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Full text of "Histoire générale de Languedoc avec des notes et les pièces justificatives par Cl. Deciv & J. Vaissete. [Édition accompagnée de dissertations & notes nouvelles contenant le Recueil des inscriptions de la province, continuée jusques en 1790 par Ernest Roschach]"

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HISTOIRE 


GENERALE 


DE    LANGUEDOC 


■  ÉDITION 


ACCOMPAGNEE 


DE  DISSERTATIONS  &  NOTES  NOUVELLES 


CONTENANT 


LE  RECUEIL  DES  INSCRIPTIONS  ANTIQ.UES   DE  LA  PROVINCE 

VV^-     IM  ANCHi:S     IH-     MKDAU.l.ES,     DK     SCEAUX,     DES    CARTES    GÈOGR  APH I  aU  ES ,     ETC. 


ANNOTEE   PAR 


M.  Charles  ROBERT 

Mt:,MRKE    DE    l/iNSTITUT 

M.  Paul  MEYER 

PROFESSEUR  AU  COLLEGE  HE  FRANCE 

M.  Anatole  de  BARTHELEMY 

MF.MBRE    ni."    COMIT;     I>ES   TRAVAUX    HISTORIQLES 


M.  Auguste  MOLINIER 

ANCIEN      ÉLÈVE      DE      L 'ÉCOLE      DES      CHARTES 

M.   GERMER-DURAND 

BIBLIOTHÉCAIRE    DE    LA    VILLE    DE    NIMES 

M.  ZOTENBERG 

BIBLIOTUtCAIRE    AUX    MAXUSCRITS    DE    LA    BIBLIOTHÈQ.LE   NATIOSALE 


PUBLIEE     PAR 


M.  Edouard  DULAURIER 


KEMBRE    DE    L  INSTITUT 


CONTINUÉE    JUSaUES    EN    1790 

PAR 

M.  Ernest  ROSCHACH 

CORRESrONUANT    OU    MINISTÈRE    l>E    l'inSTRIICTION    PUBLIQUE    POUR    LES   TRAVAUX    HISTORIQUES 


'fous   droits  réservés  pour  ce  qui   concerne  la   nouvelle  rédaction, 

même  partiellement. 


HISTOIRE 


GENERALE 


DE    LANGUEDOC 


A\'EC  DES  NOTES  ET  LES  PIECES   JUSTIFICATIVES 


nOM  CI..  DEVIC  &   DOM  J.  VAISSETE 


hi 


RELIGIEUX  BÉNÉDICTINS  DE  lA  CONGRÉGATION  DE  SAINT-MAÛR 


TOME   SIXIEME 


TOULOUSE 
:i)()iiAKi)  PRIVAT.  i.iuRAiiU'-i';i)rn;uR 


MDCCCLXXIX 


59( 

15.     ii    54 


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■  i 


PRÉFACE 


DANS  le  tome  III  de  VHistoïre  de  Languedoc,  dont  le  texte  remplit 
le  tome  VI  de  la  présente  édition,  les  Bénédictins  avaient  raconté  les 
événements  compris  entre  les  années  ii6ô  Se  1271.  Les  faits  qui  se 
passèrent  en  Languedoc  durant  cette  courte  période  appartiennent  presque 
tous  à  l'histoire  générale,  Si.  leur  influence  sur  les  destinées  ultérieures  du 
midi  de  la  France  a  été  si  grande,  qu'on  ne  saurait  accuser  dom  Vaissete 
de  n'avoir  pas  gardé  une  juste  proportion  entre  les  différentes  parties  de 
son  œuvre,  en  consacrant  un  volume  entier  à  cette  période,  qui  fut  décisive 
pour  l'avenir  de  la  Province. 

En  1 165,  quand  se  tient  à  Lombers  le  premier  concile  contre  les  hérétiques 
albigeois,  le  Languedoc  est  à  peu  près  indépendant;  l'action  des  Capétiens 
s'y  fait  à  peine  sentir;  la  langue,  les  mœurs,  les  institutions,  le  droit,  tout 
concourt  à  séparer  entièrement  la  France  du  Midi  de  la  France  du  Nord. 
Au  contraire,  en  1271,  quand  meurt  Alfonse  de  Poitiers,  dernier  comte 
indépendant  de  Toulouse,  le  Languedoc  tout  entier  passe  sous  l'autorité 
directe  du  roi.  Depuis  longtemps  d'ailleurs  l'administration  royale,  établie 
dans  le  pays  dès  122g,  a  commencé  ce  travail  de  transformation  8v  d'assi- 
milation  qui    se  poursuivra  pendant   des   siècles,    5t  duquel    sortira  l'unité 

VI.  -, 


vj  PREFACE. 

territoriale  Se  politique  de  la  France.  L'hérésie  albigeoise  se  meurt;  l'Eglise 
romaine  est  plus  puissante  que  jamais  dans  la  Province,  Se  un  tribunal 
exceptionnel,  l'Inquisition,  travaille  à  ramener  à  l'unité  les  dernières  com- 
munautés hérétiques,  que  la  guerre  a  laissé  subsister. 

Tout,  avant  la  guerre  des  albigeois,  séparait  le  Nord  St  le  Midi.  Les  races 
qui  habitaient  les  bassins  de  la  Garonne  &  du  Rhône,  celles  qui  vivaient  au 
nord  de  la  Loire,  n'étaient  pas  les  mêmes,  S<.  la  Narbonnaise,  plus  qu'aucune 
autre  partie  de  la  Gaule,  avait  reçu  après  la  conquête  romaine  l'empreinte  du 
génie  latin.  Avec  le  temps,  ces  dissemblances  n'avaient  tait  cjue  s'accentuer. 
Tandis  que  la  noblesse  féodale  du  Nord  gardait  sa  puissance  S<.  ses  privi- 
lèges, dans  le  Midi,  au  contraire,  les  classes  tendaient  à  se  rapprocher.  Les 
chevaliers  devenaient  volontiers  bourgeois  des  grandes  républiques  langue- 
dociennes; le  commerce,  plus  étendu  S<.  plus  actif,  enrichissait  les  classes 
moyennes  de  la  société;  la  condition  des  serts  s'améliorait.  La  langue  était 
plus  cultivée;  le  droit,  issu  du  droit  romain,  plus  parfait  S<.  plus  philoso- 
phique. Ajoutons-y  la  tolérance  religieuse,  qui  avait  gagné  les  hautes 
classes;  elles  n'avaient  pas  cessé  de  croire,  mais  elles  voyaient  sans  indigna- 
tion leurs  parents,  leurs  amis  pratiquer  une  autre  religion. 


Tel  était,  en  résumé,  l'état  moral  Se  social  du  Midi  vers  la  fin  du  douzième 
siècle.  Séparé  du  Nord  à  tant  d'égards,  il  devait  avoir  à  compter  avec  lui, 
le  jour  où  les  Capétiens  essayeraient  d'établir  leur  pouvoir  dans  le  sud  de 
l'ancienne  Gaule.  La  guerre  des  albigeois  précipita  le  cours  des  événements, 
8c  le  choc  se  produisit  dans  les  premières  années  du  treizième  siècle.  Le  Midi 
fut  vaincu;  nous  le  répétons,  il  était  plus  civilisé  que  le  Nord  ;  les  vices  de 
son  organisation  politique  causèrent  seuls  sa  défaite. 


La  féodalité  était  née  du  besoin  de  protection  qui  s'était  imposé  à  tous  en 
France,  au  neuvième  siècle,  lors  des  invasions  des  Normands  Si  des  longues 
guerres  civiles  qui  amenèrent  le  partage  de  l'empire  de  Charlemagne; 
impuissant  à  protéger  les  hommes  libres,  qui  dépendaient  de  lui,  le  roi 
ou  l'empereur  n'avait  pu  les  empêcher  de  se  choisir  un  maître  plus  actif  Se 


PRÉFACE.  vij 

surtout  plus  voisin.  Alors  se  multiplièrent  les  associations  entre  vassaux  8c 
seigneurs,  qui  s'unirent  aux  grands  officiers,  devenus  indépendants,  &,  sous 
cette  domination  rude  mais  nécessaire,  la  France  entière  put  se  reconstituer 
Se  refaire  sa  force  militaire.  Mais  ce  mouvement  ne  s'arrêta  pas  aux  anciens 
comtés  de  Charlemagne  8c  de  Louis  le  Pieux.  Si  le  roi  de  Laon  ou  de  Paris 
était  impuissant  à  Toulouse,  le  comte  de  Toulouse  ne  l'était  guère  moins  à 
Nimes  ou  à  Albi  j  il  dut  déléguer  ses  fonctions,  se  choisir  des  lieutenants 
pour  chacune  des  villes  cjui  composaient  son  duché,  devenu  héréditaire. 
Ces  lieutenants,  à  leur  tour,  fixèrent  leurs  dignités  S<.  leurs  titres  dans  leur 
famille  &  purent  braver  leur  ancien  seigneur,  se  liguer  contre  lui,  lui  faire 
la  guerre  Se  s'approprier  les  droits  régaliens.  Cela  dura  en  Languedoc  jusque 
vers  le  milieu  du  onzième  siècle.  Mais,  à  cette  époque,  une  réaction  se  pro- 
duisit presque  partout  en  France.  Dans  chaque  province,  le  suzerain  nominal 
essava  de  rendre  son  pouvoir  plus  effectif,  8c  ce  que  les  rois  de  France  firent 
dans  leurs  États,  les  ducs  de  Normandie  dans  leurs  domaines,  les  comtes  de 
Toulouse  le  tentèrent  en  Languedoc. 


Aucun  prince  français  ne  portait  de  titres  plus  pompeux  que  les  Raimond; 
ducs  de  Narbonne,  comtes  de  Toulouse  8c  marquis, de  Provence,  ils  étaient 
suzerains  de  tout  le  pays  qui  s'étend  des  sources  de  la  Durance  aux  confins 
de  la  Gascogne,  des  frontières  de  l'Auvergne,  de  la  Marche  8c  du  Dauphiné 
aux  Pyrénées,  au  Roussillon  8c  à  la  mer.  Mais  cette  puissance  était  plus 
apparente  que  réelle.  De  tous  les  pays  dont  la  souveraineté  leur  appartenait, 
deux  seulement  dépendaient  d'eux  :  le  marquisat  de  Provence  Se  le  comté 
de  Toulouse.  Le  reste  du  Languedoc  était  possédé  par  quatre  ou  cinq  princes 
assez  puissants  pour  faire  respecter  leur  indépendance.  Se  sachant,  au  besoin, 
se  liguer  contre  leur  suzerain.  Le  comte  de  Toulouse  était  duc  de  Narbonne, 
mais  ce  titre  ne  lui  donnait  aucun  droit  sur  la  ville  de  ce  nom,  que  les 
descendants  des  anciens  vicomtes,  dès  le  milieu  du  dixième  siècle,  possédè- 
rent librement.  Alfonse  Jourdain  essaya,  lors  de  l'avènement  de  la  célèbre 
Ermengarde,  de  s'emparer  de  cette  ville;  il  ne  put  s'y  maintenir.  Se  tous  ses 
vassaux  se  coalisèrent  pour  s'opposer  a  un.  accroissement  aussi  démesuré  de 
sa  puissance.  Sauf  vSaint-Gilles,  sur  le  Rhône,  les  comtes  de  Toulouse  ne 
possédaient  rien  à  l'est  de  l'Aude;  en  Provence,  ils  avaient  à  lutter  contre  les 


viij  PRÉFACE. 

comtes  de  Forcalquier,  dépouillés  par  le  traité  de  iiiS.  Dans  le  Rouergue, 
ils  ne  tenaient  que  le  plat  pays;  la  capitale  du  comté,  un  grand  nombre  de 
chàteaux-forts  appartenaient  à  révêc[ue  &  au  comte.  En  Albigeois,  à  partir 
de  1164,  leur  pouvoir  devint  purement  nominal;  le  vicomte  les  remplaça  à 
Albi  Jk  le  sud  du  pays  resta  seul  dans  leur  dépendance.  Les  comtes  de  Foix 
&  de  Comminges  ne  leur  rendaient  l'hommage  que  pour  une  partie  de  leurs 
domaines.  A  vrai  dire,  les  comtes  de  Toulouse  ne  possédaient  en  propre  que 
le  Toulousain,  v  compris  le  Lauragais,  la  Gascogne  toulousaine  S<.  le  Querci 
jusqu'aux,  confins  de  la  Marche,  principauté  étendue,  pays  riche  Se  fertile, 
mais  qui  ne  pouvaient  fournir  à  leur  maître  ni  assez  d'argent  ni  assez  de 
soldats  pour  soumettre  ses  turbulents  vassaux. 


Plusieurs  familles  se  partageaient  le  reste  du  Languedoc.  Les  vicomtes  de 
Carcassonne,  maîtres  du  Razès,  du  Biterrois  8c  de  l'Albigeois,  furent,  durant 
tout  le  douzième  siècle,  les  chefs  des  coalitions  contre  les  comtes  de  Toulouse. 
Moins  puissants  qu'eux,  les  vicomtes  de  Narbonne,  les  comtes  de  Foix,  les 
comtes  de  Melgueil,  les  vicomtes  de  Nimes  &  les  seigneurs  de  Montpellier 
surent  également  faire  respecter  leur  indépendance.  Ce  n'est  pas  qu'im- 
puissants à  les  soumettre  de  vive  force,  les  Raimond  n'aient  essayé  de  la 
politique;  par  des  mariages,  ils  tentèrent  de  se  concilier  quelques-uns  de 
leurs  barons;  par  des  achats,  ils  cherchèrent  à  arrondir  leurs  domaines.  Le 
premier  moyen  leur  réussit  peu,  S<.  le  gendre  de  Raimond  V,  Roger  II  de 
Carcassonne,  passa  sa  vie  à  combattre  son  beau-père;  le  second  fut,  au 
contraire,  plus  fructueux.  Un  mariage  politique  avait  valu  à  Raimond' VI  le 
comté  de  Melgueil;  Raimond  V  acquit  Agde  8<  Nimes;  tout  le  pays  entre 
l'Hérault  &  le  Rhône  finit  ainsi  par  appartenir  aux  comtes  de  Toulouse.  Si 
le  Languedoc  avait  pu  rester  isolé,  nul  doute  que  ces  princes  n'v  eussent 
fondé  une  sorte  de  monarchie  féodale;  malheureusement  pour  eux,  cette 
province  avait  des  voisins  puissants  &  actifs,  par  suite  dangereux. 

Quatre  princes  pouvaient  menacer  l'indépendance  du  I  anguedoc  :  l'em- 
pereur d'Allemagne  8c  les  rois  d'Angleterre,  de  France  8c  d'Aragon.  L-'empereur 
était  le  moins  à  craindre;  le  comte  de  Toulouse,  il  est  vrai,  tenait  de  lui  le 
marquisat  de  Provence,  8c  sa  suzeraineté  s'étendait  sur  le  Vivarais;  du  moins 


PREFACE.  ix 

telle  était  la  prétention  de  la  chancellerie  impériale;  mais  Conrad,  Frédéric 
BarberoLisse,  Henri  \'I  Se  Frédéric  II  étaient  trop  loin  8<.  trop  occupés  pour 
se  créer  en  France  de  nouveaux  embarras,  S;  la  lutte  contre  le  Saint-Siège 
suffisait  largement  à  occuper  leur  activité. 

Le  roi  d'Angleterre,  Henri  H,  était  plus  dangereux.  Voisin  immédiat  du 
comte  de  Toulouse,  actif,  habile,  il  avait  en  outre  des  prétentions  sur  ce 
comté;  sa  femme,  Eléonore  de  Guyenne,  était  fille  de  ce  Guillaume  X  qui 
à  deux  reprises  avait  occupé  Toulouse,  pendant  la  minorité  d'Alfonse-Jour- 
dain,  S<  de  Philippine,  fille  unique  de  Guillaume  IV,  comte  de  Toulouse. 
Henri  H  épousa  les  querelles  de  sa  temme,  S<.  Louis  VII  dut  venir  défendre 
contre  lui  son  nouveau  beau-h'ère,  Raimond  \.  Trop  fidèle  à  ses  amitiés  de 
jeunesse,  le  fils  de  celui-ci,  R.aimond  V'I,  resta  l'allié  de  Richard  Cœur-dc- 
Lion,  devenu  roi  d'Angleterre,  épousa  sa  sœur,  c[ui  lui  apporta,  en  dot,  le 
diocèse  d'.Agen,  abandonnant  pour  un  faible  avantage  la  maison  de  France, 
alliée  traditionnelle,  protectrice  constante  de  sa  famille.  C'était  une  lourde 
faute  qu'il  expia  cruellement,  quinze  ans  plus  tard. 

Soutenu  par  le  roi  de  France,  le  comte  de  Toulouse  n'avait  rien  à  craindre 
du  roi  d'Angleterre;  le  roi  d'Aragon  étai<  pour  lui  un  ennemi  beaucoup  plus 
redoutable.  Avant  même  cju'un  mariage  heureux  eût  réuni  l'Aragon  S<  la 
Catalogne,  les  comtes  de  Barcelone  étaient  pour  ceux  de  Toulouse  des  rivaux 
k  craindre.  De  tout  temps,  ils  avaient  été  en  relation  avec  la  Septimanie; 
alliés  à  la  plupart  des  familles  princièies  de  ce  pays,  ils  y  trouvaient  des  recrues 
toujours  prêtes  pour  la  guerre  sainte  contre  les  Maures,  qu'ils  poursuivaient 
sans  relâche.  Raimond  le  Vieux,  comte  de  Barcelone,  en  achetant,  vers  1070, 
les  droits,  plus  ou  moins  légitimes,  du  vicomte  &  de  la  vicomtesse  de  Bézicrs 
sur  les  comtés  de  Carcassonnc  Se  de  Razès,  fournit  h  ses  successeurs  iin 
prétexte  tout  trouvé  pour  intervenir  continuellement  dans  les  affaires  du 
Languedoc.  Les  comtes  de  Barcelone,  bientôt  rois  d'Aragon,  resteront  fidèles 
à  cette  politique,  &  les  vassaux  des  comtes  de  Toulouse,  révoltés  contre  leur 
suzerain,  pourront  toujours  compter  sur  leur  appui.  F.n  même  temps,  les 
domaines  de  la  maison  d'Aragon  s'étendent.  En  1174,  la  mort  du  dernier 
comte  de  Roussillon  leur  donne  ce  comté  £<,  celui  de  Cerdagne;  en  11  25,  le 
comté  de  Provence  est  devenu  un  apanage  de  leur  famille.  Au   nord,  maitres 


X  PRÉFACE. 

des  vicomtes  de  Millau  &.  de  Cariât,  ils  font  sentir  leur  inikicnce  jusqu'aux 
portes  de  Rodez.  La  plupart  des  seigneurs  du  Languedoc  sont  leurs  vassaux; 
les  vicomtes  de  Béziers  tiennent  d'eux  Carcassonne  &  le  Razès;  les  comtes 
de  Foix,  ceux  de  Comminges,  leur  rendent  hommage  pour  leurs  possessions 
d'Espagne.  Narbonne,  après  la  mort  tle  la  vicomtesse  Ermengarde,  appartient 
k  la  famille  espagnole  de  Lara;  enfin,  les  seigneurs  de  Montpellier  ont  de 
tout  temps  entretenu  avec  les  comtes  de  Barcelone  des  rapports  suivis. 

Tout  d'ailleurs  contribue  à  rendre  plus  sûrs  les  progrès  de  leur  influence. 
Entre  la  C'atalogne  &  la  Septimanie,  les  relations  sont  journalières,  les 
intérêts,  la  langue,  la  littérature  des  deux  pays  sont  les  mêmes.  Aussi  la 
population  n'a-t-elle  pas,  pour  la  domination  des  rois  d'Aragon,  l'aversion 
(lu'elle  montrera  plus  tard  ])our  celle  des  Français.  I^e  Languedoc  tout 
entier  hésite  entre  les  comtes  de  Toulouse  S<.  les  rois  d'Aragon,  comme  s'il 
prévoyait  que  le  jour  est  proche  où  les  armes  devront  décider  entre  eux,  8<. 
ces  deux  maisons  ennemies  s'allient  par  des  mariages  répétés,  mariages  aussi 
inutiles  que  le  seront  plus  tard  les  mariages  espagnols  du  seizième  &  du 
dix-septième  siècle.  La  guerre  des  albigeois  vint  dénouer  la  situation; 
l'abaissement  de  la  maison  de  Toulouse  semblait  devoir  faciliter  l'accomplis- 
sement des  projets  ambitieux  des  princes  d'Aragon.  Quand  don  Pèdre  se 
décida  à  secourir  R^aimond  \T,  en  I2i3,  il  ne  vint  j^as  relever  la  fortune  de 
son  rival,  mais  établir  définitivement  sa  suprématie,  en  écrasant  Simon  de 
Montfort.  Ses  desseins  n'étaient  secrets  pour  personne;  protecteur  déclaré 
des  comtes  de  Foix  £<.  de  Comminges,  il  plaidait  leur  cause  devant  le  concile 
de  Lavaur  8<.  les  réclamait  pour  ses  vassaux;  il  traitait  le  comte  de  Toulouse 
non  en  allié,  mais  en  inférieur.  Se  ses  procédés  outrageants  pour  celui-ci 
furent  en  partie  cause  de  la  perte  de  la  bataille  de  Muret.  Mais,  pour  arriver 
à  ses  fins,  don  Pèdre  devait  vaincre;  général  inhabile,  il  ne  sut  que  se  faire 
tuer  bravement  St  sa  défaite  entraîna  la  perte  du  Midi.  Ni  le  nouveau  roi, 
don  Jacme,  tout  jeune  encore,  ni  les  grands  Aragonais,  qui  lui  servaient 
de  tuteurs,  ne  pouvaient  reprendre  les  projets  de  don  Pèdre.  Cependant  les 
années  se  passaient,  Pvaimond  VI  reprenait  un  instant  l'avantage,  &  un 
adversaire  bien  plus  redoutable,  le  roi  de  France,  remplaçait  les  Montfort. 
Les  rois  d'Aragon  ne  retrouveront  plus  l'occasion  perdue,  malgré  les  sympa- 
thies des  seip-neurs  Se  des  bourp-eois  du  I/ana;uedoc. 


PREFACK.  xj 

Jamais,  même  à  l'époque  de  sa  plus  grande  faiblesse,  la  royauté  capétienne 
n'avait  cessé  d'entretenir  quelques  relations  avec  les  princes  du  Midi.  La 
chose,  certaine  pour  Hugues  Capet  S<  Robert,  l'est  moins  pour  Henri  I  £< 
Philippe  I;  mais  ces  rapports  ayant  toujours  été  de  courte  durée,  les  rois 
n'ayant  jamais  cherché  à  établir  leur  autorité  dans  le  Midi,  il  n'est  pas  éton- 
nant que  les  chroni((ues  du  temps  ne  mentionnent  pas  des  faits  qui,  pour  les 
contemporains,  n'avaient  aucune  importance.  Il  n'en  faut  pas  moins  supposer 
que  jamais  ces  |Minces  ne  perdirent  le  Midi  de  vue  pour  expliquer  pourquoi 
le  jour  où,  sous  Louis  \'I,  la  royauté  commença  à  prouver  sa  force,  ce  pa>s 
devint  sur-le-champ  l'objet  de  son  attention.  Ce  roi  est  le  premier  des 
Capétiens  auquel  les  églises  du  Languedoc  soient  venues  demander  la  confir- 
mation de  leurs  anciens  privilèges.  Il  a  avec  les  seigneurs  du  Languedoc  des 
rapports  suivis,  8<  grâce  à  ses  soins,  son  jeune  fils  épouse  l'héritière  du 
duché  d'Aquitaine.  En  divorçant  avec  Éiéonore,  Louis  VII  perdit,  il  est  vrai, 
une  partie  des  avantages  qu'avait  obtenus  son  père,  mais  il  répara  en  partie 
sa  faute,  en  soutenant  R.aimond  V,  comte  de  Toulouse,  contre  Henri  II,  & 
en  excitant  les  fils  de  son  rival  contre  leur  père.  Sous  son  règne,  l'influence 
royale  se  développe;  lui-même  vient,  à  plusieurs  reprises,  dans  le  Midi;  il 
entretient,  avec  les  barons,  avec  les  villes  de  la  Province,  une  correspondance 
assez  active;  le  nombre  des  diplômes  accordés  par  lui  aux  églises  du  pavs 
montre  (|ue  les  actes  royaux  ont  repris  une  certaine  autorité.  En  même 
temps,  SCS  expéditions  en  Auvergne  &<.  jusqu'aux  frontières  du  Vêlai  prouvent 
aux  méridionaux  que  le  roi  de  France  est  déjà  assez  fort  pour  tenir  cam- 
pagne 8c  dompter  les  plus  puissants  rebelles.  Avec  Philippe- Auguste,  la 
politique  traditionnelle  de  la  royauté  se  développe  Se  s'affirme.  Comme  son 
père  Se  son  aïeul,  ce  prince  protège  les  églises  du  Languedoc,  mais,  malgré 
ses  efforts,  il  ne  peut  retenir  dans  son  alliance  Raimond  \'I,  prince  versatile 
Se  politique  imprudent.  Aussi  le  pouvoir  royal  était- il  encore  assez  faible, 
dans  le  Midi,  au  commencement  du  treizième  siècle,  Se  un  événement 
comme  la  croisade  des  albigeois  pouvait  seul  lui  permettre  d'y  devenir  pré- 
pondérant. 


La  guerre  des  albigeois  éclata  en  1:09;  mais,  depuis  longues  années,  on 
pouvait  prévoir  qu'un  jour  ou  l'autre  le  Midi  hérétic[ue  aurait  à  compter  avec 


xij  PREFACE. 

l'Eglise.  Que  le  Languedoc  fût  tout  entier  acquis  à  l'hérésie,  c'est  ce  qu'on 
ne  pourrait  soutenir;  au  contraire,  en  dépit  des  invectives  des  auteurs  du 
temps  tk  de  leurs  exagérations,  il  est  certain  que  les  partisans  des  croyances 
albigeoises  n'y  formaient  cju'une  minorité  iniinie.  Les  princes  méridionaux 
dont  aucun  n'était  hérétique,  quoi  qu'en  ait  dit  le  fougueux  Pierre  de  Vaux- 
Cernay,  ne  comprirent  pas  ([uel  danger  les  menaçait;  ils  ne  surent  pas 
voir  qu'en  présence  d'un  adversaire  tel  qu'Innocent  III,  il  fallait  oublier 
les  vieilles  querelles  S<.  former  un  seul  corps.  S'ils  l'eussent  fait,  la  croisade 
échouait,  car  la  première  armée  de  i:>o9  n'eût  pu  vaincre  le  Midi  coalisé. 
Mais  le  comte  de  Toulouse  donna  le  signal  de  la  défection;  il  ne  rougit  pas 
de  conduire  les  troupes  étrangères  qui  allaient  combattre  son  propre  neveu, 
Raimond-Roger.  Le  sac  de  Béziers,  la  prise  de  Carcassonne  donnèrent  aux 
envahisseurs  un  point  d'appui,  !k  la  croisade  trouva  dans  Simon  de  Montfort 
le  chef  dont  elle  avait  besoin. 

Nous  n'avons  pas  à  refaire  ici  cette  lamentable  histoire;  dom  Vaissete 
a  raconté  dans  le  détail  les  massacres,  les  fautes,  les  revers,  qui  signalèrent 
ces  quinze  années.  Rappelons  seulement  que  la  politique  du  roi  de  France 
semble  avoir  été  assez  énigmatique  Philippe-Auguste  refuse  son  appui  à 
Pvaimond  VI,  cjui  n'a  rien  fait  jusque-là  pour  se  concilier  ses  bonnes  grâces, 
mais  il  décline  les  oftres  du  pape,  ([ui  voudrait  faire  de  lui  le  chef  de  la 
croisade;  ni  en  1209,  après  le  meurtre  de  Pierre  de  Castelnau,  ni  en  1:218, 
après  la  mort  de  Simon  de  Montfort,  ni  en  1221,  lors  des  premiers  revers 
d'Amauri,  il  ne  consent  à  intervenir.  Réservant,  dès  les  premiers  jours, 
ses  droits  de  suzeraineté  sur  le  Midi,  déniant  au  pape  le  droit  de  disposer  des 
domaines  de  Pvaiinond  VT,  Philippe-Auguste  reste  spectateur  de  la  lutte,  se 
contentant  d'en  accepter  les  résultats,  d'agréer,  par  exemple,  l'hommage  de 
Simon  de  Montfort  pour  sa  nouvelle  principauté.  Faut-il  voir  dans  cette 
conduite  une  preuve  nouvelle  de  la  perspicacité  bien  connue  de  ce  prince, 
le  désir  de  laisser  les  deux  partis  s'épuiser  mutuellement,  en  se  réservant 
d'intervenir  au  moment  opportun?  Faut-il,  au  contraire,  attribuer  cette 
réserve  prudente  aux  affaires  de  tout  genre  qui  occupaient  Philippe  Se  l'em- 
pêchaient de  s'occuper  de  provinces  éloignées,  comme  le  Midi?  Les  deux 
opinions  peuvent  être  soutenues,  mais  la  seconde  a  pour  elle  plus  de  proba- 
bilités. 


PREFACE.  xiij 

Quoi  ([u'il  en  soit,  quand  Honorius  III,  continuateur  zélé  de  la  politique 
de  son  prédécesseur,  vit,  en  1228,  Amauri  de  Montfort  réduit  à  la  dernière 
extrémité,  ce  fut  à  Louis  VIII,  qui  venait  de  remplacer  Philippe-Auguste  sur 
le  trône  de  France,  qu'il  s'adressa  pour  une  nouvelle  croisade.  Une  première 
fois,  les  deux,  parties  ne  purent  s'entendre  sur  les  conditions  de  l'accord  à 
intervenir,  Si.  tandis  que  le  roi  déclarait  publiquement  renoncer  à  l'entre- 
prise, un  moment  projetée,  le  pape  cherchait  à  se  rapprocher  de  Raimond  VII; 
mais  la  mort  de  l'archevêque  de  Narbonne,  auquel  semble  devoir  revenir 
l'honneur  de  cet  essai  de  réconciliation,  arrêta  les  négociations,  S<  en  12 20, 
Honorius  III  dut  recourir  de  nouveau  à  Louis  VJII  &  accepter  ses  conditions, 
assez  dures,  il  faut  le  reconnaître.  Le  roi  prenait  la  conduite  de  la  croisade, 
mais  les  avantages  de  l'entreprise  devaient  lui  rester,  les  conquêtes  futures 
appartenir  au  royaume  de  France;  l'Église  de  France  payait  les  frais  de 
l'expédition.  Honorius  III  accepta  tout,  8(,  Louis  VIII  put  se  mettre  en  cam- 
pagne. Mal  conduites,  les  opérations  militaires  réussirent  cependant,  grâce  à 
la  crainte  ([u'inspirait  le  pouvoir  royal,  &  à  l'épuisement  du  Languedoc. 
Le  pays  presque  entier  fut  soumis,  &  Raimond  VII,  en  prolongeant  la 
résistance,  ne  put  que  retarder  de  trois  ans  sa  défaite  définitive.  Le  traité 
de  i2  2i_)  consacra  l'abandon  du  Languedoc  oriental  S<  assura  à  la  famille 
royale  la  propriété  du  reste  de  la  Province,  dont  Raimond  ne  conserva  que 
l'usufruit.  Dès  lors,  l'indépendance  du  Midi  fut  perdue. 

Les  vingt  années  qui  suivirent  ce  traité  célèbre  turent  tristes  pour  le 
pays.  Mal  administré  par  les  officiers  royaux,  le  Languedoc  oriental  eut  à 
souffrir  de  leurs  exactions.  Le  comté  de  Toulouse,  gouverné  d'une  manière 
plus  équitable,  ne  fut  guère  plus  heureux.  L'établissement  de  l'Inquisition 
y  entretint  des  divisions  continuelles;  la  guerre  de  1242  l'épuisa  d'hommes 
Se  d'argent.  Vaincus  deux  fois,  en  1240  &  en  1242,  les  Languedociens  durent 
subir  les  dures  conditions  de  la  paix  de  Lorris  Se  supporter  les  dépossessions, 
les  violences  qui  suivirent  ces  deux  grandes  prises  d'armes. 

Heureusement  qu'un  gouvernement  plus  intelligent  allait  réparer  en  partie 
ces  injustices  Se  rendre  aux  vaincus  la  résignation  plus  facile.  En  1247,  com- 
mence pour  le  Languedoc  le  règne  personnel  de  saint  Louis.  Ses  cnc|uc- 
teurs  parcourent  le  pays,  réparant  les  injustices  des  anciens  sénéchaux  Se  de 


xiv  PREFACE. 

leurs  subordonnés,  restituant  les  amendes  mal  acquises,  rendant  les  biens 
confisqués  sans  droit.  En  1254,  à  son  retour  de  la  Terre  Sainte,  le  roi 
publie  ses  célèbres  statuts,  &  depuis  lors,  jusqu'à  sa  mort,  il  ne  cesse  de 
veillera  la  réparation  des  maux  causés  par  ces  longues  guerres.  De  son  coté,  le 
comté  de  Toulouse  a  changé  de  maître;  à  Raimond  VII,  en  1249,  succède 
Alfonse  de  Poitiers,  dont  le  gouvernement  rappelle  celui  de  son  frère,  malgré 
des  dittérences  sensibles.  Il  est  moins  aimé  de  ses  sujets  cjue  Raimond  VII, 
mais  son  gouvernement  n'en  est  pas  moins  meilleur  que  celui  de  ce  dernier, 
il  cherche  à  assurer  la  bonne  administration  de  la  justice,  à  prévenir  les 
abus.  Aussi,  grâce  aux  efforts  de  ces  deux  princes,  la  masse  de  la  population 
finit-elle  par  se  faire  au  nouvel  état  de  choses,  8(.  c'est  à  Louis  IX  84  à 
Alfonse  que  la  couronne  fut  redevable  de  la  conquête  définitive  de  ce  beau 
pays. 

Ce  n'est  pas  que  l'administration  de  ces  deux  princes  n'ait  profondément 
modifié  l'état  ancien  du  Languedoc.  Ils  portèrent  les  premiers  coups  à 
l'indépendance  de  ces  grandes  républiques  municipales  qui  peuplaient  la 
Province  &  achevèrent  de  ruiner  la  féodalité  méridionale;  en  soutenant 
l'Inquisition,  Alfonse  Se  Louis  IX  consommèrent  la  destruction  des  croyances 
albigeoises,  jusque-là  répandues  dans  une  partie  du  pavs. 

On  a  le  droit  de  regretter  les  anciennes  franchises  que  Louis  IX  8<  Alfonse 
furent  les  premiers  à  diminuer;  mais,  il  faut  le  reconnaître,  le  L,anguedoc 
ne  devint  français  au  treizième  siècle  que  grâce  à  l'impéritie  de  ses  princes, 
ik  aux  divisions  intestines  des  villes. 


Ce  sont  là  les  principaux  événements  qui  se  passèrent  dans  cette  Province 
tic  ii65  à  1271.  Pour  la  plupart,  ils  n'intéressent  pas  seulement  le  Langue- 
doc, mais  la  France  entière.  Aussi  avons-nous  cru  nécessaire  de  donner,  ])our 
ainsi  dire,  la  trame  de  l'histoire  de  la  Province  pendant  ces  cent  années, 
Dom  Vaissete,  préoccupé  avant  tout  de  raconter  les  faits  dans  leur  ordre 
chronologique,  n'avait  pas  cherché  à  montrer  leur  suite  &  leur  enchaîne- 
ment; beaucoup  d'ailleurs,  qui  aujourd'hui  nous  paraissent  caractéristiques, 
restaient  forcément  inaperçus  pour  le  savant  bénédictin;  d'autres  même,  dont 


PREFACE.  XV 

peut-être,  en  sa  qualité  de  méridional,  il  sentait  l'importance,  étaient  de 
ceux  qu'il  n'eût  point  été  prudent  de  trop  mettre  en  lumière  à  son  épo((ue. 
Sans  vouloir  retaire  son  œuvre,  c(ui  restera  longtemps  le  répertoire  le  plus 
précieux  8c  le  plus  exact  pour  tous  ceux  qui  voudront  étudier  l'histoire  du 
Languedoc,  au  treizième  siècle,  nous  n'avions  pas  les  mêmes  raisons  que  lui 
pour  ne  pas  insister  sur  ces  côtés  de  notre  histoire. 


Au  texte  des  Bénédictins,  nous  avons  ajouté  un  grand  nombre  de  notes; 
ces  notes  sont  de  deux  espèces  :  les  unes  rectifient  des  assertions  erronées, 
complètent  certaines  parties  du  récit  primitif;  les  autres  traitent  quelques 
points  négligés  par  dom  Vaissete.  Les  premières  sont  en  grand  nombre, 
sans  que  nous  ayons  cherché  à  redresser  toutes  les  erreurs  peu  importantes 
commises  par  notre  savant  prédécesseur;  ces  erreurs  de  détail  ne  sont  pas 
telles  qu'elles  puissent  modifier  le  fond  du  récit;  elles  portent  le  plus  souvent 
sur  des  noms  de  lieux  mal  orthographiés,  Se  les  fautes  de  cet  ordre  sont 
corrigées  dans  la,  table  des  matières  qui  termine  le  volume.  Nous  avons  mul- 
tiplié, au  contraire,  les  notes  qui  complètent  le  récit  de  dom  Vaissete, 
indiqué  des  faits  oubliés  par  lui  &  traité  des  jioints  importants  d'histoire 
S<.  d'administration,  qu'il  avait  absolument  négligés.  Partout  où  le  récit  de 
l'Anonyme  provençal  connu  par  lui  différait  du  poëme  original  de  Guillem 
de  Tudèle  &  de  son  continuateur,  nous  avons  rétabli  en  note  la  version  de 
ces  derniers.  Nous  avons  tait  un  travail  analogue  pour  les  bulles  des  papes, 
en  renvoyant  toujours  aux  Regesta  Pontificnm  de  Potthast,  ik  pour  les  faits 
relatifs  à  saint  Louis,  que  nous  citons  d'après  sa  vie  par  Le  Nain  de  Tillemont, 
aujourd'luii  publiée.  En  outre,  nous  avons  employé  différentes  sources  que 
dom  Vaissete  avait  trop  négligées.  Le  Trésor  des  Chartes,  la  collection  Doat, 
les  cartulaires  de  Raimond  VU,  la  correspondance  d'Alfonse  de  Poitiers  nous 
ont  fourni  la  matière  d'un  grand  nombre  de  notes.  Ajoutons-y  beaucoup  de 
renseignements  Se  de  rectifications,  que  nous  avons  empruntés  aux  principaux 
ouvrages  publiés  depuis  dom  Vaissete  sur  l'histoire  de  Languedoc. 

Le  système  d'annotation  sutvi  par  nous  pourra  donner  lieu  à  des  repro- 
ches, au-devant  desquels  nous  croyons  devoir  aller.  Certains  trouveront 
quelc|ues-unes  de   nos   notes  un    peu  longues,  d'autres   pourront  remarquer 


xvj  PRÉFACE. 

qu'elles  ne  sont  pas  répandues  d'une  façon  égale  dans  tout  le  volume.  C'est 
ainsi  qu'aucune  note  n'a  été  ajoutée  au  long  récit,  donné  par  le  savant 
bénédictin,  des  guerres  entre  Henri  d'Angleterre  &  ses  fils.  Nous  croyons 
cependant  pouvoir  répondre  à  ces  objections.  Les  parties  du  récit  de  dom 
Vaissete  que  nous  n'avons  pas  annotées,  ne  se  rapportent  d'ordinaire  qu'indi- 
rectement à  l'histoire  du  Languedoc.  C'est  ainsi  cjue,  pour  prendre  comme 
exemple  le  cas  cité  plus  haut,  tous  ces  événements,  sur  lesquels  dom  Vaissete 
s'est  si  longuement  étendu,  ne  rentrent  qu'à  peine  dans  cette  histoire  5  ils 
n'ont  pas  été  sans  influence  sur  le  sort  du  pajs,  mais  cette  influence  a  été  si 
lointaine  &  si  faible,  que  le  récit  des  Bénédictins  peut  paraître  aujourd'hui 
trop  long.  Aussi,  avons-nous  cru  pouvoir  laisser  subsister  tel  quel  le  texte  de 
dom  Vaissete;  il  est  bien  évident  que  les  historiens  d'Aquitaine  ou  d'Angle- 
terre auraient  tort  de  consulter,  sur  ce  point  particulier,  l'ouvrage  du  savant 
bénédictin.  Nous  pourrions,  croyons-nous,  expliquer  de  même  toutes  les 
lacunes  apparentes  que  l'on  pourra  signaler  dans  notre  annotation.  Quant 
à  la  longueur  inusitée  de  quelques  notes,  elle  tient  tantôt  à  l'abondance  des 
renseignements  nouveaux  réunis  par  nous,  tantôt  au  grand  iiombre  d'inexac- 
titudes commises  par  notre  savant  prédécesseur. 

Nos  notes  sont  tellement  étendues,  que  des  erreurs  s'y  sont  certainement 
glissées.  Nous  espérons  que  le  lecteur  nous  les  pardonnera,  &.  que  malgré 
ces  taches,  nos  additions  ne  laisseront  pas  detre  utiles  aux  futurs  historiens 
du  Languedoc. 

A.   MOLINIER. 


Paris,  1"  mars  1880. 


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AVERTISSEM-ENT 


DU    TOME    III    DE    L'ÉDITION    ORIGINALE 


LES  événemens  arrivés  dans  le  Languedoc  depuis  le  milieu  du  douzième  siècle 
jusques  vers  la  fin  du  suivant  sont  si  abondans,  qu'ils  fournissent  la  matière  de 
ce  troisième  volume,  qui  commence  à  la  condamnation  des  hérétiques  lienriciens 
au  concile  de  Lombers  en  ii65,  &  finit  à  la  réunion  du  comté  deToulouse  à  la  couronne 
en  1271.  Entre  ces  événemens,  les  plus  importans  sont  l'hérésie  &  la  guerre  des  albi- 
geois, qui  sont  la  principale  partie  du  volume,  &  dont  on  rapporte  l'origine,  le  progrès 
&  la  fin  :  morceau  aussi  intéressant  pour  l'histoire  de  l'Église  que  pour  celle  du  royaume. 
Comme  la  Province  a  été  le  premier  &  le  principal  théâtre  de  l'une  &  de  l'autre,  nous 
n'avons  rien  négligé  pour  les  mettre  dans  tout  leur  jour  &  pour  en  décrire  fidèlement 
les  circonstances.  Nous  avons  entrepris  ce  travail  d'autant  plus  volontiers,  qu'on  ne 
trouve  aucun  historien  parmi  les  anciens  &  les  modernes  qui  l'ait  exécuté,  quoique 
plusieurs  l'aient  tenté,  mais  sans  succès,  soit  à  cause  de  leurs  préventions,  soit  par  le 
défaut  des  mémoires. 

Le  plus  célèbre  parmi  les  anciens  est  Pierre,  moine  de  l'abbaye  de  Vaux-Cernay,  au 
diocèse  de  Paris,  auteur  contemporain  &  témoin  oculaire  de  la  plupart  des  faits  qu'il 
rapporte  :  il  a  écrit  VHistoire  d'Albij^eois,  depuis  la  légation  de  frère  Pierre  de  Casteluau 
&  de  frère  Raoul  en  i2o3  jusqu'à  la  mort  de  Simon  de  Montfort,  arrivée  en  1218,  his- 
torien véritablement  estimable  en  bien  des  choses;  mais  si  passionné  pour  Simon  de 
Montfort,  dont  il  est  admirateur  perpétuel,  &  si  déclaré  contre  les  ennemis  de  ce 
général  de  la  croisade,  qu'il  est  difficile  d'en  soutenir  patiemment  la  lecture. 

Guillaume  de  Puylaurens,  auteur  moins  partial,  mort  vers  la  fin  du  treizième  siècle, 
nous  a  donné  dans  .^a  Chionique,  qu'il  finit  à  l'an  1272,  plusi'.urs  circonstances  intéres- 
£;intcs  touchant  l'hérésie  &  la  guerre  des  albigeois;    &  ([uoiciii'il  ne  soit  pas  tout  à  fait 


xviij       AVERTISSEMENT  DU  TOME  111  DE' L'ÉDITION  ORIGINALE. 

contemporain,  il  pouvait  en  être  très-bien  instruit;  tant  parce  qu'il  étoit  du  pays,  qu'à 
cause  qu'il  fut  aumônier  de  Raimond  VII,  comte  de  Toulouse.  Nous  avons  collationné 
l'édition  qui  a  déjà  été  donnée  de  cette  Chronique  sur  un  manuscrit  de  plus  de  quatre 
cents  ans,  qui  étoit  le  261  de  la  bibliothèque  de  feu  M.  Baluze,  &  qui  est  aujourd'hui  à 
la  bibliothèque  du  roi.  Nous  avons  fait  usage  des  variantes  de  ce  manuscrit,  qui  est  fort 
bon,  pour  corriger  plusieurs  fautes,  entre  autres  dans  les  noms  propres,  &  pour  remplir 
quelques  lacunes.  Nous  avions  même  dessein  de  donner  une  nouvelle  édition  de  cette 
Chronique;  mais  de  crainte  de  trop  grossir  nos  Preuves,  nous  avons  cru  devoir  la  laisser 
pour  la  Collection  des  historiens  de  France,  que  dom  Martin  Bouquet  fait  imprimer 
actuellement. 

Enfin,  nous  trouvons  un  détail  fort  circonstancié  d'une  partie  de  la  guerre  contre  les 
albigeois,  dans  un  Anonyme  qui  en  a  écrit  l'histoire  en  langage  du  pays,  depuis  l'an  1202 
jusqu'en  1219.  Nous  avons  cru  devoir  donner  son  ouvrage  parmi  nos  Preuves,  parce 
qu'il  renferme  plusieurs  choses  qu'on  ne  trouve  pas  ailleurs,  &  qu'il  paroît  que  cet 
auteur,  quoique  postérieur,  étoit  bien  informé,  &  qu'il  a  puisé  dans  de  bonnes  sources. 
Cet  Anonyme  a  été  connu  de  Catel',  qui  rapporte  quelques  fragmens  de  son  ouvrage, 
dont  il  avoit  vu  deux  manuscrits  défectueux  au  commencement  &  à  la  fin.  Il  le  cite  sous 
le  nom  de  YHistorien.  du  comte  de  Toulouse,  à  cause  que  l'Anonyme  paroît  fort  porté 
pour  ce  prince,  &  il  en  fait  cas,  de  même  que  M.  de  Marca".  Mais  quoique  cet  historien 
paroisse  favorable  en  effet  à  Raimond  VI,  comte  de  Toulouse,  il  est  faux  cependant 
qu'il  soit  suspect  d'hérésie,  ainsi  que  quelques  modernes  l'ont  prétendu;  car  il  donne 
en  divers  endroits  des  témoignages  non  suspects  de  son  zèle  pour  la  foi  catholique,  & 
de  sa  haine  contre  les  hérétiques. 

Comme  le  langage  dont  il  se  sert  est  à  peu  près  semblable  à  celui  qu'on  parle  encore 
aujourd'hui  à  Toulouse  &  dans  le  reste  do  la  Province,  &  que  d'ailleurs  la  plupart  des 
mots  sont  les  mêmes  que  ceux  de  la  langue  françoise,  à  la  terminaison  près,  nous  avons 
jugé  inutile  d'ajouter  une  traduction  françoise  à  cause  du  texte  languedocieii,  &  jumis 
avons  cru  qu'il  suffisoit,  par  rapport  aux  étrangers,  de  mettre  à  la  fin  un  glossaire  pour 
les  termes  les  plus  difficiles.  Quant  aux  temps  où  l'auteur  a  vécu,  nous  ne  trouvons  rien 
dans  son  ouvrage  qui  puisse  le  déterminer  d'une  manière  bien  précise.  Tout  ce  qu'on 
peut  conjecturer,  c'est  qu'il  vivoit  après  le  treizième  siècle,  &  qu'il  écrivoit  au  plus  tôt 
vers  le  milieu  du  suivant.  Deux  raisons  nous  le  persuadent  ;  la  première  est  qu'il  se 
sert^  du  terme  de  Languedoc,  qui  n'a  été  en  usage  que  vers  le  commencement  du  qua- 
torzième siècle;  la  seconde,  que  dans  l'extrait''  du  traité  de  paix  de  l'an  1229  qui  est  à  la 
fin  de  l'ouvrage  (supposé  qu'il  soit  du  même  auteur,  comme  il  ])aroît  par  le  style),  il  est 
parlé  du  grand-maître  de  Rhodes.  Or,  cette  île  ne  fut  prise  qu'en  1809  sur  les  infidèles 
par  les  chevaliers  de  Saint-Jean  de  Jérusalem,  qui  y  établirent  alors  leur  principale 
résidence.  Il  semble  de  plus  supposer  dans  un  endroit'  qu'il  y  avoit  un  évêque  dans  la 
ville  de  Castres,  qui  ne  fut  érigée  en  évêché  qu'en  iSiy.  On  peut  ajouter  que  nous  ne 
connoissons  aucun  manuscrit  bien  ancien  de  cet  ouvrage,  car  les  deux  dont  nous  nous 


■  Catel,  Histoire  des  comtes  de  Toulouse,  p.  25î.  ■*  Voyez  tome  VIII,  Chroniques,  c.  196. 

*  Marca,  Htstotre  du  Bèarn,  p.  737.  ^  Ihid,  c.  77. 

'  Voyez  tome  VIII,  Chroniques,  c.  3. 


AVERTISSEMENT  DU  TOME  III  DE  L'EDITION  ORIGINALE.  xix 

sommes  servis  n'ont  pas  deux  cents  ans  d'antiquité.  Il  paroît  qu'Us  ont  été  copiés  l'un 
sur  l'autre.  Ils  renferment,  en  effet,  la  même  lacune  touchant  les  circonstances  de  la 
mort  de  Simon  de  Montfort,  &  on  n'y  trouve  que  celle-là  qui  est  assez  longue.  Nous 
avons  suivi  l'orthographe  de  ces  manuscrits,  qui  n'est  pas  uniforme,  suivant  la  copie 
que  M.  le  Fournier  religieux  de  l'abbaye  de  Saint-Victor  de  Marseille,  nous  a  envoyée, 
&  qu'il  a  transcrite  sur  celui  qui  a  a])partenu  à  feu  M.  de  Peiresc,  &  qui  paroît  le  plus 
ancien.  Nous  l'avons  collationnée  avec  un  autre  manuscrit  de  la  bibliothèque  du  roi, 
&  nous  avons  trouvé  fort  peu  de  variantes.  Au  reste,  quoique  cet  historien  anonyme 
mérite  beaucoup  d'attention,  nous  ne  prétendons  pas  cependant  nous  rendre  garans  de 
tous  les  faits  qu'il  avance  &  de  leurs  circonstances.  Il  paroît,  en  effet,  qu'il  s'est  trompé 
en  certains  endroits,  &  qu'il  a  renversé  en  d'autres  l'ordre  des  faits;  mais  Pierre  do 
Vaux-Cernay  lui-même,  quoique  contemporain,  n'a  pas  évité  quelques  fautes  sem- 
blables. 

Ce  sont  là  les  historiens  sur  lesquels  nous  nous  sommes  le  plus  appuyés  pour  l'histoire 
de  l'hérésie  &  de  la  guerre  des  albigeois;  ce  qui  joint  au  secours  que  nous  avons  tiré  de 
quelques  autres  auteurs  ou  chroniques  du  temps,  &  à  un  grand  nombre  de  monumens 
ou  d'actes  authentiques,  nous  a  procuré  une  abondante  matière.  Nous  n'entrerons  pas 
ici  dans  le  détail  des  différentes  bibliothèques  ou  archives  d'où  nous  avons  tiré  ces 
titres  :  nous  avons  eu  soin  d'en  indiquer  les  sources  à  la  marge  des  Preuves  ou  du  corps 
de  l'ouvrage;  nous  nous  contenterons  d'observer  que  trois  registres  ou  cartulaires  nous 
ont  fourni  entre  autres  de  grandes  lumières. 

Le  premier  est  le  registre  intitulé  :  Reglstrum  curiae  Francîae.  Il  fut  compilé  vers  la 
fin  du  treizième  siècle,  &  l'original  en  est  conservé  dans  le  Trésor  des  chartes  du  roi. 
On  en  trouve  deux  copies  écrites  à  peu  près  vers  le  même  temps  parmi  les  manuscrits  de 
Colbert,  qui  appartiennent  aujourd'iiui  au  roi.  Ce  registre  contient  la  plupart  des  actes 
de  Simon  &  d'Amauri  de  Montfort,  dans  bs  temps  qu'ils  dominèrent  sur  une  grande 
partie  de  la  Province,  pendant  &  après  la  conquête  des  croisés,  &  ensuite  de  rois 
Louis  VIII  &  Louis  IX,  qui  entrèrent  dans  leurs  droits  touchant  la  même  conquête. 
Les  actes  originaux  sont  aussi  dans  ce  Trésor,  &  nous  en  avons  eu  communication.  Le 
second  registre  est  le  Carttilaire  de  Raimond  VII,  comte  de  Toulouse,  qu'on  voit 
aujourd'hui  dans  la  bibliothèque  de  M.  le  chancelier  d'Aguesseau,  ik  dont  on  trouve 
une  copie  moderne  parmi  les  même  manuscrits  de  Colbert,  n"  1067.  Enfin,  le  troisième 
est  le  Cartulaire  d'Alfonse,  comte  de  Poitiers  &  de  Toulouse,  frère  du  roi  saint  Louis, 
qui  est  aux  archives  du  collège  des  jésuites  de  Toulouse,  &  dont  on  trouve  aussi  la  copie 
parmi  les  manuscrits  de  Colbert. 

Quant  aux  modernes,  plusieurs  catholiques  ou  protestans  ont  entrepris  d'écrire  en 
particulier  l'histoire  de  la  croisade  contre  les  albigeois.  Entre  les  catholiques  sont  les 
PP.  Benoît  &  Percin,  jacobins,  &  le  P.  Langlois,  jésuite.  Le  P.  Percin  a  écrit  en  latin, 
&  son  ouvrage  a  paru  en  1693  avec  son  histoire  du  couvent  de  Toulouse  de  son  ordre. 
Les  ouvrages  des  deux  autres  sont  en  françois.  Celui  du  P.  Benoît  fut  imprimé  en  1691 
en  deux  volumes  in-12;  il  est  intitulé  :  Histoire  des  albigeois  &■  des  vaudois.  Le  P.  Lan- 
glois fit  [imprimer  le  sien  à  Rouen  en  1703,  sous  le  titre  d'Histoire  des  croisades  contre 
les  albigeois  :  il  contient  un  volume  in-12.  Les  uns  &  les  autres  n'étoient  pas  assez  au 
fait  :  ils  ont  commis  un  grand  nombre  de  fautes;  &  si  on  peut  accuser  les  protestans, 


XX  AVERTISSEMENT  DU  TOME  III  DE  L'ÉDITION  ORIGINALE. 

qui  ont  écrit  sur  la  même  matière,  d'une  partialité  outrée  pour  leur  secte,  on  ne  sauroit 
excuser  les  catholiques  de  n'avoir  pas  été  assez  en  garde  contre  Pierre  de  Vaux-Cernay, 
&  d'avoir  épousé  trop  aveuglément  sa  passion  pour  Simon  de  Montfort,  &  sa  haine 
contre  le  comte  de  Toulouse  &  ses  alliésj  en  sorte  qu'ils  sont,  surtout  le  P.  Langlois, 
des  déclamateurs  plutôt  que  des  historiens.  Pour  nous,  nous  nous  sommes  efforcés  de 
tenir  un  juste  milieu,  &.,  laissant  les  réflexions  aux  lecteurs,  nous  nous  sommes  attachés 
simplement  à  rapporter  les  faits  &  à  ne  rien  avancer  que  sur  do  bons  garants. 

On  trouvera  peut-être  que  nous  nous  sommes  trop  étendus;  mais  comme  on  ne 
cherche,  dans  les  histoires  des  provinces,  que  le  détail  qui  manque  dans  l'histoire 
générale  du  royaume,  nous  avons  cru  devoir  donner  une  certaine  étendue  à  la  narra- 
tion. La  matière  est  si  vaste  que  nous  avons  été  obligés  de  supprimer  plusieurs  faits 
moins  importans,  diverses  circonstances,  &  une  partie  des  actes  que  nous  avions 
préparés  pour  les  preuves,  pour  ne  pas  trop  grossir  le  volume;  aussi  nous  nous  sommes 
contentés  souvent  de  citera  la  marge  les  chartes,  les  archives  &  les  manuscrits.  Il  est 
vrai  que  plusieurs  personnes  de  lettres,  qui  font  beaucoup  de  cas  de  ces  sortes  de 
monumens,  auroient  souhaité  c,ue  nous  les  eussions  donnés,  &  ils  nous  ont  pressés  de 
n'y  pas  manquer;  mais  comme  le  plus  grand  nombre  des  lecteurs  prend  peu  d'intérêt  à 
ces  sortes  de  recueils,  &  qu'accoutumés  ou  aux  fictions  poétiques  ou  à  ces  petits 
romans  qui  inondent  le  public  depuis  un  certain  temps,  ils  ne  lisent  que  pour  s'amuser, 
sans  s'embarrasser  de  la  vérité  des  faits  &  de  remonter  aux  sources,  nous  avons  cru 
devoir  user  de  réserve,  &  nous  en  userons  encore  davantage  dans  la  suite.  Au  reste, 
nous  avons  eu  principalement  en  vue,  dans  les  monumens  que  nous  donnons,  ceux 
qui  intéressent  l'ancienne  noblesse  de  la  Province. 

On  sait  que  l'usage  du  royaume,  aux  douzième  &  treizième  siècles,  étolt  de  com- 
mencer l'année  à  Pâques,  &  que  les  trois  premiers  mois  de  notre  année  étoicnt  alors 
les  derniers;  cet  usage  n'étoit  pas  cependant  universellement  observé,  ni  dans  les 
chartes,  ni  par  les  Auteurs';  &  pour  nous  renfermer  dans  la  Province,  il  y  avoil 
quelques  pays,  comme  le  diocèse  de  Narbonne,  le  comté  de  Foix,  &c.,  où  ondatoit 
plus  communément  de  la  Nativité  que  de  l'Incarnation.  Dans  d'autres  cantons,  on  se 
servoit  indifféremment  des  deux  dates,  quoique  celle  de  l'Incarnation  y  fût  plus  usitée. 
Enfin  on  trouve  quelques  dates  de  l'Incarnation  qui  doivent  être  comptées  depuis  la 
Nativité,  &  quelques  autres  de  la  Nativité  qui  doivent  être  prises  depuis  l'Incarnation. 
Nous  avons  fait  remarquer  en  quelques  endroits  cette  variété  de  calcul;  mais  il  eût  été 
trop  long  &  trop  ennuyeux  de  l'observer  toutes  les  fois;  il  suffit  d'avertir  ici,  en 
général,  que  nous  avons  toujours  adapté,  autant  qu'il  nous  a  été  possible,  l'ancienne 
chronologie  à  la  nouvelle,  en  commençant  l'année  au  premier  de  janvier. 

Nous  croyons  devoir  observer  aussi  que  dans  le  style  du  treizième  siècle  &  du  précé- 
dent on  entendoit  par  le  mot  château  (castrum)  quelque  chose  de  plus  qu'une  simple 
forteresse.  Les  auteurs  &  les  monumens  du  temps  donnent,  en  effet,  ce  nom  à  tous  les 
bourgs  fortifiés  ou  accompagnés  d'une  espèce  de  citadelle,  parce  qu'ils  n'appeloient 
cités  (ou  villes)  que  les  villes  épiscopales.  Par  le  mot  de  château,  dont  nous  nous 
sommes  servis,  à  leur  exemple,  on  doit  donc  entendre  une  petite  ville  ou  un  gros  bourg. 

'  Bollandistes,  août,  t.  i,  p.  480  &  sec[,  , 


AVERTISSEMENT  DU  TOME  III  DE  L'ÉDITION  ORIGINALE.  xxj 

Nous  nous  sommes  un  peu  étendus  sur  la  vie  de  divers  poètes  provençaux  natifs  de 
la  Province,  qui  ont  vécu  à  la  fin  du  douzième  siècle  ou  au  commencement  du  suivant. 
Ces  vies  se  trouvent,  avec  celles  de  plusieurs  autres  poètes  provençaux,  dans  deux 
manuscrits  de  la  bibliothèque  du  roi.  Nous  avons  cru  qu'on  nous  pardonneroit  d'autant 
plus  ce  détail  que  ce  que  Jean  de  Nostradamus  nous  a  donné,  touchant  les  mêmes 
poètes,  est  mêlé  de  beaucoup  de  fables.  Nous  avons  négligé,  d'un  autre  côté,  d'entrer 
dans  de  longues  discussions,  pour  examiner  &  rectifier  la  suite  &  la  succession  des 
évèques  &  des  abbés  du  pays;  ce  travail  appartient  d'ailleurs  plus  particulièrement  à 
nos  confrères  qui  donnent  actuellement  la  nouvelle  édition  du  GaJlia  Christiana.  Ils 
vont  faire  paroître  incessamment  le  sixième  tome  de  ce  grand  ouvrage,  qui  contiendra 
la  métropole  de  Narbonne,  &  on  peut  assurer  par  avance  qu'ils  n'ont  rien  laissé  a 
désirer,  soit  pour  l'étendue,  soit  pour  l'exactitude  de  leurs  recherches. 

Nous  avions  projeté  d'abord  d'insérer  dans  ce  volume  la  carte  géographique  de 
l'ancien  Languedoc,  divisé  par  sénéchaussées  &  par  vigueries  ;  mais  comme  les  trois 
anciennes  sénéchaussées  de  cette  Province  n'ont  été  entièrement  réunies  à  la  couronne 
qu'en  1271,  nous  avons  jugé  que  cette  carte  seroit  mieux  placée  à  la  tête  du  volume 
suivant.  Quant  à  la  carte  de  la  Province  divisée  par  diocèses,  suivant  son  état  présent, 
nous  la  donnerons  avec  la  description  du  Languedoc;  nous  espérons  rendre  cette 
dernière  carte  d'autant  plus  exacte  qu'on  pourra  profiter  des  opérations  de  Messieurs 
de  l'Académie  des  sciences  de  Montpellier,  qui  ont  entre])ris  depuis  longtemps,  sous 
les  ordres  de  Nosseigneurs  des  F2tats,  de  lever  sur  les  lieux  le  plan  de  tous  les  diocèses 
particuliers  du  pays,  &  dont  le  travail  est  fort  avancé.  Enfin  nous  réservons  pour  le 
volume  suivant  les  sceaux  de  l'ancienne  noblesse  de  la  Province,  qui  feront  une  suite 
de  plusieurs  planches". 

Nous  avons  déjà  averti  que  nous  mettrions,  dans  le  dernier  volume,  des  additions  & 
des  corrections  pour  tout  l'ouvrage.  Nous  y  discuterons  entre  autres  de  nouveau 
l'époque  de  la  translation  du  siège  épiscojjal  du  Vêlai  dans  la  ville  du  Puy.  Un  cha- 
noine du  Puy,  qui  prétend  que  cette  translation  est  de  la  fin  du  troisième  siècle,  nous 
a  adressé  un  long  mémoire,  où  il  soutient  son  sentiment  &  réfute,  avec  beaucoup  de 
feu,  la  note  que  nous  avons  mise  à  ce  sujet  dans  le  premier  volume.  Nous  déclarons 
d'abord,  par  avance,  que  nous  n'avons  jamais  prétendu  donner  nos  conjectures  sur 
cette  matière  &  sur  toutes  les  autres  que  nous  avons  examinées  comme  des  décisions 
irréformables  ;  que  nous  respectons  les  anciennes  traditions  des  Eglises,  quand  elles 
ont  quelque  fondement  solide;  &  qu'il  n'y  a  que  l'intérêt  de  la  vérité  qui  nous  a 
engagés  à  dire  librement  notre  pensée  sur  certains  faits.  Nous  rapporterons  donc  fidè- 
lement &  dans  toute  leur  force  les  raisons  dont  cet  ecclésiastique  se  sert  pour  appuyer 
son  opinion;  mais  il  nous  permettra  d'y  joindre  les  raisons  contraires  :  le  public  en 
sera  le  juge. 

Au  reste,  nous  avons  corrigé,  dans  ce  volume,  à  mesure  que  nous  avons  eu  occasion 
de  discuter  la  suite  des  faits,  quelques  fautes  qui  nous  avoient  échappé  dans  le  second, 
touchant  la  généalogie  des  comtes  de  Toulouse,  des  vicomtes  de  Béziers  &  de  Carcas- 

'  Ces  cirtes  &  les  planches  de  sceaux  seront  insérées  dans  l'Album,  qui  paraîtra  avec  le  dernier 
volume  de  cette  édition, 

VJ.  b 


xxij        AVERTISSEMENT  DU  TOME  III  DE  L'ÉDITION  ORIGINALE. 

sonne,  des  seigneurs  de  Montpellier,  &c.,  que  nous  avions  donnée  par  avance.  C'est  à 
quoi  nous  prions  de  faire  attention. 

Cet  ouvrage  a  fait  une  perte  considérable,  j)ar  la  mort  de  dom  CLAUDE  DE  Vjc, 
mon  collègue,  décédé  à  Paris,  dans  l'abbaye  de  Saint-Gerniaiu  des  Prés,  le  23  janvier 
1784,  peu  de  temps  après  la  publication  du  second  volume.  Cette  perte  m'a  été  d'autant 
plus  sensible  qu'ayant  été  associés  pour  le' même  travail,  depuis  l'an  1715,  nous  avions 
toujours  vécu  dans  la  plus  parfaite  union.  Nous  avions  partagé  les  recherches,  &  il 
m'avoit  été  d'un  grand  secours  pour  la  composition  des  deux  premiers  volumes.  Sa 
mémoire,  qui  me  sera  toujours  très-précieuse,  demanderoit  ici  que  je  rendisse  justice  à 
ses  talens,  &  que  je  fisse  l'éloge  de  ses  qualités  de  cœur  &:  d'esprit,  qui  le  rendoient 
infiniment  estimable,  si  je  n'en  avois  déjà  fait  l'essai  dans  un  mémoire,  qui  a  paru 
dans  le  Mercure  de  France  du  mois  de  mars  de  l'an  1734,  &  qui  a  passé  dans  le  nouveau 
Supplément  de  Moreri, 


TABLE    ANALYTIQUE 


ADDITIONS   ET  CORRECTIONS  MISES  AU  BAS  DES   PAGES 


PAR    LES    NOUVEAUX    ÉDITEURS 


Abneville  (traité  dit  d');  ses  suites  pour  le 
Midi.  page  802 

Agde;  accord  entre  l'évêque  &  le  chapitre 
catliédral  pour  le  partage  du  domaine  de 
cette  ville.  pp.  698-699 

Agde  (évêque  d')  ;  poursuivi  canonique- 
ment  en  i2o5.  p.  238 

—  Louis  IX  lui  inféode  l'île  de  Cette,  p.  794 

Agen;  chartes  de  Raimond  VU  en  faveur 
de  cette  ville,  de  l'an  1221.    pp.  543-544 

—  (Soumission  d')  à  Alfonse  en  1249. 

p.  8i3 

—  (Sénéchal  d');  démêlés  entre  lui  &  le 
roi  d'Angleterre  en  1268.  p.  904 

Agenaisj  expédition  des  croisés  en  Agenais 
eu  1209.  p.  287 

Aigues-niortes;  demandes  adressées  au  roi 
Louis  IX  par  les  habitants  de  cette  ville; 
analyse  des  privilèges  que  ce  prince  leur 

•    accorde  en  1246,  pp.  782-783 

Alain  de  Lille  &  Alain  du  Puij  note  sur 
ces  auteurs.  p.  2o5 

Alais  (enquête  faite  par  les  clercs  du  roi  à) 
en  1247.  p.  793 

Albano  (cardinal  d');  son  intervention  dans 
le  Venaissin  en  1249.  pp.  813-814 


AIbi;  accord  p.TSsé  en  1194,  entre  le  vicomte 
&  l'évêque  d'Albi.  pp.  149-150 

—  (Charte  de  privilèges  d')  de  1220.  p.  539 

—  (Évèque  d');  obtient  d'Alfonse  un  man- 
dement pour  la  restitution  des  dîmes  in- 
féodées, pp.  916-917 

—  Se  fait  rendre  hommage  par  Alfonse 
po\ir  le  château  de  Castelnau  de  Bona- 
fous,  &  adjuger  les  encours  pour  hérésie 
des  lieux  dc<  Montirat  &  Monestiés. 

p.  909 

Albigeois  (les)  ;  origine  orientale  de  leurs 
doctrines.  pp.  1-2 

Albios  (château  </');  note  sur  ce  lieu.  p.  343 

Alet  (abbaye  d');  rendue  aux  bénédictins 
par  ordre  de  Grégoire  IX  en  1232.  p.  670 

Alfonse  de  Poitiers;  fête  célébrée  à  Saumur 
en  1241,  à  l'occasion  de  sa  chevalerie. 

p.  730 

—  Prend  possession  du  comté  de  Toulouse 
eu  vertu  du  traité  de  Paris,    pp.  810-811 

—  sa  captivité  en  Egypte.  pp.  814-815 

—  (Maladie  d')  en  i252;  lettre  que  lui  écrit 
le  seigneur  de  Lunel.  p.  829 

—  Est  régent  du  royaume  après  la  mort  de 
la  reine  Blanche  &  pendant  l'absence  de 
Louis  IX.  p.  83o 

—  (Analyse  d'un  mémoire  adressé  par)  au 
roi,  son  frère,  vers  I256.  p.  85 1 


xxiv  TABLE  ANALYTIQUE  DES  ADDITIONS  ET  CORRECTIONS. 

Alfonse  do  Poitiers  (démêlés  des  officiers 

d')  avec  l'abbaye  de  Boulboniie.  g 

pp. 852-853 

—  Refuse  de   secourir  son  frère,  Charles  „  ...      ,         ,        ,     ^  ,      v.   .    i.Aif„,„„ 
d'Anjou,  dans  son  expédition  de  Sicile.  Baihes  (nombre  des)  des  Etats  d  Alfonse. 

'                                                       p.  876  P-  930 

—  Refuse,  malgré  les  instances  de  sa  belle-  Eardin  (Guillaume);  critique  d'une  asser- 
sœur,  la  reine  Marguerite,  de  secourir  'lO"  àe  ce  chroniqueur.  p.  816 
Henri  III  d'Angleterre  dans  sa  lutte  con-  Bar  le  Duc  (comte  de);  prend  part  à  la 
tre  les  barons  anglais.                         p-  874  croisade  en  12 1 1 .                                  p.  362 

—  (Date  &  lieu  de  la  mort  d').  pp.  927-928  Bastide   (la);    lieu    pris   par  Montfort   eu 

—  Exécution  de  son  testament.           P-  9^9  1217.                                                          p.  304 
Alos  (/o  coms  d')  ;  note  sur  ce  perso.uiage.  Baudouin,  frère  de  Raimond  VI  ;   histoire 

'                                     p.  366  de  sa  trahison.                   pp.  36o-36i-J62 

Ananclet  (château  d');   note  rectificative  à  —  Sa  mort.                                               p.  433 

ce  sujet.                                                p.  388  Baux  (Barrai  des);  actes  de  la  soumission  de 

Anduze  (Pierre  Bermond,  seigneur  d');  as-  ce  seigneur  à  Alfonse  de  Poitiers,  p.  83i 

sise  que  lui  accorde  le  roi  Louis  IX  en  Beaucaire  (siège  de);   récit  de  cette  affaire 

1243.                                                         p.  755  par  le  poëte  anonyme,    pp.  488,  491-492 

Aragon  (roi  d')  ;  son  intervention  pendant  —  (Foire  de);  note  à  son  sujet.          p.  5o3 

le  siège  de  Carcassonne.                   p.  293  _  (Pi;ii„,es    des    habitants   de),   en   1247; 

—  Ses  droits  sur  le  Narbonnais.         p.    5o  analyse  de  ce  document;  Louis  IX  fait 

—  (Droits  du  roi  d')   sur  Béziers  &  Mont-  J.'oit  -'  quelques-unes  de  leurs  rédama- 


pellier.  p-  I7:> 


lions  en  1234.  pp.  835-836 


-Réclame   les  vicomtes  de  Millau  &  de  Beaumont  (Jean  de),  lieutenant  de  Louis  IX 

Gévaudan  en  i225.                             p.  622  J-ins  le  Midi;  ses  titres.                    p.  721 

Aragon  (Infants  d")  ;  époque  de  leur  tenta-  Belleperche  (abbé  de);  s'accorde  avec  Al- 

tive  d'invasion  en  France;  elle  doit  être  *o'ise  au  sujet  des  legs  faits  a  son  abbaye 

placée  vers  1263  &  non  en  1257.  par  Raimond  VII.                               p.  821 

pp.  853-854  &  875  Bérenger,  archevèc[iie  de  Narbonne;  date 

Arles  (concile  d')  de  121 1  ;  note  à  son  su-  ''e  sa  mort.                                            p.  379 

jet;  conditions  imposées  par  les  évéques  Bernard  Aton,  dernier  vicomte  d'Agde;  de- 

au  comte  de  Toulouse.            pp.  347-348  vient  chanoine  de  l'église  cathédrale  de 

Armagnac  (comte  d'),  guerre  entre  ce  sei-  cette  ville.                                             p.  121 

gneur  &  Raimond  VII  en  1245.      p.  774  Bertrand,  évéque  de  Béziers,  passe  un  ac- 

Arnaud  Amauri,  légat  du  pape,  archevêque  cord  avec  Simon  de  Montfort  le  1"  mai 

de  Narbonne.                                       p.  :33  I2i3.                                            pp.  418-419 

Note  sur  sa  conduite  lors  du  siège  de  Béziers  (prise  de),  en  1209;  récit  de  Gui!- 

Béziers.                                                 p.  289  lem  de  Tudéle.                                    P-  289 

Assemblées  des  trois  états   des  sénéchaus-  —Privilèges  accordés  à  ses   habitants   en 

sées   de  Carcassonne    &    de    Bc-aucaire;  ii85.                                            ]ip.  Ii5-ii6 

note  sur  leur  pouvoir.             pp.  912-913  —  (AffaiblissemcMit  du  pouvoir  seigneurial 

Aubenas  (entrevue  d');   sa  date;  ses  résul-  à),  après  1194.                                      p.  i58 

tats.                                              pp.  268-269  —  (Notariat  de)  au  douzième  siècle. 

Aumônes  faites  à  des  établissements  reli-  pp.  40-41 

gieux  par  Alfonse.                              p.  9o5  —  (Évéques  de);  leur  suite  de  1240  à  1247. 

—  annuelles  du  même  prince.            p.  929  \i.  7*6 
Avignonet  (inquisiteurs  tués  à);  note  rec-  — (Évéques  &  évéché  de);  actes  ((ui  leur 

tificative.                                    pp.  740-741  sont  relatifs.                                 pp.  99-100 

Avignon;  causes  probables  de  la  résistance  — (Note  sur  la  famille  dite  de).          p.    58 

de  cette  ville  à  Louis  VIII.              p.  607  —(Localités  du  diocèse  de)  qui   embras- 

—  (Soumission  d')  à  Alfonse  de  Poitiers  &  sent  le  parti  de  Raimond  VII  en  1242. 
Charles  d'Anjou  en  i25i.       pp.  818-819  p.  743 


TABLE  ANALYTIQUE  DES  ADDITIONS  ET  CORRECTIONS.  xxv 

Bézicrs  (vicomte  de),  Roger  II;   note   sur  Castellarii ;  s?iis  exnct  île  co  terme  clans  les 

la    date    de    son    alliance    avec    Ricliard  canons  du  concile  de  Toulouse,  de  1 229, 

d'Aquitaine.                                            p.  114  P-  940 

Bézicrs  Cviconife  de),  Raimond-Roger;  son  Castelnau  (Pierre  de);  épo  |ue  de  sa  mis- 
entrevue  avec  le  légat  en  1209.        p.  236  sion,                                                           p.  229 

—  Opinions  diverses  sur  les  causes  de  sa  —  Rcn;arc[ue  sur  les   circonstances   de   sa 

mort.                                                      p.  3i3  mort.                                                      p.  263 

Blanche,  femme  de  Guillem  de  Minerve;  Castelnaudary  (siège  de),  en  1211.     p.  374 

donation  que  lui  fait  Louis  IX.       p.  840  Casteharrnsin  (habitants  de);  renoncent  à 

Bonafous;  construction  du  ch.àtcau  de  ce  leur  consulat  en  faveur  de  Raimond  VII. 

nom,   &   coutumes   que  Sicard   Alaman  P- 774 

accorde  à  ses  habitants.                     p.  727  Catalogne;  troubles  dans  ce  pays  en  1217; 

Bordeaux  (concile   provincial    tenu  à)  en  le  roi  Jacme  prend  la  direction  des  af- 

1 264;  Alfonse  proteste  contre  une  de  SOS  laires.                                                     p.  5i2 

décisions.                                              p.  876  Catel;    note  sur  une  chronique  citée  par 


Boulbonne;  charte  de  Simon  de  Monifort 


cet  auteur.  p.    5i 


en  faveur  de  cette  abbaye.               p.  3o2  Cannes  (réclamations  de  l'abbaye  de),  en 

c        I   •    .               •     1.                  1     I      u    •  1262;  salin  de  cette  ville.       pp.  871-872 

—  Se    plaint   au    roi    d  un  vassal   de    Rai-  ^           '                                               M'      '        ' ' 

moud  VII.                                               P- 778  Oaiix   (seigneurs   de);    leurs   droits   sur   la 

H-   ,„•        ,            1       ■!•               1               .  dépouille  des  curés  du  village  de  ce  nom. 

istoirc  de  ses  démêles  avec  les  comtes  '                                             '^ 

de  Toulouse,  le  sire  de  Mirepoix  8;  l'ab-  ''"     '"' 

baye  de  Paniiers.                      pp.  852-853  Cécile,    nièce   de   Raimond    VII;    épouse 

.^méJée,  comte  de  Savoie.  p.  771 

Cervaria  (Guillem  de),  seigneur  du  Carcas- 

p  ses,  jure  fidélité  à  Louis  VIII,  en  1226. 

p.  601 

^  ,                     ,    ,          ,.,         .,,,.,,  Cette  (ile  dp);  prétentions  des  chanoines 

C..-.1iors  (comté  de);  s  il  avait  été  a  lene  par  ,,e  Saint-Ruf  sur  cette  île;  conduite  de 

les    comtes    de    loulouse   au    douziCMue  Louis  IX  en  cette  occasion.              p.  794 

siècle.  p.  36:> 

,       ,                  .     .      ,          ,          .  Chartres    (Rainaud     de),    inriuisileur    eu 

Campagnoles  ^commandene  de);  donation  Toulousain;  fa  lettre  h  Alfonse. 

faite  à  cette  maison,  en  1190,  par  le  vi-  Sj8-85o 

comte  de  Bézicrs.                                p.  i35  _,        ,.         ,     . ..  ,.            ,       .  '  '  "           ,? 

Chevaliers  du  Midi,  que  Louis  IX  prend  a 

Candeil   (abbaye   de);    remarque   sur   une  sa  solde  lors  de  la  croisade  de  Tunis. 

charte  de  Richard  d'Aquitaine  en  sa  fa-  p,  qi5 

P'       '  Cîteaux  (abbaye  de);   accord   entre  elle  & 

—  S'accorde  avec  Alfonse  touchant  les  legs  Alfonse  de  Poitiers,  au  sujet  des  dettes 
à  elle  faits  par  Raimond  VII.  de  Raimond  VII.                                 p.  823 

pp.     21-   22  C.larin,  chancelier  de  Simon  de  Monifort. 

Carcassoiine  (prise  de),  en  1209;  circons-  p.  392 

tances  qui  l'accompagnèrent.          p.  296  Copiminges  (comte  de);  combat  entre  lui 

—  Note    sur   la    reconstruction    de    cette  &  le  français  Jori.                              p.  522 
ville  en  1247.                             pp.  785-786  _  Guerre  entre  lui  &  le  comte  de  Foix. 

—  (Couvents  de);  leur  reconstruction  en  p.  902 
'^47'                                                      p.  7°6  Condom  ;  soumission  de  cette  ville  .à  Al- 

—  (Première  charte  de  coutume  de),  p.  112  fonse  en  1249.                                     p.  8i3 

—  (Coutumes  de);  note  à  leur  sujet,  p.  216  —  (Habitants  de);  guerre  entre  eux  &  Gé- 

—  (Vicomtes  de);  note  sur  leur  prétendue  ""''  d"Armagnac.                                p.  900 
descendance.                                        P- 79«  Conrad,  légat  apostolique  en  Languedoc; 

—  (Seigneurs  terriers  chargés  de  la  garde  date  de  sa  mission.                          '   p.  537 
de);  \es  mortes  payes.                         p.  905  — Lettresque  lui  écrit  Houorius  III.  p.  538 

—  (Localités  du  diocèse  de),  qui  prirent  le  Consuls  de  mer,  institués  à  Montpellier. 
parti  de  Raimond  VII,  en  1242.     p.  742  p.  945 


xxvj  TABLE  ANALYTIQUE  DFS  ADDITIONS  ET  CORRECTIONS. 

Corbeil  (traité  de),  eu  1258.                p.  86i  Foix  (château  de),  remis,  eu  i2i7,aucomfG 

Cordes;  fondation  de  cette  ville  en   12..3  par  l'abbé  de  Saint-Thibéry.           p.  5io 

par  le  comte  de  Toulouse.                p.  56o  — (Habitants  de);   privilège   de  Jacme  I, 

Croisade;    subside   levé   pour  la   croisade  roi  d'Aragon,  en  leur  faveur,           p.  889 

dans  les  Etats  de  Rainiond  VII  en  1247  — (Comté   de);    ancien   document   sur  sa 

&  1248.                                                  p.  787  géographie.                                          p.  886 

—  de  1270;  note  sur  les  dépenses  qu'elle  Foix  (comte  de);  ses  démêlés  avec  Simon 
impose  à  Alfonse.                      pp.  907-908  de  Montfort  en  1216.                         p.  499 

—  contre  les  albigeois;  sa  prédication  en  —  La  paix  de  Lorris  réserva-t-elle  au  suc- 
France,                                                     p.  267  cesseur  de   Kaimond  VII   l'hommage   du 

Croisés  contre  les  albigeois;  note  sur  leur  comte  de  Foix.                                    p.  ■jj'i 

nationalité.                                             p.  267  —  Ses  démêlés  avec  l'abbaye  de  Lézat;  in- 

—  Leur  nombre  eu  1209.                      p.  284  tervention  d'Alfonse,                         p.  917 

Fontfroide  (abbaye  de);  elle  se  fait  rendre 
par  le  roi  la  grange  de  Parahou.     p.  849 

L'  — .  Terres  qu'elle  achète  d'Olivier  de  Ter- 
mes,                                                       p.  857 

Daumazanès  (le);  Indication  bibliographi-  pouage    levé    dans    ses    Éiats'par    Rai- 

que  sur  les  coutumes  de  ce  pays.    p.  12a  „,p,jj  yn,  lors  de  sa  croisade,      p.  788 

Diego,  évèque  d'Osma  ;  date  de  sa  mort._  _  alfonse  ne  leva  pas  de  fouage  en  i  252  ; 

P'  ■^•^^  rectification  d'une  assertion  de  dom  Vaiî- 
sete.                                                        p.  829 

E  — Levé  par  Alfonse  dans  le  Midi  de  1261 

à  1269;  note  à  ce  sujet.  p.  901 

Encapuchonnés  (association  des);  son  his-  Foucois  (Gui);  note  sur  une  édition  de  ses 

toire.                                            pp.  108-109  Quaestiones.                                          P'9i' 

Enquêteurs  royaux  dans  le  Midi  ;  objet  de  Franquevaux    (abbaye    de);    remarque   sur 

leur  mission  ;  ses  résultats,     pp.  793-794  un   accord    entre    elle   8c    Raimond   V,' 

—  Leurs  travaux  dans  le  Midi  en  1247  &  comte  de  Toulouse.  p.  124 
1248;     l'administration     royale     d'après 

leurs  registres.  pp.  793-794 

—  Plaintes  reçues  par  eux  à  Alais.     p.  793  G 

—  Leurs  assises   dans    la  sénéchaussée  de 

Nimes  de  1254  h  1257.                        p.  849  Gaillac;  privilèges  accordés  à  cette' ville, 

—  Leurs  travaux  de  125931262;  note  à  en  i  221,  par  Raimond  VII.  p.  542 
ce  sujet.                                                 p.  872  — (Troubles  à)   eu   1269;   Alfonse  infcr- 

—  Leurs  assises  de  1259  à  1262;  indication  vient  en  faveur  de  l'abbé.  p.  914 
de  quelques-unes  des  restitutions  faites  Gascogne;  guerres  privées  sur  les  confins 
par  eux.                                                 p.  870  de  ce  pays  &  du  Toulousain  en  1255. 

—  Leurs  travaux  en  1270.                    p.  916  P-  844 
Enquêteurs  d'Alfonse   dans   le  Languedoc  GaufrldusVosknsis;  valeur  du  témoignage 

en  1267  8i  1268;  leurs  décisions,    p.  899  àe  cet  écrivain;  état  du  texte  de  sa  chro- 


Êpaves  (droit  d'),  à  Toulouse;   règlement 


nique.  p.    61 


de  1192.  p.  145      Génois;    charte   de   Raimond  VI    en    leur 

•n  •     ••  i-rii        1   •  faveur.  p.    61 

Excommunication;  diiterend  a  ce  propos  ' 

entre  le  sénéchal  de  Carcassonne  &  les      Grandchamp    (abbaye    de),    dans    l'Ile-dc- 
prélats  de  la  Province.  p.  843  France;  charte  fausse  d'Amauri  de  Mont- 

fort  en  sa  faveur.  p.  704 

Grandsclve   (al)bé   de);   s'accorde  avec  Al- 
F  fonse  au  sujet  des  legs  faits  à  son  cou- 

vent par  Raimond  VII.  p.  821 

Foix  (ville  de);  privilèges  accordés  à  cette      Grasse  (abbaye  de  la);  charte  du  roi  d'Ara- 
ville,  en  1245,  par  le  comte  Roger,  p.  774  gon  en  sa  faveur.  p.     92 


TABLE  ANALYTIQUE  DES  ADDITIONS  ET  CORRECTIONS.         xxvij 


Grasse  (abbaye  de  la);  accords,  eu  I2i5, 
entre  cotte  abbaye  &  Simon  de  Mont- 
fort,  Gui  de  Lévis  &  Alain  de  Rouci_. 

pp.  463-466 

—  Hommage  que  lui  rend  Amauri  de 
Montfort,  eu  1219.  P-  ''^^^ 

—  Vente  faite,  eu  1217,  par  Simon  de 
Montfort  à  cette  abbaye.  p.  Soi 

Grégoire  IX;  lettre  écrite  par  ce  pape  à 
Raimond  VII,  eu  i235,  au  sujet  de  l'in- 
quisition de  Toulouse.  pp.  698,  696 

—  Lettres  écrites  par  lui  en  1238,  &  rela- 
tives à  Raimond  VII.  p.  70? 

Guerres  privées  dans  la  Province;  mémoire 
des  agents  d'Alfonse  à  ce  sujet.       p.  904 

—  Eu  1267.  p-  90^ 

—  En  1268;  efforts  d'Alfonse  pour  les  ar- 
rêter.     *  p.  9°4 

Gui,  fondateur  de  l'hôpital  du  Saint-Es- 
prit de  Montpellier;  son  origine,  p.    72 

Guidage  (droits  de);  chartes  relatives  à 
leur  perception.  P-    89 

Guillem  VIII,  seigneur  de  Montpellier; 
privilèges  que  lui  accorde  Célestiu  III. 

p.  i38 

—  Remarques  sur  son  testament.       p.  202 

—  Poursuit  les  hérétiques  &  est  protégé 
par  Innocent  III.  p.  224 

Guillem  Pierre,  évéque  d'Albi  ;  lettres  du 
pape  Honorius  III  à  sou  sujet.       p.  5i'j 

Guillem  Pelhisse,  inquisiteur;  analyse  du 
récit  fait  par  lui  de  la  révolte  des  habi» 
tauts  de  Toulouse  contre  l'inquisition. 

p.  691 


H 


Hérésie  albigeoise;  note  sur  ses  progrès 
eu  Europe  pendant  les  dixième  &  dou- 
zième siècles.  p.  221 

Hérétiques;  poursuites  exercées  contre 
eux   par  Alfonse,  de  1252   à  I2")4. 

p.  832 

Hommages  reçus  par  Alfonse  à  son  retour 
en  Europe  eu  iiSo.  p. 816 

Honorius  III;  lettres  écrites  par  lui  aux 
seigneurs  &  habitants  du  Languedoc  en 
faveur  de  Simon  de  Montfort.         p.  714 

—  Lettres  du  même  pour  la  croisade  con- 
tre les  albigeois.  p.  "146 

—  Lettres  du  même  en  faveur  d'Aniauri  de 
Montfort,  écrites  eu  1223.  p.  072 


Honorius  III;    lettres   écrites   ]5ar  lui    en 
1224  pour  l'affaire  d'Albigeois.      p.  5So 

—  Lettres  écrites  par  lui  en  i225  pour  l'af- 
faire d'Albigeois.  pp.  591-592 

Hugues  IV,  comte  de  Rodez,  rachète  sou 
voeu  de  croisade  en  1247.  p.  780 


I 


Innocent  III  ;  note  sur  sa  politique  envers 
Raimond  VI  en  1210.  p.  320 

Innocent  IV;  se  plaint  à  Louis  IX  des  vexa- 
tions infligées  par  le  sénéchal  de  Beati- 
caire  à  des  marchands  génois.  p.  763 

Inquisition;  ce  que  c'est  à  vrai  dire.  p.  223 

—  Date  d'un  acte  d'inquisition  publié  par 


dom  Vaisséte. 


p.  674 


—  (Prisons  do  1')  à  Carcassonne  &  à  Bé- 
ziers.  p.  779 

Isle-Jourdain  (seigneurs  de  1');  se  fout  la 
guerre  en  1268  &  1269.  p.  9o5 


J 


Jacme  I,  roi  d'Aragon;  guerre  entre  ce 
prince  &  ses  grands  vassaux  d'Aragon. 

p.  882 

—  Pourquoi  il  ne  prit  aucune  part  h  la  se- 
conde croisade  de  Louis  IX,  p.  915 

Jeanne,  comtesse  de  Toulouse;  note  sur 
certains  articles  du  testament  de  cette 
princesse.  p.  919 

Juifs;  leur  état  social  dans  le  Languedoc. 

p.  944 

—  de  la  sénéchaussée  de  Carcassonne;  per- 
sécutions dont  ils  sont  l'objet  eu  1246. 

p.  783 

—  des  états  d'Alfonse;  subside  extraordi- 
naire que  ce  prince  leur  fait  payer. 

P- 


906 


L 


37J 
61 


La  Grave  (révolte  de)  en  1211. 

Larzac  (hospice  du). 

—  (Précepteur  du)  ;    lettre    que 
Raimond  VII. 

Latran    (concile   de)   de    I2l5;    récit  de  la 
chanson;  sa  valeur,  pp.  473-474 

Lattes  (port  d;  ).  p.  loi 


lui  écrit 
p.  802 


xxviij       TABLE  ANALYTIQUE  DES  ADDITIONS  ET  CORRECTIONS. 


Lattes  (mailles  de),  droit  de  leude  rendu  à 
la  commune  de  Montpellier  par  Jacme  I. 

p.  862 

Lautrec  (vicomtes  de);  s'ils  descendent  du 
comte  Baudouin,  frère  de  Rainiond  VI  ? 

p.  438 

—  Guerre  entre  eux  &  Philippe  de  Mont- 
fort  en  1267.  P-  902 

Légats  en  Languedoc;  étendue  de  leur 
pouvoir.  P-  ^32 

Lenaiii  de  Tillemont;  cité  à  propos  de 
l'annulation  du  testament  du  comte  Rai- 
mondVlI.  p.  821 

Lévis  (famille  de);  remarque  sur  le  titre  de 
maréchal,  porté  par  les  membres  de  cette 
famille.  P-  656 

Lézat  (abbé  de);  accord  entre  lui  &  le 
comte  de  Poix  en  1241,  &  construction 
de  Sauveterre  Saint-YlDars.     pp.  732-733 

Lézignan;  accord  relatif  à  ce  château  entre 
Amauri  de  Montfort  &  le  vicomte  de 
Narbonne.  p-  533 

Limoges;  époque  du  passage  de  Louis  de 
France  dans  cette  ville  en  1219. 

pp.  53o-53i 

Limoux  (ville  de);  réclamations  de  ses  ha- 
bitants en  1259.  p.  871 

Lodève  (église  de);  diplôme  de  Philippe 
Auguste  en  sa  faveur.  p.  119 

Lomagne  (vicomte  de);  ses  démêlés  avec 
Raimond  VII.  p.  802 

—  Paix  entre  lui  &  Alfonse  de  Poitiers. 

p.  822 

Lorris  (paix  de)  en  1242;  note  à  ce  sujet. 

p.  750 

—  Serments  prêtés  par  les  seigneurs  du 
Midi  en  vertu  de  ce  traité.  p.  755 

Louis,  fils  de  Philippe-Auguste  ;  date  de 
son  expédition  de  1219.  p.  628 

—  Craintes  que  son  expédition  inspire  aux 
Anglais.  p.  529 

Louis  VIII,  roi  de  France;  conditions 
qu'il  propose  au  pape  en  1224,  en  s'en- 
gageant  à  continuer  la  guerre  contre 
Raimond  VII;  pourquoi  le  pape  les  re- 
jetta,  p.  578 

—  Son  itinéraire  en  1226,  après  la  soumis- 
sion du  Languedoc.  p.  619 

Louis  IX;  s'il  fit  un  voyage  dans  le  midi  de 
la  France  en  1243.  p.  759 

—  (Date  du  voyage  de)  dans  le  Midi  en 
1262.  p.  873 

Lourdes  (château  de);  noms  de  ses  défen- 
seurs en  1216.  p.  499 


M 


Maguelonne  (chapitre  cathédral  de'i;  que- 
relles entre  les  chanoines  vers  1 186-1 187. 

p.  119 

Marc  (Pierre);  sa  mission  dans  le  Langue- 
doc en  121 2.  p-  392 

Marche  (révolte  du  comte  de  la)  en  1241; 
dénoncée  à  la  reine  Blanche  par  un  ha- 
bitant de  la  Rochelle.  p.  7^6 

Marie  de  Moiil])eHier;  démêlés  entre  elle 
&  son  mari,  Pierre  d'Aragon.  p.  241 

Marmande  (siège  de)  en  1219;  sa  date. 

p.  53d 

.Marseille;   date  de  l'expédition   faite  par 
Raimond  VII  pour  secourir  cette  ville. 

p.  664 

Mathieu  Paris;  rectification  d'une  asser- 
tion de  ce  chroniqueur.  p.  804 

Mathilde,  fille  de  Constance,  comtesse  de 
Toulouse  ?  p.    60 

Medullum,  identifié  avec  Me'^^oah,  lieu  de 
l'Hérault.  p.    62 

Mehun  (Robert  de),  évèque  du  Puy;  pu- 
nition de  ses  assassins.  p.  527 

Melgneil  (comté  de);  cédé  aux  évéques  de 
Maguelonne  par  le  pape;  note  sur  le 
prix  payé  par  les  acquéreurs,  pp.  456-457 

—  Ils  ont  peine  à  y  établir  leur  autorité. 

p.  703 

Millau  (ville  de);  sa  charte  de  coutume  de 
ii85.  pp.  123-124 

—  Privilèges  accordés  aux  habitants  de 
cette  ville  en  1229  par  Louis  IX.    p.  637 

—  Tentative  du  roi  d'Aragon  sur  Millau 
en  1237.  pp.  705-706 

—  (Comté  de);  Tendu  par  le  pape  au  roi 
d'Aragon  en  1217.  p.  5:2 

Minerve  (siège  de),  par  Simon  de  Mont- 
fort;  dates  extrêmes  de  cette  affaire. 

p.  33ï 

—  (Guillem  de);  donation  de  Louis  IX  à 
ce  seigneur.  p.  840 

Mirepoix  (coutumes  de);  leur  rédaction 
en  1207.  p.  253 

—  (seigneur  de)  ;  se  fait  restituer  le  droit 
de  faire  brûler  les  hérétiques  de  ses  do- 
maines, p.  913 

—  Démêlés  de  ce  seigneur  avec  des  sujets 
du  comte  Alfonse.  pp.  913-914 


TABLE  ANALYTIQUE  DES  ADDITIONS  ET  CORRECTIONS, 


XXIX 


Moissac;  coutumes  de  1197.  p.  179 

■ —  (Siège  de)  en  1212;  note  à  ce  sujet. 

p.  391 

—  (Abbé  de);  se  plaint  à  Philippe-Auguste 
des  croisés  &  du  comte  de  Toulouse. 

p.  392 

' —  (Accord  de  12*12  entre  l'abbé  de)  &  Si- 
mon de  Moutfort.  p.  391 

Monnaies  émises  parAlfonse.  pp.  946-947 

—  épiscopales  du  Languedoc.  p.  897 

Monnaie  de  Toulouse;  son  histoire  au 
temps  d'Alfonse.  p.  833 

Monsjovîs,  lieu  d'un  engagement  entre  les 
croisés  &  le  comte  de  Foix;  note  à  ce 
sujet.  Voye^  Montgey.  p.  355 

Montaigut  (château  de),  en  Albigeois;  note 
sur  son  emplacement.  p.  793 

Montauban  (Siège  de),  en  1212;  causes  de 
son  abandon,  p.  393 

Montfort  (Amauri  de);  n'a  jamais  repris 
après  1226  le  titre  de  comte  de  Toulouse  ; 
erreur  de  dom  Vaissefe  à  ce  sujet. 

p.  704 

Montfort  (Philippe  de),  seigneur  de  Cas- 
tres; guerre  entre  lui  &  le  vicomte  de 
Lautrec;  intervention  de  Louis  IX  &  du 
sénéchal  de  Carcassonne.  p.  849 

—  Époque  d'une  guerre  entre  ce  seigneur 
&  le  vicomte  de  Lautrec.  p.  834 

—  Guerre  entre  lui  &  Sicard  Alaman  en 
1267.  p.  902 

Montfort  (Simon  de);  son  histoire  avant 
la  croisade  des  albigeois.  p.  298 

—  Ses  opérations  militaires  pendant  la  fin 
de  l'année  1209.  p.  3i8 

—  S'il  parcourt  l'Agenais  vers  mai  1 210  ? 

p.  327 

—  Lacunes  dans  son  itinéraire  après  la 
prise  de  Termes  (novembre-décembre 
1210).  p.  343 

—  Recrutement  de  ses  soldats.  p.  377 

—  Ses  expéditions  dans  le  pays  de  Foix  en 
1212.  p.  393 

—  Ses  donations  à  des  chevaliers  français. 

p.  398 

—  Achète  dans  le  Rouergue  les  châtea.ix 
de  Saint-Geniés  &  de  la  Roque  de  Bal- 
zergue.  p.  4J0 

—  Son  itinéraire  en  juin  I2i5.  p.  463 

—  Troupes  qu'il  employa  dans  ses  guerres. 

p.  487 


Montfort  (Simon  de);  rectification  tou- 
chant deux  actes  de  ce  prince  en  faveur 
des  habitants  de  Nimes.  p.  492 

—  Châtiment  qu'il  inflige  auxToulousains 
en  12 16.  pp.  493,  495,  498,  499 

—  Circonstances  de  sa  mort.  p.  5i7 

—  Son  tombeau  à  Carcassonne, 

pp.  519-620 

—  Ses  fondations  dans  l'église  de  Carcas- 
sonne. p.  520 

Montgey  (bataille  de)  en  1211;  note  à  es 
sujet;  circonstances  de  cette  affaire  ;  au- 
teurs qui  en  ont  parlé.  pp.  354-355 

Montgrenier  (château  de),  près  de  Foix. 

p.  5oo 

Montpellier  (coutumes  de)  ;  leurs  éditions, 
leur  caractère.  pp.  2i5-2i6 

—  (Traité  de  commerce  entre  le  seigneur 
de)  &  les  vicomte  &  évêque  d'Agde  (i  i85). 

p.  116 

—  Charte  de  Louis  VIII  en  faveur  des  mar- 
chands de  cette  ville.  p.  609 

—  (Soumission  de)  au  roi  Jacme  en  1239. 

p.  712 

—  (Droits  réels  &  prétentions  de  Louis  IX 
&  de  ses  successeurs  sur  la  ville  de). 

pp.  881-832 

—  (Habitants  de);  traité  entre  eux  &  les 
Génois  (i  201).  p.  195 

—  Leur  alliance  avec  Nugnez  Sanche,  sei- 
gneur du  Roussillon.  p.  663 

—  Guerre  entre  eux  &  les  Marseillais; 
terminée  grâce  à  l'intervention  du  comte 
de  Provence,  Charles  d'Anjou.        p,  847 

Montréal  (réclamations  des  habitants  de) 
en  1262,  p.  871 

Mouskcs  (Philippe);  rectification  d'une 
assertion  de  ce  chroniqueur.         p.  752 


N 


Najac;  révolte  de  cette  ville  après  la  mort 
de  Raimond  VII;  répression  de  celte 
tentative.  pp.  809-810 

Narbonne  (remarque  sur  un  traité  entre) 
&  la  ville  de  Pise.  pp.  17-18 

—  Traité  de  commerce  conclu  entre  celle 
ville  8c  celle  de  Gênes  en  1224.       p.  590 

— ■  (Lettre  de  Grégoire  IX  en  faveur  des 
habitants  de).  p.  633 


XXX 


TABLE  ANALYTIQUE  DES  ADDITIONS  ET  CORRECTIONS, 


Narboiine  (lettre  écrite  par  les  consuls  de  Orzals  (mine  d),  c-n  Rouerguc  ;  disputée  à 

la  cité  de),  l'archevêque,  le  vicomte  &  Alfonse  par  le  comte  de  Rodez.       p.  »7^ 

l'abbé  de  Saint-Paul,  touchant  l'exercice  Othon,  évêque   de  Carcassonne;    dates  de 

de  l'inquisition.                                     P-  ^86  jqjj  épiscopat.                                        P-  ^^4 

(Lettre  des  consuls  du  bourg  de)  à  ceux 

de  Niraes,  touchant  l'inquisition,  p.  685 

—  (Coutumes  de),  rédigées  en  1232.  p.  673  p 
(Vicomtes  de);    leurs  possessions   dans 

le  diocèse  de  Béziers.                         p-  '-•■^  Pamiers;  privilèges  accordés  à  cette  ville 

(Démêlés   entre    l'archevêque    &   le   vi-  eu  1227  &  1232.                         pp.  616,  937 

comte  de)  en  1247  &  i  248;  intervention  _  (.Q,,gj.elles  entre  les  habitants  de)  &  Si- 

d'Innocent  IV  &  de  Louis  IX.         p.  l'i^  ^^.^^  jg  Montant.                                p-  847 

_  (Concile  de)  de  1244;  analyse  de  quel-  _  ^Q^jg^elles  entre  l'abbé  de)  &  le  comte 

ques-uns  des  canons  qui  y  sont  promut-  ^^   p^j^   ^^^^^   j^   souveraineté    de    cette 

gués.                                               PP*  764-70^  ville;  intervention  du  roi  de  France. 

(Duché  de)  ;  contestation  à  ce  sujet  en-  pp.  888-889 

,re  Simon  de  Montfort   &  l'archevêque  ^^^.^                       ^^              originaux  de  cet 

Arnaud  Amaiiri.                                   P-  J03  ^^^^                                                        p.  532 

Nimes  (ville  de);   Raimond  V  confirme  ses  _        ;             ,^^^^^.^.^.^^     „,ii  ■           ,  ,,  R.i. 

privilèges  en  ii8o.                              p.  123  ^^^^^^^^                                            p.  662 

—  Charte  de  privilèges  de  1194.         p.  IJ9  ,               . 

^,        ^                wi     .•       j   „  Parlement  d'Alfonse;  note  a  son  sujet. 

_  (Règlement  de  1199  pour  1  élection  des  p_  3^5 

consuls  de;.                                          p-  i   9  ^^^^^^^  (seigneurs  de);  accord  entre  eux  & 

_  (Révolte  de)  en  1207,             pp.  274-27J  Alfonse.                                                 p-  822 

-Complot  tramé  à  Nimes  contre  les  con-  p^jj         .^       ,,,3.    remarque   sur   un    di- 

suls  de  cette  ville  en  1210.               p.  02^  1^1^  ^^^h^^^  ^^^^  ^^  p_t._^^^^  ^^^  ^^gg^  .^ 

—  (Habitants  de);    alliance    entre   eux  le  {-église  de  Lodève.                              p.  119 
ceux  d'Aries  en  I2i3.                         p.  4>9  _^^XelUe  au  pape  touchant  l'affaire  d'Aï- 

—  Date  de  la  révolte  de  cette  ville  contre  bigrois.                                                     P-  ^61 
Simon  de  Montfort.                      _     p-S.-;  _  g^^  réponse  au  pape  après  le  meurtre  de 

—  (Ordonnance   rendue   par  Louis   IX    en  Piene  de  Casteluau.                           p.  205 

i;')/i    en  faveur  des  habitants  de),  p.  807  .           ,          1          rr  ■          1 

I2J4,  en  iavi,u                                        f  — Intervient  dans  les  affaires   de  succes- 

—  (Note  sur  la  suite  des  évêques  de).      ^  ^j^^^  jg  |^  seigneurie  de  Montpellier. 

p.  412 


p.    87 


Niort  (seigneurs  de);  notes  à  leur  sujet.    ^      p^j^  d'une  lettre  de  ce  prince  à  Thi 

pp.  700-701,  723  iiauâ,  comte  de  Champagne.  p.  647 

—  (Raimond  de);  note  à  son  sujet,    p.  7^3      j^^  légua  jioint  une  somme  d'argent  à 

Nobles  de   la  province  qui  prennent  part  Amauri   de   Montfort,  quoi    qu'en   aient 

aux  croisades  de  Louis  IX.  p.  S29  dit  quelques  auteurs.  pp.  568-569 

Noms  de  lieux;  corrections  au  texte  de  dom      Pierre  de  Bénéveut,  légat  en  Languedoc; 

Vaissete.       -  pp.  791,  85i ,  &c.  sa  conduite;  exagérations  de  Pierre  de 

NugnezSanche;  époque  de  sa  mort.  Vaux  Cernay.  P- 444 

P-  714      Pierre  de  Vaux  Cernay;  note  sur  la  valeur 
de  son  témoignage  en  certains  cas. 

p.  161 

O  • 

Pierre,  roi  d'Aragon;  privilèges  que  lui  ac- 
corde le  pape  Innocent  III.  p.  239 
Orb  (péage  de  1').                                   p.  100           „         ...                      _                        ^/-     ^, 
^1      ''                            .  ,              T       •    i,r      — Sa  politique  en  I2i3.              pp.  406-407 
Ordonnance  de  I2J4;  articles  que  Louis  IX                                                          .  ■  x/i        . 

fit  aiouter  p.  841      —  Circonstances  de  sa  mort  a  Muret,  p.  427 

OrLnnance  de  réformation,  publiée  par      -  Appréciation  de  son  caractère,      p.  430 
les  procureurs  du  comte  Alfonse  en  1270.      Pont-Saint-Esprit  (entrevue  du),  en  1217; 


TABLE  ANALYTIQUE  DES  ADDITIONS  ET  CORRECTIONS. 


XXXI 


Prélats  de  la  Province;  différends  entre 
eux  &  le  sénéchal  de  Carcassonne  en 
13  55.  pp.  842-843 

Privilèges  accordés  par  le  Saint-Siège  à 
Alfonse;  énumération  &  analyse  de  ces 
actes.  pp.  831-832 

Procureurs  fondés  établis  par  Alfonse  en 
1270;  lettres  d'institution,  noms,  gages 
&  attributions  de  ces  officiers. 

pp.  921-922 

Puisserguier  (Bérenger  de);  plaintes  de  ce 
seigneur  contre  le  sire  de  Lévis.    p.  872 

Pujol  (prise  du);  récit  de  cette  affaire;  re- 
marque à  ce  sujet.  p.  420 

Puy  (église  du);  lettres  de  Philippe-Au- 
guste en  sa  faveur,  en  1219.  p.  527 

—  (Affaire  de  la  régale  du),  sous  Louis  IX; 
analyse  des  documents  originaux. 

pp.  838-839 


Q 


Quarantaine  le  roi;  note  à  ce  sujet,  p.  941 

Quatre  cas  (règle  des);  note  à  ce  sujet. 

p.  939 

Querci  ;  une  partie  seulement  de  ce  pays 
appartenait  à  Raimond  VII.  p.  807 

Queribus  (siège  de);  époque  de  cette  af- 
faire, p.  843 


R 


Rabasiens  (charte  de  privilèges  pour),  de 
l'an  121 1.  p.  846 

—  Autre  charte  de  Raimond  VII  en  faveur 
des  habitants  de  cette  ville.  p.  627 

Rachat  des  biens  confisqués  sur  les  héré- 
tiques; note  à  ce  sujet.  p.  832 

Raimond  du  Fauga,  évoque  de  Toulouse; 
causes  probables  du  procès  qui  lui  fut 
fait.  p.  879 

Raimond  VI,  comte  de  Toulouse;  ne  prit 
pas  la  croix  en  12 10.  p.  28a 

—  Circonstances  de  son  retour  .i  Toulouse 
en  12 17.  p.  507 

—  Etendue  de  ses  Étals.  p.  554 

—  Appréciation  de  son  caractère. 

pp.  555-556 

Raimond  VII;  ses  démêlés  avec  Frédéric  H 
en  I  225.  p.  592 

—  Sa  guerre  avec  le  comte  de  Provence; 
intervention  du  pape  Grégoire  IX.  p.  7c  5 


Raimond  VII;  situation  pécuniaire  de  ce 
prince  en  1239.  p.  709 

—  Crée,  eii  1240,  un  nouveau  péage  à 
Marmande.  pp.  723-724 

—  (Rapports  de)  avec  le  roi  en  1240  Si 
1242.  pp.  724-725,  729 

—  Alliance  entre  ce  prince  &  Jacme  d'Ara- 
gon en  1241.  p.  726 

—  Excommunié,  le  6  juin  1242,  par  frère 
Ferrier,  inc[uisiteur;  note  sur  cet  acte. 

p.  74" 

—  Ses  conquêtes  dans  les  diocèses  de  Bé- 
ziers  &  de  Carcassonne.         pp.  742-743 

—  Note  sur  la  date  de  son  absolution  en 
1244.  p.  762 

—  Itinéraire  de  ce  prince  en  janvier  1245. 

pp.  772-773 

—  Son  divorce  avec  Marguerite  de  la 
Marche.  p.  776 

—  Itinéraire  de  ce  prince  en  avril  1246. 

p.  778 

—  Résidait  à  la  cour  de  France  en  février 
1247.  p.  786 

—  Promesses  que  le  roi  lui  fait  à  l'occasion 
de  son  projet  de  croisade.  p.  7S7 

—  Itinéraire  de  ce  prince  en  octobre  1 24S. 

P-  799 

—  (Démêlés  de)  avec  le  comte  de  Leices- 
ter,  gouverneur  de  Gascogne,  &  avec  le 
vicomte  de  Lomagne.  p.  802 

—  Rédaction  de  son  testament.  p.  8o3 

—  Son  caractère;  ses  acquisitions;  ses 
États.  i)p.  806-807 

—  Son  testament  est  déclaré  nul,  à  la  de- 
mande d'Alfonse  de  Poitiers.  p.  820 

Raimond  Trencavel  ;  note  sur  les  causes 
de  sa  mort  en  1167.  p.     29 

Raimondine  (monnaie);  note  à  son  sujet. 

p.  917 

Rainier,  évéque  de  Maguelonnej  meurt 
empoisonné.  p.  796 

Recettes  &  dépenses  d'Alfonsej  note  à  ce 
sujet.  p.  930 

Rieunette  (abbaye  de).  p.  224 

Rodez  (bourg  de);   coutume  de  1196, 

p.  178 

—  Nouvelles  coutumes  de  1201.  p,  195 

—  (Comte  &  évéque  de);  leurs  rapports. 

p.  178 

—  (Evéque  de);  réclamalion  adressée  par 
ce  prélat  à  Alfonse  de  Poitiers.       p.  904 


xxxij         TABLE  ANALYTIQUE  DES  ADDITIONS  ET  CORRECTIONS. 

Roger  Bernard,  comte  de  Foix;  histoire  Sénéchaux  établis  dans  le  Midi  par  Simon 

de  ses  démêlés  avec  les  inquisiteurs.  de  Montfort.                                        P-  4^J 

p.  7o3  Service  militaire;  les  prélats  de  la  Province 

Roger  de  Comminges,  comte  de   Pailhas;  refusent  de  s'en  acquitter.               p.  843 

note  sur  ce  personnage.          pp.  125-126  Statuts  de   Simon  de   Montfort  en   1212; 

Rouergue;    expédition   de    Raimond   VII  leur  caractère.                                     p-  397 

dans  ce  pays  en  i238.  p-  l^o 

Roujan  (réclamations  des  habitants  de)  en 

1262.                                              P-Syi  T 

Tarascon-sur-Ariége  (privilèges  de);  charte 

j^  de  12 16.                                               p.  499 

Temple;  privilèges  accordés  à  l'ordre  du 

Sabathier  de  la  Bourgade  (chronique  dite  Temple   par  le  vicomte    de   Béziers   en 

de);  sa  valeur.                                     p.  698  1201.                                                      p.  I94 

Lcr-             Ml      1   ^       1,     .      i„  „r1„;  Termes    (hahilants  de);   s'ils   étaient  tous 

Sajnt-Affr.que  (v.Ue  de  ;  charte  de  prm-  ^.^.,^.'        ^.,  ,,,„.                                 3 

léges  de  Raimond  VU,  en  i2Ja.     p.  700  ^                                                   r       > 

c  •    .    A    .      •       ,     •       A^^     ^„   ,0,^.    nr,tP  Termes    (Olivier    de);    sa    soumission    en 

Saint-Antonin   (prise  de),  en  1212;   note  ^                                                            _ 

r  •.                                                      n    ^8(^  1244.                                                                 P-  72J 

sur  ce  fait.                                            P-  ^°°  ^^                                             .               „- 

,      ,         ,            1        „   ]„. „.,K.  rolntif.:  — Vend  u ue  partie  d C  SCS  d Omai ues.  p.  bS? 

—  Analyse  de  quelques  documents  reiatits  f                                         r 

à  cette  ville.                                         p.  786  Toulousains;   tentent  d'arrêter  la  marche 

Saint-Gaudens;   rectification  d'une  asser-  '^^^  croisés  en   1 2.1,  en  négociant. 


tion    de   dom   Vaissete    touchant    cette 


p.  363 


yjUe.                                                      P-  886  Toulouse  (privilèges  des  habitants  de). 

Saint-Gilles  (abbaye   de);    note  sur  quel-  P"  '°° 

ques  circonstances  de  ses   démêlés  avec  —  (Révolte  de),  en  1189.                       p.  l3l 

le  comte  de  Toulouse,  rapportées  par  _  ,p^^i,-3  j^       -^  ^^^^e  les  habitants  de 

Gervais  de  Tilbury.                            p.  lOi  ^^^^^  ^.j,^  g^  j^^  seigneurs  du  voisinage. 

Accord  entre  cette  abbaye  &  le  comte  p.  icj-j 

deToulouse,  en  1209.       '                p.  281  _  ^p^emier  siège  de),  en  121 1  ;  circonstan- 

—  (Changeurs  de);  acte  de  Raimond  V  en  (-es  de  cette  affaire.                  pp.  365-366 

leur  faveur.                                          p.    Sa  _  ^ç^^^^^.^^^^^^^^  ^j^,^  gimon  de  Montfort  in- 

Saint-Girons;  rectification  d'une  assertion  fligg  h),  en  1216.                       pp.  498-499 

de  dom  Vaissete  relative  à  cette  ville.  '          ,     >,    1             .     u    •          1  \7t 

gg^  — (Rentrée  a)  du  comte  Raimond  VI,  en 

1217.  p.  507 

Saint-Marcel  (siège  de),  en  1212;  sa  date.  ^. ,        ,   ,                            o 

*'           '                        p.  378  — (Siège  de),   en    1217-1218;    commence- 
ment du    siège;    première   tentative   de 

Saint-Pons   (ville  de);   époque  de  sa  sou-  Montfort.                                     pp.  5o8-5o9 

mission  à  Louis  VIII.                        p.  606  „             ,            ,  .                             00 

—  Causes  de  sa  résistance  en  121 7  &  121b; 

Saint-Salvi;   date  exacte  de  la  réforme  de  ressources    financières   que    les    consuls 

cette  collégiale  par  l'évêque  d'Albi,  Guil-  se  procurent;  renforts  qu'ils  reçoivent. 

lem  Pierre.                                           p.  626  p.  5ii 

Sarlat  (abbé  de);  inféode  à  Raimond  VII  le  -i-  Seconde  partie  du  siège;  récit  du  poëme. 

château  de  Beynac.                              p.  709  p.  5l5 

Saverdun  (hommage  de);  note  sur  les  faus-  —  Nouvelle  tentative  des  croisés,  après^la 

ses  lettres  attribuées  à  Raimond  VII  par  mort  de  Simon  de  Montfort.            p.  5i8 

le  comte  de  Foix.                      pp.  773-774  — Défenseurs  de  Toulouse  en  1219.  p.  532 

Sénéchal   de  Simon  de  Montfort  à  Tou-  —  (Révolte  des  habitants  de)  contre  l'iii- 

louse;  jugement  rendu  par  lui  en  1217.  quisition  en  1235.                                 p.  691 

p.  joo  — (Consuls  &  habitants   de);   leurs  diffé- 

Séiiéchaussées  des  domaines  d'Alfonse  dans  rends  avec  Alfonse  de  Poitiers  en  i255. 

le  Midi.                                                 p.  823  pp.  845-846 


TABLE  ANALYTIQUE  DES  ADDITIONS   ET  CORRECTIONS.       xxxiij, 

Toulouse  (Raimond  VH  reconnaît  aux  ha-  Trencavel,    dernier    vicomte    de    Carcas- 

bitants  de)  le  droit  d'éliie  leurs  consuls.  sonne;  valeur  du   revenu  à  lui  accordé 

p.  846  par  le  roi  après  sa  soumission;  remarque 

—  (Note  sur  le  louage  payé  à  Alfonse  par  ^  ^e  sujet.  p.  yçjS 
la  ville  de).                                             p.  i.'93  —  Sou  expédition  de  1240.         pp.  718-719 

—  (Les  habitants  de)  obtiennent  d'Alfonsc,  — (Histoire  des  archives  de),  après  1247. 
eu  1266,  la  confirmation  de  plusieurs  de  *  p.  792 
leurs  privilèges.                         pp.  894-89J  Turenne   (vicomte  de);    rend  hommage  à 

—  (Confrérie  du  Carmel,  à).                p.  903  Raimoud  VII,  en   1286;  remarque  à  ce 

—  (Habitants  de);  obtiennent  d'Alfonse,  ^"J"^''  P- % 
en    1268,    la    confuiuatioii    de    certains 

de  leurs  privilèges.  pp.  908-909 

—  (Consuls  de);  leur  règlement  touchant  U 
le  droit  d'épaves  (1192).                     p.  145 

—  (Règlement  du  vigiiier  &  des  consuls  Urbain  IV;  analyse  d'une  bulle  de  ce  pape 
de)  sur  les  poids  Si  mesures  publics.  relative  à  l'inquisition.                      p.  876 

P'  '70  Usures  (poursuites  dirigées  contre  les  juifs 

—  (Consuls  de);  leur  règlement  touchant  pour  la  restitution  des).  p.  906 
les  dettes,  en  1197.                            p.  181  _  (Ordonnance  d'Alfou$e  pour  la  restitu- 

—  (Règlement  des  consuls  de),  touchant  tien  des).  pp.  919-920 
les  ennemis  de  la  communauté,  les  prêts, 

les  courtisanes.  p.  192 

—  P'ont  une  enquête  sur  les  péages  perçus  V 
aux  environs  de  Toulouse.              p.  209 

—  (Règlement  fait,  en  I2c5,  par  les  con-  ,71           ^r-  i-       j  s          r-                           / 

11,    •        1       !  1          1      '                   •>/•  Valence  (Eglise  de),  en  Espagne;  son  ré- 
su  s  de),  touchant  les  auberges,      p.  2i6  .  ,!•         '^     »           .    n„      '1        r   !•           1. 
"                                      *•            '  tablissement   en    12.39;    '^^    Eglises    du 

—  (Enquête  sur  les  lieux  de  péage  des  en-  Languedoc  y  contribuent  pécuniaire- 
viroiis  de).                                            P-  ^37  ment.                                                     P'7i2 

—  (Acte  relatif  aux  moulins  du  Bazacle  à),  Venaissin;  prise  de  ]iossession  de  ce  pays 

p.  ICI  par  les  ofhciers  d'Alfonse,  en  1249.  p.  8i3 

—  (Bouchers  de);  leurs  statuts.          p.  iio  Vigan  (hôjntal  du),  près  d'Albi;  charte  de 

—  (Boucheries  &  moulins  de).           p.  139  l'évèque  de  cette  ville  en  sa  faveur,  p.  140 
_  (Comtes  de)  ;  noms  de  leurs  alliés  &  de  Villemur;  note  sur  sa  coutume,  rédigée  en 

leurs  ennemis  en  Provence.            p.  486  1175.                                                      p.    80 

_  (Prise  de  possession  du  comté  de),  au  Villeneuve-le-Roi  (Assemblée  de);  note  à 

nom    d'Alfonse,    par   les    commissaires  ^°"  5U)et,                                              p.  273 

envoyés  par  la  reine  Blanche.  Vivnrais;  si  ce  pays  faisait  partie  de  l'Ein- 

•rp.  3i2-8i3  pire,                                         pp.  74-75 


SOMMAIRES   DES  CHAPITRES 


CONTENUS    DANS    CE   VOLUME 


LIVRE  DIX-NEUVIEME 

I.  Origine  &  progrès  de  l'iiérésie  dans  la  Province. 

II.  Concile  de  Lombers. 

III.  Concile  de  Cnpesiang. 

IV.  Ces  hérciiqiies  nommés  albigeois.  —  Origine 
de  ce  nom.  —  Leurs  nouveaux  progrès. 

V.  Raimond,  comte  de  Toulouse,  se  sépare  de 
Constance,  sa  femme. 

VI.  Expédition  du  roi  Louis  le  Jeune  en  Auvergne 
contre  les  comtes  d'Auvergne  &  du  Puy,  &  le 
vicomte  de  Polignac. 

VII.  Union  du  comté  de  Vêlai  au  domaine  des 
évètjues  du  Puy. 

VIII.  Origine  de  l'abbaye  de  Douhc,  en  Velai,  Si 
&  de  celle  de  la  Capelle,  au  diocèse  de  Tou- 
louse. 

IX.  Confirmation  des  privilèges  de  l'église  de  Nar- 
bonne. 

X.  Constance,  comtesse  de  Toulouse,  se  retire  à  \i\ 
cour  du  roi  Louis  le  Jeune,  son  frère. 

XI.  Retour  du  pape  Alexandre  111  à  Montpellier. 
—  Son  départ  pour  l'Italie.  —  Comtes  de  Rous- 
tillon. 

XII.  Bataille  entre  les  Pisans  &  les  Génois  à  Sain  t- 
Cilles.  —  Le  comte  de  Toulouse  &  le  vicou.ic 
Trencavel  favorisent  les  premiers. 

XIII.  Alliance  enrce  les  villes  de  Cènes  8c de  Nar- 
bonne.  —  La  première  fait  la  guerre  à  celle  de 
Montpellier. 

XIV.  Traité  &  alliance  entre  les  comtes  de  Tou- 
louse &  de  Provence. 

XV.  Le  comte  de  Toulouse  se  déclare  pour  l'anii- 
pape,  à  la  sollicitation  de  l'empereur. 

XVI.  Le  pape  Alexandre  III  jette  l'interdit  sur  le 
comté  de  Toulouse,  &  le  lève  dans  la  suite. 

XVII.  Mort  de  Raimond-Bérengcr,  comte  de  Pro- 
vence, vicomte  de  Gévaudan,  Sec. 

XVIII.  Le  comte  de  Toulouse  se  saisit  de  la  Pro- 
vence, répudie  Constance,  sa  femme,  8c  épouse 
Richilde,  veuve  du  comte  de  Provence. 


XIX.  Alfonse,  roi  d'Atagon,  dispute  la  succssMcn 
de  Provence  à  Raimond  C^  hii  dklare  la  g;. erre. 

XX.  Entrevue  entre  le  roi  d'Angleterre  &,  le  comte 
de  Toulouse. 

XXI.  Suite  de  la  guerre  entre  le  roi  d'Aragon  8c 
le  comte  de  Toulouse.  —  Le  comte  de  Rodez 
embrasse  le  parti  du  premier. 

XXII.  Fondation  des  abbayes  de  Bonnecombe,  de 
Feuillans  &  d'Eaunes.  —  Seigneurs  d'Uzès. 

XXin.  Guerre  &  paix  entre  les  comtes  de  Tou- 
louse- Se  de  Savoie. 

XXIV.  Mort  tragique  de  Raimond-Trencavel,  vi- 
comte de  Béziers,  Carcassonne,  8cc. 

XXV.  Enf.ins  de  Trencavel.  —  I^oger,  son  fils 
aîné,  lui  succède  &  se  ligue  avec  le  roi  d'Aragcn 
contre  le  comte  de  Toulouse. 

XXVI.  Union  du  comte  de  Toulouse  avec  celui 
de  Forcalquier. 

XX\  II.  Siège  de  Béziers  par  le  roi  d'.\ragon. 

XXVIII.  Le  roi  d'Aragon  cède  la  Provence  à 
Pierre,  son  frère,  qui  prend  le  nom  de  Rai- 
iiiond-Eérenger  &  qui  lui  cède  à  son  tour  le 
comté  de  Carcassonne,  &c. 

XXIX.  Le  vicomte  Roger,  paisible  possesseur  de 
ses  domaines  sous  l'autorité  du  roi  d'Aragon. 

XXX.  Négociations  avec  le  roi  d'Angleterre  tou- 
chant le  cgmté  de  Toulouse. 

XXXI.  Nouvelle  expédition  du  roi  Louis  le  Jeune 
contre  le  vicomte  de  Polignac. 

XXXII.  Ce  vicomte  termine  ses  différends  avec 
l'évèque  du  Puy. 

XXXIII.  Nouvelle  conférence  du  comte  de  Tou- 
louse avec  le  roi   d'Angleterre. 

XXXIV.  Surprise  de  Béziers  par  les  troupes  du 
roi  d'Aragon. —  Massacre  des  habitans  de  cette 
ville. 

XXXV.  Kvêques  de  Béziers.  —  Templiers  8i  hos- 
pitaliers de  cette  ville. 

XXXVI.  Voyage  du  roi  d'Angleterre  en  Qucrci. 
—  Evêques  de  Viviers. 


î;xx\T 


SOMMAIRFS  DES   CHAPITRES. 


XXXVII.  Légation  du  cardin.il  Hyacliulie  dans  In 
Province.  —  Démêlés  du  vicomte  Roger  avec 
l'abbaye  de  Saint-Pons. 

XXXVIII.  Raimond,  comte  de  Toulouse,  confirme 
les  privilèges  des  églises  de  CavaUlon  &  d'Albi. 

—  Sceau  de  ce  prince. 

VXXIX.  Paix  entre  le  comte  de  Toulouse  &  le  vi- 
comte Roger,  à  qui  il  donne  sa  fille  en  mariage. 

XL.  Paix  entre  le  vicomte  Roger  &.  la  vicomtesse 
de  Narbonne. 

XLI.  Mort  de  Bernard  Pelet ,  seigneur  d'Alais, 
mari  de  Béatrix,  comtesse  de  Melgueil,  —  Ber- 
trand, leur   fils,  prétend  à  ce  cornié. 

XLII.  Béatrix  dispose  du  comté  de  Melgueil  en 
faveur  du  comte  de  Toulouse. 

XLIII.  Testament  &  mort  de  Guillaume  VII,  sei- 
gneur de  Montpellier.  —  Guillaume  VIII,  son 
fils,  lui  succède. 

XLIV.  Mariage  de  Raimond,  fils  du  comte  de 
Toulouse,  avec  Erraessinde  de  Pelet,  comtesse  de 
Melgueil. 

XLV.  Bertrand  Pelet  se  met  sous  la  protection  du 
roi  d'Ar.»gon. 

XLVI.  Union  du  Roussillon  au  domaine  des 
comtes  de  Barcelone  8c  rois  d'Aragon. 

XLVII.  La  guerre  se  renouvelle  entre  le  roi  d'An- 
pleterre  &  le  comte  de  Toulouse. 

XLVIII.   Entrevue  8t  paix  entre  ces  deux  princes. 

—  Raimond   se    rend  vassal   de   Henri    pour  le 
comté  de  Toulouse. 

XLIX.   Le  comte  de  Toulouse  se  ligue  avec  le   roi 

d'Angleterre  contre  les  fils  rebelles  de  ce  prince. 
L.   Le  roi  prend  l'église  d'Agde  sous  sa  protection. 
LI.  Vicomtes  de  Fenouillèdes,  de  Minerve,  &c. 
LU.  Traité  entre  les  villes  de  Narbonne  Se  de  Pise, 
LUI.   Suite  du  divorce  entre  le  comte  de  Toulouse 

£•,  Constance,  sa  femme. 
LIV.  Cour  plénière  tenue  à  Beaucaire  par  le  comte 

de  ToLiloLise. 
LV.  Entrevue  entre  le  roi  d'Aragon  &  le  comte  de 

Toulouse  à  Meuillon. 
LVI.    Mariage    de    Guillaume  VIII,    seigneur    de 

Montpellier,  avec  Eudoxe  Comnène. 

LVII.   Seigneurs  d'Anduze,  d'Uzès,  de  Lunel,  Gcc. 

LVIII.  Bernard-Aton ,  vicomte  de  Nimes,  prend 
l'administration  de  ses  domaines.  —  Roger  II, 
vicomte  de  Carcassonne,  s'occupe  du  gouverne- 
ment des  siens. 

LIX.  Assemblée  de  divers  seigneurs  de  la  Province. 

LX.  Différends  entre  le  comte  de  Rodez,  comme 
vicomte  de  Lodève,  &  l'évéque  do  cette  dernière 
ville. 

LXÎ.  Le  vicomte  de  Carcassonne  acquiert  la  vi- 
comte de  Sault  Se  reçoit  divers  hommages. 

LXII.  Le  comte  de  Toulouse  confisque  la  vicomte 
de  Montclar. 

LXIII.  Paix  entre  le  roi  d'Aragon  &  le  comte  de 
Toulouse. 

LXIV.  Mort  d'Ermessinde  de  Pelet,  comtesse  de 
Melgueil.  —  Raimond,  fils  du  comte  de  Tou- 
louse, son  mari,  hérite  de  ce  comté. 


LXV.  Les  vicomtes  de  Nitnes  &  de  Carcassonne, 
la  vicomtesse  de  Narbonne  &  les  seigneurs  de 
Montpellier  se  liguent  avec  le  roi  d'Aiagon 
contre  le  comte  de  Touloiise. 

LXVI.   Mort  de  Guy  Guerrejat  de  Montpellier. 

LXVII.  Fondation  de  l'hôpital  &  de  l'ordre  dci 
hospitaliers  du  Saini-Esprit  de  Montpellier. 

LX^TII.  Le  comte  de  Toulouse  accorde  divers  pri- 
vilèges aux  hospitaliers  de  Saint-Gilles. 

LXIX.  L'empereur  Frédéric  accorde  divers  privi- 
lèges aux  évéques  &  aux  habltans  de  Viviers. 

LXX.  Princes  d'Orange.  —  Accord  du  comte  de 
Toulouse  avec  l'archevêque  d'Arles.  —  Comtes 
de  Valentinois,  &c. 

LXXI.   Saint  Bénézet  bâtit  le  pont  d'Avignon. 

LXXII.  Progrès  des  hérétiques  dans  la  Province. 

LXXIII.  Le  cardinal  de  Salnt-Chrysogcnie  est  en- 
voyé légat  à  Toulouse,  avec  plusieurs  évéques, 
pour  y  combattre  les  hérétiques.  —  Succès  de  sa 
mission. 

LXXIV.  Le  légat  envoie  l'évéque  de  Bath  &  l'abbé 
de  Clairvaux  en  Albigeois.  —  Le  vicomte  Roger 
est  excommunié. 

LXXV.  Fin  de  la  mission  du  cardinal  de  Saint- 
Chrysogone  &  de  ses  collègues. 

LXXVI.  Évéques  de  Toulouse.  —  Condamnation 
des  hérétiques  au  concile  de  Latran.  —  L'arche- 
vêque de  Narbonne  les  excommunie. 

liXXVII.  Le  comte  de  Toulouse  se  ligue  avec  di- 
vers seigneurs.  —  Evéques  de  Nimes  &  d'L'zès. 
—.Maison  d'Uzès. 

LXXVIII.  Le  roi  d'Aragon  vient  dans  la  Province. 

—  Le  vicomte  de  Nimes  se  soumet  à  sa  suzerai- 
neté. 

LXXIX.  Tour  Magne  de  Nimes. 
LXXX.    Suite    du    voyage   du    roi    d'Aragon   &  du 
comte  de  Provence,  son  frère,  dans  la  Province. 

—  Le  vicomte  Roger  reconiîoît  leur  suzeraineté 
8c  leur  fait  hommage. 

LXXXI.  Couronnement  de  Philippe-Auguste  qui 
succède  au  roi  Louis  le  Jeune,  son  père.—  Juifs 
de  Toulouse. 

LXXXII.  Suite  de  la  guerre  entre  le  roi  d'.Aragon 
&  le  comte  de  Toulouse.  —  Mort  de  Raimond- 
Bérenger,  comte  de  Provence,  vicomte  de  Gévau- 
dan,  &c.  —  Sanche,  son  frère,  lui  succède. 

LXXXIII.   Le  roi   d'Aragon  ravage  le  Toulousain. 

LXXXIV.  Expédition  du  cardinal-légat  Henri, 
évêque  d'Albano,  dans  la  Province,  contre  les 
hérétiques  du  haut  Languedoc.  —  Siège  Se  piii; 
de  Lavaur. 

LXXXV.  Déposition  de  Pons  d'Arsac,  archevèqua 
de  Narbonne.  —  Bernard-Gaucelin  lui  succède. 

LXXXVI.  Concile  du  Puy.  —  Vicomtes  de  Poli- 
gnac. 

LXXXVII.  Les  vicomtes  de  Carcassonne  &  ce 
Nimes  continuent  la  guerre  contre  le  comte  de 
Toulouse,  qui  fait  des  règlemens  de  police  pour 
cette  ville. 

LXXXVIII.  Mort  de  Guy  Burgundion  de  Mont- 
pellier. 

LXXXIX.  Le  bienheureux  Eeiaard. 


SOMMAIRES  DES  CHAPITRES. 


XXXV  ij 


XC.  Le  roi  d'Aragon  &  l;i  viconitesse  de  Narbonne 
se  lignent  nvec  Henri  II,  roi  d'Angleterre,  contre 
le  jeune  roi,  son  fils,  qui  appelle  le  comte  de 
Toulouse  à  son  secours. 

XCI.  Mort  d'Albéric,  fils  puîné  de  Raimond  V, 
comte  de  Toulouse.  —  Béatrix,  héritière  du 
Daupliiné,  sa  veuve,  épouse  le  duc  de  Bour- 
gogne. 

XCII.  Association  faite  au  Puy  pour  le  rétablisse- 
ment de  la  paix. 

XCIII.  Le  comte  de  Toulouse  continue  la  guerre 
&  fait  sa  paix  avec  le  seigneur  de  Montpellier. 

XCIV.  Le  comte  de  Toulouse  convient  d'un  traité 
avec  le  roi  d'Aragon. 

XCV.  Le  comte  iv  Toulouse  accorde  divers  privi- 
lèges aux  habitons  de  Nimes. 

XC\  I.  Roger,  vicomte  de  Carcassonne,  reçoit  quel- 
ques hommages.  —  Pont  de  cette  ville  sur  r.\ude. 


LIVRE    VINGTIEME 

I.  Le  roi  d'Aragon  échange  le  comté  de  Provence 
&  les  vicomtes  de  Millau  8c  de  Gévaudan  avec 
Sanche,  son  frère,  pour  le  comté  de  RoussiUon. 

—  Il  rompt  la  paix  avec  le  comte  de  Toulouse. 

II.  Le  vicomte  Roger  adopte  Alfonse,  infant  d'A- 
rag'on.  —  Droits  de  l'évéque  &  du  vicomte  sur 
la  ville  de  Béziers. 

III.  Le  roi  d'Aragon  &  le  duc  d'Aquitaine  font  la 
guerre  au  comte  de  Toulouse,  qui  lève  le  siège 
de  Carcassonne. 

IV.  Le  seigneur  de  Montpellier  répudie  Eudoxc 
Comnène  &  épouse  Agnès. 

V.  Evéques  de  Lodèvc  &  de  Maguelcnnc. 

VI.  Berna rd-Aton ,  vicomte  de  Nimes  &  d'Agde, 
dispose  de  cette  dernière  vicomte  en  faveur  de 
l'église  d'Agde. 

VII.  Raimond  de  Montpellier,  évêque  d'Agde. 

VIII.  Sœurs   de   Raimond  V,  comte  de  Toulouse. 

—  Comtes  de  Comminges. 

IX.  Mort  de  Roger-Bernard  I,  comte  de  Foix.  — 
Son  fils  Raimond-Rogsr  lui  succède. 

X.  Richard,  duc  d'Aquitaine,  porte  la  guerre  dans 
les  États  du  comte  de  Toulouse  &  s'empare  de 
diverses  places. 

XI.  Le  roi  Philippe-Auguste  fait  diversion  en  fa- 
veur du  comte  de  Toulouse. 

XII.  Voyage  de  Philippe-Auguste  au  Puy.  —  Le 
Vivarais  est  soumis  à  sa  domination. 

XIII.  Le  duc  d'Aquitaine  se  réconcilie  avec  le  roi 
&  demeure  en  possession  des  places  qu'il  avoit 
enlevées  au  comte  de  Toulouse. 

XIV.  Révolte  d'une  partie  des  Toulousains  contre 
leur  comte. 

XV.  Richard  succède  à  Henri  II,  roi  d'.Angleterre, 
son  père,  &  conserve  les  places  qu'il  avoit  con- 
quises sur  le  comte  de  Toulouse. 

XVI.  Voyage  du  comte  de  Toulouse  vers  le  Rhône. 

—  Il  donne  en  fief  le  comté  de  Diois  à  Aymar 
de  Poitiers,  comte  de  V'alentinois. 

XVII.  Dép.irt  du  roi  Philippe-Auguste  pour  la 
Terre-Sainte.  —  Le  comte  de  Foix  prend  part 
i  cette  expédition. 


XVIII.  Le  vicomte  Roger  engage  une  partie  de  ses 
domaines. 

XIX.  Hommage  du  seigneur  de  Montpellier  à 
Raimond,  comte  de  Melgueil,  fils  du  comte  de 
Toulouse. 

XX.  Réunion  de  la  baronnie  d'Omelas  au  do- 
maine des  seigneurs  de  Montpellier. 

XXI.  Liaison  du  seigneur  de  Montpellier  avec  le 
pape  Célestin  III. 

XXII.  Archevêques  de  Narbonne. 

XXIII.  Ermengarde,  vicomtesse  de  Narbonne,  se 
démet  de  cette  vicomte  en  faveur  du  comte  de 
Pierre  de  Lara,  son  neveu. 

XXIV.  Le  vicomte  Roger  fait  sa  paix  avec  le  comte 
de  Toulouse.  —  Ils  établissent  la  paix  en  .albi- 
geois de  concert  avec  l'évéque  d'Albi. 

XXV.  Privilèges  de  l'abbaye  de  Candeil.  — Vi- 
comtes de  Saint-Anionin. 

XXVI.  Précautions  du  vicomte  Roger  pour  assurer 
sa  succession  à  son  fils. 

XXVII.  Ce  vicomte  tient  un  plaid  à  Carcassonne. 
XXV'III.  Différend   entre  le  comte  de  Comminges 

&  le  seigneur  de  l'Isle-Jourdain.  —  Vicomtes  de 
Gimoez.  * 

XXIX.    Régale  du  Puy. 

XXX.'  Renouvellement  de  la  guerre  entre  Richird, 
roi  d'.'Vnglcierre,  &  le  comte  de  Toulouse. 

XXXI.  Le  jeune  Raimond  de  Toulouse  répudie 
Bé.itrix  de  Béziers  pour  épouser  Boiirguigne  de 
Chypre. 

XXXII.  Le  comte  de  Toulouse  termine  ses  diffé- 
rends avec  les  évéqucs  de  Viviers. 

XXXIII.  Différends  entre  les  comtes  de  Toulouse 
&  les  évéqucs  de  Vaison. 

XXXIV.  Richard,  roi  d'Angleterre,  sort  de  pri- 
son. —  L'empereur  lui  donne  le  royaume  de 
Provence. 

XXXV.  La  guerre  se  renouvelle  entre  le  roi  d'Ara- 
gon &  le  comte  de  Toulouse.  —  Le  premier  dis- 
pose du  comté  de  Fenouillèdes,  &c.,  en  faveur 
du  comte  de  Foix. 

XXXVI.  Le  comte  Pierre  de  Lara  se  démet  de  la 
vicomte  de  Narbonne  en  faveur  d'Aymeri  III, 
son  fils.  —  Mort  d'Krmengarde,  vicomtesse  de 
cette  ville. 

XXX\'II.  Dernières  dispositions  de  Roger  II,  vi- 
comte de  Béziers,  Carcassonne,  &c.  —  Sa  mort. 

XXXVIII.  Raimond-Roger  succède  à  Roger  II, 
son  père.  —  Mort  d'Adélaïde  de  Toulouse, 
femme  de  ce  dernier, 

XXXIX.  Hérétiques  chassés  de  Béziers.  —  Troubit» 
dans  l'abbaye  d'Alet. 

XL.  Accord  entre  le  comte  de  Toulouse  &  le  sei- 
gneur de  Montpeillier.  —  Murailles  de  Nimts. 

XLI.  Mort  de  Raimond  V,  comte  de  Toulouse.  — 
Son  éloge. 

XLII.   Poètes  provençaux  célèbres. 

XLIII.  Enfans  de  Raimond  V,  comte  de  Tou- 
louse. 

XLIV.  Raimond  VI,  son  fils  aîné,  lui  succède  it 
prend  possession  du  comté  de  Toulouse. 

XLV.    Le    roi    Philippe- Auguste    do  me    à    P..:i- 


VI 


xxxvnj 


SOMMAIRES  DES  CHAPITRES. 


XLVI.  Traité  entre  les  comies  de  Toulouse  8<.  de 
Forcalquier. 

XLVII.  Ruiinoiid  VI  est  excommunié  pour  c|ucl- 
<]ues  entreprises  sur  l'abbaye  de  Saint-Gilics. 

XLVIII.  Troisième  concile  de  Montpellier.  — 
Evêques  de  Lodève. 

XLIX.  Paix  entre  Richard,  roi  d'Angleterre,  & 
RaimondVT,  qui  épouse  Jeanne,  sœur  de  ce 
prince,  après  avoir  répudié  Bourguigne  de 
Chypre. 

L.  Mort  d'Alfonse  II,  roi  d'Aragon.  —  Partage 
de  ses  domaines  entre  ses  fils. 

LI.   Comtes  de  Rodez. 

LU.  RaimondVI  rentre  en  possession  du  Querci. 
—  Coutumes  de  Moissac. 

LUI.  Raimond  confirme  les  privilèges  de  l'église 
de  Nimes.  —  Naissance  de  Raimond  Vil,  son 
fils. 

LIV.  Mariage  de  Marie  de  Montpellier,  veuve  de 
Barrai,  vicomte  de  Marseille,  avec  Bernard  V, 
comte  de  Comminges. 

LV.  Guerre  entre  les  comtes  de  Comminges  &  de 
Foix,  &  entre  ce  dernier  &.  le  comte  d'Crgel.  — 
Union  de  l'abbaye  de  Vajal  à  celle  de  Eoul- 
bonne.  —  Fondation  de  celle  de  Valnègre. 

LVI.  Le  comte  de  Toulouse  se  ligue  avec  le  roi 
d'Angleterre  contre  le  roi  de  France. 

LVII.  Accord  entre  le  comte  de  Toulouse  &  l'évê- 
que  de  Viviers.  —  Maison  d'Anduze. 

LVIII.  Le  comte  de  Toulouse  est  relevé  de  son^ 
excommunication.  —  Le  pape  Innocent  III  le 
presse  d'aller  au  secours  de  la  Terre-Sainte. 

LIX.  Nouvelles  plaintes  de  l'abbé  de  Saint-Gillcs 
contre  le  comte. 

LX.  Consuls  de  Nimes.  —  Jeanne,  comtesse  de 
Toulouse,  fait  le  siège  du  château  de  Caser. 

LXI.   Mort  de  Jeanne,  comtesse  de  Toulouse. 

LXII.  Le  comte  de  Toulouse  épouse  Eléonore  d'A- 
ragon. —  Il  fait  hommage  pour  l'Agenois  &  le 
Querci  K  Jean,  roi  d'Angleterre. 

LXIII.  Seigneurs  de  l'Isle-Jourdain,  vicomtes  de 
Gimoez. 

LXIV.  Connétables  du  comte  de  Toulouse.  —  Le 
vicomte  de  Béziers  appelle  le  comte  de  Foix  à 
sa  succession  &  se  ligue  avec  lui  contre  ce 
prince.. —  Kvéques  de  Ëéziers. 

LXV.  Différend  des  comtes  de  Toulouse  &  de  Foix 
au  sujet  du  château  de  Saverdun. 

LXVl.  Le  vicomte  de  Béziers  engage  une  partie 
de  ses  domaines. 

LXVII.  Accord  entre  le  comte  de  Toulouse  & 
l'abbé  de  Cluny,  touchant  le  lieu  de  Saint- 
Saturnin  du  Port. 

LXVIII.  Guerre  entre  les  habitans  de  Toulouse  Si. 
ceux  de  Rabastens,  en  Albigeois,  &l  entre  les 
premiers  &  le  vicomte  de  Lomagne. 

LXIX.  Le  comte  de  Foix  marie  son  fils  avec  l'hé- 
ritière de  Casielbon.  —  Le  comte  d'Urgel  le  fait 
prisonnier. 

LXX.  Paix  entre  les  comtes  de  Provence  &  de  For- 
calquier. 

LXXI.  Accord  entre  le  comte  de  Toulouse  &  l'évê- 
que  d;  Saint-Paul-Trois-Chiteaux. 


LXXII.  Vains  efforts  de  Guillaume  VIII,  seigneur 

de  Montpellier,  pour  faire  légitimer  ses  enfans 

du  second  lit. 
LXXIII.   Testament  de  Guillaume  VIII,  seigneur 

de  Montpellier. 
LXXIV.    Mort    de    Guillaume  VIII,    seigneur    de 

Montpellier.  —  Son  éloge. 
LXXV.  Fondation  des  chartreuses  de  Bonnefoy  8c 

de  Valbonne.  —  Seigneurs  &i  évéques  d't'ïès.  — 

Maison  de  Sabran. 
LXXVI.  Le  vicomte  Raimond-Roger  épouse  Agnès 

de    Montpellier;    il    engage   une    partie  de  son 

domaine  à  l'évéque  de  Béziers. 
LXXVII.  Consuls  de  Toulouse.  —  Chartes  de  Rai- 
mond ^'I,  comte  de  cette  ville, 
LXXVIII.    Indie,  sœur  naturelle  de  Raimond  VI, 

comte  de  Toulouse,  épouse  GuiUabert  de  Lau- 

trec. 
LXXIX.   Mort  du   comte  Pierre  de  Lara,  vicomte 

de   Narbonne.  —  Aymeri   III,  son    fils  aîné    8c 

son  successeur,  fait  hommage  de  sa  vicomte  au 

comte  de  Toulouse. 
LXXX.   Le   roi   d'Aragon   engage    les  vicomtes   de 

Millau    &   de  Gévaudan   au  comte  de  Toulouse. 

—  Troubles  dans    ce  dernier    pays.  —  Evéques 
de  Mende. 

LXXXI.  Le  comte  de  Comminges  répudie  Marie 
de  Montpellier. 

LXXXII.  Pierre,  roi  d'Aragon,  c'pouse  Marie,  8c 
unit  par  là  la  seigneurie  de  Montpellier  à  son 
domaine. 

LXXXIII.  Pierre  Si.  Marie  font  rédiger  les  cou- 
tumes de  Montpellier  &  les  confirment. 

LXXXIV.  Voyage  du  roi  d'Aragon  à  Rome  où  il 
est  couronné  par  le  pape. 

LIVRE  VINGT  ET   UNIÈME 

î.    Progrès  de  l'hérésie  dans  la  Province. 

II.    Erreurs   des  vaudois  &   des   autres    hérétiques. 

—  Assemblée  ou  concile  de  Narbonne.  —  Ori- 
gine de  l'abbaye  de  Fontcaude. 

in.  Le  pape  Innocent  III  nomme  des  commis- 
saires contre  les  sectaires. 

IV.  Origine  de  l'inquisition. 

V.  Légation  de  frère  Raynier  &  de  frère  Gui.  — 
Evcques  de  Carcassonnè. 

VI.  Légation  du  cardinal  de  Sainte-Prisqut. 
Vil.   Troubles  de  l'église  de  Toulouse.  —  Evcques 

de  cette  ville. 

VIII.  Diverses  sectes  d'hérétiques  dans  la  Pro- 
vince.—  Leurs  mœurs,  leur  croyance,  leurs  rits. 

IX.  Frère  Pierre  de  Castelnau  Se  frère  Raoul,  reli- 
gieux de  Fontfroide,  légats  dans  la  Province, 
font  abjurer  l'erreur  aux  Toulousains. 

X.  Saint  Dominique  passe  à  Toulouse. 

XI.  Le  roi  d'Aragon  condamne  les  héréiiques  dans 
une  conférence  tenue  à  Carcassonnè  en  présence 
des  légats. 

XII.  Le  pape  dépouille  les  évéques  de  leur  juri- 
diction ordinaire    pour   la    donner  à  ses  légats. 

—  Brouilleries  entre  l'archevêque  de  Narbonne 
&  ces  derniers  à  cette  occasion. 


SOMMAIRES  DES  CHAPITRES. 


XXXli 


XIII.  Aninud,  abbé  de  Cîteaux,  associé  aux  deux 
autres  légats. 

XIV,  L'archevêque  de  Narbonnc  appelle  au  pape 
des  procédures  des  légats. 

XV'.  Suite  de  l'afTiire  de  l'archevêque  de  Nar- 
bonne.  —  Les  légats  suspendent  l'évèque  de  Bc- 
ziers. 

XV'I.  Le  comte  de  Toulouse  promet  aux  légats  de 
chasser  les  hérétiques.  —  Déposition  de  Rai- 
mond  de  Rabastens,  évcque  de  celte  ville. 

XVII.  Monnoie   de  Toulouse. 

XVIII.  Li;  pape  fait  grâce  à  l'archevêque  de  Nar- 
bonne. 

XIX.  Voyage  du  roi  d'Aragon  à  Montpellier;  ii 
prend  le  château -de  l'Escure  sur  les  hérétiques, 
&  promet  Sancie,  sa  fille,  en  mariage  à  Rai- 
mond,  fils  du  comte  de  Toulouse. 

XX.  Les  légats  déposent  l'évcquc  de  Viviers. 

XXI.  Élection  de  Foulques  de  Marseille,  poète 
provençal,  à  l'évéché  de  Toulouse. 

XXII.  L'évèque  d'Osma  &  saint  Dominique  se 
joignent  aux  légats  pour  faire  la  mission  coniic 
les  liéréiiqucs. 

XXIII.  Guerre  entre  le  roi  d'Aragon  &  les  habi- 
tans  de  Montpellier. 

XXIV.  La  paix  est  faite  entre  le  roi  d'Aragon  îk 
les  habitans  de  Montpellier. 

XXV.  Le  roi  d'.Arag&n  cherche  à  répudier  la  reine 
Marie  de  Montpellier,  sa  femme. 

XXVI.  Paix  entre  les  comtes  de  Foix  &  d'Urgel. 

XXVII.  Le  légat  Pierre  de  Castelnau  excommunie 
le  comte  de  Toulouse. 

XXVIII.  Conférence  de  Montréal. 

XXIX.  Douze  abbés  de  Cîteaux  se  joignent  aux 
missionnaires.  —  Conférence  de  Pamiers. 

XXX.  L'institut  de  la  Soclclc  Acs  pauvres  cjlholi- 
tjuei  s'établit  dans  la  Province. 

XXXI.  Mort  de  l'évèque  d'Osma  &  de  frère  Raoul. 
—  Saint  Dominique  fonde  le  monastère  de 
Prouille. 

XXXII.  L'archevêque  de  Karbonne  se  réconcilie 
avec  le  pape. 

XXXIII.  Le  pape  écrit  au  comte  de  Toulouse. 

XXXIV.  Indie,  sœur  naturelle  du  comte  de  Tou- 
louse, épouse  en  secondes  noces  le  seigneur  de 
risle-Jourdain. 

XXXV.  Le  comte  de  Toulouse  se  rend  aux  volon- 
tés du  légat. 

XXXVI.  Marie,  reine  d'Aragon,  accouche  à  Mont- 
pellier de  Jacques,  son  fils. 

XXXVII.  Évêques  du  Puy. 

XXXVIII.  Le  pape  exhorte  le  roi  de  France  &  les 
principaux  vassaux  du  royaume  K  prendre  les 
armes  pour  exterminer  les  hérétiques  de  la  Pro- 
vince. 

XXXIX.  Meurtre  du  légat  Pierre  de  Castelnau. 

XL.  Le  pape  exhorte  le  roi,  les  évêques  &  les  ba- 
rons de  France  à  tirer  vengeance  du  meurtre  de 
Pierre  de  Castelnau  &  i  envahir  les  domaines 
du  comte  de  Toulouse. 

XLI.  Publication  de  la  eroisade  contre  les  albi- 
geois. 


XLII.  Les  évêques  de  la  Province  députent  au 
pape  d'un  côté,  8c  le  comte  de  Toulouse  de 
l'a  utre. 

XLIII.  Comtes  de  Rodez.  —  Projet  de  ma  riage  d  ti 
fils  du  comte  de  Toulouse  avec  la  fille  du  comte 
d'Auvergne. 

XLIV.  Le  comte  de  Toulouse  indispose  contre  lui 
le   roi  Philippe-Auguste. 

XLV.  Le  pape  permet  à  ce  comte  de  se  justifier 
&  sollicite  de  nouveau  la  croisade  contre  les 
albigeois. 

XLVI,  Innocent  III  donne  ses  instructions  à  ses 
légats  touchant  le  comte  de  Toulouse  &  envoie 
Milon,  son  notaire,  avec  l'autorité  de  légat  a 
latcre . 

XLVII.  Le  comte  de  Toulouse  rend  ses  bonnes 
grâces  aux  habitans  de  Nimes  qui  s'étoient  ré- 
voltés. 

XLVIII.  Arrivée  de  Milon  en  France.  —  Il  as- 
semble un  concile  à  Montélimar  Se  cite  à  ^'a- 
lence  le  comte  de  Toulouse  qui  se  soumet  à  ses 
ordres  St  lui  remet  sept  de  ses  places  fortes. 

XLIX.  Concile  de  Saint-Gilles.  —  Le  comte  de 
Toulouse  y  reçoit  l'absolution  après  avoir  fait 
serment,  avec  ses  barons,  d'observer  tout  ce  que 
le  légat  leur  prcscriroit. 

L.  Le  légat  impose  de  nouvelles  lois  au  comte  de 
Toulouse.  —  Il  reçoit  le  serment  des  villes 
d'Avignon,  de  Nimes  &  de  Saint-Gilles  &  divers 
châteaux  en  gage  de  la  part  des  barons. 

LI.  Raimond,  comte  de  Toulouse,  prend  la  croix 
contre  les  albigeois. 

LU.  Statuts  du  concile  de  Saint-Gilles, —  Le  pape 
écrit  au  comte  de  Toulouse  sur  son  absohiiiou 
&  impose  le  dixième  en  France  pour  les  frais 
de  la  croisade. 

LUI.  Milon  va  au  devant  de  l'armée  des  croisés 
assemblée  à  Lyon. 

LIV,  Le  comte  de  Toulouse  va  à  la  rencontre  des 
croisés  &  s'accorde  avec  l'évèque  d'Uzès. 

LV.  Milon  Se  l'abbé  de  Cîteaux  font  passer  le 
Rhône  à  l'armée  &  arrivent  à  Montpellier.  — 
Le  vicomte  de  Béziers  tente  ini.iilcment  de  faire 
sa  paix  avec  eux. 

LVI,   Les  croisés  se  joignent  devant  Béziers. 

LVII.  Siégt,  prise  &  sac  de  Béziers, 

LVIII,  Accord  entre  l'archevêque,  le  vicomte  8t 
les  habitans  de  Narbonne,  &  les  croisés, 

LIX.   Siège  de  Carcassonne. 

LX.  Le  roi  d'Aragon  vient  au  camp  des  croisés  & 
tente  inutilement  de  moyenner  la  paix  entre 
eux  8c  le  vicomte. 

LXl,  Prise  de  Carcassonne,  —  Le  vicomte  Rai- 
mond-Rogerest  enfermé  dans  une  étroite  prison. 

LXII.  Simon  de  Monifort  est  élu  pour  seigneur 
de  tous  les  domaines  du  vicomte  Raimond- 
Roger. 

LXIII.  Simon  témoigne  sa  reconnoissancc  envers 
l'abbé  de  Cîteaux,  &  établit  un  cens  annuel  en 
faveur  de  l'Eglise  romaine  dans  tous  les  pays. 

LXIV,   Départ  d'une  partie  des  croisés, 

LXV.  Le  comte  Raimond  se  brouille  avec  le  légat 
&  Simon  de  Montfort.  —  Le  premier  excom- 
iiuiiiio  les  Toulousains, 


SOMMAIRES  DES  CHAPITRES. 


LXVI.  Divers  cliàicniix  des  eiivirons  de  Carcas- 
sonnc  &  une  partie  de  l'Albigeois  se  soumettent 
à  Simon. 

LXV'II.  Le  duc  de  Bourgogne  &  la  plupart  des 
croisés  se  retirent.  —  Concile  d'Avigncn. 

LXVIII.  Les  légats  écrivent  au  pape  contre  le 
comte  de  Toulouse. 

LXIX.    Mort  dWlfonse  II,  comte  de  Provence. 

LXX.  K.Timond,  comte  de  Toulouse,  fait  son  tes- 
tament, va  à  la  cour  de  France  &  part  ensuite 
pour  Rome. 

LXXI.  L'abbé  de  Pamiers  livre  cette  ville  à  Simon 
de  Montfort.  —  Ses  griefs  contre  le  comte  de 
Foix. 

LXXII.  Simon  de  Montfort  soumet  le  château  de 
Mirepoix  &  prend  possession  de  Pamiers. 

LXXIII.  Les  châteaux  de  Saverdun  &  de  Lombers, 
la  ville  d'Albi  &.  une  grande  partie  de  l'Albi- 
geois se  soumettent  à  Simon. 

LXXIV.  Les  légats  &  Simon  rendent  compte  de 
leurs  conquêtes  au  pape  &  lui  demandent  de 
confirmer  le  dernier  dans  la  possession  du  pays. 

LXXV,  Mort  de  Raimond-Roger,  vicomte  de  Eé- 
ziers.  —  Ses  enfans. 

LXXVI.  Le  comte  de  Foix  donne  son  fils  en  otage 
à  Simon  de  Montfort.  —  Le  roi  d'Aragon  refuse 
de  recevoir  son  hommage  pour  Carcassonne. 

LXXVII.  Simon  s'accorde  avec  Agnès  de  Mont- 
pellier, veuve  du  vicomte  Raimond-Roger. 

LXXVIII.  Simon  perd  une  partie  de  ses  conquéies. 

LXXIX.  Le  pape  confirme  Simon  dans  la  posses- 
sion de  ses  conquêtes  &  tâche  de  lui  procurer 
de  nouveaux  secours. 

LXXX.  Simon  fait  de  nouvelles  pertes. —  Le  comte 
de  Foix  l'abandonne. 

LXXXI.  Succès  du  voyage  de  Raimond,  comte  de 
Toulouse,  à  Rome. 

LXXXII.  Les  Toulousains  sont  absous  de  l'excom- 
munication. 

LXXXIII.  Le  comte  de  Toulouse  va  à  la  cour  de 
l'empereur  &  à  celle  du  roi  de  France. 

LXXXIV.  Assemblée  de  Saint-Thibéry.  —  Abju- 
ration  d'Ktienne  de  Servian. 

LXXXV.  Suite  des  expéditions  de  Simon. —  Con- 
férence de  Pamiers. 

LXXXV'I.  Démarches  inutiles  du  comte  de  Tou- 
louse auprès  du  légat  pour  parvenir  à  sa  justi- 
fication. 

LXXXVII.   Siège  &  prise  de  Minerve. 

LXXXVIII.  Le  pape  confirme  Simon  dans  la  pos- 
session de  la  ville  d'Albi,  &  fait  lever  de  nou- 
veaux subsides  pour  la  croisade. 

LXXXIX.  Suite  des  expéditions  de  Simon,  —  Ar- 
rivée de  nouveaux  croisés. 

XC.  Accord  entre  le  comte  de  Toulouse  &  Bertrar.d 
de  Baux,  pilnce  d'Orange.  —  Raimond  Pelet, 
seigneur  d'Alais,  rend    hommage  au  premier. 

XCI.  Accord  entre  Raimond,  comte  de  Toulouse, 
&  l'évêque  de  Viviers. 

XCII.  Concile  de  Saint-Gilles;  on  y  refuse  au 
comte  de  Toulouse  de  se  purger  du  crime  d'hé- 
résie Se  de  la  mort  du  légat  Pierre  de  Castelnai!. 


XCIII.  Siège  &  prise  du  château  de  Termes  par 
Simon  de  Montfort.  —  Maison  de  Termes. 

XCIV.  —  Simon  soumet  plusieurs  places  &  va  en 
Albigeois,  où  il  a  une  entrevue  avec  le  comie 
de  To»Jou»e. 

XC\'.  Conférence  de  Narbonne.  —  Le  roi  d'Ara- 
gon reçoit  l'hommage  de  Simon  de  Montfoit 
pour  Carcassonne. 

XCVI.  Conférence  ou  concile  de  Montpellier.  — 
Le  roi  d'Aragon  donne  son  fils  a  Simon  de 
Montfort.  —  Mariage  du  fils  du  comte  de  Tou- 
louse avec  la  sœur  de  ce  roi. 

XCVn.   Seigneurs  de  Rabastens. 

XCV'IIl.  Concile  d'Arles.  —  Le  cointe  de  Toulouse 
y  est  excommunié. 

XCIX.  Le  pape  fait  saisir  le  comté  de  Melgueil 
sur  le  comte  de  Toulouse  &  déposer  divers 
évêques. 

C.  Le  comte  de  Toulouse  se  met  en  état  de  dé- 
fense. 

CI.  Un  nouveau  corps  de  croisés  va  joindre  Simon 
qui  reçoit  la  soumission  du  château  de  Cabaret. 

CXI.   Siège  de  Lavaur. 

cm.  Cinq  mille  Toulousains  se  croisent  &  vont 
au  secours  de  Simon  au   siège  de  Lavaur. 

CIV.  Roger  de  Comminges,  seigneur  de  Savez,  fait 
sa  paix  avec  Simon  de  Montfort. 

CV.  Le  comte  de  Toulouse  se  rend  au  siège  de 
Lavaur  &  se  brouille  entièrement  avec  Simon. 

CVI.  Défaite  de  six  mille  croisés  allemands  par 
le  comte  de  Foix. 

CVII.  Le  comte  de  Toulouse  chasse  l'èvèque  de 
cette  ville. 

CVIII.    Prise  de  Lavaur. 

CIX.   Prise  de  Puylaurens. 


LIVRE  VINGT-DEUXIEME 

I.  Simon  de  Montfort  déclare  la  guerre  nu  comte 
de  Toulouse  Se.  prend  sur  lui  diverses  places. 

II.  Siège  &  prise  de  Montferrand  par  Simon.  — 
Baudouin,  frère  du  comte  de  Toulouse,  se  tourne 
contre  lui. 

III.  Suite  des  expéditions  de  Montfort  contie  le 
comte  de  Toulouse.  —  Il  entreprend  le  siège  de 
cette  ville. 

IV.  L'évêque  de  Cahors  fait  hommage  du  comté 
de  cette  ville  à  Simon  de  Montfoit. 

V.  Simon  lève  le  siège  de  Toulouse.  —  Il  fait  des 
courses  dans  le  pays  de   Foix. 

VI.  Simon  s'empare  de  Cahors  &  continue  la 
guerre. 

VII.  Le  comte  de  Toulouse  recouvre  diverses  pla^ 
ces  &  assiège  Simon  dans  Castelnaudai  v  . 

VIII.  Divers  corps  de  croisés  marchent  au  secours 
de  Simon.  —  IJataille  de  Castelnaudaiy. 

IX.  Le  comte  de  Toulouse  lève  le  siège  de  Cas- 
telnau. 

X.  Rannond  VI  remet  diverses  pinces  sous  son 
obéissance. 

XI.  Le  comte  de  Foix  défie  Montfcrt. 


SOMMAIRES  DES  CHAPITRES. 


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Xn.  Le  roi  se  plaint  des  conquêtes  de  Simon  au 
pape,  qui  se  saisit  du  comté  de  Melgueil. 

XIII.  Simon  reçoit  un  nouveati  renfort  de  croisés 
&  continue  ses  expéditions. 

XIV.  Gui  de  Moiufort  vient  au  secours  de  Simon, 
son  frère. 

XV.  Simon  est  obligé  de  lever  le  siège  de  Saint- 
M.Trcel   en  Albigeois. 

XVI.  Kvèques  de  Carcassonne.  —  Arnaud,  abbé 
de  Citeaux,  est  élu  archevêque  de  Narbonne;  il 
s'értge  en  duc  de  cette  ville. 

XVII.  livéques  de  Nimes,  Béziers,  Lodève,  &c. 

XVIII.  Le  pape  ordonne  de  nouveau  à  ses  légats 
de  recevoir  la  justification  du  comte  de  Tou- 
louse, &  refuse  d'accorder  ses  domaines  à  d'. lu- 
ttes. 

XIX.  Guillaume  dispute  la  seigneurie  de  Mont- 
pellier à  la  reine  d'Aragon,  sa  sœur. 

XX.  Le  roi  d'Aragon  fait  un  voyage  à  Toulouse. 
—  Arnaud,  archevêque  de  Nnrbonne,  va  servir 
en  Fspagne  contre  les  Sarrasiiis. 

XXI.  Simon  assiège  &  prend  le  château  d'Haut- 
poul. 

\XII.  Kmeute  de  Narbonne  contre  Gui  &  Amauri 
de  Montfort. 

XXIII.  Simon  reçoit  un  nouveau  secours  de  croisés 
Si  reprend  diverses  places  sur  le  comte  de  Tou- 
louse. 

XXIV.  Simon  de  Montfort  assiège  &  prend  Saint- 
An  ton  in. 

XXV.  Simon  de  Mo.itfort  soumet  l'Agenois,  où  il 
assiège  &  prend  1;  château  de  Penne. 

XXVI.  Montfort  prend  Marmande  Si  Biron,  pu- 
nit la  défection  d;  M^irtin  d'Algais,  &  traite 
avec  le  vicomte  de  Bcarn. 

XXVII.  Montfort  assiège  Moissac,  le  prend,  & 
soumet  diverses  places  des  environs. 

XX^'III.  Simon  fait  présent  au  pape  de  mille 
r-.ircs  d'argent. 

XXIX.  Simon  porte  la  guerre  dans  le  pays  de 
Foix.  —  Il  soumet  Muret  &  une  partie  du  comté 
de  Comminges. 

XXX.  Le  comte  de  Toulouse  implore  la  protection 
du  roi  d'Aragon,  qui  envoie  des  ambassadeurs 
i:  Rome  pour  se  plaindre  de  la  conduite  de 
S:mon.  •• 

XXXI.  Prétentions  de  Pierre-BermonJ  de  Sauve 
sur  la  succession  du  comte  de  Toulouse,  scn 
beau-pére. 

XXXII.  Seigneurs  de  Sauve  &  d'Anduze. 
XXXIÎI.    Le   comte   de    Foix    continue    la    gue.re 

contre   les  croisés. 

XXXIV.  Simon  convoque  une  assemblée  générale 
à  Pamicrs  8t  y  établit  des  coutumes  pour  le  gou- 
vernement du  pays  conquis. 

XXXV.  Terres  inféodées  à  divers  chevaliers  fran- 
çois.  —  Evêques  de  Béziers. 

XXXVI.  Le  pape  écoute  les  pliintes  du  roi  d'Ara- 
gon en  faveur  des  comtes  de  Toulouse,  de  Foix 
£c  de  Comminges,  &  du  vicomte  de  Béarn. 

XXXVII.  Le  pape  suspend  la  croisade  contre  les 
hérétiques  de  la  Province. 


XXX^'III.  Pie  re,  roi  d'Aragon,  se  rend  à  Tou- 
louse &  négocie  avec  les  évêques  assemblés  au 
concile  de  Lavaur  en  faveur  des  comtes,  ses  al- 
li.-s. 

XXXIX.  Le  concile  de  Lavaur  rejette  les  proposi- 
tions du  roi  d'Aragon  8c  refuse  de  recevoir  le 
comte  de  Toulouse  à  se  justifier. 

XL.  Le  roi  d'Aragon  appelle  au  pape  du  refus  du 
concile  de  Lavaur,  °<  se  déclare  ouvertement 
pour  le  comte  de  Toulouse. 

XLI.  Le  concile  de  Lavaur  députe  au  pape  pour 
faire  l'apologie  de  sa  conduite  à  l'cga  rd  du 
comte  de  Toulouse  5.'  ses  alliés. 

XLII.  Le  comte  de  Toulouse  fait  de  nouveaux 
efforts,  mais  en  vain,  pour  être  reçu  à  se  justi- 
fier. 

XLIII.  Plusieurs  évêques  écrivent  au  pape  contre 
le  comte   &  les  kabitans  de  Toulouse. 

XLIV.  Le  roi  d',\ragon  tâche  de  gagner  le  pape  8c 
le  roi  Philippe-.Auguste  en  faveur  du  comte  de 
Toulouse. 

XLV.  Le  roi  d'Aragon  donne  la  ville  de  Mont- 
pellier à  Guillaume,  son  beau-frèie.  —  Le  pape 
confirme  le  mariage  de  ce  prince  avec  Marie. 
—  Sort  des  frères  de  cette  princesse  du  second  lit. 

XL\'I.  Marie  porte  ses  plaintes  au  pape  contre 
les  li.ibitans  de  Montpellier. 

XL^  II.  Marie  meurt  à  Rome  en  odeur  de  sainteté. 

XLVIII.  Louis,  fils  du  roi  Philippe-Auguste,  se 
croise  contre  les  albigeois,  8v  puis  abandonne 
son  dessein. 

XLIX.  Simon  de  Montfort  Se  Pierre,  roi  d'Ara- 
goii ,  :e  défient. 

L.  Pierre  termine  les  différends  qui  s'étciciit  èlî- 
vés  entre  l'évêque  de  Viviers  8c  le  comte  de  Va- 
leitinois. 

l.I.  Les  déput.'s  du  concile  de  Lavaur  prévien- 
nent le  pap?  contre  le  comte  £c  les  habitans  de 
Toulouse  8t   leurs  alliés. 

LI'.  Simon  de  Montfort  reçoit  un  nouveau  ren- 
fort rie  croisés,  £c  continue  ses  expéditions. 

LUI.  Amauri,  fils  de  Simon,  reçoit  la  ceinture 
militaire.  —  La  noblesse  de  Gascogne  le  rcccn- 
noif  pour  son  seigneur. 

LIV.  Le  comte  de  Toulouse  pren:!  le  château  de 
Pujol. 

L^'.  L:  roi  d'Aragon  joint  les  ccTites  dcTo^loi  Lcr 
de  Foix  &  de  Comminges  j  ils  vent  assiéger 
Muret. 

L'.'I.  Siège  8c  bataille  de  Muret.  —  Picric.  rci 
d'Aragon,  y  est  tué. 

L^'^.  K.loge  de  Pierre  II,  roi  d'Aragon.  —  Jac- 
ques I,  son  fils  unique  Su  son  successeur,  de- 
meure au   pouvoir  de  Simon  de  Montfcrt. 

LVIII.  Les  Toulousains  font  des  démarches  peur 
se  soumettre. 

LIX.  Simon  profite  de  fa  victoire.  Se  porte  ses 
armes  du  coté  du  Rhône. 

LX.  Simon  conclut  le  mariage  d'Ainauri,  son  fils, 
avec  l'héritière  du  Dauphiné,  S<  soumet  le  coin  ta 
de  Valcntinois. 

LX'.  L'^s  Aragonois  Se  les  Catalans  font  la  guerre 
à  Simon  qui  refusoit   de  leur  remettre  leur  rou 


«lij 


SOMMAIRES  DES  CUAPITRFS. 


LXII.  Arrivée  du  cartîînal  cîe  Piéncvent,  nouveau 
iég.it,  dans  la  Province. 

LXIII.  Simon  est  enfin  obligé  de  rendre  le  jeune 
roi  d'Aragon  à  ses  sujets. 

LXIV.  Mort  tragique  de  Baudouin,  frère  de  Rai- 
mond  V'I,  comte  de  Toulouse.  —  Sa  postérité. 

LXV.  Aymeri,  vicomte  de  Narbonne,  déclare  la 
guerre  à  Simon  de  Montfort. 

LXVI.  Le  cardinal  de  Bénévent,  légat  dans  la 
Province,  suspend  les  hostilités.  —  Simon  re- 
met Moissac  à  son  obéissance  &  lève  le  siège  du 
Mas  d'Agenois. 

LX\'II.  Les  Aragonois  vont  recevoir  leur  roi  a 
Narbonne. 

LXVIII.  La  ville  de  Montpellier  refuse  de  le  te- 
connoître. 

LXIX.  Le  comte  &  les  habitans  de  Toulouse,  les 
comtes  de  Foix,  de  Comminges  Se  de  Roussillon, 
le  vicomte  &  les  habitans  de  Narbonne  se  sou- 
mettent au  légat. 

LXX.  Simon  achève  d'envahir  les  domaines  du 
comte  de  Toulouse  8c  se  fait  donner  les  vicomtes 
de  Nîmes  &  d'Agde  par  Bernard-Aton,  ancien 
vicomte. 

J..XXI.  Amauri  de  Montfort  épouse  l'héritière  du 
Dauphiné.  —  Conquête  d'une  parue  du  Roner- 
gue  &  du  Querci  par  les  croisés  au  nom  de 
Simon. 

LXXII.  Simon  remet  l'Agenois  sous  son  obéissance. 

LXXIII.  Simon  assiège  &  prend  Casseneuil. —  Le 
cardinal  de  Corçon  dispose  en  sa  faveur  de 
toutes  les  conquêtes  faites  sur  les  hérétiques  dans 
les  pays  de  sa  légation. 

LXXIV.  Simon  s'empare  de  divers  châteaux  dans 
le  Périgord. 

LXXV.  Simon  repasse  en  Querci  &.  en  Rouergue, 
&  reçoit  l'hommage  du  comte  de  Rodez. 

LXXVI.  Simon  termine  la  campagne  par  la  prise 
du  château  de  Sévérac. 

LXXVII.  Concile  de  Montpellier.  —  Il  dispose 
provisionnellement  en  faveur  de  Simon  des  do- 
maines du  comte  de  Toulouse  &  de  tous  les 
pays  conquis  par  les  croisés. 

LXXVIII.  Le  légat  fait  prendre  possession,  au 
nom  de  l'Eglise  romaine,  de  Toulouse  &  du 
château  de  Foix. 

LXXIX.  L'archevêque  d'Arles  donne  en  fief  Beaii- 
caire  &  la  terre  d'Argence  à  Simon. 

LXXX.  Libéralités  de  Simon  envers  l'église  d'Uzès 

LXXXI.  Louis,  fils  aîné  du  roi  Philippe-Auguste, 
se  croise  8c  vient  dans  la  Province. 

LXXXII.  Le  pape  donne  provisionnellement  le 
comté  de  Toulouse,  8<.c.,  à  Simon. 

LXXXIII.  Le  pape  donne  en  fief  le  comté  de  Mel- 
gueil  aux  évêques  de  Maguelonne. 

LXXXIV.  Seigneurs  de  Lunel.  —  Evêques  de  Ma- 
guelonne. 

LXXXV.  Le  comte  de  Toulouse  se  retire  avec  son 
fils  à  la  cour  d'Angleterre. 

LXXXVI.  Suite  du  voyage  du  prince  Louis.  —  Il 
fait  démanteler  les  villes  de  Narbonne,  de  Tou- 
louse, 8cc.  —  Différends  entre  l'archevêque  de 
Narbonne  8c  Simon  de  Montfort  touchant  le 
duché  de  Narbonne. 


LXXX'»  H.  Simo^i  pien.l  possession  du  château 
de  Foix,  &  do  la   vill!:  ï<  du  comté  de  Toulouse. 

LXXX^'IIÎ.  Le  p:ince  Louis  finit  sa  qua  raiiiaine 
a  Toulouse. 

LXXXIX.  Le  omtc  d'Armagnac  fait  hommage  à 
Simon.  —  L'évcque  de  ^^lvier5  investit  ce  der- 
nier de  divers  domaines. 

XC.  Origine  des  sénéchaussées  de  Eeai:caire,  de 
Carcassonne,  8cc. 

XCI.  Simon  s'applique  au  gouvernement  de  ses 
domaines,  8c  fait  raser  les  murs  de  Toulouse. — 
Evêques  d'Agde. 

XCII.  Concile  de  Latran.  —  Vaines  prétentions 
des  archevêques  de  Tolède  pour  la  jirimatie  sur 
la  province  de  Narbonne. 

XCIII.  Evêques  du  Puy.  —  Vicomtes  de  Poli^nac. 

XCIV.  Saint  Dominique  fonde  son  ordre  à  Tou- 
louse. 

XCV.  Le  concile  de  Latran  décerne  diverses  peines 
contre  les  hérétiques  albigeois. 

XCVI.  Le  comte  de  Toulouse  8c  son  fils,  avec  les 
comtes  de  Foix  8c  de  Comminges,  vont  au  con- 
cile de  Latran  pour  demander  la  restitution  de 
leurs  domaines. 

XCVII.  Décret  du  concile  touchant  les  domaines 
du  comte  de  Toulouse.  —  Il  adjuge  le  comté  de 
ce  nom  à  Simon  de  Montfort  &.  réserve  le  reste 
au  jeune  Raimond. 

XCVIII.  Décret  touchant  les  comtes  de  Foix  8c  de 
Comminges. 

XCIX.  Départ  du  comte  de  Toulouse  de  Rome. 

Le  comte  de  Foix  obtient  des  commissaires  pour 
la  restitution  de  ses  domaines. 

C.  Le  jeune  Raimond  part  de  Rome  8e  va  joindre 
à  Gênes  le  comte  de  Toulouse,  son  père. 

CI.  Simon  de  Montfort  prend  possession  du  du- 
ché de  Narbonne,  malgré  l'archevêque  qui  l'ex- 
communie. —  Evêques  de  Eéziers. 

Cil.  Simon  de  Montfort  prend  une  nouvelle  pos- 
session du  comté  de  Toulouse  Se  tâche  de  se 
conserver  la  possession  de  cette  ville. 

cm.  Simon  va  à  la  cour  du  roi  Philippe-Au- 
guste, qui  reçoit  son  hommage  pour  le  duché 
de  Narbonne,  le  comté  de  Toulouse,  Sec. 


LIVRE  VINGT-TROISIÈME 

I.  Une  partie  de  la  Provence  se  déclare  en  faveur 
du  comte  de  Toulouse  8c  de  son  fils. 

II.  Le  comte  de  Toulouse  assemble  une  armée  à 
Avignon,  en  confie  le  commandeinent  à  son  fils, 
8c  part  pour  l'Aragon. 

III.  Beaucaire  se  soumet  au  jeune  comte  Raimond, 
qui  fait  le  siège  du  château. 

l'V .  Simon  de  Montfort  marche  au  secours  du 
château  de  Beaucaire. 

V.  Suite  du  siège  du  château  de  Beaucaire. 

VI.  Simon  se  retire  de  devant  Beaucaire,  dont  il 
cède  le  château  au  jeune  Raimond  par  un  tral;é. 

VII.  Simon  se  retire  à  Nîmes.  —  Privilèges  de 
cette  ville.  —  Il  marche  vers  Toulouse. 

VIII.  Simon  cherche  querelle  au  comte  de  Fois, 


SOMMAIRES  DES  CHAPITRES. 


xl'iii 


IX.  Simon  cause  une  émotion  dans  Toulouse  & 
punit  les  Toulousains. 

X.  Gui  de  Montfort,  fils  puîné  ie  Simon,  épou:e 
riiéritière  ds  Bigorre. 

XI.  Simon  lève  le  siège  du  cliâtcnu  de  Lourdes. 
Xn.  Snnon  porte  la   guerre  dans  le  pays  de  Foix 
XIII.'  Simon  assiège  le  châte.iu  de  Montgrenier  Ce 

traverse  la  réconciliation  du  comte  de  Foix  avec 
l'Église. 

XIV.  Le  cardinal  Bertrand  légat  dans  la  Pro- 
vince. 

XV.  Simon  s'accorde  avec  l'évéque  d'Agen.  —  Il 
soumet  dii'ers  châteaux  dans  le  Termenois. 

XVI.  Simon  porte  la  guerre  aux  environs  du 
Rhône. 

XVII.  Simon  attaque  le  comte  de  Valentinois  & 
fait  la  paix  avec  lui. 

XVIII.  Les  Toulousains  rappellent  le  comte  Rai- 
mond  &  le  reçoivent  dans  leur  ville. 

XIX.  Vains  efforts  des  seigneurs  de  la  maison  de 
Montfort  pour  chasser  de  Toulouse  le  comie 
Raimond. 

XX.  Simon  envoie  demander  du  secours  en  France, 
&  assiège  Toulouse. 

XXI.  Montauhan  tente  inutilement  de  secouer  le 
joug  de  Simon. 

XXII.  Suite  du  siège  de  Toulouse  par  Simon  de 
M  o  n  i  fo  r  t . 

XXIII.  Le  pape,  ?  la  sollicitation  de  Simon,  tâ- 
che de  détacher  Jacques,  roi  d'Aiagon,  de  son 
son  alli.Tncc  avec  le  comte  de  Toulouse. 

KXIV.  La  ville  de  Montpellier  se  remet  sous 
l'obéissance  de  Jacques. 

XXV     Saint  Pierre  Nolasquc. 

XX'»  I.  Le  pape  écrit  diverse,  lettres  en   faveur  de 

Snnor.  de  Montfort,  entre  autres  au  îcunc  Uai- 

mond. 
XXVII.  Simon  reçoit   divers  renforts   £<  continue 

le  siège  de  Toulouse. 

XX\III.    Mort  de  Simon  de  Montfort. 

XXIX.  KIoge  de  Simon  de  Montfort.  — -  Son  fils 
aîné  '\iTiatiri   lui  succède  &  continue  le  siège. 

XXX.  Amauri  de  Montfort  lève  le  siège  de  Tou- 
louse Si  emporte  à  Carcassonne  le  corps  de  son 
père. 

XXXI.  Ar.iT.;ri  d;  Montfort  se  tient  sur  la  défen- 
siv;  &  se  fait  reconnoïtre  dans  ses  nouveaux 
coir.aines. 

XXXn.  Raimond  VI,  comte  de  Toulouse,  fait  ses 
ilcriiieres  dispositions. 

XXXIII.  Le  jeune  Raimond  recouvre  une  partie 
de  l'Agenois,  &  le  comtt  de  Comminges  ses  do- 
maines. 

XXXIV.  Le  pape  s'intéresse  en  faveur  dAmanri. 
—  Les  Avignonois  font  mourir  Guilla  une  de 
B.1UX,  prince  d'Orange. 

XXXV.  Amauri  parcourt  ses  domaine-. 

XXXVI.  Accord  du  comte  Je  Toulouse  avec  le  sei- 
gneur de  Sauve,  son  petit-fits.auquel  il  tci!t  ses 
droits  sur  les  vicomtes  de  M'iu  &  i-:  Gév.iu- 
ian 


XXX\'II.  L,i  ville  de  Nimes  Se  une  partie  du 
Ronerguc  &  du  Querci  rentrent  sous  l'obéis- 
sance des  comtes  de  Toulou:e. 

XXXVilL  DifTérer.d  entre  l'évéque  &  les  habitans 
du   Puy  &  quelques  seigneurs  du  Vclai. 

XXXIX.  Evéques  du  Puy.  —  ^'icomtcs  de  Polignac. 
XL.  Le  prince  Louis  marche  au  secours  d'Ainauri, 
qui  assiège  Marmande. 

XLI.  B.Tiaille  de  Bazi-je.  * 

XLII.  Louis  joint  Amaini  devant  Marmande  8c 
force  cette  place  à  se  rendre. 

XLIII.  Louis  met  le  siéfre  dcv.mt  Toulouse  &  est 
obligé  de  le  lever.  —  Con:     i   de  Rodez. 

XL1\'.  Privilèges  de  Toulouse  &  de  Nimes. 
XLV.  Accord  entre  Amauri   de  Montfort  &  l'évé- 
que d'Agde. 

XLVI.  Désordres  des  croisés.  —  Amauri  dispose 
d'Alais.  —  Maison  d'Anduze. 

XLN'II.  Naissance  de  Jeanne,  fille  de  Raimond  le 
Jeune,  qui  soumet  Lavaur,  Puylaurens,  Mon- 
tauhan &  Castelnaudary. 

XL\'III.  Siège  de  Castelnaudary  par  Amauri  de 
Montfort.  —  Mort  du  comte  Gui,  son  frère. 

XLIX.  Conrad,  évéque  de  Porto,  nouveau  légat 
dans  la  Province,  chassé  de  Béziers.  —  Il  ré- 
forme les  écoles  de  médecine  de  Montpellier. 

L.  Le  pape  exhorte  le  jeune  Raimond  &  ses  par- 
tisans à  mettre  bas  les  armes. 

LI.  Amauri  lève  le  siège  de  Castelnaudary. 

LU.  Ordre  de  la  milice  de  la  Foi  de  Jésus-Christ. 

LUI.  Siège  St  prise  de  Montréal  sur  Amauri. 

LI\'.  Amauri  fait  solliciter  le  prince  Louis  de 
venir  à  son  secours. 

LV.  Le  jeune  Raimond  récompense  les  habitans 
d'Avignon.  —  Il  confirme  la  donation  de  la 
ville  de  Montauhan  en  faveur  du  comte  de  Foix. 

LVI.  Amauri  porte  la  guerre  dans  l'Agenois.  — 
La  ville  d'Agen  se  soumet  au  jeune  Raimond. 

LVII.  Privilèges  de  Montauhan.  —  Le  pape  rend 
une  sentence  d'txhérédation  contre  le  jeune 
Raimond.  —  Assemblée  des  hérétiques  à  Picus- 
san. 

LVIll.  Consuls  de  Toulouse.  —  Moi5s.:c  se  soun-.ei 
au  jeune  Raimond.  —  Vicomtes  de  Lomagne. 

LIX.  Sécularisation  de  la  cathédrale  de  Vlcnd,-. — 
Une  partie  des  diocèses  de  Béziers  &  N.nbonnc 
excommuniée. 

LX.  Amauri  offre  ses  conquêtes  au  roi  Philippe- 
Auguste. 

LXI.  Rair.iond  le  Jeune_prie  le  roi  de  prccurcr  sa 
réconciliation  avec  l'Kglise. 

LXII.  Mort   de  Raimond  VI,   comte  de  Toulouse. 

LXIII.  Caractère  de  Raimond  VI,  ses  bonnes  qua- 
lités 8c  ses  défauts. 

LXI\'.  Etendue  des  domaines  de  Raimond  VI;  ses 
femmes,  ses  enfaiis. 

LX^'.    Poêles  provençaux. 

LXVI.  Raimond  VU,  comte  de  Toulouse,  accorde 
divers  privilèges  aux  hospitaliers. 

LXVIT.  Concile  du  Puy.  —  Union  de  l'abbaye 
d'Alet  à  la  cathédrale  de  Narbonne. 


xliv 


SOMMAIRES  DES  CiiAf-iTilES. 


LXVni.  Amauri  offre  do  nouveau  au  roi  de  lui 
céder  les  conquêtes  des  croisés. 

LXIX.  Différends  entre  le  monastère  de  Prouille 
&  l'iibb.iyc  de  Saint-Hilaire. 

LXX.  Mort  de  Raiinond-Roger,  comte  de  Foix. — 
Ses  enfans.  —  Son  fils  aîné  Rojcr-Dernard  II 
lui  succède. 

LXXI.  Le  comte  de  Toulouse  assiège  Penne,  en 
Agenois,  &  Verdun  sur  la  Garonne. 

LXXII.  Évêques  de  Mende.  —  Fondation  de  l'ab- 
baye de  Mercolre. 

LXXI  II.  Trêve  entre  le  comte  de  Toulouse  Ci 
Amauri  de  Montfort. 

LXXIV.  Conférences  de  Saint-Flour  &  de  Sens,  — 
Evéqucs  des  hérétiques  albigeois. 

LXXV.  Mort  du  roi  Philippe-Auguste,  —  Le  car- 
dinal Conrad  sollicite  Louis  VIII,  son  Sis  Z<. 
son  successeur,  de  faire  la  guerre  aux  albigeois. 

LXXVI.  Le  légat  s'en  retourne  à  Rome.  —  Mai- 
son d'Anduze.  —  Evéques  de  Viviers. 

LXXVII.  La  guerre  se  renouvelle  entre  le  comte 
de  Toulouse  &  Amauri  de  Montfort.  —  Siège 
de  Carcassonne. 

LXXVIII.  Amauri  est  abandonné  de  res  troupes. 

LXXIX.  Raimond  soumet  le  comté  de  Melgueil. 

LXXX.  Le  pape  sollicite  le  roi  de  marcher  en  per- 
sonne au  secours  d 'Amauri. 

LXXXI.  Amauri  convient  d'un  traité  avec  les 
comtes  de  Toulouse  &  de  Foix,  &  quitte  le  pays 
pour  toujours. 

LXXXII.  Le  jeune  Trencavel  rentre  en  possession 
de  Carcassonne  &  des  autres  domaines  de  sa 
maison. 

LXXXIII.  Évcques  de  Carcassonne.  —  La  ville 
d'Albi  &  le  Querci  se  soumettent  au  comte  Rai- 
mond. 

LXXXIV,  Amauri  cède  sous  condition  ses  droits 
sur  les  conquête  des  croisés  au  roi  Louis  VllI. 

LXXXV.  Le  roi  fait  diverses  demandes  au  pape 
pour  se  charger  de  l'expédition  d'Albigeois. 

LXXXVI.  Le  roi  écrit  aux  hïjbitans  de  Narbonne. 

LXXXVII.  Le  comte  de  Toulouse  envoie  des  am- 
bassadeurs  au  pape  &  demande  son  absolution. 

LXXXVIII.  —  Le  pape  écoute  favorablement  Rai- 
mond VII  &  suspend  la  croisade  contre  lui  & 
ses  alliés. 

LXXXIX.  Raimond  s'assure  de  la  ville  d'Agde. 

XC.  Le  roi  abandonne  le  dessein  de  son  expédi- 
tion contre  le  comte  de  Totilouse. 

XCI.  Première  conférence  ou  concile  de  Montpel- 
lier pour  la  conclusion  de  la  paix  de  Raimond 
?i  de  ses  alliés  avec  l'Eglise. 

XCII.  Raimond  rend  la  ville  &  la  vicomte  d'Agde 
à  l'évéque. 

XCIII.  Seconde  conférence  ou  concile  de  Mont- 
pellier pour  la  conclusion  de  la  paix  du  comte 
de  Toulouse  &  de  ses  alliés  avec  l'Eglise. 

XCIV.  Raimond,  comte  de  Toulouse,  rend  les  do- 
maines usurpés  sur  diverses  églises. 

XCV,  Raimond  envoie  des  ambassadeurs  au  pape, 
de  concert  avec  l'archevêque  de  Narbonne  &  le 
concile  de  Montpellier,  pour  terminer  sa  récon- 
ciliation. 


XCVI.    M.iri.ige   de    licrtrand,    frère    naturel   du 

comte  de  Toulouse. 
XCVII.    Le    comte    de    Foix,   gardien    du    vicom:» 

Trencavel. 


LIVRE  VINGT-QUATRIEME 

I.  La  réconciliation  de  Raimond  avec  l'Eglise  c»t 
traversée. 

II.  Légation  de  Romain^   cardinal  de  S.unt-.^nge. 

—  Ligue  du  roi  d'Angleterre  avec  le  comte  Rai- 
mond. 

IIÏ,  Concile  de  Bourges  ;  le  légat  élude  la  récon- 
ciliation de  Raimond  avec  l'Eglise. 

IV  Pairie  des  comtes  de  Toulouse.  —  Archevêques 
de  Narbonne. 

V.  Le  roi  Louis  VIII  se  charge  de  faire  la  guerre 
en  son  nom  au  comte  Raimond  &  à  ses  alliés. 

VI,  Le  légat  excommunie  le  comte  Raimond  Si  ses 
alliés,  iait  prêcher  la  croisade  contre  eux  & 
donne  la  croix  au  roi  &  aux  barons  du  royaume, 

's'il.  Le  légat  accorde  les  décimes  au  roi,  pendant 
cinq  ans  pour  les  frais  de  la  guerre. 

VIII.  Le  roi  fixe  le  jour  de  son  départ, 

IX.  Le  roi  reçoit  par  avance  la  soumission  des 
villes  de  Saint-Antonin,  de  Béziers  &  de  divers 
seigneurs  du  pays. 

X.  Le  pape  écrit  au  roi  d'Angleterre  pour  l'em- 
pêcher de  secourir  le  comte  de  Toulouse. 

XI.  Raimond  tâche  de  se  concilier  la  bienveillance 
de  ses  alliés  S.<  de  ses  sujets.  —  Comtes  de  Com- 
minges. 

XII.  Le  roi  Louis  se  met  en  marche. 

XIII.  Les  villes  de  Niires,  Puylaurens,  Castres,  &c., 
&  divers  seigneurs  de  la  Province  se  soumettent 
au  roi. 

XIV.  Le  roi  arrive  à  .Avignon  dont  il  entreprend 
le  siège.  —  Le  lérat  excommunie  de  nouveau 
le  comte  de  To;iicu:c, 

XV.  Carcassonne,  Albi  2;  une  grande  partie  de  la 
Province  envoient  faire  leurs  srumissions  au  roi, 

—  Eencit,  abbé  ce  ia  Grasse, 

X'v'I,   Le  coint:  de  Com:r,!ng:s  f.iit  sa  p:iix. 
X^'n,    Suite    dt:    siégc    ù'Avignon,    cette   ville    est 
enfin  obligée  de  ;e  rendre. 

XVIII.  Le  roi  établit  i.n  sénéchal  à  Beaucaire. 

XIX.  Le  roi  passe  le  Rhône,  &  toute  la  Province 
se  soumet  à  lui  jusqu'à  quatre  lieues  de  Tou- 
louse. 

XX.  Seigneurs  de  l'Islc-Jouidain. 

XXI.  Evêques  de  Carcassonne. —  Le  roi  établit  un 
sénéchal  dans  cette  ville. 

XXII.  Le  roi  tient  une  assemblée  à  Pamiers. 

XXIII.  Les  comtes  de  Toulouse  &  de  Foix  renou- 
vellent leur  ligue. 

XXIV.  Le  roi  reçoit  à  Pamiers  le  serment  de  fidé- 
lité des  évêques  de  la  Province  &  s'accorde  avec 
eux  touchant  le  domaine  de  leurs  églises. 

XXV.  Union  de  la  vicomte  de  Fenouillèdes  au  do- 
maine de  Nugnez  Sanche,  comte  de  Uous»illon, 
£t  ensuite  à  celui  de  la  couronne. 


SOMMAillES   DES  CHAPITRES. 


xlv 


XX\).  Le  roi  s'iiccordc  avec  .\gnc5,  vicomtesse 
douairière  de  Bézicrs,  &  établit  Imbcrt  de  Beaii- 
'•eu  pour  gouverneur  de  la  Province. 

X;-V1I.  Mort  du  roi  Louis  VIII.  —  Soi:u  Louis, 
son  fils,  lui  succède. 

XXVIII.  L"empereur  demande  au  pape  la  restitu- 
tion d'Avignon. 

XXIX.  Le  lég.-.t  impose  des  lois  aux  habitans  d'A- 
vig:ion. 

XXX.  Le  comte  de  Toulouse  se  met  en  campagne 
&  preiid  le  château    d'Auterive. 

XXXI.  Le  roi  donne  à  vie  la  vicomte  de  Gévaudan 
&  fut  valoir  ses  prétentions  sur  le  comté  de 
Melsfueil. 

XXXII.  Concile  de  Narbonnc.  —  Le  vicomte  Tren- 
cavel  recouvre  Limoux  &  une  partie  de  ses  au- 
tres doma  mes. 

XXXIII.  BrouiUerics  dans  léglise  de  France  à 
l'occasion  de  la  levée  des  décimes  contre  les  albi- 
geois. 

XXXIV.  Humbert  de  Beaujeu  continue  la  guerre 
contre  le  comte  de  Toulouse;  l'évëque  d'Albi, 
le  vicomte  de  Lautrec,  &c.,  se  liguent  contre  ce 
comte. 

XXXV.  ÉvéTue;  d'Albi. 

XXXVI.  L;  comte  Raimond  prend  divers  dià- 
teaux.  —  Mort  de  Gui  de  Montfort,  frère  de 
Simon. 

XXXVII.  Siège  Si  prise  de  Casielsarrasin  par  Rai- 
mond. —  Beaujeu  prend   Montech  &  est  battu. 

XXXVIâl.  Les  François  r.nvagent  les  environs  de 
Toulouse. 

XXXIX.  Le  pape  proroge  la  légation  du  cardinal 
de  Saint-Ange  &  lui  ordonne  de  travailler  i>  la 
paix  du  comte  de  Toulouse. 

XL.  Paix  des  seigneurs  de  Termes  avec  le  roi  & 
l'Église. 

XLI.  L'abbé  de  Grandselve  fait  des  propositions 
au  comte  Raymond  qui  les  accepte  &  convient 
d'un  projet  de  paix. 

XLII.  Conférence  de  Meaux  pour  la  conclusion 
de  la  paix.  —  Raimond  jure  de  l'observer  de- 
vant  la  porte  de  la  cathédrale  de  Paris. 

XLMI.    Articles  de  la  paix. 

XLIV.  Le  légat  donne  l'absolution  au  comte  Rai- 
mond. 

^V.  Amauri  de  Montfort  ronfirme  la  cession 
qu'il  avoit  déjà  faite  de  ses  droits  en  faveur  du 
roi  sur  les  Ktats  de  Raimond,  &c.  —  Fin  d'A- 
mauri. 

XLVI.  Ktendue  des  dom.'iines  cédés  par  Raimond 
au  roi  &  à  l'Eglise  romaine.  —  Ancien  ressort 
des  sénéchaussées  de  Beaucai  re  &  de  Ca  rcassonne. 

XLV'II.  Etendue  des  domaines  qui  restèrent  i  Rai- 
mond. 

XLVIII.  Le  roi  d'Angleterre  traverse  inutilement 
le  traité  de  paix. 

XLIX.  Vaines  prétentions  du  roi  d'Aragon  sur  les 
domaines  cédés  par  le  comte  de  Toulouse. 

L.  Les  coutumes  de  Paris  restreintes  aux  terres 
possédées  par  des  chevaliers  françois  dans  la 
sénéchaussée  de  Ca  rcassonne. 

I.I.  Origine  de  l'université  de  Toulouse. 


LU.  R.;imond  rend  hommage  au  roi  &  se  rcirct 
en  prison  jusqu'après  l'exécution  de  tiuelques 
articles  du  traité. 

Lin.  Ordonnance  de  saint  Louis  contre  les  héré- 
tiques de  la  Province. 

LIV.  Origine  de  la  seigneurie  &  comté  de  Castres. 

—  Seigneurs  de  Castres  de  la  maison  de  Mont- 
fort. 

LV.  Le  comte  Raimond  exhorte  le  comte  de  Foix 
à  faire  sa  paix. 

LVl.  Le  comte  d'Astarac  &  le  vicomte  de  Nar- 
bonne  font  la  paix  avec  le  roi. 

LN'II.  Mathieu  de  Marly,  lieutenant  du  roi  dans 
la  Province,  &  Pierre  de  Colmieu,  vice-légat,  y 
reçoivent  le  serment  des  peuples. 

LVIII.  Le  comte  Raimond  sort  de  prison.  —  Le 
roi  le  fait  chevalier,  lui  rend  la  vicomte  de 
Millau  &  les  autres  fiefs  du  Rouergue. 

LIX.  Mariage  de  Jeanne,  fille  de  Raimond,  avec 
Alfonse,  frère  de  saint  Louis. 

LX.  Raimond  donne  au  roi  la  ville  de  Saint- 
Antonin    en    échange.  —  Fin    des   vicomtes  de 

Saint-Antonin. 

LXI.  Roger-Bernard,  comte  de  Foix,  fait  sa  paix. 

—  Mort  d'Ermessinde  de  Castelbon,  sa   femme. 

LXII.  Le  comte  Raimond  revient  à  Toulouse,  oii 
il  renouvelle  ses  promesses  devant  le  légat. 

LXIII.  Concile  de  Toulouse.  —  Il  établit  l'inqui- 
sition dans  le  pays. 

LXI^^  Le  cardinal  légat  parcourt  la  Province  avec 
Adam  de  Milli,  que  le  roi  y  avoit  établi  pour 
son  lieutenant. 

LX\'.  Gui  de  Lévis,  seigneur  de  Mirepoix,  maré- 
chal de  France. 

LXVI.  Concile  d'Orange.  —  Le  cardinal  de  Saint- 
Ange  donne  au  roi  la  garde  du  inarquisat  de 
Provence,  &  part  pour  Rome. 

LXVII.  Accord  entre  le  roi  &  l'évéque  de  Bézieis 
touchant  la  justice  &  le  domaine  de  cette  ville 
&  du  diocèse. 

LX\'ni     Nouveaux  troubles  dans  le  Toulousain. 

LXIX.  Le  roi  ordonne  qu'on  rende  à  Raimond  les 
biens  usurpés  sur  lui.  —  Ce  comte  fait  un  voy.Tge 
à  la  Cour.  —  Kvcques  du  Puy. 

LXX.  Université  de  Montpellier.  —  Dédicace  de 
I  église  de  Notre-Dame  de  cette  ville.  —  Evé- 
ques  de  Maguelonne.  —  Fondation  de  l'abbaye 
de  Gigean. 

LXXI.    Pierre  de  Colmieu  légat  dans  la  Province. 

—  Le  pape  accorde   un   délai   à  Raimond  pour 
son  pass.igc  d'outre-mer. 

LXXII.  Divorce  entre  le  comte  de  Toulouse  & 
Sancie  d'Aragon,  sa  femme.  —  Le  pape' écrit 
diverses  lettres  en  faveur  de  ce  prince. 

LXXIII.  Raimond  rend  divers  châteaux  en  fief  au 
comte   d'Astarac. 

LXXIV.  L'empereur  donne  .i  Raimond  le  comte 
de  Forcalquier  —  La  ville  de  Marseille  se  sou- 
met à  ce  comte,  qui  déclare  la  guerre  »u  comte 
de  Provence. 

LXXV.  Gautier,  évéque  de  Tournai,  légat  dans  la 
Province. 


XI VI 


SOMMAIRES  DES  CHAPITRïïS. 


LXXVI.  Rainond  continue  la  guerre  Ae  Provence. 
—  Il  prend  soin  de  5cs  domiiines  &  trnnsige  avec 
les  abbés  de  Gnillnc  &  de  Montnuban. 

LXXVII.  Seigneurs  du  pnys  de  S.ivez. 

LXXVIII.  Coutumes  de  Montolicu.  —  Asslgnnt 
de  Pierre  de  Voisins. 

LXXIX.  Le  roi  d'Ar.ngon  va  n  Montpellier,  après 
la  conquête  de  Majorque  sur  les  Maures. 

LXXX.  Mort  de  Foulques,  évèque  de  Toulouse. 

LXXXI.  Raiinond  s"einploie  à  la  recherche  des 
hérétiques.  —  Le  pape  arrête  les  entreprises  des 
ecclésiastiques  contre  lut  ;  mais  il  diffère  de  lui 
rendre  le  marquisat  de  Provence. 

LXXXII.  Le  comte  accorde  des  privilèges  aux  ha- 
bitnns  de  Montaiiban.  —  Maison  de  Varagne. 
■ —  Il  s'accommode  avec  l'évêque  d"Albi. 

LXXXIII.  Raimond  s'abouche  avec  le  roi  d'An- 
gleterre. 

LXXXIV.  Suite  de  la  léjaticn  de  l'évoque  de 
Tournai. 

LXXXV.  Paix  entre  l'archevêque  &  le  vicomte  de 
Narbonne.  —  Le  comte  cle  Foix  épouse  la  fiilf: 
de  ce  dernier. 

I.XXXVI.  Coutumes  des  nobles  &  des  habitans  de 
Narbonne  &  du  Narbonnois. 

LXXXV'II.  L'Inquisition  confiée  aux  frères  prê- 
cheurs, qui  l'érigent  en  tribunal  ordinaire. 

LXXXVIII.  Les  papes  Grégoire  IX  &  Innocent  IV 
confirment  l'établissement  de  l'université  de 
Toulouse. 

LXXXIX.   Assemblée  de  Melun. 

XC.  L'archevêque  de  Vienne  succède  à  l'évêque  de 
Tournai  dans  sa  légation. 

XCI.  Edit  du  comte  de  To'.ilouse  contre  les  héré- 
tiques. 

XCII.  Eudes  le  Queux,  sénéchal  de  Carcassonne, 
lieutenant  du  roi   dans  la  Province. 

XCIII.   Vicomtes  de  Lautrec. 

XCIV.  Raimond  fait  un  "Oyage  à  la  Cour  &  com- 
promet entre  les  mains  du  roi,  de  ses  différends 
avec  le  comte  de  Provence.  —  Jacques,  roi  d'.\- 
ragon,  va  à  Montpellier. 

XCV.  Raimond  se  plaint  au  roi  des  ecclésiasti- 
ques de  la  Province,  3c  eux  se  plaignent  a  leur 
tour  au  pape  des  officiers  du  roi.  —  Evêqucs 
d'Agde. 

XCVI.  Raimond  rentre  dans  la  possession  du 
marquisat  de  Provence. 


LIVRE  VINGT-CINQUIÈME 

I.  Concile  de  Béziers. 

II.  Troubles  arrivés  à  Narbonue.  —  Les  habitans 
de  la  cité  &  ceux  du   bourg  se  font  la  guîrre. 

m.    Les  hérétiques  chassés  de  la  Province  passent 
en  Espagne  &  y  sont  défaits. 

IV.  Soulèvement  en  Albigeois  contre  les  inquisi- 
teurs de  la  foi. 

V.  Les   inquisiteurs  sont  chassés  de  Toulouse  avec 
l'cvêque  de  cette  ville  &  hs  frères  prêcheurs. 


VI.  Raimond,  comte  de  Toulous;,  revient  d'Ita- 
lie; il  va  3  la  Cour  de  France  &  ensuite  i  celle 
de  rF.mpereur    —  Evéques  de  Viviers. 

VII.  Les  frères  prêcheurs  chassés  de  Narbonne.  — 
Le  comte  Raimond  est  excommunié  par  diverses 
sentences. 

VIII.  Lettre  du  pape  à  Raimond  qui  rétablit  les 
frères  prêcheurs  dans  le  couvent  de  Toulouic, 

IX.  Raimond  va  à  la  cour  de  l'Empereur.  —  Le 
vicomte  de  Tiirenne  lui  rend  hommage. 

X.  Jacques,  roi  d'Aragon,  fait  hommage  pour 
Montpellier  à  l'évêque  de  Maguelonne.  —  Mai- 
son de  Montlaur. 

XI.  Trencavel  se  retire  à  la  cour  du  roi  d'Aragon, 
qui  s'accorde  avec  Nugnez-Sanche ,  comte  de 
Rotissiilon,  son  cousin. 

XII.  JDifl'érends  entre  Nugnex  &  le  comte  de  Foix, 
touchant  le  pays  de  Donazan,  8ic. 

XIII.  Le  pape  se  radoucit  à  l'égard  du  comte  de 
Toulouse  &  ordonne  au  légat  de  modérer  le  zèle 
des   inquisiteurs. 

XIV.  Procédures  des  inquisiteurs. 

XV.  L'exercice  de  l'inquisition  est  suspendu  pour 
quelques  années. 

XVI.  Roger-Bernard,  comte  de  Foix,  rechercha 
par  l'inquisition  d'Aragcn. 

XVII.  Amauri  de  Montfort  reprend  ie  titre  de 
duc  de  Narbonne,  ik  fait  quelques  entreprises 
sur  le  comté  de  Melgueil. 

XVIII.  Raimond  reprend  la  guerre  centre  le  comte 
de  Provence. 

XIX.  Plaintes  du  pape  contre  Raimond. 

XX.  Le  comte  de  Toulouse  suspend  la  guerre  de 
Provence  &  envoie  une  amb.issadc  à  Rnnc. 

XXI.  Origine  de  la  ville  &  des  seigneu  rs  de  Ricux. 

XXII.  L'évêque  de  Mr^guelonne  donne  en  fief  à 
Raimond  la  ville  de  Montpellier. 

XXIII.  Plaintes  des  ecclésiastiques  de  la  Province 
contre  l;s  officiers  du  roi. 

XXIV.  Raimond  demande  diverses  choses  au  pape, 
qui  lui  accorde  l'absolution,  le  dispense  de  pas- 
ser outre-mer,  8ïc. 

XXV.  Gui,  évèque  de  Sora,  &  Jacques,  évèque  d« 
Palestrine,  successivement  légats  dans  la  Pro- 
vince. 

XXVI.  Aymar  II,  comte  de  Vnlentinois,  se  rend 
vassal  de  Raimond  pour  divers  fiefs  du  Vivarais. 

XXVII.  Raimond  reçoit  l'hommage  de  l'évêque 
de  Carpentras,  s'accorde  avec  le  comte  de  Ro- 
dez, &r.  —  Seigneurs  d'.Vnduze. 

XXVIIÏ.    Kvêques  de  Lodève. 

XXIX.  Entrevue  3  Montpellier  entre  le  roi  d'Ara- 
gon Si  le  comte  Raimond.  —  Le  premier  pacifie 
celte  ville. 

XXX.  Mort  de  Nugnez  Sanche,  comte  de  Rous- 
siUon. 

XXXI.  Vicomtes    de  Narbonne. 

XXXII.  Le  comte  Raimond  reprend  la  guerre  con- 
tre le  comte  de  Provence. 

XXXni.  Rcgcr-Bcrnard,  comte  de  Foix,  reconnu 
pour  bon   cnîholiqtie. 


SOMMAIRES  DES  CHAPITRES. 


XlV!) 


XXXIV.  Le  cointe  Rnlmond  bat  les  François, 
nssiége   la    ville  d'Arles  &  ravage   la  Camargue. 

XXXV.  Rannond  pacifie  les  troubles  d'Avignon  & 
retourne  à  Toulouse. 

XXXVI.  Trencavcl,  à  la  tête  de  divers  seigneurs, 
reprend  sur  le  roi  une  partie  des  anciens  do- 
maines de  sa  maison. 

XXXVII.  Raimond  refuse  de  secourir  le  sénéchal 
de  Carcassonne  contre  Trencavel.  ^  Seigneurs 
de  Savez. 

XXXVIII.  Trencavel  se  rend  maître  du  bourg  de 
Carcassonne  &  assiég;  la  cité. 

XXXIX.  L«  roi  envoie  une  armée  contre  Trenca- 
vel, &  le  pays  rentre  dans  l'obéissance. 

XL.  Les  seigneurs  d'Aniort  se  soumettent  au  roi, 
qui  unit  par  là  au  domaine  une  partie  du  pays 
de  Sault. 

XLI.  Le  comte  Raimond  fait  un  voyage  a  la  Cour, 
&  traite  avec  le  pape  contre  l'Empereur. 

XLII.  Raimond  fan  la  paix  avec  le  comte  de  Pro- 
vente. 

XLIII.  Le  vicomte  de  Nnrbonne  8c  divers  seigneurs 
se  soumettent  au  roi. 

XLIV.  Ligue  entre  le  roi  d'Aragon  8c  le  comte  de 
Toulouse.  —  Kvéc(ues  de  Béziers. —  Baronnie  de 
Castclr.au  de  Bonafo'is.  —  Monnoie  d'Albi. 

XLV.  Divers  prélats  de  la  Province  tombent  entre 
les  main»  de  l'Empereur.  —  Evéques  de  Nîmes. 

XLVI.  Le  comte  Raimond  fait  hommage  de  Beau- 
caire  à  l'archevêque  d'Arles. 

XLVII.  Nouveau  traité  entre  Raimond,  le  roi 
d'Aragon  8c  le  comte  de  Provence.  —  Le  premier 
répudie  Sancie  d'Aragon,  sa  femme,  pour  épou- 
ser Sancie,  fille  du  dernier. 

XLVIII.  Le  roi  dispose  du  Poitou,  des  pays  d'Al- 
bigeois, Sec,  en  faveur  d'Alfonse,  son  frère, 
après  l'avoir  fait  chevalier. 

XLIX.  .Mort  de  Roger-Bernard  H,  comte  de  Foix. 
—  Roger  IV,   son  fils,  lui   si.ccèd». 

L.  Rfgcr  fait  hommage,  à  Lunel,  au  comte  de 
Toulouse. 

II.  Raimond  envoie  demander  au  pape  la  dis- 
pense pour  son  mariage  avec  Sancie  de  P:o- 
vence.  —  Ce  mariage  se  rompt. 

LII.  Raimond  retourne  à  Toulouse,  se  ligue  avec 
le  comte  de  la  Marche,  Se  fait  un  voyage  en 
Catalogne.  —  Seigneurs  de  l'Isb-Jourdain.  — 
Vicomtes  de  Gimoëz. 

LUI.    Comtes  de  Comminges. 

LIV.  Raimond  tombe  dangereusement  malade  Se 
reçoit  rab'olution  de  diverses  sentences  d'cx- 
communication  dont  il  avcit  été  frap-é. 

LV.  Raimond  prend  les  armes  contre  le  roi  8c 
entraîne  divers  comtes,  vicomtes  &  seigneurs 
dans  sa  révolte. 

LVI.  Le  comte  de  Toulouse  s'>!liciie  U-s  évéques  de 
ses  Etats  it  aijir  par  tim-méiii-s  centre  les  héré- 
tiques, 8c  appelle  au  piipe  des  procédures  des 
inquisiteurs. 

LVII.    Mnssacre  des  inqunite.  rs  à  Avignonet. 

LVIII.  Henri,  roi  d'Angleterre,  Tient  au  secours 
des  comtes  de  la  Marche  8c  de  Toulouse,  8c  est 
défait  par  le  roi. 


LIX.  Raimond  8c  ses  alliés  s'emparent  de  divers 
pays,  entre  autres  de  la  ville  de  Narboniie  d'oti 
Us  chassent    l'art  hevêque,  qui   les  excommunie. 

LX.  Raimond  reprend  le  titre  de  duc  de  Nar- 
bonne. 

LXI.  R.iiinond  va  joindre  à  Goidcaux  le  roi  d'An- 
gleterre 8c  se  ligue  avec  lui. 

LXII.  Raimond  assiégé  le  château  de  Penne,  en 
Agenois.  —  Le  comte  de  Foix  l'abandonne  8c 
fait  sa  paix  avec  le  roi. 

LXIII.  Concile  de  Montpellier.  —  Réponse  de 
Raimond  au  comte  de  Foix. 

LXIV.  Raimond  fait  au  roi  des  propositions  de 
paix  qui  sont  re)ciées.  —  Il  se  soumet  sans  ré- 
serve à  la  volonté  de  re  prince. 

LXV.  Le  roi  ordonne  l.i  p.iix  au  comte  de  Tou- 
louse 8c  envoie  des  coiniiiissaires  sur  les  lieux 
pour  recevoir  sa  soumission  8t  celle  de  ses  alliés. 

LX^'I.  Le  comte  Raimoni,  le  vicomte  de  Nar- 
bonne  8c  divers  seigneurs  se  rendent  à  la  Cour, 
8c  y  terminent  leur  paix. 

LXVII.  Le  comte  de  Foix  se  rend  aussi  à  la  Cour 
8t  le  roi  le  reçoit  à  l'hommage  comme  son  vas- 
sal immédiat. 

LXVIII.  Raimond,  de  retour  dans  ses  États,  punit 
les  auteurs  du  massacre  des  inquisiicurs,  8c  fait 
prêter  un  nouveau  serment  entre  les  mains  des 
commissaires  du  roi  par  ses  vassaux  Se  princi- 
paux sujets. 

LIX.  Le  roi  confisque  les  domaines  de  Pierre-B.-r- 
mond,  seigneur  d'Alais,  Anduze,  Sauve  8c  Soiii- 
inièrcs. 

LXX.  Le  roi  d'Angleterre  se  plaint  h  l'Empereur 
du  comte  de  Toulouse  8c  conclut  une  trêve  avec 
la  Fr.'ir.te. 

LXXT.'Raiinon.l    fi.mce  Marguerite  de  la  Marche. 

LXXII.  Seigneuis  de  Savez. 

LXXIl!.  Concile  de  Biziers.  —  Plaintes  de  Rai- 
mond contre  les  inquisiteiuj. 

LXXU'.  Lettre  de  Raimond  au  roi  touchant  le 
château  de  Penne,  en  Albigeois. 

LXX\'.  Le  vicomte  de  Narbonne  se  soumet  à  l'.ir- 
c  h  évoque. 

LXXVI.  Entrevue  des  rois  de  France  8c  d'Aragon 
au  Puy.  —  Jacques,  roi  de  Majorque,  naît  à 
Montpellier.  —  Trêve  entre  les  comtes  de  Tou- 
louse 8c  de  Provence, 

LXXV'II.  Brouilleries  entre  le  comte  de  Foix  £<  Icj 
sujets  du  comte  de  Toulouse. 

LXX\III.  Le  comte  Raimond  passe  au-delà  des 
Alpes  Se  va  à  la  cour  de  lempircur. 

LXXIX.  Raimond  obtient  son  absolution  du  pape 
&  prolonge  la  trêve  avec  1;  comte  de  Provenc.-. 

LXXX.  Le  pape  ordonne  aux  inquisiteur»  de  con- 
tinuer leurs  procédures,  g*  mcdère  leur  autorité. 

LXXXT.  Concile  de  Naibonne  —  On  y  règle  la 
procédure  des  inqui!iiei;rs. 

LXXXII.  Nouvelle  leclurthc  c'es  hérétiques  dan» 
la  Prc.vinie.  —  Le  pipe  modère  encore  l'auto- 
rité dei  in-j  uisiietirs. 

LXXXllI.  Si'jc  ;?:  pris;  du  château  de  Montségur 
iur  les  héréiiqucs. 


'") 


SOMMAIRES   DES  CHAPITRES, 


LXXXIV.  Le  comlc  RaimonJ,  principal  plénipo- 
tentiaire de  rcmpereur  Frédéric,  négocie  la  paix 
de  ce  prince  avec  le  pape, 

LXXXV.  Frédéric  punit  la  défection  de  l'évéquc 
de  Viviers  &  de  la  ville  d'Avignon. 

LXXXVI.  Raimond  repasse  les  Alpes  &  reçoit 
l'hommage  des  comtes  d'Astarac  &  de  Commin- 
ges  pour  ces  comtés. 

LXXXVII,  Raimond  reçoit  à  Toulouse  les  ambas- 
sadeurs du  comte  de  Savoie,  auquel  il  donne 
Cécile  de  Baux,  sa  petite-nièce,  en  mariage. 

LXXXVIII.  Raimond  crée  deux  cents  chevaliers 
dans  une  cour  qu'il  tient  à  Toulouse. 

l.XXXIX.  Raimond  va  à  la  cour  de  France  &  à  la 
cour  romaine,  Se  fait  sommer  le  comte  de  Foix 
de  lui  remettre  le  pays  situé  en  deçà  du  Pas  de 
la  Barre. 

y.G  Raimond  assiste  au  concile  de  Lyon.  —  Evê- 
ques  de  Maguelonne,  —  Archevêques  de  Nar- 
bonne. 

XCI,  Raimond  fait  casser  son  mariage  avec  Mar- 
guerite de  la  Marche,  &  projette  d'épouser  Béa- 
trix,  fille  de  R.  Bérenger,  comte  de  Provence. 

XCII.  Raimond  échoue  dans  son  dessein. 

>I cm.  La  comtesse  d'Astarac  &  le  vicomte  de  Lo- 
magne  cèdent  au  comte  de  Toulouse  leur  droit 
au  comté  de  Fezensac, 

ÎICIV.  Raimond  fait  un  pèlerinage  à  Saint-Jac- 
ques, en  Galice. 

XCV.  Conciles  de  Montpellier  &  de  Béziers.  — 
On  fait  dans  ce  dernier  de  nouveaux  règlemens 
pour  la  procédure  de  l'inquisition. 

>  ?VI.  Fondation  de  la  ville  &  du  port  d'Aignes- 
mortes. 

XCV'II.  Trencavel  se  soumet  au  roi  &  lui  cède 
tous  ses  droits  sur  les  vicomtes  de  Béziers,  Car- 
cassonne,  8cc. 

XCVIII.  Construction  de  la  ville  basse  de  Carcas- 
sonne.  —  Olivier  de  Termes  prend  la  croix. 

XCIX.  Le  comte  Raimond  va  i  la  Cour  8c  y  prend 
la  croix. 

C.  Raimond  engage  une  partie  de  ses  sujets  à  se 
croiser  avec  lui  &  tente  inutilement  de  procurer 
la  sépulture  ecclésiastique  au  comte,  son  père. 

CI.  Kvêques  du  Puy.  —  Raimond  protège  les  in- 
quisiteurs 8t   fait  un  voyage  en  Espagne. 

eu.  Trencavel  conclut  la  paix  avec  le  roi  &  prend 
In  croix.  —  Sa  postérité. 

cm.  Le  roi  envoie  des  commissaires  dans  la  Pro- 
vince pour  y  recevoir  les  plaintes  contre  ses 
officiers,  &  restituer  les  biens  qu'il  "avoit  mal 
acquis. 

CIV.  Consuls  de  Toulouse.  —  Suite  des  affaires 
de  l'inquisition.  —  Juifs  de  la  Province. 

CV.  Evéques  de  Maguelonne. 

CVI  Le  roi  saint  Louis  arrive  dans  la  Province 
pour  aller  s'embarquer  à  Aigues-mortes.  —  Fou* 
dation  de  l'abbaye  de  Netloc.  —  Evéques  de  Car- 
cassonne. 

CVll.  Raimond  va  joindre  le  roi  à  Aigues-mortes. 
—  Origine  de  la  ville  de  l'Isle  d'Albigeois.  — 
Départ  du  roi  pour  la  Terre-Sainte. 

C'\  in.  Vicomtes  de  Polignac, 


CIX.  Le  comte  de  Toulouse  difTerc  son  dép,-.rt  pour 
Il  Terre-Sainte. 

ex.  Concile  de  Valence.  —  Le  pape  change  les 
p-nitences  des  hérétiques  condamnés  en  des 
iiinendes  pécuniaires. 

CXI.  Raimond  parcourt  ses  domaines.  —  Il  passe 
en  Espagne  &  confère  avec  l'infant  de  Castille. 
—  Vicomtes  de  Gimoëz. 

CXII.  Différends  de  Raimond  avec  le  vicomte  de 
Loinagne. 

CXÎII.  Hérétiques  brûlés  à  Agen.  —  Raimond  va 
joindre  sa  fille  &  son  gendre  à  Aigues-moi  tes. 

CXIV.  Testament  &  mort  de  Raimond  VU,  der- 
nier comte  de  Toulouse  de  sa  race.  —  Son  ca- 
ractère, étendue  de  ses  domaines,  &c. 


LIVRE   VINGT-SIXIEME 

I.  La  reine  mère  envoie  des  commissaires  ponr 
prendre  possession  des  Etats  du  comte  R.iimond, 
au  nom  d'Alfonse,  son  fils. 

U.  Les  commissaires  reçoivent  le  serment  de  fidé- 
lité des  seigneurs  &  des  peuples. 

m.  Le  roi  d'Angleterre  demande  en  vain  la  resti- 
tution de   l'Agenois, 

IV.  Rostaing  de  Sabran  donne  des  sûretés.  —  Bar- 
rai de  Baux  s'engage  à  soumettre  la  ville  d'.Avi- 
gnon  à  Alfonse. 

V.  Alfonse  est  fait  prisonnier  en  Egypte  &  déli- 
vré avec  le  roi,  son  frère.  —  Divers  seigneurs 
de  la  Province  se  distinguent  dans  cette  expé- 
dition. 

VI.  Alfonse  &  Jeanne  reviennent  en  France,  & 
reçoivent  à  Eeaucaire  les  hommages  de  leurs 
vassaux. 

VII.  Duel   du  seigneur  de  Lunel.  —  Saint-Géri. 

VIII.  Sicard  d'Alaman,  lieutenant  général  d'Al- 
fonse dans  le  comté  de  Toulouse. 

IX.  Alfonse  &  Jeanne  viennent  dans  leur  trarqui- 
sat  de  Provence.  —  La  ville  d'Avignon  se  sou- 
met à  ce  prince  &  au  comte  de  Provcr.ce,  son 
frère. 

X.  Alfonse  &  Jeanne  font  lfrrcn;r-ie  d;.nsTcu- 
loiise  &  y  reçoivent  le  serment  d;  fidrlitc  des 
habitans.  —  Ils  consultent  jrour  f.iirc  c.Tsicr  Je 
testament  du  feu  comte  Raison  '. 

XI.  Alfonse  &  Jeanne,  ja  fciv.r.'e,  s'accoir.ir.ot'ent 
avec  les  légataires  de  Raimord. 

XII.  Alfonse  &  Jeanne  p.nrccurtiit  le  reste  de 
1.  iirs  domaines. 

XIIJ.  l.c  comte  &  la  comtesse  de  Toulouse  retcur- 
n.-.'t  en  France  &  y  font  leur  séjour  ordinaire. 
— -  Administration  de  leurs  domaines. 

XIV.  Brouilleries  entre  l'archevêque  &  le  vicomte 
de  Narbonne. 

XV.  Démêlés  des  ecclésiastique»  de  la  Province 
avec  les  officiers  du  roi. 

XVI.  Alfonse  envoie  des  commissaires  réforir.ô- 
teurs  dans  ses  Etats. 

XVII.  Le  comte  de  Toulouse  tombe  danjeicuse- 
ment  malade,  prend  de  nouveau  la  croix  &  en- 
voie divers  chevaliers  à  la  Terre-Sainte. 


SOMMAIRES  DES  CHAPITRES. 


xlix 


XVIII.  Maison  d'Anduze. 

XIX.  Alfonse  reçoit  la  soumission  de  Barrai  de 
Baux. 

XX.  Alfonse  se  prépare  à  partir  pour  la  Terre- 
Sainte. 

XXI.  Le  comte  de  Toulouse  a  des  sujets  de  que- 
relle avec  le  roi  d'Angleterre. 

XXII.  Le  roi  revient  en  France  avec  divers  che- 
valiers de  la  Province  qui  l'avoient  suivi  à  la 
Terre-Sainte.  —  Seigneurs  de  Castres  &  de  Lom- 
bers. 

XXIII.  Le  roi  arrive  à  Beaucnire  &  parcourt  une 
partie  du  Languedoc.  —  Origine  de  l'assemblée 
des  trois  Etats  de  la  Province. 

XXIV.  Seigneurs  &  évéques  d'Uzès.  —  Abbaye  de 
Fonts,  prés  d'Alais.  —  Dilférend  des  évéqt  es 
du  Puy  avec  le  roi  pour  la  régale. 

XXV.  Le  roi  envoie  des  commissaires  dans  les  sé- 
néchaussées de  Beaucaire  &  de  Carcassonne.  — 
Concile  &  évéques  d'Albi. 

XXVI.  Fin  des  vicomtes  de  Minerve. 

XXVII.  Le  roi  publie  une  ordonnance  pour  les 
sénéchaussées  de  Beaucaire  &  de  Carcassonne. 

XXVIII.  Alfonse  publie  une  ordonnance  sem- 
blable pour  ses  domaines.  —  Concile  ou  assem- 
blée de  Béziers 

XXIX.  Siège  &  prise  du  château  de  Quéribus, 
dans  le  Fenouillédes.  —  Les  évéques  de  la  Pro- 
vince prétendent  s'exempter  du  droit  de  che- 
va  uchée. 

XXX.  Différends  d'Alfonse,  comte  de  Toulouse, 
avec  les  habitans  de  cetce  ville. 

XXXI.  Les  habitans  de  Montpellier  lâchent  de  se 
rendre  indépendans.  —  Ils  font  la  guerre  aux 
Marseillois. 

XXXII.  Les  rois  de  France  8c  d'Aragon  compro- 
mettent de  leurs  différends.  —  Le  dernier  tente 
de  soumettre  la  ville  de  Montpellier, 

XXXIII.  Procédures  des  commissaires  du  roi  pour 
les  restitutions. 

XXXIV.  Alfonse  se  dispose  à  passer  dans  la  Terre- 
Sainte.  —  Monnoie  de  Toulouse. 

XXXV.  Le  vicomte  de  Narbonne  défie  le  roi  d'Ara- 
go„.  —  Évéques  de  Maguelonne, 

XXX\'I.  ^'icomtes  de  Lautrec,  —  Seigneurs  de 
Castres. 

XXXVII,  Olivier  de  Termes  revient  de  la  Terre- 
Sainte.  —  Suite  de  sa  vie, 

XXXVIII,  Archevêques  de  Narbonne.  —  Évéques 
du  Puy. 

XXXIX,  Inquisiteurs  de  la  foi  de  Toulouse  &  de 
Carcassonne. 

XL.  Traités  entre  les  rois  de  France  &  d'Aragon 
touchant  la  souveraineté  sur  la  Catalogne,  les 
comtés  de  Carcassonne  &  de  Razès,  &c. 

XLI.  Le  roi  d'Aragon  va  à  Montpellier  &  par- 
donne aux  habitans  qui  se  soumettent. 

XLIl.    Concile  de  Montpellier. 

XLIII.   Traiié  entre  la  France  &  l'Angleterre. 

XLU'.   Régale  du  Puy.  —  Évéques   de  Mende. 

XLV.  Différends  entre  les  officiers  du  roi  &  les 
évéques  d'Albi. 


XLVI.  Ordonnance  du  roi  pour  la  restitution  des 
biens  de  la  Province  mal  acquis  au  domaine. 

XL^'II.  Accord  entre  le  roi  &  l'archevêque  d'Arles 
touchant  Beaucaire  &  la  terre  d'Argence. 

XL\'III.  Archevêques  de  Narbonne.  —  Evéques 
du  Puy,  de  Lodève  &  de  Maguelonne,  —  Sei- 
gneurs de  Lunel. 

XLIX.  Suite  des  procédures  des  commissaires  du 
roi  pour  la  restitution  des  biens  mal  acquis  au 
domaine  dans  la  Province. 

L.  Le  roi  unit  la  ville  de  Pézenas  au  domaine, 
—  Seignturs  de  Mirepoix, 

LI.  Voyage  de  Jacques,  roi  d'Aragon,  en  deçà  des 
Pyrénées  &  à  Montpellier. 

LU,   Origine  du  parlement  de  Languedoc. 

LUI.  Alfonse  se  prépare  à  retourner  à  la  Terre- 
Sainte;  il  met  le  comte  d'Armagnac,  son  vassal, 
à  la  raison. 

LIV.  Procès  fait  à  Raimond  de  Felgar,  évèque  de 
Toulouse,  par  les  commiss.'iires  du  pape. 

LV.  Alfonse  prétend  exercer  les  droits  de  régale 
dans  l'église  de  Toulouse.  —  Evtques  de  cette 
ville. 

LVI.  Le  roi  d'Aragon  dispute  au  roi  la  souverai- 
neté sur  Montpellier. 

L^'II.  Voyage  du  cardinal  Fulcodi  en  France;  est 
élu  pape  sous  le  nom  de  Clément  IV.  —  Évèque 
de  Béziers. 

L^'III.  Mort  de  Roger  IV,  comte  de  Foix.  — 
Roger-Bernard   III,  son  fils,  lui  succède. 

LIX.   Construction  du  pont  Saint-Esprit. 

LX.  Divers  seigneurs  de  la  Province  vont  servir 
en  Italie  sous  Charles  d'Anjou. 

LXI.  Alfonse,  comte  de  Toulouse,  se  prépare  à 
son  expédition  dans  la  Terre-Sainte,  —  Il  de- 
mande un  don  gratuit  à  ses  sujets. 

LXII.  Le  pape  écrit  au  roi  touchant  le  comté  de 
Melgueil. 

LXIII.  Nouveaux  différends  entre  l'archevêque  & 
le  vicomte  de  Narbonne.  —  Monnoie  de  Nar- 
bonne &  de  Mende. 

LXIV.  Alfonse,  comte  de  Toulouse,  convoque  son 
parlement.  —  Michel  de  Toulouse,  vice-chan- 
celier de  l'Eglise  romaine. 

LXV.   Voyage  du  roi  d'Aragon  à  Montpellier. 

LXVI.  Le  comte  Alfonse  impose  un  subside  sur 
ses  sujets  pour  la  croisade. 

LXVII.  Vicomtes  de  Lautrec, 

LXVIII.  Alfonse  donne  divers  ordres  pour  le  gou- 
vernement de  ses  États.  —  Comtes  de  Rodez. 

LXIX.  Alfonse  tient  un  nouveau  parlement  &  se 
prépare  à  son  départ  pour  la  Terre-Sainte. 

LXX.  Alfonse  lève  une  imposition  sur  les  juifs  & 
accorde  quelques  privilèges  aux  habitans  de 
Toulouse. 

LXXI.  Faculté  de  droit  civil  établie  dans  l'uni- 
versité de  Montpellier. 

LXXII.  V.iins  efforts  de  l'église  de  Viviers  pour 
se  soustraire  à  l'autorité  du  roi,  sous  prétexte 
qu'elle  étoit  soumise  à  l'empire. 

LXXIII.  Mort   du  pape  Clément  IV.  —  Ses  ou- 


1 


SOMMAIRES  DES  CHAPITRES. 


LXXIV.  Le  roi  lève  des  subsides  pour  son  passage 
d'ovure-mer.  —  Assemblée  des  trois  états  de  la 
sénéchaussée  de  Carcassonne. 

LXX\'.  Seigneurs  de  Mirepoix.  —  Évéques  de  Car- 
cassonne. 

LXXV'I.  Jacques,  roi  d'Aragon,  se  met  en  mer 
pour  la  Terre-Sainte.  —  11  relâche  à  Aigues- 
mortes  &  abandonne  le  dessein  de  ce  voyage. 

LXXVII.  Arrivée  du  roi  saint  Louis  à  Aigiies-mor- 
tes  ;  il  y  st  journe  deux  mois  ou  dans  le  voisinage. 

LXXVIII.  Alfo  ise,  comte  de  Toulouse,  &  Jeanne, 
sa  femme,  arrivent  à  Aymargues  &  s'y  arrêtent. 

LXXIX.  Alfonse  &  Jeanne  font  leur  testament  à 
Aymargues. 

LXXX.  La  ville  de  Toulouse  fait  un  don  gratuit 
à  Alfonse. 

LXXXL  Départ  du  roi  pour  la  croisade.  —  No- 
blesse de  la  Province  qui  l'accompagne. 

LXXXII.  Alfonse  &  Jeanne  s'embarquent  .nprès 
avoir  mis  ordre  au  gouvernement  de  leurs  Etats. 

LXXXin.  Les  croisés  débarquent  sur  les  côtes 
d'Afrique.  —  Olivier  de  Termes  s'y  rend.  — 
Mort  du  roi  saint  Louis 

LXXXIV.  Vicomtes  de  Narbonne. 

LXXXV,  Seigneurs  de  Castres. 

LXXXVL  Les  peuples  de  la  sénéchaussée  de  Car- 
cassonne prêtent  serment  de  fidélité  au  roi.  — 
Assemblée  des  trois  états  de  celte  sénéchaussée. 


LXXXVII.  Nouvelle  assemblée  des  trois  états  i'»» 
la  sénéchaussée  de  Carcassonne. 

LXXXVIII.  Mort  d'Alfonse  &.  de  la  comtesse 
Jeanne,  sa  femme.  —  Le  roi  Philippe  III  unit 
leurs  Etats  à  son  domaine. 

LXXXIX.  Mœurs  &  coutumes  des  peuples  durant 
le  treizième  siècle.  —  Religion.  —  Clergé. 

XC.  Autorité  du  roi  dans  la  Province  &  des  grands 
vassaux. 

XCI.   Justice,  sénéchaux,  viguiers,  baillis,  &c. 

XCII.  La  Province  comprise  dans  la  Provence 
prise  en  général.  —  Langue  provençale. 

XCIII.  Loi  romaine.  —  Coutumes  particulières. 
—  Duel,  épreuve  du  fer  chaud,  &c. 

XCI'i^.  Punition  des  crimes.  —  Adultère.  —  Droit 
d'asile. 

XCV.  Bourgeois,  tiers  état,  assemblées  provincia- 
les, tailles  &  autres  subsides. 

XCV'I.  Noblesse,  chevalerie,  guerres  particulières, 
châteaux,  nouvelles  bastides. 

XCVII.   Serfs,  affranchissemens. 

XCVIII.  Franc-alleu.  —  Juifs. 

XCIX.  Commerce.  —  Monnoies  royales  &  sei- 
gneuriales de  la  Province. 

C.   Études,  universités,  poésie  provençale. 

CI.  Habits,  noces,  funérailles. 

en.   Notaires  publics.  —  Chronoloeie. 


JL  ' 


HISTOIRE   GENERALE    DE    LANGUEDOC 


HISTOIRE 


GENERALE 


DE  LANGUEDOC 


/««.■iÇ^*'t*ï.«f^«'t^'«-^Ç^Ï^'S-«^««^îî«^*'t!iÇ«t.^^ 


LIVRE   DIX-NEUVIEME 


1.  —  Origine  £•  progrès  de  l'hérésie  dans  lu  Province. 

LF.S  hérétiques  qui  donnèrent  occasion,  en  ii65,  à  la  célébration  du 
concile  de  Lomhers,  en  Albigeois,  tiroient  leur  origine'  des  mani- 
chéens d'Arménie  qui,  cherchant  à  faire  des  prosélytes,  pervertirent, 
vers  la  fin  du  neuvième  siècle,  une  partie  des  Bulgares  nouvellement  con- 
vertis à  la  foi  chrétienne*.  Quelques-uns  d'entre  ces  derniers  passèrent  dans 

•  Bossnet,  Hi noire  des  var'ratloni,l.  il.  —  Fleury,  des  patriarches  grecs  de  Constantinople,  les  églises 

Uiitoire  ecclésiaiti<juc,  1.  32,  n.   |8.  slaves,  formées  dans  le  courant  du   neuvième  siè- 

'  L'origine  orientale  de  la  secte  albigeoise  est  cle,  furent  en  proie  à  de  grandes  dissensions.  Do- 
un  fait  absolument  certain,  &  tous  les  auteurs  tées  par  les  papes  du  privilège  si  envié  de  garder 
modernes  s'accordent  pour  faire  naître  ces  doc-  une  liturgie  particulière  &  d'officier  dans  la  lan- 
trines  dans  les  couvents  gréco-slaves  du  bassin  du  gue  nationale,  elles  ne  purent  en  user,  &  de  là 
Danube.  Un  auteur  de  notre  temps,  dont  nous  une  guerre  sourde  entre  les  partisans  delà  litur- 
aurons  plus  d'une  fois  occasion  de  citer  les  tra-  gie  latine  &  ceux  des  rites  nationaux.  Mêlées 
Taux,  le  docteur  Schmidt  [Histoire  &  doctrine  de  la  d'ailleurs  aux  populations  païennes,  encore  nom- 
secie  des  cathares  &  des  albigeois,  deux  vol.  in-8",  breuses  dans  cette  partie  de  l'Europe,  &  dont  la 
Paris  &  Genève,  1849),  a  essayé  de  préciser  cette  conversion  fut  assez  longue,  ces  nations  subirent 
origine,  &  les  conclusions  auxquelles  il  est  arrivé  l'influence  de  leurs  dogmes  polythéistes,  en  même 
offrent  assez  de  vraisemblance  pour  que  nous  de-  temps  que  de  l'empire  byzantin  leur  venaient 
vions  en  donner  un  court  résumé.  toutes  les  hérésies  dont  fourmillaient  les  couvents 

M.   Schmidt    rattache    les   hérétiques   cathares,  grecs.   Au   nombre  de  ces  hérésies   était  le  mani- 

albigeois,  &c.  de  l'Occident  aux  sectes  dissidentes  chéisme  que  les  pauliciens  d'Arménie  avaient  ap- 

qui  s'étaient   formées  dans  le   bassin    inférieur  du  porté  en  Macédoine,  &  qui  fit  de  rapides  progrès 

Danube.  Placées  entre  l'influence  des  p.ipes  &  celle  dans  tout  l'empire  grec.  Tiaisportcci  au  dixièiv.c 


Éd.origin. 

i.  ni,  p.  1. 

An  1  i6fi 


Ail  I \6b 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XIX. 


la  suite  en  Italie  où  ils  portèrent  leurs  erreurs.  D'Italie  cette  hérésie  vint  en 
France  au  onzième  siècle,  sous  le  règne  du  roi  Henri  I,  qui  fit  brûler  à 
Orléans  plusieurs  de  ces  manichéens.  Us  eurent  le  même  sort  dans  le  Tou- 
lousain 8t  dans  les  autres  provinces  où  ils  s'étoient  répandus.  Leur  secte  y 
demeura  depuis,  sinon  éteinte  du  moins  cachée,  jusqu'à  ce  que  Pierre  de 
Bruis  8c  Henri,  son  disciple,  l'ayant  renouvelée  vers  le  commencement  du 
siècle  suivant,  dogmatisèrent  publiquement.  On  a  rapporté  ailleurs'  de  quelle 
manière  ce  dernier  séduisit  une  partie  des  peuples  du  Toulousain  Si  des 
environs,  &  les  travaux  ilu  cardinal  Albéric,  légat  du  pape  Eugène  HI,  &  de 
Kd.origin.  52i„t  Bernard,  qui  £rent  un  voyage  sur  les  lieux  pour  extirper  ses  erreurs. 
Par  malheur,  malgré  tous  les  soins  de  ces  hommes  apostoliques,  les  hérétiques 
se  conservèrent  dans  le  pays;  ils  y  prirent  bientôt  après  de  nouvelles  forces 
&  s'étendirent  sous  différens  noms,  non-seulement  dans  les  provinces  voi- 
sines, mais  encore  dans  presque  toute  l'Europe. 

Un  ancien  auteur^  rapporte  que  les  disciples  d'Henri,  faisant  de  grands 
progrès  en  ii5i,  surtout  en  Gascogne,  Dieu  suscita  une  jeune  fille  qui  dis- 
puta contre  eux  &  en  ramena  plusieurs  à  la  foi  catholique.  Leurs  erreurs 
passèrent,  avant^  l'an  1160,  de  Gascogne  dans  toute  la  Gaule,  l'Espagne, 
l'Italie  8t  l'Allemagne,  £<.  jusque  dans  les  îles  Britanniques  où  elles  furent 
condamnées  la  même  année  dans  un  concile  tenu  à  Oxford.  Celui  de  Tours'*, 
de  l'an  ii63,  auquel  assistèrent  dix-sept  cardinaux,  cent  vingt-quatre  évo- 
ques &  plus  de  quatre  cens  abbés,  avec  le  pape  Alexandre  III  qui  y  présida, 
dressa  en  ces  termes  son  quatrième  canon  contre  les  mêmes  hérétiques  : 
«  Une  damnable  hérésie  s'est  élevée  depuis  longtemps  dans  le  pays  de  Tou- 
«  louse  d'où  elle  a  gagné  peu  à  peu  la  Gascogne  &  les  autres  provinces,  Si 
«  a  infecté  plusieurs  personnes.  C'est  pourquoi  nous  ordonnons,  sous  peine 
«  d'excommunication,  aux  évcques  8c  aux  ecclésiastiques  du  pays  d'y  apporter 
«  toute  leur  attention  Se  d'empêcher  qu'on  ne  donne  retraite  aux  hérétiques 
«  Si  qu'on  n'ait  commerce  avec  eux,  soit  pour  vendre,  soit  pour  acheter.  »  Il 
est  ordonné  ensuite  aux  princes  catholiques  d'emprisonner  ceux  de  ces  sec- 
taires qu'on  découvriroit  8c  de  confisquer  leurs  biens;  «  8c  parce  que,  est-il 

siècle  dans  la  Dalmatie,  ces  doctrines  hétérodoxes  tie  sur   l'interprétation   personnelle   des  Écritures 

ne   tardèrent   pas  à  passer  en   Italie   &   de   là  en  par  les  fidèles,  cette  liberté  laissée  à  l'action  indi- 

France.  viduelle  dut  amener  de  grandes  divergencss  entre 

Ce  fut  une  femme  italienne  qui  les  fit  connaître  les  opinions,   de  même  qu'au   seizième  siècle,  du 

»ux  hérétiques  brûlés  à  Orléans  en  1022.  jour  où  Luther  eut  remis  la  Bible  entre  les  mains 

Au  onzième  siècle  le  manichéisme  avait  gagné  de  tous,  chacun  put  se  créer  une  doc-  trine  pnrii- 

toute  la   Lombardie,  que  les  guerres  civiles  cnlc-  culière.  [A,  M.] 

vaient  à  la  surveillance  des  papes.  En  même  temps  'Voyez    tome    III   de    cette    édition,    1.    XVII, 

d'autres  missionnaires  hérétiques  allaient  par  l'Ai-  n.  lxxiv,  p.  741   &  suiv. 
leraagne  &  les  bords  du  Rhin  gagner  à  leur  foi  la  '  Math.  Parisiensis,  nd  ann.   i  i5i. 

Flandre,  les   Pays-Bas   &  le   centre  de  la   France.  '  Cuillelmus  Neubrigensis,   Rerum  An^llc^rum, 

C'est  sans  doute  à  ces  origines  diverses  qu'il  faut  1.  2,  c.   i3. 

attribuer  en  partie   la  confusion  qui   régnait  dans  ■*  Le  P.  Labbc,  Conciliorum  colhetlo,  &.c.   t.  10, 

toutes  ces  doctrines,  la  plupart   fort  incohérentes.  c.   i^ip. 
Ajoutons  que  la  doctrine  cathare  reposant  en  par- 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XIX.  3 

«  ajouté  dans  le  canon,  ils  se  rassemblent  souvent  de  divers  endroits,  on  fera 
<c  un&  recherche  exacte  de  leurs  conventicules,  qu'on  détendra  sévèrement,  n 
Le  sommaire  de  ce  canon  est  ainsi  conçu  ;  Que  tous  évitent  le  commerce  des 
hérétiques  albigeois.  Cela  prouveroit  que  le  nom  d'albigeois  étoit  déjà  alors 
en  usage  pour  désigner  ces  hérétiques,  s'il  ne  paroissoit  d'ailleurs  que  ce 
sommaire  a  été  dressé  longtemps  après.  En  eftet,  le  nom  d'albigeois  n'est' 
employé  dans  ce  sens  que  dans  des  monumens  bien  postérieurs. 

Enfin  ces  mêmes  hérétiques  avoient  fait,  en  ii63,  de  grands  progrès  dans 
le  Périgord,  suivant  le  témoignage  d'un  auteur  contemporain^  qui  décrit 
leurs  mœurs  de  la  manière  suivante  :  «  Ces  faux  prophètes  prétendent  mener 
«  une  vie  apostolique  8<  imiter  les  apôtres.  Ils  prêchent  sans  cesse,  marchent 
«  nu-pieds,  prient  à  genoux  sept  fois  par  jour  &  autant  pendant  la  nuit; 
«  ils  ne  veulent  recevoir  d'argent  de  personne,  ne  mangent  point  de  viande 
Il  &  ne  boivent  pas  de  vin,  &  se  contentent  de  recevoir  leur  simple  nourri- 
ce ture;  ils  disent  que  l'aumône  ne  vaut  rien,  parce  que  personne  ne  doit 
«  rien  posséder;  ils  refusent  de  participer  à  la  sainte  communion,  prétendent 
«  que  la  messe  est  inutile.  Se  déclarent  qu'ils  sont  prêts  à  mourir  6c  à  souffrir 
«  le  dernier  supplice  pour  leur  croyance.  Ils  font  semblant  d'opérer  des  pro- 
K  diges,  &c.  Ils  sont  au  nombre  de  douze  principaux,  sous  la  conduite  d'un 
Il  chef  nommé  Pons.  »  C'est  de  ce  nombre  de  douze  que  ces  imposteurs  se 
firent  appeler  apostoliques. 

II.  —  Concile  de  Lomhers. 

Les  évêqucs  &  les  seigneurs  de  la  Province  voulant  arrêter  les  progrès  de 
l'erreur,  conformément  au  ^  concile  de  Tours,  s'assemblèrent  vers  le  mois  de 
mai"*  de  l'an  ii65,  à  Lombers,  petite  ville  du  diocèse  d'Albi,  dont  les  habi- 
tans,  entre  lesquels  il  y  avoit  plusieurs  chevaliers,  protégeoient  les  hérétiques. 
Il  paroît  que  Guillaume,  évêque  d'Albi,  procura  la  tenue  de  cette  assemblée 
à  laquelle  se  trouvèrent^  avec  lui  Pons  d'Arsac,  archevêque  de  Narbonne,  les 
évêques  Aldebert  de  Nimes,  Gaucelin  de  Lodève,  Gérard  de  Toulouse,  S< 
Guillaume  d'Agde  ;  &  huit  abbés  dont  quatre  étoient  du  diocèse  d'Albi, 
savoir  :  Roger  de  Castres,  Henri  de  Gaillac,  Pierre  d'Ardorel,  £<  celui  de 
Candeil  dont  on  ne  marque  pas  le  nom.  Les  quatre  autres  abbés  étoient 
Raimond  de  Saint-Pons  S<  Alphonse  de  Fontfroide,  au  diocèse  de  Narbonne, 
Raimond  de  Saint-Guillem,  dans  celui  de  Lodève,  S<  Pierre  de  Cendras, 
dans  celui  de  Nimes.  Les  prévôts  des  cathédrales  de  Toulouse  £<.  d'Albi,  avec 
les  archidiacres  de  Narbonne  6c  d'Agde,  8i  plusieurs  autres  ecclésiastiques  v 
assistèrent  aussi.  Quant  aux  seigneurs  séculiers,  Constance,  sœur  du  roi 
Louis  le  Jeune,  Se  femme  de  Raimond  V,  comte  de  Toulouse,  s'y  trouva  avec 

■  Voyez  tome  VII,  Uote  XIII,  p.  3.'5.  '  Le  P.   Labbe,  Concillorum  cotlcctio,  &c.  t.    lo, 

'Annal,    abhat,    Mjrgar.    —    M.ibillon ,    Vctcru        c.   1470. 
analecta,  t.   3,   p.   4')-/.  —  Pngi ,  ann.   11  63,  n.  3  *  Voyez  tome  VII,  Note  I,  p.  1, 

&  seq.  5  nu. 


An  1 165 


An  I  lOJ 


4  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XIX. 

T\enca.vQ\,  vicomte  (&  non  pas  comte  comme  quelques  '  modeines  l'ont  avancé) 
uuriil'I  d'Albi,  de  Béziers,  de  Carcassonne  St  de  Razès;  Sicard,  vicomte  de  Lautrec, 
8<,  Isarn  de  Dourgne.  Ce  dernier  prenoit  son  surnom  d'un  château  situé 
dans  l'ancien  Toulousain,  &  aujourd'hui  dans  le  diocèse  de  Lavaur,  Il  en 
partageoit  la  seigneurie  avec  ses  frères j  ils  en  avoient  hérité  de  Pons,  leur 
aïeul. 

Une  foule  de  peuple  accourut  de  tous  les  environs  à  cette  assemblée.  Elle 
nomma  d'abord^  des  députés  ou  commissaires  pour  disputer  contre  les  héré- 
tiques qui  se  faisoient  appeler  hons-liommes  ik  qui  avoient  à  leur  tête  un 
nommé.  Olivier.  On  choisit  pour  cela  les  évêques  d'Albi  &  de  Lodève,  les 
abbés  de  Castres,  d'Ardorel  &  de  Candeil,  &.  un  ecclésiastique  nommé 
Arnaud  de  Beben.  L'évêque  de  Lodève  interrogea  ensuite  les  hérétiques  au 
nom  de  l'évêque  d'Albi  qui,  comme  diocésain,  avoit  la  principale  autorité  sur 
eux,  &  leur  demanda  s'ils  recevoient  la  loi  de  Moïse  &.  les  autres  livres  de 
l'Ancien  Testament  :  ils  répondirent  qu'ils  n'admettoient  que  le  Nouveau. 
Puis  il  les  interrogea  sur  divers  articles  de  la  foi;  mais  ils  s'excusèrent  de 
répondre,  à  moins  qu'ils  n'y  fussent  contraints,  ou  s'expliquèrent  d'une 
manière  ambiguë.  Enfin  l'assemblée  ayant  écouté  tout  ce  qui  fut  dit  de  part 
8c  d'autre,  on  fit  silence  8c  l'évêque  de  Lodève  prononça  le  jugement  au  nom 
de  l'évêque  d'Albi  8c  de  ses  assesseurs.  Il  déclara  que  ceux  qui  se  faisoient 
appeler  bons-hommes  étoient  hérétiques.  «  Je  condamne,  ajouta-t-il,  la  secte 
«  d'Olivier  8c  de  ses  associés,  qui  tiennent  le  sentiment  des  hérétiques  de 
«  Lombers,  quelque  part  qu'ils  soient,  suivant  l'autorité  des  écritures.  »  Il 
rapporta  ensuite  plusieurs  passages  du  texte  sacré  pour  réfuter  les  erreurs  des 
sectaires,  qu'il  partagea  en  six  articles.  Les  hérétiques  se  récrièrent  beaucoup 
contre  cette  sentence  :  ils  prétendirent  qu'elle  étoit  injuste  8c  qu'ils  ne  pou- 
voient  être  jugés  par  l'évêque  de  Lodève  qui  étoit,  disoient-il's,  leur  ennemi, 
un  hérétique,  un  faux  pasteur  8c  un  hypocrite.  C'est  la  raison  pour  laquelle, 
ajoutèrent-ils,  nous  n'avons  pas  voulu  lui  rendre  compte  de  notre  foi;  mais 
nous  offrons  de  prouver,  par  les  évangiles  6*  les  épitres,  qu'il  n'est  pas  un 
pasteur  légitime,  non  plus  que  les  autres  prêtres  8c  évêques,  8c  qu'ils  sont 
tous  des  mercenaires  :  a  Ma  sentence  est  juridique,  répliqua  ce  prélat;  je  suis 
«  prêt  de  la  soutenir  en  la  cour  du  pape  Alexandre,  en  celle  de  Louis,  roi 
«  de  France,  en  celle  de  Raimond,  comte  de  Toulouse,  ou  de  sa  femme  qui 
K  est  ici  présente,  8c  enfin  en  celle  de  Trencavel  qui  est  aussi  présent.  »  Ce 
dernier,  en  qualité  de  vicomte  d'Albi,  avoit  la  principale  autorité  temporelle 
clans  le  pays,  après  le  comte  de  Toulouse  qui  en  possédoit  le  comté. 

Les  hérétiques  se  tournant  alors  vers  le  peuple  :  Écoute-^,  dirent-ils,  gens 
de  bien,  notre  profession  de  Jbi.  Ils  parlèrent  ensuite  sur  les  articles  contestés, 
comme  les  catholiques;  mais  l'évêque  de  Lodève  leur  ayant  proposé  de  faire 
serment  qu'ils  croyoient  de  cœur  ce  qu'ils  venoient  de  confesser  de  bouche, 

■  Langlois,  Histoire  Jes  croisades  contre  les  a.lii-  '  Le  P.   L;il)be,  Concilicrum  coUcctio,  S<.c.  t.  lo, 

geois,  l.  I,  p.  32.  c.   H70. 


HISTOIRE,  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XIX.  5  ~~ ~~ 

An  iiCo 

ils  le  lefuscrent,  sous  prétexte  qu'il  n'étoit  pas  permis  de  faire  serment,  sui- 
vant levangile  6-  les  épitres,  en  quoi  ils  erroient  manifestejnent.  Aussi 
furent-ils  condamnés  de  nouveau  par  l'évêque  de  Lodève  qui  prouva  par 
divers  passages  du  Nouveau  Testament  que  le  serment  étoit  permis,  &, 
qu'étant  notés  d'hérésie,  ils  dévoient  s'en  purger  par  serment. 

Ces  prétendus  bons  hommes,  se  voyant  convaincus  sur  ce  point,  s'excu- 
sèrent de  faire  le  serment  qu'on  leur  demandoit,  sous  prétexte  que  l'évêque 
d'Albi  leur  avoit  promis  de  les  en  dispenser.  Ce  prélat  se  leva  aussitôt  8c, 
leur  ayant  donné  un  démenti  formel,  il  confirma  par  son  suffrage  la  sen- 
tence prononcée  contre  eux  par  l'évêque  de  Lodève,  &  défendit  aux  cheva- 
liers de  Lombers,  en  vertu  de  l'engagement  qu'ils  avoient  pris  avec  lui,  de 
protéger  les  sectaires.  Les  abbés  de  Castres,  d'Ardorel  &  de  Candeil,  8c 
Arnaud  de  Beben,  commissaires,  confirmèrent  ensuite  la  sentence;  elle  fut 
souscrite  après  eux,  en  présence  de  tout  le  peuple,  par  l'archevêque  de  Nar- 
bonne,  les  autres  évêques,  abbés  8c  ecclésiastiques;  par  le  vicomte  Trencavel; 
par  Constance,  qui  se  qualifie  sœur  du  roi  de  France  6-  femme  de  Raimond, 
comte  de  Toulouse,  8c  qui  souscrivit  immédiatement  après  Trencavel  ;  par 
Sicard,.  vicomte  de  Lautrec,  8c  enfin  par  Isarn  de  Dourgne. 

C'est  ainsi  que  les  hérétiques  henriciens,  connus  alors  sous  le  nom  de 
hons-hommes,  furent  condamnés  en  ii65,  dans  le  concile  de  Lombers,  petite     Éd.crisin. 

•  .    .  't.  lu,  p,  .1, 

ville  située  à  deux  lieues  d'Albi,  vers  le  midi  Se  les  frontières  du  diocèse  de 
Castres,  8c  non  à  Lombez  sur  la  Save,  dans  le  Toulousain,  comme  quelques- 
uns  de  nos  critiques'  les  plus  célèbres  l'ont  cru.  La  plupart  des  modernes  se 
sont  trompés'  aussi  en  rapportant  ce  concile  à  l'an  1176.  Un  des  plus  habiles 
d'entre  eux^  remarque  à  cette  occasion  que  les  originaux  du  concile  de  Lom- 
bers prouvent  que  les  hérétiques  qui  y  furent  condamnés  étoient  des  mani- 
chéens, puisqu'ils  rejetoient  l'Ancien  Testament  8c  condamnoient  le  mariage. 
Du  reste,  nous  n'entrerons  pas  ici  dans  le  détail  des  autres  erreurs  qu'ils  sou- 
tenoient  ou  que  différents  auteurs  leur  attribuent,  il  nous  suffira  de  dire  en 
général  qu'ils  étoient  presque  tous  extrêmement  ignorans  Se  qu'ils  n'avoient 
pas  proprement  de  système  uniforme,  quoique  le  fond  de  leurs  erreurs  fût  le 
pur  manichéisme. 

IlL  —  Concile  de  Capestang, 

Il  paroît  que  Pons,  archevêque  de  Narbonne,  confirma,  au  mois  de  juillet 
de  l'an  1166,  à  Capestang,  petite  ville  de  son  diocèse,  la  condamnation  qu'il 
avoit  déjà  faite  des  hérétiques  au  concile  de  Lombers.  Nous  savons  du  moins 
que  ce  prélat,  Pons,  évêque  de  Carcassonne,  Guillaume,  évêque  d'Agde, 
Jean,  évêque  de  Maguelonne,  8c  plusieurs  abbés  8c  ecclésiastiques  du  second 
ordre  s'assemblèrent "*  alors  dans  ce  lieu  où  Bérenger  de  Sallèles  ratifia  en 

■  Bossuet,  Histoire  Jes  variations,  1.   il,  —  Pngi,  '  FIciiry,  Histoire  ecclhlaslique,  1.  62,  n,  61. 

ad  ann.  1 176,  n,  1.  *  Archives  de  l'église  dt  Narbonne. 

'  Voyez  tome  VII,  Noff  T,  p.  i. 


Au  II 65 


6  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XIX. 

leur  présence  une  donation  que  son  aïeul  8t  son  père  avoient  faite  aux  reli- 
gieux du  prieuré  de  Sallèles,  dépendant  de  l'abbaye  de  Moissac. 

IV.  —  Ces  hérétiques  nommés  albigeois.  —  Origine  de  ce  nom.  —  Leurs 

nouveaux  progrès. 

Quant  au  nom  d'albigeois,  qui  fut  donné  aux  hérétiques  condamnés  au 
concile  de  Lombers,  quelques  auteurs  croient  que  ce  fut  à  cause  qu'ils  étoient 
.  en  plus  grand  nombre  dans  le  diocèse  d'Albi  que  partout  ailleurs'.  Mais  il 
est  certain  qu'on  ne  commença  à  leur  donner  ce  nom  qu'en  1208  8<.  dans  le 
temps  de  la  croisade  qu'on  publia  contre  eux.  Or,  comme  ils  étoient  alors 
pour  le  moins  aussi  nombreux  dans  le  Toulousain,  les  diocèses  de  Carcas- 
sonne  8c  de  Béziers  &  divers  pays  de  l'Aquitaine,  que  dans  l'Albigeois  pro- 
prement dit;  il  nous  paroît  qu'on  les  appela  albigeois  parce  qu'ils  avoient  été 
d'abord  condamnés  dans  le  diocèse  d'Albi.  Aussi  nommoit-on,  au  treizième 
siècle,  parties  d'Albigeois  presque  tout  le  haut  Languedoc  &  les  pays  voisins, 
à  cause  que  ces  sectaires  y  étoient  également  répandus.  D'autres  entre  les- 
quels* est  le  célèbre  M.  de  Thou,  prétendent  que  ce  n'est  pas  du  pays  d'Al- 
bigeois, en  Aquitaine,  mais  du  Vivarais,  dont  l'ancienne  capitale  s'appelloit 
Albe,  que  ces  hérétiques  prirent  leur  nom;  mais  ce  sentiment  ne  paroît^ 
avoir  aucun  fondement  solide. 

La  condamnation  de  ces  sectaires  au  concile  de  Lombers  n'empêcha  pas 
leurs  progrès,  tant  dans  la  Province  que  dans  les  pays  étrangers'*,  8c  ils 
s'étendirent  surtout  en  Bourgogne  8c  en  Flandres,  sous  le  nom  de  poplicains. 
Quelques-uns  d'entre  eux  ayant  été  pris  à  Vézelai,  en  1167,  les  archevêques 
de  Lyon  8c  de  Narbonne,  l'évêque  de  Nevers  Se  plusieurs  abbés  s'assemblèrent 
dans  cette  abbaye  8c  les  convainquirent  de  n'admettre  que  la  seule  essence 
divine  ;  c'est  de  là  sans  doute  que  divers  anciens  les  appellent  ariens.  Ils 
furent  convaincus  aussi  de  rejeter  le  baptême  des  enfans,  l'eucharistie  8c  le 
jnariage,  8c  de  plusieurs  autres  erreurs  :  les  uns  se  convertirent,  les  autres 
refusèrent  de  faire  abjuration  8c  furent  brûlés 5  vifs. 

On  assure<5,  sur  l'autorité  d'un  monument  qu'on  prétend  ancien,  que  les 
hérétiques  s'étant  accrus  extrêmement  dans  le  Toulousain  ils  tinrent  en  1167 
un  conciliabule  général  de  leur  secte  à  Saint-Félix  de  Caraman,  à  cinq  lieues 
de  Toulouse,  que  leur  prétendu  pape,  appelé  Niquinta,  présida  à  l'assemblée 

'  Voyez  tome  vu  ,  Kote  XllI ,   p.  33.  —  Re-  e'iîegSum,  t.  3,  p.  644.  —  Diicliesne,  Hlstônac  Franc. 

marquons  pourtant  que  le  sommaire  du  concile  de  SS,  t.  4,  p.  720. 

Tours  de  1162  (Voyez   plus   haut,  n.  i)  porte  les  ^  Le  P.  Labbc,  BlbUothcci  nova  monuscnftorum, 

hérétiques    albigeois.  Il    est  vrai   que  dom  Vaissete  t.  i,  p.  Sny. 

dit  que  ce  sommaire  a  été  rédigé  postérieurement.  «  Besse,   Histoire  des  ducs,  marquis  &  comtes  de 

Nous  ignorons   sur   quoi    il  se  fonde  pour  parler  Narhonne,   pp.    042    &   4S3.   —   Percin,   Notae  in 

ainsi.  [A.  M.]  haereScm  Aliigcnsium,  part.  I.  — Voyez  tome  VII, 

'  Voyez  tome  VII,  Note  XIII,  p.  33.  Note  I,  n.  4.  —Voyez  la  remarque  que  nous  avons 

3     rt  ■ j  .  ,  *  ^ 

•"'"'•  ajoutée  à  ce  que  dom  Vaissete  dit  de  ce  concile, 

'  D'Achéry,  Historii  Fir^ehcensis,  dans  le  Spi-       tome  VII,  p.  4,  c.  2. 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  X!X. 


An   Ii6j 


t.  m,  p.  5. 


à  laquelle  se  trouvèrent  les  députés  des  hérétiques  de  France,  de  Loinbardie, 
de  l'Albigeois,  du  Toulousain,  de  Carcassonne  8<.  de  la  vallée  d'Aran,  en 
Gascogne;  que  ce  prétendu  pontife  consacra  alors  un  évêque,  nommé  Bernard- 
Raimond,  pour  ceux  du  Tioulousain  ;  qu'il  en  ordonna  d'autres  pour  les 
églises  de  Carcassonne,  d'Aran,  d'Albigeois,  de  France  &  de  Lombardie,  & 
qu'il  déclara  que  ces  évêques  seroient  indépendans  les  uns  des  autres.  Ensuite 
les  églises  de  Toulouse  8c  de  Carcassonne  choisirent,  dit-on,  chacune  huit 
commissaires  pour  régler  les  limites  de  leurs  diocèses;  celui  de  Toulouse  eut 
la  même  étendue  que  le  diocèse  catholique  de  cette  ville,  qui  comprenoit 
alors  tout  ce  qui  est  renfermé  aujourd'hui  dans  la  province  ecclésiastique  de  ûâ.  oiigin. 
Toulouse,  8c  on  assigna  au  diocèse  de  Carcassonne  tout  le  reste  de  la  pro- 
vince de  Narbonne. 

V.  —  Raîmond,  comte  de  Toulouse,  se  sépare  de  Constance,  sa  femme. 

Constance  fit  un  voyage  k  la  cour  du  roi  Louis  le  Jeune,  son  frère,  peu 
de  temps  après  avoir  assisté  au  concile  de  Lombers.  Il  paroît'  qu'elle  se  sépara 
alors  entièrement  de  Raimond  V,  comte  de  Toulouse,  son  mari,  de  qui  elle 
avoit  reçu  divers  sujets  de  mécontentement  Se  qui  ctoit  alors  en  Provence,  8c 
qu'elle  ne  le  rejoignit  plus  le  reste  de  ses  jours.  Elle  se  plaignoit  de  ce  que 
ce  prince  n'avoit  pas  pour  elle  tous  les  égards  qui  lui  étoient  dus  8c  de  ce 
qu'il  avoit  des  maîtresses.  C'est  ce  que  nous  voyons  par  divers  monumens, 
entre  autres  par  les  lettres  qu'elle  écrivit  au  roi  Louis  le  Jeune,  son  frère. 
Dans  l'une*,  elle  le  prie  très-î'nstammcnt  de  la  secourir  au  plus  tôt,  ne  pou- 
vant plus  supporter  son  malheur;  elle  lui  recommande  un  chevalier,  nommé 
Gui,  «  qui  est  parfaitement  instruit,  ajoute-t-elle,  de  tous  mes  secrets  8c  qui 
((  vous  fera  part  de  la  nécessité  où  je  me  trouve.  »  Dans  une  autre ^  lettre 
elle  se  réjouit  d'en  avoir  reçu  une  de  ce  prince.  «  Si  vos  promesses,  lui  dit- 
ti  elle,  sont  bientôt  accomplies,  elles  me  rendront  heureuse,  de  malheureuse 
<|  que  je  suis  depuis  longtemps.  J'appréhende  cependant  que  vos  envoyés  8c 
«  les  miens  ne  me  trompent,  8<,  pour  dissiper  entièrement  ma  crainte,  je 
«  vous  supplie  de  ne  pas  oublier  votre  infortunée  sœur.  »  Enfin  elle  lui 
écrivit  la  lettre  suivante*  :  «  A  son  très-cher  père  8c  vénérable  seigneur,  Se 
«  son  très-cher  frère  Louis,  par  la  grâce  de  Dieu  roi  des  François,  Cons- 
«  tance,  comtesse  de  Saint-Gilles,  salut,  mais  surtout  affection.  Je  vous  fais 
«  savoir,  comme  à  celui  en  qui  je  mets  toute  mon  espérance  après  Dieu,  que 
«  le  même  jour  que  Simon,  notre  domestique,  est  parti  d'auprès  de  moi,  j'ai 
«  quitté  l'hôtel  8c  me  suis  rendue  dans  un  village,  en  la  maison  d'un  certain 
«  chevalier,  car  je  n'avois  ni  de  quoi  manger,  ni  de  quoi  donner  à  mes  ser- 
«  viteurs.  Le  comte  n'a  aucun  soin  de  moi  8c  ne  me  fournit  rien  de  son 
K  domaine  pour  mes  besoins.  C'est  pourquoi  je  supplie  votre  altesse,  si  les 

'  Voyez  tome  Vil,  Vole  II,  p.  5.  •  Diichesrte,  Hiit.  Franc,  f.  4,  p,  jiô,  ep.  ^5o. 

'  Duchcsn»,  fiistoriac  Franc,  t.  4,  p.  712.  *  IbiA.  ep.  44'j. 


—  8  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XIX. 

An  1 165 

«  ambassadeurs  qui  vont  à  la  Cour  vous  disent  que  je  suis  ijien,  de  n'y  pas 

«  ajouter  foi;  la  chose  est  telle  que  je  vous  la  mande,  8t  si  j'avois  osé  vous 

«  écrire,  je  vous  aurois  fait  un   plus  long  récit  de  mes  malheurs;  adieu.   » 

Constance  alla  peut-être  joindre  le  roi,  son  frère,  en  Auvergne,  dans  le  temps 

que  ce  prince  fut  occupé,  en'   ii65,  dans  cette   province,  à  une  expédition 

contre  les  comtes  du  pays  8i  le  vicomte  de  Polignac. 

VI.  —  Expédition  du  roi  Louis  le  Jeune  en  Auvergne  contre  les  comtes 
d'Auvergne  i-  du  Puy,  6-  le  vicomte  de  Polignac, 

Guillaume  VI,  comte  d'Auvergne,  descendoit  des^  anciens  vicomtes  de  Cler- 
mont,  à  qui  les  comtes  de  Toulouse,  ducs  d'Aquitaine,  avoient  inféodé  les 
comtés  d'Auvergne  &  de  Vêlai,  &  qui  depuis  avoient  pris  le  titre  de  comte. 
Il  eut  deux  fils,  Robert  III,  qui  lui  succéda  dans  le  comté  d'Auvergne,  & 
Guillaume  VHP.  Pvobert  III  fut  père  de  Guillaume  VII,  qui  devoit  natu- 
rellement lui  succéder;  mais  Guillaume  VIII,  oncle  paternel  de  ce  dernier, 
lui  disputa  la  succession,  s'empara  de  l'Auvergne,  prit  le  titre  de  comte  du 
pays,  &  ne  laissa  qu'une  partie  du  domaine  de  sa  maison  à  Guillaume  VII, 
qui  la  posséda  sous  le  nom  de  comte  du  Puy^^  parce  que  les  biens  qui  lui 
furent  laissés  étoient  situés  en  partie  dans  le  Vêlai,  qui  étoit  encore  alors  uni 
avec  le  comté  d'Auvergne. 

Guillaume  VII  Si  Guillaume  VIII,  qui  sont  qualifiés  assez  souvent  tous 
deux  ensemble  comtes  d'Auvergne  dans  les  monumens^  du  temps,  s'étant 
unis,  après  avoir  pacifié  leurs  querelles  domestkjues,  commirent  une  infinité 
de  brigandages''  dans  les  domaines  des  églises  de  l'Auvergne  &  du  Vêlai; 
tandis  que  d'un  autre  côté  Pons,  vicomte  de  Polignac,  ayant  enfreint''  la 
paix  qu'il  avoit  conclue  en  1162,  à  Souvigni,  en  présence  du  roi,  avec 
l'évêque  du  Puy,  vexoit  ce  prélat^,  l'abbaye  de  la  Chaise-Dieu  Si  les  autres 
églises  du  pays.  Si  continuoit  d'exiger  les  péages  à  la  levée  desquels  lui  Si 
son  père  avoient  si  souvent  Si  si  solennellement  renoncé. 

La  crainte  des  foudres  de  l'Eglise  avoit  engagé  Guillaume  VIII,  lorsque  le 
pape  Alexandre  III  passa  à  Clermont',  de  s'accommoder  avec  l'évêque  de 
cette  ville.  Le  pape  confirma  alors  cet  accord  par  une  bulle  datée  de  la  même 
ville,  le  19  d'août;  ainsi  cette  bulle  appartient  à  l'an  1162  81  non  pas  à 
î'\n"o'"6  ''^^  'i65,  comme  un  moderne '°  l'a  avancé.  Alexandre  n'eut  pas  plutôt  quitté 
l'Auvergne  que  Guillaume  VIII,  son  fils  Robert  Si  le  comte  du  Puy,  son 
neveu,  recommencèrent  leurs  courses.  Ils  ravagèrent  entre  autres  la  ville  de 

'  Voyez  tome  VII,  Note  III,  p.  8.  "  Duchesne,  ffislori.:e  Franc,  t.  4,  pp.  417,  rtop, 

*  Voyez  tome  II,  ?/ote  XVII,  p.  42.  631,671,631,689. 

^  Baluze,  Histoire  généalogique  lie  Ici  maison  d'Au-  '  IhiJ.   p.  417.  —  B.nluze,  Histoire  généalogique 

fergne,  t.   1,  p.  59  &  suiv.  rfe  la  maison  d'Auvergne,  t.  2,  p.  66. 

*  Duchesne,    Historiae  Franï.    t.  4,    p.  417.  —  *  Duchesne,  Historiac  Franc,  p.  682. 

Voyez  tome  II,  Note  XVII,  p.  42.  »  Baliize,  Histoire  généalogique  de  la  maison  d'Ju- 

'  Duchesne,  Historiae  Franc,  t.  4,  pp,  608,  63 1,       vergne,  t.  2,  p.  65. 
675  &  suiy.  '"  Ibid.t.  \,  ip.  60. 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XIX.  9      ^^  ,,^5 

Brioude  8c  les  domaines'  de  l'abbaye  de  ce  nom  avec  Pons,  vicomte  de  Poli- 
gnac,  le  comte  de  Rodez  &  divers  autres  seigneurs  8c  chevaliers  qu'ils  s'étoient 
associés  8c  dont  ils  avoient  formé  une  petite  armée.  Ces  nouveaux  désordres 
excitèrent  de  nouvelles  plaintes  de  la  part  de  l'évêque  de  Clermont  &c  de 
l'église  de  Brioude;  5c  s'étant  adressés  au  pape,  le  pontife  excommunia^  les 
deux  comtes  d'Auvergne  8c  le  vicomte  de  Polignac  par  une  bulle  datée  de 
Paris,  le  20  de  mars  de  l'an  ii63.  Guillaume  VIII  chercha  alors  à  faire  sa 
paix,  £c,  étant  allé  trouver  le  pape  Alexandre  III  à  Tours,  il  fit  tant  par  ses 
promesses  qu'il  obtint  son  absolution^,  vers  le  commencement  du  mois  de 
juin  suivant.  Comme  sa  pénitence  n'étoit  que  feinte,  il  renouvela  bientôt 
après  avec  le  comte  du  Puy,  son  neveu,  8c  Pons,  vicomte  de  Polignac,  leurs 
anciens  brigandages  dans  les  domaines  des  évêques  de  Clermont  8c  du  Puy, 
Se  des  abbes  du  pays  qui,  ne  trouvanf*  aucun  remède  à  leurs  maux,  firent 
un  voyage  à  la  Cour  pour  exposer  au  roi  Louis  le  Jeune  leur  triste  situa- 
tion. Ils  sollicitèrent  ce  prince  avec  tant  d'instance  de  venir  à  leur  secours 
que  Louis,  se  laissant  toucher  par  leurs  prières,  les  prit  sous  sa  protection, 
se  mit  à  la  tête  d'une  armée,  s'avança  vers  l'Auvergne  8c  arriva  enfin  à 
Biioudc''. 

Les  deux  comtes  8c  le  vicomte  de  Polignac  eurent  la  témérité  de  prendre 
les'^  armes   8c  de   résister  au   roi;   mais  ce  prince   les  eut   bientôt  défaits,         ' 
8c,  après   les  avoir  fait  prisonniers,   il    les  emmena  avec  lui   Se  les  tint  en 
prison. 

Les  comtes  d'Auvergne,  pour  en  sortir,  eurent  recours  k  Henri  II,  roi 
d'Angleterre,  dont  ils  se  prétendoient  vassaux  Se  qui  les  réclama'  en  cette 
qualité;  mais  Louis  les  retint  toujours  jusqu'à  ce  qu'ayant  donné  des  marques 
suffisantes  de  repentir,  Se  promis  solennellement  de  ne  plus  vexer  les  églises 
du  pays,  il  leur  rendit  la  liberté^.  Les  deux  comtes  Se  le  vicomte  de  Polignac, 
leur  associé,  gardèrent  fort  mal  leurs  promesses  Se  ne  demeurèrent  pas  long- 
temps sans  commettre  de  nouvelles  hostilités  contre  les  églises  de  l'Auvergne 
Se  du  Vêlai. 

VII.  —  Union  du  comté  de  Vêlai  au  domaine  des  évêques  du  Puy. 

Guillaume  VIII  se  brouilla  cependant  de  nouveau  avec  Guillaume  Vil, 
son  neveu,  au  sujet  du  comté  d'Auvergne  qu'il  avoit  usurpé  sur  lui.  Leur 
querelle  engagea  le  roi  d'Angleterre'  à  venir  en  Auvergne,  en  1167,  à  la 
tête  d'une  armée,  pour  les  mettre  d'accord  comme  leur  suzerain;  mais  Guil- 
laume VIII  manqua  de  se  trouver  au  rendez-vous  qu'on  lui  avoit  marqué  8c  se 
mit  sous  la  protection  du  roi  Louis  le  Jeune,  tandis  que  le  comte  du  Puy,  son 

'  Duchesne,    Hlstorlae  Franc,    p.  tfo8    &   seq.,  •  Diichesne,  Hiitcrtete  Franc,  p.  653. 

p    58i.  ^  liid.  p.  417, 

'  nu.  p.  608.  '  liid.  p.  731. 

'  liij.  p.  619.  •  tbiJ.  pp.  671,  675  &  suiv. 

*  Ihid.  p.  415.  ^  Robcrtus  de  Monte,  Chronicon,  p.  j66. 


10  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XIX. 

An  1 166 

neveu,  demeura  sous  celle  du  roi  d'Angleterre  '.  Le  premier  se  maintint  par  là 
dans  la  paisible  possession  du  comté  d'Auvergne  qu'il  transmit  à  ses  descen- 
dants; il  paroît  que  le  roi  confisqua  alors  le  comté  du  Puy  ou  de  Vêlai  sur 
l'autre  &  l'unit^  au  domaine  des  évêques  du  Puy.  Ces  deux  comtes  s'accom- 
modèrent3  dans  la  suite,  6<  Guillaume  VIII  céda  enfin  à  Guillaume  VII,  son 
neveu,  une  partie  de  l'Auvergne,  que  ses  successeurs  possédèrent  sous  le  nom 
de  dauphiné  d'Auvergne  ou  de  comté  de  Clermont. 

VIII.  —  Origine  de  l'abbaye  de  Douhe,  en  Velal,  b  de  celle  de  la  Capelle, 

au  diocèse  de  Toulouse. 

Pierre,  évêque  du  Puy,  profita  de  la  prison  des  comtes  d'Auvergne  8c  du 
vicomte  de  Polignac  pour  travailler  à  la  réformation  des  églises  de  son  dio- 
cèse. L'abbaye  de  Saint-Jacques  de  Douhe,  qui  étoit  alors  habitée  par  des 
chanoines  réguliers  &  dont  on  rapporte "*  l'origine  à  l'an  ii38,  en  avoit  entre 
autres  un  extrême  besoin.  Pierre  voulant  y  établir  la  réforme  de  Saint-Victor 
de  Paris  l'offrit^,  vers  l'an  1 165,  à  Etienne,  abbé  de  Saint-Euverte  d'Orléans, 
connu  sous  le  nom  d'Etienne  de  Tournay,  parce  qu'il  fut  évêque  de  cette 
ville.  On  ne  voit  pas  que  ce  dessein  ait  été  exécuté;  mais  cela  prouve  que 
l'ordre  de  Prémontré  n'étoit  pas  encore  alors  établi  dans  l'abbaye  de  Douhe. 
Il  V  fut  introduit  bientôt  après  par  le  même  évêque  du  Puy,  &  on  prétend 
que  le  pape  Alexandre  III  confirma"^  cette  introduction  par  une  bulle  datée 
de  Viterhe  au  mois  de  janvier  de  la  quatrième  année  de  son  pontificat  ;  on  n'a 
pas  fait  attention  que  ce  pape  passa  toute  la  quatrième  année  de  son  ponti- 
ficat en  France,  Se  que  les  lettres  d'Etienne  de  Tournay,  où  il  est  parlé  du 
projet  de  cette  réforme  dans  l'abbaye  de  Douhe,  sont  postérieures  à  cette 
ncj.origin.  tiate.  H  paroît  donc  que  les  Prémontrés  ne  furent  introduits  dans  l'abbaye  de 
Douhe  qu'après  l'an  ii65,  &  que  ce  fut  seulement  le  i5  de  juillet  de  l'an  1167, 
car  on  voit''  que  Pierre,  évêque  du  Puy,  établit,  cette  dernière  année,  les 
chanoines  réguliers  dans  cette  abbaye.  Au  reste,  c'est  une  des  plus  anciennes 
de  l'ordre  de  Prémontré  en  Languedoc;  elle  est  encore  gouvernée  par  un 
abbé  régulier.  Si  située  sur  une  éminence  qui  domine  le  bord  de  la  Loire,  à 
une  lieue  du  Puy,  vers  le  sud-est.  Elle  a  cinq  pj'ieurés  en  Vêlai  ou  en  Viva- 
rais  sous  sa  dépendance,  8t  l'abbé,  entre  autres  privilèges,  a  celui  de  siéger 
dans  la  cathédrale  du  Puy,  après  les  quatre  premières  dignités. 

L'abbaye  de  la  Capelle,  au  diocèse  de^  Toulouse,  du  même  ordre  de  Pré- 
montré, qui  fut  fondée  en  1143  par  Bernard  Jourdain,  seigneur  de  l'Isle,  est 
par  conséquent  plus  ancienne  que  celle  de  Douhe.  Jourdain  de  l'Isle,  fils  du 

'  EaUize,  Histoire  généalogique  Je  la  maison  tl'Aù-  '  Stepliamis  Torilacensis,  ep.    19  &  îo,  p.  287. 

vergne,  t.   1,  p.  66  &  siiiv.  — .  Mnrténe,  Veterum  SS.  amplissima  colhclio,  t.  6, 

'  Voyez  tome  IV,  Note  XVII,  pp.  89,  90.  p.  237. 

'  Baluze,  Histoire  généalogique  de  la  maison  il'Ju-  ^  Gallia  Christiana,  nov.  éd.  t.  2,  p.  770; 

vergne,  t.   i,  p.  66  &  siiiv.  '  Ibid.  p.  706. 

<  GMia  Christiana,  ilOY.  cd,  t.  2,  p,  769  &  suiv.  »  Archives  de  l'abbaye  de  la  Capellej 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XIX.  ii 

fondateur,  y  fit  beaucoup  de  bien  en  it6i  &  ii63;  elle  subsiste  sur  la 
Garonne,  à  la  gauche  de  ce  fleuve,  à  une  lieue  au-dessus  de  Grenade,  dans 
le  domaine  des  anciens  seigneurs  de  l'Isle-Jourdain. 

IX.  —  Confirmation  des  privilèges  de  l'église  de  Narbonne. 

Le  roi  Louis  le  Jeune,  en  allant  à  son  expédition  contre  les  comtes  d'Au- 
vergne Se  le  vicomte  de  Polignac,  ou  à  son  retour',  passa  à  Souvigni,  en 
Bourbonnois,  où  il  donna  ^  en  faveur  de  Pons,  archevêque  de  Narbonne,  un 
diplôme  qui  est  daté  de  l'an  ii65.  Ce  prélat  lui  avoit  écrit^  peu  de'  temps 
auparavant  pour  lui  marquer  qu'il  avoit  un  extrême  désir  de  l'aller  joindre; 
mais  que  ne  le  pouvant  alors,  il  lui  envoyoit  Bertrand,  chantre  de  son  église, 
&  le  supplioit  de  renouveler  en  sa  faveur  le  diplôme  qu'il  avoit  accordé  autre- 
fois à  son  prédécesseur.  En  conséquence  Louis  fit  expédier  cette  charte  par"* 
laquelle  il  confirma,  en  faveur  de  Pons,  tous  les  droits  que  les  rois  ses  prédé- 
cesseurs avoient  accordés  à  l'église  de  Narbonne,  avec  la  justice  &  le  domaine 
tant  sur  le  bourg  de  Narbonne  que  sur  divers  châteaux  du  pays. 

X.  —  Constance,  comtesse  de  Toulouse,  se  retire  à  la  cour  du  roi  Louis  le  Jeune, 

son  frère.  ' 

On  doit  rapporter''  au  même  temps  une  lettre "^  que  le  commun  conseil  de 
la  ville  S<  du  faubourg  de  Toulouse  écrivit  à  ce  prince,  8<  dont  voici  le  sujet. 
Louis  avoit  envoyé  quelques  seigneurs  dans  cette  ville  pour  y  prendre  la 
comtesse  Constance,  sa  sœur.  Si  l'amènera  la  Cour.  Les  Toulousains  la  firent 
accompagner  par  quatre  de  leurs  députés  &  les  chargèrent  de  la  lettre  dont 
on  vient  de  parler,  dans  laquelle  ils  prient  le  roi  d'avoir  soin  de  cette  prin- 
cesse, de  la  protéger  avec  ses  enfans  8<  la  ville  de  Toulouse,  &t  de  la  leur 
renvoyer  le  plus  tôt  qu'il  seroit  possible  :  «  Parce  que,  ajoutent-ils,  c'est  en 
«  elle  &  avec  elle  que  nous  mattons  toute  notre  joie  &  toute  notre  force.  » 
On  voit  par  là  que  ces  peuples  avoient  beaucoup  d'affection  pour  Constance, 
nonobstant  ses  différends  avec  leur  comte,  son  mari. 

Louis,  après  avoir  heureusement  terminé  son  expédition  dans  l'Auvergne 
Se  le  Vêlai,  revint  à  Paris  pour  assister  aux  couches  de  la  reine  Alix  de 
Champagne,  sa  troisième  femme,  qui  accoucha'^,  le  samedi  dans  l'octave  do 
l'Assomption  de  l'an  ii65,  d'un  fils  qui  fut  nommé  Philippe  &  qui  régna 
dans  la  suite  sous  le  nom  de  Philippe  IL  Constance,  comtesse  de  Toulouse^ 
qui  étoit  alors  arrivée  à  la  Cour,  fut  une  des  marraines  de  ce  jeune  prince,  son 
neveu,  dont  la  naissance  causa  une  joie  universelle  dans  le  royaume,  parce 
que  Louis  n'avoit  pas  encore  eu  d'enfans  mâles;  les  Toulousains  en  eurent 

'  Voyez  tome  VII,  Ka'.c  III,  n.  li  *  D'Achéry,  SpiàUgiam,  t.  i3,  p.  3iîi 

*  D'Achéry,  Spicilegium,  t.  l3,  p.  3i5. —  [V'oyeï  '  Voyez  tome  IV,  Note  II,  n.   i. 

to-r.e  V,  Cl  i56û,  n.  i3i.]  '  Duchesne,  Histeriac  franc,  t.  4,  p.  7201 

'  Duchesne,  Histdriae  Franc,  t.  4,  p.  647.  '  Util.  p.  419; 


An  1  itô 


An  II 65 


12  IIISTOIllE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XIX. 


surtout  un  fort  grand  plaisir  ;  ils  écrivirent  au  roi,  à  cette  occasion,  une  nou- 
velle lettre'  dans  laquelle  ils  lui  témoignent  que  le  clergé  Se  le  peuple  du 
pavs,  après  avoir  rendu  à  Dieu  des  actions  de  grâces  solennelles  de  cette 
naissance,  ne  cessent  de  prier  pour  la  conservation  du  jeune  Philippe.  «  Nous 
«  vous  envoyons,  ajoutent-ils,  comme  vous  nous  l'avez  ordonné  par  vos 
«  envoyés,  quatre  députés  de  notre  chapitre  {de  capitulo  nostro),  savoir  :  trois 
«  séculiers  dont  ils  marquent  le  nom,  &  le  curé  de  Saint-Pierre  des  Cuisines, 
«  8<.  deux  de  notre  conseil.  «  Ils  chargèrent  ces  députés  de  poursuivre  à  la 
Cour  quelques  affaires  importantes  qui  regardoient  la  ville  de  Toulouse,  8c 
leur  firent  prêter  serment,  avant  leur  départ,  d'en  soutenir  les  intérêts  : 
Sauf  la  fidélité  qui  est  due,  disent-ils  dans  leur  lettre,  à  notre  seigneur  le 
comte  Se  à  la  sérénissime  dame  notre  comtesse.  Enfin,  ils  supplient  le  roi 
d'accorder  sa  protection  à  ses  neveux,  leurs  seigneurs,  &  de  leur  renvoyer 
incessamment  sa  sœur,  leur  dame.  Il  paroit  que,  malgré  les  vœux  des  Toulou- 
Pùrp'b  sains.  Constance  ne  rejoignit  plus  le  comte  Raimond,  son  mari,  &  qu'ils 
firent  alors  l'un  8<.  l'autre  divorce  ensemble  pour  le  reste  de  leur  vie.  Il  est 
certain  du  moins  que  Pvaimond  répudia  Constance^,  comme  nous  le  dirons 
bientôt. 

XI.  —  Retour  du  pape  Alexandre  III  à  Montpellier.  —  Son  départ  pour 
l'Italie.  —  Comtes  de  Ronssillon. 

Cependant  le  pape  Alexandre  III  résolut  de  retourner  en  Italie  après  avoir 
fait  un  séjour  de  plus  de  trois  ans  en  France.  11  célébra  à  Sens  la  fête  de 
Pâques  de^  l'an  ii6j,  puis  il  alla  à  Paris  8<  à  Bourges,  ,&  arriva  au  Puy 
d'où  il  écrivit  au  roi"^,  le  3o  de  juin;  il  partit  ensuite  pour  Montpellier,  où  il 
fit  un  assez  long  séjour,  en  attendant  le  temps  de  s'embarquer,  parce  qu'il 
vouloit  faire  le  voyage  par  mer.  Durant^  cet  intervalle,  l'empereur  Frédéric 
fit  tout  son  possible,  soit  par  présens,  soit  par  promesses,  pour  engager  Guil- 
laume, seigneur  de  Montpellier,  à  s'assurer  de  la  personne  d'Alexandre  &  à 
le  lui  remettre  entre  les  mains.  Mais  ce  seigneur,  avant  horreur  d'une  telle 
proposition,  la  rejeta  avec  indignation  &  crut  au  contraire  qu'il  étoit  de  son 
devoir  de  faire  toute  sorte  d'accueil  au  pontife. 

Alexandre  étoit  déjà  arrivé  à  Montpellier  le  :i  de  juillet  de  l'an  ii65;  il 
y  donna  alors  deux  bulles,  Vuns^  en  faveur  de  l'abbaye  de  Calers,  au  diocèse 
de  Toulouse,  &  l'autre  pour''  celle  de  fjonnefont,  au  diocèse  de  Comminges, 
La  dernière  de  ces  bulles,  dans  laquelle  le  pape  se  sert  du  calcul  pisan  dans 
la  date,  est  souscrite  par  douze  cardinaux  qui  étoient  à  sa  suite.  Pendant  son 
séjour  à  Montpellier  il  donna    commission,  le  i"  d'août,    aux  évêques  ds 

'  Duchesne,  Hislor'iae  Franc,  t.  4,  p.  714.  '  Giiillelmus  Neubrigensis ,  Rerum  Angllcaruni, 

'  Voyez  tome  VII,  Note  II.  1.  2,  c.    16. 

'  Bnroniiis,  Jeta  Alexanâri  III,  nnn.   ii65.  ^  Archives  de  l'abbaye  de  Calers. 

■•  Le  P.   Lnbbe,  Conc'diorum  coUectlo,  &c.   t.  10,            '  GallU  C/iristiana,  noy .  eà.  t.  \ ,  Instruitt .  p.  iSa 

c.   i335.  &  seq. 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XIX.  i3 

Rodez  8c  de  Cahors  pour'  terminer  le  différend  qui  s'étoit  élevé  entre  l'église 
d'Albi  &  l'abbaye  d'Aurillac  au  sujet  de  l'église  de  Vieux.  Six  jours  après,  i! 
écrivit^  au  roi,  &,  le  dimanche  8  de  ce  mois^,  il  sacra  archevêque  de  Lyon 
Guichard,  abbé  de  Pontigni.  Enfin  il  écrivit  de  Montpellier,  le  19  d'août, 
diverses  lettres'*  :  entre  autres  deux^*  en  faveur  de  Guinard  ou  Gérard,  comte 
de  Roussillon. 

Guinard  étoit  fils  de  Gausfred,  comte  de  Roussillon,  mort  le  mardi^  24  de 
février  de  l'an  11 63  (1164),  &  d'Ermengarde  ou  Trencavelle  de  Béziers,  sa 
première  femme.  Gausfred  l'avoit  répudiée  de  son  autorité,  vers  l'an  1145, 
pour  en  épouser  une  seconde  dont  il  avoit  eu  des  enfans;  mais  les  papes '^ 
Eugène  III  &  Adrien  IV  avoient  déclaré  nul  ce  second  mariage  &  les  enfans 
illégitimes.  Alexandre  III  confirma  leur  sentence  par  les  deux  lettres  dont  on 
vient  de  parler.  Il  adressa  ^  la  première  à  Gérard  &  lui  confirma,  en  considé- 
ration de  son  dévouement  envers  le  Saint-Siège  &  à  la  prière  de  Trencavel, 
son  oncle,  les  domaines  qui  lui  appartenoient  par  droit  héréditaire  &  dont 
il  déclara  déchus  tant  la  femme  adultère  que  son  père  avoit  épousée  après 
avoir  répudié  la  légitime,  que  le  fils  qu'il  en  avoit  eu.  Par  l'autre  il  chargea 
Pons,  archevêque  de  Narbonne,  Hugues,  archevêque  de  Tarragone,  8c  les 
évêques  d'Elne  8c  de  Girone  de  protéger  le  comte  Gérard  dans  la  succession 
de  son  père,  conformément  à  la  décision  du  pape  Eugène  III,  son  prédéces- 
seur. Outre  la  nullité  manifeste  du  second  mariage  de  Gausfred,  Guinard 
ou  Gérard,  son  fils,  pouvoit  d'ailleurs  se  fonder  tant  sur  la  donation  que  son 
père  lui  avoit  faite  du  comté  de  Roussillon,  en  ii5i,  que'-'  sur  la  confirma- 
tion qu'il  avoit  faite  de  cette  disposition  peu  de  temps  avant  sa  mort. 

Enfin  le  pape  Alexandre,  ayant  tout  disposé  pour  son  départ,  se  rendit  le 
22  du  mois  d'août  de  l'an  ii65,  au  grau  de  Mauguio  ou  de  Melgueil,  lieu 
situé  à  deux  lieues  de  Montpellier,  sur  l'étang  de  Maguelonne  qui  commu- 
nique avec  la  mer,  8c  non  pas  à,  l'embouchure  du  Rhône,  comme  un  histo- 
rien'" moderne  l'a  avancé.  Il  écrivit  de  là  une  nouvelle  lettre  "  au  roi  Louis 
le  Jeune,  8c  alla  le  même'^  jour  par  bateau  dans  l'île  de  Maguelonne,  où  les 
cardinaux  s'embarquèrent  sur  un  vaisseau  des  hospitaliers  de  Saint-Jean  de 
Jérusalem  qui  devoit  porter  à  la  Terre-Sainte  divers  chevaliers,  lesquels  v 
alloient  en  pèlerinage.  Ce  vaisseau  ayant  mis  à  la  voile  jeta  l'ancre  dès  qu'il 
fut  un  peu  éloigné  de  l'île  de  Maguelonne,  pour  attendre  le  pape  qui  devoit 
s'y  embarquer.  Le  pontite  s'étoit  mis  pour  cela  sur  une  galère  de  Narbonne 
avec  quelques  cardinaux  qui  étoient  restés  auprès  de  lui,  8c  il  se  préparoit  à 

'  Baluzc,  Mlseellanea,  i.  4,  p.  466.  •  Baluze,  MiiceUanea,  t.  2,  p.  227, 

'  Le  P.  Labbe,  Coneillorum  colUctio,  &c,    t.    10,  '  Marca  Hispanica,  c.  5oS. 

c.  Ii36.  '"  Fleury,  Hiiloire  ecclciiasti(jue,  I.  71,  n.  19. 

'  Duchesne,  Historiae  Franc,  t.  4,  p.  633.  "Le   P.   Labbe,  ConcUiorum  coUcctio,  &c.   t.   10, 

*  Le  P.  Labbe,   ConcUiorum  coUectio,  &c.   t.  10,  c.   1198. 

c.   1347.  "  Baroniiis,  Acta  Alexandri  Ht,  ann.   1  iCH,  — 

'  Baluze,  MlscelLnea,  t.  2,  p.  227.  Guillelmus  Neubrigensis,  Rerum  AngUcarum,  1,  2, 

'  Marca  Hispanica,  ce.  5o8  &  1399.  c,  16, 

'  Voyez  tome  III,  1.  XVUI,  n.  xviii,  pp.  787-89. 


An  I  i6i 


"- 7~   14  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LÎV.  XIX. 

passer  dans  le  vaisseau,  quand  on  vit  paroître  plusieurs  galères  de  la  répu- 
blique de  Pise,  qui  s'étoient  tenues  cachées  jusqu'alors  Si  que  l'empereur  Fré- 
déric avoit  envoyées  pour  lui  dresser  des  embûches  &  tâcher  de  se  saisir  de 
^lîd.orighi.  33  personne.  Alexandre,  s'étant  aperçu  du  piège,  revint  sur  ses  pas  Se  retourna 
aussitôt  à  Maguelonne.  La  flotte  pisane  s'approcha  cependant  du  vaisseau 
où  étoient  les  cardinaux;  mais  voyant  que  le  pape  n'y  étoit  pas,  elle  passa 
outre;  le  vaisseau  craignant  de  recevoir  quelque  insulte  de  la  part  des  Pisans, 
81  étant  hors  d'état  de  leur  résister,  prit  le  large  &  fit  voile  vers  la  Sicile. 
Ainsi  le  pape  fut  obligé  d'attendre  encore  quelques  jours  à  Maguelonne  pour 
plus  grande  sûreté.  Il  se  rembarqua  enfin  dans  le  port  de  cette  île  sur  un 
petit  vaisseau  qui  le  conduisit  heureusement  à  Messine.  Après  son  retour  en 
Italie,  il  confirma  ',  à  Anagni,  le  25  d'août  de  l'année  suivante,  les  privilèges 
qu'Arnaud,  archevêque  de  Narbonne,  avoit  accordés  aux  chevaliers  du 
Temple,  du  conseil  &  du  consentement  des  hommes  illustres  de  bonne 
mémoire,  Alphonse,  comte  de  Toulouse,  Hugues,  comte  de  Rodez,  Roger, 
vicomte  de  Béziers,  &  de  plusieurs  autres  nobles  du  pays. 

XII.  —  Bataille  entre  les  Pisans  b  les  Génois  à  Saint-Gilles.  —  Le  comte 
de  Toulouse  6"  le  vicomte  Trencavel  javorisent  les  premiers. 

Les  galères  de  Pise,  qui  cherchèrent  à  s'emparer  de  la  personne  dû  pape 
Alexandre  III,  croisoient^  sur  la  côte  de  la  Province  depuis  le  mois  de  juillet 
précédent.  Les  Pisans  les  avoient  fait  équiper  au  nombre  de  six,  &,  comme 
ils  étoient  alors  en  guerre  avec  les  Génois,  ils  enlevèrent  quelques  bâtimens 
de  Gênes  qui  étoient  sur  cette  côte.  Les  Génois,  voulant  avoir  leur  revanche, 
armèrent  quatorze  galères  Se  les  envoyèrent  en  course  contre  la  flotte  pisane, 
sous  le  commandement  d'Amicus  Grille.  Ce  général  s'étant  mis  en  mer  donna 
la  chasse  sur  la  côte  de  Montpellier  h.  de  Marseille  aux  galères  de  Pise  qui 
tâchèrent  de  se  réfugier,  en  remontant  le  Rhône,  dans  le  port  de  Saint- 
Gilles.  Les  Génois,  résolus  de  les  aller  attaquer  jusque  dans  ce  port,  remon- 
tèrent de  leur  côté  le  fleuve  par  l'embouchure  opposée,  située  vers  Marseille, 
&,  faisant  le  tour  de  l'île  de  Camargue,  ils  descendirent  ensuite  vers  Saint- 
Gilles.  Les  Pisans,  avertis  de  leur  approche,  prirent  bientôt  la  fuite  par  !a- 
même  embouchure  où  ils  étoient  entrés,  &  qu'on  appeloit  alors  le  grau  de  Li 
Chèvre.  Les  Génois  les  poursuivirent  &,  ayant  rencontré  en  cet  endroit  cinq 
vaisseaux  pisans  qu'on  avoit  abandonnés,  ils  les  brûlèrent;  ils  firent  ensuite 
route  vers  Montpellier,  mais  ayant  trouvé  le  vent  contraire,  ils  revinrent  à 
Saint-Gilles  par  le  grau  de  la  Chèvre  &  demandèrent  des  vivres  aux  habi- 
tans  ;  ceux-ci  leur  en  ayant  refusé,  ils  eurent  recours  à  ceux  d'Arles  qui 
leur  en  fournirent  &  qui  se  liguèrent  même  avec  eux,  après  quoi  ils  se 
remirent  en  mer. 

'  Archives  de  l'église  de  Nartonne.  licanim,  t.  6.  —  Voyez  tome  V,  chronique  n.  V, 

'  Chronicon  Pisanv.m,  p.   177  &  sctj.  —  Chronicon        c.  3o. 
Genueitse,  p.  jo5  &■  seq.  dans  Scrifiçrçs  rçrum  iu;- 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XIX.  i5 


An  1  lOj 


Cependant  les  Pisans,  ayant  armé  une  trentaine  de  galères  pour  faire 
diversion,  assiégèrent  Si  prirent,  le  21  d'août,  la  ville  d'Albenga,  &  ravagèrent 
toute  la  côte  de  Gênes.  Ils  se  rendirent  de  Jà  au  grau  de  Melgueil  où  ils 
mirent  le  feu  à  cinq  bâtimens  génois  qu'ils  trouvèrent  vides;  ils  vinrent 
ensuite  au  grau  de  la  Chèvre  Si,  remontant  le  Rhône,  ils  arrivèrent  k  Saint- 
Gilles,  le  1"  de  septembre,  jour  de  la  fête  du  saint,  dans  le  temps  qu'on  y 
tenoit  une  foire,  à  laquelle  un  grand  nombre  d'étrangers  de  toutes  les  nations 
s'étoient  rendus. 

Les  Génois,  au  désespoir  de  la  prise  d'Albenga,  armèrent  trente-cinq  nou- 
velles galères  S<.  les  joignirent  à  celles  qu'ils  avoient  déjà  équipées.  Ils  firent 
partir  cette  flotte,  composée  de  cinquante  bâtimens,  sous  la  conduite  du 
même  Amicus  Grille,  leur  consul,  pour  aller  attaquer  celle  de  Pise  qui  étoit 
à  Saint-Gilles.  Les  Génois,  après  avoir  remonté  le  Rhône  par  la  grande 
embouchure,  passèrent  devant  Arles  Si,  ayant  ensuite  descendu  le  fleuve,  ils 
arrivèrent,  la  nuit  du  3  de  septembre,  entre  Fourques  &  le  port  de  Saint- 
Gilles,  à  deux  milles  de  ce  port;  ils  furent  obligés  de  s'arrêter  en  cet  endroit 
à  cause  que  la  plupart  des  galères  ne  trouvant  pas  assez  d'eau  s'engravèrent. 
Le  lendemain  4  de  septembre  les  consuls  de  Saint-Gilles  vinrent  prier  celui 
de  Gênes  de  ne  leur  pas  faire  cet  affront  que  d'attaquer  les  Pisans  qui  s'étoient 
mis  sous  leur  protection,  avec  promesse  d'empêcher  ces  derniers  de  commettre 
de  leur  côté  aucune  hostilité.  «  Je  suis  surpris  d'une  pareille  proposition, 
«  répondit  le  consul  Grille  aux  députés  de  Saint-Gilles;  vous  m'avez  déjà 
«  traité  comme  ennemi,  &  vous  m'avez  refusé  des  vivres  lorsque  j'ai  été  chez 
<i  vous  en  dernier  lieu.  Si  vous  êtes  donc  de  nos  amis,  fournissez-nous  tout 
«  ce  dont  nous  avons  besoin,  comme  vous  le  faites  à  l'égard  des  Pisans;  à 
V  ces  conditions  nous  vous  promettons  de  nous  tenir  éloignés  de  leur  flotte,  t.'nitpfro, 
«  Il  ne  nous  convient  pas,  répliquèrent  les  consuls  de  Saint-Gilles,  de  favo- 
«  riser  nos  ennemis,  8c  il  paroîtroit  par  là  que  nous  souhaiterions  qu'il  arrivât 
«  du  mal  entre  vous  8c  les  Pisans,  à  qui  nous  avons  donné  notre  foi  dans  le 
«  temps  que  nous  ignorions  votre  arrivée.  Le  consul  génois  répondit  :  Si  ma 
«  proposition  ne  vous  plaît  pas,  obligez  les  Pisans  de  sortir  de  votre  port,  8c 
«  nous  vous  promettons  de  ne  les  attaquer  que  lorsqu'ils  en  seront  éloignés 
«  de  six  milles  8c  hors  de  votre  district.  —  Nous  n'en  ferons  rien,  dirent  ceux 
«  de  Saint-Gilles,  parce  que,  si  quelque  malheur  leur  arrivoit,  nous  serions 
Il  couverts  d'infamie;  ainsi,  si  vous  voulez  les  attaquer,  nous  les  aiderons  de 
«  toutes  nos  forces.  » 

Les  Génois,  après  avoir  entendu  ces  envoyés,  députèrent  â  Raimond,  comte 
de  Saint-Gilles  ou  de  Toulouse,  qui  se  trouvoit  alors  à  Beaucairc.  Les  députés 
de  Gênes  saluèrent  ce  prince  8c  lui  dirent  :  »  Seigneur  comte,  la  ville  de 
«  Gênes  a  toujours  témoigné  jusqu'ici  de  l'amitié  à  votre  père,  à  vous  6c  aux 
«  vôtres,  elle  a  toujours  pris  leurs  intérêts  comme  les  siens  propres.  On  nous 
«  a  envoyés  pour  savoir  si  vous  voudriez  nous  rendre  la  pareille  8c  nous 
«  accorder  votre  secours  contre  lès  Pisans.  »  Le  comte  Raimond  répondit  : 
«  Ce  que  vous  venez  de  dire,  hommes  prudens,  est  très-vrai,  Se  je  souhaite 


•- —   i6  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XIX. 

An  I  lou 

«  d'aimer  8<.  d'Honorer  votre  ville  comme  mes  prédéœsseurs  l'ont  fait.  Je  vous 
«  aiderai  &  je  combattrai  volontiers  les  Pisans  si  vous  voulez  me  donner  satis- 
u  faction,  &  à  ma  cour,  comme  il  conviendra.  »  Lk-dessus  les  Génois  nom- 
mèrent des  plénipotentiaires  pour  négocier  avec  le  comte,  &  on  convint  que 
le  consul  Grille,  au  nom  de  la  république  de  Gênes,  lui  payeroit  avant  son 
départ  la  somme  de  i3oo  marcs  d'argent,  à  condition  que  Raimond  se  décla- 
reroit  pour  les  Génois  contre  les  Pisans  ou  qu'il  ne  prendroit  pas  la  défense 
de  ces  derniers,  ou  qu'il  livreroit  aux  Génois  les  galères  pisanes  sans  les  per- 
sonnes, ou  enfin  qu'il  les  laisseroit  combattre  sans  donner  aucun  secours  aux 
uns  ou  aux  autres  S<.  qu'il  demeureroit  dans  une  exacte  neutralité.  Pvaimond 
fit  serment,  à  Beaucaire,  d'observer  fidèlement  ces  articles  en  présence  de 
Corso,  de  Sigismond  &  des  autres  nobles  Génois  qui  avoient  été  envoyés 
pour  négocier  avec  lui. 

Ce  prince  se  mit  aussitôt  en  état  d'exécuter  sa  promesse.  11  s'avança  à  la 
tête  de  ses  troupes  vers  les  Génois  qui,  après  avoir  débarqué,  s'étoient  campés 
sur  le  rivage  du  Rhône,  à  deux  milles  du  camp  des  Pisans  qui  en  avoient 
fait  autant.  Ceux-ci,  avertis  que  le  comte  étoit  parti  de  Beaucaire  8c  qu'il 
étoit  en  marche,  lui  envoyèrent  des  ambassadeurs,  &  prièrent  l'abbé  de  Saint- 
Gilles  de  les  accompagner  pour  le  supplier  de  ne  pas  se  déclarer  contre  eux. 
Raimond  continua  cependant  sa  marche,  &  le  général  génois  étant  allé  aussi 
à  sa  rencontre  pour  le  recevoir  à  la  tête  des  archers  Se  des  arbalétriers  de  son 
armée,  il  campa  entre  les  deux  armées,  mais  plus  près  des  Génois  que  des 
Pisans.  Il  manda  alors  les  principaux  de  Gênes  pour  lui  faire  serment  de 
tenir  leurs  conventions  8i  de  lui  payer  la  somme  qu'ils  avoient  promise. 
Soixante-quinze  Génois,  entre  ceux  qui  avoient  été  nommés  tant  par  le 
consul  que  par  le  comte,  avoient  déjà  fait  ce  serment,  quand  il  se  répandit 
un  bruit  parmi  eux  qu'ils  ne  pouvoient  se  fiera  ce  prince,  attendu  que  l'abbé 
de  Saint-Gilles  8c  d'autres  religieux  l'avoient  dispensé  du  serment  qu'il  leur 
avoit  fait  8c  en  avoient  chargé  leur  conscience.  Les  Génois  se  séparèrent  alors 
de  Raimond  sans  rien  conclure  8c,  le  soir  même  i3  de  septembre,  le  combat 
s'engagea  entre  eux  8c  les  Pisans,  8c  dura  jusqu'à  la  nuit  qui  les  sépara. 
L'action  fut  sanglante  Se  très-funeste  pour  les  Génois  qui  eurent  un  très- 
grand  nombre  des  leurs  tués  ou  faits  prisonniers.  Ils  délibérèrent  pendant 
la  nuit  sur  ce  qu'ils  avoient  à  faire  :  ayant  appris  qu'ils  n'avoient  rien  à 
espérer  du  comte  Raimond  qui,  avec  Trencavel,  avoit  promis  son  secours  aux 
Pisans,  moyennant  une  somme  plus  considérable  que  celle  qu'ils  lui  avoient 
offerte,  ils  résolurent  de  décamper  8c  de  ne  pas  éprouver  davantage  le  sort 
des  armes  dans  une  terre  étrangère  dont  les  seigneurs  favorisoient  leurs 
ennemis,  8c  contre  une  armée  supérieure.  Pour  faciliter  leur  embarquement 
tAufp:'"'i.  ^'^  ^^  mirent  sous  la  protection  des  seigneurs  de  Baux,  qui  la  leur  vendirent 
bien  cher,  Se  étant  enfin  remontés  sur  leurs  galères  ils  abandonnèrent  leur 
camp  aux  Pisans  qui  y  mirent  le  feu. 

