seigneurs; leur prétention fut
repoussée par le comte, &, en effet, il eut suffi à
un homme de se mettre dans l'avouerie du Temple
ou de l'Hôpital pour se soustraire à la plupart
des obligations incombant aux autres hommes du
comte. (Tome VIII, c, 1579). M-'"'' ^' n'ét.nit là
qu'une difficulté facile à résoudre. Chaque jour il
en naissait de nouvelles. En général on sent que
le comte n'est pas sûr d'avoir le droit pour lui;
il ordonne à ses sénéchaux de traiter à l'amiable
avec ses vassaux, de s'informer s'ils ont payé du
temps du comte Raimond. (JJ. 24 c, f»» 07 n, 53 a,
60 a.) Quand les réclamations deviennent trop
pressantes, on accorde un délai, pour traîner en
longueur & rechercher des actes qui prouvent le bon
droit du comte. — Mais bien d'autres questions
s'élevaient tous les jours. Les demandes de dégrè-
vement étaient nombreuses; Alfonse ne s'y rendait
que difficilement, & il fallait que les motifs fus-
sent bien forts pour le décider. Aux habitants de
Caumont, il ne remet que dix livres sur cent,
qu'ils avaient promises, & encore se réserve-t-il
de les percevoir plus tard (JJ. 24 c, f° Sp h];
ailleurs ce sont cinq livres sur trente-deux. {Ihid.
f°42i.) Les hommes de Montesquieu enVolvestre,
qui sont pauvres & qui ont entrepris la cons-
truction d'une église valde sumptuasam, obtien-
nent de ne payer que cinq cents livres au lieu ce
cinq cent trente & une. (Tome VIII, ce. 1623,
1624.) Le mode de perception est soigneusement
réglé dans les villages; mais dans les villes ce sont
des querelles infinies, chacun des partis, peuple
ou bourgeois, essayant de faire prévaloir le système
qui lui est le plus avantageux. [liid. c. 1625.)
Enfin, en dépit de la résistance de ses sujets, Al-
fonse décida que le payement aurait lieu en mon-
naie tournois, & que ce serait le débiteur qui
payerait le change. (JJ. 24C, ("^oa.) — Ce ta-
bleau, bien incomplet pourtant, donne une idée
assez exacte des embarras de tous genres qui accom-
pagnèrent pour Alfonse la préparation de cette
malencontreuse expédition de 1270, si impolitique,
& qui fut en définitive si mal conduite. [A. M.]
An I 267
102
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXVL
mencement d'août de cette année, à Philippe de Montfort, pour leur faire
rendre une certaine quantité de blé que les gens de ce seigneur leur avoit
enlevée dans la ville de La Bruguière, qu'ils tenoient de lui en fief'. Ils
avoient perdu alors Pierre & Sicard, leurs frères, qui possédoient avec eux S<.
avec Amalric, leur autre frère, la moitié de la vicomte de Lautrec. Pierre
étant mort sans enfans de Vaquerie de Monteil Ademar, sa femme, 81 Sicard
n'ayant laissé qu'une fille, nommée Alix ou Hélitsj Isarn, Bertrand, Amalric
& Gui dit Albigeois, leurs frères, Se les enfans de Béatrix, leur sœur, femme
de Sicard d'Alaman, principal ministre du feu comte de Toulouse, préten-
dirent recueillir leur succession. Ils s'accordèrent^, au mois de septembre de
l'an 1268, sur la moitié de la vicomte de Lautrec qui leur appartenoit, avec
Sicard VII, leur cousin germain, possesseur de l'autre moitié. Isarn, Bertrand
& Amalric partagèrent, en 1270, la portion de la vicomte de Lautrec qui
avoit appartenu à Pierre, leur frère. Isarn laissa ^ postérité, Si de lui descen-
dent les seigneurs de Montfa 8c de Saint-Germier. Quant à Bertrand Si à
Amalric, ils laissèrent aussi postérité; mais elle tomba enfin en quenouille,
81 par là, une portion de la vicomte de Lautrec passa dans les maisons de
Lévis, Arpajon, Voisins, Sic.
LXVIII. — Alfbnse donne divers ordres pour le gouvernement de ses États.
Comtes de Rode-;^,
Alfonsç, comte de Toulouse, donna plusieurs autres ordres'', en 1267,
pour le gouvernement de ses domaines. Il manda le jour de Pâques à son
féal, le comte de Comminges, de réparer le tort que ses gens avoient fait au
comte de Foix dont ils avoient ravagé les terres, tandis que ce comte étoit en
chemin pour se rendre au parlement a\i(\uQ\ le roi l'avoit appelé^. Il ordonna.
■ cf. tome VIII, c. 1606. — Voir dans JJ. 24 c,
f" 48 b, un autre mandement de fin juillet relatif
à cette affaire Se ordonnant au sénéchal de procé-
der à une enquête. — L'affaire n'était pas termi-
née au mois de novembre suivant; à cette époque
Alfonse ordonnait de nouveau à Philippe de Mont-
fort de restituer le blé enlevé aux vicomtes de Lau-
trec. (JJ. 24'^, f° 5â b.) L'un des deux vicomtes,
Isarn, tenait plusieurs terres du comte, pour les-
quelles il lui devait le fouage; il obtint de lui une
lettre de sursis en décembre 1267. (JJ. 24C, f" 56 b.)
[A. M.]
" Voyez tome VIII, Chartes, n. CCCLV, ce. i63o
à i633.
3 Voyez tome VU, Note XVIII, pp. 56 à Sp.
' Trésor des chartes; Toulouse, sac 10, n. 4. [J.
3>9.]
' La lettre est d'avril 1267; elle fut écrite par
Alfonse à la demande de Louis IX, (Cf. tome VIII,
ce. 1600, 1601.) Quelque temps après, Alfonse
écrivit au sénéchal de Toulouse de défendre à
Roger d'Espiès, baile de Gascogne, de molester le
comte de Comminges 8t de l'empêcher d'exercer
ses droits de juridiction. (IbiA. c. 1604.) En 1268,
les officiers du comte renouvelèrent leurs incur-
sions & Alfonse dut intervenir une fois de plus.
[IhiA. c. i633.) — Cette guerre de Foix & Com-
minges ne fut pas la seule qu'Alfonse eut à arrêter
dans le cours de cette année 1267. Le 4 août, il
écrit au sénéchal pour le prier de s'entremettre
entre Sicard Alaman & Philippe de Montfort; les
bailes de ce dernier commettaient nombre d'exac-
tions, & l'un d'eux s'était rendu coupable du
délit de port d'armes dans les terres du comte.
(Tome VIII, ce, 1606, 1607. La lettre à Philippe
de Montfort est dans JJ. 24 c, f" 490.) Un mois
plus tard il devait réprimander ce même Sicard
Alaman & Philippe de Montfort, qui exigeaient
des hommes de Rabastens des péages &. des leudes
exagérés. (Tome VIII, ce. 1607, 1608.) Au mois
de juin précédent, Bernard-Jourdain de l'isle
avait envahi les terres de Jourdain, seigneur de
An 1268
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XXVI. Qn3 ";; ~
J An 1 267
vers le même temps à Pons d'Astoaud 8t Odon de Moutonier, ses commis-
saires, de faire réparer les excès que ses juges, baillis £< autres officiers avoient
commis dans la sénéchaussée de Toulouse'. 11 écrivit de Longpont, le
dimanche après la Saint-Jean-Baptiste, au viguier de cette ville, de casser,
de l'avis du sénéchal, des mêmes commissaires &. de Sicard d'Alaman, cheva-
lier, la confrérie du Carmel, qui s'étoit renouvelée dans cette ville Si dans
laquelle cinq mille personnes de l'un & de l'autre sexe s'étoient engagées, de
crainte des inconvénients qui pouvoient s'ensuivre 8t qui étoient déjà arrivés.
Enfin il manda, quelque temps après, à ce viguier, de l'informer de quelques
autres confréries qui s'étoient établies de nouveau à Toulouse &. qui pou-
voient V causer du trouble^.
Ce prince écrivit de Longpont, à la fin de l'année & du commencement
de la suivante, plusieurs lettres au sujet du différend qui s'étoit élevé entre
ses gens Si Henri, fils d'Hugues, comte de Rodez, son vassal 5 différend qui
avoit été suivi de part 81 d'autre de voies de fait, 8< qui fut enfin terminé
par un traité. Henri jouissoit alors d'une partie des biens d'Isabeau de Roque-
feuil, sa mère, fille aînée Si héritière de Raimond de Roquefeuil, seigneur
de Roquefeuil Si de Merueys, au diocèse de Nimes, vicomte de Creixel, en
Rouergue, Sic. 3, laquelle, par son testament de l'an i25i, lui avoit légué
la moitié de ses domaines Se l'autre moitié à Delphine de Turenne, sa mère.
Isabeau mourut bientôt après. Si non en 1271, comme quelques modernes'*
l'ont avancé. Outre Henri elle laissa quatre filles d'Hugues, comte de Rodez,
son mari, Walburge, Alix, Alcayette Si Delphine. La première épousa Guil-
laume, seigneur de Randon, en Gévaudan ; la seconde fut religieuse à Non-
nenque; Alcayette, la troisième, se maria 5, le 4 de septembre de l'an 1267,
avec Amalric, fils puîné d'Amalric, vicomte de Narbonne, Si eut quarante
mille sols tournois de dot. Enfin Delphine épousa, le 24 d'octobre '^ de
l'an 1262, Pierre Pelet, damoiseau. Delphine avoit alors quatorze ans accom-
plis, Si elle renonça, moyennant six cens marcs d'argent, à la succession de
j'eue dame Isabelle de Roquefeuil, sa mère. Si d'Hugues par la grâce de Dieu
comte de Rodez, son père. Le contrat de mariage fut passé au château de
Valeraugue, dans le diocèse de Nimes, Si aujourd'hui d'Alais, en présence de
Delphine de Roquefeuil, son aïeule maternelle, de Pierre-Gaucelin de Fol-
laquier, Bérenger de la Fare, Guillaume de Frotard Si Guillaume de Ros-
taing, chevaliers. Hugues, comte de Rodez, fit son testament en 1271 Si
mourut environ trois ans après. Henri, son fils, qui lui succéda, n'avoit pas'
risle, & rendu nécessaire l'interyention des agents ' Archives du domaine de Rodez, Mariages &
du comte. [Ib'ii. ce. 1602, i6o3. Cf. aussi JJ. 24<-"j Testaments^ lettre ddd.
f" 48 a.) [A. M,] ^ Histoire généalogique des grands officiers, t. 2,
' [Cf. plus haut, p. 899.] p. 700.
' La première lettre pour la confrérie du Carmel ' Domaine de Rodez, Acquits, n, z6.
est du 26 juin 1267. (Cf. tome VIII, ce. 1610, ^ /A:V. n. 45.
1611.) Le mandement au viguier de Toulouse pour ' Hôtel de ville de Rodez,
les autres confréries établies dans cette ville, est
du 21 mars 1268. (Ibid. c. i6i3.) [A. M.]
Hd. orii^in.
I. m, p.'5i2
904
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXVI.
encore atteint 1 âge nubile quand son mariage fut arrêté, le 8 de septembre
de l'an izSô, avec Marquise, fille de Barrai, seigneur de Baux. Il l'épousa
dans la suite solennellement, Ik elle eut deux mille marcs d'argent en dot'.
LXIX. — Alfonse tient un nouveau parlement 6* se prépare à son départ
pour la Terre-Sainte.
Alfonse avoit donné ordre ^ à Pons d'Astoaud 8<. à Odon de Moutonier, ses
commissaires ou lieutenans dans le comté de Toulouse, de se rendre à sa
cour trois semaines après la Chandeleur de l'an 1268; mais il leur écrivit,
le vendredi après l'octave de l'Epiphanie, de différer leur départ jusqu'au
prochain parlement de la Pentecôte, & d'aller, en attendant, faire des infor-
mations dans l'Agenois, au sujet de quelques courses que son sénéchal dans
le pays avoit faites sur les terres du roi d'Angleterre. Il leur ordonna en
même temps de travailler à ses enquêtes 8t aux autres affaires qu'il leur avoit
confiées 6(. de faire savoir à ceux pour qui ils avoient fait des enquêtes de ne
pas aller à sa cour jusqu'à ce parlement, parce qu'il ne leur Jèroit aupara-
vant aucune réponse'^. On voit par là & par un mémoire "* que ce prince
adressa à ses officiers, vers l'an 1264, qu'il jugeoit dans son parlement, non-
seulement les causes qui étoient portées par appel devant lui, de toute
l'étendue de ses domaines, mais encore les affaires sur lesquelles il faisoit
informer auparavant. Ce mémoire prouve aussi qu'il étoit fort attentif à
empêcher les guerres particulières entre les seigneurs, ses vassaux, Si à punir
par des amendes ceux qui les entreprenoient^. Le roi tint de son côté son
' La même année Alfonse reçut les plaintes de
l'évêque de Rodez qui réclamait une somme assez
importante retenue sur une année de revenu de la
pezade par le sénéchal, qui n'avait jamais voulu
la rendre. Alfonse ordonna à ce fonctionnaire de
lui expliquer sa conduite & de donner satisfaction
à révéque, s'il n'avait aucune raison légitime pour
faire cette retenue. (Tome VIII, ce. i633, lô.T^.)
[A. M.J
' Trésor des chartes; Toulouse.
'Mandement du i3 ou du 14 janvier ii68.
(Tome VIII, ce. iS-i, iSya.) Le roi d'Angleterre
prétendait que le sénéchal d'Agen était l'agresseur,
& Louis IX avait ordonné au sénéchal de Carcas-
sonne d'aller enquérir sur les faits qui étaient
reprochés à cet officier. Alfonse, ne voulant pas
laisser ses intérêts sans défense, chargea Pons As-
toaud & Eudes de la Montonière d'accompagner
ce fonctionnaire, de prendre part au règlement de
l'affaire, s'il y avait lieu de donner satisfaction au
roi d'Angleterre, & de prêter secours au sénéchal
d'Agen, si besoin était. Ce fait, entre mille autres,
prouve combien le comte de Toulouse était jaloux
de faire respecter ses droits. [A. M.]
■"Voyez tome VIII, Chartes, n. CCCXLVI,
c. 1.514 &. suiv. — Le mémoire en question n'est
pas d' Alfonse lui-même, mais de l'un de ses agents
dans le midi, qui y parle à la première personne.
Ce n'est certainement ni Eudes de la Montonière,
ni Guillaume le Roux, ni Pons Astoaud, ni Sicard
Alaman. Il est relatif aux guerres privées qui
avaient éclaté les années précédentes dans la Pro-
vince, aux longues luttes entre l'évêque d'Albi &
l'abbé de Gaillac, entre Gaston de Béarn & le
comte de Comminges, le fils du comte de Rodez 8<
Gui de Séverac, &c. On y spécifie les amendes à
exiger de tous ces perturbateurs de la paix publi-
que, & on y règle différentes affaires d'adminis-
tration. Il est adressé au sous doyen de Tours 8c
au trésorier de Poitiers. A la suite, dom Vaissete
a publié un autre texte, cette fois en latin, con-
tenant les décisions du conseil, de ce que dom Vais-
sete appelle le Parlement, sur quelques-unes des
affaires indiquées dans le premier mémoire. [A. M.]
" C'était du moins là un des objets qu'Alfonse se
proposait; Patteignait-il toujours, nous en dou-
tons fort. En 1268, une petite armée, venant sans
doute de Catalogne, se préparait à traverser les
Etats du roi de France pour aller attaquer Charles
d'Anjou dans ses domaines de Provence & de For-
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XXVI.
90:
An i;63
parlement à la Pentecôte de l'an 1268', & il y confirma une sentence par
laquelle le sénéchal de Carcassonne condamnoit les habitants d'Albi à mille
livres tournois d'amende pour avoir refusé de le suivre en armes, quelques
années auparavant, contre les fils du roi d'Aragon. Ce sénéchal ordonna,
vers le printemps de cette année ^, k tous les seigneurs du pays qui étoient
obligés par leurs fiefs à résider un certain temps de l'année dans la cité de
Carcassonne, de s'y rendre incessamment. Ces seigneurs étoient Philippe de
Montfort, Gui de Lévis, maréchal de Mirepoix, Jeanne, veuve de Pierre de
Voisins, 8< ses enfans, Lambert 8c Simon de Turey ou de Limoux, seigneurs
de Saissac, Si plusieurs autres qui paroissent avoir une origine françoise;
ainsi il est fort vraisemblable que lorsque le fameux Simon de Montfort leur
inféoda les terres qu'ils possédoient dans le pays, ce fut à condition de
résider tous les ans pendant un certain temps, dans cette forteresse, à la
place des châtelains^ qui y demeuroient anciennement sous les anciens
vicomtes'*.
Alfonse continua ses préparatifs, en 1268, pour sa nouvelle expédition dans
la Terre-Sainte, & il s'y disposa par des aumônes abondantes. Il ordonna
entre autres, à la fin du mois de juin de cette année 5, à son sénéchal de
Toulouse Si d'Albigeois, de distribuer une somme considérable aux maisons
calquicr, Alfonse avertit ses sénéchaux & leur or-
donna de s'entendre avec les officiers du roi de
France & du roi de Sicile pour lui interdire le
passage. (Cf. tomeVIII, c. 1378.) Une guene assez
difficile à éteindre fut, en 1268 & '269, celle de
risle-Jourdain; Pierre de LandreviUe, sénéchal de
Toulouse, avait dû intervenir & occuper une for-
teresse {liid. c. 1647), & Jourdain de l'Isle im-
plora la protection d'Alfonse. (/AiJ.) En 1269, la
guerre recommença avec plus de violence que ja-
mais; Jourdain envahit les fiefs d'Isarn Jourdain
de risle à la léte de plus de deux mille hommes
armés, & y fit le dégât} le comte ordonna de punir
sévèrement un tel méfait & de percevoir les amen-
des dues pour port d'armes illicite. {Ihid. ce. 1676,
1677.) Quelques mois plus tard, c'est Jourdain de
risie qui se plaint de Roger d'Espiès baile du
comte; celui-ci est entré à main armée sut ses
terres & les a ravagées; ordre au sénéchal de punir
sévèrement l'agresseur. (Ihid. c. 1O87.) Mention-
nons encore un duel interdit par Alfonse en 1269
(c. 1689), & de longues querelles entre Fanjeaux,
ville dépendant du comté de Toulouse, & Mont-
réal, dans la sénéchaussée de Carcassonne. [IhiA.
ce. 1643, 1644 & 1686.) [A. M.)
' Registre Olim. — Cf. plus haut, pp. 853, 854,
où nous racontons cette affaire tout au long & où
nous renvoyons pour cet arrêt aux Actes du Par-
lement, de Boutaric. [A. M.j
•Voyez tome Vlil, Chnrtcs, n. CCCLVI, ce. iCCî
& i663.
' Tome V, Chartes & Diplômes, n. CCCXCVIII,
ce. 919 a 926.
* Voyez tome VII, Note XLVI, p. 141 & suiv.
Nous y faisons l'histoire de la châlellenie de Car-
cassonne, en faisant remarquer que ce n'était que
la mise en pratique de l'une des règles du droit
féodal qui imposait Vestage aux vassaux dans cer-
taines circonstances. L'importance de la cité de
Carcassonne, pendant longtemps boulevard du
pouvoir royal dans le midi, explique pourquoi le
roi conserva cette habitude de ses prédécesseurs,
les vicomtes de Carcassonne. Plus tard, au qua-
torzième siècle, les seigneurs terriers furent rem-
placés par les mortes f^tycs, sorte de garde bour-
geoise, dont l'origine est mal connue, quoique
Besse ait voulu en attribuer l'institution à saint
Louis, que la compagnie vénérait comme son pa-
tron. [A. M.]
'' Trésor des chartes; Toulouse, sac 10, n. 4. —
Boutaric (pp. 464 à 468), donne la liste ville par
ville de toutes les aumônes faites par Alfonse, dont
il a pu retrouver la mention. Elles sont extrême-
ment nombreuses & ont surtout pour objet les
ordres mendiants que ce prince, à l'exemple de
son frère Louis IX, protégea toujours avec beau-
coup de zèle. L'auteur que nous citons mentionne
notamment des aumônes faites aux frères mineurs
de Toulouse & de Montauban, aux dominicaines
de ProuiUe, aux trinitaires de Toulouse, &c.
[A. M.]
An 1268
906 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXVL
religieuses & aux hôpitaux de sa sénéchaussée, savoir : trente livres tournois
à chacun des couvens des frères prêcheurs & des frères mineurs de Toulouse,
une somme proportionnée aux frères des Sacs, aux frères de la Trinité, aux
frères des Capistres {de Capistiis), aux frères de Saint-Augustin & aux sœurs
minoretes de cette ville; aux religieuses de l'Oraison-Dieu, de Bagnols, dans
le Lauragais, & de l'Espinasse ; aux sœurs de Prouille, aux frères de l'ordre
de 'Notre-Dame mère de Jésus-Christ, aux frères mineurs d'Albi, aux frères
prêcheurs de Castres, aux religieuses de Gaillac, &c. Parmi les divers ordres
religieux qu'on vient de nommer, ceux qu'on appeloit des Sacs {Saccorum)
t'iii°''^.'Ï3 "'■' ^^ ^^ Pénitence de Jésus-Christ avoient plusieurs autres couvens dans la
Province, savoir : à Narbonne où leur prieur provincial transigea ', en 1266,
avec Géraud, abbé séculier de Saint-Paul de Narbonne, au Puy, Sec. Le roi
leur donna ^, en 1264, un emplacement à Montréal, au diocèse de Carcas-
sonne pour y bâtir un couvent.
LXX. — Alfonse lève une imposition sur les juifs £r- accorde quelques
privilèges aux hahitans de Toulouse.
Alfonse imposa, en 1268, une'' capitation sur tous les juifs de ses domaines.
Il fit faire des recherches exactes pour savoir au vrai la valeur de leurs biens,
&. il en fit mettre quelques-uns en prison pour les obliger à la déclarer. Il
manda, au mois d'octobre, à ses sénéchaux, de lui envoyer deux juifs des
plus riches, de chaque sénéchaussée, pour traiter avec eux au nom de tous
les autres. Les biens de ceux du diocèse de Toulouse & de la partie de l'Al-
bigeois, qui est à la droite du Tarn, furent évalués à deux mille trois cens
trente-cinq livres tournois, sans y comprendre les juifs de Toulouse, d'Aute-
rive & de Gascogne ; sur quoi Alfonse écrivit au commencement de l'année
suivante à Sicard d'Alaman, chevalier, Si à Gilles Camelin, son clerc, que
' Archives de l'abbaye de Saint-Paul de Nar- de ces juifs sous scellés pour être gardés jusqu'a-
tonne. près l'enquête, [Ibid. c. i65â.) Deux des juifs les
' Manuscrits de Colherl, n. 2275. — [Lat. 9996, plus riches de chaque sénéchaussée furent envoyés
p. 182; Mahul, t. 3, p. Soy. Cf. tome V, c. 1490, à Paris pour traiter directement avec le comte;
n. 162.] leurs livres religieux furent aussi saisis & en-
' Trésor des chartes; Toulouse, sac 10, n. 4. — voyés à Paris. Les juifs de Toulouse dont les biens
On peut voir, sur cette affaire des juifs, Boutaric, avaient été estimés mille trois cents livres de Tou-
p. 322 & suiv., & au tome VIII, c. i655 & suiv. louse, payèrent trois mille livres tournois. [Ihid.
On sait que c'était, au treizième siècle, une ha- c. i658). L'argent monnayé, trouvé dans leurs
bitude d'emprisonner les juifs de temps à autre maisons, fut confisqué pour servir d'à-compte sur
pour leur extorquer une rançon. En 1247, les les sommes qui leur étaient réclamées. Les taxes
juifs de Béziers avaient subi ce traitement (voyez furent levées avec tant de rigueur que Raimond,
plus haut, p. 7S3), & en i255 le roi faisait pour- évêque de Toulouse, ami personnel d'Alfonse, ne
suivre certains particuliers qui détenaient leurs put en faire exempter un juif de Verfeil qu'il
biens. (Cf. tome VIII, c, i3,")8.) En 1268, Alfonse protégeait. (Ihid. c. 1660.) En 1270, de nouvelles
fit arrêter tous les juifs de ses domaines; il dut poursuites furent dirigées contre les juifs pour
toutefois relâcher les feinmes & les jeunes enfants. leur faire reftituer leurs usures; restitution pro-
[îh'id. c. 1657.) Les barons & vassaux du comte fitable à Alfonse auquel les papes avaient accordé
ayant réclamé la mise en liberté des juifs dépen- une partie des usures ainsi restituées. (Boutaric,
dant d'eux, Alfonse ordonna de mettre les biens pp. 328 à 33o.) [A, M.]
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XXVI.
907
les premiers dévoient financer quatre mille livres tournois, parce que ceux
de la ville de Toulouse, dont les biens n'étoient estimés que treize cens livres
toulousaines, s'étoient engagés de lui donner trois mille cinq cens livres tour-
nois. Il donna pouvoir à ces deux commissaires, au mois de décembre sui-
vant, « de lever la quête, la taille 8c toute autre redevance, sous quelque
« nom que ce fût, sur ses hommes de corps & sur ses hommes de corps C- de
« casalage au comté de Toulouse. >> Ce prince & Jeanne, sa femme, tirèrent
outre cela des sommes considérables ; 1° Des différentes villes' de leurs
domaines, qui leur firent des dons, 2° Des manumissions de plusieurs serfs^
de leurs terres dont ils changèrent les obligations en une rente foncière 3.
■ Voyez tome VIII, Chartes, n. CCCLVIII,
ce. 1668 à 1669. — L*acte auquel renvoie dom
Vaissete est une charte de non préjudice concédée
par Alfonse à la ville de Millau pour une subven-
tion qu'elle lui avait accordée à titre gracieux. Il
s\Tgit là du fouage dont nous avons parlé plus
haut. [A. M.]
' Cartulaire du comte Alfonse. — [Cf. JJ. 24 f,
passim, & notamment f°' zS & 26.]
^ Nous ne connaissons pas au juste le chiffre
auquel s'élevèrent pour Alfonse les dépenses de la
croisade, mais elles durent être très-considérables;
du tableau dressé par Boutaric, pp. 347, 348, des
excédants existant dans le trésor de ce prince à la
fin de chaque exercice, il résulte qu'à la Toussaint
1268, Alfonse avait en caisse trois cent quatre-
vingt-cinq mille livres tournois, soit trente-quatre
millions ou environ. Pendant toute l'année 1269
& une partie de 1270 il ne cessa de recevoir des
sommes importantes, & on peut croire qu'en par-
tant pour Tunis, il avait à sa disposition envi-
ron cinquante millions de nos jours. — Pour
arriver à un pareil résultat, il lui fallut recourir
à tous les moyens possibles : aliénation de domai-
nes, vente de privilèges & de grâces, levée du
fouage, 8tc. Nous donnons dans nos Preuves du
tome VIII nombre d'actes où il est parlé de ce
besoin d'argent) pour les retrouver il suffira de
chercher les renvois indiqués au mot Terra Sancta
de la table géographique. Nous allons ici ana-
lyser quelques-uns de ces actes, ctux du moins
qui peuvent paraître les plus caractéristiques. —
En octobre 1267 il envoie à ses agents dans le
midi une sorte de circulaire, leur exposant les be-
soins d'argent qui le pressent, & les suppliant de
veiller à seo intérêts, de chercher de l'argent par
tous les moyens possibles, de réfléchir aux expé-
dients qu'il leur a proposés; il envoie cette lettre
à ses conseillers Pons Astoaud & Sicard Alaman,
à ses clercs Eudes de la Montonière, Gilles Came-
lin, Guillaume le Roux, Guillaume de la Roche,
Eustache de Mésy, à son procureur pour l'hérésie,
Jacques Dubois. (Cf. tome VIII, ce. 1267, 1268.)
Le lendemain nouvelle lettre au sénéchal deTou-
louse sur le même sujet; un peu plus tard lettre
de rappel à Eudes de la Montonière & à Pons
Astoaud. {Ihid. ce. 1 568- 1569.) Les mandements
relatifs à cette affaire se succèdent & se multi-
plient de jour en jour [IHJ. ce. 1670, 1571,
i;J73, 1574, 8tc.); il invite ses officiers à se con-
certer, à prendre conseil les uns des autres, &
surtout à se hâter. Il sent qu'il en devient im-
portun & s'excuse auprès de Sicard Alaman;
l'approche de son départ le force à se montrer
indiscret; ses besoins d'argent sont pressants, ses
dépenses innombrables. [Hid. c. 1576.) Il prie
Gilles Camelin de hâter la vente de ses forêts
domaniales qu'il lui faut aliéner, l'engage à
lui mander des nouvelles de cette affaire [liid.
c. 1577); il faut qu'en entrant en jouissance les
acheteurs donnent la plus grosse somme possible,
que les termes du payement soient rapprochés;
qu'on envoie tout l'argent perçu à Paris par la
voie la plus courte. (Ibid. ce. 1379, i58o.) Écri-
vant au fils du sénéchal Pierre de Landreville,
qui vient de mourir, il l'engage à ne pas négliger
les affaires que son père a laissées en suspens, à
rechercher tous les moyens possibles de se pro-
curer de l'argent. {liid. c. i58i.) Il excite Gilles
Camelin à presser la rédaction des contrats de
vente pour les forêts qu'il aliène, à traiter avec
la ville d'Agen pour la suppression de la gabelle,
(Ihid. ce. i588, 1689.) Ayant su que certains pé-
nitents avaient promis à Guillem Athon, francis-
cain de Toulouse, de restituer au comte des sommes
mal acquises, il le supplie de les engager à sexé-
cviter. (^Ihid. c. 1090.) Il rappelle à Bettrand de
i'Isle, prévôt de l'église de Toulouse, que c'est à lui,
Alfonse, que sont réservés, en vertu de privilèges
apostoliques, les legs faits pour le secours de la
Terre-Sainte, les restitutions de biens mal acquis
& des usures. (Ihid. ce. 1692, 1693.) Il demande
au sénéchal quelle somme un certain G. de Bram,
banni pour ses méfaits, voudra payer pour rentrer
en grâce. Ilh'ui. c. i633.) Il écrit à ses clercs qu'ils
pourront offrir des libertés aux bonnes villes de
An 1268 9°S HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXVI.
Les habitans de Toulouse, à l'occasion du subside qu'ils accoidèrer, t à
Alfonse, leur comte, lui adressèrent un mémoire' distribué en quinze arti-
cles, concernant leurs libertés St privilèges, l'administration de la justice &
de la police de leur ville, &C. Ils demandèrent entre autres : 1° Que lors-
qu'on feroit quelque imposition, elle fût répartie sur les babitans au sol la
livre. 2° Qu'on rédigeât les coutumes de la ville de Toulouse parce qu'elles
étoient incertaines, & qu'on en supposoit qui n'étoient pas bonnes. 3° Que
le comte établit dans cette ville quelque personne intelligente pour terminer
sur les lieux toutes les causes d'appel portées devant lui, parce que, sous ce
prétexte, il étoit fait préjudice à ses droits & à ceux des parties. Alfonse,
trouvant ces articles justes & raisonnables, les renvoya à Sicard d'Alaman, au
cornmencement de juillet de l'an 1268, avec ordre de savoir si personne ne
s y opposoit, & de les lui renvoyer au prochain parlement de la quin-^aine de
tous les Saints, pour en disposer ensuite comme il jugeroit à propos. Sicard,
après avoir reçu cette commission, assembla les consuls & les habitans de
Toulouse, Si, les ayant consultés, ils consentirent tous à l'établissement des
articles, Si le comte les approuva^. Ce prince sollicitoit cependant toujours
ses Etats, moyennant finances. [lèid. ce. i5;.j,
1576.) Les hommes de Castelnaudary ont obtenu
la permission de tenir chaque semaine un marche
dans leur ville; ceux du Mas-Saintes-Puelles s'op-
posent à cette concession; qu'on écoute les raisons
de ceux-ci; si leurs moyens sont inadmissibles,
qu'on cherche toujours à faire payer aux habi-
tants de Castelnaudary une somme plus élevée.
(/AiV. ce. i636, lôSy.) — Ajoutons qu'il cherchait
à faire des économies sur les frais d'administra-
tion. Ainsi, en mars 1268, il félicite Guillem de
Montrevel, inquisiteur dans le Toulousain, d'avoir
congédié quelques-uns des scribes & clercs qui
l'accompagnaient. (Tome VIII , ce. lôyS, 1574.)
Au mois de janvier 1269, jugeant sur le rapport
de son clerc, Jacques du Bois, que le séjour des
inquisiteurs à Toulouse l'obligeait à de grands
frais, il leur fit proposer de se transportera La-
vaur, dont le château servirait de prison pour les
hérétiques. C'était une mesure d'économie, qu'il
essaya de faire regarder par les inquisiteurs comme
indispensable à l'exercice de leurs fonctions. {Ibid.
c. 1484.) — Pour expliquer les dépenses excessi-
ves qu'Alfonse & Louis IX durent faire lors de
ces expéditions lointaines, il faut se rappeler
que, surtout pour l'expédition de Tunis, ils du-
rent enrôler des hommes & les payer fort cher;
l'amour des aventures ne pouvait faire oublier
le désastre de la Mansourah. On peut voir dans
Boutaric (pp. ii5 à 119) quelles conditions oné-
reuses Alfonse eut à subir pour attirer des nobles
& des roturiers à son service, quelle quantité de
munitions, de provisions de toute espèce il lui
fallut réunir. On peut aussi voir au tome VIII,
c. 157J, les conditions qu'il charge Sicard Alaman
de proposer à un célèbre ingénieur (mcchinator^,
qui était à la cour du roi de Castille, & dont il
voulait s'assurer les services. [A. M.]
' Domaine de Montpellier; viguerie de Tou-
louse, n"'' 8 & 9.
' On peut voir cette requête des habitants de
Toulouse au tome VIII, c. 1 65 1, d'après le registie
d'Alfonse. Outre les articles analysés par dom Vais-
sete, elle en contient plusieurs autres qui ont leur
importance; tels sont : l'article 2, pour obliger
les consuls à rendre chaque année leurs comptes
devant une coinmission composée de quarante-huit
prud'hommes, quatre par quartier; l'article 5, or-
donnant aux notaires de rédiger d'une manière
définitive leurs actes en présence des parties,
crainte de changements; l'article 7, réduction des
péages à l'ancien tarif; l'article 10, que la dot
de la femme ne puisse être saisie pour les dettes
du mari ; article 1 1 , celui qu'une dénonciation ou
une accusation injuste aura fait retenir en prison,
n'aura pas à payer les frais de son entretien en
prison, qui seront soldés par le dénonciateur; ar-
ticle i3, réglementation des dîmes & des prémices,
qui seront ramenées au taux de l'époque de la
paix de Paris. Ces statuts furent approuvés par
Alfonse qui avait chargé Sicard Alaman de les
examiner; mais les consuls refusaient de les com-
muniquer aux habitants, & Alfonse dut charger
le viguier de leur publication. En mars 1269, il
ordonna à Sicard de forcer les opposants à exposer
leurs raisons, & de les renvoyer devant son par-
lement. En 1268, le comte confirma aussi les
privilèges accordés autrefois aux pécheurs de
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXVl. non "~; ITT^
le pape CléinentlV' de lui tenir sa promesse & de lui accorder au plus tôt le
secours qu'il lui faisoit espérer pour son expédition de la Terre-Sainte. Il lui
envoya dans cette vue frère Philippe, de l'ordre des Mineurs. Le pape
accueillit favorablement cet envoyé ; mais, quant au secours promis, il
répondit à Alfonse, à la fin du mois d'avril de l'an 1268, qu'il ne pouvoit
lui rien mander de précis jusqu'au retour d'un légat qu'il avoit envoyé en
Allemagne^.
LXXl. — Faculté de droit civil établie dans l'université de Montpellier.
Le pape"* confirma, le 5 de mai suivant, les privilèges que Jacques, roi
d'Aragon, avoit accordés à l'abbaye de la Grasse, 8t écrivit quelques jours
après à ce prince à l'occasion suivante : Jacques avoit nommé Guillaume
Seguier, pour professer le droit civil à Montpellier, sans la participation de
l'évèque de Maguelonne. Ce prélat, prétendant qu'il n'appartenoit qu'à lui
de donner le pouvoir {licentiam) d'enseigner dans l'université de cette ville,
excommunia le nouveau professeur avec tous ceux qui assisteroient à ses
leçons. Le roi se fondoit sur ce qu'on ne pouvoit professer les lois humaines
sans l'autorité du prince, &c l'évèque soutenoit qu'étant dans l'usage de
donner les licences dans les autres facultés, celle de droit civil devoit y être
comprise; qu'à la vérité il n'avoit pas encore exercé son pouvoir par rapport à
celle-ci, mais que c'étoit uniquement parce qu'on ne lui avoit jamais demandé
la permission de l'enseigner. Jacques chercha'* à s'appuyer du suffrage de i.'ui"^^^.
Maurin, archevêque de Narbonne, à qui il écrivit, le 20 d'août; mais il
paroît que le pape ■' n'étoit pas favorable à ses prétentions, 8c qu'il penchoit
entièrement du côté de l'évèque. Du reste ce différend prouve que la faculté
de droit civil ne fut établie dans l'université de Montpellier qu'après le milieu
du treizième siècle, quoique ce droit y eût été enseigné dès le douzième.
Toulouse par ses prédécesseurs. (Cf. tome VIII, de ses agents furent sans doute infructueux, & en
c. 1616.) [A. M.] iicai 1270, le comte & l'évèque échangèrent leurs
' Clément IV, Eplst. 6iS. lettres d'hommage. (Cf. tome V, c. 1349, n. iiâ.)
"Toujours jaloux de ses prérogatives, Alfonse Le château de Montirat, tenu par l'évèque du
chercha vers cette époque à se soustraire à une des comte, avait déjà été l'objet de plusieurs lettres
oblig;itions que lui avait léguées son beau-père. d'Alfonse. L'évèque avait réclamé les hérésies de
En s'accordant, en IÎ48, avec l'évèque d'Albi pour cette forteresse, & Alfonse, par lettres du mois de
le lieu de Casteinau de Bonafous, Raimond VII mars 1 257, prescrivit une enquête. (J. 3io, n. f.2 ;
avait reconnu le tenir en fief de l'évèque d'Albi, Teulet, t. 3, p. 087.) Au mois de novembre i2;)3
8t, par conséquent, devoir l'hommage à ce prélat. l'enquête durait encore, 81 le comte pressa le séné-
(Cf. tome VIII, c. 1246.) Peu désireux de remplir chai de Rouergue de donner une solution .i cette
cette obligation, qui avait quelque chose d'humi- affaire. (lild.; Teulet, t. 3, pp. 438, 439.) La sen-
liant pour un si grand seigneur, Alfonse avait tence définitive fut rendue, le 2 juin 1260, par
différé de rendre cet hommage. En 1268, l'évèque cet officier; les encours pour hérésie de Montirat
l'en requit, offrant en même temps de lui rendre & de Monestiés furent adjugés à l'évèque, qui
hommage pour son château de Montirat, qu'il avait prouvé son bon droit. [Ibid.; Teulet, t. 3,
tenait du comte de Toulouse. [Ibid. c. 1642. j pp. 523, Ô24.) |A. M.]
Avant de s'exécuter, Alfonse pria Pons Astoaud & ' Clément IV, Epiit. 6?>g & 6î>i.
Eudes de la Montonière de voir s'il n'y aurait pas ■* Gallia Christiana, nov. éd. t. 6, Instr. c. 68.
quelque exception de droit à invoquer. Les efforts ' Clément IV, Epist. 652.
An 12^)8
)io HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV, XXVI.
LXXII. — Vains ejjbrts de l'église de Viviers pour se soustraire à l'autorité
du roi, sous prétexte qu'elle était soumise à l'empire.
Clément IV écrivit', la même année, au roi saint Louis, au sujet des
plaintes que l'évêque & le clergé de Viviers lui avoient portées. « Ce prélat
« Si ses ecclésiastiques se plaignent, dit le pape, de ce que n'étant soumis
« qu'à l'empire, comme ils l'assurent, eux & leurs vassaux sont cités au tri-
« bunal de vos officiers, où ils sont mulctés, lorsqu'ils refusent de compa-
(' roître, & jugés en matière civile & criminelle. Nous n'avons trouvé nulle
« part quelles sont les limites de l'empire &c de votre royaume. Se nous ne
« saurions les distinguer, quoique nous ayons toujours ouï dire aux anciens
« qu'en quelques endroits ce sont les fleuves qui en font la séparation, 8c
» dans d'autres les provinces & les diocèses; mais nous l'ignorons. La ques-
« tion présente ayant été cependant agitée au commencement de votre règne,
(c dans le temps que Pèlegrin Latinarius étoit sénéchal de Beaucaire, & cet
« officier ayant eu là-dessus un grand différend avec Bermond, évêque de
M Viviers, je fus choisi pour arbitre avec Raimond de Vairac, chevalier, &
Il ayant visité les archives de l'église de Viviers, nous y trouvâmes plusieurs
« diplômes; mais ils étoient tous des empereurs, & nous n'y vîmes aucune
« charte qui ne prouvât que cette église dépendoit de l'empire depuis des
« temps fort reculés. On nous montra de plus les étendards impériaux dont
« l'évêque de Viviers s'étoit servi dans l'occasion, & nous ne pûmes découvrir
« autre chose. Ayant ensuite rendu compte de notre commission au sénéchal,
« il suspendit ses poursuites, après avoir retenu le peu de fiefs dont il avoit
« exigé des reconnoissances en votre nom. » Le pape prie ensuite le roi de
ne pas permettre que ses officiers vexent injustement l'évêque & l'église de
Viviers : « Puisque, ajoute-t-il, vous ne pouvez trouver dans vos registres,
o comme nous le croyons, que les évêques de cette ville ayent été ancienne-
« ment soumis à votre domination, & qu'il est prouvé au contraire qu'ils
« dépendoient de celle de l'empereur. Au reste si vous avez un véritable
« droit, auquel nous n'avons jamais prétendu ni ne prétendons faire aucun
« préjudice, nous sommes persuadés qu'il convient beaucoup mieux d'em-
« ployer la justice que la force pour le recouvrer. » Cette lettre fait voir que
dès que le roi saint Louis eut acquis le domaine utile du Vivarais, par la ces-
sion que Raimond VII, comte de Toulouse, lui en fit en 1229, ses officiers
se mirent en état d'y faire reconnoître sa domination, & que l'évêque & les
vassaux de l'église de Viviers qui s'étoient soustraits, vers le milieu du dou-
zième siècle, de la sujétion où ils avoient été anciennement des rois de France
pour se mettre sous celle de l'empire, firent difficulté d'obéir \ Mais comme
les droits du roi sur le Vivarais étoient^ incontestables, & que ce n'étoit que
• Clément IV, EpUt. 666. > Voyez tome IV, Note I, pp. i à 9.
' Voyez tome III, 1. XVI, ch. l, p. 62() ^ &
1. XVIII, ch, II, p. 772.
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XXVI. qii
' An 1268
par la négligence de quelques-uns de nos rois que les empereurs avoient
étendu leur autorité sur ce pays 81 empiété sur celle de ce prince ; Louis
n'eut garde de se rendre aux remontrances du pape. Ce prince & ses suc-
cesseurs firent si bien valoir par leurs sénéchaux de Beaucaire, auxquels le
Vivarais étoit soumis, leurs droits légitimes sur ce pays & sur tout ce qui
est en deçà du Rhône, depuis tin bord jusqu'à l'autre, qu'enfin les évêques
de Viviers furent obligés de se soumettre.
LXXIII. — Mort du pape Clément IV. — Ses ouvrages.
Clément IV ne survécut que quelques mois à cette lettre ; il mourut,
le 29 de novembre suivant, à Viterbe, où il avoit établi la résidence de la
cour romaine. Il fut inhumé dans l'église des Jacobins de cette ville, où on
voit son tombeau avec son épitaphe' qui contient l'abrégé de sa vie. Étant
pape, il exerça^ comme auparavant, lorsqu'il étoit évêque, le grand talent
qu'il avoit pour la prédication, 81 mena une vie très-pénitente Si très-exem-
plaire. Oh loue la beauté de sa voix Si l'amour qu'il avoit pour le chant
ecclésiastique. Entre ceux qu'il employa sous son pontificat, il confia à Fol-
quier, chanoine de Narbonne, la légation de Portugal. Outre le recueil de
ses lettres il écrivit plusieurs ouvrages, entre autres la Vie de sainte Hedwige,
duchesse de Pologne, qu'il canonisa. On trouve dans les archives de l'inqui- t^ni""^5'i'5
sition de Carcassonne un de ses ouvrages intitulé : Qucestiones domini Gui-
donis Fulcodi (j responsiones ejus. C'est un traité manuscrit de quarante
pages in-folio, divisé en quinze questions, dans lequel il examine le pouvoir
des ordinaires par rapport à l'inquisition de la foi. Il soutient qu'ils n'en
peuvent exercer aucun pendant la durée de la commission donnée aux inqui-
siteurs de l'ordre des frères Prêcheurs par le pape. Il traite les questions qui
lui avoient été proposées par les inquisiteurs mêmes, dans le temps qu'il
n'étoit encore que simple jurisconsulte, suivant la méthode des canonistes 8c
les principes fondés sur les fausses décrétales qui étoient alors les plus com-
muns 3,
LXXIV. — Le roi lève des subsides pour son passage d'outre-mer.
Assemblée des trois états de la sénéchaussée de Carcassonne.
Le roi fit lever une taille sur tous les sujets immédiats de son domaine
pour son passage de la Terre-Sainte, suivant l'usage où étoient alors les sei-
■ Catel, Mémoires de l'hiitoire du Languedoc , de son Tractatus de offic'io sanctissimae Inguisitio-
p. 799. nh, pp. 367 à 393. Nous ne pouvons songer à
' Gesta Ludovici /X, p. 397. — Raynaldi, an- analyser un pareil document, qui, au point de
née 1268, — Pagi, Breviarium gestorum pontificum vue de l'histoire de la procédure canonique, ne
Romanorum, X. 3. -^ Ciaconius, Vita démentis l^^ manque pas d'importance. C'est, sous une forme
Cflit. de 1676. méthodique, une sorte de code de procédure à
' Cet ouvrage de Gui Foucois a été publié, en l'usage des inquisiteurs. [A. M.j
1669, par Cesare Caréna, de Crémone, à la suite
A'.i i:
A.ii 12');)
912 HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV, XXVI,
gneurs de tailler leurs vassaux dans cette circonstance Si dans quelques autres.
II fit," outre cela, demander un secours ou don gratuit pour cette entreprise
aux vassaux de tous les seigneurs du royaume. Nous avons encore ' l'acte
par lequel les habitans d'Albi lui accordèrent cent marcs sterling, le 17 de
septembre de l'an 1269, « à condition qu'il déclareroit dans des lettres
u patentes que ce don ne leur causeroit aucun préjudice à l'avenir & ne les
« assujettiroit pas à l'imposition de la taille, parce qu'ils étoient vassaux de
« l'Église. » Les vassaux des vicomtes de Lautrec^ accordèrent aussi au roi,
avec leur permission, un subside pour le passage d'outre-mer.
Dans la suite, lorsque nos rois voulurent établir quelques impositions
extraordinaires dans les vigueries &. les sénéchaussées de la Province, ils
firent assembler les trois états du pays, savoir : les prélats 8i les nobles pour
obtenir d'eux la permission de faire contribuer leurs vassaux, & les consuls
£<. les députés des bonnes villes pour leur demander leur consentement; 8<.
cet usage s'est toujours conservé. Outre cela, on assembloit sous le règne de
saint Louis les trois états de chaque sénéchaussée en particulier pour déli-
jjérer sur les affaires importantes du pays, ainsi qu'on l'a déjà remarqué ->.
Telle fut l'assemblée de la sénéchaussée de Carcassonne, qui se tint"'
en 1269 &. dont il nous reste encore le procès-verbal. Les consuls de Nar-
bonne avoient demandé à Guillaume de Cohardon , sénéchal de Carcas-
sonne, qu'il défendît la sortie des grains de la sénéchaussée. Le sénéchal, sur
cette demande, se crut obligé d'assembler les prélats, les barons, les cheva-
liers, les consuls & les principaux habitans du pays pour en délibérer avec
eux. Il indiqua l'assemblée à Carcassonne pour le dimanche 11 du mois
d'août, &c y appela l'archevêque de Narbonne, les évêques de Béziers, Agde,
Lodève, Maguelonne 8c Albi, l'évêque élu de Carcassonne, vingt-deux abbés,
le prieur de Cassan, le prévôt de Saint-Salvi d'Albi & douze commandeurs
'Voyez tome VIII, Chartes, n. CCCLVIII , tels abus, en permettant & défendant arbitraire-
c, 1669. ment le commerce des céréales, ils avaient commi:
' llid. à cette occasion de telles extorsions que Louis IX
' On a beaucoup disserté sur l'origine & la por- dut avoir à cœur d'en empêcher le retour. Les re-
tés de ces assemblées de sénéchaussées, sans tou- gistres des enquêteurs sont pleins de faits de ce
jours se rendre un compte exact de leur organi- genre, commis surtout à Beaucaire & sur les limi-
sation & de leur rôle. Pour l'origine, elle est tes du Languedoc & de la Provence. Nulle preuve
tout entière dans l'ordonnance de Louis IX, de que l'usage de ces assemblées ait existé dans le
I 2ij4 ; cet acte n'accorde à ces Etais que le pou- midi avant l'ordonnance de i2;j.(j seuls les habi-
voir de défendre ou de permettre l'exportation tants de Beaucaire l'alléguèrenî comme un droit
du blé de la Province; si le roi ordonna au séné- ancien & consacré par leur coutume particulière,
chai de ne point réglementer cette matière sans Quoi qu'il en soit, c'est certainement de là que
prendre l'avis des gens des trois Ktats, ce fut pro- viennent les assemblées des trois états des séné-
bablement pour les raisons suivantes; il jugea chaussées du midi, dont la réunion donna nais-
que, en pareil cas, le sénéchal aurait tout avan- sance, au quinzième siècle, à ce qu'on appela les
tage à prendre l'avis des gens intéressés, grands Etats de Languedoc. La compétence de ces assem-
propriétaires du pays, connaissant mieux que lui blées, leur composition se modifia profondément;
l'état de la récolte & les besoins de l'alimentation mais c'est très-certainement à 1254 qu'il faut
publique; en outre, & ce fut probablement la rapporter leur origine. [A. M.]
principale raison qui décida les conseillers du roi, ^ Voyez tome VIII, Chartes, n. CCCL^'II,
les sénéchaux 8c les viguiers s'étaient permis de ce. 16643 1668.
An 1269
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XXVI. 91 3
de l'ordre des Templiers ou de celui des Hospitaliers, pour le clergé ; Phi-
lippe de Montfort, Gui de Lévis, maréchal d'Albigeois, Amalric, vicomte de
Narbonne, Isarn, vicomte de Lautrec, 8t ses frères Amalric &«. Bertrand, £c
une vingtaine d'autres seigneurs pour la noblesse; Si enfin les consuls de
vingt-sept principales villes pour le tiers état. Arnoul de Courferrand, che-
valier, Si Raimond Marchi, que le roi avoit envoyés dans le pays pour
demander le subside de la Terre-Sainte, se trouvèrent aussi à cette assemblée
dans laquelle l'archevêque de Narbonne & Philippe de Montfort parlèrent
au nom des autres prélats 5c seigneurs terriers, Si furent d'avis, sur ce qu'il
y avoit une grande abondance de blé dans le pays, qu'on n'en empêcheroit
pas le transport au dehors, excepté pour les Sarrasins, les pirates Si les autres
ennemis de l'Eglise 81 du roi de Sicile. Cet avis fut généralement suivi par
toute l'assemblée. Si le sénéchal l'ayant approuvé, il le fit publier Si nomma
l'évêque de Béziers, Philippe de Montfort 81 le juge du sénéchal de Carcas-
sonne, c'est-à-dire un député de chaque ordre, pour tenir la main à ce qu'on
ne portât pas de blé à ceux à qui il étoit défendu d'en vendre '.
LXXV. — Seigneurs de Mirepoix. — Èvêques de Carcassonne.
Cette assemblée se tint à Carcassonne dans la maison du maréchal, c'est-à-
dire de Gui de Lévis ou de Levies, qui se qualifie maréchal d'Albigeois &
seigneur de Mirepoix, dans une donation^ qu'il fit, le i5 d'octobre suivant,
au monastère de Prouiile, pour le soulagement de feu Gui, son père,
d'illustre mémoire, de teue Jeanne, sa mère, d'Isabelle, sa femme, 81 de leurs Édoiigin.
r r * ■ ■ , r j' y,, • -rit- i i • '■ "'. P- 5i<i
enrans. L-e môme-' maréchal a Albigeois tut rétabli au parlement que le roi
tint à la Chandeleur de l'année suivante, dans la possession d'avoir un juge
d'appeaux 81 de faire brûler les hérétiques de ses terres condamnés au feu
par les inquisiteurs'*. Quant à l'évêque élu de Carcassonne, qui assista à
' Les décisions de ces assemblées n'étaient pas
toujours très-faciles à exécuter. Ainsi une assem-
blée, tenue probablement au commencement de
1270, par G. de Colletrio, viguier de Bézters, &
dont les décisions avaient été approuvées par Guil-
laume de Cohiirdon, avait permis l'exporiation
du blé à destination d'Algues-mories & de ia Terre-
Sjinte (flvf passagium îransmarmum), Maurin, ar-
chevêque de Narbonne, le vicomte Amauri & les
consuls de la ville voulurent empêcher le départ
de plusieurs vaisseaux pour cette destination. La
Cour du roi à Béziers leur intenta un procès, &
ils durent reconnaître qu'ils n'avaient point le
droit de faire seuls une pareille interdiction.
L'acte est du 4 décembre 1270. (Trésor des chartes.
J. 3 = 8, n. 79.) [A. M.)
* Archives du monastère de Prouiile.
' Registre Olim. — Cf. Boutaric, Actes du Par-
lement, t. I, p. 1^2, n. 1480; arrêt relatif au
droit de briiUr des hérétiques. L'arrêt relatif au
droit d'avoir un juge d'appeaux ne se retrouve pas
dans les Olim. Nous trouvons seulement, ut supra,
p. i3i, n. 1479, un arrêt ordonnant la restitu-
tion au sire de Mirepoix de monnaies prohibées
qu'il avait fait saisir, & qui provenaient soi-di-
sant d'une prise faite par des Marseillais aux Pi-
sans en pleine mer. Le sénéchal de Carc.issonne
avait fait arrêter les officiers de ce seigneur & les
avait forcés à livrer ces monnaies. L'arrêt relatif
aux hérétiques fut exécuté, le 18 mars suivant,
par Guillaume de Cohardon, qui ordonna de ren-
dre au seigneur de Mirepoix les ossements de neuf
hérétiques de sa juridiction, brûlés à Carcassonne.
La restitution définitive n'eut lieu que le 20 mars
1271. Cf. tome VIII, ce. 1674 à 1676, où nous
publions cette pièce d'après l'original, conservé
aux archives du château de Léran. [A. M.]
* Quelque temps auparavant le seigneur de Mi-
repoix avait eu des querelles avec les habitants de
Gaja &. de Plaigne, villages situés dans le comt^
V!.
5S
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXVI.
An 126^ y '
l'assemblée
Capendu, 8c avoit succédé depuis peu à Guillaume Radulfe, qui avoit succédé
lui-même à Guillaume-Arnaud, mort en iiSS*.
des trois états tenue en cette ville, il étoit de la maison de
LXXVI. — Jacques , roi d' Aragon, se met en mer pour la Terre-Sainte.
Il relâche à Aigues-mortes 6- abandonne le dessein de ce voyage.
Le roi faisoit cependant de grands préparatifs pour son voyage de la Terre-
Sainte & excitoit les autres potentats à suivre son exemple. 11 souhaitoit sur-
tout avoir pour associé dans cette expédition Jacques, roi d'Aragon, à cause
de la réputation de valeur que ce prince s'étoit acquise 8<. de son expérience
dans l'art militaire. Jacques seconda les vœux de Louis 8<. il se croisa ^ avec
la principale noblesse de ses États. Il équipa une flotte à Barcelone, d'où il
fit voile, le 4 de septembre de Tan 12695 mais il fut surpris trois à quatre
jours après d'une si violente tempête que toute cette flotte fut dispersée.
Deux de ses vaisseaux, sur lesquels deux de ses fils naturels s'étoient embar-
qués, furent portés vers le Levant 8c abordèrent enfin au port d'Acre ; quel-
ques autres, 8<. en particulier celui que le prince montoit, furent obligés de
relâcher au port d'Aigues-mortes d'où il se rendit à Notre-Dame de Vauvert,
dans le diocèse de Nimes, pour y rendre à Dieu des actions de grâces d'avoir
été délivré d'un péril si éminent. Bérenger, évêque de Maguelonne, (S- le fils
de Raimond-Gaucelin, c'est-à-dire Rousselin, fils du seigneur de Lunel,
de Toulouse, & Alfonse ordonna au sénéchal de
Toulouse de lui faire rendre justice. (Mandement
du 17 juin 1268, tome VIII, c. ifiSç.) De leur
côté les habitants de ces deux localités se plaigni-
rent du maréchal, & au mois de novembre sui-
vant, nouveau mandement du comte donné dans
un sens contraire; Alfonse y invite le sénéchal de
Toulouse à demander l'intervention de celui de
Carcassonne. (Cf. tome VIII, ce. 1644, 1645.) Les
torts, du reste, devaient être réciproques. En dé-
cembre 1268, l'affaire avait été confiée à Eudes de
la Montonière & à Barthélémy de Landreville, qui
durent faire une enquête. (Ihld. ce. 1648, 1(549.)
Nous ne savons au juste quels en furent les résul-
tats; mais nous voyons en septembre 1 269 les ha-
bitants de ces deux villages, réunis à ceux de
plusieurs autres, envahir la terre de Mirepoix, y
commettre toute sorte de dégâts, enlever les trou-
pe.uix, piller les habitations, &c. [IbiJ. ce. 1687,
1688.) [A. M.]
' De 'Vie, Hhtorla episcoporum Carcassonensium ,
■p, 106 & seq. — Il était évêque dès le 19 septem-
bre 1265. En janvier 1267, son élection n'avait
pas encore été confirmée par le pape, & Alfonse
de Poitiers écrivait à Clément IV à ce sujet. (La-
tin 10918, f° 29.) [A. M.]
' Durant cette année 1269, Alfonse écrivit de
nombreux mandements pour les affaires du Lan-
guedoc. Tels sont ceux qui se rapportent à l'abbé
de Gaillac. Ce prélat avait à se plaindre des bour-
geois de la ville qui s'étaient insurgés contre lui ; il
y avait eu enquête, mais aucune décision judiciaire
n'était intervenue. Alfonse chargea le sénéchal de
Toulouse de régler cette affaire. (Tome VIII,
c. i683.) Quelques jours plus tard ce prince écrivit
au même officier en faveur de l'abbé; celui-ci pré-
tendait avoir le droit de nommer les sergents dans
la ville de Gaillac, de concert avec les bailes du
comte. Alfonse ordonna de faire enquête & de
lui restituer ce droit, s'il pouvait prouver la vé-
rité de ses assertions. [Ibid. c. i685.) — L'insur-
rection des bourgeois de Gaillac fut, paraît-il,
assez difficile à apaiser. En décembre 1 26c, Alfonse
dut ordonner au sénéchal d'envoyer à l'abbaye un
de ses sergents, pour bien marquer qu'elle était
sons la protection du comte. L'instigateur de cette
émeute était un moine, nommé Pierre Arnaud,
qui avait trouvé des amis parmi les laïques; Al-
fonse leur fit défendre par son sénéchal de lui prê-
ter aucun secours, (llii. ce. 1690, 1691.) [A. M.]
' Chronica 0 cowmcrîarl ttel rey en Jacme , liel
passctgio en ultramar, c. 8 & suiv. — Guillaume de
Puylaurens, c. 5o. — Zurita, Anales de la corona
de Arcgon, 1. 3, c. 74.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXVI. qi5 ~ ~
y An I20p
furent le trouver pour lui offrir leurs services Se promirent de l'accompagner
à la Terre-Sainte; le premier avec dix chevaliers, Se l'autre avec vingt,
Jacques accepta leurs offres Se alla ensuite à Montpellier, d'où les consuls
envoyèrent soixante cavaliers à sa rencontre pour le recevoir. Il demanda du
secours aux habitans de cette ville pour le passage d'outre-mer; ils lui pro-
mirent soixante mille sols tournois, s'il faisoit le voyage. Enfin il repassa au
delà des Pyrénées Si assista peu de temps après, à Burgos, aux noces de l'in-
fant Ferdinand de Castille, son petit-fils, avec Blanche, fille du roi saint
Louis. Ce mariage fut par conséquent célébré en 1269 Se non en 1268,
comme un nouvel historien espagnol le prétend '. Jacques ne songea plus
depuis à son voyage de la Terre-Sainte ; on ^ assure que ce fut une maîtresse
qui l'en détourna^.
LXXVII. — Arrivée du roi saint Louis à Aigties-mortes } il y séjourne
deux mois ou dans le voisinage.
Le roi Louis IX ayant disposé toutes choses "* pour son départ, nomma pour
gouverner le royaume pendant son absence Mathieu de Vendôme, abbé de
Saint-Denis, Se Simon, sire de Nesle. Il avoit ordonné de faire au port d'Ai-
gues-mortes, où il devoit s'embarquer, toutes les provisions nécessaires de
guerre & de bouche, & d'y rassembler un nombre suffisant de vaisseaux,
dont les Génois dévoient lui fournir la plus grande partie. Il reçut, le 14 de
mars de l'an 1270, dans l'église de Saint-Denis, des mains du légat, le ;^„ ^
bourdon de pèlerin, Se partit ensuite avec les princes, ses fils, Si une partie
des croisés. II prit sa route par la Bourgogne 61 le Lyonnois, vint à Beau-
caire Si se rendit à Aigues-mortes où il avoit donné rendez-vous aux croisés
pour le commencement de mai ; mais la flotte ne s'étant pas trouvée prête, il
fut obligé de séjourner près de deux mois ou dans cette ville ou aux envi-
rons. Les croisés qui étoient déjà arrivés ou qui arrivèrent dans la suite
furent aussi contraints de se disperser dans le voisinage pour subsister, à
cause de leur grand nombre^.
' Ferreras, année 1168, n. 2, ancienne maîtresse, Térésa Gil, à laquelle il
* Guillaume de Puylaurens, c. 5o. avait jadis promis mariage. Il prétendait qu'elle
' Ce fut du moins l'opinion courante au trei- était attaquée de la lèpre, & Clément IV refusait
zième siècle; une chronique italienne contem- d'annuler ce mariage pour cette raison toute ma-
poraine, dont on trouvera un fragment dans le térielle. Jacrae continuant à garder dona Eeren-
BuUetin de la langue, de l'histoire Sr des arts de guela avec lui, le souverain pontife lui avait re-
la Franct, t. 3, p. 193, dit bien que Jacme ne proche son inceste; mais ses représentations
put rejoindre Louis IX propter ferocitatem maris, étaient restées inutiles. [A. M.]
mais le continuateur de Guillaume de Tyr affirme * Gesta Ludoviei IX, p. 384.
qu'il ne voulut repiendre U mer po l'amor de ' Parmi les chevalieis qui prirent part à cette
sa mie dame Berenguicre (De Touitoulon, t. 2, expédition, & que Louis IX prit à sa solde^
pp. 398, 399.) En effets lacme avait contracté on remarque lei suivants, qui sont du midi .
une union illégitime avec Berenguela Alonso, Lambert de Limoux avec dix chevaliers, Girard
union que le pape Clément IV avait refusé d'ap- de Capendu avec quinze, Raimond Aban avec
prouver. Ayant perdu sa femme la reine Yolande, cinq, le maréchal de Mirepoix, Guillaume de Car-
Jatme avait refusé de prendre pour femme une done, Pierre Rambaus, parent du feu pape Clé-
~: Qi6 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LiV. XXVL
.•1.1 ii;o .'
11 nous reste plusieurs chartes de faint Louis ' pendant cet intervalle; elles
nous apprennent que ce prince étoit à Sommières, le jeudi après l'invention
de la sainte Croix. (8 de mai), & à Nimes c|uatre ]ours après. Il déclara à
Aigues-mortes^, le jeudi avant l'Ascension (i5 de mai), que le don gratuit
de mille livres tournois, que les habitans de la cité & du bourg de Narbonne
avoient promis à ses commissaires pour son passage d'outre-mer, ne tireroit
pas à conséquence. Il étoit retourné ^ à Nimes, le 23 de mai, 8t il célébra'*
la fête de la Pentecôte, qui tomboit le i" de juin, dans l'abbaye de Saint-
Gilles, où il tint une cour plénière^. Il retourna à Aigues-mortes où il assi-
gna^, le 12 de juin, douze deniers par jour à Colin, son maître d'artillerie
du château de Carcassonne ; puis il revint au mois de juin'^ à Nimes où il
accorda un diplôme en faveur de Bernard de Combret, évêque d'Albi, qui
i':d orisin. étoit présent. Il retourna enfin à Aigues-mortes & v publia, le 25 de ce
I. lU, p. 317. . ' D j V J
mois, sa nouvelle ordonnance^ contre les blasphémateurs. Il est vrai qu'elle
est datée d'Aigues-mortes, le 25 juin de l'an 1269; mais outre que ce prince
étoit alors en France, elle est adressée à Mathieu, abbé de Saint-Denis, &
à Simon de Nesle, régens du royaume, qui ne furent nommés à cette dignité
que longtemps après. Enfin il paroît, par d'autres lettres^ que saint Louis
étoit encore à Aigues-mortes, le dimanche après la Nativité de saint Jean-
Baptiste de l'an 1270 (ou le 2g juin). Il y demeura jusqu'à son embarque-
ment. Le comte Altonse, son frère, l'avoit été joindre aux environs de cette
ville un mois auparavant avec la comtesse Jeanne, sa femme.
LXXVIII. — Alfonse, comte de Toulouse, 6- Jeanne, sa femme, arrivent
à Aymargues 6* s'y arrêtent.
'AUonse & Jeanne é'oient '° encore à Paris au commencement de février de
cette année. S'étant ensuite mis en marche, ils arrivèrent au commence-
ment IV. (Cf. Historiens de France, t. 20, pp. 3o6 * Manuscrits Je Coltert, n. 2275. — [Lai. 9 99^,
à 3o8.) [A. M. p. 118.J
' Manuscrits de Colbert, n. 2270. — [L;it. 9996, ' Voyez tome V, Chartes, n. DXLII, ce. 1279,
pp. 118 & I 17.] 1280. — Gallia Christiana, noY. edit. t. 1, Insl-
'Voyez tome VIII, Chartes, n. CCCLVUI, ra;n. p. 11.
c. 1671. " Laiirière, Ordonnances, t. 1, p. ic6.
' Manuscrits de Colbert, n. 2275. — [Lat. 9996. ' Manuscrits de Colhert, n. 2273. [Lat. 9 9'^6,
p. 1 17.] p. 1 19.1
* Gesta Ludovici IX, p. 384. *** Trésor des chartes; Toulouse, sac 10, n. 4. —
- Au moment même où Louis IX s'arrêtait pour Cf. tome VIII, ce. I7i3, 1714, mandements du
quelques jours dans le bas Languedoc, ses enquê- 16 février. Par l'un, adressé au sénéchal de Tor-
teurs y exerçaient encore leur ofiîce. C'étaient louse & d'Albigeois, Alfonse ordonne de faire
Geoffroi de Vilette, chevalier, Nicolas de Châ- restituer les dîmes dont l'église d'Albi avait été
Ions, trésorier d'Evreux, & Raimond Marc, clerc dépouillée, sans tenir compte des ventes ou deî
du roi. Les chevaliers des Arènes se présentèrent échanges qui auraient pu intervenir; il enjoint
devant eux, le 9 juin 1270, & réclamèrent le réta- en outre de tenir la main à ce que nul ne reste
blissementdu consulat de Nîmes, tel qu'il existait excommunié pendant plus d'un an & un jour;
avant l'arrivée du roi Louis VIII devant Avignon. sinon il faudra lui appliquer les peines portées
(Cf. Ménard, t. 1, preuves, p. 92, & ihid. pp. J44 par l'ordonnance de 1228. Le second de ces man-
3.)0.) [A. M.] déments [Ihid, c. 1714) ordonne au sénéchal de
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXVI.
917
A n I 270
ment de mars dans leur ville de la Rochelle', où ils firent diverses n-cnu-
missions de plusieurs de leurs serfs ou vassaux de corps Çy de casalage, tant
du comte de Toulouse que des autres pays soumis à leur autorité, 8<. chan-
gèrent leur servitude en un cens annuel. Ils en retirèrent des sommes consi-
dérables, ainsi que de la confirmation qu'ils donnèrent la même année, en
faveur de plusieurs roturiers, des acquisitions qu'ils avoient faites de divers
fiefs ou arrière-fiefs des nobles, & enfin de la vente des biens confisqués
pour hérésie^. Sicard d'Alaman, chevalier, Gilles Camelin, chanoine de
Saint-Quiriace de Provins, & Thomas de Neuville, qui sont qualifiés clercs
du comte Alfonse, 8c que ce prince avoit préposés à l'administration de ses
domaines par des lettres datées de Longpont, le samedi avant Noël de
l'an 1269, procédèrent à cette vente. De la Rochelle, Alfonse & Jeanne se
rendirent à Saint-Jean-d'Angély ^ ; ils étoient à Saintes, au mois d'avril,
avant Pâques, c'est-à-dire avant le i3 de ce mois. Ils traversèrent l'Agenois
£< le Querci, 8c donnèrent des lettres à Montauban, le 21 avril, par les-
quelles ils déclarent que le subside volontaire, que les sujets de Déodat de
Barasc, leur vassal, leur avoient accordé pour leur passage à la Terre-Sainte,
ne leur causeroit aucun préjudice, ne seroit pas réputé ^z/a^^, Sec. S'étant
rendus à Toulouse où ils demeurèrent quelques jours de la fin d'avril &c du
commencement de mai, ils v donnèrent de nouveaux affranchissemens en
faveur de quelques serfs du comté de cette ville. Ils arrivèrent enfin avant la
fin de mai à Aymargues, dans le diocèse de Nimes, à deux lieues d'Aigues-
mortes, où ils établirent leur demeure jusqu'à leur embarquement, &c où ils
firent leur testament.
Ciihors & d'Agen de s'informer s'il serait possible
de leprendre l'émission de la monnaie Raimon-
diiic, qui appartient pour partie à lui & à l'évë-
qiie d'Albi , & dans quelle condition la fabri-
cation pourrait en être faite. C'était pour faire
concurrence aux monnaies de l'évéque de Cahors
& du comte de Rodez, qui circulaient librement
dans le diocèse d'Albi. Malgré ces ordres, la fabri-
cation de cette monnaie ne fut pas reprise avant
l'an 1278, & jamais elle ne fut très-active. Cf. à
ce sujet Boutaric, pp. 214, 2i5. [A. M.]
' Cartulaire du comte Alfonse. — [JJ. 24», f"' 2.5,
26.1
' Avant de partir pour la croisade, Alfonse eut
encore à régler une affaire importante. Le comte de
Foix, qui ne vivait pas en trop bons termes avec
le comte de Toulouse, avait occupé le château de
Montaigu, appartenant à Sicard de Montaut &
relevant d'Alfonse. Celui-ci le fit sommer d'avoir
i rendre la place dans le mois, en réparant
les dégâts qu'il avait commis. (Cf. tome VIII,
ce. 1709, 1710.) Le comte de Foix avait notam-
ment causé de grands dommages à l'abbé de Lézat.
(Ibii, c. 1711.) L'affaire pouvait devenir grave &
une guerre était possible; mais Louis IX, toujours
désireux de rétablir la paix, chargea son sénéchal
de Carcassonne de faire rentrer le comte de Foix
dans l'obéissance, & contre ordre fut donné aux
agents d'Alfonse. (Ihid. c. 1712.) — Ce n'était pas
la première fois que le couvent de Lézat réclamait
la protection d'Alfonse; au mois de juin 1269, le
notaire du monastère & un de ses serviteurs avaient
été dépouillés de leurs chevaux & de leur argent;
Alfonse ordonna de faire rendre justice. (Ihid.
c. 1680.) L'affaire n'était pas encore terminée au
mois d'octobre suivant, & le couvent avait un
nouveau persécuteur, Roger de Espieriis, baile de
Gascogne. {Ihid. c. 1690.) [A. M.]
' Catel, Histoire des comtes de Tolose, pp. 392,
390 & suiv. — Cartulaire du comte Alfonse. —
[JJ. 24 B, {*" 27, 28.] — Voyez tome VIII, Chartes,
n. CCCLIX, ce. 1672, 1673.
"~r~~~7~ 918 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXVI.
LXXIX. — Alfonse i^ Jeanne font leur testament à Aymargites.
Celui de Jeanne est' daté d'Aymargues, le lundi veille de la Saint-Jean-
Baptiste de l'an 1270. Elle choisit sa sépulture dans l'abbaye des religieuses
de Notre-Dame de Gercy, au diocèse de Paris, de l'ordre de Saint-Augustin,
des frères de Saint-Victor de Paris, qu'elle avoit fondée avec le comte, son
mari. Elle lègue la somme de dix mille marcs d'argent en œuvres pies, 8c
donne sur cette somme cinq mille livres tournois à la même abbaye de Gercy,
outre ses vases d'or & d'argent. Elle veut que le reste soit distribué : à l'ab-
baye de Fontevrault où le comte, son père, étoit inhumé; à divers monas-
tères de cet ordre ou de celui de Cîteaux; à tous les couvens de l'ordre des
Mineurs 81 de celui des Prêcheurs situés dans ses domaines; à plusieurs
autres maisons religieuses qu'elle nomme ; mais surtout à un monastère de
filles, de l'ordre de Cîteaux, dont elle ordonne la fondation dans ses domaines
5i auquel elle lègue la ville de Lisle, en Albigeois. Elle ordonne aussi de
prendre sur cette somme les legs qu'elle fait à ses domestiques, parmi les-
quels elle fait mention de trois de ses chapelains, de son physicien ou
médecin, &c. Elle nomme pour ses exécuteurs testamentaires, dans les do-
maines qui lui étoient propres, Bernard, comte de Comminges, Amalric,
vicomte de Narbonne, & Sicard d'Alaman ; & en France, Guillaume de Vau-
grigneuse, sous-doyen de l'église de Chartres, Jean de Nanteuil & Pierre,
chambellan du roi, avec tous les évêques de ses Etats, chacun dans son dio-
cèse. Elle lègue à Guillaume d'Anduze, son cousin, & à ses successeurs le
village de Soal, dans le Toulousain; à Béraud d'Anduze, frère de ce dernier,
le château de Montcuq, dans le Querci ; à Sicard d'Alaman, celui de Rabas-
tens, en Albigeois ; à Philippe & à Gaucerande, filles de Roger de la Voulte,
ses cousines, cinq cens livres tournois à chacune pour se marier; à Gauce-
taii °p '^i'i's l'ande, fille d'Amalric, vicomte de Narbonne, sa cousine, le château de l'Isle,
dans le pays Venaisin ; à Marguerite, sœur de la même Gaucerande de Nar-
bonne, la ville de Cavaillon ; à Guillaume de Narbonne, clerc, leur frère,
les châteaux de Bonils & de Cabrières ; à Sicard d'Alaman, fils du même
Sicard 8*. de feu Béatrix (de Lautrec), le château de Caylus, en Querci, pour
se marier avec Gaillarde, fille de Bertrand, vicomte de Bruniquel, sa cou-
sine; 8c enfin à Charles, roi de Sicile, comte de Provence Se d'Anjou, 8c à
ses enfans 8c de Béatrix (de Provence), sa cousine, tout le pays Venaissin,
quel qu'il soit, excepté les domaines dont elle disposoit par ce testament.
Elle nomme pour héritière universelle de tous ses domaines situés en Age-
nois, en Querci, en Albigeois &c en Rouergue, Philippe, sa cousine^ fille de
feu Arnaud-Othon, vicomte de Lomagne, 8c de Marie (d'Anduze), sa femme,
qui étoit actuellement remariée avec Archambaud, comte de Périgord. Elle
lui lègue de plus tous ses bijoux, avec ordre à ses exécuteurs testamentaires
' Voyaz <om« VIII, Ckarfes, n. CCCLXI, ce. lôçô à lyoS.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXVI. 919
de la marier comme ils jugeroient à propos. Enfin elle donne aU comte
Alfonse, son mari, la jouissance de tous ses biens, jusqu'à ce que Philippe
de Lomagne, son héritière, soit parvenue à l'âge nubile. Telle est la dernière
disposition de la comtesse Jeanne de Toulouse, mais elle ne fut pas exécutée
comme nous le verrons dans la suite'.
Le testament^ d'Alfonse est daté en général du mois de juin de l'an 1270,
8c écrit en François. Il institue pour ses héritiers ceux qui dévoient l'être par
droit ou par coutume & fait des legs pieux ou des fondations en faveur de
toutes les églises les plus célèbres du royaume, 81 de la plupart des couvens
des divers ordres qui y étoient établis, en sorte que l'acte est extrêmement
long. Il exerce aussi sa libéralité envers ses officiers 81 ses domestiques, 8c
lègue trois mille livres tournois de ses meubles à la comtesse Jeanne, sa
femme. Il ordonne à ses exécuteurs testamentaires de racheter les pèlerinages
qu'il avoit voués à Saint-Jacques de Compostelle, à Notre-Dame de Roca-
madour, à Notre-Dame de Boulogne, à Saint-Eloi de Noyon, 8c à divers
autres lieux de dévotion, supposé qu'il ne pût pas les accomplir lui-même. Il
veut que ce qu'il a pris du mariage du fils du vicomte de Polignac avec la
demoiselle de Saint-Bonnet, soit rendu, 8c nomme pour ses exécuteurs testa-
mentaires maître Guillaume de Vaugrigneuse, sous doyen de l'église de
Chartres, six autres ecclésiastiques, monseigneur Pierre le chambellan-cheva-
valier, deux frères mineurs, 8c frère Jean de Vannes, de l'ordre de la Tri-
nité. Enfin il affranchit tous ses serfs Se leurs enfans, quelque part qu'ils
fussent, 8c abandonne toutes les dîmes qu'il tenoit en sa main en faveur des
lieux ou des personnes auxquels elles dévoient appartenir.
LXXX. — La ville de Toulouse fait un don gratuit à Alfonse.
Nous avons plusieurs autres actes d'Alfonse 8c de Jeanne pendant leur
séjour à Aymargues, au mois de juin de l'an 1270 ; 1° Ils y rendirent ^ une
' En disposant ainsi de ses Etats en fareur de sa ' Bibliothèque de Chauvelin, mss. 222. — Cette
plus proche parente, Jeanne contrevenait au traité ordonnance a été publiée d'après l'original (J. 191,
de Paris, qui avait stipulé que le comté de Tou- n. io3) par Boutaric, pp. 329, 33o. Nous avons
louse & l'Albigeois feraient retour à la couronne, déjà dit un mot plus haut de cette affaire, pp. 83i ,
au cas où Alfonse & sa femme mourraient sans 832. Elle est adressée au prieur des dominicains do
enfants. Aussi, quand les deux époux furent moris, Poitiers, & lui confie le soin de faire l'enquête dans
on ne tint nul compte de ces dernières dispositions, la sénéchaussée de Poitiers, de concert avec le clerc
même pas de celle qui donnait le comtat V'enaissin séculier que désigneront les conseillers du comte,
à Charles d'Anjou; ce dernier réclama vainement Proclamation sera faite dans chaque diocèse par les
la succession tout entière, comme dernier fils sur- bailes & dans chaque paroisse par le curé, avec
vivant de Louis VIII. L'affaire traîna; mais le invitation à ceux qui ont à réclamer des usures à
Parlement, en 1284, débouta ce prince en déci- se présenter. Suivent des règles minutieuses indi-
dant, qu'en cas d'extinction de la lignée légitime, quant dans quels cas un seul témoignage pourra
les apanages reviendraient à la couronne; arrêt suffire, & jusqu'à concurrence de quelle somme,
célèbre & qui devint une règle du droit public du Les témoins seront forcés à comparaître par voie
royaume. Cf. Delisle, Restitution d'un volume des judiciaire. Les biens de chaque juif payeront les
Olim, n. 537. [A. M.j usures réclamées de lui. Quand il s'agira d'usures
"Trésor des chartes; Testaments, n. ô. [Auj. dépassant le chiffre de cent sous, les enquêteurs
Monuments historiques, K, 33, n. 14.] renverront l'affaire à la cour du comte; quand
An 1270
~~; 920 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXVI.
An I 270 ■'
ordonnance & nommèrent des commissaires pour obliger les juifs de tous
leurs domaines à restituer les usures qu'ils avoient exercées. 2° lis assignèrent
à Marie', femme d'Archambaud, comte de Périgord, & cousine de Jeanne,
quelques terres aux environs de Nérac, pour les trois cens livres de rente
qu'ils lui avoient promises pour sa dot. 3° Alfonse déclara^ que le don gra-
tuit que les habitans de Toulouse lui avoient fait pour le passage de la
Terre-Sainte ne pourroit leur porter aucun préjudice, Sec.
LXXXI. — Départ du roi pour la croisade. — Noblesse de la Province
qui l'accompagne.
Le roi-', après un séjour d'environ deux mois à Aigues-mortes ou dans le
voisinage, s'embarqua enfin, le mardi i" de juillet, dans le port de cette
ville, avec le prince Philippe, son fils aîné, deux autres de ses fils & un
grand nombre de seigneurs des plus distingués parmi la noblesse françoise.
On marque'* entre ceux de la sénéchaussée de Carcassonne, qui s'engagè-
rent à son service, Lambert de Limoux ou de Turey, avec neuf chevaliers
de sa suite, Géraud de Campendu suivi de quatorze autres chevaliers, Rai-
mond Aban avec quatre chevaliers, le maréchal de Mirepoix Si Guillaume de
Cohardon. Quant à la sénéchaussée de Beaucaire on ne fait mention que
de Pierre Rambaut, parent de Vapostole Clément, c'est-à-dire parent du feu
pape Clément IV. Nous apprenons, d'ailleurs'*, que le châtelain ou gouver-
neur de Beaucaire fut du voyage & qu'il fut tué par les Sarrasins, au com-
mencement de l'expédition. Au reste, il paroît que Guillaume de Cohardon
8c Gui de Lévis, seigneur de Mirepoix, ne partirent pas; car ce dernier servit
,'Ê<jjO"Bhi. d'assesseur "^ à l'autre, le i5 d'octobre de l'an 1270, avec plusieurs seigneurs
de la sénéchaussée de Carcassonne, pour le jugement de quelques malfai-
teurs qui furent condamnés à être pendus. Aymeri , fils aîné d'Amalric,
vicomte de Narbonne, s'étoit croisé^ aussi ; mais sans doute il ne fit pas le
voyage, puisqu'il transigea, le 7 de mars de l'an 1271 de la nativité de Jésus-
Christ, avec Amalric, son frère puîné, touchant la succession du feu vicomte
Amalric, leur père ; or, les croisés n'étoient pas encore alors de retour en
France. Enfin on voit dans le trésor* des chartes du roi un acte par lequel
« Roger de Béziers, fils de Trencavel dit vicomte de Béziers, reconnut,
« en 1269, que le roi lui avoit prêté deux cens livres tournois, en cas qu'il
« fît le voyage de la Terre-Sainte, comme il s'y étoit engagé, avec six che-
« valiers 8c quatre arbalétriers de sa suite. «
il s'agira de sommes inférieures à ce chiffre, ils ' Gcstd Laiov'ici IX, p. 385.
jugeront la cause séance tenante. [A. M.] 'Voyez tome VIII, Chartes, n. CCCLXIII,
' Bibliothèque Coaslin, Inventaire de Pcrigord. ce. lyoS, 1706.
• Catel, Histoire des comtes de Tolose, p. Jp'). ' liid. n. CCCLXIV, ce. 1728 à 17J2. — [L'acte
' Gesta Ludovici IX, p. 386. est du 24 mars 3c non du 7.]
* Notes sur Joinville, édit. Ducange, p. 3p.^ & " Trésor des chartes; Croisades, n. i5. — [Cf.
Suiy. [Voyez plus haut, pp. pi/î, 916.] tome Vlll, c. 1600.]
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XXVI.
921
An 1170
LXXXII. — Aljbnse iS* Jeanne s'emharquent après avoir mis ordre
au gouvernement de leurs Etats.
Alfonse 81 Jeanne, sa femme, étoient encore, au commencement de juillet,
à Aymargues; ils donnèrent' alors pouvoir à Sicard d'Alaman, chevalier, &
à Gilles Camelin, chanoine de Provins, « de vendre pour mille livres de
« rente de leurs domaines, à condition que ce seroit de l'avis & du consente-
« ment de celui à qui ils avoient remis la garde du sceau qu'ils avoient fait
« faire pour le gouvernement de leurs États pendant leur absence, 8c de
« deux au moins d'entre ceux à qui ils avoient confié ce gouvernement, avec
« ordre d'employer cette somme pour la dotation du monastère de Gercy,
« qu'ils avoient fondé l'un 8<. l'autre. » Le comte 8c la comtesse de Toulouse
en partant pour la Terre-Sainte laissèrent donc l'administration de leurs
domaines à un conseil composé de leurs principaux officiers, parmi lesquels
Sicard d'Alaman tenoit le premier rang. Ce seigneur se qualifioit, en eHet,
lieutenant du comte Aljonse dans le Toulousain S- l'Albigeois, au mois de
mai de l'an 1269, dans un acte* d'aveu rendu alors à Bernard, évêque d'Albi,
par Béraud d'Anduze,^/^ de Jeu Pierre-Bermond^. Aymar de Poitiers, comte
' Cartulaire d'Alfonse. — [JJ. 24B, f» 41 a.] —
Catel, Histoire des comtes de Tolose^ p. SpS & suiv.
•Voyez tome VIII, Chartes, n. CCCLIX, ce. 1671
à 1673.
' Outre ces régents, Sicard Alaman & Gilles Ca-
melin, Alfonse désigna un certain nombre de pro-
cureurs fondés, qu'il chargea de régler en son nom
les affaires qui pourraient se présenter. Les lettres
de nomination sont datées d'Aimargues, 3o juin
IÎ70. Ces clercs ainsi nommés procureurs fondés
étaient au nombre de huit, tous dignitaires de cha-
pitres des églises cathédrales du nord de la France;
parmi eux figurent Guillaume de Vaugrigneuîe,
«ous-doyen de Chartres, & Etienne de Saclay, tré-
sorier de Saint-Hilaire de Poitiers, qui paraissent
touTent dans les actes d'Alfonse de Poitiers. Voici
l'acte d'institution de ces procureurs, resté inédit
)usqu'aii]ourd'hui, & qui prouve qu'en les nom-
mant Alfonse n'eut aucunement l'intention de
créer un conseil de régence :
Alfonsus, fdius régis Francie, cornes Pictavie S-
Tholose, universis presenles littcras inspecturis saîu-
tem in Domino. Notum /acimus, ^uod nos in omni-
bus & singulis causis motis & movendis a nohis ;eu
ah aîiis nostro nomine contra ^uascum^ue personas
ecclesiasticas vel scculares, coîlcgia, communitatcs,
seu etiam universitates vel a ^uihuscum^ue personis
ecclesiasticis vel secutarihus, collegiisy communitati-
hus aut universitatibus contra nos coram i^uibus-
cum^ue judicihus ecclesiasticis vel secularihus vel
vices eorum gerentihus^ ordtnariis seu extraordina-
riis, legatis, delegatls, suhdelegaiis , executorihus,
conseryatorihus seu tjuihuscumijue aV'Sj ^uocunitjue
nomine censeantur, dilectos €• fidèles clericos nostros
magistros Guillelmum de Vallegrignosa, suhdecanum
Carnotensem , Radulphum de Mirahello, decanum
Pictavensem^ Petrunt Vigerii, archidiaconum Xanc-
tonensemj Egidium de Bonavalle, granicartum ecclc~
sie Beati Martini Turonensis, Alanum de Mellcnto,
archidiaconum Ehroicensem, Stephanum de Sacleiis,
thesaurarium ecclesie Beati Hylarii Pictaviensis, Pe-
trum Sorinij scolasticum Xanctonensem^ & Guickar-
dum de Cluniaco, canonicum Cameracensem^ exibi-
tores presencium, nostros constttuimus procuratores,
omnes simul & <juemUhet eorum in solidum, ita fa-
men ^uod non sit mclior condicio occupantis; dentés
eisdem nostris procuratoribus & eorum euilibet libe~
ram potestatem & spéciale mandatum agcndi, pe^
tendi judicis auxilium, implorandi, defendendi, ex~
plicandit replicandi, appellandij apostolos pctendi ae
eciam appellationes prose^uendi ^ compromittendi f
transigendi , paciscendi, &• alias componendiy alium
vel alios procuratores constituendi vel substituendi,
loco sui substitutum vel substitutos mutandi seu
revocandi, & alium vel alios ponendi, ^uos, ijuando
Sr ^uociens & in ^uibus causis^ casibus & negociis
viderint expedire, universa^ue & singula faciendi,
que nos ipsi faceremus seu facere possemus, si pre~
sentes essemus , ratum & gratum habentes &■ per-
pctuo habituri quicquid in predictis vel aliquo pre^
dictorum seu predicta contingentibus per ipsos aut
eorum alterum vel per substitutum vel substitutos ai
An 1270
9:2
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXVI.
de Valentinois^, fut trouver le comte Alfonse & la comtesse Jeanne à Aymar-
gues, où il leur fit hommage lige pour tout ce qu'il possédoit dans les diocèses
de Viviers 8c du Puy; il leur promit de plus la somme de deux mille livres
tournois, 81 donna pour ses cautions Decan, seigneur d'Uzès, Bertrand,
vicomte de Lautrec, Bertrand, seigneur de Lombers, & quelques autres che-
valiers, par un acte daté d'Aymargues, le mercredi après la fête des apôtres
saint Pierre 8c saint Paul de l'an 1270 ou le 4 de juillet.
LXXXIII. — Les croisés débarquent sur les côtes d'Afrique,
de Termes s'y rend. — Mort du roi saint Louis.
Olivier
Si nous en croyons un ancien ■* auteur, Alfonse 8c Jeanne auroient été
encore à Aigues-mortes, le lundi avant la Madeleine (ou le 22 de juillet) de
l'an 1270; car il prétend qu'ils y soumirent alors, par des lettres, leurs
domestiques à la juridiction de l'inquisiteur de Toulouse pour les matières
d'hérésie, de magie, de sortilège, 8cc. ; mais il est certain qu'Alfonse 8c
els aut eoram alttro, vel cum ipsis seu altero eorum-
dem vel suhstituto seu substitutis a preJictis procu-
rator'ibus vel eorum altero actum ord'inatumve fuent
seu ec'iam procuraîum, Promittimus eciam pro dictis
procurator'ibus nostris & eorum quolibet substituto
vel substitutis ab ipsis seu eorum altero^ sub ypotheca
rerum nostrarum, si neccesse fuerit, judicatum solvi.
Et hoc omnibus tjuorum interest tenore presencium
intimamus. In cujus rei testimonium , presentibus
litteris sigillum nostrum duximus apponendum. Da~
tum apud Arma^anicas prope portum de Aquismor-
tuis, die lune in crastino festi apostolorum Pétri &■
Pauli, anno Domini millesimo ducentesimo septua-
gesimo. (Original jadis scellé sur simple queue,
J. 3i8, n. 60.)
Une cédule originale du Trésor des chartes nous
fait connaître les gages de ces huit commissaires
par jour. Les chiffres qu'elle indique prouvent
que le sous-doyen de Chartres était comme le pré-
sident de ce conseil. Voici ce texte :
Subdeanus L sous Turonensium per diem pro nego-
ciis domini comitis.
Arckidiaconus Xantonensis XXXVll s. vi d. Tur. per
diem.
Magister Egidius, granicarius Turonensis, XXX s.
Tur, per diem.
Magister Alanus, arckidiaconus Ebroiccnsis, xxv s.
Tur. per diem.
Magister Radulphus de Mirabel, decanus Pictaven-
sis, XXX 5. Tur. per diem,
Magister Guichardus xx s. Tur, per diem,
Thesaurarius Pictavensis xxv s, Tur, per diem,
Magister Petrus Sorini XXV s, Tur, per diem.
Dominus Robcrtus Kueîe xx s, Tur. per diem,
Summa istorum gagiorum per diem : xii /. xii j. vi d,
(Original, J. 3i8, n. 106).
Ces commissaires siégèrent à Paris, & y tinrent
le Parlement dont les arrêts de 1270 ont été con-
servés; ces arrêts forment deux immenses rou-
leaux. (Archives nationales, J. ii3i, n. 11; cf.
Boutaric, pp. 416 à 418.) Ils publièrent aussi une
ordonnance de réforme qui, retrouvée il y a quel-
ques années aux archives de Verdun-sur-Garonne,
a été publiée par l'Académie de législation de Tou-
louse; nous la réimprimons au tome VIII, ce. lyij
à 1723. Dans cette ordonnance les membres du
conseil s'intitulent remplaçants du comte (gerentes
vices), & le préambule les appelle tenentes locum
dudit comte. Elle est intéressante à plusieurs points
de vue; mais ses prescriptions se rapportent plutôt
à l'organisation des greffes des tribunaux & des
études de notaires, qu'à l'administration elle-
même; pour cette dernière elle ne fait que repro-
duire les articles les plus importants de la grande
ordonnance de 1264, empruntée à Louis IX par
Alfonse. Le fait le plus saillant qu'on y remarque
est la création de notaires jurés du comte dans
chaque circonscription judiciaire; on y retrouve
aussi quelques articles prohibitifs, tels que la dé-
fense du port d'armes, l'interdiction des confréries
déjà instituées ou à instituer, &c. On peut, du
reste, se reporter a notre Note du tome VII sur
l'administration royale au temps de Louis IX, où
nous donnons de ce document une analyse dé-
taillée. [A. M.]
3 Voyez tome VIII, Chartes, n. CCCLXII,
ce. 1703 à 1705. — Trésor des chartes; Toulouse,
sac 1 , n. 25 & suiv.
■• Bardin, Chronique. — [Cf. tome X, pr. c. 5
de l'édition princeps. Bardin a pu se tromper sur
la date de l'acte; mais rien ne force à révoquer son
témoignage en doute.]
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXVI. giS
Jeanne, sa femme, s'étoient mis alors en mer. Ils joignirent ', en effet, le roi,
le vendredi ii de juillet, au port de Cagliari, en Sardaigne, où la flotte s'étoit
arrêtée. Le roi ^ prit la résolution, en cet endroit, de porter ses armes sur la
côte d'Afrique, & ayant fait voile vers Tunis, le mardi i5 de juillet, il arriva
devant cette ville deux jours après. Le débarquement fait, le roi fit attaquer
huit jours après le château de Carthage. Cette forteresse fut emportée par les
matelots de la flotte, soutenus par les troupes ^ de Carcassonne, de Châlons-
sur-Marnc, de Périgord & de Beaucaire, qu'un historien moderne'* trans-
forme en bataillons, mais qu'on devoit plutôt qualifier escadrons.
Olivier de Termes, sur la nouvelle du départ du roi, revint de la Terre-
Sainte dans le dessein de lui offrir de nouveau ses services 8t de combattre
sous ses enseignes ; mais ayant appris à son passage à Naples que ce prince
avoit tourné du côté d'Afrique, il s'embarqua aussitôt, l'alla joindre aux
environs de Tunis, & lui annonça la prochaine arrivée de Charles, roi de
Sicile, qui se disposoit à venir à son secours. Charles n'eut pas la consolation
de voir en vie le roi son frère; il le trouva mort en arrivant, d'une maladie
qui l'enleva le 20 d'août. Ce triste accident déconcerta tous les projets des
croisés, & Philippe III, fils & successeur du roi saint Louis, ayant pris le
commandement de l'armée, il ne songea qu'à faire une retraite honorable.
Ce prince reçut aussitôt l'hommage du roi Charles & du comte Alfonse, ses
oncles, 8c de tous les grands du royaume qui se trouvoient sur les lieux. Il
manda en même temps aux régens du royaume de faire prêter serment de
fidélité, en son nom, à tous les vassaux de la couronne.
LXXXIV. — Vicomtes de Narbonne.
II s'éleva quelques troubles dans la ville de Narbonne peu de temps après
le départ du roi pour son expédition, comme il paroît par une lettre^ que
Guillaume de Cohardon, sénéchal de Carcassonne, écrivit le 3o de juillet de
l'an 1170, à Amalric, vicomte de Narbonne, dans laquelle il lui reproche de
n'avoir pas suivi les ordres qu'il lui avoit donnés pour maintenir la paix dans
cette ville, lui enjoint de faire arrêter tous les habitans qui avoient été
chassés à l'occasion de la dernière guerre de Raimond, comte de Toulouse,
&c de protéger ceux qui étoient demeurés fidèles durant cette guerre. Amalric
ne survécut pas longtemps; il mourut *5 au mois de décembre suivant, fort
regretté de ses sujets, à cause de ses excellentes qualités, entre lesquelles on
loue beaucoup sa valeur 81 son expérience dans l'art militaire'^. Jean-Estève
' Gestti Ludovicl IX, p. 386 & Suiv. ^ Daniel, Histoire de France, t. 2, p. 107.