Les  Génois  remontèrent  le  Rhône  jusqu'à  Arles  8c  furent  fort  surpris  de 
trouver  qu'on  avoit  jeté,  depuis  cette  ville  jusqu'au   faubouro-  de  Trindue- 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XlX.  17 

taille,  un  pont  sur  le  fleuve,  qui  leur  barroit  le  passage  &  qui  étoit  ganlé  par 
un  corjjs  de  troupes.  Le  consul  Grille  dépêcha  aussitôt  au  comte  de  Melgtieil, 
c'est-à-dire  à  Raimond-Bérenger,  comte  de  Provence,  qui  prenoit  aussi  le 
titre  de  comte  de  Melgueil,  parce  qu'il  étoit  fils  de  Béatrix,  héritière  de  ce 
comté,  pour  savoir  si  on  avoit  jeté  ce  pont  pour  les  empêcher  de  passer;  8<, 
en  cas  que  cela  tût,  pour  lui  déclarer  qu'ils  alloient  assiéger  Arles.  Le  comte 
ne  donna  pas  aux  députes  le  temps  de  lui  parler;  il  les  prévint  8c  leur  dit  : 
«  Allez  dire  au  consul  de  Gênes  8c  aux  capitaines  des  galères  que  j'étois 
«  absent  lorsqu'on  a  jeté  ce  pont  8c  que  je  suis  fâché  de  ce  qu'il  en  agit 
«  envers  moi  plutôt  en  ennemi  qu'en  ami;  je  veux  honorer  8c  servir  les 
«  Génois  comme  l'a  toujours  t'ait  le  comte  de  Barcelone,  mon  oncle  paternel, 
«  Je]vais  incessamment  faire  abattre  le  pont,  8c  vous  trouverez  un  asile  assuré 
»  dans  Arles.  »  La  flotte  génoise  y  fut  reçue  en  effet,  8c  elle  demeura  pen- 
dant vingt  jours  entre  cette  ville  8c  Trinquetaille.  Pendant  ce  temps-là  les 
Génois  firent  tous  leurs  efforts  auprès  du  comte  de  Provence  pour  l'engager 
à  se  joindre  à  eux  8c  aller  ensemble  combattre  les  Pisans.  Ils  lui  offrirent 
pour  cela  une  somme  très-considérable;  mais  ce  prince  les  refusa  absolument, 
disant  qu'il  étoit  uni  très-étro'itement  avec  le  comte  de  Saint-Gilles,  0  qu'il 
ne  convenait  pas  qu'il  allât  faire  la  guerre  sur  ses  terres.  Il  se  contenta  de 
conclure  un  traité  avec  eux  par  lequel  il  s'engagea,  moyennant  la  somme  de 
quatre  mille  sols  melgoriens  qu'ils  lui  payèrent,  de  ne  pas  souffrir  pendant 
un  certain  temps  qu'aucun  vaisseau  pisan  abordât  sur  les  côtes  de  son  domaine. 
Tel  est  le  récit  de  cette  guerre  rapportée  par  deux  anciens  liistoriens,  l'un 
pisan  8c  l'autre  génois;  celui-ci  sous  l'an  ii65,  8c  l'autre  sous  l'an  1166,  en 
quoi  il  n'y  a  aucune  contrariété,  parce  que  le  Pisan  suit  la  chronologie 
observée  alors  dans  sa  république,  suivant  laquelle  on  comptoit  les  années 
depuis  l'Annonciation  jusqu'à  la  fin  de  décembre,  en  devançant  d'un  an  l'ère 


An  ii6j 


vuiganc. 


Xin.  —  Alliance  entre  les  villes  de  Gênes  £•  de  Narbonne.  —  La  première 
fait  la  guerre  à  celle  de  Montpellier. 

Les  républiques  de  Pise  Se  de  Gênes,  également  puissantes  Se  jalouses  l'une 
de  l'autre,  continuèrent  à  se  faire  la  guerre.  La  dernière,  pour  se  dédom- 
mager de  la  protection  du  comte  de  Toulouse  qu'elle  avoit  perdue  8c  se  faire 
un  appui  pour  son  commerce  le  long  des  côtes  de  la  [Province,  rechercha 
l'alliance  de  Pons,  archevêque,  d'Ermengarde,  vicomtesse,  8c  du  peuple  de 
Narbonne.  Ils  convinrent  par  des  députés  de  part  Se  d'autre',  le  12  de  no- 
vembre de  l'année  suivante,  d'un  traité  suivant  lequel  ils  dévoient  se  secourir 
mutuellement  pendant  cinq  ans,  surtout  pour  le  commerce  maritime  d'une 
ville-à  l'autre*.  Ils  s'engagèrent  de  plus  réciproquement,  tant  que  la  guerre 

'  Voyez  tome  VIII,  Charte  n.  i,  c.  i63  &  suiv.       faitement  juste.  On  peut  aussi  y  remarquer  plu- 
'  Ce  que  Jom  Vnisîcte  dit  de  ce  traita  est  par-       sieurs  autres  clauses  non  moins  intéressantes.  Telle 

VI.  1 


An  1 165 


i8 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XIX. 


Éd.  origin. 
t.  III,  p.  12. 


dureroît  entre  les  Pisans  Si  les  Génois,  de  ne  recevoir  aucun  étranger  sut 
leurs  bâtimens,  excepté  les  pèlerins,  &  ils  convinrent  de  refuser  même 
ceux-ci,  s'ils  étoïent  de  Montpellier  ou  de  Saint-Gilles,  ou  depuis  le  Rhône 
jusqu'à  Nice;  preuve  que  les  Génois  regardoient  alors  le  comte  de  Toulouse 
&  le  seigneur  de  Montpellier  comme  leurs  ennemis;  aussi  voit-on  qu'ils  fai- 
soient  dans  ce  temps-là  une  cruelle  guerre'  aux  habitans  de  cette  dernière 
ville,  &  ils  désolèrent  toutes  les  côtes  du  domaine  de  Guillaume  VII,  seigneur 
de  Montpellie^. 

On  prétend  que  ce*  seigneur  leur  écrivit  par  deux  fois  pour  les  engager  à 
discontinuer  leurs  pirateries,  &  que  l'abbé  d'Aniane,  son  frère,  alla  à  la  cour 
d'Alexandre  III  pour  l'engager  à  prendre  la  protection  des  habitans  de  Mont- 
pellier contre  les  Génois.  Nous  avons  en  effet^  deux  lettres  de  ce  pape,  datées 
d'Anagni,  le  ii  d'octobre  de  la  dixième  année  de  son  pontificat  ou  de 
l'an  1168  :  l'une  est  adressée  à  l'évêque  de  Gênes  8c  l'autre  aux  consuls  8c  au 
peuple  de  cette  ville.  Alexandre  leur  fait  part  des  griefs  qu'avoit  contre  eux 
Guillaume  de  Montpellier,  qui  se  plaignoit  entre  autres  de  leurs  fréquentes 
incursions  dans  son  port  où  ils  brûloient  les  vaisseaux,  pilloient  8c  rançon- 
noient  les  marchands.  Sec,  il  leur  déclare  qu'il  est  obligé  de  prendre  la 
défense  de  ce  seigneur,  tant  à  cause  de  son  affection  envers  le  Saint-Siège 
que  de  celle  de  son  père,  8c  leur  enjoint  de  mettre  fin  à  ces  vexations,  avec 
ordre  à  l'évêque  de  Gênes,  en  cas  de  refus  de  leur  part',  de  les  punir  par 
l'autorité  apostolique.  On  assure '^  que  ces  lettres  n'eurent  aucun  effet;  que, 
malgré  les  ordres  du  pape,  les  Génois  continuèrent  d'exercer  leurs  brigan- 
dages sur  la  côté  de  Montpellier,  qu'ils  menacèrent  même  d'assiéger  cette 
ville,  8c  que  ces  menaces  obligèrent  le  seigneur  de  Montpellier  &c  l'évêque  de 
Maguelonne  à  se  liguer  avec  les  Pisans  pour  se  mettre  à  l'abri  de  leurs  entre- 
prises^. 


est  celle  qui  se  rapporte  au  Jrolt  Je  naufrage  ou 
d'épave  (t.  VIII,  c.  164);  ce  droit  avait  bien  été 
aboli  en  iiiî  par  l'archevêque  Richard  &  le  vi- 
comte Aimeri  (t.  V,  ce.  829,  83d)  ;  mais  il  est  pro- 
bable que  cette  renonciation  n'avait  pas  eu  tout 
l'effet  voulu.  Remarquons  aussi  les  clauses  rela- 
tives à  la  juridiction  commerciale;  la  cour  de  la 
vicomtesse  de  Narbonne  juge  les  contestations  en- 
tre Génois  &  Narbonnais,  &  la  cour  des  consuls 
de  Gênes  celles  qui  peuvent  s'élever  entre  Narbon- 
nais Se  Génois.  [A.  M.] 

'  Gariel,  Séries praesulumMagalonenslum,  p.zTp 
&  seq. 

'  lèU. 

'  liid.  p.  220  &  seq. 

^  Ihid.  p.  219. 

'  M.  Germain,   Commerce  de  Montpellier,  t.   i, 


p.  XXXVI,  donne  à  ces  événements  la  date  de  1 169, 
&  fait  à  ce  propos  l'histoire  de  l'alliance  &  des 
rivalités  entre  Montpellier  &  Gênes.  Tous  les 
griefs  des  habitants  de  Montpellier  contre  les 
Génois  sont  exposés  dans  un  acte  du  Mémorial  det 
Nohles  (p.  i3).  Ces  différends  amenèrent  une  al- 
liance entre  le  seigneur  de  Montpellier  &  le  comts 
de  Toulouse,  &  ils  donnèrent  même  lieu,  en  1  169, 
entre  Montpellier  &  Pise,  ennemie  de  Gênes,  s 
une  convention  particulière  que  l'on  peut  voir 
dans  le  livre  de  M.  Germain  [Commerce  de  Mont- 
pellier, t.  I,  pp.  180,  181),  pour  la  restitution  de 
leurs  marchandises  que  les  habitants  de  Montpel- 
lier prétendaient  leur  avoir  été  enlevées.  Cet  acte 
indique  un  rapprochement  sensible  entre  les  deux 
villes.  [A.  M.] 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XIX. 


19 


An  ii65 


XIV.  —  Traité  &■  alliance  entre  les  comtes  de  Toulouse  &  de  Provence, 

On  vient  de  voir  que  Raimoncl  V,  comte  de  Toulouse,  &  Raimond- 
Bérenger,  comte  de  Provence,  vivoient  en  l}onne  intelligence  au  mois  d'août 
de  l'an  11 65.  Ces  deux  princes",  pour  cimenter  davantage  leur  amitié,  eurent 
une  entrevue^  à  Beaucaire,  au  mois  d'octobre  suivant,  &  formèrent  ensemble 
une  ligue  contre  le  comte  de  Forcalquier  que  le  dernier  avoit  résolu  de  sou- 
mettre, conformément  au  traité  qu'il  avoit  fait  avec  l'empereur  Frédéric.  Les 
comtes  de  Toulouse  8<.  de  Provence  convinrent  encore  par  le  même  traité  de 
s'entr'aider  envers  tous  &  contre  tous,  excepté  le  roi  de  France  j  de  partager 
entre  eux  le  comté  de  Forcalquier,  lorsqu'ils  en  auroient  fait  la  conquête, 
ainsi  que  les  autres  acquisitions  que  feroit  le  comte  de  Toulouse,  à  la  réserve 
des  domaines  que  le  dauphin  occupait  dans  le  temps  de  sa  mort.  Ils  conclurent 
enfin  le  mariage  du  fils  aîné  du  comte  de  Toulouse,  qui  n'avoit  alors  que 
neuf  ans,  avec  Douce,  fille  unique  du  comte  de  Provence,  qui  lui  assura 
pour  sa  dot  la  moitié  des  comtés  de  Forcalquier  &  de  Melgueil  avec  la  partie 
de  la  ville  d'Avignon  qui  appartenoit  aux  comtes  de  Forcalquier.  L'arche- 
vêque de  Tarragone  &  les  é\ièques  d'Ausone  Si  de  Girone  furent  présents  à  ce 
traité.  Nous  comprenons  par  là  que  le  comte  de  Provence  prétendoit  que  la 
moitié  du  comté  de  Melgueil  lui  appartenoit,  quoique  la  comtesse  Béatrix, 
sa  mère,  qui  en  étoit  héritière,  vécût  encore  alors.  Cette  moitié  lui  avoit  été 
donnée  peut-être  par  le  contrat  de  mariage  passé  entre  le  comte  Bérenger- 
Raimond,  son  père,  8c  cette  comtesse. 

XV.  —  Le  comte  de  Toulouse  se  déclare  pour  l'antipape,  à  la  sollicitation 

de  Vempereur. 

L'union  qui  se  forma  entre  le  comte  de  Toulouse  81  celui  de  Prevencc 
engagea  le  premier  à  ménager  beaucoup  l'empereur  Frédéric,  à  cause  que 
l'autre  avoit  embrassé  le  parti  de  ce  prince  en  faveur  de  l'antipape.  Rai- 
mond,  comte  de  Toulouse,  y  avoit  d'ailleurs  un  intérêt  particulier  par  rap- 
port aux  grands  domaines  qu'il  possédoit  dans  le  royaume  d'Arles  ou  de 
Provence  uni  alors  k  l'empire.  Frédéric,  de  son  côté,  ne  négligea  rien  pour 
exciter  le  comte  à  abandonner  le  pape  Alexandre  III  Se  à  se  déclarer  pour 
l'antipape  Pascal  III,  que  les  schismatiqucs  avoient  élu  en  1164,  après  la 
mort  de  Victor.  Enfin  ^  Frédéric  fit  tant  par  ses  prières  &  ses  promesses  que 
Pvaimond,  qui  d'ailleurs  n'étoit  plus  si  lié  avec  le  roi  Louis  le  Jeune  depuis 
qu'il  s'étoit  séparé  de  Constance,  sa  femme,  sœur  de  ce  roi,  se  rendit  à  la 
volonté  de  l'empereur  8<  ordonna  à  tous  les  ecclésiastiques,  ses  sujets,  qui  ne 
voudroient  pas  reconnaître  l'antipape,  de  sortir  incessamment  de  ses  Etats, 

'  ïsindi ,  A  miel  de  la  corona  de  Aragon,  1.  2,c.  î").  '  Martène,  Veterum  SS.  ampUssima  colUctio,  t.  2, 

'  Bouche,  Chorographie  ou  description  de  la  Pro-       c.  f'ii. 
ycnce,  t.  I,  p.   l36. 


Au  1 1  j j 


:o  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XIX. 


tant  de  ceux  qui  étoient  dans  l'étendue  de  l'empire  que  de  ceux  qui  dépen- 
doient  du  royaume  de  France. 

Raimond  étoit  maître  du  Uauphiné  depuis  l'an  ii63,  à  cause  du  mariage 
projeté  entre  son  fils  puîné  £<  Bcatrix,  héritière  de  ce  pays.  Lorsque  le  pape 
Alexandre  111  monta  sur  la  chaire  de  Saint-Pierre,  l'évêque  de  Grenoble  se 
déclara  contre  lui  &  embrassa  avec  beaucoup  de  chaleur  le  parti  de  l'antipape. 
Alexandre,  ayant  reçu  la  soumission  du  comte  de  Toulouse,  chassa  ce  prélat 
schismatique  de  son  siège  &<  consacra  en  sa  place  Jean,  religieux  de  la  grande 
Chartreuse,  qui  fut  reconnu  par  la  faveur  &  l'autorité  du  comte;  mais  Rai- 
mond ayant  pris  les  engagemens  dont  on  vient  de  parler  avec  l'empereur,  les 
religieux  de  cette  chartreuse,  craignant  que  l'évêque  de  Grenoble  ne  fût 
chassé,  eurent  recours  à  la  protection  du  roi  Louis  le  Jeune,  à  qui'  ils  écri- 
virent :  «  Comme  nous  croyons,  disent-ils  à  ce  prince  dans  leur  lettre,  que 
«  c'est  par  une  disposition  de  la  Providence  que  le  pays  &  le  comté  de  Gre- 
V.  noble  doit  venir  à  votre  neveu,  il  nous  paroît,  &  à  plusieurs  autres,  que 
«  vous  devez  en  procurer  la  paix  8<,  la  tranquillité.  C'est  pourquoi  nous  prions 
«  très-instamment  votre  excellence  d'écrire  là-dessus  au  comte  de  Saint-Gilles 

l'M.oiiRin.  ((  5<^  Je  lui  représenter  avec  prudence  l'oblic'ation  où  il  est  de  protéger  cet 
«  évêque  &  son  église.  »  Cette  lettre  fut  écrite  vers  la  fin  de  lan  ii65,  car 
les  religieux  de  la  Chartreuse  y  félicitent  le  roi  Louis  le  Jeune  sur  la  nais- 
sance du  prince  Philippe,  son  fils. 

Nous  ne  savons  pas  si  le  roi  eut  égard  à  cette  prière;  mais  il  est  certain 
que^  Raimond  chassa  enfin  l'évêque  de  Grenoble  de  son  siège  à  la  sollicita- 
tion de  l'empereur.  Le  pape  n'en  fut  pas  plutôt  informé,  8<  des  autres  démar- 
ches du  comte  en  faveur  de  l'antipape,  qu'il  écrivit  du  palais  de  Latran,  le 

An  1166  29  d'avril  de  l'an  1166,  à  Henri,  archevêque  de  Reims,  pour  le  prier  d'en- 
gager le  roi,  son  frère,  à  agir  tant  par  ses  lettres  que  par  ses  ambassadeurs 
auprès  de  Raimond,  pour  le  détourner  de  favoriser  ce  parti.  11  prie  par  la 
même  lettre  ce  prélat  de  s'employer  auprès  du  comte  pour  le  porter  à  rétablir 
au  plus  tôt  l'évêque  de  Grenoble  dans  son  siège. 

XVI.  —  Le  pape  Alexandre  III  jette  l'interdît  sur  le  comté  de  Toulouse, 

6-  le  lève  dans  la  suite. 

Tous  les  soins  d'Alexandre  furent  inutiles  :  Raimond  demeura  toujours 
uni  avec  l'empereur  en  faveur  de  l'antipape,  &  s'attira  ainsi  l'interdit  sur 
tous  ses  domaines  de  la  part  du  premier.  C'est  ce  qu'on  voit  par  une  lettre 
que  le  roi  Louis  le  Jeune  écrivit  à  ce  pape  en  ces  termes  ;  «  Au^  très-saint 
«  père  8c  seigneur  Alexandre,  par  la  grâce  de  Dieu  souverain  pontife,  Louis, 
«  par  la  même  grâce  roi  des  François,  salut  &  respect  tel  qu'il  est  dû.  Votre 
Cl  Altesse  n'ignore  pas  combien  nous  vous  avons  aimé,  £<.  les  services  que 

■  Diichesne,  ^i:r;;>«orfî,  t.  4,  p.  686.  'Catcl,    Mémoires   de    l'histoire    du    Languedoc, 

'  M.irttnc,  yeicrum  SS,  ampUssima  ccUcctio,\,  2,       p.  83,ï, 
ç,  73;, 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XIX. 


21 


«  nous  Si  notre  royaume  vous  avons  rendus  comme  à  notre  père.  La  ville  de 
«  Toulouse  est  de  notre  royaume  :  nous  l'aimons  spécialement,  de  même 
«  que  les  citoyens  que  vous  avez  soumis  à  l'interdit,  quoique  la  faute  pour 
«  laquelle  vous  l'avez  jeté  ait  été  commise  dans  l'empire  &  non  pas  dans  le 
«  royaume.  Cette  ville  n'est  point  coupable,  elle  obéit  à  votre  sainteté,  &  son 
«  évêque  a  été  consacré  par  l'archevêque  de  Narbonne;  c'est  pourquoi  nous 
«  vous  prions  de  lever  cet  interdit  &  de  daigner  écouter  là-dessus  nos  prières. 
«  Il  y  va  de  notre  honneur,  &  nous  vous  en  aurons  de  grandes  obligations. 
«  Adieu.  »  Le  pape  écouta  favorablement  la  prière  du  roi  &,  par  une  bulle' 
qui  est  datée  de  Bénévent,  le  12  mars  de  l'an  1168,  8c  qu'il  adressa  à  Géraud, 
évêque,  aux  consuls,  à  tout  le  clergé  81  au  peuple  de  Toulouse,  il  déclare 
«  qu'en  considération  de  leur  dévouement  pour  l'Eglise  romaine,  8<.  pour  sa 
«  personne  en  particulier,  de  l'affection  singulière  que  le  roi  Louis  avoit 
«  pour  eux,  &  des  prières  de  ce  prince,  il  lève  l'interdit  qu'il  avoit  jeté  sur 
«  leur  ville,  à  cause  du  forfait  du  comte  de  Toulouse,  Se  leur  permet  de  célé- 
«  brer  l'office  divin  dans  les  églises  de  la  ville  8c  du  faubourg  en  l'absence  du 
«  même  comte.  Il  les  exhorte  enfin  à  lui  demeurer  plus  fidèles  en  recon- 
«  noissance  de  cette  grâce.  »  Nous  comprenons  par  là  que  le  comte  de  Tou- 
louse favorisoit  encore  les  schismatiques,  au  commencement  de  l'an  1168. 

XVII.  —  i\Iort  de  Raimond-Bérenger,  comte  de  Provence,  vicomte 

de  Gévaudan,  iyc. 

Raimond-Bérenger,  comte  de  Provence,  ayant  résolu  de  faire  la  guerre  au 
comte  de  Forcalquier,  fit  ses  préparatifs  8c  entreprit  cependant  un  voyage  en 
R.ouergue.  Nous  avons,  en  effet,  un  hommage  rendu  dans  ce  pays,  au  mois 
de  mars  de  l'an  1166^,  par  Raimond  de  Vigoron  à  Raimond-Bérenger,  fils  de 
la  comtesse  Béatrix,  comte  de  Provence  &•  vicomte  de  I\Iillau,  pour  la  moil?é 
des  châteaux  de  Vigoron  8c  de  Caylus.  Ce  prince  retourna  bientôt  après  en 
Provence  8c,  s'étant  mis  en  campagne,  iP  assiégea  la  ville  de  Nice  sur  le 
comte  de  Forcalquier.  Durant  le  siège,  s'étant  un  jour  trop  avancé,  il  fut 
atteint  d'un  coup  de  flèche  qui  l'étenilit  mort  sur  la  place.  La  mort  de  Rai- 
mond-Bérenger arriva  en  1166;  on  n'en  marque  pas  l'époque  précise,  mais 
elle  doit  être  placée  entre  les  mois  de  mars  8c  de  novembre  de  cette  année.  Il 
ne  laissa  de  Pvichilde,  sa  femme,  qu'une  fille  unique  en  bas  âge,  nommée 
Douce,  qu'il  avoit  promise  en  mariage  à  Raimond,  fils  aîné  du  comte  de 
Toulouse,  8c  qui  devoit  être  héritière  de  tous  ses  Ltats.  lis  consistoient  dans 
le  comté  de  Provence,  situé  entre  les  Alpes,  la  Durance,  le  Rhône  8c  la  mer, 
les  vicomtes  de  Millau  8c  de  Gévaudan,  une  portion  de  la  vicomte  de  Carlad, 
en  Auvergne,  8c  la  moitié  du  comté  de  Melgueil  ou  de  Substantion,  dont 
Béatrix,  sa  mère,  qui  lui  survécut,  avoit  disposé  en  sa  faveur. 

'  Catel,  Mim.  delh'ut.  Ja  Languedoc,  p.  886.  '   Gcsta    comhum    Barcinoncnsium ,   c,    22,    ap. 

'  Trésor  de»  chartes   de  Toulouse,  sac  7,  11.  5.       Marca  Hiipinia. 
[J.3,4.] 


An  1 166 


->  1 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC,  LIV.  XIX. 


XVIII.  —  Le  comte  de  Toulouse  se  saisit  de  la  Provence,  répudie  Constance, 
sa  femme,  ^  épouse  RiclùLle,  veuve  du  comte  de  Provence. 

Nous  ignorons  si  Raimond,  comte  de  Toulouse,  joignit  ses  armes  à  celles 
de  Raimond-Bérenger  contre  le  comte  de  Forcalquier,  ainsi  qu'ils  en  étoient 
t"^!!!"' '°'i"'  convenus,  &  s'il  se  trouva  au  siège  de  Nice.  Ce  qu'il  y  a  de  certain,  est  qu'il 
passa  une  partie  de  cette  année  aux  environs  du  Rhône.  Il  confirma'  à  Saint- 
Gilles,  au  mois  de  juin,  en  faveur  du  chapitre  de  Nimes,  la  donation  ou  la 
vente  qu'il  lui  avoit  faite  des  marais  de  Fontcouverte,  en  présence  d'Aldebert, 
évêque  de  Nimes,  Bermond  d'Uzès  &  Guillaume  de  Sabran;  nous  apprenons 
d'ailleurs^  qu'il  étoit  dans  son  palais  de  Saint-Gilles  au  mois  de  décembre 
suivant.  Il  paroît  aussi  que  ce  fut  sous  son  autorité  que  les  chevaliers  (y  les 
bourgeois  de  Nimes  s'accordèrent  la  mêiije  année,  comme  il  est  marqué  dans 
une  ancienne^  chronique.  Enfin,  nous  savons  que  Raimond  s'assura  de  la 
Provence  aussitôt  après  la  mort  du  comte  Raimond-Bérenger;  car  il  dominoif* 
le  long  de  la  côte  de  cette  province,  depuis  Nice  jusqu'à  l'embouchure  du 
Rhône,  dans  le  temps  que  les  villes  de  Gènes  &  de  Narbonne  conclurent 
leur  traité  de  commerce,  le  12  de  novembre  de  l'an  1166. 

Raimond  se  saisit  de  la  Provence  en  vertu  du  traité^  qu'il  avoit  conclu 
avec  Raimond-Bérenger,  suivant  lequel  Raimond,  son  fils,  devoit  épouser 
Douce,  fille  unique  S<  héritière  de  ce  prince.  Pour  affermir  davantage  ses 
droits  sur  cette  succession  il  épousa*'  quelque  temps  après  Richilde,  sa  veuve, 
mère  de  Douce  &  nièce  de  l'empereur  Frédéric.  Ce  fut  peut-être  dans  la  vue 
de  ce  mariage  qu'il  répudia  solennellement  Constance,  sa  femme,  sœur  du 
roi  Louis  le  Jeune,  de  laquelle  il  étoit  déjà  séparé;  &,  comme  il  avoit 
embrassé  le  parti  de  l'empereur  Frédéric  81  de  l'antipape,  il  y  a  lieu  de  croire 
que  l'un  81  l'autre  favorisèrent  sa  nouvelle  alliance;  le  premier  en  lui  don- 
nant sa  nièce  pour  femme,  &  l'autre  en  cassant  le  mariage  qu'il  avoit  con- 
tracté avec  Constance.  Quoi  qu'il  en  soit,  on  ne  sauroit  douter'  que  Raimond 
n'ait  épousé  Richilde  en  secondes  noces,  car,  outre  que  ce  fait  est  appuyé  sur 
le  témoignage  de  quelques  historiens  St  qu'il  est  certain  qu'il  répudia  Cons- 
tance, nous  voyons  qu'après  la  mort  de  Richilde  il  prétendit  hériter  de  son 
douaire. 

Constance  se  voyant  répudiée,  &  n'ayant  pas  de  quoi  soutenir  son  rang, 
fit  solliciter^  le  pape  Alexandre  III  de  lui  faire  restituer  le  comté  de  Bologne 
qu'Eustache,  son  premier  mari,  fils  du  roi  d'Angleterre,  lui  avoit  constitué 
pour  son  douaire,  &  dont  Mathieu,  frère  de  Philippe,  comte  de  Flandres, 

'  Archives  de  l'église  de  Niitles.  ^  Voyez  tome  VII,  Note  II,  n.  i  &  suiv. 

'  Archives  du  domaine  de  Mon«pellier,'titrcs  de  '  /iiV. 

Saint-Gilles,  n.  lo.  '  Martène,  Vcterum  SS.  amplissima  collectio,  t.  î, 

^  Voyez  tome  V,  c.  3o.  c.  ySS.  —  Le  P.  Anselme,  Histoire  généalogique  des 

■•  Voyez  tome  VIII,  c.  245.  pairs  de  France,  t.  2,  p.  7221 
'  Marca  Hispanica,  c.  i36p. 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XIX.  23  ~ ~ 

An  1 1 66 

s'étoit  cmpaio,  sous  prétexte  des  droits  de  Marie,  sœur  du  même  Eustache,  sa 
femme,  qu'il  avoit  épousée,  après  l'avoir  enlevée  d'un  monastère  d'Angleterre 
où  elle  étoit  abbesse.  Le  pape  prit  avec  chaleur  les  intérêts  de  Constance.  Il 
écrivit,  le  27  août  de  l'an  1168,  de  Bénévent  où  il  étoit  alors,  aux  évêques  de 
Soissons,  d'Amiens  Se  de  Laon,  81  leur  ordonna  de  faire  tous  leurs  efforts 
auprès  de  Mathieu  8c  de  Marie,  sa  femme,  pour  les  engager  à  rendre  le  comté 
de  Bologne  à  cette  comtesse,  &  de  les  excommunier  de  nouveau,  en  cas  de 
refus,  pour  cette  usurpation,  quoiqu'ils  les  eussent  déjà  excommuniés  pour 
avoir  contracté  un  mariage  si  illicite.  Il  écrivit  d'un  autre  côté  à  Henri,  arche- 
vêque de  Reiras,  frère  de  Constance,  qui  l'avoit  sollicité  en  faveur  de  cette 
princesse,  8c  il  lui  manda  de  ne  rien  négliger  pour  obliger  les  témoins  qui 
avoient  été  présens  à  la  constitution  de  son  douaire,  à  rendre  témoignage  à 
la  vérité.  Mathieu  se  maintint  toutefois  dans  la  possession  du  comté  de 
Bologne  qu'il  transmit  à  ses  descendans,  malgré  les  menaces  8c  les  anathèmes 
d'Alexandre. 

Le  nouveau  mariage  de  Raimond,  comte  de  Toulouse,  avec  Richilde, 
veuve  du  comte  de  Provence,  ne  lui  fut  pas  aussi  favorable  qu'il  l'avoit  espéré, 
pour  se  maintenir  dans  la  succession  de  ce  prince.  Il  rencontra  un  dange- 
reux concurrent  en  la  personne  du  jeune  Alphonse,  roi  d'Aragon  8c  comte 
de  Barcelone,  qui  la  lui  disputa  8c  qui  le  chassa  enfin  de  la  Provence. 

XIX.  —  Alphonse,  roi  d'Aragon,  dispute  la  succession  de  Provence  à  Raimond 

ô"  lui  déclare  la  guerre. 

Alphonse  étoit  à  Girone  lorsqu'il  '  apprit  la  mort  du  comte  Raimond- 
Bérenger,  son  cousin-germain.  Comme  il  prétendoit  avoir  droit  au  comté  de 
Provence,  en  vertu  de  l'intéodation  que  l'empereur  Frédéric  en  avoit  faite* 
en  1162,  tant  en  faveur  de  ce  comte  que  du  feu  comte  de  Barcelone,  son 
père,  il  prit  d'abord  le  titre  de  marquis  de  Provence,  de  l'avis  des  principaux 
de  ses  Etats.  Il  chercha  ensuite  à  amuser  le  comte  de  Toulouse,  qui  s'étoit 
emparé  du  pays,  en  attendant  l'occasion  de  l'en  déposséder.  11  lui  fit  dire 
qu'il  consentoit  volontiers  au  mariage  du  jeune  Raimond,  son  fils,  avec 
Douce,  8c  lui  fit  espérer  qu'il  donneroit  aussi  son  consentement  au  sien  avec  tu.orî 
Richilde;  mais  sous  ces  apparences  d'amitié,  il  passa  bientôt  après  les  Pyré- 
nées à  la  tête  d'un  corps  d'armée  Se  s'avança  vers  le  Rhône.  Le  comte  de 
Toulouse,  averti  3  de  sa  marche,  se  mit  de  son  côté  en  état  de  lui  disputer 
l'entrée  de  la  Provence.  Si  l'on  en  croit  un  des  derniers  historiens  d'Espagne'^, 
il  alla  même  à  sa  rencontre,  8c  il  se  donna  alors  une  sanglante  bataille  entre 
ces  deux  princes,  sans  qu'on  sache  lequel  des  deux  remporta  la  victoire.  Mais 
on  n'a  rien  de  certain  là-dessus.  Ce  qu'il  y  a  de  vrai  est  que,  malgré  tous 
les  soins  de  Raimond  pour  empêcher  Alphonse  de  pénétrer  en  Provence,  ce 

'  Zat'tta,  Anales  delà  eorona  Je  Aragon, l.  t,e.z5.  '  Gestn  comltam   Sarcinonensium ,  c.   2i ,  apiid 

'  Voyez  au  tom«  III  <i«  c«tt«  édition,  1.  XVIII,       Marca  Hispanica,  c.  Sâo. 
n.  Lii,  p.  827.  ^  Fcrrara»,  ann.   1167,  n.  3. 


m. 
t.  111,  p'.'ii. 


An  1166 


24  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XIX. 

tleinier'se  saisit'  du  château  d'AIbaion,  situé  dans  l'île  de  Camargue,  sur  le 
bras  du  Rhône  qui  est  du  coté  de  Languedoc,  &  qu'il  y  entra  suivi  d'Hugues, 
archevêque  de  Tarragone,  de  Pierre,  évêque  d'Ausone,  &  de  divers  seigneurs 
aragonois  &  catalans.  Le  comte  assiégea  aussitôt  ce  château  8t  il  l'emporta 
d'assaut;  mais  le  roi  eut  le  bonheur  de  se  sauver,  grâce  à  la  vigilance  de 
Bertrand  de  Baux,  qui  avoit  embrassé  son  parti  après  avoir  abandonné  celui 
de  Raimond  &  qui,  l'ayant  fait  monter  à  cheval,  lui  fit  traverser  à  la  nage 
l'autre  bras  du  R,hône  &.  le  conduisit  ainsi  sain  &.  sauf  dans  Arles,  où  il  fut 
reçu  aux  acclamations  du  peuple. 

Alphonse  étoitdcjà  arrivé  en  Provence  avant  la  fin  de  l'an  1166,  comme  il 
paroît  par  une  charte^  où  il  se  qualifie  roi  d'Aragon,  duc  de  Provence  ô- 
comte  de  Barcelone,  &  par  laquelle  il  exempte  de  péage  les  religieux  de  Sau- 
vecane,  au  diocèse  d'Aix,  en  présence  des  archevêques  d'Arles  8c  d'Aix,  d'Hu- 
gues Si  de  Bertrand  de  Baux  frères,  de  Guillaume  de  Montpellier,  8<c.  Ce 
dernier,  qui  s'étoit  déclaré  en  faveur  d'Alphonse,  non  content  de  lui  avoir 
donné  passage  sur  ses  terres,  l'accompagna  dans  son  expédition  de  Provence 
contre  le  comte  de  Toulouse.  Guillaume  disputa  cependant  à  ce  prince  la 
tutelle  de  la  jeune  Douce,  fille  du  feu  comte  Raimond-Bérenger;  mais  ils 
s'accordèrent^  enfin  par  l'entremise  de  Jean  de  Montlaur,  évêque  de  Mague- 
lonne.  La  plupart  des  autres  grands  vassaux  du  comté  de  Provence  prirent 
y^„  ,,g  le  parti  d'Alphonse  qui,  après  s'être  assuré  la  possession  du  pays,  s'en  qualifia 
depuis  indifféremment  marquis  &  comte. 

Raimond  se  voyant  chassé  de  ce  pays  fit  tous  ses  efforts  pour  le  reprendre 
Se  ne  cessa,  dans  cette  vue,  de  faire  la  guerre  au  roi  d'Aragon;  mais  les  diffé- 
rends qu'il  avoit  en  même  temps  avec  celui  d'Angleterre  l'obligèrent  souvent 
d'interrompre  le  cours  de  cette  expédition  :  diversion  dont  Alphonse  profita 
pour  affermir  de  plus  en  plus  son  autorité  au  delà  du  Pvhône. 

XX.  —  Entrevue  entre  le  roi  d'Angleterre  6-  le  comte  de  Toulouse. 

On  a  dit  ailleurs  que  Raimond  Si  Henri,  roi  d'Angleterre,  étoient  con- 
venus d'une  trêve  en  1162,  qu'elle  fut  mal  observée  8<,  que  la  guerre  se 
renouvela  entre  eux  les  années  suivantes.  Enfin  ces  deux  princes  cherchèrent 
k  feire  la  paix,  &  ils  eurent  là-dessus  une'*  entrevue  dans  l'abbaye  de  Grand- 
mont,  en  Limousin,  durant  le  carême  de  l'an  1 167.  Nous  ignorons  le  résultat 
de  leur  conférence;  mais  nous  apprenons  d'un  historien ^  du  temps  que  la 
«  guerre  s'étant  renouvelée  la  même  année  entre  les  rois  de  France  &  d'An- 
gleterre, à  cause  du  comté  de  Toulouse,  ils  convinrent  au  mois  d'août  d'une 
trêve  qui  devoit  durer  jusques  à  Pâques  de  l'année  suivante.  On  peut  inférer 
de  là  qu'il  ne  fut  rien  conclu  dans  l'entrevue  de  Grandmont  entre  le  comte 

'  Gâta    comhiim    Barcinoncnsium ,    c,    22,    ap.  '  Gallia  Chriitiana,  pr.  ei.  t.  3,  c.  yyS. 

Marca  Hispanica,  c.  503.  <  Robertiis  de  Monte,  Chronicon,  p.  786. 

'  Bouche,  Ckorographie  ou  description   de  la  Pro-  '  Gervasius  Dorobernensis,  Chronicon,  p.  i^si. 
vence,  t.  2,  p.   loji. 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XIX.  2  5      ^„  ,,g 

de  Toulouse  S<.  le  roi  d'Angleterre,  qu'ils  continuèrent  les  hostilités  8c  qu'enfin 
le  premier  fut  compris  dans  la  trêve  que  l'autre  conclut  au  mois  d'août  avec 
le  roi  de  France. 

XXI.  —  Suite  de  la  guerre  entre  le  roi  d'Aragon  iS-  le  comte  de  Toulouse. 
Le  comte  de  Rodej  embrasse  le  parti  du  premier. 

Raimond  profita'  de  cette  trêve  pour  aller  reprendre  son  expédition  de 
Provence  contre  Alphonse,  roi  d'Aragon  j  on  ne  dit  pas  si  le  succès  répondit 
à  son  attente;  il  paroit  seulement  qu'Alphonse  se  maintint  dans  la  possession 
(lu  comté  de  Provence  :  il  résidoit  ^  en  effet  à  Arles,  au  mois  d'août  de 
l'an  1167,  8<  il  y  conclut  la  même  année  un  traité  avec  Hugues  II,  comte  de 
ITodez,  qu'on  qualifie  •*  mal  à  propos  d'Hugues  III. 

Hugues  étoit  vassal  de  Raimond  pour  son  comté  de  Rodez,  8c  en  état  par 
lui-même  de  faire  pencher  la  balance  en  faveur  de  ce  prince  dans  la  guerre 
de  Provence,  s'il  l'avoit  secouru  comme  il  y  étoit  obligé;  mais  il  lui  manqua 
au  besoin  Se  tourna  même  ses  armes  contre  lui.  Alphonse  trouva  moyen  de 
le  débaucher  par  l'entremise  d'Hugues,  évêque  de  Rodez,  frère  de  ce  comte,  ,'^n"'''''",- 
£<  de  Guillaume  VII,  seigneur  de  Montpellier,  Se  ils  conclurent  ensemble  un 
traité''  suivant  lequel  Hugues,  du  conseil  d'Aldebert  d'Estaing  Se  de  plu- 
sieurs autres  de  ses  principaux  vassaux,  donna  à  Alphonse  la  moitié  du  Car- 
ladès  qui  étoit  échu  en  partage  à  Richard,  son  aïeul,  Se  Alphonse  le  lui  rendit 
ensuite  en  fief  avec  l'autre  moitié  de  cette  vicomte  dont  le  comte  Gilbert,  son 
bisaïeul,  avoit  hérité,  8c  qui  avoit  appartenu  au  teu  comte  de  Provence. 
Ainsi  Alphonse,  pour  s'assurer  du  comte  de  Rodez  contre  le  comte  de  Tou- 
louse Se  le  détacher  des  intérêts  de  ce  prince,  lui  céda  en  fief  toute  la  portion 
du  Carladès  dont  le  feu  comte  de  Provence  avoit  joui  Se  qui  devoit  appartenir 
à  Douce,  sa  fille.  Hugues  fit  ensuite  hommage  au  roi  d'Aragon  pour  tout  le 
Carladès,  Se  lui  promit  par  serment  de  le  défendre  envers  tous  Se  contre  tous 
pour  les  domaines  que  ce  roi  possédoit  dans  les  diocèses  de  Rodej  £,•  de  Mende, 
c'est-à-dire  pour  les  vicomtes  de  Millau  Se  de  Gévaudan  Se  pour  le  reste  de 
ses  domaines.  L'acte  est  souscrit  par  Alphonse,  qui  se  qualifie  roi  d'Aragon, 
comte  de  Barcelone  6*  duc  de  Provence,  Hugues,  comte  de  Rodez,  Hugues, 
évêque  de  cette  ville,  son  frère,  Guillaume  de  Montpellier,  l'archevêque  de 
Tarragone,  les  évêques  d'Ausone,  de  Saragosse  Se  de  Barcelone,  Hugues  de 
Baux,  Bertrand,  son  frère,  Gui  de  Séverac,  Sec.  On  voit  par  là  :  1°  Que  le 
roi  d'Aragon,  voulant  se  mettre  en  possession  des  vicomtes  de  Millau  Se  de 
Gévaudan,  dépendantes  de  la  succession  du  feu  comte  de  Provence,  se  ligua 
avec  le  comte  de  Rodci  Se  plusieurs  autres  seigneurs  de  Rouerguc,  ((ui 
ctoient  en  état  de  le  favoriser  dans  cette  entreprise  Se  qui  abandonnèrent 

'  Gesti  comitum  Btrcinonenilum,  c,  il.  '  Le  P.  Anselme,  Histoiic  gèiti'alcgi^ue  Aa  pairs 

'  Ztiritn,  AaaUi   de   la   corona  Je  Aragon,   I.   2,  Je  France,  t.  2,  p.  697. 

t.  25.  —  Bouche,  Choro^rapliie  ou  Jcicriplion  Je  la  ^  D'Achéry,  Spicilcglum,  t.   10,  p.   l63, 
Provence,  t.  1,  p.  tj^-j.                     ^ 


An  1 167 


26  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XIX. 

alors  les  intérêts  du  comte  de  Toulouse,  leur  seigneur,  pour  embrasser  les 
siens;  1°  qu'il  débaucha  aussi  les  seigneurs  de  Baux,  qui  avoient  été  aupa- 
ravant si  unis  avec  Raimond  &  que  ce  comte  avoit  soutenus  si  constamment 
dans  leurs  guerres  précédentes  contre  la  maison  de  Barcelone.  Comme  ces 
seigneurs  s'étoient  alliés  alors'  avec  celle  de  Montpellier,  il  y  a  lieu  de  croire 
que  Guillaume  VII,  seigneur  de  cette  ville,  qui  fut  toujours  très-zélé  parti- 
san, de  même  que  ses  ancêtres,  des  comtes  de  Barcelone,  servit  beaucoup  à 
les  détacher  du  comte  de  Toulouse  pour  les  mettre  dans  le  parti  du  roi 
d'Aragon. 

XXII.  —  Fondation  des  ahhayes  de  Bonnecomhe,  de  Feuillans  i^  d'Eniines; 

Seigneurs  d'U-^ès. 

Quant  à  la  maison  de  Rodez,  il  paroît  qu'elle  étoit  unie  peu  de  temps 
auparavant  avec  Raimond,  comte  de  Toulouse;  car  Hugues,  évêque  de  Rodez, 
frère  du  comte  Hugues,  fonda  ^  au  commencement  de  l'an  11 66,  conjointe- 
ment avec  ce  prince,  l'abbaye  de  Bonnecombe,  en  Rouergue,  sous  la  filia- 
tion de  celle  de  Candeil,  en  Albigeois.  Gauzbert,  abbé  de  cette  dernière, 
mena  une  colonie  de  ses  religieux  à  Bonnecombe,  y  célébra  la  première 
messe,  le  12  de  janvier  de  l'an  1166,  8c  y  établit  Matfred  pour  premier  abbé. 
D'autres^  rapportent  cette  fondation  à  l'an  1162;  mais  Hugues,  évêque  de 
Rodez,  qui  y  eut  beaucoup  de  part,  ne  possédoit  pas  encore  alors  cet  évêché. 
Raimond  V,  comte  de  Toulouse,  peut  avoir  cependant  jeté  dès  lors  les  fon- 
demens  de  l'abbaye  de  Bonnecombe,  qui  est  située  à  trois  lieues  de  Rodez, 
vers  le  midi.  Bermond,  seigneur  d'U-^ès  &  de  Posquières,  fut  un  des  princi- 
paux bienfaiteurs  de  ce  monastère '^  auquel  il  fit  une  donation  considérable 
en  1168,  en  présence  d'Aldebert,  évêque  de  Nimes,  Si  de  Raimond,  évêque 
d'Uzès,  ses  frères.  Le  même  Bermond  d'U-^és  fut  présent^  avec  ses  deux  fils 
Éléazar  8c  Raimond,  à  une  donation  qui  fut  faite  à  Beaucaîre  durant  la 
foire,  au  mois  de  mai  de  l'an  1168,  par  un  seigneur  du  pays,  en  faveur  de 
l'abbaye  de  Franquevaux. 

R.aimond  V,  comte  de  Toulouse,  eut  part  aussi  sans  doute  à  la  fondation 
de  l'abbaye  de  Feuillans,  de  l'ordre  de  Cîteaux,  dans  le  diocèse  de  Toulouse, 
dont  les*5  uns  mettent  l'époque  à  l'an  1169,  8c  les''  autres  quelques  années 
auparavant.  Elle  fut  fondée  sous  le  nom  de  Notre-Dame  de  la  Clarté-Dieu, 
dans  la  forêt  de  Feuillans,  par  les  religieux  de  la  Creste,  au  diocèse  de  Lan- 
gresç  mais  à  cause  de  son  trop  grand  éloignement,  elle  tut  soumise  dans  la 
suite  à  l'abbé  de  Bonnefont,  dans  le  Comminge,  sous  la  filiation  de  Mori- 
mond.  Enfin,  il  est  vraisemblable  que  Raimond  favorisa  la  fondation  de 
l'abbaye  d'Eaunes,  du  même  ordre,  dans  le  Toulousain,  qui  subsistoit  déjà 

'  Voyez  tome  IV,  Note  XXXVII,  n.  lo,  p.  i83.  <  Arcliives  de  l'abbaye  de  BortrlccombSi 

*  Catel,    Histoire  des  comtes  de  Tolose,  p.    zri  '  Mss.  d'Auhays,  n.  77. 

Et  suiv.  ''  Manriqiie,  ann.  1 169,  1;  7,  n.  9* 

'  Gallia  Christiana,  nov.  éd.  t.   I,  C.  iSl.  '  Gallia  Cliristiana,  t.  4. 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XIX.  21   ~ ~ 

'        An  I  167 

en  1184,  &  dont  on  prétend  que  les  seigneurs  de  Montaut  furent  les  prin- 
cipaux bienfaiteurs.  Elle  dépend  encore  aujourd'hui  du  diocèse  de  Tou- 
louse, £<  est  située  à  deux  lieues  au  midi  de  cette,  ville,  dans  un  vallon 
agréable,  au  voisinage  de  Muret.  Les  calvinistes  la  renversèrent  de  fond  en 
comble  au  seizième  siècle.  Quand  à  celle  de  Feuillans,  elle  est  présente- 
ment du  diocèse  de  Rieux  8c  chef  d'une  congrégation  réformée  de  l'ordre 
de  Cîteaux;  elle  est  à  la  gauche  de  la  Garonne,  auprès  de  la  petite  rivière  de 
Louge. 

XXIII.  —  Guerre  £•  paix  entre  les  comtes  de  Toulouse  ^  de  Savoie. 

Alphonse,  roi  d'Aragon,  ne  se  contenta  pas  d'affaiblir  le  comte  Raimond, 
en  lui  débauchant  une  partie  de  ses  vassaux,  il  paroît  qu'il  lui  suscita  un 
puissant  ennemi  en  la  personne  du  comte  de  Savoie,  qui  attaqua  ses  Etats  du 
côté  du  Dauphiné,  pays  que  Raimond  possédoit,  commeon  l'a  déjà  remarqué, 
au  nom  d'Albéric  Taillefer,  son  fils  puîné,  qui  en  devoit  épouser  l'héritière. 
Il  est  certain  du  moins  que  Humbert,  comte'  de  Savoie,  entreprit  la  guerre 
vers  l'an  1167  contre  le  comte  de  Toulouse  qui,  étant  occupé  ailleurs,  donna 
le  soin  de  la  soutenir  à  Alphonse,  son  frère;  que  cette  guerre  dura  assez  long- 
temps; qu'elle  fut  suivie  de  beaucoup  d'incendies  &  de  meurtres,  &  qu'enfin 
elle  fut  terminée  par  un  traité  que  saint  Pierre,  archevêque  de  Tarentaise, 
nloyenna,  suivant  l'auteur  contemporain  de  la  vie  de  ce  prélat. 

XXIV.  —  Mort  trafique  de  Raimond-Trencavel,  vicomte  de  Béliers, 

Carcassonne,  &c. 

Il  y  a  lieu  de  croire  que  Raimond-Trencavel,  vicomte  de  Béziers  &  de 
Carcassonne,  rompit  de  son  côté  la  paix  qu'il  avoit  conclue  avec  Raimond, 
comte  de  Toulouse,  son  seigneur,  pour  se  tourner  du  côté  du  roi  d'Aragon, 
son  ancien  allié.  Ce  vicomte,  après  avoir  servi  en  ii65  sous  les  enseignes  de 
R.aimond,  durant  la  guerre  des  Génois  contre  les  Pisans,  étant  de  retour  de 
cette  expédition,  permit  avec  Roger,  son  fils,  au  mois  d'août  de  l'an  1166^, 
de  construire  un  château  au  lieu  de  Cambons,  en  Albigeois.  Il  tint  un^ 
plaid  à  Albi,  au  mois  de  février  de  l'année  suivante,  la  dixième  de  l'épiscopat 
de  Guillaume,  évêque  de  cette  ville,  S<.  il  condamna  les  clercs  de  Sainte-Mar- 
tiane  à  donner,  le  jour  de  la  fête  de  cette  sainte,  le  repas  ordinaire  à  ceux  de 
Saint-Salvi.  Enfin  Raimond-TrencaveM  81  son  fils  Roger  engagèrent  le  der- 
nier de  juillet  de  la  même  année  1167,  à  Miron  de  Tonnens,  pour  la  somme 
de  onze  mille  sols  melgoriens,  dont  cinquante  valoient  un  marc  d'argent,  le 
château  de  Balaguer,  dans  le  Toulousain,  &  tout  le  reste  du  pays  de  Cheir- 

'  Vha.  S.  Pétri  Tarcatasiens'is,  ap.  AA.  Sancto-  '  Archives    de    Saint-Salvi    d'Albi.  —  [Voyez 

rum,  mai,  t.  ï,  c.  33o.  —  Voyez  tome  IV,  Note  L,  tome  V,  c.  408. J 

n.  ifi,  pp.  Z24  à  226.  '  Voyez  tome  VIII,  Preuves,  n.  4,  ce,  271,  272. 

'  Archives  du  chapitre  de  Foix. 


An  1 167 


28  HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV,  XlX. 


corb.  Ce  pays  étoit  composé  de  quatorze  villages,  entre  autres  de  ceux  de 
Clialabre  &  de  Sainte-Colombe,  &  nous  comprenons  par  là  qu'il  s'étendoit 
dans  la  partie  méridionale  du  diocèse  moderne  de  Mirepoix'. 

Raimond-Trencavel  ne  survécut  pas  longtemps  à  cet  engagement  :  il 
mourut  quelques  mois  après  d'une  mort  funeste,  dont  un  auteur  contempo- 
rain^ rapporte  les  circonstances  suivantes  :  «  Trencavel,  dit  cet  auteur,  après 
«  avoir  servi  le  roi  d'Angleterre  dans  son  expédition  de  Toulouse,  étoit  en  paix 
«  lorsqu'il  se  présenta  une  occasion  d'aller  au  secours  de  son  neveu  attaqué 
«  par  ses  ennemis.  Il  prit  les  devans  avec  une  partie  de  ses  troupes  &  donna 
«  ordre  au  reste  de  son  armée  de  le  suivre.  Les  villes  de  Béziers  &  de  Car- 
«  cassonne,  qui  lui  étoient  soumises,  lui  fournirent  entre  autres  une  nom- 
«  breuse  8<.  vaillante  jeunesse.  Durant  la  marche,  un  bourgeois  de  Béziers 
«  prit  querelle  avec  un  chevalier  &  lui  enleva  un  cheval  de  charge.  Le  chc- 
((  valier,  irrité  de  cette  action  &  animé  par  tous  les  autres  chevaliers,  en  porta 
«  ses  plaintes  à  Trencavel  &  demanda  qu'il  lui  fît  faire  léparation  de  l'injure. 
«  Le  vicomte  pour  contenter  les  chevaliers,  qui  menaçoient  de  l'abandonner 
«  s'il  ne  rendoit  justice  à  leur  collègue,  leur  livra  le  bourgeois  &  leur  permit 
«  d'en  disposer  à  leur  volonté.  Ils  le  punirent  aussitôt  d'une  peine  légère  à  la 
«  vérité,  mais  qui  le  déshonoroit  pour  le  reste  de  ses  jours.  Tous  les  bourgeois 
«  de  Béziers  conçurent  un  vif  ressentiment  de  cette  punition  Si  résolurent 
tt  d'en  tirer  vengeance.  Dès  que  la  campagne  fut  finie  &  que  Trencavel  fut 
«  de  retour  dans  cette  ville,  ils  le  supplièrent  instamment  de  leur  faire  justice 
«  Sv.  de  réparer  la  honte  qui  rejaillissoit  sur  tous  leurs  compatriotes.  Le 
«  vicomte,  qui  étoit  naturellement  honnête  &  civil,  leur  répondit  avec  beau- 
«  coiipde  douceur  qu'il  prendroit  là-dessus  le  conseil  des  principaux  habitans 
«  èi.  qu'il  répareroit  volontiers  un  certain  jour  qu'il  leur  marqua,  ce  que  la 
ivj  oriRin.     „  nécessité  oîi   il  s'éloit  trouvé  d'apaiser  les  chevaliers  de  son  armée  l'avoit 

I.UliP.  tû.  ^  ir.  •!  •••1 

«  obligé  de  faire;  Si  ils  parurent  satisfaits  de  cette  réponse.  Le  jour  étant 
<(  venu,  le  vicomte  se  rendit  dans  la  cathédrale  suivi  de  sa  cour.  Il  y  attendoit 
«  avec  l'évèque  les  principaux  habitans,  lorsque  ceux-ci  parurent  armés  de 
«  cuirasses  Si  de  poignards  cachés  sous  leurs  habits.  Celui  qui  se  prétendoit 
«  offensé  s'avança  le  premier  Si  dit  à  Trencavel  :  Voici  ce  malheureux  qui  est 
(1  ennuyé  de  vivre,  parce  qu'il  ne  peut  le  faire  qu'avec  honte;  dites-nous 
«  maintenant,  mon  seigneur,  s'il  vous  plaît,  si  vous  voulez  réparer  le  mal 
(I  qu'on  m'a  fait.  Le  vicomte  répondit  fort  honnêtement  81  plus  même  que 
«  sa  dignité  ne  le  demandoit  :  .le  suis  prêt  de  m'en  tenir  là-dessus  au  conseil 
«  des  seigneurs  qui  sont  ici  présens  Si  à  l'arbitrage  des  citoyens,  ainsi  que  je 
«  l'ai  déjà  promis.  Vous  diriez  fort  bien,  répliqua  l'offensé,  si  notre  honte 
«  pouvoit  recevoir  quelque  réparation;  mais  comme  cela  est  impossible,  elle 
«  ne  peut  être  lavée  que  dans  votre  sang.  Aussitôt  les  conjurés  tirent  leurs 
«  armes  de  dessous  leurs  habits,  se  jettent  avec  fureur  sur  leur  seigneur, 
«  quelque  effort  que  fît  l'évèque  pour  les  en  empêcher,  81  l'assassinent  cruel- 

'  Et  en  pnrtie  d'AIet.  [A.  M.]  •  Giii!lcliiius  Neubrigensis,  1.  î,  c.   ii. 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XIX.  29 

«  lement  devant  l'autel  avec  ses  amis  8<  ses  barons'.  »  Tel  est  le  récit  de  cet 
horrible  attentat  commis  sur  la  personne  de  Pvaimond-Trencavel,  vicomte  de 
Béziers,  de  Carcassonne,  de  Razès  8c  d'Albi,  par  ses  propres  sujets.  On  peut 
ajouter  plusieurs  circonstances  omises  par  l'historien. 

1°  Nous  apprenons  de  divers  monumens  l'époque  certaine  de  cet  assassinat. 
Trencavel,  dit  une  ancienne  chronique^  de  Nimes,///f  tué  un  dimanche  dt 
l'an  1167,  dans  l'église  de  la  Magdeleine  de  Bé-^iers.  On  lit  les  paroles  sui- 
vantes dans  un  ancien  nécrologe  de  l'église  de  Carcassonne  :  Z?  14^  d'octobn 
de  l'an  1 167,  le  martyre  de  Trencavel,  vicomte  de  Bé-^iers,  6-  de  ses  compagnons 
dans  l'église  de  Saint e-Marie-Magdeleine  de  Bé-^iers.  Ainsi  ce  vicomte  fut  tué 
dans  l'église  de  la  Magdeleine  de  cette  ville  &  non  pas  dans  la  cathédrale, 
comme  l'a  avancé  l'auteur  de  qui  nous  tenons  le  détail  de  sa  mort.  Quant  au 
jour,  il  est  certain  que  ce  fut  le  i5  d'octobre  Se  non  pas  le  14,  ainsi  qu'il  est 
dit  dans  le  nécrologe  de  Carcassonne,  car  la  mort  de  ce  vicomte  est  marquée 
le  i5  d'octobre  dans  celui  de  Cassan,  au  diocèse  de  Béziers,  &  cela  convient 
très-bien  avec  la  chronique  de  Nimes  où  il  est  rapporté  qu'il  fut  tué  un 
dimanche.  Il  s'en  suit  de  là  qu'on  doit  rejeter  le  témoignage  d'un  autre  his- 
torien'^, quoique  contemporain,  qui  assure  que  Trencavel  fut  assassiné  un 
dimanche  de  carême.  Du  reste,  cet  auteur  confirme  que  l'attentat  fut  commis 
dans  l'église  de  la  Magdeleine  de  Béziers,  en  présence  de  Bernard,  évêque 
de  cette  ville,  8c  que  le  vicomte  y  périt  avec  plusieurs  autres.  Il  ajoute  que 
les  bourgeois  de  Béziers  avoient  fait  serment  au  comte  de  Toulouse  de  se 
saisir  de  Trencavel  Se  de  le  lui  remettre  parce  qu'il  les  opprimoit;  mais  que 
ce  comte,  dans  son  traité  avec  eux,  n'avoit  nullement  fait  mention  de  le  faire 
mourir  :  circonstance  qui  prouve  que  Raimond,  comte  de  Toulouse,  8c  ce 
vicomte  étoient  alors  ennemis,  à  cause  sans  doute  que  ce  dernier  s'étoii 
déclaré  en  faveur  du  roi  d'Aragon  durant  la  guerre  de  Provence.  Enfin  on 
doit  aussi  rejeter  le  témoignage  de  Catel"'  qui  dit"^  :  que  Trencavel  j'ut  tué  h 
jour  de  la  Magdeleine  ;  on  a,  en  effet,  une  charte  de  ce  vicomte  datée  du 
dernier^  de  juillet  de  l'an  1167. 

2°  Suivant  un  historien  du  treizième  siècle 8,  les  habitans  de  Béziers  cas- 
sèrent les  dents  à  l'évêque  dans  cette  occasion,  parce  qu'il  voulut  les  empê- 
cher de  se  jeter  sur  le  vicomte. 

3°  On  ne  dit  pas  le  nom  du  neveu  de  Trencavel  en  faveur  duquel  ce 

'  Le  récit  de  Guillaume  de  Neubrige,  historien  '  Voyez  tome  V,  c.  3o. 

contemporain,  il  est  vrai,  mais  éloigné  du  théâtre  '  Ihid.  c.  36. 

des  événements,  présente  certains  faits  peu  cxpli-  *  Gaufridus,  prior  Vosiensis,  Chronicon, 

cables.  On  ne  comprend    pas  trop  l'animosité  des  '  Calel,  Mémoires   de   l  histoire    du    Languedoc 

bourgeois  contre  le  vicomte  pour  une  affaire  aussi  p.  63ç, 

légère,  &   il  est  probable  qu'il   faut  donner  à  cet  '        '  Ceci  est  évidemment  une  faute  d'attention  di 

assassinat  une   cause  beaucoup    plus   importante.  Catel,  qui  a  mal   lu   la   phrase  de  la  chronique  dj 

Nous  sommes  sans  doute  là  en  présence  d'un  épi-  Nlnies.  [A.  M.] 

sodé  des  luttes  communales  qui  ensanglantèrent  la  '  Voyez  tome  VIII,  Preuves,  c.  171. 

plupart  des  villes  du  Languedoc  au  douzième  sic-  '  Pierre  de  Vaux-Cernay,  Historiti  JUigcnslut», 

de.  Voir  notamment  plus  bas  ce  que  rapporte  dom  c.   16, 
V'aissete  d'apù*  Geoffroy  de  Vigeois.  [A.  M.] 


An  1 1^7 


3o  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANCjUEDOC.  LIV.  XIX. 


vicomte  avoit  entrepris  l'expédition  qui  donna  occasion  à  sa  mort.  Il  avoit 
alors  deux  neveux  qui  pouvoient  l'avoir  appelé  à  leur  secours,  savoir  :  Ber- 
.nard-Aton,  vicomte  de  Nimes  &  d'Agde,  fils  de  son  frère  Bernard-Aton,  & 
Gérard  ou  Guinard,  comte  de  Roussillon,  fils  de  sa  sœur  Ermengarde.  Ce 
dernier  implora  peut-être  sa  protection  contre  les  enfans  que  Gausfred,  son 
père,  avoit  eus  d'un  mariage  illégitime,  St  qui  lui  disputèrent  la  succession; 
mais  il  est  plus  vraisemblable  que  Trencavel  fut  joindre,  en  1167,  avec  ses 
troupes  Bernard-Aton,  vicomte  de  Nimes,  qui  s'étoit  engagé  sans  doute  dans 
la  guerre  de  Provence  en  faveur  du  roi  d'Aragon  contre  le  comte  de  Toulouse. 
tî'nitpf'l'à.  4°  Enfin  un  auteur'  du  temps  assure  qu'un  jeune  fils  de  Trencavel,  dont 
il  ne  dit  pas  le  nom,  fut  assassiné  avec  lui^. 

XXV.  —  Enfans  de  Trencavel.  —  Roger,  son  fils  aîné,  lui  succède  i-  se  ligue 
avec  le  roi  d' Aragon  contre  le  comte  de  Toulouse. 

Trencavel  laissa  deux  autres  fils  de  la  comtesse  Saure,  sa  seconde  femme. 
L'aîné',  nommé  Roger,  qu'un  •''  historien  moderne  suppose  mal  à  propos  avoir 
été  son  frère,  lui  succéda  dans  tous  ses  domaines.  L'autre,  appelé  Raimond- 
Trencave],  ne  prit  jamais  le  titre  de  vicomte,  &.  il  fut  simplement  apanage. 
Il  vivoit  encore  en  iiçS"*  &  121 15  mais  nous  ignorons  s'il  eut  des  enfans.  Le 
vicomte  Raimond-Trencavel  laissa  outre  cela  trois  filles,  savoir  :  Cécile  qui 
avoit  épousé  depuis  l'an  ii5i  Roger-Bernard,  comte  de  Foix,  8c  qu'il  avoit 
eue  d'Adélaïde,  sa  première  femme;  Adélaïde  &  Béatrix  qu'il  eut  de  Saure, 
la  seconde.  Adélaïde  étoit  déjà^  mariée  en  1176  avec  Sicard,  vicomte  de  Lau- 
trec;  le  vicomte  Roger,  son  frère,  lui  paya  cette  année  trois  mille  sols  mel- 
goriens  en  déduction  de  la  somme  de  huit^  mille  sols  melgoriens  qu'il  lui 
avoit  promise.  Béatrix  se  maria  aussi  dans  la  suite,  &.  elle  épousa  Raimond  VI, 
comte  de  Toulouse. 

Nous  avons  parlé  ailleurs  du  testament'^  que  Trencavel  fit  en  11 54,  il  en  fi^ 
un  autre ^,  ou  plutôt  une  déclaration  verbale  durant  une  maladie  qu'il  eut  peu 
de  temps  avant  sa  mort.  Par  cet  acte,  qui  fut  rédigé  par  écrit  trois  années  après, 
il  institua  son  fils  Roger  son  héritier  universel,  &  établit  Guillaume-Pierre  de 
Bérens  son  sénéchal  en  Albigeois,  avec  pouvoir  de  gouverner  tout  le  domaine 
qu'il  avoit  dans  le  pays,  dont  il  lui  donna  une  partie  en  fict,  entre  autres  le 
lieu  de  Janes  qui  lui  étoit  demeuré  de  la  succession  du  vicomte  de  Monclar'^. 

■  Lo  fait  est  peu  vraisemblable;   il  n'est  indi-  '  Voyez  tome  VIII,  ce.  3o8,  Sop. 

que  que  par  Robert  du  Mont,  &  Raimond  Tren-  <^  Ih'td.  c.  3i2. 

cavel  devait,  en  i  167,  avoir  plus  de  soixante-dix  '  Voyez  tome  III,  1.  XXVIII,  ri.  xxii,  p.  792  8c 

ans.  En  outre,  tous  les  actes  ne  donnent  que  deux  suiv.;  tomeV,  Chartes  &  Diplômes,  n.  CCCCXCIII, 

enfants  mâles   à  ce  vicomte.  Roger  II  &  Raimond  c.   1171   &  suiv. 

Trencavel.  [A.  M.]  s  Voyez   tome  VIII,   Chartes,    n.  II,    ce.  i66, 

'  Robertus  de  Monte,  Chronicon,  ad  ann.  1169.  267. 

'  Histoire  de  Béarn,  p.  722.  ''  Ce  n'est  pas  un  fief  proprement  dit;  ce  n'est  à 

♦Voyez   tome  VIII,   Chartes,   ce.  421,422,    &  vrai  dire  que  l'attribution    temporaire  à  ce  fonc- 
ée. 609,  61  I,  tionnaire  d'une   partie  des  revenus  domaniaux  de    ■ 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XIX.  3i   "T ~~ 

An  1 167 

Roger  avoit  environ  dix-huit  ans  lorsqu'il  succéda  dans  les  vicomtes  de 
Béziers,  Carcassonne,  Albi  Se  Raz.es,  à  Raimond-Trencavel,  son  père.  Il 
résolut'  aussitôt  de  venger  sa  mort  :  il  trouva  tous  les  princes  voisins  égale- 
ment indignés  de  l'assassinat  de  Trencavel  disposés  à  le  seconder,  &  le  pape 
déclara  les  assassins  excommuniés.  Il  implora  entre  autres  le  secours  d'Al- 
phonse, roi  d'Aragon;  mais  comme  pour  l'obtenir  il  reconnut  ce  prince  pour 
son  seigneur,  au  préjudice  de  la  foi  qu'il  devoit  à  Raimond,  comte  de  Tou- 
louse, ce  dernier,  extrêmement  irrité  de  sa  démarche,  le  priva  de  tous^  ses 
domaines  8<.  en  disposa,  le  4  de  décembre  de  l'an  1167,  en  faveur  de  Roger- 
Bernard,  comte  de  Foix,  &  de  sa  femme  Cécile,  fille  de  Trencavel ,  qu'il 
reconnut  pour  seuls  héritiers  légitimes  de  ce  vicomte.  Raimond  leur  donna  en 
fief  tous  les  domaines  que  Roger,  frère  aîné  de  Trencavel,  possédoit  dans  le 
temps  de  sa  mort,  savoir  :  la  ville  de  Carcassonne  &  le  Carcasses,  la  ville  81  le 
pays  de  Razès,  tout  ce  qu'il  avoit  en  Albigeois,  excepté  le  château  vieux  8c 
le  faubourg  d'Albi,  8c  toutes  les  terres  dont  il  jouissoit  dans  le  Toulousain; 
il  s'engagea  de  plus  à  ne  faire  ni  paix,  ni  trêve  avec  Roger  8c  les  autres  fils 
de  Trencavel,  sans  la  participation  8c  le  consentement  de  Cécile,  du  comte 
de  Foix,  son  mari.  Se  de  leurs  enfans.  Le  comte  de  Foix  lui  fit  ensuite  hom- 
mage pour  tous  ces  domaines,  avec  promesse  de  l'aider  contre  Roger  8c  les 
autres  enfans  de  Trencavel,  envers  tous  8c  contre  tous,  excepté  ses  propres 
vassaux,  dont  il  s'engagea  de  lui  faire  justice.  Le  comte  de  Toulouse  aug- 
menta en  même  temps  le  Jief  de  Roger-Bernard  8c  lui  donna  les  châteaux 
de  Parèle  8c  d'Alsen,  la  terre  d'Olmes  8c  les  autres  domaines  du  comté  de 
Foix,  à  condition  que  Roger,  fils  de  ce  comte,  lui  feroit  un  semblable  ser- 
ment lorsqu'il  en  seroit  requis.  Le  traité  fut  conclu  en  présence  d'Ermen- 
garde,  vicomtesse  de  Narbonne,  8c  d'Jymeri,  son  neveu,  qui  jurèrent  au  nom 
du  comte  de  Toulouse,  que  ce  prince  en  observeroit  fidèlement  tous  les 
articles.  On  voit  par  là  que  si  le  seigneur  de  Montpellier  8c  le  vicomte  de 
Béziers,  embrassèrent  le  parti  du  roi  d'Aragon,  le  comte  de  Foix,  la  vicom- 
tesse de  Narbonne  8c  Ayraeri ,  son  neveu,  demeurèrent  dans  la  fidélité  8c 
l'alliance  du  comte  de  Toulouse.  Cet  Aymeri  étoit  fils  aîné^  d'Ermessinde  de 
Narbonne  8c  d'Amalric  de  Lara,  comte  de  Molina,  en  Espagne  :  Ermengarde, 
vicomtesse  de  Narbonne,  sa  tante,  sœur  d'Ermessinde,  l'avoit  adopté  8c  le 
regardoit  comme  son  héritier  présomptif,  parce  qu'elle  n'avoit  pas  d'enfans, 
ni  espérance  d'en  avoir. 

Depuis  le  traité  dont  nous  venons  de  parler,  Roger-Bernard,  comte  de 
Foix,  fut  étroitement  uni  avec  Raimond,  comte  de  Toulouse;  il  accorda  avec     t^iii°''^'"o 
Cécile,  sa  femme,  8c  Roger,  leur  fils'*,  divers  privilèges  en  11 67  à  ceux  qui 
viendroient  habiter  le  bourg  de  Foix,  8c  partagea  du  conseil  de  plusieurs  de 

l'Albigeois.  Parmi  ces  revenus  figurent  notamment  'Voyez   tome   VIII,    Chartes,    n.  V,   ce.   273, 

les  leudes  &  les  cautions  de  la  rille  d'Albi.  275. 

[A.  M.]  '  Voyez  tome  VII,  Note  VI,  p.  i5. 

'  Guillelmus  Neubrigensis,  Rcrum  Anglicarum,  ^  Archives  de  l'abbaye  de  Foix. 

I.  2,  C.   II. 


An  ii63 


32  HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XIX. 

ses  barons,  au  mois  d'août  de  l'année  suivante,  avec  Pierre,  abbé  de  Saint- 
Vohisien,  les  droits  domaniaux  de  la  ville  de  Foixj  ce  pariage  subsista  depuis 
entre  leurs  successeurs. 

XXVI.  —   Union  du  comte  de  Toulouse  avec  celui  de  Forcalquier. 

Le  comte  de  Toulouse  pour  fortifier  sa  ligue  contre  le  roi  d'Aragon  se 
réconcilia  &  s'unit  avec  Bertrand,  comte  de  Forcalquier.  Leur  union  paroît 
par  la  donation  que  le  dernier  fit  à  Saint-Gilles  en  1 168,  étant  dans  la  maison 
des  hospitaliers  de  Saint-Jean  de  Jérusalem,  &  auprès  de  l'église  de  Saint- 
Jean-Baptiste,  de  la  ville  de  Manosque  Se  de  plusieurs  autres  biens,  en  faveur 
de  ces  hospitaliers  6c  de  Gaufred  de  Brésis,  prieur  de  la  maison  de  l'Hôpital 
de  Saint-Gilles.  Le  comte  Bertrand  marque  dans  cet  acte'  que,  supposé  que 
Guillaume  de  Sabran  (son^  neveu),  auquel  il  lègue  tout  le  reste  de  ses 
domaines,  ne  fût  pas  content  de  cette  disposition  &  qu'il  vînt  à  la  contredire, 
il  donne  la  moitié  de  ces  domaines  à  Raimond,  comte  de  Toulouse,  8c  l'autre 
moitié  à  un  autre  Guillaume  de  Sabran,  son  cousin,  &.  aux  frères  de  ce  der- 
nier. Du  reste,  nous  ignorons  quelles  furent  les  circonstances  de  la  guerre 
de  Provence  durant  l'an  1 1685  on  voit  seulement  que  le  comte  Raimond  étoit 
dans  le  Toulousain,  au  commencement  de  novembre  de  cette  année,  8c  que 
s'étant  rendu  le  jour  de  la  Toussaint  dans  le  chapitre  de  l'abbaye  de  Grand- 
selve,  il  y  confirma^,  en  présence  de  toute  la  communauté,  les  privilèges  que 
ses  prédécesseurs  avoient  accordés  à  ce  monastère. 

XXVII.  —  Siège  de  Bé-^iers  par  le  roi  d'Aragon, 

Enfin  Roger,  vicomte  de  Béziers,  ayant  disposé  toutes  choses  pour  venger 
sur  les  habitans  de  cette  ville  la  mort  de  son  père,  alla  à  la  rencontre"*  d'Al- 
phonse, roi  d'Aragon,  qui,  dans  le  dessein  de  l'aider  à  tirer  cette  vengeance, 
s'avança  dans  le  pays  en  1168  à  la  tête  d'une  armée.  Après  leur  jonction  ils 
mirent  le  siège  devant  Béziers.  Les  habitans,  dans  la  juste  crainte  qu'on  ne 
leur  fit  subir  tôt  ou  tard  la  peine  de  leur  crime,  avoient  eu  soin  de  se  forti- 
fier 8c  ils  ne  négligèrent  rien  pour  faire  une  vigoureuse  défense;  en  sorte  que 
le  siège  traînant  en  longueur,  le  roi  d'Aragon  Se  le  vicomte  Roger,  qui  déses- 
péroient  de  prendre  la  place,  furent  enfin  obligés  de  composer  avec  eux. 
Suivant  le  traité,  le  vicomte  leur  pardonna  à  certaines  conditions  qu'il  leur 
imposa.  Cela  fait,  le  roi  d'Aragon  leva  le  siège  Se  se  retira^. 

'  Bouche,  Li  chorographie  ou  description   ie  la  1.  2,  c.   ii.  —  Gaufritlus,  prior  Vosiensis,   Chro- 

Provence,  X.  2,  p.   161.  nicon,  p,  jd5. 

'  Ruffi,  Dissertations  historiques  sur  l'origine  îles  '  Bouche,  La   chorographie  ou   description    de   la 

comtes  de  Forcalquier,  &c.  Provence,  t.    2,  p.   Io56   &  suiv.  —  Ge:ta  comilur.i 

'  Archives  de  l'abbaye  de  Grandselve.  Barcinonensiutn,  c.  22. 

*  GuillelinuJ   Neubrigensis,  Rerum  Anglicarum, 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XIX.  33 

XXVIII.  —  Le  roi  d'Aragon  cède  la  Provence  à  Pierre,  son  frère,  qui  prend 
le  nom  de  Raimond-Bèrenger  £■  qni  lui  cède  à  son  tour  le  comté  de  Car~ 
cassonnCf  (/c 

Le  roi  d'Aragon  voulant  retourner  dans  ses  Etats  pourvut,  avant  son 
départ,  au  mois  de  décembre  de  la  même  année,  au  gouvernement  de  Pro- 
vence, qu'il  confia  à  R.aimond-Bérenger,  son  frère,  auquel  il  donna  le  comté 
de  ce  pays  en  commende  pour  le  tenir  sous  ses  ordres,  à  son  service,  8v  sous  sa 
fidélité,  tant  qu'il  jugeroit  à  propos,  &  à  condition  de  le  lui  rendre  lorsqu'il 
en  seroit  requis.  II  ajouta  dans  l'acte  que  si  Raimond-Bérenger  se  trouvoit 
forcé  de  faire  hommage  de  ce  comté  à  l'empereur  Frédéric,  il  ne  le  possédc- 
roit  pas  néanmoins  héréditairement  &  qu'après  sa  mort  il  lui  reviendroit  ou 
à  celui  de  ses  fils  qui  auroit  le  comté  de  Barcelone.  Alphonse  se  réserva  en 
même  temps  le  domaine  direct  des  châteaux  de  Tarascon  S<.  d'Albaron,  Se  la 
moitié  de  la  monnoie  de  Provence,  avec  le  pouvoir  8i  l'autorité,  lorsqu'il  seroit 
en  personne  dans  la  province,  d'y  commander  absolument  comme  seigneur. 
11  donna  sous  les  mêmes  conditions  au  même  Raimond-Bérenger,  son  frère, 
les  comtés  de  Rode-{  (y  de  Cévaudan  pour  les  posséder  &  les  tenir  de  lui 
pendant  sa  vie,  supposé  que  ce  prince  fît  hommage  à  l'empereur  pour  le 
comté  de  Provence;  en  ce  cas  il  se  réserve  la  ville  de  Millau  8c  la  même 
autorité,  lorsqu'il  seroit  présent,  qu'il  s'étoit  réservée  sur  la  Provence.  Rai- 
mond-Bérenger fît  ensuite  hommage  S<  prêta  serment  de  fidélité  au  roi,  son 
frère,  pour  tous  ces  domaines,  6-  lui  céda  en  échange,  tant  qu'il  posséderait  le 
comté  de  Provence,  tout  son  héritage  6-  tous  les  biens  qui  lui  étaient  échus  en 
partage,  quelque  part  qu'ils  fussent  situés. 

On  pourroit  objecter  contre  cet  acte  qu'il  ne  paroît  pas  que  Raimond- 
Bérenger  quatrième  du  nom,  comte  de  Barcelone,  &  père  d'Alphonse,  roi 
d'Aragon,  ait  eu  un  fîls  nommé  Raimond-Bérenger,  car  il  ne  fait  mention 
dans  sa  dernière  disposition  '  que  de  Pierre  Se  de  Sanche,  ses  fils  puînés,  dont 
le  premier  eut  en  partage  le  comté  de  Carcassonne  &.  les  autres  domaines 
qu'il  prétendoit  en  Languedoc.  Mais  on  ne  sauroit  douter  qu'Alphonse*,  roi  Éd. nrigin. 
d'Aragon,  n'ait  eu  un  frère  appelé  Raimond-Bérenger,  qui  se  qualifia  comte 
ou  marquis  de  Provence  jusqu'à  sa  mort,  arrivée  en  ii8i.  Ainsi  Pierre,  fils 
puîné  de  Pvaimond-Bérenger  IV,  comte  de  Barcelone,  aura  changé^  son  nom 
Se  pris  celui  de  Raimond-Bérenger,  après  la  mort  de  Raimond-Bérenger,  son 
cousin,  comte  de  Provence,  à  l'exemple  du^  roi,  son  frère,  qui  quitta  le  nom 
de  Raimond  qu'il  avoit  reçu  au  baptême  pour  prendre  celui  d'Alphonse.  Il 
s'ensuit  de  là  :  i"  Que  Pierre  ou  Raimond-Bérenger  céda,  en  ii68,  au  roi 
Alphonse,  son  frère,  en  échange  du  comté  de  Provence,  ceux  de  Cerdagne 

■  Voy«z  tome  III,  I.XVIII,  n.  LUI,  p.  828  &  suiv.  'Bouche,   La   chorograpltic   ou   Hecriptloa    Je  la 

'  Marca   Hiipanica,  c.  5l5.  —  Ruffi,  Comtes  Je  Provence,  pp.  |3|  &   149. 
Provence,  p.  5z.  —    Bouche,   La  chorégraphie  ou  '  Voyez  tome  III,  I,  XVIII,   n.   lui,  p.  8:8  Si 

Hes.riflion  .le  If.  Provence,  p.   iSl,  juiv. 


t.  m.  p. 


An  11 53 


34  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XIX. 

&  de  Carcassonne  &t  les  autres  domaines  de  Languedoc  que  le  comte,  leur 
père,  lui  avoit  donnés  en  partage.  2°  Que  le  même  Alphonse  acquit  par  cet 
échange  la  suzeraineté  que  sa  maison  prétendoit  sur  les  pays  de  Carcassonne 
&  de  Razès,  &  non  par  la  mort  de  Pierre,  son  frère,  ainsi  que  le  suppose 
un  historien'  d'Aragon,  qui  a  ignoré  que  Pierre,  frère  d'Alphonse,  est  le 
même  que  Raimond-Bérenger,  à  qui  ce  prince  céda  le  comté  de  Provence  en 
échange  de  ces  domaines. 

XXIX.  —  Le  vicomte  Roger,  paisible  possesseur  de  ses  domaines  sous  l'autorité 

du  roi  d'Aragon. 

Alphonse,  roi  d'Aragon,  fut  depuis  étroitement  uni  avec  Pv.oger,  vicomte  de 
Béziers  5c  de  Carcassonne,  qui,  sous  sa  protection,  jouit  paisiblement  des 
domaines  qui  avoient  appartenu  au  vicomte  Raimond-Trencavel,  son  père, 
nonobstant  la  donation  que  Raimond  V,  comte  de  Toulouse,  en  avoit  faite 
à  Roger-Bernard,  comte  de  Foix,  Le  vicomte  de  Béziers^  reçut  en  effet,  au 
mois  de  mars  de  l'an  1168,  l'hommage  du  seigneur  du  château  de  Vinassan, 
au  diocèse  de  Narbonne,  Jk  l'année  suivante  celui  des  seigneurs  de  Clermont, 
dans  le  Lauragais.  Il  possédoit  vers  le  même  temps  avec  Pierre,  vicomte  de 
Minerve,  le  château  de  Peyriac,  dans  le  Minervois.  L'on  voit  encore  une 
charte  3  du  17  de  novembre  de  l'an  1168,  dans  la  date  de  laquelle  il  est 
marqué  que  Roger  de  Bé-^lers  dominoit  sur  la  ville  de  Carcassonne,  Roger 
Pelapoul,  qui  étoit  malade,  se  donna  par  cette  charte  pour  frère  vivant  6* 
mort  à  l'abbaye  de  Fontfroide,  avec  la  moitié  des  biens  dont  il  avoit  hérité 
de  Guillaume,  son  frère. 

XXX.  —  Négociations  avec  le  roi  d'Angleterre  touchant  le  comté  de  Toulouse, 

Pendant  la  trêve  qui  avoit  été  conclue  entre  les  rois  de  France  8c  d'Anole- 
terre,  8c  dont  le  terme  devoit  expirer  à  la  fête  de  Pâques  de  l'an  1 168,  Henri"*, 
comte  de  Champagne  8c  Philippe,  comte  de  Flandres,  négocièrent  la  paix  à 
Soissons  entre  ces  deux  princes.  Il  fut  arrêté  que  le  roi  d'Angleterre  donne- 
roit  le  duché  de  Guienne  à  Richard,  son  second  fils,  8c  que  ce  jeune  prince 
épouseroit  une  fille  du  roi  de  France;  mais  on  ne  fit  aucune  mention ^  du 
comté  de  Toulouse.  Peut-être  que  le  roi  d'Angleterre  fit  traiter  séparément 
sa  paix  avec  le  comte  Raimond  par  Jean  de  Salisbery,  qui  fit  un  vovao-e  à 
Saint-Gilles,  à  la  mi-carême  de  l'an  1168.  Quoi  qu'il  en  soit,  ce  projet  n'eut 
pas  lieu,  parce  que  le  roi  d'Angleterre  ayant  recommencé  les  hostilités  avant 
l'expiration  de  la  trêve,  celui  de  France  ne  voulut  plus  entendre  parler  de 
paix.  Les  comtes  de  Champagne  &c  de  Flandres  renouèrent  cependant  la  négo- 
ciation pendant  l'octave  de  Pâques;  8c  Henri  II,  roi  d'Angleterre,  offrit  d'ac- 

■  Zurita,  jinales delà  corona  de  jinigon,!.  2,  c.  25.  ^  Joliannes  Saiis'uerier.sis,  EpUtoUe,  n.  284.  

'  Cartulaire  du  château  de  Foix.  Robortus  de  Monte,  Chronlcon,  ad  ann.    1  iC3. 

'  Archives  de  l'abinyo  de  Fontfroide,  »  Joh.innes  Sarisb»r!cn«is,  ut  supra. 


An  1 169 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XIX.  33  "~ ~7 

An  I  io3 

cepter  les  articles  arrêtés  à  Soissons.  Les  grands  du  royaume  de  France  lui 
déclarèrent  alors  que  le  roi  ne  vouloir  plus  consentir  au  mariage  proposé 
entre  sa  fille  &  le  prince  Richard  8c  que  si  ce  dernier,  à  qui  le  roi  Henri,  son 
père,  devoit  donner  le  duché  de  Guienne  en  partage,  vouloit  faire  valoir  ses 
prétentions  sur  le  comté  de  Toulouse,  le  roi  de  France  en  seroit  le  juge  avec 
sa  cour.  On  convint  que  les  deux  rois  auroient  là-dessus  une  entrevue  le 
dimanche  d'après  l'Ascension;  mais  Henri  ayant  continué  les  hostilités,  il  n'y 
eut  encore  rien  de  fait.  Ces  deux  princes  convinrent  ensuite  d'une  trêve  jus- 
qu'à la  Saint-Jean-Baptiste,  &  ils  eurent  ce  jour-là  une  conférence  à  la  Ferté- 
Bernard  j  mais  ils  se  séparèrent  de  nouveau  sans  rien  conclure,  &  on  reprit  les 
armes  de  part  8c  d'autre.  Les  négociations  recommencèrent  pendant  l'Avent 
8c  on  convint  enfin  de  la  paix  à  l'Epiphanie  '  de  l'année  suivante.  Richard  fit 
alors  hommage  au  roi  pour  le  duché  de  Guienne. 

XXXL  —  Nouvelle  expédition  du  roi  Louis  le  Jeune  contre  le  vicomte 

de  Polignac. 

Après  la  conclusion  de  cette  paix,  le  roi  Louis  le  Jeune  retourna  en  Au- 
vergne 8c  en  Vêlai ^,  afin  de  punir  la  témérité  de  quelques  seigneurs,  entre 
autres  de  Pons,  vicomte  de  Polignac  qui,  malgré  les  promesses  les  plus  solen- 
nelles, vexoit  toujours  l'église  du  Puy  8c  les  autres  églises  de  l'Auvergne  8c 

du  Vêlai.  Louis  assiéçrea  d'abord  sur  ce  vicomte  le  château  de  Nonnette,  place     i^d-orifiin. 
•  1     T   •  ¥1  •      •  •  t.  m,  p.  2  2, 

forte  située  aux  environs  de  Brioude.  Il  poussoit  vivement  le  siège  de  ce  châ- 
teau lorsque  Pons,  se  voyant  hors  d'état  de  résister,  vint  se  jeter ^  à  ses  pieds 
avec  son  fils  Héracle,  8c  lui  déclarer  qu'ils  s'en  rapportoient  entièrement  à  sa 
décision  8c  à  celle  de  sa  cour  touchant  leurs  différends  avec  l'évêque  du  Puy, 
avec  offre  pour  la  sûreté  de  leurs  promesses  de  se  remettre  prisonniers  entre 
ses  mains.  Ce  prélat,  nommé  Pierre,  qui  étoit  présent,  ayant  consenti  de  son 
côté  à  la  médiation  du  roi,  ce  prince  leva  le  siège  8c  alla  au"*  Puy,  où  il  fit 
ses  dévotions  dans  l'église  de  Notre-Dame.  Il  passa  à  son  retour  par  Mont- 
brison,  en  Forez,  avec  Pons,  vicomte  de  Polignac,  8c  Héracle,  son  fils,  qu'il 
emmena  prisonniers  à  Paris. 

XXXII.  —  Ce  vicomte  termine  ses  différends  avec  l'évêque  du  Puy, 

Pierre,  évêque  du  Puy,  s'étant  rendu  ensuite  à  la  Cour,  se  présenta  devant 
le  roi,  8c  là,  en  présence  du  vicomte  de  Polignac  qui  fut  appelé  au  conseil,  il 
proposa ''  au  nom  de  son  église  tous  les  griefs  qu'il  avoit  contre  ce  vicomte,  8c 
en  demanda  la  réparation.  Pons  n'osa  nier  les  faits,  8c  le  roi  ayant  pris  l'avis 
de  son  conseil,  Thibaud,  comte  de  Blois,  prononça  la  sentence.  Il  condamna 

'  Robertiis  de  Monte,  Chronicon,  ad  ann  i  iû8.  *  Pérard,  Recueil  d'actes^  p.  586.  —  Voyez  t. VII, 

'  Voyez  tome  VII,  Note  III,  p.  8.  Note  III,  p.  8. 

'  Baluze,  Histoire  généalogique  Je  U  maison  i'Au-  ''  Baluze,  Histoire  généalogique  Je  la  maison  J'Au- 

vergn-,  t.  2,  p.  6').  vergne,   t.   2,  p.  66. 


An  I  ^(l) 


36  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XIX. 

le  vicomte  à  réparer  tous  les  dommages  qu'il  avoit  causés  à  l'église  du  Puy  8< 
à  subir  les  peines  auxquelles  il  s'étoit  soumis  par  les  dittérens  traités  que  lui 
8<  son  père  avoient  conclus  auparavant  avec  les  èvêques  du  Puy,  en  cas  qu'il 
vînt  à  les  violer  &  dont  il  n'avoit  gardé  aucun.  11  le  condamna  de  plus  à 
restituera  l'évêque  tout  ce  que  lui  8c  ses  gens  avoient  levé  du  péage  depuis 
l'accord  qu'ils  avoient  fait  à  Souvigni,  en  présence  &  par  la  médiation  du  roi. 
L'évêque  fut  chargé  de  son  coté  de  dédommager  tous  les  particuliers  qui 
avoient  payé  injustement  le  péage.  Quant  à  l'oftense  que  le  vicomte  avoit 
faite  au  roi  par  sa  conduite,  il  tut  dit  que  tous  ses  fiets  demeureroient  confis- 
qués au  profit  de  ce  prince.  Enfin  on  donna  ordre  au  vicomte  Pons  de 
demeurer  au  pouvoir  du  roi  jusqu'à  ce  qu'il  eût  satisfait  à  tous  ces  articles. 
Il  paroît  que  ce  prince  lui  accorda  quelque  temps  après  la  liberté  pour  lui 
donner  moyen  de  remplir  ses  engagemens,  car  nous  avons  une  lettre'  de 
Pons,  vicomte  de  Polignac,  au  roi  Louis  le  Jeune,  qu'il  appelle  son  père  & 
son  seigneur,  dans  laquelle  il  lui  marque  qu'il  avoit  fait  tout  son  possible 
pour  satisfaire  aux  articles  qu'il  lui  avoit  promis  d'exécuter,  de  même  qu'au 
comte  Raimond  S<.  au  comte  Thibaud,  qu'il  avoit  remis  sept  chevaliers  en 
otage  entre  les  mains  de  l'abbé  de  Seguret,  ainsi  qu'il  le  lui  avoit  ordonné; 
mais  qu'il  ne  lui  avoit  pas  été  possible  de  remettre  les  six  fils  de  gentils- 
hommes, parce  qu'ils  avoient  été  nommés  par  le  conseil  de  ses  ennemis;  que 
lieux  d'entre  eux,  qui  étoient  ses  parens,  n'étoient  pas  ses  vassaux;  que  deux 
autres  étoient  au  berceau  Se  que  les  deux  derniers  étant  prêts  à  partir,  les 
ecclésiastiques  du  Puy,  ses  ennemis,  avoient  détourné  leurs  parens  de  les 
laisser  aller,  sous  prétexte  qu'ils  ne  les  reverroient  plus.  Enfin  le  vicomte 
Pons  prie  le  roi  de  l'excuser  là-dessus,  avec  promesse  cependant  de  se  repré- 
senter au  jour  marqué  &  d'amener  avec  lui  tous  ces  jeunes  gentilshommes 
ou  d'autres  en  leur  place.  Il  paroît  par  cette  lettre  que  Pvaimond,  comte  de 
Toulouse,  étoit  alors  à  la  cour  du  roi  Louis  le  Jeune  &  qu'il  fut  un  des  juges 
du  différend  entre  l'évêque  du  Puy  &  le  vicomte  de  Polignac. 

Ce  vicomte-  n'ayant  pu  satisfaire  à  tous  ses  engagemens  se  remit  en  prison 
8c  y  demeura  longtemps  avec  son  fils  Héracle;  ils  ne  recouvrèrent  en  effet 
leur  liberté  qu'en  1171,  après  être  convenus  à  Paris  d'un  nouvel  accord  avec 
l'évêque  du  Puy,  par  la  médiation  de  Thibaud,  comte  de  Blois,  &  de  Mau- 
rice, évêque  de  Paris.  Par  ce  traité  l'évêque  du  Puy  se  désista  d'une  partie  des 
articles  qui  lui  avoient  été  adjugés  par  la  sentence  définitive  de  l'an  1169.  Le 
vicomte  &  son  fils  promirent  de  leur  côté  de  ne  plus  exiger  aucun  péage  sur 
les  grands  chemins  Si  remirent  à  l'évêque  l(5ut  le  droit  qu'ils  avoient  sur  ki 
monnoie  du  Puy,  la  leitde  S<.  les  autres  droits  qu'ils  levoient  dans  cette  ville. 
Ils  lui  remirent  de  plus  tout  le  domaine  qu'ils  avoient  à  Saint-Paulhan  avec 
permission  à  ce  prélat  d'en  rebâtir  le  château,  de  même  que  ceux  de  Cas- 
telnau  81  de  Chamel,  qui  avoient  été  détruits  durant  la  guerre.  Ms  cédèrent 

'  Diichesne,    Tl'tstoriae    Frtincortim    Script,    t.  4,  '  ia]uzf.  Histoire  généalogique  i!el.t  maison  J'Aa- 

p.  716.  vcrgne,  t.  2,  p.  67  &  Siiiv, 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XIX.  87    "777^ 

encore  à  l'évêque  les  quatre  châteaux  de  Ceissac,  d'Ainac,  de  Saint-Quentin 
S<  de  Senculh,  Sv  quelques  autres  domaines.  Ils  promirent  de  ne  faire  jamais  (''',''i-,'"''^'r3_ 
aucune  acquisition  dans  les  domaines  de  l'église  du  Puy,  de  ne  plus  rien 
exio-er  que  de  juste  Se  de  légitime  sur  les  terres  de  cette  église  &  de  taire 
observer  dans  le  diocèse  la  paix  que  l'évêque  y  établiroit.  Ils  renoncèrent  à 
l'hommage  qu'ils  avoient  exigé  des  vassaux  de  l'église  du  Puy,  entre  autres 
de  Guillaume-Jourdain  &  de  Guillaume  de  Saint-Didier,  &  s'engagèrent  k 
réparer  les  dommages  que  le  prévôt  de  Brioude,  le  frère  du  vicomte,  Pons  de 
Arlenc,  son  neveu,  &  leurs  associés  avoient  causés  à  l'évêque.  Le  vicomte 
Pons  fit  serment  sur  les  saintes  reliques  d'observer  ces  articles,  &  son  fils 
Héracle  fit  un  pareil  serment  devant  le  roi,  qui  voulut  bien  se  rendre  garant 
envers  l'évêque.  Il  s'engagea  enfin  de  faire  approuver  ce  traité  par  le  pape  8<. 
de  donner  pour  ses  cautions  le  comte  de  Saint-Gilles  ou  de  Toulouse,  les 
comtes  d'Auvergne,  l'évêque  de  Clermont  Se  ses  chevaliers  8c  vassaux. 

Pons,  se  voyant  dépouillé  de  la  plupart  de  ses  domaines  par  ce  traité,  en 
traîna  l'exécution  en  longueur;  en  sorte  que  Pierre,  évêque  du  Puy,  pré- 
vovant  qu'il  n'auroit  jamais  la  paix  avec  lui  s'il  ne  se  relâchoit  d'une  partie 
de  ses  prétentions,  consentit  à  une  nouvelle  transaction  qui  tut  moyennée 
par  Robert,  évêque  de  Viviers,  élu  archevêque  de  Vienne,  &  Pierre,  évêque 
de  Clermont.  Ces  deux  prélats  rendirent,  en  iiyS,  une  sentence  arbitrale' 
qui  contient  les  articles  suivans  ;  1°  L'évêque  du  Puy  est  condamné  à  rendre 
{k  à  donner  en  fief  à  Pons,  vicomte  de  Polignac,  la  moitié  de  la  monnoie,  de 
l.i  leude  Se  des  autres  domaines  de  la  ville  du  Puy,  qu'il  avoit  obtenus  par 
la  sentence  précédente  de  l'an  1171,  l'autre  moitié  doit  demeurer  à  l'évêque. 
2°  Ce  dernier  est  aussi  condamné  à  rendre  au  vicomte  S<.  à  lui  donner  en  fiet 
deux  des  quatre  châteaux  qui  lui  avoient  été  adjugés  par  la  même  sentence, 
savoir  :  ceux  de  Ceissac  8<  d'.Ainac,  &  de  lui  rendre  les  deux  autres  châteaux 
de  Saint-Quentin  S<  de  Seneulh,  sans  aucune  condition.  3°  11  est  dit  t|ue  le 
vicomte  restituera  tout  ce  qu'il  avoit  acquis  dans  le  domaine  de  Beaumont. 
40  Que  l'évêque  S<.  le  vicomte  ne  pourront  acquérir  dans  la  suite  aucune  sei- 
gneurie dans  les  châteaux,  dont  chacun  d'eux  possédoit  déjà  une  partie;  qu'ils 
ne  pourront  non  plus  bâtir  aucune  forteresse,  ni  exiger  aucuns  droits  dans 
les  domaines  l'un  de  l'autre;  il  leur  est  permis  cependant  de  rebâtir  le  châ- 
teau de  Saint-Paulhan  S<  les  autres  qui  avoient  été  détruits  durant  la  guerre. 
5°  Enfin  il  est  ordonné  que  sur  treize  deniers  de  péage  qu'on  levoit  par  {de 
trosello)  trousseau  dans  la  ville  du  Puy,  l'évêque  en  auroit  cinq,  son  chapitre 
trois.  Se  que  le  vicomte  tiendroit  les  autres  cinq  en  fief  de  l'évêque.  On  régla 
ensuite  la  manière  de  lever  ce  péage,  dont  les  bourgeois  du  Puy  étoient 
exempts,  Si  on  fit  défense  d'en  lever  d'autres  dans  les  limites  prescrites  dans 
l'acte.  Le  vicomte  Pons^  jura  l'observation  de  ce  nouvel  accord  avec  ses  trois 
fils,  Héracle,  Etienne  de  Pvochesavine  8<  Hugues,  chanoine  de  Brioude,  Se 

'  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  XVI,  c.  296.  '  Baliize,  Hntoire ginéaU^iiluc  AcU  mai.'vn  d'Aw 

vcrgne,  t,  2,  p.  63. 


'- —  38  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XIX. 

An  )  i6p  ^ 

un  grand  nombre  de  chevaliers;  &  le  roi  Louis  le  Jeune  l'autorisa  la  même 
année  iiyS  par  une  charte  datée  de  Fontainebleau  :  ainsi  la  tranquillité  fut 
enfin  rendue  au  Vêlai  après  une  longue  suite  de  guerres  qui  l'avoient  entiè- 
rement désolé. 

XXXÎII.  —  Nouvelle  conférence  du  comte  de  Toulouse  avec  le  roi  d'Angleterre. 

La  paix  qui  avoit  été  conclue  entre  le  roi  Louis  le  Jeune  Si  Henri,  roi 
d'Angleterre,  ne  termina  pas  les  différends  de  ce  dernier  avec  Raimond, 
comte  de  Toulouse.  Mais  les  deux  rois  ayant  eu'  une  nouvelle  conférence  à 
Saint-Denis,  le  i6  de  novembre  de  l'an  1169,  Henri,  qui  avoit  besoin  de 
Louis  pour  sa  réconciliation  avec  Thomas,  archevêque  de  Cantorbéri,  promit 
à  ce  prince,  qui  prenoit  beaucoup  de  part  à  ces  différends,  de  lui  donner  son 
fils  Riclïard  pour  le  faire  élever  à  sa  cour,  &  d'entrer  incessamment  en  confé- 
rence à  Tours  avec  Raimond  pour  moyenner  la  paix  de  ce  comte  avec  Richard, 
nouveau  duc  d'Aquitaine,  au  sujet  du  comté  de  Toulouse.  Ceci  est  rapporté- 
dans  une  lettre  qui  fut  écrite  alors  à  l'archevêque  de  Cantorbéri,  où  l'on 
marque  à  ce  prélat  que,  comme  il  n'y  avoit  aucun  fond  à  faire  sur  les  pro- 
messes du  roi  d'Angleterre,  il  étoit  fort  douteux  si  cette  conférence  de  Tours 
se  tiendroit.  Nous  n'avons  d'ailleurs  aucune  preuve  qu'elle  ait  été  tenue; 
mais  quoique  la  paix  entre  le  roi  d'Angleterre  &  le  comte  de  Toulouse  n'ait 
été  conclue  que  quelques  années  après,  il  paroît  qu'ils  suspendirent  jus- 
qu'alors les  hostilités  de  part  &  d'autre. 
^Ed.orighi.  Raimond  fit  cependant  un  voyage  dans  le  bas  Languedoc  en  1169  8v  reçut 
alors,  à  Uzès^,  l'hommage  de  Galburge  &.  de  Hugues  d'Ussel,  son  fils,  pour 
les  châteaux  d'Ussel,  de  Saint-Laurent  8c  de  la  Roche,  en  présence  de  Rai- 
mond, évêque  d'Uzès  6-  de  Bermond  d'U-^ès,  son  frère.  11  profita  de  la  sus- 
pension d'armes  avec  l'Angleterre  pour  punir  la  félonie  de  Roger,  vicomte 
de  Carcassonne  &  de  Béziers,  son  vassal,  à  qui  il  déclara  la  guerre,  comme  il 
paroît  par  le  récit  qu'un  ancien  historien'*  nous  a  laissé,  de  la  manière  dont 
ce  vicomte  se  vengea  sur  les  habitans  de  Béziers  de  la  mort  de  Trencavel, 
son  père. 

XXXIV.  —  Surprise  de  Bé-^ïcrs  par  les  troupes  du  roï  d'Aragon.  —  Massacre 

des  hahitans  de  cette  ville, 

Roger  fui  excité  à  tirer  vengeance  de  cette  mort  par  le  reproche  que  lui  fit 
un  jour  un  de  ses  courtisans  d'avoir  vendu  le  sang  de  son  père  à  ces  habi- 
tans. Il  résolut  aussitôt  de  les  punir  d'ime  manière  éclatante  Se,  quoi  qu'il 
leur  eût  déjà  pardonné,  il  crut  n'être  pas  obligé  de  garder  sa  parole  à  des 

'    Epist.   S,  Thomae   Cantuarlcnsis,    1.   3,    cp'ist.       J.  3i4)  origin.  Voir  Teiilet,  Layettes,  t.   i,  p.  çd 
<Ji.  L'acte  est  de  janvier  i  170  (v.  st.).] 

thU.  ■•  GiiilIeliTius  Neubrigentis,  Rerum  Angllc.:rum, 


^  Trésor  desChartes;  Toulouse,  sac  7,  n.  6.  [Auj.       1.  2,  c. 


I  I. 


niSTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XIX.  3ç,      ^_^^_^^ 

perfides.  Il  eut  recours  au  roi  d'Aragon  qui  lui  fournit  un  corps  considérable 

de  troupes,  sous  prétexte  de  la  guerre  que  le  vicomte  avoït  à  soutenir  contre 

le  comte  de  Toulouse.  Pour  ne  pas  donner  toutefois  de  l'ombrage  aux  habi- 

tans  de  Béziers,  Roger  fit  courir  le  bruit  qu'étant  informé  que  ce  comte  médi- 

toit  une  prochaine  irruption  dans  ses  domaines,  il  étoit  obligé  de  s'appuyer 

de  la  protection  du  roi  d'Aragon.  Il  se  rendit  ensuite  à  Béziers  vers  la  fin  '  de 

l'an  1169  5c  pria  les  habitans  de  loger  en  passant  les  Aragonois  qui^venoient 

à  son  service  &  de  leur  fournir  des  vivres.  Les  Aragonois  de  leur  côté,  pour 

ôtcr  tout  soupçon,  se  partagèrent  par  bandes  S<  arrivèrent  ainsi  successivement 

à  Béziers,  où  ils  logèrent  chez  les  bourgeois.  Dès  qu'ils  se  virent  assez  forts 

dans  la  ville,  ils  prennent  tous  les  armes  à  un  certain  signal  dont  ils  étoient 

convenus,  font  main  basse  sur  une  partie  des  habitans,  pendent  les  autres  à 

des  potences,  &  leur  font  payer  ainsi  la  juste  peine  de  leur  crime.  On  ne  fit 

quartier  qu'aux  juifs,  qui   apparemment  n'avoient  pas  trempé  leurs  mains 

dans  le  sang  de  Trencavel,  aux  femmes  Si  aux  filles,  que  les  soldats  du  roi 

d'.\ragon  épousèrent  ensuite  pour  repeupler  la  ville.  Il  est  fait  mention  de 

cet  événement   tragique   dans  un^  acte  de   l'an   11 70,   suivant   lequel   «  le      i^n\\-jo 

«  vicomte  Roger,  peu  de  temps  après  qu'il   eut  recouvré  par  le  secours  du 

«  roi  d'Aragon  la  ville  de  Béziers,  que  les  meurtriers  de  son  père  avoient 

«  occupée  pendant  longtemps,  8t  qu'il  y  eut  fait  son  entrée  avec  Bernard  qui 

«  en  étoit  évêque,  imposa  avec  ce  prélat  sur  tous  les  nouveaux  habitans,  une 

«  redevance  annuelle  de  trois  livres  de  poivre  par  famille  pour  se  dédom- 

«  mager  des  grandes  dépenses  qu'ils  avoient  faite-s  pour  la  recouvrer. 

XXX.V.  —  Évêques  de  Bé-^iers.  —  Templiers  i-  hospitaliers  de  cette  ville. 

Bernard,  évêque  de  Béziers,  assembla  ■♦  quelque  temps  après  le  vicomte 
Roger  8c  les  chevaliers  du  pays.  Pour  concourir,  autant  qu'il  étoit  en  lui,  ?.u 
rétablissement  de  la  tranquillité  publique,  après  les  guerres  &»  les  périls  qu'on 
venoit  d'essuyét,  il  leur  fit  jurer  d'olîserver  la  paix,  surtout  à  l'égard  des  reli- 
gieux, des  clercs,  des  paysans,  des  pêcheurs,  des  chasseurs,  des  malades,  des 
voyageurs,  de  ceux  qui  marclioient  sans  armes,  8cc.  jusques  au  prochain 
dimanche  avant  l'Ascension.  Il  enjoignit  à  son  archidiacre  de  faire  publier 
cette  ordonnance  &c  défendit  de  célébrer  l'office  divin  dans  les  paroisses  des 
seigneurs  qui  refuseroient  de  s'y  soumettre.  Il  confirma  enfin  la  trêve  de 
Dieu  en  faveur  de  tous  ceux  qui  scroicnt  trouvés  sans  armes  depuis  le  jeudi 
au  soleil  couchant,  jusqu'au  soleil  levant  du  lundi  suivant.  Ce  prélat^,  qu'on 
dit  de  la  maison  de  Lunel  8c  fils  d'une  Guillelmette  de  Montpellier,  avoit 
succédé,  dès  l'an  1167,  à  Guillaume.  Il  fut  arbitre''  en  1170,  avec  Gaucclin, 

'  Rotertiis  de  Monte,  Chron'uon.  p.  6S    &  suiv.  —   GalUd  Ch/nùsnii,  t.   2,  p.  -|i'^. 

'  GuilUlmus  Neubrigensis,  Rcrum  Anglicarum,  ''  Voyez  tome  VIIT,  Chartes,  n.  VI,  c.  a/fj. 

1.2,  cil.  — Gaiifridus,  prier  Vosicnsis,  C/ironi-  'Andoqiie,    Calcxlcç^us    des    cyèijucs    du   Ili\i:rs, 

con,  p.  3i5.  •  p.  63    &  suiv.  —  Gallia   Chr'istiana,  t.  2,  p.  416. 

'  Andoque,    Catalogue   des   évi^ucs   de    Béi'icrs,  «  Archives  du  château  de  Foix,  caisse  12. 


An 


1 170 


40 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XIX. 


évêque  de  Lodève,  Guillaume  de  Poitiers,  Bernard-Rainiond  de  Capendu 
8i  Piene-Raiinond  de  Montpeyroux,  des  différends  qui  s'étoient  élevés  entre 
Pierre-Raimond,  fils  de  Bérenger  de  Béziers,  &  Ermessinde  de  Vias,  sa  mère, 
touchant  les  châteaux  de  Vias  au  diocèse  d'Agde,  Si  de  Villeneuve  au  diocèse 
de  Béziers. 

Il  est  fait  mention  du  même  Bernard,  évcque  de  Béziers,  en  divers  monu- 
mens  de  son  église,  dans  laquelle  il  établit'  un  trentin  pour  tous  les  cha- 
noines qui  viendroient  à  décéder.  Arnaud^  de  Maureillan  engagea  au  mois 
d'avril  de  l'an  1174  entre  ses  mains,  pour  mille  sols  melgoriens,  dont  qua- 
rante-huit valoient  un  marc,  à  Bernard  de  Narbonne,  camérier  de  la  cathé- 
drale de  Béziers,  en  présence  de  Guillaume-Bernard,  abbé  de  Saint-Jacques, 
t.''ui?nf"\  '•''^  Bérenger  de  Béziers,  Sic,  tous  les  droits  qu'il  avoit  au  faubourg  de  cette 
ville,  81  qu'il  tenoit  en  fief  du  même  camérier  :  «  à  la  réserve  du  loyer  81  de 
«  l'acapte  des  maisons  qui  lui  étoient  échues  par  la  trahison  de  Béziers.  » 
On  voit  encore  par  une  autre  charte^  de  la  même  année  que  les  biens  de 
ceux  qui  avoient  pris  part  au  meurtre  du  vicomte  Trencavel  avoient  été  con- 
fisqués par  un  décret  du  vicomte  Roger,  son  fils.  Ce  prélat  81  les  chanoines 
de  son  église  s'accordèrent '*  en  1180  avec  Guillaume-Raimond,  prieur  de 
l'hôpital  de  Jérusalem  de  Béziers,  Pierre-Bernard,  Jean  de  Rossignol  Si.  les 
autres  frères  du  même  hôpital,  par  l'entremise  de  Raimond-l'Écrivain,  prieur 
de  l'hôpital  de  Capestang,  81  de  Bernard  de  Calvet,  prieur  de  l'hôpital  de 
Goudargues,  en  présence  d'Alfaric  de  Saint-Nazaire  81  de  Jarenton  de  Balfre, 
frères  de  l'hôpital  de  Jérusalem,  Il  donna''  la  même  année,  avec  ses  chanoines, 
aux  frères  de  la  milice  du  temple  de  Jérusalem,  de  la  maison  de  Sainte-pAi- 
lalie  de  Béziers,  81  k  frère  Bernard  d'Escafré,  procureur  de  cette  milice, 
l'église  paroissiale  de  Saint-Martin  de  Ubertas,  en  présence  de  Guiraud  de 
Salivo,  commandeur  de  Pézénas,  d'Artaud  de  l'Espinace,  commandeur  de 
Peyriès,  au  diocèse  de  Narbonne,  de  Pierre  de  Firac,  d'Etienne  81  de  Pierre 
de  Rodez,  S<  de  quelques  autres  frères  de  la  même  milice.  Enfin  il  vécut  en 
bonne  intelligence  avec  le  vicomte  Roger,  81  ils  donnèrent  de  concert  en  fief, 
en  1170*^,  1174^  81  1180,  le  tabellionage  de  Béziers,  avec  pouvoir  à  celui  qui 
le  prit  d'écrire  tous  les  actes  publics. 


'  Cartulnire  de  la  cathédrale  de  Béziers. 

'  Martènc,  Tkaanrus  anecdolorum,  t.  i ,  p.  otj. 

'Andoque,  Catalogue  des  crépues  ,{c  Bè:^'tcrs , 
p.  69. 

■•  Cartulaire  de  la  cathédrale  de  Béziers. 

'  Ibii.  [Voir  t.  V,  c.  i^lo,  n"-  82,  8?..] 

"  Andoque,  Catalogue  des  évé(jues  de  Béliers, 
p.  r>8.  —  Voyez  toms  VIII,  Chartes,  n.  XXXIII, 
c.  348. 

'  On  peut  voir  cette  charte  au  to:r,e  VITI  de  la 
présente  cdiiion,  c.  jci,  n.  18.  La  charge  de  no- 
taire de  Béziers  y  est  traitée  coinme  une  censivcj 
le  tenancier  paye  un  acapte  de  cent  sous  &  doit 
donner  annuellement  à  l'évéque  six  livres  de  poi- 


vre à  la  Noël.  Cette  inféodation  tut  .ipprouvé» 
par  le  vicomte  Roger  qui  servit  de  témoin.  Remar- 
quons en  passant  que  l'évéque  de  Béziers  Bernard 
&  le  vicomte  Roger  II  ne  vécurent  pas  toujours 
en  aussi  bonne  intelligence  que  le  suppose  dom 
Vaissete.  En  avril  1  180  ce  dernier  renonça  à  tou- 
tes les  prétentions  qu'il  élevait  sur  le  notariat  de 
cette  ville  (t.  A'III,  n.  .Ip,  c.  347);  il  reconnut 
qu'il  ne  pouvait  seul  disposer  de  cet  office  &  que 
le  consentement  de  l'évéque  lui  était  nécessaire. 
Quant  à  la  seconde  concession  du  tabellionat 
faite  en  1180  à  Bernard  Cota,  &  rapportée  par 
dom  Vaisseie  (t.  VIII,  n.  40,  ce.  348  à  3.5o},  elle 
fut    un    résultat    de    la    grande    révolte   de    1167; 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XIX.  41       .    .  , 

'  An  I  I  y O 

r 

I 

XXXVI.  —  Voyage  dit  roi  d'Angleterre  en  Qtiercî.  —  Evêques  de  Viviers. 

Quoique  Raimond,  comte  de  Toulouse,  &  Henri,  roi  d'Angleterre,  eussent 
suspendu  les  hostilités,  ils  se  tenoient  cependant  en  garde  l'un  contre  l'autre. 
En  effet,  le  dernier  ayant  entrepris,  vers  la  fin  de  l'an  1170,  un  voyage  h 
Notre-Dame  de  Rocamadour,  en  Querci,  dans  le  domaine  de  l'autre,  il  fit 
ce  pèlerinage  en  corps  d'armée  &  prêt  à  combattre,  parce  qu'il  étoit  au  voi- 
sinage du  pays  de  ses  ennemis ,  suivant  le  témoignage  d'un  historien  '  du 
temps.  Cet  auteur  ajoute  qu'Henri  ne  causa  cependant  aucun  dommage  dans 
le  Querci;  qu'il  témoigna  au  contraire  beaucoup  de  bienveillance  aux  habi- 
ta ns,  &  qu'il  distribua  de  grandes  aumônes  aux  pauvres. 

Raimond,  étant  toujours  uni  avec  l'empereur  Frédéric,  l'alla  joindre 
en  II  70  aux  environs  du  Rhône,  &  ce  fut  en  sa  présence  que  ce  prince  con- 
firma*, par  un  diplôme,  une  donation  qui  avoit  été  faite  à  l'hôpital  de  Saint- 
Jean  de  Jérusalem,  du  consentement  de  Raimond,  évêque  de  Viviers.  Cc^ 
prélat,  qui  éioit  de  la  maison  d'Uzès,  mourut  peu  de  temps  après;  car  Robert, 
surnommé  d'Albert,  son  successeur,  étoit  dans  la  première  année  de  son  épis- 
copat,  le  2  de  novembre  de  l'an  1171.  Robert  passa  bientôt  après  à  l'arche-  "71717-7 
vêché  devienne,  dont  il  étoit  déjà"*  élu  archevêque  en  1173.  Nicolas  lui 
succéda  dans  l'évêchc  de  Viviers. 

XXXVn.  —  Légation  du  cardinal  Hyacinthe  dans  la  Province.  —  Démêlés 
du  vicomte  Roger  avec  l'abhaye  de  Saint-Pons. 

L'union  du  comte  de  Toulouse  avec  l'empereur  est  une  preuve  que  le  pre- 
mier étoit  toujours  favorable  à  l'antipape  8c  au  schisme.  Ce  fut  peut-être  pour 
le  ramener  à  son  obédience  que  le  pape  Alexandre  HI  envoya  le  cardinal 
Hvacinthe,  son  légat,  dans  la  Province.  Nous  savons  du  moins  que  ce  car- 
dinal exerçoit  cettP  '^-gation  à  Montpellier  en  1171  Se  qu'il"'  fut  présent  avec 
Raimond  des  Arènes,  aussi  cardinal,  Pons,  archevêque  de  Narbonnc,  Ber- 
nard, évê([ue  de  Béziers,  8<  Guillaume,  abbé  de  Saint-Thibéry,  à  la  décision 
d'un  différend  qu'avoit  alors  Bernard,  abbé  de  Saint-Guillcm  du  Désert.  11 
est  encore  fait  mention  dans  un  autre  monument''  du  cardinal  Hvacinthe 


soupçonné    de    trahison,    le   not.iire  a    perdu    sa  '  Baluze,  portefeuille  de  Viviers,  n.  3.  [-^rnio;Vir/, 

ch.irge  qui  .1  fté  donné»  à   un  .lutre;  elle   lui   est  v.   19.] 

rendue,  &  la  concession   de  1174,  faite  à  Bernard  '  Columbi,  Vivariemes  cplscopi,  p.  2ir  &  se^. 

de    Canssinojouls,    est    annulée.    Seulement    cette  *  B;i\\ize,  Histoire  généalogique  dr  la  maison  J'Àu- 

restitution    coûte    à    Bernard    Cota   mille    sous   de  vergne,  t.  2,  p.  68.  —  Voyez  tome  VIII,  Chartes, 

Melgi:eil,  que   le  vicomte  reçoit  à  cause  de  ses  be-  n.  XVI,  c.  297. 

soins  d'argent,    mais  qui    ne   lui   sont  point    dus  '  Gallia  Chriitiana, nov.  ei.t,  6,  Imtrum.  p.  i83. 

(c.  349).  Cette  concession  nouvelle  fut  approuvée  '  Voyez  tome  VIII,    Chartes,   n.   LXV,  c.  435. 

à  son  tour  par  l'évéque,  qui  scella  l'acte  en  même  —  C'est  un  acte  de    1  19,5    par   lequel  les  seigneurs 

temps  que  le  vicomte.  [A.  M.]  de  Sallèles  réclament  un  jardin  engagé  par  eux  à 

'  Robertus  de  Monte,  Chronicon,  p.  790  &  seq.  l'église  de  ce  village.    [A.  M.] 


*- 42  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC,  LIV.  YAX. 

An  1171  ' 

qui,  étant  à  Naibonne,  avoit  fait  un  décret  pour  défendre  aux  églises  d'en- 
gager leurs  biens  à  des  étrangers. 

L'archevêque  de  Narbonne,  l'évêque  de  Béziers,  Guillaume',  évèque  d'Albi, 
les  archidiacres  de  Narbonne  8<.  de  Carcassonne,  &  huit  chevaliers  ou  sei- 
gneurs séculiers,  terminèrent  en  qualité  d'arbitres,  au  commencement  de 
l'an  1171,  un  autre  différend  qui  s'étoit  élevé  entre  Roger,  vicomte  de  Béziers 
Si  de  Carcassonne,  &  Raimond,  abbé  de  Saint-Pons  de  Thomières.  Cet  abbé 
se  plaignoit  de  ce  que  le  vicomte  avoit  détruit  &  pillé  son  monastère  durant 
la  guerre,  8<.  de  ce  qu'il  en  avoit  exigé  la  somme  de  trente  mille  sols  m^elgo- 
riens.  Le  vicomte  se  plaignoit  de  son  côté  de  ce  que  l'abbé  avoit  fait  cons- 
truire le  château  de  la  Salvetat  au  voisinage  de  ses  terres,  sans  son  consente- 
uiiup!"'6.  ment  &  contre  la  volonté  de  son  père.  Suivant  la  sentence  arbitrale,  ils  se 
pardonnèrent  réciproquement,  &i  le  vicomte  consentit  que  l'abbaye  de  Saint- 
Pons  jouît  à  l'avenir  sans  contradiction  du  château  de  la  Salvetat,  qu'il  promit 
de  prendre  sous  sa  protection,  à  condition  que  l'abbé  lui  feroit  tous  les  ans, 
8<  à  ses  successeurs,  une  albergue  de  cinquante  chevaliers,  ou  lui  donneroit  à 
son  choix  cinquante  sols  melgoriens.  L'abbé  donna  de  plus  au  vicomte  la 
somme  de  deux  mille  sols  melgoriens  &  lui  céda  les  autres  fiefs  qu'il  possédoit 
dans  le  domaine  de  l'abbaye.  Enfin  le  vicomte  consentit  qu'on  rétablît  le 
monastère  de  Saint-Pons^  &  qu'on  l'enfermât  de  murailles.  On  trouve  ici  l'ori- 
gine de  la  ville  de  Saint-Pons  &;  de  celle  de  la  Salvetat,  située  aujourd'hui 
dans  le  même,  diocèse,  sur  la  rivière  d'Agout,  vers  les  frontières  du  diocèse  de 
Castres.  L'acte  est  daté  du  lundi  quatrième  de  janvier  de  l'an  1171,  &  prouve 
qu'on  ne  comptoit  pas  toujours  alors  également  le  commencement  de  l'année 
depuis  Pâques. 

XXXVIIT.  —  Raimond,  comte  de  Toulouse,  confirme  les  privilèges  des  églises 
de  Cavaillon  C"  d'Àlhi.  —  Sceau  de  ce  prince. 

Le  comte  de  Toulouse  passa  une  grande  partie  de  cette  année  aux  environs 
du  Pvhône,  peut-être  pour  y  continuer  la  guerre  contre  le  roi  d'Aragon.  Il 
confirma  à  Cavaillon'',  au  mois  de  mai,  par  son  autorité  présidiale  ou  comtale, 
k  l'évêque  &  à  l'église  de  cette  ville,  la  possession  des  moulins  qu'ils  avoient 
sur  la  Durance,  avec  permission  d'en  construire  de  nouveaux  St  de  détourner 
même  cette  rivière  par  divers  canaux,  depuis  le  château  de  la  Roche  jusques 
au  territoire  de  Caumont;  il  leur  donna  de  plus  le  péage  sur  la  Durance. 
Géraud  d'Ami,  Pierre  de  Caderousse  &  plusieurs  autres  seigneurs  provençaux, 
ses  vassaux,  furent  présens  à  cette  concession,  qui  fut  traduite  par  Raoul, 
avocat  &•  chancelier  du  comte,  &  scellée  d'un  sceau  de  plomb  où  on  voyoit 

'  Gallia  Christiana,  nov;  éd.  t.  6,  tnstrum.  p.  283.  peut  dire  c'est  que  l'atte  de  1 171  est  l'un  des  prc- 

'  L'expression   de  dom   Vaissete   est   trop   affir-  iniers  qui  prouvent  que  cette  localité  eût  déjà  une 

tiative.  La  ville  de  Saint-Pons  a  existé  dès  l'épo-  certaine  importance.  [A.  M.] 

que  où   le  monastère  de  ce  nom  a  groupe  autour  '  Bouche,   La   chorographie  ou   description   Je  la 

de  ses  bâtiments  quelques  maisons.  Tout  ce  qu'on  Provence,  t.  2,  p.   loCtç  Sa  suiv. 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XIX.  48 

d'un'  coté  une  croix,  &  de  l'autre  le  comte  à  cheval  avec  ces  mots  tout  autour  : 
S.  Raymundi  comitis.  C'est  là  le  plus  ancien  sceau  que  nous  connoissions 
où  l'on  voie  les  armes  du  comte  de  Toulouse. 

XXXIX.  —  Paix  entre  le  comte  de  Toulouse   i-  le  v'icoTnte  Roger,  à  qui 

il  donne  sa  fille  en  mariage. 

Le  comte  se  rendit  ensuite  à  Saint-Gilles  où  il  conclut,  au  mois  de 
novembre  suivant,  la  paix  avec  le  vicomte  Roger  auquel  il  fit  serment^  de 
conserver  la  vie,  les  membres  8c  les  domaines  envers  tous  &.  contre  tous. 
Pons,  archevêque  de  Narbonne,  Guillaume,  évêque  d'Albi,  Ermengardc, 
vicomtesse  de  Narbonne,  Odon,  vicomte  de  Lomagne,  Alphonse,  frère  du 
comte  de  Toulouse,  Guillaume  de  Sabran,  son  connétable,  Raoul,  son  chan- 
celier, Géraud  d'Ami,  Eléazar  d'Uzès  8c  plusieurs  autres  seigneurs  de  marque 
furent  présens  à  cette  paix,  après  laquelle  R.aimond  conclut  le  mariage  d'Adé- 
laïde, sa  fille,  qu'il  avoit  eue  de  Constance  de  France,  avec  Roger.  Le  comte 
donna  en  dot  à  Adélaïde  cinq  cents  marcs  d'argent  fin,  8c  Roger  lui  assigna 
pour  douaire  le  château  6"  tout  le  comté  de  Ra-^ès,  le  château  de  Balaguier, 
le  bourg  de  Limoux  avec  leurs  dépendances,  le  château  de  Coufoulens,  dans 
le  comté  de  Carcassonne,  Stc.  L'archevêque  8c  la  vicomtesse  de  Narbonne 
furent  aussi  présens  à  cet  acte  avec  Bernard,  évêque  de  Béziers,  Guillaume, 
abbé  de  Saint-Thibéry,  Guillaume  de  Sabran,  8cc.  Le  roi  Louis  le  Jeune, 
oncle  d'Adélaïtle ,  prit  part  à  cette  alliance.  Il  écrivit^  une  lettre  pleine 
d'amitié  à  Roger  Se  lui  donna,  en  considération  de  son  mariage  avec  sa  nièce, 
le  château  de  Minerve  avec  ordre  à  ceux  qui  le  posséderoient  d'en  faire 
hommage  à  ce  vicomte.  «  Vous  le  tiendrez,  ajoute-t-il,  de  nous,  81  quand 
«  nous  irons  dans  vos  quartiers,  vous  nous  en  ferez  hommage  j  soyez  assuré 
«  que  nous  faisons  aujourd'hui  pour  vous  ce  que  nous  n'avons  jamais  voulu 
«  faire  pour  aucun  de  vos  prédécesseurs.  »  Ainsi  Roger  fut  le  premier  vicomte 
de  Béziers  8c  de  Carcassonne  vassal  immédiat  de  la  couronne.  Au  reste,  ce 
vicomte  ne  put  faire  sa  paix  avec  le  comte  de  Toulouse  sans  se  brouiller  avec 
Alphonse,  roi  d'Aragon,  qu'il  avoit  reconnu  pour  son  seigneur.  Aussi  Alphonse 
lui  déclara-t-il'*  bientôt  après  la  guerre  8c,  pour  soutenir  ses  prétentions  sur 
les  domaines  de  Roger,  il  fit  faire  '  vers  le  même  temps  une  recherche  des 
actes  qui  pouvoient  lui  être  favorables*^. 

'  Bouche,  La  chorographie  ou  description  Je  la       une  sorte   de   mémoire   sur   la    manière   dont   leâ 

Provence,  t.  2,  p.  io5p  &  suiv.  comtés  de  Carcassonne   &  de  Razés   furent  acquis 

'  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  VII,  c.  276.  par  la  maison  de  Barcelone.  L'acte  du  reste  abonde 

'  liiJ.  n.  IX,  c.  279.  en   noms  estropiés  ou  changés,  en  erreurs  de  faits 

*  Marca  Hispanica,  c.  1371.  &  de  dates.  On  ne  peut  guère  s'y  fier  pour  les  dé- 

'  Voyez  tome  V,  Chartes,  n.  VI,  c.  3i.  tails.  [A.  M.J 
'  Voir  tome  V  de  cette  édition,  ce.  3i  à  33.  C'est 


An  1171 


An  I  171 


44  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XIX. 


XL.  —  Paix  entre  le  vicomte  Roger  (5^  la  vicomtesse  de  Narhonne. 


Ermengarcle,  vicomtesse  de  Narbonne,  c[ui  s'ctoit  liguée  avec  le  comte  de 
Toulouse  contre  Roger,  ht  bientôt  après  sa  paix  avec  ce  vicomte  :  l'acte  en 
fut  signé  à  Lésignan  ',  à  la  fin  de  l'an  1 17  i,  &  ils  se  firent  un  serment  réci- 
proque de  s'aider  envers  tous  &  contre  tous,  excepté  le  comte  de  Toulouse.  Ils 
êîn'l^'l'-î.  s'accordèrent  dans  la  suite  toucbant  le  château  de  Villcmagne  qu'ils  convin- 
rent de  démolir.  Roger  vécut  depuis  en  bonne  intelligence  avec  le  comte  de 
Toulouse,  son  beau-père.  Il  tint  sa  cour^  à  Limoux,  au  mois  de  juillet  de 
l'année  suivante,  Si  y  reçut  le  serment  de  quatre  gentilshommes  qui  jurèrent 
de  garder  fidèlement  le  château  de  Coustausa  jusqu'à  ce  que  Pierre  de  Vilar 
fut  fait  chevalier.  Il  donna  en  fief,  au  mois  d'août  suivant,  une  maison  du 
faubourg  de  Saint-Vincent  de  Carcassonne,  située  dans  le  domaine  comtal, 
en  présence  de  Mo'ise  Cnravite,  haile  de  ce  domaine.  Il  reçut  en  1172  l'hom- 
mage pour  le  château  de  P'erens,  en  Albigeois,  Si  confirma^  au  mois  de  mars 
de  l'année  suivante  les  donations  que  le  vicomte  R.oger,  son  oncle,  S<.  le 
vicomte  Raimond-Trencavel,  son  père,  avoient  faites  à  l'abbaye  de  Salvanez, 
en  R.ouergue.  Les  seigneurs  de  Fournès,  de  Cueil,  de  PU)laurens  Si  d'Ala- 
gnan  lui  firenf*  hommage  quelque  temps  après  pour  ces  châteaux.  Le  der- 
nier, situé  dans  le  Razès,  appartenoit  à  Guillaume  d'Alagnan,  vicomte  de 
Sault,  qui.  au  mois  de  mai  de  l'an  iiyS,  reconnut  le  tenir  de  Roger  par  un 
acte  daté  de  Fanjaux,  en  présence  du  comte  de  Foix.  Ce  comte  £<  le  vicomte 
Roger,  son  beau-frère,  étoient  donc  alors  réconciliés  :  ainsi  le  comte  Rai- 
mond,  en  faisant  la  paix  avec  ce  dernier,  avoit  révoqué  la  donation  (|u'il  avoit 
faite  à  l'autre  des  domaines  de  ce  vicomte. 

XLI.  —  Mort  de  Bernard  Pelet,  seigneur  d'Àlais,  mari  de  Béatrix,  comtesse 
de  Melgueil.  —  Bertrand,   leur  fils,  prétend  à  ce'comté, 

Raimond  fit  valoir  ses  prétentions  sur  le  comté  de  Melgueil  après  la  mort 
de  Bernard  Pelet,  seigneur  d'Alais,  arrivée  vers  la  fin  de  l'année  1170  ou  au 
commencement  de  la  suivante.  Bernard  avoit  pris  la  qualité  de  comte  de 
Melgueil,  depuis  son  mariage  avec  Béatrix,  héritière  de  ce  comté,  dont  il  eut 
un  fils  nommé  Bertrand,  Si  une  fille  appelée  Ermessinde,  qui  avoit  épousé 
Pierre-Bermond  de  Sauve,  de  la  maison  d'Anduze.  Bertrand  Pelet  prit  aussi 
le  titre  de  comte  de  Melgueil,  aussitôt  après  la  mort  de  Bernard,  son  père;  il 
prétendit  à  ce  comté,  quoique  Béatrix,  sa  mère,  à  qui  il  appartenoit,  vécût 
encore  alors  Si  que  Douce,  sa  nièce,  petite-fille  de  la  même  Béatrix  par  Rai- 
mond-Bérenger,  comte  de  Provence,  qui  avoit  été  promise  en  mariage  au  fils 
du  comte  de  Toulouse,  eût  des   prétentions  sur  le  même  comté.  Bertrand, 

'  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  XI,  ce.  281  à  184.  '  Archives  de  l'abbaye  de  Salvanez. 

'  Cartulaire  du  châtsau  de  Foix.  —  Tome  VIII,  <  Cartulaire  du  château  de  Foix. 

c.  ;85. 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XIX.  40  ""[ 

^  An  1171 

pour  s'assurer  de  cette  succession,  malgré  Béatrix,  sa  mère,  s'unit  étroitement 
avec  Guillaume  VII,  seigneur  de  Montpellier,  qui  avoit  beaucoup  d'autorité 
dans  le  pays,  Si,  pour  obtenir  son  secours,  il  lui  donna  par  un  acte'  du  mois 
de  juin  de  l'an  1171,  le  village  de  Grabels.  Il  donna^  en  même  temps  en 
fief  à  Gui,  frère  de  Guillaume,  L'  fils  de  feu  Guillaume,  seigneur  de  Montpel- 
lier, i^  ensuite  religieux,  tout  ce  que  le  comte  Bernard,  son  aïeul,  Se  Béatrix, 
sa  mère,  possédoient  à  Castclnau,  à  Subsiantion,  à  Saint-Martin  de  Crez  S<. 
dans  plusieurs  autres  dépendances  du  comté  de  Melgueil.  Bertrand  se  qua- 
lifie-' encore  par  la  grâce  de  Dieu  comte  de  Melgueil,  dans  une  exemption 
de  péao'e  qu'il  accorda,  au  mois  de  décembre  de  la  même  année,  aux  religieux 
de  l'abbaye  de  Franc[ucvaux,  pour  la  ville  d'Alais  dont  il  étoit  seigneur  S; 
qu'il  tenoit  de  la  succession  de  son  père.  Enfin  il  se  dit  Bertrand,  comte,  fils 
de  Béatrix,  comtesse  de  Melgueil,  dans  une  donation  qu'il  fit  à  l'abbaye  de 
Bonneval,  en  Rouergue;  donation  qu'on  a  datée"*  mal  à  propos  de  l'an  ii6j, 
mais  qui  doit  être  postérieure  à  l'an  1170. 

XLII.  —  Béatrix  dispose  du  comté  de  Melgueil  enfiiveur  du  comte  de  Toulouse. 


Béatrix,  mécontente  de  la  conduite  de  son  fils  Bertrand,  le  déshérita^,  le  y;„  i,,^ 
I"  d'avril  de  l'an  1171,  S<.  déclara  en  même  temps  pour  ses  héritières  Ermes- 
sijide,  sa  fille,  6"  Douce,  sa  petite-fille,  fille  de  feu  Raimond,  comte  de  Pro- 
vence, son  fils,  qui  étoient  présentes.  Elle  leur  donna  entre-vifs  le  château  S<. 
le  comté  de  Melgueil  avec  toutes  leurs  dépendances,  spécialement  la  monnoie 
de  Melgueil,  Se  les  investit  de  ce  comté.  Elle  en  céda  généralement  tous  les 
droits  tant  à  Raimond,  comte  de  Toulouse,  au  nom  de  Douce,  sa  petite-fille, 
que  le  comte  de  Provence ,  père  de  cette  dernière,  avoit  destinée  pour  épouse 
au  fils  du  même  comte  de  Toulouse,  qu'à  Pierre- Bermond  de  Sauve,  son 
gendre,  comme  mari  d'Ermessinde,  sa  fille,  pour  en  jouir  par  égales  portions; 
à  condition  cependant  qu'Ermessinde  Si  son  mari  tiendroient  leur  part  en 
fief  du  comte  de  Toulouse.  Ce  prince  S<  Picrre-Bermond  de  Sauve,  (|ui 
étoient  aussi  présens,  acceptèrent  la  donation  qui  fut  passée  au  palais  de 
Melgueil,  en  présence  de  Guillaume,  comte  de  Forcal([uier,  de  Raimond  de 
Baux,  Guillaume  de  Sabran,  Géraud  d'Ami,  Bermond  de  Sauve,  Sec.  Cet  acte 

nous  donne  occasion  d'ajouter  ici  deux  réflexions.  La  première,  que  Douce     M;,°"^'"i, 
^  '      ^  1  '    1  t.  m,  p.  20. 

de  Provence  devoit  s'être  retirée,  après  la  mort  de  son  père,  auprès  de  Béatrix, 
comtesse  de  Melgueil,  son  aïeule.  Se  que  son  mariage  avec  le  fils  du  comte 
de  Toulouse,  quoiqu'il  ne  fût  encore  que  projeté,  n'étoit  pas  rompu.  La 
seconde,  que  les  seigneurs  de  la  maison  de  Baux  étoient  alors  partagés  d'in- 
térêts; que  les  uns,  comme  Raimond,  suivoient  le  parti  du  comte  de  Tou- 
louse; Si  les  autres,  savoir  :  Hugues  6<.  Bertrand,  celui  du  roi  d'Aragon.  Les 
deux  derniers  accordèrent,  au  mois  de  juin  de  l'an  1171,  à  Bertrand,  abbé 

'  Voyez  tome  VIII,  Chnrtcs,  n.  X,  ce.  179,  280.  '  Voyez  tome  VIII,  Chnrtcs,  n.  X,  c.  18a. 

'  G:iT\'i\,  Séries  pradulum  Magalo!icnS:Um .  p.  2  I  j  ^  GjUia  Christiana,  n.  cd.  t.    1 ,  p.  î'iS. 

Çi  sî:j.  '  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  XV,  ce.  Kj'i  à  296. 


An  1 172 


46  rnSTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XIX. 

de  Francjuevaux,  8c  à  son   monastère,  l'exemption  '  de  péage  aux  ports  de 
Saint-Gilles,  du  Pvhône  6c  de  Trinquetaille. 

XLIII.  —  Testament  ô-  lyiort  de  Guillaume  VII,  seigneur  de  Montpellier, 
Guillaume  VIII,  son  fils,  lui  succède. 

Guillaume  VII,  seigneur  de -Montpellier,  abandonna  bientôt  les  intérêts 
de  Bertrand  Pelet,  8c  se  raccommoda  avec  le  comte  de  Toulouse  qu'il  recon- 
nut^ pour  comte  de  Melgueil  par  un  acte  du  mois  de  juin  de  l'an  1172;  il 
avoua  en  même  temps  tenir  de  lui,  à  cause  de  ce  comté,  trois  deniers  par 
livre  sur  le  profit  de  la  monnoie  de  Melgueil,  conformément  aux  conventions 
faites  entre  ses  ancêtres  8c  les  anciens  comtes  de  Melgueil.  Il  lui  en  fit  hom- 
mage ainsi  que  des  autres  droits  8c  domaines  qu'il  tenoit  de  ces  comtes. 
Guillaume  changea  néanmoins  peu  de  temps  après  Se  se  déclara  de  nouveau, 
en  faveur  du  roi  d'Aragon,  ennemi  du  comte  de  Toulouse,  comme  il  paroît 
par  son  testament^  daté  du  dernier  de  septembre  de  la  même  année.  Par 
cet  acte  il  choisit  sa  sépulture  dans  le  monastère  de  Grandselve,  où  son  père 
étoit  mort  l'eligieux,  8c  veut  que  son  fils  Raimond  y  embrasse  l'état  religieux 
avec  mille  sols  melgoriens.  Entre  les  legs  pieux  il  fonde  un  anniversaire 
dans  la  cathédrale  de  Maguelonne;  il  ordonne  qu'on  paye  les  dettes  de  feue 
Mathilde  de  Bourgogne,  sa  femme.  Se  fait  son  héritier  Guillaume,  son  fils 
aîné,  avec  ordre  de  pourvoir  à  l'entretien  de  Guillaume,  son  second  fils,  8c  de 
lui  donner  pour  son  partage  une  pension  annuelle  8c  viagère  de  vingt  marcs 
d'argent  ou  mille  sols  melgoriens.  Il  veut  que  Gui,  son  troisième  fils,  soit 
élevé  pendant  six  ans  parmi  les  chevaliers  du  Temple  8c  qu'il  prenne  leur 
habit,  si  dans  cet  intervalle  l'un  ou  l'autre  de  ses  deux  aînés  n'étoit  pas 
décédé.  Il  confirme  la  donation  qu'il  avoit  faite  à  Sibylle,  sa  fille,  en  la 
mariant  à  Raimond  Gaucehn,  savoir  :  de  cent  marcs,  de  deux  tasses  d'argent 
du  poids  de  six  marcs  chacune,  des  habits  nuptiaux,  5cc.  Il  lègue  les  mêmes 
choses  à  Guillelmette,  Adélaïde  Se  Marie,  ses  autres  filles.  Il  fait  mention 
d'une  cinquième  de  ses  filles,  qui  étoit  religieuse  Se  à  laquelle  il  avoit  donné 
vingt  marcs  d'argent.  Il  veut  que  ces  filles  se  marient  par  le  conseil  de  Gui, 
son  frère,  8c  substitue  ses  fils  l'un  à  l'autre.  A  leur  défaut,  il  appelle  Gui, 
son  frère,  à  sa  succession,  8c  ensuite  l'aînée  de  ses  filles.  Se  successivement 
Guillelmette,  sa  sœur,  Bernard-Aton,  vicomte  de  Nimes,  fils  de  cette  der- 
nière, Adélaïde,  son  autre  sœur,  Se  en  dernier  lieu  Etienne-de  Servian,  son 
neveu,  à  condition  que  la  ville  de  Montpellier  ne  seroit  jamais  partagée  Se 
qu'elle  appartiendroit  toujours  à  un  seul  seigneur.  Il  met  tous  ses  enfans  sous 
la  garde  8c  le  gouvernement,  de  Jean,  évêque  de  Maguelonne,  qu'il  fait  son 
exécuteur  testamentaire,  8c  de  Gui,  son  frère,  auxquels  il  laisse  l'administra- 
tion de  ses  biens,  jusqu'à  ce  que  son  fils  aîné  ait  atteint  l'âge  de  vingt  ans, 


■  Mis.  d'Auhays,  n.  77.  '  Voyez   tome  VIII,  Chartes,    n.  XIV,   ce.  287 

'  Gnriel,  liée  de  la  viUc  de  MonlpclVicr,  p.  117,  :i  252. 


An  1 172 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XIX.  47 

avec  défense  qu'aucun  juif  soit  jamais  haile  de  Montpellier  ou  de  son  domaine. 

Enfin  il  met  l'évêque  de  Maguelonne,  Gui,  son  frère,  ses  vassaux  8t  tous  ses  ; 

domaines  sous  la  garde  8c  la  protection  à' Alphonse,  roi  d'Aragon,  son  seigneur.  ^ 
Tel  est  le  testament  de  Guillaume  VII,  seigneur  de  Montpellier,  d'où  nous                     .    \ 

apprenons  qu'il  laissa  de  Mathilde  de  Bourgogne,  sa  femme,  quatre  fils  6c  \ 

cinq  filles,  dont  il  n'y  avoit  que  l'aînée,  nommée  Sibylle,  qui  fût  alors  mariée.  \ 

Elle.avoit  épousé,  comme  on  vient  de  le  voir,  Raimond  Gaucelin,  seigneur  1 

de  Lunel,  au  diocèse  de  Maguelonne.  Guillaume'  avoit  promis  en  mariage,  1 

au  mois  de  novembre  de  l'an  1169,  Guillelmette  la  seconde,  avec  cent  marcs  ^ 

d'argent  fin  de  dot,  à  Raimond,  fils  de  Bertrand  d'Anduze,  Se  d'Adélaïde  de  i 
R.oquefeuil ,  sa  femme,  héritière  de  sa  maison.   Raimond  l'épousa  dans  la 
suite,  &  prit  le  surnom  de  Roquefeuil.  Bertrand  d'Anduze  &  Adélaïde,  sa 
femme,  promirent  de  donner,  en   contemplation   de  ce  mariage,  tous  leurs 

domaines  au  même  Raimond,  leur  filsj  ils  assignèrent  à  Guillelmette,  pour  = 
la  sûreté  de  sa  dot,  le  château  de  Breissac,  au  diocèse  de  Maguelonne,  avec    t^r"^!"'"" 
toutes  leurs  terres  situées  depuis  l'église  de  Sainte-Marie  de  Sumène  jusqu'à 

la  mer,  8c  pour  son  douaire,  tout  ce  qu'ils  possédoient  à  Valeraugues  6c  dans  ' 

diverses  autres  paroisses,  avec  promesse  de  donner  vingt  chevaliers  de  leurs  ' 

terres  pour  cautions.  Ils  fournirent  seize  otages  pour  la  sûreté  de  cette  pro-  ' 
messe,  entre  lesquels  étoieut  Raimond  de  Mandagot,  Bermond  de  Sauve, 

Bernard  de  Sauve,  Hugues  de  R.abastens,  Pons  de  Montlaur,  Pierre  de  Ber-  -i 

mond,  6cc.  Guillaume  VII,  seigneur  de  Montpellier,  donna  de  son  côté  neuf  { 

otages  pour  caution  du  payement  de  la  dot,  entre  autres  Pierre  de  Bermond,  1 

Raimond-Gaucelin,  seigneur  de  Lunel,  Pons-Gaucelin  de  Lunel,  8cc.  L'acte  i 

fut  passé  à  Montpellier,  dans  la  maison  de  la  milice  du  Temple,  en  présence  : 
de  Jean,  évêque  de  Maguelonne.  Marie,  quatrième  fille  de  Guillaume  VII, 

épousa,  au  mois  de  novembre-  de  l'an  1 182,  Aymeri,  seigneur  de  Clerniont,  ) 

au  diocèse  de  Lodève.  Guillaume  VIII,  son  frère,  qui  la  maria  avec  ce  sei-  ] 

gneur,  lui  donna  alors  cent  marcs  à' argent  fin  en  dot.  Aimeri  lui  assigna  de  '■ 

son  côté,  pour  son  douaire,  le  château  de  Puylacher,  celui  de  Saint-Pierre  de  \ 

Amelariis,  Sec.   Enfin  nous  apprenons  d'ailleurs  que  Guillaume  VII  laissa  \ 

une  autre  fille,  nommée  Clémence,  qui  épousa  en^  1199  Rostaing  de  Sabran,  ' 

8c  à  laquelle  Guillaume  VIII,  seigneur  de  Montpellier,  sonfière,  donna  cinq  \ 

mille  sols  melgoriens  en  dot.  Cette  Clémence  n'est  peut-être  pas  différente  ' 

d'une  des  cinq  filles  de  Guillaume  VII,  dont  il  fait  mention  dans  son  testa-  \ 
ment.  Se  elle  peut  avoir  changé  de  nom.  C'est  ainsi  que  Guillelmette,  fille 

du  même  Guillaume  VII  Se  femme  de  Raimond  de  Roquefeuil,  prit  le  nom  \ 
de  Marquise,  comme  il   paroît  par  la  quittance  que  ce  dernier  8c  la  même 
Guillelmette  firenf*  en  1200  à  Guillaume  VIII  de  la  somme  de  cinq  mille 

sols  melgoriens  qu'elle  avoit  reçus  en  dot.  i 

■  D'Achéry,  Spicileglum,  t.  8,  p.  i65  &  seq.  —  »  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  LXXII,  c.  4^0. 

Voyez  tome  IV,  ?/o/e  XXVII,  n.  IX,  p.   143.                       ^  liU.  c.  281.             ■    ■  i 

'  Archives  du  domaine  de  Carcassonne  transfé- 
rées à  Montpellier.  \ 


-; 48  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XIX. 

An  1 172        ~ 

On  prétend  '  que  Guillaume  VII,  seigneur  de  Montpellier,  vécut  encore 
quelques  années  après  avoir  fait  ce  testament;  mais  il  est  certain  qu'il  mourut 
peu  de  temps  après  Si,  à  ce  qu'il  paroît,  avant  la  fin  de  la  même  année  1 172. 
Il  étoit  du  moins  décédé  en  11 78  lorsque  Guillaume^  VIII,  seigneur  de 
Montpellier,  jî/j  de  Mathilde,  &  Gui,  son  oncle  paternel  &  son  tuteur,  déc\a.~ 
rèrent  que  le  mont  Saint-Bausile  appartenoit  aux  chanoines  de  Maguelonne. 
On  assure^  que  le  corps  de  Guillaume  VII,  après  avoir  été  embaumé,  fut 
apporté  par  les  principaux  de  Montpellier  dans  l'abbaye  de  Grandselve  où  il 
fut  inhumé  auprès  de  son  père,  dans  un  tombeau  que  les  consuls  de  Mont- 
pellier firent  construire.  On'*  prétend  encore  que  Raimond,  son  fils,  après 
avoir  professé  la  vie  monastique  dans  cette  abbaye,  devint  dans  la  suite  évêque 
de  Lodève;  mais  on  se  trompe  :  Raimond  ^  de  Montpellier,  fils  de  Guil- 
laume VII  &t  religieux  de  Cîteaux,  fut  évêque  d'Agde  Sv  non  de  Lodèvc. 
Quant  à  Gui,  quatrième  fils  de  Guillaume  VII,  il  prit  le  surnom  de  Bur- 
gundion,  à  cause  de  Mathilde  de  Bourgogne,  sa  mère,  pour  se  distinguer  de 
Gui,  son  oncle,  qui  de  son  coté  avoit  pris  celui  de  Guerrejat. 

Ce  dernier  étoit''  au  mois  d'octobre  de  l'année  suivante  à  Lérida,  à  la  cour 
du  roi  d'Aragon,  comme  on  voit  par  la  charte  que  ce  prince  donna  alors  en 
faveur  du  monastère  de  Sainte-Croix  de  Volvestre  de  l'ordre  de  Fontevrault, 
dans  le  Toulousain,  &  de  Marie  de  Béarn,  qui  en  étoit  prieure.  Gui  Guer- 
rejat fit,  en  1174,  une  donation''  à  l'abbaye  de  Valmagne,  en  qualité  de  sei- 
gneur du  château  de  Paulham,  dans  le  diocèse  de  Béziers. 

XLIV.  —  Mariage  de  Raimond,  fils  du  comte  de  Toulouse,  avec  Ermessinde 

de  Felet,  comtesse  de  Melgueil, 

Après  la  mort  de  Guillaume  VII,  la  comtesse  Béatrix  projeta  de  faire  passer 
entièrement  le  comté  de  Melgueil  dans  la  maison  de  Toulouse,  en  mariant 
Ermessinde,  sa  fille,  qui  étoit  devenue  veuve  vers  le  même  temps  de  Pierre- 
Bermond  de  Sauve,  dont  elle  avoit  un  fils,  avec  le  jeune  Raimond,  fils  du 
comte  de  Toulouse.  L'exécution  de  ce  projet  suivit  de  près,  &  Béatrix  con- 
firma, le  12  de  décembre  de  l'an  1172^,  en  faveur  de  Raimond,  comte  de 
Toulouse,  la  donation  qu'elle  lui  avoit  déjà  faite  de  tout  le  comté  de  Mel- 
gueil, «  avec  ordre  à  tous  ceux  qui  le  posséderoient  dans  la  suite,  de  le  tenir 
«  en  fief  de  ce  comte  ou  de  son  successeur  qui  auroit  le  comté  de  Saint- 
«  Gilles,  »  Par  là  elle  rendit  son  comté  mouvant  de  celui  de  Saint-Gilles, 
sans  aucun  égard  à  la  donation  que  ses  prédécesseurs  en  avoient  faite  à  l'Eglise 
lid.origin.     romaine.  Béatrix  donna  en  même  temps  en  mariage  Ermessinde,  sa  fille,  avec 

t.   lil,   p.    iO.  I  1  M 

le  comté  de  Melgueil  pour  dot,  au  fils  du  comte  de  Toulouse,  avec  clause 

'  Gariel,  Séries praesuîum  Magalonensiuni, -p.  ii6.  '  Esùennot,  AntijuUates  BeneJiciinae  Vasconiae, 

'  liiJ.  p.  226  &  seq.  t.  2,  p.  421. 

>  nid.                                 .  '  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  XIX,  c.  3o3. 

<  nid.                                 '  »  Jiid.  n.  XV,  c.  293  &  siav. 

'  Ç(iUi.-i  Cliri:li,ii;<ij  nov.  éd.  t.  6, 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XIX.  40  — 

^7        An  1 172 

expresse  que,  quand  même  Ermessinde  viendioit  à  décéder  sans  enfans  de  ce 
mariage,  la  moitié  du  comté  demeureroit  au  coitite  de  Toulouse  pour  les 
dépenses  qu'il  y  avoit  taites  ou  qu'il  y  feroit  dans  la  suite,  &  l'autre  moitié 
seroit  à  la  disposition  de  sa  fille,  qui  pourrait  la  donner  ou  au  fils  qu'elle 
avoit  de  Pierre-Bermond  de  Sauve  ou  à  ceux  qu'elle  auroit  du  fils  du  comte 
de  Toulouse.  «  Que  si,  ajoute  Béatrix,  le  fils  de  Pierre-Bermond  de  Sauve 
«  étoit  alors  décédé,  elle  ne  pourra  en  disposer  qu'en  faveur  des  enfans  de 
(i  son  second  mariage.  En  tout  événement,  dit-elle  ensuite,  adressant  la  parole 
i(  au  comte  de  Toulouse,  vous  retiendrez  toujours  la  moitié  du  comté  de 
«  Melgueil  pour  vos  frais;  à  moins  que  Douce,  ma  petite-fille,  fille  de  feu 
Il  mon  fils  Raimond,  comte  de  Provence,  ne  survive  &  qu'elle  ne  vous  épouse 
i<  ou  votre  fils;  car  je  veux  qu'elle  ait  alors  la  moitié  du  comté  de  Melgueil. 
«  Mais  supposé  qu'elle  meure  avant  son  mariage  ou  qu'elle  épouse  quelque 
«  autre,  elle  n'aura  rien  sur  ce  comté.  C'est  ainsi  que  je  révoque,  de  votre 
«  consentement,  la  donation  que  j'avois  faite  à  ma  petite-fille.  »  Dans  la 
suite  de  l'acte,  Ermessinde  de  Pelet  prend  le  fils  du  comte  de  Toulouse  pour 
son  mari  8c  lui  fait  donation  de  tous  les  droits  qu'elle  avoit  sur  la  succession 
du  comte  Bernard  Pelet,  son  père,  pour  en  disposer  quand  môme  elle  mour- 
roit  sans  enfans.  Le  comte  de  Toulouse  assigna  de  son  côté,  au  nom  de  Rai- 
mond, son  fils,  pour  le  douaire  d'Ermessinde,  le  comté  d'U-^ès,  dont  il  excepte 
la  moitié  du  péage  de  Valiiguière  &  de  Saint-Saturnin  du  Port.  Cet  accord 
fut  passé  en  présence  de  Bermond  de  Sauve,  de  Raimond  de  Vézénobre, 
d'Éizéar  d'Uzès,  de  son  frère  Rainon,  Sec;  il  fut  dicté  par  Raoul,  juriscon- 
sulte £<.  chancelier  du  comte  de  Toulouse.  Le  mariage  d'Ermessinde  avec 
Pv.aimond,  fils  de  ce  comte,  âgé  alors  de  dix-sept  ans,  s'accomplit  dans  peu  : 
ainsi  celui  qui  avoit  été  projeté  en  ii65,  entre  ce  jeune  prince  8c  Douce  de 
Provence,  fut  rompu  par  Béatrix,  aïeule  de  cette  dernière,  qui  lui  préféra  sa 
fille.  Au  reste,  comme  il  n'est  plus  parlé  de  Douce,  il  est  probable  qu'elle 
mourut  bientôt  après  8c  qu'elle  fit  Béatrix,  son  aïeule,  ou  Ermessinde,  sa 
tante,  ou  enfin  le  comte  de  Toulouse  ses  héritiers,  puisque  ce  comte  fit  valoir 
dans  la  suite  ses  prétentions  sur  la  Provence,  comme  étant  aux  droits  de  Douce. 
Ce  prince  se  qualifia  depuis  comte  de  Melgueil,  comme  il  paroît  entre  autres 
par  une  de  ses  chartes'  de  l'an  1174,  suivant  laquelle  il  restitua  à  l'église  de 
Maguelonne  la  dîme  du  sel  qui  se  recueilloit  entre  l'étang  8c  la  mer,  depuis 
le  lieu  appelé  Porcherïa  jusqu'à  Maguelonne,  avec  réserve  de  ses  droits. 

XLV.  —  Bertrand  Pelet  se  met  sous  la  protection  du  roi  d'Aragon, 

Ce  mariage  8c  l'union  de  Raimond,  comte  de  Toulouse,  avec  la  comtesse 
Béatrix  firent  ombrage  à  Alphonse,  roi  d'Aragon,  qui  tâcha  de  les  traverser, 
8c  qui  étoit  actuellement  à  Montpellier,  dont  le  seigneur  lui  étoit  entière- 
ment dévoué^.  Alphonse,  pour  faire  de  la  peine  à   Raimond,  se  déclara  le 

'  Cax\t\,Scr\cs praesulum  Magalonensium,  p.  217.  '  Marca  Hispaniea,  c.   |358  &  seq. 

VI.  4 


'~. 5o  HISTOIRE  GÉNÉrxALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XIX. 

An  1 172 

protecteur  de  Bertrand  Pelet  qui,  de  son  côté,  lui  fit  donation  du  comté  de 
Melgueil,  &  aux  comtes  de  Barcelone,  ses  successeurs.  Alphonse  donna 
ensuite  ce  comté  en  fief  à  Bertrand,  sauf  les  domaines  du  seigneur  de  Mont- 
pellier, avec  tous  les  droits  qu'il  y  avoit,  tant  pour  raison  des  dépenses  que 
son  père  &;  son  oncle  paternel  y  avoient  faites  que  pour  tout  autre  titre.  Rai- 
mond-Gaucelin  de  Lunel,  beau-frère  du  seigneur  de  Montpellier  &  plusieurs 
autres  seigneurs,  la  plupart  Catalans,  furent  présens  à  cet  acte;  mais,  malgré 
la  protection  du  roi  d'Aragon,  Bertrand  Pelet  fut  obligé  bientôt  après  d'aban- 
donner ses  prétentions  sur  le  comté  de  Melgueil. 

11  paroît  qu'Alphonse  chercha  en  même  temps  à  étendre  sa  domination  sur 
la  vicomte  de  Narbonne,  car  nous  avons  une  de  ses  chartes",  datée  du  21  de 
juillet  de  l'an  1172,  régnant  Louis,  roi  de  France,  par  laquelle  il  prend  sous 
sa  protection  l'abbaye  de  Fontfroide,  au  diocèse  de  cette  ville,  lui  confirme 
tous  ses  domaines,  entre  autres  ce  qu'elle  possédoit  par  la  donation  d'Aymeri, 
vicomte  de  Narbonne,  £-  d'Ermengarde,  sa  fille,  St  lui  accorde  divers  privilèges 
avec  l'exemption  de  leude  &  de  péage  dans  ses  Etats  ^. 

XLVI.  —  Union  du  Roussillon  au  domaine  des  comtes  de  Barcelone  &•  rois 

d'Aragon. 

Alphonse  se  qualifie  dans  cet  acte  roi  d'Aragon,  comte  de  Barcelone,  mar- 
quis de  Provence  &•  comte  de  Roussillon  :  preuve  que  Guinard  ou  Gérard, 
^Éd.^origm.  [lernier  comte  de  ce  pays,  étoit  alors  décédé,  8<.  que  son  testament  est  du  4  de 
juillet  de  l'an  11 72,  ainsi  qu'il  est  daté  dans  une  édition^  qui  en  a  été 
donnée,  8c  non  pas  de  l'an  iiyS,  comme  le  suppose  un  moderne"*  qui,  sans 
aucune  autorité,  ne  fait  mourir^  ce  comte  qu'au  mois  de  juin  de  l'an  11 78, 
tandis  qu'il  rapporte  lui-môme  une  charte^  datée  de  Perpignan,  le  12  mai 
de  l'an  11 73,  dans  laquelle  Alphonse,  roi  d'Aragon,  se  qualifie  comte  de 
Roussillon. 

Guinard,  par  ce  testament'^,  se  donne  pendant  sa  vie  &  après  sa  mort  à 
l'abbaye  de  Fontfroide,  dans  le  diocèse  de  Narbonne,  avec  promesse,  s'il  venoit 
à  quitter  le  siècle,  de  s'y  faire  religieux  0  pauvre  chevalier  de  Jésus-Christ.  Il 
y  choisit  sa  sépulture,  supposé  qu'il  vienne  à  décéder  en  deçà  de  la  mer,  & 
lègue  onze  cens  marabotins  d'or  à  ce  monastère  pour  lequel  il  avoit  toujours 
eu  beaucoup  d'affection;  il  lui  avoit  accordé^  le  droit  de  pacage  dans  toutes  ses 
terres  en  1166,  8<  y  avoit  fondé  une  lampe.  Il  fait  par  son  testament'  divers 

■  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  XIII,  c.  285.  '  Caseneuve,  Catalonia  Fran.  p.  202. 

'  Cette  charte  ne  prouve  pas  que  le  roi  d'Aragon  *  Baluze,  Marca  Hispan'tca,  c.  |362. 

se    soit    attribué    un    pouvoir   quelconque   sur  le  ^  liid.  e.  5i3. 

Narbonnais.   Il    ne   faut    pas   oublier   que   depuis  ^  lild.  c.  iSâp. 

fort   longtemps    les   vicomtes  de  Narbonne   possé-  '  Caseneuve,   Catalonia  Fran.  p.   20J.  —  Marca 

daient  des   terres  dans  la  Marche  d'Espagne.  C'est  Hispanica,  c.   i3rto  &  seq. 

sans  doute  de  l'une  de  ces  terres,  données  à  l'ab-  *  Archives  de  l'abbaye  de  Fontfroide. 

baye  par  le  vicomte  Aimeri  &  sa  fille  Ermengaide,  'Caseneuve,    Catalonia   Fran.    p.    203.  Marca 

que  le  roi  Alfonse  aura  voulu  parler.   [A.  M.]  Hispanica,  c.    i36o  &  seq. 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LTV.  XIX.  5i 

autres  legs  pieux,  &  laisse  à  Béatrix,  sa  cousine,  le  château  de  Mèze  en  alleu. 
Cette  Béatrix  est  la  même  que  la  sœur  de  Roger,  vicomte  de  Béziers  &  de 
Carcassonne,  qui  épousa  dans  la  suite  Raimond  VI,  comte  de  Toulouse.  Enfin 
Guinard,  supposé  qu'il  mourût  sans  enfans  légitimes,  donne  tout  son  domaine, 
savoir  :  le  comté  de  Roussillon  8c  le  droit  qu'il  avoit  sur  ceux  de  Pierrelate  & 
d'Ampurias,  par  les  conventions  qu'il  avoit  faites  avec  le  comte  d'Ampurias, 
au  roi  d'Aragon,  son  seigneur,  &  à  ses  successeurs,  &  le  charge  par  l'amitié 
qu'il  lui  témoignoit  par  cette  donation,  à  laquelle  ce  prince  n'avoit  aucun 
droit,  de  prendre  soin  de  ses  amis.  Vital,  abbé  de  Fontfroide,  Raimond  de 
Canet,  Se  Raimond  de  la  Redorte  furent  témoins  à  ce  testament.  Guinard 
mourut  sans  enfans  peu  de  jours  après,  Se  on  a  déjà  vu  que  le  roi  d'Aragon 
lui  avoit  succédé  le  21  du  même  mois.  Au  reste,  si  ce  comte  eût  choisi  son 
plus  proche  parent  pour  lui  succéder,  Roger,  vicomte  de  Béziers  8t  de  Car- 
cassonne, son  cousin  germain,  auroit  recueilli  sa  succession. 

Guinard  fut  le  dernier  comte  de  Roussillon  de  sa  race.  Après  sa  mort, 
Alphonse,  roi  d'Aragon,  Se  ses  successeurs  unirent  ce  comté  à  leur  domaine  8c 
le  possédèrent,  sous  la  souveraineté'  de  nos  rois,  jusques  au  milieu  du  trei- 
zième siècle,  qu'ils  se  tirèrent  de  cette  dépendance  par  un  traité^  dont  on 
parlera  dans  la  suite.  L'évêché  d'Elne  continua  cependant  d'être  toujours 
soumis  à  la  métropole  de  Narbonne,  même  après  ce  traité;  car  c'est  contre 
toute  vérité  qu'un  moderne^  a  avancé  «  que  l'évêque  d'Elne  ou  de  Perpignan 
«  est  naturellement  suffragant  de  l'archevêché  de  Tarragone;  mais  que  depuis 
K  l'union  du  Roussillon  à  la  France,  il  a  été  Uni  par  raison  de  politique  8c 
«  par  emprunt  seulernent  à  l'archevêché  de  Narbonne.  » 

XLVII.  —  La  guerre  se  renouvelle  entre  le  roi  d'Angleterre  ô*  le  comte 

de  Toulouse. 

Suivant  l'auteur'*  d'une  chronique  écrite  vers  le  commencement  du  trei- 
zième siècle,  la  guerre  se  renouvela  en  1172  entre  Henri  II,  roi  d'Angleterre, 
6c  Raimond  V,  comte  de  Toulouse.  Cet  auteur  rapporte  «  que  Henri,  en 
«  qualité  de  duc  d'Aquitaine,  a}ant  dernandé  cette  année  l'hommage  pour  le 
«  comté  de  Toulouse  k  Raimond,  qui  le  refusa,  vint  mettre  le  siège  devant 
«  cette  ville  ;  qu'il  défendit  cependant  à  ses  troupes  de  causer  aucun  dom- 
«  mage  aux  habitans  Se  leur  donna  ordre  de  payer  comptant  tout  ce  dont  ils 
«  auroient  besoin.  Le  comte  Raimond  8c  les  Toulousains,  ajoute  cet  auteur, 

■  Duchesne,    Histortae    Francorum    SS.,    t.    4,  Nous  croyons  que  les  deux   opinions  de  Catel  & 

pp.  648,  780,  &c.  de   dom  Vaissete   se   peuvent    concilier.    L'auteur 

'  Voyez  dans  ce  volume,  1.  XXVI,  n.  XLV.  écrivant    longtettips    après    les    événements    aura 

'  Boulainvilliers,  £fat  rfc  îa /"rance,  t.  1,  p.  3o5.  confondu    le    siège    de    Toulouse    de     iiSp,    levé 

*  Caxe\,  ffistolre  des  comtes  de  Tolose,  p.  2o5.  —  grâce   à  l'intervention  du   roi    Louis  Vil    &  l'al- 

Nous  n'avons  pu  retrouver  à  quelle  chronique  ap-  liance   de    1168-70,    qui   fit   momentanément   de 

partenait  le   passage   latin   cité   par  Catel.    Il    dit  Raimond  V   U  vassal  &  l'allié  de  Henri  II  :  le» 

seulement  qu'elle  lui  a   été  envoyée  par  un  con-  autres  circonstances  de  son  récit  semblent  controu- 

seiller  de  France  &  qu'elle  va   jusqu'à   l'an    1220.  vées.    [A.  M.] 


A»  117:; 


Ail  I  I7i 


52  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XIX. 


«  eurent  alors  recours  au  roi  Louis  le  Jeune  pour  obliger  l'Anglois  à  lever  le 
«  siège.  Enfin  l'affaire  fut  terminée  par  négociation  ;  il  fut  convenu  que  le 
«  roi  d'Angleterre  feroit  arborer  son  étendard  sur  la  tour  du  cbâteau  Narbon- 
«  nois,  &  que  le  comte  lui  prêteroit  serment  de  fidélité,  sauf  celle  qu'il  devoit 
«  au  roi  de  France;  après  quoi  le  siège  ayant  été  levé,  le  roi  de  France  s'en 
K  retourna  chez  lui.  »  L'on  doit  conclure  de  là  que  Henri  II,  roi  d'Angle- 
terre, assiégea  de  nouveau  la  ville  de  Toulouse  en  1172,  &  que  le  roi  Louis 
le  Jeune  marcha  une  seconde  fois  au  secours  de  cette  ville;  mais  cette  der- 
nière circonstance  est  rapportée  un  peu  diftéremment  dans  un  manuscrit  de 
la  même  '  chronique,  où  il  est  marqué  seulement  que  le  siège  de  Toulouse 
ayant  été  levé  après  la  négociation,  le  roi  s'en  retourna  chez  lui  :  ainsi  cela 
doit  s'entendre  du  roi  d'Angleterre.  Mais  comme  tous  les  auteurs  contempo- 
rains gardent  un  profond  silence  sur  ce  nouveau  siège  de  Toulouse  entrepris 
t'ilTl^'^     P^'  Henri  II,  roi  d'Angleterre,  l'auteur  de  la  chronique  pourroit  bien  avoir 

voulu  parler  de  celui  que  le  même  prince  mit  devant  cette  ville  en  iiSç,  Ce 

An  1173  qu'il  y  a  de  certain  c'est  que  Henri  II,  en  1172,  bornoit  à  la  suzeraineté,  en 
qualité  de  duc  d'Aquitaine,  toutes  ses  prétentions  sur  le  comté  de  Toulouse, 
&  que  le  comte  Raimond  ayant  eu  une  entrevue  avec  lui,  au  commence- 
ment de  l'année  suivante,  il  le  reconnut  pour  suzerain,  &  fit  enfin  la  paix 
avec  lui. 

XLVIII.  —  Entrevue  £,•  païx  entre  ces  deux  princes.  —  Raimond  se  rend 
vassal  de  Henri  pour  le  comté  de  Toulouse. 

Divers  historiens  du  temps  parlent  de  cette  entrevue  8c  en  rapportent  les 
circonstances;  mais  pour  les  mieux  entendre  il  faut  reprendre  la  chose  de  plus 
haut.  Henri  II,  roi  d'Angleterre,  avoit  quatre  fils  d'Élèonor,  héritière  d'Aqui- 
taine, sa  femme  :  Henri,  né  en  ii55,  Richard,  en  iiSy,  Geoffroy,  en  ii58, 
Se  Jean,  en  1168;  il  associa  le  prçmier  au  trône  en  11 70,  Se  le  maria  en 
même  temps  avec  Marguerite,  fille  du  roi  Louis  le  Jeune  &  de  Constance  de 
Castille.  Le  jeune  Henri  étoit  un  prince  plein  d'ambition  qui,  nonobstant 
son  âge  peu  avancé,  prètendoit  avoir  part  au  gouvernement.  Mais  ne  trou- 
vant pas  le  roi,  son  père,  disposé  à  cela,  il  se  retira  à  la  cour  du  roi  de  F'rance, 
son  beau-père,  c(ui,  cherchant  une  occasion  d'abaisser  la  trop  grande  puis- 
sance de  Henri  II,  lui  donna  retraite,  fomenta  son  mécontentement  Sv  lui 
promit  sa  protection. 

Durant  ces  brouilleries,  le  roi  Henri  &  la  reine,  sa  femme,  ayant  fait 
en  1172  un  voyage  à  Limoges,  ils^  y  disposèrent  du  duché  d'Aquitaine  en 
faveur  de  Richard,  leur  fils  puîné,  &  conclurent  vers  le  même  temps  le 
mariage  de  Geohroy,  leur  troisième  fils,  avec  Constance,  fille  8<.  héritière  de 
Conan,  duc  ou  comte  de  Bretagne.  Ils  firent  ensuite  un  voyage  en  Anjou  8< 

'  Mss.  de  b  bibliothèque  Coislin.  &  seq.  —  Rogeriiis  de  Hoveden,  Chron'icon,  p.  3o5. 

'  Gaiifridus,  prior  Vosieiisis,    Chron'icon,  p.   ji8        —  Radiilphiis   de   Diceto,    Ymtr/jines  hittoriarum , 

&.  Sîc[.  —   Kobçrtiij   de   Mo:KC,  C/ironicon,  p.  cfii        p.   :>.')  i . -,  Jonnneô   Bronipton,  Ch'onicon,  p.  loji, 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XIX.  53 

célébrèrent  la  tête  de  Noël  à  Chinon,  où  le  jeune  Henri,  leur  fils,  vint  les 
joindre.  Ils  se  rendirent  ensemble,  à  la  Purification  de  l'année  suivante,  à 
Montferrand,  en  Auvergne,  où  ils  eurent  une  entrevue,  le  12  de  février, 
comme  ils  en  étoient  convenus,  avec  Alphonse,  roi  d'Aragon,  Raimond  V, 
comte  de  Toulouse,  Girard,  comte  de  Vienne,  &  Humbert,  comte  de  Mau- 
rienne.  Les  deux  rois  d'Angleterre  régalèrent  magnifiquement  tous  ces  princes, 
St  on  conclut  le  mariage  de  Jean,  quatrième  fils  de  Henri  H,  âgé  à  peine 
alors  de  six  ans,  avec  la  fille  unique  du  comte  de  Maurienne.  Les  princes  se 
rendirent  après  cela  médiateurs  du  différend  de  Henri  &  de  Raimond,  comte 
de  Toulouse,  dont  ils  renvoyèrent  la  discussion  à  Limoges  où  ils  se  rendirent 
tous.  Enfin  on  y  convint  d'un  traité,  suivant  lequel  le  comte  Raimond  : 
1°  Promit  solennellement  de  faire  hommage  du  comté  de  Toulouse  au  roi 
Henri  S<.  à  Richard,  son  fils,  comme  ducs  d'Aquitaine.  2°  Il  déclara,  tant 
pour  lui  que  pour  les  comtes  de  Toulouse,  ses  successeurs,  que  ce  comté  seroit 
à  l'avenir  mouvant  du  duché  d'Aquitaine  par  droit  de  fief.  3°  Il  ^e  soumit  au 
service  militaire  à  la  tête  de  cent  chevaliers  pendant  quarante  jours,  &  à  ses 
frais,  lorsqu'il  en  seroit  requis,  &  ensuite  durant  quarante  autres  jours  aux 
dépens  de  Henri  &  de  P».ichard  quand  ils  le  souhaiteroient.  4°  Enfin  il  promit 
de  leur  donner  tous  les  ans,  en  signe  de  redevance,  dix  chevaux  de  prix  ou 
cent  marcs  d'argent,  à  leur  choix.  La  plupart  des  anciens  historiens  ajoutent 
([ue  Pvaimond  rendit  en  conséquence  hommage  de  son  comté  de  Toulouse  à 
Henri  II,  le  premier'  dimanche  de  carême,  iS  fivrier.  Un  auteur  du  temps ^ 
assure,  toutefois,  «  que  le  jeune  Richard,  duc  d'Aquitaine,  à  qui  le  comte  de 
«  Toulouse  devoit  taire  cet  hommage,  étant  absent,  on  différa  de  terminer 
«  entièrement  cette  affaire  jusqu'à  l'octave  de  la  Pentecôte  suivante.  »  Quoi 
qu'il  en  soit,  Raimond  vécut  depuis  en  bonne  intelligence  avec  le  roi 
d'Angleterre;  quelques  historiens^  prétendent  même  que  Henri  moyenna 
alors  la  paix  de  ce  prince  avec  le  roi  d'Aragon;  mais  il  paroît  que  cette  paix 
ne  fut  pas  si  tôt  conclue.  C'est  ainsi  que  Raimond,  obligé  de  céder  au 
temps,  reconnut  enfin  le  roi  d'Angleterre  pour  son  suzerain,  sauf  cependant"^ 
la  fidélité  qu'il  devoit  à  Louis,  roi  de  France  :  vasselage  qui  ne  fut  pas  de 
longue  durée. 

XLIX.  —  Le  comte  de  Toulouse  se  ligue  avec  le  roi  d'Angleterre  contre  les  fils 

rebelles  de  ce  prince. 

Raimond,  après  s'être  réconcilié  avec  le  roi  d'Angleterre,  crut  devoir  lui 
révéler'',  soit  en  qualité  de  vassal,  soit  pour  s'insinuer  davantage  dans  sa 
bienveillance,  la  conspiration  que  le  jeune  roi,  son  fils,  avoit  formée  contre 
lui  Si  dont  il  étoit  pleinement  informé.  Il  lui  en  apprit  le  détail  Si  l'instruisit 

'  Gaiifridiis,  prior  Vosiensis,  Chron'non,  p.  3j8  *  Rndulphiis  de  Diccto,   Ymagines  historiaram. 

&  seq.  '  Gaufridus  pfior  Vosiertsis,  Chroiikoii,   p.   3i8 

'  Radiilphus  de  Diceto,  Ymagincs  historinrum,  &  seq. 
•  Joannes  Brompion,  Chror.icon,  p.  ic8i. 


An  1  lyj 


-~: ~r~  54  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XIX. 

An  1 173  T 

des  engagemens  que  la  reine  Eléonore,  sa  femme,  &  les  princes  Richard  8c 
Éd.^OTigin^  Geoffroy,  leurs  fils,  cjui  étoient  entrés  dans  le  complot,  avoient  pris  pour 
faire  soulever  ses  sujets.  Il  conseilla  à  Henri  de  prendre  ses  sûretés,  &  ils 
sortirent  ensemble  de  Limoges  sous  prétexte  d'une  partie  de  chasse 5  mais  en 
effet  pour  donner  ordre  à  la  garde  des  places.  Henri  en  renforça  les  garni- 
sons, &,  ayant  pris  toutes  ses  précautions,  il  revint  à  Limoges  par  l'abbaye 
de  Vigeois,  avec  le  comte  de  Toulouse,  rejoindre  les  princes.  Ils  se  séparèrent 
enfin,  le  mercredi  28  de  février,  après  avoir  demeuré  ensemble  à  Limoges 
durant  sept  jours.  Le  comte  de  Toulouse  retourna,  à  ce  qu'il  paroît,  dans 
cette  ville  où  il  donna  en  fief,  au  mois  d'août  de  la  même'  année,  le  château 
de  Gemeil,  en  présence  de  Pierre  de  Toulouse,  prieur  Si  maître  de  la  maison 
du  Temple,  &c. 

Henri  II  prit  de  son  côté  la  route  de  Normandie  avec  la  reine  Eléonore, 
sa  femme,  8c  le  jeune  Henri,  leur  fils,  qui,  s'étant  aperçu  durant  le  voyage 
que  le  roi,  son  père,  étoit  averti  de  ses  desseins,  s'évada  secrètement^  d'Ar- 
gentan, la  nuit  du  23  de  mars,  se  réfugia  à  la  cour  du  roi  de  France,  son 
beau-père,  &  leva  l'étendard  de  la  révolte.  La  reine  Eléonore,  sa  mère,  qui 
étoit  d'intelligence  avec  lui,  fit  soulever  en  même  temps  les  princes  Richard 
&  Geoffroy,  ses  fils,  8<.  la  plupart  des  seigneurs  françois,  sujets  de  l'Angle- 
terre, que  le  jeune  roi  avoit  déjà  gagnés;  ayant  pris  aussitôt  les  armes  en  sa 
faveur,  il  commença  les  hostilités  après  Pâques. 

Le  cointe  de  Toulouse  demeura  toujours  uni  avec  Henri  II  durant  cette 
guerre;  il  paroît  même  par  la  suite  qu'il  marcha  à  son  secours  ou  qu'il  permit 
du  moins  à  ses  sujets  de  le  servir;  d'un  autre  côté,  le  roi^  Louis  le  Jeune  8c 
le  comte  de  Flandres,  s'étant  déclarés  en  faveur  du  jeune  roi,  le  parti  de  ce 
dernier^fut  en  peu  si  puissant  qu'il  devint  très-formidable.  Henri  II  fit  cepen- 
dant tous  ses  efforts  pour  détourner  le  roi  de  France  de  protéger  ses  fils 
rebelles;  mais  les  divers  ambassadeurs  qu'il'*  lui  envoya  clans  cette  vue 
n'avancèrent  rien.  Louis  leur  déclara  nettement  qu'il  ne  reconnoissoit  pour 
roi  d'Angleterre  que  le  jeune  Henri,  son  gendre.  Entre  ces  ambassadeurs 
furent  Rotrou,  archevêque^  de  Rouen,  8c  Arnoul,  évêque  de  Lisieux.  Le  roi 
leur  fit  des  plaintes  amères  de  la  mauvaise  foi  de  Henri  qui  lui  avoit  souvent 
jnanqué  de  parole.  Il  ajouta  qu'il  avoit  déjà  résolu  de  lui  déclarer  la  guerre 
avant  que  le  jeune  roi  eût  pris  les  armes  :  1°  Parce  qu'il  ne  vouloit  pas  per- 
mettre à  la  reine  d'Angleterre,  sa  bru,  d'aller  joindre  le  jeune  roi,  son  mari, 
&c  qu'il  refusoit  de  lui  rendre  sa  dot.  2°  A  cause  qu'il  soulevoit  contre  lui  ses 
sujets  depuis  les  montagnes  d'Auvergne  jusqu'au  Rhône.  3°  Parce  qu'il  avoit 
reçu  l'hommage  lige  du  comte  de  Toulouse  au  préjudice  des  droits  de  la  cou- 
ronne de  France.  Enfin  Louis  assura  par  serment  aux  deux  prélats  qu'il  ne 

'  Trésor  des  chartes  de  Toulouse,  sac  19,  n.  i.  =  Radulphus  de  Diceto,  Chronkon. 

[Auji  J.  328;  il  y  a  ici  une  erreur  matérielle  corn-  '  Robertus  de  Monte,  Chronicon. 

mise  par  don  Vaissete.  L'acte  ne  renferme  pas  le  ■•  Guillelmus  Neubrigensis,  1.  2,  c.  27. 

nom  de  Limoges  &  paraît  avoir  été  donné  dans  le  =  Petrus  Blesensis,  Epist.  làî. 
tnidi.  Voir  Teulet,  Layettes,  t.   1,  p.   104.] 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XIX.  55  ~ 7" 

An  1 17J 

feroit  jamais  aucun  traité  avec  Henri  que  du  consentement  de  la  reine  Éléo- 
nore  Si  de  ses  fils. 

On  vient  de  voir  que  le  roi  d'Angleterre  sollicita  le  secours  des  peuples 
depuis  l'Auvergne  jusqu'au  Rhône.  Il  s'adressa  par  conséquent  aux  sujets  du 
comte  de  Toulouse  :  c'est  ce  qui  paroît  d'ailleurs  par  les  lettres'  que  Pons, 
archevêque  de  Narbonne,  8c  Ermengarde,  vicomtesse  de  cette  ville,  écrivirent 
vers  le  même  temps  au  roi  Louis  le  Jeune.  Le  premier  implore  la  protection 
de  ce  prince  au  milieu  des  calamités  dont  il  étoit  environné,  «  entre  les- 
(I  quelles,  dit-il,  celle  qui  nous  touche  le  plus  est  les  grandes  pertes  que  la 
c<  foi  catholique  fait  tous  les  jours  dans  notre  diocèse  où  la  nacelle  de  Saint- 
«  Pierre  est  tellement  agitée  par  les  entreprises  des  hérétiques  qu'elle  est  sur 
(I  le  point  d'être  submergée.  Armez-vous  donc  du  bouclier  de  la  foi  &  des 
Il  armes  de  la  justice,  8i  venez  au  nom  du  Seigneur  extirper  l'hérésie  de  ce 
(I  pays.  Nous  avons  encore,  ajoute  ce  prélat,  beaucoup  d'inquiétude  au  sujet 
I'  des  mouvemens  que  le  duc  de  Normandie  (c'est  ainsi  qu'il  appelle  Henri  H 
(I  que  Louis  ne  vouloit  pas  reconnoître  pour  roi  d'Angleterre)  se  donne  pour 
"  S^S"^*^  '^^  peuples  à  force  d'argent,  &  pour  s'emparer  des  extrémités  de 
I'  votre  royaume,  sous  prétexte  de  Toulouse  ;  espérant  de  conserver  la  tête  par 
«  le  moyen  de  la  queue.  Nous  vous  supplions  de  ne  pas  vous  endormir 
«  là-dessus.  Si  vous  venez  dans  le  pavs,  vous  pourrez  remédiera  ces  désordres, 
(I  rendre  la  paix  à  l'Église  St  conserver  votre  royaume.  »  L'archevêque  de 
Narbonne  fait  ensuite  au  roi  des  offres  de  service  8t  lui  donne  des  assurances 
de  sa  fidélité.  Il  le  remet  pour  le  reste  à  ce  que  lui  diroit  de  sa  part  maître  iJJorigin. 
Raoul  «  qui,  ajoute-t-ii ,  a  partaitement  bien  rempli  les  fonctions  de  votre 
«  envoyé  auprès  de  tous  ceux  avec  lesquels  il  a  eu  à  négocier.  »  Le  roi  avoit 
sans  doute  donné  commission  à  Raoul  de  détourner  les  seigneurs  6c  les  peu- 
ples de  la  Province  de  se  déclarer  en  faveur  de  Henri  II. 

La  vicomtesse  Ermengarde,  par  sa^  lettre,  dans  l'adresse  de  laquelle  elle 
souhaite  à  Louis  la  magnanimité  du  roi  Charles,  remercie  ce  prince  de  celle 
qu'il  lui  avoit  écrite  par  le  même  maître  Raoul,  qui  avoit  été  la  visiter  de  sa 
part.  K  Quant  à  ce  que  vous  me  marquez,  dit-elle,  de  rompre  tout  commerce 
«  avec  vos  ennemis  £c  de  persévérer  dans  votre  amitié,  comme  j'ai  déjà  com- 
(i  mencé,  vous  pouvez  être  assuré  que  je  n'ai  fait  aucun  traité  8c  que  je  n'en- 
(I  tretiendrai  aucune  liaison  avec  eux,  n'ayant  rien  tant  à  cœur  que  de  vous 
(I  donner  dans  toutes  les  occasions  des  preuves  de  mon  obéissance.  Je  désire 
u  de  protéger  l'affaire  de  Toulouse,  8c  je  ne  manquerai  pas  de  me  rendre  à 
«  vos  prières  lorsqu'il  sera  nécessaire;  mais  si  vous  venez  vous-même  au 
B  secours  de  cette  ville,  je  marcherai  plus  volontiers  sous  vos  ordres.  J'ai  une 
«  grande  douleur,  8c  tous  nos  compatriotes  sont  également  affligés  de  voir 
Il  notre  province,  que  les  rois  de  France  ont  honorée  de  tant  de  marques  de 
«  leur  bienveillance,  Se  à  laquelle  ils  ont  accordé  tant  de  liberté,  se  soumettre 

■  Duchesne,  ffiîMriae  fruncorjim  55i,  t.  4,  p.  Ô74  '  Duchesnc,  Historiae  Fnncorum,  t.  4,    p.   574 

Ei  seq.  &  seq. 


An  1 173 


56  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XIX. 

«  aujourd'hui  à  ui;e  domination  étrangère j  &  cela  à  votre  défaut,  pour  ne 
«  pas  dire  par  votre  faute.  Que  Votre  Altesse  ne  se  fâche  pas  si  je  lui  parle  si 
«  hardiment,  parce  qu'autant  que  je  suis  attachée  à  votre  couronne  comme  sa 
«  vassale  spéciale,  autant  j'ai  de  chagrin  de  la  voir  déchoir  du  faîte  de  sa 
V  grandeur.  Car  vos  ennemis  ne  prétendent  pas  seulement  s'emparer  de  Tou- 
((  louse,  mais  encore,  comme  ils  s'en  vantent,  de  tous  les  pays  situés  depuis 
«  la  Garonne  jusqu'au  Rhône.  Ils  avancent  dans  leur  dessein  afin  d'attaquer 
«  plus  facilement  la  tête  après  avoir  subjugué  les  membres.  Prenez  donc  les 
(c  armes,  Si  venez  au  plus  tôt  dans  nos  cantons  avec  des  forces  suffisantes,  tant 
«  pour  réprimer  l'audace  de  vos  adversaires  que  pour  consoler  vos  amis.  C'est 
«  ainsi  que  nos  prélats  &  nos  princes,  qui,  s'ils  osoient  se  déclarer,  ne  deman- 
«  dent  qu'à  vous  servir,  défendront  la  ville  de  Toulouse  avec  vous,  8<  sous 
«  votre  autorité,  &  s'efforceront  de  rétablir  les  choses  dans  l'ancien  état.  Je 
(i  vous  prie  donc,  8c  tous  les  autres  en  font  de  même,  de  ne  pas  vous  arrêter 
«  à  la  dépense  que  cela  pourra  vous  causer  ;  pour  un  marc  d'argent  qu'il 
«  vous  en  coûtera,  vous  en  recouvrerez  cent,  8(.  vous  exalterez  par  là  votre 
«  nom  dont  la  gloire  est  obscurcie  parmi  nous.  Nous  omettons  une  partie 
«  des  choses  que  nous  aurions  à  vous  dire,  mais  maître  Raoul,  qui  connoît 
«  très-bien  8c  nos  intérêts  8c  ceux  du  pays,  aura  soin  de  vous  en  informer.  » 
C'est  ainsi  que  la  vicomtesse  de  Narbonne,  après  avoir  reproché  au  roi  la 
faute  qu'il  avoit  faite  de  permettre  que  le  comte  de  Toulouse  devînt  vassal  du 
roi  d'Angleterre,  nous  apprend  les  desseins  qu'avoit  alors  ce  dernier  prince 
d'établir  sous  ce  prétexte  sa  domination  dans  toute  la  Province  Se  de  s'en 
servir  pour  faire  diversion  contre  ses  fils  rebelles  8<  le  roi  Louis  le  Jeune,  leur 
protecteur.  Du  reste,  nous  ignorons  quelles  furent  les  suites  des  desseins  du 
roi  d'Angleterre  sur  le  Languedoc;  Se  nous  ne  savons  pas  mieux  quelle  part 
(1  eut  le  comte  de  Toulouse  dans  toute  cette  affaire,  quoi  qu'il  paroisse  qu'il 
«  fût  toujours  lié  avec  Henri  II  depuis  le  traité  de  Limoges. 

L.  —  Le  rot  prend  l'église  d'Agde  sous  sa  protection, 

Louis  continua  cependant  d'exercer  son  autorité  dans  la  Province,  8c  il 
accorda,  la  même  année  iiyS,  un  diplôme  en  faveur  de  Guillaume,  évêque 
d'Agde,  dans  le  préambule  duquel'  il  marque  combien  il  étoit  jaloux  de  ses 
droits.  Il  y  rend  grâces  à  Dieu  de  ce  qu'il  y  avoit  établi  les  rois  de  France 
les  vicaires  de  sa  puissance,  pour  protéger  les  églises,  conserver  leur  dignité 
Se  réprimer  l'impiété  des  tyrans.  Il  confirme  par  cette  charte  l'église  d'Agde 
dans  la  possession  de  ses  domaines,  entre  autres  de  la  troisième  partie  de  la 
ville  d'Agde  8<  des  droits  domaniaux  du  comté,  conjormément  au  diplôme  de 
Charlemagne;  il  la  confirme  aussi  dans  la  possession  du  faubourg  £c  de  l'ab- 
baye de  Saint-Sever,  avec  permission  à  l'évêque  de  fortifier  la  ville,  à  cause 
des  fréquentes  incursions  des  méchans  Se  de  crainte  des  Sarrasins.  Il  accorde 

'  Gallia  Christlunn,  ilov.  ci,  t.  6,  Iiatrum.  c.  3i6  &  ssq. 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XIX.  5?   "; T" 

'  An  1 173 

enfin  à  l'évêque  la  justice  civile  &  criminelle  sur  les  vassaux  8<.  les  chanoines 

de  son  église.  Le  nombre  de  ces  derniers  avoit  été  jusqu'alors  indéterminé;     t.'ui^pf'j'i. 

Guillaume'  les  réduisit  à  douze  la  même  année  &  leur  assigna  certains  biens 

pour  leur  mense. 

LI.  —  Vicomtes  de  Fenouîllèdes,  de  Minerve,  i-c. 

L'archevêque  8t  la  vicomtesse  de  Narbonne,  loin  d'imiter  leurs  prédéces- 
seurs, dont  les  différends  avoient  causé  tant  de  troubles  dans  le  pays,  vivoient 
alors  de  bonne  amitié.  Ils  reçurent  conjointement*,  le  i3  d'octobre  de 
l'an  1173,  la  déposition  de  Bertrand  d'Auriac,  de  Pierre- Olivier  de  Termes., 
son  jrère,  &  des  autres  témoins  qui  avoient  été  présens  au  testament  d'Arnaud, 
vicomte  de  Fenouillèdes,  lequel  étant  malade  à  La  Grasse  y  avoit  fait  ce  tes- 
tament, le  matin  du  29  septembre  précédent,  &  y  étoit  mort  l'après-midi. 
Suivant  cet  acte,  Arnaud  choisit  sa  sépulture  dans  l'abbaye  de  La  Grasse  8<. 
fait  divers  legs  pieux,  tant  à  ce  monastère  qu'à  celui  de  Fontfroide,  aux  hos- 
pitaliers Si  aux  templiers.  II  donne  mille  marabotins  à  sa  femme,  dont  il  ne 
dit  pas  le  nom,  sur  les  revenus  du  château  de  Fenouillet  fit  ses  dépendances; 
&,  supposé  qu'elle  fût  enceinte,  il  fait  héritier  son  fils  ou  sa  fille  posthume; 
sinon  il  donne  à  Bérenger  de  Pierrepertuse,  son  neveu,  le  château  de 
Fenouillet  avec  ses  dépendances,  sauj  la  fidélité  qu'il  devait  à  la  vicomtesse 
Ermengarde.  Il  donne  au  même  Bérenger  la  moitié  de  plusieurs  villages  du 
pays  de  Fenouillèdes,  la  moitié  du  droit  qu'il  avoit  sur  le  prieuré  5c  le  domaine 
de  Saint-Paul  de  Fenouillèdes,  Se  la  moitié  de  tous  les  chevaliers  Si  de  leurs 
fiefs,  qu'il  avoit  à  cause  du  château  de  Fenouillet  61  de  ses  dépendances,  8< 
du  château  de  Saint-Etienne  de  Balérac.  Il  laisse  l'autre  moitié,  par  égales 
portions,  à  Bertrand  d'Auriac  8t  à  Pierre-Olivier  de  Termes,  son  frère,  ses 
proches  parens,  en  considération  des  services  ([u'ils  lui  avoient  rendus.  Il 
donne  enfin  le  reste  de  ses  domaines,  pour  les  partager  également,  à  ses 
quatre  sœurs.  Aide,  Brunissende,  Deude  Se  Alamande.  Arnaud  mourut  sans 
postérité  masculine^  Si  en  lui  finit  la  première  race  des  vicomtes  héréditaires 
de  Fenouillèdes.  Il  eut  une  fille  posthume,  nommée  Ave,  qui  lui  succéda 
suivant  son  testament  8c  qui  porta  la  vicomte  de  Fenouillèdes  dans  la  maison 
de  Saissac. 

Pierre  Raynard  de  Béziers,  l'un  des  principaux  seigneurs  de  la  Province, 
mourut  aussi  en  11 73.  Il  choisit  sa  sépulture  par  son  testament'*  dans  le 
monastère  deCassan,  où  il  fonda  un  anniversaire  de  même  que  dans  ceux  de 
Salvanez  Se  de  Valmagne.  Il  partagea  ses  biens  à  ses  sœurs,  en  cas  qu'il  ne 
laissât  pas  d'en  fans  de  sa  femme.  L'une  de  ces  sœurs  avoit  épousé  Bernard- 
Raimond  de  Capendu,  S<.  une  autre  Aymeri  de  Pont.  11  donna  le  château 

■  Caniilaire  de  l'église  d'Agde.  —  Gall'ia  Chris-  >  Voyez  tome  VU,    Not<-  XXVII,  ii.  vil  &  se<l. 

tiana,  no»,  éd.  t.  6,  Instrum.  c.  326  &  seq.  pp.  86,  87. 

*  Mnrtène,  Thcmurus  Anecdoiorum,  t.  1,  p.  Ô74  ^  Cartiilaire  du  château  de  Foix,  caisse  i5. 

&  :en. 


An  1 173 


58 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XIX. 


d'Oveillaii  a  une  troisième  nommée  Cécile,  qui,  étant  veuve  de  Pierre-Ermen- 
gaud,  avoit  épousé  Pierre  de  Minerve.  Il  déclara  que  Roger,  vicomte  de  Car- 
cassonne,  lui  devoit  quatre  mille  sols  melgoriens  pour  les  dommages  qu'il 
avoit  causés  au  même  château  d'Oveillan  durant  la  guerre  Se  à  ses  vassaux. 
Il  donna  à  une  quatrième  sœur,  femme  de  Guillaume  de  Poitiers,  tout  le 
domaine  qu'il  avoit  dans  la  ville  de  Béziers,  au  château  de  Villeneuve  &  par- 
tout ailleurs,  à  condition  de  donner  mille  sols  melgoriens  à  une  autre  de 
leurs  sœurs,  nommée  Adélaïde,  &  autant  à  une  sixième,' appelée  Fine,  pour 
être  religieuses.  Bernard,  évêque  de  Béziers,  fut  témoin  de  ce  testament  dont 
l'ouverture  fut  faite  dans  l'église  de  Saint-Sernin  de  cette  ville,  en  présence 
de  l'archevêque  de  Narbonne.  Pierre  Raynard  avoit  pris  le  surnom  de  Béziers, 
soit  parce  qu'il  descendoit  des  anciens  vicomtes  de  cette  ville,  soit  parce  qu'il 
en  possédoit  une  partie  du  domaine,  à  l'exemple  de  plusieurs  autres  anciennes 
familles  de  la  Province  qui  prirent  leur  dénomination,  lors  de  l'institution 
des  noms  propres,  des  villes  où  elles  avoient  des  fiefs'.  Pierre  de  Minerve, 
beau-frère  de  ce  seigneur,  ne  lui  survécut  pas  longtemps,  comme  il  paroît 
par  un^  acte  de  vente  fait  au  mois  de  mars  de  l'an  iiyô,  à  l'abbaye  de  Font- 
froide,  de  la  moitié  de  quelques  terres  situées  à  Védeillan,  par  Bernard  de 
Minerve,  du  conseil  de  la  vicomtesse  Ermengarde,  de  qui  il  les  tenoit  en 
fief.  Bernard  marque  dans  cet  acte  que  la  moitié  de  ces  biens  appartenoit  à 
ses  cousins,  fils  de  Pierre  Minerve.  Guillaume  de  Minerve,  frère  de  Bernard, 
ratifia  cette  vente  qui  fut  faite  à  Narbonne  dans  le  palais  d'Ermengarde,  81 
avec  l'approbation  d'Aymeri  de  Narbonne,  son  neveu. 

LU.  —  Traité  entre  les  villes  de  Narbonne  £•  de  Pise, 

Éd.  origin.  La  vicomtcssc  Ermengarde^,  Aymeri,  son  neveu,  les  consuls  &  les  autres 

t.  m,  p.  30.  ti  7     ^         '  p 

prud'hommes  de  Narbonne  conclurent,  le  4  de  mars  de  la  même  année, 
indiction  Vil,  par  leur  ambassadeur,  avec  la  ville  de  Pise,  en  Italie,  un  traité 


'  L'origine  de  ces  seigneurs  est  en  effet  extrê- 
mement obscure,  bien  que  pendant  tout  le  dou- 
zième siècle  ils  aient  joué  un  grand  rôle  dans  le 
Midi.  C'est  ainsi  qu'en  ilo5,  un  Arnaud  de  Bé- 
ziers épouse  Matheline,  fille  du  vicomte  Bernard- 
Aton  (t.  V,  c.  794),  &  leur  nom  reparaît  dans 
tous  les  actes  un  peu  importants  de  l'époque.  Un 
seul  fait  pourrait  nous  guider  dans  cette  recher- 
che; ce  nom  de  Rainardj  peu  commun  dans  le 
pays  &  que  portait  le  seigneur  dont  le  testament 
est  analysé  par  dom  Vaissete.  En  io5âj  l'évéque  de 
Béziers,  Bernard,  inféoda  le  bourg  de  Béziers  & 
la  plus  grande  partie  des  droits  &  revenus  qu'il 
possédait  dans  cette  ville  à  un  certain  Raina  rd 
Salomon  (t.  V,  c.  486).  Un  peu  plus  tard,  en  1  1  1  2 
&  1122,  nous  trouvons  un  certain  Pierre  Rainard 
(t.  V,  ce.  827  &  9o3).  On  pourrait  faire  d'Elisia- 
rius,  père  d'enfants  déjà  âgés  en  1  io5,  le  fils  de  ce 


Rainard  Salomon  de  io55,  son  petit-fils  tout  au 
plus,  &  ce  Pierre  Rainard  de  1112  serait  le  père 
de  celui  de  1  173.  On  pourrait  donc  dresser  de  cett« 
famille  le  petit  tableau  généalogique  suivant  : 


[    Elisiarius 
Rainard  Salomon  )      épouse 


vers  10  56 


Pierre       I       Pierre 


On  pourrait  rattacher  à  cette  famille  une  bonne 
partie  des  individus  qualifiés  Je  Biterri  dans  les 
textes  du  douzième  siècle  (Voir  au  tome  V  VIndex 
onomasticui).  Parmi  ces  personnages,  on  peut  re- 
marquer ViW  Guiîlelmus  Arnaîdi  de  Biterri,  qui 
possédait  le  hurgus  vicecomitalis,  vendu  en  1122 
au  vicomte  Bernard-Aton.  Il  était  peut-être  père 
d'Elisinrius.  [A.  M.] 

"  Tome  VIII,  Chartes,  n.  XXÏI,  ce.  317,  3 18. 

^  Archives  de  l'hôtel  de  ville  de  Narbonne. 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.   LIV.  XIX.  5q   "~; 7 

y        An  1 173 

dans  lequel  il  est  dit  :  1°  Que  les  Pisans  jouiioient  d'une  entière  sûreté 
dans  les  ports  du  territoire  de  Narbonne.  2°  Que,  sur  les  plaintes  de  la 
communauté  de  Pise,  la  vicomtesse  feroit  rendre  justice  dans  l'espace  de 
quarante  jours  après  qu'elle  en  seroit  avertie  à  tous  les  Pisans  qui  auroient 
reçu  quelque  dommage,  soit  à  Narbonne,  soit  dans  la  vicomte.  Enfin  Ermen- 
garde  accorde  aux  Pisans  les  mêmes  privilèges  qu'elle  avoit  accordés  aux 
Génois  par  le  traité'  qu^elle  avoit  fait  en  ii66  avec  ces  derniers. 

LUI.  —  Suite  du  divorce  entre  le  comte  de  Toulouse  £■  Constance,  sa  femme. 

Le  divorce  qui  duroit  toujours  entre  Raimond,  comte  de  Toulouse,  Si. 
Constance,  sa  femme,  fut  cause  sans  doute  que  ce  prince  se  mit  peu  en  peine 
de  conserver  son  ancienne  union  avec  le  roi  Louis  le  Jeune,  son  beau-frère, 
Se  qu'il  prit  parti  contre  lui  dans  la  guerre  que  les  princes  d'Angleterre  firent 
au  roi  Henri  II,  leur  père.  Constance,  après  sa  séparation  avec  Raimond, 
passa  dans  la  Terre-Sainte  8<.  s'établit  dans  une  maison  qu'elle  avoit  acquise 
dans  la  plaine  d'Ascalon.  Cette  princesse  s'étant  ensuite  rendue^,  en  11 78,  à 
Jérusalem,  dans  le  chapitre  des  frères  de  l'Hôpital,  elle  leur  fit  donation  de 
cette  maison,  se  donna  pour  leur  sœur,  entre  les  mains  de  Raimond  de  Mou- 
lins, qui  avoit  alors  la  maîtrise  de  cet  hôpital,  81  choisit  sa  sépulture  dans 
leur  cimetière  :  elle  fit  cette  donation  à  condition  que  l'hôpital  de  Jérusalem 
lui  payeroit  tous  les  ans  une  pension  viagère  de  cinq  cents  besans,  tant  qu'elle 
demeureroit  en  Orient,  ou  de  soixante-deux  marcs  &  demi  d'argent  si  elle 
repassoit  la  mer. 

Il  paroît  que  Constance  prit  bientôt  après  ce  dernier  parti,  par  une  lettre^ 
que  le  pape  Alexandre  III  écrivit  l'année  suivante  à  Henri,  archevêque  de 
Reims,  frère  de  cette  princesse.  «  Notre  chère  fille  en  J.-C,  dit  le  pape  dans 
«  cette  lettre,  la  noble  dame  Constance,  comtesse  de  Toulouse,  votre  sœur, 
«  nous  ayant  représenté  qu'elle  étoit  résolue  de  garder  la  chasteté,  parce  que 
K  le  comte  de  Toulouse,  son  mari,  ne  lui  est  pas  fidèle  Si  qu'il  entretient  des 
u  concubines,  nous  l'avons  exhortée  à  retourner  avec  lui.  Toutefois,  comme 
(I  elle  refuse  de  se  rendre  à  nos  exhortations,  jusqu'à  ce  que  le  comte  ait 
(1  renoncé  à  ses  débauches,  nous  lui  avons  écrit  pour  l'engager  à  changer  de 
«  conduite,  81  nous  lui  avons  envoyé  une  ambassade  solennelle  pour  le  presser 
«  de  rappeler  la  comtesse,  sa  femme,  comme  il  convient,  après  avoir  donné 
«  caution  qu'il  la  traiteroit  honnêtement  8t  honorablement,  St  ainsi  qu'il 
«  convient  à  une  si  grande  Se  si  noble  dame.  Nous  avons  aussi  ordonné  à  nos 
<i  vénérables  frères  l'archevêque  de  Narbonne  &  l'évêque  de  Nimes,  8;  à  notre 
«  cher  fils  Raimond,  cardinal-diacre  du  titre  de  Sainte-Marie  in  via  lata,  de 
«  s'employer  auprès  du  comte  de  Toulouse  pour  le  porter  à  faire  ce  que  nous 
«  souhaitons  de  lui,  St'de  nous  faire  savoir,  8t  à  vous  aussi,  le  succès  de  leur 

'  Voyez  ci-dessus,  n.  xiii,  p.   17  &  suit.  '  Martine,  Veterum  SS.  amplissima  collection  t.  i, 

'  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  XVII,  ce.  299  à       c.  ioo3. 
Soi. 


An  1 174 


~ 60  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.   LIV.  XIX. 

An  1 174 

»  négociation.  C'est  pourquoi  nous  vous  prions,  supposé  que  le  comte  juge  à 
«  propos  de  rappeler  honorablement  la  comtesse  auprès  de  lui,  d'exhorter 
«  celle-ci  à  y  retourner,  parce  qu'il  ne  convient  pas  à  une  femme  de  vivre 
«  ainsi  séparée  de  son  mari;  pourvu  qu'il  la  traite  avec  honneur  8<.  qu'elle 
«  n'ait  pas  un  juste  sujet  de  s'en  séparer.  » 

Cette  lettre  est  datée  d'Anagni,  le  Il\  de  février,  &c  elle  appartient  par  con- 
séquent à  l'an  1174,  car  Alexandre  III  demeuroit  alors  dans  cette  ville,  & 
Henri,  archevêque  de  Reims,  mourut  en  iiyS.  Elle  prouve  que  le  comte  de 
Toulouse  avoit  abandonné  en  1174  les  intérêts  de  l'antipape  St  s'étoit  remis 
sous  l'obéissance  d'Alexandre  III.  Quant  à  la  réconciliation  de  ce  comte  avec 
Constance,  nous  ne  voyons  pas  qu'elle  ait  été  faite,  malgré  tous  les  soins  du 
pontife,  &  il  n'est  plus  fait  mention  de  cette  princesse  dans  la  suite.  On' 
croit  qu'elle  se  retira  dans  le  monastère  de  Notre-Dame  de  Soissons,  auprès 
de  Mathilde,  sa  fille,  qui,  dit-on,  en  étoit  abbesse,  qu'elle  y  prit  l'habit  reli- 
gieux Se  qu'elle  y  finit  ses  jours.  Mais  cela  n'est  fondé  que  sur  la  supposition 
que  Mathilde^,  abbesse  de  Notre-Dame  de  Soissons,  étoit  sa  fille;  ce  qui  est 
faux.  Cette  abbesse  étoit  fille  d'une  autre  Constance,  sœur  du  roi  Louis  le 
Gros  &  tante  de  Constance,  comtesse  de  Toulouse ■>. 

LIV.  —  Cour  plénîère  tenue  à  Beaucalre  par  le  comte  de  Toulouse. 

t'^nr'p"'"-  La  guerre  continua  en  1174  avec  divers  succès  de  part  &.  d'autre  entre  les 
princes  d'Angleterre,  soutenus  par  le  roi  Louis  le  Jeune,  &  le  roi  Henri  II, 
leur  père'*,  jusques  à  la  fin  de  septembre  qu'ils  firent  la  paix.  Nous  ne  savons 
pas  quelle  fut  la  conduite  de  Raimond,  comte  de  Toulouse,  durant  la  suite 
de  cette  guerre,  &  si  le  roi  d'Angleterre  exécuta  le  projet  qu'il  avoit  formé  de 
faire  soulever  toute  la  Province  en  sa  faveur.  Ce  qu'il  y  a  de  vrai,  c'est  que 
le  roi  Henri  II  8t  le  comte  Raimond  demeurèrent  toujours  unis,  &  que  le 
premier  s'employa  pour  moyenner  la  paix  entre  Raimond  &  le  roi  d'Aragon. 
Elle  devoit  être  traitée  durant  une  grande  assemblée  ou  cour  plénière  que 
Raimond  tint  cette  année  à  Beaucaire,  &  dont  un  auteur  du  temps ^  nous  a 
laissé  les  circonstances  suivantes.  «  Les  princes  &  les  seigneurs  provençaux, 
«  dit  cet  historien,  qui  s'étoient  rendus  en  grand  nombre  pendant  l'été  au 
«  château  de  Beaucaire,  y  célébrèrent  diverses  têtes.  Le  roi  d'Angleterre  avoit 
«  indiqué  cette  assemblée  pour  y  négocier  la  réconciliation  de  Raimond,  duc 
u  de  Narbonne,  avec  Alphonse,  roi  d'Aragon;  mais  les  deux  rois  ne  s'y  trou- 

'  Mnrtène,    Voyage  littéraire  ie  deux    religieux  Sura  suivi  de  trop  près.  Peut-être  faut-il  admettre 

icnéAictinS,  p.  23.  deux  Mathildes,  abbesses  de  Notre-Dame  de  Sois» 

'  Voyez  tome  VII,  Note  II,  n.  v,  pp.  6,  7.  sons,  dont  la  seconde  serait  en  effet  fille  de  Cons- 

'  On  peut  se  reporter  ;i  la  note  do  dom  Vaissete  tance,  sœur  de  Louis  VII.  [A.  M.] 
(t.  VII,  pp.  6,  7);   mais   il   faut   tenir  compte  de  ^  Robertus  de  Monte,  Chronicon.  —  Gervasius, 

notre   remarque   [ibid.   p.  7,  col.   1,  n.   .'5).   Le  té-  monachus  Dorobernensis,  Chronica  rie  temporc  rc- 

moignage  de  Suger  nous  paraît,   à  vrai  dire,  déci-  gum  Angliae  Stcphani,  Henrici  II  &  Kicardi  I. 
sif.  Il  doit  y  avoir  là  une  erreur  de  Dormay  dans  ^  Gaufridus,   prior  Vosiensis,  Chronicon,  p.  3ii 

sou    Histoire  de   Soisson'^  que   le    Gallia   C/irtstiana  8c  seq. 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XIX. 


6i 


An  1 174 


«  vèrent  pas  pour  certaines  raisons;  en  sorte  que  tout  cet  appareil  ne  servit 
u  de  rien.  Le  comte  de  Toulouse  y  donna  cent  mille  sols'  à  Raimond 
«  d'Agout,  chevalier,  qui,  étant  fort  libéral,  les  distribua  aussitôt  à  environ 
«  dix  mille  chevaliers  qui  assistèrent  à  cette  cour.  Bertrand  Raimbaud  fit 
«  labourer  tous  les  environs  du  château  St  y  fit  semer  jusques  à  trente  mille 
«  sols  en  deniers.  On  rapporte  que  Guillaume-Gros  de  Martel,  qui  avoit 
«  trois  cens  chevaliers  à  sa  suite,  fit  apprêter  tous  les  mets  dans  sa  cuisine 
«  avec  des  flambeaux  de  cire.  La  comtesse  d'Urgel  y  envoya  une  couronne 
«  estimée  quarante  mille  sols  :  on  avoit  résolu  d'y  établir  pour  roi  de  tous  les 
«  bateleurs  un  nommé  Guillaume  Mite,  s'il  ne  se  fût  absenté.  Raimond  de 
«  Venous  fit  brûler  par  ostentation  trente  de  ses  chevaux  devant  toute  l'assem- 
K  blée'.  » 

LV.  —  Entrevue  entre  le  rot  d'Aragon  0  le  comte  de  Toulouse  à  Meuillon 

Le  roi  d'Aragon  eut  cependant  une  entrevue  cette  année  avec  le  comte  de 
Toulouse,  comme  il  paroît  par  une  charte ^  de  ce  roi,  donnée  à  Perpignan, 
au  mois  de  novembre  de  l'an  1174,  lorsqu'il  étoit  parti  du  pays  d'Aragon 
pour  se  rendre  à  la  confirence  qu'il  devoit  avoir  avec  le  comte  Raimond.  Il 
unit  par  cette  charte  l'hôpital  de  Larsac,  situé  en  Rouergue,  dans  la  vicomte 
de  Millau,  sur  les  frontières  du  Gévaudan,  au  monastère  de  Notre-Dame  de 
Cassan,  dans  le  diocèse  de  Béziers. 

Guillaume  VIII,  seigneur  de  Montpellier,  souscrivit  à  cette  charte  avec 
plusieurs  autres  seigneurs.  Or,  comme  il  se  trouva'*  au  mois  de  décembre 
suivant  avec  le  comte  de  Toulouse  k  une  assemblée  qui  fut  tenue  à  Meuillon 
{ile  Medullo)^,  lieu  situé  alors  dans  le  marquisat  de  Provence,  &  aujourd'hui 


'  cinquante  sols  raloient  alors  un  marc  d'argent 
fin.  [Note  ici  Binii\ct.\. —  Le  texte  de  Geoffroi  de 
Vigeois  est  altéré  &  aurait  teUement  besoin  d'une 
révision  attentive  que  nous  n'admettrons  que  sous 
toutes  réserves  les  chiffres  véritablement  fantasti- 
ques, pour  l'époque,  qu'il  indique.  Tous  les  ma- 
nuscrits s'accorderaient  pour  les  donner,  qu'il 
faudrait  encore  compter  avec  la  manie  d'exagérer 
dont  sont  possédés  la  plupart  des  chroniqueurs  de 
ce  temps.   [A.  M.] 

'  A  cette  année  i  174  se  rapporte  une  chart»  fort 
importante  de  Raimond  V  en  faveur  des  Ggnois. 
(Voir  M.  Germain,  Commerce  de  Montpellier,  t.  1, 
p.  98  &  suiv.).  Par  cette  charte,  renouvelant  la 
concession  de  son  oncle  Bertrand  de  1  109  (t.  V, 
ce.  809,  810),  il  en  étend  singulièrement  les  ter- 
mes j  les  Génois  obtiennent  entie  autres  un  fonJego 
»  Saint-Gilles,  le  monopole  du  commerce  dans  les 
ports  de  la  Méditerranée  soumis  au  comte;  les  sa- 
lins de  Bouc,  le  rocher  de  Monaco  (pour  y  cons- 
truire une  forteresse),  une  partie  de  la  ville  de 
Nice,  Marseille  &  Hyères.  Le  comte   les  exempte 


encore  de  tout  droit  de  péage  dans  ses  domaines 
&  de  la  justice  ordinaire,  sauf  les  crimes  entraî- 
nant la  peine  capitale.  Tous  ces  privilèges  excessifs 
avaient  pour  objet  de  gagner  à  Raimond  l'alliance 
de  la  puissante  république  contre  son  ennemi, 
Alfonse  d'Ar.igon.  (Voir  pour  ce  dernier  point 
l'ouvrage  de  M.  Germain,  plus  haut  cité.)  L'acte 
a  été  publié  dans  les  Historiae  patriae  monumcnla, 
Liier  jurium  reipuHicae  Gcnuensis,  t.  I ,  p.  296. 

[A.  M.] 

'  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  XIII,  c.  î8d 
—  Cet  hôpital  du  Larzac  n'appartint  pas  long- 
temps à  Cassan;  du  moins  dès  1202  on  trouve  an 
même  lieu  un  hôpital  de  Saint-Michel  qui  dépen- 
dait de  l'hôpital  mage  de  Millau.  En  i3o4,  on 
en  rebâtissait  les  bâtiments,  &  l'évêque  de  Rodez 
faisait  faire  à  cet  effet  une  quête  dans  son  diocèse. 
(De  Gaujal,  Etudes  sur  le  Rouergue,  t.  2,  pp.  1^4 
&   148.)  [A.  M.] 

'  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  XVIII,  c.  3o2. 

'  La  présence  à  l'acte  en  question  (t.  VIII, 
c,  302)   de   plusieurs   prélots  8(    seignsu-:   du    baj 


*- 02  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XIX. 

An  1 174 

dans  le  Dauphiné,  auprès  du  mont  Ventoux;  nous  inférons  de  là  que  la  con- 
férence entre  le  roi  d'Aragon  &  le  comte  se  tint  en  cet  endroit;  mais  nous 
ignorons  ce  qui  y  fut  conclu  entre  ces  deux  princes.  Un  historien  de  Pro- 
vence' prétend  qu'ils  continuèrent  à  se  faire  la  guerre  jusqu'en  1176.  II  se 
fonde  sur  une  charte  dans  laquelle  le  comte  de  Toulouse  accorde  aux  Génois 
la  liberté  du  commerce,  l'exemption  de  toute  sorte  de  droits  8c  divers  autres 
privilèges  dans  tous  les  ports  situés  depuis  Arles  jusques  à  la  Turbie,  près  de 
Mourgues  ou  Monaco,  &  depuis  la  Turbie  jusques  à  Narbonne  :  privilèges 
dont  Guillaume  de  Sabran,  connétable  de  ce  prince,  alla  jurer  en  son  nom 
l'observation  à  Gênes,  au  mois  d'août  de  l'an  11 74.  Cet  auteur  conclut  de  là 
que  Raimond  prétendoit  dominer  alors  sur  toute  la  Provence,  au  préjudice 
du  roi  d'Aragon;  mais  l'entrevue  de  ces  deux  princes  à  Meuillon  étant  pos- 
térieure, cela  ne  prouve  rien;  &.  ils  peuvent  avoir  fait  quelque  traité  de 
paix  ou  de  trêve  dans  cette  assemblée  à  laquelle  assistèrent  le  seigneur  de 
Montpellier,  Pons,  archevêque  de  Narbonne^,  Jean  évêque  de  Maguelonne, 
Raimond-Guillaume  de  Montpellier,  abbé  d'Aniane,  Bernard  d'Anduze,  Ber- 
mond  d'Uzès,  Raimond-Gaucelin  de  Lunel,  Guillaume  de  Sabran,  Raimond- 
Rascas  d'Uzès,  Bermond  de  Sommières,  Guy  Guerrejat  de  Montpellier, 
Guillaume  d'Arses  &  plusieurs  autres  seigneurs  de  marque.  Le  comte  de 
Toulouse  promit  alors  par  serment  au  seigneur  de  Montpellier  de  lui  con- 
server la  vie  &  les  domaines.  Aifisi^  ils  firent  sans  doute  la  paix  ensemble. 

LVI.  —  Mariage  de  Guillaume  VIII,  seigneur  de  Montpellier,  avec  Eudoxe 

Comnène, 

ÉJ.origin.         Guillaume  VIII  avoit  épousé  depuis  peu  Eudoxe,  fille  de  Manuel  Com- 

«•ill,p.38.  ^  -  j        /^  -      •  1  T  T  •      JM  -£11 

nene,  empereur  cie  (^onstantinople.-  Jacques  J,  roi  ci  Aragon,  petit-nls  de 
Guillaume  &  d'Eudoxe,  rapporte  les  circonstances  suivantes  de  leur  mariage. 
«  C'est  une  chose  certaine,  dit  ce  roi  dans  les  mémoires"*  qu'il  nous  a  laissés 
«  de  sa  vie  en  langue  provençale,  que  le  roi  Alfonse,  notre  aïeul,  fit  de- 
«  mander  à  Emmanuel,  empereur  de  Constantinople,  sa  fille  en  mariage. 
«  Pendant  qu'on  négocioit  cette  alliance,  &,  après  qu'elle  eut  été  arrêtée  de 
«  part  Se  d'autre,  notre  aïeul  épousa  Sancie,  fille  de  l'empereur  de  Castille. 
«  L'empereur  de  Constantinople,  qui  ignoroit  le  mariage  d'Alfonse,  envoya 
«  sa  fille  à  ce  prince,  qui  étoit  comte  de  Barcelone  &C  marquis  de  Provence, 
c(  Se  il  la  fit  accompagner  par  un  évêque  &  deux  seigneurs  de  sa  cour.  Lors- 
«  qu'ils  furent  arrivés  à  Montpellier,  ils  apprirent  que  le  roi  Alfonse  avoit 

» 

Langiiecloc,  prouve  que  ce  Mft/u/Zam  doit  être  cher-  avait  sans  doute   de  ce  côté    une  maison    de  plai- 

ché  du  côté  de  Montpellier.  Il  s'agit  évidemment  sance.  [A.  M.] 

de   Mej^ottls,   écart   de    la    commune   de    Maiiguio  '  Bouche,   Z.a   chorographlt:  ou  description   de   Ij. 

(anc.   Melgue'd),  que  les   textes   appellent   Me^ol,  Provence,  t.  i,  ■p.   |8. 

Medol,  Medullum.   (Voir  Thomas,  Dictionnaire  Je  '  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  XVIII,  c.  3o2. 

l'Hérault,  p.  I  r4,  c.  2.)  Le  comte  de  Toulouse,  qui  ^  Gariel,  Séries praesulum  Magulonensium,  p.  227. 

dès  cette  époque  possédait   le  comté  de  Melgueil,  ^  Chronica  0  commentari  del  rey  Jacme,  c.    1. 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.   LIV.  XIX.  63 

«  épousé  Sancie  de  Castille;  cela  les  mit  dans  un  grand  embarras  :  ils  deman- 
«  dèrent  conseil  à  Guillaume  de  Montpellier  sur  ce  qu'ils  avoient  à  faire.  Ce 
K  seigneur,  avant  que  de  répondre,  consulta  les  principaux  de  son  conseil, 
K  qui  furent  tous  d'avis  qu'il  épousât  lui-même  cette  princesse.  Il  la  demanda 
«  en  mariage  aux  envoyés  de  Constantinople  :  ces  ambassadeurs  firent 
«  d'abord  difficulté  de  la  lui  accorder,  parce  qu'il  n'étoit  ni  roi,  ni  empe- 
«  reur,  &  ils  le  prièrent  instamment  de  leur  permettre  de  s'en  retourner,  à 
«  cause  qu'ils  avoient  promis  à  l'empereur  de  lui  ramener  sa  fille,  si  son 
«  mariage  avec  le  roi  d'Aragon  ne  s'accomplissoit  pas.  Guillaume  ne  se  rebuta 
«  pas  de  ce  refus,  Se  il  fit  de  si  grandes  instances  que  les  ambassadeurs  de 
«  l'empereur  consentirent  enfin  k  sa  demande,  à  condition  que  l'enfant  qui 
«  naîtroit  de  ce  mariage,  soit  mâle,  soit  femelle,  hériteroit  de  la  seigneurie 
«  de  Montpellier.  Ils  exigèrent  en  même  temps  que  tous  les  habitans  de 
«  Montpellier  au-dessus  de  dix  ans  fissent  serment  d'observer  cette  condi- 
«  tion  :  cela  fait,  les  noces  furent  célébrées.  »  Jacques  I,  roi  d'Aragon,  ne 
marque  pas  dans  ce  récit  le  nom  de  la  princesse  grecque,  son  aïeule;  mais 
nous  apprenons  d'ailleurs'  qu'elle  s'appeloit  Eudoxe,  St  qu'elle  porta  le  titre 
iV impératrice  après  avoir  épousé  Guillaume.  Quant  à  l'époque  de  ce  mariage, 
on  peut  la  fixer  à  peu  près  par  celui  d'Alfonse  II,  roi  d'Aragon,  avec  Sancie, 
fille  d'Alfonse  VII,  roi  de  Castille,  qui  fut  célébré^  le  18  de  janvier  de 
l'an  1174. 

LVII.  —  Seigneurs  d'Andu-^e,  d'U-^ès,  de  Lunel,  ^c. 

Raimond  V,  comte  de  Toulouse,  passa  la  plus  grande  partie  de  cette  année 
aux  environs  du  Rhùne;  il  fut^  présent  à  Saint-Gilles,  au  mois  d'août, 
lorsque  «  Bernard  d'Anduze  81  Bertrand,  fils  de  feu  Bernard  Pelet,  étant 
«  dans  la  maison  des  hospitaliers  de  Saint-Jean  de  Jérusalem  de  cette  ville, 
«  donnèrent  en  fief,  à  Guy  de  Séverac,  le  château  de  Peyrelade,  dans  le 
<i  comté  &i.  l'évêché  de  Rodez.  »  Cet  acte,  qui  fut  passé  en  présence  de  Ber- 
mond  d'Uzès,  de  Guillaume  de  Sabran,  de  Raoul,  avocat  8c  chancelier  de 
Raimond,  8cc.,  prouve  que  Bertrand  Pelet  avoit  fait  alors  sa  paix  avec  ce 
prince,  5c  qu'il  lui  avoit  abandonné  ses  droits  sur  le  comté  de  Melgueil. 

Le  même  Bernard,  seigneur  d'Anduze,  qui  fut  le  sixième  de  ce  nom, 
accorda  cette  année  l'exemption  d'usage  6*  de  leude  dans  ses  terres  à  l'abbaye 
de  Franquevaux,  8t  fit  hommage  à  Aldebert,  évêque  de  Nimes,  pour  les  châ- 
teaux de  Montpezat,  de  Lecques,  de  Saint-Bonnet,  6<.c.  Il  fit  diverses  dona- 
tions, en  118 1  8c  1184,  à  l'abbaye  de  Bonneval,  en  Rouergue.  On  lui  donne+ 
pour  sœur  Eustorge,  fille  de  Bernard  d'Andu-^e  d'Alais,  laquelle  épousa ^ 
Boson  II,  vicomte  de  Turenne;  mais  comme  il  est  certain  que  cette  vicom- 

'Git\t\,ScrieiprcLesulum  Magaîonensium,-p,  279,  '  Le  Laboureur,  Histoire  généalogique  de  la  mai- 

2'  éd.  son  d'Anduze. 

'  Zurita,  Anales  de  la  corena  de  Aragon,  1.    2,  *  liid. 

c.  33.  '  Gaufridus,  prior  Vosiensis,  Chronicon,  p.  290. 


An  1 174 


-; 64  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIX.  XIX. 

An  I  I  7/j  ' 

tesse  étoit'  veuve  en  1143,  &  qu'elle  avoit  été  mariée  longtemps  auparavant, 
elledevoit  être  plutôt  tante  de  Bernard  VI,  seigneur  d'Anduze,  que  sa  sœur. 
Bertrand,  abbé  de  Franquevaux,  termina  d'un  autre  côté,  en  1174,  les 
différends  qu'il  avoit  avec  Raimond  du  Caylar  &  ses  frères,  en  présence  de 
Raimond-Gaucelin,  seigneur  de  Lunel ,  Ëc  de  Pons-Gaucelin,  son  frère. 
Bermond,  par  la  grâce  de  Dieu  seigneur  d'U-^ès  £,•  de  Posquières,  accorda  la 
même  année  à  ce  monastère,  avec  Eléazar  Se  Raimond,  ses  fils,  le  droit  de 
pacage  dans  toutes  ses  terres,  8c  lui  donna  quelques  domaines,  en  présence  de 
Pierre  d'Ui^ès,  abbé  de  Psalmodi. 

LVIII.  —  Bernard-Aton,  vicomte  de  Nîmes,  prend  V administration  de  ses 
domaines.  — Roger  II,  vicomte  de  Carcassonne,  s'occupe  du  gouvernement 
des  siens. 

Durant  le  séjour  du  comte  de  Toulouse  à  Saint-Gilles,  Bernard-Aton, 

vicomte  de  Nimes  8<.  d'Agdc,  se  rendit  à  sa  cour,  S<.  ils  se  promirent  par  un 

Éd. orisin.     scmient  réciproque^  de  s'entr'aider.  Ce  vicomte  avoit  atteint  alors  l'âee  de 

t.    111,    P-     39.  '  '  ,  .  ,  .  1  •  A 

majorité,  &  il  gouverna  depuis  ses  domaines  par  lui-même,  comme  il  paroît 
par  l'hommage  qu'il  reçut  ■*,  au  mois  de  septembre  de  la  même  année,  du  sei- 
gneur de  Pouls,  dans  le  diocèse  de  Nimes.  11  donna'*  en  fief,  deux  ans  après, 
le  droit  de  criée  de  la  ville  de  Nimes,  par  un  acte  qui  fut  confirmé  d'abord 
par  la  vicomtesse  Garsinde  &  ensuite  par  la  vicomtesse  Guillelmette.  Celle-ci, 
qui  étoit  de  la  maison  de  Montpellier,  étoit  sa  mère;  l'autre,  dont  nous 
ignorons  la  maison  ,  étoit  sa  femme.  La  première  prenoit  encore  quelque 
part,  en  11 79,  au  gouvernement  des  domaines  de  Bernard-Aton,  son  fils; 
car  ce  vicomte  confirma-'  alors  du  conseil  de  Guillelmette,  sa  mère,  l'abbave  de 
Valmagne,  au  diocèse  d'Agde,  dans  la  possession  de  ce  qu'elle  avoit  au  Heu 
de  Tortoirera,  où  elle  avoit  été  fondée. 

Roger,  vicomte  de  Carcassonne  &.  de  Béziers,  s'appliqua  de  son  côté  au 
gouvernement  de  ses  domaines.  Il  accorda,  au  mois  d'août  de  l'an  ^  ii74)  en 
présence  d'Ermengarde,  vicomtesse  de  Narbonne,  à  Isarn  Jourdain  8c  Ber- 
nard de  Saissac,  ses  vassaux,  une  colline  pour  y  construire  un  château  qui 
seroit  appelé  Mont-Revel.  Ce  château  pourroit  bien  avoir  donné  l'oricrine  à 
la  petite  ville  de  Revel,  en  Lauragais.  Il  y  avoit  une  autre  branche  de  la 
maison  de  Saissac  dont  étoit  Bertrand,  fils  de  Hugues  de  Saissac  qui,  en  1 168, 
donna'  une  partie  du  bois  de  Boulbonne  à  l'abbaye  de  ce  nom.  Le  même 
Roger,  qui  se  qualifie  par  la  grâce  de  Dieu  proconsul  (ou  vicomte)  de  Béjiers, 
vendit^,  le  16  de  novembre  de  l'an  1174,  à  Sicard,  abbé  de  Montolieu,  8c  à 

■  Baliize,  Historia  ecchsUe  TuteUnsls,  1.  2,  c.  17.  ■•  Domaine  de  Montpellier;  Nimes,  sac  i,  n.  2, 

'  Voyez  [omeVin,  Chartes,  n.XX,  ce.  3o6,  Soy.  '  Archives  de  l'abbaye  de  Valmagne. 

^  Trésor  des  chartes;  Toulouse,  sac  7,  n,  63.  —  *  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  XXI,  c.  307. 

[Voyez  cet  acte  dans  Teiilet,  Layettes,  t.  i,  p.  107.  '  Archives  du  château  de  Foix. 

Ce  lieu  est  aujourd'hui  Poulx  (Gard),  canton  de  '  Hiil.  caisse  22. 

Marguerittes.J 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.   LIV.  XIX.  65 

ses  religieux,  la  moitié  des  lods  Se  ventes  {Joris  capiorum)  qu'il  avoit  au  châ- 
teau £<.  au  bourg  de  Montolieu;  Guillaume  de  Miraval  lui  céda  ',  au  mois  de 
décembre  suivant,  les  domaines  qu'il  possédoit  à  Castres  &  aux  environs,  en 
dédommagement  de  la  guerre  qu'il  avoit  faite  &  des  brigandages^  qu'il  avoit 
exercés.  Enfin  Roger  reçut,  l'année  suivante,  l'hommage  pour  les  châteaux 
de  Rieux  &  de  la  Livinière,  dans  le  Minervois. 

LIX.  —  Assemhlée  de  divers  seigneurs  de  la  Province. 

Le  comte  de  Toulouse  se  rendit ^  médiateur,  le  26  de  mai  de  l'an  iiyj, 
d'un  différend  qu'avoit  ce  vicomte  avec  Guillaume,  seigneur  de  Lunas,  dans 
le  diocèse  de  Béziers,  8c  rendit  un  jugement  du  conseil  de  Pons,  archevêque 
de  Narbonne,  Gaucelin,  évêque  de  Lodève,  Hugues,  comte  de  Rodez,  Ermen- 
garde,  vicomtesse  de  Narbonne,  de  l'archidiacre  de  cette  ville,  de  Pierre- 
Raimond  d'Hautpoul,  Pierre-Raimond  de  Montpeyroux,  6c  Hugues  de 
Romegous,  viguier  de  Carcassonne,  qui  lui  servoient  (ïassesseurs,  en  présence 
de  l'évêque  de  Béziers.  Le  vicomte  donna  en  fief  à  Guillaume  le  château  de 
Lunas }  8t  ce  seigneur  lui  céda  de  son  côté  le  lieu  de  Casteinau,  dans  le  dio- 
cèse d'Agde,  tout  ce  qu'Astorg  de  Lunas,  son  aïeul,  avoit  possédé  dans  la 
ville  de  Saint-Thibéry,  8c  le  château  de  Corver  qu'il  reprit  en  fief  du  vicomte, 
lequel  lui  donna  la  somme  de  trente  mille  sols  melgoriens  pour  racheter  le 
lieu  de  Casteinau. 

LX.  —  Différends  entre  le  comte  de  Rode-^,  comme  vicomte  de  Lodève, 
6-  l'évêque  de  cette  dernière  ville. 

Gaucelin  de  Montpeyroux,  évêque  de  Lodève,  8c  Hugues,  comte  de  Rodez, 
qui  se  trouvèrent  à  ces  assises,  y  terminèrent  peut-être  leurs  différends  au 
sujet  du  château  de  Montbrun,  dont  ils  partageoient  le  domaine.  On  a 
remarqué  ailleurs'*  que  ce  comte  descendoit  par  femmes  des  anciens  vicomtes 
de  Lodève,  dont  ses  ancêtres  avoient  hérité.  Hugues,  qui  avoit  eu^  cette 
vicomte  dans  son  partage,  transigea <5  en  1167  avec  Gaucelin,  8c  ils  con- 
vinrent qu'ils  domineroient  chacun  pendant  six  mois  de  l'année  dans  ce  châ- 
teau. Six  ans  après,  ce  comte  emprunta  dix-huit  mille  sols  melgoriens  de 
l'évêque,  des  chanoines  8c  des  habitans  de  Lodève,  avec  promesse  qu'il  ne 
feroit  valoir,  soit  par  les  armes,  soit  en  justice,  les  droits  qu'il  prétendoit  avoir 
sur  eux,  qu'après  quarante  jours,  depuis  qu'il  leur  auroit  restitué  cette  somme. 
11  donna  Guillaume  de  Lunas  pour  caution,  8c  ordonna  aux  troupes  qu'il 

'  Voyez  tome  VIII,  Chartes,   n.  XXI,  ce.  3o8,  '  Voyez  tome  VIII,  Chartes,   n.  XXI,  ce.  3o<j, 

309.  —  [Il  avait  surtout  donné  asile  à  un  certain  3io. 

Arnaud  de  Monteassen,   qui    avait   dépouillé   plu-  ■*  Voyez  tome  IV,  Note  XXV,  p,   iip, 

sieurs   marchands  de  leurs  marchandises,   malgré  '  liiJ. 

le  saufconduit  du  prince.]  *  Plantavit  de  la    Pause,   Chrcnologia  pmcsulimt 

'  Aicliivei  du  château  de  Foix,  caisse  12.  LoAovensium,  p.  91  &  seq. 

VI.  c 


An  1  174 


An  1 170 


An  1 1 75 


Kd.  origin. 
t.  IJl.  p.  40. 


6G  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XIX. 

avoit  mises  en  garnison  à  Lodève  de  défendre  &  de  protéger  l'évêque,  même 
contre  sa  propre  personne,  s'il  venoit  à  l'attaquer  &  à  enfreindre  sa  promesse. 
Nonobstant  un  traité  si  solennel,  Hugues  fit  de  nouvelles  entreprises  à 
Lodève;  en  sorte  que  l'évêque  fut  obligé  d'avoir  recours  à  l'autorité  du  pape 
Alexandre  III  qui  écrivit,  en  iiyS,  à  l'archevêque  de  Narbonne  pour  lui 
ordonner  d'avertir  ce  comte  d'observer  ses  promesses  &  de  ne  pas  molester  ce 
prélat;  sinon  de  l'excommunier  &  de  jeter  l'interdit  sur  toutes  ses  terres 
jusqu'à  ce  qu'il  se  fût  soumis.  Nous  ignorons  la  suite  de  cette  affaire;  nous 
savons  seulement  que  Raimond',  successeur  de  Gaucelin  dans  l'évêché  de 
Lodève,  acheta,  en  1188,  du  même  comte  de  Rodez,  pour  la  somme  de 
soixante  &c  six  mille  sols  melgoriens,  tout  ce  que  ce  dernier  possédoit  dans  le 
château  de  Montbrun  &i  dans  le  Lodévois,  8c  que  le  comte  promit  en  même 
temps,  tant  pour  lui  que  pour  ses  successeurs,  de  ne  faire  aucune  acquisition 
dans  le  pays,  sans  l'exprès  consentement  des  évêques.  Raimond  V,  comte  de 
Toulouse,  ratifia^  cette  vente  quelque  temps  après,  en  qualité  de  comte  par- 
ticulier de  Lodève  8i  de  suzerain  du  pays,  Bidonna  à  l'évêque  Raimond  tout 
ce  qu'il  possédoit  lui-môme  dans  le  Lodévois.  Les  évêques  de  Lodève  éten- 
dirent par  là  considérablement  leur  domaine  dans  le  pays  3,  sur  lequel  ils 
dominèrent  enfin  entièrement;  en  sorte  que  tous  les  seigneurs  du  diocèse 
devinrent"*  leurs  vassaux,  entre  autres  Bérenger  &  Aymeri,  seigneurs  de 
Clermont,  qui  rendirent,  à  ce  qu'on  prétend,  en  1172  8<,  1184,  leur  horajnage 
à  Gaucelin,  évêque  de  Lodève^. 

LXI.  —  Le  vicomte  de  Carcassonne  acquiert  la  vicomte  de  Sault  ^  reçoit 

divers  hommages. 

Roger,  vicomte  de  Béziers  &  de  Carcassonne,  termina  amiablement,  au 
mois  de  mai  de  l'an  iiyâ,  un  différend^  qu'il  avoit  avec  Pons  d'Olargues, 
au  sujet  de  la  paroisse  de  Murasson,  en  Rouergue^.  Il  acquit,  au  mois  de 
juillet  suivant,  de  Rose  de  Combret,  une  partie  du  château  de  ce  nom,  situé 
en  Rouergue,  &  de  celui  de  La  Caune,  en  Albigeois.  Il  donna  vers  le  même 
temps  à  Hugues  de  Romegous,  son  viguier  de  Carcassonne,  les  domaines 
qu'il  avoit  confisqués  sur  un  criminel,  à  condition  qu'il  seroit  garde  dans 
cette  ville  pendant  deux  mois  de  l'année,  &.  permit  aux  habitans  de  Mous- 
soulens  de  transférer  leur  village  sur  une  élévation  8<.  d'y  construire  une  for- 
An  1176      teresse.  Il  donna  en  engagement,  au  mois  de  février  de  l'année  suivante,  à 

'  Plantnvit  de   la   Pause,  ChronologU  praestdum  "Voir  cet   acte,   tome  VIII,   c.   3i3   &   suiv.  Il 

LoJovens'ium,  p.  96  &  seq,  s'agissait   d'un    engagement;    le  vicomte  niait  que 

"  liH.  p.  98.  1,1  paroisse  de  Murasson  y  fi'it  comprise.  Le  vassal 

'  Voyez  tome  IV,  iVore  XXV,  p.  129.  dut  réduire  sa  créance  de  mille  sous,  soit  plus  du 

■*  Plantavit   de   la    Pause,  Chronologin   praeiulum  tiers.  [A.  M.] 

Lo.lovcns'ium,  p.  98.  '  Cartulaire  du  châtenu  cie  Foix.  —  Tome  Vlil, 

'  Voir  plus  bas,  à  l'an  1210,  ce  que  nous  disons  C  lia  r  tes,  n.  XXI.  ce.  'iii ,  izi. 
du  diplôme  de  Philippe-Auguste,  octroyé  par  lui 
à  l'évêque  de  Lodève.   [A.  M.] 


An  1 176 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XIX.  67 

Elzéar  de  Castries,  le  péage  depuis  Béziers  jusqu'à  Montpellier,  8v  régla  les 
droits  que  ce  seigneur  pourroit  lever  en  conséquence,  tant  sur  les  voyageurs 
que  sur  les  marchandises,  à  condition  de  veiller  à  la  sûreté  des  chemins.  Il 
donna  aussi  en  fief,  la  même  année,  le  guidage  du  chemin  qui  passoit  par  le 
château  de  Rieux,  dans  le  Minervois,  aux  seigneurs  8<  chevaliers  de  ce  châ- 
teau". Pierre  Roger  de  Mirepoix  lui  céda,  au  mois  de  septembre  suivant, 
tous  les  droits  qu'il  prétendoit  à  la  succession  de  Guillaume  d'Alanian, 
vicomte  de  Sault.  Il  se  rendit  ensuite,  au  mois  d'octobre,  à  l'abbaye  de  Notre- 
Dame  d'Alet,  Se  donna  en  alleu  à  ce  monastère  un  emplacement  dans  la  ville 
de  Limoux.  Il  acquit,  au  mois  de  décembre,  le  village  de  Favers,  &  reçut, 
la  même  année,  les  hommages  des  seigneurs  des  châteaux  de  la  Livinière, 
d'Olonsac,  Vinassan  &  Pépieux,  dans  le  Minervois  &  le  diocèse  de  Narbonne; 
de  Mèze,  dans  celui  d'Agde;  8<.  d'Aniort,  de  Belfort  &  de  Castelpor,  dans  le 
pays  de  Sault.  Il  paroît,  par  un  acte  de  l'an  11 78,  que  les  trois  derniers  châ- 
teaux étoient  tenus  en  arrière-fief  de  Guillaume  d'Aniort. 

LXII.  —  Le  comte  de  Toulouse  confisque  la  vicomte  de  Montclar. 

Le  comte  de  Toulouse  fit  un  voyage  dans  son  comté  de  Querci,  au  com- 
mencement de  l'an  1 176,  8c  s'étant  rendu ^  dans  le  chapitre  du  monastère  de 
Cayrac,  le  vendredi  6  de  février,  Pierre,  abbé  d'Aurillac,  qui  s'y  trouvoit  Se 
de  qui  ce  monastère  dépendoit,  l'appela  en  pariage  pour  la  ville  de  Cayrac, 
en  présence  de  l'évêque  de  Cahors,  des  abbés  de  Figeac  8<  de  Maurs,  de  Ber- 
trand &c  de  Guillaume  de  Cardaillac,  Sic.  L'abbé  d'Aurillac  fit  cette  associa- 
tion, à  condition  que  le  comte  seroit  le  défenseur  du  monastère  81  de  la  ville 
de  Cayrac,  qu'il  n'y^  feroit  aucune  nouvelle  exaction,  8<  qu'il  ne  pourroit 
les  aliéner  de  son  domaine.  Ce  prince  alla  ensuite  à  Saint-Antonin,  sur  les 
frontières  de  ses  comtés  de  Rouergue  Se  d'Albigeois;  8<  il  y  donna ■*  en  fief, 
le  1"  d'avril  de  cette  année,  les  châteaux  de  Montclar  Se  de  Montpezat,  à 
Arnaud  de  Montpezat,  à  Bertrand,  son  frère,  8<.  à  B.  de  Villemur,  leur  beau- 
frère,  au  nom  de  leur  sœur,  femme  de  ce  dernier.  Ces  seigneurs  donnèrent 
en  même  temps  au  comte,  en  pleine  propriété  t*  droit  d'alleu,  le  château 
de  Caylus,8c  s'engagèrent  réciproquement  avec  lui  de  n'avoir  aucune  amitié, 
ni  liaison  avec  Pons  de  Toulouse,  sans  le  consentement  les  uns  des  autres. 
On  a  dif*  ailleurs  que  ce  Pons  de  Toulouse  descendoit  des  anciens  vicomtes 
de  cette  ville  Se  de  Bruniquel,  8<  que  Raimond  confisqua  alors  sur  lui  la 
vicomte  de  Montclar  en  Querci.  Ce  prince  revint  peu  de  temps  après  du  côté  i^a.  oiigin. 
de  Toulouse  8c  accorda^,  le  5  d'avril  de  la  même  année,  une  exemption  de 
péage  dans  toutes  ses  terres  à  l'abbaye  de  Boulbonne.  Il  se  rendit  enfin  vers 
le  Rhône  où  il  s'aboucha,  le  18  d'avril  suivant,  avec  Alfonse  II,  roi  d'Aragon. 

■  Voir  tome  VIII,  ce.  32i,  322.  Colbcrt ,   n.    1069    [Lat.   6009],   p.    569.  —  Voyez 

*  Trésor  des  chartes  du  roi,  reg.  176,  n.   197. —  tome  IV,  J/or<r  XXXIII,  p.  170. 
Lacroix,  de  Episcopis  CaJurcensihus,  p.  7781  seq.  *  Voyez  tome  IV,  Note  XXXIII,  n.  vi,  p.   170. 

'  Cartulaire    des    comtes    de  Toulouse,   Mss.  Ac  '  Archives  de  l'abbaye  de  Boulbonne, 


An  1 1 76 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XIX. 


LXIII.  —  Paix  entre  le  roi  d'Aragon   b  le  comte  de  Toulouse, 

Cette  entrevue  se  fit  dans  l'île  de  Gernica,  située  entre  Beaucaire  &  Taras- 
con,  &  ils  y  '  conclurent  enfin  la  paix  par  l'entremise  d'Hugues-Gaufied 
(des  vicomtes)  de  Marseille,  maître  de  la  milice  (du  Temple),  assisté,  au  nom 
du  roi,  de  Raimond  de  Moncade,  de  Guy  Guerrejat  de  Montpellier,  &  d'Ar- 
naud de  Villademolsj  8c,  au  nom  du  comte,  d'Ermengarde,  vicomtesse  de 
Narbonne,  d'Ismidon  de  Faute  &  de  Guillaume  de  Sabran,  connétable  de  ce 
prince.  Suivant  le  jugement  de  ces  sept  arbitres  :  1°  Raimond  céda  à  Alfonse, 
moyennant  la  somme  de  trois  mille  cent  marcs  d'argent,  tous  les  droits  qu'il 
prétendoit  sur  le  comté  d'Arles  ou  de  Provence,  de  la  manière  qu'il  étoit 
écbu  à  Raimond-Bérenger  IV,  comte  de  Barcelone,  par  le  partage  de  tout 
l'ancien  comté  de  Provence,  réglé  entre  ce  comte  d'un  côté  &  Alfonse,  comte 
de  Toulouse,  de  l'autre  ;  &  sur  les  vicomtes  de  Millau,  de  Gévaudan  81  de 
Carlad  •  droits  qu'il  prétendoit  tant  au  nom  de  Douce,  fille  de  Raimond- 
Bérenger,  comte  de  Provence,  laquelle  avoit  été  promise  en  mariage  à  son 
fils  Raimond,  qu'à  cause  du  douaire  de  l'impératrice  Richilde,  mère  de  cette 
princesse.  2°  Le  roi  &  le  comte  promirent  de  se  rendre  justice  sur  la  vicomte 
de  Gévaudan,  possédée  par  le  premier,  81  sur  le  comté  de  Melgueil  &.  le  châ- 
teau d'Albaron ,  possédés  par  l'autre;  en  sorte  que  leurs  différends  sur  ces 
domaines  demeurèrent  indécis,  &  que  chacun  resta  en  possession  de  ce  qu'il 
avoit.  3°  Le  roi  engagea  au  comte  le  château  d'Albaron  avec  ses  dépendances, 
l'île  de  Camargue  &  quelques  autres  îles  du  Pvhône,  jusqu'à  ce  qu'il  lui  eût 
payé  les  trois  mille  cent  marcs  d'argent  dont  on  vient  de  parler.  4°  Le  comte 
promit  de  tenir  compte,  sur  cette  somme,  de  celle  de  quinze  mille  sols  mel- 
goriens  pour  la  rançon  d'Hugues-Gaufred,  vicomte  de  Marseille.  5°  Enfin  ces 
deux  princes  se  pardonnèrent  réciproquement  tout  le  mal  qu'ils  s'étoient  fait 
durant  la  guerre,  &  promirent  de  vivre  dans  la  suite,  eux  S<.  leurs  vassaux  en 
bonne  amitié.  Ce  traité  fut  conclu  en  présence  de  Pierre  (ou  plutôt  de  Pons), 
archevêque  de  Narbonne,  Robert,  archevêque  de  Vienne,  Aldebert,  évêque 
de  Nimes,  des  abbés  de  Psalmodi  81  de  Saint-Thibéry,  de  Roger,  vicomte  de 
Béziers  Se  de  Carcassonne,  de  Raimond-Gaucelin  &  Pierre-Gaucelin,  son 
frère,  seigneurs  de  Lunel,  d'Elzéar  de  Castries  8<.  de  plusieurs  autres  sei- 
gneurs ecclésiastiques  8c  séculiers  de  la  cour  du  comte  de  Toulouse,  de  Pvai- 
nîond,  archevêque  d'Arles,  de  Pierre,  évêque  de  Saragosse,  Pvoger-Bernard, 
comte  de  Foix,  Gui  de  Sévérac,  Bernard  8c  Raimond  de  Baux,  Sec,  de  la 
cour  du  roi  d'Aragon.  Tel  fut  ce  traité  de  paix,  dont  plusieurs  modernes 
ont  parlé  Se  auquel  ils  ont  ajouté  quelques^  circonstances  qui  ne  sont  pas 
exactes. 

•  Marca   Hispantca,  c.   i368  &  seq.  '  Voyez  tome  VII,  Note  IV,  pp.  lo,   ii. 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XIX.  6g  ~ T 

/        An  1  170 

LXIV.  —  I\Iort  d'Er  messin  de  de  Pelet ,  comtesse  de  Melgueil.  —  Ra'imond, 
fils  du  comte  de  Toulouse,  son  mari,  hérite  de  ce  comté. 

Le  roi  d'Aragon ,  suivi  de  ses  deux  frères  :  Raimond-Bérenger,  à  qui  il 
avoit  donné  le  comté  de  Provence  pour  le  posséder  sous  son  autorité,  & 
Sanche,  marcha',  au  mois  de  juin  suivant,  contre  la  ville  de  Nice  pour  venger 
sur  ses  habitans  la  mort  de  Raimond-Bérenger,  comte  de  Provence,  son 
cousin.  Quant  au  comte  Raimond,  il  s'arrêta  aux  environs  du  Rhône,  8c 
nous  avons  lieu  de  croire  qu'il  étoit  à  Malaucène,  dans  le  diocèse  de  Vaison, 
lorsque  Ermessinde  de  Pelet,  comtesse  de  Melgueil,  sa  belle-iille,  femme  de 
Raimond,  son  fils,  mourut  dans  ce  château  au  mois  de  septembre  de  l'an  1 176. 
Cette  princesse,  peu  de  temps  avant  sa  mort,  fit  un  testament^  nuncupatif, 
suivant  lequel  elle  lègue  deux  mille  sols  de  rente  viagère  à  la  comtesse 
Béatrix,  sa  mère,  dispose  de  mille  sols  en  œuvres  pies,  &  donne  le  comté  de 
Melgueil  8c  le  reste  de  ses  domaines  au  comte  de  Toulouse  Se  à  Raimond, 
son  mari,  fils  de  ce  prince.  Ermessinde  étant  morte  peu  de  temps  après,  les 
témoins  qui  avoient  été  présens  au  testament  furent  ouïs,  le  3  de  novembre 
suivant,  devant  Raimond  des  Arènes,  cardinal-diacre,  8c  Aldebert,  évêque  de 
Nimes,  qui  le  publièrent  avec  la  donation  que  la  même  Béatrix  8c  Ermes- 
sinde, sa  fille,  avoient  faite  quatre  ans  auparavant  du  comté  de  Melgueil  au 
comte  de  Toulouse  8c  à  son  fils.  Bernard-Aton,  vicomte  de  Nimes  8c  d'Agde,  t.''nit'p'!"i2 
Èlzéar,  seigneur  d'Uzès,  Raimond  dit  Rascas,  son  frère,  Raoul,  chancelier 
du  comte  de  Toulouse,  Guy  Guerrejat  de  Montpellier,  Pons-Gaucelin  de 
Lunel,  Guy  de  Séverac  8c  plusieurs  autres  seigneurs  furent  présens  à  cette 
puljlication.  Par  là  le  comte  de  Toulouse  8c  son  fils  acquirent  un  nouveau 
droit  sur  le  comté  de  Melgueil.  Du  reste,  il  ne  paroît  pas  que  ce  dernier,  qui 
se  remaria  quelque  temps  après  avec  Béatrix  de  Béziers,  sœur  de  Roger  III, 
vicomte  de  Béziers,  ait  eu  des  enfans  d'Ermessinde  de  Pelet.  Le  cardinal 
Raimond  des  Arènes  étoit  sans  doute  légat  dans  la  Province,  Se  appartenoit 
peut-être  à  une  maison  de  ce  nom  établie,  à  Nimes,  qui  avoit  pris  son  nom 
des  Arènes  ou  de  l'amphithéâtre  de  cette  ville.  Il  étoit  dans^  le  pays  en  1171, 
Se  il  fut  présent  à  l'acte'*  par  lequel  Raimond,  comte  de  Toulouse,  promit 
en  1174,  au  vicomte  Bernard-Aton,  de  lui  conserver  ses  domaines. 

LXV.  —  Les  vicomtes  de  'Nimes  &■  de  Carcassonne,  la  vicomtesse  de  Narhonnc 
(S-  les  seigneurs  de  Montpellier  se  liguent  avec  le  roi  d'Aragon  contre  le 
comte  de  Toulouse. 

Bernard-Aton,  Guy  Guerrejat  de  Montpellier,  son  oncle  (maternel),  Guil- 
laume VIII,  seigneur  de  Montpellier,  Se  Burgundion,  son   hère,  neveux  du 

'  Bouche,  La  chorographie,  &c.  t.  2,  p.    io")3.  '  Gallia  Christiana,  nov.  éd.  t.  6,  InsZrum.  c.  2S3. 

'  Voyez  tome  VllI,  Chartes,   n°'  XV  &  XXIII,  '  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n,  XX,  c.  Soy. 

ce.  193,  296,  &  îzB,  32.}, 


~ 70  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XIX. 

An  1 177        ' 

même  Guy,  se  liguèrent'  l'année  suivanle  contre  le  comte  de  Toulouse,  & 
attirèrent  dans  leur  ligue  Roger,  vicomte  de  Béziers  &  de  Carcassonne.  Ils 
promirent  tous  cinq  par  serment  ;  1°  De  s'entr'aider  de  tout  leur  pouvoir 
«  contre  le  comte  de  Toulouse  8<  ses  fils,  durant  la  guerre  cju'ils  leur  feroient. 
«  2°  De  ne  conclure  aucune  paix  sans  le  consentement  les  uns  des  autres. 
«  3°  De  ne  pas  permettre  que  le  comte  de  Toulouse  &  ses  fils  acquissent  la 
«  ville  de  Narbonne  61  les  domaines  de  la  vicomtesse  Ermengarde;  &.,  supposé 
<i  que  ce  comte  &.  son  fils  se  rendissent  maîtres  de  cette  ville,  de  leur  faire  la 
«  guerre  jusqu'à  ce  que  quelque  parent  d'Aymeri  de  Narbonne  ou  le  roi 
«  d'Aragon  l'eussent  recouvrée  avec  ses  dépendances.  «  Le  vicomte  de  Car- 
cassonne donna  au  vicomte  de  Nimes,  son  cousin,  8c  aux  seigneurs  de  Mont- 
pellier, Raimond  de  Tarrassone  Se  son  fils,  Pierre-Raimond  d'Hautpoul  81 
Guillaume  de  Saint-Paul  pour  garants  de  sa  promesse. 

Nous  inférons  de  là  que  le  comte  de  Toulouse  vouloit  s'assurer  alors  de 
Narbonne;  qu'Ermengarde,  vicomtesse  de  cette  ville,  pour  l'en  empêcher,  eut 
recours  à  la  protection  du  roi  d'Aragon,  des  vicomtes  de  Carcassonne  8c  de 
Nimes,  Se  des  seigneurs  de  Montpellier;  8c  que  ce  fut  le  principal  motif  de 
leur  ligue  contre  ce  prince.  Quant  au  motif  qui  peut  avoir  engagé  le  comte 
de  Toulouse  à  faire  quelque  entreprise  sur  Narbonne,  voici  ce  qui  nous  paroît 
de  plus  vraisemblable.  On  a  remarqué  que  la  vicomtesse  Ermengarde,  se 
voyant  sans  espérance  de  laisser  postérité,  avoit  attiré  à  sa  cour,  dès  l'an  1168, 
Aymeri  de  Lara,  son  neveu,  fils  de  sa  sœur  Ermessinde,  8c  qu'elle  l'avoit 
adopté.  Aymeri  avoit,  en  effet,  quitté  le  nom  de  sa  maison  pour  prendre 
celui  de  Narbonne,  Se  il  administroit,  en  1176,  les  domaines  d'Ermengarde 
comme  s'il  en  eût  été  le  maître.  C'est  ce  qu'on  voit  par  un  acte^,  du  26  jan- 
vier de  cette  année,  suivant  lequel  il  se  donne  pendant  sa  vie  8c  après  sa 
mort  à  l'abbaye  de  Fontfroide,  s'engage  d'y  embrasser  l'état  religieux,  sup- 
posé qu'il  renonce  au  monde,  choisit  sa  sépulture  dans  ce  monastère,  le  con- 
firme dans  la  possession  en  franc-alleu  de  tous  les  biens  qui  lui  avoient  été 
donnés  dans  la  vicomte  de  Narbonne,  Se  se  déclare  son  défenseur.  On  voit 
encore  que  le  même  Aymeri  jouissoit,  en^  ii77>  '^^  guidage  8c  du  péage  sur 
le  chemin  de  Salses,  dans  la  même  vicomte.  Se  qu'il  donna  alors  ces  droits  en 
engagement.  Or,  comme  Aymeri  mouruf*  la  même  année  sans  enfans,  c'est 
sans  doute  ce  qui  porta  le  comte  de  Toulouse  à  prendre  des  mesures  pour 
s'assurer  de  la  vicomte  de  Narbonne,  en  qualité  de  suzerain,  afin  d'empêcher 
Ermengarde  d'en  disposer  en  faveur  de  quelque  autre  de  ses  neveux  sans  son 
consentement. 

Nous  ignorons  le  succès  8e  les  suites  de  cette  ligue;  il  paroît  seulement  que 
le  comte  de  Toulouse  étoit  maître  de  Narbonne  à  la  fin  de  l'année.  Se  qu'Er- 
mengarde avoit  appelé  auprès  d'elle,  dès  l'an  1179,  ^^  comte^  Pierre  de  Lara, 
son  autre  neveu,  frère  puînéi^  d'Aymeri.  Quant  aux  vicomtes  de  Nimes  Se 

'  Tome  VIII,  Chartes,  n.  XXIV,  ce.  325,  3j6.  ■•  Voyez  tome  VU,  Note  VI,  n.  ÏV,  pp.  ifi,  17. 

'  Gallia  Cliristiana,  iiov.  éd.  t.  6,  p.  4,5  &  seq.  '  Cartiiîaire  du   château  ce  Foix. 

^  Tome  VIII,  Chartes,  n.  XXII,  ce.  3i8,  3i(;.  '  Voyez  tome  VII,  ut  supra. 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XIX.  71    "T 

'  An  1 177 

de  Carcassonne,  voici  ce  que  les  monumens  nous  apprennent  d'evix  pendant 
l'année  1177.  L/C  premier'  étant  à  Nimes,  au  mois  de  mai  de  cette  année, 
accorda  divers  privilèges  à  l'abbaye  de  Franquevaux,  lui  permit  de  posséder 
en  alleu  les  biens  qu'elle  avoit  acquis  dans  ses  domaines,  où  il  lui  accorda  le 
droit  de  pacage,  s'en  déclara  le  protecteur  Se  y  choisit  sa  sépulture.  Il  étoit  t!'n]°'p^'4i. 
encore  dans  cette  ville  au  mois  de  juin  suivant,  &  il  y  vendit  alors  au  prévôt 
S<.  aux  chanoines  de  la  cathédrale,  du  conseil  de  Guy,  son  oncle,  deux  sols  de 
cens  qu'ils  lui  dévoient,  8t  ratifia  un  accord  que  la  vicomtesse  Guillelmette, 
sa  mère,  avoit  fait  auparavant  avec  eux,  de  l'avis  de  Guillaume  de  Montpel- 
lier, son  tuteur.  Guillelmette  approuva  cette  ratification. 

Roger,  vicomte  de  Béziers  Se  de  Carcassonne,  reçut ^  de  son  coté,  au  mois 
d'avril  de  l'an  1177,  l'hommage  pour  le  château  vieux  d'Albi,  8t  les  forte- 
resses de  Tarsac,  Abirac  8t  Marsac.  Il  engagea,  au  mois  d'août  suivant,  à 
Roger  de  Durfort,  l'albergue  qu'il  avoit  à  Malvers;  Se  k  Hugues  de  Pvome- 
gous,  son  viguier  de  Carcassonne,  pour  vingt-huit  mille  sols  melgoriens,  ses 
domaines  de  Coutoulens,  Capendu,  Sec.  Il  reçut  enfin,  au  mois  de  décemljre 
suivant  Seau  commencement  de  l'an  1178,  l'hommage  pour  le  faubourg  du 
château  de  Lombers,  en  Albigeois,  Se  pour  les  châteaux  de  Pépieux  Se  de 
Clermont. 

LXVI.  —  Mort  de  Guy  Guerre jat  de  Montpellier. 

Guy  Guerrejat  de  Montpellier  ne  survécut  pas  longtemps  à  la  ligue  qu'il 
avoit  formée  avec  ces  deux  vicomtes  contre  le  com^  de  Toulouse.  Il  tomba 
malade  à  Aymargues,  au  diocèse  de  Nimes,  y  fit  son  testament^,  le  7  de  février 
de  l'an  11 77  (1178),  Se  mourut  peu  de  temps  après.  Il  choisit  sa  sépulture 
dans  l'abbaye  de  Valmagne,  au  diocèse  d'Agde,  à  laquelle  il  donna  les  mou- 
lins de  son  château  de  Paulhan  Se  divers  autres  domaines.  Il  légua  à  Guil-  f 
laume  VIII,  seigneur  de  Montpellier,  son  neveu,  le  lieu  de  Castelnau  Se  les 
villagcsde  Substantion  Se  de  Crez;  à  condition  qu'il  payeroit  vingt  mille  sols 
de  ses  dettes.  Il  donna  à  Burgundion,  son  autre  neveu,  frère  de  ce  dernier, 
les  châteaux  de  Paulhan  Se  du  Pouget,  au  diocèse  de  Béziers,  où  il  faisoit 
ordinairement'*  son  séjour.  Se  quelques  autres  biens;  aux  fils  de  Raimond  de 
Castries  ce  qu'il  possédoit  aux  châteaux  de  Saint-Pons  Se  de  Loupian,  au 
diocèse  d'Agde;- à  Matthie,  sa  femme,  la  moitié  du  domaine  de  Sauzet,  qu'il 
substitua  en  entier  à  son  neveu  Burgundion,  Sec.  Il  nomma  pour  ses  exécu- 
teurs testamentaires  Jean,  abbé  de  Valmagne,  Rostaing  d'Aiguillon  Se  Guil- 
laume d'Aubeterre,  Se  institua  héritier  l'enfant  dont  sa  femme  pouvoit  être 
grosse;  mais  comme  elle  ne  l'étoit  pas,  il  mourut  sans  postérité.  Guillaume, 
seigneur  de  Montpellier,  Se  Burgundion,  son  frère,  s'engagèrent  k  exécuter 

'  Voyez  tome  VIII ,   Chartes,   n.  XXV,  ce.  ^^6,  par   Compayré  (ÉtuJcs  hhtonques  sur  lAîbincols, 

328.  pp.   1.^0,   1^1.)  La  charte  est  d'avril  i  I77.   (A.  M.J 

'  Carfulaire  du    château    de   Foix.   —   Cet  acte  '  D'AcUéry,  Spicilcgium,  p.  i5i  &  scq. 

a,  été    depuis    publié    d'après    une    copie    moderne  ^  Cinulairc  de  l'abb;iye  de  Vahn,ignc. 


•"I ' —   7  2  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XIX. 

An  1 177         ' 

ce  testament  au  mois  de  mais  suivant,  par  un  acte  daté  du  château  de  Mont- 
pellier, en  présence  de  Jean  de  Montlaur,  évêque  de  Maguelonne,  de  Ber- 
nard d'Anduze  &  de  Raimond,  abbé  d'Aniane.  Ce  dernier,  qui  fut  ensuite 
évêque  de  Lodève,  se  qualifioit',  au  mois  d'août  suivant,  oncle  paternel  de 
Guillaume,  seigneur  de  Montpellier,  &  ayant  l'administration  de  cette  ville, 
dans  un  acte  d'échange  que  le  même  seigneur  de  Montpellier  ratifia  au  mois 
de  novembre  suivant. 

LXVII.  —  Fondation  de  l'hôpital  &•  de  l'ordre  des  hospitaliers  du  Saint-Esprit 

de  Montpellier. 

Quelques  auteurs^  ont  avancé  que  Guy  Guerrejat,  dont  nous  venons  de 
parler,  &  qui  étoit  fils  de  Guillaume  VI,  seigneur  de  Montpellier,  &  de 
Sibylle,  est  le  même  que  Guy  qui  fonda,  vers  la  fin  du  douzième  siècle, 
l'hôpital  8c  l'ordre  des  hospitaliers  du  Saint-Esprit  de  Montpellier;  mais  la 
date  assurée  de  la  mort  de  Guy  Guerrejat  fait  assez  voir  qu'ils  se  trompent. 
11  est  certain  d'ailleurs  que  cet  instituteur  n'étoit  pas  de  la  maison  de  Mont- 
pellier. Tout  ce  qu'on  peut  dire  sur  son  origine,  qu'on  ne  connoît  pas,  est 
■qu'il  paroît  qu'il  étoit  de  cette  ville  ou  des  environs^. 

Frère  Guy  ou  maître  Guy,  car  c'est  ainsi  qu'il  est  nommé  simplement  dans 
tous  les  anciens  monumens,  fonda"*  cet  hôpital  auprès  de  Montpellier,  sous 
l'invocation  du  Saint-Esprit,  hors  la  porte  de  Saint-Gilles,  vers  la  fin  du  dou- 
zième siècle.  Il  en  est  en  effet  qualifié  procureur  ^fondateur  dans  une^ 
donation  qui  y  fut  faite  en  1197.  Il  s'y  dévoua  au  service  des  pauvres;  8t 
ayant  associé  avec  lui  diverses  personnes  de  piété,  il  leur  dressa  des  règles  8c 
établit  un  nouvel  ordre  d'hospitaliers  dont  il  fut  le  premier  chef  £<  le  maître. 
Il  fit  peu  de  temps  après  des  fondations  semblables  dans  diverses  villes  de 
France,  8c  il  avoit  déjà  établi  son  iristitut  dans  deux  hôpitaux  de  Rome, 
lorsque  le  pape  Innocent  III  le  confirma,  le  23  d'avril  de  l'an  1198.  Ce  pon- 
tife fit  venir  Guy  à  Rome  en  1204,  avec  quelques-uns  de  ses  religieux,  8c  leur 
donna  l'administration  de  l'ancien  hôpital  de  Sainte-Marie,  en  Saxe,  qu'il 
utujf'll  avoit  fait  rebâtir.  Il  unit  cet  hôpital  à  celui  du  Saint-Esprit  de  Montpellier 
pour  être  gouverné  par  un  même  maître,  sans  préjudice  de  la  juridiction  de 
V évêque  de  Maguelonne  sur  celui  de  Montpellier.  Comme  il  n'y  avoit  encore 
que  des  frères  laïques  parmi  les  hospitaliers  du  Saint-Esprit,  Innocent 
ordonna  en  même  temps  qu'il  y  auroit  parmi  eux  un  certain  nombre  de 
clercs.  Les  premiers,  qui  ne  faisoient  que  des  vœux  simples,  s'érigèrent  dans 

'  Mis.  dAuhays,  n.  82.  blisseinent  était  de  la  part  d«s  seigneurs  de  Mont- 

*  Voyez  tome  VII,  Note  VIIT,  pp.  10,  21.  pellier  l'objet  d'une  faveur  toute  marquée.  Peut- 

'  M.  Germain   dans   ses   études  sur  la  Charité  a  être  aussi  frère  Gui  était-il  bâtard  de  l'un  des  ;ei- 

Montpcllier  (p.   ?-ï  du  tirage  à  part),  sans  se  pro-  gneurs  de  Montpellier  au  douzième  siècle.  [A.  M.] 

nonccr,    penche    pourtant    pour   l'affirmative;    il  ■•  Innocent  III,  1.   1,  Epist.  9:)  &  97.  —  Gariel, 

fait  remarquer  ce  fait  d'un  legs   exceptionnel   fait  Séries  prticsulum  Magaloncnsium,  p.  260.  —  Héliot, 

à   l'hôpital   du    Saint-Esprit   par  Guillaume  VIII  Histoire  des  ordres  monasti<jues,  t.  2,  cii.  3o  Siiuiy, 

en  1202,  ce   qui    semblerait   indiquer  que  cet   éta-  '  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  LXV,  c.  ^Sû.  , 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XIX.  vS       .    ,  „ 

la  suite  en  chevaliers  militaires 'j  les  autres  firent  des  vœux  solennels,  8c  le 
pape  Eugène  IV  ajouta,  en  1446,  à  la  règle  que  frère  Guy,  leur  instituteur, 
leur  avoit  donnée,  celle  de  Saint-Augustin  5  en  sorte  qu'ils  se  qualifièrent 
depuis  chanoines  réguliers  de  l'ordre  de  Saint-Augustin.  Les  chevaliers  de 
l'ordre  du  Saint-Esprit  de  Montpellier  furent  entièrement  supprimés  en  1459 
par  le  pape  Pie  II,  &  il  n'y  eut  plus  depuis  que  des  religieux  clercs  dans 
l'ordre;  car  c'est  sans  aucun  titre  légitime  qu'on  a  voulu  rétablir  dans  la 
suite  cette  chevalerie. 

Guy  décéda^  à  Rome  en  1208.  Après  sa  mort  les  religieux  de  l'hôpital  du 
Saint-Esprit  de  Montpellier  députèrent  quelques-uns  d'entre  eux  à  Rome, 
&  ces  députés  s'étant  joints  à  ceux  de  l'hôpital  du  Saint-Esprit,  en  Saxe,  ils 
allèrent  ensemble  trouver  le  pape  Innocent  III,  à  Anagni,  pour  faire,  en  sa 
présence  Si  de  son  consentement,  l'élection  d'un  maître  ou  recteur  de  leur 
ordre.  Le  pape  jugeant  qu'il  étoit  plus  convenable  que  le  recteur  de  l'hôpital 
de  Rome  eût  le  gouvernement  de  tous  les  autres  hôpitaux  de  l'ordre,  lequel 
s'étoit  déjà  étendu  en  diverses  provinces,  engagea  les  députés  de  Montpellier 
à  y  consentir.  Il  fit  ensuite  élire  en  sa  présence,  le  6  de  juin,  un  recteur 
pour  l'hôpital  de  Rome,  &  ordonna  que  celui  de  l'hôpital  de  Montpellier 
seroit  élu  à  l'avenir  du  consentement  de  celui-là.  Honoré  III  changea^  ce 
règlement  &  ordonna,  en  1217,  que  ces  deux  maisons  n'auroient  dans  la 
suite  rien  de  commun;  que  celle  de  Rome  seroit  chef  de  tous  les  hôpitaux 
de  l'ordre  du  Saint-Esprit  en  Italie,  en  Sicile,  en  Hongrie  8v  en  Angleterre; 
&  que  l'hôpital  de  Montpellier  auroit  sous  son  autorité  tous  les  hôpitaux  du 
Saint-Esprit  dans  les  autres  provinces  de  la  chrétienté,  sans  aucune  dépen- 
dance l'un  de  l'autre.  Grégoire  X  remit  le  maître  de  l'hôpital  du  Saint-Esprit 
de  Montpellier  sous  l'obéissance  de  celui  de  Rome;  mais,  en  1617,  Paul  V 
rendit  le  généralat  au  commandeur  de  Montpellier,  sous  la  dépendance  cepen- 
dant de  celui  de  Rome,  avec  toute  l'autorité  que  ses  prédécesseurs  avoicnt 
exercée  sur  les  provinces  qui  leur  avoient  été  anciennement  soumises  :  Gré- 
goire XV  confirma  ce  décret  en  162 1.  Enfin  Urbain  VIII  ôta  cette  dépen- 
dance en  1625.  L'hôpital  du  Saint-Esprit  de  Montpellier,  qui  avoit  été 
entièrement  ruiné  durant  les  guerres  de  la  religion,  ne  subsistoit  plus  alors, 
Se  cet  ordre  étoit  presque  anéanti  en  France.  On  travailla  depuis  à  son  réta- 
blissement, &  il  fut  déclaré  en  1700,  par  un  arrêt  du  conseil,  purement  reli- 
gieux &  hospitalier.  Le  roi  confirma  cet  arrêt  en  1708  &  ordonna  «  que 
«  l'hospitalité  seroit  rétablie  &  observée  dans  la  commandcrie  générale,  grande 
«  maîtrise  régulière  de  l'ordre  du  Saint-Esprit  de  Montpellier,  par  le  com- 
«  mandeur  général,  grand-maître  régulier,  qui  y  seroit  incessamment  établi.  » 
Le  roi  Louis  XV  a  nommé  en  conséquence,  le  3  de  novembre  de  l'an  1716, 
Melchior,  cardinal  de  Polignac,  à  la  grande  commanderïe  générale  &  chej  de 
l'ordre  régulier  hospitalier  du  Saint-Esprit  de  Montpellier  de  deçà  les  monts. 

'  Héliot,  u(  supra,  t.  2,  ch.  3o  &  sulv.  '  Héliot,    Histoire   des    ordres    monasti<jue5,  t.   2, 

'  Innocent   III,    I.    i  i,    Epist.    104.    —   Gariîl,        ch.  jo  &  suiv. 
Séries  praesulum   Magatonemium,  p.  i'>'>. 


'- 74  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XIX. 

An  1 177         '  T 

Ce  cardinal  en  exerce  aujourd'hui  les  fonctions  &  emploie  avec  succès  les 
talens  supérieurs  qu'on  lui  connoît  pour  le  rétablissement  de  l'ordre  du  Saint- 
Esprit,  tant  au  spirituel  qu'au  temporel;  mais  l'hôpital  de  Montpellier,  qui 
en  est  le  chef,  est  encore  enseveli  sous  ses  ruines. 

LXVIII.  —  Le  comte  de  Toulouse  accorde  divers  privilèges  aux  hospitaliers 

de  Saint-Gilles, 

Raimond,  comte  de  Toulouse,  s'étoit  déjà  assuré  de  Narbonne'  sur  la 
vicomtesse  Ermengarde,  au  mois  de  décembre  de  l'an  1177,  lorsqu'il  donna 
aux  hospitaliers  de  Saint-Gilles  de  l'ordre  de  Saint-Jean  de  Jérusalem  le  droit 
de  pacage  Si  l'exemption  de  péage  dans  toutes  ses  terres,  avec  divers  autres 
privilèges,  par  une  charte  datée  de  Narbonne^.  Il  leur  avoit  accordé,  au  mois 
de  novembre  précédent,  à  peu  près  les  mêmes  prérogatives.  Pons^,  arche- 
vêque de  Narbonne,  fit  donation  la  même  année,  à  l'hôpital  de  Saint-Gilles, 
de  diverses  églises  de  son  diocèse  entre  les  mains  de  Pierre  Galterii,  comman- 
deur, 8c  de  Bernard  de  Lac,  procureur  du  même  hôpital  dans  le  Narbonnois 
i:d  orî^in      5^  le  Minervois.  Raimond  date  l'une  de  ces  deux  chartes  du  règne  de  Louis 

t.  Ul,  p.  4.-'.  _  ... 

de  France,  &  de  Frédéric,  empereur  des  Romains.  Il  fait  mention  de  ce  der- 
nier prince  parce  qu'il  possédoit  le  marquisat  de  Provence  8c  le  Dauphiné 
dans  l'étendue  de  sa  domination. 

LXIX.  —  L'empereur  Frédéric  accorde  divers  privilèges  aux  évêques 
(S"  aux  hahitans  de  Viviers. 

Frédéric  avoit  fait  sa  paix  au  mois  de  juillet  précédent  avec  le  pape 
Alexandre  III.  Durant  son  séjour  en  Italie,  il  y  donna  un  diplôme"*,  le  16  de 
mars  de  l'an  1177,  à  la  sollicitation  de  Nicolas,  évêque  de  Viviers,  qui  lui 
avoit  envoyé  des  députés  pour  le  prier  de  renouveler  en  sa  faveur  la  charte 
qu'il  avoit  accordée  à  Raimond,  son  prédécesseur.  L'empereur  déclare  dans 
le  nouveau  diplôme  que  l'église  de  Viviers  n'est  soumise  qu'à  l'Empire,  Se  il 
la  confirme  dans  la  possession  de  ses  domaines,  entre  autres  de  la  monnoie, 
du  péage,  8c  des  autres  droits  régaliens,  sauf  la  justice  impériale.  Il  ajoute 
qu'il  prend  sous  sa  protection  l'évêque  8c  les  habitans  de  Viviers  avec  tout  ce 
qu'ils  possédoient  au  dedans  8c  au  dehors  de  la  ville;  en  sorte  qu'il  semble 
par  là  s'arroger  la  souveraineté  sur  le  Vivarais;  entreprise  manifestement  con- 
traire aux  droits  de  nos  rois,  qui^  avoient  dominé  sur  ce  pays  jusques  au 
règne  de   l'empereur  Conrad  \\l^.  Ce  prince   fut  le   premier,  en  eiiei.,  qui 

'  Tome  VIII,  Chartes,  n.  XXVI,  ce.  SzS,  Szp.  ^  Archives  de  l'église  de  Narhojine. 

'  Ces   divers  autres  privilèges   sont   l'exemption  ^  Voyez   tome  VIII,  Chartes,  n.  XXVII,  ce.  33| 

de  toutes  taxes  à  payer  dans  les  foires  &  marchés  &  à  .33.'?. 

le  droit  d'acquérir  &  de  recevoir;  le  comte  excepte  '  Voyez  tome  IV,  IJotc  I,  p.   i.  —  Columbi,  De 

pourtant  de  cette  dernière  concession  les  châteaux  rchui  geUis  cphcoporum  Dicnsiuni. 
forts  (co^/ïa  cnstcZ/oram)  &  les  hautes  justices;  il  ré-  ^  Dom  Vaissete   raisonne   ici,  d'après   cette  hy- 

serve  aussi  ses  droits  d'est  &  de  chevauchée.  [A.  M.)  pothèse,    qti'au    dixième    siècle    le  \'ivarais   serait 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XIX.  yS  

'  An  1 177 

accorda',  en  1140,  un  privilège  en  faveur  de  Guillaume,  évêque  de  Viviers, 
son  parent;  mais  il  paroît  que  ce  prélat  se  contenta  d'abord  d'un  vain  titre 
jusqu'à  ce  qu'enfin  Raimond  Se  Nicolas,  ses  successeurs,  ayant  obtenu  la  con- 
firmation de  ce  diplôme  de  l'empereur  Frédéric  I,  le  dernier  tenta  sous  ce 
prétexte  d'étendre  son  autorité  sur  tout  le  Vivarais.  Il  rencontra  divers^ 
obstacles  de  la  part  des  comtes  de  Toulouse,  qui  possédoient  le  comté  de 
Vivarais  sous  l'autorité  de  nos  rois  8c  qui  eurent  avec  lui  ou  avec  ses  succes- 
seurs de  grands  démêlés  dont  on  parlera  dans  la  suite.  Au  reste,  ce  prélat ^ 
donna,  au  mois  de  février  de  l'an  1186,  l'église  de  Saint-Pierre  de  Bannes  Se 
quelques  autres  de  son  diocèse  à  la  commanderie  de  Jallès,  dans  le  Vêlai,  k 
laquelle  Arnaud  de  Bannes  8c  ses  enfans  avoient  donné,  au  mois  d'août  de 
l'an  1181,  tous  les  droits  qu'ils  avoient  sur  cette  église.  Hugues  de  Bannes 
lui  donna,  en  i2o3,  toutes  les  dîmes  qu'il  avoit  droit  de  prendre  dans  la 
même  paroisse"*. 

LXX.  —  Princes  d'Orange. — accord  du  comte  de  Toulouse  avec  l'archevêque 
d'Arles.  —  Comtes  de  Valentinoïs,  i-c. 

L'empereur  Frédéric  vint  en  1178  à  Arles,  où  il  se  fit  couronner  roi  de  "xiTiT^ 
Provence^,  dans  la  cathédrale  de  cette  ville,  le  dimanche  3o  de  juillet,  avec 
l'impératrice,  sa  femme,  8c  son  fils  Philippe.  On  prétend<5  qu'il  accorda,  vers 
ce  temps-là,  à  Bertrand  de  Baux,  qui  fut  présent  à  la  cérémonie,  le  droit  de 
se  qualifier  prince  d'Orange  avec  la  couronne  de  souveraineté.  Il  est  vrai  f[ue 
les  comtes  ou  seigneurs  d'Orange  prirent  le  titre  de  prince  depuis  la  fin  du 
douzième  siècle;  mais  il  est  certain  aussi  qu'ils  ne  cessèrent  pas  pour  cela  de 
reconnoître  la  suzeraineté  des  comtes  de  Toulouse,  comme  marquis  de  Pro- 
vence. Tiburge  de  Montpellier-Orange,  femme ^  de  Bertrand  de  Baux,  avoit 
hérité  alors  du  comté  d'Orange,  par  la  mort  de  Raimbaud,  son  frère,  décédé 
sans   enfans.   Le  même   Bertrand,   qui   résidoit,   au   mois   de    décembre   de 

passé  sous  la  suzeraineté  des  comtes  de  Toulouse  &,  le  diocèse  de  Béziers  d'une  coutume  singulière  :  de 

par  conséquent,  des  rois  de  France.  Cette  affirma-  temps   immémorial,  les  seigneurs  de  Caux  s'arro- 

tion  du   savant  historien  a  été  mise  en  doute  par  geaient  le  droit  de  piller  les  eflets  du  curé  de  cette 

plusieurs  historiens  modernes.  Ceux-ci  supposent  paroisse,  après  sa  mort.  Déjà  en  1172  (Voir  t.  V, 

au  contraire  que  vers  «jSS  le  Vivarais  fut  cédé  par  c.   1428,  n.  69)  Bérenger  de  Caux  avait  fait  une 

Hugues  de  Provence  a  Rodolphe,  roi  de  Eoiirgo-  première    renonciation.    En    1177  (lilj.   c.    1419, 

gne;  à  ce  compte  ce  pays  aurait  été  véritablement  n.  74)  Bernard  de  Caux  la  renouvelle,  en  son  nom 

terre  d'Empire,  Si  Conrad  III,  Frédéric  I  &  Frédé-  &  au  nom   de  ses   successeurs  &   héritiers.  Au    cas 

rie  II  n'auraient  fait  qu'y  exercer  des  droits  incon-  où    l'un   d'eux  oserait   exercer  cette    coutume,    U 

tcstables.  (Vo\r  ffiitoin-  liaVlvarais,  par  M.  l'abbé  chapitre   de   Saint-Nazaire   pourrait  s'approprier 

Rouchier,  &  les  positions  d'une  thèse  manuscrite  les  dîmes  de  Sallèles.  [A.  M.] 

présentée  à  l'EcoIedesCliartes  en  I  87Ô,  parM.  Pon-  ''  Pagi,  ad  ann.  1178,  n.  5.  —  Gallia  Christiana, 

tal  ;  Paris,  1876,  in-8'',  p.  16.  [A.  M.]  nov.  éd.  t.  i,  Instram.  p.  99  &  seq. 

'  Voyez  tome  III,  1.  XVIIl,  n.  11,  p.  772.  •  La   Pisc,  Tailcau  de  l'histoire  &  de  la  princi^ 

'  Columbi,  De  rehus  gestis  cpiscoporum  Vivarien-  pttuté   des  princes    d'Orange,  p.    70.  • —  Bouche,  La 

Stum.  ckorographie  ou  dcscript.  delà  Provence,  t.  2,  p.  1(55. 

'  Archives  de  l'église  de  Viviers.  "  Voyez   tome   III,   1.  XVIII,  n.  xxvii,   p.  797; 

^  A  cette  année  1 1  77  se  rapporte  l'abolition  dans  &  tome  IV,  Note  XXXVII,  n.  x,  p.    i83. 


■- ~   76  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XIX. 

An  1 178         ' 

l'an  1 178',  à  Courtheson,  dans  la  principauté  d'Orange,  y  fit  alors  une  dona- 
tion, du  consentement  de  Tihurge,  sa  femme,  b  de  ses  fils,  à  l'abbaye  de 
Franquevaux,  dans  le  diocèse  de  Nimes. 

Il  V  a  lieu  de  croire  que  Raimond,  comte  de  Toulouse,  se  trouva  à  Arles 
au  couronnement  de  Frédéric.  Deux  raisons  nous  le  persuadent  :  la  première 
est  qu'il  étoit  dans  cette  ville  au  mois  d'août  de  la  même  année,  8c  qu'il 
reconnut^  alors  tenir  en  fief  le  château  de  Beaucaire  &  la  terre  d'Argence  de 
l'archevêque  &  de  l'église  d'Arles.  Ce  prélat,  en  reconnoissance,  donna  en  fief 
au  comte  les  châteaux  de  Mornas  8c  de  Montdragon  ;  la  seconde  raison  est 
que  l'empereur  Frédéric  fit  expédier  dans  son  palais,  à  Arles,  le  jour  de  son 
couronnejnent  dans  cette  ville-',  un  diplôme  suivant  lequel  «  il  accorda  à 
«  Guillaume  de  Pelteus,  comte  de  Valentinois,  Se  au  comte  Dauphin  le  péage 
«  qu'on  exigeoit  sur  le  chemin  le  long  du  Rhône,  depuis  Valence  jusqu'à 
«  Montélimar,  à  condition  que  tous  les  émolumens  appartiendroient  au  comte 
«  de  Valentinois,  qui  le  tiendroit  en  fief  du  comte  Dauphin.  «  Or,  comme 
ce  dernier  n'est  pas  différent*  d'Albéric  Taillefer,  fils  puîné  de  Raimond  V, 
comte  de  Toulouse,  il  est  fort  vraisemblable  que  celui-ci  étoit  alors  à  Arles. 
Éd.OTig;ii._  Nous  avons  parlé  ailleurs  ^  de  l'origine  de  Guillaume  de  Poitiers,  qui  fut 
le  premier  comte  de  Valentinois  de  sa  maison,  par  son  mariage  avec  l'héri- 
tière de  ce  comté  Se  de  celui  de  Diois,  8c  qui  possédoit  divers  domaines  dans 
le  diocèse  de  Narbonne.  Il  est  encore  fait  mention  de  lui  dans  une  donation^ 
faite  à  l'abbaye  de  Fontfroide,  le  2  de  mai  de  l'an  1 177,  par  Pons  d'OIargues, 
«  du  consentement  d'Ermengarde,  vicomtesse  de  Narbonne,  Se  en  présence 
«  de  Guillaume  de  Peiteus,  de  Pierre-Raimond  de  Narbonne,  de  Guillaume 
«  de  la  Pv.edorte,  de  Guillaume  Faidit,  8cc.  »  On  peut  avoir  remarqué  ^  qu'il 
étoit  actuellement  marié,  en  1173,  avec  une  sœur  de  Pierre-Pvaynard  de 
Béziers.  Ainsi  il  aura  épousé  l'héritière  de  Valentinois  en  premières  ou  en 
secondes  noces. 

LXXI.  —  Saint  Bénè-^et  hâtit  le  pont  d'Avignon. 

Dans  le  temps  que  l'empereur  Frédéric  se  fit  couronner  roi  de  Provence  à 
Arles,  on  travailloit  à  un  pont  de  pierre  sur  le  Rhône,  qui  avoit  été  com- 
mencé dès  l'année  précédente,  vis-à-vis  de  la  ville  d'Avignon.  Un  jeune 8 
berger,  nommé  Benoît  ou  Bénézet  en  langage  du  pays,  entreprit  un  ouvrage 
aussi  hardi.  On  prétend  qu'il  eut  une  révélation  en  gardant  son  troupeau, 
qu'ayant  passé  le  Rhône  il  s'adressa  à  l'évêque  Se  au  peuple  d'Avignon;  qu'il 
leur  fit  entendre  que  Dieu  lui  ordonnoit  de  bâtir  ce  pont.  Se  qu'il  prouva  sa 
mission  par  divers  prodiges.  Ce  trait  de  la  vie  de  Bénézet,  que  le  peuple 

■  Mis.  d'Auhays,  n.  77.  '  Voyez  tome  III,  p.  800. 

•  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  XXVIII,  ce.  333  «  Archives  de  l'abbnye  de  Fontfiolde. 

à  335.  '  Voyez  ci-dessus,  n.  li,  p.  07  &  siiiv. 

'  Portefeuille  de  M.  Lancelot.  »  BoUandistes,  ^ctu  Sanctorum,  14  avril.  —  Hc- 

'  Voyez  tome  IV,  Note  L,  n.  XVt,  p.  124.  liot.  Histoire   des   ordres  monastiques,  t.  2,  ch.  42. 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XIX.  77 

reconnoît  pour  saint,  est  une  preuve  qu'il  étoit  de'  Languedoc.  Le  pont, 
composé  de  dix-huit  arches  Se  long  de  cent  trente-quatre  pas,  fut  achevé  en 
onze^  ans.  Raimond  V,  comte  de  Toulouse,  en  favorisa  la  construction.  On 
bâtit  auprès,  du  côté  d'Avignon,  un  hôpital  pour  recevoir  les  pèlerins,  8c 
saint  Bénézet  y  établit  une  communauté  de  religieux,  dont  l'institut  étoit  de 
veiller  à  la  fabrique  St  à  la  conservation  du  pont,  de  recevoir  St  de  servir  les 
pèlerins  dans  cet  hôpital.  C'est  ce  qui  fit  donner  le  nom  de  pontifes  ou  de 
frères  du  pont  à  ces  religieux  hospitaliers,  que  Raimond  VI,  comte  de  Tou- 
louse, prit  sous  sa  protection  en  i2o3.  Il  leur  accorda  divers  privilèges  dans 
l'étendue  de  ses  Etats,  &  leur  donna  avec  le  comte  de  Forcalquier  le  droit  de 
passage  qu'ils  avoient  sur  le  Rhône.  Raimond  VII,  son  fils,  confirma  cette 
concession  en  1287.  Cette  communauté  fut  supprimée  en  iSzi  &  unie  à  la 
collégiale  de  Saint-Agricole  d'Avignon,  avec  la  chapelle  qu'on  avoit  bâtie  sur 
la  pile  de  la  troisième  arche  du  pont,  Se  dans  laquelle  saint  Bénézet,  mort 
en  1184,  avoit  été  inhumé.  Ce  pont  est  entièrement  ruiné  depuis  le  com- 
mencement du  dernier  siècle. 

LXXII.  —  Progrès  des  hérétiques  dans  la  Province. 

Le  comte  de  Toulouse,  peu  de  temps  après  le  couronnement  de  l'empereur 
Frédéric  à  Arles,  fut  obligé  de  se  rendre  dans  sa  capitale  pour  y  recevoir 
divers  prélats  qui  y  allèrent  combattre  les  hcnriciens  dont  les  erreurs  s'étoient 
renouvelées  dans  le  pays  S<.  qui  y  taisoient  beaucoup  de  ravages.  C'est  ce 
qu'il  nous  faut  reprendre  de  plus  haut. 

Ces  sectaires,  nonobstant  leur  condamnation  au  concile  de  Lombers, 
en  ii65,  se  perpétuèrent  dans  la  Province,  principalement  dans  les  environs 
de  Toulouse,  y  firent  de  nouveaux  prosélytes  81  ^  s'étendirent  dans  les  pays 
voisins.  Enfin  l'erreur  fit  des  progrès  si  étonnans  qu'elle  gagna  la  plupart 
des  ecclésiastiques  Se  de  la  noblesse  du  haut  Languedoc  Se  d'une  partie  du 
bas.  Raimond,  comte  de  Toulouse,  prince  zélé  pour  la  foi,  résolut  de  remé- 
dier à  un  si  grand  mal  ;  Se  comme  il  n'ignoroit  pas  les  services  importans 
que  saint  Bernard,  abbé  de  Clairvaux,  &.  ses  religieux  avoient  rendus  trente 
ans  auparavant  au  comte  Alfonse,  son  père,  pour  ramener  ceux  de  ses  sujets 
qui  s'étoient  laissés  séduire,  il  crut  ne  pouvoir  mieux  faire  que  de  s'adresser 
au  chapitre  général  de  Cîteaux,  assemblé  au  mois  de  septembre  de  l'an  1177. 
11  écrivit  pour  cela  une  lettre  dans  lacjuelle  il  expose  les  efforts  que  faisoient 
les  hérétiques  dans  ses  États  pour  détruire  la  religion,  Se  prie  les  religieux 
de  cet  ordre  de  venir  promptement  à  son  secours.  «  Cette  hérésie  a  tellement 
«  prévalu,  ajoute-t-il,  qu'elle  a  mis  la  division  entre  le  mari  Se  la  femme,  le 
«  père  Se  le  fils,  la  belle-mère  Se  la  belle-fille.  Ceux  qui  sont  revêtus  du 
«  sacerdoce  se  sont  laissés  corromprej  les  églises  sont  abandonnées  S<  tombent 

'  BoUandistes,  14  avril,  p.   iC>-j.  'Gervasiiis  Dorobeinensis,  Chroiiuoit,   ad  ann. 

'  Bouche,    La  chorogr^phic  ou   description   Je   la         1177,  p-    1441    &  seq. 
Provence,  t.  2,  p.   i63. 


An  1  178 


■" r-   78  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XIX. 

An  1178        ' 

«  en  ruine;  on  refuse  d'administrer  le  baptême;  l'eucharistie  est  en  exécra- 
t.  H°'pf.'i7,  «  tion  Si.  la  pénitence  méprisée.  On  ne  veut  pas  croire  la  création  de  l'homme 
«  &  la  résurrection  de  la  chair;  en  un  mot  tous  les  sacremens  sont  anéantis, 
«  S'  on  introduit  deux  principes.  Pour  moi,  continue-t-il,  qui  suis  armé  des 
«  deux  glaives,  &  qui  fais  gloire  d'être  établi  en  cela  le  vengeur  &  le  ministre 
«  de  la  colère  de  Dieu,  je  cherche  en  vain  le  moyen  de  mettre  fin  à  de  si 
«  grands  maux,  &  je  reconnois  que  je  ne  suis  pas  assez  fort  pour  y  réussir, 
«  parce  que  les  plus  notables  de  mes  sujets  ont  été  séduits  &  ont  entraîné 
«  avec  eux  une  grande  partie  du  peuple;  en  sorte  que  je  n'ose  ni  ne  puis 
«  rien  entreprendre.  J'implore  donc  avec  humilité  votre  secours,  vos  conseils 
«  Si  vos  prières  pour  extirper  cette  hérésie.  Son  venin  est  si  violent,  &  l'en- 
«  durcissement  de  ceux  qui  sont  séduits  est  si  grand,  qu'il  n'y  a  que  Dieu 
«  qui  puisse  le  vaincre  par  la  force  de  son  bras.  Comme  le  glaive  spirituel 
«  est  absolument  inutile,  il  est  nécessaire  d'employer  le  matériel  ;  c'est  pour- 
«  quoi  j'agis  auprès  du  roi  de  France  pour  l'engager  à  venir  sur  les  lieux, 
«  persuadé  que  sa  présence  pourra  contribuer  beaucoup  à  déraciner  l'hérésie. 
«  Dès  qu'il  sera  arrivé,  je  le  conduirai  moi-même  dans  les  villes,  les  châteaux 
«  Se  les  villages;  je  lui  ferai  connoître  les  hérétiques.  Se  je  le  seconderai  de 
«  toutes  mes  forces,  jusqu'à  l'effusion  de  mon  propre  sang,  pour  exterminer 
(c  les  ennemis  de  Jésus-Christ.  »  Ainsi  parloit  ce  prince  que  quelques  auteurs 
passionnés  ou  mal  informés  ont  accusé  d'avoir  manqué  de  zèle  contre  les 
hérétiques. 

LXXIII.  —  Le  cardinal  de  Saint-Chrysogone  est  envoyé  légat  à  Toulouse, 
avec  plusieurs  évêques,  pour  y  combattre  les  hérétiques.  —  Succès  de  sa 
mission. 

Il  paroît  que  le  comte  de  Toulouse  implora  aussi  le  secours  de  Henri,  roi 
d'Angleterre,  pour  réprimer  ceux  de  ses  sujets  qui  avoient  embrassé  l'erreur. 
Nous  savons'  du  moins  que  les  rois  d'Angleterre  Se  de  France,  après  avoir 
fait  la  paix,  résolurent  de  venir  en  personne  à  Toulouse,  en  11 78,  pour  en 
chasser  les  sectaires  ;  mais  ayant  réfléchi  ^  qu'ils  feroient  beaucoup  plus  utile- 
ment d'envoyer  sur  les  lieux  des  personnes  savantes  pour  instruire  &  ramener 
les  peuples,  8t  ayant  communiqué  leur  dessein  au  pape  Alexandre  III,  qui 
l'approuva,  ils  chargèrent  de  cette  commission  Pierre,  cardinal-prêtre  du  titre 
de  Saint-Chrysogone,  légat  en  France,  Guarin,  archevêque  de  Bourges, 
auparavant  religieux  de  Citeaux  8c  abbé  de  Pontigni,  Réginald,  évêque  de 
Bath,  en  Angleterre,  Jean  de  Belles-Mains,  évêque  de  Poitiers,  Henri,  abbé 
lie  Clairvaux,  8c  plusieurs  autres  ecclésiastiques  de  mérite;  avec  ordre  d'excom- 
munier tous  ceux  qui  ne  voudroient  pas  se  rendre  à  leurs  exhortations.  Nous 
verrons  dans  la  suite  que  Géraud  de  la  Barthe,  archevêque  d'Auch,  Géraud, 

'  Kogeni\s  de  Eoveien,Anr.alcs  Anglicani, p. ^2j  °  Voyez  tome  VII,  Wore  V,  pp.  ii  314. 

&  Deq. —  Hobertus  de  Monte,  Chronicon. 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XIX.  70  -~ T 

/  V        An  1  178 

évêqiie  de  Cahors,  Se  Gosselin',  évêque  de  Toulouse,  se  joignirent  à  ces  pré- 
lats, soit  qu'ils  l'aient  fait  par  zèle  £t  de  leur  propre  mouvement,  soit  qu'ils 
eussent  été  nommés  par  les  deux  rois.  Ces  princes  enjoignirent  en  même* 
temps  à  Raimond,  comte  de  Toulouse,  à  Raimond,  vicomte  de  Turenne,  à 
Raimond  de  Castelnau  Si  à  divers  seigneurs  de  donner  main-forte  Si  tous  les 
secours  nécessaires  au  légat  &  à  ses  associés,  81  de  chasser  du  pays  tous  les 
hérétiques. 

Ces  prélats  se  rendirent  d'abord  à  1  oulouse,  ville  extrêmement  peuplée, 
ajoute  l'historien 3  du  temps  qui  nous  a  laissé  le  détail  de  cette  mission,  81 
qu'on  disoit  l'asile  &  le  centre  de  l'hérésie.  Ils  trouvèrent  en  arrivant  que  ce 
bruit  n'étoit  que  trop  bien  tonde,  &  que  le  clergé  Se  le  peuple  étoient  égale- 
ment infectés.  Ils  l'éprouvèrent  surtout  dans  leur  entrée,  car  ils  furent  reçus 
avec  de  grandes  huéesj  8c  par  toutes  les  rues  8<.  les  places  où  ils  passèrent  on 
les  montroit  au  doigt  81  on  les  appeloit  hautement  apostats,  hypocrites , 
hérétiques,  &c.  Le  légat  8c  ses  associés  se  reposèrent  pendant  quelques  jours, 
ensuite  l'un  d'entre  eux  prêcha  publiquement  8c  établit  si  solidement  dans 
son  discours  les  articles  de  la  foi  catholique,  que  les  hérétiques,  ou  n'osèrent 
plus  paroître,  ou  dissimulant  leurs  erreurs,  se  vantèrent  de  croire  tous  ces 
articles.  Le  légat,  voyant  qu'il  ne  pouvoit  engager  les  sectaires  à  se  montrer 
pour  les  convaincre  en  public,  prit  le  parti  d'en  faire  une  recherche  afin  de 
les  obliger  par  force  à  se  représenter  &.  à  abjurer  leurs  erreurs.  Il  fit  pro- 
mettre par  serment  à  l'évêqile  de  Toulouse,  à  une  partie  du  clergé,  aux  con- 
suls, 8c  à  tous  les  citoyens  dont  la  foi  n'étoit  pas  suspecte,  de  lui  déclarer  par 
écrit  tous  les  hérétiques  8c  leurs  fauteurs  dont  ils  avoient  connoissance.  Entre 
ceux  qui  furent  dénoncés  étoit  un  laïque  des  plus  notables  de  la  ville,  nommé 
Pierre  Mauran,  qu'on  regardoit  comme  le  chef  de  la  secte.  C'étoit  un  homme  '^'^•oriRin. 
riche,  accrédité  8c  avancé  en  âge,  8c  si  extravagant  qu'il  se  disoit  saint  Jean 
l'Évangéliste.  Il  possédoit  entre  autres  deux  châteaux,  l'un  dans  la  ville  8c 
l'autre  au  dehors  :  il  y  tenoit  des  assemblées  nocturnes,  où  il  prêchoit,  revêtu 
d'une  espèce  de  dalmatique.  Son  autorité  étoit  si  grande  qu'il  avoit  entraîné 
dans  l'hérésie  une  grande  partie  du  peuple.  Il  divulguoit  hautement  ses 
erreurs  avant  l'arrivée  des  commissaires;  mais  à  peine  furent-ils  dans  le  pavs 
qu'il  feignit  d'être  bon  catholique.  Le  légat,  qui  le  regardoit  comme  l'arc- 
boutantdes  sectaires,  résolut  de  commencer  par  lui;  8c  le  comte  de  Toulouse, 
qui  donna  toute  sorte  de  secours  aux  missionnaires,  le  fit  citer  par  des  appa- 
riteurs. Cet  homme,  enlié  de  ses  richesses,  8c  comptant  d'ailleurs  les  princi- 
paux de  la  ville  pour  ses  parens  ou  ses  amis,  refusa  de  comparoître.  Le  len- 
demain le  comte  l'ayant  mandé  l'engagea,  partie  par  caresses,  partie  par 
menaces,  à  se  représenter  8c  l'amena  lui-même  devant  le  légat  8c  ses  collè- 
gues. L'un  d'eux  l'interrogea  Se  lui  dit  :  Pierre,  vos  concitoyens  vous  accusent 
d'avoir  abandonné   la  vraie  foi   pour  embrasser  l'hérésie  arienne,   8c  d'être 

'  Voyez  tome  VII,  Note  I,  p.  2,  3.  '  Roger! us  deHoveden,  Annales  Anglican!, -p.  izy 

'  Rogeriusde  Hoyeien,  Annales  Anglicani,  p.  827        &  seq. 
&  seq. 


An  1178 


80  HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XIX. 

tombé  ou  d'avoir  entraîné  les  autres  clans  une  infinité  d'erreurs.  Mauran, 
jetant  alors  un  profond  soupir,  soutint  que  cela  étoit  faux.  On  le  pressa  de 
l'affirmer  par  serment,  mais  il  le  refusa,  sous  prétexte  qu'il  étoit  homme 
d'honneur  8t  de  considération  81  qu'on  devoit  s'en  rapporter  à  sa  seule  parole. 
Les  commissaires  persistèrent  néanmoins  à  demander  son  serment,  8<.  il 
promit  enfin  de  le  donner,  de  crainte  de  passer  pour  hérétique  s'il  le  refu- 
soit  ;  car  ces  sectaires  condamnoient  le  serment.  On  apporta  aussitôt  les 
saintes  reliques  avec  cérémonie,  &  on  entonna  l'hymne  du  Saint-Esprit. 
Mauran  pâlit  alors  &  devint  tout  interdit  :  il  jura  cependant  &  promit  de 
répondre  sur  tous  les  articles  de  la  foi.  On  l'interrogea  ensuite  sur  le  sacre- 
ment de  l'autel,  &  on  lui  demanda  ce  qu'il  croyoit  là-dessus.  Il  déclara  que 
le  pain  consacré  par  le  ministère  du  prêtre  n'étoit  pas  le  corps  de  Jésus-Christ. 
Les  missionnaires  n'en  demandèrent  pas  davantage  :  ils  se  levèrent  &  ne 
purent  s'empêcher  de  répandre  des  larmes,  tant  de  lui  avoir  entendu  proférer 
ce  blasphème  que  par  compassion  pour  lui;  Si,  après  l'avoir  déclaré  héré- 
tique, ils  le  livrèrent  au  comte  qui  le  fit  renfermer  dans  les  prisons  publiques, 
sous  la  caution  de  ses  parens  :  ses  biens  furent  confisqués  &  on  ordonna  de 
démolir  ses  châteaux. 

Le  bruit  de  cette  condamnation  s'étant  répandu  dans  Toulouse,  toute  la 
ville  changea  bientôt  de  face,  &  les  catholiques  encouragés  reprirent  le  dessus. 
Pierre,  se  voyant  de  son  côté  à  la  veille  d'une  mort  prochaine  &  dépouillé 
de  tous  ses  domaines,  rentra  en  lui-même,  demanda  à  faire  satisfaction  81 
promit  de  se  convertir.  Il  se  présenta  nu,  en  caleçon,  devant  tout  le  peuple, 
Si,  s'étant  prosterné  aux  pieds  du  légat  &  de  ses  collègues,  il  leur  demanda 
pardon,  reconnut  ses  erreurs,  les  abjura,  embrassa  la  foi  catholique  &  promit 
par  serment,  sous  caution,  au  comte,  aux  chevaliers  &  aux  principaux  habi- 
tans  de  Toulouse,  qu'il  se  soumettroit  à  tous  les  ordres  du  légat  &  qu'il  les 
exécuteroit  fidèlement.  On  avertit  ensuite  le  peuple  de  se  rendre  le  lende- 
main dans  l'église  de  Saint-Sernin  pour  y  être  témoin  de  la  pénitence  de 
Pierre  Mauran.  Le  concours  fut  si  grand  dans  cette  église  que  ce  ne  fut  pas 
sans  peine  que  le  légat  trouva  place  pour  célébrer  la  messe.  Pierre  y  entra 
par  la  grande  porte,  nu  &c  sans  chaussure,  conduit  d'un  côté  par  l'évêque  de 
Toulouse,  Se  de  l'autre  par  l'abbé  de  Saint-Sernin,  qui  avoient  été  le  prendre 
clans  la  prison,  81  qui  ne  cessèrent  de  le  fustiger  avec  une  poignée  de  verges 
dans  les  rues  Si  les  places  publiques,  jusques  aux  degrés  de  l'autel.  Il  lui 
fallut  percer,  pour  y  arriver,  une  foule  de  peuple.  Il  se  prosterna  aussitôt 
aux  pieds  du  légat  81,  ayant  demandé  pardon,  il  abjura  de  nouveau  ses 
erreurs  81  se  soumit  à  la  pénitence  qu'on  lui  imposa.  On  confisqua  ses  biens, 

81  on  lui  ordonna  de  partir  dans  quarante  jours  pour  Jérusalem  S<.  d'v 
demeurer  pendant  trois  ans  au  service  des  pauvres,  avec  promesse,  s'il  reve- 
noit  après  ce  terme,  de  lui  rendre  ses  biens,  excepté  les  châteaux  qu'on 
ordonna  de  raser  en  mémoire  de  sa  prévarication.  En  attendant  son  départ 
il  fut  condamné  à  visiter  tous  les  jours  diverses  églises  de  Toulouse,  nu-pieds, 
&i  en  prenant  la  discipline  sur  les  épaules  nues.  Il   fut  condamné  de  plus  à 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XIX.  8i 


An   1178 


une  amende  de  cinq  cents  livres  pesant  d  arp-cnt  envers  le   comte  de  Tou-     bj.onaiii. 
,  •  -  •  11-  1        •    1-  .-,         .  .       ,      '•  ii'.p-  !<)• 

louse,  son  seigneur,  a   restituer  les   biens  des  églises  quil  avoit  usurpes,  a 

tendre   les  usures  qu'il  avoit  exigées  Se  à  réparer  les  dommages  qu'il   avoit 

causés  aux  pauvres  :  il  promit  par  serment  d'exécuter  toutes  ces  choses. 

LXXIV.   - —  Le  légat  envole   l'évéque  de  Bath   iS-    l'ahlé  de   Claïrvaux 
en  Albigeois,  —  Le  vicomte  Roger  est  excommunié. 

Le  légat  résolut  ensuite  d'excommunier  tous  les  hérétiques  qui  avoient  été 
dénoncés  &  ceux  qui  étoient  soupçonnés  de  les  favoriser.  L'abbé  de  Clairvaux 
lui  demanda  alors  permission  de  se  retirer  pour  se  rendre  au  chapitre  général 
de  son  ordre  qui  devoit  se  tenir  au  mois  de  septembre  :  le  légat  la  lui  accorda, 
à  condition  qu'il  iroit  auparavant  en  Albigeois,  avec  l'évéque  de  Bath,  pour 
exhorter  Roger  de  Béjiers,  prince  du  pays',  à  rendre  la  liberté  à  l'évéque 
d'Albi,  qu'il  avoit  mis  en  prison  sous  la  garde  des  hérétiques.  Si  pour  lui 
enjoindre  de  chasser  ces  sectaires  de  ses  domaines,  conformément  à  ses  ordres. 
L'évéque  de  Bath  8c  l'abbé  de  Clairvaux,  suivis  du  vicomte  de  Turenne  £< 
de  Raimond  de  Castelnau,  qui  leur  prêtoient  main-forte,  se  rendirent  peu 
de  temps  après  en  Albigeois,  où  l'hérésie  avoit  un  de  ses  principaux  sièges. 
Roger,  informé  de  leurs  approches,  se  retira  à  l'extrémité  du  pays,  dans  des 
lieux  inaccessibles,  de  crainte  d'être  obligé  d'entrer  en  conférence  Se  de  suc- 
comber. Les  deux  prélats  arrivèrent  cependant  à  Castres^,  l'une  des  plus 
fortes  places  du  pays,  où  la  femme  de  R.oger  avoit  établi  sa  demeure  avec  ses 
domestiques  Se  un  corps  de  troupes  pour  la  garder.  Quoique  tous  les  habitai'iS 
de  cette  ville  S<.  des  environs  eussent  embrassé  l'hérésie  ou  la  favorisassent, 
ils  n'osèrent  pas  toutefois  contredire  les  deux  missionnaires,  qui  combattirent 
publiquement  leurs  erreurs  S<  déclarèrent  Roger  traître,  héréti([ue  Se  par- 
jure pour  avoir  violé  la  sûreté  qu'il  avoit  promise  à  l'évéque  d'Albi.  Ces  pré- 
lats excommunièrent  ensuite  ce  vicomte  &•  le  déférent,  au  nom  de  Jésus- 
Christ,  de  la  part  du  pape  Se  des  rois  de  Fiance  8e  d'Angleterre,  en  présence 
de  sa  femme  Se  de  ses  chevaliers;  c'est-k-dire  qu'ils  lui  déclarèrent  la  guerre. 

On  voit  par  ce  récit,  que  nous  avons  rapporté  fidèlement  d'après  les  actes ^ 
des  missionnaires  mêmes,  que  Roger  II,  vicomte  de  Béziers,  de  Carcassonne, 
d'Albi  Se  de  Razès,  favorisoit  alors  ouvertement  les  hérétiques,  s'il  n'avoic 
embrassé  leurs  erreurs;  mais  il  paroît  qu'on  pourroit  le  justifier,  du  moins 
sur  ce  dernier  article.  En  effet,  ces  sectaires  se  faisoient  un  point  capital  de 
ne  jamais  jurer,  Se  ils  avoient  conçu  une  haine  si  implacable  contre  les  ecclé- 
siastiques ([u'ils  ne  faisoient  aucun  scrupule  de  les  noircir  par  les  calomnies 
les  plus  atroces  &.  d'usurper  leurs  domaines.  Or  nous  avons  divers  monu- 
inens,  depuis  l'an  iiyo  jusqu'en  1182,  de  la  libéralité  de  Roger  envers  les 
église»;  Se  ils  prouvent  en  même  temps  qu'il  ne  taisoit  aucune  difficulté  de 

'  Voyez  tome  \'II,  Note  V,  n.  i,  p.   i  i.  'Rogerius  de  Ucviden,  Annale;  Ar.gîi.-.-.nl,  p.  lay 

»  lia.  p.   li.  Z<.  se!). 

VI,  c 


~       ~   82  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XIX. 

n  1 1    t  1  7  o 

jurer.  11  donna',  au  mois  de  juin  de  l'an  11 70,  la  permission  à  la  cathédrale  de 
Carcassonnc  d'avoir  un  four  dans  le  faubourg  de  Saint-Vincent  de  cette  ville 
£<  défendit  qu'il  y  en  eût  un  autre  dans  ce  faubourg,  excepté  celui  de  Ber-' 
nard  de  Canet.  Il  marc|ua  qu'il  faisoit  cette  concession  pour  l'amour  du  Dieu 
tout-puissant,  £•  de  la  bienheureuse  vierge  Marie,  sa  mère,  pour  les  âmes  du 
seigneur  R.  Trencavel,  son  père,  de  Roger  de  Béjiers,  son  oncle,  6-  de  tous 
les  fidèles  trépassés,  6-  pour  la  rémission  de  ses  péchés.  Il  confirma  cet  acte 
Cil  II 77,  S<.  fit  une  donation,  au  mois  de  juin^  de  l'an  1170,  au  monastère 
de  Saint-Sauveur  de  Carcassonne.  11  accorda^,  le  29  décembre  suivant,  à 
l'abbaye  de  Grandselve,  une  exemption  de  leude  &  de  péage  dans  toutes  ses 
terres,  tant  pour  son  âme  que  pour  celle  de  Raimond-Trencavel,  son  père.  Il 
confirma'*,  en  1172,  les  donations  que  ce  dernier  &  Roger,  son  oncle,  avoient 
faites  en  faveur  de  l'abbaye  de  Salvanez,  en  Pvouergue.  Enfin,  sans  parler 
ici  de  plusieurs  autres  actes,  Adélaïde,  sa  femme,  laquelle  avoit  fait  une 
donation  en  ^  iiya  à  cette  même  abbaye,  promit  de  la  protéger,  par  serment 
prêté  sur  les  saints  Evangiles,  à^  Burlas,  en  Albigeois,  le  jour  de  la  nativité 
de  la  Vierge  de  l'an  1180.  Elle  confirma  en  même  temps  toutes  les  dona- 
tions que  Roger,  vicomte  de  Bé-^iers,  son  mari,  avoit  faites  à  ce  monastère,  St 
les  conventions  de  ce  vicomte  avec  Raimond,  abbé  de  Salvanez,  qu'il  avoit 
juré  d'observer.  Adélaïde  se  qualifie  comtesse  dans  cette  charte,  de  même  que 
dans  plusieurs  autres  monumens,  quoique  Roger,  son  époux,  ne  prît  que  la 
Éd.  origin.  qualité  de  vicomte,  à  cause  qu'elle  étoit  de  race  comtale  Se  fille  de  Rai- 
mond V,  comte  de  Toulouse,  5c  de  Constance,  sœur  du  roi  Louis  le  Jeune. 
F.lie  suivoit  en  cela  l'usage  de  son  siècle.  Enfin  «  Roger,  vicomte  de  Béziers, 
((  5c  Raimond-Trencavel,  son  frère,  permirent '^  au  mois  de  novembre  de 
(1  l'an  1182,  à  la  cathédrale  de  Béziers  Se  à  Bernard,  évêque  de  cette  ville, 
«  pour  la  rémission  de  leurs  péchés  Se  pour  l'âme  de  Raimond-Trencavel, 
(i  leur  père,  de  faire  toute  sorte  d'acquisitions  de  leurs  feudataires  dans  tout 
«  l'évêché  de  Béziers,  £<c.  » 

LXXV.  —  Fin  de   la  mission    du  cardinal  de  S aint-Chrysogone 

6*  de  ses  collègues. 

L'évêque^  de  Bath,  durant  sa  mission  en  Albigeois,  y  rencontra  Raimond 
de  Baimiac  6c  Bernard  Raimundi,  deux  chefs  des  hérétiques,  qui  s'y  étoient 
réfugiés,  disoient-ils,  pour  éviter  les  mauvais  traitemens  du  comte  de  Tou- 
louse (S-  des  autres  barons.  Ces  deux  sectaires,  qui  avoient  fait  un  grand 
nombre  de  prosélytes  dans  le  pays,  demandèrent  un  sauf-conduit  Se  offrirent 
à  ce  prélat  Se  au  vicomte  de  Turenne,  si  on  le  leur  accordoit,  de  se  repré- 

'  Mss.  Colhert,  n.  2275.  [Lat.  9996.]  '  Gall'it  Chrlstiana,  nov.  éd.  t.   i,  p.  288. 

°  De  Vie,  Chronicon  episcoporum  Carccaoncnsium,  "  Archives  de  l'abbaye  de  Salvanez. 

^.  77.  '  Archives  de  l'évêché  de  Béziers. 

'  Cartiilaire  de  l'abbnye  de  Grandselve.  "  Rogerius  iiV.oyii.iin,  Annales  Angliccini.-ç.'ii-; 

*  Gallia  Christiana,  nov .  éd.  t.    I,  p.  288.  &  sea. 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XIX.  83 

senter  devant  le  légat  pour  y  défendre  leur  foi.  Levêque  8i  le  viconite,  pour 
ne  pas  donner  occasion  de  scandale  aux  toibles,  si  on  refusoit  d'entendre  cco 
deux  prédicans,  leur  accordèrent  ce  sauf-conduit,  tant  au  nom  du  légat  que 
du  comte  de  Toulouse;  à  condition  néanmoins  que  s'ils  ne  se  convertissoient 
]5as  ils  n'auroient  que  huit  jours  pour  se  retirer,  après  quoi  ils  seroient 
chassés  du  pays  par  l'autorité  séculière,  conformément  à  Védit  que  ce  comte 
£•  les  autres  seigneurs  avaient  jait  publier.  Le  légat  ayant  ratifié  cette  per- 
mission, les  deux  chefs  se  rendirent  à  Toulouse  Si  comparurent  dans  la  cathé- 
drale de  Saint-Etienne,  où  le  cardinal  légat,  l'évêque  de  Poitiers,  aussi  légat 
du  Saint-Siège,  l'évêque  de  Toulouse,  les  autres  commissaires  &  environ  trois 
cens  ecclésiastiques  ou  laïques  étoient  assemblés  pour  les  entendre.  Ils  pré- 
sentèrent d'abord  leur  profession  de  foi  écrite  fort  au  long  en  langage  du 
pays.  Le  légat,  s'apercevant  qu'il  y  avoit  des  termes  ambigus  qui  pouvaient 
cacher  le  venin  de  l'hérésie,  leur  dit  de  s'expliquer  en  latin,  tant  parce  qu'il 
n'entendoit  pas  bien  leur  langage,  que  parce  qu'ils  ne  s'appuyoient  que  sur 
les  Epîtres  &  les  Evangiles  dont  le  texte  est  en  latin.  Mais  Raimond  &  Ber- 
nard ignoroient  cette  langue.  Se  on  fut  obligé,  par  condescendance,  de  les 
entendre  dans  la  leur.  Cela  parut  absurde  au  légat,  qui  s'en  explique  ainsi 
dans  la  relation'  de  cette  conférence  qu'il  nous  a  laissée.  Raimond  &  son 
collègue  déclarèrent  publiquement  qu'ils  ne  reconnoissoient  pas  deux  prin- 
cipes. Se  établirent  l'unité  d'un  Dieu  créateur  de  toutes  choses;  ils  confes- 
sèrent ensuite  que  les  prêtres  catholiques,  bons  ou  mauvais,  pouvoient  con- 
sacrer également  le  corps  8c  le  sang  de  Jésus-Christ.  Ils  déclarèrent  qu'ils 
croyoient  la  transsubstantiation  du  pain  Se  du  vin  dans  le  corps  8t  le  sang  de 
Jésus-Christ,  le  salut  des  enfans  St  des  adultes  par  le  baptême,  sans  lequel 
personne  ne  pouvoit  être  sauvé,  8<.  enfin  tous  les  autres  articles  de  la  foi  sur 
lesquels  on  les  accusoit  d'errer. 

Les  commissaires,  après  avoir  entendu  cette  profession  de  foi,  l'approu- 
vèrent :  ils  conduisirent  ensuite  Raimond  Se  Bernard  dans  l'église  de  Saint- 
Jacques,  où  ils  eu  firent  la  lecture  devant  une  foule  de  peuple  qui  s'y  étoit 
rassemblé.  Le  légat  8c  ses  associés  leur  demandèrent  alors  s'ils  croyoient  de 
cœur  ce  qu'ils  venoient  de  confesser  de  bouche?  Nous  n'avons  jamais  rien 
enseigné  de  contraire,  répondirent-ils.  Se  notre  croyance  a  toujours  été  la 
même.  Le  comte  de  Toulouse  Se  quelques  ecclésiastiques  8c  séculiers  qui 
étoient  présens  ne  purent  s'empêcher  de  leur  donner  un  démenti,  8c  ils  les 
convainquirent  aisément  d'imposture.  Il  se  présenta  en  même  temps  plu- 
sieurs témoins  qui  leur  soutinrent  en  face  qu'ils  leur  avoient  ouï  enseigner 
les  deux  principes,  l'un  bon  8c  l'autre  mauvais,  8c  débiter  les  autres  erreurs 
de  leur  secte.  Raimond  8c  Bernard  prétendirent  de  leur  coté  que  tous  ceux 
qui  déposoient  contre  eux  étoient  de  faux  témoins.  On  les  pressa  alors  de 
confirmer  par  serment  leur  profession  de  foi;  mais  ils  refusèrent,  sous  pré- 
texte que  Notre-Seigneur,  dans  l'Evangile,  défend  de  jurer;  ils  ne  faisoient 

'  Rigerivis  de  HoveJen,  Annales  An^licani,  p.  327  &  set]. 


An  1173 


Au  1 1-:^ 


84  rnSTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LlV.  XVÂ. 

pas  attention  qu'ils  avoient  fait  un  serment  clans  leur  acte  où  iis  avoient  pris 
Dieu  à  témoin  qu'ils  cioyoient  ainsi.  On  leur  cita  diverses  autorités  de  l'Ecri- 
ture sainte  pour  leur  persuader  qu'il  est  permis  de  jurer.  Enfin  le  légat, 
voulant  user  de  clémence  à  leur  égard,  quoiqu'ils  tussent  suffisamment  con- 
vaincus par  une  nuée  de  témoins,  les  exhorta  à  renoncer  k  leurs  erreurs  £<  à 

É.i.orisin.     se  faire  relever  de  l'excommunication  lancée  contre  eux,  tant  par  le  pape  que 
t.  mp,  ^),  ^iii» 

par  lui-même,  par  les  archevêques  de  Bourges  Se  de  Narbonne,  Se  l'évêque 
de  Toulouse;  mais  ils  n'en  voulurent  rien  faire  Se  demeurèrent  dans  leur 
endurcissement.  Le  cardinal  de  Saint-Chrysogone,  l'évêque  de  Poitiers,  sou 
collègue,  Se  tous  les  autres  prélats  Se  ecclésiastiques  prirent  enfin  le  parti  de 
les  dénoncer  excommuniés  à  cierges  éteints,  eux  Se  leurs  complices,  en  pré- 
sence de  tout  le  peuple,  avec  ordre  à  tous  les  fidèles  de  les  éviter,  de  n'avoir 
aucun  commerce  avec  eux  Se  de  les  chasser  du  pays.  Le  comte  de  Toulouse 
Se  les  autres  grands  de  la  Province  firent  ensuite  serment  devant  toute  l'as- 
semblée, de  ne  favoriser  en  aucune  manière  les  hérétiques.  C'est  ainsi  que 
finit  cette  mission  dont  un  historien  contemporain  nous  a  laissé'  la  relation. 
Cet  auteur  rapporte  la  lettre  que  Pierre,  cardinal  de  Saint-Chrysogone, 
léo'at,  adressa  en  conséquence  à  tous  les  fidèles  pour  leur  enjoindre  de  n'avoir 
aucune  communication  avec  Raimond  Se  Bernard;  Se  celle  que  Henri,  abbé 
de  Clairvaux,  écrivit  sur  la  même  affaire.  Cet  abbé  remarque,  à  la  fin  de  la 
sienne,  «  que  tous  les  princes  chrétiens  avoient  occasion  d'exercer  leur  zèle 
(i  pour  la  foi,  en  venant  embrasser  dans  le  pays  la  querelle  de  Jésus-Christ, 
(1  Se  afin,  ajoute-t-il,  qu'ils  ne  s'excusent  pas  sur  le  peu  de  fruit  qu'il  y  auroit 
<i  à  faire,  qu'ils  sachent  que  c'étoit  l'opinion  commune  à  Toulouse,  que  si 
<i  nous  eussions  seulement  différé  trois  ans  à  taire  cet  acte  de  visite,  à  peine 
((  V  auroit-on  trouvé  quelqu'un  qui  eût  invoqué  le  nom  de  Jésus-Christ.  » 
Nous  verrons  dans  la  suite  que  Raimond  Se  Bernard  se  réfugièrent  à  Lavaur, 
dans  le  domaine  du  vicomte  Pvoger. 

Henri,  abbé  de  Clairvaux,  dans  une  seconde  lettre  =  qu'il  écrivit  trois  ans 
après,  nous  a  laissé  quelques  autres  circonstances  de  cette  mission.  Il  assure 
que  les  principaux  sectaires  avouèrent,  lorsqu'on  leur  eut  accordé  une  cniicre 
liberté,  par  le  conseil  des  prélats  Se  des  seigneurs,  qu'ils  prêchoient  à  la  vérité 
1  Évangile  aux  simples,  mais  que  ce  n'étoit  que  pour  les  séduire  plus  aisé- 
ment; qu'ils  ne  croyoient  pas  que  Jésus-Christ  eût  été  vrai  homme,  qu'il  eût 
véritablement  bu  Se  mangé,  qu'il  eût  souffert  la  passion,  qu'il  fût  ressus- 
cité. Sec;  mais  que  toutes  ses  actions  rapportées  par  les  évangélistes  ne  s'étoient 
passées  qu'en  apparence;  qu'ils  rejetoient  Se  condamnoient  le  sacrifice  de  la 
messe,  le  baptême  des  enfans,  le  mariage,  les  autres  sacremens  Se  les  offices 
divins  reçus  dans  l'Eglise  catholique;  qu'ils  croyoient  que  Lucifer,  le  grand 
satan,  étoit  le  créateur  des  anges,  du  ciel,  de  la  terre  Se  de  toutes  choses 
visibles  Se  invisibles;  qu'il  étoit  aussi  le  créateur  Se  le  principe  des  mauvais 

'  Hogerius  de  Hovedcn.  '  C-iufridiis,  prior  ^'oîlensis,   Chrùr.'.con.  p    ^>i5 

Ç.i.  SCT,  —  V0YC2  toinj  "l'U,  -Viic  I,  n.  11,  p.  :, 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XIX.  85 

anges;  qu'il  étoit  Dieu;  que  e'étoit  lui  qui  avoit  donné  la  loi  à  iMoïse;  Se 
que  l'union  des  deux  sexes,  soit  entre  païens  ou  non,  étoit  également  crimi- 
nelle. Henri,  qui  avoit  été  promu  k  l'évêché  d'Albano  quand  il  écrivit  cette 
lettre,  dit  ensuite  que  les  femmes  des  hérétiques,  qui  étoient  grosses,  fai- 
soient  périr  leur  fruit.  Il  ajoute  enfin  :  «  Les  hérétiques  ont  contessé  autrc- 
<i  fois,  publiquement  (c'est-à-dire  pendant  la  mission'  dont  on  vient  de 
«  parler),  toutes  ces  choses  Se  plusieurs  autres  devant  nous  8c  devant  nos 
«  vénérables  frères  Géraud,  archevêque  d'Auch,  Géraud,  évêque  de  Cahors, 
«  8<  Gosselin,  évêque  de  Toulouse.  Vierne,  femme  de  Sicard  de  Boysse  de 
«  Graulhet,  qui,  ayant  été  séduite  par  les  sectaires,  avoit  quitté  son  mari 
«  pour  les  suivre,  sous  prétexte  de  mener  une  vie  plus  parfaite,  confessa, 
«  entre  autres  à  feu  Guérin,  archevêque  de  Bourges,  qui  prêchoit  durant 
«  cette  mission,  qu'elle  avoit  commis  des  infamies  horribles  avec  les  plus 
«  reliùeux  d'entre  eux.  » 

LXXVI.  —  Evêques  de  Toulouse.  —  Condamnation  des  hérétiques  au  concile 
de  Latran.  —  L'archevêque  de  Narbonne  les  excommunie. 

L'abbé  de  Clairvaux  s'acquit  une  si  grande  estime  par  sa  conduite  &  par 
ses  vertus,  parmi  les  Toulousains,  que  le  siège  épiscopal  de  leur  ville  étant 
venu  à  vaquer  vers  la  fin  de  cette  année,  par  la  mort  de  Gosselin^,  il  fut 
élu'  unanimement  pour  le  remplir.  Mais  sa  modestie  le  lui  fit  refuser,  & 
Fulcrand  fut  élu  k  sa  place.  Cet  abbé  fut  promu  au  cardinalat  £<  k  l'évêché 
d'Albano  durant  le  concile  de  Latran,  tenu  au  mois  de  mars  de  l'an  1179.  H 
revint  dans  la  Province  trois  ans  après  en  qualité  de  légat,  &  il  exerça  aiori 
de  nouveau  son  zèle  contre  les  hérétiques;  car  la  mission  de  l'an  11 78  ne 
produisit  pas  tout  l'effet  que  les  évêques  en  atiendoient;  8c  un  auteur  con- 
temj)orain  assure  qu'elle  ne  servif*  de  rien.  En  effet,  l'hérésie  au  lieu  de 
s'aïfoiblir  y  prit  de  nouvelles  forces  par  la  sévérité  dont  on  usa  envers  ceux 
qui  avoient  eu  le  malheur  de  l'embrasser.  Au  reste,  le  comte  Raimond 
demeura  encore  quelque  temps  à  Toulouse  après  le  départ  du  légat -^  Se  de  ses 


'  Voyez  tome  VU,  Note  I,  n.  ii,  p.  î.  change  avec  les  pèlerins  (romci).  Les  fraudes  cotn- 

*  Petriis  Cellensis,   1.  8,  Epist.  8,  —  Manrique,  mises    par   un    membre   de    la   corporaiion    furent 
Annales  Cistercienses,  ann.  i  lyS,  n.  i .  soumises  au  jugement  des  consuls  de  la  ville  ;   ne 

'  Voyez  tome  VII,  J/ore  I,  n.  it.  fut   pas    réputée   fraude  l'erreur  qui    ne  dépassait 

*  Robertus  de  Monie,  Chronicon,  ann,  i  lyâ.  pas   un  denier.  Les  boutiques  de  change  pour  les 
'Trésor   des    Chartes  j   Toulouse,   tac  2,  n.    16.  pèlerins  ne  purent  être  établies  qu'à  trois  endroits 

—  Dom   Vaissete    fait    ici    une    pjtite   confusion,  de    la    ville,   savoir   :    l'Hôpital    de   Jérusalem,    le 

L'acte  dont  il  parle  &  qu'on  peut  voir  dans  Te.iiet  Temple  &  le  cloître  Saint-Gilles.  Les  aubergistes 

[Layettes  iiu    Trésor  des    Chartes,   t.    1,   p.   119).  ne  de   la   ville    s'engagèrent   de  leur  coié  à    ne   point 

concerne  pas  les  changeurs  de  Toulouse,  mais  ceux  conduire    ailleurs     les     pèlerins    qui     auraient    à 

de  Saint-Cilles,  &  le  comte  Raimond  V  n'y  païaît  changer  quelques  espèces.  Les  changeurs  de  Saint- 

mème  pas.  L'acte  est  donné  au  nom  de  son  viguicr  Gilles  &  leurs  apprentis  (iliscipuli)  jurèrent  sur  les 

de  Saint-Gilles,  Bertrand  Ripert,  &  des  consuls  &  évangiles  d'observer  cette  ordonnance;  leurs  noms 

conseillers  de  Saint-Gilles,  Les  changeurs  de  Saint-  sont    énoncés    dans    l'acte  j    ils    sont    au    nombre 

Gilles  obtinrent  pour  cinq   ans   le   monopole   du  d'environ  cent  trente-cinq.    [A.  M.] 


An  1173 


L'd.  origîn. 
;.  Ul,  p.  i2 


An  1 178 


86 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XIX. 


An  1  \-j() 


associés,  comme  il  paroît  par  les  statuts  qu'il  donna  aux  cliangeurs  de  cette 
ville  au  mois  d'octobre  de  l'an  11  78'. 

Le  mêine  ^  historien  contemporain  appelle  agenois  {^heret'ici  quos  Age- 
nenses  vacant)  les  hérétiques  que  le  cardinal  Pierre  de  Saint-Chrysogone  & 
ses  collègues  allèrent  combattre  à  Toulouse;  8<  on  peut  remarquer  dans  les 
actes  originaux  qui  nous  restent  de  cette  mission  qu'on  ne  leur  donne  nulle 
part  le  nom  d'albigeois,  dont  les  auteurs  postérieurs  se  sont  servis  pour  les 
désigner.  On  ne  leur  donne  pas  non  plus  ce  nom  dans  les  actes  du  concile 
de  Latran  de  l'an  1 17g,  dont  le  dernier  canon  fut  dressé  contre  eux,  Si  auquel 
se  trouvèrent,  parmi  les  évêques  de  la  Province,  Pons-*  de  Narbonne,  Jean  de 
Maguclonne,  Pvaimond  d'Uzès,  Bernard  de  Béziers  &.  Othon  de  Carcas- 
sonne.  Ce  canon  est  conçu  en  ces  termes  :  «  Quoique  l'Eglise"*,  ainsi  que 
<(  dit  saint  Léon,  se  contente  d'un  jugement  sacerdotal,  &  qu'elle  n'emploie 
«  pas  les  exécutions  sanglantes;  elle  est  cependant  aidée  par  les  lois  des 
((  princes  afin  que  la  crainte  d'un  supplice  temporel  oblige  les  hommes  de 
«  recourir  au  remède  spirituel.  Comme  donc  les  hérétiques,  que  les  uns 
«  nomment  cathares,  les  autres  patarins  8c  les  autres  poblicains,  ont  fait  de 
«  grands  progrès  dans  la  Gascogne,  l'Albigeois,  le  pays  de  Toulouse  & 
(c  ailleurs;  qu'ils  y  enseignent  publiquement  leurs  erreurs  &  tâchent  de  per- 
«  vertir  les  foibles,  nous  les  anathématisons  avec  leurs  protecteurs  &  recé- 
tc  leurs,  &.  défendons  à  toute  sorte  de  personnes  d'avoir  aucun  commerce  avec 
(i  eux  :  s'ils  meurent  dans  leur  péché,  on  ne  fera  aucune  oblation  pour  eux, 
»  Se  on  ne  leur  donnera  pas  la  sépulture  parmi  les  chrétiens.  » 

En  conséquence  de  ce  canon,  Pons  d'Arsac,  archevêque  de  Narbonne, 
étant  de  retour  dans  son  diocèse,  dressa  une  lettre^,  l'envoya  à  ses  suffragans, 
aux  abbés  &  aux  autres  prélats  de  la  Province,  leur  ordonna  d'excommunier 
les  hérétiques,  les  fauteurs  &  défenseurs,  les  Brabançons,  Aragonois,  Coste- 
reaux,  8c  ceux  qui  les  prenoient  à  leur  service;  accorda  des  indulgences  a. 
ceux  qui  s'élèveroient  contre  eux  Se  décerna  diverses  peines,  par  ordre  du  pape 
8c  du  concile,  contre  les  réfractaires. 


'  A  cette  même  année  1178  se  rapporte  une 
charte  de  coutume  fort  intéressante  que  Aom  Vais- 
sete  ne  paraît  pas  avoir  connue,  &  que  l'on  trouve 
dans  Teulet,  Layettes  du.  Trésor  des  Chartes,  t.  1 , 
p.  120  (d'après  J.  3o3,  n.  46).  Elle  concerne  la 
petite  ville  de  Villeraur,  en  Toulousain.  Les  prin- 
cipales libertés  concédées  par  le  seigneur  &  les 
chevaliers  du  château  sont  les  suivantes  :  défense 
d'arrêter  ou  de  taxer  arbitrairement  aucun  habi- 
tant de  Villemur.  —  Liberté  à  tous  de  quitter  la 
ville,  en  payant  les  dettes;  le  partant  devra  seu- 
lement abandonner  les  terres  qu'il  t'ent  du  sei- 
gneur ou  en  aliéner  la  jouissance  avec  l'aveu  du 


seigneur  féodal.  —  Permission  à  tous  de  venir  ré- 
sider à  ^'illemur  en  jouissant  de  toutes  les  libertés 
des  habitants  de  la  ville.  —  Suppression  de  la 
main-morte  :  la  succession  de  l'habitant  de  Vil- 
lemur, mort  ab  intestat,  est  recueillie  par  ses  en- 
fants; le  seigneur  n'hérite  qu'à  défaut  de  proches 
parents.  [A.  M.] 

'  Robertus  de  Monte,  Ckronicon,  ad  ann.   1178. 

^  Concilia,  t.    ic,  c.    l53o. 

*  Ibid.  c.    1 022. 

=  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  XXXI,  ce.  ?,j^\ 
à  344. 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XIX.  87   ~~: 

'         An  1 179 

LXXVII.  —  Le  comte  de  Toulouse  se  ligue  avec  divers  seigneurs.  — Évcques 
de  Nimes  &-  d'U-^ès.  —  Maison  d'Ujés. 

Cependant  Raimond,  comte  de  Toulouse,  pour  se  mettre  en  état  de  résister 
au  roi  d'Aragon,  aux  vicomtes  de  Béziers  &  de  Nimes,  8<  à  la  vicomtesse  de 
Narbonne,  qui  s'étoient  ligués  contre  lui,  s'unit  avec  divers  seigneurs  du  bas 
Languedoc,  S<  il  conclut  avec  eux'  un  traité,  le  28  d'avril  de  l'an  1179.  Sui- 
vant cet  acte  Raimond  d'Uzès,  Pons-Gaucelin  de  Lunel  &  Pierre  de  Bernis 
reçurent  en  fiet  de  Raimond  tous  les  domaines  qu'ils  possédoient  dans  la 
vicomte  de  Nimes,  savoir  :  Raimond  d'Uzès,  le  château  d'Aymargues,  Pons- 
Gaucelin,  celui  de  Cauvisson  ,  Se  Pierre  de  Bernis,  le  château  de  ce  nom, 
avec  promesse  de  l'aider  contre  le  vicomte  de  Nimes,  soit  durant  la  guerre 
présente,  soit  dans  toutes  celles  ((u'il  auroit  dans  la  suite  contre  ce  vicomte, 
&  de  ne  faire  ni  paix,  ni  trêve  avec  lui  que  d'un  consentement  mutuel.  Rai- 
mond donna  de  plus  en  fief  à  Pierre  de  Bernis  tout  le  domaine  que  le 
vicomte  de  Nimes  avoit  dans  le  château  de  Bernis,  qu'il  avoit  par  conséquent 
confisqué  sur  lui  en  qualité  de  suzerain.  Il  lui  donna  aussi  en  fief  le  château 
de  Beauvoisin  à  condition  de  le  rebâtir.  Aldebert,  évêque  de  Nimes,  &  Rai- 
mond, évêque  d'Uzès,  l'un  &.  l'autre  de  la  maison  d'Uzès  &  oncles  du  comte 
Raimond^,  furent  présens  à  cet  acte. 

Le  nom  d'Aldebert  n'y  est  marqué  à  la  vérité  que  par  la  lettre  initiale  de 
ce  nom  5  mais  nous  apprenons  d'ailleurs^  que  ce  prélat  vivoit  encore  en  1180. 
Ainsi  ceux"*  qui  mettent,  en  11  77,  sur  le  siège  épiscopal  de  Nimes  un  pré- 
tendu Ainard  de  Montredon  se  trompent.  Aldebert  fut  présent^  à  une  dona- 
tion faite  en  1175,  à  l'abbaye  de  la  Font  de  Nimes,  soumise  à  sa  juridiction, 
dans  laquelle  le  pape  Eugène  III  &  le  roi  Louis  le  Jeune  le  confirmèrent'', 
de  même  que  dans  l'abbaye  de  Cendras.  Le  pape  Innocent  II  lui  avoit  donné 
l'inspection  sur  cette  dernière  lorsqu'il  l'avoit  confirmé  à  Rome;  en  sorte  qu'il 
posséda,  du  moins  pendant  trente-neuf  ans,  l'évêché  de  Nimes.  Guillaume 
d'U-(ès,  qui  étoit  vraisemblablement  son  neveu,  lui  avoit  déjà^  succédé  dès 
l'an  ii83.  Quant  à  Raimond,  évêque  d'Uzès,  frère  d'Aldebert,  Bertrand  lui  û.  oripi  1. 
avoit  succédé^  en  ii83,  &  un  autre  Raimond  à  celui-ci  en  iiSS'-*.  Le  der-  '  ''""" 
nier  Raimond  fonda  pour  des  filles  une  abbaye  de  l'ordre  de  Cîteaux  dans 


'  Voyez  tome  VIII,  Chartes,   n.  XXIX,   c.  33j.  Vaissefe  a  été  admise  par  le  nouveau  Gallta  Chns- 

—  Par  cet  acte,  ces  seigneurs   rompirent  le  con-  tiana    &   par   M.  Mabille   (t.   IV,    p.  278).  Seule, 

trat  féodal  qui   les   unissait  au  vicomte  de  Nîmes  elle   est  admissible.  Aldebert  est   indiqué  notam- 

dont  tous  trois  étaient  vassaux.  [A.  M.]  ment  comme  évêque  de  Nîmes  dans  une  charte  de 

'  Voyez  tome  IV,  Note  LU,  p.  ziy.  1  17^.  (Teulet,  Layettes  du.  Trésor  des  Chartes,  t.    1, 

'  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  XXXIII,  c.  3ôo.  p.  1  19  A.)  [A.  M.] 

"  Gallia  Christiana,    t.    3,    p.   778.  —  Ménard,  '  Voyez  tome  VIII,  charte  XXII,  c.  3.8. 

dans  son  Histoire  Je   Nimes,   a    repris  cette   opi-  ^  Voyez  tome  V,  Chroniques,  n.  V,  c.  29. 

nion,    en    soutenant    seulement    que    Ainard    de  "  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  XXXIII,  c.  3ô5. 

Montredon,  qu'il  appelle  Arnaud,  commença  par  '  Gallia  Christiana,  nov.  éd.  t.  6. 

itre    coadjuteur    d'Aldebert.    L'opinion    de    dom  '  Mss.  d'Auiays,  n,  88,  p.  75. 


An  1 179 


88  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XIX. 

son  diocèse,  au  lieu  dit  aux  Augustins.  Au  reste,  R,aimond,  seigneur  d'Uzès, 
qui  fit  le  traité  dont  on  vient  de  parler  avec  le  comte  de  Toulouse,  prit  le 
surnom  de  R.ascas;  il  étoit'  fils  de  Bermond  I,  seigneur  d'Uzès  Se  de  Pos- 
quières,  qui,  à  ce  qu'il  jjaroît,  vivoit^  encore  alors,  &  dont  il  hérita  de  la 
moitié  de  la  seigneurie  d'Uzès. 

LXXVIII.  —  Le  rot  d'Aragon  vient  dans  la  Province.  —  Le  vicomte  de  Nimes 

se  soumet  à  sa  su-^eraineté. 

Nous  ignorons  les  circonstances  de  la  guerre  que  le  comte  de  Toulouse  eut 
à  soutenir,  en  1179,  contre  Alfonse,  roi  d'Aragon,  &  ses  alliés.  Nous  appre- 
nons seulement  de  divers  monumens  que  ce  roi  !k  R.aimond-Bérenger,  comte 
de  Provence,  son  frère,  vinrent  cette  année  en  personne  dans  le  pa^s;  que 
le  premier  étoit  à  Béziers-^,  au  mois  d'octobre,  &  que  le  vicomte  Bernard- 
Aton  lui  donna  alors  la  ville  de  Nimes  avec  ses  dépendances,  la  forteresse  des 
Arènes,  située  auprès  de  la  même  ville,  le  château  nommé  la  tour  Magne, 
ceux  de  Marguerittes,  Caissargues,  Bernis,  Beauvoisin,  Candiac,  Posquières, 
du  Caviar,  d'Aimargues,  Avibays,  Aujargues,  Cauvisson  8<.  Clarensac,  8c  les 
reprit  ensuite  de  lui  en  fiet,  avec  promesse  de  les  remettre  en  paix  6-  eu 
guerre  {iratus  &-  pacatus)  aux  comtes  de  Barcelone,  ses  successeurs,  toutes  les 
fois  que  lui  8<  les  siens  en  seroient  requis;  de  le  servir  envers  tous  8t  contre 
tous,  de  môme  que  Raimond-Bérenger,  comte  de  Provence,  son  frère,  &;  tous 
ceux  qui  tiendroient  le  comté  de  Provence  des  comtes  de  Barcelone;  de  tenir 
ces  domaines  en  fief  des  comtes  de  Provence,  &  en  arrière-fiet  des  comtes 
de  Barcelone,  tant  que  le  comté  de  Provence  demeureroit  dans  leur  maison; 
Si  enfin  de  lui  faire  prêter  serment  de  fidélité  par  tous  les  habitans  de 
Nimes  &  des  châteaux  ci-dessus  nommés.  Bérenger,  archevêque  de  Tarra- 
gone,  Arnaud  8<.  Raimond  de  Villa-de-Muls,  Pons  de  Mataplane,  Guy  de 
Séverac,  8t  plusieurs  autres  barons  de  la  cour  du  roi  d'Aragon,  turent  présens 
à  cet  acte  &  à  l'hommage  que  le  vicomte  de  Nimes  fit  en  conséquence  à  ce 
jirince. 

Un  historien  d'Aragon'^,  qui  rapporte  mal  à  propos  cet  accord  à  l'an  1180, 
prétend  que  Bernard-Aton,  vicomte  de  Nimes,  étoit  auparavant  vassal  des 
comtes  de  Barcelone,  Se,  qu'ayant  refusé  de  rendre  hommage  k  Alfonse,  ce 
prince  lui  fit  la  guerre  &  le  força  k  le  reconnoître  pour  son  suzerain.  11  ajoute 
qu'Alfonse  s'étoit  mis  aussi  alors  en  armes  pour  ])unir  la  félonie  du  vicomte 
de  Carcassonne,  qui  s'étoit  auparavant  reconnu  vassal  du  comte  de  Toulouse, 
St  que  ce  vicomte  s'étant  soumis,  il  reçut  le  roi  dans  Carcassonne,  le  2  de 
novembre  suivant.  A'iais  il  est  certain  :  1°  Que  les  vicomtes  de  Nimes 
n'avoient  jamais  été  jusqu'alors  hommagers  des  comtes  de  Barcelone,  Se  qu'on 
n'a  aucun  monument  qui  le  prouve.  2°  Que  le  vicomte  Bernard-Aton  ne  se 

'  Voyez  tome  IV,  VotchW,  p.  I17.  *  Ziiriia,   Anales  i!e  la   corcna   Je  Aragon,  1.    i, 

'  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  XXXIII,  c.  35i.        C.  33. 
'  D'Achéry,  Spicilegium,  t.   lo,  p.   174  8c  scq. 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV,  XIX.  80  — [ 

'        An  1 179 

soumit  à  la  suzeraineté  d'Altonse  S<.  du  comte  de  Provence,  son  frère,  que 
parce  ([u'il  setoit  ligué  avec  eux,  S<  dans  le  dessein  d'obtenir  leur  protection 
contre  Pvaifuond,  comte  de  Toulouse,  son  seigneur  naturel.  «  3°  Que  le  roi 
d'Aragon  ne  fit  pas  alors  la  guerre  au  vicomte  de  Nimes,  ni  à  celui  de  Car- 
cassonne,  puisqu'ils  étoient  déjà  ligués  depuis  longtemps  avec  lui  contre 
Raimond,  à  la  suzeraineté  duquel  ils  entreprirent  de  se  soustraire  pour  se 
soumettre  à  la  sienne, 

LXXIX.  —  Tour  Magne  de  Nhnes. 

Nous  observons,  à  l'occasion  de  ce  traité,  que  c'est  là  le  plus  ancien  monu- 
ment que  nous  connoissons  où  il  soit  tait  mention  de  la  tour  Magne  de 
Nimes,  qui  servoit  alors  de  forteresse  à  la  ville,  de  même  que  l'ancien  amphi- 
théâtre ou  les  Arènes.  Nous  joignons  ici  le  plan  de  ce  qui  reste  de  cette  tour, 
qui  est  regardée  avec  justice  par  les  connoisseurs  comme  un  précieux  morceau 
de  l'antiquité.  Elle  étoit  bâtie  sur  la  plus  haute  des  collines  qui  environ- 
noient  la  ville  riçNimesS*  qui  se  joignoient  à  ses  murs.  Plusieurs  modernes' 
ont  parlé  de  ctr  ancien  édifice,  qui  est  aujourd'hui  à  demi  ruiné  £<.  qui  n'a 
plus  que  neuf  toises  S<  deux  pieds  de  hauteur,  sans  qu'on  sache  l'époque 
précise  de  sa  destruction.  On  peut  voir  dans  leurs  ouvrages  la  description 
qu'ils  en  font.  On  ne  convient  pas  si  c'est  aux  Gaulois  ou  aux  Romains 
qu'on  doit  en  attribuer  la  construction.  On  croit  que  cette  tour  étoit  destinée, 
du  temps  des  derniers,  pour  garder  les  finances  de  l'empire.  On  l'appeloit 
tour  Magne,  parce  qu'elle  étoit  la  plus  grande,  la  mieux  bâtie  5c  la  plus  (''f,',''"*''!'- 
élevée  de  celles  qu'on  avoit  construito3  d'espace  en  espace  autour  des  murailles 
de  Nimes. 

I.XXX.  —  Suite  du  voyage  du  roi  d'Aragon  &•  du  comte  de  Provence,  son 
frère,  dans  la  Province.  —  Le  vicomte  Roger  reconno'tt  leur  sujeraineté  6" 
leur  fait  hommage. 

Ennengarde,  vicomtesse  de  Narbonne,  8c  le  comte  Pierre  de  Lara,  son  « 

i.eveu  Se  son  héritier  j)résomptif,  allies  du  roi  d'Aragon,  l'accompagnèrent 
dans  le  voyage  que  ce  prince  fit  dans  la  Province  en  1179.  N'ous  avons,  en 
effet,  un  acte^  du  17  octobre  de  cette  année,  suivant  lequel  le  vicomte  Roger 
augmenta  les  droits  que  Bcrenger  de  Puiserguier  avoit  coutume  de  pcrc.evoir 
pour  le  guidage  sur  le  chemin  depuis  Béziers  jusqu'à  Narbonne,  Se  depuis 

'  C.T.ui;r,  A.it'ï^u'it's  Je  K'imcs,  i».  32  &  sulv, —  sourgiiier   une   c«rt,iina   somme   à  prélsver  sur   I« 

MontUucoi^,  Antiquité  cxpU^uée,  supplément,  t.  ^,  péage  de  Saint-Thibsry    à   Marseillan,  que  pej - 

?    1^')  &  suiv.  cevait  alors   un  certain  Cuiliem- Arnaud.  Par  le 

•  Cliitenu  de  Foix,  carlulaire,  caisse  i">.  —  Voir  second,    le  Ticotnie  autorisa    la   mém»  scigilciir  à 

cet  acte  au    toir.e  VIII,   c.  337    8c   suiv.    Il   y  eut  faire   payer    le   pc^ige    de    Biziers    à   Narbonne   en 

dîiix  actes  pour  cette  affaire.  Par  le  premier,  Ro-  monnaie  de  Melgueil  au    lieu  de  monnaie  de  Ec- 

g;r  de   BOzicrs  donna  en  fief  à  Bérenger  de  Puis-  zicrs.   [A.  M.l 


An  1 179 


90 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XIX. 


Saint-Thibéry  jusqu'à  Marseillan,  6t  les  lui  donna  en  fief  «  en  présence  du 
«  vénérable  seigneur  Alfonse,  par  la  grâce  de  Dieu,  roi  d'Aragon,  comte  de 
<(  Barcelone  &  marquis  de  Provence,  de  dame  Ermengarde  de  Narbonne  & 
(t  du  comte  Pierre,  qui,  par  ordre  du  seigneur  Roger,  furent  témoins  avec 
«  Pierre-Raimond  de  Hautpoul,  &.C.  »  Bérenger  de  Puiserguier  fit  son  testa- 
<t  ment'  trois  ans  après. 

Le  roi  d'Aragon  Se  le  comte  de  Provence,  son  frère,  se  rendirent  de  Béziers 
à  Carcassonne,  où  le  vicomte  Roger  fit,  le  2  novembre  de  l'an  1179,  la  décla- 
ration suivante^  en  faveur  du  premier  :  «  Moi,  Roger,  vicomte  de  Béziers, 
«  fils  de  dame  Saura,  reconnois  devant  vovis,  mon  seigneur  Alfonse,  par  la 
<i  grâce  de  Dieu  roi  d'Aragon,  comte  de  Barcelone,  marquis  de  Provence, 
«  qu'étant  encore  enfant,  &  séduit  par  le  conseil  de  quelques-uns  de  mes 
«  courtisans,  je  me  suis  déclaré  vassal  du  comte  de  Toulouse  pour  Carcas- 
«  sonne  8c  mes  autres  domaines,  que  je  dois  tenir,  à  l'exemple  de  mes  prédé- 
«  cesseurs,  de  vous,  à  qui  de  plus  j'ai  fait  la  guerre  &  que  j'ai  irrité  par  cette 
«  conduite.  Me  reconnoissant  coupable,  je  vous  en  demande  pardon  81  je 
<i  me  remets  en  votre  pouvoir,  avec  promesse  d'observer  fidèlement  à  l'avenir 
((  tous  les  traités  dont  nos  pères  sont  convenus  8<  d'en  faire  jurer  l'observa- 
»  tion  par  les  babitans  de  Carcassonne  S<  de  Limoux,  8c  par  les  grands  de 
«  mon  domaine.  Je  déclare  aussi  que,  si  je  viens  à  mourir  sans  enfans,  Rai- 
«  mond-Trencavel,  mon  frère,  en  me  succédant,  sera  tenu  aux  mêmes  obli- 
«  gâtions  envers  vous,  tant  pour  le  Carcasses,  le  Razès  8c  le  Lauragais  que 
«  pour  les  autres  pays  que  je  tiens  en  fief;  8c  qu'en  cas  que  le  même  Rai- 
«  mond  meure  avant  moi  8c  que  je  décède  sans  postérité  légitime,  vous  8c  vos 
«  successeurs  disposerez  entièrement  de  tous  ces  dojnaines  en  faveur  de  celui 
((  de  mes  parens  que  vous  voudrez  cboisir.  »  L'auteur  qui  rapporte^  cet  acte 
prétend  que  le  vicomte  y  fit  donation  de  tous  les  domaines  au  roi  d'Aragon, 
en  cas  qu'il  vînt  à  décéder  sans  enfans,  8c  il  a  été  suivi  en  dernier  lieu  par 
un  bistorien'^  d'Espagne;  mais  cela  n'est  pas  marqué  &c  il  y  est  dit  tout  le 
contraire. 

Nous  avons  plusieurs  autres  actes  passés  entre  Alfonse  II,  roi  d'Aragon,  & 
le  vicomte  de  Carcassonne,  durant  le  séjour  que  le  premier  fit  en  cette  ville, 
au  mois  de  novembre  de  l'an  11 79  :  1°  Roger,  qui  se  qualifie  vicomte  de 
Béjiers  &  de  Carcassonne,  donne-'*  à  ce  prince,  en  propre  &  en  franc-alleu, 
le  château  &c  la  ville  de  Minerve  avec  tout  ce  qu'il  possédoit  dans  le  Miner- 
vois  ou  qu'il  y  posséderoit  dans  la  suite  ;  donation  qu'il  fit  au  préjudice  de 
l'autorité^  du  roi  Louis  le  Jeune,  qui  lui  avoit  accordé  la  suzeraineté  sur  ce 
pays.  2°  Le  roi  d'Aragon  donna''  à  son  tour,  au  vicomte  Roger,  la  ville  de 
Carcassonne  8c  le  Carcasses  avec  ses  dépendances,  le  château  de  Laurac  Se  le 
Lauragais,  la  ville  8c  tout  le  pays  de  Razès  avec  ses  dépendances,  8c  nommé- 


'  Cartulaire  de  l'abbaye  d'Aniane. 

'  Mnrca  Hispanica,  c.   iSyi. 

3  IbU.  c.  5i3. 

'  Ferr»ras,  ad  ann.  1179,  n,  .f. 


^  Murex  H'ispanica,  c.   13721 

^  Voyez  tome  VIII,  Cluirtes,  n,  IX,  c.  îyp. 

'  Marco.  Hiffin'ica,  c,   l'i-ji, 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XIX.  91 

ment  la  ville  de  Limoux,  le  pays  de  Sault,  le  château  de  Termes  &  le  pays 
de  Termenois,  &  enfin  le  château  de  Minerve  6c.  le  Minervois,  à  condition 
qu'il  les  tiendroit  en  fiet  sous  sa  suzeraineté  8c  celle  des  rois,  ses  successeurs. 
Le  vicomte  accepta  cette  donation  avec  promesse  d'être  fidèle  à  AU'onse  pour 
tous  ces  pays  S<.  pour  tous  ses  autres  domaines,  envers  tous  8<.  contre  tous,  & 
de  ne  faire  la  guerre  contre  le  comte  de  Toulouse  &■  de  Saint-Gilles,  ou  la 
paix  avec  ce  prince  que  par  son  ordre  8<.  des  comtes  de  Barcelone,  ses  succes- 
seurs. 3"  Roger'  prêta  en  conséquence  serment  de  fidélité  au  roi  d'Aragon 
pour  tous  ces  pays,  en  présence  de  Pierre-Raimond  de  Hautpoul,  de  Guil- 
laume de  Saint-Paul  Se  de  plusieurs  autres  de  ses  barons.  4°  Le  roi  fit  faire  ^ 
serment  en  son  nom  par  Raimond  de  Villa-de-Muls,  Bernard  d'Alion,  Dal- 
mace  de  Creixel  &  deux  autres  de  ses  barons,  au  vicomte,  qu'il  n'entrepren- 
droit  rien  contre  sa  personne  &  qu'il  lui  conserveroit  ses  domaines.  Le  roi 
ordonna  ensuite  à  celui  qui  lui  succèderoit  dans  le  comté  de  Barcelone,  soit 
mâle,  soit  femelle,  de  prêter  un  pareil  serment  au  vicomte  &  à  ses  successeurs 
mâles  ou  j'emelles  qui  hériteroient  de  Carcassonne;  «  à  moins,  ajoute-t-il, 
tt  que  celui  ou  celle  qui  me  succédera  dans  le  comté  de  Barcelone  ne  fût  roi 
«  ou  reine  d'Aragon  ;  car  alors  il  fera  prêter  ces  sermens  par  les  barons  de  sa 
(i  cour.  0°  Enfin  AU'onse  &c  Roger  promirent^  de  s'entr'aider  dans  la  guerre 
<i  qu'ils  avoient  actuellement  l'un  8c  l'autre  contre  Raimond,  comte  de  Tou- 
(i  louse  &  de  Saint-Gilles,  8v  dans  celles  qu'ils  auroient  dans  la  suite  avec 
(1  lui  ou  avec  ses  successeurs,  8v  de  ne  taire  aucun  traité  avec  eux  l'un  sans 
«  l'autre;  avec  ordre  à  leurs  successeurs  de  se  lier  par  une  semblable  pro- 
<■  messe.  »  Le  roi  fit  jurer  celle  qu'il  fit,  6-  qu'il  promit  d'observer  sur  sa  foi 
6»  sa  croyance,  au  lieu  de  serment,  par  les  mêmes  barons  qui  avoient  fait 
serment  dans  l'acte  précédent;  8<.  le  vicomte  promit  d'obsen'er  cet  accord  sur 
les  saints  Evangiles  :  nouvelle  preuve  que  Roger  n'étoit  pas  hérétique  sur 
l'article  du  serment^. 

Ce  vicomte  se  rendit^  en  même  temps  vassal  de  Raimond-Bérenger,  comte 
de  Provence,  vicomte  de  Millau  8<  de  Gévaudan  S<.  frère  du  roi  d'Aragon, 
pour  les  châteaux  de  Brusque,  Delpont  Se  de  Murasson,  en  Rp^ergue;  «  qu'il 
(I  lui  donna  en  propre  6-  en  j'ranc- alleu,  Sv  qu'il  reprit  ensuite  de  lui  en  fief. 
!■  Il  lui  en  fit  hommage  avec  promesse  de  les  tenir  de  lui  en  fief  S<  des  comtes 
K  de  Provence,  ses  successeurs,  qui  posséderoient  la  comté  (ou  plutôt  la 
»  vicomte)  de  Millau.  Roger  ajouta  ([ue,  supposé  que  les  comtés  de  Pro- 
«  vence  8;  de  Millau  appartinssent  dans  la  Suite  à  d'autres  qu'au  comte  do 
«  Barcelone,  lui  S<.  ses  successeurs  ne  tiendroient  ces  trois  châteaux  que  de 
«  ces  derniers.  »  Le  roi  d'Aragon,  durant  son  séjour  k  Carcassonne,  y  donna 


'  Marea  Hlipan'iea,  c.  li-j'i.  des  Chartet,  t.  i ,  pp.  t2j,  114,  &  dans  les  Mémoires 

*  liij.  c.  1374.  de  la  Société  des  lettfes  &  arts  de  Carcassonne,  t.   t, 

•  Hid,  c.  1375.  pp.  2^4  à  23j    (article  de  M.  Cros-M.-iyrevielle). 
'  Un  serment  analogue  fut  prêté  en  même  temps  [A.  M.] 

par   les    notables    bourgeois  de   Carcassonne.   On  '  Voyez  tome  VIII,  Chartes,   n.  XXX,  ce.  ijy, 

trojvira   cet  act»  dan»  Teiilct, /.o/ftte;  du  Trésor  340. 


An  1 179 


KJ.oiigin. 
t.  111,  p.  55, 


~; ni  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XI'/. 

An  1 179         ■' 

un  diplôme  en  faveur  de  l'abbaye  de  La  Grasse',  c[u'il  prit  souî  sa  prolection 
avec  Arnaud,  son  abbé,  S<.  tous  les  domaines  qu'elle  possédoit  dans  l'étendue 
de  ses  États;  il  leur  permit  de  faire  construire  partout  où  ils  voudroient  des 
châteaux  Se  des  forteresses. 

LXXXI.  —  Couronnement  de  Philippe-Auguste  qui  succède  au  roi  Louis  le 
Jeune,  son  père.  —  Juifs  de  Toulouse. 

Il  paroît  que  la  guerre  que  le  comte  de  Toulouse  eut  à  soutenir  en  1179 
contre  ce  prince  S<.  ses  alliés,  l'empêcha  de  se  trouver  au  couronnement  de 
Philippe,  son  neveu,  que  le  roi  Louis  le  Jeune,  père  de  ce  jeune  prince, 
associa  au  trône,  &  qui  fut  couronné  à  Reims,  le  i"  de  novembre  de  la 
même  année.  Les  anciens  historiens^  assurent  cependant  que  Louis  délibéra 
là-dessus,  à  Paris,  avec  tous  les  archevêques ,  les  évêques,  les  allés  L-  les 
barons  de  tout  le  royaume;  que  cette  cérémonie  fut  fixée  au  i5  d'août,  mais 
qu'elle  fut  différée  ensuite  au  1"  de  novembre,  à  cause  d'un  accident  qui 
arriva  h.  Philippe;  &  qu'enfin  ce  prince  fut  couronné  à  Reims,  en  présence 
des  archevêques,  des  évêques  6-  de  tous  les  princes  du  royaume,  que  le  roi 
Louis  y  avoit  assemblés.  On  ajoute  que  c'est  là  la^  première  cérém.onie  où 
on  ait  vu  avec  ordre  i'  détail  les  pairs  de  France.  En  effet,  le  roi  Louis  le 
Jeune  la  rét^la  lui-même- &  ordonna  qu'à  l'avenir  ce  cérémonial  seroit  observé 
au  couronnement  des  rois  de  France;  mais  aucun  auteur  ne  fait  mention  en 
particulier  du  comte  de  Toulouse,  &  nous  n'avons  aucun  monument  qui 
prouve  qu'il  ait  assisté  au  sacre  de  Philippe-Auguste.  Quoi  qu'il  en  soit,  ce 
jeune  roi,  qui  n'avoit  alors  que  quatorze  ans,  succéda  à  la  couronne  après  la 
mort  du  roi  Louis  le  Jeune,  son  père,  arrivée  le  18  de  septembre  de  l'année 
suivante.  On  a  déjà  remarqué  que  ce  dernier,  qu'on  loue  beaucoup  pour  sa 
piété,  fut  le  premier  de  nos  rois  de  la  troisième  race  qui  fit  valoir  son  auto- 
rité dans  la  Province. 

Philippe,  au  commencement  de  son  règne,  chassa  tous  les  juifs  du  domaine 
royal;  mais  ces  peuples  se  maintinrent  dans  les  villes  soumises  aux  grands 
vassaux  de  la  couronne,  entre  autres  à  Toulouse,  comme  il  paroît  par  une 
sentence'*  rendue,  au  mois  de  mai  de  l'an  1181,  par  Fulcrand,  évêque  de 
cette  ville,  Se  divers  ecclésiastiques,  ses  assesseurs,  au  sujet  du  différend  qui 
s'étoit  élevé  entre  le  sacristain  de  l'église  de  Saint-Etienne  Si  les  juifs  de 
Toulouse,  touchant  les  quarante-quatre  livres  de  cire  qu'ils  étoient  tenus  de 

'  Archives  de  l'abbaye  de  La  Grasse.  —  Dom  Se  l'exempte  d'une  partie  des  leiides  que  l'on  per- 

Vaissetc   a   confondu    deux   actes   différents  de  ce  cevait  dans  ses  Etats.  [A.  M.] 

prince.  On  peut  les  voir  dans  Maliul  [Cartulctire  Je  '  Rigord,  Gesta  Phillppi  Àugusti,  p.  4  &  seq   — 

C.Trcassonne,  t.  2,  pp.  206,  2.')7),  &  tome  V,  ce.  1662,  Rogerius  de  Ilovsden,  Annales  An^licani,  ad  ann. 

l6!;.3.  Par   le  premier,  du   i3  octobre   1172,  le  roi  1179. 

d'Aragon   permit   à   La  Grasse  de  faire  fortifier  la  '  Histoire  gcncalogijue   des  grands  officiers,   t.   5, 

ville  de    KivesalteSj    par   le  tecond ,    qui    est  daté  p.  ?t. 

de  novembre  1  179,  &  donné  a  Pirpisnan  (8t  non  à  '  Catel ,   Mhnoires   is    l'histoire    du    Ldngucdoe, 

Carcasscnnc;,  il  prend  l'abbaye  sous  :a  protection  p.  893  &  si;!v. 


An  1  180 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XIX.  q3  

"  An  I  i3o 

lui  fournir  tous  les  ans  le  vendredi -saint.  Le  sacristain  assuroit  que  ces 
livres  dévoient  être  du  poids  commun  de  Toulouse f  £<.  les  juifs  qui  furent 
condamnés  prétendoient  au  contraire  qu'elles  dévoient  être  seulement  du 
poids  de  vingt  sols  la  livre,  qu'on  appeloit  livre  prime. 

LXXXII.  —  Suite  de  la  guerre  entre  le  roi  d'Aragon  6-  le  comte  de  Tou- 
louse. —  Mort  de  Raimond-Bérenger,  comte  de  Provence j  vicomte  de 
Gévaudan,  Oc,  —  S  anche,  son  frère,  lui  succède, 

La  guerre  continua  dans  la   Province  pendant  les  années  1180  &   1181    .''-;',-,°'''f^'!V: 

r^  *  ,  t.  iU ,  p.  3^ 

entre  Raimond,  comte  de  Toulouse,  d'un  côté,  &  Alfonse,  roi  d'Aragon,  & 
ses  alliés  de  l'autre,  sans  que  nous  en  sachions  le  détail;  sinon  qu'Alfonse 
assiégea'  le  château  de  Fourques,  situé  sur  le  Rhône,  à  deux  lieues  au-des- 
sous de  Beaucaire,  qui  appartenoit  au  comte.  Raimond  étoit,  à  ce  qu'il  paroît, 
dans  le  pays  au  mois  d'août  de  l'an  1180,  &  il  confirma^  alors,  en  faveur  de 
l'abbaye  de  Saint-André  sur  le  Rhône,  la  donation  d'une  partie  du  château 
de  Pujault,  que  Isnard  de  Gargaia  avoit  faite  à  ce  monastère  en  y  prenant 
l'h.abit  religieux.  Le  roi  d'Aragon  &  le  comte  de  Provence  portèrent  peut- 
être,  en  1180,  leurs  armes  dans  le  Rouergue;  car  le  comte  de  Toulouse 
passa  un  accord-',  le  i^"'  d'octobre  de  cette  année,  avec  l'abbé  d'Aurillac,  aa 
camp  devant  Capdenac,  lieu  situé  sur  les  frontières  du  Rouergue  &  du 
Querci. 

Cette  guerre  fut  funeste  à  Raimond-Bérenger,  comte  ou  marquis  de  Pro- 
vence. Adémar'',  fils  de  Sicard,  seigneur  de  Murviel,  qui  tenoit  sans  doute  le 
parti  du  comte  de  Toulouse,  ayant  marché  en  1181  à  la  tête  d'un  certain  An  1181 
nombre  de  chevaliers,  se  mit  en  embuscade,  le  surprit  aux  environs  de  Mont- 
pellier 81  le  tua,  le  jour  de  Pâques  5  d'avril,  avec  Gui  de  Séverac  qui  l'accom- 
pagnoit. 

On  prétend'  que  celui-ci  étoit  parent  du  comte  de  Provence,  sous  prétexte 
qu'il  est  marqué  dans  un  ancien  auteur*^  que  Gilbert,  beau-père  de  Rai- 
mond-Bérenger III,  comte  de  Barcelone,  eut  sept  filles,  dont  chacune  épousa 
divers  seigneurs,  entre  autres  le  vicomte  de  Fcnouillèdes,  Hugues  de  Baux, 
Gui  de  Séverac,  &c.  On  suppose''  en  môme  temps  que  ces  filles  de  Gilbert 
étoient  nées  d'une  même  femme  qu'il  avoit  épousée,  dit-on,  avant  son  mariage 
avec  Gerberge,  héritière  de  Provence,  8c  qu'il  ne  se  maria  avec  cette  dernière 
qu'en  secondes  noces;  mais  l'auteur  sur  lequel  on  se  fonde  ne  le  dit  pas;  il 
met  au  contraire  au  nombre  de  ces  filles  Étiennette,  femme  d'Hugues  de 
Baux,  laquelle  étoit  née  certainement  du  mariage  de  Gilbert  avec  l'héritière 

'TomeVni,  Chartes,  n.  XXVIII,  c.  333  à  335.  '  ^:t\nze.  Histoire  gènéalogi<iue  de  la  maison  d'An. 

'  D'Achéry,  Spicilegium,  t.  8,  p.  i  jp.  vergne,  t.   i ,  p.   194. 

'  GaUia  Christiana,  t.  2,  p.  9Ô.J.  "  Gaufridus,  prior  V'osiensis,  p.  3^4. 

*  G;iiifridiis,  prior  Vosiensis,  Labbe,  p.  32^.  —  '  Baliize,  Histoire  gcnéulo^ijue  df  la  maison  d'Av.- 

Chronicon  Massiliense,  danshabbs,  Biiliolhcca  nova  vergne,  t.    1 ,  p.    194, 
mss.  t.  I,  p.  341. 


An  1 1 8 1 


94  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XIX. 

de  Provence.  Il  n'y  a  d'ailleurs  aucun  fond  à  taire  sur  cet  auteur'  qui 
donne  pour  grand-pcrc  paternel  à  ce  Gilbert  un  prétendu  Raimond,  sur- 
nommé Tête-d'Etoupes,  vicomte  de  Carlad,  Si  qui  confond  la  généalogie  des 
comtes  de  Barcelone  avec  celle  des  vicomtes  de  Millau- dont  étoit  Gilbert; 
en  sorte  qu'il  fait  descendre  par  mâles  Alfonse  II,  roi  d'Aragon,  de  ce  pré- 
tendu Raimond  Tête-d'Etoupes,  vicomte  de  Carlad. 

Raimond-Bérenger,  comte  de  Provence^,  fut  apporté  après  sa  mort  dans 
l'Ile  de  Maguelonne  &.  inhumé  dans  la  cathédrale  de  Saint-Pierre.  Ce  prince, 
dont  on  fait  un  grand  éloge  S<  qu'on  nous  représente  comme  extrêmement 
aimable,  étant  décédé  sans  enfans,  Alfonse,  son  frère,  roi  d'Aragon,  lui  suc- 
céda dans  le  comté  de  Provence  Se  dans  les  vicomtes  de  Millau  &  de 
Gévaudan  qu'il  lui  avoit  donnés  en  apanage  pour  ^  les  posséder  sous  sa  suze- 
raineté. Alfonse  en  disposa  peu  de  temps  après  en  faveur  de  Sanche,  son 
autre  frère,  qui  se  qualifia  depuis  comte  de  Provence,  comme  il  paroît  par 
divers  monumens"^.  Au  reste,  nous  ne  relèverons  pas  ici  l'erreur  de  quelques 
modernes  qui  ont  prétendu  que  ce  fut  Bertrand  de  Baux  qui  fut  tué  le  jour 
de  Pâques  de  l'an  ii8i  par  [Adémar  fils  de]  Sicard  de  Murviel  :  d'autres^ 
l'ont  fait  avant  nous. 

LXXXIII.  —  Le  roi  d'Aragon  ravage  le  Toulousain, 

Le  roi  d'Aragon,  irrité  au  dernier  point  de  la  mort  tragique  du  comte  Rai- 
mond-Bérenger, son  frère<^,  résolut  d'en  tirer  vengeance.  Ce  prince,  qui 
étoit '^  à  Montpellier  avec  le  comte  Sanche,  son  frère,  au  mois  de  juin  de 
cette  année,  alla  assiéger  le  château  de  Murviel,  situé  dans  le  diocèse  de 
Béziers,  le  prit,  le  rasa  Se  fit  main  basse  sur  tous  ceux  des  habitans  qui  eurent 
le  malheur  de  tomber  entre  ses  mains.  Il  s'avança^  ensuite  dans  le  Toulou- 
sain à  la  tête  de  ses  trou]ies,  prit  divers  châteaux,  vint  camper  sous  les  murs 
de  Toulouse,  sans  que  le  comte  Raimond  osât  se  montrer;  fit  le  dégât  dans 
tous  les  environs  St  passa  de  là  en  Aquitaine,  où  il  alla  conférer  avec  le  roi 
d'Angleterre,  son  allié. 

LXXXIV.  —  Expédition  du  cardinal-légat  Henri,  évêque  d'Alhano,  dans  la 
Province,  contre  les  hérétiques  du  haut  Languedoc.  —  Siège  6-  prise  de 
Lavaur. 

Les  troubles  que  cette  guerre  causa  dans  la  Province  donnèrent  occasion 
aux  hérétiques  de  s'y  fortifier  sous  la  protection  du  vicomte  Roger  qui  les 

■  Gaiifiidus,  prior  Vosiensis,  p.  3^4.  '  Bahize,  Marca  H'upnnica,  c.  5i5. 

'  Ibid.  p.  326.  —  Chronkon  M.^ssilie:i!e,   ut  s:i-  "  Gaufndiis,  prior  Vosiensis. —  Chronieon  Massi- 

pra.  Uense.  —  Gc^ta  coniitum  Barctnonensium ,  c.   22. 

'  Gêna  comitum  Barcinoncnsium,  c.  22.  "  Bouche,  Chorographie  ou  description  de  h  Pio- 

*  Bouche,  Chorographie  ou  description  de   In  Pro-  vence,  t.  2,  p.    1  ")3  &  suiv, 

vcnce,  t.  2,  p.    153  &  suiv.  '  Gcsta  comitum  Rcircinor.eiisium ,  c.  2;. 


An  I  I  8i 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XIX.  çS 

favorisa,  à  ce  qu'il   paroît,  plus  par  politique  que  par  inclination  pour  leurs 

erreurs,  dans  le  dessein  de  s'en   servir  contre   le   comte  de  Toulouse,  leur      l'j  orifiin. 

ennemi  8t  le  sien.  Ces  sectaires  se  fortifièrent  dans  divers  châteaux  de  son 

domaine  d'où  ils  répandoient  leur  venin  dans  toute  la  Province.  Le  pape 

Alexandre  III,  informé  de  leurs  progrès,  résolut  d'envoyer  un  légat  dans  le 

pays.  Il  choisit  après   le  concile  de  Latran,  pour  cette  commission,  Henri, 

abbé  de  Clairvaux,  qu'il  venoit  d'élever  au  cardinalat  S<.  à  l'évêché  d'Albano, 

8<.  qui  avoit  donné  des  preuves  de  ses  talens  5c  de  sa  capacité  dans  la  mission 

qu'il  avoit  faite  à  Toulouse,  deux  ans  auparavant,  avec  le  cardinal  de  Saint- 

Chrysogone.  Henri'  se  rendit  bientôt  après  dans  la  Province,  Se  nous  avons 

des  preuves^  qu'il  exerçoit  sa  légation  dans  le  bas  Languedoc,  dès  l'an  1180. 

Il  persuada  par  la  force^  de  son  éloquence  à  un  grand  nombre  de  catholiques 

de  prendre  les  armes  &  de  le  suivre 5  &  ayant  formé  un  petit  corps  d'armée 

il  s'avança  vers  les  domaines  du  vicomte  Roger.  Étant  arrivé  dans  le  pays,  il 

y  donna  audience  dans  le  château  de  Lescure,  le  l'^de  juillet  de  l'an  iiSi'*, 

à  l'abbé  de  Sainte-Croix  de  Bordeaux,  qu'il  y  avoit  ajourné  avec  l'abbé  de 

Saint-Sever-Cap,  pour  les  entendre  sur  les  prétentions   réciproques   qu'ils 

avoient  sur  le  monastère  de  Souillac. 

Un  historien  du  temps"'  donne  en  cet  endroit  le  nom  d'albigeois  aux  héré- 
tiques que  le  cardinal  Henri  alla  combattre;  &  c'est  là  le  plus  ancien  monu- 
ment que  nous  trouvons  où  on  ait  qualiiié  ainsi  les  sectaires  qui  causèrent 
tant  de  ravages  dans  la  Province  à  la  fin  du  douzième  siècle  Si  au  commen- 
cement du  suivant  :  mais  il  paroît  que  cet  auteur  ne  leur  donne  ce  nom, 
qui  'ne  fut  commun*  à  tous  que  longtemps  après,  qu'à  cause  que  le  légat 
Henri  commença  sa  mission  par  ceux  qui  étoient  répandus  dans  le  pays 
d'Albigeois  où  ils  se  maintenoient  sous  la  protection  du  vicomte  Roger.  On 
ne  marque  pas  les  circonstances  de  l'expédition  que  le  légat  entreprit  dans 
ce  pays,  81  on  se  contente  de  nous  apprendre  qu'il  alla^  quelque  temps  après 
mettre  le  siège  devant  le  château  de  Lavaur,  l'une  des  principales  places  de 
ce  vicomte. 

Raimond  de  Baimiac  Se  Bernard  Raimundi,  ces  deux  chefs  des  hérétiques 
qui,  après  avoir  été  excommuniés  à  Toulouse,  en  1178,  par  le  cardinal  de 
Saint-Chrysogone,  s'étoient  réfugiés  dans  ce  château,  y  avoient  établi  le 
principal  siège  de  l'hérésie.  Le  cardinal  Henri,  après  l'avoir  investi,  l'attaqua 
vivement.  Les  assiégés  s'opposèrent  de  leur  côté  avec  beaucoup  de  vigueur  à 
tous  ses  efforts;  mais  enfin  Adélaïde  de  Toulouse,  femme  du  vicomte,  livra 
elle-même  la  place  à  ce  prélat,  qui  s'en  rendit  maître,  à  ce  qu'on  assure^, 
par  une  espèce  de  miracle.  On  ne  parle  que  d'un  chevalier,  nommé  Raimond 

'  Manriqiie,  Clstercicmes  annales,  aJ  ann.  1 182,  ^  Gaufridus,  prior  Vosiensis,  Chronicon,  p.  3i6.  ^ 

c.  2.  0  Voyez  lome  VII,  Note  XIII,  p.  B.i. 

"  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  XXXIII,  c.  35o.  '  Gaufridus,  prior  Vosiensis,  Chronicon,  p.  ^26. 

'  Robert  II  s  Ahissiodorensis.C/ironicon,  ann.  1181.  —  Guillehnus  de  Podio  Laiireniii,  Chronicon, c.  z. 
—  Gnufridus,   prior  Vosiensis,  Chronicon,   p.    Szô.  '  Manriqiie,  Cislercienset  annales,  ad  ann.  1  182, 

■•  Tome  Vin,  Chartes,  n.  XXXV,  c.  Syi  à  SyS.  c.  2. 


An  1  i3i 


Ed.  ori^in. 
t.  111.  p.  ii 


96  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XIX. 

de  Venoul,  qui  fut  tué  à  cette  expédition,  après  laquelle  le  vicomte  Roger 
se  soumit  8i  promit  avec  les  principaux  du  pays  de  renoncer  entièrement  à 
l'erreur.  Henri  l'obligea  en  même  temps  à  lui  remettre  les  hérétiques  qui 
étoient  à  Lavaur  dont  les  deux  principaux  chefs  Raimond  de  Baimiac  8c 
Bernard  Raimvmdi  se  convertirent  Se  embrassèrent  l'institut  des  chanoines 
réguliers;  ce  dernier  dans  la  cathédrale  de  Toulouse,  &  l'autre  dans  l'église 
de  Saint-Sernin.  On  ajoute'  que  le  légat  persuada  aux  autres  d'abjurer  leurs 
erreurs  api^s  les  leur  avoir  fait  connoître  publiquement.  Mais  la  conversion 
de  ceux-ci  ne  fut  qu'apparente,  &  il  est  certain^  que  l'hérésie,  au  lieu  de 
s'affoiblir,  prit  de  nouvelles  forces  dans  le  pavs. 

Quelques  historiens^  font  entendre  que  le  cardinal  Henri  étendit  en  nSi 
sa  légation  dans  la  Gascogne,  &  qu'il  réduisit  les  hérétiques  autant  par  la 
force  de  sa  prédication  que  parcelle  de  ses  armes.  Nous  apprenons  d'ailleurs, 
d'une  lettre'*  d'Etienne  de  Tournay,  abbé  de  Sainte-Geneviève  de  Paris,  qui 
l'alla^  joindre  alors  dans  la  Province  pour  quelque  commission  dont  le  roi 
Philippe-Auguste  l'avoit  chargé,  que  ce  légat  s'avança  au  delà  de  Tculouse, 
Jusque  vers  les  frontières  d'Espagne,  ha.  description  que  fait  Etienne  danj 
cette  lettre  du  triste  état  où  il  trouva  le  pavs  prouve  que  la  guerre  qui  \- 
étoit  allumée  entre  le  roi  d'Aragon  &  ses  alliés  d'un  coté,  &<.  le  comte  de 
Toulouse  de  l'autre,  8c  qui  y  avoit  attiré  une  foule  de  brigands,  l'avoit  mis 
dans  une  extrême  désolation.  «  La  crainte  du  danger  éminent  où  je  me 
«  trouve  exposé,  dit  l'al^lié  de  Sainte-Geneviève,  par  les  courses  des  voleurs, 
«  des  Cotereaux,  des  Basques  Se  des  Aragonois,  tait  que  je  supporte  avec 
«  moins  de  peine  les  fatigues  du  long  &  pénible  voyage  que  j'ai  entrepris. 
«  Je  suis  l'évêque  d'Albano  par  les  montagnes  Se  les  vallées  Se  au  milieu  c'cs 
«  déserts.  Je  ne  trouve  partout  que  des  villes  consumées  par  le  feu  ou  des 
«  maisons  ruinées;  les  périls  qui  m'environnent  me  rendent  l'image  de  !a 
a  mort  toujours  présente;  on  m'assure  que  je  trouverai  ce  prélat  au  delà  de 
i<.  Toulouse,  près  des  Espagnols,  Sic.  » 

LXXXV,  —  Déposition  de  Pons  d'Arsac,  archevêque  de  Narhonne, 
Bernard-  Gaucelin  lui  succède. 

Etienne  de  Tournay  parle  encore,  dans  un  autre  endroit^,  de  l'état  déj>îo- 
rable  où  étoit  alors  la  Province.  C'est  dans  une  lettre  qu'il  adressa  à  Jean  de 
Belles-Mains,  évêque  de  Poitiers  Se  légat  du  Saint-Siège,  pour  le  féliciter 
«  de  ce  qu'ayant  été  nommé  à  l'archevêché  de  Narbonne  il  avoit  été  promu 
«  bientôt  après  à  celui  de  Lyon,  Se  de  ce  qu'il  étoit  exempt  par  là  de  pani- 
u  ciper  à  la  barbarie  des  Goths,  à  la  légèreté  des  Gascons  Se  aux  mœurs 

'  Mnnriqtie,  ad  nnn.   i  i8i,  c.  2.  ■*  StcphariDS  Tornacensis,  Epht.  73. 

•  G.uifridus,  ptior  V'osiensis.  —  Hugo  Aiitissio-  ^  Voyez  tome  VII,  NoieV,  n.  vu,  pp     rrj,  20. 

dorensis.  "  Sto^îhaniiS  Torn.iteiisis,  Epi;t.  ■:). 

'  Robertus  de  Mont.",  Chror.'icon,  ;id  nn:i.    iioi. 
—  Giiilhiiiir.s  de  N,i!is;is,  Cltrçniccn,  ad  ann.  1  iSi, 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XIX.  07  -" ~ 

7/        An  1181 

«  féroces  des  peuples  de  la  Septimanie,  où  régnent,  ajoute-t-il,  plus  qu'on  ne 
«  sauroit  croire,  l'infidélité,  la  feinte,  la  tromperie  Se  la  douleur.  J'ai  eu  en 
«  dernier  lieu,  en  passant  dans  le  pays,  dit-il   ensuite,  lorsque  le  roi  m'en- 
«  voyoit  à  Toulouse,  une  image  de  la  mort  la  plus  terrible  toujours  présente 
«  devant  mes  yeux;  j'y  ai  vu  les  églises  brûlées  ou  presque  détruites,  61  les 
«  lieux  qui  servoient  auparavant  d'habitation  aux  hommes  devenus  la  retraite 
(i  des  bêtes.  J'avoue  que  j'ai  été  affligé  en  apprenant  que  vous  étiez  destiné 
«  pour  un  pays  où  vous  pouviez  espérer  difficilement  de  faire  quelque  fruit; 
«  mais  j'ai  été  rempli  de  joie  quand  j'ai  su  que  vous  étiez  appelé  à  Lyon.  » 
Un  historien  contemporain'  fait  mention,  sous  l'an  ii8i,de  la  promotion 
de  l'évêque  de  Poitiers  à  ces  deux  archevêchés  de  la  manière  suivante  :  «  Jean, 
«  évêque  de  Poitiers,  dit  cet  auteur,  personnage  recommandable  par  son 
«  érudition  &  son  éloquence,  ayant  été  élu  à  l'archevêché  de  Narbonne,  8c 
«  ayant  entrepris  le  voyage  de  Rome  pour  aller  recevoir  sa  confirmation,  fut 
«  élu  par  le  clergé  de  l'église  de  Lyon,  du  consentement  du  pape  Luce.  » 
Enfin  nous  apprenons  d'un  ancien  monument^  que  les  archevêchés  de  Nar- 
bonne ik  de  Lyon  étoient  alors  vacans  par  la  déposition  des  deux  arche- 
vêques qui  les  remplissoient  auparavant,  «  &  que  le  cardinal  Henri  déposa 
«  ces  deux  prélats  dans  un  esprit  véhément,  parce  qu'ils  ne  faisoient  aucun 
«  fruit,  8c  qu'ils  étoient  répréhensibles.  »  On  ignore  le  nom  de  l'archevêque 
de  Lyon  qui  fut  alors  déposé  de  son  siège  ;  mais  il  n'y  a  pas^  lieu  de  douter 
que  l'archevêque  de  Narbonne  qui  subit  un   semblable  sort,  ne  soit  Pons 
d'Arsac,  qui  possédoit  cet  archevêché  depuis  l'an  1162.  Il  paroît  que  les  deux 
archevêques  ne  furent  pas  déposés  en  même  temps,  mais  en  différens  conciles 
que  le  légat  Henri  aura  tenus  pour  cela  en  1181.  On  vient  de  voir,  en  effet, 
que  l'évêque  de  Poitiers  avoit  été  élu  à  l'archevêché  de  Narbonne  avant  le 
siège  du  château  de  Lavaur,  qui  fut  entrepris  au  mois  de  juillet  de  cette 
année,  £c  qu'il  ne  fut  promu  à  l'archevêché  de  Lyon  que  sous  le  pontificat 
à\x  pape  Luce  111,  élu  le  29  d'août  suivant.  Bernard-Gaucelin,  de  la  maison 
des  seigneurs  de  Lunel,  évêque  de  Béziers,  fut  élu  archevêque  de  Narbonne, 
après  la  promotion  de  l'évêque  de  Poitiers  à  l'archevêché  de  Lyon'*,  8c  il  con- 
serva l'administration^  de  lévêchè  de  Béziers  jusqu'en  1184,  que  Geofroy  fut 
élu  à  cet  évêché  :  ce  dernier  étoit  de  la  maison  des  vicomtes  de  Marseille  8c 
auparavant  religieux  dans  l'abbaye  de  Saint-Victor  de  cette  ville. 

LXXXVL  —  Concile  du  Puy.  —  Vicomtes  de  Polignac, 

Le  cardinal  Henri,  après  avoir  terminé  son  expédition  contre  les  hérétiques, 
prit  la  route  du  Vêlai  8c  tint^  au  Puy,  le  i5  de  septembre  de  l'an  1181,  un 

■  Robtrtiis  de  Monte,  p.   806.  —  Pagi,  ann.  *  Le  sicge  de  Narlionne  vaquait  le  16  mai  1182, 

1 181 ,  n.  6.  date  d'une  bulle  de  Luce  III  (Gall'ia  Christ iana,  t.  6, 

'  Tabula.     sepuUhralis    ClaraevalUns'ium ,    apud  Instr.  c.  46;  voir  tome V,  ce.  t^66,  iHCy).  [A.  M.) 

Manrique.  '  GaWa  Christiana,  nov.  éd.  t.  6, 

>  Voyez  tome  VII,  Hôte  VII,  pp.  19,  ïo.  "=  Tome  VIII,  Chartes,  n.  XXXV,  ce.  371  à  373. 

VI,  -  , 


t.  m,  p.  59. 


"~ ;; —  n8  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XIX. 

An  1181         / 

concile  auquel  les  évêques  de  Poitiers,  du  Puy,  de  Maguelonne  &.  de  Lodève 
se  trouvèrent.  Il  se  rendit  de  là  à  Cîteaux,  où  il  assista  au  chapitre  général  ' 
de  son  ordre.  Étant  retourné  en  Gascogne,  il  tint  à  Bazas  le  concile  de  la 
province  d'Auch,  le  8  de  décembre  suivant,  8c  présida  à  celui  des  deux  pro- 
vinces de  Bourges  &  de  Bordeaux,  lequel  fut  assemblé  à  Limoges,  le  troisième 
dimanche  du  carême  de  l'année  suivante. 

Quelques  jours  avant  ce  concile  du  Puy,  Héracle,  vicomte  de  Polignac,  se 
rendit^  dans  cette  ville,  &  là,  touché  du  repentir,  il  promit,  du  conseil  de 
son  père,  à  Géraud,  évêque  de  Cahors,  &  à  quelques  autres  chanoines  de 
Rrioude,  de  réparer  le  dommage  qu'il  leur  avoit  causé  pour  la  somme  de  plus 
de  deux  mille  marcs  d'argent  lorsque,  s'étant  associé  deux  ans  auparavant 
avec  des  étrangers  (c'est-à-dire  sans  doute  avec  les  routiers  qui  causoient  des 
Kd.  oiigin.  ravages  infinis  dans  tout  le  royaume),  il  avoit  attaqué,  pillé  Se  brûlé  la  ville 
de  Brioudc  &  le  village  de  Saint-Germain.  Héracle,  fidèle  à  sa  promesse,  se 
rendit  à  Brioude,  au  commencement  du  inois  de  septembre,  &  fit  la  satisfac- 
tion suivante,  de  l'avis  du  vicomte,  son  père,  de  Guillaume,  comte  de  Mont- 
ferrand,  son  beau-père,  &t  de  plusieurs  personnes  de  distinction.  11  entra 
dans  la  ville  nu-pieds,  6t,  étant  arrivé  à  la  porte  de  l'église  de  Saint-Julien, 
il  se  soumit  à  la  pénitence.  Il  alla  ensuite  à  l'autel  du  saint  martyr  Se  se 
rendit  enfin  au  chapitre,  où  il  se  remit  à  la  discrétion  des  chanoines,  auxquels 
il  céda  le  château  de  Cusse  avec  ses  dépendances  &  quelques  autres  domaines 
qu'ils  lui  rendirent  ensuite  pour  les  tenir  d'eux  en  fief,  à  condition  qu'aucun 
des  vicomtes  de  Polignac,  ses  successeurs,  ne  pourroit  aliéner  ce  château. 
Héracle  accorda  en  même  temps  divers  privilèges  aux  chanoines  8c  aux  habi- 
tans  de  Brioude. 

Héracle  fut  le  troisième  vicomte  de  Polignac  de  son  nom.  Il  étoit  fils  de 
Pons  II,  lequel  vivoit  alors.  On  vient  de  voir  qu'il  avoit  épousé  la  fille  du 
comte  de  Montferrand,  c'est-à-dire  de  Guillaume  VII,  comte  d'Auvergne, 
lequel  se  qualifia^  comte  de  Clermont  &  de  Montferrand,  8c  dont  les  descen- 
dans  prirent  le  titre  dauphins  d'Auvergne.  On  assin-e"^  que  cette  fille  s'ap- 
peloit  Belissende,  Se  c'est  sans  doute  la  même  qu'Assalide,  fille  du  même 
comte,  qu'on  donne  pour  femme  à  Béraud^,  sire  de  Mercœur,  sur  l'autorité 
d'un  moderne^  qui  est  fort  sujet  h  caution.  Mais  si  cette  Assalide  ou  Belis- 
sende épousa  le  seigneur  de  Mercœur,  ce  fut  en  secondes  noces.  Quoi  qu'il 
en  soit,  il  est  du  moins  certain  qu'Héracle  III,  vicomte  de  Polignac,  épousa 
une  fille  de  Guillaume  VII,  comte  d'Auvergne;  car,  outre  le  témoignage  que 
nous  venons  de  rapporter,  8c  qui  le  prouve  manifestement,  nous  voyons  que 
Dauphin,  comte  de  Clermont  8c  de  Montferrand,  fils  de  ce  comte,  en  faisant 

■  Manrique,  ad  ann.  1 182,  c.  2.  '  Baluze,  Histoire géncalogi^tte  de  la  maison  d'Au- 

^"Z^xXuzGy  Hisloire  généalogique  delamaison  d' Au-  veriync,  t.  2,  p.  65, 
vergne,  t.  2,  p.  (53  &  siiiv.  '    >'o5trnci;imus,  Fie  des  poètes  proyençauXj  p.  3i 

'  Ihid.  t.  2,  p.  61   &.  suiv.  &  >!:iï. 

■'  Chabron,    Histoire   ms.    de  la   maison  de  Poli- 
gnr.c,  1.  7,  c.  9. 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XIX.  99 

mention  de'  Pons  III,  vicomte  de  Polignac,  fils  d'Héracle  III,  l'appelle  son 
neveu;  en  sorte  que  ce  Pons  étoit  fils  de  la  sœur  de  Dauphin,  St  non  pas  de 
la  sœur  de  la  comtesse  de  Montferrand,  sa  femme,  comme  on  le  prétend^  sur 
l'autorité  d'un  monument^  qui  ne  le  dit  pas.  Pons  III,  vicomte  de  Polignac, 
avoit  déjà  succédé,  en  1198,  à  Héracle  III,  son  père,  comme  il  paroît  par  la 
donation  que  Dauphin,  comte  de  Clermont,  son  oncle,  lui"*  fit  alors  du  châ- 
teau de  Salazuit,  au  diocèse  de  Clermont.  Le  même  Dauphin,  comte  d'Au- 
vergne, accorda,  au  mois  de  juillet  de  l'an  1201^,  le  vicomte  Pons,  après  la 
mort  du  vicomte  Héracle,  son  père,  avec  les  chanoines  de  Brioude,  touchant 
l'exécution  de  la  cession  du  château  de  Cusse,  que  ce  dernier  leur  avoit  faite 
en  n8i,  &  qui  a  donné  lieu  à  cet  article.  Héracle  III  fonda "^  le  prieuré  de 
Viage,  de  l'ordre  de  Grandmont,  auprès  de  la  Voulte-sur-Loire,  en  Vêlai. 

LXXXVII.  —  Les  vicomtes  de  Carcassonne  &  de  Nîmes  continuent  la 
guerre  contre  le  comte  de  Toulouse,  qui  fait  des  règlemens  de  police  pour 
cette  ville. 

Roger,  vicomte  de  Béziers  8c  de  Carcassonne,  après  l'expédition  du  cardinal 
Henri,  reprit  les  armes  contre  le  comte  de  Toulouse,  à  qui  il  continua  de 
faire  la  guerre.  11  se  rendit  au  château^  de  Combret,  en  Rouergue,  au  mois 
d'août  suivant.  Se  y  reçut  l'hommage  des  seigneurs  de  ce  château.  Il  passa  de 
là  à  Albi,  où  les  chevaliers  du  cliâteau  vieux  de  cette  ville  lui  firent ^  ser- 
ment, le  dernier  jour  du  même  mois,  «  de  l'aider  dans  toutes  les  guerres 
«  qu'il  avoit  ou  qu'il  auroit  dans  la  suite  avec  le  comte  de  Toulouse  &  ses 
K  enfans.  «  Il  fit  un  accord  avec  Sicard,  vicomte  de  Lautrec,  son  beau-frère, 
qui  renonça  au  serment  que  les  seigneurs  8c  les  chevaliers  du  château  de 
Montredon  lui  avoient  fait  de  le  secourir  durant  les  guerres  présentes  que 
Roger  avoit  avec  le  comte  de  Toulouse.  Sicard  remit  en  même  temps  à  Roger  la 
dot  que  ce  dernier  avoit  donnée  à  Adélaïde,  sa  sœur^'  en  la  mariant  avec  lui. 
Enfin  nous  trouvons  que  le  vicomte  Roger  8<.  Raimond-Trencavel,  son  frère  "^, 
permirent  conjointement,  au  mois  d'avril  de  l'an  1182,  de  rebâtir  le  château 
de  Belcastel,  dans  le  comté  de  Razès.  Il  paroît,  d'un  autre  côté,  que  Bcrnard- 
Aton,  vicomte  de  Nimes,  afin  de  fournir  aux  frais  de  la  guerre  qu'il  avoit 
entreprise  contre  le  comte  de  Toulouse,  engagea",  au  mois  d'août  de  l'an  1181) 
pour  treize  mille  sols  melgoriens,  à  Pierre-Raimond,  évêque  d'Agde,  tout  ce 
qu'il  possédoit  dans  cette  ville  '^. 

■  Baluze,  Histoire  généalogique  de  la  maison  d'Au-  '  Voyez  tomeVIII,  Chartes,  n.  XXXIII,  ce.  35i 

vergne,  t.  i,  p.  zôi.  £'  ^^>•• 

'  Ihid.  p.  182  &  suiv.  '  Voyez  tome  VII,  î/clc  XVIII,  n.  iv,  pp.56,  Sy. 

'  Ibid.  t.  I,  p.  258.  '°  Cartulaire  du  château  de  Foix. 

*  Ihid.  p.  2ÔI.  "  Gallia   Christiana,  nOT.  éd.    t.   6,   in    episcopis 
''  Ihid.  pp.  64  &  65.  Agathensihus. 

*  Chabron,  Histoire  mss.  de  la  maison  de  Poli-  ''  A  cette  même  année  1181  se  rapporte  une  pro- 
gnac,  1.  7,  c.  Q,                                                                        messe  faite  par  le  vicomte  de  Béziers  à  l'évêque  de 

*  Cartulaire  du  château  de  Foix.  cette   ville  (tome  VIII,  ce.  358,  Sjp);   le  vicomte 


An  1181 


An  1 1  iJ  1 


Cd.  origin. 
t.  111,  p.  00. 


lOO 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XIX. 


An  ii8i 


Quant  au  comte  de  Toulouse,  il  iit  un  voyage  en  Queici,  au  commence- 
ment du  mois  d'août  de  l'an  ii8i,  Si  il  donna  alors'  à  l'abbaye  de  la  Garde- 
Dieu,  située  dans  ce  pays,  par  le  conseil  de  Guillaume  de  Melle,  son  viguier, 
diverses  terres  qu'il  avoit  acquises  de  l'abbaye  d'Aurillac,  Sec,  en  présence  de 
Géraud,  évêque  de  Cabors,  Raimond,  vicomte  de  Turenne,  Guillaume  de 
Balaguier,  abbé  de  Figeac,  &C.  Ce  prince  revint  peu  de  temps  après  à  Tou- 
louse St  il  y  tit  dresser,  au  mois^  d'août,  des  règlemens  de  police,  de  l'avis 
du  chapitre  {capituli)  &  du  commun  conseil  de  la  ville  &  du  faubourg.  Il  fit 
quelques^  autres  statuts  semblables,  au  mois  de  mars  de  l'an  ii8i  (1182),  8c 
il  accorda  divers  privilèges  à  l'abbaye  de  Grandselve'',  qu'il  exempta  entre 
autres  de  leude  ou  de  péage  dans  toutes  ses  terres,  en  présence  de  Pierre  de 
Saint-André,  prieur  de  l'Hôpital,  dans  le  Toulousain. 


LXXXVIII.  —  Mort  de  Guy  Burgundion  de  Montpellier. 

Le  comte  de  Toulouse  fut  délivré,  au  mois  de  décembre  suivant,  d'un  de 
ses  ennemis  en  la  personne  de  Burgundion  de  Montpellier,  qui  fit  son  testa- 
ment'^ au  mois  de  novembre  de  la  même  année.  Burgundion  légua  par  cet 
acte  tous  les  domaines  qu'il  possédoit  dans  le  diocèse  de  Maguelonne  à  Guil- 
laume VIII,  seigneur  de  Montpellier,  son  frère,  excepté  quelques  biens  qu'il 
destina  pour  certains  legs  &  le  payement  de  ses  dettes.  Il  fit  liéritière  Bur- 
gundiose,  sa  fille  unique,  qu'il  mit  sous  l'administration  d'Adélaïde  de 
Cognas,  sa  femme,  tant  que  celle-ci  vivroit  en  viduité  :  sinon  il  lui  donna 


s'engage  par  cet  acte  à  ne  point  laisser  rentrer 
dans  la  ville  un  certain  Pierre  Vairat  le  Gros  & 
sa  famille,  qu'il  qualifie  de  traîtres.  L'évêque  & 
l'église  de  Saint-Nazaire  purent  confisquer  les 
terres  que  ces  faidits  tenaient  d'eux.  Il  s'agit  pro- 
bablement ici  de  quelqu'un  des  chefs  de  la  grande 
révolte  de  1167,  révolte  dirigée  contre  le  pouvoir 
de  l'évêque  aussi  bien  que  contre  celui  du  vicomte. 
—  Mentionnons  encore  un  autre  acte  de  cette  an- 
née, qui  se  rapporte  aussi  à  l'évêché  de  Béziers 
(tome  VIII,  c.  3;j9),  C'est  l'aliénation  par  l'évêque 
Bernard  Gaucelin,  moyennant  la  somme  de  mille 
sous  de  Melgueil,  de  sa  part  de  la  leude  sur  le  bois, 
les  bateaux  8c  les  marchandises  transportées  par 
eau.  Le  tiers  de  cette  leude  appartenait  à  l'évêque, 
le  reste  au  vicomte.  D'après  une  clause  du  contrat, 
relative  à  la  mort  de  l'acheteur  dans  les  cinq  ans, 
il  semble  que  la  part  annuelle  moyenne  de  l'évê- 
que ait  été  de  deux  cents  sous  (de  Melgueil),  ce 
qui  porte  le  rendement  annuel  de  cette  leude  à 
six  cents  sous,  somme  assez  forte  pour  l'époque. 
En  effet,  d'après  le  tableau  de  M.  Germain  {Etudes 
sur  les  monnaies  seigneuriales  Je  Melgueil,  p.  207), 
de  I  174  à  1  ii5,  le  sou  de  Melgueil  valut  0,99  c. 
de  notre  monnaie.  Pour  avoir  la  valeur  relative, 
jl  faut  au  moinç  sextupler  cet!«  valeur  intrinsèque, 


&  l'on  arrive  à  un  total  voisin  de  trois  mille  six 
cents  francs  par  an,  dont  le  vicomte  touchait  deux 
mille  quatre  cents  francs  &  l'évêq^ie  mille  deux 
cents.  Remarquons  que  ce  péage  se  levait  unique- 
ment sur  le  flottage  de  l'Orb,  qui  ne  pouvait  être 
bien  considérable.  [A.  M.] 

'  Gallia  Christianay  nov.  éd.  t.  1,  ïnstrum.  p.  47. 

'  Catel,  Histoire  des  comtes  de  Tolose,  p.  204 
&  suiv.  —  On  peut  voir  cet  acte  d'août  1181, 
tome  VIII,  c.  370.  Il  confirme  aux  habitants  de  la 
ville  &  du  bourg  le  droit  de  marque  ou  de  repré- 
sailles. On  y  ajouta  encore  des  règlements  sur  le 
métier  des  forgerons  &  des  charpentiers,  sur  la 
vente  du  poisson  au  détail,  sur  le  prix  de  la 
viande,  le  commerce  du  bois  de  construction  &  en 
général  de  tous  les  objets  de  bois  {arcae,  vasa, 
circuit,  latae,  scamna,  lecti).  Quant  aux  règlements 
de  mars  1182,  que  Catel  a  aussi  publiés,  &  dont 
notre  auteur  va  parler  tout  à  l'heure,  on  les  trou- 
vera au  tome  VIII,  ce.  364,  365.  Ils  ont  trait  au 
prix  des  poissons,  &  fixent  le  tarif  que  les  ven- 
deurs au  détail  devront  observer.  [A.  M.] 

^  Catel,  Histoire  des  comtes  de  Tolose,  p.  216. 

^  Archives  de  l'abbaye  de  Grandselve. 

=  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  XXXIV,  ce.  345 
à  313. 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC,  LIV.  XIX.  loi 

la  jouissance  de  la  moitié  du  château  de  Paulhan  &.  des  autres  domaines 
dont  leur  lille  devoit  hériter.  Burgundiose  ne  survécut  pas  longtemps  à  son 
père,  8c  elle  décéda  avant  que  d'avoir  atteint  lage  de  puherté.  Guillaume, 
seigneur  de  Montpellier,  son  oncle,  prétendit  lui  succéder  dans  les  châteaux 
de  Paulhan  &  du  Pouget,  situés  dans  le  diocèse  de  Béziers  Se  dans  ses  autres 
domaines,  comme  substitué  à  ces  biens  par  Guy  Guerrejat,  son  oncle  paternel. 
Adélaïde  de  Cognas,  mère  de  Burgundiose,  lui  disputa  la  succession.  Ils  ter- 
minèrent enhn  leur  différend  par  une  sentence  arbitrale,  datée  du  mois  de 
février  de  l'an  ii83.  Guillaume  VIII  réunit  par  là  ces  deux  châteaux  à  son 
domaine;  Se  c'est  en  qualité  de  seigneur  de  Paulhan  qu'il  confirma',  en  ii85, 
les  donations  que  Guy  Guerrejat,  son  oncle,  avoit  faites  à  l'abbaye  de  Val- 
magne,  à  laquelle  il  donna  d'autres  domaines.  Jean  de  Montlaur,  évêque  de 
Maguelonne,  fut  le  principal  exécuteur  testamentaire  de  Burgundion  de 
Montpellier^. 

LXXXIX.  —  Le  hîenhetireux  Bernard. 

Ce  prélat'  imposa,  en  1170,  une  pénitence  publique  de  sept  ans  à  un  de 
ses  diocésains  nommé  Bernard,  homme  de  condition,  qui  lui  avoit  confessé 
ses  péchés.  11  lui  ordonna  entre  autres  de  marcher  toujours  nu-pieds,  de  ne 
point  porter  de  linge,  de  jeûner  ou  de  faire  abstinence  fort  souvent.  Sec.  On 
croit  que  Bernard  étoit  complice  de  l'assassinat  de  son  seigneur  dont  on  ne 
dit  pas  le  nom.  Après  avoir  reçu  les  lettres  de  pénitence  de  son  évêque,  qu'il 
fit  confirmer  par  l'archevêque  de  Narbonne,  son  métropolitain,  il  entreprit 
de  longs  pèlerinages,  entre  autres  celui  de  Jérusalem;  parcourut  toutes  les 
parties  du  monde  &  voyagea  jusqu'aux  Indes.  Il  se  fixa  enfin  à  Saint-Omer, 
en  Artois,  près  de  l'abbaye  de  Saint-Bertin,  où  il  continua  de  vivre  dans  une 
pénitence  beaucoup  plus  rigoureuse  que  celle  que  son  évêque  lui  avoit 
imposée.  11  mourut  enfin  dans  cette  abbaye  en  1182,  après  y  avoir  été  revêtu 
de  l'habit  monastique.  La  vie  extrêmement  mortifiée  qu'il  avoit  menée,  le 
grand  nombre  de  miracles  que  Dieu  opéra  par  son  ministère  durant  sa  vie  8c 
après  sa  mort  par  son  intercession  lui  ont  fait  donner  le  titre  de  bienheureux 
avec  celui  de  pénitent"*, 

■  Archives  de  l'abbaye  de  Vnlmagne.  moulins  du  Bazacle  (tome  MTI,  ce.  Scç,  3i  r).  Un 

'  Un  peu  auparavant,  en  avril  i  i  8  i ,  le  seigneur  certain   Raimond  Gautier  empêchait   le  prieur  de 

de  Montpellier  avait  autorisé  uns  partie  des  habi-  la   Daurade   &   Raimond   Besant   d'attacher   leurs 

tanis  de  Lattes  à   établir  dans  leur  ville  un   port  moulins   à   la    rive  du    fleuve    &   leur    interdisait 

&  UP  entrepôt  de  commerce  («Viicar^are  &  ejt/vflre  6-  l'approche    des    bords    de    celui-ci,  sous    prétexte 

mittcrc  pcnes  vos  averum  suum).  Voir  ÎA.  Cerm3in,  que    les    rives  de    la    Garonne   lui   appartenaient. 

Commerce  Je  Montpellier,  t.    i,  p.  187.  [A.  M.j  Les  demandeurs  niaient  le  fait  &  ils  eurent  défi- 

'  Acta  Sanctorum,  avril,  t.  2,  p.  675  &  seq.  nitivement  gain  de  cause,  leur  partie  n'ayant  pu 

*  A  cette  année   Ii8j.  (mars)  appartient   un  eu-  prouver  ses  dires  [A.  M.] 

rieux  règlement   des  consuls  de  Toulouse  pour  les 


An  1 182 


-: : —    102  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XIX. 

An  1 102 

•XC.  —  Le  roi  d'Aragon  i-  la  vicomtesse  de  Narhonne  se  liguent  avec  Henri  II, 
roi  d'Angleterre,  contre  le  jeune  roi,  son  fils,  qui  appelle  le  comte  de  Tou- 
louse à  son  secours. 

La  guerre  &  les  dissensions  qui  s'étoient  élevées'  entre  Alfonse  II,  roi 
d'Aragon,  &  ses  alliés  d'un  côté,  Se  le  comte  de  Toulouse  de  l'autre,  conti- 
nuèrent cependant  en  1182.  C'est  ce  que  nous  avons  lieu  d'inférer  d'un  acte 
par  lequel  Alfonse,  étant  à  Aix,  en  Provence,  au  mois  de  décembre  de  cette 
année,  confirma  les  donations  des  moulins  de  Paulhan  que  Guy  Guerrejat 
de  Montpellier  &  son  neveu  Burgundion  avoient  faites  à  l'abbaye  de  Val- 
magne;  car  c'est  une  preuve  que  ce  prince  se  regardoit  alors  comme  suzerain 
dans  les  diocèses  de  Béziers  &  d'Agde,  au  préjudice  du  comte  de  Toulouse. 
On  voit  d'ailleurs  entre  les  hommages^  que  Pvoger  II,  vicomte  de  Béziers  & 

~       ~!      de  Carcassonne,  reçut  en  ii83  de  plusieurs  de  ses  vassaux,  celui  d'Aymeric 
An  ii83  '        '  1      1)   •  I         1  1 

de  Roquefort,  qui  promet  de  1  aider  dans  toutes  ses  guerres  contre  le  comte 
de  Toulouse  &•  ses  autres  ennemis.  Enfin  ce  comte  81  le  roi  d'Aragon  prirent 
ÉJ-origin.  cette  année  deux  partis  opposés,  &  marchèrent  en  Aquitaine  à  la  tête  de 
leurs  troupes  ;  le  dernier  au  secours  de  Henri  II,  roi  d'Angleterre,  Se  l'autre 
pour  soutenir  le  jeune  Henri,  fils  de  ce  prince;  ce  qu'il  faut  reprendre  de 
plus  haut. 

Le  jeune  Henri,  toujours  mécontent  de  ce  que  le  roi,  son  père,  l'ayant 
associé  au  trône,  ne  lui  donnoit  aucune  part  au  gouvernement,  tandis  que 
Richard  &  Geoffroy,  ses  frères  puînés,  administroient  l'un  le  duché  d'Aqui- 
taine &.  l'autre  la  Bretagne,  fit  tous^  ses  efforts,  en  1182,  pour  obtenir  le 
duché  de  Normandie;  mais  n'ayant  pu  réussir  il  vint  en  Aquitaine  où  le  duc 
Richard,  son  frère,  étoit  en  guerre  avec  les  grands  du  pays  qui  s'étoient 
révoltés  contre  lui,  à  cause  de  ses  vexations  &  de  son  extrême  cruauté.  Le  roi 
Henri  II  &  Geoffroi,  comte  de  Bretagne,  son  fils,  ayant  marché  aussi  au 
secours  de  Richard,  ils  agirent  tous  quatre  dé  concert  contre  les  rebelles. 
Alfonse '^  II,  roi  d'Aragon,  8c  Ennengarde,  vicomtesse  de  Narbonne,  ame- 
nèrent des  troupes  à  ce  prince  81  le  joignirent  à  Périgueux.  Ils  assiégèrent 
ensuite,  vers  la  fin  du  mois  de  juin,  le  Puy  ou  château  de  Saint-Front,  prin- 
cipale forteresse  de  la  ville  de  Périgueux,  sur  Talayrand,  comte  de  Périgord, 
qui  favorisoit  les  ennemis  de  Richard.  Ce  duc  fit  peu  de  temps  après  la  paix 
avec  les  rebelles;  mais  elle  ne  fut  pas  de  longues  durée.  La  guerre  recom- 
mença ;  elle  continua  avec  divers  succès  de  part  8<.  d'autre  jusqu'à  la  fin  de 
Tannée  que  la  division  se  mit  parmi  les  trois  princes  d'Angleterre,  fils  de 
Henri  II.  Le  jeune  roi  &  Geoffroy,  comte  de  Bretagne,  se  liguèrent  contre 
le  duc  d'Aquitaine,  leur  frère,  avec  les  deux  comtes  d'Angoulême,  Adhémar, 

■  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  il.  XXXIV,  c.  367.  Dicato.  —  Gervasius,   monachus  Doioberiiensis. 

'  Cartiilaire  du  château  de  Foix.  —  Robertus  de  Monte,  ann.  i  i83. 

'  Gaufridus,  prior  Vosiensis,  Chronicon,  p.  33o  *  Le  P.  Labbe,  BïHiotlicca  nova  manuscriptorum, 

&  seq.  —  Rogerius  de  Hoveden.  —  Radulfus  An  t.  2,  p.  ySp, 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XIX.  io3  

An  iiS.î 

vicomte  de  Limoges,  Raimond,  vicomte  de  Tuienne,  Pierre,  vicomte  de 
Castiiion,  £<  plusieurs  autres  barons.  Le  roi  Henri  II,  voulant  mettre  la  paix 
parmi  ses  fils,  s'approcha  de  Limoges;  mais  les  habitans  donnèrent  sur  ses 
troupes  8c  prêtèrent  serment  de  fidélité  au  roi,  son  fils,  qui  se  révolta  alors 
ouvertement  contre  lui.  Ce  jeune  prince,  pour  se  soutenir,  appela  à  son 
secours  le  roi  Philippe-Auguste,  son  beau-frère,  Hugues,  duc  de  Bourgogne, 
Raimond,  comte  de  Toulouse,  8c  plusieurs  autres  princes,  qui  s'empressèrent 
de  le  secourir,  parce  qu'il  étoit  autant  aimé  pour  ses  excellentes  qualités  que 
le  duc  d'Aquitaine,  son  frère,  étoit  détesté  pour  ses  vices.  Le  duc  de  Bour- 
gogne 8c  le  comte  de  Toulouse  l'allèrent  joindre  en  personne  ;  mais  le  roi 
Philippe-Auguste  se  contenta  de  lui  envoyer  un  corps  d'aventuriers  nommés 
paillais  (palearios),  lesquels  faisoient  partie  de  ces  brigands  qui,  sous  diffé- 
rens  noms,  désoloient  alors  le  royaume.  Le  jeune  Henri  les  prit  à  sa  solde 
8c  dépouilla  les  églises  du  Limousin  8c  leurs  trésors  pour  avoir  de  quoi  les 
entretenir. 

Le  roi  d'Angleterre,  résolu  de  punir  la  révolte  de  son  fils,  implora  de  son 
côté  le  secours  du  roi  d'Aragon,  son  allié,  8c  de  plusieurs  autres  princes  de 
deçà  la  mer,  qui  vinrent  le  joindre  dans  le  Limousin.  Après  leur  arrivée,  il 
s'empara  de  Limoges  8c  assiégea  ensuite,  le  i"  de  mars  de  Tan  ii83,  le  châ- 
teau de  cette  ville  dont  le  jeune  roi  prit  la  défense.  Les  pluies  abondantes 
qui  survinrent  obligèrent,  au  bout  de  quinze  jours,  la  plupart  des  troupes 
qui  formulent  le  siège  à  se  retirer.  Henri  H  le  continua  cependant  comme  il 
put,  8c  il  célébra  la  fête  de  Pâques  à  Limoges,  où  le  jeune  roi,  son  fils,  qui 
étoit  sorti  du  château  8c  s'étoit  emparé  d'Angoulême,  vint  pour  l'assiéger; 
mais  les  habitans  le  repoussèrent  avec  tant  de  force  qu'il  fut  obligé  de  se 
retirer.  Le  jeune  roi  se  dédommagea  par  la  prise  du  château  d'Aix,  situé  aux 
environs.  Il  se  rendit  ensuite  à  l'abbaye  de  Grandmont  dont  il  enleva  le 
trésor  de  l'église,  8c  en  fit  autant  dans  celle  de  la  Couronne  où  le  duc  de 
Bourgogne  le  joignit.  De  là  ils  allèrent  à  Uzerche  à  la  rencontre  du  comte 
de  Toulouse,  qui  y  arriva  le  jour  de  l'Ascension,  :6  de  mai.  Le  jeune  roi  se 
sentit  alors  incommodé;  mais  cela  ne  l'empêcha  pas  d'aller  le  lendemain  à 
Donzenac,  5c  le  lundi  suivant  à  Martel,  château  de  la  vicomte  de  Turenne, 
situé  sur  les  frontières  du  Limousin.  Enfin,  après  avoir  été  en  pèlerinage  à 
Notre-Dame  de  Rocamadour,  il  revint  à  Martel,  où  sa  maladie  augmenta  si 
considérablement  que,  se  voyant  sans  ressource,  il  demanda  les  derniers  sacre- 
mens.  Les  évêques  de  Cahors  8c  d'Agen,  l'abbé  de  Dalon  8c  plusieurs  autres 
ecclésiastiques  les  lui  administrèrent,  8<.  il  les  reçut  avec  de  grands  sentimens 
de  componction,  en  présence  du  duc  de  Bourgogne  8c  du  comte  de  Toulouse, 
qui  ne  le  quittèrent  jamais.  11  témoigna  surtout  beaucoup  de  regret  de  la  ^%°"^'"j, 
guerre  qu'il  avoit  entreprise  contre  le  roi,  son  père,  £c  il  écrivit  à  ce  prince 
pour  lui  demander  pardon  8c  le  prier  de  traiter  plus  humainement  la  reine 
Eléonore,  sa  mère,  qu'il  tenoit  prisonnière  depuis  plus  de  sept  ans  dans  le 
château  de  Salisbury.  11  mourut  peu  de  temps  après  à  Martel,  le  jour  de 
Saint-Barnabe,  ii  de  juin  de  l'an  ii83. 


An  1 1 83 


104  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC,  LIV.  XIX. 

Aymar,  vicomte  de  Limoges,  conduisit  '  son  corps  jusqu'à  l'abbaye  de 
Grandraont  où  on  célébra  ses  obsèques  &.  où  on  inhuma  ses  entrailles.  Son 
corps  fut  porté  ensuite  au  Mans  S<.  enterré  dans  l'église  de  Saint-Julien;  mais 
comme  il  avoit  choisi  sa  sépulture  dans  la  cathédrale  de  Rouen,  le  clergé  & 
les  habitans  de  cette  ville  demandèrent  au  pape  que  la  volonté  de  ce  prince 
fût  exécutée.  Le  duc  de  Bourgogne,  le  comte  de  Toulouse  &  l'évêque  d'Agen, 
qui  avoient  assisté  à  sa  mort,  se  mêlèrent  dans  cette  querelle,  &  ils  écrivirent 
tous  trois  au  pape^  pour  lui  rendre  témoignage  «  qu'ils  avoient  fait  tout  leur 
«  possible  pour  persuader  au  jeune  Henri  de  se  faire  inhumer  à  Grandmont, 
('  à  cause  de  l'éloignement  de  la  cathédrale  de  Rouen  &  de  la  difficulté  des 
Cl  chemins,  mais  qu'il  avoit  toujours  persisté  à  vouloir  être  enterré  dans  cette 
Cl  cathédrale  auprès  de  Guillaume,  son  oncle,  »  Ainsi  on  fut  obligé  de  l'y 
transférer  après  l'avoir  exhumé.  La  suscription  de  la  lettre  du  comte  de  Tou- 
louse est  conçue  en  ces  termes  :  ci  Au  très-révérend  père  en  Jésus-Christ  ik 

V  seigneur,  Luce,  par  la  grâce  de  Dieu  pontife  des  R.omains,  Raimond,  par 
«  la  même  grâce  duc  de  Narbonne,  comte  de  Toulouse,  marquis  de  Pro- 
II  vence  :  salut.  Sec.  « 

Ce  comte  Se  le  duc  de  Bourgogne,  principaux^  protecteurs  du  jeune  Henri, 
se  retirèrent  aussitôt  après  la  mort  de  ce  prince.  Le  vicomte  de  Limoges,  des- 
titué d'un  si  grand  appui,  remit,  le  24  de  juin  suivant,  le  château  de  cette 
ville  au  roi  d'Angleterre  qui,  suivi  du  duc  Richard,  son  fils,  8c  du  roi 
d'Aragon,  alla  assiéger  six  jours  après  le  château  de  Hautefort,  dont  il  se 
rendit  maître  le  i"  de  juillet.  Après  la  prise  de  cette  place,  le  roi  d'Aragon 
retourna  dans  ses  Etats. 

Il  est  parlé  du  siège  du  château  de  Hautefort  dans  la  Vie'*  de  Bertrand  de 
Born,  poète  provençal,  dans  la([uelle  on  trouve  quelques  circonstances  de  la 
ruerre  du  jeune  Henri,  roi  d'Angleterre,  contre  le  roi  son  père,  «  Bertrand 
n  de  Born,  châtelain  8<.  seigneur  de  Hautefort,  en  Périgord,  dit  l'auteur  de 
K  cette  Vie,  vivoit  du  temps  que  Richard  étoit  comte  de  Poitiers  :  il  fut  tou- 
«  jours  ennemi  de  ce  prince,  &  se  ligua  contre  lui  avec  le  comte  de  Périgord 
Cl  Si  Aymar,  vicomte  de  Limoges.  Il  embrassa  ensuite  les  intérêts  du  jeune 
Cl  Henri,  roi  d'Angleterre,  au  parti  duquel  il  attira  contre  le  roi  d'Angleterre, 
«  son  père.  Se  Richard,  son  frère,  Aymar,  vicomte  de  Limoges,  le  vicomte  de 
«  Ventadour,  le  comte  de  Périgord  Se  son  frère,  le  comte  d'Angoulême  Se  ses 
«  deux  frères,  le  comte  Raimond  de  Toulouse,  le  comte  de  Flandres,  le  comte 
(i  de  Barcelone^,  Centulle  d'Astarac,  Gaston  de  Béarn,  comte  de  Bigorre,  le 
Il  comte  de  Dijon,  Sec,  Ces  princes  firent  quelque  temps  après  leur  paix  avec 
Cl  le  roi  d'Angleterre  qui,  suivi  de  son  fils  Richard  S<  du  roi  d'Aragon,  vint 

V  assiéger  le  château  de  Hautefort  Se  obligea  enfin  Bertrand  de  Born  à  se 

'  Gniifridiis,    prior   Vosiensis.  —   Radiilfiis  de  ^  Mss.  de  la  Bibliothèque  du  roi,  n.  722.5. 

Diceto.  —  RobertuS  de  Monte,  ad  ann.  11  83.  '  L'auteur  se    trompe  par  rapport  au    comte  de 

'  IA:irtene,  Feteruni  SS.  ampîissima  coUectio,  l.   1,  Barcelone  ou    roi   d'Aragon,   qui    piit   le  parti  de 

c.  9,51   &  seq.  Richard,  [Note  de  dom  yaisscte.] 

'  Gaufridus,  prior  Vosiensis, 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XIX.  io5 


An  1 183 


«  rendre.  Ce  seigneur,  prétendant  que  le  roi  d'Aragon  l'avoit  trahi,  composa 
«  pour  se  venger  un  sirvente  contre  ce  prince  où  il  lui  reproche  :  i°  l'ori- 
«  gine  de  sa  naissance,  qu'il  fait  venir  d'une  pauvre  famille  du  château  de 
«  Carlad,  dans  la  seigneurie  du  comte  de  Rodez;  2°  la  conduite  qu'il  avoit 
»  tenue  à  l'égard  de  la  fille  de  l'empereur  Comnène;  3°  le  parjure  du  prince 
«  Sanche,  son  frère,  qui  avoit  abandonné  les  intérêts  du  comte  de  Toulouse 
«  pour  se  liguer  avec  le  roi  d'Angleterre,  lequel  lui  avoit  donné  pour  cela 
«  quelques  domaines.  » 

Bertrand  de  Born  pouvoit  être  fondé  sur  les  deux  derniers  articles;  mais  il 
est  certain  que  ce  poëte  &  l'auteur  de  sa  vie  se  trompent  en  faisant  descendre 
Alfonse  II,  roi  d'Aragon,  en  ligne  masculine  des  vicomtes  de  Carlad,  &  en 
quelques  autres  faits  qu'ils  ont  avancés  sur  la  généalogie  de  ce  prince  ;  à 
moins  que  Bertrand,  par  une  licence  poétique,  n'ait  cru  pouvoir,  en  usant  de 
fiction,  satisfaire  son  animosité  Se  sa  vengeance. 

Ce  poëte  fit  encore  un  autre  sirvente  contre  le  roi  d'Aragon  à  l'occasion  ^:n\'\f(,'i. 
suivante  :  «  lorsque  ce  prince,  dit  l'auteur  de  la  Vie  de  Bertrand,  vint  au 
«  secours  de  Henri,  roi  d'Angleterre,  le  comte  de  Toulouse  alla  au  devant  de 
<i  lui  en  Gascogne,  l'attaqua,  le  battit  Si  fit  prisonniers  cinquante  chevaliers  de 
«  son  armée.  Le  roi  d'Angleterre,  voulant  racheter  ces  prisonniers,  remit  l'ar- 
«  gent  de  leur  rançon  au  roi  d'Aragon  qui  l'emporta  avec  lui  81  laissa  en  prison 
«  ces  chevaliers,  qui  furent  obligés  de  se  racheter  à  leurs  propres  dépens.  » 

Bertrand  de  Born  chanta  les  guerres  que  Henri  II,  roi  d'Angleterre,  eut 
avec  le  roi  Philippe-Auguste.  Il  rapporte  dans  les  chansons  qu'il  fit  sur  ce 
sujet  les  motifs  de  cette  guerre,  5c  on  y  trouve  diverses  circonstances  histo- 
riques sur  lesquelles  on  peut  se  fonder  jusqu'à  un  certain  point.  L'auteur  de 
sa  Vie  dit  que  ce  seigneur  aima  Meuta  ou  Mathilde  de  Montagnac,  dame  * 

d'une  rare  beauté,  8t  femme  de  Talayran  de  Périgord,  seigneur  de  Monta- 
gnac, frère  du  comte  de  Périgord.  Il  ajoute  que  Bertrand  eut  pour  rivaux 
Richard,  comte  de  Poitiers,  Geoffroy  de  Bretagne,  frère  de  ce  prince, 
Alfonse  II,  roi  d'Aragon,  &  Raimond,  comte  de  Toulouse;  mais  que  Mathilde 
préféra  Bertrand  à  tous  ces  princes.  Le  même  auteur  parle  de  Constantin', 
frère  de  Bertrand  de  Born,  qui  mourut  dans  l'ordre  de  Cîteaux. 

XCI.   —   Mort  d'Albérïcy  fils  puîné  de   Raimond  V,  comte  de  Toulouse, 
Béatrïx,  héritière  du  Dauphiné,  sa  veuve,  épouse  le  duc  de  Bourgogne, 

Hugues  III,  duc  de  Bourgogne,  £<.  Raimond  V,  comte  de  Toulouse,  s'uni- 
rent encore  plus  étroitement  par  le  mariage  de  Béatrix,  héritière  du  Dau- 
phiné &  veuve  d'Albéric^  Taillefer,  fils  puîné  du  comte,  laquelle  épousa  ce 
duc  à  Saint-Gilles,  en  ii83,  suivant  le  témoignage  d'un  historien''  du  temps. 
Le  lieu  où  les  noces  furent  célébrées  &i  les  liaisons  qui  régnoient  déjà  entre 

■  Mss.  de  la  Bibliothèque  du  roi,  n.  7698.  '  Chron.  Divioncnse,  npud   Labbe,  Bibliothect 

'  Voyez  tome  IV,  Note  L,  n.  xvi,  pp.  224,  225.        nova  manuscrlptorum,  t.   1,  p.  2J5. 


An  II  83 


io6  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XIX. 

le  comte  de  Toulouse  &  le  duc  de  Bourgogne,  nous  donnent  lieu  de  croire 
que  le  premier,  après  avoir  perdu  son  fils  Albéric,  qui  décéda  sans  enfans, 
négocia  lui-même  le  mariage  de  sa  veuve  avec  l'autre  pour  ne  pas  laisser 
passer  le  Dauphiné,  dont  il  avoit  joui  au  nom  de  ce  fils  depuis  l'an'  ii63, 
dans  les  mains  de  quelque  autre  prince  qui  ne  fût  pas  de  ses  amis.  Hugues, 
pour  pouvoir  contracter  une  alliance  qui  lui  étoit  si  avantageuse,  répudia 
Alice  de  Lorraine,  sa  femme,  dont  il  avoit  deux  fils.  Un  autre  historien^ 
rapporte  ce  mariage  sous  l'an  1184,  &  il  en  parle  en  ces  termes  :  «  La  même 
«  année  Albéric  Taillefer,  comte  de  Saint-Gilles,  étant  décédé,  le  duc  de 
«  Bourgogne  répudia  Alice,  sa  femme,  dont  il  avoit  eu  deux  fils,  Eudes  & 
«  Alexandre,  81  épousa  la  veuve  d'Albéric,  qui  étoit  fille  de  l'ancien  dauphin 
«  8<,  dont  il  eut  le  jeune  dauphin.  Le  désir  de  posséder  les  grands  domaines 
«  qui  avoient  appartenu  à  cet  ancien  dauphin  engagea  le  duc  de  Bourgogne 
«  à  toutes  ces  choses.  »  Enfin  un  moderne ^  prétend  que  le  fils  puîné  du 
comte  de  Toulouse,  qu'il  appelle  Guillaume  Taillefer,  décéda  en  1181;  mais 
il  ne  donne  aucune  preuve  ni  du  nom  de  ce  prince,  ni  de  l'époque  de  sa 
mort.  11  ajoute  que  Taillefer  fut  cher  aux  peuples  du  Dauphiné,  ses  sujets, 
81  que  les  princes  ses  voisins  estimèrent  sa  vertu  &  redoutèrent  son  courage. 
Il  avoit  donné,  continue-t-il ,  en  11 76,  divers  domaines  du  Dauphiné  au 
prieuré  de  Saint-Amédée;  8c  quoiqu'il  n'eût  que  l'usufruit  du  pays  durant  la 
vie  de  sa  femme,  8c  non  pas  la  propriété,  cette  donation  fut  néanmoins  auto- 
risée après  sa  mort.  Albéric  pouvoit  avoir  tout  au  plus  vingt-six  à  vingt-sept 
ans  lorsqu'il  décéda  en  ii83  ou  1184.  Le  duc  de  Bourgogne  eut  de  Béatrix 
un  fils,  nommé  André,  qui  prit  le  surnom  de  Guigues  8c  qui  fut  le  chef  de 
la  seconde  race  des  dauphins  8c  comtes  de  Viennois,  d'Albon  8c  de  Graisi- 
vaudan.  Béatrix  se  remaria"*  en  troisièmes  noces  avec  Hugues,  seigneur  de 
Coligny-le-Neuf ,  après  la  mort  du  duc  de  Bourgogne,  son  second  niari, 
arrivée  en  iigi,  8c  elle  eut  des  enfans  de  ce  troisième  mariage. 

XCII.  —  Association  faite  au  Piiy  pour  le  rétablissement  de  la  paix. 

Le  comte  de  Toulouse  fit  enfin  sa  paix  avec  le  roi  d'Aragon  dans  le  temps 
qu'ils  paroissoient  les  plus  irréconciliables.  L'événement  suivant,  au  rapport 
de  divers  auteurs  du  temps^,  donna  lieu  a  leur  réconciliation.  Un  charpen- 
tier de  la  ville  du  Puy,  que  les  uns  nomment  Pierre  8c  les  autres  Durand, 
homme  simple  8c  pieux,  alla  trouver  l'évêque  de  cette  ville,  vers  la  fête  de 
Saint-André  de  l'an  1182,  &c  l'assura  que  Dieu  lui  avoit  ordonné  de  rétablir 
la  paix  dans  le  royaume,  qu'une  infinité  de  brigands  qui  couroient  de  toutes 
parts  Se  la  guerre  que  se  faisoient  divers  princes  avoient  mis  dans  la  dernière 

'  Voyez  tome   IV,   Note  L,    n.  xvi ,   p.  2i5  &           <  Histoire  gSnêalog'ijue  Jes  pairs  Je  France,  t.   i, 

Euiv.  pp.  5^5,  563. 

'  Albericus,  Chronicon,  ann.  i  184.  5  Gaufridiis,  prier  Vosiensis,  Chronlcon,  p.  SSç. 

'  Chorier,   Histoire  générale  du  Dauphiné,  t.  2,       —  Continuatio  chron.  Roberti  de  Monte.  —  Ri- 

p.  72  &  suiv.  gordiis,  De  gestis  Philippl  Augusti,  p.   12. 


Au  1 183 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XIX.  107 

désolation.  II  lui  présenta  un  papier  qu'il  prétendoit  avoir  reçu  du  ciel  & 
sur  lequel  étoit  peinte  l'image  de  la  Vierge,  qui  tenoit  entre  ses  bras  l'enfant  Éd-o,igin. 
Jésus,  avec  cette  inscription  autour  :  Agniis  Dei,  qui  îollis  peccata  mundï, 
dona  nohis  pacem,  8c  l'exhorta  de  concourir  de  toutes  ses  forces  à  l'établisse- 
ment de  cette  paix.  L'évêque  du  Puy  ne  fit  d'abord  aucun  cas  de  cette  pré- 
tendue révélation,  &  tout  le  peuple  de  la  ville  regarda  cet  homme  comme  un 
visionnaire.  Il  se  trouva  cependant  dans  la  suite  quelques  citoyens  qui  se 
laissèrent  persuader  &  qui  formèrent,  après  Noël,  une  espèce  d'association 
ou  de  confrérie  pour  travailler  de  concert  au  rétablissement  de  la  paix  :  leur 
nombre  augmenta  peu  à  peu,  &  enfin  ils  dressèrent  les  statuts  suivants. 
On  convint  :  i^  que  ceux  qui  s'engageroient  dans  cette  association  porte- 
roient  un  capuchon  de  toile  blanche  fait  en  forme  de  scapulaire,  comme  le 
portoient  les  religieux  de  Cîteaux  &  à  peu  près  comme  le  pallium  des  arche- 
vêques, 8c  qu'on  y  attacheroit  du  côté  de  la  poitrine  une  plaque  d'étain  ou 
de  plomb  sur  laquelle  seroit  une  image  de  la  Vierge,  telle  qu'on  l'a  décrite, 
avec  ces  mots  :  Agnus  Del,  Sec;  2°  que  ceux  qui  seroient  reçus  dans  la  con- 
frérie confesseroient  leurs  péchés,  donneroient  six  deniers  tous  les  ans  &c 
iroient  à  la  guerre  avec  leurs  confrères  toutes  les  fois  qu'ils  seroient  com- 
mandés, excepté  les  ecclésiastiques  séculiers  8c  réguliers  qui,  au  lieu  de  porter 
les  armes,  prieroient  Dieu  pour  la  paix. 

La  dévotion  qu'on  avoit  à  la  Vierge,  honorée  dans  l'église  du  Puy,  ame- 
noit  ordinairement  tous  les  ans  dans  cette  ville  un  grand  nombre  de  pèlerins 
le  jour  de  l'Assomption  ;  mais  le  bruit  que  fit  cette  confrérie  y  attira,  en  1 183, 
un  concours  encore  plus  grand;  8c  plusieurs  princes,  évêques,  abbés,  cha- 
noines Se  autres  ecclésiastiques  s'y  rendirent.  L'évêque  du  Puy,  qui  avoit 
changé  de  sentiment  à  l'égard  du  charpentier,  le  fit  venir  dans  la  cathédrale 
le  jour  de  la  fête,  8c,  l'ayant  fait  monter  sur  un  échafaud  qu'il  avoit  fait 
dresser  exprès,  il  lui  fit  exposer  devant  tout  le  peuple  assemblé  de  quelle 
manière  il  avoit  reçu  l'ordre  de  Dieu  pour  établir  la  paix  :  cet  homme  pour 
preuve  de  sa  mission  montra  l'image  qu'il  prétendoit  avoir  reçue  du  ciel. 
L'évêque  parla  ensuite  avec  tant  de  force  que  tous  ses  auditeurs,  fondant  en 
larmes,  promirent  par  serment  de  garder  la  paix  8c  dejnandèrent  d'être 
agrégés  à  la  confrérie.  Ils  se  revêtirent  tous  d'un  capuchon  fait  comme  on  l'a 
déjà  dit,  8c  le  gardèrent  toujours  depuis  pour  marque  de  leur  confédération. 
Un  des  historiens'  de  qui  nous  avons  pris  ce  détail  observe  que  ceux  qui 
portoient  le  capuchon  avec  l'image  de  la  Vierge,  marchoient  avec  tant  de 
sûreté  que  si  quelqu'un  d'entre  eux,  après  avoir  commis  un  homicide,  venoit 
ti  rencontrer  le  frère  de  celui  qu'il  avoit  tué,  ce  frère  oublioit  aussitôt  tout 
ressentiment  de  vengeance,  donnoit  le  baiser  de  paix  au  meurtrier,  le  con- 
duisoit  jusque  dans  sa  maison  8c  lui  fournissoit  toutes  les  choses  nécessaires  à 
la  vie.  Un  autre ^  ajoute  que  la  paix  fut  ainsi  rétablie  dans  toute  la  Gothie, 
8c  qu'elle  y  fut  observée  pendant  quelque  temps. 

'  Cniifridus,  pr'ior  Vosiensi».  '  Rigordus,  De  gcstis  Philipp!  Augusti,  p.   12. 


io8  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XIX. 


An  1 1 83 

Un  troisième  '  historien  du  temps,  mais  étranger,  rapporte  l'histoire  de  cet 
événement  d'une  manière  un  peu  différente.  Il  assure  que  cette  société,  qu'il 
appelle  la  secte  des  capuchons,  commença  d'abord  en  1182  par  douze  citoyens 
du  Puy  que  l'évêque,  qui  fit  le  treizième,  confédéra  pour  le  rétablissement 
de  la  paix,  après  que  le  charpentier  lui  eut  fait  part  de  la  révélation  qu'il 
prétendoit  avoir  eue;  que  dans  peu  toute  la  ville  du  Puy  &  les  pays  circon- 
voisins  suivirent  leur  exemple  j  que  des  évêques,  des  abbés,  des  religieux  & 
des  gens  de  toute  condition  embrassèrent  l'institut,  &  firent  serment  de  ne 
causer  aucun  dommage  à  personne;  mais  de  poursuivre  de  concert  jusqu'à  la 
mort  ceux  qui  leur  feroient  quelque  injure.  Il  étoit  permis,  ajoute-t-il,  aux 
laïques  de  contracter  un  mariage  légitime,  à  moins  qu'ils  n'aimassent  mieux 
demeurer  dans  le  célibat.  Ils  portoient  pour  marque  de  leur  secte  6"  de  leur 
ordre  un  capuchon  de  toile  sur  lequel  étoit  appliquée,  du  côté  de  la  poitrine, 
une  image  de  la  Vierge  d'étain  ou  de  plomb;  mais  ils  ne  la  mettoient  que 
quand  ils  alloient  à  l'armée.  Cet  historien  dit  enfin  que  ces  associés,  s'étant 
extrêmement  multipliés,  ils  exterminèrent  presque  entièrement,  quelques 
années  après,  les  Brabançons,  qui  causoient  des  ravages  infinis  dans  le 
royaume. 

Plusieurs  auteurs  postérieurs^  rapportent  encore  différemment  l'origine  & 
t'^m*'"^65  '*^  progrès  de  cette  association.  Quelques-uns  prétendent  que  ce  tut  une 
supercherie  de  la  part  d'un  chanoine  du  Puy,  qui,  voyant  que  le  pèlerinage 
de  Notre-Dame  étoit  interrompu  par  les  courses  continuelles  des  routiers,  S<. 
par  la  guerre  qui  régnoit  alors  entre  divers  princes,  aposta  un  jeune  homme 
qu'il  déguisa  en  Vierge  &<  qui,  s'étant  montré  au  charpentier,  homme  simple 
£c  crédule,  lui  persuada  tout  ce  qu'il  voulut.  Quoi  qu'il  en  soit,  il  est  cer- 
tain du  moins  que  cette  apparition,  vraie  ou  fausse,  fit  une  si  forte  impres- 
sion qu'elle  donna  occasion  au  rétablissement  de  la  paix,  à  la  destruction  des 
routiers  qui  désoloicnt  les  provinces  Sv.  à  la  cessation  des  hostilités  entre 
divers  princes  qui  se  taisoient  la  guerre;  Se  cet  événement  tut  si  célèbre  dans 
le  temps  qu'on  le  marqua  dans  la  date  des  chartes.  Telle  est  une  donation  ^ 
que  Bernard  d'Anduze  fit,  en  ii83,  à  la  confrérie  de  Sommières,  Philippe, 
roi  des  François,  régnant,  Guillaume  d'Ujès  étant  évêque  de  Nimes,  la 
même  année  que  la  paix  de  la  bienheureuse  Marie  commença  iy  qu'elle  Jut 
divulguée.  Au  reste,  aucun  de  ces  historiens  ne  marque  le  nom  de  l'évêque 
du  Puy  qui  procura  cette  paix.  Ce  fut  Pierre'*,  quatrième  du  nom,  cjui  pos- 
séda cet  évêché  depuis  l'an  iiSg  jusques  en  ii8g.  Le  pape  Luce  III  lui 
défendit^  d'empêcher  à  l'avenir  le  légitime  mariage  des  veuves,  &  d'exiger 
de  l'argent  contre  les  canons  de  celles  qui  se  marioient  ou  qui  se  taisoient 
enterrer  "5. 

'  Gervasius,  inonachus  Dorolîcrnensis,  Chron'tca,  '  Innocent  III,  1.   lo,  Ejrist.  85. 

ad  <inn.  1182.  *  Cette  association  des  Encapuchonncs  fut  toute 

*  Gissey,   1.    3,  ch.    6,  —  Théodore,   Histoire  de  populaire  &  naquit  pour  amsi  dire  spontanément. 

Vôtre-Dame  du  Puy,  1.  2,  c.  3.  La  diversité  des   témoignages  des  auteurs  contem- 

3  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  XXXIII,  c.  355.  porains   qui   cherchent  à  expliquer  cet  événement 

^  Gallia   Chriitiana,  nov.  éd.  t.  2,  p.  2o5  &  seq.  étrange  suffit  à  prouver  cette  assertion.  Les   rava- 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XIX. 


109 


Ces  mêmes  historiens  ne  marquent  pas  non  plus  le  nom  des  princes  8<  des 
grands  seigneurs  qui  se  trouvèrent  au  Puy  à  la  fête  de  l'Assomption  de 
l'an  ii83  Se  qui  jurèrent  d'observer  la  paix.  L'un'  d'entre  eux  fait  entendre 
que  le  comte  de  Toulouse  8<  le  roi  d'Aragon  furent  de  ce  nombre;  car  il  inti- 
tule le  chapitre  où  il  rapporte  cet  événement  ;  de  la  réformation  miraculeuse 
de  la  paix  entre  Raimond,  comte  de  Saint-Gilles,  iS-  le  roi  d'Aragon.  Mais 
ces  deux  princes  ne  la  conclurent  que  longtemps  après. 

XCIII.  — Le  comte  de  Toulouse  continue  la  guerre  contre  le  roi  d'Angleterre 
6"  fait  sa  paix  avec  le  seigneur  de  Montpellier. 

Cependant  les  routiers  Se  les  autres  brigands  que  le  jeune  roi  d'Angleterre 
avoit  appelés  à  son  secours,  achevèrent  de  désoler  le  Limousin  8<.  étendirent 


An  ii83 


ges  des  routiers,  employés  par  les  princes  anglais 
&  les  seigneurs  méridionaux  dans  leurs  guerres 
continuelles,  avaient  réduit  les  populations  du 
centre  de  la  France  à  l'état  le  plus  précaire.  On 
peut  voir  dans  un  travail  reinarcjuable  de  feu  Gé- 
raud,  de  l'École  des  Chartes,  des  détails  intéressants 
à  ce  sujet  [Biillothi^uc  de  l'Ecole  des  Chartes,  t.  III, 
p.  iiî'i  mais  ces  détails  ne  se  rapportent  pas  assez 
au  Midi  pour  trouver  place  dans  cette  noie;  d'au- 
tres faits,  mentionnés  notamment  dans  le  recueil 
des  miracles  de  Rocamadour  (Voir  dans  la  même 
collection,  t.  18,  un  article  de  M.  Servois,  pp.  2'!6 
&  237),  nous  prouvent  que  le  Midi  eut  sa  large 
part  des  malheurs  de  cette  triste  époque.  Extorsions 
&  abus  de  pouvoir  des  petits  seigneurs,  ravages 
&  pillages  des  bandes  armées  qui  parcouraient  le 
pays,  tout  s'unissait  pour  rendre  la  condition  des 
paysans  déplorable.  Tant  de  calamités  surexcitè- 
rent l'imagination  populaire,  &  le  recueil  des  mi- 
r.icles  de  Rocamadour  prouve  qu'elles  donnèrent 
naissance  à  une  recrudescence  de  dévotion  à  la 
Vierge.  Les  pèlerinages,  les  vœux  se  multiplièrent, 
&  de  ce  grand  mouvement  des  esprits  sortit  une 
tentative  des  opprimés  pour  mettre  fin  au  joug 
qui  pesait  sur  eux.  Ce  mouvement  n'était  ni  sans 
exemple,  ni  sans  précédents.  Dès  le  onzième  siè- 
cle, vers  io3i,  au  rapport  d'un  contemporain, 
André  de  Fleury  (de  Certain,  Miracles  de  saint  Be- 
noît, pp.  \i)2  &  193),  les  paysans  du  Berry,  con- 
duits par  leurs  prêtres  &  soulevés  par  l'archevêque 
Aimon,  avaient  pris  les  armes  pour  faire  respecter 
la  paix  aux  petits  tyrans  des  environs.  Inutile 
d'ajouter  que  bien  souvent  la  direction  de  ces 
bandes  échappa  au  clergé,  &  que  ces  révoltes  dé- 
générèrent en  vraies  jacqueries  que  les  seigneurs 
eurent  d'autant  moins  de  peine  à  réprimer  que  les 
rebelles  commettaient  plus  d'excès.  —  Comme  en 
io38,  ce  fut  le  clergé  du  Vêlai  qui  souleva  le  pays 
en  ii83  contre  les  oppresseurs.  Le   pèlerinage  de 


Kotre-Dame  du  Puy,  très-fréquenfé  à  cette  époque, 
réunissait  chaque  année  dans  cette  ville,  au  mois 
d'août,  un  grand  nombre  de  fidèles,  &  entretenait 
dans  toute  la  contrée  une  grande  ferveur  reli- 
gieuse, &  d'augre  part  le  Vêlai  avait  eu  à  souffrir 
plus  que  tous  les  diocèses  voisins  des  luttes  conti- 
nuelles qui  divisaient  les  seigneurs;  rappelons 
notamment  l'hostilité  permanente  des  vicomtes  de 
Polignac  &  des  évêques  du  Puy.  Aussi  l'association 
qui  se  forma  fut-elle  exclusivement  religieuse,  & 
se  plaça-t-elle  sous  la  protection  immédiate  de  la 
Vierge;  la  règle  que  les  confrères  s'imposèrent  fut 
presque  monastique  (défense  de  jurer,  de  fréquen- 
ter les  tavernes,  de  porter  des  habits  luxueux'). 
Cette  institution  eut  d'abord  des  résultats  excel- 
lents; elle  s'étendit  dans  tout  lemidi  de  la  France, 
dans  la  Provence,  l'Auxerrois  &  l'Orléanais,  8c 
plusieurs  défaites  infligées  aux  routiers  vinrent 
prouver  qu'elle  avait  bien  son  utilité.  Mais  elle 
ne  tarda  pas  à  devenir  un  danger  terrible  pour 
la  société,  telle  qu'elle  existait  alors;  de  religieuse 
&  de  pacifique,  la  confrérie  devint  une  associa- 
tion toute  politique,  &  voulut  obtenir  des  liber- 
tés &  des  franchises.  Dès  lors  abandonnée  par 
le  clergé,  elle  cessa  bientôt  de  compter;  chassés 
du  diocèse  d'Auxerre  &  du  nord  de  la  France' 
les  confrères  essuyèrent  plusieurs  défaites  &  fini- 
rent par  disparaître  entièrement.  Les  maux  qu'ils 
avaient  essayé  d'adoucir  ne  cessèrent  pas  de  se  faire 
sentir,  mais  une  nouvelle  institution,  \e  commun 
de  la  paix,  les  atténua  dans  une  certaine  mesure 
&  une  fois  l'autorité  royale  fermement  établie 
dans  le  Midi,  &  organisée  par  le  sage  &  clair- 
voyant Louis  IX,  les  guerres  privées  devinrent  de 
plus  en  plus  rares.  (Voyez  à  ce  sujet  Bouiaric, 
Institutions  militaires,  pp.  171-17.}.]  [A.  M.) 
'  Rigord. 

■  Voir  la   firavure  de   la  médaille   qu'ils  portaient   dans 
F.  .Maiidel,  Histoire  dit  Vflai,  t,  2,  p.  19?, 


An  ii83 


An  I  iti/} 


iio  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XIX. 

leurs  courses'  jusque  dans  le  bas  Languedoc;  ils  passèrent^  dans  l'Auvergne, 
au.  commencement  de  l'an  1184,  &  mirent  l'abbaye  d'Aurillac  à  contribu- 
tion. Raimond,  fils  du  comte  de  Toulouse,  étoit  alors  à  leur  tête,  suivant  le 
témoifniage  d'un  auteur-*  du  temps,  qui  marque  «  que  ce  prince  repassa  avec 
«  eux  dans  le  Limousin,  qu'ils  assiégèrent  le  château  de  Payrac,  le  7  de 
«  février.  Se  qu'ils  ravagèrent  tous  les  pays  voisins  soumis  au  roi  d'Angle- 
n  terre.  »  Nous  comprenons  par  là  que  Raimond,  comte  de  Toulouse,  con- 
tinua la  guerre  contre  le  roi  d'Angleterre  &c  Richard,  duc  d'Aquitaine,  son 
fils;  mais  il  paraît  qu'il  fit  bientôt  après  sa  paix  avec  le  seigneur  de  Mont- 
pellier. 

On  rapporte"*,  en  effet,  que  «  Guillaume,  seigneur  de  Montpellier,  rendit 
«  hommage  à  Raimond,  comte  de  Toulouse,  le  9  de  mai  de  l'an  1184,  en 
«  présence  de  Jean  de  Montlaur,  évêque  de  Maguelonne;  qu'il  lui  soumit, 
«  étant  à  genoux  8c  les  mains  jointes,  la  ville  de  Montpellier,  le  château  de 
u  Lattes  &.  le  lieu  de  Castelnau  ;  qu'il  renonça  volontairement  à  toutes  ses 
«  prétentions  sur  le  territoire  de  Substantion,  où  il  ne  se  réserva  que  les 
«  anciens  usages,  &  qu'en  un  mot  il  assujettit  tous  ses  domaines  à  l'autorité 
«  de  ce  prince^.  » 

XCIV.  —  Le  comte  de  Toulouse  convient  d'un  traité  avec  le  roi  d'Arason. 

Enfin  Raimond,  comte  de  Toulouse,  Se  Alfonse,  roi  d'Aragon,  terminèrent 
entièrement  leurs  différends  par  un  traité  solennel  dont  ils  convinrent<5  au 
mois  de  février  de  l'an  ii85.  Leur  entrevue  se  fit  aux  environs  du  Rhône  8c, 
vraisemblablement  dans  l'île  de  Gernica,  entre  Beaucaire  8c  Tarascon,  sur 
les  confins  de  leurs  Etats  ;  1°  Ils  confirmèrent  8c  renouvelèrent  l'accord  qu'ils 
avoient  conclu  neuf  ans  auparavant  dans  cette  île;  en  sorte  qu'ils  promirent 
réciproquement  de  se  faire  droit  les  uns  aux  autres,  par  l'arbitrage  de  leurs 
vassaux,  touchant  les  prétentions  que  le  roi  avoit  sur  le  comté  de  Melgueil 
8c  le  château  d'Albaron  possédés  par  le  comte,  8c  celles  que  le  comte  avoit  sur 
les  domaines  du  Rouergue  8c  du  Gévaudan  possédés  par  le  roi.  2°  Ils  pro- 
mirent de  vivre  dans  la  suite  en  bonne  intelligence  8c  de  s'aider  mutuelle- 
ment contre  leurs  ennemis  communs,  depuis  le  port  ou  le  col  de  Cluse 
jusques  au  mont  Cenis,  dans  tous  les  comtés  de  Toulouse  8c  de  Querci,  8c 
dans  la  Provence.  3°  Ils  convinrent  d'obliger  leurs  sujets  qui  auroient  quelque 
t^liri^'cû  <-lifférend  avec  l'un  des  deux  à  lui  faire  satisfaction.  4°  Ils  s'engagèrent  à 
s'entr'aider  dans   les   prétentions   qui    leur  étoient  communes   sur   la  ville 


'  Gariel,  Scries  praesulum  Magaïonemium,  p.  233.  peut  voir  tome  VIII,  ce.  SyS,  374.  Ils  ont  pour  but 

'  GaufridiiS,   prier  Vosiensis,  Chronicon,  p.  3^o  de  fixer  le  mode  de  possession  des  étaux  dw  i-.iar- 

&  seq.  elle  &  le  prix  des  viandes  débitées  sur  lesdits  étaux. 
'  Gaufridus,  prior  Vosiensis,  Chronicon,  p.  342.  [A.  M.1 

^  Gariel,  Séries  praesulum  Magalonensium, -p.  1^3.  "  Mjrca    Hispanica ,   c.    iSyS    &   seq.   —   Voyez 

^  De  cette  année  1184  datent   des  statuts  pour  tome  VII,  Note  IV,  pp.  10  &  ti. 

la  corporation  des  bouchers  de  Toulouse  que  l'on 


An  ii85 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XIX.  m 

d'Avignon.  5"  lis  exceptèrent  de  la  promesse  réciproque  qu'ils  se  firent  de  se 
secourir  contre  tous  ceux  qui  les  attaqueroient,  le  roi  de  France,  le  roi  de 
Compostelle  (ou  de  Léon)  S<  le  comte  de  Forcalquier.  6°  Ils  choisirent  pour 
arbitres,  en  cas  qu'il  s'élevât  dans  la  suite  quelque  différend  entre  eux, 
Bérenger,  archevêque  de  Tarragone,  Gaucerand  de  Pins,  Guillaume  de 
Saliran  5c  Raimond  d'Agout,  juge  du  palais;  ou  à  leur  défaut  un  pareil 
nombre  de  leurs  vassaux.  Le  traité  fut  passé  en  présence  de  l'archevêque  de 
Tarragone,  de  ces  trois  seigneurs,  de  Bernard,  archevêque  de  Narbonne, 
Bernard,  évêque  de  Barcelone,  Guillaume  Pétri,  prévôt  de  l'église  d'Albi, 
lequel  parvint,  la  même  année',  à  l'évêché  de  cette  ville,  &  d'Ermengarde, 
vicomtesse  de  Narbonne.  Il  parok  par  là  que  cette  vicomtesse,  alliée  du  roi 
d'Aragon,  s'étoit  aussi  réconciliée  alors  avec  le  comte  de  Toulouse. 

XCV.  —  Le  comte  de  Toulouse  accorde  divers  privilèges  aux  hahîtans 

de  Ni  me  s. 

Ce  comte  alla  ensuite  à  ^  Nîmes,  où  il  accorda,  le  i"  de  mars  suivant,  divers 
privilèges  aux  habitans  qui  demeuroient  dans  l'enceinte  des  fisses  dont  on 
venoit  de  renfermer  cette  ville.  Il  les  exempta,  entre  autres,  de  tolte  6-  de 
queste,  conformément  à  l'exemption  que  le  vicomte  Bernard-Aton,  ses  frères, 
leur  père  Se  leur  mère  leur  avoient  accordée.  L'acte  fut  passé  en  présence  de 
Raimond  Rascas,  seigneur  d'Uzès,  &  de  plusieurs  gentilshommes  des  envi- 
rons. Il  ne  paroît  pas  que  le  vicomte  Bernard-Aton  fût  alors  à  Nimes;  mais 
il  y  a  lieu  de  croire  qu'il  fit  sa  paix  avec  le  coipte  Raimond  en  même  temps 
que  le  roi  d'Aragon  dont  il  étoit  allié.  Raimond  se  qualifie  comte  de  Toulouse 
&»  de  Nimes  dans  cette  cliarte. 

XCVI.  —  Roger,  vicomte  de  Carcassonne,  reçoit  quelques  hommages. 
Pont  de  cette  ville  sur  l'Aude. 

Roger  II,  vicomte  de  Carcassonne,  de  Béziers,  d'Albi  &  de  Razès,  autre 
allié  du  roi  d'Aragon,  fit  aussi  sans  doute  sa  paix  avec  le  comte  de  Toulouse 
vers  le  même  temps;  mais  il  paroît  qu'ils  n'étoient  pas  encore  réconciliés  au 
mois  de  juin  de  l'an  1184,  lorsque  Raimond  Vassadel  de  Puiserguier  fit 
hommage^  à  ce  vicomte  &  promît  de  le  servir  contre  le  seigneur  de  Toulouse 
6"  le  seigneur  de  Narbonne  pour  un  certain  droit  que  Roger  lui  permit  de 
lever,  à  cause  du  guidage  du  chemin  depuis  Béziers  jusqu'à  Narbonne,  & 
qu'il  lui  avoit  donné  en  fief.  Aymerî  de  Clermont  donna  alors  à  Roger  la 
moitié  du  droit  qu'il  avoit  sur  les  mines  dans  le  territoire  du  château  de 
Cabrières.  Ce  vicomte  accorda'*  divers  privilèges,  au  mois  d'avril  de  la  même 
année,  aux  habitans  de  Carcassonne,  entre  autres  la  liberté  de  construire  un 

'  GM\(i  Christlana,  nov.  éd.  t.   i ,  p.   |6.  '  Cartiilaire  du  château  de  Foix. 

'  Voyez  tome  VIII,  Ch.irtes,  n.  XXXVII,  ce.  33o  ■•  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  XXXVI. 

&  33i.  [Voir  nu  livre  XX,  an  i  187. J 


An  11 85 


An  ii8j 


I  13 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LTV.  XIX. 


pont  sur  l'Aude'.  Udalger  de  Poncian,  par  son  testament^,  suivant  lequel  il 
se  donna  pour  chanoine  à  la  cathédrale  de  Carcassonne,  le  mercredi  i"  de  mars 
de  l'an  ii83  (1184),  rit  ce  vicomte  son  exécuteur  testamentaire  St  lui  légua 
tous  les  châteaux  &  domaines  qu'il  possédoit  dans  le  comté  de  Razès  Et  le 
diocèse  de  Toulouse,  afin  que  son  fils  Udalger  les  tînt  de  lui  en  fief. 


■  On  peut  voir  cette  charte  complète,  tome  VIII, 
ce.  374  à  376.  C'est  la  première  charte  de  coutume 
de  la  ville  de  Carcassonne.  Outre  le  droit  de  cons- 
truire un  pont  sur  l'Aude,  elle  accorde  aux  habi- 
tants rafiVanchissement  du  droit  de  mainmorte  & 
les  autorise  à  disposer  de  leurs  biens  par  testa- 
ment. Permission  à  tous  de  venir  résider  en  toute 
sûreté  à  Carcassonne;  exemption  du  guidage  &  du 
sur-guidage;  fixation  des  droits  sur  l.i  vente  du 
blé  &  du  poisson;  fixation  du  prix  du  sel  au  sa- 


lin vicomtal.  —  A  propos  de  ce  pont,  remarquons 
que  ce  n'est  pas  du  pont  actuel  de  Carcassonne, 
dit  le  Vieux-Pont,  qu'il  est  question,  mais  d'un 
autre  qui  a  du  précéder  celui  qui  existe  actuelle-» 
ment.  Ce  dernier  date  de  la  fin  du  treizième  siè- 
cle. (Voir  t.  IV,  p.  847,  c.  I,  note.]   [A.  M.] 

'  Archives  de  la  cathédrale  de  Carcassonne.  — 
De  Vie,  Histoire  de  Carcassonne,  p.  yS.  —  GalUa 
Christiana,  t.  6,  Instium.  c.  44t. —  [Voye^  tome  V, 
c.  •4(>'),  n,  32.] 


LIVRE   VINGTIEME 


I.  — Le  roi  d'Aragon  échange  le  comté  de  Provence  £•  les  vicomtes  de  Millau 
6*  de  Géwiudan  avec  Sanche,  son  frère,  pour  le  comté  de  Rouss'tllon.  —  H 
rompt  la  paix  avec  le  comte  de  Toulouse. 


LE  roi  d'Aragon,  après  la  conclusion  de  sa  paix  avec  le  comte  de  Ton-    ^-^{{"'^'l' 
louse,  fit  quelque  séjour  aux  environs  du  Rhône.  Étant  au  mois  de  , 
mars  suivant  au  château  d'Albaron,  dans  l'île  de  Camargue,  il  fit  une     An  uss 
donation  '  à  l'abbaye  de  Franquevaux,  dans  le  diocèse  de  Nimes,  «  pour  la 
«  dédommager  des  pertes  qu'il  lui  avoit  causées,  lorsqu'il  avoit  assiégé  le  chà- 
«  teau  de  Fourques.  »  Ce  prince  tint*,  le  même  mois,  k  Aix,  une  assemblée 
des  principaux  du  pays.  Il  donna  alors  une  charte,  en  faveur  de  la  cathédrale 
de  cette  ville,  dans  laquelle  il  se  qualifie,  par  la  grâce  de  Dieu  roi  d'Aragon, 
comte  de  Barcelone  6*  prince  de  Provence,  &  qu'il  date  ainsi  :  «  Donné  à 
«  Aix,  lorsque  nous  avons  repris  la  Provence  des  mains  de  Sanche,  notre 
«  frère,  en   présence  du  comte  de   Foix,  que  nous  avons  établi   alors  baile 
«  (ou  gouverneur)  de  Provence,  de  Bertrand  de  Baux,  de  Guillaume  de 
«  Sabran,  &c.  » 

On  voit  par  là  que  le  roi  d'Aragon,  qui  avoit  donné  en  1181,  après  la  mort 
de  Raimond-Bérenger,  son  frère,  le  comté  de  Provence  8c  les  vicomtes  de  i^m^'^p^'ûs. 
Millau  8c  de  Gévaudan  à  Sanche,  son  autre  frère,  pour  les  posséder  sous  son 
autorité  comme  une  espèce  d'apanage,  les  retira  des  mains  de  ce  prince,  au 
mois  de  mars  de  l'an  ii85,  après  qu'il  eut  fait  sa  paix  avec  le  comte  de  Tou- 
louse. En  effet,  Sanche  se  qualifioit  encore  comte  de  Provence  au  mois  d'août 

'    Voyez    tome    VIII,    Chartes,    n.     XXXVIII,  '  Bouche,  Histoire  de  Provence,  t.   z,  p.  170  8c 

c.  332.  siiiv. 

VI.  8 


~, ~   114  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC,  LIV.  XX. 

de  l'an  ii85.  Un  moderne'  prouve  fort  bien  que  ce  roi,  en  retirant  la  Pro- 
vence des  mains  de  Sanche,  lui  donna  en  échange  les  comtés  de  Roussillor 
£<.  de  Cerdaene  :  ainsi  l'ancien-  auteur  des  Gestes  des  comtes  de  Barcelone 
se  trompe  lorsqu'il  assure  «  que  Sanche  n'eut  aucune  part  dans  les  domaines 
«  du  roi  Alfonse,  son  frère,  &  que  ce  dernier  ne  voulut  jamais  lui  en  rien 
<(  donner.  »  Au  reste,  le  roi  d'Aragon  fit  cet  échange  avec  Sanche,  son  frère, 
dans  la  vue  de  disposer,  comme  il  le  fit  en  effet,  du  comté  de  Provence  & 
des  vicomtes  de  Millau  &  de  Gévaudan  en  faveur  d'Alfonse,  son  fils  puîné. 
On  voit  encore  par  la  donation  que  le  roi  d'Aragon  fit,  en  ii85,  en  faveur 
de  l'église  d'Aix,  que  ce  prince,  après  avoir  repris  le  comté  de  Provence,  en 
confia  le  gouvernement  à  Roger-Bernard,  comte  de  Foix,  son  cousin,  qui 
s'étoit  sans  doute  ligué  avec  lui  contre  le  comte  de  Toulouse. 

La  paix  entre  ces  deux  princes  ne  fut  pas  de  longue  durée.  En  effet,  le 
roi  d'Aragon  étant  allé,  au  mois  d'avril  suivant,  à  Najac,  en  Rouergue,  où 
Richard,  duc  d'Aquitaine,  ennemi  du  comte  de  Toulouse,  lui  avoit  donné 
rendez- vous,  ils  formèrent  ensemble  une  nouvelle  ligue 3.  Par  le  traité 
Richard  céda  à  Alfonse  «  les  domaines  que  Roger,  vicomte  de  Béziers,  & 
«  Trencavel,  son  frère,  avoient  tenus  de  lui  en  fief,  &  s'engagea  :  i°  De  faire 
«  restituer  à  ce  prince  le  château  d'Hariza  que  le  roi  de  Castille  lui  détenoit 
«  avec  quelques  autres  châteaux  qui  étoient  au  pouvoir  du  roi  de  Navarre. 
«  2°  En  cas  qu'il  n'exécutât  pas  fidèlement  cette  promesse,  de  se  remettre  en 
«  otage  dans  une  place  d'Alfonse,  quarante  jours  après  que  ce  dernier  l'auroit 
«  sommé  de  l'exécution.  «  Nous  comprenons  par  Ik  que  le  vicomte  Pvoger  H 
s'étoit  soumis  à  la  suzeraineté  du  duc  d'Aquitaine  pour  la  vicomte  de  Car- 
cassonne,  &  qu'il  l'avoit  reconnu  pour  seigneur  dominant  dans  le  comté  de 


II.  —  Le  vicomte  Roger  adopte  Alfonse,  infant  d'Aragon.  —  Droits 
de  Vévêque  iy  du  vicomte  sur  la  ville  de  Bé-^iers. 

Le  roi  d'Aragon,  après  ce  traité,  en  conclut  un  autre  avec  le  même  Roger, 
qui  s'exprime  ainsi  dans  l'acte  :  «  Moi,  seigneur-^  Roger,  vicomte  de  Béziers; 
«  de  Carcassonne,  de  Razès  8c  d'Albi,  confesse  &  reconnois  de  bonne  foi  que 

'  Bouche,  Histoire  de  Provence,  t.  2,  p.   170,  une  critique  générnlement  si   perspicace  que  l'on 
'  Marca  Hispanica,  c.  55i.  peut  ajouter  foi  à  son  témoignage.  Le  Trencavel, 
^  Zurita,  Anales  de  la  corona  de  Aragon,  1.  2,  frère  de  Roger  II,  qui   figure  dans  cet  acte,  est  le 
c.  40.  Raimond-Trencavel  qui  paraît  dans  plusieurs  actes 
^  Cette  alliance   entre  le  duc  d'Aquitaine  &■  le  conjointement  avec  lui  (Voir  notamment  tome  V, 
vicomte  de  Béziers,   car  ce  n'est  pas   autre   chose,  c.   1430,   n.  84)  &.  qui,  jusqu'en  ii85,   date  de   la 
malgré  cette  forme  de  recommandation  &  d'iiom-  naissance  de  Raimond-Roger,  fut  l'héritier  pré- 
mage que  demandaient   les  mœurs   du  temps,   dut  somptif  de  Roger  II.  Il  vivait  encore  en  1211;  à 
se  couclure  vers   1177,  moment  où  Roger  II  avait  cette  date  il  céda   à  Simon  de  Montfort  ses  droits 
guerre  avec  le  comte  de  Toulouse  (t.  VIII,  c.  325).  sur  les  domaines  de  son  feu  neveu.  (Voir  t.  VIII, 
Remarquons  que  seul  Zurita  mentionne  ce  fait;  il  c.  609  &  suiv.)  [A.  M.] 

est  vrai  que  cet  auteur  a  eu   entre  les  mains  une  '  Voyez  tome  VIÎI,  Chartes,  n.  XXXIX,  ce.  383, 

telle   masse  de  documents   £t   les  a   employés  avec  384. 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XX.  n5 


An  H  85 


«  VOUS  mon  seigneur  Alfonse,  par  la  grâce  de  Dieu  roi  des  Aragonois,  comte 
«  de  Barcelone,  marquis  de  Provence,  m'avez  défendu  Si  protégé  contre  tous 
«  mes  ennemis.  Je  reconnois  véritablement  que  j'aurois  été  dépouillé  de  tous 
«  mes  domaines,  si  vous  ne  m'aviez  secouru  avec  vos  vassaux.  Vous  m'avez 
«  comblé  de  biens,  aussi  bien  que  mes  sujets,  dans  tous  nos  besoins;  vous 
(c  avez  toujours  fait  la  guerre  pour  moi,  8c  vous  avez  regardé  mes  querelles 
«  comme  les  vôtres.  Enfin,  je  vous  suis  entièrement  redevable  de  la  conser- 
«  tion  de  mon  patrimoine  :  c'est  pourquoi  je  donne  à  votre  fils  Alfonse  ou  à 
K  son  défaut  à  tout  autre  de  vos  fils,  que  j'adopte  pour  mon  fils,  toutes  mes 
«  terres,  cités,  villes,  bourgs,  châteaux,  villages,  hommes,  femmes,  évêchés, 
«  abbayes,  prieurés  8c,  en  un  mot,  tous  mes  biens  quels  qu'ils  soient,  avec 
«  tout  ce  qui  doit  me  revenir  de  la  succession  de  mes  proches;  à  condition 
«  que  ce  fils  héritera  de  tout  ce  que  vous  avez  en  Provence  8c  à  Millau,  de 
«  tout  le  comté  de  ce  nom  Se  de  tout  ce  que  vous  possédez  dans  les  pays  de 
«  Gévaudan  8c  de  Rouergue.  »  Le  roi  d'Aragon,  de  son  côté,  donna  par  le 
même  acte  à  son  fils  Altonse  toute  la  terre  de  Provence  Se  Millau,  avec  ce 
qu'il  possédoit  dans  le  comté  de  ce  nom  8c  dans  le  Gévaudan  8c  le  Rouergue, 
ou  à  un  autre  de  ses  fils  au  défaut  d'Alfonse.  Bérenger, 'archevêque  deTarra- 
gone,  Se  plusieurs  seigneurs  séculiers  furent  présens  à  ce  traité,  qui  fut  passé 
à  Béziers, 

Geofroy,  élu*  évêque,  8c  les  abbés  de  cette  ville,  Guillaume  de  Montpel- 
lier, plusieurs  autres  barons  du  pays  Se  tout  le  peuple  se  rendirent  ensuite 
dans  la  cathédrale  de  Saint-Nazaire  pour  fixer  les  droits  qui  appartenoient  à 
l'évêque  Se  au  vicomte,  tant  sur  la  ville  de  Béziers  que  sur  les  faubourgs.  Se 
savoir  au  juste  en  quoi  consistoit  le  domaine  de  Roger  sur  cette  ville,  8e  ce 
que  le  roi  d'Aragon  pourroit  prétendre  en  vertu  de  cette  donation.  L'enquête  éj. orign. 
fut  dressée,  du  consentement  de  l'évêque,  de  son  chapitre,  de  Roger  6-  de  sa 
cour,  sur  le  témoignage  de  trois  principaux  bourgeois.  On  convint  que  le 
vicomte  n'avoit  aucun  droit  de  tolte,  de  queste  6"  d'albergue  sur  les  habi- 
tans  vassaux  de  l'église  8c  sur  les  siens;  qu'il  n'avoit  aucune  justice  sur 
ceux-là,  excepté  les  cas  d'homicide  Se  d'adultère;  Se  que  l'évêque  Se  le  vicomte 
avoient  chacun  droit  de  chevauchée  sur  leurs  vassaux,  mais  pour  les  faire 
servir  seulement  dans  l'étendue  du  diocèse.  On  vérifia  quelques  autres  articles 
touchant  l'administration  de  la  justice.  Se  on  reconnut  que  les  églises  Se  les 
hôpitaux  de  Béziers  étoient  des  lieux  d'asile.  Il  est  marqué  enfin  que  le 
vicomte  Roger  avoit  accordé  que  tous  ceux  qui  viendroient  s'établir  à  Béziers, 
dans  quelque  quartier  de  la  ville  que  ce  fût,  seraient  libres  Se  indépendans, 
tant  de  lui-même  que  de  tout  autre  seigneur  Se  exempts  de  toute  servitude, 
comme  l'étoient  les  autres  habitans  de  la  ville,  que  ce  vicomte  exempta  de 
payer  la  leude  à  Saint-Thibéry^. 

'  Catel ,  Mémoires   ie   l'histoire    du    Languedoc,  fée,  nous  croyons  devoir  la  compléter  sur  certains 

p.  644.  —  [Gallia  Christiana,  nov.  etl.  t.  6,  Instrum.  points.  —  Même  en  cas  d'adultère  ou  d'homicide, 

ce.   142,  I4-J.J  commis   p.ir   un   homme   de    l'église  c.ithéJralc  ou 

'  L'analyse  de  dom  Vaissetc  éwnt  un  peu  ècour-  des  églises    abbatiales   de    Saint- Aphrodise   &   de 


t.  111,  p.  or 


An  1 1  8 j 


Ji6  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XX. 

On  ne  sauroit  se  persuader  que  le  vicomte  Roger  ait  voulu  par  cet  acte 
faire  une  donation  absolue  de  tous  ses  domain^^s  à  Alfonse,  fils  puîné  du  roi 
d'Aragon,  car  la  vicomtesse  Adélaïde  de  Toulouse,  sa  femme,  accoucha',  vers 
Pâques  de  la  même  année,  de  Raimond-R.oger,  leur  fils;  il  avoit  par  consé- 
quent alors  une  espérance  certaine  de  laisser  un  héritier.  Ainsi  il  aura  voulu 
seulement  se  rendre  vassal  du  jeune  prince  d'Aragon,  comme  successeur  du 
roi,  son  père,  dans  le  comté  de  Provence  Se  les  vicomtes  de  Millau  Se  de 
Gévaudan.  On  voit,  d'ailleurs,  que  Raimond- Roger  hérita  de  tous  les 
domaines  de  Roger,  son  père,  sans  aucune  difficulté  de  la  part  de  la  maison 
d'Aragon.  Au  reste,  comme  cette  donation  fut  faite  au  préjudice  des  droits 
de  suzeraineté  que  le  comte  de  Toulouse  avoit  sur  tous  les  domaines  de 
Roger,  c'est  une  preuve  que  ce  vicomte  Se  le  roi  d'Aragon  qui  la  reçut 
étoient  alors  ennemis  de  ce  prince.  Si  qu'ils  s'étoient  ligués  de  nouveau 
contre  Jui^. 

Roger  se  rendit,  au  mois  de  juillet^  suivant,  à  La  Caune,  en  Albigeois,  8c 
là,  étant  dans  le  cimetière  de  Sainte-Marie,  il  confirma  avec  la  vicomtesse,  sa 
femme,  par  une  charte  qu'ils  firent  sceller  de  leur  sceau,  en  faveur  de  Guil- 
laume de  Rocozel,  prévôt  de  Notre-Dame  de  Beaumont,  en  Rouergue,  toutes 
les  donations  que  ses  ancêtres,  fondateurs  de  cette  église,  y  avoient  faites. 
Roger  permit'^,  au  mois  de  février  de  l'année  suivante,  de  bâtir  le  château 
d'Escoussens.  Il  confirma',  deux  mois  après,  en  présence  de  Guillaume  Pétri, 
évêque  d'Albi,  d'Isarn,  abbé  de  Valseguier  ou  de  Montolieu,  de  Bernard, 
abbé  de  Caunes,  Sec,  une  donation  qu'un  bourgeois  de  Carcassonne  avoit 
faite  à  l'abbaye  de  Fontfroide,  &  donna  en  fief,  au  mois  d'août,  ce  qu'il  avoit 
au  château  de  Ra-^ès^, 

S.'iliit-Jîicqiies,  le  vicomte  ne  peut  juger  le  criminel  Béziers  meurt  intestat,  ses  biens  restent  un  an  St 

qu  en  présence  de  l'évéque  ou  des  nbbés.  Le  vicomte  un  jour  dans  une  église  ou  entre  des   mains-  fidè- 

applique   la   punition  corporelle,    en  cas  de   con-  lesj   si,  au    bout  de  ce  temps,  il   ne   s'est  présenté 

fiscation  ,   l'église   cathédrale   eu   abbatiale   reçoit  aucun  héritier,  ils  appartiennent  au  seigneur  dans 

les  biens.  Si  c'est  une  femme  qui  a  été  convaincue  le  bourg  duquel  il  est  mort.  [A.  M.] 

d'adultère,  elle  subit  la  punition  corporelle,  mais  '  Voyez  tome  V,  Chroniques,  c.  33,  &  tome  VII, 

le  mari  n'a  point  à  supporter  l'amende.  Outre  ces  Note  XXXIX,  n.  vi,  p.   114. 

deux  cas,  le  vicomte  connaît  encore  de  la  blessure  '  Le  raisonnement  de  dom  Vaissete  est  parfaite- 

avec  effusion  de  sang  quand  la  mort  s'en  est  sui-  ment  juste,  &  les  prétentions  des  écrivains  espa- 

vie. —  Les  deux  coseigneurs  ne  peuvent  l'un  sans  gnols,  qu'il   réfute  dans  la   note  plus  haut  citée, 

l'autre  exiger  le  sacramentum  des  habitants  de  Bé-  ne  sont  nullement  fondées.  [A.  M.] 

ziers.  —  En  cas  de  plainte  par-devant  le  vicomte,  ^  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  XL,  c.  385. 

les  habitants  de  Béziers  n'ont  à  payer  aucun  droit  *  Cartulaire  du  château  de  Foix. 

de  Arudaria  à  la  vicomtesse.  —  Le  témoignage  des  '  Archives  de  l'abbaye  de  Fontfroide. 

bailes  du  vicomte  ou  de  l'évèque  ne  suffit  pas  en  '  A  cette   année   1  i85    appartient    un    traité  de 

justice;    il   faut   celui   des   probi   homines   qui    ont  commerce  conclu  entre  le  seigneur  de  Montpellier, 

assisté  à  la  capture  du  coupable.  Le  plaignant  n'a  l'évèque  &  le  vicomte  d'Agde.  (Voir  M.  Germain, 

point  à  fournir  caution  à  la  cour;  celle-ci,  toute-  Commune  de  Montpellier,  t.  2,  pp.  420  à  422.)  Par 

fois,   peut  le  retenir  en  otage  dans  l'intérieur  de  ce  traité  conclu  pour  dix  ans,  l'évèque  &  le  vicomte 

la  ville;   &,  s'il   en  sort  sans  l'aveu  du   tribunal,  s'engagèrent    à    protéger    &   à   ne   point    molester 

ce  dernier  peut  le  faire  saisir  partout  où   on   le  Guillaume   de   Montpellier    &  ses   hommes,    non 

trouvera.  —  La   partie   gagnante  dans   un   procès  plus  que   les   marchands  venant   au   port  d'Agde, 

n'a    à  payer    que   les    dépens;    la    partie    perdante  que  ces  marchands  fussent  chrétiens,  sarrasins  ou 

pnye  l'amendi;  £<  les  dépens,  —  Si  un  habitant  de  juifs;  leurs  biens,  leurs  vaisseaux  n'auront  rien  à 


An  1 1  85 


An  1  i8â 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XX.  117 

III.  —  Le  roi  d'Aragon  &-  le  duc  d'Aquitaine  font  la  guerre  au  comte 
de  Toulouse,  qui  lève  le  siège  de  Carcassonne. 

Il  est  marqué,  dit-on',  clans  les  anciens  martyrologes  de  la  cathédrale  de 
Carcassonne  «  que  cette  ville  tut  assiégée  en  1180,  &  que  l'armée  qui  avoit 
«  formé  le  siège  tut  défaite  le  4  des  nones  de  février.  »  Un  moderne^  assure, 
sur  cette  autorité,  que  Raimond,  comte  de  Toulouse,  ayant  assiégé  alors  Car- 
cassonne sur  le  vicomte  Roger,  le  roi  d'Aragon  vint  au  secours  de  ce  dernier, 
défît  l'armée  du  comte  &  l'obligea  à  lever  le  siège. 

Cet  événement,  qui  appartient  à  l'an  11 86,  suivant  notre  manière  de 
commencer  l'année,  détermina  peut-être  Richard,  duc  d'Aquitaine,  allié  du 
roi  d'Aragon,  à  attaquer  de  son  côté  le  comte  de  Toulouse.  Nous  savons  en 
effet  que  Richard^,  ayant  assemblé  en  1186  une  armée  considérable,  entra 
dans  les  terres  de  ce  prince,  ravagea  plusieurs  villages  8c  lui  enleva  divers 
châteaux,  soit  par  la  ruse,  soit  par  la  torce.  On  peut  rapporter  au  temps  de 
cette  expédition  des  lettres  de  Richard  données"*  à  Agen ,  en  présence  de 
Guillaume,  seigneur  de  Montpellier,  par  lesquelles  il  prend  l'abbaye  de  Can- 
deil,  en  Albigeois,  sous  sa  sauvegarde;  elles  nous  donnent  lieu  de  croire  : 
1°  que  ce  duc  étendit  alors  ses  courses  jusque  dans  l'Albigeois;  2°  que  le 
même  Guillaume  étoit  ligué  avec  lui. 

IV.  —  Le  seigneur  de  Montpellier  répudie  Eudoxe  Comnène  6-  épouse  Agnès, 

Ce  seigneur  répudia,  en  1187,  Eudoxe  Comnène,  sa  femme,  pour  épouser 
Agnès  dont  nous  ne  connoissons  pas  la  maison,  mais  qui  étoit  proche  parente 
du  roi  d'Aragon.  On  '  prétend  «  qu'un  des  principaux  motifs  de  ce  divorce 
«  fut  le  mépris  qu'Eudoxe,  tîère  de  la  grandeur  de  sa  naissance,  conçut  de  ^'{■,°'','6'i'- 
(!  Guillaume,  qu'elle  avoit  épousé  comme  par  force.  On  ajoute  que  ce  sei- 
('  gneur,  indigné  du  procédé  de  sa  femme,  eut  recours  au  roi  d'Aragon,  son 
<■  protecteur,  qui  lui  conseilla  de  la  répudier  &  lui  donna  en  mariage  Agnès, 
«  sa  parente,  qu'il  avoit  tait  élever  dans  son  palais;  que  Guillaume,  qui 
«  n'avoit  qu'une  iille  d'Eudoxe  dont  il  n'espéroit  plus  d'enfans  &c  qui  souhai- 

crnin<Jre  de  leur  part,  &    ils  ne  pourront  détenir  cet  événement  au    i  février  1186  (v.  st.).   [A.  M.] 

soit   leurs   biens,  soit   leurs   personnes,  à  moins  de  '  Besse,   H'tnoire  Jes  ducs,   marquis  &   comtes   Je 

faute    bien   certaine  inculpa  certa).    Les  obligations  S^rhonne,  p.  332. 

du    seigneur   de  Montpellier    sont  analogues,    &  '  GervasiusDorobernensls,  CAronicon.ann.  1 1  86. 

chacune  des  parties  contractantes  fit  jurer  en  même  ^  Voyez  tome  VIII,   Chartes,   n.  XLI ,  c.    388. 

temps  qu'elle  trois  de  ses  amis.  [A.  M.]  —  Dora  Vaissete  tire  de  ce  petit  acte  une  conclu- 

'  Besse,   Histoire   des  ducs  de   Narhonne,  p.  332.  sion    trop   précise.  Il    prouve  seulement  que  l'ab- 

On   ne  trouve   rien  de  semblable  dans    les    nécro-  baye  de  Candeil  ayant  des  relations  commerciales 

loges  publiés  par  M.  Cros-MayrcvicUe,  en  appen-  ou  autres  dans  les  Etats  du  duc  d'Aquitaine  avait 

dice   i  son    Histoire  de  Carcassonne,   p.  83  &  sniv.  besoin    de    sa     protection.    La    pièce   est  d'ailleurs 

Mais   Besse    avait  sans  doute  connu    les  quelques  donnée  à  Agen.  [A.  M.] 

mots  que  dom  Vaissete  lui-même  a  édités  ;^'oyez  ^GaneX, Séries pracsulum  Magalonensium,  ^.iji, 
tome  V,  c,  3.0);    remarquons  qu'il   faut   rapporter 


An 


An  1 187 


118  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC,  LIV.  XX. 

«  toit  extrêmement  d'avoir  un  mâle  pour  successeur,  employa  le  crédit  de 
«  l'archevêque  d'Arles  pour  obtenir  du  pape  la  permission  de  la  répudier  S< 
«  de  convoler  en  secondes  noces;  &  que,  sur  le  refus  du  pontite,  il  passa 
«  outre  &  épousa  solennellement  Agnès,  dont  il  eut  plusieurs  enfans.  »  Mais 
la  plupart  de  ces  faits  ne  sont  appuyés  que  sur  l'autorité  particulière  d'un 
historien  moderne,  qui  ne  se  pique  pas  d'une  exactitude  trop  scrupuleuse. 
Ce  qu'il  y  a  de  certain  c'est  que  Guillaume,  au  mois  d'avril  de  l'an  1187, 
répudia  Eudoxe  dont  il  n'avoit  qu'une  fille,  nommée  Marie,  pour  contracter 
un  nouveau  mariage  avec  Agnès,  à  laquelle  il  donna'  pour  douaire  la  moitié 
de  ses  biens  meubles  Sv.  immeubles";  &  que  cette  dame  étoit  parente  du  roi 
d'Aragon,  comme  il  paroît  par  une  donation^  que  ce  prince  lui  fit  &  au  sei- 
gneur de  Montpellier,  son  mari,  du  château  &  du  domaine  de  Prats  pour  en 
jouir  pendant  leur  vie.  Cette  donation  du  roi  Alfonse  est  datée  du  mois 
d'avril  de  l'an  1187,  en  présence  de  l'archevêque  de  Tarragone  &  de  l'évêque 
de  Lérida,  8c  il  paroît  par  là  que  Guillaume  épousa  Agnès  en  Aragon,  8t 
qu'Alfonse  assista  à  cette  cérémonie. 

Eudoxe^,  au  désespoir  de  se  voir  répudiée,  moins  par  amour  pour  le  sei- 
gneur de  Montpellier,  son  mari,  qu'elle  ne  pouvoit  souffrir,  que  par  les  inté- 
rêts de  Marie,  leur  fille,  eut  recours  à  l'autorité  de  Jean  de  Montlaur,  évêque 
de  Maguelonne,  qui,  conjointement  avec  l'archevêque  de  Narbonne,  frappa 
Guillaume  d'anathème  &  jeta  l'interdit  sur  tous  ses  domaines;  mais,  ajoute- 
t-on,  le  roi  d'Aragon,  qui  s'intrigua  beaucoup  dans  cette  affaire,  engagea 
bientôt  après  le  pape  à  lever  l'un  Se  l'autre.  Eudoxe  fut  ainsi  obligée  de 
quitter  Montpellier  :  elle  se  retira  dans  l'abbaye  d'Aniane,  auprès  de  Rai- 
raond-Guillaume,  oncle  paternel  du  seigneur  de  Montpellier  qui  en  étoit 
abbé,  où  elle  mourut  saintement. 

V.  —  Evêques  de  Lodève  &  de  Maguelonne. 

Ce  Raimond-Guillaume  avoit  été  destiné,  en  1146,  par  le  testament  de 
Guillaume  VI,  seigneur  de  Montpellier,  son  père,  à  être  religieux  de  Cluny. 
Après  avoir  fait  profession  dans  cet  ordre,  il  avoit  été  élu  abbé  d'Aniane 
en  1 162,  &  il  succéda  enfin  à  Gaucelin  de  Montpeyroux,  évêque  de  Lodève, 
décédé'^  le  7  de  juillet  de  l'an  1187.  Raimond-Guillaume  de  Montpellier, 
qu'on  surnomme  de  Madières,  on  ne  sait  sur  quel  fondement,  acheva  presque 
entièrement,  sous  son  épiscopat,  ce  que  les  évêques  de  Lodève,  ses  prédéces- 
seurs, avoient  commencé,  8c  unit  au  domaine  de  son  église  la  comté  Se  la 
vicomte  de  Lodève  avec  le  château  de  Montbrun  qui  en  étoit  le  chef-lieu. 
En  effet^,  Hugues,  comte  de  Rodez,  lui  vendit  en  1188,  pour  soixante  mille 
sols  melgoriens,  tout  ce  qu'il  possédoit  dans  ce  château  8<.  dans  tout  le  Lodé- 

■  D'Achcry,  Spicilegium,  t,   lo,  p.  641.  Lodovensium,  p.  94.  —  Gallia  C/iristiana,  iiov.ed. 

•  Voyez  tome  VIII,  charte  XLII,  ce.  388,  SSp.         t.  6. 

'  Gnriel,  Scries  praesulum  Magaloncnsium.  ^  Voyez  plus  linut  livre  XIX,  n.  LX,  pp.  6"),  66, 

*  Plantavit  de  la   Pause,  Clironologia  praesulum       »— Voyeis  tome  IV,  A/ote  XXV,  n,  iv,  p.   l3o. 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XX. 


I  K 


An  1 187 


vois,  avec  promesse  de  ne  rien  acquérir  clans  le  pays  sans  le  consentement 
de  l'évêque.  Pierre  de  Lara,  vicomte  de  Narbonne,  son  cousin,  lui  donna 
d'un  autre  côté,  en  1192,  divers  domaines  du  même  pays;  &<.  Raimond  V, 
comte  de  Toulouse,  lui  céda  peu  de  temps  avant  sa  mort  tout  ce  qu'il  possé- 
doit  dans  le  diocèse  de  Lodève,  8c  confirma  en  sa  faveur  la  vente  que  le 
comte  de  Rodez  lui  avoit  faite  des  domaines  du  I,odévois,  qu'il  tenait  en  fief 
des  comtes  de  Toulouse.  Ce  prélat  obtint  en  1188  un  diplôme  du  roi  Phi- 
lippe-Auguste, qui  confirma  les  privilèges  8c  les  chartes  que  les  rois  de  France 
avoient  accordés  à  l'église  de  Lodève,  entre  autres  le  droit  sur  les  juifs  du 
Lodévois  8c  celui  de  faire  battre  monnoie.  11  usa  de  ce  dernier  privilège  Se  il 
nomma,  en  1189,  un  essayeur  de  la  monnoie'.  Il  tonda,  en  1190,  un  prieuré 
de  filles  de  l'ordre  de  Cîteaux,  à  Notre-Dame  de  Corneille,  dans  son  diocèse, 
sous  la  dépendance  de  l'abbaye  de  Nonnenque,  6c  termina  la  même  année, 
par  l'arbitrage  de  Bernard,  archevêque  de  Narbonne,  un  grand  procès  qu'il 
avoit  avec  l'abbaye  de  Fontfroide,  à  laquelle  Gaucelin  de  Montpeyroux,  son 
prédécesseur,  avoit  donné  tous  ses  biens  par  son  testament  du  3o  décembre 
de  l'an  1186.  Enfin,  «  il  céda^,  au  mois  de  novembre  de  l'an  1199,  à  Guil- 
«  laume,  seigneur  de  Montpellier,  son  neveu,  tant  en  son  nom  qu'en  celui 
V  de  son  église,  8c  comme  donataire  de  Gaucelin,  son  prédécesseur,  tout  ce 
«  que  le  même  seigneur  de  Montpellier  pouvoir  prétendre  sur  ses  biens.  » 
Raimond-Guillaume  mourut^  en  1201. 

On  assure'*  que  Guillaume,  qui  succéda  en  1190  à  Jean  de  Montlaur, 
évêque  de  Maguelonne,  8c  qui  avoit  été  auparavant  chanoine  de  cette  église, 
étoit  aussi  de  la  maison  de  Montpellier;  mais  on  se  trompe.  Cette  maison 
donna  cependant  un  autre  évêque  à  l'Eglise,  à  la  fin  du  douzième  siècle,  en 
la  personne  de  Raimond,  évêque  d'Agde,  qui  succéda  à  Pierre 3. 


Éd.  origin. 
t.  111,  p.  71. 


■  KouJ  ayons  publia  {Bihliothi^ut  ie  l'Ecole  iei 
Chartes,  t.  37,  p.  SSz)  cet  acte  de  Philippe-Au- 
guste d'après  une  copie  du  treizième  siècle  des  ar- 
chives nationales  (  J.  895);  dom  Vaissete  avait 
probablement  connu  ce  diplôme  par  Plantavit  de 
la  Pause.  Il  est  certain  que  cet  acte  a  dû  exister, 
puisqu'un  diplôme  du  même  roi,  de  1210  (voir 
L.  Delisle,  Catalogue  des  actes  de  Philippe-Auguste j 
n.  1 198),  le  mentionne;  mais  la  copie  du  Trésor 
des  chartes  présente  certaines  anomalies  :  un 
préambule  pompeux  &  incorrect,  &  l'addition  à 
la  fin,  hors  du  corps  de  l'acte  d'un»  clause  impor- 
tante. Pourtant  nous  croyons  cet  acte  authenti- 
que, 8c  nous  expliquons  ces  singularités  par  le 
fait  de  l'éloignement  de  Paris  où  le  roi  avait  dii 
laisser  sa  chancellerie;  l'acte  est  daté  du  Puy,  où 
Philippe-Auguste  alla  résider  quelque  temps  à  te 
moment  même.  (Voir  Delisle,  ut  supra,  n"'  iiy  & 
120.)  [A.  M.) 

•  Mis.  d'Auhays,  n.  82.  —  Gariel,  Idée  de  la 
ville  de  Montpellier,  p,  137. 

'  Catel,  Mém.  de  l'histoire  du  Languedoc,  p.  297. 


■•  Voyez  tome  VII,  Vofir  VIII,  n.  vt,  p.  21. 

'  Vers  cette  époque  il  y  eut  d'assez  graves  démê- 
lés dans  le  sein  du  chapitre  cathédral  de  Mague- 
lonne, démêlés  qui  amenèrent  l'intervention  du 
seigneur  de  Montpellier  &  du  fils  du  comte  de 
Toulouse,  puis  du  pape  Urbain  III.  Le  prévôt,  en 
l'absence  de  l'évêque,  avait  nommé  un  certain 
Gui  sacristain  du  chapitre.  Protestation  de  l'évê- 
que, qui  s'en  rapporte  à  l'arbitrage  de  l'archevêque 
de  Narbonne;  Gui  en  appelle  au  pape;  mais,  pour 
se  fortifier,  il  demande  l'appui  du  seigneur  de 
Montpellier  &  du  jeune  comte  de  Toulouse,  qui 
viennent  ainsi  s'entremettre  dsuc  l'administration 
intérieure  du  chapitre  &  menacent  l'évêque.  Ce- 
lui-ci &  le  chapitre,  indignés,  excommunient 
Gui  &  ses  complices  &  se  plaignent  au  pape. 
L'affaire  fut  confiée  par  Urbain  III  à  l'évêque  de 
Kimes  &  à  l'abbé  de  Saint-Gilles  (Cf.  M.  Ger- 
main, Maguclone  sous  ses  êvêijues,  pp.  Sy,  (S3, 
184).  La   bulle  est  du  18  décembre  1 186  ou   1187. 

|A.  M.J 


An  1  187 


120  HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XX. 

VI.  —  Bernard-Aton,  vicomte  de  Nîmes  &•  d'Agde,  dispose  de  cette  dernière 
vicomte  en  faveur  de  l'église  d'Agde. 

Sous  l'épiscopat  de  ce  dernier,  «  Bernard-Aton',  vicomte  d'Agde,  fils  de  la 
«  vicomtesse  Guillelmette,  voulant  pourvoir  au  salut  de  son  âme  8c  de  ses 
«  parens,  se  donna  pour  chanoine  à  l'église  de  Saint-t,tienne  du  siège  d'Agde, 
«  à  Pierre,  évêque  du  même  siège,  &  à  ses  successeurs,  avec  tout  ce  qu'il 
«  possédoit  dans  le  diocèse,  savoir  :  la  ville  d'Agde,  ses  dépendances,  tout  ce 
«  que  lui  5c  son  père  avoient  possédé  dans  le  même  diocèse.  Se  enfin  tous  les 
«  domaines  cf^  la  vicomte.  »  Bernard-Aton  fit  cette  donation,  au  mois  de  juin 
de  l'an  1187,  devant  l'autel  de  l'église  de  Notre-Dame  du  Grau,  située  à  un 
quart  de  lieue  de  la  ville. 

Comme  ce  vicomte  tenoit  en  fief  la  vicomte  d'Agde  de  Raimond,  comte  de 
Toulouse,  l'évêque  Pierre  eut  recours  à  l'autorité  de  ce  prince  pour  obtenir 
la  confirmation  de  cette  donation.  Raimond  lui  accorda  volontiers  sa  demande, 
par  une  charte  datée  du  cloître  de  Saint-Jacques  de  Melgueil,  un  mercredi 
du  mois  de  juillet  de  l'an  1187.  «  Il  donna  à  ce  prélat  &  à  ses  successeurs 
«  tonte  l'entière  vicomte  ou  comté  d'Agde,  comme  Bernard-Aton,  qui  en  étoit 
«  alors  vicomte,  son  père  Bernard-Aton  &c  les  seigneurs  d'Anduze  l'avoient 
«  possédée,  nonobstant  les  conventions  qu'il  avoit  faites  avec  ce  vicomte;  à 
«  condition  que  l'évêque  Pierre  8c  ses  successeurs  tiendroient  en  fief  cette 
«  vicomte  de  lui  8c  de  ses  descendans.  »  Ce  prélat  promit  d'être  fidèle  au 
comte  Raimond  8c  à  ses  successeurs  envers  tous  &c  contre  tous,  8c  ils  firent 
sceller  l'un  8c  l'autre  la  charte  de  leurs  sceaux. 

Le  17  de  juillet  suivant  «  Bernard-Aton,  vicomte  d'Agde,  fils  de  la  vicom- 
«  tesse  Guillelmette,  étant  dans  cette  ville,  dans  la  chambre  de  l'évêque,  animé 
«  de  l'esprit  de  Dieu,  se  donna  pour  chanoine  d'Agde  à  l'évêque  Pierre  8c  à 
c(  l'église  cathédrale  de  Saint-Etienne,  8c  leur  donna  avec  sa  personne  toute 
((  la  vicomte  ou  comté  d'Agde  &c  toutes  ses  dépendances,  entre  autres  la  ville 
«  d'Agde,  les  châteaux  de  Marseillan  &c  de  Loupian,  les  fiefs,  les  mines  d'ar- 
<(  gent,  la  justice  civile  8c  criminelle,  8cc.,  en  un  mot,  tous  les  droits  que  le 
«  vicomte  Bernard-Aton,  son  père,  &c  lui  avoient  possédés,  justement  ou  injus- 
«  tement,  dans  le  diocèse  d'Agde.  II  déclara  ensuite  qu'il  faisoit  cette  dona- 
«  tion  du  consentement  8c  de  la  volonté  de  Raimond,  comte  de  Toulouse, 
«  de  qui  il  tenoit  toutes  ces  choses  en  fief,  8c  qu'il  approuvoit  la  donation 
«  que  le  même  très-glorieux  comte  Raimond  avoit  faite  depuis  peu  étant  à 
«  Melgueil,  de  toute  la  vicomte  ou  comté  d'Agde  en  faveur  de  l'évêque  Pierre 
«  8c  de  son  église  dont  ce  comte  lui  avoit  envoyé  les  lettres  patentes,  scellées 
«  de  son  sceau,  pour  le  prier  de  les  ratifier.  II  abandonna  aux  chanoines  de 
«  l'église  d'Agde  tous  les  droits  que  lui  &c  ses  prédécesseurs  exerçoient  juste- 


'   Catel,  Mémoires  de  l'histoire   du  Linguedoc,  p.  971    &  siiiv.  —  Gallia  Christiana,  t.  1,  p.  6oj  nov. 
C;l.  t.  6,  Instrum.  c.  329  &  seq. 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XX.  121   — — 

An  1 187 

«  ment  ou  injustement  sur  les  vassaux  &  les  clercs  de  l'église  d'Agde  8<.  sur 
«  leur  famille.  Il  confirma  enfin  tous  les  privilèges  que  les  rois  de  France  & 
«  les  papes  avoient  accordés  à  Tévêque  &  aux  chanoines  de  cette  église.  » 
Au  mois  d'août  suivant,  le  vicomte'  monta  sur  la  tour  appelée  de  Mirabel 
accompagné  de  l'évêque,  des  chanoines  Si  des  principaux  de  la  ville,  8c  de  là, 
montrant  de  la  main  l'étendue  de  la  vicomte  d'Agde,  il  en  mit  ce  prélat  en 
possession  Se  l'investit  vers  le  même  temps  du  château  de  Marseillan.  Ce 
sont  là  les  circonstances  de  l'union  de  la  vicomte  d'Agde  au  domaine  de 
l'évêché  de  cette  ville;  sur  quoi  nous  ajouterons  quelques  réflexions  : 

1°  Le  vicomte  Bernard-Aton,  qui  fit  cette  donation,  se  sert  du  terme  de 
vicomte  ou  de  comté  d'Agde,  de  même  que  le  comte  de  Toulouse  qui  la  con- 
firma ;  mais  ce  ne  fut  proprement  que  la  vicomte  qui  fut  unie  à  l'évêché,  car 
Bernard-Aton  ne  pouvoit  donner  que  ce  qu'il  possédoit:  or  ni  lui  ni  ses  lîJ. oriRin. 
prédécesseurs  n'avoient  jamais  joui  que  de  la  vicomte  d'Agde;  8c  le  comté  de 
cette  ville  étoit  alors  uni  depuis  très-longtemps  au  domaine  des  comtes  de 
Toulouse.  De  là  vient  que  Raimond  V,  en  confirmant  cette  donation,  se 
réserva  l'hommage  de  la  part  des  évêques  pour  cette  même  vicomte.  Les 
évêques  d'Agde  se  sont  qualifiés  toutefois  depuis  comtes  de  cette  ville  :  ils  se 
sont  fondés  sans  doute  sur  les  actes  où  les  termes  de  vicomte  8c  de  comté  sont 
confondus. 

2°  Bernard-Aton  donna  cette  vicomte  comme  elle  avoit  été  possédée  tant 
par  lui  que  par  son  père.  Or  elle  avoit  été  cédée'  à  ce  dernier  en  ii5o  par 
Raimond-Trencavel,  vicomte  de  Béziers  8c  de  Carcassonne,  son  frère,  qui 
lui  avoit  donné  la  ville  d'Agde  avec  la  partie  du  diocèse  de  cette  ville  située 
à  la  gauche  de  l'Hérault.  La  vicomte  d'Agde  ne  s'étendoit  donc  en  1187  que 
jusqu'à  ce  fleuve.  Le  reste  du  diocèse  appartenoit  à  Roger  II,  vicomte  de 
Ijéziers  8c  de  Carcassonne,  fils  de  Raimond-Trencavel  8c  cousin  germain  cle 
Bernard-Aton. 

3°  Catel-^  prétend  «  que  le  vicomte  Bernard-Aton  quitta  son  comté  pour 
(1  être  chanoine  8c  passer  le  reste  de  ses  jours  au  service  de  Dieu  en  l'église 
«  de  Saint-Etienne  d'Agde.  »  Il  paroît,  en  effet,  par  l'acte  de  donation  dont 
on  vient  de  parler,  qu'il  avoit  alors  dessein  d'embrasser  l'état  ecclésiastique. 
Messieurs  de  Sainte-Marthe'*  vont  plus  loin  :  ils  assurent  que  Bernard-Aton, 
avant  été  reçu  chanoine  de  la  cathédrale  d'Agde,  y  passa  le  reste  de  ses  jours. 
Mais  nous  avons  lieu  de  douter  si  ce  vicomte  embrassa  l'état  ecclésiastique  8c 

'   Catel,    Mémoires  Je  l'histoire   Jtt   Languedoc ,  Saint-Étienne,    &    lui    concède    ses    domaines    de 

p.  972.  Marseillan  &  de  Loupinn  (Cf.  t.  V,  c.  iSzo,  n.  60)} 

*  Voyez  tome  III,  1.  XVIII,  n.  xi,  p.  781.  la  vente  de  la  vicomte  eut  lieu   le   17  juillet;   cet 
'Catel,    Mémoires    de    l  histoire    Au    Languedoc,  acte  de   donation    est   du    26  du   même  mois.  Rien 

p.  972.  ne   prouve  d'ailleurs,  comme  le  dit  dom  Vaissete, 

*  C  allia  Chrisliana,  t.  2,  p.  60.  —  Les  auteurs  c]ue  Bernard-Aton  ait  embrassé  l'état  ecclésiastique; 
du  premier  Gallia  Christiana  avaient  raison;  du  il  est  seulement  probable  qu'il  ne  se  maria  jamais 
moins  les  éditeurs  du  nouveau  Gallia  ont  publié  &  qu'il  devint  ainsi  une  sorte  d'associé  laïque  de 
(t.  6,  Instrum.  c.  329)  un  acte  par  lequel  Bernard-  la  congrégation.  [A.  M.J 

Aton  se  donne   pour  chanoine  à  la  cathédrale  de 


~; ^ —    122  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XX. 

An  1 187 

si,  en  se  donnant  pour  chanoine  à  l'église  d'Agde-,  il  n'entencloit  pas  seule- 
ment qu'il  pariiciperoit  aux  prières  des  chanoines  &  qu'il  seroit  inhuiiié 
parmi  eux  après  sa  mort  en  habit  de  chanoine,  comme  c'étoit  alors  une  dévo- 
tion assez  ordinaire  parmi  les  plus  grands  seigneurs,  lesquels,  suivant  plu- 
sieurs monumens  qui  nous  restent,  se  donnoient  avant  leur  mort  pour  reli- 
gieux en  quelque  monastère,  sans  embrasser  la  profession  monastique.  Nous 
avons,  en  effet,  divers  actes  de  Bernard-Aton,  depuis  l'an  1187  jusqu'en  12  14, 
Se  on  ne  voit  dans  aucun  qu'il  se  soit  qualifié  chanoine  ou  qu'il  ait  embrassé 
l'état  ecclésiastique.  Nous  trouvons,  au  contraire,  qu'il  se  qualifia  toujours 
vicomte  d'Agde  dans  ces  actes.  Tel  est  l'engagement  qu'il'  fit,  en  1189,  en 
faveur  de  Guillaume  VIII,  seigneur  de  Montpellier,  &  d'Agnès,  sa  femme, 
pour  dix  mille  sols  raelgoriens,  du  château  de  Loupian,  engagement  pour 
la  sûreté  duquel  il  hypothéqua  le  château  de  Marseillan.  Il  se  qualifie  aussi 
vicomte  d'Agde  dans  une  donation^  entre-vifs  qu'il  fit,  au  mois  de  janvier  de 
l'an  1191,  en  faveur  du  même  seigneur  de  Montpellier,  d'Agnès,  sa  femme, 
St  de  leurs  enfans,  du  même  château  de  Loupian  dont  il  se  réserva  l'usufruit 
pendant  sa  vie.  Comme  ce  château  dépendoit  de  la  vicomte  d'Agde,  de  même 
que  celui  de  Marseillan,  cela  pourroit  faire  croire  que  Bernard-Aton  révoqua 
la  donation  qu'il  avoit  faite  à  l'église  d'Agde.  Nous  voyons  d'ailleurs  qu'il 
engagea^  de  nouveau  pour  dix  ans,  au  mois  de  janvier  de  l'an  1194  (1195), 
au  seigneur  de  Montpellier  &  à  Agnès,  sa  femme,  le  château  de  I,oupian, 
avec  clause  expresse  que  ce  château  leur  demeuréroit  obligé  pour  la  somme 
de  vingt  mille  sols  melgoriens,  dont  cinquante-deux  valoient  un  marc  d'ar- 
gent. Bernard-Aton  se  qualifie  encore  vicomte  d'Agde  dans  cet  acte  qu'il  fit, 
sauf  la  donation  de  ce  château  au  même  seigneur,  laquelle  seroit  valable, 
soit  pendant  l'engagement,  soit  après  le  payement.  On  voit  une  semblable 
clause  dans  un  acte  par  lequeH  Guillaume,  seigneur  de  Montpellier,  &.  sa 
femme,  reconnoissent  qu'ils  ne  sont  tenus  de  payer  à  Bernard-Aton,  vicomte 
d'Agde,  que  quatorze  mille  sols  melgoriens  pour  l'engagement  du  château  de 
Loupian,  quoiqu'il  paroisse  par  l'acte  précédent  qu'il  étoit  engagé  pour  !a 
somme  de  vingt  mille.  Enfin  on  trouve  dans  les  archives  de  l'évêché  d'Agde'' 
un  acte  par  lequel  Bernard-Aton,  vicomte  de  cette  ville,  donna  en  fief,  au 
mois  d'août  de  l'an  iigS,  divers  domaines  de  la  vicomte  d'Agde  à  Bérenger 
de  Sales,  Bérenger  de  Thésan,  &C. 

4°  Bernard-Aton  possédoit  aussi  la  vicomte  de  Nimes  dont  il  fut  le  sixième 
vicomte  de  son  nom  &.  de  sa  race.  Il  étoit  né  posthume  vers  l'an  1109  S; 
avoit  succédé  dans  ces  deux  vicomtes  à  Bernard-Aton  V,  son  père,  sous  ia 

Éd.oiigin.     tutelle  de  Guillelmette  de  Montpellier,  sa  mère.  Dans  la  suite  il   épousa 
t.  ni,  p.  73.    ^      .    ,     ,  .  ,         .    '  .  .  ,.,  .     '     , 

Garsinde  dont  on  ignore  la  maison;  mais  on  ne  voit  pas  quil  en  ait  eu  des 

enfans.  Il  avoit  déjà  disposé,  en  effet,  de  la  vicomte  de  Nimes  en  faveur  du 

'  Voyez  tome  Vm,  Chartes,  n.  XLVII,  ce.  Spy,           <  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  XLVII,  ce.  3-9, 

398.  400. 

'  Ib'ii.  c.  398.  '  Archives  de  l'évêché  d'Agde,  n.  21.  —  Voyea 

'  Ihii.  ce.  398,  399.  terne  V,  c.  i32o,  n.  64. 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC,  LIV.  XX.  izZ 

comte  de  Toulouse  lorsqu'il  fit  donation,  en  1187,  de  celle  d'Agde  à  l'église 
de  cette  ville j  en  voici  la  preuve  :  Bernard-Aton  vécut  au  moins  jusc{u'en  1 2  14; 
or,  dans  tout  cet  intervalle,  nous  n'avons  aucun  monument  qui  prouve  qu'il 
ait  exercé  quelque  autorité  dans  le  diocèse  de  Ninies,  &.  qu'il  se  soit  qualifié 
vicomte  de  cette  ville.  De  plus,  il  est  certain  que  depuis  l'an  1 187  '  les  comtes 
de  Toulouse  dominèrent  absolument  à  Nimes  &  dans  le  diocèse,  &  qu'ils 
réunirent  en  leur  personne  toute  l'autorité  temporelle  sur  ce  pays,  comme  il 
paroît  entre  autres  par  une  charte^,  suivant  laquelle  Raimond  VI,  comte  de 
Toulouse,  confirma  en  1197,  en  faveur  de  l'église  de  Nimes,  un  accord  que 
Guillelmette,  mère  de  Bernard-Aton,  aiurejois  vicomte,  avoit  fait  avec  les 
chanoines  de  la  cathédrale.  Enfin  on  a  vu  plus  haut  que  Raimond  V,  comte 
de  Toulouse,  confirma  la  donation  de  la  vicomte  d'Agde  faite  par  Bernard- 
Aton  à  l'église  de  cette  ville,  nonobstant  les  conventions  qu^il  avoit  passées 
avec  lui.  Or  ces  conventions  supposoient  sans  doute  que  ce  vicomte  lui  avoit 
cédé  tous  ses  domaines. 

5°  Il  est  vrai  que  Bernard-Aton  donna  ^,  en  1:14,  les  vicomtes  de  Nimes 
Si  d'Agde  à  Simon  de  Montfort;  mais  outre  qu'il  ne  se  qualifie  dans  l'acte 
que  Bernard-Aton,  fils  de  feu  Bernard-Aton,  vicomte  de  Nimes  6*  d'Agde,  i- 
de  Guillelmette,  sa  femme,  il  marque  expressément  qu'il  fait  cette  donation 
(I  à  cause  de  la  substitution  qui  avoit  été  faite  entre  ses  prédécesseurs  d'un 
(I  cùté  8c  les  vicomtes  de  Béziers  de  l'autre,  pour  se  succéder  les  uns  aux 
<(  autres  par  défaut  de  descendans.  »  Cela  prouve  donc  seulement  que  Simon 
de  Montfort,  s'étant  emparé  de  tous  les  domaines  des  maisons  de  Toulouse  8c 
de  Béziers,  il  engagea,  pour  s'en  assurer  la  possession,  Bernard-Aton  à  la  lui 
confirmer;  mais  ce  n'est  pas  une  preuve  que  ce  dernier  fût  alors  propriétaire 
des  vicomtes  de  Nimes  8c  d'Agde. 

6°  Il  semble  que  Bernard-Aton,  suivant  cette  substitution,  ne  pouvoit  pas 
disposer  de  la  vicomte  d'Agde,  en  faveur  de  l'église  de  cette  ville,  sans  le 
consentement  de  Roger  II,  alors  vicomte  de  Béziers  8c  de  Carcassonne,  son 
cousin  germain,  qui  lui  étoit  substitué  :  or  il  ne  paroît  pas  que  Roger  ait 
donné  ce  consentement.  Bernard-Aton  crut  peut-être  pouvoir  s'en  passer, 
après  avoir  obtenu  celui  du  comte  de  Toulouse,  son  seigneur  dominant,  dont 
il  avoit  abandonné  les  intérêts  en  11 79  pour  embrasser  ceux  du  roi  d'Aragon, 
8c  avec  lequel  il  s'étoit  par  conséquent  alors  réconcilié'*. 

■  Dom  Vaissele  aurait  pu  dire,  depuis  m85.  En  '  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.   CXIII,  ce.  (55i 

effet,  le  6  mars  1184  (v.  st.),  le  comte  Raimond  V  à  6J3. 

confirma  les  libertés  &  franchises  des  habitants  de  ''  La  ville  de  Millau,  en  Rouergue,  obtint  ver» 
Nimes,  telles  que  les  leur  avaient  concédées  les  cette  époque  des  privilèges  du  roi  d'Aragon,  Ai- 
anciens  vicomies)  liberté  des  personnes  &  des  fonse.  Ces  privilèges,  datés  du  1"  avril  1187,  ont 
biens,  exemption  des  toltes  &  quêtes;  concession  été  publiés  par  de  Gaujal  {Etudes  sur  le  Rouerguet 
des  anciens  communaux  (devesiae).  Raimond,  t.  1,  p.  283  Sisuiv.))  l'original  existe  à  Paris,  à 
dans  cet  acte,  s'intitule  comte  de  Nimes.  On  le  l.i  Bibliothèque  nationale  [Collect.  de  Languedoc^ 
trouvera  dans  Ménard,  Histoire  de  Nimes,  t.  1,  v.  1 96).  Ces  coutumes  portent  exemption  de  quête, 
preuves,  p.  40.  —  Voir  plus  haut,  p.  111.  [A.  M.]  tolte,&c. —  Les  frais  de  justice  pour  chaque  affaire 

'  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n,  LXVIII,cc.  442  seront   réglés    par   les  consuls,  de  concert  avec  le 

à  445.  juge   de  la   cour  &  les  conciliatorcs  (^assesseurs).  — » 


An  1 187 


An  1187 


1:4 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.   LIV.  XX. 


VII.  —  Ralmond  de  Montpellier,  évêque  d'Agde. 

Pierre,  évêque  d'Agde,  survécut  longtemps  à  la  donation  que  le  vicomte 
Bernard-Aton  lui  avoit  faite  &  à  son  église  de  la  vicomte  d'Agde.  Raimond', 
fils  de  Guillaume  VII,  seigneur  de  Montpellier,  8c  de  Mathilde  de  Bour- 
gogne, lui  succéda  en  1192,  Il  avoit  embrassé  la  profession  religieuse  dans 
l'abbaye  de  Grandselve,  au  diocèse  de  Toulouse,  conformément  au  testament^ 
de  son  père.  On  voit,  en  effet,  parmi  les  témoins  qui  furent  présens  à  une 
donation  3  que  Vivien,  vicomte  d'Hautvillar,  fit  à  la  fin  de  l'an  1186  à  cette 
abbaye,  Raimond  de  Montpellier,  prêtre  6-  moine  de  Grandselve.  Raimond  V, 
comte  de  Toulouse,  qui  étoit  peut-être  parrain  de  Raimond  de  Montpellier, 
favorisa  sans  doute  son  élection  à  l'évêché  d'Agde  dont  il  ne  prenoit  encore 
que  le  titre  d'évêque  élu''  au  mois  de  juillet  de  l'an  1194.  Raimond  VI, 
comte  de  Toulouse,  le  fit'  son  chancelier;  &  ce  prélat  exerçoit  les  fonctions 
de  cette  charge  en  1198,  i2o3  8<.  i2o5.  Il  fit  son  testament  au  mois  de 
novembre  de  l'an  I2i3,  légua^  sa  bibliothèque  à  sa  cathédrale,  &  donna  à 
l'abbaye  de  Valmagne,  dans  son  diocèse,  un  psautier  qu'il  avoit  composé  en 
l'honneur  de  Dieu  6-  de  la  Vierge. 


fich-Br 
t.  III,  p.  74. 


origin. 


VIII.  —  Sœurs  de  Raimond  V,  comte  de  Toulouse,  —  Comtes  de  Comminges. 

Raimond  V,  comte  de  Toulouse,  après  avoir  confirmé  à  Melgueil,  au  mois 
de  juillet  de  l'an  1187,  la  donation  du  vicomte  Bernard-Aton  en  faveur  de 
l'église  d'Agde,  se  rendit  vers  le  Rhône  où  il  donna '^,  au  mois  d'août  suivant, 
à  l'abbaye  de  F'ranquevaux  ce  qu'il  possédoit  dans  le  territoire  de  Fourques 
de  la  succession  de  feue  Agnès,  sa  sœur,  avec  réserve  de  l'usufruit.  Guillaume 
de  Sabran,  Raimond  Rascas,  seigneur  d'Uzès,  El-^éar  d'Ujès,  son  frère,  Pierre 


Tout  accusateiir  est  astreint  au  serinent  ie  calum- 
7iia;  l'accusé  subit  l'épreuve  de  l'eau  froide.  —  Les 
droits  de  mouture  dans  les  inouhns  banaux  sont 
réglés  à  tant  par  setier;  le  meunier  qui  falsifiera 
la  farine  pour  en  augmenter  la  quantité,  payera 
cinq  sous  d'amende  &  restituera  le  double  de  la 
farine  gâtée.  —  La  mesure  employée  est  celle  de 
Montpellier.  —  Celui  qui  meurt  après  testament 
fait,  son  testament  est  exécuté,  qu'il  ait  ou  n'ait 
pas  d'héritier  naturel.  S'il  n'a  pas  d'héritier  & 
meurt  intestat,  ses  biens  sont  confisqués,  &  le  sei- 
gneur paye  les  frais  des  funérailles;  s'il  meurt  in- 
testat, ayant  héritiers  naturels,  ceux-ci  succèdent 
librement.  —  L'adultère  pris  en  flagrant  délit  com- 
mis de  jour,  ne  pourra  racheter  sa  peine  à  prix 
d'argent.  Défense  de  punir  le  mari  innocent  pour 
la  faute  de  sa  femme,  &  réciproquement.  —Sauf- 
conduit  &  sauvegarde  pour  les  routes,  les  foires  & 
les  marchés.  —  Etablissement  du  consulat;  con- 
cession d'un  sceau  commun  &  désarmes  du  prince 


[vexillum).  Les  consuls  ont  droit  d'arbitrage  dans 
toutes  les  questions  intéressant  le  commun.  [A,  M.] 

'  Gaîlia  Christiana,  nov,  éd.  t.  6. 

'  l'oyez  tome  VIII,   Chartes,  n.  XIV,  c.   287. 

'  Archives  de  l'abbaye  de  Grandselve. 

'  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  LXI,  c.  428. 

'  Voyez  tome  VII,  Note  XLV,  n.  m,  p.  129. 

''  Catel ,  Mémoires  de  l'histoire  du  Languedoc , 
p.  973. 

'  Gaîlia  Christiana,  nov.  éd.  t.  6,  Instrum,  c.  197, 
—  [Ménard,  Histoire  de  Nirres,  t.  1,  p.  247.]  — 
Remarquons  que  le  comte  se  réserva  l'usufruit  de 
ce  domaine.  Mais  comme  il  devait  à  l'abbaye 
quatre  mille  quatre  cents  sous  raimondins,  il  lui 
rétrocéda  la  inoitié  de  cet  usufruit  pour  en  perce- 
voir les  revenus  jusqu'à  payement  intégral  de  cette 
somme.  Cet  acte  est  un  exemple  curieux  des 
transactions  financières  compliquées  auxquelles 
en  étaient  réduits  les  plus  grands  seigneurs  de 
cette  époque.   [A.  M.] 


HISTOIRE  GENEllALE  DE  LANGUEDOC.   LIV.  XX.  laS 

Fulcodii,  juge  S<.  chancelier  du  comte,  Se  divers  autres  seigneurs  furent  pré- 
sens à  cette  donation.  Le  même  Elzéar  d'Uzès,  en  qualité  de  seigneur  de 
Posquières,  confirma',  l'année  suivante,  cette  abbaye  dans  la  possession  de 
toutes  les  terres  dont  elle  jouissoit  dans  ses  domaines. 

Agnès,  sœur  de  Raimond  V,  comte  de  Toulouse,  ne  nous  est  connue  que 
par  ce  seul  monument.  Elle  mourut  sans  enfans,  supposé  qu'elle  eût  été 
mariée,  puisque  le  comte,  son  frère,  recueillit  sa  succession.  Il  paroît  par  là 
qu'elle  est  dittérente  d'une  autre  sœur  de  ce  prince,  mère  de  Bernard,  comte 
de  Comminges,  lequel,  en^  1191  &  1 196,  se  quaWiie  Jils  de  la  sœur  du  comte 
de  Toulouse.  Ce  Bernard,  qui  tut^  le  sixième  comte  de  Comminges  de  son 
nom,  étoit  fils  de  Dodon  ,  petit-fils  de  Bernard  V,  aussi  comtes  de  Com- 
minges, St  arrière  petit-fils  de  Roger  de  Comminges,  suivant  une*  enquête 
qui  fut  faite  en  1197  pour  prouver  sa  parenté  avec  Comtoresse  de  la  Barthe, 
sa  femme,  dont  il  se  sépara.  Roger  de  Comminges,  bisaïeul  de  Bernard  VI, 
étoit  frère  puîné  de  Bernard  IV,  dont  nous  avons  parlé''  ailleurs.  Ainsi  Ber- 
nard V  n'étoit  pas  fils  de  Bernard  IV,  comme  nous  l'avions  cru  d'abord. 
Quant  au  comte  Dodon,  fils  de  Bernard  V,  il  épousa  par  conséquent  une 
fille  d'Alfonse-Jourdain,  comte  de  Toulouse,  dont  on  ignore  le  nom.  Quel- 
ques-uns qui  la  tout  mal  à  propos  fille  de  Raimond  V,  comte  de  Toulouse'^, 
l'appellent  Laurence.  Du  reste  on  assure''  que  Dodon  prit  l'habit  monas- 
tique en  1181,  dans  l'abbaye  des  Feuillans  81  qu'il  y  fut  inhumé.  On  lui 
donne  trois  fils  de  la  princesse  de  Toulouse,  sa  femme,  savoir  :  Bernard  VI, 
Guy,  qui  fut  seigneur  d'Aure  par  sa  femme,  &  un  autre  Bernard  qu'on  fait 
seigneur  du  pays  de  Savez,  portion  du  Toulousain.  D'autres ^  prétendent 
que  le  comte  de  Comminges  eut  de  la  sœur  de  Raimond  V,  comte  de  Tou- 
louse, Bernard  VI,  qui  lui  succéda,  Roger,  comte  de  Pailhas',  duquel  on  fait 
descendre  les  vicomtes  de  Conserans  5c  Arnaud,  seigneur  de  Dalmazan  '°,  pays 
qui  anciennement  faisoit  partie  du  comté  de  Foix  8c  qui  étoit  entré  dans  la 
maison  de  Comminges  par  quelque  alliance  avec  celle  de  Foix.  Bernard  VI, 
comte  de  Comminges,  épousa  en  premières  noces  Etiennette,  nommée  aussi 
Béatrix,  fille  Se  héritière  de  Centulle,  comte  de  Bigorre,  dont  il  n'eut  qu'une 
fille,  nommée  Pétronille,  dont  nous  aurons  occasion  de  parler  dans  la  suite. 

'  Mss.  d'Aahays,  n.  77.  de  Montfort  (t.  VIII,  c.   608),  nous  TOyons   pa- 

'  Voyez  lome  VIII,  Chartes,  n.  LI,  c.  408.  raître  un    Roger,  comte   de  Comminges,  qui  n'est 

'  Voyez  tome  III,  1.  XVIII,  n.  xii,  pp.  781 ,  782.  autre  que  le  comte  de  Pailbas  dont  il  est  ici  ques- 

'  Voyez  tome  VIII,  Chartes,   n.  LXIX,  ce.  448,  tion.  Pierre  de  Vaux-Cernay   (c.  53)  l'appelle  un 

449.  nobilis    homo,  de  partîhus    Vascon'tae  ;  le   comte   de 

>  Voyez  tome  IV,  Noie  XXII,  pp.  1  i3  &  126,  &  Comminges  s'appelant  alors  Bernard,  il  faut    tra- 

tome  III,  ut  suprd.  duire    dans    l'acte  de    1211,  Roger  Je   Comminges, 

"  Le  P.  Anselme,  Histoire  généalogique  des  grands  comte.  (A.  M.] 

officiers,  t.  2,  p.  63o.  '•'  Le  Daumazanès  appartenait  encore  au  comte 

'  liid.  de  Foix  en  i2i8j  voir  aux  archives  départeraen- 

'  Oïhenart,  Notitia  Vasconiae,  p.  322.  taies  de  l'Ariége  une  copie  du  quinzième  siècle  de 

'  Ce  qui  donne  une  certaine  consistance  à  cette  la  charte  de  coutume  concédée  à  cette  date  par  le 

généalogie    est   le    fait   que  dans   plusieurs   actes,  comte   Roger-Bern:ird  aux   habitants  de  Dauma- 

notamment  dans  un  hommage  de  1211,  à  Simon  zan.   [A.  M] 


An  1 187 


An  1  li 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XX. 


IX.  —  Mort  de  Roger-Bernard  1,  comte  de  Foïx.  —  Son  fils  Raimond-Roger 

lui  succède. 

On  a  dit  ailleurs  qu'Alfonse,  roi  d'Aragon,  confia  en  ii85  le  gouvernement 
de  Provence  à  Roger-Bernard,  comte  de  Foix,  son  cousin  germain.  Roger- 
Bernard  ne  jouit  pas  longtemps  de  cette  dignité  :  étant  de  retour  dans  ses 
domaines,  il  y  mourut'  au  mois  de  novembre  de  l'an  1188  &  fut  inhumé 
dans  l'abbaye  de  Boulbonne,  de  l'ordre  de  Cîteaux,  située  dans  son  comté  de 
Foix,  qu'il  avoit  enrichie^  par  ses  libéralités.  Il  laissa  de  Cécile  de  Béziers, 
fille  du  vicomte  Raimond-Trencavel,  qu'il  avoit  épousée  en  ii5i,  un  fils, 
nommé  Raimond-Roger,  qui  lui  succéda  dans  ses  domaines.  11  avoit  eu  un 
autre  fils,  appelé  Roger,  qui  étoit  l'aîné  &  son  héritier  présomptif,  dont  il 
est  fait  mention  en  divers  actes^,  depuis  l'an  ii65  jusqu'en  1174;  mais  nous 
ne  trouvons  plus  rien  de  lui  après  cette  dernière  année,  81  il  étoit  déjà 
décédé  en  1182,  lorsque  Roger-Bernard,  comte  de  Foix,  &>  Raimond-Roger, 
son  fils,  donnèrent  en  fief"^  les  domaines  de  Quier.  Roger-Bernard  laissa  de 
plus  deux  filles^,  dont  l'une,  nommée  Esclarmonde,  épousa  Jourdain  II,  sei- 
gneur de  risle-Jourdain.  On  ignore  le  nom  de  l'autre,  qui  fut  mariée  avec 
Roger  de  Comminges,  vicomte  de  Conserans,  &  fut  mère  d'un  autre ^  Roger 
de  Comminges,  seigneur  du  pays  de  Savez,  qualifié,  en  1212,  neveu"!  du 
comte  de  Foix^.  Nous  avons  parlé  en  un  autre ^  endroit  d'une  troisième  fille 
de  Roger-Bernard,  dont  on  ignore  aussi  le  nom,  &  qui  étoit  sans  doute 
l'aînée,  laquelle  épousa  en  1 162  Guillaume-Arnaud  de  Marquefave.  On  assure 
que  Roger-Bernard '°  avoit  épousé  en  premières  noces  une  prétendue  Cécile 
de  Barcelone  dont  il  n'eut  pas  d'enfans;  mais  ce  fait  est  avancé  sans  preuve, 
8<.  il  est  certain  que  Pvoger-Bernard  n'eut  jamais  d'autre  femme  que  Cécile 
de  Béziers,  81  qu'on  l'a  confondu  "  avec  Roger  III,  son  père,  qui  épousa  en 
effet  une  fille  du  comte  de  Barcelone.  On  aura  cru  qu'il  eut  pour  femme 

'  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  XLIV,  ce.  391,  ce  personnage  fût  seigneur  du  Savès;  dom  Vais- 

392.  sete  a  mal  saisi  la  suite  des  événements.  Simon  de 

"  Voyez  tome  III,  1.  XVII,  n.  lxxvii,  p.  ySo. —  Montfort   est   allé  à  Saint-Gaudens   recevoir   les 

De  Marca,  Histoire  de  Biarn,  p.  722.  hommnges  des  seigneurs  du  Conserans  &  du  Com- 

'  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  V,  ce.  27!!  à  276.  minges  (haute  Garonne  &  Ariége)  ;  de  là  il  va  dans 

*  Château  de  Foix,  caisse  14.  les  montagnes  vers  Foix  [apui  fuxum)  &  ravage 

'  Petrus  Vallis   Cernaii,    Historia    Alhigensium,  en  grande  partie  la  terre  de  ce  Roger  de  Commin- 

c,  6.  ges.  Le  Savès  est  de  l'autre  côté,  vers  la  Gascogne, 

"Le  P.  Anselme,  Histoire  généalogique  des  grands  tandis  que,  d'après  les  paroles  mêmes  du  chroni- 

o/ficiers,  t.  2,  p.  344.  queur,  la  terre  de  Roger  de  Comminges  était  située 

'  Petrus  Vallis   Cernaii,   Historia  Alhigensium,  vers  l'Espagne;   c'était  donc  le  comté  de  Pailhas. 

c.  64.  [A.  M.] 

'  Ce  Roger   de  Comminges  est  certainement  le  -'  Voyez  tome  III,  1.  XVIII,  n.  lvi,  p.  836. 

même  que  celui  que  nous  avons  vu  plus  haut  s'ap-  '"  Le  P.  Anselme,  Histoire  généalogique  des  grands 

peler  de   Comminges  en   121 1;   au  chapitre  53  de  officiers,  t.   2,   p.    344.  —  De  Marca,   Histoire  de 

son    histoire,  Pierre   de  Vaux-Cernay  le  dit  con-  Bcarn,  p.  721. 

languineus;  au  chapitre  64  nepos  comitis  Fuxensis.  "  De  Marca,  ibid.  p.  721. 
En    tout  cas,  ce   dernier   auteur   ne   dit   pas   que 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC,  LIV.  XX.  127   ""; TT 

I        An  i  188 

une  sœur  d'Altbnse  II,  roi  d'Aragon  &  comte  de  Barcelone,  sur  ce  que  ce 
prince  appelle'  Raimond-Roger,  comte  de  Foix,  son  neveu ^  mais  Raimond- 
Roger  n'étoit  neveu  du  roi  d'Aragon  qu'à  la  mode  de  Bretagne,  par  Ximène  t''fi-,'"'S'"; 
de  Barcelone,  tante  de  ce  roi,  laquelle  avoit  épousé  Roger  III,  comte  de 
Foix,  son  aïeul.  Au  reste.  Barrai,  vicomte  de  Marseille,  succéda  au  comte 
Roger-Bernard  dans  le  gouvernement  du  comté  de  Provence,  &  il  le  possé- 
doit^  en  1190. 

Raimond-Roger  confirma,  à^  la  fin  de  l'an  1188,  avec  Raimond,  abbé  de 
Saint-Antonin  de  Pamiers,  le  pariage  que  le  comte,  son  père,  avoit  fait 
en  1149  ^'^^'^  '-^  monastère;  il  se  dit  fils  de  Roger-Bernard  6-  de  Cécile  dans 
l'acte  passé  en  présence  d'Arnaud  de  Castelverdun  8<.  de  plusieurs  autres  de 
ses  vassaux.  Il  confirma*^  aussi,  au  mois  de  mars  de  l'année  suivante,  avec 
Pierre,  abbé  de  Saint-Volusien  de  Foix,  du  conseil  de  ses  barons,  savoir  : 
de  Pv.aimond  de  Gilabert,  d'Aton  de  Raimond,  de  Guillaume-Bernard  d'As- 
nave,  de  R.  de  Cher  ou  de  Quier,  d'Arnaud-Guillaume  de  Lordat  &  d'Ar- 
naud du  Puy,  son  baile,  le  pariage  que  le  comte,  son  père,  avoit  fait  en  1168 
avec  cette  abbaye.  Il  se  maria^,  la  même  année  1189,  avec  Philippe,  qu'on^ 
dit  de  la  maison  de  Moncade,  en  Catalogne;  de  quoi  nous  ne  trouvons 
aucune  preuve. 

X.  —  Richard,  duc  d'Aquitaine,  porte  la  guerre  dans  les  Etats  du  comte 
de  Toulouse  &-  s'empare  de  diverses  places. 

La  guerre  qui  s'étoit  élevée  entre  Richard,  duc  d'Aquitaine,  81  Raimond  V, 
comte  de  Toulouse,  paroissoit^  ralentie,  lorsqu'elle  se  renouvela  avec  beau- 
coup de  vivacité.  Raimond  s'étant  ligué  contre  Richard  avec  le  comte  d'An- 
goulême,  Gaufred  de  Lézignem  &  plusieurs  autres  des  principaux  d'Aqui- 
taine, fit  arrêter,  par  le  conseil  de  Pierre  Saissun,  son  domestique,  divers 
marchands  aquitains  qui  commerçoient  dans  ses  Etats.  Il  se  mit  ensuite  en 
campagne  81  ravagea  les  terres  du  duc,  qui  trouva  moyen  de  s'assurer  de  la 
personne  de  ce  domestique.  Richard  le  fit  enfermer  dans  une  étroite  prison 
8c  le  traita  avec  la  dernière  rigueur  pour  le  punir  du  conseil  qu'il  avoit 
donné  à  son  maître.  En  vain  Raimond  fit  ses  efforts  pour  en  obtenir  le 
rachat  :  tous  ses  soins  furent  inutiles.  Il  usa  enfin  de  représailles  &  fit  arrêter 
deux  chevaliers  de  la  famille  du  roi  d'Angleterre  qui  revenoient  de  Saint- 
Jacques,  en  Galice,  8c  passoient  dans  ses  États;  avec  menace  de  les  faire 
mourir  si  Richard  ne  lui  rendoit  son  prisonnier.  Le  duc  d'Aquitaine,  informé 
de  la  détention  de  ces  chevaliers,  ne  s'en  mit  pas  beaucoup  en  peine,  comp- 

'  Voyez  fome  VIII,  Chartes,  n.  LIX,  c.  ^îS.  ''  Chronique  manuscrite   des    comtes   de    Foix, 

*  Bouche,  Li   chorographlc   ou  deicription    Je    Id  Baliize,    mss.    n.    419,   —   0e  Marca,    Histoire  Hu 

Provence,  t.  1,  p.   172.  Séarn,  p.  753. 

'Château   de    Foix,   caisses   4    &    5.   —   Voyez  "  he  P.  Amelme,  Histoire  gcnéalogiijue  des  granit! 

tome  V,  ce.   1116,   1616,  n.  X.  officiers,  t.  i,  p.  34.'). 

■*  Archives  de  l'abbaye  de  Foix.  'Rogerde  Hoyeisn,  Annales  Anglicani,  an,  1 188, 


1 Z~    128  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC,   LIX.  XX. 

An  I  I  00 

tant  que  le  respect  qu'on  avoit  pour  les  pèlerinages  empêcheroit  le  comte  de 
Toulouse  de  rien  entreprendre  contre  eux.  Raimond  fut  en  effet  obligé  de 
les  relâcher  à  la  prière  du  roi  de  France,  qui  les  lui  demanda  par  un  motif 
de  religion,  après  en  avoir  retiré  cependant  une  grosse  rançon.  Pv.ichard, 
outré  de  dépit,  résolut  de  pousser  à  bout  le  comte  de  Toulouse.  Il  prit'  à  sa 
solde  un  corps  de  ces  brigands  qu'on  appeloit  Brabançons,  81,  les  ayant 
joints  à  ses  propres  troupes,  il  fit  une  \£ruption,  au  printemps  de  l'an  1188, 
dans  les  États  de  Raimond  où  il  porta  le  fer  £<.  le  feu.  Il  se  rendit  maître  de 
dix-sept  châteaux,  situés  la  plupart  en  Querci,  entre  autres  de  celui  de 
Moissac  &,  à  ce  qu'il  paroît^,  de  la  ville  de  Cahors.  Il  s'approcha  ensuite  de 
Toulouse,  dont  il  ravagea  tous  les  environs,  &  se  proposa  d'en  faire  le  siège. 

XI.  —  Le  roi  Philippe-Auguste  /ait  diversion  en  faveur  du  comte  de  Toulouse, 

Le  comte,  déconcerté  par  la  rapidité  de  ces  conquêtes,  eut  recours  au  roi 
Philippe-Auguste,  son  souverain  &  son  allié.  Il  représenta  à  ce  prince  que 
les  hostilités  de  Richard  étoient  une  infraction  manifeste  de  la  trêve  conclue 
au  mois  de  janvier  précédent  entre  les  deux  rois  lorsqu'ils  avoient  pris  la 
croix  l'un  Se  l'autre  pour  aller  secourir  la  Terre-Sainte  8c  arrêter  les  progrès 
du  sultan  Saladin.  Les  rois  de  France  8^  d'Angleterre  étoient  convenus  en 
effet  alors  que  toutes  leurs  querelles  cesseroient  Se  que  les  hostilités  seroient 
suspendues  de  part  8c  d'autre  depuis  leur  entrevue  jusqu'après  leur  retour  du 
voyage  d'outre-mer.  Les  Toulousains  implorèrent  de  leur  côté  la  protection 
du  roi,  qui  prit  hautement  leur  défense  avec  celle  de  leur  comte.  Philippe 
envoya  des  ambassadeurs  à  Henri,  roi  d'Angleterre,  pour  se  plaindre  de  ce 
que  le  duc  Richard,  son  fils,  avoit  porté  la  guerre  dans  le  royaume  sans 
aucune  déclaration  préalable  8c  sans  l'avoir  auparavant  défié  :  il  lui  fit 
demander  si  c'étoit  par  son  ordre  que  Richard  avoit  exercé  ces  ravages,  8c  le 
somma  d'en  faire  réparation.  Henri  répondit  que  son  fils  avoit  entrepris  cette 
expédition  sans  l'avoir  consulté,  8c  qu'il  s'étoit  contenté  de  lui  faire  savoir 
par  l'archevêque  de  Dublin  qu'il  n'avoit  agi  en  tout  cela  que  par  l'avis  du 
roi  de  France. 
^  Éd.oriBin.  Philippe,    peu   content   d'une   pareille  défaite,   assembla  ses  troupes  8c 

attaqua  les  Etats  du  roi  d'Angleterre.  Il  entra  d'abord  dans  le  Berry,  prit 
Châteauroux,  Argenton  Se  plusieurs  autres  châteaux,  soumit  à  son  obéissance 
presque  tout  le  pays  avec  une  partie  de  la  Touraine  8c  s'avança  jusque  dans 
le  Bourbonnois  où  il  s'empara  de  Montluçon  8c  de  quelques  autres  places. 
Un  historien  du  temps  ^  prétend  même  que  Philippe  poussa  jusque  dans  le 
Querci  où  il  soumit,  dit-il,  cinq  comtés  sur  le  roi  d'Angleterre;  c'est-à-dire 
sans  doute  qu'il  reprit  cinq  des  châteaux  que  Richard  avoit  enlevés  dans  ce 

"■    '  Roger  de  Hoveden,  ad  an.    1188.   —  Rigord,  '  Voyez  tome  VII,  Note  IX,  pp.  22  à  24. 

De  gestis   Phdippi   Augusti,  p.  27.   —    Giiillelmus  '  Radiilphus,  Coggeshalae  abbas,  Chronicon  An- 

Armoricus.  —  Radiilphiis  de  Diceto.  —  Geivasius  glicif, 
Oorobernensis,  ad  an.  1188. 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XX.  129 

pays  au  comte  de  Toulouse.  Quoi  qu'il  en  soit,  il  est  certain  que  la  diver- 
sion de  Philippe  en  faveur  de  Raimond  arrêta  les  entreprises  de  Richard, 
qui  fut  obligé  de  marcher  au  secours  du  Berry. 

Henri  n'eut  pas  été  plutôt  informé  de  l'entrée  de  Philippe  dans  ses  États, 
qu'il  envoya  à  ce  prince  l'archevêque  de  Cantorbéri  pour  l'apaiser;  mais  ce 
prélat  n'ayant  pu  rien  gagner,  il  se  détermina  à  passer  la  mer,  débarqua  en 
Normandie,  vers  la  mi-juilIet",  Si  se  rendit  à  Alençon,  où  il  assembla  son 
armée.  Philippe  quitta  alors  le  Berry  pour  revenir  en  France  s'opposer  aux 
desseins  du  roi  d'Angleterre.  Richard  tenta  vainement,  après  le  départ  de 
Philippe,  de  reprendre  Châteauroux,  il  fut  obligé  de  se  retirer.  Il  alla  ensuite 
en  Normandie  joindre  le  roi,  son  père,  qui  envoya  de  nouveaux  ambassa- 
deurs à  Philippe  pour  lui  demander  la  paix,  avec  offre  de  réparer  les  dom- 
mages qu'il  lui  avoit  causés.  Philippe  répondit  fièrement  qu'il  n'abandonne- 
roit  son  entreprise  qu'après  avoir  entièrement  soumis  à  son  obéissance  le 
Berry  ik  le  Vexin  normand.  Sur  cela  Henri  Si  Richard,  son  fils,  se  mirent 
en  marche  Si  s'avancèrent  jusqu'à  Mantes,  où  ils  firent  quelque  dégât.  Phi- 
lippe, qui  s'étoit  avancé  de  son  côté,  leur  fit  proposer  une  conférence  qu'ils 
acceptèrent  Si  qui  se  tint,  le  16  du  mois  d'août,  entre  Gisors  Si  Trie  :  elle 
dura  trois  jours,  sans  que  les  deux  rois  pussent  convenir  d'aucun  article.  Après 
leur  séparation,  ils  eurent  de  nouveau  recours  aux  armes  :  ils  convinrent 
cependant  d'une  nouvelle  entrevue  qui  se  fit  le  7  du  mois  d'octobre.  Phi- 
lippe offrit  alors  à  Henri  de  lui  restituer  toutes  les  places  qu'il  avoit  sou- 
mises, à  condition  que  Richard  rendroit  de  son  côté  au  comte  de  Toulouse 
toutes  celles  qu'il  lui  avoit  enlevées;  Si,  comme  il  ne  se  fioit  pas  à  Richard, 
il  demanda  au  roi  Henri  qu'il  remît  en  otage  le  château  de  Pacy,  en  Nor- 
mandie. Henri  refusa  de  le  iaire,  Si  les  deux  rois  se  retirèrent  aussi  ennemis 
qu'auparavant. 

XII.  —  Voyage  de  Philippe- Auguste  au  Pi/y,  —  Le  Vïvaraïs  est  soumis 

à  sa  domination. 

Philippe  prit  la  route  du  Berry  81  soumit  en  passant  le  château  de  Palud. 
11  prit  ii  Châteauroux  un  corps  de  Brabançons  qu'il  conduisit  jusqu'à  Bourges; 
mais  les  désordres  que  commettoient  ces  brigands  l'obligèrent  à  les  congédier, 
après  leur  avoir  enlevé  leurs  armes,  leurs  chevaux  81  tout  le  butin  dont  ils 
s'étoient  enrichis  dans  leurs  courses.  Il  alla  ensuite  en  Auvergne^  où  il 
soumit  diverses  places  sur  le  roi  d'Angleterre,  qui  étoit  reconnu  pour  suze- 
rain dans  une  partie  du  pays,  Si  s'avança  jusqu'au  Puy,  en  Vêlai.  Il  étoit 
dans  cette  ville^,  vers  la  fin  du  mois  d'octobre  ou  le  commencement  de 
novembre.  Si  il  y  donna  alors  deux  chartes.  Par  la  première  il  confirma,  à 
la  prière  de  Pierre,  évêque  du  Puy,  les  privilèges  que  le  roi  Louis  le  Jeune, 


'  Voyez  tome  VII,  Note  IX,  pp.  zz  à  24.  '  Voyez  tome  VII,  Note  IX,  pp.  22  à  2.;. 

*  na. 

VI.  0 


An  ii83 


~ 77~    i3o  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV,  XX. 

An  1100 

son  père,  avoit  accordés  k  l'église  de  cette  ville,  entre  autres  la  permission 
d'y  lever  un  péage  de  treize  deniers  du  Ptiy  pour  chaque  charge  qui  entroit 
dans  la  ville,  savoir  :  cinq  deniers  pour  l'évêque,  trois  deniers  pour  l'église 
du  Puy  8t  cinq  deniers  pour  le  vicomte  de  Polignac,  qui  les  tenoit  en  fief 
de  la  même  église.  Par  l'autre  charte'  Philippe  reçut  l'hommage  lige  d'Odon, 
seigneur  de  Tournon,  pour  le  château  de  ce  nom,  situé  en  Vivarais,  sur  les 
bords  du  Rhône^.  Philippe-Auguste  étendoit  donc  sa  domination  jusqu'à  ce 
fleuve,  8i  le  Vivarais  lui  étoit  soumis.  Il  paroît,  au  reste,  que  ce  prince  entre- 
prit le  voyage  du  Puy  par  un  mouvement  de  dévotion  envers  la  sainte  Vierge 
honorée  dans  l'église  de  cette  ville,  &  pour  implorer  son  secours  avant  que 
d'entreprendre  le  voyage  de  Terre-Sainte,  à  l'exemple  du  roi  Louis  VII  qui 
en  avoit  fait  autant  dans  un  cas  semblable^. 

XIII.  —  Le  duc  d'Aquitaine  se  réconcilie  avec  le  roi,  t-  demeure  en  possession 
des  places  qu'il  avoit  enlevées  au  comte  de  Toulouse. 

Cependant  le  duc  Richard,  craignant  que  le  roi  d'Angleterre,  son  père,  qui 

Éi.  origin.     avoit  divcrs  suiets  de  mécontentement  contre  lui,  ne  le  déshéritât  &  ne  fit 

1. 111.  p.  77.  ^ 

passer  la  couronne  sur  la  tête  de  Jean,  son  frère  puîné,  chercha'*  à  se  récon- 
cilier avec  le  roi  Philippe;  il  fit  ce  prince  l'arbitre  de  ses  différends  avec  le 
comte  de  Toulouse,  &  offrit  de  s'en  rapporter  au  jugement  de  sa  cour,  Phi- 
lippe accepta  la  médiation,  se  réconcilia  secrètement  avec  Richard  81  promit 
de  le  protéger  contre  le  roi,  son  père.  Celui-ci,  qui  ignoroit  tout  leur  manège, 
convint,  à  la  sollicitation  de  Richard,  qui  avoit  ses  vues  en  cela,  d'avoir  une 
nouvelle  conférence  pour  la  paix  avec  Philippe.  Elle  se  tint  k  Bonmoulins'', 
le  jeudi  18  de  novembre,  jour  de  l'octave  de  Saint-Martin,  &  dura  trois  jours. 
Pendant  la  conférence,  les  deux  rois,  le  duc  Richard  &.  l'archevêque  de 
Reims  occupèrent  le  milieu  du  lieu  de  l'assemblée,  &  ils  étoient  environnés 
des  grands  &c  des  troupes  des  deux  nations.  On  parla  le  premier  jour  avec 
assez  de  tranquillité;  la  conférence  s'échauffa  le  second,  &.  il  se  dit  des 
paroles  si  vives  de  part  St  d'autre  le  troisième,  qu'on  en  vint  réciproquement 
aux  menaces;  en  sorte  que  les  troupes,  s'étant  mises  en  ordre  de  bataille, 
n'attendoient  plus  de  part  &<.  d'autre  que  le  signal  pour  donner.  Philippe 
proposa  d'abord  à  Henri  de  se  rendre  mutuellement  toutes  les  places  qu'ils 
avoient  conquises  l'un  sur  l'autre  depuis  qu'ils  avoient  pris  la  croix.  Se  de 
s'en  tenir  à  la  trêve  qu'ils  avoient  conclue  alors,  jusqu'après  leur  retour  de  la 
Terre-Sainte.  Henri  déclara  qu'il  aimeroit  mieux  convenir  entièrement  de 
la  paix  par  l'avis  du  clergé  &  des  barons.  Richard  s'y  opposa  pour  n'être  pas 

'  Mss,  Colhert,  n.  i66ç.  Auguste    que   se    rapporte   l'acte   pour  l'église   de 

'  Voyez  l'indication  de  ces  deux  actes  dans  De-  Lodève  plus  haut  indiqué.   [A.  M.] 

lisle.    Catalogue    des    actes    de   Philippe- Auguste,  ■*  Roger  de  Hoveden,    p,   36o.  —  Radulphus  de 

n°*  219,  220,  p.  53.  [A.  M.]  Diceto,    p.    682.    —    Gervasius    Dorobernensis , 

^  Dom  Vaissete  emprunte   le  fait   de  ce   pèleri-  an.    1188. 

nage  à  Bochart  de  Sarron,  Histoire  de  Notre-Dame  '  Voyez  tome  VII,  Note  IX,  pp.  22  à  24. 

du  Puy,   p.   265.   C'est   à  ce   voyage  de   Philippe- 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XX.  i3i 

obligé  de  restituer  le  Querci  qu'il  avoit  envahi  sur  le  comte  de  Toulouse,  8c 
dont  il  tiroit  plus  de  mille  marcs  d'argent  de  revenu  annuel;  au  lieu  que 
Chàteauroux,  Issoudun  &  les  autres  places  qui  dévoient  lui  être  rendues 
appartenoient  à  des  seigneurs  particuliers,  lesquels  étoient  seulement  tenus 
de  lui  en  faire  hommage.  Philippe  offrit  ensuite  à  Henri  de  lui  restituer 
toutes  les  places  qu'il  avoit  conquises  pendant  la  guerre;  à  condition  qu'il 
ne  retarderoit  plus  le  mariage  de  la  princesse  Alice,  sa  sœur,  avec  Richard, 
&  qu'il  feroit  reconnoître  ce  prince  par  tous  ses  vassaux  comme  héritier  du 
trône  d'Angleterre.  Henri,  qui  n'avoit  pas  oublié  les  chagrins  que  lui  avoit 
causés  Henri,  son  fils  aîné,  après  qu'il  l'eut  déclaré  son  successeur,  &  qui 
avoit  tout  à  craindre  du  mauvais  naturel  de  Richard,  rejeta  cette  proposi- 
tion. Richard,  voyant  que  Philippe  ne  pouvoit  rien  gagner  sur  cet  article, 
manifesta  alors  les  liaisons  secrètes  qu'il  avoit  prises  avec  ce  prince,  &  dit  au 
roi,  son  père  :  «  Je  vois  clairement  aujourd'hui  ce  que  j'avois  de  la  peine  à 
croire;  »  puis,  se  tournant  du  côté  du  roi  de  France,  il  quitte  son  épée,  étend 
ses  mains,  lui  rend  hommage  pour  tout  ce  que  la  couronne  d'Angleterre  pos- 
sédoit  en  deçà  de  la  mer,  8<.  lui  prête  serment  de  fidélité  envers  tous  8c  contre 
tous,  sauf  celle  qu'il  devoit  au  roi,  son  père.  Philippe  déclara  alors  à  Richard 
qu'il  lui  rendoit  Chàteauroux,  Issoudun  8c  tout  le  reste  du  Berry.  Henri, 
qui  ne  s'attendoit  pas  à  être  spectateur  d'une  pareille  démarche,  en  fut 
extrêmement  irrité;  mais  il  jugea  à  propos  de  dissimuler,  8c  se  sépara  de 
Philippe  après  être  convenus  ensemble  d'une  trêve  jusqu'au  jour  de  Saint- 
Hilaire,  14  de  janvier  suivant.  Il  s'achemina  aussitôt  en  Aquitaine,  8c  donna 
ordre  à  son  chancelier  de  se  rendre  en  Anjou  8c  de  s'y  mettre  en  état  de 
défense  contre  les  entreprises  de  Philippe  8c  de  Richard  qui  furent  depuis 
très-unis.  Le  dernier  demeura  par  là  en  possession  des  places  qu'il  avoit  enle- 
vées à  Raimond,  comte  de  Toulouse,  qui  fut  obligé  malgré  lui  de  céder  à  la 
force.  Ce  comte  fit  un  voyage  dans  le  bas  Languedoc,  au  mois  d'août  de 
cette  année,  8c  confirma  alors,  à  Nimes',  les  privilèges  des  maçons  de  cette 
ville,  privilèges  qu'il  leur  avoit  donnés  en  fief  %o\i%  certaines  corvées. 

XIV.  —  Révolte  d'une  partie  des  Toulousains  contre  leur  comte. 

Il  paroît  que  Richard  avoit  des  intelligences  dans  Toulouse  8c  qu'il  sou- 
leva, vers  la  fin  de  cette  année,  une  partie  des  habitans  contre  le  comte  Rai- 
mond, leur  seigneur.  Il  est  certain  du  moins  qu'il  s'éleva  alors  une  grande 
sédition  dans  cette  ville,  comme  nous  l'apprenons  de  deux*  actes  datés  du 

■  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  XXXVII,  ce. 38i,  pose  dom  Vaissete,  que  la  révolte  des  Toulou- 
382.  —  [Cette  charte  est  donnée  à  Carnas,  Gard,  s.uns,  qui  y  est  mentionnée,  fut  due  à  une  inter- 
arrondissement du  Vigan,  &  non  pas  i  Nîmes.  vention  étrangère.  On  peut  n'y  voir  qu'une  des 
Cf.  Ménard,  Histoire  de  Nimes,  t.   1,  p.  148.]  fréquentes    séditions,    inévitables    dans    ces   sortes 

'  Catel,  Histoire  des  comtes  Je  Tolose,  p.  216  8c  de   républiques   municipales,   où    le   seigneur    re- 

suiv.  — Voir  cet  acte  au  tome  VIII,  c.  392  &  suiv.  nonçait  toujours  difficilement  i  sa  suprématie. 
Rien  dans  cette  charte  ne  prouve,  comme  le  sup-  [A.  M.] 


An  II 


An  1 189 


An  1 189 


t.  111,  p.  78. 


i32  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XX. 

vendredi,  jour  de  l'Epiphanie  de  l'an  1188  (1189).  Par  le  premier,  le  comte 
Raimond  déclare,  dans  une  assemblée  de  tout  le  peuple  de  Toulouse  qu'il 
avoit  convoquée  dans  l'église  de  Saint-Pierre  de  Cuisines,  «  que  tous  les 
«  hommes  8<.  toutes  les  femmes  de  la  ville  Si  du  faubourg  pouvoient  se  fier 
«  entièrement  à  lui  comme  à  leur  bon  seigneur.  Il  fait  ensuite  détense  à 
<c  toute  sorte  de  personnes  de  tuer  aucun  des  habitans,  de  les  insulter,  de 
t*'m°'^,l*^'";i  "  s'élever  contre  eux  £<.  de  leur  causer  le  moindre  dommage,  avec  promesse 
«  de  ne  leur  faire  aucun  mal,  de  leur  rendre  justice  suivant  le  jugement  des 
V.  consuls,  &c  à  leur  défaut  des  prud'hommes  de  Toulouse,  8c  d'exécuter  fidè- 
«  lement  ce  que  l'évêque,  les  consuls,  Toset  de  Toulouse  &  Aymeri  de  Cas- 
«  telnau  décideroient  pour  la  punition  de  ceux  qui  avoient  excité  la  sédi- 
tt  tion.  »  Ce  prince  ajoute  les  paroles  suivantes  :  «  Moi,  Raimond,  comte, 
«  je  jure  sur  les  saints  évangiles,  de  ma  propre  volonté.  Si  pour  l'amour  des 
«  Toulousains,  d'observer  toutes  ces  choses  (quoique  je  ne  sois  tenu  de  le 
«  faire  que  parce  que  je  le  veux),  sauf  Si  réservé  tous  mes  droits  Si  domaines, 
a  comme  je  les  ai  Si  les  dois  avoir.  »  Enfin  les  consuls  de  la  ville  81  du  tau- 
bourg  avec  les  principaux  habitans  lui  prêtèrent  serment  de  fidélité,  Si  à 
ceux  à  qui  il  confieroit  le  gouvernement  de  Toulouse,  sauf  leurs  droits,  cou- 
tumes 81  franchises. 

Il  est  marqué  dans  le  second  acte'  :  «  que  lorsque  le  comte  Raimond  fit 
«  serment,  le  vendredi  jour  de  l'Epiphanie  de  l'an  1188,  à  tout  le  peuple  de 
«  la  ville  Si  du  faubourg  de  Toulouse,  assemblé  dans  l'église  de  Saint-Pierre 
«  de  Cuisines,  ce  prince  se  désista  de  tout  ce  qu'il  pouvoit  exiger  à  l'occasion 
«  des  querelles  8c  des  séditions  qui  s'étoient  élevées  dans  cette  ville  contre 
u  ceux  qui  y  avoient  pris  part;  que  l'évêque  Fulcrand  Si  les  consuls  de  la  ville 
«  Si  du  faubourg  déclarèrent  après,  en  jugeant,  que  les  sermens  Se  les  asso- 
«  dations,  qui  avoient  été  faits  auparavant  entre  les  habitants,  étoient  nuls, 
«  de  même  que  ceux  que  le  comte  pourroit  avoir  faits;  avec  ordre  d'apporter 
«  dans  trois  jours  tous  les  originaux  de  ces  actes,  sous  peine  d'excommunica- 
K  tion  de  la  part  de  l'évêque,  contre  tous  ceux  qui  les  retiendroient.  » 

XV.  —  Richard  succède  à  Henri  II,  roi  d'Angleterre,  son  père,  &•  conserve 
les  places  qu'il  avoit  conquises  sur  le  comte  de  Toulouse. 

Après  la  Saint-Hilaire^,  terme  fixé  pour  la  fin  de  la  trêve  entre  les  rois  de 
France  81  d'Angleterre,  la  guerre  recommença  entre  ces  deux  princes.  Le 
cardinal  d'Agnani,  alors  légat  en  France,  s'entremit  bientôt  pour  les  accom- 
moder 81  il  les  fit  convenir  enfin  de  prolonger  la  trêve  jusqu'à  la  Purifica- 
tion 81  ensuite  jusqu'à  Pâques.  Durant  cet  intervalle,  Henri  fit  tout  son 
possible  pour  détacher  son  fils  de  l'étroite  union  qu'il  avoit  contractée  avec 
le  roi  Philippe;  mais  tous  ses  soins  furent  inutiles.  Cependant  le  légat  fit 

•  Catel,    Histoire  des  comtes  Je  Tolose,  p.    ii6  °  Roger  de  Hoveden.  —  Radulphus  de  Diceto.— 

g;  5iiiv,  Gervasiiis  Dorobernensis,  itn.   1189. 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XX.  i33  ~~; 7~ 

An  1109 

consentir  les  deux  rois  à  une  entrevue  à  la  Ferté-Bernard,  dans  le  Maine, 
oi.1  ils  se  rendirent  au  commencement  de  juin.  Philippe  &  Richard  persis- 
tèrent dans  la  demande  qu'ils  avoient  déjà  faite  dans  l'assemblée  de  Bon- 
moulins,  S<  Henri  continua  de  son  côté  à  la  leur  retuser  ;  ainsi  on  reprit  les 
armes.  Philippe  8<.  Richard  se  rendirent  dans  peu  maîtres  de  diverses  places, 
entre  autres  du  Mans  5c  de  Tours,  &  poursuivirent  de  château  en  château 
le  roi  Henri,  qui,  n'étant  pas  en  état  de  se  défendre,  fut  enfin  obligé  d'ac- 
cepter tout  ce  que  Philippe  Se  Richard  voulurent  dans  une  nouvelle  entrevue 
qu'ils  eurent  ensemble  la  veille  de  Saint-Pierre',  à  la  Colombière,  entre 
Tours  8<  Amboise. 

Henri  ne  survécut  pas  longtemps  à  ce  traité  :  il  mourut  à  Chinon,  le  jeudi 
6  de  juillet  suivant.  Richard,  son  fils  &  son  successeur,  après  l'avoir  fait 
inhumer  dans  l'abbaye  de  Fontevrault,  prit  possession  de  la  Normandie,  &. 
s'aboucha,  le  22  du  même  mois,  entre  Trie  &  Chaumont,  avec  le  roi  Phi- 
lippe qui  le  pressa  de  lui  rendre  le  Vexin.  Richard,  qui  n'avoit  aucune  envie 
de  faire  cette  restitution,  oftrit  en  échange  à  Philippe  de  lui  payer  quatre 
mille  marcs  d'argent,  outre  les  vingt  mille  que  le  roi,  son  père,  s'étoit  engagé 
de  lui  donner  par  le  dernier  traité  pour  le  dédommager  des  frais  de  son 
armement.  Quelques  historiens  assurent  que  Philippe  rendit  ensuite  à 
Richard  toutes  les  places  qu'il  avoit  conquises  durant  la  guerre;  d'autres* 
disent  au  contraire  que  les  deux  princes  ayant  confirmé  dans  cette  confé- 
rence le  traité  qu'ils  avoient  conclu  du  vivant  du  roi  Henri,  ils  convinrent 
que  Philippe  garderoit  toutes  ces  places  8<  qu'ils  se  mettroient  en  marche 
pour  la  Terre-Sainte  au  carême  suivant.  Quoi  qu'il  en  soit,  il  est  certain ^ 
que  Richard  conserva  les  conquêtes  qu'il  avoit  faites  en  Querci  surRaimond, 
comte  de  Toulouse,  au  commencement  de  cette  guerre,  &  que,  content 
d'avoir  fait  le  roi  l'arbitre  de  ses  différends  avec  ce  prince,  ils  demeurèrent 
toujours  ennemis,  parce  que  le  voyage  d'outre-mer  81  divers  autres  obstacles 
qui  survinrent  empêchèrent  Philippe  de  juger  cette  affaire. 

XVI.  —  Voyage  du  comte  de  Toulouse  vers  le  Rhône.  —  //  donne  en  fief 
le  comté  de  Diois  à  Aymar  de  Poitiers^  comte  de  Valentinoîs. 

Durant  ces  diverses  négociations,  Raimond  fit  un  vovage  du  côté  du  Rhône     ÉJon^in. 
,,  '    t>  t.  m,  p.  79 

Se  confirma  à  Saint-Gilles'*,  au  mois  de  juin  de  l'an  1189,  en  faveur  de 
Guillaume,  abbé  de  Saint-André  d'Avignon,  en  présence  de  Raimond  d'Uzès, 
de  Guillaume  &  Gauzhert  de  Servian,  de  Pierre  Fulcodii,  &c.,  la  donation 
d'une  partie  du  château  de  Pujault  que  Bertrand-Jourdain  avoit  faite  à  ce 
monastère  en  y  prenant  l'habit  monasticiue.  Il  accorda  sa  protection  ^  la 
même  année  à  Bernard-Gaucelin,  archevêque  de  Narbonne,  à  qui  Gauce- 
rand ,  seigneur  de  Capestang,  8<  les   habiians  de   ce   château    faisoient  la 

'  Guillelmus  Armoricus,  p.  ■]'),  *  D'Achéry,  SplciUgium,  t.  8,  p.  204. 

'  Gervasius  Dorobernensis,  p.   \'n''>.  '•  Gallia  Christiana,  t.  I,  p.  377  &  scq.  —  Catil, 

'  Voyez  tome  VII,  ffote  IX,  11.  v,  pp.  2'i,  24.  Mhiioires  Je  l'/iistoirc  du  Languedoc,  p.  790. 


~ : —   i34  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XX. 

An  1 189  ~ 

guerre.  Enfin  Raimond  étant,  au  mois'  de  juin  de  l'an  ii8g,  à  Saint- 
Saturnin,  aujourd'hui  le  Pont-Saint-Esprit,  sur  le  Rliône,  il  y  donna  tout  le 
droit  0  le  domaine  qu'il  possédait,  soit  par  lui-même,  soit  par  ses  vassaux, 
dans  le  comté  de  Diois,  à  Aymar  de  Poitiers,  qui  lui  en  fit  hommage.  Aymar 
avoit  succédé  alors  depuis  peu  à  Guillaume,  son  père,  dans  les  comtés  de 
Valentinois  &  de  Diois.  Il  confirma,  trois  ^  ans  après,  les  donations  que  le 
même  comte  de  Toulouse  avoit  faites  à  l'abbaye  de  Léoncel,  de  certains 
domaines  situés  dans  le  Valentinois. 

XVII.  —  Départ  du  roi  Philippe-Auguste  pour  la  Terre-Sainte,  —  Le  comte 
de  Foix  prend  part  à  cette  expédition. 

Les  rois  de  France  Se  d'Angleterre,  ayant  fait  leurs  préparatifs  pour  le 
voyage  de  la  Terre-Sainte,  convinrent  que  si  leurs  Etats  étoient  attaqués 
pendant  leur  absence,  ils  prendroient  mutuellement  la  défense  l'un  de  l'autre. 
Les  comtes  8c  les  barons  des  deux  royaumes  firent  serment  en  même  temps 
de  n'exciter  aucune  guerre  durant  ce  temps-là;  Se  les  deux  rois  partirent 
ensuite,  au  mois  de  juin  de  l'an  1190.  Après  ce  traité  il  ne  fut  pas  possible 
au  comte  de  Toulouse  de  tirer  raison  du  roi  d'Angleterre  &  de  reprendre  les 
places  que  ce  prince  lui  détenoit.  Le  roi  de  France  étant  parti  de  Vézelai, 
le  4  de  juillet,  se  rendit  à  Gênes  dans  le  dessein  de  s'embarquer  au  port  de 
cette  ville.  Il  avoit  écrit"',  le  4  de  mai  précédent,  à  Raimond-Roger,  comte  de 
Foix,  pour  l'inviter  à  prendre  part  à  son  expédition,  le  prier  de  lui  amener 
autant  de  troupes  qu'il  en  pourroit  rassembler,  8t  lui  donner  rendez-vous 
dans  ce  port.  Le  comte  de  Foix  se  rendit  à  l'invitation  du  roi  S<.  alla  rejoindre 
ce  prince  suivi  de  ses  principaux  vassaux,  entre  lesquels  étoit  Arnaud-Rai- 
mond  d'Aspel,  qui  engagea"*  une  partie  de  ses  biens  pour  fournir  aux  frais 
du  voyage.  On  prétend ^  que  Pons,  vicomte  de  Polignac,  accompagna  aussi 
le  roi  Philippe-Auguste  à  la  Terre-Sainte. 

Les  deux  rois  débarquèrent  en  Sicile  où  ils  passèrent  l'hiver.  Ils  y  con- 
vinrent, au  mois  de  mars  suivant,  d'un  nouveau <5  traité,  suivant  lequel  ! 
1°  Richard  céda,  entre  autres,  à  Philippe  toutes  ses  prétentions  sur  l'Au- 
vergne; &  Philippe  céda  à  son  tour,  à  Richard,  la  ville  de  Cahors  &.  tout  le 
Querci  avec  ses  dépendances;  excepté  les  deux  abbayes  de  Figeac  8<  de 
Souillac  qu'il  se  réserva,  6-  qui,  étant  royales,  lui  appartenaient.  2°  Richard 
s'obligea  envers  Philippe  de  ne  faire  plus  à  l'avenir  aucune  conquête  sur  le 
comte  de  Saint-Gilles  ou  de  Toulouse,  tant  que  ce  comte  voudrait  ou  pour^ 
roit  s'en  rapporter  à  la  justice  de  la  cour  du  roi.  3°  Philippe  déclara  «  que  si 
«  le  comte  de  Saint-Gilles  étoit  condamné  par  sa  cour,  il  n'exerceroit  aucune 
«  hostilité  contre  le  roi  d'Angleterre  pour  la  défense  de  ce  comte,  à  moins 

■  Tome  VIII,  Chartes,  n.  XLV,  ce.  SpS,  Spfi.  '  De  Marca,  Histoire  du  Bt-arn,  1.  8,  ch.   1 3. 

*  Duchesne,  Généalogie  de  la  maison  de  Valenti-  ■*  Château  de  Foix,  caisse  r  i. 

nois.   Preuves,    p.    4.   —    Le    P.    Anselme,    Histoire  ^  Chabron,  Histoire  mss.  de  Polignac,  I.  r,  c.  id. 

généalogique  des  grands  officiers,  t.  2,  p.    1S7.  "  Rymer,  f'ocdcra,  t.   1 ,  p.  69. 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XX.  i35  ~T       7~ 

An  1 1  Bp 

«  qu'il   ne  jugeât  à  propos  de  le  secourir  de  sa   propre  volonté.  »  Par  celte 
clause  Richard  s'assura  de  la  possession  provisionnelle  du  Querci. 

XVIII.  —  Le  vicomte  Roger  engage  une  partie  de  ses  domaines. 

Il  ne  paroît  pas  qvie  le  roi  d'Aragon  &  Roger,  vicomte  de  Béziers  &  de 
Carcassonne,  alliés  de  Richard,  l'aient  secouru  durant  la  guerre  qu'il  entre- 
prit en  1188  contre  le  comte  de  Toulouse;  on  sait  seulement  que  le  premier 
étoit  en  armes  l'année  suivante  du  côté  de  la  Provence;  car  on  voit  une  de 
ses  chartes'  datée  du  siège  du  château  de  Castellane,  au  mois  de  septembre 
de  l'an  1189.  Quant  au  vicomte  Roger,  nous  n'avons  de  lui,  durant  les 
années  1188  8c  1189,  que  quelques  hommages^  qui  lui  furent  rendus,  8c 
quel([ues  permissions  qu'il  accorda  de  construire  diverses  forteresses  dans  ses 
domaines.  11  engagea'',  au  mois  d'août  de  cette  dernière  année,  pour  vingt- 
cinq  mille  sols  melgoriens,  à  Bertrand  de  Saissac,  les  biens  c]u  il  possédoit  à 
cause  de  l'abbaye  de  Caunes,  c'est-à-dire  les  domaines  que  ce  monastère  lui 
avoit  cédés  pour  l'avouerie.  L'année  suivante,  il  donna  en  engagement,  pour 
trois  mille  sols  raimondins,  la  leude  qu'il  levoit  sur  la  boucherie  d'Albi,  61 
reçut  plusieurs  hommages  de  ses  vassaux.  Il  se  rendit  à  la  fin  de  juillet  avec 
Adélaïde  de  Toulouse,  sa  femme,  à  Beauniont,  en  Rouergue,  où  ils  accor-  t' ji,°''^'J'j; 
dèrent  divers  privilèges  à  cette  église'*. 

XIX.  —  Hommage  du  seigneur  de  Montpellier  à  Raimond,  comte  de  Melgueil, 

fils  du  comte  de  Toulouse. 


Guillaume  VIII,  seigneur  de  Montpellier,  étoit  alors  en  paix  avec  la 
maison  de  Toulouse.  Il  reconnut^,  en  etfet,  au  mois  de  mars  de  cette  année, 
Raimond,  fils  de  Raimond  V,  pour  comte  de  Melgueil,  Se  lui  fit  hommage 
en  cette  qualité  pour  les  châteaux  de  Castries  8c  de  Castelnau,  pour  le  village 
de  Centrai rargues  8c  pour  tout  ce  qu'il  possédoit  aux  châteaux  du  Pouget  8c 
de  Pignan,  dans  le  temps  d'un  accord  précédent  qu'ils  avoient  fait  au  prieuré 
de  Monterbedon,  situé  à  une  lieue  de  Montpellier.  Guillaume  déclara  en 
même  temps  qu'il  reconnoissoit  tenir  de  Raimond  tous  ces  domaines  en  fief 
franc  6-  honoré,  en  sorte  qu'il  n  étoit  pas  obligé  de  les  lui  rendre,  ni  à  aucun 
comte  de  Melgueil.  Il  reconnut  de  plus  tenir  du  comte  le  chemin,  depuis  le 
lieu  de  Malevieille  jusqu'à  la  rivière  de  Vidourle,  8c  depuis  Montpellier 
jusqu'à  l'Hérault,  trois  deniers  pour  livre  sur  la  monnoie  de  Melgueil,  qu'il 


'  Archives  Je  l'abbaye  de  Graniselve.  l'ordre  de  Saint-Jean,  au  diocèse  de  Béziers.  Cène 

'  Cartulaire  &  archives  dvi  châte.iu  (!e  Foix.  donation  comprit  le  château  de  Campagnoles  loiit 

'  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  XLVI,  ce.  396,  entier  avec  les  droits  de  justice  &  autres  qui   s'y 

397.  rapportaient,  y  compris   les  albcigi^es   que  le  vi- 

*  Ajoutons  à  ces  actes  du  vicomte  de  Béziers  de  comte   y    prenait    sur    plusieurs    chevaliers    (Vcit 

l'année  1  190,  une  donation   importante  du  même  t.  VIII,  n.  70,  c.  4o3).  [A.  M.J 

seigneur  à  la   commanderie  de   Campagnoles,   de  '  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  XLVIII,  c.  4-0. 


An  1 190 


An  1 190 


In  1191 


i36  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XX. 

promit  de  ne  pas  contrefaire,  &  divers  autres  droits.  Jean  de  Montlaur, 
évêque  de  Maguelonne,  Raimond  Rascas,  seigneur  d'Uzès,  Se  plusieurs  autres 
seigneurs  turent  présens  à  cet  hommage  ou  serment  de  fidélité. 

XX.  —  Réunion  de  la  baronnie  d'Omelas  au  domaine  des  seigneurs 

de  Montpellier, 

Le  seigneur  de  Montpellier  réunit  quelques  années  après  à  son  'domaine 
la  baronnie  d'Omelas  &  diverses  autres  terres  considérables  qui  en  avoient  été 
séparées  en  faveur  de  Guillaume,  fils  puîné  de  Guillaume  V,  son  bisaïeul. 
On  a  dit  ailleurs'  que  ce  fils  puîné  de  Guillaume  V  prit  le  surnom  d'Omelas, 
parce  qu'il  eut  la  baronnie  de  ce  nom  en  partage;  qu'il  épousa  Tiburge, 
héritière  du  comté  d'Orange,  dont  il  eut  un  fils,  nommé  Raimbaud,  qui 
quitta  le  surnom  d'Omelas  pour  prendre  celui  d'Orange;  &  que  Raimbaud 
étant  mort  sans  postérité,  il  fit  héritière  pour  la  baronnie  d'Omelas  8c  tous  les 
autres  domaines  qu'il  avoit  en  deçà  du  Rhône,  Tiburge,  sa  sœur,  femme 
d'Avmar,  seigneur  de  Murviel,  au  diocèse  de  Béziers.  Cette  Tiburge  fit  héri- 
tier k  son  tour  Raimond-Aton  de  Murviel,  son  fils,  &  celui-ci  donna  ^,  au 
mois  de  juillet  de  l'an  1187,  à  Guillaume  VIII,  seigneur  de  Montpellier,  son 
cousin,  &.  à  ses  successeurs  les  châteaux  d'Omelas  &  du  Pouget,  &c  tous  les 
autres  domaines  qu'il  possédoit  depuis  la  rivière  d'Hérault  jusqu'à  celle  de 
la  Mousson,  Se  depuis  le  pont  de  Saint-Guillem  jusqu'à  la  mer.  Le  seigneur 
de  Montpellier  lui  rendit  ensuite  ces  domaines  en  fief  avec  quelques  autres 
dont  il  disposa  en  sa  faveur. 

Raimond-Aton  de  Murviel  mourut^  quelque  temps  après,  &  ne  laissa  que 
deux  filles,  Tiburge  S<,  Sibylle,  qui  demeurèrent  sous  la  tutelle  d'Aymar  de 
Murviel,  leur  aïeul  paternel.  Comme  ces  deux  filles  étoient  fort  riches,  le 
seigneur  de  Montpellier  résolut  de  conclure  le  m.ariage  de  l'aînée  avec  Guil- 
laume, son  fils,  &.  d'Agnès,  sa  seconde  femme.  Dans  ce  dessein  il  eut  une 
entrevue  à  Maguelonne,  au  mois  de  juin  de  l'an  1191,  avec  Aymar  de  Mur- 
viel, &  ils  convinrent  des  articles  suivans  :  1°  Aymar  promit  de  donner  en 
mariage  à  Guillaume,  fils  du  seigneur  de  Montpellier,  Tiburge,  sa  petite- 
fille,  &  de  lui  assigner  en  dot  tout  ce  que  Raimond  d'Orange  &>  Guillaume 
d'Omelas,  son  père,  avoient  possédé  dans  les  diocèses  de  Béziers,  Lodève, 
Agde  &  Maguelonne,  savoir  ;  le  château  d'Omelas  avec  ses  dépendances,  &. 
tout  ce  qu'ils  avoient  eu  aux  châteaux  de  Popian,  Mazernes,  Saint-Pons  de 
Mauchiens,  Pouget,  Mont-Arnaud,  Pignan,  Cornonsec,  Montbazin  £c  Fron- 
tignan;  dans  le  village  de  Murviel,  S(.c.  2°  Il  fut  dit  que  si  Tiburge  venoit  à 
mourir  avant  la  consommation  de  son  mariage,  le  fils  du  seigneur  de  Mont- 
pellier épouseroit  Sibylle,  sa  sœur;  8<  que  si  au  contraire  le  fils  du  seigneur 
de  Montpellier  venoit  à  mourir  avant  son  mariage,  son  frère  puîné  épouse- 


'  Voyez  tome  IV,  Vote  XXXVII,  pp.   i83,   184.  '  D'Achéry,  Spicilcg'ium,  t.  8,  p.  zoî  &  seq. 

*  Tome  VIII,  Chartes,  n.  XLII,  ce.  SSç,  3po. 


An  1191 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LAKGUEDOC.  LIV.  XX.  iSy 

roit  Tiburge,  ou  à  son  défaut  Sibylle.  3°  Le  seigneur  de  Montpellier  &  Aymar 

de  Murviel  s'engagèrent  réciproquement  de  payer  cliacun.dix  mille  sols  mel- 

goriens  de  dédit,  en  cas  que  ce  mariage  ne   s'accomplît  pas  par  la  faute  de 

l'un  ou  de  l'autre.   4°  Aymar  s'obligea  à   faire  ratifier  ces  conventions  par 

Sibylle  lorsqu'elle  seroit  parvenue  à  l'âge  de  puberté.  5°  Il  est  marqué  que 

Tiburge  ou  Sibylle,  quand  l'une  ou  l'autre  épouseroit  le  fils  du  seigneur  de 

Montpellier,  auroit  pour  douaire  (Jure  sponsalitiae  largitatis)  le  lieu  de  Cas- 

telnau  6  les  bains  de  Montpellier.  6°  Aymar  donna  de  plus  en  dot  le  château 

de  Paulhan  à  celle  de  ses  petites-filles  qui  épouseroit  le  fils  du  seigneur  de      Éd  «ligin. 

^  *         »  o  t.  m,  p.  81. 

Montpellier.  7°  Enfin  ce  seigneur  8c  Aymar  promirent  par  serment  d'observer 
tous  ces  articles  sous  la  caution  de  divers  seigneurs,  savoir  :  de  la  part 
d'Aymar,  d'Etienne  de  Servian  &  de  Bernard  de  Minerve,  ses  petits-fils 
(^nepotes),  de  Guillaume-Ermengaud  de  Fossillon,  Pierre-Raimond  de  Sau- 
vian  &  Aymar  de  Montmerle,  &  de  la  part  du  seigneur  de  Montpellier,  de 
Guillaume  de  Mèze,  Ermengaud  Se  Raimond  de  Pignan,  &c.  Le  nom  de  la 
mère  de  Tiburge  8t  de  Sibylle  de  Murviel  n'est  pas  marqué  dans  l'acte;  nous 
apprenons',  d'ailleurs,  qu'elle  s'appeloit  Foy,  qu'elle  étoit  fille  de  Pierre 
d'Albaron,  seigneur  provençal,  &  qu'elle  avoit  eu  en  dot  sept  mille  sols  mel- 
goriens,  qui  lui  furent  rendus  en  1196. 

Le  mariage  du  fils  aîné  de  Guillaume  VIII,  seigneur  de  Montpellier,  avec 
une  des  filles  de  Raimond-Aton  de  Murviel,  ne  s'accomplit  pas,  à  cause  qu'ils 
étoient  parens  au  troisième  degré.  C'est  du  moins  la  raison  dont  Tiburge, 
qui  étoit  majeure  en  1197,  se  sert  dans  un  acte  du  mois  d'août  de  cette 
année,  par  lequel*  elle  délivre  de  leur  serment  ceux  qui  avoient  juré  de  pro- 
curer la  célébration  de  ce  mariage  &.  les  dispense  de  toutes  les  obligations 
qu'ils  avoient  contractées  à  cette  occasion.  Elle  fit  cette  déclaration  dans  une 
assemblée  tenue  sur  la  rive  de  l'Hérault,  en  présence  de  Gausfred,  évêque  de 
Béziers,  de  Raimond,  évêque  d'Agde,  &  de  plusieurs  ecclésiastiques  &.  che- 
valiers. 

Le  seigneur  de  Montpellier  ne  laissa  pas  de  réunir  k  son  domaine  la 
baronnie  d'Omelas  8<.  les  autres  domaines  qui  avoient  été  promis  en  dot  à 
Tiburge  de  Murviel.  Elle  8c  sa  sœur  Sibylle  déclarèrent,  en  effet,  par  un 
autre  acte^  passé  dans  la  même  assemblée,  «  qu'étant  parvenues  à  l'âge  de 
Il  majorité  elles  choisissoient  pour  maris,  de  l'avis  de  leurs  amis  Se  parens. 
Il  entre  autres  d'Etienne  de  Servian,  leur  cousin,  8c  de  Raimond,  leur  oncle, 
<c  Pons  8<.  Frotard,  fils  de  Pons  d'Olargues;  Se  comme,  ajoutent-elles,  nous 
!•  souhaitons  d'avoir  de  l'argent  comptant  en  dot,  nous  vendons,  tant  pour 
»  cette  raison  que  pour  avoir  de  quoi  payer  les  dettes  Se  les  charges  de  l'héré- 
«  dite  de  Raimond-Aton,  notre  père,  Se  de  Foy,  notre  mère,  à  vous  Guil- 
('  laume,  seigneur  de  Montpellier,  le  château  d'Omelas,  avec  les  autres 
«.  domaines  énoncés   ci-dessus   8c  situés  dans   les  diocèses  de  Maguelonne, 

'  Voytz  tome  VIII,  Chartes,   n.  LXV,  ce.  ^Ij,  '  D'Achéry,  Spicilegium,  t.  8,  p.  iry. 

,j35..  '  Mis.  d'Auhayi,  n.  82. 


~ i38  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XX. 

An   I  191 

«  d'Agde,  de  Béziers  S<.  de  Lodève  pour  soixante-dix-sept  mille  sols  melgo- 
«  riens  dont  nous  .vous  marquerons  l'emploi.  »  Files  se  réservèrent  seulement 
par  cette  vente  le  château  de  Murviel  &.  tous  les  autres  biens  qui  avoient 
appartenu  à  Aymar  de  Murviel  leur  aïeul  ;  en  sorte  que  Tiburge  n'eut  de 
cette  somme  que  vingt  mille  sols,  que  Frotard  d'Olargues,  son  mari,  reconnut 
avoir  reçus. 

XXI.  —  Liaison  du  seigneur  de  Montpellier  avec  le  pape  Célestin  III. 

On  voit  par  ces  actes  que  Guillaume  VIII,  seigneur  de  Montpellier,  avoit 
extrêmement  à  cœur  l'avantage  de  Guillaume,  son  fils  aîné,  &  d'Agnès,  qu'il 
avoit  épousée  du  vivant  d'Eudoxe  Comnène,  sa  femme  légitime.  Comme  il 
avoit  beaucoup  à  craindre  cependant  que  les  enfans  de  ce  second  lit  ne  fussent 
déclarés  bâtards,  il  ménagea  extrêmement  le  pape  81  s'attira  sa  bienveillance 
par  toute  sorte  de  moyens.  C'est  dans  cette  vue  qu'ayant  appris  l'élection  à 
la  papauté  du  cardinal  Hyacinthe,  qui  prit  le  nom  de  Célestin  III  8c  qui, 
lorsqu'il  avoit  été  légat  dans  la  Province,  avoit  été  lié  d'une  étroite  amitié 
avec  Guillaume  VII,  son  père,  il  lui  écrivit'  pour  mettre  sa  personne,  jo/z  jî// 
Guillaume,  Si  ses  domaines  sous  sa  protection.  Célestin  lui  répondit,  le  24  de 
décembre  de  l'an  1191,  il  lui  marque  que,  faisant  attention  aux  services  que 
Guillaume,  son  père,  d'illustre  mémoire,  8<.  lui-même  avoient  rendus  à  l'Eglise 
romaine  &  espérant  qu'il  marcheroit  sur  ses  traces,  il  lui  accorde  sa  demande 
8c  le  met  lui,  son  fils  Guillaume  &c  ses  biens  sous  la  protection  du  Saint- 
Siège.  Il  confirme  en  même  temps  en  sa  faveur  le  privilège  que  le  pape 
Alexandre  III  avoit  accordé  au  même  Guillaume  VII  de  ne  pouvoir  être 
excommunié  que  par  le  pape  ou  par  celui  à  qui  le  pape  en  auroit  donné 
une  commission  spéciale,  ou  enfin  par  un  légat  à  latere ;  à  moins  qu'il  n'eût 
commis  un  genre  de  délit  qui  portât  l'excommunication  par  lui-même,  comme 
d'avoir  frappé  un  clerc  ou  un  religieux  &c  d'être  incendiaire^.  Célestin  défendit 
Éa.origin.  aussi  d'interdire  les  chapelles  que  Guillaume  avoit  dans  ses  châteaux  de 
Montpellier  8c  de  La  Palu  ou  de  Lates,  Se  dont  chacune  devoit  un  écu  d'or 
de  redevance  au  palais  de  Latran. 

XXII.  —  Archevêques  de  Narbonne. 

Célestin  III  confirma^,  au  mois  de  juillet  de  l'an  iigi,  l'élection  que  le 
clergé  de  Narbonne  avoit  faite  de  Bérenger,  évêque  de  Lérida,  pour  arche- 
vêque de  cette  ville.  Bernard-Gaucelin,  prédécesseur  de  Bérenger,  étoit  donc 

'  Gar'ie\,Serieipraesalum  Magalonen.sium,-p,  î^o.  valent    désarmés    contre    lui.    Malgré    son    amitié 

'  Cette  tulle   mettait   en    partie    le   seigneur  de  pour  Guillaume  VIII,  Célestin   III    n'en   fut   pas 

Montpellier  à  l'abri  des  conséquences  canoniques  moins   sévère   &,   en   1194,  il   déclara    nul  ce  m.i- 

que  pouvait  entraîner  son  second  mariage,  si  Scan-  riage  adultérin.   (Voir  M.  Germain,  Commune  Je 

Qaleux.  Le  pape  seul   pouvant  l'excommunier,  les  MontpeUier,  t.  1,  p.  XLix.)   [A.  M.] 

évéques    &    archevêques    de    la    Province   se    trou-  ^  Baluze,  Mïsccllanea,  t.  2,  p.  241. 


t.  IJI,  p.  82. 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XX.  189  ~~[^ 

décédé  avant  le  2  d'octobre  de  la  même  année,  &.  par  consé(|uent  le  nécro- 
loge '  de  l'église  de  Narbonne,  qui  rapporte  sa  mort  sous  cette  époque,  est 
fautif.  Le  seigneur  de  Saint-Nazaire,  dans  le  diocèse  de  Narbonne,  préten- 
doit^  alors  que  le  service  Se  la  dépouille  de  la  table  de  l'archevêque,  avec  le 
cheval  que  ce  prélat  montoit  le  jour  de  son  entrée  dans  cette  ville  après  sa 
conéscration,  dévoient  lui  appartenir.  Guillaume-Alfaric,  seigneur  de  Saint- 
Nazaire,  s'accommoda  là-dessus  en  1188  avec  l'archevêque  Bernard-Gaucelin, 
moyennant  deux  marcs  d'argent  ouvré,  à  quoi  le  tout  fut  évalué. 

Bérenger,  nouvel  archevêque  de  Narbonne,  étoit^  oncle  de  Pierre,  roi 
d'Aragon  &t  fils  naturel  de  R.aimond-Bérenger,  comte  de  Barcelone,  aïeul  de 
ce  prince.  Avant  sa  promotion  à  l'épiscopat  il  avoit  été  abbé'*  du  Mont- 
Aragon,  dans  la  province  de  Tarragone.  Le  pape  Célestin  III,  en  confirmant 
son  élection  à  l'archevêché  de  Narbonne,  déclare  «  qu'elle  avoit  souffert 
«  d'abord  quelque  contradiction,  mais  qu'il  croyoit  n'y  devoir  pas  faire  atten- 
«  tion,  tant  à  cause  du  mérite  de  ce  prélat  que  pour  l'utilité  de  l'église  de 
«  cette  ville  S<  la  nécessité  des  temps,  le  pays  étant  infecté  de  diverses  erreurs 
Il  &  agité  par  le  fléau  de  la  guerre.  »  Il  ajoute  à  la  fin  de  la  bulle  que 
Bérenger  s'étoit  comporté  avec  beaucoup  de  sagesse,  d'abord  dans  le  gouver- 
nement d'un  monastère  &  ensuite  dans  celui  d'un  évêché,  8<  qu'il  y  avoit 
tout  lieu  d'espérer  que  l'église  de  Narbonne  augmenteroit  en  biens  spirituels 
&  en  temporels  sous  son  épiscopat;  mais  nous  verrons  dans  la  suite  que  les 
successeurs  de  Célestin  ne  jugèrent  pas  si  favorablement  f'"  ce  prélat,  qui 
termina'',  en  iiyS,  par  un  accommodement  la  guerre  que  Gaucerand,  sei- 
gneur de  Capestang,  8i  les  habitans  de  ce  château  avoient  entreprise  contre 
son  prédécesseur  81  continuée  contre  lui. 

XXIII.  —  Ermengarde,  vicomtesse  de  Narbonne,  se  démet  de  cette  vicomte 
en  faveur  du  comte  de  Pierre  de  Lara,  son  neveu. 

Le  crédit  qu'Alfonse  II,  roi  d'Aragon,  avoit  à  Narbonne,  contribua  sans 
doute  beaucoup  à  placer  Bérenger,  son  oncle,  sur  le  siège  métropolitain  de 
cette  ville.  Le  comte  Pierre  de  Lara,  que  la  vicomtesse  Ermengarde,  sa  tante, 
avoit  appelé  depuis  longtemps  auprès  d'elle  St  en  faveur  duquel  elle  se  démit 
entièrement  peu  de  temps  après  de  la  vicomte  de  Narbonne,  étoit  en  effet 
lié  très-étroitement"^  avec  ce  prince.  Ermengarde  fit  cette  démission^  vers  la 
fin  de  l'an  1192,  8<.  on  voit  qu'elle  lui  avoit  déjà  fait  part,  dès  l'an  1188,  du 
gouvernement  de  ses  domaines  par  un  acte  de  cetre  année,  dans  letiuel 
«  Ermengarde,   par  la  grâce  de  Dieu  vicomtesse  de  Narbonne,  81  Pierre, 

'  Gallia  Chriitiana,  t.  3,  p.  378.  '  Catel,   Mémoires   Je  l'histoire    du   Languedoc , 

'  Catel,   Mémoires   Je    l'histoire    Ju    Languedoc,  p.  790. 
p.  790.  ••  Voyez  tome  VIII,  Chartes,    n.  LIX ,  ce.  425, 

'  Gallia  Christiant,  t.  3,  p.  378.  —  Zurita,  Ana-  426. 
Us  Je  la  corona  Je  Aragon,  c.  25.  '  Voyez  tome  VII,  Note  VI,  n.  vr,  p.  17. 

■*  Marca  Hispanica^  c.  ;jo6. 


T; 140  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XX. 

fln  1  içji  ' 

«  comte  par  la  même  grâce,  confirmèrent',  pour  eux  &  pour  leurs  successeurs, 
«  la  vente  du  lieu  du  Terrail  que  Bernard,  archevêque  de  Narbonne,  avoit 
«  faite  à  Bernard,  abbé  de  Fonthoide.  »  Cette  vicomtesse  confirma^,  au  mois 
de  septembre  de  l'année  suivante,  l'union  du  monastère  de  Sainte-Eugénie, 
situé  auprès  de  Narbonne,  à  la  même  abbaye,  avec  «toutes  les  donations 
qu'elle  y  avoit  faites.  Il  ne  restoit  plus  alors  dans  le  monastère  de  Sainte- 
F.ugénie,  qui  avoit  eu  titre  d'abbaye^  dans  le  neuvième  siècle  &.  qui  n'étoit 
depuis  longtemps  qu'un  prieuré  conventuel,  que  cinq  à  six  religieux  iors([ue, 
conjointement  avec  Guillaume  du  Lac,  leur  prieur,  ils  se  donnèrent  d'un 
commun  accord  pour  jrères  à  Bernard,  abbé,  êk.  à  l'abbaye  de  Fontfroide  avec 
tous  leurs  biensj  tant  à  cause  que  leur  maison  étoit  située  dans  un  mauvais 
air  que  par  le  désir  d'une  plus  grande  perfection;  à  condition  qu'on  entre- 
tiendroità  Sainte-Eugénie  deux  clercs,  dont  l'un  seroit  prêtre,  pour  y  faire  le 
service  divin.  Les  sœurs  £,•  les  conjrères  du  monastère  de  Sainte-Eugénie  con- 
sentirent à  l'union,  de  même  que  l'archevêque  de  Narbonne. 

XXIV.  —  Le  vicomte  Roger  fait  sa  paix  avec  le  comte  de  Toulouse.  —  Ils 
établissent  la  paix  en  Albigeois  de  concert  avec  l'évéque  d'Albi. 

Il  paroît  que  Roger,  vicomte  de  Béziers  8c  de  Carcassonne,  étoit  encore  en 

guerre  avec  le  comte  de  Toulouse  en  1190;  mais  qu'ils  avoient  fait  leur  paix 

l'année   suivante,  c'est  ce  que    nous   inférons   :    1°  d'une    permission"*  que 

Guillaume-Petri,  évêque  d'Albi,  accorda  en   1190  avec  le  consentement  de 

son  clergé,  aux  recteurs  &  aux  frères  de  l'hôpital   du  Vigan,  situé  hors  la 

Éd.  origirr.     ville,  de  faire  construire  une  chapelle  &  d'avoir  un  prêtre  pour  leur  célébrer 
t.  m,  p.  83.  '  ,.  '      .  .1  ' .,         .... 

la  messe,  «  attendu  quils  ne  pouvoient  pas  assister  aux  offices  divins  dans 

«  les  églises  de  la  ville,  dont  on  tenoit  les  portes  fermées  depuis  vêpres  jus- 

«  qu'au  lendemain  quand  toutes  les  messes  étoient  dites,  à  cause  du  passage 

«  des   troupes  qui  mettoient    le    pa}S   dans   une   désolation    continuelle^.  » 

2°  Des  statuts  que  ce  prélat  &   Raimond,   comte   de  Toulouse,  dressèrent 

en  1191,  du  conseil  de  Roger,  vicomte  de  Béjiers,  le  Sicard,  vicomte  de  I.au- 

trec,  &  des  barons  &.  notables  d'Albigeois,  pour  faire  observer  la   paix  dans 

le  pays. 

'  Catel,    Mémoires   Je  l'histoire  iu.    LangueJoc ,  concéder  à  cette  petite  église  du  Vigan   les  droits 

p.  594.  pnroissinux.  On   ne   put    ni   y  baptiser,  ni   y  dire 

"  Archives  de    l'archevêché    de    Narbonne  &   de  des  messes  de   relevailles,    sinon   pour  les  pauvres 

l'abbaye  de  Fonifroide.  —  Gallia  Chnsticna,  nov.  femmes     qui     auraient    accouché    dans     l'hôpi'.al 

éd.  t.  6,  même;   ni  y  bénir  de  mariage,  ni  y  donner  la  s?- 

^  Voyez  tome  I,  1.  IX,  n.  i.\x\v,  p.  949.  pulture  excepté  aux  pauvres  morts  dans  Ihosj-ic?, 

*  Voyez  tome  VHI,   Chartes,    n.   L,    ce.  40Û  à  &  aux  frères  ayant  vécu  à  la   table  commune.  Le 

v(o3.  dimanche,  les  jours  de  fcte  &  pendant  le  carême, 

''  Nous  avons  complété  cet  acte  intéressant,  d'à-  le    recteur   doit  exclure   de  l'église   tout    individu 
prcs  la  copie  fournie  par  Doat,   Il  fallait  que  les  appartenant  à  une   paroisse   connue.    Les   chape- 
gens  de  guerre  fussent  bien  nombreux  pour  qu'une  lains  chargés  de  célébrer  le  culte  sont  nommés  & 
'                  ville   comme    Albi    ne    fut    pas   à    l'abri   de   leurs  institués  par  l'évéque.  [A.  M.J 
incursions.    L'évéque    du    reste   se    garda    bien    de 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XX.  141 

Par  ces  statuts'  :  1°  Les  églises,  les  monastères,  les  lieux  saints,  les  clercs, 
les  marchands,  les  chasseurs,  les  pêcheurs,  les  chevaliers,  les  bourgeois,  les 
paysans  St  généralement  tous  les  habitans  du  diocèse  d'Albi  avec  tous  leurs 
biens  sont  compris  dans  la  paix,  &  tenus  de  la  garder  entre  eux.  2°  Le 
comte  Raimond  donne  saut-conduit  contre  les  entreprises  des  gens  de  guerre 
aux  laboureurs  &  à  toutes  les  bêtes  de  labourage  ou  de  charge  qui  porte- 
roient  le  signe  de  la  paix  :  il  les  met  tous  sous  sa  sauvegarde.  3°  On  défend 
à  tous  les  chevaliers  8c  habitans  du  diocèse  d'Albi  de  causer  aucun  dommage 
dans  le  Rouergue,  le  Toulousain  Se  les  autres  diocèses  voisins.  4°  On  ordonne 
à  tous  les  seigneurs  particuliers  de  faire  observer  fidèlement  cette  paix  par 
leurs  vassaux.  5°  Les  traîtres,  les  infracteurs  de  la  paix  Se  tous  ceux  qui, 
après  qu'elle  aura  été  établie,  seront  cités  au  tribunal  du  comte  8<.  de  l'évêque 
8<  qui  refuseront  de  comparoître  pour  répondre  sur  les  plaintes  qu'on  aura 
portées  contre  eux,  n'auront  aucune  sûreté.  6°  Les  prêtres  8t  les  curés  aver- 
tiront leurs  paroissiens  d'observer  cette  paix  pendant  cinq  ans;  ils  leur  en 
feront  prêter  serment  sur  les  saints  évangiles  &  déclareront  excommuniés 
ceux  qui  refuseront  d'en  garder  les  conditions.  7°  On  payera  au  comte  &  à 
l'évêque  pour  le  soutien  de  cette  paix,  un  setier  de  grain  par  charrue,  dix 
deniers,  monnoie  d'Albi,  pour  chaque  bête  de  charge,  81  six  deniers  pour 
chaque  âne  ou  ânesse.  8°  Enfin  il  est  défendu  de  saisir,  sous  quelque  pré- 
texte que  ce  soit,  les  animaux  qui  porteroient  le  signe  de  la  paix.  Ces  statuts 
ont  donné  l'origine  au  droit  de  pesade  [pacata  ou  passata)  dont  les  comtes 
de  Toulouse  8c  les  évêques  d'Albi  partagèrent  les  émolumens.  Se  qu'on  con- 
tinue encore  de  lever  en  Albigeois,  quoique  le  motif  qui  l'a  fait  établir  ait 
cessé  depuis  bien  longtemps.  Il  n'y  a  que  quelques  villes,  le  clergé  81  la 
noblesse  du  pays  qui  en  soient  exempts^. 

XXV,  —  Privilèges  de  l'abbaye  de  Candeil.  —  Vicomtes  de  Saint-Antonin. 

Le  comte  de  Toulouse,  l'évêque  d'Albi  Se  le  vicomte  Roger  accordèrent^  de 
concert,  vers  le  même  temps,  de  l'avis  de  plusieurs  personnes  notables  du 
pays,  aux  religieux  de  l'abbaye  de  Candeil,  le  privilège  d'être  crus  en  justice 
dans  toutes  leurs  affaires  sur  leur  simple  serment,  jusqu'à  la  somme  de  deux 
cents  sols,  soit  en  demandant,  soit  en  défendant,  sans  qu'on  pût  leur  opposer 
ni  témoins,  ni  titres.  Isarn,  vicomte  de  Saint-Antonin,  fut  présent  à  cette 
concession.  Il  étoit  frère  de  Frotard,  aussi  vicomte  de  Saint-Antonin,  avec 
lequel  iH  vendit,  en  1197,  aux  habitans  de  Saint-Antonin,  le  pré  de  la 
ville  pour  mille  sols  de  Cahors.  Frotard  vendit  de  son  côté^,  en  1198,  à 
Ratier  de  Caussade,  ce  qu'il  avoit  à  Caussade  8e  à  Saint-Cyr.  Ils  avoienf^  un 

■  GaUii  Chnit'iana,  nov.  eJ.  t.  i,  append.  p.  6.  *  Archives  de  l'hôtel  de  ville  de  Saint-Antonin. 

'  Sur   cette    pesade,   qui    semble    originaire    du  •  Trésor  des  chartes  de  Toulouse,  sac    19,   n.  3 

Rouergue,  on  peut  voir  au  tome  VII  la  A^olc  XLVI,  [Auj.   J.  328.   —  Cf.  Teulet,  Layettes    du   Trésor, 

n.  II.  [A.  M.]  t.   I,  p.    19(3.] 

»  Tome  VIII,  Chartes,  n.  XLIX,  ce.  .403,  406.  «  IhU. 


An  1 1  pi 


1 111,  p.  84. 


' 142  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XX. 

An  1 191  ' 

troisième  frère,  nommé  Sicard.  Frotarcl  eut  un  fils,  nommé  Isarn,  qui  con- 
tinua la  postérité  '. 

XXVI.  —  Précautions  du  vicomte  Roger  pour  assurer  sa  succession  à  son  fils. 

Le  vicomte  Roger,  en  faisant  sa  paix  avec  le  comte  de  Toulouse,  le  reconnut 
sans  doute  pour  son  suzerain  dans  tous  ses  domaines  &  se  délia  en  même 
temps  des  engagemens  qu'il  avoit  pris  avec  le  roi  d'Aragon,  qu'il  avoit  déclaré 
son  héritier  en  11 79.  Mais  comme  il  craignoit  que  cette  déclaration  ne 
donnât  lieu  quelque  jour  à  AUonse  de  chercher  querelle  à  Raimond-Roger, 
son  fils,  il  crut  devoir  prendre  ses  précautions  pour  assurer  sa  succession  à  ce 
fils.  Dans  cette  vue  il  assembla^,  au  mois  de  mai  de  l'an  iigi,  ses  principaux 
vassaux.  Trente  d'entre  eux,  s'étant  rendus  par  son  ordre  à  Sausens,  dans  le 
diocèse  de  Carcassonne,  «  promirent  amour,  confiance  8c  fidélité  à  Raimond- 
«  Roger,  fils  de  ce  vicomte  &  d'Adélaïde,  sa  légitime  épouse,  &  firent  ser- 
«  ment  de  le  maintenir  de  tout  leur  pouvoir,  après  la  mort  de  son  père,  dans 
«  la  possession  de  tous  ses  domaines.  »  Trente-trois  autres  chevaliers,  vassaux 
de  Pvoger,  prêtèrent  un  semblable  serment  dans  le  château  de  Carcassonne, 
Éd.  origin.  sous  l'ormcau.  Ce  vicomte^  se  rendit,  au  mois  d'octobre  suivant,  à  Béziers 
où  il  reçut  l'hommage  de  Guillaume  de  Faugères  pour  le  château  de  Lunas. 
Il  fit  alors  un  accord'*  avec  l'évêque,  suivant  lequel  ils  promirent  de  s'en- 
tr'aider  St  partagèrent  la  justice  de  la  ville,  à  l'exception  des  cas  d'homicide 
&  d'adultère  dont  la  connoissance  fut  réservée  au  vicomte. 

XXVII.  —  Ce  vicomte  tient  un  plaid  à  Carcassonne. 

Roger  retourna''  à  Carcassonne,  au  mois  de  novembre,  &  y  tint  ses  assises 
pour  juger  un  grand  différend  qui  s'étoit  élevé  entre  les  chanoines  de  la 
cathédrale  &  plusieurs  habitans  de  la  ville.  Les  premiers  ne  pouvant  obliger 
les  autres  à  leur  payer  la  dîme  des  jardins  Se  des  champs  semés  de  fourrage 
[Jèrragines^),  malgré  l'excommunication  dont  ils  les  avoient  frappés  Se  l'offre 
qu'ils  leur  faisoient  de  mettre  cette  affaire  en  arbitrage,  eurent  enfin  recours 
à  l'autorité  de  Roger,  vicomte  de  Carcassonne,  Béliers,  Albi  6"  Rajès,  6-  de 
sa  cour;  «  non  pas,  ajoutent-t-ils  dans  l'acte,  que  ce  vicomte  ait  quelque 
K  droit  sur  les  dîmes  &.  les  prémices,  mais  afin  d'obtenir  par  un  jugement 
«  porté  par  celui  qui  a  le  pouvoir  de  le  rendre  (Judicio  potestativo),  ce  qu'il 
«  ne  nous  est  pas  possible  d'avoir,  ni  par  sentence  arbitrale,  ni  par  censures 
«  ecclésiastiques.  »  Le  vicomte,  après  avoir  pris  cinq  de  ses  vassaux  pour 

'  En  mai   i  191,  le  comte  de  Toulouse  concède  à  '  Cartulaire  du  château  de  Foix. 

Hugues,  évéque  de  Rodez,    la   dîme  du    revenu    de  '  Cntel,    Mémoires   de   l'histoire    du    Languedoc ^ 

toutes  les  mines  d'argent  du  diocèse  de  Rodez.  Voir  p.  64S. 
Teulet,  Layettes   du   Trésor,   t.   1,  p.   166   &  suiv.,  '  Ihid.  p.  640. 

d'après  J.  464,  n.  3.  [A.  M.]  "  Du  Cange,  Glossaire. 

■'  Voyez  to^ne  VIII,  Chartes,  n.  LU,  ce.  41  1 ,  412. 


FIISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XX.  148  ~: 

T  An  1 1 9 1 

assesseurs  &  écouté  les  raisons  des  parties,  rendit  un  jugement  dans  son  palais 
de  Carcassonne,  en  présence  d'Othon,  évêque  de  cette  ville,  de  l'archidiacre, 
neveu  de  ce  prélat,  S<.  de  divers  seigneurs,  entre  autres  d'Hugues  de  Rome- 
gous,  préfet  (c'est-à-dire  viguier)  du  Razès.  Il  conJamna  les  habitansà  payer 
cette  dîme,  &  fit  publier  sa  sentence  à  son  de  trompe  avec  ordre  de  s'y  sou- 
mettre. 11  est  marqué  dans  l'acte  que  Roger  suivit  en  cela  l'exemple  de  Rai- 
mond-Trencavel,  son  père,  qui,  en  pareil  cas,  avoit  rendu  une  semblable 
ordonnance.  Ce  vicomte  termina,  vers  le  même  temps,  par  l'arbitrage  de 
Bertrand'  de  Saissac,  un  différend  qu'il  avoit  lui-même  avec  Pierre  Olivier  ^ 

de  Terines,  Raimond,  son  frère,  8<  Rixovende,  leur  sœur,  femme  de  Guil- 
laume de  Minerve,  au  sujet  des  mines  du  Termenois. 

XXVIH.   —  DiJJèrend  entre   le  comte  de  Comm'mges  €•  le  seigneur 
de  l'Isle-Jourdain,  —  Vicomtes  de  Gimoe-^. 

Bernard^,  comte  de  Comminges,  fils  de  la  sœur  du  comte  de  Toulouse, 
avoit  alors  un  différend  bien  plus  considérable  avec  Jourdain  III,  seigneur 
de  risle-Jourdain,  à  qui  il  demandoit  les  châteaux  de  Castera,  de  la  Serre  & 
de  Monfiel,  avec  le  droit  de  guidage  sur  le  chemin  de  Saint-Jacques,  depuis 
Toulouse  jusqu'à  Auch.  Jourdain  prétendoit  de  son  coté  que  le  château  de 
Saint-Thomas,  possédé  par  le  comte  de  Comminges,  devoit  lui  appartenir. 
Leur  querelle  alla  si  loin  qu'ils  se  firent  une  guerre  implacable.  Enfin  Rai- 
mond, comte  de  Toulouse,  qui  était  seigneur  de  l'un  6"  de  l'autre,  voulant 
pacifier  cette  querelle,  leur  ordonna  de  mettre  bas  les  armes;  Se  les  ayant 
assemblés  à  Verdun  sur  la  Garonne,  au  mois  de  janvier  de  l'an  1191,  il  les 
fit  désister  de  leurs  demandes  réciproques.  Tous  les  châteaux  dont  nous 
venons  de  parler  sont  situés  dans  la  partie  du  Toulousain  qui  esta  la  gauche 
de  la  Garonne,  où  le  comte  de  Comminges  possédoit  divers  autres  domaines, 
pour  lesquels  il  étoit  hommager  du  comte  de  Toulouse. 

Quant  à  Jourdain,  seigneur  de  Lille,  il  confirma^  avec  Escaronne,  sa 
mère,  après  la  mort  de  Bernard-Jourdain,  son  père,  les  coutumes  que  ce  der- 
nier avoit  données  à  la  ville  de  l'Isle-Jourdain.  II  acquit,  au  mois  de  mars  de 
l'an  1195  (1196),  d'Arnaud  de  Montaigu,  son  cousin,  la  moitié  de  la  vicomte 
de  Gimoez,  située  des  deux  côtés  de  la  rivière  de  Gimone,  dans  le  Toulou- 
sain. Cet  Arnaud  de  Montaigu  étoit  fils  puîné  d'Arnaud,  vicomte  de  Terride 
ou  de  Gimoez,  &  seigneur  de  Verdun  sur  la  Garonne,  qui  mourut  en  ii63, 
dans  l'abbaye  de  Grandselve.  Arnaud  partagea  ses  domaines  à  ses  trois  fils, 
Bernard,  Arnaud  St  Guillaume;  il  donna  à  Bernard  Si  à  Arnaud,  dont  le 
premier  prit  le  surnom  d'Astafort,  8<.  l'autre  celui  de  Montaigu,  la  moitié  de 
la  vicomte  de  Gimoez,  Si  la  seigneurie  de  Verdun  au  troisième  qui  prit  le 
surnom  de  Verdun. 

'  Voyez  loine  VIII,  Chartes,  n.  LUI,  ce.  412  i  '  Cartiilaire  Je  l'Isle-Jourdain,  aux  archives  du 

/,I4.  doinaine  de  Montpellier. —Tome  VII,  .Volf  XLII, 

'  /iiV.  pp.   118,   119. 


~r  IJA  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XX. 

An  I  1 1;  1  >  • 

XXIX.  —  Régale  du  Puy. 

Il  y  a  lieu  de  croire  que  le  comte  de  Toulouse  observa  religieusement  la 
suspension  d'armes  avec  l'Angleterre  tant  que  les  rois  Richard  &  Philippe- 
Auguste  furent  occupés  à  leur  expédition  d'Orient,  quoique  les  différends 
qui  s'élevèrent  alors  entre  les  deux  rois  eussent  pu  lui  fournir  un  prétexte 
plausible  de  reprendre  les  armes  pour  recouvrer  les  places  que  le  premier  lui 
0-  avoit  enlevées.  La  mauvaise  santé  de  Philippe   l'ayant  obligé  d'interrompre 

son  expédition  Se  de  repasser  la  mer,  il  arriva  en  France  à  la  fin  de  l'an  1191. 
t  iii°'^^f'85.  Ainard  ou  Aymard,  nouvel  évêque  du  Puy,  s'étant  rendu  peu  de  temps  après 
— ^_  à  sa  cour'  &  lui  ayant  prêté  serment  de  fidélité,  il  accorda  alors  à  ce  prélat 
An  1192  ]g  liberté  de  percevoir  les  revenus  de  l'évêché  qu'il  avoit  saisis  sous  sa  main. 
C'est  ici  le  plus  ancien  monument  que  nous  ayons  pour  la  régale  de  l'évêché 
du  Puy,  à  prendre  ce  terme  pour  le  droit  qu'ont  nos  rois  de  jouir  des  fruits 
des  évêchés,  Se  d'en  conférer  les  bénéfices  durant  la  vacance.  On  ne  trouve", 
en  effet,  aucun  témoignage  précis  de  ce  droit  avant  le  règne  de  Philippe- 
Auguste,  8c  il  n'est  fait  aucune  mention  de  la  régale  du  roi  de  France  avant 
celui  du  roi  Louis  le  Jeune,  son  père.  Il  paroît  cependant  que  Philippe  avoit 
saisi  les  revenus  de  l'évêché  du  Puy  pour  un  autre  motif  que  celui  de  la 
régale;  car  par  une  charte^,  datée  du  mois  de  juin  de  l'an  1192,  il  donna 
mainlevée  à  Aymard,  évêque  du  Puy,  des  terres  de  son  église  qu'il  avoit 
saisies  à  cause  de  la  rébellion  de  ce  prélat,  avec  ordre  aux  habitans  de  cette 
ville  de  lui  rendre  l'honneur  qui  lui  étoit  dû.  Le  roi,  par  une  autre  charte 
donnée  à  Lauriac,  la  même  année,  ordonna  au  vicomte  de  Polignac  d'ob- 
server les  accords  que  lui  ou  ses  prédécesseurs  avoient  faits  avec  les  évêques 
du  Puy,  St  confirma  le  diplôme  du  roi  Louis  le  Jeune,  son  père,  au  sujet  du 
droit  de  leude  qui  devoit  être  levé  dans  la  ville  du  Puy  par  l'évêque,  le  cha- 
pitre St  le  vicomte. 

XXX.  —  Renouvellement  de  la  guerre  entre  Richard,  roi  d'Angleterre, 

6-  le  comte  de  Toulouse. 

Richard,  roi  d'Angleterre,  demeura  dans  la  Palestine  après  le  départ  de 
Philippe,  8t  il  y  fut''  atteint  de  la  peste.  Aussitôt  qu'il  fut  guéri,  il  s'em- 
barqua au  port  d'Acre  &  partit  pour  s'en  retourner  dans  ses  États  au  mois 
d'octobre  de  l'an  1192;  mais  à  peine  fut-il  en  mer,  qu'une  violente  tempête 
qui  s'éleva  dispersa  tous  les  vaisseaux  de  sa  flotte  &  le  porta  malgré  lui  vers 

'  Gallia  Christ'uina,  nov.  éd.  t.  2,  p.  709.  une  lettre  de  juin  1  192,  ordonnant  aux  bourgeois 

"  Fleury,    Histoire   ecclésiastique ,   I.    70,    n.    $4;  du   Puy  de  rendre  à  leur  évêque  les   honneurs  qui 

1.  74,  n.  25,  lui   sont  dus,  qui  se   rapporte   certainement  à  la 

'  Archives  de  l'église  du  Puy.  —  Gallia  Chris-  même  affaire.  [A.  M.] 

tiana,  nov.  éd.  t.  2,  p.  709.  —  M.  Delisle  n'a  pas  <  Rogerivis  de  Hoveden.  —  Radulphus,  Cogges- 

connii  cet  actej  il  indique  toutefois,  dans  son  Ca-  haine  abbas,  Chronicon  Angliae,  p.  829  &  seq.  dans 

talogue  des  actes  Je  Philippe-Auguste,  p.  91,  n.  377,  la  Collectio  amplissima  de  Martène,  t.  5. 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.   LIV.  XX.  145 

les  côtes  de  Barbarie.  Se  voyant  à  trois  journées  de  mer  de  Marseille,  il 
étoit  tenté  de  venir  débarquer  dans  le  port  de  cette  ville  lorsque,  taisant 
réflexion  que  le  comte  de  Saint-Gilles  ou  de  Toulouse  S<.  les  autres  princes  sur 
les  terres  desquels  il  devoit  passer  avoient  conspiré  contre  lui  8<  lui  avoient 
dressé  des  embûches,  il  rit  route  vers  Corfou  &.  prit  terre  sur  les  côtes  de 
Dalmatie,  après  six  semaines  d'une  navigation  très-périlleuse.  Il  tomba  cepen- 
dant dans  les  pièges  qu'il  vouloit  éviter;  8<  ayant  été  reconnu  en  passant  à 
Vienne,  en  Autriche,  le  duc  Léopold  le  fit  arrêter,  vers  la  fin  de  décembre, 
&C  le  remit  ensuite  entre  les  mains  de  l'empereur  Henri  VI,  son  ennemi. 

Un  moderne'  prétend  que  Raimond,  comte  de  Toulouse,  attaqua  la  Gas- 
cogne en  1192  Se  porta  la  guerre  dans  les  Etats  de  Richard  pendant  l'absence 
de  ce  prince;  mais  l'auteur  contemporain  qu'il  cite  parle  différemment  de 
cette  guerre.  «  La  même'  année  (1192),  dit  ce  dernier  historien,  tandis  que 
«  le  sénéchal  de  Gascogne  étoit  malade,  le  comte  de  Périgord,  le  vicomte  de 
«  la  Marche  Se  presque  tous  les  barons  de  Gascogne  ravagèrent  les  terres  du 
»  roi  d'Angleterre.  Le  sénéchal  demanda  plusieurs  fois  la  paix,  ou  du  moins 
<>  une  trêve,  sans  pouvoir  obtenir  ni  l'une  ni  l'autre.  Ayant  enfin  rétabli  sa 
«  santé,  il  se  mit  en  campagne,  prit  les  châteaux  &  les  forteresses  du  comte 
((  qu'il  munit  ou  qu'il  rasa  entièrement.  Il  s'empara  également  de  toutes  les 
«  places  du  vicomte  8t  unit  pour  jamais  son  domaine  {comitatum)  à  celui  du 
«  roi.  Le  fils  du  roi  de  Navarre  vint  ensuite  au  secours  du  sénéchal  avec 
<(  huit  cents  chevaliers,  S<  étant  entrés  ensemble  dans  les  Etats  du  comte  de 
«  Toulouse,  ils  prirent  divers  châteaux  aux  environs  de  cette  ville,  forti- 
«  fièrent  les  uns  pour  le  sei-vice  du  roi,  détruisirent  les  autres,  étendirent 
«  leurs  courses  jusqu'aux  portes  de  la  même  ville  Se  passèrent  une  nuit 
('  presque  sous  ses  murailles.  «  On  voit  par  là  que  si  la  guerre  se  ralluma 
en  119:,  entre  le  roi  d'Angleterre  S<  le  comte  de  Toulouse,  durant  l'absence 
ou  la  prison  du  premier,  ce  ne  fut  pas  l'autre  qui  fut  l'agresseur;  à  moins 
qu  il  ne  se  tût  joint  auparavant  avec  le  comte  de  Périgord  &  le  vicomte  de  la 
Marche;  ce  t(ue  l'historien  anglois,  que  nous  venons  de  citer,  ne  marque  pas"'. 