' Ihii. — Gcita Philippi III, p. ')25 &suiv., & = Voyez tome VIII, Chartes, n. CCCLIV, ce. 1707
dans d'Achéry, 5/>/fiZcg/um. t. 2, p. 5â2, Petrus de à 1709.
Condeto, Epistola ad Malikaeum ahiatem S. Dio- ' Catel, Mémoires de l'histoire du Languedoc,
nysii. p. 612.
' Et traiidit eis dominas rex quatuor hella, sci- ' liid, p. 60p. — Clément IV, Epist, 270.
licet Carcassonense, Catalaunense, Petragoricensc &
Belliquadrense, & servientes peditum.
An 1170 9-4 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXVI,
Se Géraud Riquier, poëtes provençaux de Narbonne, firent en son honnettr,
aussitôt après sa mort, des poëmes qui nous restent, & ils célébrèrent ses vertus.
Ce vicomte fut extrêmement jaloux de ses droits & de son autorité; il
laissa de Philippe d'Anduze, sa femme, qui lui survécut, trois fils Se trois
filles, savoir : Aymeri V, qui lui succéda dans la vicomte de Narbonne;
Amalric, qui épousa Algayette de Rodez & fit la branche des seigneurs de
Talayran ; Guillaume, seigneur de Verneuil, archidiacre de Toulouse &
chanoine de Narbonne &. de Chartres; Gaucerande, qui épousa Guillaume
de Voisins, seigneur de Coufoulens; Marguerite & Marquise', promise en
mariage, en 126g, à Hugues, fils de Pons-Hvigues, comte d'Ampurias.
Aymeri V, vicomte de Narbonne, avait épousé avant la mort du vicomte
Amalric, son père, Sibylle de Foix. Il s'accorda^, le 7 de mars de l'an 1271,
avec Amalric, son frère puîné; il lui céda pour son partage mille livres tour-
nois de rente, & lui affecta pour cela les domaines situés dans les diocèses
de Béziers 8c d'Albi, Se la moitié des fiefs du diocèse de Narbonne. Ils eurent
quelques différends pour ce partage & prirent pour arbitre Gui de Lévis,
maréchal d'Albigeois, qui les termina en 1272.
LXXXV. — Seigneurs de Castres.
Le roi Philippe III, résolu de repasser en France, convint d'un traité avec
le roi de Tunis &. fit rembarquer ses troupes. Elles étoient fort diminuées
par la mortalité qui s'étoit mise dans le camp 3, S; qui enleva entre autres
Philippe II de Montfort, seigneur de Castres. Ce seigneur, après avoir pris
possession, en 1267, de la seigneurie de Castres, que Philippe I, seigneur de
Tyr, son père, lui avoit enfin cédée, & en avoir fait hommage au roi, se dis-
posa à retourner dans le royaume de Naples; il mit ordre à ses affaires & fit
son testament'*, le 1" d avril de l'an 1270, au châtean de Roquecourbe, en
Albigeois, en présence de Jeanne de Lévis, sa femme. Il laissa ses enfans
héritiers de ses domaines, selon la coutume de France, avec ordre aux filles,
qui avoient été dotées ou qui le seroient avant sa mort, ou celle de sa femme,
de se contenter de leur dot, conformément à la même coutume. Enfin, ayant
fait consentir^ de gré ou de force l'abbé & les religieux de Castres de céder
l'église de Saint-Vincent aux frères prêcheurs, pour lesquels il avoit fondé
un couvent à Castres, en i258, il partit pour le royaume de Naples, où il
joignit Charles, roi de Sicile. Ce prince étant venu ensuite au secours du
roi saint Louis, son frère, sur les côtes d'Afrique, Philippe de Montfort le
suivit & mourut devant Tunis, le 28 de septembre de l'an 1270.
' Archives du domaine de Montpellier; Nar- AmplUstma collecùo, t. C, c. 480 & siiiv. — Catel,
bonne, C continuation, n. i. Mémoires de l'histoire du Languedoc, p. 705 & suiv,
* Archives du domaine de Montpellier; Nar- — Tome Vil, Note XLIV, p. 120.
bonne; vigueric de Narbonne. — Voyez tome VIII, '■ \'oyez tome VIII, Chartes, n. CCCLX, c. 1694.
Chartes, n. CCCLXV, ce. 1728 à 1732. ■• Martène, ut supra.
' Guillaume de Puylaurens, c, 5i. — Martène,
An 1170
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XXVI. 92,5
Après la mort de ce seigneur, Géraud de Burlas, chevalier, son vassal, qui
ne l'avoit pas quitté, fit enterrer ses entrailles & ses chairs dans le camp, &
apporta ses ossemens 8c son cœur à Castres, où il les fit inhumer dans l'église
de Saint-Vincent, le g de septembre de l'année suivante, en présence de
Jeanne de Lévis, sa veuve, & de toute la noblesse du pays. Les religieux du
couvent firent graver une épitaphe sur son tombeau, où ils relèvent beau-
coup ses talens & ses vertus, mais surtout ses exploits militaires. Ils le repré-
sentent dans cette épitaphe 81 dans d'autres mémoires qu'ils nous ont transmis,
comme la jleur de chevalerie de son temps ; bien fait, libéral, rempli d'hon-
neur, de probité, de piété, de courage & de sagesse.
Philippe de Monlfort, deuxième du nom, laissa deux fils Se trois filles de t.iii.p.^i"'!.
Jeanne de Lévis, sa femme. Les deux fils, nommés Jean 8c Simon, étoient
encore mineurs, 8c ils demeurèrent sous le bail ou tutelle de leur mère.
L'aînée des filles, appelée Jeanne, avoit épousé alors, à ce qu'il paroît,
Guigues VII, comte de Forez. Elle se remaria dans la suite avec Louis de
Savoie. Laurette, la seconde, épousa, après l'an iiyS, Bernard, comte de
Comminges; 8c enfin Eléonore, la troisième, se maria à Jean V, comte de
Vendôme. Jeanne de Lévis, veuve de Philippe II de Montfort, demanda ' au
nom de ses enfans dont elle avoit la tutelle, au mois de décembre de l'an 1270,
au sénéchal de Carcassonne, « d'être reçue à l'hommage pour la ville de
Castres 8c les autres domaines situés dans le diocèse d'Albi, entre le Tarn
8c l'Agoût, sous le service de sept gens d'armes 8c demi; » elle rendit cet
hommage au mois de février suivant. Ainsi Philippe II laissa à ses enfans^
les trois quarts des terres d'Albigeois que le roi saint Louis avoit inféodées,
en 1229, à Philippe I, son père.
Jean de Montfort, fils aîné de Philippe II, se qualifioit comte de Squillace,
au royaume de Naples, 8c il étoit déjà majeur lorsqu'il 3 fit demander par son
procureur, au parlement de la Chandeleur de l'an 1278 (1274), un délai, qui
lui fut refusé, pour payer à Jeanne de Lévis, sa mère, sa dot de trois mille
livres tournois 8c son douaire. Laurette, sa sœur, obtint dans le même parle-
ment t|u'il lui délivreroit la part qui lui appartenoit de l'hérédité de Philippe
de Montfort, leur père, parce qu'elle avoit atteint l'âge de quinze ans, 8c que,
suivant la coutume de France, elle pouvoit gérer ses biens, quoiqu'elle n'eût
pas encore vingt Se un ans. Il est décidé dans l'arrêt que, suivant la même
coutume, une demoiselle qui étoit entrée dans la seizième année de son âge
étoit habile à gouverner son bien. Nous apprenons d'ailleurs que les enfans
de Philippe II de Montfort, seigneur de Castres, partagèrent également sa
succession. Jean, comte de Squillace, son fils aîné 6- son héritier, transigea,
en effef*, le 20 de février de l'an 1278 (1274), tant pour lui-même que pour
ses cohéritiers, à Roquecourbe, en Albigeois, avec le prévôt 8c le chapitre de
' Defos, Comté de Castres, p. i8 & suiv. [Cet acte ne se retrouve pas dans les Actes Au Par-
■ Voyez tome VII, f/ole XLIV, p. 123. lement de Boutaric]
' Domaine de Montpellier ; sénéchaussée de Car- 'Archives de l'église d'Albi. — [Cf. tome V,
cassonne en général, 7" continuation, n. 8. — c. i35o, n. 118.]
026 HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XXVI.
Au 1170 '
la cathédrale d'Albi, touchant la justice du lieu de Caylus, auprès de cette
ville. Jean 8c ses sœurs avoient hérité alors de Simon, leur frère, mort sans
enfans, dans la Fouille, au royaume de Naples, le 24 de janvier' précédent.
On apporta le corps de Simon à Castres, où il fut inhumé dans l'église de
Saint-Vincent, aux pieds de Philippe II, son père. Jeanne de Lévis, veuve
de ce dernier, y fut inhumée aussi à côté de lui, après sa mort, arrivée
le 3o de mai de l'an 1284. Quant à Jean de Montfort, seigneur de Castres,
il mourut* sans enfans, le 1" de décembre de l'an i3oo, 81 Éléonore, comtesse
de Vendôme, sa sœur, recueillit sa succession. Au reste, Philippe I, seigneur
de Tyr 8t. auparavant seigneur de Castres, qui s'étoit fixé dans le Levant 8<.
s'y étoit remarié, survécut à Philippe II, son filsj mais il étoit déjà mort
en 1273. Ses enfans du second lit héritèrent des domaines qu'il possédoit
dans le pays d'outre-mer, & y formèrent une branche de leur maison.
LXXXVI. — Les peuples de la sénéchaussée de Carcassonne prêtent serment
de fidélité au roi. — Assemblée des trois états de cette sénéchaussée.
Le roi Philippe IIP, après avoir fait voile des côtes d'Afrique, aborda sur
celles de Sicile, le 22 de novembre, 8c passa le reste de l'année dans cette île,
ainsi que le comte Alfonse, son oncle, 8c Jeanne de Toulouse, femme de ce
prince, qui l'y avoient suivi. Cependant les régens du royaume ayant reçu
les ordres du roi firent rendre hommage 8c prêter serment de fidélité à ce
prince par les peuples 8c les vassaux de la couronne. Guillaume de Cohar-
don, sénéchal de Carcassonne, qui étoit alors absent, commit à sa place pour
les recevoir ses lieutenans, qui parcoururent les divers cantons du pays; ils
se transportèrent entre autres à Béziers, où ils reçurenf*, le 20 de janvier de
A„ ijy, l'an 1271, l'hommage de Guillaume d'Anduze pour le château d'Olargues,
dans le Narbonnais, 8c divers domaines d'Albigeois, au nom de Cavaiers, sa
femme, fille 8c héritière de Pons d'Olargues, chevalier. Ils reçurent dans
l'église de la Madeleine de Béziers, le 10 de mai'' suivant, le serment de
fidélité des habitans de cette ville, nonobstant l'opposition de l'official de
l'évêque. Aymeri, vicomte de Narbonne, 8c Amalric, son frère, prêtèrent le
même 6 serment 8c firent hommage au roi, à Carcassonne, pour leurs
domaines, le 22 de ce mois.
'Martène, Ampl'ustmci coUccùo , t. 6, c. 498 n. ,T82j original delà protestation présenté! au
St seq. sénéchal par les évêques d'Agde & de Béziers. I
" Voyez tome VU, Note XLIV, pp. 125, 126. ' Domaine de Montpellier; Béziers, n. 5.
' Geita. Philippi III, p. 525 & seq. « Voyez tome Vlll, Charles, n. CCCLXVII,
* Manuscrits A'Aubays, n. :ji2. — Baliize, Por- ce. itSô à ijSp.
tefcuille de Languedoc. — [Baluze, Armoires, s . 392,
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXVI. 0:7 "
' ' An 1 27 1
LXXXVII. — Nouvelle assemblée des trois états de la sénéchaussée
de Carcassonne,
Aymeri, vicomte de Narbonne, Si son frère Amalric assistèrent à une assem- éj. origin.
Liée des trois états de la sénéchaussée de Carcassonne, qui fut tenue dans
cette ville', le jeudi après la Saint-Laurent de l'an 1271, pour délibérer s'il
étoit à propos de permettre la sortie des grains, à cause de la mauvaise récolte.
L'assemblée fut composée de l'archevêque de Narbonne, des évêques de
Béziers, Agde & Lodève, de l'évêque élu de Carcassonne, des députés des
chapitres de ces cathédrales 8c de celle d'Albi, de dix-neuf abbés 6- leurs cou-
vens, de cinq commandeurs, du prieur de Cassan, &cc., pour le clergé}
d'Aymeri , vicomte de Narbonne, Amalric, son frère, Isarn , Bertrand 8<.
Amalric, //-srfj, vicomtes de Lautrec, 8t de plusieurs autres seigneurs pour la
noblesse ; $c enfîn des consuls 8c députés de Narbonne, Carcassonne, Béziers,
Agde, Lodève, Albi, Pézénas, Sec, pour le tiers état. On conclut à défendre
la sortie du blé jusqu'à la Saint-Jean de l'année suivante, excepté pour la
ville d'Acre, dans la Terre-Sainte.
LXXXVIH. — Mort d'Alfonse i- de la comtesse Jeanne, sa femme. — J,e roi
Philippe 111 unit leurs Etats à son domaine.
Le roi ^ Philippe III partit de l'île de Sicile, au mois de janvier de
l'an 1271, arriva à Paris, le 21 de mai, 8c se fit sacrer à Reims, le i5 d'août
suivant. Quant à Alfonse, comte de Toulouse, son oncle, 8c Jeanne, feininc
de ce prince, ils passèrent tout l'hiver 8c au moins une grande partie du
printemps suivant en Sicile, où ils furent peut-être arrêtés par maladie.
Alfonse étoit en effet encore à Messine, la veille de la Pentecôte (28 de mai)
de l'an 1271, Se il y fit alors un codicille-* par lequel il lègue quarante mille
livres tournois, sur la portion qui lui revenoit de la somme que le roi de
Tunis avoit donnée au roi, son neveu, pour entretenir pendant un an un
certain nombre de gens d'armes dans la Terre-Sainte. Ceci fait voir comljicn
se trompent quelques modernes"^ lorsqu'ils avancent qu'Altonse accompagna
le roi Philippe, son neveu, en Italie, 8c qu'il le quitta à Viterbe, dans le
■ Voyez tome VllI, Chartes, n. CCCLXVIII, i8 mars (Lenain, t, 5, p. loo), on ne peut sup-
cc. 1739 à 1744' poser son testament du i3 mai écrit à Messine. Le
' Gesta Philippi III. texte du testament porte Meschines, & Lenain se
' Trésor des chartes; Testaments, n. 5. [Auj. J. demande s'il ne faut pas entendre par là Mus-
^'6.] ciano, petite ville de l'ancien duché de Castro, à
* La Chaise, Histoire Je saint Louis, 1. 1:1, n"'2i neuf milles de Corneto. La maladie épidémique
& a3. — Cf. Lenain de Tillemont, t. 5, p. 2c5, qui enleva le comte & la comtesse de Toulouse, &
C'est aussi ce que laisse entendre le texte de Guil- qui fit périr en même temps la plupart de leurs
\aume àt Hangii [Gesta Philippi 1 II, a^p. Historiens serviteurs, paraît être le typhus, amené comme
Je France, t. 20, p. 488.) Si on admet qu'Alfonse toujours par des fatigues excessives & de grandes
.lit accompagné son neveu, qui quitta Viterbe le privations. [A. M.]
"";; 0-8 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXVI.
A n 1 1 7 1 J
dessein de prendre la route du Languedoc. Alfonse 8<. Jeanne se mirent
cependant en mer, Se ayant débarqué en Italie ' ils continuoient leur route
par terre lorsqu'ils furent attaqués, l'un & l'autre avec la plupart des gens
de leur suite, d'une violente maladie, au château de Corneto, sur les confins
de la Toscane Si de l'état de Gênes. Ils se firent transporter à Savone, Se, se
voyant sans espérance de guérison, Altonse fit un testament ou codicille par
lequel il choisit sa sépulture parmi ses ancêtres, dans l'abbaye de Saint-Denis,
où il fonda un aniversaire. Ce prince mourut, le vendredi dans l'octave de
l'Assomption, 21 août de l'an 1271, 8c la comtesse Jeanne, sa femme, le
mardi suivant.
Telles sont les circonstances de leur mort rapportées par un atiteur contem-
porain*; elles sont décrites un peu différemment par un historien génois
qui vivoit alors & qui pouvoit avoir été témoin oculaire. <( La même année
« 1271, dit cet historien 3, Alfonse, comte de Poitiers 8c de Toulouse, frère
« du roi de France, étant à Naples Si voulant retourner dans son pays, s'em-
« barqua sur des galères avec sa femme, fille Si héritière du comte de Tou-
ci louse. Il passa sur nos côtes sans vouloir entrer à Gênes 81 débarqua dans
(c la place (ou faubourg) de Saint-Pierre d'Aréna j comme il étoit fort mal il
« y mourut. Les chevaliers qui étoient à sa suite inhumèrent dans la cathé-
« drale de Gênes ses chairs 8c ses intestins 8c, après y avoir célébré ses obsè-
« ques, ils apportèrent ses os en France. Sa femme décéda, le jour suivant,
« de mort subite; en sorte que plusieurs disoient qu'elle avoit été empoi-
« sonnée. » On porta les ossemens du comte Alfonse dans l'église de Saint-
Denis où ils"^ turent inhumés, peu de temps après les obsèques du feu roi
Louis, son frère. Son cœur fut mis dans l'abbaye de Maubuisson. Quant à
la comtesse Jeanne de Toulouse, sa femme, elle fut enterrée dans l'abbaye
de Gercy, en Brie, au diocèse de Paris, où elle avoit choisi sa sépulture Se
qu'elle avoit fondée au mois d'août-"' de l'an 1269, avec le comte, son mari,
pour quarante religieuses. On y voit encore, au milieu du chœur, son tom-
beau Se son épitaphe où il est marqué qu'elle mourut'^ le jour de l'Assomp-
tion. Ce tombeau est de pierre ; elle y est représentée en bosse, enveloppée
d'un grand manteau avec une guimpe, la tête couverte d'un voile 8c portant
par dessus une couronne qui approche fort de celle des reines de France.
Ainsi moururent, à l'âge de cinquante Si un ans, Alfonse, comte de Poi-
tiers, 81 Jeanne, comtesse de Toulouse, sans laisser postérité. Par leur mort,
ÉJ.orinin. Philippe III, roi de France, recueillit toute leur succession. Il est vrai que
t. Ul.p. 5^3. , '' .' ' ,. . , , . , . , '
Jeanne avoit, par son testament, dispose de ses domaines', excepte du comté
■ Geitci Philippl III. — Guillaume de Piiyhui- i855-i856, t. 3, pp. 496, 49^)1 ^'' qu'AIfonse 8c
rens, édit. de Catel, ch. ôi. — Manuscrits de Ba- sa femme moururent à Savona.]
lu'^e, n. 261. [Au), lat. 5212.] ■• Gesta Philippi III. — Guillaume de Puylau-
' Guillaume de Puylaiirens, ut supra. rens.
' Caffaro, Annales Genuenses, dans Muratori, ' Gallia Christiana, t. 4, p. 48.5.
SS. rer. Ital. t. 6, c. 553. [Une chronique italienne ^ Montfaucon, Monuments de la monarchie fran-
du treizième siècle, publiée par HuiUard BréhoUes foi'se, t. 2, p. 120.
{Bulletin du comité de la langue & de iJùstoire, ' Voyez tome VIII, Chartes, n. CCCLXI, c. 1 700.
H ISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXVL T'9~l
' ' An 1271
de Toulouse, qui devoit appartenir à nos rois, conformément au traité de
Paris, de l'an 12295 mais cette disposition n'eut pas lieu. Philippe se mit en
possession, en vertu du même traité, de tous les pays dont Jeanne avoit
hérité du feu comte Raimond, son père; en sorte que Philippe de Lomagne,
héritière de cette princesse, avant fait demander au parlement, par le minis-
tère du comte de Saint-Paul, son tuteur, d'être reçue à foi &c hommage pour
les domaines de cette succession, elle fut déhoutée de sa demande par un arrêt
de l'an 1274. Nos rois ne réunirent toutefois le comté de Toulouse à la cou-
ronne qu'en i36i. Philippe III, de même que ses successeurs, gouvernèrent
jusqu'alors les différens pays dont ils avoient hérité par la mort de Jeanne,
en qualité de successeurs des comtes de Toulouse, comme comtes particuliers
de cette ville, & comme si tous ces pays eussent composé un domaine qui
leur étoit propre St particulier. C'est ce qu'on voit', entre autres dans la
confirmation d'une charte de Raimond le Jeune, par le roi Philippe le Bel,
en 1 2g3 ^.
Alfonse, comte de Poitiers Se de Toulouse, fut un prince débonnaire,
chaste, pieux, aumônier, juste S< équitable; il ne manquoit d'ailleurs ni de
valeur, ni de fermeté. Il marcha sur les traces du roi, son frère, dans la pra-
tique des vertus chrétiennes, S<. il paroît que la comtesse, sa femme, étoit
d'un caractère à peu près semblable. Les périls auxquels elle s'exposa dans
les deux voyages d'outre-mer qu'elle entreprit avec son mari font voir qu'elle
avoit du courage & un fort attachement pour ce prince, lis firent l'un £<.
l'autre des charités immenses, soit pendant leur^ vie, soit par leurs dernières
dispositions, surtout en faveur des communautés religieuses £<. des hôpitaux.
On peut juger jusqu'où alloienl leurs aumônes annuelles par un mémoire
qui nous reste, où iM est marqué qu'ils distribuèrent les seuls jours du lundi
&. du mardi de la semaine sainte de l'an 1267, huit cent quatre-vingt-quinze
livres tournois, somme alors très-considérable. En effet, tous leurs revenus
joints ensemble n'alloient en 1207, qu'à quarante-cinq mille livres tournois'
ou environ. Trois ans après ils étoient augmentés de sept à huit mille livres.
Les trois cinquièmes de ces revenus ou environ provenoient des domaines de
' Voyez tome VIII, Charte;, n. CXXIII, c. 697. ' Cartulaire du comte Alfonse. [JJ. 24 n, pas-
' Plus heureux que celui de Jeanne, le testa- 51m.] — Catel, Histoire Jes comtes de Toîose, p. 3ni
ment d'Alfonse fut exécuté fidèlement. Le Trésor S< suiv. ^ 'i<)^; Mémoires Je l'histoire Ju /^an^ucdoc,
des chartes contient nombre d'actes de Philippe III p. 240 8c suiv.
pour le payement des legs qu'il y stipulait. Ainsi, ■* Trésor des chartes; Toulouse, sac 8, n. 4a. IJ
en janvier 1 276, ce prince donne à un serviteur JtJ-] — D'après les calculs de M. de Wailly cette
de son oncle, Geoffroi Alaman, 8<. à ses hoirs, une somme équivaut à seize mille quatre-vinet-cina
rente perpétuelle de quarante sous (Orig. J. 3o^, francs de nos jours & une fraction. Du reste le
n. 3o) ; en juillet 1273, les exécuteurs testa- tableau des aumônes annuelles d'Alfonse notam-
mentaires d'Alfonse délivrent à Philippe III une ment en 1269, année où, à la vérité il se préoa-
somme de quar.mte mille livres, à prendre sur rait à la croisade, donne des chiffres beaucoup
l'argent légué par le comte in suhsidium Terre plus élevés. M. Boutaric l'a dressé dans son his-
Sancte, à condition pour le roi de l'employer au . toire d'Alfonse, 8c on vcit que chaque année plu-
inéme usage. (J. 3o3, n. 29; original.) On peut sien" milliers de livres tournois éinient consacrées
encore voir d'autres pièces ayant le même objet par ce prince à des usagei pieux. lA. M 1
dans J. 307, n»" 3j, 36. [A. M.] '• To;r.e Vm, Chartes, n. CCXCII, c. 1 278 & suiv
VI. .9
An
1271
g3c
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXVI,
la comtesse & le reste de ceux du comte. Ce prince employa, en 1260, vingt
mille livres pour la dépense de son hôtel. Celle de l'hôtel de la comtesse
monta cette année à peu près à huit mille livres, &. à proportion les années
précédentes 8< les suivantes '.
Les domaines de cette princesse comprenoient dans le temps de sa mort ;
1° Le comté de Toulouse, qui renfermoit presque toute la province ecclé-
siastique de ce nom, 11 étoit partagé^ en dix-sept bailliages & gouverné par
un sénéchal, 2" Le Rouergue, divisé en sept bailliages & gouverné aussi par
un sénéchal. 3° La partie de l'Albigeois située à la droite du Tarn, composée
de sept bailliages, soumise d'abord à la juridiction du sénéchal de Rouergue
& ensuite de celui de Toulouse, dont ce pays dépend encore aujourd'hui.
4° L'Agenois divisé en douze bailliages & régi par un sénéchal qui étendoit
son autorité sur le Querci. 5° Ce dernier pays, partagé en douze autres
bailliages. 6" Enfin le pays Venaissin, ou marquisat de Provence, composé
de douze bailliages 8<. gouverné par un sénéchal particulier''. Quant aux
domaines d'Alfonse ils consistoient dans le Poitou, l'Auvergne, une partie de
la Saintonge & le pays d'Aunis.
Ce prince & la comtesse, sa femme, firent"* des acquisitions considérables
S<. augmentèrent considérablement leur domaine immédiat dans le Toulou-
sain, l'Agenois, le Querci, le Rouergue, l'Albigeois &. le Venaissin : ils y
firent construire plusieurs nouvelles villes qu'on appella Bastides, savoir :
dans le Toulousain, celles de Villefranche, de Calmont, de Salles, de Fous-
seret, de Gimont, de Cordes, &.c. ; dans le Pvouergue, Villefranche 8c Ver-
feil; en Agenois, la Bastide de Sainte-Foy, S<.c. Ils dépensèrent trois mille
livres tournois pour faire réparer les murs du château Narbonnois de Tou-
■ Boiitaric, djins son livre sur Alfonse de Poi-
tiers, donne des chiffres beaucoup plus exacts, que
nous allons lui emprunter. Il divise les recettes en
recettes fixes & recettes variables, les premières
comprennent les revenus réguliers & constants
des bailies, des fermes, &c. ; les autres, les amen-
des, les confiscations, les droits de mutation, de
monnayage, &c. En 12.I8 les premières, déduction
faite des dépenses d'administration locale, mon-
tèrent à trente & un mille quatre cent soixante-
huit livres, valant deux millions huit cent
vingt-sept mille francs de nos jours; un autre
compte fait monter les recettes totales à qua-
rante-trois mille six cent trente-sept livres, soit
trois millions neuf cent vingt & un mille francs.
Revenu fort respectable, si l'on songe que sur cette
somme Alfonse n'avait à payer que les dépenses
d'entfetien de sa maison & de celle de sa femme.
— Comme le dit dom Vaissete, ces recettes allèrent
toujours en augmentant, & les frais des expédi-
tions d'outre-mer furent couverts au moyen de
ressources extraordinaires, tels que fouage, aliéna-
tion de domaines, vente de biens aux communau-
tés, &c. — Quant aux dépenses de l'hôtel & de
l'administration centrale, Bouta rie en donne aussi
le relevé; elles varient d'année à année, entre
vingt-huit & trente mille livres, & quarante-cinq
& même cinquante mille. Mais grâce à la bonne
administration du comte, il y eut toujours des
excédants qui aboutirent, en 1270, a la somme
énorme de trois cent quatre-vingt-cinq mille li-
vres, près de trente-quatre millions, réserve que
l'expédition de Tunis dut épuiser complètement.
[A. M.]
' Tome VIII, Chartes, n. XCII, c. 1278 & suiv.
' Cf. Boutaric, p. 1 75 & suiv. ; il donne la liste
des bailies par sénéchaussées; en Agenais, il en
compte douze, y compris celles d'outre-Garonne
& de Marmandej en Querci, seize, y compris
celle d'outre-Lot; en Rouergue, huit; la siné-
chaussée d'Albigeois & de Toulouse comprenait
dix-neuf bailies ; le pays \'enai5sin, neuf. Remar-
quons d'ailleurs que le nombre des bailies varia
d'année en année, & que souvent un seul acqué-
reur prit à ferme plusieurs de ces circonscriptions
administratives. [A. M.]
* Voyez tome N'III, Chartes, n. CCCLXVII,
ce, I 732 à I ■j'.ii).
An
1271
t. III, r- iiA-
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XXVI. 981
louse, ancien palais des comtes de cette ville, & ils y firent édifier une tour.
Enfin on remarque que, pendant seize ans, Alfonse dépensa vingt mille i-j.oripin.
livres pour les frais de l'inquisition, qu'il avoit fort à cœur. Aussi sous son
gouvernement aucun hérétique n'osa se montrer publiquement dans le pays,
8c les restes de ceux qui y avoient excité tant de troubles sous les comtes de
Toulouse, ses prédécesseurs, dont il fut le dernier, ne trouvèrent de sûreté
que par la fuite; en sorte qu'à sa mort la Province avoit entièrement repris
son ancien lustre &. sa première tranquillité. Ces troubles y introduisirent
cependant divers usages S<. coutumes, & y opérèrent un changement total
dans le gouvernement; sur quoi nous allons faire quelcjues courtes obser-
vations.
LXXXIX. — Mœurs & coutumes des peuples durant le treizième siècle.
Religion. — Clergé.
Lorsque les hérétiques renouvelèrent dans le pays leurs erreurs à la fin
du douzième siècle, l'un & l'autre clergé étoit également tombé, comme dans
le reste du royaume, dans un grand relâchement. La vie licencieuse des
ecclésiastiques servit de prétexte aux sectaires pour les décrier, & comme ces
derniers affectoient un air de piété S< de réforme, ils séduisirent plus aisé-
ment les peuples. Les fréquens conciles qui furent tenus ensuite dans le
pays dressèrent divers canons pour le rétablissement de la discipline sécu-
lière Se régulière; &. le concile de Latran, tenu en I2i5, ordonna', par rap-
port à cette dernière, que les abbés & les prieurs des moines d» chaque pro-
vince ecclésiastique s'assembleroient tous les trois ans en chapitre général, &c
travailleroient à se réformer. En conséquence les abbés ou les prieurs de tous
les monastères de l'ordre de Saint-Benoît de la province de Narbonne tinrent
une assemblée générale à Saint-Thibéry ^, en 1226, &c y firent divers statuts
de réforme qui furent confirmés par le pape.
Les différens ordres religieux ([ui furent institués dans l'Eglise au trei-
zième siècle Se qui s'établirent dans la Province, comme les frères prêcheurs
8c mineurs, les religieux de la Trinité Se ceux de la Merci pour la rédemp-
tion des captifs, les carmes, les augustins. Sec, contribuèrent beaucoup, par
la ferveur dont les premiers instituteurs étoient animés, à y faire refleurir la
religion Se à y réparer les brèches que l'hérésie avoit causées. Les soins que
se donnèrent les premiers inquisiteurs aidèrent à déraciner les vices 8e à cul-
tiver la piété; mais on ne sauroit disconvenir que leur zèle n'ait eu d'abord
quelque chose de trop amer; en sorte qu'il fallut que les deux puissances se
joignissent pour régler leurs procédures Se mettre de justes bornes à leur trop
grande autorité.
Les évêques Se les autres prélats firent valoir extrêmement la leur dans ce
' Concilium Lateranense, can. 12 ; le P. Labbe, ' D'Achéry, Spicilegium, t. 6, p, 3o & scq.
t. I 3, ce. 947-fjo.
An I 271
932 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXVI.
siècle Se furent fort attentifs à conserver Se à augmenter les privilèges Se le
domaine temporel de leurs églises. Ils emi5lo}èrent surtout très-communé-
ment les censures contre ceux qu'ils croyoient y donner atteinte, Se firent
un usage si fréquent de l'excommunication, qu'il dégénéra en abus, Se que
les papes, quoiqu'ils s'en servissent eux-mêmes assez souvent, se crurent
obligés d'y mettre ordre. Dans certains diocèses. Se en particulier' dans celui
de Maguelonne, on mettoit une bière devant la jiorte de celui que l'évêque
avoit frappé d'anathème, Se on jetoit des pierres contre sa maison pour
inspirer plus de terreur au peuple^. D'un autre côté les officiers du roi Se des
grands vassaux n'eurent pas toujours pour la juridiction des évêques tous les
égards que ceux-ci prétendoient leur être dus. Se cela causa quelquefois des
disputes assez vives entre les deux puissances. Les ecclésiastiques ne man-
quoient pas dans ces occasions d'avoir recours au pape. Se on voit entre
autres une lettre de Grégoire IX-' au roi saint Louis, pour se plaindre de ce
que les habitans du Puy citoient au tribunal de ce prince les chanoines de
la cathédrale contre les privilèges des ecclésiastiques qui ne pouvoient être
assignés que devant un juge d'église. Or, le privilège clérical étoit alors tort
étendu, puisque les clercs, même mariés, en jouissoient. Au reste les curés
n'avoient pas la liberté de disposer par leur testament de leurs ettets mobi-
liaires, ainsi qu'il paroît par une requête"^ présentée, en 1278, à Bernard,
évêque d'Albi, par ceux de son diocèse qui lui en demandèrent la permission.
On peut avoir remarqué que l'usage s'étoit conservé parmi les gens de con-
dition, durant le même siècle, de fixer la destinée de leurs enfans par leurs
dernières dispositions. Se d'ordonner, à ceux qu'ils jugeoient à propos, d'em-
brasser l'état ecclésiastique ou religieux, avec une certaine somme qu'ils leur
léguoient. On continua aussi de se donner à la fin de ses jours pouv/rère ou
j-œwr dans quelque communauté, de se faire revêtir avant la mort de l'habit
religieux Se de se faire inhumer avec cet habit.
t. ni. p .sj5.
't)'
XC. — Autorité du roi dans la Province iS* des grands vassaux.
Avant l'hérésie des albigeois Se la guerre qui en fut la suite les comtes de
Toulouse dominoient presque sur toute la Province, Se les grands vassaux y
jouissoient paisiblement des domaines Se des droits que leurs ancêtres leur
avoient transmis, sans que nos rois se mêlassent que très-peu de leurs affaires.
Depuis que les croisés eurent pénétré dans le pays. Se que le fameux Simon
de Montfort y eut établi sa domination, nos rois furent plus attentifs à y
faire valoir leur autorité, Se ils réunirent enfin à leur domaine près des
deux tiers de la Province, soit par la cession (ju'Anuuni, fils de Simon, fit
' \'oyez tome VIII, Ch.irtes, n. CXCIX, c. çiS. la seule fois que l'usage ,-ibusif de rexcomrniinica-
' Cf. plus haut, p. S43, ou nous faisons Ihis- tioii excita le: plaintes des officiers lOyaux. [A. M.]
loire des querelles que cette affaire fit naître entre ^ Archives de l'église du Puy.
les évêques du Languedoc & le sénéchal de Car- ^ Archives de l'église d'Albi. — [Cf. tome V,
cassonne, Pierre d'Auteuil. Ce ne fut pas d'uilK-urs c. i352, n. 12.'.]
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXVI. ()33
en 1226, à Louis VIII, soit plus légitimement par le traité conclu à Paris,
en 1229, entre saint Louis & Pvaimond VII, comte de Toulouse. Cette réu-
nion diminua beaucoup de l'étendue du domaine de ce comte; mais elle ne
l'empêcha pas d'user encore d'un grand pouvoir dans les pays qui lui res-
tèrent. Aussi Raimond eut-il, de même cjue les comtes de Toulouse, ses pré-
décesseurs, des otliciers ik une maison ' de prince. Il exerça comme eux une
pleine Se entière juridiction sur tous ses sujets, S<. on a vu que le comte
Alfonse, son successeur, avoit un parlement dans lequel il jugeoit en dernier
ressort toutes les causes qui \- étoient portées des divers pays soumis à sa
domination Se à celle de la comtesse, sa temme. Se qu'il jouit des droits réga-
liens^ dans toute leur étendue-^.
Les principaux vassaux de la Province, qui avoicnt leurs domaines situés
dans la partie que les rois Louis VllI S<. Louis IX réunirent à la couronne,
tels que les vicomtes de Narbonne Se de Lautrec, les seigneurs d'Uzès, de
Lunel, Sec, conservèrent aussi leurs anciens droits, sous l'autorité de ces
princes, dont ils devinrent vassaux immédiats par cette réunion ; au lieu
c[u'étant soumis auparavant aux comtes de Toulouse, du moins pour une
partie de leurs terres, ils n'étoient qu'arrière-vassaux de la couronne. D'autres,
comme le comte de Foix, profitèrent des troubles, que la guerre qui se
renouvela dans le pays y causa, pour se soustraire à la domination des comtes
de Toulouse Se se soumettre immédiatement à celle de nos rois. Enfin quel-
ques évoques ou autres seigneurs ecclésiastiques prirent occasion de ces désor-
dres pour accroître leur puissance temporelle Se étendre le domaine de leurs
églises, Se il faut convenir que si un pur zèle de religion anima quelques-
uns de ces prélats contre les comtes de Toulouse Se leurs associés, l'intérêt
personnel porta la plupart des autres à les poursuivre sans miséricorde, sous
le spécieux prétexte qu'ils favorisoient les hérétiques.
XCI. — Justice, sénéchaux, viguiers, baillis, i-c.
On a remarqué que les rois Louis VIII Se Louis IX, après avoir réuni à
leur domaine une grande partie de la Province, la partagèrent en deux séné-
chaussées royales de Beaucaire Se de Carcassonne, Se on a parlé des limites
qu'ils assignèrent à chacune. Ces princes les firent gouverner par des séné-
chaux qu'ils choisirent parmi les chevaliers les plus distingués dans la noblesse
du royaume. La principale fonction de ces officiers étoit de rendre la justice
Se de présider au tribunal de la sénéchaussée, composé de divers juriscon-
sultes, qui étoient leurs juges ou lieutenans, Se des principaux seigneurs
du pays, qu'ils appeloient ordinairement aux assises Se qui leur servoient
d'assesseurs. C'est de quoi on trouve diverses preuves '*, surtout pour la séné-
■ Voyez tome VII, Note XLV, p. 129 & suiv. tous les droits régaliens possédés p.nr les îiiitres b.i-
* Clément IV, Epist. 543. rons du royaume. (Cf. tome VIII, c. 888.) [A. M.)
'C'était une clause spéciale du traité de Paris * Voyez tome VIII, Chartes, n. CCCXIII, ce. 1 jyij,
qui avait réservé à Raiinond VII le droit d'exercer i38o, & n. CCCLXIII, ce. ryoâ, 1706.
An 1171
An 1;
■ 934 HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XXVI.
chaussée de Caicassonne. Ces sénéchaux commandoient de plus la noblesse
du pays, lorsqu'elle maichoit au service du roi ou qu'elle s'assembloit pour
quelque autre raison, S<. ils avoient aussi la principale' administration ou
l'intendance du domaine du prince & de tous les subsides qui se ievoient
dans leur district, dont ils étoient regardés comme les gouverneurs. Ainsi
leur autorité y fut très-grande dans le treizième siècle, parce que nos rois
n'envoyèrent dans le pays des gouverneurs ou lieutenans généraux que dans
quelques cas particuliers. Ces sénéchaux étoient cependant soumis aux réfor-
mateurs^ ou commissaires que nos rois envoyèrent de temps en temps sur les
lieux pour examiner la conduite des officiers royaux 8c recevoir les plaintes
que les peuples avoient à faire contre eux.
Les sénéchaux, nommés haillis supérieurs, avoient sous eux d'autres offi-
ciers qui leur étoient subordonnés^, comme les viguiers & autres juges qu'on
désignoit sous le nom général de haillis inférieurs. Les viguiers, dont l'ori-
gine est beaucoup plus ancienne que celle des sénéchaux, & qui étoient
Kd. origiii. aunaravant les vicaires des comtes Se des vicomtes pour l'administration de la
t. 111, p. :>2b, 1 ^ ...
• justice, continuèrent d'exercer dans un certain district, qu'on appela viguerie,
sous l'autorité des sénéchaux, les mêmes fonctions que ceux-ci. Les comtes
Si les vicomtes avoient inféodé anciennement la plupart de ces vigueries
qui, ayant été ainsi érigées en fiefs, devinrent héréditaires. Il en restoit encore
quelques-unes de cette espèce dans la Province, sous le règne de saint Louis.
Nous avons, en effet, un hommage'* rendu à ce prince, en I236, par Guil-
laume Raimundi, vîguier perpétuel de Sauve, entre les mains d'un commis-
saire député par le sénéchal de Beaucaire. On voit dans cet hommage que les
droits £<. les prérogatives des viguiers consistoient à convoquer Si à com-
mander les troupes de la viguerie pour les chevauchées 5 à se saisir de la per-
sonne des malfaiteurs; à veiller à |la sûreté du pays 5 à prendre la garde des
châteaux lorsque les seigneurs en faisoient hommage au roi ; à recevoir les
revenus des fermes du roi 5 à exercer la justice civile Si criminelle; mais,
comme plusieurs de ceux qui possédoient les vigueries inféodées n'étoient ]ias
en état de remplir ces fonctions Si qu'ils se contentoient de jouir des domaines
attachés k leur dignité, les comtes 81 les vicomtes nommèrent dans la suite
d'autres viguiers amovibles pour rendre la justice en leur nom, en qualité
de leurs lieutenans.
Il y avoit dans la Province divers baillis subordonnés aux sénéchaux. Les
vins étendoient leur juridiction dans une grande étendue de pays, comme
ceux, du Vivarais, du Gévaudan, du Vêlai, du pays de Sault, Sic, Si rem-
plissoient dans leur district les mêmes fonctions que les viguiers. Les autres,
qu'on appeloit aussi prévôts, n'avoient qu'un petit territoire où ils rendoient
la justice-' Si percevoient les revenus du prince sous l'autorité du sénéchal,
■ Voyez tome VIII, Charles, n, CCLXXVIII, ^ Catal, Histoire Jes comtes de Tolose, p. 36.
ce. 1235, 1236. ' Voyez tome VUI, Chartes, n. CLXXXIV,
' Ihid. n. CCCV, c. i32j & suiv. c. 883, & CCCV, ce. 1327, i328.
' Laiirière, Ordonnances, t. I , p. éï 8< siiiv.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXVI, q35
' An I 271
qui mettoit tous les ans ' les simples bailliages de sa sénéchaussée à l'enchère,
& les adjugeoit au plus othant, en sorte que celui auquel un bailliage étoit
adjugé prenoit à ferme les droits du domaine du roi dans l'étendue de son
bailliage, £< avoit soin de les lever ou de les iaire lever, 8< administroit la
justice dans le canton. Les obligations de ces baillis ou prévôts sont mar-
quées dans une ordonnance^ qu'Altonse, comte de Toulouse S< de Poitiers,
rendit au milieu du treizième siècle, par rapport à ses domaines, 8t où il
marque les dittérens degrés de juridiction qui y étoient en usage.
Les viguiers St les grands baillis étoient pris ordinairement dans le corps
de la noblesse, qui, étant employée aux fonctions de la judicature, étoit
obligée de s'appliquer à l'étude des lois 8<. de se mettre au fait des usages S<.
des coutumes du royaume. Ils avoient sous eux des jurisconsultes qui étoient
leurs lieutenans ou assesseurs, dont le principal étoit qualifié juge, &<. qui
assistoient aux assises ordinaires de la viguerie ; on pouvoit appeler de cette
cour à celle du sénéchal. Les moindres baillis n'étoient que de simples juris-
consultes. Sous Alfonse, comte de Toulouse 8c de Poitiers, on réunit plu-
sieurs de CCS petits bailliages dans la sénéchaussée de Toulouse, sous l'autorité
d'un seul juge général, & on partagea cette sénéchaussée en différentes juri-
dictions ou judicatures , qui comprenoient une certaine étendue de pays.
C'est ainsi que la partie de l'Albigeois, située à la droite du Tarn, laquelle
étoit demeurée à Raimond VII, comte de Toulouse, par le traité de paix de
l'an 1229, composa une seule judicature, régie par un juge S<. un procureur
du comte. Se ensuite du roi, qui alloient successivement tenir les audiences
dans les différens cantons, &t elle subsiste encore en son entier. On trouve
un Juge d'Albigeois, pour Alfonse, dès l'an iîSî 8<. les années suivantes. Ce
pays avoit auparavant titre de sénéchaussée, S<. il avoit d'abord été gouverné
par un sénéchal particulier 5 il fut uni ensuite à la sénéchaussée de Rouergue,
& enfin, sous le même Alfonse, à celle de Toulouse j ce qui a subsisté tou-
jours depuis, car les sénéchaux de Toulouse se sont toujours qualifiés, après
cette union, sénéchaux de Toulouse 81 d'Albigeois. Les deux autres anciens
sénéchaux de la Province ajoutèrent aussi, dans ce siècle, un second titre à
celui qu'ils avoient eu d'abord. L'un se qualifia sénéchal de Beaucaire 8<. de
Nimes, Se l'autre de Carcassonne Se de Béziers; dénomination qui s'est tou-
jours conservée.
XCIL — La Province comprise dans la Provence prise en général.
Langue provençale.
Les trots sénéchaussées dont on vient de parler au chapitre ci-dessus, après
que celle de Toulouse eut été réunie à la couronne, en 1271, firent partie
de ce qu'on appela depuis la langue d'Oc, qui comprenoit les provinces méri- ,.''iii°pf3"7.
• Voyez tome VIII, Chartes, n. CCLXXVIII, ' Voyez tome VIII, Clirirtcs, ii. CCCXI, ce. i3j2
c. i23">, 1216. à i3j6.
A 11 1271
936 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXVL
dionales de Fiance; elles formèrent dans la suite la province qu'on nomme
aujourd'hui Languedoc; nom qui ne commença à être en usage que vers la
fin du treizième siècle. Auparavant 81 depuis la fin du onzième siècle cette
province tut censée appartenir à la Provence prise en général ; c'est de quoi
nous avons une infinité de preuves'. En effet, les auteurs du temps placent
le diocèse^ de Maguelonne dans la Provence, & ceux^ qui ont parlé de la
fameuse bataille de Muret, lieu situé sur la Garonne, disent qu'elle se donna
à Muret, en Provence ^ de là vient qu'ils"* font le pape Clément W provençal
de nation. Or ce pontife étoit né à Saint-Gilles, dans le diocèse de Nimes.
Enfin on voit évidemment qu'on comprenoit alors la partie occidentale de la
Province sous le nom général de Provence par le vers suivant de l'histoire
manuscrite de Philippe Mouskes, auteur du temps ^ :
Eu Provence sur Albigeois alla.
On partageoit donc ^ alors le royaume, comme dans les deux siècles précé-
dens '^, en deux parties, France & Provence, à cause des deux ditférens
idiomes dont se servoient les peuples qui les habitoient, idiomes si différens
l'un de l'autre que ^ les peuples de Provence Se de Languedoc regardoient
encore, vers la fin du quatorzième siècle, la langue trançoise comme un lan-
gage qui leur étoit étranger &; absolument inconnu. On a fait voir qu'on '
appela parties d'Albigeois ou Albigeois pris en général, la partie occidentale
de la Province ou les pays compris dans les deux anciennes sénéchaussées
de Toulouse & de Carcassonne, avec le Querci, le Rouergue, Sec, depuis la
guerre que Simon de Montfort entreprit dans ces pays contre les hérétiques
qui les avoient infectés de leurs erreurs.
La langue provençale qu'on parloit alors dans la Province est à peu près la
même'° qu'on y parle encore aujourd'hui. On l'appeloit provençale parce
qu'elle étoit commune à tous les peuples de la Provence prise en général,
c'est-à-dire à près de la moitié du royaume; on la parloit aussi, au treizième
siècle 8c au commencement du suivant, dans le Roussillon, la Catalogne,
l'Aragon Se le royaume de Valence, comme on peut voir entre autres, par les
mémoires que Jacques I, roi d'Aragon, nous a laissés de sa vie. Se par l'his-
toire d'Aragon, écrite à Valence, en Espagne, au commencement du qua-
torzième siècle, par Pv.aimond Muntaner.
■ Guillaume le Breton, Philippide, 1. 8, p. 191 " Bibliothèque lUi roi, mss. n. 9634 [aujour-
& suiv. — Gcstx Luiovici VIll, p. 288. — Guil- d'hui fr. 4963], p. 147.
laume de Puyiaureiis, c. 42. — Voyez tome VIII, ^ Voyez tome VIII, Chartes, n. CXLVII, c. 776.
Chroniques, c. à. "Voyez tome III, 1. XIV, ch. ci, p. 410 &
" BoUandistes, avril, t. 2, p. (>■](> a. suiv., & 1. XVIII, ch. lxxx, p. 867 & suiv.
' D'Achéry, Spicileginn:, t. 10, p. 622. — Marca * Voyez tome VIII, Chartes, n. CXCV, c. 91c.
Hispaaica, c. 755. ' ^'oycz tome ^'11, Note XIII, p. 35 & suiv.
■" Martène, Thésaurus novus anccdotorum, t. 5, '" Voyez tome VIII, Chartes, n. II, ce. 266, 267.
c. 106. 11. LXXXVIII, ce. J6i, 562, & XIX, ce. 3o3 à 3o5.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. Î(XVI. q3]
XCIII. — Loi romaine, — Coutumes particulières. — Duel,
épreuve du fer chaud, i^c.
Les lois romaines furent les seules' qu'on observa dans la Province durant
le treizième siècle & les suivans, 8<. le roi saint Louis' confirma, en 1254, les
peuples des deux sénéchaussées de Beaucaire Se de Carcassonne dans l'usage
de ces lois. Elles turent enseignées-' publiquement à Toulouse &. à Montpel-
lier avant même l'érection des universités de ces deux villes. Il y eut ensuite
des professeurs publics du droit romain dans la première dès son institution,
5v bientôt après dans l'autre; l'étude de ces lois y fut très-cultivée'', même
parmi les gens de condition, qui se crurent honorés du titre de jurisconsulte.
On trouve"», en effet, entre plusieurs autres, un Richard de la Tour qui se
qualifie damoiseau 6- jurisconsulte, dans une transaction à laquelle il fut
présent, Si qui fut passée, au mois de février de l'an 1270, entre Déodat de
Canillac 81 les religieux de l'hôpital d'Aubrac.
Outre les lois romaines, qui étoient le droit commun du pays, chaque ville
eut ses coutumes particulières qui lui furent données par ses seigneurs, les-
quels les firent rédiger pour la plupart dans ce siècle; mais ces coutumes ne
regardent proprement que le gouvernement politique, les frais de justice S<.
quelques usages particuliers dont les uns furent abrogés Se les autres établis.
Entre les premiers on trouve dans les coutumes de Montpellier, rédigées
en 1204, 81 dans celles de Carcassonne, qui le furent quelques années après
S< qui sont à peu près semblables, que la cour n'ordonnera pas le duel,
l'épreuve du fer chaud, celle de l'eau bouillante Si les autres épreuves réprou-
vées par les canons 81 les lois; à moins que les parties n'en fussent d'accord.
Maurin, abbé de Saint-Antonin de Pamiers, 8; Roger-Bernard, comte de
Foix, déclarèrent aussi dans les coutumes ^ qu'ils donnèrent, en 1282, aux
habitans de Pamiers qu'ils ne contraindroient personne à subir le duel,
l'épreuve du feu 8t celle de l'eau chaude ou froide.
XCIV. — Punition des crimes. — Adultère. — Droit d'asile.
Il est marqué dans la plupart de ces coutumes que la punition des homi-
cides 81 des autres crimes qui méritoient la mort étoit laissée à la volonté &
' Caseneiive, Franc alleu. — Haiitesêire, Rcrum ^ Château de Foix, caisses 4 & 5. — On peut
A^uitanicarum, I. 3, c. 11. Toir ces privilèges, qui furent donnés en 1227,
■ Voyez tomeVIII, Chartes, n. CCCVIII, c. i337 par l'abbé Maurin, aux habitants de Pamiers,
& suir. tome VIII, c. 870 & suiv. Ils furent confirmés, en
' Caseneuve, p. 46. 1232, par l'abbé & par le comte de Foix, après
^Catel, Mémoires Ae l'histoire du Languedoc, leur réconciliation. Les deux rédactions ne dif-
p. 293 8c suiv.; Histoire des comtes de Tolose, fèrcnt que pour un article que nous avons repro-
p. 383. — Oar\K\, Séries praesulum Magalonensium, duit en note, c. 872. L'article que cite dom Vais-
p. 241. sete est à la colonne 87 1 , 5. /. [A. M.]
' Archives d'Aubrac,
An 1271
^„,j., 9-38 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LAKGUEDOC. LIV. XXVI.
t "^lii °' ''^s'-'ti '^'■' jugement du seigneur 6- des prud'hommes ; en sorte que les peines étoienl
arbitraires. Alfonse, comte de Toulouse & de Poitiers, dans les coutumes
qu'il donna à la ville de Villefranche, en Rouergue, se réserva aussi de
punir arbitrairement les voleurs 8c les homicides, avec la confiscation des
biens de ceux qui seroient condamnés à quelque peine atflictive, pour quelque
raison que ce fût; au lieu que dans les autres coutumes ces biens passoient
aux plus proches ou aux héritiers naturels, excepté les cas d'hérésie ou de
lèse-majesté. Quant à l'adultère il est dit, dans presque toutes ces coutumes,
qu'on se contenteroit de faire courir, tout nus dans les rues, les deux cou-
pables qui auroient été siirpris en flagrant délit, en les fustigeant; mais il
leur étoit permis de se racheter de cette punition par une amende pécu-
niaire. L'option de payer cette amende ou de courir tout nus dans les lues,
les hommes n'ayant que leurs hrayes, & les femmes la chemise autour des
reins, est marquée expressément dans la confirmation des coutumes de Cas-
tres, que Philippe II de Montfort accorda, en i265, en faveur des habitans
de cette ville. Celles' que le roi saint Louis donna en 1246 aux habitans de
la nouvelle ville d'Aigues-mortes, sont encore plus mitigées sur cet article,
car il y est porté qu'on ne fera aucune information sur le crime d'aduhcre;
mais que si on surprend quelqu'un en flagrant délit, il pourra composer
avec la cour royale, sinon qu'on le fera courir tout nu, maïs sans fustiga-
tion, Si qu'on couvrira seulement la nudité des femmes. Tout cela prouve le
progrès que la licence des mœurs avoit fait alors; elle étoit montée à un tel
point qu'on étoit obligé en quelque sorte de tolérer les lieux publics ou de
débauche; on les excluoit seulement de certaines rues ou de certains quar-
tiers dans les villes & on leur assignoit^ des endroits séparés, ordinairement
dans les faubourgs Si hors de l'enceinte de la ville, comme à Toulouse.
En 1285, les consuls Si les habitans^ de Montpellier défendirent aux fenimes
débauchées d'habiter ailleurs ([ue dans une rue particulière appelée la rue
■ Chaude, Si, pour empêcher qu'elles ne fussent insultées, ils les mirent sous
la protection du roi Si de sa Cour.
On trouve des règlemens dans quelques-unes de ces chartes de commune,
comme dans celles de Montpellier Si de Carcassonne, touchant les succes-
sions Si les mariages. Il y est marqué qu'on jugera les affaires conformément
à ces règlemens. Si, à leur défaut, selon le droit écriî^. Il est porré dans
plusieurs autres Si en particulier dans celles de Carcassonne Si de Béziers^,
que les malfaiteurs qui se réfugieront dans les églises y jouiront du droit
d'asile.
' Registfé 80 ciu Trésor des chartes, n. 465. ■• En effet, le droit écrit servait, une fois la cou-
' Catel, H'istoifc des comtes Je Tolose, p. 228 & tiiiiie rédigée, de droit supplctoire; mais en beau-
siiiv., p. 373. — ^ [Cf. tome VIII, ce. 471, 472; coup de points les coutumes municipales s'éloi-
acte de 1201.] gnaicnt beaucoup du droit romain. [A. M.]
' Manuscrits d'Auiays, "• Gallia Cliristmna, noY. éd. t. 6, Instr. c. 148.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXVI. çSç
XCV. — Bourgeois, tiers état, assemblées provinciales, tailles &> autres
subsides.
On partageoit clans ce siècle, comme dans les piécédens, tous les habi-
tans de la Province en libres & en serts. Les premiers comprenoient les
nobles & les citoyens ou bourgeois des villes murées. Il y avoit même des
villes dont l'habitation donnoit la liberté à ceux qui n'en jouissoient pas
auparavant. Telle étoit celle de Béziers, qui avoit' obtenu à la fin du dou-
zième siècle, du vicomte Roger, son seigneur, « que tout homme qui vien-
« droit s'y établir seroit libre de toute servitude, comme les autres habitans
n de Béziers, soit envers le vicomte, soit envers tout autre seigneur. » Les
nobles étoicnt exempts de sulisides & n'étoient tenus qu'au service militaire,
suivant la nature de leurs fiefs; mais les simples bourgeois étoient assujétis ;
1° A suivre leur seigneur dans ses clievauchées ; 2° à divers cens, rentes ou
autres tlroits seigneuriaux 5 3° à pajer une taille à leurs seigneurs en cer-
tains cas^. On appeloit aussi ce subside d'un nom général, tolte, queste, prêt
forcé ou volontaire, Sec. Les seigneurs étoient dans l'usage d'imposer cette
taille sur leurs vassaux, soit libres, soit serfs : 1° Pour leur rachat, lorsqu'ils
étoient fait prisonniers par leurs ennemis; 2° pour le mariage de chacune de
leurs filles; 3" pour le passage d'outre-mer : c'est ainsi que ces trois cas sont
énoncé; dans les coutumes '' qu'AUonse, comte de Toulouse, donna, en I256,
aux habitans de la nouvelle ville de Villefranche, en Pvouergue, qu'il avoit
fait construire, 81 dans celles'* que Thibaud de Nongeville, sénéchal de Tou-
louse pour ce prince, donna, le 2 de décembre de l'an 1270, aux habitans
d'Ângeville, dans le Toulousain. On admettoit un quatrième cas dans quel-
ques autres coutumes, comme dans celles de la vicomte de Lautrec, savoir :
lorsque le seigneur étoit promu à l'ordre de chevalier 3. Dans tovites les autres
occasions les seigneurs ne pouvoient imposer aucun subside sur leurs vassaux
sans leur consentement ou leur bonne volonté, ainsi qu'il est marqué dans la
plupart des mêmes coutumes, Si il est porté dans celles de Toulouse, Mont-
An 127 1
■ GM'ti Chnîtiana, ut supra. pourtant elles sont assez nombreuses. Le plus an-
' C'est là une erreur que dom Vaissete n'a pas cien exemple que nous en connaissions pour le
été le seul à commettre. Le noble payait des rede- raidi date de 1254, & se trouve dans le testament
vances en argent tout comme le roturier; il n était d'Elzéar, seigneur d'Uzès (Cf. tome VIII, c, i33o)}
pas assujetti à la taille; mais il payait l'alberguc, ce seigneur déclare que ses hommes n'ont à payer
qui, de redevance en nature, était devenue rede- la taille que dans quatre cas : quand le seigneur se
vance pécuniaire; il payait encore la pezade, les croise, quand il marie sa fille, quand il fait son
droit» de reliefs (acapte & arrière-acapte), &C. fils chevalier, ou quand il fait une acquisition de
|A. M.| plus de cinq mille sous tournois. Mais un seul
' Cartulaire d'Alfonse, comte de Toulouse. — exemple, surtout aussi récent, ne prouve rien, &
[JJ. 24», f" I I 3 A, & Teulet, t. 3, p. 298 A. | il est bien probable que le midi ne connut pas
* Archives de l'abbaye de Belleperche. les aides loyaux avant la domination française.
' La règle des quatre cas paraît être dans le Une fois celle-ci établie, la levée d'un impôt dans
midi une importation du nord. Aucune coutume les quatre cas plus haut indiqués devint la règle,
du Languedoc, au douzième siècle, ne l'indique, & [A. M.]
~ 040 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXVI.
An 1 171 y'
pellier, Carcassonne, Béziers, &c., que les hahitans sont exempss de qiieste,
de prêt Jorcé 6- de taille forcée, I.a répartition des impositions se faisoit ' par
sols Se par livres.
Ce furent ces personnes libres, qu'on partageoit^ en citoyens bourgeois &
en citoyens ruraux, qui formèrent le tiers état, lequel faisoit dans la Pro-
vince, dès le treizième siècle, un corps distinct du clergé S<. de la noblesse,
comme on voit par les assemblées-^ provinciales qui y furent tenues & qui
ont donné l'origine aux états généraux du pays qu'on tient régulièrement
tous les ans. Au reste il est porté dans la plupart de ces coutumes, 8<. en par-
ticulier dans celles d'Albi, que les habiians avoient une entière liberté de
disposer de leurs biens; mais que leur succession appartenoit au seigneur
lorsqu'ils mouroient ab intestat & sans parens.
XCVI. — Noblesse, chevalerie, guerres particulières, châteaux, nouvelles
bastides.
La noblesse étoit alors héréditaire, à peu près comme elle l'est aujourd'hui,
8c les nobles avoient seuls le droit de posséder des fiefs; c'est pourquoi
Altonse, comte de Toulouse, & Jeanne, sa temme, ayant besoin d'argent
pour leur second voyage de la Terre-Sainte, confirmèrent'*, en 1269 & i^/O,
moyennant une certaine somme, divers bourgeois dans la possession des fiefs
qu'ils avoient acquis. On distinguoit plusieurs degrés dans la noblesse,
savoir : les barons, les châtelains 6" les chevaliers, comme il paroît i)ar le
trente-huitième canon du concile ^ tenu à Toulouse en 122g. Les barons
étoient les grands vassaux ou les vassaux immédiats du roi ou d'un autre
grand vassal, leur supérieur; les châtelains, les seigneurs des châteaux qui
avoient droit de justice. Si les chevaliers, les simples gentilshommes. On côm-
prenoit aussi tous les nobles sous le nom général de chevaliers (^milites), pour
les distinguer des non nobles ou bourgeois des villes, qui étoient sujets aux
chevauchées, & qu'on nommoit pedites, parce qu'ils servoient à pied, au lieu
que les nobles combattoient toujours à cheval, armés de toutes pièces, & fai-
soient la principale force de la milice françoise. Ceux des nobles qui avoient
été reçus chevaliers prenoient déjà quelquefois cette qualité dans les actes dès
le commencement du treizième siècle. Si cet usage devint ensuite commun
peu à peu ; mais nous ne trouvons pas que ceux qui n'étoient pas encore
parvenus à ce grade, ou les fils des chevaliers, se soient qualifiés damoiseaux
' Cartulaire du comte Alfonse. terme de harones semble, en effet, désigner les vas-
Coticilium Tolosanum, an. 1129, can. 38. saux relevant directement du seigneur; mais l'ex-
' Voyez tome VIII, Chartes, n. CCCLVII, c. 1664 pression castellani n'a pas le sens que lui prête
& suiv., & n. CCCLXVIII, c. lySp & suiv. dom Vaissete; elle désigne seulement les cheva-
^ Cartulaire d'Alfonse. — [JJ. 240, passlm, & liers- possédant des châteaux, des lieux-forts, où
notamment f |5 i.] — Trésor des chartes; Tou- les hérétiques pouvaient se réfugier. Entre ces cas-
louse, sac 1 1, n. 71. [J. 32o.] tellani & les milites il n'y avait aucune différence;
* Le P. Labbc, Concilia, t. Il, c. 485. — La les premiers portaient généralement ce second
distinction de dom Vaissete paraît peu fondée. Le titre. [A. M]
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XXVI. 941 '
ou écuyers avant le milieu de ce siècle ; depuis cette époque ils se donnèrent
souvent ce titre.
Nous ne parlerons pas ici des cérémonies qui s'observoient à la création ou
à la réception des chevaliers, on peut les voir ailleurs; nous nous contente-
rons de remarquer que cette création se faisoit alors communément dans les
cours plénières que les rois & les princes tenoient dans certains jours solen-
nels de l'année. C'est ainsi que Raimond VII, comte de Toulouse, créa'
deux cens chevaliers dans une de ces cours, qu'il tint à Noël de l'an 1244.
Quand ceux qui avoient été créés chevaliers servoient à l'armée, ils dévoient
avoir* au moins quatre autres cavaliers à leur suite, 8c les arbalétriers à
cheval, trois. Le grade de chevalier donnoit, en ce siècle 8c les suivans, un
tel relief qu'on les qualifioit monseigneur ou dominus en latin, 8c que les
princes même ne faisoient pas difficulté de leur donner ce titre. On peut voir
quels étoient les privilèges de la noblesse de la Province Se les droits dont
elle jouissoit sur ses serfs ou vassaux, dans les coutumes ^ des chevaliers de la
vicomte de Narbonne, qui furent rédigées en 1232.
Les barons 8c les nobles se maintinrent dans l'usage de venger à main
armée leurs propres querelles ou celles de leurs amis 8c alliés, jusqu'à ce
qu'enfin le roi saint Louis, touché de voir les désordres que les guerres par-
ticulières causoient dans le royaume, en défendit l'usage. Les bourgeois des
villes usèrent "* aussi quelquefois de représailles de leur propre autorité-'. Ces
guerres Se celle d'Albigeois engagèrent les seigneurs du pays à construire de
nouveaux châteaux, à fortifier les anciens 8c à clore de murs les bourgs 8c les
villes où ils dominoient. Ainsi, à la fin du douzième siècle 8c au commen-
cement du suivant, la Province étoit remplie de forteresses, dont plusieurs
passoient pour imprenables, soit par l'avantage de leur situation, soit par
l'ouvrage de l'art. Le roi saint Louis, a|)rès avoir réuni à son domaine les
sénéchaussées de Beaucaire Se de Carcassonne, conserva les plus importans de
ces châteaux Se y mit des gouverneurs ou châtelains pour les garder. Il nous
reste un état de ces places, de leurs gouverneurs 8c de leurs garnisons dans
la dernière de ces deux sénéchaussées i^, pendant l'année 1269. Le roi ayant
cno-agé le comte de Toulouse par le traité de l'an 1229, Se ensuite le comte
de Foix Se les autres seigneurs du pays, qui furent maintenus dans la
possession de leurs domaines, à raser les fortifications de leurs villes Se de
■ Ginllaume de Piiylaurens, c. 47. peine à arrêter les guerres privées, & il siiffirn de
■Voyez tome VIII, Chartes, n. CCXXVIH, parcourir le texte de dom Vaissete & nos Notes
c. ro3^. additionnelles pour se convaincre qu'il n'y a pas
' IbU. n. CCVIII, c. 960 & suiv. d'année, de i2;>3 à 1270,011 quelque petit seigneur
* Catel, Histoire des comtes de Tplose, p. 228. — ne s.- soit permis des dévastations sur les terres
Lafaille, ^Miia/f!, t. 1 , pr. p. 5.1 & suiv. de ses voisins. Toutefois, g.âce à la répression
= Louis IX ne fit par là qu'étendre au midi qui ne manqua jairais de suivre de pareilles ten-
iine ordo;inance célèbre de Philippe-Auguste, qui taiives, le midi finit par jouir d'une certaine
avait créé ce qu'on appela la quarantaine le roi. tranquillité, qu'il ne perdit guère qu'aux appro-
C'eit ce que prouvent absolument les expressions ches de la guerre de Cent ans. [A. M.|
d.- Bs.iumanoir dans ses Coutumes de Bcauvoisis. «Voyez tome VIII, Chartes, n. CCCXXXIII,
Du r.;:.!.- lui & son frère Alfonse eurent grand- ce. 14J1 a i^j-i.
An I 271
iiJ.OlipMl.
I. III,
p. ;.i
" Q42 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXVI.
An 1271 7T
leurs châteaux, & à ne pas construire de nouvelles forteresses; on donna le
nom de bastides aux nouvelles villes & aux nouveaux bourgs qu'ils fondè-
rent depuis en assez grand nombre dans le pays, parce que tous ces lieux
furent d'abord ouverts & sans défense. '
Quoique la noblesse fût héréditaire dans la Province au treizième siècle,
les surnoms ne l'étoient pas encore entièrement', du moins dans quelques
familles; c'est ce qu'on voit entre autres dans l'acte de l'hommage^ rendu à
Raimond VII, comte de Toulouse, le 27 de novembre de l'an iiSy, par Jour-
dain de Dourgne, ^ Isarn de Saissac, son frère, fils de Jeu Sicard de Puylau-
rens, pour tout ce que leur père avoit possédé dans la ville de Puylaurens.
On ne mettoit pas cependant beaucoup de différence, dans ce siècle, entre
les simples chevaliers Se les bourgeois ^ des principales villes. C'est ainsi que,
suivant l'accord'* qui fut jjassé, en i25i, entre les comtes de Toulouse &v de
Provence d'un côté 8< les babitans d'Avignon de l'autre, les bourgeois hono-
rables, qui avoient coutume de vivre en chevaliers, jouissoient des mêmes pri-
vilèges que ces derniers. On passoit, en effet, aisément de la bourgeoisie à la
chevalerie ou à la noblesse; comme on voit par l'attestation'^ que vingt-trois
des principaux babitans de Bcaucaire, entre lesquels les uns étoient cheva-
liers ou damoiseaux, 8<. les autres simples bourgeois, donnèrent sous leurs
sceaux, en 129H, pour certifier que l'usage ou la coutume, depuis un temps
immémorial dans la sénéchaussée de Beaucaire Se en Provence, « étoit que
« les bourgeois recevoient la ceinture militaire & les autres marques de che-
« valerie des mains des nobles &<. des barons, & même des archevêques & des
« évêques, sans l'autorité ou la permission du prince, Se qu'ils jouissoient
« ensuite du privilège des chevaliers. >> Cette attestation confirme ce que
nous avons dit ailleurs, que la noblesse ne consistoit anciennement que dans
la liberté, Si que ce fut le service militaire S<. la possession des fiefs, qui fit
dans la suite la différence entre ceux qu'on appela nobles & les autres per-
sonnes libres qui ne l'étoient pas.
XCVII. — Serfs, ajfranchissemens.
On distinguoit les serfs, en serfs de corps^ S«. en serfs de corps 0 de casa-
lage. Les seigneurs avoient droit sur la personne des premiers quelque part
qu'ils demeurassent, & les autres, outre la servitude personnelle à laquelle
ils étoient assujettis, étoient tenus d'habiter dans les domaines du seigneur,
de cultiver ses terres 61 de lui payer certaines redevances. Les hommes de
corps"^ étoient, toutefois, capables des effets civils, S<. ils pouvoient ester à
• Voyez tome VIII, Chartes, n. CLVIII, c. 810. 'Voyez tome VIII , Chartes, n. CCCLXX,
' Manuscrits de Colhert, n. 1067, p. 36o. — ce. 1747, 1748,
[Original, J. 3i4, n. 74; Teiilet, t. 2, p. 3,';4.] " Ihid. n. CCCXIV, ce. i38i, i382.
' Voyez tome VIII, Chartes, n. XXXVII, ce. 33o " De Vie, C/ironologia episeoporum Carcassonen~
8c 38i. s'ium, p. j8.
■* Fantoni, Istoria ii'Avi^n':oney 1. i, p. 111.
I. III.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXVI. 948
droit. Ils ctoient seulement obligés de pa^el■ la queste, la taille S< divers
autres droits à leurs seigneurs, soit ecclésiastiques, soit laïques; obligation
qui passoità leur postérité. Cette servitude se prescrivoit par trente ans. « Si
« quelqu'un, est-il dit dans la coutume de Pamiers de l'an 1282, vient s'éta-
« blir comme libre à Pamiers, 8c y demeure pendant trente ans, sans la
« réclamation de son seigneur, il ne sera plus permis au seigneur de le
« remettre en servitude. » Suivant les coutumes de quelques autres villes,
comme celles de Carcassonne, un homme de corps qui s'y établissoit devc-
noit aussitôt libre.
Un des droits dont jouissoient les seigneurs sur leurs serfs de corps, étoit
que ceux-ci ne pouvoient marier leurs filles sans leur consentement, à moins
que cette permission ne fût portée dans l'acte primordial d'engagement ou de
servitude. C'est ainsi qu'Arnaud Morel 8<. Bernard Beausadun s'étant donnés'
pour hommes, au mois de janvier de l'an ii83, à Roger, vicomte de Béziers,
sous l'obligation de lui payer deux sols hugonencs d'usage, eux 8t leur pos-
térité, le vicomte « leur permit & à tous leurs descendans, de marier libre-
« ment leurs filles, sans lui demander conseil, £- quitta 6 ajfranchit leurs
« filles présentes S< à venir de cette obligation. » Il n'étoit pas permis non
plus au fils d'un serf d'eml^rasser l'état ecclésiastique sans la permission de i':J
son seigneur. Cet usage est clairement exprimé dans les coutumes & libertés
données, au mois de mai de l'an 1270, par Alfonse^, comte de Toulouse, 8<.
Jeanne, sa femme, aui babitans de Castelsacrat, en Querci, auxquels ils
permettent à l'avenir « de vendre, donner ou aliéner leurs biens, meubles 81
« immeubles, sauf les droits du prince, si l'aliénation se fait en faveur des
« églises & des chevaliers (c'est-à-dire des nobles), avec permission de marier
« librement leurs filles, de promouvoir leurs fils à l'état ecclésiastique, &C.
i< Le comte se réserve le droit de succéder à ceux qui mouroient sans héri-
11 tiers. » Alfonse S< Jeanne affrancbirent de leur vivant la plupart de leurs
autres serfs de leurs domaines, dont ils changèrent les obligations en un cens
annuel, S< le premier, par son testament, donna la liberté à tous ceux de ses
propres États. Enfin le roi Philippe le Bel abolit entièrement la servitude
dans la Province, comme nous le dirons ailleurs.
XCVIII. — Franc-alleu. — Juifs.
Les nobles, les bourgeois des villes 8< les autres personnes libres continuè-
rent cependant de posséder la plupart de leurs terres en franc-alleu ou sans
payer aucune redevance seigneuriale, suivant l'usage observé de tout temps
■ Chitenu de Foix, cartulaire, caisse i;ï. — envers & contre «oiis, & aviquel il payait une
L'exemple que cite dom Vaisscte ne prouve rien ; redevance annuelle. Cf. à ce sujet tome VII,
le cas est tout diffcrentj il ne s'agit pas ici de Note XLVI, p. \66, & au tome VIII, le Catalogue
serfs, mais d'hommes libres qui se mettent sous le des actes des comtes de Toulouse, pass'im. [A. M.]
eapti-inh du comte de Foix. On appelait ainsi l'acte ' Cartulaire du comte Alfonse. — [JJ. 24", (° 98
par lequel un individu se donnait pour hor:me à & suiv.]
un seigneur puissant, qui s'engageait i le protéger
An 127 I
(•. jM.
An 1271
944
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XXVI.
clans le pays, 8<. confirmé par le roi saint Louis ' ; en sorte que clans ce siècle,
comme dans les précéclens, les alleux y furent opposés^ aux fiefs. Il étoit
même permis ^ alors aux juifs d'y posséder des alleux; aussi ces peuples n'y
furent jamais tant en crédit, ni si nombreux qu'au treizième siècle, à cause
de la protection que les comtes de Toulouse 8c de Foix, les vicomtes de
Béziers & de Carcassonne, & plusieurs des principaux seigneurs leur accor-
dèrent, jusqu'à les admettre dans les charges publiques, & leur confier l'admi-
nistration de leurs finances & de leurs domaines, malgré la défense qui en
avoit été faite dans divers conciles '^. Ils avoient des synagogues dans les prin-
cipales villes de la Province, Si ils eurent aussi dans ce siècle 81 dans le pré-
cédent plusieurs savans rabbins qui s'y rendirent célèbres par leurs écrits^.
Tels furent Abraham ben Isaac de Montpellier, Abraham ben Isaac de Nar-
bonne, Zerachia ben Isaac Haietsari, lévite deLunel, Meir Haccohen, prêtre
de Narbonne, qui professa la loi à Tolède, en Espagne, Salomon aben
Tybbon de Montpellier, Salomon Rasci de Lunel, Samuel ben Salomon,
surnommé Nin de Carcassonne, 8< Elle de Carcassonne. Enfin il y en a qui
prétendent^ que le fameux rabbin David Kimchi étoit de Narbonne.
XCIX. — Commerce. — Monnaies royales 6" seigneuriales de la Province.
Le commerce qui florissoit dans la Province y attiroit d'ailleurs beaiicoup
de juifs étrangers, outre les Génois, Lombards, Florentins, Pisans 8c autres
peuples d'Italie, qui avoient des établissemens fixes dans les principales villes.
' Laurière, Ordonnances, t. I, p. 62 & suiv.
' Voyez tome VIII, Charles, n. CXXXV, c. 744
8c siiiv.
^ Baluze, Concilia Gaîliae NarhonensïSj Appen-
dix, p. I I 5.
* L'état social des juifs dans le Languedoc,
avant & après la guerre des albigeois, a été tout
récemment l'objet d'un travail très-approfondi de
la part de M. G. Saige. (Blhliotheque de l'Ecole des
Chartes, t. Sp, pp. 255 à 322.) Dans cette étude,
faite presque uniquement sur des documents iné-
dits, l'auteur montre de quels privilèges les israé-
lites jouirent dans cette province pendant tout le
douzième siècle. Protégés par les seigneurs & sur-
tout par ceux de Carcassonne, par les préKits
même, ils furent admis aux fonctions administra-
tives & servirent, malgré les canons des conciles
toujours renouvelés, d'agents financiers aux prin-
ces du midi. Après la guerre des albigeois, leur
condition resta la même dans les seigneuries;
mais elle changea complètement dans les domaines
royaux. Louis IX & Alfonse de Poitiers les soumi-
rent par mesure financière, & aussi par zèle reli-
gieux, à des exactions, à des rigueurs qui, plus
tard, sous Philippe le Bel, ne firent que se multi-
plier & s'aggraver. Au contraire, dans les seigneu-
ries relevant de la couronne & du comte de Tou-
louse, ils conservèrent longtemps leurs privilèges,
& ce fut l'objet d'une longue lutte entre les offi-
ciers royaux & les vassaux du roi; ceux-ci essayant
de conserver leurs juifs, source de revenus impor-
tants, & les sénéchaux cherchant par tous les
moyens à les soumettre à la juridiction royale.
Cette lutte aboutit, en i3o6, à la grande expul-
sion, qui priva le Languedoc de tant de négociants
habiles, de marchands actifs; ce fut une mesure
désastreuse, & qui porta un coup fatal au com-
merce & à l'industrie de la Province. [A. M.]
^ SartolocciiiSj Bihliotkeca Rahhinica, t. 1 , 2 8c 4.
^ IhiJ. t. 1, p. 20. — Toutes ces questions
d'histoire littéraire ont été étudiées de nouveau 8c
approfondies par M. E. Renan. [Histoire littéraire
de la France, t. 27, p. 5io 8c suiv.) Nous ren-
voyons à ce travail, où le lecteur trouvera tous les
renseignements désirables sur ces écrivains 8c sur
leurs oeuvres. Nous signalerons seulement un ou-
vrage de controverse, écrit probablement à Nar-
bonne, intitulé Guerre de précepte. 8c dont l'auteur
se plaint vivement de toutes les lois oppressives
dont les juifs étaient l'objet (pp. jâp, 56c); ces
plaintes avaient été présentées par l'auteur nu
gouverneur chrétien de Narbonne. ^A. M.J
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXVI. 045
-' ' An 1171
comme à Montpellier, Narbonne, Nimes, Sic. On a vu par la guerre que les
habitans de Montpellier soutinrent contre les Marseillois que les premiers
étendoient leur commerce dans toutes les échelles du Levant. C'est ce qui
paroît d'ailleurs : 1° Par les traités ' qu'ils conclurent, en lîiS, avec ceux de
Marseille, Nice, Gênes, Pise 8c les autres villes situées sur la côte de la
Méditerranée, avec les rois de Jérusalem Se de Chypre, le prince d'An-
tioche, Sec, d'où ils prirent occasion d'établir chez eux un consulat de mer,
qui y subsiste encore aujourd'hui^. 2° Par le traité^ « que Charles, par la
« grâce de Dieu prince d'Antioche 8c seigneur de Constantinople, iils de
« Bohémond , prince d'Antioche & comte de Constantinople, de bonne
« mémoire, « 8c Bohémond, prince d'Antioche 81 comte de Tripoli, renou-
velèrent avec les mêmes habitans de Montpellier, au mois de février de
l'an 1243, la dixième année de leur principe 6- de leur comté, suivant lequel
ces peuples dévoient avoir entre autres, dans ces trois villes, un consul &
une rue affectée aux marchands, leurs concitoyens"*.
Celle de Narbonne n'étoit pas alors moins célèbre par son commerce,
comme on voit par les différens traités que ses habitans conclurent^, en 1224,
122.5 8c 1244, avec ceux de Marseille, Hyères, Nice, Vintimille, Gênes 8c
Pise, les seigneurs de Toulon, Sec, 8c par les traités qu'ils renouvelèrent,
en 1246 8c 1255, avec ceux de Savone 8c de Vintimille. Raimond de Mont-
cade, seigneur de Fraga, confirma en leur faveur, l'an 1271, surtout par
rapport au commerce, les privilèges que Raimond-Bérenger, comte de Barce-
lone, leur avoit accordés^, en 1148, dans la ville 8c le territoire de Tortose, t.'ui'°n'^5'!ji
après ciu'il eut pris cette ville sur les Sarrasins. Enfin nous trouvons^que
deux citoyens de Narbonne, en qualité d'ambassadeurs de la cité Se du bourg,
étant à Pise, le 6 de juin de l'an 1279, suivant le cours 6- la coutume des
Pisans, y confirmèrent l'élection d'un consul que les commerçans de Nar-
bonne y avoient faite.
Le sénéchal de Carcassonne fit des* informations contre les mêmes habi-
bitans de Narbonne, vers le commencement de l'an 1267, il prétendoit qu'ils
avoient pris Se reçu des monnoies défendues par la dernière ordonnance du
'Gat\t\, Séries praesulum Mcigalonensium,'f.Z'ij^. lier, 1 86 i , deux vol. in-8°. On peut aussi y ajoii-
' La nomination des consuls de mer fut régie- ter les Mémoires sur le port i'Aigues-mortes, de
mentée à Montpellier en lîiS. Elle fut confiée J. Pngézy, parus tout récemment. Louis IX chercha
aux consuls qui durent chaque année choisir vingt surtout à centraliser le commerce maritime à son
bourgeois de la ville dont quatre désignés par le profit, en dotant Aigues-mortes d'un monopole
sort eurent le titre de consuls de mer. Leur office que ses successeurs ne firent que renforcer, au
était annuel, 8c ils ne pouvaient être réélus avant grand détriment des autres villes du L.inguedoc.
trois ans. ("Germain, Histoire du commerce de Mont- Cf. à ce sujet, Germain, ut supra, t. i, p. 45 &
pellier, t. I , p. îSq.) [A. M.] suiv. [A. M.J
* Manuscrits d'Auiays, cartul:iire de Monipel- ' Hôtel de ville de N.irbonue.
lier. Gariel, Séries praesulum Magalonensium " Voyez tome III, 1. XVII, ch. Lxxii, p. ySij,
p. 359. ' ' Tome VIII, Chartes, n. CCCXLIX, ce. 1745
* Sur le commerce dans le midi, à cette époque, à 1747.
on peut consulter l'ouvrage de C. Port, Du corn- * Archives de la vicomte de Narbonne, regii-
merce Je Narbonne, & surtout l'Histoire du com- tre I. F,
merce de Montpellier, d* M. Germain. Montpel-
VJ. 60
An t
lyi
946 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXVI.
roi, qui devoit avoir son exécution à compter depuis le mois d'août de l'annic
précédente. Ce prince n'ôta pas cependant le cours des monnoies des sei-
gneurs; mais il le restreignit dans l'étendue de leur domaine, & voulut que
les tournois & les parisis, qui étoit la monnoie rovale, fussent seuls en usage
dans tout le royaume, à l'exclusion de toutes les monnoies des seigneurs
qu'on employoit auparavant indifféremment partout.
On devoit fabriquer des tournois &. des parisis ailleurs qu'à Paris &. à
Tours, puisqu'il y avoit des monnoies royales dans d'autres villes. On voit,
en effet, dans une sentence' arbitrale, du mois de mars de l'an 1264, sui-
vant laquelle Gérard de Manjanes, garde de la monnoie du Pont-de-Sorgues
pour Alfonse, comte de Poitiers 81 de Toulouse & marquis de Provence, fut
condamné à payer une amende k Jean d'Arcis, sénécbal de Venaissin pour
ce prince; qu'on fabriquoit de la monnoie à Nimes, Carcassonne, Toulouse,
Saint-Rémy, Apt, Nice, Tarascon, au Pont-de-Sorgues ik à Mornas; or les
fabriques de Carcassonne Se de Nimes étoient alors des fabriques^ royales,
& elles avoient succédé à celles des anciens comtes & vicomtes de ces deux
villes.
Quant aux seigneurs, les comtes de Toulouse se maintinrent ^ jusqu'à la
réunion de cette ville au domaine royal dans l'usage d'y faire fabriquer la
principale monnoie de leurs Etats, 8t il paroît qu'Alfonse, frère de saint
Louis, n'eut point d'autre fabrique pendant longtemps pour toute la partie
de ses domaines située en deçà du Rbône. Il renouvela"* sur la fin de sa vie
celle d'Albi, qui étoit en usage^ dès la fin du douzième siècle. Il avoit, outre
cela, une monnoie au Pont-de-Sorgues & une autre à Mornas pour le pa}s
Venaissin, comme on vient de le voir'^.
'Trésor cîes chartes; Toulouse, sac 4, n, 25.
[J. 3o7.]
' Voyez tome VIII, Charles, n. CCXCV, ce. 1298
& 1299.
' Catel, Histoire des comtes de TolosCj p. 229,
* Trésor des chartes j Toulouse, sac 10, n. 4.
' Gallia Christiana, nov, cdit. t, 1, Appendix,
* Bouta rie a donné sur l'histoire monéta ire d' Al-
fonse de Poitiers, un certain nombre de détails
dont nous lui emprunterons quelques-ur.s. Ainci
que nous l'avons dit plus haut, ce prince fit
frapper une monnaie semblable au t'ournois, pour
l'aloi & la taille tout au moins, dans plusieurs
TiUcs de ses Etats. Boutaric connaît quatre gr.inds
ateliers monétaires dans l'apanage d'Alfonse :
Montreuil-Bonnin , en Poitou, Riom, en Auver-
gne, Pont-de-Sorgues, en Venaissin, & Toulouse
(p. 210). Le plus actif de ces quatre ateliers était
celui de Montreuil-Bonnin, dans lequel la fabri-
cation ne fut jamais interrompue & resta toujours
importante. Toulouse émettait des tournois & des
doubles tournois ou toulousains. L'atelier de
Pont-de-Sorgues n'émit aucune monnaie de 1260
à 1267J celui de Riom cessa de fonctionner en
izio. La monnaie royale avait cours forcé dans
les Etats d'Alfonse. Aux ateliers monétaires du
midi que vient d'indiquer dom Vaissete il faut
ajouter celui de Saint- Antonin , qui fut ouvert
par Louis IX vers 1262. (Cf. tome VIII, ce. lô?.'!,
1504.) — Dans les possessions méridionales d'Al-
fonse, plusieurs barons avaient droit de frapper
monnaie; mais la plupart de ces espèces ne pou-
vaient circuler hors de la seigneurie où elles
étaient émises. La monnaie arnaudine, frappée
par révêque d'Agen, jouissait pourtant de ce pri-
vilège, &, en 1263, Alfonse dut reconnaître les
droits de ce prélat. (Boutaric, pp. 212, 2i3). La
monnaie de Cahors émise par l'évêque avait cours
dans le Quercy, dans une partie du Rouergue &
même à Millau. (liid, p. 214.) Nous avons parlé
ailleurs (voyez pp. 916, 917) de la monnaie d'Albi
ou raimondine, qui fut peu active pendant tout le
règne d'Alfonse. En Rouergue, le comte de Rodez
émettait une monnaie qui ne sortait pas du comté.
— Dans le Venaissin avait cours la monnaie rael-
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXVI. 047 "";
J~ I An 1 17 I
En 1202 8t 1204, un sol toulousain valoit ' deux sols melgoriens, 8c
vingt-six sols toulousains pesoient 8<. valoient un marc d'argent £n. Les sols
toulousains étoient sans doute les mêmes que ceux qui sont appelés raimon-
dins dans diverses chartes de ce siècle. On peut voir dans nos Preuves^
& dans Catel quels étoient les poids Si l'aloi de la monnoie de Toulouse
en 1240, i25i, 1253 Es. i256. Les autres monnoies seigneuriales de la Pro-
vince, durant le treizième siècle, furent : 1° Celle de Melgueil, qui étoit la
plus célèbre & dont les évêques de Maguelonne tirèrent le profit, après que
les papes leur eurent inféodé le comté de ce nom, qu'ils avoient confisqué sur
le comte de Toulouse. 2° Celle de Narbonne, que le vicomte de cette ville
prétendoit être en droit de faire frapper à l'exclusion de l'archevêque.
3° Celle des évêques de Viviers, du Puy & de Mende. 4° Enfin on trouve
des anciennes monnoies fabritjuées au coin des vicomtes de Polignac. Nous
ne parlons pas des monnoies des comtes de Pv^odcz, vassaux des comtes de
Toulouse, ni de celles des évêques de Cahors 8t d'Agen, qui avoient cours
dans la Province. On tiroit une partie de l'argent qui s'employoit dans ces
monnoies des mines de Villemagne ^^ au diocèse de Béziers, d'Orzals, en
Rouergue, 8<. de Largentière, en Vivarais. Bérenger, évêque de Maguelonne,
fit frapper dans son diocèse une monnoie étrangère, qu'on appeloit des mila-
rets {miliarensis moneta) ; elle avoit cours parmi les Sarrasins, & étoit ati
coin de Mahomet. Comme ce prélat ne se conduisoit en cela que par l'esprit
d'une cupidité sordide, à cause du grand profit qu'il y avoit à taire sur ces
espèces, le pape Clément IV l'en reprit'* sévèrement & lui défendit de con-
tinuer.
C. — Études, universités, poésie provençale.
Les études furent beaucoup plus florissantes dans la Province durant le
treizième siècle, par l'établissement des universités de Toulouse 8c de Mont-
pellier, qu'elles ne l'avoient été pendant les trois précédens. La médecine,
qu'on avoit commencé d'enseigner longtemps auparavant dans la première
de ces deux villes, fut toujours cultivée ^ depuis, 8c cette faculté v prit^ une '-^ ,• °' 'i'','-,
. ' . ^ t. ili, p. 33J.
nouvelle forme, en 1220, par les soins du cardinal Conrad, légat dans la
Province; on enseigna de plus dans ces deux universités, dès le treizième
gorienne & inême une certaine monnaie à carac- ' Trésor des chartes ; Toulouse, sac i3, n. Sz.—
tères arabes dont Louis IX ordonna à Alfoiise Voyez tome VIII, Chartes, n. CLVI, c. 797.
d'interdire la circulation. (Boutaric, p. 217.) Cette ' Voyez tome VIII, Chartes, n. CCXCV, c. 1297
monnaie était probablement émise par les évêques & suiv. — Catel, Histoire des comtes de Tolose,
de Maguelonne, comme comtes de Melgueil, & p. 389 & suiv.
Clément IV fit à ce sujît de graves reproches à ' Gallia Christiana, nov. éd. t. 6, Iiistr. c. 144
l'évêque dans une bulle datée du 26 septembre & suiv.
1263. Cf. à ce sujet Germain, Mémoire sur les an- . ^ Clément IV, Epist. 877. — Gaixtl, Séries prae-
ciennes monnaies seigneuriales de Melgueil. (^Société sulum Magalonensium , p. 388. [Voir plus haut.]
archéolo^iijue Je Montpellier, n. 19, pp. i(5o à ^Matthieu Paris, p. 891.
162.) (A. M.] '' Caùel, Séries praesulum M,Tgalonensium,\i, ^26.
■" 048 HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXVI.
An 1171 y'
siècle, la théologie scolastique, le droit canonique Se civil, les arts libéraux
& la grammaire. On ne négligea pas aussi de s'appliquer à l'histoire, 8c la
Province produisit dans ce siècle deux célèbres historiens, savoir : Rigord,
religieux de Saint-Denis, auteur de la Vie du roi Philippe-Auguste, lequel
se qualifie ' goth de naissance Se physicien ou médecin de profession, £< Guil-
laume de Puylaurens, chapelain ou aumônier de Raimond VII, comte de
Toulouse.
La poésie provençale fut toujours en honneur dans le pays, nonobstant les
troubles que la guerre des albigeois y causa. Nous avons déjà fait mention
de divers poètes qui s'y rendirent célèbres durant ce siècle; on peut y ajouter
de plus : 1° Pierre d'Auvergne, dit le moine de Montaudon, natif de Vie,
en Auvergne, & religieux de l'abbaye d'Aurillac, qui, selon sa vie rapportée
dans un ancien manuscrit^ de la Bibliothèque du roi, « fut seigneur de la
« cour du Puy-Sainte-Marie, & tint pendant longtemps cette seigneurie.
« 2° Pierre Cardinal, natif de Veillac, au diocèse du Puy, fils d'un chevalier
« du pays, Se chanoine de la cathédrale de cette ville, qui, après avoir appris,
« dit-on^, les belles lettres, à lire &• à chanter, se mit dans la dévotion & fit
« plusieurs sirventes pour reprendre la Jolie de ce monde 6" les faux clercs.
« Il alla cependant par les cours des rois 6- des gentils-barons, menant avec
« lui son jongleur, fut tort honoré de Jacques, roi d'Aragon, & mourut âgé
« de cent ans. » Michel de la Tour, de qui nous tenons ces circonstances,
marque dans le même manuscrit, qu'il transcrivit à Nimes, les poésies de
Pierre Cardinal; elles consistent en cinquante sirventes 8c quatre sermons ou
noëls provençaux. Nostradamus"* le fait natif d'un château, près de Beau-
caire, nommé Argence : il n'y a jamais eu de château de ce nom auprès de
Beaucaire, 8c c'est le pays même des environs qui s'appeloit le pays d'Argence.
11 rapporte quelques autres particularités de la vie de Pierre Cardinal, qui
n'ont pas plus de certitude. Se le fait mourir en i3o6^.
CI. — Habits, noces, funérailles.
Il nous reste plusieurs monumens qui font mention de la manière dont les
peuples du pays étoient habillés au treizième siècle. Le maréchal d'Arles i^,
qui écrivoit au commencement de ce siècle, témoigne que de son temps les
peuples de la Narbonnoise, hommes Se femmes, au lieu des toges fort amples
qu'ils portoient anciennement. Se qui avoient fait donner à la Province le
nom de Togata, se servoient de vêtemens extrêmement serrés Se à pli de
corps, comme les Espagnols & les Gascons. Suivant Pvigord, natifs du pays,
• Ducliesne, HistorUe Francorum scr'iptores, t. 5, publié, p. 294, la vie du moine àe Montaudon,
p. I • &, p. 3o6, celle de Pierre Cardinal. On trouvera
' Manuscrits français, n. 722;). [Fr. 804.] au même endroit douze des plus célèbres pièces de
' Manuscrits français, n. 722$. ce dernier poëte. [A. M.]
^ Nostradnraus, Poètes provençaux, p. 177 81 suiv. "^ Gervnis de Tilbury, Otia imperialia, p. 514.
' Rochegude, dans son Parnasse Occitanien, a ' Rigord, p. 12.
HISTOIRE GÉNÉRALE DE LANGUEDOC. LIV. XXVI. 040 "
-' ' ' An 1271
qui éciivoit vers le inêine temps, les hommes se couvroient la tête avec des
capuchons. On peut voir dans Geoffroi, moine de Vigeois', en Limousin,
quelle étoit, à la fin du douzième siècle, la somptuosité des habits des sei-
gneurs Se des dames, Se le luxe qui régnoit alors en France. Il parle aussi de
la manière dont s'habilloient de son temps les religieux de l'ordre de Saint-
Benoît. Il remarque qu'autrefois on portoit la barbe, mais qu'alors on la
rasoit j que les tourrures étoient fort en usage, Sec. Le concile tenu à Mont-
pellier^, en 1195, défend aux hommes de porter des habits fendus par en
bas, 8<. aux femmes des robes traînantes.