XXXI.  —  Le  jeune  Raimond  de  Toulouse  répudie  Béatrix  de  Bé-tiers 
pour  épouser  Bourguigne  de  Chypre, 

Le  comte  Raimond,  au  lieu  de  se  venger  de  ces  actes  d'hostilité,  en  usa 
avec  beaucoup  de  générosité   &  de  politesse  envers  Bérengère  de  Navarre, 

'  Ferreras,  Synopsis  historica  chronotogica  de  Es-  sieurs  moulins  situés  en  amont.  Ce  Raimond  re- 

fffrtii,  ann.   1192,  n.  3.  fus.i  de  rendre  ces  épaves  &  prétendit  qu'elles  lui 

'  Rogerius  de  Hoveden,  Annales,  p.  410.  appartenaient  de  par  un  droit  immémorial.  L'af- 

'  A  l'année  1192  se  rapporte  un   curieux  régie-  faire  fut  portée  devant  les  consuls  deToulouse,  qui, 

ment  des  consuls  de  Toulouse   touchant   le  droit  malgré  les  raisons  de  droit  invoqués  par  le  défen- 

d'épaves  (tome  vin,  c.  414  81  suiv.).  A  la  suite  de  deur,    décidèrent  qu'en    pareil    cas   les    épaves   se- 

grandes  inondations  de  la  Garonne,  le  fleuve  avait  raient  rendues   à   leurs  propriétaires    respectifs,  à 

déposé  sur    les   propriétés   d'un    certain    Rnimond  charge  pour  eux  de   réparer  le  dommage  causé  au 

Caulisr  des  haicaux  &  du  bois  provenant  de  plu-  domaine  sur  lequel  on  Icj  retrouverait.       [A.  M.l 

VI.  ,0 


An  1 192 


"7777^   '4^  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XX. 

femme  du  roi  Richard,  &  Jeanne,  sœur  de  ce  prince,  veuve  de  Guillaume  II, 
roi  de  Sicile,  qui  traversèrent  la  Province  Tannée  suivante.  C'est  ce  que 
nous  apprenons  des  anciens  historiens  anglois  mêmes.  Les  deux  princesses, 
uîiup.'m.  disent  ces  historiens,  après  avoir'  suivi  Pv^ichard  dans  la  Terre-Sainte  &  s'être 
remharquées  avec  lui,  abordèrent  en  Italie  avec  la  fille  du  roi  de  Chypre,  & 
demeurèrent  pendant  six  mois  à  Rome,  n'osant  s'exposer  à  continuer  leur 
voyage  de  crainte  de  l'empereur.  Le  pape  Célestin  III  leur  fit  l'accueil  le 
plus  favorable  Se  les  mit  enfin  sous  la  conduite  d'un  cardinal,  qui  les  mena 
par  Pise  Si  Gênes  jusqu'à  Marseille.  Le  roi  d'Aragon,  qui  étoit  alors  dans 
son  comté  de  Provence,  les  reçut  dans  cette  dernière  ville,  les  traita  avec 
beaucoup  d'honneur  &  de  respect,  &  les  accompagna  jusqu'aux  frontières 
de  ses  domaines.  Raimond  V,  comte  de  Toulouse,  8<  le  jeune  Raimond,  son 
fils,  prirent  ces  trois  princesses  aux  bords  du  Rhône  8<  les  conduisirent  dans 
leurs  Etats,  où  le  dernier  épousa^  la  princesse  de  Chypre,  après  avoir  répudié 
Béatrix  de  Béziers,  sa  femme.  Tel  est  le  récit  de  ces  historiens. 

Un  autre  auteur  contemporain  ^  marque  les  circonstances  suivantes  de  cette 
répudiation  :  «  Le  jeune  Raimond,  dégoûté  de  Béatrix,  sœur  du  vicomte  de 
«  Béziers,  fit  tout  son  possible  pour  lui  persuader  de  se  faire  religieuse.  La 
«  jeune  comtesse,  connoissant  le  dessein  du  prince,  son  mari,  lui  demanda 
«  s'il  souhaitoit  qu'elle  entrât  dans  l'ordre  de  Cîteaux  ou  dans  celui  de  Fon- 
«  tevrault?  Non,  répondit  le  jeune  comte,  je  souhaite  seulement  que  vous 
«  vous  fassiez  ermite,  8c  j'auroi  soin  de  pourvoir  à  tous  vos  besoins.  Sur 
«  cette  réponse,  Béatrix  exécuta  la  volonté  de  Pvaimond,  qui,  l'ayant  répudiée, 
('  épousa  la  fille  du  duc  de  Chypre.  »  Il  y  a  lieu  de  croire'*  que  cette  répu- 
diation étoit  déjà  faite  au  commencement  de  l'an  iigS^,  lorsque  Roger, 
vicomte  de  Béziers,  donna  à  Béatrix,  sa  sœur,  la  seigneurie  &  les  revenus  du 
château  de  Mèzc,  dans  le  diocèse  d'Agde,  pour  en  jouir  tant  qu'elle  vivroit. 
Nous  observerons  encore  qu'un  moderne '^  n'a  pas  entendu  deux  anciens 
historiens  qu'il  cite,  lorsqu'il  assure,  sur  leur  témoignage,  que  Roger  remaria 
sa  sœur  avec  Pierre-Bermond  de  Sauve.  Nous  n'avons,  d'ailleurs,  aucune 
preuve  que  Béatrix  se  soit  remariée. 

Le  jeune  Raimond,  se  croyant  libre  de  se  marier  à  une  autre  femme  par 
cette  séparation,  épousa  la  princesse  de  Chypre  &  célébra  sans  doute  ses 
noces  avec  elle  lorsqu'elle  traversa  la  Province,  en  iigS,  avec  les  reines 
d'Angleterre  8c  de  Sicile.  Cette  princesse,  nommée'^  Bourguigne,  étoit  fille 
d'Amauri  de  Lézignan,  qui  étoit  alors  duc  de  Chypre  8c  qui  en  fut  roi  après 
la  mort  de  Gui,  roi  de  Jérusalem,  son  frère,  arrivée  en  1194,  8c  d'Esquive 


'  Radiilplms,  Coggeshalae  abbas,  Chronnon  An-  ^  Voyez  tome  VII,  Note  X,  n.  m,  pp.  20,  26. 

g?/ae,  p.  83o  &  seq.  —  Rogerius  de  Hoveden,  An-  ''  Voyez  tome  VIII,   Chartes,  n.  LVI ,   ce.  421, 

nales,  p.  417.  422. 

■  Voyez  tome  VII,  Note  X,  n.  m,  pp.  25,  26.  *  Besse,  Histoire  des  ducs,  mar<juls  &  comtes  de 

'  Pierre   de  Vaux- Ceriiay,    c.  4.    [Remarquons  Narionne,  p.  33  1 . 

que  cet  auteur,  qui    ne  vint  pns  dnns   la  Province  '  Le  P.  Anselme,  Histoire  généalogique  des  grands 

avant  1210,  ne  parle  ici  que  par  ouï-dire.]  officiers,  t.  2,  p.  689;  t.  3,  p.  S3. 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XX.  147 

d'Ybelin.  Elle  étoit  parente  du  jeune  Raimond,  du  quatrième  au  cinquième 
degré,  &  cette  parenté  servit  de  prétexte  à  ce  prince  quelque  temps  après 
pour  la  répudier.  Au  reste,  le  comte  de  Toulouse  conduisit  lui-même  les 
reines  d'Angleterre  &  de  Sicile  jusque  sur  les  frontières  de  ses  États,  &  elles 
arrivèrent  à  Poitiers  en  toute  sûreté. 

XXXII.  —  Le  comte  de  Toulouse  termine  ses  dîjjèrends  avec  les  évêques 

de  Viviers. 

Ce  prince  fit  un  assez  long  séjour  aux  environs  du  Rhône,  en  iiçS,  8c 
termina  alors  les  différends  qu'il  avoit  depuis  longtemps  avec  Nicolas,  évêque 
de  Viviers.  Il  prétendoit  que  ce  prélat,  sous  prétexte  du  diplôme  qu'il  avoit 
obtenu  en  11 77  de  l'empereur  Frédéric  I,  s'arrogeoit,  à  son  préjudice,  une 
trop  grande  autorité  dans  le  pays  dont  les  comtes  de  Toulouse,  ses  prédéces- 
seurs, lui  avoient  transmis  le  comté.  Enfin  ils  s'en  rapportèrent  à  l'arbitrage 
de  Robert,  archevêque  de  Vienne,  qui,  s'étant  rendu'  avec  eux  entre  le 
bourg  de  Saint-Andéol  &  le  château  de  la  Palu,  les  fit  convenir  des  articles 
suivans  :  t°  Raimond  renonça,  tant  pour  lui  que  pour  ses  successeurs,  en 
faveur  de  l'évêque  8c  de  son  église,  à  tous  les  droits  qu'il  prétendoit  sur  la 
ville  de  Viviers.  2°  Il  promit  de  ne  faire  aucune  acquisition  de  droit  ou  de 
jÇf/'dans  les  domaines  de  l'église  de  Viviers,  sans  le  consentement  de  l'évêque 
8c  de  son  clergé.  3»  Ce  prélat  céda  de  son  côté  au  comte  le  droit  que  l'église 
de  Viviers  avoit  sur  le  château  de  la  Gorepière  L-  son  mandement  (ou  district), 
excepté  les  églises  8c  leurs  dépendances,  8c  sur  le  château  d'Aiguèse,  dans  le 
diocèse  d'Uzès  8c  son  mandement;  il  lui  donna  de  plus  cent  marcs  d'argent. 
4°  Le  comte  promit  k  l'évêque  de  lui  faire  justice  avant  la  Pentecôte  au 
sujet  du  village  de  Saint-Marcel  d'Ardèche,  8cc. 

L'archevêque  de  Vienne  termina^  vers  le  même  temps,  par  son  arbitrage, 
quelques  autres  différends  qui  s'étoient  élevés  entre  le  même  comte  de  Tou- 
louse 8c  divers  seigneurs  du  Vivarais,  entre  autres  celui  du  château  de  Ségue- 
lières,  qui  a  pris  depuis  le  nom  de  l'Argentière,  au  sujet  des  mines  d'argent 
trouvées  dans  leurs  domaines.  Le  comte  renonça  à  tous  les  droits  qu'il  pré- 
tendoit sur  ces  mines  avec  promesse  de  n'y  rien  acquérir  du  fief  de  l'église 
de  Viviers,  moyennant  six  deniers  pogeses  que  l'évêque  de  Viviers  8c  ces  sei- 
gneurs lui  permirent  de  lever  sur  chaque  marc  d'argent  qu'on  en  tireroit.  A 
cette  condition,  le  comte  Raimond  promit  de  défendre  8c  de  protéger  les 
ouvriers  8c  les  propriétaires. 

XXXIII.  —  DïJJerends  entre  les  comtes  de  Toulouse  &-  les  évêques  de  Vaison. 

Raimond  avoit  alors,  depuis  longtemps,  avec  les  évêques  de  Vaison  un 
autre  différend  qui  ne  fut  pas  sitôt  terminé.  Ce  prince,  après  avoir  chassé 

'  Coliimbi,  Vivar'ienscs  episcopi,  p.  212.  '  Coliimbi,  fivaricnses  cphcopi,  p.  219. 


An  1 1  f)3 


KJ   origin. 
t.  Ili,  p.  87. 


An  1  ip3 


148  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XX. 

de'  Vaison,  vers  l'an  1160%  l'évèque  Béienger  de  Mornas  8<.  s'être  saisi  du 
domaine  épiscopal,  le  garda  jusqu'à  la  mort  de  ce  prélat,  arrivée  vers  l'an  1 178. 
Bertrand  de  Lambesc,  successeur  de  Kérenger,  voyant  que  le  comte  étoit  en 
possession  du  palais  épiscopal,  des  châteaux  de  Crestet  S<  de  Pvâteau,  &i  du 
reste  du  domaine  de  l'évêché,  eut  recours  à  la  force,  Se  recouvra  enfin  toutes 
ces  choses  dont  il  jouit  jusqu'à  sa  mort,  arrivée  vers  l'an  ii85.  Bérenger  de 
Reillane  lui  ayant  succédé,  le  comte  somma  ce  dernier  de  lui  remettre  le 
palais  épiscopal  de  Vaison  comme  à  son  seigneur.  Je  n'en  ferai  rien,  répondit 
Bérenger;  je  ne  tiens  pas  ce  palais  de  vous,  8c  je  le  tiens  seulement  de  Dieu 
&  de  la  Vierge.  Sur  cette  réponse,  Raimond,  voulant  forcer  l'évèque  à  obéir, 
fit  préparer  une  grande  quantité  de  matériaux  pour  construire  une  forteresse 
de  charpente  sur  la  montagne  voisine  de  la  ville.  Bérenger  défendit,  sous 
peine  d'excommunication,  aux  ouvriers  de  continuer  leur  travail,  S<  a^ant 
fait  apporter  tous  ces  matériaux  dans  son  palais,  il  y  fit  mettre  le  feu.  Le 
comte  ne  garda  plus  alors  aucune  mesure  avec  ce  prélat  :  il  le  chassa  de  la 
ville  dont  il  s'empara  de  même  que  de  tous  les  domaines  de  l'évêché.  Bérenger 
se  retira  au  château  d'Entrechaux,  Se  là,  ayant  assemblé  ses  chanoines  Si 
tout  son  clergé,  il  excommunia  P^aimond  avec  tous  ses  adhérens,  S<  jeta 
l'interdit  sur  tout  le  domaine  que  ce  prince  possédoit  dans  le  diocèse.  Cette 
excommunication  n'empêcha  pas  le  comte  de  garder  les  domaines  saisis 
jusque  vers  l'an  1188.  Guillaume  de  Laudun,  d'une  ancienne  maison  du 
bas  Languedoc,  ayant  été  élu  alors  évêque  de  Vaison,  il  les  lui  rendit;  mais 
cette  paix  ne  dura  pas  longtemps,  8<.  il  s'éleva  de  nouveaux  troubles  dans  le 
diocèse,  vers  l'an  iig3,  après  la  mort  de  Guillaume  de  Laudun.  Les  gens  du 
comte  s'assurèrent,  en  effet,  du  palais  épiscopal  dans  le  temps  que  le  convoi 
étoit  en  marche  pour  aller  inhumer  ce  prélat  dans  sa  cathédrale;  ils  se  sai- 
sirent en  même  temps  des  revenus  de  l'évêché.  Se  renforcèrent  la  garnison 
du  château  de  Vaison  dont  ils  augmentèrent  les  fortifications.  Ces  difféiends 
duroient  encore  en  121 1,  lorsque  Raimond,  évêque  d'Uzès,  légat  du  Saint- 
Siège,  fit  faire  une  enquête  touchant  les  dommages  causés  aux  évêques  de 
Vaison  par  les  comtes  de  Toulouse'^  :  Si  c'est  de  cet  acte  que  nous  avons  tiré 
les  faits  que  nous  venons  de  rapporter.  On  n'y  marque  pas  d'une  manière 
précise  le  sujet  de  ces  différends;  mais  on  voit  assez  par  la  déposition  des 
témoins  que  l'évèque  de  Vaison  administra  au  légat,  qu'il  s'agissoit  d'une 
partie  de  la  seigneurie  de  la  ville  que  ce  prélat  prétendoit  posséder  sans 
aucune  dépendance  du  comte  de  Toulouse;  Si  que  ce  prince,  en  qualité  de 
marquis  de  Provence,  croyoit  être  en  droit  de  son  côté  de  dominer  dans 
Vaison. 

'  Columbi,  Je  Episecpis  Vasionens'ihus,  p.  386  &  'Voyez  tome  III,  1.  XVIII,  n.  x\xix,  p.  S12. 

seq.  —  Boyer,  Histoire  de  Vaison,  p.   1  o3  &  suiv.  '  Columbi,  de  Efiscopis   Vasioncnsihus ,    p.  SSy 

—  Gallia  Chrislianaj  nOY.  éd.  t.   1 ,  p    927.  8t  scq. 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XX.  ïAq  — T 

^  -'        An  1  ipj 

XXXIV,  —  Richard,  roi  d'Angleterre,  sort  de  prison,  —  L'empereur  lui  donne 

le  royaume  de  Provence. 

Cependant  Richard,  roi  d'Angleterre,  ayant  négocié  sa  rançon  avec  l'em- 
pereur Henri  VI,  ces  deux  princes  conclurent  un  '  traité,  au  mois  de  septembre 
de  l'an  1193.  Ils  convinrent  qu'Henri  donneroit  le  royaume  de  Provence  à 
Richard,  avec  permission  de  s'en  faire  couronner  roi  le  dimanche  d'après  le 
jour  de  sa  délivrance,  qui  fut  fixé  au  18  de  janvier  suivant.  On  assure  que 
l'empereur,  par  cette  donation,  «  céda  à  Richard  la  Provence  propre,  le  Vien- 
«  nois,  les  villes  de  Marseille,  de  Narbonne,  d'Arles  &  de  Lyon,  jusqu'aux 
«  Alpes,  avec  ce  qu'il  possédoit  en  Bourgogne,  l'hommage  du  roi  d'Aragon, 
B  celui  du  comte  de  Die'^  8c  enfin  celui  du  comte  de  Saint-Gilles;  8c  que 
a  tous  ces  pays  comprenoient  cinq  archevêchés  &  trente-trois  évêchés.  d  Mais 
on  convient  «  qu'Henri  n'avait  jamais  pu  s'y  faire  reconnoître  pour  roi.  Si 
Il  qu'aucun  des  princes  du  pays  n'avoit  jamais  voulu  se  soumettre  à  ceux  qu'il 
«  avoit  présentés  pour  régner  sur  eux.  i>  On  voit  par  là  :  1°  Qu'Henri  VI, 
qui  succéda  en  1190  à  l'empereur  Frédéric  I,  son  père,  n'avoit  pu  encore  /m""^!,^'»;; 
]}arvenir,  trois  ans  après,  à  se  faire  reconnoître  pour  roi  de  Provence.  2°  Que 
le  refus  que  divers  princes,  qui  possédoient  le  domaine  utile  ou  immédiat  de 
ce  royaume,  firent  de  se  soumettre  à  sa  souveraineté,  l'engagèrent  à  le  céder 
au  roi  d'Angleterre.  3°  Enfin  qu'il  prétendoit  étendre  son  autorité  sur  la 
métropole  de  Narbonne  8<,  par  conséquent,  sur  les  pars  situés  en  deçà  du 
P\.hône.  Il  ne  pouvoit  se  fonder  pour  cela  que  sur  des  droits  imaginaires;  car 
la  province  ecclésiastique  de  Narbonne  n'avoit  point  fait  partie  du  royaume 
de  Provence,  cédé  par  Hugues,  roi  d'Italie,  aux  rois  de  Bourgogne,  qui 
l'avoicnt  transmis  aux  empereurs  d'Allemagne.  Quant  à  l'hommage  du  comte 
de  Saint-Gilles,  qu'Henri  céda  à  Pvichard,  on  peut  entendre  par  là  seule- 
ment c|u'il  lui  céda  la  souveraineté  sur  le  m.arquisat  de  Provence  possédé  par 
les  comtes  de  Toulouse,  (|ue  les  historiens  anglois  du  douzième  siècle  ne 
qualifient  jamais  que  comtes  de  Saint-Gilles.  Quoi  qu'il  en  soit,  il  ne  paroît 
pas  que  Richard  se  soit  fait  couronner  roi  de  Provence  après  qu'il  fut  sorti 
de  prison;  ce  c|ui  n'arriva  que  le  4  de  février  de  l'an  1194,  Se  on  ne  voit  pas 
non  plus  que  ni  lui,  ni  ses  successeurs  aient  jamais  exercé  aucune  autorité 
sur  ce  pays,  dont  les  empereurs  d'Allemagne  continuèrent  de  se  regarder 
comme  souverains.  Un  historien  ^  moderne  prétend  que  Richard  refusa  le 
royaume  de  Provence'*. 

'  Rogeriiis  de  HoveJen,  Annales,  p.  416.  rcnt    pour   arbitres    Sicard,    vicomte   de   Laiitrec, 

•  Il  y  a  DlsJen  danj  Roger  de  Hoveien,  ce  qui  Frotard  de  Brens,  B.  de  Boisseson  &  Dont  Alaman. 
ne  signifie  rien.  [Note  de  dom  Vaisicte.}  —  Les    fiefs    de  chevaliers,   possédés    par  l'cvêque, 

'  Le  P.  Oan\t\,  H'titoire  de  France,  i.  i,p.  i.)35.  furent  tenus  par  lui   du  vicomte,  &  il  dut  rendre 

*  En  l'année  i  194,  le  3  mars,  furent  rôglces  de  à  celui-ci  les  devoirs  auquels  étaient  astreints  les 
longues  contestations  qui  divisaient  depuis  Icng-  anciens  possesseurs.  Dans  le  Castelviel,  le  vicomi* 
temps  l'évéque  &.  le  vicomte  d'Albi  au  sujet  de  la  est  seul  seigneur;  de  la  ville  même,  l'évéque  n 
Sîigneurie  de  cette  ville.  Les  deux  parties  choisi-  les  deux   tiers,  le  vicomte   un    tiers  seulement.  -»- 


An   1  ip^ 


i5o  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XX. 


XXXV.  —  La  guerre  se  renouvelle  entre  le  roi  d'Jragon  &  le  comte  de  Tou- 
louse. —  Le  premier  dispose  du  comté  de  Fenouillèdes,  &c.,  en  faveur  du 
comte  de  Faix. 

Raimond-Roger,  comte  de  Foix,  revint  sans  doute  de  la  Terre-Sainte  avec 
le  roi  Philippe-Auguste.  Il  étoit,  en  effet' ,  au  mois  de  juin  de  l'an  i  içS,  à  la 
cour  d'AIfonse  II,  roi  d'Aragon,  son  oncle  à  la  mode  de  Bretagne,  qui,  à 
cause  de  l'amitié  ou  de  la  parenté  qui  étoit  entre  eux  &  des  services  que  ce 
comte  lui  avoit  rendus,  fit  expédier  en  sa  faveur  une  charte  dont  il  est  hon 
de  rapporter  les  termes.  «  J'approuve  &:  je  confirme,  dit  Alfonse  dans  ce 
«  diplôme,  toutes  les  conventions  que  le  comte  Pierre  a  faites  avec  vous,  tant 
«  par  la  donation  de  la  vicomte  de  Narhonne  que  des  autres  choses;  &  je 
«  vous  donne  &  vous  confirme  tout  ce  que  le  comte  Pierre  ou  tout  autre 
«  vicomte  de  Narbonne,  quel  qu'il  soit,  tient  Se  doit  tenir  de  moi  &  de  mes 
M  ancêtres  dans  la  vicomte,  la  ville  &  tout  le  pays  de  Narbonne.  Je  vous 
«  donne  encore  &  je  vous  confirme  le  château  &  le  pays  de  Fenouillèdes,  le 
«  château  &  le  pays  de  Pierre-Pertuse;  à  condition  que  vous  tiendrez  toutes 
a  ces  choses  de  moi  &  de  mes  successeurs,  que  vous  me  serez  toujours  fidèle, 
«  que  vous  me  servirez  en  paix  Se  en  guerre,  de  même  que  mes  successeurs, 
«  pour  tous  ces  domaines,  &  que  vous  ferez  la  guerre  au  comte  Rainiond  ou 
«  à  celui  qui  sera  seigneur  de  Toulouse  &  de  Saint-Gilles.  Que  si  vous 
«  mourez  sans  enfans  légitimes,  tout  cela  me  reviendra  &  à  mes  successeurs. 
«  Entre  ces  domaines,  vous  me  donnerez /johvozV  sur  les  châteaux  &  les  pays 
«  de  Fenouillèdes  &  de  Pierre-Pertuse,  aussitôt  que  vous  en  serez  le  maître, 
«  &  vous  ne  pourrez  vous  dessaisir  de  ces  pays  ou  d'une  partie  qu'en  ma 
«  faveur  Si  de  mes  successeurs.  Et  moi  je  vous  promets  de  vous  être,  bon 
«  seigneur,  de  vous  protéger  dans  toutes  vos  affaires  £<  de  vous  secourir  dans 
«  la  susdite  guerre.  »  L'acte  est  daté  d'Huesca,  en  Aragon,  en  présence  de 
Bérenger,  archevêque  de  Narbonne,  qui  l'approuva,  sauf  son  droit. 

Nous  comprenons  par  là  :  i"  Que  la  guerre  se  renouvela  en  iigS  entre  !e 
roi  d'Aragon  Si  le  comte  de  Toulouse,  &  que  le  comte  de  Foix  &  le  vicomte 
de  Narbonne,  qui  reconnoissoient  la  suzeraineté  du  premier,  se  liguèrent 
alors  avec  lui  contre  l'autre,  leur  ancien  seigneur.  2°  Que  le  comte  Pierre  de 
Lara,  en  faveur  duquel  Erinengarde,  vicomtesse  de  Narbonne,  sa  tante. 


Le  même  acte   fixe   les   redevances  ducs   aux  deux  voirs  jusqu'à  l'arrivée  des  officiers  royaux.  Ceux-ci 

seigneurs  parles  marchands  de  la  ville;   ce  sont  conclurent,  en  i  229  (t.  VIII,  ad  ann.),  avec  l'évé- 

soit  des  redevances  en  deniers,  soit  des  redevances  que  un  accord   très-avantageux  à  celui-ci;  accord 

en  naturej   les  leudes  sont  partagées  de  la   même  qui  fut  rompu  à  la  suite  de  discussions  orageuses, 

façon;  les  deux  tiers  à  l'évéque,  le  reste  au  vicomte.  8t  remplacé  en   1264  par  une  nouvelle  convention 

La  leude  du  pont  appartient  au  vicomte,  qui  doit  plus   équitable    &  plus    conforme  à  l'ancien   état 

entretenir    le    pont  à   ses   frais.  Voir  dans   Com-  des   choses.    (Voir  plus   bas   aux    années    1229    £4 

payré.  Etudes  sur  l'Albigeois,  p.   141  &  sulv.  une  1164.)   [A.  M.] 

ancienne   traduction  de  cet   acte  en  langue  vul-  '  Voyez  tome  VIII ,  Chartes,   n.  LIX,  ce.  425, 

galre.— 'Cet  acte  régit  les  rapports  des  deux  pou-  4261 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XX.  i5r 

s'étoit  alors  démise  entièrement  depuis'  peu  de  cette  Vicomte,  pour  se  sou- 
tenir contre  Raimond,  comte  de  Toulouse,  qui  n'approuvoit  pas  cette  démis- 
sion, s'unit  étroitement  avec  le  comte  de  Foix  &  l'appela^  à  sa  succession  en 
cas  qu'il  mourût  sans  enfans,  tant  pour  la  vicomte  de  Narbonne  que  poin^  la 
suzeraineté  sur  les  pays  de  Fenouil lèdes  £v  de  Pierre-Pertuse,  que  les  comtes 
de  Barcelone  avoient  donnés  à  ses  ancêtres  dès  le  commencement  du  dou- 
zième siècle.  3°  Enfin  qu'Alfonse,  roi  d'Aragon,  qui  prétendoit  dominer  sur 
tous  ces  pays,  approuva  la  disposition  du  comte  Pierre  de  Lara. 

XXXVT.  —  Le  comte  Pierre  de  Lara  se  démet  de  la  vicomte  de  Narbonne  en 
faveur  d'Aymeri  111,  son  fils.  —  Mort  d'Ermen garde,  vicomtesse  de  cette 
ville. 

Pierre  s'étant  assuré  jiar  cette  ligue  la  possession  des  domaines  qui  avoient 
appartenu  à  la  vicomtesse  Emiengarde,  sa  tante,  prit  l'année  suivante  des 
mesures  pour  les  transmettre  à  sa  postérité.  Dans  cette  vue,  «  il  fit  donation, 
«  à  cause  de  mort,  le  28  du  mois^  d'avril  de  l'an  1194,  &  donna  par  préciput 
«  sur  tous  ses  autres  enfans  à  Aymeri,  son  fils,  à  ses  enfans  8<.  à  ses  descen- 
<(  dans  la  ville  &  la  vicomte  de  Narbonne,  le  pays  de  Béziers  Sv  tous  les 
«  autres  lieux  qui  appartenoient  à  la  seigneurie  de  Narbonne;  excepté  le 
«  château  de  Montpezat  qu'il  déclara  cependant  devoir  toujours  être  un  fief 
«  mouvant  de  la  vicomte  de  Narbonne.  » 

Cette  disposition  St  quelques  autres  actes  dans  lesquels  Pierre  de  Lara  se 
qualifie  vicomte  de  Narbonne  depuis  l'an  1192  ont  donné  lieu  à  un  généalo- 
giste* espagnol,  d'assurer  qu'Ermengarde,  vicomtesse  de  Narbonne  étoit  déjà 
morte  cette  dernière  année;  mais  il  est  certain  qu'elle  vécut  longtemps  après 
&  qu'elle  ne  mourut  au  plus  tôt  qu'au  mois  d'avril^  de  l'an  1194. 

Ermengarde  mourut  à  Perpignan,  dans  les  États  d'Alfonse  II,  roi  d'Aragon, 
où  elle  se  retira''  lorsqu'elle  se  démit,  vers  la  fin  de  l'an  1192,  de  la  vicomte 
de  Narbonne,  en  faveur  du  comte  Pierre  de  Lara,  son  neveu.  Les  liaisons 
étroites  qu'elle  avoit  toujours  entretenues  avec  Alfonse,  l'engagèrent  sans 
doute  à  fixer  sa  résidence  dans  cette  ville  &  à  y  finir  ses  jours.  Elle  admi- 
nistra pendant  plus  de  cinquante  ans,  avec  beaucoup  de  prudence  &  de 
dextérité,  la  vicomte  de  Narbonne  dans  des  temps  difficiles,  Se  ne  se  distingua 
pas  moins  par  les  vertus  viriles  que  par  celles  qui  sont  propres  à  son  sexe,  8c 
par  la  sagesse  de  son  gouvernement;  en  sorte  qu'elle  s'acquit  une  très-grande 
réputation  avec  l'estime  &  la  considération  des  plus  grands  princes  de  son 
temps,  entre  autres  du  roi  Louis  le  Jeune.  E'ile  prit  part,  en  effet,  à  la  tête 


'  Voyez  tome  VII,  jVofc  VI,  n.  iv  &  suiv.  p.   10  ■*  Salaz.ir  y  C.istro,  fiistoria  gcnealo^ica  du  U  casa 

Se  siiiv.  de  Lara,  t.  ) ,  p.  lâo. 

•  Ihii.  Note  XXVII,  n.  m,  p.  84.  '  ^'oyez  toins  VU,  Note  VI,  n.  vu,  p.  i8. 

'Voyez    tome    VIII;   Chartet,    n.    XXXIV.    [Le  "Catel,    Mémoires    de    fliisloire   du   Languedoc, 

renvoi  de  dom  Vaissete  est  fautif  j  il  n'a  pas  publié  p.  :'j.")3,  &   Histoire  des  comtes  de  Tolose,  i''  jait. 

celte  pièce  dant  les  Pz-CHvfJ  du  tome  II.]  p.   16  J. 


An  1 193 


Au 


'94 


Éd.  oiii^in. 
t.  111,  p.  8<). 


An  1  ip^ 


102  HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XX. 


de  ses  vassaux,  à  diverses  expéditions  militaires;  S^  elle  fut  souvent  l'arbitre 
des  différends  qui  s'élevèrent  entre  "les  princes  &  les  grands  seigneurs.  Elle 
s'appliqua  surtout  à  rendre  elle-même  la  justice  à  ses  sujets,  prérogative  dont 
elle  fut  fort  jalouse;  &  elle  présida'  à  divers  plaids  assistée  de  ses  principaux 
vassaux.  Enfin,  ses  rares  qualités  la  mirent  beaucoup  au-dessus  des  personnes 
de  son  sexe.  Ayant  succédé  fort  jeune  au  vicomte  Aymeri  II,  son  père,  elle 
eut  d'abord  beaucoup  à  craindre  de  l'ambition  d'Alfonse-Jourdain,  comte  de 
Toulouse,  qui  vouloit  envahir  la  vicomte  de  Narbonne,  sous  prétexte  d'en 
prendre  soin  pendant  sa  minorité,  en  qualité  de  suzerain;  mais  son  courage 
&•  sa  fermeté  la  mirent  à  l'abri  des  entreprises  de  ce  prince  &  de  celles  de 
Raimond  V,  son  fils;  &  elle  se  maintint  dans  la  possession  de  tous  les 
domaines  de  ses  ancêtres,  sous  la  protection  des  comtes  de  Barcelone  Si  des 
rois  d'Aragon,  ses  parens,  avec  lesquels  elle  demeura  toujours  très-unie,  & 
qu'elle  reconnut  pour  ses  seigneurs,  non  par  devoir,  mais  par  amitié  8<.  par 
reconnoissance.  Elle  donna  des  marques  de  sa' religion,  tant  par  les  services 
importans  qu'elle  rendit  au  pape  Alexandre  III  que  par  ses  libéralités  envers 
les  églises.  Elle  combla  entre  autres  de  ses  bienfaits  l'abbaye  de  FDntfroide* 
dont  elle  est  regardée  comme  la  principale  fondatrice  &  où  elle  choisit  sa 
sépulture.  Elle  fit  aussi  beaucoup  de  bien  au  monastère  de  Quarante  qu'elle 
confirma-^,  en  1182,  dans  la  possession  de  tous  les  fiefs  qu'il  avoit  acquis  dans 
ses  domaines,  &  ne  se  réserva  que  la  justice  criminelle  pour  l'etfusion  de 
sang  &  l'adultère.  Elle  y  fonda  en  même  temps  à  perpétuité  une  messe  pour 
elle  &  pour  ses  parens,  en  présence  de  Frotard,  Guillaume  &  Bérenger  de 
Villes-Passans,  d'Ermengaud  de  Ville-Flairan,  maître  de  la  milice  de  Peiriez, 
Pierre  de  Maillac,  Pierre  de  Saint-Félix  Sx.  diverses  autres  personnes  de  con- 
dition. Elle  rendit  à  l'église  de  Narbonne  son  ancienne  liberté  par  la  renon- 
ciation qu'elle  fit  à  la  dépouille  des  archevêques  après  leur  mort.  Elle. eut 
cependant  quelque  différend  avec  l'archevêque  Pons,  qui  se  plaignif*  au 
pape  Alexandre  III  de  ce  qu'elle  s'attribuoit  une  trop  grande  autorité  sur 
l'abbaye  de  Saint-Paul;  ce  qui  engagea  le  pape  à  permettre  à  ce  prélat  de 
prendre  par  lui-même  l'administration  St  le  gouvernement  de  cette  abbaye  : 
le  pape  Honoré  III  confirma  cette  permission  en  faveur  des  successeurs  de 
Pons.  Enfin  la  cour  d'Ermengarde  fut  une  des  plus  brillantes  de  la  Province; 
&  elle  y  fit  un  accueil  favorable  aux-"»  principaux  poètes  provençaux  de  son 
temps;  on  prétend '^  même  qu'elle  tenoit  cour  d'amour  dans  son  palais.  Entre 
ces  poètes  elle  protégea'^  singulièrement  Saill  de  Scola,  fils  d'un  marchand 
i^d.onsiii.  de  Bergerac,  en  Périgord,  lequel  demeura  toujours  auprès  d'elle,  &  ne  la 
quitta  qu'après  sa  mort.  Saill,  dit-on,  étoit  jongleur,  &  ne  faisoit  que  de 
petites  chansons;    mais  elles  étoient  fort  estimées.  Ermengarde  fut  la  der- 

'  Voyez  tome  VIII,  Clinrte;,  n.  XLIII,  ce.  390,  ■*  Catel,   Mémo'res   de    l'/iistD-rc   Ju    Lan^ucjcef 

Spi .  p.  3;i   &  siiiv. 

'  Catel,    Mémoires    de    ihiitorre  Jtl    Lun^ueJac ,  ^  Voyez  tome  III,  1.  XVIII,  n.  lvxx,  p.  870, 

p.  391  &  suiv.  "  Cazeneuve,  Jeux  Floraux,  p.  ^.'1  &  suiv. 

'  Archives  de  l'iibbnyc  de  Quar.inte.  '  Bibliothc.-,ue  du  roi,  mss.  722J. 


t.  111,  p.  yo. 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XX.  i53 

nière  de  sa  race,  &  elle  transmit  tous  ses  domaines  à  la  maison  de  l^ara,  en 
Espagne. 

Le  comte  Pierre,  chef  de  cette  maison,  son  neveu,  qui  lui  avoit  déjà  suc- 
cédé quelques  années  avant  sa  mort,  quitta  le  nom  de  Lara  pour  prendre 
celui  de  Narbonne,  aussitôt  qu'il  fut  établi  en  France.  Il  y  a  lieu  de  croire 
qu'il  fit  une  démission  absolue  de  la  vicomte  de  Narbonne  en  faveur  de  son 
fils  Aymeri,  peu  de  temps  après  qu'il  lui  en  eut  tait  donation  à  cause  de 
mort.  Nous  ne  voyons  pas,  en  effet,  qu'il  se  soit  qualifié  depuis  vicomte 
de  Narbonne;  nous  trouvons,  au'  contraire,  qu'il  passa  le  reste  de  ses  jours 
à  la  cour  d'Espagne,  où  il  possédoit  de  grandes  dignités,  &  que  son  fils 
Avmeri  prit  de  son  vivant  le  titre  de  vicomte^  de  Narbonne  par  la  grâce 
de  Dieu, 

Pierre,  dans  la  donation  dont  on  vient  de  parler,  disposa  aussi  du  pays  de 
Bé-^iers  en  faveur  d'Aymeri,  son  fils.  Cette  clause  pourroit  faire  croire  que  le 
roi  d'Aragon  lui  avoit  donné  la  vicomte  de  Béziers  St  qu'il  l'avoit  confisquée 
sur  le  vicomte  Pvoger,  pour  le  punir  d'avoir  fait  sa  paix  avec  le  comte  de  Tou- 
louse; mais  on  peut  entendre  aussi  par  le  pays  de  Bé-^îers  énoncé  dans  cette 
donation,  les  domaines  que  les  vicomtes  de  Narbonne  possédoient  de  leur 
chef  dans  l'étendue  du  diocèse  de  Béziers ■*.  Quoi  qu'il  en  soit,  il  paroît  que 
PvOger,  après  avoir  fait  sa  paix  avec  le  comte  de  Toulouse,  vécut  en  paix  avec 
lui  jusqu'à  sa  mort. 

XXXVIL  —  Dernières  dispositions  de  Roger  II,  vicomte  de  Bè-:^lers, 
Carcassonne,  (St.  —  Sa  mort. 

• 

Pv.oger  ordonna^,  au  mois  de  décembre  de  l'an  iigS,  que  les  juifs  de 
Limoux  &  d'Alet  contribueroient  à  l'avenir,  avec  ceux  de  Carcassonne,  aux 
tailles  6-  aux  questes  qu'il  imposoit  sur  eux,  ainsi  que  cela  avoit  été  pratiqué 
du  temps  de  ses  prédécesseurs.  Il  donna  des''  lettres  de  sauvegarde,  au  mois 
de  janvier  suivant,  en  faveur  de  Pons  de  Bram,  abbé  de  Saint-Hilaire,  Se  des 
domaines  de  cette  abbaye  situés  dans  le  Carcasses  8c  le  Razès,  S<  termina "^ 
ensuite,  le  3  du  mois  de  mars,  par  l'arbitrage  de  Sicard,  vicomte  de  Lautrec, 
de  Frotard-Pierre  de  Bérens,  de  Bernard  de  Boisseson  &  de  Doat  d'Alaman, 
les  différends  qu'il  avoit  avec  l'évêque  d'Albi  touchant  la  seigneurie  de  cette 
ville  &  de  ses  dépendances. 

Roger  ne  survécut  pas   longtemps  à  ce  jugement;  il  fit  un  codicille,  le 

'  ^i)l^Z3r  y  Castro,  Historia  gcnealogica  Je  la  casa  l'Argentiére   &   les   locnlités  environnantes.    C'est 

ife  Lara,    t.    i,    1.    3,    c.    3.   —  Voyez    tome   V'II,  ce  territoire  que  le  testament  de  la  vicomtesse  Adé- 

?/o(e  VI,  pp.   i8,   ip.  —  Archives  de  la  vicomte  de  laïde,  en   966,  appelle  Nchoiioncnse,  &  que  dom 

N.irbonne.  ^'ai5scte  a  pris  pour  le  Nébouzan.  (Voyez  tome  III, 

'  S.ilazary  Castro,  Historia  gencalngica  Je  la  casa  pp.   162,  i63,  &  tome  V,  c.  i.'j.'i.)  [A.  M.] 

Je  Lara,  t.  4,  p.    18.  <  \'oyez  tome    V'III ,    Chartes,    n.  LX  ,    ce.  ^26, 

*  Ces  possessions  étaient  principalement  situcss  427. 

dans  le  nord  de  l'arrondissement  actuel  de  Bcziers  '  Archives  de  l'abbaye  de  Saint-Hilaire. 

£<  d  I-.15  celui  de  Saint-Pons  ;  c'étaient  Vjllemagne-  '  Archives  du  domains  de  Carcassonne. 


An   1194 


An  I  ip4 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XX. 


jeudi  17  de^  mars  de  l'an  iir)3  de  la  nativité  de  Jésus-Christ,  qu'on  doit 
compter  cependant  de  l'Incarnation;  ainsi  le  codicille  appartient  à  l'an  1194. 
.  Il  confirme  par  cet  acte  le  testament  qu'il  avoit  fait  quelques  années  aupara- 
vant entre  les  mains  de  Bernard,  archevêque  de  Narbonne,  &  de  Gaufred, 
évêque  de  Béziers.  Il  choisit  sa  sépulture  dans  le  monastère  de  Notre-Dame 
de  Cassan,  au  diocèse  de  Béziers,  auquel  il  lègue  sa  table  d'or  ornée  de 
pierres  précieuses,  cinq  mille  sols  melgoriens,  h.c.  Il  fait  d'autres  legs  pieux 
en  faveur  des  abbayes  de  Villelongue,  de  Caunes  &  de  Saint-Hilaire;  il 
supprime  le  droit  qu'il  faisoit  lever  sur  le  pont  de  Carcassonne,  8t  ordonne  à 
ses  héritiers  de  réparer  le  tort  qu'il  avoit  fait  à  la  cathédrale  de  Saint-Nazaire 
&  à  l'église  de  Sainte-Marie  de  cette  ville;  il  fait  quelques  libéralités  à  plu- 
sieurs de  ses  domestiques,  entre  autres  à  Bernard,  son  notaire  ou  secrétaire; 
il  veut  que  Raimond-Trencavel,  son  frère,  soit  entretenu  pour  la  nourriture, 
le  vêtement  &  les  équipages,  tant  qu'il  demeurera  à  la  cour  de  son  héritier, 
&  il  confirme  le  legs  qu'il  lui  avoit  fait  dans  son  testament.  Il  institue  pour 
son  héritier  universel,  ainsi  qu'il  l'avoit  tait  dans  cet  acte,  Raimond-Roger, 
son  fils,  qu'il  avoit  d' Adélaïde,  sa  femme  légitime,  fille  du  seigneur  Raimond, 
comte  de  Toulouse,  &  confirme  les  substitutions  qu'il  avoit  faites  dans  ce 
testament.  Il  établit  Bertrand  de  Saissac,  à  la  foi,  à  la  protection  &  au  con- 
seil duquel  il  avoit  déjà  remis  la  personne  Se  les  biens  de  ce  fils,  pour  son 
tuteur  6-  haile  {bajulum)  pendant  cinq  ans,  à  compter  depuis  la  prochaine 
fête  de  Pâques.  Il  le  charge  de  régir  les  domaines  des  diocèses  de  Béziers  6i 
d'Agde  pour  l'utilité  de  cet  enfant,  avec  le  conseil  de  l'évêque  de  Béziers, 
d'Etienne  de  Servian,  d'EIzéar  de  Castries  &  Déodat  de  Boussagues.  Il  le 
charge  aussi  d'administrer  ses  domaines  d'Albigeois,  de  Rouergue  £<  du  Tou- 
lousain, avec  le  conseil  de  l'évêque  d'Albi,  de  Guillaume  de  Vassal,  de 
Bérenger  de  Bonfils  de  Lavaur  &  de  Guillaume  de  Saint-Paul.  Quant  au 
,-^jj<"''S'^j  Carcasses,  au  Razès,  au  Lauragais  &  au  Termenès,  Roger  chargea  Bertrand 
de  Saissac  de  gouverner  ces  pays  par  l'avis  de  ses  viguiers,  savoir  :  Arnaud  de 
Raimond,  viguier  de  Carcassonne,  &  Guillaume  d'Assalit,  viguier  de  Razès, 
Il  nomma  pour  ses  exécuteurs  testamentaires  le  même  Bertrand  de  Saissac, 
les  évêques  6-  les  chevaliers  dont  on  vient  de  parler,  8<.  il  leur  ordonna  de 
payer  toutes  ses  dettes,  suivant  la  décision  d'Othon,  évêque  de  Carcassonne, 
de  l'archidiacre  Bérenger,  de  Guillaume  Amelii  &  de  maître  Bertrand.  Il 
laissa  Raimond-Roger,  son  fils  £<  son  héritier,  avec  ses  tuteurs,  viguiers, 
conseillers,  balles,  8c  tous  ses  domaines  à  la  garde  8<.  sous  la  protection  & 
administration  de  Raimond,  fils  du  comte  de  Toulouse.  Il  révoque  l'ancien 
comte  de  cette  ville  {comitem  Tolosanum  maj'orem)  Si  tous  ceux,  de  quelque 
sexe  qu'ils  fussent ,  c[u'il  avoit  nommés  dans  son  testament  pour  gérer  la 
tutelle  &  être  bailes  de  son  fils,  excepté  ceux  qu'il  établit  dans  son  codicille, 
parce  qu'il  tient  les  autres  pour  suspects.  Enfin   ce  vicomte  déclare,  par  ser- 

'  Bnluze,  Hiitoirc  gincalo^'ique  de  la  malien  d'Auvergne,   t.  2,  p.  joo   &  siiiv.  ^-  Martine,  T/iemurut 
anccdotorum,  t.  1 ,  c.  97. 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XX.  i55 

ment  prêté  sur  les  saints  évangiles,  qu'il  avoit  ordonné  toutes  ces  choses  pour 
plus  grande  sûreté,  &  qu'il  faisoit  sceller  ce  codicille  de  son  sceau  S<.  de  celui 
de  l'évêque  de  Carcassonne.  Ce  prélat,  les  viguiers  de  Carcassonne  8c  de 
Razès,  &  quelques  autres  y  souscrivirent;  Bernard  de  Canet,  notaire  de 
Roger,  l'écrivit  &  le  scella,  8c  trente-cinq  des  principaux  vassaux  de  ce 
vicomte  s'engagèrent  en  même  temps,  par  serment,  de  tenir  la  main  à  l'ob- 
servation de  tous  ces  articles.  Bertrand  de  Saissac,  les  deux  viguiers  de  Car- 
cassonne Si  de  R.azès,  Guillaume-Hugues,  sous-viguier,  Amblard  8c  Guillaume 
de  Pelapoul,  Guillaume  du  Puy,  Pierre-Roger  8c  Jourdain  de  Cabaret, 
Pierre-Roger  de  Mirepoix,  Guillaume  8c  Jourdain  de  Saint-Félix,  Raimond- 
Trencavel,  Guillaume  de  Roquefort,  Bernard,  Pons,  Roger  8c  Guillaume 
Ferrol,  Pierre  de  la  Tour,  Pierre  de  Penautier,  Guillaume  de  Gordon, 
Arnaud  de  Morlane,  Sec,  furent  de  ce  nombre. 

Telle  est  la  dernière  disposition  de  ce  vicomte;  mais  nous  n'avons  plus  le 
testament  dont  il  y  fait  mention.  Il  mourut'  trois  jours  après  8c  fut  inhumé 
comme  il  l'avoit  ordonné  au  monastère  des  chanoines  réguliers  de  Cassan, 
au  diocèse  de  Béziers,  dans  le  nécrologe  duquel  on  lit  les  paroles  suivantes  : 
le  20  de  mars  mourut  Roger,  vicomte  de  Béliers,  notre  frère.  Il  avoit  changé 
de  disposition  par  rapport  à  sa  sépulture,  car  dans  un  codicille^  qu'il  avoit 
fait  en  1179  il  l'avoit  choisie  dans  la  chapelle  de  Saint-Martin  de  l'abbaNC 
de  Valmagne,  au  diocèse  d'Agde,  fondée  par  Trencavel,  son  père.  Se  il  fit  par 
le  même  acte  des  biens  considérables  à  ce  monastère. 

Ainsi  finit  ses  jours  Roger  II,  vicomte  de  Béziers,  de  Carcassonne,  de 
Razès  8c  d'Albi,  à  l'âge  d'environ  cinquante  ans,  après  avoir  possédé  pendant 
vingt-sept  ans,  ces  quatre  vicomtes,  avec  les  pays  de  Lauragais,  de  Miner- 
vois,  de  Termenès  8c  plusieurs  autres  domaines  que  Raimond-Trencavel,  son 
père,  lui  avoit  transmis,  8c  avoir  passé  une  grande  partie  de  sa  vie  à  faire  la 
guerre  à  Raimond  V,  comte  de  Toulouse,  son  beau-père  8c  son  seigneur,  de 
concert  avec  le  roi  d'Aragon  avec  lequel  il  se  ligua  contre  lui.  Du  reste 3, 
nous  trouvons  ici  une  nouvelle  preuve  que  ce  vicomte  avoit  fait  sa  paix  avec 
Raimond  dès  l'an  H91,  car  il  révoque  dans  ce  codicille  la  tutelle  de  son  fils 
qu'il  avoit  confiée  à  ce  prince  par  son  testament.  Or  cet  acte  est  du  moins  de 
l'an  1 191  puisqu'il  déclare  qu'il  l'avoit  fait  entre  les  mains  de  Bernard,  arche- 
vêque de  Narbonne,  qui  mourut  cette  même  année.  Roger  étoit  donc  alors 
en  paix  avec  le  comte  de  Toulouse,  son  beau-père.  11  paroît  qu'il  y  eut 
depuis  quelque  rehoidissement  entre  eux,  puisqu'il  le  regardoit  comme  sus' 
pect  dans  le  temps  de  son  codicille;  mais  ayant  laissé  par  le  même  acte  le 
jeune  comte  de  Toulouse,  son  beau-trère,  pour  tuteur  de  son  fils,  c'est  une 
preuve  que  cette  nouvelle  brouillcrie  n'eût  point  de  suites. 

Pvoger  II  est  encore  plus  connu  dans  l'histoire  de  l'Église  par  son  attache- 
ment à  la  secte  des  albigeois  que  dans  celle  de  la  Province  par  ses  exploits 

■  Voyez  tome  V,  ce.  33  &  36.  '  Voyez  ci-dessus,  n.  XXIV,  pp.  1^0-1411 

'  ArchiY«s  de  l'abbaye  de  Valmagne. 


An 


'94 


~ i:")6  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC,  LIV.  XX. 

An  ii94 

miliiaircs.  On  a  parlé  ailleurs'  de  l'accusation  (ju'on  forme  contre  lui  d'avoir 
embrassé  les  erreurs  de  ces  sectaires;  mais  supposé  qu'il  ait  eu  le  malheur  de 
les  suivre  pendant  quelque  temps,  il  est  du  moins  certain  qu'il  les  avoit 
abandonnées  sur  la  fin  de  ses  jours  8t  qu'il  mourut  catholique.  Outre  le  ser- 
Mi'rp*'"-  r'^ent  &c  les  legs  pie.ux  qu'il  fait  dans  son  codicille,  on  voit  par  cet  acte  qu'il 
étoit  alors  très-uni  avec  tous  les  évoques  de  ses  domaines;  &  on  a  déjà 
remarqué  que  les  chanoines  réguliers  du  monastère  de  Cassan,  où  il  tut 
inhumé,  !e  qualifient  leur  frère, 

XXXVIII.  —  Raïmond-Roger  succède  à  Roger  H,  son  père.  —  Mort 
d'Adélaïde  de  Toulouse^  jemme  de  ce  dernier, 

Pvoger  II  ne  laissa  d'Adélaïde  de  Toulouse,  sa  femme,  que  P\.aimond- 
Pvoger,  son  fils  8<.  son  héritier,  qui  demeura  sous  la  tutelle  de  Bertrand  de 
Saissac  8<  de  ses  autres  tuteurs,  jusqu'à  ce  qu'il  eût  quatorze  ans  accomplis; 
ce  qui  arriva^  à  Pâques  de  l'an  1199.  Il  gouverna  ensuite  ses  domaines  par 
lui-même,  mais  cependant  avec  le  conseil  de  sa  mère,  de  Bernard  de  Pela- 
poul,  viguier  de  Béziers,  &.  des  autres  grands  {p  alïorum  procerum  meorum) 
de  sa  cour,  comme  on  voit  dans  un  acte^  du  mois  d'août  de  l'an  1199.  Ainsi 
Adélaïde  ne  prit  part  qu'après  la  majorité  de  son  fils  à  l'administration  de  ses 
domaines;  car  elle  avoit  été  exclue  de  sa  tutelle  dont  il  paroît  que  le  vicomte, 
son  mari,  l'avoit  d'abord  chargée  par  son  testament,  conjointement  avec  l'an- 
cien comte  de  Toulouse,  son  l^eau-père;  elle  est  en  effet  désignée  assez  clai- 
rement dans  la  clause  du  codicille  par  laquelle  Roger  révoque  tous  les 
tuteurs,  de  quelque  sexe  qu'ils  fiissent,  c[u'il  avoit  établis  par  ce  testament, 
parce  qu'il  les  tenait  pour  suspects.  Adélaïde  ne  mourut  pas  par  conséquent 
en  1193,  comme  un  moderne"*  l'a  avancé  sur  l'autorité  d'un  ancien  auteur 
qui  n'en  dit  rien.  Nous  ignorons  cependant  l'époque  précise  de  sa  mort;  tout 
ce  que  nous  savons  c'est  qu'elle  étoit  déjà  décédéc  au  mois  d'avril  de  l'an  1201, 
&  qu'il  est  marqué  dans  le  nécrologe  du  monastère  de  Cassan^,  où  elle  fut 
apparemment  inhumée  avec  le  vicomte,  son  mari,  qvi'yidêla'ide,  comtesse  de 
Béliers,  mourut  le  20  de  décembre.  Elle  décéda  donc  ou  à  la  fin  de  l'an  1199 
ou  à  la  fin  de  l'année  suivante.  On  a  dit  ailleurs  la  raison  pour  laquelle  elle 
se  qualifioit  comtesse,  tandis  que  son  époux  ne  prenoit  que  la  qualité  de 
vicomte,  car  c'est  mal  à  propos  que  quelques  auteurs^  donnent  à  ce  dernier 
le  titre  de  comte  qu'il  ne  prit  jamais. 

Nous  apprenons  quelques  particularités  d'Adélaïde  de  Toulouse,  femme  du 
vicomte  Roger  II,  dans  la  vie  d'Arnaud  de  Marvoill  ou  Marviell,  poète  pro- 
vençal, laquelle  se  trouve  en  langage  du  pays  dans  deux  manuscrits  de  la 

'  N'oycz  ci-dessus,    liv.  XIX,    n.  l.vxiv,   pp.  8i,  ^  Le  ?,  Anselme,  Histo'nc  gcticalog':(juc  .les  grjn.ls 

C2.  officiers,  t.   2,  p.   688. 

'  Voyez  tome  VII,  Note  XXXIX,  n.  vi,  p.  i  14.  ^  Voyez  tome  V,  Chroniques,  c.  37. 

'  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  LXXI,  ce.  ^t>?>,  '  Catel,    Mémoires   Je   l'histoire   du    LungncJoc, 

/Ji^.  p.  64  &  suiv. 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XX.  iS?   ""; 

'        An  n  54 

bibliothèque  du  roi.  «  Arnaud  de  Marvoill,  dit  l'auteur'  de  cette  Vie,  étoit 
«  né  de  basse  extraction  dans  un  château  de  ce  nom  en  Périgord.  Il  se  fit 
«  clerc;  mais  ne  pouvant  vivre  il  alla  chercher  fortune  parmi  le  monde.  Le 
«  sort  le  conduisit  à  la  cour  de  la  comtesse  de  Burlats,  fille  du  preux  comte 
«  Raimond  Si  femme  du  vicomte  de  Béziers,  lequel  avoit  nom  Tailleferj 
«  comme  Arnaud  faisoit  bien  des  chansons  &  lisoit  des  romans,  cela  plut  à 
«  la  comtesse,  qui  lui  fit  beaucoup  de  bien.  Il  en  devint  amoureux  &  il  fit 
«  des  chansons  en  son  honneur,  sans  oser  toutefois  s'en  déclarer  auteur.  Enfin 
«  il  fit  une  chanson  qui  commence  par  ces  mots  :  La  jranca  captenen-^a,  dans 
«  laquelle  il  découvrit  sa  passion.  La  comtesse  ne  la  désapprouva  pas,  Se  elle 
«  le  combla  de  bienfaits.  Cela  l'encouragea  à  faire  de  nouvelles  chansons 
«  qui  témoignent  qu'il  avoit  de  grandes  qualités  8<.  de  grands  défauts.  »  On 
ajoute  dans  l'autre  manuscrit^  «  que  la  comtesse  de  Béziers,  dont  Arnaud  de 
((  Marviell  devint  amoureux,  étoit  fille  du  bon  Raimond,  comte  de  Toulouse, 
«  &t  mère  du  vicomte  de  Béziers  que  les  François  firent  mourir  lorsqu'ils 
«  l'eurent  pris  à  Carcassonne;  qu'on  appeloit  cette  vicomtesse  comtesse  de 
i(  Burlats,  parce  qu'elle  étoit  née  dans  ce  château  (situé  en  Albigeois  sur 
«  l'Agout,  à  une  lieue  au-dessus  de  Castres);  que  le  roi  Alfonse,  qui  étoit 
«  amoureux  de  la  comtesse,  s'apercevant  de  la  passion  qu'Arnaud  avoit  pour 
«  elle,  en  fut  jaloux  S<.  qu'il  l'obligea  à  le  congédier;  qu'Arnaud  au  désespoir 
«  se  retira  à  la  cour  de  Guillaume  de  Montpellier,  qui  étoit  son  ami  &  son 
«  seigneur,  8<.  qu'il  y  pleura  longtemps  dans  ses  chansons  la  perte  qu'il  avoit 
«  faite.  »  La  chanson  d'Arnaud  de  Marviell  qui  commence  par  ces  mots  :  La 
franca  captenen-^a,  est  dans  le  premier  des  deux  manuscrits^,  mais  non  pas 
le  sonnet  dont  parle  Nostradamus"*,  S;,  qui  commençoit  par  ces  mots  :  Anas 
vous.  Cet  auteur,  qui  tait  Arnaud  de  Meyrveilh,  gentilhomme  provençal  St 
seigneur  en  partie  du  lieu  de  Meyrveilh,  près  d'Aix,  en  Provence,  lui  attribue 
un  traité  intitulé  :  Las  recasteiuis  de  sa  comtessa.  11  se  trompe  également  sur 
le  nom  de  la  comtesse  de  Burlats,  qu'il  appelle  Aléarde,  au  lieu  d'Adélaïde. 
Il  fait  mourir  Arnaud  en  i2;o. 

XXXIX,  —  Hérétiques  chassés  de  Bé-^iers,  —  Troubles  dans  l'abbaye  d'Alet. 

Bertrand  de  Saissac  prit  la  tutelle  de  Raimond-Roger  aussitôt  après  la     td.origin. 

i  oit.  iii^  p.  q3, 

mort  de  Roger  II  &  s'engagea'',  le  4  du  mois  d'août  suivant,  en  qualité  de 
tuteur  du  jeune  vicomie,  tant  en  son  nom  qu'en  celui  de  son  pupille,  envers 
Gaufred,  évêque  de  Béziers,  8c  Etienne  de  Servian  :  1°  A  ne  faire  rien  de 
conséquence,  sans  les  avoir  consultés,  dans  la  ville  de  Béziers  &  son  diocèse, 
8t  dans  celui  d'Agde,  tant  que  cette  tutelle  dureroit.  2°  A  les  protéger  l'un  8<. 
l'autre  avec  leurs  vassaux  Si  leurs  biens,  les  églises  £<  les  clercs.  3°  A  n'intro- 

'  Bibliothèque  du  roi,  m».  7  225.  —  Rochegude,  ^  Nostradamus,  Vie  ,!es  anciens  postes  proveni^aux, 

Parnasse,  p.   i5,  &  Mahn,  p.   147  &  siiiv.  p.  6^>  &  siiiv. 

"  Bibliothèque  du  roi,  ms.  7698.  ''  Tome  VIII,  Chartes,  n.  LXII,  ce.  429  ?.  4"!! . 

'  liid,  ms.  7  22:>. 


An 


'94 


i58  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XX. 

* 

duire  aucun  hérétique  ou  vaudois  clans  la  ville  8c  le  diocèse  de  Béziers  ;  à 
chasser  ceux  qui  pourroient  y  être  St  à  donner  une  entière  liberté  à  ce  prélat 
pour  les  expulser.  4°  Enfin  à  n'établir  avicun  autre  viguier  à  Béziers  que 
celui  qu'ils  approuveroient.  L'évêque  8t  Etienne  de  Servian  promirent  de 
leur  côté  par  serment,  qui  fut  prêté  au  nom  de  ce  prélat  par  Bérenger  de 
Lignan,  à  Bertrand  de  Saissac  Se  au  vicomte,  son  pupille,  de  les  conseiller 
fidèlement  dans  toutes  leurs  affaires  des  diocèses  de  Béziers  &  d'Agde,  8c  de 
les  aider  contre  tous,  à  l'exception  du  comte  de  Toulouse,  de  la  part  de 
l'évêque,  auquel,  ajoute-t-il,  je  suis  tenu  de  garder  la  fidélité.  Le  tuteur  du 
jeune  vicomte  8c  l'évêque  de  Béziers  se  promirent  ensuite  par  un  serment 
réciproque  de  ne  pas  s'ôter  la  ville  de  Béziers  8c  leurs  domaines,  8c  de  s'aider 
l'un  8c  l'autre  envers  tous  8c  contre  tous,  à  l'exception  du  comte  de  Toulouse 
de  la  part  du  prélat.  Enfin  Bertrand  de  Saissac,  étant  dans  le  palais  vicomtal 
de  Bé-^iers,  confirma'  comme  tuteur  du  vicomte  R.aimond-Pv.oger,  en  présence 
de  la  comtesse  Adélaïde,  de  Bérenger  de  Thésan  8c  de  divers  autres  seigneurs, 
le  dénombrement  qui  avoit  été  fait  quelques  années  auparavant  des  droits 
que  l'évêque  8c  le  vicomte  avoient  à  Béziers^. 

Bertrand  de  Saissac  n'usa  pas  toujours  de  modération  dans  le  gouverne- 
ment des  domaines  du  vicomte  Raimond-Roger,  8c  on  lui  reproche  d'avoir 
exercé  de  grandes  violences  dans  l'abbaye  d'Alet  à  l'occasion  suivante.  Pons 
Amelii^,  abbé  de  ce  monastère,  étant  mort  en  1197,  après  avoir  fait  clore  de 
murs  la  ville  d'Alet  8c  l'avoir  environnée  de  fossés,  de  même  que  les  princi- 
paux lieux  de  ses  dépendances,  les  religieux  élurent  dans  les  formes  cano- 
niques pour  lui  succéder  Bernard  de  Saint-Ferréol,  abbé  de  Saint-Polycarpe. 
Cette  élection  déplut  à  Bertrand,  qui  avoit  la  principale  autorité  dans  le 
pavs  en  qualité  de  tuteur  du  jeune  vicomte.  Il  se  rendit  à  Alet,  à  main 
armée,  arracha  le  nouvel  abbé  de  son  siège  avec  effusion  de  sang,  le  fit  ren- 
fermer dans  une  étroite  prison  8c  l'y  retint  durant  trois  jours.  Il  fit  mettre 
cependant  le  cadavre  de  Pons  Amelii  dans  la  chaire  abbatiale,  8c  fit  procéder 
à  une  nouvelle  élection  par  quelques  religieux  qu'il  gagna,  après  avoir  obligé 
les  autres  à  prendre  la  fuite.  Les  factieux  élurent  Bozon,  qui,  appuyé  du 
crédit  de  ce  seigneur,  disputa  l'abbaye  à  Bernard  de  Saint-Ferréol.  Leur 
querelle  fut  d'abord  portée  devant  Bérenger,  évêque  de  Carcassonne,  qui, 
convaincu  de  l'intrusion  de  Bozon,  mais  craignant  d'encourir  la  disgrâce  du 
vicomte,  n'osa  juger  cette  affaire  8c  la  renvoya  à  Bérenger,  archevêque  de 
Narbonne,  son  métropolitain.  On  prétend  que  ce  dernier,  gagné  par  une 

■  Catel,   Mémoires   de  l'histoire   du    Languedoc,  conséquence   directe  de  l'une  des  clauses  du  testa- 

p.  644  &  suiv.  ment  de  Roger  II,  qui  instituait  dans  chacune  de 

*  L'acte   que  dom  Vaissete  vient   d'analyser  est  ses  vicomtes  un  conseil   de  régence;   Bertrand  de 

en   somme   une   renonciation  à  peu  près  complète  Saissac  n'était   pas  assez  fort  pour  faire   prévaloir 

du  vicomte  &  de  son  tuteur  à  leurs  droits  de  sou-  son  autorité  à  Béziers.  Cet  affaiblissement  du  pou- 

veraineté.  La  ville  de  Béziers  paraît  dès  lors  s'être  voir  vicomtal    fut    peut-être    l'une   des  causes   du 

eouvernée  d'une   manière   presque   indépendante,  facile  triomphe  des  croisés  en   1209.  [A.  M.] 

8c  le   pouvoir  de  l'évêque  y  devint  d'autant   plus  '  Archives  de  l'abbaye  d'Alet. 
grand.  Remarquons   d'ailleurs  que  cet   acte   est  la 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XX.  i5n  -~ 

1        An  I  194 

somme  considérable  que  Bozon  lui  compta,  bénit  cet  intrus,  qui,  peu  de 
temps  après,  engagea  la  plupart  des  domaines  de  son  abbaye  pour  subvenir 
aux  dépenses  qu'il  avoit  faites  en  l'achetant  [pro  mercatits  abhatiae).  11  l'en- 
detta si  considérablement  qu'à  peine  au  bout  d'une  année  y  avoit-il  de  quoi 
entretenir  quelques  religieux.  Enfin  il  tint  une  conduite  très-peu  régulière 
Se  favorisa  ouvertement  les  hérétiques  du  pays. 

XL.  —  Accord  entre  le  comte  de  Toulouse  6"  le  seigneur  de  Montpellier. 
——'■'*"  Murailles  de  Nimes. 

Raimond  V,  comte  de  Toulouse,  ne  survécut  pas  longtemps  au  vicomte 
Roger,  son  beau-fils.  Il  donna'  en  fief,  en  qualité  de  comte  de  Melgueil, 
le  29  de  mai  de  l'an  1194,  le  château  de  Frontignan  à  Guillaume  VIII,  sei- 
gneur de  Montpellier,  qui  lui  en  fit  hommage,  avec  promesse  de  le  servir 
contre  tous,  depuis  le  Rhône  jusqu'à  l'Hérault.  Il  céda  en  mênie  temps  à 
Guillaume  tous  les  droits  qu'il  pouvoit  avoir  sur  le  château  d'Omelas  &  sur 
ses  dépendances.  Les  évêques  de  Lodève,  d'Agde  &  de  Maguelonne,  Ber- 
nard, seigneur  d'Anduze,  Etienne  de  Servian,  Guillaume  de  Sabran,  Ros- 
taing,  son  fils,  Raimond  Rascas,  seigneur  d'Uzès,  &C.,  furent  présens  à  cet 
acte.  Guillaume  de  Montpellier  promit  de  son  côté^,  par  serment,  au  comte 
de  Toulouse,  de  n'exiger  à  l'avenir  aucun  nouvel  usage,  péage,  ni  guidage  éJ  origin. 
dans  tout  le  pays  de  Substantion;  &  le  comte  jura  d'observer  toutes  les  pro- 
messes qu'il  avoit  faites  à  ce  seigneur. 

Raimond  se  rendit  ensuite  à  Nimes,  où  il  accorda  aux  habitans  de  cette 
ville,  le  14-*  de  septembre  suivant,  la  permission  de  la  clore  de  murs  8<.  de 
fossés,  avec  la  jouissance  des  mêmes  immunités  pour  les  frais  de  justice  dont 
jouissoient  ceux  du  château  des  Arènes.  On  prétend  '*  que  Nimes  étoit  demeuré 
sans  murailles  depuis  que  Charles  Martel  les  avoit  fait  abattre.  Quoi  qu'il  en 
soit,  celles  qui  environnent  aujourd'hui  cette  ville  furent  construites  après 
la  concession  de  Raimond  V,  comte  de  Toulouse,  dont  nous  venons  de 
parler^. 

'  Tome  V'III,  Chnrteâ,  n.  LXI,  ce.  418,  429.  Bernard-Arnaud  un  local,  situé  près  de  l'église  de 

'  D'Achéry,  Spic'ilegium,  t.   lo,  p.   172  &  seq.  la  Dalbade,  à  Toulouse,  pour  y  établir  un  marché 

'  Archives  de  l'hôtel  de  ville  de  Nimes.  de  viande  de    boucherie.    Le   comte   se  réserva    un 

*  Gautier,  jinlK/uités   de    Nimes.  —  Voyez    cet  cens  annuel  de  douze  deniers  toulousains  sur  cha- 

acte    dans  Ménard,  Histoire  de   Nimes,   t.    I,   pr.  que  étal  &  un   arrière-acapte   de  six  deniers  fCf. 

p.  40  &   suiv.j   &   ihid.   1.    ?>,   p.    248  &  suiv.  Ces  Teulet,    Layettes  du   Trésor,    t.   i,    p.   176;    d'après 

murs  furent  construits  en  grande  partie  sur  l'em-  J.   33o,   n"'  6  &  40).  —  Un   an  auparavant,   en 

placement  des   anciens   murs    romains.  —  Par   la  décembre    1192,    le  même  avait  autorisé  la  cons- 

mêrae   charte,  le  comte  accorda   aux   habitants  la  truction    de    seize   moulins    sur    les    bords    de    la 

jouissance  des  privilèges  possédés  par  les  bourgeois  Garonne,    moyennant   un   cens   annuel    de  douze 

des  Arènes,  notamment   pour  les  frais  de  justice,  deniers  &  quelques   légères    prestations.  Le  comte 

dont   ils  furent  ext  :'.;->is  dans   tous   leurs  procès,  s'engagea   à   ne    point  laisser    construire    d'autres 

tant  avec  les  chevaliers  des  Arènes  qu'avec  les  cha-  moulins    sur    la    Garonne,    depuis   Portet  jusqu'à 

noines  de  la  cathédrale.  [A.  M.]  Blagnac  (Teulet,  ut  supra,   p.  169,  d'après  J.  33o, 

'  Vn    peu   auparavant,    le    lû    février    1194,    le  n.  ;).  Voir  ihid.   p.   177,   un  acte  du   i,5  mai    1194 

même  seigneur  avait  concédé  en  fief  à  un  certain  relatif  à  cette  dernière  affaire).  [A.  M.] 


An  1  iy4 


i6o  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XX. 


XLI.  —  Mort  de  Raimond  V,  comte  de  Toulouse,  —  Son  éloge. 

RaimondV mourut'  à  Nimes,  âgé  de  soixante  ans,  vers  la  fin  de  l'année,  Se 
fut  inhumé  dans  le  cloître  de  la  cathédrale  où  on  voyoit  autrefois  son  tom- 
beau; mais  il  n'en  reste  plus  aucun  vestige  depuis  la  destruction  de  cette 
église  par  les  prétendus  réformés.  On  y  voit  seulement  l'épi taphe  de  Pons^, 
frère  naturel  de  ce  prince,  qui  y  fut  inhumé  en  i2o3.  C'est  tout  ce  que  nous 
savons  des  circonstances  de  la  mort  de  Pvaimond  V,  duc  de  Narbonne,  comte 
de  Toulouse  &  marquis  de  Provence.  Il  étoit  alors  de  retour  d'un  pèlerinage, 
si  on  peut  s'en  rapporter^  à  Aymeric  de  Peyrat,  abbé  de  Moissac,  qui  a  écrit 
vers  la  fin  du  quatorzième  siècle  la  chronique  de  son  monastère.  «  11  est  à 
«  savoir,  dit  cet  auteur,  que  le  seigneur  de  Monte  incensi,  abbé-chevalier  de 
«  Moissac,  voulant  aller  visiter  la  Terre-Sainte,  engagea,  étant  à  Montcuq, 
«  en  Querci,  pour  un  certain  prix,  l'abbaye  militaire  à  Raimond,  comte  de 
«  Toulouse,  fils  d'Alfonse.  Bernard  n'étant  pas  revenu  d'Orient,  le  comte 
«  Raimond  fut  le  premier  abbé-chevalier  de  Moissac,  à  cause  de  cet  engage- 
«  ment.  Ce  prince  avoit  épousé  madame  Constance,  fille  du  roi  de  France, 
«  Se  il  fut  inhumé  dans  la  ville  des  Arènes  de  Nimes,  à  son  retour  de  son 
(1  pèlerinage.  Il  mourut,  ajoute-t-il,  en  iiqS.  »  Mais  cet  auteur  se  trompe  sur 
cet  article,  car  Raimond  décéda  certainement  en  1194. 

Un  ancien  historien"*  fait  un  grand  éloge  de  ce  comte,  qu'il  représente 
comme  un  prince  qui  s'acquit  une  grande  réputation  de  bravoure.  «  Rai- 
«  mond,  dit  un  autre  auteur  du  temps^,  petit-fils  par  Alfonse,  son  père,  du 
«  très-illustre  Raimond  de  Toulouse,  que  le  vulgaire  appelle  comte  de  Saint- 
«  Gilles,  étoit  aussi  recommandable  par  ses  exploits  militaires  que  par  sa 
a  prudence,  son  affabilité  8c  sa  grandeur  d'âme  :  égal  aux  rois,  S<.  supérieur 
«  aux  ducs  8c  aux  comtes,  il  soutint  pendant  très-longtemps  la  guerre  contre 
«  Henri  II,  dit  le  Vieux,  roi  d'Angleterre,  8t  contre  Raimond-Bérenger, 
«  comte  de  Barcelone,  qui  ne  cessèrent  de  le  harceler.  Il  fut  toujours  vain- 
«  quetir  de  ces  princes,  parce  qu'il  prévint  si  bien  par  sa  sagesse  les  desseins 
«  qu'on  formoit  contre  lui  qu'il  les  fit  tous  échouer.  Dans  le  temps  même 
K  qu'il  paroissoit  devoir  succomber  81  être  hors  d'état  de  résistera  ses  ennemis 
11  qui  étoient  les  plus  forts,  il  leur  enlevoit  la  victoire  par  son  génie  8c  sa 
K  dextérité.  »  Cet  auteur  ajoute  «  que  Raimond,  ayant  un  jour  épuisé  sls 
ic  finances  pour  soutenir  le  poids  de  la  guerre,  8c  n'ayant  plus  de  quoi  sou- 
ci doyer  ses  troupes,  s'empara  de  l'abbaye  de  Saint-Gilles  8c  du  trésor  de 


'  Rigord,  de  Gestis  Philippi  Augusù,^.  38.  —  '  Msj.    de    Colhert,   n.  2  835,    f  167.    [Aiij.    Int. 

Guillelmus  de  Podio  Laurentio,  c.  5.  —  Chroiticon  .J991A.J    —  Baliize,    Historia    ccclaiae    Tutclcm:.', 

anonymum,  apud  Catel,  Histoire  des  comtes  de  To-  p.  5o. 

lose,  p.    160.    [C'est  la   Chronique  dite    de  Saint-  '  Guillelmus  de  Podio  Laurentio,  C/irom'con,  c.  5. 

Sernin,   publiée   par   M.  Em.  Mabille,    tome  V,  '^  Gervasius  Tilberiensis,   Otia    impcrialia ,  dans 

c,  5o.]  Leibniiz,    Rerum    Brunsvicensium ,    t.     i,   p.    999; 

'  Voyez  tome  VU,  Note  XI,  pp.  28,  29.  t.  2,  p.  7?3. 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XX.  i6l 


An  1194 


i<  l'église,  qui  ctoit  fort  riche  à  cause  des  grandes  offrandes  des  pèlerins  qui 

Il  visitoient  ce  monastère.  Le  comte,  continue-t-il,  fut  aussitôt  excommunié 

u  pour  cette   entreprise.   Hugues,  abbé   de    Bonneval,   dans    le   diocèse   de 

Il  Vienne,  de  l'ordre  de  Cîteaux,  religieux  d'une  vie  exemplaire,  se  rendit 

u  alors  à  Saint-Gilles  pour  le  reprendre  de  son  action  &  le  porter  à  la  péni- 

II  tence.  Le  saint  abbé  célébra  la  messe  &,  après  qu'il   l'eut  finie,  il  s'avança 

Il  revêtu  des  habits  sacerdotaux  jusque  sur  le  seuil  de  la  porte  de  l'église,  où 

«  le  comte  s'assit  à  ses   pieds,   environné  de   tous   les  grands  de  'sa  cour  & 

«  d'une  foule  de  peuple.  Hugues,  ayant  fait  silence  de  la  main,  prêcha  sur 

«  la   communion   des   saints   avec  beaucoup  de  force  8c  d'éloquence.   Pour 

«  donner  des  preuves  de  la  vérité  de  la  communion  ecclésiastique  &  de  la 

«  peine  de  l'excommunication,  il  fit  apporter  un  pain  tout  chaud,  qu'il  prit, 

<i  qu'il  montra  à  ses  auditeurs  Se  dont  il   leur  fit  admirer  la  blancheur.  Il 

«  excommunia  ensuite  ce  pain  avec  les  cérémonies  ordinaires  8c  le  rompit  j 

«  mais  aussitôt  il   exhala  une  odeur  insupportable  8c  se  réduisit  en  pourri- 

«  ture.  Il  prend  après  le  même  pain,  l'absout  8c  lève  l'excommunication,  8c     hj- ongm, 

<i  dans  l'instant  le  pain  reprend  la  blancheur  8c  la  saveur  qu'il  avoit  aupa- 

II  ravant.  Le  comte,  surpris  d'un  tel  miracle,  se  jette  aux  pieds  du  vénérable 

Il  abbé  fondant  en  larmes,  reconnoît  sa  faute,  restitue  à  l'abbaye  de  Saint- 

«  Gilles  ce  qu'il  avoit  enlevé,  se  soumet  à  la  pénitence  qu'il   lui   impose  St 

(i  est  rétabli  dans  la  communion  de  l'Eglise  par  ce  saint  personnage'.  » 

Quoi  c[u'il  en  soit  de  la  vérité  de  ce  prodige,  on  voit  du  moins  par  là  que 
si  Raimond  ne  fut  pas  exempt  de  fautes,  il  fut  docile  à  les  réparer,  8c  qu'il 
écoutoit  volontiers  ceux  qui  l'en  reprenoient.  On  ne  sauroit  disconvenir,  en 
effet,  que  ce  prince  n'ait  mêlé  quelques  défauts  à  de  très-grandes  qualités  j  8c 
on  peut  lui  reprocher  entre  autres  la  répudiation  de  la  princesse  ou,  comme 
on  l'appeloit  alors,  de  la  reine  Constance,  sa  femme,  8c  peut-être  aussi  un 
penchant  trop  fort  pour  l'autre'  sexe.  Quant  au  progrès  que  les  hérétiques 
firent  de  son  temps  dans  la  Province,  les  guerres  continuelles  qui  l'occu- 
pèrent presque  depuis  son  enfance  8c  qui  l'engagèrent  à  appeler  un  grand 
nombre  de  routiers  d'Espagne  dans  la  Province  où  ils  portèrent  la  désolation, 
ne  lui  permirent  pas^  d'y  apporter  tout  le  remède  convenable,  soit  pour  le 
bien  de  l'Eglise  en  général,  soit  pour  ses  propres  intérêts  8c  ceux  de  ses  suc- 
cesseurs en  particulier.  On  a  vu  cependant  qu'il  témoigna  un  grand  zèle 

'  Dom  Vaissete  aurait  pu  laisser  cette  anecdote  tés  contribuèrent  à  irriter  Innocent  III  contre  le 

dans    l'ouvrage   de  Gervais  de  Tilbury;   elle  n'est  comte,  dont  les  entreprises  étaient  parfois  quelque 

point  déplacée  au  milieu  de  toutes   les  historiettes  pfti  téméraires.  [A.  M.J 

qui  remplissent  cet  ouvrage,  d'ailleurs  si  curieux.  '  Pierre   de  Vaux-Cernay,    c.    4.  —    II   faut  se 

Le  fait  est  qu'avant  l'an   1196  on  ne  voit  pas  que  tenir  en  garde  contre  cet  auteur,  qui  est  trop  en- 

l'abbé    de   Saint-Gilles    ait  eu   à   se    plaindre  du  nemi  du   comte  de  Toulouse  &  trop  violent  pour 

comte  de  Toulouse   (t.  V,  c.  171g,   n.  77,  &  plus  n'avoir  jamais  dit   que   la    stricte  vérité.    Remar- 

bas,   n.  78),   &   a  celte  date  le  comte  de  Toulouse  quons  en   outre  que,   dans    le  cas   présent,    il   ne 

était  Raimond  VI.  On    peut  voir  dans  cette  Ion-  parle  que  par  ouï-dire.  [A.  M.] 
gue  lutte  entre  les  papes  8t  ce  dernier  prince  pour  '  Guillelmus    de    Podio    Laurentii,    Chronicon, 

i'abbaye  de  Saint-Gilles   une  des  causes   indirectes  c.  6. 
de  la  guerre  des  albigeois;   du   moins  ces  difficul- 

VI.  H 


A-.1 


194 


102  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XX. 

pour  la  conversion  de  ces  sectaires,  &.  qu'il  ne  négligea  rien  entre  autres 
pour  favoriser  la  mission  que  le  cardinal  de  Saint-Chrysogone  entreprit  à 
Toulouse  en  1178.  Nous  savons'  de  plus  c[u'il  publia  une  ordonnance  très- 
sévère  contre  eux,  par  laquelle  il  condamna  également  au  supplice  tous  ceux 
qui  seroient  troitvés  dans  Toulouse  Si  ceux  qui  les  auroient  reçus  chez  eux, 
&  confisqua  les  biens  des  uns  Si  des  autres,  en  sorte  que  plusieurs  furent 
brûlés  viîs.  Nous  avons  enfin  divers  monumens  de  la  piété  de  Raimond  : 
outre  les  donations  qu'il  fit  k  l'abbaye  de  Bonnecombe,  en  Rouergue,  qui  le 
regarde  comme  son  fondateur,  il  exerça  de  grandes  libéralités^  envers  celle 

t>  f  i  CD 

de  la  Garde-Dieu,  en  Querci,  accorda  divers  privilèges  à  plusieurs  autres 
61  confirma-*,  sous  le  règne  de  Louis  le  Jeune,  la  donation  que  le  comte, 
son  père,  avoit  faite  à  la  cathédrale  d'Albi,  de  l'église  de  Vieux,  en  Albi- 
geois. 

La  ville  de  Toulouse  a  des  obligations  singulières  à  Raimond  V  qui  lui 
accorda  de  grands  privilèges  81  rendit  plusieurs  ordonnances  pour  le  règle- 
ment de  sa  police.  Les  autres  villes  de  ses  domaines,  en  particulier  celle  de 
Nimes,  lui  furent  également  redevables  :  tout  cela  prouve  la  douceur  de  son 
gouvernement.  Un  moderne"*  prétend  que  le  roi  Louis  le  Jeune,  en  mariant 
Constance,  sa  sœur  unique,  avec  ce  prince,  l'honora  de  la  dignité  de  pair  de 
France  :  il  seroit  à  souhaiter  que  cet  auteur  eût  donné  des  preuves  d'une 
pareille  concession.  Ce  qu'il  y  a  de  vrai,  c'est  que  les  comtes  de  Toulouse  ne 
parvinrent  ni  plus  tôt  ni  plus  tard  à  la  dignité  de  pair  de  France  que  les 
autres  cinq  princes  laïques  qui  en  turent  revêtus  comme  eux.  Nous  parlerons 
ailleurs^  de  cette  matière. 

XLIL  —  Poètes  provençaux  célèbres. 

Jamais  la  poésie  provençale  ne  fut  en  si  grand  honneur  que  du  vivant  de 
R.aimond  V,  Si  jamais  aucun  prince  ne  favorisa  tant  que  lui  ceux  qui  la 
cultivoient.  Il  est  aisé  de  s'en  convaincre  par  deux '^  anciens  manuscrits  de  la 
Bibliothèque  du  roi  qui  renferment  la  vie  81  les  ouvrages  des  poètes  proven- 
çaux, Si  où  il  est  très-souvent  parlé ^  du  bon  Raimond,  comte  de  Toulouse, 
qui  est  notre  Raimond  V.  PLntre  les  poètes  qui  vécurent  de  son  temps,  les 
plus  célèbres  furent  Bernard  de  Ventadour,  Pierre-Roger,  Pierre  Vidais ^ 
Pierre-Raimond  Si.  Hugues  Brunens.  Nous  avons  déjà  parlé  ailleurs  des  deux 
premiers;  nous  rapporterons  ici  les  principales  circonstances  de  la  vie  des 
trois  autres,  Si  nous  ne  ferons  que  traduire  le  texte  de  l'auteur  provençal. 

'  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  CV,  c.  6i3.  nous  discutons  la  question  à  nouveau.  Rappelons 

'  G  allia    Christiana  ,    ncv.    edlt.    t.     i,    p.    |85,  que  le  comte  de  Toulouse  ne  paraît  comme  pair  du 

Instrum.   p.  47.  royaume  que  dans  des  auteurs  peu  surs  ou  posté- 

'  Catel,  Histoire  des  comtes  de  Tolose,  p.  10.  rieurs,  &  que  dom  Vaissete  donne  à  cette  question 

■*Besse,  Histoire  des  ducs,   mart/uis   &   comtes  de  une  importance   qu'il    nous   est  impossible  de   lui 

Narbonne,  p.  Siy.  reconnaître.  [A.  M.] 

'  Voyez   tome  VII,  Note  XXVI,  p.  74  &  suiv.,  "  Bibliothèque  du  roi,  mss.   7225  &  7698. 

&  surtout  ÏA  Note  additionnelle,  p.  78  &  suiv.   où  '  Voyez  tome  III,  1.  XVIII,  n.  lxxx,  p.  i(><). 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XX.  i63 


An  1 194 


«  Pierre  Vidal  ou  Vidais  naquit  à  Toulouse  d'un  marchand  pelletier.  Il  ' 
se  distingua  autant  par  sa  voix,  qui  étoit  des  plus  belles,  que  par  ses  extra- 
vagances. Il  faisoit  des  vers  avec  beaucoup  de  facilité  5  mais  il  étoit  extrê- 
mement médisant.  Un  chevalier  de  Saint-Gilles,  de  la  femme  duquel  il  avoit 
fait  entendre  qu'il  étoit  amoureux,  lui  rit  couper  la  langue.  Hugues  de 
Baux  eut  soin  de  le  faire  panser;  &  ayant  été  guéri  il  alla  outre-mer,  d'où 
il  amena  une  grecque  qu'il  avoit  épousée  en  Chypre.  On  lui  fit  accroire 
que  cette  femme  étoit  nièce  de  l'empereur  de  Constantinople  Se  que  l'em- 
pire d'Orient  lui  appartenoit.  Il  se  persuada  si  bien  ces  chimères  qu'il  ,^i'ii°''|f'gû. 
employa  tout  son  bien  à  équiper  quelques  barques  pour  aller  conquérir  cet 
empire,  &  qu'il  eut  la  folie  de  prendre  les  armes  impériales  ik  de  se  faire 
appeler  empereur  8c  sa  femme  impératrice.  Une  autre  de  ses  folies  étoit  de 
se  croire  bienvenu  de  toutes  les  dames  qui,  pour  se  divertir,  faisoient  sem- 
blant d'avoir  de  l'amitié  pour  lui.  11  se  croyoit  être  le  meilleur  chevalier 
du  monde,  &  il  ne  marchoit  qu'à  la  tête  d'une  quadrille  impériale.  Il 
demeura  quelque  temps  à  Marseille  où  il  devint  amoureux  d'Adélaïde, 
femme  de  Barrai,  seigneur  de  cette  ville,  laquelle  se  rit  longtemps  de  son 
extravagance.  Il  se  rendit  ensuite  à  Gênes,  d'où  il  passa  la  mer  avec 
Richard,  roi  d'Angleterre,  qu'il  suivit  à  son  expédition  d'Orient,  sur 
laquelle  il  fît  plusieurs  chansons.  Il  revint  à  Marseille,  où  il  apprit  la  mort 
du  bon  comte  Raimond  de  Toulouse  ;  il  en  fut  si  affligé  qu'il  fît  couper  les 
oreilles  Se  la  queue  à  tous  ses  chevaux.  Si  raser  la  tête  à  tous  ses  domes- 
tiques qui  laissèrent  croître  la  barbe  8t  les  ongles.  Il  vivoit  dans  ce  deuil 
extraordinaire  lorsque  le  roi  d'Aragon  arriva  en  Provence  accompagné  de 
ses  barons,  entre  lesquels  étoit  Arnaud  de  Castelbon.  Ce  prince  obligea 
Pierre  Vidais  à  quitter  le  deuil,  à  se  réjouir  Se  à  taire  de  nouvelles  chan- 
sons. Le  poète  obéit  8c  fît  la  cour  à  deux  dames,  savoir  :  à  Raimonde  de 
Bioil,  femme  de  Guillaume  Pvostaing,  seigneur  de  Bioil,  en  Provence,  8c 
à  Étiennette,  femme  du  seigneur  de  Penautier,  dans  le  Carcasses,  qu'on 
nommoit  la  Louve  de  Penautier,  8c  qui  étoit  née  en  Cerdagne.  Pierre, 
pour  l'amour  de  cette  dernière,  prit  le  nom  de  Loup,  mit  un  loup  dans  ses 
armes,  se  revêtit  d'une  peau  de  loup  8c  se  fit  chasser  comme  un  loup  dans 
la  montagne  de  Cabarets,  par  les  bergers,  les  mâtins  8c  les  lévriers,  qui  le 
poursuivirent  un  jour  si  vivement  qu'on  fut  obligé  de  l'emporter  à  demi- 
mort  dans  la  maison  de  la  Louve  de  Penautier.  Cette  dame  8c  son  mari  se 
réjouirent  beaucoup  de  cette  aventure  :  ils  firent  cependant  traiter  Pierre 
Vidais  qui,  étant  rétabli,  se  mit  au  service  du  roi  d'Aragon,  lequel  prit 
soin  de  lui'.  »  On  trouve  dans  les  manuscrits  dont  on  a  déjà  parlé  une 
vingtaine  de  chansons  ou  pièces  de  vers  de  la  façon  de  ce  poète  qui  y  fait 
mention  d'Altonse,  roi  d'Aragon,  de  Rainier  de  Marseille,  d'Aymeri,  roi  de 
Hongrie,  du  comte  de  Poitiers,  «  qui  avoit  recouvré,  dit-on,  les  domaines 

'  [Rochegude,    Parnasse,  pp.   178,  180,   8c  Mahn,   pp.   ii6   à   219.   Ce  dernier  a   publié  vingt-trois 
pièces  ii  c;  poêle.] 


An  1 194 


iGa  histoire  générale  de  LANGUEDOC.  LIV.  XX. 


«  que  ses  prédécesseurs  avoient  perdus;  »  de  Pvichard,  roi  d'Angleterre,  de 
Pierre,  roi  d'Aragon,  de  la  guerre  des  Pisans  contre  les  Génois,  &  de  la 
victoire  que  les  premiers  avoient  remportée  sur  les  autres.  Il  se  qualifie,  dans 
ces  ouvrages,  chevalier  d'Alfonse,  roi  de  Castille.  Jean  de  Nostradamus' 
a  écrit  sa  vie  parmi  celles  des  poètes  provençaux  qu'il  a  données.  Il  lui 
attribue  un  traité  intitulé  ;  La  maneyra  de  retirar  sa  lengita.  Il  prétend, 
sans  preuve,  qu'il  fit  son  voyage  d'outre-mer  en  1227  8<.  qu'il  mourut  deux 
ans  après. 

«  Pierre-Raimond,  fils  d'un  bourgeois  de  Toulouse,  étoit  fort  sage  &  spi- 
«  rituel.  Il  se  fit  jongleur,  sut  très-bien  trouver  81  chanter.  Si  fit  de  très- 
«  bonnes  chansons.  Il  passa  la  plus  grande  partie  de  sa  vie  à  la  cour  d'Al- 
«  fonse  II,  roi  d'Aragon,  ou  à  celle  du  bon  comte  Raimond,  ou  enfin  auprès 
«  de  Guillaume  de  Montpellier  :  il  se  maria  à  la  fin  de  ses  jours  à  Pamiers^, 
«  où  il  mourut-'.  « 

Jean  de  Nostradamus"*  parle  d'un  poëte  de  même  nom,  natif  de  Toulouse  : 
il  le  surnomme  lou  Proux  ou  le  Vaillant,  8c  prétend  qu'il  se  rendit  aussi 
recommandable  par  ses  exploits  que  par  ses  vers  :  «  Il  fut,  dit-il,  à  la  guerre 
«  de  Syrie  contre  les  infidèles  avec  l'empereur  Frédéric,  où  il  composa  81  dicta 
«  plusieurs  belles  chansons  qu'il  adressa  à  Jausserande  del  Puech,  de  noble 
«  81  ancienne  maison  de  Toulouse.  »  Il  ajoute,  sur  l'autorité  du  Mongé  des 
îles  d'Or,  que  Pierre-P».aimond  fit  plusievirs  chansons  en  rime  provençale 
qu'il  adressa  à  une  dame  de  la  maison  de  Codollet,  au  retour  de  la  guerre. 
Ce  poëte,  dit-il,  écrivit  un  traité  contra  l'errour  dels  arrians,  c'est-à-dire 
contre  les  hérétiques  albigeois,  «  81  un  autre  contre  la  tyrannie  des  princes, 
«  81  même  de  ce  que  les  rois  de  France  Se  les  empereurs  se  sont  laissés  assu- 
«  jettir  aux  curés;  il  fleurissoit  du  temps  dudit  Frédéric  empereur.  Se  enfin 
«  il  mourut,  vers  l'an  1225,  à  la  guerre  qui  étoit  alors  entre  les  comtes  de 
«  Provence  &  de  Toulouse.  »  On  croiroit  sur  ce  témoignage  que  Pierre- 
iid.origin.  Raimond,  dont  il  est  parlé  dans  la  Vie  manuscrite  des  poètes  provençaux, 
est  le  même  que  celui  dont  Nostradamus  fait  mention;  mais  il  y  a  lieu  d'en 
douter,  car,  de  treize  chansons  de  la  façon  de  ce  poëte,  rapportées  dans  le 
manuscrit,  il  n'y  en  a  aucune  qui  commence  par  les  mêmes  mots  que  celles 
qui  lui  sont  attribuées  par  Nostradamus,  lequel  en  rapporte  les  premières 
strophes. 

«  Hugues  Brunencs,  natif  de  Rodez,  dans  la  seigneurie  du  comte  de  Tou- 
«  louse,  embrassa  l'état  ecclésiastique  &  s'appliqua  aux  belles-lettres.  Il  se 
«  fit  jongleur  8<  se  rendit  très-habile  à  trouver  ;  mais  il  ne  composa  pas  le 
«  chant  de  ses  chansons.  Il  vécut  avec  le  roi  d'Aragon,  le  comte  de  Toulouse, 
«  le  comte  de  Rodez,  son  seigneur,  Bernard  d'Anduze  Se  le  dauphin  d'Au- 
«  vergne.  Il  devint  amoureux  d'une  bourgeoise  d'Aurillac,  nommée  madomna 
«  Galiène,  qui  méprisa  sa  passion.  Le  comte  de  Rodez  le  congédia,  8e  il  en 

'  Nostradamus,  PoSles  provençaux,  p.  97  &  suir.  '  [Rochegude,  Parnasse,  p.  19,  &  Mahn.p.  i33, 

°  Il  y  a    Pomlers  dans   le  manuscrit.    [Note   Je       Ce  dernier  donne  quatorze  pièces  de  cet  auteur.] 
dom  Faissete,]  ■*  Nostradamus,  Poètes  provençaux,  p.  75,&suiv, 


ÎHSTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XX.  i65 

«  fut  si  chagrin  c[u'il  se  fit  religieux  dans  l'ordre  (ou  le  monastère)  de 
«  Strozza.  »  Nostradamus  rapporte  un  peu  différemment  la  vie  de  ce  poëte. 

Parmi  les  autres  poètes  provençaux  qui  se  rendirent  célèbres  du  temps  de 
Raymond  V,  comte  de  Toulouse,  &  dont  il  est  parlé  dans  les  anciens  manus- 
crits que  nous  avons  cités,  on  trouve  : 

1°  Pierre  d'Auvergne',  né  dans  le  diocèse  de  Clermont,  du  vivant  du 
dauphin  d'Auvergne  :  il  fut  réputé  le  meilleur  troubadour  jusqu'à  Guiraud 
de  Borneil. 

2°  Arnaud  d'Aniels,  gentilhomme  de  Ribeyrac,  en  Périgord,  qui  aban- 
donna les  lettres  pour  se  faire  jongleur.  Nostradamus*  a  écrit  sa  vie  au  long. 

3°  Peyrols,  né  dans  un  château  de  ce  nom^,  en  Auvergne,  dans  le  pays 
du  dauphin,  auprès  de  Rocafort.  C'étoit  un  pauvre  chevalier  qui  se  fit  jon- 
gleur, {k  devint  amoureux  de  Sail  de  Claustra,  femme  de  Béraud  de  Mer- 
cœur'*,  sœur  du  dauphin  d'Auvergne^.  Il  se  maria  à  Montpellier  Si  y  mourut. 

4"  «  Pons  de  Capdueil,  natif  du  Vêlai,  riche,  bien  fait,  bon  chevalier 
<(  d'armes,  beau  parleur,  galant  &  sachant  également  bien  trouver,  v'wloner 
«  6-  chanter.  Il  s'attacha  à  Adélaïde,  femme  de  Noisil  de  Mercœur  8<  fille  de 
(I  Bernard  d'Anduze,  qui  étoit  un  honnête  baron  de  la  Marche  de  Provence, 
«  Il  fit  plusieurs  chansons  en  l'honneur  de  cette  dame;  &  leur  amour  fut 
«  célébré  dans  le  pays  par  plusieurs  belles  courts  5c  diverses  joutes.  11  la 
(1  quitta  pour  aller  en  Provence  à  la  cour  de  Naudiats,  femme  du  seigneur 
«  de  Marseille.  Il  voulut  ensuite  retourner  auprès  de  la  dame  de  Mercœur, 
<i  mais  elle  refusa  ses  services.  Cela  l'engagea  à  aller  à  la  cour  |de  madame 
(i  Marie  de  Ventadour  Se  à  celles  de  la  comtesse  de  Montferrand,  &  de  la 
«  vicomtesse  d'Aubusson.  Il  revint  enfin  auprès  de  la  dame  de  Mercœur  qu'il 
«  ne  quitta  plus.  Après  la  mort  de  cette  dame,  il  se  croisa  &  alla  outre-mer 
«  où  il  mourut.  »  On  trouve  dans  les  manuscrits  de  la  Bibliothèque  du  roi 
quinze  poèmes  ou  chansons  de  sa  façon,  entre  lesquelles  il  y  en  a  une  qui 
est  fort  pieuse,  &  qu'il  composa  lorsqu'il  étoit  à  la  guerre  contre  les  Sarra- 
sins. Il  est  représenté,  dans  la  vignette  du  manuscrit,  à  cheval,  armé  d'un 
bouclier  !k  d'une  lance.  Le  bouclier,  qui  est  fait  en  triangle,  arrondi  par  les 
deux  côtés  d'en  bas,  est  un  champ  d'argent  chargé  d'un  écu  de  gueules''. 

5°  "  Guillaume  de  Saint-Leidier  ou  Dizier,  natif  aussi  de  Vêlai,  S<  châte- 
<■  lain  de  Veillac  ou  Noaillac,  dans  le  même  pays,  se  fit  généralement 
«  honorer,  aimer  8<  estimer.  Il  étoit  bon  chevalier  d'armes,  libéral,  bien  ins- 
«  truit,  poli,  civil  Se  galant.  11  fit  la  cour  à  Marquise,  temme  du  vicomte  de 
«  Polignac,  8<.  sœur  du  dauphin  d'Auvergne  Se  d'Adélaïde  (ou  Sail)  de  Claustre 
«  (femme  de  Béraud  de  Mercœur).  Guillaume,  pour  cacher  sa  passion  pour 


■  Nostradamus,   Poètes  proverx^aux ,  p.    i6î.   —  '  Nostradamus,  Poëtes  proven<;aux,  f.  41. 

(Rochegude,  Parnane,    p.   i3.");   Mahii,    p.  89.   Ce  ^  Balnze,  H'utoire  gcncalogi<jue  Je  la  maison  d'Au- 

dernier  publie  neuf  pièces  de  lui]  vergnc,  t.  1 ,  p.   177.  —  [Rochegude,  p.  88.] 

'  Nostradamus,  Poites  provenc^aux,  p.  41  &  suiv.  '  [Rochegude,  Parnasse,  p.  10,  &  Mahn,  p.  .337. 

*  Baiuze,  Histoire  généalogique  de  la  maison  d'Au-  Ce  dernier  donne  dix-neuf  pièces  dt  ce  poëte,  dont 

vergne,  t.  2,  p.  253.  la  chanson  pour  la  croisade,  pp.  3.^4  à  355.] 


An 


"94 


An  1 194 


166  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XX. 


«  la  vicomtesse  de  Polignac,  lui  donnoit  le  nom  de  Bertran  dans  ses  chan- 
«  sons.  Hugues  le  Maréchal,  compagnon  de  Guillaume,  que  ce  dernier  avoit 
«  mis  dans  sa  confidence,  8c  qu'il  appeloit  aussi  du  nom  de  Bertran,  étoit  le 
«  seul  qui  connût  le  mystère;  en  sorte  qu'ils  s'appeloient  tous  trois  de  ce 
»c  nom  dans  les  conversations  familières  qu'ils  avoient  ensemble.  Guillaume 
«  de  Saint-Dizier  fit  aussi  des  chansons  en  l'honneur  de  la  comtesse  de  Rous- 
«  sillon  en  Viennois,  dame  de  beaucoup  de  mérite.  La  vicomtesse  de  Poli- 
«  gnac  en  eut  de  la  jalousie,  &  elle  se  vengea.  Guillaume  fut  trahi  d'un 
«  autre  côté  par  Hugues  le  Maréchal,  qui  révéla  ses  amours  avec  cette  vicom- 
tf|i|°p°'"y  «  tessej  de  quoi  il  eut  un  extrême  chagrin.  »  Il  nous  reste  neuf  de  ses  chan- 
sons adressées  à  la  fin  à  Bertran,  il  y  parle  honorablement  du  comte  Rai- 
mond.  11  est  peint  à  cheval  dans  la  lettre  grise  du  manuscrit,  tenant  dans  sa 
main  la  lance  &  un  écu  de  gueules  chargé  de  trois  tourteaux  d'argent,  joints 
par  une  barre  qui  traverse  &  une  autre  qui  descend  en  forme  de  T'. 

6°  Deusde  ou  Deusdedit  de  Prades,  ainsi  nommé  d'un  village  de  Rouergue, 
situé  à  quatre  lieues  de  Rodez.  Il  fut  chanoine  de  Maguelonne,  cultiva 
beaucoup  les  lettres  S<.  fut  très-habile  à  trouver;  il  fit  plusieurs  chansons; 
mais  comme  il  n'y  parloit  pas  d'amour  elles  ne  furent  pas  du  goût  du  public, 
&  on  ne  les  chanta  pas.  Il  parle  cependant  d'amour  dans  neuf  de  ses  chan- 
sons qui  nous  restent^. 

'^°  Bérenger  de  Palazol,  chevalier  du  pays  de  Pv.oussillon;  il  fit  des  chan- 
sons en  l'honneur  d'Ermessinde,  femme  d'Arnaud  d'Avignon,  fils  de  Marie 
de  Pierrelatte^. 

8°  Guillaume  Rainols,  docte  chevalier  de  la  Cioutat,  au  comté  de  Forcal- 
quier.  Il  fit  des  sirventes  sur  les  différends  qui  s'étoient  élevés  en  Provence 
entre  le  roi  d'Aragon  &  le  comte  de  Toulouse'^. 

g°  Guérin  le  Brun,  châtelain  de  Veillac,  dans  le  diocèse  du  Puy.  Il  étoit 
bon  troubadour,  quoiqu'il  n'ait  fait  que  des  tensons\ 

10°  Le  dauphin  d'Auvergne*',  qu'on  loue  fort  pour  sa  libéralité,  &  qui 
m.ourut  fort  âgé  vers  l'an  1234^. 

11°  Raimond  de  Durfort  Si  Turc  Malec,  chevaliers  du  Querci^. 

12°  Albertats  (ou  Albert)  Cailla,  jongleur  d'Albigeois;  il  ne  sortit  jamais 
de  son  pays  où  il  étoit  fort  aimé;  il  y  a  un  sirvente  de  sa  façon  dans  l'un 
des  manuscrits  de  la  Bibliothèque  du  roi  9.  Il  est  différent  d'un  autre  poëte, 
nommé  Albertès,  dont  Nostradamus  fait  mention  S<.  qu'il  fait  natif  de  Sis- 
teron,  mais  qui  étoit  du  Gapençois,  suivant  le  manuscrit  de  la  Bibliothèque 
du  roi. 

i3o  Pierre  de  Bargeac,  chevalier,  compagnon  de  Guillaume  de  Balaun.  Il 

'  Rochegude,  Parnasse,  pp.  281  à  l83.  "  Baliize,  Histoire  généalogique  tie  la  maison  d'Au- 

'  Ibid.  p.  86.  ycrgnc,  t.    i ,  p.   K)5>;  t.  2,  p.  25l. 

'  Hid.  p.    117  &  siiiv.  "  Rochegude,  Parnasse,  p.  84. 

'  Ihld.  p.  72.  *  liiJ.  p.  73. 

'  Voir  une  pièce  de  lui  dans  Rochegude,  p.  367  °  IHd,  p.  304  &  suiv. 

&  suiv. 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XX,  167 

fut  fort  adroit  &  poli,  Se  devint  amoureux  de  la  femme  d'un  vavasseur  du 
château  de  Javiac.  On  a  un  sirvente  de  lui  5  il  porte  pour  armes,  d'azur 
bandé  d'or,  dans  la  lettre  grise  du  manuscrit'. 

14°  Pierre  de  Botignac,  clerc  gentilhomme  du  château  de  Hautefort,  & 
contemporain  de  Bertrand  de  Born,  dont  nous  avons  parlé  ailleurs^. 

ij°  Tomiers  en  Palazis,  qui  fit  des  sirventes  sur  le  roi  d'Aragon,  les  comtes 
de  Provence  8c  de  Toulouse,  8c  le  seigneur  de  Baux^. 

16"  Guiraud  de  Salaignac,  bon  jongleur  du  château  de  ce  nom  en  Querci'^. 

17"  Guillaume  de  Balaun-''. 

18"  Enfin  Foulques  de  Marseille,  Bernard  de  Miraval  8c  quelques  autres 
dont  nous  parierons  ailleurs. 


An  1 194 


XLIII.  —  Ënfans  de  Raimond  V,  comte  de  Toulouse. 

Les  anciens  auteurs''  donnent  trois  fils  à  Raimond  V,  comte  de  Toulouse, 
de  Constance  de  France,  sa  femme,  savoir  :  Raimond,  Taillefer  Se  Baudouin. 
Le  premier,  qui  étoit  né  en  1106  8c  qui,  par  conséquent,  avoit  trente-huit 
ans  dans  le  temps  de  la  mort  du  comte,  son  père,  lui  succéda  dans  tous  ses 
domaines.  Nous  avons  parlé  ailleurs  du  second,  qui  s'appeloit  Albéric  de  son 
nom  de  baptême  8c  qui  mourut  sans  postérité  vers  l'an  1184,  après  avoir 
épousé  Bcatrix,  héritière  du  Dauphiné.  Baudouin,  le  troisième,  survécut 
longtemps  à  son  père,  8c  nous  aurons  souvent  occasion  de  parler  de  lui  dans 
la  suite.  Il  naquit'^  en  France  durant  le  séjour  de  Constance,  sa  mère,  à  la 
cour,  8c  il  y  fut  élevé  auprès  du  roi  I>ouis  le  Jeune,  son  oncle,  frère  de  cette 
princesse.  Après  la  mort  du  comte  Raimond  V,  son  père,  il  vint  pour  la  pre- 
mière fois  dans  la  Province;  mais  Raimond  VI  fit  difficulté  de  le  reconnoître 
pour  son  frère.  Baudouin  ayant  été  obligé  de  retourner  en  France,  les  prélats 
ce  les  barons  du  pays,  qui  étoient  parfaitement  instruits  de  sa  naissance  8c 
de  son  éducation,  lui  donnèrent  des  lettres  testimoniales  par  lesquelles  ils 
certifioient  qu'il  étoit  fils  de  Constance,  mère  du  comte  de  Toulouse  S;  sœur 
du  roi  Louis  le  Jeune.  Baudouin  étant  revenu  en  province  avec  ces  attesta- 
tions, 8c  le  comte  Pvaimond,  son  fière,  voyant  qu'il  ne  pouvoit  le  mécon- 
noître,  il  le  retint  auprès  de  lui;  mais  il  ne  lui  donna  qu'un  apanage  fort 
médiocre.  Raimond  le  fit  cependant  général  de  ses  troupes  dans  la  guerre 
qu'il  eut  à  soutenir  en  Provence  contre  les  seigneurs  de  la  maison  de  Baux; 
Baudouin  s'y  comporta  avec  tant  de  valeur  qu'il  remporta  sur  eux  une  vic- 
toire signalée  dans  une  bataille  qu'il  leur  livra.  Mais  ses  exploits  militaires 
affoiblirent  extrêmement  sa  santé  8c  lui  causèrent  un  crachement  de  sang, 
sans  que  des  services  si    importans  fussent  capables  d'engager  son   frère  à 


t.  111,  p.  yo. 


'  Rochegude,  Parnasse,  p.  3^. 

'  liid.  p.  1<)2;  lisc^  de  Boussignnc. 

'  liiJ.  p.  273. 

■•  nu.  p.  373. 

'  liid.  pp.  3o,  3l. 


*  GuilUImus  de  Podio  Laiirentii,  Chronicon , 
c.  5.  —  Bernardus  Gtiidonis,  de  Comit,  Tolos. 

'  Guillclmus  de  Podio  Laurentii,  Chronicon, 
c.   12. 


~  i68  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XX. 

An  1 194 

augmenter  ses  revenus  8c  à  lui  assigner  quelque  terre  considérable,  Rai- 
mond  V  eut  un  autre  lîls,  nommé  Pierre-Pvaimond  ;  mais  celui-ci  n'étoit  pas 
légitime  '. 

Ce  prince  eut  encore  de  Constance,  sa  femme,  une  fille  nommée  Adélaïde, 
dont  on  a  parlé  ailleurs,  8c  qui  épousa  Roger  II,  vicomte  de  Béziers  8<  de 
Carcassonne.  Il  paroît^  aussi  qu'il  eut  de  Constance  une  autre  fille  légitime 
dont  on  ne  sait  pas  le  nom,  qui  épousa  un  des  frères  de  Dodon,  comte  de 
Comminges.  Il  laissa  enfin  une  fille  naturelle,  nommée  Indie,  qui  se  maria 
en  i2o3  avec  Guillabert  de  Lautrec,  5i  épousa  en  secondes  noces,  en  1206, 
Bernard  Jourdain,  seigneur  de  l'Isle-Jourdain.  On  donne  quelques  autres 
filles  à  ce  prince,  mais  c'est  par  erreur  ^  ou  sans  aucun  fondement  solide. 

XLIV.  —  Ra'imond  VI,  son  fils  aîné,  lui  succède  &>  prend  possession  du  comté 

de  Toulouse, 

.  Raimond  VI,  fils  aîné  8c  successeur  de  Raimond  V,  prit  possession'*  de  la 

An  I  ipa  '  _  ....  tA    . 

ville  &c  du  comté  de  Toulouse,  un  vendredi  du  mois  de  janvier,  jour  de  l'Epi- 
phanie de  l'an  1194,  ou  de  l'an  iigS  suivant  notre  manière  de  commencer 
l'année  :  preuve  qvic  R.aimond  V  étoit  alors  décédé  depuis  peu,  ce  qu'on 
peut  encore  confirmer  par  le  témoignage  d'un  historien  du  temps^,  qui  ne 
parle  de  la  mort  de  ce  prince  qu'à  la  fin  de  l'an  1194.  Raimond  VI,  ayant 
convoqué^  alors  les  consuls  Se  les  principaux  habitans  de  la  ville  8c  du  fau- 
bourg de  Toulouse  dans  l'église  de  Saint-Pierre  de  Cuisines,  reçut  le  ser- 
.  ment  de  fidélité  qu'ils  lui  prêtèrent  sauj'  leurs  droits,  usages,  coutumes  6* 
Jranchises.  Le  comte  jura  d'observer  de  son  côté  ces  coutumes  8c  les  confirma, 
ainsi  que  les  établissemens  8c  statuts  que  Raimond,  son  père,  8c  AUonsc, 
son  aïeul,  avoient  fait  dresser  en  faveur  des  mêmes  habitans,  avec  réserv-e  de 
ses  propres  droits.  Il  confirma^  aussi  la  sauvegarde  que  le  comte  Altonse, 
son  aïeul,  avoit  accordée  à  tous  ceux  qui  demeuroient  dans  les  limites  de  la 
ville,  ainsi  qu'il  les  avoit  prescrites,  &c  marqua  en  quoi  consistoient  les 
privilèges  de  cette  sauvegarde,  qui  portoit  exemption  de  leude  Se  'de  péage 
pour  tous  les  habitans  de  Toulouse,  8c  régloit  les  frais  8c  les  amendes  de  la 
justice  criminelle,  excepté  les  hoinicides,  les  traîtres,  les  voleurs  8c  les  adul- 
tères qu'il  se  réserva  de  punir  à  sa  volonté,  Sec. 

'  Voyez  tome  VU,  ^ote  II,  n.  vi,  pp.  7,  8.  '  Rigord,  Gesta  P/nlippi  Augasi!. 

'  Ihii.  —  Voyez  ;uissi,  p.  7,  la  note  1   de  la  co-  ^  Catel,  Histoire  des  comtes  de  Tolose,  p.  22I. 

lonne  2.  Le  texte  que  cite  dom  Vaissete  est  assez  '  Ihid.    p.    194.    —    A'oir    cet  acte,    tome    \'1II, 

postérievir.  [A.  M.]  ce.  419   3421;    nous   l'avons  daté   à    tort   de   t  i  94 

'  Voyez  tome  VU,  Vofc  11,  n.  vi,  pp.  7,  8.  (n.  5t.)j  c'est  1  195  (n.  st.).  Le  manuscrit  que  nous 

^  Cntcl,  Histoire  des  comtes  de  Tolose,  p.  221   &  avons  suivi  portait  1  lyj.   [A.  M.] 


SUIV. 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XX.  i6q  "- T 

'        An  1  i(j5 

XLV.  —  Le  roi  Philippe-Auguste  donne  à  Ralmond  VI  la  garde 

de  Figeac. 

Le  roi  Philippe-Auguste,  cousin  germain  de  Raimond  VT,  lui  donna  des 
niartiues  de  sa  bienveillance  aussitôt  après  la  mort  de  Raimond  V  par  une 
charte'  dans  laquelle  il  déclare  «  que  pour  l'amour  qu'il  portoit  envers  son 
V  très-cher  ^  fiai  cousin  Raimond,  illustre  comte  de  Saint-Gilles,  &  pour  le 
«  désir  qu'il  avoit  de  son  agrandissement,  il  lui  donne  &  à  ses  héritiers,  en 
<i  augmentation  de  fief  £<.  d'hommage,  la  garde  de  Figeac  avec  tout  le  droit, 
«  le  domaine  8<.  la  puissance  qu'il  y  avoit  ou  qu'il  devoit  y  avoir.  »  Pour 
entendre  cette  concession,  qui  est  datée  du  mois  de  février  de  l'an  1 194  (i  igS) 
St  non  de  l'an  1190,  comme  un  moderne*  l'a  avancé,  il  faut  se  rappeler  que 
Richard,  roi  d'Angleterre,  avoit  enlevé  le  Querci  à  Raimond  V,  comte  de 
Toulouse,  &  que  par  le  traité  que  le  roi  Philippe-Auguste  avoit  fait  en  Sicile 
avec  lui,  au  mois  de  mars  de  l'an  i  igi,  il  lui  avoit  laissé  ce  pavs,  à  la  réserve 
des  abba\es  de  Figeac  8c  de  Souillac,  parce  qu'elles  étoient  royales.  Ainsi 
Philippe  remit  par  là  Raimond  VI  en  possession  d'une  partie  du  Querci,  en 
attendant  que  ce  comte  pût  recouvrer  le  reste  sur  Richard,  qui  le  lui  déte- 
noit  toujours. 

XLVI.  —  Traité  entre  les  comtes  de  Toulouse  &<  de  Forcalquîer. 

Raimond  VI,  après  avoir  pris  possession  de  la  ville  de  Toulouse,  fit  un 
voyage  dans  le  bas  Languedoc  &  en  Provence.  C'est  ce  qui  paroît  :  i°  par 
les  privilèges^  qu'il  accorda  à  Nimes,  au  mois  de  mai  de  l'an  iiço,  aux  habi- 
tans  de  cette  ville  de  ne  pouvoir  être  arrêtés  dans  leurs  maisons,  &C.;  2°  par 
le  bail  à  fief  qu'il  fît^  vers  le  même  temps,  comme  comte  de  Melgueil,  en 
faveur  de  Raimond  de  Lambert,  du  lieu  de  Boutonnet,  auprès  de  Montpel- 
lier; 3°  enfin  par  le  traité  qu'il  conclut  la  même  année  avec  Guillaume, 
comte  de  Forcalquier,  ([u'on^  qualifie  Guillaume  IV. 

Ce  traité''  renferme  deux  articles  réciproques  entre  les  deux  comtes.  Par 
le  premier,  ils  se  promettent  par  serment  un  secours  mutuel  envers  tous  &c     Kf  ongin. 

I  '  r_  I  _  t.  Ul,  p.  100, 

contre  tous  Se  de  veiller  k  la  conservation  de  leurs  domaines.  Dans  le  second, 
Guillaume  remet  à  Raimond  la  donation  que  le  père  de  ce  dernier  lui  avoit 
faite  de  son  comté,  &  toutes  les  acquisitions  qu'il  pouvoit  y  avoir  faites,  pro- 
mettant par  serment  de  n'en  plus  faire  de  nouvelles,  sans  son  consentement, 
dans  les  limites  de  ce  comté,  savoir  :  depuis  le  mont  d'Alverne,  près  de 
Cavaillon,  jusques  au  Rhône,  à  la  Durance  6-  à  l'Isère,  ainsi  que  ces  limites 

'  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  LXIII,  c.  ^'ii.  ^  Ganel,  Séries  ptaesulum  Mttgaloncmium,  p.  244. 

'  Brussel,    Usage    îles  fiefs ,    t.    1,  p.    |35;    t.    1,  '  Ruffi,  Dissertations  historiques  sur  l'origine  Jes 

p.  38o.  comtes  de  Forcalquier,  8vC. 

'  Hôtel  de  ville  de  Nimes.  —  [Méiiard,  Histoire  "^  Voyez  tome  VIII,   Chnrtes,   n.  LXIV,  ce.  4.32 

Je  Nimes,  t.    1 ,  p.  249,  &  Preuves,  p.  41.]  à  4^4. 


"T       ~    170  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XX, 

An  1 19J  ' 

étaient  marquées  dans  les  anciennes  chartes ^  il  lui  cède  enfin  la  moi  lié  de 
risle  &  d'Avignon.  Raimond,  de  son  côté,  renonce  en  faveur  de  Guillaume  à 
la  donation  que  ce  dernier  avoit  faite  à  Raimond  V,  son  père,  du  comté  de 
Forcalqtiier,  &  lui  cède  toutes  les  acquisitions  qu'il  y  avoit  faites,  avec  pro- 
messe de  n'en  pas  faire  de  nouvelles,  sans  son  agrément,  dans  l'étendue  de 
ce  comté,  qui  étoit  limité  dans  les  anciennes  chartes  par  le  mont  d'Alverne 
jusques  à  Pont-Haut  «S-  le  col  de  Câpre.  Il  lui  cède  aussi  la  moitié  de  l'Isle  & 
d'Avignon,  &  la  jouissance  pendant  sa  vie  du  village  de  Germain.  L'évêque 
de  Cavaillon,  Guillaume  d'Ami,  Pv.aimond-Rascas,  seigneur  d'Uzès,  £<.  plu- 
sieurs autres  seigneurs  du  bas  Languedoc  &  de  Provence  furent  présens  a 
ce  traité,  dont  un  historien'  moderne  rapporte  le  précis,  mais  qu'il  date  mal 
à  propos  de  l'an  iigi. 

Cet  auteur  est  en  peine  de  savoir  le  droit  qu'avoient  les  comtes  de  Tou- 
louse sur  le  comté  de  Forcalquier;  mais  il  est  aisé  d'inférer  de  cet  acte  que 
Raimond  V,  comte  de  Toulouse,  ik  Guillaume  IV,  comte  de  Forcalquier, 
s'étoient  appelés  mutuellement^  à  la  succession  l'un  de  l'autre,  s'ils  venoient 
à  mourir  sans  postérité  masculine,  savoir  :  dé  la  part  de  Raimond,  du  mar- 
quisat de  Provence,  dont  les  bornes  sont  ici  marquées;  Se  de  la  part  de  Guil- 
laume, du  comté  de  Forcalquier.  Or,  comme  Guillaume  IV  n'eut  qu'une 
fille,  qui  épousa  P\.ainon  de  Sabran,  dont  elle  eut  une  fille,  nommée  Gar- 
sinde,  que  le  même  Guillaume,  son  aïeul  maternel,  avoit  donnée  deux  ans 
auparavant  en  mariage  à  Alfonse,  fils  puîné  d'Alfonse  II,  roi  d'Aragon,  avec 
son  comté  de  Forcalquier;  Raimond  VI,  comte  de  Toulouse,  avoit  lieu  d'es- 
pérer de  succéder  un  jour  à  ce  comté  &  pouvoit  le  disputer  au  prince  d'Aragon, 
C'est  ce  qui  engagea  sans  doute  Guillaume  IV,  pour  favoriser  Alfonse,  à 
rompre  ces  conventions  Se  à  faire  un  nouveau  traité  avec  le  comte  de  Tou- 
louse, suivant  lequel  ils  se  remirent  leurs  prétentions  réciproques  sur  le  mar- 
quisat de  Provence  &c  le  comté  de  Forcalquier,  Au  reste,  ce  traité  nous  donne 
occasion  d'ajouter  ici  deux  réflexions,  La  première,  que  le  marquisat  de  Pro- 
vence comprenoit  les  pays  situés  entre  la  Durance  &  l'Isère  &  par  consé- 
quent la  mouvance  sur  les  comtés  de  Valentinois  &  de  Diois,  La  seconde, 
que  le  domaine  de  la  ville  d'Avignon  étoit  alors  partagé  entre  les  comtes  de 
Toulouse  &  de  Forcalquier  :  nouvelle  preuve  que  le  comte  de  Barcelone, 
après  avoir  partagé  l'ancien  comté  de  Provence,  en  11 25,  avec  le  comte  de 
Toulouse,  avoit  rendu  aux  comtes  de  Forcalquier  la  moitié  d'Avignon^,  qu'il 
s'étoit  réservée  par  ce  partage,  Guillaume  IV  fut  le  dernier  comte  de  Forcal- 
quier de  la  maison  d'Urgel,  On  remarque "*  que  ces  comtes  portoient  les  armes 
de  Toulouse  en  1168,  1174  S<.  1180,  &  on  ignore  le  motif  pour  lequel  ils  les 
avoient  prises.  Nous  croyons  qu'il  n'en  faut  pas  chercher  d'autre  que  l'asso- 
ciation mutuelle  faite  entre  eux  Se  les  comtes  de  Toulouse,  pour  se  succéder 
les  uns  aux  autres  par  défaut  de  mâles, 

•  Columbi,  Opéra,  ei.  \668,  p.  90.  ''  Colinnbi ,   Opcra,   éd.   1668,    p.  90.  —   Ruffi, 

'  Voyez  ci-dessus,  1.  XIX,  n.  xxvi,  p.  32.  Dissertations  historiques  sur  l'origine  des  comtes  de 

'  Voyez  tome  IV,  Note  XV,  n.  m,  pp.  76,  77.         Forcalquier,  &c. 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XX.  171 


XLVII.  —  Raimond  VI  est  excommunié  pour  quelques  entreprises  sur 

l'abbaye  de  Saint-Gilles, 

Durant  le  séjour  de  Raimond  VI  aux  environs  du  Rhône,  en  iigS,  il  fit 
sur  l'abbaye  de  Saint-Gilles  quelques  entreprises  qui  lui  attirèrent  de  sanglans 
reproches  de  la  part  du  pape  Célestin  III.  Ce  pontife  lui  écrivit',  en  effet, 
le  i^'de  mars  suivant,  une  lettre  dans  laquelle  il  lui  déclare  :  «  Qu'il  étoit 
«  dans  la  disposition  de  lui  donner  des  marques  de  l'attection  sincère  qu'il 
«  avoit  témoignée  avant  son  élection  au  pontificat,  au  comte,  son  père,  d'ho- 
«  norable  mémoire;  mais  que  ses  actions  l'avoient  fait  différer,  &  qu'il  ne 
«  devoit  pas  compter  sur  son  amitié,  à  moins  qu'il  ne  fît  une  satisfaction 
Il  convenable  des  excès  téméraires  dont  il  s'étoit  rendu  coupable.  »  Entre  ces 
excès,  Célestin  reproche  à  Raimond  d'avoir  détruit  plusieurs  églises  dépen- 
dantes de  l'abbaye  de  Saint-Gilles,  d'avoir  pillé  les  domaines  de  ce  monas- 
tère &  fait  construire  une  forteresse  dans  ses  dépendances  contre  la  teneur  de 
son  serment.  Il  lui  ordonne  de  raser  incessamment  ce  château,  de  réparer 
tous  les  dommages  &  de  maintenir  l'abbaye  dans  ses  droits.  «  Sinon,  ajoute-il. 
Il  sachez  que  nous  avons  donné  ordre  aux  archevêques  de  Bourges,  de  Nar- 
II  bonne,  d'Arles  St  d'Aix,  8t  à  leurs  suffragans  de  vous  excommunier  avec 
(I  tous  vos  officiers  &  vos  fauteurs;  de  jeter  l'interdit  sur  vos  États j  de 
Il  faire  renouveler  tous  les  dimanches  l'anathème  avec  les  cierges  allumés  & 
r,  au  son  des  cloches  dans  toutes  les  églises  de  leurs  diocèses;  &  de  défendre 
Il  de  célébrer  les  offices  divins  dans  tous  les  lieux  où  vous  vous  trouverez, 
«  jusqu'à  ce  que  vous  ayez  pleinement  satisfait.  Enfin  vous  devez  tenir  pour 
<i  certain  que  si  vous  persévérez  dans  votre  malice,  nous  avons  absous  tous 
Il  vos  sujets  du  serment  de  fidélité  qu'ils  vous  ont  prêté.  »  Nous  apprenons 
d'un  autre  monument^  que  Raimond  donna  le  nom  de  Mirapetra  au  châ- 
teau qu'il  avoit  fait  construire  dans  le  territoire  de  l'abbaye  de  Saint-Gilles, 
Se  qui  donna  principalement  occasion  à  une  lettre  si  fulminante.  Nous  savons 
enfin  que  le  comte  n'eut  aucun  égard  aux  remontrances  du  pape  &  qu'il  fut 
bientôt  après  excommunié.  Il  paroit  qu'il  avoit  fait  quelque  temps  aupara- 
vant un  traité  avec  l'abbc  de  .Saint-Gilles  &  qu'il  l'avoit  rompu  dans  la  suite  : 
c'est  ce  que  nous  inférons  du  premier  canon  du  troisième  concile  de  Mont- 
pellier. 

XLVIlI.  —  Troisième  concile  de  Montpellier.  —  Èvêques  de  Lodève. 

Ce  concile  se  tint^  au  mois  de  décembre  de  l'an  iigS.  Il  fut  composé  des 
évêques  de  la  province  de  Narbonne,  &  il  y  a  lieu  de  croire  qu'ils  s'y  trou- 
vèrent tous;  car  il  est  marqué  dans  le  quatorzième  canon  que  le  concile  étoit 

'  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  LXVI,  ce.  436  '  Baluze,  Concilia  Galliae  Narioncnsis,  p.  28  & 

à  43s.  «UIT. 

'  Gallia  Chrlstlana,  t.  6. 


An  1 19a 


Kd.  oiisiii. 

t.  ni,  p.  101, 


"T ~    172  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XX. 

An  1 190  ' 

plénier.  Maître  Michel,  légat  du  pape,  y  présida  £<.  on  y  dressa  vingt  canons. 
Le  premier  ordonne  l'observation  exacte  de  la  paix  dans  toute  la  Province, 
«  ainsi  qu'on  avoit  déjà  fait  serment  de  l'observer,  de  la  volonté  du  seigneur, 
((  comte  de  Toulouse,  Si  qu'elle  avoit  été  confirmée  ensuite  à  Saint-Gilles, 
«  en  présence  du  même  légat,  par  les  évêques  d'Uzès  Si  de  Nimes,  tant  pour 
<(  eux  que  pour  toutes  leurs  terres.  »  Le  légat  déclare  excommuniés,  du  con- 
«  sentement  du  concile,  tous  ceux  qui  violeroient  cette  paix,  met  leurs  terres 
en  interdit  &.  délie  leurs  vassaux,  dans  le  second  canon,  du  serment  de  fidé- 
lité. Le  troisième  canon  anathématise  tous  les  hérétiques,  les  Aragonois  (ou 
brigands),  leurs  compagnies  qu'on  appeloit  mainades,  &  ceux  qui  tournis- 
snient  des  armes  aux  Sarrasins.  Il  déclare  aussi  excommuniés  les  princes 
séculiers  qui,  en  étant  avertis  par  l'Eglise,  ne  les  punissoient  pas  conformé- 
ment au  concile  de  Latran  6-  à  celui  que  le  pape  Alexandre  III  avoit  tenu 
à  Montpellier.  Les  canons  suivans  regardent  l'usure,  la  trêve  de  Dieu  8c 
l'établissement  des  nouveaux  péages.  Le  neuvième  défend  aux  juifs  &  aux 
Sarrasins  d'avoir  des  domestiques  chrétiens  S<.  d'exercer  quelque  autorité  sur 
eux.  On  donne  par  les  deux  canons  suivans  divers  privilèges  aux  juih  Si  aux 
païens  qui  se  convertissoient  au  christianisme.  Les  autres  canons  sont  contre 
les  usuriers,  pour  ordonner  la  décence  des  habits  des  ecclésiastiques  8t  des 
laïques,  81  retrancher  la  somptuosité  des  repas  de  ces  derniers.  Le  quinzième 
défend  aux  religieux  de  professer  le  droit  St  la  médecine,  à  peine  de  puni- 
tion, suivant  le  décret  du  même  concile  tenu  à  Montpellier  par  Alexandre  IIL 
Le  dix-neuvième  confirme  la  sentence  d'excommunication  portée  contre  les 
habitans  de  Capestang,  dans  le  diocèse  de  Narbonne,  qui,  ayant  fait  prison- 
nier l'évoque  de  Lodève,  l'avoient  fort  maltraité  8<.  obligé  de  payer  sa  rançon; 
il  soumet  leur  territoire  à  l'interdit,  jusqu'à  ce  qu'ils  aient  fait  une  satisfac- 
tion convenable.  Enfin  le  vingtième  ordonne,  qu'à  cause  qu'il  y  avoit  .plu- 
sieurs hérétiques  dans  la  province  de  Narbonne,  l'archevêque  &  les  évêques 
aviseroient  entre  eux  sur  la  manière  dont  ils  feroient  publier  l'interdit  contre 
les  infracteurs  des  décrets  du  concile;  «  de  crainte,  ajoute  le  canon,  que  ces 
(i  sectaires  ne  se  servent  de  l'occasion  d'un  interdit  général  Se  de  trop  longue 
«  durée  pour  surprendre  la  simplicité  des  fidèles.  « 

L'évêque  de  Lodève  qui  avoit  été  pris  Si  maltraité  par  les  habitans  de 
Capestang,  on  ne  sait  pour  quel  motif,  est  le  même  (jue  Rairaond,  oncle 
paternel  de  Guillaume  VIII,  seigneur  de  Montpellier.  Il  m.ourut  en  1197  8(. 
eut  pour  successeur  Pierre  Frotier,  qu'on  fait'  de  la  maison  des  comtes  de 
Périgord,  sans  en  donner  la  preuve.  Ce  dernier  transféra  en  1198  le  corps 
de  saint  Fulcrand  Se  eut  de  grands  différends  avec  les  habitans  de  sa  ville 
ild  orisin^  cpiscopale,  qui  se  saisirent  du  palais  épiscopal,  le  mirent  au  pillage  8<  obli- 
gèrent ce  prélat,  aussi  bien  que  les  chanoines,  à  faire  serment  d'observer  cer- 
tains statuts. 

On  croit  que  maître  Michel,  qui   présida  au  concile  de   Montpellier  en 

'  Plantavit   de  la  Panse,   C/ironohgin  pracsulum  LoAovens'nim,  p.   ico  &  Sîo. 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XX.  lyS 

qualité  de  légat  du  pape  Célestin  III,  ne  faisoit  alors  que  passer  dans  la  Pro- 
vince pour  aller  en  Espagne  au  secours  des  chrétiens  consternés  du  progrès 
que  les  Maures  avoient  fait  depuis  peu  dans  ce  royaume'.  En  effet,  le  sixième 
canon  du  concile  accorde  divers  privilèges  à  ceux  qui  serviroient  en  Espagne. 
Nous  inférons  de  là  que  les  peuples  de  la  Province  s'armèrent  &  passèrent 
les  Pyrénées  pour  aller  combattre  les  Sarrasins.  On  voit  du  moins  par  le  ser- 
ment* de  fidélité  que  Guillaume  VIII,  seigneur  de  Montpellier,  prêta  en  1193 
à  l'évèque  de  Maguelonne,  que  Grégoire,  cardinal  de  Saint-Ange  étoit  alors 
légat  ordinaire  dans  la  Province. 

XLIX.  —  Paix  entre  Richard,  roi  d'Angleterre  6-  Ralmond  VI,  qui  épouse 
Jeanne,  sœur  de  ce  prince,  après  avoir  répudié  Bourguigne  de  Chypre. 

Le  comte  de  Toulouse  se  rendit  sur  les  frontières  du  Querci,  vers  l'automne 
de  l'an  iiçS,  pour  résister  à  Richard,  roi  d'Angleterre,  qui  s'étoit  avancé  avec 
un  corps  d'armée  &  qui  prit  quelques  places  sur  lui.  Cela  paroît  par  le  traité  de 
paix  qui  fut  projeté,  le  7  de  décembre  de  cette  année,  entre  ce  roi  &.  Philippe- 
Auguste,  mais  qui  ne  fut  entièrement  conclu  que  le  i5  de  janvier  suivant, 
dans  une  nouvelle  entrevue  qu'eurent  ces  deux  princes  auprès  de  Gaillon, 
en  Normandie.  Par  ce  traité  ^  Richard  céda  à  Philippe  tout  ce  qu'il  avoit  en 
Auvergne,  8c  Philippe  rendit  à  Richard  Issoudun,  Grassay,  &c.,  dans  le 
Berrv;  Souillac,  dans  le  Querci,  avec  ses  dépendances,  «  excepté  ce  que  le 
<i  comte  de  Saint-Gilles  &  les  siens,  ou  le  vicomte  de  Turenne  &  les  siens  y 
«  possédoient  la  veille  de  Saint-Michel  précédente.  »  Après  cet  article  on  lit 
le  suivant  :  «  Le  comte  de  Saint-Gilles  8c  moi,  dit  Richard,  conserverons 
«  réciproquement  tous  les  domaines  que  nous  possédions  la  veille  de  Saint- 
«  Nicolas;  je  fortifierai  toutes  les  places  que  je  jugerai  à  propos  dans  ces 
«  domaines,  comme  dans  ceux  qui  m'appartiennent  en  propre;  8c  le  comte 
«  de  Saint-Gilles  pourra  faire  la  même  chose  dans  les  siens.  Si  le  comte  ne 
«  veut  pas  être  compris  dans  cette  paix,  le  roi  de  France  ne  le  secourra  pas 
«  contre  moi  :  il  me  sera  permis  de  lui  faire  tout  le  mal  que  je  pourrai  8c  de 
«i  ravager  ses  Etats.  Que  si  je  voulois,  au  contraire,  retenir  les  conquêtes  que 
u  j'ai  faites,  tandis  que  le  comte  de  Saint-Gilles  voudra  faire  la  paix,  je  serai 
«  obligé  de  lui  rendre  tout  ce  que  j'ai  pris  sur  lui  depuis  la  veille  de  Saint- 
<i  Michel,  6-  il  en  sera  de  même  de  ce  comte.  Si  enfin  ce  prince  refuse  la 
<(  paix,  je  ne  ferai  aucune  entreprise  contre  lui,  tant  qu'il  voudra  s'en  rap- 
t  porter  au  jugement  du  roi  de  France.  » 

Cet  article  ne  plut  pas  au  comte  Raimond  qui  refusa  de  l'accepter;  8c  la 
paix  n'ayant  duré  que  quelques  mois  entre  les  deux  rois,  ils  reprirent  bientôt 
les  armes.  Cependant  Raimond,  lassé  enfin  de  cette  guerre,  eut  recours  à  la 
négociation  5c  envoya  en  ambassade  Guillabert,  abbé  de  Castres,  pour  faire 

'  Ralaze,  Concilia  Galliae  Narioncmh.  'Du    Chesne,    ffislor,    Ncrm.    SS.  p.    io5j. — ■ 

'  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  LVII,  c.  41?!.  Rigord,  p.  3.p. 


An  1 193 


An  I  106 


"1 T    174  HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XX. 

An  I  ipo  '  ~ 

des  propositions  à  Richard,  qui  les  approuva'  :  ainsi  la  paix  fut  conclue  entre 
le  roi  d'Angleterre  &.  le  comte  Raimond  aux  conditions  suivantes  :  1°  Richard 
renonça^  à  toutes  ses  prétentions  sur  le  comté  de  Toulouse  en  qualité  d'héri- 
tier de  la  maison  de  Poitiers.  2°  Il  restitua  à  Raimond  le  Querci  qu'il  avoit 
V  envahi  sur  lui  depuis  l'an^  1188.  3°  Il  lui  donna''  en  mariage  Jeanne,  sa 
sœur,  veuve  de  Guillaume  II,  roi  de  Sicile,  avec  l'Agenois  qu'il  constitua  en 
dot  à  cette  princesse;  à  condition  que  Raimond  8c  les  enfans  qui  naîtroient 
de  ce  mariage  tiendroient  ce  pays  en  fief  des  rois  d'Angleterre  comme  ducs 
d'Aquitaine,  &.  qu'ils  les  serviroient  avec  cinq  cents  hommes  d'armes  pendant 
un  mois  à  leurs  dépens,  lorsque  l'Anglois  feroit  la  guerre  en  Gascogne.  Un 
moderne^  prétend  que  Pv.ichard  donna  aussi  en  dot  à  Jeanne,  sa  sœur,  en  la 
mariant  à  Raimond,  le  Rouergue  &  le  Querci;  mais  il  n'y  a  aucune  preuve 
que  le  Rouergue  ait  jamais  appartenu  à  Richard,  ni  qu'il  en  eût  dépouillé  le 
comte  de  Toulouse  :  ainsi  il  ne  peut  l'avoir  donné  en  dot  à  sa  sœur.  Pour  le 
Querci  on  peut  croire  que  Richard,  en  le  restituant  à  ce  prince,  le  fit  en 
quelque  manière  dépendre  de  la  dot^  de  Jeanne,  &  qu'il  s'y  réserva  l'hom- 
mage en  qualité  de  duc  d'Aquitaine.  Enfin  un  ancien  auteur'  nous  apprend 
que  Richard  vendit  en  cette  occasion  à  Tancrède,  roi  de  Sicile,  le  douaire 
t.'ia°"^'oï  "-P^  ^^^  Guillaume  II,  roi  de  Sicile,  avoit  assigné  à  la  même  Jeanne,  sa 
femme,  dans  le  temps  de  leur  mariage,  Se  que  Tancrède  le  paya  en  argent 
comptant. 

Raimond,  pour  pouvoir  épouser  Jeanne  d'Angleterre,  répudia^  Bourguigne 
de  Lézignan  ou  de  Chypre,  sa  troisième  femme;  sous  prétexte  qu'ils  étoient 
parens  du  quatrième  au  cinquième  degré.  Bourguigne,  après  sa  répudiation, 
se  retira  à  Marseille^,  où  elle  fixa  son  séjour  en  attendant  quelque  occasion 
favorable  pour  repasser  en  Orient.  Elle  étoit  encore  en  cette  ville  vers 
l'an  1204,  lorsque  plusieurs  chevaliers  françois  qui  s'étoient  croisés  pour  la 
Terre-Sainte  y  débarquèrent.  Gaucher  de  Montbelliard,  l'un  d'entre  eux, 
parent  de  Baudouin,  comte  de  Flandres,  l'épousa  alors,  la  ramena  en  Orient 
&  en  eut  des  enfans;  mais,  à  ce  qu'il  paroît,  cette  princesse  n'en  donna  aucun 
au  comte  de  Toulouse. 

Pvaimond,  étant  libre  parce  divorce,  épousa  la  reine  Jeanne'°  au  mois 
d'octobre  de  l'an  1196.  Il  y  a  lieu  de  croire  qu'il  se  rendit  pour  cela  à  la 
cour  d'Angleterre,  &  que  leurs  noces  y  furent  célébrées.  Jeanne  n'avoit  alors 

■  D'Achéry,  Spicilegium,  t.  7,  p.  34.3.  '  Guillaiiine  de  Tyr.  Contin.  ap.   Martène,  Co!- 

'  Catel,  Histoire  des  comtes  de  Tolose,  p.  208.  —  lectio  amplissima,  t,  5,  c.  682.  —  [Ernoul   &  Ber- 

Rapin  Thoiras,  Histoire  d'Angleterre,  1.  7,  nard  le  Trésorier,  édit.  de  Mas-Latrie,  p.  269.] 

^  Voyez  tome  VII,  Note  IX,  n.  v,  pp.  23,  24.  '  Voyez  tome  VII,  NoteX,  n.  m  &  suiv.  pp.  25 

■•  Rogerius  de  Hoveden,   p.  436.  —   Guillelmus  à  27. 
de  Podio  Laiirentii,  c.  5. —  Chronicon  aiionymum,  ^  Guillaume     de    Tyr,     Contin.    ap,     Martène, 

ap.   Catel,   p.   160.   —   [Voyez   tome  V,  c.  5i.]  —  CoUectio  amplissima,  t.  5,  c.  667.  —  [Ernoul,  édi- 

Pierre  de  Vaux-Cernay,  c.  63.  —  Du  TiUet,  Tra/ïc  tion   de  Mas-Latrie,   p.   3â2   &    suiv.;    tome  VII, 

de  1269  entre  la  France  &  l'Angleterre.  p.   25.] 

^  Langlois,  Histoire  des  croisades  contre  les  alhi-  '"  Chronicon  anonvmum,  apud    Catel,    p.   i6o.  — 

geois.  1.  2,  p.  58.  [Voyez  tome  V,  c.  54.] 

"  D'Achéry,  SpiciUgium,  t.  7,  p.  348. 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XX.  ijo 

que  trente  8c  un  ansj  car  elle  étoit'  née  au  mois  d'octobre  de  l'an  ii65.  Elle 
avoit  épousé^  en  1177  Guillaume  II,  roi  de  Sicile,  dont  elle  étoit  veuve 
depuis  plusieurs  années;  c'est  pour  cela  qu'elle  garda  le  titre  de  reine,  même 
après  son  second  mariage. 

Suivant  un  ancien  monument,  <(  le  comte  de  Toulouse,  après^  avoir  épousé 
«  Jeanne,  sœur  du  roi  d'Angleterre,  se  rendit,  le  12  de  novembre  de  l'an  1 196, 
«  dans  le  cloître  de  Notre-Dame  (de  la  Daurade)  de  Toulouse,  dans  la  salle 
«  du  prieur,  8c  là  il  reconnut  8c  accorda,  en  présence  des  consuls,  au  nombre 
«  de  ciix-huit,  du  conseil  de  la  ville  Se  du  faubourg,  8c  des  principaux  liabi- 
«  tans,  qu'il  n'avoit  sur  eux  aucun  droit  de  quête,  de  tolte,  d'albergue  8c  de 
«  prêt,  à  moins  qu'ils  ne  le  lui  permissent  volontairement.  »  Il  confirma  en 
même  temps  les  libertés,  coutumes,  usages  8c  privilèges  de"  la  ville  de  Tou- 
louse, ainsi  que  le  comte  Alfonse,  son  aïeul,  Se  le  comte,  son  père,  les 
avoient  accordés  8c  approuvés'*. 

L.  —  Mort  d' Alfonse  II ,  roi  d'Aragon.  —  Partage  de  ses  domaines 

entre  ses  fils. 

Raimond  VI,  par  le  traité  qu'il  conclut  avec  Ricbard,  roi  d'Angleterre, 
recouvra  non-seulement  ses  anciens  Etats  que  ce  prince  lui  détenoit  depuis 
longtemps,  mais  il  y  ajouta  encore  l'Agenois,  situé  des  deux  côtés  de  la 
Garonne,  Il  se  vit  délivré  la  môme  année  d'un  voisin  formidable,  ancien 
ennemi  de  sa  maison,  en  la  personne  d'Altonse  II,  roi  d'Aragon,  qui  mourut 
à  Perpignan,  le^  25  d'avril  de  l'an  1196,  8c  fut  inhumé  dans  l'abbaye  de 
Poblet. 

Les  historiens"^  font  un  grand  éloge  d'Alfonse  II.  L'un  d'entre  eux^  assure 
que  ce  prince  étoit  reconnu  pour  souverain,  dans  le  temps  de  sa  mort,  en 
divers  pays  situés  en  deçà  des  Pyrénées,  «  entre  autres  dans  le  Béarn,  la 
«  Gascogne,  le  Bigorre,  le  Comminges,  à  Carcassonne,  à  Béziers  8c  à  Mont- 
ci  pellier.  »  Mais  :  1°  l'on  ne  sauroit  dire  qu'Alfonse  fût  proprement  souve- 
rain d'aucun  pays  situé  en  France,  car  nos  rois  dominoient  alors  non  seule- 
ment sur  tous  ceux  dont  on  vient  de  parler,  mais  encore  sur  toute  la  Catalogne. 
2°  Il  s'en  faut  bien  que  ce  prince  fût  maître,  dans  le  temps  de  sa  mort,  de  tous 
ces  pays;  il  est  vrai  qu'il  prétendoit  la  suzeraineté  sur  Carcassonne,  Béziers 

'  Robertus  Je  Monte,  Chronieon.  ziers,  on   sait  (juellej  relations  étroites  existèrent 

'  Rogerius   de   Hoyeden ,    p.    3i5.    —   Martène,  entre  ces    princes  &   les    rois  d'Aragon   aux  doii- 

Velerum  SS.  amplissima  collectio,  t.  3,  c.  898.  zième  &  treizième  siècle.  [A.  M.] 

'  Catel,  Histoire  des  comtes  de  Tolosc,  p.  216.  —  '  Thalamus  de  Montpellier,  [édition  de  la  Société 

[Voyez    tome  VIII,  c.  439   &  «iiiv.   on    nous  pu-  archéologique  de  Montpellier,  p.  22  j  même  texte 

blions  à  nouveau  cet  acte  d'après  JJ.  xxi.]  latin  dans  la  Chronique  de  Saint-Sernin,  tome  V, 

*  Dom  Vaissete  n'a   ici  qu'à  demi-raison.  Il  est  c.  5o.] 
bien  certain  que  le  roi  d'Aragon,  Alfonse,  n'avait  '  Gesta  comitum  Barcinonensium,  c.  22  &$eq..— 

aucun    droit   sur  Montpellier  &   Béziers;   mais   il  Zurita,  Anales  de  la  corona  de  Aragon,  1.  2,  c.  47. 

n'en  était  pas  moins   le  suzerain   des   seigneurs  de  —  Bouche,   La  chorographie  de  la  Provence,  p.    17;^ 

Montpellier,  qui   tenaient  de   lui   des  terres   dans  &  suiv. 
la  Marche  d'Espagre    Quant  aux  vicomtes  de  Bc-  '  Zuritn,  Anales  delà  corona  de  Aragon,  1.  2,  c.  47. 


An 


An  1  19!) 


15j.  orisin. 
l.  111,  p.  lo.t. 


176  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XX. 

&  Montpellier;  mais,  outre  qu'il  n'en  jouissoit  pas  alors,  les  prétentions  qu'il 
pouvoit  avoir  sur  ces  deux  dernières  villes  n'étoient  appuyées  que  sur  de^ 
fondemens  chimériques'. 

Alfonse  laissa  trois  fils  &  quatre  filles  de  Sancie  de  Castille,  sa  femme. 
Pierre,  l'aîné,  lui  succéda  dans  le  royaume  d'Aragon,  la  principauté  de  Cata- 
logne &  les  comtés  de  Roussillon,  de  Pailhas,  de  Besalu  6<.  de  Cerdagne, 
qu'il  gouverna  jusqu'à  l'âge  de  vingt  ans  sous  la  tutelle  de  la  reine,  sa  mère. 
On  ajoute^  que  le  roi,  son  père,  disposa  aussi  en  sa  faveur  de  tous  les  droits 
qu'il  avoit  depuis  la  ville  de  Béziers  jusqu'au  port  d'Aspe;  c'est-à-dire  qu'Al- 
fonse  le  fit  son  héritier  pour  les  comtés  de  Carcassonne  &  de  Razès,  ou. 
plutôt  pour  les  prétentions  qu'il  avoit  sur  ces  deux  comtés;  car  le  vicomte 
Pvaimond-Roger,  qui  en  possédoit  le  domaine  utile,  reconnoissoit  alors  pour 
suzerain  le  comte  de  Toulouse,  son  oncle,  son  seigneur  naturel.  On  doit 
encore  remarquer  qu'il  y  avoit  quelques  comtés  dépendans  de  l'Aragon  ou  de 
la  Catalogne  sur  lescjucls  le  roi  Alfonse  II  ne  dominoit  que  médiatemcnt 
dans  le  temps  de  sa  mort;  tels  que  ceux  de  Besalu  &  de  Cerdagne  dont  il 
avoit  disposé  en  faveur  du  prince  Sanche,  son  oncle,  qui  lui  survécut;  celui 
de  Pailhas  qui  avoit  encore  alors  ses  comtes  particuliers,  £\c. 

Alfonse,  fils  puîné  d'Alfonse  II,  eut  pour  son  partage  le  comté  de  Pro- 
vence dont  il  fut  le  second  comte  de  son  nom.  On  prétend^  que  le  roi,  son 
père,  disposa  aussi  en  sa  faveur  des  vicomtes  de  Millau  &  de  Gévaudan,  Se 
du  droit  qu'il  avoit  sur  Montpellier  dont  le  seigneur  lui  avoit,  dit-on,  fait 
hommage.  On  a  vu  cependant  que  Guillaume  VIII,  seigneur  de  Montpel- 
lier, qui  possédoit  cette  ville  sous  l'hommage  de  l'évêque  de  Maguelonne, 
ifconnoissoit  alors  pour  son  suzerain  dans  le  reste  de  ses  domaines  le  comte 
de  Toulouse  Si  de  Melgueil.  Quant  aux  vicomtes  de  Millau  &  de  Gévaudan, 
il  paroît  que  Pierre,  roi  d'Aragon,  les  eut  dans  son  lot,  puisqu'il  les  engagea, 
en"*  1204,  à  Pvaimond  VI,  comte  de  Toulouse;  peut-être  que  ces  deux 
vicomtes  échurent  d'abord  à  Alfonse  II,  comte  de  Provence,  &  que  les  deux 
frères  les  échangèrent  quelque  temps  après.  Quoi  qu'il  en  soit,  le  même 
Alfonse  II,  fils  du  roi  d'Aragon,  unit^  le  comté  de  Forcalquier  au  comté  de 
Provence  par  le  mariage  qu'il  avoit  contracté,  en  iigS,  avec  Garsinde  de 
Sabran,  à  laquelle  Guillaume  IV,  comte  de  Forcalquier,  son  aïeul  maternel, 
donna  alors  ce  comté  en  dot.  Enfin  Alfonse  II,  roi  d'Aragon,  eut  un  troi- 

'  Peu  après,  en  avril    1197,   le  vigiiier  de  Tou-  cien    privilège,  avaient   le   droit  d'employer   telle 

louse,  Pierre-Roger,  fit,  de  concert  avec  les  con-  mesure  qu'il  leur  convenait.  Ce  furent  seulement 

suis,  un  règlement  sur  les  poids  &  mesures  publics.  des    mesures   publiques    destinées   à   contrôler   les 

Cet  acte  nous  apprend  qu'il  y  avait  des  mesures  en  fraudes.  (Cf.  t.  VIII,  c.  440  &  suiv.)  [A.  M.] 

pierre  à  Saint-Pierre-des-Cuisines,  à  Saint-Géraud  '  Gesta  comitum  Barcinonensium,  q.  22  &  seq. — 

&   à   Saint-Sernin  ;   elles   avaient   même   capacité  Zurita  ,  Anales  de  lu  corona  de  Aragon,  1,  2,  c.  47. 

que  deux  autres  mesures  en  cuivre  (servant  d'éta-  *  Zurita,  Anales  de  la.  corona  de  Aragon,  1.   2, 

lonsi"),  placées  à  Saint-Sernin  &  à  Saint-Etienne.  c.  47. 

La  quartière  est  fixée  par  cet  acte  à  la  moitié  d'une  ''Voyez   tome  VIII ,   Chartes,  n.  LXXX,   c.  5i8 

émine,  &  le  carton  vaut  huit  quartières.  L'usage  8t  suiv. 

de  ces  mesures  ne  fut  pas  du  reste  obligatoire  pour  ^  Bouche,   La   chorographie  ou   description   de  la 

içs  habitants  de  Toulouse  qui,  en  vertu  d'un  an-  Provence^  t.  2,  p.  173  &  suiv. 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XX.  177   — T 

'  '        Au  1 1()6 

sièine  fils,  nommé  '  Ferdinand,  qui  kit  religieux  de  l'ordre  de  Cîteaux  8c 
ensuite  abbé  de  Mont-Aragon.  Entre  les  hiles  de  ce  roi,  la  seconde  Se  la 
troisième,  nommées  Éléonore  8c  Sancie,  épousèrent  dans^  la  suite,  l'une 
Raimond  VI,  dit  le  Vieux,  comte  de  Toulouse,  5c  l'autre  Raimond  VII, 
surnommé  le  Jeune,  fils  de  ce  prince. 

Le  roi  Alfonse  se  rendit  recommandable  par  ses  exploits  8c  ses  excellentes 
qualités.  Il  protégea  ceux  qui  cultivoient  de  son  temps  la  poésie  provençale 
8c  ne  dédaigna  pas  lui-même  de  taire  des  vers  en  cette  languej  ce  qui  l'a  fait 
mettre  au  nombre  des  poètes  provençaux  sous  le  nom  à'Aljbnse,  roi  d'Aragon, 
celui  qui  trouva,  pour  le  distinguer  du  roi  Alfonse  I.  On  voit  un  poëme  ou, 
comme  on  disoit  alors,  une  chanson  de  sa  façon  dans  un  des  manuscrits^  de 
la  Bibliothèque  du  roi.  Il  est  représenté  à  cheval,  dans  la  lettre  grise,  armé 
de  toutes  pièces;  le  caparaçon  de  son  cheval  chargé  des  armes  d'Aragon,  paie 
d'or  Se  de  gueules.  Il  est,  d'ailleurs,  fait  mention  de  lui  dans  les  anciennes"* 
vies  des  poètes  provençaux,  St  en  particulier  dans  celles  de  Bertrand  de  lîorn 
ou  d'Hautefort,  d'Arnaud  de  Marviel,  de  Pierre  Rogier,  de  Pierre  Vidal,  du 
Moine  de  Montaudon,  de  Foulques  de  Marseille,  8cc. 

LI.  —  Comtes  de  Rode-^, 

II  est  parlé  dans  ces  vies  du  comte  de  Rode-:^  comme  d'un  des  seigneurs  de 
son  temps  qui  favorisèrent  le  plus  la  poésie  provençale.  Ce  comte,  qui  se 
nommoit  Hugues  8c  qui  tut  le  second  comte  de  Rodez  de  son  nom,  avoit 
succédé,  avant  l'an  iiôg,  à  Hugues  I,  son  père.  Il  établit^,  vers  l'an  1161, 
conjointement  avec  Hugues,  évêque  de  Rodez,  son  frère,  la  paix  dans  le 
diocèse  de  Rodez,  dont  il  régla  les  conditions,  du  conseil  des  abbés,  des  pré- 
vôts, des  archidiacres  Se  des  barons  du  pays;  Se  c'est  ce  qui  a  donné  l'origine 
au  droit  de  commun  de  paix  qu'on  lève  encore  dans  le  Rouergue.  Il  épousa"^ 
Agnès,  fille  de  Guillaume  VIII,  comte  d'Auvergne,  8c  en  eut  cinq  fils,  comme 
il  paroît  par  son  testament^,  daté  du  8  d'octobre  de  l'an  1 176.  Par  cet  acte  il 
choisit  sa  sépulture  dans  l'abbaye  de  Bonneval,  en  Rouergue.  Il  donne  le 
comté  de  Rodez  8c  tous  ses  domaines  jusqu'au  Tarn,  à  Hugues,  son  fils  aîné. 
Il  lègue  à  Gilbert,  son  second  fils,  le  pays  ou  vicomte  de  Creissel  8c  tous  ses 
biens  situés  au  delà  du  Tarn,  à  condition  qu'il  tiendroit  le  tout  en  fief  de 
son  aîné,  avec  substitution  de  l'un  à  l'autre.  Il  destine  deux  autres  de  ses  fils 
à  l'état  religieux,  savoir  :  Bernard,  le  troisième,  dans  l'abbaye  de  Loc-Dieu 
de  l'ordre  de  Cîteaux,  8c  Henri,  le  quatrième,  dans  celle  de  Conques.  Il  confie 
le  cinquième,  nommé  Guillaume,  aux  soins  du  prévôt,  oncle  de  ce  dernier, 
avec  cinq  cents  sols  de  pension  annuelle  sur  le  Carladois,  8c  ordonne  qu'en 

*  Zii  t  iï.i,  A iiaUs  Je  la  corons  Je  Aragon,  l.  2,  c.  47.  *  GaUia  Chnstiana ,  nov.  éd.  t.  1 ,  Instrum.  p.  5l . 

*  Vo/cï  tDir.o  VU,  iVelf  X,  n"'  V  &  vi,  pp.  26,27.  '  Voyez  tome  ^U,  Note  XII,  pp.  3j  à  33. 

'  Ms».  n.  7  22j.  '  Mariène,  Vcterum  SS.  ampliaima  colUclie,  t.  I, 

*  liid.    81   n.    769J.  —    [Roch:gude,   Parnasse,       ç.  897  &  sc<j. 
pp.  3j  &  ^i;  Mjhn,  p,  ui  &  Juiv.] 

VI.  „ 


An  1  lyô 


178  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XX. 

cas  ([ue  ce  prévôt,  dont  il  ne  dit  pas  le  nom,  mais  qui  est  le  même'  que 
Guillaume,  alors  prévôt  de  l'abbaye  de  Brioude  £<.  fils  puîné  de  Guil- 
laume VIII,  comte  d'Auvergne,  ne  voulût  pas  se  charger  de  son  éducation, 
ce  cinquième  fils  seroit  religieux  de  Saint-Victor  de  Marseille  avec  deux  mille 
sols  de  Rode^.  Il  donna  pour  tuteurs  &  défenseurs  à  ses  fils  Hugues,  évêque 
de  Pvodez,  &  Richard,  ses  frères.  Enfin  il  ordonna  de  rendre  à  (Agnès  d'Au- 
vergne^) sa  femme  quatre  mille  sols  du  Puy  Sv  vingt-cinq  marcs  d'argent  sur 
le  château  d'Entraigues,  qu'il  avoit  reçus  pour  sa  dot,  &t  lui  donna  de  plus 
voitr  son  douaire  {in  sponsalitium)  l'usufruit  de  la  moitié  du  Carladois  ou  de 
cette  partie  du  même  pays  qui  avoit  appartenu  à  Richard,  son  aïeul,  avec 
réserve  de  la  propriété  pour  son  fils. 

Richard ,  frère  de  Hugues  II ,  fut  présent  à  cet  acte  avec  la  mère  &  la 
femme  de  ce  dernier.  R.ichard  s'y  qualifie  comte,  de  même  que  dans  un  titre ^ 
de  l'an  1195.  Il  avoit  eu  pour  son  partage  la  vicomte  de  Lodève  avec  la 
moitié  du  Carladois,  mais  il  n'eut  sans  doute  ces  domaines  qu'en  apanage, 
car  nous  venons  de  voir  que  le  comte  Hugues  II,  son  frère,  disposa  de  ce 
dernier  pays  en  1176  Sn.  qu'il  vendit  la  vicomte  de  Lodève  aux  évêques  de 
cette  ville.  On  ne  trouve  plus  rien  de  Richard  après  l'an  1195.  Il  mourut,  à 
ce  qu'il  paroît,  sans  postérité;  ses  biens  furent  du  moins  réunis  au  comté  de 
Rodez. 

Hugues,  comte  de'*  Rode-^,  &•  Hugues,  son  fils  &•  de  la  comtesse  Agnès, 
firent  une  donation,  en  iiçS,  à  l'abbaye  de  Conques.  Hugues  II  se  démit 
entièrement  de  son  comté,  au  mois  de'  mai  de  la  même  année,  en  faveur 
d'Hugues,  son  fils;  cela  causa  quelque  contestation  entre  le  comte  &  l'évêque 
de  R.odez,  son  frère;  elle''  fut  terminée  bientôt  après  par  la  médiation  de 
l'iibbé  d'Aurillac  &.  du  comte  R.ichard ,  leurs  frères.  Donat,  viguier  (en 
R.ouergue)  pour  Raimond,  comte  de  Toulouse,  dont  le  comte  de  Rodez  étuit 
vassal,  fut  présent  à  cet  accord.  Hugues  III  jouit  depuis  du  comté  de  Rodez, 
mais  ce  ne  fut  pas  pour  longtemps,  car  il  mourut  sans  postérité''',  en  1196. 
Hugues  II,  son  père,  qui  lui  survécut,  disposa  du  comté  de  R.odez  en  faveur 
de  Guillaume,  son  cinquième  fils,  &  cela  nous  donne  lieu  de  croire  que 
Gilbert,  son  second  fils,  qu'il  avoit  substitué  à  Hugues,  son  aîné,  étoit  alors 
décédé.  Raimond  £<.  Henri  avoient  embrassé  l'état  monastique,  conformément 
au  testament  de  Hugues  II,  leur  père.  Ce  dernier  avoit  déjà  donné,  en  1199, 

'  Voyez  tome  VII,  Uotc  XII,  pp.  3d  n  33.  sion  (Cf.  de  Gaujal,  EtuJes  sur  le  Rouergue,  t.  2, 

'  IhiJ.  p.  8i.  Voir  dans  le  même  auteur,   ibiJ.  pp.   Si  à 

'  G  allia  ChrUùana,  nov.  cd.  t.  i ,  /is!''"'".  p.  5i .  83,  le  cérémonial  de  ce  couronnement;  quoi  qu'en 

*  Biiluzc.  Histoire gLnt'c:log':<jue  de  h  ni-iison  d'Au~  disent   cet  auteur   St  Bonal,  dans  son   Histoire  des 

vcrrne,  t.  2,  p.  761.  comtes  de   Rode^,  c'était   bien    un    hommage  que 

■'  Archives  du  domaine  de  Rodez.  prêtait  le  comte).  —  A  l'occasion  de  cette  investi- 

'•  Gallia  Christiana,  nov.  e;l.  t.  \,lnstrum.  p.5r.  turc,   les  deux  comtes    accordèrent    aux  habitants 

Ces  contestations  provenaient  de  ce  que  l'évêque  du  bourg  de  Rodez  des  privilèges  dont  le  texte  est 

prétendait  qu'avant  d'être  couronné,   le  nouve.iu  perdu  ;    ils  ;ont  rappelés  dans  une  diarte  dj    i,-!ci 

comte   lui    devait   l'hommage;   les  arbitres  choisis  (Voir  plus  bas,  &  de  Gaujal,  ut  suprj,  t.  1,  p.  29J 
lui  donnèrent  raison,   &  les  deuK  comtes,  dont   il  ■    &  suiv.  Si.  t.  ;,  p.  83).   [A.  M.) 
était  le  fièrc  !k  l'oiule,  se  sojmiient  à  leur  décl-  -  Voyez  tone  ^'11,  No:c  XII,  pp.  3o  à  33. 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XX.  170  "";; "T 

'  I       An  1  iç6 

le  comté  de  Rodez  à  Guillaume,  son  fils,  qui  en  jouit  absolument  pendant 
la  vie  de  son  père,  lequel  vécut  jusqu'en  1:08.  Guillaume  conliima'  en  qua- 
lité de  comte  de  Rode-^,  au  mois  d'avril  de  l'an  1204,  la  vente  que  son  père 
5v  son  frère  avoient  faite,  sei^^^e  années  auparavant,  en  faveur  de  Raimond, 
évêque  de  Lodève,  de  tout  ce  qu'ils  possédoient  dans  le  Lodévois. 

LU.  —  Raimond  VI  rentre  en  possession  du  Çuerci.  —  Coutumes  de  Moîssac, 

Raimond  VI,  comte  de  Toulouse,  après  avoir  fait  sa  paix  avec  Richard,  ^n  1 197 
roi  d'Angleterre,  rentra  en  possession  du  Querci.  Il  se  rendit,  le  20  d'avril  de 
l'an  1197,  à  Moissac,  où  il  déclara  par  un^  acte  authentique,  qu'ayant 
recouvré  cette  ville,  il  promettoit  une  entière  sûreté  aux  habitans  &  recon- 
noissoit  que  lorsqu'il  recevroit  pour  la  première  fois  leur  serment  de  fidélité 
en  qualité  de  seigneur,  il  devoit  jurer  de  les  protéger,  avec  dix  de  ses  barons, 
Raimond  reçut  ensuite  dans  le  cloître  de  l'abbaye  de  Saint-Pierre  le  serment 
de  fidélité  des  mêmes  habitans  81  autorisa-*,  vers  ce  temps-là,  les  coutumes 
du  bourg  de  Moissac,  après  qu'elles  eurent  été  rédigées  par  Bertrand,  abbé 
régulier  du  monastère,  Bertrand  de  Fumel  &  les  principaux  habitans.  Sui- 
vant ces  coutumes,  Raimond  se  disoit  seigneur  de  Moissac  en  qualité  de 
comte  de  Querci  &c  d'abbé-cAfVrt/zVr  du  monastère  de  ce  nom.  Elles  sont 
écrites  en  langage  du  pays  St  renferment  les  articles  suivans. 

1°  L'abbé-chevalier,  le  jour  de  son  entrée  dans  Moissac,  fera  serment  aux 
habitans  de  les  défendre  ik  de  les  protéger,  de  n'imposer  sur  eux  aucunes 
mauvaises  coutumes  ou  maltotes,  Stc.  Il  fera  prêter  le  même  serment  par  dix 
de  ses  barons,  ensuite  tous  les  habitans  de  Moissac  au-dessus  de  douze  ans 
lui  jureront  fidélité. 

2°  Les  différends  qui  pourront  s'élever  entre  l'abbé-chevalier  8c  sa  famille 
d'un  côté  8<.  l'abbé  religieux  81  sa  communauté  de  l'autre,  seront  terminés 
par  les  prud'hommes  de  Moissac,  sans  qu'il  soit  permis  de  recourir  à  aucun 
étranger}  8t,  en  cas  que  ces  prud'hommes  ne  puissent  s'accorder,  les  sei- 
gneurs de  Durfort,  de  Montesquieu  Si  de  Malause  seront  seuls  juges  du 
différend. 

3°  Le  seigneur  ou  son  viguier  81  les  habitans  de  Moissac  ne  doivent  pas 
non  plus  recourir  à  des  étrangers  pour  juger  leurs  différends. 

40  Les  habitans  de  Moissac  paveront  tous  les  ans,  en  carême,  au  seigneur     ûJ.origin. 
abbé-chevalier  cinq  cents  sols  de  C.ahors  pour  tout  droit  de  chevauchée  81  de 
queste}  8t  ils  ne  doivent  personnellement  aucune  chevauchée,  à  moins  qu'il 

'  Plantavit  de    la    Pause,  Chrono'.og'ia  praeiulum  bert  de   Fuinel  d'environ    iiîo.   Quelques  articles 

Lodoveniiuin,  p.   io5  &  scq.  pourtant   en    furent   supprimés,  notamment  celui 

'  Tome  VIII,   Chartes,  n.  LXVII,  ce.   441,  442.  qui  établissait  l'égalité   judiciaire  entre  les   bour- 

'  Titres  de    l'abbaye  &  de   la  ville  de  Moissac.  geois  &  les  chevaliers,   &   un   autre  qui  déclarait 

ATis.    Colhcrt.    [Au).    Doat,    117,    f"    1.]   —  Voyez  les  moines  de  l'abbaye  justiciables  des  prud'hom- 

Lngrèze-Fossat,  Etudes  sur  Moissac,  t.   1,  p.  63  &  mes.  (Voyez  ut  supra,  p.   112   à  114.)  En   somme,     • 

sutv.  —  Ces  coutumes  ne  sont  que  la  reproduction  cette  charte  restreignait  dans  une  certaine  mesure 

à  peu  près  intégrale  de  la  grande  charte  de  C.a'.iz-  les  privilège;  des  habitants.  [A.  M.] 


An  1 197 


180  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XX. 

n'y  eût  J5;ucrre  pour  le  Jhit  de  JMoïssac;  dans  ce  cas  là  ils  seront  ternis  de 
suivie  !e  seigneur  en  aimes,  pourvu  qu'ils  puissent  être  de  retour  à  Moissac 
le  jour  même. 

5°  Les  adultères  pris  en  flagrant  délit  ne  seront  punis  d'aucune  peine 
afflictive  ;  leur  honneur  8<  leurs  biens  seront  mis  seulement  à  la  discrétion 
du  seigneur.  Quant  au  vol  &  à  l'homicide,  le  seigneur  fera  telle  punition 
corporelle  des  coupables  que  les  prud'hommes  de  Moissac  le  jugeront  à  propos; 
&C  après  la  réparation  des  dommages,  tous  les  biens  seront  confisqués  au  profit 
du  même  seigneur. 

60  Celui  qui  surprend  un  homme  qui  dérobe  Si  le  tue  n'est  sujet  à  aucune 
peine. 

70  II  n'y  aura  que  l'abbaye  de  Moissac  qui  puisse  servir  d'asile  aux  malfai- 
teurs, &C. 

LUI.  —  Raimond  confirme  les  privilèges  de  l'église  de  Nimes,  —  Naissance 

de  Raimond  VU,  son  fils. 

Le  comte  Raimond  fit',  vers  le  même  temps,  un  voyage  à  l'abbaye  de 
Grandselve,  où  il  confirma,  en  présence  de  Guillaume,  seigneur  de  Montpel- 
lier, les  privilèges  que  le  comte,  son  père,  avoit  accordés  à  ce  monastère.  11 
alla  ensuite  dans  le  bas  Languedoc,  où  il  exempta,  au  mois^  de  juin  de 
l'an  1194,  les  chanoines  de  la  cathédrale  de  Nimes  de  tous  frais  de  justice 
lorsqu'ils  plaideroient  devant  lui  &  devant  ses  viguiers  (y  ses  barons,  confor- 
mément au  privilège  que  le  comte,  son  père,  leur  avoit  accordé.  Il  les  con- 
firma en  même  temps  dans  la  possession  des  étaux  que  le  feu  vicomte  Ber- 
nard-Aton,  fils  de  Cécile,  &c  ensuite  Bernard-Aton,  son  fils,  &  Guillelmette, 
mère  de  ce  dernier,  leur  avoicnt  donnés  81  des  nouveaux  étaux  qu'ils  avoient 
acquis  par  l'accord  qu'ils  avoient  fait  avec  le  vicomte  &  l'évêque.  Il  ajoute  : 
((  J'accorde  semblablement  aux  savetiers  8t  aux  tanneurs  la  permission  de 
«  débiter  leurs  marchandises  dans  les  autres  étaux,  c(ui,  en  vertu  de  cet 
<(  accord,  sont  échus  dans  mon  partage  8c  dans  celui  de  l'évêque.  »  Il  con- 
firma aussi  le  traité  que  Guillelmette,  mère  de  Bernard-Aton,  autrefois  vicomte, 
avoit  fait  avec  les  chanoines  &<.  avec  l'évêque  au  sujet  des  nouveaux  étaux, 
&c  la  permission  que  le  même  Bernard-Aton,  autrefois  vicomte  de  Nimes  6- 
d'Agde,  leur  avoit  accordée  de  construire  un  four.  Nous  comprenons  par  cette 
clause  que  les  comtes  de  Toulouse  avoient  succédé  à  ce  vicomte  dans  la 
vicomte  de  Nimes,  comme  nous  l'avons  observé  ailleurs^.  Enfin  Raimond 
reconnoît  que  lui  8<  ses  prédécesseurs  n'ont  jamais  eu  aucun  droit  d'albergue 
sur  l'église  de  Nimes.  Il  se  qualifie  comte  de  Toulouse  &-  de  Nimes  dans  cet 
acte,  qui  est  daté  du  château  de  Beauvoisin,  dans  la  vigne  de  l'église,  durant 
le  siège  de  ce  château'^. 


0 


'  Archives  de  l'iihb.iye  do  Grandselve,  '  Voyez  ci-dessiis,  n.  vi,  ].p.  120  à  iî3. 

•  Voyez  t9m«  VIII,  Chiutes,  n.  liXVIII,  çc.  .^^3  '  Min.ird,  Histoire  de  Nimes,  t.    1,  p.  2ji,  con- 

à  ^^i'  jîçturc  ^ue  «e  siège  avait  pont  objci  d«  çhiisser 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XX.  i8 


i»i 


Ail   1  lyy 


Cette  date  prouve  que  Raimond  VJ,  comte  de  Toulouse,  ctoit  alors  en 
armes  du  coté  du  Rhône;  mais  nous  ignorons  le  motit  qui  l'avoit  engagé  à 
les  prendre  &  à  assiéger  le  château  de  Beauvoisin,  situé  à  deux  lieues  de 
Nimes  vers  le  sud-est.  La  comtesse  ou  la  reine  Jeanne,  sa  femme,  étoit  en 
même  temps  à  Beaucaire',  où  elle  accoucha,  au  mois  de  juillet  suivant,  d'un 
iîls  qui  fut  nommé  Raimond. 

11  V  a  lieu  de  croire  que  le  comte  de  Toulouse  passa  le  reste  de  l'année 
auK  environs  du  Rhône,  &  qu'il  étoit  ahsent  de  sa  capitale  lorsque  son 
viguier^  y  Ht  une  ordonnance,  au  mois  de  novembre,  de  l'avis  des  consuls  (S- 
du  commun  conseil  de  lu  ville  6-  des  faubourgs,  touchant  les  moyens  que  les 
créanciers  dévoient  employer  pour  se  faire  payer  de  leurs  débiteurs.  Nous 
apprenons  d'ailleurs  que  le  comte  de  Toulouse  étoit  à  Montpellier  à  la  fin 
de  l'an  1197,  6t  qu'il  favorisa  le  mariage  ([ui  fut  célébré  alors  entre  Marie, 
fille  de  Guillaume  VIII ,  seigneur  de  cette  ville,  &  Bernard  VI,  comte  de 
Comminges. 

LIV.  —  Mariage  de  Marie  de  Montpellier,  veuve  de  Barrai,  vicomte 
de  Marseille,  avec  Bernard  V ,  comte  de  Comminges. 

Marie  avoit  épousé^  en  premières  noces,  dans  un  âge  où  elle  étoit  à  peine 
nubile.  Barrai,  vicomte  de  Marseille,  dont  elle  devint  veuve  en  1192,  peu 
de  temps  après  son  mariage.  Son  père,  qui  vouloit  la  déshériter  pour  avan- 
tager les  enfans  qu'il  avoit  d'Agnès,  sa  seconde  femme,  ne  lui  constitua  que 
cent  marcs  d'argent  en  dot,  en  la  promettant  à  Barrai,  Se  l'obligea  de  renoncer 
à  sa  succession.  Ce  vicomte,  par  son  testament,  outre  la  restitution  de  ces 
cent  marcs,  légua  à  Marie  quatre  cents  autres  marcs  avec  ses  robes,  bagues, 
jo\aux  Sv  meubles  de  chambre.  Geoffroy,  évêque  de  Béziers,  Si  Rousselin, 
frères  de-Barral  Se  ses  exécuteurs  testamentaires,  firent  difficulté  d'acquitter 
ce  legs;  mais  le  pape  Célestin  111,  sur  les  plaintes  de  Marie,  ayant  ordonné 
en  1194  aux  archevêques  de  Narbonne  &  d'Arles  de  les  v  contraindre  jiar 
censures  ecclésiastiques,  ils  furent  obligés  de  la  satisfaire.  On  prétend '•que 


quelques  routiers  qui   se  sernient  emparés  du  chji-  débiteur    passe  d<    l'un  à   l'autre  jusqu'à  ce  qu'il 

leiii.  [A.  M.|  s'en    trouve    un    qui  consente  à  le   retenir  en  pri- 

'  \'oyez  tome  V,  c.  3.^.   —    Rogerius  de  Hovt-  son.  .—  Si  le  débiteur  s'échappe  &  se  réfugie  dans 

den.  Annales  Anglicani,  p.  ^ÎS.  —  Guilleltnus  de  le  cloître  (de  Saint-Sernin?),  1«  créancier  peut  l'y 

Podio  Laurentii,  c.  5.  —  Chronique  anonyme  d^m  poursuivre   &  l'y   faire  détçnir.  —  Si    un   créan- 

Catel,  p.   lôo.  [Voyez  tome  V,  c.  Si.]  cier   laisse  aller  librement  un  débiteur,  un  autre 

'  Caiel,  Hhtoire  des  comtes  Je  ToUie,  p.  2:7  &  créancier   peut    le  saisir,  &   les  droits  du  premier 

tuiv.  —  N'oyez   tome  VUI,  ce,    j^^f)  à  448.    Après  sont  annulés.  [A.  M.] 

plainte  faite   au    viguier,    le  débiteur  est   enfermé  '  C3t\<:\,  Séries  pracsulum  Magalonemium ,  z''  ei. 

huit    jours  au  château    Narbonnais;   le   neuvième  p.    24^1    &    seq.   —    Ruffi,     Histoire    Je    Ma'seille, 

jour,    le  créancier  doit   prouver  que  le   débiteur  a  2''  éd.    t.    1 ,   p.    7.Î    &    suiv.  —    Chronicon    Massi- 

de  quoi   le  payer;   sinon  on    lui    livre  celui-ci,  &  licnsc,   dans    Labb:,    Bihliotheca    nov.    manuscript, 

il    peut   le  tenir  chez  lui,  aux  fers,  au   pain   &  à  t.   1,  p.  '{4. 

l'e.iu,    jusqu'à   ce   que    les   consuls    aient    examiné  *  Ruffi,  Histoire  Je  Marseille,   z'  éd.    t.   1  ,  p.  fj 

l'alTaire.  —  Quand  il  y  a  plusieurs  créanciers,  le  &  suiv. 


I"d.  Giipin. 
.  1:1,  p.  107. 


An  1  ly/ 


182  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XX. 

Banale,  fille  du  même  Banal,  vicomte  de  Marseille,  !ac(Ufcllc  cpousr^  Hugues 
de  Baux,  prince  d'Orange,  étoit  née  du  mariage  de  ce  vicomte  avec  Marie 
de  Montpellier,  Se  on  s'appuie  pour  le  pjrouver  sur  quelc|ues  conjectures; 
mais  elles  n'ont  aucune  vraisemblance,  tant  à  cause  de  la  parenté  qui  étoit 
entre  Hugues  de  Baux  ik  Marie,  que  parce  que  cette  dernière  n'avoit,  en  1 197, 
guères  plus  de  quinze  ans,  comme  nous  le  verrons  bientôt;  &  qu'enfin  en 
parlant  de  tous  ses  enfans,  dans  son  testament  de  l'an  I2i3,  elle  ne  dit  rien 
de  Barrale.  Ainsi  Barrai  aura  eu  cette  fille  d'Adélaïde  de  Roque-Martine,  sa 
])remièrc  femme,  doiu  il  est  fait  mention  dans  la  Vie'  de  Foulques  de  Mar- 
seille ik  de  queltjues  autres  anciens  poëtcs  provençaux. 

La  mort  de  ce  vicomte  a\ant  rompu  toutes  les  mesures  du  seigneur  de 
Montpellier,  celui-ci  chercha  à  remarier  Marie,  sa  fille,  &<  à  l'engager  par  de 
nouveaux,  liens  à  renoncer  à  sa  succession.  11  jeta  les  yeux  sur  Bernard, 
comte  de  Comminges,  quoique  ce  comte  eût  actuellement  deux  femmes 
vivantes.  La  première  étoit  Béatrix,  comtesse  de  Bigorre,  qu'il  avoit  répudiée 
sans  aucune  forme  de  procès,  sous  prétexte  de  parenté,  après  en  avoir  eu 
une  fille,  pour  épouser  Comtois  de  la  Barthe.  Bernard,  voulant  répudier 
aussi  cette  dernière^,  prétendit  que  son  mariage  avec  elle  ne  pouvoit  sub- 
sister, à  cause  de  la  parenté  qui  étoit  entre  eux;  Se  s'étant  rendu  avec  elle 
dans  l'église,  au  mois  de  novembre  de  l'an  1197,  il  se  présenta  à  Raimond, 
évoque  de  Comminges,  &  prouva  devant  ce  prélat  qu'il  étoit  parent  de  Com- 
tors  du  quatrième  au  cinquième  degré.  Cette  dame  convint  du  tait  en  pré- 
sence de  tous  ses  parcns  qui  l'accompagnoient,  des  abbés,  de  tout  le  clergé 
fk  du  peuple;  &<,  ayant  donné  son  consentement  à  la  dissolution  de  son 
mariage,  l'évêque  prononça  la  sentence  de  séparation  que  l'archevêque  d'Auch, 
métropolitain  de  la  Province,  confirma  sur-le-champ.  Il  est  marqué  dans 
l'acte  qui  en  fut  dressé  que  le  mariage  du  comte  de  Comminges  avec  Comtors 
avoit  duré  peu  de  temps;  preuve,  ou  que  les  deux  fils  &c  la  fille  qu'on  leur 
donne -^j  n'étoient  pas  tous  nés  pendant  ce  mariage,  ou  que  Bernard  les  eut 
d'une  autre  femme. 

Ce  comte,  se  voyant  ainsi  entièrement  libre,  se  rendit  k  Montpellier,  au 
mois  de  décembre  suivant,  avec  le  comte  de  Toulouse,  son  cousin  germain, 
l'arclicvêque  d'Auch,  l'évêque  de  Comminges,  Fulcrand,  évêque  de  Tou- 
louse, Raimon.d,  évêque  d'Agde,  frère  du  seigneur  de  Montpellier,  &  plu- 
sieurs seigneurs  séculiers;  St  là  il  épousa  Marie  de  Montpellier.  Suivant  le 
contrat^  de  mariage,  Guillaume,  seigneur  de  Montpellier,  Jili  de  /eue  ALi- 
thilde  (de  Bourgogne),  duchesse,  déclare  que,  voulant  marier  Marie,  sa  fille, 
avec  le  comte  de  Comminges,  il  lui  donne  en  dot  deux  cents  marcs  d'argent 
£<  les  habits  de  noces.  Bernard  assigne  de  son  côté  pour  le  douaire  de  Marie, 
qu'il  prend  pour  épouse,  la  jouissance  pendant  sa  vie  du  château  de  Muret  S< 
de  ses  dépendances,  qu'il    lui   hypothèque  de  plus  pour  sa  dot;  avec  clause 

'  Mss.   de   !a    Bibliothèque  du    roi,   n'"  7  22;j  &  '  Le  P.  Ansclint,  Histoire  gcncalogi^ue  Jts  gr.tiuU 

7698.  tifficiers,  &c.   t.   2,  p.63i. 

'  Tome  Vin,  Chartes,  -.i.  LXIX,  ce.  .}.)8,  449,  ■•  D'Achéry,  Spiùh-gium,  t.   1  1 ,  p.  35-. 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XX.  i83 

expresse  que  !e  fils  c|ui  viendra  c'c  ce  mariage  succédera  au  comte,  son  père, 
dans  tous  ses  domaines,  £<  (jue  s'il  n'y  a  qu'une  hlle  elle  recueillera  égale- 
ment sa  succession,  excepté  du  pays  de  Comminges;  en  sorte  que  Bernard 
ne  se  réserva  que  quatre  châteaux  pour  en  disposer  en  faveur  de  Bernard, 
son  jils ,  &  de  Comtors ,  fille  d' Arnaud-Guillaume  de  la  Barthe,  lequel  ne 
pourroit  prétendre  autre  chose.  Marie  de  Montpellier  se  réserva  de  son  côté 
les  droits  Si  les  actions  qu'elle  avoit  sur  les  biens  St  les  héritiers  de  Jeu 
Barrai,  son  mari,  jusqu'à  la  somme  de  trois  cents  marcs  d'argent;  reconnois- 
sant  que  celle  de  deux  cents  marcs  que  son  père  lui  donnoit  en  dot,  lui 
avoit  été  payée  en  déduction  des  cincj  cents  marcs  que  le  même  Barrai  lui 
avoit  légués  par  son  testament,  &  que  dans  ces  deux  cents  marcs  étolent 
compris  les  cent  marcs  qu'elle  avoit  eus  en  dot  en  se  mariant  avec  Barrai. 
Raimond,  comte  de  Toulouse,  Vijal  de  Montaigu  8c  quatre  autres  seigneurs 
promirent  par  serment,  au  nom  du  comte  de  Comminges,  qu'il  ohserveroit 
toutes  ces  choses;  &  l'archevêque  d'Auch,  les  évêques  de  Comminges  8t  de 
Toulouse  promirent  de  leur  côté,  de  l'aveu  du  même  comte,  de  l'excommu- 
nier Si  de  jeter  l'interdit  sur  toutes  ses  terres,  en  cas  d'infraction  de  sa  part. 
Bernard  fit  le  comte  de  Toulouse  donnèrent  de  plus,  pour  garans  du  traité, 
Guillaume  de  Baux,  Hugues,  son  frère,  S<  Bernard  d'Anduze,  avec  promesse 
de  la  part  du  comte  de  Toulouse,  si  le  comte  de  Comminges  ne  l'accomplis- 
soit  pas  iîdèlement,  de  lui  faire  la  guerre  à  la  tête  de  tous  ses  vassaux.  L'acte 
qui  est  daté  de  Montpellier,  dans  la  chambre  de  Guillaume,  seigneur  de 
cette  ville,  fut  passé  en  présence  de  Raimond,  évêque  d'Agde,  du  prévôt  de 
Maguelonne  Se  de  plusieurs  seigneurs  de  la  Province  ou  du  diocèse. 

Le  même  jour,  Guillaume,  seigneur  de  Montpellier,  fit  faire  à  Marie,  sa 
fille,  un  acte'  dans  lequel  elle  s'exprime  de  la  manière  suivante  :  «  Il  est 
«  notoire  à  tous  ceux  qui  savent  la  morale  fi<  le  droit  que  les  femmes  ne 
c.  peuvent  être  juges,  ni  avoir  part  à  l'examen  des  procès  Se  à  la  pronon- 
«  dation  des  sentences;  que  c'est  une  coutume  établie  de  tout  temps  dans 
<i  la  seigneurie  de  Montpellier  Se  dans  ses  dépendances,  que  le  domaine,  la 
0  tlomination,  la  puissance,  la  juridiction  Se  l'empire  ne  peuvent  jamais  être 
I'  transmis  aux  filles,  tant  tju'il  y  a  des  mâles;  Se  que  les  lois  impériales 
«  interdisent  aux  femmes  la  possession  des  royaumes,  duchés,  principautés, 
Il  comtés,  mar(|uisais  Se  juridictions  quelconques.  C'est  pourquoi,  moi,  Marie, 
'<  fille  de  Guillaume  de  Montpellier,  instruite  du  fait  Se  du  droit,  Se  recon- 
(1  noissant  que  je  suis  âgée  de  quinze  ans  Se  plus,  j'abandonne  entièrement, 
Il  tant  pour  moi  que  pour  mes  héritiers  Se  successeurs,  à  vous,  Guillaume, 
«  mon  père,  Se  à  vous,  Guillaume,  son  fils  Se  de  madame  Agnès,  m.on  frère, 
«  toute  la  ville  de  Montpellier  avec  tout  ce  qui  en  dépend;  le  bourg  de 
«  Latcs,  ceux  de  Montferrier  Se  de  Castelnau;  les  châteaux  de  Castries, 
»  dOmclas,  du  Fouget  Se  de  Paulhan;  les  lieux  de  Cornon-Sec,  de  Mont- 


'  G,i ri el ,  5crifi   praesulum  Magaloncnstum,  2'  éd.   p.    î.ï^   &   suiv.   —  Lice  de  Montpellier,    i''  pnrt. 
18:1  Si  siiiv. 


An  II  y7 


l-'d.  origin. 
t.  Ul,  p.  lui. 


■~ J84  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XX. 

An  1  ip7  ^ 

«  bazin  &  de  Mont-Arnaud,  les  cliâteaux  de  Pignan,  de  Frontignan,  de 
«  Loupian,  £cc.  &  tous  les  droits  que  je  pourrois  avoir  à  cause  de  la  suc- 
«  cession  de  mon  père  &  de  ma  mère;  &,  en  toutes  ces  choses,  je  renonce 
«  expressément  à  tout  droit  écrit  S<.  non  écrit,  parce  qu'on  dit  que  Guil- 
«  laume,  mon  frère,  fils  d'Agnès,  est  né  du  vivant  de  ma  mère  5  Se  je  renonce 
«  de  la  même  façon  en  faveur  de  tous  les  mâles  qui  naîtront  d'eux  par  degrés. 
«  Que  si,  ce  qu'à  Dieu  ne  plaise,  Guillaume  mon  frère,  fils  de  madame 
«  Agnès,  vient  à  mourir  contre  notre  espérance,  je  fais  les  mêmes  renoncia- 
«  tions  en  faveur  de  Guillaume  de  Tortose,  fils  de  madame  Agnès,  &.  de  tous 
«  les  fils  qu'elle  aura  de  monseigneur  Guillaume,  mon  père.  Il  est  à  savoir, 
«  cependant,  que  si  monseigneur  Guillaume,  mon  père,  décède  sans  enfans 
<i  mâles,  son  héritage  m'appartient,  comme  à  la  fille  aînée,  par  le  droit  accou- 
«  tumé  de  Montpellier.  »  Marie  fait  ensuite  serment  d'observer  fidèlement 
tous  ces  articles.  Bernard,  comte  de  Comminges,  son  mari,  en  fit  autant  & 
donna  pour  ses  garans  Raimond,  comte  de  Toulouse,  Vital  de  Montaigu  & 
les  autres  qu'il  avoit  donnés  pour  cautions  dans  son  contrat  de  mariage,  avec 
une  égale  promesse  de  la  part  de  l'archevêque  d'Auch  Se  des  évêques  de  Com- 
minges Si  de  Toulouse,  de  l'excommunier  en  cas  d'infraction.  Mais  toutes  ces 
précautions  de  Guillaume  de  Montpellier,  pour  assurer  sa  succession  à  ses  fils 
du  second  lit,  furent  inutiles. 

LV.  —  Guerre  entre  les  comtes  de  Commînires  6  de  Foîx,  b  entre  ce  dernier 
if  le  comte  d'Urgel.  —  Union  de  l'abbaye  de  Vajal  à  celle  de  Boulbonne. 
Fondation  de  celle  de  Valnègre. 

Le  comte  de  Comminges  eut  un  différend  l'année  suivante  avec  Raimond* 
Pvoger,  comte  de  Foix,  son  voisin,  qui  se  ligua'  contre  lui,  au  mois  de 
novembre,  avec  les  seigneurs  de  Ganag.  Le  comte  de  Foix  étoit  en  guerre 
en  même  temps  avec  le  comte  d'Urgel,  au  delà  des  Pvrénées.  On  prétend^ 
que  leur  querelle  s'éleva  à  l'occasion  des  limites  de  leurs  Etats j  qu'elle  par- 
tagea toute  la  Catalogne,  &  que  le  comte  de  Foix  a\ant  assiégé,  en  1198, 
la  ville  d'Urgel,  il  l'emporta  de  force,  la  mit  au  pillage  avec  la  cathédrale, 
fit  les  chanoines  prisonniers,  exigea  d'eux  une  grosse  rançon  8v  désola  tout 
le  pays. 

Raimond-Roger  étoit  en  deçà  des  Pyrénées,  au  mois  de  mars  de  la  même 
année,  8<.  fut  présent  à-'  la  consécration  de  l'église  de  l'abbaye  de  Boulbonne, 
qui  fut  faite  le  dimanche  i5  de  mars,  l'an  de  l'Incarnation  119H,  Philippe 
étant  roi  de  France,  6*  Raimond  comte  de  Toulouse  :  preuve  certaine  (|ue, 
quoique  l'acte  .de  cette  consécration  soit  daté  de  l'Incarnation,  on  y  com- 
l'd.oiisin.     mencc  cependant  l'année  à   la  Nativité.    Le  comte  de  Foix  accorda  à  cette 

I.  ni ,  p.  lot).  *  «M  1  j    1   1  I       1  n 

occasion  divers  privilèges  à  !  abbaye  de  boulbonne,  en  présence  de  Fulcrand, 

'  Voyez  tome  VMI,  Chartes,  n.  LXXI,  ce.  /jô-,       c.   i  8.  —  Fcrrerns,  Chronicoit,  ad  ann.  moj.  — De 
A^,\,  Mnrc.'i,  fJhtoirc  de  Béarti,  p.  yij. 

'  Ziirita,  Anales  Ac   h    corona   Je  Aragon,   I.   2,  '  Voyei  to:nc  ^'I1T,  Charte;,  n.  LXXI,  c.  ^ii. 


An  I  198 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XX.  i85 

évêque  de  Toulouse,  de  Laurent,  cvêque  de  Conserans,  d'Esclarmonde,  sa 
sœur,  Stc.  ' 

L'abbaye  de  Boulbonne  étoit  devenue  alors  très-considérable,  soit  par  les 
libéralités  qu'elle  avoit  reçues  des  comtes  de  Foix,  qui  y  avoient  leur  sépul- 
ture, &  de  divers  seigneurs  des  environs,  soit  par  l'union  qui  y  avoit  été 
faite  depuis  peu  de  deux  autres  monastères  du  voisinage,  savoir  :  de  ceux  de 
Vaïal  ou  Vajal  &  de  Notre-Dame  de  Garnicia.  Le  premier*,  qu'on  appeloit 
aussi  la  maison  d'Aymeri  [domus  Aymerici)^  suivoit  l'institut  du  bienheureux 
Gérard  de  Sales,  &  dépendoit  de  l'abbaye  de  Tenaille,  en  Saintonge.  Il  étoit 
situé  auprès  de  la  rivière  de  l'Hers,  Se  étoit  déjà  fondé  en  ii25,  lorsque  Ber- 
trand de  Beaupuy,  l'un  des  principaux  seigneurs  du  pays,  fit  une  donation 
à  Aymeri  S<  aux  frères  de  la  maison  de  Vajal.  Elle  fut  depuis  gouvernée  par 
des  abbés  soumis  à  ceux  de  Tenaille  jusqu'au  mois  d'avril  de  l'an  iig5  que 
Gautier,  abbé  de  ce  dernier  monastère,  &  ses  religieux  ayant  consenti  à  son 
union  avec  celui  de  Boulbonne,  de  l'ordre  de  Cîteaux,  trois  moines  St  huit 
convérs  de  Vajal  firent  profession  entre  les  mains  d'Odon ,  abbé  de  Boul- 
bonne, qui  se  chargea  de  faire  desservir  l'église  de  Vajal •*. 

L'abbaye  de  Boulbonne  donna  l'origine,  d'un  autre  côté,  à  la  fin  du  dou- 
zième siècle  ou  au  commencement  du  suivant,  à  divers  monastères,  entre 
autres  à  l'abbaye  de  Valnègre  ou  Valnave,  fondée  pour  des  filles  de  l'ordre 
de  Citeaux,  près  du  lieu  de  Lissac,  dans  le  comté  de  Foix,  &.  aujourd'hui 
dans  le  diocèse  de  Rieux.  Guillaume  de  Lissac,  chevalier,  en  fut  le  principal 
bienfaiteur  en  1209.  L'abbaye  de  Valnègre  fut  unie,  en  1442,  à  celle  de 
Boulbonne,  dont  elle  avoit  toujours  dépendu.  Elle  étoit  alors  tombée  dans 
la  décadence  à  cause  des  guerres "♦. 

LVL  —  Le  comte  de  Toulouse  se  ligue  avec  le  roi  d'Angleterre  contre  le  roi 

de  France. 

Le  comte  de  Toulouse  St  Jeanne  d'Angleterre,  sa  femme,  allèrent  en  i  igS^ 
à  la  cour  du  roi  Richard,  frère  de  cette  princesse,  &  ils  célébrèrent  avec  lui, 
au  Mans,  la  fête  de  Pâques  qui  tomboit,  cette  année,  le  29  de  mars.  La 
guerre  s'étoit  renouvelée  alors  entre  ce  roi  &  Philippe-Auguste,  St  Richard 
faisoit  tous  ses  efforts  pour  débaucher  les  grands  vassaux  de  ce  prince.  Il 
réussit  en  partie  8t  trouva  moyen  de  se  liguer  contre  lui  avec  Baudouin, 

'  Ail  mois  d'octobre  de  la  même  annéis  1198  le  *  Voyez  tome  IV,   p.   8Ô1    &  siiiv.;   l'union   à 

comte   Raimond-Roger  donnn  à   la   colUgiale  de  l'abbnye  de  Boulbonne  fut  décidée  en    iv]3.',  mais 

Saint- Anionin  de  Pamiers  la  forteresse  du  Caylar,  elle  ne  s'accomplit  pas  avant    144^.  Il  y  eut  pro- 

constniite  dans   ladite  ville  à   conJitlon   de   ne  la  babUment   des   démêles    à  ce  sujet   entre    les   deux 

livrera   aacun   de    ses    ennemis.    Voyez    tome    V,  parties,  démêlés  dont  nous  ne  connaissons  qu'im- 

c.    i'i6,n.   II.  [A.  M]  parfaitement  l'histoire.    [A.  M.] 

'  Archives  de  l'abbaye  de  Boulbonne.  •  Rojerius  de  Hoveden,  Annula  Ang!lc.:ni,  p.  442 

'  Voyez   sur   cette   abbaye  de  Vajal,    tome  IV,  &   ^^^.  —   Radulphus,  abbas  Coggcslial.ie,   Chro- 

p.  fti."!,  où    nous    indiquons    Its    quatre    abbés    de  nicon  Anglicum ,  ap.  tilartinc,  l'dcrum  SS.  r-mplis- 

cette  abbaye  que  l'on  con  laisse.  [A.  M.j  sima  collcctio,   t.   5,  c.  844. 


An  1 198 


'a„  ,,ç3        iS6  histoire  générale  de  LANGUEDOC.  LIV.  XX, 

comte  de  Flandres,  Raimoiid,  comte  de  Toulouse,  les  comtes  de  L,ouvain, 
de  Braine,  de  Guines,  de  Boulogne,  du  Perche,  de  Blois,  de  Bretagne.  S<c., 
qui  lui  promirent  tous  par  serment  de  ne  faire  la  paix  avec  Philippe  c[ue 
d'un  commun  accord'.  Nous  n'entrerons  pas  dans  le  détail  de  cette  guerre,  qui 
eut  diftérens  succès,  parce  qu'elle  n'est  pas  de  notre  sujet  8<  que,  d'ailleurs, 
les  historiens  ne  marquent  pas  si  le  comte  de  Toulouse  se  mit  en  campagne, 
ni  s'il  exerça  quelque  hostilité  contre  Philippe.  Nous  nous  contenterons  de 
remarquer  que  Raimond  étoit,  au  mois  de  juillet  de  la  même  année,  dans  le 
Vivarais,  où  il  lit  un  traité  avec  Nicolas,  évoque  de  Viviers,  au  sujet  des  diffé- 
rends qui  s'étoient  renouvelés  entre  eux  touchant  le  domaine  Si  la  juridiction 
sur  ce  pays. 

LVII.  —  Accord  entre  le  comte  de  Toulouse  b  Vévêque  de  Viviers. 

Maison  d' yindu-^e . 

Raimond  '  prétendoit  entre  autres  que  le  château  de  Ségaulières  ou  de 
Largentière,  avec  quelques  autres  du  voisinage,  £c  toutes  les  mines  d'argent 
(|u'on  avoit  ouvertes  dans  leur  territoire,  lui  appartenoient.  L'évoque  de 
Viviers",  Aymar  de  Poitiers,  comte  de  Valentinois,  &  Bernard  d'Anduze,  qui 
possédoient  divers  domaines  aux  environs,  soutenoient  le  contraire.  Eniîn, 
après  avoir  disputé  pendant  longtemps  sur  leurs  droits  réciproques,  ils  s'assem- 
blèrent tous  quatre  dans  la  place  publique  d'Aubenas,  au  mois  de  juillet  de 
l'an  1198,  &  là  ils  convinrent  des  articles  suivans  :  1°  L'évêque  de  Viviers, 
le  comte  de  \'^aIentinois  Si  Bernard  d'Anduze  déclarèrent  nulles  toutes  les 
conventions  qu'ils  avoient  faites  précédemment  entre  eux  sur  ce  sujet. 
2°  L'évêque,  du  consentement  des  deux  autres  81  de  son  chapitre,  donna  en 
fief  au  comte  de  Toulouse  81  à  ses  successeurs  la  moitié  du  château  de. Lar- 
gentière, Si  des  droits  justes  ou  injustes  qu'on  levoit  sur  les  mines  qui  avoient 
été  découvertes  ou  qu'on  découvriroit  dans  la  suite  depuis  la  rivière  de  Lande 
jusqu'à  Taurians,  Si  depuis  le  ruisseau  de  Brez  jusqu'à  Chassiers,  excepté  la 
dtme  de  la  dîme  de  ces  mines,  qu'il  se  réserva  Si  à  son  église.  3^  Le  comte  de 
'jJj o''=si"-  Toulouse  prêta  serment  de  fidélité  en  conséquence  à  l'église  de  Viviers,  avec 
promesse,  tant  pour  lui  que  pour  ses  successeurs,  de  la  défendre  Si  de  la  pro- 
téger; de  ne  rien  acquérir  dans  ses  mouvances  sans  le  consentement  de 
l'évêque  81  de  ses  chanoines,  81  de  remettre  le  château  de  Largentière  à  chaque 
mutation  d'évêc|ue  Si  de  comte.  4°  L'évêque  donna  en  fief,  de  la  même 
manière,  un  tiers  de  l'autre  moitié  du  château  de  Largentière  Si  des  droits 
des  mines  à  Aymar  de  Poitiers,  81  un  autre  tiers  à  Bernard  d'Anduze,  Si  se 
réserva  l'autre.  5°  On  convint  qu'indépendamment  de  ce  que  l'cvêcjue  vcnoit 
d'accorder  au  comte  de  Toulouse,  ce  prince  continueroit  de  percevoir  les 
deniers  qti'il  levoit  sur  chaque  marc  d'argent  qu'on  tiroit  des  mines.  6"  Enfin 
on  arrêta  quelques  autres  articles  de  moindre  importance.  Peu  de  jours  apiès, 

'  CoUimbi,  De  rehus  gat'n  episcoparum  Flyariensium,  p.  ii3  &  seq. 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.   LIV.  XX.  187   ~~; T 

'  An  1  153 

le  comte  Raimoncl  s'étant  rendu  dans  la  cathédrale  de  Viviers,  v  fit  hommage 
à  saint  Vincent,  qui  en  est  le  patron,  sur  l'autel  qui  lui  est  dédié,  pour  le 
iief  qu'il  venoit  de  recevoir  de  l'évêque  en  vertu  de  leur  traité.  Il  est  marqué 
dans  l'acte  que  tandis  que  Raimond  haisoït  l'autel,  l'évêque  tenait  la  chaîne 
qui  était  pendue  au  col  de  ce  prince.  Cet  hommage  fut  rendu  en  présence  de 
Bertrand,  évêque  de  Saint-Paul-Trois-Châteaux,  de  Guérin  de  Randon,  de 
plusieurs  autres  chevaliers  8i  de  tout  le  peuple  de  Viviers.  La  dime  sur  les 
mines  d'argent,  que  l'évêque  de  Viviers  se  réserva  par  cet  acte,  étoit  commune 
entre  ce  prélat,  qui  en  avoit  les  deux  tiers,  8(.  son  chapitre  auquel  le  reste 
appartenoit,  suivant  un  accord'  qu'ils  avoient  fait  là-dessus  l'année  précé- 
dente. Au  reste,  Bernard  d'Anduze,  dont  nous  venons  de  parler  8t  qu'on ^ 
appelle  mal  à  propos  Bermond,  fut^  le  septième  seigneur  d'Anduze  de  son 
nom.  Il  étoit  fils  de  Bernard  VI  &  d'Eustorge,  £<  avoit  succédé  à  son  père 
dans  cette  seigneurie  8t  dans  celle  de  Portes,  au  diocèse  d'Uzès.  Il  confirma'^, 
au  mois  de  septembre  de  l'an  1 2o3,  l'hommage  que  Bernard  d'Anduze  l'Ancien^ 
son  aïeul,  avoit  rendu  au  monastère  de  Sauve  pour  la  viguerie  de  Portes. 

LVIII.  —  Le  comte  de  Toulouse  est  relevé  de  son  excommunication.  —  Le 
pape  Innocent  111  le  presse  d'aller  au  secours  de  la  Terre-Sainte. 

Il  y  avoit  déjà  trois  ans  que  Raimond  VI,  comte  de  Toulouse,  étoit  excom- 
munié à  cause  de  ses  entreprises  sur  l'abbaye  de  Saint-Gilles,  lorsque  le  pape 
Innocent  III,  qui  avoit  succédé  à  Célestin  III,  le  12  de  janvier  de  l'an  1198, 
écrivit  %  le  22  d'avril  suivant,  à  frère  Raynier,  son  légat  dans  la  Province, 
qu'il  pouvoit  lever  l'excommunication  dont  ce  prince  avoit  été  frappé;  à  con- 
dition qu'il  feroit  satisfaction  8<  qu'il  donneroit  pour  cela  une  caution  suffi- 
sante. Raimond  promit  sans  doute  d'accomplir  tout  ce  que  le  légat  demanda, 
car  l'excommunication  fut  levée,  comme  nous  l'apprenons  d'une  lettre^  qu'In- 
nocent écrivit  à  ce  prince  le  4  de  novembre  de  la  même  année.  «  Avant  été 
<(  réconcilié  à  l'unité  ecclésiastique  dont  vous  aviez  été  séparé  par  la  multi- 
11  tude  de  vos  excès,  lui  dit  le  pape  dans  cette  lettre,  vous  devez  tâcher 
«  d'effacer  par  une  pénitence  proportionnée  le  grand  nombre  de  vos  péchés 
(I  passés.  »  Il  l'exhorte  ensuite  à  emplover  ses  armes  pour  le  service  de  Dieu; 
à  marclier  sur  les  traces  du  feu  comte  Alfonsc,  son  aïeul,  S<.  à  s'acquérir 
une  gloire  immortelle  en  allant,  à  son  exemple,  combattre  les  infidèles  en 
Orient.  Il  l'invite  à  entreprendre  cette  expédition,  tant  pour  obtenir  la  pro- 
tection du  Saint-Siège  que  pour  mériter  une  couronne  éternelle,  &  lui 
enjoint,  pour   la  rémission  de  ses   péchés  81  l'expiation  de  ses  crimes,  de 

'  Columbi,  De  reius  gestis  episcaperum  Vivarien-  '  Gall'ia  ChristUna,  nov.  éd.  t.  6. 

sium,  p.  2i3  &  seq.  ''  Innocent    III,  1.    i,    Eptst.    397.    —  Conférez 

'  /ii.^.  Potthast,   Rcgcsta,   t.   I,  n.    407.    Peu  auparavant, 

'  Le  Laboureur,  Histoire  généalogique  Je  la  mai-  le  i5aoùt   i  ic)S  {itiJ.  n.  .')47),  Innocent  III  avait 

son  d'Anduie.  "  écrit   à  Bcrenger,  archevêque  de   Narbonnc,  pour 

'  Mis.  d'Auhays,  ni  25.  le  même  sujet.  [A.  M.] 


'"; ~    i88  flISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.   LIX.  XX. 

An  I  I  p8 

prendre  la  croix  pour  aller  défendre  l'héritage  de  Jésus-Christ  dans  la  Terre- 
Sainte;  il  lui  fait  espérer,  de  la  part  de  Dieu,  s'il  entreprend  ce  pèlerinage 
dans  des  sentimens  d'humilité  Si  de  componction,  de  remporter  sur  les 
ennemis  de  la  foi  la  même  victoire  que  son  aïeul  avoit  remportée  sur  eux,  & 
d'avoir  les  mêmes  succès  que  ce  dernier  avoit  eus  dans  une  pareille  occasion. 
Enfin  il  lui  marque  que  s'il  ne  peut  passer  lui-même  en  personne  dans  le 
pays  d'outre-mer,  il  y  envoie  du  moins  un  nombre  de  ses  gens  d'armes,  sui- 
vant l'étendue  de  ses  domaines. 

Innocent  avoit  alors  fort  à  cœur  de  procurer  un  prompt  secours  à  la  Terre- 
Sainte,  où  les  infidèles  faisoient  tous  les  jours  de  nouveaux  progrès.  C'est  ce 
qui  paroît  d'ailleurs  par  une  lettre  circulaire'  qu'il  écrivit,  le  i5  d'août  de 
cette  année,  aux  évoques,  aux  abbés  &  aux  autres  prélats,  aux  comtes,  aux 
barons.  Se  à  tout  le  peuple  des  provinces  de  Narbonne,  Lyon  &  Vienne, 
pour  les  exhortera  se  croiser  en  personne  ou  à  envoyer  à  leurs  dépens  des 
troupes  qui  fussent  prêtes  à  marcher  pour  l'Orient  au  mois  de  mars  suivant, 
lid.oiiBin.     ^vec  ordre  d'v  servir  pendant  deux  ans.  Pour  les  engarer  à  cette  entreprise,  i| 

t-  111,1'-  l'I.  ,  ,  '  I  ■     M.  ~  •  1        •  .      "^  ' 

accorde  de  grands  privilèges  a  tous  ceux  qui  y  prenciroient  part,  soit  en  per- 
sonne, soit  en  y  contribuant  de  leurs  biens.  Il  commet  à  la  fin  de  sa  lettre 
le  soin  de  prêcher  la  croisade  dans  ces  provinces,  à  l'archevêque  de  Narbonne 
8<  aux  évêques  de  Nimes&  d'Orange,  Se  leur  enjoint  de  s'associer  chacun  un 
frère  templier  8c  un  frère  hospitalier. 

LIX.  —  Nouvelles  plaintes  de  l'abbé  de  Saint-Gilles  contre  le  comte. 

Il  ne  paroît  pas  que  le  comte  de  Toulouse  ait  fait  beaucoup  d'attention 
aux  exhortations  d'Innocent.  En  etkt,  ce  prince,  après  avoir  reçu  labsolu- 
tion  de  son  excommunication,  en  agit  comme  auparavant  avec  l'abbé  6<  les 
religieux  de  Saint-Gilles,  qui  portèrent^  contre  lui  de  nouvelles  plaintes  au 
pape.  Ils  se  plaignirent  surtout  de  ce  qu'au  lieu  de  détruire,  comme  Céles- 
tin  111  le  lui  avoit  ordonné,  le  château  nommé  Mirapetra,  il  en  avoit  au 
contraire  augmenté  les  fortifications.  Innocent,  indigné  du  procédé  du  comte, 
ordonna,  le  i3  de  juillet  de  l'année  suivante,  à  l'archevêque  d'Arles  Si  à 
frère  Ravnier,  légat  du  Saint-Siège,  de  l'obliger  à  détruire  ce  château,  con- 
foVmément  au  décret  de  son  prédécesseur. 

Cet  archevêque  s'appeloit-*  Imbert  de  Àquaria,  Le  pape  Célestin  III  l'ho- 
nora de  diverses  commissions  Se  le  chargea  entre  autres  de  terminer  un  grand 
différend  (jui  s'étoit  élevé  entre  les  templiers  de  Montpellier  Se  le  chapitre  de 
la  cathédrale  de  Maguelonne.  Imbert  rendit  là-dessus  une  sentence**  arbi- 
trale à  laquelle  frère  Déodat  de  Breisac,  maître  des  maisons  du  Temple  dans 
les  provinces  de  Narbonne  Se  d'Arles  Se  en  d'autres,  trère  Pierre  de  Cabres- 
pine,  commandeur  de  la  maison  de  Montpellier,  8\  frère  Guillaume  de  Solaris, 

'♦  '  IiinoceiK  111,  1.  1,  Ep'iit.  335.  '  GallU  Chn^tiana,  t.  I,  p.  564  &  seq. 

'  GaUia  C/instiana,  nov,  éd.  t.  6.  *  Innocent  III,  1.   1,  Epist.  ôsy. 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XX.  189 

commandeur   d'Arles,  acquiescèrent,   du   consentement    de    frère    Pons    de 
Rigaud,  maître  en  deçà  de  la  mer. 

LX.  —  Consuls  de  Nimes.  —  Jeanne,  comtesse  de  Toulouse,  fait  le  sîége 

du  château  de  Caser. 

Le  comte  de  Toulouse  étant  à  Nimes,  au  mois  de  décembre  de  l'an  1198, 
fit  expédier  dans  le  palais  de  l'évêque  une  ordonnance'  pour  régler  l'élection 
des  quatre  consuls  de  cette  ville,  en  présence  de  ce  prélat,  de  Guillaume  de 
Sabran,  son  connétable,  d'Elzéar  d'Aubays,  son  viguier,  de  Raimond-Guil- 
laume,  son  juge  S<  son  chancelier,  Stc.  Il  s'éleva  vers  le  même  temps  quelques 
différends  entre  ce  prince  St  divers  de  ses  vassaux  du  haut  Languedoc  qui 
l'avoient  offensé  8c  auxquels  il  fut  obligé  de  faire  la  guerre.  Jeanne  d'Angle- 
terre, sa  femme,  princesse  également  douée  de  prudence  &  de  courage,  prit* 
sur  elle  le  soin  de  le  venger  des  rebelles,  8c,  s'étant  mise  à  la  tête  d'un  corps 
d'armée,  elle  entreprit  sur  les  seigneurs  de  Saint-Félix  le  siège  du  château 
de  Caser,  qu'on  prétend •*  être  les  Cassez  dans  le  Lauragais.  Par  malheur  ses 
propres  gens  la  trahirent  S<  fournirent  des  armes  8c  des  vivres  aux  assiégés, 
en  sorte  que,  malgré  tous  ses  efforts,  elle  fut  obligée  de  lever  le  siège.  En 
décampant  elle  eut  encore  le  chagrin  de  se  voir  exposée  à  une  nouvelle 
trahison,  car  les  siens  mirent  le  feu  au  camp,  d'où  elle  eut  toutes  les  peines 
du  monde  à  se  sauver.  Cette  princesse,  outrée  de  douleur,  partit  aussitôt  pour 
se  rendre  à  la  cour  de  Richard,  roi  d'Angleterre,  son  frère,  afin  de  l'animer 
à  tirer  vengeance  d'une  pareille  insulte;  mais,  s'étant  mise  en  chemin,  elle 
apprit  bientôt  la  mort  de  ce  prince  qui  fut  tué,  le  7  d'avril  de  l'an  1199,  au 
siège  du  château  de  Chalus,  en  Limousin,  qu'il  avoit  entrepris  sur  Avmar, 
vicomte  de  Limoges. 

LXL  —  Mort  de  Jeanne,  comtesse  de  Toulouse, 

Jeanne,  accablée  de  tristesse  par  la  mort  de  Richard,  continua  néanmoins 
ca  route  8c  se  retira"*  à  l'abbaye  de  Fontevrault,  où  elle  avoit  été  élevée  dans 
sa  jeunesse.  Après  y  avoir  passé  quelques  mois,  elle  se  rendit  à  Rouen  pour  v 
communiquer  certaines  affaires  à  Jean,  surnommé  Sans-Terre,  son  frère,  qui 
avoit  succédé  à  Richard.  Elle  y  tomba  malade  8c,  se  voyant  sans  espérance 
de  guérison,  elle  témoigna,  quoique  mariée  &c  grosse,  qu'elle  souhaitoit  de 

'  Voyez   tome  VIII,  Chartes,  n.   LXX,   ce.  449,  ville    &   du   seigneur    dans    leur    administration, 

j^h->.  —  Voici  l'analyse  de  cet  acte  :  Le  peuple  ou  ta  C'est  en  somme  une  élection  à  deux  degrés, 
majeure  partie  est  convoquée  par  le  cricur  public  [A.  M.] 

ou  à  son   de  trompe  [luka],  sous  la  présidence  du  '  Guillelmus   de    Podio    Laurcntio,    Chronicon , 

viguier  du  seigneur.  —  Chacun  d«s  quatre  quar-  c.  3. 

tiers  de  la  ville  élit  cinq  prud'hommes,  qui  jurent  '  Besse,   Histoire  des  dues,  marquis   &  comtes  de 

de  nommer  quatre  consuls  suivant  leur  conscience,  Nurionne,  p,  341. 

—  Les  quatre  consuls,  ainsi  élus,  prêtent  serment  *  Clypeui  nas^entis  f^nti  ir-tldcitiis  crjinis,  (,  î, 

de   toujours    prendre   conseil   des   intérêts   dç   lu  p.  lôo  &  se<j. 


An  I  193 


An  1  ipç) 


An  1  ipp 


190  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XX. 

nreiulrc  l'habit  rclipieux.  Dans  ce  dessein,  elle  cnvo\a  à  Fontevrault  cher- 
cher  la  prieure  du  monastère;  mais  comme  le  temps  pressoit  &  qu'elle  com- 
prit que  cette  prieure  arriveroit  trop  tard,  elle  pria  instamment  l'archevêque 
de  Cantorl)éri,  ([ui  étoit  présent,  de  la  consacrer  à  Dieu  en  lui  donnant  ic 
voile.  Ce  prélat  fit  d'abord  beaucoup  de  difficulté  de  se  rendre  à  cette 
demande.  11  représenta  à  la  comtesse  de  Toulouse  qu'il  ne  lui  étoit  pas 
permis  de  se  faire  religieuse  du  vivant  de  son  mari;  mais  elle  persista  avec 
i';j.  on;;in.     taiit  de  zèle  Se  de  ferveur  que  l'archevêcrue  de  Cantorbéri,  la  crovant  inspirée 

t.  H!,  p.  1 1  j.  _ .  .  .  '  , 

du  ciel,  l'offrit  à  Dieu  &  à  l'ordre  de  Fontevrault,  en  présence  de  la  reine 
Éléonore  d'Aquitaine,  sa  mère,  de  l'abbé  de  Turpenay  S;  de  plusieurs  reli- 
gieuses. 

On  a  une  donation'  faite  «  par  Jeanne  d'Angleterre,  ci-devant  reine  de 
(i  Sicile  &  alors  comtesse  de  Toulouse,  duchesse  de  Narbonne  Si  marquise  de 
«  Provence,  de  mille  sols  angevins  de  rente  sur  les  salines  d'Agen,  en  faveur 
<(  des  religieuses  de  Fontevrault,  pour  l'usage  de  leur  cuisine,  en  présence  de 
«  la  reine  Éléonore,  sa  mère,  d'Hubert,  archevêque  de  Cantorbéri,  de  Wau- 
«  tier,  archevêque  de  Rouen,  8<.c.  ;  »  &  il  y  a  lieu  de  croire  que  Jeanne  fit 
cette  donation  dans  le  temps  qu'elle  étoit  malade  à  Rouen.  Quoi  qu'il  en 
soit,  cette  princesse  ayant  obtenu  la  grâce  qu'elle  avoit  demandée  avec  tant 
d'instance,  mourut-  bientôt  après,  le  24  de  septembre  de  l'an  1199,  8i, 
comme  elle  étoit  avancée  dans  sa  grossesse,  on  l'ouvrit  dès  qu'elle  fut  morte. 
On  lui  tira  un  enfant  qui  eut  le  temps  de  recevoir  le  baptême  61  qui,  étant 
décédé  presque  aussitôt,  fut  inhumé  dans  l'église  de  Notre-Dame  de  Rouen, 
Quant  au  corps  de  la  comtesse,  la  prieure  de  Fontevrault  l'apporta  avec  elle 
dans  cette  abbaye,  où  il  fut  inhumé  aux  pieds  du  roi  Henri  H,  père  de  cette 
princesse,  &  à  côté  du  roi  R^ichard,  son  frère.  Nous  avons  pris  toutes  ces  cir- 
coîistances  de  l'ancien  nécrologe  de  Fontevrault  où  on  fait  un  grand  éloge  de 
Jeanne,  qu'on  y  qualifie  reine  de  Sicile  £■  duchesse  de  Narbonne.  Cette  prin- 
cesse S<.  R,aimond  VI,  comte  de  Toulouse,  furent  mariés  pendant  trente-cinq 
mois.  Il  ne  paroît  pas^  qu'ils  aient  eu  d'autres  enfans  de  leur  mariage,  que 
Raiiuond  le  Jeune  qui  succéda  dans  la  suite  au  comte,  son  père.  Si  le  pos- 
thume qui  mourut  S<.  fut  enterré  à  Rouen. 

LXII.  —  Le  comte  de  Toulouse  épouse  Éléonore  d'Aragon.  —  Il  fait  hommage 
pour  VÂgenois  0  le  Querci  à  Jean,  roi  d'Angleterre. 

L'année  suivante,  le  comte  Raimond  contracta'*  une  nouvelle  alliance  à 
Perpignan  avec  Eléonore,  sœur  de  Pierre  H,  roi  d'Aragon,  qu'il  '  n'épousa 
solennellement  que  trois  ou  quatre  ans  après,  à  cause  de  sa  jeunesse.  11  eut 

■  Livre  rouge  de  la  chnmbre  des  co:np!es.  —  Ba-  '  Vùyes  torae  VU,  Noie  X,  n.  iv,  pp.  id  à  28. 

luze,  Mss.  n.  4ti.  ■*  Giiillclmiis   de    Podio    Laurentii,     Chror.icon , 

'*  Clypeus  nasccntis  Fcn'.chml.h  nst^   or.lînis,  t.    2,  c.  .^t. 

p.   160    &    seq.   —   Rog-'.ius  d;   HovîJ;;.!  ,  Ar.:iah>  ''  Wy.-:  ioi-.e'>'li,  Sj:-.   X.  u.  v,  p.  ;3. 
Anat!c.:n'r .   p,    -î"»-- 


An  12 


HISTOIRE  GÉNÉ1U1.E  DE  LANGUEDOC.   LIV.  XX.  ini    "" 

^  An  i; 

une  entrevue'  la  même  année  avec  Jean  Sans-Terre,  roi  d'Angleterre,  son 
beau-frère,  qui  se  rendit  en  Aquitaine  tant  pour  }•  recevoir  les  hommages  de 
ses  vassaux,  que  pour  pacifier  quelques  troubles  qui  s'y  étoient  élevés,  Pvai- 
mond  rit  alors  hommage  à  ce  prince  pour  les  terres  Jk  les  châteaux  que  le 
feu  roi  Richard  lui  avoit  donnés  pour  la  dot  de  la  reine  Jeanne,  sa  sœur.  Il 
fut  stipulé  dans  l'acte  qui  en  fut  dressé,  que  lorsque  le  jeune  Raimond  seroit 
parvenu  à  1  âge  île  majorité,  il  posséderoit  tous  ces  domaines,  &  en  feroit 
hommage  au  roi  Jean,  son  oncle j  que  s'il  venoit  à  mourir  sans  enfans,  ces 
mêmes  domaines  reviendroient  au  comte  de  Toulouse,  son  père.  Se  à  ses  suc- 
cesseurs, qui  les  tiendroient  par  droit  héréditaire  des  comtes  de  Poitiers,  ducs 
d'Aquitainej  qu'ils  seroient  obligés  de  servir  ces  princes  avec  cinq  cents  che- 
valiers pendant  un  mois  à  leurs  dépens,  toutes  les  fois  que  ces  derniers 
auroient  guerre  en  Gascogne,  £<.  que  si  les  comtes  de  Poitiers  demandoient 
un  plus  long  service,  ils  seroient  obligés  de  soudoyer  ces  troupes.  On  ne  dit 
pas  le  nom  des  domaines  pour  lesquels  le  comte  de  Toulouse  fit  alors  hom- 
mage au  roi  d'Angleterre;  mais  nous  apprenons  d'ailleurs  que  ce  fut  j^ur 
l'Agenois  &  le  Querci,  qui  avoient  été  donnés  en  dot  à  Jeanne,  lorsqu'elle 
épousa  le  comte  Raimond;  en  sorte  que  ce  dernier  pays,  qui  n'avoit  été  que 
restitué  à  Raimond  VI  S\  qui  n'avoit  jamais  été  de  la  mouvance  du  duché 
d'Aquitaine  possédé  par  les  comtes  de  Poitiers,  fut  soumis  désormais  à  leur 
suzeraineté. 

LXIII.  —  Seigneurs  de  l'Isle-Jourdain,  vicomtes  de  Gimoe-^. 

Raimond  Vl  autorisa  par  sa  présence,  au  mois  de  septembre  de  l'an  1200, 
le  testament-  de  Jourdain  H,  seigneur  de  l'Isle-Jourdain,  son  vassal.  Suivant 
cet  acte,  Jourdain  avoit  trois  fils  8c  trois  filles  d'Esclarmonde  (de  Foix),  sa 
femme,  à  laquelle  il  donna  entre  autres  deux  mille  sols  morlanois  sur  le  châ- 
teau de  Til.  Il  institua  ses  héritiers  ces  trois  fils,  nommés  Bernard-Jourdain, 
Jourdain  8<  Othon-Pjernard ;  il  donna  la  ville  de  l'Isle-Jourdain  avec  le  châ- 
teau de  Castera  au  premier,  quatre  châteaux  au  second,  8c  deux  au  troi- 
sième, en  faveur  duquel  il  disposa  de  la  moitié  de  toute  l'acquisition  du 
Crlmoe-{.  Il  donna  l'autre  moitié  à  ses  deux  aînés.  Pour  entendre  cette  clause 
il  faut  savoir-*  que  Jourdain  II  avoit  acquis,  en  1195,  la  moitié  de  la  vicomte 
de  Gimoe-^,  d'Arnaud  de  Montaigu,  son  cousin  germain,  issu  des  anciens 
vicomtes  de  Terride  ou  de  Gimoez.  Ainsi  il  donna  le  quart  de  cette  vicomte 
à  son  troisième  fils  Se  l'autre  quart  aux  deux  autres.  11  ordonna  que  les  filles  Éviongin. 
de  sa  maison  n'héritassent  jamais  d'aucune  de  ses  terres;  mais  qu'on  leur 
payât  leur  dot  en  argent  comptant.  Il  n'est  fait  aucune  mention  dans  cet 
acte  de  Bertrand  de  l'Isle-Jourdain,  évêque  de  Toulouse,  qu'on  lui  donne 
pour  fils,  mais  qui  n'étoit'*  (juc  son  petit-fils.  On  se  trompe  aussi  en  le  fai- 

'  Rogerliis  de  Hovcden,  y/i:rt3/ts  .■//;ç.'/cii«i,p.  4.')7  ■  Voyez  tome  VU,  Note  XLII,  p.   i  i  8  t'c  s:ir.-. 

&  S''q.  '  IhiA.  n.   I,  p.   I  |8. 

'  To••le^■IlI,  Chnrtes.    il.  t..XXU,  ce.  ^f.r ,  a,<'I. 


t.  111,  p.'u.'i. 


"7 103  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV,  XX. 

sant  le  troisième  seigneur  de  Tlsle-Jourclain  de  son  nom,  car  il  n'est  pas 
dihérent  de  celui  c[ui  '  vivoit  en  1191,  Se  qu'on  a  mal  à  propos  distingue;  en 
sorte  que  d'un  seul  seigneur  de  l'Isle-Jourdain  on  en  a  fait  deux.  Les  trois 
iils  de  Jourdain  II  formèrent  chacun  une  branche  :  Bernard-Jourdain  II  con- 
tinua celle  des  seigneurs  de  l'Isle-Jourdain  Se  épousa^,  en  1206,  Indie,  fille 
naturelle'^  de  Raimond  V,  comte  de  Toulouse,  alors  veuve  de  Guillabert  de 
Lautrec;  Jourdain  fit  la  branche  des  seigneurs  de  Launac;  8<.  c'est  sans  doute 
le  même  que  Jourdain  de  l'isle  dont  il  est  fait  mention  dans  la  restitution'* 
de  dot  que  Guillaume-Pierre  de  Caraman  fit,  en  1202,  à  Constance,  sa  femme. 
Enfin  Othon-Bernard  laissa  aussi  postérité.  Il  paroît  qu'Esclarmonde,  veuve 
de  Jourdain  II,  se  retira,  après  la  mort  de  ce  seigneur,  auprès  de  Raimond- 
Roger,  comte  tic  Foix,  son  trère,  qui  kit  ])résent  au  testament  du  même 
Jourdain  II  &  fut  garant^,  au  mois  de  mars  de  l'année  suivante,  de  la  vente 
qu'Esclarmonde  fit  d'une  vigne,  en  faveur  de  l'abbaye  de  Boulbonne,  pour 
cinquante  sols  toulousains.  Nous  aurons  occasion  de  parler  ailleurs  de  cette 
dame  qui  eut  le  malheur  de  se  laisser  séduire  par  les^  hérétiques. 

LXIV.  —  Connétables  du  comte  de  Toulouse.  —  Le  vicomte  de  Bé-^lers 
appelle  le  comte  de  Foix  à  sa  succession  (y  se  ligue  avec  lui  contre  ce 
prince.  —  Evéques  de  Bé-^iers, 

Raimond,  comte  de  Toulouse,  reçut  à  Carpentras,  au  mois  de  janvier'  de 
l'an  I2CO  (1201),  l'hommage  de  Guillaume-Pierre  de  Bedoin,  en  présence 
de  Pv.ostaing  de  Sabran,  son  connétable,  &  de  divers  seigneurs;  l'acte  est 
souscrit  par  Aldebert  de  Novis,  son  juge  £■  son  chancelier^.  Rostaing  avoit 
succédé  depuis  peu  dans  la  dignité  de  connétable  du  comte  à  Guillaume  de 
Sabran,  son  père,  avec  lequel  il  la  possédoit  conjointement,  en  1 199,  comme 

■  Voyez  ci-dessus,  n.  xxviii,  p.  i^S.  tutelle  (iaiVia);  tout  prêt  fait  dans  ces  conditions 

>•  Voyez  tomcVIII,  Chartes,  n.  LXXVlII,  ce,  498,  &  non  approuvé  parle  père  ou  parle  tuteur  est 

4P9;  l'acte  est  de  1107.  nul.   Si   un  pupille  emprunte  de  l'argent  par  né- 

'  Voyez  tome  VII,  Note  X,  n.  11,  p.  24.  cessité   hors   de  Toulouse,    le    cas   est   soumis  aux 

^Trésor  des  chartes;  Toulouse,    sac  iS,   n.   oz.  consuls  qui  décident  s'il  y  a  lieu  de  reconnaître  la 

fAuj.    J.  Szz,    copie   ancienne.   Teulei,    Layettes,  dette.    —    Peu  de  temps    «iprès,  en  aoiit    iioi,   à 

t.  I,  p.  jSy.  L'acte  est  d'aoiit  1202.]  la   requête   de    certains    prud'hommes   que    gênait 

'  Voyez  tome  VIII,  Chartes,   n.   LXXI,  ce.  404,  &   scandalisait   la    présence  de  courtisanes    habi- 

.5-,.  tant  la    rue  de   Comminges,  on    remit  en  vigueur 

^  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n,  CCLXIII.  un  ancien  statut  qui  expulsait  de  l'enceinte  de  la 

'  A  ces  années  1200-1201,  appartiennent  deux  ville   toutes  les   femmes  de  mauvaise  vie.  Ce  sta- 

rèelements  des  consuls  de  Toulouse  que  l'on   peut  tut   portait   qu'en    pareil  cas,  le  viguier  devait   se 

voir  au  tome  VllI,  c.  463  &  suiv.  Par  le  premier  rendre   immédiatemment  à  la   requête  des  voisins 

K's  consuls  de  Toulouse,  de  concert  avec   le  comte  &  expulser  les  courtisanes  qui  lui  seraient  slgna- 

Raimond,  défendirent  à  tous  les  habitants  de  la  lées,  sant  quoi    les    bourgeois    pourront    procéder 

ville  d'entretenir  des  relations  avec  les  ennemis  de  eux-mêmes  à  cette  expulsion.  Ce  règlement  se  re- 

l'un  des   bourgeois,   sous  peine  d'être    responsable  trouve  dans   la   plupart   des   villes  du   midi   de  la 

envers    cîux    auxquels    il    doit    ou    auxquels    il    a  France,  &  de  lit  la    nécessité   pour  les  courtisanes 

donni  caution.  —  Le  second    règlement  est  relatif  d'exercer  leur  métier  hot>5  de  l'enceinte  &  souvent 

ai,x    prêts  d'argent,   t^u'il    est   détendu    de   faire  à  dans  les  foisé»,  [A.  M.] 

tO'.n  homme  vivant  en  puissance  pntern«Ue  ou  «n  *  Archives  de  l'abbaye  de  Saint-André, 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC,  LIV.  XX.  io3  " 

'         An  1201 

il  paroît'  par  une  donation  qu'ils  iîrent  alors  au  prieuré  de  Montesargues,  de 

l'ordre  de  Grandmont,  situé  auprès  de  R.ocheFort,  dans  la  partie  du  diocèse 

d'Avignon  qui  est  en  deçà  du  Rhône.  Raimond  se  rendit  à  Narbonne  quelque 

temps  après,  8<  il  y  iit  une  donation^,  vers  la  fin  du  carême,  de  la  justice 

haute  if  basse  du  lieu  des  Catalans,  en  faveur  de  l'abbaye  de  Moissac.  Il  se 

brouilla  vers  le   même  temps  avec  le   comte  de  Foix  &  Raimond-Roger, 

vicomte  de  Béziers  &  de  Carcassonne. 

Ce  dernier,  qui  étoit  parvenu  à  l'âge  de  majorité  depuis  le  printemps  de 
l'an  1199,  donna,  au^  mois  d'août  de  cette  année,  «  du  conseil  Si  de  la 
«  volonté  de  dame  Adélaïde,  sa  mère,  de  ses  viguiers  de  Béziers  8<.  de  Carcas- 
«  sonne,  Si  des  autres  grands  de  sa  cour  (6*  aliorum  procerum  meorum),  à 
«  Etienne  de  Servian,  lé  Pui  ou  la  Garde  de  Vébrun.  »  Il  est  marqué  dans 
l'acte  que  ce  vicomte  5c  Guillaume,  évêque  de  Béziers,  le  confirmèrent  avec 
leur  sceau.  Ce  prélat "*  étoit  auparavant  abbé  de  Saint-Aphrodise  de  Béziers 
£<.  avoit  alors  succédé  dans  l'évêché  de  cette  ville  à  Gautrid  de  Marseille, 
mort  au  mois  de  mai  précédent. 

Raimond-Roger  ayant  perdu  quelque  temps  après  Adélaïde  de  Toulouse, 
sa  mère,  s'unit  '  au  mois  de  mars  de  l'an  1201  avec  Raimond-Roger,  comte 
de  Foix,  son  cousin,  qui  le  prit  sous  sa  protection  &  lui  promit,  par  serment, 
de  l'aider  contre  le  comte  de  Toulouse,  Se  contre  tous  les  autres.  Le  vicomte 
fit  un  pareil  serment  au  comte  de  Foix,  qu'il  appela  à  sa  succession,  supposé 
qu'il  vînt  à  décéder  sans  enfans,  S<.  lui  donna  pour  garants  du  traité  Guil- 
laume Pétri,  évêque  d'Albi,  Boson,  abbé  d'Alet,  Se  trente-trois  de  ses  princi- 
paux vassaux.  Le  comte  de  Foix  donna  de  son  côté  pour  ses  cautions  huit 
seigneurs,  parmi  lesquels  étoit  Roger  de  Comminges.  Nous  ignorons  le  motif 
qui  engagea  le  vicomte  de  Béziers  Se  le  comte  de  Foix  à  se  liguer  contre  le 
comte  de  Toulouse.  Un  diUérend  qu'eurent  vers  le  même  temps  les  deux 
comtes  au  sujet  du  château  de  Saverdun,  donna  peut-être  occasion  à  cette 
ligue. 

LXV.  —  Différend  des  comtes  de  Toulouse  (S-  de  Foix  au  sujet  du  château 

de  Saverdun, 

Nous  savons,  en  effet,  que  le  comte  de  Foix  refusa  de  rendre  au  comte  de 
Toulouse,  pour  ce  château,  l'hommage  que  ses  prédécesseurs  avoient  rendu 
à  ceux  de  ce  prince.  Le  comte  de  Toulouse,  sur  ce  refus,  reçut'',  au  mois  de 
juillet  de  l'an  1201,  pour  le  même  château,  l'hommage  d'Arnaud  de  Vil- 


"  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  LXXII,  c.  460.  '  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  LXXIII,  ce.  473 

*  Gaîlta  Chriit'iana t  nov.  éd.  t.  i ,  Inszrum ,  p.  4  I .  à  475. 

'  Voyez  toine  VIH,  Chartes,  n.  LXXI,  ce.  4J3,  "  Trésor   des   chartes;    Toulouse,    sac   5,   n.    2. 

454.  —   [Doin  Vaissete  se   trompe  sur  ce    nom   de  —  Aiij.  J.  309,  orig.  scellé.  Teulet,  Layettes,  t.   1, 

lieu;   c'est   .lujourd'hui  Valros     Hérault),    canton  p.  22J.  Le  comte  de  Toulouse,  par  cet  acte,  s'en- 

de  Servian.  gageait   à    ne   jamais   rendre  au  comte  de  Foix  le 

^  GdUia  Christiaiin,  nov.  éd.  t.  2,  p.  418  &  seq.  domaine  direct  du   thâte.iu  de  Saverdun.    [A.  M.] 

VI.  1 3 


A:i  120I 


194  HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XX. 


lemui",  qui  n'étoit  que  son  arrière-vassal  sous  la  mouvance  du  comte  de  Foix, 
t.  iii,°p!"ri4.  Se  ((ui  lui  promit  de  le  lui  rendre,  toutes  les  fois  qu'il  en  seroit  requis.  Il 
paroît  par  là  que  le  comte  de  Toulouse,  sur  le  refus  que  fit  le  comte  de  Foix 
de  lui  rendre  cet  hommage,  s'empara  du  château  de  Saverdun.  Quoi  qu'il 
en  soit,  les  deux  comtes  s'accordèrent'  là-dessus  dans  la  suite  par  l'entremise 
de  Bernard,  comte  de  Comminges,  8c  d'une  quinzaine  de  gentilshommes  ou 
de  jurisconsultes  qui  s'assemblèrent  pour  cela  à  Toulouse.  Raimond  VI  deman- 
doit  que  le  comte  de  Foix  fût  obligé  de  réparer  les  fortifications  de  ce  châ- 
teau, qu'il  lui  en  fit  hommage  &  qu'il  fût  condamné  à  le  renouveler  toutes 
les  fois  qu'il  en  seroit  requis.  Le  comte  de  Foix  convenoit  de  l'obligation  de 
l'hommage;  mais  il  s'excusoit  sur  le  rétablissement  des  fortifications,  en  ce 
qu'elles  n'avoient  pas  été  détruites  par  sa  taute  &  qu'elles  avoient  été  ruinées 
durant  la  guerre  qu'il  avoit  eu  à  soutenir  contre  ses  vassaux.  Les  arbitres  le 
condamnèrent  à  réédifier  la  tour  8c  le  château  de  Saverdun,  &  la  paix  fut 
ainsi  rétablie  entre  lui  &t  le  comte  Raimond. 

LXVI.  —  Le  vicomte  de  Béjîers  engage  une  partie  de  ses  domaines, 

Raimond-Roger  confirma^,  le  27  de  mars  de  l'an  1201,  l'engagement  qu'il 
avoit  fait,  pour  quinze  mille  sols  melgoriens  dont  cinquante  valoient  un 
marc  d'argent,  du  château  de  Balaguier  Se  du  pays  de  Chercorb,  lequel  com- 
prenoit  la  "partie  méridionale  du  diocèse  de  Mirepoix.  Il  se  qualifie  dans 
l'acte,  par  la  grâce  de  Dieu  vicomte  de  Carcassonne,  de  Béziers,  de  Razès 
SccrAlbi-*.  Il  déclare  dans  une  autre  charte  avoir  passé  l'âge  de  quatorze  ans. 
Il  donna  en  fief  au  seigneur  de  Faugères,  du  conseil  de  ses  barons,  le  6  d'avril 
suivant,  le  château  de  Lunas,  dans  le  diocèse  de  Béziers,  avec  tout  ce  qu'il 
y  possédoif  à  l'occasion  de  son  père  Roger  &-  de  feue  dame  Adélaïde,  sa 
mère  :  il  le  déchargea  de  l'obligation  de  le  lui  rendre  moyennant  une  somme 
qu'il  reçut  en  engagement,  8c  lui  assigna  son  remboursement  sur  les  mines 
de  Villemagne  8c  de  Boussagues,  dans  le  diocèse  de  Béziers.  Il  permit"^  la 
même  année  aux  églises  d'Albigeois,  de  construire  les  bâtimens  qu'elles  juge- 
roient  à  propos  dans  leurs  domaines,  sans  prétendre  aucun  droit  à  cette 
occasion.  Divers  seigneurs,  entre  autres  Bernard  de  Villeneuve  8c  Sicard  de 
Puylaurens,  furent  présens  à  cette  concession.  Il  acquit^,  au  mois  d'août  de 
l'an  1202,  pour  vingt  mille  sols  melgoriens,  de  Guillaume-Pierre  de  Vintron, 
tout  ce  que  ce  seigneur  possédoit  dans  la  paroisse  de  Saint-Amans  de  Val- 

'  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  ce.  267  à  271.  outre  dans  toutes  les   causes  que  les  chevaliers  du 

'  Ibid,  Chartes,  n.  LXXIV,  ce.  467,  468.  Temple,  leurs  donats   ou   leurs    hommes  auront  à 

'  C'est   ici   le  lieu  de  mentionner  les  privilèges  plaider  devant   la   cour  comtale,   ils  ne   payeront 

que  le  même  vicomte  accorda  un   peu   plus  tard  à  ni  droits  de  justice,  ni  dépens.   [A.  M.] 
l'ordre   du  Temple.  (Acte  d'octobre  1202,   t.  VIII,  ^  Archives  de  l'église  d'Albi.  —  [Voyez  tome  V, 

ce.   483   à   485.)   Renouvelant  les   chartes   de  son  c.  i335,  n.  32j  cet  acte  contient  aussi  concession 

grand-père,   Raimond-Trencavel,   &   de  son   père  d'amortissement.] 
Roger  II,  il  leur  confirma  toutes  leurs  possessions  '■'  Cartulaire  du  château  de  Foix. 

pribcntes  &  futures,  sauf  ses  droits  supérieurs.  En 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XX.  igS 

toret,  dans  le  château  de  Hautpoul,  dans  l'abbaye  de  Caunes,  dans  tout  le 
Cabardès,  S<.  depuis  Saint-Pons  jusques  à  Castres.  11  accorda',  au  mois  de 
novembre,  des  lettres  de  sauvegarde  en  iaveur  de  l'abbaye  de  Candeil,  avec 
divers  privilèges.  Enfin  Bernard-Raimond  de  Capendu  lui  vendit-,  l'année 
suivante,  pour  treize  mille  sols  melgoriens,  le  château  de  Vias,  dans  le  dio- 
cèse d'Agde,  8t  le  vicomte  céda  en  même  temps  à  ce  seigneur  la  portion  qu'il 
avoii  au  château  de  Capendu,  Se  se  réserva  seulement  le  pouvoir  de  s'en 
servir  pour  Jaire  la  guerre  à  ses  ennemis  &  y  plaider  avec  eux^. 

LXVII.  —  Accord  entre  le  comte  de  Toulouse  &<  l'abbé  de  Cluny,  touchant 
le  lieu  de  Saint-Saturnin  du  Fort, 


An  1201 


La  part  que  Raimond  VI,  comte  de  Toulouse,  prit  à  la  guerre  qui  s'éleva 
en  I20Î,  entre  Alfonse  II,  comte  de  Provence,  St  Guillaume  IV,  comte  de 
Forcalquier,  l'obligea  à  résider  aux  environs  du  Rhône.  Guillaume,  mécon- 
tent"* d'Âltonse,  à  qui  il  avoit  donné  en  mariage  Garsinde,  sa  petite-fille, 
avec  la  plupart  de  ses  domaines,  révoqua  une  partie  de  cette  donation  en 
faveur  de  Béatrix,  sœur  de  Garsinde,  son  autre  petite-fille,  qu'il  maria  au 
mois  de  juin  de  cette  année  avec  André  de  Bourgogne,  dauphin  de  Vien- 
nois. Cette  disposition  ayant  augmenté  la  brouilierie  entre  les  comtes  de 
Provence  Se  de  Forcalquier,  ils  eurent  recours  aux  armes  S<.  se  firent  la  guerre. 
Guillaume  pour  se  soutenir  se  ligua  avec  divers  princes,  entre  autres  avec  le 
comte  de  Toulouse,  Se  trouva  moyen  de  mettre  dans  ses  intérêts  Sanche, 
comte  de  Roussillon  Se  de  Cerdagne,  qui  se  déclara  contre  le  comte  de  Pro- 
vence, son  neveu ^. 

Durant  cette  guerre  le  comte  de  Toulouse  passa  un  accord  à  Saint-Sa- 
turnin du  Port*^,  aujourd'hui  le  Pont-Saint-Esprit,  le  i"  de  mai  ou,  selon 
d'autres'',  le   i"  de  juin  do  l'an    iio:,  avec  Hugues  V,  abbé  de  Cluny. 


An  I  loi 


'  Archives  de  l'abbaye  de  Candeil. 

'  Cartuhiire  du  château  ie  Foix. 

'En  cette  même  année  1201  furent  accordées 
de  nouvelles  franchises  au  bourg  de  Rodez.  On 
peut  voir  dans  de  Gnujal,  Etudes  sur  le  Roucrgue, 
t.  1,  p.  295  &  suiv.  le  texte  de  cet  acte.  Il  porte 
en  substance  confirmation  des  libertés  concédées 
par  le  précédent  comte,  exemption  de  tout  péage 
pour  les  marchands  &  gens  de  métiers  dans  un 
rayon  de  quatre  lieues  autour  de  la  ville.  —  Droit 
pour  tous  les  habitants  de  disposer  de  leurs  biens. 
—  Ceux-ci  peuvent  construire  librement  des  mai- 
sons hors  des  murs;  à  l'intérieur  des  murs  &  dans 
Ils  fossés,  chaque  maison  payera  une  albergue 
d'un  cavalier.  —  Les  prud'hommes  jugent  entre  le 
comte,  son  baile  &  les  bourgeois  qui  se  prétendent 
lésés  par  eux.  [A.  M.] 

'  Bouche,  La  chorographic  ou  description  de  la 
Provence^  t.  2,   p.   178. 


*  A  cette  année  lîoi  st  rapporte  un  traité  fort 
curieux  entre  les  Génois  îk  les  habitants  de  Mont- 
pellier. Nous  analyserons  sommairement  cet  acte 
que  rapporte  M.  Germain  {^Histoire  de  la  commune 
de  Montpellier,  t.  2,  pp.  422  à  426).  —  1"  Sauve- 
garde réciproque  entre  les  habitants  des  deux  villes, 
sauf  quand  les  habitants  de  Montpellier  se  trou- 
veront associés  avec  des  gens  de  Pise  ou  de  Vinti- 
mille,  ennemis  de  Gênes.  —  2°  Exemption  de  tous 
péages  à  établir  par  la  suite.  —  3"  Promesse  des 
deux  parties  de  remettre  k  la  justice  le  soin  de 
terminer  leurs  différends.  —  4°  Le  traité  ainsi 
conclu  est  valable  pour  vingt-neuf  ans.  Ce  traité 
fut  renouvelé  plus  tard,  en  1225  (Voir  plus  bas 
ad  annum).  [A.  M.] 

"•  Gallia  Christiana ,  nov.  edit.  t.  6,  Instrum. 
p .  3  o  I . 

'  Guichcnon,  Biitiothcca  Scbusicir.a,  p.  33r). 


An  1202 


196  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XX. 

Hugues,  du  consentement  du  prieur  du  monastère  de  Saint-Saturnin  du 
Port,  &  en  considération  des  services  que  le  comte  Raimond  avoit  rendus  à 
t^ii°"°i"i5  l'ahbaye  de  Cluny  Si  aux  autres  monastères  de  sa  dépendance,  lui  donna  en 
fief  Se  à  ses  successeurs  un  emi^lacement  dans  la  ville  de  Saint-Saturnin  pour 
y  construire  un  palais,  à  l'endroit  où  le  comte  avoit  commencé  à  bâtir  une 
tour,  à  condition  de  payer  tous  les  ans  un  marabotin  à  son  abbaye.  Il  con- 
vint en  même  temps  que  le  comte  avoit  un  droit  d'albergue  à  Saint-Saturnin. 
En  conséquence  de  cet  accord,  Raimond  fit  hommage  à  l'abbé  de  Cluny  Se 
confirma  la  transaction  '  que  le  comte,  son  père,  avoit  faite  autrefois  avec  le 
même  monastère  de  Saint-Saturnin,  Si  promit  que  ses  successeurs  feroient 
un  semblable  hommage  aux  abbés  de  Cluny,  à  chaque  mutation  de  comte 
ou  d'abbé,  sans  être  obligés  néanmoins  de  sortir  pour  cela  des  limites  de 
leurs  domaines.  Sec.  L'acte  est  daté  de  la  grande  église  de  Saint-Pierre,  en 
présence  de  divers  religieux  de  l'ordre  de  Cluny,  entre  autres  de  Rostaing 
de  Sauve,  prieur  d'Anduze,  Se  de  Rostaing  d'Anduze,  prieur  de  Vernède,  de 
Géraud,  abbé  de  Cruas,  de  Raimond-Guillaume,  juge  &<  chancelier  du  comte 
Raimond,  d'Adalbert  de  Novis,  son  juge  Se  assesseur  au  château  de  Beau- 
caire.  Sic 

L^VIII.   —   Guerre  entre   les  habitans  de  Toulouse    i-  ceux   de  Rahastens, 
en  Albigeois^   6*  entre  les  premiers  &-  le  vicomte  de  Lomagne, 

Pendant  l'absence  de  Raimond,  les  consuls  de  Toulouse^,  ayant  assemblé 
les  communes  de  celte  ville,  se  rendirent  en  corps  d'armée  au  lieu  de  Saint- 
Bas  sur  l'Agoût,  situé  vers  le  confluent  de  cette  rivière  Se  du  Tarn,  pour 
venger  les  injures  qu'ils  avoient  reçues  des  seigneurs,  des  chevaliers  Se  des 
habitans  de  Rabastens,  en  Albigeois.  Ils  étoient  sur  le  point  de  passer  l'Agoût 
lorsque  Pilfort  de  Rabastens  Se  un  autre  député  de  Rabastens  vinrent,  le 
10  de  juin  de  l'an  1202,  demander  à  s'accommoder  Se  offrir  de  s'en  rapporter 
au  jugement  de  Raimond,  comte  de  Toulouse,  6*  de  sa  cour.  Les  consuls  de 
Toulouse  ayant  accepté  ces  offres,  les  députés  de  Rabastens  firent  serment 
entre  les  mains  de  Raimond  de  Récalt,  viguier  de  Toulouse,  qui  le  reçut  au 
nom  du  comte,  de  s'en  tenir  à  la  décision  de  ce  prince  Se  de  sa  cour  qui  ter- 
mineroit  ce  différend  à  Toulouse;  cela  fait,  l'armée  des  Toulousains  se  retira. 
C'est  ici  le  plus  ancien  monument  que  nous  ayons  trouvé  où  il  soit  fait 
mention  de  la  ville  de  Rabastens,  l'une  des  principales  du  diocèse  d'Albi. 

On  voit  encore  que  les  consuls  de  Toulouse  étoient  alors  dans  l'usage  de 
venger  à  main  armée  leurs  propres  querelles,  par  un  accord^  qu'ils  passèrent, 
deux  ans  après,  avec  Vézian,  vicomte  de  Lomagne,  Se  Odon ,  son  fils,  sur 
lesquels  ils  avoient  assiégé  le  château  d'Auvillar,  situé  sur  la  Garonne,  à  la 
tête  des  communes  de  leur  ville.  Par  cet  acte  les  consuls  de  la  ville  Se  des 

'  ToiTie  V,  Chartes  &  Diplômes,  ce.  1293  à  I2(;:>.  '  Lafaille,  Aniiala  de  Toulouse,  Preuves,  p.  55 

'  Lafaille,   Annales  de  Toulouse,   t.    1,   Preuves,        &  suiv. 
p.  ,13  &  S'.iiv. 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XX. 


197 


Ali  1202 


faubourgs  de  Toulouse,  au  nombre  de  vingt-cinq  d'un  côté,  &  le  vicomte  de 
Lomagne  &  son  hls  de  l'autre,  se  pardonnèrent  toutes  les  entreprises  qu'ils 
avoient  faites  les  uns  contre  les  autres.  Se  convinrent  que  les  habiians  de 
Toulouse  ne  payeroient  à  Auvillar  que  la  leude  ancienne;  exaction  qui  avoit 
donné  occasion  à  la  guerre.  L'acte  est  daté  du  siège  du  cbâteau  d'Auvillar, 
le  14  de  juin  de  l'an  1:04,  en  présence  de  Géraud,  comte  d'Armagnac, 
d'Odon  de  Lomagne,  son  cousin,  de  Raimond,  évêque  de  Toulouse,  de  Ber- 
nard de  Marestang,  de  Pierre-R.iimond,  frère  du  seigneur  Raimond,  comte  de 
Toulouse,  de  Bernard-Jourdain  de  l'Isle,  de  Jourdain  de  l'Isle,  son  fils  (ou 
plutôt  son  frère),  de  Bernard  d'Orbessan,  Sec.  Ce  dernier  étoit  aussi  alors  en 
guerre  contre  les  habitans  de  Toulouse  avec  lesquels  il  fit  la  paix  la  même 
année.  Il  promit  à  quelc[ues-uns  des  consuls  de  cette  ville,  de  les  servir  à 
l'avenir  dans  leur  armée  avec  quatre  chevaliers,  Sic.  Ils  reçurent  sa  promesse, 
tant  en  leur  nom  que  des  autres  qui  étoient  alors  du  chapitre  {de  capitula). 
Géraud,  comte  d'Armagnac,  dont  nous  venons  de  parler,  tut  le  quatrième  de 
son  nom;  il  accorda',  en  iigS,  divers  privilèges  à  l'abbaye  de  Grandsclve, 
par  un  acte  daté  Philippe  étant  roi  de  France,  Raimond  comte  de  Toulouse, 
6»  Fulcrand  évêque^, 

LXIX.  —  Le  comte  de  Folx  marie  son  fils  avec  l'héritière  de  Castelbon. 
Le  comte  d'Urgel  le  fait  prisonnier. 

Raimond-Roger,  comte  de  Foix,  fut  présent  à  l'accord  passé,  le  10  de  juin 
de  l'an  120?.,  entre  les  consuls  de  Toulouse  &  les  seigneurs  de  Rabastens. 
Comme  il  étoît  toujours  en  guerre  avec  le  comte  d'Urgel  il  s'allia^,  pour  for- 


■  Archives  de  l'abbaye  de  Grandselve. 

'  Ou  troiiveri  les  actes  indiqués  par  dom  Vais- 
sete  au  tome  VIII  de  la  présente  édiiion,  avec 
plusieurs  autres  que  nous  avons  tirés  du  cartu- 
laire  du  Bourg,  conserve  aux  archives  munici- 
pales de  To'.ilouse.  Remarquons  que  ces  actes, 
dont  la  liste  suit,  ne  sont  que  des  préliminaires 
de  paix  8c  n'indiquent  pas  le  motif  de  ces  {guerres 
que  Us  habitants  de  Toulouse  soutinrent  contre 
la  plupart  des  seigneurs  Se  des  petites  villes  du 
voisinage  :  i"  c.  476,  10  juin  1202,  paix  entre 
les  habitants  de  Rabastens  &  la  commune  de 
Toulouse;  dom  V'aissete  vient  d'analyser  cette 
pièce.  —  2"  c.  48c,  ;>  août  1202,  traité  de  paix 
avec  les  seigneurs,  chevaliers  &  prudhommes  de 
Villemiir;  cette  dernière  communauté  dut  se  sou- 
mettre entièrement,  s'engager  à  réparer  tous  les 
torts  trjpinac  &  maUficiaj,  qu'elle  avait  faits  aux 
Toulousains,  8c  se  soiimettre  nu  jugement  des 
consuls  de  Toulouse;  le  plus  coupable,  Bertrand 
de  ^'lllemur,  vint  lui-même  faire  amende  hono- 
rable; ils  durent  payer  une  indemnité  de  quatre 
mille  sous,  deux  mille  pour  les  frais  de  l'expédi- 
tion   faite   par  les  Toulousains,  deux    nulle  a   ré- 


partir entre  les  plaignants,  par  les  consuls  de 
cette  ville.  —  3°  c.  491,  19  mars  i2o,l,  traité  de 
paix  définitif  avec  la  communauté  de  Rabastens. 
Les  consuls  de  Toulouse  renoncèrent  à  toute  de- 
mande pécuniaire,  mais  les  seigneurs  de  Rabas- 
tens supprimèrent  toutes  les  leudes  81  nouvelles 
coutumes  établies  depuis  moins  de  cinquante  ans. 
Ce  seul  fait  prouverait  que  ces  guerres  étaient  avant 
tout  commerciales  &  que  les  consuls  de  Toulouse 
voulaient  s'ouvrir  les  routes  qui  aboutissaient  à 
leur  ville.  —  4°  i2c3,  29  mai,  c.  493.  Accord  tout 
semblable  avec  les  consuls  de  Saverdun;  seule- 
ment l'abolition  des  leudes,  toltes  &  usages  éta- 
blis nu  pont  de  Saverdun  est  absolue  &  ne  souffre 
aucune  restriction.  —  .'»"  c.  496,  24  octobre  i2o3. 
Paix  avec  la  ville  de  Gaillac;  les  deux  parties 
se  remettent  leurs  griefs  réciproques.  —  6"  c.  5oo, 
i3  avril  1204.  Paix  avec  les  seigneurs  de  l'Ile- 
Jourdain;  mêmes  clauses  que  pour  Caillac.  —. 
7"  r.  502,  iCi  avril  1204.  Accord  avec  Bernard 
d'Orbessan,  analysé  par  dom  \'aissete.  —  S"  c.  J04, 
14  juin  1204.  Traité  de  paix  avec  le  vicomte  da 
Lomagne.  (Voir  dom  Vaissete.)  [A.  M.J 

'  De  Marca,  H'ntoirc  de  Béarn,  p.  720  8t  suiv. 


~: 108  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  TA. 

An  1202  -' 

tifier  son  parti,  avec  Arnaud,  vicomte  de  CastcUxin  ou  de  Ccrùagne,  par  le 
mariage  de  Roger-Bernard,  son  fils  aîné,  avec  Ermessinde,  fille  unique  Si 
héritière  de  ce  vicomte.  Le  contrat  fut  passé  à  Tarascon,  dans  le  pays  de 
Foix,  le  10  de  janvier  de  l'an  1202.  Le  vicomte  Arnaud  donna  en  dot  à 
Ermessinde,  sa  fille  :  1°  la  comtorie  de  Caboed  &  tous  les  autres  biens  qui 
t.'iu,''p!^uc.  avoient  appartenu  à  sa  femme,  mère  de  la  même  Ermessinde;  2°  la  vicomte 
de  Castelbon,  dont  il  se  réserva  la  jouissance,  excepté  les  vallées  d'Andorre 
&  de  Saint-Jean.  Le  comte  de  Foix  assigna  en  même  temps,  pour  le  douaire 
de  sa  belle-fille,  le  Lordadois  avec  tout  le  pays  situé  jusqu'aux  Pyrénées, 
&"  établit  son  fils  comte  &  la  femme  de  son  fils  comtesse.  Enfin  le  comte  de 
Foix  S<.  le  vicomte  de  Castelbon  substituèrent  tous  ces  biens  en  faveur  des 
enfans  (jui  naîtroient  de  ce  mariage,  lequel  occasionna  l'union  de  la  vicomt» 
de  Castelbon,  située  au  delà  des  Pyrénées,  au  domaine  des  comtes  de  Foix, 
Raimond-Roger,  appuyé  de  cette  alliance,  passa  les  Pyrénées'  avec  un  corps 
d'armée,  se  joignit  au  vicomte  de  Castelbon  Se  à  divers  seigneurs  catalans, 
alla  chercher  le  comte  d'Urgel  S<.  lui  livra  bataille,  le  26  de  février  de 
l'an  i2o3;  mais  il  eut  le  malheur  d'être  battu  Se  de  demeurer  prisonnier  avec 
ce  vicomte,  cinquante  chevaliers  &t  cinq  cents  fantassins  de  son  armée. 

LXX.  —  Paix  entre  les  comtes  de  Provence  6-  de  Forcalquier. 

La  fuerrc  continuoit  d'un  autre  côté  entre  les  comtes  de  Provence  8<.  de 
Forcalc[uier.  Le  premier,  ne  pouvant^  résister  à  l'autre,  appela  à  son  secours 
Pierre,  roi  d'Aragon,  son  frère,  qui  tint^  une  assemblée  à  Cervera,  dans  le 
Roussillon,  au  mois  de  septembre  de  l'an  1202,  à  laquelle  les  archevêques  de 
Narbonnc  Se  de  Tarraa;one  assistèrent,  8<  où  on  dressa  de  nouveaux  statuts 
pour  l'observation  de  la  trêve  S<.  de  la  paix.  Pierre  s'avança  ensuite  dansja 
Province  &,  étant  arrivé  vers  le  Rhône,  il  négocia  la  paix  entre  les  deux 
comtes  &  la  conclut  enfin  heureusement  avant  le  mois  de  novembre  de 
l'an  1202,  par  l'entremise  de  divers  prélats  Se  seigneurs  de  la  Province.  Les 
comtes  de  Provence  Sv  de  Forcalquier  étoienl,  en  effet,  réconciliés  dans  ce 
temps-là,  comme  il  paroîf*  par  les  actes  d'une  assemblée  tenue  alors  à 
Manosque  ik  dans  laquelle  le  comte  de  Forcalquier  termina  les  différends 
qu'il  avoit  avec  quelques  seigneurs  qui  rcfusoient  de  lui  rendre  hommrge 
pour  les  fiefs  qu'ils  possédoient  dans  son  comté.  Ils  avoient  remis  de  concert 
la  décision  de  ces  différends  à  Raimond,  comte  de  Toulouse;  mais  ce  prince 
ne  pouvant  y  vaquer  par  lui-même,  à  cause  que  ses  affaires  dcmandoient  S(.ii 
retour  dans  sa  capitale,  il  en  avoit  donné  la  commission  à  Guillaume  de 
Baux,  à  Géraud  d'Ami,  Guillaume-Laugicr  de  l'Isle  6c  Pvostaing  de  Sabr-n, 
son  connétable.  Ces  arbitres  condamnèrent  les  seigneurs  qui  étoient  en  diffé- 
rend avec  le  comte  de  Forcalquier  à  lui  rendre  hommage  8<,  après  sa  mort,  à 

■  îÇiiritn,  Anih's,  !.  2,  ce,  49,  .0?,  &  07.  '  M.irca  Hifpanic-i,  c.   i3-ij. 

'  Bouche,    f.n    chorogtaphic   ou   description   Ac   td  *  V:Oi\i:iiSf  Dfscriptioii  île  la  Provence,  t.  2,  ip.   1S4 

Provence,  ti  ?.,  p.   f78  &  siiiv.  Ct  s-.àv. 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XX.  199 

AUonsc,  comte  de  Pro\eiicc,  son  hciitier,  à  cause  de  Garsinde,  sa  fille,  femme 
de  ce  dernier.  E^ntre  les  garants,  que  les  parties  se  donnèrent  mutuellement 
pour  l'observation  du  jugement,  furent  le  comte  de  Provence  lui-même, 
Sanche,  comte  de  Roussillon,  Guillaume  &  Hugues  de  Baux,  Géraud  d'Ami, 
Rostaing  de  Sabran,  Svc,  iS-  par-dessus  tous,  ajoutent-ils,  Raimond,  comte  de 
Toulouse,  Nous  inférons  de  là  que  R.aimond  fut  un  des  principaux  arbitres 
de  la  paix  entre  les  comtes  de  Provence  &  de  Forcalquier.  Géraud  d'Ami, 
dont  nous  venons  de  parler,  étoit  de  la  maison  de  Sabran  5  il  reçut,  en  1 198  ', 
l'hommage  de  Raimond  de  Lunel  pour  quelques  biens  situés  à  Saint-Vincent 
de  Lunel-Vieil. 

LXXI.  —  Accord  entre   le  comte  de  Toulouse  6*   Vévêque 
de  Saint-Paul-Trois-Châteaux. 

I-e  comte  Pv.aimond  quitta  donc  les  bords  du  Rhône  vers  l'automne  de 
l'an  iao2  pour  aller  à  Toulouse;  mais  il  retourna  bientôt  après  aux  environs 
de  ce  fleuve,  &  il  s'y  accorda*,  au  mois  de  décembre  de  la  même  année,  le 
siège  impérial  étant  vacant,  avec  Bertrand  de  Pierrelaite,  évêque  de  Saint- 
Paul-Trois-Châteaux.  On  prétend^  que  Pvaimond  avoit  fait  auparavant  une 
cruelle  guerre  à  ce  prélat,  qu'après  avoir  passé  le  Rhône  à  la  tête  d'une 
armée  d'hérétiques,  il  avoit  ravagé  tout  le  diocèse  de  Saint-Paul  &  que  cette 
exécution  engagea  l'évêque  à  taire  la  paix;  mais  ce  fait  ne  paroît  fondé  sur 
aucun  monument,  &  il  est  certain  que  Raimond,  comte  de  Toulouse,  ne  se 
mit  pas,  du  moins  si  tôt,  à  la  tête  des  hérétiques.  Quoi  qu'il  en  soit,  l'évêque 
Bertrand  de  Pierrelatte,  du  consentement  des  chanoines  de  son  église,  des 
chevaliers  Si  des  bourgeois  de  Saint-Paul,  promit  à  Raimond  &  à  ses  succes- 
seurs de  le  servir  en  plaid  £,•  en  guerre  envers  &  contre  tous,  pour  la  ville 
de  Saint-Paul-Trois-Châteaux  &  pour  les  domaines  de  l'évêché  qu'il  possé- 
doit  actuellement  &  qu'il  posséderoit  dans  la  suite.  Ce  prélat  donna  un  baiser 
au  comte  pour  marque  de  sa  fidélité,  &  il  promit  de  marcher  en  armes,  à 
ses  dépens,  toutes  les  fois  qu'il  y  auroit  une  chevauchée  commune  pour  le 
comte  dans  ce  pa\s.  Ce  prince  promit  à  son  tour  à  l'évêque,  en  le  baisant 
en  signe  de  sa  fidélité ,  de  le  protéger  à  ses  dépens,  en  plaid  6-  en  guerre, 
lui,  son  église  &  ses  domaines.  L'archidiacre,  un  chevalier  &  un  bourgeois 
de  Saint-Paul  promirent  par  serment,  tant  en  leur  nom  qu'en  celui  de  leurs 
concitoyens,  l'observation  de  ce  traité  qu'ils  avoient  négocié,  à  ce  qu'il  paroît, 
&  auquel  Guillaume  de  Baux  &  Hugues,  son  frère,  l'évêque  de  Cavaillon, 
Bertrand  de  Durfort,  Rostaing  de  Sabran,  Sic,  furent  présens. 

'  Trésor  des  chants;    Toilouse,    snc  7,   11.  6').  '  Ma.  Je  Br'icnne,  n.  Sort.  —  Galll^t  Clirhtiana, 

(J.   314,    orig.   TeuUt,   Liyt:ttcs    du  Trésor,    t.   1,       nov.  eJ.  t.   1,  Instrum.  p.   121. 
p.  '99]  '  Gallia  Chriitïana,  nov.  ai.  iiij, 


Au  lioi 


200  HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XX. 

LXXII.  —  Vains  efjorts  de  Guillaume  VIII,  seigneur  de  Montpellier, 
pour  faire  légitimer  ses  enj'ans  du  second  lit. 

Pierre,  roi  d'Aragon,  &  AU'onse  II,  comte  de  Provence,  son  frère,  ayant 
mis  ordre  aux  affaires  de  Provence,  se  rendirent'  à  A4ontpellier;  ils  y  étoient 
à  la  fin  de  l'an  1202,  La  maladie  ou  la  mort  de  Guillaume  VIII,  seigneur 
de  cette  ville,  les  y  attira  sans  doute;  en  effet,  ce  seigneur,  par  son  testa- 
ment, mit  ses  enfans  sous  la  protection  du  premier. 

Le  désir  extrême  qu'avoit  le  seigneur  de  Montpellier  de  faire  passer  sa 
succession  sur  la  tète  de  Guillaume,  son  fils  aîné  8t  d'xVgnès,  sa  seconde 
femme,  qu'il  avoit  épousée  du  vivant  de  la  première,  fit  qvi'il  ménagea 
l'amitié  du  pape  Innocent  III,  dont  il  connoissoit  le  zèle  contre  ces  sortes  de 
mariages  illégitimes.  C'est  ce  qui  paroît  par  diverses  lettres  de  ce  pontife 
adressées  à  Guillaume  :  par  l'une,  datée  du^  10  de  juillet  de  l'an  1199,  il  le 
prend  sous  sa  protection  avec  tous  ses  domaines,  à  cause  de  son  dévouement 
au  Saint-Siège;  &.,  par  une  autre  qu'il  lui  écrivit  le  même  jour,  en  réponse 
de  celle  dont  ce  seigneur  avoit  chargé  le  prévôt  de  Marseille,  il  le  remercie 
de  tout  ce  qu'il  avoit  fait  en  faveur  du  siège  apostolique,  à  l'exemple  de  ses 
ancêtres.  Il  lui  marque,  sur  la  demande  qu'il  lui  avoit  faite  d'envoyer  un 
légat  à  latere  dans  le  pays  pour  y  combattre  l'hérésie,  qu'il  avoit  destiné 
frère  Raynier  pour  cette  fonction.  Innocent  écrivit  deux  autres  lettres  à  Guil- 
laume deux  ans  après.  Par  l'une 3,  du  i"  de  juillet,  il  lui  donne  avis  qu'il 
avoit  nommé  Jean,  cardinal  de  Sainte-Prisque,  pour  légat  dans  la  Province 
contre  les  hérétiques,  &  le  prie  de  le  favoriser  en  tout  ce  qu'il  pourroit.  Par 
l'autre,  il  prend  sous  sa  protection  la  chapelle  que  ce  seigneur  avoit  à  Mont- 
pellier, dans  son  palais,  &  qu'il  avoit  fort  augmentée,  81  lui  accorda  divers 
privilèges. 

Guillaume,  comptant  sur  la  protection  d'Innocent  III,  se  hasarda  enfin, 
en  1202**,  de  prier  ce  pape  de  légitimer  ses  enfans  du  second  lit,  dans  le 
dessein  de  leur  transmettre  sa  succession.  Il  lui  fit  demander  cette  grâce  par 
l'archevêque  d'Arles,  qui  étoit  alors  à  la  cour  romaine,  &,  pour  l'obtenir  plus 
facilement,  il  fit  valoir  dans  sa  supplique  les  services  que  lui  &  ses  ancêtres 
avoient  rendus  au  Saint-Siège.  Il  allégua  de  plus  l'exemple  du  roi  Philippe- 
Auguste,  dont  le  pape  venoit  de  légitimer  les  enfans,  nés  comme  les  siens  du 
vivant  dune  femme  légitime.  Il  représenta  qu'il  étoit  soumis  au  pape  plus 
spécialement  que  ce  prince,  étant  vassal  de  l'église  de  Maguelonne,  qui  rccon- 
noissoit  pour  le  temporel  la  suzeraineté  du  siège  apostolique.  11  ajouta  enfin 
que  le  roi  de  France  avoit  un  fils  de  la  reine  Ingelberge,  sa  première  temmc, 

'  Bouche,  Description  ie  la  Provence,  t.  J,  p.  185.  ■•  Innocent  III,  1.  5,  cpist.  \^%.  —  Cf.  Pottlunst, 

■■ — Marca  Hispànica,  c.  iSp.T.  Regcsla,   t.   i,    n.    1794,   &  voyez  ce  que   M.  Ccr- 

'  Innocent  IIÏ,  I.  2,  cpist.  297  &  seq,  main  <îit  de  cette  .iffaire,  Commune  <ie  Monîpclhcr, 

'  Gaiiel,  Séries pracsulum  Magalonensium,p.  i66  i,  lv-i,vii.  Le  mémoire  du  seigneur  de  Montpellier 

£4  seq.  est  remarquable  au  point  devr.e  juridique.  [A.  M.j 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XX.  :oi    ~ 

An  1201 

au  lieu  qu'il  n'avoit  Je  la  sienne  aucune  postérité  masculine  c[ui  pût  hériter 
de  ses  domaines  Se  de  son  dévouement  envers  le  Saint-Siège.  Ces  représenta- 
tions ne  firent  pas  beaucoup  d'impression  sur  Innocent,  cjui  expose  à  Guil- 
laume, dans  la  réponse  qu'il  lui  fit,  la  différence  qu'il  y  avoit  entre  son  second 
marias;e  £<  celui  du  roi  Philippe  :  i°  Lui,  dit  le  pontife,  le  roi  a  été  séparé 
de  sa  femme  par  sentence  de  l'archevêque  de  Reims,  au  lieu  que  vous  ne 
vous  êtes  séparé  de  la  vôtre  que  de  votre  propre  autorité.  2°  Philippe  a  épousé 
sa  seconde  femme  8c  en  a  eu  deux  enfans  avant  que  d'avoir  reçu  la  défense 
de  se  marier  avec  elle;  vous,  au  contraire,  avez  pris  la  vôtre  au  mépris  de 
l'Église  qui,  pour  cela,  vous  a  frappé  d'anathème.  3°  Le  roi  s'est  séparé  de  la 
reine  sous  prétexte  d'affinité  qu'il  prétend  prouver  par  témoins;  pour  vous, 
vous  avez  répudié  votre  première  temme  sans  raison;  ainsi  il  n'y  a  aucune 
présomption  de  légitimité  en  faveur  de  vos  enfans  du  second  lit.  4°  Philippe 
ne  reconnoissant  personne  pour  supérieur  dans  le  temporel,  continue  le 
pape,  a  pu  se  soumettre  en  ce  point  k  notre  juridiction,  quoiqu'il  eût  pu 
lui-même  accorder  celte  dispense,  non  comme  un  père  à  ses  enfans,  mais 
comme  un  prince  à  ses  jujets;  il  n'en  est  pas  de  même  de  vous,  qui  êtes 
soumis  à  d'autres,  8c  vous  n'avez  pas  assez  d'autorité  pour  vous  dispenser  'n ;  ""^'"^'"o 
vous-même  sans  le  consentement  de  vos  supérieurs.  Pour  toutes  ces  raisons, 
ajoute  Innocent,  je  suis  obligé  de  surseoir  encore  le  jugement  de  cette 
affaire  8<  de  différer  à  vous  accorder  votre  demande  jusqu'à  ce  que  vous 
prouviez,  s'il  est  possible,  que  votre  faute  est  beaucoup  moindre,  8<  jusqu'à 
ce  que  ma  juridiction,  pour  décider  un  pareil  cas,  soit  plus  clairement  éta- 
blie :  d'autant  plus  que  la  sainte  Ecriture,  les  canons  &  les  lois  civiles 
détestent  les  enfans  nés  d'un  adultère.  Innocent  tâcha  cependant  de  consoler 
Guillaume  par  les  témoignages  d'une  tendre  affection  8<.  d'un  désir  sincère 
de  lui  faire  plaisir  en  tout  ce  qu'il  pourroit,  selon  Dieu  Se  l'honnêteté 
publique. 

LXXIII.  —  Testament  de  Guillaume  VIII,  seigneur  de  Montpellier, 

Nonobstant  une  réponse  si  peu  f'avorable,  le  seigneur  de  Montpellier, 
espérant  toujours  obtenir  par  son  crédit  auprès  du  pape  une  déclaration  de 
légitimité  de  ses  enfans  du  second  lit,  les  regarda  comme  s'ils  eussent  été  en 
effet  légitimes.  Se,  étant  tombé  dangereusement  malade  au  commencement 
du  mois  de  novembre  de  l'an  i;o2,  il  disposa  de  tous  ses  domaines  en  leur 
faveur  par  son  testament ',  daté  du  4  de  ce  mois^  (S<  non  de  l'an  1211  comme 
il  est  marqué  dans  le  Spicilêge  par  une  erreur  de  copiste).  Suivant  cet  acte, 
il  choisit  sa  sépulture  dans  le  cimetière  de  l'abbaye  de  Grandselve,  à  laquelle 
il  lègue  cent  livres.  Il  tonde  un  anniversaire  dans  la  cathédrale  de  iMague- 
lonne  6<  un  autre  dans  le  monastère  de  Saint-Félix,  8<  fait  des  legs  pieux  à 

'  D  \ch»ry,  .S/T/'ci/f^j'um,  t.  9,  p.   1  jj  &  s«q.  *  Msi.  AAuhdys,  n.  82.  —  C3x\<i\,Scncs  pracsa- 

lum  Magaloncnsium. 


An  1202 


;oi  HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XX. 

l'abbaye  de  Saint-Gcniès,  à  l'hôpital  du  Saint-Elsprit,  à  la  maison  de  Grand- 
mont  de  Montherbedon,  à  l'hôpital  de  Saint-Guillem,  aux  églises  de  Saiiu- 
Firmin  &  de  Notre-Dame,  à  la  chapelle  tie  son  château,  aux  autres  églises 
&  hôpitaux  de  Montpellier,  &.  à  la  chartreuse  de  Bonnefoy,  dans  le  diocèse 
de  Viviers.  Il  ordonne  d'habiller  de  pied  en  cap  cent  pauvres  prêtres  &.  cinq 
cents  autres  pauvres,  de  nourrir  après  sa  mort,  pendant  cinq  jours,  cinq  mille 
pauvres  chaque  jour,  de  faire  célébrer  cinq  mille  messes  pour  le  repos  de  son 
âme,  8<c.  Il  confirme  la  donation  que  Guy,  son  oncle  paternel,  avoit  faite 
des  moulins  de  l'Hérault,  en  faveur  de  l'abbaye  de  Valmagne,  &  nomme 
quinze  des  principaux  de  Montpellier,  entre  lesquels  étoit  maître  Guy  (ion- 
dateur  de  l'hôpital  du  Saint-Esprit  de  cette  ville),  pour  payer  ses  dettes  sur 
la  moitié  de  ses  revenus'.  Il  fait  héritier  Guillaume,  son  fils  aîné,  à  qui  il 
donne  la  ville  de  Montpellier  avec  ses  dépendances  S<.  les  châteaux  &  villages 
de  la  Palti  (ou  Lates),  de  Montferrier,  Castelnau,  Castries,  Loupian,  Omelas, 
Pouget,  Popian,  Montarnaud,  Vindémian,  Tressan,  Saint-Pargoire,  Saint- 
Pons,  Cornonsec,  Montbazin,  Frontignan,  Miraval,  Pignan,  Saint- Georges, 
Murviel,  Moujolan  &  enfin  tous  ses  domaines,  depuis  l'Hérault  jusqu'au 
Vidourle.  Il  donne  à  Thomas,  son  second  fils,  surnommé  Tortose,  le  château 
de  Paulian,  les  droits  qu'il  avoit  sur  la  ville  de  Tortose,  en  Catalogne,  & 
tous  les  biens  qu'il  possédoit  au  delà  de  l'Hérault,  dans  les  diocèses  de  Lodève 
Si  de  Béziers,  avec  mille  sols  de  pension  annuelle.  Il  lègue  cent  livres  à 
chacun  de  ses  autres  ([uatre  fils,  nommés  Raimond,  Bernard-Guillaume, 
Guv  &  Burgondion,  £<  ordonne  que  le  premier  sera  moine  de  Grandselve, 
le  second  cb.anoine  de  Girone  S<.  de  Lodève,  le  troisième  moine  de  Cluny, 
&  le  quatrième  chanoine  du  Puy.  Il  ne  donne  à  Marie,  sa  fille  unique  du 
premier  lit,  que  les  deux  cents  marcs  d'argent  de  sa  dot,  que  le  cojnte  de 
Toulouse  &  le  comte  de  Comminges,  son  mari,  lui  dévoient,  avec  les  habits 
nuptiaux  qui  consistoient  en  quatre  robes  S<.  quatre  lits,  avec  clause  expresse 
que  si  son  fils  Guillaume  étoit  obligé  de  payer  ces  deux  cents  marcs,  il  auroit 
action  contre  le  comte  de  Comminges,  qiii  les  avoit  reçus,  &  contre  ses  cau- 
tions, sauf  le  droit  de  Marie  contre  le  même  comte,  contre  celui  de  Tou- 
louse S<.  contre  Rousselin  &  les  garants  que  Barrai  (vicomte  de  Marseille,  son 
premier  mari)  avoit  donnés.  Il  lègue  cent  marcs  d'argent  à  chacune  de  ses 
deux  filles,  Agnès  &  Adélaïde,  pour  les  marier.  Il  ordonne  que  si  sa  femme 
Agnès  avoit  encore  des  enfans,  les  mâles  seroient  cZ^rc^  Se  les  filles  religieuses. 
Il  lègue  à  la  même  Agnès,  sa  femme,  tout  ce  qu'il  lui  avoit  donné  dans  le 

'  Voici   le  tableau   complet  des   legs  pieun   que  Cun  des  antres  hôpitaux;    1,000  aiiH  religiciix  Jg 

Guillaume  VIII  fit  par  son  testament,  &  M.  Ger-  Grammont;   100  sous   à  Grandselve;    ico  sous  au5< 

jnain  ÇCommtme  de  Montpvlticj-y   i,   i.vil)  est  assez  infirmes  du   pont  de  Castelnau;  100   inarcs  d'ar- 

disposé  à  y  voir  l'indice  des  remords  deconicience  gent  pour  la  rédemption  des  captifs.  —  A  Saint- 

âe  ce  prince;    .7,000   sous  de  Melgueil  à  la  cathé-  Firmin  &  à  Nôtre-Dame  des  Tables  deux  calices, 

drale    de    Maguelonrte     pour    \u\    anniversaire;  valant  chacun   un  marc  &.  demi.  A  la  chartreuse 

1,000  sDus  à  Saint-Félix   de  Montseau;   Soo  sous  de  Bonnefoy,  dans  le  Vivarais,  une  certaine  quan- 

à  Saint-Geniès;   1,000  sous  à  l'hôpital  du  Saint-  tité  de  poisson  salé  par  an.  [A.  M.J 
Esprit}    200  à   celui   de  Saint-Guillem;  5o  à  cha- 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XX.  2o3 


An  12C2 


temps  de  son  mariage  avec  elle,  Se.  l'entretien,  tant  pour  elle  que  pour  ses 
enj'ans.  Il  fait  une  substitution  graduelle  de  tous  ses  biens  entre  ses  enfans, 
savoir  :  d'abord  de  mâle  en  mâle  5c  après  eux  de  fille  en  fille,  en  commen- 
çant par  Marie,  son  aînée.  A  leur  défaut,  il  leur  substitue  aussi  graduelle-  [. fn  "[ '^,'°' 
ment  Raimond-Gaiicelin,  seigneur  de  Lunel,  son  neveu,  Raimond  de  Roque- 
feuil  Se  Bérenger-Guillaume,  ses  autres  neveux.  Il  déclare  ensiiite  qu'en 
considération  de  la  fidélité  des  babitans  de  Montpellier  &  des  services  qu'ils  lui 
avoient  rendus  8<  à  ses  prédécesseurs  :  i°  Il  change  la  coutume  de  cette  ville 
qui  permettoit  à  ceux  qui  étoient  majeurs  de  quatorze  ans  de  disposer  de 
leurs  biens,  £<.  ordonne  qu'à  l'avenir  il  faudra,  pour  cela,  avoir  atteint  l'âge 
de  vingt-cinq  ans,  conj'ormément  au  droit  écrit.  2°  Il  leur  donne  une  liberté 
entière  de  vendre  Se  d'acheter  du  sel.  3°  Il  leur  accorde  l'abolition  de  tous 
les  nouveaux  péages.  Il  charge  Guillaume,  son  fils  8t  son  héritier,  d'acquitter 
toutes  ses  dettes  &  de  payer,  entre  autres,  cinquante  mille  sols  qu'il  devoit  à 
Bonet,  juif  de  Montpellier,  de  l'avis  de  quinze  des  principaux  babitans  de 
cette  ville,  qu'il  lui  donne  pour  conseil  S<  c[u'il  laisse  pour  administrateurs 
de  tous  ses  domaines,  &  défenseurs  de  sa  femme  8c  de  ses  enfans  jusqu'à  ce 
que  son  fils  aine  eût  atteint  l'âge  de  vingt-cinq  ans'.  Il  met  les  uns  8c  les 
autres  sous  la  protection  de  Px.aimond,  évtque  d'Agde,  son  frère,  de  Guil- 
laume, évèque  de  Maguelonne,  8c  de  Guy,  prévôt  de  cette  église,  8c  en  cas, 
ajoute-t-il,  qu'il  s'élève  quelque  guerre  dans  le  pays,  je  prie  Bernard  d'An- 
duze  8c  Etienne  de  Servian  d'en  prendre  la  défense.  Il  prie  aussi  ces  prélats 
d'excommunier  son  fils,  par  l'autorité  apostolique,  supposé  qu'il  n'exécutât 
pas  fidèlement  ce  testament,  avec  défense  de  mettre  aucun  juif  pour  baile  à 
Montpellier.  Il  laisse  ses  enfans,  ses  terres  8c  ses  sujets  sous  la  protection  Se 
la  garde  de  Dieu,  de  la  vierge  Marie,  de  la  reine  d'Aragon,  du  roi,  son  fils, 
61  du  comte  de  Toulouse.  A  la  fin  de  l'acte  il  change  le  lieu  de  sa  sépulture, 
qu'il  choisit  dans  la  cathédrale  de  Maguelonne,  Se  donne  cent  marcs  d'argent 
k  Clémence,  sa  sœur,  avec  ordre  à  son  héritier  de  lui  paver  cette  somme  au 
bout  de  l'an,  à  moins  que  Rostaing  de  Sabran,  son  mari,  ne  la  lui  paye. 
Enfin  il  donne  à  sa  femme  Agnès  le  lieu  de  Casfelnau,  le  château  de  Mont- 
ferrier,  les  bains  de  Montpellier,  la  leude  du  Peyrou  8c  de  l'Aigadou,  Si  le 
cens  des  juifs,  au  lieu  Se  place  du  douaire  qu'il  lui  avoit  assigné  dans  le  temps 
de  leur  mariage. 

Telles  sont  les  dernières  dispositions  de  Guillaume  VIII,  seigneur  de 
Montpellier,  qui  mourut  peu  de  temps  après.  Guillaume  de  Fleix,  évêque 
de  Maguelonne,  procéda  en  effet,  le  9  de  novembre  de  l'an  1202,  à  l'ouver- 
ture de  son  testament,  en  présence  des  témoins  qui  y  avoient  souscrit,  entre 
lesquels  étoit  Raimond,  évoque  d'Agde,  frère  de  ce  seigneur,  Se  de  tous  les 

'  Dom  Vaissete  n'insiste  peut-être  pas  asses  siif  chaque  mois,  je  recrutèrent  euU-mêmes  ert  cas  de 

ce  fait  &  n'indique  pas  les  conditions  auxquelles  décès   de   l'un    d'entre    eux.    C'était    une    dernier* 

ces  bourgeois  durent  administrer  la  ville.  Ils  pos-  tentative  de  Guillaume  VIII  pour  assurer  à  son  âls 

icdèrent  à  peu   près  toute  la  souveraineté,  purent  la  jouissance  de  sort  héritnge,  en   intéressant  à  sa 

nommer  &  changer  le  baile,  reçurent  ses  comptes  cause  les  habitants  de  Itontpellicr.  [A.  M.] 


~~ 204  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XX. 

An  1202  ' 

principaux  habitaiis  de  la  ville.  Guillaume,  fils  8<  héritier  de  Guillaume  VIII, 
promit  en  même  temps  de  l'exécuter  fidèlement  &  affirma  qu'il  étoit  majeur 
de  ([uatorze  ans. 

LXXIV.  —  Mort  de  Guillaume  VIII,  seigneur  de  Montpellier.  —  Son  éloge. 

Guillaume  VIII  mourut  âgé  d'environ  quarante-cinq  ans,  après  s'être 
acquis  l'amour  de  ses  sujets  par  ses  qualités  personnelles  81  la  douceur  de  son 
gouvernement.  Il  s'appliqua  en  particulier  à  faire  ceindre  Montpellier  de 
nouvelles  murailles  8<.  donna'  pouvoir,  en  ii96,à  huit  des  principaux  bour- 
geois ou  administrateurs  de  la  ville,  de  conduire  cet  ouvrage  à  sa  perfection. 
Il  paroît  qu'il  eut  quelque  différend  avec  l'évêque  de  Maguelonne  8c  que  leur 
querelle  fut  portée  devant  le  roi  Philippe-Auguste,  qui  rendit  là-dessus  un 
jugement^  auquel  ce  prélat  promit  d'obéir.  Entre  les  monumens  que  ce  sei- 
gneur donna  de  sa  piété,  il  exempta^,  en  ii8g,  la  maison  du  Temple  de 
Montpellier,  dont  Pierre  de  Saint-Grégoire  étoit  commandeur,  de  toute  sorte 
d'imposition  dans  ses  domaines.  Il  exerça  sa  libéralité  l'année  suivante  envers 
le  monastère  de  Montherbedon,  de  l'ordre  de  Grandmont,  situé  auprès  de 
Montpellier,  &  confirma'',  en  1194,  une  donation  que  Guillaume  de  Mont- 
pellier, moine,  son  aïeul,  avoit  faite  en  faveur  de  l'hôpital  de  Saint-Lazare  de 
cette  ville.  Il  fit  dédier,  en  i2oo\  l'église  de  Sainte-Croix  de  Montpellier, 
qu'il  avoit  fait  rebâtir,  8<  fit  du  bien^  au  monastère  de  Cassan;  mais  rien  ne 
fait  plus  d'honneur  à  sa  mémoire  que  le  zèle  qu'il  témoigna  pour  réprimer 
l'hérésie  qui,  de  son  vivant,  fit  de  si  grands  progrès  dans  la  Province. 

Ce  zèle  de  Guillaume  engagea  un  fameux  docteur,  nommé  maître  Alain 
de  Lisle,  qui  mourut^  à  Clairvaux,  en  1202,  à  lui  dédier  un  traité  qu'il  avoit 
t.^ni °p'°i''''i  composé  contre  les  hérétiques  de  son  temps,  contre  les  vaudois,  les  Juifs  Se  les 
Sarrasins,  8<.  qu'il  avoit  divisé  pour  cela  en  quatre  parties.  Alain,  dans 
l'épître  dédicatoire^  de  cet  ouvrage,  qualifie  Guillaume,  par  la  grâce  de  Dieu 
prince  de  Montpellier,  &  le  loue  de  ce  que  la  grandeur  de  son  esprit  répond 
à  celle  de  sa  naissance  8<.  de  sa  dignité.  Il  déclare  «  qu'il  le  lui  oHre  8<  qu'il 
«  se  soumet  à  son  examen,  parce  qu'entre  tous  les  princes  de  son  temps,  il 
«  étoit  spécialement  revêtu  des  armes  de  la  foi,  dont  il  étoit  le  fils  &  le 
<(  défenseur.  »  On''  prétend  que  cet  Alain  étoit  natif  de  Montpellier.  On  se 
fonde  sans  doute  sur  ce  qu'il  appelle  Guillaume,  son  seigneur;  mais  il  est 
certain  que  cet  auteur  n'est  pas  différent'"  d'Alain,  né  à  Lille,  en  Flandres, 
qui,  ayant  embrassé  d'abord    letat    religieux   dans   l'ordre  de  Citeaux,  fut 

'Gnrlel,  lAèe  Je  lu  ville  Je  Montpellier,  i''  part.  ^  Gntiel,  Séries praesulum  Magalonen'ium.  p.  î6j, 

p.   1.5!»}  Séries  praesulum  Mag.iloi:ensiuni ^  p.  244.  ^  IhiJ.  p.  2.52. 

'  Tome  VIII,  Chartes,   n.  LXXII,   ce.  462,  4(j.l.  '  Albéric,  C/ironieon,  ni  ailn.  1201. 

'  C:\t\e],  Séries  praesulum  Magaloiicnrium,  'p.  ;33  '  Alain,  ÀJv.  haeret.  éd.   1612. 

8t  seq.  ^  G^iri'^l^Series  praesulum  Magtilonensium^p,  zCjt 

■•  Mss.  J'Aubays,  n.  il,  '"  Casimir  Ou'iiii,  Je  script,  ceci,  t.  2. 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XX.  2c5 

ensuite  évêque  d'Auxerre  8c  qui,  s'étant  démis  de  cet  évêché  en  1167,  se 
retira  à  Claiivaux  où,  il  mourut  en  1202,  dans  un  âge  extrêmement  avancé. 
Il  composa  divers  autres  ouvrages  parmi  lesquels  il  dédia  à  Ermengaud,  abbé 
de  Saint-Gilles,  son  abrégé  de  l'un  &.  l'autre  Testament'. 

Guillaume  VIII  se  rendit  recommandable  par  divers  autres  endroits,  &  on 
a  déjà  vu  que  plusieurs  poètes  provençaux  vécurent  à  sa  cour  sous  sa  protec- 
tion. Il  augmenta  considérablement  son  domaine,  soit  par  la  réunion  de  la 
baronnie  d'Omelas  8c  de  ses  dépendances,  soit  par  celle  de  la  viguerie  inféodée 
de  Montpellier,  avec  ses  droits,  que  Guillaume  de  Montolieu  lui  vendit 
en^  1197-  Il  acquit  aussi,  au  mois  de  juillet^  de  l'an  1202,  les  droits  cjue 
l'abbaye  d'Aniane  possédoit  dans  la  paroisse  de  Saint-Paul  de  Frontignan. 
Enfin  il  paroît  que  la  conduite  de  ce  seigneur  auroit  été  irréprochable,  s'il 
n'eût  répudié  sa  femme  légitime  pour  en  épouser  une  seconde.  Il  est  vrai 
qu'il  couvrit  cette  démarche  sous  le  prétexte  spécieux  de  laisser  des  enfans 
mâles  héritiers  de  ses  domaines  ;  mais  il  y  a  lieu  de  croire  que  le  dégoût 
qu'il  avoit  d'Eudoxe  Comnène,  sa  première  femme,  8c  la  passion  qu'il  conçut 
pour  Agnès  eurent  la  principale  part  à  la  répudiation  de  la  première.  Nous 
savons  d'ailleurs  que  Guillaume  ne  fut  pas  insensible  à  l'amour,  8c  nous 
trouvons'*  dans  une  charte  de  l'abbaye  de  Franquevaux,  au  diocèse  de  Nimes, 
datée  de  l'an  1192,  un  «  frère  Bernard  de  Montpellier,  religieux  de  ce 
«  monastère  8c  fils  de  Guillaume,  fils  de  Mathilde.  »  On  ne  sauroit  douter 
que  ce  Bernard  ne  fût  bâtard.  Au  reste,  il  paroît  que  le  testament  de  Guil- 
laume VIII  eut  d'abord  son  exécution;  cas  nous  avons^  un  hommage  rendu 
pour  la  seigneurie  de  Montpellier  par  Guillaume,  seigneur  de  cette  ville, 
fils  d'Agnès,  à  Guillaume  d'Autignac,  évêque  de  Maguelonne,  qui  succéda 
en  i2o3,  à  Guillaume  de  Fleix  dans  cet  évêché. 

LXXV.  — Fondation  des  chartreuses  de  Bonnefoy  ô*  de  Valbonne, — Seigneurs 
6"  évêques  d'U-^ès.  — Maison  de  Sabran, 

La  chartreuse  de  Bonnefoy,  au  diocèse  de  Viviers,  dont  le  seigneur  de 
Montpellier  fait  mention  dans  son  testament,  subsistoit  déjà  dès  le  milieu'' 

'  Dom  Vaissete   est    tombé   dans   l'erreur  com-  Puyj  mais  il   repousse  avec  raison  l'identité  éta- 

miine  qui    fait   confondre  deux  &  peut-être  trois  blie  entre  Alain  de  Lille   &  l'auteur  de  la  Summa 

théologiens    du    nom    d'Alain,    qui    ont    vécu    au  ^uijripartilj.  C{.  Real-Encyclcpaejie  fur  protestan- 

commencement  du  treizième  siècle.  Alain  de  Lille  tische  Théologie  und  Kirche,  n.a.  1877,  t.  1,  p.  233 

n'a  rien  à  faire  ici,  &  ayant  passé  la  majeure  par-  &  suiv.  [A.  M.] 

tie  de  sa  vie  en  Angleterre,  il    n'eut  certainement  '  Gariei,  Séries praesulum  Magalonemium,  p.  iHj. 

aucune    relation    avec   le  midi    de   la   France.   Un  '  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  LXXV,  c.  479. 

second  Alanus  est  celui  que  l'on  appelle  de  Podio  —  L'acte  est  du  mois  de  juin. 

&  qui  dédia  une  .Somme  de  l'Ecriture  sainte,  restée  ■*  Mis.  d'Auhays;  McUnga,  vol.   i. 

inédite,  à   Ermengaud,    abbé   de  Saint- Gilles.    Le  '' Cnr\t\, Séries  praesulum  Magalonensium ,  p.  i-j^. 

troisième  serait  l'auteur  de  la  Summa  ^uaJripjrtita  "  Voyez  tome  IV,  p.  648  &  suiv.  une  note  four- 

contra    haerelicos    W^aldenses.    M.    C.    Schmidt,    de  nie   aux    nouveaux  éditeurs  p.^r  M.   l'abbé    Rou- 

Strasbourg,  sans   se   prononcer  positivement,  tend  chier.  La    fondation  de  Bonnefoy  remonte  pioLa- 

à    identifier    ce    dernier    personnnge    &    Alain    du  blcment  à  l'an   iij6.   [A.  M.| 


An  1ZC2 


An  i2o3 


"T T   206  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XX. 

An  i2o3 

du  douzième  siècle.  Elle  est  située  sur  les  frontières  du  Vêlai,  Se  c'est  la  plus 
ancienne  que  nous  sachions  avoir  été  fondée  dans  la  Province'.  Celle  de 
Valbonne,  dans  le  diocèse  d'Uzès,  vient  ensuite;  elle  doit  son  origine  à 
Guillaume  de  Vénéjan,  évêque  d'Uzès,  qui  échangea^,  au  commencement 
de  l'an  1204,  l'église  d'Ornols  contre  celle  de  Bondillons,  dans  son  diocèse, 
avec  l'abbé  d'Aniane  îk  le  prieur  du  monastère  de  Goudargues,  dépendant 
de  cette  abbaye,  pour  la  donner  aux  chartreux,  qui  y  établirent  une  maison 
de  leur  ordre  Se  lui  imposèrent  le  nom  de  Valbonne.  11  est  vrai  qu'il  paroît 
qu'il  y  avoit  des  religieux  à  Bondillons  en  1198  &  1201;  mais  ils  étoient 
vraisemblablement  bénédictins  soumis  au  prieur  de  Goudargues. 

Raimond,  seigneur  d'Uzès,  fut  présent  à  cet  acte  d'échange;  il  enrichit 
l'année  suivante  la  chartreuse  de  Valbonne  par  ses  libéralités,  8c  confirma  ce 
nouveau  monastère  dans  la  possession  de  tous  les  biens  que  les  chevaliers, 
ses  vassaux,  lui  avoient  donnés.  Decan,  son  fils,  ratifia  cette  concession  au 
mois  de  mars  de  l'an  1207,  8<.  Bermond,  seigneur  d'Uzès,  approuva,  au  mois 
de  juillet  de  l'an  1212,  la  donation  de  Pv.aimond,  son  père.  Se  de  Decan, 
son  frère.  Guillaume  de  Vénéjan,  auparavant  évêque  d'U-^ès,  reçut  cette 
dernière  confirmation,  tant  en  son  nom  qu'en  celui  de  tout  l'ordre  des  cliar- 
treux. 

Nous  inférons  de  ces  divers  monumens  que  Raimond,  surnommé  Rascas, 
seigneur^  d'Uzès,  qui  vivoit  encore  au  mois  de  juin  de  l'an"*  1209,  laissa 
deux  fils,  Decan  Si.  Bermond;  que  Decan  lui  succéda  dans  la  seigneurie 
t  fu  °'^'^ï"',  d'Uzès,  Se  que  ce  dernier  étant  mort  sans  enfans,  Bermond,  son  frère,  recueillit 
sa  succession.  Il  paroît  que  Bermond  avoit  déjà  succédé  à  son  frère  dès  la  fin 
de  septembre  de  l'an  1211,  car  il  est  qualifié  alors  seigneur  d'Ujès  dans  le 
testament^  de  Pierre-Constans  de  Saint-Gilles,  qui  le  nomma  pour  un  de  ses 
exécuteurs  testamentaires.  Il  continua  la  postérité  Se  vendit,  en  1222,  dix- 
huit  pièces  de  terre,  avec  Guiraude,  sa  femme^,  à  la  chartreuse  de  Valbonne. 
Il  se  qualifie  seigneur  d'Ui^ès  &■  d'Aymargues,  dans  une  donation  qu'il  fit  à  ce 
monastère  quatre  ans  après. 

Nous  avons  une  autre  donation  faite  à  cette  chartreuse,  en  1228,  par 
Rainon,  seigneur  d'Uzès,  fils  de  feu  Rainon,  Se  par  Guillaume  de  Martorel, 
son  frère.  Ils  possédoient  la  moitié  de  la  seigneurie  d'Uzès ''  Se  étoient^  de  la 
maison  de  Sabran,  dont  on  voit  divers  actes  dans  les  archives  de  la  même 

'  Columbi,  De  episc.  Vivanensihus.f.  Ii5&se<j.  n.  48.  [Cf.  Teulet,  Layettes,  t.   i,   p.  Syi  &  suiv. 

'  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  LXXXIII,  c.  534  l'acte  est  du  28  septembre  1211.] 

8^  suiv.  —  [Remarquons  que  dom  Vaissete  n'a  pas  "  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  LXXXII,  c.  j32. 

publié  la  pièce  qu'il   indique,  mais  des  donations  —  Archives  de  l'abbaye  de  Valbonne.  [L'acte  est 

faites  à  la   chartreuse  de  Valbonne  par  des  raem-  du  22  décembre  1222,  8c  on  n'y  parle  que  de  huit 

bres  de  la    famille  d'Uzès,  dont  la   plus  ancienne  pièces  de  terre.] 

est   de  juillet  i2o5.]  —  Archives  de  la  chartreuse  '  Ces  deux  frères  ne  possédaient  qu'un  quart  de 

de  Valbonne.  la    seigneurie   d'Uzès.   Voyez  à   ce   sujet   Charvet, 

'  Voyez  tome  IV,  îiote  LU,  p.  228.  La  première  maison  d'Unes,  p.  93.  [A.  M.] 

<  Innocent  III,  Epistolae,  t.  2,  p.  349.  '  Voyez  tome  IV,  Note  LU,  p.  228. 

'Trésor   des   chartes   du    roi;   Toulouse,   sac   2, 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XX.  207 

chartreuse.  Guillaume  de  Sabran  vendit  entre  autres  à  ce  monastère,  en  1207, 
pour  trois  cents  sols  neufs  ruimondins,  un  domaine  dans  la  paroisse  de  Saint- 
Paul  de  Sélérac,  S<  promit  de  faire  latifier  cette  vente  par  Guillelmette,  sa 
femme.  Il  accorda,  en  I2i3,  à  ce  même  monastère  &  à  tout  l'ordre  des  char- 
treux, une  exemption  de  péage  &  d'usage  dans  le  bois  de  Sabranenc.  «  Al- 
(t  modis,  veuve  de  Rostaing  de  Sabran,  connétable  du  comte  de  Toulouse, 
('  vendit  en  I2i5,  à  la  maison  de  Valbonne,  le  domaine  de  Cadenet,  du 
«  consentement  de  Guillaume  de  Baux,  par  la  grâce  de  Dieu  prince 
«  d'Orange,  5<  tuteur  de  Rostaing  Se  de  Guillaume  de  Sabran,  fils  du  même 
(1  Rostaing.  »  Enfin  divers  autres  seigneurs  du  voisinage  firent  beaucoup  de 
bien  à  cette  chartreuse  dans  le  temps  de  sa  fondation  '.  De  ce  nombre  furent 
Géraud  de  Montaigu,  Hélène,  sa  femme,  Thibaud  8c  Saurine,  leurs  enfans, 
Rnimond,  Géraud  &!.  Pierre-Géraud  de  Montaigu,  frères.  Sec. 

Ouant  à  Guillaume  de  Vénéjan,  évêque  d'Uzès,  qui  avoit  succédé,  vers 
l'an  1197,  à  Raimond,  il  se  démit  de  cet  évêché  peu  de  temps  après  avoir 
fondé  la  chartreuse  de  Valbonne  &  se  retira  dans  cette  solitude  pour  y  passer 
le  reste  de  ses  jours.  Il  vivoit  encore  en  1207.  Ebrard,  qui  lui  succéda  dès 
l'an  1204  8c  qui  possédoit  encore  l'évêché  d'Uzès  au  mois  d'août  de  l'an  1207, 
eut  pour  successeur  Raimond,  auquel  Rainon  8c  Elzéar,  seigneurs  d'Uzès 
en  partie  (de  la  maison  de  Sabran),  firent  hommage,  au  mois  d'août  de 
l'an  1208,  pour  ce  qu'ils  possédoient  dans  le  diocèse.  Pvaimond  Pelet  fit  hom- 
mage, la  même  année,  à  Raimond,  évêque  d'Uzès,  pour  le  château  de  Resson, 
qu'il  lui  remit  Se  dont  il  lui  fit  donner  les  clefs,  8c,  en  témoignage  de  sa 
fidélité,  il  fit  arborer  sur  ce  château  l'étendard  de  Saint-Théodorit  où  était 
un  lion  rouge. 

LXXVl.  —  Le  vicomte  Raimond-Roger  épouse  Agnès  de  Montpellier; 
il  engage  une  partie  de  son  domaine  à  l'évêque  de  Béliers, 

Toutes  les  précautions  de  Guillaume  VIII,  seigneur  de  Montpellier,  pour 
assurer  sa  succession  à  ses  fils  du  second  lit,  furent  inutiles,  Pierre,  roi 
d'Aragon,  qui  connoissoit  les  prétentions  de  Marie,  sa  fille  unique  du  pre- 
mier lit.  Se  qui  savoit  que  Bernard,  comte  de  Comminges,  son  mari,  ne  cher- 
clioit  qu'une  occasion  de  la  répudier,  songea  à  l'épouser  peu  de  temps  après 
la  mort  de  Guillaume,  afin  d'unir  par  là  à  son  domaine  les  grands  biens  de 
la  maison  de  Montpellier.  On  prétend*,  cependant,  que  le  roi  d'Aragon  fut 
d'abord  favorable  aux  enfans  du  second  lit;  qu'au  mois  de  décembre  de 
l'an  i2o3  il  maria  Agnès,  l'un  de  ces  enfans,  avec  Raimond-Roger,  vicomte 
de  Béziers  8c  de  Carcassonne,  Si  qu'il  lui  assura  deux  mille  cent  sols  melgo- 
riens  en  dot  ;  mais  tout  ce  que  nous  avons  de  certain  là-dessus  c'est  que  ce 
vicomte  épousa^,   en  effet,  la  même  année,  Agnès  de  Montpellier;  qu'elle 

'Archives   de    l'abbaye   de   Valbonne.  —   Mjs.  ^  Thulamu!  de  Montpellier, [^p.  z'i  ieVéi\ùon  ie 

d'AuBjys,  n.  88.  la  Société  archéologique  de  Montpellier.  Le  m?- 

'  O^Tie\, Séries praesulum  Mctgaîonerisium,p,  2'j'\,        riape  eut  lieu  en  octobre  ] 


An  i2o3 


An  I20J 


;o8  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV,  XX. 


eut'  vingt-cinc]  mille  sols  melgoriens  en  dot,  &  que  le  vicomte,  son  mari,  lui 
assigna  les  châteaux  de  Pézénas  Si  de  Torves  pour  son  douaire. 

Raimond-Roger  confirma,  le  g  d'octobre  de  l'an  i2o3^,  les  privilèges  que 
Roger,  son  père,  6-  Trencavel,  son  aïeul,  avoient  accordés  à  l'abbaye  de 
Grandselve,  en  présence  de  Rainiond,  évêque  d'Agde,  de  Calvet,  abbé  de 
Saint-Aphrodise  de  Béziers,  Sec.  Il  donna  en  fianc-alleu^,  au  mois  de  novembre 
suivant,  à  l'abbaye  de  Boulbonne  Se  à  Bérenger  Valard,  son  abbé,  une 
maison  située  dans  le  faubourg  de  Saint-Vincent  de  Carcassonne,  avec  ordre 
à  ses  baillis  de  cette  ville,  chrétiens  6-  Jui/s,  d'en  faire  jouir  paisiblement  ce 
monastère.  Il  fit  cette  donation  entre  les  mains  6-  dans  l'audience  de  Bérenger, 
i.'iii °p'.°i"'2.  évêque  de  Carcassonne,  S;  en  présence  de  Raimond-Roger,  comte  de  Foix, 
de  ses  viguiers  de  Carcassonne,  de  Razès  S<.  de  Béziers;  de  Raimond  Lom- 
bard, bailli  de  l'honneur  comtal  de  Carcassonne,  Sec.  Le  comte  de  Foix,  que 
le  comte  d'Urgel  avoit  fait  prisonnier,  le  26  de  février  de  l'an  i2o3,  étoit 
donc  alors  sorti  de  prison;  à  moins  que  la  bataille,  dans  laquelle  on  prétend 
qu'il  fut  pris,  n'ait  été  donnée  au  mois  de  février  de  l'an  i2o3,  en  commen- 
çant l'année  à  l'Incarnation.  Le  vicomte  Raimond-Roger  engagea "*,  au  mois 
de  mai  de  l'an  1104,  pour  six  mille  sols  melgoriens  ou  cent  vingt  marcs 
d'argent,  à  Guillaume,  évêque  de  Béziers,  Se  à  son  chapitre  :  1°  L'albergue 
qu'il  prétendoit  sur  eux,  sur  l'abbé  de  Saint-Aphrodise  Se  sur  le  village  de 
Lignan.  2°  La  justice  pour  les  crimes  d'homicide,  d'adultère  Se  de  vol,  qu'il 
avoit  sur  tous  les  ecclésiastiques  du  diocèse  de  Béziers,  sur  leurs  familles  Se 
sur  les  lieux  de  Lignan  Se  d'Aspiran.  Il  fit  cet  engagement,  dans  lequel  il 
déclare  qu'il  étoit  alors  majeur  de  dix-huit  ans,  du  conseil  des  barons  de  sa 
cour  ô»  des  bourgeois  de  Bé-[iers.  Il  met,  entre  les  premiers,  les  viguiers  de 
Carcassonne  Se  de  Béziers,  Se  Samuel,  juif,  haile  de  ses  domaines.  On  assure^ 
qu'il  déchargea  en  même  temps  l'évêque  de  Béziers  de  l'obligation  où  il  étoit 
de  lui  fournir  cinc[uaiite  chevaliers  durant  la  guerre'^.  Enfin  il  donna,  du 
conseil  des  grands  de  sa  cour"^ ,  en  1206,  à  Pons  de  Bessan,  la  permission  de 
fortifier  le  lieu  de  Buat,  dans  le  diocèse  de  Béziers. 

LXXVn.  —  Consuls  de  Toulouse.  —  Chartes  de  Raimond  VI,  comte 

de  cette  ville. 

Il  paroît  que  Raimond  VI,  comte  de  Toulouse,  passa  la  plus  grande  partie 
de  Fan  1 2o3  aux  environs  du  Rhône,  Se  qu'il  étoit  absent  de  Toulouse  lorsque 
les  consuls^  6"  le  commun  conseil  de  cette  ville  Se  du  faubourg  dressèrent  une 
ordonnance  touchant  le  vol,   le  mercredi  12  de  février  de  l'an  1202  (i2o3). 

'  Tome  VIII,  Chartes,  n.  XCIV,  ce.  579  à  584.  sur  un  acte  de  i2o3  (Voyez  t.  V,  c.   1432,  n.  91), 

'  Archives  de  l'abbaye  de  Grandselve.  par    lequel    le   vicomte    permet   aux    chanoines  de 

'  Archives  de  l'abbaye  de  Boulbonne,  Saint-Nazaire  de  fortifier  les  églises  de   plusieurs 

*  Gallid  Christlana,  nov.  éd.   t.  6,  Instr.  c.  148  de  leurs  villages,  à  cause  des   ravages  des  gens  de 

&  seq.  guerre.   [A.  M.  | 

''  Andoque,  Catalogue  des  évèijue!  Je  Béliers.  '  Cartu'.aire  du   château  de  Foix. 

'  Cette  assertion  d'Ando^ue  s'appuie  sans  doute  "  Catel,  f/i:toire  des  comtes  de  Tolose,  p.  228. 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XX.  200  — ; T 

•'       An  120J 

On  apprend  par  ce  règlement  que  ce  qu'on  appeloit  alors  à  Toulouse  le 
chapitre  (capitulum)  étoit  composé  de  la  principale  bourgeoisie,  de  laquelle 
les  consuls,  au  nombre  de  vingt-cinq,  étoient  les  cbefs,  8c  c'est  du  nom  de  ce 
chapitre  qu'on  leur  donna  depuis  celui  de  capitoulsf  que  cette  assemblée  ou 
chapitre  composoit  la  cour  du  comte,  qu'elle  exerçoit  la  justice  criminelle 
dans  tout  le  diocèse  8t  que  le  vicaire  ou  viguier  du  comte  y  présidoit  en 
l'absence  de  ce  prince'.  Nous  apprenons  d'ailleurs  que  P^aimond  VI  étoit  à 
Nimes,  au  mois  de  septembre  de  cette  année,  8c  qu'il  y  donna  alors  deux 
chartes  :  par  la  première  ^  il  confirma,  le  1 1  de  ce  mois,  en  faveur  de  Ber- 
nard, abbé  de  Psalmodi,  en  présence  de  Rostaing  de  Sabran,  son  connétable, 
un  diplôme  que  le  roi  Charles  le  Simple  avoit  accordé  à  ce  monastère.  Par 
la  seconde^,  il  maintint  Hugues  de  Laudumon,  vestiaire  de  l'église  de  Nimes 
8c  prieur  de  Saint-Saturnin  de  Cauvisson,  dans  les  privilèges  dont  lui  8c  ses 
prédécesseurs  avoient  joui  dans  ce  château.  Ce  prince  confirma  vers  le  même 
temps,  à  Montsavez'*,  auprès  d'Avignon,  les  privilèges  que  le  comte,  son 
père,  avoit  accordés  autrefois  aux  frères  du  pont  d'Avignon,  en  présence  de 
Guillaume,  évêque  d'Uzès,  de  Rostaing  de  Sabran,  son  connétable,  8cc. 

LXXVIII.  —  Indie,   sœur  naturelle   de   Raimond  VI,   comte  de  Toulouse^ 

épouse  Guillabert  de  Lautrec. 

Raimond  étoit  de  retour  à  Toulouse  au  mois  d'octobre  suivant,  8c  il  y  con- 
clut^ alors,  dans  son  palais  nommé  le  château  Narbonnois,  le  mariage  d'Indie, 
sa  sœur  (naturelle),  avec  Guillabert,  fils  de  Pierre-Ermengaud  de  Lautrec. 
Indie  eut  cent  marcs  d'argent  fin  pour  sa  dot,  pour  laquelle  Pierre-Ermen- 
gaud, son  beau-père,  hypothéqua  le  château  de  Fiac,  en  Albigeois.  Ce  sei- 
gneur étoit  sans  doute  de  la  maison  des  vicomtes  de  Lautrec;  mais  nous  ne 
trouvons  pas  sa  descendance.  Guillabert,  son  fils,  mourut  quelque  temps 
après  sans  laisser  d'enfans  d'Indie,  qui  se  remaria,  en  1206,  avec  le  seigneur 
de  risle-Jourdain.  Il  avoit  un  frère,  nommé  Hugues-Ermengaud,  qui  hérita 
de  Pierre-Ermengaud,  leur  père,  8c  qui  épousa  Castelane,  fille  d'Aymeri  de 
Castelnau.  Nous  ne  trouvons <*  pas  non  plus  la  descendance  de  Frédol  de 
Lautrec  qui,  avec  Géraud  de  Pépieux  {de  Pipionibus),  son  fils,  fit  en  1200, 
à  l'abbaye  de  Fontfroide,  une  donation  qu'il  promet  de  faire  ratifier  par 
Rixovendis,  sa  sœur.   Le  comte  Raimond  donna  à  Bessières  sur  le  Tarn^, 

'  L'année  luiTantc,  en  120^,  les  consuls  de  Tou-  'Registre  i3i  des  chartes  du  roi,  n.  370. 

louse.  continuant  leurs  tentatives  pour  diminuer  ^  Bouche.  La   chorographie  ou  description  âe  la 

les   charges   qui    pesaient   sur  le   commerce  de   la  Provence,  t.    2,  p.    i63.  —  Acta    sanctorum,  avril, 

ville,    firent    une   enquête   contradictoire    sur    les  t.  2,  p.  261. 

taxes  que  l'on  devait  payer  à  Saint-Jory  au  pé.ige  '  Voyez  tome VIII,  Chartes,  n.  LXXVIII, ce.  .^98, 

du  comte.  Cette  enquête  se  fit  par  voie  de   témoi-  499- 

gnages.    Elle    est    fort    curieuse.  Voir    tome  VIII,  '  Archives  de  l'abbaye  de  Fontfroide. 

c.  J07  &  suiv.    [A.  M.)  '  Archives  de  l'abbaye  de  Candeil. 

'  Registre  160  des  chartes  du  roi,  n.  84.  —  Ma- 
billon,  AnnaUs,  I.  3,  append.  n.  ^2. 

VI.  ,4 


A,,  ,^„3       2  10  HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XX. 

quelciues  jours  après,  des  lettres  de  sauvegarde  en  faveur  de  l'abbave  de  Can- 
deil.  Etant  à  Castelsarrasin  sur  la  Garonne,  au  mois  de  novembre  suivant 
il  '  rit  expédier  de  semblables  lettres  pour  ses  chers  £■  fidèles,  les  bourgeois  & 
autres  habitans  de  la  ville  de  Cahors. 

LXXIX.  —  Alort  du  comte  Pierre  de  Lara,  vicomte  de  Narbonne.  — 
Aymeri  111,  son  fils  aîné  &■  son  successeur,  fait  hommage  de  sa  vicomte  au 
comte  de  Toulouse. 

t/iii  "p."!"?.        Raimond  VI  fit  un  voyage,  au  commencement  de  l'année  suivante,  dans  le 

diocèse   de  Narbonne,  pour  y  laire   reconnoître  sa  suzeraineté,  de   laquelle 

An  1204  Fimengarde,  vicomtesse  de  cette  ville,  Aymeri  Si  le  comte  Pierre  de  Lara, 
neveux  St  successeurs  de  cette  vicomtesse,  s'étoient  soustraits  pour  se  sou- 
mettre à  celle  des  comtes  de  Barcelone  8<.  rois  d'Aragon.  Pierre  de  Lara-', 
après  avoir  iait  démission,  en  1194,  de  la  vicomte  de  Narbonne  en  faveur 
d'Aymeri  III,  son  fils  aîné,  &  s'être  retiré  à  la  cour  de  Castille,  où  il  occu- 
poit  les  premières  dignités  du  royaume,  mourut^,  le  10  de  juin  de  l'an  1202, 
&  fut  inhumé  dans  le  monastère  de  Horta,  de  l'ordre  de  Cîteaux,  fondé  par 
les  seigneurs  de  sa  maison.  Outre  Aymeri,  son  aîné,  à  qui  il  avoit  donné  la 
vicomte  de  Narbonne,  il  laissa  de  l'infante  Sancie  de  Navarre,  sa  première 
femme,  plusieurs  fils  qui  firent  diverses  branches  en  Espagne;  entre  autres 
P».oderic  ou  Rodrigues,  en  faveur  duquel  il  disposa  du  château  de  Montpezat, 
dans  la  vicomte  de  Narbonne,  qu'il  s'étoit  réservé  en  donnant  cette  vicomte  à 
•Aymeri.  Il  épousa  en  secondes  noces  Marguerite  dont  on  ne  connoît  pas  la 
maison.  On  lui  attribue  la  construction  d'une  tour  pour  servir  de  phare  aux 
vaisseaux  qui  sont  en  mer  6c  qu'on  appelle  encore  la  tour  du  comte  Pierre. 
Elle  est  située  au  bord  de  la  mer  à  une  lieue  &  demie  de  Narbonne,  auprès 
d'une  église  champêtre  nommée  Saint-Pierre  de  la  Mer. 

11  ne  paroît  pas  qu'Aymeri  III,  fils  8c  successeur  du  comte  Pierre  de  Lara 
dans  la  vicomte  de  Narbonne,  se  soit  soumis,  du  vivant  de  son  père,  à  la 
suzeraineté  des"  comtes  de  Toulouse,  qui,  en  qualité  de  ducs  &  de  comtes 
particuliers  de  cette  ville,  avoient  droit  d'y  dominer;  on  voit  au  contraire 
que  ce  vicomte  déclara  qu'il  exercerait  le  gouvernement  6-  la  domination  sur 
tout  le  pays  de  Narbonne  dans  un  acte'*  par  lequel  il  dota,  le  18  de  février 
de  l'an  1202  (i2o3),  pour  l'âme  du  feu  comte  Pierre,  son  père,  l'ermitage  de 
Saint-Victor,  dans  le  diocèse  de  Narbonne,  que  frère  Pierre  de  Lercio  venoit 
de  fonder  sous  l'autorité  du  pape  Innocent  III.  Aymeri  se  soumit  cependant 
enfin  au  comte  de  Toulouse,  qui  se  rendit  à  Capestang,  dans  le  diocèse  de 
Narbonne,  au  mois  de  mars  de  l'an  1204,  pour  recevoir  son  hommage.  11  est 
marqué  dans  l'acte  que  ce  vicomte,  «  ayant  pris  conseil  de  l'archevêque,  des 

'  Archives  de  l'hôtel  de  ville  de  Cnhors.  '  Voyez  tome  VII,  Note  VI,  n.  vi,   pp.   17,  18, 

'  Salazar  y  Castro,  Historici gcncalogica  de  la  casa  ^  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  LXXVII,  te.  487 

lie  Lara,  t.   1 ,   1.  2    &   1.  3.  —  Catel,  Mémoires   Je  à  489, 

l'hiito'ne  du  Languedoc,  p.  oçj. 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XX.  311    ~Z 

An  1204 

«  chevaliers,  des  prud'liommes  &  des  citoyens  de  Narbonne,  il  prêta  serment 
«  de  fidélité  au  comte  Raimond  pour  tout  ce  qu'il  avoit  à  Narbonne  Se  dans 
<i  la  vicomte  de  cette  ville,  excepté  pour  ce  qu'il  tenoit  de  l'archevêque,  qui 
<i  avoit  la  supériorité  sur  la  moitié  de  la  même  ville,  Se  de  son  église.  « 
Avmeri  reconnut  en  même  temps  tenir  en  fief  du  même  comte  de  Toulouse, 
les  terres  de  Saint-Gervais,  de  Nairan,  Sec,  que  son  père  avoit  données  en 
engagement  au  père  de  ce  prince.  Bérenger,  archevêque  de  Narbonne,  le 
maître  des  templiers  de  Provence  8t  plusieurs  autres  personnes  de  considéra- 
tion furent  présentes  à  cet  hommage'.  Aymeri  vécut  depuis  en  bonne  intel- 
ligence avec  le  comte  Raimond.  11  reçut,  à  la  fin  de  la  même  année,  l'hom- 
mage de  Dalmace  de  Creissel  pour  le  château  de  Fenouillet,  Se  donna,  au^ 
mois  de  juillet  de  l'an  1:08,  à  Rodrigues,  son  frère,  8c  aux  fils  de  ce  dernier, 
le  château  de  Lac,  dans  le  diocèse  de  Narbonne. 

I/XXX.  —  Le  roi  d'Aragon  engage  les  vicomtes  de  Millau  0  de  Gévaudan 
au  comte  de  Toulouse.  —  Troubles  dans  ce  dernier  pays,  —  Evêques  de 
Mende, 

Nous  ne  voyons  pas  que  Pierre,  roi  d'Aragon,  ait  formé  le  moindre  obstacle 
à  l'hommage  que  le  vicomte  de  Narbonne  rendit  au  comte  de  Toulouse  pour 
sa  vicomte,  quelque  intérêt  qu'il  eût  à  le  contredire,  à  cause  que  les  prédé- 
cesseurs de  ce  vicomte  avoient  reconnu  les  siens  pour  leurs  suzerains.  Aussi 
paroît-il  que  le  roi  8(  le  comte  furent  toujours  très-unis.  Se  que,  loin  d'avojr 
ensemble  quelque  sujet  de  dispute,  ils  s'aidèrent  mutuellement  dans  toutes 
leurs  affaires  8c  se  donnèrent  réciproquement  des  marques  d'une  étroite 
amitié.  Ils  eurent-^  à  Millau,  en  Rouergue,  au  mois  d'avril  de  l'an  1204, 
une  entrevue  à  laquelle  Alfonse  II,  comte  de  Provence,  frère  du  roi,  se 
trouva.  Se  ils  passèrent  alors  un  accord,  suivant  lequel  le  roi  d'Aragon 
engagea  au  comte  Raimond  la  ville  de  Millau,  les  châteaux  de  Chirac, 
Grèzes,  Marvéjols,  Sec,  c'est-à-dire  les  domaines  des  anciennes  vicomtes  de 
Gévaudan  8c  de  Millau,  désignées  dans  l'acte  sous  le  nom  de  comté  de 
Millau  {/  de  Gévaudan^,  pour  cent  cinquante  mille  sols  melgoriens,  faisant 
trois  mille  marcs  d'argent.  Le  roi  d'Aragon  garantit  cet  engagement  contre 
Sanche,  son  oncle  paternel,  en  cas  que  ce  prince  vînt  à  le  disputer  ou  à  en  ('"i'îi"'",'"'"; 
ôter  quelque  chose,  8c  donna  pour  caution  le  comte  de  Provence,  son  frère, 
qui  promit  par  serment  d'observer  fidèlement  les  conditions  du  traité. 

L'un  des  motifs  qui  déterminèrent  Pierre  à  faire  cet  engagement  fut  les^ 
diftérends  qu'il  avoit  avec  Guillaume  de  Peyre,  évêque  de  Mende,  qui,  après 
avoir  chassé  son  baile  du  Gévaudan,  assiégea  Se  prit  sur  lui  la  ville  de  Mar- 

■  Voyez  cet  acte  publié  d'nprèî  l'original  (J.  314,  'Voyez  tome  VIII,  Chartes,   n.  LXXX,  ce.  5i8 

n.   lo)  dans  Teulet,  Layettes  du  Trésor  .les  chartes^  à  522. 
t.  i,p.   248.  ■•  Voyez  tome  IV,   Note  XXVI,  n.   xvi   &  suiv. 

'  Catel ,   Mémoires    île    l'histoire    Au    Languedoc,  pp.  iSy,  1 38. 
p.  ■>'/>■  ''  Archives  de  l'évéché  de  Mende. 


An 


212  HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XX. 

véjols.  Or  il  étoit  moins  à  portée  de  faire  valoir  son  autorité  clans  le  pays 
que  le  comte  de  Toulouse  qui  prit  aussitôt  possession  de  tous  les  domaines 
qui  venoient  de  lui  être  engagés.  Guillaume  de  Peyre  avoit  succédé',  en  1187, 
dans  1  evêché  de  Mende,  à  Aldebert  de  Tournel,  Se  il  le  posséda  jusqu'en  1 223. 
11  eut  plusieurs  démêlés  avec  les  habitans  de  cette  ville  qui  le  chassèrent,  8t 
il  n'y  rentra  qu'après  avoir  fait,  en  1194,  un  accord  avec  eux,  par  lequel  il 
s'obligea  à  abolir  les  mauvaises  coutumes  qu'il  avoit  établies. 

Mais  la  principale  raison  qui  porta  Pierre,  roi  d'Aragon,  à  engager  les 
vicomtes  de  Millau  &.  de  Gévaudan  au  comte  de  Toulouse  fut  pour  se  mettre 
en  état  de  fournir  à  la  dépense  de  son  mariage  avec  Marie  de  Montpellier 
&  d'un  voyage  qu'il  avoit  projeté  de  faire  à  Pvome. 

LXXXI.  —  Le  comte  de  Commïnges  répudie  Marie  de  Montpellier. 

On  a  dit  plus  haut  que  Guillaume  VIII,  seigneur  de  Montpellier,  fut  à 
peine  décédé  que  le  roi  d'Aragon  forma  le  dessein  d'unir^  cette  seigneurie  à 
ses  domaines  en  épousant  Marie,  fille  de  ce  seigneur  du  premier  lit.  L'union 
de  Pierre  avec  Raimond,  comte  de  Toulouse,  que  Guillaume  avoit  laissé  pour 
principal  protecteur  de  ses  entans  du  second  lit,  h.  l'autorité  que  ce  dernier 
avoit  dans  la  Province  8t  en  particulier  dans  le  diocèse  de  Maguelonne  dont 
il  étoit  comte  particulier,  lui  firent  espérer  de  réussir.  En  effet,  le  comte 
Raimond  favorisa  entièrement  le  roi  d'Aragon  dans  cette  affaire,  8t  nous 
avons  lieu  de  croire  qu'il  engagea  Bernard,  comte  de  Comminges,  son  cousin 
germain,  à  répudier  solennellement  Marie.  Bernard  y  étoit  très-disposé  de 
lui-même,  &,  soit  par  dégoût  pour  la  comtesse,  sa  femme,  soit  par  un  effet 
de  sa  légèreté  naturelle,  soit  enfin  par  quelque  autre  motif  secret,  il  avoit  déjà 
fait  une  tentative  pour  s'en  séparer  du  vivant  de  Guillaume,  seigneur  de 
Montpellier.  Il  s'adressa  pour  cela  à  l'archevêque  d'Auch  Si  à  l'évêqué  de 
Comminges  ;  mais  ces  prélats  refusèrent  d'approuver  son  divorce  &  de  donner 
une  sentence  de  séparation.  Bernard,  voyant  que  cette  voie  lui  manquoit, 
eut  recours  à  une  autre  :  il  maltraita  extrêmement  Marie  pour  l'obliger  à  se 
retirer  d'elle-même,  8<.  ses  mauvaises  manières  à  son  égard  allèrent  si  loin 
qu'elle  fut  enfin  contrainte  de  se  réfugier,  vers  l'an  1200,  à  la  cour  du  sei- 
gneur de  Montpellier,  son  père.  Ce  seigneur  prit  fort  à  cœur  les  intérêts  de 
sa  fille,  moins,  à  ce  qu'il  paroît,  par  amitié  pour  elle  que  par  la  crainte,  si 
son  mariage  avec  Bernard  venoit  à  se  dissoudre,  de  la  voir  rentrer  dans  ses 
prétentions  à  sa  succession  à  laquelle  ils  avoient  renoncé  solennellement  l'un 
&  l'autre  dans  leur  contrat  de  mariage.  Il  se  plaignit  de  la  conduite  de  ce 
comte  envers  Marie  au  pape  Innocent  III,  qui  écrivit  à  l'archevêque  de  Nar- 
bonne,  à  l'évêqué  de  Comminges  S<.  aux  chapitres  d'Auch  S<.  de  Toulouse 
(le  siège  vacant)  pour  leur  ordonner  d'avertir  le  comte  de  Comminges  de 

'  Galli.1  Christlana,  nov.  éd.  t.  I ,  p.  90  &  seq.  c.   II.  —  Gnriel,  Séries  praesulum  Magalonens'ium, 

•  Guillelmus    de    Podio    L.iurcntii  ,    Cltronkon ,        p.  2^6  S<.  seq. 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XX.  ;i3   ~~ 

An  120^ 

reprendre  Marie,  de  la  traiter  comme  sa  femme  légitime,  Si  de  recourir,  s'il 
étoit  nécessaire,  aux  censures  ecclésiastiques  pour  l'y  contraindre;  en  sorte 
que  Bernard  fut  obligé  de  la  rappeler  &  de  la  garder  avec  lui  pendant  la  vie 
de  Guillaume. 

Après  la  mort  de  ce  seigneur,  le  comte  de  Comminges  n'ayant  plus  à 
craindre  son  crédit  &  se  voyant  au  contraire  appuyé  par  le  roi  d'Aragon,  qui 
avoit  ses  vues,  &  par  le  comte  de  Toulouse,  qui  les  favorisoit,  prit  si  bien  ses 
mesures  qu'il  répudia  enfin  Marie  dans  toutes  les  formes  canoniques',  sous 
prétexte  tiu'ils  étoient  conjoints  du  troisième  au  quatrième  degré  de  consan- 
guinité &  d'affinité,  &  qu'il  n'avoit  pas  été  séparé  légitimement  de  Béatrix 
de  Bigorre,  sa  première  femme,  qui  étoit  actuellement  vivante.  Bernard  eut 
deux  filles  de  Marie  de  Montpellier  qui  furent  censées  légitimes.  La  pre- 
mière, nommée  Mathiide,  épousa  Sanche,  seigneur  d'Aure,  fils  d'Arnaud  I, 
vicomte  de  la  Barthej  l'autre,  appelée  Pétronille,  fut  mariée  à  Centulle  II, 
comte  d'Astarac. 

LXXXII.  —  Pierre,  roi  d'Aragon,  épouse  Marie,  &•  unit  par  là  la  seigneurie 

de  Montpellier  à  son  domaine. 

Par  ce  divorce  Marie,  étant  libre  de  se  remarier,  épousa  bientôt  après  ,.'in°p'^i"5 
Pierre,  roi  d'Aragon.  Leur  contrat  de  mariage  fut  passé^  dans  le  cimetière  de 
la  maison  du  Temple  de  Montpellier,  le  5  de  juin  de  l'an  1204^  :  dans  cet 
acte  Marie  se  constitua  en  dot  la  ville  de  Montpellier,  les  châteaux  de  Lates, 
de  Montferrier,  d'Omelas,  Sec,  S<.  généralement  tous  les  domaines  qui  avoient 
appartenu  à  feu  Guillaume,  son  père,  &  les  substitua  en  faveur  du  premier 
enfant  mâle  qui  naîtroit  de  son  mariage  avec  le  roi  d'Aragon.  Ce  prince 
assigna  de  son  côté,  pour  le  douaire  de  Marie,  tout  le  comté  de  Roussillon, 
depuis  la  fontaine  de  Salses  jusques  à  la  Cluse^,,  pour  en  jouir  pendant  sa  vie, 
si  elle  lui  survivoit.  Pierre  lui  promit  en  même  temps  par  serment  «  de  ne 
«  la  répudier  jamais,  de  n'en  épouser  aucune  autre  pendant  sa  vie,  8t  de  ne 
«  rien  aliéner  des  domaines  de  Montpellier  qu'elle  s'étoit  constitués  en  dot.  » 
Il  donna  pour  ses  cautions  le  comte  Sanche  (son  oncle),  Alfonse,  comte  de 
Provence,  son  frère,  Guillaume  de  Baux  8<.  Hugues,  son  frère,  Rousselin, 
vicomte  &  seigneur  de  Marseille,  Pierre  d'Ami,  8tc.,  lesquels  firent  tous  un 
pareil  serment.  Gui,  prévôt  de  Maguelonne,  8v  les  principaux  habitans  de 
Montpellier  furent  présens  ;  il  est  remarquable  qu'entre  ces  habitans,  Pons 
de  Vallauquez,  Bertrand,  son  fils,  &  Pierre  d'Estang,  qui  sont  qualifiés  che- 
valiers, ne  sont  nommés  qu'après  quelques  autres  qui  prennent  le  titre  de 
juriconsultes  (causidicï)  ou  iX avocats.  Le   roi  d'Aragon,  pour  se  concilier  la 

'  Innocent  m,  I.  i5,  EpUt.  121.  '  Dom    Vaissete    se   trompe;    l'acte   est   d.iié   du 

*  Gulllelmii»    de    Podio    L.iurentii,    Chronieon  ,  i.Ojuin  1  204.  Conférez  M.  Germain,  Commani- <<< 

c.   II.  —  Catel,  Mémoires  Je  l'histoire  Au  Langue-  Montpellier,  1,  pp.   267  à  269.  [A.  -M.) 

doc,  p.  669  8c  SuiY.  —  D'Achcry,  Spicilegium,  t.  8,  '  Marat  Hispaniea,  ce.   1  0  81  62. 

p.  lia  &  seq. 


An  i: 


214  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XX. 

bienveillance  des  mêmes  habitans,  promit'  alors,  par  serment,  de  conserver 
leurs  usages  6<.  leurs  coutumes.  Deux  jours  après  ^,  le  roi  Pierre  prêta  serment 
de  fidélité  à  Guillaume,  évêque  de  Maguelonne,  dans  l'église  de  Notre-Dame 
de  Montpellier,  Se  lui  fit  hommage  pour  la  seigneurie  de  cette  ville,  en  pré- 
sence d'une"  grande  assemblée,  à  laquelle  se  trouvèrent  Raimond,  comte  de 
Toulouse,  Bernard  d'Anduze,  Guillaume  de  Baux  (prince  d'Orange)  &c 
Hugues,  son  frère,  AU'onse,  comte  de  Provence,  le  comte  Sanche  Se  tous  les 
principaux  de  Montpellier. 

Nous  inférons  de  là  :  1°  Que  Raimond,  comte  de  Toulouse,  se  trouva  à  la 
célébration  des  noces  du  roi  d'Aragon  avec  Marie,  Se  f|ue  ces  princes,  que 
Guillaume  VIII,  seigneur  de  Montpellier,  avoit  nommés  dans  son  testament 
pour  être  les  protecteurs  &  les  défenseurs  de  ses  enfans  du  second  lit,  aban- 
donnèrent entièrement  les  intérêts  de  ces  enfans,  de  même  que  Gui,  prévôt 
de  Maguelonne,  qu'il  avoit  nommé  aussi  pour  la  même  fonction,  Se  qui  hit 
présent  au  contrat  de  mariage  du  roi  Pierre  avec  Marie.  :°  Qu'Agnès,  veuve 
de  Guillaume  de  Montpellier,  fut  obligée  de  quitter  cette  ville  Se  de  se  retirer 
ailleurs  avec  ses  enfans;  mais  il  paroît  qu'une  partie  des  habitans  de  Mont- 
pellier leur  demeurèrent  fidèles  Se  que  ce  tut  le  motif  pour  lequel  le  roi 
d'Aragon  proscrivit  vers  le  même  temps  plusieurs  de  ces  liabitans;  nous  ver- 
rons d'ailleurs  qu'il  s'éleva  alors  divers  troubles  dans  cette  ville  qui  ne  finent 
causés,  suivant  toutes  les  apparences,  que  par  l'attachement  de  ceux  qui 
tenoient  le  parti  des  enfans  de  Guillaume. 

LXXXIII.  —  Pierre  i-  Marie  font  rédiger  les  coutumes  de  Montpellier 

6*  les  confirment, 

Pierre,  roi  d'Aragon,  Se  Marie  firent  quelque  séjour  à  Montpellier  après 
leur  mariage.  Se  ils  y  approuvèrent'  conjointement,  au  mois  d'août  de 
l'an  1204,  les  coutumes  de  cette  ville  qu'ils  avoient  fait  rédiger  pour  en  fixer 
l'observation  à  l'avenir.  Suivant  ces  coutumes,  le  seigneur  de  Montpellier 
avoit  pour  chef  de  la  justice  dans  cette  ville  un  baile  ou  bailli  qu'il  chan- 
geoit  tous  les  ans.  Cet  officier  choisissoit  lui-même  ses  assesseurs,  savoir  :  le 
sous-baile,  le  juge,  le  vice-juge  ou  viguier,  le  greffier  ou  notaire,  Sec,  les- 
quels n'étoient  aussi  qu'un  an  en  charge.  La  ville  étoit  alors  partagée  en 
sept  quartiers,  qu'on  appeloit  échelles,  Se  on  continuoit  de  travaillera  l'en- 
tourer de  murailles  aux  dépens  des  habitans.  E.Wc  étoit  gouvernée  par  douze 
des  principaux  d'entre  eux,  nommés  consuls,  qu'on  élisoit  tous  les  ans,  qui 

'   Coutumes    Je    Montpellier;    Mis,    de    Colhert,  archéologique    de    Montpellier,    &   d'après    deuk 

n.  4936.  manuscrits,   de    Paris  (lat.  4666^  &   de   la  facilité 

'  Tome  VIII,  Chartes,  n.  LXXXI,  ce.  522,  523.  de  médecine  de  Montpellier,  par  M.  Giraiid,  dans 

3    Coutumes    Ae    Montpellier  ;    Mss,    de    Culècrt,  son  Essai  sur  l'histoire  du  droit  frani^ais,   I,  pr.  4*/ 

H.    4q36.  ^—   Thalamus  ou  Coutumes   de  Montpcl-  &  suiv.;  enfin  par  M.  Teulet,  Layettes  du  Trésor, 

lier.  Ces  coutumes  de  Montpellier  ont  été  suc-  t.   1,  p.  205    &  suiy.   d'après  une  excellence  copio 

cessivement    publiées    en    latin    &   en    provençal  du  treizième  siècle  conservée  aux  archives  natio- 

âans    le    Petit    ThalamAs,   édition    de   la    Société  nales,  J.  33p,  n.  23.  [A.  M.] 


ÎIISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XX.  iiT) 

avoient  soin  de  la  police  Si  qui  étoient  comme  les  conseillers  du  gouverneur 
ou  lieutenant,  à  qui  le  seigneur  de  Montpellier  coniîoit  le  soin  de  cette  ville 
pendant  son  absence.  Le  gouverneur  ne  pouvoit  rien  statuer  touchant  l'admi- 
nistration de  la  ville  sans  l'avis  de  ces  douze  consuls,  ni  nommer  le  baile,  en 
l'absence  du  seigneur,  que  de  leur  conseil.  Le  seigneur  n'avoit  à  Montpellier 
aucun  droit  de  taille,  de  quête,  ni  de  prêt,  sans  la  volonté  &  le  consentement 
des  habitans  qui  étoient  exempts  de  péage  dans  tous  ses  domaines;  il  y  est 
marqué  enfin  qu'on  suivroit  le  droit  écrit  en  tout  ce  qui  n'étoit  pas  spécifié 
dans  ces  coutumes. 

Le  roi  d'Aragon  les  confirma  après  les  avoir  fait  examiner  &  en  avoir  con- 
féré avec  plusieurs  personnes  savantes.  11  se  rendit  pour  cela,  le  i5  d'août  de 
l'an  1204,  dans  l'église  de  Notre-Dame  de  Montpellier,  &  là,  en  présence  de 
tout  le  peuple  de  la  ville  qui  s'y  étoit  assemblé,  il  promit  solennellement, 
tant  pour  lui  que  pour  ses  successeurs,  de  les  observer  fidèlement,  avec  ordre 
à  sa  cour  de  Montpellier  d'y  conformer  à  l'avenir  ses  jugemens,  8c,  à  leur 
défaut,  de  suivre  le  droit  écrit.  Il  fît  sceller  de  son  sceau  en  plomb  l'acte  de 
cette  confirmation  dans  lequel  il  se  qualifie  roi  d'Aragon,  comte  de  Barce- 
lone 6-  seigneur  de  Montpellier.  Il  excepte  cependant  de  ces  privilèges  dans 
le  même  acte  «  tous  ceux  qu'il  avoit  exilés  de  Montpellier  8<  de  tout  le 
«  domaine  qui  avoit  appartenu  à  feu  Guillaume,  seigneur  de  cette  ville,  fils 
«  de  la  duchesse  MathiKle,  parce  que,  ajoute-t-il,  ayant  eu  connoissance  de 
«  leurs  fautes,  dans  le  temps  que  la  seigneurie  de  Montpellier  m'est  échue, 
K  j'ai  fait  serment  de  ne  jamais  permettre  qu'ils  reviennent  dans  le  pays,  à 
«  la  demande  du  peuple  de  cette  ville.  »  //  ordonne  ensuite  6*  enjoint  à  la 
reine,  sa  femme,  de  confirmer  ces  coutumes  de  la  même  manière,  soit  avec 
lui,  soit  sans  lui,  lorsqu'elle  en  sera  requise  par  les  habitans,  auxquels  il 
ordonne  de  promettre  de  leur  côté  de  les  observer  «  sous  le  même  serment 
«  c[u'il  leur  avoit  fait  de  les  garder  lui-même  dans  la  maison  de  la  Milice 
((  de  Montpellier,  lorsque  la  seigneurie  de  Montpellier  lui  ttoit  échue,  »  St 
il  renouvela  ce  serment  en  présence  de  Gui,  prévôt  de  l'église  de  Mague- 
lonne  '. 

La  confirmation  de  Marie  est  postérieure  de  quinze  jours,  sans  que  nous 
en  sachions  la  raison.  L'acte  qu'elle  en  donna  est  daté  du  28  d'août  suivant, 
de  la  chambre  du  château  de  Montpellie»".  Marie  s'y. qualifie  reine  d'Aragon, 
comtesse  de  Barcelone  6-  dame  de  Montpellier,  femme  de  Pierre,  roi  d'Aragon, 
6»  fille  de  Guillaume  de  Montpellier.  Elle  déclare  qu'elle  confirme  ces  cou- 
tumes de  sa  propre  volonté  iy  par  le  commandement  dudit  roi,  son  seigneur. 
Elle  se  sert  des  mêmes  termes  S<  fait  le  même  serment  que  ce  prince. 

'  Nous  ne  pouvons  ici  analyser  ces  coutumes  de  le  prix  de  l'appui  accordé  au   nouveau  souverain 

Montpellier,    qui    contiennent    cent    vingt-trois  par  les  habitants.  Mais  si  elles  innovent  au  point 

articles  &  sont  des  plus  importantes;  elles  furent  de   vue    politique,  il    n'en    est   pas    de    même   au 

empruntées  textuellement  à  Montpellier  par  plu-  point  de  vue  civil  j  c'est  plutôt,  pour  cette  der- 

lieurs  villes.  Rappelons  seulement  qu'elles  consa-  nière  partie,  la  codification  &  la    rédaction  d'an- 

craient    l'abdication    définitive    du    pouvoir    sei-  ciens  usages.   [A.  M.] 
gncurial  en    faveur  des  consuls,  &  qu'elles   furent 


An  1204 


An  1104 


216 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XX. 


LXXXIV.  —   Voyage  du  roi  d'Aragon  à  Rome  où  il  est  couronné 

par  le  pape. 

On  a  déjà  dit  que  Pierre,  roi  d'Aragon,  avoit  formé  alors  le  dessein  de 
faire  le  voyage  de  R.ome;  c'étoit  pour  s'y  faire  couronner  roi  par  le  pape 
Innocent  III.  Dans  cette  vue  il  partit'  pour  la  Provence  S<.  se  rendit  à  Mar- 
seille, où  il  fit  son  testament^,  le  4  d'octobre  de  l'an  1204.  11  déclare  dans 
cet  acte  qu'étant  résolu  d'aller  visiter  le  tombeau  des  saints  Apôtres,  il  fait  sa 
dernière  disposition  par  laquelle  il  institue  pour  son  héritier  le  fils  qui  naîtra 
du  mariage  qu'il  avoit  contracté,  &  substitue  à  ce  fils  Alfonse,  comte  de  Pro- 
vence, son  frère,  même  en  cas  qu'il  eût  une  fille,  à  laquelle  il  se  contente  de 
léguer  la  somme  de  six  mille  marcs  d'argent  en  dot.  Il  laisse  la  reine  Marie, 
sa  femme,  sous  la  protection  du  même  comte  de  Provence,  son  frère,  qu'il 
charge  de  prendre  soin  des  affaires  de  cette  princesse  avec  le  conseil  des  che- 
valiers 8c  des  prud'hommes  de  Montpellier.  Pierre  s'embarqua^  ensuite  sur 
cinq  galères  avec  toute  sa  suite  composée,  entre  autres,  du  comte  Sanche,  son 
oncle,  de  l'archevêque  d'Arles,  du  prévôt  de  Maguelonne,  d'Hugues  de  Baux"^, 
de  Rousselin,  vicomte  de  Marseille,  &C.  Il  passa  à  Gênes  8t  se  rendit  enfin  à 
Pv.ome,  où  Innocent  lui  fit  des  honneurs  infinis  81  le  couronna  solennellement 
roi  d'Aragon,  le  11  de  novembre  suivant.  La  veille  de  son  couronnement,  il 
fit  serment^  au  pape  de  lui  être  obéissant  Si  à  ses  successeurs,  de  défendre  la 
foi  catholique  8c  de  poursuivre  les  hérétiques.  Ces  sectaires  avoient  alors  fait 
de  grands  progrès  dans  la  Province,  où  ils  donnèrent  occasion  à  une  guerre 
des  plus  sanglantes.  Nous  en  allons  rapporter  les  circonstances  dans  le  livre 
suivant''. 


'  Gesta  comltum  Barcinonensium,  c.  24.  —  Gesta 
Innocent.  III,  c.    120  &  seq. 

'  Bouche,  Description  de  la  Provence,  t.  2, 
p.    160. 

'  Gcsta  Innocent,  III,  c.  1  2o  &  seq. 

^  Innocent  III,  1.  6,  Epist.  229. 

■■  Gariel,  Séries praesulum  Ma^alonemiuni ,  p.  27.^. 
—  Bouche,  La  chorograpkic  ou  description  de  ta 
Provence,  p.    |63. 

'  C'est  probablement  à  cette  même  année  1204 
que  l'on  doit  rapporter  la  rédaction  définitive  des 
anciennes  coutumes  de  Carcassonnc  (Teulet,  t.  1, 
p.  272  &  suiv.).  En  effet,  elles  sont  postérieures 
aux  djutumes  de  Montpellier  de  1204.  qu'elles 
reproduisent  presque  entièrement,  &  antérieures  à 
12C9,  date  de  la  croisade  contre  les  albigeois;  car 


elles  ne  parlent  ni  du  comte  de  Montfort,  ni  du 
roi  de  France.  On  n'en  connaît  plus  qu'un  ma- 
nuscrit du  milieu  du  treizième  siècle,  celui  que 
Teulet  a  employé.  Elles  avaient  déji  été  publiées, 
d'après  ce  même  manuscrit,  par  M.  Cros-Mayre- 
vielle,  dans  les  Mémoires  de  la  Société  des  arts 
&  sciences  de  Carcassonne,  t.  1,  pp.  177  à  2o5j 
dans  le  même  volume  on  trouve  une  ancienne 
traduction  en  langue  vulgaire,  qui  doit  dater  du 
quatorzième  siècle,  mais  dont  nous  ignorons  la 
provenance.  Sauf  les  douze  ou  treize  derniers 
articles,  cette  coutume  est  la  reproduction  tex- 
tuelle des  principaux  articles  de  la  coutume  de 
Alontpellicr,  mutalis  mutjndis.  Beaucoup  d'arti- 
cles sur  le  droit  co:iim:rcial  ont  notamment  été 
supprimés.   [A.  M.J 


*>  >» 


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LIVRE  VINGT  ET  UNIEME 


1.  — Progrès  de  l'hérésie  dans  la  Province. 


TOUTES  les  missions  qu'on  entreprit  au  douzième  siècle  pour  la  con-   , 'j'J|'"''8;",- 
version  des  hérétiques  qui  s'étoient  répandus  en  divers  endroits  de  la 
Province  n'eurent  qu'un  fruit  passager.  Saint  Bernard,  qui  le  premier      An  1204 
employa  son  zèle  dans  le  Toulousain  Si  l'Albigeois  contre  ces  sectaires,  les 
obligea  à  la  vérité  pour  la  plupart,  en  1147,  à  renoncer  à  leurs  erreurs,  soit 
par  la  force  de  son  éloquence,  soit  par  les  divers  prodiges  que  Dieu  opéra 
par  ses  mains;  mais  ils  les  reprirent  bientôt  après.  I-a  mission  que  le  cardinal 
de  Saint-Chrysogone  fit  en  1178,  dans  les  mêmes  pavs,  n'eut  pas  un  succès 
plus  heureux,  malgré  les  soins  qu'il  se  donna  pour  taire  une  recherche  exacte 
de  ceux  qui  s'étoient  laissés  séduire  :  les  pénitences  sévères  qu'il   imposa  à 
ceux  qui   turent  convaincus,  &  la  confiscation  de  leurs  biens  qui  s'ensuivit, 
ne  firent  qu'irriter'    les  esprits,  &  ne  changèrent  rien  à   la  disposition  des 
cœurs.  Enfin  le  cardinal  Henri,  évêque  d'Albano,  étant  venu  en  ii8i  dans 
le  haut  Languedoc,  à  la  tête  d'un  corps  de  troupes,  pour  réduire  les  héré- 
tiques, autant  par  les  armes  que  par  la  persuasion,  fit  d'abord  quelques  foibles    ,  'in  "'^'"'"jj 
progrès;  mais  il   n'eut  pas  plutôt  terminé  son  expédition  que,  la  crainte  ne 
taisant  plus  d'impression  sur  les  peuples,  ils  prêtèrent  l'oreille  comme  aupa- 
ravant aux  discours  séducteurs  de  leurs  faux  apôtres,  6t  que  l'erreur,  au  lieu 
de  diminuer,  ne  fit  que  prendre  de  nouvelles  forces. 

On  se  contenta  depuis,  en  c^uelques  conciles  qui  furent  tenus  dans  la  Pro- 
vince ou  ailleurs,  entre  autres  dans  celui  de  Montpellier*,  assemblé  en  119^, 
d'anathématiser  les  hérétiques  &  d'ordonner  que  leurs  biens  seroicnt  con- 

'  Nicolas  Trivet,  Chronicon,  anw,  1178.  '  B^luzc,  Concilia  Narhoncnsis  frovinciae,  p.  jO. 


An  120.J 


2i8  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXÎ. 

risqués,  conformément  au  concile  de  Latran  de  l'an  117g. "Les  légats  ordi- 
naires, que  les  papes  eurent  soin  d'envoyer  dans  le  pays  depuis  le  pontificat 
d'Alexandre  III,  firent  leurs  efforts  de  leur  côté  pour  ramener  ces  sectaires, 
&  plusieurs  ecclésiastiques  employèrent'  leur  plume  à  réfuter  leur  doctrine 
perverse.  Nous  avons  déjà  parlé  du  traité  que  maître  Alain,  religieux  de 
Cîteaux  Si  auparavant  évêque  d'Auxerre,  composa  contre  eux,  vers  la  fin  du 
douzième  siècle,  &  qu'il  dédia  à  GuillaumeVIII,  seigneur  de  Montpellier. 
Bernard,  abbé  de  Fontcaude,  de  l'ordre  de  Prémontré,  dans  le  diocèse  de 
Narbonne,  se  mit  aussi  sur  les  rangs  8<.  donna,  vers  le  même  temps,  un  traité 
contre  les  vaudois  &  les  ariens^  car  on  ne  connoissoit  pas  encore^  le  nom 
d'albigeois  sous  lequel  tous  ces  hérétiques  furent  ensuite  compris. 

II.   —  Erreurs  des  vaudois  ^  des  autres  hérétiques.  —  Assemblée  ou  concile 
de  Narbonne.  —  Origine  de  l'abbaye  de  Fontcaude. 

L'abbé  de  Fontcaude^  dit,  dans  cet  ouvrage,  que  les  hérétiques  qu'il  réfute 
avoient  commencé  à  répandre  leurs  erreurs  sous  le  pontificat  du  pape  Luce, 
ce  qu'on  doit  entendre  sans  doute  de  Liice  II  St  non  de  Luce  III,  comme  on 
le  prétend,  à  moins  qu'il  ne  veuille  parler  que  des  vaudois;  car  il  est  certain 
que  les  henriciens,  qtii  sont  les  mêmes  que  les  hérétiques  qu'il  appelle  ariens, 
firent  de  grands  progrès  dans  la  Province  au  milieu  du  douzième  siècle.  Il 
ajoute  que  Bernard,  archevêque  de  Narbonne,  prélat,  dit-il,  rempli  de  piété 
&  de  religion  &  extrêmement  zélé  pour  les  intérêts  de  Dieu  &  l'honneur  de 
l'Égli-se,  s'opposa  comme  un  mur  d'airain  à  leurs  erreurs;  qu'ayant  convoqué 
une  grande  assemblée,  composée  d'ecclésiastiques  séculiers  &  réguliers,  8c  de 
laïques,  il  les  y  fit  citer,  &,  qu'après  un  examen  très-sérieux,  ils  furent  con- 
damnés. Bernard,  archevêque  de  Narbonne,  n'est  pas  différent  de  Bernard 
Gaucelin  qui  posséda  cet  archevêché  depuis  l'an  1181  jusqu'en  1191;  ainsi 
on  peut  juger  par  là  à  peu  près  de  l'époque  de  cette  assemblée.  L'abbé  de 
Fontcaude  rapporte  de  plus  que,  malgré  cette  condamnation,  les  hérétiques 
continuèrent  à  répandre  leur  venin  en  public  8c  en  particulier;  que  cela 
engagea  plusieurs  ecclésiastiques  8c  laïques  zélés  à  entreprendre  de  les  con- 
vaincre de  nouveau  dans  une  autre  assemblée;  que,  pour  abréger  la  dispute, 
les  deux  partis  convinrent  de  choisir  pour  juge  un  prêtre  nommé  Raimond 
de  Daventer,  homme  également  religieux  8c  craignant  Dieu,  Se  d'une  nais- 
sance très-illustre,  mais  encore  plus  distingué  par  ses  mœurs  8c  par  sa  con- 
duite. Le  jour  marqué,  dit  cet  abbé,  les  catholiques  8c  les  hérétiques  s'étant 
assemblés,  les  premiers  proposèrent  les  chefs  d'accusation  qu'ils  formoient 
contre  les  autres;  ceux-ci  fournirent  leurs  reproches  Se  on  disputa  longtemps 
de  part  8c  d'autre.  Enfin  Raimund  de  Daventer,  avant  pesé  les  raisons  des 
deux  cotés,   prononça   que   les  hérétiques  erroient  sur  tous  les  chets  qu'on 

'  BibUothcca.  Patrum,  t.  24,    &c.    [Cf.  livre  XX,  '  Voyez  tome  VII,    Note  XIII,    pp.  34,  37,    [& 

p.  2o5,  note  1.]  nos  observations  à  ce  sujet,  iiij,^ 

'  Bihliothcca  Pairum,  t.  24,  p.   l585  &  seq. 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC,  LIV.  XXI.  210  " " 

y        An  1204 

avoit  produits  contre  eux.  L'abbé  de  Foiitcaude,  qui  avoit  été  sans  doute 
présent  à  la  conférence,  résolut  alors  de  rédiger  par  écrit  les  diverses  autorités 
dont  on  s'étoit  servi  pour  &  contre,  afin,  dit-il,  de  faire  voir  les  f'ondemens 
solides  sur  lesquels  la  foi  catholique  est  appuyée  &  pour  servir  d'instruction 
à  plusieurs  ecclésiastiques  qui,  par  ignorance  ou  par  défaut  de  livres,  négli- 
geant de  résister  aux  sectaires,  sont  devenus  un  sujet  de  scandale  aux  fidèles. 
C'est  ce  qui  fait  le  sujet  du  traité  de  cet  abbé,  divisé  en  douze  chapitres, 
dans  lesquels  il  expose  les  principales  erreurs  des  hérétiques  &  donne  des 
armes  pour  les  combattre.  Ces  erreurs  étoient  :  1°  Qu'il  ne  falioit  pas  obéir 
au  pape  Se  aux  autres  prélats.  2°  Que  les  pasteurs  n'avoient  aucune  autorité. 
3^  Que  les  simples  laïques,  8<.  les  femmes  mêmes,  étoient  en  droit  de  prêcher 
l'Évangile.  4°  Que  les  prières  des  fidèles  8c  les  autres  bonnes  œuvres  n'étoient 
d'aucun  secours  pour  les  morts.  5°  Qu'il  n'y  avoit  pas  de  purgatoire  Si  que 
l'âme,  étant  séparée  du  corps,  alloit  tout  droit  ou  en  paradis  ou  en  enfer,  ou,  , 'îf, "'''";";, 
selon  d'autres,  que  les  justes  après  leur  mort  n'alloient  ni  au  ciel,  ni  en 
paradis  avant  le  jugement  dernier;  mais  que  leurs  âmes  étoient  reçues  en 
attendant  dans  d'autres  endroits.  6°  Enfin  qu'on  ne  devoit  pas  prier  dans  les 
temples  matériels,  auxquels  il  ne  falioit  pas  donner  le  nom  d'église.  Nous 
dirons  ici,  par  occasion,  qu'il  résulte  de  ce  traité  que  l'abbaye  de  Fontcaude 
subsistoit  avant  la  fin  du  douzième  siècle.  Nous  apprenons  d'ailleurs  qu'elle 
étoit  déjà  fondée'  dès  l'an  1172,  c'est  tout  ce  que  nous  savons  de  son  origine. 
Elle  est  comprise  aujourd'hui  dans  le  diocèse  de  Saint-Pons  8c  située  à  un 
quart  de  lieue  de  la  rivière  d'Orb,  sur  les  frontières  des  diocèses  de  Narbonne 
&c  de  Béziers. 

On  assure^  que  les  hérétiques  ne  firent  tant  de  progrès  dans  la  Province 
que  par  la  négligence  des  princes  séculiers  Si  des  évêques  qui,  loin  de  les 
réprimer,  souffrirent  qu'ils  eussent  des  prêches  8t  des  cimetières  publics,  qu'ils 
possédassent  de  grands  biens  dans  le  pays  8c  qu'ils  y  eussent  des  établisse- 
mens  considérables.  Un  auteur -^  presque  contemporain  remarque  qu'ils 
n'étoient  pas  tous  uniformes  dans  leur  doctrine,  que  les  uns  étoient  ariens, 
les  autres  manichéens  Se  enfin  les  autres  vaudois  ou  lyonois,  Si  que  ceux-ci 
disputoient  vivement  contre  les  premiers.  Pour  comble  de  malheur,  ajoute-t-il, 
le  pa}S  étoit  alors  rempli  de  différentes  sortes  de  brigands,  de  routiers,  de 
voleurs,  de  malfaiteurs  8c  d'usuriers  manifestes;  la  plupart  des  séculiers 
méprisoient  tellement'  les  ecclésiastic[ucs  qu'ils  les  regardoient  pires  que  les 
juifs,  Se  qu'ils  disoient  communément  par  imprécation  :  J'aimerois  mieux  être 
prêtre  que  d'avoir  Jliit  telle  chose.  Les  ecclésiastiques,  de  leur  côté,  n'osoient 
se  montrer  en  public,  à  cause  de  la  haine  qu'on  leur  portoit,  8c  tâchoient  de 
déguiser  leur  état  en  cachant  leur  couronne  qu'ils  couvroient  avec  leurs  che- 
veux de  derrière  la  tête,  Les  nobles  Si  les  chevaliers  destinoient  rarement 
leurs  entans  à  l'état  ecclésiastique  8c  ne  préscntoient  aux  évêques,  pour  des- 

'  Gall'ia  Chriit'iana,  nov.  eJ.  t.  6.  '  Guillelnuis    de    Podio    Laurentii,    Cltron'icoii , 

'  Cuillelmiis    <ls    Podio    Laurtncii  ,    Chrtnico'i ,       pratPat  Si  cap.  (>• 

p.-nsfat  &  cap.  6.  ^ 


An  1204 


2  20  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXI. 


servir  les  églises  de  leur  domaine  ou  dont  ils  percevoient  les  dîmes,  que  les 
fils  de  leurs  fermiers  ou  de  leurs  domestiques^  en  sorte  que  les  évêques  étoient 
obligés  d'ordonner  les  premiers  venus  ;  enfin  la  noblesse  suivoit  librement 
telle  secte  qu'elle  vouloit  cboisir,  &  les  liérétiques  étoient  en  si  grande  véné- 
ration, qu'outre  qu'ils  étoient  exempts  de  taille,  de  guet  St  de  garde,  la  plu- 
part des  legs  pieux  que  faisoient  les  mourans  leur  étoient  destinés,  &  que 
leurs  maisons  servoient  d'asile  assuré  à  tous  ceux  qui  étoient  en  guerre  contre 
leurs'ennemis.  Telle  est  la  triste  peinture  que  fait  cet  auteur  de  l'état  déplo- 
rable où  étoit  la  Province  à  la  fin  du  douzième  siècle. 

Cet  historien  fait  mention, dans  la  suite',  d'un  fameux  hérésiarque,  nommé 
maitre  Sicard,  surnommé  Cellérier,  qui  dogmatisoit  dans  le  château  de  Lom- 
bers,  en  Albigeois.  Il  ajoute  que  les  chevaliers  8c  les  bourgeois  qui  l'habi- 
toient  faisoient  tant  de  cas  de  ce  novateur  qu'ils  défièrent  Guillaume,  évêque 
d'Albi,  d'entrer  en  dispute  avec  lui;  mais,  dit-il,  ce  prélat  le  convainquit 
aisément  d'erreur,  sans  avoir  cependant  assez  d'autorité  pour  l'empêcher  de 
demeurer  en  ce  lieu  S<.  d'y  dogmatiser. 

Le  Toulousain  n'étoit  pas  moins  infecté  que  l'Albigeois,  &  Fulcrand, 
évêque^  de  Toulouse,  ne  pouvant  se  faire  payer  des  dîmes  de  son  église, 
étoit  obligé  de  mener  la  vie  d'un  simple  bourgeois  &  de  plaider^  contre  son 
chapitre  pour  avoir  du  moins  le  revenu  d'une  simple  prébende,  afin  d'avoir 
de  quoi  subsister  :  les  guerres  particulières  qui  régnoient  dans  le  pays  ne  lui 
permettoient  pas  d'ailleurs  de  faire  la  visite  de  son  diocèse  sans  être  accom- 
pagné d'une  escorte. 

Les  hérétiques  firent  aussi  de  grands  progrès  dans  les  domaines  du  comte 
de  Foix  Se  dans  ceux  de  Raimond-Roger,  vicomte  de  Béziers  &  de  Carcas- 
sonne.  On  a  déjà  vu  qu'il  y  avoit  un  grand  nombre  de  vaudois  à  Béziers 
lorsque  Bertrand  de  Saissac,  tuteur  de  ce  jeune  vicomte,  fit,  en  iiga,  une 
promesse  solennelle  de  les  chasser  de  cette  ville;  mais,  bien  loin  de  l'exécuter, 
il  fut  lui-même'*  un  des  plus  zélés  sectateurs  des  hérétiques,  &  ils  devinrent 
si  puissans  dans  le  diocèse  de  Béziers  que  le  vicomte-'  fut  obligé  d'accorder, 
en  i2o3,  aux  chanoines  de  la  cathédrale  la  permission  de  fortifier  l'église  de 
Saint-Pierre  du  Bois,  de  crainte  qu'ils  ne  s'en  emparassent. 
Éd.  origin.         Ce  ne  fut  pas  seulement  dans  le  Languedoc  que  Ihérésie  prit  de  nouvelles 

t.  lii,  p.  i3o.  ,  *  ,  .  '^  ,  *  ' 

forces  à  la  fin  du  douzième  siècle.  Elle  fit  vers  le  même  temps  des  progrès 
étonnans  dans  la  plupart  des  autres  provinces  du  royaume  Se  même  dans  les 
pays  étrangers,  entre  autres  en  Italie'',  en  Flandres,  en  Lorraine  &  en  Alle- 
magne. Elle  se  répandit  surtout  dans-'  le  Nivernois,  où  un  de  ses  suppôts, 
nommé  Thierri,  fut  brûlé  en  1198.  On  brûla  aussi  dans  ce  pays,  trois  ans 

'  Giiilleliniis  de  Podio  Laureutii,  Chronicon  ,  nullement  question  d'hérétiques,  mais  de  gens  de 
praefat  &  cap.  4.  guerre  en  général.  Voyez  plus  haut,  p.  208. 

•  nu.  cap.  6.  [A.  M.) 

'  Catel,  Mémoires,  p.  889.  '  Guillelmus  Neubrigensis,   1.  2,   c.   ij.  —  Cf. 

*  Pierre  de  Vaux-Cernay,  c.  2.  Pag'-  •'•d  ann.   1179,  n.  6  &  soq. 
'Andoque,    Catalogue   des    cvê<iues    Je    Béliers,  '  Robsrtus  Altissiodorensis,  CAronicoK. 

p.  7J.  —  Dans  l'acte  dont  il  s'agit  ici,  il  n'est 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXI. 


221 


après,  un  autre  hérétique  appelé  Évraud  :  c'étoit  un  chevalier  à  qui  le  comte 
de  Nevers  avoit  donné  toute  sa  confiance  Se  qui  avoit  un  neveu  chanoine  de 
Nevers,  nommé  Guillaume.  Celui-ci,  aussi  gâté  que  son  oncle',  se  retira 
après  sa  condamnation  dans  la  province  de  Narbonne,  où  il  fut  extrêmement 
honoré  par  les  hérétiques,  «  tant  à  cause  de  son  esprit,  dit  un  auteur  du 
«  temps,  que  parce  qu'il  avoit  été  instruit  en  France  où  étoit  la  source  de  la 
«  science  &  de  la  religion.  »  On  brûla  ^  encore  huit  de  ces  hérétiques  à 
Troyes  en  Champagne,  l'an  1200. 

Ces  sectaires  passèrent  d'un  autre  côté  les  Pyrénées  &  cherchèrent  à  s'éta- 
blir en  Aragon  8<.  en  Catalogne;  mais  le  roi  Pierre  II,  qui  régnoit  alors  dans 
ces  provinces,  fit  publier,  en  ii97,un^édit  très-sévère  contre  les  vaudois, 
qu'on  nommoit  vulgairement  sabbatatï,  &  qui  se  taisoient  appeler  pauvres 
de  Lyon,  S<.  leur  ordonna  de  sortir  de  ses  États  dans  un  certain  temps,  à 
peine  d'être  brûlés  vifs  &  de  confiscation  de  leurs  biens'*.    , 


Âii  r  ; 


'  Pierre  de  Vnux-Ceriiay,  c.  3. 

*  Albcric,  Chronicon. 

'  Marco.  Hispanica,  c.  1384  &  iu'fr. 

*  L'hjriaie  albigeoise,  qui  se  développa  surtout 
dans  le  Languedoc,  grâce  à  l'éiat  politique  de  ce 
pays  qui  favorisait  ses  progrès,  fut  beaucoup  plus 
répandue  que  ne  le  croit  dom  Vaissete,  dans  les 
autres  pays  de  l'Europe.  C'est  ce  que  M.  Schmidt 
prouve  dune  façon  péremptoire  dans  son  Histoire 
Jes  albigeois,  que  nous  avons  déjà  citée  plus  d'une 
fois.  On  a  déjà  vu  (pp.  1  &  z)  que  ce  savant  la 
faisait  naître  dans  les  pays  slaves  de.  l'Europe 
orientale  restés  longtemps  païens,  &  où  des  cir- 
constances toutes  pariiculièrcs  favorisaient  le  dé- 
veloppement de  ces  doctrines  hétérodoxes.  De  là 
elle  prit  tout  naturellement  sa  route  par  l'Italie, 
&  au  milieu  du  onzième  siècle,  vers  io3.5,  elle 
était  assez  répandue  dans  la  Lombardie  pour  que 
l'Eglise  dut  exercer  contre  elle  une  longue  répres- 
sion. Un  grand  auto-da-fé  «ut  lieu  à  Monteforte 
(Schmidt,  I,  p.  21  &  suiv.),  &  les  papes  purent 
croire^qu'ils  avaient  écrasé  les  ennemis  de  la  foi  j 
vers  le  même  temps  périssaient  à  Orléans  (loiz) 
une  partie  des  sectaires  de  France,  qui  tenaient 
leur  doctrine  de  ceux  d'Italie.  Mais  l'auteur  plus 
haut  cité  prouve  que  ces  doctrines  continuèrent 
à  se  propager,  profitant  des  soucis  de  tous  genres 
qui  détournaient  ailleurs  l'attention  de  la  cour 
romaine;  pendant  le  reste  du  onzième  &  pendant 
tout  le  douzième  siècle,  une  foule  de  textes  men- 
tionnent l'existence  de  petites  églises  hérétiques 
dans  la  plupart  dis  villes  du  nord  de  la  pénin- 
sule. C'est  sans  doute  à  cette  époque  que  le  ma- 
nichéisme pénétra  dans  le  midi  de  la  France,  qui 
entretenait  avec  les  républiques  italiennes  des  re- 


lations commerciales  &  politiques  si  actives.  En 
même  temps  les  missionnaires  hérétiques  parcou- 
raient le  nord  de  la  France,  &,  dès  le  commence- 
ment du  douzième  siècle,  on  signale  leur  présence 
en  Champagne,  en  Picardie  &  en  Flandre(I,  p,  41). 
Ces  premiers  sectaires  font  surtout  des  prosélytes 
parmi  les  ouvriers,  les  gens  de  la  basse  classe  que 
frappaient  davantage  les  vices  8t  l'ignorance,  alors 
trop  fréquents  dans  le  bas  clergé.  De  iii3  à  112.) 
a  lieu,  dans  les  pays  rhénans,  la  grande  insur- 
rection de  Tanquelin;  en  ii5o,  un  soulèvement 
analogue,  dirigé  par  un  certain  Eon  ou  Eudes  de 
Stella,  agite  la  Bretagne.  Enfin  à  Cologne,  en 
1146,  on  trouve  mentionnée  une  nouvelle  église 
de  cathares  (I,  p.  i53).  Toutes  ces  églises,  &  sur- 
tout celles  de  l'Italie  &  du  midi  de  la  France, 
avaient  des  relations  continuelles  avec  l'Orient, 
avec  les  hétérodoxes  bulgares,  &  il  n'était  pas  de 
ville  en  Italie  qui  ne  contînt  quelques  partiians 
de  la  nouvelle  foi.  En  1134,  nous  voyons  brûler 
plusieurs  hérétiques  à  Vézelay  (1,  p.  87);  d'autres 
résident  à  Besançon.  En  1170,  ceux  de  Reims 
subissent  une  terrible  répression  de  la  part  de 
l'archevcque  Henri;  d'autres  poursuites  qui  ont 
lieu  en  Flandre,  amènent  de  grandes  émigrations 
vers  l'Allemagne.  Seule  l'Angleterre  resta  isolée, 
&  l'Allemagne  ne  fut  guère  entamée  que  du  côté 
de  Cologne.  Toutes  ces  églises  cathares  furent  du 
reste  facilement  dispersées;  ce  fut  dans  le  Midi 
que  la  nouvelle  secte  put  jouer  un  rôle  politique. 
Nous  verrons  plus  tard  qu'elle  survécut  long- 
temps à  la  croisade  de  1209,  car  In  répression 
continua  durant  presque  tout  le  treizième  siècle 
en  Italie.   [A.  M.] 


An  120-j 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV,  XXI. 


III.  —  Le  pape  Innocent   III  nomme  des  commissaires  contre 

ces  sectaires. 


De  si  grands  maux  enflammèrent  le  zèle  d'Innocent  III.  Ce  pape  fut  à  peine 
monté  sur  la  chaire  de  saint  Pierre  que  l'archevêque  d'Auch  l'ayant  informé 
des  progrès  que  les  hérétiques  faisoient  dans  la  Gascogne  Si  les  pays  voisins, 
il  exhorta  ce  prélat,  le  \"  d'avril'  de  l'an  1198,  à  agir  vivement  de  concert 
avec  ses  suffragans  pour  les  faire  chasser  du  pays  de  crainte  qu'ils  n'achevas- 
sent de  l'infecter,  8c  à  recourir  pour  cela,  s'il  étoit  nécessaire,  aux  armes  des 
princes  Si  des  peuples.  Il  écrivit^,  le  21  du  même  mois,  une  lettre  circulaire 
aux  archevêques  d'Aix,  Narbonne,  Auch,  Vienne,  Arles,  Embrun,  Tarra- 
gone  Si  Lyon,  à  leurs  suffragans,  Si  aux  princes,  barons,  comtes  Si  peuples 
du  pays  pour  leur  notifier  qu'ayant  appris  que  \e%vaudois,  cathares,  patarins 
S-;  autres  hérétiques  répandoient  leur  venin  dans  ces  provinces,  il  avoit  nommé 
frère  Raynier,  personnage  d'une  vie  exemplaire,  puissant  en  œuvres  81  en 
paroles,  Si  frère  Gui,  homme  craignant  Dieu  8<  appliqué  aux  oeuvres  de  cha- 
rité, pour  commissaires  contre  ces  hérétiques.  11  les  prie  de  procurer  à  ces 
deux  religieux  tous  les  secours  dont  ils  auroient  besoin  Si  de  les  aider  de 
tout  leur  pouvoir,  soit  à  ramener  les  sectaires,  soit  à  les  chasser  s'ils  refu- 
soient  de  se  convertir.  Il  enjoint  en  même  temps  à  ces  prélats  de  recevoir  8c 
d'observer  inviolablement  tous  les  statuts  que  frère  Raynier  feroit  contre  les 
hérétiques,  avec  promesse  de  les  confirmer  lui-même.  11  leur  ordonne  enfin 
de  faire  garder  les  sentences  d'excommunication  que  ce  commissaire  pronon- 
ccroit  contre  les  contumaces.  «  Outre  cela,  ajoute  Innocent,  nous  ordon- 
nons aux  princes,  aux  comtes,  Si  à  tous  les  barons  6-  grands  de  vos  pro- 
vinces, Si  nous  leur  enjoignons,  pour  la  rémission  de  leurs  péchés,  de  traiter 
favorablement  ces  envoyés  Si  de  les  assister  de  toute  leur  autorité  contre  les 
t  hérétiques;  de  proscrire  ceux  que  frère  Raynier  aura  excommuniés,  de 
confisquer  leurs  biens  Si  d'user  envers  eux  d'une  plus  grande  rigueur  s'ils 
persistent  à  vouloir  demeurer  dans  le  pays  après  leur  excommunication. 
Nous  lui  avons  donné  plein  pouvoir  de  contraindre  les  seigneurs  à  agir  de 
la  sorte,  soit  par  l'excommunication,  soit  en  jetant  l'interdit  sur  leurs  terres. 
Nous  enjoignons  aussi  à  tous  les  peuples  de  s'armer  contre  les  hérétiques 
lorsque  frère  Raynier  81  frère  Gui  jugeront  à  propos  de  le  leur  ordonner, 
Se  nous  accordons  à  ceux  qui  prendront  part  à  cette  expédition  pour  la  con- 
'.'  servation  de  la  foi,  la  même  indulgence  que  gagnent  ceux  qui  visitent 
l'église  de  Saint-Pierre  de  Rome  ou  celle  de  Saint-Jacques.  Enfin  nous 
avons  chargé  frère  Raynier  d'excommunier  solennellement  tous  ceux  qui 
favoriseront  les  hérétiques  dénoncés,  qui  leur  procureront  le  moindre 
secours  ou  qui  habiteront  avec  eux,  81  de  leur  infliger  les  mêmes  peines. 


'Innocent  III,   l.    i,  Epht.   8i.   —  [Potthast, 

n.  69. J 


'Innocent  III,  !.    i,   Epht.   9^.   —  [Potthast, 
n.  9Ô.] 


■  HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXI.  2  23  ~ 

An  1 204 

IV.  —  Origine  de  l'inquisition. 

Frère  Ravnier  &  frère  Gui  étoient  deux  religieux  de  l'ordre  de  Cîteaux.  l 'Vii ""^'"i"', 
Ils  turent  les  premiers  qui  exercèrent  dans  la  Province  les  fonctions  de  ceux 
qu'on  nomma  depuis  inquisiteurs.  Ainsi  c'est  proprement  à  cette  commission 
qu'on  doit  rapporter  l'origine  de  l'inquisition  qui  fut  établie  dans  le  pays 
contre  les  albigeois  &  qui  passa  dans  la  suite  dans  les  provinces  voisines  S< 
les  pays  étrangers.  Un  célèbre  historien'  de  nos  jours  fait  remonter  un  peu 
plus  haut  cette  origine;  il  la  rapporte  au  décret  que  le  pape  Luce  III  fit 
en  II 84,  dans  le  concile  de  Vérone,  pour  ordonner  aux  évêques  de  recher- 
cher, soit  par  eux-mêmes,  soit  par  des  commissaires,  toutes  les  personnes  sus- 
pectes d'hérésie  ;  de  décerner  des  peines  différentes  aux  pénitens  Se  aux  relaps, 
8c  enfin,  après  avoir  employé  les  peines  spirituelles  contre  les  coupables,  de 
les  abandonner  au  bras  séculier.  D'autres  prétendent^  que  le  tribunal  de 
l'inquisition  ne  commença  que  lorsque  le  pape  Innocent  III  dépouilla, 
en  1204,  les  évêques  de  leur  pouvoir  6<  de  leur  juridiction  ordinaire  sur  les 
albigeois  pour  les  transférer  à  frère  Pierre  de  Castelnau  8c  aux  autres  légats, 
ses  collègues,  qu'il  envoya  alors  dans  la  Province. 

V.  —  Légation  de  frère  Raynler  i-  de  jrère  Gui.  —  Evêques  de  Carcassonne. 

Quoi  qu'il  en  soit,  le  pape,  peu  de  temps  après  avoir  nommé  frère  Raynier 
8<.  frère  Gui  ses  commissaires  contre  les  hérétiques,  envoya  le  premier  en 
K.spagne  pour  quelques  affaires  importantes  dont  il  le  chargea,  en  sorte  que 
frère  Gui  resta  seul.  Il  écrivit",  le  i3  de  mai  de  l'an  1198,  aux  mêmes  prélats, 
auxquels  il  avoit  déjà  recommandé  ces  deux  religieux  pour  leur  ordonner 
d'obéir  entièrement  au  dernier.  Frère  Raynier,  étant  de  retour  dans  la  Pro- 
vince à  la  fin  de  l'année,  le  pape  lui  écrivit,  le'*  23  de  décembre,  de  même 
qu'à  frère  Gui,  son  collègue,  8c  à  l'archevêque  de  Narbonne.  Il  leur  marque 
que  l'évêque  de  Carcassonne,  lui  ayant  demandé  permission  de  se  démettre 
de  son  évêché,  à  cause  de  son  grand  âge  qui  le  mettoit  hors  d'état  d'avoir 
soin  du  spirituel  8c  du  temporel  de  son  église,  surtout  dans  les  circonstances 
présentes  oîi  les  hérétiques  avoient  séduit  la  plupart  de  ses  diocésains,  les- 
r  uels  refusoient  d'écouter  les  ministres  de  la  .parole  de  Dieu,  ils  eussent  à 
1  'cevoir  sa  démission  s'il  éloit  en  effet  hors  d'état  d'agir,  avec  ordre,  dans  ce 
cas-là,  de  permettre  aux  chanoines  de  la  cathédrale  d'élire  en  sa  place  un 
digne  évêque  capable  de  rappeler  les  errans.  Il  leur  enjoint  enfin  d'employer 

'  Fleury,  Histoire  eccUiiastiijue,  I,  y3,  n.  04.  inander   aux  évêques  d'user  contre   les  hérétiques 

'  Henriquez,  Annales  Cistercienses,  ad  an.    1204,  des  droits  de  juridiction  spirituelle  qu'ils  avaient 

c.    3.   —  Cette   seconde   opinion    semble   la    plus  toujours  possédés.    [A.  M.] 

ex.Tcte;  en    effet,   l'inquisition   est   à  proprement  'Innocent  III,  1.    1,  Epist.   i63.' —   [Potthast, 

pnrler  un   tribunal  extraordinaire,  &  les  canons  n.  169.] 

du  concile  de  Vérone    n'avaient   fait  que  recom-  ^  îbii.  1.   i,  Epist.  494.  —  [Potthast,  n.  î>o.\ 


In  1204 


224 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXI. 


toute  sorte  de  moyens  pour  chasser  les  hérétiques  de  la  province  de  Nar- 
bonne. 

L'évêque  de  Carcassonne,  qui  demandoit  à  se  démettre  s'appeloit  Othon 
8<  possédoit  cet  évêché  au  moins  depuis  l'an  1170.  On  prétend  qu'il  l'occu- 
poit  encore  après  l'an  '  1200,  ce  qui  prouveroit  qu'on  ne  reçut  pas  sa  démis- 
sion. Ce  qu'il  y  a  de  certain,  c'est  que  Bérenger,  son  neveu,  archidiacre  de 
la  cathédrale,  desservie  alors  par  les  chanoines  réguliers,  lui  avoit  succédé* 
dès  l'an  1202.  On  ajoute^  qu'Othon  donna  à  Guillelmette,  religieuse  de 
l'ordre  de  Cîteaux,  le  lieu  de  Rieunette,  dans  son  diocèse,  où  elle  fonda  un 
monastère  de  son  ordre,  dont  elle  fut  la  première  abbesse.  Bérenger,  évêque 
de  Carcassonne,  exerça  son  zèle  contre  les  hérétiques  de  cette  ville  qu'il 
tâcha  de  ramener  :  il  leur"*  prêcha  un  jour  entre  autres,  avec  beaucoup  de 
force,  leur  reproclia  leurs  erreurs  Si  leur  prédit  tous  les  malheurs  qui  leur 
arrivèrent;  mais  il  avoit  à  faire  à  des  sourds  volontaires  qui,  loin  de  déférer 
à  ses  exhortations,  entrèrent  en  fureur  contre  lui,  le  chassèrent  de  la  ville  Se 
firent  publier  à  son  de  trompe  une  défense  très-rigoureuse  d'avoir  aucun 
commerce  avec  lui. 

Le  pape  honora,  au  mois  de  juillet  de  l'an  1199,  frère  Raynier  qui,  jus- 
qu'alors, n'avoit  exercé  que  la  fonction  de  simple  commissaire,  de  celle  de 
son  légat  dans  les  provinces  d'Embrun,  Aix,  Arles  fit  Narbonne,  8<.^  ordonna 
aux  métropolitains  de  ces  quatre  provinces  de  le  recevoir  comme  légat  à  latere 
8i  comme  sa  propre  personne;  d'observer  religieusement  toutes  ses  ordon- 
nances Si  de  l'aider  principalement  à  extirper  l'hérésie.  Il  recommanda'^  en 
même  temps  ce  légat  à  Guillaume  VIII,  seigneur  de  Montpellier,  qui,  à  ce 
qu'il  paroît,  l'avoit  sollicité  de  l'envoyer  dans  le  pays'.  Frère  Raynier  étant 


'  De  Vie,  Cltroaologia  cpiscoporum  Carxassonen- 
sium,  p.  79. 

'  Ihid.  p.  80. 

'  Ihid.  p.  75.  —  Le  dernier  acte  du  prédécesseur 
immédiat  d'Othon  est  du  17  juillet  1  166  (Cf.  Ma- 
h.\x\,Cartulciire  ,\ ,  p.  407)  ;  Othon  était  évêque  des  le 
17  juin  1170  [ihid.  p.  408).  Il  avait  été  remplacé 
par  Bérenger  en  lioc,  date  de  démêlés  que  ce  der- 
nier contribua  à  apaiser,  8c  qui  étaient  relatifs  i 
l'abbaye  d'Alet  [ihid.  p.  409).  L'acte  d'Othon  pour 
Rieunette,  abbaye  cistercienne  du  diocèse  de  Car- 
cassonne, *e  trouve  ihid.  p.  i3j  il  est  duïiS  avril 
Ii83;  l'original  existe  aux  archives  de  Carcas- 
sonne. L'abbaye  de  Rieunette  est  d'ailleurs  un 
peu  plus  ancienne,  &  Guillelmette,  si  elle  fut  la 
Br«mière  abbesse  de  Rieunette,  ne  fut  pas  la  fon- 
datrice de  In  communauté,  qui  existait  dés  1162 
(V^ir  ihid.  pp.  21  &  suiv.;  &  tome  IV  de  cette 
histoire,  p.  647).  La  mort  de  l'évêque  Oihon  est 
fixée  par  le  nécrologe  de  Carcassonne  au  8  des  ides 
(6  décembre),  &  par  le  nécrologe  de  Cassan  aux 
nones  de  décembre  (5  décembre).  Il  dut  mourir  en 
1 19.9  ou   1200.  [A.  M.J 

^  Pierre  de  Vaux-Cernay,  c.  7. 


'  Innocent  III,  1.  2,  Epist.  122  &  suiv.  —  [Pot- 
thast,  n.  764,  lettre  du  7  juillet,  &  n.  78'»,  lettre 
du  12  juillet  I  199.] 

*  Innocent  III,  1.  ï,  Epist.  iSp.  —  [Potthasf, 
n.  773,  lettre  du   10  juillet.] 

'  Guillaume  VIII  de  Montpellier  paraît  s'être 
fort  occupé  de  ces  affaires  d'hérésie,  &  le  pape  l'em- 
ploya plus  d'une  fois  pour  la  répression  des  sec- 
taires. C'est  ainsi  que  le  !"■  juillet  1201,  le  pape 
lui  recommande  le  nouveau  légat,  Jean,  cardinal 
de  Saint-Prisque,  &  l'engage  à  lui  prêter  son  assis- 
tance dans  l'accomplissement  de  sa  difficile  mis- 
sion (Potthast,  n.  1420).  Quelques  jours  après  il 
ordonne  à  l'évêque  d'Agde,  Raimond,  de  livrer  à 
ce  seigneur,  pour  être  punis  selon  leurs  démérites, 
huit  "hérétiques  qu'il  retenait  prisonniers  {ihid. 
n.  1453.)  En  même  temps.  Innocent  III  renouve- 
lait les  privilèges  spirituels  accordés  par  ses  pré- 
décesseurs aux  seigneurs  de  Montpellier  &  à  la 
chapelle  de  leur  palais  {ihid.  n"'  1450-1452).  Ce 
qui  n'empêchait  pas  le  Souverain  Pontife  de  re- 
fuser son  approbation  au  second  mariage  adul- 
térin de  Guillaume  VIII,  malgré  les  instances  de 
celui-ci.  [A.  M.] 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXI, 


22D 


An  1104 


tombé  malade,  le  pape  lui   associa  dans  sa   légation  '  maître  Pierre  de  Cas~ 
telnau,  archidiacre  de  Magnelonne,  qui   embrassa  bientôt  après  l'institut  de 
Cîteaux,  dans  l'abbave  de  Fontfroide,  au  diocèse  de  Narbonne,  &  dont  nous    t.'iM,''p'''i"'ï 
aurons  occasion  de  parler  dans  la  suite. 

VI.  —  Légation  du  cardinal  de  Sainte-Prisque, 

Nous  ignorons  le  succès  de  la  légation  de  frère  Raynier.  Il  paroît  seule- 
ment que  Jean  de  Saint-Paul,  cardinal-prêtre  du  titre  de  Sainte-Prisque, 
l'avoit  déjà  remplacé  au  mois  de  juillet  de  l'an  1:00,  car  nous  avons  une 
lettre  que  le  pape  Innocent  III-  écrivit  alors  à  ce  cardinal,  qu'il  qualifie  légat 
du  Saint-Siège,  en  lui  envoyant  un  décret  qu'il  avoit  dressé,  de  l'avis  des 
archevêques  6-  évêques  qui  étoient  à  la  cour  romaine.  Par  ce  décret  :  1°  Tous 
les  fauteurs,  receleurs  &  défenseurs  des  hérétiques  sont  déclarés  infâmes  Si 
incapables  de  posséder  aucun  office  public,  d'être  reçus  en  témoignage,  de 
tester,  &c.,  s'ils  ne  se  corrigent  après  la  seconde  monition.  2°  11  est  ordonné 
de  déposer  de  tout  office  8<  bénéfice  les  ecclésiastiques  qui  sont  dans  le  même 
cas,  St.  de  déclarer  excommuniés  tous  ceux  qui  communiqueront  avec  les  uns 
&  les  autres.  3<»  Le  pape  ordonne  de  confisquer  leurs  biens  dans  les  terres 
soumises  à  sa  juridiction  temporelle.  Se  il  enjoint  aux  puissances  séculières 
d'en  faire  de  même  dans  leurs  domaines,  avec  ordre  de  les  y  contraindre  par 
les  censures  ecclésiastiques,  supposé  qu'il  y  eût  de  la  négligence  de  leur  part. 
Le  cardinal  de  Sainte-Prisque  exerçoit  sa  légation  à  Montpellier,  au^  mois 
de  novembre  de  la  même  année,  lorsque  Imbert,  archevêque  d'Arles,  con- 
sacra dans  cette  ville,  par  son  ordre  Se  en  sa  présence,  l'église  de  Sainte- 
Croix,  assisté  des  évêques  Guillaume  de  Maguelonne,  Raimond  d'Agde, 
Guillaume  de  Béziers,  Artaud  d'Elne  &(.  Guillaume  d'Uzès. 

Innocent  III  recommanda'*  à  Guillaume  VIII,  seigneur  de  Montpellier,  ce 
cardinal  qu'il  envoyoit,  dit-il,  légat  dans  les  parties  de  Provence.  La  lettre 
du  pape  à  ce  seigneur  est  datée  du  i"  juillet,  la  quatrième  année  de  son  pon- 
tificat, c'est-à-dire  de  l'an  1201  ;  mais  il  est  fort  vraisemblable  qu'il  y  a  faute, 
&  qu'il  faut  lire  la  troisième  &  non  la  quatrième  année  du  pontificat  d'Inno- 
cent. On  vient  de  voir,  en  ettet,  que  le  cardinal  de  Sainte-Prisque  exerçoit 
sa  légation  dans  la  Province  dès  le  mois  de  novembre  de  l'an  1200,  8c  même 
dès  le  mois  de  juillet  précédent;  ainsi  le  pape  Innocent  aura  écrit  à  Guil- 
laume de  Montpellier  pour  lui  recommander  ce  cardinal  dès  le  commence- 
ment de  sa  légation,  8c  elle  aura  commencé  par  conséquent  au  mois  de  juillet 

'  Innocent  III,  1.  5,  Epitt.  71;  I.   1,  Epist.  i6y.  cripiion  commémorative  de  cette  cérémonie.   Vne 

—  jPotihast,  n.  267;    lettre   du    8   juin    1198,  &  indulgence  de  douze  jours  fut  accardée  à  tous  ceux 

1716,  du  6  .loùt   iioi];    Epist.  ô^  I .  —   [Potthasi,  qui   visiteraient  l'église   une   fois  p.nr  an,  le  jour 

n.  579;  lettre  du  17  janxier  1 199.]  anniversaire  de  la  dédicace.  [A.  M.] 

•  Gariel,  Séries  praesuîum  Magalonensium,  p.  267  ^  Gariel,  ut  supra,  p.  166  8c  suiv.  — —  La  Justesse 

&  suiv.  —  [Potthast,  n.   1091.]  de  la  conjecture   de  dont  V.iissete   est   prouvée  par 

^Ciritl, Stries  praesuîum  Magalonensium,^.  i6'>.  l'inicription  rappelée  à  la  note  précédente. 

^  (Voyez   au   tome  "V,  Inscriptions,  p.  22,  Tins-  [A.  M.] 

VI.  ,5 


^-.6  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXL 

An  113^ 

de  l'an  1200.  Quoi  qu'il  en  soit,  Innocent  prie  Guillaume,  par.  cette  lettre, 
d'aider  de  tout  son  pouvoir  le  cardinal  de  Sainte-Prisque  contre  les  héré- 
tiques, «  afin,  dit-il,  que  ceux  que  la  crainte  de  Dieu  81  le  glaive  spirituel 
Il  ne  pourront  ramener  à  la  vérité,  soient  du  moins  assujettis  par  le  glaive, 
«  matériel  Se  par  la  confiscation  des  biens,  ce  qu'ils  paroissent  appréhender 
«  davantatre,  » 

VU.  —  Troubles  de  l'église  de  Toulouse.  —  Èvêques  de  cette  ville. 

Tous  les  soins  de  ces  divers  légats  n'avancèrent  pas  beaucoup  la  conversion 
de  ceux  qui  s'étoient  laissés  séduire,  8<  le  mal  au  contraire  ne  fit  qu'empirer. 
L'église'  de  Toulouse  fut  agitée  surtout  de  divers  troubles,  après  la  mort  de 
Fulcrand,  son  évêque,  arrivée  au  mois^  de  septembre  de  l'an  1200.  L'ambi- 
tion &  la  brigue  des  prétendans  à  cet  évêché  firent  que  le  siège  épiscopal 
demeura  vacant  pendant  longtemps.  Si  il  l'étoit  encore  au  mois  de  mars^  de 
l'année  suivante,  ce  qui  causa  un  grand  préjudice  k  la  foi  catholique.  Enfin 
le  chapitre  de  la  cathédrale,  ne  pouvant  se  réunir  pour  le  choix  d'un  évêque, 
se  partagea  en  deux  factions'*  :  l'une  élut  Raimond-Arnaud,  évêque  de  Com- 
minges,  qui  avoit  été  auparavant ^  chanoine  régulier  &  prévôt  de  la  même 
cathédrale;  Si  l'autre  Raimond  de  Rabastens,  archidiacre  de  l'église  d'Agen. 
Les  deux  contendans  soutinrent  leur  élection  Si  portèrent  leur  querelle 
devant  le  pape  Innocent  111  qui  leur  donna  à  chacun  un  cardinal  pour  audi- 
teur. L'évêque  de  Comminges  gagna  sa  cause,  81  le  pape  ordonna,  en  1201, 
à  Arnaud,  abbé  de  Grandselve  81  à  l'abbé  de  Belleperche,  de  mettre  ce  prélat 
en  possession  de  l'évêché  de  Toulouse;  mais  cela  ne  fut  pas  exécuté,  81  Rai- 
mond de  Rabastens  fit  si  bien  qu'on  procéda  à  une  nouvelle  élection,  8<. 
qu'il  fut  maintenu  sur  le  siège  épiscopal  de  Toulouse^.  Il  ne  se  disoit  cepen- 
dant qu  évêque  élu  au  mois  de  juin  de  l'an  1202,  parce  que  l'archevêque  de 
Narbonnc,  son  métropolitain,  refusa  de  le  sacrer. 

Sur  ce  refus,  Raimond  de  Rabastens  s'adressa  à  Rome  8<.  demanda  de  nou- 
veaux commissaires  pour  examiner  la  canonicité  de  son  élection.  Le  pape'^ 
nomma  pour  cela  Jean,  évêque  de  Limoges,  Si  les  abbés  de  la  Sauve  Si  de  la 
ili. origin.  Couronne  qui,  s'étant  rendus  à  Toulouse,  firent  une  enquête  81  confirmèrent 
l'élection  de  Raimond.  Ils  écrivirent  ensuite  au  chapitre  de  Narbonne  une 
lettre  dan.s  laquelle  ils  marquent  «  que  la  vacance  du  siège  de  Toulouse  ayant 
«  été  suivie  de  dissensions  81  de  querelles  qui  avoient  duré  fort  longtemps, 
«  enfin,  après  de  grandes  disputes,  on  avoit  élu  unanimement  Raimond, 
«  archidiacre  d'Agen,  qu'on  avoit  calomnié  à  la  cour  romaine,  ce  qui  avoit 

'  GuilUlmus  de  Podio  Laurentii,  c.  6,  =•  Gallia  Chrhtiana ,  noT.  éd.  t.   r ,  p.  10"6. 

"  Catel,  Mémoires,  p.  889.  —  Voyez  tome  VIII,  "  Lafaille,  Annales  de  Toulouse,   t.    1,  append. 

Chartes,  n.  LXXII,  c.  462.  p.  Û4. 

'  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  LXXI,  c.  4").';.  "  Baliize,  Miscellanea,  t.  6,  p.  4)7. 

*  Cf.  In  causis,  ''f  ,  De  eleclionihus   &   electorum 
potestate. 


I.  m,  p.  i33. 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXL  227 

«  engagé  le  pape  à  leur  commettre  l'examen  de  cette  affaire;  qu'ayant  pro- 
«  cédé  à  leur  commission  avec  toute  la  diligence  possible,  ils  n'avoient  rien 
«  trouvé  qu'on  pût  opposer  à  l'élection  de  Raimond;  qu'elle  s'étoit  faite 
I'  d'un  commun  accord,  8i  que  cet  ecclésiastique  étant  capable  de  remplir 
«  dignement  le  siège  de  Toulouse,  ils  l'avoient  confirmé,  &  qu'ils  envoyoient 
«  l'élu  à  Narbonne  pour  s'y  faire  sacrer  par  son  métropolitain;  c'est  pour- 
«  quoi,  ajoutent-ils,  nous  vous  exhortons  à  taire  en  sorte  que  l'archevêque 
«  de  Narbonne  fasse  cette  consécration,  ou  du  moins  son  vicaire,  avec  le 
.(  nombre  ordinaire  de  ses  collègues,  afin  que  l'église  de  Toulouse  ne  souffre 
i(  pas  un  plus  long  préjudice.  »  L'archevêque  de  Narbonne  se  rendit  sans 
doute  à  la  demande  des  commissaires.  Nous  savons  du  moins  que  Raimond 
de  Rabastens  fut  sacré  évêque,  qu'il  se  qualifioit  évêque  de  Toulouse  ^  qu'il 
étoit  paisible  possesseur  de  cet  évêché  au  mois  de  décembre  de  l'an  i2o3'. 
Son  élection  fut  cependant  cassée  bientôt  après  comme  simoniaque,  &.  on  lui 
reprocha  d'avoir  obtenu  par  subreption  les  lettres  de  confirmation  dont  on 
vient  de  parler. 

VIII.  —  Diverses  sectes  d'hérétiques  dans  la  Province.  —  Leurs  mœurs, 

leur  croyance,  leurs  rit  s. 

Sous  un  tel  évêque  l'hérésie  fit  de  nouveaux  progrès  dans  le  Toulousain. 
Il  y  avoit"*,  entre  autres,  dans  ce  pays,  un  des  principaux  hérétiques,  nommé 
Guillabert  de  Castres,  qui  demeuroit  dans  le  château  de  Fanjaux,  situé 
aujourd'hui  dans  le  diocèse  de  Mirepoix.  Ce  prédicant  &  plusieurs  autres  de 
sa  secte  tenoient  en  ce  lieu  des  assemblées  publiques,  où  la  principale  noblesse 
des  environs  se  rendoit  pour  assister  à  leurs  instructions.  Tous  ceux  qui  s'y 
trouvoient  adoraient  les  hérétiques  en  faisant  plusieurs  génuflexions  devant 
eux,  à  la  dernière  desquelles  ils  prononçoient  ces  mots  :  bénisse-^,  prie^  Dieu 
pour  ce  pécheur,  Guillabert,  dans  une  de  ces  assemblées  qu'il  tint  vers 
l'an  1204,  associa  à  sa  secte  cinq  dames  de  considération  dont  la  plus  quali- 
fiée étoit  Esclarmonde,  sœur  du  comte  de  Foix  6t  veuve  de  Jourdain,  seigneur 
de  risle-Jourdain.  Un  témoin  oculaire,  qui  s'y  trouva  &  qui  rendit  sa  dépo- 
sition quarante  ans  après  devant  les  inquisiteurs  de  Carcassonne,  raconte 
que  la  cérémonie  se  passa  de  la  manière  suivante  :  «  Elle  fut  faite  par  le  fils 
«  majeur  de  l'église  de  Toulouse  assisté  des  autres  hérétiques  qui  consolèrent 
«  8c  reçurent  ces  dames,  lesquelles,  à  la  demande  des  hérétiques,  se  rendirent 
('  à  Dieu  8i  à  l'Evangile,  &  promirent  de  ne  plus  jnanger  à  l'avenir  ni  chair, 
«  ni  œufs,  ni  fromage;  mais  d'user  seulement  d'huile  8c  de  poisson.  Elles 
<i  promirent  aussi  de  ne  pas  jurer,  ni  mentir,  de  n'avoir  aucun  commerce 
<i  charnel  tout  le  temps  de  leur  vie.  Se  de  ne  jamais  abandonner  la  secte  par 
><  aucune  crainte  de  la  mort.  Après  cette  promesse,  elles  récitèrent  le  Pater 

'  Cîitel,   Comtes  Je  Tolose,    p.  23(5.  —    LafaUle,  'Tome  VllI,   Chartes,    n.    LXXVIII,    4-  pièce 

Ann.-iïe<,  t.    1,  append.  p.  '»*i.  citée  sous  ce  luiiTiéro. 


An   I2C4 


An  i;->^ 


28  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXI. 


«  noster  à  la  manière  des  hérétiques.  Ceux  qui  leur  imposèrent  les  mains 
<i  firent  une  lecture  sur  elles,  en  tenant  le  livre  sur  leur  tête,  &  leur  don- 
i<  nèrent  enfin  la  paix;  premièrement  avec  le  livre  Si  ensuite  avec  l'épaule, 
«  après  quoi  ils  adorèrent  Dieu  en  taisant  plusieurs  génuflexions,  »  Ce 
témoin  ajoute  que  Raimond-Roger,  comte  de  Foix,  frère  d'Esclarmonde,  se 
trouva  à  cette  cérémonie  avec  plusieurs  chevaliers  8c  bourgeois  &  que  tous 
ceux  qui  y  assistèrent,  tant  hommes  que  femmes,  à  la  réserve  du  comte,  ador 
rèrent  les  hérétiques  qui,  après  la  cérémonie,  leur  donnèrent  la  paix  en  les 
baisant  deux  fois  au  travers  de  la  bouche;  ce  qu'ils  firent  ensuite  entre  eux. 
On  appeloit  cette  cérémonie  Consolation.  On  la  trouve  décrite'  à  peu  près  de 
la  même  manière  dans  divers  autres  monumens  des  inquisitions  de  Toulouse 
St  de  Carcassonne. 

Pierre,  moine  ^  de  l'abbavc  de  Vaux-Cernav,  dans  le  diocèse  de  Paris,  qui 
accompagna  quelques  années  après  Gui,  son  abbé  &  son  oncle,  missionnaire 
dans  la  Province,  raconte  d'une  manière  un  peu  différente  les  cérémonies 
(jue  les  hérétiques  observoient  pour  installer  leurs  prosélytes  dans  leur  secte. 
t 'ih''p.'^'"''t  ^'  assure  qu'après  leur  avoir  fait  renoncer  entièrement  à  la  foi  de  l'Eglise 
romaine,  le  ministre  prétendoit  leur  donner  le  Saint-Esprit  en  leur  soufflant 
sept  fois  dans  la  bouche;  qu'il  leur  faisoit  ensuite  renoncer  à  leur  baptême 
&i  leur  conféroit  celui  des  hérétiques  qui  consistoit  à  leur  imposer  les  mains 
sur  la  tête,  à  les  baiser  6t  à  les  revêtir  d'un  habit  noir.  Mais  il  pouvoit  v 
avoir  autant  de  cérémonies  dittérentes  qu'il  y  avoit  de  diversité  entre  les  sen- 
timens  de  ces  sectaires;  car  nous  avons  déjà  remarqué  qu'ils  n'étoient  pas 
uniformes  dans  leur  doctrine. 

Cet  auteur  distingue  ',  en  eftet,  deux  sortes  d'hérétiques  qui  étoient  alors 
dans  le  pavs,  8c  qu'on  désigna  dans  la  suite  sous  le  nom  général  d'albigeois'^. 
Il  appelle  les  uns  simplement  hérétiques  8t  les  accuse  d'admettre  les  deux 
principes  des  manichéens  avec  les  autres  erreurs  de  Manès.  Ils  croyoient 
aussi,  selon  cet  historien,  deux  Christs,  l'un  bon  8v  l'autre  mauvais.  Le  der- 
nier étoit,  disoient-ils,  né  à  Bethléem,  l'autre  n'avoit  jamais  ni  bu,  ni  mangé 
8<  n'avoit  jamais  été  que  spirituellement  dans  le  monde,  dans  le  corps  de 
saint  Paul.  Ils  ajoutoient  plusieurs  rêveries  semblables.  Quelques-uns  d'entre 
eux  croyoient  un  seul  créateur;  mais  ils  soutenoient  qu'il  avoit  eu  deux  fils, 
Jésus-Christ  8c  le  Diable.  Pierre  de  Vaux-Cernay  témoigne  que  les  uns  Se 
les  autres  regardoient  l'Eglise  romaine  comme  la  prostituée  de  l'Apocalypse, 
qu'ils  rejetoient  ses  sacremens  8c  la  résurrection  des  morts;  qu'ils  admettoient 
une  espèce  de  métempsycose,  8cc.  Ces  hérétiques,  continue-t-il,  étoient  divisés 
en  parfaits  ou  bons  hommes,  &  en  simples  croyans.  Les  premiers,  qui  étoient 
les  ministres  de  la  secte,  portoient  des  habits  noirs,  affectoient  de  garder  la 
chasteté,  abhorroient  l'usage  de  la  viande,  des  œufs  Si  du  fromage;  préten- 
doient  qu'ils   ne  mentoient  jamais.  Se  soutenoient  qu'il   ne  leur  étoit  pas 

'  ^'oyez  tome  VMI,  Charles,  n.  CCXXIV,  '  Pierre  de  Vaiix-Cernay,  c.  j. 

"  Pisne  de  \',t  x -Cern.-.y,  c.   2.  '■  Voyez  tome  Vil,  ^'otc  XIII,  p.  ^4,  3.j. 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXL  ::i; 

permis  Je  jurer.  Les  simples  cro)ans  menaient  la  vie  commune  &;.  espévoient 
se  sauver  par  la  toi  des  parfaits  auxquels  ils  étoient  unis.  Avec  cela,  ces 
croyans  prétendoient  pouvoir  s'abandonner  à  toute  sorte  de  crimes,  Se  se  flat- 
toient  de  taire  leur  salut  sans  les  expier  par  la  pénitence,  pourvu  ([u'ils 
pussent  réciter  le  Pater  noster  en  mourant  &  recevoir  l'imposition  des  mains 
ou,  comme  on  s'exprimoit  dans  la  secte,  la  consolation  de  quelques-uns  de 
leurs  ministres  ou  parfaits.  Ceux-ci  étoient  divisés  en  fils  majeurs  6-  mineurs 
ou  en  évêques  Se  en  diacres.  P'nfin  cet  historien  les  accuse  d'avoir  des  prin- 
cipes détestables  sur  l'impureté,  de  rejeter  le  culte  des  images,  Stc. 

La  seconde  secte  établie  alors  dans  la  Province,  suivant  le  même  auteur, 
étoit  celle  des  Vaudois.  Ceux-ci,  dit-il,  étoient  mauvais,  mais  beaucoup  moins 
(lue  les  autres;  ils  s'accordoient  avec  les  catholiques  sur  plusieurs  articles  Se 
ne  différoient  que  sur  quelques-uns.  Il  fait  consister  principalement  leurs 
erreurs  dans  ces  trois  points  :  i°  De  porter  des  sandales  à  la  manière  des 
apôtres.  2"  D'assurer  qu'il  n'y  avoit  aucune  occasion  où  il  tût  permis  de  jurer 
Si  de  tuer.  3°  Enfin  de  prétendre  que  dans  un  cas  de  nécessité  ils  pouvoient 
consacrer  le  corps  de  Jésus-Christ  sans  avoir  reçu  les  ordres,  pourvu  qu'ils  por- 
tassent leurs  sandales. 

IX.  —  Frère  Pierre   de   Castelnau   6-  J'rère  Raoul,  religieux  de  Fontjroide, 
légats  dans  la  Province,  font  abjurer  l'erreur  aux  Toulousains. 

Nous  n'avons  aucuns  mémoires  sur  les  autres  circonstances  de  la  légation 
du  cardinal  de  Sainte-Prisque  dans  la  Province.  Le  pape  Innocent  III  l'avoit 
déjà  remplacé,  dès  la  fin  de  l'an  i2o3,  par  frère  Pierre  de  Castelnau  8c  frère 
Raoul,  l'un  Se  l'autre  religieux  profès  de  l'abbaye  de  Fontfroide,  au  diocèse 
de  Narbonne,  de  l'ordre  de  Citeaux'.  On  a  parlé  du  premier  que  le  pape 
avoit  employé  dans  la  même  fonction,  en  1199,  dans  le  temps  qu'il  étoit 
archidiacre  de  Maguelonne.  On  le  dit^  natif  de  Montpellier,  6c  on  fait  un 
grand  éloge  '  de  ses  talens  Se  de  ses  vertus,  de  même  que  de  son  collègue 
qui  est  qualifié  maître  ;  ce  qui  prouve  qu'il  étoit  docteur**.  Ces  deux  religieux 
commencèrent  lerr  légation  par  Toulouse,  à  cause,  dit  un  auteur  du''  temps, 
(|uc  c'étoit  principalement  de  cette  ville  que  le  venin  de  l'erreur  se  répandoii 
dans  le  reste  du  pays.  Après  leur  arrivée,  ils  assemblèrent,  le  samedi  i3  de 

'  La  nomination  île  Pierre  de  Castelnau  comme  dernière    engage    l'iibbc    de    Cîteaux    à    leur    ad- 

légat  paraît,  en  effet,  être    peu   antérieure  à  jan-  joindre  un  certain  nombre  de  religieux  (Potihast, 

vier  IÎ04.  Du   moins   par   plusieurs  lettres  du   29  n.  iio.'SJ.   [A.  M.] 

janvier  de  cette  .inné»,   Innocent   III  cherchait  à  '  Gar\e\^Scries praesulum  Magalonensium ,^.  y.î\ , 

lui  faciliter  l'accomplissement  de  sa  mission;   par  '  Pierre  de  Vaux-Cernay,  c.   1. 

In   première,  adressée  à    l'archevêque  Bérenger,   il  '  Sa  nomination,  comme  archidiacre  de  Mngue- 

cngage  ce  prélat  .i  agir   par   la  suite   plus  vigou-  lonr.e,  avait  donné  lieu  à  des  démêlés  entre  l'évé 

reusement  contre   les   hérétiques;    une  autre  lettre  que&  le  chapitre  de  cette  église,  démêlés  terminée 

du    même    jour   fait    les    mêmes    exhortations   aux  par  le  pape.    —  Cf.  M.  Germain,  Maguelotw  sous 

prélats  de  la  province  de  Narbonne.  Une  troisième  ses  cic^ui-s,  p.  47.    [A.  M.] 

délègue,  comme  prédicateurs,  l'abbé  de  Valmagne  '  Pierre  de  Vaux-Cernay,  c.  1. 
(Pierre)   &    Raoul,  chanoine    de    Narbonne;    une 


An  1204 


An  1 104 


23o  HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXI. 


décembre  de  l'an  iio3,  les  consuls  £<.  les  principaux  habitans',  qui  firent  ser- 
ment entre  leurs  mains,  au  nom  de  toute  la  ville,  de  garder  la  foi  catholique 
romaine.  Les  deux  légats,  avant  que  de  recevoir  ce  serment,  confirmèrent, 
Mji"p°j"'^  ^"  vertu  du  pouvoir  qu'ils  avoient  reçu  dvi  pape,  les  libertés,  les  usages  &  les 
coutumes  de  Toulouse,  Si  déclarèrent  c[ue  le  serment  que  les  consuls  8t  les 
habitans  alloient  leur  prêter  ne  pourroit  apporter  aucun  préjudice  à  ces 
libertés;  que  tous  ceux  qui  le  prêteroient  seroient  tenus  pour  fidèles  chré- 
tiens, &c  qu'il  ne  pourroit  leur  causer  aucun  dommage  ni  dans  leurs  per- 
sonnes, ni  dans  leurs  biens,  quand  même  ils  auroient  été  accusés  auparavant 
d'hérésie;  mais  que  ceux  qui  retuseroient  de  le  faire  seroient  déclarés  excom- 
muniés. L'acte  fut  passé  en  présence  de  Raimond,  évoque  de  Toulouse,  de 
Guillaume  de  Gantez,  abbé  de  Saint-Sernin,  des  hailes  &-  vïguïers  du  comte 
de  Toulouse  St  de  plusieurs  des  plus  notables  de  la  ville,  entre  lesquels 
étoient  vingt  consuls^  qui  reçurent  cette  confirmation  tant  en  leur  nom  qu'en 
celui  de  leurs  collègues,  qui  étaient  alors  du  chapitre  (^de  capitula),  &c  de 
tout  le  peuple  de  Toulouse. 

Si  nous  en  croyons  le  même  historien^  que  nous  avons  déjà  cité,  ce  ne 
fut  pas  sans  rencontrer  bien  des  difficultés  que  Pierre  de  Castelnau  &(.  maître 
Raoul  engagèrent  enfin  les  Toulousains  à  abjurer  l'erreur  &  à  chasser  les 
hérétiques  de  leur  ville,  &  ils  furent  obligés  pour  réussir  d'en  venir  aux 
menaces;  mais,  dit  cet  auteur,  ces  peuples,  peu  fidèles  à  leurs  promesses,  se 
parjurèrent  bientôt  Se  tinrent  des  assemblées  nocturnes,  où  ils  alloient 
entendre  leurs  prédicans.  Il  ajoute  que  toutes  les  villes  des  environs  étoient 
infectées  de  l'hérésie  Si  que  presque  tous  les  barons  de  la  Province  favori- 
soient  ou  recéloient  les  hérétiques. 

X.  —  Saint  Dominique  passe  à  Toulouse. 

Diego -^^  de  Âzèbes,  évèque  d'Osma,  en  Espagne,  qvi'Alfonse,  roi  de  Cas- 
tille,  son  souverain,  envoyoit  en  ambassade  vers  les  frontières  du  Dane- 
mark £1  de  la  Suède  pour  négocier  le  mariage  de  l'infant  Ferdinand ,  son 
fils,  avec  une  princesse  du  pays,  arriva  à  Toulouse  à  peu  près  vers  le  même 
temps;  il  étoit  suivi  de  saint  Dominique,  sous-prieur  de  sa  cathédrale,  alors 
desservie  par  des  chanoines  réguliers.  Ces  deux  célèbres  personnages,  qui 
eurent  beaucoup  de  part  dans  la  suite  à  la  conversion  des  hérétiques  de  la 
Province,  logèrent  à  Toulouse  chez  un  de  ces  sectaires  que  saint  Dominique 
persuada  si  bien,  tant  par  sa  douceur  que  par  la  force  de  ses  raisons,  qu'il  se 
convertit  la  nuit  même  de  l'arrivée  de  ces  deux  hôtes,  qui  continuèrent 
ensuite  leur  voyage. 

'  Catel,  Hhlo'ire  des  comtes  de  Tolose,  p.  236. —  nique   à  Toulouse  eut    lieu,    paraît-il,   en    i2o3j 

\'oyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  CV,  c,  6i3.  cl.  le  texte  de  la  Vie  de  saint  Dominique  de  maî- 

'  Pierre  de  Vaux-Cernay,  c.  i.  tre  Humbert,  cité   par  les  Bollandistes,  août,  t.   i, 

'  Praedara.  Francorum  facinora.  — Trivet,  Chro-  p.  39.').     [\.  M.]   —   Voyez   tome   VII,    Note   XV, 

nicon,  apud  d'Achéry,  Spicilegium,  t.  8,  p.  54:'). —  pp.  42,  47. 

Ce   passage   de   Diego   d'Osma   &  de   saint  Domi- 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXI.  :3i 

XI.  —  Le  roi  d'Aragon  condamne  les  hérétiques  dans   une  conférence  tenue 

à  Carcassonne  en  présence  des  légats. 

On  '  rapporte  un  ancien  acte  qui  prouve  que  frère  Raoul  &  frère  Pierre 
de  Castelnau  se  rendirent  de  Toulouse  à  Carcassonne.  «  11  y  est  marqué  que 
"  Pierre,  roi  d'Aragon,  étant  à  Carcassonne,  au  mois  de  février  de  l'an  i2o3 
«  (1204),  déclara  qu'il  avoit  fait  venir  en  sa  présence  les  hérétiques  d'un 
.'  côté,  &  l'évêque  de  Carcassonne,  frère  Raoul  &  frère  Pierre  de  Castelnau, 
«  légats  du  pape,  de  l'autre,  pour  être  instruit  de  Vhéresie  des  vaudois ;  qu'on 
"  convainquit  ces  sectaires  d'erreur,  tant  par  divers  témoignages  de  l'Ecriture 
<'  sainte  que  par  les  décrets  de  l'Eglise  romaine  qui  furent  produits;  que  ce 
'  prince,  ayant  entendu  les  raisons  de  part  &  d'autre,  jugea  qu'ils  étoient 
"  hérétiques;  qu'il  donna  une  seconde  audience  à  d'autres  hérétiques,  à  la 
c  prière  du  viguicr  du  vicomte  de  Carcassonne,  qu'il  prit  pour  assesseurs 
«  treize  fauteurs  d'hérétiques,  8c  autant  de  catholiques;  qu'ayant  interrogé 
<■  Bernard  de  Simorre,  évêque  hérétique,  &  ses  compagnons  pour  savoir  s'ils 
»  croyoient  un  seul  Dieu  tout-puissant,  créateur  des  choses  visibles  Se  invi- 
I'  sibles,  auteur  de  la  loi  de  Moïse  Se  du  Nouveau  Testament,  ils  avoient 
I  répondu  après  plusieurs  subterfuges  par  un  blasphème  horrible,  qu'ils 
•  reconnoissoient  trois  dieux  &  même  un  plus  grand  nombre,  dont  l'un, 
'•  qui  étoit  le  mauvais,  avoit  créé  toutes  les  choses  visibles  &  étoit  auteur 
"  de  la  loi  de  Moïse;  que  Jésus-Christ  n'étoit  qu'un  pur  homme,  né  d'un 
«'  homme  Se  d'une  femme;  qu'ils  svoient  nié  les  sacremens  de  baptême 
"  Se  de  l'autel,  S<  la  résurrection  générale.  Se  protesté  publiquement  que 
«  la  vierge  Marie  n'étoit  pas  née  selon  la  chair  de  jiarens  charnels;  & 
«  qu'enfin  les  deux  légats  leur  ayant  suffisamment  prouvé  qu'ils  étoient 
«  hérétiques  par  l'autorité  du  Nouveau  Testament,  il  les  avoit  déclarés  tels 
«  le  jour  suivant,  en  présence  de  l'évêque  de  Carcassonne  Se  de  plusieurs 
«'  autres.  » 

XII.  —  Le  pape  dépouille  les  évêques  de  leur  juridiction  ordinaire  pour  la 
donner  à  ses  légats.  —  Brouilleries  entre  Varcherêque  de  Narbonne  £*  ces 
derniers  à  cette  occasion. 

Le  pape,  pour  déraciner  plus  efficacement  l'erreur,  donna  à  frère  Pierre 
de  Castelnau  Se  à  frère  Raoul  un  plein  pouvoir  d'agir  en  son  nom,  avec  ordre 
k  tous  les  évêques  de  les  recevoir  comme  lui-même,  de  leur  obéir  absolu- 
ment, Se  de  leur  promettre  par  serment  qu'ils  exécuteroient  fidèlement  tous 
leurs  décrets  en  matière  d'hérésie;  en  sorte  ((u'il  ota  par  là  à  ces  prélats  leur 

'  Benoit,  Histoire  des  alhigeois,    t.   I,  pr.  p.  269  Document:  inédits  sur  l'Albigeois,  p.  227.  Ces  let- 

&  suiv.    —  Cet  .Tcte   a    été  publié,    probablement  très    sont    du    reste    indiquées    par    Guillaume    de 

d'après   le  même  mnatiscrit,  qui  se  trourait  alors  Tudèle,    v.    ôi  j    la   chroniqu»;    en    prose    n'a   pas 

entre  les   mains  d'un    particulier,  par  Compayré,  employé  ce  passage.  [A.  M.J 


An  12c 


lui.  oriB'ii. 
:.  III,  p.  ijd. 


An  1204 


132  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXI. 

juridiction  ordinaire  sur  les  liérétiques'.  Un  pouvoir  si  excessif  &  si  inusité 
brouilla  bientôt  les  deux  légats  avec  Bérenger,  archevêque  de  Narbonne,  8c 
avec  la  plupart  des  autres  évêques  de  la  Province  qui  soutïroient  fort  impa- 
tiemment de  se  voir  dépouillés,  par  deux  simples  religieux,  d'une  autorité 
qu'ils  tenoient  immédiatement  de  Jésus-Christ,  Se  l'archevêque  refusa^  nette- 
ment de  leur  prêter  le  serment  qu'ils  exigeoicnt  de  lui.  Les  légats,  pour  l'y 
contraindre,  le  déclarèrent  suspens;  mais  il  ne  rit  aucun  cas  de  cette  sen- 
tence, 8v  convoqua  à  l'ordinaire  les  évêques  de  la  Province  pour  consacrer 
Guillaume,  élu  évêque  de  Maguelonne.  Les  légats,  irrités  de  sa  démarche, 
défendirent  aussitôt  aux  évêques  de  s'assembler  jusqu'à  ce  qu'enfin  il  consentit 
de  leur  prêter  le  serment  qu'ils  demandoient.  L'archevêque  de  Narbonne  n'en 
fit  pas  moins  éclater  ses  plaintes  contre  les  deux  légats,  qui,  disoit-il,  n'ayant 
été  nommés  que  pour  agir  contre  les  hérétiques  8c  les  chasser  du  pays, 
étendent  leur  commission  au  delà  des  bornes  8c  prétendent  que  c'est  à  eux, 
privativement  aux  évêques  Se  au  préjudice  de  leur  juridiction,  de  punir  tous 
les  crimes  des  ecclésiastiques. 

Frère  Pierre  de  Castelnau  8c  frère  Raoul  formèrent  à  leur  tour  diverses 
plaintes  contre  l'archevêque  de  Narbonne,  qui  tut  accusé-^'  auprès  du  pape 
Innocent  III  :  1°  D'une  extrême  négligence  dans  les  fonctions  de  son  minis- 
tère, 8c  de  n'avoir  pas  encore  visité  ni  sa  province,  ni  son  diocèse  depuis 
treize  ans  qu'il  occupoitson  siège;  conduite,  disoient-ils,  qui  n'avoit  pas  peu 
contribué  à  l'accroissement  de  l'hérésie  dans  tout  le  pays,  parce  que  les  héré- 
tiques, pour  séduire  les  simples  8c  leur  faire  voir  les  désordres  du  clergé, 
citoient  pour  exemple  la  vie  de  ce  prélat  8c  des  autres  évêques,  8c  attribuoient 
à  toute  l'Eglise  les  vices  des  particuliers.  2°  De  soutenir  que  la  simonie  ne 
ressentoit  pas  l'hérésie.  3°  D'accorder  sa  protection  8c  de  donner  retraite  dans 
un  de  ses  châteaux  à  Nicol,  chef  des  Aragonois  ou  brigands  qui  désoloient  le 
pays,  quoique  son  prédécesseur  l'eût  excommunié  publiquement  dans  les 
châteaux  de  Capestang  8c  de  Cruscades,  conformément  au  décret  que  le 
concile  de  Latran  avoit  fait  contre  les  Brabançons,  les  Aragonois,  8cc.,  décret 
que  ce  prélat  ne  se  mettoit  d'ailleurs  nullement  en  peine  d'observer.  4°  De 
ne  pas  exercer  l'hospitalité,  de  ne  pas  faire  l'aumône  8c  de  s'absenter  de  sa 
cathédrale,  quoiqu'en  pleine  santé,  jusqu'à  huit  ou  quinze  jours  de  suite; 
ce  qui  faisoit  que  quelques-uns  le  regardoient  comme  un  hérétiques  5°  De 
retenir  en  ses  mains,  contre  les  canons,  les  églises  vacantes  de  Capestang  8c 
de  Montels.  6°  D'avoir  exigé  quatre  cents  sols  du  teu  évêque  de  Maguelonne 
avant  que  de  le  consacrer.  7°  D'avoir  réduit  à  neuf,  par  négligence  8c  par 
malice,  le  nombre  de  dix-huit  chanoines  qu'il  y  avoit  anciennement  dans 

'  Innocent  III  ne  tarda  pas  à  étendre  encore  les  comprend  npiès  cela  les  réciiir.inations  des  pré- 
attributions des  légats;  une  bulle  du  6  décembre  lats,  &  notamment  celles  de  l'archevêque  Bérenger 
1204  donna  à  Pierre  de  Castelnau  &  à  frère  Raoul  dont  les  vices  étaient  d'ailleurs  notoires.  [A.  M.] 
le  droit  d'enlever  les  bénéfices  ecclésiastiques  à  '  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  LXXIX,  c.  ôc^ç. 
tous  ceux  qui  leur  paraîtraient  indignes.  (Potthast,  '  Innocent  III,  1.  7,  Epist,  7g,  apud  Manrique, 
n.  2337.)  C'était  mettre  tout  le  clergé  du  Langue-  Clstercienses  annales,  ad  ann.  1204.  —  [rotiliasti 
doc  entre  les   maitis  de  ces  deux    religieux.   On  n.  2224,  21  mai  i2~4-] 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXI.  ^So   " 

An    i:o.j 

sa  cathédrale.  8°  De  permettre  k  Bérenger  de  Monan',  clianoine  &  archi- 
diacre de  son  église,  Si  à  maître  P .,  ahhé  de  Saint-Paul,  de  posséder  plusieurs 
bénéfices.  9°  Enfin  de  souffrir  que  plusieurs  moines  Se  chanoines  réguliers 
de  son  diocèse  eussent  quitté  l'habit  religieux  pour  mener  une  vie  séculière 
&t  scandaleuse". 

XlII.  —  Arnaud,  abbé  de  Citeaux,  associé  aux  deux  autres  légats. 

Ces  brouilleries  engagèrent  le  pape  Innocent  III  à  nommer  un  nouveau 
légat  dans  la  Province  pour  l'associer  à  frère  Pierre  de  Castelnau  &  à  frère 
Raoul.  Il  choisit  pour  cela  Arnaud,  surnommé  Almaric"',  abbé  de  Cîteaux, 
religieux  distingué  par  sa  capacité,  lequel  ayant  été  auparavant,  pendant  trois 
ans,  abbé  de  Grandselve,  au  diocèse  de  Toulouse,  connoissoit  parfaitement 
le  pays,  où  il  étoit  en  grande  vénération'*;  mais  si  cet  abbé  étoit  recomman- 
dable  par  sa  vertu,  on  ne  sauroit  dire  qu'il  le  fût  beaucoup  par  sa  naissance, 
comme  le  prétendent,  sans  aucune  preuve,  deux  modernes,  dont  l'un"'  le  fait 
de  la  maison  des  ducs  de  Narbonne,  8t  l'autre  ^  de  la  famille  des  vicomtes  de 
Narbonne.  Innocent  III  fit  donc  expédier,  le  29  de  mai  de  la  septième  année 
de  son  pontificat  ou  de  l'an  1:04,  une  nouvelle  bulle^,  dans  laquelle  il 
nomme. ces  trois  religieux  pour  ses  légats  8c  se  plaint  beaucoup  de  la  négli- 
gence des  évêques  &  des  autres  pasteurs.  Il  enjoint  ensuite  aux  trois  légats  de 
travailler  de  toutes  leurs  forces  à  extirper  l'hérésie;  d'excommunier  les  réfrac- 
taires  Si  d'ordonner  de  sa  part  au  roi  Philippe,  au  prince  Louis,  son  fils,  , '^|'|-, "V^";-. 
aux  comtes,  aux  vicomtes  Se  aux  barons  du  pays  d'user  de  sévérité  envers  les 
hérétiques,  pour  la  rémission  de  leurs  péchés;  de  les  exiler,  de  les  proscrire 
8t  de  confisquer  leurs  biens.  11  accorde  à  ceux  qui  s'emploieront  à  cette  œuvre 
la  même  indulgence  que  gagnoient  ceux  qui  alloient  servir  dans  la  Terre- 
Sainte.  «  Et  afin,  ajoute-t-il,  en  adressant  la  parole  aux  trois  religieux,  que 
<■  vous  puissiez  remplir  plus  librement  les  fonctions  de  la  légation  dont  nous 
I'  vous  chargeons,  ou  plutôt  dont  Dieu  vous  charge  lui-même,  nous  vous 
I'  donnons  un  pouvoir  plein  Se  entier  dans  les  provinces  d'Aix,  Arles  Se  Nar- 
"  bonne,  8t  dans  les  diocèses  voisins  ([ui  peuvent  être  infectés  d'hérésie,  d'y 
«  détruire,  d'y  arracher  Se  d'y  planter  tout  ce  qui  sera  nécessaire;  d'y  punir 
>'  les  contradicteurs.  Sec.  ■  Le  pape  accorde  le  même  pouvoir  à  deux  d'entre 
les  légats,  supposé  qu'ils  ne  pussent  pas  agir  tous  trois  conjointement. 

'  [Corriger  Moiijan.]  lités  d'administrateur  qiii  contribuèrent  plus  tard 

'  A  la  suite  de  ces  accus.i'.ions ,    le   pape  enleva  à  son  élévation.  [A.  M.] 

i   Bérenger    Tabbaye    de   Montaragon,    le    29  mai  '  Langlois,  Histoire  des  albigeois,  1.  J,  p.  65. 

1104  (Potthast,  n.    ÎI26)  ;    dès  le  3o  mai    i2o3,  il  ''  Histoire  de  l'Académie  des  inscriptions  &  helles- 

avait  ordonné  à  ce  prélat  de  se  démettre  de  ce  bé-  lettres,  t.  9,  p.  2  18. 

néfice  (n.  1928).  [A.  M.j  '  Innotent  111,  1,  7,  Epist.  72,  apud  Manrique, 

'  Guillelmus  de  Podio  Latirentii,  c.  10.  ut  supra,  c,  2.  —  [Potthast,  n.   2229.]  Cette  lettre 

'  Arnaud  Amauri,  d'abord  abbé  du    Poblet,  en  est  du  3i  mars  1204;  le  î3  (n.  2220)  le  Souverain 

Cat.ilogne,  fut   abbé  de   Grandselve  de  septembre  Pontife  avait  écrit  à  ce  sujet  à  Philippe-Auguste. 

1198  à  novembre  1201  (Voyez  tome  IV,  pp.  60-,  [A.  M.J 
6:ri).  Dès  cette  épotjue  il  déploya  les  grandes  qua- 


~ 234  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXI. 

An  1104  " 

Innocent  écrivit  en  même'  temps  au  roi  Philippe-Auguste,  &,  après  avoir 
expliqué  8c  distingué  clans  sa  lettre  les  fonctions  des  deux  puissances  dans  le 
gouvernement  de  l'Église,  il  l'exhorte  à  s'employer,  soit  par  lui-même,  soit 
par  le  prince  Louis,  son  fils,  soit  enfin  par  quelque  personnage  de  considé- 
ration, à  arrêter  le  progrès  de  l'erreur,  u  Contraignez,  lui  dit-il,  en  vertu  du 
«  pouvoir  que  vous  avez  reçu  d'en  haut,  les  comtes  &  les  harons  à  confisquer 
«  les  biens  des  hérétiques,  Si  usez  d'une  semblable  peine  envers  ceux  de  ces 
»  seigneurs  qui  refuseront  de  les  chasser  de  leurs  terres.  »  Enfin  il  prie  ce 
prince  d'assister  de  toutes  ses  forces  l'abbé  de  Cîteaux  Se  les  deux  religieux 
de  Fontfroide,  ses  légats,  afin  que  le  glaive  matériel  se  joigne  dans  cette 
grande  affaire  au  glaive  spirituel.  Il  écrivit^  aussi  alors  à  l'évêque  d'Auxerre 
&  à  divers  autres  prélats  pour  les  engager  à  agir  auprès  du  roi  Se  des  autres 
princes  pour  l'extirpation  de  l'hérésie. 

XIV.  —  L'archevêque  de  Narbonne  appelle  au  pape  des  procédures  des  légats. 

Le  pape  chargea  les  trois  légats,  par  une  lettre  du  27  de  mai  de  la  même 
année,  d'informer  sur  les  divers  chefs  d'accusation  qu'on  intentoit  contre 
Bérenger,  archevêque  de  Narbonne;  il  leur  ordonne  de  se  rendre  dans  cette 
ville,  &  supposé  la  vérité  des  fjiits,  de  le  déposer  &  de  faire  élire  un  autre 
archevêque  en  sa  place.  «  Que  si,  ajoute  Innocent,  ceux  à  qui  l'élection 
1  appartient,  refusent  d'obéir,  vous  nommerez  vous-mêmes,  un  mois  après, 
t(  un  archevêque  digne  de  gouverner.  »  Frère  Pierre  &  frère  Raoul  n'atten- 
dirent pas  l'arrivée  de  l'abbé  de  Cîteaux  pour  procéder  contre  Bérenger  qui, 
de  son  côté,  leur  fit  signifier  un  appel"'  au  pape,  daté  du  27  décembre  1204. 
«  Dans  la  seconde  légation  que  le  pape  vous  a  commise  8<.  à  l'abbé  de  Cîteaux, 
«  dit  l'archevêque  de  Narbonne  dans  cet  acte,  vous  frère  Pierre  de  Castelnau, 
n  auriez  dû,  lorsque  vous  étiez  sur  le  point  d'entrer  dans  la  Province,  m'ap- 
«  prendre  votre  arrivée  par  quelque  lettre  d'honnêteté;  mais  vous  êtes  venu 
«  à  l'improviste  8c  dans  le  temps  que  vous  saviez  que  j'allois  me  mettre  en 
«  chemin  pour  aller  à  Rome  détromper  le  pape  des  fausses  accusations  que 
K  des  flateurs  avoient  formées  contre  moi.  Vous  8c  frère  Raoul,  sans  consulter 
«  l'abbé  de  Cîteaux,  votre  collègue,  m'avez  défendu,  sous  peine  d'anathème 
«  &c  de  privation  d'office  Se  de  bénéfice,  comme  au  dernier  des  clercs,  de 
«  sortir  de  mon  diocèse  sous  quelque  prétexte  que  ce  fût.  »  Il  reproche 
ensuite  à  frère  Pierre  de  Castelnau  d'avoir  outrepassé  sa  commission  sur  cinq 
différens  articles,  dans  l'affaire  de  l'église  de  Capestang,  8c  il  ajoute  :  «  Pour 
«  ces  griefs  8c  pour  plusieurs  autres,  moi,  Bérenger,  archevêque  de  Nar- 
«  bonne,  je  vous  récuse  absolument,  vous,  frère  Pierre  de  Castelnau,  8c  vous» 
«  frère  Raoul,  moines  de  Fontfroide,  comme  suspects  8c  comme  mes  oppres- 
«  seurs,  8c  j'appelle  de  vos  procédures  au  pape  Innocent  :  je  mets  sous  sa 

■  Innocent  III,  1.  7,  Epist.  -ji).  —  Dom  Vaissete  '  R.iinaldi,  ann.  1  Î04,  n""  59  &  69. 

se  trompcj   la  bulle  qu'il  analyse  est  du  7  février  '  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  LXXIX,  ce.  ôop, 

|2o5.  Conférez  Potthast,  n.  24041  [A.  M.J  ûiu 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXI.  iSo 


An  1204 


«  protection  ma  personne,  toute  l'église  Si  la  province  de  Narbonne,  Sec,  Sic. 
«  Je  renouvelle  l'appel  que  j'ai  déjà  fait  à  Béziers,  le  jour  de  Saint-Barthé- 
<  lemy,  au  mois  d'août  dernier,  avant  votre  arrivée  dans  la  Province,  en  pré- 
«■  sence  de  nos  vénérables  frères  les  évêques  de  Béziers,  de  Maguelonne  Si  de 
lyodève,  S<.  de  plusieurs  autres  personnes  de  considération;  y  ajoutant 
•'  néanmoins  l'autre  appel  que  j'ai  fait  ensuite  à  Narbonne,  en  plein  chapitre, 
"  le  jour  de  Saint-Capraisc,  au  mois  d'octobre  dernier.  Enfin  je  renouvelle 
"  cet  appel,  parce  que  j'ai  appris  que  vous,  Arnaud,  abbé  de  Cîteaux,  leur  , 'in  °'^'^i"s 
I'  collègue,  aviez  procédé  au  préjudice  de  nos  églises  81  de  nos  suffragans,  en 
I'  exigeant,  malgré  les  canons,  le  serment  des  clercs  les  uns  contre  les  autres; 
I'  Si.encore  parce  que  vous  agissez  d'une  manière  opposée  à  la  douceur  avec 
"  laquelle  les  autres  légats  qui   ont  été  dans  le  pays  en  ont  usé.  Je  vous 

0  récuse  aussi;  j'appelle  de  vos  procédures  au  pape.  Si  je  vous  indique  81  à 
(  vos  collègues  le  dimanche  de  Quasimodo  prochain  pour  poursuivre  mon 
i   appel.   Au    reste,   pour  marquer  mon   respect  envers  le  Saint-Siège   Si   le 

1  désir  que  j'ai  de  conserver  la  foi,  je  déclare  que  je  vous  aiderai  fidèlement 
à  chasser  les   hérétiques  jusqu'à  ce  que  je  me  mette  en  chemin  pour  la 

<•  poursuite  de  mon  appel.  «  La  signification  de  cet  acte  engagea  les  légats  à 
suspendre  leurs  procédures  contre  l'archevêque  de  Narbonne,  Si  ils  envoyèrent 
à  Rome  les  informations  qu'ils  avoient  faites  contre  ce  prélat. 

XV.  —  Suite  de  l'ajfaire  de  l'archevêque  de  Narbonne.  —  Les  légats 
suspendent  l'évêque  de  Béliers. 


Cependant  frère  Pierre  de  Castelnau,  rebuté  par  les  contradictions  qu'il 
rencontroit  dans  sa  légation,  écrivit  au  pape  pour  le  prier  instamment  de 
l'en  décharger  St  lui  permettre  de  retourner  dans  son  monastère.  Innocent 
lui  refusa  sa  demande,  Si,  pour  l'encourager  à  continuer  les  fonctions  de  son 
ministère,  il  lui  fit  espérer  d'en  recueillir  de  plus  grands  fruits  par  une  lettre' 
du  26  de  janvier  suivant.  Le  pape  écrivit^,  trois  jours  après,  à  l'archevêque 
de  Narbonne  pour  lui  reprocher  sa  négligence  à  extirper  l'hérésie  de  sa  pro- 
vince, 81  le  refus  qu'il  faisoit  de  seconder  en  cela  le  zèle  de  frère  Raoul  Si 
de  frère  Pierre  de  Castelnau,  ses  légats.  Il  reprend  ensuite  vivement  ce  prélat 
de  n'avoir  pas  voulu  aller  avec  eux  trouver  le  comte  Raimond^  pour  tâcher 
de  persuader  conjointement  à  ce  prince,  de  chasser  les  hérétiques  de  la  Pro- 
vince. Innocent  reproche  aussi  à  l'archevêque  de  Narbonne  de  n'avoir  pas 
voulu  fournir  un  équipage  convenable  aux  deux  légats  Si  de  ne  leur  avoir 
donné  qu'une  seule  monture.  Il  lui  enjoint  enfin  de  leur  fournir  tous  les 
équipages  Si  toutes  les  autres  choses  dont  ils  auroient  besoin.  Si  de  les  aider 
de  tout  son  pouvoir  dans  l'exercice  de  leur  légation.  Il  écrivit   d'un  autre 

'  Innocent  III,  1.  7,   Epist,  101,  apud  Manri-  '  Il  y  a   M.  comllem  dans  Manrlqiiezj    mais  il 

ijue,  ad  ann.   1  zoS,  ci,  —  [Potthast,  n.  zSpi.]  est  évident  que   c'est    une  faute,   81  qu'il  faut  lire 

'  Innocent   III,    1.  7,   Epht.  14Î)  iild,  ç.  ii  —  R,  ctmitcm.  \^Sote  des  Bénédictins.^ 
[Von  indiquée  dans  Potthast. J 


An  iao5 


An 


206  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXI. 


côté  au  roi  ',  le  7  Je  février  de  la  même  année,  pour  l'exhorter  de  nouveau  à 
marcher  en  personne,  ou  d'envoyer  du  moins  le  prince  Louis,  son  iils,  au 
secours  de  l'abbé  de  Cîteaux  8<.  de  ses  collègues.  Il  le  prie  instamment  de  les 
protéger  8<  d'obliger  les  comtes  &  les  barons  du  royaume  à  proscrire  les  héré- 
tiques Se  à  confisquer  leurs  biens,  &  de  confisquer  lui-même  les  domaines 
des  seigneurs  qui  refuseroient  d'obéir  à  cet  ordre  ou  qui  favoriseroient  les 
sectaires. 

Pierre  de  Castelnau  8<  Raoul,  sur  le  refus  que  l'archevêque  de  Narbonne 
leur  avoit  fait  d'aller  avec  eux  sommer  le  comte  de  Toulouse  de  chasser  les 
hérétiques,  s'adressèrent  à  l'évêque  de  Béziers,  à  qui  ils  firent  la  même 
demande.  Ce  prélat  refusa  non-seulement  de  la  leur  accorder,  mais  il  ne 
voulut  pas  même  avertir  les  consuls  de  la  ville  épiscopale  d'abjurer  l'erreur 
5c  de  prendre  la  défense  de  l'Église  contre  les  hérétiques,  &  il  les  empêcha 
de  faire  cette  monition.  Les  deux  légats  assemblèrent  alors  le  clergé  de 
Béziers,  enjoignirent  publiquement  à  l'évêque  d'excommunier  les  consuls  de 
cette  ville,  s'ils  ne  renonçoient  à  l'erreur  dans  un  certain  temps.  Ce  prélat 
promit  de  le  faire,  mais  il  ne  tint  pas  sa  parole;  les  deux  légats  le  déclarèrent 
alors  suspens  jusqu'à  ce  qu'il  se  fût  présenté  devant  le  pape,  &  défendirent 
au  clergé  du  diocèse,  en  vertu  d'obéissance  &  sous  peine  d'excommunication, 
de  lui  obéir  durant  cet  intervalle. 

Nous  apprenons  toutes  ces  circonstances  d'une  lettre  que  le  pape  Inno- 
cent III  écrivit^,  le  18  de  février  de  l'an  i2o5,  à  Tévêque  d'Agde  8t  à  l'abbé 
de  Saint-Pons  de  Thomières.  Il  s'y  plaint  beaucoup  de  la  négligence  de 
l'évêque  de  Béziers  à  extirper  l'hérésie  de  son  diocèse  &  de  sa  désobéissance 
aux  légats,  8<.  confirme  la  sentence  de  suspense  dont  on  vient  de  parler;  il 
leur  ordonne  en  même  temps  de  faire  dénoncer  ce  prélat,  comme  suspens, 
dans  toutes  les  églises  du  diocèse  de  Béziers,  jusqu'à  ce  qu'il  se  fût  présenté 
à  Rome  avec  les  lettres  des  légats;  de  défendre  au  clergé  &  au  peuple  de  lui 
obéir  8c  de  commettre  en  attendant  (juelques  personnes  capables  pour  gou- 
verner le  diocèse.  L'évêque  de  Béziers,  qui  fut  suspendu  par  les  légats,  s'ap- 
Éd.oiisiij.  neloit  Guillaume^  de  Pvoquezel  ;  il  avoit  succédé,  en  1 199,  à  Gaufrid  de  Mar- 
seille. Nous  ignorons  les  suites  de  son  affaire.  Il  fut  tué  l'an  i2o5  par  lu 
trahison  des  siens  îk  fut  inhumé  dans  le  cloître  du  monastère  de  Cassan, 
dont  il  avoit  été  prieur  régulier  avant  que  de  parvenir  à  l'épiscopat.  E.rmen- 
gaud  lui  succéda"*. 

r- 

'  Innocent  m,  I.  -,  Ep'ist.   112,  itlJ.  c.   1.  —  du  Pont,  sur  le  bord  de  l'eau,  là  où  passaient  les 

Voir  plus  hnut,  p.  i3J.  Cette  lettre  a  déjà  été  citée  pèlerins  venant  de  Gascogne.  On  y  ordonne  aux 

par  dom  Vaissete  sous  une  autre  date.  [A.  M.]  aubergistes  de   ne  yendre   aux  voyageurs  que  des 

'  Innocent  III,  1.   7,  Epht.    242,  apud   Manri-  marchandises  de  bonne  qualité;  ils  doivent  avoir 

que,  ad  ann.  i2o5,  c.  2.  —  [Potthast,  n.  2i25.]  une  mesure  bonne  &.   légale;  vendre  au  prix  fixé; 

'  Gallia  C/iristiana,  t.  4,  p.  415.  fermer  leurs  maisons  au    premier  coup  de   la  clo- 

^  Outre  le   règlement   contre   l'hérésie,    indiqué  che;    ne   point   injurier   les   voyageurs;   ils  n'ont 

par  dom  'Vaissete,    cette    pièce   contient   plusieurs  pis   le   droit  de   s'entremettre    de    la    vente  ou    de 

indications  curieuses  sur  les  auberges  de  Toulouse.  l'achat    de    chevaux   par    les   pèlerins.   Sic.   —   Le 

Nous  y  voyons   les    auberges  établies  dans  la    rue  même  acte  expulse   les  jongleurs  St  jongleuses  de 


t.  in,p.  i3ii 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXI, 


:?.7 


An  1  icî) 


XVI.  —  Le  comte  de  Toulouse  promet  aux  légats  de  chasser  les  hérétiques. 
Déposition  de  Raimond  de  Rabastens^  évèqiie  de  cette  ville. 

On  voit  par  ces  différentes  lettres  du  pape  Innocent  III  que  Pierre  de 
Castelnau  &  Raoul  avoient  dessein,  avant  latin  de  l'an  1204,  d'aller  trouver 
Raimond,  comte  de  Toulouse,  pour  le  sommer  de  chasser  les  hérétiques  de 
ses  États.  Nous  apprenons  d'ailleurs'  que  ce  prince  se  rendit  enfin  à  leurs 
remontrances  &  qu'il  leur  |)romit  par  serment  de  chasser  les  routiers  &  ks 
hérétiques  de  ses  domaines,  &  d'v  rétahlir  la  paix.  Raimond  fit  vraisembla- 
blement ce  serment  au  mois  de  mai  de  l'an  i2o5,  car  nous  savons  que  l'abbo 
de  Cîteaux  Si  ses  deux  collègues,  s'étant  rendvis  vers  ce  temps-là  à  Toulouse, 
ils  y  déposèrent  Raimond  de  Rabastens,  évêque  de  cette  ville. 

On  a  déjà  dit  que  l'élection  de  ce  prélat,  quoique  peu  canonique  dans  son 
origine,  avoit  été  cependant  confirmée  par  les  commissaires  du  pape.  Sa  négli- 
gence à  remplir  les  fonctions  épiscopales  excita  le  zèle  des  légats,  qui,  avant 
fait  une  nouvelle  information,  trouvèrent  que  lorsque  le  siège  épiscopal  de 
Toulouse  étoit  vacant,  Raimond  de  Rabastens  avoit  fait  solliciter  plusieurs 
chanoines  de  lui  donner  leur  suffrage;  qu'ensuite,  lorsqu'il  fut  élu  pour  la 
seconde  fois,  il  s'étoit  lié  par  serment  avec  les  chanoines  qui  lui  avoient  été 
d'abord  opposés.  Se  qu'après  que  sa  première  élection  eut  été  cassée,  il  étoit 
demeuré  en  possession  de  la  maison  épiscopale  8c  avoit  perçu  les  revenus  de 
l'évôché;  sur  cela  ils  le  déposèrent  solennellement.  Ce  prélat  est  qualifié,  en 
effet,  autrefois  évêque  de  Toulouse  dans  une  lettre  que  le  pape  leur  écrivit, 
le  6  de*  juillet  de  l'an  iio:*),  S<  dans  laquelle  il  rappelle  toutes  ces  circons- 
tances; d'où  l'on  doit  inférer  qu'il  avoit  été  déposé  au  moins  deux  mois  aupa- 
ravant; mais  il  paroît  que,  malgré  sa  déposition,  il  se  maintint  encore  quelque 
temps  dans  son  siège;  car  il  est  qualifié-*  simplement  évêque  de  Toulouse 
dans  un  acte  du  mois  de  septembre  suivant;  Se  nous  verrons  plus  bas  que 
son  successeur  ne  fut  élu  qu'à  la  fin  de  l'an  i2o5.  Peut-être  appela-t-il  au 
pape  de  cette  sentence,  Se  fit-il  durer  La  procédure  jusqu'à  la  fin  de  l'année, 
(^uoi  qu'il  en  soit,  Innocent  ordonna  par  la  même  lettre^  à  l'ahbé  de  Cîteaux, 
à  Raoul  i/  à  Pierre,  moines 'de  Fontfroide,  inquisiteurs  du  siège  apostolique, 
de  destituer  de  son  office  Mascaron,  prévôt  de  la  cathédrale  de  Toulouse, 
promu  à  cette  dignité  à  la  place  de  celui  qui  avoit  été  élu  évêque  de  Com- 


la  ville;  défend  les  fiinéraillci  luxueuses;  interdit 
les  démonsirations  de  deuil  trop  bruyantes  (Voyez 
tome  VIII,  ce.  SiS,  "116).  —  Peu  après  les  consuls 
de  Toulouse  Arent  une  enquête  sur  les  lieux  du 
Toulousain  &  des  pays  environnants  où  devait  se 
payer  la  leude;  nous  connaissons  par  cet  acte  le 
tarif  en  usage  à  Castelsarrasin,  à  Castelmaira,  à 
Pamiers,  à  Ax,  à  Mérens,  à  Castelnaudary,  à  La- 
vaur,  à  Rabastens,  à  Avignonet,  à  Saint-Jory.  Ce 
furent  les  fermiers  des  leudes  qui  vinrent  déposer 
devant  les   consuls;    cet  acte  passe  en  revue  toutes 


les  routes  qui  venaient  aboutir  à  Toulouse;  une 
seule  paraît  oubliée,  c'est  celle  de  Gascogne.  (Voyez 
tome  VIII,  c.  527  &  siiiv.)  [A.  M.] 

'  Guillelmut  de  Podio  Laurentii,  c.  7. 

'  Innocent  III,  1.  8,  Eplst.  1  16.  —  [La  lettre 
est  du  !>  juillet  120J;   voyez  Potthast,  n.  2.");)7.j 

^  Lafaitlc,  Annales  de  Toulouse j  t.  1,  appcnd. 
p.  .■i7. 

'  Innocent  III,  ut  supra.  —  [Les  deux  lettres 
sont  distinctes;  la  seconde  est  du  '''  juillet  inc'ij 
Potthast,  n.  iSrt  1 .1 


"■; ~    238  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXI. 

An  i2oa 

minges,  à  cause  que,  suivant  sa  propre  confession,  il  avoit  été  du  complot 

pour  faire  élire  Raiinond  de  Rabastens,  &.  qu'il  s'étoit  par  là  rendu  indigne 

de  posséder  aucun  bénéfice  ecclésiastique. 

XVII.  —  Monnaie  de  Toulouse. 

Le  comte  Raimond  étoit  encore  à  Toulouse  au  mois  de  juillet  de'  cette 
année;  il  promit  alors  par  serment,  dans  le  cloître  de  la  Daurade,  en  faveur 
de  la  cathédrale  de  Saint-Etienne,  de  la  même  église  de  Notre-Dame  de  la 
Daurade,  de  celle  de  Saint-Sernin,  de  toutes  les  autres  églises  de  Toulouse, 
des  consuls  &  de  tout  le  peuple  de  cette  ville  &  du  faubourg,  de  ne  jamais 
clianger  la  monnoie  sepîène  de  Toulouse,  que  le  teu  comte,  son  père,  avoit 
établie  lorsqu'il  avoit  changé  celle  du  comte  Alfonse,  son  aïeul,  5t  de  ne 
jamais  rien  diminuer  de  son  poids  S<.  de  son  aloi.  Il  eut  sans  doute  beaucoup 
de  part  à  un  règlement  que  les  consuls  de  Toulouse  firent  avec  le  commun 
conseil  au  ^  mois  de  mars  de  la  même  année,  suivant  lequel  personne  ne 
pouvoit  être  accusé  d'hérésie  après  sa  mort,  à  moins  qu'il  n'en  eût  été  accusé 
pendant  sa  vie,  ou,  qu'étant  malade  il  ne  se  fût  donné  aux  hérétiques,  ou 
qu'enfin  il  ne  fût  décédé  entre  leurs  mains. 

Le  comte  de  Toulouse,  s'étant  rendu  ensuite  dans  son  comté  d'Agenois, 
confirma  dans  le  monastère  de  Saint-Etienne  d'Agen,  le  4  d'août  suivant, 
conjointement^  avec  le  prieur  St  les  religieux  de  Saint-Capraise  de  cette  ville, 
les  habitans  de  la  Salvetat,  en  Agenois,  dans  l'usage  des  coutumes  de  la  ville 
d'Agen.  L'acte  est  daté,  régnant  Raimond,  comte  de  Toulouse,  B.  étant 
évêque  d'Agen.  Ce  prieur  8<  ses  religieux  avoient  appelé,  deux  ans  aupara- 
vant, le  comte  en  pariage  pour  le  lieu  de  la  Salvetat. 

XVIII.  —  Le  pape  /ait  grâce  à  l'archevêque  de  Narhonne. 

i':d.oiij;i;i.  Cependant  Bérenger,  archevêque  de  Narbonne,  n'ayant  osé  ou  pu  entre- 
prendre le  voyage  de  Rome  pour  y  poursuivre  son  appel,  en  fit  ses  excuses 
au  pape  qui,  dans  sa"*  réponse  du  6  de  juin  de  l'an  i2o5,  lui  reproche  d'avoir 
interjeté  cet  appel  dans  la  vue  d'éluder  sa  condamnation.  Le  pape  ajoute  ; 
«  que  les  légats  ayant  jugé  à  propos  d'y  déférer,  lui  avoient  envoyé  leurs 
«  informations;  qu'il  avoit  attendu  son  arrivée,  mais  qu'au  lieu  de  compa- 

'  C.Ttel,  Histoire  Hes  comtes  de  Tolose,  p.  229  &  apostoliques    durent    (aire   procéder    à   une    nou- 

su!v.  — Voyez   tome  VIII,  c.   Ô40,  où    nous  pu-  velle  élection  canonique  (Potthast,  n.  25i6).  L'af- 

blions    cette   pièce;    il    faut   corriger    dans    notre  f^i ire  paraît  du  reste  ne  pas  avoir  eu  de  suites;  du 

texte,  la  date  de   1207  en   120,').  [A.  M.]  moins  le  Gallia  Christiana  &  après  lui  M.MabilIe 

'  Catel,  Histoire  des  comtes  de  Tolose.  —  Voyez  (t.  IV,  p.  Soy) ,  n'admettent  qu'un  seul  Raimond 

tome  VIII,  c.  5  i3  &  suiv.;  la  pièce  est  du  10  mars  évcque  d'Agde  de    1192   à   12|3,    Raimond   II   de 

1235,    &  plus  haut,    p.  235.  —   Peu   après  le  25  Montpellier.   [A.  M.] 

mai    i2o5,    le    pape    fit    procéder   contre    l'évèque  '  Archives  de  la  connétablie  de  Bordeaux. 

d'Agde,  Raimond;    il  chargea  de  cette   affaire  Mi-  ''  Innocent  III,  Epist.    160,  apiid  Manriquc,  ad 

chel,  archevêque  d'Arles,  &  les  abbés  de  V^almagne  ann.    i  2o5,  c.  4,  —  [La  lettre  est  du  zÇ  juin  i  25  j  ; 

&  de  Saint-Guillem   du   Désert.  Ces  commissaires  Potthast,  n.  2552. J 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXI.  289 

«  roître  en  personne  ou  d'envoyer  quelqu'un  en  son  nom  pour  le  poursuivre, 
«  il  s'étoit  contenté  de  s'excuser  par  un  envoyé  sur  ce  qu'il  n'avoit  pu  partir.  » 
Le  pape  lui  dit  ensuite  que,  suivant  la  rigueur  du  droit,  il  l'auroit  dû  juger 
conformément  aux  informations;  mais  que,  pour  lui  ôter  tout  prétexte  de 
murmurer,  il  vouloit  bien  encore  lui  accorder,  pour  se  présenter  en  per- 
sonne, un  délai  jusqu'à  la  Septuagésime  prochaine;  «  que  si,  continue  le 
«  pape,  vous  ne  pouvez  vous-même  faire  le  voyage,  soit  par  maladie,  soit  par 
((  vieillesse,  soit  pour  toute  autre  raison  légitime,  nous  ferons  décider  cette 
«  affaire  sur  les  lieux  par  des  commissaires  intelligens.  Du  reste  nous  renou- 
«  vêlons  l'ordre  que  nous  avons  déjà  donné,  de  vous  défaire  de  l'abbaye  de 
«  Montaragon.  »  Bérenger  possédoit  cette  abbaye,  située  en  Catalogne  8c 
possédée  par  des  chanoines  réguliers,  avant  son  élection  à  l'évêché  de  Lérida, 
d'où  il  avoit  passé  à  l'archevêché  de  Narbonne,  8<.  il  l'avoit  toujours  gardée 
.depuis.  Il  obéit  bientôt'  sur  cet  article;  6t  le  prince  Ferdinand,  frère  de 
Pierre  II,  roi  d'Aragon,  S<.  religieux  profès  de  l'abbaye  de  Poblet,  dans  l'ordre 
de  Citeaux,  en  fut  pourvu  à  sa  place.  Quant  à  l'archevêché  de  Narbonne,  le 
pape  eut  compassion  de  Bérenger,  Se  il  écrivit^,  l'année  suivante,  à  l'abbé* 
de  Cîteaux  &  à  ses  deux  collègues  de  le  laisser  en  paix  pour  les  crimes  dont 
il  avoit  été  convaincu,  parce  qu'il  vouloit  lui  donner  le  temps  de  Jàire  péni~ 
tence. 

XIX.  —  Voyage  du  rot  d'Aragon  à  Montpellier  ;  il  prend  le  château  de 
l'Escure  sur  les  hérétiques,  6-  promet  Sancie,  sa  fille,  en  mariage  à  Rai- 
mond,  fils  du  comte  de  Toulouse. 

Un  auteur^  qui  donne  mal  à  propos  le  nom  de  Bertrand  à  l'archevêque 
de  Narbonne  conjecture  que  le  pape  ne  lui  ordonna  de  se  détaire  de  l'ab- 
baye de  Montaragon  que  pour  seconder  les  vues  qu'avoit  Pierre,  roi  d'Aragon, 
de  la  faire  tomber  à  l'infant  Ferdinand,  son  frère.  Il  est  du  moins  certain 
qu'Innocent  fut  toujours  très-porté  à  faire  plaisir  à  ce  prince  depuis  qu'il 
l'eût  couronné  à  Rome,  au  mois  de  novembre  de  l'an  1204'*. 

Pierre,  à  son  retour  sur  les  côtes  de  Provence,  à  la  fin  de  la  même  année, 
trouva'  qu'AIfonse,  comte  de  Provence,  son  frère,  &  le  comte  de  Forcalquier 
avoient  rompu  la  paix,  8t  que  le  premier  étoit  demeuré  prisonnier  de  l'autre, 
qui  s'étoit  saisi  de  tous  ses  Etats.  Le  roi  d'Aragon  se  mit  aussitôt  en  état  de 
délivrer  par  la  force  le  comte,  son   frère,  de  sa  prison,  &  obligea  enfin  le 

'  Manriquc,  ad  ann.   iis/i,  c.  4.  faire   couronner  à   Saragosse  par  l'archevêque  de 

Innocent  III,  1.  9,  Epist.  68,  apud  Raynaldi,  Tarragone;  promesse  d'instituer   un  siège  épisco- 

ad  ann.   1206,  n.  27.  [Lettre  du  9  mai   1206;  Pot-  pal  dans  l'île  de  Majorque,  s'il  peut  la  conquérir; 

thast,  n.  2774,]  permission   de  posséder   les   terres  confisquées   sur 

'  Manrique,  Cistercienses  annales,  ad  ann.  120,'),  les  hérétiques  de  son    royaume;  le  pape  renouvela 

c.  4.  ce    dernier   privilège,    le    9  juin    1206   (Potthast, 

■*  Témoins  les  privilèges  qu'il   lui    concéda  par  n.  2799).  |A.  M.| 

quatre  bulles  du  16  juin    i2o3  (Potthast,  n°>  2543  ''  Gesta  comitum  Bareinonemium,  c,  2.f. 
à  2.';46);  permission  à  lui  &  à  ses  successeurs  de  se 


An  1203 


"T         r~    140  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXI. 

comte  de  Foicalquier  à  lui  donner  la  liberté,  à  lui  rendre  ses  domaines  Se  à 
renouveler  leur  traité  de  paix.  Il  alla  ensuite  à  Montpellier  où  il  promit' 
solennellement,  le  i"^  de  mars  de  l'an  i2o5,  aux^douze  consuls  de  cette  ville, 
tant  en  son  nom  qu'en  celui  de  la  reine  Marie,  sa  femme,  de  conserver  tou- 
jours sous  une  même  domination  &.  seigneurie  la  ville  de  Montpellier  Si 
tous  les  châteaux  qui  en  dépendoient,  qu'il  avoit  reçus  en  dot,  8c  de  n'en 
jamais  rien  aliéner,  avec  pouvoir  aux  mêmes  consuls  de  statuer  tout  ce  qui 
seroit  nécessaire  pour  le  gouvernement  de  la  ville.  Si  de  la  faire  murer  sous 
son  autorité  8<  celle  de  sa  cour,  81  avec  promesse  de  tenir  toujours  éloignés 
ceux  qu'il  avoit  exilés,  lorsqu'il  avoit  pris  possession  de  Montpellier.  Marie, 
sa  femme,  confirma  cette  concession  quatorze  jours  après,  au  château  de  Col- 
lioure,  en  Roussillon,  dans  la  chambre  de  la  reine  ii>  devant  le  seigneur-roi. 
lis  retournèrent  ensuite  à  Montpellier  81  ils  y  confirmèrent^,  le  i3  de  juin 
suivant,  les  statuts  &t  les  coutumes  de  la  ville  dont  on  fit  la  publication,  le 
même  jour,  dans  la  maison  des  consuls,  située  à  la  place  des  Herbes  {in  salaria 
Herbariae). 

'  Nous  inférons  que  le  roi  d'Aragon  s'étoit  mis  en  armes  quelque  temps 
auparavant,  8<.  qu'il  avoit  été  en  Albigeois  faire  la  guerre  aux  hérétiques,  d'une 
lettre^  qu'Innocent  III  écrivit,  le  5  de  juillet  de  cette  année,  à  ses  légats.  Ce 
pape  leur  mande,  en  effet,  »  de  donner  personnellement  en  fief,  à  Pierre, 
«  roi  d'Aragon,  le  château  de  VEscure  [Scurrae)  que  ce  prince  avoit  recouvré 
«  sur  les  hérétiques,  à  condition  que  comme  la  propriété  de  ce  château  appar- 
((  tenoità  saint  Pierre;  il  en  feroit  un  certain  cens  annuel  à  l'Eglise  romaine.» 
Éd.origin.  Qr  ce  château  n'est  pas  différent  de  celui  de  l'Escure,  au  diocèse  d'Albi,  dont 
les  seigneurs  se  uisoient  hommagers  du  pape. 

Le  roi  d'Aragon,  ayant  passé  les  Pyrénées,  se  rendit  à  Jacca'*,  où  il  étoitau 
commencement  du  mois  d'août  suivant;  il  revint  joindre  la  reine  à  Collioure, 
au  mois  de  septembre.  Cette  princesse,  en  reconnoissance  des  bienfaits  qu'elle 
en  avoit  reçus,  lui  fit  alors  donation^  entre-vifs,  tant  du  château  81  de  la  ville 
de  Montpellier  que  de  toutes  leurs  dépendances,  pour  en  jouir  en  commun 
pendant  leur  vie  &  passer  à  leurs  enfans  après  leur  mort,  avec  une  entière 
liberté  à  ce  prince  d'en  disposer  à  sa  volonté  si  elle  venoit  à  décéder  sans 
postérité. 

Marie,  reine  d'Aragon,  avoit  accouché  alors  ou  du  moins  elle  accoucha 
bientôt  après  d'une  fille,  nommée  Sancie,  que  le  roi  Pierre  promit  en  mariage*^, 
au  mois  d'octobre  suivant,  au  jeune  Raimond,  fils  du  comte  de  Toulouse, 
par  un  accord  qui  fut  passé  entre  eux  à  Florensac,  dans  le  diocèse  d'Agde. 
Par  cet  acte  ;  1°  Pierre  s'engage  de  donner  en  dot  à  sa  fille  la  ville  &  le 

'  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  LXXXI,  ce.  523,  ad  ann.    i  io5,   e.   3.  —  [La  lettre  est  du    |6  juin 

•ji6.  i2?5;  cf.  Potthast,  n.  2540. J 

'  Manuscrits  Je  Colhert,  n.  493,'î.  —  [Cf.  Teulet,  *  Zurita,   Anales   de  la    corona   ie  Aragen,  1.   2, 

,                    Layettes,  t.    1,  p-   288   &   suiv.   où   cette  pièce  est  c.  ^ii. 

publiée  d'après  la  plus  ancienne  copie  existante.]  '  D'Achéry,  Spic'tlegium,  t.  8,  p.  220  &  luiy. 

'  Innocent  UI,  1.  8,  Epiit.  97,  apiid  Maniique,  *  Ihid.  t.  8,  p.  222  &  suiv. 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXI. 


241 


An  i2oâ 


château  de  Montpellier,  le  château  d'Omelas  £<.  toutes  leurs  dépendances. 
2°  11  confirme  les  traités  St  les  sermens  conclus  entre  lui,  le  comte  de  Tou- 
louse &  le  comte  de  Provence,  son  frère.  3°  Il  promet  une  amitié  constante 
au  jeune  R.aimond,  qu'il  reçoit  en  sa  foi,  &  donne  pour  gage  de  sa  promesse 
le  lieu  de  Castelnau  avec  les  châteaux  de  Castries  8c  de  Montferrier,  sauf  le 
droit  que  le  comte  de  Toulouse  y  avoit  d'ailleurs  (en  qualité  de  comte  de 
Melgueil).  4°  Le  comte  promet  de  donner  en  mariage  son  fils  Raimond,  qu'il 
avoit  de  la  reine  Jeanne,  à  Sancie,  fille  de  Pierre,  roi  d'Aragon,  6*  de  Marie, 
sa  jemme,  &  dispose,  à  cause  de  ce  mariage,  du  duché  de  Narbonne  &  du 
comté  de  Toulouse,  de  leurs  dépendances 'S<  généralement  de  tout  ce  qu'il 
possédoit,  depuis  l'Hérault  jusqu'à  la  Gascogne,  en  faveur  de  son  fils.  5°  Il 
assigne,  pour  le  douaire  de  sa  future  belle-fille,  les  villes  de  Castelnaudary, 
Castelsarrasin,  Moissac  Se  Montauban  avec  leurs  dépendances.  6°  Il  renou- 
velle 5<.  confirme  les  accords  dont  il  étoit  convenu  avec  le  roi  d'Aragon  St  le 
comte  de  Provence.  7°  Il  s'engage,  supposé  que  son  fils  vînt  à  mourir  avant 
son  mariage  avec  Sancie  ou  après  l'avoir  épousée,  de  rendre  aussitôt  au  roi, 
son  père,  cette  princesse  qu'il  prit  par  conséquent  dès  lors  à  sa  cour  pour  la 
faire  élever.  8°  Il  promet  de  faire  ratifier  ces  conventions  par  son  fils  dès  que 
ce  jeune  prince  aura  atteint  l'âge  de  puberté.  9°  Il  assigne  pour  la  sûreté  de 
sa  promesse  les  châteaux  de  Montredon,  de  Cauvisson  Se  d'Aubays,  dont 
Elzéar  d'Aubays  avoit  la  garde.  10°  Enfin  le  roi  S<  le  comte  s'engagent  réci- 
proquement, par  serment  prêté  sur  les  saints  évangiles,  d'observer  tous  ces 
articles,  qui  furent  passés  en  présence  d'un  grand  nombre  de  seigneurs  des 
deux  cours,  entre  autres  de  Gaufred  de  Roquebertin,  Raimond  de  Montcade, 
Guillaume  de  Canet,  de  frère  Examen  de  la  Vate,  prieur  de  l'hôpital  de 
Saint-Gilles  Se  châtelain  d'Emposte,  de  Foulques,  commandeur  du  Mas- 
Dieu,  de  Bernard  d'.Anduze,  Bernard,  son  fils,  Raimond  de  Sauve,  Raimond 
d'Arsac,  Sec.  Cet  accord  n'eut  pas  son  exécution,  parce  que  Sancie  mourut' 
en  enfance*.  L/C  roi  d'Aragon  fit  un  voyage  à  Montpellier,  au  commencement 
de  l'année  suivante.  Se  il  y  co.nfinna'  alors  la  fondation  du  monastère  de 
Langogne,  en  Gévaudan. 


■  Tome  vu,  Soie  XXXV,  n.  i,  pp.  io3.  104. 

'  Ce  contrat  de  m.Triage  fut  conclu  pnr  Pierre 
d'Aragon,  au  mépris  des  droits  de  sa  femme  &  des 
promesses  que  lui-mcme  lui  avait  faites  par  l'acte 
de  septembre  127"),  que  dom  Vaisseie  an..ly$e  plus 
haut,  acte  antérieur  à  la  naissance  de  Sancie,  8c 
rédigé  alors  qu'on  ignorait  quel  serait  le  sexe  de 
l'enfant  que  la  reine  allait  mettre  au  monde. 
Aussi  chercha-t-il  à  faire  ratifier  à  Marie  de 
Montpellier  cet  acte  qui  la  fraudait  de  ses  droits 
en  disposant  de  son  vivant  d'une  partie  de  la  sei- 
gneurie de  Montpellier.  La  reine  était  alors  à 
Collioure,  en  Roussillon;  son  mari  alla  l'y  trou- 
ver 8c  essaya  de  lui  arracher  son  approbation  ;  la 
luiîs   fut    long.ie;    Mari;    de    Montpellier   paraît 


avoir  résisté  avec  énergie.  Elle  ne  céda  qu'après 
avoir  pris  conseil  des  prud'hommes  de  Montpel- 
lier, 8(  sur  la  menace  que  lui  fît  le  roi  de  l'aban- 
donner, elle  8c  sa  seigneurie,  sans  jamais  lui  prê- 
ter aucun  secours.  Elle  céda  alors;  mais  de  l'avis 
des  légistes  qui  l'entouraient  elle  fit  une  protesta- 
tion secrète,  qui  nous  est  parvenue  8c  qui  nous 
fournit  tous  ces  détails.  Cet  acte,  qui  doit  être 
d'octobre  ou  de  novembre  1206,  a  été  publié  par 
M.  Germain  dans  les  Mémoires  de  la  Société  ar- 
chéologique de  Montpellier,  année  1860,  d'après 
l'original  conservé  aujourd'hui  à  la  Bibliothèque 
nationale.  On  le  trouvera  au  tome  VIII  de  la  pré- 
sente édition,  ce.  5i53,  53^.  [A.  M.] 

5  Voyez  tome  V,  Chartes,    n.  CXXXIH,   c.  33c-. 


VI. 


>6 


"777Iir~    -42  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC    LIV.  XXI. 

XX.  —  Les  légats  déposent  l'évêque  de  Viviers, 

Les  deux  légats,  Pierre  de  Castelnau  St  Raoul,  après  avoir  déposé  révêcjue 
de  Toulouse,  se  rendirent  vers  le  Rhône  &  dans  les  provinces  de  Vienne  5c 
d'Arles.  Le  premier  étoit,  en  '  effet,  dans  le  diocèse  d'Uzès  au  mois  de  juillet 
de  l'an  i2o5,  &  on  assure^  qu'il  tint,  la  même  année,  un  concile  à  Arles, 
où  il  fit  dresser  des  statuts  pour  le  gouvernement  de  l'église  de  cette  ville.  Ms 
travaillèrent^  de  concert,  vers  la  fin  de  la  même  année,  à  la  réformation  de 
l'église  de  Viviers,  tant  dans  le  chef  que  dans  les  membres,  &  obligèrent 
l'évêque  St  tous  les  ecclésiastiques  à  leur  promettre,  par  serment,  de  leur  dire 
la  vérité  sur  tous  les  excès  qu'ils  avoient  commis.  Pendant  l'information, 
quelques  chanoines  accusèrent  ce  prélat  de  diverses  choses  très-graves,  &  on 
trouva  qu'il  étoit,  en  effet,  coupable  de  la  plupart,  tant  par  sa  propre  con- 
fession que  par  la  déposition  des  témoins.  L'archevêque  de  Vienne,  métro- 
politain du  pays,  informé  de  la   procédure,  se  rendit  aussitôt  à  Viviers  8c 

t.  lu "p'^Hs.  supplia  instamment  les  légats  de  ne  pas  le  déposer  juridiquement,  &  de  se 
contenter  de  sa  démission  volontaire,  parce  qu'étant  d'une  grande  naissance 
&  fort  accrédité,  il  pourroit  faire  traîner  l'affaire  en  longueur,  ce  qui  tourne- 
roit  au  préjudice  de  l'église  de  Viviers.  Enfin  l'évêque  de  Viviers  se  détermina 
à  donner  sa  démission,  &-  ne  se  réserva  que  l'office  d'évèque.  Les  chanoines 
s'assemblèrent  ensuite  pour  procéder  à  l'élection  de  son  successeur;  mais  les 
légats  leur  défendirent  de  passer  outre  jusqu'à  ce  que  le  pape  eût  confirmé 
la  démission.   Innocent  III   écrivit   en  conséquence,   le   20  de   janvier"*  de 

~T  7~  l'an  1206,  au  chapitre  de  Viviers  une  lettre  dans  laquelle  il  rapporte  ce  que 
nous  venons  de  dire  &c  approuve  la  conduite  des  légats  «  qui  ont  agi,  dit-il, 
«  en  cela  avec  prudence,  parce  qu'un  évêque  ne  peut  faire  démission  de  son 
«  évêché  sans  la  permission  du  Saint-Siège.  »  Le  pape,  après  avoir  confirmé 
celle  de  l'évêque  de  Viviers,  permet  au  chapitre  d'élire  un  nouvel  évêque  en 
présence  des  légats,  dans  le  terme  de  huit  jours,  lesquels  étant  passés,  il 
ordonne  aux  légats  de  nommer  un  évêque  par  l'autorité  apostolique.  Il  y  a 
une  lacune  dans  les  catalogues''  que  nous  avons  des  évêques  de  Viviers, 
depuis  l'an  1202  jusqu'en  1206.  Ainsi  nous  ignorons  le  nom  de  celui  qui  se 
démit  de  cet  évêché  vers  la  fin  de  l'an  i2o5.  Il  est  cependant  fort  vraisem- 
blable qu'il  n'est  pas  différent  de  Nicolas,  qui  occupa  certainement  ce  siège 
depuis  l'an  1177  jusqu'en  1202,  &  que  Bernon  ou  Burnon,  qui  lui  avoit 
déjà  succédé  en  1206,  fut  élu  en  sa  place^. 

■  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  XXXII,  c.  5r  i.  '  GalUa  Chnstiana.  —  Coliimbi,  De  episcopis  Vi- 

'  Gain  a  Christiana,  nov.  éd.  t.   i,  p.   i65.  variensiius. 

'  Innocent  III,   1.  8,  Epist.  209,  apud  Manri-  ^  Bernon  était  déjà  évêque  le  5  novembre  12- "1, 

que,  ad  ann.   i2o5.  c.  2.  date  d'une  concession   personnelle  d'Innocent  III 

*  Innocent  III,  apud  Manrique,    ut  supra.  —  en  sa  faveur.  (^Potthast,  n.  2604.)  [A.  M.] 
[Pottliast,  n.  2j3o  ;  la  lettre  est  du  20  janvier  1  2o5 
&  non   I  206.] 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXÎ.  243   ~ T 

"  An  I20Û 

XXI.  —  Election  de  Foulques  de  Marseille ,  poëte  provençal,  à  l'évêché 

de  Toulouse. 

Pierre  de  Casteinau  tomba  malade  dans  le  temps  qu'il  vaquoit  à  l'exer- 
cice de  sa  légation  dans  la  province  de  Vienne.  Il  apprit  alors'  avec  une  joie 
extrême  que  le  chapitre  de  la  cathédrale  de  Toulouse  avoit  élu  enfin  un 
successeur  à  Raimond  de  Rabastens  S<  qu'il  avoit  choisi  Foulques,  abbé  du 
monastère  de  Florége  ou  du  Toronet,  au  diocèse  de  Fréjus,  en  Provence,  de 
ro^re  de  Cîteaux. 

Foulques  étoit  fils  d'Alfonse,  riche  marchand  de  Gênes,  établi  à  Marseille, 
ce  qui  lui  fit  donner  le  nom  de  Foulquet  de  Marseille.  Suivant  sa  Vie,  écrite 
parmi  celles^  des  anciens  poètes  provençaux,  il  cultiva  dès  sa  jeunesse  la 
poésie  vulgaire,  dans  laquelle  il  se  distingua  beaucoup.  Après  la  mort  de  son 
père,  qui  lui  laissa  de  grands  biens,  il  fréquenta  les  cours  de  divers  princes, 
protecteurs  des  poètes  provençaux,  entre  autres  celles  de  Richard,  roi  d'An- 
gleterre, 6-  du  bon  Raimond,  comte  de  Toulouse.  Il  s'attacha  surtout  à  celle 
de  Piarral,  vicomte  de  Marseille,  son  seigneur,  où  il  fit  plusieurs  chansons  ou 
poésies  en  l'honneur  d'Adélaïde  de  Roquemartine,  femme  de  ce  vicomte,  dont 
il  devint  amoureux.  Il  témoigna  aussi  beaucoup  d'amitié  aux  deux  sœurs  du 
vicomte  de  Marseille,  nommées  l'une  Laure  de  Sanjorlan,  8i  l'autre  Mabilie 
de  Pontevez.  Alfonse,  roi  de  Castille,  l'honora  de  sa  protection,  &  lorsque  ce 
prince  eut  été  défait  à  Calatrava  par  les  Sarrasins  8<.  qu'il  eut  envoyé  demander 
du  secours  au  pape,  aux  rois  de  France,  d'Angleterre  &  d'Aragon,  8i  au  comte 
de  Toulouse;  Foulques  se  donna  beaucoup  de  mouvemens  pour  lui  en  pro- 
curer auprès  des  barons  du  pays.  La  vicomtesse  de  Marseille,  qui  étoit  une 
dame  très-vertueuse,  ennuyée  des  amours  Sa.  des  vers  de  Foulques,  lui  avant 
donné  ordre  de  se  retirer  de  sa  cour,  il  en  fut  au  désespoir;  il  alla  chercher 
quelque  consolation  auprès  de  l'impératrice,  fille  de  l'empereur  Emmanuel  &■ 
femme  de  Guillaume  de  Montpellier ^  princesse  qu'on  qualifie  de  chef  ^  guide 
de  toute  valeur,  de  toute  courtoisie  &-  de  tout  enseignement.  Elle  agréa  ses 
services  &  le  pria  de  faire  des  chansons  pour  elle,  ce  qu'il  accepta  volontiers. 
La  mort  de  la  vicomtesse  de  Marseille,  de  Barrai,  son  époux,  de  Richard,  roi 
d'Angleterre,  du  bon  comte  Raimond  de  Toulouse  &  d'Alfonse  II,  roi  d'Ara- 
gon, lui  causèrent  tant  de  chagrin  que,  dégoûté  du  monde,  il  se  fit  religieux 
de  l'ordre  de  Cîteaux  avec  deux  de  ses  fils,  &  fut  élu  bientôt  après  abbé  du 
Toronet;  sa  femme  se  fit  en  même  temps  religieuse  de  cet  ordre.  On  trouve 
ces  circonstances  de  la  vie  de  Foulques  de  Marseille,  avant  son  élection  à 
l'épiscopat,  dans  deux  anciens  manuscrits  de  la  Bibliothèque  du  roi,  d'où  l'on 
doit  conclure  qu'il  ne  se  retira  au  plus  tôt  dans  le  cloître  que  l'an  119g, 
puisque  Pv.ichard,  roi  d'Angleterre,  mourut  cette  année.  On  trouve  dix-neuf 

■  Ciiillclintis  de  Poelio  L.niirentii,  c.   ii.  '  Mss.   de  la    Bibliothèque   du   roi,  n"'  722O  & 

7698. 


"77T77~   -44  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXI. 

de  ses  chansons'  dans  ces  manuscrits.  Elles  sont  adressées  la  plupart  à  une 
i.'m,°".^'43.  dame,  nommée  Nasimans,  qui  est  sans  doute  le  nom  poétique  qu'il  donnoit 
à  sa  maîtresse  ou  à  la  vicomtesse  de  Marseille,  suivant  l'usage  de  ses  sem- 
blables. Le  Moine  de  Montaudon,  poëte  provençal  qui  vivoit  vers  la  fin  du 
douzième  siècle  &  au  commencement  du  suivant,  8c  qui,  dans  une  de  ses 
chansons^,  parle  des  plus  célèbres  troubadours  de  son  temps  ou  de  ceux  qui 
l'avoient  précédé,  met  Foulques  de  Marseille  au  douzième  rang.  Voici  le 
couplet  qui  le  regarde,  que  nous  rapporterons  dans  sa  langue  originale  : 

E  la  do-:^ens  sera  Folquets, 
De  Marseïlla  uns  mercaders, 
Que  a  faits  un  fol  sagramen, 
Çuant  j'uret  que  chansos  no  jets  ; 
Et  ani  dison  que  Jb  pervers f 
Çu'el  parjuret  à  son  escien. 

Plusieurs  auteurs^'  parlent  de  Folquet  de  Marseille  Se  de  sa  conversion  après 
avoir  été  jongleur.  Jean  de  Nostradamus'*  a  écrit  sa  vie  parmi  celles  des 
poètes  provençaux  qu'il  a  données;  mais  il  se  trompe  sur  quelques  articles, 
entre  autres  lorsqu'il  assure  qu'fZ  fut  d'abord  érêque  de  Marseille  &  ensuite 
archevêque  de  Toulouse.  Il  ajoute  qu'il  était  beau  de  sa  personne,  plaisant 
£•  libéral.  On'"'  prétend  qu'il  étoit  profès  de  l'abbaye  de  Grandselve;  mais  il 
n'y  en  a  aucune  preuve.  Nous  avons  cru  devoir  entrer  dans  ce  détail  pour 
faire  connoître  ce  prélat  qui  joua  un  grand  rôle  dans  l'affaire  des  albigeois. 
Pierre  de  Castelnavi  8^  Raoul,  son  collègue,  confirmèrent  l'élection  de<^ 
Foulques  &  le  firent  sacrer  par  l'archevêque  d'Arles.  L'archevêque  de  Nar- 
bonne,  métropolitain  de  Toulouse,  contre  les  droits  duquel  se  fit  cette  consé- 
cration, en  porta  ses  plaintes  à  Innocent  III  ;  mais  ce  pape  ne  lui  répondit 
pas  directement  &C  se  contenta  d'écrire  un  bref,  le  ii  de  mai  de  l'an  1206, 
au  chapitre  de  Narbonne,  pour  marquer  que  ce  sacre  s'étoit  fait  sans  préju- 
dice de  la  soiimission  que  l'église  de  Toulouse  devoit  à  celle  de  Narbonne^. 
Foulques  vint  ensuite  à  Toulouse,  où  il  prit  possession ^  de  son  église,  le 
dimanche  5  de  février  de  l'an  120J  (1206)  £v  prêcha  ce  jour-là  sur  l'évangile 
de  la  semence,  qui  étoit  celui  du  jour.  Il  trouva  l'évêché  de  Toulouse  extrê- 
mement endetté;  Raimond  de  Pv.abastens,  son  prédécesseur,  en  avoit  engagé 
la  plupart  des  domaines,  tant  pour  soutenir  divers  procès  que  pour  faire  la 
guerre  à  Raimond-Fort  de  Beaupuy,  son  vassal.  Il  y  avoit  alors  d'ailleurs, 
dit-on,  un  si  grand  nombre  d'ariens,  de  manichéens,  d'hérétiques  6*  de  rau~ 

'  Calel,   Mémoires   tic    l'histoire   du    Langue.hc,  '  Vincent  de  Bc.niivais,  vt  supra. 

p.  891.  ''  Baluze,  Miscelhneu,  t.  6,  p.  ^3/. 

'  Jiid.  '  La  bulle   est  adressée   directement  à  l'archevê- 

^  Vincent  de  Beauvais,  ipfcuZum  Morale,  part,  "i,  que  &  au  chapitre  de  Narbonne  (Voyez  Potthast, 

tit.  3.  —  Pétrarque,  Triomfo  d'amore,  c.  4.  n.  2778).  [A.  M.] 

■•  Nostradaraiis,  Poites  provençaux,  p.  53  &  suIt,  '  Giiillelmiis  de  Podio  Lniirentii,  c.  6. 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXl.  240  — T* 

I  An  1200 

dois  dans  cette  ville,  que  Foulques  n'osoit  se  montrer  &  envoyer  sans  escorte 
à  l'abreuvoir  public  quatre  mulets  qu'il  avoit  amenés  avec  lui.  Le  comte  de 
Toulouse  reconnut  cependant  ce  prélat  aussitôt  après  son  élection,  quoique 
Raimond  de  Rabastens  lui  fût  très-attaché;  car  nous  avons'  une  donation 
taite  par  ce  prince  à  l'abbaye  de  Grandselve,  le  vendredi  24  de  Jévrïer  i2o5 
(1206),  Philippe  étant  roi  de  France,  Raimond  comte,  6*  Foulques  évêque 
de  Toulouse.  Raimond  fit  bientôt  après  un  voyage  du  côté  du  Rhône,  &  on 
assure-  qu'il  iit  hommage,  le  ig  de  mars  suivant,  à  Michel,  archevêque 
d'Arles,  pour  les  terres  qu'il  tenoit  de  son  église. 

XXII.  —  L'évèque  d'Osma  6*  saint  Dominique  se  joignent  aux  légats 
pour  faire  la  mission  contre  les  hérétiques. 

L'abbé  de  Cîteaux,  frère  Pierre  de  Castelnau  8t  frère  Raoul  se  rendirent 
de  leur  côté  à  Montpellier.  Ils  étoient  dans  cette  ville-'  lorsque  Diego  d'Azebez, 
évêque  d'Osma,  en  Espagne,  S\  saint  Domini([ue,  son  compagnon  &.  sous- 
prieur  de  son  église,  y  arrivèrent  de  Rome,  vers  le  mois  de  juillet  1206. 
L'évèque  d'Osma  avoit  prié  le  pape  de  lui  permettre  de  se  démettre  de  son 
évêché  dans  le  dessein  d'aller  prêcher  l'Evangile  aux  infidèles;  mais,  n'ayant 
pu  obtenir  cette  permission,  il  retournoit  dans  son  diocèse.  Il  trouva  les  trois 
légats  résolus  d'abandonner  entièrement  leur  ministère,  à  cause  que  les  héré- 
tiques leur  reprochoient  sans  cesse  la  vie  scandaleuse  des  ecclésiastiques,  & 
que,  n'ayant  rien  à  répondre  là-dessus,  cela  les  empêchoit  de  faire  aucun 
fruit.  L'évoque  d'Osma  les  encouragea  à  continuer  leur  mission.  Si,  pour  la 
faire  d'une  manière  plus  utile,  il  leur  proposa  d'aller  à  pied  8t  de  ne  porter, 
comme  les  apôtres,  ni  or  ni  argent.  Les  légats  s'excusèrent  d'embrasser  cette 
manière  de  vie,  de  crainte  qu'elle  ne  passât  pour  une  nouveauté.  Ils  con- 
vinrent cependant  que  si  quelqu'un  leur  en  donnoit  l'exemple,  ils  le  sui-  t.'i1i°p!'^i'n. 
vroient  volontiers.  Ce  prélat  leur  déclara  alors  qu'il  se  mettroit  lui-même  à 
leur  tête,  &< ,  ayant  renvoyé  tous  ses  domestiques,  il  ne  retint  ((ue  saint 
Dominique.  Ils  s'associèrent  tous  deux  avec  frère  Pierre  de  Castelnau  &  frère 
Raoul;  car  l'abbé  de  Citeaux  fut  obligé  de  partir  pour  aller  tenir  le  chapitre 
général  de  son  ordre.  Cet  abbé  promit  en  partant  aux  quatre  missionnaires 
de  les  rejoindre  bientôt  8<  d'amener  avec  lui  plusieurs  abbés  Se  religieux  de 
son  ordre  pour  les  aider  dans  leurs  courses  apostoliques. 

Nos  missioniiaires  sortirent  ensuite  nu-pieds  de  Montpellier  Si  se  rendirent 
dans  le  Toulousain  où  ils  parcoururent  plusieurs  villes  S<  châteaux  ([ui 
avoient  embrassé  l'erreur.  Ils  prêclièi»ent  d'abord  dans  celui  de  Verfeil  Se  fer- 
mèrent la  bouche  à  deux  fameux  hérétiques  avec  lesquels  ils  eurent  une  dis- 
pute réglée.  Ils  passèrent  ensuite  à  Caraman,  dans  le  Lauragais,  où  il  v  avoit 
un  grand  nombre  de  sectaires.  Ils  y  demeurèrent  huit  jours  &  disputèrent 

'  Archives  de  l'iibbnye  de  Grandselve.  Podio   Liiiremii,  c.   8  &  siiiv.  —  Trivet,   Chroiii- 

'  Gallia  Chriitiana,  nov.  cd.  t.   i ,  p.  ')6.'>.  con,  —  Voyez  tome  VU,  Noîc  XV,  pp.  .jj,  ^^. 

'  Pierre  de  Vaux-Cernay,  c.  j.  —  Cuiltelmtis  de 


An  1206 


246  HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXI. 

vivement  contre  deux  chefs  des  hérétiques  des  plus  accrédités  ;  l'un  étoit 
Guillaume,  chanoine  de  Nevers,  dont  on  a  déjà  parlé  :  ils  les  confondirent, 
mais  ils  ne  les  convertirent  pas,  &  il  n'y  eut  que  le  peuple  de  Caraman  qui, 
fidèle  à  la  grâce,  renonça  à  l'erreur  sans  oser  cependant  chasser  les  deux 
hérésiarques,  parce  que  le  seigneur  du  château  les  protégeoit.  Ces  habitans 
firent  toutefois  beaucoup  d'accueil  aux  missionnaires  qu'ils  reconduisirent 
par  honneur  à  leur  départ  une  lieue  loin. 

De  Caraman  l'évêque  d'Osma  &  ses  trois  associés  allèrent  k  Béziers,  où  ils 
demeurèrent  pendant  quinze  jours.  Ils  confirmèrent  dans  la  foi  les  catho- 
liques qui  se  trouvoient  dans  cette  ville  &  convainquirent  d'erreur  les  sec- 
taires. Ce  prélat  Se  frère  Raoul  conseillèrent  alors  à  frère  Pierre  de  Castelnau 
de  se  retirer,  de  crainte  que  les  hérétiques,  qui  avoient  conçu  contre  lui  une 
haine  extrême,  ne  le  fissent  mourir.  Frère  Pierre  retourna  à  Montpellier  où 
il  fut  un  des  arbitres  de  la  paix  qui  fut  conclue,  au  mois  d'octobre  de  cette 
année,  entre  les  habitans  de  cette  ville  &  le  roi  d'Aragon  5  ce  qu'il  faut 
reprendre  de  plus  haut. 

XXIII.  —  Guerre  entre  le  roi  d'Aragon  &  les  habitans  de  Montpellier. 

Pierre,  roi  d'Aragon,  étoit  un  prince  magnifique  qui  aimoit  extrêmement 
l'éclat  &  à  qui  rien  ne  coùtoit.  Pour  subvenir'  à  ses  grandes  dépenses,  il 
mit  des  impôts  extraordinaires  sur  ses  sujets  d'Aragon  8c  de  Catalogne,  ik 
emprunta  des  habitans  de  la  ville  &  de  la  baronnie  de  Montpellier  la  somme 
de  cent  soixante-quinze  mille  sols  melgoriens  pour  laquelle  il  leur  engagea 
le  château  &  les  revenus  de  cette  ville,  le  château  de  Lates  &  plusieurs  autres 
domaines  des  environs.  Un  historien^  du  diocèse  fait  monter  cet.  emprunt 
jusqu'à  la  somme  de  huit  cent  mille  sols  melgoriens.  Si  prétend  que  les 
habitans  la  prêtèrent  à  ce  prince  à  son  retour  de  Rome  pour  se  mettre  en 
état  de  soutenir  la  guerre  en  Provence  en  faveur  du  comte  Alfonse,  son  frère, 
contre  le  comte  de  Forcalquier;  mais  il  se  trompe^  pour  la  quantité  de  la 
somme.  Cet  engagement  &  le  peu  d'égard,  qu'on**  assure,  qu'eut  le  roi 
d'Aragon  pour  les  coutumes  &  les  immunités  de  la  ville  de  Montpellier,  qu'il 
avoit  fait  cependant  serment  d'observer,  donnèrent  occasion^  à  plusieurs  diffé- 
rends qui  s'élevèrent  entre  ce  prince  81  les  habitans,  81  à  une  sanglante 
guerre  qui  en  fut  la  suite;  mais  dont  on  ne  marque  pas  les  circonstances.  Il 
paroît  seulement  que  le  peuple  de*^  Montpellier  rasa  le  château  seigneurial 
de  cette  ville  81  combla  les  fossés  qui  l'environnoient.  On  ajoute ^  que  le  roi 
fut  contraint  de  sortir  de  la  ville  &  de  se  réfugier  au  château  de  Lates;  que 
ceux  de  Montpellier  l'y  poursuivirent  &  qu'ils  forcèrent  ce  château  &  le 

■  Ziirita,  Anales  de  la  corona   ie  Aragon,  1.   2,  "■  Tome  VIII,  Chartes,  n.  LXXXIV,  ce.  534,  538. 

C.  52.  ^  Gesta  comitum  Barctnonensium,  c.  24, 

'  Gariel,  Séries  praesulum  Magalonensium,f.  in'i  *  Voyez  tome  VIII,  ut  supra. 

81  suiv.  ^  Gàx\i\,  Séries  praesulum  Magalonens'tum,f .  i-jZ 

'  Gariel,  ut  supra,  &  suiv. 


An  I  20Û 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXI.  247 

mirent  au  pillage,  après  avoir  obligé  ce  prince  à  l'abandonner.  Il  est  certain 
du  moins  que,  dans  cette'  occasion,  les  habitans  de  Montpellier  ruinèrent  ou 
brûlèrent  le  château  de  Lates  St  qu'ils  y  tuèrent  beaucoup  de  monde. 

XXIV.  —  La  paix  est  faite  entre  le  roi  d'Aragon  6"  les  habitans 

de  Montpellier. 

Cette  guerre  intestine  duroit^  déjà  depuis  quelque  temps  8c  causoit  la 
désolation  de  tout  le  pays,  lorsque  Guillaume  d'Autignac,  évêque  de  Mague- 
lonne,  s'entremit  pour  y  rétablir  la  paix;  &  le  roi  d'Aragon  St  ses  diocésains 
voulurent  bien  s'en  rapporter  à  sa  décision.  Ce  prélat  assembla  à  Villeneuve, 
sur  l'étang  de  Maguelonne,  à  deux  lieues  de  Montpellier,  l'archevêque  d'Arles, 
les  évêaues  de  Nimes,  de  Béziers  &  de  Lodève,  frère  Pierre  de  Castelnau,  Éd. oiigin. 
légat  du  Saint-Siège,  les  abbés  de  Saint-Guillem,  de  Valmagne  &  de  Saint- 
Frodille,  plusieurs  autres  ecclésiastiques  Si  divers  avocats;  6c  là,  de  leur  avis, 
il  régla,  le  27  d'octobre  de  l'an  1206,  les  articles  suivans,  en  présence  du  roi 
d'Aragon  Se  du  syndic  de  Montpellier  qui  les  acceptèrent  :  1°  Ce  prince  Se  la 
reine  Marie,  sa  temme,  pardonnent  aux  habitans  de  cette  ville  toutes  les 
injures  qu'ils  en  avoient  reçues,  Se  promettent  de  les  rétablir  dans  leur  amitié. 
2°  L'engagement  du  château  8c  des  revenus  de  Montpellier  8c  du  château  de 
Lates,  qui  avoit  été  fait  pour  la  somme  de  cent  soixante  8c  quinze  mille  sols 
melgoriens  subsistera  jusqu'à  ce  qu'il  soit  acquitté.  3°  Le  roi  promet  de 
restituer  aux  habitans  de  Montpellier  tout  ce  qu'il  leur  avoit  enlevé.  4°  Les 
prisonniers  faits  de  part  8c  d'autres  seront  rendus  8c  en  particulier  ceux  qui 
ont  été  emmenés  dans  les  terres  de  Rostaing  de  Sabran.  5°  Le  roi  Se  la  reine 
d'Aragon,  pour  donner  des  preuves  de  leur  bonne  foi,  remettent  à  la  garde 
de  l'évèque  de  Maguelonne  les  châteaux  de  Lates  8c  d'Omelas,  8c  les  autres 
domaines  qui  avoient  été  engagés,  jusqu'après  Uentier  remboursement.  6°  Les 
habitans  de  Montpellier  sont  condamnés  de  payer  au  roi  Se  à  la  reine  qua- 
rante mille  sols  en  dédommagement  du  château  de  Montpellier  qu'ils  avoient 
détruit.  1°  L'évèque  de  Maguelonne  renvoie  au  pape  la  dispense  que  le  roi 
demandoit  du  serment  qu'il  avoit  fait  contre  les  exilés  de  Montpellier,  parce 
que,  ajoute  ce  prélat,  nous  ne  croyons  pas  pouvoir  permettre  avec  sûreté  de 
contrevenir  à  un  serment.  8°  Enfin  tous  les  évêques  qui  étoient  présens  décla- 
rent excommuniés  ceux  qui  enfreindront  ces  articles.  L'accord  fut  passé  en 
présence  des  évêques  de  Vie  Se  d'Agde,  des  abbés  de  Psalmodi  Se  de  Lodève,  8ec. 
Le  roi  d'Aragon  promit  par  serment,  en  même  temps,  par  un  acte  particu- 
lier, de  ne  pas  entrer  dans  Montpellier,  ni  dans  aucun  autre  des  lieux  (ju'il 
avoit  engagés  à  la  communauté  de  cette  ville,  jusqu'à  ce  qu'il   eût  cntiè- 

'  Innocent  III,  1.    16,  Epist.   ;3.  —  [Potthasf,  analyser,   fut  compUtée,  le  6  août  1207,  par  une 

n.  ^697.]  nouvelle  concession  de  Marie  de  Montpellier,  qui 

'  Voyez  tome  V'III,  Kt  îupru.  —  Sur  cette  affaire,  s'engagea    à    ne  jamais    reconstruire    de    forteress» 

cf.  Germain,   Histoire  de  Montpellier,   t.  i,  p.  40  dan»  la  rille.  [A.  M.] 
&  tulv.  La   charte  d'accord,  que  dom  Vaissete  va 

I 


A„  ,^„(i       ^8  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXI. 

rement  satisfait  au  prix  de  l'engagement.  Le  pape  confirma  '  ce  traité, 
le  i3  d'avril  suivant,  &  la  paix  tut  ainsi  rétablie,  du  moins  pour  quelque 
temps,  entre  le  roi  d'Aragon  &  les  habitans  de  Montpellier, 

XXV.  —  Le  roi  d'Aragon  cherche  à  répudier  la  reine  Marie  de  Montpellier, 

sa  Jèmme. 

Ces  troubles*  Se  l'inconstance  naturelle  du  roi  d'Aragon  le  dégoûtèrent 
extrêmement  de  la  reine  Marie,  son  épouse,  qu'il  chercha  à  répudier.  Dans 
l'espérance  de  réussir,  il  fit  négocier  son  mariage  avec  Marie,  héritière  du 
royaume  de  Jérusalem,  &  il  y  eut  là-dessus  des  articles  passés  à  Acre,  le  21  de 
septembre  de  l'an  1206.  11  s'adressa  cependant  au  pape  Innocent  HP,  qu'il  se 
flattoit  de  gagner.  Il  lui  exposa  qu'il  avoit  un  grand  scrupule  d'avoir  épousé 
la  reine  sa  femme,  parce  que  le  comte  de  Comminges,  son  premier  mari, 
vivoit  encore  Se  que,  de  son  côté,  il  avoit  eu  commerce  avant  son  mariage 
avec  une  proche  parente  de  cette  princesse.  Sur  cet  exposé,  il  demanda  des 
commissaires  pour  examiner  la  vérité  des  faits  :  le  pape  nomma  l'évêque  de 
Pampelune  avec  irère  Pierre  de  Castelnau  &  frère  Raoul,  religieux  de  Font- 
froide  8c  légats  du  Saint-Siège ,  lesquels  citèrent  les  parties  devant  eux. 
Hugues  de  Torroja,  parent  du  roi  d'Aragon,  comparut  au  nom  de  ce  prince 
St  requit  la  cassation  du  mariage.  La  reine,  de  son  côté,  demanda  un  délai 
pour  se  défendre,  6<  l'affaire  traîna  en  longueur. 

XXVL  —  Paix  entre  les  comtes  de  Foix  £•  d'Urgel. 


An  1207 


Le  roi  d'Aragon  moyenna  la  paix,  au  mois  de  mars  cle  l'année  suivante, 
entre  le  comte  de  Foix  8c  le  comte  d'Urgel,  qui  étoient  depuis  longtemps  en 
guerre  :  le  comte  de  Foix  6<  le  vicomte  de  Castelbon,  son  allié,  que  le  comte 
d'Urgel **  avoit  fait  prisonniers,  étant  sortis  de  prison,  ils  convinrent,  le  17  de 
mars  de  l'an  1:07,  des  articles  suivans  par  la  médiation  8<  en  la  présence^ 
de  ce  prince  :  1°  Raimond-Roger,  par  la  grâce  de  Dieu  comte  de  Foix, 
Roger- Bernard,  son  fils,  Se  Ermengaud, /;rtr  la  grâce  de  Dieu  comte  d'Urgel, 
se  pardonnèrent  mutuellement  tout  le  mal  qu'ils  s'étoient  fait  &  promirent, 
par  serment,  d'être  amis  dans  la  suite  &t  de  s'entr'aider  envers  tous  8c  contre 
tous.  2°  Le  comte  d'Urgel,  pour  marque  de  son  amitié,  donna  en  fief  au 
comte  de  Foix  8c  à  son  fils  deux  mille  sols  melgoriens  de  rente  sur  ses 
domaines.  Il  promit  en  même  temps  ^  de  donner  en  mariage  à  Arnaud, 
vicomte  de  Castelbon,  Elisabeth  de  Cardone,  sa  nièce,  avec  dix  mille  sols  de 

'  G3ne\,  Scries  praesulum  Ma^.'lonensium , -p,  i-jy  ^  Voyez  plus  haut ,    1.    XX,    n.   L\iv,    pp.   19-, 

&  suiv.  —  [Potihast,  n.  3084. ]  lyS. 

'  Gcsta  comitum  Barcinonciisium,  c,  24.  —  Voir  '  Voyez  to:neVIIÎ,  Chartes,  n.  LXXXIV,  ce.  5,13, 

Zuntn,  Anales,  1.  2.  540, 

'  Innocent  III,   1.   lo,  Epllt.  221.  —  [Potthast,  "Martène,  Vctcrum  SS.  amplissinis  colUctio,  t.  1, 

n.    2814;    lettre   du     17    juirt    1206.    A'oyez   aussi  c.  1069  &  suiv. 
n.  2991  ;  bulle  du  28  janvier  1207. j 


a 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXI.  :!49  "7777^ 

Barcelone  de  dot,  8t  tous  ses  domaines,  s'il  venoit  à  mourir  sans  enfans  de 

la  comtesse   Elvire,  sa  femme.    Il   promit  de   plus  de   payer  quarante  mille    t.'iii.°p'.°J"6. 

sols  au  vicomte,  pour  le  dédommager  de  la  prison  qu'il  lui  avoit  fait  souffrir 

&  des  maux  qu'il  lui  avoit  causés,  &  remit  à  son  arbitrage  &  à  celui  de  dix 

autres  de  ses  amis  l'exécution  de  l'accord  qu'il  venoit  de  faire  avec  le  comte 

de  Foix.  Par  un  autre  acte  daté  du  même  jour,  Guillaume,  vicomte  de  Car- 

done,   père  d'Elisabeth,   &  le  comte  d'Urgel,  son  oncle,  la  donnèrent  en 

mariage  au  vicomte  de  Castelbon,  qui  lui  assigna  sur  ses  domaines  de  Cer- 

dagne  dix  mille  sols  de  douaire,  dont  le  roi  d'Aragon  se  rendit  garant. 

XXVII.  —  Le  légat  Pierre  de  Castelnau  excommunie  le  comte  de  Toulouse. 

Le  légat  Pierre  de  Castelnau,  après  avoir  aidé  à  pacifier  ce  prince  avec  les 
liabitans  de  Montpellier,  fit  un  voyage  du  côté  du  Rhône',  où  il  engagea  la 
plupart  des  seigneurs  du  pays  qui  se  faisoient  la  guerre,  à  convenir  de  la 
paix,  dans  le  dessein  de  se  servir  ensuite  de  leur  secours  pour  réduire  les 
liérétiques  de  la  Province.  Il  se  donna  surtout  de  grands  mouvemens  auprès 
de  Raimond,  comte  de  Toulouse,  pour  l'obliger  à  signer  cette  paix,  à  cesser 
de  favoriser  les  hérétiques  &  à  réformer  divers  abus  qu'il  lui  reprochoit; 
mais  ce  prince  refusa  de  l'écouter.  Ce  refus  irrita  le  légat  qui,  se  laissant 
emporter  par  l'erreur  d'un  zèle  sans  bornes,  excommunia  Raimond,  jeta  l'in- 
terJit  sur  toutes  ses  terres^,  8v  écrivit  au  pape  pour  obtenir  de  lui  la  confir- 
mation de  sa  sentence. 

XXVIII.  —  Conjèrence  de  Montréal. 

Tandis  que  Pierre  de  Castelnau  metloit  tout  en  œuvre  pour  arrêter  le  pro- 
grès de  l'erreur  du  côté  du  Rhône,  l'évêque  d'Osma  &  saint  Dominique  con- 
tinuoient  d'un  autre  côté  leur  mission.  Après''  s'être  séparés  de  ce  légat  à 
Béziers,  ils  allèrent  à  Carcassonnc,  où  ils  disputèrent  contre  les  héréticjues 
pendant  huit  jours.  Ils  parcoururent  ensuite  divers  châteaux  5t  s'anêtèrent 
enfin  à  Montréal,  dans  le  diocèse  de  Carcassonne,  &  non  k  Pvéalmont  ou  à 
Montréjeau,  comme  quelques  modernes^  l'interprètent  mal  à  propos.  Ils 
curent  dans  ce  château  une  célèbre  conférence  qui  dura  quinze  jours,  avec 
divers  chets  des  hérétiques,  savoir  :  Arnaud  Othonis,  Guillabert  de  Castres, 
Benoît  de  Termes  8i  Pons  Jnrdani.  On  convint  de  part  Se  d'autre  de  s'en 
rapporter  au  jugement  de  Bernard  de  Villeneuve,  de  Bernard  d'Arsens,  che- 
valiers, de  Bernard  de  Got  8<.  d'Arnaud  de  la  Pvivière,  bourgeois.  La  dispute 
roula  principalement  sur  la  sainteté  de  l'Eglise,  que  les  hérétiques  préten- 
doient  être  la  Babylone  de  l'Apocalypse,  &  sur  la  messe  qu'ils  nioient  avoir 
été  instituée  par  Jésus-Christ  &  ses  apôtres.  L'évêque  d'Osma,  pour  confondre 

'  Pierre  ic  Vaiix-Cernay,  c.  3.  '  Pierre  de  Vaiix-Cerniiy,  c.  3. 

•Innocent  III,   1.    lo,   Epi:t.  69.   —  [Potthnst,  '  Langlois,  Histoire  des  altigeois,  1.  2,  p.  82,— 

n.  3i  14.J  Quéiif  &  Échiird,  SS.  or.!.  PracJ.  t.  1,  p.  7. 


""[ 200  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXL 

An  1207 

les  héréticjues  produisit  les  autorités  du  Nouveau  Testament  qui  prouvoient 
la  foi  catholique.  On  rédigea  par  écrit  tout  ce  qui  avoit  été  dit  de  part  & 
d'autre,  &  on  le  remit  entre  les  mains  des  quatre  séculiers  qu'on  avoit  pris 
pour  juges.  Un  ancien'  auteur  gémit  à  cette  occasion,  avec  fondement,  de 
l'état  déplorable  où  étoit  alors  la  religion  dans  la  Province,  £<.  de  ce  qu'on 
étoit  obligé  de  s'en  rapporter  au  jugement  des  laïques  sur  les  matières  de  la 
foi,  &  surtout  des  laïques  qui,  selon  un  historien^  du  temps,  étoient  favo- 
rables à  l'erreur.  Aussi  ces  prétendus  juges,  ayant  refusé  de  prononcer,  sous 
prétexte  qu'ils  avoient  à  délibérer  là-dessus,  se  saisirent  de  tous  les  mémoires 
8c  les  livrèrent,  à  ce  qu'on  prétend,  aux  liérétiques.  On  se  sépara  donc  sans 
avoir  rien  déterminé  :  on  assure  cependant  que,  sur  les  raisons  qui  furent 
proposées  par  les  catholiques,  cent  cinquante  hérétiques  de  Montréal  se  con- 
vertirent &  abjurèrent  l'hérésic}  &.  on  ajoute^  cfue,  durant  la  conférence,  saint 
Dominique  ayant  mis  par  écrit  les  autorités  dont  il  se  servoit  pour  réfuter 
l'erreur  £<.  les  ayant  données  à  un  hérétique  pour  les  examinera  y  répondre, 
ce  dernier  les  jeta  par  trois  fois  au  feu,  en  présence  de  ceux  de  sa  secte,  sans 
que  le  papier  fût  brûlé,  mais  aussi  sans  que  le  miracle  fût  capable  de  le  con- 
vertir. 

XXIX.  —  Dou-^e  abbés  de  Citeaux  se  joignent  aux  missionnaires. 

Conférence  de  Pamlers, 

Pierre  de  Castelnau  vint  rejoindre  à  Montréal  les  autres  missionnaires,  ses 
collègues,  durant  cette  conférence  qui  fut  tenue"*  vers  le  mois  de  juin  de 
l'an  1207.  Il  se  sépara  d'eux  de  nouveau  bientôt  après  8c  retourna  en  Pro- 
vence, où  les  affaires  de  la  légation  l'appeloient.  Il  étoit  à  Alanan,  dans  le 
Vivarais,  le  deuxième  du  mois  d'août  suivant,  8t  il  y  fut  présent^  avec  Ber- 
trand, évêque  du  Puy,  à  l'hommage  que  Pons  de  Montlaur  fit  alors  à  Burnon, 
évêque  de  Viviers,   pour   le   château  de  Mazrel.  Arnaud,  abbé  de  Cîteaux, 

Éd.oiiHin.      suivi'^de  douze  abbés  Si  d'une  vingtaine  de  religieux  de  son  ordre,  arriva 
t.  m,  p.  147.  ,        t>  .... 

aussi  à  Montréal  durant  la  conférence.  Ces  nouveaux  missionnaires,  remplis 

de  zèle  &<.  de  lumière,  partirent  de  l'abbaye  de  Cîteaux'^,  le  !"■  de  mars  ou, 

selon  d'autres^,  au  mois  de  mai  de  l'an  1207.  Ils  s'embarquèrent  sur  la  Saône 

8c  le   Pdiône  Se  arrivèrent  enfin  dans  le   haut  Languedoc.   Entre  eux  étoit 

Gui,  abbé  de  Vaux-Cernay,  au  diocèse  de  Paris,  qui  amena  avec  lui  Pierre, 

son  neveu,  religieux  de  son  monastère,  lequel  nous  a  laissé  l'histoire  de  ce 

qui  se  passa  alors  dans   le  pays  8c  durant  les  années  suivantes.  Après  leur 

jonction  avec  l'évêque  d'Osma  Se  ses  collègues,  ils  délibérèrent  ensemble  sur 

'  Guillelmus  de  Podio  Laiirentii,  c.  p.  *  Pierre  de  Vniix-Cernay,   c.   5.  —   Martriqiie, 

'  Pierre  de  Vaux-Cernay,  c.  3.  ad  ann.   1207,  c.   1. 

'  Ibid.  c.  7.  —  Trivet,  Chronicon.  '  Robertiis  Altissiodorensis,  C/tronicon,  ad  ann. 

*  Guillelmus  de  Podio  Laurentii,  c.  9.  —  Voyez  i  207. 

tome  VII,  Note  XV,  pp.  44,  45.  *  Guillaume  de  Nangis,  Chronicon,  ad  ann.  1207. 
'  Golumbi,  De  episcopis  Vivariemihus,  p.  2îo. 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.   LIV.  XXI.  25 


201 


An  1207 


les  moyens  d'avancer  leur  mission;  ils  convinrent  de  se  partager  par  bandes 
de  deux  ou  de  trois  &  de  parcourir  ainsi  tous  les  divers  quartiers  de  la  Pro- 
vince que  l'hérésie  avoit  infectés.  Ils  se  dispersèrent  donc  &  marchèrent  tou- 
jours à  pied,  en  mendiant  leur  pain,  à  l'exemple  de  l'évêque  d'Osma  8c  de 
ses  associés. 

Ce  prélat',  résolu  de  consacrer  le  reste  de  ses  jours  à  cette  mission,  se  dis- 
posa bientôt  après  à  retourner  en  Espagne  pour  y  mettre  ordre  aux  affaires 
de  son  diocèse  Se  établir  un  fonds  pour  fournir  à  la  subsistance  des  mission- 
naires. Il  partit,  suivi  de  Raoul,  légat  du  Saint-Siège,  Se,  à  ce  qu'il  paroît, 
de  saint  Dominique,  8c  passa  par  Pamiers.  Foulques,  évêque  de  Toulouse, 
Navarre,  évêque  de  Conserans,  &c  plusieurs  abbés  vinrent  le  joindre  dans 
cette  ville  qui  étoit  pleine  d'hérétiques  8c  de  vaudois.  Les  missionnaires, 
après  leur  arrivée,  offrirent  d'entrer  en  conférence  avec  les  sectaires  qui  accep- 
tèrent le  défi.  Elle  se  tint  dans  le  palais  que  Raimond-Roger,  comte  de  Foix, 
avoit  dans  la  ville,  8c  il  y  assista  avec  la  comtesse,  sa  femme,  8c  ses  deux  sœurs, 
dont  l'une  avoit  embrassé  la  secte  des  vaudois  de  même  que  sa  femme,  8c 
l'autre  celle  des  hérétiques.  Nous  avons  parlé  ailleurs  de  cette  dernière, 
nommée  Esclarmonde;  on  ne  marque  pas  le  nom  de  la  première.  L'une  des 
deux  sœurs  de  Raimond-Roger  (c'étoit  sans  doute  Esclarmonde)  voulut  se 
mêler  dans  la  dispute,  8c  parla  en  faveur  des  hérétiques;  mais  frère  Etienne 
de  la  Miséricorde,  l'un  des  missionnaires,  lui  imposa  silence  8c  l'envoya  filer 
sa  quenouille.  Le  comte  de  Foix,  qu'on  représente^  comme  un  ennemi  déclaré 
de  Jésus-Christ  8c  un  des  plus  cruels  persécuteurs  de  l'Eglise,  traita  alterna- 
tivement dans  son  palais  les  missionnaires  8c  les  vaudois,  tout  le  temps  que 
dura  la  conférence  ;  elle  roula  principalement  sur  les  erreurs  de  ces  derniers. 
Maître  Arnaud  de  Campranhan,  alors  clerc  séculier,  8c  l'un  des  plus  qualifiés 
de  Pamiers,  fut  choisi  pour  arbitre,  8c,  quoiqu'il  fût  entièrement  favorable 
aux  sectaires,  il  les  condamna  cependant,  renonça  à  l'erreur  entre  les  mains 
de  l'évêque  d'Osma,  Se  fut  depuis  un  des  plus  zélés  défenseurs  de  la  foi 
catholique;  la  plus  grande  partie  des  habitans,  8c  surtout  les  pauvres,  se 
convertirent  aussi. 

XXX.  —  L'institut  de  la  Société  des  pauvres  catholiques  s'établit  dans 

la  Province, 

Entre  ceux  qui  demandèrent  à  faire  abjuration  fut  un  nommé  Durand  de 
Huesca,  qui  obtint  la  permission  de  se  retirer  en  Catalogne  avec  ses  associés, 
où  ils  embrassèrent  la  vie  religieuse  8c  fondèrent  un  institut'  particulier  sous 
le  titre  de  Société  des  pauvres  catholiques.  Durand,  qui  en  fut  le  fondateuf, 

'  Pierre  de  Vaux-Cernay,  c.  6. —  GiilUelmus  de  n"«  jjyi  à3,Ô73.];l.  i  2,  £/)/Jt.  17,  66,  68  &  suivi 

Po.iio  Laurcntii,  c.  8.  [Potthast,  n"'  8766  à  3769.];  1.   i3,  Epist.  63,  77, 

■  Pierre  de  Vaux-Cern.iy,  c.  6.  78   [Potthast,    n"'  3998,    3999    &   4003.];   1.    i5, 

'  Giiillelmus  de  Podio  Laiirentii,  c.  8.  —  Inno-  Epist.  82,  91,  92,  96   [Potthast,  n"*  460.^,  45o6j 

cent  III,  1.    Il,  Epist.    196,    197,    199    [Potthast,  4508,4510.] 


~~. 202  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.   LIV.  XXI, 

An  1207 

se  présenta  à  [iinocent  IH  l'année  suivante  avec  quelques-uns  de  ses  compa- 
gnons, dont  les  principaux  étoient  Guillaume  de  Saint-Antonin ,  Jean  de 
Narbonne,  Ermengaud  Si  Bernard  de  Béziers,  8c,  après  qu'il  eut  fait  une 
profession  de  foi  catholique,  le  pape  approuva  leur  règle  le  18  de  décembre 
de  la  même  année.  Ce  nouvel  ordre  s'étendit  bientôt  en  diverses  provinces, 
surtout  en  I^anguedoc,  où  Durand  avoit  déjà  fondé  plusieurs  couvens  en  i  209, 
dans  les  diocèses  de  Narbonne,  Béziers,  Uzès,  Nimes  &;  Carcassonne.  Ils 
vivoient  d'aumônes,  s'appliquoient  à  l'étude  Se  à  convertir  les  hérétiques, 
tenoient  des  écoles,  jeûnoient  tous  les  ans  deux  carêmes,  suivant  l'usage  de 
l'Eglise,  &  portoient  un  habit  modeste  blanc  ou  gris,  avec  des  souliers  ouverts 
par  dessus,  mais  distingués  de  ceux  dont  se  servoient  les  vaudois  ou  pauvres 
de  Lyon,  qu'on  appeloit  pour  cela  insahate-^.  Durand  composa  ([uelques 
traités  contre  les  hérétiques;  mais  il  se  rendit  suspect  à  plusieurs  évêques  de 
la  Province,  qui  se  plaignirent  au  pape  de  sa  conduite  &  de  celle  de  ses 
disciples  8t  les  accusèrent  de  favoriser  les  vaudois.  Le  pape  écrivit  en  consé- 
quence aux  uns  Se  aux  autres  le  5  de  juillet  de  l'an  1209.  Il  avertit  Durand 
t.'in°p.'*i"i's  &  ses  compagnons  de  se  corriger  de  tout  ce  qui  avoit  donné  lieu  aux  plaintes 
des  évêques  de  la  province  de  Narbonne,  Se  exhorta  ceux-ci  à  le  tolérer  pour 
un  temps,  à  l'instruireSe  à  chercher  plutôt  à  l'attirer  qu'à  l'éloigner.  Il  paroît, 
par  ce  que  nous  venons  de  rapporter,  qu'Innocent-accorda  sa  protection  à  ces 
nouveaux  convertis,  en  faveur  desquels  il  écrivit  encore  aux  mêmes  prélats, 
qui  formèrent  contre  eux  de  nouvelles  plaintes  les  années  suivantes.  Nous  ne 
trouvons  plus  aucune  trace  de  cet  institut  dans  le  pays,  Se  il  y  a  lieu  de 
croire  qu'il  n'y  subsista  pas  longtemps.  En  eftet,  un  ancien'  historien  assure 
qu'il  tomba  entièrement  peu  à  peu. 

XXXL  —  Mort  de  l'évèque  d'Osma  i-  de  frère  Raoul.  —  Saint  Dominique 

fonde  le  monastère  de  Prouille. 

Après  la  conférence  de  Pamiers,  l'évèque  d'Osma  prit  congé  des  mission- 
naires, continua  son  voyage  Se  mourut  dans  son  diocèse  au  commencement' 
*  de  l'année  suivante;  il  étoit  alors  sur  le  point  de  retourner  dans  la  Province 

pour  y  employer  le  reste  de  ses  jours  à  la  conversion  des  hérétiques.  Frère 
Raoul,  légat  du  Saint-Siège,  s'en  alla  de  son  côté  vers  le  Rhône,  dans  le 
dessein  de  joindre  en  Provence  Pierre  de  Castelnau,  son  collègue;  mais  il 
mourut  bientôt  après  dans  l'abbaye  de  Franquevaux,  au  diocèse  de  Nimes. 
Enfin  Arnaud,  abbé  de  Cîteaux,  se  retira  aussi  pour  aller  ailleurs,  où  des 
affaires  importantes  l'appeloient;  ainsi  Gui, abbé  de  Vaux-Cernay,fut  reconnu 
pour  chef  Se  maître  de  tous  les  missionnaires  du  haut  Languedoc.  Gui  exeri^a 

'  Cu'illelmus  de  Podlo  Lniifeatil,  c.  8.  donne  comme  date  de  cette  mo:t  l'è:e  li-tô,  c'est- 

'  Pierre  de  Vaux  Cernay,  c.  6. —  Cf.  totr.c  VU,  à-dire   l'an   1207    (n.  st.).    Quoi    qu'en    dise  dom 

Note  XV,  pp.  45,  46.  —  La  mort  de  Diego  paraît  Vaissete  (tome  \'n,  ut  supra),  il  n'y  n  pas  de  rai- 

étre  un  peu  antérieure;  en  effet,  son  épitaphe  pu-  son    pour    soupçonner    l'autlicntlcLté   de   ce    petit 

bliée   par   les    BoUandistes,   août,   t.   1 ,  p.    jpO  b,  monument.  [A.  M.] 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXI.  253 

principalement  son  zèle  dans  le  diocèse  de  Carcassonne,  où  il  confondit  plu- 
sieurs t'ois  Bernard  de  Simorre,  l'un  des  principaux  des  hérétiques,  avec  lequel 
il  entra  en  dispute.  Mais  enfin  la  plupart  des  abbés  &  des  religieux  de  son 
ordre,  rebutés  par  le  peu  de  fruit  qu'ils  taisoient,  abandonnèrent  la  mission 
après  V  avoir  employé  trois  mois,  &c  s'en  retournèrent  en  France  dans  leurs 
monastères,  de  sorte  que  saint  Dominique  resta  presque  seul. 

Ce  zélé  missionnaire  ayant  associé  quelques  compagnons  qui  voulurent 
bien  prendre  part  à  ses  travaux,  établit  sa  demeure  '  aux  environs  du  châ- 
teau de  Fanjaux,  dans  le  diocèse  de  Toulouse,  sur  les  confins  du  Lauragais 
6c  du  Pv.azè5.  Il  y  travailla  à  la  conversion  des  hérétiques  sous  l'autorité  d'Ar- 
naud, abbé  de  Citeaux,  légat  du  Saint-Siège,  8<  ses  soins  furent  si  heureux 
qu'il  en  ramena  plusieurs  à  la  foi  catholique,  entre  autres  un  nommé  Pons- 
Roger,  auquel  il  imposa  une  pénitence  proportionnée  à  ses  fautes,  comme  il 
paroît  par  les  lettres  suivantes  qu'il  fit  expédier  en  sa  faveur.  «  Frère  Domi- 
«  nique ^,  chanoine  d'Osma,  le  dernier  des  prédicateurs,  à  tous  les  fidèles 
«  qui  verront  ces  lettres,  salut  en  Jésus-Christ.  Nous  avons  réconcilié  à 
K  l'Église  par  l'autorité  du  seigneur  abbé  de  Citeaux,  légat  du  Saint-Siège 
i<  apostolique,  qui  nous  a  commis  ce  soin,  Pierre-Roger,  porteur  des  pré- 
"  sentes,  lequel  s'est  converti  :  nous  le  condamnons,  en  vertu  du  serment 
<c  qu'il  nous  a  prêté,  à  être  conduit,  les  épaules  nues,  pendant  trois  dimanches 
Il  Se  fêtes,  par  un  prêtre  ([ui  lui  donnera  la  discipline,  depuis  l'entrée  du 
(I  village  de  Tresville  (en  Lauragais)  jusqu'à  l'église.  11  portera  l'habit  reli- 
«  gieux,  8c  pour  la  forme  Se  pour  la  couleur,  sur  lequel  il  y  aura  deux  petites 
«  croix  cousues  des  deux  côtés  de  la  poitrine.  Nous  lui  ordonnons  de  plus  de 
«  s'abstenir  toute  sa  vie  de  chair,  d'oeufs  Se  de  fromage,  excepté  les  jours  de 
<'  Pâques,  de  la  Pentecôte  8c  de  la  Nativité,  auxquels  nous  lui  commandons 
«  d'en  user  pour  preuve  qu'il  a  renoncé  à  ses  erreurs.  Il  fera  trois  carêmes 
«  pendant  l'année,  entendra  tous  les  jours  la  messe,  gardera  une  chasteté 
i>  perpétuelle,  Sec,  8c  demeurera  toute  sa  vie  à  Tresville,  dont  le  chapelain 
c  (ou  curé)  veillera  à  sa  conduite  jusqu'à  ce  que  l'abbé  de  Citeaux  en  ordonne 
('  autrement.  » 

Plusieurs  pauvres  gentilshommes  du  pays  n'étant  pas  en  état  de  faire  élever 
leurs  filles,  en  confioient  l'éducation  à  des  femmes  hérétiques^  qui  s'en  char- 
geoient  volontiers  pour  étendre  leur  secte.  Saint  Dominique,  voulant  remé- 
dier à  un  si  grand  mal,  se  chargea  lui-même  de  pourvoir  à  l'instruction  de 
ces  filles.  Il  en  rassembla  un  certain  nombre,  les  joignit  à  quelques  autres 
qu'il  avoit  converties  à  la  toi  catholique.  Se  leur  fit  embrasser  la  profession 
religieuse  avec  la  clôture  perpétuelle,  Sec.  Elles  n'avoient  pas  encore  de 
demeure  fixe  au  mois  d'août  de  l'an  1207,  lorsqu'un  nommé'*  Sanche  Gascus 
8c  sa  femme  donnèrent   «  à  la  sainte  prédication,  au  seigneur  Dominique 

'  Trivet.  Chron'icon,  p.  5^5.  Gui,  .ipiid  Martène,  Vvtcrutn  SS.  ampli:siv:a  colhc~ 

'Mnrténe,   Thcsaurus,  t.   i,  c.   802.  —  Manri-  tio,  t.  .'>,   c.  4^3  &  siiiv. 
que,  nd  ann.   1207,0.   i,&  1210,0.4.  '  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  LXXXVI, ç,  fi.îa  j 

'  Trivei,   Ckronicon,  ai  ann.    i^^V  —   Çernard  &  tome  ^'11,  T^ote  XV,  pp.  44,  ^.'t, 


An  1207 


■~ 254  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXI, 

An  1207  T 

«  d'Osma  &  aux  frères  &  sœurs  qui  sont  Se  seront  à  l'avenir  une  maison  au 
t.'ui°p?i'49.  "  château  de  Vilar  dans  le  Razès.  »  Le  saint  missionnaire  les  établit  bientôt 
après,  partie  à  Fanjaux,  partie  auprès  de  l'église  de  Prouille,  située  à  un 
quart  de  lieue  de  ce  château,  comme  il  paroît  par  un  acte',  suivant  lequel 
Bérenger,  archevêque  de  Narbonne,  «  donna,  le  17  d'avril  de  l'an  1207 
«  (1208),  à  la  prieure  &.  aux  religieuses  qui  s'étoient  nouvellement  converties 
«  par  les  exhortations  &.  les  exemples  de  frère  Dominique  d'Osma  &  de  ses 
«  associés,  Se  qui  habitoient  au  château  de  Fanjaux  5c  dans  l'église  de  Notre- 
«  Dame  de  Prouille,  l'église  de  Saint-Martin  de  Limoux,  située  dans  son 
«  diocèse  8c  dans  le  Razès.  »  Frère  Guillaume  Clareti,  compagnon  de  saint 
Dominique,  prit  possession  réelle  de  cette  église^,  le  17  de  mars  de  l'année 
suivante,  au  nom  de  la  prieure  8c  des  religieuses,  en  présence  de  Bernard- 
Raimundi,  élu  évêque  de  Carcassonne.  Enfin  les  religieuses  converties  par 
saint  Dominique  se  fixèrent  entièrement  en  12 11,  à  Prouille,  après  que 
Foulques,  évêque  de  Toulouse,  leur  eut  donné  cette  année  l'église  de  ce 
lieuj  ce  prélat  leur  donna  aussi  alors  l'église  de  Bram,  dans  le  Lauragais. 
Elles  reçurent  cette ^  année  8c  la  suivante  diverses  autres  donations  qui  furent 
faites  K  à  Sainte-Marie  de  Prouille,  au  seigneur  Dominique,  chanoine  d'Osma, 
c(  Se  à  tous  les  frères  Se  sœurs  présens  Se  à  venir  qui  servent  Dieu  dans  le 
«  monastère  de  Prouille,  )>  lequel  est  qualifié  abbaye  dans  quelques-uns  de 
ces  actes.  Saint  Dominique  donna  d'abord  aux  religieuses  qui  habitèrent 
ce  nouveau  monastère,  la  règle  qu'on  pratiquoit  dans  ceux  des  chanoinesses 
de  Saint-Augustin.  Entre  ses  bienfaiteurs  furent  Udalger"*  de  Fenouillet, 
Raynon,  son  frère.  Se  plusieurs  chevaliers  françois  qui,  après  la  croisade  de 
l'ail  1209,  s'établirent  dans  le  pa}s.  Au  reste,  on  voit  par  ces  donations  que 
le  monastère  de  Prouille  fut  double  dès  sa  fondation,  comme  il  l'est  encore 
aujourd'hui.  Saint  Dominique,  qui  en  fut  le  premier  prieur  pour  les  hommes, 
y  pratiqua  pendant  plusieurs  années  la  règle  de  Saint-Augustin  avec  ses  asso- 
ciés, jusqu'à  la  fondation  de  son  ordre,  dont  les  religieuses  de  Prouille  embras- 
sèrent l'institut.  Telle  est  l'origine  de  ce  célèbre  monastère  qui  conserve 
encore  beaucoup  de  restes  de  son  ancienne  splendeur.  Il  est  situé  dans  le 
diocèse  de  Saint-Papoul,  portion  de  l'ancien  Toulousain,  sur  les  limites  de:; 
diocèses  de  Narbonne  Se  de  Mirepoix^. 

XXXII.  —  L'archevêque  de  Narbonne  se  réconcilie  avec  le  pape. 

Béienger,  archevêque  de  Narbonne  lorsqu'il    fit   donation   de    l'église  de 
Saint-Martin  de  Limoux  en   faveur  de  saint  Dominique,  s'étoit  réconcilié 

'  Martène,  Fetcrum  SS.  amplissima  collcctio,l.  5,  '  On   pourra  compléter  ce  que  dom  Vaissete   dit 

c.  439.  ici  du  prieuré  de  ProuiUe,  au  moyen  de  la  notice 

^  Bernard  Gui,  ut  supra.  que  nous   avons  consacrée  à  cet  établissement   re- 

'  Tome  VIII,  Chartes,  n.  LXXXVI,c.  553  &suiv.  ligieux    au    tome   IV  de   cette   édition,   pp.   Sà^   7. 

•^  Quétif  &  Échard,  SS.   ord.  Pracd.  t.    I,  p.   10.  R60.    fA.   M.] 
—  Voyez  tome  VIII,  ut  supra. 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.   LIV.  XXI.  255   " 

An  izoy 

avec  le  pape  depuis  un  voyage  qu'il  avoit  fait  à  Rome,  vers  le  commencement 
de  l'an  1207.  Nous  apprenons  les  circonstances  de  cette  réconciliation  d'une 
lettre'  qu'Innocent  IH  écrivit,  le  29  de  mai  de  cette  année,  à  l'évêque  de 
Conserans  &■  à  l'abbé  de  Cïteaux,  légats  du  siège  apostolique.  Il  leur  marque 
«  que,  suivant  l'enquête  qu'il  avoit  fait  faire  par  les  légats  qu'il  avoit  envoyés 
«  dans  la  province  de  Narbonne  sur  les  chefs  d'accusation  formés  contre  l'ar- 
«  chevêque  de  cette  ville,  il  avoit  trouvé  que  ce  prélat  étoit  coupable  d'avarice 
«  Si  de  négligence;  qu'il  avoit  d'abord  voulu  se  justifier,  mais  qu'il  avoit  eniîn 
«  demandé  miséricorde  &  promis  de  se  corriger;  qu'ainsi,  ayant  égard  aux 
«  fatigues  du  voyage  qu'il  avoit  essuyées,  à  son  grand  âge,  à  ses  infirmités, 
n  mais  surtout  à  la  démission  qu'il  avoit  faite  de  l'abbaye  de  Montaragon, 
(1  qui  lui  tenoit  plus  au  cœur  que  l'archevêché  de  Narbonne,  il  lui  avoit 
«  accordé  un  plus  long  délai  pour  taire  pénitence  du  passé,  avec  menace 
«  cependant  de  le  déposer  s'il  ne  s'amendoit,  avec  défense  de  ne  faire  plus 
«  à  l'avenir  aucun  commerce  sordide  d'argent  &  avec  ordre  de  visiter  sa  pro- 
«  vince,  d'y  tenir  des  conciles,  de  combattre  les  hérétiques,  &c.  »  11  ajoute 
«  qu'ayant  appris  que  Bérenger,  loin  de  se  corriger,  avoit  commis  des  crimes 
«  encore  plus  grands  que  les  précédens,  ils  eussent  à  s'en  informer.  Si  sup- 
«  posé  la  vérité  des  faits,  à  lui  interdire  l'administration  de  son  église.  Si  à 
«  faire  élire  un  autre  archevêque  en  sa  place;  «  mais  ce  prélat  trouva  bientôt 
raoven  d'apaiser  le  pape,  ([ui  le  laissa  en  paix  du  moins  pour  quelque 
temps. 

XXXIII.  —  Le  pape  écrit  au  comte  de  Toulouse, 

Innocent  III  écrivit^,  le  même  jour,  une  lettre  très-vive  &  très-menaijauie 
à  Raimond  VI,  comte  de  Toulouse,  sur  le  refus  qu'il  avoit  fait  de  conclure 
la  paix  avec  ses  vassaux  de  Provence,  suivant  les  ordres  que  le  légat  Pierre  de 
Castelnau  lui  en  avoit  donnés  :  refus  qui  avoit  engagé  ce  dernier  à  l'excom-      itdongin. 

.  ,  "    °  '■  "I,p.  i5o. 

munier.  Voici  les  principaux  articles  de  cette  lettre  traduits  littéralement. 

«  A  noble  homme  Raimond,  comte  de  Toulouse  :  l'esprit  d'un  conseil  plus 
«  sage.  Si  nous  pouvions  ouvrir  votre  cœur,  nous  y  trouverions  &  nous  vous 
M  y  ferions  voir  les  abominations  détestables  que  vous  avez  commises;  mais 
"  parce  qu'il  paroît  plus  dur  que  la  pierre,  on  pourra,  à  la  vérité,  le  frapper 
"  par  les  paroles  du  salut;  mais  difficilement  y  pourra-t-on  pénétrer.  Ah  !  quel 
«  orgueil  s'est  emparé  de  votre  cœur  8<.  quelle  est  votre  folie,  homme  perni- 
«  cieux  [pestilens),  de  ne  vouloir  pas  conserver  la  paix  avec  vos  voisins  &  de 
"  vous  écarter  des  lois  divines,  pour  vous  joindre  aux  ennemis  de  la  foi? 
<i  Comptez-vous  pour  peu  de  chose  d'être  à   charge  aux   hommes;  voulez- 

'  Innocent   III,  1.    lo,   Eplst.  6S. —   [Potthast,  bonne  pour  leur  ordonner  de  faire   publier  dans 

n.  3ii3.]  leurs  provinces   Us   sentences  d'excommunication 

'  Innocent  III,   1.   lo,   Epist.  6i).  —   [Potthast,  &   d'interdit   dont   le  comte  venait    d'être    frappé 

n.  3i  14.]  Le  même  jour  le  pape  écrivit  aux  arcbe-  (ri.  3ii5).    [A.  M.] 
vëques  de  Vienne,   d'Embrun,   d'Arles   &  de   Nar- 


An 


1207 


256 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.   LIV.  XXL 


vous  l'être  encore  à  Dieu,  S<  n'avez-vous  pas  sujet  de  craindre  les  chàti- 
mens  temporels  pour  tant  de  crimes,  si  vous  n'appréhendez  pas  les  flammes 
éternelles?  Prenez  garde,  méchant  homme,  8c  craignez  que  par  les  hosti- 
lités c|ue  vous  exercez  contre  votre  prochain,  &  par  l'injure  que  vous  faites 
à  Dieu  en  favorisant  l'hérésie,  vous  ne  vous  attiriez  une  double  vengeance 
pour  votre  double  prévarication.  Sic.  Vous  feriez  quelque  attention  à  nos 
remontrances,  &  la  crainte  de  ia  peine  vous  empêcheroit  du  moins  de  pour- 
suivre vos  abominables  desseins,  si  votre  cœur  insensé  n'étoit  entièrement 
endurci,  &  si  Dieu,  dont  vous  n'avez  aucune  connoissance,  ne  vous  avoit 
abandonné  à  un  sens  réprouvé.  Considérez,  insensé  que  vous  êtes,  consi- 
dérez que  Dieu,  qui  est  le  maître  de  la  vie  &  de  la  mort,  peut  vous  faire 
mourir  subitement,  pour  livrer  dans  sa  colère  à  des  tourmens  éternels, 
celui  que  sa  patience  n'a  pu  porter  encore  à  faire  pénitence.  Mais  quand 
même  vos  jours  seroient  prolongés,  songez  de  combien  de  sortes  de  mala- 
dies vous  pouvez  être  attaqué,  8cc.  Mais  qui  êtes-vous  pour  refuser  tout 
seul  de  signer  la  paix,  afin  de  profiter  des  divisions  de  la  guerre,  comme 
les  corbeaux  qui  se  nourrissent  de  charognes;  tandis  que  le  roi  d'Aragon 
8c  les  grands  seigneurs  du  pays  font  serment  d'observer  la  paix  entre  eux, 
à  la  demande  des  légats  du  siège  apostolique.  Ne  rougissez-vous  pas 
d'avoir  violé  les  sermens  que  vous  avez  faits  de  proscrire  les  hérétiques  de 
vos  domaines?  Lorsque  vous  étiez  à  la  tête  de  vos  Aragonois  8\  que  vous 
commettiez  des  hostilités  dans  toute  la  province  d'Arles,  l'évêque  d'Orange 
vous  ayant  prié  d'épargner  les  monastères  8c  de  vous  abstenir,  du  moins 
clans  le  saint  temps  8c  les  jours  de  fêtes,  de  ravager  le  pays,  vous  avez  pris 
sa  main  droite  8c  vous  avez  juré  par  elle  que  vous  n'auriez  aucun  égard 
ni  pour  le  saint  temps,  ni  pour  les  dimanches,  8c  que  vous  ne  cesseriez  de 
causer  du  dommage  aux  lieux  pieux  8c  aux  personnes  ecclésiastiques  :  le 
serment  que  vous  avez  fait  en  cette  occasion,  qu'on  doit  appeler  plutôt  un 
parjure,  vous  l'avez  observé  plus  exactement  que  ceux  que  vous  avez  faits 
pour  une  fin  honnête  8c  légitime.  Impie,  cruel  8c  barbare  tyran,  n'êtes- 
vQus  pas  couvert  de  confusion  de  favoriser  l'hérésie  Se  d'avoir  répondu  à 
celui  qui  vous  reprochoit  d'accorder  votre  protection  aux  hérétiques,  que 
vous  trouveriez  un  évêque  parmi  eux,  qui  prouveroit  que  sa  croyance  est 
meilleure  que  celle  des  catholiques?  De  plus,  ne  vous  êtes-vous  pas  rendu 
coupable  de  perfidie,  lorsqu'ayant  assiégé  un  certain  château  vous  avez 
rejeté  ignominieusement  la  demande  des  religieux  de  Candeil  qui  vous 
prioient  d'épargner  leurs  vignes  que  vous  avez  fait  ravager,  tandis  que 
vous  avez  fait  conserver  soigneusement  celles  des  hérétiques?  Nous  savons 
que  vous  avez  commis  plusieurs  autres  excès  contre  Dieu;  mais  nous  vous 
portons  principalement  compassion  (si  vous  en  ressentez  de  la  douleur)  de 
vous  être  rendu  extrêmement  suspect  d'hérésie,  par  la  protection  c|ue  vous 
donnez  aux  hérétiques.  Nous  vous  demandons  quelle  est  votre  extrava- 
gance de  prêter  l'oreille  à  des  fables  8c  de  favoriser  ceux  qui  les  aiment? 
Etes-vous  plus  sage  que  tous  ceux  qui  suivent  l'unité  ecclésiastique?  Seroit-il 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXI.  jSy   — ;;; 

'        An  1207 

possible  que  tous  ceux  qui  ont  gardé  la  foi  catholique  fussent  damnés,  5< 
que  les  sectateurs  de  la  vanité  8<.  du  mensonge  fussent  sauvés,  Sec?  C'est 
donc  avec  raison  que  nos  légats  vous  ont  excommunié  &  qu'ils  ont  jeté 
l'interdit  sur  tous  vos  domaines;  tant  pour  ces  raisons  que  parce  que  vous 
avez  ravagé  le  pays  avec  un  corps  d'Aragonois;  que  vous  avez  profané  les  t.^ui°n'fl"i. 
jours  de  carême,  les  fêtes  &  les  quatre-temps,  qui  dévoient  être  des  jours 
de  sûreté  8t  de  paix;  que  vous  refusez  de  faire  justice  à  vos  ennemis  qui 
vous  offroient  la  paix  8<  qui  avoient  juré  de  l'observer;  que  vous  donnez  les 
charges  publiques  à  des  juifs,  à  la  honte  de  la  religion  chrétienne;  que 
vous  avez  envahi  les  domaines  du  monastère  de  Saint-Guillem  8c  des  autres 
églises;  que  vous  avez  converti  diverses  églises  en  forteresses,  dont  vous 
vous  servez  pour  faire  la  guerre;  que  vous  avez  augmenté  nouvellement  les 
péages;  &  qu'enfin  vous  avez  chassé  l'évêque  de  Carpentras  de  son  siège  : 
nous  confirmons  leur  sentence  8c  nous  ordonnons  qu'elle  soit  inviolable- 
ment  observée  jusqu'à  ce  que  vous  ayez  fait  une  satisfaction  convenable. 
Cependant,  quoique  vous  ayez  péché  grièvement,  tant  contre  Dieu  & 
contre  l'Eglise  en  général,  que  contre  vous-même  en  particulier;  suivant 
l'obligation  où  nous  sommes  de  redresser  ceux  qui  s'égarent,  nous  vous 
avertissons  81  nous  vous  commandons,  par  le  souvenir  du  jugement  de 
Dieu,  de  faire  une  prompte  pénitence  proportionnée  à  vos  fautes,  afin  que 
vous  méritiez  d'obtenir  le  bienfait  de  l'absolution.  Sinon,  comme  nous  ne 
pouvons  laisser  impunie  une  si  grande  injure  taite  à  l'Eglise  universelle  8c 
même  à  Dieu,  sachez  que  nous  vous  ferons  ôter  les  domaines  que  vous 
tenez  de  l'Église  romaine;  8c  si  cette  punition  ne  vous  fait  pas  rentrer  en 
vous-même,  nous  enjoindrons  à  tous  les  princes  voisins  de  s'élever  contre 
vous  comme  contre  un  ennemi  de  Jésus-Christ  Se  un  persécutevir  de  l'Église, 
avec  permission  à  chacun  de  retenir  toutes  les  terres  dont  il  pourra  s'em- 
parer sur  vous,  afin  que  le  pays  ne  soit  plus  infecté  d'hérésie  sous  votre 
domination.  La  fureur  du  Seigneur  ne  s'arrêtera  pas  encore  :  sa  main 
s'étendra  sur  vous  pour  vous  écraser;  elle  vous  fera  sentir  qu'il  vous  sera 
difficile  de  vous  soustraire  à  sa  colère  que  vous  avez  provoquée.  Donné  à 
«  Saint-Pierre  de  Rome,  le  29  de  mai  de  la  dixième  année  de  notre  ponti- 
«  ficat.  » 

Telle  est  cette  lettre  fulminante  du  pape  Innocent  III  à  Raimond  VI,  comte 
de  Toulouse,  dont  le  principal  motif  est  le  refus  que  ce  prince  avoit  fait  de 
conclure  la  paix  avec  ses  vassaux  du  marquisat  de  Provence,  avec  lesquels  il 
ctoit  en  guerre,  afin  de  joindre  ensuite  ses  armes  aux  leurs  pour  exterminer 
les  hérétiques.  Elle  nous  apprend  quelques  circonstances  de  cette  guerre  que 
nous  ignorons  d'ailleurs.  Quant  aux  domaines  de  Raimond,  qu'Innocent 
menace  de  confisquer  sur  lui,  c'est  apparemment  le  comté  de  Melgueil  pos- 
sédé par  ce  prince  dont  il  veut  parler;  car  le  pape  s'en  prétendoit  suzerain. 
Enfin,  cette  lettre  nous  apprend  que  Raimond  étoit  en  armes  du  côté  du 
Rhône  pendant  le  carême  de  l'an  1207. 

VI.  17 


4  258  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXI. 

An  1207 

XXXIV.  —  Indie,  sœur  naturelle  du  comte  de  Toulouse,  épouse  en  secondes 
noces  le  seigneur  de  l'Isle-Jourdain. 

Avant  cette  expédition,  ce  prince,  étant  aux  environs  de  Toulouse  au  com- 
mencement de  février'  de  la  même  année,  maria  Indie,  sa  sœur  naturelle, 
veuve  de  Guillabert  de  Lautrec,  avec  Bernard-Jourdain,  seigneur  de  l'Isle- 
Jourdain.  Indie  se  constitua  en  dot  cinq  mille  sols  toulousains  de  monnoie 
septène,  dont  les  vingt-six  valoient  un  marc  d'argent.  Bernard-Jourdain,  son 
mari,  lui  assigna  de  son  côté  pour  douaire  une  pareille  somme.  Bernard, 
comte  de  Comrainges,  Raimond  de  Rabastens,  le  même  sans  doute  qui  avoit 
été  déposé  de  l'évêché  de  Toulouse,  &  plusieurs  seigneurs  du  pays  furent 
présens  à  ces  actes.  Il  y  a  lieu  de  croire  que  Raimond,  en  partant  peu  de 
temps  après  pour  la  Provence,  laissa  à  Toulouse  le  comte  de  Comminges,  son 
cousin,  8c  le  seigneur  de  l'Isle-Jourdain  pour  y  prendre  soin  de  ses  intérêts. 
Ils  furent  témoins^,  en  eftet,  avec  divers  autres  seigneurs,  au  mois  d'août 
suivant,  pendant  l'absence  de  Raimond,  de  l'accord  qui  fut  passé  alors  à 
Toulouse,  entre  les  consuls  de  cette  ville  &  ceux  de  Cahors,  au  sujet  des 
marques  ou  représailles  dont  ils  avoient  usé  de  part  Se  d'autre 3. 

XXXV.  —  Le  comte  de  Toulouse  se  rend  aux  volontés  du  légat. 

La  lettre  du  pape  au  comte  de  Toulouse  eut  son  effet  :  ce  prince'*,  soit 
par  la  peine  qu'il  eut  de  se  voir  excommunié,  soit  par  les  menées  secrètes  de 
Pierre  de  Castelnau  qui,  afin  de  l'obliger  à  signer  la  ^^B-'m^  suscita  sous  main 
contre  lui,  sous  prétexte  de  piété,  tous  les  seigneurs  de  Provence  qui  lui 
firent  la  guerre,  se  rendit  enfin  aux  volontés  de  ce  légat.  Raimond,  après 
avoir  conclu  la  paix  avec  tous  ces  seigneurs  fut,  à  ce  qu'il  paroît,  absous  de 
l'excommunication.  Il  étoit  encore  aux  environs  du  Rbône  le  i"  d'août  de 
t.^ni°p."ï'^-.  l'an  1207,  ce  prince  accorda^  alors  dans  l'abbaye  de  Saint-André,  vis-à-vis 
d'Avignon,  un  diplôme  en  faveur  de  ce  monastère  pour  lui  faire  restituer 
divers  domaines  usurpés.  Il  se  rendit  bientôt  après  dans  son  château  de  Mel- 

■  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  LXXVIII, ce.  498,  appartenait  alors  &  appartint  jusqu'à  la  croisade 

499.  à  un  grand  nombre  de  petits  seigneurs  qu'on  peut 

'  Hôtel  de  ville  de  Cahors.  croire  issus  de  la  même  famille.  Voulant  agrandir 

'  A  cette  année  1207  appartient  une  pièce  fort  leur  ville   &  y  attirer  les  étrangers,  ils  y  fondè- 

intéressante,   publiée    par  dom  Vaissete  dans   ses  rent   un   asile,   une   bastide   comme   on   dit  plus 

preuves,  mais  qu'il  n'analyse  pas  :  ce  sont  les  cou-  tard,   accordant   certains   privilèges   à    tous   ceux 

tûmes  de  Mirepoix,  du  19  mai  1207.  On  en  trou-  qui  viendraient  s'y  réfugier.  Le  servage  fut  aboli, 

vera   le   texte  au  tome  VIII,  ce.  541   à  552.  Nous  ou   du  moins  pour  le  conserver  il  fallut  le  con- 

l'avons   revu   sur  un   cartulaire   de   Mirepoix   du  sentement  du  serf  (e.  548);  le  droit  de  mainmorte 

quatorzième   siècle,  aujourd'hui    aux   archives  du  fut  supprimé  (c.  549);  les   habitants  eurent  droit 

château  de  Léran,  parmi  les  titres  de  la  maison  de  d'usage  &  de  pâture  dans  les   bois  des  seigneurs. 

Lévis.  Nous  y  avons  joint  une  sorte  de  mémoire,  en  L'acte  fut  approuvé  par  le  comte  de  Fc'.x,suze- 

langue  vulgaire,  résumant  l'acte,  qui  paraît  dater  rain  des  seigneurs  de  Mirepoix.  [A.  M.] 

du   quatorzième   siècle,  &  fournit  plusieurs  ren-  ^  Pierre  de  Vaux-Cernay,  c.  3. 

feignements  intéressants.  Le  château  de  Mirepoix  '■"  Gallia  Christiana,  nov.  éd.  t.  i ,  p.  873. 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXI.  230  "~; 

-'       An  1207 

gueil,  8c  il  y  fut  présent',  le  4  de  ce  mois,  lorsque  Marie,  reine  d'Aragon, 
fille  de  feu  Guillaume,  seigneur  de  Montpellier,  6-  de  l'impératrice  Eudoxe, 
permit  aux  habitans  de  cette  ville  d'en  détruire  entièrement  la  tour  ou  le 
château  8<.  d'en  raser  les  fortifications,  avec  promesse  que  jamais  aucun  sei- 
gneur de  Montpellier  ne  pourroit  la  fortifier  ou  y  élever  quelque  forteresse. 

XXXVI.  —  Marie,  reine  d'Aragon,  accouche  à  Montpellier  de  Jacques, 

son  fils. 

Marie  s'étoit  alors  réconciliée  avec  le  roi  d'Aragon,  son  mari,  &  c'est  de 
cette  réconciliation  que  vint^  Jacques  I,  roi  d'Aragon,  leur  fils.  Divers  auteurs 
espagnols  traitent  de  miraculeuse  la  naissance  ou  plutôt  la  conception  de 
Jacques,  81  ils  rapportent  là-dessus  plusieurs  circonstances  singulières;  mais 
elles  paroissent  tout  à  fait  fabuleuses  :  ce  prince  n'en  fait  du  moins  aucune 
mention  dans  les  mémoires  qu'il  nous  a  laissés  de  sa  vie  en  langue  provençale, 
où  il  raconte  lui-même,  dans  un  chapitre  entier^,  comment  il  étoit  venu  au 
monde. 

Il  Nous  rapporterons  maintenant,  dit  le  roi  Jacques,  la  manière  dont  nous 
«  avons  été  conçu  8t  les  circonstances  de  notre  naissance.  Premièrement  nous 
«  avons  été  conçu  de  la  manière  suivante  :  Le  roi  Pierre,  mon  père,  ne  vou- 
«  lant  pas  voir  la  reine,  ma  mère,  il  arriva  un  jour  que  ce  prince  étant  à 
«  Lates,  tandis  que  ma  mère  étoit  à  Miraval,  un  seigneur,  nommé  Guillaume 
I.  de  Alcala  l'alla  trouver  S<.  le  pria  avec  tant  d'instances  qu'il  lui  persuada 
«  enfin  d'aller  voir  la  reine  à  Miraval,  où  il  passa  la  nuit  avec  elle,  &c  Dieu 
«  voulut  que  je  fus  conçu  alors.  Quand  la  reine  ma  mère  se  sentit  grosse 
(I  elle  se  rendit  à  Montpellier,  où  je  naquis  dans  la  maison  de  ceux  de  Tor- 
"  namire,  la  veille  de  la  Chandeleur.  Aussitôt  que  je  fus  né,  ma  mère  m'en- 
i(  vo)a  offrir  à  Dieu  dans  l'église  de  Notre-Dame,  8<.  j'y  entrai  dans  le  temps 
«  qu'on  chantoit  le  Te  Deum  de  matines.  On  m'apporta  de  là  dans  la  cha- 
«  pelle  de  Saint-Firmin,  81  j'y  arrivai  lorsqu'on  chantoit  le  Benedictus.  Ma 
«  mère  prit  ces  rencontres  pour  des  heureux  pronostics  qui  lui  firent  beau- 
«  coup  de  plaisir.  Elle  fit  faire  douze  cierges  d'un  égal  poids  8c  d'une  égale 
«  grosseur,  fit  mettre  à  chacun  le  nom  des  douze  apôtres,  les  fit  allumer  en 
u  même  temps  Se  promit  à  Dieu  de  me  donner  au  baptême  le  nom  de  l'apôtre 
«  dont  le  cierge  brùleroit  plus  longtemps.  Il  restoit  encore  trois  travers  de 
"  doigt  à  celui  de  saint  Jacques,  tandis  que  tous  les  autres  étoient  déjà  con- 
«  sûmes,  8c  cela  fit  qu'on  me  donna  le  nom  de  ce  saint  apôtre.  »  Il  est  cer- 
tain'* que  Jacques  I,  roi  d'Aragon,  naquit  à  Montpellier  le  i"  de  février  de 
l'an  1108,  suivant  notre  manière  de  commencer  l'année,  d'où  il  est  aisé  de 
conclure  que  le  roi  Pierre,  son  père,  se  réconcilia  avec  la  reine  Marie  vers  le 
mois  de  mai  de  l'an  1:07,  8c  qu'ils  étoient  alors  l'un  8c  l'autre  aux  environs 

■  Gnriel,  Idée  de  Montpellier,  p.  206,   &  Séries  ^  Chronicx  o  comment,   del   rey  Jacme,  c.   4.   ^ 

pritesulum  Magalonensium,  p.  i-ji   8c  seq.  [Nouvelle  édition  de  Barcelone,  c.  S,  p.  la&siiiv.] 

"  Voyez  tome  VII,  Note  XIV,  pp.  38  à  42.  ^  Voye;:  tome  VII,  Note  XIV,  pp.  38,  39. 


An  12.0J 


260  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXI. 

de  cette  ville;  ils  s'en  étoient  exclu  l'entrée  par  le  traité  du  mois  d'octobre 
de  l'année  précédente,  pour  les  raisons  que  nous  avons  déjà  dites  ;  mais  il 
paroît  que  la  grossesse  de  la  reine  fut  une  occasion  de  réconciliation  entre  elle 
&  le  roi  son  mari,  d'un  côté,  &  les  habitans  de  Montpellier  de  l'autre.  On 
vient  de  voir,  en  effet,  que  cette  princesse  permit  aux  mêmes  habitans, 
le  4  d'août  suivant,  de  détruire  le  château  &  les  fortifications  de  Montpellier 
qui  faisoient  le  principal  sujet  de  leur  querelle.  Nous  voyons  d'ailleurs  que, 
depuis,  Marie  fit  son  séjour  dans  cette  ville,  où  elle  rendit  hommage'  en  son 
nom,  le  i3  d'avril  de  l'an  1208,  à  l'évêque  de  Maguelonne,  pour  la  seigneurie 
de  Montpellier.  Au  reste,  la  réconciliation  de  Pierre  avec  Marie  ne  fut  pas  de 
durée  %  &.  ce  prince  fit  bientôt  après  de  nouveaux  efforts  pour  faire  casser  son 


mariage. 


XXXVII.  —  Évêques  du  Puy. 

La  crainte  qu'avoit  le  pape  Innocent  III  que  les  habitans  du  Puy,  en 
Vêlai,  sous  prétexte  de  garder  exactement  les  canons,  ne  se  laissassent  cor- 
rompre par  les  hérétiques  fit  qu'il  les  exhorta,  le  7  de^  juillet  de  l'an  1207, 
à  observer  leurs  anciennes  coutumes  touchant  la  sépulture  de  leurs  parens, 
quoiqu'il  eût  défendu  à  l'évêque  de  rien  exiger  pour  cette  cérémonie.  Ils 
s'étoient  plaints  de  ce  que  ce  prélat,  malgré  la  défense  que  le  pape  Luce  III 
avoit  faite  à  son  prédécesseur  d'empêcher  le  mariage  légitime  des  veuves  8c 
Éd. orighi.     d'extorquer  d'elles  une  somme  pour  leur  permettre  de  se  marier,  ainsi  nue 

t.  lll,  p.  ï?3.  *  '  ,  • 

pour  la  sépulture  des  défunts,  commettoit  non-seulement  les  mêmes  vexa- 
tions, mais  les  excommunioit  8<  jetoit  l'interdit  sur  eux  sans  aucune  raison. 
Le  pape  ordonna  par  sa  lettre  à  l'évêque  du  Puy  &  à  son  clergé  de  leur  resti- 
tuer ce  qu'ils  avoient  exigé  mal  à  propos,  &  de  leur  laisser  une  entière  liberté 
de  poursuivre  les  procès  qu'ils  avoient  intentés  contre  lui;  il  enjoignit  d'un 
autre  côté  aux  habitans  de  rendre  à  ce  prélat  l'honneur  8c  le  respect  qui  lui 
étoient  dus,  8c  commit  l'exécutioia  de  ces  ordres  aux  évêques  de  Clermont  8; 
de  Nevers. 

L'évêque  du  Puy,  dont  le  nom  n'est  pas  marqué  dans  cette  lettre,  s'appe- 
loit"^  Bertrand  de  Chalançon;  il  avoit  succédé,  dès  l'an  1198,3  Odilon  de 
Mercœur,  qui  avoit  été  auparavant  doyen  de  Brioude.  Bertrand  renouvela, 
au  mois^  de  janvier  de  l'an  1207,  la  société  de  prières  qui  étoit  anciennement 
établie  entre  son  église  8c  celle  de  Cluny.  Il  est  marqué  dans  l'accord  qui  fut 
passé  à  cette  occasion  ;  1°  Que  l'église  du  Puy,  quoiqu'elle  ne  doive  aller  en 
procession  qu'au-devant  du  pape  8c  du  roi,  s'engage  de  le  faire  pour  l'abbé  de 
Cluny,  une  fois  pendant  la  vie  de  chaque  abbé.  2°  Que  l'abbé  de  Cluny, 
lorsqu'il  sera  au  Puy,  aura   la  collation  des  bénéfices  de  la  nomination  du 

'  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  LXXXI,  c.  .'5i6.  ^  Gallla  Chnstlam,  nov.  éd.  t.  2,  c.  707  &  seq. 

'  Guillelimis  de  Podio  Laiiremii,  cil.  '  Gissey,  Histoire  du  Puy,    1.    3,   ch.   8  &  9.  — 

'  Innocent  III,    1.   10,   Epist.   8"),  —   [Potthnst,  F.  Th'.-odore,  Histoire  Hf  l'église  du  Puv,  ch.  2^, 
n.  31.I7.] 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXI.  261 

chaj3ltre,  à  qui  il  en  demandera  cependant  l'agrément;  qu'il  aura  la  garde  des 
clefs  du  trésor,  la  première  place  au  chœur,  la  rétribution  Se  les  honneurs  de 
chanoine,  Sec.  3°  Enfin  que  l'évêque  du  Puy  jouira  des  mêmes  privilèges 
dans  l'abbaye  de  Cluny. 

XXXVlII.  —  Le  pape  exhorte  le  roi  de  France  i-  les  principaux  vassaux  du 
royaume  à  prendre  les  armes  pour  exterminer  les  hérétiques  de  la  Pro- 
vince. 

m 

Innocent  III,  voyant  que  ses  exhortations  pour  extirper  l'hérésie  de  la 
Province  n'avoient  pas  tout  le  succès  qu'il  désiroit,  résolut  d'y  employer  la 
force.  Dans  cette  vue,  il  écrivit",  le  17  de  novembre  de  l'an  1207,  au  roi  Phi- 
lippe-Auguste pour  implorer  son  secours  81  l'exhorter  à  faire  la  guerre  aux 
hérétiques  comme  aux  ennemis  de  Dieu  Se  de  l'Eglise.  Il  lui  déclare  qu'il 
veut  qu'on  coniisque  tous  leurs  biens.  Se  lui  accorde,  soit  qu'il  aille  en  per- 
sonne à  cette  expédition,  soit  qu'il  y  envoie  seulement  des  troupes,  ainsi  qu'à 
tous  ses  vassaux  qui  y  contribueront,  la  même  indulgence  que  gagnoient  ceux 
qui  servoient  dans  la  Terre-Sainte  contre  les  infidèles^.  Le  pape  écrivit  dans 
les  mêmes  termes  au  duc  de  Bourgogne,  aux  comtes  de  Bar,  de  Nevers  Se  de 
Dreux,  aux  comtesses  de  Troyes,  de  Vermandois  Se  de  Blois,  à  Guillaume  de 
Dampierre  Se  à  tous  les  comtes,  l>arons,  chevaliers  Se  fidèles  du  royaume  de 
France.  Nous  ignorons  l'effet  qu'eurent  d'abord  ces  lettres;  mais  il  est  cer- 
tain qu'Innocent,  extrêmement  irrité  du  meurtre  de  Pierre  de  Castelnau, 
son  légat,  qui  suivit  de  près,  vint  enfin  à  bout  de  mettre  tous  ces  princesen 
mouvement  pour  exterminer  les  hérétiques.  Ce  meurtre  arriva^  de  la  manière 
suivante  au  commencement  de  l'an  1208. 

XXXIX.  —  Meurtre  du  légat  Pierre  de  Castelnau. 

Le  conite  de  Toulouse,  après  avoir  signé  la  paix,  suivant  la  volonté  du 
pape  Se.  de  Pierre  de  Castelnau,  ne  se  comportant  pas'*  dans  la  poursuite  des 
hérétiques  d'une  manière  assez  conforme  à  leur  zèle,  ce  dernier  l'alla  trouver, 
lui  reprocha  en  face  sa  lâcheté,  l'accusa  de  parjure  Se  de  favoriser  les  héré- 

'  Innocent  III,  1.   10,  Ep'ut.  149,  —  [Potthasf,  que   si   le  clergé  &  les  barons  de   France  contri- 

n.  32i3.]  buent  de  leur  côté;  dans  ce  cas  il  s'engage  à  dé- 

'  Le  roi  répondit  à  cette  lettre,  &  nous  publions  penser  jusqu'à  cinquante   livres    parisis   par  jour 

ta  réponse  (tome  VIII,  c.  jjy   &  suiv.).  Philippe-  pendant  un  an.  Si   pendant  son  expédition  dans 

Auguste  ne  refusa  point  son  concours,  mais  y  mit  le  Midi,  le  roi  d'Angleterre  rompt  la  trêve,  le  roi 

des  conditions  qu'il    était  assez  difficile  au   pape  de  France  pourra  rappeler  ses  troupes.    [A.  MJ 
de  remplir.  Voici  l'analyse  de  cet  acte  :  la  guerre  '  Robertus  Altissiodorensis,  Chronicon,  ad  ann. 

venant  de  recommencer  avec  le  roi  Jean   d'Angle-  1208.  —  Chronicon  Masslliense,  apiid    Labbe,  B!- 

terre,  il  serait  impossible  au  roi  d'entretenir  deux  hliothecu  nova  manuscriptar,,  t.   1 ,  p.  841 .  —  Voir 

armées.  Si  le  souverain  pontife  peut  ménager  une  Bollnndistes,  mars,  t.   1 ,  p.  416. 
trêve  solide  entre  lui   &  le   roi   d'Angleterre,  il  se  '  Pierre  de  V;iux-Cernay,  c.  3,  suh  fine.  —  In- 

rendra    à  ses  désirs;   mais   il    faudra   que   la    trêve  nocent  III,  1.   1 1,  £pi5'.  2(5.  [Pottliast,  n.  3323.]  — 

comprenne   le  roi   de  Castillej   il    ne  contribuera  Robertus  Altissiodorensis,  C/ironicon,  adann.  1208. 


An   1207 


An 


An  1208 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXI. 


ti([ues,  le  traita  en  tyran  &  l'excommunia  de  nouveau.  Le  comte,  craignant 
les  suites  de  l'indignation  du  légat,  le  fit  prier  quelque  temps  après  de  se 
rendre  à  Saint-Gilles,  lui  €•  son  collègue,  avec  promesse  de  les  satisfaire 
entièrement  sur  tout  ce  qu'ils  exigeroient  de  lui.  Les  deux  légats  se  rendirent 
incessamment  dans  cette  ville,  &  le  comte  parut  se  rendre  à  leurs  remon- 
trances 5  mais  tantôt  il  promettoit  de  leur  obéir  absolument,  81  tantôt  il  for- 
moit  des  difficultés  sur  l'exécution  de  ses  promesses.  Enfin  les  deux  légats, 
mécontens  de  son  irrésolution,  déclarèrent  qu'ils  alloient  se  retirer.  Le  comte, 
fàcjié  à  son  tour  de  leur  départ,  menaça  de  les  faire  mourir,  ajoutant  qu'il 
feroit  épier  leurs  démarches  partout  où  ils  iroient;  &  on  assure  qu'il  leur  fit 
en  effet  dresser  des  embûches.  L'abbé,  les  consuls  &  les  bourgeois  de  Saint- 
Gilles,  informés  du  ressentiment  du  comte,  firent  tout  leur  possible  pour 
l'apaiser;  mais  n'ayant  pu  réussir,  ils  firent  escorter,  malgré  ce  prince,  les 
deux  légats,  qui  furent  obligés  de  s'arrêter  &  de  coucher  dans  une  hôtellerie, 
sur  les  bords  du  Rhône,  à  l'endroit  du  passage.  Le  lendemain,  i5  de  janvier' 

Éd.  origin.     (\q  J'gn  1 2o8,  ils  se  disposoient  à  traverser  lé  fleuve,  après  avoir  dit  la  messe, 
1. 111,  p.  134.  '  r  _  '     1  ^  ' 

lorsque  deux  hommes  inconnus  qui  avoient  logé  avec  eux  s  étant  approchés, 
l'un  d'eux  porta  à  Pierre  de  Castelnau  un  coup  de  lance  qui  l'atteignit  au 
bas  des  côtes  &  le  renversa  par  terre;  ce  pieux  religieux  se  sentant  blessé  dit 
à  son  assassin  ;  Dieu  vous  pardonne,  puisque  je  vous  pardonne,  8c  répéta  plu- 
sieurs fois  ces  paroles.  Il  régla  ensuite  avec  ses  associés  les  affaires  de  la  mis- 
sion, &  ayant  récité  quelques  prières,  il  expira. 

C'est  ainsi  que  le  pape  Innocent  III  raconte  lui-même  les  circonstances  de 
la  mort  de  Pierre  de  Castelnau,  son  légat,  sur  la  relation  sans  doute  que 
l'abbé  de  Cîteaux  lui  en  envoya.  Le  pape  soupçonna  extrêmement  le  comte 
de  Toulouse  d'y  avoir  participé;  mais  il  convient^  ailleurs  que  ce  prince  ne 
fut  jamais  convaincu  d'un  pareil  attentat,  8c  on  peut  s'en  rapporter  à  lui. 
D'ailleurs,  un  auteur,  qui  a  écrit  vers  le  commencement  du  quatorzième  siècle 
en  langage  du  pays  l'histoire  de  la  guerre  des  albigeois  8c  qui  est  connu^  sous 
le  nom  de  l'historien  du  comte  de  Toulouse,  disculpe  entièrement  ce  prince. 

Cet  historien'*  anonyme,  après  avoir  dit  que  l'abbé  de  Cîteaux,  légat  du 
Saint-Siège,  suivi  de  plusieurs  prélats  &c  de  Pierre  de  Castelnau,  fut  trouver 
le  comte  de  Toulouse  à  Saint-Gilles,  rapporte  les  circonstances  suivantes  : 
K  Quant  le  légat  eut  passé  quelques  jours  à  Saint-Gilles,  Pierre  de  Castelnau 
«  eut  une  dispute  fort  vive  avec  un  gentilhomme  de  la  suite  du  comte  Rai- 
«  mond  au  sujet  de  l'hérésie,  8c  leur  querelle  s'échauffa  tellement  que  le 
«  gentilhomme  tua  Pierre  de  Castelnau  d'un  coup  de  poignard.  Ce  meurtre 
((  causa  un  grand  mal,  ainsi  qu'on  verra  ci -après,  8c  le  légat  8c  toute  sa  com- 
«  pagnie  en  furent  extrêmement  irrités.  Pierre  de  Castelnau  fut  inhumé 
«  ensuite  dans  le  monastère  de  Saint-Gilles.  Quant  au  gentilhomme  qui 
«  l'avoit  assassiné,  il  s'enfuit  à  Beaucaire,  auprès  de  ses  parens  8c  de  ses  amis; 

'  Voyez  tome  V,  c.  36.  '  Catel,  Histoire  des  comtes  Je  Tolose,  p.  i5î. 

'  Innocent    III,    1.    i.5,    Epist,    102.    [Pottliast,  ^  Voyez  tome  VIII,  Chroniques,  ce.  7  &  8. 

n.  4517.] 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXI.  263 

<(  car,  si  le  comte  Raimond  eût  pu  se  rendre  maître  de  sa  personne,  il  en 
«  auroit  fait  une  telle  justice  que  le  légat  &  ses  gens  en  eussent  été  plcine- 
(1  ment  satisfaits.  Le  comte  eut  un  extrême  chagrin  de  ce  meurtre  commis 
«  par  un  de  ses  domestiques.  Le  légat  envoya  incontinent  au  pape  pour  lui 
«  faire  part  de  cet  événement,  &  le  pontife  entra  dans  iine  si  grande  colère, 
«  en  apprenant  l'assassinat  du  légat,  qu'il  convoqua  la  croisade  pour  en  tirer 
<i  vengeance,  pour  réduire  les  hérétiques  Se  les  faire  rentrer  dans  le  bon  che- 
«  min.  Le  légat,  ayant  reçu  du  pape  les  pouvoirs  nécessaires,  partit  aussitôt 
«  de  Saint-Gilles  avec  sa  compagnie,  sans  prendre  congé  du  comte  Raimond. 
«  Il  se  rendit  dans  son  abbaye  de  Cîteaux,  où  il  assembla  le  chapitre  général 
«  de  son  ordre.  Les  abbés  &  les  religieux  y  accoururent  en  foule  &  se  char- 
«  gèrent  de  prêcher  partout  la  croisade,  ce  qu'ils  exécutèrent,  &C.'  «  Cet  auteur 
parle  ensuite  fort  au  long  des  soins  que  se  donna  le  comte  de  Toulouse 
auprès  du  légat  pour  lui  prouver  son  innocence  touchant  le  meurtre  de 
Pierre  de  Castelnauj  mais  quoique  Raimond  n'y  eût  peut-être  pas  donné 
occasion,  il  est  certain  du  moins  qu'on  conçut^  de  violens  soupçons  qu'il 
avoit  trempé  dans  ce  crime. 

Pierre  de  Castelnau  fut  inhumé^  d'abord  dans  le  cloître  de  l'abbaye  de 
Saint-Gilles  &  transféré  un  an  après,  par  ordre  du  pape,  dans  l'église  du 
monastère  auprès  du  tombeau  de  saint  Gilles.  On  remarque  que  dans  le 
temps  de  cette  translation  on  trouva  son  corps  aussi  entier  que  s'il  fût  mort 
le  même  jour.  On  lui  donne  généralement  le  titre  de  martyr;  mais  on  ne  le 
qualifie  que  bienheureux.  Les  religionnaires,  ayant  pris  &  pillé  en  i562  la 
ville  de  Saint-Gilles,  brûlèrent  les  reliques  du  bienheureux  Pierre  avec  les 
autres  qu'on  conservoit  dans  cette  église. 

XL.  —  Le  pape  exhorte  le  roi,  les  évêques  £■  les  barons  de  France  à  tirer 
vengeance  du  meurtre  de  Pierre  de  Castelnau  £>-  à  envahir  les  domaines  du 
comte  de  Toulouse. 

Le  meurtre  de  ce  légat  enflamma  le  zèle  d'Innocent  III.  Il  n'en  eut  pas 
plutôt  appris  la  nouvelle  qu'il  écrivit,  le  lo  de  mars  de  l'an  1208,  aux  arclie- 

'  Le  fond  de  cette  Tersion,  qui   ne  diffère  p.TS  plus    naturellement    par    l'irritation    qu'avaient 

ejctrcniement  de  celle  d'Innocent  III  &  de  Pierre  soulevée  à  la  cour  de  ce  prince  les  procédés  hau- 

de  Vaux-Cernay,  se  retrouve  dans  la  Chanson   de  tains  de  Pierre  de  Castelnau.  Il  y  eut  de  la    part 

la  croisade  (vers  73-97).   Un  seul   passage  y  man-  d'un  vassal   un    excès  de  zèle  coupable;    rien    ne 

que,   celui    où    le   chroniqueur  en    prose    affirme  prouve   que    le   meurtre   t\XX.  été  prémédité  de    la 

que  Raimond  VI  aurait  voulu    punir   sévèrement  part  de  Raimond.  Innocent  III  lui-même   revint 

le  meurtrier;    c'est  évidemment   un   enjolivement  peu  après   sur  son   affirmation    &  se  contenta   de 

ajouté   par  le  panégyriste  du   comte  de  Toulouse.  dire  que   le   comte  était  valAe  suspectas,  soupijonni 

Dan»  les  deux  versions,  le  temps  du   ineurtre,  les  4e  ce  crime.  (Voir  la  lettre  citée  plus  haut.)  Quoi 

détails   de   la    mort  s'accordent;   seulement,   dans  qu'il  en   soit,  ce  triste  événement  fut  le  véritable 

son  indignation,  le  pape  crut  à  la  complicité  du  signal  de  la  croisade.  [A.  M.] 

comte  de  Toulouse,  complicité  qui    est   peu    pro-  '  Guillelmtis  de  Podio  Laurentii,  c.  9. 

bable;  l'intérêt  même  de  ce  prince  lui  défendait  '  hoWiniims,  ut  supra,  — haûXtl,  Vie  des  saints, 

un    pareil   crime.   On    peut   l'expliquer  beaucoup  5  mars. 


An  i2o3 


"7777^   -'^4  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXI. 

vêques'  de  Narbonne,  d'Arles,  d'Embrun,  d'Aix  &  de  Vienne  &  à  leurs  suftVa- 
gans,  une  lettre-circulaire  dans  laquelle  il  leur  marque  :  «  qu'ayant  envoyé 
«  des  missionnaires  en  Provence,  entre  lesquels  étoit  frère  de  Castelnau, 
«  moine  6-  prêtre  (dont  il  fait  un  grand  éloge),  pour  y  déraciner  les  vices  & 
«  extirper  l'hérésie,  le  diable  avoit  suscité  contre  lui  le  comte  de  Toulouse; 
«  que  ce  comte,  après  avoir  été  excommunié  plusieurs  fois  pour  ses  excès 
«  contre  Dieu  8c  contre  l'Eglise,  8<.  plusieurs  fois  absous  à  cause  de  sa  dissi- 
(i  mulation,  ne  pouvant  retenir  la  haine  qu'il  avoit  contre  ce  légat,  qui  lui 
t.'ni^p'.^'s's.  "  faisoit  des  réprimandes,  l'avoit  appelé  à  Saint-Gilles  avec  son  collègue.  » 
Le  pape  raconte  ensuite  le  meurtre  de  Pierre  de  Castelnau  de  la  manière 
qu'on  l'a  déjà  rapporté.  «  Frère  Pierre  de  Castelnau,  ajoute  le  pape,  ayant 
«  répandu  son  sang  pour  la  foi  8c  pour  la  paix,  il  a  véritablement  souffert  le 
«  martyre,  8c  il  feroit  des  miracles  si  l'incrédulité  des  gens  du  pays  ne  l'em- 
«  pêchoit;  mais  je  crois  que  le  sang  de  ce  martyr  sera  plus  efficace  pour  les 
«  retirer  de  leurs  erreurs  que  ses  prédications,  s'il  vivoit  encore.  Nous  vous 
«  ordonnons  donc,  en  vertu  d'obéissance,  de  continuer  les  travaux  de  Pierre 
«  de  Castelnau  pour  l'extirpation  de  l'hérésie,  8c  de  déclarer  excommuniés 
«  dans  vos  diocèses,  tant  le  meurtrier  de  cet  homme  de  Dieu  que  tous  ceux 
<(  qui  l'ont  favorisé,  qui  lui  ont  conseillé  de  commettre  un  si  détestable  assas- 
<(  sinat  Se  qui  lui  donneront  retraite,  8c  de  mettre  en  interdit  tous  les  lieux 
«  où  ils  se  retireront,  jusqu'à  ce  que  s'étant  rendus  à  Rome  ils  méritent 
<(  d'obtenir  l'absolution  de  leur  crime  après  une  satisfaction  convenable. 
.  •«  Nous  accordons  une  indulgence  plénière  à  tous  ceux  qui  entreprendront 
«  de  venger  le  sang  de  ce  juste  sur  les  hérétiques  qui  cherchent  à  nous  ôter 
«  la  vie  clu  corps  comme  celle  de  l'âme.  Quoique  le  comte  de  Toulouse  soit 
«  déjà  excommunié  depuis  longtemps  pour  plusieurs  crimes  énormes  qu'il 
«  seroit  trop  long  de  détailler;  cependant,  comme  il  y  a  certains  indices  qui 
H  font  présumer  qu'il  est  coupable  de  la  mort  de  ce  saint  homme,  non-seule- 
«  ment  en  ce  qu'il  l'a  menacé  publiquement  de  le  faire  mourir  8c  qu'il  lui  a 
(t  dressé  des  embûches,  mais  encore  parce  qu'il  a  admis  le  meurtrier  dans  sa 
((  familiarité,  ainsi  qu'on  l'assure,  8c  qu'il  lui  a  fait  de  grands  présens,  pour 
«  ne  point  parler  des  autres  présomptions  qui  nous  sont  connues;  par  cette 
«  raison  vous  le  dénoncerez  excommunié.  Et  comme,  suivant  les  saints  canons, 
n  on  ne  doit  pas  garder  la  foi  à  celui  qui  ne  la  garde  pas  à  Dieu,  après  l'avoir 
«  séparé  de  la  communion  des  fidèles,  vous  déclarerez,  par  l'autorité  aposto- 
«  lique,  tous  ceux  qui  lui  ont  promis  fidélité,  société  ou  alliance,  déliés  de 
«  leur  serment,  avec  permission  à  tout  catholique,  sauf  le  droit  du  seigneur 
«  principal,  non-seulement  de  poursuivre  sa  personne,  mais  encore  d'occuper 
i(  8c  de  garder  ses  domaines  dans  la  vue  de  retirer  de  l'erreur  les  pays  qui 
«  jusqu'ici  en  ont  été  infectés  par  sa  méchanceté,  parce  qu'il  est  juste  que  les 
«  mains  de  tous  s'élèvent  contre  celui  qui  élève  les  siennes  contre  tous  :  Se  si 
«  cette  punition  ne  le  corrige  pas,  nous  avons  résolu  d'aggraver  la  peine.  Que 

'Innocent  III,  1.  il,  Epist.  id,  —  [Potthast,  n.  3324.] 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXI. 


265 


An  1208 


«  s'il  promet  de  faire  satisfaction,  il  faut  avant  toutes  choses  qu'il  chasse  les 
«  hérétiques  de  tous  ses  domaines  81  qu'il  fasse  la  paix  avec  ses  frères,  parce 
«  qu'il  a  été  principalement  anathématisé  pour  les  fautes  qu'il  a  commises 
«  sur  ces  deux  articles;  quoique  si  Dieu  faisoit  attention  à  ses  iniquités,  à 
«  peine  pourroit-il  faire  une  satisfaction  proportionnée,  tant  pour  lui-même 
«  que  pour  cette  multitude  de  gens  qu'il  a  précipités  dans  la  damnation.  « 
Innocent  dit  à  la  fin  de  sa  lettre  «.  qu'il  ne  croit  pas  que  la  mort  de  l'homme 
«  de  Dieu  intimide  l'évêque  de  Conserans  &  l'abbé  de  Cîteaux,  légats  du 
«  siège  apostolique,  &  les  autres  catholiques,  &  qu'il  est  persuadé  qu'elle  les 
«  encouragera  au  contraire  à  suivre  son  exemple.  >>  Enfin  il  exhorte  les  pré- 
lats des  cinq  provinces  à  aider  de  toutes  leurs  forces  ces  deux  légats  8c  à  obéir 
entièrement  à  leurs  ordres. 

Le  pape  écrivit'  des  lettres  à  peu  près  semblables  :  1°  Aux  comtes,  aux 
barons  8<  à  tous  les  chevaliers  des  mêmes  provinces  8c  de  tout  le  royaume, 
qu'il  presse  de  s'armer  pour  tirer  vengeance  de  la  mort  de  son  légat,  pour 
exterminer  les  hérétiques  8c  rétablir  la  paix.  2°  A  l'archevêque  de  Lyon  8c  à 
ses  suffragans*,  pour  les  engager  à  exhorter  les  clercs  8c  les  laïques  de  leurs 
diocèses  à  s'employer  contre  les  hérétiques.  3°  A  Philippe-Auguste,  roi  de^ 
France.  Après  avoir  donné  beaucoup  de  louanges  à  ce  prince  de  son  attache- 
ment à  la  foi  catholique,  il  le  prie  de  s'armer  pour  venger  l'injustice  faite  à 
Dieu  en  la  personne  de  Pierre  de  Casteinau,  légat  du  Saint-Siège,  de  prendre 
la  protection  de  l'Eglise  contre  le  tyran  6*  l'ennemi  de  la  foi ^  d'aller  en  per- 
sonne dans  la  Province  y  détruire  les  hérétiques  qui  sont,  dit-il,  pires  que 
les  Sarrasins;  d'attaquer  le  comte  de  Toulouse  pour  l'obliger  à  faire  satisfac- 
tion à  Dieu  8c  à  l'Eglise;  de  le  dépouiller,  lui  8c  ses  fauteurs,  de  tous  leurs 
domaines;  de  chasser  les  hérétiques  du  pays,  8c  enfin  d'y  établir  des  habitans 
catholiques'*.  4°  A  l'archevêque  de  Tours''  8c  aux  abbés  du  Pin  &c  de  Per- 
seigne  pour  les  charger  de  travaillera  la  réconciliation  des  rois  de  France  8c 


'  Pierre  de  Vaux-Cernay,  c.  8.  —Innocent.  III 
1.  I  I,  Ef'iit.  29.  [Potthast,  n.  33x3.] 

'  Innocent.  III  1.   11,  Epist.  27. 

>  IhU.  Epist.  28.  —  [Potth.njt,  n.  3353.] 

^  Nous  donnons  au  tome  VIII,  c.  .'i.lS  &  siiiv. 
d'après  M.  Delisle,  la  réponse  faite  par  le  roi  au 
pape  après  le  meurtre  de  Pierre  de  Casteinau.  — 
Philippe-Auguste  commence  par  exprimer  toute  la 
douleur  que  lui  a  causée  le  meurtre  du  légat;  si  le 
pape  a  à  se  plaindre  du  comte  de  Saint-Gilles,  le 
roi  aussi  ne  manque  pas  de  griefs  contre  lui.  Rai- 
mond  VI  a  épousé  la  sœur  de  Richard  d'Angle- 
terre pendant  que  celui-ci  était  en  guerre  avec  le 
roi  de  France;  il  a  secouru  le  roi  Jean,  &  la  gar- 
nison de  Falaise  était  composée  de  Toulousains. 
Philippe-Auguste  n'a  jamais  pu  tirer  de  lui,  quoi- 
qu'il possède  une  des  plus  grandes  baronnies  du 
royaume,  ni  secours  directs,  ni  secours  indirects. 
—  Quant  il  marcher  contre  lui,  le  roi  ne  peut  s'y 
("gager,  1<>  Anglais  venant  de  rompre  la  trêve.  Si 


le  clergé  &  les  barons  du  royaume  consentent  i 
contribuer  à  la  croisade,  le  roi  fournira  volon- 
tiers des  hommes  &  de  l'argent.  —  Le  pape  a 
exposé  la  terre  du  comte  au  premier  occupant; 
mais  des  gens  sages  [litterati)  8c  illustres  ont  assuré 
au  roi  que  le  souverain  pontife  ne  pouvait  le  faire 
avant  la  condamnation  formelle  du  comte  comme 
hérétique,  &  une  fois  la  sentence  portée,  il  doit 
signifier  cette  condamnation  au  roi,  qui  expo- 
sera lui-même,  au  premier  occupant,  cette  terre 
qui  est  de  son  fief.  —  On  voit  par  cette  analyse 
détaillée  que  le  roi  réserva  ses  droits  de  suzeriiin 
dès  le  premier  jour  de  la  croisade,  &  on  comprend 
pourquoi,  sans  favoriser  aucunement  Raimond  \'I, 
il  s'abstint  de  prendre  part  à  cette  affaire  épi- 
neuse. L'événement  montra  que  la  cour  de  France 
ne  pouvait  suivre  de  politique  plus  sage.  [A.  M.J 
'  Innocent.  IH  1.  11,  Epist.  3o  &  3i.  —  [Pot- 
thast, n»»  3355-3356.] 


Kd.origin. 
.111,  p.  156. 


An 


i6G  HISTOIRE  GÉNÉRAI.'^,  DE  I.ANGUEDOC.  Î.IV.  XXI. 

d'Angleterre,  afin  qu'ils  joignent  ensuite  leurs  armes  contre  les  hérétiques  de 
Provence,  5°  A  l'abbé  de  Cîteaux  '  qui  lui  avoit  mandé  qu'il  étoit  sur  le 
point  de  partir  pour  la  Provence,  c'est-à-dire  pour  le  Languedoc,  compris 
alors  dans  la  Provence  prise  en  général.  Il  l'exhorte  à  consoler  l'Église  affligée 
de  la  mort  du  légat  frère  Pierre  de  Castelnau,  de  sainte  mémoire,  à  s'armer 
de  courage  &  à  avancer  dans  le  pays  les  affaires  de  la  légation,  conjointement 
avec  l'évêque  de  Conserans,  son  collègue  {conlegato);  lui  promettant  de  les 
secourir  de  tout  son  pouvoir.  6°  Enfin  à  l'archevêque  ^  de  Tours  8c  aux 
évêques  de  Paris  &  de  Nevers  pour  les  obliger  à  rétablir  la  paix  entre  le  roi 
&c  les  grands  du  royaume  &  à  exciter  les  seigneurs  &  les  prélats  à  aller 
promptement  en  Provence  contre  les  hérétiques.  Le  pape  chargea  de  ces 
lettres^  Galon,  cardinal-diacre,  qu'il  envoya  légat  en  France  auprès  du  roi, 
&  à  qui  il  ordonna  d'engager  ce  prince  à  envahir  au  plus  tôt  les  terres  du 
comte  de  Toulouse  &.  à  publier  les  indulgences  qu'il  accordoit  à  tous  ceux 
qui  prendroient  part  à  cette  entreprise. 

XLL  —  Publication  de  la  croisade  contre  les  albiseois. 

Nous  intérons  de  la  lettre  qu'Innocent  III  écrivit  à  l'abbé  de  Citeaux  que 
le  collègue  du  légat  Pierre  de  Castelnau,  qui  fut  présent  à  Saint-Gilles  lorsque 
ce  religieux  fut  tué,  mais  dont  le  pape  ne  dit  pas  le  nom,  étoit  l'évêque  de 
Conserans  8c  non  cet  abbé,  quoique  l'historien  du  comte  de  Toulouse  fasse 
entendre  le  contraire.  Il  paroît,  en  effet,  par  cette  lettre,  supposé  qu'elle  soit 
datée  du  lo  de  mars  de  l'an  1208,  comme  les  autres,  car  cela  n'est  pas  marqué, 
que  l'abbé  de  Cîteaux  étoit  en  France  dans  le  temps  du  meurtre  de  Pierre 
de  Castelnau,  au  lieu  que  nous  avons  des  preuves  que  l'évêque  de  Conserans 
étoit,  vers  le  même  temps,  aux  environs  de  Saint-Gilles.  C'est  ce  qu'on  voit 
par  un  acte'^  dans  lequel  il  est  dit  :  «  que  l'évêque  de  Conserans,  légat  du 
«  Saint-Siège,  étant  à  Avignon,  entre  la  Nativité  8c  le  premier  jour  de  carême 
«  de  l'an  1208,  il  ordonna  à  l'évêque  de  cette  ville  d'enjoindre  aux  habitans 
«  de  détruire  un  fort  que  le  comte  de  Toulouse  avoit  fait  construire  au  pont 
«  de  Sorgues,  8c  dont  il  se  servoit  pour  rançonner  ceux  qui  passoient  dans  le 
«  grand  chemin,  avec  promesse  que  si  ce  prince  leur  cherchoit  querelle  à 
«  cette  occasion,  il  obtiendroit  une  bulle  du  pape  qui  les  mettroit  sous  sa 
«  protection  8c  excommunieroit  le  comte  8c  tous  ses  partisans.  »  Sur  cette 
promesse,  les  consuls  8c  les  habitans  d'Avignon  rasèrent  le  fort. 

L'abbé  de  Cîteaux''  8c  les  religieux  de  son  ordre,  après  avoir  reçu  leurs 
pouvoirs  de  Rome,  prêchèrent  dans  tout  le  royaume  la  croisade  contre  les 
hérétiques  de  la  Province  8c  publièrent  les  indulgences  que  le  pape  y  avoit 
attachées.  Un  grand  nombre  de  princes  8c  de  seigneurs  s'empressèrent  de 

'  Innocent.   III  1.  11,  Epist.   32.   —  [Potthast,  ''  Fantoni,   Istoria  d'Avinione,  I.   i,  c.  5,  n.  35. 

n.  3357. J  '  Pierre  de  Vaux-Cernay,  ce.  8  &  17.  —  Guil- 

'  Ibid.  Epist.  33.  —  [Potthast,  n.  33)8.]  lelmiis  de  Podio  Laurentii,  c.  8. 
'  Guillauins  de  Nangis,  Chronique,  année  1208, 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXI. 


267 


An  1208 


s'engager  clans  cette  expédition,  clans  l'espérance  de  gagner  plus  commodé- 
ment, 8<  sans  tant  de  frais,  l'indulgence  qui  étoit  accordée  à  ceux  qui  alloient 
servir  dans  la  Terre-Sainte.  Gui,  abbé  de  Vaux-Cernay,  retourna  en  France 
pour  presser  le  départ  de  ces  nouveaux  croisés,  &  il  fut  un  des  plus  ardens 
prédicateurs  de  cette  croisade  :  il  persuada  entré  autres  à  Eudes  III,  duc  de 
Bourgogne,  d'y  prendre  part,  &  à  Simon  de  Montfort  de  l'y  suivre'.  Les  plus 
qualifiés  d'entre  les  autres  qui  prirent  la  croix  furent^  les  comtes  de  Nevers, 
de  Saint-Paul,  d'Auxerre,  de  Genève,  de  Forez,  Sic.  Tous  ces  croisés^,  pour 
se  distinguer  de  ceux  qui  se  destinoient  pour  la  Terre-Sainte,  mirent  la  croix 
sur  la  poitrine,  au  lieu  que  les  derniers  la  portoient  sur  l'épaule'^. 

XLII.  —  Les  évêques  de  la  Province  députent  au  pape  d'un  côté,  6"  le  comte 

de  Toulouse  de  l'autre. 

Cependant^  les  évoques,  voyant  que  le  nombre  des  missionnaires  étoit  fort 
diminué  dans  le  pays  depuis  la  mort  de  l'évêque  d'Osma,  de  Pierre  de  Cas- 
telnau  &  de  frère  Raoul,  députèrent  à  Rome  Foulques,  évêque  de  Toulouse, 
&  Navarre,  évêque  de  Conserans,  pour  demander  du  secours,  à  cause  du 
péril  éminent  où  étoit  la  foi  dans  les  provinces  de  Narbonne,  de  Bourges  & 
de  Bordeaux.  On  assure''  que  le  pape,  touché  de  leurs  remontrances,  établit 
alors  dans  ces  provinces  une  mission  perpétuelle  de  prédicateurs,  dont  saint 
Dominique  fut  déclaré  le  chef,  pour  travailler  sous  l'autorité  de  Foulques, 
évoque  de  Toulouse.  Ainsi  on  prétend  que  l'ordre  des  frères  prêcheurs  com- 
mença dès  lors. 

Le  comte  de  Toulouse,  infor-mé  de  cette  députation  8c  effrayé  des  grands 


■  La  prédicntion  de  In  croisade  ne  fut  pas  sans 
rencontrer  quelques  obstacles.  Philippe-Auguste, 
notamment,  si  nous  en  croyons  un  acte  inédit 
que  l'on  peut  voir  au  tome  VIII,  c,  563  &  suit. 
essaya  de  modérer  la  ferveur  religieuse  qui  pous- 
sait ses  vassaux  à  s'engager  dans  cette  aventureuse 
expédition.  Par  cet  acte,  de  mai  1208,  il  donne 
permission  à  Eudes,  duc  de  Bourgogne,  &  à 
Hervé,  comte  de  Nevers,  de  prendre  la  croix  con- 
tre les  albigeois,  qu'il  appelle  les  ariens.  Mais  en 
même  temps  il  déclare  que  seuls  les  chevaliers  de 
Bourgogne  8c  de  Nivernais  pourront  user  de  la 
permission;  il  estime  leur  nombre  à  cinq  cents. 
Nul  doute,  d'ailleurs,  qu'il  n'ait  dû  renoncer  à 
cette  clause  restrictive;  la  plupart  des  provinces 
du  nord  de  la  France  fournirent  des  soldats  à  la 
croisade,  &  la  pièce  est  cancellée  dans  le  registre 
original,  preuve  qu'elle  fut  jugée  bientôt  inutile. 

[A.  M.] 

'  Voyez  tome  VIII,  c,  9.  —  [Guillem  deTudèle, 
V.   170-176.] 

'  Rigord  &  Guillaume  le  Breton. 

*  Personne  n'a  encore  dressé  In  liste  des  croisés 
de  120^,  &  il  serait  assez  difficile  d'en  faire  un* 


quelque  peu  complète.  En  effet,  les  chroniqueurs 
ne  mentionnent  que  les  principaux  seigneurs,  & 
pour  faire  un  pareil  travail  il  faudrait  dépouiller, 

non-seulement  les  cartulaires  de  la   France,  mais 

■  ■  ' 
encore  ceux  des  pays  voisins  :  Belgique,  Alle- 
magne, Suisse,  &c.  Remarquons,  en  outre,  que 
chaque  année  une  &  souvent  deux  fois  par  an, 
les  légats  8c  les  prédicateurs  amenaient  au  comte 
de  Montfort  une  nouvelle  levée  de  pèlerins,  qui 
s'empressaient  de  repartir  après  avoir  fait  leurs 
quarante  jours.  On  peut  toutefois  assurer  que  ce 
fut  le  Nord  de  la  France  qui  donna  le  plus  d'hom- 
mes &  d'argent,  &  que  de  tous  les  pays  étrangers 
l'Empire  fournit  le  plus  de  soldats.  Aucun  nom 
italien  n'est  cité  par  les  chroniqueurs,  &  l'état  de 
l'Angleterre,  l'hostilité  du  roi  Jean  empêchèrent 
les  barons  anglo-normands  de  prendre  à  cette 
guerre  une  part  active.  Les  chefs  de  l'expédition 
furent  tous  Français  &  pour  la  plupart  de  l'Ile 
de  France  (Simon  de  Montfort,  Robert  de  Mau- 
voisin.  Gui  de  Lévis,  &c.).  [A.  M.] 

'  Pierre  de  Vaux-Cernay.  —  Guillelmus  de  Po- 
dio  Laurentii,  c,  8. 

*  Guillelmus  de  Podio  Laurentii,  c.  8. 


Kd.  origin. 

t.  m,  p.  157. 


An  i2o3 


268 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXI. 


préparatifs  qui  se  faisoient  en  France  contre  les  hérétiques,  dont  la  plupart 
étoient  ses  sujets,  vit  bien  que  l'orage  alloit  tomber  sur  sa  tête.  Pour  le 
détourner,  il  députa  de  son  côté,  à  Rome,  Bernard,  archevêque  d'Auch,  & 
Raimond  de  Rabastens,  auparavant  évêque  de  Toulouse,  qui  lui  étoient 
entièrement  dévoués,  mais  qui  avoient,  dit-on',  une  réputation  très-mau- 
vaise. Il  les  chargea  de  se  plaindre  au  pape  en  son  nom  de  la  dureté  extrême 
avec  laquelle  Arnaud,  abbé  de  Citeaux,  le  traitoit,  &  du  peu  d'égard  qu'il 
avoit  pour  lui;  avec  promesse  de  se  soumettre  entièrement  à  tout  autre  prélat 
ou  cardinal  de  la  cour  romaine  que  le  pape  voudroit  envoyer. 

Un  ancien^  historien  rapporte  à  cette  occasion  les  circonstances  suivantes. 
«  Le  comte  Raimond,  dit  cet  auteur,  instruit  des  mouvemens  que  l'abbé 
«  de  Cîteaux  se  donnoit  pour  rassembler  une  armée  de  croisés  contre  les 
H  hérétiques  de  la  Province,  ne  douta  pas  que  cet  abbé  n'eût  dessein  de 
«  l'attaquer  avec  ces  troupes  pour  se  venger  du  meurtre  de  Pierre  de  Cas- 
«  telnau,  son  religieux;  mais  il  jugea  à  propos  de  dissimuler,  &,  ayant  appris 
«  que  ce  légat  étoit  à  Aubenas,  dans  le  Vivarais,  il  l'alla  trouver  suivi  du 
«  vicomte  de  Béziers,  son  neveu.  Se  de  plusieurs  autres  de  ses  principaux 
c(  vassaux;  il  fit  tous  ses  efforts  pour  tâcher  de  l'apaiser  Se  le  persuader  de 
«  son  innocence;  mais  tous  ses  soins  furent  inutiles.  Il  eut  beau  représenter 
«  qu'il  étoit  véritable  enfant  de  l'Eglise,  qu'il  vouloit  vivre  8c  mourir  dans 
«  son  sein.  Si  que  si  un  de  ses  domestiques  avoit  commis  ce  meurtre,  il  n'y 
«  avoit  participé  en  rien,  comme  il  étoit  en  état  de  le  prouver;  on  ne  voulut 
«  pas  l'écoviter  Se  on  le  renvoya  au  pape.  Sur  cette  réponse,  le  comte  délibéra 
«  avec  le  vicomte  de  Béziers,  son  neveu,  sur  ce  qu'ils  avoient  à  faire.  Ce 
«  dernier  fut  d'avis  de  convoquer  toute  la  noblesse  de  leurs  domaines  8c 
((  d'avoir  recours  à  leurs  amis  8c  à  leurs  alliés  pour  se  mettre  en  état  de 
«  défense  contre  les  croisés,  8c  d'établir  de  bonnes  garnisons  dans  toutes  leurs 
«  places.  Raimond  fut  d'un  sentiment  contraire  Se  déclara  à  son  neveu  qu'il 
«  étoit  résolu  de  prendre  le  parti  de  la  soumission.  Cette  diversité  d'avis 
«  causa  de  la  division  entre  eux  8c  porta  le  vicomte,  lorsqu'il  fut  de  retour 
«  chez  lui,  a  faire  la  guerre  au  comte  de  Toulouse,  son  oncle.  Quant  à  ce 
«  dernier,  il  se  rendit  à  Arles  8c,  après  avoir  hésité  quelque  temps  sur  la 
«  manière  dont  il  agiroit,  il  se  détermina  enfin  à  envoyer  des  ambassadeurs 
«  à  Rome  pour  y  justifier  sa  conduite  8c  se  rendre  le  pape  favorable.  Il 
«  chargea  de  cette  négociation  l'archevêque  d'Auch,  l'abljé  de  Condom,  le 
«  prieur  des  Hospitaliers  de  Saint-Gilles  8c  Bernard,  seigneur  de  Rabastens, 
«  en  Bigorre,  Se  leur  donna  ses  instructions^.  » 


'  Pierre  de  VauTC-Cemay. 

'  Voyez  tome  VIII,  c.  9  &  suiv. 

'  Cette  entrevue  d'Aiibenas  n'est  racontée  que 
par  1;  chroniqueur  anonyme  &  par  son  pro- 
toty);e  Gviillem  de  Tudèle  (vers  182-201  &  221- 
224).  Le  fait  en  lui-même  est  vraisemblable;  mais 
les  deux  auteurs  n'en  racontent  pas  toutes  les 
circonstances;    l'Anonyme,    conforinément    à   son 


habitude,  a  développé  le  texte  du  troubadour  dans 
un  sens  favorable  au  comte  de  Toulouse,  &  a  attri- 
bué à  celui-ci  l'intention  de  se  soumettre;  dans 
Guillem  de  Tudèle,  le  comte  propose  au  vicomte 
de  Béziers  de  résister  ensemble;  celui-ci  refuse,  & 
son  refus  engage  Raimond  VI  à  envoyer  des  mes- 
sagers k  Rome.  Remarquons  que  l'Anonyme  a 
commis,  sur  le  nom  de  l'un  de  ces  messagers,  vne 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXI.  260  "T 7" 

7        An  i2o8 

XLIII.  —  Comtes  de  Rode-^.  —  Projet  de  mariage  du  fils  du   comte 
de  Toulouse  avec  la  fille  du  comte  d'Auvergne, 

En  attendant  le  succès  de  son  ambassade,  Raimond  fit  un  voyage  dans  son 
comté  de  Rouergue,  où  Hugues,  évêque  de  Rodez,  lui  engagea',  au  mois 
de  mars  de  cette  année,  le  château  de  Palmat,  en  présence  de  Guillaume, 
comte  de  Rodez,  de  Bernard  d'Arpajon,  8tc.  Le  comte  de  Rodez,  qui  le 
reconnoissoit  pour  son  seigneur,  lui  donna  alors  en  engagement  pour  vingt 
mille  sols  melgoriens,  du  consentement  d'Yrdoine  de  Canillac,  sa  femme,  le 
château^  de  Montrosier  avec  tout  le  pays  de  Larsagues^,  qui  faisoit  partie  du 
comté  de  Rodez  &  étoit  composé  de  neuf  châteaux,  situés  vers  les  sources  de 
l'Avevron  8t  les  frontières  du  Gévaudan. 

Guillaume,  comte  de  Rodez,  fit  son  testamenf*  la  même  année,  du  consen- 
tement 6"  par  l'autorité  du  comte  Hugues,  son  père.  Comme  il  n'avoit  pas 
d'enfans,  il  institua  son  héritier  universel  Gui,  comte  d'Auvergne,  son  cousin, 
81  lui  substitua  Guillaume,  fils  de  ce  comte;  il  mourut  peu  de  temps  après 
sans  postérité,  8t  Gui,  comte  d'Auvergne,  recueillit  sa  succession.  Le  comte 
de  Toulouse,  qui  avoit  déjà  acquis  par  engagement  une  portion  du  comté  de 
Rodez,  songea  alors  à  le  réunir  entièrement  à  son  domaine.  Dans  cette  vue, 
il  fit  un  traité,  au  mois  de  décembre  de  l'an  1208,  avec  le  même  Gui,  comte 
de  Clermont  ou  d'Auvergne,  suivant  lequel  :  i"  Il  promit^  de  donner  en 
mariage  à  une  fille  de  ce  comte,  Raimond,  son  fils,  8c  de  Jeanne  d'Angleterre, 
sa  femme.  2°  Gui,  à  cause  de  ce  mariage,  disposa  en  faveur  du  jeune  Rai- 
mond, du  comté  de  Rodez  qui  lui  étoit  échu  de  la  succession  du  comte  Guil- 
laume, excepté  le  fief  de  Bernard  de  Benavent  8c  du  Chantoen.  3°  11  se  l 'ifi  "'''^IsJi 
réserva  aussi  la  vicomte  de  Carlad  qui  lui  venoit  de  la  même  succession  8c 
dont  le  comte  de  Toulouse  s'obligea  de  faire  l'acquisition,  à  condition  que 
Gui  8c  ses  héritiers  la  tiendroient  de  lui  en  fief,  à  titre  d'engagement.  4°  Il 
fut  stipulé  qu'en  cas  que  le  jeune  Raimond  vînt  à  décéder  avant  que  d'avoir 
accompli  ce  mariage,  un  autre  fils  du  comte  Raimond,  né  d'une  femme  légi- 
time, 8c  son  plus  proche  héritier,  épouseroit  la  fille  du  comte  d'Auvergne,  8c 
que  si  cette  fille  venoit  à  mourir  avant  son  mariage,  le  jeune  Raimond,  ou  à 

tingiillèrc  méprise  :  il  dit  que  l'un  d'eux  fut  Ber-  comme  légat   est  du    ii  mnrs    1109,   &  elle  fut  le 

nard,    seigneur  de   Rabasiens,  en   Bigorre;   corri-  seul  résultat  effectif  que  purent  obtenir  les  ambas- 

ger  Raimond  de  Rabastens,  ancien  évêque  de  Tou-  sadeurs  du  comte  de  Toulouse.  [A.  M.] 
louse,    déposé   en    1206;    Pierre  de  Vaux-Cernay,  '  Trésor  des  chartes;  Toulouse,  sac  9,  n.   12.  — 

qui    traite  l'archevêque   d'Auch    &  l'ex-évêque   de  [J.  3i8.  Cf.  Teulet,  Layettes,  t.   1,  p.  3ij.] 
Toulouse  d'fxfiraii/fj  &  malijrti  (c.  9),  parle  aussi  'Voyez    tome    VIII,    Chartes,     n.    LXXXVIII, 

de  cette  ambassade.  L'entrevue  d'Aubenas  est  pla-  ce.  56i-5â2. 

cée  par  Guillem  deTudéle  en  mai  I  209  '  j  dom  Vais-  '  (Il  faut    lire   Laisiagues.  Voyez    tome    VIII, 

sete,  on  vient  de  le  voir,  la  place  en  février.  (Voir  Chartes,  ut  supra.] 

plus    bas  ch.  XLiii.)  Nous  croyons  que  le  savant  *  Raluze,  Histoire  généalogique  tlela  maison  d'Au- 

bénédictin  a  raison,  car  la  nomination  de  Milon  vergne,  t.  2,  p.  -jii. 

''  Ihiâ.  p.  8.(. 
'  Il  dit  1210  par  çrreur.  (Vers  30O-207.) 


An  1208 


270  HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXI. 

son  défaut  un  autre  fils  du  comte  de  Toulouse,  épouseroit  une  autre  fille  de 
Gui.  5°  Le  comte  de  Toulouse  s'engagea,  en  cas  qu'il  n'eût  pas  d'héritiers 
légitimes  ou  que  toutes  les  filles  du  comte  d'Auvergne  mourussent  avant 
l'âge' nubile,  de  restituer  à  ce  comte  &  à  ses  héritiers  le  comté  de  Rodez,  de 
la  manière  que  le  comte  Guillaume  le  possédait  dans  le  temps  de  sa  mort; 
sauf  les  dépenses  qu'il  avoit  faites  en  cette  occasion  81  qui  montoient  à  trois 
cents  marcs  d'argent,  Si  celles  qu'il  devoit  faire  pour  recouvrer  entièrement 
les  domaines  de  ce  comté  jusqu'à  la  concurrence  de  cent  cinquante  autres 
marcs.  Il  se  réserva  de  plus  en  engagement  les  terres  du  comté  de  Rodez 
qu'il  auroit  rachetées,  &,  dans  le  cas  de  cette  restitution,  il  s'obligea,  tant 
pour  lui  que  pour  ses  héritiers,  à  recevoir  l'hommage  de  Gui  ik  de  ses  suc- 
cesseurs pour  le  comté  de  Rodez.  6°  Enfin  il  promit  d'assigner  un  douaire  à 
la  fille  du  comte  d'Auvergne  qui  épouseroit  son  fils  &  de  s'en  rapporter  pour 
cela  au  jugement  de  Gui,  vicomte  de  Limoges,  &.  de  Raimond,  vicomte  de 
Turenne.  Ce  traité  fut  arrêté  à  Martel,  en  Querci,  en  présence  de  ces  deux 
vicomtes  £<  de  plusieurs  autres  seigneurs. 

Le  nom  de  la  fille  du  comte  d'Auvergne  qui,  suivant  cet  acte,  devoit 
épouser  le  fils  du  comte  de  Toulouse,  n'y  est  pas  marqué.  On  prétend  '  que 
c'est  Hélis  qui  se  maria  dans  la  suite  avec  Raimond,  vicomte  de  Turenne. 
Quoi  qu'il  en  soit,  il  est  du  moins  certain  que  son  mariage  avec  le  jeune 
Raimond  ne  s'accomplit  pas,  sans  que  nous  en  sachions  la  raison-  Le  comte 
de  Toulouse  n'en  acquit  pas  moins  pour  cela  le  comté  de  Rodez,  Si  il  fit  un 
nouveau  traité^,  quelque  temps  après,  avec  le  comte  Gui,  qui  le  lui  céda 
entièrement. 

On  vient  de  voir  que  Hugues  II,  comte  de  Rodez,  vivoit  encore  en  1208. 
Nous  ignorons  l'époque  précise  de  sa  mort;  il  paroît  seulement  que  s'il  sur- 
vécut à  Guillaume,  son  fils,  ce  ne  fut  pas  longtemps.  Il  laissa^  de  Bertrànde 
d'Amalon,  sa  maîtresse,  un  fils  naturel  nommé  Henri,  qui,  voyant  que  la 
postérité  légitime  des  comtes  de  Rodez  avoit  fini,  prétendit  succéder  au  comté 
de  ce  nom,  Si  fit  tous  ses  efforts  pour  s'en  mettre  en  possession;  mais  Rai- 
mond, comte  de  Toulouse,  le  lui  disputa,  tant  en  qualité  de  seigneur  suze- 
rain qu'en  vertu  des  droits  qu'il  avoit  acquis  de  Gui,  comte  d'Auvergne. 
E,nfin  ils  s'accordèrent '^  à  Rocamadour,  en  Querci  :  Raimond  céda  le  comté 
de  Rodez  à  Henri,  qui  promit  de  lui  payer  seize  cents  marcs  d'argent  Si  lui 
engagea  pour  cette  somme  la  ville  de  Rodez,  le  château  de  Montrosier  Si 
deux  autres  châteaux.  Le  comte  de  Toulouse  se  réserva  par  cet  accord  le 
domaine  principal  sur  le  comté  de  Rodez,  dont  Henri  demeura  ainsi  paisible 
possesseur  81  qu'il  transmit  à  ses  descendans. 

'  Bnluze,  Histoire  généalogique  de  la  maison  d'Au-  '  Voyez  tome  VII,  Note  XII,  p.  32. 

rergnc,  t.   i ,  p.  b'o.  "*  ^3\\.\ze,  Histoire gcni-alogitjue  de  la  maison  d' Au- 

'  Ihid.  t.  2,  p.  762.  vergue,  t.  2,  p.  762. 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXI.  271    

'  An  1208 

XLIV.  —  Le  comte  de  Toulouse  indispose  contre  lui  le  roi  Philippe-Auguste. 

Les  vives  sollicitations  du  pape  Innocent  III  auprès  du  roi  Philippe-Auguste, 
pour  l'engager  à  envahir  les  domaines  du  comte  de  Toulouse,  ne  firent  pas 
beaucoup  d'impression  sur  l'esprit  de  ce  prince.  Nous  avons',  en  effet,  une 
lettre  très-obligeante  que  Philippe  écrivit,  au  mois  de  mai  de  l'an  1208,  à 
Raimond,  comte  de  Toulouse,  son  cousin,  pour  lui  recommander  les  intérêts 
de.  l'église  de  Maguelonne,  en  faveur  de  laquelle  il  confirma^,  vers  le  même 
temps,  tous  les  privilèges  que  le  roi  Louis  le  Jeune,  son  père,  lui  avoit 
accordés.  Ces  deux  princes  se  brouillèrent  toutefois  quelque  temps  après.  Les 
grands^  préparatifs  de  la  croisade  faisant  craindre  au  comte  qu'on  n'attaquât 
ses  Etats,  il  partit  pour  la  Cour  Se  alla  demander  conseil  au  roi,  comme  à 
son  suzerain  Si  son  proche  parent,  sur  ce  qu'il  avoit  à  faire  dans  cette  con- 
joncture. Philippe  lui  conseilla  de  prendre  le  parti  de  la  paix  &t  de  la  sou- 
mission ;  mais  il  lui  défendit  d'avoir  aucun  commerce  avec  l'empereur  Othon, 
son  ennemi.  Malgré  cette  défense,  Raimond  se  rendit  auprès  de  l'empereur, 
soit  pour  lui  demander  aussi  conseil,  soit  pour  implorer  son  secours  en  cas  tfu*"^'^!"; 
qu'il  fût  attaqué.  Cette  désobéissance  déplut  extrêmement  à  Philippe,  qui 
dès  lors  ne  prit  plus  si  à  cœur  les  intérêts  du  comte. 

XLV.  —  Le  pape  permet  à  ce  comte  de  se  justifier  0  sollicite  de  nouveau 

la  croisade  contre  les  albigeois. 

Cependant  le  pape  ayant  admis  à  l'audience  les  ambassadeurs  de  Raimond, 
il  les  écouta "*  assez  favorablement  Se  leur. fit  répondre,  quelque  temps  après, 
que  puisque  le  comte  se  soumettoit  à  toutes  les  ordonnances  de  l'Église,  il 
acceptoit  sa  soumission  Se  lui  permettoit  de  prouver  son  innocence,  avec  pro- 
messe de  l'absoudre,  s'il  n'étoit  pas  trouvé  coupable,  à  condition,  néanmoins, 
quil  remettroit  sept  de  ses  principaux  châteaux  à  l'Église  romaine  pour  la 
sûreté  de  ses  promesses,  en  attendant  sa  justification.  Les  ambassadeurs  trou- 
vèrent Raimond  à  Arles  à  leur  retour  j  ils  lui  rendirent  compte  de  leur  négo- 
ciation, Se  il  l'approuva. 

Innocent  III,  pour  remplacer  Pierre  de  Castelnau,  son  légat,  associa 
Hugues-Raimundi,  évêque  de  Riez,  à  la  légation  qu'il  avoit  commise  à 
l'évêque  de  Conserans  81  à  l'abbé  de  Cîteaux,  dans  les  cinq  provinces  dont 
on  a  déjà  parlé^.  Il  écrivit*^,  le  9  d'octobre  de  l'an  1208,  à  tous  les  prélats  de 
France  pour  leur  notifier  qu'il  avoit  nommé  ces  deux  évêques  &.  l'abbé  de 

'  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  LXXXIX,  c.  563.  des  messagers  de  Raimond  VI  &  à  leurs  belles  pa- 

*  Gallia  Christiaita,  t.  3,  p.  678  81  seq.  rôles.  [A.  M.] 

'  Guillelmus  de  Podio  Laurentii,  c.  i3.  '  La  lettre  de  créance  pour  ce  nouveau  légat  est 

,    ^  Voyez  tome  VIII ,  ce.   il    &  suiv.  —  Gulllem  du  28  mars  1208.  (Cf.  Potthast,  n.  3348.).  [A.  M.] 

de  Tudèle  [v.  23.5-242]  attribue  cette  concession,  °  Innocent.   III   1.  11,  Epist.   i58,  —  [Potthast, 

plus  apparente  que  réelle  du   pape,  aux  présents  n.  35ii.] 


~ T"   272  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXI. 

An  1208  ' 

Cîtcaux,  légats  du  siège  apostolique,  pour  chefs  ou  généraux  de  la  milice 
chrétienne  qu'il  avoit  convoquée  dans  le  dessein  d'exterminer  les  hérétiques 
qui  avoient  infecté  presque  toute  la  Provence.  11  ordonna  en  même  temps  a 
tous  ces  prélats  d'exhorter  leurs  diocésains  à  entreprendre  cette  expédition. 
Il  accorda  de  grandes  indulgences  à  tous  les  clercs  &  à  tous  les  laïques  qui  y 
prendroient  quelque  part  &  les  exempta  de  payer  les  usures  auxquelles  ils  se 
seroient  ohligés,  même  par  serment,  jusqu'après  leur  retour.  Enfin  il  proposa 
aux  mêmes  prélats  de  suivre  dans  leurs  provinces  l'exemple  de  l'archevêque 
de  Sens  &  de  ses  suffragans,  qui  avoient  engagé  les  clercs  8t  les  laïques  des 
domaines  du  duc  de  Bourgogne,  des  comtes  de  Nevers  8c  de  Saint-Paul,  & 
des  autres  croisés,  à  payer  volontairement  le  dixième  de  leurs  revenus  pour 
l'entretien  des  troupes  qui  dévoient  être  employées  à  cette  expédition.  Le 
pape  '  écrivit  le  même  jour  au  roi  :  il  lui  enjoint,  pour  la  rémission  de  ses 
péchés,  de  donner  aide  6*  conseil  à  ses  trois  légats,  de  porter  tous  ses  sujets 
à  employer  leurs  personnes  8c  leurs  biens  à  une  si  sainte  entreprise,  8c  de 
contraindre  les  juifs  de  son  domaine  à  n'exiger  que  dans  un  temps  commode 
les  usures  que  ceux  d'entre  leurs  débiteurs  qui  y  participeroient  pourroient 
leur  devoir,  ou  du  moins  de  donner  à  ces  débiteurs  un  délai  convenable.  11 
avoit  permis,  le  jour^  précédent,  à  tous  les  ecclésiastiques  qui  avoient  pris  la 
croix  ou  qui  la  prendroient  pour  le  service  de  Jésus-Christ  contre  les  héré- 
tiques de  Provence  d'engager  leurs  revenus  pendant  deux  ans.  Enfin  il 
déclara,  par  une  lettre  ^  qu'il  adressa,  le  11  d'octobre  de  la  même  année,  à 
tous  les  prélats  de  France  qu'il  prenoit  sous  la  protection  du  Saint-Siège 
tous  ceux  qui  s'étoient  croisés  ou  qui  se  croiseroient  contre  les  hérétiques 
provençaux,  aussitôt  qu'ils  auraient  placé  le  signe  de  la  croix  sur  leurs  poi- 
trines, suivant  l'ordre  de  ses  légats. 
^^  ^  Le  pape  pria  le  roi^,  le  3  de  février  de  l'année  suivante,  de  nommer  un 

capitaine  général  de  l'armée  qui  devoit  servir  contre  les  hérétiques  proven- 
çaux, afin  qu'elle  marchât  en  quelque  manière  sous  ses  ordres  8c  sous  ses 
enseignes,  8c  d'exhorter  les  croisés  à  conserver  entre  eux  l'union  8c'  la  con- 
corde. 11^  les  exhorta  lui-même  à  cette  union  8c  les  encouragea  à  combattre 
pour  Dieu  8c  pour  la  gloire  éternelle.  11  manda '^  aux  évêques  de  Riez  8c  de 
Conserans  8c  à  l'abbé  de  Cîteaux,  d'absoudre  Gui,  comte  d'Auvergne,  des 
excès  qu'il  avoit  commis  lorsqu'il  avoit  fait  prisonnier  l'évêque  de  Clermont, 
son  frère,  parce  que  ce  comte  étoit  en  état  d'avancer  les  affaires  de  l'Eglise 
contre  les  hérétiques.  Le  comte  Gui  se  croisa  en  effet,  comme  nous^îe  verrons 
dans  la  suite. 