Les habitans de Toulouse firent un règlement^, en 1204, pour défendre
aux jongleurs 8c aux jongleuses d'entrer dans les maisons, excepté durant les
noces, sans la permission du maître ou de la maîtresse; S<. à toute sorte de
personnes, excepté au père, à la mère, aux fils, aux filles, aux frères S< aux
sœurs, au mari & à la femme du mort, de le faire conduire S<: soutenir par
d'autres aux funérailles, 8t k tous en général de s'égratigner le visage avec
les ongles, de s'arracher les cheveux, de se déchirer les habits S<. de se ren-
verser par terre dans une semblable occasion. C'étoit un usage'* ancien à
Montpellier, au milieu du treizième siècle, de porter les morts au tombeau
dans leurs lits de parade, & ces lits appartenoient au curé.
en. — Notaires publics, — Chronologie,
Les notaires publics, que quelques princes 8< grands seigneurs avoient
commencé d'établir dans leurs domaines au douzième siècle, devinrent com-
muns dans le suivant, Se presque tous les hauts justiciers, soit ecclésiastiques,
soit laïques, se crurent en droit d'en instituer. Ainsi la plupart des actes du ,.'ni°p."5"j.
treizième siècle furent passés par le ministère de ces notaires, qui ne les
signoient pas ordinairement. Les parties se contentoient, pour l'authenticité,
d'y apposer leurs sceaux St d'en faire mention à la fin de l'acte, après avoir
nommé les témoins qui avoient été présens. Il ne paroît pas non plus que
les notaires aient gardé les minutes de leurs expéditions avant le milieu du
treizième siècle; ils les délivroient aux parties en original, Se en faisoient
deux ou plusieurs exemplaires, suivant le nombre des parties, &, pour éviter
toute fraude, ils écrivoient les deux exeinplaires, un de cliac|ue côté du par-
chemin, & mettoient dans le blanc qui étoit au milieu les lettres de l'al-
phabet en grandes capitales. Ils coupoient ensuite ce parchemin par le
milieu de ces lettres capitales. On appeloit ces sortes de charte?, dont l'usage
étoit déjà établi dans les siècles précédens, des chartes divisées par l'alphabet.
Quant à la chronologie, quoique l'usage de ne commencer l'année qu'à
Pâques ou à l'Incarnation, fût presque général dans tout le royaume au trei-
zième siècle, il y eut cependant certains cantons de la Province, comme les
' Geoffroy de Vigeois, d.nns Labbe, Nova Bihlio- ' Catel, Histoire Jcs comtes Je Tolose, p. 2i3 &
thcca manuicr'tptorum, t. 2, p. 328. suiv.
' Bal-.ize, Concilia Galliac Narèoncniis, p. 36. * Clément IV, Epist. 668.
An 1271
g3o .HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC. LIV. XXVI.
diocèses de Narboiine, de Béziers S<. de Caicassonne, & le pays de Foix, où
on datoit plus communément de la Nativité de Notre-Seigneur. On trouve
même souvent dans le même pays des chartes datées les unes de la Nativité
Se les autres de l'Incarnation, comme nous avons eu soi:; de le faire observer
en plusieurs occasions.
^t^?:^^t^tp:^^:^f^:^t:^i:^t^i;^:i:^t^'^:^^i:^^i:^t^i^^
r r
TABLE GENERALE
DES NOMS ET DES MATIERES
AAr.cAYE (le Conques, pp. 177, 66y.
— de Combelongue, pp. .3.53, 65o,
— de la Couronne, p. io3.
AnctïE d'Alet, pp. 1,58, 56o, 55 r, 670, 699, 722. — de Cuxa, p. .5o3.
— d'Aniane, pp. 18, 62, 1 18, 2o5, 106, 414, 784. — de Dnlon, p. io3.
d'Ardorel, pp. 3, 601 . — de Doiihe, alis! de Doé , en Vêlai, pp. 10,
— d'Aiirillac, pp. i3, 93, 100, 110, 692, 948 ^27-
mise k contribution par les routiers, p. 1 10. — d'Eaunes, pp. 26, 27, 604, 8o3.
— de Belleperche, pp. 226, 552, 084, 688, 8o3, — des Feuillans, pp. 26, 27, i25, 541, 604, 8o3.
821. — de Figeac, pp. 67, 100, 134, 449, 619, 807.
— de Bonnecombe, pp. 26, 162, 552, 8o3. — de la Font, Jans U ville de Nimcs, p. 87, 275.
— de Bonnefont, pp. 12, 26, 735. _ de Fontevrault, pp. 48, i3T, 8o3, 8o5, 918.
— de Bonneval, pp. 45, 63, 177, 395, 817. — de Fontfroide, pp. 3, 34, 5o, 5i , 57, 58, 71,
— de Boulbonne, pp. 64, 67, 126, 184, i85, 192, 76, ii5, 119, 140, i52, 2:9, 225, 229, 414,
2-.8, 422, 5o2, 5o3, 564, 604, 731, 778, 852, 43.'. 478, 493, 5.14, 564, 572, 074, 596, 700,
853, 887. 714, 71;''. 856, b57
— de Brioude, pp. 9, 178. — des Fonts, p. 837.
— de Calers, pp. 12, 552. — de Franquevaux, pp. 26, 40, 46, 63, 71, 76,
— deCandeil, pp. 3, 26, 117, 141, 195, 210, '<"', 1 14, 2c5, 252 , 552, 65 1.
552, 821. — de Frédelas, pp.65r, 616. Foytç Saint-Amonin
— de la Capelle, pp. 10, 11, 552 . de Pamiers.
— de Castres, p. 3. — de Gaillac, p. 3.
— de Cannes, pp. 116, i54, 195, 584, 587,667, — de la Garde-Dieu, pp. 100, 162, 552.
870, 871. — de Gigean, p. 661.
— de Cendras, pp. 3, 87. — de Cimont, p. 73^.
— de la Chaise-Dieu, pp. 8, 672. — de Goyon (corr. Goujon), pp. 604, 8o3.
— de Cîteaux, pp. 26, 77, 78, 98, lo5, 146, 25o, — de Grandmont, pp. io3, 104.
251.537,596,599,633,662,803,823. _j^ Grandselve, pp. 82, 100, 124, 143, 197,
— de Clairac, pp. 391, 408, 423. 201, 208, 233, 55i, 584, 633, 8o3, 821, 822.
— de Clairvaux, pp. 204, 599, 633. _ de la Graise, pp. 57, 326, 339, 465, 521, 541,
— de Cluny, pp. ii3, 196, 202, 261. 6o8, 609, 65o, 857, 899.
902
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
Abcaye de Léoncel, p. iS^.
— de Lézat, p. 782.
— du Loc-Dieii, p. 177.
— de Lodève, p. 247.
— du Mas-Garnier, pp. 878, 879,
— de Maubuisson, p. 928.
— de Maurs, p. 67.
— de Mazan, pp. 565, 569.
— de Mercoire; sa fondation, p. 56.5.
— de Moissac, pp. 179, igS, 584, 6o3.
— de Montolieu, p. 64.
— de Montaragon, pp. 233, 239, 205.
— du Mont-Sainte-Marie, p. 3 10.
— de Notre-Dame d'Alet, p. 67.
— de Notre-Dame de Gojon. Voyc^ Goyon.
— de Notre-Dame de l'Oraison-Dieu, p. 604.
— de Nonnenqiie, p. 1 19.
— de l'Oraison-Dieu, p. 8o3.
— de Pamiers, p. 564.
— de Poblet, pp. 175, 239.
— de Pontigny, pp. i3, 78, 526.
— de Psalmodi, pp. 64, 68, 457, 781.
— de RiupoU (au;. Ripoll), p. 56i.
— de Salvanez (corr. Silvanès), p. 82.
— de Souillnc, p. 134.
— de Saint-André d'Avignon, pp. 93, i33, 258.
— de Saint- Antoine, en Viennois, p. 464.
— de Saint-Antonin de Pamiers, p. i 27.
— de Saint-Aphrodise, p. 193.
— de Saint-Bertin, p. 101.
— de Sainte-Eugénie, près de Narbonne, p. 140,
— de Saint-Euverte d'Orléans, p. 10.
— de Saint-Germain des Prés, p. 463.
— de Saint-Geniès, p. 202.
— de Saint-Gilles, pp. 171, 601, 885.
— de Saint-Guillem du Désert, pp. 3, 41.
— de Saint-Hilaire, pp. i53, 154.
— de Saint-Paul de Narbonne, pp. i52, 414.
— de Saint-Pierre (corr. Saint-Pé) de Générez,
p. 498.
— de Saint-Pons de Thomières, pp. 3, 870.
— de Saint-Sever, p. 56.
— de Saint-Thibéry, pp. 41, 68, 453.
— de Saint-Victor de Marseille, pp. 97, 178.
— de Saint-Victor de Paris, p. 10.
— de Saint-Vincent de Laon, p. 463.
— de Saint-Volusien de Poix, p. 127.
— de Tenaille, p. i85.
— de Vajal, al. Vaïal, p. |85.
— de Valmagne, pp. 48, 64, 71, loi, 10:, 124,
i55, 202, 797.
— de Valnègre, p. |85.
— de Vigeois, p. 54.
— de Villelongue, p. 154, 870,
Aniifts d'Alet, p. 4,ii .
— d'Aniane, p. 441.
-^ d'Ardorel, p. 601 .
AniiÉS d'Aurillac, p. 178.
— de Beaulieu, p. 473.
— de Boulbonne, p. 65o.
— de Caunes, p. 824.
— de Cîteaux, pp. 266, 271, 272, 3(1, 332; tient
le concile d'Avignon, p. 3o3.
— de Clairac, pp. 498, 391, 408.
— de Clairvaux, p. 95.
-— de Cluny; ses privilèges au Puy, p. 261.
— de Condom, p. 268.
— de la Cour-Dieu, p. 357.
— d'Enunes, p. 3 18.
— de Feuillans, p. 6i3.
— de Foix, p. 65o.
— de Fontcaude, p. 325.
— de Fontfroide, p. 600,
— de la Grasse, pp. 38o, 6co.
— de Moissac, pp. 390, 404, 407.
— de Montauban, pp. 404, 407.
— de Montmajour, p. 281.
— de Montolieu, p. 537.
— de Perseigne, p. 265.
— du Pin, p. 265.
— de^Psalmodi, p, 247.
— de Saint-Aphrodise de Béziers, pp. 325, 379,
38o.
— de Sainte-Croix de Bordeaux, p. 95.
— de Saint-Denis, p. 607.
— de Saint-Frodille, p. 247.
— de Saint-Gilles, pp. 281, 38o.
— de Saint-Guillem, p. 247.
— de Saint-Paul de Narbonne, pp. 290, 379,
— de Saint-Pons, pp. 38o, 441.
— de Saint-Remi de Reims, p. 388.
— de Saint-Savin, p. 498.
— de Saint-Sernin de Toulouse, pp. 496, 58.(,
587.
— de Saint-Sever-Cap, p, 95.
— de Saint-Thibéry, pp. 325, 33o, 423, 471, 5oo,
5oi .
— de la Sauve, p. 226.
— de Soissons, p. 388.
— de Turpenay, p. 190.
— de Valmagne, pp. 247, 325, 33o.
— de Vaux-Cernay, p. 377.
— de Villemagne, p. 423.
Abirac, p. 71 •
Abjuration des hérétiques de la Province, pp. 325,
326.
ABRAH.4M BEN ISAAC, juif de Montpellier,
p. 944.
ABRAHAM BEN ISAAC, juif de Narbonne,
p. 944.
ACAPTE, ARIiltRE-ACArrE, p. 939.
Accord entre les chevaliers & les bourgeois de Ni-
mes, p. 22.
— entre le roi de France & le comte de Toulouse,
p. 7-4-
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
ob;
Arrnr.D entre le roi & l'évèqne de Béziers, tou-
chant la justice & le domaine de cette ville 8c
du diocèse, p. 658, 609.
ACCURSE, jurisconsulte; date de son enseigne-
ment à Toulouse, p. 6^3,
AcnE (Saint-Je\n d"), pp. 533, 81 5, 830,847, 837.
ADAM DE IMILLY , sénéchal de Carcassonne,
■p. 614; lieutenant du roi, pp. 655, 657, 653,
667.
ADAI.BERT DE NOVIS {corr. NOVES), p. 196.
ADÉLAlDE, première femme de Raimond-Trenca-
vel, vicomte de Béziers, p. 3o.
ADÉLAÏDE, fille de Raimond-Trencavel, femme
de Sicard, vicomte de Lautrec, p. 3o,
ADÉLAÏDE DE MINERVE, p. 85o.
ADÉLAÏDE DE ROQUEFEUIL, p. 47.
ADÉLAÏDE, sœur de Guillaume VII, seigneur de
Montpellier, p. 46.
ADÉLAÏDE, sœur de Pierre-Rairaond de Béziers,
p. ^7-
ADÉLAÏDE DE ROQUEMARTINE, femme de Bar-
rai, vicomte de Marseille, pp. i63, 182, 243.
ADÉLAÏDE, femme de Noisil, seigneur de Mer-
cœur, pp. i65, 396.
ADÉLAÏDE, femme de Pons V, vicomte de Poli-
gnac, p. 528.
ADÉLAÏDE DE BOISSESON, p. 555.
ADÉLAÏDE COGNAS, femme de Burgundion do
Montpellier, p. 100.
ADÉLAÏDE, fille de Guillaume Vil, p. 46.
ADÉLAÏDE, fille de Guillaume VIII, p. 202.
ADÉLAÏDE, fille de Raimond V & de Constance
de France, pp. 82, 116, |35, 14$, 168; épouse
Roger, vicomte de Béziers & de Carcassonne;
douaire de cette princesse, pp. 43, 142; mère de
Raimond-Roger, vicomte de Béziers, p. 193;
livre au cardinal-légat le château de Lavnur,
pp. 93, 99) sur l'époque de sa mort; trouba-
dours qui écrivent des vers en l'honneur de cette
comtesse, pp. i56, 137.
ADÉMAR, abbé de Boulbonne, p. 832.
ADÉMAR DE POITIERS, pp. 486, 514.
ADÉMAR DE SAINT-SERNIN, p. 888.
ADÉMAR, nonce ou appariteur de l'Inquisition,
p. 739.
ADHÈM.^R, abbé de Montauban, p. 329.
ADHÉMAR, vicomte de Limoges, p. io3.
ADOLPHE, comte de Mons, p. 35o.
Adoption de l'infant d'Aragon par Roger, vicomte
de Béziers, p. 114.
ADRIEN IV, pape, p. i3.
Adcltéi.E; peines dont il est puni, p. ç38.
Affaire d'Aldigeois, expression employée pour
parler de la croisade, pp. 58i, 692.
Affranchissement des serfs, pp. 942, 943.
AcADOis (pay> d'), p. 859.
AcDE, pp. 3, 48, 56, 65, 71, 99, i37, i38, 146)
i54, 159, 525, 534, 554, 566, 372, 573, 574,
672, 784, 800, 859, 927; traité de commerce de
1 185, entre le seigneur de Montpellier, l'évèque
& le vicomte d'Agde ; principales clauses,
pp. 1 16, 117; la ville & la vicomte d'Agde sont
données par Berna rd-Aton à l'église cathédrale,
p. 12D; est reprise par Raimond VII, p. 58 1 :
rendue à l'évèque, p. 583 ; accord entre le cha-
pitre & l'évèque au sujet des hautes justices &
de la suzeraineté de la ville, pp. 698, 699; le
roi d'Aragon la cède avec le pays à saint Louis
pp. 839, 880.
Agdi; (diocèse d'), pp. 102, i36, 195, 797, 807, 872.
— (évéques d'), pp. 99, 120, 236, 247, 277, 325,
379, 423, 465, 466, 5io, 534, 538, 56i, 372,
584, 603, 6S0, 681, 728, 737, 738, 764, 795,
800, 804, 912; leur ancien domaine, p. 55;
leurs différends avec le roi touchant le domaine
de la ville & du pnys, p. 657.
— (église d'); ses privilèges, pp. 56, 57; nombre
de ses chanoines, p. 57.
— (églises d'), Saint- Etienne, cathédrale, p. 120;
Saint-Sever, abbaye, p. 56; Notre-Dame du
Grau, p. 1 20.
— (comté & comtes d'), pp. 120, 583; le comté
est réuni à la couronne, p. 640.
— (vicomte & vicomtes d'), pp. 3o, 120, 134, 534,
5S3, 6i5, 784; la vicomte est unie au domaine
des évéques, p. 120; accord touchant cette vi-
comte entre le comte de Toulouse, seigneur su-
zerain, & l'évèque, p. 586.
Agen, pp. 327, 446, 5o2, 310, 554, 693, 723, 724,
779, 800, 801, 804, 81 1 , 8i3, 828, 947; le duc
d'Aquitaine y séjourne en 1186, p. 117; ses
habitants prêtent serment de fidélité à Simon de
Montfort, p. 387; tentatives d'Amauri pour la
maintenir dans son obéissance, pp. 542, 5.i3 ;
rentre sous l'autorité de Raimond VII; ses pri-
vilèges, p. 543; la justice est partagée entre le
comte & l'évèque, p. 586; ses murs doivent être
détruits, p. 635; Raimond VII confirme les pri-
vilèges des habitants en 1226, p. 6o3 ; ses consuls
& ses habitants prêtent serment au roi après la
révolte de Raimond VII en 1242, p. 755; on y
brûle des hérétiques en 1249, p. 802.
— (comtes d'), pp. 5o2, 5o3. Voye^ Comtfs de
ToULOCSE.
— (diocèse d'), pp. 392, 463, 545, 641, 644.
— (évèque d'), pp. io3. 104, 139, 287, 3i7, 323,
387, 391, 396, 404, 407, 584, 779; accord entre
lui & le comte de Toulouse touchant la justice
& le domaine de cette ville, p, 586.
AoENAis, pp. 389, 447, 45i, 642, 709, 754, 800,
801, 807, 8i5, 823, S95, 900, 93o ; uni an
dom.Tine des comtes de Toulouse par le mariage
de Raimond ^'I avec Jeanne, sœur du roi d'An-
gleterre, pp. 173, 174; Simon de Montfort le
soumet, pp. 386, 387; se remet sous l'obéissance
du comte de Toulouse, p. 522; Amaiiri de
Montfort cherche à le reprendre, pp. 542, 343;
demeure à Raimond VII par le traité de 1229,
pp. 634, 641 ; la noblesse & le peuple prêtent
serment au roi, p. 755; ses habitants se sou-
mettent à Alfonsc, comte de Poitiers & de Tou-
louse, & à Jeanne, sa femme; réclamé par le
roi d'Angleterre après !r, :-.r 1; de Raimond VII,
p. 8i3; ses revenus, p. ijzS.
— (comté d'), p. 554.
— (sénéchaussée d'), est unie à celle de Querci,
p. 823.
934
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
j4gcnais, nom donné n ux hérétiques en 1178,
p. 86. Voyez Alkigeois.
AGNÈS, femme de Gtiillniime de Montpellier après
la répudiation d'Eudoxe Comnène, pp. 117,
118, 122, i36, i38, 214, 882.
AGNÈS DE MONTPELLIER, femme de Raimond-
Roger, vicomte de Béziers & de Carcassonne,
p. 207; s'accorde avec Simon de Montfort au
sujet de son douaire, p. 3i4; vicomtesse douai-
rière de Béziers, p. 618.
iGNÈS, fille de Guillaume VIII, comte d'Auver-
gne, pp. 177, 202 j femme d'Hugues II, comte
do Rodez, p. 1 78.
AGNÈS, sœur de Raimond V, pp. 124, I25.
AGNÈS, femme de Sicard, vicomte de Lautrec,
p. 438.
AGNÈS, vicomtesse de Lautrec, p. 678.
AGNÈS, fille de Pons V, seigneur de Polignac,
p. 798.
AGNÈS, fille de Roger IV, comte de Foix, p. 887.
AGNJîS, femme d'Esquieu de Minerve, p. Siio.
AGNÈS, femme d'Esquivat de Bigorre, p. 887.
AoofT, rivière, p. 35 1 .
AGOUT DE BALMES, p. 818.
AGOUT DE SAULT, p. 818.
Agl-ihb, château, pp. 720, 8i5, 855, 856, 807.
Aide ou fouace, p. 900.
AiGADOU (leude de 1'), p. 2o3.
AïOKES-MOKTts, ville & port sur la Méditerra-
née, leur fondation, pp. 781, 796,797, 798,
799, 802, 8i5, 847, 917, 9i3j privilèges accor-
dés par Louis IX à cette ville, au moment de sa
fondation, pp. 782, 783, 796; Louis IX vient s'y
embarquer, p. 797; Raimond VII l'y rejoint,
p. 798; arrivée de saint Louis, pp. 916, 916;
ses coutumes, données par saint Louis, p. 932.
AiGUÈSE, château, pp. 147,334.
AlC-.KlI.LON, p. 522.
AIMARD, trésorier du Temple, à Paris, p. 392,
AiMAKGUES (château d'), p. 83.
— (seigneurie d'), p. 206.
AIMERI PALHER, p. 846.
AIMERI PORTIER, p. 812.
AiNAC, château en Vêlai, p. 37.
AINARD ou AYMARD, évêque du Puy, p. 144.
AINARD DE MONTREDON, p. 87.
Aire, en Flandre, p. 423.
Air.E (évêque d'), p. 498.
Aix, ville métropolitaine, pp. 24, io3, 3o3, 892,
435, 523, 591, 63-, 66r, 673, 716, 733, Soo,
817; Alfonse II y séjourne en 1182, p. 102; le
roi d'Aragon donne une charte en faveur de sa
cathédrale en i r85, p. 1 i3.
^(archevêques d'), pp. 24, 171, 222, 264, 277,
3o3, 3i7, 733, 8:0, 837, S38.
— (archidiacre d'), p. 847.
— (diocèse d'), p. 24.
Alagnan, château dans le Razès, p. 44.
ALAIN; trois écrivains ont porté ce nom au com-
mencement du treizième siècle j œuvres qu'il
faut attribuer à chacun d'eux, p. 200.
ALAIN, religiei'.x de Cîteaux, p. îi8.
ALAIN DE LILLE, écrit contre les hérétiques de
la Province, p. 204.
ALAIN DE ROUGI, seigneur de Termes, pp. 374,
425, 426, 427, 466, 541.
Alaiuac, château assiégé & pris par Simon de
Montfort, p. 326,
Ai.AiRAc, lieu, p. 609,
Ai,MS, pp. 45, 325, 396, 527, 534, 535, 755, 837,
u38 ; accord relatif au domaine de cette ville,
p. 569; soumise à Louis VIII par Pierre-Ber-
mond, p. 601; Bernard Pelet fait la même sou-
mission, p. 608; une moitié de la ville est unie
au domaine royal à la suite de la confiscation
des domaines de Pierre-Bermond, p. 756) plain-
tes des consuls contre le sénéchal; destruction
de la tour d'Alais, pp. 793, 794; saint Louis y
passe, p. 838. *
— (château d'^, p. 705.
— (seigneurs d'), pp. 44, 63, 281, 333, 396, 5io,
535, 569, 608, 627, 755, 85o, 8ç5.
ALAMAN (Déodat d'), pp. i53, 566, 692.
ALAMAN (Sicard d'), pp. 727, 840, S74, 885,
900.
ALAMANDË, sœur d'Arnaud, vicomte de Fenouil-
lèdes, p. 57.
Alanan, dans le Vivarals, p. 25o.
Alaxson, château, p. 3c3.
ALBANO (cardinal d'), p. 800.
Albano (évêché d'), pp. 85, 95.
Ai.r.Ar.nN, château dans l'île de la Camargue, sur
le Rhône, pp. 24, 33, 68, 110, ii3.
ALBARON (Pierre d'), p. i37.
AlbAS, château soumis par Simon de Montfort,
p. 343.
Albe, capitale du Vivarais, p. 6.
ALiiEt)Vi\, château du diocèse de Narbonne soumis
aux croisés, p. 377.
Ar.DENGA, ravagée par les Pisans, p. i5.
Ai.nEi'.ciE, pp. 42, I i5, 323, 454, 478, 534, 54t.
ALBÉRIC, légat d'Eugène III, p. 2.
ALBÉRIC TAILLEFER, fils puîné de Raimond V,
pp. 27, 76; sa mort, pp. io5, 106; mort sans
postérité, p. 167.
AI.KÉRIC DES TROIS-FONTAINES, p. 569.
ALBERT DE TARASCON, p. 776.
ALBERTATS CAILLA, jongleur d'Albigeois,
p. 166.
ALBERTÈS, poète provençal, p. 166.
ALBÈSE, chevalier, p. 729. Foye^ ci-dessous.
ALBETA ou ALBÈSE, DE TARASCON, p. 729.
Albi, pp. 3, 4, i3, 42, III, 114, 1 54, 3 1 3, 319,
367, 334, 523, 535, 618, 624, 626, 646, 6;3,
697, 751, 772, 784, 8 o5, 843, 854, 859, 9c5, Ç24,
927 ; un plaid y est tenu en 1 1 67 par Raimond-
Trencaveî, p. 27; les chevaliers du Château-
Vieux font serment d'aider le vicomte de Béziers
contre le comte de Toulouse, p. 99; incursions
des gens de guerre, p. 140; règlement des con-
testations entre l'évêque & le vicomte, pp. 149,
i5oj lepontdoi; être entretenu par le vicomte,
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
p. i5d; se soumet à Simon de JMontfort,
p. 3i I j sa possession est confirmée par le pape
à Simon de Montfort, p. 332; une charte de
1220, donnée par l'évéque Giiillem-Pierre, ac-
corde des privilèges aux habitants d'Albi ,
p. 039; revient à Raimond, comte de Toulouse,
qui confirme ses privilèges, p. ôyô; ses habi-
tants envoient vers Louis VIII pour faire leur
soumission, p. 608; différend entre l'évéque &
les habitants, p. 655 j les inquisiteurs y font
exhumer les corps de quelques personnes qui
étaient mortes hérétiques, p. 687; soulèvement
provoqué par ces mesures, p. 688; des hérétiques
y sont brûlés vifs, p. 701 ; se soumet à Rai-
mond VII, p. 744; ses habitants sont déliés par
ce dernier comte de leur serment de fidélité,
p. 761 ; un concile y est tenu en 1 254, p. 839 ;
différends qui éclatent entre les officiers du roi
& révêque, pp. 864, 865; prise de possession
par le roi, pp. 865, 866.
Alci (Castrlviel, Château vieux d'), pp. 3i, 71,
99, 523, 697.
— (consuls d'^, p. 927.
— (diocèse d') , pp. 332, 392, 640, 641, 766, 924.
— Sainte-Cécile, église cathédrale, pp. 687, 926.
— Sai\t-Salvi, église, p. 27; réforme des chanoi-
nes réguliers qui desservaient cette église, p. 626.
— Saiste-Mautiane, église, pp. 27, 626.
— (évèques d'), pp. 81, 3i7, 362, 38(), 391, 404,
45-, 626, 687, 710, 7.57, 758, 768, 788, 795,
8o3, 840, 864, 866, 912.
— (hôpital du Vigan, à), p. 140.
— (seigneurs d'j, p. 864.
— (vicomte & vicomtes d'), pp. 29, 1 14, 140, i53,
134, 194, 362, 575, 587, ôiS; est unie à la
couronne, pp. 784, 790.
Albigkois (pays d'), pp. 6, 27, 3i, 44, 6-, 82, 86,
154, 378, 447, 533, 553, 574, 727, 754, 778,
80-, 811, 829, 834, 855, 859, 866, 895, 918,
925, çjo, 936 ; origine Si progrès de l'hérésie,
pp. I, 25 l'évéque de Bath & l'abbé de Clair-
vaux y sont envoyés pour combattre les héré-
tiques, p. 81 ; la paix y est rétablie par l'accord
du vicomte de Béziers & du comie de Toulouse,
p. 140 ; une grande partie du pays se soumet à
Simon de Monifort, p. 3i 1 ; plusieurs chevaliers
du pays reviennent au comte Raimond VI ,
p. 3i5; Castres, Lombers se soumettent de nou-
veau à Simon de Montfort, p. 3^3; la partie
en deçà du Tarn, du côté de Gaillac, est laissée
à Raimond VII par le traité de 1229, p. 634;
le reste du comté est réuni à la couronne,
p. 640 j ses principaux habitants prêtent' ser-
ment au roi de France après la paix de Lorris,
pp. 753, 754; après la mort de Raimond ^■II,
les barons, chevaliers, consuls & prud'homir.es
du pays prêtent serment de fidélité à Alfcnse,
comte de Touloiise, 8t à Jeanne, sa femme,
p. 81 I ; le roi d'Aragon cède au roi de France
les 'Irons qu'il pouvait avoir sur ce pays, p. 859 ;
pris en général; son étendue, p. 936.
— (parties d'), p. 936.
— (sénéchaussée & sénéchaux d'), pp. 3o, 626,
(ij6, 697, 823, 934.
Albigeois, hérétiques, pp. 220, 223, 377, 074,
595, 597; leur condamnation par divers con-
ciles, pp. 2, 3 ; leur mœurs, p. 3; origine tîe ce
nom donné aux hérétiques, pp. 6, 86, 95; leurs
erreurs, pp. 77, 78; sont d'abord appelés vaa-
dois o ariens, p. 2 18; leurs croyances, p. 228 ;
la première armée levée en France contre eux se
réunit à Lyon, p. 284; croisade prêchée contre
eux, pp. 597, 598. Voyei Hérétiques, cathares,
PATARINS.
Albi.\, château en Rouergue, p. 567.
Albon, comté, p. 106
ALKRET (Amanieu d'), pp. 574, 720, 746, 755.
ALCALA (Guillaume d'), p. 259.
ALCAYETTE, fille d'Hugues, comte de Rodez,
p. 903.
Al^CINOÏS DE MONTLAUR, femme de Pons IV,
vicomte de Polignac, p. 467.
ALDE, sœur d'Arnaud, vicomte de Fenouillèdes
p. 57.
ALDEBERT, évêque de Nimes, pp. 3, 22, 26, 63,
68, 69, 87.
ALDEBERT D'ESTAING, p. 25.
ALDEBERT DE NOYES, chancelier du comte Rai-
mond VI, p. 192.
ALDEBERT DE TOURNEL , évèque de Mende,
pp. 212, 565.
Aliemarii (Estienne), p. 274.
Ai.f.CRE (seigneurie d"), p. 799.
Ai.ninAN, p. 65o.
ALEMANDE DE PIERRE, seconde femme de Pierre-
Bermond, p. 83o.
Alentox, p. I 29,
Alet, abbaye, pp. 553, .'161,670, 722,699; est
close de murs 8c entourée de fossés; violences
qui y sont exercées par Bertrand de Saissac,
p. i58.
ALEXANDRE lU, pape, pp. 4, 10, 19, 22, 41,
74, 78, 95, 467; préside le concile de Tours en
ii63, p. 2; son passage à Clermont, p. 8; fait
un assez long séjour à Montpellier, p. 12 ; ses
préparatifs pour retourner, par mer, à Rome,
p. i3; échappe aux Pisans,qui voulaient s'em-
parer de sa personne, p. 14; se rembarque quel-
ques jours après, arrive à Messine; est à Anagni
le 21 août I 166, p. 14; ses lettres aux Génois
en faveur de Guillaume de Montpellier, p. 18;
jette l'interdit sur le comté de Toulouse, p. 20;
le lève en 1168, p. 21; sa lettre au sujet de
Constance, p. 59.
ALEXANDRE IV, pape, pp. 609, 852, 858, 883.
ALEXANDRE, évéque de Chester, p. 643.
ALEXANDRE, fils d'Alice de Lorraine & d'Hu-
gues III, duc de Bourgogne, p. 106,
ALEXANDRE DE BASSINGBURN, p. SgS.
ALFAR (Hugues d'), pp. 365, 387, 555, 666.
ALFARIC UE SAINT-NAZAIRE, p. 40.
ALFARO (Raimond d'), pp. 734, 739, 789, 804.
ALFIER Hugues d'). Voye^ ALFAR.
ALFONSE II, roi d'Aragon & comte de Barcelone,
pp. 3i, 47, 53, 125, 127, i63, 699; dispute à
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
956
Raimond V la possession de la Provence, & lui
déclare la guerre, p. 23; son arrivée en Pro-
vence; s'assure la possession du pays, p. 24;
son séjour en Provence, p. 2"); pousse le comte
de Savoie à faire la guerre à RaimondV, p, 27;
cède la Provence à Pierre, son frère, qui prend
le nom de Raiinond-Bérenger; il reçoit de ce-
lui-ci le comté de Carcas'jOnne, p. 33; fournit
un corps considérable de troupes à Roger, vi-
comte de Béziers ; ses soldats surprennent la
villede Béziers, massacrent les habitants, pp. 38,
3q; déclare la guerre à Roger, vicomte de Bé-
ziers, p. 40; étant à Montpellier, se déclare le
protecteur de Berriard Pelet, pp. 49, 5o; s'il a
cherché à étendre sa domination sur le comté
de Narbonne, p. 5o ; se qualifie, en i lyS, comte
de Roussillon, pp. 5o; a une entrevue avec le
comte de Toulouse, pp. 61, 62; épouse Sancie
de Castille, p. 63; fait sa paix avec le comte de
Toulouse, pp. 67, 68; vient dans la Province
en 1179; le vicomte de Nimes reconnaît sa
suzeraineté, p. 88; se rend de Béziers à Carcas-
sonne; détail de divers actes passés dans cette
ville durant son séjour, p. 90; y donne deux
chartes en faveur de l'abbaye de la Grasse,
pp. 91 , 92 ; reprend la guerre contre Rai-
mond V, p. 93; assiège & prend le château de
Murviel, le rase, ravage le Toulousain, vient
camper sous les murs de Toulouse & passe en
Aquitaine, p. 94; se ligue avec Henri II contre
les fils de ce prince, pp. 102, 1 o3 ; retourne
dans ses États après la prise du château de Hau-
lefort, p. 104; sa paix avec le comte de Tou-
louse, p. 110; donne le comté de Provence, les
vicomtes de Millau & de Gévaudan à Sanche,
son second frère, après la mort de Raimond-Bé-
renger, p. i i3; reprend ces domaines & donne
en échange à Sanche les comtés de Cerdagne &
de Roussillon, p. 114; se ligue avec Richard,
duc d'Aquitaine, contre Raimond, comte de Tou-
louse, p. 114; son traité avec Roger II, vicomte
de Béziers; domaines qu'il donne à son fils Al-
fonse, p. ii5; force le comte de Toulouse à
lever le siège de Carcassonne, p. 117; marie
Agnès, sa parente, avec Guillaume VIII de
Montpellier, p. 118; recommence la guerre con-
tre Raimond V; acte de lui en faveur de Rai-
mond-Roger, comte de Foix, p. i5o; meurt à
Perpignan en 11 96, p. 170; mis au nombre des
poètes provençaux, p. 177.
ALFONSE VII, roi de Castille, pp. 63, 280, 383.
ALFONSE X, roi de Castille; se ligue avec le vi-
comte de Narbonne contre le roi d'Aragon,
p. 853.
ALFONSE, infant d'Aragon, comte de Provence,
pp. 195, 200, 2M, 2i3, 216; est adopté par
Roger II, vicomte de Béziers, pp. 114, ii5;
épouse Garsinde, fille de Rainon de Sabran,
p. 170; fait la guerre au comte de Forcalquier,
p. 198; est fait prisonnier, perd ses domaines;
le roi d'Aragon, son frère, lui fait rendre la
liberté & ses Etats, pp. 239, 240; se rend en
Sicile avec Constance, sa sœur, p. 3o4; sa mort,
sa postérité, p. 3o5.
ALFONSE I JOURDAIN, comte de Toulouse, pp. 14,
68, 77, 187; une de ses filles épouse Dodon,
comte de Comminges, p. izS.
ALFONSE II, comte de Poitiers, puis comte de
Toulouse, frère de Louis IX, pp. 703, 802, 866,
892, 908, 914, 919, 921, 922; doit, d'après le
traité de Paris, épouser la fille de Raimond VII,
pp. 634, 648; reçoit la ceinture militaire; le
roi dispose en sa faveur du comté de Poitou,
des pays d'Albigeois, &c., p. 73o; s'embarque à
Aigues-mortes pour la Terre-Sainte, p. 802 j
hérite du comté de Toulouse, pp. 8c8, 809, 8fo;
est fait prisonnier en Egypte Se délivré par le
roi, p. 814; revient en France & reçoit à Beau-
cnire divers hommages, p. 8i5; visite Inno-
cent IV à Lyon; confirme Sicard Alaman dans
ses fonctions, p. 817; vient dans le marquisat
de Provence; reçoit la soumission d'Avignon,
p. 818; fait son entrée à Toulouse avec Jeanne,
sa femme, 8e y reçoit le serment de fidélité des
habitants, p. 819; cherche à faire annuler
le testament de Raimond VII, pp. 819, 820;
s'accorde avec les légataires de Raimond VII,
p. 821 ; parcourt, avec la comtesse Jeanne, le
reste deses domaines, p. 821; retourneen France
& y fait son séjour ordinaire, pp. 822, 823;
envoie des commissaires réformateurs dans ses
Etats, p. 827; a une attaque de paralysie en
1202, p. 828; reçoit la soumission de Barrai de
Baux, p. 83 o ; se prépa re à partir pour la Terrc-
Sainte, pp. 83i, 832; a quelques démêlés avec
le roi d'Angleterre, p. 833; publie une ordon-
nance en faveur des habitants de ses domaines,
pour corriger les abus qui s'y étaient glissés,
p. 841 ; ses différends avec les habitants de
Toulouse, pp. 844, 845, 846; se dispose à par-
tir pour la Terre-Sainte, pp. 85o, 85i; donne
à bail la monnaie de Toulouse, p. 852; son or-
donnance de mars 1267 pour l'extirpation de
l'hérésie, p. 8.'58; institue le Parlement de Tou-
louse, pp. 874, 876; se prépare à retourner
en Terre-Sainte, p, 876; soutient Raimond
du Felgar, évëque de Toulouse, pp. 878, 879;
prétend exercer le droit de régale sur l'église
de Toulouse, p. 880; se prépare à son expé-
dition de Terre-Sainte; demande un don gra-
tuit à ses sujets, pp. 893, 894; convoque un
Parlement, p. 898; impose un subside sur ses
sujets pour la croisade, p. 899; ses ordres pour
le gouvernement de ses Etats, p. 902; tient
i\n nouveau Parlement avant de partir pour la
Terre-Sainte, p, 904; lève une imposition sur
les juifs, p. 906 ; son accord avec l'évéque d'Albi
à propos d'un hommage, p. 905 ; arrive à
Aimargues avec Jeanne, p. 916; fait hommage
à Philippe III, roi de France, p. 923; prend
la route d'Italie, est arrêté par la maladie à
CornetO; choisit pour lieu de sépulture l'ab-
baye de Saint-Denis; meurt, à Savone, le
21 août 1271, pp. 928 pSo, 93 1; son éloge,
p. 929.
ALFONSE, frère de Raimond V, soutient la guerre
contre le comte de Savoie, p. 27 ; est présent au
traité de paix entre Raimond V & le vicomte
Roger, p. 43.
ALFONSE, fils du roi de Castille, p. 801.
ALFONSE, abbé de Fontfroide, p. 3.
ALGAYE, femme de Ra imond de Dourgne, p. 666,
ALGAYETTE D'ESCORAILLES, femme d'Henri,
comte de Rodez, p. 533.
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
957
ALGISE, chapelain de Ralmond Vil, p. 800.
ALIC" DE LORRAINE, répudiée par Kugiies III,
duc de Bourgogne, p. 106.
ALICE, sœur de Philippe-Auguste, p. i3t.
ALICE DE MONTAIORENCY, femme de Simon de
Montfort, pp. 297, 320, 329, 35o, 384, 018,
534.
ALICE, fille de Gui de Monifort & de Pétrcnille
de Commmges, pp. 537, 558.
ALICE, femme de Bernard de Casenac, p. 449.
ALICE DE PORRHOET, p. 679.
Alignan. Voye^ Lig\*n.
Aligne, p. 527.
ALION (Bernard d') , seigneur de Son, pp. 91,
563, 601.
ALIX, fille d'Aymeri IV, religieuse à Port-Royal,
p. 7i5.
ALIX DE CHAMPAGNE, femme de Louis le Jeune,
p. 11.
ALIX, sœur de Frotard, vicomte de Lautrec,
p. 438.
ALIX, fille d'Hugues, comte de Rodez, p. 903.
ALIX, fille de Sicard de Lautrec, p. ço2.
ALIX DE TRAINEL, femme de Pons V, vicomie
de Polignac, p. 798.
ALLAMANON (Bertrand d'), poëte provençal,
p. 558.
AtLEMACNE, pp. 2, 22:).
Allema\S; se croisent &. viennent en Albigeois,
pp. 362, 36rt, 393; six mille d'entre eux sont
déf.iiis aux environs de Lavaur, pp. 354, 35),
47'-
Alliasce entre Richard, duc d'Aquitaine, & le
vicomte de Béziers, p. i 14.
ALMODIS, femme de Rostaing de Sabran, p. 207,
ALPAYS, fille de Bernard-Jourdain III, p. 734.
Allecs, pp. 67, 70, 867.
Alluis, château, p. 567.
Alpiubet (charte i), p. 949.
Alse.v, château, p. 3i. Voye^ Alze.v.
ALVARE, comte d'Urgel, pp. 73ï, 88(3.
Ai./.E.v, château, pp. 61 5, 757.
Aezonne, château, p. 3oi ; se soumet à Simon de
Montfort, p. 32Û.
AMALON (Bertrande d'), p. 270.
AMALRIC DE LARA, comte de Molina, p. 3r.
AMALRIC DE LAUTREC, p. 913 ; fils de Sicard,
vicomte de Lautrec, pp. 855, 8rt5, 892, 9^2.
AMALRIC ou MANRIQUEZ, fils d'Aymeri, vicomte
de Narbonne, pp. 673, 7i5, 771, 772, 788, 8^1,
8:17, 811, 826, 854, 887; succède à son père,
p. 714; prête serment au roi, p. 723; se ligue
avec Raimond VII contre le roi, p. 737; lui
livre Narbonne, pp. 742, 743 ; fait sa paix avec
le roi, p. 751 î se soumet à l'archevêque de Nar-
bonne, pp. 758,759) est excommunié, pp. 824,
825 j promet satisfaction & est absous, pp. 82^,
8275 se ligue avec les liabiiants de Montpellier
contre le roi d'Aragon, p. 847; s'^.llieavec Al-
fonse, roi" de Casiille, & défie le roi d'Arugon,
p. 853»; sa mort; ses enfints, pp. 923, 924,
AMALRIC, fils puîné d'Amqlric, vicomte de Nar-
bonne, pp. 903, 91 3, 918, 923 j frère du vicomte
Aymeri, pp. 926, 927.
AMALRIC DE LA ROCHE, p. 854.
AMALRIGUET, fils d'Amalric, vicomte de Nar-
bonne, p. 897.
AMALVIN DE PESTILLAC, p. 746.
AMANIEU D'ALKRET, pp. 514, 574, 720, 746.
AMANIEU D'ARMAGNAC, archevêque d'Auch ,
p. 883.
AMANIEU DE NOAILHAN, p. 745.
AMAURI , archevêque de Narbonne; sa mort,
p. 596. yoyex ARNAUD.
AMAURI DE LÉZIGNAN (corr. LUSIGNAN), duc,
puis roi de Chypre, p. 146.
AMAURI DE MONTFORT, comte de Leycestre,
fils de Simon, pp. 329, 35o, 384, 420, 449, 45-<,
459, 489, 546, 529, 56o, 569, 579, 592, 601,
609, 616, 619, 678, 704, 865; reçoit la cein-
ture militaiie & l'hommage d'une grande partie
de la noblesse de Gascogne, p. 419; conclusion
de son mariage avec Béatrix, héritière du Dau-
phiné, p. 433; célèbre ses noces, p. 445; re-
çoit avec son père le serment des habitants de
Toulouse, p. 482; succède à son père & conti-
nue le siège de Toulouse, pp. 517, 5i8 ; se tient
sur la défensive & se fait reconnaître dans ses
nouveaux domaines, p. 52o ; le pape Honoré III
négocie en sa faveur, pp. 522, 523; parcourt
ses domaines, pp. 523, 524; est confirmé par le
pape dans la possession des villes de Béziers,
Carcassonne, Albi , Toulouse, Montauban,
p. 523; assiège Marmande, pp. 528, 529; est
présent au siège de Toulouse par Louis de
France, p. 532; lève le siège de Toulouse; son
accord avec l'évêque d'Agde; dispose d'Alais;
cherche à conserver le peu de places qui lui res-
tent, pp. 534, 535; obtient du pape Honoré
une nouvelle confirmation de la donation faite
par Innocent III à Simon de Montfort, p. 535;
lève le siège de Casteinaudary & va à Carcas-
sonne, p. 539; perd plusieurs villes & châteaux
des environs de Casteinaudary, p. 541; fait sol-
liciter le prince Louis de venir à son secours,
p. 541 ; places perdues par lui dans les diocèses
de Narbonne & de Béziers, p. 546 ; il offre ses
conquêtes a 11 roi Philippe-Auguste, pp. 546,
547, 561 ; conclut une trêve avec Raimond VII,
pp. 566, 067; est abandonné de ses troupes,
p. 570; cherche à faire des emprunts en France,
p. 572; fait un traité avec le comte de Foix &
le comte de Toulouse, pp. 572, 573; il quitte
le pays, pp. 573, 574; cède sans condition ses
droits sur les conquêtes des croisés au roi
Louis VIII, pp. 575, 376; cherche à empêcher
la réconciliation de Raimond VII avec l'Église,
p. 584; soutient ses droits au concile de Bour-
ges, p. 5ç5; cède ses droits au roi de France
en 1226, p. 597; renonce à ceux qu'il avait
sur les ville & château de Pamiers, pp. 6i5,
616; est nommé connétable de France, p, 639;
reprend le titre de duc de Narbonne; ses entre-
prises sur le comté de Melgueil, pp. 7o3, 704;
passe en Terre-Sainte en 1239; est fait prisoii-
nier & conduit à Eabylonc; meurt en rtvenant,
à Otrante; est inhumé à Rome, p. 639.
TABLE GENERALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
958
AMAURI DE CRAON,. p. 5i5.
AMAURI DE NARBONNE, p. 788. Foye^ AMAL-
RIC.
AMAURI DE POISSY, p. 3t5.
Amdialet, château, pp. Bip, 343.
— chàtellenie, p. 64C).
Ar.IBLARD, p. l55.
Airci'.ns, châtenii, pp. rtyp, 892.
— seigneurie, p. 892.
AMÉDÉE, comte de Savoie, p. 771.
Amclii (Pons), p. 734.
AMI (Géraud ou Giiiraud d'), pp. 42, 199, 270,
274, 818, 869.
AMI (Pierre d'), pp. 2i3, 770.
AMICIE, comtesîc de Leycestre, mère de Simon de
Montfort, pp. 297, 483.
AMICIE, fille de Simon de Montfort, mariée à
Giiucher de Joigny, p. 5i8.
AMICUS GRII.I.E, consul génois, commande les
galères génoises, pp. 14, i5, \6.
Amiens, p. 23.
Ampouiluac, grange, pp. 5o2, 852.
Ampurias, comté, p. 5i.
AMPURIAS (comte d'), pp. 698, 729.
Anaoni, p. 60.
ANAGNI (cardinal d'), légat en France, p. 182.
ANA.\cr,F,T, château du pays de Foix pris par Gui
de Montfort, p. 388. Foye:;; Lavel\net.
ANCEL DE COETIVI, p. 829.
ANCELIN, abbé de Candeil, p. 855.
Andokee, p. 198.
— (vallée d'), p. 8S7.
ANDRÉ, fils de Béatrix & d'Hugues III; prend le
nom de Guigues & est chef de 1,« seconde race
des dauphins 8c comtes de Viennois, d'Albon &
de Graisivaudan, pp. 106, 195, 484, 703.
ANDRÉ DE CALVET ou CHALVET, sénéchal du
roi, en Toulousain & Albigeois, p. 63o ; est
massacré, p. 659.
Anduze, ville & château, pp. 396, 58 1, 583, 755;
SCS seigneurs, pp. 120, 186,395,396,755,756;
se soumet à Louis VIII, p. 601; est réuni en
partie au domaine du roi, pp. 755, 829.
ANDUZE (Béraud d'), pp. 878, 879, 921.
— (Bernard d'). pp. 62, 72, 108, 159, 164.
— (Bernard d'), fils du précédent, pp. i83, 186,
187. 2o3, 214, 241, 278, 334, 335, 569, 85d.
— (Bertrand d'), évêque de Viviers, p. 693.
— (Guillaume d'), p. 807, 918.
— (Philippe d'), femme d'Amalric, vicomte de
Narbonne, p. 825.
— (Rostaing d'), p. 196.
— (maison d'), pp. 44, 524, 554, 569, 71 i, 838.
Angevilie, lieu du Toulousain, p. 989.
Angles, p. 873.
ANGLÉSIE DE MARESTANG, femme de Bernard-
Jourdain II, p. 6i3.
AiNGOULÈME, pris par le fils du roi d'Angleterre,
p. io3.
— (comté d'), p. 104.
AniAne, abbaye, pp. 18, 62, 1 r3, 2c5, 2c6, 414,
784.
ANIELS (Arnaud d'), poète provenç:,l, p. 165.
AMor.T, château, pp. 67, 722, 844. Voyc^ Nior.T.
A.mssan, château, p. 656.
ANISSANT DE CAUMONT, p. 5]o.
Anjou, pp. i3i , 8j2.
Année; ses divers commenceir.ents, pp. /?, 949,
ç5^.
ANSEAU, châtelain de Cessenon, p. 748.
Antipape, élu par les hérétiques, p. 567.
ApciiiEP., château, p. 864.
APCHIER (Bernard d'), p. 864.
Appel; ses différents degrés, pp. 84 j, 842.
— de Raimond VII au Saint-Siège contre I.j
frères prêcheurs, p. 733.
Apt, p. 946.
— (I-vèque d'), pp. 277, S60.
AnuiïArNE, pp. 529, 591, Û42.
AoLirAlNS, p. 284.
ARAGO;^ (Pierre d'), seigneur des environs de
Carcassonne, p. 3oi.
AiiAGON, pp. III, 221, 40 1 , 935.
Araconais, pp. 86, 96, 278, 421; viennent à Eé-
ziers à la demande du vicomte Roger; ils ven-
gent la mort de Trencavel en massacrant les
habitants, p. 89; défaits à la bataille de Mu-
ret, p. 428; font la guerre à Simon de Mont-
fort, p. 434.
Ap.agonais, nom synonyme de brigand vers la fin
du douzième siècle, p. 172.
Akamon, château, p. 235.
Aran (vallée d'), p. 7.
ARBERT AURIOL, abbé de Sain t-Théodard de
Montauban, p. 666.
Ar.EOBAS, monastère dans le diocèse de Lodève,
p. 457.
ARCHAMBAUD DE BOURBON, p. 619.
ARCHAMBAUD, comte de Périgord, p. 918.
Ar.Dor.EL, al. Aruourel (abbaye d'), pp. 3, 601.
— (abbé d'), pp. 4, 5.
Arènes de Nimes, pp. 69, 88, 89, 274.
ARÈNES (Raimond des), pp. 41, 69.
Argence, terre de l'église d'Arles, pp. 55?, 729;
tenue en fief par Raimond, comte deTouIoi.se,
p. 76; donnée en fief par l'archevêque d'Arles
à Simon de Montfort, p. 453; était possédée
par Raimond VII, en 1224, p. 587 ; celui-ci en
fait hommage à l'archevêque d'Arles, p. 728;
fait partie du domaine royal, p. 868.
Argence, château, p. 948.
Argentan, p. 04.
Argentelil, près Paris, p. 377.
Argcntière. Foyc^ Largentière.
Arccnton, pris par le roi de France sur le roi
d'Angleterre, p. 1 28.
ARIAS YRANCHEZ, p. 869.
Ariens, un des noms donnés aux hérétiques delà
Province au commencement du treizième siècle.
pp. 2 18, 244, 407,
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
959
ARLFNC fPons A'], p. 3-.
ARLENC (Héracle d'), chanoine du Puy, p. 79p.
Arles, ville de Provence, pp. i5, 24, 62, 76, 149,
242, 3i7, 392, 435, 4.'i3, 4Ô6, 483, 523, 591,
63o, 644, 673, 693, 734, 736, 782, 800; Al-
fonse, roi d'Ar:.gon y est reçu aux acclama-
tions du peuple, p. 24; l'empereur Frédéric s"y
fait couronner roi de Provence, p. 75; divers
actes donnés par ce princs durant le séjour
qu'il fit dans cette ville lors de son couronne-
ment comme roi de Provence, p. 76; ses con-
5uls prêtent serment aux légats, p. 3o3 ; ses
habitants s'unissent i ceux de Nimes pour ré-
sister aux routiers, p. 419; se soumet au roi
Louis VIII, p. 608 ; l'empereur Frédéric investit
Raimond VII de son autorité sur cette ville;
troubles à Arles en 12^0, pp. ^^64, ^^92; s'érige
en république & refuse obéissance à Charles
d'Anjou, p. 814} l'archevêque de cette ville a la
suzeraineté de Beaucaire & de la terre d'Argence.
p. 868.
Ap.tES (archevêques d'), pp. 24, 171, 181, 200, 216,
222, 244, 247, 264, 177, 282, 3c3, 317, 534,
591, 733, 768, 800, 837, 838, 868.
— (comté d'), p. 68.
— . (diocèse d'), pp. 277, 640.
— (église d'), p. 707.
Ar.LES, abbaye en Roussillon, p. 040.
AnMAGNAc, comté, p. 463.
— (comtes d'), p. 748 ; prêtent serment de fidélité
à Alfonse II, après la mort de Raimond VU,
p. 811.
ARMAGNAC (Bernard IV, comte d'), p. 778.
— (Géraud, comte d'), pp. 801, 887; est soumis
par le sénéchal d'Alfonse II; paye une amende,
pp. 876, 877.
ARMANI), abbé de Saint-Pierre de la Tour, p. 798.
ARMAND, fils & successeur de Pont V, vicomte
de Poligiiac, p. 798.
ARMAND DE POLIGNAC, évcque du Puy, p. 807.
ARMAND, vicomte de Polignac, p. 8.Î9.
ARMAND, seigneur d'Alègre, p. 797.
AU.MAND DE PtYRE, évêque de Mende, p. 864.
AiiMfci; levée en France contre les hérétiques de la
Province; nombre des troupes qui la compo-
saient, p. 284.
Ai\m(:me (manichéens d'), p, 1.
Armoiries de la noblesse, pp. i65, 166, 167, 177,
Ï07, 375, 710.
Jrniurats, prisons de Toulouse, p. 781.
Ansiur.E de bataille, p, 720.
ARNAUD AMALRIC ou AMALRI, abbé de Grand-
selve, de Cîteaux, puis archevêque de Narbcnne,
p. 14; légat dans la Province, pp. 225, 233,
i5o, 2.52, 2r)3, 271, 272, 276, 29Î, 332, 344,
387, 392, 398, 401, 412, 45'), 474, Jo5, 562,
574, 585; entreprend la mission contre les hé-
rétiques, p. 245; plaintes du comte de Toulouse
coiitie lui, p. 263; ses instructions à Milon,
p. 276; est nommé généralissime des croisés,
p. 2'35; refuse la soumission du vicomte de Bé-
ziers, p. 23'i; assiège Z< prend Béziers, pp. 287,
288; son rôle dur.iix le massacre de cette ville,
p. 289; ses pourparlers avec le roi d'Aragon
devant Carcassonne, p. 293 ; sa relation au
pnpe de la prise de Carcassonne, p. 294; fait
élire Simon de Montfort, par les principaux
croisés, pour seigneur de tous les domaines du
vicomte Raimond-Roger, pp. 297, 3i2, 3i3;
somme le comte & les consuls de Toulouse de
livrer les hérétiques, p. 3oo; malgré l'appel de
Raimond VI au pape& les assurances des con-
suls que les hérétiques étaient poursuivis, il
excommunie les consuls & leurs conseillers;
jette l'interdit sur Toulouse, p. 3oi; reçoit une
lettre d'Innocent III après le voyage de Rai-
mond VI à Rome, pp. Szi, 322; vient à Tou-
louse sur l'ordre d'Innocent HI ; après divers
incidents lève l'interdit qui pesait sur cette ville,
pp. 323, 324; préside l'assemblée de Saint-Thi-
béry, y reçoit l'abjuration d'Etienne de Servian,
pp. 325; évite de recevoir la justification de
Raimond VI, p. 327; assiste à la prise de Mi-
nerve, p. 33o; assiste à la conférence de Nar-
bonnc, pp. 344, 346; est présent au concile
de Montpellier, p. 345 ; «xcommunie le comte
Raimond VI, p. 348; est élu archevêque de
Marbonne; prend le titre de duc de cette ville,
pp. 37S, 379; va servir en Espagne con tre les
Sarrasins, p. 383; est blâmé par une lettre du
pape Innocent III, du 18 janvier 12 i3, p. 399;
reçoit une nouvelle lettre du pape qui suspend
la croisade, pp. 401, 402; assiste au concile de
Lavaur, qui refuse de se rendre aux solliciia-
^tions du roi d'Aragon en faveur de Raimond VI
& de ses alliés, pp. 403, 404, /,ri'ij accompagne
Simon de Montfort vers le Rhône & prend part
aux négociations relatives au mariage d'Aniauri
de Montfort avec l'héritière du Dauphiné,
p. 433; est obligé de laisser démolir les murs
de Narbonne, pp. 458, 459; assiste au concile
de Latran, pp. 466, 467; ses différends avec
Simon de Montfort au sujet du duché de Nar-
bonne; excommunie ce comte; pp. 478, 479,
480; ses plaintes au pape au sujet des usurpa-
tions de Simon de Montfort, pp. 480, 481 ; ap-
puie Amauri de Montfort; engage une partie
des domaines de son église pour lui porter se-
cours, p. 573; le pape Honoré le charge de
s'entremettre entre le légat &. Raimond VII
pour négocier la paix de ce prince avec l'Église,
pp. 58o, 58i; entre en conférence avec Rai-
mond, & arrive à conclure la paix, pp. 582,
583, 584; était favorable à Raimond depuis sa
réconciliation, a Montpellier; sa mort, p. 696.
ARNAUD, évêque d'Agen, pp. 5o2, 586, 737.
ARNAUD, abbé de Saint-Ruf, pp. 337, 348; est
élu évêque de Nimes, pp. 38o, 454, 492, 537,
569, 586, 6o5; est fait prisonnier par l'empe-
reur Frédéric, & meurt à Avellino, p. 718.
ARNAUD, fils de Pons IV, vicomte de Polignac,
chanoine du Puy, prévôt de cette église, abbé
de Brioude, puis évcque du Puy, pp. 467, 838.
ARNAUD, évêque de Barcelone, pp. 859, 860, S80,
83i.
ARNAUD, abbé de Grandselve, p. 226. Voye^ plus
haut.
ARNAUD, abbé du Mas-d'Azil, p. 887.
ARNAUD GARCIAS, abbé du Mas-d'Azil, p. 883.
960
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
ARNAUD (Guillaume), inquisiteur, massacre;
Avignonet, p. ySç.
ARNAUD (Guillaume d'), p. 278.
ARNAUD D'ANIELS, poète provençal, p. i6j.
ARNAUD D'AUDIGUYERS ou AUDEGIER, p. 485.
ARNAUD D'AVIGNON, fils de Marie de Pieric-
latte, p. 166.
ARNAUD I, vicomte de la Barthe, p. 2 i3,
ARNAUD DE BAZIÉGE, p. 671.
ARNAUD DE BANNES, p. yS.
ARNAUD DE BEBEN, p. 4.
ARNAUD-BERNARD, fils de Bernard IV, comte
de Fezensac, p. 778.
ARNAUD DE BÉZIERS, p. 53.
ARNAUD DE BLANQUEFORT, pp. 529, 740, 74Û.
ARNAUD DE CASTELBON, p. |63.
ARNAUD, vicomte de Castelbon ou de Cerdagne,
pp. 198, 24S, Soi; ses ossements sont exhumes
par ordre des inquisiteurs d'Aragon, comme hé-
rétique, fauteur & receleur d'hérétiques, p. 65 1.
ARNAUD DE CASTELVERDUN, p. 127.
ARNAUD CATALAN, p. 687.
ARNAUD DE CHISOIN, p. 514. Voyci^ CYSOING.
ARNAUD, seigneur de Daumazan, p. i2j,
ARNAUD DEIDIE, p. 5o5.
ARNAUD DE DURFORT, p. 755.
ARNAUD D'ESCALQUENS , consul de Toulou:e,
p. 874.
ARNAUD D'ESPAGNE, vicomte de Conserans,
pp. 775, 887, 889.
ARNAUD DE L'ESPINASSE, p. 755.
ARNAUD DE FELGAR, p. 811.
ARNAUD, vicomte de Fenouillèdcs; [son testa-
ment, p. 57.
ARNAUD DE GRAVE, p. 842.
ARNAUD-GUILLAUME DE LORDAT, p. 127.
ARNAUD DE MARQUEFAVE, pp. 748, 753, 760.
ARNAUD DE MARVOILL , ou MARVIELL, ou
MEYRVEILH, poëte provençal, pp. 1 56, 157,
'77-
ARNAUD DE MAUREILLAN, p. 40.
ARNAUD DE MONTAIGU, vicomte de Giraoez,
pp. 143, 191 , 389, 666.
ARNAUD DE MONTEASSEN, p. 65.
ARNAUD DE MONTPEZAT, pp. 67, 746.
ARNAUD MOREL, p. 943.
ARNAUD DE MORLANES, p. i55.
ARNAUD-OTHON, vicomte d'Auvillar & de Loma-
gne, pp. 724, 737, 755, 778.
ARNAUD-OTHON, chef hérétique, p. 249.
ARNAUD DE POLIGNAC, abbé de Saint-Pierre
de La Tour, p. 839.
ARNAUD DU PUY, p. 127.
ARNAUD-RAIMOND D'ASPEL, pp. 1 34, 53 1.
ARNAUD DE RAIMOND, viguier de Carcassonne,
p. 154.
ARNAUD DE LA RIVIÈRE, bourgeois de Mont-
réal, p. 249.
ARNAUD-ROGER DE COMMIXGES, religieux ie
Cîteaux, puis évéque de Comminges, pp. 604,
77I.
ARNAUD-ROGER, comte de Pailhas, p. 837.
ARNAUD-ROGER, chanoine régulier, prévôt, puis
évéque de Toulouse, p. 735.
AP.NAUD-ROGEP., condamné comm'e hérétique à
Toulouse, est ensuite évéque des sectaires,
p. 6S9.
ARNAUD DE ROQUEFEUIL, pp. 396, 414 à 421.
ARNAUD DE SON, p. 699.
ARNAUD, vicomte deTerride ou de Cimocz, p. i^3.
"IRNAUD DE VILLA DE I.IULS, ou VILLADE-
MOLS, pp. 68, 88.
ARNAUD DE VILLEMUR, pp. 194, 5oi, 529,
541, 61 5.
ARNAUD DE VOGUÉ, évéque ce Viviers, p. 770.
Ae.naud-Beuxard (porte), à Toulouse, p. 468.
ARNOUL, évéque de Lisleux, p. 54.
ARNOUL DE COURFERRAND, p. piS.
ARPAJON (maison d'), pp. 679, 902.
Arqles, baronnie, pp. 667, 658.
Ar.QUES, château, p. 857.
ARSAC (Pons d'), archevêque de Narbonne, p. 3.
— (Raimond d'), p. 241.
Arsagués, pays, p. 269.
Ar.sEN.s, lieu, p. 65o.
ARSENS (Bernard d'), p. 249.
ARSES (Guillaume d'), p. 62.
ARSIS ou d'ARCIS (Hugues d'), sénéchal de Car-
cassonne, pp. 723, 753, 763, 81 1, 833.
— (Jean d'), sénéchal de Venaissin, p. 9.;û.
— (Pierre d'), p. 345.
Ar.sos, château, p. 4^7.
ARTAUD, évéque d'EInc, p. 225.
ARTAUD DE L'ESPINASSE, commandeur de la
milice du Temple de Peyriès, p. 40,
ARTAUD DE ROUSSILLON, p. 285.
AnTENAC, grange, p. 802.
Ar.TiGi'ES, p. 757.
Asii.E, pp. 1 i5, 180, 5:6, 93S.
Asii.lax-lc-Grand, lieu de la sénéchaussée de Car-
cassonne, p. 678.
AsH.LAN, p. 719.
ASNAVE (Guillaume-Bernard d'), pp. 127, 732.
ASPEL (Arnaud-Raimond d'), pp. 1 34, 53i.
— (Raimondî d'), p. 885.
— (Roger d'), pp. 5o6, 612.
Asi'iRAX, au diocèse de Béziers, pp. 208, 419, 601.
Aspr.iùr.ES, village en Kouergue, p. 666.
ASSALID DE GUNDAL, p. 71 3.
ASSALIDE ou lîELISSENDE, fille du comte d'Au-
vergne. Guillaume VII, p. 98.
ASSALIT (Guillaume d'), viguier de Razés, p. 154.
Asst:'\ii:LÈiv des hérétiques r. Pieussan, p. 544.
— des trois états de Languedoc ; son origine,
p. 836.
— des trois étnts de la sénéchaussée de Carcas-
sonne, pp. 911, 912, 926, 927.
TABLE GENERALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
AssEMBLtE de Béziers, en iz54, pp. 841, 842.
— de la sénéchaussée de Carcassonne, p. 849.
^ de Castelnaudary , dans laquelle Amauri de
Monifort reçoit la ceinture militaire, p. 419.
— de Melun, dans laquelle Raimond VII est
accusé de manquer au traité de Paris, p. 6-j'i.
— de Montpellier, en 1224, pour la conclusion
de la paix de Raimond VII & de ses alliés avec
l'Eglise, pp. Ô82, 583.
— de Narbonne, en 1204, ayant pour but d'arrêter
la propagation de l'hérésie dans la Province,
p. 218.
— de Pamiers, en 1212, convoquée par Simon de
Monifort; statuts qui y sont publiés, pp. 396,
397.
— de Saint-Thibéry, p. 32.Ï.
— ou Co.vciLi: de Toulouse, tenu en 1229; plu-
sieurs de ses canons se rapportent à l'établisse-
ment de l'inquisition dans le pays, p. 602.
— de Toulouse, tenue en 1 234 par Raimond VII,
qui y publie un édit contre les hérétiques,
p. 676.
Assemblées provinciales, p. 939.
Assignation à l'archevêque de Narbonne de quatre
cents livres de rente & de quatre châteaux,
p. 636.
— à la veuve de Lambert de Limoux 8c à ses fils
de mille cinq cents livres de rente, p. 678.
Assises tenues dans la Province par les séné-
chaux, p. 933.
— de la sénéchaussée de Carcassonne, p. 920.
Association faite au Puy pour le rétablissement
de la paix, p. 106; dite des encapuchonnés; son
but, son organisation j sa destruction, pp. 108,
109.
ASTAFORT (d'), surnom de Bernard, fils d'Ar-
naud, vicomte de Terride, pp. 143, 880.
ASTARAC (Centulle I, comte d), p. 104.
— (Centulle II, comte d'), pp. 2i3, 499, 664, 771.
AsTAHAC (comte d';, pp. 647, 807.
— (comté d'), p. 383.
— (comtesse d'), p. 811.
ASTOAUD (Pons d'j, chancelier de Raimond VII,
pp. 756, 773, 804; chancelier d'Alfonse II,
pp. 811, 818, 845, 874, 895, 900.
ASTORG DE LUNAS, p. 65.
ATBRANU, bailli de Montpellier pour le roi
d'Aragon, p. 71 3.
ATON- ARNAUD DE CASTELVERDUN , pp. 5or,
65o, 7Û6.
ATON DE RAIMOND, p. 127.
Al'BAYS (corr. AtBAIs), pp. 88, 241.
AUBAYS (Elzéard d'j, pp. 189, 241.
Al'iiENAS, château du Vivarais, pp. 186, 608, 660;
l'abbé de Cîteaux & le comte de Toulouse y ont
une entrevue, p. 268.
At'BEitcES de Toulouse, p. 236.
At'BETERRE (Guillaume d'), p. 71.
AtiMiAC 'hôpital d'), pp. .54.'), 806, 9J7.
AUBUSSON (vicomtesse d'), p. i6j.
961
AucH, pp. 98, 023, 673, 889, 789.
— (archevêque d'), pp. 78, 85, 182, |83, 212, 222,
277, 317, STi, 349, 35i, 463, 5o8, 498, 507,
53i, 584, 393, 629, 790, 827, 887, 888.
AUDE, fille de Saure, p. 800.
AUDEGUIER (Bernard d'), p. 670.
AUDIARS (d'), surnom de Raimond de Miraval,
p. 556.
AUDIGUIER (Isnard), p. 548. Foye^ ALDEGA-
RIUS.
AUGIER (Guillaume), p. 666.
AuGLRES, pp. 345, 353, 421.
AoGLSTiNS (les), abbaye cistercienne du diocèse
d'Uzês, p. 88.
AujARCDES, château, p. 88.
AURE (Guillaume d'), p. 377.
AuRE, château, p. 61 5.
AURIAC (Bertrand d'), p. 67.
AuRiLLAC (abbaye d'), pp. i3, 93. roo, 692, 948 ;
mise à contribution par les routiers, p. 110.
— (abbé d'), p. 731.
AnsoNE, p. 25.
— (comte d'), p. 859.
— (évêque d'), pp. 19, 25.
AtTEr.ivE (château d'), pp. 393, 621, 847; brûlé,
pp. 366, 367; ses murs sont détruits, p. 635.
AUTINIER DE ROVIGNAN, p. 755.
Autorité des grands vassaux, p. 932.
^ du roi dans la Province, p. 932.
AuTLN (évêque d'), pp. 284, 632.
AuvEP.r.NE, pp. 7, 35, 129, 173, 861, 873; ravagée
par les routiers, p. 110.
— (comté d'), p. 8.
— (comtes d'), p. 37.
— (église d'), p. 35.
AuviLLARS, château, pp. 196, 197, 545, 802; ses
murs sont détruits, p. 635.
— vicomte, p. 755.
AvxERRE, p. 275.
— (comté d'), p. 267.
— (évêque d'), pp. 420, 526, 597.
AuziTS, lieu, p. 81 5.
AVE, fille posthume d'Arnaud III, vicomte de
Fenouillèdes, porte cette vicomte dans la mai-
son de Saissac, pp. 57, 617.
Avignon, pp. 110, iii, 170, 193, 3o3, 317,489,
504, 5i3, 525, 538, 6o3, 640, 756, 770, 782,
797, 8i3, 814, 818; saint Bénézet y construit
un pont de pierre en 1178, p. 77; appartient
partie au comte de Toulouse, partie au comte
de Forcalquier, p. 170; ses habitants, sur l'in-
vitation du pape, rasent un fort construit au
Pont-de-Sorgue, p. 266; ses consuls prêtent
serment à Milon, pp. 280, 285; un concile est
sur le point d'y être tenu, une épidémie le fait
aiourner, p. 402 ; ses habitants envoient une
députation à Raimond VI & à son fils, p. 485;
une sentence d'excommunication est lancée
contre eux, p. 5i3; assassinent Guillaume de
B.iux, prince d'Orange, p. 522; le pape me-
V'!.
61
TABLE GENERALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
962
nace de siippiimer l'évêché, p. 533 j ses habi-
tants reçoivent des privilèges 8c certaines ré-
compenses de Raimond VII, p. 541; ce comte
y séjourne en 1222, p. 348; est assiégée par
Louis VIII, pp. 606, 607; obligée de se rendre
au roi de France, pp. 610, 61 i ; lois imposées
à ses habitants par le cardinal de Saint-Ange,
pp. 620, 621; s'érige en république; des trou-
bles qui y éclatent sont pacifiés par le comte
Raimond VII, p. 7 1 8 j des Français insultent le
peuple, qui se venge sur eux, p. 797; Alfonse
de Poitiers n'y est pas reconnu, pp. 81 3, 814;
se soumet volontairement à Alfonse & à Charles
d'Anjou, p. 818.
Avignon (consuls d'), p. 276.
— (église de la Vierge à), p. 818.
— (évêqued'), pp. 277, 281, 412, 464, ."iSS, 818.
— (podestat d'), p. 718.
— (seigneurs d'), pp. ip, 110, iii, 169, 170.
AVIGNON (Arnaud d'), p. 166.
AviGNONET, château en Lauragais, pp. 287, 370,
385, 704, 790, 8ii; ses murs sont détruits,
p. 635; quatre inquisiteurs y sont massacrés;
détails sur cette affaire, p. 739.
— (consuls d'), p. 811.
— (prud'hommes d'), p. 811.
Av, lieu du comté de Foix, p. 237.
AYCARD DE ROUSSILLON, p. 3oo.
AYMAR DE CABANES, commandeur des hospi-
taliers de Toulouse, p. 521.
AYMAR DE GENSAC, p. 706.
AYMAR DE GUILLEM , seigneur de Clermont,
p. 712.
AYMAR, vicomte de Limoges, p. 104.
AYMAR DE MONTMERLE, p. 137.
AYMAR, seigneur de Murviel, pp. i36, 137.
AYMAR LO NEGRES (LE NOIR), poëte proven-
çal, p. 559.
AYMAR I DE POITIERS, comte de Valentinois,
pp. 186, 334, 417, 433, 5o5, 640, 710, 83o; fait
hommage à Raimond V pour le comté de Diois,
pp. i33, i34; se déclare pour Raimond VI,
p. 433; Simon de Montfort lui fait la guerre;
paix & nouvelle guerre entre eux, pp. 433, 434;
allié de Raimond VII, p. 5o5; le pape lui
donne en fief une partie du marquisat de Pro-
vence, p. 676.
AYMAR II, comte de Valentinois, pp. 711, 772,
829; se déclare vassal de Raimond VII, pour
divers domaines du Vivarais, p. 709; fait hom-
mage à Alfonse & à Jeanne, p. 922.
AY.MAR DE LA VALETTE, p. 007.
AYMARD ou AINARD, évéque du Puy, p. 144.
.\ymargues [corr. Aimargues), au diocèse de Nimes,
pp. 71 , 87, 919, 921, 922 ; Alfonse & Jeanne y
font leur testament, p. 918.
AYMERI VIII, vicomte de Thouars, p. 776.
AYMERI, second fils de Raimond-Roger, comte
de Foix, p. 563.
AYMERI, frère de Roger-Bernard, comte de Foix,
p. 65o.
AYMERI DE CAIRE, p. 489.
AYMERI DE CASTELNAU, pp. i32, 209.
AYMERI, seigneur de Clermont, au diocèse <!o
Lodève, pp. 47, 66, lit, 744.
AY.MERI DE COMMINGES, pp. 757, 811.
AYMERI DE GOURDON, p. 746.
AYMERI, seigneur de Montréal & de Laurac-le-
Grand, pp. 3i8, 319, 326, 333, 556; est dé-
pouillé de ses biens par les croisés; déiend La-
vaur contre Simon de Montfort, p. 35i; est
pris à Lavaur; sa mort, p. 357.
AY.-MERI DR LARA ou DE NARBONNE, fils d'Er-
messinde, pp. 3i, 58, 617; administre les do-
maines d'Ermengarde, p. 70.
AYMFjRI, fils de Pierre de Lara, vicomte de Nar-
bonne, tantôt appelé Aymeri III, tantôt Ay-
mé ri IV, pp. 1 5i , 290, 3 17, 5o3, 514, 672, 673,
684; fait hommage à Raimond VI, p. 210; se
soumet aux croisés, pp. 288, 289; sert de répon-
dant à Simon de Montfort, p. 3i5; assiste au
siège de Minerve, p. 329; refuse de marcher au
secours de Simon de Montfort pendant le siège
de Casteinaudary, p. 370; rend hommage à l'ar-
chevêque Arnaud, p. 379 ; force Simon deMont-
fort à rendre le jeune Jacques, roi d'Aragon,
p. 436; se dispose à passer sur les terres de
Simon de Montfort; est attaqué par ce dernier;
repousse cette attaque, p. 439; se soumet au
cardinal-légat, p. 442; fait hommage à Simon
de Montfort, duc de Narbonne, p. 409; est rais
par ce prince sous la protection du pape pour
échapper à l'excommunication de l'archevêque
Arnaud, p. 460 ; celui-ci, agissant comme duc,
lui ordonne de renoncer à l'hommage prêté à
Simon de Montfort, p. 478; s'acquitte de l'al-
bergue envers Simon après son entrée à Nar-
bonne, p. 479; se réconcilie avec l'archevêque
& partage avec lui le droit de battre monnaie,
p. 481; rend hommage à Raimond, comme duc
de Narbonne; reçoit à Narbonne Amauri de
Montfort sur les instances de l'archevêque,
p. 572; fait sa paix avec le roi, p. 647; se ré-
concilie avec l'archevêque Pierre & lui rend
hommage, p. 672; pardonne aux habitants du
bourg de Narbonne qui s'étaient révoltés, p. 687;
sa mort en 1239, p. 714; ses ferameS; ses en-
fants, p. 7i5.
AYMERI V, fils d'Amalric, vicomte de Narbonne,
pp. 807, 887, 924; secroise pour la Terre-Sainte,
p. 920 ; épouse Sibylle de Foix ; succède à Amal-
ric, son père; partage son héritage avec Ay-
meri, son frère, p. 924; prête serinent au roi
Philippe III 8c lui rend hommage, p. 926; as-
siste à une assemblée des trois états de la séné-
chaussée de Carcassonne, p. 927.
AYMERI, fils d'Aymeri IV, vicomte de Narbonne,
devient seigneur de Verneuil 8e chanoine de
Chartres; peut-être le même qu'Aymeri de Nar-
bonne, chanoine de Saint-Piuil, p. 715.
AYMERI DE PEYRAT, abbé de Moissac, p. 553.
AYMERI DE PONT, p. 57.
AYMERI, roi de Hongrie, p. i63.
AYMERIC DE ROQUEFORT, p. 102.
AZ.N'.ARD PARDI, seigneur aragonais, p. 428.
TABLE GENERALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
963
B
B., évèque d'Elne, p. 764. ^eyf- BÉRENGER.
B., évêqiie de ^'lvlers, p. 693.
B. DE BOISSESON, p. 149.
B. DE VILLEMUR, p. 67.
B. HUGL'ES DE SF.RRELONGUE, p. 744.
BAFFIE (Guillaume de), p. 864.
Bagxols, lieu du diocèse d'Uzès, p. 608 j ses cou-
tumes, p. 612; son monasière de filles, p. 906.
Bail de la monnaie de Toulouse, consenti par
Alfonse de Poitiers, p. 833.
Bailk de Montpellier, p. 214.
Saillies ou bailliages, pp. 683, 828, 930.
Baillis ou BAILES, supérieurs & inférieurs, grands
& petits, pp. 738, 841, 853, 933, 934J leurs
fonctions, leur juridiction, pp. 636, 828.
Baixac, château du Pérlgord, soumis par Simon
de Montfort, p. 449. Foyt-j Bey.nac.
Bains de Montpellier, pp. i37, 2o3.
Bais, château du Vivarais, p. 709.
Balacler, allas Balacuieii, au pays de Chercorb,
château du Toulousain, pp. 27, 43, 194, 687,
739.
BALAGUIER (Guillaume de), p. loo.
Ealarcc, château, pp. 5i5, 707.
BALMES(Agout de), p. 818.
BANNES (Arnaud de), p. -jH.
Bak (comté de), p. 261.
BAR (comte de), p. 366, 367. Voye^ THIBAUT.
BAR-sun-SEi>E (comté de), p. 284.
BARASC (Déodat de), pp. 443, 754, 812, 917.
BARBAZAN (Guillaume de), p. 498.
BARCA (Guillaume de), p. 713.
Barcelone, pp. 23, 111, 809, 862.
— (comte de), pp. 104,401.
— (évèque de), p. 4 1 1 .
BARJEAC (Pierre de), poëte provençal, p. 166,
Barons ou grands vassaux, pp. 208, 940.
BARRAGE (Guillaume de), p. 732.
BARRAL, vicomte de Marseille, pp. 127, 181,
24.3, 772.
BARRAL, seigneur de Baux, pp. Spô, 704, 710,
738, 727, 8i3, 893; sa soumission à Aironse,
p. 83o.
BARRAI.E, fille de Barrai, vicomte de Marseille,
p. 182.
BARRES (Guillaume des), p. 423.
BARRIÈRE (Guillaume de), p. 822.
BARTHE (Bernard de la), archevêque d'Auch,
p. 349.
BARTHE (Comtoresse dg la), pp. 123, 182.
BARTHE (Gaspard de la), p. 507.
BARTHE (Gcraud de la), archevêque d'Auch,
p. 78.
BARTHÉLÉMY, évèque de Cahors, p. 839.
BARTHÉLÉMY D'ORLÉANS, p. 879.
BARTHÉLÉMY DE CARCASSONNE, évèque des
hérétiques albigeois, p. 568.
Basqies, pp. 96, 278; amenés au secours du comte
de Toulouse par le sénéchal d'Aquitaine, p. 368.
BASTET (Géraud), p. 5o3.
Bastide, lieu du diocèse d'Albi, pris par Simon
de Montfort, p. 566.
Bastide de Beauvoir, en Lauragais, p. 723, 798.
— de Calmont, p. 930.
— de Cordes, p. 930.
— de Fousseret, p. 930.
— de Giniont, p. 930.
— de Montsalzat {corr. Montalzat), p. 671.
— de Salles, p. 930.
— de Sainte-Foi ; sa fondation, p. 930,
— de Verfeil, en Querci, p. ()3o.
— de Villefranche, dans le Toulousain, p. 930.
— de Villefranche de Rouergue, p. 930.
Bastides; défense d'en construire de nouvelles
faite par les commissaires d'AIfonse, en 1254,
p. 828; construites par Alfonse de Poitiers &
la comtesse Jeanne, p. 930.
Bataille ou combat de Baziége, p. 529.
— de Beaucaire, pp. 488, 489, 490.
— de Bénévent, p. 893.
— de Castelnaudary, pp. 370, 371, 372, 4S7.
— de Montjoire (corr. Montgey), p. 355.
— de Muret, pp. 421 à 426, 487.
— de Saint-Gilles, entre les Pisans & les Génois,
pp. 14 à 17.
Bath, évêché en Angleterre, p. 78.
BAUDOUIN, empereur de Constnntinople, pp. 769,
774-
BAUDOUIN, comte de Flandres, pp. 174, 186.
BAUDOUIN, troisième fils de Raimond V, comte
de Toulouse, frère de Raimond VI, pp. 167,
3o8, 335, 393, 425, 429; né en France; n'est
d'abord pas reconnu par son frère Raimond VI;
son médiocre apanage, p. 167; son frère lui
substitue tous ses domaines, pp. 307, 3o8; dé-
fend Montferrand contre Simon de Montfort;
trahit son frère & s'allie à Simon de Montfort,
pp. 36o, 36 1 ; reçoit de Montfort plusieurs do-
maines dans le Querci, p. 36 1 ; surprend le
château de Grave; en fait passer tous les habi-
tants au fil de l'épée, p. 375; fait avec Simon
le siège de Saint-Marcel, p. 378; reçoit de
Montfort le gouvernement de Saint-Antonin,
p. 386; ravage une partie du Toulousain,
p. 394; combat contre son frère à la bataille de
Muret, p. 423; est pris par les routiers, p. 436;
est livré à Raimond VI, condamné à mort &
pendu, p. 437 ; inhumé par les templiers à Vil-
ledieu ; sa postérité, p. 438.
Baumes, château du Venaissin, pp. 276, 281.
Baux, château, p. 586.
BAUX (maison des), pp. 25, 26.
— (seigneurs de), pp. 16, 396.
— (Barrai de), pp. 697, 710, 727, 758, 814, 8jo,
33 1 , 847, 893, 904.
964
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
BAUX (Bertrand de), pp. 24, yô, 1 i3.
— (Guillaume de), pp. 198, 207, 281, 333, 430,
522, 8i8.
—— (Hugues de), pp. (ji, i63, 182, 199, 3o3, 417,
710.
— (Raimoiid de), pp. 46, 63, 278, 704, 772,818.
Bayeux (doyen de), p. 848.
— (évêque de), pp. 284, 35 1.
Ba/.acle (moulin du), à Toulouse, pp. 101, ôo6.
Ba/.as; un concile y est tenu en 1 1 8 1 , p. 98.
— (évéque de), pp. 287, 410.
BAZIÉGE (Arnaud de), p. 67 1 .
Bazikge, dans le Toulousain, pp. ôo8, 631,671,
8j2 ; un combat y est liTré en 1219, p. 529.
BAZOCHES (Nicolas de), p. 355.
Béarn, pays, p. 175.
BÉARN (vicomte de), pp. 498, 886.
BÉATRIX, fille de Raimond-Trencavel, sœur de
Roger II, vicomte de Bcziers, femme de Rai-
mond VI, comte de Toulouse, pp. 3o, ôi, 69;
répudiée par Raimond VI, p. 145 ; son frère lui
donne la seigneurie & le château de Mèze,
p. 146.
BEATRIX, comtesse de Bigorre, femme de Ber-
nard, comte de Comminges, répudiée, pp. 182,
2 i3.
BEATRIX, quatrième femme de Bernard V, comte
de Comminges, autre que la précédente, p. 604.
BEATRIX, héritière du Dauphiné, p. 167; épouse
Albéric TaïUefer, p. 205 puis Hugues III, duc
de Bourgogne, p. ic5; a un fils de ce mariage;
devenue veuve, en 1191, elle épouse en troi-
sièmes noces Hugues, seigneur de Coligny-le-
Neuf, p. 106.
BEATRIX, comtesse de Melgueil, mère d'Ermes-
sinde, pp. 17, 19, 44, 69; dispose du comté de
Melgueil en faveur du comte de Toulouse,
p. 45 j marie sa fille à Raimond, fils du comte
deToulouse, & fait donation du comté de Mel-
gueil à la maison de Toulouse, p. 48.
BEATRIX DE GENÈVE, femme de Rousselin de
Lunel, p. 869.
BEATRIX, veuve de Lambert de Limoux, p. 678.
BEATRIX DE l.AUTREC, p. 918.
BEATRIX DE MONTFERRAT, p. 7o3.
BEATRIX DE SAVOIE, femme de Raimond-Bé-
renger, comte de Provence, pp. 680, 733, 918;
comtesse douairière de Provence, p. 776.
BEATRIX, fille de Raimond-Béreiiger, comte de
Provence; mariage projeté entre elle & le comte
Raimond VII, p. 773; ce mariage est rompu,
PP- 775, 777' 778-
BEATRIX, fille de Pierre-Bermond d* Sauve,
p. 396.
BEATRIX, fille unique de Guigues VI & de Béa-
trix de Castelard, pp. 434, 703.
BEATRIX DE SABRAN CASTELARD, petiie fille
de Guillaume IV de Forcalquier, femme d'André
de Bourgogne, dauphin de ^'lennols, pp. 195,
434, 7o3.
BEATRIX, veuve de Pierre de Fenouillèdes, p. 61 3.
BEATRIX, fille du comte Amédée, p. 874.
BEATRIX, fille de Bernard, seigneur de Mercœur,
P- 799-
BEATRIX ou ÉTIENNETTE. Foye^ ÉTIEN-
NETTE.
Eeal'cah'.i:, ville & château du diocèse d'Arles,
dans le pays d'.Argence, pp. i5, 16, 19, 26, 68,
110, 1^96, 275, 433, 474, 485, 494, 497, 504,
525, 557, 587, 6o3, 6;8, 755, 728, 729, 78.;,
791, 797, 8i5, 816, 817, 818, 838, 868, 920,
923, 942, 948; Raimond V y tient une cour
plénière, pp. 60, 61; possédée par les comtes
de Toulouse sous la mouvance de l'église d'Arles,
p. 76; l'archevêque d'Arles la donne en fief à
Simon de Montfort, pp. 453, 404; un sénéchal
y est établi, p. 464; se soumet au jeune comte
de Toulouse, qui fait le siège du château,
pp. 487, 488; est assiégée en même temps par
Simon de Montfort, qui est forcé de lever le
siège, pp. 483, 489 ; le château se rend au jeune
Raimond; époque de ce siège, pp. 489, 49:; est
cédée par un traité à Raimond le Jeun^ par
Simon de Montfort, p. 491 ; privilèges accordés
aux consuls & aux habitants par Raimond VI,
p. 5o3; le cardinal-légat excommunie les habi-
tants, p. 5i3; l'archevêque d'Arles la donne en
fief au comte de Toulouse, p. 5o7; se soumet à
Louis VIII, p, 608; un sénéchal y est établi
par le roi de France, p. 612; l'archevêque d'Ar-
les la rend en fief à Raimond VII, p. 728;
Louis IX y passe en allant à la Terre-Sainte, &
à son retour d'Orient, pp. 796, 835; les ar-
chevêques d'Arles en cèdent la suzeraineté au
roi, p. 868; les habitants de cette ville portent
pl.iinte au roi contre ses officiers de justice,
p. 835; ordonnance rendue à cette occasion,
p. 836.
— (coutume de), p. 942.
— (péage de), p. 868.
— fsénéchal de), pp. ■'94,
848, 85o, 858, 864, 881,
— (sénéchaussée de), pp. 839, 841, 849, 861 , 862,
867, 870, 920, 937, 941, 942.
— (juge de), p. 196.
Beal'fobt, lieu de la sénéchaussée de Carcassonne,
pp. 584, 678.
BEAl'JEU (Guiscard de), p. 455.
— (Gui de), p. 284.
— (Imbert ou Huinbert de), pp. 618, 625.
Beaumont, lieu du Rouergue, pp. 116, i35.
Beaumont, domaine dans le Vêlai, p. 3-j,
BEAUMONT (Guillaume de), p. 81 3.
— (Honor de), p. 8.10.
— (Jean de), p. 721.
Bealpiv, lieu, pp. 616, 618.
BEAUPUY (Bertrand de), p. 1 85.
— (Raimond-Fort de), p. 244.
Beai,vai.s (évêque de), pp. 34c, 341, 409, 597,
607, 619.
BEAUVAU (René de), p. 892.
Beauvoisin, château, situé à deux lieues de Nî-
mes, pp. 07, 88; assiégé par Raimond VI,
p. 181.
8i5, 818, 825, 83o,
890, 897, 934.
TABLE GENERALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
965
BEBEN (Arnnua de% p. ',.
BÉCÉDE l'Payen de), p. 669.
BtCËDE, châtenu du Laiiragais, pp. 621, 62a; ses
murs doivent être détruits, p. 635. Voye^ Bes-
SËDE.
BEGON, fils de Raimond de Ginestoiis, p. 524.
BÉGO^f DE CAUMONT, pp. 746, yà.O.
Belcastpl, château du Razcs, p. pp.
Belkne, village, p. 8j2.
BELror.T, château dans le pays de Sault, p. 67.
BELISSENDE, fille de Guillaume VII, comte d'Au-
vergne, p. 98.
BELLAF.AR (Guillaume de;, p. 489.
BrLLEOAKiiE, château, pp. 327, 489, 569, 791 , 83 j.
BEt-LErEr.cHE, abbaye, pp. 226, 502, 384, 683, 8o3,
821.
RELVÈSE (Matfred de), pp. 368, 428.
Belvé/.e, château, pp. 368, 791, 85i.
BENAVEN (Bernard de), p. 269.
Bésévent, pp. 21, 23.
KÈNE (Guill.iume de), p. 6o'>.
BENOIT, abbé de la Grasse, p. 609.
BENOIT DE TERMES, p. 249; nommé évèque du
Razès par les hérétiques, p. 540.
BKINQl'E (Raimond de), p. 706.
BÉRAUD DANDUZE, fils de Pierre-Bermond,
pp. 83o, 878, 879, 918, 921.
BÉRAUD, sire de Mercoeur, pp. 98, 622.
HÉRENGER, évéque de Lérida, puis archevêque de
Narbonnc, pp. lâo, i53, 187, 211, 232, 2Ô4,
290, 33 1 , 34C1 , "loi; élu archevêque de Nnr-
bonne, p. i33; Célestin III confirme son élec-
tion; sa parenté, p. i39; plaintes adressées par
les légats au pape contre cet archevêque, p. 232;
son appel au pape contre les légats, p. 234;
est gracié par Innocent III, p. 239; se récon-
cilie avec lui, pp. 2.^4, 25.^; donne une église
de son diocèse aux religieuses de ProuiUe,
p. 234; s'accorde avec les croisés après le sac de
Béziers, p. 290; date de sa mort, p. 379.
BÉRENGER, archevêque de Tarragone, pp. 88,
III, I 1 .3 .
BÉRENGER, évêque de Cnrcassonne, pp. iTiS, 208;
est chassé de la ville par les hérétiques, p. 224.
BÉRENGER, évêque d'EIne, pp. 764, 779.
BÉRENGER DE FRÉDOL, évêque de Maguelonne,
pp. 869, 8-'-', 914, 947.
BÉRENGER DE REILEANE, évêque de Vaison,
p. 148.
BÉRENGER, abbé de Saint-Thibéry, p. 5io.
BÉRENGER VALARD, abbé de Boulbonne, p. 208.
BÉRENGER, archidiacre de Carcassonne (?),p. 1 Ô4.
BÉRENGER DE BÉZIERS, p. 40.
BÉRENGER DE BONFILS, de Lavaur, p. 154.
BÉRENGER, seigneur de Clermont, p. 66.
BÉRENGER DE CAUX, p. 73.
BÉRENGER DE COMBRET, p. 812.
BÉRENGER DE CUGUGNAN, p. 723.
BÉRENGER DE LA FARE, p. 903.
BÉRENGER-GUILLAUME, p. io3.
BERENGER GUILLELMI, deux personnages du
même nom, le père & le fils, p. 83o.
BÉRENGER DE GUILLEM, p. 784.
BÉRENGER DE JOARAS, bailli d'Agde, p. 387.
BÉRENGER DE LESTANG, p. 743.
BÉRENGER DE MOUJAN, p. 233.
BÉRENGER DE MONTLAUR, p. 374.
BÉRENGER DE IMORNAS , évêque de Vaison,
p. 148.
BÉRENGER DE PALAZOF. , poète provençal,
p. 166.
BÉRENGER DK PIERREPERTUSE ; hérite d une
partie des domaines d'Arnaud, vicomte de Fe-
iioulllèdes, p. 37.
BÉRENGER DE PUISSERGUIER, p. 89; date de
son testament, p. 90.
BÉRENGER DE PUISSERGUIER, pp. 601, 737,
732, 8-2.
BÉRENGER DE SALLES, p. 122.
BÉRENGER DE SALLÈLES, p. ■;.
BÉRENGER DE SAUVE, p. 849.
BÉRENGER DE SAINT-JEAN, p. 798.
BÉRENGER DE THÉSAN, pp. 122, 138.
BÉRENGER DE VILLESPASSANS, p. I3i
BÉRENGER, seigneur d'Uzès, p. 837.
BÉRENGER (Flotte de), p. 711.
BÉRENGÈRE DE NAVARRE, femme de Richard,
roi d'Angleterre, p. 146.
BÉRENGÈRE DE RO(^UEBRUNE, p. 830.
BERENGUELA ALONSO, p. 91.3.
Btr.r.>s 'corr. Brcns), château en Albigeois, p. 44.
BÉRENS (maison de), p. 626.
— (Guillaume-Pierre de), pp. 3o, 734.
Bnp.CEr.AC, en Périgord, p. 376.
BERGUADON (Guillaume de), p. ,5.39.
BEr.ct ADON, comté en Catalogne, p. 339.
BÉRMOND ou BERNON, élu évêque de Viviers,
pp. 396, 369, 91 o.
BERMOND, fils de Pierre-Bermond VI, p. 396.
BERMOND DE SAUVE, pp. 47, 49.
BERMOND DE SOMMIÈRES, p. 62.
BERMOND D'UZÈS, seigneur d'Uzès & de Pos-
qutères, frère de Raimond, évêque d'Uzès, pp. 22,
26, 38, 62, 63, 64, 206, 434.
BERNARD (le bienheureux), pénitent, p. toi'.
BERNARD, archevêque d'Aix, p. 410.
BERNARD DE LA BARTHE, archevêque d'Aiich,
envoyé à Rome par Raimond VI, p. 268; dé-
posé, p. 349.
BERNARD, archevêque d'Embrun, p. 482.
BERNARD, évêque d'Agde, p. 714.
BERNARD DE COMBRET, évêque d'Albi, pp. 646,
840, 9i6j conflit entre lui 8c le sénéchal de
Carcassonne, pp. 864, 863, 866.
BERNARD DE CASTANET, évêque d'Albi, pp. 921,
932.
BERNARD, évêque de Barcelone, p. 111.
BERNARD, évoque de Béziers, inféode, en io56,
le bourg de Béziers & une grande partie de ses
droits & revenus à Rainard Salomon, p. 58,
966
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
BERNARD-GAUCELIN, évéqiie de Béziers, plus
tard archevcqvie de Narbonne, pp. 41, i)3, "18,
82, III, 118, 119, i33, 140, 164, i."):'), 2185
est présent au meurtre de Raimond-Trencnvel,
p. 29; renouvelle la trêve de Dieu, p. Sp; plu-
sieurs de ses actes, p. 40; assiste, en 1179. au
concile de Latran, p. 86; est élu archevêf]ue
de Narbonne, p. 97; époque de sa mort,
pp. i38, iSp.