'  Innocent.  III  1.  ii,  Ep'nt.  iSp.  —  [Potthasf,  *  Innocent.  III   1.  ii,  EpUt.  îk).  —  [Potthast, 

n.  3.JI2.]  —  Rigord,  an  1208.  n.  3638.] 

'  mj.  Epist.   157.  —  [Potthast,  n.  3')io.]  *  ji,;j_  Ep'nt.  iSd.  —  [Potthast,  n°' 3639-3640.] 

'  Ihul.  Epist.  i58.  —  [Potthast,  n.  S'u^.]  "  Ibid.  Epht.  284.  —  [Potthast,  n.  3641.] 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXI.  2  73  ": ~" 

'  An  120^ 

XLVI.  —  Innocent  111  donne  ses  instructions  à  ses  légats  touchant  le 
comte  de  Toulouse  &  envoie  Milan,  son  notaire,  avec  l'autorité  de  légat  a 
latere. 

Nous  apprenons  d'une  lettre'  du  pape,  écrite  vers  ce  teraps-là  aux  évêques 
de  Riez  &  de  Conserans  Se  à  l'abbé  de  Cîteaux,  que  le  comte  de  Toulouse 
lui  avoit  fait  demander  par  ses  envoyés  de  recevoir  son  hommage  pour  le 
comte  de  Melgueil,  qui  est,  dit  Innocent,  du  droit  ô-  de  la  propriété  de  Saint- 
Pierre.  «  Nous  n'avons  pas  jugé,  ajoute-t-il,  de  recevoir  cet  hommage,  sur  ce 
«  que  l'abbé  de  Cîteaux  nous  a  fait  observer  qu'en  cas  que  ce  prince  persé- 
u  véràt  dans  sa  malice  £<.  qu'il  vint  à  être  dépouillé  de  ce  comté,  nous  en  t.'i'ji°p.^'"o. 
«  disposerions  selon  que  les  affaires  de  l'Eglise  le  demanderoient;  mais  parpe 
«  que  vous  nous  avez  demandé  de  quelle  manière  les  croisés  doivent  se  com- 
«  porter  à  l'égard  de  ce  comte,  nous  vous  conseillons  avec  l'Apôtre  d'employer 
<i  la  ruse  qui,  dans  une  occasion  semblable,  doit  être  plutôt  appelée  pru- 
«  dence.  Ainsi,  après  en  avoir  délibéré  avec  les  plus  sages  de  l'armée,  vous 
«  attaquerez  séparément  ceux  qui  sont  séparés  de  l'unité;  vous  ne  vous  en 
«  prendrez  donc  pas  d'abord  au  comte  de  Toulouse,  si  vous  prévoyez  qu'il  ne 
«  s'empresse  pas  de  secourir  les  autres,  St  s'il  est  plus  réservé  sur  sa  conduite; 
u  mais  le  laissant  pour  un  temps,  suivant  l'art  d'une  sage  dissimulation, 
«  vous  commencerez  par  faire  la  guerre  aux  autres  hérétiques;  de  crainte 
«  que  s'ils  étoient  tous  réunis  il  fût  difficile  de  les  vaincre;  par  là,  ces  der- 
«  niers  étant  moins  secourus  par  le  comte,  seront  défaits  plus  aisément,  S<  ce 
«  prince,  voyant  leur  défaite,  rentrera  peut-être  en  lui-même.  S'il  persévère 
(i  dans  sa  méchanceté,  il  sera  beaucoup  plus  facile  de  l'attaquer  lorsqu'il  se 
«  trouvera  seul  8v  hors  d'état  de  recevoir  aucun  secours  de  la  part  des  autres. 
(<  Nous  vous  proposons  ces  précautions  pour  plus  grande  sûreté;  mais  comme 
«  vous  serez  sur  l.es  lieux,  vous  agirez  suivant  les  circonstances,  ainsi  que  le 
a  ciel  vous  l'inspirera.  Se  vous  vous  comporterez  dans  l'affaire  du  comte,  après 
«  en  avoir  délibéré,  comme  vous  verrez  qu'il  sera  plus  utile  pour  l'honneur 
K  de  Dieu  Se  l'avantage  de  l'Église.  »  Tel  est  le  plan  que  le  pape  Inno- 
cent III  traça  à  ses  légats  &  qui  fut  suivi  à  la  lettre. 

Innocent,  pour  amuser  encore  davantage  le  comte  de  Toulouse,  lui  accorda^ 
la  demande  que  ce  prince  lui  avoit  faite  par  ses  ambassadeurs  d'envoyer  un 
prélat  romain  dans  la  Province  en  qualité  de  légat  a  latere,  avec  lequel  il  pût 
traiter,  à  cause  que  l'abbé  de  Cîteaux  lui  étoit  suspect.  Le  pape  nomma  pour 
cette  fonction,  sans  révoquer  cependant  le  pouvoir  de  cet  abbé  8c  des  évêques 
de  Riez  Se  de  Conserans,  Milon,  son  notaire  {notarius)  ou  secrétaire,  dont 
on  fait  un  grand  éloge  Si  qu'on  loue  surtout  pour  son  intrépidité  8c  son  cou- 
rage.  Il  lui  associa,   non   pour  la  légation,   mais  pour  le  conseil,  un  cha- 

'  Innocent.  III  I.  i  i,  Epist.  iZz,  —  [Potthast,  *  Pierre  de  Vaiix-Cernay,  c.  9  &  suiv. 

n.  3Û42.] 

VI.  18 


~ 2  74  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXI, 

An  I  J09  '    ' 

noine  de  Gênes,  nommé  Thédise  ou  Théodose,  qu'on  loue  aussi  beaucoup 
pour  sa  science,  sa  bonté  &  sa  fermeté.  Cette  nomination  fut  fort  agréable 
au  comte  qui  en  témoigna  publiquement  sa  joie,  comptant  que  le  nouveau 
légat  auroit  plus  d'égard  pour  lui  &i  lui  seroit  plus  favorable  que  les  autres; 
mais  ses  espérances  furent  vaines.  Ce  nouveau  légat  étoit  déjà  nommé  le 
lef  de  mars  de  l'an  1209,  comme  il  paroît  par  une  lettre  que  le'  pape  adressa 
alors  à  l'évêque  de  Riez,  à  l'abbé  de  Cîteaux  &  à  maître  Milon,  légats  du 
siéae  apostolique,  pour  leur  recommander  les  intérêts  des  habitans  de  Mont- 
pellier qui  s'étoient  conservés  p^irs  dans  la  foi  &  leur  ordonner  d'empêcher 
qu'ils  ne  fussent  inquiétés,  soit  dans  leurs  personnes,  soit  dans  leurs  biens, 
par  l'armée  des  croisés. 

.  XLVII.  —  Le  comte  de  Toulouse  rend  ses  bonnes  grâces  aux  habitans 
de  Nimes  qui  s'étoient  révoltés. 

Tandis  que  cette  armée  se  préparoit  à  marcher,  le  comte  de  Toulouse  fai- 
soit  tous  ses  efforts  pour  gagner  la  bienveillance  de  ses  sujets.  Il  pardonna 
entre  autres^  aux  habitans  de  Nimes  8t  du  château  des  Arènes  qui  s'étoient 
révoltés;  il  manda  leurs  députés  au  château  de  Cayssargues,  situé  à  cinq 
quarts  de  lieues  de  la  ville,  S<.  là  il  leur  promit  par  serment,  le  i5  de  février 
de  l'an  1208  (1209),  de  leur  remettre  les  griefs  suivans  :  1°  De  s'être  liés  par 
serment,  dans  ses  châteaux,  contre  la  défense  que  Guiraud  d'Ami,  son  con- 
nétable, &  Estienne  Aldemarii,  son  viguier  de  Nimes,  leur  en  avoient  faite. 
2°  D'avoir  fait  mourir  ce  dernier,  ravagé  ses  domaines,  détruit  &  pillé  sa 
maison.  3°  D'avoir  aussi  détruit  &  pillé  le  palais  comtal  situé  au-dessous  de 
Mimes^,  81  un  moulin  qui  en  dépendoit  aux  portes  de  la  ville  Si  d'en  avoir 
enlevé  les  matériaux.  4°  De  lui  avoir  refusé  Si  à  ses  gens  l'entrée  de  la  ville 
81  du  château,  81  d'y  avoir  introduit  ses  ennemis.  5°  De  s'être  immiscés, 
contre  ses  droits,  dans  l'exercice  de  la  justice  criminelle.  Le  comte,  après 
avoir  accordé  le  pardon  aux  habitans  de  Nimes,  confirma  leur  consulat,  tel 
qu'il  avoit  été  réglé  entre  eux  Si  ceux  du  château  des  Arènes.  11  confirma 
aussi  leurs  statuts  Si  leurs  coutumes  de  la  manière  que  le  comte,  son  père, 
Éd.  origin.     lui-même,  Si  les  vicomtes  de  cette  ville  les  avoient  accordés.  Enfin,  il  déclara 

ï.  111,  p.  ibi.  '  ^  .  _  ' 

que  quand  quelquun  auroit  commencé  de  plaider  devant  les  consuls  de 
Nimes,  il  ne  pourroit  plus  décliner  leur  juridiction  pour  s'adresser  à  sa  cour, 
jusqu'à  ce  que  le  procès  fût  fini.  Le  lendemain,  le  comte  s'étant  rendu  au 
palais  qu'il  avoit  au  château  des  Arènes,  confirma  tous  ces  articles  en  pré- 
sence des  consuls,  des  chevaliers  Si  des  principaux  habitans;  81  deux  cheva- 
liers jurèrent  en  son  nom  qu'il  les  observeroit  fidèlement"*.  Le  comte  partit 

■  Innocent.  III  I.   12,  Ep'ist.  178.  —   [Potthast,  ^  Cette  révolte  de  Nimes  est  fixée,  parMénard 

n.  .'!683.J  (t.   i,.p.  253),  à  l'an   1207;  en   effet,  cet  auteur  a 

'  Tome  VIII,  Chartes,  n.  XC,  ce.  567,  569.  publié  [ibid.  pr.  p.  42  &  suiv.)  un  accord  pour  le 

^  Corrigez,  dam  la.  ville,  au  quartier  du  Prat.  consulat  entre  les  habitants  de  la  rille  &  les  che- 

[A.  M.]  vnliers  des  Arènes,  qui  se  rapporte  certainement  si 


riISTOIRE  GÉNKRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXI,  270 

ensuite  pour  ie  Caviar,  clans  le  diocèse  de  Nimes,  où  il  confirma',  deux  jours 
après,  les  privilèges  des  habitans  du  comté  de  Melgueil^  Il  vint  quelque 
temps  après  dans  le  Toulousain,  &  il  étoit  à  Toulouse^  le  4  de  mai. 

Xl>V(I[.  —  Arrivée  de  MiLon  en  France.  —  //  assemble  un  concile  à  Monté- 
limar  &  ctte  à  Valence  le  comte  de  Toulouse  qui  se  soumet  à  ses  ordres  6" 
Lui  remet  sept  de  ses  places  fortes. 

l,fe  pape,  dans  les  instructions''  qu'il  donna  à  Milon,  son  légat,  lui  enjoi- 
gnit d'agir  en  toutes  choses  surtout  dans  l'affaire  du  comte  de  Toulouse,  par 
le  conseil  de  l'abbé  de  Cîteaux,  qui,  lui  déclara-t-il  en  termes  exprès, /<?/•« 
tout,  if  vous  ne  sere-:^  que  son  organe,  parce  que  Le  comte  de  Toulouse  le  tient 
pour  uispect  i,-  qu'il  n'a  aucune  défiance  de  vous,  Milon,  étant  enfin  parti 
(le  Rome,  arriva  en  France  avec  Thédise,  son  associé.  Il  se  rendit  aussitôt  à 
Aiixeirc,  où  Arnaud,  abbe  de  Cîteaux,  l'attendoit,  &  où  ils  concertèrent 
ensemble  les  affaires  de  la  légation.  Milon  le  consulta  sur  divers  articles,  5<. 
Arnaud  lui  donna  ses  ordres  par  écrit  sur  chacun.  Cet  abbé  lui  marqua  entre 
autres  d'assembler  un  concile  S<  d'y  appeler  les  évêques  qu'il  jugeroit  a 
propos,  avant  que  de  procéder  contre  le  comte  de  Toulouse,  afin  de  prendre 
leur  avis  dans  cette  affaire.  Il  lui  indiqua  quelques-uns  de  ces  prélats  en  qui 
il  devoit  prendre  une  confiance  plus  particulière.  L'abbé  de  Cîteaux  S<  Milon 
allèrent  ensuite  trouver  le  roi  à  Villeneuve,  dans  le  diocèse  de  Sens,  où  ce 
prince  tenoit  alors  une  assemblée  ou  parlement  avec  le  duc  de  Bourgogne, 
les  comtes  de  Nevers  &  de  Saint-Paul  Se  les  autres  graiuls  du  royaume-''.  Ils  lui 
remirent  les  lettres  que  le  pape  lui  écrivoit  pour  ie  supplier  d'envoyer  au 
moins  son  fils  dans  la  province  de  Narbonne  y  prendre  la  défense  de  l'Églisc; 
contre  les  hérétiques  de  ce  pays,  s'il  ne  pouvoit  s'y  rendre  en  personne.  Le 
roi  répondit  qu'il  ne  lui  étoit  pas  possible  d'entreprendre  cette  expédition,  ni 
par  lui-même,  ni  par  son  fils,  à  cause  de  deux  puissans  ennemis,  l'empereur 
Othon  Se  le  roi  d'Angleterre,  qu'il  avoit  actuellement  sur  les  brasj  que  tout 

ctHe  aflairej   l'acte  eit  élu    16  août  U07.  Ceit  (■  •  Voytz   Preuves,    p.  496.  [SiC  dans  l'aneitnre 

règlement  Sfr  l'électron    de«  consuls  rédigé  à  cette  édition;  ce  renvo  est  faux  ;  il  nous  a  été  impui- 

époqiie  par  les  habitants,  que  le  comte  de  Toulouse  tible  de  retrouver   dans   lei   Preavei   du  toint  \'III 

fut  obligé,  deux   ans   plus    tard,  d'approuver.  On  It  texte  auquel  fait  allusion  dom  Vaiiltle.) 
peut  en  voir   l'analyse  dam  Ménard,   l.l.i  tout  ce  *  Pierre  de  Vaux-Cernay,  c.    10. 

que  nous  en  dirons,  c'est  qu'il  excluait  à  peu  près  '  L'assernon  de  Pierre  de  \'3UX-Cernay  est  <cr- 

complétement  le  comte  81  ses  agents  de  l'adminii-  firmée  par  un  acte  de  Philippe-Auguste,  qui  prouve 

tration  de  la  ville.  [A.  M.]  que  le  roi  était   m  Vi)|encuve-le-Roi,  prés  Sent,  le 

'  Mil.  i'Aubayt,  n.  81.  1"  mai  lioç;  cet  acte  est  un  ciablisicmcnt  reUiit 

'  Avant   de   quitter   Nimes,   le   comte   Raimond  au  paitage  des  fiefs,  fait  par  le  roi,  par  Eudes,  due 

avait  vendu,   pour   la    somme   de    trois  cents   sout  de   Bourgogne,  Hervé,   comte   de   Nevers,    Renaud, 

Raimondins.  le  village  de  Saint-Paul,   près  Beau-  comte  de    Bourgogne,    Gaucher,    comte   de  Saini 

cairc,    >    l'abbaye    de    la    Font.    Il    s'y    réserva     la  Pol ,    &    plusieurs    autres.     Cf-    Delisle,    Acte,    ,/« 

haute   iusiice  &    la  chevauchée.   Cf.  Ménard,  t.    1,  Philippe- Aucune,  n.  Ii36,  p    i63.  [A.  M.] 
p.    i63  &    suiv.;  au    même    endroit,    on    trouvera 
d'intéressants   détail»  sur    l'état  âorissantde  l'ab- 
baye de  In  Font  à  celte  époque.  (A.  M.J 


An  1  i~j') 


"TTT^^ —   -1^  HISTOIRE  GÉNÉRAi^E  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXI. 

ce  qu'il  pouvoit  faire,  étoit  de  permettre  à  ses  barons  de  prendre  part  à  cette 
entreprise,  &  que  c'étoit  encore  beaucoup  dans  les  circonstances  où  i!  se  trou- 
voit'.  Un  historien  du  temps^  assure  cependant  que  ce  prince  fournit  quinze 
mille  hommes  de  ses  propres  troupes  pour  l'armée  des  croisés. 

Les  deux  légats,  après 3  avoir  pris  congé  du  roi,  se  séparèrent.  L'abbé  de 
Cîteaux  demeura  en  France  pour  y  rassembler  l'armée,  &  Milon,  suivi  de 
Thédise,  se  rendit  à  Montélimar  sur  le  Pv.hône,  où  il  convoqua  un  grand 
nombre  d'évêques  pour  délibérer  avec  eux  sur  l'expédition  prochaine  &  la 
manière  dont  on  agiroit  à  l'égard  du  comte  de  Toulouse.  Milon  exigea  que 
tous  ces  prélats  lui  donnassent  leur  avis  par  écrit  sur  les  articles  que  l'abbé 
de  Cîteaux  lui  avoit  remis.  Tous  ces  avis  se  trouvèrent  uniformes,  suivant  un 
historien  du  temps  ;  à  quoi  l'abbé  de  Cîteaux  ne  contribua  pas  peu  sans 
doute,  car  on  a  déjà  vu  qu'il  nomma  à  Milon  les  évêques  dont  il  devoit 
prendre  conseil  dans  cette  affaire.  Suivant  le  résultat  de  cette  assemblée, 
Milon  cita  le  comte  de  Toulouse  à  Valence  8<.  lui  fixa  un  jour  pour  compa- 
roître  devant  lui.  Ce  prince  obéit  sans  aucune  difficulté,  8<,  s'étant  rendu 
dans  cette  ville,  à  la  mi-juin  de  l'an  1209,  il  promit  d'exécuter  fidèlement 
tous  les  ordres  du  légat,  lequel  lui  ordonna  de  remettre  sept  de  ses  châteaux 
à  l'Eglise  romaine  pour  la  sûreté  de  ses  promesses;  il  exigea  de  plus  que  les 
consuls  d'Avignon,  de  Nimes  Se  de  Saint-Gilles  lui  fissent  serment  que,  s'il 
venoit  à  les  enfreindre  ou  à  désobéir  à  ses  ordres,  ils  se  regarderoient  comme 
déliés  du  serment  de  fidélité  qu'ils  lui  avoient  prêté  &  que  son  comté  de 
Melgueil  seroit  alors  confisqué  au  profit  de  l'Eglise  romaine. 

Le  comte  se  soumit  à  tout  &  prêta  serment"*,  entre  les  mains  de  Milon,  de 
la  manière  suivante  :  «  L'an  de  l'Incarnation  mil  deux  cent  neuf,  au  mois 
«  de  juin,  je,  Raimond,  par  la  grâce  de  Dieu,  duc  de  Narbonne,  comte  de 
<(  Toulouse,  marquis  de  Provence,  me  remets  moi-même  avec  sept  châteaux, 
t'ni°r^iû'->  "  savoir  :  Oppède,  Montferrand,  Baumes,  Mornas,  Roquemaure,  Fourques 
«  Si  Fanjaux  à  la  miséricorde  de  Dieu  Se  au  pouvoir  absolu  de  l'Église 
«  romaine,  du  pape  6c  de  vous,  seigneur  Milon,  légat  du  siège  apostolique, 
«  pour  servir  de  caution  au  sujet  des  articles  pour  lesquels  je  suis  excom- 
«  munie.  Je  confesse  dès  à  présent  tenir  ces  châteaux  au  nom  de  l'Église 
«  romaine;  promettant  de  les  remettre  incessamment  à  qui  vous  voudrez  Se 
«  quand  vous  jugerez  à  propos;  d'obliger  comme  vous  l'ordonnerez  leurs 
«  gouverneurs  Se  leurs  habitans  à  jurer  de  les  garder  exactement,  tout  le 
«  temps  qu'ils  seront  au  pouvoir  de  l'Église  romaine,  nonobstant  la  fidélité 
«  qu'ils  me  doivent,  8c  enfin  de  les  faire  garder  à  mes  dépens.  »  Milon 
envoya  bientôt  après  Thédise  pour  prendre  possession  de  ces  châteaux. 
Ceux  d'Oppède,  de  Mornas  Se  de  Baumes  sont  situés  au  delà  du  Rhône, 
dans  l'ancien  marquisat  de  Provence.  Les  quatre  autres  sont  en  deçà  de  ce 
fleuve,  savoir  :  ceux  de  Roquemaure  Se  de  Fourques  sur  le  Rhône,  le  pre- 

'  Voyez  plus  haut,  p.  205.  On  voit   que  Pierre  '  Pierre  de  Vaux-Cernay,  c.  i  i. 

de  Vaux-Cernay  a  été  bien  renseigné.   [A.  M.]  ^  Innocent.  III  Ephtolae,  t.  2,  p.  3^6. 

'  Guillaume  le  Breton,  Philippeis,  1,  8,  p.   192. 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXl.  277 

mier  au  diocèse  d'Uzès  &  l'autre  dans  celui  d'Arles,  le  château  de  Mont- 
ferrand  est  dans  le  diocèse  de  Montpellier,  8c  enfin  celui  de  Fanjaux  est  le 
même  que  celui  de  Largentière,  en  Vivarais. 

XLIX.  —  Concile  de  Saint-Gilles.  —  Le  comte  de  Toulouse  y  reçoit  l'abso- 
lution après  avoir  fait  serment,  avec  ses  barons,  d'observer  tout  ce  que  le 
légat  leur  prescriroît. 

Le  légat,  après  avoir  reçu  ce  serment,  alla  à  Saint-Gilles  pour  y  donner 
l'absolution  au  comte  St  le  réconcilier  à  l'Église.  Voici  les  circonstances  que 
les   historiens   8c   les  monumens  du   temps'    nous  ont   transmises  de  cette 
fameuse   cérémonie.   Milon,  accompagné  des  archevêques   d'Arles,  d'Aix  & 
d'Auch,  &  des  évêquesde  Marseille,  Avignon,  Cavaillon,  Carpentras,  Vaison, 
Trois-Châteaux,  Nimes,  Agde,   Maguelonne,  Lodève,  Toulouse,  Béziers. 
Fréjus,  Nice,  Apt,  SiSteron,  Orange,  Viviers  81  Uzès,  se  rendit  dans  le  vesti- 
bule de  l'église  de  l'abbaye,  où  on  avoit  dressé  un  autel  sur  lequel  on  avoit 
exposé  le  saint  sacrement  8t  les  reliques  des  saints.  On  conduisit  en  cet 
endroit  le  comte  Raimond,  qui  étoit  nu  jusqu'à  la  ceinture  &  qui  fit  d'abord 
le  serment  suivant  devant  toute  l'assemblée  :  «  L'an  douze  du  pontificat  du 
«  seigneur  pape  Innocent  III,  le  18  de  juin,  je,  Raimond,  duc  de  Narbonne, 
«  jure  sur  les  saints  évangiles,  en  présence  des  saintes  reliques,  de  l'eucha- 
«  ristie  8c  du  bois  de  la  vraie  croix,  que  j'obéirai  à  tous  les  ordres  du  pape 
«  8c  aux  vôtres,  maître  Milon,  notaire  du  seigneur  pape  8c  légat  du   Saint- 
«  Siège  apostolique,  8c  de  tout  autre  légat  du  Saint-Siège,  touchant  tous  8c 
«  chacun  des  articles  pour  lesquels  j'ai  été  ou  je  suis  excommunié,  soit  par 
«  le  pape,  soit  par  son  légat,  soit  par  les  autres,  soit  enfin  de  droit;  en  sorte 
«  que  j'exécuterai  de  bonne  foi   tout  ce  qui  me  sera  ordonné,  tant  par  lui- 
«  même  que  par  ses  lettres  8c  par  ses  légats,  au  sujet  desdits  articles,  mais 
«  principalement  sur  les  suivans  :  i'  Sur  ce  que  les  autres  ayant  fait  serment 
M  d'observer  la  paix,  on  dit  que  j'ai  refusé  de  la  signer.  2°  F,n  ce  qu'on  dit 
(I  que  je  n'ai   pas  gardé  les  sermens  que  j'ai  faits  pour  l'expulsion  des  hérc- 
n  tiques  8c  de  leurs  fauteurs.  3°  Sur  ce  qu'on  dit  que  j'ai  toujours  favorisé 
«  les  hérétiques.   4°  Sur  ce  qu'on  me  regarde  comme  suspect  dans  la  foi. 
«  5°  Sur  ce  que  j'ai  entretenu   les  routiers  ou  les  mainades.  6°  Sur  ce  qu'on 
«  dit  que  j'ai  violé  les  jours  de  carême,  des  fêtes  8c  des  quatre-temps,  qui 
«  dévoient  être  des  jours  de  sûreté.  7"  Sur  ce  qu'on  dit  que  je  n'ai  pas  voulu 
«  rendre  justice  k  mes  ennemis  lorsqu'ils  m'offroient  la  paix.  8°  Pour  avoir 
«  confié  à  des  juifs  les  offices  publics.  9°  En  ce  que  je  retiens  les  domaines 
('  du   monastère  de  Saint-Guillem  8c  îles  autres  églises.  10°  En  ce  que  j'ai 
«  fortifié  les  églises  8c  que  je  m'en  sers  comme  de  forteresses.  1 1"  Sur  ce  que 
«  je    fais    lever  des    péages   8c  des   guidages    indus.    12°   Pour   avoir  chassé 

'  Pierre  de  Vaiix-Cernay,  c.   12.  —  Acta   apud       f/istoirc  ,lcs  comtes  de  Tolosc ,  p.   24^  &   suiv.   — < 
Innocent.    III    Epist.    z,   3^8    &   luiy.   —    Catel,       Marténe,  T/icsaurus^  i.  1,  c.SiJ. 


An  1209 


■"; 2  78  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXI. 

An  1209  ' 

«  l'évêque  de  Carpentras  de  son  siège.  i3°Surce  qu'on  me  soupçonne  d'avoir 
«  trempé  dans  le  meurtre  de  Pierre  de  Castelnau  de  sainte  mémoire,  princi- 
«  paiement  parce  que  j'ai  mis  le  meurtrier  dans  mes  bonnes  grâces.  14°  Sur 
«  ce  que  j'ai  fait  arrêter  prisonniers  l'évêque  de  Vaison  8c  ses  clercs,  que  j'ai 
«  détruit  son  palais  avec  la  maisoa  des  chanoines,  8c  que  j'ai  envahi  le  châ- 
«  teau  de  Vaison.  i5°  Enfin  sur  ce  qu'on  dit  que  j'ai  vexé  les  personnes  reli- 
«  gieuses  &  que  j'ai  commis  divers  brigandages.  J'ai  fait  serment  sur  tous  ces 
«  articles  81  sur  tous  les  autres  qu'on  pourroit  m'objecter,  8<.  je  l'ai  fait  faire 
«  à  tous  ceux  que  j'ai  donnés  pour  cautions  touchant  les  châteaux  de  Four- 
«  ques,  Oppède,  Montferrand,  8ic.  Si  j'enfreins  ces  articles  Se  les  autres 
t.^iu,°p?l63.  «  qu'on  pourra  me  prescrire,  je  consens  que  ces  sept  châteaux  soient  confis- 
«  qués  au  profit  de  l'Église  romaine,  8c  qu'elle  rentre  dans  le  droit  que  j'ai 
«  sur  le  comté  de  Melgueil.  Je  veux  8c  j'accorde  de  plus  qu'en  ce  cas  je  sois 
<(  excommunié;  qu'on  jette  l'interdit  sur  tous  mes  domaines;  que  ceux  qui 
«  feront  serment  avec  moi,  soit  consuls  ou  autres  8c  leurs  successeurs,  soient 
«  dès  lors  absous  de  la  fidélité,  du  devoir  8c  du  service  qu'ils  me  doivent;  8c 
«  qu'ils  soient  tenus  de  prêter  serment  de  fidélité  8c  de  la  garder  à  1  Eglise 
«  romaine  pour  les  fiefs  8c  les  droits  que  j'ai  dans  leurs  villes  &c  leurs  châ- 
«  teaux.  Enfin  je  m'engage  par  le  même  serment  à  entretenir  la  sûreté  des 
«  chemins.  « 

Le  légat  commanda  ensuite  à  Raimond,  en  vertu  du  serment  qu'il  venoit 
de  faire  8c  sous  la  peine  qui  y  étoit  comprise  :  1°  De  rétablir  l'évêque  de 
Carpentras  dans  tous  les  droits  qu'il  avoit  au  dedans  8c  au  dehors  de  cette 
ville  8c  de  le  dédommager  de  toutes  les  pertes  qu'il  lui  avoit  causées;  de 
fournir  pour  cela  des  cautions  suffisantes  ;  de  renoncer  absolument  au  ser- 
ment que  les  habitans  de  Carpentras  lui  avoient  prêté  depuis  trois  ans,  8c  de 
remettre  à  lui,  légat,  la  forteresse  qu'il  avoit  fait  construire  dans  cette  ville. 
2°  De  restituer  à  l'évêque,  au  prévôt  Se  aux  chanoines  de  Vaison  les  châ- 
teaux 8c  les  autres  domaines  qu'il  leur  détenoit;  de  donner  caution  qu'il  les 
indemniseroit,  soit  pour  les  dommages  qu'il  leur  avoit  causés,  soit  pour  leurs 
édifices  qu'il  avoit  détruits.  Se  de  remettre  le  château  de  Vaison  à  lui,  légat, 
ou  à  celui  qu'il  commettroit  pour  cela.  3°  De  chasser  entièrement  de  ses 
domaines  les  Aragonois,  routiers,  Costereaux,  Brabançons,  Basques,  mainades 
8c  autres  brigands,  sous  quelque  nom  qu'ils  fussent  connus;  de  ne  pas  les 
employer  ailleurs  Se  de  ne  jamais  se  servir  d'eux.  4°  De  ne  donner  aux  juifs 
aucune  administration  publique  ou  particulière  dans  ses  Etats.  5°  De  veiller 
à  la  sûreté  des  chemins  publics.  6°  Enfin  d'exécuter  fidèlement  tous  les  autres 
ordres  que  le  pape  ou  ses  légats  pourroient  lui  donner  dans  la  suite. 

Seize  barons,  vassaux  du  comte  de  Toulouse,  savoir  :  Guillaume  de  Baux, 
prince  d'Orange,  Se  Hugues,  son  frère,  Raimond  de  Baux,  leur  neveu,  Dra- 
gonet  (de  Bocoyran),  Guillaume  d'Arnaud,  Raimond  d'Agoût,  Ricard  de 
Carniumpo  (Al.  de  Chamuno  ou  Carupno) ,  Bertrand  de  Laudun  8c  Guil- 
laume, son  frère,  Bernard  d'Anduze  8c  Pierre  Bermond,  son  fils,  Rostaing  de 
Posquières,  Raimond,  seigneur  d'Uzès,  Se  son  fils  Decan,  Raimond-Gaucelin, 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXI.  27g   ~ 

'  ''        An   1209 

seigneur  de  Lunel,  &  Pons-Gaucelin  de  Lunel  firent  ensuite  serment  entre 
les  mains  du  légat,  suivant  le  commandement  qu'il  leur  en  avoit  fait,  d'obéir 
fidèlement  à  tous  ses  ordres  ou  de  tout  autre  légat,  &  à  ceux  de  l'Eglise.  Ils 
s'engagèrent  :  1°  De  renoncer  aux  mainade's,  c'est-à-dire  à  l'association  avec 
les  brigands.  2°  De  ne  plus  confier  à  des  juifs  l'administration  de  leurs 
domaines.  3°  De  ne  plus  exiger  ni  péages,  ni  guidages.  4°  D'observer  la 
paix  &  la  trêve  (de  Dieu),  suivant  l'ordre,  du  légat  du  pape.  5°  De  conserver 
la  liberté  des  églises.  6°  De  démolir  les  fortifications  qu'ils  avoient  faites  en 
quelques  églises,  de  n'en  fortifier  jamais  aucune,  Se  de  restituer  les  dom- 
mages qu'ils  leur  avoient  causés,  de  même  qu'aux  ecclésiastiques  &  aux 
laïques.  7°  De  faire  justice  à  tous  ceux  qui  formeroient  des  plaintes  contre 
eux.  8"  D'accomplir  exactement  tous  ces  articles  81  les  autres  qu'on  pourroit 
exiger  d'eux  8<  de  donner  des  cautions  suffisantes.  9°  D'entretenir  la  sûreté 
des  chemins  publics.  10°  Enfin  de  punir  sévèrement  tous  les  hérétiques, 
leurs  fauteurs  8t  leurs  receleurs  qui  leur  seroient  dénoncés  par  les  évêques. 
Le  légat  récapitula  tous  ces  articles,  en  expliqua  quelques-uns  d'une  manière 
plus  étendue,  ordonna  aux  barons  de  les  observer  fidèlement  en  vertu  de 
leur  serment,  &  leur  défendit  de  se  mêler  en  aucune  façon  de  l'élection  des 
évêques  &  des  autres  prélats,  8t  de  s'immiscer  dans  le  gouvernement  des 
églises,  le  siège  vacant.  Ensuite  le  légat  fit  mettre  '  une  étole  au  col  du 
comte  de  Toulouse;  &.  en  ayant  pris  les  deux  bouts,  il  l'introduisit  dans 
l'église  en  le  fouettant  avec  une  poignée  de  verges.  Après  cette  humiliante 
cérémonie,  il  lui  donna  l'absolution;  mais  la  foule  étoit  si  grande  que  ce 
prince  ne  put  s'en  retourner  par  le  même  cllcmiil  par  lequel  il  étoit  venu  & 
qu'il  fut  obligé  de  passer  par  un  des  bas  côtés  de  l'église  où  on  avoit  trans- 
féré le  tombeau  du  bienheureux  Pierre  de  Castelnau;  en  sorte  que  plusieurs 
crurent  qu'il  lui  faisoit  amende  honorable  de  sa  mort. 

L.  —  Le  légat  impose  de  nouvelles  lois  au  comte  de  Toulouse.  —  Il  reçoit 
le  serment  des  villes  d'Avignon,  de  Nîmes  6*  de  Saint-Gilles  (S-  divers  châ- 
teaux en  gage  de  la  part  des  barons. 

Le  lendemain,  19  de  juin,  le  légat^  Milon  imposa  de  nouvelles  lois  8<  (."in^i^'fi'f 
renouvela  ses  ordres  au  comte  de  Toulouse.  Il  enjoignit  à  ce  prince  :  1°  De 
garder  tous  les  hérétiques  S<  ceux  qui  les  favorisoient  publiquement  pour  les 
livrer  avec  tous  leurs  domaines  à  la  merci  des  croisés,  2°  De  ne  plus  protéger 
à  l'avenir  les  sectaires.  3°  De  ne  jamais  violer,  ni  permettre  qu'on  violât  les 
jours  de  dimanche,  de  carême  St  les  autres  exprimés  dans  le  concile  de 
Latran.  4"  De  rendre  justice,  quand  il  seroit  requis,  aux  églises,  aux  mai- 
sons religieuses  81  aux  pauvres,  £<  de  la  faire  administrer  par  ses  officiers  à 
ceux  qui  s'adresseroient  à  eux.  5°  De  détruire,  au  jugement  des  évêques  dio- 

'  Pierre  de  Vaux-Cern.ny,  c.   il.  suiv.    —    Catel,    Histoire   Jcs    comtes    de    Talose , 

'  Acta    npiid  Innocent.    III    Epist.  î,    p.  ^/^1    &        p.  2^5  &  suiv. 


An  I20J 


280  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXI. 

césains,  les  fortihcations  qu'il  avoit  faites  aux  églises  Se  de  les  rendre  à  ceux 
à  qui  elles  appartenoient.  6°  De  maintenir  les  églises  8t  les  maisons  reli- 
gieuses dans  une  entière  libertéj  de  n'imposer  sur  elles  ni  albergues,  ni  pro- 
curations ou  aucune  sorte  de  droit;  de  ne  pas  s'emparer  de  la  dépouille  des 
évêques  &  des  autres  prélats  après  leur  mort;  de  ne  pas  s'immiscer  dans  l'ad- 
ministration de  leurs  églises  ou  dans  l'élection  de  leurs  successeurs,  de  laisser 
une  liberté  entière  aux  électeurs,  Sec.  7°  De  ne  lever  d'autres  péages  ou  gui- 
dages, soit  par  eau,  soit  par  terre,  que  ceux  qui  étoient  établis  par  l'autorité 
des  rois  Se  des  empereurs.  8°  De  supprimer  tous  les  greniers  à  sel  qu'il  avoit 
établis,  de  n'en  pas  établir  de  nouveaux  &  de  permettre  le  passage  libre  à 
tous  les  voyageurs  par  eau  &  par  terre.  9°  D'observer  la  paix  Si  la  trêve. 
10°  De  s'en  rapporter  à  la  décision  du  légat  ou  de  ses  délégués  touchant  les 
plaintes  qu'on  formeroit  contre  lui.  11°  De  veiller  à  la  sûreté  des  chemins  St 
de  n'obliger  personne  à  se  détourner  des'anciennes  routes.  12°  De  tenir  pour 
hérétiques  S<.  pour  leurs  fauteurs  S<.  receleurs  tous  ceux  qui  lui  seroicnt 
dénoncés  ou  à  ses  baillis,  comme  tels,  par  les  évêques  diocésains  ou  les  autres 
supérieurs  ecclésiastiques.  i3°  De  jurer  d'observer  la  paix  qui  avoit  été  éta- 
blie par  ses  légats  ou  qu'ils  établiroient  dans  la  suite,  8c  de  faire  prêter  un 
pareil  serment  à  tous  ses  vassaux.  14°  De  ne  rien  attenter  ni  directement,  ni 
indirectement,  contre  les  sept  châteaux  qu'il  avoit  donnés  en  garde  à  l'Eglise 
romaine  pour  la  sûreté  de  ses  promesses.  i5°  Enfin  d'observer  tous  ces  articles 
Se  ceux  que  le  pape  ou  son  légat  pourroient  lui  prescrire  de  nouveau  dans 
la  suite. 

Le  même  jour  les  consuls  d'Avignon  Se  de  Nimes  firent  serment  entre  les. 
mains  du  légat,  du  consentement  du  comte,  d'agir  de  tout  leur  pouvoir  pour 
engager  ce  prince  à  observer  fidèlement  tous  les  articles  pour  lesquels  il  avoit 
été  excommunié,  Se  à  obéir  à  tous  les  ordres  de  l'Église,  avec  promesse,  en 
cas  qu'il  vînt  à  y  contrevenir,  de  ne  plus  lui  donner  aucun  secours,  de  ne 
plus  le  regarder  comme  leur  seigneur.  Sec;  mais  de  prêter  alors  serment  de 
fidélité  à  l'Eglise  romaine  Se  de  lui  obéir,  en  attendant  qu'il  eût  pleinement 
exécuté  ces  mêmes  articles;  de  veiller  à  la  sûreté  des  chemins  publics;  d'ob- 
server tout  ce  qui  avoit  été  ordonné  au  comte;  de  faire  prêter  tous  les  ans 
un  pareil  serment  à  leurs  successeurs,  entre  les  mains  de  leur  évêque  ;  Se 
enfin  de  regarder  comme  hérétique  manifeste  quiconque  refuseroit  de  faire 
ce  serment.  Les  consuls  de  Saint-Gilles  avoient  prêté  le  jour  précédent  un 
semblable  serment,  tant  pour  eux  que  pour  le  consulat  de  la  ville  8c  de 
l'église  de  Saint-Gilles,  composé  des  villages  de  Seure,  de  Stagel,  Sainte- 
Colombe  Se  Speiran  Se  du  territoire  de  Carmarignan. 

Le  comte  de  Toulouse  déclara  ensuite  solennellement,  à  la  demande  du 
légat,  en  présence  des  trois  archevêques  Se  des  dix-neuf  évêques  qui  avoient 
été  présens  à  son  absolution,  qu'il  accordoit  une  entière  liberté  Se  exemption 
à  toutes  les  églises  Se  maisons  religieuses  des  provinces  de  Vienne,  Arles, 
Narbonne,  Auch,  Bordeaux  8c  Bourges,  dans  lesquelles  ses  domaines  s'cten- 
doient,  avec   promesse    de    n'exiger    de    ces   églises    Se    monastères   aucune 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXL  281 


An  1209 


albergue,  procuration  ou  autre  exaction;  de  ne  s'emparer  de  la  dépouille  des 
évêques  &  des  autres  supérieurs  ecclésiastiques  après  leur  mort  ;  &  d'observer, 
comme  un  prince  catholique,  les  autres  articles  touchant  la  liberté  ecclésias- 
tique que  le  légat  jugeroit  à  propos  de  lui  imposer.  Guillaume  de  Baux, 
prince  d'Orange,  fit  alors  une  semblable  déclaration  pour  toute  l'étendue  de 
ses  domaines'. 

Le  20  de  juin,  les  divers  prélats  auxquels  Milon  avoit  donné  la  garde  des 
septs  châteaux  que  le  comte  de  Toulouse  avoit  livrés  à  l'Église  romaine,  firent  t.'iu,°p'.''"65. 
serment  entre  ses  mains  de  les  faire  garder  fidèlement,  de  ne  les  rendre  à  ce 
prince  que  par  un  ordre  exprès  ou  par  une  bulle  du  pape  ou  de  ses  légats; 
d'employer  leurs  revenus  pour  les  frais  de  la  guerre,  Sec.  Ceux  qui  firent  ce 
serment  furent  Michel,  archevêque  d'Arles,  pour  les  châteaux  de  Mornas  8< 
de  Fourques,  l'évêque  de  Viviers  pour  le  château  de  Fanjaux,  l'abbé  de 
Montmajour  pour  celui  d'Oppède,  l'évêque  &  le  prévôt  d'Avignon  pour  ceux 
de  Roquemaure  &  de  Baumes,  8t  enfin  l'évêque  de  Maguelonne  pour  le  châ- 
teau de  Montferrand.  Guillaume  de  Baux,  prince  d'Orange,  Hugues,  son 
frère,  Raimond  de  Baux,  leur  neveu,  Pierre  Bermond  de  Sauve,  Raimond 
Pelet,  seigneur  d'AIais,  Raimond  Rascas,  seigneur  d'Uzès,  Rostaing  de  Pos- 
quières  &  Raimond-Gaucelin,  seigneur  de  Lunel,  remirent  en  même  temps 
entre  les  mains  du  légat,  pour  gage  de  leur  promesse,  savoir  :  les  trois  pre- 
miers, tant  en  leur  nom  que  pour  les  seigneurs  qui  demeuroient  au  delà  du 
Rhône,  pour  les  fils  de  Rostaing  de  Sabran,  pour  Bertrand  de  Laudun  & 
pour  Guillaume,  son  frère,  les  châteaux  deVitrole,  de  Montmirat  Se  du 
Clarensans;  8c  les  derniers  les  châteaux  de  Grefeuille,  de  Roquefourquade 
&  de  Sade,  avec  promesse  d'obéir  fidèlement  aux  ordres  du  légat  touchant  les 
péages,  les  guidages,  les  juifs,  les  maînades,  les  églises  fortifiées,  la  liberté 
ecclésiastique.  Sic,  8t  de  rendre  justice  dans  les  affaires  du  comte  de  Tou- 
louse. Le  lendemain  le  légat  donna  à  Guillaume  Porcelet  les  mêmes  ordres 
qu'il  avoit  donnés  aux  autres  barons.  Raimond-Gaucelin,  l'un  d'entre  eux, 
s'étoit  réconcilié  quelque  temps  auparavant  avec  ce  comte  qui,  étant  à  Saint- 
Gilles,  lui  avoit^  pardonné  &  lui  avoit  dit,  en  lui  rendant  son  amitié  :  «  Parce 
«  que  vous  revenez  à  moi,  &  que  vous  voulez  être  de  mes  amis,  comme  vous 
«  le  devez,  je  vous  rends  la  connétablie  de  Melgueil  8t  je  l'augmente  en 
«  vous  donnant  tout  ce  que  j'ai  depuis  Massillargues  dont  vous  me  ferez  hom- 
«  mage.  » 

'  Dans  le  même  concile  Us  légats  terminèrent  août  1 109,  par  Jeux  lettres,  datées  de  Montpellier, 

les  querelles  qui  divisaient  le  comte  de  Toulouse  3c  il  abandonna  à  l'abbé  toutes  ses  possessions  dans 

l'abbé  de  Saint-Gilles. — Le  10  juillet  1209,  l'abbé  la  rille,  &   exhorta    les  consuls  à  être   fidèles   au 

prétendit  que    le  comte  tenait  en  fief  de   l'abbaye  monastère   (Voir    ut    supra,    n"'    84,   85,   ce.    1720 

tout  ce  qu'il  possédait  dans  la  ville  (Voir  tome  V,  &  1721).  Cet  accord  fut  confirmé  par  le  pape  Iii- 

n.  83,  c.   1727))   le  comte  nia    le  fait  &  prétendit  nocent  III ,   le   14  mai   1216  ,  après  le  concile  de 

y  avoir  plein    droit  de  propriété.   —  Mais  il  fut  Latran  {ut  supra,  n.  90,  c.   1722).  [A.  M.| 
obligé  de    renoncer    à   set    prétentions,    &   le    23  '  Gaùtï,  Séries praesulum  Magalonensium,f.3\i, 


An  I20 


'J 


282  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXlo 


LI.  —  Raimond,  comte  de  Toulouse,  prend  la  croix  contre  les  albigeois. 

Le  22  de  juin,  le  légat'  fit, promettre  par  serment,  au  comte  de  Toulouse 
Se  à  tous  les  barons  qui  étoient  à  Saint-Gilles,  d'observer  la  paix  entre  eux 
de  la  manière  qu'elle  avoit  été  réglée  ou  rétablie  par  les  légats  de  l'Eglise 
romaine,  avec  ordre  de  faire  prêter  un  semblable  serment  par  tous  leurs  vas- 
saux. 11  leur  ordonna,  supposé  qu'il  s'élevât  parmi  eux  dans  la  suite  quelque 
sujet  de  dispute,  de  s'en  rapporter  à  la  décision  d'Hugues,  évêque  de  Riez, 
légat  du  Saint-Siège,  de  l'archevêque  d'Arles,  de  l'évêque  d'Uzès,  du  prévôt 
de  la  cathédrale  d'Avignon  &  des  autres  qui  leur  seroient  désignés  par  l'Eglise 
romaine;  il  les  leur  donna  pour  juges  de  leurs  différends,  sans  préjudice  des 
ordres  du  Saint-Siège  apostolique.  Le  comte  de  Toulouse,  pour  donner  des 
preuves  de  sa  bonne  foi,  demanda  ensuite  la  croix  à  Milon  Se  offrit  de  servir 
contre  les  hérétiques  de  la  Province.  Le  légat  lui  ayant  accordé  sa  demande, 
le  comte  fit  un  nouveau  serment  conçu  en  ces  termes.  «  Au  nom  de  Dieu, 
«  l'an  douze  du  pontificat  d«  pape  Innocent  111,  le  22  de  juin,  je,  Rai- 
«  mond ,  par  la  grâce  de  Dieu  duc  de  Narbonne,  comte  de  Toulouse  & 
t(  marquis  de  Provence,  jure  sur  les  saints  évangiles  que  lorsque  les  princes 
(I  croisés  arriveront  dans  mes  États,  je  leur  obéirai  entièrement,  tant  pour 
«  ce  qui  regarde  leur  propre  sûieté  que  dans  toutes  les  autres  choses  qu'ils 
((  jugeront  à  propos  de  me  commander  pour  leur  utilité,  &  pour  celle  de 
«  toute  l'armée.  »  Raimond  s'engagea  par  là  à  prendre  les  armes  contre  ses 
propres  sujets  8*.  à  aider  les  croisés  à  les  détruire.  Mais,  si  nous  en  croyons 
un  auteur  du  temps ^  peu  ami  de  ce  prince,  il  ne  prit  ces  engagemens  que 
par  la  crainte  des  croisés,  &  il  n'y  eut  que  deux  de  ses  chevaliers  qui  prirent 
la  croix  avec  lui. 

LII.  —  Statuts  du  concile  de  Saint-Gilles.  —  Le  pape  écrit  an  comte  de 
Toulouse  sur  son  absolution  6*  impose  le  dixième  en  France  pour  les  /rais 
de  la  croisade, 

Milon,  averti  de  l'approche  de  l'armée,  se  disposa  à  aller  à  sa  rencontre. 
Avant^  son  départ  de  Saint-Gilles,  il  écrivit  une  lettre  circulaire  à  tous  les 
archevêques  Si  évêques,  pour  leur  ordonner,  en  vertu  d'obéissance,  de  faire 
publier  dans  leurs  diocèses  les  statuts  qui  venoient  d'être  dressés  dans  cette 
ville  8c  de  les  faire  observer  inviolablement,  sous  peine  d'excommunication 
81  d'interdit.  Il   leur  donna  de  plus  les  ordres  suivans  :  «  Vous  relâcherez, 


'   Jeta  ap.    Inrtocent.    lll    Ep'tst.   at  supri,  —  ckevaliers;   c'était  sans  doute  afin  d'empêcher  tes 

Catel,  Histoire  des  comtes  Je  Tolose,-p.  24.5&siiiv.  vassaux  du   comte   de  se   prévaloir   des  privilèges 

'  Pierre  de  Vaux-Cernay,  c.    |3.  —  Cet  auteur  accordés   par   le  pape  aux    croisés.    Tel    était   du 

ne  dit  pas  expressément  qu'il  n'y  ait  eu  que  deux  moins  le  biltde  Raimond  VI  en  prenant  la  croix, 

des  chevaliers  de  Raimond  VI  à  prendre  la  croix,  si  l'on  en  croit  Pierre  de  Vaux-Cernay.  [A.  M.] 
mais  que   le  légat   ne   la  donna   qu'à  deux  de  ses  '  Acta  ap.  Innocent.  III  Epist.  z,  p.  3ôo. 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXI.  283  "T 

An  1209 

leur  dit-il,  la  sentence  d'interdit  suivant  la  forme  qui  suit  &  qui  vous  a 
été  donnée  ces  jours  passés  dans  la  conférence  de  Saint-Gilles  :  Les  absens 
qui  sont  nommément  excommuniés  ou  interdits,  si  ce  sont  des  personnes 
d'une  grande  considération,  se  présenteront  pour  recevoir  l'absolution  à  un  t.'iii°p!%. 
des  légats,  avec  des  lettres  de  leur  évêque  diocésain,  qui  contiendront  la 
vérité  du  fait.  Quant  aux  chevaliers  moins  qualifiés  t-  au  peuple,  il  suffira 
que  l'évèque  diocésain  ou  quelqu'un  de  sa  part  se  transporte  sur  les  lieux 
soumis  à  l'interdit,  t-  là,  après  avoir  reçu  le  serment  de  tous  les  habitans 
d'obéir  aux  ordres  de  l'Eglise,  il  fera  exhumer  les  corps  de  ceux  qui  ont 
été  enterrés  durant  l'interdit  (y  les  fi r a  inhumer  de  nouveau  avec  les  céré- 
monies accoutumées,  après  les  avoir  absous  de  l'interdit^  à  moins  que  ceux 
qui  seront  exhumés  ne  Jiissent  nommément  excommuniés ,  car  ceux-ci 
doivent  être  privés  pour  toujours  de  la  sépulture  ecclésiastique.  Il  fera 
ensuite  jurer  d'observer  la  paix  6*  les  statuts  qui  la  regardent.  Tout  ce 
n  qu'on  vient  de  rapporter  doit  être  observé  dans  les  lieux  où  il  n'y  pas  d'hé- 
létiques  manifestes.  » 
Le  pape  Innocent  III  ne  fut  pas  plutôt  informé  de  ce  qui  s'étoit  passé  à 
Saint-Gilles  qu'il  écrivit',  le  26  de  juillet  suivant,  au  comte  de  Toulouse  : 
Nous  nous  réjouissons  dans  le  Seigneur  8c  dans  la  force  de  sa  grâce  de  ce 
que,  malgré  tout  ce  qu'on  avoit  publié,  &  qui  paroissoit  nuire  extrêmement 
à  votre  réputation,  vous  vous  êtes  enfin  soumis  entièrement  à  nos  ordres 
pour  la  ritablir.  Si  de  ce  que  vous  avez  donné  toutes  les  cautions  que  notre 
cher  fils  Milon,  notre  notaire,  légat  du  Saint-Siège  apostolique,  vous  a 
demandées.  Ainsi,  au  lieu  d'un  sujet  de  scandale  que  vous  étiez  auparavant, 
vous  êtes  devenu  un  modèle  à  suivre,  de  sorte  que  la  main  du  Seigneur 
paroît  avoir  merveilleusement  opéré  en  vous.  Comme  nous  sommes  très- 
persuadés  que  cette  démarche  vous  sera  aussi  profitable  pour  le  temporel 
que  pour  le  spirituel,  nous  vous  exhortons  à  vous  comporter  dans  la  suite 
de  telle  manière  parmi  les  fidèles  que  vous  fassiez  de  nouveaux  progrès  dans 
la  foi  catholique;  vous  qui  jusqu'ici  vous  perdiez  en  faisant  la  guerre  parmi 
des  perfides.  Montrez-vous  tel  en  toutes  choses,  que  nous,  qui  souhaitons 
votre  avancement  Se  votre  honneur,  soyons  obligés  de  vous  accorder  notre 
protection  :  croyez  que  nous  n'avons  pas  intention  de  vous  imposer  un 
joug  injuste  81  onéreux.  » 
Innocent  écrivit*  en  même  temps  :  1°  A  tous  les  prélats  du  royaume^  pour 
leur  enjoindre,  sous  peine  de  censure,  de  contribuer  d'une  partie  de  leur 
revenu  aux  frais  Se  à  la  dépense  de  l'armement,  suivant  l'état  qui  en  seroit 
dressé  par  l'évèque  de  Riez,  l'abbé  de  Cîteaux  81  maître  Milon,  ses  légats; 
il  marque  dans  cette  lettre  qu'il  contribueroit  lui-même  à  l'expédition  d'une 
somme  considérable.  2°  A  tous  les  fidèles  établis  dans  les  terres  des  nobles 
qui  s'étoicnt  croises  contre  les  hérétiques  provençaux  pour  leur  ordonner  la 

■  Innocent.  III  1.  11,  Epist.  90.  —  [Cette  lettre  '  Innocent.  III  I.  12,  Eplst.  86  &  seq. 

est  du  27  juillet  i  209;  Potthast,  n.  3784.]  '  [Pottliast,  n.  3787J  cette  lettre  estdu  28  juillet.] 


An  12 


Éd.  origin. 
t.  111,  p.  iii; 


284  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC,  LIV.  XXL 

même  chose'.  3°  Aux  trois  légats^;  il  leur  marque  que,  sur  la  demande  qu'ils 
lui  avoient  souvent  faite  d'obliger,  par  censures,  les  clercs  8?  les  laïques  des 
domaines  des  nobles  qui  s'étoient  croisés,  à  payer  le  dixième  d'une  année  de 
leur  revenu  pour  une  si  grande  entreprise  il  avoit  fait  expédier  ses  lettres; 
mais,  qu'après  avoir  examiné  le  tout  avec  les  cardinaux,  il  avoit  trouvé  ce 
moyen  trop  dur;  que,  cependant,  il  s'étoit  rendu  à  leurs  instances  81  qu'il 
leur  commettoit  son  autorité  pour  engager  parleurs  exhortations  les  clercs  &i 
les  laïques  à  payer,  non  pas  précisément  le  dixième  du  revenu  d'une  année, 
mais  ce  qu'ils  jugeroient  à  propos;  sans  cependant  y  contraindre  personne, 
s'ils  ne  pouvoient  les  gagner  par  leurs  persuasions;  excepté  les  ecclésiastiques 
séculiers  St  réguliers,  qu'ils  pouvoient  forcer  d'obéir  par  les  censures  ecclé- 
siastiques, supposé  qu'ils  crussent  que  l'expédition  ne  réussît  pas  autrement, 
&  qu'il  n'en  dût  pas  arriver  un  grand  scandale  ;  qu'au  reste,  quant  aux 
laïques,  ils  ne  dévoient  pas  les  y  contraindre  sans  le  consentement  de  leurs 
seigneurs.  4°  Enfin  le  pape  écrivit  à  Milon  en  particulier  pour  lui  témoi- 
gner la  satisfaction  qu'il  avoit  des  progrès  de  sa  légation  &  l'exhorter  à  con- 
tinuer. 

LUI.  —  Milon  va  au  devant  de  l'armée  des  croisés  assemblée  à  Lyon, 

Ce  légat,  suivi ^  de  Thédise,  son  associé.  Se  de  la  plupart  des  évêques  qui 
s'étoient  trouvés  à  Saint-Gilles,  alla  à  Lyon  au  devant  de  l'armée  des  croisés, 
qui  s'y  étoit  rassemblée  de  toutes  les  parties  du  royaume  vers  la  Saint-Jean- 
Baptiste  de  l'an  1209.  Elle  étoit  l'une  des  plus  nombreuses  qu'on  eût  encore 
vu  en  France  &  même  en  Europe.  Les  auteurs  ne  conviennent  pas  cepen- 
dant du  nombre  des  troupes  qui  la  composoient.  Quelques  modernes  la  font 
monter  à  cinq  cent  mille  hommes  &  d'autres  à  trois  cent  mille;  les  anciens 
historiens  n'en  marquent  pas  le  nombre  Si  Pierre  de  Vaux- Cernay'*,  contem- 
porain Se  témoin  oculaire,  dit  qu'il  n'y  avoit  que  cinquante  mille  combattans 
quand  elle  fut  arrivée  à  Çarcassonne^.  On  y  voyoit  des  Flamands,  des  Nor- 
mands, des  Aquitains  8c  des  Bourguignons  conduits  par  les  archevêques  de 
Reims,  de  Sens  Si  de  Rouen,  les  évêques  d'Autun,  de  Clermont,  de  Nevers, 
de  Bayeux,  de  Lisieux  Si  de  Chartres,  8c  par  un  grand  nombre  d'ecclésiasti- 
ques; Si  entre  les  seigneurs  séculiers,  par  Eudes,  duc  de  Bourgogne,  Hervé, 
comte  de  Nevers,  le  comte  de  Saint-Paul,  Simon  de  Montfort,  comte  de 
Leycestre,  le  comte  de  Bar-sur-Seine,  Gui  de  Beaujeu,  Guillaume  des 
Roches,  sénéchal  d'Anjou,  Gaucher  de  Joigny,  Sic.  On  assure*^  que  tous  les 

'  [Pofthast,  n.  îySj.]  ^.Pierre  de  Vaiix-Cernay,  c.  17. 

'  [Cette  lettre  est  du  17  juillet.  Cf.  n.  3780.]  '  Guillem  de  Tudèle  (v.  279-281)  dit  vingt  mille 

'  Pierrt  de  Vaux-Ceriiay,   c.    i3.   —    Albéric,  chevaliers,   plus   deux  cent  mille  vilains  &  pay- 

Clironicon.  —  Rigord,   de  Gcstis  P/iilippi  Avgusti,  sans,  sans  compter  le  clergé  &    les   bourgeois.  On 

p.  55.  —  Robertus   Altissiodorensis,  Chronicon.  —  ne  peut   permettre  de  telles   exagérations  qu'à  un 

Matthieu  Paris,  an    I2i3.  —  Innocent.   III  I.   12,  poëte.  [A.  M.j 
Eptst.  \oi. —  Guillaume  le  Breton,  P/ii7i/>^cis,  1.  8.  'Matthieu  Paris,  an   I2i3. 

—  Caes-irius  Heisterbacensis,  1.  j,  c,  21. 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXI.  •  285 

croisés  portoient  des  bourdons  de  pèlerin  à  la  main  pour  marquer  que  c'étoit 
une  expédition  toute  sainte  à  laquelle  ils  s'étoient  dévoués,  &  dans  la  vue  de 
gagner  les  indulgences  que  le  pape  avoit  attachées  à  cette  espèce  de  pèleri- 
nage, à  l'exemple  des  voyages  qu'on  faisoit  alors  dans  la  Terre-Sainte  pour 
combattre  les  infidèles.  Les  croisés,  à  leur  arrivée  à  Lyon,  choisirent  leurs 
chefs  pour  les  commander  Si  mirent  à  leur  tête,  en  qualité  de  généralissime, 
Arnaud,  abbé  de  Cîteaux  Si  légat  du  Saint-Siège. 

Milon  reçut  en  passant  à  Orange,  le  25  de  juin',  du  consentement  de 
Guillaume  de  Baux,  prince  de  cette  ville,  le  serment  des  consuls  &  des  con- 
seillers. Ils  lui  firent  la  même  promesse  que  lui  avoient  faite  quelques  jours 
auparavant  les  consuls  de  Nimes  &  d'Avignon,  Si  ils  s'engagèrent  de  la 
renouveler  tous  les  ans  entre  les  mains  de  leur  prince.  Le  27  de  juillet, 
Artaud  de  Roussillon  lui  prêta  serment  à  Valence  Si  lui  livra  son  château  de 
Roussillon  pour  la  sûreté  de  sa  promesse.  L'évêque,  le  doyen,  le  vicaire  Si 
les  autres  chanoines  de  Valence  promirent  aussi  par  serment,  à  Milon, 
d'abandonner  le  comte  de  Toulouse  si  ce  prince  refusoit  d'exécuter  les  articles 
qu'il  avoit  juré  d'observer;  d'obéir  à  l'Église  romaine.  Sic.  Le  légat  continua 
ensuite  sa  route  Si  joignit  l'armée  des  croisés. 

LIV.  —  Le  comte  de  Toulouse  va  à  la  rencontre  des  croisés  &•  s'accorde 

avec  l'évêque  d'U-^ès. 

Le  comte  de^  Toulouse,  qui  avoit  pris  les  devants,  la  rencontra  à  Valence. 
La  plupart  des  chefs,  entre  autres  Pierre  de  Courtenay,  comte  d'Auxerre,  81 
Robert  de  Courtenay,  ses  cousins  germains,  lui  firent  beaucoup  d'accueil  S< 
furent  charmés  de  le  voir.  11  renouvela  alors  entre  leurs  mains  le  serment, 
qu'il  avoit  déjà  fait  entre  celles  du  légat,  de  leur  rendre  tous  les  services  pos- 
sibles 81  de  se  conduire  comme  ils  le  jugeroient  à  propos.  Il  leur  donna 
quelques  châteaux  pour  gage  de  sa  promesse  Si  s'offrit  même  de  leur  laisser 
son  fils  en  otage  Si  d'y  demeurer  lui-même.  Il  passa ^  un  accord,  le  7  de 
juillet  suivant,  avec  l'évêque  d'Uzès  81  promit  de  tenir  en  fief  à  l'avenir,  de 
lui  81  de  son  église,  les  châteaux  de  Valabris,  Aramon,  Laudun,  Vènejan  Si 
quelques  autres,  au  nombre  de  treize,  81  ce  que  ses  vassaux  possédoient  à 
Monttrin,  à  Masmolène  81  dans  trois  autres  châteaux,  avec  promesse  d'en  faire 
hommage  81  de  servir  l'évêque  81  l'église  d'Uzès  envers  tous  81  contre  tous, 
excepté  contre  le  roi.  11  céda  de  plus  à  l'évêque  le  droit  de  justice  dans  le 
lieu  de  Sainte-Anastasie  Si  se  départit,  tant  de  l'albergue  de  cent  cinquante 
sols  qu'il  avoit  sur  l'église  d'Uzès  que  du  droit  de  garde  de  l'évêché  pendant 
la  vacance  du  siège.  Le  viguier  81  les  vassaux  du  comte  exécutèrent  peu  de 
temps  après  cette  transaction. 

'  Acta  ap.  Innocent.  III    Epist.  t.  2,  pp.  368  &  '  Factum  du  duc  d'Uzès  contre  l'évêque  de  cette 

ïeq.  ville,  imprimé  en   1718. 

'  Pierre  de  Vaux-Cernay,  c,  i5.  —  Guillelmus 
de  Podio  Laureiuii,  c,  i3. 


An  120Ç) 


■~I 286  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXI. 

An  i2oy 

LV.  — Milon  &  l'abbé  de  Citeaux  font  passer  le  Rhône  à  l'armée  6*  arrivent 
à  Montpellier.  —  Le  vicomte  de  Bé-^iers  tente  inutilement  de  J aire  sa  paix 
avec  eux. 

Guillaume'  Ademar  Se  Lambert,  seigneurs  de  Montélimar,  firent,  le  12  de 
juillet,  à  Milon,  le  même  serment  que  lui  avoient  fait  à  Saint-Gilles  les  autres 
barons  de  Provence  8c  lui  livrèrent,  pour  la  sûreté  de  leurs  promesses,  la 
ville  de  Montélimar  61  les  autres  forteresses  dont  il  confia  la  garde  à  l'évêque 
de  Viviers. 

L'abbé  de  Cîteaux  81  Milon  ayant  fait  passer  le  Rhône  à  l'armée,  ils  la 
conduisirent  à  Montpellier,  où  elle  s'arrêta  pendant  quelques  jours.  Raimond- 
Roger,  vicomte^  de  Béziers,  informé  de  son  arrivée,  se  rendit  aussitôt  dans 
cette  ville  pour  faire  sa  paix  avec  les  légats,  à  l'exemple  du  comte  de  Tou- 
louse, son  oncle.  Il  fit  tous  ses  efforts  pour  justifier  sa  conduite  &  protesta 
qu'il  étoit  entièrement  soumis  à  l'Église;  il  avoua  qu'à  la  vérité  ses  officiers 
avoient  favorisé  les  hérétiques,  mais  que  c'étoit  contre  son  intention  81  qu'il 

Éd.origin.      Jétestoit  les  erreurs  des  sectaires.   Mais  toutes  ses  protestations  furent  inu- 
t.  m,  p.  iCi.  ,  _  r 

tiles,  8<.  le  légat  refusa  de  recevoir  ses  excuses;  en  sorte  qu'il  se  retira  très- 
mécontent.  A  son  retour  à  Béziers,  il  assembla  les  principaux  de  ses  vassaux, 
leur  fit  part  du  refus  que  le  légat  avoit  fait  de  l'écouter  &  résolut,  de  leur 
avis,  de  défendre  ses  domaines  jusqu'à  la  dernière  extrémité.  Il  pourvut 
ensuite  à  la  sûreté  de  ses  places,  81,  après  avoir  laissé  une  forte  garnison  dans 
Béziers,  il  alla  se  jeter  dans  Carcassonne  avec  l'élite  de  ses  troupes.  11  implora^ 
cependant  le  secours  du  roi  d'Aragon,  qu'il  reconnoissoit  pour  son  suzerain; 
mais  ce  prince  ne  jugea  pas  à  propos  de  le  lui  accorder,  de  crainte  de  se 
brouiller  avec  le  pape,  81  il  aima  mieux  laisser  périr  les  catholiques  que  de 
donner  pour  les  sauver  sa  protection  aux  hérétiques. 

LVI.  —  Les  croisés  se  joignent  devant  Bé-^iers. 

Les  croisés'^,  après  s'être  reposés  quelque  temps  à  Montpellier,  se  mirent 
en  marche  sous  la  conduite  de  l'abbé  de  Cîteaux.  Le  légat  Milon  demeura 
encore  quelque  temps  dans  cette  ville  d'où  il  se  rendit  en  Provence  pour  y 
continuer  les  affaires  de  la  légation.  L'armée  s'étant  avancée  vers  les  fron- 
tières du  diocèse  de  Béziers,  son  approche  jeta  une  si  grande  terreur  dans 
tous  les  environs  que  les  seigneurs  du  pays,  ou  abandonnèrent  leurs  châteaux 
pour  prendre  la  fuite  ou  se  vinrent  soumettre.  Le  château  de  Servian,  situé  à 

■  Acta  apud  Innocent.  III  Epist.  t.  2,  p.  369.  '  Innocent.    III    1.    i5,    Epist,    212.    [Potthast, 

°  Tome  VIII,  ce.  14,  i5.  —  Le  récit  de  l'entrevue  n.  4655.] 

de  Montpellier  entre  le  vicomte   de  Béziers  &  le  ■*  Pierre  de  Vaux-Cerilay,  c.   i5  &  suiv.  —  In- 

légat  manque  aujourd'hui  dansGiiillem  deTiidélej  nocent.  III  1.  \i,  Epist.  108.  —  Guillelmus  de  Po- 

nul  doute  d'ailleurs  que  le  poëme  n'ait  contenu  le  dio  Laurentii,  c.  i3  &  seq.  —  Praeélara  Francorum 

passage  que  l'Anonyme  abrège  ici.  Cette  entrevue  facinora,  p.  112.  —  Matthieu  Paris,  an  I2|3.  .— 

dut  avoir  lieu  vers  le  10  juillet  1209.  [A.  M.]  Voyez  tpme  VIII,  ce.  lâ,  16. 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  L'IV.  XXI.  287 

deux  lieues  de  Béziers,  vers  le  levant,  fut  une  des  premières  conquêtes  des 
croisés  qui  le  trouvèrent  vide  Se  qui  s'en  saisirent  la  veille  de  la  Madeleine, 
21  de  juillet.  Le  lendemain  ils  campèrent  devant  Béziers  dans  la  résolution 
d'en  faire  le  siège. 

Deux  autres  corps  les  joignirent'  alors.  Le  premier  venoit  du  côté  d'Agen 
&  étoit  commandé  par  l'archevêque  de  Bordeaux,  les  évêques  de  Limoges,  de 
Bazas,  de  Cahors  8c  d'Agen,  par  Gui,  comte  d'Auvergne,  le  vicomte  de 
Turenne,  Bertrand  de  Cardaillac,  le  seigneur  de  Castelnau  de  Montratier 
qui  conduisoit  ceux  du  Querci,  &ic.  Guillaume,  archevêque  de  Bourges*,  qui 
avoit  pris  la  croix  avec  une  partie  de  ses  diocésains,  se  seroit  sans  doute  joint 
à  ce  corps  d'armée  si  la  mort,  qui  l'enleva  au  commencement  de  l'année, 
n'eût  mis  obstacle  à  ses  desseins.  Nous  avons  deux  actes  de  Gui,  comte  d'Au- 
vergne :  il  déclare  dans  l'un,  qui  est  daté  de  Mercœur,  le^  26  d'avril  de 
l'an  i^og,  qu'étant  résolu  de  marcher  contre  les  hérétiques  dans  les  pays 
d'Albigeois,  il  assigne  le  douaire  de  Pétronille  de  Chambon,  sa  femme; 
l'autre'^  est  son  testament  qu'il  fit  au  château  d'Hermenc,  le  26  de  mai  sui- 
vant, étant  sur  le  point  de  partir  contre  les  hérétiques.  Ces  croisés^  se  sai- 
sirent en  passant  du  château  de  Puy-la-Roque,  en  Querci,  où  ils  ne  trou- 
vèrent personne  pour  le  défendre  &  le  détruisirent.  Ils  attaquèrent  ensuite  le 
château  de  Cassanhol  ou  Chasseneuil,  sur  les  frontières  de  l'Agenois,  où  il  y 
avoit  une  nombreuse  garnison  de  Gascons.  Ils  y  donnèrent  l'assaut  dans 
l'espérance  de  l'emporter  d'emblée;  mais  ils  furent  repoussés  avec  tant  de 
vigueur  qu'ils  furent  obligés  d'en  faire  le  siège  dans  les  formes.  Seguin  de 
Boulogne,  qui  commandoit  dans  la  pdacc,  voyant  qu'il  n'étoit  pas  en  état  de 
résister,  demanda  enfin  à  capituler.  On  lui  permit  de  sortir  vie  8<.  bagues 
sauves  Se  de  se  retirer  où  bon  lui  sembleroit.  Les  croisés  entrèrent  ensuite 
dans  la  place  8c  y  firent  brûler  vifs  plusieurs  hérétiques,  tant  hommes  que 
femmes,  qui  s'y  trouvèrent  Se  qui  refusèrent  de  se  convertir. 

L'autre  corps,  qui  joignit  la  grande  armée  des  croisés  devant  Béziers,  venoit 
du  côté  du  Vêlai  St  étoit  commandé  par  l'évêque  du  Puy  ;  il  avoit  pris  sa 
route  par  le  Rouergue  &  avoit  passé  à  Caussade,  dans  le  Querci,  Si  à  Saint- 
Antonin,  sur  les  frontières  de  l'Albigeois;  ces  deux  villes,  que  les  croisés 
auroient  pu  prendre,  se  rachetèrent  par  une  grosse  contribution,  de  quoi  ils 
furent  fort  blâmés.  Ils  entrèrent  ensuite  dans  le  Toulousain  8t  brûlèrent  en 
passant  le  château  de  Villemur  sur  le  Tarn. 

■  Voyez  tome  VIII,  ce.  i8  i  20.  —  DomVaissete  lants  eux-mêmes,  qu'avait  effrayés  l'annonce  Je 

a  éii  ici  induit  en  erreur  par  une  mauvaise  leçon  l'approche    des    croisés.    Cette   armée    ne    parvint 

de  l'Anonyme.  Les  deux  manuscrits  de  cet  auteur,  donc   même   pas   jusqu'à  Villemur  ;    elle   resta  sur 

en  effet,  dans   le  passage  analysé  ici  par  le  savant  les  frontières  du  Querci  &  du  Rouergue.    [A.  M.] 

bénédictin,  portent  ./<ga</c5  au  lieu  de  .^^encj.  Nous  '   Fita    S.    Guillelmi,   archiepiscopi   Biturkensis , 

avons  corrigé  cette  faute  d'après  Guillem  deTudèle  dans  les  Bollandistes,  au   10  janvier, 

(vers  3oo  &  suiv.).  Le  corps  de  troupes  qui  fit  ces  '  Martène,  Veterum  SS.  amplissima  collectio,  t.  1, 

courses  en  Querci  ne  vint  pas  rejoindre  l'armée  des  c.   1088. 

croisés  sous  Béziers.  Il  se  contenta  de  prendre  Cas-  *  B  iluze.  Histoire  généalogique  de  la  maison  d'Au- 

seneuil   &  de    rançonner  la  Caussade   &   le   bourg  vergne,  t.  2,  p.  82. 

Saint-Antonin.  VilUmur  fut  brûlé  par  les  habi-  '  Voyez  tome  VIII,  ce.  18,  19. 


An  i20<j 


An 


liop 


:88  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV,  XXI. 


LVII.  —  "Siège,  prise  ^  sac  de  Bè-^iers. 

Après  la  jonction  de  toutes  ces  troupes,  l'abbé  de  Cîteaux  &  les  chefs  de 
l'année'  députèrent  aux  habitans  catholiques  de  Réziers  Pvéginald  de  Mont- 
peyroux,  leur  évêque,  prélat  également  respectable  par  son  âge  avancé,  par 
sa  science  &  par  sa  vertu,  pour  leur  enjoindre,  sous  peine  d'excommunica- 
tion, de  livrer  aux  croisés  tous  les  hérétiques  de  cette  ville  avec  tous  leurs 
biens,  ou  pour  leur  persuader  du  moins,  s'ils  n'étoient  pas  assez  forts,  de 
t  "îii  °p'*'ioo  sortir  eux-mêmes,  afin  de  n'être  pas  enveloppés  dans  la  ruine  des  autres. 
Réginald  employa  vainement  son  éloquence  :  les  catholiques  de  Béziers  retu- 
sèrent,  non-seulement  de  déférer  à  ses  conseils,  mais  ils  se  lièrent  plus  étroi- 
tement avec  les  hérétiques  auxquels  ils  promirent  par  serment  de  répandre 
jusqu'à  la  dernière  goutte  de  leur  sang  pour  la  détense  de  la  ville.  Les  croisés 
se  disposèrent  alors  à  commencer  le  siège.  Leurs  chefs  s'étant  assemblés  déli- 
béroient  actuellement  sur  les  moyens  de  sauver  les  catholiques  de  la  ville, 
lorsque  les  assiégés,  ayant  fait  une  sortie,  vinrent  escarmoucher  autour  du 
camp.  Les  goujats  &.  les  rihauds  de  l'armée  ne  pouvant  souftrir  patiemment 
une  pareille  insulte,  s'attroupent  de  leur  propre  autorité  Si,  sans  la  participa- 
tion de  leurs  commandans,  ils  repoussent  les  habitans  de  Béziers  8c  les  pour- 
suivent jusque  dans  la  ville,  en  criant  de  toutes  leurs  forces  :  Aux  armes! 
aux  armes!  Les  croisés  accourent  de  toutes  parts  pour  les  soutenir  8<.  font 
tous  leurs  efforts  pour  franchir  le  fossé  &c  escalader  la  muraille.  Les  assiégés, 
après  une  vive  résistance  de  deux  à  trois  heures,  sont  obligés  de  céder,  8c 
les  croisés  étant  entrés  aussitôt  dans  la  ville,  font  main  basse  sur  tout  ce 
qu'ils  rencontrent,  sans  distinguer  la  religion,  le  sexe,  l'âge  Se  la  condition. 
Les  habitans  éperdus  se  réfugient  en  foule  dans  les  églises,  dans  l'espérance 
d'y  trouver  un  asile  assuré;  la  plupart  vont  dans  la  cathédrale  de  Saint- 
Nazaire  Se  s'y  mettent  sous  la  protection  des  chanoines,  lesquels,  revêtus  de 
leurs  habits  de  chœur,  font  sonner  les  cloches  pour  exciter  les  vainqueurs  à 
compassion.  Les  autres  se  retirent  dans  l'église  de  la  Madeleine;  mais  rien 
n'arrête  les  croisés  qui  poursuivent  leurs  ennemis  jusque  dans  les  lieux  saints 
8c  en  font  un  carnage  horrible;  en  sorte  qu'on  compte  que  sept  mille  habi- 
tans périrent  dans  cette  seule  église.  On  ajoute  que  ce  fut  une  punition  de 
Dieu  pour  le  meurtre  du  vicomte  Raimond-Trencavel,  que  ces  mêmes  habi- 
tans avoient  massacré  dans  cette  église  quarante-deux  ans  auparavant.  Enfin 
les  croisés,  après  avoir  assouvi  leur  fureur  sur  tout  le  peuple  de  Béziers, 
qu'ils  massacrèrent  sans  miséricorde.  Se  s'être  enrichis  des  dépouilles  de  la 
ville,  y  mirent  le  feu  qui  la  consuma  entièrement.  Ainsi  fut  détruite  de  fond 
en  comble,  le  jour  de  la  Madeleine,  22  de  juillet  de  l'an  1209,  la  ville  de 
Béziers,  également  recommandable  par  les  agrémens  de  sa  situation  Se  le 

'  Pierre  de  Vaiix-Cernay.  —  Guillelmiis  de  Podio   Laiirentii.  —  Innocent.  III  I.  12,  Epist,  108.  — 
Pneelara  Francorum  facinora. 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXI.  289 

nombre  de  ses  habitans.  On  ajoute  qu'elle  étoit  si  bien  fortifiée  8c  si  bien 
munie  qu'elle  paroissoit  en  état  d'arrêter  longtemps  l'armée  la  plus  formi- 
dable. Les  anciens  historiens  ne  conviennent  pas  du  nombre  de  ceux  qui 
périrent  dans  cette  occasion;  Arnaud,  abbé  de  Cîteaux,  qui  étoit  présent, 
n'en  met  que  quinze  mille'  dans  la  relation  qu'il  envoya  bientôt  après  au 
pape.  D'autres^  disent  seulement  dix-sept  mille;  mais  un  historien  du 
temps  ^,  suivi  par  Albéric  dans  sa  chronique,  fait  monter  le  nombre  des  morts 
jusqu'à  soixante  mille  {millia  bis  triplicata  dedecem),  &  non  pas  seulement 
jusqu'à  trente  mille  comme  le  dit  un"*  moderne.  Enfin  un  historien  contem- 
porain, mais  étranger^,  assure  que  cent  mille  habitans  furent  tués  dans  le 
massacre  de"  Béziers.  Ce  dernier  rapporte  une  circonstance  que  quelques 
auteurs  récens "^  révoquent  en  doute.  Il  dit  :  «  Qu'avant  le  sac  de  Béziers, 
u  les  croisés  demandèrent  à  l'abbé  de  Cîteaux  ce  qu'ils  dévoient  faire  en  cas 
«  qu'on  vînt  à  prendre  la  ville  par  assaut,  dans  l'impossibilité  où  on  étoit 
«  de  distinguer  les  catholiques  d'avec  ceux  qui  ne  l'étoient  pas.  L'abbé, 
«  ajoute  cet  auteur,  craignant  que  plusieurs  hérétiques  ne  voulussent  passer 
«  pour  orthodoxes,  dans  la  vue  d'éviter  la  mort,  8t  qu'ils  ne  reprissent  ensuite 
«  leurs  erreurs,  répondit  :  Tuej-les  tous,  car  Dieu  connott  ceux  qui  sont  à 
«  lui.  Ainsi  on  ne  fit  quartier  à  personne'^.  »  Quoi  qu'il  en  soit  de  cette  cir- 
constance, les  croisés,  après  la  prise  &  le  sac  de  Béziers,  rassemblèrent  tous 
les  corps  morts  en  divers  monceaux,  y  mirent  le  feu  &  se  disposèrent  2 
pousser  plus  loin  leurs  conquêtes*. 


An  liop 


'  Innocent,  m  1.  \i,Epiit.  io8. 

'  Guillaume  de  Nangis,  an.  1209. 

'  Guillaume  le  Breton,  Philippeh,  1.  8. 

'  Daniel,  Histoire  Je  France,  t.  1,  p.    iSSz. 

'  Caes.-irius  Heisterbacensis,  1.  '},  c.  21. 

•  Quétif  &  Echard,  Scrîptores  orjinis  Praeiicato- 
rum,  t.   I . 

'  Dom  Vaissete  aurait  pu  être  plus  hardi,  & 
déclarer  absolument  apocryphe  ce  mot  barbare  que 
la  plupart  des  auteurs  ont  prêté  au  légat  Arnaud. 
Un  érudit  bien  connu,  M.  Tamisey  de  Larrocfue, 
dans  un  article  publié  dans  les  Annales  de  philoso- 
phie chrétienne ,  i86r,  t.  6,  pp.  iiS-128,  a  prouvé 
que  cette  parole  n'est  point  authentique;  en  efiet, 
1°  aile  n'est  rapportée  par  aucun  des  témoins  ocu- 
laires ou  des  écrivains  contemporains  dignes  de  foi, 
mais  par  un  moine  cistercien  allemand,  Césaire 
de  Heisterbach,  dont  le  livre,  tout  d'édification, 
n'a  à  peu  près  aucune  valeur  historique;  1"  il  est 
invraisemblable  que  des  soldats  échaufTés  par  le 
combat  aillent  demander  à  \in  prélat  ce  qu'il  faut 
faire  des  prisonniers.  L'argumentation  de  M,  Ta- 
misey de  Larroque  nous  paraît  absolument  déci- 
sive, &  il  faut  envoyer  ce  mot  célèbre  rejoindre 
tant  d'autres  mots  pseudohistoriques  inventés  après 
coup.  Mais  l'auteur  que  nous  citons  va  plus  loin  ; 
il  prétend    prouver  que  Arnaud-Amauri    n'a    pris 

VI. 


aucune  part  à  cet  abominable  massacre.  Ici  il  s'a- 
vance, à  notre  gré,  beaucoup  trop;  nous  ne  vou- 
lons pas  faire  le  procès  du  légat  qui,  en  se  mettant 
au  point  de  vue  des  idées  de  son  temps,  ne  faisait 
que  son  devoir;  mais  il  faut  bien  avouer  que  ce 
massacre  effroyable  de  près  de  quinze  mille  per- 
sonnes, au  bas  mot,  nous  répugne,  &que  nous  ne 
pouvons  éprouver  aucune  sympathie  pour  ceux  qui 
conduisirent  une  affaire  aussi  sanglante.  Remar- 
quons en  outre  que  Guillem  de  Tudèle,  catholique 
sincère,  affirme  que  le  massacre  de  Béziers  fut  ar- 
rêté à  l'avance  par  le  conseil  de  l'armée  des  pèle- 
rins; les  barons  de  l'ost  voulurent  ainsi  terroriser 
le  pays  &  paralyser  la  résistance.  (Voir  plus  bas). 
L'événement  montra  qu'ils  avaient  calculé  juste; 
la  plupart  des  places  fortes  du  pays  de  Béziers  & 
du  Carcasses  furent  abandonnées  sans  combat,  & 
les  croisés  purent  arriver  sans  résistance  jusque 
sous  les  murs  de  Carcassonne.  [A.  M.] 

'  Le  récit  de  la  prise  de  Béziers  par  Guillem  de 
Tudèle  (vers  42  1-525)  s'accorde  pour  les  principales 
circonstances  avec  celui  de  Pierre  de  Vaux-Cernay. 
Comme  ce  dernier,  le  poète  attribue  l'honneur  de 
la  victoire  aux  truands  de  l'armée,  &  de  son  récit 
il  ressort  que  ce  fut  une  surprise.  II  donne  pour 
raison  du  massacre  épouvantable  qui  suivit  la  prise 
de  la  ville,  le  désir  des  croisés  de  terrifier  le  reste 


'9 


"■; 200  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXI. 

An   1209  / 

LVIII.  —  Accord  entre  l'archevêque,  le  vicomte  &•  les  habitans  de  Narhonne, 

6-  les  croisés. 

Bérenger,  archevêque',  &  Aimeri,  vicomte  de  Narbonne,  suivi  des  députés 
des  nobles  &  des  bourgeois  de  cette  ville,  arrivèrent  vers  le  même  temps  au 
camp;  ils  avoient  eu  la  précaution,  avant  l'arrivée  de  l'armée,  de  dresser  des 
statuts  très-sévères  contre  les  hérétiques  pour  ne  pas  se  rendre  suspects  & 
pour  éloigner  du  diocèse  les  armes  des  croisés  5  ils  avoient  ordonné  que  si 
quelqu'un  de  la  cité  ou  du  bourg  de  Narbonne  se  trouvoit  convaincu  de 
t.m,°p!^i7o.  l'hérésie  des  vaudois  ou  de  toute  autre;  d'avoir  disputé  contre  la  foi  catho- 
lique ou  recelé  quelque  hérétique  ou  vaudois,  &  enfin  d'avoir  eu  commerce 
avec  eux,  il  seroit  livré  à  la  justice  pour  être  puni,  Si  que  tous  ceux  qui  ren- 
contreroient  quelque  hérétique,  le  remettroient  entre  les  mains  de  la  justice, 
avec  permission  de  le  dépouiller  de  tout  ce  qu'il  porteroit  sur  lui.  De  plus, 
ils  avoient  défendu,  sous  peine  d'excommunication  Si  de  punition  corporelle, 
à  tout  avocat,  médecin,  notaire,  artisan,  Sic,  de  donner  aucun  aide  ou  con- 
seil; aux  hérétiques  Si  à  leurs  fauteurs,  de  travailler  pour  eux,  61  à  toute  sorte 
de  personnes  de  les  loger,  sous  peine  d'excommunication.  Si  enfin  d'avoir 
aucun  commerce  avec  ceux  qui,  venant  du  pays  des  hérétiques,  n'apportoient 
pas  avec  eux  des  lettres  de  catholicité  de  leurs  évêques. 

L'archevêque,  le  vicomte,  l'abbé  de  Saint-Paul  81  les  principaux  de  Nar- 
bonne rirent  serment  entre  les  mains  du  légat  81  des  chefs  de  l'armée  :  1°  De 
garder  la  foi  à  tous  les  croisés;  de  leur  fournir  tous  les  secours  81  les  vivres 
dont  ils  auroient  besoin;  de  protéger  tous  ceux  qui  iroient  au  camp  ou  qui 
en  reviendroient.  Si  de  se  comporter  envers  les  croisés  en  bons  catholiques 
81  en  bons  frères.  2°  De  payer  à  l'armée  quatre  deniers  pour  livre  de  tous 
leurs  biens  meubles  ou  immeubles,  excepté  de  leurs  montures,  habits,  livres 
81  ustensiles  de  maison.  3°  De  livrer  à  l'armée  tous  les  hérétiques  avec  leurs 
effets  81  les  biens  que  ceux  qui  n'étoient  pas  du  pays  leur  avoient  mis  en 
dépôt.  4°  De  représenter  au  duc  de  Bourgogne  Si  au  comte  de  Nevers  ceux 
qui  étoient  suspects  d'hérésie,  afin  qu'ils  en  disposassent  suivant  les  ordres 
de  l'Eglise,  par  le  conseil  des  archevêques  8t  évêques  qui  étoient  dans  le 
cainp.  5°  De  leur  remettre  les  biens  des  juifs  de  Béziers,  à  condition  que  ces 
deux  princes  se  chargeroient  de  la  défense  de  la  ville  de  Narbonne.  6°  L'ar- 
chevêque 81  le  vicomte  leur  promirent  de  plus  de  leur  livrer  les  forteresses 
qu'ils  avoient  dans  la  ville,  dans  le  diocèse  81  dans  la  vicomte  de  Narbonne. 
7°  Les  habitans  de  cette  ville  s'engagèrent  de  s'en  rapporter  à  ce  duc  81  à  ce 
comte  pour  la  punition  de  ceux  qui  enfreindroient  ces  articles.  8°  Enfin  le 
duc  Si  le  comte,  de  l'avis  81  du  consentement  des  barons  de  l'armée,  promi- 

du  pays  &  d'affaiblir  la  résistance  des   places  for-  qu'au  mois  de  septembre  suivant  (vers  481  à  489). 

tes  en  montrant  quel  sort  ils   réservaient  à  leurs  [A,  M.] 

'                défenseurs;   c'est    à  cette   terreur  qu'il   attribue  la  '   Catel,    Mémoires    de   l'histoire   du   Languedoc, 

prise  de  Montréal  &  de  Fanjaux,  qui   n'eut  lieu  pp.  597  &  suiv.;  pp.  791   &  suiv. 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXI.  20 1   ~~, 

'  An  I  209 

rent  par  serment  à  leur  tour,  tant  en  leur  nom  qu'en  celui  de  tous  les  croisés 
qui  étoient  alors  dans  le  camp  ou  qui  y  viendroient  dans  la  suite,  à  l'arche- 
vêque, au  vicomte,  à  l'abbé  de  Saint-Paul,  aux  bourgeois  8c  aux  nobles  de  la 
cité  8t  du  bourg  de  Narbonne,  de  les  garder  fidèlement  avec  tous  leurs  biens, 
81  dfe  leur  rendre,  à  leur  retour  en  France,  les  forteresses  qu'ils  dévoient  leur 
livrer.  Ce  traité  est  daté  du  mois  de  juillet  de  l'an  1209.  On  prétend'  que 
l'armée  des  croisés,  après  s'être  emparée  de  Béziers,  s'étoit  alors  rendue  devant 
Narbonne  &  que  cette  soumission  les  empêcha  de  rien  entreprendre  contre 
cette  ville.  Mais  cela  n'est  appuyé  sur  aucun  monument  :  il  est  certain  d'ail- 
leurs que  les  croisés  marchèrent  vers  Carcassonne  immédiatement'  après  là 
prise  de  Béziers. 

LIX.  —  Siège  de  Carcassonne. 

Le  bruit  de  cette  sanglante  conquête  jeta  l'épouvante  dans  tous  les  envi- 
rons, Se  ceux  qui  étoient  préposés  à  la  garde  des  châteaux  les  abandonnèrent 
pour  aller  chercher  un  asile  dans  les  rochers  des  montagnes  voisines.  L'armée 
décampa  cependant  de  Béziers  Se  s'empara  en  passant  de  ces  places  qu'on  fait 
monter  à  plus  de  cent^;  quelques-unes  se  soumirent  toutefois  volontaire- 
ment, parce  que  leurs  seigneurs  étoient  catholiques.  On  y  trouva  de  grandes 
richesses  &  quantité  de  vivres,  qu'on  y  avoit  ramassés  dans  le  dessein  de  tenir 
tête  aux  croisés.  On  ajoute  que  plusieurs  de  ces  châteaux  étoient  si  forts  &  si 
ûien  munis  qu'ils  étoient  en  état  d'arrêter  seuls,  pendant  longtemps,  toute 
1  armée.  Elle  arriva  enfin  devant  Carcassonne  le  i"  d'août. 

Cette  ville,  l'une  des  plus  fortes  de  la  Province,  étoit  alors  entièrement 
située  à  la  droite  de  l'Aude j  la  cité,  qui  en  faisoit  la  principale  partie,  est 
élevée  sur  un  rocher,  au  bas  duquel  coule  cette  rivière;  elle  est  accompagnée 
de  deux  faubourgs  entourés,  l'un  Se  l'autre,  de  murs  Se  de  fossés.  Outre  sa 
situation  avantageuse  &  sa  force  naturelle,  le  vicomte  Raimond-Roger,  qui 
s'y  étoit  jeté  pour  la  défendre,  avoit  eu  soin  de  la  bien  munir  Si  d'en  augmen- 
ter les  fortifications;  il  s'étoit  servi  pour  cela,  à  ce  qu'on  prétend,  des  pierres 
du  réfectoire  Si  des  stalles  du  chœur  des  chanoines  réguliers  de  la  cathédrale. 
Enfin  la  garnison  étoit  très-nombreuse  Se  composée  des  principaux  vassaux 
du  vicomte,  qui  s'étoient  renfermés  avec  lui  dans  la  place,  des  habitans  de  Éforigin. 
la  ville  Se  de  tous  ceux  des  environs  qui  s  y  étoient  réfugiés  avec  leurs  meil- 
leurs effets  comme  dans  un  lieu  de  sûreté. 

Les  croisés  ne  furent  pas  plutôt  campés  devant  Carcassonne  que  le  vicomte 
Raimond-Rogcr,  étant  monté  sur  une  tour  pour  les  examiner,  résolut  de 

■  Catel,   Mémoires  Je   l'histoire    du    Languedoc,  '  Pierre  de  Vaux-Cernay,  c.   i6.  —  Guilleliniis 

p.  597.  —  L'opinioil  combattue  par  dom  Vaissete  de  Podio  Laurentii,  c.  14.  —  Innocent.  III  1.   12, 

paraît  la  plus  probable;  &  les  conditions  du  traité  Epist.    108.   — ■   Praeclara    Francorum  facinora.   — 

plus  haut   analysé    ne  prouvent  que  trop  la  ter-  Robertus    Altissiodorensis,    Chronicon.    —    Voyez 

reur  qu'avait  fait  naître  le  massacre  de  Béziers.  tome  VIII,  c.  22. 

[A.  M.]  »  Innocent.  III  1.  12,  Epist.  108. 


An  ii09 


292  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXI. 

faire  une  sortie  sur  eux  la  nuit  suivante  &  de  les  attaquer,  dans  l'espérance 
de  les  surprendre  ;  mais,  sur  les  remontrances  de  Pierre-Roger,  seigneur  de 
Cabaret,  il  changea  de  sentiment  &  se  détermina  à  demeurer  dans  la  place 
&  à  la  défendre  jusqu'à  la  dernière  extrémité.  Les  croisés,  de  leur  côté,  don- 
nèrent l'assaut,  dès  le  lendemain,  au  premier  faubourg  qu'ils  croyoient 
emporter  d'emblée,  parce  qu'il  étoit  moins  fort  que  le  second  qu'on  appeloit 
le  grand  faubourg.  L'attaque  &  la  défense  furent  également  vives,  tandis 
que  les  évêques,  les  abbés  &  le  reste  du  clergé  de  l'armée  chantoient  le  Vent 
Creator  &  faisoient  de  ferventes  prières  pour  demander  à  Dieu  le  succès  de 
l'entreprise.  Enfin,  après  un  combat  opiniâtre  de  plus  de  deux  heures, 
durant  lequel  le  vicomte  Pv.aimond-Roger  fit  des  prodiges  de  valeur,  les 
assiégés  furent  obligés  de  céder,  en  sorte  que  les  croisés  se  rendirent  maîtres 
du  faubourg  Si  y  mirent  le  feu.  Simon  de  Montfort  fut  le  premier  des  cheva- 
liers qui  monta  à  l'assaut.  On  combla  aussitôt  les  fossés  de  ce  faubourg  &  on 
tenta  l'attaque  du  second,  qu'on  espéroit  emporter  aussi  sans  le  secours  des 
machines.  Mais  le  vicomte  le  défendit  avec  tant  de  bravoure  qu'il  obligea  les 
assiégeans,  quoiqu'ils  eussent  déjà  franchi  le  fossé,  à  se  retirer  après  une  très- 
grande  perte.  Ces  derniers  furent  contraints  de  laisser  dans  le  fossé  un  de 
leurs  chevaliers  qui,  ayant  la  cuisse  rompue,  ne  pouvoit  se  remuer,  sans  qu'il 
fût  possible  de  lui  donner  du  secours,  à  cause  de  la  quantité  de  pierres  Si  de 
flèches  que  les  assiégés  faisoient  pleuvoir.  Simon  de  Monttort,  suivi  de  son 
écuyer,  eut  assez  de  courage  pour  l'aller  retirer.  Si  il  l'emmena  au  camp. 

Les  croisés,  voyant  que  la  prise  du  second  faubourg  étoit  beaucoup  plus 
difficile  qu'ils  ne  l'avoient  cru,  prirent  le  parti  de  l'assiéger  dans  les  formes; 
mais  l'effet  de  leurs  machines  n'étant  pas  assez  considérable,  on  eut  recours  à 
la  sape  pour  ruiner  les  murailles  par  les  fondemens.  Dans  ce  dessein,  on  fit 
construire  une  tour  soutenue  sur  quatre  roues  81  couverte  de  peaux  de  bœuf. 
A  peine  eut-on  commencé  à  la  faire  jouer  qu'elle  fut  mise  en  pièces  par  les 
pots  à  feu,  les  pierres  81  les  poutres  que  les  assiégés  jetèrent  dessus.  Les  tra- 
vailleurs trouvèrent  toutefois  moyen  de  se  mettre  à  l'abri  dans  le  creux  du 
mur  qu'ils  avoient  déjà  percé  Si  d'y  continuer  leur  travail  sans  être  inquiétés. 
Le  huitième  jour  du  siège,  la  muraille  de  ce  faubourg  ayant  croulé  entière- 
ment, les  croisés  montèrent  librement  à  l'assaut  81  forcèrent  enfin  les  assiégés 
à  se  retirer  dans  la  cité.  Ceux-ci,  s'étant  aperçus  bientôt  après  que  les  assié- 
geans étoient  retournés  dans  le  camp,  revinrent  dans  le  faubourg  81,  après 
avoir  fait  main  basse  sur  tous  ceux  qui  y  étoient  demeurés,  ils  y  mirent  le 
feu  81  se  renfermèrent  dans  la  cité. 

LX.  —  Le  roi  d'Aragon  vient  au  camp  des  croisés  &•  tente  inutilement 
de  moyenner  la  paix  entre  eux  6-  le  vicomte. 

Pierre,  roi  d'Aragon,  qui  se  prétendoit  suzerain  de  Béziers  81  de  Carcas- 
sonne,  se  rendit  peu  de  temps  après  au  camp  des  croisés,  dans  la  vue  de 
rendre  service  au  vicomte  Raimond-Roger  dont  il  étoit  ami  8<  allié.  En  arri- 


An   1209 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXI.  293 

vant'  il  descendit  avec  toute  sa  suite  à  la  tente  du  comte  de  Toulouse,  son 
beau-frère.  Il  alla  ensuite  trouver  l'abbé  de  Cîteaux  &  les  chefs  de  l'armée, 
qui  lui  firent  beaucoup  d'accueil  :  il  leur  demanda  grâce  en  faveur  du 
vicomte  8c  les  supplia  d'avoir  pitié  de  sa  jeunesse  Se  de  vouloir  bien  entrer  en 
négociation  avec  lui;  il  leur  représenta  qu'ils  dévoient  être  satisfaits  par  les 
dommages  qu'ils  avoient  déjà  causés  dans  une  grande  partie  de  ses  domaines. 
Le  légat  Se  les  chefs  demandèrent  au  roi  si  le  vicomte  l'avoit  chargé  de  faire 
des  propositions  de  paix  :  Non,  répondit  le  roi  ;  mais,  si  vous  voulez  me  le 
permettre,  j'irai  le  trouver,  8c  je  suis  persuadé  qu'il  ne  refusera  pas  ma 
médiation.  On  permit  donc  à  ce  prince  d'entrer  dans  la  ville  8c,  s'étant 
abouché  avec  le  vicomte,  celui-ci  remit  volontiers  ses  intérêts  entre  ses  mains. 
Le  roi  alla  ensuite  à  la  tente  du  légat,  où  tous  les  principaux  croisés  s'étoient 
assemblés,  Se  il  leur  rendit  compte  de  sa  négociation.  Il  intercéda  de  nouveau 
pour  le  vicomte,  qu'il  assura  n'avoir  jamais  été  hérétique,  ni  fauteur  de  A^.[°"s'"l\ 
l'erreur;  il  convint  véritablement  que  ses  officiers  avoient  favorisé  les  héré- 
tiques pendant  sa  minorité  ou  sa  jeunesse;  mais  il  assura  que  c'étoit  sans  sa 
participation  8c  qu'il  méritoit  d'être  excusé.  11  ajouta  qii 'après  tout,  si  Rai- 
mond-Roger  s'étoit  rendu  coupable  de  quelque  chose,  il  étoit  assez  puni  par 
la  destruction  de  la  ville  de  Béziers  Se  du  bourg  de  Carcassonne;  qu'au  reste 
il  offroit  de  se  soumettre  aux  ordres  du  légat  8c  de  réparer  tous  les  dommages 
qu'il  pourroit  avoir  causés.  L'abbé  de  Cîteaux  8c  les  chefs  de  l'armée  deman- 
dèrent à  délibérer  en  particulier  sur  cette  proposition,  8c,  après  avoir  conféré 
ensemble,  le  premier  répondit  au  roi  d'Aragon  que  toute  la  grâce  qu'on 
pouvoit  faire  au  vicomte  étoit  de  lui  permettre  de  sortir  de  Carcassonne,  lui 
treizième,  avec  armes,  chevaux  8c  bagages;  k  condition  qu'il  livreroit  tous 
les  habitans  à  la  discrétion  des  croisés.  Le  roi  retourna  aussitôt  à  Carcassonne 
pour  faire  part  de  cette  réponse  au  vicomte,  qui  répliqua  qu'il  aimeroit 
mieux  se  laisser  écorcher  tout  vif  que  de  commettre  une  aussi  grande  lâcheté, 
que  d'abandonner  le  moindre  des  citoyens  de  cette  ville.  Le  roi  d'Aragon, 
très-fâché  de  n'avoir  pu  réussir  dans  sa  négociation,  prit  congé  du  vicomte  8c 
ensuite  du  légat  8c  des  généraux  Se  reprit  la  route  de  ses  Etats. 

■  Voyez  fome  VIIÎ,  ce.  24,  29.  —  Le  chroni-  est  impossible  de  deviner  les  termes  employés  par 
qtieiir  anonyme  &  Guillem  de  Tudele,  qu'il  n'n  le  poëte.  (Voir  à  ce  sujet  l'édition  de  M.  Meyer, 
fait  que  remnnier,  sont  seuls  à  mentionner  l'in-  t.  1,  p.  28  &  suiv.)  Le  reste  du  récit  de  Guillem 
tervention  du  roi  d'Aragon,  qui  en  elle-même  n'a  deTudèle  est  du  reste  parfaitement  vraisemblable, 
rien  que  de  vraisemblable.  Toutefois,  dans  le  texte  &  le  langage  qu'il  fait  tenir  au  roi  d'Aragon  tout 
tn  vers  (vers  606-680),  il  y  a  évidemment  une  naturel;  j.Tmais  on  ne  le  soupçonna  de  sympathie 
lacune;  le  colloque  entre  le  légat  &  Pierre  II,  nu  pour  l'hérésie  ou  les  hérétiques,  &,  en  sa  qualité 
moment  de  l'arrivée  de  celui-ci  au  camp,  ne  se  de  suzerain  du  vicomte  de  Béziers,  il  était  tout  dé- 
trouve que  dans  le  texte  en  prose,  8e  ce  que  donne  signé  pour  une  pareille  intervention.  [A.  M.] 
celui-ci   est  telUmint  vague   &   insignifiant  qu'il 


An  ,,„„      294  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.   LIV.  XXI. 


I20p 


LXI.  —  Prise  de  Carcassonne.  —  Le  vicomte  Raîmond-Roger  est  enjermé 

dans  une  étroite  prison. 

Après  son  départ',  les  croisés,  qui  avoient  interrompu  les  travaux  du  siège 
à  cause  de  ces  pourparlers,  les  reprirent.  Setant  approchés  des  murailles,  ils 
firent  une  tentative  pour  combler  le  fossé  Se  prendre  la  ville  par  escalade; 
mais  les  assiégés  jetèrent  sur  eux  tant  d'eau  bouillante  ou  lancèrent  une  si 
grande  quantité  de  pierres  8c  de  traits  qu'enfin  ils  furent  obligés  de  quitter 
prise  après  une  grande  perte.  Les  croisés,  rebutés  par  cet  échec,  désespéroient 
de  prendre  Carcassonne,  lorsque  la  saison  combattit  pour  eux.  Les  chaleurs 
devinrent  si  excessives  que  tous  les  puits  de  Carcassonne  ayant  tari  les  habi- 
tans  furent  réduits  aux  abois,  tandis  que  leurs  ennemis  avoient  tout  en  abon- 
dance dans  leur  camp.  En  cette  extrémité  les  habitans  demandèrent  à  capi- 
tuler &  offrirent  de  rendre  la  ville  avec  tous  leurs  effets,  à  condition  qu'ils 
auroient  la  vie  sauve  &  qu'on  les  conduiroit  en  sûreté  pendant  une  journée 
de  chemin.  Les  croisés  s'étant  assemblés  pour  délibérer  là-dessus,  tous  les  avis 
allèrent  à  recevoir  la  ville  à  composition,  tant  à  cause  qu'il  étoit  très-difficile 
de  la  prendre  par  assaut  que  parce  que,  si  on  traitoit  ses  habitans  avec  la 
rigueur  dont  on  avoit  usé  envers  ceux  de  Béziers,  cette  ville  seroit  entière- 
ment perdue  avec  toutes  ses  richesses,  dont  on  avoit  dessein  de  se  servir  pour 
l'entretien  de  celui  à  qui  on  confieroit  la  garde  du  pays  &  de  ses  troupes. 
On  convint  donc  avec  le  vicomte  Raimond-Roger  d'accorder  la  vie  sauve  à 
tous  les  habitans  de  Carcassonne,  à  condition  qu'ils  n'emporteroient  avec 
eux  que  leurs  chemises  81  leurs  hrayes.  Tous  les  habitans  sortirent  ensuite 
dans  ce  triste  équipage,  le  i5  d'août  de  l'an^  i^og;  mais  on  retint  le  vicomte 
prisonnier,  sous  prétexte  de  le  garder  en  otage,  jusqu'à  l'entière  exécution 
de  la  capitulation.  On  rassembla  ensuite  le  butin  immense  qui  se  trouva 
dans  cette  ville  8<.  on  préposa  un  certain  nombre  de  chevaliers  de  l'armée 
pour  le  garder;  on  le  réserva  pour  l'entretien  de  celui  à  qui  on  devoit  confier 
le  gouvernement  de  Carcassonne;  mais  les  croisés  en  détournèrent ^  pour  la 
valeur  de  cinq  mille  livres;  ce  qui  engagea  le  légat  Si  les  évêques  à  excom- 
munier ceux  qui  avoient  commis  ce  vol. 

C'est  ainsi  que  Pierre  de  Vaux-Cernay,  dans  son  histoire,  81  l'abbé  de 
Citeaux  avec  le  légat  Milon,  dans  la  relation  de  cette  expédition,  qu'ils 
envoyèrent  quelque  temps  après  au  pape,  rapportent  les  circonstances  de  la 
prise  de  Carcassonne  par  les  croisés.  Deux  autres  auteurs"*  contemporains 

'  pierre  de  Vaux-Ceniay.  —  Innocent.  III  1.  12,  s'arrête  à  l'an  1107,  &  c'est  Guillaume  le  Breton 

Efist.   108.  lui-même,    auteur   de   la  Philippide,    qui    a    con- 

'  Praeclara  Fr^ncorum  facinora.  tinué    &   terminé    la    rédaction    en    prose  de  cette 

'  Epist.   Innocent.   III  ap.  Pierre  de  Vaux-Cer-  chronique.    Le   fait   qu'il    raconte    est   absolument 

nay,  éd.    i6i5,  p.  822.  invraisemblable,   &  il    faut  y  voir  une    idée   poé- 

■•  Guillaume  le  Breton,  Philippeis,  I.  8;  Rigord,  tique,    une    réminiscence    de   l'antiquité,    du    joug 

rfc  Gestis  Philippi  Auguit'i,  p.  .'iô.  —  Ces  deux  au-  imposé  à  leurs  ennemis  vaincus  par  les  Romains, 
teurs  se  réduisent  à  un  seul;   l'ouvrage  de  Rigord  [A.  M.] 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXI.  2q5  ""; 

y  An  i2op 

ajoutent  que  les  croisés  firent  sortir  tous  les  habitans  de  Carcassonne  &  ceux 
du  voisinage  qui  s'y  étoient  réfugiés  par  une  porte  de  derrière  si  étroite  qu'ils 
ne  pouvoient  y  passer  que  l'un  après  l'autre,  &  qu'ils  ne  portoient  rien  sur 
leurs  corps  que  ce  qu'il  falloir  pour  couvrir  leur  nudité.  Un  troisième'  pré- 
tend que  les  habitans  en  sortant  de  la  ville  à  demi-morts  par  les  fatigues  du 
siège,  déclarèrent  tous  qu'ils  vouloient  embrasser  la  foi  catholique,  excepté 
quatre  cent  cinquante  qui  demeurèrent  obstinés,  &  qu'entre  ces  derniers 
quatre  cents  furent  brûlés  vits  &  les  autres  pendus.  Enfin,  si  nous  en  croyons 
l'ancien  auteur  anonyme,  qui  a  écrit  en  langage  du  pays  l'histoire  de  cette  t.'fu  "p'."^! 73 
croisade,  la  reddition  de  Carcassonne  se  passa  d'une  manière  bien  différente. 
(c  Le  légat,  dit  cet  historien  ^,  voyant  qu'il  ne  pouvoit  se  rendre  maître  de 
«  Carcassonne  en  aucune  façon,  s'avisa  d'envoyer  un  chevalier  dans  la  ville, 
«  sous  prétexte  de  faire  des  propositions  de  paix  au  vicomte,  mais  dans  le 
(c  fond  pour  examiner  la  contenance  des  assiégés.  Cet  envoyé  étant  arrivé  à 
«  la  porte,  suivi  de  trente  autres  gentilshommes,  demanda  à  parler  au  vicomte 
«  qui  se  présenta  à  la  barrière  à  la  tête  de  trois  cents  hommes^.  Ils  entrèrent 
«  aussitôt  en  conférence  :  le  chevalier  dit  au  vicomte  qu'étant  de  ses  proches 
«  parens  il  ne  pouvoit  s'empêcher  de  lui  témoigner  qu'il  regrettoit  extrême- 
«  ment  son  sort,  parce  qu'il  le  voyoit  sans  ressource,  &  qu'il  lui  conseilloit 
«  de  faire  incessamment  sa  paix  avec  le  légat.  Je  vous  remets  mes  intérêts 
«  entre  les  mains,  repartit  le  vicomte j  j'irois  moi-même  trouver  le  légat  Si 
«  les  chefs  de  l'armée  pour  m'accorder  avec  eux,  s'ils  vouloient  me  donner  les 
«  sûretés  nécessaires;  j'espère  les  convaincre  que  je  ne  suis  pas  coupable  Se 
«  c|ue  je  suis  contraint  d'en  agir  ainsi.  Seigneur  vicomte,  lui  répliqua  le 
«  chevalier,  je  vous  jure,  toi  de  gentilhomme,  que  si  vous  voulez  me  suivre, 
«  je  vous  conduirai  6c  je  vous  ramènerai  en  toute  sûreté,  sans  qu'il  vous 
«  arrive  aucun  mal.  Le  vicomte  trop  crédule,  après  avoir  reçu  le  serment  du 
«  chevalier,  le  suit  dans  le  camp  81  se  rend,  avec  une  troupe  des  siens  qui 
«  l'accompagnoient,  dans  la  tente  du  légat,  où  étoient  assemblés  les  princi- 
«  paux  de  l'armée.  Ces  seigneurs  furent  extrêmement  surpris  de  le  voir;  ils 
«  le  reçurent  cependant  avec  politesse.  Il  prit  ensuite  la  parole  pour  faire 
«  son  apologie,  Se  soutint  que  ni  lui,  ni  ses  prédécesseurs  n'avoient  jamais 
«  embrassé  les  erreurs  des  hérétiques;  qu'ils  ne  les  avoient  jamais  recelés  Se 
«  qu'ils  avoient  toujours  fait  profession,  comme  il  faisoit  actuellement,  d'obéir 
«  fidèlement  aux  ordres  de  l'Eglise.  Que  si,  ajouta-t-il,  les  sectaires  ont 
«  trouvé  de  la  protection  dans  mes  villes  &  dans  mes  terres,  c'est  la  faute  des 
«  officiers  que  le  vicomte,  mon  père,  m'a  donnés  en  mourant  pour  me  servir 
«  de  tuteurs,  8<.  pour  administrer  mes  domaines  peiKJant  ma  minorité.  Il  dit 

■  Cacsarius  Hciiterbaceilsis,  1.  5,  c.  2.  —  Césnire  '  Voyez  tome  VIII,  ce.  3o  à  32.  —  Cntel,  H'is- 

de    Heisterbach    aura    confondu    deux    événement»       to'ire  des  comtes  de  Toulouse,  p.  202. 
distincts  j    c'est   au    siège    de   Minerve  (Pierre   de  '  [Lisez  cent  hommes.  (Guillem  de  Tudéle,  vers 

Vaux-Cernay,  c.  87)  qu'une  parrtedes    hérétiques       708.)] 
se   convertirent.    Nous    .ivons   déjà    vu    plus    haut 

(p.  28p)  combien  cet  auteur  est  sujet  à  caution.  ..^ 

[A.  M.J 


An 


96  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXI. 

ensuite  qu'il  n'avoit  commis  aucune  faute  qui  méritât  qu'on  exerçât  sur  ses 
terres  8c  sur  ses  sujets  une  aussi  cruelle  vengeance;  qu'au  reste  il  se  remet- 
toit  absolument  avec  tous  ses  domaines  entre  les  mains  de  l'Eglise,  S;  qu'il 
demandoit  qu'on  eût  quelque  égard  à  sa  juste  défense'. 
«  Après  que  le  vicomte  eut  achevé  de  parler,  le  légat  prit  en  particulier 
les  chefs  de  l'armée,  qui  ignoroient  la  trahison  qu'on  lui  préparoit,  pour 
consulter  avec  eux  sur  la  conduite  qu'on  tiendroit  à  son  égard.  On  convint 
de  le  retenir  prisonnier  jusqu'à  ce  que  la  ville  fût  rendue  :  on  l'arrêta  sur- 
le-champ  avec  tous  ceux  de  sa  suite.  Se  il  fut  mis  à  la  garde  des  troupes  du 
duc  de  Bourgogne.  Les  habitans  de  Carcassonne  n'eurent  pas  plutôt  appris 
sa  détention  que  leur  courage  commença  à  s'abattre  81  qu'ils  résolurent  de 
chercher  leur  salut  dans  la  fuite.  Ils  avoient  connoissance  d'un  conduit 
souterrain  qui  va  depuis  Carcassonne  jusqu'aux  tours  de  Cabardès,  situées 
à  trois  lieues  de  là^.  La  nuit  étant  arrivée,  les  assiégés  s'enfuirent  par  ce 
conduit  &  il  n'en  resta  pas  un  seul  dans  la  ville.  Ils  se  dispersèrent  ensuite 
les  uns  du  côté  de  Toulouse  8c  les  autres  vers  l'Aragon  8c  l'Espagne.  Le 
lendeinain  on  fut  fort  surpris  de  ne  voir  plus  paroître  personne  sur  les 
reinparts;  on  crut  que  c'étoit  une  feinte  de  la  part  des  assiégés,  8c,  pour 
.en  être  plus  assuré,  on  tenta  un  assaut.  Comme  les  croisés  ne  trouvèrent 
aucune  résistance,  ils  s'emparèrent  aisément  de  la  ville,  sans  pouvoir  com- 
prendre par  quel  endroit  les  habitans  s'étoient  évadés;  ils  le  trouvèrent 
enfin  après  bien  des  recherches,  8c  ils  en  furent  au  désespoir,  car  ils  étoient 
résolus  de  les  traiter  comme  ils  avoient  traité  ceux  de  Béziers.  On  rassembla 
ensuite  tout  le  butin  dans  la  cathédrale  par  ordre  de  l'abbé  de  Cîteaux,  8c 
ce  légat,  après  avoir  fait  son  entrée  dans  la  ville,  fit  enfermer  &c  garder 
très-étroitement,  dans  une  des  plus  grosses  tours,  le  vicomte  Raimond- 
Roger^.  »  Telles  sont  les  circonstances  de  la  prise  de  Carcassonne  rappor- 
tées par  un  ancien  auteur  du  pavs,  dont  quelques-unes  ne  s'accordent  pas 


'  Tout  ce  discours  du  vicomte  n'existe  pas  dans 
le  texte  en  vers  &  paraît  être  une  réminiscence  de 
la  justification  présentée  par  lui  à  Montpellier 
quelques  semaines  plus  tôt.  [A.  M.] 

"  Cette  circonstance  du  souterrain  est  absolu- 
ment fabuleuse;  le  poëme  n'en  dit  rien  &  elle  a 
été  ajoutée  par  l'Anonyme.  Il  en  est  de  même  de 
la  surprise  des  croisés,  le  lendemain,  de  leur  dé- 
fiance, &c.  Tout  cela  a  été  inventé  par  lui  à  plaisir. 

[A.  M.] 

'  On  vient  de  voir  que  l'Anonyme  avait  ajouté 
quelques  circonstances  romanesques  à  la  version 
de  Guillem  de  Tudéle.  Le  récit  de  celui-ci  a 
d'ailleurs  une  grande  valeur;  le  poète  est  contem- 
porain des  événements  qu'il  raconte,  &  s'il  est 
moins  partial  que  Pierre  de  Vaux-Cernay  en  fa- 
veur des  croisés,  il  est  aussi  bon  catholique  que 
lui.  Le  récit  du  moine  cistercien  est  certainement 
trés-écourté,  &  après  avoir  donné  de  longs  détails 
(ur  le   siège  des   bourgs,  il  passe   rapidement  à  la 


reddition  de  la  cité,  sans  dire  comment  elle  fut 
amenée.  Y  eut-il  là  de  la  part  du  légat  la  trahison 
que  semble  indiquer  Guillem  deTudèle,  ou  le 
vicomte  se  rendit-il  volontairement?  Il  est  difficile 
de  le  décider,  en  l'absence  de  toute  autre  source 
contemporaine.  Remarquons  toutefois  que  Pierre 
de  V'aux-Cernay,  qui  partageait  les  passions  des 
chefs  de  la  croisade,  n'aurait  sans  doute  éprouvé 
aucun  scrupule  à  raconter  le  fait  s'il  était  arrivé; 
son  silence  permet  de  supposer,  ce  qui  n'a  rien 
d'invraisemblable,  que  les  assiégés  se  rendirent 
faute  de  vivres  &  d'eau.  Quant  aux  autres  condi- 
tions de  la  capitulation,  elles  furent  bien  telles 
que  les  indique  le  chroniqueur  latin  ;  les  habitants 
durent  abandonner  tous  leurs  biens  &  sortirent 
les  hommes  en  braies,  les  femmes  en  chemises; 
c'est,  du  moins,  ce  que  disait  un  habitant  du  pays 
devant  les  enquêteurs  royaux,  en  1262  (cf.  au 
tome  VII,  le  registre  1  des  Enquêteurs  royaux, 
{"  69  i).   [A.  M.] 


An  1209 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXI.  297 

avec  le  témoignage  des  auteurs  contemporains j  mais  il  y  en  a  d'autres, 
comme  la  détention  du  vicomte,  qui  sont  confirmées  par  deux  anciens  histo- 
riens. L'un,  qui  écrivoit  alors',  assure  que  ce  vicomte,  s'étant  rendu  dans  le  t^iï""^,'"" 
camp  des  croisés  pour  régler  la  capitulation,  obtint  avec  peine  qu'il  seroit 
permis  aux  habitans  de  Carcassonne  de  sortir  en  chemise  la  vie  sauve 5  mais 
qu'il  fut  renfermé  lui-même  dans  une  étroite  prison.  L'autre^  fait  assez 
entendre  qu'on  le  retint  prisonnier  malgré  la  capitulation. 

LXII.  —  Simon  de  Montfort  est  élu  pour  seigneur  de  tous  les  domaines 
du  vicomte  Raimond-Roger, 

Après  la  prise  de  Carcassonne,  l'abbé  de  Cîteaux  assembla  les''  principaux 
des  croisés,  afin  de  choisir  l'un  d'entre  eux  pour  seigneur  &  gouverneur  du 
pays  qu'on  venoit  de  conquérir.  Il  proposa  le  duc  de  Bourgogne;  mais  ce 
prince  répondit  généreusement  qu'il  avoit  assez  de  domaines  sans  usurper 
ceux  de  Raimond-Roger,  &  qu'on  avoit  causé  assez  de  dommage  à  ce  vicomte 
sans  qu'il  fût  nécessaire  d'envahir  encore  son  patrimoine.  Le  légat  jeta 
ensuite  les  yeux  sur  le  comte  de  Nevers  qui  fit  la  même  réponse.  Enfin  il 
offrit  le  pays  au  comte  de  Saint-Paul  qui,  aussi  indigné  que  les  deux  autres 
de  la  trahison  qu'on  venoit  de  commettre  envers  le  vicomte,  déclara  qu'il 
n'avoit  garde  de  l'accepter^.  Ce  retus  de  la  part  des  trois  principaux  chefs  de 
l'armée  embarrassa  l'abbé,  qui  proposa  alors  de  nommer  deux  évêques  & 
quatre  chevaliers  pour  choisir  avec  lui  celui  qu'on  établiroit  seigneur  du 
pays.  La  proposition  fut  agréée,  &  Simoji  de  Montfort,  comte  de  Leycestre, 
fut  élu.  Ce  comte  fit  d'abord  quelque  façon;  mais  il  se  rendit  enfin  aux 
instances  du  légat  8c  des  chefs  de  la  croisade. 

On  fait  un  grand  éloge'  de  Simon  &  on  le  loue  également  pour  sa  piété, 
sa  valeur,  la  pureté  de  la  foi  8c  celle  de  ses  moeurs.  Sa  naissance  étoit  des 
plus  illustres  :  on  le  fait  descendre,  en  effet,  de  Guillaume,  fils  d'Amaury, 
comte  de  Hainaut,  qui  vivoit  au  dixième  siècle,  Se  on  compte  plusieurs 
grands  hommes  parmi  ses  ancêtres.  Guillaume,  fils  du  comte  Amaury,  avoit 
épousé  l'héritière  de  Montfort,  lieu  situé  sur  la  Seine,  à  huit  lieues  de  Paris 
vers  le  couchant,  qu'on  nomme  Montlort-l'Amaury,  à  cause  que  le  fils  de 
Guillaume  s'appeloit  Amaury.  Simon  fut  le  troisième  seigneur  de  Montfort 
de  son  nom;  il  étoit  fils  puîné  de  Simon  II,  seigneur  de  Montfort  8c  comte 
d'Evreux,  8c  d'Amicie,  comtesse  de  Leycestre,  en  Angleterre.  Il  eut  la  sei- 
gneurie de  Montfort  8c  le  comté  de  Leycestre  en  partage;  il  avoit  épousé, 
avant  l'an  1190,  Alice  de  Montmorency,  dame  non  moins  recommandable 

'  Robertiis  Altissiodorensis,  Chron'tcon,  .nd  ann.  *  Dom  Vaissete  mêle  les  deux  versions;   l'Ano- 

|20().  nyme  parle  seul  de  l'indignation  des  princes. 
'  Guillaume  de  Nangis,  an  1209.  [A.  M-.] 

'  Pierre  de  Vaux-Cernay,  c.  17.  —  Innocent.  III  '  Pierre  de  Vaux-Cernay,  c.  17.  —  Innocent.  III 

1.  I2,£pijf.   108. — Voyez  tome  VIII,  ce.  34  à  36.  1.    12,   Epistol.    108.   —    Histoire  généalogique   des 

—  (Guillem  de  Tudéle,  yers  779-82  r.]  grands  officiers,  t.  6,  p.  71   &  suiv. 


1 2q8  histoire  générale  de  LANGUEDOC.  LIV.  XXI. 

An  1Z09  / 

par  sa  naissance  que  par  sa  piété  &  par  sa  sagesse;  il  en  avoit  alors  plusieurs 
fils,  qui  prirent  part  avec  lui  à  l'expédition  contre  les  hérétiques,  où  il  étoit 
venu  servir  sous  les  enseignes  du  duc  de  Bourgogne,  qui  l'avoit  engagé  à  le 
suivre.  Il  avoit  déjà  donné,  en  1204,  dans  la  Terre-Sainte,  des  preuves  de  sa 
valeur'.  11  portoit  une  grande  chevelure  &  étoit  d'une  taille  avantageuse, 
bien  fait  de  corps,  beau  de  visage,  actif,  vigilant,  fort,  vigoureux,  infati- 
gable, propre  à  tous  les  exercices,  affable,  poli,  éloquent  5  mais  de  quelques 
grandes  qualités  qu'il  fût  doué,  la  suite  de  ses  actions  nous  fera  voir  qu'il 
avoit  une  ambition  démesurée;  passion  qui  n'est  jamais  si  dangereuse  que 
lorsqu'elle  se  couvre  du  voile  de  la  religion^. 

LXIII.  —  Simon  témoigne  sa  reconnoissance  envers  l'abbé  de   Cheaux,  fy 
établit  un  cens  annuel  en  faveur  de  VEglise  romaine  dans  tous  le  pays. 

Le  premier  soin  de  Simon,  après  que  les  croisés  l'eurent  élu  pour  seigneur 
81  prince  de  toutes  les  conquêtes  qu'ils  venoient  de  faire,  &  des  pays  habités 
par  les  hérétiques  qui  restoient  à  soumettre,  fut  de  témoigner  son  dévoue- 
ment à  l'Eglise  romaine  &  sa  reconnoissance  envers  le  légat,  afin  de  se 
maintenir  par  leur  autorité,  qui  étoit  alors  très-grande  dans  les  affaires  tem- 
porelles, en  possession  de  tous  ces  domaines.  11  n'eut  pas  plutôt  pris  posses- 
sion de  Carcassonne  8c  reçu  le  serment  de  fidélité  de  tous  ceux  qui  s'établi- 
rent dans  cette  ville  ou  qui  demeuroient  dans  les  environs,  qu'il  fit  expédier 
une  charte^  dans  laquelle  il  parle  de  la  manière  suivante.  «  Simon,  seigneur 
«  de  Montfort,  comte  de  Lejcestre,  vicomte  de  Béliers  &•  de  Carcassonne.  Le 
«  Seigneur  ayant  livré  entre  mes  mains  les  terres  des  hérétiques,  peuple 
«  incrédule,  c'est-à-dire  ce  qu'il  a  jugé  à  propos  de  leur  enlever  par  le  minis- 
«  tère  des  croisés,  ses  serviteurs,  j'ai  accepté  humblement  8t  dévotement  cette 
«  charge  8*.  cette  administration  dans  la  confiance  de  son  secours,  à  l'instance 
tt  tant  des  barons  de  l'armée  que  du  seigneur  légat  St  des  prélats  qui  étoient 
«  présens.  »  Il  déclare  ensuite  que,  pour  obtenir  la  grâce  du  Seigneur  par 
les  prières  de  ses  saints,  il  donne  à  l'église  de  Notre-Dame  de  Cîteaux,  entre 
les  mains  d'Arnaud,  son  abbé  81  légat  du  siège  apostolique,  qui  étoit  présent, 
une  maison  à  Carcassonne,  une  autre  à  Béziers  8t  une  troisième  à  Salelles 
(dans  le  diocèse  de  Narbonne),  lesquelles  avoient  appartenu  à  divers  héré- 

■  Les  éloges  que  dom  Vaissete  vient  d'indiquer  cette  expédition    par  Robert  de  Mauvoisin,  qui 

sont  empruntés  par  lui  à  Pierre  de  Vaux-Cernay;  devint   plus  tard   son  sénéchal  de  Béziers  &  qu'il 

il   se  contente  d'affaiblir   les    termes  du    chroni-  employa   dans    nombre   d'affaires   importantes,   & 

queur.   Inutile   d'ajouter  que  le  poëte  toulousain  par  Gui,  abbé  de  Vaux-Cernay,  plus   tard   éveque 

ne  partage  pas  cette  admiration,  &  qu'il  a   à  peu  de  Carcassonne.  Ces  deux  personnes   le  suivirent 

près   sur   Montfort    l'opinion    que   dom    Vaissete  en  Terre-Sainte  quand,  mieux  inspiré  que  le  rcst» 

exprime  en  son   rtom   personnel.  (Voir  le  conti-  des  croisés  qui   s'oubliaient  au   siège  de  Zara,   il 

nuateur  de  Guillem  de  Tudèle,  vers  8681-8700.)  quitta  l'armée  en  refusant  de  se  mêler  aux  intri- 

|A.  M.]  giies   plus   ou    moins   honnêtes  qui   amenèrent   la 

'Il    avait    pris    part    à    la    quatrième    croisade  prise  de  Constantinopla  en  1204.  [A.  M.| 

&   se  préparait  à  quitter  l'Europe  en  i2o3.  (Voir  '  Voyez   tome  VIII,  Chartes,  n.  XCI,  ce.  âyi, 

notre  catalogue,   n.  i3.)  Il  fut  accompagné  dans  572. 


Éd.  orîain. 
t.  111,  p.  175. 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXI.  299 

tiques,  qu'il  nomme,  81  que  Dieu  lui  avoit  données  par  le  ministère  aposto- 
lique. L'acte  est  daté  du  mois  d'août  de  l'an  1209. 

Simon  ordonna'  d'un  autre  côté  qu'on  payât  les  prémices  8c  les  dîmes  aux 
églises  dans  toute  l'étendue  du  pays  qu'on  venoit  de  soumettre,  &  déclara 
qu'il  traiteroit  en  ennemis  tous  ceux  qui  refuseroient  d'obéir  à  cet  ordre  5 
puis,  pour  faire  sa  cour  au  pape,  il  établit  un  cens  annuel  de  trois  deniers 
par  feu  ou  maison  en  faveur  de  l'Église  romaine,  &,  afin  qu'on  respectât  les 
censures  ecclésiastiques  dans  ses  domaines,  il  statua  que  tous  ceux  qui  demeu- 
reroient  excommuniés  pendant  quarante  jours,  sans  se  faire  absoudre,  paye- 
roient  chacun  cent  sols,  si  c'étoit  un  chevalier;  cinquante,  si  c'étoit  un  bour- 
geois, 8i  vingt  sols,  si  c'étoit  un  homme  du  commun.  Enfin,  pour  témoigner 
encore  plus  particulièrement  son  dévouement  à  l'Eglise  romaine,  il  résolut 
de  lui  faire  lui-même  une  redevance  annuelle  d'une  somme  considérable, 
sans  préjudice  du  droit  des  autres  seigneurs. 

LXIV.  —  Départ  d'une  partie  des  croisés, 

Simon,  conduit  par  l'abbé  de  Cîteaux*,  son  protecteur,  alla  trouver  ensuite 
le  lue  de  Bourgogne  &  le  comte  de  Nevers  pour  les  supplier  de  lui  accorder 
leurs  secours  pendant  quelque  temps,  afin  de  continuer  la  conquête  du  pays 
sur  les  hérétiques  qui  possédoient  encore  un  grand  nombre  de  places  fortes, 
entre  autres  les  châteaux  de  Minerve,  de  Termes  St  de  Cabaret.  Le  duc  de 
Bourgogne  se  rendit  à  ses  prières;  mais  le  comte  de  Nevers  refusa  absolu- 
ment de  demeurer  davantage  Se  partit  avec  toutes  ses  troupes.  On  assure  que 
ce  dernier  n'étoit  pas  ami  du  duc  de  Bourgogne,  qu'il  s'étoit  élevé  entre  eux 
un  différend  qui  avoit  été  si  loin  qu'ils  avoient  été  sur  le  point  de  terminer 
leur  querelle  par  les  armes;  que  l'attachement  de  Simon  au  duc  de  Bour- 
gogne engagea  le  comte  de  Nevers  à  lui  refuser  la  continuation  de  son 
secours,  8t  que,  s'il  eût  voulu  le  continuer,  l'année  des  croisés  étoit  assez 
forte  pour  conquérir  tout  le  monde.  Quoi  qu'il  en  soit,  la  plus  grande  partie 
des  autres  barons  suivit  l'exemple  du  comte  de  Nevers,  &,  comme  l'espérance 
de  gagner  les  indulgences  après  quarante  jours  de  service  avoit  été  le  prin- 
cipal motif  qui  les  avoit  engagés  à  prendre  part  à  cette  expédition,  ils  ne 
jugèrent  pas  à  propos,  ce  terme  fini,  de  s'exposer  à  de  nouveaux  périls^. 

LXV.  —  Le  comte  Ra'imond  se  brouille  avec  le  légat  6-  Simon  de  Montfort, 
Le  premier  excommunie  les  Toulousains. 

Raimond,  comte  de  Toulouse,  se  retira  aussi  après  la  prise  de  Carcas- 
sonne.  Avant  son  départ  il  convint  avec  Simon  de  Montfort  de  raser  de  part 

'  Innocent.  III  1.   12,  Epist.   108.  Montfort,  &  au  t.  2  de  l'édition  de  la  Chanson  Je 

'  Pierre  de  Vaux-Cernay,  c.  20.  la  croisade,  de  M.  Meyer,  pp.  42  à  45,  les  rensei- 

'  Voyez  dans   le  poème   de   Guillem    de  Tudéle  gnements  que  le  savant  éditeur  a  pu    réunir  sur 

(vers    831-841),    '"    noms    des    princes    8c    des  chacun  de  ces  personnages  dont   la  plupart  sont 

seigneurs  qui    restèrent    à    la    solde    de   Simon    de  mal  connus.  [A.  M,] 


An  1209 


An  1209 


3oo  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  I.IV.  XXI, 


8c  d'autre  quelques  châteaux  situés  sur  les  frontières  de  leurs  domaines,  pour 
éviter  tout  sujet  de  dispute.  Ce  prince',  pour  donner  de  nouvelles  preuves 
de  sa  bonne  foi,  promit  de  donner  son  his  Pvaimond  en  mariage  à  la  fille  de 
Simon;  mais  ils  ne  demeurèrent  pas  longtemps  amis.  Pvaimond  étoit  à  peine 
de  retour  à  Toulouse  que  Simon  ^  Si  l'abbé  de  Cîteaux  lui  députèrent  un 
archevêque,  un  évêque,  le  vicomte  de  Saint-Florent  &  Aycard  de  P\.oussilIon, 
pour  le  sommer,  de  même  que  les  consuls  de  cette  ville,  de  livrer  aux  barons 
de  l'armée,  sous  peine  d'excommunication  Si  d'interdit,  tous  les  habitans  que 
ces  députés  nommeroient  81  de  livrer  aussi  leurs  biens,  avec  ordre  à  ceux  qui 
seroient  nommés  de  se  purger  devant  les  mêmes  barons,  conformément  à  la 
coutume  de  Brayne  ;  Si,  supposé  que  ceux  qui  étoient  notés  vinssent  à 
déclarer  qu'ils  étoient  catholiques,  de  les  envoyer  également  pour  faire  leur 
profession  de  foi  devant  toute  l'armée.  Simon  menaçoit  le  comte  Pvaimond, 
en  cas  de  refus  de  sa  part  d'obéir  à  ces  ordres,  de  lui  courre  sus  Si  de  porter 
la  guerre  jusque  dans  le  cœur  de  ses  États.  Raimond,  surpris  d'une  pareille 
demande,  répondit  aux  envoyés,  qu'il  n'avoit  rien  à  démêler,  tant  pour  sa 
personne  que  pour  ses  sujets,  ni  avec  Montfort,  ni  avec  l'abbé  de  Cîteaux; 
qu'il  avoit  reçu  son  absolution  de  Milon,  légat  du  Saint-Siège;  81  que,  puis- 
qu'on lui  cherchoit  une  nouvelle  querelle,  il  étoit  résolu  d'aller  à  Rome  se 
plaindre  au  pape,  tant  des  vexations  que  les  croisés  commettoient  dans  le 
pays,  sous  prétexte  de  poursuivre  les  hérétiques,  que  de  la  manière  dont  ils 
le  traitoient  lui-même,  après  les  services  qu'il  leur  avoit  rendus  dans  tout  le 
cours  de  leur  expédition.  Le  légat  81  Simon,  sachant  par  le  retour  de  leurs 
t 'in  ""^'^'''li  envoyés  la  résolution  où  étoit  le  comte  de  Toulouse  d'aller  porter  au  pape 
des  plaintes  de  leur  conduite,  firent  leur  possible  pour  l'en  détourner  81  lui 
envoyèrent  de  nouveaux  députés  pour  l'apaiser  81  pour  tâcher  de  lui  per- 
suader qu'il  avanceroit  bien  plus  ses  affaires  s'il  vouloit  traiter  avec  eux; 
mais  Raimond,  persistant  dans  son  dessein,  déclara  qu'il  iroit  non-seulement 
à  Rome,  mais  encore  à  la  cour  du  roi  de  France  81  à  celle  de  l'empereur  pour 
leur  remontrer,  81  à  tous  les  barons  du  royaume,  les  maux  81  les  vexations 
qu'ils  commettoient  dans  le  pays;  il  exécuta  en  effet  bientôt  après  cette  réso- 
lution^. Quant  aux  habitans  de  Toulouse,  voici  la  conduite  qu'on  tint  à 
leur  égard. 

Tous  ceux"*  que  les  députés  de  l'armée  avoient  dénoncés  comme  suspects 
d'hérésie  déclarèrent  publiquement  qu'ils  n'étoient  ni  hérétiques,  ni  fau- 
teurs des  hérétiques  81  offrirent  d'ester  à  droit  sur-le-champ  81  de  s'en  rap- 
porter au  jugement  de  l'Eglise.  Ils  protestèrent  qu'ils  faisoient  profession 
publique  de  catholicité  Si  qu'ils  avoient  prêté  serment  entre  les  mains  des 
deux  légats,  Pierre  de  Castelnau  Si  maître  Raoul,  qui  les  avoient  reconnus 

■  Pierre  Je  Vaux- Cernay,  c.  34.  fens,  ancien  évêque  cle  Toulouse,  &  de   l*n!>ké  de 

'  Voyez  tome  VIII,  Chroniques,   ce.  36,  ?>f,  &  Montauban,  &  que  celui-ci  fut  retenu  prisonnier 

Chartes,  n.  CV,  ce.  612,  6i3.  un  an  entier  (vers  899  &  suiv.).  [A.  M.] 

'  La  chronique  en  vers  dit  qu'il  se  fit  précéder,  ■*  Voyez  tome  VIII ,  Chartes,  n.  GV,  c.  6i3  & 

pour   préparer  le  terrain,  de  Raimond  de  Rabas-  seq. 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXI.  3oi 

avec  tous  les  habitans  de  Toulouse  pour  véritablement  catholiques.  Les  con- 
suls ou  capitouls  de  cette  ville  répondirent,  de  leur  côté,  aux  députés  de 
l'armée,  qu'ils  avoient  fait  brûler  juscju'alors  tous  les  hérétiques  qu'ils  avoient 
découverts,  en  vertu  de  l'ordonnance  du  teu  comte  Raimond  V.  Qu'ils  étoient 
prêts  à  faire  ester  à  droit,  dans  le  palais  épiscopal  de  Toulouse,  tous  ceux 
qu'on  avoit  nommés  comme  notés  ou  qu'on  pourroit  nommer  dans  la  suite, 
pour  rendre  raison  de  leur  foi,  soit  devant  les  légats,  soit  devant  leurévêque, 
conformément  au  droit  canonique  Si  à  l'usage  de  l'Eglise  romaine,  8c  qu'en 
cas  de  refus  de  ces  oftres  ils  en  appeloient  au  pape;  mais  tout  cela  ne  put 
arrêter  l'abbé  de  Citeaux'  qui,  ayant  assemblé  les  prélats  qui  se  trouvoient 
dans  le  camp,  excommunia  les  consuls  de  Toulouse  Si  tous  leurs  conseillers, 
&  jeta  l'interdit  sur  cette  ville. 

LXVI.  —  Divers  châteaux  des  environs  de  Carcassonne  6-  une  partie 
de  l'Albigeois  se  soumettent  à  Simon. 

Cependant  la  terreur  s'étant  répandue  dans  tout  le  pays*  après  la  prise  de 
Carcassonne,  les  seigneurs  de  divers  châteaux  vinrent  faire  leurs  soumissions 
au  légat.  Les  principaux  de  ces  châteaux  furent  celui  de  Limoux,  situé  sur 
une  élévation,  que  Simon  fit  raser  8i  transférer  dans  la  plaine,  &  ceux  de 
Montréal  Si  de  Fanjaux.  Un  seigneur  du  pays,  nommé  Pierre  d'Aragon  3, 
qui  s'étoit  mis  à  la  suite  du  légat,  contribua  beaucoup  à  la  reddition  de  ces 
places.  Simon  décampa  "*  ensuite  de  Carcassonne  avec  le  légat  Si  le  duc  de 
Bourgogne  Si  s'avança  jusqu'à  Alzonne,  château  situé  k  trois  lieues  de  cette 
ville  sur  la  route  de  Toulouse.  Il  laissa  en  cet  endroit  le  gros  de  l'armée,  par 
le  conseil  du  duc,  pour  aller  avec  un  détachement  prendre  possession  du 
château  de  Fanjaux.  Après  y  avoir  établi  une  bonne  garnison,  il  retourna  au 
camp  où  il  trouva  les  députés  de  la  viHe  de  Castres  qui  venoient  pour  se 
soumettre.  Le  duc  de  Bourgogne  lui  conseilla  d'aller  avec  son  détachement 
prendre  possession  en  personne  de  cette  ville  qui  étoit  comme  la  clef  de  tout 
le  pays  d'Albigeois.  Les  habitans  firent  beaucoup  d'accueil  à  Simon,  lui 
livrèrent  le  château  Si  lui  firent  hommage.  Pendant  qu'il  étoit  dans  cette 
ville,  les  chevaliers  du  château  de  Lombers  lui  vinrent  faire  leurs  soumis- 
sions Si  l'invitèrent  à  prendre  possession  lui-même  de  cette  place;  mais  comme 
il  étoit  dans  le  dessein  d'aller  rejoindre  incessamment  le  gros  de  l'armée,  il 
se  contenta  de  les  prendre  sous  sa  sauvegarde  Si  remit  à  un  autre  temps  à  se 
rendre  en  personne  sur  les  lieux.  On  prétend"'  qu'il  arriva  alors  à  Castres 
un  miracle  dont  le  récit  fait  voir  du  moins  de  quel  esprit  les  croisés  étoient 


'Innocent.    III    1.    12,    Epist.    170.   —  Voyez  furent  tous  faidits  pendant  cette  guerre.  Voir  au 

tome  VU,  Noie  XVI,  n.  m,  pp.  46,  47.  tome  VIII,  le   registre  /  des   Enquêteurs    royaux, 

'  Voyez    tome  VIII,  c.  34.  [Guillem  de  Tudèle,  passim.  [A.  M.] 

»ers  779-784.]  *  Pierre  de  Vaux-Cernay,  c.  21  &  suiy. 

'  On  plutôt  Pierre  l'Aragonais;  les  seigneurs  de  ''  liiJ.  c.  22. 
la   famille  d'Aragon,  au    diocèse  de  Carcassonne, 


An  iioy 


An  1209 


5o2  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXI. 


animés.  «  On  présenta  à  Simon  de  Montfort,  dit  l'historien  de  ce  comte, 
a  deux  hérétiques,  dont  l'un  étoit  du  nomhre  de  ceux  qu'on  appeloit  par- 
«  faits,  Si  l'autre  n'étoit  encore  que  néophyte  &  disciple  du  premier.  Simon, 
«  ayant  pris  conseil  sur  ce  qu'on  feroit  de  ces  deux  hérétiques,  ordonna 
«  qu'on  les  brûlât  tout  vifs.  Le  néophyte,  frappé  de  cet  arrêt  de  mort,  déclara 
«  qu'il  étoit  prêt  à  abjurer  l'erreur  &  qu'il  étoit  entièrement  soumis  à  tous 
«  les  ordres  de  l'Église.  Sur  cette  déclaration  il  s'éleva  une  grande  dispute 
«  parmi  les  croisés  :  les  uns  demandoient  qu'on  accordât  la  vie  à  ce  malheu- 
«  reux,  les  autres  vouloient  au  contraire  qu'on  le  fît  mourir,  soit  parce  qu'il 
«  avoit  été  dans  l'erreur,  soit  parce  qu'il  pouvoit  avoir  fait  cette  déclaration 
t.m',°p.*'i77.  «  plutôt  dans  la  vue  d'éviter  le  dernier  supplice  que  par  le  sentiment  d'un 
<i  repentir  sincère.  Enfin  Simon  termina  la  querelle  en  ordonnant  de  nou- 
«  veau  que  les  deux  hommes  fussent  également  exposés  au  feu.  La  raison 
«  qu'il  donna  de  sa  décision  fut  que  si  le  néophyte  étoit  véritablement  con- 
«  verti,  la  peine  qu'il  alloit  subir  lui  serviroit  pour  l'expiation  de  ses  péchés, 
«  &  que  si  au  contraire  sa  conversion  étoit  feinte,  il  souftriroit  le  talion  pour 
«  sa  perfidie.  On  prit  donc  les  deux  hérétiques,  on  leur  lia  les  mains  derrière 
«  le  dos  &  on  les  attacha  à  de  gros  pieux  par  le  col,  le  milieu  du  corps  & 
<(  les  cuisses.  On  demanda  ensuite  au  néophyte  dans  quelle  foi  il  vouloit 
«  mourir?  J'abjure  l'hérésie,  répondit-il,  &  je  veux  mourir  dans  la  foi  catho- 
«  lique,  &  j'espère  que  ce  feu  me  servira  de  purgatoire.  On  alluma  ensuite 
«  le  bûcher.  L'hérétique  parfait  fut  brûlé  dans  l'instant;  mais  les  liens  qui 
((  attachoient  le  néophyte  s'étant  rompus,  ce  dernier  sortit  sain  &  sauf  du 
«  brasier,  sans  qu'il  parût  sur  son  corps  le  moindre  vestige  du  feu,  excepté 
«  au  bout  des  doigts.  » 

LXVU.  —  Le  duc  de  Bourgogne  &•  la  plupart  des  croisés  se  retirent. 

Concile  d'Avignon. 

Simon  ayant  rejoint'  bientôt  après  l'armée  campée  vers  Carcassonne,  le 
duc  de  Bourgogne  fut  d'avis  d'entreprendre  le  siège  de  Cabaret,  château  très- 
fort,  situé  dans  les  montagnes  du  diocèse  de  Carcassonne,  à  trois  lieues  de 
cette  ville  vers  le  nord.  Les  croisés  se  mirent  en  marche,  campèrent  à  demi- 
lieue  de  Cabaret  St  tentèrent  le  lendemain  de  donner  l'assaut;  mais  ils  furent 
repoussés  avec  tant  de  valeur  que,  jugeant  l'entreprise  impraticable,  ils  décam- 
pèrent. Trois  jours  après,  le  duc  de  Bourgogne  prit  la  route  de  ses  États  & 
partit  avec  la  plus  grande  partie  de  ses  troupes,  en  sorte  qu'on  ^  prétend  qu'il 
ne  resta  que  fort  peu  de  monde  dans  le  pays  avec  Simon,  Si  seulement  trente 
chevaliers  françois.  Mais  un  ancien  auteur ^  assure  plus  vraisemblablement 

■  pierre  de  Vaiix-Cernay,  c.  zS.  que  nous  nvons  indiqué  plus  haut  fp.  299,  n.  3). 

'  Ihii.  La   leçon   de  l'Anonyme   doit    provenir  d'un  ma- 

'  Voyez   tome  VIII,  c.    36.  —   Ce  chiffre   n'est  nuscrit    plus    complet,     ainsi    que    le    conjecture 

•  fourni   que  par   la  chronique   en   prose.  Guillem  M.  Meyer   {Chanson  de  la  croisade,  t.   i,   p.  iSp). 

de  Tudèle  ne  donne  que  quelques  noms  au  passage  [A.  M.] 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXI.  3o3 

Au  izop 

que  quatre  mille  cinq  cents  hommes,  tant  Bourguignons  que  Normands  & 
Allemands,  outre  plusieurs  chevaliers  du  pays  qui  s'étoient  engagés  au  ser- 
vice de  ce  général  demeurèrent  dans  son  camp.  Simon  continua  avec  cette 
petite  armée  ses  expéditions  dont  nous  reprendrons  la  suite  après  que  nous 
aurons  parlé  des  soins  que  se  donna  Milon,  collègue  de  l'abbé  de  Cîteaux, 
aux  environs  du  Rhône,  pour  les  affaires  de  sa  légation. 

Les  croisés  étant  partis  de  Montpellier,  vers  le  20  de  juillet',  Milon  passa 
ce  fleuve  par  l'avis  de  l'abbé  de  Cîteaux  &  des  chefs  de  l'armée,  soit  pour 
rétablir  la  paix  entre  les  comtes  de  Provence  Se  de  Forcalquier,  soit  pour 
recueillir  dans  le  pays  les  subsides  destinés  à  la  subsistance  des  troupes.  Avant 
son  départ,  il  exigea  des  consuls  de  Montpellier,  le  24  de  juillet,  le  même 
serment  que  ceux  de  Nimes,  d'Avignon  &t  de  Saint-Gilles  lui  avoient  prêté 
au  sujet  du  comte  de  Toulouse,  des  hérétiques,  des  juifs,  des  péages.  Sec.  Il 
se  rendit  d'abord  à  Arles  dont  les  consuls  lui  firent  un  semblable  serment, 
le  3o  de  juillet.  Trois  jours  après,  Brunon,  évêque  de  Viviers,  reçut  au  nom 
du  même  légat  un  pareil  serment  des  consuls  &  des  habitans  de  Largentière, 
dans  le  Vivarais.  Enfin  Hugues  de  Baux  Se  Rostaing,  son  neveu,  après  avoir 
confirmé  vers  le  même  temps,  entre  les  mains  de  Milon,  le  serment  qu'ils 
lui  avoient  prêté  à  Saint-Gilles,  déclarèrent  qu'ils  tenoient  leur  château 
d'Alanson  en  son  nom  &  qu'ils  étoient  prêts  à  le  lui  remettre  au  premier 
commandement. 

Durant  le  séjour  que  ce  légat  fit  à  Arles,  il  apprit  que  Guillaume  Por- 
cellet  avoit  fortifié  deux  églises  situées  au  voisinage,  dans  une  île  du  Rhône, 
81  qu'il  s'en  servoit  pour  vexer  les  passans  8c  exercer  divers  brigandages.  Il 
assembla  aussitôt  les  milices  du  pays  pour  aller  raser  ces  deux  églisesj  mais 
Guillaume  ne  lui  en  donna  pas  la  peine  &,  étant  venu  se  soumettre,  il  les 
lui  livra.  Le  légat,  après  les  avoir  fait  détruire,  fit  un  voyage  à  Marseille  8t  à 
Aix  Si  se  rendit  enfin  à  Avignon,  pour  y  tenir  un  concile  où  il  cita  le  comte 
de  Forcalquier  pour  l'obliger  à  jurer  l'observation  de  la  paix  S<.  des  statuts 
qui  avoient  été  dressés  à  Saint-Gilles.  Ce  comte  étant  arrivé  à  Avignon,  fit 
d'abord  quelque  difficulté  d'obéir;  il  se  rendit  enfin  par  le  conseil  des  évêques, 
prêta  le  serment,  le  4  de  septembre,  en  fit  faire  un  semblable  à  plusieurs 
chevaliers  de  sa  suite  8t  remit  de  plus  au  légat  trois  de  ses  châteaux  pour 
gage  de  ses  promesses. 

Suivant  les  actes ^  qui  nous  restent  de  ce  concile  d'Avignon,  l'évêqtie  de  t.^uj^p'.^j"» 
Riez  81  Milon,  légats  du  Saint-Siège,  y  présidèrent,  81  il  fut  composé  des 
archevêques  de  Vienne,  Arles,  Embrun  Se  Aix,  de  vingt  évêques,  de  plu- 
sieurs abbés  8c  de  divers  autres  ecclésiastiques.  On  y  dressa,  le  6  de  sep- 
tembre, vingt  8c  un  canons  pour  la  réformation  des  mœurs  dans  les  pays  de  la 
Provence.  Le  second  ordonne  aux  évêques  d'obliger,  par  les  censures  ecclé- 
siastiques, tous  les  comtes,  chevaliers,  châtelains,  8cc.,  à  exterminer  les  héré- 

'  Innocent.  III  I.  12,  Epltt.  106.  —  Acta  apiid  *  Conciliaj  t.   10,  c.  41  81  seq. 

Innocent.  Ill  Epiitolac,  t.  2,  p.  Syo  8l  secj. 


~. 3o4  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XX[. 

An  1209  T 

tiques;  à  faire  jjayer  une  amende  pécuniaire  aux.  excommuniés,  comme  on 
avoit  fait  à  Montpellier;  à  ôter  toute  administration  publique  aux  juifs,  S\c. 
Le  dixième  ordonne  de  contraindre  les  peuples  à  jurer  la  paix.  Le  vinyiicme 
exclut  des  bénéfices  ecclésiastiques  jusqu'à  la  troisième  génération,  les  parcns 
des  meurtriers  de  Pierre  de  Castelnau  de  sainte  mémoire,  légat  du  Saint- 
Siège,  de  maître  Guifred,  chanoine  de  Genève  &  de  plusieurs  autres  per- 
sonnes religieuses  qui  avoient  été  tuées  depuis  peu. 

Durant  le  concile,  les  deux  légats  qui  y  présidoient,  envoyèrent'  maître 
Thédise,  chanoine  de  Gênes,  8<.  Pierre  de  A'iontlaur,  archidiacre  d'Avignon, 
pour  informer  sur  la  destruction  que  les  consuls  Se  les  habitans  d'Avignon 
avoient  faite  vers  le  commencement  de  l'année  précédente,  par  ordre  de 
l'évêque  de  Conserans,  légat  du  Saint-Siège,  du  château  que  le  comte  de 
Toulouse  avoit  au  pont  de  Sorgues,  afin  de  mettre  ces  habitans  en  sûreté 
contre  la  vengeance  de  ce  comte.  Cette  enquête  est  datée  d'Avignon,  le  5  de 
septembre  de  l'an  1209.  Ledit  comte  n'étant  pas  alors  dans  cette  ville,  ni 
dans  cette  province,  mais  dans  un  autre  pays, 

LXVin.  —  Les  légats  écrivent  au  pape  contre  le  comte  de  Toulouse. 

Outre  les  vingt  canons,  on  fit^  dans  le  concile  d'Avignon  divers  décrets, 
dont  Milon  parle  dans  une  lettre  qu'il  écrivit  peu  de  temps  après  au  pape  & 
dans  laquelle,  après  avoir  raconté  le  succès  de  son  voyage  de  Provence,  il 
continue  ainsi  :  «  Quant  au  comte  de  Provence  &  à  ses  Etats,  je  n'ai  pu 
«  rien  statuer  à  leur  sujet,  parce  qu'il  est  parti  pour  la  Sicile  avec  sa  sœur. 
«  On  a  dressé  cependant  divers  statuts  dans  le  concile  pour  l'utilité  com- 
«  .mune  8<.  pour  la  paix  de  toute  la  Province.  Rousselin  (vicomte  de  Mar- 
«  seille)  y  a  été  nommément  excommunié,  comme  apostat  8c  parjure,  avec 
«  tous  ses  complices;  &  on  a  jeté  l'interdit  sur  la  ville  de  Marseille  &  sur 
«  tout  son  territoire.  Je  vous  envoyé  par  le  présent  porteur,  de  l'avis  de 
«  l'abbé  de  Cîteaux,  les  formules  du  serment  que  les  barons,  les  villes  &  les 
«  autres  lieux  ont  prêté  pour  les  insérer  dans  les  registres.  Comme  donc, 
«  très-saint  père,  la  paix  &  la  tranquillité  ont  été  rétablies  en  Provence,  je 
('  supplie  très-humblement  votre  sainteté,  supposé  que  le  comte  de  Toulouse, 
«  qui  est  ennemi  de  la  paix  &  de  la  justice,  se  rende  auprès  d'elle,  ainsi  que 
«  plusieurs  le  croient,  pour  lui  demander  la  restitution  des  châteaux  qu'il 
«  m'a  remis  en  votre  nom  (restitution  qu'il  se  vante  d'obtenir  facilement), 
«  de  ne  pas  vous  laisser  surprendre  par  ses  paroles  artificieuses,  mais  d'appe- 
«  santir  de  plus  en  plus  sur  lui  le  joug  de  l'Église,  comme  il  le  mérite;  car 
«  il  a  transgressé  presque  tous  les  quinze  articles  pour  lesquels  il  a  fait  ser- 
«  ment  entre  mes  mains  &  a  donné  des  cautions;  principalement  ceux  qui 
«  sont  contenus  dans  une  autre  lettre  que  je  vous  ai  écrite  avec  l'évêque  de 

'  '  Fantoni,  htona  d'Avinione,  1.  i ,  c.  5,  n.  3;j.  '  Voyez  tome  VII,  tlote  XVI,  ut  supra.  —  In- 

nocent. III  1.  II,  Ep'tst.  ic6. 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXI. 


3o5 


«  Riez;  c'est  pourquoi  il  est  manifestement  déchu  du  droit  qu'il  a  sur  le 
«  comté  de  Melgueil,  8<  les  sept  forteresses  qu'il  m'a  remises  sont  confisquées 
«  au  profit  de  l'Eglise  romaine.  Les  habitans  d'Avignon,  de  Nimes  &  de 
«  Saint-Gilles  sont  prêts  à  taire  hommage  à  la  même  Église  pour  tous  les 
«  droits  qu'il  avoit  sur  eux,  conformément  au  serment  qu'ils  m'ont  prêté  en 
«  votre  nom.  On  attendra  cependant  encore,  comme  il  est  marqué  dans  cette 
«  autre  lettre,  jusqu'à  la  prochaine  fête  de  la  Toussaint;  mais  s'il  ne  satis- 
«  fait  pas  d'ici  à  ce  temps-là  sur  tous  les  articles,  on  procédera  contre  lui, 
«  tant  par  les  peines  spirituelles  que  par  les  temporelles.  Les  châteaux  qu'il 
«  m'a  remis  sont  si  forts,  soit  par  la  nature,  soit  par  l'art,  qu'il  sera  très-aisé, 
K  avec  le  secours  des  barons  8c  des  villes  du  voisinage  qui  se  sont  engagés  à 
«  l'Église  par  serment  avec  beaucoup  de  dévotion,  de  le  chasser  entièrement 
«  d'un  pays  qu'il  a  trop  longtemps  souillé  par  sa  méchante  vie.  Au  reste,  il 
«  n'est  nullement  lésé  en  ce  que  l'Eglise  romaine  possède  ces  châteaux.  C'est 
«  par  ce  moyen  qu'il  a  évité  ces  jours  passés  le  dernier  supplice,  8t  que  le 
«  reste  de  ses  domaines  n'a  pas  été  attaqué.  Le  comte  de  Forcalquier  Se  plu- 
ie sieurs  autres  barons  8t  gentilshommes  qui  ont  remis  plusieurs  de  leurs 
«  plus  forts  châteaux,  non-seulement  ne  les  redemandent  pas,  mais  ils  offrent 
«  encore  ceux  qui  leur  restent,  parce  qu'ils  comprennent  que  c'est  le  seul 
«  moyen  d'entretenir  la  paix  8t  la  tranquillité  en  Provence.  Si  le  comte  de 
«  Toulouse,  ce  qu'à  Dieu  ne  plaise,  recouvroit  ces  châteaux  sans  autre  satis- 
«  faction,  tout  ce  qu'on  a  fait  contre  les  hérétiques  &  tout  ce  qu'on  a  établi 
«  pour  le  repos  du  pays  deviendroit  absolument  inutile,  &  il  seroit  beaucoup 
«  mieux  de  n'avoir  rien  fait  que  de  ne  pas  finir  après  avoir  commencé.  Que 
«  votre  sainteté  me  pardonne  si  je  m'étends  peut-être  un  peu  trop  Si  si  j'écris 
«  autrement  que  je  ne  devrois;  mais  je  parle  de  l'abondance  du  cœur,  & 
«  mon  zèle  est  bon  ;  plût  à  Dieu  qu'il  jût  accompagné  de  la  science!  Quoique 
«  le  comte  de  Toulouse  St  le  noble  (Guillaume  Porcellet)  dont  j'ai  déjà 
«  parlé  Si  dont  j'ai  fait  détruire  la  torteresse,  qui  ne  pourroit  pas  être  remise 
«  sur  pied  pour  cent  mille  sols,  me  dressent  des  embûches,  ainsi  que  je  l'ai 
«  appris  certainement  de  divers  endroits  ;  rien  ne  pourra  cependant  m'ar- 
«  rêter,  8i  je  ne  m'effrayerai  pas  de  tout  ce  qu'ils  ont  fait  l'un  Si  l'autre  pour 
«  machiner  la  mort  du  légat  (Pierre  de  Castelnau);  en  effet,  le  comte,  qui 
«  auparavant  étoit  ennemi  du  meurtrier,  l'a  admis  depuis  au  nombre  de  ses 
«  amis  Si  dans  sa  familiarité;  Si  Guillaume  Porcellet  a  toujours  reçu  depuis 
«■  à  sa  table  le  frère  de  cet  assassin.  » 

L'autre  lettre'  que  Milon  écrivit  au  pape,  conjointement  avec  l'évêque  de 
Riez,  son  collègue,  contient  en  détail  les  griefs  qu'ils  avoient  contre  le 
comte  de  Toulouse.  «  Lorsque  nous  étions  assemblés  dernièrement  au  con- 
«  cile  d'Avignon,  au  sujet  des  affaires  de  la  Provence,  disent  les  deux  légats, 
«  nous  avons  excommunié  le  comte  de  Toulouse  Si  nous  avons  jeté  l'interdit 
H  sur  toutes  ses  terres,  du  conseil  Si  de  la  volonté  du  révérend  père  abbé  de 


An  i2op   /■■ 


Éd.  origin. 
t.  m,  p.  179. 


'Innocent.  III  1.  12,  Epist.  107. 
VI. 


An  1209 


3o6  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXI. 

«  Citeaux,  &  avec  l'approbation  du  concile  :  1°  Parce  qu'il  n'a  pas  rétabli 
«  dans  leurs  domaines  les  évêques  de  Carpentras  £<.  de  Vaison  &  leur  clergé, 
«  comme  moi,  Milon,  le  lui  avois  ordonné  en  vertu  de  son  serment.  2°  Parce 
<i  qu'il  n'a  pas  chassé  de  ses  États  les  hérétiques  &  leurs  fauteurs.  Se  qu'il  ne 
<(  les  a  pas  abandonnés  à  la  discrétion  des  croisés.  3°  Pour  n'avoir  pas  rendu 
«  la  justice  aux  églises,  aux  maisons  religieuses  &  aux  pauvres,  ainsi  qu'il 
«  lui  avoit  été  ordonné.  4°  En  ce  qu'il  n'a  pas  nommé  des  commissaires  pour 
«  recevoir  les  plaintes  qu'on  faisoit  contre  lui.  5°  Pour  n'avoir  pas  fait  démolir, 
«  suivant  le  dire  des  évêques  diocésains,  les  fortifications  qu'il  a  fait  faire  aux 
«  églises.  6°  Enfin  parce  qu'il  n'a  pas  aboli  les  péages  Se  les  autres  exactions 
(i  injustes  qu'il  lève.  Nous  avons  cependant  modéré  cette  sentence,  en  sorte 
«  que  s'il  se  représente  devant  nous  avant  la  fête  de  tous  les  saints,  &  s'il 
«  satisfait  pleinement  sur  tous  les  articles,  il  ne  sera  pas  lié  par  cette  excom- 
«  munication;  mais  seulement,  en  cas  qu'il  ne  se  présente  pas  :  alors  ses 
«  domaines  seront  soumis  à  l'interdit.  Comme  nous  avons  appris  que  le 
«  comte  doit  se  rendre  incessamment  à  Rome  pour  obtenir  par  la  recomman- 
«  dation  du  roi  Othon,  du  roi  de  France  &  de  plusieurs  autres,  dont  il  se 
«  vante  d'avoir  l'amitié,  la  restitution  des  châteaux  qu'il  nous  a  remis,  erreur 
«  qui  seroit  pire  que  la  première;  nous  avons  cru  devoir  vous  faire  connoître 
«  la  vérité  afin  que,  si  ce  prince  obtient  audience  de  votre  sainteté,  il  trouve 
«  en  vous  la  fermeté  du  successeur  de  saint  Pierre.  11  est  si  étroitement  lié 
«  par  la  grâce  de  Dieu  8t  par  vos  soins,  qu'il  n'est  pas  en  état  de  regimber 
«  dans  la  suite  &  d'éluder  l'exécution  de  vos  ordres  sacrés;  à  moins,  ce  qu'à 
«  Dieu  ne  plaise,  qu'on  ne  vienne  à  défaire,  à  l'instance  de  quelques-uns, 
«  ce  qui  a  été  déjà  fait.  »  Les  deux  légats  parlent  ensuite  au  pape,  tant  de 
l'excommunication  qu'ils  avoient  lancée  contre  Rousselin  (vicomte  de  Mar- 
seille) &  auparavant  moine  de  Saint-Victor,  qui,  après  avoir  apostasie,  s'étoit 
marié,  que  de  l'interdit  qu'ils  avoient  jeté  sur  les  habitans  de  cette  ville, 
pour  l'avoir  favorisé  81  avoir  refusé  de  jurer  l'observation  des  statuts  dressés  à 
Saint-Gilles.  Les  deux  légats  ajoutent  à  la  fin  :  «  Le  seigneur  abbé  de 
«  Citeaux,  du  conseil  de  tous  les  prélats  qui  étoient  dans  l'armée,  a  excom- 
«  munie  les  consuls  8<.  les  conseillers  de  Toulouse,  &  mis  toute  cette  ville  en 
«  interdit,  parce  qu'ils  ont  refusé  de  livrer  à  la  discrétion  des  croisés  les 
«  hérétiques  &  leurs  fauteurs,  qui  sont  en  très-grand  nombre  dans  le  pays, 
i<  81  de  livrer  aussi  tous  leurs  biens.  » 

Ces  deux  lettres  furent  écrites  vers  le  8  ou  le  10  de  septembre,  peu  de 
jours  après  la  tenue  du  concile  d'Avignon,  durant  lequel'  les  habitans 
de  Cavaillon  prêtèrent  entre  les  mains  de  Milon,  au  sujet  du  comte  de 
Toulouse,  le  même  serment  que  les  autres  villes  des  environs  avoient  déjà 
prêté. 

'  Acti  ap.  Innocent.  III  Epist.  t.  2,  p.  SyS. 


i^ 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXI.  807 


LXIX.  —  Mort  d'Alfonse  II,  comte  de  Provence. 

Nous  apprenons  de  la  première  lettre  qu'Alfonse,  comte  de  Provence,  étoit 
allé  alors  en  Sicile  avec  Constance,  sa  sœur,  veuve  d'Emeri,  roi  de  Hongrie, 
pour  le  mariage  de  cette  princesse  avec  Frédéric,  roi  de  Sicile,  qu'elle  épousa 
en  secondes  noces.  Alfonse  vivoit  donc  encore  au  mois  de  septembre  de 
l'an  120g,  &  il  ne  mourut  pas  dans  cette  île  au  mois  de  février  de  cette  année, 
comme  on  le  prétend  '  ^  mais  il  ne  survécut  pas  longtemps,  car  Garsinde  de 
Sabran,  comtesse  de  Forcalquier,  sa  femme,  étoit  déjà  veuve^  le  i"  de  dé- 
cembre de  l'an  1209.  Il  laissa  de  cette  comtesse  un  fils  &  une  fille  :  le  pre- 
mier, nommé  Raimond-Bérenger,  âgé^  seulement  de  quatre  ans  ou  environ, 
lui  succéda  dans  les  comtés  de  Provence  &  de  Forcalquier,  sous  la  tutelle  de 
Pierre,  roi  d'Aragon,  son  oncle,  qui  l'emmena  en  Aragon;  la  fille,  nommée 
Garsinde,  comme  sa  mère,  épousa**  dans  la  suite  le  comte  de  Savoie. 

LXX.  —  Raïmond,  comte  de  Toulouse,  fait  son  testament,  va  à  la  cour 
de  France  6»  part  ensuite  pour  Rome, 

Le  comte  de  Toulouse,  étant  résolu  d'aller  à  Rome,  fit  son  testament ^  le 
onzième  jour  de  l'issue  du  mois  de  septembre  de  l'an  1  209,  c'est-à-dire  le  20  de 
ce  mois.  Dans  cet  acte  il  lègue  aux  templiers  81  aux  hospitaliers,  supposé 
qu'il  vienne  à  décéder  durant  le  voyage,  tout  le  blé  Se  le  vin  qu'on  aura 
recueilli  pendant  l'année  dans  ses  terres.  Il  donne  de  plus  aux  premiers  son 
cheval  de  bataille,  ses  armes,  sa  cuirasse.  Sic,  8c  aux  autres  son  jeune  cheval. 
11  donne  à  Baudouin,  son  frère,  8<  aux  enfans  de  ce  prince,  nés  en"^  légitime 
mariage,  l'engagement  du  comté  de  Millau  &  de  la  Roque  de  Valsergue,  en 
Rouergue,  qu'il  substitue  à  son  fils  Raimond,  à  condition  que  Baudouin 
tiendra  tous  ces  domaines  du  même  Raimond,  son  fils.  Il  donne  à  Eiéonore 
d'Aragon,  sa  femme,  ce  qui  lui  avoit  été  constitué  en  dot  dans  son  contrat  de 
mariage.  Si  lègue  à  Bertrand,  son  fils  (naturel '),  les  châteaux  de  Caylus  Se 
de  Bruniquel  en  Querci;  à  condition  qu'il  les  tiendra  en  fief  de  Raimond, 
son  fils,  en  faveur  duquel  il  les  substitue,  si  Bertrand  vient  à  décéder  sans 
postérité.  Il  donne  à  Guillemette,  sa  fille,  ce  qu'il  possédoit  à  Montlaur  Se  à 
Saint-Georges  (dans  le  Toulousain),  avec  une  pareille  substitution  en  faveur 
de  Raimond,  son  fils,  qu'il  déclare  son  héritier  légitime  6<  universel;  avec 
défense  à  lui  de  rien  aliéner  de  ses  domaines  jusqu'à  ce  qu'il  eût  atteint 
l'âge  de  trente  ans.  Il   lui  substitue  Baudouin,  son   frère,  8t  met  tous  ses 

■  Zurlta,  Anales   Je  la  coronct   de   Aragon,  1.   i,  *  Bouche,  Histoire  de  Provence,  t.   2,  p.  187  & 

c.  .Ï8.  suiv. 

'  Bouche,   Histoire  Je  Provence,  t.  2,  pp.   188  &  '  Voyez   tome  VIII,  Chartes,   n.  XCII,  ce.  SyS 

io3.  à  ■'177. 

*  Chron'ica  0  commenîari  Jet  rey  Jacme,  c.   1  2.  ^  ^  Voyez  tome  VII,  }^oîe  XVIII,    pp.  55  &  suiv. 

Voyez  tome  VII,  Note  XIV,  p.  38  8c  suiv.  '  Ih'id.  Note  X,  n.  iv  &  suiv.,  pp.  26  à  28. 


An  1Î09 


3o8  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXI. 


domaines  sous  la  protection  de  Philippe,  roi  de  France,  son  cousin,  St 
d'Othon,  empereur  des  Teutons.  Il  donne  pour  tuteurs  à  Raimond,  son  fils, 
'  Bernard,  comte  de  Comminges,  son  cousin,  Baudouin,  son  frère,  £<  les  con- 
suls de  Toulouse;  il  ordonne  au  second  de  prendre  la  défense  de  ce  jeune 
prince  jusqu'à  ce  qu'il  eût  atteint  l'âge  légitime;  &  enjoint  à  Raimond, 
quand  il  sera  parvenu  à  cet  âge,  de  ne  rien  entreprendre  sans  le  conseil  de 
Baudouin.  Il  lègue  de  plus  à  ce  dernier  8c  aux  enfans  qu'il  aura  en  légitime 
mariage  dix  mille  sols  melgoriens  de  rente  sur  les  péages,  avec  substitution, 
en  cas  qu'il  décédât  sans  enfans  légitimes,  en  faveur  de  son  fils  Raimond, 
auquel  Baudouin  sera  tenu  de  faire  hommage  de  cette  rente,  &  qu'il  sera 
obligé  d'aider  durant  la  guerre,  envers  tous  Si  contre  tous.  Enfin  en  cas  que 
Raimond,  son  fils,  &  Baudouin,  son  frère,  vinssent  à  décéder  l'un  &  l'autre 
sans  postérité  légitime,  il  appelle  à  sa  succession  Philippe,  roi  de  France, 
pour  les  domaines  qu'il  possédoit  dans  le  royaume,  &  l'empereur  Othon 
pour  ceux  qu'il  avoit  dans  l'empire  au  delà  du  Rhône j  sans  préjudice  des  legs 
qu'il  avoit  faits  en  faveur  de  Bertrand,  son  fils.  Si  de  Guillemette,  sa  fille. 
Raimond,  comte  de  Toulouse,  fit  remettre  ce  testament  dans  les  archives 
de  l'abbaye  de  Saint-Denis,  d'où  nous  l'avons  tiré;  ainsi  ce  prince  étoit  à  la 
cour  de  Philippe-Auguste  vers  la  fin  de  septembre  de  l'an  1209.  Nous  savons, 
d'ailleurs',  qu'il  s'y  rendit  alors  pour  engager  le  roi  à  le  confirmer  dans  la 
possession  des  péages  qu'il  levoit  dans  ses  domaines,  parce  que  le  légat  Milon 
lui  avoit  fait  promettre  à  Saint-Gilles  de  n'en  exiger  aucun  qui  ne  fût  auto- 
t'ui'"^'"'si  "^^  P'^^  ^^^  chartes  des  empereurs  ou  des  rois.  On  assure^  que  Philippe  refusa 
cette  confirmation  au  comte;  mais  un  ancien  auteur  témoigne^  au  contraire 
que  le  roi  lui  fit  beaucoup  d'accueil.  Il  ajoute  que  Raimond  ayant  fait  des 
plaintes  à  Philippe,  au  duc  de  Bourgogne,  au  comte  de  Nevers  Si  à  la  com- 
tesse de  Champagne  des  vexations  que  les  légats  81  Simon  de  Montfort  com- 
mettoient  dans  la  Province,  &  que  leur  ayant  fait  part  du  dessein  qu'il  avoit 
formé  d'aller  à  Rome,  tous  ces  princes  8<.  plusieurs  autres  prirent  ses  intérêts 
avec  chaleur  Si  lui  donnèrent  des  lettres  de  recommandation  auprès  du  pape. 
Le  comte  fit  bientôt  après  ce  voyage,  accompagné  de  divers  seigneurs  81  des 
députés"*  de  la  ville  de  Toulouse  qui  allèrent  poursuivre  l'appel  ({u'ils  avoient 
interjeté  au  pape  des  griefs  qu'ils  avoient  contre  l'abbé  de  Cîteaux.  Repre- 
nons la  suite  des  expéditions  de  Simon  de  Montfort. 

LXXI.  —  L'abhé  de  Pamîers  livre  cette  ville  à  Simon  de  Montfort. 
Ses  griefs  contre  le  comte  de  Foix. 

Simon  de  Montfort,  après  le  départ  du  duc  de  Bourgogne  81  de  la  plupart 
des  autres  croisés,  partagea  les  troupes  qui  lui  restoient;  il  en  envoya  une 

'  Pierre  de  Vaux-Cernay,  c.  37.  très  des  seigneurs  français  au  pape  ne  se  retrouve 

'  Ihid.  c.  42.  pas  dans  le  poëme;  c'est  sans  doute  une  addition 

'  Voyez  tome  VIII,  ce.  42,  44.  —  Guillem  ,de  de  l'Anonyme.  [A.  M.] 

Tudèle,  vers  976-988;  cette  circonstance  des  let-  ^  Voyez  tome  VIII,  ce.  38,  39. 


*  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXI.  3oo   

'        An  1Z09 

dartîe  dans'  la  vicomte  de  Béziers,  sous  les  ordres  de  Guillaume  de  Contres, 
dit  aussi  Verles  d'Encontre,  à  qui  il  donna  le  gouvernement  de  cette  vicomte 
6<  qui  mit  des  garnisons  dans  les  châteaux  qui  en  dépendoient.  Il  confia  le 
gouvernement  de  la  ville  de  Limoux  &  des  environs,  c'est-à-dire  de  la  partie 
du  Razès  qui  s'étoit  soumise,  après  la  prise  de  Carcassonne,  à  un  autre  che- 
valier, nommé  Lambert  de  Creichi,  81  établit  lui-même  sa  principale  rési- 
dence à  Carcassonne.  Il  partit  quelque  temps  après  pour  Fanjaux',  où  Vital, 
abbé  de  Saint-Antonin  de  Frédélas  ou  de  Pamiers,  le  vint  prier  de  se  rendre 
dans  cette  dernière  ville  dont  il  vouloit  le  mettre  en  possession  à  la  place 
de  Raimond-Roger,  comte  de  Poix,  qui  la  possédoit  en  pariage  avec  son 
abbave. 

Vital,  pour  avoir  un  prétexte  de  rompre  le  pariage  auquel  ses  prédécesseurs 
a%'oient  appelé  les  comtes  de  Foix,  alléguoit  divers  griefs  contre  R.aimond- 
Roger.  Ce  comte,  dit  un  historien  du  temps^,  non  content  de  favoriser  les 
hérétiques  dans  tous  ses  domaines,  avoit  fait  construire  une  maison  dans  le 
château  de  Pamiers,  qu'il  tenoit  en  fief  de  l'abbaye  de  Saint-Antonin  de  Fré- 
délas, située  à  une  demi-lieue,  5c  l'avoit  donnée  à  sa  femme  £<  a  ses  sœurs, 
hérétiques  de  profession  ;  lesquelles  y  avoient  établi  leur  demeure  Sv  y 
tenoient  des  écoles  d'erreur,  malgré  tous  les  soins  que  l'abbé  8c  les  chanoines 
réguliers  du  monastère  se  donnoient  pour  les  en  empêcher.  Quelque  temps 
auparavant,  deux  chevaliers  hérétiques,  ses  cousins  germains  8c  ses  intimes 
amis,  ayant  amené  leur  mère,  tante  du  comte,  dans  le  château  de  Pamiers, 
l'abbé  8c  les  chanoines  les  chassèrent  ignominieusement  :  l'un  des  deux  che- 
valiers, résolu  de  tirer  vengeance  de  cet  affront,  ayant  rencontré  bientôt  après, 
dans  une  église  voisine  de  Pamiers,  un  chanoine  de  l'abbaye  qui  disoit  la 
messe,  il  le  tua  impitoyablement,  le  mit  en  pièces,  8c  arracha  les  yeux  à  un 
frère  du  monastère.  Dans  une  autre  occasion,  le  comte  de  Foix  étant  venu  à 
Pamiers  accompagné  de  routiers,  de  batteleurs  8c  de  courtisanes,  demanda  les 
clefs  du  monastère  à  l'abbé  qui  refusa  de  les  lui  donner  8c  les  déposa  sur  la 
châsse  de  saint  Antonin,  martyr,  placée  sur  l'autel  avec  plusieurs  autres 
reliques.  Le  comte  ne  fit  aucune  difficulté  de  les  enlever  de  cet  endroit,  5c 
après  avoir  renfermé  l'abbé  8c  les  chanoines  dans  l'église,  il  les  y  retint  pen- 
dant trois  jours,  sans  permettre  qu'on  leur  donnât  ni  à  boire,  ni  à  inanger. 
Il  mit  le  monastère  au  pillage  durant  cet  intervalle  8c  coucha  dans  l'infir- 
merie avec  des  femmes  débauchées  qu'il  avoit  amenées.  Il  chassa  ensuite  de 
l'église  l'abbé  5c  les  chanoines  presque  nus,  8c  fit  défendre  à  son  de  trompe, 
dans  tout  Pamiers,  de  leur  donner  retraite,  à  peine  de  punition  corporelle; 
il  détruisit  enfin  une  grande  partie  de  l'église  8c  du  monastère  pour  employer 
les  matériaux  aux  fortifications  du  château.  On   reprochoit  de  plus  à  Rai- 

'  Voyez  tome  VIII,  ce.  .38,  Sp.  seconde  partie  du  poëme,  aussi  bon  catholique  «jiie 

'  Pierre  de  Vaux-Cernay,  c.  24.  le  moine  cistercien,  donne  à  Raimond-Roger  les 

'  Ih'ti.  —  Tout  ce  que    Pierre  de  Vaux-Cernay  plus  grands  éloges,   &  le  pape  ne  le  traita  j.niiais 

dit  du  comte   de  Foix  est  évidemment  exagéré  &  arec    la    rigueur   qu'auraient   méritée   les   méfait» 

inspiré  par  la  passion  j  en  tout  cas  l'auteur  de  la  dont  l'accuse  le  chroniqueur  latin.  [A.  Mj] 


An  I  Ï09 


3 10  HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXI. 


mond-Roger  '  de  n'avoir  donné  aucune  marque  de  respect  pour  les  reliques  de 
saint  Antonin  lorsqu'il  passoit  un  jour  à  cheval  dans  le  temps  qu'on  les  por- 
toit  en  procession,  suivant  l'usage,  dans  une  église  située  sur  une  montagne 
voisine.  L'abbé  du  Mont-Sainte-Marie,  l'un  des  douze  de  l'ordre  de  Cîteaux 
qui  faisoient  la  mission  dans  le  pays  8c  qui  étoit  présent,  s'écria  alors, 
ajoute-t-on,  d'un  ton  prophétique  :  «  Comte,  vous  ne  rendez  aucun  hon- 
«  neur  au  saint  martyr,  votre  seigneur;  sachez  que  vous  serez  bientôt  privé 
t 'in°'^'''i'"'.  "  '■'••^  domaine  que  vous  avez  sur  cette  ville,  81  le  saint  fera  que  vous  en  serez 
((  dépouillé  de  votre  vivant.  »  Autre  griefs  :  dans  le  temps  que  Raimond- 
Roger,  à  la  tête  des  routiers,  faisoit  la  guerre  au  comte  d'Urgel,  il  assiégea 
les  chanoines  de  la  cathédrale  de  cette  ville  dans  leur  église,  5<.  ils  furent, 
obligés  de  se  rendre,  parce  que  mourant  de  soif,  ils  étoient  obligés  de  boire 
leur  propre  urine;  il  pilla  entièrement  cette  église,  n'y  laissa  que  les  quatre 
murailles  &  la  fit  racheter  pour  cinquante  mille  sols,  après  qu'il  y  eut  commis 
diverses  impiétés  avec  ses  soldats,  de  même  que  dans  toutes  les  autres  églises 
d'Urgel.  Un  autre  jour  Raimond-Roger  demanda  une  conférence  aux  évêques 
de  Toulouse  &i  de  Conserans;  mais,  au  lieu  de  se  trouver  au  rendez-vous,  il 
assiégea  un  château  dépendant  de  l'abbaye  de  Saint-Antonin ,  disant  publi- 
quement qu'il  croiroit  rendre  un  grand  service  à  Dieu,  s'il  pouvoit  tuer  tous 
les  croisés  de  sa  main.  On  achève  son  portrait  en  assurant  qu'il  pilloit  les 
monastères,  qu'il  détruisait  les  églises  &  qu'il  avoit  eu  toute  sa  vie  une  soif 
inaltérable  du  sang  des  chrétiens.  C'est  avec  des  traits  semblables,  accompa- 
gnés de  termes  dictés  par  un  zèle  plein  de  fieP  8<  d'amertume,  qu'un"*  auteur 
contemporain,  l'un  des  plus  ardens  partisans  de  la  croisade  contre  les  albi- 
geois, dépeint  Raimond-Roger,  comte  de  Foix,  qu'il  traite  de  tyran,  de  bête 
féroce,  de  chien,  de  cruel,  de  barbare,  en  un  mot  comme  le  plus  scélérat  81 
le  plus  misérable  de  tous  les  hommes.  Nous  avons  cependant  divers  monu- 
mens  de  ses  libéralités^  envers  les  églises. 

LXXII.  —  Simon  de  Montfort  soumet  le  château  de  Mirepo'ix  &  prend 

possession  de  Pamiers. 

Simon  de  Montfort  n'eut  garde  de  refuser  les  offres  avantageuses  de  l'abbé 
de  Pamiers;  il  se  mit^  aussitôt  en  marche,  prit  en  passant  le  château  de  Mire- 
poix,  qui  appartenoit  au  comte  de  Foix,  lequel  en  avoit  fait,  à  ce  qu'on  pré- 
tend, le  réceptacle  des  hérétiques  8c  des  routiei-s,  8c  en  disposa''  en  faveur  de 
Gui  de  Lévis  qui  faisoit  les  fonctions  de  maréchal  dans  son  armée^.  Il  se 
rendit  ensuite  à  Pamiers,  où  l'abbé  le  mit  en  possession  dvi  château  de  cette 

■  Pierre  de  Vaiix-Cernay,  c.  24.  -  Nous  n'avons   pas  retrouvé  le  texte  de  la  do- 

'  Ihid.  c.  ifi.  nation   de  Mirepoix   à    Gui   de   Lévis;    il  existait 

^  Marca,  Histoire  Je  Béarn,  1.  8,  c.  l5,  n.  3.  encore  du   temps  de  Besse.  Voyez  notre  Catalogue, 

■•  Pierre  de  Vaux-Cernay,  c,  46.  n.  107.   [A.  M.] 

*  Archives  de  l'abbaye  de  Boulbonne,  &C.  '  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  CXVIII,  c.  660. 
''  Pierre  de  Vaux-Cernay,  c.  24. 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXI.  3ii    ~~: 

An  1209 

ville  &  le  lui  donna  en  pariage  aux  mêmes  conditions'  que  le  comte  de 
Foix,  qu'il  en  dépouilla  ainsi  sans  autre  forme  de  procès,  l'avoit  tenu  aupa- 
ravant. Simon-  en  fit  hommage  à  cet  abbé,  par  un  acte  daté  du  mois  de  sep- 
tembre de  l'an  1209,  en  présence  de  Foulques,  évêque  de  Tjulouse,  de  Bou- 
chard de  Marly  (de  la  maison  de  Montmorency),  de  Guillaume  de  Lucé,  de 
Gui  de  Lévis,  alors  maréchal,  de  Simon  81  de  Robert  de  Poissy,  chevaliers 
français f  6cc. 

LXXIII.  —  Les  châteaux  de  Saverdun  £-  de  Lomhers,  la  ville  d'Albi  6"  une 
grande  partie  de  l'Albigeois  se  soumettent  à  Simon. 

Le  comte  de  Montfort,  après  s  être  mis  en  possession^  de  Pamiers,  alla  à 
Saverdun,  château  qui  appartenoit  aussi  au  comte  de  Foix  8t  dont  les  habi- 
tans  lui  ouvrirent  les  portes  &  se  soumirent  volontairement.  Il  revint  de  là  à 
Fanjaux  &  s'avança  jusqu'à  Lombers,  en  Albigeois,  où  environ  cinquante 
chevaliers,  qui  habitoient  ce  château,  le  reçurent  avec  honneur  &  promirent 
de  le  reconnoître  le  lendemain  pour  leur  seigneur;  mais,  sur  l'avis  qu'il  eut 
qu'ils  tramoient  un  complot  contre  lui,  il  sortit  dans  l'instant  sous  quelque 
prétexte,  ces  chevaliers  le  suivirent  8c,  craignant  qu'il  ne  fût  averti  de  leur 
dessein,  8t  qu'il  ne  s'en  vengeât,  ils  lui  remirent  aussitôt  le  château,  lui  firent 
hommage  &c  lui  prêtèrent  serment  de  fidélité.  Simon  se  rendit  de  là  à  Albi, 
dont  la  seigneurie  appartenoit  au  vicomte  Raimond-Roger  Se  à  l'évêque  :  ce 
prélat  lui  fit  beaucoup  d'accueil  &  lui  remit  la  ville.  Simon  soumit  ensuite 
tout  l'Albigeois,  à  la  réserve  de  quelques  châteaux.  Son  historien  dit  que  ce 
pays  appartenoit  au  comte  de  Toulouse  &  que  ce  prince  l'avoit  enlevé  au 
vicomte  de  Bé-[iers.  Cet  auteur  ignoroit  sans  doute  que  les  comtes  de  Tou- 
louse possédoient  le  comté  particulier  d'Albigeois,  &  qu'en  cette  qualité, 
outre  le  domaine  principal  qu'ils  avoient  dans  tout  le  pays,  ils  y  occupoient 
diverses  places  qui  leur  étoient  immédiatement  soumises.  Montfort  revint 
enfin  à  Carcassonne,  où  il  trouva  le  légat  Milon  qui,  après  le  concile  d'Avi- 
gnon, avoit  rejoint  dans  cette  ville  l'abbé  de  Cîteaux,  son  collègue. 

LXXIV.  —  Les  légats  6-  Simon  rendent  compte  de  leurs  conquêtes  au  pape 
6-  lui  demandent  de  confirmer  le  dernier  dans  la  possession  du  pays. 

Les  deux  légats  écrivirent  alors  conjointement  au^  pape  pour  lui  rendre 
compte  du  succès  de  la  croisade.  Ils  lui  racontent  la  prise  de  Béziers  8c  de 
Carcassonne,  8c  l'élection  qui  avoit  été  faite  de  Simon  de  Montfort  pour 
prince  6"  seigneur  du  pays.  Après  un  grand  éloge  de  ce  général,  ils  font 
remarquer  au  pape  le  soin  qu'il  avoit  eu  d'imposer  un  cens  de  trois  deniers 

,-,,,•      J.  •  1  1  •  Il  Ed.  orîgin. 

par  maison  en  taveur  de  1  Eglise  romaine  dans  tous  ses  nouveaux  domaines.  Ils    1. 111,  p.  mi. 

'  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  XCIII,  et.  377,  '  Pierre  lîe  Vaux-Cernay,  c.  24  &  suiv. 

578.  '  Innocent.  III  1.  12,  Epist.  108. 


An  I  209 


3i2  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXI. 

prient  ensuite  le  pontife  avec  beaucoup  de  vivacité  de  traiter  favorablement  les 
ambassadeurs  de  Simon,  afin  qu'il  pût  entièrement  purger  le  pays  d'héré- 
tiques. «  Quoique,  ajoutent-ils,  la  plus  grande  partie  de  l'armée  se  soit 
((  retirée,  après  avoir  fait  plus  de  besogne  en  deux  mois  qu'on  n'auroit  osé 
«  espérer  en  deux  ou  trois  ans,  il  est  resté  auprès  de  lui  un  si  grand  nombre 
«  de  braves  chevaliers  qu'il  lui  sera  aisé,  non-seulement  de  conserver  les  con- 
«  quêtes  qu'il  a  déjà  faites,  mais  même  de  se  rendre  maître  de  tout  le  reste 
«  du  pays,  après  en  avoir  chassé  les  hérétiques,  excepté  Toulouse;  pourvu 
«  que  l'Eglise,  dont  il  fait  les  affaires,  contribue  à  la  dépense;  car  il  est  évi- 
K  dent  qu'étant  en  possession,  outre  les  villes,  dé  deux  cents  châteaux  très- 
«  forts,  6*  que  tenant  dans  les  j'ers  le  vicomte  de  Béjiers,  défenseur  des  héré- 
u  tiques,  il  a  besoin  de  grands  secours,  soit  pour  munir  les  places  qui  lui 
«  sont  soumises,  soit  pour  faire  de  nouvelles  conquêtes.  » 

Simon  écrivit'  de  son  côté  au  pape  8c  lui  envoya  des  ambassadeurs  dont 
le  principal  étoit^  un  chevalier,  nommé  Robert  de  Mauvoisin.  Il  lui  expose 
l'ardeur  avec  laquelle  il  étoit  allé  servir  dans  les  pays  d'Albigeois  ^ad  partes 
Albienses)  contre  les  hérétiques,  Si  lui  marque  qu'il  a  été  élu  unanimement, 
quoique  indigne,  par  la  vocation  de  Dieu,  S<.  du  consentement  des  chefs  de 
la  croisade,  pour  gouverner  S<,  administrer  le  pays  conquis;  qu'il  avoit  résolu 
d'y  demeurer  pour  l'honneur  de  Dieu  Si  l'accroissement  de  la  foi,  dans  l'es- 
pérance que  l'hérésie  y  seroit  entièrement  éteinte,  si  sa  sainteté  vouloit  bien 
le  soutenir.  »  Cependant,  ajoute-t-il,  comme  ce  travail  demande  une  grande 
(i  dépense  par  deux  raisons,  il  faut  que  vous  acheviez  ce  que  vous  avez  com- 
»  mencé.  D'un  côté  les  seigneurs  qui  ont  pris  part  à  cette  expédition  m'ont 
«  laissé  presque  seul  entre  les  ennemis  de  Jésus-Christ  qui  errent  parmi  les 
«  montagnes  8<.  les  rochers.  De  l'autre,  je  ne  saurois  gouverner  plus  long- 
«  temps,  sans  être  aidé  de  votre  secours  &  de  celui  des  fidèles,  un  pays 
«  devenu  extrêmement  pauvre  par  les  ravages  qu'on  y  a  commis.  Les  héré- 
«  tiques  ont  abandonné  une  partie  de  leurs  châteaux,  après  en  avoir  tout 
«  emporté  ou  les  avoir  détruits;  ils  conservent  les  autres  qui  sont  les  plus 
«  forts,  dans  la  résolution  de  les  défendre.  II  faut  que  je  soudoie  bien  plus 
«  chèrement  que  je  ne  ferois  dans  d'autres  guerres  les  troupes  qui  sont  avec 
«  moi,  &  à  peine  puis-je  retenir  quelques  soldats  en  leur  donnant  une 
«  double  paye.  »  Il  marque  ensuite  au  pape,  pour  gagner  sa  bienveillance, 
qu'il  a  imposé  trois  deniers  de  cens  annuel  sur  chaque  maison  en  faveur  de 
l'Église  romaine  ;  imposition  dont  il  demande  la  confirmation.  Il  ajoute  qu'il 
a  ordonné  que  les  dîmes  dont  les  hérétiques  jouissoient  fussent  entièrement 
payées  à  l'Eglise.  «  Du  reste,  reprend-il,  après  avoir  ainsi  disposé  toutes 
«  choses  pour  l'honneur  de  Dieu,  suivant  mon  pouvoir,  je  supplie  votre  sain- 
ce  teté  de  vouloir  bien  me  confirmer  dans  la  possession  de  ce  pays,  qui  m'a 
(i  été  donné  &  à  mes  héritiers,  de  la  part  de  Dieu  &  de  la  vôtre,  par  l'abbé 
«  de  Cîteaux,  votre  légat,  du  conseil   de   toute  l'armée,  S<.  d'accorder  une 

'  Innocent.  III  1.  12,  Eplst.  loo,  '  Pierre  de  Vaux-Cernay,  c.  29. 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXI.  3i3  ""; 

An  lïop 

»  pareille  grâce  à  ceux  qui,  ayant  participé  ati  travail,  ont  reçu  une  portion 
«  du  même  pays  suivant  leur  mérite;  »  enfin  il  lui  rend  compte  de  l'atten- 
«  tion  &  de  la  vigilance  que  l'abbé  de  Cîteaux  avoit  apportées  dans  toute 
cette  affaire  &  lui  recommande  Robert  de  Mauvoisin,  son  envoyé. 

LXXV.  —  Mort  de  Raïmoni-Roger,  vicomte  de  Béliers,  —  Ses  enfans. 

Les  deux  lettres  dont  on  vient  de  parler  furent  écrites  deux  mois  après  le 

commencement  de  l'expédition,  &  par  conséquent  vers  la  fin  de  septembre 

de  l'an  1209.  La  première  nous  apprend  que  Simon  tenoit  encore  alors  dans 

les  fers  le  vicomte  Raimond-Roger.  Nous  savons,  d'ailleurs',  qu'il  le  faisoit 

garder  si  étroitement  dans  une  des  tours  du  palais  vicomtal  de  Carcassonne, 

où  il  l'avoit  fait  renfermer,  qu'il  ne  lui  permettoit  de  parler  qu'à  ses  gardes. 

Le  vicomte  ne  survécut  pas  longtemps  à  une  si  dure  captivité;  il  fut  attaqué 

d'une  dyssenterie  &  mourut  dans  sa  prison,  le  10  de  novembre  suivant*,  non 

sans  soupçon^  qu'on  avoit  avancé  ses  jours.  11  paroît,  en  effet,  par  un  monu- 

menf*  du  temps,  qui  n'est  pas  suspect,  que  Raimond-Roger  mourut  de  mort 

violente.  Ce  vicomte,  se  voyant  sans  ressource,  se  confessa  à  l'évèque  de 

Carcassonne,  qui  lui  administra  les  derniers  sacremens.  Simon  fit  exposer 

son  corps  dans  la  cathédrale,  le  visage  découvert,  afin,  dit  un  historien'',      ^"l-"'''?'"* 
I  _   '  c>  '  '     _  '    1. 111,  p.  184. 

qu'il  fût  reconnu  de  ses  anciens  sujets,  8<.,  sans  doute  aussi,  pour  écarter  les 
soupçons  qu'on  pouvoit  former  qu'il  ne  l'eût  fait  périr'^.  Il  lui  fit  rendre 
ensuite  tous  les  honneurs  dus  à  son  rang  :  les  peuples  des  environs  assis- 
tèrent en  foule  à  sa  sépulture  Si  témoignèrent  par  leurs  larmes  un  regret 
extrême  de  sa  mort. 

Ainsi  mourut,  à  l'âge  de  vingt-quatre  ans,  Raimond-Roger,  vicomte  de 
Béziers,  Carcassonne,  Albi  &  Razès,  seigneur  du  Lauragais,  du  Minervois, 
du  Termenois  Se  de  divers  autres  domaines,  neveu  à  la  mode  de  Bretagne  de 
Philippe-Auguste,  roi  de  France,  neveu,  par  sa  mère  Adélaïde,  de  Rai- 
mond  VI,  comte  de  Toulouse,,  S<.  parent  ou  allié  de  divers  autres  princes; 
bien  moins  coupable  d'avoir  suivi  ou  favorisé  les  erreurs  des  hérétiques,  qui, 
dans  le  temps  de  sa  naissance  étoient  déjà  répandus  dans  ses  États,  que  mal- 

•  Voyez  tome  VIII ,  ce.  3;,  38.  —  Cf.  Guillem  (Pierre  de  Vaiix-Cernay,  Guillem  de  Tiidèle,  Giiil- 

de  Tiidèle  (vers  861  &  917-931);  il  y  a  Ici  dans  le  laume  de  Puylaiirens),   il  mourut  de  dyssenterie; 

pocme  -me   lacune   que   la    longue   paraphrase  de  au  contraire,  suivant  le  continuateur  de  Guillem 

l'Anonyme  ne  permet  pas  de  combler.  [A.  M.J  de  Tudèle  (vers  336i)  &  le  biographe  d'Arnaud  de 

■  Voyez  tome  V,  Chroniques,  c.  26.  Marveil  (voir  édit.  de  M.  Meyer,  t.  2,  p.  46),  il 

'  Voyez  tome  VIII,  c.  37.   [Guillem  de  Tudèle,  aurai:  été  tué;  le    bruit  en  courut  dès  l'origine, 

vers  862-868.]  —  Guillelmus  de  Podio  Laurentii,  Guillem  de  Tudèle,  qui  écrivait  peu  après  1209,  le 

C-  i"(.  prouve   par  ses    imprécations   contre  ceux   qui   le 

'  Innocent.  III    1.   i5,  Epist.  212.  —  [Potthast,  répandaient.  Sans   nous   prononcer,    nous  ferons 

n.  4655. J  remarquer  que   la  version   méridionale  a  pour  elle 

'  Voyez  tome  Vni,  ce.  37,  38.  [Guillem  de  Tu-  le   témoignage   d'Innocent  III  lui-même,  qui  dit 

dèle,  vers  917  —  suiv.]  textuellement  dans  la  lettre   plus   haut   citée,  que 

"■  La  mort  du   jeune  vicomte  de    Béziers  donna,  Raimond-Roger    fut    m'ncrahilitcr  interfcctus;    il 

en  effet,  naissance  à  deux  versions  fort  différentes.  semble  difficile  de  récuser  un  pareil  témoignage. 
Suivant  les  catholiques   &   les  écrivains  du    Nord  [A.  M.] 


-, 3 14  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXI. 

An  1209  " 

heureux  d'avoir  eu  des  tuteurs  &  des  conseillers  qui,  durant  sa  minorité, 
n'arrêtèrent  pas  leurs  progrès  dans  les  pays  soumis  à  son  autorité.  Il  laissa 
d'Agnès  de  Montpellier,  sa  femme,  qui  lui  survécut,  un  fils  unique,  nommé 
Pvaimond-Trencavel,  qui  étoit  encore,  pour  ainsi  dire,  au  berceau  :  il  n'étoit 
né,  en  effet,  qu'en  1207  '5  il  l'avoit  confié  à  la  garde  du  comte  de  Foix,  son 
proche  parent,  qui  prit  soin  de  son  éducation. 

LXXVI.  —  Le  comte  de  Foix  donne  son  fils  en  otage  à  Simon  de  Montfort. 
Le  roi  d'Aragon  refuse  de  recevoir  son  hommage  pour  Carcassonne. 

Simon  de  Montfort  se  rendit*  peu  de  temps  après  à  Limoux,  pour  s'y  faire 
reconnoître  seigneur  du  pays.  En  chemin  faisant,  il  prit  quelques  châteaux 
&  fit  pendre  ceux  qui  y  étoient  en  garnison.  A  son  retour  il  assiégea  Preixan, 
dans  le  diocèse  de  Carcassonne.  Le  comte  de  Foix  le  vint  trouver  au  siège 
de  ce  château  qui  lui  appartenoit  &  dont  il  lui  fit  ouvrir  les  portes.  Il  se 
soumit  en  même  temps  à  ses  ordres  &  à  ceux  du  légat,  &  leur  donna  en  otage 
le  plus  jeune  de  ses  fils,  nommé  Aymeri,  jusqu'à  ce  qu'il  se  fût  pleinement 
justifié  de  l'accusation  d'hérésie  qu'on  formoit  contre  lui. 

Simon  pressoit  depuis  longtemps  Pierre,  roi  d'Aragon,  de  vouloir  recevoir 
son  hommage  pour  la  vicomte  de  Carcassonne,  à  cause  de  la  suzeraineté  que 
ce  prince  prétendoit  sur  le  pays  :  Pierre  s'excusa  d'abord  de  l'admettre  à  cet 
hommage}  mais,  lassé  de  ses  sollicitations,  il  lui  donna  rendez-vous  à  Nar- 
bonne;  ils  se  joignirent  dans  cette  ville  8c  allèrent  à  Montpellier,  où  ils 
demeurèrent  pendant  quinze  jours.  Durant  ce  temps  le  roi  d'Aragon  amusa 
Simon,  &  refusa  enfin  absolument  de  recevoir  son  hommage  sous  divers  pré- 
textes. Il  envoya  cependant  secrètement  à  tous  les  nobles  des  vicomtes  de 
Béziers  St  de  Carcassonne  pour  les  engager  à  ne  pas  le  reconnoître  pour  leur 
seigneur  &  à  secouer  le  joug  de  sa  domination,  avec  promesse  de  les  soutenir 
&  de  marcher  incessamment  à  leur  secours. 

LXXVII.  —  Simon  s'accorde  avec  Agnès  de  Montpellier,  veuve  du  vicomte 

Raimond-Roger. 

Nous  apprenons  l'époque  de  ce  voyage  d'un^  accord  que  Simon  de  Mont- 
fort fit  à  Montpellier,  le  20  de  novembre  de  l'an  1209,  avec  Agnès  de  Mont- 
pellier, veuve  du  vicomte  Raimond-Roger,  à  laquelle  il  s'engagea  de  payer 
tous  les  ans  trois  mille  sols  melgoriens  pour  son  douaire,  qui  étoit  assigné 
sur  les  châteaux  de  Pézénas  &  de  Torves.  Il  s'obligea  de  plus  de  lui  rem- 
bourser en  différens  payemens  les  vingt-cinq  mille  sols  melgoriens  de  sa  dot, 
à  raison  d'un  marc  d'argent  pour  cinquante  sols,  &  donna  pour  ses  cautions 

'  Voyez  tome  V,  Chroniques,  c.  34.  ^  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n,  XCIV,  ce.  D79  à 

'  Pierre    de   Vaux-Cernay,    c.    25    &    siiir.   —       582. 
Tome  vm,   c.  Sp.  —  [Guillem   de  Tudèle,  vers 
932-939.] 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXI.  3i5      ^„  ,^^^ 

Ayraeri,  vicomte  de  Narbonne,  Gui  (de  Lévis),  maréchal,  Pierre  de  Riche- 
bourg,  8c  Simon  Se  Robert  de  Passy,  chevaliers  françois.  Agnès,  moyennant 
ces  sommes,  renonça  en  faveur  de  Simon  à  tous  les  droits  qu'elle  avoit  tant 
sur  ces  deux  châteaux  que  sur  tous  les  domaines  du  feu  vicomte,  son  mari. 
L'acte  fut  passé  dans  la  maison  des  templiers  de  Montpellier,  en  présence  de 
Raimond,  évêque  d'Agde,  oncle  d'Agnès,  Si  de  divers  seigneurs. 

LXXVIII.  —  Simon  perd  une  partie  de  ses  conquêtes. 

Les  intrigues  du  roi  d'Aragon  auprès  des  anciens  vassaux  du  vicomte  Rai- 
mond-Roger  pour  leur  faire  secouer  le  joug  de  Simon  de  Montfort,  eurent 
le  succès  le  plus  favorable',  &  on  vit  bientôt  la  plupart  des  chevaliers  des 
diocèses  de  Béziers,  Carcassonne  &  Albi  se  déclarer  avec  leurs  châteaux 
contre  leur  nouveau  seigneur.  Simon  fut  averti  de  ce  soulèvement  à  son 
départ  de  Montpellier.  Il  apprit  en  même  temps  que  des  gens  du  pays 
tenoient  assiégés,  dans  un  château  auprès  de  Carcassonne,  Amaury  &  Guil- 
laume de  Poissy,  chevaliers  françois  ;  il  vola  à  leur  secours  &  arriva  bientôt 
sur  les  bords  de  l'Aude  ;  mais  il  trouva  cette  rivière  si  enflée  par  une  inon- 
dation qui  étoit  survenue,  qu'il  fut  obligé  d'aller  passer  à  Carcassonne,  &,  t.^ni°p'5"iS5. 
dans  cet  intervalle,  les  deux  chevaliers  furent  obligés  de  se  rendre  prison- 
niers. Simon  eut  vers  le  même  temps  un  nouveau  sujet  de  chagrin  :  il  avoit 
donné  le  château  de  Saissac,  au  diocèse  de  Carcassonne,  à  Bouchard  de 
Marly,  qui  s'y  étoit  établi  avec  soixante  François.  Bouchard,  suivi  de  Gaus- 
bert  d'Essigny  &t  de  quelques  autres  chevaliers  de  sa  garnison,  entreprit  de 
faire  des  courses  jusques  à  Cabaret  j  mais  Pierre-Roger,  seigneur  de  ce  château, 
s'étant  mis  en  embuscade  avec  quatre-vingts  hommes,  le  surprit,  tailla  en 
pièces  son  détachement,  le  fit  lui-même  prisonnier,  le  mit  aux  fers  par  repré- 
sailles 8i  le  tint  près  de  dix-huit  mois  en  prison. 

Enfin  Simon,  à  son  arrivée  à  Carcassonne^,  apprit  la  défection  de  Gui- 
raud  de  Pépieux,  chevalier  du  Minervois,  à  qui  il  avoit  confié  le  gouverne- 
ment de  diverses  places  situées  aux  environs  de  Minerve.  Guiraud,  pour  se 
venger  de  ce  qu'un  chevalier  françois  avoit  tué  un  de  ses  oncles  qu'il  affec- 
tionnoit  beaucoup,  quoique  Simon  de  Montfort  lui  eût  fait  satisfaction  de 
cette  injure  en  punissant  le  meurtrier,  se  mit  à  la  tête  de  quelques  troupes  8t 
s'empara  par  surprise,  sur  ce  général,  du  château  de  Puisserguier,  au  diocèse 
de  Narbonne,  8t  fit  prisonniers  deux  chevaliers  qui  en  avoient  la  garde,  8c  le 
reste  de  la  garnison.  Montfort,  résolu  de  tirer  vengeance  de  Guiraud,  engagea 
le  vicomte  de  Narbonne  à  le  suivre  8t  s'avança  vers  Puisserguier;  mais  ils 
furent  à  peine  arrivés  devant  la  place  que  le  vicomte  refusa  de  l'aidera  en 
faire  le  siège  8c  s'en  retourna  à  Narbonne  avec  ses  gens.  Simon  ne  se  voyant 

'  Pierre    ie  Vaux-Cernay,    c.    2Ô    &    suiv.    —  ce.  39,40. —  [Guillem  de  Tudèle,  rers  940-953; 

Voyez  tome  VIII,  ce.  40,  41.  —  [Guillem    de  Tu-  c'est  à  tort  que  rAnonyme  dit  que  ce  Guiraud  de 

dele,  vers  9J4-968)  défaite  de  Bouchard  de  Marli,]  Pépieux    était    vassal   du   comte  de  Toulouse.]  — 

'  Pierre  de  Vaux-Cernay,  c.  27.  — >  Tome  VIII,  Robertus  Altissiodorensis,  Chronicon. 


An  1209 


3 16  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXI, 

pas  assez  fort  pour  l'entreprendre,  se  retira  à  Capestang  &  vint  le  lendemain 
à  Puisserguier.  Guiraud  de  Pépieux  avoit  abandonné  la  place  pendant  la 
nuit,  après  avoir  enfermé  dans  une  tour  cinquante  soldats  de  la  garnison, 
dans  le  dessein  de  les  faire  périr.  Simon  les  délivra  81  ruina  le  château  de 
fond  en  comble  ;  il  se  mit  ensuite  en  campagne,  quoique  au  fort  de  l'hiver, 
8c  rasa  plusieurs  châteaux  de  Guiraud  de  Pépieux  :  celui-ci,  de  son  côté,  se 
retira  à  Minerve,  où  il  conduisit  les  deux  chevaliers  françois  qu'il  avoit  fait 
prisonniers  à  Puisserguier;  il  leur  fit  arracher  les  yeux,  couper  le  nez,  les 
oreilles  &  la  lèvre  supérieure,  &  les  renvoya  ainsi  à  Simon. 

LXXIX.  —  Le  pape  confirme  Simon  dans  la  possession  de  ses  conquêtes 
6*  tâche  de  lui  procurer  de  nouveaux  secours. 

Les  croisés',  dont  le  courage  comraençoit  à  s'abattre  par  ces  divers  échecs, 
furent  un  peu  consolés  par  l'arrivée  de  Gui,  abbé  de  Vaux-Cernay,  qui  avoit 
été  solliciter  du  secours  en  France,  &  par  celle  de  Pvobert  de  Mauvoisin^  que 
Simon  avoit  envoyé  à  Rome,  &  qui  arriva  vers  la  fin  de  l'année.  Robert 
apporta  à  ce  général  une^  lettre  d'Innocent  III,  du  11  de  novembre,  par 
laquelle  le  pape  lui  témoignoit  la  joie  qu'il  avoit  de  ses  exploits  contre  les 
hérétiques,  le  félicitoit  de  ce  qu'on  l'avoit  choisi  pour  seigneur  de  tout  le 
pays,  8c  lui  en  confirmoit  la  possession  pour  lui  8c  pour  les  siens,  suivant  sa 
demande.  Innocent  marque  ensuite  à  Simon  de  Montfort  qu'il  écrivoit  à 
Othon,  empereur  des  Romains,  aux  rois  d'Aragon  8c  de  Castille  8c  à  la 
noblesse  de  Provence  pour  les  engager  à  le  secourir.  «  Nous  aurions  peut- 
«  être  fait  davantage,  ajoute-t-il ,  si  le  besoin  pressant  de  la  Terre-Sainte 
«  nous  l'avoit  permis;  car  ceux  qui  combattent  dans  ce  pays  se  sont  déjà 
«  plaints  fortement  de  ce  que  l'indulgence  que  nous  avons  accoi'dée  à  ceux 
«  qui  marchent  contre  les  hérétiques,  avoit  empêché  qu'ils  ne  fussent  secou- 
«  rus.  »  Enfin  le  pape  exhorte  Simon  à  conserver  dans  la  foi  les  pays  con- 
quis, 8t  lui  promet  son  conseil  8c  sa  protection. 

Innocent  écrivit,  en  effef*,  le  même  jour,  à  l'empereur  Othon  Se  aux  rois 
d'Aragon  8c  de  Castille  pour  les  presser  de  donner  du  secours  à  Simon  de 
Montfort  8c  de  punir  sévèrement  les  hérétiques  qui  se  réfugieroient  dans 
leurs  Etats.  Il  marque  dans  ces  lettres  que  ce  général  avoit  déjà  pris  cinq 
cents  tant  villes  que  châteaux,  d'où  il  avoit  chassé  l'hérésie  8c  où  il  avoit 
rétabli  la  foi  catholique  :  preuve  bien  claire  qu'on  en  imposoit  au  pape  8c 
que  les  légats  8c  Simon  de  Montfort  le  trompoient  de  concert  en  lui  exagé- 
rant extrêmement  leurs  exploits  8c  les  progrès  de  l'erreur  pour  faire  valoir 
leurs  services  8c  venir  à  bout  de  leurs  fins.  Innocent  écrivit  aussi 5  alors  aux 

'  Pierre  de  Vaux-Cernay,  c.  i8  &  siiiv.  '  Innocent.   III  1.  12,  Epist.    ii'i.  —  [Potthast, 

"  Auquel  le  pape  concéda,   le  10  mai  1209,  un  n.  3833.] 

privilège  fort   recherché  à  cette  époque,  celui  d'à-  ■•  Ibid.  Epht.  124.  —  [Potthast,  n™383o,  333 1.] 

yoir  un  chapelain  particulier.  (Potthast,  n.  3827.)  ^  Ibid.  Ep'nt,  1  26.  —  [Potthast,  n.  3832.) 

[A.  M.] 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXI.  Si?   ~ 

'         An  1209 

abbés  £<  aux  autres  prélats  des  diocèses  de  Narbonne,  Béziers,  Toulouse  &. 
Albi  ;  il  leur  marque  que  les  effets  que  les  hérétiques  du  pays  leur  avoient 
confiés  devant  être  confisqués  avec  tous  leurs  autres  biens,  ils  eussent  à  les  ,''ni''p^is',j 
remettre  à  Simon  de  Montfort,  à  moins  que  ces  sectaires  ne  se  convertissent 
incessamment.  Il  écrivit  le'  lendemain  à  ce  général  une  seconde  lettre  dans 
laquelle,  après  avoir  beaucoup  exalté  ses  conquêtes  81  son  zèle  contre  les 
hérétiques,  il  approuve  l'élection  que  les  chefs  de  la  croisade  avoient  fait  de 
sa  personne,  du  conseil  des  légats,  pour  seigneur  des  villes  de  Carcassonne 
8(.  de  Béziers  8c  de  tout  le  reste  du  pays  qui  avoit  été  enlevé  aux  hérétiques. 
Il  le  confirme,  lui  8c  ses  héritiers,  dans  la  possession  de  ces  domaines,  sauf  le 
droit  des  principaux  seigneurs  ;  excepté  cependant  ceux  d'entre  eux  qui 
seroient  hérétiques,  fauteurs  ou  receleurs  des  hérétiques  contre  lesquels  il 
cléclare  qu'il  faut  s'armer.  Il  approuve  enfin,  8c  il  n'avoit  garde  de  ne  pas 
l'approuver,  l'établissement  que  Simon  avoit  fait  d'un  cens  annuel  de  trois 
deniers  sur  chaque  maison  du  pays  en  faveur  de  l'Église  romaine. 

Innocent,  par  une  autre  lettre^,  du  i3  de  novembre,  exhorte  tous  les 
nobles,  les  barons  8c  les  chevaliers  qui  étoient  restés  dans  l'armée  avec  Simon 
de  Montfort,  à  continuer  d'y  demeurer  8c  à  se  contenter  du  remboursement 
de  leurs  dépenses  depuis  Pâques  jusqu'à  ce  qu'il  pût  envoyer  un  nouveau 
secours  dans  le  pays.  Enfin  il  chargea  Robert  de  Mauvoisin  de  deux  autres 
lettres  3,  datées  du  11  de  novembre  de  l'an  120g.  L'une  est  adressée  aux 
archevêques  d'Arles,  Besançon,  Vienne,  Aix,  Narbonne,  Lyon,  Embrun  8c 
Auch,  à  leurs  suffragans,  8c  aux  évêques  d'Albi,  Rodez,  Agen  8c  Cahors;  8c 
l'autre  aux  consuls  d'Arles,  Avignon,  Saint-Gilles,  Nimes,  Montpellier  8c 
Tarascon,  aux  citoyens  8c  à  Aymeri,  vicomte  de  Narbonne'';  aux  comtes  de 
Forcalquier,  de  Savoie,  de  Genève,  de  Mâcon,  à  Sanche,  comte  (de  Rous- 
sillon),  8ic.  Le  pape,  après  avoir  témoigné  dans  ces  lettres  la  joie  qu'il  avoit 
du  progrès  de  l'armée  des  croisés  contre  les  hérétiques  de  Provence,  8c  de 
l'élection  de  Simon  de  Montfort  pour  gouverner  le  pays  dont  ces  hérétiques 
avoient  été  chassés,  leur  enjoint  d'exhorter  leurs  diocésains,  leurs  sujets  8c 
leurs  concitoyens,  à  s'employer  de  toutes  leurs  forces  pour  achever  de  détruire 
l'hérésie  8c  à  y  contribuer  d'une  partie  de  leurs  revenus.  Il  accorde  une 
indulgence  plénière  à  ceux  qui  se  croisent,  les  dispense  de  payer  les  usures 
(ou  intérêts)  qu'ils  pouvoient  devoir,  8c  leur  donne  un  délai  pour  le  paye- 
ment du  capital. 

LXXX.  —  Simon  fait  de  nouvelles  pertes.  —  Le  comte  de  Foïx  l'abandonne. 

Simon,  lorsque  Robert  de  Mauvoisin  arriva  de  Rome  à  Carcassonne,  vers 
la  Nativité  de  Notre-Seigneur  de  l'an  120g,  avoit  perdu  une  grande  partie 
de  ses  conquêtes.  La  ville  de  Castres  8c  le  château  de  Lombers,  en  Albi- 

'  Innocent.  III    1.  12,  Ep'nt.  122.  —  [Potthast,  '  Innocent.  III  1.  12,  Epist.  \'i6  &  seq.  —  [Pot 

n.  3334.]  thast,  n°'  3828,  3829.] 

•  Ihid.  Epist.  129.  —  [Potthast,  n.  3838.J  *  [Potthast,  n.  383i.] 


■■; 3i8  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXI. 

An  1209 

geois',  avoient  secoué  depuis  peu  le  joug  de  sa  domination,  Si  Raimond- 
Roger,  comte  de  Foix,  qui  lui  avoit  fait  ses  soumissions,  s'étoit  entièrement 
brouillé  avec  lui  ^. 

Raimond-Roger,  voulant  faire  sa  paix  avec  les  légats,  leur  envoya  à  Saint- 
Gilles  l'abbé  d'Eaunes,  de  l'ordre  de  Cîteaux,  dans  le  diocèse  de  Toulouse, 
pour  la  négocier  en  son  nom.  Cette  paix  ne  fut  pas  conclue,  soit  parce  que 
l'abbé  s'acquitta  mal  de  sa  commission,  soit  plutôt  à  cause  de  la  dureté  des 
conditions  qu'on  vouloit  imposer  au  comte,  qui  refusa  de  s'y  soumettre. 
L'abbé,  s'étant  mis  en  chemin  pour  retourner  dans  son  monastère  suivi  de 
deux  de  ses  religieux  &  d'un  convers,  fut  rencontré  à  un  mille  de  Carcas- 
sonne  par  Guillaume  de  Rochefort,  frère  de  l'évêque  de  cette  ville  &  ami  du 
comte  de  Foix;  Guillaume  les  attaqua  aussitôt,  tua  l'abbé  8c  le  convers  £< 
blessa  dangereusement  un  des  deux  religieux.  Comme  le  comte  de  Foix  lit 
ensuite  beaucoup  d'amitié  à  ce  seigneur  &  qu'on  vit  dans  ses  équipages  le 
cheval  de  l'abbé,  on  le  soupçonna  d'avoir  eu  part  au  meurtre  &  d'avoir  voulu 
se  venger  sur  cet  envoyé  de  ce  que  sa  négociation  avoit  mal  réussi.  C'est 
ainsi  que  raconte  les  circonstances  du  meurtre  de  l'abbé  d'Eaunes  l'historien^ 
de  Simon,  qui  veut  en  rendre  complice  le  comte  de  Foix;  mais  nous  appre- 
nons, d'un  monument  du  temps'*,  que  les  croisés  firent  beaucoup  d'accueil 
aux  assassins,  qu'ils  les  admirent  à  leur  table  &  dans  leurs  tentes,  en  sorte 
qu'il  paroît  que  ce  furent  les  croisés  eux-mêmes  qui  firent  attaquer  l'abbé 
d'Eaunes  &  ses  associés.  Quoi  qu'il  en  soit,  le  comte  de  Foix  ne  garda  plus 
depuis  aucun  ménagement  avec  Simon  de  Montfort;  il  reprit  sur  lui  le  châ- 
t1ii°p'.^i87.  ^^'^^  '^^  Preixan  qu'il  lui  avoit  livré,' fit  sur  celui  de  Fanjaux  une  entreprise 
qui  lui  manqua,  8<.  trouva  moyen  d'attirer^  dans  une  embuscade,  sous  pré- 
texte d'une  entrevue,  plusieurs  des  principaux  bourgeois  de  Pamiers,  qu'il 
arrêta  prisonniers. 

D'un  autre  côté,  le  château''  de  Montréal  se  retira  de  l'obéissance  de 
Simon.  Aymeri ,  qui  en  étoit  seigneur  &  qui  étoit  l'un  des  plus  puissans 
chevaliers  du  diocèse  de  Carcassonne,  l'avoit  abandonné  durant  le  siège  de 
cette  ville  &  s'étoit  enfui  de  crainte  des  croisés.  Il  étoit  venu  depuis  se  sou- 

■  pierre  de  Vaux-Cernay,  c.  So  &  siiiv.  —  Marca,  mains  de  l'atbé,  &,  pour  se  venger,  le  comte  de 

Histoire  de  Béarn,  1.  8,  c.  i5.  Foix  essaie,  le  29  septembre,  d'emporter  Preissanj 

'  Le  récit  de  Pierre  de  Vaux-Cernay,  que  dom  autrement  la  suite  des  événements  serait   ineom- 

Vaissete  suit  ici,  est  assez  embrouillé;  au   chapi-  préhensible.  Cette  partie  de  l'ouvrage  de  Pierre  de 

tre  24,  il  parle  de  la  reddition  de  Pamiers  qui  eut  Vaux-Cernay  est  du  reste  fort  confuse.  [A.  M.J 

lieu   en    septembre    1209   (Voir   notre    Catalogue ,  '  Pierre  de  Vaux-Cernay,  ce.  3o  &  suit. 

n.  3o);  au  chapitre  26,  du  siège  de  Preissan  &  de  *  Voyez  tome  VIII,   Chartes,   n.  CV,  c.  619.  — 

la  première  alliance  entre  le  comte  de  Foix  &  Si-  Ce  monument  du  temps  est  la   lettre  des  consuls  de 

mon  de  Montfort,  &  au  chapitre  32,  de  la  trahi-  Toulouse  au  roi  d'Aragon  en  121  i;  les  deux  partis 

son  du  comte  &  d'une  tentative  sur  le  château  de  s'accusant  réciproquement   de   ce   meurtre,   il    est 

Preissan,  tentative  infructueuse  qui  aurait  eu  lieu  probable  que  l'auteur,  Guillem  de  Roquefort,  était 

le  jour  de  la  Saint-Michel  (29  sept.).  Il  faut  évi-  un  de  ces  mercenaires  qui   passaient  avec  la  plus 

,                         derament  placer  le  premier  siège  de  Preissan  dans  grande  facilité  d'un  camp  à  l'autre.  [A.  M.] 

les  premiers  jours  de  septembre;  dans  l'intervalle,  '  Pierre  de  Vaux-Cernay,  c.  46. 

Montfort  va   à   Pamiers    recevoir    le   paréage   des  "  Il>i4-  ?•  -io  &  suiv. 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXI.  3ig 

mettre  à  Simon,  qui  lui  avoit  accordé  son  amitié  &  avoit  commis  la  garde 
de  Montréal  à  un  ecclésiastique  de  France.  Aymeri  trouva  moyen  de  gagner 
cet  ecclésiastique  qui  lui  rendit  le  château  &  qui  se  lia  avec  les  ennemis  de 
Simon.  Ce  général  punit  bientôt  l'infidélité  de  l'ecclésiastique;  il  assiégea  le 
château  de  Bram,  où  il  s'étoit  renfermé,  le  força  à  se  rendre,  s'assura  de  sa 
personne,  le  fit  dégrader  par  l'évêque  de  Carcassonne,  &,  après  l'avoir  fait 
promener  dans  toute  cette  ville,  attaché  à  la  queue  d'un  cheval ,  il  le  fit 
pendre. 

Enfin  la  défection  fut  si  générale  à  la  fin  de  l'an  1209  que  Simon  perdit, 
dans  un  très-petit  espace  de  temps,  plus  de  quarante  châteaux  qui  secouèrent 
le  joug  de  son  obéissance.  Si  qu'il  ne  restait  plus  à  Noël,  de  toutes  ses  con- 
quêtes, que  Carcassonne,  Fanjaux,  Saissac,  Limoux,  dont  on  désespéroit 
même,  Pamiers,  Saverdun,  Albi  &  le  château  d'Ambialet,  voisin  de  cette  der- 
nière ville.  Pour  comble  de  malheur,  les  gens  du  pays  tuèrent  ou  mutilèrent 
plusieurs  de  ceux  qu'il  avoit  laissés  à  la  garde  du  camp,  8t  il  apprit,  vers  le 
même  temps,  la  mort  du  légat  Milon,  son  protecteur,  décédé  à  Montpellier' 
pendant  l'hiver.  Mais  toutes  ces  disgrâces  ne  furent  pas  capables  d'abattre  son 
courage. 

LXXXI.  —  Succès  du  voyage  de  Raïmond,  comte  de  Toulouse,  à  Rome. 

Cependant  Raimond,  comte  de  Toulouse,  étant  arrivé  à  Rome,  fut  admis 
à  l'audience  du  pape  vers  la  fin  du  mois  de  janvier  de  l'an  12 10.  On  raconte 
différemment  le  succès  de  son  voyage.  Si  nous  en  croyons^  un  moderne, 
Raimond  prononça  à  genoux  8c  les  mains  sur  la  poitrine,  devant  le  pape  8c 
le  sacré  collège,  une  longue  harangue  qu'il  rapporte;  mais  cet  auteur  ne  cite 
aucun  garant  à  son  ordinaire,  8c  il  est  assez  aisé  de  s'apercevoir  que  c'est  un 
discours  qu'il  a  fabriqué  à  plaisir.  L'historien^  de  Simon  de  Montfort  assure, 
d'un  autre  côté,  que  Raimond,  voulant  surprendre  Innocent  III  pour  l'en- 
gager à  lui  restituer  les  châteaux  qu'il  avoit  remis  entre  les  mains  des  légats, 
lui  fit  en  apparence  toute  sorte  de  soumission  Se  promit  d'accomplir  fidèle- 
ment tout  ce  qu'on  jugeroit  à  propos  de  lui  ordonner;  mais  que  le  pape 
l'accabla  d'injures,  le  couvrit  de  confusion,  lui  fit  de  sanglans  reproches  Si. 
l'accusa  d'être  un  incrédule,  un  persécuteur  de  la  croix  8c  un  ennemi  de  la 
foi.  Toutefois,  ajoute  cet  auteur,  le  pape  craignant  que  le  comte,  réduit  au 
désespoir,  ne  persécutât  encore  plus  vivement  l'Église  dans  la  province  de 
Narbonne,  lui  permit  de  se  purger  sur  les  deux  principaux  chefs  d'accusa- 
tion qu'on  forinoit  contre  lui,  savoir  :  du  meurtre  du  légat  frère  Pierre  de 
Casteinau  Se  du  crime  d'hérésie;  8c  il  écrivit  à  l'évêque  de  Riez  8c  à  maître 
Thédise  pour  leur  ordonner  de  le  recevoir  à  se  justifier. 

Un  autre  ancien  historien'*  dit  au  contraire  que  le  comte  Raimond,  après 

■  Pisrre  de  Vaux-Cernay,  c.  34.  '  Pierre  de  Vaux-Cernay,  c.  33. 

*  Mézerai,  Hi>tolre  de  France,  t.    z,    p.    146   &  *  Voyez  tome  VIII,  ce.  42,  43.  —  Guillem  de 

l»uiv.  Tudéle,  Ters  984-994.  Aucun  des  deux  récits  n'est 


An  1209 


An  1210 


An  I2IO 


ho  HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XX!. 


avoit  fait  quelque  séjour  à  Rome,  fut  admis  enfin  à  l'audience  du  pape,  qui 
l'écouta  favorablement  en  présence  de  tout  le  collège  des  cardinaux.  «  Le 
«  comte,  dit  cet  auteur,  exposa  devant  l'assemblée  les  griefs  qu'il  avoit  contre 
«  le  légat  &  contre  Simon  de  Montfort,  qui  ne  cessoient  de  le  vexer,  nonobs- 
«  tant  l'absolution  qu'il  avoit  reçue  du  premier  &  le  traité  qu'il  avoit  fait 
«  avec  lui.  Il  cita  en  témoignage  un  consul  ou  capitoul  de  Toulouse,  qui 
«  étoit  présent  &  qui,  de  son  coté,  forma  des  plaintes  contre  le  légat  &  contre 
«  Simon  de  Montfort.  Le  saint  père,  indigné  du  procédé,  prit  le  comte  par 
«  la  main,  entendit  sa  confession  &  lui  donna  une  nouvelle  absolution,  en 
«  présence  de  tout  le  sacré  collège.  Raimond  alla  quelques  jours  après  prendre 
«  congé  du  pape,  qui  lui  fit  présent  d'un  riche  manteau  Si  d'une  bague  de 
«  grand  prix.  » 

Le  récit  de  cet  historien  paroît  confirmé  par  diverses  lettres  que  le  pape 
écrivit  à  l'occasion  du  voyage  de  Raimond.  II  '  adressa  la  suivante,  le  25  de 
janvier  de  l'an  iiio,  aux  archevêques  de  Narbonne  &  d'Arles  Si  à  l'évêque 
t.  m,°p'.°!s8.  d'Agen.  «  Raimond,  comte  de  Toulouse,  s'étant  présenté  devant  nous,  nous 
«  a  porté  ses  plaintes  contre  les  légats  qui  l'ont  fort  maltraité,  quoiqu'il  eût 
«  déjà  rempli  la  plupart  des  obligations  très-onéreuses  auxquelles  maître 
,;  Milon,  notre  notaire,  de  bonne  mémoire,  l'avoit  assujetti.  Il  nous  a  fait  voir 
«  de  plus  les  certificats  de  diverses  églises  qui  prouvent  qu'il  leur  a  fait  satis- 
«  faction  ;  enfin  il  nous  a  assuré  qu'il  étoit  prêt  à  exécuter  entièrement  toutes 
«  ses  promesses  qu'il  n'avoit  pu  encore  achever  d'accomplir.  Il  nous  a  prié 
«  de  lui  permettre  en  conséquence  de  se  justifier  devant  nous  touchant  la  foi 
«  catholique,  sur  laquelle  il  est  suspect  depuis  longtemps,  quoique  injuste- 
((  ment,  8c  de  lui  rendre  ensuite  les  châteaux  qu'il  nous  a  remis;  ajoutant 
«  qu'il  n'est  pas  juste  qu'on  les  détienne  sans  fin,  ne  les  ayant  donnés  que 
«  pour  caution.  Quoiqu'on  assure  que  ces  châteaux  sont  dévolus  à  l'Église 
«  romaine,  en  vertu  des  obligations  qu'il  a  contractées,  parce  qu'il  ne  les 
«  a  pas  remplies;  cependant,  comme  il  ne  convient  pas  que  l'Église  s'en- 
«  richisse  aux  dépens  d'autrui,  nous  avons  traité  bénignement  le  comte,  8i 
K  nous  avons  jugé,  du  conseil  de  nos  frères,  qu'il  ne  devoit  pas  perdre  le 
«  droit  qu'il  a  sur  ces  châteaux,  pourvu  qu'il  exécute  fidèlement  ce  qui  lui  a 
a  été  ordonné.  Il  doit  d'ailleurs  nous  tenir  compte  de  ce  que  nous  lui  avons 
«  fait  conserver  ses  domaines  par  l'armée  chrétienne  qui,  par  notre  ordre, 
K  est  allée  combattre  les  hérétiques.  Mais  parce  qu'entre  toutes  les  causes 
«  nous  devons  être  plus  attentifs  à  celles  qui  regardent  la  foi,  que  nous 
«  devons  les  peser  plus  mûrement,  nous  avons  enjoint  à  nos  légats  de  tenir 

«ntièrement  admissible;  mais  le  plus  éloigné  de  la  plus  prospères.  La   lettre  du   pape  à  l'abbé  de  Cî- 

vérité  est  celui  de  Pierre   de  Vaux-Cernay.  Inno-  teaux,  que  dom  Vaissete  analyse  plus  bas,  donne 

cent  III  était  un   politique  beaucoup   trop  habile  du  reste,   sur  les  intentions  de   la   cour  de   Rome, 

pour  rompre  aussi   brusquement  avec  le  comte  de  les  renseignements  les  plus  exacts  &  les  plus  cir- 

Toulouse.  Les  invectives  que  le  moine  cistercien  constanciés.  [A.  M.] 

lui  prête,  n'auraient  pu  que  pousser  Raimond  VI  '  Innocent  III,   1.    12,    Epist.    i5î    &    169.  — 

à    quelque    extrémité    fâcheuse    pour   la   croisade,  [Potthast,  n"'  3887-3888.] 
dont  les  affaires  n'éiaient  pas  en  ce  moment  des 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXI. 


An  1 2 1 o 


«  un  concile  dans  un  lieu  commode,  trois  mois  après  avoir  reçu  les  présentes, 
«  8c  d'y  convoquar  les  archevêques,  les  évêques,  abbés,  princes,  barons,  clie- 
«  valiers  Se  autres  dont  ils  jugeront  la  présence  nécessaire,  &  si  avant  la  fin 
«  du  concile  il  se  présente  un  accusateur  contre  le  comte,  à  qui  nous  avons 
«  ordonné  d'exécuter  en  attendant,  ce  à  quoi  il  s'est  obligé,  8t  que  cet  accu- 
«  sateur  s'offre  de  prouver  que  le  comte  s'est  écarté  de  la  foi  orthodoxe  & 
«  qu'il  est  coupable  de  la  mort  du  légat  Pierre  de  Castelnau;  alors  les  légats, 
«  après  avoir  ouï  les  parties  8<.  continué  la  procédure  jusqu'à  sentence  défini- 
«  tive,  nous  renverront  cette  affaire  suffisamment  instruite.  Si  ils  leur  assi- 
«  gt)eront  un  terme  précis  pour  se  présenter  devant  nous  Se  y  entendre  leur 
«  jugement.  Que  s'il  ne  se  présente  aucun  accusateur  contre  le  comte,  les 
Il  légats  délibéreront  de  quelle  manière  ils  recevront  sa  justification  sur  les 
u  deux  articles,  afin  que  son  ignominie  finisse  dans  l'endroit  même  où  elle 
«  a  commencé.  Si  le  comte  se  soumet  à  taire  preuve  de  son  innocence,  sui- 
«  vaut  la  forme  qui  lui  aura  été  prescrite  par  les  légats,  avec  l'approbation  du 
«  concile,  ils  l'admettront  à  se  justifier;  mais  si  par  hasard  il  vient  à  suc- 
»  comber,  ils  auront  soin  de  nous  en  donner  avis,  en  conservant  toujours  en 
«  leurs  mains  les  châteaux  qu'il  leur  a  remis 5  ils  nous  avertiront  aussi  s'il  se 
(1  plaint  qu'on  l'opprime  injustement,  touchant  la  manière  dont  ils  auront 
«  ordonné  de  se  justifier.  Dans  l'un  Se  l'autre  cas  ils  attendront  la  réponse 
«  du  siège  apostolique.  Que  si  le  comte  se  justifie  canoniquement,  de  la 
«  manière  qui  lui  aura  été  prescrite,  ils  déclareront  publiquement  qu'ils  le 
«  tiennent  pour  catholique  8<  pour  innocent  de  la  mort  de  Pierre  de  Cas- 
ci  telnau,  8c  ils  lui  rendront  ses  châteaux  après  qu'il  aura  accompli  ce  qui 
«  lui  a  été  ordonné;  ils  recevront  cependant  de  lui  une  autre  caution  suffi- 
u  santé  pour  l'observation  de  la  paix  perpétuelle  à  laquelle  il  s'est  engagé; 
«  mais  qu'ils  apportent  surtout  toute  l'attention  possible  pour  que  l'exécu- 
«  tion  de  nos  ordres  ne  soit  point  retardée  par  des  questions  frivoles  8c  mali- 
«  cieuses.  »  Rien  n'est  plus  sage  que  ces  précautions,  8c  si  elles  avoient  été 
employées  de  bonne  foi  de  part  8c  d'autre,  elles  auroient  sans  doute  rendu  la 
paix  au  comte  de  Toulouse  8c  à  toute  la  Province. 

Le  pape  écrivit'  en  même  temps  à  l'évêque  de  Riez,  son  légat,  8c  à  maître 
Thédise,  chanoine  de  Gênes,  pour  leur  enjoindre  d'assembler  le  concile  dont 
on  vient  de  parler,  trois  mois  après  la  réception  de  la  lettre,  avec  ordre  d'v 
recevoir  la  justification  du  comte  de  Toulouse  de  la  manière  dont  on  vient 
de  l'expliquer.  Il  leur  mande  par  une  autre  lettre^  d'admettre  ce  prince,  en 
demandant  ou  en  défendant,  à  plaider  devant  eux  touchant  les  affaires  qui 
étoient  de  leur  compétence,  8c  qu'il  avoit  à  poursuivre  contre  ceux  qui  lui 
avoient  causé  du  dommage  dans  le  temps  qu'il  étoit  excommunié.  t^iii°p^i'8i 

Innocent  écrivit  ■*  aussi  à  l'abbé  de  Cîteaux  une  assez  longue  lettre  dans 
Iac(uelle,  après  lui  avoir  donné  de  grandes  louanges  sur  les  soins  qu'il  s'étoit 

'  Innocent.   III    1.   12,  Epist.   ii3.  —  [Potthast,  '  Innocent.   III   1.   12,  Epist.  iJC.  —  [Potthast, 

n.  388.;. J  n.  338J.J 

■  léiJ.  Epist.    iy>.  —  [Potthast,  n.  3884.] 

VI.  ,, 


An  I2ib 


32  2  HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXI. 

donnés  pour  l'extirpation  de  l'hérésie  &  le  |rétablissement  de  la  paix,  il  le 
console  sur  la  mort  du  légat  Milon,  8c  lui  enjoint,  toutes  ^ttaires  cessantes, 
de  se  rendre  dans  les  pays  de  sa  légation  pour  continuer  d'y  travailler  avec 
l'évêque  de  Riez,  son  collègue.  «  Du  reste,  ajoute-t-il,  quoique  nous  ayons 
«  reçu  avec  honneur  le  comte  de  Toulouse,  qui  s'est  rendu  auprès  de  nous 
((  &  qui  a  demandé  humblement  pardon,  avec  promesse  de  faire  une  entière 
<(  satisfaction,  les  lettres  que  nous  lui  avons  données  vous  pourront  apprendre 
»  ce  que  nous  lui  avons  accordé.  Nous  avons  commis  l'exécution  de  ces 
<c  lettres  à  maître  Thédise,  clerc  Si  domestique  de  feu  Milon,  notre  légat,  à 
Il  cause  qu'il  est  parfaitement  au  fait  de  cette  affaire;  non  que  nous  lui 
«  accordions  la  dignité  de  légat,  mais  pour  agir  seulement  comme  délégué. 
«  Nous  lui  avons  ordonné  de  ne  rien  taire  que  ce  que  vous  lui  prescrirez  & 
«  de  se  comporter  en  toutes  choses  comme  votre  organe  &  l'instrument  dont 
«  vous  vous  servirez;  en  sorte  qu'il  sera  comme  un  hameçon  que  vous  em- 
«  ployerez  pour  prendre  le  poisson  dans  l'eau,  auquel  il  est  nécessaire,  par 
«  un  prudent  artifice,  de  cacher  le  fer  qu'il  a  en  horreur;  afin  qu'à  l'exemple 
«  de  l'Apôtre  qvii  dit  :  Étant  homme  rusé,  je  vous  ai  surpris  par  adresse, 
«  vous  préveniez  la  tromperie  par  ce  stratagème  8<  que,  comme  un  malade  à 
«  qui  l'amour  du  médecin  adoucit  l'aversion  qu'il  a  pour  les  médecines,  il 
<c  reçoive  plus  patiemment,  par  les  mains  d'un  autre,  le  remède  que  vous  lui 
(c  avez  préparé.  De  plus  vous  devez  savoir  que  les  envoyés  des  citoyens  de 
«  Toulouse  s'étant  présentés  devant  nous,  ont  offert  de  faire  une  entière 
«  satisfaction  sur  les  articles  pour  lesquels  ils  ont  encouru  les  censures  ecclé- 
<(  siastiques.  Se  qu'ils  nous  ont  remis  des  lettres  de  plusieurs  personnes  de 
i(  grande  considération,. qui  demandoient  pour  eux  Se  avec  eux  que  nous  leur 
((  accordassions  l'absolution.  C'est  pourquoi  nous  vous  ordonnons,  ainsi  que 
«  nous  vous  l'avons  marqué  dans  d'autres  lettres,  de  révoquer  la  sentence  qui 
(c  a  été  portée  contre  eux,  après  avoir  reçu  caution  de  leur  part  Si  leur  avoir 
(I  enjoint  ce  qui  sera  selon  Dieu.  Que  s'ils  négligent  d'exécuter  ce  qui  leur 
ic  sera  ordonné,  ils  seront  non-seulement  soumis  à  la  première  sentence,  mais 
«  on  les  punira  encore  plus  sévèrement  par  des  châtimens  temporels.  )> 

Le  comte  de  Toulouse  demanda  à  Innocent  l'explication  de  quelques 
articles  dont  Milon,  alors  légat  du  Saint-Siège,  lui  avoit  ordonné  l'exécu- 
tion. Ce  pape  lui  répondit',  le  23  de  janvier,  par  une  décision  qui  a  été 
insérée  dans  le  droit  canonique.  Il  déclare  :  i°  Qu'on  doit  tenir  pour  héré- 
tiques manifestes  ceux  qui  prêchent  publiquement  contre  la  foi  catholique, 
ceux  qui  font  profession  de  l'erreur  ou  qui  la  défendent,  &  ceux  enfin  qui 
en  ayant  été  convaincus  ou  qui  en  ayant  fait  leur  confession  devant  leurs 
évêques  ont  été  condamnés  comme  hérétiques;  il  ajoute  qu'on  doit  confis- 
quer leurs  biens  Se  les  punir  ensuite  suivant  la  rigueur  des  lois.  2°  Que  le 
légat  ayant  défendu  au  comte  les  péages,  les  guidages  Si  les  greniers  à  sel, 
cela  doit  s'entendre,  supposé  que  ces  droits  n'eussent  pas  été  établis  avant  le 

•  Innocent.  III  1.   12,  Epht.  1,54.  —   [Potthast,  n.  3886;  voyez  aussi  n.  3383.] 


FilSTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXL  020 


An  1210 


concile  de  Latran  par  l'autorité  des  empereurs  Se  des  rois  ou  par  une  ancienne 
coutume  depuis  un  temps  immémorial.  3°  Que  l'ordre  que  le  légat  avoit 
donné  au  comte  de  Toulouse  de  rendre  justice  à  ceux  qui  formoient  des 
plaintes  contre  lui  &  de  s'en  tenir  à  la  décision  des  légats  ou  de  ceux  qu'ils 
-commettroient,  devoit  s'entendre,  qu'il  seroit  obligé  de  comparoître  St  de 
répondre  devant  les  juges  ecclésiastiques  sur  toutes  les  affaires  qui  étoient  du 
for  de  l'Eglise,  sur  tous  les  articles  que  le  légat  avoit  dressés  pour  l'observa- 
tion de  la  paix  ou  qui  seroient  dressés  dans  la  suite  sur  cette  matière  par 
l'autorité  apostolique,  &  enfin  dans  toutes  les  affaires  qui  regardoient  les 
veuves,  les  pupilles,  les  orphelins  8<.  les  pauvres.  4°  Que  le  comte  n'exigeroit 
pas  des  églises  St  des  maisons  religieuses  les  albergues  ou  procurations  aux- 
quelles il  avoit  déjà  renoncé.  5°  Que  ce  prince  s'étant  engagé  à  détruire  les 
fortifications  qu'il  avoit  faites  aux  églises,  au  jugement  des  évêques  diocé- 
sains &  à  conserver  celles  cju'ils  jugeroient  à  propos,  on  en  agiroit  de  même 
à  l'égard  des  autres  barons  Se  chevaliers.  6°  Enfin  le  pape  déclare  qu'ayant  t^ai°n'^i'o 
ordonné  à  ses  légats  par  d'autres  lettres  de  recevoir  une  caution  suffisante  du 
comte,  après  qu'il  auroit  accompli  ce  qui  est  marqué  dans  ces  lettres,  tou- 
chant l'observation  de  la  paix  perpétuelle  à  laquelle  il  s'étoit  engagé,  les 
légats  recevroient  la  caution  suivant  l'état  de  ce  prince  Si  comme  ils  la  rece- 
voient  des  autres  grands  St  barons. 

L'évèque  d'Agen,  qui  se  trouvoit'  alors  à  Rome,  se  plaignit  au  pape  de  ce 
que  le  comte  de  Toulouse  exigeoit  des  églises  du  pays  des  albergues  &  des 
procurations  qui  ne  lui  étoient  pas  dues,  8c  de  ce  que  ce  prince  &  la  com- 
tesse, sa  femme,  avoient  établi  de  nouveaux  péages  à  Marmande,  à  Ville- 
franche  &  en  divers  autres  lieux.  Ces  plaintes  engagèrent  Innocent  III  à 
écrire  à  l'archevêque  de  I5ordeaux  &  aux  doyens  des  églises  de  Saint-André 
&  de  Saint-Séverin  de  cette  ville;  il  leur  marque  que  le  comte,  qu'il  appelle 
son  cher  fils,  ayant  renoncé  en  sa  présence  à  tous  ces  droits,  ils  usassent  de 
censures  contre  lui,  en  cas  qu'il  voulût  les  rétablir^.  Il  paroît,  par  une  autre 
lettre-*  d'Innocent,  que  tous  les  hérétiques  manifestes  avoient  été  chassés  de 
l'Agenois  8c  qu'il  y  restoit  seulement  alors  quelques-uns  de  leurs  fauteurs. 

LXXXII.  —  Les  Toulousains  sont  absous  de  l'excommunication. 

Quant  aux  députés  de  la  ville  de  Toulouse,  nous  apprenons  le  succès  de 
leur  voyage  par  une  autre  lettre  ■*  que  le  pape  adressa,  le  19  de  janvier,  à 
Arnaud,  abbé  de  Cîteaux,  légat  du  Saint-Siège,  6<  à  maître  Thédise,  cha- 
noine de  Gênes.  11  leur  ordonne  de  se  transférer  incessamment  dans  cette 
ville,  à  cause  du  péril  qu'il  y  avoit  de  la  laisser  plus  longtemps  dans  l'in- 

'  Innocent.    III   1.    12,   Epist.   170   &  suit.;   lyS  '  Innocent.    III     1.     lî,    Epist.    172.    [Pottli.ist, 

&  si:iv.  —  [Potthast,  n'"  3901 ,  3902,  3903  ;  lettres  n.  3890,  lettre  du  28  jnnvier  1  2  ro. 

dii  2  février  1210.]  ■*  Voyez    tome  VIII,    Ch.'irtes,    n.  CV,   ce.  6^, 

'[Voyez   Potthast,    n""  39:9-3910;    lettres    du  6i5. 
/(  rivrisr  12  c^.) 


"T  3i4    "  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXI. 

An  1  21  Q  ' 

terdit,  tandis  qu'elle  étoit  prête  à  donner  satisfaction,  Si  après  avoir  reçu  les 
cautions  nécessaires  d'absoudre  les  habitans  &  de  lever  l'interdit.  Arnaud, 
abbé  de  Cîteaux,  ayant  reçu  cet  ordre,  voulut  procéder  seul  à  son  exécution, 
sans  l'assistance  de  son  collègue;  cela  choqua  les  Toulousains  qui  le  tenoient 
pour  suspect  &  le  regardoient  comme  leur  principale  partie,  &  les  engagea  à 
renouveler  leur  appel.  Ces  peuples  y  renoncèrent  quelque  temps  après,  tou- 
tefois, à  la  prière  de  cet  abbé,  de  Foulques,  leur  évêque,  de  l'évêque  d'Uzès 
Si  de  quelques  autres  personnes  de  considération,  ils  consentirent  qu'il  pro- 
cédât seul,  avec  offre  de  lui  payer  la  somme  de  mille  livres  toulousaines  pour 
le  soutien  de  la  foi.  Arnaud  accepta  volontiers  cette  offre  8c  déclara  publi- 
quement qu'il  reconnoissoit  les  habitans  de  Toulouse  pour  vrais  catholiques. 
L'évêque  d'Uzès,  son  assesseur  Si  son  conseiller,  leur  donna  ensuite  la  béné- 
diction solennelle,  en  sa  présence  Se  celle  de  Foulques,  évêque  de  Toulouse, 
avec  promesse  de  la  part  de  l'abbé  de  rétablir  dans  leur  réputation  ceux 
qu'on  avoit  accusés  faussement  d'hérésie.  Mais  comme  on  ne  lui  paya  d'abord 
que  la  moitié  de  la  somme,  à  cause  des  difficultés  qui  survinrent  entre  les 
habitans  pour  la  répartition,  il  excommunia  aussitôt  les  consuls,  sans  leur 
reprocher  d'autre  crime,  &  jeta  de  nouveau  l'interdit  sur  une  ville  qui  lui 
étoit  obéissante.  Les  Toulousains,  surpris  de  ce  procédé,  prirent  pendant 
quelque  temps  leur  mal  en  patience;  mais,  de  crainte  de  passer  pour  rebelles 
à  l'Eglise,  ils  firent  bientôt  après  vin  nouveau  serment,  à  la  demande  des 
légats  du  pape  Se  de  leur  évêque,  par  lequel  ils  promirent  de  leur  obéir,  8c 
au  pape,  sur  toutes  les  choses  qui  concernoient  l'Eglise;  se  réservant  néan- 
moins, du  consentement  de  ces  prélats,  la  fidélité  qu'ils  avoient  promise  à 
leur  comte  8c  ce  qui  regardoit  le  domaine  de  ce  prince.  Ils  remirent  en 
même  temps  entre  les  mains  de  leur  évêque,  8^  à  sa  demande,  un  certain 
nombre  des  plus  qualifiés  d'entre  eux  en  otage.  Ce  prélat  les  envoya  à 
Pamiers  pour  y  demeurer  au  pouvoir  de  Simon  de  Montfort,  maître  de  cette 
ville.  Se  ils  y  séjournèrent  depuis  la  mi-carême  jusqu'au  9  d'août  que  ce  sei- 
gneur les  relâcha,  à  condition  de  se  représenter  quand  ils  en  seroient  requis; 
les  Toulousains  furent  ensuite  réputés  pour  catholiques,  8c  on  leva  l'excom- 
munication qu'on  avoit  lancée  contre  quelques-uns  d'entre  eux. 

LXXXin.  —  Le  comte  de  Toulouse  va  à  la  cour  de  l'empereur  6*  à  celle 

du  roi  de  France, 

Raimond,  après  avoir  terminé'  les  affaires  qui  l'avoient  amené  à  Rome, 

se   rendit  à   la  cour  de   l'empereur  Othon   pour  implorer  le   secours   de  ce 

prince  contre  les  vexations  de  Simon  de  Montfort.  Il  alla  ensuite  trouver  le 

roi  Philippe-Auguste  pour  tâcher  de  se  concilier  sa  bienveillance;  mais  on 

,  'j^,- "''«i" ,    assure  que  le  roi  le  reçut  très-froidement.  On  ajoute  que  Montfort,  ayant 

'  Pierre   de  Vaiix-Cernay,    c  34.   —    Guillem        lors  du  second  voynge  de  Raimond  VI,  vers  icoi. 

de  Tiidèle  dit   la  même  chose  de    l'.iccueil   du    roi,        |A.  M .  | 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXI. 


0  20 


An 


appris  le  vo\age  de  ce  comte  en  France,  ordonna  à  tous  les  vassaux  qu'il 
avoit  dans  le  pays  de  lui  faire  toute  sorte  d'accueil,  parce  qu'ils  n'étoient  pas 
encore  ennemis  déclarés'. 


LXXXIV.  —  Assemblée  de  Saint-Thibéry. 

de  Servian. 


Abjuration  d'Etienne 


Quoi  qu'il  en  soit  de  cette  politesse  du  seigneur  de  Montfort,  il  ne  chercha 
pas  moins  à  s'approprier  entièrement  les  pays  qu'il  avoit  déjà  soumis  sur  le 
vicomte  Raimond- Roger ,  neveu  du  comte  de  Toulouse.  Mais  comme  il 
n'avoit  pas  assez  de  troupes,  il  se  contenta  de  se  tenir  sur  la  défensive  &  de 
harceler  de  temps  en  temps  ses  ennemis  pendant  tout  l'hiver.  Au  commence- 
ment du  carême  il  s'avança  jusqu'à  Pézénas,  pour  aller  au  devant  d'Alice  de 
Montmorency,  sa  femme,  qui  venoit  le  joindre  à  la  tête  d'un  bon  nombre  de 
croisés  qu'elle  lui  amenoit  de  France.  Simon  se  rendit  alors  à  Saint-Thi- 
béry^, où  Arnaud,  abbé  de  Cîteaux  8c  légat  du  Saint-Siège,  les  évêques  de 
Béziers,  Agde  &  Maguelonne,  les  abbés  de  Valmagne,  de  Fontcaude,  de 
Saint-Thibéry  Si  de  Saint-Aphrodise  de  Béziers  se  trouvèrent.  Etienne  de  Ser- 
vian, l'un  des  principaux  seigneurs  du  diocèse  de  Béziers,  comparut  devant 
tous  ces  prélats  8<.  se  déclara  coupable  pour  avoir  reçu  dans  ses  châteaux  Théo- 
doric  Baudouin  &  Bernard  de  Simorre,  deux  fameux  hérétiques,  &  leur  avoir 
permis  de  prêcher  leurs  erreurs  dans  ses  domaines.  Il  fit  abjuration  entre  les 
mains  de  l'abbé  de  Cîteaux,  Si  promit  par  serment  de  poursuivre  à  l'avenir 
les  hérétiques,  sous  peine  de  confiscation  de  ses  biens.  Il  donna  pour  ses 
cautions  Pons  d'Olargues  Se  Frotard,  son  fils,  Guillaume  de  Puisalicon, 
Ratier  de  Bessan,  Pons  de  Thésan  S<  plusieurs  autres  seigneurs  du  pays. 
Ensuite  Simon  rendit  à  Etienne  le  château  de  Servian  8<.  lui  donna  en  fief 
tous  les  autres  châteaux  qu'il  avoit  confisqués  sur  lui  pour  crime  d'hérésie, 
avec  réserve  de  la  justice  criminelle.  Il  imposa  un  cens  annuel  de  trois  deniers 
par  maison  en  faveur  de  l'Eglise  romaine  dans  tous  ces  domaines  dont 
Etienne  lui  fit  hommage  lige,  en  présence  de   Rainald,  évêque  de  Béziers, 


■  Aux  mois  de  mars  &  d'avril  1210  eurent  lieu,  à 
Nimes,  plusieurs  événements  importants  que  dom 
Vaissete  n'a  pas  connus  &  dont  Ménard  donne 
l'histoire  détaillée  ft.  I,  p.  jÔT-zyo).  Encouragés 
par  les  baillis  du  comte  de  Toulouse  &  probable- 
ment par  le  comte  lui-même,  qui  devait  regretter 
$6n  abdication  de  1209  'voyez  plus  haut,  pp.  274, 
27')),  un  certain  nombre  d'habitants  de  la  ville 
formèrent  un  complot  pour  renverser  le  consulat. 
L'expulsion  de  l'un  des  meneurs  de  cette  conspi- 
ration, G.  Imbert,  inspira  aux  conjurés  la  résolu- 
tion d'agir  au  plus  vite.  Us  fixèrent  la  date  de  leur 
coup  de  main  au  27  avril  1210,  &  se  munirent 
d'armes  offensives  &  défensives.  Ils  étaient  au  nom- 
bre de  deux  cent  cinquante,  8c  leur  principal  objet 


était  de  faire  rentrer  le  comte  dans  la  ville;  Rai- 
mond VI  leur  avait  à  l'avance  donné  une  charte 
de  rémission  pour  tous  les  crimes  qu'ils  pourraient 
commettre.  L'affaire  manqua,  &  les  consuls  de 
Nimcs  firent  à  ce  sujet  une  enquête  vers  le  com- 
mencement de  mai  1210,  enquête  qui  a  fourni  à 
Ménard  les  renseignements  que  nous  venons  de 
résumer. 

La  paix  fut  du  reste  rétablie,  le  23  août  de  cette 
année,  par  l'entremise  de  l'évêque  de  Nimes,  entre 
les  consuls  de  Nimes  &  les  baillis  du  comte,  véri- 
tables auteurs  du  complot.  [A.  M.] 

'  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  XCVI,  ce.  .W4, 
."iSS.  —  Ces  deux  actes  sont  de  lévrier  &  mars 
1210.  [A.  M.] 


,„  ,   ,         320  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXI. 

An  i  2 1  o 

de  Raiinond-Guillauine,  évêc|ue  d'Agde,  de  Gui  de  Lévis,  maréchal,  S<  de 
plusieurs  autres  seigneurs,  tant  Provençaux  que  François. 

LXXXV.  —  Suite  des  expéditions  de  Simon.  —  Conjérence  de  Pamiers. 

Montfort  amena  la  comtesse,  sa'  femme,  à  Carcassonne.  En  passant  à 
Capendu,  il  apprend  que  les  liabitans  du  château  de  Montlaur,  situé  auprès 
de  l'abbaye  de  La  Grasse,  tenoient  la  garnison  assiégée  dans  une  tour.  Simon 
laisse  aussitôt  sa  femme  dans  un  lieu  assuré,  part  avec  une  troupe  de  cheva- 
liers pour  aller  au  secours  de  cette  garnison,  la  délivre  Si  fait  pendre  sans 
rémission  tous  ceux  qui  la  tenoient  assiégée.  Etant  arrivé  ensuite  à  Carcas- 
sonne, il  ne  tarda  pas  à  se  mettre  en  campagne. 

Il  marcha  d'abord  vers  le  château  d'Alzonne  qu'il  trouva  abandonné.  Après 
s'en  être  saisi,  il  alla  attaquer  celui  de  Brom  ou  Bram,  dans  le  Lauragais, 
qu'il  emporta  en  trois  jours  de  siège.  Il  y  fit  une  centaine  de  prisonniers,  à 
qui  il  fit  crever  les  yeux  8<.  couper  le  nez,  &t  qu'il  envoya  ainsi  par  repré- 
sailles à  Cabaret,  sous  la  conduite  de  l'un  d'entre  eux,  à  qui  il  avoit  laissé 
^  un  œil  pour  conduire  les  autres.  Enfin  il  soumit  en  très-peu  de  temps  tout 
le  Minervois,  à  la  réserve  des  châteaux  de  Minerve  Si  de  Ventalon.  Vers  la 
fête  de  Pâques,  il  assiégea^  le  château  d'Alairac,  situé  dans  les  montagnes, 
entre  Narbonne  Si  Carcassonne,  Si  environné  de  rochers  S<  de  précipices.  Le 
siège  dura  onze  jours,  au  bout  desquels  les  habitans  craignant  d'être  obligés 
de  se  rendre,  s'entuirent  la  plupart  pendant  la  nuit.  Simon  fit  main  basse 
sur  tous  ceux  qui   restèrent,  s'assura  de  ce  château  Si  revint  à  Carcassonne. 

Ce  général  alla  quelque  temps  après  à  Pamiers  pour  assister  à  une  confé- 
rence à  laquelle  Pierre,  roi  d'Aragon,  qui  vouloit  le  réconcilier  avec  le  comte 
de  Foix,  l'avoit  invité.  Le  comte  de  Toulouse,  qui  étoit  alors  de  retotir  de 
son  voyage  de  Rome  Si  de  la  cour  de  France,  s'y  trouva;  mais  tous  les  soins 
du  roi  d'Aragon  furent  inutiles,  Si  on  se  sépara  sans  rien  conclure.  Ce  prince 
Si  le  comte  Pvaimond  se  rendirent  ensuite  à  Toulouse,  Montfort  marcha  de 
son  côté  à  la  tête  de  ses  troupes  vers  le  château  de  Foix  Si  fit  le  dégât  aux 
environs.  Il  rencontra  aux  environs  de  cette  place  une  partie  de  la  garnison; 
il  la  chargea  lui  second  S<.  la  poussa  si  vivement  qu'il  l'obligea  à  rentrer. 
Les  habitans  de  Foix,  étant  revenus  de  leur  frayeur,  parurent  bientôt  sur 
les  remparts  Si  lancèrent  une  si  grande  quantité  de  pierres  qu'ils  obligèrent 
t.'iu,"]!)'."!"'-.  Simon  à  prendre  la  fuite  à  son  tour  Si  tuèrent  le  chevalier  qui  le  suivoit. 
Après  cette  excursion,  ce  général  revint  à  Carcassonne. 

Pierre-Pvoger,  seigneur  de  Cabaret -^5  Raimond,  seigneur  de  Termes, 
Aymeri,  seigneur  de  Montréal,  Si  les  autres  chevaliers  qui  tenoient  encore 
tête  aux  croisés,  sachant  que  le  roi  d'Aragon  étoit  dans  le  pays,  s'assemblè- 
rent k  Montréal  S<  lui  députèrent  pour  le  supplier  de   prendre  leur  défense, 

'  Pierre  de  Vaux-Cernay,  c.  .'•4.  '  Pierie  de  ^'nux-Cenlay,  c.  36. 

'  Ihid,  c.  jj. 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXI.  827 

avec  offre  de  se  soumettre  à  sa  domination  Si  de  lui  livrer  toutes  leurs  places. 
Simon  alla  incontinent  assiéger  le  château  de  Bellegarde,  situé  auprès  de 
Montréal,  pour  faire  voir  à  ses  enn&niis  qu'il  ne  les  redoutoit  pas.  Le  lende- 
main, le  roi  d'Aragon  s'étant  rendu  auprès  de  Montréal,  les  chevaliers  qui 
l'avoient  appelé  allèrent  au  devant  de  lui,  le  prièrent  instamment  d'entrer 
dans  le  château  &.  lui  promirent  de  lui  faire  hommage  suivant  leurs  engage- 
mens;  mais  ce  prince  les  refusa,  à  moins  qu'ils  ne  lui  livrassent  en  même 
temps  le  château  de  Cabaret  &  tous  leurs  autres  châteaux.  Comme  ils  ne 
jugèrent  pas  à  propos  de  lui  accorder  sa  demande,  il  se  retira  après  avoir  fait 
prier  Simon  de  Montfort  d'accorder  une  trêve  au  comte  de  Foix  jusqu'à 
Pâques.  La  trêve  tut  accordée,  mais  elle  tut  bientôt  rompue. 

LXXXVL  —  Démarches  inutiles  du  comte  de  Toulouse  auprès  du  légat 
pour  parvenir  à  sa  justification. 

Le  comte  de  Toulouse  alla  trouver  l'abbé  de  Cîteaux  &  Simon  de  Mont- 
fort  pour  leur  signifier  les  '  ordres  qu'il  avoit  obtenus  du  pape  pour  être  reçu 
à  se  purger  du  crime  d'iiérésie  8c  de  la  mort  de  Pierre  de  Castelnau.  L'abbé 
témoigna  extérieurement  beaucoup  d'amitié  au  comte,  qui  étoit  suivi  du 
même  capitoul  qui  l'avoit  accompagné  à  Rome  &  d'une  partie  de  sa  cour.  Il 
lui  répondit  qu'il  se  rendroit  incessamment  à  Toulouse  pour  y  régler  le 
temps  Se  la  manière  de  cette  justification.  Ce  légat  alla  bientôt  après,  en 
effet,  dans  cette  ville  avec  les  évêques  de  Riez  Se  d'Uzès,  ses  collègues,  ceux 
de  Béziers  8t  de  Marseille,  &c.  Le  comte  de  Toulouse  leur  fit  beaucoup 
d'accueil  &  les  défraya  pendant  tout  leur  séjour  dans  cette  ville  qui  fut  assez 
long.  Enfin  on  entra  en  contérenccj  mais  on  ne  voulut  rien  conclure,  parce 
que  maître  Thédise,  chanoine  de  Gênes,  que  le  pape  avoit  nommé  pour 
principal  commissaire  dans  cette  attaire,  étoit  absent.  Pendant  la  conférence, 
le  roi  d'Aragon^  s'avança  jusqu'à  Portet,  au  voisinage  de  Toulouse,  Si 
demanda  une  entrevue,  dont  on  ne  dit  pas  le  sujet,  avec  l'abbé  de  Cîteaux 
St  Simon  de  Monttort,  qui  se  rendirent  auprès  de  lui;  mais  ils  lui  refusèrent 
ses  demandes.  Ce  prince  repassa  bientôt  après  les  Pyrénées  8<.  alla  continuer 
la  guerre  qu'il  avoit  entreprise  contre  les  Maures  d'Espagne.  L'abbé  de 
Citeaux  Si  Simon  de  Montfort^,  en  attendant  l'arrivée  de  Thédise,  firent  un 
voyage  du  côté  d'Agen  81  de  Sainte-Easeille,  pour  agir  contre  les  hérétiques 
d'Agenois.  Ils  revinrent  ensuite  à  Toulouse,  d'où  Simon  alla  à  Carcassonne 
dans  le  dessein  de  taire  le  siège  du  château  de  Minerve  qu'il  commença  vers 
la  Saint-Jean. 

'  pierre  de  Vaiix-Cernay,  c.  38  &  siiiv.  —  Voyez  p-Tft;   il  ne  p.irle  que  du  légat  Arnaud  AmaurI  & 

tome  VIII,  c.  42.  de    l'éveque   Foulques;   cette  mission    n'eut    d'ail- 

'  Voyez  tome  VIII,  c.  46.  [GuiUem  de  Tudèle,  leur»  aucun  résultat. 
Ters  1020-1025.]  C'est   l'Anonym»  (tome  VIII    de  cette   histoire, 

'  GuiUem  deTudèle,  vers  1026-1037,  mentionne  c.  46)  qui,  comprenant  mal   un  rers  du  poète,  a 

bien  un  voyage  fait  en  Agenais  vers  cette  époque,  introduit    le   comte   de    Montfort   dans   cette   af- 

mais  il  nedit  pas  que  Simon  de  Monifort  y  ait  pris  faire.   [A.  M.] 


An- 1210 


An 


3:8  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXI. 


Enfin  maître  Thédise  étant  arrivé  à  Toulouse  s'aboucha  avec  l'abbé  de 
Cîteaux,  pour  ne  rien  faire  sans  son  ordre,  &  on  reprit  ensuite  la  conférence 
touchant  la  purgation  canonique  du  comte  de  Toulouse.  Maître  Thédise,  dit 
un  historien  du  temps  '  «  étoit  un  homme  circonspect  Si  prévoyant,  qui 
«  n'avoit  rien  tant  à  cœur  que  d'éluder,  sous  des  prétextes  plausibles,  la 
(c  demande  que  faisoit  le  comte  d'être  reçu  à  se  justifier;  il  voyoit  que  si  on 
«  le  lui  permettoit,  il  lui  seroit  aisé  de  s'excuser  sur  de  fausses  allégations  ou 
«  par  la  ruse,  &  que  la  religion  seroit  par  là  entièrement  perdue  dans  le  pa)S. 
«  Tandis  qu'il  pensoit  aux  moyens  de  parvenir  à  ses  fins,  Dieu  lui  suggéra 
(I  un  expédient  pour  se  tirer  de  l'embarras  où  il  se  trouvoit.  Le  pape  mar- 
«  quoit  dans  sa  lettre  qu'il  vouloit  que  le  comte  exécutât  les  ordres  qu'il  avoit 
"  reçus  touchant  l'expulsion  des  hérétiques  de  ses  Etats  &.  la  révocation  des 
«  nouveaux  péages;  or,  il  y  avoit  de  la  négligence  de  sa  part  dans  l'exécu- 
»  tion  de  ces  ordres.  Cependant  Thédise  Se  l'évêque  de  Riez,  pour  ne  pas 
«  paroître  opprimer  le  comte,  lui  fixèrent  un  certain  jour  pour  se  trouver, 
«  trois  mois  après^,  à  Saint-Gilles,  avec  promesse  d'y  recevoir,  en  présence 
«  d'une  assemblée  d'archevêques,  d'évêques  8<.  d'autres  prélats,  qu'ils  y  convo- 
«  cjuèrent,  les  pieuves  de  son  innocence  touchant  le  crime  d'hérésie  &  le 
«  meurtre  du  légat  Pierre  de  Castelnau.  »  Ils  lui  ordonnèrent^,  en  atten- 
t.Vii.°p.'^i9\  dant  de  chasser  les  hérétiques  8c  les  routiers  de  ses  domaines  St  d'exécuter 
entièrement  tous  les  autres  articles  qu'il  s'étoit  engagé  d'accomplir  par  divers 
sermens;  afin,  disent-ils  dans  une  lettre  qu'ils  écrivirent  au  pape  dans  la 
suite,  que,  s'il  négligeait  l'exécution  de  toutes  ces  choses,  il  ne  put  parvenir  à 
se  justifier  sur  les  deux  antres. 

Thédise "*  vint  aussi  à  Toulouse  pour  donner  l'absolution  aux  habitans  de 
cette  ville,  suivant  la  commission  qu'il  en  avoit  reçue  du  pape;  mais  Foul- 
ques, leur  évêque,  l'avoit  déjà  prévenu,  8<.  il  leur  avoit  donné  cette  absolu- 
tion après  qu'ils  lui  eurent  promis  par  serment  d'obéir  aux  ordres  de  l'Église, 
£<  qu'ils  lui  eurent  donné  dix  des  principaux  citoyens  en  otage  pour  la  sûreté 
de  leurs  promesses.  On  prétend''  que  le  comte  Raimond,  qui  agissoit  de 
bonne  foi  Se  qui  comptoit  sur  celle  des  légats,  leur  livra  alors,  à  la  persua- 
sion du  même  Foulques,  qui  le  trahissoit,  le  château  Narbonnois,  c'est-à- 
dire  son  propre  palais,  &  que  l'abbé  de  Cîteaux,  qui  trompoit  ce  prince  par 
une  feinte  amitié,  y  mit  une  bonne  garnison;  mais  ce  fait  nous  paroît  dou- 
teux; car  nous  verrons  plus  bas  que  Raimond  étoit  encore  maître  du  château 
Narbonnois  au  mois  de  décembre  de  l'an  1210.  Quoi  qu'il  en  soit,  ce  prince, 
après  avoir  pris  jour  avec  les  légats  pour  sa  purgation  canonique,  passa  un 
accord  à  Moissac^,  le  samedi  26  de  juin,  avec  Raimond,  abbé  de  ce  monas- 

'  Pierre  de  Vaux-Cernay,  c.  39.  Tudèle,  vers  1007- 1019.  Le  fait  n'est   point  indi- 

»  Voyez   tome  VII,    Note  XVI,  n°*  m    &  siiiv.,  que  par    Pierre  de  Vaux-Cernay,  &  quoiqu'il  soit 

pp.  46,  47.  difficile  de   le   rejeter,   puisqu'il   est  rappoité  par 

'  Innocent*  III  1.   16,  Epist.  Sji  un  auteur   contemporain    généralement  fidèle,   il 

^  Pierre  de  Vaux-Cernay,  c,  3<),  est  absolument  inexplicable.   (A.  M.] 
'  Voyez  tome  VIII,   ce.  44,   ^ii.  —  Guillem  de  *  Archives  de  l'abbaye  de  Moissac. 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXI.  8:9 

tère,  touchant  la  justice  Se  les  droits  seigneuriaux  de  la  ville  que  le  comte 
possédoit  en  qualité  d'abbé  chevalier,  en  présence  d'Adhémar,  abbé  de  Mon- 
tauban,  Raimond  de  Récald  ',  sénéchal  de  Toulouse,  Hugues  Delfau^,  séné- 
chal d'Agenois,  &c.  Raimond  partit  ensuite  pour  la  Provence. 

LXXXVII.  —  Siège  6-  prise  de  Minerve. 

L'évêque  de  Riez^,  l'abbé  de  Cîteaux  8t  Thédise  se  rendirent  de  leur  côté 
devant  le  château  de  Minerve  dont  Simon  de  Montfort  avoit  déjà  entrepris  le 
siège.  Ce  général  s'y  étoit  déterminé  à  la  demande  des  habitans  de  Nar- 
bonne  que  la  garnison  de  ce  château  incommodoit  beaucoup  par  ses  courses. 
Sur  cette  demande,  il  manda  à  Aymeri,  vicomte  de  Narbonne,  &  aux  habi- 
tans de  cette  ville  que,  s'ils  vouloient  l'aider  plus  efficacement  qu'ils  n'avoient 
fait  par  le  passé  &  demeurer  dans  le  camp  jusqu'à  la  reddition  de  la  place, 
il  en  teroit  volontiers  le  siège,  81  ils  le  lui  promirent. 

Le  château  de  Minerve  étoit  alors  une  des  plus  fortes  places  du  royaume. 
Il  est  situé  dans  la  partie  septentrionale  de  l'ancien  diocèse  de  Narbonne, 
comprise  aujourd'hui  dans  celui  de  Saint-Pons  81  non  dans  le  diocèse  de 
Carcassonne,  comme  quelques  modernes'*  l'ont  avancé.  Il  a  donné  son  nom 
au  pays  de  Minervois  qui,  anciennement,  a  eu  titre  de  comté  &  de  vicomte. 
Il  est  élevé  sur  un  rocher  escarpé,  environné  de  précipices  qui  lui  servent  de 
fossés.  Outre  l'avantage  de  sa  situation,  qui  '.z  faisoit  regarder  comme  une 
place  imprenable,  il  étoit  détendu  par  une  nombreuse  garnison,  commandée 
par  un  brave  chevalier,  nommé  Guillaume  ou,  selon  d'autres,  Guiraud  de 
Minerve,  lequel  en  possédoit  le  domaine  sous  la  mouvance  des  vicomtes  de 
Carcassonne. 

Simon,  après  son  arrivée  devant'^  ce  château  avec  ses  troupes  81  celles  de 
la  vicomte  de  Narbonne,  investit  la  place  8c  distribua  les  quartiers;  entre  les 
chevaliers  qui  servoient  sous  ses  ordres  étoient  Robert  de  Mauvoisin,  Pierre 
de  Pvichebourg,  Gui  de  Lucé,  Jean  de  Monteil,  Ferrin  d'Issy,  Gui  de  Lévis 
Si  Ancel  de  Coëtivi.  Il  paroît  aussi  qu'Alice  de  Montmorency,  sa  femme,  £< 
Amauri.  son  fils  aîné,  se  trouvèrent  à  ce  siège.  Simon  prit  son  quartier  du 
côté  du  levant^;  Gui  de  Lucé,  chevalier  trançois,  à  la  tête  des  Gascons,  éta- 
blit le  sien  au  couchant;  le  vicomte  Aymeri  se  posta  vers  le  nord  avec  ses 
vassaux  8t  les  bourgeois  de  Narbonne;  enfin  le  reste  de  l'armée  entreprit 
l'attaque  du  côté  du  midi.  On  dressa  aussitôt  les  machines  pour  battre  la 

'  Corrigez  Ric.nud.  [A.  M.]  tion  en  prose,   probiiblement  d'après   un  texte  du 

•  Corrigez  del  Far.  [A.  M.]  poëme    plus  complet,  parle  de  la  disette  d'eai:  qui 

'  Pierre  de  Vaux-Cernay,  c.  37.  —  Tome  VIII,  aurait  décidé  les  assiégés  à  se  rendre.  [A.  M.| 

c.  40   &  $ui».  —   Guillem  de  Tudèle,   vers    10.G6-  <  Fleury,  //l'jloirc  «c/f-sinstif uf,  —  Daniel,  «rî- 

1087.  loire  de  France,  &c. 

Le  récit   dn    poëie   &   celui    de   l'Anonyme  sont  '  Voyez  tome  VIII,  n.  CI,  c.  606. 

extrêmement  abrégés  Sifournissent  beaucoupmoins  "  Pierre  de  Vaux-Cernay,  c.  37.  — Tome  VIII, 

de  détails  que  celui  de  Pierre  de  Vaux-Cernay,  qui  c.  46  &  suiv. 

paraît  avoir  été  témoin  oculaire.  Seule  la   rédac- 


An  izio 


An  I2  10 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.   LIV.  XXL 


place  ;  les  Gascons  construisirent  un  mangonneau,  Se  Simon  fit  élever  un 
pierrier  si  lourd  qu'il  en  coûtoit  vingt  S<.  une  livres  par  jour  pour  le  mettre 
en  mouvement;  les  assiégés  se  défendirent  de  leur  côté  en  désespérés  &  firent 
périr  un  grand  nombre  de  croisés  dans  leurs  fréquentes  sorties.  Ils  entrepri- 
rent entre  autres  un  dimanche  de  mettre  le  feu  au  pierrier  de  Monfort  qui 
les  incommodoit  beaucoup;  dans  ce  dessein  ils  y  appliquèrent  des  paniers 
pleins  d'étoupes  8<  d'autres  matières  combustibles  imbibées  de  graisse,  &<.  y 
t  In""^'!"'  mirent  le  feu  sans  que  les  assiégeans  s'en  aperçussent.  Ceux-ci  accoururent 
cependant  S<  éteignirent  le  teu. 

Les  machines  des  croisés  ayant  fait  une  brèche  considérable  aux  murailles 
de  Minerve,  les  assiégés,  qui  d'ailleurs  n'avoient  presque  plus  de  vivres  Si  à 
qui  l'eau  avoit  manqué  à  cause  de  la  chaleur  excessive  de  la  saison,  perdirent 
courage  Se  demandèrent  à  capituler  après  avoir  soutenu  un  siège  de  sept 
semaines.  Guillaume  de  Minerve  fut  député  avec  un  autre  chevalier  pour 
aller  régler  les  articles  de  la  capitulation.  Il  étoit  déjà  d'accord  là-dessus  avec 
Simon  de  Montfort  lorsque  l'abbé  de  Cîteaux  8c  maître  Thédise  étant  sur- 
venus, Simon  déclara  au  seigneur  de  Minerve  qu'il  ne  pouvoit  rien  déter- 
miner touchant  la  reddition  de  la  place  sans  l'aveu  de  cet  abbé,  qui  étoit  le 
maître  de  tous  les  croisés  St  à  qui  il  appartenoit  d'ordonner  tout  ce  qui  con- 
viendroit.  L'abbé  se  trouva  fort  embarrassé,  dit'  l'historien  de  Simon,  il 
souhaitait  extrêmement  la  mort  des  ennemis  de  Jésus-Christ,  mais  étant  prêtre 
6*  religieux  il  n'osoit  opiner  â  faire  mourir  les  hahitans  de  Minerve.  Il  ima- 
gina un  expédient  pour  se  tirer  d'affaires  Si  faire  échouer  la  capitulation.  11 
ordonna  à  Simon  de  Montfort  Se  à  Guillaume  de  Minerve  de  rédiger  chacun 
en  particulier,  par  écrit,  les  articles  dont  ils  étoient  convenus  verbalement, 
dans  l'espérance  qu'ils  ne  seroient  pas  d'accord  Si.  que  ce  seroit  une  occasion 
de  rompre  le  traité.  En  effet,  Guillaume  ayant  lu  les  conventions,  Simon  en 
contesta  la  vérité  Si  lui  déclara  qu'il  n'avoit  qu'à  retourner  dans  son  château 
Si  à  le  détendre  comme  il  pourroit.  Guillaume  dit  alors  qu'il  faisoit  Simon 
le  maître  de  décider  des  conditions;  mais  ce  général  en  déféra  l'honneur  à 
l'abbé  de  Cîteaux  qui  les  régla  de  la  manière  suivante  ;  i°  Il  accorda  la  vie 
sauve  à  Guillaume  de  Minerve,  à  tous  les  catholiques  qui  étoient  dans  le 
château  Si  même  aux  fauteurs  des  hérétiques.  2°  Il  ordonna  que  Simon 
demeureroit  maître  de  la  place.  3°  Il  consentit  que  les  hérétiques  parfaits, 
qui  y  étoient  en  grand  nombre,  eussent  aussi  la  vie  sauve  s'ils  vouloient  se 
convertir.  Robert  de  Mauvoisin,  qui  étoit  présent,  se  récria  beaucoup  sur  ce 
dernier  article,  disant  qu'on  étoit  venu  pour  exterminer  les  hérétiques  Si  non 
pour  leur  taire  grâce.  Il  ajouta  qu'il  étoit  à  craindre  que  ceux  de  Minerve  ne 
fissent  semblant  de  se  convertir  pour  sauver  leur  vie,  Si,  résistant  en  face  à 
l'abbé  de  Cîteaux,  il  protesta  que  les  croisés  ne  passeroient  jamais  cet  article. 
L'abbé  lui  répliqua  :  Rassure-^-vous,  vous  n'avej  rien  à  craindre,  parce  que 
peu  se  convertiront, 

*  Pierre  de  Vaux-Cernay,  c,  3^. 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXI.  33 1    ~; ' 

An  12  10 

La  capitulation  étant  ainsi  arrêtée,  les  croisés  entrèrent  dans  Minerve,  le 
2  2  de  juillet  de  l'an  1210,  en  chantant  le  Te  Deum,  précédés  de  la  croix  St 
des  drapeaux  de  Simon  de  Monttort.  Ils  se  rendirent  aussitôt  dans  l'église 
qu'ils  réconcilièrent,  &  ils  arborèrent  sur  le  clocher,  d'un  côté  l'étendard  de 
la  croix,  £<  de  l'autre  celui  de  Simon.  Gui,  abbé  de  Vaux-Cernay,  alla  ensuite 
trouver  les  hérétiques  qui  s'étoient  rassemblés  dans  deux  maisons,  les  hommes 
dans  l'une  8c  les  femmes  dans  l'autre.  Il  exliorta  d'abord  les  premiers  à  se 
convertir  8c  entra  en  conférence  avec  eux.  Un  historien'  moderne  rapporte 
les  discours  qui  furent  faits  alors  de  part  8t  d'autre^  mais  par  malheur  cet 
auteur  a  donné  carrière  à  son  imagination  6t  il  les  a  composés  à  plaisir.  Ce 
qu'il  y  a  de  vrai,  c'est  que  les  hérétiques  refusèrent  de  se  rendre  aux  exhor- 
tations de  l'abbé  de  Vaux-Cernay,  dont  l'éloquence  ne  put  rien  gagner  sur 
eux  non  plus  que  sur  les  femmes.  Simon  de  Montfort  étant  alors  entré  dans 
Minerve,  fît  de  nouveaux  efforts  pour  engager  les  hérétiques  à  abjurer  leurs 
erreurs;  mais,  voyant  qu'ils  demeuroient  toujours  obstinés,  il  ordonna  qu'on 
les  arrêtât.  Il  fit  ensuite  dresser  un  grand  bûcher  8t  les  condamna  à  être 
brûlés  vifs.  La  sentence  fut  exécutée  sur-le-champ;  plus  de  cent  quarante  de 
ceux  qu'on  appeloit  parjaits,  ou  même  plus  de  cent  quatre-vingts,  suivant 
d'autres*,  moururent  dans  les  flammes.  Il  ne  fut  pas  nécessaire  qu'on  les 
jetât  dans  le  bûcher,  ils  s'y  précipitèrent  d'eux-mêmes  avec  un  courage  digne 
d'une  meilleure  cause.  De  ce  grand  nombre  il  n'y  eut  que  trois  femmes  qui 
furent  sauvées,  8c  que  la  mère  de  Bouchard  de  Marly  (Mahaud  de  Garlande) 
fît  retirer  du  bûcher  8c  réconcilier  à  l'Eglise.  Après  cette  exécution,  tous  les 
autres  habitans  de  Minerve  renoncèrent  à  l'erreur  Se  se  convertirent.  Quant 
à  Guillaume,  seigneur  ou  vicomte  de  ce  château,  Simon  lui  donna  en  échange 
divers  domaines  aux  environs  de   Béziers:   mais  Guillaume  lui   manqua  de    ,  "îf; "'''S'"-. 

'  1  1.  lu,  p.  19 5. 

fidélité  bientôt  après. 

Outre  l'abbé  de  Cîteaux,  l'évêque  de  Riez  8<  maître  Thédise,  Bérenger, 
archevêque  de  Narbonne,  Foulques,  évêque  de  Toulouse,  Raimond,  évêque 
tl'Uzès,  Se  i'abbé  de  Vaux-Cernav,  se  trouvèrent  au  siège  de  Minerve,  comme 
nous  l'apprenons  d'une  donation  que  Raimond-Trencavel,  fils  de  Jeu  Rai- 
mond'Trencnvel  ^  de  S.  (Saure),  sa  femme,  fit  alors -^  de  tous  les  droits  qu'il 
avoit  soit  par  son  père,  soit  par  sa  mère,  sur  les  vicomtes  de  Béziers,  Car- 
cassonne,  Albi,  Razès  Se  Agde,  en  faveur  de  Simon  de  Montfort.  Quelques 
auteurs"*  prétendent  que  ce  Raimond  Trencavel  étoit  lils  du  vicomte  Rai- 
mond-Roger,  mort  en  1209,  après  la  prise  de  Carcassonne,  8c  d'-i^gnès  de 
Montpellier,  sa  femme;  mais  ils  se  trompent.  Raimond-Trencavel  dont  il 
s'agit  ici  étoit  oncle  paternel  de  ce  vicomte  8c  fils  puîné  de  Raimond-Tren- 
cavel, vicomte  de  Béziers  Se  de  Carcassonne,  tué  en  1167,  Se  de  Saure,  sa 
seconde  femme.  Comme  il  avoit  été  simplement  apanage,  Simon  de  Mont- 
fort ne  fît  pas  une  grande  acquisition  par  cette  cession  qui,  outre  qu'elle 

'  L.Tngloi5,  Histoire  de  U  croisaJe  contre  les  alii-  '  Tome  VIII,  Chartes,  n.  CIII,  ce.  Ocç,  6i  i. 

geois,l.  i,  p.   i6d  &  siiiv.  '   De    Vie,     Chronicon    episcoporum    Carcassonen- 

'  Robertus  Altis&iodorsr.sîs,  Chronicon.  sium,  p.  86. 


An 


332  HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC   LIV.  XXI. 

étoit  forcée,  ne  pouvoit  se  faire  au  préjudice  du  fils  légitime  de  Raimond- 
Roger. 

Nous  inférons  que  Réginald,  évêque  de  Béziers,  se  trouva  aussi  au  siège 
de  Minerve,  d'une  '  donation  que  Simon,  comte  de  Leycestre,  seigneur  de 
Montjbrt,  &  par  la  grâce  de  Dieu  vicomte  de  Bé-^iers  6"  de  Carcassonne,  fit 
à  ce  prélat,  le  20  de  juillet  de  l'an  12 10,  du  Châteauneuf,  dans  la  paroisse 
de  Vendres,  au  diocèse  de  Béziers,  «  qui  avoit  été  confisqué  sur  Bernard  de 
«  Riussec,  quoique  ce  seigneur,  après  avoir  été  condamné  comme  hérétique, 
«  eût  été  réconcilié  à  l'Eglise.  »  Simon  se  réserva  l'hommage,  &  l'évêque  de 
«  Béziers  déclara  qu'il  le  reconnoissoit  comme  son  prince  spécial,  son  protec- 
«  leur  Se  celui  de  son  église.  L'acte  fut  passé  en  présence  d'Arnaud,  abbé  de 
Cîteaus,  Guillaume,  archidiacre  de  Paris,  Bernard,  abbé  de  Saint-Aphrodise 
de  Béziers,  Robert  de  Mauvoisin,  chevalier  françois,  8tc. 

LXXXVIII.  —  Le  pape  confirme  Simon  dans  la  possession  de  la  ville  d'Albi, 
£*  jàit  lever  de  nouveaux  subsides  pour  la  croisade. 

Le  pape  confirma  à  Simon  la  possession  de  la  ville  d'Albi  par  une  bulle  ^ 
du  28  de  juin  de  cette  année.  Il  écrivit-*,  le  même  jour,  aux  abbés  &  aux 
autres  prélats  des  diocèses  de  Narbonne,  Béziers,  Carcassonne,  Toulouse  Si 
AIbi,  pour  leur  ordonner  de  remettre  entre  les  mains  de  Simon  tous  les  effets 
que  les  hérétiques  qui  retuseroient  de  se  convertir  leur  avoient  confiés,  Si 
donna  pouvoir"*  à  l'évêque  de  Riez  Si  à  l'abbé  de  Cîteaux  de  faire  lever  dans 
les  provinces  de  Besançon,  Bordeaux  Si  Vienne,  Si  dans  les  diocèses  de  Pam- 
pelùne,  Limoges,  Clermont,  le  Puy,  Mende,  Cahors  Si  Rodez,  les  subsides 
qui  étoient  destinés  pour  l'entretien  des  troupes  contre  les  hérétiques  de  la 
Province.  11  leur  marque  qu'ils  dévoient  user  de  prières  Si  d'exhortations 
dans  les  autres  provinces  pour  obtenir  un  pareil  subside.  Le  pape  chargea^ 
ces  deux  légats  d'informer  sur  les  plaintes  qu'on  lui  avoit  faites  contre  les 
archevêques  de  Narbonne  Si  d'Auch  qu'on  accusoit,  non-seulement  d'une 
grande  négligence  dans  l'exercice  de  leur  ministère,  mais  encore  de  mau- 
vaises mœurs;  il  leur  enjoint  de  régler  là-dessus  tout  ce  qui  sera  convenable 
Si  d'employer  les  censures  ecclésiastiques  pour  se  faire  obéir. 

'  Trésor  des  chartes   de   Carcassonne.  —  Voyez  le  plus  I.irge  &  mettre  le  commencement  du  siège 

tome  VIII,  ce.  599  à  601.  L'acte    est  daté  de   Bc-  vers    le    1"    juin,    la    reddition    de   la   place   le    18 

ziers,  &  ne  prouve  pas  que  l'évêque  de  cette  ville  juillet.   [A.  M.] 

ait  assisté  au    siège   de  Minerve;    il  nous  montre  ■  Innocent.    III    1.    |3,   Epist.  86.  —    [Potthast, 

seulement   que   le   siège  de  Minerve  finit  quelques  n.  4026.] 

jours  .luparavant.  Pierre  de  Vaux-Cernay  (c.  jçj)  '  Innocent.  III  Epist.  ap.  Pierre  de  Vaux-Cer- 

place  la  prise  de  Minerve  vers    la  fête  de    la  Ma-  nay,  édition  de  i6i5,  p.  32.5  &  suiv. 

deleine    (22    juillet);    ailleurs    il    dit    que    le   siège  <  Innocent.    III   1.    i.î,   Epis:.   87.  —    [Potthast, 

dura    sept   semaines  (t.    By).    Enfin,    il   dit  qu'il  n.  4022.] 

commença  yen  [cire  a)  la  Saint -Jean  (24  juin).  Il  ^  Innocent,   III    1.   i3,   Epist.  88.  —   [Potthast, 

faut  prendre   l'expression  de  circa  dans  son   sens  n.  4027.] 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXI.  333  '~: 

An  I  210 

LXXXIX.  —  Suite  des  expéditions  de  Simon.  —  Arrivée  de  nouveaux 

croisés. 

La  prise  du  château  de  Minerve'  fut  suivie  de  la  soumission  de  celui  de 
Ventalon,  dans  le  Minervois,  dont  le  seigneur  vint  se  soumettre  volontaire- 
ment à  Simon  de  Montfort.  Ce  général  s'y  rendit  aussitôt  8c  le  fit  raser, 
en  punition  de  ce  que  la  garnison  avoit  beaucoup  incommodé  les  croisés. 
Aymeri,  seigneur  de  Montréal,  8c  les  habitans  de  cette  ville  lui  députèrent 
en  même  temps  pour  demander  à  se  réconcilier  avec  lui,  avec  offre  de  la 
part  du  premier  de  lui  céder  cette  place,  à  condition  qu'il  le  dédonrmageroit 
par  quelque  autre  domaine.  Simon  accepta  ces  offres  8c  prit  possession  du 
château  de  Montréal  ;  mais  Aymeri  lui  manqua  bientôt  de  parole  8c  se 
joignit  à  ses  ennemis. 

Simon  reçut  peu  de  temps ^  après  un  renfort  de  divers  croisés  de  France, 
conduit  par  un  chevalier,  nommé  Guillaume  de  Caïc,  qui  lui  annonça  la 
prochaine  arrivée  d'un  corps  de  Bretons.  Ces  peuples  s'empressèrent  à  l'envi 
de  prendre  part  à  la  croisade  contre  les  hérétiques  de  la  Province  dans  la  vue 
de  gagner  les  indulgences  qui  y  étoient  attachées.  Un  renfort  si  considérable 
détermina  Simon  à  entreprendre  quelque  expédition  de  conséquence,  &c  il  , '"j')} °'''*''"c 
résolut  d'aller  assiéger  le  château  de  Termes,  l'une  des  plus  fortes  places  qui 
fussent  au  pouvoir  des  hérétiques.  Dans  ce  dessein,  il  se  rendit  avec  l'abbé  de 
Cîteaux  à  Penautier,  dans  le  diocèse  de  Carcassonne,  Se  ayant  mandé  la  com- 
tesse, sa  femme,  il  lui  donna  ses  ordres  pour  les  préparatifs  du  siège  8c  la 
garde  du  pays  pendant  son  absence,  8c  nomma  Verles  d'Encontre  pour  com- 
mander à  Carcassonne  sous  l'autorité  de  cette  dame. 

XC.  —  Accord  entre   le  comte  de   Toulouse    6-   Bertrand  de  Baux,  prince 
d'Orange.  —  Raimond  Pelet,  seigneur  d'Alais,  rend  hommage  au  premier. 

L'évêque  de  Riez  8c  maître  Thédise,  voulant  cenir  le  concile  qu'ils  avoient 
indiqué  à  Saint-Gilles  pour  y  recevoir  la  purgation  canonique  du  comte  Rai- 
mond, s'acheminèrent  vers  le  Rhône,  après  la  prise  de  Minerve.  Ce  prince, 
qui  avoit  déjà  pris  les  devants,  passa  un^  accord,  le  12  de  juillef*,  dans 
son  palais  de  Saint-Gilles,  avec  Guillaume  de  Baux  (prince  d'Orange),  fils 
de  Bertrand.  Par  cet  acte  :  1°  Guillaume  cède  à  Raimond  le  château  de 
Vachères  avec  ses  dépendances.  2°  Il  lui  pardonne  tout  le  mal  que  ce  comte 
lui  avoit  fait  Se  à  ses  alliés.  3°  Raimond  donne  en  fief  à  Guillaume  le  châ- 
teau d'Uchaut,  au  diocèse  de  Nimes,  tout  ce  qu'il  y  avoit  à  Frigoulet,  Se 

■  Pierre  de  Vaiix-Cernay,  c.  39.  s''g'  ^'  Termes  fut  décidé.  Guillaume  de  Contres 

'  /AiV,  c.  40.  —  Robertiis  Altissiodorenscs,  CAro-  fut  chargé  de  garder   la  cité  de  Carcassonne   sous 

nlcon.  —  Voyez  tome  VIII,  ce.  47,  48.  —  Guillem  l'autorité  de  la  dame  de  Montfort.  (A.  M.] 
de  Tudèlc,  yen    1089-1154.  Cet  auteur  donne  le  '  Tome  VIII,  Chartes,  n.  XCVII,  ce.  i59o,  591 . 

récit  du  conseil  tenu  à  Penauiier,  dans  lequel  le  ''  Corrigez  le  14  juillci.  |A.  M.| 


An  12  10 


334  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXI. 

divers  autres  domaines.  Après  cet  accord,  le  comte  de  Toulouse  fit  un  voyage 
à  Uzès,  où  il  reçut,  le  18  de  juillet,  l'aveu  de  Raimond  Pelet  qui  déclare  qu'il 
teiioit  de  lui  en  fief  tout  ce  qu'il  possédoit  au  dedans  Se  au  dehors  de  la  ville 
d'Alais,  le  château  de  Bocoiran,  au  diocèse  d'Uzès,  8c  tout  le  reste  de  ses 
domaines. 

XCI.  —  Accord  entre  Raimond,  comte  de  Toulouse,  &>  l'évêque  de  Viviers. 

Raimond  se  rendit  ensuite  à  Saint-Saturnin,  aujourd'hui  le  Pont-Saint- 
Esprit,  sur  le  Rhône,  où  il  joignit  l'évêque  de  Riez  8t  maître  Thédise,  qui 
autorisèrent  l'accord  qu'il  passa  alors  avec  Bernon  ,  évêque  de  Viviers.  Ce 
prélat  81  ses  chanoines'  se  plaignoient  :  1°  De  ce  que  le  comte  avoit  tait 
construire  dans  leur  fonds  le  château  de  Fanjeau,  dans  le  pays  de  Largen- 
tière.  2°  De  ce  qu'il  avoit  acquis  &  possédoit  injustement  plusieurs  fiefs  dans 
leur  mouvance  ou  dans  leurs  propres  domaines.  3°  Ils  soutenoient  que  la 
transaction^  que  feu  Raimond,  comte  de  Toulouse,  avoit  faite  avec  Nicolas, 
évêque  de  Viviers,  étoit  nulle,  8<.  demandoient  la  restitution  des  châteaux 
d'Aiguèse,  de  Groupière  8<.  de  Remoulins,  de  deux  cents  marcs  d'argent  Si 
de  six  deniers  par  marc  sur  tout  l'argent  qu'on  tiroit  des  mines.  4°  Ils  pré- 
tendoient  que  le  comte  Raimond,  le  comte,  son  père,  81  leurs  officiers  leur 
avoient  causé  de  grands  dommages  à  Largentière,  avec  les  Agenois  qu'ils 
avoient  pris  à  leur  solde.  Raimond  se  plaignoit  de  son  côté  de  ce  que  l'évêque 
de  Viviers  ne  vouloit  pas  ratifier  Si  sceller  de  son  sceau  la  transaction  qu'il 
avoit  passée  avec  Nicolas,  prédécesseur  de  ce  prélat.  Enfin,  après  que  le  comte 
Se  l'évêque  eurent  tait  valoir  leurs  raisons  devant  Hugues,  évêque  de  Riez, 
légat  du  Saint-Siège,  S<.  maître  Thédise,  délégué  par  le  pape,  ils  convinrent 
des  articles  suivans  par  la  médiation  de  Raimond,  évêque  d'Uzès  :  1°  L'évêque 
de  Viviers  céda  en  fief  au  comte  le  château  de  Fanjeau  avec  la  partie  de  la 
maison  qu'il  y  avoit  Si  celle  que  le  même  comte  pourroit  acquérir  de  Bernard 
d'Anduze,  de  Pierre  de  Bermond,  son  fils.  Si  d'Aymar  de  Poitiers  (comte  de 
Valentinois).  2°  Ce  prélat  se  désista  de  toutes  les  autres  demandes  Si  confirma 
en  faveur  de  Raimond  les  transactions  passées  entre  ce  prince  ou  le  comte, 
son  père,  d'un  côté,  81  les  évêques  de  Viviers  de  l'autre;  excepté  la  moitié  des 
revenus  des  mines  de  Largentière  qu'il  se  réserva,  au  lieu  qu'il  n'en  avoit 
que  le  tiers  par  les  transactions  précédentes.  Il  se  réserva  de  plus  la  dîme  de 
la  dîme  du  profit  des  mines  comme  auparavant.  3^  Le  comte  restitua  à  l'évêque 
81  à  l'église  de  Viviers  quelques  fiefs  qu'il  avoit  acquis  dans  leur  domaine, 
sans  leur  consentement.  Sic.  4°  Il  prêta  serment  de  fidélité  sur  les  saints 
évangiles  à  l'évêque,  jura  d'observer  tous  ces  articles  81  promit  que  lui  Si  ses 
successeurs  feroient  hommage  pour  ce  fief  au  martyr  saint  Vincent,  sur  son 
autel,  dans  la  cathédrale  de  Viviers,  avec  la  cérémonie  que  l'évêque  tiendrait 


'  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n,  XCIX,  ce.  Spz  '  Voyez   dans  ce  volume,   livre  XX,   n,  xx\ii, 

à  598,  pp.    i,T8,   I  3n, 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.   LIV.  XXI.  335  ": 

An  1210 

lu  chaîne  que  le  comte  porterait  au  col  en  baisant  l'autel,  5°  Le  comte  Si 
levêque  se  donnèrent  réciproquement  pour  cautions  Pons  de  Montlaur  8t 
Dragonet  de  Montdragon,  avec  la  plus  saine  partie  des  habitans  de  Largen- 
tière,  8t,  s'étant  rendus  ensuite  à  Viviers,  dans  le  cloître  de  l'évêque,  ils 
firent  sceller  cet  accord  de  leur  sceau  de  plomb  y  le  17  d'août  suivant,  en  pré- 
sence du  comte  Baudouin,  frère  du  comte  de  Toulouse,  8t  de  divers  seigneurs. 

XCII.  —  Concile  de   Saint-Gilles  ;  on  y  refuse  au  comte  de  Toulouse  de  se 
purger  du  crime  d'hérésie  &<  de  la  mort  du  légat  Pierre  de  Castelnau. 

On  voit  par  cet  acte  que  Raimond,  pour  ôter  tout  prétexte  aux  légats  de  ('^,''ii°'''''',"" 
refuser  de.  le  recevoir  à  se  purger  du  crime  d'hérésie  &  de  la  mort  de  Pierre  de 
Castelnau,  faisoit  tous  ses  efforts  pour  satisfaire  à  leurs  ordres  &  s'accorder 
avec  les  évêques  Si  les  autres  prélats  de  ses  Etats  qui  se  plaignoient  des  dom- 
mages qu'il  leur  avoit  causés;  mais  tous  les  soins  du  comte  pour  parvenir  à 
une  justification  qu'il  souhaitoit  avec  tant  d'ardeur  furent  inutiles.  En  effet, 
le  concile  de  Saint-Gilles  s'étant  assemblé  au  temps  marqué,  c'est-à-dire  vers 
la  fin  de  septembre'  de  l'an  1210,  on  ne  voulut  pas  permettre  qu'il  se  pur- 
geât sur  ces  deux  articles,  malgré  ses  pressantes  sollicitations  Si  les  ordres 
précis  que  le  pape  avoit  donnés,  mais  que  les  deux  légats  interprétèrent 
comme  ils  voulurent.  C'est  ce  qui  paroît  par  le  témoignage  de  Pierre  de 
Vaux-Cernay,  qu'on  ne  peut  assurément  soupçonner  d'être  favorable  à  ce 
prince.  «  L'évêque  de  Riez  Si  maître  Tliédise  ayant  convoqué  à  Saint-Gilles, 
Il  dit  cet  historien^,  les  archevêques,  les  évêques  Si  plusieurs  autres  prélats, 
«  le  comte  de  Toulouse  se  présenta  devant  eux  pour  se  purger  du  crime 
Il  d'hérésie  Si  du  meurtre  du  légat  Pierre  de  C^^astelnau.  Maître  Thédise  ayant 
«  pris  la  parole  déclara  au  comte,  du  conseil  des  prélats,  qu'on  ne  recevroit 
«  pas  sa  justification  sur  ces  deux  articles,  parce  qu'il  n'avoit  pas  exécuté  les 
Il  ordres  du  pape  qu'il  s'étoit  engagé  d'accomplir  plusieurs  fois.  Il  fit  entendre 
Il  au  concile  que  Raimond  axant  négligé  d'obéir  en  des  choses  de  peu  de 
Il  conséquence,  il  ne  lui  seroit  pas  difficile  de  se  parjurer,  soit  par  lui-même, 
«  soit  par  ses  complices,  sur  des  articles  plus  considérables,  savoir  :  sur  le 
Il  crime  d'hérésie  Si  sur  la  mort  du  légat,  Si  qu'ainsi  il  ne  falloit  pas  l'admettre 
Il  à  se  justifier,  jusqu'à  ce  qu'il  eût  entièrement  satisfait  à  tout  ce  qui  lui 
Il  avoit  été  ordonné.  Le  comte,  se  voyant  frustré  de  ses  espérances,  se  mit  à 
11  pleurer;  maître  Thédise,  qui  s'en  aperçut  Se  qui  étoit  persuadé  que  ses 
Il  larmes  n'étoient  pas  des  larmes  de  componction  81  de  pénitence,  mais  plutôt 
"  de  méchanceté  Si  de  chagrin,  lui  adressa  alors  ces  paroles  de  l'Écriture  : 
I'  Quelque^  grand  que  soit  le  débordement  des  eaux,  elles  n'arriveront  pas 
Il  jusqu'à  lui.  »  Cet  historien  ajoute  que  le  comte  Raimond  fut  alors  excom- 
munié derechef  avec  tous  ses  tauteurs  Si  ses  coadjuteurs,  du  conseil    81  du 


I 

L 


Voyez  tome  VII,  Nate  XVI,  pp.  46,  47.  '  Psauine  3i,  ^  8, 

Pierre  dç  Vaux-Cernay,  c.  35. 


An  1210 


336  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXI 


consentement  des  prélats  qui  composoient  l'assemblée,  &  cela  pour  plusieurs 
raisons  très-légitimes;  mais  il  nous  paroît'  qu'il  se  trompe  sur  cet  article  ik 
que  Raimond  ne  fut  excommunié  que  quelques  mois  après. 

C'est  ce  qu'on  peut  inférer  aisément  d'une  lettre^  que  l'évêque  de  Riez  8c 
Tliédise,  chanoine  de  Gênes,  qui  présidèrent  au  concile  de  Saint-Gilles, 
écrivirent,  en  I2i3,  au  pape  Innocent  III,  pour  lui  rendre  compte  de  la 
manière  dont  ils  s'étoient  comportés  envers  le  comte  de  Toulouse.  «  Nous 
u  faisons  savoir  à  votre  sainteté,  disent-ils  dans  cette  lettre  qui  nous  apprend 
«  quelques  autres  circonstances  du  concile  de  Saint-Gilles,  ce  que  nous  avons 
Il  fait  dans  l'affaire  de  Raimond,  comte  de  Toulouse,  qu'elle  nous  a  commise 
((  autrefois.  Nous  avons  tenu  un  concile  à  Saint-Gilles  au  bout  de  trois  mois, 
i<  suivant  la  teneur  du  rescrit^  apostolique,  &  les  archevêques,  les  évêques, 
«  les  autres  prélats,  les  barons  mêmes,  Se  tous  les  autres  dont  nous  avons  cru 
«  la  présence  nécessaire  s'y  sont  trouvés.  Nous  avions  ordonné  au  comte,  par 
«  nos  lettres,  de  chasser  avant  toutes  choses  de  ses  Etats  les  hérétiques  8t  les 
«  routiers,  Si  d'exécuter  tous  les  autres  articles  qu'il  s'étoit  engagé  d'accom- 
«  plir,  de  crainte,  s'il  y  manquoit,  qu'il  ne  mît  obstacle  à  sa  justification.  Ce 
«  comte  ayant  été  cité  au  concile  y  parut;  mais  comme  nous  vîmes  manites- 
«  tement  qu'il  n'avoit  pas  exécuté  ou  qu'il  n'exécutoit  pas  les  ordres  qu'il 
«  avoit  reçus  de  la  part  de  divers  légats,  surtout  de  celle  de  maître  Milcn,  de 
«  bonne  mémoire,  tout  le  concile  fut  d'avis  de  ne  pas  le  recevoir  alors  à  se 
«  justifier,  car  il  n'étoit  nullement  vraisemblable  qu'on  pût  s'en  rapporter  à 
«  son  serment  sur  les  deux  crimes  capitaux  dont  il  étoit  accusé,  savoir  :  sur 
«  celui  d'hérésie  Si  sur  la  mort  du  légat,  après  qu'il  avoit  transgressé  si  sou- 
«  vent  ses  sermens  sur  des  choses  d'une  moindre  importance.  Les  pères  du 
«  concile  Si  nous  lui  enjoignîmes  donc  de  chasser  de  ses  domaines  les  héré- 
«  tiques  Se  les  routiers  8c  d'accomplir  fidèlement  tous  les  autres  articles,  afin 
«  de  se  rendre  digne  de  recevoir  de  notre  part,  quand  il  le  demanderoit, 
t^iii"'^'"8  "  l'exécution  des  ordres  du  siège  apostolique.  Après  s'être  retiré  du  concile, 
«  non-seulement  il  n'a  pas  exécuté  ce  que  nous  lui  avons  ordonné,  mais  il 
«  s'est  livré  absolument  à  son  sens  réprouvé.  Se,  oubliant  la  grâce  que  le 
«  Saint-Siège  lui  avoit  faite,  Se  qu'il  ne  méritoit  pas,  il  a  ajouté  iniquité  sur 
«  iniquité  8c  a  commis  des  crimes  encore  plus  énormes,  en  sorte  que  les  légats 
«  l'ont  plusieurs  fois  excommunié  Se  l'ont  dépouillé  de  tous  ses  domaines, 
H  dont  ils  ont  disposé  en  faveur  du  premier  occupant.  Au  reste,  que  votre 
K  sainteté  ne  croie  pas  que  nous  ayons  apporté  la  moindre  négligence  dans 
Il  l'exécution  de  ses  ordres,  car  nous  avons  cité  plusieurs  fois  le  comte,  8c  il  n'a 
«  pas  daigné  se  présenter  devant  nous  ;  il  a  refusé  en  notre  présence  de  satis- 
«  faire  les  évoques  de  Carpentras  Se  de  Vaison  Se  leur  clergé.  Se  de  payer  la 
«  somme  de  près  de  mille  marcs  d'argent  k  laquelle,  moi,  évêque  de  Riez,  Se 
«  maître  Milon,  de  bonne  mémoire,  l'avions  condamné  autrefois,  sous  peine 

'  Voyez  tome  VII,  Note  XVI,  n,  7,  pp.  48,  49.  '  Innocent.  III  I.   12,  Epist.  |36. 

'  Innocent.  III  1     lû,  Epist.  Sp. 