BERNARD DE CUXAC, évèque de Béziers, pp. 574,
596, 681.
BERNARD-RAIMOND DE ROQUEFORT, évèque
de Carcassonne, pp. 2.54, 342; est obligé de se
démettre de son évêché, pp. 349, 379; reprend
possession de son siège après la mort de Gui,
élu lors de sa déposition, p. 375; est de nou-
veau expulsé, p. 614; date de sa mort, p. 61.;.
BERNARD DE MÈZE, évèque de Maguelonne,
pp. 4")7, 5i 2, 6rt I .
BERNARD DE MONTAIGU , évèque du Puy,
pp. 527, 790, 799.
BERNARD DE ROCHEFORT, évèque du Pi, y,
p. 660.
BERNARD DE VENTADOUR, évèque du Puy,
pp. 790, 838, 839.
BERNARD D'ANDUZE, évèque de Viviers, p. 569.
BERNARD, abbé d'Alet, p. 700.
BERNARD, abbé de Caunes, p. 116.
BERNAP.D, abbé de Fontcaude; ses écrits contre
les hérétiques, p. 218.
BERNARD, abbé de Fontfroide, p. 140.
BERNARD, abbé du Mas-sous-Verdun (Mas-Gre-
nier), p. 702.
BERNARD, abbé de Psalmodi, p. 209.
BERNARD, abbé de Saint-Aphrodise de Béziers,
p. 332.
BERNARD DE SAINT-FERRÉOL, abbé de Saint-
Polycarpe, élu abbé d'Alet, p. l58.
BERNARD, abbé de Saint-Guillem du Désert,
p. 41.
BERNARD DE ROQUEFORT, frère prêcheur,
p. 739.
BERNARD, clerc de l'archidiacre de Lézat, p. 739.
BERNARD, religieux de Mazan, p. 396.
BERNARD D'ADÉMAR DE LESCURE, p. 817.
BERNARD D'ALION, p. 91.
BERNARD D'ALION, seigneur de Son, de Quéri-
gut, &c., pp. 564, 699.
BERNARD AMELII ou AMIELS DE PAILHÈS,
pp. 6i5, 764, 7.'55, 757, 811.
BERNARD VI D'ANDUZE, pp. 62, 63, 72, 108,
159, 164.
BERNARD VII D'ANDUZE, pp. i83, 186, 187,
2o3, 241, 278, 334, 390.
BERNARD VIII D'ANDUZE, oncle paternel de
Pierre Pelet, pp. 241, 524, 535, 569.
BERNARD D'ANDUZE, père de Sibylle d'AIais,
p. 85o.
BERNARD DE ANTERACO, p. 778.
BERNARD D'APCHIER, p. 864.
BERNARD IV, comte d'Armagnac & de Fezensac,
p. 778.
BERNARD V, comte d'Armagnac, p. 720; se li^ua
contre le roi avec Raimond VII, p. y3-j.
BERNARD D'ARPAJON, pp. 812, 816.
BERNARD D'ARSENS, chevalier, p. 249.
BERNARD D'ASTAFORT, pp. 143, 880.
BERNARD-ATON I, vicomte de Nimes & d'Agrîc,
neveu de Raimond-Trencavel , vicomte de Bé-
ziers, pp. 3o, 46, 69, 83.
BERNARD-ATON II, vicomte de Nimes & d'Agde,
■ PP- -^'i 4^>, 69, 123, 180 ; gouverne ses domai-
nes ; s'accorde avec le comte de Toulouse, p. 64 ;
se soumet à la suzeraineté du roi d'Aragon;
prend parti contre le comte de Toulouse, p. 8";
engage une partie de ses domaines pour soutenir
la guerre contre lui, p. 99; fait sa paix avec
lui, p. 1 1 I ; donne la vicomte d'Agde à l'éplise
de cette ville, p. 120; embrasse l'état ecclésias-
tique, pp. 121, I 22 ; divers actes de ce vicomte,
pp. 122, 123; il cède à Simon de Montfort ses
droits sur les vicomtes de Nimes & d'Agde; vécut
au moins jusqu'en 1214, p. i23.
BERNARD D'AUDEGUIER , chevalier d'Avignon,
p. 07-.
BERNARD DE BARRE, p. j56.
BERNARD DE BAUX, p. 6?.
BERNARD BEAUSADUN, p. 943.
BERNARD DE BENAVENT, p. 269.
BERNARD DE BÉZIERS, pp. 252. 481.
BERNARD DE BOISSESON, pp. i53, 556.
BERNARD DE CALVET, prieur de l'hôpital de
Gouda rgues, p. j^c.
BERNARD DE CANET, p. 82; notaire de Roger,
p. 1 55.
BERNARD DE CARDAILLAC, p. 455.
BERNARD DE CASENAC {corr. CAZENAC),
pp. 449, 466.
BERNARD DE CASTEI.BAjAC, p. 498.
BERNARD DE CAUSSINOJOULX {corr. CAUSSI-
NIOJOULS), tabellion de Béziers, p. 41.
BERNARD DE CAUX,, p. 75.
BERNARD IV, comte de Comminges, p. I25.
BERNARD V, comte de Comminges, pp. \i5, 143,
194, 207, 258, 3o8, 353, 406, 412, 498, 5o6,
52 1 ; fait la guerre au comte de Foix, p. 184;
répudie Maiie de Montpellier, p. 212; le pape
lui écrit en faveur de Simon de Montfort,
p. 337; s'allie à Raimond VI, pp. 354, 355;
combat Simon de Montfort, pp. 363, 369, 378,
385; perd une partie de ses domaines, p. 3ç3 ;
le roi d'Aragon intervient en sa faveur au con-
cile de Lavaur, pp. 402, 403 ; s'allie étroitement
avec le roi d'Aragon, p. 406 ; est battu à Muret,
p. 421 ; se soumet au pape, p. 435, & au légat,
p. 441; se rend au concile de Latran & demande
la restitution de ses domaines, pp. 470, 471,
472 ; aide Raimond ^'I à défendre "Toulouse
contre Simon de Montfort, p. 5c6; est présent
au testament du comte de Toulouse, p. 52 1 ;
recouvre une partie de ses domaines, p. 522;
assiste au combat de Baziége, p. 529; est exhorté
par le pape à mettre bas les armes, p. 538; sa
mort, p. 604; ses femmes; ses enfants, pp. 181,
212, 2i3, 414, 6o3, 604.
TABLE GENERALE DES NOMS ET DES MATIERES.
967
BERNARD VI, comte de Comminges, fils de Do-
don, petit-fil$ de Bernard V & arriére-petit-fils
de Rog»r de Comminges, pp. 12,5, 181, i83,
ij^:, (fO^, 667, O97, 71 1 , 718, 771; ses différents
marf.iges, p. 181; succède à son père, p. 604J
alxindonne le comte de Toulouse & fait sa paix
avec le roi, p. 609; rend hommage à Rai-
mond Vil, p. 697; sa mort, p. ySô.
BERNARD VII, comte de Comminges, pp. 772,
--3, 778, 804, 811, 8i5, 889, 918; succède à
Bernard VI ; rend hommage au comte de Tou-
louse, p. 735; est excommunié, p. 744; prête
serment au roi après la paix de Lorris, p. 754;
s'avoue vassal de Raimond VII, p. 771; ses
femmes, p. 73"); épouse Laurette, fille de Phi-
lippe de Montfort, p. 925.
BERNARD COTA, tabellion de Béziers, pp. 40,
BERNARD DE DURFORT, pp. 546, 61 5, 7.55,
778.
BERNARD D'ESCAFRÉ, procureur des templiers
de Béziers, p. 40.
BERNARD DU FESC, notaire de l'évéque de Ma-
guelonne, p. 707.
BPJ^NARD DE FOUCAUD,, p. 811.
BERNARD DE LA GARDE, p. 671.
BERNARD GILABERT, p. 435.
BERNARD DE GOT, bourgeois de Montréal,
p. 249.
BERNARD-GUILLAUME, fils de Guillaume VIII,
Sîigneur de Montpellier, désigné par son père
pour être chanoine de Girone ou de Lodève,
p. 202; mari de Miliane (Julienne), fille de
Pons-Hugues, p. 41 3; père de Bernard-Guil-
laume d'tntenza, p. 882.
BERNARD-GUILLAUME D'ENTENZA. p. 882.
BERNARD-HUGUES, vicomte de Saint-Antonin,
p. 649; fils du vicomte Frotard, p. 786.
BERNARD DHUGUES, p. 755.
BERNARD V, comte de Fezensac, p. 778.
BERNARD-JOURDAIN I, seigneur de l'IsIe, fon-
dateur de l'abbaye de la Capelle, p. 10.
BERNARD-JOURDAIN II, seigneur de l'Isle-Jour-
dain, pp. 168, 191, 197, 208, 5io, 532, 6i3,
880.
BERNARD-JOURDAIN III , fils de Jourdain II,
seigneur de l'Isle-Jourdain, pp. 191, 6i3, 734.
BERNARD DE LAC, procureur de l'hôpital de
Saint-Jean de Jérusalem dans le Narbonnais &
le Minervois, p. 74.
BERNARD DE MARESTANG, pp. 197, 612.
BERNARD DE MINERVE, pp. 58, 137.
BERNARD DE MIRAVAL, poète provençal, p. 167.
BERNARD DE MONTPELLIF,R , religieux de
Franquevaux. p. 2o,5.
BERNARD DE NARBONNE, camérier de la cathé-
drale de Béziers, p. 4-.
BERNARD D'ORKESSAN, p. 197.
BERNARD- OTON DANIORT ou DE NIORT,
pp. 53o, 690, 723; seigneur de Laurac, p. 697;
& lion de Niort, p. 701.
BERNARD DE PELAPOUL, viguier de Béziers,
p. i56.
BERNARD PELET, seigneur d'ALils, mari de
Béatrix, comtesse de Melgueil ; sa mort, p. 44.
BERNARD PELET, pp. 608, 627.
BERNARD, fils du précédent, p. 60S.
BERNARD PELET, fils de Tiburge, p. 794.
BERNARD, seigneur de Penne, p. 533, 822, 899.
BERNARD DE PORTELLE, pp. 437, 438, Sol.
BERNARD-RAIMOND DE CAPENDU, pp. 40, 57,
195.
BERNARD DE RIUSSEC [corr. RIEUSSEC), p. 332.
BERNARD DE RODEZ, p. 533.
BERNARD-RAIMOND ou RAIMUNDI, évéque des
hérétiques du Toulousain, p. 7; réfugié en Al-
bigeois, comparaît dans la cathédrale Saint-
Etienne de Toulouse, devant le légat 8c les évê-
ques assemblés; fait profession de foi catholique;
refuse de l'affirmer par serment, p. 83 ; est ex-
communié; se réfugie à Lavaur, p. 84, 90; se
convertit & devient chanoine de Saint-Etienne,
p. 96.
BERNARD -RAIMONDI, élu evèque de Carcas-
sonne, p. 254. Foye^ plus haut.
BERNARD SAISSET, chancelier de l'église de Tou-
louse, p. 878; abbé de Saint-Antonin de Pa-
miers, p. 888.
BERNARD DE SAINT-ÉTIENNE, pp. 71 5, 826.
BERNARD DE SAISSAC, p. 64.
BERNARD DE SAUVE, p. 47.
BERNARD DE SAUVE, p. 800.
BERNARD DE SIMORRE, hérétique de Carcas-
sonne, p. 253, 325.
BERNARD DE SOMMIÈRES, p. 797.
BERNARD DE TERMES, p. 63o.
BERNARD DE LA TOUR, p. 772.
BERNARD DE VENTADOUR , poëte provençal,
p. 162.
BERNARD DE VILLENEUVE, chevalier, pp. 194,
249.
BERNARD, podestat d'Avignon, p. 718.
BERN.ARD, fils de Hugues I, comte de Rodez,
p. 177.
BERNARD, seigneur du pays de Savez, p. i25.
BERNARD, notaire de Roger II, vicomte de Bé-
ziers, p. 154. Foye^ CANET.
BERNARD, frère naturel de Raimond VU; son
mariage avec Comtoresse, p. 587.
BERNARD-ARNAUD, reçoit en fief du comte de
Toulouse la boucherie de Toulouse, p. 159.
Bebms, château, pp. 88, 504.
BERNON ou BURNON, évêque de Viviers, pp. 242,
334, 692.
Béroxe, château près de Saint-Antonin, p. 649.
Bebry. pays, pp. 129, i3i, 173.
BERTRAND, cardinal du titre de Saint-Jean &
de Saint-Paul, légat, pp. 480, 499, 5o2, 5^4,
5io, 5i 1, 5i6, 525, 534; envoie Foulques pour
aller chercher du secours en France, p. 5o8 ; est
présent au siège de Toulouse par Simon de
Montfort, pp. 5io, Sii; lance une sentence
d'excommunication & d'interdit contre les cor.-
968
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
suis 8c les habitants de diverses villes, p. r)i3;
presse Simon de Moiitfort d'avancer le siège de
Toulouse, p. ôi6; après la mort de Simon,
conseille à Amaiiri de rester sur la défensive,
p. 020; assiste au siège de Toulouse p.ir le
prince Louis, p. .'i.'îz; sa sentence contre Rai-
mond VII est confirmée par Honoré III, p. 544>
remplacé comme légat par le cardinal Conrad,
p. 537.
BERTRAND DE SAINT-Jl'ST, évêque d'Agde,
p. 681.
BERTRAND, évêque de Béziers, pp. 398, 418; de-
mande à Innocent III, de détruire de fond en
comble la ville de Toulouse, p. 410.
BERTRAND, évêque de Cavaillon, p. 409.
BERTRAND DE MORNAI , évêque de Lodève,
p. 712.
BERTRAND DE CHALENÇON, évêque du Puy,
pp. 25o, 260, 467, 5o5.
BERTRAND DE MONTAIGU , évêque du Puy,
P- 799-
BERTRAND, évêque de Saint-Paul-Trois-Châ-
teaux, p. 187.
BERTRAND DE L'ISLE- JOURDAIN, fils posthume
de Bernard-Jourdain II, chanoine, puis évêque
de Toulouse, pp. 6i3, 8i3.
BERTRAND, évêque d'Uzès, p. 87.
BERTRAND, évêque d'Uzès, p. 837.
BERTRAND DE LAMBESC , évêque de Vaison,
p. 148.
BERTRAND D'ANDUZE, évêque de Viviers, p. 693.
BERTRAND DE SAINT-GERVAIS, évêque de Bé-
ziers, p. .)8 p .
BERTRAND DE VENTADOUR , évêque du Puy,
p. 790.
BERTRAND, abbé d'Aurillac, p. 692.
BERTRAND, abbé de Franquevaux, pp. 46, 64.
BERTRAND, abbé de Moissac, p. 179.
BERTRAND, chantre de l'église de Narbonne,
p. 11.
BERTRAND, prévôt de la cathédrale d'Arles,
p. 734.
BERTRAND, prieur de Saint-Gilles, p. 621.
BERTRAND D'ALAMANON, p. ,'ij8.
BERTRAND D'AUTIGNAC, p. 743.
BERTRAND D'ANDUZE, p. 47.
BERTRAND D'AURIAC, p. 07.
BERTRAND DE BAUX, seigneur d'Orange, pp. 24,
2,5, 78,94, fi3; allié d'Alfonse, roi d'Aragon,
p. 24.
BERTRAND DE BAZIÉGE, p. 671.
BERTRAND DE BORN, poète provençal, châte-
lain & seigneur de Hautefort, pp. 104, io5, 177;
compose des sirventes contre le roi d'Aragon;
chante les guerres d'Henri II, roi d'Angleterre;
ses amours, p. i o5.
BERTRAND CARBONEL, p. 900.
BERTRAND DU CAPITULE, p. 8l5.
BERTRAND DE CARDAILLAG, pp. 67, 287, 70$,
746, 704, 812. {Ces renvois se rapportent à deux
&• peut-être a trois seigneurs de même nom.)
BERTRAND DE GARES, p. 627.
BERTRAND, seigneur de Chalençon, p. 799.
BERTRAND DURAND, bourgeois de Nimes, p. 525.
BERTRAND DE DURFORT, p. 199.
BERTRAND, comte de Forcalquier, donne la ville
de Manosque aux hospitaliers de Saint-Jean de
Jérusalem; s'unit à Raimond V, comte de Tou-
louse, contre le roi d'Aragon, p. 32,
BERTRAND DE FUMEL, p. 179.
BERTRAND DE LA GARDE, p. 671.
BERTRAND DE GOURDON, p. 5i5.
BERTRAND-JOURDAIN, p. i33.
BERTRAND-JOURDAIN DE L'ISLE, pp. .507, 61 3,
732, 734, 907.
BERTRAND DE LAUDUN, pp. 278, 281.
BERTRAND I, vicomte de Lautrec, pp. ^38, 678,
679, 8 16, 804, 855.
BERTRAND II, vicomte de Lautrec, pp. 866, 901,
902, 9 i3, 922.
BERTRAND DE LESCURE, p. 566.
BERTRAND, seigneur de Lombez, p. 922.
BERTRAND DE MARMANDE, p. 507.
BERTRAND-MARTIN, évêque hérétique, p. 769.
BERTRAND DE MONTAIGU, p. 007.
BERTRAND DE MONTESQUIEU, p. 811.
BERTRAND DE MONTLAUR, p. 698.
BERTRAND DE MONTPEZAT, p. 67.
BERTRAND PELET, fils de Bernard Pelet & de
Béatrix, seigneur d'Alais, prend le titre de
comte de Melgueil, p. 44, ^5, 63; malgré la
protection du roi d'Aragon, il est obligé d'aban-
donner ses prétentions sur ce comté, p. 5o.
BERTRAND DE PESTILLAC, p. 007.
BERTRAND DE PIERRELATTE, évêque de Saint-
Paul-Trois-Châteaux, p. 199.
BERTRAND PORCELLET, p. 486.
BERTRAND-RAIMBAUD, p. 61.
BERTRAND DE LA ROQUE, commandeur du
temple dans le Toulousain, p. 524.
BERTRAND DE SAISSAC, pp. 64, |35, 143, 1 54,
i55, i56, 107, 220, 556; est tuteur de Rai-
mond-Roger, vicomte de Béziers, p. 104; se
mêle de l'administration de l'abbaye d'Alet,
p. i58; favorise ouvertement les hérétiques,
p. 159.
BERTRAND DE VALLAUQUEZ (eorr. VAILHAU-
QUEZ), p. 21 3.
BERTRAND DE VARAGNE, p. 671.
BERTRAND I, fils naturel de Raimond VI, c<jmte
de Toulouse, vicomte de Bruniquel & de Mon-
clar, pp. 3o7, 3o8, 321, 529, 53 1, 545, 555,
666, 697, 705, 760; prête serment de fidélité au
roi après la paix de Lorris, p. 754; son ma-
riage avec Comtoresse deRabastens; son frère
Raimond VII lui donne les châteaux de Bru-
niquel, de Monclar & de Salvagnac, p. SSyj
avait une fille en I23ij p. 666.
BERTRAND II, fils du précèdent, vicomte de Bru-
niquel, pp. 811, 866, 918.
BERTRAND, sénéchal d'Agenais, p. 786.
BERTRAND, habitant de Carcassonne, p. iS^.
BERTRANDE D'AMALON , mère d'Henri, comte
de Rodez, p. 270.
TABLE GENERALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
969
BERTRANDE, mère de Bernard-Hugues, vicomte
de Saint-Anionin, p. 649.
BrSALl (comté de), pp. 176, Sic.
BcSANro.v, pp. 221, 332, 591.
— (archevêque de}, p. Siy.
Bc.ss»x, château, pp. 034,681.
KESSAN (Pons de), p. 208.
— (Ratier de), p. 320.
Bess^de. foye^ BJxf.de.
— (consuls de), p. 811.
— (prud'hommes de\ p. 811.
BrssET, lieu, p. 466.
Bessiébes, sur le Tarn, p. 2:9; ses coutumes,
p. 855.
BETHttNE (Jean de), p. 533.
Beynac, château, p. 709. Voye^ Bainac.
Bezac ou Bezenac, lieu, p. 706.
Bëziers, ville épiscopale, pp. 4, 42, 58, 68, 82,
88, 89, 96, 97, 98, III, 114, i36, i37, i38,
142, i5i, i.')4, if)8, 175, 234, 3i3, 398, 458,
465, 474, 534, 535, 554, 56i, 572, 574, 609,
612, 624, 655, 656. 657, 672, 673, 726, 758,
783, 784, 797, 809, 871, 879, 882, 926, 935,
938, 939; Raimond-Trencavel y est assassiné
dans l'église de la Madeleine, p. 29; est assié-
gée par le vicomte Roger, aidé du roi d'Ara-
gon; les habitants résistent & font leur paix
avec le vicomte; le siège est abandonné, p. 32 ;
prise & saccagée par le vicomte Roger, avec
l'aide du roi d'Aragon, p. 32; est occupée &
saccagée par le» Aragonais, pp. 38, 39; les biens
de ceux qui avaient pris part au meurtre de
Raimond-Trencavel sont confisqués, p. 40;
son bourg inféodé, en io56, par Bernard, évê-
que, à Raina rd Salomon. p. 58 ; le roi d'Aragon
& le comte de Provence y passent en 1179,
pp. 89. 90 ; les droits de l'évéque & du vicomte
sur cette ville sont réglés dan» une assemblée
des barons & du peuple, pp. 1 15, 1 16; ses églises
& ses hôpitaux sont des lieux d'asile, p. 11 5;
conventions entre l'évéque de Béziers & Ber-
trand de Saissac durant la minorité de Rai-
mond-Roger, p. i58 ; comment elle fut gouver-
née après la mort du Roger II, p. i58; l'évéque
est suspendu pour refus d'excommunication des
consuls de Béziers, p. 236; les missionnaires
catholiques y demeurent quinze jours; craintes
pour la vie de Pierre de Castelnau, p. 246;
Raimond-Roger, â l'approche des croisés, y laisse
une forte garnison &. va s'enfermer à Carcas-
sonne, p. 286; est assiégée par les croisés,
p. 287; est défendue avec énergie, est prise &
mise à, sac ; ses habitants sont massacrés, pp. 288,
289 ; ses habitants ferment leurs portes à Simon
de Montfort, p. 433; ses environs sont ravagé»
par les Aragonais, p. 434; est désigné comme
rendez- vous des croisés en 1 214, p. 444; Mont-
fort y reçoit la donation de la vicomte de
Nîmes & d'Agde, p. 445; rentre sous l'obéis-
sance de Trencavel; ses habitants chassent le
légat Conrad, p. 537; ■'* sont excommuniés,
p. 546; prêtent serment de fidélité au légat du
pape, p. 601; le roi & l'évéque s'accordent tou-
chant la ju»tice & le domaine de cette ville &
du diocè»», pp. 658, 659; ^*» conciles y sont
tenus en 1243, p. 757; en 1246, p. 779; en
1254, p. 841; ses coutumes, p. 939.
Béziers (archidiacre de), p. 757.
— (baillis de), p. 618.
— (comté de), p. 640.
— (consuls de), p. 927.
— (diocèse de), pp. 101, toi, i36, 202, 219, 220,
252, 286, 332, 370, 546, 924, 947, 950.
— (évêquesde). pp. 28, 38, 58, 65, 82, 97, ii5,
107, 193, 235, 236, 247, 277, 325, 327, 379,
38o, 398, 423, 478, 4-'9, 546, 547, 56i, 584,
600, 726, 764, 800, 820, 826, 842, 882, 91Ï,
927; leur domaine & leur juridiction dans la
ville & dans le diocèse, pp. 1 1 5, 142, 157, 208 ;
s'avouent vassaux du comte de Toulouse, p. i58.
— (sénéchaussée de), p. 842.
— (vicomte de), pp. 362, 768, 809.
— (viguiers de), p. i56.
— CoRDELiEF.s (couvent des), p. 827.
— Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem, p. 40.
— Jacobinsou Dominicains (couvent des), pp. 575,
87..
— La Madeleine (église de), pp. 29, 288, 926.
— Saint-AphrodiSE (abbé de), pp. 38o, 658, 775,
827.
— Sainte-Aphbodise (chanoines de), p. 883.
— Sainte-Claire (couvent de), p. 883.
— Sainte-Eulalie, église, p. 40.
— Saixt-Jacqles (abbé de), pp. 40, 658.
— Saint-Nazaire (église cathédrale de), pp. 82,
1 i5, 288.
— Saint-Sernin, église, p. 58.
EÉZIERS (Bérenger de), p. 40.
— (Bernard de), p. 481.
— (Pierre-Raynard de), pp. 57, 76.
— (Raimond de), p. 784.
— (Roger de), p. 792.
BEZTESI (Philippe de), p. 626.
BlCORP.E, pp. 104, 175, 497.
— (comte de), pp. 125, 536, 745.
— (comté de), pp. 104, i25, 498, 868, 886.
— (évêque de), pp. 396, 482, 498.
KIOIL (seigneur de), p. i63.
KIRAN (Guillaume-Arnaud de), p. 811.
BinoN, château assiégé & pris par Simon de Mont-
fort, p. 389.
BiSAN (corr. Bizi;), lieu, p. 546.
BiAiR, rivière, p. 385.
Blagnac, lieu, p. 159.
BLANCHE DE CASTII.I.E, pp. 774, 777, 786,
808, 824, 825, 829; régente du royaume, p. 6 195
s'entremet entre Raimond VII & Louis IX,
p. 75o.
BLANCHE, comtesse de Champagne, p. 542.
BLANCHE, sœur d'Olivier de Tcviic , p. 840.
BLANCHE U'HUNAl'D liK LANTAR [corrige^
LANTA), femme de Bernard de Comminges,
seigneur de Savez, pp. 667, 671, 720.
Bunqlefort, château, p. 601.
Blaye, p. 749.
97°
TABLE GÉNÉRALE DES KOMS ET DES MATIERES.
Blé (commerce Au), pp. prî, 913.
Blois (comte de), pp. 186, 606, 619.
BocoiBAN (corr. Bol'coiban), châteaii, p. 334.
BOISSESO.N (Adélaïde de), p. i5j.
— (Bernard de), p. iSS.
BOISSY (Philippe de), p. 874.
BoMiiîSTRE (le), p. 886.
BOLÈNE (Pierre-Géraiid de la), p. SfiS.
BOUC (Guillaume de), p. 489.
BoLO(;\E (comté de); Constance, comtesse de Tou-
louse, en demande la restitution, p. 22 Foye^
Boulogne.
Bon-Pas, pont sur la Durance, p. 717.
BoxAFOUs (Castelnau de), château en Albigeois,
pp. 727, 909.
BoNDiLLONS, église, p. 206.
BONET, juif de Montpellier, p. 2o3.
BONIFACE, abbé de Cîteaux, p. 823.
BONIFACE (Pierre de), p. 7i3.
BONIFACE DE THUF.YS, p. 852.
BoNiLS, château, p. 918.
BoNMOULi.vS; le roi d'Angleterre & le roi de France
y tiennent une conférence, p. i3o.
BoNNECOMIiK, abbaye en Roiiergue, pp. 162, 5J2,
8o3; sa fondation, p. 26.
BoNXEFOi, chartreuse, pp. 202, 2o5, 206.
BoNXEFOl, château, p. 202.
Box.vEFONT, abbaye au diocèse de Comminges,
pp. 12, 26, 735.
BoNNEVAL, abbaye en Rouergue, pp. 45, 63, 177,
395, 817.
BoNREPAUX (grange de), p. 852.
Bomhowmcs , nom que prennent les hérétiques,
pp. 4, 228 .
Bordeaux, pp. 332, 673, 693, 745, 749, 839, 876;
un concile y est tenu en 1 182, p. 98.
— (archevêque de), pp. 287, 323, 383, 396, 402,
410, 45i , 629, 76S.
BORN (Bertrand de). Voye-{ BEIRTRAND.
Boso, machine de guerre, p. 490.
BOSON, abbé d'Alet. Voyex BOZON.
BOSON DE MONESTIÈS, p. 855.
BOSON II, vicomte de Turenne, p 63.
BOTIGNAC (Pierre de), p. 167.
Bouage, subside, p. 882.
BOUCHARD DE MARLY, pp. 3i5, 33 1, 364, 369,
371, 372, 425, 425, 459, 536, 597, 619; pri-
sonnier au château de Caba ret, mis en liberté,
p. 35 1 .
BOUCHARD DE ROCHEBARON, p. 468.
Bouchers de Toulouse (corporation des); date de
la rédaction de ses statuts, p. 110.
BOULBON (Guillaume de), p. 885.
BouLBONNE, abbaye, pp. 64, 67, 126, 192, 208,
422, 5o2, 5o3, 564, 604, 73i, 778, 853, 887;
consécration de son église en 1198, p. 184;
plusieurs monastères du voisinage s'associent
avec elle, p. 185; Raimond-Roger, comte de
Foix, y choisit sa sépulture, pp. 553, 564; ses
démêlés avec Alfonse de Poitiers, p. 852.
BoiLiiONNF. (abbé de;, pp. 757, 883.
— (religieux dej, p. 366.
BotLCONNE, bois, p. 64.
Botr.BONNE, lieu, p. 757.
Bofi.OGNE, château, p, 710.
Boulogne-sur-Mer, p. 883. Foyeç Bolocnb.
— (comte de), p. 186.
Bourdonnais; est envahi par le roi de Franct,
p. 128.
Bourg-Saint-Andéol, pp. 147,692, 890.
Bocegs fortifiés à cause des guerres privées, p. 941.
Bourgeois; leurs privilèges, pp. 939, 940.
— composant le chapitre {cap'ttulum ) de Toulouse,
p. 209.
— de Béziers ; leurs querelles avec Trencavel;
assassinent ce vicomte, p. 28.
— de Montpellier, p. 440.
Bourges, pp. 12, 129, 572, 576, 592, 673, 839;
des conciles y iont tenus en 1 181, p. 98, & en
1259, p. 866.
— (archevêque de), pp. 171, 45i, 593, 597, 619,
626, 628, 864, 865.
Bourgogne, pp. 6, 149.
BOURGUIGNE DE LÉZIGNAN (corr. LUSIGNAN)
ou DE CHYPRE, p. 145; sa parenté avec Rai-
jnond V'I, p. 1 47 ; répudiée pa r ce comte, p. 1 73 ;
va a Marseille, épouse Gaucher de Montbéliard,
retourne en Orient; a des enfants de ce dernier
mariage, p. 174.
Bourguignons, p. 284.
Bousquet (Notre-Dame du), monastère, p. 8o3.
BOUSSAGUES (Déodat de), pp. 1 54, 784.
Boussagues (mines de), p. 194.
BOUTENAC (Bérenger de), p. 686.
Boutonnet, lieu près de Montpellier, p. 169,
BOUVILLE ou BONNEVILLE (Guillaume de),
pp. 772, 8 16.
BOZON, alias BOSON, élu frauduleusement abbé
d'Alet, pp. 193, 56o; conséquences de son in-
trusion dans l'abbaye, pp. i58, 159.
BbAcantons, pp. 86, 278; exterminés par les con-
frères du Puy, p. 108; soudoyés par le doc
d'.'iquitaine pour ravager les Etats de Rai-
mond V, p. 128; entrent au service de Phi-
lippe-Auguste, p. 129.
Braoue, Braga (archevêque de), p. 466.
BRAÏDE, fille de Raimond-Roger, comte de Com-
minges, seigneur de Savez, p. 720.
Braine (comte de), p. 186.
Bram. château du Lauragais, pp. 254, 326, 75i;
assiégé & pris par Simon de Montfort, pp. iiç,
326.
BRAIM (Pons de), p. i53.
Bbaqueville; les inquisiteurs y séjournent une
nuit après avoir été chassés de Toulouse, p. 691.
Brassac, château avec titre de vicomte, p. 697.
Breissac (corr. Brissac). château du diocèse de
Maçuelonne, pp. 47, 5o3.
— (terre de), p. 712.
BREISSAC (Déodat de), p. 188.
Bkenac, château, p. 857.
TABLE GÉNÉRALE DES KOMS ET DES MATIÈRES.
971
BRESIS (Gaufiei de), p. 32.
Br.rTAGNE :^cointi & comte de\ pp. 52, 186, yjô.
Bretons; viennent combattre les hérétiques,
p. 333,
Ertz. ruisseau du Virarais, p. 186.
BRIANUE, sœur de Lambert de Monteil-Adhémar
(corr. Montélimart), p. 627.
BmoATSDVOES commis par les comtes d'Auvergne,
p. 8; réprimés par le roi de France, p. 9.
BRIGIER (Jean de), pp. 329, 534.
Brios, château, p. 710.
BmotDE, ville, pp. 9, 35, 37, 839; pillée & brûlée
par le vicomte de Polignac, p. 98.
— (abbaye de), p. 9, 178.
— (doyenné de), p. 864.
^ (prévôt de), p. 37.
BnicviBic (corr. Bragayuao), monastère, p. 8o3.
Brugliëbe (château de la), pp. 679, 723.
BRUIS (Pierre de), p. 2.
BnLLnois, vicomte, p. 389.
BRUN 'Guérin le), p. .66.
BRUNENCS (Hugues), p. 1^4.
BnuMQUBL, château du Querci, pp. 67, 007, 378,
.■.87.
BRUNISSENDE, sœur d'Arnaud, vicomte de Fe-
nouiUedes, p. 67.
BRUNISSENDE DE CARDONNE, femme de Ro-
ger IV, comte de Foix, pp. 888, 889.
BRUNISSENDE, femme de Pierre-Roger de Caba-
ret, p. 557.
BRUNISSENDE DE MINERVE, p. 85-3.
Brcsi^le, château du Rouerguc, pp. 91, 743.
BRUSSAC (Gui de), p. 628.
Buat (corr. Bouat), lieu du diocèse de Béziers,
p. 208.
Biloares, p. I .
Bclcaric, p. 567.
Bcrgos, ville, p. 915.
BURGUNDION, frère de Guillaume VIII, pp. 69,
7 I . Tove^ GUY BURGl NDION.
BURGUNDION, fils de Guillaume VIII de Mont-
pellier, p. 413; désigné pour être chanoine du
Puy, p. 202.
BURGUNDION DE MONTPELLIER, yoyex GUY
BURGUNDION.
BURGUNDIOSE, fille de Guy Burgundion deMont-
pellier, pp. ior>, ici .
BoRLATS, château en Albigeois, pp. 82, 157.
BURLATS (Géraud de), p. 925.
BURNON ou KRUNON, évéque de Viviers, pp. 25o,
3o3, 417, 464.
Bdzet, ville Se château du Toulousain , p. 7^9;
coutumes & privilèges donnés à cette ville par
Raimond VII, p. 733.
c
CABANES (Aymar de), p. 5ïi.
Cabard^.s (pays de), pp. 195, 35o, 556.
CADAnnT, château, chef-lieu du pays du Cabardès,
pp. 299, 3r5, 326, 327,333,350, 370,460, 55r,;
les croisés ne peuvent s'en emparer, p. 3o2 ;
pris par eux, p. 35i ; se soumet à Louis ^'III,
p. 6i3; Humbert de Beaujeu en fait le siège,
p. 625.
CABARET (Jourdain de), pp. i55, 6i3.
— (Pierre-Roger de), pp. 292, 3i5, 326, 35o,
557, 85d.
Catioed, comtorie, p. 198.
Cadrespine, château, p. 5o2.
CABRESPINE (Pierre de), p. 188.
Carrières, château, pp. 1 i 1 , 460, 5o5, 743, 918.
CABROLS (Guiscard), p. 463.
Cadaf.ev, château, pp. 892.
Cadenac, château. Foye^ Capde.nAc.
CADENET, poëte provençal, p. 558.
Cadenet, lieu, p. 207.
Caderoisse, château, pp. 692, 697.
— (seigneurs de), p. 697.
CADEROUSSE (Pierre de), p. 42.
Cadirac, lieu, p. 791 .
Cagliari, en Sardaigne, p. 923.
Caiior.s, ville, pp. 634, 641, 649, 660, 688, 69.3,
^■''9> 947 ; prise par le duc d'Aquitaine en 1 1 88,
p. 128; est cédée par Philippe- Auguste au roi
d'Angleterre, p. 134; lettre de sauvegarde pour
ses habitants, p. 210; ses consuls s'accordent
avec ceux de Toulouse, p. 258; ses habitants
reconnaissent Montfort pour leur seigneur,
p. 367; appartient à l'évéque qui en fait hom-
mage au roi de France, p. 075; ses habitants
se mettent sous la protection de Raimond VII,
p. 593; refusent l'entrée de la ville au légat;
cèdent; obtiennent le pardon du pape, p. 447;
les inquisiteurs y procèdent contre les hérétiques
& font exhumer plusieurs d'entre eux, p. 688.
— (comté de), p. 575; les évêques se l'approprient,
pp. 364, 365.
— (diocèse de), pp. 332, 392, 644, 800.
— (évéques de), pp. i3, io3, 287, 317, 371, 372,
449, 400, 757, 758, 768, 772, 8o3, 804.
CAHORS (Philippe de), p. 872.
— (Raimond de), p. 35o. Foye^ RAIMOND DE
SALVANHAC.
Cahlsac, château, pp. 734, 899; est pris par Si-
mon de Montfort, p. 362 ; se remet sous l'obéis-
sance du comte de Toulouse, p. 375; est assiégé
& pris par Simon de Montfort, p. 378.
CAHUSAC (Pons-Amelius de), p. 811.
CAÏC (Guillaume de), p. 333.
CAILLA (Albert ou Albertats), p. 166.
CAIRE ou CARON (Aimeri ou Aimon de), p. 489.
CAi.ssARGtES, château, p. 88.
Calatrava, p. 243.
Calberte, château, p. 569.
Calcl'l pisan, pp. 12, 17, 770.
Calers, abbaye du diocèse de Toulouse, pp. 12,
552.
— (abbé de), p. 887.
Calmette (la), lieu, p. 835.
97-
TABLE GENERALE DES NOMS ET DES MATIERES.
Calmon't, bastide construite par Alfonse de Poi-
tiers, p. pSo.
CALVET, abbé de Saiiit-Aphrodise de Béziers,
p. 208.
CAI.VET ou CHALVET (André de), sénéchal du
roi, p. 659.
CALVET (Bernard de), p. ^o.
Calvionac (vicomte de), p. 812.
Camaugle (île de la), pp. 14, 24, 68, 1 i3, 717,
718, 734, 736.
Cami;oi,as, vicomte, p. 4,50.
CAMBON, chevalier du comte de Toulouse, p. 408.
Camdons, château en Albigeois, p. 27.
CAMnr.Ai (cvêque de), p. 607.
Camon (prieur de), p. 870.
CAMrACNAc (Saint-Jean de), lieu, p. 737.
Campagne autour de Toulouse désolée par les croi-
sés, p. 366.
CAMrAGNOT.ES, château, p. |3.5.
CampAGNoles, commanderie de l'ordre de Saint-
Jean, au diocèse de Béziers, p. i35.
Candeil (abbaye de), pp. 3, 26, 117, 141, içS,
210, 5,')2, 821 .
— (abbé de), pp. 4, 5.
Candiac, château, p. 88.
Canet, château du Narbonnais, p. 478.
Canet, vicomte en Roussillon, p. 618.
CANET (Bernard de), p. 82.
— (Guillaume de), pp. 241,856.
— (Raimond de), p. 5i .
CANILLAC (Yrdoine de), p. 269.
CANITS (Eustache de), p. 365.
GANTEZ (Guillaume de), p. 23o.
Cantobbéiu (archevêque de), p. 190.
Capcip,, pays, pp. 563, 699.
Capdenac, alias Cadenac, château sur les frontières
du Rouergue &. du Querci, pp. 93, 449, 45d,
755.
CAPDUEIL (Pons de), p. i65.
Capelle (abbaye de la), pp. 10, 552; sa situation,
p. M.
Capendu, château, pp. 71, 195, 326, 914.
CAPENDU (Bernard-Raimond de), pp. 40, 57,
195, 574.
— (Raimond de), pp. 760, 784.
— (maison de), p. 914.
Capestang, château & commanderie de l'ordre de
Saint-Jean de Jérusalem, pp. 5, 40, i33, 139,
ïio, 232, 234, 759, 788; ses habitants sont
excommuniés, pp. 172, 546.
— (hôpital de), p. 870.
CAPESTANG (Gaucerand de), p. i33.
CAPITULE (Bertrand du), p. 825.
Capitouls deToulouse; origine de ce nom, p. 209.
Capistres, religieux, p. 906.
Caraman; les missionnaires y discutent contre les
hérétiques, p. 245.
— (seigneurie de), p. 507.
— (consuls de), p. 811.
— (prud'hommes de), p. 811.
CARAMAN (Guillaume-Pierre de), p. 192.
CARBONEL (Bertrand), p. 900.
CAr.oAssÉs, pays, pp. 3i, 90, i53, 465, 545, 555,
699, 743, 859, 889.
Carcassonne, ville épiscopale, pp. 4, 3i, 44, 68,
114, 104, 175, 284, 3i3, 319, 342, 367, 370,
396, 398, 420, 441, 454, 462, 474, 484, 502,
5to, 5i3, 535, 539, ,574, 608, 609, 612, 6i3,
624, 657, 667, 672, 673, 690, 696, 699, 751,
766, 783, 858, 859, 871, 905, 923, 935, 944,
946, 950; Roger II permet à la cathédrale de
Carcassonne d'avoir un four dans le faubourg
Saint-Vincent, p. 82; le roi d'Aragon & le
comte de Provence y séjournent en 1 179; détail
de divers actes passés en leur présence, p. 90;
construction d'un pont sur l'Aude, p. 111;
autres concessions du vicomte dans la même
charte, p. ii2; distinction entre le pont dit
aujourd'hui Pont-Vieux & celui construit en
1 1 85, p. 112; par qui cette ville fut assiégée
en 1185, p. 117; Roger, vicomte, y tient un
plaid, p. 142; faubourg Saint-Vincent, p. 208;
ses anciennes coutumes, p. 216; Pierre, roi d'A-
ragon, y condamne les hérétiques, p. 23 1 ; les
missionnaires y disputent avec les hérétiques,
p. 249; Raimond-Roger s'y enferme à l'appro-
che de l'armée des croisés, p 286; est assiégée
par les croisés, p. 291; ses faubourgs sont pris &
brûlés, p. 292; les habitants capitulent; condi-
tions de la capitulation; dans quel but les croi-
sés ne firent pas subir à Carcassonne le sort
de Béziers, pp. 294, 293; Montfort y revient,
p. 3i5; y amène la comtesse, sa femme, p. 326;
y amène Jacques, fils du roi d'Aragon, p. 345;
un grand renfort de croisés, la plupart Alle-
mands, y arrive, pp. 352, 362; Gui de Vaux-
Cernai est élu évéque de cette ville, p. 379; on
y célèbre les noces d'Amauri de Montfort & de
Béatrix, p. 440; Louis, fils de Philippe-Au-
guste, Simon de Montfort & tous les croisés de
France s'y réunissent, p. 459; un sénéchal y
est établi, p. 464; le corps de Simon de Mont-
fort y est apporté par Gui, p. 5i9; fondations
pieuses faites après la mort de Simon de Mont-
fort dans l'église cathédrale, p. 52o ; le comte
Raimond VII y visite Amauri de Montfort,
p. 567; est assiégée sur Amauri parles comtes
de Toulouse & de Foix, p. 070; ces derniers y
conviennent d'une trêve avec Amauri, qui aban-
donne la ville, p. 573; rentre sous la domi-
nation de Trencavel, p. 374; fait sa soumission
à Louis VIII, pp. 607, 608; l'inquisition y est
établie, p. 674; plusieurs hérétiques y sont con-
damnés, p. 701; le bourg est livré à Trencavel
qui assiège la cité; la ruine du bourg est achevée
par les Français, p. 721; construction de la
ville basse, p. 785; assemblées de la sénéchaus-
sée, p. 911, 927; nouvelle assemblée des trois
états, p. 927; ses coutumes, p. 937, 939, 940.
— (citadelle de), p. 8i5.
— (comté de), pp. 34, 43, 90, 91, 176, 345, 401,
680.
— (consuls de), pp. 252, .■ii4, 329, 33»
— (diocèse de), p. 370.
— Sai.nt-Nazaike (église de), cathédrale, pp. 81,
155,857.
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
973
Caf.cassonne; Cnr.DELiEBS (église des), p. 785.
— Sainte-Mabie ou Noire-Dame (église de),
pp. I 5j, 720, 785.
— FbEbes Pbêciieibs (couvent des), p. 786.
— SAixT-SALVEtR (église de), p. 82.
— (évèques de), pp. 223, 23 1 , 234, 349, 379, 387,
39^, 39a, 412, 415, 441, 450, :)34, .575, 614,
628, 6jo, 728. 737, 767, 796, 797, 82J, 842,
913.
— (grenier à sel de), p. 873.
— 'sénéchal dei, p. 81."), 8ii, 82-7, 847, 85o, 852,
853, 8',6, 865, 940.
CASTELNAU (Matfred de), p. 700.
— (Raimond de), p. 79.
Castelnau, château du diocèse de Maguelonne»
pp. 45, 71, 110, i35, 137, i83, 202, 2o3, 5i2.
Castelsau, dans le diocèse d'Agde, p. 65.
Castelnau, château du Vêlai, p. 36
Castel.nau, château du Périgord, pp. 449, 5 12.
Castelnau de Lévis, château qui portait autrefois
le nom de Bonafous; plus tard bîiionnie don-
nant entrée aux Etats, p. 727.
Castelnau de Mafbé, près de la Dordogne, p. 697.
(sénéchaussée de), pp. 794, 839, 841, 842, 849, Castelnau de Montmibal (consuls de), p. j8
861, 86^, 87c, 871, 873, 920, 926, 936, 937,
941.
— (vicomte de), pp. 362, 768.
CARUAILLAC (Bertrand de), pp. 287, 7o5, 746,
754, 812.
— (Guillaume de), pp. 67, 364, 454.
CARDONE (Guillaume de), p. 436.
Cardo.ne (vicomtes de), pp. 248, 249, 4j6, 65r,
7o3, 732, 883.
CARES ^Bertrand de), p. 027.
Cai;lau, château, p. io5.
Carladks, alias Carladois, vicomte, pp. 21, 26,
68, 94, 177. 178, 269, 698, 861.
Carmabignan, territoire près de Saint-Gilles,
p. 28D.
Carmel, confrérie, p. 9o3.
Carmes; leur établissement à Toulouse, p. 743.
Cari'E.ntras, ville épiscopale du Comtat Vcnaissin
ou marquisat de Provence, pp. 191,664,672,
711.
— (évéque de), pp. 277, 278, 336, 584, 586, 733,
757, 758, 767, 804, 814.
Casalace. yoye^ Sekfs.
CASENAC (Bernard de), p. 449.
Casouls, château, pp. 546, 574, 658.
CASOULS (Guillaume de), p. 869.
Ca.ssa.v, monastère, pp. 57, 154, |55, i56, 204,
236, 775.
— (prieur de), p. 912, 927.
Ca!>SENEUil, château; pris par l'armée des croisés,
p. 287 ; assiégé par Simon de Montfort, p. 446;
détails du siège, pp. 447, 448; ses murs sont
détruits, p. 635.
Casser ou Cassés, château du Lauragais, pp. 189,
36o, 375, 385; 407, 691; brûlé 81 rasé, p. 367.
CASTEL15.AIAC (Bernard de), p. 498.
CASTELKON (Raimond de), p. 364.
Castelbon, vicomte, pp. 248, 364, 401, 624, 65i,
T02, 73 1 , 732, 88'',
Castelfisel, p. 859.
CASTELLANE, fille d'Aymeri de Castelnau, p. 209.
Castei.lane, château, p. |35.
Castklmaira, p. 23-T.
CASTELNAU. ^Pierre de). Foye^ PIERRE DE CAS-
TELS' AU.
CASTELNAU (Aymeri de), pp. i32, 209.
— (Gilbert dc^, p. 754.
pp. 287, 436, 449,
Castelnau de Montbatier,
466.
CASïELNAuDABy, Capitale du Lauragais, pp. 237,
241, 367, 385, 405, 407, 420, 534, 536, 618,
636, 665, 720, 754, 811, 908; est brûlé, p. 36o ;
reconstruit, p. 362; Simon de Montfort s'y
rend pour arrêter la marche du comte de Tou-
louse sur Carcassonne, p. 368; divers combats
durant le siège de cette ville, pp. ?>6<) , 370,
371, 372, 373, 3^4, 375; le siège est levé,
p. 374; Simon de Montfort y donne la cein-
ture militaire à son fils Amauri, p. 419; Rai-
mond VII prend cette ville sur Amauri qui en
fait inutilement le siège, pp. 536, 539; ses
murs sont détruits, p. 635; les inquisiteurs y
passent en 1237, p. 702.
— (consuls de), p. 811.
— (prud'hommes de), p. 81 1.
Castf.lpobt, château, pp. 67, 722.
Castelsagbat, en Querci, p. 943.
Castp.lsabbasin, dans le Toulousain, pp. 210, 237,
241 , 349, 393, 398, 437, 711, 724, 754, 811; se
soumet à Simon de Montfort, p. 390 ; est assiégé
& pris par Raimond VII, p. 627; la garnison
a la vie sauve, p. 628; ses murs sont détruits,
p. 635.
Castelverdun, château, p. 61 5.
CASTELVERDUN (Arnaud de), p. 127.
— (Aton-Arnaud de), pp. 5oi, 65o, 766.
CaSïelviel, à Albi, pp. 71, 149, 559, 697.
Castera, château, pp. 143, 191.
Castres, ville d'Albigeois, pp. 195, 3oi, 3o2, 3i7,
343, 384, 785; les envoyés du lég.it y déclarent
la guerre à Roger II, p. 81 ; se soumet au roi
Louis VIII, p. 6o5; origine de la seigneurie 8c
du comté de ce nom, p. 645, 646; ses coutumes
confirmées par Philippe de Montfort, pp, 855,
938.
— (sbbaye de), p. 3.
— (abbés de), pp. 4, 5, 871.
— (comté de), p. 644.
— (diocèse de), p. 640.
— (Sai.\t-Vi.nce.\t, église de), pp. 463, 672, 924,
925.
— (seigneurs de), pp. 798, 924.
CASTRES (Ermengarde de), p. 557.
Castbies. château du diocèse de Montpellier,
pp. I 35, I 83, 241 , 5i 2.
— lieu, p. 202.
974
TABLE GENERALE DES NOMS ET DES MATIERES.
CASTRIES (EIzéar de), pp. 67, 154.
— (Raimond de), p. 71.
Catalans (corr. Escatalens), lieu dont Raimond VI
donne, en 1201, la justice haute & basse à
l'abbaye de Moissac, p. ipj.
Catalans, p. 421 ; prennent part à la bataille de
Muret avec le roi d'Aragon, p. 428; font la
guerre à Simon de Montfort pour l'obliger à
leur remettre leur roi Jacques, p. 434; combat-
tent pour le comte de Toulouse contre Simon
de Montfort, p. 008.
Catalogne, pp. 173, 221, 842, 401, 8.58, pSô.
Cathares, ipp. 221, 222; nom donné aux héréti-
ques albigeois, p. 1 ; un canon du concile de
Latran les appelle ainsi, p. 86. Foye'^ Albi-
geois,
CAUDAIRENCA, femme de Raimond de Miraval,
p. 557.
CAnMONT, château du Venaissin, pp. 42, 642, 643.
CAtiMONT, château en Rouergue, p. 816.
Caumont, lieu, p. 853.
CAUMONT (seigneur de), p, 746. Voyex PINS (de).
CAUMONT (Anissand de), p. 5 10.
— (Nompar de), pp. .5 10, 755.
Caunes, un évêque hérétique y est brûlé vif,
p. 619.
— (abbaye de), pp. 1 16, 164, 196, 684, 667, 870,
871.
— (abbé de), pp. 824, 842.
— (salin de), p. 871.
Caunette, lieu, p. 791.
— château, p. 837.
Caussade, lieu, pp. 14/, 287.
CAUSSADE (Raimond de), p. 746.
— (Ratier de), p. 141.
Cauvisson, château, pp. 87, 88, 241.
CAUVISSON (Raimond de), p. 437,
Caux, paroisse du diocèse de Béziers, pp. 75, 525.
CAVAERS, dame de Fanjeaux, p. 779.
CAVAIERS, fille de Pons d'Olargues, p. 926.
Cavaillon, pp. 728, 736, 918; Raimond V y sé-
journe en I 171 & y donne plusieurs actes, p, 42.
— (évêque de), pp. 170, 199, 227, 804.
— (vicomte de), p. 579.
Cayla, alias Caylar, château du diocèse de Nimes,
pp. 88, 270, 396, 797.
— (barons du), p. 39Û.
Caylar, forteresse donnée par Raimond-Roger,
comte de Foix , à Saint-Antonin de Pamiers,
p. i85.
Caylus, château, pp. 21, 67, 307, 386, 601, 706,
755, 918, 926.
Cayhac, monastère, p. 67.
Cayssargues {corr. Caissargues), château, p. 274.
Cazouls, château, p, 674.
CÉCILE DE BARCELONE, prétendue femme de
Roger-Bernard I, comte de Foix, p. 126.
CÉCILE DE BAUX, p. 772.
CECILE DE BEZIERS, fille de Raimond-Trenca-
vel & d'Adélaïde, épouse Roger-Bernard, comte
de Foix, pp. 3o, 3i, 126.
CÉCILE, comtesse de Comminges, fille de Rni-
mond-Roger, comte de Foix, pp. 563, 604, 735.
CÉCILE, comtesse d'Urgel, fille de Roger-Ber-
nard II, comte de Foix, p. 73i.
CÉCILE, fille de Gui Fulcodi, p. 885.
CÉCILE, veuve de Pierre-Ermengaud , épouse
Pierre de Minerve, p. 58.
Ceissac (auj. Ceyssac), château, p. 37.
— baronnie, p. 799.
Ceilhes, lieu, p. 743.
CÉLESTIN III, pape, p. i8r; déclare nul le ma-
riage adultérin de Guillaume ^ III, seigneur de
Montpellier, p. |38; confirme l'élection de Bé-
renger, a rchevéque de Narbonne, p. 1 39 î fait
bon accueil à la femme Se â la sœur de Richard,
roi d'Angleterre, p. 146; excommunie le comte
Raimond VI, p. 171 .
Cendras, abbaye, pp. 3, 87.
Cenis (mont), p. 110.
Ce.ns annuel imposé pour les affaires de la foi,
p. 538.
Centrairargues {corr. SAUTEYnAnoLEs) , village du
comté de Melgueil, p. i35.
— château, p. 5i 2.
CENTULLE I, comte d'Astarac, pp. 104, Ô25,
529, 647, 664, 771.
CENTULLE II, comte d'Astarac, pp. 21 3, 771.
CENTULLE, comte de Bigorre, pp. 123, 498.
Cépie, lieu, p. 466.
Cebdagne, pp. 616, 702, 714, 889.
— (comté de), pp. 33, 176, 616, 714, 839.
Cebvera, en Roussillon, p. 198.
CESSËNON (Hugues de), p. 85o.
Cessenon, château, pp. 546, 743, 85o.
Cesseras, lieu, p. 791.
Cestairols, château, p. 587.
Cévennes, montagnes, pp. 755, 838.
Chaise-Dieu, abbaye, pp. 8, 672.
Ciialadre, lieu, p. 28.
CHALENÇON (Bertrand de), pp. 260, 799.
— (Etienne de), p. 527.
— (Guillaume de), p. 799.
CHALENiyON, château, pp. 467, 367, 799.
CnALO.VS-StR-MAF.NE, p. 923.
— (évêque de), p. 533.
CHALONS (comte de), pp. 362, 356.
Chalon-sur-Saône, p. 538.
Chamcl, château, p. 37.
CHAMBON (Pétronille de), p. 287.
Champagne, p. 221.
Chancellerie des comtes de Toulouse, pp. 42, 69-
124, 192, 196, 534, 586, 643, 811, 812, 829.
Changeurs de Saint-Gilles, p. 83.
— de Toulouse, p. 85.
CiiAi'iTRE [capitulum) de la ville de Toulouse
p. 100.
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
Chapitres provinciaux de l'ordre de Saint-Benoît
dans la Province, p. çSi.
CnAPTEtiL, château, p. 467.
CHARLES, comte d'Anjou, de Provence, &c., frère
de Louis IX, pp. 798, 818, 847, 848, 892, 919;
roi de Sicile, pp. 893, 918, 928, 924; épouse
Béatrix, héritière de Provence, pp. 451, 777;
tenie, après la soumission de Marseille, de
rétablir la paix entre cetie ville & Montpellier,
p. 847) Jeanne de Toulouse lui lègue le mar-
quisat de Provence ou Comtat-Venaissin, p. 9 18.
Charmes, lieu, p. 5o6.
Chartes du comte de Toulouse en faveur des ha-
bitants de cette ville, pp. |3|, 182.
Chartres, pp. 483, 676, 597, 924.
— (évéque de), pp. 284, 840, 341, 697, 619, 025.
Chartreuse (Grande), p. 10.
Chartreuse de Bonnefoy, au diocèse de Viviers;
sa fondation, pp. 2o5, 206.
— de Valbonne, pp. 554, 555j sa fondation,
p. 206.
Chassiers, lieu du Vivarais, p. 186.
Châteaux abandonnés à l'approche des croisés,
pp. 388, 389.
Cbateauneuf de Laval (corr. Castelnau), p. 7")5.
Cbateacneuf, dans la paroisse de Vendres, p. 332.
Chateauvieux d'Albi {corr. Castelviel). Voye^ ci;
nom.
Chateauneue-Randon, seigneurie, p. 799,
CHATEAUNEUF (Guérin de), p. 8Û4.
— (Guillaume de), p. 864.
— (Randon de), p. b'64.
Chateauroux, pp. 129, i3ij pris par le roi de
France sur le roi d'Angleterre, p. 128.
CnATELLEME d'Ambialet, p. 646.
Chatte ou catte, machine de guerre, p. 5i5.
Chaumont, p. i33.
Cheircorb, alias Chercorb, pays situé dans la
partie méridionale du diocèse de Mirepoix,
pp. 28, 194.
Cher, château, p. 377.
Chevaliers, chevalerie, pp. 27, 28, 44, 2i3, 419,
648, 940.
Chevaliers du Temple; Alexandre III confirme
les privilèges à eux accordés par l'archevêque
de Narbonne, p. 14.
Chevauchée (droit de), pp. ii5, 179, 199, 2,3,
326, 939.
Chi.von, pp. 53, ;')92, 741.
Chirac, château du Gévaudan, pp. 211, 645.
Chro.siqueur ANONYME; son récit de l'entrevue
d'Aubenas, p. 268.
Chro.volocie ; commencement de l'année dans le
Languedoc au treizième siècle, p. 949.
ClNTECAOELLE, lieu, pp. 772, 778, 853.
CioUTAï, lieu du comté de Forcalquier, p. 166.
CÎTEAtx, abbaye, pp. 26, 78, 98, icô, 146, 537,
.'^96, 662, 714, 8o3, 823; Raimond V demande
iiux religieux de Cîteaux de venir combattre
rh<;résie dans ses Etats, p. 77; douze abbés 8c
une vingtaine de religieux viennent dans la
975
Province, pp. iâ->, 25r ; privilèges de l'ordre de
Citeaux, p. 599; Raimond VU s'engage à lui
payer deux mille marcs d'argent, p. 633.
Clairac, abbaye, pp. 391, 408, 428.
Clairvaux, abbaye, pp. 204, 599; Raimond VII
s'engage à lui payer cinq cents marcs d'argent,
p. 633,
Clarensvc, château, p. 88.
Clarensaks, château, p. 281.
CLARIN, chancelier de Simon de Montfort, puis
eveque de Carcassonne, pp. 392, 56i, 63o, 658,
662, 70,, 764, 779, 783,797; date de son élec-
tion, p. 614.
Clarté-Dieu (Notre-Dame de la), abbaye, p. 26.
CLAUSTRE, femme de Bernard de Mercœur
p. i65. '
CLÉMENCE, fille de Guillaume VII, seigneur de
Montpellier, femme de Rostaing de Sabran
pp. 47, 203.
CLÉMENT IV. Voyex GUI FULCODI.
Clergé & clercs de la Province, pp. 653, 828,
836, S42; exempts des tailles, p. 397; clercs
mariés, p. 397; leurs plaintes contre les offi-
ciers royaux, pp. 680,681, 707, 827.
Clermo.vt, château en Agenais, p. 543.
Clermont, en Auvergne, pp. 87, 565, 889, R73 ;
Louis VIII y passe quelques jours avant sa
mort, p. 619.
— (diocèse de), p. 332.
— (évéque de), pp. 87, 260, 284, 543.
— (vicomtes de), p. 8.
Clermo.xt, dans le Lauragais, pp. 34, 71.
Clermont de Lodève, p. 83o.
— (seigneur de), p. 784.
CLERMONT (Aymeri de), pp. 47, 66, m, 744,
85o.
Cluny, abbaye, pp. 118, 196, 202, 261.
Cluse, monastère, p. 739.
— (col de), p. 110.
COARASE (R.), chevalier, p. 498.
CODOLLET (famille de), p. 164.
COËTIVI (Ancel de), p. 329.
COGNAS (Adélaïde de), p. lor.
COHARDON (Guillaume de), sénéchal de Carcaj.
sonne, pp. 872, 912.
COLIN, maître d'artillerie, p. 916.
CoLLiouiiE, château en Roussillon, pp. 240, 714,
COLMIEU (Pierre de). Voye^ PIERRE DE COL-
MIEU.
CoLOMDiÉRE, lieu entre Tours & Amboise, p. i33
COLUMBI (maître), envoyé du roi d'Aragon *
Rome, p. 399.
CoMiiELO.NGUE, abbaye, pp. 353, 65o.
CoMBBET, château du Rouergue, pp. 66, 99, 450.
CO.MBRET (Bérenger de), p. 812.
COMINIAC [corr. COMIAC) (Raimond de), p. 754
Commanderie de Peyriès, p. 807.
— de Villedieu, p. 438.
Commerce de la Province, pp. 17, 58, 59; peu-
ples étrangers qui y prenaient part, p. 944.
976
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
CoMMixGEs, pp. z6, 126, i63, 17,5, 420, 886) Si-
mon de Montfort soumet & ravage une partie
de ce comté, pp. jçj, 399, 420, 4^2 j Bernard,
comte de Comminges, remet le pays sous son
obéissance, p. Ô22; est soumis à la suzeraineté
des comtes de Toulouse, pp. 811, 8 1 5.
— (comtes & comté de), pp. I25, 202, SSy, 349,
363, 366, 369, 385, 393, 399, 401, 402, 404,
408, 410, 417, 421, 435, 441, 470, 471, 47.0,
529, 554, 533, 647, 735, 744, 748, 807, 85r,
874. ^
— (diocèse de), pp. 12, 771.
— (évêques de), pp. 182, i83, 212, 379, 393, 3<j6,
408, 417, 423, 420, 478, 482, 887, 888.
COMMINGES (Bernard de), pp. 667, 671, 697,
720, 757, 771, 811, 920. Foye:^ BERNARD DE
COMMINGES.
— (Fortanier de), p. 720.
— (Pétronille de), p. 498.
— (Roger de), pp. ipS, 353, 093, 394, 476, 563,
612, 697, 700, 760, 886, 889.
CoMMissAiBES envoyés par le roi dans la Province
pour y recevoir les plaintes contre ses officiers,
& rendre les biens mal acquis, pp. 793, 839,
867, 870.
— réformateurs envoyés par Alfonse, pp. 827, 844,
85o, 85i, 890.
— envoyés dans la Province, en 1266, pour ren-
dre la justice, pp. 895, 934.
— du pape pour le procès contre l'évéque de Tou-
louse, p. 877.
Commun conseil de la ville & du faubourg de
Toulouse, p. 100.
Commun de la paix, pp. 109, 177, 464.
COMPANS (Drogon de), p. 378.
CoMPOSTELLE (archevêque de), p. 466.
COMTORESSE ou COMTORS DE LA BARTHE,
femme de Bernard VI, comte de Comminges,
pp. 125, 182, 604.
COMTORESSE, fille de Mainfroi de Rabastens,
p. 587.
CONAN, duc ou comte de Bretagne, p. 52.
Concile général convoqué à Rome le 1'' novembre
I2l5, p. 406.
Conciles : d'Albi, en 1254, p. 839.
^d'Arles, en i2o5, p. 242; en 1211, p, 346.
.— d'Avignon, en 1 209, p. 3o3.
— de Bazas, en 1 181, p. 98.
— de Béziers, en 1234, p. 683; en 1243, p. 757;
en 1246, pp. 778, 779; en 1254, pp. 841, 879.
— de Bordeaux, en 1 182 & 1 264, pp. 98 & 876.
— de Bourges, en 1181, p. 98; en 1225, p. 593 j
en 1 259, p. 866.
— de Capesiang, en 1 i65, pp. 5, 6.
— de Latran, en 1 179, pp. 85, 86, 93, 172, 217;
canon contre les hérétiques de la Province,
p. 86; en I2i5, pp. 468, 484, 485, 493, 5ie,
553, 710, 93 I ; vaines prétentions des archevê-
ques de Tolède pour la primatie sur la province
de Narbonne, p. 466; diverses peines qu'il or-
donne contre les hérétiques albigeois, pp. 469,
470 j Raimond VI, son fils & les comtes de Foix
& de Comminges viennent y demander la restitu-
tion de leurs domaines, p. 470; diverses décisions
proposées, pp. 471, 472; ses décrets touchant le
comte de Toulouse, p. 473; décret touchant les
comtes de Foix & de Comminges, p. 470.
Conciles : de Lavaur, en i2i3, pp. 402,403, 404,
407, 409, 4i5, 417.
— de Lérida, en 1237, p. 702.
— de Limoges, en 1 181, p. 98.
— de Lombers, en 1 |65, pp. 1 , 3,4, 5, 6.
— de Lyon, en 1245, p. 774.
— de Montélimar, en 1209, p. 276.
— de Montpellier, en 1190, pp. 171, 172, 217;
en 1211, p. 345; en 1214, pp. 451, 452; en
1224, pp. 582, 583, 604; en 1242, p. 748; en
1208, p. 862.
— de Narbonne, vers la fin du douzième siècle,
p. 218; en 1212, p. 379; en 1227, p. 623; en
1244, p. 764.
— d'Orange, en 1229, p. 607.
— d'Oxford, contre les manichéens, tenu en 1 160,
p. 2.
— de Pamiers, en 1226, p. 614.
— du Puy, en 1181, pp. 97, 98 ; en 1222, p. 56o.
— de Rome, en 1241; plusieurs évéques français
se rendant à ce concile tombent entre les mains
de l'empereur Frédéric, p. 727.
— de Senlis, en 1229, p. 63 i .
— de Sens, en 1223, pp. 568, 069; en 1229,
p. 63 1.
— de Saint-Gilles, en 1209, p. 277; ses statuts,
p. 282 ; en 1210, pp. 335, 40S.
— de Toulouse, en 1229, p. 683; canons qui y
sont dressés; il établit l'inquisition, pp. 6J2,
653, 654.
— de Tours, en 1 i63, pp. 2, 3,
— de Valence, en 1248, p. 799.
— de Vérone, en 1 184, p. 223.
Conciliabule tenu par les hérétiques, en 1167, à
Saint-Félix de Caraman, p. 6.
CoNDOM, pp. 466, 522, 554, 755; ses murs sont
détruits, p. 635.
— (diocèse de), pp. 641, 807.
CONDORS, fille d'Esquleu de Minerve, p. 85o.
Conférence entre Raimond V & le roi d'Aragon,
p. 62.
— de Saint-Denis, entre Louis le Jeune & Henri,
roi d'Angleterre, p. 38.
Com'lent, pays, pp. 616, 714, 889.
— (comté de), pp. 714, 809.
CoNi'i'.ÉRiE établie au Puy en 11 83, pour rétablir
la paix, pp. 106, 107, 108, 109.
— de VAmlstance ou de l'Amitié, p. 684.
— Blanche, à Toulouse, p. 352.
— du Carmel, p. 903.
— Noire, à Toulouse, p. 302.
— de Somraières, p. 108.
Connétables des comtes de Toulouse, pp. 42, 43,
62, 68, 1 8y, 1 98, 207.
Conques, abbaye, pp. 177,667.
TABLE GÉNÉRALE DES MOMS ET DES MATIÈRES.
97;
CONQUES (Pierre de), p. 791.
Cosiirr.Tr d'Alhigeois, p. 86 !.
CONRAD, évëqiie de Porto, cardinnl-lcgat dans la
Province, pp. 537, 34^, .'143, 540, ;■)'>-, 56 1,
562, 5j5, 565, 569, 079, 531 ; s'entremet de la
paix entre Raimond VII & Amaiiri de Mont-
fort, p. 55-j retourne à Rome, p. 569.
CONRAD Iir, empereur, pp. 74, 75.
Co\sf.i;a>s, pp. 125, 126.
— (diocèse de), p. 77 1 .
— (évêquc de), pp. 255, 266, 271, 272, 278, 804,
379, 393, 396, 498, 65o.
Co.NSOLATiox, cérémonie des hérétiques albigeois,
p. 228.
CONSTANCE DE FRANCE, sœur du roi Louis le
Gros, femme de Raimond V, pp. 5, 12, 43, 60,
82, 167; assiste au concile de Lorabers, p. 3;
quitte le comte, son mari, p. 7; se retire à la
cour du roi Louis le Jeune; affection des Tou-
lousains pour cette princesse, p. 1 1 ; est répu-
dié;; sollicite d'Alexandre III la restitution de
son douaire, p. 22; se rend en Terre-Sainte,
s'établit dans la plaine d'Ascalon, écrit au pape,
p. 59; se retire dans un monasicre, p. 60.
CONSTANCE, fille de Raimond VI & de Béntrix
de Béziers, femme de Sanchc \'I, roi de Navarre,
puis de Pierre-Bernard de Sauve, p. 395.
CONSTANCE, femme de Guillaume-Pierre de Cn-
raman, p. 192.
CONSTANCE, sœur d'Alfcnse II, comte de Pro-
vence, p. 3->7.
CO.NSTANCE, fille de Mainfroi, roi de Sicile,
épouse à Montpellier Pierre, infant d'Aragon,
p. 8-3.
CONSTANCE, fille de Conan, comte de Bretagne,
femme de Geoffroy, fils d'Henri II, p. 52.
CONSTANCE DE MONTCADE, pier.'ière feram-
d'.Alvare, comte d'Urgel, p. 732.
Constaittia, p. 343. Voyez Colstaiss».
CONSTANTIN, frère de Bertrand de Eorn, p. ic'i.
Co.xSLLS de mer, p. 945.
t:ORBEIL (vicomte de); se croise, assiste à la ba-
taille de Muret, pp. 422, 423.
Cor.iinii., p. 757.
— (traité de), p. 861 .
Cor.UKi.iEKS de Lavaur, p. 678.
— de Narbonne, p. 771.
Cor.Di:», bastide construite par Raimond VI,
pp. 625, 63',, 644, 671, 77iJ, 93o; fondée en
1222; libertés accordées à ses nouveaux habi-
tants, p. 56o; trois frères prêcheurs, envoyés
à G irdes en 1233 pour rechercher les hérétiques,
y sont massacrés, p. 68-; les habitants prêtent
serment au roi après la révolte de Raimond VII,
en 1242, p. 754.
— (consuls de), p. 811.
ConsEii.iiA?( ou Cor.M;ii i.AX, château du diocèse de
Béziers, pp. 546, 743.
CORNEILLAN (Picrre-Raimond tle), p. 601.
C()BXKii.LE (NoTr.E-DA»ii; de), pricuic, p. 1 19.
CoK.xcTo, château sur les confins de la Toscane,
p. 928.
char^au, pp. IJ7,
Cop.xovSEC (corr. Cnir.NOXSEc)
18.!, 202.
CORSO, noble génois, p. 16.
ConvEn, château, p. 65.
CoTTi;p.E*L'.v, p. 96; sont excommuniés avec les
hérétiques, p. 8'i; doivent être chassés des do-
maines du comte de Toulouse, p. 278.
COUCI (Enguerrand de), pp. 35o, 357, 533, 097.
— (Robert de), p. 597.
CoirrouLENS, château en Albigeois, pp. 43, 537.
CotFOULExs, château au diotèsc de Caicassonnc,
pp. 43, 71, 627, 667.
— (seigneur de), p. 924.
CotriAc, château, p. 45o.
COURFERRAND (Arnoul de), p. 9i3.
CoLT.oxNE (abbaye de la), p. io3.
CoinsAV, lieu, p. 824.
COURTSAVINE (corr. COURTSAVI) (Ermcssinde
de), pp. 340, 85').
Coins d'Amour, p. i52.
Cours piémères, pp. 60, 61, 772, 916, 941.
COURTENAY (Éléonore de), p. 634.
— (Pierre de), p. 354.
— (Robert de), pp. 285, 35o, 354, 357, ^97
CoLRTiiESO.v, dans la principauté d'Orange, pp. 76,
486.
Coi.sTAi.ssA, château, pp. 44, 344, 375.
Coi;ïime de France, des environs de Paris, appli-
quée aux conquêtes de Simon de Monilort,
p. 396.
CoUTU.MES particulières dans la Province, p. c;37.
— de la ville d'Agen appliquées à la Salvetat,
p. 23J.
CRANIS (Jean de). Foye^ JEAN.
CREICHI (Lambert de), p. 309.
C.'-.ni.ssEL, Ckeixel. château & vicomte en Rouer-
gue, pp. 177, 71^. 9-^-
Cbémoxe, ville d'Italie, p. 716.
Creste, monastère au diocèse de Langres, p, 26,
Cresï, château, p. 5o5.
Crestict, château, p. 148.
Creïssel, vicomte, t'oyi^ Creissei..
Cre/., lieu, p. 71 ■
Crimes; leur punition, pp. 18c, 937,938.
Croatie, p. 567.
Croisade contre les albigeois, pp. 6, 216, 261,
281, 28J, 283, 284, 285, 35o, 377, 378, 401,
402, 4^3, 404, 4S5, 486, 487, 522, 523, 567,
568, 596, 597, 498, 6o3, 604, 6c5, 629, 63o;
sa publication, pp. 266, 167; d'où vint le plus
grand nombre de croisés; durée de leurs ser-
vices, p. 267 ; nouveaux subsides levés par ordre
d'Innocent III, p. 332; suspendue par ordre
d'Honoré III, pp. 579, 585.
— d'outre-mer; efforts du pipe Innocent III,
p. i83.
Croisés; débarquent sur Us côtes d'Aliique,
p. 922.
— passent le Rhône, arrivent devant Béziers,
p. 286; ravat'cs nue fiit la clci.',;ieme armée vc-
V ;.
978
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
niied'Agen, p. 287; attaquent Carcassonne,
p. 292; croisés de France qiii viennent rejoindre
Simon de Montfort, p. 3iji; autres croisés arri-
vant durant le siège de Lavaur, p. S.ji; croisés
allemands défaits par le comte de Foix, p. 353 ;
leurs privilèges, pp. 271, ïyï, 33i, 332; leurs
dérèglements, 534, •'^^•
Ci;oix portées par les hérétiques, pp. 653, 677,
683, 701, 76.), 781, 800.
Croyances, des hérétiques albigeois, pp. 227, 22",
229.
Cruscades, château, p. 232.
Cuc ou CuQ, château, pp. 375, 385.
CucÉ, château du Velni, p. 528.
CuctJGNAN, château, p. 722.
CuEiL (corr, QueiLLe), château, p. 4
CussE {eorr. CcsSAC i") château, pp. 98, 99.
CuxAc(auj. CuxAc d'Alde), pp. 38o, 825.
CysoiNG lieu du Nord, p. 514.
D
DAt.'vIACE IJE CHEtSÊY, ou CRFISSEL, soigneur
catalan, pp. 91, 211, 52T,
DlLsiATiE, p. 567.
I^ALMAZAN, pays. Foyc-;; Dalmazan,
Dalon, abbaye, p. ro,).
Damiettc, p. 8 i5.
DAMOtSEALX ou FII.S DE CIIEVAlIKHS, pp. 940, 94I,
942.
Danube (brissin du), p. i.
Daumvzan, Dat.mazax, lieu, p. 33:^.
Daumazanès, p. :>')'■'; appartient encore, en I2i3,
au comte de Foix; coutumes accordées aux habi-
tants par Roger-Bernard, p. !25.
DAUPHIN, comte de Clermont & de Monifcrrand,
pp. '98, 99.
DALi'itiN d'Auvergne, mort en 1234, loué pour sa
libéralité, écrit des poésies, p. 166.
DAUPHINE alias DELPHINE DE TUUENNE ,
femme de Raimond d'Anduze, pp. 711, 9-^3,
Daupiiiné, pp. 62, 74.
Dauphins d'Auvergne, p. 98.
— de Viennois, pp. io5, 106, 703.
DAuuAnE(l5), église de Toulouse, p. 233.
— (prieur de la), p. 702.
DAVID DE ROAIX, p. 453.
DAVID KIMCHI, juif de Narbonne, p. 944.
DECAN, seigneur d'Uzès, pp. 206, 837, 849, 922.
DÉCIME levé sur le clergé de France, pp. ^33,
023, 541, 542, 547, 5/2, 599, 629, 75d, 793,
804, 893, 899; résistance de quelques églises,
pp. 624, 625. Voye^ DixiKsiE.
Degrés de juridiction réglés par une ordonnance
d'Alfonse de Poitiers, p. 935.
DÉIDE (Arnaud), p. 5o5.
DELPHINE, lilled'Hugues, comte de Rodez, p. 9:3,
DELPHINE DE TUHE.nINE. Voye^ DAUPHINE.
Delpont, château en Rouergue, p. 91.
DEXTfl.I.AC, Foyc- Le\tii.i-ac.
DÉODAT ALAMAN, pp. 566, 692.
DÉODAT DE BARASC, pp. 445, 75^, 812.
DÉODAT DE BOUSSAGUES, pp. 154, 784.
DÉODAT DE liRElSAC, maître des maisons du
Temple dans les provinces de Narbonne Et
d'Arles, p. 188.
DÉODAT DE CANILLAC, p. 937.
DÉOaAT ESCOLIER, de Saint-Gervais, p. 743
DÉODAT DE SÉVERAC, 3,5.
Dfti'nuiLi.ES des évéqucs; prétentions des grands
vassaux, pp. i52,
DEUDE, sœur d'Arnaud, vicomte de Fenouillèdcs,
p. 57.
DKUSDE ou DEUSDEDIT DE PRADES, chanoine
de Maguelonne, poëte provençal, p. 166.
Die ou Diois(comté de), pp. 76, 134, 149, 710,
711, 807.
DIEGO DE AZÈBES, évéque d'Osma , pp. 23o,
245 ; retourne dans son diocèse, p. 25i ; sa mort,
p. 252.
Différend des évéques du Puy avec le roi pour la
légale, p. 837.
DiiFÉr.ENDS entre le monastère de Prouille £4
l'abbaye de Saint-Hilaire, p. 56i.
•■'iMi: da sel perçue entre l'étang de Maguelonne
Ei la mer, p. 49.
JIME.S, pp. i.j2, 299, 3 12, 633, 645, 828.
Diois, comté, ^^o^yr^ Die.
Discipline ecclésiastique & régulière, pp. 931,
932.
Divorce de Raimond VI, p. i-,.^.
— entre Raimond VII & Sancie d'Ar.igon ,
pp. 662, 663.
Di\ii;\iE K'vé zn France, par ordre d'Innocent III,
pour payer la crois.ide contre les albigeois,
pp. 282, 2S4. Voyc'^ Décime.
DOAT ALAîMAN, pp. 149, i53.
DODON, comte de Comminges, pp. I25, |63.
Doé, abbaye, l'oye^ Douiie.
Domaine de la couronne, pp. 793, 794.
Domaines des chevaliers faidits, pp. 460, 466.
DoME ',auj. Domme), château, pp. 448, 449.
Dominicains de Poitiers, p. 919.
DoMiMCiiNES de Prouille, p. t)c:).
S. DOMINIQUE, fondateur de l'ordre des Frères
Prêcheurs, se consacre à la mission contre les
hérétiques de la Province, pp. 23d, 23i, 253,
254, 27-, 5io, 562, 640; ses travaux apostoli-
ques, pp. 245, 249, 267, 364, 5iOj fonde le
monastère de Prouille, pp. 252, 203, 204 j ses
différends avec l'abbé £k les religieux de Saint-
Hilaire, pp. 55;, 56;; fonde son ordre à Tou-
louse, p. 468; ses différents voyages en France
& en Italie; sa mort, p. 469.
DONAT, viguier du Ro;iergue pour Raimond,
comte de 'i'oulouse, p. lyL'.
DONAZAN [corr. Do\.\ez'.n), pays, pp. 553, 699,
TABLE GENERALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
979
Dnx CîHTfiT dein-mdé par le comte Alfonse à ses
sujets, p. i<)?>.
DoN7.E\Ac, lieu, p, io3,
DONZÈRE, lieu, p. 692.
DOUCE, fille de Rnimond-Eértnger, comte de Pro-
vence, & de Richilde, pp. 19, 21, 24, 2;"., 44,
45, 49, 63.
DouiiE (Svixt-Jacqits de), alias de DoÉ, abbaye,
p. J27; son origine, p. 10.
DouBGttï, château en Albigeois, p. 4.
DotiRNE, château dans le piys de Snult, p. 722.
l.FUGONET DE BOCOYRAN [corr. ISOl'COIRAN),
p. 278.
DRAGONET DE ÎMONTDODON, p. 604.
DRAGONET DE MONTDRAGON, p. 335; gou-
verneur de Raimond VII, comte de Toulouse,
pp. 490, 491.
DRAGONET DE MONTAUBAN, p. 772.
DiUGONET, château, p. 504.
DiiEix (comté de), p. 341.
DROGON DE CO.MPANS, p. 378.
Dr.oiT; ne peut être enseigné par les ecclésiasti-
ques, p. 172.
— écrit, en usage dans la Province, pp. 184, 2i:ï,
643, 819, 836, 867, 909, 937.
— d'asile, p. 938.
— de brûler les hérétiques, p. 9i3.
— dit le commun de paix; son origine dans le
Rouergue, p. 177.
— de criée, i Nimes, en 1 174, p. 64,
— de péage sur le chemin de Béziers à Karbonne,
p. III.
— d'épaves; règlement des consuls de Toulouse,
en I 192, à ce sujet, p. 14.^.
— sur les juifs, p. 119.
— de leude au Puy, p. 144.
DioiTS appartenant à l'évéque & au vicomte
de 'Béziers, sur la ville de ce nom S*, ses fau-
bourgs, p, I I !>.
— régaliens, p. 707.
— de régale, p. 880.
— seigneuriaux ou féodaux, p. 39T.
Di.uxsTAL, partie du \'ivarais, p. :jc6.
DurnÉ de Narbonne, pp. 241, 3/9, 472, 478, 479,
480, 481, :>.^4, 640; compétitions à son sujet
entre Arnaud, archevêque de Narbonne, & Si-
mon de Montfort, pp. 459, 46^, 461.
DtEL du seigneur de Lunel, p. 816.
Duels, pp. 368, 397, 416, 937.
DiLiiAC (corr. DuiMiAc), lieu, p. 722.
Duhakce, rivière; Raimond V donne plusieurs
moulins situés s; r cette rivière à l'église de
Cavaillon. Iti permet d'en construire de nou-
veaux 81 de détourner cette rivière sur une par-
tie du territoire de cette ville, p. 42.
DURAND, évèque d'Albi, pp. 666, 671, 727, 764,
76ii, 773, 8.4, 827, 840.
DURAND DE HUESCA, fondateur de la Société des
pauvres catholiques^ p. 202.
DURAND DE SAINT-BARS, consul de Toulouse,
pp. 688, 692, 894.
DURAN'D. Foyf, PIERRE, charpentier au Puy.
DURANT, archidiacre de Bourges, p. 626.
Dur.FOiiT, châtCiiu au diocèse de Niines, p. 800,
DURf-'ORT (seigneur de), p. 17g.
DURFORT (Bernard de), pp. 54a, 61Ô.
— (Gaucelin de), p. STio.
— (Guillaume de), p. 389.
— (Hugues de), p. 7Ï3.
— (Raimond de), poète provençal, p. 166.
— (Raimond de), p. 732.
— (Raimond-Bernnrd de), p. 71 1.
E. DE TOURNEL, maître de l'Hôpital en Aragon,
p. 5'>6.
Eauxes, abbaye, pp. 26, 634, 8o3; détruite par
les calvinistes au seizième siècle, p. 27.
— (abbé d"), tué par les routiers, p. 366.
ÉHRARD, évêque d'Uzès, p. 207.
ÉKRARl), chevalier du Temple, p. 600.
EccLftsiASTiijiES de la Province; se plaignent des
officiers du roi, p. 707.
ÉCHELLE (Guillaume de 1 ), p. 333.
Ecoi.E capitulaire de Saint-Ktienne, à Toulouse,
École de médecine de Montpellier réformée,
p. 533.
ÉCRIVALV (Raimond 1'), inquisiteur massacré à
Avignonet; poète provençal, p. 739.
Édit de RaiiRond VII contre les hérétiques,
p. 677.
EDOUARD I, roi d'Angleterre, p. 863.
ÉGLINE, veuve de Pons d'Olargues, p. 83o.
Koi.iSE r.OMAixE; cens annuel imposé pour elle
dans les pays conquis par les croisés, pp. 290,
3i I, 3 12, 3 17, 325, 344, 347; le comté de Mel-
gueil, fief de l'Kglise, pp. 895, 896.
Églises de la Province; ne peuvent engager leurs
biens à des étrangers, p. 42.
— du Limousin dépouillées par le fils d'Henri II,
roi d'Angleterre, p. ic3.
ÉLÉAZAR ou ELZÉAR D'UZÈS, fils de Bermond,
seigneur d'Uzès & de Posquières, pp. 26, 43,
49, 64, 69, 124, 125.
ÉLÉAZAR IV, seigneur d'Uzès, pp. 637, 939.
ÉLÉONORE D'AQUITAINE, femme d'Henri II,
reine d'Angleterre, pp. 52, 190; fait soulever
ses fils contre leur père, p. 54; prisonnière au
château de Salisbury, p. io3.
É( ÉONORE, reine d'Angleterre, femme d'Henri III,
p. 863.
ÉI. ÉONORE D'ARAGON, fille d'Alfonsc II, roi
d'Aragon 8< cinquième femme de Raimond ^ I,
ointe de Toulouse, pp. 177, 190, 3o7, 399,
422, 474, 525, 554, 555, 559.
ÉLÉONORE, fille de Philippe II de Montfort,
p. 925.
980
ÉLIE, abbé de Sarlat, p. 449.
ÉLIE GUARIN, abbé de Grandselve, p. 63i.
EUE DE CAHORS, p. 872.
ÉLIE DE CARCASSONNE, p. 944.
ÉLIE DE RUDEL, seign»iir de Bergerac, pp. 576,
74^-
ELISABETH DE CARDONE, nièce du corate d'Ur-
gel, p. 148.
ELISIARIUS, p. 58.
Elne, p. 477; cet cvêché continue d'être soumis
à la métropole de Narbonne, p. ôi.
— (évéques d'), pp. |3, 079, ûoo, 707, 764, 767,
827, 8Û2.
ELVIRE, femme d'Ermengaud, comte d'Urgel,
p. 249.
ELVISE D'YBELIN, femme de Gui de Montfort,
p. 627.
ELZÉAR D'AUBAIS, viguier de Rairaond VI,
pp. 189, 241.
ELZÉAR DE CASTRIES, pp. 67, 68, 154.
ELZÉAR. Voye:^ ÉLÉAZAR.
Emcuun. pp. 392, 435, J23, 591,630, 673.
^ (archevêque d'), pp. 222, 264, 3o3, 317, 45i,
478.
ÉMERI, roi de Hongrie, p. 307.
ÉMIR-AL-MOUMENIA, p. 383.
Emmurés, p. 858.
Emposte, château, p. 241.
E.Mi'ur.iAS (comté d'), p. 809.
Encapuchonnés I pp. 108, 109.
ENCONTRE (Verles, corr. Guillaume d'), p. 338.
ENGELRADE, femme d'Elisinrius, p. 58.
ENGLÉSIE DE MARESTANG, femme de Bernard-
Jourdain III, seigneur d» l'Isle, p. 734.
ENGUEURAND DE BOVES, pp. 383, 393.
ENGL'ERRAND DE COUCI, pp. 35d, 357, •''33,
397, 619.
EN-TENCA , nom pris par Bernard-Guillaume,
fils de Guillaume de Montpellier, p. 413.
— (Guillaume d'), p. 882.
— (maison d'), p. 413.
ENTRAiGuts, château, pp. 178, 692.
ENTRiiciiAtx, château, pp. 148, 692.
ExTKEVUE d'Aubenas, p. 268.
— de Philippe-Auguste & d'Henri, roi d'Angle-
terre, p. 129.
ÉON ou EUDES DE STELLA, p. 221.
Épaves ; décision des consuls de Toulouse sur cet
objet, p. 145.
Épreuve du fer chaud, &c., p. 937.
ERMENGARDE, vicomtesse de Narbonne, pp. 17,
3i, 43, 55, 58, 64, 65, 63, 70, 76, 89, 90, 102,
I I I ; fait sa paix avec Roger, vicomte de Eé-
ziers, p. 44; se démet de sa vicomte en faveur
de Pierre de Lara, p. |39; sa mort, pp. i5cj,
i5i; son éloge, pp. iji, i52.
ERMENGARDE DE CASTRES, p. 557.
ERMENGARDE, veuve de Folcaud de Brigier,
f. 536.
TABLE GENERALE DES Î^OMS ET DES MATIÈRES.
ERMENGARDE DE NARBONNE, fille d'Aymeri IV,
seconde femme de Rcger- Bernard , comte de
Foix, pp. 672, 715, 732.
ERMENGARDE DE BÉZIERS, sœur de Raimond-
Trencavel, femme de Gausfred, comte de Rous-
sillon, p. 3o; répudiée, p. i3.
ERMENGAUD, abbé de Saint-Gilles, p. 2o5.
ERMENGAUD DE BÉZIERS, p. 252.
ERMENGAUD DE PIGNAN, p. 137.
ERMENGAUD DE VILLE-FLAIRAN {corr. VILLE-
FLOURE), p. |52.
ERMENGAUD, comte d'Urgel, p. 248.
ERMESSINDE, femme d'Arnaud d'Avignon,
p. 166.
ERMESSINDE, fille d'Arnaud, vicomte de Castd-
bon & femme de Roger-Bernard, fils du cornu
de Foix du même nom, pp. 198, 732 j vicom-
tesse de Castelbon, sa mort, p. 65i.
ERMESSINDE DE COURSAVINE {corr. COURT-
SAVI), p. 340.
ERMESSINDE, fille de Béatrix, femme de Pierrc-
Bermond de Sauve, pp. 44, 45.
ERMESSINDE DE NARBONNE, femme d'Amalric
de Lara, pp. 3 1 , 617.
ERMESSINDE PELET, comtesse de Melgi.eil. pre-
mière femme de Raimond VI, p. 504; son ma-
riage avec Raimond, fils du comte de Toulouse,
p. 49; son testament, sa mort, p. 69.
ERMESSINDE DE VIAS, p. 40.
Ermitage de Saint-Victor, au diocèse de Nar-
bonne, p. 210.
ESCAKRÉ (Bernard d'), p. 40.
EscALE-Dicu (1'), abbaye, p. 771.
ESCARONNE, femme de Bernard -Jourdain, sei-
gneur de l'Isle, p. 143.
ESCHIVAT. roye^ ESQUIVAT.
ESCLARMONDE, fille de Roger-Bernard 8c d'Er-
messinde, femme de Raimond, fils de Raimond
Foie, pp. 65i, 73i, 732.
ESCLARMONDE, fille de Rairaond-Roger, comte
de Foix, p. 564.
ESCLARMONDE, fille de Raimond-Pelet , brûlée
comme hérétique, p. 769.
ESCLARMONDE, femme de Jacques, fils du roi
d'Aragon, p. 888.
ESCLARMONDE DE FOIX, sœur de Raimond-Ro-
ger, comte de Foix, femme de Jourdain II,
seigneur de l'Isle. pp. 126, i85, 191, 227, 25i,
716} veuve de Jourdain II, se retire près de
son frère Raimond-Roger, p. 192.
EscoisscNS, château, p. 1 16.
Escir.E (corr. Li::cLr.E), château du diocèse d'Albi,
pris sur les hérétiques, p. 240.
ESPAGNE (Arnaud d'). pp. 755, 886, 889.
ESPINACE (Artaud de 1'), p. 40.
Espi.NASSE, abbaye, pp. 552, 555, 61 3, 8o3.
ESPINASSE (Arnaud de), p. 755.
ESQUIEU, fils de Bernard de Comminges, seigneur
de Savez, p. 72 ~.
ESQUIVAT o;i ESCHIVAT DE CHABANAIS, comts
de Bigorr.-, pp. 537, 868, 886.
Table géni^-i\ale des noms et des matières.
981
T:SQU1VF. D'YBELIN, femme d'Amauri de l.ézi-
giian, p. 146.
■ESSIGNY (Gaiisbert d'), p. 3 1 .').
ESTAING (Aldcbert d'), p. 25.
— (Déodat d'), p. 56^.
rSTANG (Pierre d'), p. ii3.
ESTEVE (Jean), poète provençal, pp. 9i3, Çî^-
Ltats de Languedoc; leur origine, p. 836.
liTIENNE AlJemarii, viguier de Nîmes, p. 274.
ETIENNE DE BAGNOLS , chanoine de Reims,
pp. 846, 802,
ETIENNE DE BRIOL^DE , ivèque de Mcnde,
p. 5')."i.
liTIENNE DE CHALENÇON, évêqiie du Puy ,
pp. 527, J28, 660.
ETIENNE, abbé de ClairTaux, p. 83l.
ETIENNE DE FERIOI,, p. .Î24.
ETIENNE DE FEUKÉOL, p. 621.
ETIENNE DE LANGTON , primat d'Angleterre,
_ p. 473-
ETIENNE DE LA MISÉRICORDE, missionnaire,
p. 2JI .
ETIENNE DE MONTPEZAT, p. .'">83.
ETIENNE DE NARBONNE, inquisiteur, massacré
à Avignonnet, p. 7.39.
ETIENNE DE UOCHESAVINE , fils de Pons, vi-
comte de Polign.ic, p. 37.
ETIENNE DE RODEZ, p. 40.
ETIENNE DE SAINT -THIBÉRY, inquisiteur,
pp. 701, 702.
ETIENNE DE SANCERRE, pp. 097, 619.
ETIENNE DE SACLAY, p. 921.
ETIENNE DE SERVIAN, neveu de Guillaume VU,
seigneur de Montpellier, pp. 46, i37, 154, 167,
iSp, 193, 2c3, 32j, 35o.
ETIENNE DE TOURNAY, abbé de Saint-Euverle
d'Orléans, p. 10; puis de Sainte-Geneviève de
Paris; décrit l'état déplorable dans lequel se
trouvait la Province, p. 96.
ETIENNE DE LA VALETTE, p. 507.
ÉTIENNETTE ou BÉATRIX, fille de Centulle,
comte de Bigorre, femme de Bernard VI, comte
deComminges, pp. I25, 498.
ÉTIENNETTE, femme d'Hugues de Baux, p. 93.
ÉTIENNETTE, femme du sîigneur de Penautier,
dite Louve de Penautier, p. i63.
KTtDE des lois au treizième siècle, p. 937.
Etudes dans la Prorince durant le treizième siè-
cle, p. 947.
El'DES Co^ui ou LE QUEUX, sénéchal en Albi-
geois, lieutenant du roi dans la Province,
pp. 667, 6Tf,6y8.
EUDES, fils d'Alice de Lorraine & d'Hugues III,
duc de Bo.urgogne, p. 106; duc de Bourgogne,
pp. 275, 284, 433, 434; prend part à la croi- '
sade contre les albigeois, p. 2675 refuse les do-
maines de Raimond-Roger, p. 297; se retire
dans ses Etats, p. 3d2.
EUDES DE LA MOUTONIÈRE, pp. 821, 874,
^5)5-, 899, 903, 904, 907.
EUDOXE, fille de Manuel Comnène, cnpereur de
Constantinopit , épouse Guillaume VITI , sei-
gneur de Montpellier, pp. 62, |33, 2c5; es: '
répudiée p.ir son mari j sa mort, pp. 117,118.
EUGÈNE m, pape, pp. 2, i3, 87.
EUGÈNE IV, pape, p. 73.
EUSTACHE, fils du roi d'Angleterre, premier
mari de Constance, p. 22.
EUSTACHE DE MÉSY, p. 907.
EUSTACHE DE QUEN, DE CAUS ou DE CANITZ,
pp. 364, 365.
EUSTORGE, archevêque de Nicosie, p. 627.
EUSTORGE, fille de Bernard d'Anduze, seigneur
d'Alais, p. 63.
EvÈQUE des hérétiques brûlé vif à Caunes, en 1 226,
-, ■'■ '■''■
Evoques de la Province ; dépouillés de leur juri-
diction ordinaire en faveur des lég.'its, p. 23 1 j
l'accordent avec le roi Louis \'ni au sujet du
domaine de leurs églises; prêtent serinent de
fidélité au roi, p. 6i5; servent d'assesseurs aux
inquisiteurs & précèdent direttcment contre lu
hérétiques, pp. 737, 738.
— déposés, p. 349.
— ordonnés par les hérétiques, pp. 7, 5/(5, 667,
_ 568.
Evois, vicomte, pp. 563, 889.
ÉVRAUD, hérétique brùIé, p. 226.
EvBELX (comté d'), p. 863.
— (êvêque de), p. 829.
EXAMEN DE LA VATE, prieur de l'hôpital de
Saint-Gilles & châtelain d'Erapcste, p. 141.
Exr.oMMiMCATiox ; son usage fréquent dans le
treizième siècle, pp. |38, 148, 212, 3oo, 3o4,
526, 546, 614, 623, 632, 633, 634, 635, 636,
63?, 645, 661, 669, 670, 674, 693, 701, 702,
707, 708, 824, 825, 826, 827, 877, 878, 879.
— lancée par Alexandre HI contre les comtes d'Au-
vergne & le vicomte de Polignac, p. 9.
— ne peut être prononcée que par le pape, p. |38.
Exf;ci;Tio.\s d'hérétiques dans la Province, pp. 687,
683, 689.
Exemption de leude & de péage accordée aux ha-
bitants de Toulouse, p. 168.
FABRÈGUES (Pierre de), p. 698.
FABP.I (Pierre Je Athiis, dit), sénéchal de Beau-
caire, p. 794.
Facllté de droit civil établie à Montpellier,
p. 909.
Faiditsou rnoscniTS, p. 441.
FANJEAUX (Bernard de), p. 624.
Fanieaix ou l'Ai'.GE.vTiiciiE, château du Vivataijj
pp. 276, 281, 334, 464, 014, 567.
Fanjeaux, château du Lauragais, pp. 44, 227,
203, 254, 290, 3oi, 309, 3ii, 3i8, 319, 369,
370, 371, 372, 377, 421, 462, 564, 753, 734,
779, 9c5j ses murs sont détruits, p. 635.
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIERES.
Fanjeaix (consuls de), p. 8 i i .
FARE (Bérenger de la), p. çoj,
FAUGÈRES (Gaufiid de), p. 784.
^(Guillaume de), p. 142.
Faugéres (seigneur de), p. 194.
Favers {corr. Faviks), village, p. 67.
FAY (Philippe de), p. 71 1.
FELGAR (corr. FAUGA) (Arnaud de), p. 811.
— (Guillaume de), p. 811.
— (Rairaond de), p. 669.
Fenouillèdes, comté, pp. i5o, 617, 618,
— vicomte, pp. 93, 714.
FeiNOUillet, château, pp. 57, i/lo, 211, 842, 809.
FENOUILLET (Hugues-Pierre de), p. 5oi.
— (Pierre de), p. 6i5.
— (Udalger de), p. 2,54.
FERDINAND ou FERNAND, fils du roi d'Aragon,
pp. 5i 2, 873.
FERDINAND, fils d'Alfonse II, roi d'Aragon Si
religieux de l'ordre de Cîteaux, p. 177; reli-
gieux de Poblet, abbé de Montaragon, p. 235.
FERDINAND, fils d'Alfonse, roi de Castille,
p. 23o.
FERDINAND DE CASTILLE, petit fils de Jacques,
roi d'Aragon, p. 915.
FERIÔL (Etienne de), p. 524.
FERNAND D'AÇAGRA, p. 713.
FERRI PASTÉ, maréchal de France, pp. 721, 730.
FERRIER (frère), inquisiteur de Carcassonne,
lance l'anatlième contre les meurtriers des in-
quisiteurs d'Avignonnet, pp. O34, 741, 707.
FERRIN D'ISSY, p. 329; chevalier de Simon de
Montfort, p. 459.
Fertê-Aiais (la), en Beauce, p. 627.
Ferté-Eernard (la), dans le Maine, p. i33.
Feuillans, abbaye du diocèse de Rieux, pp. 26,
1 25, 541, 604, 6i3, 8o3; sa situation, p. 27.
— forêt, p. 26.
Fezensac, comté, pp. 463, 778, 807.
Fezf.nsaguet, vicomte, p. 463.
Eue, château en Albigeois, pp. 209, 855.
Fiefs confisqués pour crime d'hérésie, pp. 655,
667.
— possédés par les nobles, p. 917; droits payés
par les roturiers qui les acquièrent, pp. 940,
941.
FiGEAC, abbaye, pp. 67, 100, 134, 449, 619, 807;
sa garde est confiée à Raimond VI, p. 169.
— (abbé de), p. 73i .
FIGUEIRE (Guillaume), poëte provençal, p. 558.
FINE, sœur de Pierre-Raimond de Béziers, p. 57.
FiMARCON, terre, p. 664.
FLAGEAC (Gilles de), p. 670.
FLAMA^us, p. 284.
FlANUBE, pp. 2, 6, 220, :21.
— (comte de), p. 104.
FLEIX (Guillaume de), p. 2o3.
Florac (barons de), p. 396.
Florac ou Toronet, monastère de l'ordre de Cî-
teaux, p. 243.
Florensac, château, pp. 240, 534, ^4^> ^57, û3i,
797, 872.
FLORENT DE VILLE, pp. 426, 427.
FLORENT DE HANGEST, p. 597.
FLOTTE DE BÉRENGER, mère d'Aymar II, comte
de Valcntmois, p. 711.
Foi de J.-C., ordre militaire institué dans la Pro-
vince, p. 540.
Foire de Beaucaire, pp. 26, 5o3.
Foix, ville & château, pp. 3i, 126, 393, Bçô,
442, 453, 462, 476, 539, 629; privilèges ac-
cordés aux nouveaux habitants du bourg do
Foix, p. 3i; les droits domaniaux de la ville
sont partagés entre le comte & l'abbé de Saint-
Volusien, p. 3 1 ; le château est attaqué par Si-
mon de Montfort; les habitants forcent Simon
à se retirer, p. 326; Montfort brille ses fau-
bourgs, p. 432; le château, dont la garde avait
été confiée par le pape à l'abbé de Saint-Thi-
béry, est rendu à Raimond VI, p. 5io.
— (abbé de), pp. 65c>, 747' 757.
— (comté &. comte de), pp. 337, ^491 363, 365,
366, 367, 369, 385, 393, 399, 4D1, 402, 4c5,
408, 410, 417, 437, 441, 470, 471, 475, 539,
554, 641J 794, 807, 85o, 851,. 852, 886, 888,
941.
— (P'Tys de), pp. 376, 859, 950,
— (abbaye de Saint-Vollsien de), pp. 32, 65c.
FOLLAQUIER (Pierre-Gaucelin de), p. 903.
FOLCAUD DE BRIGIER, chevalier, pp. 529, 53o,
53 1 ; ses brigandages, sa mort, pp. 534, 535.
FOLQUIER, chanoine de Narbonne, légat en Por-
tugal, p. 91 I.
Fo.NClA.N {corr. FOiNTlÉs), p. 65o.
Font de Nîmes, abbaye, pp. 87, 270.
Fontainebleau, p. 38.
FoNTCAtuE, abbaye; son origine, pp. 218, 219.
FoNTCOUVERTE, lieu, p. 22.
FoNTfis, château, p. 483.
Fo^TEVRAL•LT, abbaye, pp. 48, 8o5, 918; Henri II,
roi d';\nglcterre y est inhumé en 1187, p. i33;
Raimond VII y est inhumé, p. 8o3.
— (ordre de), p. 146.
FoNTEROiDE (abbaye de), pp, 3, 34, 57, 58, 71, 7J,
116, 119, 140, i52, 209, 225, 229, 414, 432,
47S, 493, 044, 572, 574, 596, 700, 714, 715,
856, "'57; reçoit des donations de Guinard,
comte de Roussillon, pp. 00, ." ■ .
— (abbés de), pp. 686, 757, 852, o5j.
Fonts, abbaye près d'Alais, pp. 837, 838.
FonCALQLIER, comté, pp. 19, 21, 22, 32, 77, III,
169, 170, 176, 198, 3o3, 3o5, 317, 664, 716.
Forez, pp. 35, 526.
— (comté de), p. 267.
FORTANIER, nonce ou appariteur de l'inquisi-
tion, p. 739.
FORTANIER DE COMMINGES, seigneur de Savez,
pp. 720, 757.
FORTANIER DE GOURDON, pp. 735, 773, 812.
FOSSILLON (corr. FOUZILHON) (Guillaume-Er-
mengaud de), p. 137.
Fouace levé par Alfonse de Poitiers, p. 901.
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
983
rOUCAliD (Bernard de), p. 811.
FOULQUES DE MARSEILLE, poète provençal,
puis évèque de Toulouse, pp. 1&7, 177, 1S2,
201, 264, 324, 328, 339, 302, 353, 356, 380,
423, 424, 423, 466, 492, ScS, !)2o, 563, 568,
612, 614; surnommé Foiilquet de Marseille,
abbé de Florége, élu évèque de Toulouse; son
origine, p. 243; ses œuvres; sa consécration par
l'archevêque d'Arles, p. 244; est accepté par le
comte de Toulouse, p. 245; prend possession de
son église, p. 244 ; contribue à la fondation du
monastère de Prouille, p. 254; se rend à Rome
fOur demander des mtssionnaires au pape,
p. 267; absout les habitants de Toulouse, p. 328 ;
son hostilité contre Raimond \ I, pp. 338; fait
un voyage en France pour obtenir des secours
contre les hérétiques, & amène à Simon de
Mcntfort un renfort considérable de croisés,
p. 35d; établit la confrérie Blanche à Toulouse,
pour abolir l'usure & extirper l'hérésie, p. 352;
chassé de Toulouse par Raimond V'I, pp. 35 1,
356; donne ordre à son clergé de quitter Tou-
louse, p. 363; empêche Simon de Montfort de
faire la paix avec Raimond VI, p. 366; prend
possession de la ville de Toulouse & du château
Narbonnaisau nom de l'Eglise romaine, p. 452 ;
ses sentiments pour les 'Toulousains, p. 462;
protège saint Dominique i Toulouse & y f.ivo-
rise la fondation de son ordre, pp. 468, 469;
ses accusations contre le comte de Toulouse &
le comte de Foix au concile de Latran, p. 47 1 ;
soutient Simon de Montfort contre Arnaud,
archevêque de Narbonne, p. 4"8 ; son rcle
dans le soulèvement des Toulousains contre
Simon de Montfort, pp. 494, 49-"'< 49^> ^'"
mande à se démettre de son évéché & désire le
partage de son diocèse, à cause de sa grande
étendue, p. 5o2 ; amène un renfort de croisés
à Simon de Montfort, p. 014; reçoit le château
de Vcrfcil & une vingtaine de villages pour
prix de ses services, p. 5i5; retourne en France
dciu mder de nouveaux secours pour Amauri de
Montfort, p. 520; défraie durant le concile de
Toulouse de 1229, la plupart des prélats qui y
assistent, p. 654; est chargé d'imposer des pé-
nitences aux personnes suspectes d'hérésie,
p. 658; ses démêlés avec le comte de Toulouse,
p. 660; transfère les dominicains du couvent
de Saint- Rome dans leur nouveau couvent;
meurt le 25 décembre I23i, est inhumé à
Grandselve, p. 65p.
FOULQUES, commandeur du Mas-Dieu, p. 241.
FotBXts, château, p. 44.
Fotr.QtiES, château sur le Rhône, pp. i5, 93, 1 i3,
124, 276, 281 .
FouBS établis dans 'le faubourg de Saint-^'incent,
à Carcassonne, p. 82.
FoissEBET, bastide construite par Alfonsc de Poi-
tiers, p. 930.
FOV, fille de Pierre d'Albaroii, & femme de R.a-
inond-Aton de Murviel, p. iSy.
Fr..\xcAis établis dans la Province, p. 3'^S.
Fr.ANc-ALLCC, pp. 70, 91, 208,709, 8:6, 867,9^3,
944-
Fr.ANr.ucvAtx, abbaye au diocèse de Nîmes, pp. 16,
45, 46, 63, 71, 76, I iJ, 124, 2o5, 252, 552, 6 Ji.
Ff.tDÉLAS, abb:iye, p. 65i. Foye^ Pamiers & S. An-
■ro.MN.
FRÉDÉRIC I, empereur, pp. 75, 147; accorde
divers privilèges auxévéques & aux habitants
de Viviers, p. 74; vient à Arles, en 1 178, & s'y
fait couronner roi de Provence, pp. 75, 76.
FRÉDÉRIC II, empereur d'Allemagne & roi de
Sicile, pp. 12, 19, 33, 75, 484, 670, 770; de-
mande la restitution d'Avignon, p. 620.
FRÉDELON, comte de Toulouse, p. 808.
FRÉDOL DE LAUTREC, p. 209.
FltKjcs (évéque de), p. 277.
Fr,iii;i:s dox.vès, construisent le pont Saint-Esprit,
p. 891.
FnËr.ES Capl^tres, à Toulouse, p. ço6.
FnEnES Mi.NELT.s, pp. 918,931.
— d'Albi, p. 906.
— de Carcassonne, p. 786.
— de Montauban, p. 905.
— de Montpellier, p. 883.
— de Narbonne, p. 759.
— de Toulouse, pp. 905, ço5.
Fr.icr.ES du Pont-d'Avigxo.v ou PoNTtrrs, p. 259;
créés par saint Bénézet pour veiller à l'édifica-
tion & à la conservation du pont d'Avignon;
ils doivent aussi recevoir les pèlerins dans leur
hôpital, p. 77.
FpËnES Prêcheurs : pp. 796, 906, 918, 93i; leur
origine, p. 267; l'inquisition leur est confiée,
p. 673.
— de Carcassonne, p. 786.
— de Castres, pp. 906, 924.
— de Montpellier, p. 861.
— de Narbonne; leur établissement, p. 672 ; chas-
sés de cette ville, p. 693.
— de Toulouse; quittent le couvent de Saint -
Roine pour un nouveau couvent, p. 669; chassés
de cette ville, pp. 600, 691; y sont rétablis par
ordre de Grégoire IX, pp. 694, 6g5, 696.
Frères des Sacs, à Toulouse, p. 906.
pRÉnES DE Saint-Augustin de Toulouse, p. 906.
Frères or: Saint- Lazare d'Acre, p. 83o.
Frères nr la Trimié, à Toulouse, p. 906.
FRICAMPS (Jenn de), sénéchal de Carcassonne,
pp. 686, 701 .
F[<.O.NSAC (vicomte de), p. 74Û.
Fi-.o.NTiiiNAN, château, pp. 137, 159, 184, 202, 5c2,
707.
— ^pécheries de), p. 414.
FROTARD-PIERRE DE BRENS, pp. 149, l53.
FROTARD, vicomte de L.iutiec, pp. 438, 679.
FROTARU D'OLAUGl ES, pp. 137, i38, 601.
FROTARD Dii PENNE, p. 842.
FP.OTARD, vicomte de Saint-Aïuonin, pp. 141,
645.
FROTIER (Guillaume), p. 697.
— (Sicard), p. 697.
FULCODI ou FOl'LQlOli. r\>^<-i cUI FULCODI.
984 TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
FULCRAND,évcque de Toulouse, pp. 85, 18:, i3"i, GALTERII (Pierre^, commandeur de S.iiiit-Giîl-;?,
2IO, 226; rend une sentence <ui sujet d'un dif- p. 7^.
férend entre les juifs habitant Toulouse & le Canac fselgneurs de}, p. 184; Cuiac (Aricgc), arr,
sacristain de Saint-Etienne, p. 92. Av Foi:<.
Funérailles luxueuses défendues à Toulouse, Canchs, château, p. 5o3 {Hirault], arr. de hî^r.t-
pp. zij, 949. pellier.
Gap (évéque de), pp. 478, 432.
Garde (château de la), p. .362; La Gardc-J'ic :tr
G^Tiim), comm. Je Montirat.
Gai'.de-Dieu, abbaye du Querci, pp. 100, 162,
G., évéque de Lodève, p. 7^4.
G. DE CHAMENIAC, sénéchal à Toulouse pour
Simon de Montfort, p. 483,
G. de Collctrio, viguier de Eéziers, p. 912.
G. DE MINERVE, p. 743.
G. P. DE VINTRONS, p. 743.
Gaiac, p. 739. Foyc:; Gaja-la-Selve.
Ca.ia-la-Selve, p. 739 {Au.le), arr. de Caslelnau-
dary.
GAILHARDE, veuve de Bernard de Coinminges,
p. S89.
Gaillac, ville & château d'Albigecis, pp. 197,
362, 376, 379, 385, 533, 536, 634, 66'), 8:;5;
se soumet à Simon de Montfort, p. 362; re-
tourne à Raimond VI, p. 375; est repris par
Simon, p. 335; ses coutumes & privilèges con-
firmes par Raimond VII, p. 542; ses consuls &
ses habitants sont exempts du droit de leude,
p. 626; le comte de Toulouse y reçoit un hom-
mage, p. 629; ses murs sont détruits, p. 635;
les consuls 81 les chevaliers de Gaillac prêtent
serment au roi après la révolte de Raimond VIT,
en 1242, p. 754; nouvelle confirmation des pri-
vilèges de la ville & du faubourg, p. 799; ses
habitants sont affranchis par Alfonse du droit
de pesade, moyennant une somme d'argent,
p. 85i ; ils rachètent de l'évêque d'Albi le droit
de pesade, p. 865; révolte des bourgeois, p. 914.
— (abbaye de), p. 3.
— (abbés de), pp. 707, 864.
— (consuls de), p. 811.
— (religieuses de), p. 906.
GAILLARD D'ADÉMAR, p. 817.
GAILLARD DE BEYNAC, p. 709.
GAILLARD COLOMB, p. 724.
GAILLARD DE LA GARDE, p. 6-J\.
GAILLARD DE MONTAIGU, p. 5c7.
GAILLARD DE RABASTENS, prévôt de Saint-
Salvi, pp. 626, 729, 733.
GAILLARD, chanoine de Saint-Antonin de Pa-
miers, p. 720.
GAILLARDE, femme de Raimond de Foix, p. 564.
GAILLARDE, fille de Bertrand, vicomte de Bru-
niquel, p. 918.
Gaillon, en Normandie, p. 173.
Gaurgues, seigneurie, p. 624; Gallargues (Gard),
arr, de Nîmes.
GALBURGE, p. 33.
GALIÈNE, bourgeoise d'Aurillac, p. 164.
GALON, cardinal-diacre, p. 266.
GARDE DE VEBRLN, p. 193.
Gaudouoii, château, p. 671 [Hcutc-Garonnc), cjr,
de Villefranche de Launrgais.
GAP.DOUCH (maison de), p. 671.
GARSIAS, archevêque d'.Auch, pp. 464, 499.
GARSIAS D'AURE, p. 739.
GAP.SINDE, femme de Bernard- Aton , vicomt;
d'Agde £< de Nimes, pp. 64, 122, i23.
GARSINDK de SABRAN, comtesse de Forcalquicr,
femme d'Alfonse II, comte de Provence, pp. 170,
176, 195, 307.
GARSINDE, fille d'Alfonse II, comte de Provence
& de Garsindede Sabran, p. 307.
Gascogne, pp. 2, 96, 98, 170, 029; grand nom-
bre d'hérétiques existants dans cette province,
p. 36.
Gasco.vs, p. 97; révoltés, p. £33.
GASPARD DE LA BARTHE, p. Ô07.
GASTABLAT (Gautier), sénéchal de Carcassonne,
p. 87,.
GASTON V DE BÉARN, p. 104.
GASTON VI, vicomte de Eéarn, pp. 418, 498, 435;
se ligue avec Raimond Vl contre Simon de
Montfort, p. 349; assiste au siège de Castelnau-
dary par Raimond VI, p. 369; ne se rend pas
à une entrevue convenue avec Simon de Mont-
fort, p. 389 ; ses domaines sont en partie conquis
par Simon de Montfort, pp. 399, 400; Pierre,
roi d'.Aragon, intervient en sa faveur près du
concile de Lavaur, pp. 40Î, 402, 4^3; ce con-
cile le déclare principal complice du comte de
Toulouse, pp. 405, 406 ; est traité d'homme scé-
lérat & pervers dans le mémoire justificatif en-
voyé au pape par le concile de Lavaur, p. 4^8;
promet par serment au roi d'Aragon d'exécuter
fidèlement tout ce que le pape lui voudrait or-
don 11er, p. 410; le pape ordonne à son légat de
le réconcilier avec l'Eglise, p. 435.
G.ASTON VII, vicomte de Béa m, pp. 745, £7.;,
886, 887, 888, 889.
GASTON DE GONTAUD, pp. 737, 755.
GASTON DE MONTAUD, pp. 746.
Gâte, machine de guerre, p. 489.
GAUCELIN DE IMONTPEYROUX, évéque de Lo-
dève, pp. 3, 39, 40, 65, 66, I 18, I 19.
GAUCELIN DE CAMPENDU ( corr. CAPENDU ) ,
p. 722.
GAUCELIN DE DURFORT, p. 85o.
GAUCERAND, seigneur de Capestang, pp. i33,
139.
GAUCERAND DE PINS, p. 1 i r.
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES
(,85
GAUCERANDE, fille d'Am.ilric, vicomte de Nar-
bonne, femme de Guillaume de Voisins, sei-
gneur de Coufoulens, pp. 918, 924.
GAUCERANDE, fille de Roger delà Voulte, p. 918.
GAUCHER DE JOIGXY, p. 2S4.
GAUCHER DE MONTBÉLIARD, épouse Bourgui-
gnc de Lusignan, répudiée par Raimond \'I,
p. 174.
GAUCHER, comte de Snint-Pol, p. 275.
GAUFRED DE BRÉSIS, prieur de l'hôpital de
Saint-Gilles, p. 32.
GAUFRED ou GAUSFRED {alias GEOFROY) DK
IMARSEILLE, évéque de Béziers, pp. 97. iij,
|37, 1.Ï4, i:J7, 181, I9.'5, 236.
GAUFRED DE ROQUEBERTIN, p. 241.
GAUFRED DE LÉSIGNEM (corrig. LUSIGNAN).
comte d'AngouIèir.e, p. 127.
GAUFRID (rorr. GEOFFROI), archidiacre de Paris,
p. 829.
GAUFRID, seigneur de Faugères, p. 784.
GAUFRID DE SAINT-PAUL-TROIS-CHATEAUX,
p. 4=9-
GAUSBERT, vicomte de Castelnau, p. 873.
GAUSBERT D'ESSIGNY, p. Si.n
GAUSFRKD, comte de Roussiilon; ses différents
mariages, p. i3; père de Guinard, comte de
Roussiilon, p. 3:-.
GAUTIER ou WAUTfER DE MARNIS, évcquc de
Tournai, légat dans la Province, p. 662, 6f;9,
Û73, 672; cite Raimond VI à son tribunal,
p. 655; établit des inquisiteurs de l'ordre des
frères Prêcheurs à Toulouse, Montpellier, Car-
cassonnc, Cahors, Albi, &c., p. 674; accuse
Raimond Vil à l'assemblée de Melun, p. 676.
GAUTIER, abbé de Tenaille, p. iS.'i.
GAUTIER, podest.-it d'Avignon, p. 718.
GAUTIER GASTABLAT, sénéchal deCarcassonno,
p. 87..
GAUTIER DE 30IGNY, p. J57.
GAUTIER DE LANGHTON , chevalier anglais,
p. 367.
G.\UTIER, comte de Ponihicu, p. 45j.
GAUTIER DE RINEL, p. 597.
GAUTIER DE SAINT-JEAN, p. 798.
GAUZHERT, abfcé de Candeil, p. 26.
GAUZBERT DE FUMEL, p. 179.
GAUZBF.RT DE SERVIAN, p. |33.
Clmeil, château, p. 54; Gémil {fIau:c-Cr.ronne),
crr. Je Toulouse,
Gi;NE.s, pp. 22, f34, 590, 945.
Ct.xoiS; leur guerre contre les Pisans, pp. 14, 1,),
16, 17; leurs négociations avec Raimon! VI,
p. I :'); sont battus par les Pisans i Sain t-GiIl:s,
p. 16; s'alliont avec la ville de Narbonne; font
la guerre à Montpellier, p. 17; pillent & dé-
vastent les côtes des domaines de Guillaume VII,
seigneur de Montpellier, p. 1 8 ; obtiennent de
Raimond V l'extension des privilèges à eux jadis
accordes par le comte Bertrand, pp. 6i , 62 j leur
traité avec les habitants de Montpellier, p. 195.
Cenouili-ac, château, p. 395j Genol/iac (CarJ'j,
arr. d'Alais,
GENTILE DE GENSAC, p. 70(5.
GEOFFROI ALAMAN, p. 929.
GEOFFROY DE CHATEAUBRIANT, p. 776.
GEOFFROI, vicomte de Châteaudun, p. 444; com-
mande les troupes françaises envoyées roniro
Trencavel, p. 7:2.
GEOFROY, èvèque de Béziers. Toyfç GAUFRED.
GBOT^FROI DE RONCHÈRES, sénéchal de Beau-
caire, p. 862.
GEOFFROI THOMAS, bailli d'Alfonsc, p. 823.
GEOFFROI DE VILETTE, p. 916.
GEOFFROI, moine du Vigeots, p. 949.
GEOFFROY, fils d'Henri II & d'Kléonore d'Aquf»
.taine, épouse Constance, fille de Conan, duc nu
comte de Bretagne, pp. 52, 102; frère de Ri-
chard, comte de Poitiers, p. io5.
GÉRARD ou GÉRAUD, évéque de Toulouse, pp. 3,
2 I.
GÉRARD DE MANJANES, p. 946.
GÉR.'VRD DE LA MOTHE , diacre hérétique,
pp. 5o7, 625.
GÉRARD ou GUINARD, comte de Roussiilon.
Voyc^ GUINARD.
GÉRAUD DE LA BARTHE, évéque de Toulouse,
puis archevêque d'Auch, pp. 7S, 85.
GÉRAUD, aichevéque de Bourges, pp. 504, 546.
GÉRAUD IV, évéque de Cahors, pp. 79, 85, çS,
1 00.
GÉRAUD V, évcque de Cahors, pp. 77S, 801.
GÉRAIID ou GÉRARD, évéque de Toulouse. Vo^'c^
GÉRARD.
GÉRAUD, abbé d'Aurillac, p. 73r.
GÉRAUD, abbé de la Chaise-Dieu, p. 665.
GÉRAUD, abbé de Cruas, p. 196.
GERAUD, abbé de Saint-Paul de Narbonne, p. 905.
GÉRAUD ADHÉMAR, seigneur de Roquemaure,
p. 71 5.
GÉRAUD D'AMANIEU, p. 007.
GÉRAUD ou GUIRAUD D'AMI, pp. 42, 4$, 4,5,
198, 199; connétable de Raimond VI, p. 274.
GÉRAUD D'AMI, seigneur de CasteInau, pp. 770,
S18, 869.
GÉRAUD IV, comte d'Armagnac & de Fezensac,
pp. 197, 463, 5io, 778.
GÉRAUD V, petit-fils de Bernard IV, comte d'Ar-
magnac Se de Fezensac, pp. 778, 80 1, 811, 876,
8S7, i;88, S89.
GÉRAUD BASTES, p. 5o5.
GÉRAUD DE BELLAFAR, p. 490.
GÉRAUD DE BURLAS, p. 925.
GÉRAUD ni. GIRARD DE CAPENDU, pp. 91 5,
920.
GÉRAUD Ae Capraria, p. 886.
GÉRAUD DE FOURCEZ, p. 734.
GÉRAUD ou GUIRAUD DE GOURDON, seigneur
de Caraman, pp. 007, 532.
GÉRAUD DE MALMORT, sénéchal, pp. 649,650.
GÉRAUD DE !\IO.\TAIGU, p. 207.
GÉRAUD DE NIORT, pp. 701, 722, 723.
GÉRAUD DE PÉPIEUX. yoyci GUIRAUD.
986
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
GERAUD RIQUIER, poète provençal, p. 524.
GÉRAUD DE VOISINS, p. 663.
GERBERGE, héritière de Provence, p. 93.
Gercy, abbaye en Brie, fondée par Jeanne, com-
tesse de Toulouse, pp. 921, 928,
GERI (S.), pèlerin, natif de Lunel, p. 871.
Gek.main, village, p. 170.
Geunica, île du Rhône, entre Beautaire & Taras-
con, p. 68.
GERVAIS DE TILBURY, p. 16 i.
Gévaudan, pays, pp. 21, 2:1, 110, ri 5, .')2i(, ô^.'ij
il s'y élève divers troubles, p. 064.
— (vicomte ou vicomtes de), pp. 68, 91 , 11!!, 116,
622, 860; Pierre, roi d'Aragon, la donne en
engagement à Rannond VI, comte de Toulouse,
p. 211; Je légat du pape s'en saisit durant la
guerre contre les Albigeois, pp. oz^, 325; elle
se soumet au roi, qui la donne à vie i Beraud
de Mercœiir, p. 622; elle est séparée de la vi-
comte de Millau, avec laquelle elle ne faisait
auparavant qu'un même domaine, pp. 648,
649; le roi d'Aragon la cède au roi LotiisIX,
p. 869; ce prince s'accorde pour cette vicomte
avec révêquc de Mende, p. 864.
Gir.EAN, abbaye; sa fondation, p. 661.
GIL, chapelain de Pierre II, roi d'Aragon, p. 429.
GII.ABERT (Raimond de), p. 127.
GILBERT, bisaïeul d'Hugues II, comte de Rodez,
p. là.
GILBERT, second fils d'Hugues I, comte de Rodez,
p. 177.
GILBERT, benu-pcre de Raimond-Cércngcr III,
comte de Barcelone, p. 93.
GILBERT DE CASTELNAU, p. 754.
GILBERT D'HÉRACLE, p. 698.
GILUÎM ATHON, p. 907.
GILLES CAMELIN, chanoine de Provins, pp. 907,
917, 921.
GILLES DE FLAGEAC, pp. 67.5, 676.
GiiMOEZ, vicomte, pp. 143, 191, 6i3, 734, 801,
880.
GiMONE, rivière du Toulousain, p. 143.
GiMONT (abbaye de), p. 734.
GiMONT, bastide construite par Alfonse de Poi-
tiers, p. 930.
GINESTOUS (Raimond de), p. 524
GIRARD, comte de Vienne, p. 53.
GIRARD DE CAPENUU. Foyc:^ GÉr.AUD,
Gir.oNE, pp. 28, 202, 848, 873.
— (comté de), p. 859.
— (évèque de), pp. 1 3, 19.
Gir.osSENS, seigneurie, p. 892; Giroussens {Tarn),
arr. de Lavaur.
Gisor.s, p. 129.
GÎTE (Dkoit de), pp. 838, 867.
Gi,AVENAS, château en Vêlai, p. 467.
Gr,o.siLI.E, lieu d'Auvergne, p. 822.
GOLOYN (Philippe), pp. 384, 464, 842.
GOMEZ DE LUNA, seigneur aragonais, p. 428.
Go.\AC, lieu, p. 706.
COXTAUD (Gaston de), p. 737.
— (Vital de), p. 755.
CoXTAiiD, lieu du Périgord, p. ,524.
Gor.EPii;r,n, châtéiu en Viv.irais. pp. 147,334.
Gor.SE (château delà), p 710; Lagorse [Ardèc/'.c),
arr. de Largenl'î'crc.
GOSSELIN, évéque de Toulouse, pp. 79, 85.
GOT (Bertrand de), p. 247.
GouDAiiGUES, monastère, pp. 40, 20Û.
Gotr.uox, p. 807.
— (seigneurs de), p. 514.
Gnt:VERNEMEXT de la Province sous Alfonse de
Poitiers, p. 823.
GoYoN, abbaye, p. 8o3; corr. Goljox [Gers), corn.
de Lias,
GnAiiias, village, p. 45 [H.'rault), arr, de Moit-
pellier.
Gr.ACE-DiEu, monastère, p. 502.
Grains; leur commerce, p. 912,
Graisivaluan, p. 106.
Gramo.nt, château, p. 466.
Gr.ANDCiiAïEAU, bastide do l'Agenais, p, 779.
Grandmont, abbaye en Limousin, pp. 24, ic3,
104, 202.
— (ordre de), pp. 99, 759.
Grand.selve, abbaye, pp. 103, 124, 148, 197, 201,
208, 226, 233, 502, 56 1 , 53.^, 63i, 633, 655,
670, 757, 8o3, 821, 822; Raimond V con-
firme, en 1168, les privilèges accordés à ce
monastère par ses prédécesseurs, p. 32; Guil-
laume VU de Montpellier y choisit sa sépul-
ture, p. 46; y est inhumé, p. 48; Roger II lui
accorde une exemption de leudc & de péage,
p. 82.
GnA.NDS VASSAUX de France; contribuent aux frais
d'armement du prince Louis, sous prétexte de
gLierre aux hérétiques, p. 542.
GRASSAT,«dans le Berry, p. 173.
Gr.Au-Louis, à Aigues-mortes, p. 783.
— de la Chèvre, à Saint-Gilles, pp. 1 4, 1 5.
— de Mauguio ou de Melgueil, pp. |3, l5.
Greieuii.le, château, p. 281.
GRÉGOIRE VII, p. 467.
grJ;goire IX, pp. 540, 56 1, 567, 626, 627, 63o,
670, 674, 681, 698, 806, 982; presse Louis IX
& la reine Blanche de continuer les poursuites
contre les hérétiques, p. 623; accorde \.\n sursis
à Raimond Vil pour son voyage d'outre-mer,
p. 662; sa lettre au comte & aux capitculs de
Toulouse pour les engager à favoriser les recher-
ches des inquisiteurs, p, 689; lettres de lui à
Raimond V'II, pp. 694, 695, 669; donne une dis-
pense â Alfonse de Poitiers pour épouser Jeanne,
fille de Raimond VII, p. 696; se radoucit à
l'égard du comte de Toulouse & ordonne au
légat de modérer le zèle des inquisiteurs, p. 700;
ses plaintes contre Raimond ^'11, p. 704; ses
lettres à propos des droits régaliens, p. 707; ses
lettres touchant !n conduite des Narbonnais &
de leur vicomte durant la guerre des albigeois,
p. 7 14 ; excommunie l'empereur Frédéric, p. 71 7;
sa mort fait rompre le mariage projeté entre
Raimond ^'II & Sancie de Provence, p. 733.
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
987
GRKGOraE X, pape, p. 73.
CRÉGOIRE XV, pape, p. 73.
GHEGOU'.E, cardinal de Saint-Ange, légat dans la
Province, p. 173.
"ÎREXADE, sur la Garonne, p. 11 [Haute-Guror.nc;,
arr. de Toulouse,
Gréze, écart de la commune deCarcassonne(Aude),
p. 743.
GuÈaES, château, pp. 211, 566, 622, 809.
— (vicomte de), pp. 809, 864.
GI'.IMOALD, évéque de Comminges, pp. 666, 6<)Z.
GrijipiÈnE, châte.iu. Voye^ Gop.epière.
GUARIN, archevêque de Bourges, pp. 78, 8."^.
GUARIN, seigneur de Trainel, p. 528.
Glë du Bazacle, à Toulouse, p. 352.
CtitPiE (château de la), pp. 362, 385; Laguépii
(_Tarn~&-Garonne)f *rr. de Monîauhan,
GUÉRIN, archevêque de Bourges. Voyc^ GUARIN.
GIJÉRIN, maître des hospitaliers, p. 527.
GUÉRIN LE BRl!N, poète provençal, p. 166.
GUÉRIN DE CHATEAUNEUF, p. 864.
GUÉRIN I)K RANDON, p. 187.
Guerre d'Albigeois, pp. 629, 647; conditions im-
posées au pape par le roi Louis VIII avant r'e se
charger de l'expédition contre Raimond, p. 077.
— entre le roi d'Aragon & le comte de Toulouse,
pp. 23, 24, 25, 91, 92, 93, 94, 1 17.
— entre le roi d'Aragon & les habitants de Mont-
pellier, p. 246.
— entre le roi de France & le roi d'Angleterre,
pp. 24, I 32, i33.
— entre le comte de Toulouse & le comte Sa-
Toie, p. 27.
— entre Henri 11, roi d'Angleterre, & son r,,s
Henri, pp. 102, io3.
— entre les comtes de Comminges 8(deFoix,p. 184.
— entre le comte de Poix & Je comttf d'Urgel,
p. 184.
— entre les habitants de Toulouse & de Rabas-
tcns, p. 196.
— entre Raimond VII & Am; uri de Montfort,
p. 565.
GLEKr.r.s particulières, pp. 904, 9o5; amènent la
construction de nouvelles bastides, pp. 943, 94 1 .
— privées, deviennent rares sous le règne de
Louis IX, p. 109; ce roi les défend, p. 858.
GUERSO, neveu de Raimond-Gaucelin de Lunel,
P- 457-
GUI FUI.r.OUI, évéque du Puy, ensuite archevêque
de Narbonnc, puis pape sous le nom de Clé-
ment IV, pp. 452, 710, -27, 768, 811, Jr",
825, 828, 839, 848, 854, 857, 861, 864, 868,
869, S79, 881, 893, 936, 947; se démet de l'ar-
chevêché de Narbonne; est nommé cardinal-ar-
chevêque de Sabine, p. 870; son voyage en
France; est él u pape sous le nom de Clément IV,
p. 882; son voyage r. Montpellier en 1164,
p. 883; est couronné à Pérouse, le 26 février
1205; lieu do sa naissance; son caractère, S'.c,
pp. 883, 884, 885; sa lettre au roi touchant le
comté Ce Melgueil, pp, SpS, 896) sa mort; ses
ouviajes, p. 91 1,
GUI, abbé de Vaux-Cernay, & ensuite 4vêque de
Carcassonne, pp. 228, 200, 3i5, 377, 33n, 33.1,
390, 391, 444, 445, 455, 463, 464, 480, 492,
537; est un des plus ardents prédicateurs de la
croisade, p. 267; prend la direction de l.i mis-
sion, p. 202; est élu évcqus de Cavcassonne,
p. 379; sa mort, p. 575.
GUI, évêque de Sora , légat dans la Province,
pp. 707, 708.
GUI, commissaire du pape dar.s la Province,
pp. 222, 223.
GUI, prévôt de l'église de Mague'cnne. pp. 10'.',.
2i3, 214, 216.
GUI, sacristain de l'église de Maguclonne, p. 119.
GUI (frère ou maître), fonde l'hôpital du Saint-
Esprit à Montpellier; fait des fondation:, jj.i -
reilles dans d'autres villes de France •& à Rouie,
p. 72; meurt dans cette dernière ville, p. 73.
GUI, roi de Jérusalem., p. 146.
GUI, oncle du vicomte de Nime , p, 71, Voyat
GUI GUERREJAT.
GUI, chevalier, p. 7.
GUI, seigneur d'Aurc, p. 123.
GUI, comte d'Auvergne, pp. 260, 287; absous de»
excès qu'il avait commis contre l'évêque Je Clcr-
mont, p. 272.
GUI DE BEAUJEU, p. 284.
GUI DE BRUCIAC ou DE CRUSSAC, templier,
commandeur de Ville:lieu, p. 628.
GUI DE CAVAILLON', pp. 486, 548.
GUI DE CHEVREUSt., pp. 81c, 812, 818, 822,
824.
GUI, comte de Forez, pp. 626, 527, SîS.
GUI, fils de Guillaume VII, seigneur de Mont-
pellier, pp. 45, 46, 202 ; prend le surnom de
Jïiir^unii/on, p. 48 ; soil testament, pp. 100, loi.
GUI, fils de Guillaume VIII, seigneur de Mont-
pellier, désigné pour être moine de Cluny,
p. 202.
àUI GUERREJAT DE AlONTPELLIER , frère de
Guillaume V'II, seigneur de Montpellier, pp. 46,
62, 68, 60, loi; prend le surnom de Guerrejai ;
fait en 1174 une donation à l'abbaye de Val-
magne, p. 48; son testament; sa mort; lieu de
sa sépulture, p. 7 1.
GUI DE LÉVIS, maréchal de Mirepoix, pp. 3i5,
326, 329, 341, 353, 370, 371, 372, 3iJ5, 5'>7,
63o, 701; ses services; titre que prirent ses suc-
cesseurs; sa mort, pp. 05), û56, 657.
GUI DE LÉVIS, maréchal de Mirepoix, pp. 656,
721, 769, 793, 842, 852, S57.
GUI III DE LÉVIS, maréchal de Mirepoix,
pp. 892, 893, 905, 913, 924.
GUI, vicomte de Limoges, p. 270.
GUI DE LUCÉ, chevalier français, pp. 329, 353,
353, 368, 369, 371, 335.
GUI DE MESCHIN, seigneur de Tournel, p. 799.
GUI DE MONTFORT, fièie de Simon, pp. 384,
385, 419, 432, 445, 449, 450, 439, 477, 488,
489, 491, 494, 495, 5o7, 5o8, 519, 523, 534,
573, 574, 589, 597, 600; vient au secours de
son frère, p. 377; dévaste le pays, p. 388; ra-
vage le Toulousain, p. 394; prend possession
988
TABLE GÉNÉRALE DÉS KOMS ET DES MATIERES.
(le Toulourc nii nom de son frère Simon, p. i/n ;
va, au nom de son frère, au concile de Latrnn,
p. 471; est présent au siège de Toulouse au mo-
ment de la mort de Simon, p. 017; sn mort,
p. 627.
GUI DE MONTKORT, comte de Bigorrc, fils de
Simon de Montfort, pp. 459, .'>o7, 5n8, 5i8,
624; épouse l'héritière de Bigorre, pp. 497,
498; sa mort devant Casteinaudary, pp. 536,
537.
GUI, seigneur de Lombers, fils de Gui de Mont-
fort, frère de Simon, pp. 786, 798, 834; succède
il sa mère dans l.i seigneurie de Lombers, p. 617.
GUI DE LA ROCHE, pp. 597, 799.
GUI, seigneur de Rosny, p. 679.
GUI, comte de Saint-Pol, p. 61 r.
GUI DE SÈVERAC, père & fils, pp. 2.5, 63, 6S,
6;, 83, 93, 772, 778, 804, 8u, 869, 874.
GUI, seigneur de Tournon, pp. .5o."), 608.
GUIBERT, fils d'Henri, comte de Rodez, p. .533.
GUIBURGE, femme de Gui de Lévis. p. 656.
GUICHARD, archevêque de Lyon; date de son
sacre, p. i3.
Guidages, pp. 67, 70, 1 1 i , 109, 277, 322, 5 12.
GuiENNE, pp. 34, 35.
GUIKRED, chanoine de Genève, p. 304.
GUIGUES V, dauphin de Viennois, comte d'Al-
bon, p. 772.
GUIGUES VI, p. 434. royc-{ ANDRÉ DE BOUR-
GOGNE.
GUIGUES VII, dauphin de Viennois, comte dt
Forez, pp. 7o3, 926.
GUILLABERT, abbé de Castres, p. 173.
GUIH.AHERT DE CASTRES, évèque hérétique du
Toulousain, pp. 249, 543, 766.
GUILLABERT DE LAUTREC, pp. 168, 192, 209,
555.
GUILLAUME, archevêque de Bourges, p. 287.
GUILLAUME DE LA BROUE, archevêque de Nar-
bonne, pp. 767, 775. 779> y^'- 784, 827, 842,
857, 868; ses brouilleries avec le vicomte,
p. 824.
GUILLAUME, archevêque de Reims, pp. 546, 619.
GUILLAUME, évêque d'Agde, pp. 3, 5, 56.
GUILLAUME, évêque d'Albi, pp. 3, 27, 42, 43.
GUILLAUME PETRI ou PIERRE, prévôt, puic
évêque d'Albi, pp. lii, 116, 140, 193, 220,
379, 523, 6o5, 626.
GUILLAUME, évêque d'Auxerre, p. 418.
GUILLAUME DE ROCOZELS, évêque de Béziers,
abbé de Saint-Aphrodise, pp. 193, 208, 220;
suspendu par les légats, tué en I2c5, p. 236.
GUILLAUME DE CARDAILLAC, évêque de Cahors,
pp. 67, 364, 454, 575, 660, 678.
GUILLAUME-ARNAUD, évêque de Carcassonne,
pp. 797, 852, 914.
GUILLAUME RADULFE, évêque d« Carcassonne,
p. 914.
GUILLAUME, évêque de Carpentras, pp. 4^-9,71 1.
GUILLAUME DE CASOULS, évêque de Lodèye,
pp. 712, 774, 779, 784. 788. 797, 869.
GUILLAUME DE FLEIX, évêque de Maguelonn»,
p. r 19, 2'3.
GUILLAUME D'AUTIGNAC, évêque de Mague-
lonnc, pp. 2r5, 214, 225, 232, 247, 38o, 409,
412, 45), 457.
GUILLAU.ME- CHRISTOPHE, évêque de Mague-
lonne, pp. 854, 869.
GUILLAUME DE PEYRE , évêque de MenJet
pp. 211, 5i3, 546 ; son extraction, p. 565.
GUILLAUME D'UZÈS, évêque de Nîmes, pp. 87,
108.
GUILLAUME, évêque d'Orange, p. 409.
GUILLAUME DE MURAT, évêque du Puy, pp. 789,
833.
GUILLAUME DE' VÉNÉJAN, évêque d'Uzès,
pp. 206, 207, 209, 225.
GUILLAUME DE LAUDUN, évêque de Vaison,
pp. 148, 278, 281, 854.
GUILLAUME, évêque de Viviers, p. 75.
GUILLAUME, abbé d'Aniane, p. .56i.
GUILLAUME, abbé de Castres, p. 6o5.
GUILLAUME, abbé de Figeac, pp. 100, 449"
GUILLAUME, prieur de Saint-Pons dcThomicreJ,
abbé de Gaillac, p. 672.
GUILLAUME, abbé de la Grasse, p. 521.
GUILLAUME, abbé de Moissac, p. 804.
GUILLAUME, abbé de Saint-André d'Avipnon,
p. i33.
GUILLAUME-BERNARD, abbé de Saint-Jacques
de Béziers, p. 40.
GUILLAUME DE PEIRONET, abbé de Saint-Pau)
de Narbonne, p. 673.
GUILLAUME DE CANTEÏ, abbé de Saint -Ser-
nin, p. 23o.
GUILLAUME, abbé de Saint-Thibéry, pp. 41, 43.
GUILLAUME, archidiacre de Paris, pp. 332, 340,
377, 385, 388, 390, 391, 398, 408, 444.
GUILLAUME, seigneur de Vcrneuil, archidiacrt
de Toulouse, p. 924.
GUILLAUME, doyen de l'église du Puy, p. 799.
GUILLAUME DE ROCOZELS, prévôt de Notre-
Dame de Beaumont, p. 1 16.
GUILLAU.ME, prévôt de l'abbaye de Brioude,
p. .78.
GUILLAUME-RAIMOND, prieur de l'hôpital de
Jérusalem de Béziers, p. 40.
GUILLAUME DU LAC, prieur de Sainte-Eugénie,
p. 140.
GUILLAUME, prieur de Sainte-Marie de Co. .
neilla, p. 809.
GUILLAUME, procureur de l'église deXarragcnc,
p. 7o3.
GUILLAUME, chanoine de Nevers, p. 221; pro-
fesse l'hérésie à Caraman, p. 246.
GUILLAUME DE LA ROUE, religieux de la
Chaise-Dieu, p. 868.
GUILLAUME D'ABAN, p. 81 5.
GUILLAUME-ADÉMAR, p. 286.
GUILLAUME D'AILAC, commandeur de la milice
du Temple, p. 5 10.
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIERES.
989
GUILLAUME D'ALAGNAN Uorr. AI.AIGN'E, vi-
comte de Sault, pp. 4^. 67, 72.!.
GL'lLLAl'ME ALBARONIhR, cimite du Roiisrgue,
p. Sel.
GUILLAUME, sénéchal de Rnimond VII en Albi-
geois, pp. 656, 697.
GUILLAUAIE, pape des albijeois, pris & brûlé
vif, p. 6.»5,
GUILLAUME ALFARIC, seigneur de Saint-Na-
zaïre, p. iJp.
Gl'ILLAUME Amclii, p. 1 S^.
GUILLAUME D'AMI, p. 17c.
GUILLAUME U'AMI, seigneur de Casteinaii,
p. 771.
GUILLAUME D'ANUUZE, fils de Pierrc-Bermond
deSjuve, pp. 807, S29, 83o, 918, 926.
GUILLAUME IVANIORT. ^oj?,- GUILLAUME DE
NIORT.
GUILLAUME-ARNAUD, frère prêcheur, inquisi-
teur, pp. 674, 688, 689, 700, 70J j massacre à
Avignonet, p. 7.^9.
GUILLAUME D'ARNAUD, p. 178.
GUILLAUME DARSES, p. 62.
3UILLAU.ME-KERNARD DASNAVE (corr. AR-
NAVE), pp. 127, 732.
GUILLAUME D'ASS ALIX, viguier de Razès, p. 154.
GUILLAUME-ATON, p. 753.
GUILLAUME D'AUBETERRE, p. 71.
GUILLAUME AUGIER, p. 666.
GUILLAUME D'AURE, p. 377.
GUILLAUME D'AUTIGNAC, p. 834.
GUILLAUME D'AUÏON, sénéchal de Beaucairc,
pp. 848, 854.
GUILLAUME VI, comte d'Auvergne, p. 8.
GUILLAUME VII, comte d'Auvergne, p. 10; dé-
pouillé du comté d'Auvergne; prend aussi le
titre de comte du Huy, p. 8 ; se qualifie ausui
comte de Montfcrrand, p. 98.
GUILLAUME VIII, comte d'Auvergne, pp. 8, 10.
GUILLAUME, fils de Gui, comte d'Auvergne,
p. 269.
GUILLAUME DE BAFFIE, p. 864.
GUILLAUME DE BALAU.N, pocte provençal,
pp. 166, 167.
GUILLAUME DE BARB.AZAN, p. 498.
GUILLAUME DE BARCA, p. 71 3.
GUILLAUME DE BARRAGE, prieur de l'hôpital
S.iint-Rémy à Toulouse, p. 732.
GUILLAUME DES BARRES, frère utérin de Simon
de Montfort, pp. 425, 439.
GUILLAUME DE BARRIÏmE, p. 822.
GUILLAU.ME DES BAUX, prince d'Orange,
pp. i33, 198, 199, 107, ii3, 27S, 2di, 28a,
333, 818 ( est tué par les Avignonais, p. 522.
GUILLAl'.ME DE BEAUMONT, p. 818.
GUILLAl Mi: -PIERRE DE BEDOIN (cerr. BE-
DOUIN), p. 192.
GUILLAU.ME DE BELLAFAR, p. 489.
Gl ILLAU.ME DE BhNE, bailli de Louis VIII à
Mimes, p. 60 5.
GUILLAUME-PIERRE DE BÉRINS, £cn?chal de
Raimond-Trencavel en Albigeois, pp. 3o, 754.
GUILLAUME DE BERGUADON, poète provençal,
p. 5:<9.
GUILLAUME, fils de Bernard-Guillaum;! & cou-
sin de Jacques I, roi d'Aragon, p 4i3.
GUILLAUME-ARNAUD DE BÉZIERS, p. 53
GUILLAUME-ARNAUD DE BIRAN, p. 811.
GUILLAUME DE BOLIE, p. 489.
GUILLAUME DE BONNEVILLE, p. 772.
GUILLAUME DE BOUI.BON, p. 885.
GUILLAU.ME-RAIMOND DU BOURG, oncle d'Ai-
meri IV, vicomte de Narbonne, p. 755.
GUILLAUME DE BOUVILLE, p. 816.
GUILLAUME LE BRETON, chroniqueur, p. 569.
GUILLAUME DE BRIVE, frère mineur, confesseur
de Raimond \'1I, pp. 773, 788, 804.
GUILLAU.ME DE CAi'C, p. 333.
GUILLAU.ME DE CALMONT DOLT, p. 619.
GUILLAUME DE CANET, pp. 241, 855.
GUILLAUME-PIERRE DE CARAMAN, p. 192.
GUILLAUME, vicomte de Cardone, pp. 249, 430,
915.
GUILLAUME, vicomte de Castelnau, p. 5oi.
GUILLAUME CAT, chevalier, p. 371.
GUILLAUME DE CHAVIGNAC, p. 65o.
GUILLAUME DE CHATEAUNEUF, grand-maîtri
de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem, p. 864.
GUILL.AUME CLARETI, compagnon de saint Do-
minique, p. 254.
GUILLAUME DE COHARDON, sénéchal de Car-
cassonne, pp. 872, 912, 9i3, 920, 923, 926.
GUILLAUME DE CONTRES (alias par erreur VER-
LES D'ENCONTRE), pp. 338, 3j9j gouverneur
de Castelsarrasin, pp. 393, 426.
GUILLAUME DE DAMPIERRE, p. 261.
GUILLAUME DURANTI , chanoine de Maguc-
lonne, p. 826, 827.
GUILLAUME DE DURFORT DE FANIEAUX,
P-339- . . . , .
GUILLAUME DE L'ECHELLE, vicaue du roi
d'Aragon, à Toulouse, p. 383.
GUILLAUME D'ENCONTRE. l'oycx GUILLAUME
DE CONTRES.
GUILLAUME FAIDIT, p. 76.
GUILLAUME DE FAUGÉRES, p. 142.
GUILLAUME DE FELGAR (corr. DE FAUGA),
p. 811.
GUILLAUME FIGUEIRE, pocic provençal, p. 55J.
GUILLAUME IV, comte de Forcalquier, pp. 45,
169, 170, 195, 704.
GUIl.LAUME-ERMENGAUD DE FOSSILLON {corr.
FOUZILHON), p. 137.
GUILLAUME DE FROTARD, p. 903.
GUILLAUME DE FHOTIER, p. 697.
GUILLAUME DE GOURDON, pp. i53, 558,735,
734.
GUILLAUME GROS DE MARTEL, p. 61.
GUILLAUME, fils d'Amaury, comte de Hainaut,
p. 297.
990
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
GUILLAUMR-HUGUES, p. i 55.
GUILLAUME- JOURDAIN, vassal de l'églis: dii
Piiy, p. 37.
GUILLAUME, comts de Juliers, p. 35o.
GUILLAUME-HUNAUD DE LANTAR (corr.
LANTA) pp. 5o7, 558, 559, S99.
GUILLAUME DE LARA, p. 617.
GUILLAUME-LAUGIER DE L'ISLE, p. 198.
GUILLAUME-BERNARD DE LAVAUR, p. 61 3.
GUILLAUME-BERNARD DE LESCUUE, p. 366.
GUILLAUME DE LIMOGES, p. ySo.
GUILLAUME, seigneur de Lunas, p. ô5.
GUILLAUME-ARNAUD DE MARQUEFAVE, p. 1=6.
GUILLAUME -BERNARD DE MARQUEFAVE,
p. 61 3.
GUILLAUME DE MARTOREL, pp. io6, SSy.
GUILLAUME DE MAURENS, p. 61 3.
GUILLAUME DE MELLE, viguier du comte de
TauloDse, p. 100.
GUILLAUME DE MESCHIN, p. 6oi.
GUILLAUME DE MÈZE, p. 13/.
GUILLAUME DE MINERVE, pp. 58, 1^3, 338,
329, 840, 85o.
GUILLAUME DE MIRAVAL, p. 65.
GUILLAUME MITE, bateleur, p. 61.
GUILLAUME DE MONÏCADE, pp. 429, ^j6, yii.
GUILLAUME DE MONTOLIEU, p. :o5.
GÎ'ILLAUME VII, seigneur de Montpellier, fait
bon accueir à Alexandre III, p. 12; refuse i
l'empereur Frédéric de s'emparer de la personne
de ce pa])e durant son séjour à Montpellier,
p. 14J .Alexandre III prend £a défi:;S2 contre
les Génois; il s'allie avec les Pisans contre les
Génois, p. 18; s'allie avec Alfonse, roi d'Aragon,
contre Raimond V^ pp. 2^^ ;6j fait sa paix
avec le comte de Toulouse, mais revient bientôt
après au roi d\\ragon, p. 46; son testament,
p. 46; conjectures sur la date de sa mort, les
consuls de Montpellier lui font construire un
toiïibeau dans r<:kbaye de Grandselve, p. 48;
at:achement du pape Célestin III pour la per-
sonne de ce prince, p. |38.
GUILLAUME VIII, seigneur de Montpellier,
pp. I03, |36, 159, 173, 176, 224; succède à son
pire, pp. 46, 47, 48; reçoit en don le villat;e
de Grabels, p. 45 ; serment prêté parRaimondV
à ce prince; son mariage avec Eudoxe-Comnène,
j. 62; se ligue avec le roi d'Aragon contre le
comte de Toulouse, p. 69; reçoit divers dons de
C.iy Guerrejat, p. 71; rend hommage à Pi.ai-
mond V, p. 110; se ligue, en 1 1 86, avec le duc
iI'Aquitaine contre le comte de Toulouse; répu-
die sa femme Eudoxe-Comnène; suites de cette
lépudiation, pp. 117, 118; reçoit en engagement
une partie de la vicomte d'Agde, p. 122; recon-
naît comme comte de Melgueil R'aimond, fils de
Haimond V, p. i35; réunit à son domaine la
baronnie d'O mêlas St plusieurs autres domaines,
]). 1^7; sa liaison avec le pape Célestin III;
causes de cette liaison, p. i3b'; protège la poésie
provençale, p. 164; fait signer à sa fille Marie
une renonciation à ses droits comme héritière
de SCS domaines, p. i83; fait de vains efforts
pour légitimer ses enfants du second lit, pp. 200,
201 ; son testament, pp. 201 , 202, 2o3 ; sa mort,
son éloge, pp. 204, 2o5; ses descendants, pp. 41 2,
4i3.
GUILLAUME IX {alias DE TORTOSE), fils de
Guillaume VIII, seigneur de Montpellier, &
d'Agnès, pp. i83, I 84, 202, 2:5, 411, 41 3.
Cf'ILLAUME, fils de Guillaume VIT, prétend à la
seigneurie de Montpellier, p. 382.
GUILLAUME, second fils de Guillaume VII, sei-
gneur de Montpellier, p. 45.
GUILLAUME DE MONTREDON, maître du Tem-
ple en Aragon & en Catalogne, p. 440.
GUILLAUIME DE NARBONNE, p. 918.
GUILLAUME DE NIORT [alias ANIORT), pp. 6-j,
700, 723, 856.
GUILLAUME- BERNARD DE NIORT, pp. 701,
723, 893.
GUILLAUME-OALRIC, abbé-chevalier de Sainte-
Martiane d'Albi, p. 626.
GUILLAUME V, baron d'Omelas, p. \i6.
GUILLAUME D'OMELAS, fils de Guillaume V,
p. i35.
GUILLAUME DES ORMES (alias dû Ulmcio), sé-
néchal de Carcassonne, pp. 718, "43, 871; ré-
sumé de son rapport à la reine Blanche sur le
soulèvement de Trencavel, p. 719.
GUILLAUME D'ORANGE, pp. 4C9, 514.
GUILLAUME DE PAULIN, p. 855.
GUILLAUME DE PELAPOUL, pp. 34, i55.
GUILLAUME PELISSE, frère prêcheur, inquisiteur
à Albi, pp. 687, 691.
GUILLAUME DE PIAN, sénéchal de Carcasscnne,
pp. 809, 810, 81 1, 823, 865.
GUILLAUME DE PIERHE-PEPvTUSE, pp. 5.-3,
654, 714.
GUILLAUME-R.AIIMOND DE PINS, seigneur de
Caumont, pp. 746, 801.
GUILLAUME DE PLAPAPE, p. 898.
GUILLAUME DE PODANES, p. 734.
GUILLAUME DE POISSY, p. 3i5.
GUILLAUME DE POITIERS, de Pcitcus, comte d»
Valentinois, pp. 40, 58, 76, 134.
GUILLAUME, fils d'Aymar de Poitiers, p. 711.
GUILLAUME PORCELET, pp. 281, 3o3, 3oô.
GUILLAUME DE PUISSALICON, p. 3:5.
GUILLAUME DU PUY, p. i55.
GUILLAUME DU PUY, p. 81 3.
GUILLAUME DE PUYLAUKENS, chapelain de
Raimond VU, comte de Toulouse, histotien,
pp. 733, 756, 778, 811, (J48.
GUILLAUME-RAI.'MOND, p. 757.
GUILLAUME RAINOLS, poète provençal, p. 1Û6.
GUILLAUIME, seigneur de Randon, p. 903.
GUILLAUME DE LA REDORTE, p. 76.
GUILLAUME-ROBERT, de Beaucaire, ces :.:..■!
Mineurs, p. SSj.
GUILLAUME DE ROCHEFORT, frère de l'éverjuc
de Carcassonne, p. 364.
GUILLAUME DES ROCHES, iéaé.hal d'Anjou,
p. 284.
TABLE GÉNÉRALE DES NO.MS ET EES MATJKRE3.
991
GUILLAUME TîE LA LOCIIK, p. 907.
GUILLAUAIE, coir.ie ce Uc-cz, pp. 178, 179» 269.
GUILLAU.AIE DE ROQl'EFEUIL, gouverneur de
Montpelliîr, pp. 859, 86ç, 873, S<)3.
GUILLAU.ME ROSTAL\G, seigneur de Bioil, en
Provence, p. i63.
GUILLAUME DE ROSTAINQ, p. çoS.
GUILLAUME LE ROL'X, clerc d'Alfoiise de Poi-
tiers, p. 907.
GUILLAUME DE SABR.AN, pp. 22, 4",; Vun des
seigneurs t^ui suivent.
GUILLAUiME DE SAIÎRAN, neveu de Bertrand,
comte de Forcalquicr, p. 32.
GUILLAUME DE SABRAN, cousin de Bertrand,
comte de Forcalquicr, p. 32,
GUILLAUME DE SABRAN, connétable de R:;i-
mond V & de Raimond VI, pp. .^3, 62, 63, 68,
III, iiî, 124, 1.59, 189, 109.
GUILLAUME DE SAKRAN, p. 704.
Gl'ILLAl ME DE SAINT-ANTOMN, p. iSi.
GUILLAUME DE SAINT-DIDIER {alias DE SAINT-
LEIDIER), vassal de l'église du Puy, p. Syj
poète provençal, p. léô.
GUILLAU.ME DE SAINT-FÉLIX, p. i.'ij.
GUILLAUME DE SAINT-MAURICE, p. 816.
GUILLAUME DK SAINT-PAUL, pp. 91, 154,
GUILLAUME, comte de Salisbiiry, p. 592.
GUILLAUiME DE SCURÇT, p. 341.
GUILLAUME SIIGUIER , preir.ier professeur de
droit civil à Montpellier, p. 909.
GUILLAU.ME DE SEUVIAN, p. |33.
GUILLAUME II, roi is Sicile, p. 146,
GUILLAUME DE SOLARIS, cominandcur de la
maison du Temple d'Arles, p. i8<J.
GUILLAUME DE SON, p. 887.
GUn.LAl'.ME TAILI.EKER, fils, suivant t;uelques
auteurs, de Raimond V, 8c mari de Bcatrix,
héritière du Dauphiné, p. loû.
GUILLAUME-ARNAUD DE TANTALON, pp. 52;,
74'., 74C..
GUILLAUME DE TORNOUR, p. 593.
GUILLAUME DE THÉSAN, p. 784.
GUILLAUME DE TORTOSE, fils d'A(;nès & Je
Guillaume de Montpellier. Voye\ GUIL-
LAUME IX, de Montpellier.
GUILLAUME DE ULMEIO, sénéchal de Carcas-
sonne. Voye^ GUILLAUME DES ORMES.
GUILLAUME, comte de V'alentinois & de Diois.
l'oyc^ GUILLAUME DE POITIERS.
GUILLAU.ME DE VASSAL, p. 1 .Ï4.
GUILLAU.ME DE VAUGRIGNEUSE, sous-dcyen
de l'église de Chartres, pp. 918,919, ç2i.
GUILLAUME DE VERDUN, p. 143.
GUILLAUME-ATON UE VILLEMUR, p. 811.
GUILLAUME-PIERRE DK VINTRON {corr. VIN-
TROUS , pp. 194, ûoi, 8ôo.
GUILLAUME DE VOISINS, seigneur de Coufou-
lens, p. 924.
GUILLELMETTE. fille naturelle de Raimond VI,
temine d'Hugues d'Alfar, pp. 3^7, 3o8, 3ii7,
5jj.
GUILT.llLMETTE, religieuse de C?tenu-;, p. 224.
GUîLLiiLMETTE, mère de Bernard-Aton, vicomte
ù'Ag'Je,8<.deNiiTies, pp. 46, 64, 71, 120, 122, 180.
GUILLELMETTE, femme de Guillaume de Sa-
bra n, p. 107.
GUILLELMETTE, fille de Raimond-Gaucelin de
Lunel, femme de Raynon IV, seigneur d'Uzès,
pp. 4Ô7, 869.
GUILLELMETTE DE MONTCADE , première
femme d'Aymeri IV, vicomte de Narbonne,
p. 7 I 5.
GUILLELMETTE DE MONTPELLIER, sœur de
GuillaumeVII, seigneur de Montpellier, p. 39.
GUILLELMETTE, fille de Guillaume VII, sei-
gneur de Mon!j;ellier, p. 46; épouse Raimond
de Roquefeuil; *'.cnd plus tard le nom de Mar-
quise, p. 47.
GUILLELMETTE DE POLTGNAC, p. 799.
GUILHEM-ISARN, archiprètre de Rieux, p. -jcC
GUILLEM-PEIRE, évèque -^Albi. Foyc? GUIL-
LAUME.
GUILLEM PELHISSE, inquisiteur. Foye:; GUIL-
LAUME.
GUILLE.M, capiscol de l'école capitulalre de Saint-
Ktienne, p. 643.
GUILLE.M D'ALAIGNE, vicomte de Sault. Voycr
GUILLAUME.
GUILLEM-ARNAUD, p. 89.
GUILLEM DE CEP.VARIA, p. 601.
GUILLEM-ATON DE GAILLAC, p. S99.
GUILLEM -UNAUT DE LANTA. Fuy,- GUIL-
LAUME.
GUILLEM DE LODÈVE, p. 743.
GUILLEIM-RAMOX DE MONTCADE, p. 499.
GUILLEM DE MONTREDON, maître du Temple.
Voyc!^ GUILLAUME.
GUILLEM DE MONTREVEL, inquisiteur, pp. 893,
900.
GUILLEM-BERNARD DE NIORT. Foye:; GUIL-
LAUiME.
GUILLEM DE ROQUEFORT . a ROCHEFORT,
p. 3 18.
GUILLEM DE SAINT-MAURICE, p. 743.
GUILLEM-ARNAUD DE SOUPETZ, p. 4',3.
GUILLEM DE TOUGES, baile do Cintcgabelle,
p. %',?,.
GUILLEM DE TUDÈLE, pp. 284; son récit du
sac de Béziers, p. 2S9.
GUINARD ou GÉRARD, dernier comte de Uous-
sillon, pp. i3, 3o; son testament, pp. ."io, 5i.
GUIOT DE LÉVIS, seigneur de Mirepoix, pp. 872,
873.
GUIRAUD, abbé de Sarlat, p. 709.
GUIRAl'D D'AMI, connétable de Raimond VI.
Voyei GÉRAUD.
GUIRAUD DE KORNF.IL, troubadour, p. i65.
GUIRAUD DK GOURUON, seigneur de Caraman,
Voyex GÉKAUD.
GUIRAUD UE MINIRVE, p. .')3 1 .
GUIRAUD ou GÉRAUD DE PÉPIEUX, clievali?r
du Minervois, pp. 209, 3 lô, 3 16, 3^4, 372, 370.
993
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
GUIRAUD DE SALAIGNAC, poëte provençal,
p. 167.
GUIHAUU UE SALIVO, commandeur de la milice
du Temple de Pézénas, p. 40.
GUIRAUD DE SAMATAN, p. 629.
GUIRAUDE DE LAVAUR , p. 35i; sa mort,
p. 357.
GUIRAUDE, femme de Pierre-Constans de Saint-
Gilles, p. 206.
GUIRAUDE, dame d'Uzès, p. 794.
GUISCARD, p. 893.
GUISCARD DE BEAUJEU, p. ^hj.
GUISCARD CABROLS, chevalier, p. 465.
GUISE, femme de Raimond-Gaiicelin de Liinel,
p. ^i,n.
C ISE, fille d'Henri, comte de Rodez, pp. 533,
GUISE, femme de Roger de Comminges, p. 887.
GUITARD D'ADHÉMAR, p. ôoj.
GUITARD DE MARMANDE, p. Se;.
H
lÎAiiiTS, p. 94"; c.inon du troisième concile de
Montp:;ili;r à ce sujet, p. 172.
Haclexai;, en Als^ice, p. 692.
HANGEST (Florent d'), p. .J97.
Habiza, château en Ksp.ignc, p. 114.
HARNES (Michel des), p. 514.
HAtTF.S-Br.uYKiiF.S, monastère de l'ordre de Fonts-
vrault, pp. Ô20, 63 ).
Haltefobt, château du Périgord, pp. 104, 167.
Hauttoi:!., château, p. iç5; pris & rasé par Si»
mon de Montfort, p. 384.
IIAUTPOUL (Pierre-Rairaond d'), pp. 70, 90.
— (Ralmond d'), p. (k>.
HÉLÈNE, femme de Géraud de Montaigu, p. 207.
HÉLIE DE CAHORS, p. 392.
HÉLIE RUDEL DE BERGERAC, p. 4!:;3. l'oye:;
ÉLIE.
HÉLIS, fille du comte d'Auvergne, p. 270.
HEUVISE D'YBELI^f, dame de Sidon, femme de
Gui de Montfort, p. 378.
HENPvI, archevêque de Bourges, p. 546.
HENRI, archevêque de Reims, frère de Louis VII
& de Constance, pp. 20, 21, 23, 59, 60, 221.
HENRI, abbé de Clairvaux, puis cardinal-évéquc
d'Albano, p. 217; vient combattre les héréti-
ques, p. 78; passage de sa lettre relatif aux
hérétiques condanïnés à Toulouse en 1178; dé-
tails donnés par lui sur les doctrines & les
croyances des hérétiques, p. 84; est élu évèque
de Toulouse; refuse ce siège épiscopal, p. 85;
est élevé au cardinalat & nomjiié évêque d'Al-
bano; envoyé comme légat dans la Province; y
exerce sa légation dès 1 180; ses premiers actes,
pp. 94, 95; sa légation étendue à la Gascogne;
dépose Pons d'Arsac, archevêque de Narbonne;
tient au Pu y, le 1 5 septembre 1 iS 1 , un concile,
p. 97; en tient un autre, le 8 décembre de la
même année, à Auch, p. 98.
HENRI, abbé de Gaillac, p. 3.
HENRI I, roi de France, p. i.
HE.NRI H, roi d'Angleterre, pp. 9, 34, 35, 38,
59,78, io3, 134, 128; réclame comme ses vas-
saux les comtes d'Auvergne, prisonniers du roi
Louis le Jeune, p. 9; son entrevue avec Rai-
mond V; négocie la p.iix avec ce comte, pp. 24,
25, 3d ; fait un pèlerinage à Rocamadour, p. 41 ;
reprend la guerre contre le comte de Toulouse,
p. 5i; ils font la paix, p. 5;; fait avec Eléo-
nore d'Aquitaine un voyage à Limoges, p. 52;
cherche à établir sa domination dans la Pro-
vince, p. 53; débarque en Normandie S: menace
les Etats du roi de France; conférence tenue,
en août 1 1 83, par ces rois entre Trie Si Gisors,
renouvelée en octobre; toutes deux restent inu-
tiles, p. 125; son entrevue avec Philippe le
Bel, p. i33; fait la paix avec son fils Richar'.
& avec Philippe le Bel; meurt à Chinoii; e^t
inhumé dans l'abbaye de Fontevrault, p. |3S.
HENRI III, roi d'Angleterre; intervient auprès du
pape en faveur de Raimond VII, pp. 5-9, 589}
se ligue avec ce prince, p. 592; est empêché par
le pape Honoré IIÏ de secourir Raimond ^'^,
pp. 602, 6o3 ; cherche à traverser Je traité de
paix de 1229; est abandonné parle comte de
Toulouse, p. 642; confère avec Raimond VII
en 1232, pp. 671, 672; vient au secours du
comte de la Marche & du comte de Toulo'.'.se;
est défait; se réfugie à Blaye, puis à Bordeaux,
pp. 741, 742; nouvelle entrevue avec Rai-
mond VII, p. 746; fait une trêve de cinq ans
avec le roi de France, p. 70^; ses querelles avec
Alfonse de Poitiers, p. 833,
HENRI, fils aîné d'Henri II, roi d'Angleterre, Se
d'Kléonore d'Aquitaine, épouse Marguerite, fille
de Louis le Jeune; se brouille avec son père,
p. 52; se révolte contre lui, pp. 53, 54, io2j
reçoit des secours du comte de Toulouse; sa ma-
ladie, sa mort, pp. ic3, 104.
HENRI, fils de Thibaut, comte de Bar, se crciiC Si
vient dans la Province, p. 362.
HENRI, roi de Castille, p. 484.
HENRI, comte de Champagne, p. 34.
HENRI, comte de Grand-Pré; se croise C: ir.eurt
en route, p. 352.
HENRI I, comte de Rodez, pp. 177, ^70, .j3; ;
se soumet à Simon de Montlort, p. 45:>.
HENRI II, comte de Rodez, p. 735.
HENRI, fils d'Hugues, comte de Rodez, p. c dj.
HENRI DE SULLY, pp. 597, 721.
HENRI DE VIRZILES {corr. VÉZELAYJ, cnr^.êteuc
de Louis IX, pp. 8Û7, 870.
HENRI, fils du comte de Bar, p. 36;.
Hcnrlcicns, nom donné aux hérétiques albi.",i.^!S,
X'oyez Alhigco'is, Htr.ÉTiQtts.
HÉ'.^ACLE D'ARLENC, p. 799.
HÉRACLE DE MONTLAUR, pp. 5io, 6o3, Éçt'.
HÉRACLE m DE POLIGNAC, fils de Pons, 1-
comte de Polignac, pp. 35, 37; fait léparatioa
pour te pillage de la vilic de Brioudc Êc du vil-
lage de Samt-Germain, p. 98; sa mort, p. yj.
TABLE GENERALE DES NOMS ET DES MATIERES.
993
HÉRACLE, fils d'Héracle, seigneur de Moiulaiir,
p. 799.
HÉRACLE, fils de Pons IV , vicomte de Polignac,
p. 467.
Hèrësie des albigeois; son origine, p.iys où elle
dominait, pp. 1, 2, 217, 221, 23o, 23i.
Hérésies dans l'Église d'Orient, p. 1.
Hérétiques de la Province, pp. 172, 676; leur
origine & leur progrés dans le pays, pp. i, 2,
3, 4. 5, 6, 7, 77, 78, 79, 8:, 81, 9.-), 96, 161,
204, 217, 223, 224, 227, 23o, 23i ; leurs noms,
pp. 3, 6, 86, 221, 244, 243, 407; leurs chefs,
leurs évéques & autres ministres; leurs erreurs;
leurs cérémonies, pp. 2, 216, 227, 249, 200,
32J, J44, 64Ô, 567, j68, 700, 701, 764, 765;
les parfaits ou revêtus; les simples croyants,
pp. 3o2, 6J3, 669, 677; sont condamnés par
le concile de Lombers, pp. 4, 5; viennent de
diverses contrées tenir un concili.ibule k Sàint-
Félix de Caraman, pp. 6, 7; sont poursuivis à
Toulouse & dans les environs, p» 79; dans l'Albi-
geois 8c le Toulousain, pp. 83, 84; leurs doctri-
nes, d'à prés l'abbé de Clairvaux, pp. 84, 85; sont
condamnés au concile de Latran, en 1179; di-
vers noms qui leur sont donnés par ce concile,
p. 86 ; leurs progrés à Béziers &. dans le Toulou-
sain; sont chassés de Béziers, pp. i5-, i58,
i59, 161; mesures prises contre eux par Rai-
mond V, p. 1 62 ; sont anathématisés par le troi-
sième concile de Montpellier en 1195, pp. 171,
172; missions faites pour les convertir; sont
anathématisés, p. 217; causes de leurs progrés,
p. 2i9;brùlés,pp.22o, 221; mesures ordonnées
par Innocent III pour les combattre, p. 22;') ;•
leurs diverses sectes dans la Province; leurs
mœurs, leurs croyances, leurs rites, p. 227 ; sont
condamnés par le roi d'Aragon, 3 Carcassonne,
en tjrésence des légats, p. 23 1 ; disputent conti e
les catholiques aux conférences de Montréal &
de Ramiers, pp. 249, lôo, 25i; Innocent III
exhorte le roi, les évéques & les barons de
France 3 les combattre, pp. 263, 264; le comte
de Toulouse s'engage à les poursuivre au concile
de Saint-Gilles, p. 279; les habitants de Nar-
bonne dressent des statuts sévères contre eux,
p. 296; peines prononcées contre eux par le
concile de Latran en I2i5, pp. 469, 470; se
réunissent au nombre d'une centaine des prin-
cipaux, à Pieussan, pp. 544, 545; le p.'pe de-
mande l'intervention de Louis VIII contre eux,
p. 571; article du traité de paix de 1229, les
concernant, p. 632; ordonnance rendue contre
eux par le roi saint Louis, pp. 644, 645;
le concile de Toulouse, de 1229, établit l'in-
quisition pour leur recherche, pp. 652, 653;
les frères prêcheurs érigent l'inquisition en tri-
bunal ordinaire, pp. 673, 674; procédures de
ce tribunal, pp. 701, 702; édit du comte Rai-
mond VU contre eux, pp. 676, 677; son: chas-
sés de la Province; passent en Espagne; s'em-
parent de plusieurs villes; commettent de grands
désordres; sont exterminés, p. 63"; plusieurs
de ceux qui habitaient le haut Languedoc se
réfugient aux environs de Montpellier, p. 702 ;
les évéques sont sollicités d'agir contre eux par
Raimond VU, p. 737; massacrent les inquisi-
teurs i Avignonet, pp. -33, 739; leur nombie
vers le milieu dû treizième siècle, p. 767; peines
prononcées contre eux, pp. 235, 236, 3o3, 304,
322, 451, 469,470, 622,623,683, 887; leurs
biens sont confisqués, pp. 827, 855; la restitu-
tion d'une partie des biens confisqués est ordon-
née par Louis IX, pp. 867, 868, 872 ; hérétiques
brûlés vifs, pp. 6, 287, 295, 3oi , 33 1 , 357, 36o,
367, 407, 445, 619, 625, 655, 674, 689, 701,
765, 769, 780, 802, 840; corps & ossements
d'hérétiques exhumés & brûlés, pp. 701, 765,
840; condamnés à la prison perpétuelle, à di-
verses pénitences, pp. 253, 701, 702, 763, 764,
799, 800, 839, 840. — Voyez Albigeois.
Heivment, château, p. 287 (Puy-de-Vomc), arr. de
Clermont-Fcrrciiîii .
HERVÉ DE CHEVREUSE, pp. 810, 812, 824.
HERVÉ, comte de Nevers, l'un des chefs de la
croisade contre les albigeois, pp. 267, 275, 284,
285, 290; refuse la seigneurie des pays conquis
parles croisés, p. 297; quitte la Province, p. 299.
HiEi-.LE (terre d'^, pp. 755, 83o.
HISPAN, frère d'Otton , vicomte de Loraagne,
p. 545.
Homicide & autres cr.nits ; leur punition,
pp. I i5, 636, 937, 938.
Hommage manuel promis par Raimond VII au
roi d'Aragon, p. 735.
HuNur.iE, p. 5j7.
HONORÉ III, pape, pp. 73, 461, 5oo, 5ii, 5i2,
528, 535, 538, 570, 571, 637; confirme la règle
des frères prêcheurs que lui soumet saint Do-
minique, p. 469; sa lettre au cardinal Bertrand
en faveur d'Arnaud, archevêque de Narbonnc,
au sujet de son différend avec Simon de Mont-
fort, pp. 480, 481 ; cherche à détacher Jacques,
roi d'Aragon, de l'alliance du comte de Tou-
louse, p. 5i I; s'intéresse en faveur de Simon de
Montfort, p. 5l2; ses lettres aux habitants de
diverses villes en faveur de Simon de Montfort;
texte de sa lettre à Raimond le Jeune, pp. 5i3,
514; autres lettres au comte de Foix, à Phi-
lippe-Auguste, à tous les évéques de France, à
Simon de Montfort, &c., p. 5i4; lettre au roi
de France en f.iveur d'Amauri, pp. 522, 523;
lettres au légat, p. 538, à Raimond VII, p. 539;
sa sentence d'exhérédation contre Raimond VII,
p. 544; ses efforts pour amener le roi Philippe-
Auguste à secourir Araauri de Montfort Se à
accepter ses domaines, pp. 546, 547; sollicite
Louis VIII de marcher en personne au secours
d'Amauri de Montfort, pp. 371, 572; accueille
favorablement la demande en réconciliation de
Raimon-d VII & suspend la croisade, pp. 579,
53o ; sa lettre i l'archevêque de Narbonne,
p. \>i\ ; donne tous ses soins au secours de la
Terre-Sainte; révoque les indulgences accordées
par le concile de Latran pour la guerre d'Al-
bigeois, p. 58i; autorise la réconciliation de
Raimond VII avec l'Église, p. 58^; ses plaintes
contre ce même comte, p. 090; défend au roi
d'Angleterre de le secoL;rir, pp. 601 , 6c 2.
HONORS DE BEAtiMONT, p. 810.
HÔPITAL fondé i Avignon, pur saint Bénézet, pour
recevoir les pèlerins, p. 77.
— de Béziîrs, ordre de Saint-Je.m, p. 40,
VI.
63
994
TABLE GENERALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
Hôi'iïAL de Capestiing, ordre de Salnt-Jc;in, pp. 40,
870.
— de Goudargues, p. 40.
— de Larzac, ordre de Saint-Jean, p. 6\.
— Mage, à Millau, p. 6 1 .
— du Saint-Esprit, à Montpellier, pp. 72, 20; ;
règle donnée aux frères & chevaliers ; passe sous
différentes juridictions, p. y.'i.
— de Saint-Lazare, à Montpellier, p. 204.
• — du Pont-Saint-Esprit, p. 891.
— de Saint-Gilles, ordre de Saint-Jean, d. 241.
— de la porte Arnaud-Bernard, à Toulouse, p. 41^8.
— de Saint-Jean de Jérusalem, à Toulouse, p. 52 i .
— de Saint-Michel, p. 61.
— Saint-Rémy, à Toulouse, p. 7^2.
■^- de San Suhra, à Toulouse, p. 5 18.
— du Vigan, près d'Albi, p. 140.
HospiTALinn.s, pp. Soy, 599.
— de Costoge, en Catalogne, p. 65 1.
— de Saint-Bénézet, p. 891 .
— du Saint-Esprit, à Montpellier, p. 72.
— de Saint-Gilles, p. C?> ; privilèges qui leur sont
accordés par R.iimond V, p. 74, par Rai-
iiiond VII, p. 55o.
— de Saint- Jean de Jérusalem, pp. i 3, 32, 40, 59,
63, 43 1, Ô21, 533, 549, 566, 599, 829, 901, 9i3;
reçoivent en don la ville de Manosque, p. 32;
leurs privilèges, pp. 5âo, 599.
— de Saint-Jean de Narbonne, p. 714.
— de Saint-Jean, à Toulouse, pp. 52i, 720.
— d'Orange, p. 56o.
HoRTA, monastère de l'ordre de Cîteaux, p. 210.
HosTiE-S; préparées par les religieux de Fontfroide
en vertu d'un privilège spécial ; origine de ce
privilège, pp. 7 14, 8 i5.
HUBERT, archevêque de Cantorbèry, p. 190.
HuESCA, ville d'Aragon, p. i5o.
HUGUES BÉROARU, archevêque d'Arles, pp. 58-',
591.
HUGUES, archevêque de Tarragone, pp. i3, 24,
HUGUES, èvêque de Bigorre, p. 734.
HUGUES, èvêque de Clermon t, pp. 749, 75 i.
HUGUES-RAIIMOND, èvêque de Riez, légat dans
la Province, pp. 272, 282, 3i9, 327, 3i!i, 334,
402; écrit au pape avec les autres légats, en
1 209, contre le comte de Toulouse, p. 304 ; as-
siste au siège de Minerve, p. 33 ij préside le
concile d'Avignon, p. 3o3j convoque le concile
de Saint-Gilles, p. 335; sa lettre au pape In-
nocent m, en i2i3, p. 336; est commissaire
du pape au concile de Lavaur chargé d'impcser
au comte de Toulouse une pénitence canonitiue,
pp. 403, 404.
HUGUES, èvêque de Rodez, fils d'Hugues I, comte
de Rodez, 81 frère d'Hugues II, pp. 25, 26, 177,
269; est déposé, p. 349.
HUGUES, abbé de Bonneval, p. 161.
HUGt-'ES, chanoine de Brioude, fils de Pons, vi-
comte de Polignac, p. 37.
HUGUES D'ALFAR [al. ALFIER^ chevalier Na-
varrais, mari de GuiUelmette, fille naturelle de
Raimond VI, pp. 329, 387, 555 666; sénéchal
d'Agenais, p. 365.
HUGUES, comte d'Ampurias, pp. 413, Soi.
HUGUES D'ARSIS, sénéchal de Carcassonne,
pp. 723, 758, 709, 768, 811.
HUGUES DE BANNES, p. 75.
HUGUES DES BAUX, pp. 24, 25.
HUGUES DES BAUX, prince d'Orange, pp. pS,
i63, 182, i83, 2i3, 216, 278, 281, 3o3, 734,
710; vicomte de Marseille, p. 417.
HUGUES III, duc de Bourgogne, p. 1 c3 ; son
alliance avec Raimond V, pp. io5, ic6.
HUGUES m, duc de Bourgogne, p. io3; répudie
Alice de Lorraine pour épouser l'héritière du
Dauphiné|, Béatrix, veuve d'Albéric Taillefer ;
a un fils de Béatrix, meurt en iiçi, pp. ic5,
T 06.
HUGUES BRUNEKS, poète provençal, p. 162; na-
tif de Rodez, se fait religieux, pp. 164, i65.
HUGUES Carior.crji, p. 566.
HUGUES DE CARDAILLAC, p. 754.
HUGUES DU CAYLAR, p. 743.
HUGUES DE CESSENON, p. 85o.
HUGUES V, abbé de Cluny, p. ir;5.
HUGUES, seigneur de Coligny-le-Neuf, troisièir.c
mari de Béatrix, p. 106.
HUGUES DE CREYSSEL, p. 869.
HUGUES DELFAU (corr. DEL FAR). Foye:^ HU-
GUES D'ALFA R.
HUGUES DE DURFORT, p. 753.
HUGUES-PIERRE DE FENOUILLET, p. 5di.
rfUGUES-GAUFRED , des vicomtes de Marseille,
maître de la milice du Temple, p. 68.
HUGUES DE LASTIC, p. 3 58.
HUGUES DE LAUDUMON, prieur de Saint-Satur-
nin de Calvisson, p. 209.
HUGUES -ERMENGAl'D DE LAUTREC, p. 209.
HUGUES DE LÉSIGNEM {corr. LUSIGNAN), comte
de la Marche, pp. 610, 73o; se ligue avec
Raimond VII, pp. 73.Î, 735; prend les armes
contre le roi de France, p. 741 ; est battu,
p. 742 ; fait sa paix avec le roi de France, p. 742.
HUGUES LE IMARÉCHAL, p. 166.
HUGUES DE MIRAKEL, p. 096.
HUGUES DE MONTLAUR, maître de la milice du
Temple en Provence, p. 698.
HUGUES DE PARDEILLAN, p. 734.
HUGUES DE PAULIN, p. 419.
HUGUES DE PÉRIGNAN, p. 715.
HUGUES DE PROVENCE, p. 75.
HUGUES DE RABASTENS, p. 47.
HUGUES I, comte de Rodez, mort en 1 109, p. 177.
HUGUES II, comte de Rodez, pp. 14, 65, 118,
177; s'allie avec Alfonse, roi d'Aragon, contre
Raimond V, p. 25; ses différends avec l'évêque
de Lodève, p. 66; favorise la poésie prcvenç.ile,
p. 177; sa mort, pp. 269, 270.
HUGUES m, comte de Rodez, p. 178.
HUGUES IV, comte de Rodez, pp. 533, 698, 7c5,
711, 804, 816, 864, 869, 9o3; se ligue avec le
comte de Toulouse contre le roi, p. ySv; se
TABLE GENERALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
990
soumet au roi après la paix de Lorris, pjj. y.^,
73/; ; prend la croix, p. 788; fait hommage 8t
prête serment de fidélité à Alfonse & à^eanne,
sa femme, p. 812; ses différends avec ce prince,
p. 874.
HUGUES DE ROMEGOUS {corr. ROUMENGOUX),
Tiguier de Carcassonne & du Razès, pp. 0), 65,
71, 143.
HUGUES DE ROMEGOUS, p. 719.
HUGUES DE ROVIGNAN, p. 446.
HUGUES DE SAINT-ROMAIN [corr. SAINT-ROME';,
p. 875.
HUGUES DE SAISSAC, p. 64.
HUGUES DE SAISSAC, vicomte de Fenouillédes,
pp. 618, 882.
HUGUES DE SAINT. CYR, poète provençal, p. "1J9.
HUGUES DE TURENNE, religieux de l'ordre des
Mineurs, p. 787.
HUGUES D'USSEL, p. 38.
HUGUES, fils de Pons-Hugues, comte d'Ampurias,
p. 924.
HUMBERT DE BEAUJEU. Foye^ IMBERT.
HUMBERT DE MIRABEL, évéqiie de Valence,
p. :'io;J.
HUMBERT, comte de Maurienne ou de Savoie;
fait la guerre au comte de Toulouse, p. 27; né-
gocie le mariage de sa fille avec Jean, quatrième
fils d'Henri II, roi d'.\ngleterre, p. 53.
HYACINTHE, cardinal, légat dans la Province,
p. 41; élu pape, prend le nom de Célestin III,
p. i33.
Hykp.es, p. 94^>; une partie de cette ville est don-
née par Raimoiid V aux Génois, p. 61.
Ile Amade. Foyc^ I.sle-Made.
IlES Britanniques, p. 2.
li,i.E, vicomte en Rousiillon, p. 618.
niKERT Je A<iuaria, archevêque d'Arles, pp. i83,
22.^.
IMBERT DE BEAUJEU, gouverneur de la Pro-
vince pour le roi, pp. 618, 629, 63o, 797;
continue la guerre contre le comte de Toulouse,
p. 6iâ; prend le château de Montech, est battu,
pp. 627, 628; ravage les environs de Toulouse,
pp. 629, (iji ; le roi lui donne l'o'rdre de com-
battre Raimond VII, en 1242, p. 749; reçoit la
soumission de ce comte, p. 731.
Impôt du dixième levé, par ordre d'Innocent III,
sur les biens ecclésiastiques, pour les frais de la
croisade contre les .ilbigeois, pp. 283, 284.
INDIE, fille naturelle de Raimond V & sœur de
Raimond VI, pp. i63, ôj.», 6i3, 880; épouse
Guillabert de Lautrec, p. 209; après la mort
de ce vicomte, elle épouse Bernard- Jourdain ,
seigneur de l'Isle-Jourdain, p. 2!>è.
I\Rti.r.E.NCES accordées pour la répression de l'hé-
résie, p. 233.
— accordées par Innocent III à ceux qui combat-
tent les hérétiques, pp. 261, 267, 317.
INGELBERGE, première femme de Philippe-Au-
guste, p. 200.
INNOCENT II, pape, p. 87.
INNOCENT lir, pape, pp. 72, 73, 200, 210, 212,
216, 22.5, 229, 234, 23f), 243, 260, 281, f)!.-",
.035, &c.; lève l'excommunication dont avait été
frappé Raimond A'I, p. 187; ses efforts pour
procurer de prompts secours à la Terre-Sainte,
p. 188; nomme des commissaires contre les al-
bigeois, p. 222; dépouille les évéques de leur
juridiction ordinaire pour la donnera ses lé-
gats, pp. 23 I, 232; ses lettres au sujet de l'af-
faire de l'archevêque de Narbonne, p. 23.'i ;
autre lettre très-vive & très-uienaçante à Rai-
mond VI, pp. 23.3, 2,'J6, 2.57; exhorte Phi-
lippe-Auguste & les principaux vassaux du
royaume à prendre les armes pour exterminer
les hérétiques, p. 26 1 ; sa lettre aux évéques au
sujet de Pierre de Castelnau, pp. 264, 263;
lettres sur le même sujet aux comtes, barons 8c
chevaliers, p. 265; admet le comte Raimond VI
à se justifier, p. 271 ; ses lettres au roi de France;
indulgences accordées; moyens indiqués par lui
pour solder les troupes, p. 272; donne ses ins-
tructions à ses légats au sujet du comte de Tou-
louse; envoie Milon en qualité de légat a îatcrc,
p. 273; sa lettre au comte de Toulouse sur son
absolution, p. 283; impose le dixième en
France pour les frais de la croisade, pp. 283,
284; confirme à Simon de Montfort la posses-
sion de ses conquêtes; essaie de lui procurer de
nouveaux secours, pp. 3i6, 3i7; donne l'ordre
d'absoudre les Toulousains de l'excommunica-
tion, p. 323 ; ses lettres au sujet de Raimond VI,
pp. 32-3, 321 , 322; confirme Simon de Montfort
dans la possession de la ville d'Albi & fait lever
de nouveaux subsides pour la croisade, p. 332;
ses lettres à plusieurs personnages de la Pro-
vince, pp. 337, 338; ses lettres contre les héré-
tiques & leurs fauteurs, p. 344; confirme la
nouvelle excommunication prononcée au con-
cile d'Arles contre Raimond VI; fait saisir le
comté de Melgueil; dépose divers évéques, p. 348 ;
excuse auprès de Philippe - Auguste la con-
duite des croisés; écrit à l'évêque de Mague-
lonne, pp. 376, 377; ordonne de nouveau à ses
légats de recevoir la justification du comte de
Toulouse, & refuse d'accorder ses domaines à
d'autres, p. 33 1 ; sa lettre au sujet de la posses-
sion de la ville de Montpellier, p. 382 ; envoie
dans la Province lever le cens établi en faveur
de l'K.glise romaine, p. 392; écoute les plaintes
du roi d'Ar.'igon en faveur des comtes de Tou-
louse, de Foix & de Comminges, & du vicomte
de Béarii; sa lettre à ce sujet, pp. 399, 400,
401; suspend la croisade contre les hérétiques
de la Province, & recommande de combattre les
Sarrasins d'Espagne, p. 401 ; confirme le ma-
riage de Pierre, roi d'Aragon, avec Marie de
Montpellier, p. 412; est prévenu par les dépu-
tés du concile de L.'iv.iur contre les habitants de
Toulouse & leurs alliés, pp. 417, 418; envoie
le cardinal de Bénévent dans la Province; le
charge de s'informer des droits de Simon de
Montfort sur la vicomte de Nimes; de réconci-
lier avec l'Eglise le comte de Comminges & Gas-
ton de Béarn; de réconcilier Toulouse & de
990
TABLE GENERALE DES NOMS ET DES MATIERES,
mettre celte ville soiiS la protection du Siuiit-
Slége; d'oblifjer Simon de Montfort à rendre le
jeune roi d'Aragon à ses sujets, p. 4'i*)j donne
par provision le comté de Tovilouse à Simon de
Monifort, pp. 4")."), 4.")5; écoute favorablement
les plainti'S portées contre Simon de Montfort
par l'archevêque de Narbonnc, pp. 4i.'o, 461;
ses dispositions pendant 8t après le concile de
Latran, p. 473; sa mort, p. ^'Jo.
INNOCtNT IV, pp. 674, 774, 737, 788, 72.;, 7.;.^,
8^4, 8c6, 817, b'j.4, b'27, blii, Sr,i, S64, 876;
son élection à Pavie, le 24 juin 124.'^, p. 761;
permet à Raiinond VII de se réconcilier avec
l'Eglise, pp. 7f>2, 76;»; ordonne aux inquisi-
teurs de continuer leurs procédures & modère
leur autorité, p. 763 ; se réfugie à Gènes, puis à
Lyon, p. 770.
IxoNDATiox à Toulouse, en 1218, p. j i 5.
Inondations de la Garonne, p. 145.