I 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXI.  33/ 

«  d'excommunication,  en  dédommagement  des  pertes  qu'il  avoit  causées  à  ces 
«  prélats  Se  à  leurs  églises,  aux  autres  ecclésiastiques  Se  aux  pauvres  misé- 
«  râbles  qu'il  a  dépouillés  de  leurs  biens,  comme  nous  avons  eu  soin  de  vous 
«  en  instruire  par  l'évêque  de  Nimes,  alors  abbé  de  Saint-Ruf,  par  nos  lettres 
(>  8c  par  moi-même  Thédise,  qui  ai  été  ensuite  à  vos  pieds  vous  faire  le  rap- 
«  port  de  tout  ce  qui  s'étoit  passé,  &C.  » 

Cette  lettre  fait  voir  manifestement  :  i°  Que  le  but  des  légats,  dans  le  con- 
cile de  Saint-Gilles,  fut  d'éluder  les  preuves  que  le  comte  de  Toulouse  étoit 
prêt  de  leur  donner  de  son  innocence  touchant  le  crime  d'hérésie  Se  le  meurtre 
de  Pierre  de  Castelnau,  afin  de  se  dispenser  de  lui  rendre  les  places  qu'il 
avoit  remises  entre  leurs  mains.  2°  Que  pour  avoir  un  motif  plausible  du 
refus  qu'ils  lui  firent  de  recevoir  sa  justification  sur  ces  deux  chefs,  ils  sup- 
posèrent qu'il  n'avoit  exécuté  aucun  des  articles  que  le  légat  Milon  avoit 
exigés  de  lui.  3°  Qu'ils  ne  l'excommunièrent  pas  d'abord  dans  le  concile  de 
Saint-Gilles,  mais  seulement  quelque  temps  après,  sous  prétexte  de  cette 
inexécution.  Nous  verrons,  en  effet,  plus  bas,  qu'il  se  tint  plusieurs  confé- 
rences après  ce  concile  pour  négocier  la  paix  de  ce  prince  avec  les  légats  & 
avant  c[ue  ceux-ci  en  vinssent  à  l'excommunication.  Il  paroît,  d'ailleurs,  que 
le  comte  de  Toulouse  n'étoit  pas  encore  excommunié,  le  17  de  décembre  de 
cette  année,  lorsque  le  pape,  à  qvii  les  légats  avoient  rendu  compte  de  ce  qui 
s'étoit  passé  dans  le  même  concile,  8c  à  qui  ils  avoient  fait  entendre  que  le 
comte  n'obéissoit  pas  à  ses  ordres,  lui  écrivit  la  lettre  suivante  : 

«  Il  n'est  pas  décent',  dit  le  pape  dans  cette  lettre,  à  un  personnage  d'un 
((  aussi  grand  nom  que  le  votre,  d'être  négligent  dans  l'exécution  des  justes 
<(  promesses  qu'il  a  faites,  quand  il  souhaite  qu'on  lui  tienne  celles  qu'on  lui 
«  a  données.  Puisque  vous  avez  donc  promis  de  chasser  les  hérétiques  de  vos 
«  domaines,  nous  sommes  également  surpris  8c  afiligé  d'apprendre  qvi'ils  y 
«  habitent  encore  par  votre  négligence,  pour  ne  pas  dire  par  votre  permission. 
«  Outre  le  péril  de  votre  âme,  comme  votre  réputation  en  pourroit  souffrir 
«  considérablement,  nous  vous  prions  8c  nous  vous  exhortons  de  ne  pas  dif- 
«  férer  à  les  exterminer,  ainsi  que  vous  l'avez  promis  en  notre  présence; 
«  autrement  leurs  biens  seront  accordés,  par  le  jugement  de  Dieu,  à  leurs 
Il  exterminateurs.  » 

Si  le  comte  de  Toulouse  eût  été  alors  excommunié,  le  pape  lui  auroit  parlé 
dans  des  termes  bien  plus  forts;  ce  qu'on  peut  confirmer  par  une  autre  lettre* 
qu'il  lui  écrivit  le  même  jour,  ainsi  qu'aux  comtes  de  Foix  8c  de  Comminges, 
pour  leur  recommander  Simon  de  Montfort.  Aussi  voyons- nous  qu'Inno- 
cent III  ne  confirma^  que  le  17  d'avril  de  l'année  suivante  l'excommunica- 
tion que  ses  légats  avoient  lancée  contre  ce  prince.  On  peut  ajouter  enfin 
que  le  pape,  à  qui  ses  légats  firent  entendre  tout  ce  qu'ils  voulurent,  étoit 
persuadé  c[ue  le  comte  de  Toulouse  avoit  refusé  de  se  justifier  au  concile  de 

'  Innocent.  III  I.   r3,  Epist.   188.  —  [Potthast,  'Innocent.  III  1.    14,  Epiit.  36.  —  [Potthast, 

n.  4149. J  n.  472Ô.] 

'  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  a.  C,  ce.  601 ,  602. 

VI,  }a 


An  1210 


An  1210 


338  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXI. 


Saint-Gilles  sur  les  deux  articles  qui,  suivant  ses  ordres,  dévoient  lui  pro- 
curer la  restitution  des  châteaux  qu'il  avoit  donnés  pour  gage  de  son  inno- 
cence. C'est  ce  qui  paroît  par  une  lettre'  que  ce  pontife  écrivit,  au  mois 
d'août  de  l'an  mi,  au  roi  Philippe-Auguste,  Se  dans  laquelle  il  lui  parle  en 
t.'^iii°p.''i9o.  ces  termes  :  «  Nous  savons  que  le  comte  ne  s'est  pas  justifié,  mais  nous  igno- 
«  rons  si  c'est  par  sa  faute,  quoiqu'on  dise  communément  qu'il  passe  pour 
Il  hérétique  dans  le  pays.  »  Nous  avons  cru  devoir  entrer  dans  ce  détail  pour 
étahlir  l'ordre  Si  la  vérité  des  faits. 

Si  nous  en  croyons  un  ancien^  auteur,  les  évêques  qui  assistèrent  au  con- 
cile de  Saint-Gilles  ne  furent  pas  tous  également  opposés  au  comte  Raimond. 
«  Le  légat  ayant  assemblé  le  concile,  dit  cet  historien,  à  l'instigation  de 
<c  Foulques,  évêque  de  Toulouse,  qui  cherchoit  tous  les  moyens  de  dépouiller 
«  le  comte  de  ses  domaines,  ce  prince  s'y  rendit,  comme  vrai  obéissant  à 
«  l'Église,  sans  penser  au  piège  qu'on  lui  tendoit.  Raimond  ayant  montré 
«  les  lettres  du  pape  qui  lui  permettoient  de  se  justifier,  les  avis  des  évêques 
«  furent  partagés.  Les  uns  vouloient  le  recevoir  à  faire  preuve  de  son  inno- 
«  cence  Se  tâchoient  d'excuser  sa  conduite;  les  autres  le  regardoient  comme 
«  criminel  &  refusoient  de  l'entendre;  ainsi  on  se  sépara  sans  rien  conclure. 
«  Le  comte,  averti  du  dessein  qu'avoit  le  légat  de  le  déposséder  de  ses  Etats, 
«  se  retira  alors  8<  prit  la  route  de  Toulouse  pour  aller  mettre  ordre  à  ses 
«  affaires.  »  Il  se  rendit,  au  mois  de  décembre,  dans  l'Albigeois,  où  il  eut  une 
conférence  avec  Simon  de  Montfort. 

XCin.  —  Siège  &  prise  du  château  de  Termes  par  Simon  de  Montjort, 

Maison  de  Termes. 

Nous  avons  dit  que  Simon  de  Montfort,  après  la  prise  de  Minerve,  avoit 
ordonné,  sur  la  fin  de  juillet,  de  préparera  Carcassonne  toutes  les  machines 
nécessaires  pour  le  siège  de  Termes.  Lorsque ^  tout  fut  prêt,  il  prit  les  devants 
à  la  tête  de  ses  troupes  &  laissa  à  Verles  d'Encontre,  qui  commandoit  à  Car- 
cassonne, le  soin  de  faire  partir  toute  cette  artillerie.  Verles  l'ayant  fait 
charger  sur  des  chariots  hors  la  ville,  Pierre-Roger,  seigneur  de  Cabaret,  qui 
en  fut  averti  par  ses  espions,  sortit  de  ce  château  avec  trois  cens  hommes 
choisis,  8t  s'étant  avancé  vers  Carcassonne,  il  s'approcha  pendant  la  nuit  6i 
tâcha  avec  sa  troupe  de  rompre  à  coups  de  hache  les  machines  qu'on  avoit 
préparées  pour  le  siège  de  Termes.  Les  sentinelles  ayant  fait  du  bruit,  la 

'  Innocen*.  III  1.  14,  Eplst.  i63.  —  [Potthast,  monta   immédiaiement  à  clieval  pour  s'en  retour- 

n.  4300;  la  lettre  est  du  25  août  m  i.]  ner  à  Toulouse.  [A.  M.] 

•  Voyez  tome  VIII,  ce.  53,  54.  —  Guillem   de  '  Pierre  de  Vaux-Cernay,  c.  4  &  suiv. —  Rober- 

Tudèle,  vers   i32o-i343.  Le   texte  du  poète  a  été,  tus  Altissiodorensis,  CAronicon.  —  Voyez  tome  VIII 

comme  toujours,  développé  dans   un    sens    favo-  de  cette  édition,  ce.  48  à  5o. — Guillem  de  Tudèle, 

rable    au    comte    de  Toulouse,    par    l'Anonyme.  vers  1 160-1239.  Le  récit  du  poëte  est  le  plus  com- 

,                  Guillem    de  Tudèle   se   contente   de   dire  que   les  plet   &  de  beaucoup  le   plus   clair.  L'Anonyme  a 

exigences  des  légats  furent  telles  que  le  comte  dit  :  ajouté   l'historiette   de  Pierre-Roger  échappant   9. 

En  fin  de  compte  tout  mon  comté  y  passerait,^  t^u'il  ses  ennemis  par  un  stratagème.  [A.  M.] 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.   LIV.  XXL  33q  — 

'        An  12  10 

garnison  de  Carcassonne  accourt  au  secours  S<.  oblige  Pierre-Roger  à  prendre 
la  fuite;  mais  ayant  rallié  sa  troupe  il  se  met  en  embuscade  dans  un  endroit 
par  où  le  convoi  devoit  passer.  Verles  d'Encontre,  de  son  côté,  se  doutant  de 
quelque  surprise,  fit  accompagner  les  machines  par  une  grosse  escorte  dont 
une  partie  s'avança  pour  battre  l'estrade.  Ceux,  de  Cabaret,  voyant  passer  le 
détachement  à  la  pointe  du  jour,  sortent  de  l'embuscade,  l'attaquent  &  le 
mènent  battant  jusqu'aux  chariots  qui  étoient  encore  dans  un  pré  voisin  de 
l'Aude.  Le  choc  devient  alors  très-vit  de  part  &  d'autre  jusqu'à  ce  qu'enfin  le 
gotiverneur  de  Carcassonne,  étant  accouru  avec  de  nouvelles  troupes,  oblige 
Pierre-R-oger  à  céder  après  avoir  combattu  avec  beaucoup  de  valeur.  Ce  sei- 
gneur évita  plusieurs  fois  d'être  tait  prisonnier  dans  la  mêlée  par  un  strata- 
gème qui  lui  réussit.  Se  voyant  pressé  par  les  croisés,  il  crioit  de  toutes  ses 
forces  :  Montjbrt,  Montjbrt,  6c  on  le  prit  en  effet  pour  un  ami.  De  crainte 
de  nouvel  accident,  on  reconduisit  à  Carcassonne  les  machines  qui,  d'ailleurs, 
avoient  besoin  d'être  raccommodées.  On  les  fit  partir  quatre  à  cinq  jours  après 
sous  l'escorte  d'un  corps  de  Bretons  qui  étoient  arrivés  &  qui  allèrent  joindre 
Simon  devant  Termes. 

Ce  château  a  donné  son  nom  à  l'ancienne  viguerie  du  Termenois,  portion 
considérable  du  diocèse  de  Narbonne,  laquelle  s'étend  vers  les  Pyrénées  S<  Te 
Roussiilon  ;  il  est  situé  sur  une  montagne  élevée  qui  est  environnée  de  toutes 
parts  de  vallées  profondes,  de  précipices  8c  de  rochers  affreux,  8c  qui  n'est 
accessible  que  par  un  seul  endroit,  où  les  rochers  ne  sont  pas  tout  à  fait  si 
escarpés.  Il  étoit  alors  entouré  de  deux  faubourgs  séparés  par  une  bonne 
muraille.  Le  plus  haut  étoit  situé  sur  la  cime  de  la  montagne,  8c  l'autre,  qui 
lui  servoit  d'enceinte,  sur  le  penchant.  Ce  dernier  étoit  défendu  par  une 
seconde  muraille,  8c  ces  fortifications  étoient  soutenues  par  une  tour  cons- 
truite sur  le  sommet  d'un  rocher,  appelé  Tumet,  éloigné  d'un  jet  de  pierre 
du  château.  La  garnison  étoit  très-nombreuse  8c  composée  de  bons  soldats, 
parmi  lesquels  il  y  avoit  plusieurs  Catalans;  elle  étoit  commandée  par  Rai- 
mond  de  Termes,  vaillant  capitaine,  qui  avoit  vieilli  dans  l'exercice  des 
armes  Se  avoit  eu  soin  de  pourvoir  la  place  de  toute  sorte  de  munitions  de 
guçrrc  8c  de  bouche;  en  sorte  qu'elle  passoit  pour  imprenable  &c  qu'il  parois- 
soit  que  c'étoit  une  grande  témérité  que  d'en  entreprendre  le  siège. 

Raimond  de  Termes  descendoit  d'une  des  plus  anciennes  maisons  de  la  i,'u!,°3™. 
Province  qui  possédoit  depuis  longtemps  le  château  de  ce  nom  8c  tout  le  pays 
de  Termenois,  partie  sous  la  mouvance  des  vicomtes  de  Eéziers  8c  de  Carcas- 
sonne 8c  partie  sous  celle  de  l'abbaye  de  La  Grasse.  La  maison  de  Termes 
étoit  alors  partagée  en  deux  branches  de  l'une  desquelles  il  ne  restoit  plus 
que  Rixovende,  fille  d'un  autre  Raimond  de  Termes,  laquelle  restitua', 
en  i2o8,  à  l'abbaye  de  La  Grasse,  le  château  8c  le  village  de  Palairac,  avec 
plusieurs  autres  domaines  voisins,  qu'elle,  Pvaimond  &c  Pierre- Olivier  de 
Termes,  ses  cousins,  8c  leurs  ancêtres  avoient  usurpés  sur  ce  monastère  8c  dont 

■  Tréîor  des  chnrtesj  La  Grnsse,  n.  i . —  [J.  3/j3  Cf..  TeuUt,  Layctta,  t.  i,  p.  322  &  siiiv.] 


An  12  10 


340  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXI. 

ils  avoient  conservé  la  possession,  malgré  l'excommunication  que  Pons  d'Arsac, 
archevêc[ue  de  Narbonne,  &  ensuite  Bérenger,  son  successeur,  avoient  lancée 
contre  eux  par  ordre  du  pape.  Pvix.ovende,  en  faisant  cette  restitution,  prit  le 
voile,  &  l'abbé  de  La  Grasse  la  reçut  dans  le  chapitre  des  religieuses  de  ce 
monastère.  Raimond  de  Termes,  chef  de  l'autre  branche,  épousa  Ermessinde 
de  Courtsavine ',  cfui  fit  un  accord^  en  1197,  du  consentement  du  même 
Pv.aimond,  son  mari,  avec  Pvobert,  abbé  d'Arles,  en  Pvoussillon,  au  sujet  de  la 
restitution  de  ciuelques  domaines.  Ce  seigneur  fut  père  du  célèbre  Olivier  de 
Termes,  l'un  des  plus  grands  capitaines  de  son  siècle,  dont  nous  aurons  occa- 
sion de  parler  dans  la  suite.  Il  s'étoit-^  rendu  si  formidable  par  ses  exploits 
qu'il  avoit  tenu  tête,  lui  seul,  tantôt  au  roi  d'Aragon,  tantôt  au  comte  de 
Toulouse  £<  tantôt  au  vicomte  de  Béziers,  son  seigneur.  Mais  s'il  étoit  recom- 
mandable  par  sa  naissance  &  par  sa  bravoure,  il  avoit  eu  le  malheur  de 
donner  tellement  sa  confiance  aux  hérétiques,  qu'on  assure  qu'on  n'avoit  pas 
célébré  les  saints  mystères  dans  l'église  de  Termes  depuis  plus  de  trente  ans^ 
quand  Simon  de  Montfort  mit  le  siège  devant  ce  château'^. 

Le  peu  de  troupes  que  ce  général  avoit  avec  lui  lorsqu'il  commença  cette 
entreprise  ne  lui  permit  pas  d'abord  de  faire  toute  la  circonvallation  de  la 
place.  Aussi  les  assiégés,  peu  alarmés  de  son  attaque,  sortoient  8<  entroient 
librement,  sans  qu'il  fût  possible  de  l'empêcher.  L'armée  des  croisés  avant 
grossi  quelque  temps  après  par  l'arrivée  de  plusieurs  pèlerins  françois  8<  alle- 
mands, Montfort  serra  le  château  de  plus  près,  malgré  les  fréquentes  escar- 
mouches qu'il  étoit  obligé  de  soutenir  contre  la  garnison  de  Cabaret,  qui 
portoit  ses  courses  jusque  dans  son  camp,  se  |>ostoit  sur  les  grands  chemins  8c 
ne  faisoit  grâce  à  aucun  de  ceux  qu'elle  pouvoit  rencontrer.  Cet  obstacle  fit 
durer  longtemps  les  travaux  du  siège,  même  après  l'arrivée  des  évêques  de 
Chartres  Si  de  Beauvais,  de  P\.obert,  comte  de  Dreux,  &  du  comte  de  Pon- 
thieu,  qui  amenèrent  un  renfort  très-considérable  à  Simon. 

Ce  général,  après  beaucoup  de  peine  &  de  travail,  fit  dresser  enfin  de 
grands  pierriers  pour  battre  les  murailles  du  premier  faubourg.  Guillaume, 
archidiacre  de  Paris,  se  donna  beaucoup  de  mouvemens,  soit  pour  animer  les 
croisés,  soit  pour  avancer  la  construction  des  machines,  soit  enfin  pour  com- 
bler les  vallons  &c  aplanir  les  rochers.  Après  que  les  pierriers  eurent  fait  une 
brèche  considérable,  les  croisés  se  disposèrent  à  donner  l'assaut.  Les  assiégés 
ne  l'attendirent  pas.  Se,  ayant  mis  le  feu  à  ce  premier  faubourg,  ils  l'aban- 
donnèrent. Les  croisés  accoururent  aussitôt  pour  l'éteindre  8<  se  saisir  de  ce 
poste;  mais  la  garnison  ayant  fait  alors  une  sortie  vigoureuse,  elle  tomba  si 
rudement  sur  eux  qu'elle  les  obligea  à  se  retirer  après  une  grande  perte.  Cet 


'  Corrige^  Couitsavi.  [A.  M.]  des  habitants  de  Termes  à  l'hérésie  avait  été  bien 

'  Mcirca  Hispanica,  c.  r33  &  seq.  prompte,    car,    dans    le   courant    de   l'année    ii(.3 

'  Pierre  de  Vaux-Cernay,  c.  40  &  suiv, — '^^oyez  (Voyez    tome  V   de   cette   édition,    c.   1278),   eux 

tome  VIII   de  cette   édition,  ce.  5o   à   52.  —   Ro-  &   leurs   seigneurs   se  cotisaient    pour   faire  cons- 

bertus  Altissiodorensis,  Chronicon,  truirc   une  nouvelle  église  en  dehors  du  château. 
■*  Il  faut  convenir  que,  dans  ce   cas,  l'adhésion  [A.  M.] 


An  12  jc 


L 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXI.  841 

échec  ne  découragea  pas  les  assiégeans;  ils  travaillèrent  ensuite  à  couper  la 
communication  qui  étoit  entre  le  château  de  Termes  &  la  tour  de  Tumet, 
qui  les  incommodoit  beaucoup,  Se  trouvèrent  moyen,  quoiqu'avec  une  peine 
infinie,  de  placer  un  mangonneau  entre  l'un  &  l'autre.  Cette  machine  fit 
un  tel  fracas,  malgré  les  eftorts  des  assiégés  pour  la  détruire,  que  ceux  ([ui 
gardoient  la  tour  de  Tumet,  ne  pouvant  ni  soutenir  l'attaque  des  assiégcans, 
ni  espérer  aucun  secours,  l'abandonnèrent  pendant  la  nuit.  Les  troupes  de 
l'évêque  de  Beauvais,  c[ui  avoient  attaqué  ce  poste,  s'en  saisirent  dès  le  len- 
demain &  y  arborèrent  l'étendard  de  ce  prélat. 

Les  pierriers  firent  cependant  plusieurs  brèches  aux  murailles  de  la  place; 
mais  les  assiégés  les  réparèrent  aussitôt  en  substituant  derrière  une  nouvelle 
muraille  avec  des  poutres  &  des  pierres.  Montfort  fit  dresser  un  mangonneau 
sur  un  rocher  escarpé  peu  éloigné  des  murailles  Se  en  confia  la  garde  à  cinq  t.'iu,°p!*^io'i. 
chevaliers  8<  trois  cents  sergens.  Les  assiégés,  que  cette  machine  incommodoit 
beaucoup,  détachèrent  huit  cens  hommes  qu'ils  soutinrent  par  un  plus  grand 
nombre  pour  tâcher  d'y  mettre  le  feu.  Ce  détachement  débusqua  bientôt  les 
troupes  qui  gardoient  le  mangonneau,  Se  il  n'y  resta  qu'un  chevalier,  nommé 
Guillaume  de  Scuret,  cjui  résista  lui  seul  à  tous  les  efforts  des  assiégeans.  Les 
croisés,  vo}ant  qu'ils  ne  pouvoient  le  secourir,  firent  mine  de  monter  à  l'as- 
saut pour  le  délivrer  Se  sauver  leur  machine.  Ce  stratagème  leur  réussit.  Ceux 
de  Termes  abandonnèrent  aussitôt  cette  attaque  pour  aller  au  secours  de  la 
place. 

La  longueur  du  siège  8<  le  défaut  de  vivres  commençoient  déjà  à  décou- 
rager les  croisés,  lorsque  l'eau  vint  à  manquer  entièrement  aux  assiégés  par 
le  soin  que  Simon  avoit  pris  de  boucher  ou  de  détourner  toutes  les  sources 
qui  pouvoient  leur  en  fournir;  les  habitans  de  Termes,  réduits  aux  abois, 
demandèrent  alors  à  capituler.  Simon  leur  envoya  (Gui  de  Lévis)  son  maré- 
chal, pour  traiter  avec  eux.  Raimond  de  Termes  offrit  de  remettre  la  place, 
à  condition  que  Simon  lui  donneroit  ailleurs  un  domaine  équivalent  Se  qu'il 
la  lui  rendroit  après  Pâr[ues.  Les  évêques  de  Beauvais  Se  de  Chartres  8<  les 
comtes  de  Dreux  Se  de  Ponthieu,  comptant  que  l'expédition  étoit  finie,  se 
disposèrent  alors  à  partir,  malgré  les  instantes  prières  que  Simon  Se  la  com- 
tesse, sa  femme,  leur  firent  de  ne  pas  les  abandonner  jusqu'à  ce  que  le  châ- 
teau de  Termes  fût  rendu;  mais  toutes  leurs  sollicitations  furent  inutiles; 
l'évcque  de  Chartres  promit  seulement  de  demeurer  un  jour  de  plus.  Cela 
engagea  Montfort  à  accepter  les  offres.de  Raimond  de  Termes,  qui  demanda 
jusqu'au  lendemain  pour  évacuer  la  place.  Pendant  la  nuit  il  tomba  une 
pluie  très-abondante  qui  remplit  les  citernes  des  assiégés,  lesquels  regardant 
cette  eau  comme  un  présent  du  ciel  retirèrent  leur  parole.  Cette  circonstance 
n'empêcha  pas  l'évêque  de  Beauvais  Se  les  comtes  de  Dreux  Se  de  Ponthieu 
de  partir,  nonobstant  les  nouvelles  instances  de  Simon  pour  les  retenir.  Se 
quoiqu'ils  n'eussent  pas  encore  accompli  les  quarante  jours  de  service  néces- 
saires pour  gagner  l'indulgence  de  la  croisade;  deux  chevaliers  de  la  garnison 
se  rendirent  cependant,  selon  la  promesse  qu'ils  en  avoient  faite  le  jour  pré- 


~~r  342  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  I.IV.  XXI. 

An  1 2 10  ^ 

cèdent  au  maréchal  de  Simon.  L'évêque  de  Chartres  devant  partir  le  lende- 
main, pressa  ce  général  de  renvoyer  ce  maréchal  à  Termes  pour  tâcher  de 
renouer  quelque  négociation,  &  il  lui  conseilla  de  laisser  Raimond  maître 
des  conditions,  pourvu  qu'il  lui  livrât  la  place.  Il  lui  conseilla  aussi  de  joindre 
à  ce  député  Bernard-Raimond  de  Rochefort,  évêque  de  Carcassonne,  qui  étoit 
dans  le  camp,  parce  que  ce  prélat,  étant  du  pays  8c  ami  particulier  du  sei- 
gneur de  Termes,  8c  ayant  d'ailleurs  son  frère  8c  sa  mère  dans  la  place,  il 
pourroit  contribuer  beaucoup  à  faire  réussir  la  négociation.  Simon  suivit  cet 
avis;  mais  ni  son  maréchal,  ni  l'évêque  de  Carcassonne  ne  purent  rien  obtenir 
de  Raimond  de  Termes,  soit  par  caresses,  soit  par  menaces;  ce  seigneur  refusa 
même  au  second  la  permission  de  s'aboucher  avec  son  frère.  Le  lendemain, 
l'évêque  de  Chartres  étant  parti,  Simon  de  Montfort  le  conduisoit  par  honneur 
jusqu'à  une  certaine  distance,  lorsque  les  assiégés  font  une  sortie  dans  le  des- 
sein de  mettre  en  pièces  le  mangonneau  des  croisés.  Simon,  averti  de  cette 
entreprise  par  les  cris  de  ses  soldats,  revient  aussitôt  sur  ses  pas  8c  ayant  ranimé 
par  sa  présence  le  courage  de  ses  troupes,  il  oblige  les  assiégés  k  rentrer  dans 
le  château;  mais  il  n'eu  fut  pas  moins  embarrassé.  D'un  côté,  il  ne  vouloit  pas 
avoir  la  honte  de  lever  le  siège,  8c  il  voyoit  de  l'autre  c[u'il  n'étoit  pas  en  état 
de  forcer  la  place  avec  le  peu  de  monde  qui  lui  restoit  Se  que  l'hiver,  qui  est 
très-rude  dans  ces  montagnes,  approchoit.  L'arrivée  de  plusieurs  Lorrains 
qxù  s'étoient  croisés  le  tira  de  cette  perplexité.  Il  continua  le  siège  k  la  vue 
de  ce  secours  inopiné  8c  ayant  enfin  par  des  travaux  infinis  fait  avancer  ses 
machines  beaucoup  plus  près  des  murailles,  il  y  fit  une  grande  brèche  ainsi 
qu'à  la  tour  du  château  :  il  y  attacha  le  mineur  le  jour  de  Sainte-Cécile, 
donna  ensuite  tous  ses  ordres  pour  monter  k  l'assaut  dès  le  lendemain  Se  se 
retira  sur  le  soir  dans  sa  tente.  Pendant  la  nuit  les  assiégés,  qui  se  voyoient 
Éj  oriRin.     saiis  rcssourcc,  cherchèrent  leur  salut  dans  la  fuite  8c  abandonnèrent  la  place. 

t.  111,  p.  202.  '  .  •  r  >  • 

On  assure  que  ce  qui  les  porta'  à  cette  extrémité  fut  que  l'eau  de  pluie 
qu'ils  avoient  ramassée,  étant  très-mauvaise,  elle  avoil  causé  parmi  eux  une 
dvssenteiHe  qui  en  avoir  fait  périr  un  grand  nombre;  ainsi  ceux  qui  restoient 
prirent  le  parti  de  sortir  pour  se  réfugier  en  Catalogne.  Les  fuyards  furent 
cependant  découverts  par  les  croisés  qui  les  poursuivirent,  en  tuèrent  plu- 
sieurs 6t  firent  les  autres  prisonniers.  Raimond  de  Termes,  voulant  rentrer 
dans  la  place  pour  y  prendre  quelques  bijoux  qu'il  avoit  oubliés,  fut  pris 
entre  autres  par  un  pèlerin  ou  croisé  de  Chartres.  On  le  conduisit  aussitôt  k 
Simon  de  Montfort,  qui  le  fit  renfermer,  les  fers  aux  pieds,  dans  le  cul  d'une 
basse  fosse  d'une  des  tours  de  Carcassonne,  où  il  le  retint  pendant  plusieurs 
années.  C'est  ainsi  que  fut  pris  le  château  de  Termes,  après  une  grande 
perte  de  la  part  des  croisés  8c  un  siège  de  près  de  quatre  mois,  durant  lequel 
Simon  ne  se  distingua  pas  moins  par  sa  vigilance  que  par  son  activité,  8c 
exposa  plusieurs  fois  sa  vie.  Ce  comte  y  entra  le  28  de  novembre  de  l'an  12105 
il  fit  grâce  à  toutes  les  femmes  que  les  assiégés  y  avoient  laissées  8c,  les  ayant 

'Voyez  tome  VIII,  ce.  3i,  !ji.  —  [Guillein  de  Tudcle,  vers  lîpo-iîjfi.] 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXI.  3^3 

mises  en  lieu  de  sûreté,  il  empêcha  qu'on  ne  fit  aucun  tort  ni  à  leur  hon- 
neur, ni  à  leur  vie. 

XCIV.  —  Simon  soumet  plusieurs  places  &-  va  en  Albigeois,  où  il  a 
une  entrevue  avec  le  comte  de  Toulouse. 

La  prise  de  Termes  jeta  l'épouvante  dans  tous  les  châteaux  des  environs,  & 
ceux  qui  en  avoient  la  garde  prirent  aussitôt  la  fuite  pour  chercher  un  asile 
de  côté  &  d'autre.  On  courut  après  eux  &  on  en  amena  plusieurs  à  Simon, 
qui  les  fit  brûler  vifs  sans  miséricorde.  Après  avoir  laissé  une  bonne  garnison 
dans  le  château  de  Termes,  il  décampe  Se  s'avance  jusqu'à  celui  de  Coustaussa, 
qu'il  trouve  vide  &  dont  il  s'assure.  Il  s'empare  aussi  de  celui  d'Albas  que  les 
habitans  avoient  abandonné.  De  là  il  entre  dans  le  diocèse  de  Toulouse  8c 
attaque  le  château  de  Puyvert,  qu'il  prend  au  bout  de  trois  jours  de  siège.  Il 
part  ensuite  pour  l'Albigeois  afin  d'y  soumettre  les  places  qui  lui  avoient 
manqué  de  fidélité.  Il  vient  d'abord  à  Castres  dont  les  bourgeois  lui  pro- 
mettent toute  sorte  d'obéissance;  puis  il  se  rend  au  château  de  Lombers  que 
les  habitans  avoient  déserté  à  son  approche,  &  où  il  trouve  une  grande  quan- 
tité de  vivres;  il  y  laisse  une  garnison  pour  les  garder,  achève  de  soumettre 
toute  la  partie  du  pavs  située  à  la  gauche  du  Tarn  &  arrive  enfin  au  château 
d'Ambialet,  auprès  d'Albi,  où  R.aimond,  comte  de  Toulouse,  lui  avoit  donné 
rendez-vous  pour  la  conférence  dont  on  a  déjà  parlé,  mais  dont  nous  igno- 
rons le  motif'. 

On  assure^  que  Raimond  amena  alors  avec  lui  quelques-ttns  des  ennemis 
capitaux  de  Simon,  qui  tentèrent  de  le  surprendre  8<.  de  se  saisir  de  sa  per- 
sonne; que  ce  général,  averti  du  complot,  évita  leurs  pièges  &.  fit  des  repro- 
ches amers  au  comte  de  Toulouse  d'avoir  amené  des  traîtres  pour  attenter  sur 
sa  vie;  que  le  comte  protesta  qu'il  n'en  connoissoit  aucun,  &  qu'enfin  Simon 
avant  voulu  les  arrêter,  Raimond  l'en  empêcha.  L'historien,  partisan  de 
Simon,  sur  la  foi  duquel  nous  rapportons  ces  circonstances,  ajoute  que  le 
comte  de  Toulouse  commença  dès  lors  à  exercer  la  haine  qu'il  avoit  conçue 


'  Dans  riiincr.iirc  <te  Simon  de  Morttfort,  îm-  dans   le  passage  correspondant    ici    à  l'Anonyme 

médiatement  après  la  prise  de  Termes,  il  y  a  quel-  (vers  i3i4),  donne  Alhcjcs  (Albigeois),  &  le  mot, 

ques   difficultés  que  dom  Vaissete   n"a    pas  essayé  quel  qu'il  soit,  doit  avoir  trois  syllabes  pour  faire 

d'expliquer.   Pierre  de  Vaux-Cernay  (c.  42)  men-  le  vers.  Le  mot  Albejes  est  d'ailleurs  peu  compré- 

tionne  la  soumission  du  pays  environnant  &  cite  hensible,   puisque   le  poëte  dit  ensuite  ju't  ne  fut 

les  ch&teauxde  Constantin  (Coustaussa,  Aude,  arr.  assiégé,  expression  qui  s'applique  mal  à  un  pays. 

de  Limoux,  cant.   de  Couiïa)  &  de    yirijepojlum  M.  Meyer  (Chanson   Je  la  croisade,   t.  1,  pp.  71, 

(Puivert,   Aude,  arr.    de  Limoux,  cant.   de  Cha-  72)  traduit  ^/ii,  sans  trancher  la  difficulté.  Quant 

labre).   De   là   le   comte  ra  dans   l'Albigeois   qui  à  y  voir  le  mot  Alhas,   avec   dom  Vaissete,   c'est, 

l'était  révolté.  La   rédaction   en  prose  (tome  VIII  nous  le  répétons,  une  chose  impossible)  levers  de 

de  celte  édition,   c.   53)  mentionne   un    château,  Guillem  de  Tudèle,  si   on  admettait  la   correction, 

Alhios,  qui  fut  pris  sans  résistance;  dom  Vaissete  serait  trop  court  d'une  syllabe.  [A.  M.] 

y   voit    le    château    d'Albas,    près  Termes   (Aude,  *  Pierre    de  Vaux-Cernay,   c.  42.  —    Kous    ne 

nrr.  de  Narbonne,  cant.  de  Durban).   Mais  il  y  a  connaissons   aucun    autre    texte   mentionnant   ce 

k  cela    une  petite  difficulté;  Guillem  de  Tudèle,  guet-apens  de  Raimond  VI.   [A.  M.] 


An  izio 


An  1211 


~  344  HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.   LIV.  XXI, 

An   1210  "  ' 

contre  ce  général  ;  c'est-à-dire  que  leur  inimitié  réciproque,  qu'ils  s'étoicnt 
contentés  jusqu'alors  de  garder  dans  le  cœur,  éclata  &  se  inanifesta  depuis 
aux  yeux  dvi  public. 

Après  cette  conférence,  qui  se  tint  vers  la  mi-décembre,  Raimond  retourna 
à  Toulouse  &  là  ',  étant  dans  le  château  Narhonnois,  il  emprunta  cent  marcs 
d'argent  des  habitans  de  Moissac.  Le  pape  Innocent  III*  lui  écrivit,  vers  le 
môme  temps,  ainsi  qu'aux  comtes  de  Comminges  &  de  Foix,  &^  à  Gaston, 
vicomte  de  Béarn,  pour  leur  ordonner  de  favoriser  Simon  de  Montfort  dans 
la  poursuite  des  hérétiques,  à  peine  d'être  traités  comme  fauteurs  de  ces  sec- 
taires. Le  pape  écrivit^  aussi  à  Simon  pour  lui  ordonner  de  lever  le  cens 
de  trois  deniers  par  maison  imposé  en  faveur  de  l'Eglise  romaine,  dans  tout 
le  pays  conquis  sur  les  hérétiques,  &  de  l'employer  comme  il  le  lui  ordon- 
neroit. 

XCV.  • —  Conférence  de  Narbonne.  —  Le  roi  d'Ârngon  reçoit  l'hommage 
de  Simon  de  Montjbrt  pour  Carcassonne. 

Le  comte  de  Toulouse  assista  à  Narbonne,  au  mois  de  janvier  suivanf^,  à 
une  nouvelle  conférence  à  laquelle  le  roi  d'Aragon,  son  beau-frère,  Simon 
de  Montfort,  Raimond,  évèque  d'Uzès,  &  Arnaud,  abbé  de  Citeaux,  légats 
du  Saint-Siège,  se  trouvèrent  avec  maître  Thédise.  On  y  agita  les  moyens 
t.'iii°p'".'o3  qii'on  pourroit  prendre  pour  réconcilier  entièrement  le  comte  Raimond  à 
l'Église''.  I/'abbé  de  Citeaux  lui  offrit,  dit-on,  de  le  conserver  dans  la  pai- 
sible possession  de  tous  ses  domaines  8c  des  droits  qu'il  avoit  dans  les  châ- 
teaux possédés  par  les  hérétiques,  s'il  vouloit  les  chasser  de  ses  Etats.  On 
ajoute  même  que  ce  légat  consentit  encore,  sous  la  même  condition,  que  la 
propriété  du  tiers  ou  du  quart  de  plus  de  cinquante  châteaux  (d'autres'^ 
disent  de  plus  de  cinq  cents),  qui  appartenoient  aux  hérétiques  &  qui 
n'étoient  pas  de  la  mouvance  de  ce  prince,  lui  fût  acquise;  mais  qu'il  refusa 
toutes  ces  ofhes. 

On  traita  aussi  dans  la  conférence  de^  Narbonne  de  la  réconciliation  du 
comte  de  Foix  à  l'Eglise.  Le  roi  d'Aragon  demanda  grâce  pour  lui  aux  légats, 
qui  l'accordèrent,  à  condition  que  ce  comte  feroit  serment  d'obéir  entière- 
ment aux  ordres  du  pape  &  de  ne  plus  attaquer  à  l'avenir  les  croisés,  spécia- 
lement Simon  de  Montfort,  lequel  promit  de  lui  rendre,  moyennant  ce 
serment,  toutes  les  terres  dont  il  s'étoit  emparé  sur  lui,  à  la  réserve  du  châ- 
teau de  Pamiers.  Le  roi  d'Aragon,  de  sou  coté,  comme  seigneur  su-^erain 
d'une  partie  du  comté  de  Foix^,  mit  garnison  dans   le  château  de  ce  nom 

■  Hôtel  de  ville  de  Moissac.  l'aurcnsls,   ap.  Innocent.   III   Eplst.    t.    2,  p.  760 

'  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  C,  ce.  601,  602.  &  seq.  —  Voyez  tome  VHI,  ce.  ,"i3,  Ô4,  &  tome  VII, 

5  Innocent.  III  1.   i3,  Epist.   189.  —  [Pottliast,  Note  XVI,  n.  iv,  p.  41. 
n.  4i5o.]  "  Acta    concilii    faurcnsis,    ap.    Innocent.    III 

■•  Elle  eut  lieu  vers  le  22  janvier,  fête  de  Saint-  Epist.  t.  2,  p.  76,5  &  seq. 
•                   \'incent.  (Giullem  de  Tiidcle,  vers  i.'>4.').)  [A.  M.]  '  Pierre  de  ^'a  iix-Cernay,  c.  4.3. 

=  Pierre  de  Vaux-Cernay,  c.  43.  —  Acta  concilii  »  Tome  IV,  Note  XXII,  n.  23,  p.   1  20  &  suiv. 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXI.  845 

8t  promit  à  l'évêque  d'Uzès  S<  à  l'abbé  de  Cîteaux  que  les  croisés  n'auroient 
rien  à  souffrir  dans  ce  pays.  Il  jura  de  plus  que,  si  le  comte  de  Foix  venoit 
à  se  séparer  de  la  communion  de  l'Eglise  8c  de  l'amitié  de  Simon  de  Mont- 
fort,  il  remetiroit  le  château  de  Foix  entre  les  mains  des  légats  &  de  Simon; 
de  quoi  il  donna  des  lettres  authentiques  qu'il  remit  à  ce  dernier;  mais  on 
assure  que  le  comte  de  Foix  se  mit  peu  en  peine  d'exécuter  ces  conditions. 
L'évêque  d'Uzès  &  l'abbé  de  Cîteaux,  après  avoir  accordé  cette  grâce  au 
roi  d'Aragon,  lui  en  demandèrent'  une  autre  à  leur  tour.  Ce  fut  de  recevoir, 
en  qualité  de  comte  ou  de  seigneur  suzerain  de  Carcassonne,  l'hommage  de 
Simon  de  Montfort  pour  cette  ville;  mais  le  roi  rejeta  absolument  leur 
demande.  Le  lendemain  les  deux  légats  &  Simon  renouvelèrent  leurs  ins- 
tances auprès  de  ce  prince,  &  ils  le  pressèrent  tellement  qu'enfin  il  consentit 
de  recevoir  cet  hommage.  Un  historien  moderne^  prétend  que  le  roi  d'Aragon 
possédoit  la  seigneurie  de  Carcassonne  au  nom  de  Marie  de  Montpellier,  sa 
femme,  &  qu'il  la  tenoit  en  fief  de  la  couronne  de  France.  Cet  auteur  se 
trompe  également  sur  ces  deux  articles  :  1°  Les  ancêtres  du  roi  d'Aragon  pos- 
sédoient  le  comté  de  Carcassonne  depuis  la  fin  du  onzième  siècle''.  2°  Il  est 
certain  que  ce  comté  étoit  mouvant  de  celui  de  Toulouse  &  qu'il  n'étoit,  par 
conséquent,  qu'un  arrière-fief  de  la  couronne  de  France. 

XCVI.  —  Conférence  ou  concile  de  Montpellier.  —  Le  roi  d'Aragon  donne 
son  fils  à  Simon  de  Montjbrt.  —  Mariage  du  fils  du  comte  de  Toulouse 
avec  la  sœur  de  ce  roi. 

Quelque  temps  après"*,  le  roi  d'Aragon,  le  comte  Raimond,  Simon  de 
Montfort,  l'évêque  d'Uzès  Se  l'abbé  de  Cîteaux  se  rendirent  à  Montpellier, 
où  ils  tinrent  une  nouvelle  conférence  en  présence  de  plusieurs  prélats.  Les 
deux  légats  firent  les  offres  qu'ils  avoient  déjà  faites  au  comte  de  Toulouse, 
qui  promit  de  les  accepter  &  d'en  régler  le  lendemain  les  conditions;  mais  il 
partit  dès  le  grand  matin,  à  l'insu  des  légats,  sans  avoir  rien  conclu.  Si  l'on 
en  croit  un  historien,  qui  n'omet  rien  pour  dénigrer  la  conduite  de  Pv.aimond, 
ce  prince,  qui  croyoit  aux  augures,  ayant  vu  voler  à  sa  gauche  un  oiseau, 
appelé  de  Saint-Antoine  dans  le  pays,  en  tira  un  mauvais  pronostic,  8t  cela 
l'engagea  à  se  retirer  avec  précipitation. 

Simon,  qui  souhaitoit  extrêmement  de  se  lier  avec  Pierre,  roi  d'Aragon, 
sous  la  protection  duquel  il  espéroit  pouvoir  se  maintenir  dans  la  possession 
des  domaines  de  la  maison  de  Béziers,  offrit  de  donner  sa  fille  en  mariage  au 
jeune  prince  Jacques,  fils  unique  du  même  roi,  qui  agréa  la  proposition  8c 
s'engagea  avec  lui,  par  un  serment  réciproque,  d'accomplir  ce  mariage  quand 


An  1211 


I'  Pi«rra  de  Vaux-Ceriiay,  c.  47.  —  Acta  conetlii  Ae  Carcassonne,  en  se  reconnaissant  vassaux  des 
Vaurcnùs,  ap.  Innocent.  III,  Episl,  t.  2,  p.  76.J  rois  d'Aragon,  s'étaient  soustraits  à  la  suzeraineté 
&  s. 
: 


&  seq.  des  comtes  de  Toulouse.  [A.  M.] 

*  Daniel,  Histoire  Je  France,  t.    1,  p.    i38,"i.  *  Pierre  de 'Vaux-Cernay,  c.  47.  —  Acta  concilii 

'  Il  serait   plus  exact  de  dire  que  les  vicomtes        Vturcnsis,  ut  supra. 


"TTirrr"  ^^^  niSTomE  générale  de  Languedoc,  liv.  xxl 

leurs  enfans  seroient  parvenus  à  un  âge  compétent.  En  attendant,  le  roi 
Pierre,  pour  la  sûreté  de  ses  promesses,  donna  ce  fils  unique,  qui  n'avoit  alors 
que  trois  ans,  à  Simon  de  Montfort.  Celui-ci,  ravi  d'avoir  en  son  pouvoir  un 
otage  de  cette  importance,  se  chargea  de  l'éducation  du  jeune  prince  qu'il 
amena  à  Carcassonne,  où  il  le  garda  bien  soigneusement.  Du  reste,  le  roi 
il'Aragon  conserva  toujours  l'étroite  liaison  qu'il  avoit  contractée  avec  le 
comte  de  Toulouse,  son  beau-frère,  8c  il  la  cimenta  '  peu  de  temps  après  par 
le  mariage  de  Sancie,  sa  sœur,  avec  le  jeune  Raimond,  fils  du  comte  de 
Toulouse,  âgé  de  quatorze  ans;  alliance  qui  causa  beaucoup  de  chagrin  à 
t.'iti°p'.^204.  Montfort.  Raimond  fit  alors  donation  du  comté  de  Toulouse  en  faveur  de 
R.aimond,  son  fils,  dans  la  vue  sans  doute  de  mettre  cette  ville  à  l'abri  des 
entreprises  des  croisés,  en  cas  qu'ils  lui  déclarassent  la  guerre. 

XCVII.  —  Seigneurs  de  Rahastens. 

Après  la  conférence  de  Montpellier,  qui  se  tint  vers  la  fin  du  mois^  de 
janvier  de  l'an  121 1,  le  comte  de  Toulouse  se  rendit  dans  le  haut  Languedoc. 
En  passant  à  Rahastens,  dans  l'Albigeois,  le  8  de  février,  les  seigneurs ^  ik 
les  chevaliers,  qui  possédoient  le  domaine  de  ce  château,  du  bourg  de  ce 
nom  6-  de  ses  faubourgs,  au  nombre  de  plus  de  cinquante,  lui  en  donnèrent, 
tant  en  leur  nom  qu'en  celui  de  plusieurs  autres  de  leurs  collègues,  la  justice 
criminelle,  &c. 

XCVIII.  —  Concile  d'Arles,  —  Le  comte  de  Toulouse  y  est  excommunié. 

Peu  de  temps  après,  les  légats'*  s'étant  rendus  à  Arles,  en  Provence,  ils  y 
convoquèrent  un  nouveau  concile,  auquel  ils  citèrent  le  comte  de  Toulouse, 
&  firent  prier  le  roi  d'Aragon  de  se  trouver.  Ces  deux  princes  étant  arrivés, 
ils  leur  défendirent  de  sortir  de  la  ville  sans  leur  permission  Si  celle  du  con- 
cile, &  envoyèrent  au  comte  les  articles  suivans,  de  l'exécution  desquels  ils 
faisoient  dépendre  sa  paix  avec  l'Eglise. 

i»  Le  comte  de  Toulouse  congédiera  incessamment  toutes  les  troupes  qu'il 
a  levées  ou  qui  sont  en  marche  pour  son  secours.  2°  Il  obéira  à  l'Église, 
réparera  tous  les  dommages  qu'il  lui  a  causés  &  lui  sera  soumis  tout  le  temps 
de  sa  vie.  3°  On  ne  servira  aux  repas,  dans  tous  ses  domaines,  que  de  deux 
sortes  de  viandes.  4°  Il  chassera  les  hérétiques  8<.  leurs  fauteurs  de  tous  ses 

'  Pierre  <îe  Vaux-C«rrtay,  e.  47.  —  j^i/ii  conciZii  au   nombre  d'environ  quarante-cinq.  — P.ir  cet 

P'aurensis)  ut  supra.  —  Guillelmus  de  Podio  Lau-  acte  ils  s'engagèrent  à  respecter  la  liberté  person- 

i-cntii,  c.   i8.  nelle  &  les  propriétés  des  habitants  de  Rahastens. 

'  Voyez  tonle  VII,  Note  XVI,  n.  v,  pp.  47,  48.  En  outre   le  comte  devint  possesseur  de   toutes  les 

'  Mis.  de  Colbeft,   n.   1069    [lat.  6009],  p.    144.  justices   du  château,  du  bourg  &  du  barrium  (en- 

•—   Catel,    Mémoires    de    l'histoire    du    Languedoc ,  ceinte  extérieure).   [A.  M.] 

p.  356.  —  Voyez   tome  VIII,  ce.  602  à  6o5.  Les  ■•  Voyez  tome  VIII,  ce.  54  à  57.  —  [Guillem  de 

seigneurs    &   chevaliers    de   Rahastens   (domini   &  Tudèle,  vers  1348  à  1407.]  —  Temt  VII,  A'ote  XVI, 

milites),   qui    paraissent   dans    cette   charte,    sont  n.vi,p.  48. 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXl. 


347 


An  121 1 


Etals.  5°  Il  livrera  entre  les  mains  du  légat  &  de  Simon  de  Montfort,  dans 
l'espace  d'un  an,  tous  ceux  que  les  légats  lui  indiqueront,  dont  ils  dispose- 
ront à  leur  volonté,  6°  Tous  les  habitans  de  ses  domaines,  soit  nobles  ou 
roturiers  [vihi  ou  vilain),  ne  porteront  point  des  habits  de  prix,  mais  seule- 
ment des  chapes  noires  &  mauvaises.  7°  Il  fera  raser  jusqu'au  rez-de-chaussée 
toutes  les  fortifications  des  places  de  défense  qui  sont  dans  ses  Etats.  8°  Aucun 
gentilhomme  ou  noble  de  ses  vassaux  ne  pourra  habiter  dans  les  villes,  mais 
seulement  à  la  campagne.  9°  Il  ne  fera  lever  aucun  péage  ou  usage  que 
ceux  qu'on  levoit  anciennement.  10°  Chaque  chef  de  famille  payera,  tous 
les  ans,  quatre  deniers  toulousains  au  légat  ou  à  son  délégué,  ii»  Il  resti- 
tuera tous  les  profits  qu'il  a  retirés  des  renouveaux'  de  ses  domaines.  12°  Le 
comte  de  Montfort  &  ses  gens  voyageront  en  toute  sûreté  dans  les  pays 
soumis  à  l'autorité  de  Raimond,  &  ils  seront  défrayés  partout.  i3°  Quand 
Raimond  aura  accompli  toutes  ces  choses,  il  ira  servir  outre-mer  parmi  les 
hospitaliers  de  Saint-Jean  de  Jérusalem,  sans  pouvoir  revenir  dans  ses  Etats 
que  lorsque  le  légat  le  kvi  permettra.  14°  Toutes  ses  terres  &  seigneuries  lui 
seront  ensuite  rendues  par  le  légat  8c  le  comte  de  Montfort,  quand  il  leur 
plaira^. 


'  Renouties ,  rcnouti,  terme  dont  on  n'entend 
pns  bien  la  significaiion.  [Ce  sont  les  usuriers; 
voyez   le  Glossaire  de  M.  Meyer,  au  mot  renorer.] 

*  Dom  V'aissete,  qui  ne  connaissait  ce  concile 
d'Arles  que  par  la  rédaction  en  prose,  n'en  a  pas 
moins  admis  l'existence,  &  a  donné  à  l'appui  de 
son  opinion  des  raisons  d'une  grande  valeur  (Cf. 
tome  VIII,  ut  supra).  Il  ne  pouvait  connaître  le 
témoignage  de  Guiilem  de  Tudèle,  :;ans  quoi  il 
aurait  été  encore  plus  affirmatif.  Que  ce  concile 
se  soit  tenu  à  Arles,  comme  le  dit  Guiilem  de  Tu- 
dèle, ou  qu'il  faille  l'identifier  avec  la  conférence 
de  Montpellier,  plus  haut  mentionnée,  comme 
l'estime  M.  Meyer  (t.  2,  p.  76),  il  faut  en  admettre 
l'existence.  Mais  on  doit  bien  avouer  que  c'était 
siinplement  un  acte  de  haute  comédie,  l'épilogue 
du  drame  qui  se  jouait  depuis  plusieurs  années 
entre  le  comte  de  Toulouse  &  les  légats.  Le  plan  de 
ceux-ci,  les  actes  cités  par  dom  Vaissete  (pp.  27") 
&  322)  sont  là  pour  le  prouver,  était  de  traîner  les 
choses  en  longueur  &  de  laisser  Simon  de  Montfort 
s'établir  fortement  dans  les  Etats  du  vicomte  de 
Béziers,  avant  d'attaquer  le  comte  de  Toulouse.  La 
prise  de  Minerve  &  deTermes,  qui,  en  soumettant 
la  partie  orientale  du  Languedoc,  assurait  les  der- 
rières de  l'armée  de  la  croisade,  leur  parut  décisive. 
Si  ils  n'hésitèrent  plus  à  dévoiler  leurs  projets. 
Les  conditions  posées  au  concile  d'Arles  étaient 
évidemment  inacceptables,  &  étaient  destinées, 
dans  leur  pensée,  à  amener  une  rupture.  La  ver- 
sion de  Guiilem  de  Tudèle,  différant  quelque  peu 
de  celle  de  l'Anonyme,  nous  la  donnons  d  après  la 
traduction  de  M.  Meyer,  t.  2,  pp.  76-78.  —  n  La 


charte  dit  ceci  aux  premiers  mots  :  Que  le  comte 
observe  la  paix,  &  de  même  ceux  qui  seront  avec 
lui,  &  qu'il  renonce  aux  routiers  aujourd'hui  ou 
demain.  Qu'il  rende  leurs  droits  aux  clercs,  qu'ils 
soient  en  possession  de  tout  ce  qu'ils  lui  deman- 
deront; qu'il  mette  hors  de  sa.  protection  tous  les 
perfides  juifs  &  les  adhérents  des  hérétiques,  ceux 
que  les  clercs  lui  dénonceront,  qu'il  les  livre  tous, 
&  cela  d'ici  à  un  an,  pour  en  faire  à  leur  plaisir 
&  volonté;  &  plus  de  deux  sortes  de  viandes  ils 
ne  mangeront,  ni  par  la  suite  ne  vêtiront  étoffes 
de  prix,  mais  de  grossières  capes  brunes,  qui  leur 
dureront  plus  longtemps.  Ils  détruiront  entière- 
ment les  châteaux  &  les  forteresses,  &  jamais  plus 
chevalier  ne  résidera  en  plan,  mais  dehors  dans  la 
campagne,  comme  les  vilains.  Ils  ne  prendront 
sur  les  chemins  aucun  péage  illégitime,  mais  seu- 
lement les  vieux  usages  anciennement  établis.  Ils 
donneront  chaque  année  quatre  deniers  toulou- 
sains aux  paziers  de  la  terre  que  les  clercs  établi- 
ront; tou»  les  usuriers  devront  renoncer  au  prêt 
à  usure,  &  s'ils  ont  pris  un  intérêt,  tout  d'abord 
ils  le  rendront.  Et  si  le  comte  de  Montfort  &  le» 
croisés  qui  viendront  chevaucher  sur  eux,  comm« 
font  tant  d'hommes,  leur  prennent  de  ce  qui  leur 
appartient,  ils  ne  s'y  opposeront  pas.  En  toute* 
choses  ils  se  conformeront  à  la  volonté  du  roi  de 
France.  Le  comte  devra  passer  la  mer  jusque  vcrâ 
le  Jourdain  &  y  rester  autant  que  le  voudront  les 
moines  ou  les  cardinaux  de  Rome  ou  leur  fondé 
de  pouvoir.  Enfin,  qu'il  entre  dails  un  ordre, 
celui  du  Temple  ou  celui  de  Saint-Jean.  Et,  quand 
il  aura  fait  cela,  ils  lui  rendront  ses  châteaux,  & 


An 


348  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XX!. 


Raimond,  après  avoir  lu  ces  articles,  les  communiqua  au  roi  d'Aragon  qui 
lui  dit  :  On  vous  l'a  bien  payé.  Ils  en  furent  également  indignes,  &  ils  par- 
tirent bientôt  sans  prendre  congé  des  évêques.  Les  légats,  irrités  à  leur  tour 
du  départ  précipité  du  comte,  ne  gardèrent'  plus  depuis  aucun  ménage- 
ment :  ils  l'excommunièrent,  le  déclarèrent  publiquement  ennemi  de  l'Eglise 
8c  apostat  de  la  foi,  8t  disposèrent  de  ses  domaines  en  faveur  du  premier 
occupant.  Ils  députèrent  en  même  temps  Arnaud,  abbé  de  Saint-Ruf,  qui  fut 
ensuite  évèque  de  Nimes,  à  Rome,  pour  informer  le  pape  Innocent  III  de 
tout  ce  qui  s'étoit  passé.  Se  ils  eurent  soin  de  le  prévenir  en  leur  faveur;  en 
sorte  qu'Innocent  confirma  la  sentence  d'excommunication,  le  17  d'avril  de 
l'an  1211,  par  une  lettre^  adressée  à  l'arclievêque  d'Arles,  à  ses  suffragans  Se 
à  l'évêque  de  Viviers.  «  Ayant  cru  jusqu'ici,  dit  le  pape  dans  cette  bulle,  que 
«  le  noble  Raimond,  comte  de  Toulouse,  se  rendroit  à  nos  exhortations  8t 
((  qu'il  honoreroit  l'Eglise  comme  un  prince  catholique  doit  faire;  séduit  par 
«  un  mauvais  conseil,  il  n'a  pas  seulement  frustré  notre  attente;  mais  il  s'est 
«  opposé  avec  méchanceté  aux  dispositions  de  l'Eglise  &  a  enfrçint  sans 
«  pudeur  ses  promesses  &  ses  sermens.  C'est  pourquoi  notre  vénérable  frère, 
«  l'évcque  d'Uzès,  &  notre  cher  fils  l'abbé  de  Cîteaux,  légats  du  siège  aposto- 
«  lique,  ayant  rendu  contre  lui  une  sentence,  du  conseil  de  plusieurs  prélats, 
«  à  cause  de  sa  contumace  manifeste,  nous  vous  ordonnons  de  la  faire  publier. 
«  dans  vos  diocèses  8t  de  la  faire  observer,  sous  peine  des  censures  ecclésias- 
«  ti([ues,  jusques  à  une  entière  satisfaction.  )>  Le  pape  défendit^  aux  mêirves 
t.'i'[i°p'."2o5.  piélats  de  restituer  au  comte  les  châteaux  8<.  les  autres  domaines  qu'il  tenoit 
de  leurs  églises.  Nous  comprenons'*,  par  ces  lettres,  que  l'évêque  de  Riez 
n'assista  pas  à  ce  concile  d'Arles  Se  que  ce  fut  l'évêque  d'Uzès  S<.  l'abbé  de 
Cîteaux  qui  prononcèrent  alors  la  sentence  d'excommunication  contre  le 
comte  8<.  qui  y  présidèrent. 

XCIX.  —  Le  pape  fait  saisir  le  comté  de  Melgueil  sur  le  comte  de  Toulouse 

6*  déposer  divers  évêques. 

Le  pape,  en  confirmant  cette  sentence,  ordonna  aux  deux 5  légats  de  saisir 
en  leurs  mains  le  comté  de  Melgueil,  qu'il  prétendoit  appartenir  à  saint 
Pierre,  &  de  le  taire  garder  jusqu'à  nouvel  ordre  :  preuve  qu'il  en  dépouilla 
alors  le  comte  de  Toulouse.  Nous  apprenons  d'ailleurs*^  qu'il  enjoignit  aussi 
alors  à  ses  légats  de  saisir  tous  les  autres  domaines  de  ce  prince  8c  de  les 
donner  en  garde  à  ceux  à  qui  il  appartenoit  de  droit.  Il  donna  ordre  en  même 

s'il  ne  le  fait,   ils  le  chasseront  à  outrance,  de  'Innocent.  III  1.  14,  Ep'ist.  S?.  —  [Potthast, 

sorte  qu'il  ne  lui  restera  rien.  »    [A.  M.]  n.  4îJ7.] 

'  Acta    conciVti    Vaurensis ,    ap.    Innocent.   III,  ^  Voyez  tome  VII,  ?/o(t' XVI,  n.  vu,  pp.  48,  49. 

Epist.  t.  ï,  p.  yÔE  &  seq.  —  Robertus  Altissiodo-  »  Innocent.    III  1.   14,  Epin,  35.  —  [Potthast, 

•                         rensis,  Chronicon.  n.  4:2.1.] 

'  Innocent.   III   1.  14,  Ep'ist.  36  &  38.  —  [La  " /iiV.  Ep'nt.  i63. 
lettre  est  du  i5  avril,  Potthast,  n.  422^.] 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXI.  3a(,  ~ 

T  /        An  12  1 1 

temps  aux  légats  :  1°  D'engager'  rarchevêque  d'Auch  à  se  démettre  de  son 
archevêché,  comme  étant  incapable  de  l'occuper,  avec  menace,  s'il  refusoit, 
d'y  pourvoir  comme  il  seroit  à  propos.  2°  D'accepter  la^  démission  que  l'évêque 
de  Rodez  avoit  offerte  de  son  évcché.  3°  De  recevoir  celle  de  l'évêque  de 
Carcassonne,  qui  avoit  demandé  d'être  déchargé  du  fardeau  de  l'épiscopat, 
8<.  d'enjoindre  au  chapitre  de  son  église  de  procéder  à  une  nouvelle  élection 
dans  l'espace  de  huit  jours;  sinon,  il  leur  ordonne  d'y  nommer  de  leur  auto- 
rité 3. 

fkrnard  de  la  Barthe,  alors  archevêque  d'Auch,  fut  déposé  en"*  effet;  mais 
ce  ne  fut  que  quelc[ues  années  après.  Hugues,  évêquede  Rodez,  de  la  maison 
.les  comtes  de  cette  ville,  se  démit  de  bonne  foi  de  son  évêché,  qu'il  avoit 
possédé  plus  de  soixante  ans;  on  lui  avoit  déjà  élu  un  successeur,  le  i"de 
juillet  de  l'an  1211,  8c  il  vécut  longtemps  après.  Quant  à  l'évêque  de  Car- 
cassonne, qui  se  nommoit  Bernard-Raimond  de  Rochefort,  8t  qui  avoit 
succédé  à  Bérenger,  que  les  habitans  avoient  chassé,  il  fut^  obligé  de  se 
démettre  malgré  lui  de  son  évêché.  On  lui  donna  pour  sa  subsistance  une 
prévôté  dépendante  du  chapitre  de  Carcassonne,  composé  alors  de  chanoines 
réguliers.  Il  prit  cependant  toujours  le  titre  d'évêque;  mais  sans  ajouter  de 
Carcassonne.  Le  pape  Innocent  lll  ôta  ainsi  de  leurs  sièges  les  évêques  qui 
pouvoient  encore  être  favorables  au  comte  de  Toulouse,  &  eut  soin  de  leur 
en  faire  substituer  qui  fussent  dévoués  à  Simon  de  Montfort. 

C.  —  Le  comte  de  Toulouse  se  met  en  état  de  défense. 

Le  comte  de  Toulouse,  vovant  que  les  légats  l'avoient  excommunié  8c 
qu'ils  avoient  livré  ses  domaines  au  premier  venu,  ne  douta  nullement  que 
les  croisés  ne  vinssent  bientôt  l'attaquer;  ainsi  il  se  mit''  en  état  de  défense. 
Il  s'assura  d'abord  des  habitans  de  Toulouse,  à  ([ui  il  exposa  la  conduite  que 
les  légats  avoient  tenue  à  son  égard,  8c  qui  lui  promirent  toute  sorte  de 
secours  &c  une  fidélité  inviolable.  Ceux  de  Montauban,  de  Castelsarrasin  8c 
des  autres  principales  villes  de  ses  Etats,  dont  il  étoit  fort  aimé,  lui  firent  les 
mêmes  promesses.  Il  eut  recours  à  ses  amis,  à  ses  alliés  Se  à  ses  vassaux,  entre 
lesquels  les  comtes  de  Comminges  8c  de  Foix,  Gaston,  vicomte  de  Béarn, 
Savari  de  Mauléon,  sénéchal  d'Aquitaine  pour  le  roi  d'Angleterre,  8c  plu- 
sieurs chevaliers  du  Carcasses,  l'assurèrent  de  leur  assistance.  Ce  prince  fit 
tous  ces  préparatifs  au  commencement  du  carême  ^  inais  il  ne  voulut  pas 
encore  se  déclarer  ouvertement  contre  Simon  de  Montfort. 


'  Innocent.   III   I.    14,  Epist.    32.  —  [Potthast,  '  GalUa   Chnsliana,   nov.    éd.    t.    6.   —  De  Vie, 

n.  4221.]  Chronicon,  p.  84  &  seq. 

■  nid.  Epist.  33.  —  [Potihast,  n.  4222.]  ''  Voyez  tome  VIII,  ce.  Sy,  .13.  —  [Guillem   de 

'  [Pottliast,  n"' 4223-4224.]  Tudele,  vers   ùiyi-iSyô,  1408-1426.] 
*  Galliit  Chriitiana,  nov.  éd.  t.  i. 


I 


■"777777"  ^^'^  HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXI. 

CI.  —  Un  nouveau  corps  de  croisés  va  joindre  Simon  qui  reçoit  la  soumission 

du  château  de  Cabaret. 

L'abbé  de  Cîteaux'  avoit  envoyé  cependant  en  France  l'évêque  de  Tou- 
louse pour  y  solliciter  de  nouveaux  secours  contre  les  hérétiques  81  surtout 
contre  le  comte  Raimond,  qu'il  faisoit  passer  pour  le  plus  grand  de  tous  les 
scélérats.  Ce  prélat  se  donna  tant  de  soins  qu'il  engagea  l'évêque  de  Paris, 
Robert  de  Courtenay,  Enguerrand  de  Couci,  Juël  de  Mayenne  [de  Meduana), 
&  non  de  Alante,  comme  la  plupart  des  modernes  l'ont  dit,  8<.  plusieurs 
autres  seigneurs  à  se  croiser  &  à  le  suivre.  On  assure  que  Léopold^,  duc 
d'Autriche,  Adolphe,  comte  de  Mons,  8<  Guillaume,  comte  de  Juliers,  se 
croisèrent  aussi  8<.  amenèrent  à  Simon  un  renfort  considérable.  Ces  nouveaux 
croisés  arrivèrent  à  Carcassonne  vers  la  mi-carême,  qui  tomboit  le  10  de  mars. 

Deux  jours  après  Simon  confirma,  en  faveur  de  Raimond  de  Cahors,  l'acte 
par  lequel  il  lui  avoit  donné  en  ^  fief,  durant  le  siège  de  Minerve,  les  châ- 
teaux de  Pézénas  &  de  Torves  avec  tous  les  droits  qu'Etienne  de  Servian  & 
le  vicomte  de  Béziers  avoient  auparavant  sur  ces  châteaux.  Il  confirma  cette 
donation  en  présence  de  frère  Yves,  abbé  de  la  Cour-Dieu,  vice-gérant  de 
t.^ïu,°p!^-'jt..  l'abbé  de  Cîteaux,  légat  du  Saint-Siège,  de  Raimond,  vicomte  d'Onges,  Rai- 
mond de  Mauvoisin  Se  plusieurs  aiitres  chevaliers  françois,  d'Alice,  sa  femme, 
&  d'Amauri,  son  fils,  qui  l'approuvèrent.  Il  paroît  que  ce  Raimond  de  Cahors 
est  le  même  que  Raimond  de  Salvanhac,  riche  marchand  de  Cahors  qui,  sui- 
vant un  ancien'*  historien,  avoit  prêté  des  sommes  considérables  à  Simon 
pour  les  frais  de  la  croisade. 

Ce  général,  après  avoir ^  reçu  ce  nouveau  renfort  de  croisés,  résolut  de 
tenter  quelque  entreprise  considérable.  11  assembla  son  conseil  &  se  déter- 
mina au  siège  de  Cabaret,  château  qui  a  donné  son  nom  au  pays  de  Cabardès, 
portion  du  diocèse  de  Carcassonne,  située  dans  les  montagnes  qui  confinent 
avec  l'ancien  diocèse  de  Toulouse.  Pierre-Roger,  seigneur  de  ce  château, 
averti  du  dessein  des  croisés,  commença  alors  à  perdre  courage.  11  voyoit  sa 
garnison  fort  diminuée  par  la  désertion  de  plusieurs  chevaliers  qui  avoient 
fait  leur  paix  avec  Montfort;  entre  autres  Pierre  Miron  &  Pierre  de  Saint- 
Michel,  son  frère,  qui,  autrefois,  avoient  arrêté  prisonnier  Bouchard  de 
Marly.  l\  considéra  de  plus  que  les  châteaux  les  plus  forts  n'avoient  pu 
résister,  &  que  ceux  qui  se  détendoient  s'exposoient  aux  derniers  malheurs. 
Ces  réflexions  l'ébranlèrent,  ik  ayant  fait  venir  devant  lui  Bouchard  de  Marly, 
qu'il  tenoit  dans  les  fers  depuis  plus  de  dix-huit  jnois,  il  lui  dit  :  «  Seigneur, 

'  pierre    de    Vaux- Cemay,    c.    48.    —    Voyez  608.  [Cet  note   est   du    12   mars    lïii   (n.  st.).  — 

tome  VIII,   ce.    ,03,    .îp.   —  Robertus    Altlssiodo-  Il   est  des  plus   curieux   pour  l'étude   des  insiitu- 

rensis,   Chronicon,   —  Adrien    de  Valois,   NotitU  tiens.    [A.  M.] 

GallUrum.  ■"  Voyez  tome  VIII,  c.  65.  —  [Guillcra  de  Tudèle.  I 

'  Caesarius  Heisterbacensis,  1.   ~>,  c.  21.  vers  1634-1639.] 
>  Voyez    tome  VIII,   Chartes,   n.  CI,  ce.  6l^4   à  *  Pierre  de  Vnux- Cemay,  c.  48. 


I 


I 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV,  XXI.  35 1 

«  je  vous  oftre,  non-seulement  la  liberté,  mais  encore  le  château  dont  je  suis 
«■  maître,  si  vous  voulez  moyennerma  paix  avec  les  légats  Si  Simon  de  Mont- 
«  fort.  Je  promets  de  les  servir  fidèlement  envers  tous  Se  contre  tous;  mais  je 
«  demande  d'être  conservé  dans  la  possessioia  de  mes  domaines.  »  Bouchard 
accepta  la  médiation  Se,  s'étant  lié  avec  le  seigneur  de  Cabaret  par  une  pro- 
messe mutuelle,  il  se  rendit  au  camp  des  croisés  &  eut  bientôt  terminé  sa 
négociation.  Le  légat  8c  Simon  partirent  pour  aller  prendre  possession  du 
château  de  Cabaret,  où  ils  mirent  une  forte  garnison,  &  Simon  dédommagea 
Pierre- Roger  par  d'autres  domaines  qu'il  lui  assigna  ailleurs;  les  croisés 
acquirent  ainsi  une  très-forte  place  sans  coup  férir;  plusieurs  autres  châteaux 
du  voisinage  suivirent  l'exemple  de  celui  de  Cabaret 

Cil.  —  Siège  de  Lavaur. 

On  résolut'  ensuite  de  faire  le  siège  de  Lavaur.  Cette  ville,  qui  n'avoit 
alors  que  le  titre  de  château  Se  qui  depuis  a  été  érigée  en  cité  ou  évêché, 
appartenoit  à  une  veuve  nommée  Guiraude.  Aymeri,  frère  de  cette  dame, 
seigneur  de  Montréal,  au  diocèse  de  Carcassonne,  8c  de  Laurac  le  Grand, 
chevalier  de  mérite,  qui,  après  avoir  été  dépouillé  de  ses  biens  par  les  croisés, 
s'étoit  retiré  auprès  d'elle,  entreprit  la  défense  de  la  place;  il  avoit  avec  lui 
quatre-vingts  chevaliers  tous  également  braves  Se  résolus  de  se  défendre  jus- 
qu'à la  dernière  extrémité,  sans  compter  les  habitans  8c  un  grand  nombre 
d'hérétiques  qui  s'y  étoient  réfugiés;  ce  qui  faisoit^  que  Lavaur  passoit  dans 
ce  temps-là  pour  le  principal  siège  de  l'hérésie  :  la  ville  étoit  d'ailleurs  forte, 
bien  munie  Se  environnée  d'épaisses  murailles  Se  de  fossés  très-profonds.  On 
assure  ^  que  le  comte  R.aimond  envoya  secrètement  au  secours  de  Lavaur 
plusieurs  de  ses  chevaliers,  entre  autres  Raimond  de  R.ecald,  son  sénéchal, 
quoique  cette  ville  ne  fût  soumise  que  médiatement  à  sa  domination;  car 
Guiraude  en  possédoit  le  domaine  utile  au  nom  de  ses  enfans,  sous  la  mou- 
vance des  vicomtes  de  Béziers  Se  de  Carcassonne,  qui  la  tenoient  en  fief  des 
comtes  de  Tovilouse. 

Montfort,  n'ayant  pas  assez  de  troupes  pour  faire  la  circonvallation,  se  con- 
tenta d'une  seule  attaque  Se  partagea  son  armée  en  deux  corps  qui  pouvoient 
se  prêter  mutuellement  du  secours;  il  fit  ensuite  dresser  ses  machines  Se  battre 
en  brèche;  mais  les  assiégés  se  défendirent  avec  tant  de  valeur  8c  l'incommo- 
dèrent par  de  si  fréquentes  sorties  qu'il  ne  lui  fut  pas  possible  d'avancer  les 
travaux.  Enfin  les  évêques  de  Lisieux  Se  de  Bayeux,  Pierre  de  Courtenay, 
comte  d'Auxerre,  Se  plusieurs  autres  seigneurs  étant  arrivés  au  camp,  il  investit 
entièrement  la  place  Se  établit  la  communication  entre  les  divers  quartiers 
par  un  pont  qu'il  fit  construire  sur  l'Agout.  Le  comte  Raimond'*,  qui  vouloit 

'  Pierre  de  Vaux-Cernay,  c.  49.  —  Guillelmus  °  Acta  conciln  Vaarensls,  p.  764. 

de   Podio    Laiirentii,  c.    16.  —   Roberlus  Altissio-  '  IbiJ.  —  Pierre  de  V.uix-Cernay,  c.  5d. 

dorcnsis,  Chronicon.  —  Voyçz  tome  VIII,  ce.  61  à  *  Pierre  de  Vaiix-Ceriiay,  c,  5o.  —  Tome  VIII, 

65,  —  [Giiillcin  de  Tndèle,  vers  1J22-16JI.]  Chartes,  11.  CV,  c.  616. 


An  1211 


An  m  i 


352  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXI. 


garder  encore  quelques  ménagemens  avec  Simon,  permit  aux  liabiians  de 
Toulouse  de  porter  des  vivres  au  camp  des  croisés;  il  leur  défendit  seulement 
t.'iii°p'.'':"7.  'l'y  conduire  des  machines  de  guerre.  Foulques,  évêque  de  cette  ville,  envoya 
de  son  côté,  à  Simon,  un  corps  de  Toulousains  qui  s'étoient  engagés'  dans 
une  espèce  de  ligue  ou  de  confrérie  que  ce  prélat  avoit  érigée  à  Toulouse, 
sous  l'autorité  du  légat. 

cm.  —  Cinq  mille  Toulousains  se  croisent  6-  vont  au  secours  de  Simon 

au  siège  de  Lavaur. 

Foulques  institua  cette  confrérie  dans  la  vue  d'extirper  l'hérésie  &  d'abolir 
l'usure.  Il  donna  la  croix  à  tous  ceux  qui  voulurent  y  entrer  &  les  fit  par- 
ticipans  de  l'indulgence  de  la  croisade.  Tous  les  habitans  de  la  ville  de 
Toulouse,  à  la  réserve  d'un  petit  nombre,  Se  quelques-uns  du  faubourg,  s'em- 
pressèrent de  s'enrôler  dans  cette  confrérie,  suivant  le  témoignage  d'un  histo- 
rien contemporain.  L'hérésie  n'y  dominoit  pas  par  conséquent,  comme  on 
veut  nous  le  faire  croire.  Foulques  fit  prêter  serment  à  tous  les  confrères  de 
demeurer  fidèles  à  l'Eglise  &  leur  donna  \)Oux  prévôts  ou  officiers  deux  che- 
valiers, Aymeri  de  Castelnau,  surnommé  Cosa,  &c  Arnaud,  son  frère,  &  deux 
bourgeois.  Ces  quatre  officiers  érigèrent  un  tribunal  si  redoutable  qu'ils  for- 
çoient  les  usuriers  à  comparoître  devant  eux  &  à  faire  raison  à  leurs  débi- 
teurs, &  qu'ils  punissaient  à  main  armée  les  contumaces  par  la  destruction  Se 
le  pillage  de  leurs  maisons.  Cette  conduite  causa  une  grande  division  parmi 
les  habitans  de  la  cité  &  ceux  du  bourg.  Ces  derniers,  pour  s'opposer  aux 
entreprises  des  autres,  formèrent  de  leur  côté  une  autre  confrérie,  qui  fut 
nommée  la  Ivoire  pour  la  distinguer  de  l'autre,  qu'on  appeloit  la  Blanche, 
en  sorte  qu'ils  se  livrèrent  divers  combats.  C'est  ainsi,  ajoute  le  même  liisto- 
rien^,  que  Dieu  établit  par  le  ministère  de  l'évêque  de  Toulouse,  son  servi- 
teur, non  une  mauvaise  paix,  mais  une  bonne  guerre. 

Ce  prélat  &  l'abbé  de  Cîteatix  ayant  sollicité-^  fortement  ceux  des  habitans 
de  Toulouse  qui  étoient  de  la  ligue  ou  de  la  confrérie  blanche,  de  marcher 
au  secours  des  croisés  occupés  au  siège  de  Lavaur,  il  s'armèrent  au  nombre 
de  cinq  mille  £<  se  disposèrent  à  partir.  Le  comte  de  Toulouse,  averti  de  leur 
dessein,  fit  tout  son  possible  pour  les  en  détourner  &  leur  défendit  de  sortir 
de  la  ville;  mais  ils  trompèrent  sa  vigilance  &,  ayant  passé  la  Garonne  à  son 
insu,  au  gué  du  Bazacle,  ils  arrivèrent  malgré  lui  enseignes  déployées  au 
siège  de  Lavaur.  Les  assiégés,  les  voyant  venir  de  loin,  crurent  que  le  comte 
les  envoyoit  à  leur  secours  ;  mais  ils  furent  bien  surpris  lorsqu'ils  virent 
qu'ils  campoient  avec  leurs  ennemis. 

'  Guillelmus  de  Podio  Laurentii,  ce.   i5&  17.  '  Guillelmus  de  Podio  Laiirentii ,   ce.   lô&iy. 

'  Ikid.  —Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  CV,  c.  616. 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.   LIV.  XXI.  353   

An  121  j 

CIV.  —  Roger  de  Comminges,  seigneur  de  Save-{,  fait  sa  paix  avec  Simon 

de  Montfort. 

Roger  de  Comminges  ',  parent  {consanguine us)  du  comte  de  Foîx,  se  rendit 
au  camp  des  croisés,  durant  le  siège,  pour  faire  ses  soumissions  à  Simon  de 
Montfort.  Il  étoit  sur  le  point  de  lui  faire  hommage  pour  tous  ses  domaines, 
le  jour  du  vendredi-saint,  quand  Simon  vint  à  éternuer  une  fois;  Roger  prit 
à  mauvais  augure  cet  unique  éternuement,  &c,  s'étant  retiré  à  l'écart  avec  ses 
gens,  il  les  consulta  sur  ce  qu'il  devoit  faire,  &  refusa  de  rendre  l'hommage 
qu'il  avoit  promis;  mais  on  le  tourna  tant  en  ridicule,  qu'enfin  il  eut  honte 
de  sa  superstition  êc  rendit  cet  hommage  par  un  acte  ^  daté  du  siège  de 
Lavaur,  le  3  d'avril  de  l'an  1211  (qui  étoit  le  jour  de  Pâques).  Roger  y 
déclare  «  qu'il  a  reçu  tous  les  domaines  qu'il  possédoit  de  droit,  ou  qu'il 
«  devoit  posséder,  des  mains  de  Simon,  comte  de  Leycestre,  seigneur  de 
«  Montfort,  S<.  par  la  grâce  de  Dieu  vicomte  de  Béziers  81  de  Carcassonne, 
«  Si.  seigneur  d'Albigeois  S<  de  Razès,  pour  les  tenir  en  fief  de  lui  8t  de  ses 
«  héritiers,  &  qu'il  lui  en  faisoit  hommage  lige,  en  présence  de  Pierre-Guil- 
«  laume,  abbé  de  Combelongue,  Raimond,  vicomte  d'Onges,  Gui  de  Lucé, 
«  Gui  de  Lévis,  maréchal,  de  l'évêque  de  Paris  &  de  plusieurs  autres  sei- 
«  gneurs  iy  barons  de  l'armée  de  Dieu.  »  11  prie  à  la  fin  ses  seigneurs  ^  pères, 
Foulques,  évêque  de  Toulouse,  Se  Navarre,  évêque  de  Conserans,  de  vouloir 
confirmer  cette  charte  par  l'apposition  de  leurs  sceaux.  Roger,  qu'un  moderne^ 
fait,  sans  aucun  fondement,  père  de  Bernard,  alor'j  comte  de  Comminges,  & 
que  d'autres"*  confondent  avec  ce  dernier,  étoit  seigneur  du  pays  de  Savez, 
portion  de  l'ancien  Toulousain  située  à  la  gauche  de  la  Garonne^.  Il  ne 
paroît  pas  différent  de  Roger  de  Comminges,  qu'on  qualifie  <5  vicomte  de  Con- 
serans Se  qu'on  dit  cousin  germain  de  Bernard,  alors  comte  de  Comminges. 
Quant  au  titre  de  comte  de  Comminges,  que  Roger  prend  lui-même  dans 
l'hommage  qu'il  rendit  à  Simon  de  Montfort,  il  est  évident  que  c'est  une 
faute  de  copiste  St  qu'il  faut  lire  simplement  Roger  de  Comminges,  comme 
dans  l'histoire'^  de  Pierre  de  Vaux-Cernay.  Au  reste,  Roger  ne  demeura  t.m,"p'^3o8. 
fidèle^  à  Simon  que  fort  peu  de  temps,  St  il  abandonna  bientôt  son  parti 
pour  reprendre  celui  de  ses  ennemis. 

'  pierre  de  Vaux-Cernay,  c.  53.  '  Le  P.  Anselme,  Histoire  gênêalog'iiiue  des  grandi 

*  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  Cil,  ce.  608,  609.        officiers,  &c.  t.  2,  pp.  64  1  &  642. 

'  Benoît,  Histoire  des  aliigeois,  t.  1,  p.    164.  '  Pierre  Je  Vaux-Cernay,  c.  53. 

*  Daniel,  Histoire  de  France,  t.   1 ,  p.   |388.  '  liid. 
'•  Non  pas  du  Savès,  mais  du  Pailhas.  Voir  plus 

haut,  p.  126.  [A.  M,] 


Vf. 


An  1211 


354 


HISTOIRE  GÉNÉl^ALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXI. 


ÇV,  —  Le  comte  de  Toulouse  se  rend  au  siège  de  Lavaur  i-  se  brouille 

entièrement  avec  Simon. 

Le  comte  Raimond  se  vendit'  aussi  lui-même  au  camp,  devant  Lavaur, 
vers  la  fin  du  carême,  à  la  sollicitation  de  Pierre  de  Courtenay,  comte 
d'Auxerre,  8c  de  Robert  de  Courtenay,  ses  cousins  germains,  qui  l'exhortèrent 
si  vivement  k  faire  sa  paix  avec  l'Église,  qu'enfin  il  céda  à  leurs  instances, 
vint  trouver  les  légats  8c  eut  avec  eux  une  nouvelle  conférence;  on  n'en 
marque  pas  les  circonstances;  on  assure  seulement  en  général  que  Raimond 
demeura  inflexible  8c  qu'il  se  retira  le  cœur  ulcéré  contre  Simon  de  Mont- 
fort.  A  son  retour  à  Toulouse  il  défendit  sévèrement  à  tous  les  habitans  de 
porter  dorénavant  des  vivres  au  camp  des  croisés;  8c  ayant  fait  occuper  tous 
les  passages  pour  l'empêcher,  la  famine  se  mit  enfin  parmi  eux. 

CVL  —  Défaite  de  six  mille  croisés  allemands  par  le  comte  de  Foix, 

Raimond  ne  garda  plus  depuis  aucune  mesure  avec  Simon  de  Montfort 
8c  les  croisés,  8c  il  leur  fit  une  guerre  ouverte  par  le  conseil  de^  Bernard, 
comte  de  Comminges,  qui  le  pressa  fortement  de  ne  pas  se  laisser  dépouiller 
de  ses  domaines.  Il  apprit,  vers^  le  même  temps,  qu'un  corps  de  six  mille 


'  Pierre  de  Vaux-Cernay,  c.  49. 

'  Acta  concilii  P'aurenùs,  p.  766. 

'  Pierre  de  Vaux-Cernay,  c.  5o.  —  Tome  VIII, 
ce.  62  à  64.  —  [Giiillem  de  Tiidèle,  vers  1574- 
1614.]  —  Les  récits  de  la  bataille  de  Montjoire 
ou  mieux  de  Montgey  (voir  ci-après),  dans  Pierre 
de  Vaux-Cernay  &  dans  Guillem  de  Tudèle,  dif- 
fèrent assez  pour  que  nous  donnions  la  traduction 
des  deux  versions.  Le  lecteur  pourra  comparer.— 
Voici  d'abord  ce  que  dit  Pierre  de  Vaux-Cernay  : 
<(  Tandis  qu'avait  lieu  auprès  de  Lavaur  le  collo- 
que, dont  nous  avons  parlé  plus  haut,  pour  la 
réformation  de  la  paix  entre  la  Sainte  Eglise  & 
le  comte  de  Toulouse,  une  multitude  de  pèlerins 
venait  de  Carcassonne  à  l'armée.  Mais  ces  minis- 
tres de  ruse,  ces  artisans  de  trahison,  je  veux  dire 
le  comte  de  Foix,  son  fils  Roger-Bernard,  Géraud 
de  Pépieux,  &  nombre  d'hommes  du  comte  de  Tou- 
louse, se  placèrent  en  embuscade  avec  un  grand 
nombre  de  routiers,  dans  un  château  qu'on  appelle 
Montgey,  près  de  Puylaurens.  Quand  les  pèlerins 
furent  arrivés  à  cet  endroit,  ils  se  jetèrent  sur  eux; 
&  comme  ils  étaient  sans  armes  &  ignorants  de 
leur  trahison,  ils  en  tuèrent  un  grand  nombre, 
emportèrent  à  Toulouse  l'argent  des  morts  &  se 
le  partagèrent.  »  Suivent  les  imprécations,  dont 
Pierre  de  Vaux-Cernay  ne  manque  jamais  d'ac- 
compagner le  moindre  de  ses  récits.  —  Voici  main- 
tenant l'analyse  du  récit  de  Guillem  de  Tudèle  : 


Après  la  prise  de  Lavaur,  le  comte  de  Foix  se  met 
en  marche  avec  les  hommes  du  comte  Raimond, 
pour  attaquer  (ici  il  manque  quelques  vers)  les  Al- 
lemands, qui  arrivent  au  nombre  de  cinq  mille. 
Parvenus  à  Montgey,  les  barons  s'arment  &  se 
rangent.  Le  comte  de  Foix  attaquej  les  Allemands 
&  les  Frisons  se  défendent  longtemps;  mais  ils 
finissent  par  périr  tous.  Les  blessés  sont  achevés 
&  dépouillés  par  les  vilains,  accourus  au  bruit 
de  la  bataille.  Avertis,  les  Français  accourent  de 
Lavaur;  mais  le  comte  de  Foix,  sans  les  atten- 
dre, a  déjà  quitté  Montgey  &  marche  vers  Mont- 
giscard.  —  Quant  à  la  rédaction  en  prose,  elle 
s'écarte  ici  considérablement  du  poème;  non-seu- 
lement elle  place  avec  Pierre  de  Vaux-Cernay  le 
combat  pendant  le  siège  de  Lavaur,  mrais  encore 
elle  donne  plusieurs  petites  circonstances  qui  ne 
paraissent  pas  de  l'invention  de  l'auteur,  &  qui 
ne  se  retrouvent  pas  dans  le  poëme,  au  moins  dans 
son  état  actuel.  C'est  un  espion  qui  avertit  le 
comte  de  Foix  de  l'arrivée  des  Allemands  à  Mont- 
gey; le  comte  de  Foix  va  attendre  les  Allemands 
dans  un  bois,  &  les  attaque  le  lendemain  matin 
au  soleil  levant,  au  moment  où  les  Allemands 
levaient  le  camp  &  marchaient  vers  Lavaur.  — 
Malgré  ces  différences  sensibles,  les  troi  rédactions 
ont  un  fond  commun  qui  permet  de  les  contrêler 
l'une  par  l'.Tutre.  Que  l'action  ait  eu  lieu  pendant 
le  siège  de  Lavaur  ou  après,  il  faut  négliger  l'aç^ 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXI.  355 

croisés  allemands  s'avançoit  pour  aller  au  secours  de  Simon,  au  siège  de 
Lavaur,  &  qu'ils  étoient  arrivés  vers  Montjoyre'  {Mons  Jovis),  à  deux  lieues 
&c  demie  de  Toulouse,  entre  le  Tarn  8c  la  Garonne,  que  divers  modernes^ 
confondent  avec  le  lieu  de  Montgausi,  situé  auprès  de  Foix;  il  fit  aussitôt 
un  détachement  de  ses  troupes  sous  les  ordres  de  Raimond-Roger,  comte  de 
Foix,  de  Roger-Bernard,  fils  de  ce  comte,  &c  de  Guiraud  de  Pépieux,  les- 
quels setant  joints  à  plusieurs  braves  du  pays,  se  mirent  en  embuscade  dans 
un  bois  par  où  les  Allemands  dévoient  passer.  Le  lendemain,  au  soleil  levant, 
les  croisés  voulant  continuer  leur  marche,  le  comte  de  Foix  sortit  de  son 
embuscade  8c  les  attaqua  avec  tant  de  fureui  qu'il  les  tailla  en  pièces  8c  se 
retira  à  Montgiscard,  après  leur  avoir  enlevé  leur  bagage.  Montfort,  averti 
du  combat,  partit  en  diligence  à  la  tête  de  quatorze  mille  hommes  pour  aller 
au  devant  des  Allemands  ;  mais  il  arriva  trop  tard  8c  ne  trouva  qu'une  multi- 
tude de  morts  Se  de  blessés  sur  le  champ  de  bataille.  Il  fit  emporter  ces  der- 
niers pour  les  faire  panser  8c,  après  avoir  fait  inhumer  les  autres,  il  retourna 
à  Lavaur  8c  reprit  les  travaux  du  siège.  Un  ancien^  auteur  ne  compte  que 
mille  cinq  cents  croisés  dans  le  corps  d'armée  qui  fut  défait  à  Montjoyre  par 
le  comte  de  Foix.  Il  ajoute  qu'ils  étoient  sous  la  conduite  de  Nicolas  de  Bazo- 
ches,  8c  qu'il  y  en  eut  mille  de  tués. 

CVII.  —  Le  comte  de  Toulouse  chasse  Vévêque  de  cette  ville. 

Le  comte  Raimond  chassa'^  bientôt  après  de  Toulouse  Foulques,  son 
évêque,  qui  lui  étoit  très-suspect,  8c  avec  lequel  il  avoit  eu  depuis  peu  un 
nouveau  différend.  Ce  prélat,  voulant  faire  l'ordination  du  samedi  avant  le 
dimanche  de  la  Passion,  étoit  très-embarrassé,  parce  que  le  comte,  qui  se 
trouvoit  alors  dans  la  ville,  étoit  excommunié,  8c  que  les  légats  avoient  jeté 
l'interdit  sur  tous  les  lieux  où  il  seroit  présent.  Pour  obvier  à  cet  inconvé- 
nient, il  envoya  prier  ce  prince  de  s'absenter  pendant  qu'il  feroit  l'ordina- 
tion. Se  de  sortir  de  la  ville  sous  prétexte  d'une  promenade.  Raimond,  choqué 
du  compliment,  envoya  un  de  ses  chevaliers  à  l'évêque  pour  lui  ordonner  de 
sortir  au  plus  tôt  de  ses  États.  Ce  prélat  répondit  :  «  Ce  n'est  pas  le  comte 
«  qui  m'a  fait  évêque.  Se  ce  n'est  ni  par  lui,  ni  pour  lui  que  j'ai  été  placé  sur 
«  le  siège  épiscopal  de  Toulouse;  je  suis  élu  suivant  les  lois  ecclésiastiques, 

cusation  de  traliiion  <]ue  Pierrre  de  Vaux-Cernay  forme  convient  mieux,  aussi  bien  que  la  situation 

dirige  contre  le   comte   de   Foix,   &  surtout  cette  géographique.  En  effet,  le  comte  de  Foix,  le  soir 

assertion  ridicule  que  les   pèlerins   n'auraient  pas  de    sa    victoire,     revint    coucher    à   Montgiscard. 

iti  armés.  Que  venaient-ils   donc   faire  dans    le  Montjoire   {alias    Montjoie),    proposé    par    dom 

Languedoc,  sinon  se  battre?  Les  négociations  entre  Vaissete  &  donné  parla  chronique  en  prose,  est 

le  comte  de  Toulouse  &  Montfort  n'étaient  point  beaucoup  plus  près  de  Toulouse  que  de  Montgis- 

sérieuses;  Sien  attaquant  Lavaur,  les  croisés  avaient  card,  &  ce  dernier  lieu  est  entre  la  limite  du  Tarn 

envahi    les  Etats  de  Raimond  VI,  qui  était  donc  &  Toulouse.    [A.  M.] 

en  état  de  légitime  défense.   [A.  M.]  'Catel,    Mémoires  de  l'histoire   du    LanguedoCj, 

'  Ce    lieu,  en   latin  Monsjovis,  dans   le   poëme  p.  3.03. 

Mon/o/s,  est  probablement  Monf^ey  (Tarn),  arron-  '  Albéric,  Chronicon,  ad  ann.   1211. 

dissement  de  Laraur,  canton  d«  Cuq-TouUa.  La  *  Pierre  de  Vaux-Cernay,  c.  5i, 


An  1211 


~~ 356  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXL 

An  1211 

«  Se  non  intrus  par  violence  Se  par  l'autorité  du  prince.  Je  ne  sortirai  pas  k 
«  cause  de  lui;  qu'il  vienne  s'il  ose,  je  suis  prêt  à  mourir  pour  arriver  à  la 
«  gloire  par  le  calice  de  la  passion.  Que  ce  tyran  vienne  donc,  accompagné 
«  de  tous  ses  satellites,  il  me  trouvera  seul  8<.  sans  armes;  j'attends  la  récom- 
u  pense,  &t  je  ne  crains  rien  de  ce  que  les  hommes  peuvent  me  faire.  »  L'in- 
trépidité de  l'évêque  arrêta  les  ordres  du  comte,  qui  n'osa  rien  attenter  contre 
lui.  Foulques  résolut  enfin  de  lui-même  de  sortir  de  Toulouse,  &  étant  parti 
le  dimanche  de  Qunsimodo,  !«''  d'avril,  il  se  rendit  devant  Lavaur,  au  camp 
des  croisés. 

•  ' -^ï»  f:','  •  ■  CVIIT.  —  Prise  de  Lavaur, 

Le  siège  de  cette  ville  traînoit  cependant  en  longueur  par  la  vigoureuse 
défense  des  assiégés,  qui,  pour  taire  preuve  de  leur  force,  se  montroient  à 
cheval  sur  les  remparts,  armés  de  toutes  pièces.  Entre  les  diverses'  machines 
que  les  assiégeans  employèrent  pour  ahattre  les  murailles,  ils  en  élevèrent 
une  qu'on  appeloit  cat  {catus)  ou  guate,  &  qui  servoit  à  lancer  des  pierres. 
^Ed. origm.  ]]g  ]g  poussèrent  jusqu'au  hord  du  fossé,  qu'ils  tâchèrent  ensuite  de  comhler 
par  une  grande  quantité  de  fascines,  dans  le  dessein  de  faire  approcher 
ensuite  cette  machine  de  plus  près;  mais  les  assiégés  enlevoient  les  fascines 
pendant  la  nuit  par  un  conduit  souterrain  qui  ahoutissoit  à  cet  endroit  du 
fossé,  en  sorte  que  c'étoit  tous  les  jours  à  recommencer.  Les  assiégés  enle- 
voient encore  par  ce  conduit  ceux  qui  travailloient  à  combler  le  tossé.  Enfin 
ils  entreprirent  une  nuit  de  mettre  le  feu  à  la  machine;  deux  comtes  alle- 
mands, qui  en  avoient  la  garde  avec  quelques  troupes  de  leur  nation,  résis- 
tèrent d'abord;  mais  ne  pouvant  plus  soutenir  les  eftorts  des  assiégés,  ils 
furent  contraints  de  se  jeter  dans  le  fossé  en  attendant  du  secours;  il  arriva 
bientôt,  Si  les  croisés  obligèrent  à  la  fin  les  assiégés  à  rentrer  dans  leur  con- 
duit, après  leur  avoir  tué  ou  blessé  plusieurs  des  leurs. 

Les  croisés  désespéroient  toutefois  de  pouvoir  combler  le  fossé  S<  de  se 
rendre  maîtres  de  la  place,  lorsque  l'un  d'eux  proposa  un  expédient  qui 
réussit.  On  boucha  l'ouverture  par  laquelle  les  assiégés  entroient  librement 
dans  le  fossé  avec  une  grande  quantité  de  branches  d'arbres  toutes  vertes  ;  on 
y  mit  ensuite  du  bois  sec  8c  menu,  des  étoupes  &  diverses  autres  matières 
combustibles  enduites  de  graisse  toutes  allumées;  enfin  on  remit  par  dessus 
du  bois  vert,  des  bottes  de  foin  mouillées  &  de  l'herbe;  cet  amas  remplit  la 
caverne  d'une  fumée  si  épaisse  qu'il  ne  fut  pas  possible  aux  assiégés  de  se 
servir  de  ce  passage  pour  s'opposer  aux  desseins  des  croisés,  lesquels  comblè- 
rent le  fossé  sans  obstacle,  firent  approcher  la  machine  des  murailles  8c  tra- 
vaillèrent à  la  sape.  Les  assiégés,  de  leur  côté,  firent  des  efforts  incroyables 
pour  s'opposer  à  ceux  des  croisés  8c  jetèrent  sur  la  machine,  pour  la  brûler, 
une  prodigieuse  quantité  de  tisons  allumés,  de  la  graisse  bouillante  Se  des 

■  Pierre  de  taux-Cernay,  c.  .Iz.  — •  Tome  VITI,   c.  63.  —  [GniUem  de  TiiJèle,  vers  i  563-1  rnl.] 


HISTOIRE  GENERALE  DE  lANGUEDOC.   LIV.  XXI,  35?   " 

'         An  12  1 1 

pieux  aiguisés  par  le  bout.  Les  évêques,  l'abbé  de  la  Conr-Dieu,  qui  exer- 
çoit  les  fonctions  de  vice-légat,  6<.  tout  le  clergé  de  l'armée  cliantoient  cepen- 
dant le  Feni  Creator  5t  demandoient  à  Dieu  la  victoire  par  de  ferventes 
prières.  Enfin  les  travailleurs  ayant  percé  la  muraille,  les  croisés  entrèrent 
dans  Lavaur  S<  firent  main  basse  sur  tous  les  liabitans  qu'ils  rencontrèrent, 
sans  distinction  ni  d'âge,  ni  de  sexe.  Un  chevalier  croisé,  plus  compatissant 
que  les  autres,  ayant  appris  qu'un  grand  nombre  de  femmes  s'étoient  rassem- 
blées avec  leurs  enians  dans  une  maison,  alla  demander  grâce  pour  elles  à 
Simon  de  jMonttort  qui  la  lui  accorda 5  Se  ce  chevalier,  dont  on  ne  dit  pas  le 
nom,  les  exempta  par  là  du  massacre  général.  C'est  ainsi  que  cette  ville  fut 
prise  le  jour  de  l'invention  de  Sainte-Croix,  troisième  de  mai  de  l'an  1211. 
On  fit  prisonnier  Aymeri,  seigneur  de  Montréal,  &  on  le  conduisit  à  Simon 
de  Montfort  ayec  quatre-vingts  chevaliers  ou  gentilshommes  de  la  garnison  ; 
d'autres'  n'en  mettent  que  soixante-quatorze.  Simon  ordonna  aussitôt  qu'on 
les  fît  tous  pendre  à  des  gibets  qu'il  avoit  tait  préparer  exprès.  Aymeri  tut 
exécuté  le  premier  à  une  potence  plus  élevée  que  les  autres;  mais  comme 
elle  n'étoit  pas  bien  assurée,  elle  vint  à  tomber.  Simon,  voyant  qu'on  em- 
ployeroit  trop  de  temps  à  raffermir  les  autres,  ordonna  qu'on  fît  passer  tous 
ceux  qui  restoient  par  le  fil  de  l'épée,  Se  cet  ordre  fut  exécuté  sur-le-champ. 
Quant  à  Guiraudc,  dame  de  Lavaur,  il  la  fit  jeter  toute  vivante  dans  le  tond 
d'un  puits,  qu'il  fit  ensuite  combler  de  grosses  pierres,  à  cause  que  c'éloit 
une  hérétique  obstinée.  Un  auteur  étranger  assure*  qu'elle  déclara  qu'elle 
étoit  enceinte  de  son  frère  8t  de  son  fils;  mais  le  silence  des  autres  historiens 
du  temps  qui  ont  écrit  l'histoire  de  la  guerre  des  albigeois,  rend  cette  cir- 
constance fort  douteuse. 

On  trouva  dans  Lavaur  un  très-grand  nombre  d'hérétiques  que  les  croisés 
firent  brûler  tout  vifs  avec  une  joie  extrême^.  Leur  nombre  montoit,  suivant 
un  ancien  auteur"*,  à  quatre  cens  hérétiques  parfaits;  un  autre -^  ajoute  qu'on 
leur  offrit  la  vie,  s'ils  vouloient  embrasser  la  foi  catholique,  mais  qu'ils  pré- 
férèrent la  mort,  s'y  exhortèrent  mutuellement  Se  se  précipitèrent  eux-mêmes 
dans  les  flammes;  on  pardonna  au  reste  des  liabitans  de  Lavaur  sous  cer- 
taines conditions.  Quant  au  butin,  qui  fut  très-considérable,  on  assure'^  que 
Simon  de  Montfort  se  l'appropria  St  qu'il  s'en  servit  pour  satisfaire  un  riche 
marchand  de  Cahors  qui  lui  avoit  prêté  de  grosses  sommes.  Après  cette  expé- 
dition^, l'évêque  de  Paris,  Eno:uerrand  de  Coucy,  Robert  de  Courtenay  &      Kd.  origin. 

>  l  '  k>  J  '  J  \.  111,  p.  310 

Juël  de  Mayenne  prirent  congé  de  ce  général  S<.  s'en  retournèrent  avec  leurs 
troupes.  Les  Toulousains  8  s'en  retournèrent  aussi,  du  consentement  de  Foul- 
ques, leur  évêque  &  de  l'abbé  de  la  Cour-Dieu,  qui  faisoient  la  fonction  de 
vice-légats  dans  le  camp. 

'  Robertus  Altissiodorensis,  Chioniccn.  '  Voyez   tome  VIII,  c.  65.  —  [Gui  11cm   de  Tu- 

'  liiJ,  dèle,  vers  lôSo-iôSp.] 

'  Pierre  de  Vaux-Cemay,  c.   'yî.  '  Pierre  de  Vaux-Cernay,  c.  53. 

*  Pracclara  Frjncorum  fccinant,  p.  i  ^i  *  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  CV,  c.  616. 


^  Robcriiis  Altissiodorensis,  Chronict» 


Au  12  11 


358  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXI. 


CIX.  —  Prise  de  Ptiylaiirens. 

Sicard,  seigneur  de  Puylaurens  ',  qui  s'étoit  d'abord  soumis  à  Simon  Se  qui 
lui  avoit  ensuite  manqué  de  fidélité,  ne  fut  pas  plutôt  informé  de  la  prise  de 
Lavaur,  qu'il  abandonna  son  château  pour  se  retirer  à  Toulouse.  Simon  s'en 
saisit  aussitôt  8<  le  donna  à  Gui  de  Lucé,  chevalier  françois,  qui  y  établit 
une  forte  garnison.  Simon  n'avoit  osé  encore  attaquer  directement  les  places 
qui  étoient  du  domaine  immédiat  du  comte  de  Toulouse;  mais  il  n'eut  pas 
plutôt  soumis  Lavaur  qu'il  entreprit  la  guerre  contre  ce  prince,  le  poussa 
avec  une  vivacité  extrême  8t  le  dépouilla  enfin  de  tous  ses  domaines  pour 
s'en  revêtir  lui-même. 

'  Pierre  dt  VauX;;^Çernay,  c.  53, 


^i^i^'^i:^'^t^i:^fi^^}i^:^i:^i:^i:^i:^s:^i:^^ 


LIVRE   VINGT-DEUXIEME 


l.  — Simon  de  Montfort  déclare  la  guerre  au  comte  de  Toulouse  6>  prend 

sur  lui  diverses  places. 


SIMON  de  Montfort,  après  avoir  soumis  les  principales  places  qui  avoient   t.''ni,°p.''i'!'i. 
appartenu   au.  feu  vicomte  Raimond-Roger  6t  envahi   le   reste  de  ses  
domaines,  tourna  ses  armes  contre  Raimond  VI,  comte  de  Toulouse.     '^"  '*" 
Le  prétexte'  dont  il  se  servit  pour  déclarer  la  guerre  à  ce  prince  fut  que, 
s'étant  retiré  du  camp  des  croisés  devant  Lavaur,  il  avoit  détendu  aux  Tou- 
lousains d'y  apporter  davantage  des  provisions  de  guerre  &  de  bouche  j  mais 
il  se  fondoit  principalement  sur  ce  que  les  légats  du  pape  l'avoient  excom- 
munié 8{.  avoient  abandonné  ses  domaines  au  premier  occupant.  Simon  ayant 
décampé  de  Lavaur  se  présenta  devant  Montjoyre^  pour  punir  sur  les  babi- 
tans  de  ce  lieu  la  mort  des  six  mille  Allemands  que  le  comte  de  Foix  avoit 
défaits  aux  environs.  Il  trouva  qu'ils  avoient  pris  la  fuite,  mais  il  pilla  leurs 
maisons  8c  les  ruina  de  fond  en  comble.  Le  comte ^  Raimond,  surpris  de  ces 
actes  d'hostilité,  offrit  aux  généraux  des  croisés  de  remettre  sa  personne  8<.  ses 
Etats,  excepté  la  ville  de  Toulouse,  au  pouvoir  &  à  la  miséricorde  des  légats, 
avec  promesse  d'exécuter  fidèlement  tous  les  ordres  qu'ils  lui  donneroient,     Kd-origm. 

I  l  '        t.   Ul,  p.  212. 

tant  au  sujet  de  la  foi  &  de  la  religion  qii'au  sujet  des  dommages  qui  avoient 
été  causés  aux  églises,  à  condition  qu'on  lui  accorderoit  la  vie  sauve  8c  qu'on 
conserveroit  ses  domaines,  soit  pour  lui,  soit  pour  son  fils.  Plusieurs  barons 
de  l'armée  furent  d'avis  d'accepter  cette  offre  ;  mais  les  autres  l'ayant  rejetée, 

'Pierre    de   Vaux-Cernay,    c.    Oj    &    suiv.    —       de  ce  lien,  en   latin  Morts  Gdu./i/',  était  Montgey 
Guillaume  de  Puylaiirens,  c.   18.  Voyez  I.  XXI,  ch.  cxvii,  p.  3jô.    [A.  M.] 

'  Nous  avons  vu  plus  haut  que  I«  véritable  nom  '  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  XV,  c.  6i6t 


An  1211 


36o  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXII. 

Simon  continua  son  expétlition  Se  marcha  vers  le  château  de  Casser  ou  des 
Casses,  dont  il  forma  le  siège. 

Ce  château,  situé  dans  le  Lauragais,  à'  une  demi-lieue  de  Saint-Félix  de 
Caraman,  dépendoit  du  domaine  immédiat  du  comte  de  Toulouse,  qui  avoit 
grande  envie  de  le  secourir;  mais  ne  se  voyant  pas  assez  fort  pour  l'entre- 
prendre, il  s'avança  seulement  jusques  àCastelnaudary,  qu'il  ahandonna  après 
Y  avoir  mis  le  feu,  de  crainte  que  les  croisés  ne  s'en  emparassent.  Cependant 
la  garnison  de  Casser  ne  pouvant  plus  tenir,  demanda  à  capituler  &  se  rendit 
aux  conditions  suivantes  :  i°  Que  Montfort  lui  permettroit  de  se  retirer  où 
elle  voudroit,  la  vie  sauve.  2°  Qu'elle  livreroit  aux  croisés  tous  les  hérétiques 
qui  se  trouveroient  dans  le  château.  Ensuite  les  évêques  qui  étoient  dans 
l'armée  entrèrent  dans  la  place,  où  ils  exhortèrent  les  hérétiques  à  se  con- 
vertir; mais  leurs  exhortations  furent  vaines,  &  ces  prélats  voyant  l'obstina- 
tion des  sectaires,  qui  étoient  au  nombre  de  soixante,  entre  lesquels  il  y  en 
avoit  cinquante  de  ceux  qu'on  appeloit  parfaits,  les  abandonnèrent  à  la 
merci  des  croisés,  qui  les  bridèrent  tout  vijs  avec  une  Joie  extrême.  Le  comte 
Raimond^  fit  alors  une  nouvelle  tentative  pour  obtenir  la  paix.  Il  demanda 
une  conférence  aux  principaux  de  l'armée,  &t  il  alloit  les  trouver  par  ordre  8c 
sous  le  sauf-conduit  des  légats,  lorsque  Simon,  s'étant  mis  à  la  tête  de  plu- 
sieurs chevaliers,  courut  sur  lui  à  l'improviste,  dans  le  dessein  de  le  prendre 
ou  de  le  tuer,  le  poursuivit  pendant  plus  d'une  lieue,  ik  rompit  par  là  toutes 
les  négociations. 

II.  —  Siège  6"  prise  de  Mont ferr and  par  Simon.  — Baudouin,  frère  du  comte 
de  Toulouse,  se  tourne  contre  lui. 

Après  la  prise  de  Casser,  Simon  ^  entreprit  le  siège  de  Montferrand,  château 
situé  dans  le  Lauragais,  à  deux  lieues  de  Castelnaudary.  Le  comte  Baudouin 
avoit  d'abord  demandé  au  comte  Raimond,  son  frère,  le  gouvernement  de 
cette  dernière  place,  qu'il  se  faisoit  fort  de  défendre  en  cas  d'attaque;  mais 
Raimond,  ayant  jugé  à  propos  de  l'abandonner,  lui  avoit  confié  celui  du 
château  de  Montferrand,  avec  promesse  de  marcher  à  son  secours  s'il  étoit 

'  Pierre  de  VauK-Ceriiay  &  Guillaume  de  Puy-  beaucoup  plus  explicite  &  attribue  au   comte  de 

laurcns,  ut  supra.  Châlons  l'initiative  de  cet  accord  entre  les  deux 

'  Voyez  tome  VIII,  a?  jB^i'rt.  parties.    Fidèle   à   ses    habitudes,   le   chroniqueur 

'  Pierre  de  Vaux-Cernay,  c.  54.  —   Guillaume  en  prose  a   ajouté   nombre  de  détails;  c'est  ainsi 

de  Puylaurens,  ce.   16  &  18.  — Voyez  tome  VIII,  que  le  fait  de   l'entrevue  entre  Montfort  &  Bau- 

Chroniques,  ce.  f)5  à  68.  —  [Guillem   de  Tudèle,  douin,  accompagné  d'un  seul  gentilhomme,  ainsi 

vers  1641-1696.]  —  La  trahison  de  Baudouin  est  que   tout   le    long    discours    qu'il    prête    à  Simon 

racontée  avec    fort   peu   de   détails    par  Pierre  de  (voyez   tome  VIII,   ce.   66,   67),   ne   se   retrouvent 

Vaux-Cernay,  qui  se  contente  de  dire  que  le  comte  pas  dans  Guillem  de  Tudèle.  Il   ressort  seulement 

de  Montfort  obtint  de  lui  le  serment  de  ne  jamais  du    récit   de   ce   dernier   que    Baudouin   rendit   le 

porter  les  armes  contre  lui  &  l'Eglise.  Il  n'aurait  château  de  Montferrand  avant  d'avoir  épuisé  tous 

complètement    abandonné    le   parti    de   son    frère  les  moyens  de  défense  &  qu'il  fit  sa  paix  purticu- 

qu'après  une  altercation  avec  lui.  Guillem  de  Tu-  lière  avec  le  comte  de  Mon:fori.   [A.  M.j 
dèl«,  qui  était  à  même  d'être  bien    renseigné,  est 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXII.  36 1 


An  121 1 


I 


assiégé.  Quoique  ce  château  ne  tût  pas  des  plus  forts,  Baudouin,  qui  étoit 
brave  &  courageux,  le  défendit  néanmoins  pendant  plusieurs  jours  avec  qua- 
torze chevaliers  qui  composoient  sa  garnison,  dont  le  plus  qualifié  étoit  le 
vicomte  de  Montclar,  contre  les  efforts  de  l'armée  de  Simon  composée  de 
quatorze  mille  hommes.  Enfin  ce  général  ayant  fait  brèche,  tenta  de  donner 
l'assaut,  &  ses  troupes  franchirent  le  fossé  j  mais  elles  furent  si  bien  reçues 
par  les  assiégés,  qui  mirent  en  pièces  toutes  les  machines,  qu'il  fut  obligé  de 
taire  sonner  la  retraite  après  une  grande  perte.  Simon,  surpris  d'une  pareille 
résistance  S<  comprenant  qu'il  avoit  à  faire  k  un  capitaine  expérimenté  en  la 
personne  de  Baudouin,  prend  la  résohition  de  le  gagner  à  quelque  prix  que 
ce  fût,  lui  fait  dire  qu'il  souhaitoit  d'avoir  une  conférence  avec  lui  &  lui 
promet,  foi  de  gentilhomme,  une  entière  sûreté.  Baudouin,  sur  cette  parole, 
va  au  camp  suivi  d'un  seul  chevalier;  Simon  n'omet  rien  pour  le  porter  à  se 
rendre.  Si,  ayant  beaucoup  exalté  sa  valeur,  il  jette  dans  son  esprit  des  soup- 
çons contre  le  comte  de  Toulouse,  son  trère,  qui  l'exposoit  ainsi  dans  une 
place  aussi  faible,  laquelle  ne  pouvoit  manquer  d'être  bientôt  forcée;  il  lui 
promet  la  vie  8<.  les  bagues  sauves,  s'il  veut  lui  remettre  ce  château,  à  con- 
dition cependant  qu'il  ne  porteroit  jamais  les  armes  contre  les  croisés;  s'il 
n'aimoit  mieux  s'engager  à  son  service  Se  recevoir  de  sa  main  des  domaines 
suffisans  pour  son  entretien.  Baudouin  se  laissa  tenter  par  l'appât  d'une 
meilleure  fortune,  &,  voyant  qu'il  n'étoit  pas  en  état  de  tenir  plus  longtemps 
8t  qu'il  n'avoit  aucun  secours  à  attendre  du  comte,  son  frère,  il  accepte  ces 
propositions,  promet  par  serment  de  ne  plus  porter  les  armes  contre  Simon  8< 
les  croises,  £<.  oftre  même  de  servir  ce  général  envers  tous  S<.  contre  tous.  II 
va  ensuite  trouver  le  comte,  son  frère,  pour  lui  exposer  les  raisons  qui 
l'avoient  obligé  à  cette  démarche  8<  tâche  de  les  justifier;  mais  R.airaond, 
qui  étoit  déjà  informé  de  tout  8<.  qui  étoit  extrêmement  piqué  de  ce  que 
Baudouin  avoit  offert  ses  services  à  son  ennemi  capital,  le  reçut  avec  indi-  , "ifj '";'*'!''j 
gnation  &  lui  ordonna  de  se  retirer,  avec  défense  de  paroître  jamais  devant 
lui. 

Baudouin  retourna  alors  vers  Simon,  le  pria  de  le  recevoir  au  nombre  de 
ses  vassaux  Si  lui  promit  une  fidélité  inviolable.  Simon,  charmé  de  faire  une 
acquisition  de  cette  importance,  accepta  volontiers  ses  offres,  St  Baudouin, 
ayant  été  aussitôt  réconcilié  à  l'Église,  fit  restituer  sur-le-champ  à  quelques 
pèlerins  de  Saint-Jacques,  pour  marquer  la  sincérité  de  son  retour,  ce  que  les 
routiers  leur  avoient  enlevé  en  haine  des  croisés'.  Il  demeura  toujours  depuis 
attaché  au  parti  de  Simon,  qui  lui  donna  en  fief  plusieurs  domaines  dans  le 
Querci,  où  il  alla  fixer  sa  demeure,  Si  fit  depuis  une  guerre  implacable  au 
comte  de  Toulouse,  son  trère  ^. 

'  Pierre  de  Vaux-Ceriiay,  c.  ô3.  Chronique  en  prose  &  que  Guillem  de  Tudèle  seul 

*  Avant  d'abandonner  complètement  le  parti  de  nous    rapporte,    nous    fait   comprendre   pourquoi 

son  frère,  le  comte  Baudouin  eut  en  effet  avec  lui  cette   entrevue    entre    les   deux   frères   amena    leur 

une  entrevue,  àToulouse;  mais  un  fait,  que  Pierre  rupture.   D'après  Guillem   de  Tudéle,  qui,   ici,  est 

de  Vaux-Ctrnay  n'indique  pas,  non   plus  que   la  extrêmement  obscur,  après  la  reddition  de  Mont- 


Aa  izt  I 


362  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV,  XXII. 


III.  —  Suite  des  expéditions  de  Montfort  contre  le  comte  de  Toulouse, 
Il  entreprend  le  siège  de  cette  ville. 

Montfort,  avant  soumis  le  château  de  Montferrand  8c  quelques  autres  des 
environs,  s'assura  de  celui  de  Castelnaudary  qu'il  fit  rétablir;  il  marcha 
ensuite  avec  son  armée  du  côté  du  Tarn  qu'il  passa  à  Rabastens.  Ce  château 
&  plusieurs  autre3  du  pays  d'Albigeois,  soumis  à  l'autorité  immédiate  du 
comte  de  Toulouse,  se  rendirent  alors  aux  croisés  par  l'entremise  de  l'évêque 
d'Albi,  savoir  :  ceux  de  Montaigu,  Gaillac,  Cahusac,  La  Garde,  Puicelsi, 
Saint-Marcel  &  La  Guépie,  avec  celui  de  Saint-Antonin,  situé  sur  les  fron- 
tières du  Rouergue.  Simon  étoit  sur  les  bords  du  Tarn,  à  la  tête  de  l'armée 
du  Seigneur,  le  5  de  juin'  de  l'an  1211,  lorsque^  Raimond-Trencavel,  oncle 
du  dernier  vicomte  de  Béziers,  confirma  dans  son  camp  la  cession  qu'il  avoit 
déjà,  faite  en  sa  faveur  durant  le  siège  de  Minerve  de  tous  les  droits  qu'il 
avoit  sur  les  vicomtes  de  Béziers,  Carcassonne,  Albi,  Razès  Se  Agde.  Il 
décampa''  bientôt  après,  sur  l'avis  qu'il  eut  que  Thibaut,  comte  de  Bar, 
Henri,  son  fils,  le  comte  de  Châlons  8c  plusieurs  autres  seigneurs  de  distinc- 
tion étoient  arrivés  à  Carcassonne  avec-  un  grand  renfort  de  croisés,  la  plupart 
allemands.  Henri,  comte  de  Grand-Pré,  qui  étoit  du  nombre,  mourut  en 
chemin.  Simon  dépêcha  aussitôt  au  comte  de  Baf^pour  le  prier  de  faire  mar- 
cher ses  troupes  vers  Toulouse,  8c,  ayant  pris  les  devants,  il  alla  conférer 
avec  lui  aux  environs  de  Montgiscard.  Ils  conclurent  de  commencer  leur 
expédition  par  le  siège  de  Toulouse  Se  firent  ensuite  défiler  leurs  troupes; 
elles  se  joignirent  vers  Montaudran,  lieu  situé  sur  la  petite  rivière  de  l'Hers. 

Les 5  Toulousains,  informés  du  dessein  des  croisés,  envoyèrent  à  l'armée 
des  députés  qui  furent  admis  à  l'audience  des  légats,  de  Foulques,  leur 
évêque,  8c  des  généraux.  Ils  se  plaignirent  de  ce  qu'on  vouloit  assiéger  leur 
ville,  tandis  que  tous  les  habitans  étoient  disposés  à  observer  exactement  tout 
ce  qu'ils  avoient  promis  :  ils  ajoutèrent  qu'on  ne  pouvoir  leur  rien  reprocher 
depuis  la  prestation  de  leur  nouveau  serment,  leur  réconciliation  à  l'Eglise 
8c  la  remise  des  otages.  Les  légats  8c  l'évêque  de  Toulouse  répondirent  que 
ce  n'étoit  pas  parce  qu'ils  eussent  commis  quelque  faute  qu'on  alloit  entre- 

/errani,  Baudouin   se  trouvant  à   Bruniqiiel   avec  met  de  Montfort.  (Voyei  Pierre  de  Vaux-Cemay, 

son  frère,  aurait  pris  contre  lui  le  parti  des  habi-  c.  54.)  [A.  M.] 

tants  de  ce  château,  que  Raimond  VI  voulait  brû-  '  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  CIII,  ce.  609  à 

1er   pour  empêcher    les    croisés    de    s'en    empaier.  611. 

Grâce  à  cette  sédition,  il  aurait  arraché  à  son  frère  '  Pierre  de  Vaux-Cernay,  c.  55.  —  Guillaume  de 

le   don  de  ce  château  &  se  serait  alors  complète-  Piiylaurens,  c.  18.  —  Albéric,  Chronicoa,  an  1214. 

ment  engagé  les  croisés.  Ce  ne  serait  qu'après  cette  —  Voyez  tomeVIII,  Chroniques,  c.  68. 

affaire  que  Baudouin  serait  allé  à  Toulouse  annon-  ''Pour  plusieurs   bonnes   raisons,  il   doit  s'agir 

cer  à  son  frère  le  parti  qu'il   avait   pris  (Guillem  ici  du  comte  de  Bar-le-Duc  en  Lorraine,  Henri  II, 

de  Tudèle,  vers  1713-1737).  Tous   ces  événements  &  non  pas   de  celui   de   Bar-sur-Seine,  qui  avait 

eurent  lieu  en  mai   iiii.   [A.  M.]  déjà  pris  part  à  la  croisade,  en  1209.  (Cf.  Meyer, 

'  L'acte   dont   il   est  Ici   question   est  probable-  Chanson  Je  li  Croisade,  t.  2,  p.  96,  n.  1.)    [A.  M.] 

ment  du  jour  même  du   passage  du  Tarn  par  l'ar-  ''  Voyez  tome  VHI,  Charles,  n.  CV,  ci  6\-ji 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIL  363  ~ 

An  121 1 

prendre  le  siège  de  leur  ville,  mais  à  cause  qu'ils  reconnoissoient  le  comte 
Raimond  pour  leur  seigneur,  &  qu'ils  permettoient  qu'il  demeurât  parmi 
eux;  que,  s'ils  vouloient  le  chasser  avec  ses  partisans,  renoncer  à  son  obéis- 
sance &  au  serment  de  iidélité  qu'ils  lui  avoient  prêté,  &  recevoir  pour  leur 
seigneur  celui  qu'eux  8t  l'Église  leur  donneroient,  il  ne  leur  seroit  fait  aucun 
mai,  sinon,  qu'on  alloit  les  attaquer  vivement  &  qu'on  les  regarderoit  comme 
des  hérétiques  &  des  fauteurs  des  hérétiques.  Les  Toulousains,  se  croyant 
liés  par  le  serment  de  fidélité  qu'ils  avoient  fait  à  leur  comte  &  s'étant  tou- 
jours réservé  cette  fidélité  dans  leurs  autres  sermens,  du  consentement  des 
légats  8c  de  leur  évêque,  refusèrent  d'acquiescer  à  cette  demande,  de  crainte 
de  passer  pour  des  traîtres  envers  leur  comte  qui,  d'ailleurs,  offroit  d'ester  à 
droit.  Alors  Foulques,  leur  évêque,  pour  les  punir  de  leur  résolution,  manda' 
au  prévôt  de  sa  cathédrale  Se  à  tous  les  ecclésiastiques  de  Toulouse  d'en  sortir 
incessamnient.  Tout  le  clergé  sortit  en  effet  aussitôt  de  la  ville,  nu-pieds, 
avec  le  Saint-Sacrement;  démarche  qui  fut  extrêmement  sensible  aux  Tou- 
lousains^. 

Le  comte  ^  Raimond  ne  s'alarma  pas  des  projets  des  croisés.  Il  s'étoit 
assuré  du  secours  des  comtes  de  Foix  &  de  Comminges,  qui  l'avoient  joint  à 
la  tête  de  leurs  vassaux,  &  il  avoit  enfin  réuni  en  sa  faveur,  après  cependant 
beaucoup  de  soins  &  de  peines,  tous  les  habitans  de  Toulouse,  qui  lui  pro- 
mirent de  se  défendre  jusqu'à  la  dernière  extrémité,  nonobstant  la  nouvelle     Kdoiigin. 

■      I  '  t.  m,  p,  314 

excommunication  que  le  légat  venoit  de  lancer  contre  eux.  Dès  qu'il  eut 
appris  par  ses  espions  l'arrivée  de  Simon  de  Montfort  &  du  comte  de  Bar  à 
Montgiscard,  il  s'avança  vers  eux  pour  leur  disputer  le  passage  de  l'Hers, 
suivi  des  comtes  de  Foix  St  de  Comminges,  de  cinq  cents  chevaliers  d'élite  & 
d'un  corps  considérable  d'infanterie.  Il  fit  aussitôt  rompre  le  pont  qui  étoit  à 
Montaudran,  en  sorte  que  les  deux  armées  campèrent  en  présence,  n'étant 
séparées  que  par  cette  petite  rivière.  Les  croisés,  n'osant  tenter  le  passage  à 
la  vue  de  leurs  ennemis,  prirent  le  parti  de  se  détourner  pour  chercher 
quelque  gué.  En  chemin  faisant  ils  rencontrèrent  un  autre  pont  que  le  comte 
de  Toulouse  faisoit  actuellement  abattre;  ils  attaquèrent  les  troupes  de  ce 
prince,  les  firent  reculer  8i  passèrent  enfin,  partie  sur  ce  pont  8c  partie  à  la 
nage.  Raimond,  pour  n'être  pas  accablé  par  le  nombre,  prit  le  parti  de  la 
retraite;  mais  ce  ne  fut  pas  sans  avoir  fait  périr  auparavant  plusieurs  croisés 
Se  fait  divers  prisonniers. 

Le  lendemain'*  l'armée  des  croisés  ayant  marché  vers  Toulouse  fit  main 
basse  en  chemin  sur  tous  ceux  qu'elle  rencontra  Se  ravagea   la  campagne. 

'  Voyez  toraeVni,  Chroniques,  ce.   68,  69.  —  de  Montferrnnd  &  immédiatement  après  celle  de 

Pierre  de  Vaiix-Cernay,  c.  :>^.  Lavaur  (comm.  du  ch.  liv).   [A.  M.] 

'  Ni    Pierre   de  Viux-Cernay,    ni    Guillem    de  '  Voyez    tome  VIII,    ce.   69,    70,   &    Chartes, 

Tiidéle  ne  parlent  de  cette  tentative  des  Toulon-  n.  CV,  c.  618.  —  Pierre  de  Vaux-Cernay,  e.  Hii, 

sains  pour  arrêter  la  marche  des  croisés  j  elle  n'est  — Guillaume  de   Piiylaiirens,  c.    18.  —  Albéric, 

mentionnée  que    par  la    lettre  des  Toulousains   à  Chranicon,  an.  1214. 

Pierre  d'Aragon.  La  sortie  des  prêtres  de  Toulouse  ■*  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  ut  supra,  —  Pierre 

est  placée  par  le  chroniqueur  latin  avant  la  prise  de  \'aux-Cerna)r,  e.  55. 


An   I  : 


364  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXII. 

Simon  n  avant  pas  assez  de  troupes  pour  faire  la  circonvallation  de  la  ville  à 
cause  de  sa  trop  grande  étendue,  se  contenta  d'attaquer  cette  partie  qu'on 
appeloit  alors  le  Bourg  ou  le  faubourg,  81  qui  étoit  située  vers  l'abbaye  de 
Saint-Sernin.  11  campa  dans  une  distance  assez  éloignée  des  murailles  & 
dressa  ses  batteries  contre  deux  portes;  mais  les  Toulousains,  pour  faire  voir 
qu'ils  ne  le  craignoient  pas,  les  laissèrent  ouvertes  jour  Si  nuit  8t  en  per- 
cèrent même  quatre  nouvelles.  Enfin  Simon,  après  avoir  pris  l'avis  du  légat 
Se  des  comtes  de  Bar  Se  de  Cliâlons,  tenta  l'assaut;  mais  il  fut  reçu  avec  tant 
de  bravoure  par  les  habitans  dont  le  nombre  surpassoit  de  beaucoup  celui 
des  croisés,  qu'il  fut  obligé  de  se  retirer.  Le  comte  de  Toulouse  fit  alors  une 
sortie  avec  le  comte  de  Foix,  Se  ils  tombèrent  si  rudement  sur  les  assiégeans 
qu'ils  en  tuèrent  plus  de  deux  cents  8e  en  blessèrent  autant.  I/e  comte  de 
Foix  eut  un  cheval  tué  sous  lui  dans  ce  combat  qui  dura  jusqu'à  la  nuit'  Se 
dans  le([uel  il  perdit  Raimond  de  Castelbon,  l'un  de  ses  plus  braves  cheva- 
liers. Les  assiégés  firent  encore  diverses  sorties  les  jours  suivans,  Se  toujours 
avec  avantage;  ils  perdirent  un  parent  du  comte  de  Comminges  Se  Guil- 
laume de  Rochefort,  frère  de  l'évêque  de  Carcassonne,  dans  une  de  ces  sor- 
ties qu'ils  entreprirent  sur  le  midi,  lorsque  les  croisés,  accablés  par  la  chaleur 
du  jour,  faisoient  la  méridienne  après  leur  dîner,  suivant  l'usage;  ils  don- 
nèrent sur  un  convoi  escorté  par  Eustache  de  Quen^  Se  par  le  châtelain  de 
Melphe,  le  mirent  en  désordre  Se  laissèrent  mort  sur  la  place  le  premier  de 
ces  deux  chevaliers. 

IV.  —  L'évêque  de  Cahors  fait  hommage  du  comté  de  cette  ville  à  Simon 

de  Montfbrt. 

Durant  le  siège  de  Toulouse,  Simon  de  Mpntfort  donna  en  fief,  le  20  de 
juin^  de  l'an  121 1,  le  comté  de  Caliors,  à  Guillaume  de  Cardaillac,  évêque 
de  cette  ville,  qui  lui  en  fit  hommage  S<  lui  prêta  serment  de  fidélité  avec 
promesse  de  le  tenir  de  lui,  comme  il  l'avoit  tenu'*  de  Raimond,  autrejois 
(quondam)  comte  de  Toulouse.  L'évêque  d'Uzès  Se  Arnaud,  abbé  de  Cîteaux, 
légats  du  Saint-Siège,  Foulques,  évêque  de  Toulouse,  l'abbé  de  Saint-An- 
tonin  de  Pamiers,  maître  Thédise,  chanoine  de  Gênes,  Bouchard  de  Marlv, 
plusieurs  autres  chevaliers  françois.  Se  enfin  frère  Dominique ,  prédicateur, 
furent  présens  à  cet  hommage  Se  se  trouvèrent,  par  conséquent,  au  siège  de 
Toulouse.  L'évêque  de  Cahors  alla  peu  de  temps  après  à  la  Cour,  où  il  fit 
liommage  Se  prêta  serment  de  fidélité  au  roi  par  un  même  acte^,  au  mois 
d'octobre  suivant,  pour  le  comté  6»  la  ville  de  Cahors.  Il  étoit  persuadé  sans 

'  Guillem  de  Tiidèle  parle  ici  cîii  comte  de  Coin-  ■•  Voyez  tome  IV,  Note  XLII,  n.  2  S;  siiiv.  p.   i()Ç 

minges  (vers    1798).  C'est   le   texte    en   prose    qui  &  suiv. 

nomme  le  comte  de  Foix.    [A.  M.]  '  Gallia    Christian^,    nov.    éd.    t.    1 ,   c.    iSz.  — 

'  Giiillem   de   Tiidéle   dit    Eiist;iche   de    Caus,  &  Brussel,   V<age   des  Jiefs,   t.    1,  p.  3i.    [Cf.  Delisle, 

1.1  rédaction  en  prose  Eustache  de  Canhitz.  [A.  M.]  Catalogue  des  actes  de  Philippe-Auguste^  n.    iSoy.] 

'  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  CI  V,  ce.  61  r  ,61 1. 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXII.  365  ""; 

An  12  11. 

doute  que  Simon  n'étoit  pas  personne  légitime  pour  lui  donner  l'investiture 
d'un  fief  sur  lequel  il  n'avoit  aucun  droit  :  ainsi  il  s'adressa  au  roi  pour  plus 
grande  sûreté,  car  on  vient  de  voir  qu'il  ne  reconnoissoit  plus  Raimond  pour 
comte.de  Toulouse  Se  pour  son  suzerain.  Depuis  ce  temps-là  les  évêques  de 
Cahors  sont  devenus  hommes  liges  de  nos  rois  pour  le  comté  de  cette  ville, 
qu'ils  ne  possédoient  auparavant  qu'en  arrière-fief  8t  qu'ils  tenoient  immé- 
diatement des  comtes  de  Toulouse,  qui  le  leur  avoient'  donné;  si  tant  est 
qu'ils  n'aient  pas  profité  des  troubles  qui  s'élevèrent  alors  dans  le  pays,  pour 
s'ériger  en  comtes  de  Cahors,  ce  qui  n'est  pas  hors  de  vraisemblance*. 

Y,  —  Simon  lève  le  siège  de  Toulouse.  —  Il  Ja'it  des  courses  dans  le  pays 

de  Foix. 

Le  siège  de  Toulouse  duroit  déjà  depuis  longtemps^  lorsque*  Simon,  , ''ni °^'^ô"s 
voyant  que  tous  ses  efforts  étoient  vains,  que  la  disette  étoit  dans  son  camp, 
&  que  son  armée  s'affoiblissoit  tous  les  jours,  résolut  de  se  retirer;  résolution 
dont  la  honte,  si  nous  en  croyons  un  ancien  historien  "',  zélé  partisan  de  ce 
général,  rejaillit  bien  moins  sur  lui  que  sur  le  comte  de  Bar,  qui,  à  ce  qu'il 
fait  entendre,  ne  fit  pas  bien  son  devoir.  Quoi  qu'il  en  soit,  Simon  ne  vou- 
lant pas  décamper  impunément,  fit  divers  détachemens  le  lundi  27  de  juin, 
pour  faire  le  dégât  dans  tous  les  environs  de  Toulouse.  Les  Toulousains 
sortent  alors  en  foule,  sous  le  commandement  d'Hugues  d'Alfar,  sénéchal 
d'Agenois,  &  de  Pierre  d'Arsis  son  frère,  donnent  sur  le  camp  des  croisés, 
leur  tuent  beaucoup  de  monde,  entre  autres  Eustache  de  Canits^,  l'un  de 
leurs  meilleurs  chevaliers,  renversent  leurs  tentes,  les  mettent  au  pillage,  8t 
délivrent  leurs  prisonniers  qu'on  tenoit  dans  les  fers.  Le  comte  de  Foix  étant 
survenu  à  la  tête  des  Béarnois  &  des  Navarrois,  attaque  les  troupes  du  comte 
de  Bar,  les  pousse  vivement,  &  les  oblige  à  prendre  la  fuite,  après  en  avoir 
tué  &  blessé  un  grand  nombre.  Enfin  les  cris  des  croisés  ayant  rappelé  au 
camp  leurs  troupes  qui  s'étoient  dispersées  aux  environs  de  Toulouse,  le 
comte  de  Foix  &  le  sénéchal  d'Agenois  se  retirent  en  bon  ordre  &  rentrent 
dans  la  ville  avec  un  riche  butin,  sans  avoir  perdu  un  seul  homme'. 

'  Voytz  tome  IV,  .Vert  XLII,  n.  2  &  $ui».  Tarn  &  le  siège  fut  levé  le  29  juin,  jour  de  la  fête 

'  Voyez  ce  que  doin  Vaissete  dit  de  cette  que»-  de   saint   Pierre  (voyez  plus  haut,  p.  362,  &  plus 

tion,   au   tome  IV,   passage  cité  plus  haut,  où   il  biis).    [A.  M.] 

réfute    l'opinion    de  Dominicy.    Un   fait    certain,  '  Pierre    de    Vaux-Cernay,    c.    55.    —    Voyez 

c'est   qu'en    10791  Guillaume,  comte  de  Toulouse,  tome  VIII,  ce.  71,  72,   &  Chartes,  n.  CV,  c.  618, 

s'intitulait  encore  comte  de  Cahors  (voyez  tome  V  '  Pierre  de  Vaux-Cernay,  c.  55. 

de  cette  édition,  c.  648),  &  les  arguments  de  Do-  '  Pierre  de  Vaux-Cernay  ne  mentionne  que  la 

minicy  sont  tellement  faibles  que  l'hypothèse  d'une  bataille  plus  haut  racontée,  dans  laquelle  périt  ce: 

aliénation  de  la  souveraineté  du  comté  de  Cahors  Eustache  de  Quen,que  nous  identifions  avec  Eus- 

par  les  comtes  de  Toulouse  paraît  difficile  à  soute-  tache  de  Caus    ou    de  Canitz,  mentionné    par   la 

nir.    [A.  M.]  chronique   en    prose  &  par  le    poëme  (vers  1848). 

'  0om  Vaissete  aurait  du   dire  depuis   quelque  Des    deux   combats,    il    semble  qu'on    n'en    doive 

temps,  car  les  combats  sous  Toulouse  ne  durèrent  faire  qu'un.   (A.  M.) 

pas    plus   de    trois    semaines.    En    effet,    le    :i   juin  '  Cette    dernière    partie    du    récit,    l'attaque   du 

1211,  l'armée  croisée  était  encore  sur  les  bords  du  camp  des  croisés  p.ir  les  Toulousanis,  est  e:iipriin- 


An  12  11 


366 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXII. 


Deux  jours  après,  Simon  leva  le  siège  avant  le  jour,  avec  tant  de  précipi- 
tation, qu'il  laissa  clans  son  camp  la  plupart  de  ses  blessés  &t  une  partie  des 
équipages  :  il  acheva  cependant  de  désoler  en  passant  toute  la  campagne.  Le 
comte  de  Châlons  Si  une  grande  partie  des  croisés  de  sa  suite,  ayant  ii,ni  leur 
service  de  quarante  jours,  prirent  alors  congé  de  ce  général;  mais  le  comte 
de  Bar  demeura  encore  quelque  temps.  On  assure  cependant'  que  les  deux 
comtes,  persuadés  de  l'injustice  du  procédé  de  l'abbé  de  Cîteaux  £<  de  Simon, 
envers  les  comtes  de  Toulouse,  de  Foix  &  de  Comminges,  les  exhortèrent  à 
leur  donner  la  paix;  &  que  le  légat  &  Simon  se  seroient  rendus  à  leurs 
remontrances,  si  Fovilques,  évêque  de  Toulouse,  ne  l'avoit  empêché. 

Les  Toulousains^,  après  la  levée  du  siège  de  leur  ville,  en  envoyèrent  la 
relation  à  Pierre,  roi  d'Aragon;  ils  lui  font  un  détail,  dans  leur  lettre,  de  la 
conduite  que  l'abbé  de  Cîteaux  avoit  tenue  jusqu'alors  à  leur  égard  &  à 
l'égard  de  leur  comte;  lui  exposent  les  nouvelles  menaces  que  les  croisés  leur 
faisoient,  &  le  prient  instamment  de  s'intéresser  en  leur  laveur,  de  ne  pas 
ajouter  foi  à  ce  que  leurs  ennemis  pourroient  publier  de  contraire  à  ce  qu'ils 
lui  écrivoient,  &  de  ne  pas  leur  faire  de  la  peine,  attendu  qu'ils  étoient  prêts 
à  satisfaire  entièrement  à  l'Eglise  sur  tout  ce  qui  seroit  juste  &  raisonnable; 
ils  lui  font  entendre  enfin,  que  les  autres  princes  èf.  les  autres  puissances 
avoient  également  à  craindre  des  entreprises  des  croisés,  8t  se  plaignent  de 
l'extrême  sévérité  des  pasteurs,  «  qui  nous  excommunient,  disent-ils,  parce 
«  que  nous  nous  servons  des  routiers,  tandis  qu'ils  les  emploient  eux-mêmes, 
«  &.  admettent  à  leur  table  &  dans  leur  familiarité  ceux  d'entre  ces  brigands 
«  qui  ont  tué  l'abbé  d'Eaunes,  &  mutilé  les  religieux  de  Boulbonne.  » 

Montfort,  suivi  du  légat^,  prit  sa  route  vers  le  pays  de  Foix,  dans  le  dessein 
de  le  ravager,  afin  de  punir  le  comte  Raimond-Roger  des  maux  qu'il  lui 
avoit  causés.  11  se  rendit  d'abord  à  Auterive,  sur  l'Ariége,  &  après  y  avoir 
laissé  quelque  infanterie  en  garnison,  il  s'avança  jusqu'à  Pamiers.  11  fut  à 
peine  parti,  qu'un  corps  de  routiers  ayant  paru  devant  Auterive,  les  habi- 


tée par  dom  Vaissete  à  la  lettre  des  consuls  au  roi 
d'Aragon.  Il  nous  semble  que  notre  auteur  a  eu 
tort  de  combiner  ce  récit  &  celui  de  Pierre  de 
Vaux-Cernayj  les  deux  sources  semblent  parler 
de  deux  faits  différents.  Nous  aurions  donc  un 
premier  combat,  dans  lequel  fut  pris  un  convoi, 
conduit  par  le  châtelain  de  Melfe  &  Eustache  de 
Caus  ou  de  Quen;  ce  combat  est  rapporté  par  Pierre 
de  Vaux-Cernay  &  par  les  deux  chroniques  en 
langue  vulgaire;  il  dut  avoir  lieu  vers  le  i8  ou  le 
2o  juin.  Puis,  le  27  juin,  pendant  que  les  troupes 
de  Montfort  ravagent  le  plat  pays  autour  de 
Toulouse,  le  camp  est  assailli  par  les  Toulousains, 
qui  le  mettent  au  pillage.  Ce  fait  n'est  mentionné 
que  par  la  lettre  des  consuls,  qui  attribuent  à  ce 
dernier  échec  la  levée  du  siège,  qui  eut  lieu  deux 
jours  après,  le  29  juin.   [A.  M.] 

'  Voyez  tome  VIII,  ce.  72,  78.  —  Le  nom  du 


comte  de  Chalon  est  remplacé  dans  le  poëme 
(vers  1878)  par  un  autre,  îo  coms  d'Alos,  person- 
nage inconnu  &  que  M,  Meyer  n'a  pu  identifier 
(voyez  son  édition,  t.  2,  p.  91).  Le  texte  en  prose, 
suivant  sa  coutume,  est  beaucoup  plus  explicite 
que  le  poëme,  qui  se  contente  de  dire  que  ce  sei- 
gneur aurait  voulu  ménager  un  accord,  mais  que 
les  Français  (par  opposition  aux  Allemands), 
l'évèque  de  Toulouse  &  les  missionnaires  s'y  op- 
posèrent.  [A.  M.] 

"  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  CV,  ce.  618  & 
619. 

'  Pierre  de  Vaux-Cernay,  c.  55,  &  tome  VIII, 
c.  74.  —  Voyez  le  poëme,  qui  donne  beaucoup 
moins  de  détails  que  Pierre  de  Vaux-Cernay 
[vers  1872-1875;  1889-1892].  Il  fait  séjourner 
l'armée  des  croisés  dans  le  comté  de  Foix  pendsnt 
tout  le  fort  dç  l'été  (juillet-août).   [A,  M.] 


An  1211 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXII.  867 

tans  leur  ouvrirent  les  portes.  La  garnison,  obligée  de  se  réfugier  clans  le 
château,  se  mit  en  état  de  défense;  mais  ne  pouvant  résister,  elle  capitula,  8c 
obtint  la  permission  de  sortir  la  vie  sauve.  Simon  se  vengea  en  repassant  par 
Auterive  qu'il  livra  aux  flammes.  Il  alla  de  Pamiers  à  Vareilles,  château 
situé  auprès  de  Foix,  Si  trouva  en  arrivant  que  les  habitans  l'avoient  aban- 
donné après  y  avoir  mis  le  feu  :  il  ordonna  de  l'éteindre,  &  mit  garnison  dans 
la  place.  Il  fit  ensuite  un  dégât  général  dans  le  pays  de  Foix,  &.  s'empara 
du  bourg  de  ce  nom,  qu'il  brûla;  mais  il  n'osa  attaquer  le  château.  Enfin, 
ayant  désolé  le  pays  pendant  huit  jours,  il  revint  à  Pamiers,  dans  le  desseiri 
de  passer  en  Querci,  dont  l'évêque  St  une  partie  de  la  noblesse  qui  souhai- 
toient,  dit-on,  extrêmement  de  l'avoir  pour  seigneur,  à  la  place  du  comte  de 
Toulouse,  le  pressoient  d'aller  prendre  possession. 

VI.  —  Simon  s'empare  de  Cahors  (/  continue  la  guerre. 

Simon  pria  le  comte  de  Bar,  &  le  reste  de  la  noblesse  allemande  qui  étoit  t.'iii^p.^s'îii, 
encore  avec  lui,  de  l'accompagner  dans  ce  voyage.  Ils  lui  accordèrent  d'abord 
sa  demande;  mais  à  peine  l'armée  fut  arrivée  à  Castelnaudary,  que  le  comte 
de  Bar  s'excusa  d'aller  plus  loin,  81  prit  la  route  de  Carcassonne,  quelque 
prière  que  lui  fît  Simon  de  demeurer  encore  quelque  temps.  La  plupart  des 
Allemands  consentirent  cependant  à  le  suivre,  81  il  marcha  avec  eux  81  une 
partie  de  ses  troupes  vers  Cahors.  11  prit  en  passant  le  château  de  Caylus  en 
Querci,  où  il  mit  le  feu.  L'abbé  de  Cîteaux  conduisit  le  reste  de  l'armée' 
par  une  autre  route;  81  ayant  appris,  dans  le  Lauragais,  que  ceux  de  Roque- 
ville  avoient  mis  en  garnison  quatre-vingts  hérétiques  dans  une  tour  du 
château  des  Cassés,  il  y  donna  l'assaut;  8c  après  avoir  fait  prisonniers  tous  ces 
sectaires,  il  les  fit  brûler  vifs;  il  fit  ensuite  raser  la  tour  8c  le  lieu  des  Cassés, 
sans  y  laisser  pierre  sur  pierre. 

Montfort  étant  arrivé  à  Cahors,  les  habitans  lui*  firent  beaucoup  d'accueil 
8c  le  reconnurent  pour  leur  seigneur.  Après  quelque  séjour  dans  cette  ville,  il 
conduisit  les  Allemands  jusqu'à  Roc-Amadour,  vers  les  frontières  du  Limousin, 
d'où  ils  repassèrent  chez  eux.  A  son  retour  à  Cahors,  il  apprend  que  le  comte 
de  Foix  avoit  fait  prisonniers  deux  croisés  de  considération,  savoir  :  Lambert 
de  Turey,  chevalier  françois;  8c  Gautier  de  Langhton,  chevalier  anglois,  8c 
frère  de  l'archevêque  de  Cantorbéry,  qu'il  avoit  laissés  dans  le  pays^.  Il  part, 
passe  à  Gaillac  8c  à  Lavaur,  8c  arrive  à  Carcassonne,  où  il  attend  l'abbé  de 
Citeaux,  qui  s'en  revenoit  par  Albi  8c  Saissac.  Ils  avoient  projeté  d'aller  en 
Provence;  mais  la  situation  des  affaires  ne  le  permettant  pas,  Simon  se  rend 
dans  le  pays  de  Foix,  attaque  un  château  voisin  de  Pamiers,  dont  on  ne  dit 
pas  le  nom,  8c  l'emporte  d'assaut  le  lendemain,  après  avoir  tué  trois  des  six 

'  Voyez  tome  VIII,  c.  74.  —   [Giiillem   Je  Tu-  '  Pierre    de    Vaiix-Cernay,     c.    5j.    —    Voyez 

dèle,  vers  1884-1890.  Il  place  cet  événement  pen-  tome  VIII,    c.  74. 

dant  le  séjour  que  fit  Mpntfort  dans   le  pays  de  '  Voir  sur  cette  affaire  Pierre  de  Vaux-Cernay, 

Foix.  [A.  M.|  qui  donne  de  nombreux  détails,  l.l.  [A.  M] 


An  izi  1 


368  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXII. 

chevaliers  qui  le  défendoient  &  le  reste  de  la  garnison.  Il  apprend  ensuite  à 
Pamiers  que  les  habitans  de  Puylaurens  avoient  livré  leur  ville  à  Sicard  leur 
ancien  seigneur,  lequel  tenoit  assiégés  dans  le  château  les  gens  de  Gui  de 
Lucé  à  qui  il  l'avoit  donné.  Il  se  met  en  marche  pour  les  aller  secourir; 
mais  en  arrivant  à  Castelnaudary,  on  lui  mande  que  le  chevalier  qui  avoit 
la  garde  du  château  de  Puylaurens  au  nom  de  Guy  de  Lucé,  l'avoit  livré  à 
ses  ennemis,  après  en  avoir  reçu  une  somme  considérable.  11  fait'  aussitôt 
faire  le  procès  à  ce  chevalier  qui  l'étoit  venu  trouver  pour  s'excuser,  84  le  fait 
pendre,  sur  le  refus  qu'il  fait  de  se  justifier  par  le  diiel^. 

VII.  —  Le  comte  de  Toulouse  recouvre  diverses  places  6*  assiège  Simon 

dans  Castelnaudary. 

Simon  laissa  une  partie  de  ses  troupes  à  Castelnaudary,  renforça  la  gar- 
nison de  Montferrand,  Se  se  retira  avec  le  reste  à  Carcassonne;  il  fut  obligé 
de  prendre  ces  précautions,  à  cause  que  le  comte  Raimond  s'étoit  mis  en 
campagne  Si  tâchoit  de  recouvrer  les  places  que  les  croisés  lui  avoient  enle- 
vées. Raimond  ayant  reçu  de  nouveaux  renforts,  reprit,  en  effet,  divers 
châteaux  aux  environs  de  Toulouse,  &  soumit  entre  autres,  au  mois  d'août 
de  l'an  121 1,  ceux  de  Belvèze  &  de  Montgiscard,  voisins  l'un  de  l'autre  :  ils 
appartenoient  à  Matfred  de  Belvèze,  qu'on  qualifie  cousin  de  ce  comte,  St 
qui,  dit-on,  après  l'avoir  exhorté  vainement  à  abandonner  les  hérétiques, 
avoit  quitté  son  parti  pour  embrasser  celui  de  Simon  de  Monfort^. 

Parmi  ceux  qui  s'empressèrent"*  de  marcher  au  secours  de  Raimond,  l'un 
des  plus  qualifiés  fut  Savaric  de  Mauléon,  sénéchal  d'Aquitaine  pour  le  roi 
d'Angleterre,  qui  lui  amena  deux  mille  Basques.  Ce  prince  eut  recours  d'un 
autre  côté  à  ses  vassaux  8c  à  ses  amis.  Il  fit  ensuite  préparer  toutes  les  machines 
nécessaires  pour  un  siège,  &  résolut  d'aller  attaquer  Carcassonne.  Montfort, 
alarmé  de  ces  préparatifs,  se  tint  sur  ses  gardes,  &  ayant  assemblé  son  conseil, 
il  se  rendit  à  l'avis  d'un  chevalier  nommé  Hugues  de  Lastic,  qui  étoit  de  ne 
pas  attendre  le  comte  de  Toulouse,  mais  de  se  jeter  dans  Castelnaudary  pour 
l'arrêter  dans  sa  marche.  Montfort  suivit  ce  sentiment,  malgré  l'opposition  de 
quelques-uns  des  siens,  qui,  sachant  que  Raimond  s'avançoit  avec  une  nom- 
breuse armée,  vouloient  qu'on  laissât  seulement  quelques  troupes  à  la  garde 
de  Castelnaudary,  &  que  le  gros  des  croisés  l'attendît  à  Carcassonne  ou  à 
Fanjeaux.  Il  se  jeta  donc  dans  Castelnaudary  ^  avec  toutes  ses  troupes,  qu'on 

'  Ce  fut  Gui  de  Lucé  &  non  Simon  qui  fit  pen-  *  Voyez  tome  VIII,  c.  73  &  suiv.  —  fGuillem 

dre  ce  chevalier.  Voyez  le  texte  de  Pierre  de  Vaux-  de  Tudèle,  vers  1915-1969.] 

Cernay.    [A.  M.)  '  Pierre  de  Vaux-Cernay,  c,  56.  —  Guillaume 

'  La  plupart  de  ces   détails  manquent  dans   le  de  Puylaurens,  c.  19. —  [Voyez  le  récit  du  conseil 

poïme  Si  ne  se  trouvent  que  dans  Pierre  de  Vaux-  tenu    par    Montfort     dans    Guillem     de    Tudèle, 

Cernay.    [A.  M.]  vers  1970-2015.) 

'  Praeclara  Franeorum  faclnora,  c.  29.  —  |Nous 
ignorons  où  Bernard  Gui  a  pu  prendre  ces  Jét:iils; 
^iicunc  source  contemporaine  ne  les  donne.] 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXII.  36o  —; 

'       An  121 1 

ne  fait  monter  qu'à  cinq  cens  hommes,  tant  chevaliers  que  sergens  ou  iantas-      Éd.origin. 

sins.  Il  fut  joint  quelque  temps  après  par  Gui  de  Lucé  S<  cinquante  autres 

chevaliers,  qu'il  avoit  envovés  pour  servir  le  roi  d'Aragon  son  seigneur  contre 

les  Maures  d'Espagne,  &  qu'il  avoit  rappelés  sur  le  bruit  de  l'armement  du 

comte  de  Toulouse.  On  prétend'  que  le  roi  d'Aragon  les  voyant  partir,  leur 

dressa  des  embûches  pour  les  faire  périr  en  chemin,  &  qu'ils  les  évitèrent  en 

prenant  une  autre  route.  Simon   ne  put  recevoir  alors  que  ce  secours,  Se  il 

fut  obligé  de  partager  le  reste  de  ses  troupes  en  d'autres  endroits.  Il  avoit 

laissé  sa  femme  à  Lavaur,  sous  la  garde  de  Bouchard  de  Marly,  à  qui  il  avoit 

donné  la  seigneurie  Se   le  gouvernement  de   cette  ville.  Son  fils  aîné  étoit 

actuellement  malade  à  Fanjeaux,  Se  une  fille  qu'il  avoit  eue  dans  le  pays,  étoit 

en  nourrice  à  Montréal,  en  sorte  que  toute  sa  tamille  étoit  dispersée. 

Le  comte  Raimond,  suivi  des  comtes  de  FoixSede  Comminges,  de  Gaston, 
vicomte  de  Eéarn;  de  Savaric  de  Mauléon,  &  de  divers  autres  seigneurs, 
parut  devant  Castelnaudary  vers  la  fin  de  septembre  de  l'an  121 1',  Se  fit 
camper  son  armée  dans  les  prairies  voisines  de  la  ville  :  on  assure  que  cette 
armée  étoit  forte  de  cent  mille  hommes;  mais  ce  nombre ^  paroît  exagéré.  Les 
habitans  qui  le  favorisoient,  lui  livrèrent  aussitôt  le  bourg,  ou  la  ville,  dont 
il  s'assura;  mais  Simon,  maître  du  château,  détacha  sur  le  champ  une  partie 
de  la  garnison,  qui  chassa  les  Toulousains  de  ce  poste.  Ces  peuples  le  repri- 
rent toutefois  le  soir  même,  parce  que  les  assiégés,  qui  n'étoient  pas  assez 
forts  pour  le  garder,  furent  obligés  de  l'abandonner. 

Castelnaudary  est  situé  sur  une  haute  colline  environnée  d'une  vaste  Se 
fertile  campagne,  à  une  demi-lieue  de  la  petite  rivière  de  Tonques.  Le  comte 
Raimond  établit  son  attaque  sur  cette  colline,  après  s'être  retranché  de  tous 
côtés  par  de  bons  fossés,  Se  avoir  entouré  son  camp  de  ses  chariots,  en  sorte 
qu'il  paroissoit  enfermé  dans  une  forteresse.  Se  que  les  assiégeans  sembloient 
être  les  assiégés.  Ce  prince,  pour  éviter  d'être  chassé  de  nouveau  du  bourg 
de  Castelnaudary,  en  fortifia  les  murailles  du  côté  du  château,  situé  sur  la 
cime  de  la  colline.  Se  fit  diverses  ouvertures  du  côté  de  la  campagne,  pour 
avoir  la  communication  libre  avec  l'armée;  mais  les  croisés,  dans  une  seconde 
sortie,  chassèrent  de  nouveau  les  assiégeans  du  bourg,  Se  les  poursuivirent 
jusque  dans  leur  camp,  où  ils  les  forcèrent  de  se  retirer.  Ils  conservèrent  la 
liberté  du  passage,  dont  ils  se  servoient  tous  les  jours  pour  envoyer  abreuver 
leurs  chevaux  à  une  demi-lieue  de  la  ville.  Se  firent  tranquillement  leurs 
vendanges,  sans  que  les  assiégeans  osassent  s'y  opposer. 
■  Raimond  fit  travailler  cependant  à  ses  machines,  malgré  les  sorties  des 
assiégés,  qui  venoient  fréquemment  escarmoucher  autour  de  son  camp.  Le 
comte  de  Foix  Se  Roger-Bernard  son  fils,  voulant  un  jour  se  revancher,  pro- 
voquèrent au  combat  les  croisés,  qui  s'étoient  postés  devant  la  porte  du 
château;  mais  ceux-ci   les  recurent  si   bien,  qu'après  avoir  démonté  Roger- 

'  pierre  de  V'aux-Cernay,  ut  lupra.  ^  La    Faille,  Abrégé,  p.  i  i.O.  [Voyez  plus  haut.] 

'  Vers    le   temps   des  vendanges,    dit    Pierre    de 
Vaux-Cernay.    [A.  M.J 

VI.  t., 


\n  1 1 1 1 


370  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXII. 

Bernard  &  plusieurs  autres  chevaliers,  ils  les  obligèrent  de  se  réfugier  avec 
précipitation  dans  leurs  tentes.  Le  comte  de  Foix  s'empara  néanmoins  du 
village  de  Saint-Martin-de-Landes,  situé  à  une  demi-lieue  de  Castelnaudary 
vers  Carcassonne,  &  de  plusieurs  autres  postes  avantageux  des  environs,  qu'il 
fit  fortifier.  Le  comte  de  Toulouse  reçut  d'un  autre  côté  la  soumission  des 
peuples  du  pays,  qui  vinrent  à  l'envi  lui  offrir  leurs  services;  quelques  abbés 
qui  y  possédoient  des  châteaux,  abandonnèrent  en  même  temps  le  parti  de 
Simon  St  lui  prêtèrent  serment  de  fidélité.  Enfin  les  habitans  de  Cabaret, 
château  très-fort,  situé  à  cinq  lieues  de  Castelnaudary,  lui  offrirent  de  le 
rendre  maître  de  ce  château.  Raimond  envoya  un  détachement  pendant  la 
nuit  pour  en  prendre  possession;  mais  il  manqua  son  coup,  parce  que  ses 
troupes  ayant  erré  longtemps  dans  les  ténèbres  s'égarèrent  &  furent  obligées 
de  revenir  au  camp. 

Le  comte  de  Toulouse  fit  dresser  un  mangonneau  pour  battre  les  murailles 
du  château  de  Castelnaudary.  Le  succès  de  cette  machine  ne  répondant  pas 
à  son  attente,  il  en  fit  élever  une  autre  beaucoup  plus  grande,  qu'on  appeloit 
trébuchet,  S<  qui  servoit  à  lancer  une  grande  quantité  de  pierres.  Celle-ci 
eut  un  sort  plus  heureux,  &  on  prétend'  même  qu'elle  abattit  une  tour  du 
^Kd.orig|n^  château.  Simon,  que  cette  nouvelle  machine  incommodoit  beaucoup,  entre- 
prit de  la  rompre;  mais  ses  gens  voyant  qu'il  yavoit  de  la  témérité  dans  ce 
dessein,  parce  que  le  trébuchet  étoit  très-bien  gardé  8t  environné  de  fossés 
très-profonds,  s'y  opposèrent;  St  ayant  pris  la  bride  de  son  cheval,  l'obligè- 
rent malgré  lui  à  rebrousser  chemin  &  à  abandonner  son  entreprise. 

Vin.  —  Divers  corps  de  croisés  marchent  au  secours  de  Simon,  —  Bataille 

de  Castelnaudary, 

Simon  se  vovant  serré  de  plus  près,  envoya  Gui  de  Lévis,  son  maréchal, 
sur  la  fidélité  Se  la  bravoure  duquel  il  comptoit  beaucoup,  à  Fanjeaux  Se  à 
Carcassonne,  tant  pour  prendre  des  vivres,  dont  le  château  de  Castelnaudary' 
commençoit  à  manquer,  que  pour  rassembler  les  milices  des  diocèses  de 
Carcassonne  &  de  Béziers,  8c  les  amener  à  son  secours.  Gui  partit,  mais  per- 
sonne ne  voulut  le  suivre,  &  il  revint  seul  à  Castelnaudary.  Simon  l'envoya 
de  nouveau  bientôt  après,  avec  Mathieu  de  Marly  ou  de  Montmorenci,  frère 
de  Bouchard.  Ils  se  donnèrent  en  vain  divers  mouvemens  dans  ces  diocèses, 
&  employèrent  à  pure  perte  les  caresses  &  les  menaces  pour  obtenir  du 
secours.  Ils  s'adressèrent  enfin  aux  habitans  de  Narbonne,  qui  leur  déclarè- 
rent que  si  Aymeri  leur  vicomte  vouloit  se  mettre  à  leur  tête,  ils  marche- 
roient  volontiers  sous  ses  ordres  ;  ce  vicomte  refusa  de  le  faire.  Les  deux 
envoyés  amenèrent  cependant  avec  eux  trois  cens  citoyens  de  Narbonne  à 
Carcassonne,  où  ils  rassemblèrent  cinq  cens  hommes  du  pays;  mais  leur 
ayant  proposé  de  les  suivre  à  Castelnaudary,  ils  se  débandèrent  tous,  &  pri- 

■  Voyez  tome  VIII,  c.  77.  —  [Giiillem  dç  Tvidèle,  vers  1028- 2o36.] 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXII.  Syi 

rent  la  fuite.  Simon  manda  alors  à  Bouchard  de  Marly  Ik  à  Martin  d'Algais, 
chevalier  espagnol,  qui  étoient  en  garnison  à  Lavaur  avec  la  comtesse  de 
Montfort,  sa  femme,  de  venir  le  joindre  incessamment  :  il  envoya  d'un  autre 
coté  à  Fanjeaux  un  chevalier  du  pays,  nommé  Guillaume  Cat,  pour  ramasser 
des  troupes  dans  tous  les  environs  de  ce  château.  Il  comptoit  heaucoup  sur  la 
fidélité  de  ce  chevalier  qu'il  avoit  comblé  de  grâces.  Guillaume  étoit,  en  effet, 
redevable  à  Simon  de  divers  fiefs  qu'il  possédoit;  &  ce  général,  après  lui 
avoir  conféré  l'ordre  de  chevalerie,  l'avoit  admis  si  avant  dans  son  amitié, 
qu'il  lavoit  fait  parrain  d'une  de  ses  filles  née  dans  le  pays,  £<.  l'avoit  établi 
gouverneur  de  son  fils  aîné.  Guillaume  paya  cependant  tous  ces  bienfaits 
d'ingratitude  :  il  rassembla  à  la  vérité  quelques  troupes,  suivant  les  ordres 
qu'il  avoit  reçus;  mais  au  lieu  de  les  amener  à  son  bienfaiteur,  il  s'en  servit 
pour  dresser  des  embûches  au  maréchal  Gui  de  Lévis,  qui  conduisoit  le 
secours  de  Carcassonne,  £<  qu'il  vouloit  livrer  au  comte  de  Foix  :  heureuse- 
ment le  maréchal  évita  les  pièges  qu'on  lui  avoit  préparés.  Simon  fut  si 
indigné  du  procédé  de  Guillaume  Cat,  qu'il  ne  voulut  plus  avoir  depuis 
aucun  commerce  avec  les  chevaliers  de  notre  langue,  dit  un  ancien  '  historien 
du  pays,  &l  qu'il  les  eut  en  exécration  encore  plus  qu'auparavant. 

Gui  de  Lévis ^  se  joignit  avec  sa  troupe  à  Bouchard  de  Marly  8v  à  Martin 
d'Algais,  qui  amenoient  deux  cent  vingt  hommes  bien  armés  &  pleins  de 
courage,  entre  lesquels  on  met  le  fils  du  châtelain  de  Lavaur"^.  L'évêque  de 
Cahors  8c  l'abbé  de  Castres "*  se  joignirent  aussi  à  ces  deux  chevaliers  avec 
un  renfort  considérable.  Après  leur  jonction,  ils  prirent  un  chemin  détourné 
pour  éviter  toute  surprise,  £<  passèrent  à  Saissac,  château  dont  Simon  avoit 
donné  le  gouvernement  au  même  Bouchard.  Enfin  ce  général  détacha  Gui 
de  Lucé,  le  châtelain  de  Melphe,  le  vicomte  d'Onges  8c  quelques  autres 
chevaliers  au  nombre  de  quarante,  pour  aller  au-devant  de  ce  secours,  8c  ne 
garda  avec  lui  pour  la  défense  de  Castelnaudary  que  soixante,  tant  chevaliers 
qu'écuyers,  avec  l'infanterie, 

Raimond-Roger,  comte  de  Foix,  informé  de  la  marche  de  ces  croisés, 
résolut  de  les  surprendre.  11  se  posta  d'abord  à  Saint-Martin-de-Landes;  mais 
ne  se  croyant  pas  assez  fort,  il  revint  au  camp  pour  y  prendre  d'autres  troupes. 
Tous  vouloient  le  suivre  à  cause  de  l'extrême  confiance  qu'ils  avoient  en  sa 
valeur  :  il  se  contenta  d'un  gros  détachement.  Se  laissa  le  reste  de  l'armée  au 
comte  de  Toulouse  8c  à  Savaric  de  Mauléon,  qui  demeurèrent  pour  la  garde 
du  camp.  Il  alla  ensuite  se  mettre  en  embuscade  entre  Castelnaudary  8c  Las 
Bordes,  à  une  lieue  de  cette  ville.  Le  lendemain,  Gui  de  Lévis,  Bouchard  de 
Marlv  8c  les  croisés  de  leur  suite,  ayant  entendu  la  messe  de  grand  matin, 

'  Guillaume  de  Puyiaurens,  c.  19.  ■•  La   chronique  en   prose   dit  <t  l'évêque  de  Cas- 
Pierre  de  Vaux-Cernay,  c.    ,06.   —  Guillaume  très.  «  Le  poëme  ne  parle  ni   de  l'évêque  (dont  le 

de  Puylaurens,  c.  19 Voyez  tome  VIII,  c.  77  &  siège  n'existait  pas  encore),  ni  de  l'abbé  de  Cas- 

suiv.  —  [Guillem  de  Tudèle,  vers  2037-2072.]  très;  il  dit  seulement  (vers  2045)  que  les  Français 

'Voyez  tome  VIII,   ut  supra.   [On    ignore  quel  marchèrent  vers  Castres.    [A.  M.] 
est  ce  châtelain  de  Lavaur.] 


\n  1211 


"TTTTrr"   -^7-  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXII. 

s'étant  confessés  Se  ayant  communié,  maiclièrent  clans  un  ordre  plus  serré,  se 
t.  iii,''p'."j'i'ç).  doutant  de  quelque  surprise,  8c  détachèrent  quelques-uns  d'entre  eux  pour 
battre  l'estrade.  Ceux-ci  ayant  découvert  l'embuscade,  rebroussent  chemin  8t 
en  donnent  avis  à  leurs  camarades.  Les  croisés  marchent  alors  avec  encore 
plus  de  précaution,  6i  se  préparent  au  combat.  Raimond-R.oger,  comte  de 
Foix,  étant  sorti  de  sa  retraite,  partage  ses  troupes  en  trois  corps.  Il  met  les 
chevaliers  pesamment  armés  dans  le  centre,  8c  la  cavalerie  légère  avec  l'infan- 
terie sur  les  ailes.  Il  marche  ensuite  en  ordre  de  bataille  contre  les  croisés, 
que  l'évêque  de  Cahors  8c  un  religieux  de  l'ordre  de  Cîteaux,  substitut  de 
son  général  pour  les  affaires  de  la  croisade,  exhortoient  à  combattre.  On  en 
vient  aux  mains  :  les  croisés  donnent  d'abord  avec  fureur  sur  la  cavalerie  de 
R.aimond-[loger,  pesamment  armée;  mais  ce  comte  soutient  le  choc  avec 
I)eaucoup  de  bravoure,  repousse  vivement  les  croisés  8c  les  met  en  fuite  après 
en  avoir  tué  un  grand  nombre.  Martin  d'Algais  fut  un  des  premiers  qui 
lâcha  le  pied;  mais  l'évêque  de  Cahors  lui  fit  des  reproches  si  vifs,  qu'il  se 
remit  au  combat.  Raimond-Roger  voulant  profiter  de  son  avantage,  marche 
cependant  contre  un  corps  de  croisés  qui  s'étoient  retirés  du  côté  de  Las 
Bordes.  Géraud  de  Pépieux,  qui  conduisoit  l'avant-garde,  les  attaque  brus- 
quement, en  criant  :  Foix,  Foix,  Toulouse  ;  8c  après  avoir  percé  d'outre  en 
outre  d'un  coup  de  lance  un  chevalier  trançois  qui  vouloit  s'opposer  à  son 
passage,  il  détait  entièrement  ces  troupes'. 

jMontfort,  voyant  cette  déroute  de  la  porte  du  château  de  Castelnaudarv, 
où  il  s'étoit  posté  pour  favoriser  l'entrée  des  croisés,  consulta  ceux  qui  étoient 
autour  de  lui  :  les  uns  lui  conseilloient  de  demeurer  à  la  garde  du  château; 
les  autres  prétendoient,  au  contraire,  qu'il  devoit  marcher  incessamment  en 
personne  au  secours  de  ses  troupes.  11  préféra  ce  dernier  parti,  parce  que 
l'affaire  lui  paroissoit  décisive,  8c  ayant  assemblé  les  soixante  chevaliers  qui 
lui  restoient,  il  n'en  laisse  que  cinq  à  la  garde  de  Castelnaudary  avec  l'infan- 
terie, Se  s'avance  avec  les  autres  vers  le  comte  de  Foix.  Bouchard  de  Marly, 
Gui  de  Lévis,  8c  tous  ceux  qui  s'étoient  dispersés,  le  voyant  venir  de  loin, 
raniment  leur  courage,  se  rallient  Se  reviennent  à  la  charge.  Le  comte  de 
Foix  les  reçoit  en  brave,  8c  les  met  de  nouveau  en  fuite,  après  avoir  tué  le 
fils  du  châtelain  de  Lavaur,  en  sorte  que  l'évêque  de  Cahors  Se  Martin 
tr.A.lgais  ne  pouvant  plus  résister,  sont  obligés  de  céder  Se  de  se  réfugier  à 
Fanjeaux;  ainsi  le  champ  de  bataille  demeura  pour  la  seconde  fois  à  Raimond- 
Roger;  mais  ses  gens,  au  lieu  de  profiter  de  leur  avantage,  s'étant  amusés  au 
pillage  Se  à  dépouiller  les  morts,  Bouchard  de  Marlv  trouve  moyen  cependant 
de  rallier  de  nouveau  les  fuyards,  8e  tombe  sur  les  troupes  du  comte  avec 
tant  de  furie,  qu'il  en  fait  un  carnage  horrible.  Raimond-Roger,  au  désespoir 
de  se  voir  enlever  la  victoire,  fait  des, prodiges  de  valeur  pour  tâcher  de  réta- 
blir le  combat.  11  tue  de  sa  main  trois  autres  fils  du  châtelain  de  Lavaur,  Se 
rompt  son  épée  à  force  de  frapper.  Roger-Bernard,  son  fils,  suivi  de  Sicard 

'  [Guillem  de  TuiUIç,  vers  2^71-2  1  rç.] 


UrSTOIKE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXII. 


An  1211 


tle  Puvlaurens  &  de  plusieurs  autres  chevaliers,  accourt  Se  tait  reculer  les 

croisés;  mais  ceux-ci   redoublent  de  leur  côté  leurs  etïorts,  viennent  enlîn  k  \ 

bout  de  mettre  en  fuite  la  cavalerie  du  comte,  font  ensuite  main  basse  sur  son  ' 

infanterie,  S<.  l'obligent  k  s'enfuir  lui-même  malgré  la  supériorité  du  nombre 

de  ses  troupes;  car  on  prétend  qu'il  avoit  trente  hommes  contre  un  '.  1 

Simon  de  Monttort,  quelque  soin  qu'il  eût  de  hâter  sa  marche,  n'arriva- 

qu'après  la  fin  du   combat.  11   se  met  aussitôt  k  la  poursuite  des  fuyards  Se  • 

les  pousse  vivement.  La  plupart,  pour  éviter  la  mort,  feignent  d'être  de  son  ! 

parti  &  crient  :  Montjbrt!  Montjort!  Puisque  vous  vous  déclarez  des  nôtres,  > 
leur  disent   les   croisés,  donnez-en   des    preuves,   S<.  tuez    ceux  qui    fuient 

devant  vous.  Plusieurs  exécutèrent  cet  ordre  dans  l'espérance  de  sauver  leur  • 

vie,  8t  par  ce  stratagème,  les  croisés  armèrent  leurs  ennemis  les  uns  contre  \ 
les  autres,  S<.  en  firent  périr  un  plus  grand  nombre.  On  assure  que  le  comte 

de  Foix  perdit  dans  cette  action  la  plus  grande  partie  de  ses  troupes,  tandis  < 

que  les  croisés  n'eurent  qti'environ  trente  des  leurs  de  tués.  Enfin  Simon,  las  \ 

de  poursuivre  les  fuyards,  retourna  au  champ  de  bataille,  où  il   rallia  toutes  \ 

ses  troupes,  &  s'étant  mis  k  leur  tête,  il  arriva  triomphant  devant  Castelnau-  i 
darv.  Durant  l'action,  Savaric  de  Mauléon  ayant  marché  enseignes  déplovécs     l'J  oriRin.      ! 

,  .  ■'  "^  1  ^  t.    UI,  p.  220.         ! 

avec  une  partie  des  assiégeans,  s'approcha  de  la  porte  de  Castelnau,  où   il 

attendit  avec  beaucoup  d'impatience  des  nouvelles  du   succès  du  combat.  Il  ' 

lit  cependant  quelques  efforts   pour  se  rendre  maître  du   château;  mais  les  ' 

cinq  chevaliers  qui   le  gardoient  avec  l'infanterie,  repoussèrent  son  attaque  î 

avec  force  Se  rendirent  sa  tentative  inutile.  \ 

C'est  ainsi  qu'un  liistorien^,  qui  étoit  alors  sur  les  lieux,  rapporte  les  cir-  \ 

constances  de  cette  action,  durant  laquelle  Simon  de  Montfort  ne  combattit  ï 

pas,  parce  qu'il  arriva  trop  tard.  Un  autre  historien  fait  entendre  néanmoins  j 
le  contraire  :  «  Il  arriva  un  jour,  dit  ce  dernier''  auteur,  cjue  (|uelques-uns  des 

I'  clievaliers  de  Simon  de  Monttort  conduisant  k  Castelnaudary  un  convoi  ; 

«  qui  venoit  du  diocèse  de  Carcassonne,  le  comte  de  Foix  alla  k  leur  ren-  j 
"  contre  6c  leur  livra   bataille.  Simon,  averti   du   péril   où  étoient  ses  gens, 
«  pourvut  k  la  défense  de  la  place  Se  sortit  k  la  vue  de   l'armée  ennemie,  k 

«  la  tête  d'environ  soixante  chevaliers,  pour  secourir  les  siens,  qui   étoient  j 
«  presque  entièrement  défaits.  Etant  arrivé  au  lieu  du  combat,  il  se  joignit  au 

«1  petit  nombre  de  ceux  qui   restoient  encore  k  cheval,  8c  s'étant  jeté  dans  i 

«  la  mêlée  comme  un  lion,  ses  ennemis  c[ui   sentirent  bientôt  sa   présence,  ; 

«  furent  obligés  de  prendre  la  fuite.  Il  les  poursuivit,  en  fit  un  grand  car-  j 
«  nage  8c  rentra  victorieux  dans  le  château,  Sec.  »  Enfin,  si  nous  en  croyons 

un  autre   ancien    historien'',   Simon   de   Montfort  arriva  avec    un    puissant  j 

'  Guillem  d«  Tudcle,  v<is  îi  î;-î2i6.  —  Ce  der-            '  Guillaume  de  Piiy  la  u  ren  s,  c.  19.  —  La  version  :, 

nier,  qui  donne  des  détails   beaucoup   plus    précis        de  Guillaume  de   Puylaurens  est   presque   entière-  J 
que  Pierre  de  Vaux-Cernay,  attribue  la  victoire  à       ment   conforme  i  celle  de  Guillem   de  Tudèle;  le 
l'arrivée  de  Montfort,  contre  l'assertion  du  chro-       récit  de  Pierre  de  Vaux-Cernay  doit  donc  être  lé- 

niqueur  latin.   [A.  M.)                                                          gèreir.ent  inexact  dans  cet  endroit.  [A.  M.]  ' 
■  Pierre  de  Vaux-Cernay,  c.  56.                                          '  Tome  VTII,    ce.  79,  80.    [Voyez   plus  haut  ce 
'  Ibid.                                                                                    que   nous  disons  du   récit  de  Guillem  de  Tudèle. J 


~ '   374  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIÏ. 

An  1211  '   ' 

secours  pendant  le  combat,  &  s'élant  jeté  à  corps  perdu  dans  la  mêlée,  il  Ht 
périr  bien  du  monde.  Roger-Bernard,  iiJs  du  comte  de  Foix,  étant  survenu, 
ajoute  cet  historien,  repoussa  vivement  les  croisés,  rétablit  la  bataille  Se  fit 
durer  l'action  jusqu'à  la  nuit,  qui  sépara  les  combattans;  en  sorte  que  les 
croisés  se  retirèrent  à  Castelnau,  8c  le  comte  de  Foix  avec  les  siens  dans  le 
camp  du  comte  de  Toulouse. 

Ce  dernier  historien  assure  que  le  comte  de  Foix,  en  arrivant  au  camp, 
trouva'  que  Raimond,  comte  de  Toulouse,  avoit  déjà  fait  plier  bagage,  &t 
qu'il  étoit  prêt  à  décamper,  supposant  que  toutes  ses  troupes  avoient  été 
tuées  dans  le  combat;  qu'il  le  rassura  par  sa  présence;  que  Raimond,  comptant 
que  Simon  de  Monttort  ne  manqueroit  pas  de  venir  l'attaquer,  pour  tirer 
vengeance  de  la  perte  qu'il  avoit  faite,  se  mit  en  état  de  défense,  8t  qu'enfin 
Simon  ayant  attaqué  le  camp  durant  la  première  veille  de  la  nuit,  fut  vive- 
ment repoussé  &  contraint  d'abandonner  son  entreprise^.  D'autres""'  préten- 
dent que  Simon  résolut  seulement,  avant  que  de  rentrer  dans  Castelnaudary, 
de  faire  une  irruption  dans  le  camp  du  comte  de  Toulouse,  mais  qu'il  changea 
de  sentiment  S<.  qu'il  différa  cette  attaque  au  lendemain,  par  le  conseil  des 
officiers  de  son  arinée,  parce  qu'on  ne  pouvoit  approcher  du  camp  qu'à  pied, 
à  cause  des  retranchemens  dont  il  étoit  environné.  Se  que  les  croisés  étoient 
extrêmement  fatigués,  au  lieu  que  les  troupes  du  comte  de  Toulouse  étoient 
toutes  fraîches.  Quoi  qu'il  en  soit  de  ces  circonstances  rapportées  différem- 
ment par  les  historiens,  il  est  certain  que  le  comte  de  Foix  fut  battu  &  obligé 
de  se  retirer  après  une  grande  perte.  Quant  à  Simon,  ce  général  étant  arrivé 
devant  la  porte  de  Castelnau,  se  déchaussa  &  \narcha  nu-pieds  jusqu'à  l'église, 
où  il  fit  chanter  le  Te  Deum,  en  action  de  grâces  de  la  victoire  qu'il  venoit 
de  remporter. 

IX.  —  Le  comte  de  Toulouse  lève  le  siège  de  Castelnau, 

Le  lendemain"^  le  comte  de  Foix  envoya  des  courriers  dans  tous  les  châ- 
teaux des  environs,  où  il  fit  publier  qu'il  avoit  défait  les  croisés.  Plusieurs 
ajoutoient  même  que  Simon  avoit  été  fait  prisonnier,  qu'on  l'avoit  écorché 
tout  vif,  &  ensuite  pendu.  Sur  ce  faux  bruit,  divers  châteaux  se  soumirent  au 
comte  de  Toulouse,  qui  continua  le  siège  de  Castelnau  jusqu'à  ce  que  Simon, 
voyant  que  le  secours  qu'il  avoit  reçu  n'étoit  pas  suffisant,  prit  le  parti  d'aller 
lui-même  assembler  de  nouvelles  troupes.  Ce  général  se  rendit  d'abord  à 
Narbonne,  où  il  rencontra  un  corps  de  croisés  françois  qui  étoient  arrivés 
depuis  peu  sous  la  conduite  d'Alain  de  Rouci,  chevalier  de  mérite.  Le  comte 

'Voyez  toine  VIII,   ce.  80,    81.   —    [Voyez   le  jusqu'au    soir,    aura    commis    une    de   ces   erreurs 

poëme,  vers  2217  &  suiv.]  dont  il  est  coutumier.   [A.  M.] 

=  L'attaque  des  croisés  contre  le  camp  du   comte  '  Pierre  de  Vaux-Cernay,  c.  id 

de   Toulouse    est   placée    par  Guillem    de  Tudèle  ■"  Pierre    de    Vaux-Cernay,    c.     53.    -^    Voyez 

(vers  2241-2252)  immédiatement  après  la  première  tome  VIII,  ce.  Sr,    82.   —    (Guillem   de  Tudèle, 

bataille;    les  deux   témoignages   sont  d'accord  ;    le  vers    j2^o    &  suiv.]  —Guillaume  de   Puylaurens, 

chroniqueur    en    prose,    en    retardant    le   combat  c.   ly. 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXII.  oyà  "7" 

'  An 

de  Toulouse,  informé  de  la  marche  de  ces  croisés  S<.  du  dessein  qu'ils  avoient 
formé  de  venir  le  forcer  dans  ses  retranchemens,  assembla  son  conseil  :  on 
y  résolut  d'un  commun  accord  de  décamper,  n'y  ayant  d'ailleurs  aucune 
espérance  de  forcer  la  place.  Après  avoir  donc  fait  mettre  le  feu  à  ses  machines, 
il  partit  &i  se  rendit  à  Puylaurens. 

X.  —  Raimond  VI  remet  diverses  places  sous  son  obéissance. 

Simon,  averti  de  la  retraite  de  ce  prince,  &  voyant  qu'il  n'avoit  plus  besoin 
de  troupes  pour  faire  lever  le  siège  de  Castelnau,  congédia  celles  qu'il  avoit 
rassemblées,  Se  ne  retint  que  les  croisés  arrivés  de  France.  Il  fit  démanteler 
toutes  les  places  des  environs  de  Castelnau  qui  lui  avoient  manqué  de  fidé- 
lité, St  ayant  appris  que  le  château  de  Coustausa,  situé  vers  Termes,  s'étoit 
soumis  à  ses  ennemis,  il  y  marcha  en  diligence,  l'attaqua,  S<.  après  ([uelques 
jours  de  siège,  il  obligea  les  habitans  à  se  rendre  à  discrétion.  Il  revint  enfin 
à  Castelnaudary,  où  il  fut  informé  des  progrès  que  Raimond,  comte  de  Tou- 
louse, avoit  faits  depuis  qu'il  avoit  levé  le  siège  de  cette  place. 

Raimond  étant  arrivé  à  Puylaurens,  entra  dans  ce  château  malgré  la 
résistance  de  la  garnison;  il  tourna  ensuite  vers  l'Albigeois,  dont  la  plupart 
des  villes  se  soumirent  à  son  obéissance;  entre  autres  Gaillac,  Rabastens, 
La  Guépie,  La  Garde,  Puycelsi,  Cahusac  &  Saint-Antonin.  Les  habitans  de 
Montaigu  dans  le  même  pays  forcèrent  la  garnison  (jui  étoit  chez  eux  à  se 
retirer  dans  le  château,  où  ils  l'assiégèrent,  &  elle  fut  obligée  de  se  rendre 
avant  que  Simon,  qui  s'étoit  mis  en  marche  pour  la  secourir,  fût  arrivé;  de 
sorte  qu'il  ne  resta  plus  à  ce  général  en  Albigeois  que  deux  petits  ch.âteaux, 
entre  ceux  qu'il  avoit  enlevés  à  Raimond,  lequel  avoit  soumis  outre  cela, 
durant  le  siège  de  Castelnaudary  ou  peu  de  temps  auparavant,  ceux  de  Puy- 
laurens, Casser,  Saint-Félix,  Montferrand,  Avignonet,  Cuc,  Saint-Michel  &c 
Saverdun  dans  le  Toulousain,  8<  plusieurs  autres  jusqu'au  nombre  de  cin- 
quante. Les  habitans  du  château  de  La  Grave  sur  le  Tarn,  au  diocèse  d'Albi, 
s'étoient  aussi  soumis  au  comte  Pvaimond.  Le  gouverneur  de  ce  châteati  pour 
Simon  de  Montfort,  faisant  raccommoder  des  tonneaux,  le  tonnelier  qui 
cherchoit  une  occasion  de  le  tuer,  le  pria  de  regarder  si  le  travail  alloit  bien. 
Le  gouverneur  se  courbe  pour  examiner  l'ouvrage,  &  cet  ouvrier  lui  porte  en 
même  temps  un  coup  de  hache  8c  lui  coupe  la  tête.  Aussitôt  les  habitans 
prennent  les  armes  St  font  main  basse  sur  tous  les  François  qui  composoient 
la  garnison.  Le  comte  Baudouin,  frère  du  comte  de  Toulouse  8t  allie  de 
Simon,  informé  de  cette  action,  résolut  d'en  tirer  vengeance.  Il  parut  de 
grand  matin  devant  La  Grave,  Si  les  habitans  croyant  que  c'étoit  le  comte 
de  Toulouse  lui-même  qui  venoit  k  leur  secours,  parce  que  Baudouin  portait 
les  mêmes  arm-es  que  son  jrere,  ils  lui  ouvrirent  leurs  portes  ;  ce  prince  ne  fut 
pas  plutôt  entré,  qu'il  les  fit  tous  passer  au  fil  de  l'épée  '. 

'  Voyez  dans  Giiillem  de  Tudéle  [vers  izS"  à  II  dit  que  les  lijibitnnts  de  La  Grave  tuèrent  leur 
2j|i|)   le   rétit   du    poeie    «si  plus    circonstancié.        bailli,  Pons   de  Beaiimont,  à  Inistigation  des  ha- 


Kd.orioin.        ( 
t.  Ill.p.  UM. 


"777777"   ^7^  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXII. 

XI.  —  Le  comte  de  Fo'ix  défie  Montjort. 

Montfort,  au  désespoir  de  tant  de  pertes,  se  rendit  à  Pamiers  pour  pour- 
voir à  la  sûreté  de  cette  ville.  11  y  étoit  à  peine  arrivé,  que  Raimond-Roger, 
comte  de  Foix,  l'envoya  défier,  avec  promesse  de  venir  dans  quatre  jours  pour 
le  combattre.  Montfort  lui  répondit  qu'il  l'attendroit  non-seulement  quatre 
mais  encore  dix  jours.  Raimond-Roger  n'ayant  pas  jugé  à  propos  de  tenir 
sa  promesse,  Montfort  recommence  les  hostilités.  Se  détache  une  partie  de 
ses  troupes  qui  prennent  S<  rasent  un  château  du  pays  de  Foix;  puis  il 
retourne  du  côté  de  Fanjeaux,  d'où  il  envoie  le  châtelain  de  Melphe  & 
Gausfred,  son  frère,  pour  escorter  un  convoi  qu'il  faisoit  conduire  dans  ce 
château;  mais  le  fils  du  comte  de  Foix,  averti  de  leur  marche,  leur  dresse  des 
embûches,  les  attaqvie,  tue  Gausfred,  un  autre  chevalier  parent  de  ce  dernier 
&  quelques  autres,  fait  un  autre  chevalier  prisonnier,  &  met  le  châtelain  en 
fuite  &  toute  son  escorte. 

XII.  —  Le  roi  se  plaint  des  conquêtes  de  Simon  au  pape,  qui  se  saisit 

du  comté  de  Melgueil. 

Cependant  le  roi  Philippe-Auguste  ayant  appris  que  les  croisés  avoient 
dépouillé  le  comte  de  Toulouse  d'une  partie  de  ses  domaines,  se  plaignit  au 
pape  Innocent  III  de  ce  que  Simon  de  Montfort  s'en  étoit  emparé  au  préju- 
dice de  sa  souveraineté.  Le  pape,  dans  la  réponse  '  qu'il  fit  au  roi,  le  ^5  d'août 
de  l'an  121 1,  lui  parle  en  ces  termes  :  «  Le  comte  de  Toulouse  s'étant  pré- 
«  sente  autrefois  devant  nous,  a  tâché  de  s'excuser  sur  le  crime  d'hérésie j 
«  c'est  pourquoi  nous  avons  enjoint,  à  sa  demande,  à  nos  légats,  d'assembler 
«  un  concile,  après  une  dénonciation  préalable,  St  de  le  recevoir  à  se  justi- 
«  fier;  à  moins  qu'il  ne  se  présentât  contre  lui  un  accusateur  légitime  dans 
«  un  temps  limité,  avec  détense  de  lui  faire  vine  nouvelle  querelle,  après 
,'j|i  °p'.'^!"j.  «  cette  justification.  Si  avec  ordre  de  le  punir  comme  hérétique  s'il  ne  pou- 
(1  voit  se  justifier.  Nous  savons  qu'il  ne  s'est  pas  purgé  de  ce  crime;  mais  nous 
<(  ignorons  si  c'est  par  sa  faute,  quoiqu'il  soit  généralement  réputé  pour  héré- 
(i  tique  dans  le  pays  :  ainsi  il  a  perdu  ses  domaines,  Se  nous  avons  ordonné 
((  à  nos  légats  de  les  taire  garder  soigneusement  pour  ceux  à  qui  ils  appar- 
«  tiennent.  Nous  leur  écrivons  donc  là-dessus,  à  vos  instantes  prières,  des 
«  lettres  par  lesquelles  nous  avons  suffisamment  pourvu  Si  à  votre  avantage 
<i  S;  à  votre  honneur.  » 

Il  paroît  par  une  autre  lettre  qu'Innocent^  écrivit,  le  9  de  mars  de  l'année 
suivante  à  l'évêque  de  Maguelonne,  que  le  pape  s'étoit  approprié  le  comté 

bitants  de   GalIIac  &  de  Doat  Alaman.  Mnlhei;-  '  Innocent.    III    1.    14,    Epat.    i'3.    [Pouli.ist, 

'  iciis::nent   la    fin    de    la    laisse  civ    est   tellement  n.  ^i.'ir;?.] 

corrompiie  que  plusieurs   vers   restent   incxplica-  '  Innccont.    III    1.     ij,    Epin.    ia.    [Pottl-.ast, 

blés.   [A.  M.J  n,  4403.] 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXII.  377 

de  Melgueil,  Se  qu'il  l'avoit  clonnc  à  terme  à  un  nommé  Jean  Bocados,  sous 
prétexte  que  la  juridiction  de  ce  comté  lui  appartenoit  immédiatement.  Inno- 
cent ordonne  à  ce  prélat  d'empêcher  que  quelques  personnes  puissantes  du 
pays,  qui  taisoient  de  la  peine  à  ce  fermier,  au  sujet  des  revenus  Se  des 
domaines  du  même  comté,  qu'il  posiédoit  légitimement  &  tranquillement ,  ne 
l'inquiétassent  davantage. 

XIII.  — Simon  reçoit  un  nouveau  renfort  de  croisés  £-  continue  ses  expéditions. 

Levêque  d'Uzès,  légat  du  Saint-Siège,  voulant  avancer  les  affaires  de  la 
croisade,  avoit  donné'  commission  à  Guillaume,  archidiacre  de  Paris,  &<.  au 
docteur  Jacques  de  Vitri,  curé  d'Argenteuil,  aux  environs  de  Paris,  de  la  prê- 
cher partout.  Ces  deux  missionnaires  parcoururent  une  partie  de  la  France 
81  de  l'Allemagne,  &  engagèrent  \in  grand  nombre  de  personnes  à  se  croiser 
contre  les  albigeois.  L'évêque  de  Toulouse  &  l'abbé  de  Vaux-Cernay  qui 
prèchoient  en  même  temps  en  France,  enrôlèrent  une  centaine  de  chevaliers-, 
qui  se  mirent  sous  la  conduite  de  Robert  de  Mauvoisin,  lequel  étoit  allé  dans 
ce  pays  y  solliciter  de  nouveaux  renforts  en  faveur  de  Simon  de  Montfort, 
Ce  général,  ayant  ranimé  son  courage  à  la  vue  de  ces  troupes  qui  arrivèrent 
à  Carcassonne  vers  la  fin  de  l'année,  les  conduisit  à  Fanjeaux,  dans  le  dessein 
d'attaquer  le  comte  de  Foix  qui  tcnoit  assiégé  depuis  quinze  jours  Guillaume 
d'Âure,  chevalier  du  parti  des  croisés,  dans  le  château  de  Cher  ou  Quier. 
Ce  comte,  n'osant  l'attendre,  leva  le  siège  S<  abandonna  ses  machines.  Simon 
se  rendit  alors  dans  le  pays  de  Foix,  où  il  fit  le  dégât,  St  puit  quatre  châteaux 
([u'il  rasa.  Etant  de  retour  à  Fanjeaux,  il  marcha  avec  toute  son  armée  vers 
le  château  de  la  Pommarède,  au  diocèse  de  Toulouse,  l'assiégea  dans  les 
formes  Si  y  donna  l'assaut  au  bout  de  quelques  jours;  mais  la  nuit  étant 
survenue,  il  fut  obligé  de  l'interrompre  £<  de  remettre  l'attaque  au  lende- 
main. Les  assiégés,  se  voyant  hors  d'éiat  de  résister,  firent  un  trou  à  la 
muraille,  se  sauvèrent  dans  l'obscurité  Si  lui  abandonnèrent  la  place.  Il 
marcha  de  Ik  vers  Albedun,  château  du  diocèse  de  Narbonne,  qui  s'étoit 
soustrait  à  son  obéissance,  81  dont  le  seigneur  vint  au-devant  de  lui  pour 
lui  faire  ses  soumissions. 

XIV.  —  Gui  de  Montjbrt  vient  au  secours  de  Simon,  son  frère. 

Simon ^  célébra   la  fête  de  Noël  à  Castres,  où   Gui,  son  frère,  qui   l'avoit 
suivi  autrefois  dans  la  Terre-Sainte,  Si  qui  y  étoit  toujours  demeuré  depuis, 

'  Pierre  de  Vaux  Ceni.iy,  c.  58  &  suiv.  trOL.pe,    à    en   iuger    par    le   p.irii    qu'en    tir.i    inl- 

U  est  évident  qu'il  ne  faut  piis  confonJre  ces  médiutcmeni  Simon,  devait  être  plus  utile  que  Us 

dievuliers    avec    les   pèlerins   ordinaires,   qui,    au  renforts    que    lui    envoyaient    les   prédications   de 

)-rin!cmps  de  chaque  année,  descendaient  dans  le  Jacques  de  Vitri   &  de  Guy  de  Vaux-Cernay. 
L.'iitjuedoc.  C'étaient  probablement  de  petits  no-  (A.  M.] 

bles  soudoyés   par   Simon    de   Montfort,    &   cette  '  Pierre  de  Vaux-Ccrn..y,  c.  60. 


An  lin 


An  1212 


~~. 378  HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXÎI. 

vint  le  joindre.  Gui  amena  avec  lui  Helvise  d'Ybelin,  dame  de  Sidon,  sa 
femme,  qu'il  avoit  épousée  en  Orient,  81  plusieurs  enfans  qu'il  en  avoit  eus. 
Il  avoit  repris  en  passant  quelques  châteaux  d'Albigeois  qui  s'étoient  soumis 
au  comte  de  Toulouse  leur  seigneur.  Les  deux  Montfort  se  mirent  en  cam- 
pagne, malgré  la  rigueur  de  l'hiver,  &  assiégèrent  le  château  de  Tudelle, 
en  Albigeois  qui  appartenoit  au  père  de  Géraud  de  Pépieux.  Ils  l'emportè- 
rent dans  peu,  firent  passer  par  le  fil  de  l'épée  tous  ceux  qui  le  défendoient, 
&  n'accordèrent  la  vie  qu'au  seigneur  du  château,  qui  demeura  prisonnier 
8i  qui  fut  échangé  contre  Drogon  de  Compans,  cousin  de  Robert  de  Mau- 
voisin,  que  le  comte  de  Foix'  tenoit  dans  les  fers.  Simon  assiégea  ensuite  le 
château  de  Cahusac  dans  le  même  pays^. 

Les  comtes  de  Toulouse,  de  Foix  &  de  Commingcs,  pour  retarder  ses  pro- 
grès, assemblèrent  alors  leurs  troupes,  vinrent  camper  à  Gaillac,  à  deux  lieues 
de  Cahusac,  &  firent  mine  diverses  fois  de,  vouloir  aller  l'attaquer;  mais  ce 
général  continua  tranquillement  le  siège  sans  s'embarrasser  de  leurs  menaces, 
&c  après  avoir  soumis  ce  château  vers  l'Epiphanie,  il  marcha  droit  à  eux.  Les 
trois  comtes  n'osant  l'attendre,  se  retirèrent  à  Montaigu,  où  Simon  les 
xSf\"p!^"l'i,  poursuivit  sans  pouvoir  les  atteindre,  8<.  ils  se  rendirent  enfin  à  Toulouse. 
Ce  général  revint  à  Cahusac,  d'où  il  consulta  Arnaud,  abbé  de  Citeaux,  qui 
étoit  alors  à  Albi,  sur  la  suite  de  ses  expéditions.  Arnaud  lui  conseilla 
d'entreprendre  le  siège  de  Saict-Marcel,  château  situé  sur  la  petite  rivière  de 
Sérou,  k  trois  lieues  d'Albi  vers  le  nord,  dans  lequel  le  comte  de  Toulouse 
avoit  mis  Géraud  de  Pépieux  pour  gouverneur. 

XV.  —  Simon  est  obligé  de  lever  le  siège  de  Saint-Marcel  en  Albigeois. 

Montfort,  résolu  de  suivre  ce  conseil,  envoya  à  Bruniquel  prier  le  comte 
Baudouin  de  venir  l'aider.  Après  leur  jonction  qui  se  fit  à  Cahusac,  ils  atta- 
quèrent le  château  de  Saint-Marcel  qu'ils  ne  purent  investir  que  d'un  côté, 
parce  qu'ils  n'avoient  que  cent  chevaliers  &  peu  d'infanterie.  Les  comtes  de 
Toulouse,  de  Foix  &  de  Comminges  étant  retournés  avec  leur  armée  com- 
posée de  cinq  cens  chevaliers  &  d'un  corps  d'infanterie,  pour  s'opposer  aux 
desseins  des  croisés,  campèrent  aux  environs  de  Saint-Marcel,  dont  ils  avoient 
l'entrée  libre.  Le  comte  de  Foix  s'y  jeta,  défendit  si  bien  la  place,  que 
Simon,  au  bout  de  plus  d'un  mois  de  siège,  n'étoit  pas  plus  avancé  que  le 
premier  jour.  La  disette  s'étant  mise  d'ailleurs  dans  son  camp,  à  cause  que  le 
comte  de  Toulouse,  qui  avoit  occupé  tous  les  passages,  empêchoit  qu'on  n'y 
apportât  des  vivres,  il  fut  obligé  enfin,  après  avoir  manqué  de  pain  pendant 
plusieurs  jours,  de  lever  le  siège  la  veille  de  Pâques  (24  de  mars)^.  Simon 

'  Pierre    de    Vaux-Ceriiay,    e.    60.    —    Voyez  la    levée   du    siège   de    Saint-Marcel    (vers    234Û- 

'                   iome  VIII,  c.  82  &  suiv.  2349);   mais  il  le  fait  commencer  immédiatement 

'  Le  siège  dura   deux  jours,  d'après  Guillem   de  après   la   prise  de  Cahuzac,  &  le  fait   ainsi  durer 

Tudèle,  vers  2333.   [A.  M.]  un  mois  &  demi  de  plu»  que  Pierre  de  Vaux-Cer- 

'  Guillem  de  Tudèle  donne  la  même  d>ite  pour  nny.  [A.  M.] 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXII.  379 

se  rendit  à  Albi,  où  il  célébra  cette  fête,  Se.  le  comte  de  Toulouse  partit  le 
même  jour  pour  Gaillac.  Simon  s'avança  le  lendemain  vers  cette  dernière 
ville  &  défia  ce  prince  au  combat;  mais  Raimond,  ne  jugeant  pas  à  propos 
d'accepter  le  défi,  se  tint  enfermé  dans  Gaillac.  Ainsi  Simon  retourna  à  Albi, 
où  il  passa  quelques  jours,  &  où  il  donna'  en  fief,  le  3  d'avril  suivant,  à 
Guillaume,  évêque  de  cette  ville,  &  à  ses  successeurs,  les  châteaux  de  Rouf- 
fiac  &  de  Marsac,  sauf  ses  droits  régaliens. 

XVI.  —  Evèques  de   Carcassonne,  —  Arnaud,  abhé  de  Citeaux,  est  élu 
archevêque  de  Narbonne;  il  s'érige  en  duc  de  cette  ville. 

Simon  de  Montfort^,  à  son  retour  à  Albi,  y  trouva  Gui,  abbé  de  Vaux- 
Cernay,  son  ami,  qui  venoit  de  France,  Se  qu'on  avoit  élu  alors  évêque  de 
Carcassonne  à  la  place  de  Bernard-Raimond  de  Rochefort,  qu'on  avoit  enfin 
obligé  à  se  démettre.  Arnaud-Amalric,  abbé  de  Cîteaux,  fut  élu  d'un  autre 
côté  archevêque  de  Narbonne  le  jour  de  Saint-Grégoire,  12  de  mars  de  la 
même  année j  l'évêque  d'Uzès,  son  collègue  dans  la  légation,  qui  étoit  pré- 
sent à  l'élection  &  qui  y  eut  sans  doute  beaucoup  de  part,  la  confirma  le 
même  jour,  par  l'autorité  du  pape,  8c  persuada  ensuite  à  Arnaud  de  prendre 
possession  du  duché  de  Narbonne.  Le  nouvel  élu  suivit  volontiers  ce  conseil, 
84  en  se  mettant  en  possession  du  palais  archiépiscopal,  il  fit  arborer  sur  la 
tour  le  drapeau  de  l'église  de  Narbonne,  en  signe  du  domaine  6"  du  duché, 
en  présence  du  même  évêque  d'Uzès,  des  évêques  de  Béziers,  Agde,  Mague- 
lonne,  Lodève,  Elne,  Toulouse,  Comminges  81  Conseransj  des  abbés  de 
Saint-Paul  dé  Narbonne,  de  Saint-Aphrodise  de  Béziers;  du  clergé  8c  du 
peuple  de  Narbonne.  Le  lendemain,  Arnaud  fit  appeler  devant  lui  le  vicomte 
Aymeri  Se  reçut,  en  qualité  de  duc  de  Narbonne,  l'hommage  8c  le  serment 
de  fidélité  de  ce  vicomte.  Ces  circonstances  sont  rapportées  dans  diverses' 
lettres  qu'Arnaud  8c  son  chapitre  écrivirent,  trois  ans  après,  à  l'occasion  du 
|Mocès  que  ce  prélat  eut  k  soutenir  contre  Simon  de  Montfort  au  sujet  du 
duché  de  Narbonne.  Au  reste,  nous  ignorons  si  Bérenger,  prédécesseur  immé- 
diat d'Arnaud,  mourut  archevêque  de  Narbonne,  car  il  pourroit  bien  avoir 
été  déposé,  comme  il  en  étoit  menacé  depuis  longtemps  par  le  pape,  qui 
avoit  ordonné,  au  mois'*  de  juin  de  l'an  1210,  à  l'évêque  de  Riez  8c  à  l'abbé 
de  Citeaux  ses  légats,  d'informer  de  la  conduite  de  ce  prélat,  8c  de  le  déposer 
s'ils  le  trouvoient  répréhensible. 

'  GallU  Chnstliim,  tiov.  ei.  t.  r,  Instrum.  p.  10.  n.  40Î7.]  —  Par  la  même  lettre,  le  pape  donnait 

[Catalogue  des  Montfort,  n.  ôo.]  une  commission  semblable  à  ses  lég.its,  contre  l'ar- 

'  Pierre  de  Vaiix-Cernay,  c.  60.  chevèque    d'Aiich.    Bérenger,    archevêque    de    Nar- 

'  Catcl,  Hutoire  des  comtes  de  Toulouse,  p.    28  bonne,  ne  mourut  que  le  11  août  iirS  d'après  le 

&  suiv.j    Mémoires    de     l'histoire     du    Languedoc,  nécrologe  de  l'église   métropolitaine  (cf.    t.  VIII, 

p.  599  &  suiv.  —  Besse,  Narbonne,  p.  466  ik  suiv.  c.  218).  La   conjecture  de  dom  Vaissete   se  trouve 

—  Gallia  Christiana,  nov.  éd.  t.   1,  p.  378.  donc  justifiée  par  les  textes.  [A.  M.] 

^  Innocent.   III    1.    i3,   Epist,  34.  —   [Potthast, 


An  1212 


■■; 38o  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXll. 

XVII.  —  Evéqites  de  l'aimes,  Bé-^iers,  Lodève,  t-c. 

Arnaïul,  quelqvie  temps  après  son  élection,  convoqua  à  Narbonne  les  évê- 
ques  ik  les  abbés  de  sa  province  pour  assister  à  sa  consécration.  Nous  trouvons 
les  noms  de  ces  évêques  dans  la  donation  '  qu'il  fit  de  l'église  de  Cuxac  à  sa 
cathédrale,  le  premier  de  mai  de  l'an  1212,  du  consentement  des  évêques  ses 
suffragans,  savoir  :  de  Raimond  d'Uzès,  légat  du  Saint-Siège;  Pierre  de 
Béziers,  Raimond  d'Agde,  Pierre  de  Lodève,  Guillaume  de  Maguelonnc, 
Foulques  de  Toulouse,  Gui  de  Carcassonne  &  R.  d'Elne.  Parmi  ces  évêques, 
il  y  en  avoit  quatre  de  l'ordre  de  Cîteaux,  en  comptant  le  métropolitain.  Il 
t'iM "'"'"!"■  n'est  pas  fait  mention  de  l'évêque  de  Nimes,  dont  le  siège  étoit  peut-être 
vacant  :  nous  savons  du  moins  qu'Arnaud,  abbé  de  Saint-Pvuf,  fut  élu 
évêque  de  cette  ville  en  1212.  Les  abbés  qui  furent  présens  à  cet  acte.  Se  qui 
assistèrent  à  la  consécration  d'Arnaud,  de  même  qu'à  celle  de  Gui,  abbé  de 
Vaux-Cernay,  évêque  de  Carcassonne,  laquelle  se  fit^  en  même  temps, 
furent  ceux  de  Saint-Gilles,  Saint-Thibéri ,  Saint-Pons,  Valmagne,  Saint- 
Aphrodise  d^  Béziers  &  La  Grasse.  Arnaud  fut  sacré ■*  le  2  de  mai.  I.-e  vicomte 
Avmeri  lui  donna  ce  jour-là  un  grand  festin  à  titre  d'albergue  &  en  qualité 
de  son  vassal  pour  le  duché  de  Narhoniie. 

Pierre,  évêque  de  Béziers,  avoit  succédé'*  depuis  peu  à  Réginald  de  Mont- 
peiroux  "'  S<  non  pas  de  Montpellier,  comme  on  l'appelle  communément. 
Réginald  obligea,  en  1211,  par  l'autorité  de  Simon  de  Montfort,  tous  les 
nobles  de  son  diocèse,  dont  on  peut  voir  l'énumération  dans  les  actes '^  qui 
en  furent  dressés,  à  restituer  à  son  église  les  dîmes  inféodées  qu'ils  possé- 
doient.  On  dit  que  Pierre,  son  successeur,  de  la  maison  d'Aigrefeuil,  étoit 
déjà  élu  en  1211.  Ce  dernier  mourut  vers  la  fin  de  l'année  suivante. 

Quant  k'^  Pierre,  évêque  de  Lodève,  on  le  fait  de  la  maison  de  Lodève) 
5i  on  assure  qu'il  étoit  Jranciscain  lorsqu'il  jîarvint  à  l'évêché  de  cette  ville; 
mais  saint  François  n'avoit  pas  encore  alors  fondé  son  ordre.  Il  avoit  succédé 
à  Pierre  Frotier,  qui  eut  de  grands  démêlés  avec  les  habitans  de  Lodève, 
lesquels  envahirent  8<  pillèrent  son  palais  épiscopal  &  l'obligèrent,  avec  ses 
chanoines,  à  jurer  l'observation  de  leurs  usages  &  de  leurs  coutumes,  que  ce 
prélat  prétendoit  être  contraires  à  son  autorité  Se  à  sa  juridiction.  L'évêque 
de  Lodève  &  ses  chanoines  ayant  été  forcés  de  faire  ce  serment,  en  obtinrent 
dispense  du  pape;  mais  leur  querelle  avec  les  habitans  s'étant  renouvelée  à 
cette  occasion,  S<.  Pierre  Frotier  ayant  refusé  de  confirmer  les  coutumes,  il 
fut  cruellement  assassiné  dans  son   palais.   Pierre,  après   lui  avoir  succédé, 

'  Voyez    tome  VIII,   Ch.iitcs,    n.   CVI ,   ce.  619  '  Planiavjt  de   la   Pniise,  Chronologii  pracsulum 

Cl  620.  Miigalonensiuni,  p.   111. 

'  Pierre  de  Vaiix-Cern.iy,  c.  6:!.  ^  Gallia    Chnstiana ,    t.    2,    p.    ^\:t.  ^-    (Voyeï 

'   Catel,    Mémoires   Je   Vhutoirc    Ju    LangucAoc ,  tome  V,  c.   I,j33,  n.  98.] 
p.  Ô99  &  siiiv.  ■  Plantavit  de  la  P.uise,  p.    1  1  j  > 

'  Galliu  Chriilianj,  no/,  ci.  t.  6. 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXII. 


?,8i 


vengea  sa  mort,  fit  mourir  les  assassins,  8c  exila  leurs  parens  de  tout  le  dio- 
cèse jusqu'à  la  quatrième  génération.  Le  roi  Philippe-Auguste  confirma  celte 
sentence  en  1208,  &  accorda  deux  ans'  après  un  diplôme  au  même  prélat, 
par  lequel  il  confirma  celui  qu'il  avoit  donné  quelques  années  auparavant 
en  faveur  de  Raimond  de  Montpellier,  évêque  de  Lodève,  avec  concession 
des  droits  régaliens,  des  mines  du  pays,  8c  permission  de  battre  monnoie, 
laquelle  auroit  cours  dans  tout  le  diocèse,  8cc. 


An  12  i£ 


I 


XVIII.  —  Le  pape  ordonne  de  nouveau  à  ses  légats  de  recevoir  la  justification 
du  comte  de  Toulouse,  £■  refuse  d'accorder  ses  domaines  à  d'autres. 

Quelques  auteurs  ont  prétendu  que  Raimond,  évêque  d'Uzès,  succéda 
immédiatement  à  Bérenger  dans  l'archevêché  de  Narbonne,  fondé  sur  la 
suscription  d'une  lettre  du  pape  Innocent  III  adressée  à  Raimond,  évêque 
d'U-^ès,  &■  à  l'élu  de  Narbonne,  légat  du  Saint-Siège;  mais  il  n'ont  pas  fait 
attention  que  cette  suscription  distingue  l'évêque  d'Uzès  d'avec  l'élu  de  Nar- 
bonne. Le  pape,  dans  cette  lettre*,  qui  est  de  la  fin  du  mois  d'avril  de 
l'an  121:,  leur  dit  :  «  Quoique  Raimond,  comte  de  Toulouse,  ait  été  trouve 
coupable  en  plusieurs  choses  contre  Dieu  8c  contre  l'Église,  8c  que  nos 
légats,  pour  l'obliger  à  se  reconnoître,  aient  excommunié  sa  personne  6c 
abandonné  ses  domaines  au  premier  occupant;  cependant  il  n'a  pas  été 
encore  condamné  comme  hérétique  8c  comme  complice  de  la  mort  de 
Pierre  de  Castelnau  de  sainte  mémoire,  quoiqu'il  en  soit  très-suspect. 
C'est  pourquoi  nous  avons  ordonné  que  s'il  se  présentoit  contre  lui  un 
accusateur  légitime,  dans  un  certain  temps,  on  lui  assignât  un  jour  pour 
se  purger,  suivant  la  forme  marquée  dans  nos  lettres,  nous  réservant  de 
rendre  là-dessus  une  sentence  définitive,  en  quoi  on  n'a  pas  procédé  sui- 
vant nos  ordres.  Nous  ne  comprenons  donc  pas  pour  quelle  raison  nous 
pourrions  encore  accorder  à  d'autres  ses  États,  qui  ne  lui  ont  pas  été  ôtés, 
ni  à  ses  héritiers;  surtout  pour  ne  pas  paroître  lui  avoir  extorqué  frauduleu- 
sement les  châteaux  qu'il  nous  a  remis,  l'Apôtre  voulant  qu'on  s'abstienne 
<  de  l'apparence  même  du  mal;  car  si  on  avoit  rendu  quelque  sentence  contre 
lui  sur  ces  deux  articles,  sans  égard  à  la  forme  que  nous  avons  prescrite, 
elle  seroit  sans  doute  nulle.  N'y  ayant  donc  pas  encore  lieu  de  vous 
accorder  la  demande  que  vous  nous  avez  faite,  (Je  disposer  de  ses  États  en 
faveur  d'un  autre,  nous  vous  ordonnons  de  travailler  de  toutes  vos  forces 
i<  à  conduire  cette  affaire  d'une  manière  qui  soit  ferme  &C  solide.  Nous  man- 
dons à  l'évêque  de  Riez  8<  à  maître  Thédise,  chanoine  de  Gênes,  d'y  pro- 
céder suivant  la  forme  que  nous  leur  prescrivons;  8c  si  c'est  par  la  faute  du 
comte  (|ue  la  procédure  ne  se  continue  pas,  qu'ils  aient  à  lui  signifier  Si 
aux  autres,  que   nous  agirons  comme   le   bien  de  la  paix  S;  de   la  foi   le 

'  Gallia  Christiana,  nov.    ei.    t.   6.  —  [Delisle,  '  Innocent.    III   1.   i '>,  Eplu.  loi.  —  [Potih.ist, 

Catalogue   des   actes   de    Philippe-Auguste,   p.    276,        n.  4J7i  la  bulle  esi  sans  date  de  jour  8;  de  mois.) 
n.    1 198  ;  &  plus  haut,  p.   lin.] 


I-'d.orlgin. 
t.  III,  r-  22; 


An  i; 


38:  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.   LIV.  XXII. 

«  demandera;  mais  qu'ils  ne  manquent  pas  de  nous  instruire  de  la  vérité.  « 
Le  pape  Innocent  III  écrivit  dans  les  mêmes  termes  à  l'évêque  de  Riez  St  à 
maître  Thédise,  &  leur  ordonna  de  ne  rien  négliger  dans  cette  atfaire, 
comme  on  dit  qu'ils  avaient  fait  jusqu  alors. 

Nous  voyons  par  cette  lettre  :  i°  Que  l'évêque  de  Riez  8c  maître  Thédise, 
commissaires  dans  l'affaire  du  comte  de  Toulouse,  avoient  refusé  jusqu'alors 
de  recevoir  la  justification  de  ce  prince  touchant  le  crime  d'hérésie  &  la  mort 
du  légat  Pierre  de  Castelnau  dont  on  l'accusoit,  malgré  les  ordres  précis 
d'Innocent  III  qu'ils  avoient  éludés,  &,  qu'a}ant  excommunié  le  comte  8c 
disposé  de  ses  États  en  faveur  du  premier  occupant,  ils  le  regardoient  comme 
pleinement  condamné  8c  déchu  de  sous  ses  domaines,  mais  que  le  pape 
eut  assez  d'équité  pour  ne  pas  approuver  leur  procédé.  :°  Que  l'évêque 
d'Uzès,  qui  avoit  conseillé  à  Arnaud,  ahbé  de  Cîteaux,  après  son  élection  à 
l'archevêché  de  Narbonne,  de  se  qualifier  duc  de  cette  ville,  prétendoit  que 
le  comte  de  Toulouse  n'avoit  plus  aucun  droit  à  ce  duché.  Se  qu'il  lui  étoit 
libre  d'en  disposer,  en  qualité  de  légat,  sous  le  bon  plaisir  du  pape;  qu'il 
demanda  à  Innocent  la  confirmation  de  cette  disposition,  Se  que  le  pape  la 
refusa.  3°  Enfin  qu'Innocent  gardoit  toujours  en  son  pouvoir  les  sept  châ- 
teaux que  le  comte  de  Toulouse  lui  avoit  livrés  en  1209  8c  à  l'Eglise  romaine, 
pour  gage  de  sa  conduite,  sans  compter  le  comté  de  Melgueil  qu'il  avoit  saisi 
sur  lui,  sous  prétexte  de  sa  prétendue  suzeraineté.  Les  chevaliers  8c  le  peuple 
du  château  de  Melgueil  lui  écrivirent,  en  effet,  pour  le  féliciter  de  ce  qu'eux 
8c  leur  comté  étoient  spécialement  soumis  en  propriété  à  l'Eglise  romaine,  8c 
pour  le  prier  de  ne  pas  les  soumettre  à  d'autre  que  lui.  Le  pape,  par  sa 
réponse',  du  5  de  juin  de  l'an  121 2,  les  exhorte  à  persévérer  dans  leur  fidélité 
&c  les  assure  de  sa  protection. 

XIX,  —  Guillaume  dispute  la  seigneurie  de  Montpellier  à  la  reine  d'Aragon, 

sa  sceur. 

Innocent  III  écrivit^  le  lendemain,  en  qualité  de  comte  de  Melgueil,  à 
Marie,  reine  d'Aragon  8c  aux  habitans  de  Montpellier,  avi  sujet  de  Guillaume, 
frère  consanguin  de  cette  princesse,  lequel  prétendoit  que  la  seigneurie  de 
Montpellier  lui  appartenoit,  8c  que  cette  reine  la  détenoit  injustement.  Le 
pape  marque  dans  cette  lettre  que  la  Juridiction  sur  le  pays  lui  appartient, 
8c  ordonne  à  Marie  8c  aux  habitans  de  Montpellier,  ou  de  restiluer^ette  ville 
à  Guillaume,  qui  avoit  eu  recours  k  son  autorité,  ou  de  se  présenter  à  son 
tribunal,  à  la  fête  prochaine  de  la  Toussaint,  pour  y  être  jugés. 

Nous  ignorons  de  quelle  manière  l'évêque  de  Riez  8c  maître  Thédise  exé- 
cutèrent les  nouveaux  ordres  d'Innocent  touchant  la  purgation  canonique  du 
comte  de  Toulouse;  il  paroît  cependant  qu'ils  évitèrent  toujours  d'en  venir  à 

■  Innocent.  III  1.  |5,  Epist.  io3.  —  [Pottliast,  *  Innocent.  III  1.  i3,  Epist.    104,  —  [Potthr.st, 

^ .  4Ô18.]  n.  4 J2i .] 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXII.  383  — 

An  1112 

l'exécution  afin  d'achever  d'opprimer  ce  prince.  Thédise  entreprit',  en  effet, 
exprès  un  voyage  à  Rome  pour  y  taire  l'apologie  de  sa  conduite  6<.  y  noircir 
de  plus  en  plus  celle  du  comte. 

XX.  —  Le  roi  d'Jragon  fait  un  voyage  à  Toulouse.  —  Arnaud,  archevêque 
de  Narhonne,  va  servir  en  Espagne  contre  les  Sarrasins. 

Arnaud,  archevêque  de  Warbonne^,  peu  de  temps  après  sa  consécration,  se 
disposa  à  aller  servir  en  Espagne  contre  les  infidèles.  Miramolin^',  roi  de 
Maroc,  avoit  passé  la  mer  8c  fait  une  irruption  dans  ce  royaume,  où  il  portoit 
la  désolation.  Alfonse,  roi  de  Castille,  dont  il  avoit  attaqué  les  États,  n'étant 
pas  assez  fort  pour  lui  résister,  appela  à  son  secours  tous  les  autres  princes 
d'Espagne,  6c  envoya  l'archevêque  de  Tolède  en  France,  pour  y  solliciter  les 
peuples  à  s'armer  en  sa  faveur,  Se  à  profiter  de  l'indulgence  que  le  pape  avoit 
accordée  à  ceux  qui  prendroient  part  à  cette  expédition.  Pierre,  toi  d'Aragon, 
fut  un  des  premiers  qui  se  préparèrent  à  marcher  au  secours  du  roi  de  Cas- 
tille. Il  fit  un  voyage  à  Toulouse,  au  commencement  de  l'an  12 12,  8c  y  établit 
pour  son  vicaire,  c'est-k-dire  sans  doute  pour  son  ambassadeur  auprès  du 
comte,  son  beau -frère,  un  chevalier,  nommé  Guillaume  de  l'Echelle.  Il 
repassa  bientôt  les  Pyrénées  8c,  ayant  assemblé  ses  troupes,  il  marcha  vers  Éd.  origin. 
Tolède.  Arnaud,  archevêque  de  Narbonne,  partit  de  son  côté  à  la  tête  de  'P--  ■ 
cent  chevaliers  françois  Se  d'un  corps  d'infanterie,  le  mardi  d'après  l'octave 
de  la  Pentecôte  de  l'an  1212.  Il  visita  en  passant  le  roi  de  Navarre  8c  per- 
suada à  ce  prince,  quoique  ennemi  du  roi  de  Castille,  de  se  joindre  à  lui 
contre  leur  ennemi  commun.  Arnaud  se  rendit  ensuite  à  Tolède  à  la  tête  de 
ses  troupes,  qui  avoient  été  levées  pour  la  plupart  dans  les  diocèses  de  Lyon, 
de  Vienne  8c  de  Valence.  Il  rencontra  à  Tolède  plusieurs  autres  prélats  8<. 
chevaliers  françois  qui  avoient  passé  en  Espagne  dans  le  même  dessein,  entre 
autres  l'archevêque  de  Bordeaux,  le  comte  d'Astarac,  le  vicomte  de  Tu- 
renne,  Sec.  Tous  ces  François  formoient  un  corps  d'armée  composé  de  deux 
mille  chevaliers,  qui  avoient  chacun  leur  écuyer,  de  dix  mille  sergens  à 
cheval  8c  de  cinquante  mille  à  pied.  Ces  troupes  s'étant  jointes  à  celles  d'Es- 
pagne, commandées  parles  rois  de  Castille,  d'Aragon  8c  de  Navarre,  rempor- 
tèrent divers  avantages  sur  les  infidèles  8c  les  défirent  entièrement  en  bataille 
rangée,  le  16  de  juillet,  dans  un  lieu  appelé  les  Naves  de  Toulouse '^.  On 
compte  que  soixante  mille  Sarrasins  y  demeurèrent  sur  la  place,  tandis  que  les 
chrétiens  n'y  perdirent  que  cinquante  hommes.  L'archevêque  Arnaud  contribua 
beaucoup  au  gain  de  cette  bataille,  dont  il  nous  a  laissé  une  relation  fort 
détaillée  :  les  chrétiens  ayant  pris  la  fuite  au  commencement  de  l'action,  il  fit 
tant  par  ses  exhortations  qu'il  ranima  leur  courage  8c  les  ramena  au  combat. 

'  Innocent.  III  1.  16,  Ep'ut.  35.  '  [Par  corruption,    pour  Emir  al  Mouraenia, 

'  Guillaume    de    Puylautens,   c.   20.   —    Gallia  prince  des  croyants.] 

Christiana,   t.    i,   p.   379.  —  Zurita,  Anales  de  U  ^  [Los  Naves  deïolosa.] 
corona  de  Aragon, 


An  I2IZ 


084  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXII. 


XXI.  —  Simon  assiège  6-  prend  le  château  d'Hautpoul. 

Cette  expédition  fut  très-glorieuse  à  Pierre,  roi  d'Aragon;  mais  elle  l'em- 
pêcha de  soutenir  le  comte  de  Toulouse,  son  beau-frère,  contre  les  entre- 
prises de  Simon  de  Monttort  qui,  après'  avoir  fait  quelque  séjour  à  Albi,  se 
rendit  à  Castres,  d'où  il  alla  assiéger  le  château  d'Hautpoul,  dans  le  Toulou- 
sain, Les  croisés  arrivèrent  le  second  dimanche  d'après  Pâques  devant  ce 
château,  situé  entre  Castres  £c  Lavaur,  sur  une  haute  colline  escarpée,  envi- 
ronnée de  rochers  presque  inaccessibles.  Simon,  qui  n'avoit  pas  beaucoup  de 
troupes,  ne  put  faire  qu'une  partie  de  la  circonvallation.  11  fit  dresser  un 
pierrier  St  le  fit  jouer  le  troisième  jour  du  siège.  Ayant  ensuite  fait  mettre  ses 
chevaliers  à  pied,  il  fit  la  descente  du  fossé,  donna  l'assaut  &  emporta  le  pre- 
mier faubourg;  ses  troupes  ne  pouvant  cependant  résister  aux  ettorts  des 
assiégés,  qui  faisoient  pleuvoir  une  grande  quantité  de  pierres,  furent  enfin 
obligées  de  reculer  Se  d'abandonner  l'entreprise.  Le  lendemain,  le  pierrier 
ayant  fait  de  plus  grandes  brèches,  les  assiégés  prirent  la  fuite  8c  se  retirèrent 
sur  le  soir.  Les  croisés  s'en  étant  aperçus  s'emparèrent  bientôt  de  la  place  8c 
ne  firent  aucun  quartier  à  tous  ceux  qui  y  étoient  demeurés.  Simon  rit  raser 
le  château  d'Hautpoul  8c  se  rendit  à  Sorèze,  où  il  donna  en  fief,  le  23  d'avril* 
de  cette  année,  du  consentement  de  la  comtesse  Alice,  sa  femme.  Se  d'Amauri, 
son  fils  aîné,  à  Philippe  Goloyn,  chevalier  françois,  sous  le  service  d'un  homme 
d'armes,  les  lieux  de  Vilarzel,  de  Montclar,  de  Pomars,  Sec.  confisqués  sur  les 
hérétiques  Se  les  fugitifs^. 

XXn.  —  Émeute  de  Narbonne  contre  Gui  6-  Amauri  de  Mont/ort. 

Gui  de  Montfort  8c  Amauri,  son  neveu,  fils  de  Simon,  firent  un  voyage 
peu  de  temps''  après  à  Narbonne,  où  ils  donnèrent  occasion  à  une  grande 
émeute.  Gui  étoit  logé  dans  l'archevêché,  8c  Amauri  dans  la  maison  des  Tem- 
pliers. Ce  dernier,  qui  étoit  encore  fort  jeune,  étant  allé  voir  par  curiosité 
le  palais  du  vicomte,  voulut  ouvrir  une  fenêtre  de  ce  bâtiment  qui  étoit  fort 
■rieux,  8c  la  fit  tomber  avec  quelque  bruit.  Aussitôt  tout  le  peuple  de  Nar- 
bonne s'attroupe  8c  accuse  publiquement  le  jeune  Montfort  d'avoir  voulu 
forcer  le  palais  vicomtal.  Amauri  se  réfugie  dans  la  maison  des  Templiers  : 
le  peuple  ameuté  l'y  poursuit,  l'y  assiège  8c  l'oblige  à  se  retirer  dans  une 
tour.  Enfin  un  citoyen  trouva  moyen  d'apaiser  le  tumulte  durant  lequel 
deux  écuyers  de  Simon  de  Montfort  furent  tués. 

'  Pierre  de  Vnux-Cernay,   c.    6i .  —    [Le  siège  loyn,  sénéchnl  de  Carcissonne;  ce  nom  décèle  une 

d'Hautpoul  n'est  pas  indiqué  par  Guillem   de  Tu-  origine  anglaise.  Sa  famille  resta   dans  le  pays  & 

dèle.]  le    roi    Louis    IX    confirma    à   ses    descendants  une 

'  Manuscrits  de  Colbert,  n.  zinit.  — Voyez  notre  partie  des  possessions  que  les  Montfort  lui  ayaient 

Catalogue,  n.  "ii.  données.  |A.  M.] 

'  Nous  retrouverons  plus   Için  ce  Philipp'.'  Go-  ''  Pierre  de  ^^•^'.!\•-Cernay,  c.  (12, 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXII.  385  "T 

An  i  z  12 

XXIII,  —  Simon  reçoit  un  nouveau  secours  de  croisés  ^  reprend  diverses 
places  sur  le  comte  de  Toulouse. 

Montfort  étoit  allé  alors  du  côté  de  Toulouse  à  la  rencontre  d'un  grand 
nombre  de  pèlerins  allemands,  lombards  Se  auvergnats  qui,  s'étant  joints, 
venoient  à  son'  secours.  L'arrivée  de  ces  nouveaux  croisés  jeta  l'épouvante 
dans  tout  le  pays,  Se  la  plupart  des  peuples  de  la  campagne  quittèrent  leurs 
habitations  pour  se  réfugier  à  Toulouse  Se  à  Montauban,  les  deux  plus  fortes 
nlaces  crui  restoient  au  comte  Raimond,  lequel  étoit  dans  la  dernière  avec  les      i;f  oiigin. 

J  »  ,  ^^  '  ^  t.  Ul,  p.  21:7. 

comtes  de  Foix  Se  de  Comminges.  Simon,  soutenu  dun  renfort  si  considé- 
rable, reprit  bientôt  la  plus  grande  partie  des  places  qu'il  avoit  perdues,  8c 
soumit  en  trois  semaines  les  châteaux  de  Cuc,  de  Montmaur,  Saint-Félix, 
Casser,  Montferrand,  Avignonet,  Saint-Michel  8t  plusieurs  autres  du  Tou- 
lousain. Gui,  nouvel  évêque  de  Carcassonne,  après  avoir  été  sacré  à  Nar- 
bonne,  joignit  l'armée  des  croisés  à  Saint-Michel,  à  une  lieue  de  Castelnau- 
dary,  8t  la  suivit  toujours  depuis.  Le  comte  Raimond  s'avança  cependant 
jusqu'à  Puylaurens;  mais  Montfort  ayant  fait  semblant  de  vouloir  attaquer 
cette  place,  Raimond  se  retira  Se  l'abandonna  aux  croisés  qui  s'en  saisirent. 
Un  corps  de  noblesse  allemande,  commandé  par  le  prévôt  de  l'église  de 
Cologne,  joignit  en  cet  endroit  Montfort,  qui  rendit  le  château  de  Puylau- 
rens à  Gui  de  Lucé,  auquel  il  i'avoit  donné  autrefois.  Ce  général,  après  avoir 
campé  pendant  deux  jours  aux  environs,  détacha  Gui,  son  frère,  Se  Gui  de 
Lévis,  son  maréchal,  pour  aller  à  Carcassonne  au  devant  de  Robert,  arche- 
vêque de  Rouen,  de  Robert,  élu  évêque  de  Laon,  Se  de  Guillaume,  archi- 
diacre de  Paris,  c[ui  conduisoient  un  grand  nombre  de  croisés  françois.  Son 
armée  étant  ainsi  extrêmement  augmentée,  il  la  partagea  en  deux  corps  :  il 
fit  marcher  une  partie  composée  de  ce  nouveau  renfort  sous  les  ordres  de 
Gui,  son  frère,  8e  s'avança  avec  le  reste  vers  Rabastens,  dans  le  diocèse  d'Albi. 
Ce  château  Se  ceux  de  Montaigu  8e  de  Gaillac  n'attendirent  pas  son  arrivée, 
8e  se  soumirent  sans  coup  férir.  Les  bourgeois  de  Saint-Marcel,  craignant 
son  ressentiment,  lui  envoyèrent  alors  les  clefs  de  leur  château  8c  implorèrent 
sa  clémence;  mais  ce  général  ayant  refusé  de  recevoir  leur  soumission,  ils 
abandonnèrent  la  place  Se  cherchèrent  leur  salut  dans  la  fuite.  Simon  s'em- 
para ensuite  du  château  Se  le  fit  détruire  de  fond  en  comble^.  Il  traita  de 
même  celui  de  La  Guépie,  sur  la  petite  rivière  de  Biaur,  qu'il  trouva  aussi 
abandonné.  Il  marcha  enfin  vers  Saint-Antonin,  dans  le  dessein  de  faire  le 
siège  de  cette  ville,  située  en  Rouergue,  sur  la  rivière  d'Aveyron,  dans  un 
vallon  très-agréable,  au  pied  d'une  colline. 

■  Pierre    de    Vaux-Cernay,    c.    62.    —    Voyez  tome  V  de  son   édition,  p.   5o),   les   traces   de   cet 

tome  VIII,   c.   83.   —    [Guillem    deTudéle,   vers  incendie   se  voyaient   encore   à   Saint-Marcel,  an 

235^-23.54.]  commencement  de  ce  siècle.   [A.  M.] 

'  Suivant    M.   Diimége  (additions   &  notes   du 

VI.  »5 


"Z 386  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXII. 

An  12  12 

XXIV,  —  Simon  de  Montfort  assiège  iS*  prend  Saint-Antonin. 

L'évêque  d'Albi,  qui  conduisoit  l'avant-garde  de  l'armée,  s'étant  hâté  d'ar- 
river à  Saint-Antonin,  exhorta  les  habitans  à  se  soumettre;  mais  Adhémar 
Jourdain,  chevalier  de  mérite  que  le  comte  de  Toulouse  y  avoit  mis  pour 
gouverneur,  lui  répondit  fièrement  :  «  Que  le  comte  de  Montfort  sache  que 
(i  jamais  les  hourdonniers  ne  viendront  à  bout  de  prendre  mon  château.  »  Il 
appeloit  hourdonniers  les  croisés,  à  cause  qu'ils  portoient  des  bourdons  pour 
marque  de  leur  pèlerinage.  Simon,  informé  de  cette  réponse,  promit  d'en  faire 
repentir  le  gouverneur.  11  arrive  à  Saint-Antonin  St,  ayant  planté  son  camp 
dans  la  plaine  au  pied  du  château,  il  est  assailli  le  soir  même  par  les  habi- 
tans qui  font  une  sortie.  Les  sergens  de  son  armée  les  repoussent  avec 
vigueur  jusque  dans  la  place  &  ils  en  font  aussitôt  l'atiaque  sans  la  partici- 
pation de  leur  généraux.  Enfin,  après  un  combat  d'une  heure,  ils  se  rendent 
maîtres  de  trois  barbacanes  ou  ouvrages  extérieurs;  la  nuit  qui  survint  les 
ayant  empêchés  de  continuer  leur  entreprise;  les  assiégés,  effrayés  d'une 
action  si  vigoureuse,  commencent  à  perdre  courage,  &  plusieurs  tâchent  de 
se  sauver  par  une  porte  opposée  au  camp  ;  les  croisés,  qui  s'en  aperçoivent, 
les  poursuivent  &  font  main  basse  sur  tout  ce  qu'ils  rencontrent.  A  minuit, 
Pons,  vicomte  de  Saint-Antonin,  jugeant  que  la  ville  seroit  prise  infaillible- 
ment le  lendejnain,  envoie  offrir  à  Montfort  de  la  lui  remettre,  à  condition 
qu'il  auroit  la  liberté  de  se  retirer  où  il  voudroit.  Ce  général  lui  refuse  sa 
demande  &  le  vicomte  se  rend  enfin  à  discrétion.  Les  croisés  entrent  dans. la 
place  de  grand  matin  5c  après  avoir  fait  mourir  trente  des  principaux  habi- 
tans', pillé  Si.  saccagé  la  ville,  sans  épargner  ni  le  monastère,  ni  le  clergé, 
Simon  pardonne  à  tous  les  autres  pour  ne  pas  la  dépeupler  entièrement.  Il 
fait  ensuite  conduire  à  Carcassonne  le  gouverneur,  le  vicomte  Pons,  &  plu- 
sieurs autres  chevaliers  qu'il  ordonne  de  renfermer  dans  une  étroite  prison. 
Il  dispose  enfin  du  gouvernement  de  Saint-Antonin  en  faveur  de  Baudouin, 
frère  du  comte  de  Toulouse,  &  l'y  laisse  avec  une  bonne  garnison,  Baudouin 
engagea  bientôt^  après  ceux  du  château  de  Caylus,  en  Querci,  à  se  sou- 
tMti°'p"'>"'s.  ""lettre  à  Simon,  qu'ils  avoient  abandonné  l'année  précédente  pour  retourner 
sous  la  domination  du  comte  de  Toulouse,  leur  ancien  maître. 

XXV.  —  Simon  de  Montfort  soumet  VAgenois,  où  il  assiège  6"  prend 

le  château  de  Penne, 

Montfort,  après  la  prise  de  Saint-Antonin,  délibéra  sur  la  suite  des  opéra- 
tions de  la  campagne  avec  les  évêques  d'Uzès,  de  Toulouse  &  de  Carcas- 

'  C'est  du  moins  le  chiffre  donné  par  la    rédnc-  droit.  La   prise  de  Saint-Antonin   eut  lieu   le  di- 

,  tion   en  prose.  Guillem  de  Tudèle  dit  vingt-huit  manche  en   l'octave  de  la  Pentecôte   (6  mai  1212'!, 

des  principaux  habitants  &  dix  bourgeois;  le  texte  d'après  Pierre  de  Vaux-Cernay.    [A.  M.] 
<ie  ce  dernier  par<iît  du  reste  corrompu  en   cet  en-  '  Pierre  de  Vaux-Cernay,  c.  63, 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXII.  38] 

sonne.  On  résolut  de  marcher  vers  l'Agenois,  pays  que  Raimond,  comte  de 
Toulouse,  tenoit  de  la  succession  de  Jeanne  d'Angleterre,  sa  mère.  L'évêque 
d'Agen  pressoit  depuis  longtemps  ce  général  des  croisés  de  s'y  rendre,  avec 
oft're  de  l'aider  de  toutes  ses  forces  S<  de  l'appuyer  du  crédit  de  ses  parens, 
qui  étoient  très-puissans  dans  le  pays.  Simon,  s'étant  mis  en  marche,  se 
saisit  en  passant  de  divers  châteaux  que  la  crainte  de  ses  approches  avoit  fait 
abandonner  à  leurs  habitans;  il  les  fait  raser  8c  ne  conserve  que  celui  de 
Montcuq  qu'il  donne  au  comte  Baudouin.  Étant  arrivé  devant  le  château  de 
Penne,  en  Agenois,  place  très-forte,  située  sur  le  penchant  d'une  colline,  au 
bas  de  laquelle  coule  la  rivière  de  Lot,  dans  un  pavs  aussi  agréable  que  fer- 
tile, il  forme  le  dessein  d'en  faire  le  siège.  Le  conite  de  Toulouse  y  avoit  mis 
pour  gouverneur  Hugues  d'Alfar,  chevalier  espagnol,  homme  brave  Se  intelli- 
gent, qu'il  avoit  fait  sénéchal  du  pays,  à  qui  il  avoit  donné  Guillelmette,  sa 
fille  naturelle',  en  mariage,  &  qui  avec  quatre  cens  routiers  qu'il  avoit  pris 
à  sa  solde  résolut  de  se  détendre  jusqu'à  la  dernière  extrémité. 

Simon,  avant  que  de  commencer  le  siège  de  Penne,  laissa  son  armée  devant 
cette  place  Si  alla  à  Agen,  suivi  de  quelques  chevaliers,  pour  recevoir  la  sou- 
mission des  habitans  qui  lui  prêtèrent  serment  de  fidélité  8c  lui  remirent  leur 
ville  dont  il  prit  possession.  On  peut  observer  à  cette  occasion  que  le  zèle  de 
la  religion  régloit  bien  moins  les  pas  de  ce  général  que  l'envie  de  s'agrandir 
au  dépens  d'autruij  car  il  est  certain  qu'il  n'y  avoit  alors  ^  aucun  hérétique 
manifeste  à  Agen.  Or  nous  avons  vu  ailleurs  que  le  pape  ne  regardoit  pas 
encore  le  comte  de  Toulouse  comme  convaincu  des  crimes  dont  on  l'accusoit, 
&t  qu'il  convenoit  qu'on  ne  pouvoit  lui  ôter  ses  Etats.  C'est  donc  uniquement 
dans  le  dessein  de  les  envahir  Se  de  s'enrichir  des  dépouilles  de  ce  prince  que 
Simon  lui  faisoit  la  guerre. 

Ce  général  étant  de^  retour  à  Penne,  le  dimanche  troisième  de  juin,  il  en 
commença  le  siège  durant  lequel  l'évêque  de  Carcassonne,  qui  s'y  trouva,  fit 
les  fonctions  de  vice-légat,  à  cause  de  l'absence  d'Arnaud,  archevêque  de 
Narbonne,  qui  étoit  alors  en  Espagne.  Hugues  d'Alfar,  gouverneur  de  la 
place,  fit  mettre  aussitôt  le  feu  au  faubourg  d'en  bas  8<  se  renferma  dans  le 
château  avec  sa  garnison.  Les  croisés  se  saisirent  ensuite  du  faubourg  aban- 
donné 8t  y  dressèrent  des  pierriers  pour  abattre  les  murailles;  mais  les  assiégés 
les  démontèrent  bientôt,  Si  ils  harcelèrent  tellement  les  croisés  par  leurs 
fréquentes  sorties  que  ces  derniers  n'avoient  encore  fait  aucun  progrès  à  la 
Saint-Jean.  Simon  reçut  cependant  l'hommage  de  presque  toute  la  noblesse 
de  l'Agenois,  qui  vint  le  reconnoître  pour  son  seigneur.  Enfin,  voulant 
avancer  les  travaux  du  siège  Se  remplacer  plusieurs  croisés  qui,  après  avoir 
fini  leur  quarantaine,  demandoient  à  se  retirer,  il  manda  à  Gui,  son  frère, 
de  le  venir  joindre. 

Gui  agissoit  alors  d'un  autre  côté  avec  un  corps  d'armée  Se  avançoit  beau- 

'  Voyez  tome  VII,  î/oie  X,  n,  4,  pp.  26,  17.  'Pierre    de    Vaiix-Cernay,    c.    (53.    —    Voyez 

"  Innocent.  III  1.  iz,Ep',st.  172.  —  [Pottliast,  tome  VIII,  ce.  84,  85. —  [Guillem  de  Tudèle,  vers 
11    339D.]  240J-2443.] 


An  12  12 


Au  i::i2 


388  niSTOlRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXII. 


coup  les  affaires  de  la  croisade.  Il  étoit  parti  de  Caicassonne,  suivi  de  Robert, 
archevêque  de  Rouen,  Robert,  élu  évêque  de  Laon,  Guillaiime,  archidiacre 
de  Paris,  Enguerrand  de  Bove,  à  qui  Simon  avoit  donné  depuis  longtemps 
une  partie  du  pays  de  Foix,  8c  de  plusieurs  autres  chevaliers.  11  s'étoit  étendu 
dans  le  même  pays,  où  il  avoit  pris  d'assaut  le  château  d'Ananclet",  dont  il 
avoit  fait  passer  la  garnison  par  le  fil  de  l'épée.  Cette  prise  avoit  jeté  la  ter- 
reur dans  tout  le  voisinage,  £c  les  habitans  de  plusieurs  châteaux,  les  avoient 
abandonnés  après  y  avoir  mis  le  feu.  Gui,  après  avoir  achevé  de  les  ruiner, 
s'étoit  avancé  vers  Toulouse,  où  ses  approches  avoient  produit  le  même  effet, 
&  il  assiégeoit  actuellement  le  château  de  Penne,  en  Albigeois,  quand  Simon, 
son  frère,  lui  manda  devenir  à  son  secours.  Gui  abandonna  aussitôt  le  siège 
de  ce  château  S<,  ayant  fait  le  dégât  aux  environs,  il  se  mit  en  marche  £< 
arriva  enfin  au  siège  de  Penne,  en  Agenois. 
t'^i'îi"' '*'.'','■  Simon  chargea  Gui,  son  frère,  de  l'attaque  du  côté  du  levant,  &  il  con- 
tinua lui-même  celle  qu'il  avoit  commencée  vers  le  couchant.  Comme  les 
machines  qu'il  avoit  employées  jusqu'alors  étoient  presque  inutiles,  il  en  fit 
construire  une  beaucoup  plus  grande  dont  il  espéroit  un  meilleur  succès; 
mais  il  sévit  abandonné  bientôt  de  l'archevêque  de  Rouen,  de  l'évêque  de 
Laon  &.  de  la  plupart  des  autres  pèlerins  françois,  qui,  ayant  fini  leur  qua- 
rantaine, &  étant  d'ailleurs  fawgués  de  la  longueur  du  siège,  se  disposèrent 
à  partir.  Simon  fit  tout  son  possible  pour  les  retenir  encore  pendant  quelque 
temps  :  le  seul  archevêque  de  Rouen  consentit  de  demeurer  jusqu'à  l'arrivée 
d'une  troupe  de  nouveaux  croisés  qui  venoient  de  Carcassonne,  &  qui  avoient 
à  leur  tête  l'abbé  de  Saint-Rémi  de  Reims,  un  abbé  de  Soissons,  l'archi- 
diacre de  Châlons-sur-Marne  &  le  doyen  d'Auxerre,  lequel  mourut  peu  de 
temps  après.  Simon,  aidé  de  ces  nouveaux  croisés,  pressa  la  place  de  plus 
près  :  les  assiégés  continuèrent  de  leur  côté  à  se  défendre  avec  beaucoup  de 
courage;  &  craignant  de  n'avoir  pas  assez  de  vivres,  ils  firent  sortir  de  la  ville 
toutes  les  bouches  inutiles;  mais  Simon  fit  rentrer  ces  exilés,  &  on  ^  le  loue 
beaucoup  de  n'avoir  pas  daigné  les  faire  mourir.  Enfin,  les  machines  ayant 
ruirîé  la  plupart  des  maisons  &  fait  une  brèche  considérable  aux  murailles, 
les  assiégés  qui  manquoient  d'eau  Se  mouroient  de  soif,  à  cause  de  la  chaleur 
excessive  de  la  saison,  8<.  qui  n'avoient  d'ailleurs  aucune  nouvelle  du  comte 
de  Toulouse,  demandèrent  à  capituler.  Ils  obtinrent  la  liberté  de  se  retirer 
avec  la  vie  &  les  bagues  sauves,  &  le  gouverneur  livra  la  place  à  Simon 
le  25  de  juillet  ii\2.  Le  lendemain  l'archevêque  &.  le  chantre  de  Reims 
arrivèrent  au  camp  avec  un  nouveau  renfort  de  croisés. 

■  11  faii<  évidemment  corriger  Avelanetum,  La-  '  Pierre  de  Vaux-Cernay,  c.  6.'; 

velanet  (Arlége)  ,    .-irrondissement  de   Foix.    Pierre 
de  Vaux-Cernay  porte  j4nc/anfium    [A.  M.J 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXII.  389 

XXVI.  —  Montfort  prend  Marmaiide  £<  Bîron,  punit  la  déjection  de  Martin 
d'Algais,  6-  traite  avec  le  vicomte  de  Béarn. 

Durant  le  sîége  de  Penne,  Simon  détacha  Robert  de  Mauvoisîn  pour 
prendre  possession  en  son  nom  de  Marmande  sur  la  Garonne,  qui  étoit  du 
domaine  direct  du  comte  de  Toulouse.  Robert  fut  reçu  favorablement  des 
bourgeois,  qui  lui  remirent  la  ville;  mais  la  garnison  se  retira  dans  le  châ- 
teau Si  se  mit  en  état  de  défense.  Robert  ayant  tait  dresser  un  mangonneau, 
il  n'eut  pas  plutôt  commencé  à  le  faire  jouer  que  cette  forteresse  se  soumit. 
Simon  récompensa  les  services  de  ce  chevalier  par  la  donation'  qu'il  lui  fit, 
le  17  de  juillet  de  l'an  121  2,  au  siège  de  Penne  en  Agenois,  des  biens  qui 
avoient  appartenu  à  Guillaume  de  Durfort  de  Fanjeauxj  Robert  les  donna 
au  monastère  de  Prouille. 

Montfort  assiégea  ensuite  le^  château  de  Biron,  dans  le  dessein  de  punir  la 
défection  de  Martin  d'Algais,  qui  en  éloit  gouverneur  81  qui  avoit  quitté  son 
parti  pour  embrasser  celui  du  comte  de  Toulouse.  Il  emporta  le  bourg  de 
Biron  d'emblée,  &  somma  la  garnison  qui  s'étoit  retirée  dans  le  château  de 
se  rendre.  Comme  elle  étoit  hors  d'étal  de  résister,  elle  offrit  de  remettre  la 
place,  à  condition  qu'elle  sortiroit  la  vie  sauve.  Simon  lui  accorda  cet  article; 
mais  il  voulut  qu'on  lui  livrât  Martin  d'Algais,  ce  qui  fut  fait.  Il  permit  a 
ce  chevalier  de  se  confesser;  &  l'ayant  ensuite  fait  attacher  à  la  queue  d'un 
cheval,  8i  promener  ainsi  dans  tout  le  camp,  il  le  £t  pendre.  II  disposa  du 
gouvernement  de  Biron  en  faveur  d'un  chevalier  nommé  Arnaud  de  Mon- 
taigu.  Gaston,  vicomte  de  Béarn,  vint  alors  traiter  avec  lui  touchant  la 
vicomte  de  Brulhois^,  qui  dépendoit  du  comté  d'Agenois.  Ils  convinrent  de 
se  trouver  à  Agen  un  certain  jour  pour  conclure  leur  traité;  mais  le  vicomte 
manqua  au  rendez-vous.  La  comtesse  de  Montfort  joignit  le  comte  Simon, 
son  mari,  dans  ce  pays  accompagnée  de  l'évêque  de  Carcassonne"*.  Elle  se 
saisit,  en  passant  dans  le  Querci,  de  quelques  châteaux,  que  les  habitans 
avoient  abandonnés  à  ses  approches. 

XXVII.  —  Mont/brt  assiège  Moissac,  le  prend,  &>  soumet  diverses  places 

des  environs. 

Montfort,  après  avoir  soumis  l'Agenois"',  se  rendit  dans  le  Querci,  8c  arriva 
le  14  d'août  de  l'an  1212  devant  Moissac,  ville  située  sur  le  Tarn  &  les  fron- 
tières du  Toulousain,  au  pied  d'une  colline,  dans  une  très-belle  campagne.  Il 

'  Archives  de   Prouille.  [Voir  notre  Catniogue,  compngiiait  In  comtesse  de  Montfort   pendant  ce 

n"  02-53.]  Yoyage.  Giiillcm  de  Tudèle  dit  (vers  2464),  qu'elle 

'Pierre    de   Vaux-Cernny,    c.    63.    —    Voyez  amenait  à  son  vnari  quinze  mille  hommes  de  ren- 

tome  VIII,  c.  8:).  fort.  Pierre  de  Vaux-Ccrnay  dit  seulement  qu'elle 

'Pierre  de  Vaux-Cernay,  c.  C>j.  —  Marca,  ayail  avec  elle  ptiiicos  pauperes  €•  pcrrgrlnos.  [\.  M.] 
Hiitoirc  {ie  Béarn,  1.  6,  ch.    16,  n.  2.  '  Pierre    de    Vaux-Cernay,    c.    63.    —    Voyez 

'  Le    chroniqueur    Pierre    de   Vaux-Cernay   ac-  tome  VIIT,  ce.  S^>  &  suiv. 


An  1212 


7777^  ^9°  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXII. 

l'assiégea  aussitôt  avec  le  secours  de  Baudouin,  frère  du  comte  de  Toulouse, 
qui  le  joignit  à  la  tête  de  quinze  mille  hommes'.  Les  habitans  se  voyant 
menacés  d'un  siège,  avoient  appelé  à  leur  secours  un  corps  de  routiers  & 
plusieurs  bourgeois  de  Toulouse  qui,  au  mépris  de  l'interdit  que  les  légats 
avoient  jeté  sur  la  ville  à  cause  qu'elle  étoit  attachée  au  parti  du  comte  de 
'ia,''p'"33o.  Toulouse,  firent  sonner  tous  les  jours  les  cloches  de  l'abbaye  :  ayant  été 
ensuite  investis,  ils  se  seroient  soumis  volontiers  à  Simon;  mais  la  garnison 
les  en  empêcha.  Se  ils  furent  obligés  de  se  défendre  malgré  eux.  Simon  avant 
que  de  faire  dresser  ses  machines,  dont  il  donna  la  direction  à  Gui,  évêque 
de  Carcassonne,  &  à  Guillaume,  archidiacre  de  Paris,  tenta  l'assaut;  mais  il 
fut  repoussé  avec  perte  &  obligé  de  se  retirer.  Il  eut  alors  recours  à  ses 
machines  dont  il  ne  fit  pas  un  long  usage,  car  les  assiégés  y  mirent  le  feu 
dans  une  sortie,  Se  poussèrent  les  croisés  avec  beaucoup  de  vigueur  jusqu'à  ce 
que  Simon  étant  survenu,  il  les  obligea  enfin  à  rentrer  dans  la  place,  après 
avoir  eu  un  cheval  tué  sous  lui,  reçu  une  blessure  au  pied  &  avoir  failli 
d'être  pris.  Dans  cette  action  plusieurs  croisés  demeurèrent  sur  la  place,  8c 
les  assiégés  firent  prisonnier  un  neveu  de  l'archevêque  de  Reims,  qui  étoit 
venu  au  siège  avec  son  oncle  :  ils  lui  coupèrent  la  tête  &  la  jetèrent  avec  le 
tronc  par  dessus  les  murailles. 

Peu  de  temps  après,  Réginakl,  évêque  de  Toul  8c  non  de  Tulle,  comme 
quelques-uns^  Pont  avancé,  vint  à  Cahors  à  la  tête  d'un  nouveau  corps  de 
croisés,  dans  le  dessein  d'aller  joindre  Simon.  Le  comte  de  Foix,  qui  étoit  à 
Montauban,  informé  de  sa  marche,  se  mit  en  campagne,  l'attaqua  8<  l'obligea 
de  se  réfugier  dans  un  château  du  voisinage.  Montfort  détacha  aussitôt  le 
comte  Baudouin  qui  l'amena  en  toute  sûreté.  Il  redoubla  alors  ses  efforts,  8c 
ayant  fait  élever  une  grande  machine  appelée  Cat,  il  la  couvrit  de  peaux  de 
bœufs  toutes  fraîches^  5c  la  fit  approcher  de  l'avant- fossé,  qui  étoit  large, 
profond  8c  plein  d'eau.  Les  assiégés  opposèrent  à  cette  machine  un  pierrier 
pour  la  démonter,  8c  ils  vinrent  à  bout  d'y  mettre  le  feu  dans  une  sortie; 
mais  les  croisés  ayant  trouvé  moyen  de  l'éteindre,  ils  donnèrent  l'assaut  le 
lendemain  aux  ouvrages  extérieurs,  tandis  que  l'archevêque  de  Reims,  les 
évêques  de  Carcassonne,  de  Toul  8c  d'Albi,  l'abbé  de  Moissac  avec  une  partie 
de  ses  religieux,  &c  le  reste  du  clergé  de  l'armée  chantoient  dans  le  camp  des 
hymnes  8c  des  cantiques,  nu-pieds  Se  revêtus  d'aubes,  pour  implorer  le 
secours  du  ciel.  Leurs  prières  furent  efficaces  :  les  assiégés  abandonnèrent 
enfin  ces  ouvrages  après  avoir  disputé  longtemps  le  terrain,  8c  se  retirèrent 
derrière  les  murailles  de  la  place. 

Cependant  ceux  de  Castelsarrasin  envoyèrent  des  députés  au  camp  pour 
se  soumettre.  Se  Simon  détacha  vers  le  même  temps  Gui  son  frère,  le  comte 
Baudouin  8c  quelques  autres  chevaliers,   pour   s'assurer  de  Verdun  sur   la 

'  La  mention  de  la  présence  de  Baudouin  ne  se  '  Langlois,  Histoire  Jes  Aliigeois,  1.   5,  p.  zjl. 

trouve  que  dans  la  chronique  en  prose,  qui  aura 
fait  quelqu'une  de  ces  fautes  auxquelles  elle  nous 
a  habitués.  [A,  M.] 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXII.  39; 

Garonne,  qui  se  rendit  volontairement  avec  toutes  les  places  des  environs;  en 
sorte  qu'il  ne  resta  plus  dans  le  pays,  au  comte  de  Toulouse,  que  la  ville  de 
Montauban.  Les  bourgeois  de  Moissac,  informés  de  cette  soumission,  &  vo)ant 
d'ailleurs  que  les  machines  des  croisés  avoient  tait  des  brèches  considérables 
à  leurs  murs,  firent  négocier  secrètement  leur  paix  &  otfrirent  de  se  rendre, 
pourvu  qu'on  leur  accordât  la  vie  &  les  bagues  sauves.  Simon  refusa  d'accepter 
leurs  oftVes,  à  moins  qu'ils  ne  lui  livrassent  les  routiers  8<  le  reste  de  la  gar- 
nison, &  qu'ils  ne  lui  fissent  serment  de  ne  plus  porter  les  armes  à  l'avenir 
contre  les  chrétiens.  Les  habitans  de  Moissac  ayant  consenti  à  ces  articles, 
ils  ouvrirent  leurs  portes  aux  croisés  le  lendemain  8  de  septembre  &,  s'étant 
joints  à  eux,  ils  firent  main  basse  sur  la  garnison  composée  de  trois  cens 
hommes.  Ils  rachetèrent  ensuite  le  pillage  de  leurs  maisons  pour  la  somme 
de  cent  marcs  d'or  qu'ils  donnèrent  à  Simon,  lequel  prit  possession  de  la 
ville  &  la  remit  à  ra]}bé  '.  Il  se  réserva  seulement  le  domaine  qui  appartenoit 
de  droit  au  comte  de  Toulouse  sur  le  château  8<.  se  l'appropria.  Il  fit  six 
jours*  après  un  traité  avec  Raimond,  abbé  de  Moissac,  suivant  lequel  ils 
réglèrent  les  droits  qui  leur  appartenoient  sur  la  ville  de  ce  nom  8<  sur  ses 
dépendances  :  ces  droits  étoient  échus  à  Simon,  est-il  dit  dans  la  charte, 
parce  que  Dieu  les  avait  ôtés  au  comte  de  Toulouse  pour  ses  péchés  £•  pour 
les  maux  infinis  qu'il  avait  causés  à  l'Eglise  i^  à  la  Jbi  catholique.  L'acte 
fut  passé  dans  le  chapitre  de  l'abbaye  de  Moissac  le  14  de  septembre  de 
l'an  1212,  en  présence  de  Gui,  évêque  de  Carcassonne,  8c  de  Guillaume, 
archidiacre  de  Paris,  vice-légats  dans  le  pays,  des  évêques  d'Agen  Si  d'Albi, 
de  l'abbé  de  Clairac,  8tc.  Philippe,  roi  de  France  régnant,  &<  Guillaume, 
évêque  de  Cahors,  gouvernant  la  province.  L'abbé  de  Moissac  ne  fut  guère 
plus  content  de  Simon  de  Montfort  qu'il  l'avoit  été  de  Raimond,  comte  de 
Toulouse  :  peu  de  temps  après  la  prise  de  cette  ville  par  le  premier,  il 
députa''  un  de  ses  religieux  en  Cour  pour  implorer  la  protection  du  roi, 
auquel  il  exposa,  comme  au  défenseur  de  son  monastère,  les  maux  qu'il 

'  Le  récit  clvi  siège  de  Moissac  est  assez  développé  par  moitié;   au-dessus    les   deux    tiers  en  r.ppar- 

darts  GuiUem  deXuJéle  (vers  2472-2614).  Le  poète  tiennent  au  comte,  le  reste  à  l'abbé.  —   Les  fiefs 

mentionne    quelques    circonstances    de    plus    que  d'encours,  confisqués,  appartiennent  au  seigneur 

Pierre  de  Vaux-Ccrnay,  &  notamment  une  escar-  dont   ils  étaient  tenus.  —  Exemption    de  justice 

mouche  entre  le  comte  Baudouin  &  la  garnison  de  séculière  pour  l'abbé,   les  moines,  leurs   bailes   8c 

Montauban  qui  avait  attaqué  une  troupe  de  pèle-  les  gens  de    leur    famille.    —   Chaque    année,    la 

rins.  En  outre,  il  assure  que  la  reddition  de  Mois-  comte  lève  à  Moissac  une  quête  de  cinq  cents  sous 

sac  fut  amenée  par  la  chute  d'une  partie  des  murs  de  Cahorsj   si   une  autre  quête   a  lieu,    elle   ('cit 

de  la  ville.  [A.  M.]  être  consentie  par  l'abbé,  qui  en  a  le  tiers.  —  le 

'  Reg'ntrum    curiae  Franc'iae.  —   On    peut  voir  comte  de  Montfort  réserve  ensuite  se»  droits  d'al  bé- 

i'acte  en  question,   tome  VllI,   ce.  621    à  62J.  Cet  chevalier  sur  plusieurs  villages  des  alentours.  — 

acte  est  le  renouvellement,  au  profit  de  Simon  de  En  outre,  on  impose  à  tous  les  habitants  de  Mcis- 

Montfort,    des  accords   précédemment   passés    avec  sac  ne  faisant  pas  partie  de   la  famille  de  l'abbaye 

le  comte   Raimond  VI.    En   voici    les   principales  &   habitant   les  villages    de   l'abbé- chevalier,   vn 

clauses   :    Le  château    de    Durand    Mercier,    situé  droit  du  septième  de  leur  revenu,  droit  dont  l'iibbé 

dans   la   ville,   est   inféodé    à   Montfort,    sous    la  a  le  quart.    [A.  M.] 

redevance  annuelle  d'une  obole  d'or. —  Les  droits  ^  Voyez  tome  VIII,  Chartes,   n,  CVII,   ce.  635 

de  justice  au-dessous  de   sept  sous  sont  partagés  81  636. 


An  ]  212 


Kd.  orif;iii. 

t.    lu,  p.  2JI. 


An  12  12 


092 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXII, 


avoit  eus  à  souffrir,  soit  de  la  part  des  comtes  de  Toulouse,  soit  de  la  part 
des  croisés  '. 

XXVIII.  —  Simon  yàit  présent  au  pape  de  mille  marcs  d'argent. 

Le  pape  Innocent  III  envoya*  vers  le  même  temps,  dans  le  pays,  un  nommé 
Pierre-Marc,  originaire  de  Nimes,  sous-diacre  de  l'Eglise  romaine  &  correc- 
teur des  lettres  apostoliques,  pour  lever  le  cens  qui  y  avoit  été  établi  en  iaveur 
de  l'Église  romaine  &  pour  d'autres  affaires.  Il  pria  Simon  de  Montfort  de  le 
pourvoir  de  la  charge  de  son  chancelier'',  &  le  recommanda  aussi  à  l'arche- 
vêque^ de  Narbonne  Se  à  l'évêque  d'Uzès,  légats  du  Saint-Siège,  &  à  tous 
les  prélats  des  églises  censuelles  de  l'Eglise  romaine  dans  les  provinces  de 
Narbonne,  Arles,  Aix  &  Embrun  Si  dans  les  diocèses  d'Albi,  Rodez,  Cahors 
&  Agen.  Le  pape  ordonna^  à  Simon,  par  une  autre  lettre,  de  faire  remettre 
à  ce  nonce  les  mille  marcs  d'argent  du  poids  de  Troyes,  dont  ce  général  avoit 
résolu  de  lui  faire  présent.  Eniin  il  manda  à  l'évêque  de  Maguelonne^  de 
traiter  avec  le  même  envoyé  touchant  l'offre  qu'il  faisoit  de  donner  cincf  cens 
marcs  d'argent  une  fois  payés,  &  vingt  marcs  de  rente  annuelle  à  l'Église 
romaine  pour  la  ferme  du  comte  de  MelgueiF. 


'  Dans  cette  lettre,  l'abbé  de  Moissnc  se  plaint 
.■i\i  roi  des  usurpations  des  comtes  de  Toulouse, 
usurpations  assez  anciennes,  puisque  les  abbés- 
chevaliers  dont  il  parle  existaient  dès  le  onzième 
siècle.  Il  expose  ensuite  qu'avant  l'arrivée  des 
croisés,  il  se  préparait  à  se  rendre  à  la  Cour  avec 
ses  privilèges,  sans  doute  pour  obtenir  de  Phi- 
lippe la  confirmation  de  ces  derniers;  arrêté  par 
Raimond  VI,  qui  lui  a  enlevé  ses  actes  &  ses 
b;igages,  il  a  dû  reiriettre  son  voyage.  Sont  alors 
venus  les  croisés,  qui  ont  pillé  le  monastère  & 
l'ont  réduit  à  une  telle  misère  que  l'abbé  ne  peut 
se  mettre  en  route.  Il  termine  en  priant  le  roi  de 
confirmer  les  anciens  privilèges  de  l'abbaye  &  de 
contribuer  ainsi   à  sa  restauration.  [A.  M.] 

'Innocent.  III  1.  1."),  EpUt.  167.  —  [Potthnst, 
n.  4:')89.]  —  Pierre  de  Vaux-Cernay,  c.  70. 

'  Cette  recommandation  du  pape  paraît  avoir 
eu  peu  de  succès  auprès  de  Simon  de  Monifort, 
car  peu  après  celui-ci  prit  pour  chancelier  un 
personnage  alors  inconnu,  maître  Clarin,  qui 
devint  plus  tard,  après  le  triomphe  de  la  croisade 
&  la  mort  de  Gui  de  Vaux-Cernay,  évèque  de  Car- 
cassonnej  il  paraît  dès  mai  1114  (tome  VIII, 
c.  652)  &  signe  des  actes,  en  qualité  de  chancelier, 
dos  novembre  suivant  {ihid.  c.  6ô8).    [A.  M.] 

■*  Innocent.  III  I.  ,1  j,  Epist.  168  8c  scq.  [Pot- 
thast,  n.  4090.] 

■Innocent.  III  1.  lô,  Epht,  171  &  seq.  [Pot- 
thast,  n.  4^183. J 


^  [Potthast,  n.  4.Î94.  ] 

'  Ce  Pierre  Marc  fut  chargé  de  toute  une  mission 
financière  dans  le  Languedoc,  &  Innocent  III 
donna  plusieurs  bulles  à  cet  effet.  Il  dut  recevoir 
les  cens  dus  à  l'Eglise  romaine  dans  les  provinces 
de  Narbonne,  Arles,  Aix  &  Embrun,  &  dans  les 
diocèses  d'Albi,  Rodez,  Cahors  &  Agen  (Potthast, 
n.  4591-4.592).  Les  sommes  touchées  par  Pierre- 
Marc  furent  livrées  par  lui  aux  templiers  de 
Saint-Gilles  &  d'Arles,  qui,  en  échange,  donnè- 
rent des  lettres  de  change  sur  frère  Aimard,  tré- 
sorier du  Temple  à  Paris  {ihi(f.  n"'  4.'Ï93,  4.^96). 
L'argent  offert  au  Souverain-Pontife  par  Simon 
de  Montfort,  fut  payé  par  ces  deux  marchands, 
Hélie  &  Raimond  de  Cahors,  que  nous  avons  déjn 
vu  plus  haut  acheter  le  butin  de  Lavaur  &  qui 
paraissent  avoir  été  les  banquiers  de  la  croisade 
(Potthast,  n"»  4'i9.t,  4596).  Par  une  autre  bulle  du 
Il  octobre  1212,  Innocent  III  manda  encore  à 
Arnaud,  archevêque  de  Narbonne,  de  remettre  à 
Pierre  Marc  toutes  les  pièces  relatives  au  cens  im- 
posé sur  ses  domaines  par  Simon  de  Montfort  en 
faveur  de  l'Église  romaine  (n.  4606).  Enfin  ce  même 
Pierre  Marc  fut  chargé  de  recevoir  le  serment  de 
fidélité  des  seigneurs  de  Lescure  [iiiJ.  n.  4622, 
8c  Compayré,  Etudes  hiitoriijuci  sur  lAlhigçois, 
p.  295J.    [A.  M.] 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXII.  398 

XXIX.  —  Simon  porte  la  guerre   dans  le  pays  de  Foïx.  —  Il  soumet  Muret 
6*  une  partie  du  comté  de  Comminges. 

Montfoi't  voulant  pourvoir  à  la  défense  des  châteaux  qui  s'étoient  soumis 
aux  environs  de  Moissac',  donna  entre  autres  le  gouvernement  de  Castel- 
sarrasin  à  Verles  d'Encontre,  celui  de  Montaut^  au  comte  Baudouin,  &  celui 
de  Verdun  sur  la  Garonne  à  Pierre  de  Saissi.  Il  décampa  ensuite  Se  se  rendit 
à  Montauban  dans  le  dessein  d'en  faire  le  siège;  mais,  ayant  su  que  Rai- 
mond,  comte  de  Toulouse,  en  avoit  renforcé  la  garnison  de  cent  chevaliers, 
sous  les  ordres  de  Roger-Bernard,  fils  du  comte  de  Foix,  il  abandonna  cette 
entreprise  pour  aller ^  dans  le  pays  de  Foix  arrêter  les  progrès  des  comtes  de 
Toulouse,  de  Foix  Si  de  Comminges,  qui,  favorisés  par  les  peuples,  avoient 
remis  sous  leur  obéissance  la  plupart  des  places  que  les  croisés  avoient  con- 
quises, après  avoir  fait  passer  les  garnisons  par  le  hl  de  l'épée.  Les  comtes  de 
Toulouse  8t  de  Foix,  qui  s'étoient  postés  à  Saverdun,  d'oîi  ils  ne  cessoient  de 
harceler  la  garnison  de  Ramiers,  ne  furent  pas  plutôt  avertis  de  sa  marche, 
qu'ils  se  retirèrent  avec  précipitation  au  château  de  Foix. 

Simon,  à  son  arrivée  dans  le  pays,  détacha  Enguerrand  de  Fîoves  pour  aller 
à  Carcassonne  au-devant  d'un  nouveau  corps  de  croisés  allemands  qui  y  étoit 
arrivé,  avec  ordre  de  le  lui  amener  à  Pamiers.  Enguerrand  à  son  retour  soumit 
Saverdun  sans  coup  férir.  Simon,  après  la  jonction  de  ces  troupes,  laisse  à 
Pamiers  le  gros  de  l'armée  &  s'avance  avec  le  reste  jusqu'à  Foix,  qu'il  étoit 
résolu  d'assiéger;  mais  considérant  la  force  de  la  place  &  sa  nombreuse  gar- 
nison, il  change  de  dessein,  rejoint  l'armée  à  Auterive,  dont  les  habitans 
avoient  pris  la  fuite,  &  s'en  empare.  11  passe  de  là  à  Muret,  château  situé  sur 
la  gauche  de  la  Garonne  au-dessus  de  Toulouse.  A  ses  approches,  les  habitans 
mettent  le  feu  au  pont  de  bois  qui  étoit  sur  le  fleuve  Se  prennent  la  fuite. 
Simon,  suivi  de  plusieurs  autres,  le  passe  à  la  nage,  donne  ses  ordres  pour 
éteindre  le  feu  Si,  ayant  rétabli  le  pont,  il  y  fait  défiler  ses  troupes  S<  se  rend 
maître  de  Muret.  Les  évêc[ues  de  ConseransS<.  de  Comminges  qui  lui  avoient 
conseillé  cette  expéditioji,  le  joignent  en  cet  endroit,  &  marchent  avec  lui 
vers  Saint-Gaudens,  dans  le  Comminges,  qui  se  rend  volontairement.  Simon 
reçut  alors  les  soumissions  de  la  noblesse  du  pays  qui  vint  à  l'envi  lui  rendre 
hommage.  Il  alla  ensuite'*  ravager  une    partie  des  domaines  de  Pvoger  de 

'  Voyez   tome  VIII,  c.  8<5.  —   [Giullsm   de  Tu-  dit  seulement  le  poëte,  fut  .Tbandonnée  à  la  requête 

déle,  vers  2610-2610.]  des  chanoines  de  Pamiers,  que   pressaient  fort  les 

*  C'est  Montech  (Tarn-8t-G,ironne),  arrondisse-  partisans  du  comte  de   Foix,   surtout  les  routiers 

ment  de  Castclsarrazin,  &   non   Montant,  comme  qui  tenaient  garnison  à  Saverdun.  [A.  M.] 
le  dit  le  chroniqueur  en   prose.  Voyez  tome  VIII,  '  En   retournant  vers  Foix,  du  côté  des  monta- 

c.  89.    [A.  M.]  g''^ss  (^penctrans   montana  apud  Fuxum^   dit   Pierre 

'Pierre    de    Vaux-Cemay,    c.    63.    —    Voyez  de  Vaux-Cernny),  c'est-à-dire  vers  le  Daumnzanès 

tome  VIII,  c.  89.    [GuiUem   de  Tudèle,  vers  iCzx*  &  peut-être  vers  les  frontières  d'Espagne.  Sur  tou- 

2627.]   —    11  y   a    ici    une  lacune    dans   le    pociiie  tes    ces   expéditions  qui     eurent    lieu    en    octobre, 

(siège  de  Montauban),  lacune  que  la  rédactjon  en  novembre   1  2  1  2  (cf.  GuiUem  de  Tudèle,  vers  2O28- 

prose  ne   permet  pas  de  combler.  Cette  entreprise,  265i).    [A.  M.J 


An  1212 


~77nT7~   ^94  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXlî. 

Commii>ges,  neveu  du  comte  de  Foîx,  S<  rejoignit  enfin  l'évêque  de  Carcas- 
sonne  qu'il  avoit  laissé  à  Muret,  &à  qui  il  avoit  confié  le  soin  de  fortifier 
cette  place.  11  étendit  de  là  ses  courses  jusqu'aux  portes  de  Toulouse,  8c  fit 
le  dégât  dans  tous  les  environs,  tandis  que  la  garnison  de  Verdun,  le  comte 
Baudouin  &  Gui  de  Montfort  ravageoient  de  leur  côté  une  autre  partie  du 
Toulousain. 

XXX.  —  Le  comte  de  Toulouse  implore  la  protection  du  roi  d'Jragon,  qui 
envoie  des  ambassadeurs  à  Rome  pour  se  plaindre  de  la  conduite  de 
Simon. 

Le  comte  Ralmond  voyant  qu'on  le  dépouilloit  ainsi  peu  à  peu  de  tous 
ses  Etats,  &  qu'il  ne  lui  restoit  plus  de  place  considérable  que  Toulouse  Se 
Montauban,  alla  en  Aragon  implorer  le  secours  du  roi  Pierre,  qui  lui  promit 
t.'^ui,''p'.°":V  toute  sa  protection,  prit  hautement  sa  défense  8<.  celle  de  son  fils,  Se  envoya 
une  ambassade  solennelle  à  Rome  pour  adoucir  l'esprit  du  pape  que  les 
légats  avoient  extrêmement  aigri  contre  ce  prince. 

XXXI.  — Prétentions  de  Pierre-Bermond  de  Sauve  sur  la  succession  du  comte 

de  Toulouse,  son  beau-père, 

Pierre  Bermond,  seigneur  de  Sauve,  informé  de  cette  ambassade  8c  craignant 
que  le  pape  ne  se  déclarât,  à  la  sollicitation  du  roi  d'Aragon,  pour  le  jeune 
Raimond  qu'on  ne  pouvoit  équitablement  envelopper  dans  la  disgrâce  du 
comte  de  Toulouse  son  père,  tenta  de  se  faire  adjuger  la  succession  de  ce 
prince.  Il  prétendoit  qu'elle  lui  étoit  dévolue,  sur  le  fondement  que  sa  femme 
étoit  le  seul  enfant  légitime  du  comte  de  Toulouse,  à  cause  que  le  jeune 
Raimond  étoit  né  d'une  femme  qu'il  avôit  épousée  du  vivant  de  la  première. 
Il  envoya  une  personne  de  confiance  à  Rome  pour  soutenir  ses  intérêts,  6c 
écrivit,  la  veille  de  Saint-Thomas,  la  lettre  suivante  au  pape',  dans  laquelle  il 
se  qualifie  son  chevalier.  «  Moi  8c  mes  ancêtres  étant  spécialement  vassaux  de 
«  l'Église  romaine,  de  laquelle  nous  tenons  une  partie  de  nos  domaines,  sous 
«  un  certain  cens,  8c  lui  ayant  été  obéissans  &c  dévoués,  je  ne  doute  nulle- 
«  ment  que  Votre  Sainteté  ne  me  conserve  tous  mes  droits.  J'ai  épousé  une 
«  fille  du  comte  de  Toulouse,  laquelle  est  le  seul  enfant  légitime  qu'il  a  ; 
«  ainsi  les  domaines  de  ce  prince  m'appartiennent  à  plus  juste  titre  qu'à  tout 
«  autre.  Je  prie  donc  Votre  Sainteté  de  ne  pas  instituer  héritier  Raimond, 
'^  fils  du  comte  de  Toulouse,  supposé  qu'il  vous  en  prie  ou  quelque  autre 
«  pour  lui,  8c  de  ne  pas  le  regarder  comme  légitime,  parce  qu'il  ne  l'est  pas, 
«  étant  né  d'une  femme  qui  étoit  parente  du  comte  son  père  au  troisième 
«  degré,  8c  que  ce  comte  a  épousée  durant  la  vie  de  la  mère  de  mon  épouse, 
te  sa  terame  légitime.  Si  le  jeune  comte  de  Toulouse  étoit  institué  héritier, 

'  Innorent.  III  1.  i5,  p.  iii. 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXII.  893 

«  non-seulement  notre  droit  seroit  anéanti,  mais  tous  les  soins  que  les  croisés 
«  se  sont  donnés  pour  rétablir  la  foi  dans  la  province  de  Narbonne,  devien- 
«  droient  inutiles.  »  Pierre-Bermond  marque  à  la  fin  qu'il  se  soumettra  à 
'  tout  ce  que  le  pape  jugera  à  propos  d'ordonner,  Si  qu'il  est  prêt  d'obéir  à  ses 
ordres,  &  pour  gagner  sa  bienveillance,  il  a  grand  soin  de  lui  dire  qu'il  a 
toujours  aimé  8i  honoré  Simon  de  Montfort,  avec  lequel  il  étoit  déjà  lié 
d'amitié  avant  son  arrivée  dans  le  pays.  Nous  ignorons  la  réponse  du  papej 
mais  il  est  certain  qu'il  n'eut  aucun  égard  à  la  demande  du  seigneur  de 
Sauve,  &  que  malgré  ses  représentations,  le  jeune  Raimond  tut  toujours 
tenu  pour  légitime. 

XXXII.  —  Seigneurs  de  Sauve  £•  d'Ându-:^e, 

La  femme  de  Pierre-Bermond  s'appeloit'  Constance,  comme  son  aïeule 
paternelle.  Elle  étoit  fille  de  Raimond  VI,  comte  de  Toulouse,  Se  de  Béatrix 
de  Béziers,  sa  seconde  femme,  que  quelques  auteurs  ont^  confondue  avec 
elle.  Constance  de  Toulouse  avoit  épousé  en  premières  noces  Sanche  VI,  dit 
le  Vaillant,  roi  de  Navarre,  qui  la  répudia,  Se  ensuite,  dès  l'an  1208,  Pierre- 
Bermond  :  on  prétend 3  qu'après  la  mort  de  ce  seigneur,  elle  se  maria  en 
troisièmes  noces  avec  Déodat  de  Séverac;  mais  on  n'en  donne  aucune  preuve. 
On  blâme  beaucoup  le  roi  Sanche,  qui  mourut  en  1234,  après  quarante  ans 
de  règne,  sans  enfans  légitimes,  d'avoir  répudié  cette  princesse,  qui  étant  très- 
féconde  l'auroit  empêché  de  laisser  éteindre  sa  race.  Se  dont  il  auroit  pu 
mieux  soutenir  les  droits  sur  le  comté  de  Toulouse  que  Pierre-Bermond;  car 
Simon  de  Montfort  n'auroit  pas  eu  vraisemblablement  si  bon  marché  de  la 
dépouille  du  comte  Pv.aimond,  si  ce  prince  eût  été  soutenu  par  un  roi  aussi 
vaillant  que  Sanche. 

Pierre-Bermond  fut  le  sixième  seigneur  de  Sauve  de  son  nom  :  il  étoit  fils 
aine  de  Bernard  VII,  seigneur  d'Anduze,  qui  confirma  avec  lui,  au  mois  de 
février"*  de  l'an  1214,  une  donation  de  treize  métairies  [mansos),  qu'il  avoit 
faite  trente  ans  auparavant  à  l'abbaye  de  Bonneval  en  Rouergue,  pour  le 
salut  de  son  âme,  de  ses  parens.  Se  spécialement  de  son  Jrère  Pierre-Bermond. 
Bernard  VII  mourut  vers  l'an  iiiS,  Se  laissa"'  entre  autres  enfans  de  sa 
femme,  dont  on  ignore  le  nom  :  1°  le  même  Pierre-Bermond  qui  fit  la  branche 
de  Sauve,  Se  qui  eut  pour  son  partage  les  seigneuries  de  Sauve,  Sommières  Se 
.\nduze,  avec  une  partie  de  celles  d'Alais  Se  de  Largentière.  2°  Bernard  VIII, 
chet  de  la  branche  d'Anduze,  seigneur  de  Portes,  au  diocèse  d'Uzès,  Se  en 
partie  d'Alais  Se  de  Largentière.  Il  épousa  Vierne,  dame  du  Luc,  Pradelles, 
Joyeuse  Se  en  partie  de  Genouillac.  Il  étoit  déjà  mort  au  commencement  de 

'  Guillaume  de  Puylaurens,  c.  .'>.  —  Le  Laboii-  '  Andoqiié,  LangueJoc,  p.  292. 

reur,  Généalogies  manuscrites  Je  la  maison   royale  ^  Arthives  de  l'abbaye  de  Bonneval. 

de    Navarre   &■  de  la   maison   d'Anduze,   —  Voyez  '  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  XLVI,  ce.  769. 

tome  VII,  Note  X,  n.  2,  p.  24.  -~   Le    Laboureur,    Généalogies   ntanuscritcs    de   la 

'  Voyez  tome  VII,  ihidi  maison  royale  di:  Navarre  &  de  la  maison  d'Andu'^e. 


An  1212 


An  1212 


I96  MISTOIRE  GÉNÉRAI,E  DE  LANGUEDOC.  I,!V.  XXIÎ. 


1. 111,  p.  33:^. 


iÎJ|Onsm._  l'an  1222.  3°  Bermond,  élu  évêque  de  Viviers  en  1222,  4°  Bernard,  religieux 
de  l'abbaye  de  Masan,  de  l'ordre  de  Cîteaux,  au  diocèse  de  Viviers.  5°  Adé- 
laïde, qui  épousa  le  seigneur  de  Mercœur. 

Pierre-fîermond  VI  mourut  à  Rome,  en  i2i5;  il  eut  de  Constance  de 
Toulouse,  sa  femme  :  1°  Pierre-Bermond  VII,  qui  hérita  des  seigneuries  de 
Sauve,  Anduze,  Lèques,  Saint-Bonnet,  Montpesat,  Madières,  Poussin,  Lar- 
gentièrc,  d'une  partie  de  celles  d'Alais  &  de  Sommières,  &c.  2°  Pvaimond,  qui 
eut  pour  son  partage  la  quatrième  partie  d'Anduze  8t  tut  la  tige  des  barons 
de  Horac.  3°  Bermond,  qui  fit  la  branche  des  barons  du  Cayla,  au  diocèse 
de  Nimes.  4°  N.,  dame  en  partie  du  château  de  Sauve,  qui  épousa  Hugues 
de  Mirabel.  ;")"  Béatrix,  promise  en  mariage,  en  1227,  à  Arnaud  de  Roque- 
t'éuil,  avec  mille  marcs  d'argent  de  dot.  6"  Sybillcj  qui  épousa  Barrai,  sei- 
gneur de  Baux. 


t> 


XXXIII.  —  Le  comte  de  Foix  continue  la  guerre  contre  les  croisés. 

Le  comte  de  Toulouse,  en  partant  pour  l'Aragon,  laissa  le  soin  de  ses 
affaires  aux  deux  comtes  de  Foix,  père  Se  fils.  Le  dernier',  pour  faire  diver- 
sion, étendit  ses  courses  vers  Carcassonne  &  Narbonne,  Se  fit  prisonniers  plu- 
sieurs croisés  ou  pèlerins  qui  venoient  de  France;  il  les  conduisit  au  château 
de  Foix,  S<  là  il  leur  fit  souffrir  divers  tourmens  par  droit  de  représailles; 
mais  il  ne  put  empêcher  que  Simon  de  Monttort  n'ajoutât  enfin  à  ses  con- 
quêtes la  plupart  des  domaines  qui  restoient  au  comte  de  Toulouse. 

XXXIV.  —  Simon   convoque  une   assemblée  générale  à  Pamiers  &  y  établit 
des  coutumes  pour  le  gouvernement  du  pays  conquis. 

Simon,  se  voyant  maître  d'un  si  vaste  pays,  songea  à  le  policer.  Dans  celte 
vue^,  il  convoqua  une  grande  assemblée  ou  parlement  à  Pamiers,  à  la  fin  de 
novembre  de  l'an  1212,  &  y  appela  les  évêques,  les  nobles  Si  les  principaux 
bourgeois,  en  sorte  qu'elle  fut  composée  des  trois  états  d'une  grande  partie 
de  la  Province  8<.  des  pays  voisins.  L'archevêque  de  Bordeaux,  les  évêques  de 
Toulouse,  Carcassonne,  Agen,  Périgueux,  Conserans,  Comminges  S<.  Bigorre 
5  assistèrent,  &  Simon  y  fit  dresser  des  statuts  pour  le  gouvernement  du  pays 
qui  lui  étoit  soumis.  L'assemblée  choisit  pour  les  rédiger  douze  personnages 
des  plus  habiles,  savoir  :  les  évêques  de  Toulouse  8<.  de  Conserans,  un  tem- 
plier Se  un  hospitalier  entre  les  ecclésiastiques;  quatre  chevaliers  françois  Se 
quatre  habitans  du  pays,  dont  deux  étoient  chevaliers  Se  les  deux  autres 
bourgeois.  Ces  commissaires  convinrent  de  quarante-six  articles  Se  les  propo- 
sèrent à  l'assemblée  qui  les  approuva;  après  quoi  Simon  de  Montfort  Se  tous 

'  Pierre  de  Vaiix-Ccnlny,  c.  64.  Histoire  lîcs  comtes  Je    Tolose,   p.  i^.")  &  siiiv.  — 

'  Pierre    de    Vaiix-Cernay,    c.    (>'>.    —    Voyez  Martène,  Thésaurus    anccjotorum,   t.    1,   c.   8.>i    & 

tome  VIII,  c.  91.  [Guillem  de  Tiidèle,  vers  26).'-  scq.   —  \'oycz  tome  VIII,  Charte?,  ce.  6zj  j  635. 

2663.1    —    Rcgistrum     curiae    Franciac.    • —    CiHel, 


An  12  12 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.   LIV.  XXII.  897 

les  chevaliers  firent  serment  de  les  garder.  Ces  articles  roulent  en  général  sur 
le  rétablissement  de  la  paix  8c  de  la  justice  dans  le  pays,  l'extirpation  de 
l'hérésie,  la  liberté  ecclésiastique,  la  police,  la  levée  des  tailles  8c  des  autres 
impositions  sur  les  peuples,  le  service  militaire,  la  perception  des  droits  dus 
à  Simon  8<  aux  autres  seigneurs,  les  devoirs  des  vassaux  envers  leurs  sei- 
gneurs &  des  seigneurs  envers  leurs  vassaux,  Sec.  Le  quatrième  article 
exempte  de  taille  les  clercs,  à  moins  qu'ils  ne  soient  mariés  8c  qu'ils  n'exer- 
cent la  marchandise,  8c  les  pauvres  veuves.  Le  septième  confirme  l'imposition 
du  cens  annuel  de  trois  deniers  melgoriens  en  faveur  de  l'Église  romaine 
sur  chaque  maison  habitée  dans  le  pays  conquis.  Il  est  marqué  dans  le  hui- 
tième '  que  les  chevaliers  trançois  qui  doivent  le  service  militaire  au  comte 
Simon  ne  pourront  le  rendre  pendant  vingt  ans  qu'avec  des  François  8c  non 
avec  des  gens  du  pays.  Par  le  trente-quatrième  les  chevaliers  8c  les  seigneurs 
catholiques  du  pays  sont  tenus  envers  Simon  de  Montfort  ou  leurs  autres 
nouveaux  seigneurs,  au  même  service  auquel  ils  etoient  obligés  avant  la  croi- 
sade. Il  est  détendu  par  le  trente-sixième,  à  peine  de  confiscation  de  biens, 
de  porter  des  vivres  aux  Toulousains  sans  la  permission  du  comte  Simon.  Le 
quarante-troisième  règle  les  successions,  tant  entre  les  barons  8c  les  chevaliers 
qu'entre  les  bourgeois  8c  les  paysans,  selon  qu'il  étoit  en  usage  en  France, 
aux  environs  de  Paris.  Il  est  ordonné  par  le  quarante-cinquième  à  toutes  les 
femmes,  quoique  catholiques,  dont  les  maris  étoient  ennemis  de  Simon,  de 
sortir  incessamment  des  terres  de  sa  domination.  Enfin  le  quarante-sixième 
défend  à  toutes  les  veuves  8c  héritières  nobles  qui  avoient  des  forteresses  ou 
des  châteaux  dans  leurs  domaines  de  se  marier,  pendant  l'espace  de  dix  ans, 
à  d'autres  qu'à  des  François,  sans  la  permission  du  comte  de  Montfort^. 

A  ces  quarante- six  articles  on  en  ajouta  trois  autres  qui  dévoient  être 
observés  par  le  comte  Simon  envers  les  barons  de  France  8c  les  autres  étran- 
gers à  qui  il  avoit  donné  quelques  domaines  dans  le  pays.  Le  premier  règle  t.^u""''"^- 
de  nouveau  les  successions  entre  les  barons  8c  les  chevaliers,  8c  entre  les 
bourgeois  Se  les  paysans,  suivant  la  coutume  observée  en  France,  aux  envi- 
rons de  Paris.  Le  second  défend  à  tous  les  seigneurs  d'ordonner  le  duel  dans 
leur  cour  de  justice,  excepté  pour  les  crimes  de  trahison,  de  vol  8c  de  rapine. 
Le  troisième  marque  que  le  comte  Simon  sera  tenu  de  garder  envers  les 

'  [Corrije^  le  dix- huitième.]  ticles  IV  &  VIII ,  exemptant  de  la  taille  non- 
'  Nous  ne  pouvons  donner  une  analyse  détnillée  seulement  les  clercs,  mais  leurs  hommes  j  l'art.  X, 
de  ces  statuts  de  1212,  qui  n'ont  pour  nous  qu'un  pour  la  construction  de  nouvelles  églises;  l'ar- 
intérêt  tout  à  fait  secondaire,  puisqu'ils  ne  furent  ticle  III,  relatif  au  payement  des  dîmes  &  prê- 
en  usage  que  pendant  tout  au  plus  sept  ou  huit  mices;  II,  affranchissement  des  églises  &  destruc- 
ans.  On  peut  les  voir  au  tome  VIII,  &  nous  nous  tion  des  fortifications  qu'y  avaient  élevées  des 
contenterons  d'indiquer  brièvement  leur  caractère.  laïques.  La  plupart  des  articles,  qui  n'ont  pas 
Cet  acte  est  le  prix  de  l'appui  constant  prêté  par  rapport  à  cette  suprématie  de  l'Église,  ont  trait 
l'Eglise  à  Simon  de  Montfort;  aussi  toutes  les  au  service  militaire,  que  le  conquérant  régla  avec 
questions,  tant  controversées  au  douzième  siècle,  le  plus  grand  soin  &  dans  tous  ses  détails;  on 
si  longtemps  débattues  entre  les  prélats  &  les  sent  que  c'était  pour  lui  le  point  important,  le 
princes  méridionaux,  y  sont-elles  résolues  à  l'avnn-  seul  moyen  de  rendre  définitive  la  conquête  qu'il 
tage  de  l'Kglise;  nous  citerons  notamment  les  ar-  avait  entreprise.   |A.  M.| 


An  12  12 


398  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXII. 

barons  de  Fiance  &  les  autres,  à  qui  il  avoit  donné  des  terres  dans  le  pays, 
l'usage  Se  la  coutume  qui  s'ojjserve  en  France,  autour  de  Paris,  touchant  les 
plaids,  les  jugemens,  les  dots,  les  fiefs  &  les  devoirs  féodaux.  L'acte  est  daté 
de  Pamiers,  dans  le  palais  de  Simon,  le  i"  de  décembre  de  l'an  12 12. 

XXXV.  —  Terres  inféodées  à  divers  chevaliers  français.  —  Evèques 

de  Béliers. 

On  voit  par  ces  statuts  que  Simon  de  Montfort  avoit  disposé  dès  lors,  en 
faveur  de  divers  chevaliers  trançois,  des  terres  qui  avoient  été  confisquées  sur 
la  noblesse  du  pays  qui  avoit  eu  le  malheur  d'embrasser  ou  de  favoriser  l'hé- 
résie ou  de  se  déclarer  contre  ce  général;  c'est  ce  qui  donna  lieu  dans  le 
commencement  du  treizième  siècle  à  l'établissement  de  plusieurs  gentils- 
hommes de  France  dans  une  partie  de  la  Province.  Entre  les  maisons  de  ces 
gentilshommes,  dont  les  descendans  possèdent  encore  dans  le  pays,  en  tout 
ou  en  partie,  les  terres  que  Simon  leur  inféoda,  les  principales  sont  celles  de 
Lévis  &  de  Voisins'. 

Au  reste,  quoiqu'il  paroisse  que  Simon  ait  voulu  peut-être  établir  dans 
tous  les  pays  conquis  par  les  croisés,  les  coutumes  de  la  ville  81  de  la  vicomte 
de  Paris;  il  est  certain  toutefois  que  ces  coutumes  n'eurent^  lieu  que  pour 
les  droits  féodaux,  &  seulement  dans  les  terres  qu'il  avoit  ôtées  à  leurs 
anciens  seigneurs  &  inféodées  à  des  chevaliers  françois.  Aussi  laissa-t-il,  sui- 
vant l'article  trente-quatre  des  statuts  de  Pamiers,  les  seigneurs  des  autres 
terres  dans  l'usage  &  la  liberté  du  service  auquel  ils  étoient  tenus  avant  la 
conquête. 

Montfort  se  rendit^  à  Carcassonne  après  l'assemblée  de  Pamiers  &  alla 
ensuite  à  Béziers  pour  y  conférer  avec  Arnaud,  archevêque  de  Narbonne,  sur 
les  affaires  de  la  croisade.  Le  siège  épiscopal  de  Béziers  étant  venu  alors  à 
vaquer,  le  chapitre  élut  pour  évêque  Guillaume,  archidiacre  de  Paris,  qui 
refusa  généreusement  cette  dignité.  On  fit  une  nouvelle  élection  &  le  choix 
tomba  sur  Bertrand.  Simon  étant  retourné  à  Carcassonne,  y  établit  sa  rési- 
dence pendant  l'hiver,  durant  lequel  il  ne  se  passa  rien  de  considérable  que 
quelques  escarmouches'*  entre  la  garnison  de  Montauban,  commandée  par  le 
fils  du  comte  de  Foix,  &  celle  de  Castelsarrasin. 

'  La   plupart  de  ces  donations  à  des   chevaliers  milieu   du    quatorzième  siècle.   On    trouvera   plus 

français,  —  donations  dont   il   serait  intéressant  de  détails  à  ce   sujet,   avec   les  preuves  de  ce  que 

de  dresser   une   liste   un   peu  complète,  —  furent  nous  avançons,  dans  notre  note  du   tome  VII  sur 

révoquées  plus  tard   en   bloc,   lors   de  la   paix  de  l'administration    royale   dans   le  Midi   sous  saint 

Melun  8s.  des  accords  qui   suivirent  ce   traité   ce-  Louis.    [A.  M.] 

lèbre.  Toutefois,  plusieurs  de  ces  seigneurs  ou  leurs  "  Cnzeneuve,  Franc-alleu,  1.  j,  c.  4  &  suiv. 

descendants  ayant  servi   efficacement  le   roi   saint  '  Pierre  de  Vaux-Cernay,  c.  65. 

Louis  pendant  les  guerres  qui  suivirent,  obtinrent  ''Voyez  tome  VIII,  ce.   91,  92.  —  Guillem   de 

des  assises  &  firent  ainsi  souche  de  familles  nou-  Tudèle,  vers  2664-2739.  Le  poëte  raconte  successi- 

velles;    leurs    descendants    furent    les    terriers    de  rement  avec  de  grands  détails  trois  combats  diffé- 

Carcassonne,  8c   quelques-unes   de   ces   seigneuries  rents  entre  les  croisés,  commandés  par  Gulllavime 

gardèrent  l'usage  de  la  coutume  de  Paris  jusqu'au  d'Encontre,   §i   la    garnison    ds    Montflubnn.    Le 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXII.  3nn  -— T" 

'  )        An  I2i3 

XXXVI.  —  Le  pape  écoute  les  plaintes  du  roi  d'Aragon  en  faveur  des  comtes 
de  Toulouse,  de  Foix  £•  de  Comminges,  6-  du  vicomte  de  Béarn. 

Cependant  l'évêque  de  Segorve  8c  maître  Columbi,  que  Pierre,  roi  d'Ara- 
gon, avoit  envoyés  à  Rome  pour  se  plaindre  des  vexations  que  les  légats  8c 
Simon'  de  Montfort  exerçoient  dans  la  Province,  &  y  soutenir  les  intérêts 
des  deux  comtes  de  Toulouse,  ses  beaux-frères,  eurent  audience  d'Inno- 
cent III,  vers  le  commencement  de  janvier  de  l'an  i2i3.  Le  pape  les  écouta 
favorablement  8c  écrivit,  le  i8  de  ce  mois,  la  lettre^  suivante  à  l'archevêque 
e  Narbonne,  à  l'évêque  de  Riez  Se  à  maître  Thédise,  chanoine  de  Gênes  ; 
Notre  cher  fils,  Pierre,  roi  d'Aragon,  nous  a  fait  savoir  qu'il  avoit  refusé 
de  secourir  le  vicomte  de  Béziers,  son  vassal,  qui  imploroit  son  assistance, 
après  la  publication  de  la  croisade  contre  les  hérétiques  provençaux,  lorsque 
les  croisés  turent  entrés  sur  les  terres  de  ce  vicomte.  Se  que.,  pour  ne  pas 
retarder  l'exécution  des  desseins  de  l'Église,  il  avoit  mieux  aimé  manquer 
aux  catholiques  que  de  protéger  les  hérétiques  mêlés  avec  eux;  en  sorte 
que  le  vicomte,  se  trouvant  sans  protection,  a  perdu  tous  ses  domaines  6- 
a  été  enfin  tué  misérablement.  Vous,  archevêque  de  Narbonne,  Se  Simon  de 
Montfort,  ayant  conduit  ensuite  l'armée  des  croisés  dans  les  domaines  du 
comte  de  Toulouse,  vous  ne  vous  êtes  pas  contentés  d'envahir  tous  les 
lieux  où  il  y  avoit  des  hérétiques;  mais  vous  vous  êtes  encore  emparés  de 
ceux  dans  lesquels  il  n'y  avoit  aucun  soupçon  d'hérésie;  car  ayant  exigé  le 
serment  des  peuples  du  pays,  8c  leur  ayant  permis  d'y  demeurer,  il  n'est 
nullement  vraisemblable  qu'ils  soient  hérétiques.  Les  mêmes  ambassadeurs 
nous  ont  remontré  que  vous  avez  usurpé  le  bien  d'autrui  avec  tant  d'avi- 
dité Se  si  peu  de  ménagement,  qu'à  peine  de  tous  les  domaines  du  comte 
de  Toulouse  lui  reste-t-il  la  ville  de  ce  nom  avec  le  château  de  Mon- 
tauban.  Entre  ces  domaines  usurpés,  le  roi  d'Aragon  marque  le  pays  que  , ^,^1  "''^"ji 
Pv.ichard,  roi  d'Angleterre,  avoit  donné  à  sa  sœur  en  la  mariant  avec  ce 
comte,  les  terres  das  comtes  de  Foix  Se  de  Comminges,  8c  celles  de  Gaston 
de  Béarn.  Ce  prince  se  plaint,  de  plus,  de  ce  que  vous,  archevêque  de 
Narbonne,  Se  Simon,  avez  obligé  les  sujets  de  ces  trois  comtes,  quoiqu'ils 
soient  ses  vassaux,  à  prêter  serment  de  fidélité  à  un  autre,  dans  les  domaines 
que  vous  avez  envahis.  Il  ajoute  qu'à  son  retour  de  la  guerre  contre  les 
Sarrasins,  le  comte  de  Toulouse  l'ayant  été  trouver  Se  lui  ayant  exposé  ce 
qu'il  avoit  souffert  de  la  part  des  croisés,  il  avoit  attribué  à  ses  péchés  le 
refus  que  l'Eglise  faisoit  de  recevoir  la  satisfaction  qu'il  offroit,  étant  dis- 
posé d'exécuter  tous  nos  ordres  autant  qu'il  seroit  possible;  que  ce  comte 
lui  avoit  dit  ensuite  que,  pour  n'être  pas  le  seul  à  souffrir  une  pareille 
confusion,  il  lui   remcttoit  ses  domaines,  son  fils  8c  sa  femme,  sœur  de  ce 

même   auteur   mentionne    quelques    escarmouches  '  Pierre  de  Vaux-Cernay,  c.  70. 

du  côté  de  la  Gascogne,  escarmouches  dont  parle  '  Innocent.  III  1.  ij,  Ep'ut.  212.  —  [Potthast, 

aussi  Pierre  de  Vaux-Cernay  (c.  65).   [A.  M.]  n.  4655.] 


An  121 J 


400 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.   LIV.  XXII. 


prince,  afin  qu'il  prît  leur  défense  ou  qu'il  l'abandonnât  comme  il  jugcroit 
à  propos.  Le  roi  marque  ensuite  qu'étant  sur  le  point  d'essuyer  un  afhont 
pour  ce  sujet,  Si  que  n'étant  pas  juste  que  la  peine  soit  plus  grande  que  le 
délit,  il  nous  supplie  humblement  de  conserver  le  comté  de  Toulouse  pour 
le  fils  de  ce  comte,  c|ui  n'a  jamais  été  imbu  de  l'erreur  Se  qui  ne  le  sera 
jamais,  avec  la  grâce  de  Dieu.  Il  a  promis  de  garder  en  son  pouvoir,  tant 
le  fils  du  comte  de  Toulouse  que  le  comte  lui-même,  tout  le  temps  qu'il 
nous  plaira,  afin  de  faire  instruire  le  premier  dans  la  foi  &  avoir  soin  de 
son  éducation,  Jk  d'apporter  toute  son  attention  pour  extirper  l'hérésie  du 
royaume  d'Aragon  8i  pour  y  iaire  fleurir  la  foi  catholique,  avec  oftre  dt 
donner  pour  l'observation  de  toutes  ces  choses,  telle  caution  que  le  Saint- 
Siège  demandera.  Enfin  il  a  déclaré  que  le  comte  de  Toulouse  est  prêt  à 
faire  pour  le  passé  la  pénitence  que  nous  voudrons  lui  imposer  8<  d'aller 
servir  contre  les  infidèles,  soit  dans  les  pays  d'outre-mer,  soit  en  Espagne, 
sur  les  frontières  des  Sarrasins.  Au  reste,  comme  l'affaire  est  difficile  81 
qu'elle  a  été  conduite  à  une  fin  assez  heureuse,  on  doit  y  procéder  avec 
iieaucoup  d'attention  pour  ne  pas  détruire  légèrement  ce  qui  a  été  exécuté 
avec  tant  de  peine.  C'est  pourquoi  nous  vous  ordonnons  d'assembler  un 
concile  dans  un  lieu  commode  &c  assuré,  d'y  convoquer  tous  les  archevêques, 
évêques,  abbés,  comtes,  barons,  consuls  &  recteurs  que  vous  jugerez  à 
propos;  8c  après  leur  avoir  proposé  les  demandes  &  les  désirs  du  roi  d'Ara- 
gon, sans  aucune  considération  humaine,  de  nous  envoyer  leur  avis,  afin 
de  statuer  ensuite  tout  ce  qui  sera  convenable.  » 

Le  pape  écrivit  en  même  temps  à  Simon  de  Montfort  en  ces  termes  : 
L'illustre'  roi  d'Aragon  nous  a  fait  remontrer  par  ses  ambassadeurs,  que 
non  content  de  vous  être  élevé  contre  les  hérétiques,  vous  avez  tourné  les 
armes  des  croisés  contre  les  peuples  catholiques;  que  vous  avez  répandu  le 
sang  des  innocens  ik  envahi,  à  son  préjudice,  les  terres  des  comtes  de  Foix 
8c  de  Gomminges,  8c  de  Gaston  de  Béarn,  ses  vassaux,  quoique  les  peuples 
de  ces  terres  ne  fussent  nullement  suspects  d'hérésie.  Ces  ambassadeurs 
nous  ont  assuré  que,  puisque  vous  avez  exigé  le  serment  de  fidélité  des 
mêmes  peuples  8c  que  vous  permettez  qu'ils  habitent  dans  le  pays,  vous 
faites  un  aveu  tacite  qu'ils  sont  catholiques;  à  moins  que  vous  ne  voulus- 
siez passer  vous-même  pour  fauteur  des  hérétiques.  Ils  se  plaignent  princi- 
palement de  ce  que  tandis  que  le  roi,  leur  maître,  faisoit  la  guerre  contre 
les  Sarrasins,  vous  avez  usurpé  les  biens  de  ses  vassaux,  8c  que  c'étoit  alors 
que  vous  agissiez  plus  fortement  contre  eux,  parce  que  vous  saviez  qu'il 
étoit  hors  d'état  de  les  secourir;  8c  comme  le  roi  est  dans  la  résolution  de 
continuer  cette  guerre,  il  demande,  pour  être  plus  en  état  de  s'v  donner 
tout  entier,  que  ses  vassaux  soient  rétablis  dans  leurs  domaines.  Ne  voulant 
donc  pas  le  priver  de  ses  droits,  ni  le  détourner  de  ses  louables  desseins 
nous  vous  ordonnons  de  lui  restituer,  8c  à  ses  vassaux,  tous  les  domaines 


Innocent,  III  ].    i',,  Epist-  2i3.  —  fPottlinst,  n,  46 j3  ;  la  lettre  est  du  17  janvier  i2i3.] 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXII.  401 


An   I2i3 


«  que  vous  avez  envahis  sur  eux;  de  crainte  qu'en  les  retenant  injustement, 
«  on  ne  dise  que  vous  avez  travaillé  pour  votre  propre  avantage  &  non  pour 
«  la  cause  de  la  ici.  » 

Pierre,  roi  d'Aragon,  se  plaignit  encore  de  ce  qu'ayant  donné  en  fief  à 
Simon  de  Montfort  la  ville  de  Carcassonne,  ce  comte  ne  lui  rendoit  pas  les  t.'ni,°p'.'^^"û. 
devoirs  auxquels  les  vicomtes  de  cette  ville  étoient  tenus  envers  ses  prédéces- 
seurs. Sur  cette  nouvelle  plainte,  le  pape  écrivit  à'  Simon,  le  i5  de  janvier 
de  cette  année,  8c  lui  ordonna  de  rendre  à  ce  prince,  en  qualité  de  son  vassal, 
tout  ce  qui  lui  étoit  dû.  Quant  aux  comtes  de  Foix  &  de  Comminges,  6<  au 
vicomte  de  Béarn,  ils  n'étoient  vassaux  du  roi  d'Aragon  que  pour  quelques 
portions  de  leurs  domaines^.  Un  illustre  historien  ^  prétend  que  le  vasselage 
des  deux  premiers  dépendoit  du  comté  de  Carcassonne  uni  à  celui  de  Barce- 
lone, &  possédé  en  propriété  par  le  roi  d'Aragon,  duquel,  pour  cette  raison, 
une  partie  des  comtés  de  Foix  Se  de  Comminges  relevoit;  mais  cet  auteur  se 
trompe,  car  nous  avons  prouvé  ailleurs'*  que  lorsque  les  comtes  de  Barcelone, 
prédécesseurs  du  roi  d'Aragon,  acquirent  le  comté  de  Carcassonne,  toutes  les 
terres  possédées  par  le  comte  de  Foix  étoient  indépendantes  du  comté  de  Car- 
cassonne; qu'elles  étoient  soumises  à  la  suzeraineté  des  comtes  de  Toulouse, 
Se  que  ce  ne  fut  que  longtemps  après  que  les  comtes  de  Barcelone  engagèrent 
les  comtes  de  Foix  à  reconnoître  leur  suzeraineté  pour  la  partie  du  comté  de 
Foix  située  au  delà  du  pas  de  la  Barre. 

XXXVII.  —   Le  pape  suspend  la  croisade  contre  les  hérétiques 

de  la  Province. 

Le  pape,  ébranlé  par  les  remontrances  des  ambassadeurs  du  roi  d'Aragon, 
écrivit'',  le  i5  de  janvier,  à  Arnaud,  archevêque  de  Narbonne,  son  légat.  Se 
lui  marqua  que  l'aftaire  de  l'hérésie  qui  avoit  infecté  la  Provence,  étant  en 
bon  train,  il  convenoit  d'employer  les  armes  des  chrétiens  pour  une  autre 
beaucoup  plus  pressante,  savoir  :  contre  les  Sarrasins  d'Espagne  qui  faisoient 
tous  leurs  etforts  pour  réparer  leurs  pertes.  «  C'est  pourquoi,  ajoute-t-il, 
H  nous  vous  ordonnons  d'en  conférer  avec  Pierre,  roi  d'Aragon,  8c  avec  les 
«  comtes,  les  barons  8c  les  autres  personnes  prudentes  que  vous  jugerez  à 
«  propos  de  convoquer,  afin  d'établir  la  paix  ou  la  trêve  dans  la  Province, 
«  sans  fatiguer  davantage  le  peuple  chrétien,  par  les  indulgences  que  le 
«  Saint-Siège  a  accordées  à  ceux  qui  portent  les  armes  contre  les  hérétiques; 
ti  à  moins  que  vous  ne  receviez  un  ordre  spécial  du  Saint-Siège.  »  Ces  lettres 

•  Innocent.  III  1.  i3,  Epist.  114.  —  [Potthast,  *  Tome  IV,  Note  XXIT,  n.  2.3,  pp.  120  &  121. 

n.  2647.]  '  Innocent.  III  1.  1 5,  Epist.  21.5.  —  [Potthast, 

'  Le  comte  de  Foix  posséd-nit  la  vicomte  de  Cas-  n.  4648.]  —  Remarquons  que  dora  Vaissete  inter- 

tclbon  dans  le  diocèse  d'Urgel,  &  Gaston  de  Béarn  vertit  l'ordre  strictement  chronologique;   les  deux 

était  de  In  famille  de  Montcade;  quant  au  comte  lettres    du    15   janvier   qu'il    analyse    ici   précédè- 

de  Comminges,  nous  ne  saurions  dire  s'il   possé-  rent  8c  préparèrent,  dans  la  pensée  du  pape  Inno- 

dait  des  terres  en  Aragon  ou  en  Catalogne.  [A.  M.)  cent  III,  les  lettres  si  dures  du  17  du  même  mois, 

'  Marca,  Histoire  de  Béarn,  1.  6,  c.  16.  dont  la  traduction  se  trouve  plus  haut.  [A.  M.] 