I.s Qu isiTEunS à Toulouse & à Carcassonne,
pp. 684, 690, 788, 739, 793, 803, 922; sont
chassés de Toulouie, p. 609; de Narbonne,
p. 693 ; le pape modère leur zèle, p. 700 ; l.urs
procédures, pp. 731, 702; suspendent l.;uis
poursuites, p. 732; pl.iintes portées contre eux
par Raimond\'II, p. 73J; massacrés à Avigno-
net, pp. 740, 741; plaintes de Raimond \'II
contre eux au concile de Géziers de 1 243, p. 7,") -;
Oidres qu'ils reçoivent d'Innocent IV', p. 76.');
le concile de Narbonne règle leur procédure,
p. 7'')4; le pape modère encore leur autorité,
p. 766.
Inquisition, pp. 79J, 796; son origine, p. ;23;
établie dans le pays par le concil.- ce Toulouse,
en 1229, pp. 6;")2, 6Ô3; confiée aux frères prê-
cheurs; érigée en tribunal ordinaire, p. 673 ; ses
procédures, pp. ici, 102; son exercice est sus-
pendu, p. 702; les frères prêcheurs prétendaient
l'exercer indépendamment des évèques, p. 73ij;
nouveaux règlements pour sa procédure, p. 779;
bulle d'Urbain IV qui peut être con sidérée comme
un code de procédure inquisitoriale, p. 876.
— d'Espagne; son origine, p. 796.
— de Toulouse, p. r)44.
Insahatc^, nom donné aux vauJois ou pcLuyrcs do
Lyon, p. 2.")2.
Interdit jeté sur le comté de Toulouse, p. 20; eit
levé, p. 2 I .
Interdits gém';i\alx défendus par Innocent III,
p. 763.
Investitui'.es, p. 873.
ISABEAU DE ROQUEFEUIL , fille de Raimond
d'Anduze, pp. 71 1, 903.
ISABELLE, fille de Jacques, rc i d'Aragon; son
mariage avec Philippe le Hardi, pp. 809, 88 i ;
son douaire, p. 87!).
ISABELLE DE LÉVIS, p. 91 3,
ISABELLE, femme de Hugues, comte de la Marche,
p. 736.
ISABELLE DE MONTMORENCY, p. 873.
ISARN, abbé, p. m6.
ISARN D'ARAGON, archidiacre de Carcassonne,
p. 46J.
ISARN DE DOURGNE, p. 40.
ISARN'-JOURDAIN UE L'ISLE, pp. 8:1,81 1, 880,
90;").
ISARN DE LAUTREC, pp. 679, 8jj, 86.",, 86Û,
901 , 902, 91 3.
ISARN, vicomte de Saint-Antonin, pp. 141, 1^2.
ISARN DE SAINT-l'Al'L, p. r.O.
ISARV JOURDAIN DE SAISSAC, p. 64.
ISARN DE SAISSAC, p. 942.
Isle, ville du Venaissin, pp. 170, 664, 692, 700,
7'8, 799, 918.
IsLE-JoLKUAix, ville, pp. 14^, 1 9 1 , 6 I 3 ; co u t umes
données à cette ville, p. 143.
ISLE-JOURDAIN (maison de 1'), p. 692.
IsiE d'AlliceoiS; origine de cette ville, p. 798.
— (consuls de l'j, p. 8 1 1 .
Isi.e-Maue, Ile Amade, lieu, pp. .'121,6^.(1; Emy
il hUmade {Tarr.-&-Garonne'), arr. Je Caitelsar-
rjs'tn.
I3MIDON DE PAl'TE, p. 68.
ISNARD ALDEGARIUS, p. ;")48.
ISNAKD DE GARGAIA, p. 93.
Is.SOll'.E, p. S3p.
IssoLui X, pp. I 3i , I 73.
ITIER DE VILLEBOE, chevali.r, p. 465
jAri:A, ville d'Aragon, p. 24^.
JAC.ME I. Voye:; JACQUES I, roi d'Aragon.
JACONIAIUS, sénéch.il de Beaucaire, p. 794.
Jacocins de Béziers; reçoivent en don le sol sur
lequel Simon de Montfort avait élevé son pa-
lais, p. Ô7.).
— de Narbonne, p. 8.56.
JACQUES, cardinal-évéque de Préneste, légat dans
la Province, pp. 708, 725.
JACQUES, abbé de Saint-Aphrodise de Eézicrs,
puis archevêque de Narbonne, pp. S27, 8.)-', 8^2,
868.
JACQUES DE VITRY, curé d'Argenteuil, p. 377;
prêche la croisade contre les albigeois, pp. 444,
5o8.
JACQUES I, roi d'Aragon, fils de Pierre II & de
Marie de Montpellier, pp. 62, 63, 411, 429,
52J, J6.-., 6-c, 61S. 6.;?, 68-, 659, 720, 733,
777, S49, 853, 853, 869, 873, 880, 889, 898, Ç09;
né à Montpellier; circonstances de sa con-
ception & de sa naissance, p. 259; passage de
ses mémoires relatif aux enfants de Guil-
laume VIII, son grand-père, pp. 412, 4i3; est
élevé it Carcassonne par les soins de Simon de
Monifort, p. 431 ; est remis entre les mains du
légat-cardinal Pierre de Bénévent, p. 436; suc-
cède au roi, son père, pp. 429, 43o; est rendu
il ses sujets par Simon de Montfort, pp. 435,
4!Î6; son âge; amené au château de Monçon, en
Aragon, il y demeu re deux ans & den^.i, p. 44c ;
allié de Raimond VI, p. 5 I I ; recouvre, en 1217,
la seigneuiie de Montpellier, p. 5i2; fait un
TABLE CÉNÉRALB DES NOMS ET DES MATIÈRES.
997
voyage à Montpellier, p. 668; fait hommage
pour Montpellier à l'évéque de Miiguelonne,
p. 698; nssiége la ville de Valence sur les infi-
dèles, p. -o^; son séjour à Montpellier; pacifie
la ville, p. -12; rerueille la succession de Nu-
gnez Saiiche & acquiert le Roussillon, p. 71.1;
pardonne aux habitants de Montpellier, p. 86 1 ;
son voyige à Montpellier, p. 87.'); ses différends
avec l'évéque de M.iguelonne a propos c!e la
nomination des professeurs de droit civil à
MontpîUier, p. 909; s'embarque pour aller en
Terre Sainte; s'arrête a Algues-mortes £c aban-
donne le dessein de ce voyage, p. 914.
JACQUES, roi de Majorque, fils de Jacques I, né à
Montpellier, pp. -.J9, 874, SSi.
JACQUES UUHOIS, clerc du comte Alfonsc, pp. 9 ■',
908.
Jallks, coii'.inanderic dans le Vêlai, p. 7")
Janes, lieu en Albigeois, p. ?>o.
JAflENTON DE KALFRE, frère de l'hôpital de
Saint-Jean de Jérusalem, p. 43.
JAUSSERANDE UEL PUECH, p. 164.
JtviAC, château, p. 167.
JEAN DE SAINT-PAUL, cardinal de Sainte-Prls-
que, légat dans la Province, pp. 209, 2î;j.
JEAN, archevêque d'Arles, pp. 728, 7Ô9, 764.
JEAN DE HELI.ES-MAINS, évéque de Poitiers,
p. 78; est promu à l'archcvccbé de Narbonne,
puis à l'archevêché de Lyon, p. 97.
JEAN DE BURMN, archevêque de Vienne, légat
du Saint-Siège dans la Province, pp 67.'), 694,
700, 701 j assemble un concile à Béziers en
12.14, P- "^Sl.
JEAN DE KHTHUNE. cvêque de Cambrai, tué en
1219, au siég.' de Toulouse, p. .^'î.'i.
JEAN, religieux de la Grande-Chartreuse, évêque
de Grenoble, p. 20.
JEAN, évêiue de Limoges, p. 22^.
JEAN I DE MONTLAUR, évêque de Maguelonnc,
pp. :";, 24, 47, 62, 72, ial, MO, 119, 1,(6 ; est
exécuteur testamentaire de Guillaume VII de
Monipîllier, p. 46; assiste, en 1 179, au concile
de Latran, p. 86.
JEAN II DE MONTLAUR, prévôt de Maguelonne,
p. 662; cvêque de Maguelonne, pp. 63o, 698,
71.1, 726, 764, 774; inféode à Raimond \'II la
ville de Montpellier, p. 706.
JEAN, abbé de Valmagne, p. 71.
JEAN, ministre des frères mineurs en Gascogne,
p. 701 .
JEAN DE ROSSIGNOL, frère de Ihôpital de Jéru-
salem de Bézieis, p. 43.
JEAN-SANS-TERKE, fils d'Henri II, roi d'Angle-
terre, & d'Eléonore d'Aquitaine, pp. 52, ô.t,
i3o; roi d'Angleterre, pp. 455, 473, 484.
JEAN D'ARCIS, châtelain de Cabrières, pp. 72.!,
822, 946.
JEAN AURIOLE, p. 8o3.
JEAN DE BEAUMONT, lieutenant du roi en Lan-
guedoc, pp. 721 , 723.
JEAN DE BRIGIER, pp. 529, 53o; ses briganda-
ges; sa pinition, pp. 534, 535.
JEAN DE CASTELNAU, o. 828.
JEAN, seigneur de Châtilion, p. 898.
JEAN LE CLERC, p. 754.
JEAN DE CRANIS, 5én:chal de Carcasconue,
pp. -2:i, 783, 784.
JEAN ESTEVE, poète provençal, p. 924.
JEAN DE FRICAMPS, sénilchal de Carcassonne,
pp. 633, 701, 871.
JEAN DE GAY ou LE JAY, chevalier, p. -50.
JEAN DE MAISONS, p. 8; 3.
JEAN DE MONTEIL, p. 3.-9.
JEAN DE MONTFORT, fils de Philippe II de
Montfort, porte le titre de comte de Squillace,
p. 925; meurt en i3oo, sans laisser de postérité,
p. 926.
JEAN DE MONT.MORILLON, p. 898.
JEAN DE NARKONNE, p. 252.
JEAN DE NESI.E, p. 619.
JEAN DE NETOYA, provincial des f.ères mineurs
en Provence, p. 701.
JEAN DE NANTEUIL, camérier du roi, pp -21
9-), 9 I».
JEAN D'ORLHAC DE MONTPELLIER, p. 709.
JEAN DE LA PLANCHE, p. 743.
JEAN, fils du comte de Rodez, p. 543.
JEAN DE SAUVE, p. 85o.
JEAN DE SERNAC LE BON', p. 435.
JEAN DU TE.MPLE, p. 793.
JE.AN DE TYANGES, prieur du monastère Saint-
Saturnin du Port, p. 890.
JEAN DE VANVES, p. 919.
JEAN V, comte de Vendôme, p. 925.
JEANNE D'ANGLETERRE, veuve de Guillaume II,
roi de Sicile, p. 1 46 ; quatrième femme de Rai-
mond VI, pp. 17'',, ô,-,.,, ,„ére de Raimond \'II,
p. 641 ; accouche à Beaucaire d'un fils qui fut
plus tard R.iimondVII, p. 181; fait le siège
du château des Cassés; est trahie, veut aller re-
joindre son frère Richard dont elle apprend la
mort; se retire à l'.ibbaye de Fontevrault; se
rend à Rouen près de son autre frère, Jean-Sans-
Terre; tombe malade, p. 189; prend l'habit
religieux, meurt en état de grossesse avancée;
son corps est porté à Fontevrault; durée de son
mariage avec Raimond VI, p. 197.
JEANNE DE TOULOUSE, fille unique de Rai-
mond \'II & femme d'Alfonse de Poitiers, frère
de saint Louis, pp. 682, 696, 814, 8i5, 8i3,
823, 828, 83o, 8)3; sa naissance, pp. 535,
5 !6 ; fiancée à Alfonse, frère du roi, p. 649; est
en Terre-Sainte avec Alfonse au moment de la
mort de Raimond VII; héritière universelle de
ce dernier, p. 8o3 ; apprend sa inort 3 Damiette,
p. 809; séjourne à Aigues-mortes, p. 916; fait
son testament, p. 918; accompagne Alfonse en
Sicile, p. 926; tombe malade en Italie & meurt,
p. 928; étendue & importance de ses domaines.
pp. 93o, 931.
JEANNE DE LÉVIS, pp. 913, 924.
JEANNE, fille de Philippe de Montfort, p. 9:5.
JEANNE, veuve de Pierre de ^'oisins, p. çoô.
998
TABLE GENERALE DES NOMS ET DES MATIERES.
JORI, chevalier, pp. 007, ôi .'i; gouverneur du pays
de Comminges pour les Françiiis, p. :>i2.
JOURDAIN DR CABARET, pp. i55, 61 3.
JOURDAIN DE DOURGNE, p. 942.
JOURDAIN, abbé de Saiiit-Sernin, p. 468.
JOURDAIN DE L'ISLE, pp. 10, 11.
JOURDAIN II, seigneur de l'Isle-Jourdain, p. 191.
JOURDAIN III, fils de Jourdain II, seigneur de
risle-Jourdnin, pp. 143, 191, 197.
JOURDAIN, second fils de Bernard-Jourdain,
p. 6 I 3.
JOURDAIN IV, seigneiirderisle-Jourdain, pp. 880,
892, 893.
JOURDAIN V, seigneur de l'Isle-Jourdain, pp. 734,
7.54, 772, 773, 816.
JOURDAIN DE RABASTENS, p. 811.
JOURDAIN DE SAINT-FÉLIX, p. |5.5.
JOURDAIN DE SAISSAC, pp. 7 1 9, 8 1 1 , 8 irt.
JOURDAIN DE SAPIAC, pp. .52 1.
JOINVILLE ; son récit de la fête donnée par le roi
Louis IX, en 1241, p. 730.
JoNCELS (abbé de), p. 842.
J0XGI.ELKS 8c JONGLEiSES, expulsés de Toulouse,
p. 237.
JOSSERANDE, fille d'Aymar I, comte de Valenti-
nois, femme de Pierre Bermond d'Anduze,
pp. 71 r, 83d.
JoLTXAiGiES, rue de Toulouse, incendiée en 1216
par ordre de Simon de Montfort, p. 49.5.
Joyeuse, château du V'ivarais, pp. 390, 024.
JUEL DE MAYENNE, pp. 35o, 3.J7.
Juif oculiste, p. 829.
Juirs, pp. Kj3, 278, 840, 862, 919, 944: ne peu-
vent avoir de domestiques chrétiens ; privilèges
accordés à ceux qui. embrassent le christianisme,
p. 172} ne peuvent, aux termes d'un article du
concile d'Avignon exercer de fonctions publi-
ques, p. 3o3 ; canons du concile de Narborine
de 1227 qui les concernent, p. 623; à qui ap-
partiennent les droits perçus sur eux, p. 6.58;
ne peuvent sortir le jour du vendredi-saint,
p. 828.
— de Beaucaire, p. 835.
— de Béziers, p. 779; épargnés par les Aragonais
lors du massacre des habitants de cette ville,
p. 39.
— de Girone, p. 873.
— du Lodévois, p. i 19.
— de Montpellier, p. 726.
— de Narbonne, p. 71 5.
— de la Province, pp. 783, 794, 79,5, 796.
— de Toulouse, pp. 743,906; leur différend avec
le sacristain de Saint-Etienne au sujet du poids
de cire à fournir par eux le vendredi-saint,
pp. 92, 93.
JULIENNE, fille de Pons-Hugues & femme de Ber-
nard-Guillaume, p. 413.
JUMAT, coseigneur de Lomagne, p. 540.
Justice dans la Province, p. 933.
La Bastide, lieu du diocèse d'Albi, pris par
Amauri de Montfort, p. .566.
La Bastide ue Beauvoir, en Lauragais, p. 723
(^Haute-Garonne), arr. de Villcfranche-dc-Laura-
gais.
La Ba.stide u'E.nghas, p. :jo4 (Gard), arr. d'U'^es,
La Bastide d'Og.\ols, p. .5c4 (Gard\^ commune de
Goudargucs.
La BASTiDE-PAUsif.s, p. 522 (Haute-Garonne), arr.
de Saint-Gaudens.
L\ Bastide de Rociian, château, p. 722.
La BtCKDE, lieu du Lauragais, p. 669 (Aude"), arr,
de Casteinaudary,
La Bessiére, lieu, p. 855 (Tarn), arr. de Gaillae.
La BnuGuiÉRE, château, pp. 679, 902.
Lac, château, au diocèse de Narbonne, p. 211
(Aude), commune de Sigean,
La Caune, château en Albigeois, p. 66; Roger,
vicomte de Béziers, y donne une charte, p. 1 16.
L\ Cluse, lieu du Roussillon, p. 2i3.
La Couronne, abbaye, p. ic3.
La Fo.xt, abbaye, p. 275.
La Gabde, château, pp. 362, 370, 466 ; La Garde-
Viaur (^Tarn), commune de Montirat.
LlcARDE, p. 466 (Ariége), arr. de Pamiers.
La Corse, château, p. 710; Lagorce (Ard'eche),
arr. de Largentière,
La Grasse, abbaye, pp. 07, 326, 339, 5o2, 021,
541, 600, 608, 609, 655, 854, 857, 899, 909;
elle est autorisée à fortifier la ville de Rive-,
saltes; le roi d'Aragon prend cetteabbaye sous
sa protection, p. 92.
— ^abbé de), pp. 757, 802.
La Grave, château sur le Tarn, pp. 375, 623.
La Guérie, château, pp. 362, 385 (Tarn-&-Ga-
ronne), arr, de Monîauhan,
La LiviMÉRE, château du Minervois, pp. 65, 67.
LAMBERT DE CREICHI, chevalier, p. 309.
LAMBERT DE LIMOUX, pp. 486, 488, 637, 678,
793, 9i5, 920.
LAMBERT DE MONTÉLIMART ou MONTEIL
ADHÉMAR, pp. 286, 486, 627, 834.
LAMBERT DE TUREY, chevalier français, sei-
gneur de Lombers, pp. 367, 416, 534, 573, 627,
866, 905.
Lande, rivière du Vivarais, p. 186.
Langres, pp. 576, 5;2.
Languedoc, p. 169; origine de ce nom, p. 935.
La.vgue J'Rove.nçale, pp. 935, 936.
Lantar, lieu, p. 735; Lantn (^fiaute- Garonne), arr.
Je Villefranche.
L\f)N', p. 23.
L\ Palu, château, pp. i33, 147, 2^2, 848. Voye'^
Lates.
La Po.mmaréde, château, p. 377.
TABLE GENERALE DES KOMS ET DES MATIERES.
999
L\ RioLr, pp. 440, 446, 724, S\^.
La Roche, chàtenu, pp. 38, 42.
La Roche de Glii.n, château, p. 796; La Rockc-
tie-Glun [Drôme'^y arr. de l'aUnce,
La Rociinti.E, p. 917.
LAr.r.EMi(:r.E, château &. ville du Vivaiais, aïias
Fanjeaix, pp. 186, 277, 334, 33 j, 390, 396,
433, 464, J27, .O67, 5^9, 947; ses consuls prê-
tent serment aux légats, p. 3o3.
La Roqce, p. 838.
La RoQiE nE Gaiac, lieu, p. 449; I-a Rajue Ga-
geac iDordogne\ arr. de Sarlat,
La Ro',>lc de VALSEr.dtE', château du Roucrgue,
pp. 337, 4:>o, .524, 534, j3i.
Larsac; cet hôpital est uni au monastère de No-
tre-Dame de Cassan, p. 61.
LAiîSAc.tES. foye^ Arsaglés.
La Salvetat, en .\genais, pp. 238, jo?!.
Las Bordes, à une lieue de C.rstelnaudary, p. 371.
Las Bordes, village donné à l'évéque de Toulouse,
p. 634.
La Serre, château, p. i43j Lasscrre [Hautc-Ga-
rohne)f arr, de Toulouse,
La Souterraine, p. ')93.
Lates, château, près Montpellier, pp. 110, i38,
i33, îi3, 411, 413, 706, 712, S^i; est brillé
pnr les habitants de Montpellier, p. 247; ses
habitants sont autorisés a établir un port & un
entrepôt de commerce en 1 1 j 1 , p. 101,
La Toi r, lieu, p. 816.
La TiRRir, près Monaco, p. 62.
Laldin, château, p. 285 (Gard), arr. d'U-^ès.
Lackac, seigneurie, pp. 192,801 [Haulc-Garonr.c' ,
arr. de Toulouse,
Laurac, château, pp. 90, 3."ii, 600, 701 , 7.Î2, -.'i3,
754, 794» 8.J9; Raimond VII y passe en ij3',
p. 697 i Laurac-U-Grand (Aude), arr. de Caslel-
naudary, •
— (consuls de), p. 811.
LAtiBAGAis, pp. 34, 90, i'^, 1.5,"), 253, 3i3, 326,
5i3, 600, 669, 857, 85?.
Lalre, LAtRA.N, lieu, pp. 719, 743, 798, 873;
Lture (Aude), arr, de C,:rca<sonnc,
LAURE, fille de Simon de Montfort, mariée à Gé-
raud de Picquigiiy, p. 5i8.
I.At'HE DE MONTFORT, se onde femme de Ber-
nard VII, comte de Commingcs, p. 735.
LAURE DE SAUJORLAN, p. 243.
LAURENCE, femme, dit-on, de Dodoii, comte de
Comminges, p. 1 25.
LAURENT, évèque de Conserans, p. iE5.
LAURETTE, fille de Philippe de Montfort,
p. 925.
Lauriac, lieu, p. 144. Voyc^ Loi.nis.
Lai; RI 01,, lieu sur le Rhône, p. 4'')4 ; f-onol (Drame),
arr. de Faïence.
Laisep.te, en Querci, pp. 705, 821.
— (bailliage de), p. 755.
— (consuls de), p. 81 1.
— f prud'hommes de), p. 81 1 ,
i33.
97,
une
Lautrf.c, lieu, p, 4.
— château, p. 678.
— vicomte, p. Q9, 140.
— (vicomtes de), pp. 673, 707, 85^, 933.
Lacthegois, p. 679.
Lavacr, pp. 4, 97, 154, 237, 3j7, 369, 371, 384,
392, 454, 466, 471, 536, 56o, 618, 629, 636,
688, 754, 795, 958; assiégé & pris, p. 90; est
assiégé par Simon de Monifort, pp. .35 1, 352,
355; est pris, pp. 356, 357, 358 j un concile y
est tenu, pp. 402, 407, 408; ses murs sont dé-
truits, p. 635; plusieurs hérétiques y sont con-
damnés en 1241, p. 738.
— (consuls de), p. 811.
— (diocèse de), p. 641.
Lavelanet, château, p. 388 (Ariége), arr. de Fuit.
La VoiLTE-stu-LoiRE, en Vêlai, p. 99.
Le Caihe, p. 814.
Lecqles, château, pp. 63, 3^6 (Gard), arr. de Nî-
mes,
LECTOtBE (diocèse de), p. 545.
Le Ma.vs, pris sur Henri, roi d'Angleterre, p
Le.vtili.ac, p. 450.
Lto.xcEL, abbaye, p. 134.
LÉOPOLD, duc d'Autriche, p. 35o.
Lk Puy, pp. 12, 469, 525, 789, 833, 839,
906, 947; un concile y est tenu en ii8f^
confrérie s'y établit en 1 1 83 pour le rétablis-
sement de la paiK, pp. 107, 1 o3, 109; on y
conclut la paix, en 1 i83, le jour de l'Assomp-
tion, p. 109; Philippe-Auguste y séjourne en
I 188, p. 129; y reçoit divers hommages; péages
perçus dans cette ville, p. i3o; régale de l'évc-
ché de cetteville, droit de leude, p. 144; charte
établissant la paix entre l'éveque & les habi-
tants; droits reconnus à la commune, p. 52j ;
ses évèques, p. 527; ui'i concile y est tenu en
1 222, p. 5')0; entrevue, dans cette ville, des rois
de France & d'Aragon, p. 75^.
— (diocèse du), pp. 766, 922.
— (évèque du), pp. 768, 947.
Le Pi, y, forteresse delà vilIcdePéngicux, p. 102.
Le Ptv DE VEr.NtJOi., p. 711.
Lf.r.A.v, château, p. 258 (Arirgc), arr.
Ltr.iDA, pp. 118, i33, 5i2; le roi
tient sa cour en 1 173, p. 48.
— (évèque de), p. 7':3.
Lescire, château, pp. 95, 523; rasé par Amauri
de Montfort, p. 5j6 (Tarn), arr, d'Alhi,
Ltsir.NAN, pp. 478, 479, ^'55, 723; la vicomtesse
de Narbonne y fait sa paix avec Roger, vicomte
de Bézieis, p. 44.
Lei DE, p. I I 5".
— sur la boucherie d'Albi, p. l35.
Lecdes & CAiTio.\s de la ville d'Albi, pp. 3o, 3i.
LÉVIS (maison de), pp. 679, 902.
— (maréchal de), pp. 466, 65o.
LtzAT, lieu, pp. 732, 733, 917.
— (abbaye de), p. 732.
— (abbi de), pp. 747, 767, 887.
de Pamiers.
d'.\ragon y
lOOO
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
Lici;r,Ti';s offertes, moyennant finances, aux villes
par Alfonse de Poitiers, p. 500.
— & FRANCHISES des habitants de Nimes confir-
mées parjlaimond V, en 118"), p. r23.
LiciiiinLD, évêché d'Angleterre, p. Ô79. ,
LiG.NA.N, lieu, pp. 208, 601, 6op, 870 [Hérault),
arr. Je Bc:;iers.
LiGL'E entre les vicomtes de Nimes & de Carcas-
soiine, la vicomtesse de Narbonne, les seigneurs
de Montpellier & le roi d'Aragon contre Rai-
mond V, p. 69.
Lir.LE du roi d'Aragon Sv de divers seigneurs
contre Raimond V, p. 87.
Limoges, p. Si; le roi d'Angleterre & Raimond V
y séjournent, p. 54; son château est livré au roi
d'Angleterre, p. 104; ses habitants se pronon-
cent contre Henri II, roi d'Angleterre, en fa-
veur de son fils, p. ic3.
— (diocèse de), p. 332.
Limousin, pp. 24, io3, 862; ravagé par les rou-
tiers, p. 109.
LiMoux, pp. 44, 90, 91, 3o9, 3i4, jip, 521, 564,
6i-j, 719, 74!, Soo, 870; son bourg est assigné
en douaire ji Adélaïde, par son mari, Roger,
vicomte de Béziers, p. 43; rentre sous la do-
]iiination du vicomte Trencavel; est rebâtie sur
son ancien emplacement, p. 57."); ayant été re-
bâtie par ses habitants sur la colline, Louis VIII
la fait détruire, p. 610; demandes des consuls
de Limoux aux commissaires enquêteurs en
1 262, p. 87 1 .
LisLE, en Albigeois, pp. 486, 798, 8ir, 918.
LisSAC, lieu du comté de Foix, p. 18.0 [Aricgc],
arr. de Pamlcrs.
Livre, poids commun de Toulouse, p. 93.
Livre prime; son poids, p. 93.
Loc-DiEU, abbaye de l'ordre de Cîteaux, p. 177.
LoDKVE, pp. 3, 4, ,*), 48, 98, 118, i38, 1.Î9, 202,
.5;^4, 566, 069, 570, 789; l'évêque a le droit de
faire battre monnaie, p. 119; différends des
habitants avec l'évêque, p. 172; ils l'obligent à
jurer l'observation de leurs usages & de leurs
coutumes; l'évêque est assassiné, p. j3o; sa
mort est vengée, p. 38 1 .
— (archidiacre de), p. 757.
— (chapitre de), p. 870.
— (comté de), p. 712.
— (consuls de), p. 9:7.
— (diocèse de), pp. i36, i38, 2c2, 6i5, 797, 830.
— (évêque de), p. 33o, 56 1 , 757, 758, 767, 800,
832, 842, 868, 869, 912, 9:7.
LoDÈvois, p. 66.
LoGROGxo, ville d'Espagne, p. 8c i.
Loi romaine observée durant le treizième siècle
dans la Province, p. 937.
LOMAGNE (vicomte de), p. 748.
' — vicomte, p. 778.
Lo.MRARDii;, p. 892.
LoMHERS, château & ville du diocèse d'Albi, pp. 1 ,
3, 71, 220, 3o:, 3ii, 3i7, 343, 55'i, 5.''i7, 074,
785.
— (baronnie de), pp. 627, 834.
LoMREr.s (châtellcnie de), p. 646.
— (seigneurs de), p. 798.
— (seigneurie de), p. 534.
LoMCEZ (diocèse de), p. 641.
Lo.NGAGES, inonastère, p. 8o3.
Lo.VGl'O.NT, p. 874.
LoRDAT, château, p. 65o (Àrir'gc'), arr. Je Foix.
LoBDADAis, pays, p. 198.
Lorraine, pp. 220.
LoRRis, au diocèse d'Orléans, pp. 144, 648, 75i,
7Ô2.
Loi'GE, rivière, pp. 27, 421.
LOUIS VI dit LE GROS, roi de France, p. 526.
LOUIS VII dit LE JEUNE, roi de France, pp. 3,
4, 7, i3, 19, 20, 38, 73, 87, 129, 467, 526;
son expédition en Auvergne, pp. 8, 9; confirme
les privilèges de l'église de Narbonne; termine
son expédition en Auvergne & en \'elai ; assiste,
à Paris, aux couches de la reine Alix de Cham-
pagne, p. 1 I ; écrit à Alexandre III, en faveur
des habitants deToulouse, pp. 20, 21; nouvelle
expédition contre levicomte de Polignac, p. 35;
ratifie les conventions faites entre ce vicomte &
l'église du Puy, p. 38; sa lettre au vicomte de
Béziers au sujet de son mariage avec Adélaïde,
sa nièce, p. 43; règle le cérémonial du couron-
nement de son fils â Reims; meurt en 1180,
. p. 92.
LOUIS VIII, fils aîné de Philippe-Auguste, roi de
France, pp. 570, 591, 592, 656, 919, 933; se
croise contre les albigeois; abandonne son des-
sein, p. 4i5; se croise de nouveau & vient dans
la Province, pp. 4.54; se rencontre avec Simon
de Montfort, p. 455; récit de son voyage,
p. 458; vient à Toulouse & y finit sa quaran-
taine; obtient de l'abbé de Castres une relique
de saint Vincent, martyr, pp. 462, 463 ; marche
au secours d'Amauri de Montfort, pp. 528, 529;
soumet la Rochelle & vient devant Marmande
accompagné des principnux membres du clergé
& de la noblesse de France, pp. 53o, 53 1 ; lève
le siège de Toulouse, p. 532 ; est sollicité par le
pa]>e de faire la guerre aux albigeois, p. .')68 ^
part pour Reims &. y est sacré, p. 569; est
sollicité d'intervenir en faveur d'Amauri de
Montfort, p. 071; engagé à se charger en per-
sonne d'une expédition contre le comte de
Toulouse; fait diverses conditions au pape
pour se charger de l'expédition d'Albigeois,
pp. 576, 577; se décide â cette expédition,
pp. 596, 597; reçoit la croix des mains du légat
du pape, p. 599; se met en marche; ses forces,
p. 604; plusieurs villes se soumettent à son
approche, p. 6;5; change l'évêque de Carcas-
sonne; tient une assemblée à Pamiers, p. 614;
assiège & soumet Avignon, pp. 606, 607, 608,
610, 611 ; traverse le Rhô«e & s'assure du
pays jusqu'à quatre lieues de Toulouse, p. 612 j
reprend la route de France, p. 616; suite de
son voyage dans la Province, arrive en Auver-
gne, pp. 618, 619; tombe malade à Montpen-
sier; y meurt, le 8 novembre 1226, p. 619.
LOUIS IX, pp. 852, 889, 9c^8, 932; sacré à
Reims, p. 6;o; ordonne qu'on rende à Rai-
mond les biens usurpés sur lui, p. 660 j envoie
TABLE Gl'.NERALE DES NOMS ET DES MATIERES.
lOOI
dts commifsnires pour recevoir In soumission
de R;iimond ^'II, p. 7Ôo; reçoit le comte de
Foix à l'hommage comme vassal immédiat,
p, 7^1; ses voyages en 1 24'>, p. 709; arrive
dans la Province pour s'embarquer à Aiguej-
mortes, p. 796} part p.Tur la Terre-Sainte,
p. 798 ; revient en France avec divers cheva-
liers de la Province qui l'avaient suivi en Terre-
Sainte, p. 83d; arrive à Beaucaire & parcourt
une partie de la Province, p. 8^."); envoie des
commissaires dans la sénéchaussée de Beau-
caire & de Carcassonne, p. liSp; traite avec le
roi d'Angleterre pour la possession de certaines
provinces, pp. 862, 863; se rend à Clermont
pour le mariage de son fils Philippe, p. 873;
lève des subsides pour son passage d'outre-mer,
pp. 911, 912; son arrivée à Aigues-mortes; il
séjourne deux mois dans- cette ville ou aux
alentours, p. 91.); débarque près de Tunis;
y meurt, le 25 août 1270, p. 923.
LOl'IS, fils aîné de Louis IX, régent du royaume,
pp. 833, 860.
LOUIS DE SAVOIE, p. 92"..
LOUP DE FOIX, fils de Raimond-Roger & frère
de Roger-Bernard ,• comtes de Foix, pp. .'129,
563, 56^, û5o, 700, 760, 810, 888.
LoBPiAN, château, pp. 71, izc^, 121, 112, 184,
202, J2i, 53 I, 583 {Hérault), arr. de Moitt-
pcllicr,
Lotr.iiES, château, p. 499 (Haulcs-Pyrcnccs], arr,
H'Argclès.
LOUVE DE PENAUTIEll, surnom donné à Étieii-
nette de Penautier, pp. i63, 556.
Locvr.E; sert de prison à Raimond VII, après la
paix de 1229, p. 644.
LUCAS, procureur de Simon de Montfort, pp. 493,
494, 496, 49-.
LUCE II, pape, p. 218.
l.UCE III, pp. 97, 104, 218, 260.
LuKXS, château, pp. 65, 142, 194 {Hérault"), arr.
Je Lodève.
LuNEL, au diocèse de Maguelonne, pp. 47, 68,
457, 732, 733, 816, 817. 944,; Raimond VII &
Jacques, roi d'Aragon, s'y liguent, p. 726.
— (baronie de), p. 869.
— (seigneur de), pp. 868, 933.
Llzf.cii, château, p. 71 1 {Lot), arr, de Cahors.
Lyon, pp. 6, 149, 455, 63o, 825; la première ar-
mée levée contre les albigeois s'y réunit, p. 284 ;
un concile y est tenu en 1 245, p. 774.
— (archevêque de), pp. 96, 97, 222, 3 1 7, 593.
— (diocèse de), p. 383.
M
MABILIE, fille de Gui Fulcodi, p. 885
MABILIE DE PONTEVEZ, p. 243.
MAKILLE, viguier de Béziers, p. 743.
M A' limi m:, p. I .
MADIÈRE3, surnom donné à Raimond-Guillaume
de Montpellier, pp. 1 18, J96.
MAFFRÉ ciuts MAINFROI DE RABASTENS ,
pp. 754, 81 1.
Magala.s, p. 743 {Hérault), arr. de Béliers.
Magl-elo.v.nf-, pp. 24, 4S, 47, 62, 72, 98, lOC,
110, i37, 159, 201, 2o3, 232, 260, 554, 584,
662, 782, 784; Alexandre III y séjourne, p. 1 3 ;
Raimond-Bérenger, comte de Provence, est
inhumé dans la cathédrale Saint-Pierre, p. 94;
démêlés entre le chapitre & l'évêque, p. 119.
— ^archidiacre de), p. 707.
— (diocèse de), pp. |36, |37, 640, 93j.
— (église de), pp. 571,757.
— (évéque de), pp. 24, 56 1 , 707, 795, 796, 842,
848, 862, 868, 881, 896, 912, 947.
MAHAUD DE GARLANDE, mère de Bouchard de
Marly, p. 33i .
Maillcs de LATn.s, p. 862.
Mainades, pp. 277, 278, 279; nom donné aux
compagnies d'Aragonais qui dévastèrent la Pro-
vince vers la fin du douzième siècle, p. 172.
Maine, p. 862.
MAINFROI, fils naturel de Frédéric II, roi de Si-
cile, pp. 873, 876, 883, S92.
MAINFROI DE RABASTENS. Foye^ MAFFRÉ.
Maison d'Aymeri ; nom donné au monastère de
Va j a 1 , p . 1 8 5 .
Maîtres en théologie, droit canonique, ès-arts &
régens de grammaire entretenus à Toulouse par
Raimond VII, confon.iément au traité de 1229,
pp. 633, 643.
Majouque, île, p. 663.
MAt.AMOnT, château, pp. 586, 711; Malcmort
{Faucîuse), arr, de Carpcntras.
MalaitEne, château, pp. 69, 6o3, 658 {Vauclusc),
arr. d'Orange,
MALAtiSE, p. 179 {Tarn-S'-Garonne), arr. de Moissac,
Maievieille, lieu, p. ij5.
Malvers, lieu, p. 71 ; Malyès {Aude), arr. de Car-
cassonue, ou le suivant :
Malvié.s, lieu, p. 466 (Aude), arr. de Limoux,
MANASSÉS, évéque d'Orléans, p. 4:8.
MANiniÉEN.s, p. 228; brilles à Orléans, dans le
Toulousain, &c., p. 2.
— d'Arménie, p. 1 .
Maniciiêis.me, p. 221 ; développement de cette hé-
résie, pp. 1,2; principe des erreurs des hérétiques
condamnés par le concile de Lombers, p. 5.
Mano.sque, ville, p. 198; donnée par le comte de
Forcalquier aux hospitaliers de Saint-Jean de
Jérusalem, p. 32.
MANRIQUE DE LARA, p. 617.
MANRIQUEZ. Voyc^ AMALRIC.
Mantes, p. 129; Philippe-Auguste y meurt le
14 juillet 1 223, p. 568.
MANUEL CO.MNÈNE, empereur de Constanti-
nople, p. 62.
Marais de Fontcouverte, p. 22.
MARConuiX AN, p. 856 {Aude), arr. de Narhonne,
MARriiANDS venant au port d'Agde, p. 1 16.
lOOl
TABLE GENERALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
Mamibé de viande de boucherie «tabli à Toulouse
en I I 9^, p. 1 Ô9.
Mahéciial de la foi, p. 65j.
Marctc (lit), étang à Aigiies-niortes, p. ySS.
MARGUERITE, fille du comte de Provenc», femni»
de saint Louis, pp. 680, SyS, 874.
MARGUERITE, fille de Louis le Jeune & de Cons-
tance de Castille, mariée à Henri, fils aîné
d'Henri II, roi d'Angleterre, p. 52.
MARGUERITE DE LA MARCHE, fiancée de Rai-
mond VIIj pp. y.'jô, 775.
MARGUERITE DE MARLY ou DE MONTMO-
RENCY, femme d' Ay m eri, vicomte de Narbonne,
pp. 647, 672, 7i5.
MARGUERITE DE MONTCADE, p. 889.
MARGUERITE, seconde femme de Pierre de Lara,
p, 210.
MARGUERITE, fille d'Amalric de Narbonne,
pp. 918, 924.
MARGUERITE, fille d'Aymeri IV, vicomte de
Narbonne, p. 7 r 5.
Mabglerittes, château, pp. 88, 5io (Gar.l), arr.
de Nimes.
MARIE D'ANDUZE, femme de Arnaud-Othon,
vicomte de Lomagne, remariée plus tard à Ar-
chambault, pp. 83o, 918, 920.
MARIE D'ANTIOCHE, dame de Thoron, p. 8)4.
MARIE DE KEARN, prieure du monastère de
Sainte-Croix de Volvestre, p. 48.
MARIE, fille de Guillaume Vif, seigneur de Mont-
pellier, p. j\6 ; épouse, en 1182, Aymeri, sei-
gneur de Clermont, p. 47.
MARIE DE MONTPELLIER, reine d'Aragon, fille
de Guillaume VIII, seigneur de Montpellier, &
d'Eudoxe Comnéne, épouse Barrai, vicomte de
Marseille, puis Bernard, comte de Comminges,
& en troisièmes noces Pierre II, roi d'Aragon,
pp. 118, 181, 202, 207, 240, 41 I ; son premier
mariage avec Barrai, vicomte de Marseille,
p. 182; renonce à la succession de son père,
pp. r83, 184; est répudiée par le comte de
Comminges, p. 212; son mariage avec Pierre II,
roi d'Aragon, p. 2|3; titres qu'elle prend après
avoir épousé le roi d'Aragon, p. 21 5; sa protes-
tation au sujet d'une disposition du projet de
mariage de sa fille Sancie, p. 241; accouche
de Jacques à Montpellier, p 2.^9 ; fait un voyage
à Rome pour défendre la validité de son ma-
riage} obtient une sentence du pape contre ses
frères du second lit, p. 412; meurt à Rome en
odeur de sainteté, pp. 4i3, 414; ses dernières
dispositions; lieu de sa sépiilttire, pp. 414, 4 1 ô.
MARIE, fille de Raimond VII, p. 801.
IMARIE, sœur d'Eustache de Boulogne & femme de
Philippe, comte de Flandre, p. 2j.
MARIE DE PIERRELATTE, p. 166.
MARIE DE VENTADOUR, p. |65.
MAr.MAXDE, pp. 323, 522, 662, 723, 724, 755,
82.'), 930; ses habitants se soumettent à Simon
de Mont fort, p. 389; prise par ce comte, p. 446 ;
assiégée par Amauri de Monifort, p. 029;
prise de cette ville; sort de ses habitants, p. 53 1 .
Marquefavk, château, p. 742 {Haute-Garonne),
arr. de Muret.
Marqoisat de Provence, pp. 554, 641, 670, 67Î,
681, <<32, 692, 761, 8i3, 814, 818, 823; son
étendue, p. 170; donné par le légat au roi au
nom de l'Église romaine, p. 657.
MARQUISE, fille d'Amalric, vicomte de Nar-
bonne, p. 924.
MARQUISE, fille d'Aymeri de Clermont, p. 870.
MARQUISE, femme du vicomte de Polignac ,
p. 16O.
MARQUISE. Voye^ GUILLELMETTE , sœur de
Guillaume VII de Montpellier, p. 47.
Map.sSAC, lieu, p. 71; Mansac (Tarn), arr. d'Alhi.
— château, p. 879.
Mahmiillax, lieu, pp. £9, 90 [Hérault), arr. de
Béliers.
— château, pp. 120, 121, 122, 58l, 533.
Mauseilt.e, pp. 14, 127, 149, 216, 3o3, 485, 486,
004, 5i3, 608, 661, 799, 807, 848, 940; une
partie de cette ville est donnée par Raimond V
aux Génois, p. 61; assiégée par le comte de
Provence, p. 664; cause de ce siège, p. 665.
— (évéque de), p. 757.
Martel, château dn Querci, p. 2-79; le fils aîné
d'Henri II, roi d'Angleterre, y meurt en 11 83,
p. tct.
MARTIN D'ALGAIS, chevalier espagnol, pp. 371,
372, 389.
MARTIN DE LUZIA, seigneur a ragonais, p. 42C.
Martres, pp. 5o6, 522 [Haute-Garonne), arr. de
Muret.
Marvkjols, pp. 211, 864; assiégé & pris par
Guillaume de Peyre, évéque de M en de, pp. 21 1 ,
2 1 2.
Masax, abb.iye de l'ordre de Cîteaux. Voyc^ Ma-
ZAN.
Mascmîon, tour â Toulouse, p. 495.
MASCARON, prévôt de la cathédrale de Toulouse,
p. 237.
MASCAROSE, fille de Bernard VI, comte de Com-
minges, femme d'Henri II, comte de Rodez,
p. 7>5.
M ïs-d'Agexais, pp. 104, 724, 735 ; est assiégé par
Simon de Montfort, p, 440,
— (prieur du), p. 693.
Mas-d'Azil (abbé du), pp. 887, 888.
Mas-Garmer, abbaye, pp. 5oo, 878, 879.
Mas de Verdin, p. 734; auj. Mas-Grenier (Tarn-
&-Garonne), arr. de Casteharrasin.
Mas-Smxtes-Pi;ei.les, pp. 5i3, 988 [Aude), arr.
de Ca^telnaudary.
Masmoléne, p. 2?5i[Gflri/), commune de la Ca-
pelle.
MaSSILLARGLES, p. 281 [Gard], arr, d'Usés.
Massoire (la), pp. 814, 865.
MATFRED, premier abbé de Bonnecombe, p. 26.
MATFRED DE BELVÈZE, pp. 368, 428.
MATFRED DE CASfELNAU, p. 705.
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIERES.
ioo3
MATHE, femme de Gaston, vicomte As Bénin,
p. S'i6.
MATHELINE, (ille de Berna rd-Aton, femme d'Ar-
naud de Béziers, p. 58.
i.lATHIEU, abbé de Saint-Denis, p. 916.
MATHIEU, frère de Philippe, comte de Flandre,
p. 22,
MATHIEU DE MAILLY, DE MARLY ou DE
MONTMORENCY, connétable de France, lieu-
tenant du roi dans la Province, pp. Syo, 438,
^'>'i, 4.S9, 397, 639, 647, 648, 65o, 672, 678.
MATHIEU DE VENDOME, abbé de Saint-Denis,
pp. 910, 916.
MATHILDE, abbesse de Notre-Dame de Soissons;
de qui elle était fille; s'il y a eu deux abbe.ses
de ce nom, p. 60.
MATHIl.DE DE BOURGOGNE, femme de Guil-
laume VU de Montpellier, pp. 46, 47.
MATHILDE, fille de Marie de Montpellier & de
Bernard de Commingcs, femme de Sanche, sei-
gneur d'Aiire, pp. 21S, 414.
MATHILDE DE MONTAGNAC, p. io5.
Maubi issoN, abbaye, p. 928.
Maigiio ou Meloleii,, p. i3. Voye^ Melgieil.
Maihe.s d'Espagne, p. 17!!.
MAURICE, évêquede Paris, p. 36.
Mairillac, château du Rouergue, p. 44').
MAURIN, archevêque de Narbonne, pp. £70, 877,
897, 909.
MAURIN, sacristain, puis abbé de Saint-Anionin
de Pamiers, pp. 422, 616, 6;"> 1 , 732, 937; pré-
side un concile à Montpellier, p. 748.
Mai us, abbaye, p. 67.
MAUVOISIN, maison de laquelle était Agnès,
▼ icomtesse de Lautrec, p. 678.
Mazax, abbaye du Vivarais, pp. 396, ')(>j, 569.
MazCres, ville & château, pp. 5:6, 8152, 853, 887
(Ariégf), arr. Je Pamiers.
Mazerhes, château, p. i36.
MaziiEL, château du Vivarais, p. 25c.
Meacx, p. 63i .
MtDECixE; ne pouvait être enseignée par les ecclé-
siastiques, p. 172.
MeiuUum. f^oye^ Mezoals.
Meiiu N (maison de), p. 467.
MEIR HACCOHEN, juif de Narljonne, p. 944.
MEI.CHIOR. cardinal de Polignac, créé en 1716,
chef de l'ordre régulier hospitalier du Saint-
Esprit de Montpellier de deçà les monts, pp. 73,
■^^■
Melgieil ou MAtGi;io, comté, pp. i3, 19, 21,
44, 46, 62, 68, 1 10, 124, 376, 377, 554, 622,
646, 703, 709, 83 I, 895, 947.
— (ch&teau de), pp. 258, 281 , 332, 456, 571.
Melpbe, château, pp. 3Û4, 366.
— (châtelain de), pp. 371, 376.
Mellm, pp. 566, 759; une assemblée y est tenue
en 1233, p. 675.
Mende, pp. 546,601, 755, 947; sécularisation de
ta cathédrale, p. 546.
Mf.nde (chapitre de), p. 864.
— (diocèse de), pp. 25, 3')2, 6jI, 640, 766.
— (évèque de), pp. 768, 897, 947.
MnncADAL (le), église de Pamiers, p. 833.
MFncoRLn, p. 287.
MERCŒUR (m.iison de', p. 864.
— (Odilon de), p. 864.
MEncoiP.E, abbaye, p. 5'5.
MÉr.ENS, p. 23? (•^'■'<''g«')i '"■'■• '''■ foix.
Merlt.YS, château, p. 705; Mtyrucis (Lo{irc), arr.
de Florac,
— seigneurie, p. 9c3.
ME.srniNES, lieu d'Italie, où fut rédigé le testament
d'Alfonse de Poitiers, p. 927.
Mf.sSINE; le pape Alexandre III y débarque après
avoir quitté Maguelonne, p. 14.
Mesures publiques établies â Toulouse dans diffé-
rents quartiers, en 1 197, p. 176.
Melillox, lieu du Dauphiné, p. 6 1 ; le roi d'Ara-
gon & Raimond V y ont une conférence en
présence de plusieurs évéques & seigneurs de
marque, p. 62. Foye^ Mezoals.
MEUTA DE MONTAGNAC, p. 1 o5.
MtZE, château, pp. 5i, 67, 146, 657, 797.
Mezix, p. 755.
Mezoals, MeJuUurh, écart de la commune de Mau-
guio, p. 62. Foye^ McJulium, Mr. viLLOs.
MICHEL, légat du pape au troisième concile de
Montpîllier, p. 1 72.
MICHEL DE MORÈSE, archevêque d'Arles,
pp. 245, 281, 409, 453.
MICHEL DE HARNES, p. 514.
MICHEL DE LUSIA, seigneur arngonais, p. 428.
INIICHEL DE TOULOUSE, vice-chancelier de l'E-
glise romaine, p. 898.
MICHEL DE LA TOUR, p. 948.
MILIANE. Foyc^ JULIENNE, fille de Pons-Hugues,
P-4'5-
Milice de la foi de Jésus-Christ, ordre institué
par le pape Honoré 111 pour aider la maison de
Montfort à se maintenir dans la possession des
domaines qu'elle avait conquis, p. 540.
— de Saint-Jacques, p. 540.
— du Temple, à Montpellier, p. 47.
MILON, notaire d'Innocent III, envoyé comme
léeat
Utere dans la Province, pp. 269, 27
23 I ; son arrivée en France; assemble un concile
à Montélimar, & cite à Valence le comte de
Toulouse, pp. 275, 276; son entrevue avec Rai-
mond VI dans cette ville, p. 276; se rend à
Saint-Gilles, p. 277; donne la croix à Rai-
mond VI, p. 282; sa lettre aux évéques & ar-
chevêques pour l'observation des statuts du
concile de Saint-Gilles, pp. 282, 283; reçoit
du p.Tpe Innocent III une lettre de félicitations,
p. 284; va au devant de l'armée des croisés à
Lyon, p. 284; reçoit le serment des consuls de
Nimes, Avignon, Orange, p. 285; fait passer le
Rhône à l'armée des croisés & arrive à Mont-
pellier, y séjourne, p. 286; après avoir assisté
au sac de Béziers & à la prise *e Cancassonne, il
1004
TABLE GENERALE DES NOMS ET DES MATIERES,
se rend à Ailes; reçoit divers serments; fait un
voyage à Marseille & à Aix; préside le concile
d'Avignon, pp. 3o7., />o3; ses lettres à Inno-
cent III, pp. 304, 3o5, 3^6; se rend à Carcas-
soniie, p. 3i i ; rend compte au pape des con-
quêtes faites par les croisés, & lui demande de
confirmer à Simon de Montfort la possession
du pays, pp. 3ii, 3 12; meurt à Montpellier,
p. Sip.
MiLAr.ETS, monnaie au coin de Mahomet, p. 947.
Mii.Liu, en Rouergue, pp. 2Ô, 6r , i lâ, 211, ')2^,
55.5, 565, 586, 705, 706, 734, 802, 8o3, 804,
817, 822, 859, 946; l'autorité sur cette ville est
réservée par Alfonse, roi d'Aragon, lors de son
traité de 1168 avec Raimond-Hérenger, p. 33;
obtient desi privilèges en 1187, pp. I23, 124;
privilèges accordés par Louis IX a ses habitants,
p. 636; assiégé & pris par le roi d'Aragon; re-
pris par le comte de Toulouse, p. 649.
— (comté de), pp. 859, 860.
— (consuls de), p. 811.
— (prud'hommes de), p. 811.
— (vicomte de), pp. 61, 68, 91, ii3, 116, 699,
85o.
MiLLMiD, au diocèse de Nimes, pp. 404, 6i5.
MiNEUVE, château, pp. 43, 90, 91, 299, 326, 3j2,
844, 85^; est assiégé par Simon de Montfort,
p. 327; sa situation; moyens d'attaque em-
ployés, p. 329; est pris, p. 33o; un grand
nombre d'hérétiques y sont brûlés, p. 33 i ; dates
du commencement du siège &. de la prise du
château, p. 332.
— (vicomtes de), p. 840.
MiNnr.vois, pp. 34, 67, 74, 90, 91, ]55, 3i3,
3i5, 326, 574, 742, 743, 791, 794, 798, 8.59.
Mine d'argent, p. 874.
Mines d'argent du Vivarais, p. 186.
— de Boussagues, p. 194.
— de Cabrières, p. i 1 1 .
— du Termenois, p. 143.
— de Villemagne, pp. 194, 947.
Mir.AMONT, château, p. 669; Miremont [Haute-
Gr.ronne), arr. de Muret.
Mil; Ai;i;i., tour de la ville d'Agde, p. 121.
Mir.AYAL, MinAVALX, lieu, p. 202; M'irevaî (^Hé-
rault), arr. de Montpellier.
— château, pp. 414, 757.
Mirapctra, château construit par Rannond VI sur
le territoire de l'abbaye de Sa in t-G il les, pp. 171,
188.
MIRAMOLIN, roi de Ma -oc, p. 3S3.
Mir.AVAtx, château. Foye'^ Miiiaval.
Mir.EPOix, château, pp. 258, 563, 764; ses cou-
tumes datées de 1207, p. 253.
— (diocèse de), pp. 194, 227, 254, 641, 768.
MIRErOIX (maison de;, p. 807.
— (maréchal de), pp. 849, 852.
— (seigneur de), pp. 853, 873, 9i3, 914.
MIRON DE «rON.XEINS, p. '2;^.
Mission de Pierre, cardinal de Saint-Chrysogone,
& de plusieurs évéqiies & abbés pour combattre
les hérétiques, pp. 78, 79, 80, 81, 82, 83; ses
résultats; reste à peu près inutile; croyances &
doctrines des hérétiques, pp. 84, 85.
— de l'évèque d'Osina & de saint Dominique,
p. 2.,5.
MoEur.s, cr.oYANCES & hites des hérètiqiies albi-
geois, pp. 227, 228, 229.
— & COUTUMES des habitants de la Province du-
rant le treizième siècle, p. 931.
MOINE UE MONTAUDON, poëte provençal,
p. 177.
MOÏSE CARAVITE, baile du vicomte de Carcas-
sonne, p. 44.
MoissAC, abbaye, pp. 179, 193, 241, 328, 344,
437, 523, 584, 655, 724, 755, 812; prise par le
duc d'Aquitaine, en 1188, p. 1 2S ; coutumes de
la ville de 1 197, p. 179; est assiégée par Simon
de Montfort, p. 389; détails du siège, p. jgo ;
est prise; conditions de la capitulation, p. 391 ;
situation du monastère après la prise de la ville
par les croisés, p. 391; se soumet au comte Rai-
mond VII; rétablissement de ses privilèges,
p. 545; ses murs sont détruits, p. 635; les in-
quisiteurs y font brûler plus de deux cents héré-
tiques, p. 638.
— (iibbé de), pp. 693, 812.
— (consuls de), p. 812.
JMOLINA (comte de', p. 3 1 .
MoLiNA, comté, p. 617.
MoMÉTAiNES, château, p. 692; corrige; Mctamics
(^Vaucluse)^ arr. de Carpentras.
Monaco; donné par Raimond V aux Génois pour
y construire une forteresse, p. 6 1 .
MoN\STi;nES fondés par saint Dominique, suivent
d'abord la règle de saint Augustin, p. 254.
MONCADE, famille de Catalogne d'où sortait, dit-
on, Philippe, feinme de Haimond-Rogcr, comte
de Foix, p. 127; citée, p. 401.
MoNCLAB, château, pp. 67, 5o7; Montclar-Jc-
Querci {^Tarn-&-Gc:ronne')^ arr. de Montauban.
— vicomte, p. 3o; confisquée par le comte de
Toulouse sur Pons de Toulouse, p. 67.
MoNCoN, château d'Aragon. Voyc-^ Moizox.
MoNUENARD, pp. 436, 778 (^Tarr.-Z--Garo::ne) ,
commune de Ça^ci-Mondcnard.
MoNDHAGON. Foye, Montdhaco.v.
Mo.NESTiÉS, en Albigeois, p. 9-9.
MoNFiEI., château, p. 143 ; Mcnvillc [Haute-Ga-
ronne]^ arr. de Toulouse.
Monnaie d'Agen, p. 586.
— d'Albi, p. ■;^27.
— de Lodève; le droit de la frapper est accordé à
l'évèque, p. i r 9.
— de Melgueil, p. 947.
— de Mende & de Narbonne, pp. 897, 947.
— des vicomtes de Polignac, pp. 36, 3~, 947-
— de Provence; à qui clic appartenait en 1 168,
p. 33.
— des évéqucs du Pny, pp. "98, 947.
TABLE GENERALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
looa
Monnaie ici comtes de Rodez, p. 947.
— de Toulouse, pp. 2j8, J^'t, 7^4. 822, 833, 8 J2.
MoN.NAiES royales & seigneurinles de la Province,
pp. 94:!, 94f>, 94-.
Monopole du commerce des ports de la Méditer-
ranée, appartenant à Raimond V, concédé par
lui aux Génois, pp. 61, 62.
MoNTAGNAC, cliâteau, pp .")34, 681, 797.
— fief appirtennnt à l'évéque d'Agdc, p. 657.
— seigneurie, p. loj.
MoNTAir.i-, château, pp. 3^,2, 376, 385, 6i3, 629,
7.54, 7y8; ses murs sont détruits, p. 63.'); occu-
pait l emplacement A- Lisle-J'AUigeois [Tern).
MosTALVAfiNn, bastide, p. 704.
MoNT-Ar.AGON, abbaye au diocèse de Tarragone,
pp. liç, 177, 233, 239, 2;jô.
MuNTAr.xAtB, château, pp. i3S, 184, 202.
MoNT^r.cis, p. 7-03.
MoNTASTitic, château, p. .J24.
MONTAIBAN, pp. 241, 349, 393, 398, 463, 474,
j3.j, 666, 724, 7r>i, 765. 817, 822; les habi-
tants de la campagne se réfugient dans la ville
à l'approche des croisés, p. 38.J; est la seule
ville du pays qui, en septembre 1212, 1 este à
Raimond V'I, p. 391 ; ce comte y condamne à
mort, pour crime de félonie, son frère Bau-
douin, p. 437; occupée par Simon de Mont-
fort, pp. 463, 464; tente inutilement de se-
couer le ioug de Simon, pp. 5o9, :>\o; rentre
' sous l'obéissance de R.iimcnd VI, p. 'iZ'j ; pri-
vilèges accordés par celui-ci à la ville, p. "144;
ses murs sont détruits, p. 63j; Raimond A'II
accorde des privilèges à ses habitants, p. 671;
après la révolte de ce comte, ils prêtent serment
au roi, p. tS^; confirmation de ses coutumes,
p. 823.
— 'abbé de), p. 812.
— (consuls de), p. 812.
— (diocèse de), p. 641 ■
Mo.NTAior.AX, lieu près de Toulouse, pp. 36?, ''.29.
MON'TAUT (seigneur de), bienfaiteur de Inbbaye
d'Eauncs, p. 27.
MoNTALT, p. 393. Voye:^ MoNrncii.
Mo\TiiA/.ix, châteiu, pp. i37, 184, 202.
MoMiioNNET, château, p. ")27.
MoNTnr.i.soN-, en Forez, pp. 3."), 527.
Mo!<Ti!r.i'x, château, pp. 6.5, 66, 1 18.
MoxicUR, lieu, p Mj,' AuJe), crr.de Carcaisor.ne.
MoNTCLAB, en Agenais; reçoit des coutumes d'Al-
fonse de Poitiers, en I2.'i6, p. 8)1; MoncUr
[Lot-€'-Garonnc), arr. de I^iKeneave- sur-Lot.
MoNTCtQ, château du Querci, pp. 3d6, 437, 446,
635, 7.')">, 918; s:s murs sont détruits, p. 63"i.
. — (consuls de), p. 811.
— (prud'hommes de), p. 811.
Mii\Ti)ENAr.D, château, f'cye:^ Mondenaru.
Mon ruiiAc.cix, château en Provence, pp. 76,486.
MoNTEr.ii, pp. 3^3, 628.
MoNTKjoBTE, lieu d'Italie, p. 221.
Mo.Mii.iMAr., pp. 286, 606, 734; un concile y est
tenu, pp. 275, 2-6.
MoxïELS, p. 232 [Hérault), arr. He Ilé:^icrs.
MoNTEREEDOX, prieuré près de Montpellier,
pp. i3:), 202, 204.
MoxTESAKGUE.s, prieuré, p. 193.
MoxTESQEiEU, en Volvestre, pp. 179, 706, 7:'i4,
8 ô 2 , 9 D 1 .
MONTFA (seigneurs de), p. 679.
MoxTKA, seigneurie, p. 902.
MoNTFEr.RAND, château, pp. 276, 281 ; chàtemi en
'P/ovence.
MoxTiERRAXD, en Auvergne; Henri II, roi d'An-
gleterre, y a une entrevue avec Alfonse, roi
d'Ar.ngon, & Raimond V, comte de Toulouse,
p. j3.
— (comtesse de), p. i65. Foye-.^ Clei',:\iont, en Au-
veigne.
MoxïFERP.AXD (comté de), pp. 4^6, 709.
MoxTFERRAXD, château, pp. 36o, 3j8, 37.1, 38.Ï;
Montferrand [Aude)^ arr. de Casteînaudary,
— (consuls de_\ p. 811.
MoNTi'ERRiEi;, bourg & château, pp. i83, 202,
2o3, 2l3, 241 [Hérault), arr. de Montpellier.
MoxTFORT, château du Périgord, p. 449.
MoNTrOr.T-L'AMALRY, pp. 297, 520.
MoNTFRix, p. 285 [Gard), arr. de Nimes.
MoNTGAiLLAKD, château pris de Foix, p. 5oo.
MoxTGAiLlARD, p. 5o3 [Aude), arr. de Carcassonne.
MuNTGALSi, lieu auprès de Foix, p. 355.
MoxTGEV (Tarn); lieu probable de la défaite des
croisés allemands, en 1211, pp. 354, 355, 359.
MoxTOiscARD, château, pp. 362, 368; Simon de
Montfort s'y arrête, p. 493.
MoXTCr.ExiER, château près de Foix, pp. 499, 53o,
65o; assiégé & pris par Simon de Montfort,
pp. 5ol, 532. Ko^ff MoXTGAlI.LtliU.
MoNïiRAT, château de l'Albigeois, pp. 671, 909.
MoNTJOiRE, château à deux lieues & demie de
Toulouse, pp. 355, 471.
MoNTLAUR, château du Toulousain, pp. 3o7, 326,
652.
MoNTLALR, en \'ivarais, p. 799.
MoNTi.EVAi.D, château. Voye^ MoNDENAr.D.
MoxiLt/.iER, château, p. 463.
Moxri.ir:ox ; est pris par le roi de France sur le
roi d'Angleterre, p. 128.
MoNTMAiR, château, p. 385 [Aude), arr. de Castel-
n-iudary.
MoNTMiRAT, cliâteau, p. 281 (Gari/),arr. de Nimes.
MoNTOEiEu, ville, pp. 65, 5i5, 719; ses coutumes,
p. 667; est ruinéj par les Français, p. 722
[Aude], arr. d' Carcassonn^.
— (abbaye de), pp. 64, 1 16.
— i'abbé de), p. 842.
MuNTr>Lu:u, lieu pjès de Toulouse, p. 507.
— 'porte ce), â Toulouse, p. 5^9.
MoNïii:i.i.iER, pp. 14, 3i, 41, 73, 93, 9.(1 i35,
i3J, 169, 175, 2^3, 225, 3i7, 4r4, 433, 45^,
457, 4')4, 469, 5i3, 5.|3, 574, 640, 673, 84S,
S59, i;6i, «69, 915, 944, 94.Î, 949; le p.-ipe
Alexandre III y fait un assez long sijour,
ioo6 TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES,
en 1168, pp. 12, i3; menacée par les Génois, sujet, p. 71^; un différend entre l'évcque de
p. 18; les juifs ne pouvaient être bailes de Maguelonne & le roi d'Aragon y est terminé,
Montpellier, p. 46; les consuls de cette ville p. 726; un concile y est tenu en 1242, p. 748;
font construire dans l'abbaye de Grandselve un Jacques, qui fut plus tard roi de Majorque, y
tombeau pour Guillaume VII, leur seigneur, naît en 1243, p. 7Ô3J un concile y est tenu en
p. 48; Gui y fonde un hôpital & l'ordre des 1246, p. 779; Jacques, roi d'Aragon, y vient en
hospitaliers du Saint-Esprit, p. 72; traité de 1 246, p. 783 ; ses habitants, soutenus par l'évéqi.e
commerce de Montpellier avec l'évéque & le de Maguelonne, cherchent à se soustraire à l'a 11-
vicomte d'Agde, en 118."), pp. 116, 117; traité tonte du roi d'Aragon, p. 848 ; ce roi pardonne
entre les habitants de cette ville & les Génois, aux habitants & y fait son entrée solennelle,
p. 1 9,') ; conseil des principaux habitants chargé p. 862 ; un concile y est tenu, p. 862; tentative
de gouverner cette ville, p. 2o3 j la ville est des habitants pour se rendre indépendants; ils
ceinte de mtirailles, p. 204; sa seigneurie est font la guerre aux Marseillais, p. 848; le roi
unie au domaine du roi d'Aragon, p. 2i3; une d'Aragon y fait un voyage après le mariage de
partie de ses habitants sont proscrits pour sa fille Isabelle, & y marie Pierre, son fils aîné,
avoir pris les intérêt* d'Agnès, veuve de Guil- p. 873; le roi d'Aragon dispute au roi de
laumeVIII; ses coutumes, p. 214; Pierre II, France la souveraineté de cette ville, p. 88oj il
roi d'Aragon, y séjourne en i 2o5, p. 24-> ; l'abbé y fait un voyage en 1267, p. 898; une faculté
de Cîteaux, Pierre de Castelnau, le légat Raoul, de droit civil- est établie dans son université,
l'évéque d'Osma, & saint Dominique s'y trou- p. 909; on y enseignait publiquement les lois
vent réunis, p. 24,") ; ses habitants font la guerre romaines durant le treizième siècle, p. 937 ; ses
au roi d'Aragon; causes & résultats de cette coutumes rédigées en 1 2C4, p. 937 ; filles publi-
guerre, p. 246; paix conclue après ces troubles, ques de Montpellier, p. 938; ses coutumes,
pp. 247, 248; le château seigneurial de Mont- p. 939.
pellier est détruit; Marie, reine d'Aragon, y Montpellier (diocèse de), p. 277.
accouche de Jacques, p. 209; Innocent 111 re- t-v j t. i_i • i- j \
j 1 • ' ■ j I i.. .„.,.,. „ u — (Notre-Uame des labiés, église de), pp. 202,
commande les intérêts de ses habitants aux le- ^ r /■/■ J< ff '
gnts, p. 274; l'armée des croisés y passe; les 'M' ^'^< '•
légats y font un séjour, p. 285; les consuls — (religieuses de la Vi.sitatio.v à), p. 854.
prêtent serment aux légats, p. 3o3 ; Simon de Montpclliéret, partie de Montpellier, pp. 66 1,
Montfort & le roi d'Aragon s'y rencontrent, 726^ 8.^8.
p. 3i4i le légat Milon y meurt, p. 319; un Montpen-sieh, en Auvergne; le roi Louis VIII y
concile y est tenu, p. 34.'); donnée en fief par meurt, p. 619.
le roi d'Aragon à son beau-frère Guillaume, ' . ^t -. ^ n/r
,"■,,,• , MoNTPïZAT, château, pp. 03, Jio: Paonlpcrat
p. 41 I ; relation des habitants avec leurs sei- /^ ,n , »;■ ' y ■> r \
gneurs, p. 4i3; ils reiusent de reconnaître ^ "
Jacques I pour leur seigneur ; s'érigent en ré- Montpezat, château, pp. 67, 210; château du
publique; se mettent sous la sauvegarde de Narhonnais.
Philippe-Auguste, pp. 440, 441 ; les croisés s'y Montpezat, pp. 1 Tu , 4'|5, J84 {Tr.rn-&-Garo:int),
rassemblent en 1214, p. 444; un concile y est arr. de Montauhan.
tenu en ,214; les hab-tants refusent l'entrée de jvJq.^^^, rGers), arr. de Lombe^.
la ville a Simon de Montfort durant le concile; ,« ■ A -.0
prennent les armes pour ce motif, pp. 45., 4^^! '^°"'■•'^,.'^ "l??"'''" ^'' Carcassez,. pp. 290 .,3
date de l'érection de l'église Notre-Dame des 333 ...n, 369, 672, 719, 771, çcS. 906; un
une
date de l'érection de l'église Notre-Uame des " '-;, • ■'"■>' ,/ '. ' v "': yw-, ,^.. , ,,.,v
Tables en paroisse, p. 4.57; les habitants pré- conférence entre les missionnaires & les hereti-
tent serment de catholicité, p. 4Ô8 ; se remst 1,"",^ "' '«""■.• P', ^9 ! plusieurs chevaliers
sous l'obéissance de Jacques I, p. ô,2; une con- ^ X reunissent & implorent 1 .-ippui du roi d Ara-
férence ou concile y est tenu pour conclure la g^'^ "'^"^ Simon de Montfort, pp. .26, 327;
réconciliation de Raimond VII & de ses alliés "' P"-'= ^"■- Amauri, p. 041.
avec l'Église, pp. 532, 5i3, 584, 535; Louis A' III Mo.vtredon, château, pp. 99, 438, 678, 6-;i)[Tarn),
prendses habitants sous sa protection, p. 609; arr. de Ca.'tres.
Jacques, roi d'Aragon, y fait hommage à l'éve- Mo.vTr.EDON, château du pays de Nimes, p. 241.
que de Maguelonne, p. 698 ; plusieurs habi- Monti-.euil-Bonmn, en Poitou, p. 946.
tants du haut Languedoc se refueieiu dans les »/, n iv j > 1 • ,
, P., ° . , Mont-Revel, colline donnée par le vicomte de
environs de cette viUe pour se mettre a la pour- r, » ■ ■ 1 ,
1 ■ ■ ■ ^ I • Beziers a deux de ses yassaux pour y construire
suite des inquisiteurs, p. 702; est donnée en , , , ri
r r !•• ■ J •\,i 1 ■ n ■ j^rir i"' chateau, p. 0.1.
fief par 1 eveque de Maguelonne a Kaimond VII, ' 1
p. 706; le roi Jacques y fait un voyage après la Mo.vTr.osiER, château, pp. 269, 270, 450; Uontro-
conquête de Majorque; lui accorde deux privi- V^'^ {Ayeyron), arr. de Rode^.
léges, p. 668; Nugnez Sanche prend les habi- Montsalzat, bastide, p. 671; MonM/rct (Tii/n &-
tants de cette ville sous sa protection, p. 668; Garonne), arr. de Montauhan.
dédicace de l'église Notre-Dame des Tables, ivt„,. c. _„ ivi.., ., ui, -!
^,,? /- , 1 Mont-Sainte-Makie, abbaye, p. 3io.
p. 661 ; le roi Jacques y londe un couvent de . ,,< ■
cordeliers, p. 661 ; confirmation des droits de Montsavez, près d Avignon, p. 209.
l'évéque de Maguelonne sur l'université de cette MoNTSAVEZ, p. 604; corr. Montsaunès {Ji.:ute-Gx~
ville, p. 661 ; le roi Jacme y séjourne après la ronne), arr. de Saint-Gaudens).
prise de Valence; la ville est pacifiée par lui, Mont.s(;ccp,, château, pp. 4- 1 , 724, 739, 766, 768
pp. 712, 7i3; déclaration du roi d'Aragon à ce (^Ariége), arr. de Foi.\.
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
1007
MoRCT, en Gâtinais, pp. 648, 649.
MoRiMOND, abbaye, p. zi.
Mor.NAS, château, pp. 76, 27Û, 281, 587, 657,
94-..
MoSTELLE. machine de giierre, p. 49^.
Mocjon.v, lieu du diocèse deMngiielonne, p. 202.
Moulins établis sur la Garonne en 1 192, p. 14.).
— du Bazacle, p. 101 .
— de P.uilhan; confirmation de leur don à l'ab-
baye de Valm,igne, p. 102.
MoLRGfLS. Toyc^ Monaco, p. 62.
Mousso.v, rivière, p. i36.
MoLzox, château en Aragon, p. :ji2.
MuBA.ssON, château du Rouergue, p. 91.
MtRET, pp. 27, i83, 5o7, .509, 604, 73"!, 93');
pris par Simon de Monifort en 1212, p. 393;
fortifié par les soins de l'évéque de Carcassonne,
p. 394; Simon de Montfort & Amauri s'y ren-
dent suivis d'une grande partie de la noble_sse
de Gascogne, p. 419; sa situation; est occupé
par les croisés; assiégé par Raimond VI &
Pierre II, roi d'Aragon, pp. 4:1, 422, 423,
424, 420, 426.
— (bataille de), pp. 42 1 à 426.
McRViEL, château du diocèse de Béziers, pp. 93,
i37, 202, ^>^6 ; pris & rasé par Alfonse, roi
d'Aragon, p. 94.
— (seigneurie de\ p. i36.
N
Najac, en Rouergue, pp. i 14, .'i2.5, 629, 7.")2, 75.),
794; révolte de ses habitants, pp. 809, 810.
— (consuls de;, p. 811.
— (prud'hommes de), p. Cm.
NaplE-s (royaume de), p. 892.
Narbo.nnais, pp. 74, 742, 743, 926.
NiDLO.vNE, pp. :'>, 6, 14, 22, 41, 42, 51,62, 89,
96,97, lii, 139, 14", 149, 193,317,326,370,
392, 396, 404, 43.), 4ÔC, 478, J23, 037, 044,
.'5.04, .560, 572, 573, 574, 591, 601, 6o3, 623,
644, 648, 673, 693, Û99, 770. 77J, 784, 839,
842, 8Ô9, 897, 912, 924, 944, 940; s'allie avec
la république de Gènes, pp. 17, 18; les ambas-
sadeurs de la vicomtesse, des consuls & des
prud'hommes de cette ville font un traité avec
la ville de Pise, p. ;")8 ; conditions de ce traité,
p. ."19; le comte de Toulouse veut s'assurer la
possession de Narbonne, p. 71; les habiiants,
le vicomte & l'archevêque font un accord avec
les croisés, p. 290; une conférence y est tenue
par le» légats & les princes du pays, p. 344;
Arnaud-Amalric prend possession de l'archevc-
ché & du duché de Narbonne, p. 379; émeute
contre Gui & Amauri de Montfort, p. 384;
les habitants ferment leurs portes à Simon de
Montfort, p. 433; le cardinal Pierre de Bcné-
vent y retire Jacques I des mains de Simon de
Montfort Se y reçoit la soumission du comte de
Toulouse & de divers seigneurs, p. 441 ; la ville
est démantelée, pp. 468, 4Ô9 ; Simon de Mont-
fort y entre malgré la défense d'Arnaud; l'in-
terdit eit jeté par l'aichevèque sur toutes les
églises de la ville; les Français s'emparent de la
leude & des étaux de la ville qui appartenaient
à l'archevêque, p. 479; les murs de la ville
sont reconstruits avec l'autorisation de Simon
de Montfort, p. 481 ; les habitants prêtent ser-
ment à Simon de Monifort, & lui promettent
de démolir leurs murailles, p. 5 14; traités de
commerce faits par les consuls avec Gênes &
Pise, p. .Ô90; un concile y est tenu en 1227,
p. 623 ; l'archevêque Pierre & le vicomte Aymeri
font un accord, p. 672; les habitants de la cité
& ceux du bourg se font la guerre, pp. 684,
685; analyse de la plaintedes consuls de la cité,
p. 686; l'archevêque est expulsé après avoir jeté
l'interdit sur le bourg; les consuls du bourg se
justifient dans une lettre écrite aux consuls de
Nimes 8c accusent les inquisiteurs & l'arche-
vêque, p. 6?5; les habitants jurent d'observer
une trêve; ils concluent la p.. ix,pp. 686, 687;
chassent les inquisiteurs, p. 693; coutumes des
nobles 8c des habitants rédigées & confirmées
par le vicomte Ayineri) p. 673; un concile y est
tenu, p. 764 ; le comte de Toulouse 8c le vicomte
de Narbonne font amende honorable à l'arche-
vêque Pierre Amelii, p. 771 ; contestations entre
l'archevêque 8c le vicomte, pp. 787, 789, 824;
différends entre l'archevêque 8c le vicomte;
monnaie, p. 897.
Narbonne (archevêché de), pp. 96, 97.
— (archevêque de), pp. 3, loi, 171, 181, 188,
198, 212, 222, 226, 264, 3i7, 332, 392, 399,
402, 4n4, 414, 421, 423, 45i, 628, 632, 65-,
7Ô7, 7')8, 768, 8-0, 811, 826, 832, 838, 852,
856, 857, 8<ii. 668, 869, 885, 912, 927.
— (archidiacre de), p. 757.
— (bourg de), p. 826.
— (Caimtole de), pp. 672, 824.
— (consuls de), p. 927.
— (diocèse de), pp. 172, 210, 219, 252, 254, 329,
332, ■:>Y>, 846, 857, 924, 950.
— (duché de), p. 859.
(église^e\ p. 827; confirmation de ses privi-
lèges par Louis le Jeune, p. 1 1.
— (Saint-Jcst, église de), p. 826.
— (vicomte de), p. 833.
— (vicomte^de), pp. 92.», 933.
NAUDIATS, femme du seigneur de Marseille,
p . 1 6 5 .
NASI.MANS, nom poétique donné par Foulques de
Toulouse à une dame chantée par lui, p. 244.
Navarrais, p. 5o3.
Navarre, p. 67 i .
NAVARRE, évêque de Conserans, pp. zji, 267,
353.
NAVARRE, fille de Rai mond-Roger , comte de
Coinminges, seigneur de Savez, p. 720.
Naves de Tolosa (bataille de), p. 383.
NiccotzA.v, p. 836.
NtcuoLOGE de Carcassonne, p. 224; marque par
erreur la mort de Raimond-Trencavel au 14 oc-
tobre 1 167, p. 29.
ioo8
TABLE GENERALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
Néchoi.ogc de Cassa ii, p. ?24; fixe la date de l'as-
sassinat de Raimond-Trencavel au i5 octobre
I 167, p. 29.
Nemalsois, pays de Nimes, p. 8jp.
Nfcp.ic, p. 920.
— (prieur de), p. 877.
Netloc, abbaye du diocèse d'Agde, p. 796.
Nice, pp. 22, 69, 940, 946; assiégée par le vi-
comte de Forcalquier, p. 21; une partie de cette
ville est donnée par Raiinond V aux Génois,
p. 6 I .
NtCOL, chef de brigands, p. 2j2.
NICOLAS V, pape; sa bulle de 1448, relative au
pont Saint-Esprit, p. 890.
NICOLAS DE BAZOCHES, p. 3:").).
NICOLAS DE CHALONS-SUR-MARNE, pp. 86",
870, 916.
NICOLAS, évèque de Conserans, p. S')[.
NICOLAS DE C:ORIiIE, religieux de Cluny, donné
pour évêciue aux Avignonais, p. 61 1 .
NICOLAS, évèque de Viviers, pp. 41, 74, ji), 147,
186, 242, 334.
Nîmes, pp. 3, 22, 70, 71, 99, 209, 3o3, 3i7, 433,
454, 485, 486, 489, 554, 556, 569, r,j2, 574,
6oi, 657, 673, 755. 779. 782, 784. 797. ^37,
839, 854, 809, 935, 94.5, 946; accord des che-
valiers & des bourgeois en 1 166, p. 22; le droit
de criée est donné en fief, p. 64; donnée par
Bernard-Aton au roi d'Aragon, p. 08; ses habi-
tants doivent prêter serment à Alfonse, roi d'A-
ragon, p. 88; en 1179, la tour Magne & les
Arènes servent de forteresse à la ville, p. 89;
privilèges accordés par le comte de Toulouse a
ses habitants; est entourée de fossés, p. 1 n ; ses
libertés & franchises confirmées en 1184 par
Raimond V, p. i23; la vicomte de cette ville
est cédée par Bernard-Aton au comte de Tou-
louse, pp. 122, 123 ; des murailles y sont cons-
truites sur l'cmplacemement des anciens murs
romains, p. 139; lo comte de Toulouse accorde
aux habitants l'autorisation de l'entourer de
murailles, p. 159; privilèges accordés par Rai-
mond VI en 1195, p. 169; privilèges accordés
par Raimond VI, p. i3o; analyse de l'acte de
Raimond VI, réglant l'élection des quatre con-
suls de cette ville, p. 189; révolte de ses habi-
tants contre leur comte; rétablissement de la
paix; confirmation des coutumes & statuts de la
ville, p. 274; les consuls prêtent serment à
Milon, p. 2S'>; tentatives des habitants pour
renverser les consuls, p. 32:"); ses habitants
s'unissent à ceux d'Arles pour résister aux rou-
tiers, p. 419; Simon se retire à Nimes, p. 491 ;
ses coutumes sont confirmées, pp. 492, 4y3 ;
rentre sous l'obéissance des comtes de Toulouse ;
ses privilèges sont confirmés, pp. 52."), 533,
534; le pape menace de supprimer l'évèché,
p. 538; sa réunion à la couronne, p. 6l-5; un
sénéchal y est installé par le roi, p. 612;
Louis IX, en passant dans cette ville, y donne
plusieurs chartes, pp. 837,833,
— (archidiacre de}, p. 737.
— (diocèse de), pp. 252, 45.), 640, 936.
— (église de), p. 75;; confirmation de ses privi-
lèges, p. I 80.
Nîmes (évèque de), pp. 38c, ->57, 767, 800, 842.
Nioi'.T, château-fort situé vers les sources de l'Aude,
pp. 701, 722.
Nivernais, p. 220.
NoAiLLAc ou Neillac, lieu du ^'e!ai, p. i65.
Noi;lessi; de l'Agenais, reconnaît Simon de Mont-
fort pour son seigneur, p. 387.
— de la Province qui accompagne le roi à la
croisade, p. 920.
Noces, p. 948.
NoGEM-L'EliE.MDEf.T, p. 874.
NOIR DE LA REDORTE, p. 492.
NOISIL DE MERCCEUR, p. i65.
NOMPAR DE CAL'MONT, pp. 524, 746, 75a.
NoN.\EM,iLE, abbaye, pp. i 19, 9-3.
— (abbesses de), p. 870.
NoNNETTE, château aux environs de Erioude,
p. 35.
Nor.MAXDiE, pp. 129, i33, 862, 863.
Nor.MANDS, p. 234.
NOSTRADAHUS, citations de son ouvrage sur les
poètes provençaux, pp. 164, i65, 558.
Notaires publics, p. 949.
Notre-Dame de Soissons, monastère, p. 60.
NUGNEZ SANCHE, fils du comte de Roussillon,
pp. 412, 429, 436, 44:, 498, 499, 60c, 61Û,
617, 699 j sa mort, p. 714.
o
OCTAVIEN, cardinal-diacre du titre de S.iinte-
M.'irie in Via Ijta^ p. 7*5.
ODILON GUARIN, seigneur de Châteauneuf,
p. 601 .
ODILON DE MERCŒUR, évèque du Puy, p. 260.
ODILON, neveii d'Odilon de Mercœur, évèque de
Mende, p. 864.
ODON, abbé de Boulbonne, p. i85.
ODON, vicomte de Lomagne, p. 43.
ODON DE LYLIERS, p. 634.
ODON DE MONTONIER. Voyc^ EUDES.
ODON DE PRESSAC, p. 61 3.
ODON DE TERRIDE, p. 734.
ODON, seigneur de Tournon, p. i3c.
ODON, fils de ^'éi:ias, vicomte de Lomagne,
pp. 19''. '9"; vicomte de Lomagne, pp. 5-5,
778-
OrriciEBS ROYAUX-, p. 934.
OuRGUES, château, p. 926.
Olme, château, p. 436; Lolmif (/-ot), commune' de
Saint-Laurent.
Olmes (terre d'), dans le pays de Foix, p. 3i.
OLIVIER, chef des Bonshommes, p. 4.
OLIVIER DE PENNE, pp. 533, 822.
OLIVIER DE SAISSAC, pp. 556, 557.
OLIVIER DE TERMES, pp. 340, 621, 625, 63-,
663, 634, 719, 723, 725, 744, 798, 8i5, 829,
TABLE GENERALE DES NOMS ET DES MATIERES.
1009
853, 8 jj, 864, 873, 885 ; prend la croix, p. 786 ;
quitte le roi à Chypre par crainte de périr en
mer, p. 834; son retour de la Terre-Sainte; sa
vie, pp. 856, 857; quitte la Terre-Sainte pour
servir sous Louis IX en Afrique, p. pzS.
Olonsac, château, pp. 67, 546, 588.
Omehs, baronnie, pp. 202, 2o5.
— château, pp. i35, lâç, i83, 2i3, 241, 247,
411.
OxGF.s, vicomte du nord de la France, p. 35o.
— ^vicomte d'}, p. 371.
Oppkde, château en Provence, pp. 276, 281.
OmisoN-DiEf, abbaye, pp. 604, 8o3, 906.
Orange (diocèse d'), p. 807.
— (principauté d'), pp. 76, 486, 504, 56?, 608,
71 I j les consuls d'Orange prélent serment à
Milon, p. 285; un concile est tenu dans cette
ville en 1 229, p. 657.
Obd, rivière, p. 219.
Ordonnance de Louis IX en faveur des habitants
des deux sénéchaussées de Beaucaire & de Ca r-
cassonne, p. 841 .
Ordre de Saint-Jean de Jérusalem, p. 74.
— de la Foi, p. 543. Voye^ Milice de la Foi.
de la Merci; sa fondation, p. 5|3.
Orléans Jévéque d"), p. 818.
Or.NOLS, église, p. :o6.
Or/.als, en Rouergue, pp. 874, 873, 947.
OsMA, évéché d'Espagne, p. 243.
OTHON, évéque de Carcassonne, pp. 143, 154,
224; assiste, en 1179, a" concile de Latran,
p. 86.
OTHON, empereur, pp. 275, 3o8, 324.
OTHON DE LTNIÈRES, p. 628.
OTHON DE TERRIDE, vicomte de Gimoëz,
pp. 6i5, 628, 629, 880.
OTHON-BERNARD, fils de Jourdain II, seigneur
de risle-Jourdain, pp. 191, 192.
OTON, vicomte de Lomagne. Voye\ ODON.
OTON DE MONTAUT, p. 5 10.
Otbaxte, ville de Calabre; Amauri de Montfort y
meurt, p. 639.
OTTON, cardinal-diacre, p. 632.
OUDARU DE MAGNEVILLE, p. 797.
OUDARD DE VILLIERS, sénéchal de Be.uicaire,
pp. 754, 755, 758, 8i3, 816.
OtvEiLLAN, château, p. 58 (jluJe), arr. de Nar-
honne,
OvrOBU, p. 2.
P., évêque d'Agde, p. 764.
P., évéque d'Agen, p. 779.
P., qu'on croit avoir été évêque de Béziers, p. 726.
P., évéque élu de Béziers, p. 764.
Pacy, château en Normandie, p. 129.
Padernes, château, p. 73t; Pernes (Faucluse), arr,
de Carpentras.
Pailiias, comté, pp. 125, 882.
PaillPis, lieu, p. 757; Pailhès [Jriége), arr. de Pa-
niiers.
Pairie des comtes de Toulouse, p. 595.
Pairs de France, p. 162.
— laïques du royaume, p. 641.
Paix & Trkve de Dieu, p. 219.
Paix rétablie dans la Province, pp. ic6, 107, 108,
109.
— instituée dans le pays d'Albigeois, en 1191,
pp. 140, 141.
— établie dans la Province par le premier canon
du troisième concile de Montpellier, p. 172.
— dans le diocèse de Rodez, en 1 196, p. 177.
— entre les comtes de Toulouse & de Savoie, p. 27.
— entre Raimond V & le vicomte de Béziers,
p. 43.
— entre Richard & Raimond V'I, pp. 173, 174.
— projetée entre Raimond VII & le roi, p. 63 1,
— entre le vicomte de Béziers, Roger, & Ermen-
garde de Narbonne, p. 44.
— entre l'archevêque de Narbonne & Aymeri, vi-
comte de cette ville, p. 672.
— entre Henri II & ses fils, p. 60.
— entre les comtes de Provence &, de Forcal-
quier, p. 199.
— entre le comte de Foix & le comte d'Urgel,
p. 248.
Palairac, château, p. 339 [Aude), arr. de Carcas-
sonne.
Palais, lieu dans le diocèse d'Agde, p. 025.
Palais comtal situé à Nimes, p. 274.
Palmat, château, p. 269; Palmas (Ayeyron), arr.
de Millau.
Palmiers. Fo^c^ La Bastide-Paumés, p. 522.
Palid, château, p. 129; château du Berry.
Pamiers, pp. 237, 319, 324, 345, 367, 368, 376,
393,398,469, 519, 563, 564, 65 1,731, 888; une
grande partie des habitants hérétiques se con-
vertissent, p. 25 1 ; est livré à Simon de Montfort,
p. 3^9; une conférence y est tenue sans aucun
résultat entre Simon de Montfort, le roi d'Ara-
gon & le comte de Toulouse, p. 326 ; une assem-
blée y est tenue par Simon de Montfort afin
d'établir des coutumes pour le gouvernement
des pays conquis, p. 396; Louis VIII y tient
une assemblée ou concile, p. 614; il y reçoit le
serment de fidélité des évéques de la Provence,
p. 6i5; l'abbé Maurin accorde, en janvier
1228, une charte de coutumes aux habitants,
p. 616; les Français s'approchent de cette ville
en venant dévaster les environs de Toulouse,
p. 629; Roger IV promet d'en respecter les cou-
tumes, p. 7J2.
— (abbé de), pp. 747, 757.
— (coutumes de), pp. 616, 937, 943.
^ (diocèse de), p. 641 .
Pampelune (diocèse de), p. 332.
Pai'.adis (Nothe-Dame de), au diocèse d'Agen,
p. 854.
\I.
64
lOIO
TABLE GENEllALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
PauAZA, village, p. 723 (Aude), arr. de Narhonne.
Pardaillan, lie» de la sénéchaussée de Carcas-
sonne, p. 678; Parda'dlian [Hérault), arr. de
Saint-Pons.
Pabkle, château, p. 3i. Voye^ PEr.i;Lt.E.
Pau I AGE entre le comte de Foix & l'abbé de Saint-
Volusien au sujet des droits domaniaux de la
ville de Foix, p. jz.
PaiiiS, p. 12; piix conclue en tre Raimond VII &
le roi de France, due paix de Pans, pp. 6ji,
6j2, 637.
— (évèque de), p. 829.
PaulemEiNT du Languedoc, pp. 891, 906, 9^3; son
origine, p. 874.
PASCAL m, antipape élu en i iCj,, p. 19.
Pas de la Barre, au comté de Foix, pp. 401, 629,
646, 65o, 664, 753, 773.
Patarins, nom donné aux hérétiques de la Pro-
vince par un canon du concile de Latran,
pp. 86, 222. Voye:^ Albigeois.
PATAVE, femme de Pierre de Bermond, p. 797.
PAUL V, pape, p. 73.
Pallhan, château du diocèse de Béziers, pp. 48,
71, 101, 137, l83, 202, 411 {Hérault), arr. de
Lodève.
Pauliciens, hérétiques, p. 1 .
PaueignY, lieu, p. 791; Pauligne (Aude), arr. de
Limoux.
Pal'.ÇES. château du Lodévois, p. 601.
Pauvres de Lyon, nom que prenaient les Vaudois,
p. 221 .
PAYEN, hérétique albigeois, autrefois seigneur de
La Bécède, p. 669.
Payrac, château, p. 1 10; probablement un des Pey-
rat du Limousin.
Péage de la ville du Puy, p. 37.
— levé dans différents ports & dont l'abbaye de
Franquevaux est exemptée, p. 46.
— de Béziers à Narbonne, p. 89.
— de Béziers à Montpellier, réglé en 1176, &
donné en engagement, p. 67.
— de Saint-Thibéry à MarseiUan, p. 89.
Pecii-Almari, lieu à l'est de Toulouse, p. 629.
PEcii-SiEi;r.AN ou Pexioua, château, p. 837 (Aude),
arr, de Castelnaudary.
PfcCHEnic, lieu de la sénéchaussée de Carcassonne,
p. 678; Péchairic (Aude), arr. de Castelnaudary,
PfxiiEnin.'; de Froiitignan, p. 414.
Peines édictées par Louis IX contre les hérétiques,
p. 64:-;.
Pki.eiiixage de Notre-Dame du Puy, pp. 108, 109.
— de Rocamadour, p. icp.
PÈLEGRIN LATINIER, sénéchal de Beaucaire,
pp. 602, 657, 794, 83,'), 910.
Penautier, dans le Carcasses, pp. i63, 333, 718,
886 (Aude), arr. de Carcassonne.
Pènite.nces des hérétiques condamnés, changées
en amendes pécuniaires, p. 799.
— imposées aux héiéiiques albigeois, p. 78c,
Penne, château d'Agenais, pp. 387, 44n, ^^i, "iTiS,
565, 748, 702, 7;).î, -:»8, 794, 822; Raimond y
est absous de l'excommunication; acte dressé à
cette occasion, p. 736 (Lot-&-Garonne), arr. de
faille ne uve-d' Age n.
Penne, château de l'Albigeois, pp. .O73, 636 (Tarn),
arr. de Gaillac.
Péoïi.ra, lieu, p. 4i3; lieu d'Aragon ou de Cata-
logne.
Pépiecx, château, pp. 67, 71, 6.")6 (Aude), arr. de
Ca
rcassonne.
PERDIGON, poète, né dans le Gévaudan, pp. ^30,
43 1 .
Pehelle, château, pp. 3i, 61 j; Ptreille (Ariêge),
arr, de Foix.
PÉRÉGRIN LATINIER, sénéchal de Beaucaire &
de Nimes. Voye^^ PELEGRIN.
Pf.iiiGor.D, pp. 104, 107, 448, 4.')i, 709, 862, 923.
Pkp.iocel'x, assiégée par Alfonse II d'Aragon & ses
alliés, p. I 02.
Pébousb, ville d'Italie, p. 827.
Perpignan, pp. 92, i5i , 17.1, 411, .'joi, 714, 88n;
Alfonse d'Aragon y passe en 1174, p. 61;
Pierre II y séjourne en i2i3, p. 41J.
Pesade [pacata, passata), droit perçu en Albigeois;
son origine, p. 141 .
Peste, en 12J9, p. 862.
Pesth.lac , château, p. J,i>i\ (Lot), commune de
Montcabrier.
Petit-iîi.ang, impôt de cinq deniers tournois, levé
sur chaque chaque minot de sel remontant le
Rhône, pour l'entretien du pont Saint-Esprit,
p. 891.
PÉTRONILLE, reine d'Aragon, p. 616.
PÉTRONILLE, fille de Bernard VI, comte de Com-
minges, & de Marie de Montpellier, épouse
Cent 11 lie II, comte d'Astarac, pp. 126, 2 i3, 414;
héritière & comtesse de Bigorre, pp. 498, 537,
771-
PÉTRONILLE DE CHAMBON , femme de Gui,
comte d'Auvergne, p. 287,
PÉTRONILLE, dame de Rambouillet, deuxième
fille de Pétronille de Comminges & de Gui de
Môntfort, p. 537.
Pemoha. Voye^ Pecii-Sieuran.
Peyrelade, château, p. 63.
Peyriac, château du Minervois, pp. 34, 546.
Peyriès, au diocèse de Narbonne, pp. 4?, 419.
— (commanderie de), p. Sôy.
PeyiiOLS, château d'Auvergne, p. i65.
PEYROLS, poète provençal, p. iC~>.
Peyrou (leude du), p. 2c3.
Peyrlsse, alias Roque de Peyrisse, château du
Rouergue, pp. 449, 619, 636, 644, 754; ses
murs sont détruits, p. 635 (Aveyron) , arr. de
Villefranche-de-Rouergue,
— (consuls de), p. 811.
— (prud'hommes de), p. 811.
Pêzexas, château, pp. 40, 207, 314, 325, 35o,
797, 872; est uni au domaine, p. 872 (Hérault),
arr. de Bé-^iers.
— (consuls de), p. 927.
TABLE GENERALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
lOI I
PHILIPPE, archevêque d'Aix, p. 839.
PHILIPPE, archevêque de Bourges, pp. 82c;, 838.
PHILIPPE, évêque de Beaiivais, p. ^55.
PHILIPPE, trésorier de Saint-HIKiire de Poitiers,
pp. 768, 810, 82^, 8285 son récit du voyage des
commissaires envoyés par Blanche de Castille
pour prendre possession des Etats échus à Al-
fonse de Poitiers, pp. 812, 8 1 3.
PHILIPPE, frère mineur, p. 909.
PHILIPPE-AUGUSTE, roi de France, pp. 20, 96,
io3, 119, 144, 169, 200, 234, 3o8, 3i3, 338,
412, 404, 4S5, 467, 526, 028, 541, 542, 544,
543, 546, 547, 5^1 j sa naissance, p. ii; est
couronné à Reims & associé à la couronne; suc-
cède à Louis le Jeune en 1 180; chasse tous les
juifs du domaine royal, p. 92; accorde un di-
plôme à l'église de Lodève, p. 119; sa diversion
en faveur du comte de Toulouse dans la guerre
que le duc d'.\quitaine faisait à ce dernier,
pp. 125, I 29; SCS entrevues avec le roi d'Angle-
terre; son voyage au Puy, p. 129; le Vivarais
est soumis à sa dom>>'>aiioii ; motifs qui lui font
entreprendre le voyage du Puy, p. i3o; sert de
médiateur entre Henri, roi d'Angleterre, & Ri-
chard, duc d'Aquitaine, pp. i3o, i3i; cède à
Richard, roi d'Angleterre, la ville de Cahors &.
tout le Querci, à l'exception des abbayes de Fi-
geac & de Souillac, p. 1 34 ; part pour la Terre-
Sainte, p. |34; est inviié par Innocent III à
réprimer l'hérésie en Languedoc; sa réponse au
pape, p. 2Û1; dans sa réponse a Innocent III
il expose ses griefs contre le comte de Toulouse,
p. 265; il essaie de modérer le zèle des croisés,
p. 267; ses conseils au comte Raimond \'I,
p. 271; se plaint des conquêtes de Simon de
Montfort au pape, p. J76; appuie la croisade
contre les albigeois; permet que Louis, son fils,
prenne la croix, p. 41 1 ; prend sous sa protec-
tion les habitants & la ville de Montpellier,
pp. 440, 441; reçoit l'hommage de Simon de
Monifort pour le duché de Narbonne, le comté
de Toulouse, &c., p. 483; envoie cent chevaliers
français servir pendant six mois sous les ordres
de Simon de Montfort, p. 5c;5; est aussi prié
par Raimond VII de procurer sa réconciliation
avec l'Kglise, p. 548; sa mort, p. 568.
PHILIPPE m, fils aîné de Louis IX, roi de France,
p. 859, 860, 83 I j accompagne son père à Ai-
gues-mortes, p. 920 ; lui succède ; prend le com-
mandement de l'armée; reçoit le serment des
princes présents en Afrique, p. 923; repasse en
France, p. 924; unit les Kiats d'Alfonse à ses
domaines, p. 927.
PHILIPPE IV LE BEL, roi de France, p. 891.
PHILIPPE, fils de l'empereur Frédéric, p. 75.
PHILIPPE D'ANDUZE, p. 825; femme d'Amalric,
vicomte de Narbonne, pp. 807, 825, 83c, 924.
PHILIPPE, femme d'Arnaud d'Espagne, p. 887.
PHILIPPE DAUKIGNAC, p. 593.
PHILIPPE DE BEZTESI, sénéclial d'Albigeois,
p. 626.
PHILIPPE DE BOISSY, sénéchal de Rouergue,
p. 874.
PHILIPPE, comte de Boulogne & de Clermont,
pp. 597, 619.
PHILIPPE DE CAHORS, p. 872.
PHILIPPE D'EAUBONNE, chevalier, pp. 818, 846,
802.
PHILIPPE D'ENCONTRE, p. 49c.
PHILIPPE DE FAY, dame de la Voulte, pp. 711,
83o, 918.
PHILIPPE, comte de Flandres, p. 34.
PHILIPPE GOLOYN, chevalier français, plus tard
sénéchal de Carcassonne, pp. 384, 465, 842.
PHILIPPE DE LOMAGNE, fille d'Arna ud-Othon,
héritière universelle de Jeanne, fille de Rai-
mond VII, comtesse de Toulouse, pp. 918, 919.
PHILIPPE DE MAMOLÈNE, femme de Rai-
mond m d'Uzès, p. 837.
PHILIPPE DE MONTLÉARD, p. 879.
PHILIPPE I DE MONTFORT, fils de Gui, sei-
gneur de Castres, puis de Tyr, pp. 627, 63o,
645, 646, 655, 679, 798, 834, 902, 905, 9i3,
924; remarié dans le Levant; ses enfants du
second lit héritent de ses dom.iines d'outre-mer,
& y forment une branche de leur maison,
p. 926.
PHILIPPE II DE MONTFORT, seigneur de Cas-
tres, pp. 679, 834, 854, 855, 857, 892, 893,
938 ; sa mort, p. 924.
PHILIPPE DE NANTEUIL, p. 097.
PHILIPPE, femme de R.iimond-Roger, comte de
Foix, pp. 127, 564.
PHILIPPE DE VOISINS, sénéchal d'Agenais,
p. 465.
PlCAr.DIE, p. 22 I .
PIE II, supprime, en 1459, les chevaliers de l'or-
dre du Saint-Esprit de Montpellier, p. 73.
PIERRE, cardinal-prêtre du titre de Saint-Chry-
sogone, est envoyé comme légat à Toulouse pour
y combattre les hérétiques, p. 78; son entrée à
Toulouse; moyens qu'il emploie pour connaître
& confondre les hérétiques, p. 79; envoie des
délégués dans l'Albigeois, p. b 1 ; condamne dans
la cathédr.ile de Saint-Ktienne de Toulouse deux
cheis d'hérétiques ; fin de sa mission, p. 84.
PIERRE DE BÉNÉVENT, légat dans la Province
en 1214, pp. 434, 45 1 , 452, 453, 462, 5oo ; dès
son arrivée, il impose une trêve aux belligé-
rants, p. 439; reçait la soumission du comte 8c
des habitants de Toulouse, des comtes de Foix,
de Comminges & de Roussillon, du vicomte &
dej habitants de Narbonne, pp. 441, 442; part
pour l'Aragon, installe Jacques I sur le trône
& met ordre aux affaires du pays, p. 443; pré-
side,en i2i4,leconciIedeMontpellier,p. 451;
ses craintes en voyant se croiser le fils aîné du
roi de France, p. 455; opinion qu'il faut avoir
de sa conduite durant sa légation, p. 444.
PIERRE DE CASTIiLNAU, archidiacre de Mague-
lonne, religieux de Fontfroide, légat du pape
dans la Province, pp. 223, 224, 229, 23o, 234,
242, 244, 245, 252, 258, 266, 267, 277, 304,
3o5, 404, 405, 412; veut se démettre de sa lé-
gation, pp. 235, 2 31; quitte Béliers & se rend à
Montpellier où il rétablit la pa ix entre Pierre II
& les habitants, p. 246; excommunie Rai-
mond VI, comte de Toulouse, p. 249; sa mort
tragique, pp. 261, 262; est inhumé dans l'ab-
1012
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
h.iyc de Saint-Gilles, p. 262; est honoré à titre
de bienheureux; ses reliques sont dctrui tes par
les religion naircs, p. 26.'i.
PIKURE AMELII, archevêque de Naibonne,
pp. ;'>9'>, ^00, 60;"), 616, 62't, 63o, 648, 6;j^,
658, 672, 673, 698, 726, 7^8, 7.59, 752, 76.},
768, 793, Sjp, 872; sa mort, p. 77'J.
PIERRE, cardinal-évèaue d'Albano, pp. 7-9, 81 3,
8>i.
PIERRE-RAIMOND, évèqiie d'Agde, pp. 99, 119,
120, 779.
PIERRE, évéque d'Ausone, p. 24.
PIERRE, év-êque de Béziers, p. 38.^. ^
PIERRE, évéque de Clermont, p. 37.
PIERRE FROTIER, évéque de Lodève, pp. 172,
3 3 o , 616, 712.
PIERRE UE CONQUES, cvêque de Mnguelonne,
pp. 796, 848, Sfi^.
PIERRE DE MO.NTLAUR, évéque de Marseille,
p. 609.
PIERRE, évéque du Puy, p. 10; ses différends avec
Pons, vicomte de Polignac, pp. 35, 36, 37.
PIERRE IV, évéque du Puy, pp. 108, 129.
PIERRE, évéque de Rodez, pp. 5i5, 532, 671,
PIERRE, évéque de Saragosse, p. 68.
PIERRE, évéque d'Urgel, p. 7o3.
PIERRE UE COLMIEU, vice-légat, pp. 647, 648,
65o, 65i, 657, 652, 865.
PIERRE, abbé d'Ardorel, p. 3.
PIERRE, abbé d'Aurillac, p. 67.
PIERRE, abbé de Cendras, p. 3.
PIERRE-GUILLAUME, abbé de Combelongue,
p. 353.
PIERRE DE DALBS, abbé de Lézat, p. 732.
PIERRE D'UZÈS, abbé de Psalmodi, p. 64.
PIERRE, abbé de Saint-Gilles, p. .154.
PIERRE, abbé de Saint-Volusien de Foix, pp. 32,
127.
PIERRE, abbé de Sorèze, p. 733.
PIERRE, abbé de ^'alm,^gne, p. 229.
PIERRE-ARNAUD, moine de GaiUac, p. 914.
PIERR.E, prévôt de l'église du Puy, p. 799.
PIERRE CELLANI, inquisiteur, pp. 674, 638,
6i9; cesse ses fonctions d'inquisiteur à Tou-
louse sur la demande de Raimond VII; est en-
voyé en Querci, p. 689.
PIERRE II, roi d'Aragon, pp. i39, 176, 198, 200,
207, 23 1, 259, 554, 555; rompt la paix avec
le comte de Toulouse, p. 114; engage la vi-
comte de Millau & de Gévaudan au comte de
Toulouse, p. 211; épouse Marie de Montpel-
lier, p. 21 3; son voyage à Rome & son cou-
ronnement parle pape Innocent III, p. 216;
son édit contre les vauJois, p. 221 ; son voyage
à Montpellier ; privilèges qui lui sont accordés
par Innocent 111, pp. 239, 240; cherche à répu-
dier Marie de Montpellier, p. 248; tente vai-
nement de ménager la paix entre les croisés
& le vicomte de Béziers, pp. 292, 293; refuse
l'hommage de Simon de MontforI; pousse à la
résistance les nobles des vicomtes de Béziers &
de Carcassonne, pp. 314, 3|5; essaie vaine-
ment de réconcilier Simon de Montfort & le
comte de Foix; assiste à la conférence de Pa-
miers; vi^nt à Toulouse avec Raimond VI,
p. 326; près de Montréal, il refuse l'hommage
de plusieurs chevaliers; s'avance jusqu'à Portet;
confère avec les légats; passe les Pyrénées pour
continuer la guerre contre les Maures, p. 32";
rétablit la paix entre le comte de Foix & Simon
de Montfort ; reçoit l'hommage de Simon de
Montfort pour Carcassonne; assiste au concile
de Montpellier; consent au projet de mariage
entre la fille de Simon de Montfort & son fils
Jacques, p. 3.;5; confie l'éducation de celui-ci
à Simon de Montfort; donne sa sœur, Sancie,
en mariage à Raimond VI, p. 346; est informé
par les Toulousains de la conduite des croisés
à leur égard, p. 366; fait un voyage à Tou-
louse, y établit son vicaire, combat les infi-
dèles en Espagne, p. 333 ; envoie une ambassade
au pape en faveur de Raimond V'I, p. 394; ses
plaintes contre Simon de Montfort, p. 401; se
rend à Toulouse & négocie avec les évéques as-
semblés au concile de Lavaiir en faveur des
comtes SCS alliés, p. 402; causes de son alliance
avec Raimond \'I, p. 407; tâche de gagner le
pape & le roi Philippe-Auguste en laveur du
comte de Toulouse, p. 410; donne Montpellier
à Guillaume, son beau-frère; fait demander
la main de la fille du roi de France; se dis-
pose à répudier Marie; sa conduite envers
cette princesse; donne en fief à Guillaume IX
les domaines de la maison de Montpellier,
p. 41 I ; se rend à Perpignan & prie Simon de
Montfort de se rendre à Narbonne, p. 410;
défie Simon ; apaise des différends entre l 'évéque
de Viviers 8c le comte de V^alentinois ; se pré-
pare à la guerre contre Simon, pp. 416, 417;
reçoit une lettre fort vive d'Innocent III,
pp. 417, 418; est menacé des censures ecclé-
siastiques à cause de l'abandon de Marie de
Montpellier, p. 412; se joint aux comtes de
Toulouse, de Foix & de Comminges; assiège Mu-
ret, p. 421; est tué, p. 427; son éloge, pp. 429,
430, 431.
PIERRE, fils aîné de Jacques, roi d'Aragon, p. 873.
PIERRE, frère d'Alfonse, roi d'Aragon, prend le
nom de Raimond-Bérenger, p. 33. Voir ce d:r-
nicr nom,
PIERRE D'ALBARON, p. 137.
PIERRE D'AMI, pp. 213,770.
PIERRE-KERMOND D'ANDUZE, fils de Bern.ird
d'Anduze. Toy-- PIERRE-KERMOND DE SAUVE.
PIERRE L'ARAGONAIS, p. 3oi.
PIERRE-ARNAUD^ notaire ou greffier de l'Inqui-
sition, p. 739.
PIERRE D'ARSIS, p. 365.
PIERRE DE ATHIIS, dit Fahri, sénéchal de Beaii-
caire, p. 794.
PIERRE D'AUI.IRET, p. 524.
PIERRE D'AUTEUIL, sénéchal de Carcassonne,
pp. 791, 842, 854, 866, 870, 8S6.
PIERRE D'AUVERGNE, poëte provençal, pp. i65,
948.
PIERRE DE BARGEAC, poëte provençal, p. i6j;
proiailemcnt Barjac [Lozère'), arr. de Marvé]oU.
TABLE GENERALE DES NOMS ET DES MATIERES.
ioi3
PIERRE DE BART, maître de I.i ccminnndciie de
ViHedieii, p. .^;^.
PIERRE DE KKRMOND, p. 797.
P1ERRE-HE:îNARU, frère de Ihôpir;!! de Jinis.i-
lem de Béiiiers, p .^3.
PIERRE liERNARUI, hérétique, pp. r>^r>.
PIERRE KERNARDI, s.rgcnt du comte Alfoiisc,
pp. 828, 846.
PIERRE DE BERNIS, p. 87.
PIERRE-RAINARD I ou RAINARD DE liÉZIERS,
pp. .)3, 76; son testament, p. 57.
PIERRE-RAINARD II, p. 58.
PIERRE GÉRAUD DE LA BOLÉNE, p. ,"),". 5 ; ^o^-
léne [Vaucluse), arr. d'Orange.
PIERRE DE BONIFACE, habitant de Montpel-
lier, p. 7 i3.
PIERRE DE BOTIGNAC, poëte provençal, p. \6-J.
PIERRE, cornto de Bretagne, pp. 53 1, :>■)•], (>io.
PIERRE DE BRUIS, iiianichcen. p. 2.
PIERRE-ROGER, seigneur de Cabaret, pp. 292,
3r5, 326, 333, 339,350, 85:^.
PIERRE DE CABRESPINE, commandeur de la
maison du Temple de Montpellier, p. 188.
PIERRE DE CADEROUSSE, p. 42.
PIERRE CARDINAL, poste provençal, p.
PIERRE-.MARTIN DE CASTELNAU,
pp. 4C
53(5.
PIERRE, vicomte de Castillon, p. io3
PIERRE DE CASTRO, p. 793; prohahh-ment Châ-
tres (Scine-S'-M.-inte), arr. de Mclun.
PIERRE CELLANI, habitant de Toulouse, p. 468.
Voir plus haut, aux dignitaires (cclésiasti^ues.
PIERRE-BERNARD DE CHARTRES, p. 852.
PIERRE CONSTANS DE SAINT-GILLES, p. 206.
PIERRE-RAIMOND DE CORNEILLAN, p. 601.
PIERRE DE COURTENAY, comte d'Auxerre,
pp. 2o5, 35 1 .
PIERRE DE CUCUGNAN, p. 725.
PIERRE DE Dl'RBAN, p. 6i5.
PIERRE D'ESTAING, p. 21 3.
PIERRE FABER, sénéchal de Beaucairc. foye^
PIERRE DE ATHIIS.
PIERRE DE KAKRÈGUES, p. 698.
PIERRE DE KENOUILLEIT, vicomte de Fenouil-
litdes, pp. 6i5, 617.
PIERRE DE FIRAC, p. 40.
PIERRE-GAUCELIN DE FOLLAQL'IER, p. 903.
PIERRE DE FONTFROIDF, p. 5oo.
PIERRE DE FRÉDOL, p. 869.
PIERRE Ftn.CODII, juge & clwncelier de Rai-
mond \', pp. 125, i33.
PIERRE GALTERII, commandeur de l'hôpital de
Saint-Gilles, p. 74.
PIERRE-GÉRAL'D, fils de Bernard IV, comte de
Fezensac, p. 778.
PIERRE DE GRAVE, pp. 752, 753, 841, 855,
PIERRE LE GROS, neveu du papa Clément IV,
p. 885.
PIERRE GUITARD, Toulousain envoyé en am-
bassade au pape, p. 435.
PIERRE RAIMOXD D'HAUTPOUL, pp. 65, 90,
91.
PIERRE ISARN. évèque héictiquo, brûlé vif à
Ca u n es , p . 619.
PIERRE DE LANDREVILI.E, sénéchal de Tou-
louse, pp. 876, 878, 9c5, ^07.
PIERRE DE L.ARA, neveu d'Ermeng.i rde, vicomte
de Narbonne, pp. 71, 89, r)o, 1 19, 6175 succède
à sa tante dans la vicomte de Na i bonne, p. )39;
se démet de la vicomte en laveur de son fils,
p. i5i; quitte le nom de Lara pour prendre
celui de Narbonne, p. i 53 ; sa mort, p. 216.
PIERRE DE LAURAN (^rorr. LAURE , p. 85d. '
PIERRE, vicomte de Lautrec, pp. 679, 723, 772,
811, 816, 855, 865, 866, 874, 9:2.
PIERRE-ERMENGAID DE LAUTREC, p. 2-9.
PIERRE DE LERCIO, fondateur de l'ermitage
Saint-Victor, p. 210.
PIERRE DE L'ISLE, p. 811.
PIERRE-GAUCELIN, seigneur de Lunel, p. 68.
PIERRE DE MAILLAC, p. i52.
PIERRE MARC, chargé par Innocent III d'une
mission financière en Languedoc, p. ■Î92J cor-
recteur des lettres apostoliques, p. 408.
PIERRE DE MARTIN, p. 536. l'oyc^ PIERRE-
• MARTIN DE CASTELNAU.
PIERRE MAUCLER, comte de Bretagne. Fo/c^
plus haut.
PIERRE MAURAN, chef de la secte des Henricicns;
sa position à Toulouse; tst appelé devant le
légat, refuse d'abord de comparaître, p. 79;
obéit & est déclaré hérétique; ses biens sont
confisqtiés; il est empiisciiné; reconnaît ses
erreurs; pénitence qui lui est imposée, pp. 80,
81.
PIERRE DE ."^lÈZE, pp. 525, 797.
PIERRE, vicomte de Minerve, pp. 34, 53, f5o.
PIERRE HIR, p. 608.
PIERRE DE MIREMONT, p. 753.
PIERRE-ROGER DE MIREPOIX, pp. 67, i55, 556,
563, 6i5, 739, 740, 768.
PIERRE MIRON, p. 35o; peut-être le même (jue
Pierre Mir, ci-dessus indiijué.
PIERRE DE MONTl'.RUN, p. 852.
PIERRE DE MONTLAUR, archidiacre d'Avignon,
p. 304.
PIERRE-RAIMOND DE M0NTPF:YR0UX, pp. 4-,
65.
PIERRE, vicomte de Murât, p. 711.
PIERRE-RAIMOND DE NARBONNE, p. 76.
PIERRE DE NONNECOURT, sénéchal de Beau--
caire, p. 794.
PIERRE PARDI, seigneur aragonais, p. 428.
PIERRE PF:LET, seigneur d'Alais, p. 895.
PIERRE PELET, damoiseau, p. 9o3.
PIERRE DE PENAUTIER, p. i55.
PIERRE DE PROVINS, p. 853.
PIERRE DU PUY, p. 872.
PIERP.E-RAIMOND DE RABASTENS, p. S11.
10I4
TABLE GENERALK DES NOMS ET DES MATIÈRES.
PIERRE-RAIHOND, fils nîitiirel de Rjilinond V,
frère de Raimond VI, comte de Toulouse,
pp. 168, 197.
PIRRRE-RAIMOND, fils de Bérenger de Béziers,
p. .)0.
PIERRE-RAIMOND, poète provençal, natif de
Toulouse, p. 162; meurt à Pamiers; ses poésies,
p. 164.
PIERP.E RAMBAUT, parent du pape Clément IV,
pp. 9 i5, 920.
PIERRE DE RICHEKOURG, pp. 315, 329.
PIERRE-ROGER, poëte provençal, pp. iô5, 162,
177.
PIERRE DE RODEZ, p. 40.
PIERRE DE SAINT-ANDRÉ, p. leo.
PIERRE DE SAINT-KÉLIX, p. 102.
PIERRE DE SAINT-GRÉGOIRE:, commandeur du
Temple de Montpellier, p. 2^4.
PIERRE DE SAINTE-MARTHE, p. 35d.
PIERRE DE SAISSI, pp. 393, 419.
PIERRE SAISSUN, p. 127.
PIERRE-BERMOND DE SAUVE, pp. 44, 4,';, 47,
48, 14';, 28 r, 833.
PIERRK-BERHOND DE SAUVE, petit-fils du pré-
cédent, pp. 278, 334, 394, 39,'), 396, 4.)D, 47.J,
:)24, .'>34, ;k),), 569, 601,
PIERRE-KERAIOND DE SAUVE, fils du précédent,'
pp. 711, 7-">.^, B29, 83o, 8.5o.
PIERRE-RAIMOND DE SAUVIAN, p. 137.
PIERRE S.WARIC, maître de la milice de l'ordre
de la Foi, p. ^>^^.
PIERRE-GUIRAUD ou GUILLEM DE SEGURET,
p. 53d.
PIERRE -OLIVIER DE TERMES, pp. 07, 143,
339.
PIERRE DE TOULOUSE, prieur & maître de la
maison du Temple, p. ."14.
PIERRE DE TOULOUSE, viguier du comte, à
Toulouse, p. 690.
PIERRE DE LA TOUR, p. 1 5.).
PIERRE VAIRAT LE GROS, p. 100.
PIERRE DE VAUX-CERNAY, pp. 161, 228, 284,
294, 359, 36o, 36i, 352, 363, 3,^4, 36.j, 366,
367, 375, 376, 377, 378, 379, 38?, 384, 380,
386, 387, 388, 389, 393, 398, 399, 402, 404,
420, 425, 427, 429, 438, 442, 443, 444, 44;';,
446, 447, 448, 449) 4-")o. 401; vient dans la
Piovince avec son oncle Gui, p. 2.5o; son récit
du sac de Béziers, p. 289^ son récit du concile
de Saint-Gilles de 1210, p. 33j.
PIE:RRE VIDAL, poète provençal, natif de Tou-
louse, pp. 162, 177, .0.56; ses aventures, p. i63.
PIERRE DES VIGNES, ministre de Frédéric II,
pp. 766, 769.
PIERRE DE VILAR, p. 44.
PIERRE DE VILLENEUVE, p. 601.
PIERRE DE VOISINS, chef de la maison de Voi-
sins, pp. 46"), ")i"), 63o, 65o, 6:")7, 667, 668,
701, 723.
PIERRE DE VOISINS, fils du précédent, sénéchal
de Toulouse, pp. 793, 811, 822, 840, 8.12, 8,5."»,
8.57, 867, 870, 871.
PIERRE, chevalier, chambellan du roi, pp. 918,
919.
PIEP>RE, charpentier du Fuy, fonde, en 11 83,
une confrérie pour le rétablissement de la paix,
pp. 106, 1 07, I oS.
PIERRE, maître des Templiers, p. .O27.
Piebiie-Alue, église à Castelnaudary, p. 665.
PlERBECLil-iKnE, p. 7JÔ [Haute-Vienne), arr. Je
Limoges.
PiEniiELATTE, comté, pp. .Oi, 486, 6^4.
Piicr.REPEr.TLSE, château, pp. i.5o, 714, 722, S.jj.
PlERRCPERTL'/.ÉS (pays de), p. 809.
PiEussE, PiEtssAx, PoNCUN, château du Razcs,
pp. .')44, .Î64, 6.5'); Piemses [Aude), arr. de Li-
moux.
PiG.wN, château, pp. i35, i3j, 184, 202, 5i2
[Hérault), arr. de Montpellier.
PILFORT DE RABASTENS, pp. 196, yoi, 545,
537, 629, 704.
PINCELE, femme de Géraud, comte d'Armagnac,
pp. 811, 876.
PiNEL, monastère de l'ordre de Gramont, pp. 552,
l'>9-
PiSANS; leur guerre contre les Génois, pp. 14, |5,
16, 17; leur alliance avec le seigneur de Mont-
pellier & l'évéque de Maguelonne, p. 18; ten-
tent de s'emparer du pape Alexandre III, p. 1 1 1 .
PiSE, ville d'Italie, pp. 590,945; fait un traité
avec la ville de Narbonne, p. 59.
Plaintes des légats contre Bérenger, archevêque
de Narbonne, pp. 232, 234.
— de Raimond Vil contre le clergé, & plaintes
du clergé contre les baillis du roi, pp. 680,
681, 707,
PocLET, abbaye en Catalogne, pp. 175, 233, 239.
Poblicains, nom donné aux hérétiques de l.a Pro-
vince par un canon du concile de Latran.
p. 86; en Flandre & en Bourgogne, ils s'appel-
lent Poplicains, p. 6.
Pot.siE provençale, p. 948.
Poètes provençaux célèbres, pp. iSi, 162, i63,
164, i65, 166, 167, 740.
Poitiers, p. 98.
Poitou, pp. 091, 742, 823, 862, 900.
PoLiGNAc, château, pp. 467, 94-'; ses vicomtes,
p. 527.
POLIGNAC (vicomte de\ pp. 7, i3o, 919.
P0MER01.S [alias PoMEinoLs), château, pp. 534,
657, 681, 872; Pomcrols [Hérault), arr. de Bé-
liers.
PoNCiAN, château. Foye^ PiECS.îns.
PONS D'ARSAC, archevêque de Narbonne, pp. 3,
5, II, i3, 17, 41, 43, 55, 62, 65, 74, 340;
assiste, en 1179, au concile de Latran, p. 85;
déposé, p. 97.
PONS, évèque d'Agde, p. 784.
PONS, évèque de Béziers, pp. 882, 883.
PONS, évèque de Carcassonne, p. 5.
PONS, évèque d'Urgel, p. 716.
PONS AMELII, abbé d'AIet; date de sa mort,
p. i58.
TABLE GENERALE DES NOMS ET DES MATIÈRES. ioi5
PONS, abbé de Saint-Gilles, p. 439. PONS, seigneur de Vissée, p. 799.
PONS UE BRAM, abbé de Snint-Hilaire, p. i.03. Pontoise, p. 7,")rj.
PONS, prieur des frères prêcheurs en Provence, PoriAN, château, pp. i36,i02j Poup'ian (_Hcr~-iuU),
p. 7^1. arr. Ai Lodeve.
PONS DE ARLENC, neveu de Pons, vicomte de PoM- de la Daurade, à Toulouse, p. 690.
Polign.ic, p. .17. — jç pierre construit à Avig)ion, en 1178, par
PONS AMELII, baron de lAIbigeois. Voye^ PONS saint Bénézetj sa description, pp. 77, 209.
AMELIUS DE CAHUZAC. nui
. „ . , ,,„ Pont-Haut, lieu, p. 170.
PONS D'ASTOAl'D, chancelier de Raimond VII, r- ■. . „, >
,,.,, j D • -/• toi rOXT-bAiNT-tsi'Biï, pp. i.i4, ro:), 0.14, 004, S14;
puis d Allons* de Poitiers, pp. 7.)5, 77J, ooJ, ' rr . n» / > t> ■' "t' .'^>
S o 0 0 3 0, 0- 0.,- a„„ ,„i sa construction ; opposition du prieur de Saint-
804, Cl, 012, 0 3, 021, 074, 09a, 099, goi, c • j n no n
y ' ' ' /t> > ' yy> y > Saturnin du Port, pp. 889, 890; ressources em-
" ■ , ployées pour le construire ; confrérie de frères
PON5-AZEMAR, p. 6,:u donnés, p. 891 ; ses dimensions, p. 892.
PONS DE BEAUMONT, bailli de la Grave, p. .375. „ „ ,. -, . n ^
'^ ' HoNT-un-boncLE.s, château, pp. 3o4, 048, 046;
PONS DE BESSAN, p. 2o3. „„y Sor^ucs ^rauduse), arr rAvignon.
PONS AMELIUS DE CAHl'SAC, seigneur de l'Ai- po^TlrRS (frères). J'oyc-, HosiMTALiEns de Saint-
bigeois, pp. 7'4, «11. Bénézet, p. 891.
PONS DE CAPDL'EIL, poète provençal, p. i65. Pontig.vv, abbaye, pp. i,3, 78, r,i6.
PONS DE CAUX, p. 52:.. Foplicains. Voyez Pohlicains.
PONS DE DOL'UGNE, p. 4, PonciiEniA, lieu du comté de Meigueil, p, 49.
PONS-PIERRE DE GANGES, p. 742. p^,,. j.^^p,^ p, .^j,
PONS-HUGUES, frère d'Hugues, comte d'Ampu- d- Cluse d
I le.
rias, pp. 4l3, 881, 924. , , ,, n
' "^r -r ' ' / T — tle Lattes, crée en 1 1 0 1 , p. ici.
PONS-JORDANI, hérétique, p. 249. „ , , « « . ,
^ "^ J' , _ . . For.T.s de la Méditerranée appartenant au comte
PONS-GAUCELIN DE LUNEL, fils de Raimond- ^^ Toulouse , le monopole de leur commerce
Gaucelin, seigneur de Lunel, pp. 47, 64, 69, est donné aux Génois, pp. 6 1 , 62.
' ' ■'' ^ '' PonT-SAi.NTE-MAïui;, pp. 724, 7J."i '■Z.o(-(5--Gi;ro;:«r'),
PONS DE MATAPLANE, p. 88. „^^ H'Aaen. f^" ' -» ^ ^•
PONS DE MONTLAUR, pp. 4-, 25^, 335, 433, p^,,.^^ Montolieu, i Toulouse, p. 009.
!}z6, ."i?.^, .533, 6q3. « ■ j j- • jitt ■ o
' ' ' Portes, seigneurie du diocèse d Uzes, pp. 107,
PONS-AMANIEU DE NADAILLAN, p. -jô'). 39.5.
PONS U'OLARGUES, pp. 66, 76, 137, 325, J87, Poutet, pp. 1 J9, 327; '« prieur des frères prê-
601, 73s, "37, 744, 7^4»''^°' 9^^- cheurs y réside après l'expulsion des religieux
PONS I, vicomte de Polignac, p. 8; réclame l'in- ^' Toulouse, p. 691 {Haute-Garonne;, a,r. Je
tervcntion du rt.i lors de ses diff/rcnds .ivec Toulouse.
révéque du Puy; est prisonnier du roi de PdSgt ièhes, château , a ujourd'h u i \'a uvcrt, pp. c 8,
France, p. 34; il termine ses différends avec 4^5, ."104, 5ic.
révêque du Puy; différentes phases des négo- Poiget, château, pp. 71, 101, i36, i83, 202
ciations, pp. 35, 36, 37, 38. [Hérault), arr. Je Lojève.
PONS II, vicomte de Polignac, p. 98. Polille, pays d'Italie, p. 893.
PONS III, vicomte de Polignac; succède à Hé- Pot L\ ou Poils, dans le diocèse de Nimcs, p. 64
racle III, son père, pp. 99, 134. [GarJ/, arr. Je Nimes.
PONS IV, vicomte de Polignac, p. 467. PotssiN, seigneurie, p. 396.
PONS V, vicomte de Polignac, pp. 528, 567, 798. Poi/.IN, château, p. 710 (Ard'echt), arr. Je Privas.
PONS POMMADE, bourgeois de Toulouse, p. 5i 1 . PriAnELr.RS, lieu du Vivarais, p. 395.
PONS DE LA REDORTE, p. 827. Pbades, village du Rouergue, p. 166; PraJes-Sé-
PONS DE RIGAUD, maître du Temple, p. 189. gur {Aveyronj, arr. de RoJe^.
PONS AYMAR DE RODELE, chevalier, p. .568. Pp.Aprs, près Pamiers. p. 852; prohahUment Pra-
PONS-ROGER, hérétique convsrti ; pénitence à Jctta iAnége), arr. J.- P.imi:rs.
lui imposée par saint Dominique, p. 253. PnATS, château d'Aragon, p. 118.
PONS, vicomte de S.iin t-Antonin, p. 386. Pp.EiXAX, château, pp. 314, 3i8, 65o [Aude), arr,
PONS DE SAINT-GILLES, des frères prêcheurs, Je Carcasronne.
p. 839. PuÉMONTiif: (ordre de), p. 10.
PONS dp: SAINT-JUST, p. 486. PRF.Tr.E.s blancs, nom des hospitaliers du Pont-
PONS DE THÉSAN, pp. 325, 61. Saint-Esprit, p. 891.
PONS, comte d'L'rgel, p. 759. PniMATlE prétendue de l'archevêque de Tolède sur
PONSDE VALLAUQUEZ, chevalier, p. 2i3. plusieurs provinces ecclésiastiques, p. 466.
PONS DE VILLENEUVE, chevalier, sénéchal de Pnis, lieu du Rouergue; Raimond VII y meurt,
Toulouse, pp. 6i5, 621, 625, 666, 697, 744, p. 8--3; Pri^ iAveyron), arr. Je Fillr/ranchc-Ju-
753. Rouergue.
ioi6 TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
Privas, château, p. 710 [Ardcchc). Puyiiinoi, (montagne de), p. 779 (Lct-&-Garo,ine),
Privilèges accordés, en 1167, aux habitants du arr. d'Agen.
hoiirg de Foix, p. 3i. Pi Y des Pexdls, lie» où étaient situées les four-
— accordés par le vicomte de Polignac aux cha- ches patibulaires de Beaucaire, p. 490,
iioines & aux habitants de Brioude, p. 98. Plï-Sainte-Marie. Foye^ PuY.
— accordés aux habitants de Nimes, p. ici. PtysEr.GuiER, château, pp. 3i5, 046; Puisserguicr
Procédure des inquisiteurs réglée par le concile [Hérault), arr. de Bé-^iers.
de Narbonne, pp. 764, 755. Puïveut, château, p. 34^; Puivert (Aude), arr. de
Procédures des inquisiteurs dans la Province, Limouv.
pp. 700, 701 , 780.
Prouille, monastère, pp. 2,^4, 389, 468, 469,
.561, 552, 564, 80J, 870, 906, 91J; sa fon- (~^
dation, pp. 253, 254. ^C_
Provekce, pp. 21, 74, 110, ii5, 116, 127, 169,
216, 591, appartient à Raimond, comte de <^i-ara.nte, abbaye, p. i52.
Toulouse, p. 22; sa possession disputée à Rai- — (abbé de), pp. 757, 767, 825, 842, 870.
mond par Alfonse, roi d'Aragon, p. 23; est ce- Qlerci , pp. 41, 67, 100, 110, 128, i3i, i33,
dée par ce dernier à Raimond-Bérenger, son 169, 173, 174, 287, ,3o7, 386, 389, 447, 449,
frère, p. 33; échangée par le roi d'Aragon con- 461, 454, 514, 5i5, 525, 552, 504, 558, 583,
tre le comté de Roussillon, p. ii3; prise en 087, 634, 641, 642, 649, 683, 727, 754, 807,
général, la Provence comprend la province de 811, 812, 822, 823, 859, 862, 863, 895, 900,
Languedoc, p. 935. 918, 9J0, 943; le duc d'Aquitaine y porte la
— (marquisat de), pp. 807, 8i3. guerre en 1188, p. 1 28 ; est cédé par Philippe-
Prud'iiommes de Toulouse, p. i32. ' Auguste au roi d'Angleterre, p. 134; rentre nu
„ ,, / ^o - o pouvoir du comte de Toulouse, p. 179; conquis
Psalmodi, abbaye, pp. 04, 60, 417, 781. 1 ■ . j c j nîi r
1 .r ' t /' / • par les croises au nom de Simon de Montfort,
(abbe de), p. j:>.>. p_ _^.^.-, . revient tout entier, sauf sa capitale, à
Pli de Boxaiocexs, p. 727, ancien nom de Castcl- Raimond, p. 575.
nau-de-Bonafous. _ (sénéchaussée de], p. 936.
Pui ou Garde de Vébrln, p. 193; corr. Valros Quéridcs, château, pp. 842, 859.
(Hérault), arr. de Béliers. n.t. „.!.«. /- 00
^ . . t^uÉRiGUT, château, pp. 699, 889.
PuJAULT, château, pp. 93, |33; Pujaut (Gard), r. ■ ,. ■ j \ •/ 1 t ■ • \ , c- ■
j^.Tj , ' ri / > > I \ /i — (seigneurie de), p. 064 [Arïege), arr. de Foix.
„',,"„ _ .... Qleste, pp. ii5, 939.
PuJOL, château , Haute-Garonne, auj. écart de la ^ ' , . , , . .
commune de Sa.nte-Fo. d'Aigrefeuille, canton Q'L"=" °;' î^""'> ^°"'-'"'" .'^,°""^*" ^^^^ PP' '^^•
deLanta,pp.4i9, 420; sa prise, sa destruction, '^77, Ou, 707, 889; Qme {Ar.ege), arr. de Foix.
p. 635. Qii.NTAL, heu, p. 720.
PuNiTiOM des crimes dans la Province, vers la fin
du treizième siècle, p. 937
PlY (le), pp. 88;, 948; péages qui y sont levés, X)
p. 37. t\
— (diocèse du), pp. 332, 64D.
— (église du), pp. 35, 863. R. évéque d'Elne, p. 38o.
(évcque du), p. 862, 868. R., archidiacre de Saint-Nazaire, évéque de Béziers,
— (Notre-Dame du), p. 35. P' ^^ •
— (régale du), p. 863. «• ^^ CHAUDERON, p. 5o3.
o ,. .,,. . ■,,■>■- R. DE CHER ou DE QUIE, p. 127.
PuYCELSi, château en Albigeois, pp. 362, 37J, 419, ,,1; <-,-, .u «cci- 1 i- o
^n ~ ",, ■ 7i' R- DE COARASSE, chevalier, p. 408.
587, 7.-)2, 794; SCS murs sont détruits, p. 633; ' "«'<^') y- -^v»-
SCS habitants prêtent serment au roi après la ^- DE CONQUES, notable de Montpellier, p. ôcç.
révolte de Raimond VII, en 1242, p. 754; P ui- R- GAL'CELIN, habitant de Tarascon, p. 488.
celcy (Tarn), arr. de Gaillac. R. LAMBERT, consul de Montpellier, p. 609.
PuY-CoRXET, p. 711 (Tarn-£— Garonne), arr. Je R- LOUP, consul de Mon tpellier, p. 609.
Montauian. R. D'ORGUEIL, p. 7-3.
PuYLACliEi!, château, p. 47 (^Hérault), arr. de Lo- R. DE SAURET, notable de Montpellier, p. 609.
''^''<^- Rabastexs, château de l'Albigeois, pp. 197, 237,
PuY-LA-RoQUE, château, p. 287 {Tarn-&-Garonne), 346, 362, 375, 385, 629, 772, 8o5, 902, 918;
arr. de Montauban. soumis par Simon de Montfort, p. 432; charte
PuYLAURENS, château, pp. 44, 368, 375, 385, 536, àe Raimond VU en faveur de ses habitants,
618, 654,666,754,844,859; pris par Simon p. 627; ses murs sont détruits, p. 635; les che-
de Montfort, p. 358; se soumet à Louis VIII, valiers & les bourgeois prêtent serment au roi
roi de France, p. 6o5; ses murs sont détruits, après la révolte de Raimond VII en 1242,
p. 635; les inquisiteurs y passent en 1287, P- 7M-
p. 702 (Tarn), arr. de Layaur. — (consuls de), p. 811.
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
RlBAT, château, p. dl5 (Aricge), arr. de Foix.
— (seigneurs de}, p. 554.
Rachat du service de Terre-Sainte imposé par
Alexandre IV à ceux qui n'étaient pas en état
de faire ce voyage avec Alfonse de Poitiers,
p. 85o.
RAIMBAUD, évéque élu de Vaison, p. 409.
UAIMBAl'D, frère de Tiburge de Montpellier,
comte d'Orange, p. 7').
RAIMBAl'D, (ils de Tiburge de Montpellier &
de Guillaume d'Omelas, quitte le surnom
d'Omelas pour celui d'Orange, p. |36.
RAIMBAUD DE CALM, p. 486.
RAIMON'D DES ARÈNES, cardinal-diacre de
Sainte-Marie in Via lata, pp. 41, .ïp, 69.
RAIMOND, archevêque d'Aix, p. 764.
RAIMOND, archevêque d'Arles, p. 68.
RAIMOND-GUILLAU.ME DE MONTPELLIER,
évéque d'Agde, pp. 119, iSy, 182, 18.!, 2o3,
208, 224, 220, .il 5, 326, 33o, 466.
RAI.MOND, fils de Guillaume VII de Montpellier,
p. 46; religieux de Cîteaux, plus tard évéque
d'Agde & non de Lodève, p. jjS ; son élection;
années pendant lesquelles il exerce sa charge;
son testament, p. 124.
RAIMOND DE VALLAUQUEZ, évéque de Béziers,
p. 726.
RAIMOND DE SALLE, évéque de Béziers, pp. 726,
784,827.
RAIMOND -ARNAUD, évéque de Comminges,
pp. 182, 2aû.
RAIMOND-GUILLAUME, oncle de Guillaume, sei-
gneur de Montpellier, abbé d'Aniane, plus tard
évéque de Lodeve, pp. 62, 66, 72, 118, 172 ; sa
mort, p. 1 19.
RAIMOND, évéque de Lodève, p. 869.
RAIMOND, évéque de Nimes, pp. 728, 75."), 764.
RAIMOND DE RABASTENS, archidiacre d'Agen,
puis évéque de Toulouse, pp. 197, ^36, 2Jo,
24.5, 258, 3oo, 490; reconnu comme évéque de
Toulouse, p. 226; son élection est cassée comme
simoniaque, p. 227; déposé par les légats, p. 237;
envoyé à Rome par Raimond VI, p. 258.
RAIMOND DU FELGAR (DE FAUGA), prieur
des frères prêcheurs, puis évéque de Toulouse,
pp. 701, 702, 7o5, 707, 738, 774, 779. 8i5,
824, 825, 879, 906; suit l'exemple de Foulques,
son prédécesseur, & poursuit vivement les héré-
tiques, p. 669; est chassé de Toulouse avec les
inquisiteurs, pp. 69:1, 691; négocie la paix
entre Louis IX & Raimond VII, pp. 748, 749 ;
ses démêlés avec les commissaires du pape,
pp. 877 & suivantes.
RAIMOND DUZÈ5, évéque d'Uzès, pp. 26, 38,
87 j assiste, en 1 1 79, au concile de La tran, p. 86.
RAIMOND, évéque d'Uzès, p. 87.
RAIMOND, évéque d'Uzès, légat apostolique,
pp. 148, 33i, 334, 345, 38c., 454, 616, 83;.
RAIMOND, évéque de Viviers, pp. 41, 74, 7-"'-
RAIMONDARNAUD, abbé de Bonnefont, p. 852.
RAIMOND, abbé de Candeil, p. 855.
ICI 7
RAIMOND DE ROFFIAC, abbé de Moissac,
pp. 329, 523, 6o3, 701 ; ses plaintes contre Si-
mon de Montfort, pp. 391, 392.
RAIMOND, abbé de Psalraodi, p. 797.
RAI]\10ND, abbé de Sa int-Antonin de Pamiers,
p. 127.
R.AIMOND, abbé de Saint-Guillem, p. 3.
RAIMOND, abbé de Saint-Martial de Limoges,
p. 665.
RAIMOND, abbé de Saint-Pons, p. 3.
RAIMOND, abbé de Salvanez, p. 82.
RAIMOND, prévôt de la cathédrale de Toulotise,
p. 75--.
RAIMOND DE CHARTRES, inquisiteur, p. 858.
RAIMOND VITAL, inquisiteur, p. 767.
RAIMOND DE CANTIO, jacobin, p. 788.
RAIMOND DE COSTIRAN dit l'Ecrivain, prieur
de l'hôpital de Capestang, p. 40; inquisiteur,
massacré à Avignonet, p. 739; avait cultivé la
poésie provençale, p. 740.
RAIMOND DE MOULINS, maître de l'hôpital de
Jérusalem, p. 59.
RAIMOND DE DEVENTER, prêtre, p. 218.
RAIMOND D'ABAN, pp. 81 5, 91 5, 920.
RAIMOND D'AGOUT, chevalier, pp. 61, ni,
278.
RAIMOND AGALERIUS, p. 545.
RAIMOND D'ALFARO ou D'ALFAR, viguier de
Raimond VII, pp. 734, 739, 789, 804.
RAIMOND D'ANDUZE, p. 711.
RAIMOND D'ANIORT. Voyc^ R. DE NIORT.
RAI.MOND DES ARÈNES, cardinal. Voyc^ plus
haut,
RAIMOND D'ARGENS, p. 6S4.
RAIMOND D'ARSAC, p. 241.
RAIMOND DE BAINIAC, chef des hérétiques, ré-
fugié en Albigeois; vient à Toulouse 8c compa-
rait, à Saint-Étienne, devant le légat 8c les
évéques assemblés; fait une profession de foi
catholique, mais refuse de l'affirmer par ser-
ment, p. 83; est excommunié; se réfugie à La-
vaur, pp. 84, 95; se convertit 8c devient cha-
noine de Saint-Sernin, p. 96.
RAIMOND-BÊRENGER IV, comte de Barcelone,
pp. 68, 139, 616, 699.
RAIMOND DES BAUX, pp. 45, 68.
RAIMOND DES BAUX, pp. 278, 281.
RAIMOND DES BAUX, prince d'Orange, pp. 704,
7°7. 772. 818.
RAIMOND-FORT DE BEAUPUY, p. 244.
RAIMOND DE BELAROS, p. 489.
RAIMOND DE BENQUE, p. 706.
UAIMOND-JiERNARD, p. 53 1.
RAIMOND BESANT, ha bitant de Toulouse, p. ici.
RAIMOND-ROGER, vicomte de Béziers & de Car-
cassonne, fils de Roger II 8c d'Adélaïde de Tou-
louse, p. 142; succède à son père dans la vicomte
de Béziers. pp. i56, 176, 220; s'allie à Kai-
mond-Roger, comte de Foix, contre Raimond VI,
ioi8
TABLE GENERALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
p. 1 93 j accorde divers privilèges à l'ordre du
Temple, p. 194; épouse Agnes de Montpel-
lier, p. 207; s^'^g'^g^ plusieurs de ses dom<'ii-
nes à l'évèque de Béziers, p. 208 ; tente inutile-
irient de faire sa paix avec les croisés; pourvoit
à la sûreté de ses places; va s'enfermer à Car-
cassonne; implore le secours du roi d'Aragon,
p. 286; se défend dans C.'ircassonne, pp. 291,
292; capitule, pp. 294, 29"); est enfermé dans
une étroite prison, pp. 296, 297; y meurt de
dyssenterie ou de mort violente; ses obsèques,
p. 21?).
RAIMOND-TRENCA'VEL, vicomte de Béziers &
de Carcassoniie; rompt la paix conclue entre lui
& Raimond, comte de Toulouse, p. 27 ; est assas-
siné par des bourgeois de Béziers dans la cathé-
drale; motifs, détails & date de cet assassinat,
pp. 28, 29; son testament, p. jo; ses assassins
sont excommuniés par le pape, p. 3i .
RAIMOND-TRENCAVEL, vicomte de Béziers, fils
de Raimoiid-Roger & d'Agnès de Montpellier,
p. .Ti.). Foycî TRENCAVEL.
RAIMOND DE CAHORS ou DE SALVANHAC,
bourgeois de Montpellier, pp. 35o, 392, 872.
RAIMOND DE CAHORS, fils de Raimond, p. B72.
RAIMOND DU CAILAR, p. 64.
RAIMOND DE CANET, p. .') 1 .
RAIMOND DE CAPENDU, pp. ;-.74, 760, 768, 784.
RAI.^IOND CARBONERII, p. 73;.
RAIMOND, vicomte de Cardone, pp. 65 1, 700,
887, 888.
RAIMOND DE CASTELBON, p. 364.
RAIMOND DE CASTELNAU, pp. 79, f 1 .
RAIMOND DE CASTRIES, p. 7 1 .
RAIMOND, seigneur du Cayla, p. 837.
RAIMOND DE CAUSSADE, p. 746.
RAIMOND DE CAUVISSON, baile & viguier de
tous les domaines des seigneurs de Liincl,
p. 4.">7-
RAIMOND DE COMIAC ou COMINIAC, pp. 7Ô4,
705.
P.AIMOND DE DOURGNE, p. 666.
RAIMOND DE Dl'RHAN, p. 826.
RAIMOND DE DURFORT , poète proveni,nl,
p. 166.
RAIMOND DE DURFORT, p. 732.
RAIMOND-BERNARD DE DURFORT, p. 7 I 1 .
RAIMOND FERROI., p, i55.
RAIMOND-ROGER, comte de Foix, pp. 126, 127,
208, 228, 25i, 412, 462, 499, 529, 536, 537,
575,792; part pour la Terre-Sainte, p. 134;
revient en Europe; reçoit du roi d'Aragon le
pays de Fenouillèdes, p. r5o; sa guerre avec les
comtes de Comminges & d'Urgel, p. 184; s'allie
avec Raimond-Roger, vicomte de Béziers & de
Carcassonne, contre Raimond VI, p. 193; est
fait prisonnier par le comte d'Urgel, p. 198;
fait sa paix avec le comte d'Urgel, p. 248; con-
ditions de cette paix, p. 249; accusations portées
contre lui par l'abbé de Pamiers, pp. 309. 3io;
est chargé de la garde de Raimond-Trencavel,
vicomte de Béziers; donne son fils en otage à
Simon de Montfort, p. 3i4; se brouille avec
ce dernier, p. 3i8; fait sa paix avec l'Kgiise
par l'intermédiaire du roi d'Aragon, p. 346;
attaque & bat des croisés allemands à Mcntgey,
p. 355; s'allie avec Raimond VI contre Simon
de Montfort, p. 369; combat les croisés devant
Castelnaudary , pp. 371, 372; sa bravoure,
p. 372; est battu, p. 374; défie Montfort,
p. 376; va à Monta uban; combat les croisés,
p. 390; défend ses domaines contre Simon,
p. 3j,'!; étend ses courses vers Carca.'sonne &
Narbonne, p. 396; prête serinent au roi d'Ara-
gon, p. 406; ne répond à de nouveaux actes
d'hostilité de Simon de Montfort que par un
appel au pape, p. 493; mis au rang des poètes
provençaux, p. 559; *'' mort, p. 562; son testa-
ment; ses enfants, son héritier, p. 563.
RAIMOND-ROGER, fils de Bernard de Comminges,
seigneur de Savez, p. 720.
RAIMOND DE FOIX, chevalier, p. 564.
RAIMOND FOr.C, vicomte de Cardone. Fcyi-^ plus
haut.
RAIMOND, seigneur de Ganges, p. 83r:.
RAI.MOND-PIERRE DE GANGES, p. 755.
RAIMOND GARSIAS DE LÉRIDA, p. 498.
RAIMOND GAUTIER, habitant de Toulouse,
pp. 101, 145.
RAIMOND DE GILAHERT, p. 127.
RAIMOND DE GINESTOUS, p. 524.
RAIMOND-GUILLAUME, juge & chancelier de
Raimond \'I, pp. 189, 196.
RAIMOND-JOURDAIN DE L'ISLE, pp. 734, 811.
RAIMOND-JOURDAIN, fils d'Odon de Terride,
pp. 734, 880.
RAIMOND DU LAC, p. 827.
RAIMOND DE LAMBERT, p. 169.
RAIMOND HUNAUD DE LANTA, p. 671.
RAIMOND LOMBARD, baile de l'honneur comtal
de Carcassonne, p. 208.
RAIMOND-GAUCELIN, seigneur de Lunel, pp. 46,
47, 5o, 62, 64, 68, 2o3, 278, 279, 281, 414.
457.
RAIMOND-GAUCELIN, seigneur de Lunel, fils du
précédent, pp. 608, 707, 729, 734, 735, 737,
752, 758, 771, 772, 773, 776, 8i5, 816, 818,
822, 829, 788, 860, 869, 873.
RAIMOND DE LUNEL, p. 199.
RAIMOND DE MANDAGOUT, p. 4-.
RAIMOND-MARC, alias MARCHI , clerc du roi,
pp. 913, 916.
RAIMOND DE IMAUVOISIN, p. 35o.
RAIMOND, comte de Melgueil, fils de Raimond V,
comte de Toulouse, l'oye^ R. VI, comte de Tou-
louse.
RAIMOND SEGUIN DE MELGUEIL, p. 899.
RAIJMOND DE MIRAVAL, poète provençal, p. 556.
RAIMOND-GÉRAUl) DE MOISSAC, p. 773.
RAIMOND DE MONTCADE, pp. 68, 241.
RAIMOND DE MONTCADE, seigneur de Fraga,
p. 945.
RAIMOND DE MONTAUBAN, p. 489.
RAIMOND DE MONTAUT, p. 448.
TABLE GENERALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
de Toulouse
1019
UAIMOND-ATON DE MUUVIEL, fils deTiburge
& d'Aymar, p. i,!5.
KALMOND DE NIORT, pp. ôi.'., 72.-).
RAIMONU, vicomte dOnges, pp. 30-, ^^:,3.
RAI.MONU D'ORZALS, p. jk).
RAIMOND PELET, seigneur d'AIais, p. 207, 281,
334, 4r8, 486, 504, .110, 024, 535, 756, S.).',
8q5.
RADIOND DE PENNAFORT ^frère), cnnoniste.
p. -96.
RAIMOND DE PÉRÈLE, pp. 766, 7Û8.
RAIMOND DE PIGNAN, p. iSj.
RAIMOND DE POSQUIÈRES, p. 5 10.
RAIMOND -BÉRENGER, comte de Provence;
prend le titre de comte de Melgueil, p. 17; tiié
RAIMOND V, coint
34, 82, 89, 121,
étendue de ses domaines, pp.
devant Nice
69.
RAIMONU-BÉRENGER, autrement dit PIERRE,
frère du roi d'Aragon, comte de Provence,
pp. 34, 44, 59, 83, 91, I i3i abandonne le nom
de Pierre, & reçoit du roi, son frère, la Provence
en commenji-, avec les comtés de Rodez & ("e
Gévaudan; cède à Alfonse le comté de Cnrcns-
sonne, p. 33; est tué dans une embuscade,
p. 93; est inhumé dans la cathédrale de Ma-
guelonne, p, 94.
RAI.MOND-BÉRENGER, dernier du nom, comte
& marquis de Provence, comte de Força Iqiiier,
fils d'Alfonse II, roi d'Aragon, pp. 3'-7, 43 1,
553, 608, 664, 676, fiSc, 698, 704, 7i3, 7ir.,
729, "33, 774, 775; succède dans le comté de
Provence i Alfonse II, sous la tutelle de Pierre,
roi d'Aragon, p. 3t-; se réconcilie avec Rai-
mond \ II, p. 725.
RAIMOND DU PUY, p. 8.8.
RAIMOND DE QUIÉ, p. 5^i.
RAIMOND III, seigneur d'Uzès, p. 837.
RAIMOND DE LA REDORTE, p. 5i.
RAIMOND DE RICAUD, viguier. puis sénéchal
de Toulouse, pp. 196, 329, 35i, 403, 52i.
RAIMOND DE ROGER, chevalier, p. 869.
RAIMOND-ROGKR, frère du comte de Pailha?,
p. 887.
RAI.MOND DE RO(^UF.FEL'IL, fils de Bertrand
d'Anduze Se d'Adélaïde de Rcquefeuil, mari de
Guillelmetie de Montpellier, pp. 47, 2o3, 414,
471, '5 o3, 600, 601, 903.
RAI.MOND- OAUCELIN DE SABRAN, p. 869.
RAIMOND-JOURDAIN, vicomte de Salnt-Anto-
nin, poète, p. 55i.
RAI.MOND DE SALMTE-EIGÉNIE, p.
RAIMOND DE SAINT-PAUL, p. 893.
r,
oye
.,74.
RAIMOND DE SALVANHAC.
DE CAHORS.
RAIMOND -ARNAUD DE SAISSAC, p
RAIMOND DE SAUVE, p. 241.
RAIMOND-HUGUES DE SERRE-LONGUE, p
RAIMOND DE SIERRA LONGA, p. 85(5.
RAI.MOND DE TAIS, p. 792.
RAI.MOND DE TERMES, pp. 143, 326, 339^
341, 342.
RAIMOND, fils d'Olivier de Termes, p. 856,
869.
RAIMOND
719.
34c
pp. 3, 4, 26,
I2,i, 126, 170; sa séparation
avec Constance, pp. 7, 8; séjourne à Beaucaire,
p. i5; campe entre les Génois & les Pisans, près
de Saint-Gilles, p. 16; s'allie à Raimond-Béren-
ger, comte de Provence; causes de cette alliance,
p. 19; embrasse le pnrti de l'antipape Pas-
cal III, p. 19; donne l'ordre aux eccléslasti-
t|ues qui ne veulent pas reconnaître l'antipape
'le sortir de ses Etats, pp. 19, 20; est maître du
Dauphiné, p. 20; est cause de l'interdit jeté
par Alexandre III sur le comté de Toulouse,
p. 2 I ; se saisit de la Provence; épouse Richilde,
veuve de R:ninond-Bérenger ; répudie Cons-
tance, p. 22; a pour compétiteur Alfonse, roi
d'Aragon, pour la possession de la Provence,
p. 23; son entrevue avec Henri, roi d'Angle-
terre, p. 24; continue la guerre contre le roi
d'Aragon, p. 25; fonde les abbayes de Bonne-
combe, de Feuillans & d'Eaunes, pp. 26, 27; le
roi d'Arajon lui suscite pour ennemi le comte
de Savoie, p. 27; dispose des biens de Roger,
vicomte de Béziers, p. 3i; s'unit avec le comte
de Força Iquier contre le roi d'Aragon ; confirme,
en 1168, les privilèges accordés à l'abbaye de
Grandselve par ses prédécesseurs, p. 32; est, k
la cour du roi de France, un des juges du diffé-
rend entre l'évéque du Puy & le vicomte de
Polignac, p. 36; est donné pour caution par
Pons, vicomte de Polignac, lors du règlement
de ses différends avec l'évéque du Puy, p. 37;
fait, en 1 169, un voyage dans le bas Languedoc
& y reçoit divers hommages; déclare la guerre i
Roger, vicomte de Béziers & de Carcassonnc,
p. 38 ; va joindre l'empereur Frédéric aux envi-
rons du Rhône, en 1170, p. 41; passe une
partie de l'année 1 171 sur les bords du Rhône;
y continue la guerre contre le roi d'Aragon;
confirme les privilèges des églises de Cavaillon
& d'Albl; son sceau, pp. 42, 43; fait sa paix
avec Roger, vicomte de Béziers & de Carcas-
sonne, & lui donne sa fille Adélaïde en ma-
riage, p. 43; se qualifie, en 1174, comte de
Melgueil, p. 49; fait la paix avec Henri II,
roi d'Angleterre, pp. 52, 53; se ligue avec ce
roi contre ses fils révoltés, pp. 53, 54; par suite
de son divorce avec Constance, il prend parti
pour le roi d'Angleterre contre Louis le Jeune,
p. 5); abandonne les Intérêts de l'antipape &
se remet sous l'obéissance d'Alexandre III, ne
paraît pas s'être réconcilié avec Constance;
tient une cour plénière à Beaucaire, p. 6oj s.i
réconciliation avec le roi d'Aragon, p. 61; sa
charte de 1 174 en faveur des Génois; pilvilégcs
excessifs accordés par cette ch.'irte, j). 61 ; fait
sa paix avec Guillaume VIII, seigneur de
Montpellier, p. 62; passe la plus grande partie
de l'année i i 74 aux environs du Khône, p. 63 ;
sert de médiateur entre le vicomte de Béziers
& le seigneur de Lunas, p. 65; confisque la
vicomte de Montclar; quelques actes de ce
comte, p. 67; sa paix avec le roi d'Aragon,
p. 68; est à Malaiicène au moment de la mort
d'Krmessinde de Melgueil, p, 69; accorde divers
privilèges aux hospitaliers de Saint-Gilles,
p. 74; reconnaît tenir en fief le château de
Beaucaire & la terre d'Argence de l'archevêque
d'Arles, p. 76; favorise la construction d'un
io:o
TABLE GENERALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
pynt sur le Rhône, à Avignon; s'iidresse aux
religieux de Cîteaux pour combattre Thérésie
dans ses Etats, p. 77; reçoit des rois d'Angleterre
S< de France l'ordre de donner main-forte au
cardinal de Saint-Chrysogone, p. 79; donne,
en ti78, une charte de coutume à la ville de
Villemur, p. 86 ; s'allie avec plusieurs seigneurs
du bas Languedoc; motifs de cette alliance,
p. 87; raisons qui l'empêchent d'assister au
sacre de Philippe-Auguste, p. 92; soutient la
guerre contre le roi d'Aragon, p. 9.') ; fait un
voyage en Querci, puis vient à Toulouse & fait
dresser des règlements de police de l'avis du
chapitre & du commun conseil; privilèges qu'il
accorde à l'abbaye de Grandselve, p. 100; con-
tinue la guerre contre le roi d'Angleterre & son
fils; fait sa paix avec le seigneur de Montpel-
lier dont il reçoit l'hommage; fait un traité
avec Alfonse, roi d'Aragon, p. 1 10; accorde di-
vers privilèges aux habitants de Nimes, p. 1 i r;
soutient la guerre contre le roi d'Aragon & le
duc d'Aquitaine, p. 117; cède à l'évéque de Lo-
dève ce qu'il possède dans ce diocèse, p. 119;
confirme la donation de Bernard-Aton à l'église
d'Agde, p. 120; ses sœurs; sa donation à l'ab-
baye de Franquevaux; observations sur cette
donation, p. 124; fait la guerre à Richard,
duc d'Aquitaine, p. 127; est secouru par Phi-
lippe-Auguste, p. 128; son voyage vers le
.Rhône; divers actes de lui, pp. l'ij, 184; sa
paix avec Roger, p. 140; pacifie la querelle
entre le comte de Comminges & le seigneur de
l'Isle-Jourdain, p. 14^); termine ses différends
avec les évêques de Viviers, p. 147; autres diffé-
rends avec l'évéque de Vaison, p. 148; derniers
actes de sa vie, p. 155; meurt à Nimes, en 1 194,
p. 160; remarques sur la vie de ce prince,
pp. lOi, 162; ses enfants, pp. 167, i63.
RAIMOND VI, comte de Toulouse, pp. 176, 18,'?,
214, 412, 710, 860, 863; comte de Melgueil,
p. i35; succède à son père à l'âge de trente-
huit ans, pp. 167, 168; favorise les Pisans à
Saint-Gilles, pp. 14, i5, 16, 17; son mariage
avec Ermessinde de Pelet, pp. 48, 49; accorde,
en 120.'), divers privilèges aux frères du pont
d'Avignon, p. 77; est, en 1184, à la tête des
routiers, p. 110; accorde divers privilèges aux
habitants de Nimes, p. 1 i 1 ; confirme un accord
comme vicomte de Nîmes, p. 123; s'il a repris,
en 1192, la guerre contre Richard, roi d'An-
gleterre, p. 14.'^; prend possession du comté le
jour de l'Epiphanie de l'an 1 1 9.1, p. 168 ; reçoit
de Philippe- Auguste la garde de Figeac; fait
un voyage dans le bas Languedoc & la Pro-
vence; fait un traité avec le comte de Foical-
quier, p. 169; excommunié pour ses entreprises
sur l'abbaye de Saint-Gilles, p. 1 7 1 ; fait sa paix
avec Richard, roi d'Angleterre; épouse Jeanne
après avoir répudié Bourguigne de Chypre,
pp. 173, 174, 17.1; rentre en possession du
Querci; accorde des privilèges aux habitants
de Moissac, p. 179; confirme les privilèges de
l'église de Nimes, p. 180; se ligue avec le roi
d'Angleterre contre le roi de France, pp. i85,
186; s'accorde avec l'évéque de Viviers au sujet
des mines du Vivarais, p. 186; il est relevé de
son excommunication, p. 187; son ordonnance
touchant l'élection des consuls de Niircs, p. 1 09 ;
après la mort de la reine Jeanne d'Angleterre, il
épouse Eléonore d'Aragon, p. 190; fait hommage
pour le Querci & l'Agenais à Jean Sans-Terre,
p. 191; est à Carpentras en janvier I2ci, p, 192;
à Narbonne peu de temps après; son différend
avec le comte de Foix relativement au château de
Saverdun,pp. 193, 1 94 ; prend part à la guerre
entre Alfonse II, comte de Provence, & Guil-
laume ÏV, comte de Forcalquier, p. 19J; s'ac-
corde avec l'abbé de Cliiny touchant le lieu de
Saint-Saturnin du Port, p. 196; est arbitre
entre les habitants de Toulouse & ceux de Ra-
bastens, pp. 196, 197; s'accorde avec l'évéque
de Saint-Paul-Trois-Cliâieaux , p. 199; passe
la plus grande partie de l'année 1 2o3 aux envi-
rons du Rhône, p. 2c8; est à Nîmes au mois de
septembre, à Toulouse au mois d'octobre, & y
marie Indie, sa ïoeur naturelle, p. 209; reçoit
à Capestang l'hommage d'Aymeri III, vicomte
de Narbonne, pp. 210, 21 i; reçoit en eng;ige-
ment de Pierre, roi d'Aragon, les vicomtes de
Millau & de Gévaudan, p. 21 i; promet aux
légats de chasser les hérétiques de Toulouse,
p. 23-; divers actes de ce comte, p. 233; pro-
ir.et son fils Raimond en irariage à Sancie,
fille de Pierre II; douaire assigné à Sancie;
pourquoi cet accord ne fut jamais exécuté,
p. 241 ; est, en mars 1206, du côté du Rhône,
p. 24.5; est excommunié par le légat Pierre de
Castelnau, p. 249; reçoit une lettre très- vive
d'Innocent llï, pp. 2.'i."), 2.56, 2.^7; se rend aux
volontés du légat, p. 2.')3; son entrevue à Saint-
GiUes avec les légats, pp. 261, 262; est soup-
çonné d'avoir participé à la mort de Pierre de
Castelnau, pp. 262, 263; est qualifié, par In-
nocent III, de tyran & d'ennemi de la foi,
p. 265 ; envoie une députation au pape, pp. 267,
268 ; son entrevue avec l'abbé de Cîteaux à
Aubenas, p. 268; son voyage en Rouergue,
p. 269; il indispose contre lui Philippe-Au-
guste; est admis à se justifier, p. 271; pardonne
aux habitants de Nîmes révoltés; confirme leurs
statuts & leurs coutumes, p. 274; se rend au
Caylar, puis à Toulouse, p. 276; se rend à Va-
lence & promet d'exécuter les ordres du légat,
p. 276; texte du serment qu'on lui fait prêter,
pp. 277, 278; ordres qu'il reçoit du légat,
p. 278; fait amende honorable; reçoit l'abso-
lution; nouveaux ordres du légat, pp. 279,
280; déclare qu'il accorde liberté entièrc''à tou-
tes les églises existantes dans ses domaines;
s'accorde avec l'abbé de Samt-Gilles, pp. 280,
28 1 ; prend la croix contre les albigeois, p. 282 ;
rencontre l'armée à ^'alence; s'accorde avec
l'évéque d'Uzès, p. 225; se brouille avec le
légat & avec Simon de Montfort, p. 299; son
appel au pape, au roi, à l'empereur, pp. 3co,
3oi; est excommunié au concile d'Avignon,
en 1109, p. 3o5; causes de cette excommuni-
cation, p. 3o6; fait son testament, p. 807; va
à la cour de France, part pour Rome, p. 3o8;
succès de son voyage à Rome, pp. 319, 32c;
va à la cour de l'empereur & à celle du roi
de France, p. 324; assiste à la conférence de
Pamiers; vient à Toulouse avec le roi d'Ara-
gon, p. 326; ses démarches inutiles auprès du
légat pour obtenir sa justification, p. 327; est
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES. 1021
convoqué à Saint-Gilles; vn à Moissac, p. ."SjS; sitions durant le siège de Toulouse, p. ;")2i'
se rend en Provence, pp. 329, S-lj, 304; assiste cède à Pierre-Bermond de Sauve, son petit-fils,
au concile de Saint-Gilles & ne peut s'y justi- ses droits sur les vicomtes de Millau & de Gé-
fier, malgré Us ordres du pape, p. 335; sa troi- vaudan, p. 024; se rend à Nimes au mois de
siéme excommunication, p. 337; a une confé- mars 1219, p. SzS; continue la guerre contre
rence avec Simon de Montfort, pp. 338, 343; Amauri de Montfort, p. 642; inféode les bou-
rentre à Toulouse, p. 344; assiste à la confé- chéries de Toulouse; le 5 juillet 1222, il
rence de Narbonne, pp. 344, 34Ô; puis à celle meurt subitement; détails circonstanciés de sa
de Montpellier, p. 340; donne à Raimond, son mort, pp. :')49, .5.")o; son caractère, p. 55o; ses
fils, le comté de Toulouse, p. 346; se rend à bonnes qvialités & ses défauts, pp. 55 1 , 552;
Rubastens, p. 346; conditions que veulent lui étendue de ses domaines, p. 553; ses femmes, ses
imposer les légats, pp. 34'!, 347; est cxcommu- enfants, pp. 554, 555; information ordonnée
nié de nouveau, p. 348; se met en état de dé- par Grégoire IX au sujet de la sépulture ecclé-
fense, p. 349; permet aux Toulousains de por- siastique de ce comte, p. 663; ce pape s'informe,
ter des vivres aux croisés assiégeant Lavaur, en 1 234, si Raimond avait donné à sa mort des
p. 352 ; se rend au siège de Lavaur & se brouille marques de pénitence, p. 676; malgré tous les
entièrement avec Simon, p. 354; offre de remet- efforts de son fils Raimond VII, il ne peut ob-
tre au pouvoir des lég.its sa personne & ses do- tenir la sépulture ecclésiastique, p. 789.
maines, à l'exception de Toulouse, p. 359; ^*"^
une dernière tentative pour obtenir la paix; RAIMOND VII, comte de Toulouse, fils de Rai-
est poursuivi par Simon de Montfort, p. 36o ; mond VI & de la reine Jeanne, pp. 241, 711,
son entrevue avec Baudouin, après la prise de 846, 9 10, 942 ; né à Beaucaire, p. 1 8 1 ; est pro-
Montferrand, p. 36i; recouvre diverses places mis en mariage à une fille du comte d'Auver-
& assiège Simon de Montfort dans Castelnau- gne, p. 269; est dénoncé au pape comme n'étant
dary, pp. 368, 359; reçoit la soumission des pas fils légitime, pp. 394, 395; le roi d'An-
peuples du pays; plusieurs abbés lui prêtent gleterre prend hautement sa défense, p. 458;
serment de fidélité, p. 370; lève le siège de accompagne son père au concile de Latran,
Castelnaudary, p. 374; remet diverses places pp. 470, 471; domaines qui lui sont réservés
sous son obéissance, pp. 375; est admis à se en vertu des décrets du concile de Latran,
justifier par Innocent III, p. 382; sa conduite p. 475; demeure six semaines à Rome; son en-
est noircie à Rome, p. 383 ; réside à Montauban, trevue avec Innocent III; reçoit le comté Ve-
p. 385; renforce la garnison de cette ville; naissin; rejoint Raimond VI à Gênes; se rend
s'allie aux comtes de Foix & de Commingcs, avec lui à Marseille, p. 477; recouvre une par-
p. 393 ; implore la protection du roi d'Aragon, tie de la Provence; prend le commandement des
p. 394; fan de nouveaux efforts, mais en vain, troupes, p. 486; établit sa principale résidence
pour être admis a se justifier, p. 40S ; prend à Avignon; est appelé par les habitants de
le château de Pujol, pp. 419, 420; assiste à la Saint-Gilles, donne plusieurs chartes; titre
bataille de Muret, pp. 421 & suiv.; abandonne qu'il prend dans ces actes, p. 5o3 ; reçoit iinç
Toulouse après la bataille de Muret, p. 432; lettre du pape Honoré III, p. 5i3; recouvre
après s'être retiré à la cour du roi d'Angleterre, une partie de l'Agenais, pp. 521, 522; remet
il vient à Montauban & y condamne à mort son une partie du Rouergue & du Querci sous son
frère Baudouin, p. 437; se rend à Narbonne & autorité, p. 525; se rend à Baziége pour secou-
es! réconcilié à l'Eglise par le carJinal Pierre rir Raimond-Roger, comte de Foix; part prise
de Bénévent, p. 442 ; texte de l'acte de sa récon- par lui à la bataille de Baziége, pp. 529, 5!)o ;
citition; vit à "Toulouse, avec son fils, comme défend Toulouse contre Louis de France &
un simple particulier, p. 443; est obligé de contre Amauri de Montfort, p. 532; confirme
quitter le château Narbonnais & de se réfugier les privilèges des habitants de Nimes, p. 534;
chez David de Roaix, p. 453; se retire, avec récompense les habitants d'Avignon; il con-
son fils, à la cour du roi d'Angleterre, p. 457; firme la donation de la ville de Montauban en
se rend an concile de Latran, pp. 47'-, 4"^'; est faveurdu cotnte de Foix; confirme les coutumes
dépouillé de son comté pa r ce concile, pp. 47 i, & privilèges de la ville de Gai lia c, p. 542 ; reçoit
474; obtient une audience d'Innocent III, la soumission de la ville d'Agen, pp. 543, 544;
p. 475; quitte Rome, y laisse .son fils & va à soumet Lavaur, Puylnurens, Montauban, Cas-
Viterbe, a Gênes, p. 476, puis 3 Marseille, telnaudaty, pp. 535, 536 ; prie le roi Philippc-
p. 477; est entièrement dépouillé de ses Ktats, Auguste de procurer sa réconciliation avec l'K-
p. 433; a quels princes il était allié, p. 484; g''se; se rend à Avignon, p. 548; accorde divers
tente de recouvrer une partie de ses domaines; privilèges aux hospitaliers, p. 56o; assiège
la Provence se déclare en partie pour lui. Penne & Verdun-sur-Garonne, p. 565; conclut
p. 485; vient à ,\vignon & reçoit l'hommage une trêve avec Amauri de Montfort, pp. !'i66^
des h -1 bit. mis; recouvre Tarascon ; forme à Avi- 5^7; visite Amauri de Montfort à Carcassonne,
gnon une armée dont il confie le commande- p. 567; soumet le comté de Melgueil, p. 570;
ment à son fils; part pour l'Aragon, p. 486; rentre en possession d'AIbi & du Querci, sauf
lève un grand corps de troupes en Catalogne & Cahors, p. 575; envoie des ambassadeurs au
en Aragon; s'avance dans le dessein de repren- P^'P'^' ^^ demande son absolution; p. 579; s'as-
dre Toulouse, p. 493; rentre à Toulouse en sure de la ville d'Agde, p. 58 1 ; rentre dans les
1217, p. 5^6; s'y fortifie, pp. 5?7 & suiv.; y bonnes grâces de la cour de Rome, p. 582; sa
soutient le siège contre Monilort, pp. 5io & soumission & sa j-aix avec l'Efflise, pp. 582, 5J3 ;
SUIV., 514 & suiv.; fait ses dernières dispo- rend U ville & la vicomte d'Agde à l'èvéque.
1022
TABLE GENERALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
p. 533 j présent au second concile de Montpel-
lier; son serment, p. 585; rend les domaines
usurpés par lui sur diverses églises, p. 586;
envoie des ambassadeurs au pape, pp. 586, 537;
s'allie avec Henri III, roi d'Angleterre, p. 592;
est excommunié par le légat romain, p. 5^7;
ses efforts pour se concilier la bienveillance
de ses alliés & de ses sujets, p. 6o3; renouvelle
sa ligue avec le comte de Foix, p. 6i5; se met
en campagne, p. 621; exempte les consuls & les
habitants de Gaillac de certains péages, p. 626;
prend divers châteaux, p. 627; prend Castel-
sarrasin, p. 627; accorde la vie sauve à la gar-
nison, p. 628; reconnaît par une exemption
de péage les services à lui rendus par les habi-
tants de Rabastens, p. 627; emprunts reconnus
par lui, p. 627; traité de Paris; il jure de l'ob-
server devant la cathédrale de Paris, p. 63i;
reçoit l'absolution dans la même église, p. 63-;
étendue des domaines qu'il cède par le traité
de 1229, p. 639; étendue de ceux qui lui res-
tent après ce traité, p. 641; rang qu'il occupe
parmi les pairs du royaume, p. 642; fait hom-
mage au roi & se remet en prison jusqu'après
l'exécution de quelques articles du traiié,
p. 643; conditions auxquelles il peut quitter
le Louvre qui lui servait de prison, p. 6^4;
exhorte le comte de Foix à faire sa paix, p. 646;
sort de prison & est créé chevalier par le roi,
qui lui rend la vicomte de Millau & ses autres
fiefs du Rouergue, p 648 ; donne au rci la ville
de Saint-Antonin, p. 649; fait sa paix avec le
comte de Foix, pp. 65o, 65i; revient à Tou-
louse, p. 65i; rentre à Toulouse, p. 652; on
cherche à le rendre responsable des troubles
occasionnés par la répression de l'hérésie,
p. 659; fait un voyage à la Cour, p. 660; ob-
tient un sursis pour son voyage d'outre-raer,
p. 662; son divorce avec Saiicie d'Aragon,
p. 663; reçoit l'hommage du comte d'Astarac,
pp. 663, 6.')4; reçoit de l'empereur le comté
de Forcalquier, p. 664; prend le titre de mar-
quis de Provence; secourt Marseille assiégée,
pp. 664, 665; est cité au tribunal du légat
Gautier comme accusé d'avoir enfreint le traité
de Paris, comparaît à Castelnaudary, promet
de satisfaire aux réclamations; continue la
guerre de Provence, p. 665; prend soin de ses
domaines & transige avec les abbés de Gaillac
& de Montauban, p. 656; s'emploie à la re-
cherche des hérétiques, p. 669; est protégé par
le pape contre les entreprises des ecclésiasti-
ques, pp. 669, 670; accorde des privilèges aux
habitants de Montauban; s'abouche avec le roi
d'Angleterre, p. 671; est accusé par l'évêque de
Tournai de négligence dans la pouisuite des
hérétiques & dans l'exécution des articles du
traité de Paris, p. âyS; dresse, d'après les ins-
tructions de l'évêque de Toulouse & d'un en-
voyé du roi, un édit contre les hérétiques,
pp. 676, 677; se rend à la cour du roi de
France, p. 679; soumet ses différends avec Rai-
mond-Bérenger de Provence à la décision du
roi, p. 680; se plaint au roi des ecclésiastiques
de la Province, pp. 680, 681; rentre dans la
possession du marquisat de Provence, pp. 681,
682 ; demande aux inquisiteurs de modérer leurs
poursuites, p. 689; revient d'Italie, va à la
cour de France & ensuite à celle de l'empereur,
p. 692; est excommunié à plusieurs reprises,
p. 693; rétablit les frères prêcheurs dans leur
couvent de Toulouse, pp. 696, 697; va à la cour
de l'empereur, p. 697 ; se porte caution des con-
suls du bourg de Narbonne, p. 697; confirme,
en 1237, une concession faite aux frères du
pont d'Avignon par Raimond VI, p. 77; de-
mande au pape, par l'entremise du roi, de reti-
rer leurs pouvoirs aux inquisiteurs, & de lui
permettre de différer son départ pour la Terre-
Sainte, p. 700; reprend la guerre contre le
comte de Provence, p. 704; suspend la guerre
de Provence & envoie une ambassade à Rome,
p. 705 ; reçoit une lettre de Grégoire IX, p. 703 ;
est à Toulouse en août 1238; fait ensuite un
voyage en Rouergue; reçoit en fief la ville de
Montpellier, p. 706; ses demandes au pape;
son absolution; est dispensé de passer outre-
mer, pp. 707, 708; ses arrangements pécu-
niaires, p. 709; reçoit l'hommage de l'évêque
de Carpentras; s'accorde avec différentes per-
sonnes, pp. 711, 712; reprend la guerre contre
le comte de Provence, p. 716; bat les Français,
assiège Arles & ravage la Camargue, p. 717;
pacifie les troubles d'Avignon & retourne à
Toulouse, p. 718 ; refuse de secourir le sénéchal
de Carcassonne contre Trencavel, p. 719; in-
tervient dans la capitulation de ce dernier à
Montréal, p. 722; fait un voyage i la cour,
p. 723; abandonne l'empereur pour s'allier
avec le pape; son traité avec le roi de France,
p. 724; fait sa paix avec le comte de Provence,
p. 725; note sur ses rapports avec la cour de
France, p. 725; quitte la cour pour se rendre à
Rome; se ligue avec le roi d'.\ragon, pp. 725,
726, 727; fait hommage pour Beaucaire à l'ar-
chevêque d'Arles, p. 728; conclut un nouveau
traité avec le roi d'Aragon & le comte de Pro-
vence; répudie Sancie d'Aragon pour ép'ouser
Sancie de Provence, p. 729; reçoit, à Lunel,
l'hommnge de Roger IV, comte de Foix, p. 732;
envoie demander au pape une dispense pour
son mariage avec Sancie de Provence, p. 733;
donne, étant à Beaucaire, des coutumes & des
privilèges à Buzet, p. 733 ; retourne à Toulouse;
s'allie par un traité secret avec Hugues de Lusi-
gnan, comte de la Marche; fait un voyage à
Barcelone, pp. 734, 735; tombe dangereusement
malade à Penne; reçoit l'absolution de toutes
les sentences d'excommunication qu'il avait en-
courues, p. 735; il guéritdecettemaladie; prend
les armes contre le roi, pp. 735, 736; sollicite
les évéques de ses Ktats d'agir par eux-mêmes
contre les hérétiques; appelle au pape des pro-
cédures des inquisiteurs, pp. 737, "38; excom-
munié par l'archevêque de Narbonne, p. 741;
l'attentat commis à Avignonet sur les inquisi-
teurs fait beaucoup de tort à sa cause, p. 741 ;
s'empare de la ville de Narbonne Se en chasse
l'archevêque; est excommunié, p. 742; ses con-
quêtes en 1242, p. 743 ; reprend le titre de duc
de Narbonne, p. 744; il va trouver à Bordeaux
le roi d'Angleterre & se ligue avec lui, p. 745;
assiège le château de Penne, p. 746; ses propo-
sitions de paix sont rejetées par le roi; il se
soumet sans réserve à la volonté de ce prince,
pp. 748, 749, 750 ; se rend à la cour & y con-
TABLE GENERALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
ioî:
chit sa pnix; texte de ses engageinents, pp. -j i ,
752; retourne dans ses Etats; punit les auteurs
du massacre des inquisiteurs à Avignonet ; fait
prêter un nouveau serment entre les mains des
commissaires du roi par ses vassaux & princi-
paux sujets, p. 754; fiance Marguerite de la
Marche; le mariage ne ftit peut-être pas con-
sommé, p. 7J6; de retour à Toulouse, il reçoit
divers hommages, assiste au concile de Béziers;
analyse de ses plaintes contre les inquisiteurs,
pp. ""ly, j'iii somme les évéques de ses Etats
d'exercer eux-mêmes l'inquisition ; sa lettre au
roi touchant le château de Penne, p. 758 ; fait
une trêve avec le comte de Provence, p. 759;
fait un voyage en Italie, pp. 759, 761; obtient
de l'empereur Frédéric la restitution du mar-
quisat de Provence & du comté Venaissin, p. 761;
obtient son absolution du pape & prolonge la
trêve avec le comte de Provence, p. 762; pléni-
potentiaire de l'empereur Frédéric, s'entremet
pour la paix de ce prince avec le pape, p. 769;
jurée de son séjour en Italie; repasse les Alpes;
reçoit différents hommages, p. 770; donne sa-
tisfaction à l'archevêque de Narbonne, pp. 771;
reçoit à Toulouse les ambassadeurs du comte de
Savoie, auquel il marie sa nièce, Cécile de
Baux, p. ''72; crée deux cents nouveatix cheva-
liers; fait un voyage en Albigeois, p. 772; va
à la cour de France & à la cour romaine; lait
tommer le comte de Foix de lui remettre Saver-
diiii & son territoire, p. 773; f.iit annuler son
mariage avec Marguerite de la Marche & pro-
jette d'épouser Béatrix, fille Je Roger-Bernard,
pp. 77-">, 776; obtient la dissolution de son
mariage avec Marguerite de la Marche, mais ne
peut obtenir la dispense nécessaire pour épouser
Béatrix, p. 777; fait un voyage en Galice,
p. 778; va à la cour & y prend la croix,
p. 786; engage une partie de ses sujets à se
croiser avec lui; tente inutilement de procurer
la sépulture ecclésiastique au comte, son père,
p. 788; protège les inquisiteurs & fait un
voyage en Espagne, p. 790; déclare que le con-
sulat de la ville appartenait aux habitants;
son zèle pour la découverte des hérétiques,
p. 793; va joindre le roi à Algues-mortes,
p. 79S ; diflère son départ pour la Terre-Sainte,
p. 799; parcourt ses domaines, p. 800; passe
en Espagne; ses différends avec le vicomte de
Lomagne, p. 801 ; est pris de la fièvre, s'arrête
à Pris 8c y meurt; son testament, pp. 802, 8o3,
804; sa sépulture; son caractère, pp. 8c5, 806;
étendue de ses domaines, pp. 807, 808.
RAI.MOND, vicomte deTurenne, pp. 79, 100, io3,
270, 44'), 697; deux pcrionnagfs différents^
RAIIMOND-TRENCAVEI,, second fils de Haimond-
Trencavel, vicomte de Béziers, frère de Roger II,
vicomte de Béziers & de Carcassonne, pp. '')o,
82, 90, 99, 121, 126, 143, i54, 33i, 3i2; hé-
ritier présomptif de Roger II jusqu'à la nais-
sance de Raimond-Roger ; vivait encore en
I 2 1 1 , p. 114.
RAI.MOND dit RASCAS, seigneur d'Uzès & Pos-
quières, fils de Bermond, pp. 26, 62, 64, 69,
88, III, 124, i33, i36, lâj, 170, 206, 278,
281.
RAIMOND DE VAIRAC, p. 910.
RAIMOND VASSADEL DE PUISSERGUIER, p. 1 1 1 .
RAIMOND DE VENOUS, pp. 61, 96.
RAIMOND DE VÉZÉNOBRE, p. 49.
RAIMOND DE VIGORON, p. 21.
RAI.MOND DE VILLA-DE-MfLS , seigneur cata-
lan, pp. 88, 91 .
RAIMOND DE VILLENEUVE, p. 719.
RAIMOND, écuyer d'Aymeri IV, p. yi ",.
PiAIMOND, fils du vicomte de Cardone, p. -Z^.
RAIMOND, fils de Guillaume VIII, seigneur de
Montpellier, désigné pour être moine de Grand-
selve, p. 202.
RAIMOND, fils de Pierre-Bermond VI, p. .•Î96.
RAIMOND, fils de Raimond Foie, vicomte de Car-
done, p. 6;)i .
RAIMONDE DE BIOIL, p. i63.
RAIMONDE, fille de Raimond-Gaucelin de Liinel,
p. 437.
RAIMONDE, fille de Raimond VI, p. ofij.
RAIMONDE D'ASPEL, p. 886.
Raimonuens (sous), d'Albi, p. 727.
RAINALD, évêque de Béziers, p. SîS. Voyc'^ RÉ-
GIN ALD.
RAINAUD SALOiNION, p. 'jJ.
RAINIER DE MARSEILLE, p. i6j.
RAINON, frère d'Elzéar d'Uzès, p. 49.
RAINON DE SABRAN, seigneur d'Uzès, pp. 170,
206.
RAINON DE SABRAN, seigneur d'Uzès, p. 869.
RaiS.SAC, p. 791; Ruissac-sur-Lampy (^AuJe), arr.
de Carcassonne.
Ra.mPILLON, p. 900 (Sein:-&-Marne'j, arr. de Pro~
vins.
RANDON DE CHATEAUNEUF, pp. r,66, 864.
Randon, en Gévaudan, p. 9o3 ; Chàieauneuf-Ran-
dan (^Lo\ere^^ arr. de Mende.
RAOUL, religieux de Fontfroide, légat dans la
Province, pp. 229, 234, 23.5, 236, 242, 244,
243, 267,412; sa mort à Franquevaux, p. 2^2.
RAOUL, cardinal-évêque d'Albano, p. 888.
RAOUL, évêque d'Arras, p. 432.
RAOUL (maître), ambassadeur du roi de France,
p. .îj.
RAOUL, avocat & chancelier du comte de Tou-
louse, Raimond V, pp. 42, 43, 62, 69.
RAOUL DE COURTENAY, p. j3j.
RAOUL DE GONESSE, p. 874.
RAOUL DE LA ROCHE-TESSON, p. 037.
RaïKAl', château, p. 148; Rastcau [Vaucluse), arr,
d Orange.
RATIER DE BESSAN, p. 32.';.
RATIER DE CAUSSADE, p. 141.
RATIER, seigneur de C.astelnau, pp. 436, 44^.
Ravages causés par la guerre aux environs de
Toulouse, p. 96.
RAYNIER, légat du pape dans la Province,
pp. 187, 188, 200, 222, 223, 224.
RAYNIER, des frères Prêcheurs, p. 774; évêaue
de Maguelonne, p, 796.
RAYNON DE FENOUILLET, p 2.")4.
1024
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
Ra/.iïs, château, pays & vicomte, pp. 4, ji , ^3, 90,
I I î, 114, 116, i4.'5, I ;").'!, 154, i5."), 264, 3o9,
3i3, 362, 466, 54 j, 624, 742, 743, 791, 8')7,
8,19.
Redorte, nom d'une fortification faisant partie
du château de Beaucnire, p. 488.
RftoALE (droit dej, pp. 837, 838.
— de l'évéché du Puy, pp. 144, 863.
— de l'église de Toulouse, p. 880.
RliGINALD, évêque de Bath, en Angleterre, p. 78.
RÉGINALD UE MONTPEYROUX, évéque de Bé-
ziers, pp. 288, 325, 332, 38o.
RÉGINALD, évèque de Toul, p. 390.
Règle de Saint-Augustin donnée aux chevaliers
& aux clercs des hospitaliers du Saint-Esprit,
p. 73; suivie d'abord par l'ordre de saint Do-
minique, p. 204.
Reim.s, p. 624.
— (archevêque de), pp. 201, 284, Sço, 093, 697.
Religieuses de l'Espinasse, p. 906.
— de Gaillac, p. 906.
— cloîtrées de Saint-Damien d'Assise, p. 883.
Religieux Augustins, p. 931.
— Carmes, p. 931 .
— de la Merci pour la rédemption des captifs,
p. 931.
— des Sacs ou de la Pénitence; leurs divers cou-
vents, p. 906.
— de la Trinité, p. 93 1 .
Reliques de saint Vincent données par l'abbaye
de Castres, p. 463.
Remoulins, château, p. 334 (^Gard), arr. d'U\es.
RENAUD, comte de Bourgogne, p. 27:").
RENÉ D'AMIENS, p. 597.
RENÉ DE KEAUVAU, p. 892.
RENÉ DE MONTFAUCON, p. .'J97.
Rentes assignées en terres dans le diocèse de
Carcassonne à divers personnages par Adam de
Milli, p. 607.
Repauset, étang à Aigues-mortes, p. 783.
Répuulique de Gênes, pp. 14, i5, 16, 17.
— de Pise, pp. 14, l5, 16, 17.
Rngui^iTE présentée par Raimond VII aux commis-
saires nommés par le pape pour informer sur
les bonne vie & mœurs de Raimond \^I, pp. ^49,
55c, 55 I .
Resson, château, p. 207; il faut certainement cor-
riger Kousson (G(ir</), arr, d'Alais.
Restitution dans la Province des biens mal ac-
quis au domaine, pp. 867, 870.
Revel, en Lauragais, doit peut-être son origine
au château construit par deux vassaux du vi-
comte de Carcassonne & de Béziers sur la col-
line de Mont-Revel, p. 64 {^Hautc-Garonne),
arr, de Fillefranche-de-Lauragais.
Révolte de ses fils & de sa femme Eléonore
contre le roi Henri II d'Angleterre, p. 53.
— des Gascons, p. 833.
— des Toulousains contre leur comte, pp. i3i,
RlIlN, p. 2.
RllÔNE, pp. 14, 110.
RIBAGORÇA (comte de), p. 882.
RiBÉUAr, en Périgord, p. i65.
RICARD de Carniumpo, p. 278.
RicAOD, lieu, p. 453 (Aude), arr, de Castelnaudary .
RICAUT DU PUY, p. 818.
RICHARD, second fils d'Henri II, roi d'Angle-
terre, duc d'Aquitaine, puis roi d'Angleterre,
pp. 34, 38, 102, io5, I 10, 8o3, 8Û2; sa révolte,
pp. 53, 54; se ligue avec le roi d'Aragon contre
le comte de Toulouse, p. 114; ravage les ter-
res du comte de Toulouse & prend divers châ-
teaux, p. 117; attaque les États du comte de
Toulouse, p. 127; se rend maître de dix-sept
cliâteaux, p. 128; est arrêté par une diversion
de Philippe-Auguste, p. 129; sa réconciliation
avec ce prince, p. i3o; demeure en posses-
sion des places prises sur le comte de Toulouse,
p. I 3 I ; succède à son père Henri ; reste l'ennem 1
du comte de Toulouse; conserve les conquêtes
faites par lui en Querci, p. i33; part pour la
Terre-Sainte avec Philippe-Auguste; abandonne
ses prétentions sur l'Auvergne & est confirmé
dans la possession du Querci & de la ville de
Cahors, p. 134; son retour de la Palestine,
p. 145; prisonnier de l'empereur Henri VI,
p. 145; refuse le royaume de Provence, p. 149;
fait sa paix avec Raimond VI, pp. 173, 174.
RICHARD, frère du roi d'Angleterre, comte de
Poitiers, p. 59'2; épouse Sancie de Provence,
p. 733.
RICHARD, aïeul d'Hugues II, comte de Rodez,
p. 25.
RICHARD, frère d'Hugues II, comte de Rodez,
pp. I 78, 533.
RICHARD PHILAGRIUS, p. 804.
RICHARD DE LA TOUR, p. 937.
RICHILDE; son mariage avec Raimond, comte de
Toulouse, p. 20.
RICHILDE, femme de Raimond-Bérenger, p. 21.
RICHILDE, impératrice, p. 68.
RiEUNETTE, monastère; sa fondation, p. 224.
Rielx, dans le ^'olvestre, pp. 27, 65, 67; Origine
de cette ville & de ses seigneurs, p. 706 I^Haute-
Garonne), arr. de Muret,
— (consuls de), p. 8 1 t .
— (diocèse de), pp. 27, 641.
RIEux■MI^EIlvoIS, p. 743.
Riez (évêque de), pp. 272, 273, 274, 3c3, 32i,
322, 327, 332, 334, 379, 38 I, 399, 402, 4' 3,
404, 41 2, 733, 8 I 8.
RIGORD, religieux de Saint-Denis, p. 948.
RiPOLL OU RiuroLL, abbaye de Catalogne, pp. 56 1 ,
670.
Rites, moeurs et croyances des hérétiques albi-
geois, pp. 227, 228, 229.
RiVESALTES, ville; est fortifiée après 1172, p. 92
(Pyrénées-Orientales), arr. de Perpignan,
RIXOVENDE DE TERMES, femme de Guillaume
de Minerve, pp. 143, 339, 340.
TABLE GENERALE DES NOMS ET DES MATIERES.
io;:3
RIXOVENDIS, sœur de Géraud de Pépieux, p. 209.
ROBAUT, abbé de Saint-Pniil de Narbonhc, piMS
évêque de Pavie, p. 673.
ROBERT, archevêque de Rouen, pp. 385, 388.
ROBERT D'ALBERT, évéque de Viviers, puis ar-
chevêque de Vienne, pp. 87, 41, 68, 147.
ROBERT, évêque de Clermont, p. ^04.
ROBERT, évêque de Laon, pp. 38.5, 388.
ROBERT DE MEHUN, évéque du Puy, pp. 466,
467, Jiûj est assassiné; son éloge; lieu de sa
sépulture, p. :>!•] ,
ROBERT, abbé d'Arles, en Roussillon, p. 32o.
ROBERT D'ARTOIS, frère de Louis IX, p. 798.
ROBERT III, comte d'Auvergne, p. 8.
ROBERT DE CORÇON, cardinal-légat en France,
pp. 415, 434, 444, 45ij dispose en faveur de
Simon de Monifort de toutes les conquêtes
faites sur les hérétiques, p. 447.
ROBERT DE COL'RTENAY, bouteillier de France,
pp. z85, 3jo, 357, 597.
ROBERT, comte de Dreux, pp. 340, 097.
ROBERT DE MAUVOISIN , pp. 298, 315, 3 16,
329, 33i,332, 377, -378, 389; envoyé comme
ambassadeur par Simon de Monifort à Inno-
cent III, p. 3l2.
ROBERT DE MONTFORT, fils de Simon, p. 5 18.
ROBERT DE PASSY, p. 3i5.
ROBERT DE POISSY, p. 597.
ROBERT DE SAINT-CLER, p. 822.
ROBERT DE SARTES ou DISARCES, p. 419.
ROBERT, comte de Séez & d'Alençon, p. 455.
ROBERT D'LîZÈS, frère de Decan , seigneur d'Uzès,
évêque d'Avignon, p. 837.
RocAMADOL'ii, en Querci, pp. 41, io3, loj, 270,
367, 552, 559, 616, 711, 919.
RociiEBARON, château, p. 467.
RociiEMAtRE, seigneurie. Voye-{ Ro(,ii emalp.e.
RociiEioiiT, château dans le Comminges, p. 42c.
RociiEroriT, dans le diocèse d'Avignon, p. 193
[GirJ], arr. dU^ii.
Ror.ozELS, p. 743 (Hérault), commune Je Ceilles-
Roco^els.
RODERIC ou RODRIGUES, fils de Pierre de Lara,
vicomte de Narbonne, pp. 210, 211.
RODERIC XIMENÈS, archevêque de Tolède,
p. 466.
RODOLPHE, roi de Bourgogne, p. 75.
RODRIGUES, frère d'Aymeri III. f^oye;; RODERIC.
Rode/., pp. 25, 26, 270. 574, 619, 693, 772, 778,
8-^7, 859, 947; privilèges accordés au bourg en
I 196, p. 178; nouvelles franchises accordées en
1201 , p. 195.
— (comtes de), pp. 177, 178, 179, 533, 744, 807,
869, 875.
— (diocèse de), pp. 25, 332, 892, 641, 644, 766,
8co.
^ (évêques de}, pp. i3, 26, 317, 449, 400, 684,
757, 758, 768, 788, 8o3, 804, 862.
ROGER, abbé de Castres, p. 3.
ROGER, chanoine de Salnt-Étienne de Toulouse,
fils de Bernard de Comminges, seigneur de Sa-
vez, p. 720.
ROGER D'ASPEL, pp. 5o6,6i2, 81 i; Aspet{Haute-
Garonne'), arr, de Saint-Gaudcns.
ROGER II, fils de Trencavel, vicomte de Béziers,
Carcassonne, Albi, Razès, pp. 14, oi, 64, 71,
121, 123, i35, 141, 783, 920; succède à son
père dans la vicomte de Béziers, pp. 3o, 3i;
s'allie avec le roi d'Aragon contre le comte de
Toulouse; ses domaines sont confisqués par le
comte de Toulouse, p. 3i; construit, en 1 i6d,
le château de Cambon, en Albigeois, p. 27;
s'unit au roi d'Aragon pour tirer vengeance des
habitants de Béziers, nuleuis de la mort de son
père; ne pouvant prendre cette ville, il com-
pose avec les habitants, p. 32; est paisible
possesseur de ses domaines, p. 34; appelle les
troupes du roi d'Aragon à Béziers, p. 38; fait
massacrer les habitants de cette ville, p. 89;
s'accorde avec l'abbé de Saint-Pons de Thomiè-
res, au sujet du château de la Salvetat, & con-
sent au rétablissement du monastère, p. 42; fait
sa paix avec Raimond V, épouse la fille de ce
comte; devient, à la suite de cette union, vassal
immédiat de la couronne, p. 43; fait sa paix
avec la vicomtesse de Narbonne; tient sa cour
à Limoux, confirme des donations à l'abbaye
de Salvanez; se réconcilie avec le comte de
Foix, p. 44 ; divers actes donnés par lui, pp. 66,
67; est présent à la paix conclue en 1 176 entre
le roi d'Aragon & le comte de Toulouse, p. 68;
favorise les hérétiques ; fait emprisonner l 'évêque
d'Albl, p. 81; actes donnés par lui de 1178 à
1182, p. 82; actes de ce vicomte datés de 1 179,
p. 89; se déclare vassal d'Alfonse, roi d'Aragon,
p. 93; reçoit divers fiefs sous la suzeraineté
des comtes de Barcelone; la promesse d'observer
un accord faite par lui sur les Evangiles prouve
qu'il n'était pas hérétique; se reconnaît pour
vassal de Raimond-Bérenger, comte de Provence,
p. 91; favorise les hérétiques, p. 95; se soumet
après la prise de Lavaur & promet de renoncer
entièrement à l'erreur, p. 96 ; continue la guerre
contre le comte de Toulouse; divers de ses actes
donnés en Rouergue, p. 99; fait encore la guerre
au comte de Toulouse en [i83, p. 102; hom-
mages qu'il reçoit; sa paix avec le comte de
Toulouse, p. iir; aurait reconnu la suzeraineté
de Richard, duc d'Aquitaine, sur la vicomte de
Carcassonne; il adopte Alfonse, infant d'Ara-
gon, p. I 14 ; sa paix avec le comte de Toulouse,
p. 140; prend des précautions pour assurer sa
succession à son fils Raimond-Roger ; tient i^n
plaid â Carcassonne, pp. 142, 148; ses der-
nières dispositions, pp. |53, 154; sa mort,
p. |55; jugement sur ses actes & sur sa vie,
pp. i55, i56.
ROGER-HEUNARD I, comte de Foix, pp. 3i, 34,
68, 7 I 5; épouse, en ii5i, Cécile, fille de Rai-
mond-Trentavel , p. 3o; meurt en 1188; est
inhumé d.ins l'abbaye de Boulbonne, p. 126.
ROGER-BERNARD, fils de Raimond-Roger, comte
de Foix, pp. 248, 354, 369, 372, 393, 396,
433, 5;o, 52 1, 529, 53 1, 536, 544, !jj5, 585,
587, 6o3, 624, 629, 646, 672, 697; se marie
VI.
65
I02(
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
avec Ennesslnde, fille d'Arn.iud, vicomte de
Ciistelbon, p. 198^ prêle serment au roi d'Ara-
gon, p. 406; défend le châtenii de Montgrenicr,
pp. .Ooo^ 5o 1 , 5o2 ; est étroitement uni à Rai-
mond VII, p. 555; ses domaines, p. 563; fait
sa paix avec l'Eglise, p. 583; ses propositions
de paix au roi, p. 609; se ligue étroitement
avec Raimond, comte de Toulouse, pp. 614,
6i5; sa paix avec le roi, p, 651; épouse Bru-
nissende, p.(J5i j est pouisuivi par l'inquisition
d'Aragon, p. 702; épouse Ermengarde, fille
d'Aymeri, vicomte de Narbonne, p. 672; est
reconnu pour bon catholique, p. 716; inter-
vient dans la capitulation de Trencavel, à
Montréal, p. 712; sa mort, p. 7-3 i ; apprécia-
tion de son caractère; ses qualités; sa famille,
pp. yBi, 732.
ROGER-BERNARD III, comte de Foix, pp. 127,
886, 889, 937; ses domaines, pp. 887, 888.
ROGER IV, comte de Foix, pp. 735, 760, 774,
775, 810; succède à Roger-Bernard II, p. 73 I ;
fait hommage au comte de Toulouse, p. 732;
s'allie avec Raimond VII lors de la révolte de
celui-ci contre le roi de France, p. 737; fait sa
paix avec ce dernier, sa lettre à Raimond VII,
p. 747; va à la Cour; le roi le reçoit à l'hom-
mage comme vassal immédiat, p. 703; sa mort,
p. 886.
ROGER, fils de Roger-Bernard, comte de Foix,
p. 3 I ; mort avant 1182, p. 1 26.
ROGER-BERNARD, fils de Loup de Foix, p. 811.
ROGKR-BERNARD DE ROVIGNAN, p. 574.
ROGER, fils de Bernard IV, seigneur de Fezensac,
p. 77>i.
ROGER DE BÉZIERS, fils de Trencavel, dernier
vicomte de Carcassonne, p. 792.
ROGER DE COMMINGES, comte de Pailhas,
pp. 125, 5oo, 507, 697, 757, 760, 771.
ROGER DE COMMINGES, fils du précédent,
pp. 757, 760, 772, 887.
ROGER DE COMMINGES, vicomte de Conserans,
seigneur de Savez, pp. I25, 126, 193, 353.
ROGER DE DURFORT, p. 71.
ROGER D'ESPIÈS, alias de Espicrlis , baile de
Gascogne, pp. 902, 917.
ROGER, frère de Géraud , comte d'Armagnac,
p . 5 I o .
ROGER DE MONTAUT, pp. 5o6, 811.
ROGER, fils de Pier,re-Bermond d'Anduze, pp. 71 1,
83cr.
ROGER PELAPOUL, p. 34.
ROMAIN, cardinal-diacre de Saint-Ange, légat en
France, pp. 579, 591, 597, 614, 632, 646, 656,
657; excommunie le comte Raimond & fait
prêcher la croisade, p. 597; sa lettre à tous les
métropolitains de France, p. 599; est prorogé
dans sa légation, p. 629; quitte la Province;
jugement porté sur les actes de sa légation,
p. 658.
Romans, p. 433 {Drame), arr. de Valence.
ROMIEU DE VILLENEUVE, p. 776.
RoQUK DE VALSrr.GLE, en Rouergue, pp. S73, 828;
Val^trgue {Aveyron) , arr. de J'illefranche-de-
Rouergue.
RoQL'Ecnt.N', p. 743 (Hérault), arr. de Saint-Pvns.
RoQUECOtniiE, château, pp. 924, 925 [Tarn), arr.
de Caitres.
Ro(,iue-de-Fa, château, p. 857 (Aude), arr. de
Carcassonne.
RoQLEDU, château, p. 755; Ro^uedur (Gard), arr.
du Vtgan,
RoyLEFEUiL, château, p. 601 (Gard), commune
d'Al-^en.
— seigneurie, p. 903.
— terre, p. 712.
RoQLEFisSADE, p. 7^7; Roijuifixade (Ariége), arr.
de Foix.
Roquefoi;rcade, château, p. 281.
RoQtEMALT.E, château, pp. 276, 281, 715 [Gard),
arr. d'Usés.
Roqleville, lieu de Lauragais, p. 367 (Haute-
Garonne), commune de JMontgtscard.
ROSE DE COMBRET, p. 66.
RosiKBES, village de l'Albigeois, p. S17 (Tarn)
arr. d'Albi.
RoSNY, près de Mantes, p. 679; Rosny-sur-Seine
[Scine-&-Oise), arr, de Mantes.
ROSTAING D'AIGUILLON, p. 71.
ROSTAING D'ANDUZE, prieur de Vernède, p. 196.
ROSTAING DE BAUX, p. 3o3.
ROSTAING DE MONTAUT, p. 834.
ROSTAING, seigneur de Montlaur, p. 661.
ROSTAING DE POSQUIÈRES, pp. 278, 281, 455.
ROSTAING DE SABRAN , connétable de Rai-
mond VI, pp. 47, 159, 192, 198, 199, 207, 209,
247, 28 I .
ROSTAING DE SABRAN, pp. 81 3, 837.
ROSTAING DE SABRAN, seigneur de Bagnols,
p. 608.
ROSTAING DE SAUVE, prieur d'Anduze, p. 1^6.
ROTROU, archevêque de Rouen, p, 53.
RotEN (archevêqnes de), pp. 284, 388, 538, 093,
597.
— (Notbe-Dame de), p. 190.
ROLEUGUE, pp. 21,25,61,67,82,99, 104, 110,
114, ii5, ii6, 154, 174, 287, 362, 447, 449,
451, 024, 525, 534, 554, 60 1, 61 5, 634, 642,
706, 711, 727, 754, 778, 799, 807, 811, 3l2,
816, 822, 823, 859, 870, 90D, 918, 93o; le
comte de Toulouse y passe en 1 1 80, p. 93 ; con-
quis par les croisés au nom de Simon de Mont-
fort, p. 44Ô-
— (sénéchaussée de), pp. 935, ()j6.
RouiFiAc, château, p. 379.
ROUGI (comte de), p. 597.
RoujAN, p. 743 (Hérault), arr. de Béliers.
ROUSSELIN DE LUNEL, p. 869.
ROUSSELIN, fils du seigneur de Lunel, p. 914.
ROUSSELIN, vicomte & seigneur de Marseille,
pp. 181, 2i3, 216; est excommunié, p. 304.
ROUSSELINE, fille de Raimond-Gaucelin de Lu-
nel, p. 457.
Roissiti.ON, comté, pp. 5i, 2i3, 340, 616, 714,
839, 936; uni au domaine des comtes de Bar-
celone & rois d'Aragon, p. 5o; appartient au
roi d'Aragon à la suite d'un échange, p. 1 i3.
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIERES.
1017
UOUSSON (dame de), p. 79.').
Routes venant aboutir à Toulouse, p. 237,
RotTiÉ, château, p. 666 {Aude), arr. Je Limoux.
RoLTiEiis, pp. 278, 4:4, 40J, 434; désolent le
pays, pp. IC9, ifo; ont à leur tête le fils de
Raimond V, comte de Toulouse, p. 110; se
mettent au service de Raimond \'I, p. 436.
RtSTiQCES, château, p. 887 (^AuJe], arr. de Carcas-
sonne.
RoYAX, p. 741 Î^Charentc-Infcrieurc).
Royaume d'Arles ou de Provence, pp. 19, 149.
S^bhutafij nom vulgaire donné aux Vaudois,
p. 221.
SABRAN (Rostaing de), p. 81 3.
Sabr^n (maison de), p. 869.
SABitANE.vc, bois, p. 207.
Sacbe d'un évéque de Toulouse par l'archevêque
d'Arles, contre les droits du métropolitain de
Narbonnc, p. 244.
Sade, château, p. 281.
SAIL ou ADÉLAÏDE DE CLAUSTRA, femme de
Béraud de Mercœur, p. li:i.
SAILL DE SCOLA, troubadour, né à Bergerac,
p. |52.
Saint-Affrique, p. 706 (Aveyron).
SAiNT-AcRtVE, château, p. 710 {Ardiche), arr. de
Tournon.
Saixt-Aoricole u'Avig.non, collégiale, p. 77.
Saint-Alcax, château, pp. 710, 864; l'un des sui-
vants.
Saint-Ai.dax u'Ay {Ardèche), p. J27.
SAI.NT-AtBA.-i EX MoxTAGXE [Ardèche), p. J17.
Saixt-Amaxs ne Valtoret, pp. 194, 19J [Tarn),
arr. de Castres.
SAiNT-AMtofcE, prieuré du Dauphiné, p. 106.
Saixt-Anuéol, p. 710.
Saint-André d'Avignon, abbaye, pp. 93, i33, 258,
548, 712,803.
Saint-André, lieu qui porte aujourd'hui le nom
de Villtneuve d'Avignon, p. 612 ; château cons-
iruit par Louis XII, p. 621.
Saint-Andrk, église de Bordeaux, p. 333.
Salnt-Antoine, abbaye du Viennois, p. 464.
Saint-Antoine des Champs Lts Pir.is, p. Ji8.
Saint-Antonin de FrRdelas ou de Pamiers, ab-
baye & château, pp. 67, 127, 141, |85, 287,
3'.9, 3io, 352, 37"), .'■>i9, 6i6, 716, 786, 807,
852, 946; sa situation, p. 385; est assiégé &
pris, p. 386; se soumet à Louis 'VllI, p. 600;
est donné au roi par Raimond VII, p. 649.
— (abbé de), pp. 364, 888.
Saint-Ai'Iirodise de BtziERS, abbaye, pp. 193,6.5?,
784, 826, 857.
— (abbé ae), pp. 764, 767, 842.
Saixt-Aueax, p. 527. VoycT^ Saint-Alban.
Saint-Bas, lieu sur l'Agoùt, p. 196.
Saint-Bei-.tix, abbaye, p. 101.
Saint-Bonnet, château, pp. 63, 396 [Gard), arr.
du Vigan.
SAINT-BONNET (demoiselle de), p. 919.
Saint-Caprais, prieuré d'Agen, p. 238.
Saint-Ciievrieh, lieu, p. 816; corr, Saint-Capra^y
(Aveyron), arr. de Saint- Affr'Kjue.
Saint-Ciiiniax (abbé de), p. 842.
SAINT- CHRYSOGONE (cardinal de). Voyei
PIERRE.
Saint-Cvr, château, pp. 141 , 649, 705 ; au/. 5a m t-
Cirq [Tarn-&-Garonne'), arr. de Montauhan.
Saint-Cyb, château, p. 559; Saint-Cirq [Lot), arr.
de Figeac.
Saint-Damien, ordre religieux, p. 854.
Saint-Denis, abbaye, pp. 38, 9i5; les ossements
d'Alfonse, comte de Toulouse, y sont déposés,
p. 928.
Saint-Élix, p. 522 [Haute-Garonne) , arr. de
Muret.
Saint-Ei.oi de Novon, p. 919.
Saint-Esprit, hôpital, pp. 208, 891.
— (hospitaliers du), pp. 72, 73.
Saint-Esprit in Saxia, hôpital à Rome, p. 891.
Saint-Etienne, église d'Agde, pp. 120, 121.
Saint-Ètienne d'Agen, monastère, p. 238.
Saint-Étienne de Balérac, château, p. 57.
Saint-Elverte d'Orléans, abbaye, p. 10.
Saint-Félix, monastère, p. 201.
Saint-Félix de Caraman, château du Toulou-
sain, pp. 36o, 375, 385, 6o3, 6i5, 747; les
hérétiques y tiennent un conciliabule, pp. 6, 7
[Haute-Garonne), arr. de Villcfranchc.
— (consuls de), p. 8 I I .
— (prud'hommes de), p. 8 1 I .
— (seigneur de), p. 189.
Saint-Félix de Montseau, abbaye, p. 202.
Saint-Flolr, p. 567 [Cantal).
Saint-Frodille, abbaye, p. 247.
Saint-Firmin, église de Montpellier, p. 202.
Saint-Front, château de Périgueux, p. 102.
Saint-Gaudexs, pp. 126,497,522,886; se rend
volontairement à Simon de Montlori, p. 383.
Saint-Geniés, abbaye, pp. 202, 457.
Saixt-GexièS, château, p. 743; Saint-Geniés de
Varensale [Hérault), arr. de Béliers.
Saint-Geniés, château du Rouergue, p. 430.
Smnt-Georois, lieu dans le Toulousain, pp. 202,
3o7 ; Saint-Jory (Haute- Garonne), arr. de Tou-
louse. Voyei Saint-Jory.
Saint-Gérald, quartier de Toulouse, p. 176.
S. GÉRI, natif de Lunel, p. 817.
Saixt-Gekmain, abbaye, plus tard Gigean, p. 661.
Saint-Germain, village, p 98.
Saint-Germain ex Laye, p. 61 5.
Saint-Germain uc la Puade, p. 527.
I028 TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
Saint-Gbrmain des Pkés, abbaye; une relique de Saint-Laurent, château, pp. 608, 660; chàlcau
saint Vincent, martyr, y est apportée p.ir Ac l'Ardèclie.
Louis VIII, p. 463. Saint-Lai^kent, p. 3^i; château du Gard.
Saint-Gcumieu (seigneurs de), p. 679. SAiNï-LA/.Ar.ic d'Acre, p. 83o.
Saint-Gili.es, abbaye & château, pp. 14, lô, 63, Saint-Lizier, p. 499 (..^ricge), arr. de Saint-Girons,
119, 149, 160, 161, 171, ^72, 188, 284, 3o3, Saint-Lolis, chapelle sur le Pont-Saint-Esprit,
3i7, 3i8, 489, 5o3, ")04, r>i3, 5.O7, Mo, 601, p. 891.
608, 709, 884, 83."), 936: les Pisans & les Gé- ., .. ,. ,. •■ o j .
• ; ,• , li - / _ 1., sai.nt-IVIarcei., château, pp. .162, ije ; détruit par
nois s'y livrent bataille, pp. 14, ly, 16, 17; les ' r -n- ,-r - ,
, T t o j r 1 ' 1; Simon de Montlort, p. iJj (Tarni, arr. de
comtes de Toulouse & de 1-ovcalquier s y 11- ^ ■„ ' ^ '
.-.> 1 -l'A ■> Gjtllac.
puent, en i 160, contre le roi d Aragon, p. J2 ;
Riiimond V y conclut la paix avec Roger, Sai.nt-Marcel d'Abdéciie, p. 147.
vicomte de Béziers, p. 43 j les noces de Béairix, Sa int-Mai',ti\ de Crez, p. 4J.
héritière du Dauphiné, & de Hugues III, duc de Saint-Maktin des Landes, village prés de Castel-
Boiirgogne, y sont célébrées, p. loj; Rai- naudary, pp. 370, 371; Saint- Martin-U-Lande
mond V y confirme plusieurs actes en 1189, (Aude), arr. de CastelnauJary.
p. i33; les légats & Raimoiid \'l y ont une c. ^yI i > i
r ' r. ° 1 ,- 1 ' o Saint-Martin- de Li.molx, eehse, p. 2^4.
entrevue; Pierre de Castelnau y est tue « .. ,. 1 ,, , , , ,7
inhumé dans l'abbaye, p. 262; un concile y est ^aint-.Marti.v, chapelle de 1 abbaye deValmagne,
tenu, p. 277 ; accord entre le comte, l'.ibbé & les P' '■'■'•
consuls, p. 281; Raimond VI y est appelé Saint-Maktin de Uuertas, église paroissiale,
par les légats, p. 323; le comte de Toulouse s'y p. 40.
rend p 334; un concile dans lequel Rai-- Sa.nt-Martin de V,i.eerecla,n , lieu, pp. 79.,
mond VI ne peut se ,ustifier, y est tenu en -;c)2 ; Saint-Martin de rHlereglan (Au.ie).
1 2io, p. .!3.); Louis \ lu y reçoit les deputesdu ' ' o v ;
concile de Montpellier envoyés À Rome, p. 4".ri; Saint-Maurin (abbé de), p. 737.
l'entrée de la ville est refusée à Simon de Mont- Saint-Merry, église de Paris, p. 872.
fort, p. ;Ï34; le roi Louis IX y passe en juillet Saint-Michel, château, pp. 375, 385; Saint-Mi-
1254, pp. 836, 837. ckel de Lane^l^Aude), arr. de Castelnaudary.
— (abbé de), p. 764. ^ Saint-Micuel de Cuxa, abbaye, p. 701.
_ (comté de), pp. 48, 854, Saint-Michel de Gailuc, abbaye, p. 666.
— (port de), p. 46. Saint-Michel, hôpital dans le Larzac, p. 61.
Saint-Girons, p. 886. Saint-Nazaibe, château, p. 856; Saint-Na^aire de
Saint-Gum.lEM du Dkseiit, abb.nye, pp. 3, 41 , 247. Rive d'Aude {Aude), arr. de Narionne.
— (abbé de), p. 842. Sai\ï-Ma/.aire, église de Carcassonne, pp. 154,520,
Saint-Gcillem, hôpital, à Montpellier, p. 202. — (chapitre de), p. 75.
Sai.vt-Haond , en N'clai , p. 528; Saint-Haon Saint-Omer, en Artois, p. 101.
{Haute-Loire), arr. JuPuy. Saint-Orens, château du Gers, p. 664.
Saint-Hilaire, abbaye, pp. i53, 154, 56i, 562, Saixt-Papoll, abbaye, pp. 204, 5i3.
— (abbé de), pp. 707, 842. — (abbé de), p. 737.
Saint-Hil.\ire de Poitiers, p. 921. Sai.nt-Pakgoire, lieu, p. 202.
SAiNTjACQt;ES DE Bkziers, abbaye, p. 40. Sainï-Pail slr l'Acoet, p. 60S, 754; ses murs
(abbé de) pp. 767, 842. doivent être détruits, p. 635; Saint-Paul-Cap-
Saint-Jacqles de Co.mpostelle, pp. 779, 9,9. '''-^■""' C^"'-"). "'■ ''' ^''^'""■■
Saint-Jacques de Doliie, abbaye, p. 10. — (consuls de), p. 8,,.
Saint- Jacques, cloître de Melgueil, p. 1 20. - (prud'hommes de), p. 8 . . .
Saint-Jacques, église de Toulouse, p. 658. Saint-Paul, village près de Beaucaire, p. 270.
Saint-Jacques (chemin de), p. 143. Saint-Paul de Fenouillédes, prieuré, p. 57.
Saint-Jean, église d'Alais, p. 535. Sai.nt-Paul de Fboxtigxan, paroisse, p. 2o5.
Saint-Jean d'Angély, p. 917. Sai.vt-Paul de Naiido.nne, abbaye, pp. 29c, 414,
Saint-Jean de Campaunac, commandcrie au dio- 597,715,784.
cèse de Béziers, p. 737. — (abbé de), pp. 758, 802, 897.
Saint-Jean de Jérusalem (chevaliers de), pp. i3, Saint-Paul de S(clérac, château, p. 207.
864. Saint-Paul-Trois-Ciiate\ux, ville, pp. 199, £o3.
Saint-Jean de Verges, ville & château, pp. 494, — (diocèse de), p. 807.
614, 6H0 {Ariége), arr. de Poix. Saint-'Pauliian , château, p. 36; Saint -Paulicn
Sa.NT-JorY, près Toulouse, pp. 209, 237, 754. {Haute-Loire), arr. duPuy. ^
Voye^ Saint-Geokces. Saint-Pierre de Amelariis, château, p. 47.
Saint-Julien, abbaye à Brioude, p. 98. Saint-Pierue d'Abéna, faubourg de Gènes, p. 928.
Saint-Julien, église du Mans, p. .104. Saint-Pierbe de Bannes, église, p. 75.
Saint-Just (maison de), p. 883. Saint-Pierre du Bois, église, p. 220.
TABLE GENERALE DES NOMS ET DES MATIERES.
1039
Saint-Pierkb nrs Clisinks, bourg de Toulouse,
pp. 176, 497.
Saint-Pikrke nn n Tolu, abbaye, p. S.lp.
Saint-P(ïns, château, pp. 71, i.'îrt, 202; Samt-
Pons de Mauchicns (^Hérault], arr. Je Béliers.
Sai>t-Po>s de TiioMiÈr.ES, abbaye, pp. 236, 672,
784.870.
— (abbé de), pp. 757, 842.
Saixt-Pons, ville, p. 19") ; groupée autour de l'ab-
baye de Saint- Pons de Th ornière s, est, dès 1171,
entourée de mur.iilles, p. 42; ses habitants
jurent fidélité à Louis VIII, p. 606.
Saint-Pout-sir-Seine, p. 823.
SAIXT-Qt F.NTIN, château, p. 37; Siint-Qucnlin-
sur-les-Monts [Haute-Loire], arr. du Puy.
Saint-Resiésy, rue à Toulouse, p. 49:").
SAi.\T-RtMY, p. 1)^6 [Bouchcs-du-Rhàne).
SAiNT-RtMi iiE Reims, abbaye, p. 388.
Saint-Romaix, église à Toulouse, p. 4'i9.
Saixt-Rome, château, pp. 671, 7Ô1 {Haute-Ga-
ronne), arr. de Vdlcfranche de Lauragais.
Saixt-Rif, abbaye, p. 331.
Saixt-Salvi, église collégiale d'Albi, pp. 2-, 626,
912.
SAixT-SATfKNiN OE Caivisson, prieuré, p. 209.
Saixt-Satirxin dl Port, monastère, p. 196.
— Tille, pp. 49, 134, 19"», 334, J04, 814, 890,
891, 892.
Saixt-Sauveur de Carcassonxe, monastère, p. 82.
Saixt-Serxix, église de Béziers, p. ;»8.
SAl^T-SE^Xl^, abbaye, à Toulouse, pp. 176, 233,
584, 6.*);).
— (abbé de), à Toulouse, p. 689.
Saixt-Sever d'Agde, abbaye, p. Ô6.
Saixt-Sever-Cai-, abbaye, p. 9'i.
Saixt-Séverix, église de Bordeaux, p. 323.
SAi!«T-Stt.rir.E, au diocèse de Toulouse, p. 691;
Saint-Sulpice-de-la-Pointe {Tarn), arr. de Lava ur.
Saixt-TiiEodard, abbaye, p. 666.
Saixt-TiiibèrY, abbaye 8c lieu, pp. 41, 60, 68,
89, 90, I i5, 3i3, 784; des statuts de réforme y
sont dressés dans une assemblée générale des
Bénédictins, en 1271, p. 931.
— (abbé de), p, 7J7-
Saint-Thomas, château, p. 1 43 j Saint-Thomas-du-
Désert (Haute-Garonne), arr. de Muret.
Saint-Valkre, château, p. 8J6; Samtc-Valicre
{Aude), arr. de Carcassonne.
Saint-Victor, château, p. 811.
Saint-Victor, ermitage au diocèse de Narbonne,
p. 210.
Saixt-Victor de Marseille, abbaye, pp. 97, 178.
Saint-Victor de"Paris, abbaye, p. 10.
Saint-Vincent de Laon, abbaye, p. 463.
Saint-Vincent de Castres, église, p. 672.
Saixt-Vincext de Lixel-Viel, p. 199.
Saixt-Volisiex de Foix, abbaye, pp. 32, 127.
Saixt-Ydars, lieu, p. -33; ancien nom de Sauve-
terre Saint-Yhars.
Sainte -Anastasie, p, 28J (Gard), arr. d'Unis.
Siixte-Baseiile, p. 027; Sa'inte-Ea\c'illc {Lot-&-
Garonne), arr. de Marmande.
Saixte-Ciciie. cathédrale d'Albi, p. 626.
Smxte-Claire de Béziers, couvent, p. 883.
Saixte-Colomue, village du pays de Cheircorb,
p. 28 ; Saintc-Cclomèe-sur-Lcrs {Aude), arr. de
Limoux.
Saixte-Colomte, lieu près de Saint-Gilles, p. 280.
Saixte-Croix de Bordeaux, abbaye, p. 95.
SvixTE-Cnoiv DE MoNTi'ixMEi'., église, p. 204.
Saixte-Croiv DE VoLVESTi'.E, monastère de l'ordre
de Fontevrault, dans le Toulousain, pp. 48, 8o3.
Sainte-Elgéxie, monastère, p. 140.
Saixt-Eilalie de Béziers , église donnée par
l'évéque aux frères de la milice du Temple,
p. 40.
Saixte-Foy d'Aiorefelili.e , p. 419 (Haute-Ga-
ronne), canton de Lanta.
Saixte-Foy, nom du chef-lieu du Savez, p. 720;
Sa'inte-Foy-de-PcyroVt'eres [^Hautc-Garonne), arr,
de Muret.
Smxte-Foy, en Agcnais, reçoit des coutumes d'Al-
fonse de Poitiers, en 1206, p. Sâi.
Saixte-Livrade, p. 447 [ Lot- &- Garonne), arr. de
Villeneuve -sur-Lot.
Saixte-Marie, église de Carcassonne, p. 154.
Saixte-Marie de Corxéillax, prieuré, p. 8J9.
Saixte-Marie de Lesccre, église située entre La-
vaur & Puylaurens, p. 46c.
Sainte-Marie de Limocx, église, p. Ô62.
Saixte-Marie de Procille, p. 2J4,
Saixte-Marie du Piy, p. 709.
Sainte-Marie de Suméxe, église, p. 47.
Saixte-Martiaxé, église d'Albi, pp. 27, 626.
Saintes, p. 749.
Smxtes-Scardes, place de Toulouse, p. 49').
Saintoxce, pp. 742, 823, 900.
Saissac, château de la sénéchaussée de Ca rcasscnne,
pp. 57, 3i;ï, 319, 367, 371, 678, 719.
— (maison de), p. 617.
Salescit, lieu, p. Ô28.
Salies, château, p. 442 {Haute-Garonne^, arr. de
Satnt-Gaudens.
Salisrlry, château en Angleterre, p. io3.
Salin de Carcassonne, p. 52o.
Salléles, prieuré, p. 6.
Salléles, village, p. 40; SaV.eUs d'Aude [Aude),
arr. de Narbonne.
Salles, bastide construite par Alfonse de Poitiers,
p. 930 (Haute-Garonne), arr. de Muret,
Salu;xac, ehâteau du Périgord, p. 697.
SALOMON ABEN TYBBON, juif de Montpellier,
P- 944-
SALOMON RASCI, juif de Lunel, p. 944.
Salvaosvc, château en Albigeois, p. "187 (Tarn),
,arr. de Gaillac.
Salvaxez, monastère en Roucrgue, pp. :'Ï7, 82;
Roger, vicomte de Foix, confirme des donations
faites en sa faveiir par ses prédécesseurs, p. 44^
auj. Silvanes (Aveyron), arr. de Saint-AJfrijue,
lOJO
TABLE GENERALE DES NOMS ET DES MATIERES.
Salvf.tat, cliâteau; accord à son sujet entre le
vicomte de Béziers & l'abbé de Saint-Pons de
Tlioraières, pp. 42, 771; l't Salvctut d'Angles
(^Hérault'), arr. i; Sù'tnt-Pons .
Sa.m\tan, château, p. 73.") [Gers), arr. de Lomhe^.
Samnon, château, p. 7J4.
SAMUEL BKNf SALOMON , surnommé NIN DE
CARCASSONNE, p. 944.
SAMUEL, juif, baile des domaines de Raimond-
Roger, vicomte de Béziers & de Carcassonne,
p. 208.
San-Subra, faubourg de Toulouse, pp. â^p, "118.
SANCHK VI, roi de Navarre, pp. :i()'), 484.
SANCHE, frère du roi d'Aragon, pp. 69, II.3;
devient comte de Provence après la mort de
Raimond-Bérenger, p. 94; oncle de Pierre II,
roi d'Aras;on, pp. 211, 2 1 6 ; comte de Roussil-
lon & de Provence, pp. Ô4, 19"), 199, 441, 442.
SANCHE, infant d'Aragon, fils du roi Jacques,
p. 5i 2.
SANCHE, seigneur d'Aure, p. 213.
SANCHE, fils de Raimond-Bérenger IV, p. 33.
SANCHE GASCUS, p. 2.04.
SANCIE DE CASTILLE, femme d'Alfonse II, roi
d'Aragon, pp. 62, 63, 176.
SANCIE D'ARAGON, fille d'Alfonse II, roi d'Ara-
gon, & femme de Raimond \'II, pp. 177, 240,
625, 534, 567; son divorce avec Raimond VII,
p. 668; se retire au château de Pernes & y
meurt en 1249, pp. 729, 730.
SANCIE DE NAVARRE, première femme de Pierre
de Lara, p. 210.
SANCIE DE PROVENCE, pp. 727, 729; est épou-
sée, par procuration, par le roi d'Aragon, au
nom de Raimond VII; son mariage est rompu;
elle épouse Richard, frère du roi d'Angleterre,
p. 733.
Sardane (porte), à Toulouse, p. 490.
SARRA.S1NS, p. 172; sont battus à Los Naves de
Tolosa, p. 383.
SAtLT (vicomte Sk pays de), pp. 44, 66, 91, 768,
81 8, 809, 934; une partie est réunie au domaine
du roi, p. 722.
SAURE, seconde femme de Raymond Trencavel,
vicomte de Carcassonne, mère de Roger, p. 3o.
SAURE, fille de Hugues de Cessenon, p. S:)0,
SAURIMÈNE, sœur de Gentile de Gensac, p. 706.
Saussan, château, p. 5i2 (Hérault), arr. de Mont-
pellier.
Saussen.s, lieu du diocèse de Carcassonne, p. 142;
SauTens (Aude), commune de Caux-Sau^ens.
Sauve, château & seigneurie, pp. 39."), 396, 601,
75.1, 83o.
— monastère, p. 666.
— (baillage de), p. 934.
— (seigneurs de), p. 39.") (Garrf), arr. du Vigan.
SauVecane, monastère du diocèse d'Aix, p. 24.
Sauvegarde confirmée à Toulouse, p. 168.
Sauveterre; sa fondation, p. ^ZZ (Haute-Garonne),
arr. de Muret.
SauviAN, p. 546 (Hérault), arr. de Béliers.
S^LZET, domaine, p, 71.
SAVARIC DE MAULÉON, sénéchal d'Aquitaine,
pour le roi d'Angleterre, pp. 349, 363, 371,
3/3, 417; poète provençal, p. 559.
Saverdun, château, pp. 193, 197, 3io, 319, 3-,5,
664, 732, 748, 7.-M, 704, 7Û0, 773, 794, 889;
soumis à Montfort, p. 393; ses murs doivent
être détruits, p. 63.').
— seigneurie, p. 760 (Ariége), arr. de Pamiers.
Save/,, portion du Toulousain, pp. I25, 126,667.
— (seigneurs de), pp. 720, 7.51, 757.
Savignac, château, p. 720.
Sceau de Raimond V; sa description, p. 43.
Sceaux de barons, apposés â une ordonnance de
saint Louis touchant les juifs, p. 639.
— d'évéques apposés au traité de 1229, p. 632.
SEBASTIEN, évéque de \'iviers, pp. 693, 770.
Secte des encapuchonnés au Puy, pp. 108, 109.
Sécui.arisatio.n de la cathédrale de Mende, p. 540.
SE3NIS, comtesse d'Astarac, pp. 771, 778, 811.
SEGUIN" DE BOULOGNE, p. 287.
Ségur, château, p. 4.50.
Seguret, abbaye, p. 36.
SEISSE, femme de Guillaume-Bernard de Lescure,
p. Ô66.
Séxéciial de Beaucaire & de Nimes, pp. 612, 897.
— de Carcassonne, p. 614.
— de Rouergue, p. 641.
SÉ.vfxiiAU.ssÉK d'Agenais, p. 46Ô.
— de Beaucaire & de Nimes, pp. 643, 935; son
origine, p. 464; son étendue, p. 64c.
— de Carcassonne & de Béziers, pp. 640, 642, 6 )3,
927; son origine, p. 464.
— de Rouergue, p. 46.').
— de Toulouse, p. 9o3.
Sénéchaussées; origine de leurs assemblées, p. 912.
Sénéchaux, pp. 933, 934; administrent la Pro-
vince sous Alfonse de Poitiers, p. 823.
Sèneoas, château, pp. 438, 678, 679 (Tarn), com-
mune de Saint-Pierrc-de-Trévisi.
Seneuil, seigneurie, p. 799.
— château, p. 37.
Senlis, p. 63 I .
— (érêque de), p. 829.
Sens, pp. 12, 624, 63 1, 680.
Septimanie, p. 97.
Serfs, p. 942; vendus à l'abbaye de la Grasse,
p. .)02; affranchis par Alfonse de Poitiers dans
son testament, p. 919.
SériGNAN, pp. .Î46, 857 (Hérault), arr. de Béliers.
Serment refusé aux légats par Bérenger, archevêque
de Narbonne, p. 232; prêté par les consuls
d'Avignon, de Nimes & de Saint-Gilles au légat,
p. ,279.
Servian, château, pp. 286, 32 j, 535, 658 (Hérault),
arr. de Béliers.
— forêt, p. 873.
SERyiKZ (Aude), p. 601.
TABLE GENERALE DES NOMS ET DES MATIERES.
io3i
SEnviTL'Dr. iibolie dans la Province par Philippe le
Bel, p. 943.
Seu-d'Urgel, ville d'Espagne, p. 7o3.
Selue, village près de Saint-Gilles, p. 280.
StVEr.Ar, château, p. ^JO (Aveyron), arrond. de
Millau.
SIBYLLE D'ALAIS, veuve de Raimond-Pelet,
p. 8.".-.
SIBYLLE D'ANDUZE, p. 772.
SIBYLLE UAUTERIVE, p. -oC.
SIBYLLE DE FOIX , femme dAymeri, vicomte de
Narbonne, pp. 887, 924.
SIBYLLE, fille de Guillaume VII, seigneur de
Montpellier, femme de Rairaond-Gaucelin ,
pp. 46, 47, 4:)7.
SIBYLLE, fille de Raimond-Aton de Murviel,
pp. |36, 137.
SICARU, abbé de Montolieu, p. 64.
SICARU 0'ALAMAN, fils de Déodat d'Alaman,
pp. f.92, 727, ^(,", 771, 772, 778, 8o3, 811,
8i-7, 88j, 937, 908, 918; confirmé comine
lieutenant-général d'AKonse dans !e comté de
Toulouse, p. 817.
SICARD U'ALAMAN, fils de Sicard, pp. 917, 918,
921.
SICARD D'AYDIE, p. 489.
SICARD DE BOYSSE, p. 8.5.
SICARD CEI.LERIKR, hérétique, p. 220.
SICARD DE KROTIERS, p. 697.
SICARD V, vicomte de Lauirec, pp. 4, 99, 140,
149, i:J3; épouse, en 1176, Adélaïde, fille de
Raimond Trencavel, p. 3^.
SICARD VI, vicomte de Lautrcc, pp. 438, ;J3û,
;'.83, 587, 626, 673, 678.
SICARD VII, vicomte de Lautrcc, pp. £.">.">, 9^2.
SICARD DE !\UREMONT, p. 772.
SICARD DE MONTAUT, pp. r,3c, 6\:,, 697, 773,
811, 399, 917.
SICARD, seigneur de Murviel, pp. 93, 94, 730,
784.
SICARD DE PUYLAURENS, pp. 194, 368, 373,
60.5, 606, 942.
SICARD, frère du vicomte de Saint-Antonin,
p. 142.
Sicile, pp. 14, i34, 892.
Siège de Beaucaire, pp. 487, 408, 489, 49-, 491,
492.
— de Béziers, par le roi d'.\ragon, p. 3;.
— de Cabaret, p. 3.îo.
— de Casseneuil, p. 446.
— de Castclnaudary, pp. 369 à 374; est levé,
pp. 3t4, 37.*», .'>39.
— du château de Fourques, par le roi d'Aragon,
p. 93. ^
— du château de Hauiefort, p, 104.
— & prise de Lavaur, pp. (;■>, 97. 3.îi, 3,")2 ,
3.>4, 35;"», 356, .357.
— de Limoges, en 11 83, p. io3.
— de Marmande, p. 446.
— de Maurillac, p. 445.
SiKci; de Montferrand, p. 36o.
— de Montréal, p. ;'>4i.
— & prise du château de Montségur sur les héré-
tiques', p. 768.
— du château de Murviel, par Alfonse II, p. 94.
— de Nonnette, par Louis le Jeune, p. 35.
— & prise de Penne, pp. 387, 388,
— du Pujol, p. 42?.
— & prise du château de Quéribus, p. 842.
— de Séverac, p. 450.
SIGISMOND, noble génois, p. 16.
SIGNIS, comtesse d'Astarac. Voyc:^ SEGNIS.
SIGUIRAN, château, p. 857.
SIMON, trésorier de Saint-Martin de Tours,
p. 863.
SIMON DE LISESNES, pp. 419, 420.
SIMON DE MONTFORT, comte de Leycestre,
pp. 114, 123, 126, 284, 324, 325, 417, ÛOI,
69-, 868, 872, 873; se croise, p. 267; est un
des premiers à montera lassant des faubourgs
de Carcassonne, p. 292; est élu seigneur de tous
les domaines du vicomte Raimcnd-Roger, p. 297;
ses qualités, son portrait, p. 298; établit un
cens annuel en faveur de l'Eglise romaine dans
tout le pays, pp. 298, 299; garde une partie
des croisés à sa solde, p. 299; après une course
à Castres, rejoint l'armée campée vers Carcas-
sonnne, pp. 3oi, 3o2j ce qui lui reste de trou-
pes en septembre 1209, p. 3o3; suite de ses
expéditions; établit sa principale résidence à
Carcassonne; soumet le château de Mirepoix &
prend possession de Pamiers; soumet les châ-
teaux de Saverdun & de Loinbers, la ville d'Albi
& une grande partie de l'Albigeois; revient à
Carcassonne, pp. 309, 3 I o, 3 il ; écrit au pape
& lui envoie un ambassadeur, p. 3i2; fait de
nouvelles conquêtes; veut fa ire hommage au roi
d'Aragon qui refuse; s'accorde avec Agnès de
Montpellier, p. 3i4; perd une partie des lieux
conquis par lui, p. 3i5; est confirmé par le
pape dans la possession de ses conquêtes, p. 3 1 7;
plus de quarante châteaux se révoltent, en peu
de temps, contre lui, p. 3i9; amène sa femme
à Carcassonne; suite de ses expéditions; assiste
à um conférence, à P,nniers; attaque les do-
maines du comte de Foix, p. 326; sur la de-
mande du roi d'Aragon, accorde une trève qui
est bientôt rompue, p. 327; assiège & prend le
château de Minerve, pp. 329, 3:')o, 33 1 ; est
confirmé par le pape dans la possession de la
ville d'Albi, p. 3j2; suite de ses expéditions;
liège du château de Termes, pp. 333, 338, 339,
340; accorde une capitulation à ce château,
p. 341; retient Raimond de Termes prisonnier;
protège les femmes laissées au château de Ter-
mes, p. 342; soumet plusieurs places & va en
Albigeois; son entrevue avec Raimond \'I ;
son Itinéraire après la prise de Termes, p. 3^3;
assiste à la conférence de Narbonne, p. 344;
fait hommage à Pierre, roi d'Aragon, pour le
comté de Carcassonne; assiste au concile de
Montpellier; offre sa fille en mariage pour Jac-
ques, fils du roi d'Aragon, p. 345; reçoit la
soumission du château de Cabaret, p. 35o; en-
treprend le siège de Lavaur, p. 35i ; reçoit, à ce
TABLE GENERALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
sicge, des secours des Toulousîiins, p. j J2 ; déclii re
la guerre au comte de TouloLise Se prend sur lui
diverses pinces, p. 'Î.Jp; prend différents châ-
teaux; ravage le Toulousain, met le siège devant
Toulouse; combat le comte de Toulouse dans la
plaine de PHers; tente l'assaut; est repoussé,
pp. 36o, ?>6i, !>62, 363, 364; lève le siège; fait
le dégât dans le Toulousain ; ravage le comté de
Foix, pp. 365, 366 ; s'empare de Cahors, p. 067;
sa situation désespérée, p. 368; est assiégé dans
Casielnaudary par Raimond VI, p. 369; trahi
par Guillaume Cat, p. 371; sa présence décide
du gain de la bataille de Castelnaudary pour
les croisés; rentre dans Castelnaudary pieds nus
& fait chanter le Te Dcum , pp. 373, 374; prend
le château de Coustaussa ; perd une partie de ses
conquêtes dans T Albigeois, p. 37:3 ; va à Pamiers,
puis à Fanjeaux, p. 376; reçoit un nouveau
renfort de croisés & continue ses expéditions;
est secouru par Gui de Montfort, son frère,
p. 377; assiège 8c prend le château d'Hautpoul,
le fait raser, va à Sorèzc, p. 384; reçoit un
nouveau secours de croisés & reprend diverses
places sur le comte de Toulouse, p. 385; assiège
& prend Saint-Antonin, p. 386; soumet l'Age-
nais; assiège & prend le château de Penne,
p. 387; prend Marmande & Biron, punit la
défection de Martin d'Algais; traite avec le
vicomte de Béarii; assiège Moissac, p. 389;
prend Moissac & différentes places des environs ;
fait présent au pape de mille marcs d'argent,
pp. 390, 391, 392; porte la guerre dans le pays
de Koix; soumet Muret & une partie du Com-
minges, p. 393; étend ses courses jusqu'aux en-
virons de Toulouse & fait le dégât aux alen-
tours, p. 394; fait encore des conquêtes sur
le comte de Toulouse; convoque une assemblée
à Pamiers & y publie des coutumes pour le
gouvernement du pays conquis, p. 396; articles
qu'il doit observer lui-même, p. 397; inféode
des terres à divers chevaliers français; visite
plusieurs villes, p. 398 ; sa conduite blâmée par
Innocent III, pp. 399, 400; acquiesce à une
trêve de huit jours, durant le concile de La-
va ur, p. 402; se rend à Narbonne; défie Pierre II,
p. 416; reçoit un nouveai; renfort de croisés &
continue ses expéditions, p. 418; don.ne la
ceinture militaire â Amauri, son fils, p. 419;
est dans le CommingeS; vient à Carcassonne, à
Castelnaudary; vient au secours de Muret,
pp. 421, 422; s'arrête à Boulbonne, passe la
nuit à Saverdun, s'avance sur Auterive, arrive
en face de Muret, p. 423; entre dans Muret,
entend la messe dans l'église du château; donne
l'ordre à son armée de marcher, p. 425; engage
le combat, pp. 426, 427; est vainqueur; re-
cherche le corps du roi d'Aragon; se rend nu-
pieds dans l'église de Muret, p. 428; offre à
Dieu ses actions de grâces, p. 429; profitant de
sa victoire, il porte ses armes d,u côté du Rhône,
désole le pays de Foix, p. 432; conclut le ma-
riage d'Amauri, son fils, avec Béatrix, fille du
dauphin de Viennois, pp. 433, 434; retourne
du côté de Toulouse; les Aragonais & les Cata-
lans lui réclament leur jeune roi; est obligé de
le leur rendre, pp. 434, 435, 436; fait le dégât
dans le pays Narbonnais; se rend maître de
Moissac; part pour l'Agcnais, p. 438; assiège
le Mas-d'Agenais; lève le siège; passe à Penne;
se rend à Narbonne & remet Jacques I, roi
d'Aragon, aux mains du légat, p. 440; achève
d'envahir les Etats de Raimond VI; se fait
donner les vicomtes de Nimes & d'Agde par
Bernard-Aton; va au-devant de l'armée des
croisés qui arrive de France, pp. 443, 444;
retourne vers le Rhône & ramène Béatrix a
Carcassonne, p. 440; soumet l'Agenais à son
obéissance, p. 446; assiège & prend Casseneuil;
reçoit, du cardinal de Courçon, toutes les con-
quêtes faites sur les hérétiques; s'empare de di-
vers châteaux dans le Périgord, repasse en
Querci & en Rouergue; reçoit l'hommage du
comte de Rodez, pp. 447, 448, 449, 45^; prend
le château de Sèverac; a recours à l'autorité des
légats du pape pour s'assurer la possession des
pays conquis, p. 45 1 ; est choisi par le concile
pour /ïr/ncc & monarque de tous les pays conquis
sur Raimond VI, p. 402; fait un voyage à
Beaucaire & reçoit en fief cette ville & la terre
d'Argence, p. 453; ses libéralités envers diverses
églises; reçoit plusieurs hommages; rencontre
Louis, fils aîné de Philippe-Auguste, pp. 454,
455; reçoit provisionnellement d'Innocent III
le comté de Toulouse, Sic, p. 456; ses différends
avec Arnaud, archevêque de Narbonne, pp. 459,
460, 46 r ; prend possession du château de Foix,
de la ville & du comté de Toulouse; procure
au prince Louis une partie de la mâchoire de
saint Vincent, martyr; prend possession de
Monta uban; se rend àBeaucaire; établit divers
sénéchaux, pp. 462, 463, 464; s'applique au
gouvernement de ses domaines; ses différends
avec l'abbé de la Grasse; fait raser les murs de
Toulouse; reçoit plusieurs hommages, p. 465;
ne peut se rendre au concile de Latran, p. 470;
y envoie son frère Gui, p. 471 ; le concile de
Latran lui adjuge le comté de Toulouse, p. 473 ;
limites de ses domaines, p, 474; prend posses-
sion du duché de Narbonne, malgré l'archevê-
que, qui l'excommunie; entre dans Narbonne,
y fait célébrer l'office divin, malgré l'interdit
de l'archevêque, pp. 478, 479, 480; conserve le
duché de Narbonne, malgré l'appel de l'arche-
vêque au pape; prend de nouveau possession
du comté de Toulouse & tâche de s'assurer de
cette ville; se rend à Toulouse, convoque les
habitants au château Narbonnais; reçoit leur
serment pour lui & son fils Amauri; prête à
son tour serment aux habitants, fait raser les
murs de la cité 8c du bourg, pp. 481, 482;
va à la cour de Philippe-Auguste, qui reçoit
son homm.age pour le duché de Narbonne, le
comté de Toulouse, Sec, pp. 483, 484; marche
au secours du château de Beaucaire, pp. 488,
489; se retire de devant Beaucaire, dont il
cède le château au jeune Raimond par un
traité, p. 491 ; cherche querelle au comte de
Foix, pp. 493, 494; se venge des Toulousains;
en arrête un grand nombre; entre dans Tou-
louse 8c incendie différents quartiers; est battu
par les habitants, mais, grâce à une trahison,
devient maître de Toulouse, qu'il veut piller 8<
détruire, pp. 490, 496; quitte Toulouse, se rend
à Saint-Gaudens, ensuite à Tarbes, où il marie
son fils Gui à Pétronille de Comminges, p. 498 ;
assiège Lourdes, qu'il ne peut prendre, va à
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
10
33
Saint-Lizier, rentre à Toulouse, où il commet
de nouvelles déprédations, & porte la guerre
dans le pays de Foix, p. 499; assiège & prend
le château de Montgrenier & empêche la récon-
ciliation du comte de Foix avec l'Eglise; ravage
le pays, prend la ville de Foix; s'accorde avec
l'évéqvie d'Agen, pp. ."13c, 5di , ")0i ; soumet di-
vers châteaux dans leTèrmenés; porte la guerre
aux environs du Rhône, pp. 5o3, !>:>/\; atta-
que le comte de ^'aUntlnoi5, p. "loj; fait sa
paix avec ce comte; perd la ville de Toulouse,
qui retourne à Raimond, pp. ")o6, .^c7; conclut
une trêve avec Raimond VII; envoie demander
du secours en France; entreprend le siège de
Toulouse, p. .")o3; dirige l'attaque du faubourg
San-Subra ; est repoussé par le comte de Foix
& poursuivi jusqu'à Muret; tombe dans la Ga-
ronne en s'embarquant ; ramène ses troupes de-
vant Toulouse, près la porte Montolieu ; se
fait remettre des otages par les habitants de
Montauban, p. .'139; continue le siège de Tou-
louse, pp. 5i4, Ô16; une pierre partie d'un
mangonneau des assiégés l'atteint à la tête &
le tue, p. 5 16; son éloge, p. .")i7; sa famille,
p. .O18; son corps est transporté à Carcassonne;
il est ensuite apporté dans le monastère des
Hautes- Bruyères , à une lieue de Montfort-
l'Amaury, pp. 519, 520.
SIMON DE MONTFORT, gouverneur de Gasco-
gne, pp. 801, 81 3, 863.
SI.MON II, seigneur de Montfort, comte d'Évreux,
père de Simon de Montfort, comte de Leycestre,
p. 297.
SIMON DE MONTFORT, fils de Philippe II de
Montfort, p. 92.'! ; meurt sans enfants, en
Fouille, p. 926.
SIMON, sire de Nesle, pp. 860, 91O, 916.
SIMON DE l'ASSY, p. 8 I 5.
SIMON DE TUREY, pp. 903, 678.
SisTEno.v, comté, p. 604.
SotL, village, p. 9 1 8 ; Soual (^Tarn), arr. de Castres.
SocitTf; des pauvres catholiques, p. 2;>i.
SoEiBS minoretes de Toulouse, p. 906.
— gf'se». P 891.
SommiCbks, pp. 108, 39.J, 39Û, 705, 848 (^Gard),
arr, de Nîmes.
SoMpiY, château, p. 664; Mansempuy (^Gers"^, arr.
de Lcctoure.
So\, château dans le Donezan, pp. Ô64, 601 , 696,
889; Usson {^Ariègc)^ commune de Rou^e.
SoRKZE; Simon de Montfort y séjourne le 23 avril
1212, p. 384.
— (abbé de), p. 8J7.
SouiLLAC, abbaye dans le Querci, pp. 134, 173.
SotviGNi, abbaye du Bourbonnais, pp. 8,11, 56o.
StRKOMS; ne sont pas encore héréditaires au trei-
zième siècle, p. 942.
SpEiBAN, lie\i près de Saint-Gilles, p. 280.
Stagel, lieu près de Saint-Gilles, p. 280.
Statuts de 1212, promulgués à Pamiers, pour le
gouvernement du pays conquis, par Simon de
Montfort, pp. 396, 397,
Statuts pour l'observation de la trêve & de la
paix, p. I 98.
— dressés pour faire observer la paix dans le pays
d'Albigeois, pp. 140, 141.
— pour la corporation des bouchers de Toulouse,
p. 110.
SinsiDES accordés par Innocent IV à Alfonse de
Poitiers, pour son expédition de Terre-Sainte,
p. 832.
— levés par Alfonse en 1202, p. 829.
SuBSTANTiox, comté, pp. 21,45, 110, 159.
SiscRiPTiON d'une lettre du comte de Toulouse au
pape Luce, p. 104.
Suspension de l'évêque de Béziers par les légats,
pp. 235, 236.
— de l'archevêque de Narbonne par les légats,
p. 232.
SYBILLE, fille de Pierre- Eermond de Sauve,
p. 395.
T
Tabellionage de Béziers donné en fief par l'évê-
que & le vicomte de cette ville, p. 40.
Taillebolbc, sur la Charente, p. 741.
TAILLEFER, fils de Raimond V, p. 167.
Tulle & autres subside> payés dans la Province,
p. 939.
Talaibax, château, p. 856 (Aude), arr. de Carcas-
sonne.
— (seigneur de), p. 924.
TALAYRAND, comte de Périgord, pp. 102, io5.
Tax(ji:eli.\' j son insurrection, p. 221.
Tarascon, sur le Rhône, pp. 33, 68, 110,317, 486,
489, 5^4, 5i3, 520, 608, 666, 729, 797, 946;
se soumet à Raimond VI, p. ^86.
Tarascox, dans le pays de Foix, p. 198; confir-
mation de ses coutumes, p. 499.
Tarijes, p. 497.
TAREGNEUX ou TEREGNUS DE CASTILLON,
p. 499.
Tarentaise, pp. 591,630.
Tarrago.ne, pp. 25, III, 118, 703.
— (archevêque de), p. 19.
TARROGE, femme de Raimond Foie, p. 65i.
Tarsat, lieu, p. 71 ; Tersac (Tarn), arr. d'Albi.
Taurians, lieu duVivarais, p. 186; Tauriers (Ar-
deche), arr. de Largenùère.
Taurisan, château, p. 857; Taurine (Aude), arr.
de Carcassonne.
Tegra, lieu en Querci, p. 559.
Templiers, pp. 540, 599, 628, 901, 913.
— d'Arles, p. 392.
— ,de Béziers, pp. 39, 40.
— de Montpellier, pp. 188, 204, 3i5, 457, 536.
— de Montredon, p. 466.
— de Narbonne, p. 386.
io34
TABLE GENERALE DES NOMS ET DES MATIERES,
Templiei'.s de Saint-Gilles, p. 392.
— de Toulouse, pp. ;)2i , 7R8.
Tenaille, abbaye en Saintonge, p.-i85.
TÉRÉSA GIL, maîtresse de Jacques d'Aragon,
p. 915.
TcBMENOis, pp. 91, t~>^, 3i^>, 339, .T.ji, 668, 74^,
81 5, 857, 8r)9.
TERMES (Olivier de), p. 81").
Tehmes, château, dans le diocèse de Narbonne,
pp. 91, 299, .')o3, 541 , ."173, ")74, 608, 81.5, 8J9;
assiégé par Simon de Montfort, pp. 333, 338,
339, 340, 341; est pris, p. 342.
— (ville de), p. 856.
TEnr.AiL, lieu du diocèse de Narbonne, p. 140.
Teuhe-Sainte, p. 577.
Terre du maréchal de Lcvis, pp. 634, 641; son
étendue, p. 640; partie méridionale du Toulou-
sain donnée à Gui I" de Lévis, 556.
Terres inféodées à divers chevaliers français.
p. 398.
Terreur causée dans la Province par la prise & le
sac de Béziers, pp. 289, 290.
Testament de RaimondVIIj consultation d'Aï-
fonse 8c de Jeanne, pour faire casser ce testa-
ment; décision des jurisconsultes à ce sujet,
pp. 819, 820; accords passés par Alfonse & par
Jeanne avec les légataires, p. 821 .
Terride, vicomte, p. 191.
THADÉE DE SUESSE, conseiller de Frédéric II,
p. 769.
THÉDISE ou THÉODORE, chanoine de Gènes,
envoyé dans la Province, pp. 274, 275, 284,
304, 321, 322, 323, 324, 364, 33i, 382, 399,
402, 403, 404, 408, 417, 45o, 454; évêque
d'Agde, pp. 465, 466, 472, 535, 562, 583, 586,
681; vient à Toulouse, p. 327; son portrait;
donne l'absolution aux habitants de 'Toulouse,
p. 328; assiste à la prise de Minerve, p. 33o;
se rend à Saint-Gilles, p. 334; refuse, malgré
les ordres du pape, de recevoir la justification
de Raimond VI, p. 335; écrit au pape, p. 336;
assiste à la conférence de Narbonne, pp. 344,
345, au concile de Montpellier, p. 345.
THÉODORIC BAUDOUIN, hérétique, p. 325.
THÉRÈSE, femme de Bernard VII, comte de Com-
mingcs, p. 735.
THÉRÈSE, femme d'Olivier de Termes, p. 856.
THÉSAN, p. 546; Thé^an {Hérault), arr. de Béliers.
THIBAUD, comte de Champagne, pp. 547, 610,
63i, 637, 663.
THIBAUD, comte de Blois, p. 35.
THIKAUD, comte de Bar, p. 362.
THIBAUD DE CORBEIL, p. 723.
THIBAUD DE NONGEVILLE, sénéchal de Tou-
louse, p. 939.
THIERRI, hérétique, brûlé en Nivernois, p. 220.
THOMAS, archevêque de Cantorbéry, p. 38.
THOMAS DE MONTCILIART ou MONTLEARD,
sénéchal de Carcassonne, pp. 853, 854.
THOMAS DE NEUVILLE, p. 917.
THOMAS, comte de Savoie, p. 804.
THOMAS TORTOSE, second fils de Guillaume VIII,
seigneur de Montpellier, p. 202.
THOMAS, citoyen de Toulouse, p. 468.
THOU (de), historien, cité, p. 6.
TIBURGE DE MONTPELLIER- ORANGE, femme
de Bertrand de Baux, p. 75; héritière du comté
d'Orange, p. 1 36.
TIBURGE, sœur de Raimbaud, femme d'Aymar,
seigneur de Murviel, & mère de Raimond-Aton
de Murviel, p. 1 86.
TIBURGE, fille de Raimond-Aton de Murviel,
pp. i36, 137.
TIBURGE, veuve de Bernard Pelet, p. 794.
Tiers-Etat, p. 939.
Tu,, château, p. 191; Thil [Haute-Garonne), arr.
de Toulouse.
Tolède, p. 944.
Tor.TE, pp. I I 5, 939.
TOMIERS EN PALAZIS, poète provençal, p. 167.
Tor, château, p. 542; Thor [Faucluse), arr, d'Avi-
gnon.
ToROLLE, château, p. 534.
ToRONET, monastère en Provence, p. 243.
ToRTOSE, ville de Catalogne, pp. 202, 859,945.
ToRTOiRERA, ancien nom du lieu où fut fondée
l'abbaye de Valmagne, p. 64.
ToRVES, château, pp. 208, 314, 35o, 872; Tourbes
[Hérault], arr. de Béliers.
TOSET DE TOULOUSE, p. |32.
ToiLotsAix, pp. 2, 6, 26, 3i, 104, 220, 754, 757,
811, 8i5, 816, 83o, 895; est ravagé par Al-
fonse II, roi d'Aragon, p. 94.
TotLousr;, pp. 3, 88, 110, 401, 5i3, 535, 558, 671,
766, 801, 853, 859, 946; affection du peuple
de cette ville pour Constance, p. ii; députe
plusieurs prud'hommes à Louis le Jeune â l'occa-
sion de la naissance de Philippe II, p. 12; si
cette ville a été assiégée deux fois par Henri II,
roi d'Angleterre, pp. 5i, 52; est infectée de
l'hérésie des henriciens, p. 77; le légat & les
évéques désignés pour la combattre sont reçus
avec des huées, p. 79; Pierre Mauran, hérétique,
est soumis à la pénitence publique à Saint-Ser-
nin, p. 80; deux chefs d'hérétiques sont con-
damnés dans la cathédrale Saint-Etienne en
présence du cardinal légat, de plusieurs évéaues
& d'environ trois cents ecclésiastiques, pp. 83,
84; les juifs y sont tenus à une redevance en
cire tous les ans le Vendredi-Saint, p. 93; Al-
fonse II ravage le Toulousain & vient camper
sous les murs de cette ville, p. 94; Raimond V y
fait dresser des règlements de police, de l'avis du
chapitre & du commun conseil de la ville & du
faubourg, p. ICO; règlement fait par les consuls
de Toulouse pour les moulins du Bazacle,p. loi;
révolte d'une partie de la population contre
Raimond V, p. i3;; assemblée du peuple à
Saint-Pierre-des-Cuisines; charte donnée par
le comte; serments prêtés par lui & par les
consuls, p. i32; les consuls font un règlement
touchant le droit d'épaves, p. 140; seize mou-
lins sont établis sur la Garonne, en 1 192,
p. 109; un marché de boucherie est établi près
TABLE GENERALE DES NOMS ET DES MATIÈRES,
io35
de l'église de la Dalbnde en 1194, p. iJ.p; les
héréiitjiies & ceux chez qui ils se réfugient sont
condamnés au feu & leurs biens confisqués,
p. 162; règlement de police, p. 162; le comte
Raimond \'I prend possession du comté &
reçoit le serment des consuls & des princi-
paux habitans} coutumes, établissements, sta-
tuts conservés; sauvegarde, exemption de leude
& de péage pour tous les liabitants confirmées,
p. i('i8; Raimond \'I accorde & confirme leurs
libertés, coutumes, us<iges St privilèges, p. 170;
des poids 81 mesures publics sont établis à
Saint-Pierre-des-Cuisines, Saint-Géraud, Saint-
Sernin, p lyf); règlement du viguier touchant
les moyens que les créanciers doivent employer
pour se faire payer de leurs débiteurs, p. 181;
règlements des consuls défendant à tous les
habitants de la ville d'entretenir des relations
avec les ennemis de l'un des bourgeois; de
faire à tout homme sujet à la puissance pater-
nelle ou en tutelle des prêts d'argent; inise
en vigueur d'un ancien statut relatif aux
courtisanes; celles de la rue de Comminges
sont expulsées, p. 192; guerre entre les Tou-
lousains 81 les habitants de Rabastens, en-
tre les Toulousains & le vicomte de Lomagne,
p. 196; paix conclue entre eux, pp. 196, 197;
détails sur les traités de paix ou les accords
intervenus entre les consuls & les seigneurs
ou habitants des petites villes du voisinage,
p. 197; composition du chapitre de cette ville ;
ses attributions; origine du nom de capitouls ;
tentatives du chapitre pour diminuer les^char-
ges de la ville, p. 209; troubles dans son Eglise,
p. 226; pourquoi les hérétiques y ont fait
des progrès, p. 229; les habitants de cette ville
abjurent leur erreur, prêtent serment aux lé-
gats, p. 23 3; règlement contre l'hérésie conte-
nant des indication curieuses sur les auberges
de Toulouse, p. 2I6; les légats déposent l'évé-
que Raimond de Rabastens, p. s!!-'; le comte
Raimond VI promet de ne jamais changer la
monnaie septène, p. 2''>7; un grand nombre
d'hérétiques vivent à Toulouse, pp. 244, 24,5;
les consuls passent un accord avec ceux de
Cahors, p. 2.>3; Raimond VI s'y retire après
la prise de Carcassonne par les croisés, p. 299;
les consuls refusent de livrer les h.ibitants que
demandent les croisés, p. 3ooj les légais jet-
tent l'interdit sur la ville, p. .'Sîi; les consuls
sont excommuniés; la ville est mise en inter-
dit, p. 3o6; Raimond VI & le roi d'Aragon
y arrivent, p. 326; les légats y font un séjour ;
ses habitants sont relevés de l'excommunica-
tion, p. 328; Raimond VI vient dans le château
Narbonnais, p. 344; y vient après sa seconde
excommunication, p. 349; cinq mille de ses
habitants prennent la croix & se rendent au
siège de Lavaur, J). 3'>2; l'hérésie dominait dans
cette ville; confrérie blanche, confrérie noire,
p. 3.')2; l'évèque Foulques est chassé, p. 35:); est
assiégée par Simon de Montfort, p. 362; les
habitants ne voulant pas abandonner les inté-
rêts de Raimond VI sont de nouveau excommu-
niés, p. 363; le bourg est attaqué; l'assaut
donné par Simon de Montfort est repoussé; les
Toulousains se défendent bravement, p. 364;
le siège «st levé, p. 36.'); le roi d'.4ragon y éta-
blit un vicaire, p. 3,S3; les habitants de la cam-
pagne se réfugient dans la ville à l'approche
des croisés, p. 385; Pierre II, roi d'Aragon,
vient dans cette ville S*, communique avec les
habitants, p. 412; Raimond VI & son fils re-
mettent leur personne & leur ville au roi d'Ara-
gon, 406; comparée à Sodome & à Gomorrhe
par les évèques du concile de Lavaur, dans leur
lettre à Innocent III, p. 40g; ses environs sont
ravagés par Simon de Montfort. p. 419; ses ha-
bitants écrivent des lettres déclarant qu'ils se
soumettent au pape & aux lég;its, p. 42!); pour-
parlers avant la bataille de Muret, pp. 424,
425; après la bataille ils font de nouvelles dé-
marches pour se soumettre, p, 43 1 ; Raimond VI
abandonne la ville, p. 432; ses habitants en-
voient à Narbonne sept de leurs consuls & se
soumettent au légat, Pierre deBénévent, p. 444;
Foulques en prend possession au nom del'Eglise
romaine; le château Narbonnais est remis au
pouvoir de l'évèque; des of.iges sont donnés,
p. 45.'); ordre est donné de démolir les mu-
railles, pp. 453, 459; Gvii de Montfort en prend
possession ; ses murailles sont abattues par or-
dre de Montfort; le château Narbonn.iis est
seul conservé; de quelle façon sont traités les
habitants, pp. 4^2, 4^3; Simon de Montfort
exige d'eux trois mille marcs d'argent, p. 464;
saint Dominique y fonde l'ordre des Frères
Prêcheurs, qui reçoit en don des maisons près
du château Narbonnais & l'hôpital de la porte
d'Arnaud-Bernard, p. 468; l'évèque Foulques
donne à saint Dominique l'église de Saint-Ro-
main; fondation du couvent dit de Saint-Tho-
mas d'Aquiii; séjour de saint Dominique à
Toulouse, p. 469; le 7 mars 1216, Simon de
Montfort réunit les habitants de la ville & du
bourg au château Narbonnais; les murailles de
Toulouse sont rasées, les tours des maisons dé-
molies; les chaînes qui fermaient les rues enle-
vées; le château Narbonnais est fortifié, p. 48: ;
douze consuls retenus en otage à Arles rentrent
dans la ville; G. de Chameninc y exerce les fonc-
tions de sénéchal, p. 483 ; ses habitants font pri-
sonnier un détachement de cavalerie de Simon
de Montfort, p. 493; Simon de Montfort se
venge sur cette ville, de concert avec Foulques,
p. 494; détails sur différents combats; incendie
de plusieurs quartiers, p. 495; les habitants
déposent les armes; sont trahis; le sac de la
ville est racheté par les principaux habitants,
pp. 496, 497 ; Raimond VI y rentre pn r le gué
du Bazacle; fortifiée par des travaux exécutés à
la hâte, p. 5^7; Gui de Montfort tente vaine-
ment de reprendre la ville, p. 607; est attaquée
par Simon de Montfort du côté du château
Narbonnais, de la porte Montolieu & du fau-
bourg de San Subra; préparatifs pour attaquer
le château Narbonn.iis; les habitants relèvent
ses murailles, p. 5?9 ; Raimond VI attaque
le château Narbonnais défendu par la garnison
laissée par Simon de Montfort, pend.int que la
ville est assiégée par Simon lui-même, p. 5io;
les biens des bourgeois qui n'ont pas défendu la
ville contre Simon de Montfort sont vendus à
l'encan, p. 5i 1 ; les consuls reçoivent une lettre
d'Honoré III en faveur de Simon de Montfort,
p. 5i3; le siège de la ville continue, p. 514;
io36 TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
détails sur l'attaque & sur la défense de la ville, château Narbonnais, p. 810; noms des sei-
p. 5iô; sortie du ijjuin 1218; mort de Simon gneurs qui prêtèrent ce serment, p. 811; en
de Montfort, p. Ô16; le siège est continué par présence des consuls & du peuple assemblés,
Amauri, pp. 317, ûi8; les habitants font une Sicard Alaman est reconnu comme gouverneur
vigoureuse sortie par le faubourg San Subra ; du pays, p. 811 ; il promet de inaintenir les
empêchent l'incendie de la ville, battent les libertés & les coutumes; les habitants prêtent
croisés, p. :)|8; le siège est levé le 2.5 juillet aussi le serinent de fidélité, p. 812; Alfonse
1218, p. .np; le château Narbonnais est brûlé, & Jeanne reçoivent le serinent des habitants,
p. ôiy; tombeau de Simon de Montfort à Car- p. 8ic;; les commissaires réformateurs envoyés
cassonne, p. 519 ; troisième siège, mis par Louis par Alfonse de Poitiers y publient un règle-
de France; défense de'la vil le par Raimond VII ment en iiTi^, p. 828; bail de la monnaie de
& ses alliés, pp. 5.) 1 , 5!)2 ; le siège est levé après Toulouse en i 2,")3, p. 83.'} ; troubles en l'absence
aVoir duré quarante-cinq jours, p. 532 ; ses pri- du comte pour atteintes portées aux privilèges &
viléges, p. j33 ; le pape menace de supprimer aux coutumes des habitants, p. 844 ; Alfonse veut
l'éveché, p. ô38; règlements pour l'élection des maintenir les anciens usages & se refuse à toute
consuls, p. 54:); ses grandes boucheries sont innovation, pp. 84r), 846; troubles & agitation
données en fief; Raimond VI y meurt; circons- au sujet du procès fait à Raimond du Felgar
tances de sa mort, pp. r)48, 549, .")5o ; les consuls par le commissaire du pape, pp. 877, 878, 879;
& le commun conseil de la ville garantissent ses habitants offrent un don gratuit à Alfonse
le traité passé entre Raimond VII & le comte de de Poitiers, p. 893; réclamation des consuls &
Poix, p. 6 I :") ; Grégoire IX engage le comte de des habitants ; réponses du comte ou de ses délé-
Champagne à chasser les marchands de Toulouse gués, pp. 894, 896; s'abonne pour le foiiage avec
des foires de son comté, p. 627 ; ses murs doivent Alfonse, p. 90c; le comte Alfonse accorde quel-
être détruits & ses fossés combles, p. 63"i; éta- ques privilèges à ses habitants, p. 906; mémoire
blissement de l'université; premiers maîtres qui des habitants concernant leurs libertés & privi-
y enseignent, p. 643; quelles parties de ses mu- ^^g^^» P- 9°^» privilèges accordés aux pécheurs
railles doivent être démolies, p. 644; le vice- confirmés par Alfon;e de Poitiers, p. 959; fait
légat, Pierre de Colmieu, réconcilie la ville avec un don gratuit à Alfonse, p. 919; le château
l'Eglise, pp. 6i>\, 6J2; un concile y est tenu en Narbonnais est réparé par Alfonse de Poitiers.
1229, p. OÔ2; les Dominicains sont transférés p. 980; on y enseignait publiquement les lois
du couvent de Saint-Rome dans leur nouveau romaines durant le treizième siècle, p. 937; les
couvent; la première pierre de l'église des Jaco- lieux de débauche étaient placés dans les fau-
bins est posée par l'évéque Foulques, p. 669; bourgs hors de l'enceinte de la ville, p. 928; ses
Raimond VII y reçoit différents hommages, en coutumes, p. çSçj; règlement concernant les
1232, p. 671; son université jouit des mêmes jongleurs, p. 949.
privilèges que l'université de Paris, p. 674; ToiLOL'SE (archidiacre de'), p. 737.
Raimond publie, dans le cloître de Saint- _.(capitulaires ou capitouls de), p. 877.
Etienne, en présence du legat, des barons du ) . . ^ t.,-!- «- ■, ^
pays, du sénéchal de Carcasfonne, &c., un éd.t " (^°'"«= "^'î' P?' "î^û. 794. 8^9- 9'9. 93°. 93>,
contre les hérétiques, pp. 676, 677; les inquisi- 94>. 947; '^ «""'o" » •" couronne, p. 929.
teurs sont chassés, avec l'évéque de cette ville & — (Saint-Etiexne, cathédrale de), p. 8o3 ; Ral-
les Frères Prêcheurs, pp. 688, 689, 690, 691; mond VI est considéré comme le fondateur de
les capitouls sont excommuniés nommément, '•< '"'. P- 302.^
p. 691 ; l'évéque de Comminges y excommunie — (place Sai.nt-Etie.n.ne, i), p. 490.
Raimond VII, p. 693; des hérétiques y sont — (Église de), p. 707.
brûlés vifs, p. 701; le viguier & les consuls _ (diocèse de), p. 800.
sont excommuniés, pp. 701 , 702; Raimond VII 1 » j \ 00
. ,. > rr / > / > — (Saixt-Etiexxe, cloître de), p. 878.
y reçoit divers hommages en 1240, p. 72c; Rai- ;, . n-, n ^
mond VII donne le bail de la monnaie & en — («veques de), pp 733, 737, 738, 767, 772, 8o3,
règle le poids, pp. 723, 724; les consuls sont '*°4. »". 8'^. «^2. «4^. 874. 887. 8«8-
donnés pour répondants par le comte lors de — (grenier à sel de), p. 82 1 .
son alliance avec le pape contre l'empereur, — (sénéchal de), pp. 81 3, 813, 877, 878.
p. 724; Raimond VII permet aux juifs de — (sénéchaussée de), pp. 933, 936.
vendre leurs maisons, p. 743; établissement des _ rviguier de), pp. 877, 878.
Carmes, p. 743; serment des consuls de la ville „ ^ , . ,,, -, y- . ...
,, , , r '^ ' 1 1 L » ■ j lori.ViON, château, p. 606; il faut proba hument
&. du boure & de tous les habitants âges de . '_ ',{. ■ , ^ ■ j \ rT c
■ ^ , . j ° . corriger 1 ulmont {^>aint~£jttenne itc), ( I arn~tj'~
■ plus de quinze ans entre les mains des commis- ^ \ 1 n/r r
^ . ,^- -.'ijT^- I A7TT (jaronne), arr. de monîauban,
saires du roi après la révolte de Raimond VII, '• ,
p. 734; Raimond VII y reçoit plusieurs hom- "oiQLES, rivière, p. 369.
mages; mariage de Cécile de Baux, p. 771; Rai- ToiT, d'Aigles, p. 837.
mond VII y tient une cour plénière où il crée — du comte Pierre, à Narbonne, p. 210.
deux cents chevaliers, p. 772; nomination de _ Je Constance à Aigues-Mortes. p. 781.
ses consuls, pp. 794, 793; le corps de Rai- _ Magne à Nimes, pp. 88, 89.
mond VII y est apporte, p. 8o3; les consuls & ° ., '^'^
prudhommes de Toulouse reçoivent des lettres — de humet, p. 341.
de Blanche de Castille, leur enjoignant d'obéir Toukaine, p. 862; conquise par le roi de France
aux commissaires qui venaient prendre posses- ^i"' '* 'O' d Angleterre, p. 128.
sion du pays; le serment de fidélité est prêté au Tournon, château en Vivarais, pp. i3o, 527, 710.
TABLE GENERALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
1007
Tolus, pp. i33, 592, 624.
Traité de commerce entre Gènes & Narbonne, en
I 224, pp. 22, 59, 590.
— d'Abbeville, p. 863.
— deCorbeil, p. 861.
— de Lorris, p. 853.
— ou convention entre Montpellier & Pise contre
Gènes, p. 1 8.
— entre Narbonne & Pise, pp. ô8, J9.
— de Paris, p. 812.
— entre l'archevêque. In vicomtesse & les habi-
tants de Narbonne & la répiiblique de Gènes,
p. 18.
— de paix entre Henri II, roi d'Angleterre & Rai-
mond V, comte de Toulouse, p. 33.
— de paix entre Raimond V & Alfonse, roi d'Ara-
gon, p. 1 10.
— entre Raimond V, comte de Toulouse & Rai-
mond Bérenger, comte de Provence, p. 19.
— de paix de 1229 entre Raimond \'II 8t le roi
de France, pp. 6j2 à 637.
— de paix entre Richard, roi d'Angleterre & Phi-
lippe-Auguste, p. 173.
— touchant les marchands venant nu port d'Agde,
p. 116.
— conclu avec Us villes situées sur les côtes de In
Méditerranée par les printes croisés, p. 94.').
Tbamksiiglks, grange, pp. 852, 853.
TRENCAVEL, vicomte d'Albi, pp. |3, 14, |5, 16,
17, 41 5. Foy^î RAIMOND.
TRENCAVEL, vicomte de Béziers, pp. 537, ^85,
587, 6i5, Û24, 735, 744; rentre en possession
de Carcnssonne, p. 574; sa paix avec l'Eglise,
p. 583; recouvre Limoux & une partie de ses
autres domaines, p. 623; se retire à la cour du
roi d'Aragon, p. 699; reprend sur le roi une
partie des anciens domaines de ':a maison,
pp. 718, 719, 720; se rend maître du bourg de
Carcassonne & assiège la cité, pp. 720, 721; se
retire à Montréal; est battu par les Français;
retourne en Catalogne, p. 722 ; se soumet au roi
& lui cède tous ses droits sur les vicomtes de
Béziers 8c de Carcassonne, pp. 783, 784, 785;
conclut la paix & prend la croix; sa postérité,
pp. 799, 791; suit le roi outre-mer; s'y distin-
gue; revient de la Terre-Sainte ; époque proba-
ble de sa mort, pp. 792, 835. Foye:^ RAIMOND.
TRENCAVELLE DE BÉZIERS, p. |3.
Tbevti.n établi dans la cathédrale de Béziers, p. 40.
Tressan, lieu, p. 202 (^Hérault), arr. df LoAèvc.
Tkkve up. DiKu, pp. 172, 279; confirmée en 1170
par l'évèque de Béziers, Sp.
— entre le roi d'Angleterre & le roi de France
rompue, pp. 128, |32.
— entre les comtes de Toulouse & de Provence,
p. 759.
— entre le roi de France & le roi d'Angleterre en
1243, p. 755.
TRiBt;.\AL de l'inquisition; son établissement dans
la Province, p. 654.
Tkinitaires de Toulouse, p. 900.
Trinqleïaillk, faubourg d'Arles, p. 16
— poft. P- a(>-
— château, p. 717.
Tripoli, en Syrie, p. 807.
Tkoyes, p. 538.
Tlciian, château, p. 857 {Aude),
sonne,
Tldclle, château, p. 378; Thoels
Briatexte [Tarn), arr. de Lavaur.
TuMET, rocher, p. 339.
TURC MALEC, poète provençal, p. 166.
TuuENNE, vicomte, pp. 63, io3, 553, 807.
arr. de Carc^is-
ancicn nom de
u
UciiAUT, château, p. 333; Uchaud {Gard), arr, de
Ni mes.
UDALGER DE FENOUILLET, p. 254.
UDALGER DE PONCIAN {corr. DE PIEUSSE),
p. 112.
UiMON de l'abbaye d'.\let à la cathédrale de Nar-
bonne, p. 560.
Umveh.sité de Montpellier, pp. 661, 947, 948.
^- de Toulouse, pp. 7o5, 709, 947, 948; son ori-
gine, p. 643; confirmation de sa fondation;
elle reçoit les mêmes privilèges que l'universiié
de Paris; le pape se plaint de l'état d'abandon
dans lequel la laisse Raimond VII, p. 694.
URBAIN II, pape, p. 880.
URBAIN III, pape, p. 119.
URBAIN IV, pape, pp. 866, 869, 87^, 873, 877,
879, 882.
URBAIN VIII, pape, p. 73.
UnGia, p. 7o3; assiégée & prise par le comte de
Foix, p. 184.
— (comté d'j, pp. 859, 836.
Us 8c COUTUMES de Paris, p. 642.
UssEL, alias WissEL, château, pp. 33, 6c8, 660.
Usure, p. 1 72.
UsuKiEiiS, p. 172.
UZALGER, fils de Gila, vicomte de Saiilt, p. 723.
UzERCiIE; le comte de Toulouse y arrive le 26 mai
1 183, p. I o3.
UzÉs, pp. 38, 69, 88, 170, 334, 454, 554, 572,
574, 608, 779, 782.
— fcointè d'); assigné par Raimond V pour le
douaire de sa femm; Ermessindc, p. 49.
— (diocèse d'), p. 814.
— (èvèque d'), pp. 364, 377, 767, 800, 837, 842.
— (seigneurs d'), pp. 837, 933.
V
V. DE KKNA, sénéchal de Rouergtie, p. 465.
Vachkbks, château, p. irrî; Vac^ ueiras {^Vaucluîe)^
arr. d'Orange,
io38
TABLE GENERALE DES NOMS ET DES MATIERES.
VACHERIE DE MONTEIL-AUÉMAR, femme de
Pierre de Lautrec, pp. 679, 8;j5, 902.
VAGIER DE MONTOLIEU, p. 7ÔJ.
Vaison, p. 69,
— (château de), pp. 148, 278, 786.
— (évêques de), pp. 148, 814, 818.
Vajal ou Vaïal, abbaye, p. i85.
Val-de-Daigne, territoire, p. 8.05.
VAL-UES-EcOLitns, ordre, p. 793.
Valacris, château, p. 28.O [Gard), arr. li'U-ès.
Valbonne, chartreuse, p. 206.
Valence, en Dauphiné, pp. 2-j6, 280, 434, 443,
606; un concile y est tenu en 1248, p. Soo.
— (royaume de), p. 936.
Valextinois, comté, pp. 76, 710.
— (comte de), p. 807.
Valehaugue, château, pp. 47, 601, 9o3; Vallc-
ravguc {Gard), arr. du Frgan.
VALE.sriii, pays, pp. 616, 699, 714.
Vallachégues, pp. 489, 525 (Gard), arr. de Nimcs.
Vallée d'Andorre, pp. 198, 65 1, 887.
— de In Garde, p. 887.
— de Saint-Jean, p. 198.
VuLLiGuiÉUE, dans le comté d'Uzès, p. 49.
Valmagne, monastère, pp. 48, 57, 64, 71, 101,
102, 124, i55, 247, 3o2, 797.
VALNÉGr.E, monastère de filles, p. i85.
Valseguier, abbaye, p. 116; ancien nom de Mcn-
tolieu.
VAQUERIE DE MONTEIL-AUÉMAR , p. 902.
Fo^e^ VACHERIE.
Vauagne (maison de), p. 671.
Variliie.s ou ^'A^.EILLES, dans le comté de Foix,
pp. 357, 627 (Aricgc), arr. de Pamicrs.
Valdois, pp. 220, 222, 229; un des noms donnés
aux hérétiques de la Province au commencement
du treizième siècle, pp. 118, 701.
VauVEUT, p. 5d4 {Gard), arr. de Nimes.
Vavasseui-,, p. 557; signification de ce mot, p. 509.
VftDEiLLAX, lieu, p. 584 Védillan {Aude), arr. de
Narbonne.
Veili.ac ou KoAiLLAc, lieu du Vêlai, pp. 165,948.
Vêlai, pp. 3, 10, 35, 99, 287, 525, 527, 601,
934; la tranquillité y est rétablie, pp. 3(5, Sy,
38.
— (comté de), uni au domaine des évéques du
Puy, p. 9.
— (église du), p. 35.
Ve.xaissin, pp. 692, 718, 823, 83 I, 8Û0, 90c. Foycj
pays Venaissin, coratat Venaissin, comté Ve-
naissin.
— (sénéchal de), p. 817.
Vendôme, p. 597.
Vendues, paroisse du diocèse de Béziers, p. 332
{Hérault), arr. de Bé:^icrs.
VénejAN, château, p. 285 {Gard), arr. ti'l/^èf.
Ventadour, vicomte, p. 104.
Ventalon, château, pp. 326, 333.
Verdun, lieu sur la Garonne, pp. 143, 393, 565,
635, 636, 754, 800, 812, 822; se soumet à Si-
mon de Montfort, p. 391.
— (consuls de), p. 84.
Verfeil, château & bastide, p. 514, 906, 9-10; les
missionnaires y ont une conférence avec Us
hérétiques, p. 245^ donné à l'évêque de Tom-
louse, p. 634.
Vergne (la), île du Rhône, p. 729.
VEREES D'ENCONTRE, pp. 309, 333, 338, 339,
393, 437. Foyex GUILLAl'ME DE CONTRES.
Vernon, pp. 526, 759.
Véblne (seigneur de la), p. 869.
Vexin normand, p. 129, i33.
Vf.zELAi, pp. 6, 134, 221.
VEZIAN, vicomte de Lomagne, p. 196.
VEZIAS, vicomte de Lomagne, p. 529.
ViAGE, prieuré fondé par Héraçle lïî, vicomte de
Poliguac, p. 99.
ViAS, château, pp. 40, 195 {Hérault), arr. de Bé-
Vie (évéque de), en Catalogne, p. 703.
Vicomtes de Lautrec; s'ils descendaient de Bau-
douin, frère de Raimond VI, p. 438.
ViDOLRLE, rivière, pp. i35, 2c;2.
^'lE^.^E, pp. 37, 242, 332, 52j, 5.91, 633, 673.
— (archevêché de), p. 147.
Viennois, p. 1 49.
— (comte de), p. 106.
VIERNE, veuve de Bernard d'Anduze, p. 569.
VIERNE, dame du Luc, p. 395.
VIERNE, femme de Sicard de Boysse, hérétique;
sa confession, p. 85.
ViELX, p. l3 {Tarn), arr. d'Alhi.
ViGAN, faubourg d'Albi ; son hôpital, p. 140.
ViGEOiS, abbaye, p. 54.
ViGORON, château, p. 21.
VIGOUREUX DE BARTHONE, c.Uas DE BACO-
NIA, é^que des hérétiques albigeois, pp. 568,
674-
ViGUERiE inféodée de Montpellier, p. 2o5.
— de Portes, au diocèse d'Uzès, p. 187.
— de Termenois, p. 339.
— d'Uzès, p. 454.
ViGUiER de Béziers, pp. 193, 208.
— de Carcassonne, pp. 193, 208.
— de Razès, p. 208.
^'loulEl.s, pp. 933, 934.
Vilar, château dans le Razès, p. 254.
ViLARZEL, lieu, p. 384 {Aude), arr. de Carcassonne.
ViLLALiER, lieu dans le Carcasses, pp. 520, 785
{Aude), arr. de Carcassonne.
VILLARS (Oudard de), p. 81 3.
ViLLEDiEU, commanderie du Temple, pp. 438,
524, 628, 706.
Ville-FlAiran, p. 102; l'illc/toure {A ude) , arr. de
Ltmoux.
ViLLEFRANCiiE, p. 323; peut-être Villcfranche-de-
Queyran {Lot-&- Garonne), arr. de Nérac,
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
1089
ViLLEFRANCiiE, bastide construite par Alfonse de
Poitiers, pp. 85 1, 93o, pSS, 989 [Aveyron).
ViLlEGLY, p. 840 f^AuJe), arr. de Carcassonne.
ViLLELONCUE, abbaye, pp. IJ4, 870.
VlLLE.MAG.XE-L'Ar.GENTlÉRE, pp. 44, l53, 194.
— abbaye, pp. 784, 947.
— (abbé de), pp. 737, 842, 870.
ViLLEMcn, pp. 197, 636, 704; une charte de cou-
tumes est donnée à cette ville par Raimond V,
p, 86 ; brûlé par les habitants à l'approche des
croisés, p. 287 (^Haute-Garonne), arr. de Toulouse.
— (consuls de), p. 84.
ViLLEXELVE, château, pp. 40, Ô8, 546; Villeneuve-
lèi-Bê^iers [Hérault], arr. de Béliers.
Villenelye-d'Avigson , autrefois Saint- André,
p. 612.
ViLi.E.NELVE, sur l'étang de Maguelonne, p. 247;
Villeneuve-lès-Maguelone (Hérault), arr. de Mont-
pellier.
Villeneuve (consuls & prudhommes de), pp. 734,
Si I (Aveyron), arr. de Ville franche.
ViLLE.vECVE-LE-Roi, au diocèse de Sens, p. 27.').
ViLLEPiNTË. lieu, pp 701, 857 (Aude), arr. de Cas-
telnaudary.
Villes-Passans, p. 152 (Hérault), arr. de Saint-
Pons-de- Tkom ières .
ViNASSAN, château au diocèse de Narbonne, pp. 34,
67 (Aude), arr. de Narhonne.
ViNDÉMiAN-, lieu, p. 202; Vendèmian '(Hérault),
arr. de Lodève.
Vi.vGTiÈME levé sur le clergé de France; son em-
ploi, p. 523.
VlNTIMILLE, p. 945.
VissEC (seigneur de), p. 799.
VITAL, abbé de Fontfroide, p. 5i.
VITAL DE GONTAUD, p. 755.
VITAL, abbé de Frédelas, livre Pamiers i Simon
de Montfort, pp. 309, 3io.
VITAL DE MONTAIGU, p. i83.
VlTERBE, p. 927.
VrmoLE, château, p. 281 ; Vitrolles(Vauclute), arr.
d'Apt.
VivAP.Ais, pp. i~, 74, 464. 524, 554, 569, 698,
83o, 934.
VIVIEN, évèque de Rodez, p. 874.
VIVIEN, vicomte de Lomagne &d'Auvillar, p. 124.
VIVIEN, vicomte de Lomagne, p. 045.
Viviers, pp. 3?, 375, 396, 417, 5o4, 947; privi-
lèges accordés à ses habitants par l'empereur
Frédéric, p. 74) lettre de Clément IV à Louis IX,
au sujet des plaintes de son clergé, p. 910.
Viviers (cathédrale de), p. 334.
— (diocèse de), pp. 710, 922.
— (évèques de), pp. 41, 147, 692, 693, 770, 8t
947-
VOISINS (Pierre de), pp. 811, 822.
Voisins (maison de), pp. 679, 902.
VOLVESTRE, p. 563.
VouLTE, château, pp. 711, 83o (Ardiche"), arr.
Privas.
de
WALBURGE, fille de Hugues, comte de Rodez,
p. 903,
WAUTIER DE MARNIS, évèque de Tournny.
Voye-^ GAUTIER, p. 665.
WAUTIER, archevêque de Rouen, p. iço.
WissEL, château. Voye-^ Usskl.
X
XIMENE DE BARCELONE, p. 127.
Y
Yerle (terre d'), p. 83o.
— baronie, p. 83o.
YOLANDE DE HONGRIE, femme de Jacques, roi
d'Aragon, pp. 680, 759, 915.
YRDOINE DE CANILLAC, femme du comte de
Rodez, p. 269.
YVES, abbé de la Cour-Dieu, p. 35-i.
ZERACHIA BEN ISAAC HAIETSARI, juif de Lu-
nel, p. 944.
ZOEN, archevêque d'.\vignon, pp. 762, 780, 819,
839.
FIN DE LA TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES,
TABLE DES MATIERES
Préface des nouveaux éditeurs P^ge v
Avertissement du tome III de l'édition originale p. xvij
Table analytique des additions & corrections mises au bas des pages par
les nouveaux éditeurs p. xxiij
Sommaires des chapitres contenus dans ce volume p. xxxv
Histoire générale de Langi'edoc. — Livre dix-neuvième p. i
— — — Livre vingtième p. ii3
— — — Livre vingt & unième p. 217
— — — Livre vingt-deuxième p. 3^9
— - — — Livre vingt-troisième p. 485
— — — Livre vingt-quatrième p. 589
— — — Livre vingt-cinquième p. 683
— — — Livre vingt-sixième p. 809
Table générale des noms et des matières p. 951
TOULOUSE, TYPOGRAPHIE EDOUARD PRIVAT, RUE TRIPIERE, 9.
\
/'"
p-
-'7
p-
359
p-
485
p-
589
p-
683
p-
809
p-
951