VI.  26 


7"   4o:  HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXII. 

An  i;i  J  ' 

prouvent  qu'Innocent  III,  qui  aimoit  l'équité  &.  la  justice,  se  seroit  fort 
radouci  envers  Raimond,  comte  de  Toulouse,  si  ses  légats,  d'intelligence  avec 
Simon  de  Montfort,  auxquels  il  s'en  rapportoit  entièrement  Si  qui  avoient 
juré  la  perte  de  ce  prince,  ne  l'en  eussent  détourné;  ainsi  toutes  les  démar- 
ches du  roi  d'Aragon  pour  porter  le  pape  à  la  douceur  &  à  la  charité  chré- 
tienne envers  le  comte,  furent  absolument  inutiles. 

XXXVIII.  —  Pierre,   roi  d'Aragon,  se  rend  à  Toulouse  i-  négocie  avec  les 
évêques  assemblés  au  concile  de  Lavaur  en  faveur  des  comtes,  ses  alliés. 

Le  roi  Pierre  faisoit  agir  par  ses  ambassadeurs  auprès  d'Innocent,  en  '  faveur 
de  Raimond,  lorsque,  s'étant  rendu  à  Toulouse  vers  l'Epiphanie  de  l'an  I2i3, 
il  créa  dans  cette  ville  divers  chevaliers,  sans  s'embarrasser  de  communiquer 
avec  les  habitans  que  le  légat  avoit  excommuniés.  Il  fit  proposer  cependant 
une  conférence  à  l'archevêque  de  Narbonne  &  à  Simon  de  Montfort  pour 
moyenner  quelque  accord.  L'évêque  de  Riez  &  le  docteur  Thédise^  avoient 
ordre  du  pape  de  terminer  l'affaire  du  comte  de  Toulouse  Se  d'admettre  ce 
prince  à  la  purgation  canonique.  Dans  cette  vue  ils  avoient  convoqué  un 
concile  à  Avignon,  pour  la  fin  de  l'an  iiii  ;  mais  Thédise  étant  tombé  dan- 
gereusement malade  8c  plusieurs  des  prélats  qui  dévoient  ;y  assister,  crai- 
gnant la  corruption  de  l'air  qui  régnoit  alors  dans  cette  ville,  avoient  jugé  à 
propos  de  différer  de  s'y  rendre.  Enfin  le  concile  ayant  été  indiqué  à  Lavaur 
pour  la  mi-janvier  de  l'an  i2i3,  les  légats  prirent  de  là  occasion  d'assigner 
cette  ville  au  roi  d'Aragon  pour  la  conférence  qu'il  demandoit. 

Les  archevêques  de-*  Narbonne  8c  de  Bordeaux  assistèrent  au  concile  de 
Lavaur  avec  plusieurs  évêques  8c  abbés.  Le  roi  d'Aragon  se  trouva  à  l'ouver- 
ture 8c  pria  les  évêques  de  restituer  aux  comtes  de  Toulouse,  de  Foix  £<  de 
Comminges,  8c  au  vicomte  de  Béarn  les  domaines  qu'on  leur  avoit  enlevés. 
Les  évêques  lui  répondirent  qu'il  n'avoit  qu'à  mettre  ses  demandes  par  écrit 
Se  les  envoyer  cachetées  au  concile,  avec  promesse  d'y  faire  toute  l'attention 
possible.  Le  roi  demanda  alors  une  trêve  de  huit  jours  pour  pouvoir  traiter  ; 
Simon  y  acquiesça;  mais  on  prétend  qu'elle  fut  mal  observée  de  la  part  des 
alliés  de  ce  prince.  Quoi  qu'il  en  soit,  le  roi  Pierre  étant  retourné  ensuite  à 
Toulouse  envoya,  trois  jours  après  au  concile  le  mémoire  suivant,  daté  du 
i6  de  janvier  (de  l'an  i2i3). 
i.''ai,''p."^"7.  "  Comme  l'Eglise  notre  sainte  mère  a  non -seulement  des  verges  pour 
«  frapper,  mais  encore  des  mamelles  pour  allaiter,  je,  Pierre,  par  la  grâce  de 
«  Dieu  roi  d'Aragon,  demande  humblement  Se  avec  instance  à  Votre  Sain- 
«  teté,  pour  le  comte  de  Toulouse,  qui  désire  ardemment  de  rentrer  dans  le 
<c  sein  de  l'Église,  en  faisant  la  satisfaction  personnelle  que  vous  jugerez  à 
«  propos  de  lui  prescrire  pour  les  excès  qu'il  a  commis  8c  pour  les  dommages 

■  Pierre  de  Vaiix-Cernay,  c.  66.  3  Pj""  de  Vaiix-Cern.iy,  c.  66, 

'  Innocent.  III  1.   irt,  Epist,  3g, 


niSTOlRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXU.  403 

(•  qu'il  a  causés,  soit  aux  églises,  soit  aux  prélats,  d'en  agir  à  son  égard  avec 
(1  clémence  &  miséricorde  8c  de  lui  rendre  les  domaines  qu'il  a  perdus^  Que 
0  si  l'Église  ne  croit  pas  devoir  écouter  la  prière  que  je  lui  fais  pour  la  per- 
0  sonne  de  ce  comte,  je  demande  qu'on  accorde  du  moins  grâce  à  son  fils;  à 
(i  condition  que  le  père  satisfera  personnellement  pour  ses  excès,  en  allant 
0  servir  avec  ses  chevaliei-s,  soit  en  Espagne  sur  les  frontières  des  Sarrasins, 
(.  soit  dans  les  parties  d'outre-mer,  ainsi  qu'on  le  jugera  plus  convenable.  On 
((  observera  soigneusement  les  démarches  du  fils,  en  sorte  qu'il  se  comporte 
«  comme  il  faut,  tant  pour  l'honneur  de  Dieu  que  pour  celui  de  l'Eglise,  £1 
«  on  ne  lui  laissera  l'administration  de  ses  Etats  que  lorsqu'il  aura  donné 
«  des  preuves  manifestes  de  sa  bonne  conduite.  »  C'est  donc  pour  le  comte 
de  Toulouse  lui-même,  &  non  pour  son  fils,  comme  quelques  modernes  ' 
l'ont  mal  entendu,  que  le  roi  d'Aragon  promettoit  que  ce  prince  iroit  servir 
contre  les  infidèles  si  on  vouloit  lui  faire  grâce. 

(i  Parce  que  le  comte  de  Comminges,  continue  le  roi  d'Aragon  dans  son 
«  mémoire,  n'a  jamais  été  ni  hérétique,  ni  fauteur  des  hérétiques;  qu'il  s'est 
ri  au  contraire  élevé  contre  eux,  61  qu'il  assure  qu'on  ne  lui  a  ôté  ses  domaines 
o  qu'à  cause  -qu'il  a  secouru  le  comte  de  Toulouse,  son  cousin  (y  son  se'i- 
«  gneur,  le  roi  prie  pour  lui  comme  pour  son  vassal,  &  demande  qu'on  lui 
a  restitue  ses  domaines,  à  condition  qu'il  satisfera  aussi  à  l'Eglise  de  la 
u  manière  qu'on  l'ordonnera,  s'il  paroît  qu'il  ait  failli  en  quelque  chose.  Le 
I.  comte  de  Foix  n'étant  pas  non  plus  hérétique,  &  ne  l'ayant  jamais  été,  le 
«  roi  prie  pour  lui  comme  pour  son  très-cher  cousin  &  son  vassal,  qu'il  ne 
«1  peut  abandonner  sans  honte.  Il  demande  qu'à  sa  considération  on  lui 
u  rende  les  domaines  qu'on  lui  a  pris;  à  condition  qu'il  satisfera  à  l'Eglise 
«  de  la  manière  qu'on  le  jugera  à  propos,  sur  tout  ce  qu'on  trouvera  qu'il  a 
u  manqué.  Le  roi  prie  encore  avec  instance  qu'on  remette  à  Gaston  de 
(i  Béarn,  son  vassal,  8c  aux  vassaux  de  ce  vicomte,  les  domaines  qu'on  leur  a 
«  enlevés,  étant  prêt  d'obéir  fidèlement  aux  ordres  de  l'Église  8c  de  s'en  tenir 
«  à  la  décision  de  juges  non  suspects,  si  vous  n'avez  pas  le  temps  de  finir  son 
«  affaire.  Enfin  le  roi,  en  toutes  ces  choses,  implore  plutôt  votre  miséricorde 
«  que  votre  justice,  par  ses  évêques,  ses  clercs  8c  ses  barons  qu'il  vous  envoie, 
«  promettant  de  ratifier  tout  ce  que  vous  réglerez  avec  eux,  8c  vous  priant  de 
«  les  expédier  promptement,  afin  de  pouvoir  se  servir  au  plus  tôt  du  secours 
(i  de  ces  barons,  8c  de  celui  du  comte  de  Montfort  pour  la  défense  de  la  reli- 
ii  gion  en  Espagne.  » 

XXXIX.  —  Le  concile  de  Lavaur  rejette   les  propositions  du  roi  d'Aragon 
0  refuse  de  recevoir  le  comte  de  Toulouse  à  se  justifier, 

L'évêque  de  Riez^  Se  maître  Thédise,  commissaires  nommés  par  le  pape 
ppur  recevoir  la  purgation  canonique  du  comte  de  Toulouse,  ayant  lu  le 

'  Lafaillc,  Annales  i!c  Touloase,  t.    i,   p.    117.  '  Innocent.  III  1.  16,  Epist.  iç. 

r~  Dnniel,  Histoire  de  France,  t.   1,  p.   lïç'i. 


Au  121  j 


An  izij 


V.i.  origin. 
I.  1.1,  p.  -K. 


404  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXH. 

mémoire  du  roi  Pierre,  consultèrent  le  concile  8c  voulurent  que  chacun 
donnât  son  avis  par  écrit.  L'archevêque  de  Narbonne  Se  les  évêques  d'Albi, 
de  Toulouse  8c  de  Comminges  répondirent  au  nom  de  tous  les  autres  8<.  décla- 
rèrent qu'on  ne  pouvoit  recevoir  ce  comte  à  se  purger  du  crime  d'hérésie 
Se  de  la  mort  du  légat  Pierre  de  Castelnau,  pour  les  raisons  suivantes  : 
1°  disent-ils  dans  leur  réponse,  le  comte  Raiinond  a  fait  plusieurs  sermens 
de  chasser  les  hérétiques  Se  les  routiers  de  ses  Etats,  Se  il  n'en  a  gardé  aucun. 
2°  Après  son  retour  de  Rome,  où  il  a  trouvé  auprès  du  Saint-Siège  plus  d'accès 
qu'il  ne  méritoit,  il  a  augmenté  les  péages,  vexé  l'Eglise  a  la  tête  des  héré- 
tiques 8<.  des  routiers,  8c  recelé  8c  favorisé  les  premiers,  qu'il  défend  de  tout 
son  pouvoir.  3°  Ses  routiers  Se  ses  complices  ont  fait  périr  plus  de  mille 
croisés,  soit  ecclésiastiques,  soit  séculiers.  4°  11  a  retenu  en  prison,  pendant 
plus  d'un  an,  l'abbé  de  Montauban,  fait  prisonnier  celui  de  Moissac,  chassé, 
à  la  tête  des  routiers,  l'évêque  d'Agen  de  son  siège  8c  de  sa  ville  5  il  a  dépouillé 
ce  prélat  de  tous  ses  domaines,  8c  lui  a  causé  du  dommage  pour  plus  de 
quinze  mille  sols.  5°  Enfin  il  y  a  si  longtemps  qu'il  est  suspect  d'hérésie, 
qu'il  en  résulte  contre  lui  une  présomption  invincible.  Pour  toutes  ces  rai- 
sons Se  pour  plusieurs  autres,  qu'il  seroit  trop  long  de  détailler,  il  est  indigne 
d'être  réconcilié  à  l'Église,  Se  son  excommunication  est  d'une  nature  qu'il  ne 
peut  être  absous  que  par  un  ordre  spécial  du  pape. 

Le  concile  de  Lavaur  répondit'  ensuite  en  corps,  le  18  de  janvier,  au 
mémoire  du  roi  d'Aragon.  La  réponse  commence  par  un  grand  éloge  de  ce 
prince  sur  son  attachement  à  l'Eglise.  Les  évêques,  lui  adressant  la  parole, 
ajoutent  :  «  Quant  à  ce  que  vous  demandez  pour  le  comte  de  Toulouse  8c 
«  pour  son  fils,  la  cause  de  ce  dernier  est  la  même  que  celle  de  son  père^  & 
<i  elle  en  dépend;  ainsi  la  connoissance  nous  en  est  interdite  par  une  auto- 
«  rite  supérieure,  le  comte  ayant  fait  nommer  par  le  pape  pour  commissaires 
«c  dans  cette  affaire,  l'évêque  de  Riez  8c  maître  Thédise.  Nous  n'ignorons  pas 
V.  les  grâces  que  le  pape  lui  a  accordées  après  tous  ses  excès.  Se  que  l'arche- 
«  vêque  de  Narbonne,  légat  du  Saint-Siège,  alors  abbé  de  Citeaux,  lui  a 
«  fait  des  offres  avantageuses,  à  votre  prière,  il  y  a  deux  ans,  tant  à  Nar- 
«  bonne  qu'à  Montpellier.  Le  comte,  au  mépris  de  toutes  ces  choses,  ajou- 
«  tant  iniquité  sur  iniquité,  a  persécuté  l'Église  avec  plus  de  violence,  à  la 
<(  tête  des  hérétiques  8c  des  routiers,  en  sorte  qu'il  s'est  rendu  indigne  de 
i<  toute  grâce. 

«  Le  comte  de  Comminges,  pour  lequel  vous  vous  intéressez,  a  commis 
((  plusieurs  excès  8c  s'est  associé,  malgré  son  serment,  avec  les  hérétiques  Se 
c<  leurs  fauteurs,  comme  s'il  avoit  été  lésé  en  quelque  chose;  on  l'a  averti  de 
«  revenir  à  lui-même;  mais,  au  lieu  de  travailler  à  sa  réconciliation  avec 
(.  l'Eglise,  il  a  persisté  dans  sa  méchanceté,  8c  il  est  encore  excommunié. 
«  D'ailleurs  le  comte  de  Toulouse  assure  que  c'est  ce  comte  qui  l'a  poussé  à 
«  faire  la  guerre.  Le  comte  de  Comminges  est  par  conséquent  l'auteur  de 

■  Pierre  de  Viiiix- Ccrnny,  c.  f,!i. 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.   LIV.   XXII.  4o5   

^  An  i2i3 

«i  tous  les  maux  qui  s'en  sont  ensuivis;  cependant,  s'il  se  montre  digne  de 
«  recevoir  l'absolution,  lorsqu'il  aura  été  absous  &  qu'il  aura  nommé  quel- 
«  qu'un  pour  agir  en  son  nom,  l'Eglise  ne  refusera  pas  de  lui  rendre  justice 
«  si  on  lui  cherche  querelle. 

«  Votre  altesse  ro}ale  nous  a  priés  encore  pour  le  comte  de  Foix.  Ce  comte 
«  est  depuis  longtemps  le  protecteur  des  hérétiques  St  il  est  encore  aujour- 
«  d'hui  leur  plus  zélé  défenseur;  car  il  n'y  a  pas  lieu  de  douter  qu'on  ne 
«  doive  réputer  pour  hérétiques  leurs  croyans.  Le  comte  de  Foix  est  coupable 
«  d'ailleurs  d'une  infinité  d'excès.  Après  avoir  détruit  &  dépouillé  les  églises, 
«  faussé  divers  sermens,  porté  les  mains  sur  ^ies  clercs  S<.  les  avoir  empri- 
('  sonnés,  il  a  été  enfin  excommunié.  Le  légat  lui  avoit  à  peine  fait  grâce,  à 
«  votre  prière,  qu'il  a  massacré  les  croisés,  tant  ecclésiastiques  que  laïques, 
«  qui  marchoient  avec  simplicité  contre  les  hérétiques  de  Lavaur.  Elle  se 
«  souvient  sans  cloute  combien  grande  étoit  cette  grâce,  que  le  légat  voulut 
«  bien  lui  accorder  à  votre  recommandation;  Si  c'est  la  faute  du  comte  si  elle 
«  n'eut  pas  son  effet,  car  on  a  encore  vos  lettres  adressées  au  comte  de  Mont- 
«  fort  &  scellées  de  votre  sceau  royal,  dans  lesquelles  on  lit  cette  clause  : 
«  fious  accordons  encore  que,  si  le  comte  de  Foix  ne  veut  pas  tenir  cet  accord 
Il  iS-  que  vous  ne  voulie-^  pas  écouter  les  prières  que  nous  pourrons  faire  dans 
Il  la  suite  en  sa  faveur,  la  paix  n'en  subsiste  pas  moins.  Toutefois,  pourvu 
«  que  ce  comte  se  mette  en  état  de  recevoir  l'absolution,  si  quelqu'un  lui 
«  suscite  des  querelles,  après  ([u'il  aura  été  absous,  l'Eglise  ne  refusera  pas 
«  de  lui  rendre  la  justice  qui  lui  sera  due. 

«  Enfin  vous  nous  priez  de  restituer  à  Gaston  de  Béarn  ses  domaines  Se 
«  les  fiefs  de  ses  vassaux.  Pour  passer  sous  silence  un  grand  nombre  d'accu- 
«  sations  qu'on  forme  contre  lui,  il  suffit  de  remarquer  qu'il  s'est  ligué  avec 
«  les  hérétiques  St  leurs  défenseurs  contre  l'Eglise  Se  les  croisés.  Il  est  de  plus 
«  un  persécuteur  déclaré  des  églises  S<.  des  ecclésiastiques,  &  il  est  venu  au 
«  siège  de  Castelnaudary  au  secours  des  comtes  de  Toulouse  Si  de  Foix 
«  contre  ceux  qui  poursuivoient  les  hérétiques  6c  leurs  fauteurs.  11  a  gardé 
«  chez  lui  le  meurtrier  du  légat  Pierre  de  Castelnau;  l'année  passée  il  a 
«  introduit  les  routiers  dans  la  cathédrale  d'Oléron,  où  ils  ont  commis  plu- 
«  sieurs  impiétés,  S<.  il  a  fait  violence  à  des  clercs.  11  a  été  excommunié  pour 
«  tous  ces  délits;  cependant  s'il  satisfait  à  l'Eglise,  comme  il  le  doit,  on  écou- 
«  tera  ses  demandes,  après  qu'il  aura  été  absous  ;  autrement  il  ne  convien-  ^x]\i{°^^f'^l\^, 
«  droit  pas  à  votre  majesté  ro)ale  d'intercéder  pour  de  tels  excommuniés,  6c 
«  nous  n'oserions  répondre  d'une  autre  manière  après  de  pareils  excès,  6cc.  » 
Les  évêques  du  concile  de  Lavaur  rappellent  au  roi  d'Aragon,  à  la  fin  de 
leur  réponse,  l'honneur  que  le  siège  apostolique  lui  avoit  fait  autrefois  6c 
celui  qu'il  faisoit  actuellement  au  roi  de  Sicile,  son  beau-frère  (qui  avoit  été 
élu  empereur  par  le  crédit  du  pape);  ce  qu'il  avoit  promis  lorsqu'il  avoit  été 
couronné  à  Rome  par  les  mains  du  même  pontife,  6c  enfin  les  ordres  qu'il 
avoit  reçus  de  sa  sainteté.  Ces  prélats  dressèrent  en  même  temps  une  pro- 
testation qu'ils  envoyèrent  au  comte  de  Toulouse,  dans  laquelle  ils  lui  décla- 


An  è  ;  1  ; 


406  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.   LIV.  XXII. 

icnt'  que  c'étoit  par  sa  faute,  Se.  par  les  obstacles  qu'il  avoit  apportes  lui- 
même,  qu'ils  n'avoient  pu  terminer  son  affaire  sans  une  permission  spéciale 
du  pape. 

XL.  —  Le  roï  d'Aragon  appelle  au  pape  du  refus  du  concile  de  Lavaur, 
6"  se  déclare  ouvertement  pour  le  comte  de  Toulouse. 

Pierre,  voyant  que  sa  négociation  ne  prenoit  pas  un  bon  train,  fit  prier  le 
concile^  par  ses  ambassadeurs  d'engager  Simon  de  Montfort  à  accorder  au 
comte  de  Toulouse  &  à  ses  associés  une  trêve  jusqu'à  la  Pentecôte  ou  du 
moins  jusqu'à  Pâques.  Il  espéroit  recevoir  dans  cet  intervalle  une  réponse 
favorable  de  Pv.ome,  Se  il  comptoit  que  le  bruit  de  la  trêve  empêcheroit  les 
peuples  de  France  de  se  croiser  81  de  venir  au  secours  de  Montfort;  mais  les 
évêques  rejetèrent  sa  demande.  Enfin  ce  prince,  ne  pouvant  rien  gagner,  se 
déclara  publiquement  le  protecteur  du  comte  de  Toulouse  &  de  ses  alliés,  8< 
appela  au  Saint-Sicge  du  refus  que  les  évêques  du  concile  de  Lavaur  fai- 
soient  d'écouter  ses  propositions.  Ces  prélats  ne  firent  aucun  cas  de  cet  appel 
&  passèrent  outre.  L'archevêque  de  Narbonne  lui  écrivit^  en  même  temps 
une  lettre  fort  vive  pour  le  détourner  &  lui  défendre  de  prendre  cette  pro- 
tection. II  lui  fait  entendre  qu'il  ne  peut  manquer  de  tomber  dans  l'excom- 
munication, en  embrassant  le  parti  des  excommuniés  &  des  hérétiques,  Se  le 
menace  de  dénoncer  excommuniés  tous  ceux  de  ses  sujets  qui  s'employeroient 
à  la  défense  du  pays. 

Ces  menaces  n'ébranlèrent  pas  le  roi  d'Aragon;  il  se  lia  au  contraire  plus 
étroitement  avec  les  comtes  de  Toulouse,  de  Foix  Se  de  Comminges,  le 
vicomte  de  Béarn,  les  chevaliers  de  Toulouse,  ceux  de  Carcassonne  qui 
s'étoient  réfugiés  dans  cette  ville,  &  enfin  avec  les  Toulousains  en  général, 
qui  lui  firent'*  tous  serment  à  Toulouse,  le  dimanche  27  de  janvier  de 
l'an  i2i3.  Le  comte  de  Toulouse  Si  son  fils,  par  le  leur,  mettent  leurs  per- 
sonnes, la  ville  Se  le  faubourg  de  Toulouse,  celle  de  Montauban  avec  leurs 
dépendances,  tous  leurs  domaines,  leurs  vassaux  Se  sujets,  à  la  disposition  Se 
dans  la  possession  réelle  Se  actuelle  de  Pierre  Se  de  ses  lieutenans,  avec  pou- 
voir, tant  de  promettre  au  pape,  en  leur  nom,  de  faire  entièrement  ce  qu'il 
ordonneroit,  que  de  les  y  contraindre  s'ils  refusoient  d'obéir.  Ils  enjoignirent 
au  chapitre  (c'est-à-dire  à  l'assemblée  des  consuls  ou  magistrats  municipaux) 
Se  à  tous  les  habitans  de  Toulouse  de  faire  serment  qu'ils  obéiroient  fidèle- 
ment à  ce  prince  pour  l'exécution  de  toutes  ces  choses.  Vingt-trois  consuls 
de  Toulouse  prêtèrent  ensuite  ce  serment  entre  les  mains  du  roi,  au  nom  de 
toiite  la  ville  Se  de  tout  le  peuple  de  Toulouse.  Raimond-Roger,  comte  de 
Foix,  Roger-Bernard,  son  fils,  Bernard,  comte  de  Comminges,  Bernard,  son 
fils.  Se  enfin  Gaston,  vicomte  de  Béarn,  lui  firent  un  semblable  serment^. 

'  Innocent.  III  I.  i6,  Ep!st.  Sg,  <  tnnOMrtt.  Ill  1.  i6,  Epist.  47  &  seq. 

'  Pierre  de  Vaiix-Cernny,  c.  66.  '  H   „e  faut  pas  attribuée  à  Pierre  d'Aragon  éei 

»  liid.  —  Innocent,  III  1.  16,  Eplst,  .(3.  vues  trop  désintéressées;   il  était  sans  doute  foist 


IliSTOIUE  GÉNÉRALE  DE  lANGUEDOC.  LIV.  XXlî.  jov   ~~ :~ 

'    '         Au  lii j 

XLî.  —  Le  concile  de   Lavaur  dipiite  an  pape  pour /aire  l'apologie   de  sa 
conduite  à  l'égard  du  comte  de  Toulouse  £■  ses  alliés. 

Les  prélats  du  concile  de  Lavaur,  avant  que  de  se  séparer,  écrivirent  en 
commun  une  longue  lettre'  au  pape,  Se  lui  rendirent  compte  de  ce  qui  s'éloit 
asséj  ils  commencent  par  remercier  le  pontife  des  soins  qu'il  s'étoit  donnés 
pour  déraciner  l'hérésie  de  la  Province.  «  On  trouve  encore,  ajoutent-t-ils, 
des  restes  de  cette  peste  dans  la  ville  de  Toulouse  &  dans  quelques  châ- 
teaux des  environs  dont  le  prince,  savoir  le  comte  de  Toulouse,  connu 
depuis  longtemps  pour  fauteur  8c  défenseur  des  hérétiques,  attaque  l'Eglise 
avec  les  forces  c[ui  lui  restent  8<.  s'unit  aux  ennemis  de  la  foi  pour  s'op- 
poser à  ceux  qui  la  professent.  Depuis  son  retour  d'auprès  de  votre  sainteté 
il  n'a  exécuté  aucune  de  ses  promesses;  il  a  augmenté  les  péages  auxquels 
il  avoit  renoncé  si  souvent  &  a  favorisé  de  tout  son  pouvoir  vos  ennemis  8c 
ceux  de  l'Eglise  de  Dieu;  appuvé  de  la  protection  de  (l'empereur)  Othon, 
ennemi  de  Dieu  &  de  l'Eglise;  il  a  menacé,  comme  on  l'assure,  de  chasser 
entièrement  de  ses  Etats  8c  l'Eorlise  8c  le  clergé,  8c  il  s'est  lié  dès  lors  plus  l'MonRîn. 
étroitement  avec  les  hérétiques  8c  les  routiers.  Dans  le  temps  que  1  armée 
catholique  attaquoit  Lavaur,  où  étoit  le  siège  de  Satan  £c  la  primatie  de 
l'erreur,  il  a  envoyé  des  chevaliers  8c  des  soldats  au  secours  des  assiégés. 
Les  croisés  ont  fait  brûler  vifs  plus  de  cinquante  hérétiques  revêtus  (ou 
parfaits)  qu'ils  ont  trouvés  dans  son  château  de  Casser,  outre  un  grand 
nombre  de  cro)ans.  Il  a  appelé  contre  l'armée  de  Dieu  Savaric,  sénéchal 
du  roi  d'Angleterre,  ennemi  de  l'Eglise,  avec  lequel  il  a  eu  la  témérité 
d'assiéger  le  comte  de  Montfort  dans  Castelnaudary  :  le  Seigneur  a  puni 
bientôt  sa  présomption,  8c  une  poignée  de  catholiques  a  mis  en  fuite  un 
nombre  infini  d'ariens.  Se  voyant  sans  espérance  de  la  part  d'Othon  8c  du 
roi  d'Angleterre,  il  a  envoyé  des  ambassadeurs  au  roi  de  Maroc  pour 
implorer  son  secours,  à  la  honte  du  christianisme;  mais  Dieu  a  mis  des 
obstacles  à  ses  mauvais  desseins.  Il  a  chassé  révêc[ue  d'Agen  de  son  siège 
8c  l'a  dépouillé  de  tous  ses  biens;  il  a  fait  prisonnier  l'abbé  de  Moissac,  8< 
il  a  détenu  captif,  pendant  plus  d'un  an,  l'abbé  de  Montauban.  Ses  rou- 
tiers 8c  ses  complices  ont  fait  souffrir  le  martyre  à  une  infinité  de  pèlerins, 
dont  ils  retiennent  encore  quelques-uns  dans  les  fers  :  sa  fureur  n'a  fait 

de  secourir  les  princes  méridiortaux  &  ne  pouvait  haute   politique   &   s'assurait  à   tout   jamais  cette  *-^ 

*oir  d'un  hon   teil   les  agrandissements  de  Simon  suprématie.  Du  reste,  il  ne  semble  p;is  qu'il  y  ait 

de  Montfort;   mais  s'il  se  jeta  ainsi  à  corps  perdu  eu  longtemps  tort  accord  entre  les  confédérés;   on 

dans  une  affaire  aussi   dangereuse,  ce  fut  dans  des  verra  plus  bas  que  le  comte  &  le  roi  se  disputèrent 

Vues  d'intérêt   personnel.    Il    ne  faut  pas   oublier  assez  aigrement  avant   la   bataille  de  Muret,   &  il 

que  pendant  tout  le  douzième  siècle  Us  deuK  mai-  est   bien  certain  que  dans  cette  déplorable  affaire, 

tons  d'Aragon  &  de  Toulouse  avaient  été  en  guerre  Raimond  VI    ne  fit  pas   tout  ce  qu'il  aurait  pu 

pour  1»  suprématie  du  Midi.  En  se  posant  comme  pour  sauver  le  roi  des  suites   de   son    imprudenc» 

p-ytecteur  de  Raimond  VI,  alors  humilié  &  près-  militaire,   [A.  M.] 

qut  dépouillé,  Pierre  d'Aragon  faisait  un  acte  do  '  Innocent.  III  1,  i6,  Ej>iit.  41. 


An  I  : 


408  HISTOIRE  GÉNÉRALE  BE  LANGUEDOC.  LIV.  XXII. 

«  que  prendre  de  nouvelles  forces,  en  sorte  qu'il  empire  tous  les  jours  8c  qu'il 
«  tait  tout  le  mal  qu'il  peut  contre  l'Église,  soit  par  lui-même  8c  par  son  fils, 
«  soit  par  les  comtes  de  Foix  &.  de  Comminges  8c  par  Gaston  de  Béarn,  ses 
«  confédérés,  hommes  scélérats  8c  pervers.  Le  comte  Simon  de  Montfort 
«  ayant  occupé  presque  toutes  leurs  terres,  à  cause  qu'ils  sont  ennemis  de 
«  Dieu  Se  de  l'Église,  ils  ont  eu  recours  en  dernier  lieu  au  roi  d'Aragon,  par 
<i  le  moyen  duquel  ils  tâchent  de  surprendre  votre  clémence  :  ils  l'ont  amené 
((  à  Toulouse,  avec  nous,  qui  étions  assemblés  à  Lavaur  par  ordre  de  votre 
«  léo-at  8c  de  vos  délégués  pour  y  entrer  en  conférence.  Vous  verrez  ce  que 
«  le  roi  a  proposé,  8c  ce  que  nous  lui  avons  répondu  par  nos  lettres  scellées. 
«  Nous  envoyons  aussi  à  votre  sainteté  le  conseil  que  nous  avons  donné  à 
»  vos  délégués,  après  en  avoir  été  requis,  sur  le  fait  du  comte  de  Toulouse.  » 
Ces  prélats  finissent  leur  lettre  par  prier  le  pape  de  terminer  une  affaire  qui 
avoit  si  heureusement  commencé,  de  mettre  la  cognée  à  la  racine  de  l'arbre 
8c  de  le  couper  pour  toujours,  afin  de  l'empêcher  de  nuire.  «  Soyez  certain, 
«  disent-ils,  que  si  on  restitue  à  ces  tyrans  ou  à  leurs  héritiers  les  domaines 
«  qu'on  leur  a  enlevés  avec  tant  de  peine  8c  par  l'effusion  du  sang  de  tant 
«  de  chrétiens,  outre  le  scandale  qui  en  arrivera,  l'Eglise  8i  le  clergé  seront 
(i  dans  un  péril  éminent.  Au  reste  nous  nous  abstiendrons  de  rapporter  les 
'(  énormités,  les  blasphèmes,  les  abominations  Se  les  autres  crimes  dont  ils 
«  sont  coupables,  de  crainte  que  nous  ne  paroissiens  faire  un  livre  :  nos 
«  envoyés  pourront  vous  en  raconter  une  partie  de  vive  voix.  » 

XLII.  —  Le  comte  de  Toulouse  fait  de  nouveaux  ejjbvts,  maïs  en  vain, 
pour  être  reçu  à  se  justifier. 

Ces  envoyés  furent'  l'évêque  de  Comminges,  l'abbé  de  Clairac,  Guillaume, 
archidiacre  de  Paris,  maître  Thédise,  chanoine  de  Gênes  8c  commissaire  dans 
l'affaire  du  comte  de  Toulouse,  c'est-à-dire  sa  plus  forte  partie,  8c  enfin 
Pierre  Marc  ou  de  Marc  (Marci),  correcteur  des  lettres  apostoliques.  Avant 
leur  départ  le  comte  de  Toulouse  fit^  encore  une  tentative  auprès  de  l'évêque 
de  Riez  8c  de  maître  Thédise  pour  tâcher  de  les  fléchir  :  il  leur  envoya  un 
de  ses  chevaliers,  nommé  Cambon,  accompagné  d'un  notaire,  8c  leur  fit  signi- 
fier l'offre  qu'il  faisoit  d'obéir  absolument  à  tous  leurs  ordres,  les  suppliant 
humblement  d'agir  à  son  égard  avec  miséricorde  8c  non  dans  la  rigueur  de 
la  justice,  8c  de  venir  le  trouver  à  Toulouse  ou  de  lui  marquer  un  lieu  où 
ils  pussent  s'assembler  8c  conférer  ensemble.  Les  deux  commissaires  répon- 
dirent par  écrit  au  comte  qu'ils  ne  pouvoicnt  traiter  avec  lui  pour  les  raisons 
(|u'on  a  déjà  dites.  Ils  lui  reprochent,  dans  leur  réponse,  le  refus  qu'il  avoit 
fait  d'exécuter,  conformément  au  rescrit  qui  étoit  venu  de  Pvome,  les  ordres 
qu'ils  lui  avoient  donnés  au  concile  de  Saint- Gilles,  Se  ceux  qu'il  avoit 
ensuite  reçus  de  la  part  des  légats  à  Narbonne  8c  à  Montpellier;  d'avoir 

'  pierre  do  Viuix-Cernay,  c.  66.  '  Innocent.  III  1.   i6,  Epist.  Sr,  &  ^^. 


An  izi'i 


riîSTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXH.  409 

augmenté  les  péages  au  lieu  de  les  supprimer;  d'avoir  violé  les  sermens  qu'il 
avoit  faits  aux  légats;  £t  enfin  tous  les  autres  griefs  dont  les  évêques  du  con- 
cile de  Lavaur  tout  mention  dans  leur  lettre  au  pape,  «  Vous  avez  de  plus 
«  négligé,  ajoutent-ils,  de  comparoître  quand  nous  vous  avons  cité  de  la  part  t.'iïi°pl'l'4;, 
(I  du  pape,  8c  vous  ne  nous  avez  jamais  requis  de  travailler  à  votre  affaire 
«  pour  laquelle  vous  nous  avez  tait  nommer  commissaires  par  le  pape. 
(1  Quoique  vous  ayez  su  que  nous  avons  été  depuis  peu,  pendant  huit  jours, 
('  au  concile  de  Lavaur,  vous  ne  nous  avez  pas  écrit,  8c  vous  n'y  avez  pas 
«  envoyé  un  ambassadeur.  Pour  ces  raisons  8c  pour  plusieurs  autres,  vous  ne 
«  méritez  pas  que  nous  vous  recevions  à  vous  justifier,  suivant  l'ordre  du 
<'  pape,  ainsi  qu'il  a  été  défini  par  tout  le  concile;  c'est  pourquoi  nous  pro- 
«  testons  par  les  présentes,  que  nous  aurons  soin  d'informer  le  pape  de  toutes 
((  ces  choses,  afîn  qu'il  procède  dans  votre  affaire  comme  il  le  jugera  à 
«  propos.  » 

XLIII.  —  Plusieurs  évêques  écrivent  au  pape  contre  le  comte  iS-  les  habïtans 

de  Toulouse. 

Les  deux  délégués  ne  manquèrent'  pas,  en  effet,  d'écrire  au  pape  en  par- 
ticulier pour  lui  faire  le  détail  de  leur  conduite  à  l'égard  du  comte  de  Tou- 
louse; ils  chargèrent  de  leur  lettre  les  députés  que  le  concile  de  Lavaur 
envoyoit  à  Rome.  Plusieurs  évêques  se  servirent  de  la  même  voie  pour  écrire 
conjointement  ou  séparément  au  pape  contre  ce  prince.  Entre  ces  prélats, 
furent  :  1°  Michel,  archevêque  d'Arles,  8c  les  évêques  Guillaume  de  Mague- 
lonne,  Guillaume  de  Carpentras,  Guillaume  d'Orange,  Gaufrid  de  Saint- 
Paul-trois-Châteaux,  Bertrand  de  Cavaillon,  Raimbaud,  élu  de  Vaison,  &c 
Pons,  abbé  de  Saint-Gilles.  Leur  lettre^  est  datée  d'Orange  le  20  de  février. 
Après  avoir  loué  le  pape  Innocent  III  d'avoir  déraciné  l'hérésie  de  leurs  dio- 
cèses 8c  de  presque  toute  la  province  de  Narbonne,  ils  lui  marquent  la  crainte 
qu'ils  ont  c|ue  la  ville  de  Toulouse,  si  on  la  laisse  subsister,  8c  si  on  ne  la 
détruit  pas  entièrement  comme  un  membre  pourri,  n'infecte  tout  le  voisi- 
nage, 8c  ne  fasse  revivre  l'erreur  dans  tous  les  endroits  d'où  on  l'a  chassée. 
Ils  le  prient  avec  instance  de  s'armer  du  zèle  de  Phinées,  8c  d'anéantir 
entièrement  cette  ville  (qu'ils  comparent  à  Sodome  8c  à  Gomorrhe)  avec  tous 
les  scélérats  qui  s'y  étoient  rcfugics.  «  Autrement,  ajoutent-ils,  nous  vous 
«  disons  dans  la  vérité,  qui  est  Dieu  même,  que  si  pour  nos  péchés,  ce  tyran, 
«  ou  plutôt  cet  hérétique  toulousain  (ils  désignent  ainsi  le  comte  Raimond), 
«  ou  même  son  fils,  pouvoit  élever  la  tête  qu'on  lui  a  déjà  écrasée.  Se  qu'il 
t(  faut  lui  écraser  encore  plus  fortement;  il  feroit  des  ravages  affreux  8c  ren- 
Il  verseroit  tout  comme  un  lion  rugissant,  n  Enfin  ils  prient  le  pape  de  s'en 
rapporter  entièrement  sur  les  besoins  de  la  province  à  maître  Thédise,  por- 
teur de  leur  lettre,  lequel,  disent-ils,  est  pleinement  informé  de  tout. 

^     '  Innocent.  TU  1.   i5,  E^y,:t.  3;.  "  Innocent.  III  1.  i6,  Ep'tst.  ^'>. 

* 


— —   4'0  HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIl. 

Ail   I  ;i  J  ' 

2°  L'archevêque  de  Bordeaux  Si  les  évêques  de  Bazas  Si  de  Pèrigueux 
remercient'  le  pape  du  bien  qu'il  avoit  fait  dans  les  provinces  de  Narbonne 
8i  d'Aucli  Se  dans  leurs  diocèses,  &  d'avoir  exterminé  l'hérésie  Si  les  routiers 
par  les  soins  de  Simon  de  Alontfort  Se  des  croisés.  Ils  le  supplient,  à  la  fin  de 
leur  lettre,  d'achever  ce  qu'il  avoit  commencé. 

3°  Bertrand,  évêque  de  Béziers,  prie^  le  pape  de  détruire  de  fond  en 
comble  la  ville  de  Toulouse  avec  les  lieux  voisins,  où  le  reste  des  hérétiques 
s'étoit  réfugié.  Si  d'empêcher  que  le  comte  Raimond  Se  son  fils  ne  pussent 
nuire  davantage  à  l'Église.  «  Que  Votre  Sainteté  prenne  garde  surtout,  dit 
«  ce  prélat,  que  le  roi  d'Aragon  ne  vous  surprenne,  &  que  ce  prince  qui,  sai:s 
«  blesser  le  respect  qui  est  dû  à  l'onction  qu'il  a  reçue,  paroît  être  devenu  un 
et  enfant  rebelle,  Si  qui  se  vante  présomptueusement  d'obtenir  la  restitution 
tt  des  terres  saisies  Si  les  bonnes  grâces  de  Votre  Sainteté  en  faveur  de  ce 
«  comte  Si  de  ses  complices,  ne  les  amène  en  votre  présence,  car  ils  sont  tous 
<i  hérétiques,  routiers,  sacrilèges,  homicides  Si  chargés  de  toute  sortes  de 
«  crimes.  En  effet,  si  la  vills  de  Toulouse,  qui  est  l'asile  des  hérétiques, 
«  comme  elle  l'étoit  anciennement  (car  on  lit  qu'elle  fut  autrefois  entièrc- 
(i  ment  renversée.  Si  que  la  charrue  passa  par  dessus  pour  une  semblable 
((  cause),  demeure  à  ces  hommes  perfides,  il  en  sortira  une  flamme  qui  dévc- 
«  rera  nos  cantons  avec  tous  les  pays  voisins.  »  On  ne  sait  dans  quelle  source 
ce  bon  évêque  avoit  puisé  la  fable  que  la  ville  de  Toulouse  avoit  été  autrefois 
entièrement  renversée  pour  crime  d'hérésie. 

4°  Enfin  Bernard  J,  archevêque  d'Aix,  écrivit  au  pape  k  peu  près  dans  les 
mêmes  termes,  avec  plusieurs  abbés,  tant  contre  la  ville  de  Toulouse  que 
contre  le  comte  Raimond. 

XLIV.  —  Le  roi  d'Aragon  tâche  de  gagner  le  pape  i-  le  roi  Philippc-Aiigustc 

en  faveur  du  comte  de  Toulouse. 

t.'in,"?;']"^.  Pierre,  roi  d'Aragon 4,  ayant  appris  par  ses  ambassadeurs  à  R.onie  que  le 
pape,  sur  leurs  remontrances,  avoit  ordonné  à  Simon  de  Montfort  de  restituer 
aux  comtes  de  Foix  Si  de  Comminges  Si  au  vicomte  de  Béarn  les  terres  qu'il 
avoit  envahies  sur  eux,  &  que  ce  pontife  avoit  mandé  vers  le  même  temps  à 
l'archevêque  de  Narbonne  de  révoquer  la  croisade  contre  les  hérétiques,  se 
flatta  de  le  gagner  entièrement.  Pour  le  prévenir  sur  ce  qui  s'étoit  passé  au 
concile  de  Lavaur,  Se  lui  faire  entendre  l'injustice  du  procédé  des  évêques  c[ui 
s'y  étoient  trouvés,  il  lui  envoya  les  actes  par  lesquels  le  comte  de  Toulouse  Se 
son  fils,  les  consuls  Si  les  habitans  de  cette  ville,  les  comtes  de  Comminges 
Si  de  Foix  avec  leurs  fils,  Si  Gaston,  vicomte  de  Béarn,  remettoient  leurs 
personnes  Si  leurs  biens  entre  ses  mains,  avec  promesse  d'exécuter  fidèlement 
tout  ce  qu'il  plairoit  au    pape  de    leur  ordonner j   il    fit  authentiquer   les 

'  Innocent.  III  1.  16,  Epist.  4:;.  «  Piene  de  Vaux-Cernay,  c;  6(1.  —  Innocent.  III 

'  Ihid.  Epist.  ^,.^.  .  1.    16,  Epist.  .)7i 

»  liul.  Epiit.  4.0i 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIï.  411 

copies  de  ces  actes,  dont  il  garda  les  originaux,  par  l'archevêque  de  Tarra- 
gone  Si  les  évêques  &  les  abbés  de  ses  Etats,  qui  l'avoient  accompagné  à 
Toulouse,  &  qu'il  avoit  envoyés  au  même  concile  pour  négocier  la  paix.  Ces 
prélats  étoient  à  Perpignan  lorsqu'ils  vidimèrent  ces  actes,  le  6  du  mois  de 
mars  de  l'an  i2i3. 

Pierre  songea  d'un  autre  côté  à  se  rendre  le  roi  Philippe-Auguste  favo- 
rable. II  n'ignoroit  pas  que  ce  prince,  alors  extrêmement  refroidi  envers  le 
comte  de  Toulouse,  appuyoit  la  croisade,  8c  qu'il  avoit'  même  consenti, 
quoique  avec  peine,  que  Louis,  son  fils,  prît  la  croix  au  mois  de  février  de 
cette  année,  pour  marcher  au  printemps  suivant  contre  les  hérétiques  de  la 
Province,  démarche  qui  avoit  engagé  une  grande  partie  de  la  noblesse  fran- 
çoise  à  se  croiser  par  complaisance  pour  le  jeune  prince.  Le  roi  d'Aragon, 
voulant  détourner  ce  coup,  envoya  l'évêque  de  Barcelone  &  quelques  cheva- 
liers de  sa  cour  en  ambassade  à  Philippe,  &  les  chargea  de  publier  en  France 
c|ue  le  pape,  par  sa  lettre  à  l'archevêque  de  Narbonne,  avoit  révoqué  la  croi- 
sade contre  les  hérétiques.  Il  avoit  en  vue  d'empêcher  par  là  que  Simon  de 
Montfort  ne  reçût  de  nouveaux  secours;  61  c'est  pour  le  même  motif  qu'il 
envova  des  copies  de  cette  lettre,  scellées  des  sceaux  des  évêques  de  ses 
États,  au  roi  Philippe,  à  la  comtesse  de  Champagne  £<.  à  tous  les  grands 
du  royaume. 

XLV.  —  Le  roi  d'Aragon  donne  la  ville  de  Montpellier  à  CnilLiiimc,  son 
beau-frère.  —  Le  pape  confirme  le  mariage  de  ce  prince  avec  Marie.  —  Sort 
des  frères  de  cette  princesse  du  second  lit. 

Pierre  chargea  ses  ambassadeurs  à  la  cour  de  France  d'une  autre  négocia- 
tion très-importante;  c'étoit  de  demander  pour  lui  en  mariage  la  fille  du  roi. 
On  a  déjà  remarc(ué  que  le  roi  d'Aragon,  dégoûté  depuis  longtemps  de  la 
reine  Marie  de  Montpellier,  sa  femme,  faisoit  tous  ses  eftorts  pour  la  répu- 
dier; &  il  espéroit  si  bien  que  les  ambassadeurs  qu'il  avoit  chargés  de  pour- 
suivre la  dissolution  de  son  mariage  auprès  du  pape  ne  manqueroient  pas  de 
réussir,  c[u'il  se  regardoit  déjà  comme  libre.  Les  intérêts  de  Marie,  de  laquelle 
il  étoit  séparé  de  corps  depuis  longtemps,  lui  tenoient  d'ailleurs  fort  peu 
au  coeur,  comme  il  paroît  par  un  acte^  suivant  lequel,  étant  à  Toulouse 
le  14  de  janvier  de  cette  année,  sans  aucun  égard  pour  les  droits  de  cette 
reine,  Se  de  Jacques  leur  fils  unique  sur  la  baronnie  de  Montpellier,  il 
reconnut  ceux  de  Guillaume,  son  beau-frère,  fils  de  Guillaume  VIII,  sei-* 
gneur  de  Montpellier,  Se  d'Agnès,  sa  seconde  femme.  En  effet,  il  lui  donna 
en  fief  la  ville  de  Montpellier,  les  châteaux  de  Lates,  de  Paulhan  S<  d'Omelas 
&VCC  leurs  dépendances,  c'est-à-dire  tous  les  domaines  de  la  maison  de  Mont- 
pellier^ excepté  ce  que  le  comte  de  Toulouse  possédoit  en  qualité  de  comte 
de   Meigueil,  avec  promesse  de  l'aider  à   recouvrer  tous  ces  domaines  des 

'  Pierre  de  Vjvix-Ceniry,  c.  63.  '  D'Achcry,  Spicilcj^Um,  t.   10,  p.   178  &  5:q. 


An  121 3 


413  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.   LIV.  XXIî. 

mains  de  ceux  qui  les  détenoient  contre  sa  volonté.  Raimond,  comte  de 
Toulouse;  Pvaimond-Roger,  comte  de  Foix;  Bernard,  comte  de  Comminges; 
Nugnez  Sanche,  rils  du  comte  de  Roussillon,  &  plusieurs  grands  seigneurs 
du  royaume  d'Aragon  &.  de  la  principauté  de  Catalogne,  qui  avoient  suivi 
le  roi  Pierre  à  Toulouse,  furent  présens  à  cette  donation.  Les  ambassadeurs 
d'Aragon  n'osèrent'  cependant  taire  au  roi  Philippe  la  proposition  du  mariage 
de  sa  Hlle  avec  le  roi  leur  maître,  parce  qu'ils  trouvèrent  en  arrivant  qu'on 
savait  déjà  à  la  cour  le  jugement  que  le  pape  venoit  de  rendre  au  sujet  de  la 
dissolution  du  mariage  de  Marie,  qu'il  avoit  déclaré  indissoluble^. 

Innocent  IIP  avoit  commis  depuis  longtemps  l'examen  de  cette  affaire  à 
l'évêque  de  Pampelune  &  à  ses  deux  légats  frère  Pierre  de  Castelnau  S<.  frère 
Raoul;  avec  ordre  de  faire  les  informations  sur  les  lieux.  La  mort  des  deux 
derniers'^  8c  les  grandes  occupations  de  l'évêque  de  Pampelune  ayant  inter- 
rompu le  cours  de  la  procédure,  le  pape  nomma  pour  nouveaux  commis- 
saires Arnaud,  abbé  de  Cîteaux,  Se  les  évêques  d'Uzès  &  de  Riez  ses  légats. 
Après  divers  actes  faits  devant  ces  prélats  durant  plusieurs  années  par  le  roi 
&  la  reine  d'Aragon,  pour  prouver  de  la  part  de  ce  prince  l'invalidité  de  son 
mariage,  sous  les  divers  prétextes  dont  on  a  parlé  ailleurs,  &  de  la  part  de 
Marie  pour  en  soutenir  la  validité,  la  reine  en  appela  au  pape,  8c  se  rendit 
en  personne  à  Rome  pour  y  défendre  sa  cause.  Le  roi  y  envoya  de  son  côté 
xin  procureur,  &  l'affaire  ayant  été  plaidée  en  plein  consistoire,  le  pape 
déclara  le  mariage  légitime  8t  indissoluble  le  19  de  février  de  l'an  I2i3'. 
Innocent  écrivit  en  même  temps  au  roi  d'Aragon  pour  l'exhorter  à  reprendre 
la  reine  sa  femme,  S<.  à  la  traiter  avec  toute  l'affection  d'un  mari;  surtout, 
ajoute-t-il,  puisque  vous  en  avez  eu  un  fils,  8i  que  c'est  une  dame  qui  craint 
Dieu  8c.  qui  a  beaucoup  de  mérite.  Il  lui  marque  à  la  fin  que  s'il  refuse 
d'obéir,  il  avoit  ordonné  aux  évêques  de  Carcassonne,  d'Avignon  81  d'Orange 
de  l'y  contraindre  par  les  censures  ecclésiastiques. 

Un  autre  motif  engagea  encore  la  reine  Marie  à  faire  le  voyage  de  Rome. 
Ses  frères  du  second  lit,  qu'elle  prétendoit  être  adultérins,  lui  disputoient 
la  succession  de  leur  père,  8<.  elle  obtint  alors  du  pape  une  sentence  contre 
eux  ;  c'est  ce  que  nous  trouvons  dans  les  mémoires  que  Jacques  I,  roi  d'Aragon, 
leur  neveu,  nous  a  laissés  de  sa  vie.  «  Guillaume^,  seigneur  de  Montpellier, 
K  dit  ce  prince,  épousa   du  vivant  de   la    princesse  de  Constantinople,  sa 


'  Pierre  de  Vaiix-Cernay,  c.  68.  la  daie  d'environ  1200,   qui  le  rend  inexpllctble. 

'  Ces  ambassadeurs  obtinrent   tout  au  moins  de  [A.  M.] 
Philippe-Auguste  une  sentence  en  faveur  de  Guil-  =  Voyez  plus  haut,  livre  XXI,  ch.  xxv,  p.  248, 
lem  de  Montpellier  contre  Marie;   du   moins   un  ■•  Innocent.  III  1.   i,5,  Epîst.  221. 
acte  sans  date,  mais  d'environ  !2i.3,  indiqué  par  '  Corrigez  le  iç  janvier,  date  de  deuH  lettres  dit 
M.  Delisle  {Catalogue-   ie$  actes    de   Philippe-Au'  pape  au  roi  ;  ef.  Potthast,  rt.  ^Cbô.  Le  meule  jour, 
guste,n.  1472  A,  p.  33.')),  semble  le  prouver)  par  le    pape  notifia  la    sentence    à  Marie  de    Mont- 
cet   acte,    l'évêque    de    Magiielonne,    Guillaume,  pellier  (Potthast,  n.  4607).   [A.  M.] 
s'engage  à  observer  la   sentence   rendue  en   faveur  «  Chronica  0  commentari  del  rey  en  Jacmo,  c.  3. 
de  ce  Guillem  par  le  roi.  Cet  acte  a  été  publié  par  [Nouv.  édit.  de  Barcelone,  p.  1  i.l 
dom  Vaissete  (tome  VIII,  ce.  462,  463],  mais  avec 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXII.  41 3 

«  femme,  une  dame  de  Castille,  du  nom  du  père  de  laquelle  je  ne  me  souviens 
«  pas;  mais  elle  s'appeloit  Agnès.  Il  en  eut  plusieurs  fils,  savoir  :  Guillaume 
(I  de  Montpellier,  qui  posséda  Péoylba  jusqu'à  sa  mort;  Burgundion,  Rer- 
«  nard-Guillaume  à  qui  j'ai  donné  ditTérens  domaines,  &  à  qui  j'ai  fait 
«  épouser  Miliane',  fille  de  Pons-Hugues,  frère  de  Hugues,  comte  d'Ampu- 
u  rias,  Se  d'une  dame  de  la  maison  d'En-Tença,  &  enfin  un  quatrième  fils 
Il  nommé  Tortoseta,  que  mon  père  éleva.  Guillaume,  fils  aîné  de  Guillaume, 
«  seigneur  de  Montpellier,  prétendit  succéder  comme  mâle  à  la  seigneurie 
«  de  cette  ville.  Se  il  porta  l'affaire  devant  le  pape.  Cette  demande  engagea 
(I  la  reine  Marie,  ma  mère,  d'aller  à  la  cour  de  Rome  pour  maintenir  ses 
<■  droits.  Se  pour  faire  passer  la  seigneurie  de  Montpellier  à  moi,  qui  étois 
u  son  héritier.  Le  pape  déclara  par  sentence  que  les  fils  de  Guillaume,  sei- 
<■  gneur  de  Montpellier,  Se  d'Agnès  étoient  adultérins.  Se  jugea  que  Mont- 
(>  pellier  devoit  appartenir  à  la  reine  Marie  Se  à  moi  qui  étois  son  fils.  » 
Bernard-Guillaume,  que  Guillaume  VHI,  seigneur  de  Montpellier,  son  père, 
avoit  destiné  dans  son  testament  à  être  chanoine  de  Girone  Se  de  Lodève, 
s'établit  donc  en  Espagne,  ainsi  que  la  plupart  de  ses  frères.  Il  prit  le  nom 
d'En-Tença,  8e^  suivit  le  roi  Jacques  son  neveu  à  la  conquête  du  royaume 
de  Valence,  où  il  se  distingua  beaucoup.  Se  où  il  mourut  en  iiSS.  Le  roi 
Jacques  qui  avoit  beaucoup  d'amitié  Se  d'estime  pour  lui,  à  cause  de  sa 
valeur,  de  ses  excellentes  qualités  Se  de  ses  services,  le  combla  de  bienfaits. 
Il  laissa  un  fils  nommé  Guillaume,  âgé  de  dix  à  douze  ans,  qui  hérita  de 
tous  les  domaines  qu'il  avoit  en  Espagne,  Se  que  le  roi  Jacques,  son  cousin, 
fit  chevalier 3. 

XLVI.  —  Marie  porte  ses  plaintes  au  pape  contre  les  hahltans  de  Montpellier. 

Marie  porta  ses^  plaintes  au  pape  de  ce  que  les  habitans  de  Montpellier 
lui  détenoient  injustement.  Se  refusoient  de  lui  rendre  les  revenus  de  cette 
ville  Se  de  ses  dépendances,  qui  lui  appartenoient  de  droit.  Se  que  le  roi, 
son  mari,  leur  avoit  engagés.  Elle  prétendoit  que  ces  revenus,  faisant  partie 
de  sa  dot,  son  mari  n'avoit  pu  les  donner  en  engagement;  que  d'ailleurs  les 
habitans  de  Montpellier  en  jouissoient  depuis  si  longtemps,  qu'ils  doivent 
être  payés  de  leur  capital,  Se  qu'ils  lui  étoient  par  conséquent  redevables. 
Elle  se  plaignoit  de  plus  de  ce  qu'ils  avoient  détruit  le  château  ou  palais 
qu'elle  avoit  à  Montpellier,  qu'ils  s'en  étoient  approprié  les  matériaux.  Se 
que,  s'érigeant  en  seigneurs  de  cette  ville,  ils  y  usurpoient  toute  l'autorité, 
créoient  les  notaires  Se  les  consuls,  ou  magistrats  municipaux,  sans  sa  parti- 
cipation Se  contre  sa  volonté.  Se  régloient  en  leur  propre  nom  les  affaires  de 
la  police.  Elle  ajoutoit  qu'ils  avoient  pris  Se  brûlé  le  château  de  Lates,  aupa- 

■  [Carngei  Julienne  {JuViana).']  '  Voir  plus  bas,  ch.  i.wiii,  pp.  440,  441. 

"  Chronica.  0    commentari    del  rey   Jacmc.   De   l(t  *  Innocent.  III  1.    16,  Epist.  li.  —  GaUz  conu- 

coitpicsta  del  re^no  dt  Valencia,  ce.  18,  20,  "•4,  67,  tum  Barc'inonemium,  c.  24, 
71   &  suiv. 


An  1 2 1 J 


An  i2i3 


414  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.   LIV.  yXII. 


Éd  orisin.  lavant  fort  peuplé,  S<  qu'ils  avoient  fait  mourir  la  plupart  de  ceux  qui  l'IiaLî- 
toient.  Ces  dommages  montoient,  suivant  son  calcul,  à  plusieurs  milliers  de 
marcs  d'argent.  Enfin  elle  se  plaignoit  de  ce  que  pour  entretenir  la  discorde 
entre  elle  Se  son  mari,  ils  l'avoient  chassée  d'un  château  dont  elle  avoit  la 
seigneurie,  8<.  qu'ils  avoient  fait  jurer  à  ce  prince  de  ne  pas  entrer  de  deux 
ans  dans  la  ville  de  Montpellier.  Sur  ces  plaintes  le  pape  enjoignit,  le  12  avril 
de  l'an  1.2 13,  à  l'archevêque  &  à  l'abbé  de  Saint-Paul  de  Narbonne,  8c  au 
prieur  de  l'abbaye  de  Fontfroide,  de  citer  devant  eux  les  parties,  de  les 
juger,  de  faire  exécuter  leur  sentence  par  les  censures  ecclésiastiques,  8<  de 
contraindre  en  attendant  les  habitans  de  Montpellier  à  payer  les  dépens  ([ue 
la  reine  avoit  faits,  &  à  lui  donner  la  moitié  des  revenus  de  son  patrimoine  '. 

XLVII.  —  Marie  meurt  à  Rome  en  odeur  de  sainteté. 

Cette  princesse  fut  attaquée  de  la  fièvre  peu  de  jours  après,  &c  se  voyant 
dangereusement  malade,  elle  fit  son  testament^  le  20  d'avril  suivant.  Elle 
institua  pour  son  héritier  l'infant  Jacques,  son  fils,  &  lui  substitua  Mathilde 
8t  Pétronille,  ses  filles,  qu'elle  avoit  eues  de  Bernard,  comte  de  Comminges, 
son  second  mari  ;  elle  confirma  un  autre  testament  qu'elle  avoit  fait  aupara- 
vant, en  tous  les  articles  qu'elle  ne  changeoit  pas  dans  celui-ci  :  elle  choisit 
sa  sépulture  dans  l'église  de  Saint-Pierre  de  Rome,  à  laquelle  elle  fit  des 
legs,  dp  même  qu'à  celles  de  Saint-Jean-de-Latran,  de  Sainte-Marie-Majeure 
8t  de  Saint-Paul;  avec  ordre  que  la  dépense  de  ses  funérailles  ne  passât  pas 
trente  livres  Provençales.  RWe  légua  à  l'abbaye  d'Aniane  les  pêcheries  de 
Frontignan  8t  ses  dépendances,  que  le  seigneur  de  Montpellier,  son  père, 
tenoit  en  fief  de  ce  monastère;  le  château  de  Miravaux,  au  monastère  de 
Saint-Félix,  &C.  Elle  donna  pouvoir  au  pape  Innocent  111  de  changer  ce  qu'il 
jugeroit  à  propos  dans  ce  testament,  8<.  mit  son  fils,  ses  filles,  ses  biens  &  toute 
sa  famille  sous  la  protection  de  ce  pontife  8c  de  l'Église  romaine.  Elle  mourut 
peu  de  jours  après  à  Rome 3,  Se  fut  inhumée  dans  l'église  de  Saint-Pierre, 
auprès  de  sainte  Pétronille,  ainsi  qu'elle  l'avoit  ordonné.  Il  est  certain^ 
en  effet,  qu'elle  décéda  à  Rome  au  mois"*  d'avril  de  l'an  I2i3  8t  non  de 
Tan  12 19,  comme  l'a  avancé  mal  à  propos  un  historien^  d'Aragon,  qui  a 
trompé  ceux  qui  ont  écrit  après  lui^.  Au  reste,  cet  historien  déclare  avoir  vu 
deux  testamens  de  cette  reine,  l'un  de  l'an  1209  &c  l'autre  de  l'an  121 1,  dans 
lesquels  elle  substitue  ses  filles  à  son  fils,  8c  à  celles-là  Raimond-Gaucelin, 
seigneur  de  Lunel,  8c  ses  enfans,  8c  à  leur  défaut  Raimond,  8c  ensuite  Arnaud 
de  Roquefeuil  frères,  81  enfin  ses  autres  parens  les  plus  proches,  sans  faire 

'  Sur  cette    affaire,    cf.    Germain,    Histoire    de  '  Thalamus  de  MontpeUicr.    [Édit.  de  la  Société 

Montpellier,  t.   i,    pp.  47  à  .'il.  —  Cet  ériidit   fait  archéologique  de  Montpellier,  p.  23;  ce  document 

remarquer  que  de   cette   lettre   d'Innocent   III,   il  dit  le   19  avril.] 
résulte  que    le    roi    d'Aragon    n'avait   pas   encore  ''  Ihid. 

payé  ses  dettes  aux  habitants  de  Montpellier  peu  'Zuritn,   Anales   de   la   corona   de  Aragon.   1.    2, 

avant  sa  mort.   [A.  M.]  c.  72. 

'  D'Achéry,  Spiçilcgium,  t.  7,  p.   168  &  scq,  "  Ferrera?,  ad  ann,   1219,  n.  6. 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXII.  4i5 • 

"  An  i2i3 

aucune  mention  de  ses  frères  Si  de  ses  sœurs  du  second  lit.  Tous  les  histo- 
riens' font  un  grand  éloge  de  Marie  de  Montpellier,  reine  d'Aragon,  surtout 
pour  sa  piété.  Jacques,  roi  d'Aragon,  son  fils,  en  parle  de  la  manière  suivante 
dans  ses  mémoires  :  «  La*  reine  Marie  ma  mère  étoit  une  des  meilleures 
«  dames  du  monde.  Elle  craignoit  &  honoroit  Dieu,  8c  j'en  povirrois  dire 
«  beaucoup  de  bien.  Elle  Fut  généralement  aimée,  &  Dieu  lui  fit  tant  de 
«  grâces  qu'elle  est  appelée  à  Rome  &  partout  ailleurs  la  sainte  reine.  Plu- 
«  sieurs  malades  ont  été  guéris  en  buvant  du  vin  ou  de  l'eau  dans  lesquels 
((  on  avait  trempé  de  la  pierre  de  son  tombeau.  Elle  est  inhumée  à  Rome 
«  dans  l'église  de  Saint-Pierre,  auprès  de  sainte  Pétronille,  fille  de  ce  saint.  » 
Un  ancien^  auteur  témoigne  encore  que  Dieu  opéra  dive'-s  miracles  par  les 
mérites  de  cette  princesse. 

XLVIII.  —  Louis,  fils  du  roi  Philippe-Auguste,  se  croise  contre  les  albigeois, 

il-  puis  abandonne  son  dessein. 

Les  ambassadeurs  d'Aragon  à  la  cour  de  Philippe-Auguste  furent  plus 
heureux  sur  l'autre  article  de  leurs  instructions,  qui  étoit  de  détourner  les 
peuples  de  se  croiser  contre  les  hérétiques  de  la  Province,  £<.  ils  trouvèrent 
les  circonstances  très-favorables.  En  effet,  Philippe,  qui  avoit  enfin  consenti 
que  le  prince  Louis,  son  fils,  prît  la  croix,  &  qui  avoit  fixé  le  jour  de  son 
départ  pour  l'octave  de  Pâques,  dans  un  grand  parlement  qu'il  avoit  tenu  à 
Paris  le  premier  jour  de  Carême,  changea  bientôt  après  de  sentiment,  & 
obligea  ce  jeune  prince  avec  les  chevaliers  qui  avoient  résolu  de  le  suivre,  h 
remettre  l'expédition  à  une  autre  année,  pour  ne  pas  se  priver  de  leur 
secours  durant  la  guerre  &  les  autres  affaires  qu'il  avoit  sur  les  bras.  D'un 
autre'*  côté,  le  pape  qui,  sur  le  rapport  des  ambassadeurs  du  roi  d'Aragon, 
croyoit  l'affaire  des  hérétiques  de  la  Province  entièrement  finie,  envoya  le 
cardinal  Robert  de  Courçon,  Anglois  de  nation,  son  légat  en  France,  &  le 
chargea  d'exhorter  les  peuples  à  se  croiser  pour  la  Terre-Sainte;  en  sorte  que  t.m' "p'Ts 
les  évèques  de  Toulouse  8c  de  Carcassonne,  qui  étoient  allés  en  France 
aussitôt  après  le  concile  de  Lavaur,  tant  pour  prêcher  la  croisade  contre  les 
al!)igeois,  que  pour  contrecarrer  les  ambassadeurs  d'Aragon,  ne  purent 
engager  que  fort  peu  de  monde,  nonobstant  les  grands  mouvemens  qu'ils  se 
donnèrent.  Quant  au  roi"*  d'Aragon,  ce  prince  qui  étoit  encore  à  Toulouse 
le  7  de  février,  laissa  en  partant  de  cette  ville  plusieurs  de  ses  chevaliers  aux 
deux  comtes,  Si  fit  un  voyage  à  Perpignan,  d'où  il  envoya  prier  Simon  de 
Montfort  de  se  rendre  à  Narbonne  pour  y  conférer  ensemble. 

■  Gesta  eomitum  Bxrc'inonensîutn,  c.  24.  '  Pierre  de  Vaux-Cernay,  c.  66  &  suiv.  — Zu- 

•  Chronica  o  commentari  del  rey  en  Jacme^  c.  6.  rlta.  Anales    de   la  corona  de    Aragon,  1.   2,  c.  63. 

(Noiiv.  éd.  e.  7,  p.  14.]  —  [Cf.  M.Germain,  His-  —  Mss.  Coliert,  n.   1067.    [Donation   faite  par  le 

toire  de  Montpellier,  t.   i,  pp.  260,  261.]  comte  de  Toulouse  à  Aimeri    de  Castelnau;  l'acte 

'  Gesta  eomitum  Barcinonensium,  c.  74.  se    retrouve  dans  Teulet,  t.   1,  p.  388,  d'après  J. 

••  Pierre  de  Vaux-Cernay,  c.  68.  33o,  n.  i3.] 


An  lii  i 


416  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIÎ. 

XLIX.  —  Simon  de  Mo'itfort  &•  Pierre,  roi  d'Aragon,  se  défient. 

Simon  étoit  alors  vraisemblablement  à  Lavaur;  car  y  il  demeura  quelque 
temps  après  la  séparation  du  concile,  &  il  y  donna  deux  chartes'  le  21  & 
le  24  de  janvier.  11  répondit^  à  l'invitation  du  roi  Pierre,  &  se  rendit  à  Nar- 
bonne  au  jour  marqué;  mais  n'y  trouvant  pas  ce  prince,  ik  voyant  qu'un 
grand  nombre  de  routiers,  d'Aragonois  St  de  Toulousains  s'y  étoient  rassem- 
blés, il  crut  qu'on  lui  avoit  dressé  un  piège,  &  se  retira  au  plus  tôt.  Quelques 
jours  après  le  roi  d'Aragon  l'envoya  défier  dans  les  formes.  Se  détacha  cepen- 
dant un  corps  de  Catalans  pour  ravager  ses  terres.  Simon  députa  Lambert 
de  Turei,  chevalier  sage  &  discret,  pour  s'informer  de  la  propre  bouche  de 
ce  prince,  si  le  défi  étoit  véritable,  lui  déclarer  qu'il  ne  croyoit  pas  avoir 
forfait  en  rien  contre  lui,  l'assurer  qu'il  étoit  prêt  à  s'acquitter  de  tous  les 
devoirs  de  vassal,  8c  lui  offrir,  en  cas  qu'il  se  plaignît  de  ce  qu'il  avoit  pris  les 
terres  des  hérétiques  par  les  ordres  du  pape  &  le  secours  des  croisés,  de  s'en 
rapporter  au  jugement  de  la  cour  romaine,  ou  de  celle  de  l'archevêque  de 
Narbonne,  légat  du  Saint-Siège.  Simon  chargea  en  même  temps  son  envo^é 
de  rendre  une  lettre  au  roi,  supposé  que  ce  prince  persistât  dans  son  défi; 
dans  lequel  il  ne  lui  rendoit  aucun  salut,  le  déficit  à  son  tour,  &  lui  décla- 
roit  qu'il  ne  lui  devoit  à  l'avenir  aucun  service,  &  qu'il  étoit  prêt  à  se 
défendre  contre  lui,  de  même  que  contre  les  autres  ennemis  de  l'Église.  I/am- 
bert  s'étant  présenté  devant  le  roi  Pierre,  exécuta  fidèlement  sa  commission, 
8<  lut  devant  toute  la  cour  la  lettre  de  Simon.  Cette  lecture  enflamma  la 
colère  du  roi  Se  de  ses  courtisans,  Se  ce  prince  ayant  ordonné  à  l'envoyé  de 
se  retirer  8<  qu'on  veillât  sur  sa  personne,  il  assembla  son  conseil.  Quel- 
ques-uns furent  d'avis  qu'il  devoit  citer  Simon,  pour  le  sommer  en  qualité  de 
son  seigneur,  de  lui  rendre  le  service  auquel  il  étoit  tenu  envers  lui;  Se  en 
cas  qu'il  manquât  d'obéir,  de  faire  mourir  Lambert  de  Turei.  Le  lendemain 
cet  envoyé  parut  de  nouveau  à  la  cour,  répéta  fièrement  ce  qu'il  avoit  dit  la 
veille,  Se  offrit  de  se  battre  en  duel  contre  quiconque  oseroit  soutenir  que  le 
comte  Simon  avoit  offensé  le  roi  injustement  Se  lui  avoit  manqué  de  fidélité  ; 
personne  ne  se  présenta  pour  l'accepter.  Se  Lambert  fut  renvoyé  sans  aucun 
mal,  à  la  prière  de  quelques  chevaliers  aragonois  de  sa  connoissance 

L.  —  Pierre  termine  les  dijjèrends  qui  s'étaient  élevés  entre  l'évêque  de  Viviers 

&  le  comte  de  Valentinois. 

Pierre,  roi  d'Aragon,  ayant  résolu  de  faire  la  guerre  à  Simon  de  Montfort, 
donna  ses  ordres  pour  lever  des  troupes.  Se  fit  un  voyage  vers  le  Rhône  :  il 

■  Archives  de   l'église  d'Albi.  —  Manuscrits  de  ces  événements  ne  sont  point  racontés  parGiuUem 

Coliert,  n.  2275.   [Voyez   notre  catalogue,   n"«  05  de  Tudèle,  ou   pU,tôt  par  son  continuateur  ano- 

&  (><>■]  nyme,  qui  passe  brusquement  au  récit  de  la    prise 

'  Pierre  de  Vaux-Cernay,  c.  66  &  suiv.  —  Tous  de  Pujol  &  de  la  bataille  de  Muret.   (A.  M.) 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXII,  417   

T    '        An  iziî 

se  rendit  à  Viviers',  &  termina  comme  arbitre,  avec  Hugues  de  Baux,  prince 

d'Orange  &  vicomte  de   Marseille,   les  différends  qui   s'étoient  élevés  entre 

Burnon,  évêque  de  Viviers,  8c  Aymar  de  Poitiers,  comte  de  Valentinois,  au 

sujet  de  divers  domaines  que  ce  dernier  refusoit  de  reconnoître  tenir  en  fief  de 

l'autre,  à  quoi  il  fut  condamné.  Pierre  partit  bientôt  après  pour  la  Catalogne 

61  l'Aragon,  où  il  assembla  son  armée  pendant  le  mois  de  mai^  &  les  suivans. 

LI.  —  Les  députés  du  concile  de  Lavaur  préviennent  le  pape  contre  le  comte 
6-  les  habitans  de  Toulouse  iy  leurs  alliés, 

L'évêque  de  Comminges,  maître  Thédise  &  les  autres  députés  du  concile 
de  Lavaur,  étant  arrivés^  cependant  à  Rome  vers  la  fin  d'avril,  trouvèrent 
l'esprit  du  pape  extrêmement  aigri  contre  Simon  de  Montfort  par  les  intri- 
gues des  ambassadeurs  d'Aragon,  qui  avoient  dépeint  ce  général  comme  un 
usurpateur.  Se  avoient  indisposé  contre  lui  la  plupart  des  prélats  de  la  cour 
romaine.  Ils  eurent  beaucoup  de  peine  à  faire  changer  leurs  idées  là-dessus; 
mais  comme  ils  étoient  appuyés  des  lettres  de  presque  tous  les  évêques  du 
pays,  qui  avoient  un  intérêt  personnel  à  traverser  la  justification  du  comte 
de  Toulouse,  Si  qu'ils  avoient  des  liaisons  très-intimes  avec  Montfort,  ennemi 
capital  de  ce  prince,  ils  tournèrent  enfin  entièrement  l'esprit  du  pape,  qui 
écrivit  une  lettre  fort  vive  au  roi  d'Aragon  le  21  mai  I2i3.  Innocent'^,  après  ("ifi "!,'".!% 
avoir  préparé  ce  prince  à  la  correction,  en  lui  témoignant  combien  les  hon- 
neurs qu'il  lui  avoit  rendus  par  dessus  tous  les  princes  chrétiens  dévoient  le 
porter  à  la  reconnoissance,  lui  fait  de  sanglans  reproches  d'avoir  pris,  contre 
la  défense  du  légat,  la  protection  des  Toulousains,  excommuniés,  dit-il,  8t 
interdits  à  cause  que  plusieurs  d'entre  eux  sont  ou  hérétiques  manifestes,  ou 
crovans  8t  fauteurs  des  hérétiques.  Il  lui  marque  ensuite,  qu'ayant  fait  venir 
en  sa  présence  l'évêque  de  Segorve  St  maître  Colomb,  ses  ambassadeurs,  avec 
les  envoyés  des  légats  8c  de  Simon  de  Montfort;  qu'après  les  avoir  écoutés  les 
uns  Se  les  autres,  8c  avoir  lu  plusieurs  lettres  qui  lui  avoient  été  adressées,  il 
lui  enjoignoit  d'abandonner  sans  délai  les  Toulousains  Si  leurs  associés, 
nonobstant  toutes  les  promesses  qu'il  pourroit  leur  avoir  faites.  «  Que  si, 
«  ajoute-t-il,  ils  souhaitent  retourner  à  l'unité,  comme  vos  ambassadeurs  nous 
«  l'ont  assuré,  nous  commettons  l'évêque  de  Toulouse  pour  réconcilier  à 
«  l'Église  ceux  qui  voudront  revenir  sincèrement;  mais  nous  lui  ordonnons 
K  en  même  temps  d'exterminer  de  cette  ville  tous  ceux  qui  persisteront  dans 
«  leurs  erreurs,  8c  de  confisquer  leurs  biens.  Nous  sommes  également  surpris 
«  81  fâché  de  ce  que  vous  nous  avez  arraché  un  rescrit  apostolique  sur  un 
«  faux  exposé,  pour  faire  restituer  aux  comtes  de  Comminges  81  de  Foix  8c  à 

'  Colimlîi,  Vivnrienses  ep'iscopi,  p.  îîi.  a  été  reproduite  par  Pierre  de  Vaux-Cernay,  c.  66. 

*  Ziirita,  AaaUi  de   U    corona    de  Aragon,  I.   2,  Dans  l'édition  des  lettres  d'Innocent  III   par  Ba- 
c.  /)3.  luze,   cette  pièce   est  datée  du    2  juin    I2l3.    Ci, 

*  Pierre  de  Vaux-Cernay,  ce.  66  &  70.  Potthast,  n.  4741.   [A.  M.] 


'  Innocent.  Ill  1.   16,  Epin.  48.  —  Ccue  lettre 
VI. 


27 


An  i2i3 


418  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXII. 

«  Gaston  de  Béarn  leurs  domaines,  puisqu'ils  sont  excommuniés  pour  plu- 
«  sieurs  grands  crimes,  &  pour  la  protection  qu'ils  accordent  aux  hérétiques 5 
«  mais  parce  qu'un  pareil  rescrit  ne  sauroit  subsister,  nous  le  révoquons 
'.(  comme  subreptice.  Si  ces  comtes  veulent  se  réconcilier  à  l'Eglise,  ainsi 
«  qu'ils  le  disent,  nous  mandons  à  l'archevêque  de  Narbonne,  légat  du  Saint- 
c  Sié-^e,  de  recevoir  non-seulement  leur  caution  juratoire,  parce  qu'ils  ont 
«  transgressé  leurs  sermens,  mais  encore  toute  autre  caution  qu'il  jugera 
«  nécessaire  d'exiger,  &  de  leur  donner  ensuite  l'absolution.  »  Le  pape 
promet  au  roi  d'Aragon  d'envoyer  sur  les  lieux  un  cardinal  légat  a  latere, 
suivant  ses  désirs,  &  de  choisir  un  personnage  sage,  prudent  Si  équitable, 
qui  rende  une  exacte  justice  à  tous  ceux  qui  la  demanderont.  En  attendant, 
il  ordonne  à  ce  prince  de  convenir  une  trêve  avec  Simon  de  Montfort,  &  de 
la  o-arder  fidèlement,  excepté  à  l'égard  des  hérétiques,  avec  ordre  à  ce  dernier 
de  lui  rendre  tous  les  services  auxquels  il  étoit  obligé  pour  les  terres  qu'il 
tenoit  de  lui  en  fief.  Enfin  il  déclare  que  si  les  Toulousains  &  les  comtes 
leurs  protecteurs  persistent  dans  leurs  erreurs,  il  fera  publier  une  nouvelle 
croisade  contre  eux  &  contre  leurs  défenseurs  :  il  l'exhorte  à  obéir  exactement 
à  ces  ordres  «  afin,  dit-il,  que  vous  ne  m'obligiez  pas  à  vous  punir,  en  cas  de 
«  désobéissance,  quelque  amitié  que  j'aie  pour  vous.  Si  vous  vous  opposez  à 
«  la  consommation  d'une  œuvre  si  sainte,  dans  laquelle  la  cause  de  Dieu  8c 
«  celle  de  l'Église  se  trouvent  également  intéressées,  surtout  en  matière  de 
«  foi ,  les  exemples  anciens  &  nouveaux  pourront  vous  instruire  du  péril 
«  auquel  vous  vous  exposez.  »  Le  pape  écrivit  d'un  autre  côté  à  Simon  de 
Montfort,  à  l'archevêque  de  Narbonne  81  à  l'évêque  de  Toulouse  pour  les 
charger  de  l'exécution  de  ses  ordres  touchant  cette  lettre,  81  renvoya  deux 
jours  après  au  '  légat  a  latere  qui  devoit  se  rendre  dans  la  Province,  la  dis- 
cussion des  demandes  que  faisoit  Raimond  Pelet,  lequel  étoit  allé  à  Rome 
pour  y  soutenir  les  droits  qu'il  y  prétendoit  sur  le  comté  de  Melgueil,  au 
nom  de  son  àieule,  8c  qui  offroit  de  prendre  ce  comté  en  fief  de  l'Église 
romaine,  sous  vm  cens  annuel. 

LIL  —  Simon  de  Montfort  reçoit  un  nouveau  renfort  de  croisés,  6»  continue 

ses  expéditions. 

Manassés,  évêque  d'Orléans^,  8c  Guillaume,  évêque  d'Auxerre,  son  frère, 
voyant  que  l'ardeur  pour  se  croiser  contre  les  hérétiques  de  la  Province  étoit 
extrêmement  ralentie  depuis  que  le  pape  avoit  en  quelque  manière  révoqué 
cette  croisade,  &  sachant  que  Simon  de  Montfort  étoit  presque  abandonné, 
prirent  la  résolution  de  marcher  à  son  secours^.  Ils  ramassèrent  plusieurs 

'  Innocent.  III  1.   \6,  Epist.  55.  —  [Potthast,  '  Au   premier  mai    I2t3,  Simon   devait  être  à 

n.  4734;  la  lettre  est  du  28  mai   I2i5.]  Béziers;   du   moins,   à   cette  date,   il   se   reconnut 

'  Pierre  de  Vaux-Cernay,  c.  69  &  suiv.  —  Guil-  redevable  envers  Bertrand,  évêque  de  cette  ville,  de 

laume  de  Puylaurens,  c.  20.  — Voyez  tome  VIII,  cent  marcs  d'argent,  qu'il  lui  devait  pour  sa  part 

ce.  92,  93.  des   échoites  de  sa  ville  épiscopale.  En  payement 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXII.  aiq  —; T" 

^    '        An  I2i3 

chevaliers  Se  arrivèrent  à  Carcassonne,  d'où  Simon  les  mena  vers  Muret.  Ce 
général  ht  ensuite  le  dégât  dans  tous  les  environs  de  Toulouse,  ravagea  les 
moissons  qui  étoient  déjà  prêtes  à  couper,  &  se  rendit  maître  de  dix-sept 
petits  châteaux  du  pays  :  il  les  rasa  tous,  à  la  réserve  de  celui  de  Pujol,  situé 
à  deux  lieues  de  Toulouse  vers  le  sud-est',  où  il  laissa  en  garnison  trois 
chevaliers  :  Pierre  de  Sissi,  Simon  de  Lisesnes  8<.  Robert  de  Sartes,  ou  selon 
d'autres  d'Isarces,  avec  quelque  infanterie. 

LUI.  —  Amaiiri,  fils  de  Simon,  reçoit  la  ceinture  militaire.  —  La  noblesse 
de  Gascogne  le  reconnaît  pour  son  seigneur. 

Après  cette  expédition,  Simon  se  rendit  à  Castelnaudary,  où  il  avoit  con-     ÉJ-origin. 
.  ii.  I  I        •  •!•     •      -    A  •  t.  in,  p. -il-. 

voque  une  grande  assemblée  pour  donner  la  ceinture  militaire  a  Amaun,  son 

fils.  Gui,  son  frère,  qui  assiégeoit  alors  le  château  de  Puycelsi  en  Albigeois, 
leva  le  siège  pour  assister  à  cette  cérémonie,  qui  se  fit  le  jour  de  Saint-Jean- 
Baptiste,  hors  la  ville,  8c  sous  des  tentes,  à  cause  que  Castelnau  n'étoit  pas 
assez  grand  pour  contenir  tous  ceux  qui  s'assemblèrent  à  cette  occasion. 
L'évêque  d'Orléans  ayant  célébré  pontificalement  la  messe  dans  une  grande 
tente,  qu'on  avoit  dressée  exprès,  assisté  de  l'évêque  d'Auxerre,  donna  cette 
ceinture  au  jeune  Amauri,  qui  fut  conduit  à  l'autel  par  le  comte,  son  père, 
8c  la  comtesse,  sa  mère,  8c  qui  demanda  d'être  fait  chevalier  pour  le  service 
de  Jésus-Christ  en  présence  d'une  foule  d'ecclésiastiques  8c  de  gentilshommes. 
Quelques  jours  après,  Simon  s'étant  avancé  vers  Toulouse,  où  il  fit  quelques 
prisonniers,  se  rendit  à  Muret  suivi  d'une  grande  partie  de  la  noblesse  de 
Gascogne,  qu'il  y  avoit  convoquée,  pour  rendre  hommage  à  Amauri,  son 
fils.  Il  le  conduisit  ensuite  dans  cette  province,  lui  fit  prendre  possession  des 
domaines  qu'il  y  avoit  acquis  8c  y  continua  la  guerre*. 

LIV.  —  Le  comte  de  Toulouse  prend  le  château  de  Pujol. 

Pendant  l'absence  de  Simon,  le  corn  te  de  Toulouse,  que  la  garnison  du 
château  de  Pujol  incommodoit  beaucoup,  investit  cette  place,  8c  après  avoir 
comblé  le  fossé,  il  tenta  de  l'emporter  d'emblée;  mais  la  vigoureuse  défense 
des  assiégés  l'obligea  à  faire  le  siège  dans  les  formes.  Ayant  fait  une  ouver- 
ture considérable  aux  murailles,  il  monta  de  nouveau  à  l'assaut,  8c  prit  enfin 

il  lui  donna   les  possessions  de   Hugues  de  Paulin  '  Le  Languedoc  oriental  semble  avoir  été  abso- 

&  de  ses   frères  i  Aspiran   &  autres  lieux,  en   ne  lument  abandonné  à  ce  moment;  Simon  de  Mon t- 

se  réservant  que  le  château  de  Peyriés  &  sa  châtel-  fort  n'y  avait  pas  encore  porté  ses  armes,  &  Rai- 

lenie.  Le  nom  de  lieu  où  cette  charte  fut  donnée  mond  VI  paraît  n'y  avoir  exercé  aucune  autorité, 

n'est  pas  indiqué,  mais  elle  fut  écrite  par  un  no-  Aussi   les    habitants   de   Nimes,  ainsi  délaissés  & 

taire  de  Béziers,  &  tous  les  témoins  sont  de  ceite  menacés   par  les  routiers   qui  couraient   le   pays, 

ville  ou  des   environs.  (Cf.  tome  VIII,  ce.  ôîy  8c  firent-ils   alliance,    le    il    août    I2i3,   avec   ceux 

638.)  [A.  M.]  d'Arles,  pour  se  garder  de  leurs  incursions  &  des 

'  Ce  iiea  paraît  être  le  Pujol,  écart  de  la  com-  tentatives  des  petits  seigneurs  voisins.  (Cf.  Ménard, 

mune  de  Sainte-Foy  d'AigrefeuiUe,  canton  de  t.  ■ ,  pr.  52,  53,  &  texte,  pp.  z-jz,  273.)  [A.  M.] 
Lant.'i  (Haute-Garonne).   [A.  M.) 


An  izi3 


420  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.   LIV.  XXII. 

le  château  malgré  la  résistance  des  assiégés,  qui  se  retirèrent  dans  une  tour, 
où  ils  demandèrent  à  capituler.  On  écouta  volontiers  leurs  propositions,  parce 
qu'on  apprit  que  Gui  de  Montfort  étoit  en  marche  pour  faire  lever  le  siège. 
Roger-Bernard,  lils  du  comte  de  Foix,  s  étant  approché  de  la  tour,' régla  les 
articles  avec  les  croisés  à  qui  il  accorda  la  vie  sauve;  mais  qu'il  fit  cependant 
prisonniers.  On  assure  que  le  comte  de  Toulouse  promit  par  serment  de  ne 
les  pas  faire  mourir;  que  nonobstant  une  promesse  si  solennelle,  Simon 
de  Lisesnes  fut  tué  sur  le  champ  ;  que  tous  les  autres  ayant  été  conduits  à 
Toulouse,  soixante  des  principaux  y  furent  pendus,  après  qu'on  les  eut  fait 
promener  dans  toute  la  ville  attachés  à  la  queue  de  leurs  chevaux.  Se  que 
tout  le  reste  de  la  garnison  fut  passée  au  fil  de  l'épée.  Le  comte  fit  raser  le 
château  de  Pujol  '. 

LV.  —  Le  roi  d'Aragon  joint   les  comtes  de    Toulouse,  de  Foix 
6-  de  Comminges  :  ils  vont  assiéger  Muret. 

Simon  assiégeoit  alors  Rochefort  dans  le  Comminges,  où  il  avoit  soumis 
plusieurs  autres  places.  Aussitôt  qu'il  fut  averti  du  siège  du  Pujol,  il  laisse 
son  fils  devant  Rochefort  Si  accourt  à  grandes  journées.  En  passant  à  Car- 
cassonne,  il  y  rencontre  les  évêques  d'Orléans  61  d'Auxerre,  qui  s'y  étoient 
arrêtés  en  retournant  dans  leurs  diocèses.  Il  fait  son  possible  pour  les  engager 
à  le  suivre.  Si  à  l'aider  à  faire  lever  le  siège  de  Pujol;  mais  ces  prélats  lui 
refusent  leur  secours.  Il  continue  sa  marche,  Si  apprend  enfin  à  Castelnau- 
dary  la  prise  de  la  place  61  la  manière  dont  on  avoit  traité  la  garnison.  Sur 
le  récit  qu'on  lui  en  fit  il  ne  put  s'empêcher  de  verser  des  larmes  contre  son 
ordinaire.  Étant  informé  en  même  temps  que  le  roi  d'Aragon  se  disposoit  à 
passer  les  Pyrénées,  il  mande  à  son  fils  de  lever  le  siège  de  Rochefort  61  de 
le  joindre  incessamment.  Quant  Amauri  reçut  cet  ordre,  les  habitans  de  ce 
château  demandoient  à  capituler  :  il  leur  accorda  la  vie  sauve,  mit  garnison 
dans  la  place  Si  alla  trouver  son  père.  Après  leur  jonction,  ils  se  tinrent  sur 
leurs  gardes,  Si  n'osèrent  plus  tant  étendre  leurs  courses,  parce  que  les  pré- 
paratifs du  roi  d'Aragon,  81  les  sollicitations  des  chevaliers  que  ce  prince 
avoit  laissés  à  Toulouse  avoient  engagé  la  plupart  des  châteaux  situés  aux 
environs  de  cette  ville  à  abandonner  leur  parti  pour  rentrer  sous  l'obéissance 
du  comte  Raimond  leur  ancien  maître. 

Montfort  Si  les  évêques  de  la  terre  d'Albigeois^  (entre  lesquels  on  met 

'  Le   récit  de  la   prise  du  Pu]ol   occupe  les  vers  Comme   Pierre   de  Vaiix-Cernay   est  aussi   hostile 

2786  à  2870  de   la  Chanson.  Le  récit  de  Pierre  de  aux  Toulousains  que  le  poële  leur  est  favorable, 

Vaux-Cernay  est  en  désaccord  avec  celui  du  poëte  il  est  impossible  de  dire  lequel   est  dans  le  vrai, 

sur  plusieurs  points;   ce  dernier  prétend   que   le  &  de  se  prononcer  en  cette  occasion.  Remarquons 

château   fut   pris   de  vive   force  &  que   c'est  à  ce  du  reste  que  dans  le  cas  où  Pierre  de  Vaux-Cernay 

moment   qu'eut   lieu    le  massacre  de  la   garnison  aurait  raison,  il  aurait  pu  garder  un  peu  de  l'in- 

française;  il  ne  donne  pas  les  noms  des  chevaliers  dignation  qu'il  téinoigne  ici  pour  les  massacres  de 

français  &  dit  que  c'est  le  comte  Gui   &  non   Si-  Béziers,  de  Minerve,  de  Lavaur,  &c.   [A.  M.J 
mon  qui  arriva  trop  tard  pour  secourir  les  assiégés.  '  Pierre  de  Vaux-Cernay,  c,  63. 


An  121 3 


a^8. 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXII.  421 

l'archevêque  de  Narbonne  Se  l'évêque  de  Toulouse)  députèrent  deux  abbés 
au  roi  d'Aragon  pour  lui  notifier  la  défense  que  le  pape  lui  faisoit  de  pro- 
téger les  hérétiques  &  le  sommer  d'y  obéir.  Le  roi  le  promit  &  se  mit  néan- 
moins en  marche  peu  de  temps  après  à  la  tête  de'  mille  chevaliers,  tant 
Catalans  qu'Aragonois.  Etant  arrivé  en  Gascogne,  il  y  soumit  divers  châteaux 
que  Simon  de  Montfort  avoit  conquis,  &  alla  joindre  ensuite  à  Toulouse  les 
comtes  de  Toulouse,  de  Foix  81  de  Comminges  qui  l'y  attendoient.  Toutes  worigin 
leurs  forces  rassemblées  formoient  une  armée ^  d'environ  deux  mille  cheva- 
liers Se  de  quarante  mille  fantassins,  la  plupart  Toulousains.  Le  roi  d'Aragon 
&  les  comtes  ses  alliés  prirent  à  Toulouse  un  grand  train  d'artillerie,  Se 
s'avancèrent  vers  Muret  dans  le  dessein  de  l'assiéger  à  cause  que  la  garnison, 
composée  de  trente  chevaliers  Si  de  quelque  infanterie,  ne  cessoit  de  faire  des 
courses  jusques  aux  portes  de  Toulouse. 

LVL  —  Siège  £•  bataille  de  Muret.  —  Pierre,  roi  d'Aragon,  y  est  tué. 

Muret  est  une  petite  ville  dépendante  du  comté  de  Comminges,  dans  le 
diocèse  8c  à  trois  lieues  de  Toulouse,  vers  le  sud-ouest,  sur  la  gauche  de  la 
Garonne,  au  confluent  de  la  rivière  de  Louge  dans  ce  fleuve.  L'armée  du  roi 
d'Aragon  St  de  ses  alliés  y  arriva  le  mardi  10  de  septembre  de  l'an  i2i3.  On 
com.mença  aussitôt  à  dresser  les  machines  &  à  les  faire  jouer  pour  abattre  les 
murailles.  Le  lendemain  on  donna  l'assaut  à  une  des  portes  de  la  ville,  8c 
on  emporta  le  premier  faubourg,  malgré  la  vigoureuse  défense  des  assiégés, 
qui  se  réfugièrent  dans  le  second  Se  dans  le  château.  Si  les  alliés  avoient  suivi 
leur  pointe,  ils  se  seroient  alors  rendus  entièrement  les  maîtres  de  la  place; 
mais  avant  été  avertis  qu'on  voyoit  paroître  les  signes  militaires  de  Simon  de 
Montfori,  ils  cessèrent  le  combat,  abandonnèrent  le  faubourg  qu'ils  avoient 
déjà  pris.  Se  se  retirèrent  dans  leur  camp  pour  s'y  mettre  en  sûreté.  On  blâme 
beaucoup  le  roi  d'Aragon  de  cette  retraite  précipitée;  car  il  lui  étoit  aisé  de 
prendre  Muret,  Se  11  eût  évité  le  malheur  qui  lui  arriva^. 

Montfort  parut  en  effet  peu  de  temps  après  à  la  tête  d'un  petit  corps 
d'armée.  La  garnison  de  Muret  se  voyant  menacée  d'un  siège  lui  avoit  envoyé 
demander  un  prompt  secours,  Se  l'informer  que  la  place  étoit  absolument 
dépourvue  de  vivres.  Simon  étoit  à  Fanjeaux,  où  il  s'étoit  rendu  sur  le  bruit 
de  l'approche  du  roi  d'Aragon,  8c,  prévoyant  que  ce  prince  pourroit  bien 
entreprendre  le  siège  de  Muret,  il  avoit  déjà  résolu  de  s'y  jeter  avec  un 
convoi  pour  ravitailler  la  place,  8c  de  tout  hasarder  pour  la  secourir.  Il  étoit 
prêt  à  se  mettre  en  marche  le  lendemain  au  matin,  lorsque  la  comtesse,  sa 
femme,  l'arrêta  pour  lui  faire  part  d'un  songe  qu'elle  avoit  eu  durant  la  nuit, 
Se  dont  elle  tiroit  un   fort  mauvais  augure.  Simon  la  voyant  extrêmement 

•  Voyez  tome  VII,  l^otc  XVII,  pp.  49  à  54.  rer  le  comte  de  Monifort  dans  la  ville  &  finir  la 

■  Ihti.  guerre  d'un  seul  coup.  —  Voyez  son  discours  aux 

'  D'après  le  récit  en  vers,  le  roi  d'Aragon  battit  capitouls  de  Toulouse,  dans  la  Chcnion,  vers  2j5o 

e:l  retraite  volontairement;  il  espérait  ainsi  atli-  à  ^'^^'J-    \^-  ^'1 


An  i:iJ 


4:2  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV,  XXIl. 

troublée  à  cette  occasion,  se  moqua  d'elle  pour  la  rassurer,  &  lui  dit  de  laisser 


s  avance  vers 


ces  sortes  de  superstitions  aux  Espagnols.  Il  part  ensuite  Se 
Saverdun,  dans  le  comté  de  Foix.  En  chemin  il  rencontre  un  second  exprès 
de  la  garnison  de  Muret,  qui  lui  donnoit  avis  que  les  princes  confédérés 
avoient  investi  la  place  &  commencé  le  siège.  Il  dépêche  aussitôt  un  courrier 
à  la  comtesse,  sa  femme,  qui  étoit  partie  pour  Carcassonne,  &  la  prie  d'as- 
sembler promptement  un  corps  de  troupes.  Elle  exécuta  cet  ordre  du  mieux 
qu'il  lui  fut  possible,  &  engagea  le  vicomte  de  Corbeil  dans  le  diocèse  de 
Paris,  qui  ayant  achevé  sa  quarantaine  étoit  prêt  à  s'en  retourner,  à  demeurer 
encore  quelque  temps  dans  le  pays,  &  à  se  joindre  au  secours  qu'elle  envo\a 
au  comte,  son  époux.  Montfort  continua  cependant  sa  route.  En  passant  à 
l'abbaye  de  Boulbonne,  il  dit  à  Maurin,  sacristain',  &  depuis  abbé  de 
Pamiers,  qui  étoit  venu  à  sa  recontre,  qu'il  alloit  secourir  Muret,  &.  que  si 
les  assiégeans  l'attendoient  dans  leur  camp,  il  ne  feroit  aucune  difficulté  de 
les  attaquer  :  «  Vous  n'êtes  pas  assez  fort,  lui  répliqua  Maurin,  pour  vous 
tt  mesurer  avec  le  roi  d'Aragon,  prince  expérimenté  dans  l'art  militaire,  qui 
«  a  sous  ses  ordres  une  nombreuse  armée,  &  qui  est  uni  à  divers  comtes  très- 
(>  braves.  Dans  cette  situation  il  ne  convient  nullement  que  vous  hasardiez 
«  le  combat  avec  si  peu  de  monde.  »  Simon,  dit-on,  tira  alors  un  papier  de 
son  porte-feuille,  &.  pria  Maurin  de  le  lire.  C'étoit  une  lettre  que  le  roi 
d'Aragon  écrivoit  à  une  dame,  femme  d'un  grand  seigneur  du  diocèse  de 
Toulouse,  dans  laquelle  il  lui  marquoit,  après  l'avoir  saluée,  qu'il  venoit 
pour  l'amour  d'elle  chasser  les  François  du  pays,  8c  lui  disoit  plusieurs  autres 
choses  obligeantes.  Maurin,  après  la  lecture  de  cette  lettre,  qu'un  domestique 
de  la  dame  avoit  interceptée  Se  envoyée  à  Simon,  dit  à  ce  général  en  la  lui 
rendant  :  «  Que  prétendez-vous  dire  par  là?  Ce  que  je  prétends,  répondit 
«  Simon,  c'est  que  je  ne  crois  pas  possible  que  le  roi  d'Aragon  renverse 
(i  l'œuvre  de  Dieu  pour  une  femme.  »  La  plupart  des  modernes  qui  ont  parlé 
de  ce  fait  l'ont  interprété  en  mauvaise  part,  &  ont  fait  entendre  que  le  roi 
t.'^iii °pl^249  Pierre  avoit  écrit  cette  lettre  à  une  de  ses  maîtresses;  mais  un  habile  critique^ 
nous  en  donne  la  clef,  en  faisant  voir,  comme  il  est  certain,  que  cette  dame 
n'est  pas  différente  ou  d'Éléonor  ou  de  Sancie,  sœurs  de  ce  prince,  &  femmes, 
la  première  du  comte  de  Toulouse  le  père,  8c  l'autre  du  fils,  8c  que  c'est  pour 
l'amour  d'elles  8c  pour  leurs  intérêts  que  le  roi  leur  frère  prit  les  armes  contre 
les  croisés. 

Simon ^  entra  dans  l'église  de  Boulbonne  Se  y  demeura  quelque  temps  en 
prière;  puis  il  ôte  son  épée  8c  la  met  sur  l'autel  en  disant  :  «  Seigneur,  vous 
«  m'avez  choisi,  tout  indigne  que  je  suis,  pour  combattre  pour  vous;  je 
«  prends  cette  épée  de  dessus  votre  autel,  afin  que,  combattant  pour  votre 

■  Guillaume  de  Puylaurcns,  c,  îo.'  dément  la  défense  de  Pierre  d'Aragon  précisément 

"  Baluze,   Marca   Hispanica,   c.    022.  —  Le   fait  sur  un   point  où  ce  prince  était  tellement  sujet  a 

en  lui-même  a  peu  d'importance;  c'est  une  histo-  caution,  car  la   chasteté   ne  fut  jamais   la   grande 

riette  sans   aucune  authenticité.   Il   est  toutefois  vertu  du  père  de  don  Jacme.   [A.  M.] 

singulier  de  voir  dom  Vaissete   prendre   si   chau-  '  Pierre  de  Vaux-Cernay,  c.  63. 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXII.  428 

o  gloire,  je  le  fasse  avec  justice.  «  11  va  ensuite  joindre  ses  troupes  &  s'avance 
jusqu'à  Saverdun.  Il  étoit  accompagné  des  cvêques  de  Toulouse,  Nimcs, 
Uzès,  Lodève,  Béziers,  Agde  8c.  Comminges,  Se  des  abbés  de  Clairac,  Ville- 
magne  &  Saint-Thibéry.  L'archevêque  de  Narbonne,  légat  du  Saint-Siège, 
avoir  ordonné  à  ces  prélats  de  le  suivre  pour  tâcher  de  moyenner  la  paix; 
mais  cet  archevêque  n'y  étoit  pas  en  personne,  comme  un  historien  '  de  nos 
jours  le  suppose. 

Montfort^,  outre  les  milices  du  pays  qu'il  avoit  rassemblées  8c  les  cheva- 
liers qui  s'étant  liés  avec  lui  ne  le  quittoient  jamais,  avoit  reçu  depuis  peu 
un  renfort  de  trente  chevaliers  franço's  qui  étoient  venus  pour  faire  leur 
quarantaine  de  service,  entre  lesquels  étoient  Guillaume  des  Barres,  son  frère 
utérin,  Guillaume  d'Aire 3,  seigneur  flamand.  Si  ses  frères,  Sec.  Étant  arrivé 
à  Saverdun  sur  le  soir,  il  y  assembla  son  conseil  de  guerre;  il  souhaitoit 
marcher  cette  nuit-là  même  au  secours  de  Muret  ;  mais  tovis  ses  officiers 
furent  d'avis  d'attendre  au  lendemain  pour  donner  le  temps  de  se  reposer  aux 
troupes,  qui  étoient  extrêmement  fatiguées  de  leur  marche,  8c  il  se  rendit 
à  ce  sentiment.  Foulques,  évêque  de  Toulouse,  qui  avoit  déjà  tenté  plu- 
sieurs fois  inutilement  de  porter  ses  diocésains  à  la  soumission,  envoya  alors 
un  exprès  au  roi  d'Aragon  Se  fît  demander  un  sauf-conduit  à  ce  prince,  tant 
pour  lui  que  pour  les  autres  évêques,  ses  collègues,  dans  le  dessein  de  taire 
des  propositions  de  paix.  Le  lendemain  Simon  de  Montfort  ayant  fait  appeler 
de  grand  matin  son  chapelain,  se  confesse  8c  fait  son  testament,  puis  il  se 
rend  à  l'église  avec  les  évêques,  8c  l'un  d'entre  eux  ayant  célébré  la  messe, 
ces  prélats  déclarèrent  excommuniés  pendant  le  saint  sacrifice,  le  comte  de 
Toulouse  &c  son  fils,  le  comte  de  Foix  8c  son  fils,  le  comte  de  Comminges  8c 
tous  leurs  associés;  ils  ne  voulurent  pas,  par  ménagement,  comprendre 
expressément  le  roi  d'Aragon  dans  l'excommunication.  Après  la  messe.  Mont- 
fort  ayant  assemblé  ses  troupes  dans  une  plaine,  se  met  en  marche  en  ordre 
de  bataille  &t  s'arrête  à  Auterive,  lieu  situé  entre  Saverdun  8c  Muret,  à  deux 
lieues  de  l'un  8c  de  l'autre.  L'exprès,  que  l'évêque  de  Toulouse  avoit  dépêché 
au  roi  d'Aragon,  rapporta  en  ce  lieu  la  réponse  de  ce  prince  qui  étoit  que, 
puisque  les  évêques  venoient  à  main  armée,  il  ne  leur  donneroit  pas  de 
sauf-conduit.  Sur  cette  réponse,  l'armée  continue  sa  marche  8c  passe  heu- 
reusement un  défilé,  où  il  étoit  aisé  aux  confédérés  de  l'arrêter  au  passage. 
Enfin  Simon  arrive  au  bord  de  la  Garonne,  vis-à-vis  de  Muret,  situé  à  la 
gauche  de  ce  fleuve. 

Le  prieur  de  l'hôpital  de  Toulouse  vint  en  cet  endroit  trouver  Foulques, 
évêque  de  cette  ville,  8c  lui  remit  des  lettres  de  la  part  des  Toulousains  qui 
déclaroient  qu'ils  étoient  disposés  à  obéir  au  pape  8c  à  ses  légats.  Foulques 
renvoya  le  prieur  au  roi  d'Aragon  pour  lui  demander  un  passeport;  mais  ce 
prince  le  refusa  8c  dit  que  si  ce  prélat  vouloit  aller  à  Toulouse  traiter  avec 

'  Daniel,  Histoire  de  France,  t.  I ,  p.  iSpg.  '  Baudouin  d'Ayejnes,  Chronique,  mss.  Coisliii, 

'  Pierre  de  Vaux-Cernay,  c.  63.  n.  90. 


An  izi3 


424  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXII. 

An  I  ii3  I     " 

les  habitans  il  l'y  feroit  conduire  sûrement.  L'évêque  ayant  pris  cette  réponse 
pour  une  raillerie,  dit  :  »  Il  ne  convient  pas  à  un  serviteur  d'entrer  dans 
«  une  ville  d'où  son  maître  est  exilé.  Je  ne  retournerai  pas  dans  un  lieu 
«  d'où  le  corps  de  Jésus-Christ  a  été  chassé,  jusqu'à  ce  que  mon  Dieu  &  mon 
«  seigneur  y  retourne  lui-même.  »  On  peut  avoir  remarqué  que  c'étoit  Foul- 
ques lui-même  qui  avait  chassé  Jésus-Christ  de  Toulouse,  par  l'ordre  qu'il 
avoit  donné  à  son  clergé  de  sortir  de  cette  ville  8<.  d'emporter  le  suint  sacre- 
ment. A  l'arrivée  de  Simon  de  l'autre  côté  de  Muret,  la  plupart  des  croisés, 
qui  témoignoient  une  extrême  ardeur  de  se  battre,  lui  demandèrent  avec 
t.ni°P?^o.  empressement  qu'il  les  menât  au  combat;  mais  ce  général  ne  le  jugea  pas  à 
propos,  tant  parce  qu'il  étoit  déjà  tard  8c  que  ses  troupes  &  ses  chevaux 
étoient  fort  fatigués  que  dans  l'espérance  de  pouvoir  engager  le  roi  d'Aragon 
à  abandonner  la  défense  de  ses  alliés.  Il  passa  donc  la  Garonne  sur  le  pont 
de  bois  qui  étoit  près  de  Muret,  favorisé  par  la  garnison  dont  une  partie  vint 
à  sa  rencontre,  &  il  entra  ainsi  dans  la  ville  avec  toutes  ses  troupes,  sans 
trouver  aucun  obstacle  de  la  part  des  assiégeans.  Foulques,  évêquc  de  Tou- 
louse, &  les  autres  prélats,  sachant  que  le  sort  des  armes  est  journalier,  s'en- 
tremirent de  nouveau  pour  porter  le  roi  d'Aragon  à  la  paix  ou  du  moins  à 
conclure  une  trêve.  Ils  lui  députèrent,  de  même  qu'aux  Toulousains,  deux 
religieux  pour  lui  demander  une  conférence.  Le  roi  répondit:  «  Pour  quatre 
«  ribauds  que  ces  évêques  ont  amenés  avec  eux,  ce  n'est  pas  la  peine  de  leur 
«  accorder  une  conférence.  »  Pour  les  Toulousains,  ils  déclarèrent  qu'ils 
feroient  eux-mêmes  réponse  le  lendemain,  &  on  suspendit  jusqu'alors  toutes 
les  hostilités.  Le  vicomte  de  Corbeil  &c  les  autres  chevaliers  qui  vcnoicnt  de 
Carcassonne  St  qui  marchoient  sur  les  pas  de  Simon  de  Montfort  entrèrent 
bientôt  après  dans  Muret. 

Le  lendemain  jeudi  12  de  septembre,  Simon  se  rend  de  grand  matin  dans 
l'église  du  château  de  Muret  8<.  y  entend  la  messe;  les  évêques  &  les  cheva- 
liers en  font  de  même  dans  l'église  du  bourg.  Simon  descend  ensuite  dans  ce 
bourg  pour  délibérer  avec  les  principaux  officiers  de  son  arjnéc.  Ils  étoient 
tous  sans  armes,  parce  que  la  négociation  des  évoques  pour  la  paix  duroit 
toujours.  Un  auteur  contemporain'  assure  que,  durant  cette  négociation, 
Montfort  offrit  au  roi  d'Aragon  de  lui  remettre  le  château  de  Muret  avec  tout 
le  pays  des  environs;  que  le  roi  rejeta  la  proposition,  à  moins  que  ce  général 
ne  se  rendît  à  discrétion  avec  son  armée,  &  que  sur  cela  Montfort  se  déter- 
mina à  vaincre  ou  à  périr.  Les^  Toulousains,  de  leur  côté,  envoyèrent  dire 
à  leur  évêque  par  les  deux  religieux  qui  les  étoient  venus  trouver  la  veille, 
qu'étant  unis  avec  le  roi  d'Aragon  ils  ne  feroient  rien  sans  sa  participation. 
Les  évêques  Se  les  abbés  étoient  résolus  néanmoins  d'aller  nu-pieds  trouver 
ce  prince  pour  l'exhorter  à  ne  pas  persécuter  l'Église,  &  ils  lui  avoient  déjà 

"  Caffaro,  Annales    Genaenscs ,   ap.    Miiratori,  .mitres  sources  ne  disent  rien  de  semblable,  sauf  la 

Scriptorcs  rerum  Italtcarum,   t.    6,    p.    405.   —   Ce  Chronique  du  roi  Jacme.  —  Voir  plus  bas.  [A.  M.j 

fait   est   douteux;    le   témoignage  de   Caffaro   n'a  "Pierre  de  Vaux-Cernay.  —  Voyez  tome  VIII, 

^uc  peu  d'importance  pour  le  cas  présent,  &  les  ce.  56  à  98.  —  Guillaume  de  Puylaurens,  c.  zo. 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXll.  4^5  

T  "  An  i2i3 

député  un  religieux  pour  lui  annoncer  leur  arrivée  lorsque  Simon,  qui  avoit 
fait  ouvrir  les  portes  de  Muret  pour  laisser  passer  cet  envoyé,  se  vit  assaillir 
par  une  troupe  de  gens  d'armes;  il  les  repousse,  mais  les  assiégeans  faisant 
en  même  temps  jouer  leurs  machines  &  pleuvoir  une  grêle  de  flèches  8c  de 
traits  sur  la  maison  où  les  évêques  étoient  logés,  il  dit  à  ces  prélats  ;  «  Vous 
«  voyez  que  nous  n'avançons  rien  8c  qu'il  y  a  déjà  un  grand  tumulte;  il  est 
«  temps  que  vous  nous  permettiez  de  combattre.  »  Après  avoir  obtenu  cette 
permission,  il  ordonne  à  un  chacun  de  prendre  ses  armes.  En  passant  devant 
l'église  du  château,  il  voit  l'évêque  d'Uzès  qui  disoit  la  messe;  il  entre  8c, 
interrompant  le  sacrifice,  il  se  met  à  genoux,  les  mains  jointes.  Se  dit  tout 
haut  :  Mon  Dieu,  je  vous  offre  &>  je  vous  donne  mon  âme  i-  mon  corps;  il 
fait  la  même  cérémonie  en  repassant.  En  voulant  monter  sur  son  cheval  de 
bataille  qu'on  lui  avoit  amené,  au  sortir  de  l'église,  le  cheval  se  cabre  Se  le 
fait  rec>iler;  les  assiégeans,  qui  virent  ce  mouvement  de  leur  camp,  se  mirent 
aussitôt  à  faire  de  grandes  huées.  Simon,  reprenant  son  cheval,  monte  dessus 
8c,  adressant  la  parole  à  ses  ennemis,  il  dit  tout  haut  :  «  Vous  vous  moquez 
«  de  moi ,  présentement  par  vos  clameurs,  mais  je  me  confie  dans  le  Sei- 
«  gneur,  8c  j'espère  de  crier  après  vous  jusqu'aux  portes  de  Toulouse.  »  Il 
descend  ensuite  dans  le  bourg,  où  il  trouve  tous  ses  gens  armés  prêts  à  mar- 
cher. Il  n'avoit'  qu'environ  mille  cavaliers,  tant  chevaliers  que  sergens;  mais 
tous  braves  Se  bien  aguerris.  Les  principaux  étoient  Gui,  son  frère  germain, 
Guillaume  des  Barres,  son  frère  utérin,  Baudouin,  frère  du  comte  de  Tou- 
louse, Alain  de  Rouci,  le  vicomte  de  Corbeil,  Bouchard  de  Marly  ou  de 
Montmorency,  Sec.  Enfin  il  se  dispose  à  partir  après  avoir  laissé  son  infan- 
terie, qui  n'étoit  pas  tort  nombreuse,  à  la  garde  de  la  place. 

Les  croisés  étant  assemblés,  Foulques,  évêque  de  Toulouse,  qui  faisoit  dans 
leur  armée  la  fonction  de  vice-légat  au  nom  de  l'archevêque  de  Narbonne, 
s'avance  la  mitre  en  tête,  revêtu  de  ses  habits  pontificaux  Se  tenant  dans  ses 
mains  un  morceau  de   la  vraie  croix.  Aussitôt  tout   le  monde   descend  de      liJ-origin. 

t.    111,  p.    331. 

cheval  Se  chacun  va  l'un  après  l'autre  adorer  la  relique.  L'évêque  de  Com- 
minges  craignant  que  la  longueur  de  la  cérémonie  ne  ralentît  l'ardeur  des 
croisés,  prend  cette  relique  des  mains  de  l'évêque  de  Toulouse  Se  étant  monté 
sur  une  élévation  il  en  bénit  toute  l'armée  en  disant  :  «  Allez  au  nom  de 
«  Jésus-Christ.  Je,vous  servirai  de  témoin  Se  je  vous  serai  caution  au  jour  du 
«  jugement,  que  tous  ceux  qui  mourront  dans  ce  glorieux  combat  obtien- 
<c  dront  la  récompense  éternelle  8c  la  gloire  des  martyrs,  sans  passer  par  le 
«  purgatoire,  pourvu  qu'ils  se  soient  confessés  8c  qu'ils  soient  contrits  ou 
«  qu'ils  aient  du  moins  une  ferme  résolution  de  déclarer  à  un  prêtre,  aussitôt 
«1  après  l'action,  les  péchés  qu'ils  n'ont  point  encore  confessés.  »  Ce  prélat 
ayant  répété  plusieurs  fois  la  même  promesse  à  la  demande  des  troupes,  8c  les 
autres  évêques  l'ayant  confirmée,  les  croisés  qui  s'étoient  déjà  confessés  s'em- 
brassent, se  pardonnent  tout  ce  qu'ils  pouvoient  avoir  les  uns  contre  les 

■  Voyez  tOTie  VIT,  f/otr  XVU,  pp.  ^9,  5,. 


An  1 1 1 3 


426  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXII. 

autres  81  se  mettent  en  marche.  Les  évêques  &.  le  clergé,  parmi  lesquels  un 
écrivain  '  tlu  quatorzième  siècle  met  saint  Dominique,  entrèrent  dans  l'eglise 
Se  y  demeurèrent  en  prières  pendant  le  combat. 

Montfort  ^  rangea  ses  troupes  dans  une  esplanade  située  au  dehors  de 
Muret  &.  les  partagea  en  trois  corps.  Il  donna  le  commandement  de  lavant- 
garde  à  Guillaume  d'Encontre,  gouverneur  de  Castelsarrasin.  Bouchard  de 
Marly  occupa  le  centre  dans  lequel  étoient  Alain  de  Rouci  &.  Florent  de 
Ville,  chevaliers  François;  il  se  mit  lui-même  à  la  tête  de  l'arrière-garde.  Les 
assiégeans,  voyant  cette  évolution,  tinrent  conseil.  Le  comte  de  Toulouse  tut 
d'avis  d'attendre  les  croisés  de  pied  ferme  dans  les  retranchemens  du  camp 
dont  il  étoit  aisé  de  défendre  l'approche  à  coups  de  dards  8c  de  flèches;  il 
soutenoit  qu'après  les  avoir  affoiblis  de  cette  manière  on  fondroit  sur  eux, 
qu'on  les  mettroit  ainsi  plus  aisément  en  fuite  8c  qu'on  les  forceroit  de  ren- 
trer dans  le  château  où,  manquant  de  vivres,  ils  seroient  bientôt  affamés  8c 
obligés  de  se  rendre.  Le  roi  d'Aragon  rejeta  avec  beaucoup  de  hauteur  ce 
sentiment  qui,  cependant,  étoit  le  plus  sage,  &c  le  taxant  de  crainte  8c  de 
lâcheté,  il  fit  résoudre  les  autres  généraux  à  sortir  des  retranchemens  8c  à 
marcher  au  devant  des  croisés  5.  Toute  la  cavalerie  des  assiégeans,  au'*  nombre 
d'environ  deux  mille  chevaliers,  se  mit  donc  en  marche  Se  laissa  à  la  garde 
du  camp  toute  l'infanterie,  qui  étoit  infiniment  plus  nombreuse,  mais  très- 
peu  aguerrie,  n'étant  composée  la  plupart  que  des  bourgeois  de  Toulouse  8c 
de  quelques  places  des  environs.  Les  anciens  historiens  ne  nous  marquent 
pas  bien  l'ordre  de  bataille  de  l'armée  du  roi  d'Aragon  8c  des  comtes,  ses 
alliés;  ils  se  contentent  d'observer  que  leur  ordonnance  étoit  très-mauvaise j 
que  le  comte  de  Foix,  à  la  tête  d'une  troupe  de  Catalans,  commandoit  l'avant- 
garde;  que  le  roi  d'Aragon,  par  un  effet  de  son  courage,  se  mit  au  corps  de 
bataille,  au  lieu  que,  suivant  l'usage  ordinaire  des  rois,  il  devoit  se  postera 
l'arrière-garde,  &c  qu'il  changea  ses  armes  avec  celles  d'un  de  ses  chevaliers 
pour  n'être  pas  reconnu  dans  l'action.  Nous  inférons  de  là  que  Raimond, 
comte  de  Toulouse,  commandoit  l'arrière-garde.  Quant  au  fils  de  ce  comte, 
comme  il  n'étoit  pas  encore  en  âge  de  combattre,  il  se  posta  sur  une  élévation 
d'oii  il  pouvoit  être  témoin  du  combat  sans  être  exposé  au  péril. 

Montfort  fit  défiler  ses  troupes  par  la  porte  orientale  de  Muret,  située  sur 
la  Garonne,  dans  un  ordre  extrêmement  serré.  11  prit  exprès  ce  chemin,  tant 
pour  donner  le  change  aux  assiégeans  8c  leur  faire  croire  que  la  crainte  l'obli- 
geoit  à  prendre  la  fuite  que  pour  éviter,  s'il  avoir  marché  droit  vers  leur 
camp,  posté  du  côté  du  couchant,  d'exposer  ses  chevaux  aux  traits  des  Tou- 
lousains qui  étoient  demeurés  k  la  garde  des  retranchemens.  Enfin  ce  général 

'  PraecUra    Francoram  facinom,    apud    Catel,  »  Le    même    fait    se    trouve    dans    le    poëme, 

p.  n6.  — Voyez  tome  VII,  J^ofe  XVII,  n.  7,  p.  54.  vers   Soy  a   3o22;  mais   c'est  Martin   de  Luzia, 

'  Pierre  de  Vaux-Cernay.  ^ —  Guillaume  de  Puy-  seigneur  ariigonais,  qui  fait  repousser  le   conseil 

laurens,  c.  20.  —  Voyez  tome  VIII,   c.  97,  Chro-  du  comte  de  Toulouse.   [A.  M.] 

niijue  de  Baudouin  d'Ayesnes.  —  Voyez  tome  VII,  ■•  Voyez  tome  VII,  Note  XVII,  n.  3,  pp.  5o,  5l. 
ut  supra,  pp.  5z,  53. 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIt.  427   "" T 

■    '         An  121J 

ayant  fait  un  détour  8c  passé  un  ruisseau,  étend  son  armée  dans  la  plaine 
&  va  donner  brusquement  sur  les  princes  confédérés 5  son  avant-garde  attaque 
la  leur  avec  tant  de  force  qu'elle  l'oblige  à  se  replier  sur  les  ailes.  Le  corps 
de  bataille  où  étoit  le  roi  d'Aragon  se  voit  alors  exposé  à  la  fureur  des  croisés 
qui,  ayant  reconnu  l'endroit  où  étoit  ce  prince  à  ses  enseignes,  l'entourent 
de  toutes  parts  Se  le  pressent  vivement.  Le  choc  fut  si  violent  que,  suivant  t}'fii°p%'î\ 
l'expression  d'un  ancien  historien  ',  le  bruit  des  armes  qui  se  fit  en  ce 
moment  étoit  semblable  à  celui  que  fait  une  troupe  de  bûcherons  lorsqu'ils 
tâchent  d'abattre  à  grands  coups  de  cognée  les  arbres  des  forêts.  La  seconde 
ligne  de  l'armée  des  croisés  étant  survenue  pour  soutenir  la  première,  Alain 
de  Rouci  Si  Florent  de  Ville,  qui  avoient  conjuré  la  mort  du  roi  d'Aragon, 
comptant  de  s'assurer  la  victoire  par  cette  mort,  donnent  vivement  sur  le 
chevalier  qu'ils  voyoient  revêtu  de  ses  armes;  mais  Alain,  reconnoissant 
bientôt  que  le  roi  étoit  meilleur  chevalier,  s'écrie  que  ce  n'est  pas  lui.  Ce 
prince,  qui  étoit  assez  près,  entendant  ces  paroles,  pique  son  cheval  Si  se 
montrant  à  découvert,  dit  à  haute  voix  :  Vraiment,  ce  n'est  pas  lui,  mais  le 
voici.  En  disant  ces  mots,  il  porte  un  coup  à  un  chevalier  françois,  le  ren- 
verse par  terre  &  se  jette  dans  la  mêlée  où  il  fait  des  prodiges  de  valeur. 
Alain  &  Florent  ayant  en  même  temps  rallié  leur  troupe,  l'environnent  8c 
lui  portent  de  si  rudes  coups  qu'enfin  il  succombe  8c  demeure  mort  sur  la 
place  avec  plusieurs  des  principaux  de  sa  cour  qui  combattoient  à  ses  côtés  ^. 
Les  croisés,  animés  par  cet  avantage,  poussent  encore  plus  vivement  leurs 
adversaires.  Simon,  voyant  que  son  avant-garde  Se  son  corps  de  bataille 
s'étoient  mêlés  si  avant  parmi  les  escadrons  ennemis  qu'ils  ne  paroissoient 
plus,  marche  alors  pour  les  prendre  en  flanc  sur  leur  gauche  Se  achever  leur 
défaite;  il  est  arrêté  par  un  fossé  qui  sépare  les  deux  armées;  mais  ayant 
heureusement  rencontré  un  sentier  qui  le  traversoit,  il  tombe  enfin  sur  les 
confédérés.  Ceux-ci  se  défendent  avec  force.  Se  un  chevalier  atteint  Simon 
d'un  si  grand  coup  d'épée  du  côté  droit  que,  par  l'effort  que  ce  général  fait 
pour  le  parer,  il  rompt  son  étrier  gauche  8c  ayant  enfoncé  l'éperon  dans  le 
caparaçon  de  son  cheval,  il  se  voit  sur  le  point  d'être  désarçonné;  s'étant 
enfin  affermi.  Si  ranimant  son  courage,  un  autre  chevalier  lui  porte  un  coup 
à  la  tête.  Simon,  sans  se  déconcerter,  va  droit  à  ce  chevalier,  le  renverse  de 
cheval  d'un  coup  de  poing  qu'il  lui  donne  sous  le  menton.  Se  jette  la  terreur 
parmi  les  autres  qui,  n'osant  plus  résister,  se  débandent  de  toutes  parts.  En 
même  temps  les  comtes  de  Toulouse,  de  Foix  81  de  Comminges,  ayant  appris 
la  mort  du  roi  d'Aragon,  perdent  courage,  prennent  la  fuite  Se  entraînent 
après  eux  le  reste  de  la  cavalerie  qui  se  met  en  déroute  Se  dont  les  croisés, 
qui  la  poursuivent  pendant  quelque  temps,  font  périr  une  grande  partie. 

'  Giiillautne  de  Piiylaurens,  c.  ïo.  arrangé)    il    est  certain    que    l'armée   des    princes 

'  Le  poëme  ne  parle  pas  du  dégiiisement  du  roi  confédérés  fut  surprise  dans  le  camp  au   moment 

&  dit  seulement  qu'il  fut  tué  des  premiers;  1«  ré-  *A\\  dîner  (cf.  Meyer,  Chanson   He  la   croisade,  t.  2, 

et  de  Pierre  de  Vaux-Cernay,   qui   est  emprunté  p.  i65),  mais  que  le  roi  se  fit  connaître  &  résista 

à  la  relation  officielle  des  évêques,  paraît  un   peu  vaillamment.    [A.  M.] 


An  |2|3 


428  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXII. 

Simon,  en  habile  général,  se  tient  à  la  tête  de  ranière-garde  &  marche  len- 
tement en  ordre  de  bataille  pour  soutenir  ses  troupes  qui  s'étoient  dispersées 
à  la  poursuite  des  fuyards,  aiin  que  si  ses  ennemis  venoient  à  se  rallier,  elles 
trouvassent  une  retraite  assurée  auprès  de  lui. 

Tandis  que  la  cavalerie  des  deux  armées  étoit  aux  prises,  les  Toulousains 
8t  le  reste  de  l'infanterie  des  alliés  font  une  tentative  pour  emporter  d'assaut 
le  château  de  Muret  5  mais  ils  sont  repoussés  avec  vigueur  &.  obligés  d'aban- 
donner leur  entreprise.  Levêque  de  Toulouse  députe  alors  à  ces  peuples  un 
religieux  pour  les  exhorter  à  mettre  bas  les  armes,  avec  promesse  de  leur 
sauver  la  vie,  &,  en  témoignage  de  la  sûreté  qu'il  leur  promet,  il  leur  envoie 
sa  coule  qu'il  portoit  toujours  parce  qu'il  étoit  religieux.  Les  Toulousains 
répondent  qu'ils  savent  que  le  roi  d'Aragon  avoit  remporté  la  victoire  &  que 
leur  évêque  ne  cherchoit  qu'à  les  faire  périr,  &,  ôtant  la  coule  à  cet  envoyé, 
ils  le  maltraitent  &  le  blessent  dangereusement  à  coups  de  lance.  Ils  ne 
demeurèrent  pas  longtemps  sans  être  informés  du  succès  de  la  bataille,  8c 
voyant  de  loin  les  signes  militaires  des  croisés  qui  revenoient  triomphans,  ils 
se  jettent  en  foule  sur  les  bateaux  qui  les  avoient  amenés  par  la  Garonne  ; 
plusieurs  s'échappèrent  ainsi,  mais  tous  les  autres  furent  noyés,  tués  ou  faits 
prisonniers,  en  sorte  qu'on  compte  que  les  princes  alliés  perdirent'  quinze  à 
vingt  mille  hommes  dans  cette  journée.  Entre  les  principaux  seigneurs^  ara- 
gonois  qui  furent  tués  avec  leur  roi,  on  met  Aznard  Pardi,  Pierre,  son  fils, 
Gomez  de  Luna  81  Michel  de  Lusia;  il  n'y  eut  aucun  Catalan  de  marque  de 
tué.  Quant  aux  seigneurs  qui  servoient  sous  les  enseignes  des  comtes  de 
Toulouse,  de  Foix  &  de  Comminges,  ils  trouvèrent  la  plupart  leur  salut 
dans  la  fuite;  ainsi  la  plus  grande  perte  des  alliés  fut  du  côté  de  leur  infan- 
terie, milice  alors  peu  propre  à  combattre  contre  un  corps  de  cavalerie  pesam- 
ÉJ-orip"-,  ment  armé,  composé  de  tout  ce  qu'il  y  avoit  de  plus  brave  parmi  la  noblesse. 
Simon  n'eut  de  son  côté  qu'un  seul  chevalier^  8c  huit  autres  croisés  de  tués. 
Ce  général,  après  s'être  emparé  de  tout  le  butin  du  camp  ennemi,  d'où  il 
remporta  de  riches  dépouilles,  ordonna  qu'on  gardât  soigneusement  tous  les 
prisonniers  dont  les  uns  moururent  dans  les  fers  8<.  les  autres  furent  obligés 
de  payer  une  grosse  rançon.  Il  se  rendit  sur  le  champ  de  bataille,  8c  là  il 
pria  Mattred  de  Belvèze  8c  quelques  autres  chevaliers,  qui  étoient  présens 
lorsque  le  roi  d'Aragon  avoit  été  tué,  de  lui  montrer  l'endroit  où  ce  prince 
étoit  mort  en  combattant.  II  reconnut  bientôt  son  corps  qu'il  trouva  étendu 
tout  nu  sur  la  terre;  car  la  garnison  de  Muret  ayant  appris  la  victoire  des 
croisés,  s'étoit  empressée  de  sortir  8c,  après  avoir  achevé  de  tuer  les  blessés 
qui  étoient  restés  dans  le  lieu  du  combat,  elle  avoit  entièrement  dépouillé 
tous  les  morts.  A  cette  vue  Simon  descend  de  cheval,  fait  enlever  le  corps  du 
roi  8c  ne  peut  refuser,  comme  un  autre  David,  des  larmes  sur  la  mort  de  ce 
prince;  puis  il  quitte  sa  chaussure,  se  rend  nu-pieds  dans  l'église  de  Muret, 

'  Tome  Vil,  Note  XVII,  n°»3  &  4,  pp.  5o,  5i.  '  Rigoid,  De  gestis  Philippi  Augusti.  —  Il  faut 

^  Gesta  comitum    Barcttionenstuuij  c.   14.  —  Ro-        corrigei- GLiilIniime  le  Breton  j  rouvrage  de  Rigord, 
deric  de  Tolède,  1.  6,  c.  4.  que  celui-ci  a  terminé,  s'arrête  à  1207.  [A.  M.J 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.   LIV.  XXII.  42g  ~^ 

offre  à  Dieu  ses  actions  de  grâces  pour  la  victoire  qu'il  venoit  de  remporter, 
fait  vendre  son  cheval  &  ses  armes  &  en  distribue  le  prix  aux  pauvres.  La 
plupart  de  ces  circonstances  sont  rapportées  dans  une  relation  que  les  sept 
évêques  8c  les  trois  abbés,  qui  étoient  à  la  suite  de  Simon  Se  qui  demeurèrent 
dans  Muret  durant  l'action,  adressèrent'  le  lendemain  à  tous  les  fidèles  pour 
leur  faire  part  d'une  si  glorieuse  victoire.  Un  ancien  historien  ^  ajoute  que 
Simon  de  Montfort,  pour  récompenser  le  comte  Baudouin  de  Toulouse  des 
services  qu'il  avoit  rendus  en  cette  occasion,  lui  donna  en  fîef  toutes  les  con- 
quêtes que  les  croisés  avoient  faites  en  Querci. 

On  trouve  encore  quelques  autres  circonstances  de  cette  bataille  dans  les 
mémoires  que  Jacques  !"■,  roi  d'Aragon,  fils  du  roi  Pierre  qui  y  fut  tué,  nous 
a  laissés  de  sa  vie.  «  Simon  ^  de  Montfort,  dit  ce  prince,  étoit  à  Muret  81  avoit 
Il  avec  lui  huit  cents  à  mille  chevaliers.  Le  roi,  mon  père,  vint  contre  lui 
«avec  plusieurs  seigneurs  de  son  royaume'' dont  quelques-uns  furent  tués 
«  dans  l'action;  les  autres  prirent  lâchement  la  fuite.  Don  Nugnez  Sanche 
«  (fils  du  comte  de  Roussillon),  Guillaume  de  Montcade  Se  quelques  autres 
«  ne  s'y  trouvèrent  pas;  ils  avoient  envoyé  prier  le  roi  de  les  attendre;  ce 
«  qu'il  ne  voulut  pas  faire.  Le  roi  avoit  couché  cette  nuit  avec  une  de  ses 
«  maîtresses  8c  il  étoit  si  fatigué  que,  lorsqu'il  entendit  la  messe  avant  le 
u  combat,  il  ne  put  demeurer  debout  durant  l'évangile  8c  qu'il  fut  obligé  de 
«  s'asseoir^.  Avant  la  bataille  le  roi,  mon  père,  voulut  que  Simon  se  rendît 
u  à  discrétion,  Se  c'étoit  une  condition  qu'il  exigeoit.  Simon  8c  ceux  qui 
«  étoient  avec  lui  la  trouvant  trop  dure,  eurent  recours  au  sacrement  de 
«  pénitence,  reçurent  le  corps  de  Jésus-Christ  Se  déclarèrent  qu'ils  aimoient 
«  mieux  mourir  en  rase  campagne  que  renfermés  dans  la  ville.  Ils  sortirent 
«  ensuite  pour  livrer  bataille.  Les  troupes  du  roi  ne  surent  pas  bien  se 
«  ranger  Se,  autant  par  leur  mauvaise  ordonnance  que  pour  leurs  péchés, 
u  elles  furent  vaincues.  Ainsi  mourut  mon  père;  car  c'est  de  cette  manière 
(I  qu'en  ont  toujours  usé  mes  ancêtres  dans  les  batailles  qu'ils  ont  données, 
u  Se  que  j'en  userai  dans  celles  que  je  livrerai  :  vaincre  ou  mourir.  Je 
«  demeurai  à  Carcassonne  au  pouvoir  de  Simon  de  Montfort  qui  prit  soin 
«  de  mon  éducation,  8ec.  » 

LVII.  —  Éloge  de  Pierre  II,  roi  d'Aragon.  —  Jacques  /,   son  fils  unique 
6-  son  successeur,  demeure  au  pouvoir  de  Simon  de  Montfi)rt. 

Pierre,  roi  d'Aragon,  dont  tous  les  anciens  historiens  font  un  grand  éloge, 
étoit  à  la  fleur^  de  son  âge  lorsqu'il  fut  tué  à  la  bataille  de  Muret.  11  étoit 

'  Pierre  de  Vaux-Cernay,  c.  ■j'i.  *  Ici,  dans  le  texte,  noms  de  plusieurs  seigneurs 

*  Albéric,  Chronicon,  an   Iîi3.  —  Le  fait  semble  espagnols  que  dom  Vaissete  a  passés.  [A.  M.] 

faux;  le  comte  Baudouin  a  bien  assisté  à  la  bataille  ''  L'auteur  ajoute  ici  qu'il  tient  le  fait  du  cha- 

de  Muret,  mais   il  possédait  depuis  plusieurs  an-  pelain  du  roi,  Gil,   [A.  M.] 

néesde  nombreuxchâteaux  dans  leQuerci.  [A.M.]  ^  Gesta  comitum   Barcinonensium,  c.  24.  —  Ro- 

'  Chronica  o  commentari  Jel  rey  en  Jacme,  c.  8.  dcric  de  Tolède,  Je  Rehus  Hispanic.  1.  6,  c.  4. 

[Nouvelle  édition,  c.  9,  pp.  16  &  17.] 


An  1210 


43o  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXII. 

grand,  bien  fait,  libéral,  gracieux,  magnifique  jusques  à  la  prodigalité,  Si 
d'une  probité  à  toute  épreuve.  Il  avoit  donné  des  marques  de  sa  valeur  en 
différentes  occasions,  surtout  dans  les  guerres  d'Espagne  contre  les  Sarrasins, 
sur  lesquels  il  avoit  conquis  diverses  places.  Jamais  prince  ne  porta  si  loin 
que  lui  son  dévouement  envers  le  Saint-Siège,  Se  le  seul  défaut  qu'on  peut 
lui  reprocber,  c'est  d'avoir  eu  un  penchant  trop  violent  pour  les  femmes. 
Cette  passion  l'engagea  sans  doute  à  cultiver  la  poésie  provençale,  dans 
laquelle  il  se  distingua,  8c  à  protéger  les  poètes  provençaux,  qu'il  aida  de  ses 
libéralités.  On  le  met  en  effet  au  nombre  des  plus  célèbres  poètes  de  son 
temps  dans  un  ancien  manuscrit'  de  la  Bibliothèque  du  roi,  où  on  trouve 
une  pièce  de  sa  façon  ^. 
^Éj.origm.  Parmi  ces  poètes,  l'un  de  ceux  qui  eurent  plus  de  part  à  la  faveur  de  ce 
prince  fut  un  nommé  Perdigon,  qui  le  paya  d'ingratitude.  «  Perdigon^,  est-il 
«  dit  dans  la  vie  de  ce  poëte,  étoit  fils  d'un  pêcheur  du  bourg  de  l'Espérou, 
«  dans  le  Gévaudan.  Comme  il  savoit  très-bien  trouver  Si  jouer  du  violon,  il 
«  se  fit  jongleur,  Si  acquit  l'estime  du  dauphin  d'Auvergne,  qui  le  retint 
«  pour  son  chevalier,  lui  donna  un  établissement  considérable,  eut  soin  de 
«  son  entretien  Si  l'amena  avec  lui  dans  toutes  ses  expéditions  qui  durèrent 
«  longtemps.  Il  reçut  de  grands  honneurs  de  divers  princes  8i  barons.  Si  alla 
«  à  Rome  avec  Guillaume  de  Baux,  prince  d'Orange,  Foulques  de  Marseille, 
«  évêque  de  Toulouse,  Si  l'abbé  de  Cîteaux,  pour  agir  contre  le  comte  de 
«  Toulouse  Si  le  faire  dépouiller  de  ses  domaines,  de  même  que  le  vicomte 
«  de  Béziers,  neveu  de  ce  prince,  Si  solliciter  la  destruction  du  Toulousain, 
<•  du  Querci,  du  pays  de  Béziers  Si  de  l'Albigeois.  Perdigon  fit  ce  voyage 
V.  lorsque  Pierre,  roi  d'Aragon,  eut  été  tué  à  la  tête  de  mille  chevaliers 
«  devant  Muret,  où  ce  prince  perdit  vingt  mille  hommes.  \\  prêcha  Si  chanta 
«  partout  publiquement  pour  engager  les  peuples  à  se  croiser.  Il  composa  un 
o  poëme  en  action  de  grâces  à  Dieu,  de  ce  que  les  François  avoient  défait 
«  le  roi  d'Aragon,  Si  de  la  mort  de  ce  prince  qui  l'avoit  revêtu  Si  comblé  de 
u  bienfaits;  mais  tous  ceux  qui  survécurent  au  roi  Pierre  ne  voulurent  ni 
«  le  voir,  ni  l'entendre.  Si  le  méprisèrent.  Après  la  mort  du  comte  de  Mont- 
«  fort,  de  Guillaume  de  Baux  Si  des  autres  barons  qui  avoient  eu  part  à  la 
«  croisade,  Perdigon,  qu'ils  avoient  protégé,  n'osa  plus  se  montrer.  Si  le  dau- 
«  phin  d'Auvergne  lui  ôta  tous  les  biens  qu'il  lui  avoit  donnés.  Il  se  retiia 

'  Bibliothèque  nationale,  ms.  français  7223.  roi   chercheur   d'aventures,  &  trouva   moyen,  en 

"  Ce  que  dom  Vaissete  dit  ici  est  plutôt  un   pa-  quelques  années,  de  compromettre  la   puissance  & 

négyrique  de  Pierre  d'Aragon  qu'une  appréciation  le  renom  que  lui  avaient  légués  ses  prédécesseurs, 

de    son    caractère.    Il    en    parle    principalement  Le  seul  mérite  réel  qu'on   puisse  lui   reconnaître 

d'après    la   chronique    dite   de  Jacme,   qui,    quel  est  d'avoir  protégé  la  littérature  &  les  poètes;  mais 

qu'en  soit  l'auteur,  est  extrêmement  favorable  à  ce  mérite  lui  était  commun  avec  tous   les  printci 

ce  prince.  Ce  qu'on   sait  de  la  conduite  privée  de  de  son   temps,  même  avec   Richard   d'Angleterre, 

Pierre    &   surtout   de    ses   rapports   avec   la    reine  dont  le  caractère  (cruauté  à  part)  ressemble  au  sien 

Marie  de  Montpellier  &  la   commune   de  Mont-  par  plus  d'un  point.   [A.  M.] 

pellier,  le  montre  sous  un  aspect  beaucoup  moins  '  Mss.  7226  &  7698.  —  Baluze,  Histoire  généi- 

favorable.  Léger,  inconséquent,  avide,  il   fut   un  logique  de  la  maison  d'Auvergne,  t,  3,  p.  253. 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXII.  43  i   "" T 

"  An  liiJ 

«  alors  auprès  de  Lambert  de  Monteil,  gendre  de  Guillaume  de  Baux,  & 
«  employa  le  crédit  de  ce  seigneur  pour  être  reçu  dans  l'abbaye  d'Aiguebelle, 
«  de  l'ordre  de  Cîteaux,  où  il  prit  l'habit  religieux  8<  où  il  mourut.  »  On 
trouve  cinq  poëmes  ou  chansons  de  sa  façon  dans  l'un  des  deux  manuscrits 
de  la  Bibliothèque  du  roi,  qui  contiennent  les  vies  Se  les  ouvrages  des 
anciens  poètes  provençaux.  Nostradamus  '  rapporte  quelques  autres  circons- 
tances de  sa  vie  qui  paroissent  fabuleuses,  entre  autres  son  prétendu  mariage 
avec  Saure  de  Sabran.  Il  lui  attribue  une  histoire  en  vers  des  victoires  de 
Raimond-Bérenger,  dernier  du  nom,  comte  de  Provence. 

Les  anciens  historiens  ont  soin  d'observer  que  si  Pierre,  roi  d'Aragon,  prit 
les  armes  contre  Simon  de  Montfort  81  les  croisés,  ce  fut  uniquement  pour 
l'amour  de  ses  deux  soeurs,  femmes  des  deux  comtes  de  Toulouse,  père  &  fils, 
dont  ce  général  avoit  juré  la  perte,  8c  qu'il  persécutoit  avec  trop  de  passion 
St  nullement  pour  soutenir  les  hérétiques.  On  voit,  en  effet,  l'éloignement 
que  Pierre  avoit  de  ces  sectaires  par  plusieurs  ordonnances^  très-sévères  qu'il 
fit  publier  contre  eux.  Du  reste,  Simon  ayant^  remis  le  corps  de  ce  prince 
aux  frères  de  l'hôpital  de  Jérusalem,  il  le  fit  transporter  8<.  inhumer  dans  le 
monastère  de  Sixena,  en  Aragon,  fondé  pour  des  filles  de  cet  ordre  par  la 
reine  Sancie,  sa  mère.  Un  ancien  auteur'*  remarque  qu'on  l'inhuma  en  terre 
sainte,  parce  qu'il  avoit  un  privilège  du  pape  de  ne  pouvoir  être  excommunié 
sans  son  ordre  spécial.  On  prétend^  que  le  tombeau  de  ce  prince  ayant  été 
ouvert  en  i555  on  trouva  son  corps  tout  entier  8<.  seulement  un  peu  gâté  du 
nez.  On  jugea  par  l'inspection  que  Pierre  avoit  beaucoup  de  majesté  8c  qu'il 
étoit  d'une  taille  qui  approchoit  de  la  gigantesque.  Jacques  I,  son^  fils  unique 
81  de  Marie  de  Montpellier,  âgé  seulement  alors  de  cinq  ans  &c  demi,  hérita 
de  tous  ses  Etats.  Simon  de  Montfort  qui  avoit  mis  ce  jeune  prince  dans  son 
palais  de  Carcassonne,  prit  encore  de  nouvelles  précautions  pour  s'assurer  de 
sa  personne,  8c  un  ancien'^  historien  le  loue  beaucoup  de  ne  l'avoir  pas  fait 
mourir  pour  se  venger  de  ce  que  le  roi  Pierre  avoit  rompu  l'alliance  qu'ils 
avoient  contractée  ensemble. 

LVIH.  —  Les  Toulousains  font  des  démarches  pour  se  soumettre. 

On  n'eut  pas  plutôt  appris  à  Toulouse  8  le  succès  de  la  bataille  de  Muret 
que  toute  la  ville  fut  dans  le  deuil  8c  dans  la  consternation.  Il  n'y  étoit  resté, 
en  effei,  aucun  citoyen  qui  n'eût  à  regretter  la  mort  de  son  parent  ou  celle 
de  son  ami.  Les  comtes  de  Toulouse,  de"  Foix  8c  de  Comminges,  qui  s'y 
étoient  réfugiés,  ayant  tenu  conseil  8c  voyant  qu'ils  n'avoient  pas  assez  de 

'  Nostradamus,  Poéffïjf rovfnfaB*,  j).  123  &  suiv.  '  Gesta   comitum   Barcinonensium,  ce.  24   &   26. 

'  Mtrca  Hispanica,  ce.  52 1 ,  i384,  1397,  &c.  '  Guillaume  de  Puylaurens,  c.  22. 

'  Guillaume    de    Puylaurens,    c.    22.   —  Gesta.  *  Ihid. 

comitum  Barcinonemium,  c.  24.  '  Voyez    tome  VIII,  c.   98.  [Guillem  de  Tudèle, 

*  Albéric,  Chronicon,  an.   I2|3.  vers  3097  à  3ii2,] 
'  Catcl,  Mém.  de  l'histoire  du  Languedoc,  p.  29S, 


—; 7~  432  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXII. 

forces  pour  résister  aux  armes  victorieuses  de  Simon  de  Montfort,  résolurent 
tm^^'k  ''^  ^^  retirer  &(.  de  céder  au  temps.  Le  comte  Raimond,  en  partant,  déclara 
entre  autres  choses  aux  Toulousains,  qu'il  étoit  résolu  de  retourner  à  Rome 
pour  y  porter  ses  plaintes  au  pape  des  vexations  que  lui  Se  ses  alliés  avoient 
à  sourtrir,  8c  qu'en  attendant  il  les  chargeoit  du  soin  de  pourvoir  à  leur 
sûreté  &  de  se  défendre  en  cas  d'attaque.  Ce  prince  8c  les  deux  comtes,  ses 
alliés,  sortirent  ensuite  de  Toulouse.  Raimond  fit  le  voyage  de  Rome;  mais 
ce  ne  fut  pas  si  tôt.  Un  ancien  '  auteur  fait  entendre  qu'il  se  retira  alors  à 
la  cour  du  roi  d'Angleterre,  son  beau-frère. 

Cependant  les  évêques  Se  les  abbés  qui  étoient  demeurés  à  Muret  après  la 
bataille,  crurent  devoir  profiter  de  cette  conjecture  pour  engager  les  Toulou- 
sains à  se  soumettre  entièrement  aux  ordres  du  pape  Se  de  ses  légats,  8c  ils 
entrèrent  là-dessus  en  négociation  avec  ces  peuples,  qui  promirent  une  entière 
obéissance.  Comme  ces  prélats  ne  se  fioient  pas  aux  promesses  des  Toulou- 
sains, à  cause  qu'ils  avoient  donné  autrefois  dix  des  plus  qualifiés  d'entre  eux 
en  otage,  8c  qu'ils  les  avoient  laissé  tomber  en  commise,  ils  demandèrent 
deux  cents  otages  entre  les  principaux  bourgeois  de  Toulouse.  Enfin  ces  peu- 
ples, après  avoir  disputé  longtemps  sur  le  nombre,  en  offrirent  soixante.  Les 
évêques  en  furent  contents;  mais  quand  il  fallut  les  livrer,  les  Toulousains 
retirèrent  leur  parole.  Se  il  n'y  eut  rien  de  conclu. 

LIX.  —  Simon  profite  de  sa  victoire,  6-  porte  ses  armes  du  côté  du  Rhône. 

Durant  ces  négociations,  les  habitans  de  Rabastens  en  Albigeois,  qui 
avoient  abandonné  le  parti  de  Simon  de  Montfort  pour  embrasser  celui  du 
comte  de  Toulouse,  leur  seigneur,  n'eurent  pas  plutôt  appris  la  victoire  du 
premier,  qu'ils  se  remirent  sous  son  autorité.  Simon  rendit  ce  château  à  Gui, 
son  frère,  auquel  il  l'avoit  déjà  donné,  8c  qui  y  mit  garnison.  Il  reçut  peu 
de  jours  après  un  nouveau  renfort  de  croisés,  conduit  par  Raoul,  évêque 
d'Arras,  avec  lequel  il  entra  dans  le  pays  de  Foix,  8c  fit  des  courses  jusqu'au 
château  de  ce  nom  dont  il  brûla  les  faubourgs.  Après  avoir  ravagé  tout  ce 
pays  8c  mis  le  feu  partout,  excepté  aux  forteresses  qu'il  ne  put  soumettre,  il 
s'étendit  dans  le  Comminges,  où  il  accorda  des  lettres  de  sauvegarde^  en 
faveur  de  l'abbaye  de  Fontfroide  datées  de  l'armée  du  seigneur  6-  du  camp  de 
Roquefort,  l'an  I2i3,  la  veille  de  Saint-Luc  l'èvangéliste. 

Ce  général  apprit  vers  le  même^  temps  qu'il  s'étoit  élevé  divers  mouvemens 
du  côté  du  Rhône;  que  la  noblesse  de  Provence  avoit  rompu  la  paix  qu'elle 

■  Albéric,   Chronicon,  ann.    1114.  —  Raoul  de  fait  remarquer  M.  Meyer  (t.  2,  pp.  167  &   168}. 

Coggesh.ile,  historien  contemporain,  dit  la   même  [A.  M.] 

chose.  [Hist.  Ac  France,  t.  18,  p.  ic6.)  Voyez  aussi  "  Archives  de  l'abbaye  de  Fontfroide.  [Cf.  notre 

Bernard  Itier,  Chroniques  de  Saint-Martial  Je  Li-  Catalogue,  n.  72;    la    date  est  corrompue  dans  le 

mogtf.  Un.  de  la  Société  de  l'histoire  de   France,  texte   de    Doat.    La    conjecture    de    dom   Vaissete 

p.  90).  La    première  de  ces  chroniques  dit   même  nous  paraît  d'ailleurs  admissible.] 

que   Raimond    VI    prêta    hommage   à   Jcan-sans-  '  Pierre  de  Vaux-Cernay,  c.  75. 
Terre;    Mai>   son    témoignage  est   isolé,  comme   le 


An  12  1 3 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXII.  ^33 

avoit  juré  d'observer,  £<.  que  s'étant  saisie  de  tous  les  passages,  elle  faisoit 
beaucoup  de  mal  aux  croisés  de  France  qui  prenoient  leur  route  de  ce  côté-là. 
Il  est  fort  vraisemblable  que  le  comte  de  Toulouse  se  retira  d'abord  dans  ce 
pays  après  la  bataille  de  Muret,  qu'il  tâcba  de  le  faire  déclarer  en  sa  faveur, 
Se  qu'il  étoit  le  principal  auteur  de  tous  ces  mouvemens.  Pour  y  remédier, 
Simon  prit  le  chemin  du  Rhône,  Se  passa  par  Narbonne  dont  les  habitans 
lui  fermèrent  les  portes,  en  sorte  qu'il  fut  obligé  de  coucher  dehors.  Ceux 
de  Béziers  en  firent  autant,  mais  il  fut  reçu  à  Montpellier.  Ceux  de  Nimes 
vouloient  aussi  lui  refuser  l'entrée  de  leur  ville;  mais,  craignant  les  effets  de 
son  ressentiment,  ils  l'admirent  enfin  chez  eux  avec  ses  troupes,  8c  lui  firent 
un  très-bon  accueil.  Il  se  rendit  de  là  au  château  de  ïkaucaire,  Se  arriva  enfin 
à  Largentière,  dans  le  Vivarais',  où  Pons  de  Montlaur  causoit  beaucoup  de 
troubles.  La  plupart  des  croisés  5,'étoient  alors  retirés,  Se  il  n'avoit  avec  lui 
que  quelques  stipendiaires.  L'archevêque  de  Narbonne  l'accompagna  pour 
faire  réussir  une  négociation  dont  nous  parlerons  bientôt. 

Pons  de  Montlaur,  d'une  ancienne  maison  du  Vivarais,  que^  quelques-uns 
confondent  avec  une  autre  de  ce  nom  dans  le  Toulousain,  alarmé  des  appro- 
ches de  Simon,  alla  à  sa  rencontre  &c  lui  fit  ses  soumissions.  Aymar  de  Poi- 
tiers, comte  de  Valentinois,  étoit  aussi  en  armes  dans  ce  quartier,  où  il 
possédoit  de  grands  domaines;  il  s'étoit  déclaré  en  faveur  du  comte  de  Tou- 
louse, avec  lequel  il  avoit  toujours  été  très-uni  8t  dont  il  étoit  vassal  :  prévenu 
sur  l'arrivée  de  Montfort,  il  avoit  eu  soin  de  se  fortifier,  8<.  il  étoit  si  bien 
muni  que  ce  général,  passant  auprès  d'un  des  châteaux  de  ce  comte,  qu'il 
avoit  résolu  d'attaquer,  n'osa  l'entreprendre. 

LX.  —  Simon   conclut  le  mariage   d'Amaurî,   son  fils,  avec  l'héritière 
du  D.iuphiné,  6-  soumet  le  comte  de  Valentinois, 

Simon  traversa  le  Rhône  &  se  rendit  à  Romans,  près  de  Valence,  où  Eudes, 
duc  de  Bourgogne,  suivi  des  archevêques  de  Lyon  81  de  Vienne,  vint  le 
trouver,  8<  eut  une  conférence  avec  lui.  Le  comte  de  Valentinois  %y  rendit  l 'uj "p'^ijo 
aussi,  à  leurs  instantes  prières;  mais  il  ne  voulut  écouter  aucune  proposition 
de  paix.  Le  duc  de  Bourgogne  &  Simon  de  Montfort  le  firent  appeler  bientôt 
après  à  une  nouvelle  conférence,  &  ne  purent  encore  rien  gagner  sur  lui. 
Le  duc,  irrité  de  ce  refus,  se  mit  en  état  avec  Simon  de  le  contraindre  par  la 
force  à  se  soumettre  aux  ordres  de  l'Eglise  8<  à  ceux  de  ce  général.  Ces  pré- 
paratifs firent  impression  sur  Aymar,  qui  consentit  enfin  à  toutes  les  volontés 
de  Simon,  Se  lui  livra,  pour  la  sûreté  de  ses  promesses,  quelques-uns  de  ses 
châteaux,  dont  ce  général  confia  la  garde  au  duc  de  Bourgogne. 

La  soumission  du  comte  de  Valentinois  8<.  des  autres  seigneurs  qui  avoient 
pris  les  armes  du  côté  du  Rhône  en  faveur  du  comte  de  Toulouse,  ne  fut 

'  Simon    de   Montfort    était   à    Largentière,   le  *  Lnnglois,  Histoire  des  croisades  contre  les  alhi~ 

5  novembre    1213;   voyez   notre  Catalogue,  n.  yii.       geois,  1.  <>,  p.  'Si6. 

[A.  M.) 

VI.  a» 


An  1 2 1  j 


An 


1214 


434  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXII. 

pas  le  seul  motif  qui  engagea  Montfort  à  faire  un  voyage  dans  ce  pays  :  il 
avoit  principalement  en  vue'  d'y  aller  conclure  le  mariage  d'Amauri,  son 
fils  aîné,  avec  Béatrix,  fille  unique  d'André  de  Bourgogne,  dit  Guigues  VI, 
dauphin  de  Viennois,  6c  de  Béatrix  de  Sabran-Castelard,  sa  femme,  dans 
l'espérance  qu'elle  hériteroit  un  jour  du  Dauphiné.  Simon,  pour  avancer 
cette  affaire,  avoit  prié  Arnaud,  archevêque  de  Narbonne,  de  l'accompagner, 
parce  que  ce  prélat  avoit  beaucoup  de  crédit  sur  l'esprit  d'Eudes  III,  duc  de 
Bourgogne,  frère  du  dauphin.  Arnaud  agit  en  effet  si  bien  auprès  du  duc, 
que  ce  prince  consentit  au  mariage  de  Béatrix,  sa  nièce,  avec  le  jeune  Amauri, 
Simon  fit  un  assez  long  séjour  dans  le  pays  pour  terminer  cette  négociation  % 
Si.  il  étoit  encore  à  Valence  le  mercredi  avant  la  fête  de  Saint-Nicolas  de 
l'an  i2i3. 

LXI.  —  Les  Aragonois  8c  les  Catalans  font  la  guerre  à  Simon  qui  refusait 

de  leur  remettre  leur  roi. 

Pendant  l'absence  de  Montfort,  un  corps  d'Aragonois  8c  de  routiers  fit 
des  courses  dans  ses  domaines,  8c  les  ravagea  jusqu'à  Béziers,  sous  prétexte 
qu'il  refusoit  de  leur  remettre  le  jeune  Jacques  leur  roi,  qu'ils  lui  avoient 
fait  demander  par  une  ambassade  solennelle  après  la  bataille  de  Muret. 
Montfort  apprit  en  même  temps  que  plusieurs  chevaliers  du  pays  avoient 
abandonné  son  parti  8c  s'étoient  déclarés  pour  ses  ennemis;  cette  révolution 
l'engagea  à  quitter  les  bords  du  Rhône  8c  à  retourner  du  coté  de  Toulouse. 
A  son  arrivée,  il  désola  tous  les  environs  de  cette  ville  pendant  quinze  jours 
S<.  fit  raser  divers  châteaux. 

LXII.  —  Arrivée  du  cardinal  de  Bénévent,  nouveau   légat, 
dans  la  Province. 

Le  cardinal  Robert  de  Corçon,  légat  en  France,  qui  jusqu'alors  avoit  fait 
ses  efforts  pour  exciter  les  peuples  à  se  ci'oiser  pour  la  Terre-Sainte,  8c  engagé 
ceux  qui  prêchoient  la  croisade  contre  les  hérétiques  toulousains,  à  travailler 
en  faveur  des  lieux  saints,  se  rendit  enfin  aux  remontrances  de  diverses 
personnes  zélées,  8c  permit  non-seulement  à  quelques-uns  des  prédicateurs 
de  faire  prendre  la  croix  pour  aller  combattre  les  hérétiques,  mais  il  se  croisa 
lui-même  contre  eux.  Le  pape  envoya  vers  le  même  temps  un  légat  a  latere 
dans  la  Provence  Se  les  pays  voisins,  suivant  la  promesse  qu'il  en  avoit  faite 
au  roi  d'Aragon.  Il  choisit  pour  cette  fonction  Pierre  de  Bénévent,  cardinal 
du  titre  de  Sainte-Marie  en  Acquire.  Il  le  fit  partir  vers  la  fin  de  janvier-^  de 
l'an  1 214,  8c  le  recommanda  aux  archevêques,  évêqucs  8c  autres  prélats  des 

■  Pierre  de  Vaiix-Cernay,  c.  7.5.  —  Le  P.  An-  tre  Catalogue,  n.  74.  La  charte  est  du  4  décembre 

inXme,  Histoire  généalogique  des  grands  officiers,  t.  1,  121 3.] 

V-  5rt4.  '  Innocent.   III  1.  16,  Epist.  \6i.  —  [Potthast, 

'  Manuscrits  de  Colbert,    n,  2275.    [Voyez  no-  n.  4882.] 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXII.  483 

provinces  d'Embrun,  Aix,  Arles  &  Narbonne,  avec  ordre  de  lui  obéir.  Il  lui' 
ordonna  :  1°  De  s'informer  sur  les  lieux,  s'il  étoit  vrai  que  la  vicomte  de 
Nimes  fût  une  dépendance  de  celle  de  Béziers,  comme  Simon  de  Montfort, 
qui  la  tenait  en  sa  main  au  nom  de  l'Eglise  romaine,  le  prétendoit,  &t  de  lui 
marquer  ce  qui  en  étoit.  2°  De  réconcilier  à  l'Lglise  le  comte  de  Comminges 
8<.  Gaston  de  Béarn,  &  de  disposer  de  leurs  personnes  comme  il  le  jugeroit  à 
propos,  du  conseil  des  gens  sages,  quoiqu'ils  fussent  coupaliles  de  divers 
crimes  énormes;  parce  que,  ajoute-t-il,  on  ne  doit  pas  refuser  l'entrée  de 
l'Eglise  à  ceux  qui  frappent  à  la  porte  avec  humilité.  3°  Enfin,  de  rétablir 
aussi  dans  l'unité  ecclésiastique  les  Toulousains,  nonobstant  leurs  excès,  à 
cause  qu'ils  avoient  demandé  plusieurs  fois  d'être  réconciliés,  8c  en  dernier 
lieu  par  Pierre  Guitard  &c  Bernard  Gilabert,  leurs  ambassadeurs,  après  tou- 
tefois qu'ils  auroient  donné  une  caution  suffisante,  n  La  ville  de  Toulouse, 
<i  dit  le  pape  dans  sa  lettre,  étant  ainsi  réconciliée,  demeurera  sous  la  pro- 
«  tection  du  Saint-Siège,  sans  qu'elle  puisse  être  inquiétée  à  l'avenir  par  le 
Il  comte  de  Montfort,  ou  les  autres  catholiques,  tant  qu'elle  persévérera  dans 
<i  la  foi  £<.  la  paix  ecclésiastique.  Que  si  ses  habitans  refusent  de  faire  satis- 
«  faction  8<.  persistent  dans  leurs  erreurs,  nous  vous  ordonnons  d'exciter  les 
u  croisés  Se  les  autres  fidèles,  en  renouvelant  les  indulgences,  à  détruire  cette 
<i  peste,  soit  parmi  eux,  soit  parmi  tous  les  autres  receleurs  8<.  fauteurs  des 
«  hérétiques,  qui  sont  encore  plus  dangereux  que  les  hérétiques  mêmes.  » 

Ces  lettres  prouvent  :  1°  Que  Simon  de  Montfort  en  passant  à  Nimes 
après  la  bataille  de  Muret,  vers  le  mois  de  novembre  de  l'année  précédente, 
s'étoit  emparé  de  cette  ville  comme  d'une  dépendance  des  vicomtes  de 
Béziers  &  de  Carcassonne,  8c  que  pour  colorer  son  usurpation,  il  avoit  déclaré 
la  tenir  du  pape,  8c  en  avoit  pris  possession  au  nom  8c  comme  par  ordre  de 
l'Eglise  romaine,  quoiqu'il  n'y  eût  point  d'hérétiques^.  2°  Que  le  comte  de 
Comminges,  le  vicomte  de  Béarn  8c  les  Toulousains  envoyèrent  à  Inno- 
cent III,  peu  de  temps  après  la  même  bataille,  pour  lui  demander  grâce  8c  se 
soumettre  entièrement  k  ses  volontés.  Le  pape  écrivit^  enfin,  le  22  de  janvier 
de  l'an  12  14,  à  Simon  de  Montfort  pour  lui  recommander  le  nouveau  légat, 
avec  ordre  de  lui  obéir  8c  de  le  traiter  favorablement.  Il  lui  marque  qu'il 
avoit  chargé  ce  cardinal  de  l'obliger  à  rendre  le  jeune  prince  Jacques,  fils  de 
feu  Pierre,  roi  d'Aragon,  à  ses  sujets. 

LXIII.  —  Simon  est  enfin  obligé  de  rendre  le  jeune  roi  d'Aragon  à  ses  sujets. 

Nous  avons  déjà  remarqué  que  les  Aragonois  8c  les  Catalans,  sur  le  refus 
que  Simon  leur  avoit  fait  de  leur  remettre  ce  jeune  prince,  leur  souverain, 

'  Innocent.  III  1.   \6,  Epist.   170.  —  [Potthast,  quisition    n'y  fonctionna    jamais   d'une   manière 

n"»  4886,  4887,  4890.]  régulière.   [A.  M.] 

'  Nimes,  en  effet,  appartenait  au  comte  de  Tou-  '  Innocent.  III   1.   i(5,  Epist.    171.  —  [Potthast, 

louse  depuis  1  LS7  ;    les    hérétiques    paraissent    n'y  n.  4iiy~.] 
avoir  jamais  été  très-nombreux,  du   moins   l'In- 


An  12U 


IM.  ongin. 
l.  111,  p.  257. 


An  lîi^, 


436  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXII. 

lui  avoient  déclaré  la  guerre.  Nugnez  Sanche',  fils  du  comte  de  Roussillon, 
&  proche  parent  du  jeune  roi,  Guillaume  de  Montcade  8c  Guillaume  de 
Cardonne,  appuyés  du  vicomte  de  Narbonne,  furent  les  chefs  de  cette  expé- 
dition. Tandis  qu'ils  agissoient  par  la  voie  des  armes ^,  ils  firent  solliciter  le 
pape  par  l'évêque  de  Segorve,  ambassadeur  de  la  couronne  d'Aragon  à  Rome, 
d'enjoindre  à  Simon  de  leur  rendre  ce  prince.  Ce  prélat  exécuta  sa  commis- 
sion avec  tant  de  zèle,  qu'il  fournit  de  son  propre  fonds  à  toute  la  dépense 
nécessaire,  Seaux  présens  qu'il  fallut  faire  à  la  cour  romaine  pour  obtenir  cet 
ordre  qui  étoit  très-précis.  En  effet,  le  pape  prévoyant  que  Simon  formeroit 
des  difficultés  pour  s'empêcher  de  remettre  le  roi  d'Aragon,  qu'il  étoit  bien 
aise  de  garder  pour  s'en  servir  suivant  ses  vues  ambitieuses,  lui  parle  en  ces 
termes  dans  sa  lettre  :  a  Comme  il  seroit  tout  à  fait  in<lécent  que  vous  retins- 
«  siez  encore  ce  jeune  prince,  sous  quelque  prétexte  que  ce  soit,  vous  le 
<(  remettrez  entre  les  mains  du  légat,  afin  qu'il  dispose  de  sa  personne  comme 
(I  il  le  jugera  à  propos;  sinon  il  procédera  contre  vous  selon  les  ordres  que 
Il  nous  lui  avons  donnés.  «  Simon  ayant  reçu  cette  lettre,  remit  enfin  le  jeune 
roi  Jacques  entre  les  mains  du  cardinal  Pierre  de  Ijénévent,  à  l'arrivée  de  ce 
légat  dans  le  pays,  comme  nous  le  verrons  bientôt. 

LXIV.  —  Mort   tragique  de   Baudouin ,  frère  de   Raimond  VI, 
comte  de  Toulouse.  —  Sa  postérité. 

Cependant  Baudouin'',  frère  du  comte  de  Toulouse,  après  avoir  visité  les 
domaines  que  Simon  de  Montfort  lui  avoit  donnés  en  fief  en  Agenois,  vint 
dans  le  pays  de  Querci  le  premier  lundi  de  carême,  8<  s'arrêta  au  château 
de  l'Olme  soumis  à  son  autorité.  Le  seigneur  &  les  chevaliers  de  ce  château 
résolurent  alors  de  se  saisir  de  lui  &  de  le  remettre  entre  les  mains  du  comte, 
son  frère,  qui  le  haïssoit  mortellement,  à  cause  de  la  guerre  implacable  qu'il 
ne  cessoit  de  lui  faire.  Ils  mirent  dans  leur  complot  les  chevaliers  S<  les  rou- 
tiers que  le  comte  de  Toulouse  tenoit  en  garnison  dans  le  château  de  Mont- 
levard"*,  situé  au  voisinage,  &  Ratier,  seigneur  de  Castelnau,  château  qu'on 
appelle  encore,  à  cause  de  ce  seigneur,  Castelnau  de  Mont-Ratier,  voulut  être 
de  la  partie.  Baudouin  avoit  d'autant  moins  de  sujet  de  se  défier  du  seigneur 
de  rOlme  que,  outre  qu'il  étoit  son  ami  particulier,  il  avoit  prêté  comme  lui 
serment  de  fidélité  à  Montfort.  Comptant  donc  être  en  sûreté  dans  l'Olme 
il  se  coucha  tranquillement.  Si  tous  ceux  de  sa  suite  en  firent  de  même  dans 
des  maisons  séparées.  Entre  ceux-ci  étoit  un  chevalier  françois,  nommé 
Guillaume  de  Contres,  qu'un  ancien  historien^  du  pays  appelle  toujours 

'  Chrcnica  o  commentin  del  rey  en  Jacmc,  c.  9.  <  C'est    niijoind'luii    Mondenard    (Tnrn-S;-Ca- 

[Nouv.  édit.,  c.  10,  pp.  18,  19.]  ronne),  commune  de  Cazes-Mondenord.    [A.  M.] 

'  Gesti  comltum  Barcinonensium,  c.  26.  —  Ro-  =  Voyez  tome  VIII,  c.   91.    [Nous   avons   laissé 

deric  de  Tolède,   1.  6,  c.  Tj.    —  Zurita,  Anala  de  cette   leçon    fautive    dans   notre   édition   (voyez   le 

la  corona  de  Aragon,  c.  Où  i).i,u\i.  tome   VIII,  passlni),    mais    il    est    tvident    que    le 

'  Pierre  de  Vaux-Cemay,  c.  -.I.  —  Guillaume  rédacteur  do  cette  chronioue  aura  mal  interprété 

de  Pi.ylaurcus,  c.  23.  r.ibtévintion  du  pocte,  fî^.  d'Encontrc] 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXI!.  /i37 

'    '         An  1214 

Verles  d'Encontre,  £v  à  qui  Simon  de  Montfort  avoit  confié  le  gouvernement 
de  Castelsanasin,  S<  un  sergent  françois  que  ce  général  avoit  fait  gouverneur 
de  Moissac.  Durant  la  nuit,  le  seigneur  de  l'OIrae  prend  la  clef  de  la  chambre 
où  le  comte  Baudouin  étoit  couché,  8<  étant  allé  joindre  Pvatier  de  Castelnau  . 
S<  les  routiers  auxquels  il  avoit  donné  rendez-vous  dans  un  certain  endroit, 
il  leur  dit  en  leur  montrant  la  clef  :  «  Pourquoi  tardez-vous?  votre  ennemi 
«  est  entre  vos  mains  :  vous  n'avez  qu'à  vous  dépêcher,  &.  je  vous  le  livre  t'ni^p/'jj'ij. 
«  enseveli  dans  un  profond  sommeil  S<  sans  armes,  &  avec  lui  plusieurs 
«  autres.  »  Aussitôt  ils  suivent  ce  seigneur  qui  les  introduit  dans  le  château; 
ils  posent  des  sentinelles  à  toutes  les  portes  des  maisons  où  il  y  avoit  quel- 
qu'un de  la  suite  du  comte,  allument  ensuite  des  flambeaux,  8t  Ratier  de 
Castelnau,  suivi  du  seigneur  de  l'Olme,  ayant  surpris  Baudouin  dans  son  lit, 
se  saisit  de  sa  personne.  Le  bruit  que  fit  la  prise  de  ce  prince  éveilla  ses 
gens  qui,  voulant  accourir  au  secours,  furent  tous  pris  ou  tués,  à  la  réserve 
d'un  petit  nombre  qui  se  sauva  par  la  fuite. 

Les  routiers  conduisirent  d'abord  Baudouin  à  Montcuq,  château  qui  lui 
appartenoit  8c  dont  les  habitans  les  reçurent  volontiers.  Ils  demandèrent  en 
même  temps  a  ce  prince  de  leur  faire  remettre  incessamment  la  tour  de  ce 
château  où  il  y  avoit  une  garnison  françoise  :  Baudouin,  bien  loin  de  leur 
accorder  leur  demande,  fit  défendre  à  cette  garnison  de  se  rendre,  même 
c[uand  on  le  verroit  prêt  à  être  attaché  au  gibet,  8c  lui  ordonna  de  tenir 
ferme  jusqu'à  ce  que  le  comte  de  Montfort  vînt  à  son  secours.  Les  routiers, 
pour  se  venger  de  ce  refus,  firent  jeûner  Baudouin  pendant  deux  jours  :  le 
troisième  on  lui  permit  de  se  confesser;  mais  un  routier  ne  voulut  pas  souf- 
frir qu'il  communiât  jusqu'à  ce  qu'il  eût  rendu  un  de  ses  camarades  que  ce 
prince  avoit  fait  prisonnier.  La  garnison  de  la  tour  de  Montcuq  se  rendit 
toutefois,  à  condition  qu'on  accorderoit  la  vie  sauve  à  tous  ceux  qui  la  com- 
posoient.  Les  routiers  le  promirent,  8c  manquèrent  bientôt  après  à  leur  parole 
en  les  faisant  tous  pendre.  Ils  emmenèrent  ensuite  Baudouin  à  Montauban, 
où  ils  le  tinrent  dans  une  étroite  prison  jusqu'à  l'arrivée  du  comte  Raimond, 
son  frère,  qui  étoit  alors'  à  la  cour  du  roi  d'Angleterre.  Raimond  arriva 
enfin,  suivi  des  deux  comtes  de  Foix,  père  8c  fils,  de  Bernard  de  Portelle, 
chevalier  aragonois,  Se  de  plusieurs  autres  gens  de  condition  :  il  les  assembla 
aussitôt  hors  la  ville,  8c  là,  ayant  pris  leur  avis,  il  condamna  Baudouin,  son 
frère,  à  mourir,  tant  pour  crime  de  félonie  que  par  représailles  de  la  mort  du 
roi  d'Aragon  à  la([uel!e  il  avoit  contribué.  Un  moderne-  fait  tenir  un  grand 
dialogue  entre  le  comte  de  Toulouse  Se  le  comte  Baudouin,  son  frère,  durant 
le  conseil  de  guerre,  8c  il  rapporte  un  long  discours  de  ce  dernier  pour  se 
laver  du  reproche  de  crime  de  félonie  que  le  comte,  son  frère,  lui  faisoit; 
mais  tout  cela  est  avancé  à  plaisir  Se  sans  aucun  garant. 

Baudauin  se  vo\ant  condamné  à  la  mort,  demanda  la  permission  de  se 

■  Albéric,  Chron'uc::.  »  Laiiglois,  HUto'ire  Jes  crolsaJeS  contre  Us  alll- 

l^eois,  1.  6,  p.  325  &  suiv. 


438  ÎIlSïÔrRÉ  GENERALE  DE  LANGUEDOC,   LIV.  XXIL 

An  II 14        T 

confesser  8<.  l'obtint  avec  peine;  le  comte  de  Foix,  Roger-Bernard  son  fils,  £< 
Bernard  de  Portelle,  le  prirent  ensuite  81  le  pendirent  eux-mêmes  à  un  noyer, 
sans  autre  façon.  Les  chevaliers  du  Temple  enlevèrent  aussitôt  son  corps  & 
Tinhumèrent,  avec  la  permission  du  comte  Raimond,  dans  le  cloître  Si  auprès 
de  l'église  de  leur  commanderie  de  Villedieu,  située  entre  le  Tarn  ik  la 
Garonne  à  deux  lieues  de  Montauban.  Telle  fut  la  fin  funeste  de  ce  prince 
qui  paroissoit  ijiériter  un  meilleur  sort,  &  qui  étoit  très-recommandable  par 
sa  valeur.  Quelques  historiens'  blâment  fort  Raimond  de  l'avoir  fait  mourir, 
surtout  d'une  manière  si  ignominieuse;  mais  sans  vouloir  excuser  ici  ce  comte, 
qui  en  auroit  agi  sans  doute  plus  noblement  en  pardonnant  à  son  frère,  il  est 
certain  que  ce  dernier  lui  avoit  prêté  serm.ent  de  fidélité  comme  un  vassal  à 
son  seigneur,  &  que  s'étant  tourné  néanmoins  contre  lui  pour  embrasser  le 
parti  de  Simon  de  Montfort,  ennemi  juré  de  sa  maison,  il  lui  avoit  iait  tout 
le  mal  qu'il  avoit  pu^. 

Divers  auteurs  font  descendre^  de  Baudouin,  frère  de  Raimond  VI,  comte 
de  Toulouse,  les  vicomtes  de  Lautrec,  qui  vivoient  au  milieu  du  treizième 
siècle,  «"k  dont  quelques  branches  subsistent  encore  de  nos  jours;  mais  quoi- 
qu'il y  ait  de  la  vraisemblance  dans  cette  descendance,  on  n'en  a  cependant 
aucune  preuve  certaine"*.  Ce  qu'il  y  a  de  vrai,  c'est  que  Sicard  V,  vicomte 
de  Lautrec,  dont  nous  ne  trouvons  plus  rien  après  l'an  iigS,  eut  un  fils 
nommé  Frotard,  qui  lui  succéda  £<  qui  vivoit  en  1209.  Depuis  cette  année 
nous  n'avons  rien  des  vicomtes  de  Lautrec  jusqu'en  1222  &  1228  qu'il  est 
fait  mention  des  deux  frères,  Bertrand  I  &  Sicard  \T ,  qui  possédoient  cette 
vicomte  par  indivis,  8t  dont  on  ignore  la  filiation;  ainsi  rien  n'empêche 
i^d.origin.  qu'ils  ne  fussent  fils  de  Baudouin  de  Toulouse,  81  d'Alix,  sœur  &  héritière  de 
Frotard,  vicomte  de  Lautrec,  dont  on  vient  de  parler.  Or,  comme  Baudouin 
ne  contracta  ce  mariage  que  vers  l'an  1196,  &  que  le  comte  de  Toulouse 
confisqua  sur  lui  après  sa  mort,  pour  crime  de  félonie,  la  vicomte  de  Bruni- 
quel  £<  les  autres  domaines  qu'il  lui  avoit  donnés  en  fief,  Bertrand  &  Sicard 
dévoient  être  peu  avancés  en  âge  dans  le  temps  de  cette  mort,  8c  ils  n'auront 
recueilli  que  la  succession  d'Alix  leur  mère,  c'est-à-dire  la  vicomte  de  Lautrec, 
qu'ils  transmirent  à  leurs  descendans  dont  nous  parlerons  dans  la  suite  2. 

'  Pierre  de  Vaux-Cemay,  c.   7.'i.  —  Guillaume  dent  linpiobnMe  l'opinion  de  dom  Vaissete.  Vcîcî 

■de  Puylaurens,  c.  23.  ces  faits  ;  d'après  le  savant  bénédictin,  Baudouin, 

"  Le  récit  de  Pierre  de  Vaux-Cernay  est  ici  iin-  frère  de   Raimond  VI,   aurait  épousé  Alix,  sœur 

plicitement  confirmé  par  le  silence  absolu  du  poète  de    Frotard    de   Lautrec,   vers    1196;   son   premier 

anonyme,   qui   ne   dit    rien   de   la   mort  de  Bau-  enfant   serait  donc  né  au  plus  tôt  vers  1197;   or 

douin.   Cette   affaire    fait   peu    d'honneur  à  Rai-  nous  sommes  certains  qu'avant  juin  1218,  date  do 

mond  VI.   La   seule  excuse   qu'on    puisse  donner  la  mort  de  Simon  de  Montfort,  un  Sicard,  vicomta 

à  sa  conduite,  s'il   est  possible  de  lui   en   donner  de  Lautrec,  épousa  Agnès,  parente  de  Mathieu  de 

une,  est  l'animosité  qu'avait  excitée  partout  cette  Mailly;  Simon  donna  en  dot  à  la  nouvelle  vicom- 

abominabU  guerre.   [A.  M.]  tesse   les   châteaux    de    Sénegas    &   de  Montredon 

3  Voyez  tome  VII,  JVorc  XVIII,  pp.  53  à  60.  (cf.    tome  VIII,   c.    1022J.    Il    est   vrai   que   Sicard 

■*  Il>''l-  pouvait  avoir  alors  vingt  ans  environ,  en  le  sup- 

'  Sans  nous  prononcer  sur  une  question   aussi  posant  né  vers  1197;  mais  on  conviendra  oue  le: 

islicate,  nous  rappellerons  certains  faits  qui  ren-  dates   sont  si   précises  qu'il  faut  jusqu'à   nouvel 


t.  III 


p.  2>g. 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LlV.  XXLI.  ^Sg 

LXV.  —  Âymeri,  vicomte  de  Karhonne ,   déclare   la  guerre  à  Simon 

de  Montfort. 

Aymeri,  vicomte'  de  Narbonne,  qui  avoit  déjà  pris  hautement  le  parti  des 
peuples  d'Aragon  &  de  Catalogne,  avant  rassemblé  un  corps  de  troupes  de 
ces  deux  nations  &  celles  de  sa  vicomte,  se  disposoit  à  faire  irruption  dans 
les  terres  de  Simon,  lorsque  ce  général,  qui  fut  averti  de  ses  desseins,  8c  à  qui 
Guillaume  des  Barres,  son  frère  utérin,  avoit  amené  un  grand  renfort,  résolut 
de  le  prévenir.  Simon  ayant  pénétré  dans  le  Narbonnois,  y  fait  le  dégât,  S< 
se  rend  maître  de  la  plupart  des  châteaux  du  pays.  II  marche  ensuite  droit  à 
Narbonne  contre  le  vicomte  qui  étoit  campé  sous  les  murs  de  cette  ville.  Il 
partage  son  armée  en  trois  corps,  &  ayant  pris  le  commandement  de  l'avant- 
garde,  il  s'avance  fièrement  vers  Aymeri  8c  l'attaque.  Les  troupes  du  vicomte 
qui  étoient  avantageusement  postées  sur  une  hauteur,  se  défendent  avec 
beaucoup  de  bravoure,  repoussent  les  croisés  8c  les  poursuivent  vivement. 
Simon  se  bat  en  retraite,  8c  ayant  fait  un  effort,  les  sangles  de  la  selle  de  son 
cheval  viennent  à  se  rompre,  &c  il  tombe  par  terre.  Aussitôt  ses  adversaires 
mettent  tout  en  œuvre  pour  se  saisir  de  sa  personne  ou  pour  le  tuer;  mais  les 
croisés  étant  accourus  en  foule,  leur  font  quitter  prise  8c  le  délivrent  de  leurs 
mains.  Guillaume  des  Barres,  qui  conduisoit  l'arrière-garde,  survient,  se  jette 
dans  la  mêlée,  8c  force  enfin  les  confédérés  à  se  retirer  dans  Narbonne. 

LXVI.  —  Le  cardinal  de  Bénêvent ,  légat  dans  la  Province,  suspend  la 
hostilités.  —  Simon  remet  Moissac  à  son  obéissance  (y  lève  le  siège  d'.t 
Mas  d'Agenois. 

Sur  ces  entrefaites,  le  cardinal  légat ^,  Pierre  de  Bénêvent,  étant  arrivé  dans 
la  Province,  ordonna  au  vicomte  8c  aux  habitans  de  Narbonne  de  convenir 
d'une  trêve  avec  Montfort,  8c  à  ce  dernier  de  suspendre  les  hostilités  contre 
ces  peuples,  ce  qu'il  fit.  Simon  alla  ensuite  au-devant  du  nouveau  légat,  8c 
après  avoir  conféré  avec  lui,  il  marche  vers  Moissac  pour  réduire  les  habitans 
de  cette  ville,  qui  avoient  secoué  le  joug  de  son  obéissance,  8c  pour  agir  contre 
Raimond,  comte  de  Toulouse,  qui  tenoit  avec  eux  le  château  de  Moissac 
assiégé  depuis  trois  semaines  à  la  tête  des  routiers.  Raimond,  n'osant  attendre 
Son  arrivée,  prit  le  parti  de  lever  le  camp.  Simon,  après  s'être  rendu  maître 
de  Moissac,  part  pour  l'Agenois,  afin  de  remettre  aussi  sous  son  autorité  ce 
pays  que  Jean,  roi  d'Angleterre,  qui  y  avoit  fait  depuis  peu  un  voyage,  avoit 

ordre  rester  dans  un  doute  prudent.  Remarquons  '  Pierre  de  Vauv-Cernay,  c.  76.  —  [II  est  plu- 

cn  outre  qu'un  vicomte  de  Lautrec  est  mentionné  sieurs  fois  question  de  cette  guerre  avec  Aimeri  di3 

plusieurs   fois  par  le  poëie  provençal,  continua-  Narbonne  dans  le  registre  /  des  Enquêteurs  royaux, 

teur  de  Guillem  de  Tudéle,  qui  ne  dit  nulle  part  notamment  au  f  64  a.  Voyez  au  tome  VII. | 
qu'il  fut  neveu  du  comte  de  Toulouse;  (Voyez  no^  '  Pierre  d<  Vaux-Cernay,  c.  77. 

{6:r.,ncnt  vers  91  16.)  [A.  M.) 


An  \ziA 


.'.n  111.} 


440  HISTOIRE  GÉNÉKALE  DE  lAKgUËDOC.  LIV.  XX!!".^ 

engagé  à  rentrer  sous  la  domination  du  comte  de  Toulouse,  son  beau-freiV., 
qu'il  avoit  promis  de  soutenir  de  toutes  ses  forces.  Il  arrive  au  bord  de  la 
Garonne,  dans  le  dessein  d'assiéger  le  Mas-d'Agenois,  l'une  des  plus  fortes 
places  du  pays,  située  à  la  gauche  de  ce  fleuve.  Se  y  rencontre  un  grand 
nombre  de  bateaux  armés  par  les  habitans  de  la  Réole,  prêts  à  lui  disputer  le 
passage  :  il  le  tente  néanmoins,  &  ayant  passé  malgré  tous  les  efforts  de  ses 
ennemis  pour  l'en  empêclier,  il  campe  devant  le  Mas  &  attaque  le  château; 
jiiais  au  bout  de  trois  jours  il  est  obligé  de  lever  le  siège,  tant  à  cause  qu'il 
manquoit  de  machines,  que  parce  que  le  légat  le  pressoit  de  l'aller  trouver 
■  à  Narbonne.  Simon,  à  son  retour,  passa'  à  Penne,  en  Agenois,  le  dimanche" 
iiorès  l'octave  de  Pâques,  c'est-à-dire  le  i3  d'avril  de  l'an  12 14. 

LXVII.  —  Les  Aragonois  vont  recevoir  leur  roi  à  Narbonne. 

Simon,  à  son  arrivée  à  Narbonne,  remit  entre  les  mains  du  légat  le  jeune 
roi  Jacques,  que  la  principale  noblesse  d'Aragon^  St  de  Catalogne  vint  rece- 
voir dans  cette  ville.  Quelques  modernes  prétendent  que  Jacques  fit  alors 
serment  à  Montfort  de  ne  jamais  porter  les  armes  contre  lui.  Se  de  ne  pas 
tirer  vengeance  de  la  mort  de  son  père.  Mais,  outre  que  ce  fait  n'est  appuyé 
sur  l'autorité  d'aucun  ancien  historien,  ces  auteurs  n'ont  pas  fait  attention 
que  le  roi  d'Aragon  n'étoit  âgé  alors  que  de  six  ans  6;  demi;  ainsi  qu'il  le 
marque  lui-même  dans  les  mémoires  de  sa  vie.  Se  non  de  trei-^e  ans  quatre 
mois,  comme  ils  l'assurent-^.  Jacques  tut  conduit  ensuite  au  château  de 
Monçon,  en  Aragon,  où  il  demeura  deux  ans  Se  demi,  sous  le  gouvernement 
,  ili/'pl'^j'.'o  de  Guillaume  de  Montredon,  maitre  du  Temple  en  Aragon  &  en  Catalogne, 
qui  prit  soin  de  son  éducation'*. 

LXVIII.  —  La  ville  de  Montpellier  refuse  de  le  reconnoitre. 

Les  habitans  de  Montpellier  refusèrent  de  reconnoitre  Jacques  pour  leur 
teigneur,  6<.  sous  prétexte  de  se  maintenir  dans  la  liberté  qu'ils  s'étoient 
acquise  par  l'engagement  que  le  feu  roi  Pierre  leur  avoit  fait  du  domaine  de 
cette  ville  Si  de  ses  dépendances,  ils  s'érigèrent  en  république;  mais,  appré- 
hendant enfin  de  tomber  au  pouvoir  de  Simon  de  Montfort,  ils  eurent  recours 
EU  roi  Philippe-Auguste,  qui  les  prit  sous  sa  sauvegarde  avec  leur  ville  6c 
leurs  biens  au  mois^  d'avril  de  l'an  1214.  Philippe  déclare  qu'il  les  protégera 
pendant  cinq  ans  à  compter  depuis  la  présente  fête  de  Pâques,  Se  qu'il  les 
regardera  comme  ses  autres  bourgeois.  «  Quant  à  la  possession  S<  à  la   pro- 

•  Rcgistrum  cur'iae  Frunciac.  [Voyez  notre  Cnta-  '  Benoît  Si  Lnnglois,  Histoire  Jcs  croisaAa  eontr; 

Irgue,  n.  78.]  Us  albigeois. 

'  Chronici  0   commcntari   del   rey  en  Jacme,  c.  9  '  Sur  cette    mission    du    cardinni    de    Bénévent, 

Et  :eq.  c.  19.  [Nouv.  cdit.  pp.  19  &  20,  3o  &  suiv.]  conférez    de   Toiirtoulon  ,    Histoire    Jejjcme    l", 

~-Gcsta  eomitum  Barcinoncnsium,  c.  z6. — Ziirita,  t.   1 .  pp.    141  à   14.').    [A.  M.] 

/.r.rJcs  Je  la  corona  de  Aragon,  c.  66  &  seq.  s  Voyez  tome  VHI,  Chartes,  n.  CIX.cc.  6^1, C^'?,. 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC."  LiV.  XXîi.  ,141 

(I  piiétè  de  Montpellier,  ajoute  ce  prince,  &  des  châteaux  qui  en  dépendent, 
«  dont  les  habitans  sont  actuellement  nantis,  nous  ne  permettrons  pas  qu'ils 
«  soient  appelés  en  cause  devant  qui  que  ce  soit,  soit  devant  nous,  soit 
«  devant  nos  vassaux,  &  ainsi,  si  le  pape  durant  cette  intervalle  nous  fait 
«  savoir  par  ses  lettres  que  Jacques,  fils  du  feu  roi  d'Aragon,  doit  hériter  du 
«  domaine  de  Montpellier,  les  habitans  de  cette  ville  jouiront  toujours  de  la 
«  même  protection  8<.  de  la  même  sauvegarde.  Que  s'il  arrive  que  Pierre  qui 
«  est  maintenant  légat  du  pape  dans  ces  provinces,  enjoigne  à  Louis,  notre 
«  fils  aîné,  de  soumettre  la  ville  de  Montpellier  au  nom  des  croisés,  nous 
«  serons  alors  entièrement  libres  des  conventions  que  nous  venons  de  faire 
I'  avec  les  députés  de  la  commune  de  cette  ville.  »  On  voit  par  là  que  le  roi 
ne  prit  la  protection  des  liabitans  de  Montpellier,  qu'autant  qu'il  supposoit 
que  le  pape  ou  son  légat  voudroient  bien  y  consentir,  &  qu'il  promit  de 
l'abandonner  aussitôt  qu'ils  jugeroient  qu'on  devoit  faire  la  conquête  de  cette 
ville  au  nom  de  la  croisade;  mais  à  condition  que  ce  seroit  le  prince  Louis, 
son  fils  aîné,  qui  feroit  cette  conquête. 

LXIX.  —  Le  comte  i-  les  habitans  de  Toulouse,  les  comtes  de  Fo'ix,  de 
Comminges  6-  de  Roussillon,  le  vicomte  6-  les  habitans  de  Narbonne  se 
soumettent  au  légat. 

Durant  le  séjour'  du  cardinal  Pierre  de  Bénévent  h  Narbonne,  les  comtes 
de  Foix  Se  de  Comminges,  &  la  plupart  des  autres  seigneurs  que  les  croisés 
avoient  dépouillés  de  leurs  domaines  se  rendirent  dans  cette  ville,  pour 
implorer  sa  miséricorde,  &  lui  demander  la  restitution  de  leurs  biens.  Le 
légat  les  écouta,  ou  fit  semblant  de  les  écouter  favorablement.  Si  les  récon- 
cilia à  l'Église  après  qu'ils  lui  eurent  donné  une  caution  juratoire  £<  remis 
divers  châteaux  très-forts  qui  leur  restoient.  Nous  avons  le  serment  que  les 
comtes  de  Foix^  8<  de  Comminges  prêtèrent  à  ce  cardinal  dans  le  palais 
archiépiscopal  de  Narbonne,  le  18  d  avril  de  l'an  11 14,  en  présence  de  l'an- 
cien évêque  de  Carcassonne,  de  Sanche,  comte  de  Roussillon,  des  abbés  de 
Saint-Pons,  d'Aniane  8t  d'Alet,  du  grand  maître  du  Temple  &  de  divers 
seigneurs.  Les  deux  comtes  abjurent,  chacun  par  un  écrit  séparé,  mais  uni- 
forme, toute  doctrine  contraire  à  ce  qu'enseigne  l'Eglise  romaine  :  ils  pro- 
mettent sur  les  saintes  reliques,  l'eucharistie  S<.  la  vraie  croix  :  1°  De  ne  plus 
favoriser  les  hérétiques,  les  faidits,  c'est-à-dire  ceux  dont  on  avoit  confisqué 
les  biens  St  qui  étoient  en  fuite,  Si  les  routiers,  mais  de  les  combattre  8<.  de 
ne  leur  donner  aucun  secours  pour  attaquer  les  domaines  qui  étoient  au 
pouvoir  de  l'Église  romaine  ou  possédés  sous  son  autorité.  2°  D'obéir  entiè- 
rement au  légat  touchant  les  affaires  de  la  foi,  le  rétablissement  de  la  paix  6< 
la  sûreté  des  chemins.  3°  De  ne  donner  aucun  secours  k  la  ville  de  Toulouse 
tant  qu'elle  ne  seroit  pas  réconciliée  avec  l'Eglise  Se  avec  ceux  auxquels  elle 

'  ri  erre  <5e  Vaux-Cernay,  c.  77.  '  Voyez  tome  VIII,  Cliartos,  n.  CX.cc.  tf^.T  à  lî^j. 


An  12  1.; 


An   izi.( 


442  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.    LIV.  XXII. 

faisoit  la  j^uerre.  4°  De  faire  la  pénitence  S<.  la  satisfaction  qui  leur  seroient 
imposées, "soit  par  le  pape,  soit  par  le  cardinal  Pierre  de  Bénévent,  soit  enfin 
par  tout  autre  légat,  pour  les  excès  qu'ils  avoient  commis.  Si  à  cause  desquels 
ils  avoient  été  excommuniés.  5°  Le  comte  de  Comminges  promet  de  remettre 
au  cardinal  le  château  de  Salies,  8c  le  comte  de  Foix  celui  de  Foix  pour  la 
sûreté  de  leurs  promesses  :  ils  s'engagent  de  plus  de  faire  garder  ces  châteaux 
à  leurs  dépens  au  nom  de  l'Église  romaine,  Si  de  remettre  au  légat  toutes 
leurs  autres  places  qu'il  jugera  à  propos  de  leur  demander.  6°  Le  comte  de 
Comminges  promet  d'engager  son  fils  Bernard  à  faire  un  semblable  serment, 
&  le  comte  de  Foix  fait  la  même  promesse  pour  son  fils.  7°  Le  premier 
promet  encore  de  donner  en  otage  celui  de  ses  fils  que  le  légat  lui  deman- 
Éd. oriRin.  jj,,.^  g^  nuand  il  le  voudra,  excepté  celui  qui  est  chevalier.  8°  Enfin  ils  con- 
sentent  que  les  châteaux  qu'ils  dévoient  livrer  au  légat  demeurent  confisqués 
au  profit  de  l'Église  romaine,  &.  d'être  réputés  eux-mêmes  excommuniés  tk 
parjures,  s'ils  manquent  à  ces  promesses. 

Aymeri,  vicomte  de  Narborne,  8<.  les  habitans  de  cette  ville  prêtèrent  aussi, 
vers'  le  même  temps,  un  semblable  serment  entre  les  mains  du  légat;  ils 
marquent  de  plus  dans  leur  acte  qu'ils  ne  seront  tenus  de  marcher  hors  du 
diocèse  contre  les  infracteurs  de  la  paix,  qu'en  cas  que  les  diocèses  voisins 
voulussent  faire  la  guerre  à  ces  perturbateurs  du  repos  public.  Jls  promettent 
encore  de  ne  s'emparer  d'aucune  des  terres  qui  étoient  au  pouvoir  des  croises, 
sans  la  permission  du  légat  apostolique  :  ces  terres,  ajoutent-ils,  étant  possé- 
dées au  nom  de  l'Eglise  romaine  8c  sous  son  autorité.  2°  De  ne  pas  ôter  au 
légat  les  châteaux  que  le  comte  Sanche,  le  fils  de  ce  comte  8c  les  autres 
dévoient  lui  remettre  en  otage.  3°  De  ne  pas  soustraire  le  fils  de  Pierre,  roi 
d'Aragon,  de  ses  mains  ou  de  celles  des  personnes  à  qui  il  en  avoit  confié  la 
garde;  mais  de  conduire  ce  prince  partout  où  il  voudra.  Nous  voyons  par  cet 
acte  que  Sanche,  comte  de  Roussillon,  8c  son  fils  Nugnez  Sanche  prêtèrent  à 
Narbonne,  au  cardinal  Pierre  de  Bénévent,  un  pareil  serment,  avant  qu'il 
remît  entre  leurs  mains  le  jeune  roi  d'Aragon.  Les  habitans  de  Toulouse^  se 
soumirent  aussi  à  ce  légat  Se  envoyèrent  à  Narbonne  sept  de  leurs  consuls 
qui  lui  firent  serment,  le  25  d'avril  de  l'an  12 14,  tant  en  leur  nom  qu'en 
celui  de  leurs  collègues  81  de  tout  le  peuple  de  la  ville;  ils  promirent  de  la 
purger  entièrement  d'hérétiques,  de  ne  donner  aucun  secours  au  comte  de 
Toulouse  8c  à  son  fils  contre  l'Eglise  romaine,  nonobstant  le  serment  de  fidé- 
lité qu'ils  leur  avoient  prêté;  de  lui  donner  autant  d'otages  qu'il  souhaiieroit 
pour  l'assurance  de  leurs  promesses  Si  d'obliger  tous  leurs  concitoyens  au- 
dessus  de  quatorze  ans  à  faire  un  pareil  serment. 

Enfin  Raimond  VI,  comte  de  Toulouse,  lui-même  fut  réconcilié  à  l'Église 
par  le  cardinal  Pierre  de  Bénévent,  qu'il  alla  trouver  exprès  à  Narbonne  : 
circonstance  que  Pierre  de  Vaux-Cernay  a  affecté  de  passer  sous  silence,  La 
soujnission  de  Pvaimond  est  datée  de  cette  ville,  un  mercredi  du  mois  d'avril 

'Voyez  tome  Vnl,  Chartes,  11.  CXI,  ce.  646, 647.  «Tome  VIII,  Chartes,  n.  CXII,  ce.  647  à  65ti 


An  lii/ 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXII.  448 

de  l'an  1214,  Si  contient  deux  actes.  La  teneur  du  premier  est  telle  :  «  Je, 
«  Rainiond',  par  la  grâce  de  Dieu  duc  de  Narbonne,  comte  de  Toulouse  8t 
11  niarquis  de  Provence,  m'offre  moi-même  à  Dieu,  à  la  sainte  Eglise  romaine, 
«  &  à  vous,  seigneur  Pierre,  par  la  même  grâce,  cardinal-diacre,  légat  du 
<i  Saint-Siège  apostolique,  8c  je  vous  livre  mon  corps,  dans  le  dessein  d'exé- 
«  cuter  &  d'observer  fidèlement  de  tout  mon  pouvoir  tous  les  ordres,  quels 
«  qu'ils  soient,  que  le  seigneur  pape  6-  la  miséricorde  de  votre  sainteté  juge- 
«  ront  à  propos  de  me  donner.  Je  travaillerai  efficacement  pour  engager  mon 
«  fils  Raimond  à  se  remettre  entre  vos  mains,  avec  toutes  les  terres  qu'il 
«  possède  &  à  vous  livrer  son  corps  Si  ses  domaines  ou  tout  ce  qu'il  vous 
«  plaira  de  ces  domaines  pour  ce  sujet,  afin  qu'il  observe  fidèlement,  suivant 
«  son  pouvoir,  l'ordre  du  seigneur  pape  8c  le  vôtre.  » 

L'autre  acte  est  conçu  en  ces  termes  :  «  Je,  Raimond,  par  la  grâce  de  Dieu 
(1  duc  de  Narbonne,  8cc.,  n'étant  contraint  ni  par  force,  ni  par  fraude,  vous 
«  offre  librement,  seigneur  cardinal,  mon  corps  avec  tous  les  domain'es  que 
(1  j'ai  eus  Se  possédés  autrefois.  Se  que  je  confesse  avoir  entièrement  donnés  à 
«  mon  fils  Raimond,  savoir  :  la  partie  des  domaines  que  je  tiens  ou  que 
«  d'autres  tiennent  pour  moi  Se  de  moi,  en  sorte  que,  si  vous  me  l'ordonnez, 
«  j'abandonnerai  tous  mes  biens  Se  je  me  retirerai  auprès  du  roi  d'Angle- 
«  terre  ou  dans  tout  autre  endroit,  où  je  demeurerai  jusqu'à  ce  que  je  puisse 
«  visiter  le  siège  apostolique  pour  y  demander  grâce  Se  miséricorde.  De  plus 
0  je  suis  prêt  de  vous  remettre  8c  à  vos  envoyés  toutes  les  terres  que  je  pos- 
«  sède,  en  sorte  que  tous  mes  domaines  soient  soumis  à  la  miséricorde  Se  au 
"  pouvoir  absolu  du  souverain  pontife,  de  l'Église  romaine  Se  de  vousj  Se  si 
Il  quelqu'un  de  ceux  qui  en  tiennent  une  partie  pour  moi  Se  de  moi  refusent 
«  d'y  consentir,  je  l'y  contraindrai  suivant  votre  ordre  Se  mon  pouvoir.  Enfin 
«  je  vous  offre  mon  fils  avec  tous  les  domaines  qu'il  possède.  Se  que  d'autres 
Il  tiennent  pour  lui  ou  de  lui.  Se  je  l'expose  à  la  miséricorde  Se  aux  ordres 
(1  du  seigneur  pape  Se  aux  vôtres,  8e  j'agirai  pour  l'engager  8c  ses  conseillers  , '"uj  ""'"J":, 
1'  à  faire  la  même  promesse  Se  à  l'observer.  »  Le  comte  de  Toulouse  se  retira 
ensuite  avec  son  fils  à  Toulouse^  où  ils  vécurent  comme  de  simples  particu- 
liers, tandis  que  Simon  de  Montfort  acheva  d'envahir  impunément  le  reste 
de  leurs  États.  Quant  au  légat  Pierre  de  Bénévent,  il  partit  bientôt  après 
pour  l'Aragon,  où  il  fit  quelque  séjour,  tant  pour  installer  le  jeune  roi 
Jacques  %\\x  le  trône  que  pour  mettre  ordre  aux  affaires  du  pays. 

LXX.  —  Simon  achève  d'envahir  les  domaines  du  comte  de  Toulouse  6-  se 
fait  donner  les  vicomtes  de  Nimes  6*  d'Agde  par  Bernard-Aton,  ancien 
vicomte. 

L'approche  d'une  nombreuse  armée,  qui  dans  ce  temps-là  s'avançoit  vers 
la  Province,  contribua  sans  doute  beaucoup  à  déterminer  les  comtes  de  Tou- 

'  Catel,  Hiit.  des  comtes  Je  Tolose,  p.  3oo  &  siiiv.  '  Guillaume  de  Puylaurens,  c.  24  &  suiv; 


An  1214 


444  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIî. 

louse,  de  Foix  &  de  Comminges  à  demander  grâce  au  cardinal  Pierre  de 
Bénévent  8t  à  se  soumettre  à  ses  ordres;  mais  ils  eurent  bientôt  lieu  de  se 
repentir  d'une  pareille  démarche,  car  le  légat  ne  se  comporta  pas  à  leur  égard 
avec  la  droiture  qu'il  convenoit.  Pierre  de  Vaux-Cernay ',  témoin  oculaire, 
qui  assurément  n'est  pas  suspect,  ne  peut  s'empêcher  en  effet  de  convenir 
«  que  la  divine  providence  agit  en  cette  occasion  avec  beaucoup  de  miséri- 
ic  corde,  afin,  dit-il,  que  tandis  que  le  légat  amusoit  8c  adoucissoit  à  Nar- 
«  bonne,  par  une  fraude  pieuse,  les  ennemis  de  la  foi,  le  comte  de  Montfort 
Cl  pût  passer  dans  le  Querci  &  l'Agenois  avec  les  pèlerins  qui  étoient  venus 
(I  de  France  &  combattre  ses  adversaires,  même  ceux  de  Jésus-Christ.  » 
0  pieuse  fraude,  ô  piété  frauduleuse  du  légat!  s'écrie  dans  une  espèce  d'en- 
thousiasme cet  auteur,  enchanté  d'une  circonstance  si  favorable  aux  affaires 
de  Simon  de  Monttort,  son  héros. 

La  nouvelle  armée  des  croisés^  arriva  dans  la  Province,  après  Pâques  de 
l'an  1214.  Elle  étoit  composée  de  divers  corps  particuliers  dont  le  principal 
étoit  conduit  par  Gui,  évêque  de  Carcassonne,  qui  avoit  pris  le  chemin  de 
Lyon  Si  du  Rhône.  Ce  prélat,  après  avoir  passé  une  année  en  France  pour 
y  solliciter  du  secours  en  faveur  de  Simon,  étoit  parti  le  dimanche  de  Çwa- 
simodo,  Si  avoit  été  joindre  huit  jours  après,  à  Nevers,  ceux  qui  avoient  pris 
la  croix  des  mains  de  maître  Jacques  de  Vitry,  autre  promoteur  zélé  de  la 
croisade,  81  de  quelques  autres  prédicateurs.  Le  cardinal  Robert  de  Corçon, 
légat  en  France,  81  Guillaume,  archidiacre  de  Paris,  avoient  rassemblé  d'un 
autre  côté  un  grand  nombre  de  croisés,  81  leur  ayant  fait  prendre  une  autre 
route,  ils  leur  avoient  donné  rendez-vous  à  Béziers  pour  la  quinzaine  de 
Pâques;  mais  ce  cardinal  ne  put  arriver  si  tôt,  parce  qu'il  fut  obligé  de 
s'arrêter  dans  le  Vêlai  pour  les  affaires  de  sa  légation.  Tous  les  croisés  s'étant 
enfin  rassemblés  à  Montpellier  formèrent  une  armée  forte,  à  ce  qu'on  pré- 
tend, de  cent  mille  hommes;  mais  il  paroît  qu'il  y  a  faute  dans  le  texte  de 
l'historien  81  qu'elle  n'étoit  pas  si  nombreuse  à  beaucoup  près.  Entre  ces 
croisés  étoit  le  vicomte  de  Châteaudun  81  plusieurs  autres  chevaliers  de 
marque.  Simon  de  Montfort  alla  à  la  rencontre  de  cette  armée  jusqu'à  Saint- 
Thibéry;  il  la  mena  à  Carcassonne,  où  elle  fit  quelque  séjour,  durant  que 
ce  général,  qui  songeoit  toujours  à  ses  intérêts  particuliers,  se  fit  faire  une 

'  Pieire  deVaux-Ceinay,  c.  78.  —  Nous  croyons,  en  recevant  la  soumission  des  princes  du  Midi,  y 
contre  l'opinion  de  dom  Vaissete,  que  Pierre  de  compris  Raimond  VI  (&  ce  dernier  détail  est  omis 
Vaux-Cernay  a  noirci  à  plaisir  la  conduite  du  à  dessein  par  Pierre  df  Vaux-Cernay),  se  confor- 
légat  Pierre  de  Bénévent.  Du  moins,  rien  ne  mait  aux  instructions  qu'il  avait  reçues  &  agissait 
prouve  que  ce  personnage  ait  fait  autre  chose  indépendamment  des  autres  légats,  qui  réunis- 
qu'exécuter  la  mission  que  lui  avait  confiée  In-  saient  au  même  moment  l'armée  de  la  croisade  dans 
nocent  III,  8c  il  est  certain  que  ce  dernier  n'était  le  nord  de  la  France.  Nous  verrons  le  même,  quel- 
plus,  à  cette  époque,  aussi  favorable  à  Simon  de  ques  mois  plus  tard,  refuser  de  donner  à  Simon  de 
Montfort  qu'en  1210  &  1211.  Malgré  son  échec,  Montfort  les  domaines  de  Raimond  VI,  malgré  la 
la  tentative  de  Pierre  d'Aragon  avait  eu  au  moins  décision  du  concile  de  Montpellier;  ce  seul  fait 
lin  résultat,  celui  de  faire  connaître  au  pape  les  prouve  qu'il  ne  dépassa  jamais  ses  pouvo  rs  &  que 
excès  de  zèle  de  ses  Irgnts  &  les  entreprises  hasar-  sa  conduite  fut  toujours  loyale.  [A.  M.] 
deusîs  du  comte  de  Montfort.  Pierre  de  Bénévent,  "  Pierre  de  Vaux-Cernay,  c.  78. 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIî.  aaS  

donation'  entre-vifs  par  Bernard-Aton,  ci-devant  vicomte  de  Nimes  &  d'Agde^. 
Bernard-Aton  lui  céda  ces  deux  vicomtes,  quoiqu'il  en  eût  déjà  disposé  Se 
qu'il  n'en  jouît  plus  depuis  très-longtemps,  8i  déclara  dans  l'acte,  daté  du 
palais  de  Carcassonne  le  3  de  mai  de  l'an  12 14,  qu'il  faisoit  cette  donation 
en  faveur  de  Simon,  à  cause  de  la  substitution  réciproque  qui  avoit  été  faite 
entre  ses  prédécesseurs  &  les  vicomtes  de  Béziers,  &  dans  laquelle  il  étoit 
marqué  que,  s'il  décédoit  sans  enfans,  la  vicomte  de  Nimes,  qui  étoit  échue  à 
son  père,  reviendroit  aux  successeurs  du  vicomte  de  Béziers.  Simon,  que  cette 
substitution  ne  pouvoit  regarder,  tâcha  de  colorer  ainsi  son  usurpation  de  la 
ville  de  Nimes  sur  le  comte  de  Toulouse. 

LXXI.  —  Àmattri  de  Montfort  épouse  l'héritière  du  Dauphiné.  —  Conquête 
d'une  partie  du  Rouergue  6-  du  Çueni  par  les  croisés  au  nom  de  Simone 

Après  que  les  nouveaux  croisés^  se  furent  reposés  pendant  quelques  jours 
à  Carcassonne,  Montfort  les  fit  partir  sous  la  conduite  de  Gui,  évêque  de 
cette  ville.  Se  de  Gui,  son  frère,  pour  aller  soumettre  le  Rouergue  Si  le 
Querci  à  sa  domination,  ravager  les  terres  de  Ratier  de  Castelnau  Si  punir 
ce  seigneur  de  la  niort  du  comte  Baudouin  de  Toulouse.  Montfort  prit  lui- 
même  la  route  du  Rhône  81,  étant  arrivé  à  Valence,  il  s'y  aboucha  avec  le  duc 
de  Bourgogne  Si  le  Dauphin,  Si  il  y  conclut  entièrement  avec  eux  le  mariage 
projeté  entre  Amaury,  son  fils  aîné,  qui  l'avoit  suivi.  Si  Bcatrix,  fille  du  ,  '{'^{"p^ll'^ 
môme  Dauphin.  Simon  amena  ensuite  cette  jeune  princesse  à  Carcassonne, 
où  on  célébra  ses  noces;  mais  comme  elle  étoit  encore  en  bas  âge,  le  mariage 
ne  fut  consommé  que  longtemps  après. 

L'évcque  de  Carcassonne  Si  Gui  de  Montfort,  étant  arrivés  en  Rouergue, 
commencèrent  par  le  siège  de  Maurillac,  château  très- fort.  Le  cardinal 
Robert  de  Corçon  joignit  l'armée  devant  cette  place  qui  fut  attaquée  avec 
tant  de  vigueur  que  les  assiégés  se  rendirent  le  jour  même  Si  se  soumirent 
aux  ordres  de  ce  légat,  qui  fit  aussitôt  raser  le  château  ;  on  y  trouva  sept  héré- 
tiques vaudois  qui,  ayant  été  amenés  devant  lui,  avouèrent  leurs  erreurs. 
Sur  cet  aveu,  les  croisés  les  firent  brûler  vifs  avec  une  foie  extrême.  L'armée 
se  rendit  ensuite  en  Querci  où  elle  ravagea  les  terres  des  ennemis  de  Simon 
de  Montfort,  qui  l'alla  joindre  dans  ce  pays  81  en  prit  le  commandement.  Ce 
général  se  mit  alors  en  marche  vers  Montpezat,  que  quelques  chevaliers 
d'Agenois  qui  lui  avoient  manqué  de  fidélité  l'année  précédente,  avoient 
soustrait  à  sa  domination  81  qui,  n'osant  l'attendre,  prirent  la  fuite.  Il  s'em- 
para de  ce  château  Si  le  fit  raser.  Déodat  de  Barasc,  l'un  des  principaux 
barons  du  Querci,  vint  peu  de  temps  après  à  sa  rencontre  Si  lui  promit  de 

■  Voyez  tome  Vlll,  Chartes,  n.  CXIII,  ce.  65i  Celte  cession  n'avait  pas  grande  importance  pour 

à  rt.OS  Montfort,    puisque,   depuis   vingt-huit    ans  déjà, 

"  Cette  pièce  fut  donnée  à  Béziers  &  non  à  Car-  Bernard-Aton  n'était  plus  vicomte  ni  d'Agde,  ni  da 

cassonne.  Simon  de  Montfort  était  à  Carcassonne  Nimes.   [A.  M.] 
le  4  juin  1214.  (Voyez  notre  Catalogue,  n.  Ho,)  —  '  Pierre  de  Vaux-Ccrnay,  c.  79. 


Alt  1214 


446  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXII. 

démolir'  toutes  ses  forteresses,  suivant  ses  ordres,  par  un  acte  daté  de  l'année 
du  Seigneur,  près  de  Montcuq,  le  12  juin  de  l'an  12  14. 

LXXII.  —  Simon  remet  l'Agenois  sous  son  obéissance, 

Simon  passa  de  là  dans^  l'Agenois  pour  reprendre  les  châteaux  de  ce  pays 
qui  lui  avoient  mancjué  de  fidélité.  Leurs  habitans,  jugeant  à  propos  de  pré- 
venir son  arrivée,  lui  envoyèrent  faire  leurs  soumissions,  à  la  réserve  de  ceux 
de  Marmande.  Simon  fit  raser  la  plupart  de  ces  châteaux  8c  ne  conserva  que 
les  plus  forts,  qu'il  donna  en  fief  à  des  François.  Il  vint  ensuite  assiéger 
Marmande,  où  le  roi  d'Angleterre  avoit  mis  garnison  sous  les  ordres  d'un  de 
ses  chevaliers  &  fait  arborer  son  drapeau  sur  le  donjon  du  château.  A  la  pre- 
mière attaque  des  croisés,  les  habitans  s'embarquèrent  sur  la  Garonne  pour  se 
réfugier  à  la  Réole,  &  la  garnison  se  retira  dans  une  tour.  La  place  étant 
ainsi  abandonnée,  Simon  s'en  saisit  81  la  mit  au  pillage;  il  accorda  la  vie 
sauve  à  ceux  qui  s'étoient  retirés  dans  la  tour  &c  qui  se  rendirent.  Il  fit 
ensuite  détruire  une  partie  des  murailles  de  la  ville  8<.  munir,  par  le  conseil 
des  croisés,  le  château  &  les  tours.  Il  se  rendit  de  là  à  Agen,  dans  le  dessein 
d'aller  assiéger  le  château  de  Casseneuil,  situé  vers  les  frontières  du  Querci, 
dans  une  plaine  agréable,  au  pied  d'une  montagne.  Les  habitans,  que  l'his- 
torien de  Simon  traite  d'hérétiques,  de  ravisseurs,  de  parjures  &  de  scélérats, 
parce  qu'ils  avoient  secoué  le  joug  de  son  autorité,  résolurent  de  leur  côté  de 
se  bien  défendre,  animés  par  Hugues  de  Rovignan,  leur  seigneur,  frère  de 
l'évêque  d'Agcn,  qui  avoit  été  auparavant  ami  de  Simon  8<  qui  avoit  aban- 
donné son  parti  depuis  peu. 

LXXIIl.  —  Simon  assiège  &■  prend  Casseneuil.  —  Le  cardinal  de  Corçon 
dispose  en  sa  j'aveur  de  toutes  les  conquêtes  faites  sur  les  hérétiques  dans 
les  pays  de  sa  légation, 

Montfort  commença,  le  28  de  juin,  le  siège  de  Casseneuil,  durant  lequel 
Raimond^,  vicomte  de  Turenne,  qui  s'y  trouva,  le  reconnut  pour  son  sei- 
gneur. Il  se  contenta  d'abord  d'attaquer  la  place  du  côté  de  la  montao-ne, 
parce  qu'il  n'avoit  pas  assez  de  troupes  pour  faire  toute  la  circonvallation. 
Ayant  reçu  quelque  temps  après  un  renfort,  il  céda  cette  attaque  à  son  fils 
Amaury  84  à  l'évêque  de  Carcassonne,  qui  faisoit  les  fonctions  de  légat  dans 
l'armée,  8c  alla  camper  dans  la  plaine  avec  une  partie  de  l'armée.  Il  fit  dresser 
dans  ces  deux  attaques  diverses  machines  qui  incommodèrent  beaucoup  les 
assiégés,  lesquels  se  défendoient  cependant  toujours  avec  courage,  parce  qu'ils 
comptoient  beaucoup  sur  le  secours  du  roi  d'Angleterre.  Ce  prince  s'avança 
en   effet,  jusqu'à   Périgueux,  à   la  tête  d'un   corps  d'armée,  composé  de  ses 

'  Registrum  cariae  Franciac.  [Voyez  notre  Cpta-  ^  Registnim  cunae  Franàac.  [Voyez  notre  C  i;  i- 

îogiie,  n.  81.]  logue,  n.  82.] 

'  Pierre  de  Vaux-Cernay,  c.  79. 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXII.  447   —; 

^T'         An  1214 

troupes  5(.  de  la  noblesse  de  la  Province  qui  avoit  été  dépouillée  de  ses 
domaines  81  qui  avoit  été  le  joindre;  mais  après  avoir  fait  semblant  de  vou- 
loir attaquer  les  croisés,  pour  les  obliger  à  lever  le  siège,  il  se  retira  sans 
rien  entreprendre. 

Le  cardinal  Pv.obert  de  Corçon  vint  au  camp  de  Casseneuil;  mais  ses  affaires 
ne  lui  permettant  pas  d'y  faire  un  long  séjour,  il  se  rendit  peu  de  temps 
après  à  Sainte-Livrade,  où  il  donna,  au  mois  de  juillet,  une  charte'  par 
laquelle  il  confirma  Simon  de  Montfort  dans  la  possession  de  tous  les  do- 
maines qu'il  avoit  conquis  sur  les  hérétiques  Si  leurs  fauteurs  dans  l'Albi-  t.''ui,°p!*'i6f. 
geois,  l'Agenois,  le  Rouergue,  le  Querci  &  les  autres  pays  de  sa  légation,  & 
des  domaines  qu'il  y  acquerroit.  Il  reprit  ensuite  la  route  de  France^,  passa 
h  Cahors  &  demanda  à  entrer  dans  la  ville  ;  les  habitans  lui  en  fermèrent 
les  portes  &  parurent  en  armes  sur  les  remparts  pour  lui  résister,  supposé 
qu'il  voulût  user  de  force.  Ils  se  repentirent  bientôt  de  leur  démarche,  lui 
firent  des  excuses  &  promirent  par  serment  d'obéir  à  ses  ordres,  qu'ils  exécu- 
tèrent sur-le-champ,  en  mettant  le  feu  aux  portes  de  la  ville  S;  en  payant 
mille  cinq  cents  marcs  d'argent  de  dédommagement  à  Simon  de  Montfort. 
Mais,  craignant  d'être  encore  recherchés,  ils  députèrent  deux  bourgeois  à 
Rome  pour  demander  grâce  au  pape  Innocent  III,  auprès  duquel  ils  excu- 
sèrent leur  refus  sur  ce  qu'ils  appréhendoient  qu'il  ne  leur  arrivât  quelque 
malheur,  s'ils  eussent  ouvert  les  portes  au  légat;  parce  que  les  comtes  de 
Toulouse  Se  de  Foix,  qui  faisoient  la  guerre  aux  environs,  avoient  tué,  peu 
de  temps  auparavant,  soixante-douze  de  leurs  concitoyens  8<  fait  prisonniers 
plusieurs  autres.  Le  pajie  leur  accorda  le  pardon  qu'ils  demandoient  par  une 
inille  datée  de  Pérouse,  le  2  juin  de  l'an  1116. 

Cependant  Montfort,  ayant  fait  brèche^,  se  disposa  à  la  descente  du  fossé 
de  Casseneuil,  qui  étoit  large  8c  rempli  d'eau.  Dans  ce  dessein,  il  fit  ccns- 
truire  un  pont  avec  des  tonneaux  liés  ensemble  8c  couverts  de  planches  8c  de 
claies.  Ce  pont  s'étant  enfoncé  dans  l'eau  aussitôt  qu'on  voulut  s'en  servir, 
il  en  fit  fabriquer  un  autre  d'une  structure  différente  8c  tenta  de  le  jeter  à 
la  faveur  de  quelques  barques,  malgré  les  flèches  des  assiégés;  mais  il  ne 
réussit  pas  mieux  que  le  premier,  à  cause  qu'il  se  trouva  trop  lourd.  Le  chef 
des  ingénieurs  lui  ayant  proposé  une  nouvelle  machine,  il  la  fit  exécuter.  On 
éleva  une  grande  tour  de  bois  dont  le  toit  étoit  plat  8c  couvert  de  claies  :  on 
planta  au-dessus  une  autre  tour  de  charpente  partagée  en  cinq  étages,  8c  on 
la  couvrit  de  claies;  on  y  plaça  un  certain  nombre  d'arbalétriers,  5c  on  y  fit 
provision  de  seaux  pleins  d'eau  pour  éteindre  le  feu  en  cas  que  les  assiégés 
entreprissent  de  brûler  la  machine  :  on  la  couvrit  en  dehors  du  côté  de  la 
place,  par  la  même  raison,  de  peaux  de  bœuf.  Tout  étant  ainsi  disposé,  on 
pousse  la  tour  vers  le  fossé,  nonobstant  les  efforts  des  assiégés  qui  font  pleu- 
voii  inutilement  une  nuée  de  pierres  pour  tâcher  de  la  rompre.  La  machine 

'Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  CXIV,  ce.  653  '  L:\cto\ii,  Séries  episcoporum  Catarcens'ta'nj  p.  ijH. 

3  655.  '  Pierre  de  Vaux-Cernay,  c.  79. 


■"I 448  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIL 

An  1214        T  ' 

étant  parvenue  au  bord  du  fossé,  ceux  qui  étoient  en  bas  y  jettent  une 
grande  quantité  de  gabions  &  de  fascines,  8c  tâchent  de  le  combler,  tandis 
que  ceux  qui  étoient  dans  les  étages  supérieurs  ne  cessent  de  tirer  pour  écarter 
les  assiégés.  Ceux-ci  redoublent  leurs  efforts  S<.  trouvent  moyen,  pendant  la 
nuit,  de  pousser  vers  la  machine  un  bateau  embrasé,  rempli  de  matières  com- 
bustibles ;  mais  les  assiégeans  étant  venus  au  secours  empêchent  l'effet  de  ce 
brûlot.  A  mesure  qu'on  comble  une  partie  du  fossé,  on  fait  avancer  peu  à  peu 
la  machine  vers  les  murailles  jusqu'à  ce  que  ceux  de  l'étage  supérieur  fussent 
à  portée  d'atteindre  les  assiégés  avec  la  lance.  Enfin,  un  dimanche  au  soir, 
Simon,  se  voyant  en  état  de  tenter  l'assaut,  range  ses  troupes,  tandis  que 
l'évêque  de  Carcassonne  S<  tout  le  clergé  de  l'armée  se  mettent  en  prières  sur 
une  éminence.  Les  croisés  sortent  de  la  machine,  après  avoir  rompu  les 
claies  qui  la  couvroient,  &  emportent  les  ouvrages  extérieurs,  que  les  assiégés 
furent  obligés  d'abandonner  pour  se  retirer  derrière  les  murailles  de  la  ville. 
Les  assiégeans,  voyant  cependant  qu'il  se  faisoit  tard  Se  qu'ils  manquoient 
d'échelles,  n'osèrent  pousser  plus  avant  8t  passèrent  la  nuit  entre  les  murs  Se 
le  fossé;  ils  profitèrent  de  cet  intervalle  pour  raser  toutes  les  harbacanes  6<  les 
autres  ouvrages  extérieurs.  Le  lendemain  les  charpentiers  de  l'armée  passèrent 
la  journée  à  construire  un  grand  nombre  d'échelles  pour  l'assaut  qui  fut  fixé 
au  jour  suivant.  Les  routiers  qui  composoient  la  garnison  de  Casseneuil, 
informés  de  ces  préparatifs,  jugèrent  à  propos  de  ne  pas  l'attendre;  ils  firent 
accroire  aux  habitans  qu'ils  alloient  faire  une  sortie  sur  les  croisés,  81  se  sau- 
vèrent cependant  à  la  faveur  de  la  nuit.  Simon,  averti  de  leur  fuite,  détache 
quelques  troupes  pour  les  poursuivre  8<.  fait  donner  l'assaut  à  minuit.  Ses 
troupes  entrent  dans  la  place  sans  aucune  résistance,  font  main  basse  sur  tous 
ceux  qui  y  restoient  8c  y  mettent  le  feu.  Casseneuil  tomba  ainsi,  le  17  (ou 
t.'i'ii°p."i6'5.  plutôt  le  18)  du  mois  d'août  de  l'an  12 14,  après  plus  de  six  seinaines  de 
siège,  au  pouvoir  de  Simon,  qui  en  fit  raser  les  murailles. 

LXXIV.  —  Simon  s'empare  de  divers  châteaux  dans  le  Pérîgord. 

Ce  général  conduisit  '  ensuite  son  armée  dans  le  Périgord  pour  y  sou- 
mettre divers  châteaux,  sous  prétexte  qu'ils  étoient  occupés  par  les  ennemis 
de  la  paix  8c  de  la  foi.  Il  se  rendit  d'abord  à  Penne,  en  Agenois,  où  Raimond 
de  Montaut  lui  fit  hommage  lige  8c  promit  de  le  servir  comme*  les  autres 
barons  d'Agenois  y  étoient  obligés.  Les  seigneurs  du  pays,  effrayés  de  la 
prise  de  Casseneuil,  n'osant  l'attendre  dans  leurs  châteaux  8c  les  ayant  aban- 
>  donnés,  il  s'empare  de  celui  de  Dôme,  sur  la  Dordogne,  fait  détruire  la  tour 

8c  les  murailles,  8c  y  donne  quelques  jours  de  repos  à  ses  troupes.  Il  reçoit 
en  cet  endroit  une  lettre  de  l'évêque  8c  du  chapitre  de  Rodez  qui  lui  pVo- 
mettoient  de  lui  faire  justice  pour  tous  les  domaines  qu'ils  étoient  obligés  de 

•  Pierre  de  V.mxCernay,  c.  80.  »  Reghtnim  cunae  Franche.  [L'acte  est  du  mois 

de  sîp-cmbrej  voyez  notre  Catologuo,  n.  89.] 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXII.  44g 

tenir  de  lui.  Elle,  abbé  de  Sarlat,  vint  le  trouver  d'un  autre  côté  &  lui 
répondit,  le  12  de  septembre,  de  la  fidélité  des  habitans  de  la  Roque  de 
Gaiac  '. 

Simon  détacha  une  partie  de  son  armée  ^,  sous  la  conduite  de  l'évêque  de 
Carcassonne,  pour  aller  ruiner  le  château  de  Montfort,  dont  le  seigneur, 
nommé  Bernard  de  Casenac,  qui  avoit  pris  la  fuite,  se  servoit  depuis  long- 
temps pour  exercer  une  infinité  de  brigandages  dans  tout  le  Périgord.  On 
prétend  que  ce  seigneur  81  Alice,  sa  femme,  sœur  du  vicomte  de  Turenne, 
avoient  fait  prendre,  par  pure  méchanceté,  plus  de  cent  cinquante  personnes, 
tant  hommes  que  femmes,  qui  s  etoient  réfugiées  dans  l'abbaye  de  Sarlat,  8c 
qu'ils  avoient  fait  couper  les  pieds  ou  les  mains  aux  uns,  8c  arracher  les  yeux 
aux  autres.  Simon  confisqua  tous  les  domaines  de  Bernard  de  Casenac,  8c 
les  donna  en  fief  au  vicomte  de  Turenne,  beau-frère  de  ce  seigneur,  qui 
lui  en  fit  hommage  par  un  acte  daté  de  Dôme,  au  mois  de  septembre  de 
l'an   1214^. 

Montfort  se  saisit "*  d'un  troisième  château  en  Périgord,  nommé  Castelnau, 
voisin  de  celui  de  Montfort,  8c  y  mit  une  garnison  pour  tenir  tout  le  pays 
en  bride.  Il  s'empara  aussi  de  celui  de  Bainac,  dont  le  seigneur  le  pria  de  ne 
pas  détruire  ce  château,  sous  prétexte  que  c'étoit  la  seule  place  du  pays  qui 
fût  dans  le  parti  du  roi  de  France  contre  celui  d'Angleterre.  Montfort  ne 
jugea  pas  à  propos  de  lui  accorder  sa  demande.  Se  lui  ayant  fixé  un  terme 
pour  réparer  les  maux  qu'il  avoit  causés;  comme  il  vit  qu'il  ne  se  pressoit 
pas  d'exécuter  ses  promesses,  il  fit  abattre  malgré  lui  les  tours  8c  les  murailles 
de  son  château  5. 

LXXV.  —  Simon  repasse  en  Çuercî  &«  en  Rouergue,  £•  reçoit  l'hommage 

du  comte  de  Rode-^, 

Montfort,  après  avoir  soumis  une  partie  du  Périgord,  retourna  en  Agenois 
dont  il  fit  raser  toutes  les  forteresses.  Il  passa  de  là  à  Figeac,  en  Querci,  8c 
rendit  la  justice  à  plusieurs  personnes  par  l'ordre  du  roi,  qui  lui  en  avoit 
donné  la  commission.  Les  seigneurs  de  Cadenac^,  château  situé  au  voisinage, 
lui'  firent  alors  leurs  soumissions  8c  le  reconnurent  pour  leur  seigneur  par 
un  acte  daté  de  Figeac,  au  mois  d'octobre,  en  présence  des  évêques  de  Mende, 
de  Cahors  8c  de  Rodez,  de  l'abbé  de  Figeac,  de  Gui  8c  d'Amaury  de  Mont- 
fort 8c  de  divers  autres  seigneurs.  Guillaume,  abbé  de  Figeac,  8c  ses  reli- 
gieux, lui  donnèrent  en  même  temps  en  fief  le  château  de  Peyrusse,  sous  la 
redevance  annuelle  de  dix  marcs  d'argent,  8c  tout  ce  que  le  comte  de  Tou- 

■  [Voyez  notre  Catalogue,  n.  87.]  pédition   dans    le   Périgord   que   dans   un    intérêt 

'  Pierre  de  Vaux-Cernay,  c.  80.  —  Baluze,  H'nt.  personnel,  puisque  ce  pays  ne  contenait  pas  d'hé- 

TuteUmis,  p.  5i6.  rétiques;  c'était  pour  s'assurer  de  tous  les  domaines 

'  [Voyez  notre  Catalogue,  n.  88.]  qui  appartenaient  au  comte  de  Toulouse.  [A.  M.J 

^  Pierre  de  Vaux-Cernay,  c.  80.  °  [Corrige^  Capdenac] 

^Montfort  n'avait  certainement  fait  cette  eî:-  ^  Registrum  curiae  Franciae.  —  Catalogue,  n.  90. 

VT.  29 


An  1^14 


An  1214 


45o  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIY.  XXII. 

louse  tenoit  deux  auparavant  à  Cadenac  &  à  Dentillac  '.  Simon  prit  ensuite 
la  route  du  Rouergue^  6c  se  rendit  à  Rodez.  Henri,  comte  de  cette  ville,  par 
un  reste  de  reconnoissance  envers  le  comte  de  Toulouse,  son  seigneur  Se  son 
bienfaiteur,  faisoit  difficulté  de  rendre  hommage  à  Simon,  sous  prétexte  qu'il 
tenoit  une  grande  partie  de  ses  domaines  du  roi  d'Angleterre.  Enfin,  après 
plusieurs  débats,  Henri  consentit,  par  l'entremise  des  évêques  de  Mende,  de 
Cahors,  de  Rodez,  de  Carcassonne  8c  d'Albi,  8c  de  maître  Thédise,  chanoine 
de  Gênes,  de  se  soumettre  à  la  suzeraineté  de  ce  général  qui,  ayant  les  armes 
à  la  main,  étoit  en  état  de  l'y  forcer.  Il  lui  fit  donc  hommage,  8c  à  Amaury, 
son  fils,  dans  le  palais  épiscopal  de  Rodez,  le  7  de  novembre  de  l'an  1214, 
pour  le  comté  de  Rodez,  la  vicomte  de  Cambolas  8c  pour  tout  le  reste  de  ses 
domaines  situés  à  la  droite  du  Lot,  sauf  les  droits  du  pape  sur  Montrosier, 
ceux  de  l'évêque  du  Puy  sur  le  château  de  Ségur  8c  ceux  de  l'évêque  de 
Rodez  sur  la  monnoie  de  cette  ville,  8c  sur  les  châteaux  de  Coupiac  8c  de 
Éd.origin.     Combrct.  Il  s'obligea  en  même  temps  de  rendre  à  Simon  8c  à  son  fils  le 

t.  UI,  p.  2ÛO.  t>  ^ 

même  service  auquel  il  étoit  tenu  auparavant  envers  le  comte  de  Toulouse. 
Simon  pardonna  de  son  côté  au  comte  de  Rodez  toutes  les  injures  qu'il  pou- 
voit  en  avoir  reçues,  lui  promit  sa  protection  tant  qu'il  lui  seroit  fidèle,  8cc, 
L'évêque  d'Uzès  8c  plusieurs  seigneurs  furent  présens  à  cet  hommage. 

LXXVI.  —  Simon  termine  la  campagne  par  la  prise  du  château  de  Séverac. 

Simon  de  Montfort^  résolut  alors  de  réduire  le  château  de  Séverac,  situé 
•sur  les  frontières  du  Rouergue  8c  du  Gévaudan,  dont  le  seigneur,  à  la  tête 
d'une  troupe  de  routiers  qui  y  étoient  en  garnison,  infestoit  tous  les  envi- 
rons 8c  faisoit  des  courses  jusques  au  Puy.  Il  envoya  d'abord  sommer  ce  sei- 
gneur de  lui  remettre  son  château,  8c,  sur  son  refus,  il  détacha  une  partie  de 
ses  troupes  sous  les  ordres  de  Gui,  son  frère,  qui  surprit  le  bourg  inférieur 
de  Séverac,  situé  sur  le  penchant  de  la  montagne,  8c  s'en  empara"*.  Simon 
suivit  de  près,  8c  s'étant  logé  dans  les  maisons  du  bourg  il  dressa  ses  batte- 
ries contre  le  château  8c  le  serra  de  si  près  que  les  assiégés,  qui  manquoient 
de  vivres,  furent  obligés  de  se  rendre 5.  Il  confia  la  garde  de  la  place  à 
l'évêque  de  Rodez  8c  à  Pierre-Bermond,  seigneur  de  Sauve,  6c  rendit  bientôt 
après  au  seigneur  de  Séverac  tous  les  autres  domaines  dont  Gui  de  Montfort 
l'avoit  dépouillé,  8c  enfin  le  château  de  Séverac  même,  dont  il  reçut  l'hom- 

■  Voyez  notre  Catalogue,  n.  91,  &  corrigez  Cap-  Kojae  de  VaUergae  &  Salnt-Geniès.  Les  deux  évê- 
denac  &  Lentillac.   [A.  M.]  ques  avaient  dépensé  pour  leur  garde  neuf  mille 
#                         ■   Pierre    de    Vaux-Cernay,    c.    80.    —    Voyez  sous  de  Melgueil,  que  leur  paya  le  comte  de  Mont- 
tome  VIII,  Chartes,  n.  CIV,  ce.  655  à  ûSy.  fort.  Celui-ci  dut  les  tenir  en  commise  &  les  res- 
^  Pierre  de  Vaux-Cernay,  c.  80.  tituer   soit   aux    prélats,  soit   au   pape  ou  à   son 
<  Pendant  le  siège  de  Séverac,  Simon  de  Mont-  légat,   après   avoir    recouvré    les   sommes    par   lui 
fort   se    fit  céder  par  les  évêques   de  Mende  &  de  avancées.    [A,  M.] 

Rodez  deux  châteaux  importants  du  pays  que  ces  =  Le  siège  de  Séverac  durait  encore  le   i(5  no- 
prélats   tenaient  au    nom  de  l'Eglise  romaine,  &  vembre  1214,  date  de  l'acte  que   nous   indiquons 
(jui   avaient   probablement  été  confisqués  sur  des  plus  haut.  [A.  M.) 
hérétiques,  partisans  du  seigneur  de  Séyerac  :  La 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXII.  451 

maj^e.  Ce  général  termina  la  campagne  par  la  prise  de  ce  château  ;  anrès 
avoir  conquis  sur  le  comte  de  Toulouse  la  plus  grande  partie  de  l'Agenois, 
du  Périgord,  du  Querci  8<  du  Rouergue,  qu'il  s'appropria,  nonobstant  la 
soumission  que  ce  prince  avoit  faite  à  Narbonne,  au  cardinal  Pierre  de  Béné- 
vent,  &  l'absolution  que  ce  légat  lui  avoit  donnée.  Simon,  voulant  s'assurer 
la  possession  de  tous  ces  pays  8c  la  transmettre  à  sa  postérité,  eut  recours  à 
l'autorité  des  légats  du  pape,  qu'il  savoit  lui  être  aveuglément  dévoués. 

LXXVII.  —  Concile  de  Montpellier.  —  Il  dispose  prov'.s'ionnellement  en  faveur 
de  Simon  des  domaines  du  comte  de  Toulouse  0  de  tous  les  pays  conquis 
par  les  croisés. 

Le  cardinal  Robert  de  Corçon,  qui  avoit  déjà  disposé  en  sa  faveur,  contre 
les  ordres  précis  du  pape,  de  l'Agenois,  du  Querci,  de  l'Albigeois  !k  du 
Rouergue,  entra  parfaitement  dans  ses  vues  8<,  sous  prétexte  de  terminer 
l'affaire  déjà  commencée  contre  les  hérétiques  albigeois  &■  toulousains,  il 
convoqua',  étant  à  Reims,  le  7  de  décembre  de  l'an  12 14,  un  concile  à 
Montpellier,  où  il  appela  les  archevêques  de  Bourges,  Narbonne,  Auch  & 
Bordeaux,  avec  les  évêques,  les  abbés  &c  les  archidiacres  de  ces  provinces.  Il 
jTiarque  dans  les  lettres  de  convocation  qu'il  avoit  choisi  la  ville  de  Montpel- 
lier préférablement  à  toutes  les  autres,  tant  à  cause  de  sa  situation  favorable 
Êc  de  sa  proximité  de  Toulouse  qui  est,  dit-il,  la  clef  St  le  réceptacle  de  l'hé- 
résie, qu'à  cause  de  sa  sûreté,  de  sa  grandeur  Si  de  la  fertilité  du  pays.  II  ne 
présida  pas  cependant  à  ce  concile,  comme  il  l'avoit  projeté;  ce  fut^  le  cardinal 
Pierre  de  Bénévent,  légat  dans  la  Province,  qui,  étant  de  retour  d'Aragon 
oïl  il  avoit  demeuré  jusqu'alors,  en  fit  l'ouverture,  le  mercredi  8  de  janvier 
de  l'an  1214  (i2i5).  Les  quatre  archevêques  dont  on  a  déjà  parlé  s'y  trou- 
vèrent avec  celui  d'Embrun,  vingt-huit  évêques,  un  grand  nombre  d'abbés 
Se  d'autres  ecclésiastiques.  Si  plusieurs  barons  du  pays  dont  on  ne  marque 
pas  le  nom.  On  y  dressa  trente  canons  pour  la  réformation  de  la  discipline 
ecclésiastique,  sur  l'exaction  des  péages,  la  dénonciation  des  hérétiques  St  de 
leurs  fauteurs,  Sec. 

Outre  ces  canons,  le  concile  de  Montpellier  fit  un  décret  mémorable  au 
sujet  du  comté  de  Toulouse,  dont  il  disposa  par  une  entreprise  manifeste  sur 
l'autorité  temporelle  en  faveur  de  Simon  de  Montfort.  Ce  général,  toujours 
attentif  à  ses  intérêts,  s'approcha  du  lieu  de  l'assemblée;  mais  les  habitans  de 
Montpellier,  qui  connoissoient  son  ambition,  lui  refusèrent  l'entrée  de  leur 
ville.  Si  il  fut  obligé  de  se  tenir,  durant  tout  le  concile,  dans  un  château 
voisin,  qui  appartenoit  à  l'évêque  de  Maguelonne.  Il  ne  manœuvra  pas  moins 
pour  cela,  Si  il  ne  manqua  pas  de  venir  tous  les  jours  dans  la  maison  des 
tem.pliers,  située  hors  de  la  ville,  où  il  avoit  de  fréquentes  conférences  avec 

'  Bali'.ze,  Concilia  Narionensis  prov.  p.  38  &  seq,  '  Baluze,  ihid.  —  Pierre  de  V'nux-Cernay,  c.  80 

S*,  nous,  th'id.  p.  2j  £<.  SLiiv,  &  seq. 


An  1214 


An  121  j 


An  12  13 


452  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXII. 


le  légat  8t  les  évêques,  en  sorte  qu'on  peut  dire  qu'il  fut  comme  l'âme  du 
concile.  Un  jour,  le  légat  étant  allé  conférer  à  l'ordinaire  avec  lui  dans  cette 
maison,  l'amena  à  Montpellier  avec  ses  deux  fils  Si  les  introduisit  dans  l'as- 
semblée qui  se  tenoit  dans  l'église  de  Notre-Dame.  Quelques  chevaliers  de 
la  suite  de  Simon  se  promenèrent  cependant  dans  la  ville  :  il  n'en  fallut  pas 
t.'ifi°p.''26V.  davantage  pour  jeter  l'alarme  parmi  le  peuple,  qui  court  en  foule  aux  armes 
81  s'attroupe  de  toutes  parts.  Les  uns  entourent  l'église  de  Notre-Dame,  les 
autres  occupent  les  rues  par  où  Simon  devoit  s'en  retourner;  mais  ce  général, 
averti  du  tumulte,  se  sauve  de  leurs  mains  par  un  chemin  détourné.  Ce  fut  là 
le  prélude  du  décret  qui  fut  fait,  peu  de  temps  après,  de  la  manière  suivante  : 
Le  cardinal  Pierre  de  Bénévent'  ayant  disposé  les  esprits  par  un  grand  dis- 
cours, qu'il  prononça  en  plein  concile,  il  appela  ensuite  chez  lui  les  prélats 
8<.  leur  dit  :  «  Je  vous  conjure  par  le  jugement  de  Dieu  S<  par  l'obéissance  que 
«  vous  devez  à  l'Eglise  romaine,  de  me  donner,  sans  aucun  respect  humain, 
«  un  fidèle  conseil,  suivant  vos  lumières,  touchant  celui  à  qui  il  convient, 
u  pour  l'honneur  de  Dieu  &  de  l'Eglise,  pour  la  paix  du  pays,  &  pour  le 
<c  purger  entièrement  d'hérésie,  de  donner  la  ville  de  Toulouse,  que  le  comte 
<c  Raimond  a  possédée,  &  tous  les  autres  domaines  que  l'armée  des  croisés  a 
«  conquis.  »  Les  évêques  demandèrent  quelque  temps  pour  délibérer,  81  ayant 
consulté  chacun  en  particulier  les  abbés  8<.  les  autres  ecclésiastiques  de  leurs 
diocèses  qui  étoient  présens,  ils  mirent  leurs  avis  par  écrit,  81  convinrent  tous 
unanimement  de  choisir  le  comte  de  Montfort  pour  prince  &■  monarque  de 
tout  le  pays.  Ils  prièrent  en  même  temps  le  légat  de  l'investir  de  tous  ces 
domaines;  mais  ce  cardinal  ayant  examiné  ses  pouvoirs  81  trouvé  qu'il  n'avoit 
pas  assez  d'autorité  pour  donner  cette  investiture,  avant  que  d'avoir  consulté 
le  pape,  le  concile  prit  le  parti  de  députer  à  Rome  l'archevêque  d'Embrun  & 
quelques  ecclésiastiques  pour  prier  le  pape  de  leur  donner  Simon  de  Montfort 
pour  seigneur  &•  monarque  du  pays. 

Il  est  marqué  dans  une^  lettre  du  pape  Clément  IV  que  le  cardinal  Pierre 
de  Bénévent  déclara  le  comté  de  Melgueil  confisqué  sur  le  comte  de  Toulouse 
au  profit  de  l'Église  romaine,  qui  s'en  prétendoit  suzeraine.  Nous  inférons  de 
là  que  cette  confiscation  fut  déclarée  durant  le  concile  de  Montpellier;  nous 
verrons  du  moins  que  le  pape  Innocent  III  disposa  bientôt  après  de  ce  comté 
en  faveur  de  l'église  de  Maguelonne. 

LXXVIII.  —  Le  légat  fait  prendre  possession,  au  nom  de  l'Église  romaine, 
de  Toulouse  6-  du  château  de  Foix. 

Après  le  concile^,  le  cardinal  légat  envoya  Foulques,  éveque  de  Toulouse, 
dans  cette  ville  pour  en  prendre  possession,  de  même  que  du  château  Nar- 
bonnois  qui  servoit  de  palais  au  comte.  Les  Toulousains  se  soumirent  volon-' 

•  Pierre  de  Vnux-Cernny   c.  80.  .  pie^e  de  Va„x-Cernay,  c.  80.  _  Guillaume 

<^^<u\,Scrn- friesulum  Mao-,Uncr.ùum,ii.Z'^i.        <]e  Puylinirens,  c.  24  &  :uiv. 


« 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXII.  aSS  — 

^  An  lîii 

tairement  à  cet  ordre,  livrèrent  la  ville  &  le  château  à  lei:r  évêque,  8c  obli- 
gèrent le  comte  Raimond,  son  fils,  &  les  comtesses  leurs  femmes  de  se  retirer 
dans  la  maison  d'un  simple  particulier,  nommé  David  de  Roaix.  Foulques 
mit  garnison  dans  le  château  Narbonnois  aux  dépens  des  habitans,  qui  lui 
donnèrent  outre  cela  pour  la  sûreté  de  leurs  promesses,  douze  de  leurs  con- 
suls que  le  légat  envoya  en  otage  à  Arles,  avec  ordre  d'y  demeurer  tout  le 
temps  qu'il  jugeroit  à  propos.  Nous  apprenons  à  peu  près  l'époque  du  départ 
de  ces  otages,  par  un  acte'  suivant  lequel  les  douze  autres  consuls  ou  capi- 
touls,  qui  étoient  restés  à  Toulouse,  ayant  convoqué  le  20  de  février  de 
l'an  I2i5  l'assemblée  générale  de  la  bourgeoisie,  il  fut  résolu,  quoique  le 
nombre  de  seize  consuls  fût  nécessaire  selon  les  statuts  pour  gouverner  la 
ville,  que  les  douze  qui  restoient  en  auroient  l'administration  jusqu'à  la  fin 
de  leur  consulat.  L'acte  est  daté  :  Philippe  étant  roi  de  France,  Se  Raimond 
comte  de  Toulouse;  mais  ce  comte  n'y  avoit  plus  alors  aucune  autorité; 
l'évêque  Foulques  l'avoit  entièrement  envahie,  comme  il  paroît  entre  autres 
par  le  refus  qu'il  fit  à^  Raimond  de  Recaud^,  sénéchal  de  Toulouse,  8c  l'un 
des  principaux  conseillers  du  comte,  de  lui  accorder  la  permission  qu'il  lui 
demandoit,  d'aller  finir  ses  jours  au  service  des  pauvres  dans  un  hôpital,  sous 
prétexte  qu'il  avoit  porté  ce  prince  à  résister  à  l'Eglise.  Le  légat  fit  aussi 
prendre  possession  au  nom  de  l'Eglise  romaine,  du  château  de  Foix,  dont  M 
confia  la  garde  à  l'abbé  de  Saint-Thibéry ,  qui  y  établit  pour  châtelain 
Bérenger,  son  neveu,  qualifié  damoiseau.  Le  cardinal  Pierre  de  Bénévent, 
s'étant  ainsi  assuré  de  tout  ce  qui  restoit  de  places  fortes  dans  le  pays,  permii 
aux  chevaliers  dont  les  biens  avoient  été  confisqués  (^faiditos)  durant  la 
la  guerre,  d'aller  partout  où  ils  vor.drcient,  à  condition  qu'ils  n'entreroient 
pas  dans  les  villes  murées;  qu'ils  marcheroient  sans  armes;  qu'ils  ne  monte- 
roient  que  sur  de  simples  roussins,  8c  qu'ils  ne  porteroient  qu'un  éperon. 

LXXIX.  —  L'archevêque  d'Arles  donne  en  fiefBeaucaïre  C-  la  terre  d'Argence 

à  Simon, 

Simon  de  Montfort,  après  le  concile  de  Montpellier,  fit  un  voyage  à  Beau-  j^i^'^i'^^. 
caire"*,  où  Michel  de  Morèse,  archevêque  d'Arles,  8c  son  chapitre,  lui  donnè- 
rent en  fief,  8c  à  ses  héritiers,  le  3o  janvier,  la  ville  de  Beaucaire  8c  la  terre 
d'Argence,  qui  comprenoit  la  partie  du  diocèse  d'Arles,  située  en  deçà  du 
Rhône,  avec  leurs  droits  Se  dépendances  qui  étoient  possédés  auparavant  par 
les  comtes  de  Toulouse.  Simon  en  fit  hommage-lige  à  ce  prélat  8c  lui  donna 
quatorze  cens  marcs  d'argent  du  poids  de  Montpellier  d'acapte,  avec  promesse 
de  payer  outre  cela  un  cens  annuel  de  cent  marcs  d'argent  du  même  poids, 
8c  de  donner  aux  archevêques  d'Arles  un  denier  pour  livre  toutes  les  fois  qu'il 

'  Ca(el,  Histoire  des  comtes  de  Tolose,  p.  3o2.  *  Registrum  euriae  Franciae. —  Caseneuve, /"ranc- 

'  Guillaume  de  Puylaurens,  c.  24.  AUeu,  p.  3i5. —  Galîia   C/iristiana,  nov.  éd.  t.   i,- 

'  [Corrige^   Ricaud   (Aude),    arrondissement  &        Instrum.  p.   ico  &  seq,  &  t,  2,  Instrum.  p.  235. 
canton  de  Castelnaudary.] 


A>i  I il 5 


4^4  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXII. 

feroit  fabriquer  clans  le  pays  de  la  nouvelle  monnoie  à  laquelle  l'archevêque 
promit  de  donner  cours  par  son  autorité.  L'acte  fut  passé  en  présence  de 
l'évêque  d'Avignon,  de  Pierre,  abbé  de  Saint-Gilles,  de  maître  Thédise,  cha- 
noine de  Gênes,  &  d'un  grand  nombre  d'ecclésiastiques  &  de  séculiers. 
Simon  alla  ensuite  rejoindre  le  légat  Pierre  de  Bénévent  à  Montpellier', 
d'où  ils  se  rendirent  à  Carcassonne. 

LXXX.  —  Libéralités  de  Simon  envers  l'église  d'Ujès. 

Ce  comte  n'attendit  pas  la  décision  du  pape  pour  disposer  des  domaines  de 
la  maison  de  Toulouse,  Si  il  agit  avant  cette  décision  comme  s'il  en  eût  été 
le  véritable  maître;  c'est  ce  qui  paroît  :  i°  Par  une  donation^  qu'il  fit,  le  7  de 
février  de  l'an  I2i5,  du  consentement  d'Amauri,  son  fils,  en  faveur  d'Arnaud, 
évêque  de  Nîmes,  du  lieu  de  Millaud  dans  le  vicomte  de  Nîmes,  dont  il 
était  &<  devait  être  le  maître^  soit  en  raison  du  comté  de  Toulouse,  soit  à 
cause  de  la  vicomte  de  Nimes.  2°  Par  une  charte ^  datée  de  son  palais  de  Car- 
cassonne, le  16  de  mars  suivant,  dans  laquelle  il  déclare  «  que  possédant 
«  par  la  commission  que  Pierre,  cardinal  diacre  du  titre  de  Sainte-Marie  en 
«  Acquire  &  légat  du  Saint-Siège,  lui  en  avoit  donnée,  toutes  les  terres  & 
«  tous  les  droits  que  Raimond,  ci-devant  comte  de  Toulouse,  avoit,  soit 
a  par  lui-même,  soit  par  les  autres,  dans  le  diocèse  d'Uzès,  Sx.  ayant  appris 
«  que  l'église  d'Uzès  avoit  souffert  beaucoup  de  dommages,  il  donne  du 
«  mieux  qu'il  peut,  tant  pour  soi  que  pour  ses  successeurs,  à  Raimond, 
«  évêque  de  cette  ville,  &  à  son  église,  divers  lieux,  villages,  droits  de  péage, 
«  dîmes  81  autres  domaines,  que  le  même  Raimond,  ci-devant  comte  de  Tou- 
«  louse,  possédoit  dans  ce  diocèse,  ou  d'autres  pour  lui.  Sien  particulier  la 
«  viguerie  d'Uzès,  que  Bermond  tenoit  de  ce  même  comte.  Il  se  réserve 
«  néanmoins  la  justice  criminelle  pour  l'effusion  de  sang  dans  la  plupart  de 
«  ces  domaines,  dont  il  reprend  quelques-uns  en  fief  de  l'église  d'Uzès;  avec 
«  promesse  de  confirmer  cette  donation,  lorsque  tout  le  pays  lui  aura  été 
«  assigné  à  perpétuité  par  le  pape,  81  de  faire  hommage  k  l'évêque  Si  à 
«  l'église  d'Uzès  pour  tout  ce  qu'il  tient  d'eux.  »  En  conséquence,  Bermond, 
seigneur  d'Uzès,  rendît  hommage  peu  de  temps  après  à  l'évêque  du  fief  de 
la  viguerie  d'Uzès,  qu'il  tenoit  auparavant  du  comte  de  Toulouse,  &.  pour 
lequel  il  étoît  obligé  à  une  albergue  de  cent  chevaliers. 

LXXXI.  —  Louis,  fils  aîné  du  roi  Philippe- Auguste,  se  croise  6-  vient  dans 

la  Province, 

Simon  reçut  à  Lavaur"*,  le  1"  d'avril  suîvant,  l'hommage  de  Guillaum.e, 
évêque  de  Cahors,  pour  le  château  de  Pestillac  en  Querci,  Si  celui  de  Bcr- 

■  Pierre  de  Vaux-Cernay,  c.  80.  p.  3o5  &  seq.  ~  [Voyez  tome  VIII,  ce.  6C0  Ï6'>i, 

•  Tome  Vni,  Chartes,  n.  CXV,  ce.  658  &  «9.       où  nous  republions  cet  acte  d'après  l'orieiiial.] 
'  Gallia   Christiana,    noy.    éd.    t,    6,    Instrum,  *  Registrum  curiae  Francité, 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXII,  455 

naid  de  Cardaillac  pour  quelques  autres  châteaux  du  même  pays'.  Le  len- 
demain, Rostaing  de  Posquières  reconnut  tenir  de  lui  le  château  de  ce  nom 
dans  le  diocèse  de  Nimes.  Il  partit  peu  de  jours  après  pour  aller  au  devant 
de  Louis,  fils  aîné  du  roi  Philippe-Auguste.  Ce  jeune  prince^  s'étoit  croisé 
trois  ans  auparavant  contre  les  hérétiques  de  la  Province  par  un  mouvement 
de  piété;  mais  la  guerre  que  le  roi  son  père  avoit  alors  sur  les  hras  l'avoit 
empêché  d'exécuter  son  dessein.  Enfin,  Philippe,  ayant  conclu  une  trêve  avec 
Jean  Sans-Terre,  roi  d'Angleterre,  le  premier  soin  de  Louis  fut  de  satisfaire 
sa  dévotion.  Il  arriva  à  Lyon  le  jour  de  Pâques  ig  avril,  suivi  de  Philippe, 
évêque  de  Beauvais,  son  cousin,  du  comte  de  Saint-Paul,  de  Gautier,  comte 
de  Ponthieu,  Robert,  comte  de  Séez  &  d'Alençon,  Guiscard  de  Beaujeu, 
Matthieu  de  Montmorenci,  du  vicomte  de  Melun  &  de  plusieurs  autres  che- 
valiers de  distinction.  Gui,  évêque  de  Carcassonne,  qui  étoit  allé  quelque 
temps  auparavant  en  France,  servit  de  conducteur  à  ce  nouveau  corps  de 
croisés,  qui  partit  de  Lyon  le  20  d'avril.  Se.  continua  sa  route  le  long  du 
Rhône.  Montfort  rencontra  Louis  à  Vienne  &  l'accompagna  toujours  depuis. 
Le  cardinal  Pierre  de  Bénévent  s'avança  de  son  côté  jusqu'à  Valence  pour 
aller  au  devant  des  croisés. 

Ce  légat  ayant  appris  le  voyage  de  Louis,  en  tut  troublé.  Il  craignoit  que 
ce  prince,  en  qualité  de  seigneur  principal  du  pays,  ne  changeât  quelque 
chose  à  la  disposition  qu'il  venoit  de  faire  des  domaines  du  comte  de  Tou- 
louse, 8<  qu'il  ne  l'inquiétât  dans  la  possession  des  villes  de  Toulouse,  de 
Narbonne  81  de  plusieurs  autres  qu'il  gardoit  en  séquestre,  depuis  qu'il  avoit 
donné  l'absolution  à  leurs  habitans.  Dans  cette  appréhension,  il  s'empressa 
de  prévenir  Louis  pour  le  détourner  de  faire  aucune  entreprise  contre  ce 
qu'il  avoit  réglé  ;  prétendant,  suivant  le  témoignage  d'un  historien-*  du  temps, 
«  que  ce  prince  ne  devoit  ni  ne  pouvait  y  donner  aucune  atteinte;  attendu 
«  qu'il  ne  venoit  qu'en  qualité  de  croisé  ou  de  pèlerin,  8c  que  le  pays  avoit 
«  été  conquis  par  le  pape  avec  le  secours  des  croisés,  sur  le  refus  qu'avoit  fait 
«  le  roi  Philippe,  après  plusieurs  exhortations,  de  le  purger  de  l'hérésie  dont 
«  il  étoit  infecté.  «  Les  craintes  du  légat  furent  bientôt  dissipées  :  Louis,  qui 
étoit  un  prince  doux  Si  débonnaire,  lui  déclara  qu'il  agiroit  en  toutes  choses 
suivant  son  conseil  Si  sa  volonté. 

LXXXII.  —  Le  pape  donne  provïslonnellement  le  comté  de  Toulouse,  i-c, 

à  Simon. 

Louis  s'arrêta  k  Saint-Gilles  avec  ses  troupes;  il  y  reçut  les  députés  que  le 
concile  de  Montpellier  avoit  envoyés  à  Rome,  Se  qui  apportoient  la  réponse 
du  pape  datée  du  1  avril.  Par  cette  réponse,  qui  étoit  adressée  au  légat,  aux 
évêques  Si  à  Simon  de  Montfort,  Innocent  III  commettoit  à  ce  général  la 

'Voyez  notre  Catalogue,    n°'   123-125,  où  ces  '  Pierre  de  Vaux-Cetnay,  c.  8;. 

pièces  sont  datées  du   i"  &  du  3  avril  1216;  cetta  '  lèi.i. 

dernière  date  est  U  vraie.    [A.  M.l 


cd.  0l,:;lii. 
t.  lll,  p'.  i-jg. 


An  lîiô 


456  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXII. 

garde  de  tous  les  domaines  que  le  comte  de  Toulouse  avoit  possédés,  de 
toutes  les  terres  que  les  croisés  avoient  conquises  &  de  celles  que  le  légat 
tenoit  en  otage,  jusqu'à  ce  qu'il  en  eût  été  décidé  autrement  au  concile 
général  qu'il  avoit  convoqué  à  Rome  pour  le  i"  de  novembre  suivant.  Il 
donna  de  plus  à  Simon  les  revenus  de  tous  ces  domaines  avec  l'exercice  de  la 
justice  8c  la  juridiction  jusqu'à  ce  temps-là.  11  exhorte  ce  général,  à  la  fin  de 
sa  lettre,  de  ne  pas  refuser  cette  commission  '  :  exhortation  assez  inutile,  car 
Simon  n'étoit  que  trop  bien  disposé  à  une  obéissance  aveugle  sur  cet  article. 
Le  prince  Louis  &.  Montfort  ne  manquèrent  pas  de  faire  part  de  ces  ordres  au 
légat,  qui  s'étoit  arrêté  à  Arles  avec  pif.sieurs  évêques. 

LXXXIIL  —  Le  pape  donne  en  fief  le  comté  de  Melgueïl  aux  évêques 

de  Maguelonne. 

Dans  la  régie  qu'Innocent  III  accorda  à  Montfort  des  domaines  qui  avoient 
appartenu  au  comte  de  Toulouse,  il  en  excepta  le  comté  de  Melgueil  ou  de 
Montferrand,  dont  il  disposa^  en  qualité  de  seigneur  suzerain,  en  faveur  de 
Guillaume  d'Autignac,  évêque  de  Maguelonne,  8c  de  ses  successeurs,  auxquels 
il  l'inféoda,  moyennant  une  redevance  annuelle  de  vingt  marcs  d'argent,  par 
une  bulle  datée  du  14  avril  suivant.  Innocent  fit  cette  inféodation  à  condi- 
tion que  les  évêques  de  Maguelonne  feroient  la  guerre  8c  la  paix,  pour  les 
intérêts  du  même  comté,  suivant  les  ordres  du  pape;  qu'ils  ne  pourroient 
inféoder  ou  aliéner,  ni  le  château  de  Melgueil,  ni  celui  de  Montferrand, 
qui  étoient  les  chefs-lieux  du  comté,  ni  enfin  aucun  des  fiefs  qui  en  dépen- 
doient.  Depuis  ce  temps-là  les  évêques  de  Maguelonne  ou  de  Montpellier  se 
sont  qualifiés  comtes  de  Melgueil  ou  de  Montferrand;  car,  quoique  le  jeune 
Raimond,  comte  de  Toulouse,  soit  rentré  quelques  années  après  dans  les 
domaines  qui  avoient  appartenu  à  son  père,  il  ne  put  cependant  recouvrer  ce 
comté,  dont  les  évêques  de  Maguelonne  demeurèrent  en  possession  Se  dont 
ils  obtinrent  la  confirmation  de  divers  papes  successeurs  d'Innocent  III.  Ils  en 
ont  joui  depuis,  non  toutefois  sans  quelque  contradiction  de  la  part  de  nos 
rois,  successeurs  des  comtes  de  Toulouse,  ainsi  que  nous  le  verrons  dans  la 
suite.  Au  reste,  il  s'en  faut  bien  que  cette  inféodation  ait  été  gratuite.  Outre 
le  cens  annuel  de  vingt  marcs  d'argent,  le  pape  en  tira  pour  sa  part  douze 
cent  vingt  marcs  ou  sterlings  d'argent,  sans  compter  cinq  cens  livres  qu'il 
fallut  donner  aux  cardinaux  pour  les  provisions,  trois  cent  vingt  livres  valant 
cent  marcs  sterling,  un  cheval  8c  une  mule  du  prix  de  trente-cinq  livres  au 
camérier  du  pape,  8c  plusieurs  autres  sommes  qui  furent  distribuées  aux  offi- 


'  Poitliast,  n.  4Ç)66;  lettre  du  pape  à  Simon  de  août  (HU.  n.  ^971);  ordre  aux  chevaliers  &  ha- 

Monifon  (n.  4967),  aux  archevêques   &   évêques  bitants  de  Melgueil   d'obéir    à  leur   nouveau   sei- 

du  Midi  (n.  4968),  aux  barons,  consuls  &  fidèles  gneur  (n.   4974);    enfin    commission    à    Arnaud, 

(n.  4969).   [A.  M.]  archevêque    de    Narbonne,    pour    faire    recouvrer 

'  Carte], Séries  praesalum  Magalonensiam, p. 3oj.  les  domaines   aliénés  parles  comtes  de  Melgueil 

JPotihast,   n.   4972;   première  concession   du    10  (n.  4973.)]   [A,  M.] 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXII,  4^7 


An  12|5 


clers  de  la  chancellerie  romaine,  en  sorte  qu'on  compte  que  l'évêque  de 
Maguelonne  dépensa  pour  cela  trente-trois  mille  sterlings  neufs  de  demi- 
livret  Guillaume  d'Autignac,  pour  satisfaire  à  une  si  grande  dépense,  céda 
aux  consuls  de  Montpellier,  pour  vingt-cinq  raille  sols  melgoriens,  deux  des 
douze  deniers  pour  livre  que  le  comte  de  Melgueil  avoit  coutume  de  prendre  (."iii "p'^,!";,, 
sur  la  monnoie  de  Melgueil,  le  bois  de  Valène  61  divers  autres  droits. 

LXXXIV.  —  Seigneurs  de  Lunel.  —  Evêques  de  Maguelonne. 

Ce  prélat  fut  nommé  ^,  le  i^""  d'avril  de  la  même  année,  principal  tuteur 
des  fils  de  Raimond-Gaucelin,  seigneur  de  Lunel,  qui  fit  alors  son  testament 
par  lequel  il  choisit  sa  sépulture  dans  le  cimetière  des  Templiers  de  Mont- 
pellier 8<.  donne  cinq  mille  sols  melgoriens  à  chacune  de  ses  deux  filles,  Rous- 
seline  &  Guillelmette,  &  seulement  mille  sols  à  Raimonde,  la  troisième,  qu'il 
veut  être  religieuse  à  Arboras  (dans  le  diocèse  de  Lodève).  Il  fait  de  plus 
divers  legs  pieux  pour  réparer  les  dommages  que  lui  &  son  père  avoient 
causés  à  l'abbaye  de  Psalmodi  81  aux  religieuses  de  Saint-Geniès,  81  nomme 
pour  son  héritier  universel  Pons-Gaucelin,  son  fils,  auquel  il  substitue  ses 
deux  filles  aînées,  8c  à  leur  défaut  son  neveu  Guerso.  Il  exempte  la  ville  de 
Lunel  de  toute  sorte  de  queste,  8t  donne  plusieurs  autres  tuteurs  à  son  fils, 
entre  lesquels  il  nomme  Guise,  sa  femme,  8c  Raimond  de  Cauvisson,  qu'il 
fait  baile  8c  viguier  de  tous  ues  domaines  pendant  cinq  ans.  Raimond-Gau- 
celin mourut  vers  le  commencement  de  juillet  de  la  même  année.  II  avoit  eu 
ses  deux  filles  aînées  de  Sibylle  de  Montpellier,  sa  première  femme.  Guillel- 
mette, la  seconde  de  ses  fi. les,  épousa^  Raynon  IV,  seigneur  d'Uzès  en 
partie.  Quant  à  Guillaume  d'Autignac'*,  il  mourut  en  1216,  après  avoir 
ériiré,  le  jour  de  la  Pentecôte  de  cette  année,  l'église  de  Notre-Dame  de 
Montpellier  en  paroisse.  Bernard  de  Mèze,  prévôt  de  la  cathédrale,  lui  suc- 
céda dans  l'évêché  de  Magujlonne. 

LXXXV.  —  Le  comte  de  Toulouse  se  retire  avec  son  fils  à  la  cour 

d'Angleterre. 

Le  comte  de  Toulouse  Se  son  fils,  informés  de  la  disposition  provisionnelle 
que  le  pape  Innocent  III  avoit  faite  de  leurs  domaines,  en  faveur  de  Simon 
de  Montfort,  se  convainquirent  de  plus  en  plus  que  toutes  leurs  soumissions 
étoient  inutiles;  qu'on  en  vouloit  bien  moins  à  leurs  sentimens  ou  à  leur 
conduite  qu'à  leurs  États,  8c  qu'enfin  Simon  ne  cherchoit  qu'à  s'agrandir  à 

'  Ces   chiffres  ont  été  fournis  à  Gariel   par  la  cha   à   rentrer  dans  ses  avances  en   spéculant  Sjt 

Chronique  d'Arnaud  de  Verdale;    cette  somme  fut  la  monnaie  de  Melgueil,  qui  fut  dès  lors  émise  en 

versée  au    trésor  pontifical  par  l'intermédiaire  des  son  nom.    [A.  M.] 
Templiers.   (Cf.  Germain,  Maguelonne  &  ses  cvè-  'Manuscrits  d'Aubays,  n.  83. 

juej,  pp.  48  &  49,  &  du  même  auteur,  Études  sur  '  Voyez  tome  IV,  'Soie  LU,  p.  228. 

le  comté  de  Mtl^ueil,  pp.  Ô89,  5y3.)  L'évêque  cher-  ^  Guiiel,  Séries praesulum  Magalonensium,  p.  3ay. 


"~ ~   .!j8  histoire  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXII. 

leurs  dépens.  Sur  cela  '  ils  prirent  le  parti  de  sortir  de  Toulouse,  où  ils  ne 
pouvoient  plus  demeurer  avec  bienséance.  Un  ancien^  historien  anglois  fait 
entendre  que  le  père  se  retira  alors  à  la  cour  de  Jean  Sans-Terre,  roi  d'An- 
gleterre, son  beau-frère,  &  qu'il  fit  hommage  du  comté  de  Toulouse  à  ce 
prince,  qui  lui  donna  dix  mille  marcs  d'argent  pour  se  soutenir.  Il  est  cer- 
tain, du  moins,  que  le  jeune  Raimond  se  rendit  à  la  cour  d'Angleterre  Si 
que  le  roi  Jean^,  son  oncle,  prit  hautement  sa  protection.  Quant  aux  deii:: 
princesses  d'Aragon,  leurs  femmes,  elles  se  retirèrent  en  Provence. 

LXXXVI.  —  Suite  du  voyage  du  prince  Louis.  —  Il  fait  démanteler  les 
villes  de  Narbonne,  de  Toulouse,  C-c.  —  DiJJèrends  entre  l'archevêque  de 
Narbonne  6-  Simon  de  Montfort  touchant  le  duché  de  Narbonne. 

Le  prince  Louis,  étanf^  parti  de  Saint-Gilles  accompagné  du  cardinal- 
légat  Si  de  Simon  de  Montfort,  à  la  tête  de  son  armée,  se  rendit  à  Mont- 
pellier dont  les  habitans  prêtèrent  serment  de  catholicité  entre  ses  mains  &c 
donnèrent  caution  qu'ils  vivroient  dans  la  pureté  de  la  foi.  Il  alla  ensuite  à 
Bézicrs,  où  il  reçut  une  députation  des  habitans  de  Narbonne.  On  a  déjà  dit 
qu'Arnaud,  abbé  de  Cîteaux,  n'avoit  pas  plutôt  été  élevé  en  1212  sur  le  siège 
archiépiscopal  de  Narbonne  qu'il  usurpa,  suivant  l'expression  d'un  historien 
contemporain 5  qui  d'ailleurs  lui  étoit  très-attaché,  le  duché  de  cette  ville, 
que  les  comtes  de  Toulouse  avoient  possédé  de  tout  temps.  Simon  de  Mont- 
fort, prétendant  d'un  autre  côté  profiter  entièrement  de  la  dépouille  du 
comte  Raimond,  s'opposa  de  toutes  ses  forces  aux  desseins  d'Arnaud  6<  lui 
disputa  le  duché.  Ce  différend  mit  une  grande  division  entre  eux,  malgré 
l'union  intime  dans  laquelle  ils  avoient  vécu  jusqu'alors.  Simon,  pour  abaisser 
l'autorité  de  l'archevêque,  ordonna  de  détruire  les  murs  de  Narbonne,  sous 
prétexte  que  les  peuples  de  cette  ville  s'étoient  élevés  contre  Dieu  i-  contre 
la  religion,  c'est-à-dire  contre  ses  vues  ambitieuses,  81  qu'ils  avoient  reçu  ses 
ennemis.  L'archevêque  défendit  d'exécuter  ces  ordres,  8c,  pour  empêcher 
Simon  de  prévenir  Louis  contre  lui,  il  alla  à  la  rencontre  de  ce  prince  jus- 
qu'à Vienne.  Mais  quoiqu'il  offrît  devant  le  légat,  tant  pour  lui-même  que 
pour  le  vicomte  de  Narbonne  &  les  habitans  de  cette  ville,  de  répondre  S<.  de 
satisfaire  à  tous  les  griefs  qu'on  déduiroit  contre  eux,  il  ne  put  rien  gagner 
sur  l'esprit  de  Louis  qui,  étant  arrivé  à  Béziers,  décida,  par  l'avis  du  légat, 
de  Simon  de  Montfort,  des  seigneurs  croisés  8c  de  plusieurs  prélats,  qu'on 
détruiroit  incessamment,  de  la  volonté  8c  par  l'autorité  du  même  légat,  les 
t.  Mi°p'f27'i.  murs  de  Narbonne,  de  Toulouse  8c  de  quelques  autres  places,  parce  qu'elles 
avoient  causé  beaucoup  de  mal  à  la  religion.  Louis  défendit  cependant  à 

'  Guillaume  it  Pciylaurens,  c.  iS.  le   Breton,  Je   Gestis  PhUippi-Augusti,  p.   87.  — . 

*  Raoul  de  Coggeshale,  apud  Martène,  Collectlo  Gallia  Christiana,  t.    i,   p.    078  &  seq.  —  Bciie, 

emplissima,  t.  5,  c.  873.  [Voyez  plus  haut,  p.  432.]  Histoire  des  ducs  de  Narionne,  p.  462  &.  Suiy, 
'  Guillaume  de  Puyiaurens,  c.  27.  *  Pierre  de  Vaux-Cernay,  c,  82. 

♦Pierre  de  Vaux-Cernay,  c.  82.  —  Guillaume 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXII.  459 

Simon  d'inquiéter  les  habitans  de  ces  villes  en  toute  autre  chose  qu'en  ce  qui 
regardoit  la  démolition  de  leurs  murailles.  Il  commit  pour  l'exécution  de  ces 
ordres  deux  chevaliers,  &  enjoignit  aux  habitans  de  ces  villes  d'abattre  leurs 
murailles  dans  l'espace  de  trois  semaines,  à  peine  d'une  punition  exemplaire. 
C'est  à  ce  sujet  que  les  habitans  de  Narbonne  lui  députèrent  à  Béziers  pour 
lui  témoigner  qu'ils  étoient  prêts  à  obéir.  On  travailla  donc  à  raser  les  murs 
de  Narbonne,  au  grand  regret  de  l'archevêque. 

Louis  prit  ensuite  la  route  de  Carcassonne  avec  Simon  de  Montfort  Se  tous 
les  croisés  de  France;  il  ordonna  en  partant  de  Béziers  aux  députés  de  Nar- 
bonne de  le  suivre,  pour  lui  servir  d'otages  jusqu'à  l'entière  démolition  des 
murailles  de  leur  ville.  Dès  qu'il  fut  arrivé  à  Carcassonne,  il  y  fit  appeler,  à 
la  persuasion  de  Montfort,  Ayraeri,  vicomte  de  Narbonne,  que  ce  général 
força,  malgré  lui,  suivant  les  plaintes  que  l'archevêque  Arnaud  porta  quelque 
temps  après  au  pape,  à  lui  faire  hommage  comme  au  duc  de  Narbonne.  Ce 
prélat  ajoute  dans  sa  plainte  que  le  vicomte  ne  fit  cependant  hommage  à 
Simon  que  provisionnellement,  &  jusqu'au  concile  général,  sauf  le  serment 
de  fidélité  qu'il  lui  avoit  prêté  auparavant  à  lui-même  pour  ce  duché,  &  que 
Simon  obligea  les  députés  de  Narbonne,  qui  étoient  en  otage  à  Carcassonne, 
à  lui  prêter  le  même  serment  &  à  lui  payer  une  somme  considérable.  Nous 
n'avons  pas  l'acte  d'hommage  qu'Aymeri  rendit  alors  à  Simon  de  Montfort 
pour  constater  la  vérité  des  faits  avancés  par  l'archevêque  Arnaud  :  il  nous 
reste  seulement  une  charte'  par  laquelle,  «  Simon  étant  dans  son  palais  de 
«  Carcassonne,  le  21  de  mai  de  l'an  i2i5,  en  présence  de  Louis,  fils  aîné 
«  du  seigneur  Philippe,  illustre  roi  des  François,  de  l'évêque  de  Beauvais, 
«  du  comte  de  Saint-Paul,  du  vicomte  de  Melun,  de  Mathieu  de  Montnio- 
«  rency,  de  Bouchard  de  Marly  (frère  de  ce  dernier)  8c  d'Amaury,  son  fils; 
«  il  prend  sous  sa  protection  &  sauvegarde  Aymeri,  vicomte  de  Narbonne, 
(c  Se  tous  les  habitans  de  cette  ville,  St  leur  pardonne  tout  le  mal  qu'ils 
«  avoient  causé,  soit  à  lui-même,  soit  à  Gui,  son  frère.  Se  à  Amaury,  son  fils; 
«  de  quoi  il  fit  faire  serment  sur  ses  armes,  par  Ferrin,  son  chevalier.  »  Le 
vicomte'Sc  les  habitans  de  Narbonne  jurent,  dans  le  même  acte,  à  Simon  une 
paix  perpétuelle,  de  lui  conserver  la  vie  Si  les  membres,  ses  domaines.  Sec* 

Simon^,  prévoyant  que  l'archevêque  de  Narbonne  ne  manqueroit  pas  d'avoir 
recours  au  pape,  sur  l'esprit  duquel  ce  prélat  avoit  beaucoup  de  pouvoir,  fit 
le  même  jour  un  acte  d'appel  dans  lequel  il  déclare,  «  que  se  trouvant  lésé 
«  par  l'archevêque  Arnaud  en  divers  chefs.  Se  en  particulier  au  sujet  du 
«  duché  de  Narbonne,  que  le  comte  de  Toulouse  avoit  tenu  autrefois.  Se  en 
«  ce  que  ce  prélat  l'empêchoit  d'exécuter  la  commission  de  Sa  Sainteté,  qui 


'  Tome  VIIT,  Chartes,  n.CXVI,  ce.  639  &  660.  Rappelons  que  ce  dernier  titre  était  usurpé  pat 

'  C'est   évidemment   cet    acte    que    l'archevêque  lui,  &  qu'à  cette  occasion   tout  au  moins,  Simon 

Arnaud  avait  en  vue  dans  sa    plainte  au    pape.  de  Montfort  avait  raison  de  le  lui  disputer;  au- 

Quoiqu'il  en   exagère  un  peu  la   portée,  ce   n'en  cun  archevêque  de  Narbonne,  avant  Arnaud,  ne 

était  pas  moins  une  atteinte  aux  droits  qu'il  avait  se  l'attribua.   [A.  M.] 
ou    prétendait   avoir   comme    duc    d*    Narbonne.  '  Besse,  Histoire  des  ducs  de  Narbonne,  p.  465. 


An  12  là 


■— —  a6o  histoire  Générale  de  Languedoc,  liv.  xxii. 

An  1 2 1  a         • 

«  lui  avoît  accordé  la  régie  des  domaines  du  même  comte,  Si  des  autres,  jus- 
«  ques  au  concile  général  ;  que  craignant  de  plus  grandes  vexations,  il  appelle 
«  au  pape,  met  sa  personne,  ses  vassaux,  6c  spécialement  Aymeri,  vicomte  de 
«  Narbonne,  8c  les  habitans  de  cette  ville  sous  la  protection  du  saint  père, 
c(  pour  empêcher  que  l'archevêque  ne  les  excommunie,  8c  il  assigne  à  ce 
«  prélat  la  fête  de  Tous  les  Saints  pour  la  poursuite  de  son  appel.  »  Ce  que 
Montfort  avoit  prévu  ne  manqua  pas  d'arriver;  l'archevêque'  appela  de  son 
côté  au  pape  quelques  jours  après,  du  préjudice  que  Simon  lui  causoit  dans 
la  possession  du  duché  de  Narbonne,  dont  il  prétendoit  avoir  joui  paisible- 
ment depuis  trois  ans.  Il  se  plaignit  de  plus  de  ce  qu'après  le  départ  du 
prince  Louis,  Simon  avoit  fait  détruire  de  sa  propre  autorité  les  murs  du 
château  de  Cabrières,  qui  dépendoit  du  domaine  de  son  église.  Il  envoya  un 
exprès  à  Rome,  tant  pour  y  poj'ter  ces  griefs  que  des  lettres  de  son  chapitre 
Se  de  l'abbé  de  Saint-Paul,  lesquels  prioient  instamment  le  pape  de  lui  con- 
firmer le  duché  de  Narbonne,  dont  il  avoit  pris  possession  le  jour  de  son 
sacre ^. 

Innocent  III  écouta  favorablement  les  plaintes  de  l'archevêque  8c  de  l'église 
de  Narbonne;  il  fit  expédier,  le  2  de  juillet  de  la  même  année,  une  bulle^ 
qu'il  adressa  au  cardinal  Pierre  de  Bénévent,  son  légat,  8c  à  Simon  de  Mont- 
fort;  il  y  fait  un  grand  éloge  d'Arnaud  Se  des  soins  qu'il  s'étoit  donnés  pour 
t. ni',''p!l!'72.  la  croisade  contre  les  hérétiques  albigeois,  laquelle,  dit  le  pape,  lui  devoit 
une  grande  partie  de  ses  succès;  il  expose,  d'un  autre  côté,  les  obligations 
singulières  que  Simon  avoit  à  ce  prélat,  8c  dit  ensuite,  en  adressant  la  parole 
à  ce  général  :  «  Nous  sommes  extrêmement  surpris  de  ce  qu'ayant  fait  hom- 
«  mage  Se  prêté  serment  de  fidélité  à  l'archevêque  de  Narbonne,  ainsi  qu'il 
.(  nous  l'a  fait  savoir,  vous  avez  néanmoins  poursuivi,  comme  il  vous  a  plu, 
«  la  démolition  des  murs  8c  des  tours  de  cette  ville;  l'exposant  ainsi  avec  son 
K  clergé  8c  son  peuple  aux  insultes  de  ses  ennemis,  quoiqu'il  soit  prêt  à  vous 
«  faire  justice  sur  tous  vos  griefs,  devant  Pierre,  cardinal  du  titre  de  Sainte- 
«  Marie  en  Acquire,  légat  du  siège  apostolique.  De  plus,  vous  avez  extorqué 
«  injustement,  Se  à  son  préjudice,  le  serment  de  fidélité  du  vicomte  Se  de 
«  quelques  habitans  de  Narbonne  qui  étoient  en  otage  à  Carcassonne,  Se 
«  vous  avez  tâché  de  le  dépouiller  du  duché  de  Narbonne,  qu'il  assure  pos- 
«  séder  pacifiquement  depuis  sa  promotion  ;  vous  lui  causez  de  la  peine  tou- 
«  chant  le  château  de  Cabrières  8c  quelques  autres  domaines  de  son  église 
«  que  vous  occupez  injustement.  Je  vous  exhorte  donc,  tant  pour  ne  pas  faire 
'i  tort  à  votre  réputation  que  pour  éviter  d'être  taxé  d'ingratitude,  à  lie  pas 
'<  causer  de  préjudice,  ni  de  chagrin  à  ce  prélat,  qui  vous  a  comblé  d'hon- 
'<  neurs  ;  à  ne  pas  déprimer  celui  qui  a  travaillé  de  toutes  ses  forces  à  votre 
«  élévation,  8c  à  lui  faire  une  entière  satisfaction,  afin  que  lorsqu'il  viendra 
'(  au  concile  général  il  n'ait  pas  de  justes  sujets  de  se  plaindre  de  vous.  Autre- 

'  Gallla  Christlana,  t.  i,  p.  SyS  &  suiv.  — Besse,  'Voyez  ces  lettres  dans  notre  Catalogue,  n"'  i  16, 

Histoire  des  ducs  de  Narbonne,  p.  4,J4  &  seq.  &  i  16  a.    [,\.  M.] 

^  [Potthast,  n.  4985.] 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXII.  461 

'■■  ment,  comme  nous  n'employerons  d'autre  exécuteur  de  nos  ordres  que  nous- 
«  mêmes,  si  vous  négligez  d'y  déférer,  nous  aurons  soin  de  corriger  votre 
«  désobéissance  comme  il  conviendra.  » 

On  ne  voit  pas  que  Simon  de  Montfort  ait  jamais  prêté  serment  de  fidélité 
8c  rendu  hommage  à  l'archevêque  Arnaud,  &  qu'il  l'ait  reconnu  pour  duc  de 
Narbonne,  ainsi  que  le  pape  le  suppose  dans  cette  lettre;  Se  Simon  n'auroit 
eu  garde  de  fournir  des  armes  contre  lui-même.  Ce  qu'il  y  a  de  certain,  c'est 
que  Montfort  n'avoit  pas  plus  de  droit  qu'Arnaud  au  duché  de  cette  ville, 
car  c'est  des  dépouilles  du  comte  de  Toulouse  qu'ils  vouloient  se  revêtir  l'un 
£<  l'autre.  Un  moderne'  fait  remonter  cependant  bien  plus  haut  les  préten- 
tions des  archevêques  de  Narbonne  sur  le  duché  de  cette  ville  ;  il  va  en  cher- 
cher l'origine  dans  la  donation  que  le  roi  Pépin  le  Bref  leur  fit  de  la  moitié 
des  droits  domaniaux  de  la  ville  de  Narbonne  6-  de  son  comté  :  supposant 
faussement,  sans  doute  pour  appuyer  cette  origine  :  1°  Que  Raimond  de 
Saint-Gilles  fit  hommage  &  prêta  serment  de  fidélité  à  l'archevêque  Guifred 
pour  le  comté  &  le  duché  de  Narbonne.  2°  Que  l'archevêque  Arnaud  «  sou- 
«  tenoit  qu'il  étoit  en  possession  du  duché  depuis  trente  ans  8<  au  delà,  !k 
«  que  lui  &  ses  prédécesseurs  en  avoient  toujours  joui  paisiblement  Se  sans 
«  trouble.  »  Mais  cet  auteur  fait  dire  à  Arnaud  ce  qu'il  ne  dit  pas.  En  effet, 
ce  prélat,  dans  les  deux  mémoriaux  qu'il  présenta^  aux  papes  Innocent  III  6c 
Honoré  III,  pour  défendre  ses  droits  sur  le  duché  de  Narbonne,  se  contente 
d'assurer  qu'après  son  élection  à  l'archevêché  de  cette  ville,  arrivée  au  mois 
de  mars  de  l'an  1212,  il  avoit  reçu  l'hommage  du  vicomte  Aymeri  pour  le 
duché  de  Narbonne,  par  le  conseil  de  l'évêque  d'Uzès,  légat  du  Saint-Siège; 
que  le  jour  de  sa  consécration  il  avoit  reçu  l'albergue  du  même  vicomte  pour 
le  duché,  8c  qu'enfin  il  avoit  possédé  cette  dignité  sans  trouble  pendant  trois 
ans,  sans  rien  dire  de  ses  prédécesseurs  :  preuve  certaine  que  lui  8c  Simon 
ne  fondoient  leur  droit  au  duché  de  Narbonne  que  sur  la  confiscation  qu'ils 
prétendoient  en  avoir  été  faite  sur  le  comte  de  Toulouse,  à  cause  de  sa  déso- 
béissance aux  ordres  du  pape  8c  des  légats  du  Saint-Siège,  8c  sur  l'autorité 
que  ces  derniers  s'étoient  arrogée  de  disposer  des  domaines  de  ce  prince.  Or, 
comme  le  comte  Raimond  VI  n'étoit  pas  alors  dépossédé  légitimement  de  ses 
domaines;  qu'il  ne  le  fut  jamais  dans  la  suite,  suivant  les  lois  des  fiefs,  8c 
que  ce  fut  seulement  la  puissance  ecclésiastique,  qui  n'a  aucun  pouvoir  sur 
le  temporel  des  princes,  qui  l'en  priva,  il  est  aisé  de  conclure  que  ni  l'arche- 
vêque Arnaud,  ni  Simon  de  Monttort  n'avoient  aucun  véritable  droit  sur  le 
duché  de  Narbonne.  Au  reste,  si  ce  prélat  se  fût  qualifié  comte  de  Narbonne, 
il  auroit  eu  un  fondement  plus  légitime. 

■  Bcsse,   Histoire  des   ducs    de   Narhonne^  p.  357  '    GalUa    Christiana  ,     t.     i,    p.    ^73    &    setj.    — . 

8c  Suiv.  Cciic,  /listoire  dcrs  ducs  de  N-irèoTini-^  p.  ^:>2  &  stitv. 


An  izi5 


" 402  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXII, 

An  12  1  j        ~ 

LXXXVII.  —  Simon  prend  possession   du   château   de  Foix,   &   de    la  ville 

6"  du  comté  de  Toulouse, 

^Éd-orisin.^  Durant  le  séjour  du  prince'  Louis  à  Carcassonne,  le  cardinal  Pierre  de 
Bénévént  ayant  convoqué,  dans  le  palais  épiscopal  de  cette  ville,  les  évêques 
St  les  seigneurs  de  l'armée,  lut  en  leur  présence  &  en  celle  de  ce  prince  &. 
Je  Simon  de  Monfort,  la  lettre  du  pape  qui  commettoit  ce  dernier  pour  la 
récrie  Se  l'administration  du  pays  jusques  au  concile  général.  Simon  envoya 
aussitôt  à  Toulouse  Gui,  son  frère,  avec  plusieurs  chevaliers  pour  prendre  en 
son  nom  possession  de  cette  ville,  dont  les  habitans  lui  prêtèrent  serment 
de  fidélité  sans  aucune  difficulté.  Ils  obéirent  également,  quoiqu'à  leur 
grand  regret,  aux  ordres  que  Gui  leur  donna  d'abattre  leurs  murailles,  &  ils 
mirent  aussitôt' la  main  à  l'œuvre.  Louis  partit  ensuite  de  Carcassonne  Se 
passa  à  Fanjaux  où  il  demeura  quelques  jours,  tandis  que  le  cardinal  légat 
8c  Simon  de  Montfort  firent  un  voyage  à  Pamiers,  Raimond-Roger,  comte 
de  Foix,  vint  à  leur  rencontre  dans  cette  ville,  mais  Simon  avoit  conçu  une 
si  grande  haine  contre  lui  qu'il  ne  voulut  pas  le  voir.  Ce  comte  renouvela 
ses  soumissions  au  légat,  qui  lui  ordonna  de  remettre  son  château  de  Foix  à 
Simon  :  il  obéit,  &  Simon  ayant  envoyé  aussitôt  un  corps  de  troupes  pour  en 
prendre  possession  &  y  demeurer  en  garnison,  il  alla  avec  le  légat  rejoindre 
le  prince  Louis  à  Fanjeaux,  d'où  ils  se  rendirent  ensemble  à  Toulouse,  suivis 
de  tous  les  croisés.  Les  principaux  de  la  ville  vinrent  au-devant  d'eux  6c  leur 
firent  leurs  soumissions. 

Quelques  historiens-  du  temps  font  entendre  que  Louis  assiégea  d'abord 
Toulouse  dans  les  formes,  &  que  les  habitans  ayant  demandé  à  capituler,  il 
leva  le  siège,  à  condition  qu'ils  détruiroient  leurs  tours  &  leurs  fortifications, 
suivant  la  volonté  de  Simon  de  Montfort j  qvt'ils  chasseroient  de  la  ville  tous 
les  hérétiques  qui  ne  voudroient  pas  se  convertir,  8c  qu'ils  seroient  dans  la 
suite  bons  catholiques  8c  obéissans  aux  ordres  du  pape.  Mais  Louis  peut 
avoir  imposé  ces  conditions  aux  Toulousains  sans  avoir  assiégé  leur  ville  :  il 
paroît,  en  effet,  par  le  témoignage  d'un  ancien  auteur 3,  que  Louis  &c  Simon 
étant  entrés  sans  difficulté  dans  Toulouse,  délibérèrent  sur  la  manière  dont 
ils  traiteroient  les  habitans.  «  Simon  assembla  alors  son  conseil,  dit  cet  his- 
«  torien,  auquel  se  trouvèrent  entre  autres  le  prince  Louis  8c  Foulques, 
(1  évêque  de  Toulouse.  Ce  prélat  fut  d'avis  de  mettre  le  feu  aux  quatre  coins 
(I  de  la  ville  pour  tirer  vengeance  des  maux  que  les  Toulousains  avoient  faits 
«  aux  croisés j  mais  le  sentiment  de  Simon  de  Montfort  prévalut.  Ce  général 

'  Pierre    de   Vaux-Ceniay,    c.    Si.    —    Voyez  auteurs  ont  évidemment  confondu  cette  première 

tome  VIII,  c.  98   &  suiv.  —  Cette  partie  du   récit  expédition   de  Louis  VIII  avec   la  seconde,   qu'il 

de   l'Anonyme   ne    se    retrouve    plus  aujourd'hui  entreprit   en    1219,    après    la   mort  de  Simon   de 

d.ins  le  poëme,  peut-étie   par  suite  d'une  lacune.  Montfort.] 

[A.  M.]  '  Voyez  tome  VIII,  ce.  99,   100.  —  [Guillenî  de 

'Guillaume   le   Breton,  de  Gesth  Philippl-Au-  Tudèle,  vers  ji  18  3  jijp.] 
Ki'-'-ti,  p.  S7.  —  Albiric,   Chronicon.  —   [Ces  deux 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV,  XXII.  463 

«  se  contenta  de  brider  les  Toulousains  par  la  destruction  de  toutes  leurs  for- 
((  tifications;  il  ne  conserva  que  le  château  Narbonnois,  où  il  mit  une  bonne 
«  garnison  6c  établit  sa  demeure.  » 

LXXXVIII.  —  Le  prince  Louis  finît  sa  quarantaine  à  Toulouse. 

Louis,  pendant  son  séjour  à  Toulouse',  demanda  à  Simon  de  Montfort 
de  lui  procurer  quelque  portion  des  reliques  de  saint  Vincent,  martyr,  qu'on 
gardoit  dans  l'église  de  son  nom  à  Castres.  Simon,  par  le  crédit  qu'il  avoit 
auprès  de  Guillaume,  abbé  de  Castres  S;  de  ses  religieux  de  qui  cette  église 
dépendoit,  obtint,  en  considération  de  l'utilité  6*  de  l'avancement  qu'il 
avoit  procuré  dans  l'affaire  de  Jésus-Christ,  une  partie  de  la  mâchoire  du 
saint,  dont  Louis  fit  présent  à  l'abbaye  de  Saint-Germain-des-Prés.  L'acte 
authentique  de  cette  donation  est  daté  de  Toulouse,  dans  la  chapelle  de  la 
milice  du  Temple.  Les  religieux  de  Castres,  de  leur  côté,  en  dressèrent  un 
autre  l'an  I2i5,  le  dimanche  dans  l'octave  de  l'Ascension^.  Le  prince  Louis 
ayant  fini  à  Toulouse  sa  quarantaine  de  service  ou  de  pèlerinage,  prit  la 
route  de  France  avec  toute  sa  suite.  On  assure^  qu'ayant  raconté,  à  son 
arrivée  à  la  Cour,  tout  ce  qui  s'étoit  passé  durant  son  voyage,  le  roi,  les 
princes  Se  les  principaux  barons  de  France,  qui  entendirent  son  récit,  furent 
également  indignés  de  la  conduite  que  Simon  de  Montfort,  &  Gui,  son 
frère,  tenoient  envers  le  comte  de  Toulouse. 

LXXXIX.  —  Le  comte  d'Armagnac  fait  hommage  à  Simon.  —  L'évêque 
de  Viviers  investit  ce  dernier  de  divers  domaines. 

Simon  accompagna  Louis  jusqu'à  Montauban,  Se  reçut  alors  dans  cette "* 
ville,  le  8  de  juin  de  l'an  i2i5,  l'hommage  de  Géraud,  comte  de  Fezensac  8<. 
d'Armagnac,  pour  ces  deux  comtés,  la  vicomte  de  Fezensaguet,  8c  le  reste  de 
ses  domaines,  excepté  les  fiefs  qu'il  tenoit  de  l'église  d'Auch.  Géraud  promit 
en  même  temps  de  suivre  Simon,  Amauri,  son  fils.  Se  Gui,  son  frère,  soit 
dans  la  province  d'Auch,  soit  dans  les  diocèses  de  Toulouse  8c  d'Agen  au  delà 
de  la  Garonne,  8c  de  marcher  à  son  secours  dans  les  guerres  qu'il  auroit  en 

■  Catel,    Mémoires    de  l'histoire   du  Languedoc,  l'église  de   Lnon    une    partie   de    la    mâchoire  de 

p.  3i  &  suiv. —  Mabillon,  Acta  Sanctorum  ordinis  saint  Vincent  (Catalogue,  n.  104),    [A,  M.] 
Sancti  Benedicti,  «aec.  4,  part,  i,  p.  653  &  seq.  '  Voyez   tome  VIII,    ce.  101,  102.  —  [Guillem 

'  L'acte  de  Simon  de  Montfort  est  daté  du  mois  de  Tudèle,  vers  3140  à  3148;  l'indignation  du  ror 

ce  juin,  sans  indication  de  jour;   mais   nous  sa-  &  des  barons  français   contre  Simon  de  Montfort 

vons  que  le  6  juin    I2i5,  il  était  à  Toulouse;    à  a    été  imaginée   à  plaisir    par   le  chroniqueur  en 

cette  date,  Hélie  Rudel  de  Bergerac  promit  de  lui  prose,  qui  prête  même  à  Philippe-Auguste  des  pa- 

rendre,    à    sa    première    semonce,    le    château    de  rôles   très-vives.    Rien    de   tout  cela   ne   se    trouve 

Montlézier  (Catalogue,  n.   io3).  Le  même  jour,  à  dans  le  poëme.    [A.  M.] 

Montauban,  Gui,  évêque  de   Carcassonne,  &   Si-  *  JJf^istrum  cuWae /"raBc/af.  [Dom  Vaissete  avait 

mon   de   Montfort    informaient  l'abbé   de  Saint-  publié  cette  pièce  sous  le  n.  CXXI  de  ses  Preuves; 

Vincent  de  Laon, qu'à  la  prière  du  comte  de  Saint-  nous  l'avons  revue  sur  l'original;  cf.  tome  VIII, 

Pol   l'abbé   d»  Castres  avait   bien  voulu  donner  à  ce.  686,  687.]   [A.  M.J 


An  i2i5 


2 


•": ~   464  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXII. 

An  iiij         ~      ' 

Éd.  orisin.  t|ecà  clc  MontpclHer.  Garsias,  archevêque  d'Auch,  &.  Gui,  évêque  de  Car- 
cassonne,  furent  presens  a  cet  acte.  On  voit  par  la  que  bimon  setoit  assure 
alors  de  la  ville  de  Montaubanj  ainsi  il  ne  restoit  plus  aucune  place  au 
comte  Raimond. 

Ce  général,  en  prenant  possession  de  Toulouse  par  lui-même,  exigea'  des 
habitans  trois  mille  marcs  d'argent,  dont  il  fit  fabriquer  de  nouvelles  espèces 
l'année  suivante.  Il  prit  auparavant,  par  écrit,  un  état  des  ordonnances  des 
monnoiesde  France,  que  le  roi  Philippe-Auguste  lui  fit  délivrer  par  les  maî- 
tres de  ses  monnoies,  &  qu'il  jura  d'observer  de  point  en  point.  Il  passa 
quelques  jours  à  Toulouse  à  son  retour  de  Montauban,  &  se  rendit  ensuite  à 
Carcassonne  pour  y  voir  le  cardinal  légat  Pierre  de  Bénévent,  qui  étoit  sur 
son  départ,  pour  se  trouver  k  Rome  au  concile  que  le  pape  y  avoit  indiqué, 
£\  qu'il  accompagna  jusqu'à  l'abbaye  de  Saint-Antoine,  en  Viennois.  II  reçut 
en  fief,  à  son  passage  à  LaurioP  sur  le  Rhône,  des  mains  de  Burnon,  évêque 
de  Viviers,  tant  pour  lui  que  pour  ses  héritiers,  le  4  du  mois  de  juillet,  le 
cliâteau  de  Fanjeaux  dans  le  pays  de  Largentière,  en  Vivarais,  &  la  moitié 
de  tous  les  revenus  de  ce  château,  qui  étaient  tombés  en  commise  par  le  délit 
du  comte  de  Toulouse.  Burnon  lui  céda  de  plus  la  moitié  du  commun  de  paix 
dans  le  diocèse  de  Viviers,  «  à  condition,  ajoute-t-il,  parlant  à  Simon,  que 
((  vous  vous  chargerez  d'obtenir  un  ordre  du  pape  qui  m'enjoigne  de  vous 
«  donner  tous  ces  domaines.  »  Ce  prélat  se  réserva  la  moitié  des  autres 
revenus  que  le  comte  de  Toulouse  posscdoit  dans  Largentière.  Ainsi  cliacun 
s'empressoit  à  l'envi  de  profiter  des  dépouilles  de  ce  prince  infortuné. 

XC.  —  Origine  des  sénéchaussées  de  Beaucaire,  de  Carcassonne,  ô-c-. 

Montfort,  après  avoir  pris  congé  du  légat,  se  rendit  à  Beaucaire,  où  il 
donna,  le"*  12  de  juillet,  à  la  cathédrale  d'Arles,  deux  cens  sols  raimondins 
de  rente  annuelle,  payable  par  son  sénéchal  de  Beaucaire,  pour  la  fondation 
d'un  anniversaire  qu'on  célébreroit  tous  les  ans  dans  cette  église  le  18  de 
juillet,  tant  pour  Simon,  son  père,  81  ses  autres  ancêtres,  que  pour  lui-même 
après  sa  mort.  Nous  ignorons  le  nom  de  celui  que  Simon  avoit  établi  pour 
son  sénéchal  à  Beaucaire;  mais  nous  trouvons  ici  l'origine  de  cette  séné- 
chaussée :  elle  doit  être  rapportée  au  mois  de  janvier  de  cette  année,  lorsque 
l'archevêque  d'Arles  inféoda^  la  ville  de  Beaucaire  8t  la  terre  d'Argence  à 
Simon,  lequel  y  établit  alors  un  officier,  à  qui  il  donna  le  nom  de  sénéchal 
pour  le  gouvernement  du  pays  qu'il  avoit  acquis  aux  environs  du  Rhône. 
Simon  avoit  aussi  déjà  institué  un  semblable  officier  à  Carcassonne,  pour 
l'administration  des  domaines  qui  avoient  appartenu  au  vicomte  Raimond- 
Roger.  Nous  trouvons  que  Philippe  Goloin  se'^  qualifioit  sénéchal  de  Carcas- 

•  Boisard,  Traité  des  monnaies,  p.  SSy.  <  Tome  VITI,  Chartes,  n.  CXVIII,  ce.  66i,  66ç. 

'  Pierre  de  Vaux-Cernay,  c.  82.  '  Voyez  ci-dessus,  même  livre,  ch.  Lxxix,  pp.  4J3 

'  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  CXVII,  ce.  665       &  454. 

i  667.  «  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  c.  673. 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXII. 


465 


An  12 1 5 


sonne  en  i2i5,  &  il  est  à  présumer  que  Simon  l'avoit  nommé  à  cette  dignité 
dès  l'an  1209'. 

Simon  faisoit  gouverner  aussi  en  i2i5,  par  un  sénéchal,  l'Agenois  qu'il 
avoit  envahi  sur  le  comte  de  Toulouse,  comme  il  paroît  par  un  acte^  de  cette 
année,  suivant  lequel  Itier  de  Villeboe  &  Guiscard  Cabrols,  chevaliers  du 
pays  d'Agenois,  déclarèrent  «  à  leur  très-illustre  ^  très-cher  seigneur,  Simon 
«  par  la  grâce  de  Dieu  comte  de  Toulouse  6-  de  Leycestre,  vicomte  de  Béjiers 
«  6-  de  Carcassonne f  &<  duc  de  Narbonne,  que  pendant  l'absence  de  son 
«  altesse,  ils  s'étoient  rendus  devant  son  maréchal,  Pierre  de  Voisins,  &  Phi- 
«  lippe,  sénéchal  d'Agenois,  8c  qu'ils  leur  avoient  soumis  leurs  châteaux  & 
«  leurs  domaines,  pour  en  disposera  sa  volonté;  qu'ils  leur  en  avoient  fait 
«  hommage  en  son  nom,  &c.  »  Preuve  qu'on  donnoit  à  Simon  de  Montfort 
la  qualité  de  comte  de  Toulouse  8c  de  duc  de  Narbonne,  quoiqu'il  n'eût 
encore  que  la  simple  régie  des  domaines  du  comte  Raimond^. 

XCI.  —  Simon  s'applique  au  gouvernement  de  ses  domaines,   &  fait  raser 
les  murs  de  Toulouse,  —  Êvêques  d'Agde. 

Simon  étoîf*  à  Béziers  le  6  du  mois  d'août;  il  se  rendit  ensuite  à  Carcas- 
sonne, où  il  termina,  le  24  de  ce  mois,  par  la  médiation  de  Thédise,  évêque 
d'Agde,  8c  de  quelques  autres  arbitres,  un  différend  qu'il  avoit  avec  Guil- 
laume, abbé  de  La  Grasse,  touchant  la  mouvance  de  plusieurs  châteaux 
confisqués  pour  crime  d'hérésie,  sur  divers  chevaliers  qui  en  avoient  été 
dépouillés^.   Puis   il  parcourut   le  Toulousain   8c  l'Agenois,  pour  réformer 


'  Voici  rénumération  des  sénéchaux  que  Simon 
de  Montfort  établit  dans  ses  conquêtes.  A  Tou- 
louse, un  certain  G.  de  Chameniaeo  (acte  de  1217; 
Yoir  notre  Catalogue,  n.  142  a)}  dans  l'Agenais, 
Philippe  de  Voisins  (voir  plus  bas);  à  Carcassonne, 
le  Philippe  Goloyn  que  dom  Vaissete  vient  d'in- 
diquer; à  Beaucaire,  un  autre  chevalier  dont  le 
nom  nous  est  inconnu;  dans  le  Rouergue,  A',  de 
Bena,  qui  paraît  dans  une  exemption  de  la  pezade 
accordée  à  diverses  maisons  religieuses  du  diocèse. 
(Voyez  notre  Catalogue,  n.  121,  acte  du  11  mars 
121Û.)  [A.  M.] 

'  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  CXVIII,  c.  677. 

'  Rien  ne  prouve  que  cet  acte  soit  antérieur  au 
concile  de  Latran,  Simon  de  Montfort  fut  sei- 
gneur d'Agen  jusqu'en   1217.    [A.  M.] 

'  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  CXVIII,  ce.  668 
8c  665. 

'  Trois  actes  furent  rédigés  le  même  jour  à  Car- 
cassonne; dom  Vaissete  en  avait  publié  deux, 
que  nous  avons  complétés,  &  nous  y  avons  joint 
le  troisième  (tome  VIII,  c.  677  8t  suiv.).  Voici 
l'analyse  de  ces  actes  qui  se  rapportent  aux  diffé- 
rends entre  l'abbaye  de  La  Grasse  &  plusieurs  sei- 
gneurs des  environs,  &  qui  ont  une  réelle  impor- 


tance pour  l'histoire  d'une  partie  du  Carcasses  à 
cette  époque  : 

1°  Accord  entre  l'abbé  de  La  Grasse  &  Simon  de 
Montfort  (tome  VIII,  ce.  670  à  675);  arbitres  : 
Thédise,  évéque  d'Agde,  Isarn  d'Aragon,  archi- 
diacre de  Carcassonne,  Guillem-Arnaud  de  Soupetz 
&  Pierre-Martin  de  Casteinau.  Il  s'agissait  d'un 
certain  nombre  de  châteaux  du  Carcasses  dont  le 
comte  réclamait  la  propriété  comme  ayant  droit 
des  chevaliers  (faidits),  qui  les  tenaient  en  gage  de 
l'abbaye.  De  son  côté,  l'abbé  réclamait  un  grand 
nombre  de  villages  tenus  en  fief  par  des  chevaliers 
faidits  &  qui  devaient  par  suite  lui  revenir.  Parmi 
ces  châteaux  en  figurent  plusieurs  qui  avaient 
appartenu  au  vicomte  de  Carcassonne,  d'après  la 
convention  de  1  1  10,  qu'on  peut  voir  au  tome  V 
(ce.  811  à  814).  Les  prétentions  du  comte  furent 
en  majeure  partie  écartées;  on  ne  lui  concéda  que 
quelques  menues  redevances  en  nature  dans  cer- 
tains des  châteaux  qu'il  réclamait.  Quant  aux 
châteaux  tenus  en  fief  de  l'abbaye,  on  substitua 
le  comte  aux  chevaliers  faidits,  &  il  dut  rendre 
hommage  à  l'abbé.  Cet  accord  ne  se  fit  pas  sans 
que  l'abbaye  eût  à  financer;  elle  racheta  les  droits 
d'engagiste,  que  Simon  voulait  exercer,  moyennant 


VI. 


3o 


An  n 


466  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXII. 

divers  abus  qui  s'étoient  glissés  clans  ces  pays'.  En  passant  à  Lavaur,  le  der- 
nier d'août,  il  donna  aux  Templiers  de  Montredon  le  lieu  de  ce  nom  :  il 
trouva  en  arrivant  à  Toulouse  qu'on  avoit  exécuté  ses  ordres,  &  que  les 
murailles  de  la  ville  étoient  abattues  pour  la  plus  grande  partie.  Il  reçut 
t.1ii,°p'.''-J'75.  à  Condom,  le  iS  de  septembre,  l'hommage  d'Othon  de  Montant  pour  le 
château  de  Gramont  {De  Acrimontey-  :  il  apprit  vers  le  même  temps  que 
Bernard  de  Casenac,  seigneur  de  Castelnau  en  Périgord ,  avoit  surpris  ce 
château  sur  un  chevalier  François  qu'il  y  avoit  établi  pour  gouverneur,  5c  en 
avoit  fait  pendre  toute  la  garnison.  On  vient  de  voir  que  Thédise,  chanoine 
de  Gênes  Si  commissaire  du  pape  dans  la  Province  contre  les  hérétiques,  6< 
pour  les  affaires  du  comte  de  Toulouse,  étoit  déjà  évêque  d'Agde  au  mois 
d'août  de  l'an  I2i5.  Il  avoit  succédé  depuis^  dans  cet  évêché  à  Raimond  de 
Montpellier,  religieux  de  l'ordre  de  Cîteaux. 

XCII.  —  Concile  de  Latran.  —  Vaines  prétentions  des  archevêques  de  Tolède 
pour  la  primatie  sur  la  province  de  Narbonne, 

Le  concile  de  Latran  se  tint  au  temps  marqué,  c'est-à-dire  au  commence- 
ment de  novembre  de  l'an  I2i5.  Il  s'y  trouva'*  douze  cens  prélats,  tant  arche- 
vêques 8c  évêques  qu'abbés.  La  plupart  de  ceux  de  la  Province  y  assistèrent, 
entre  autres  Arnaud  de  Narbonne,  Robert  du  Puy,  Foulques  de  Toulouse  &c 
Thédise  d'Agde.  Si  nous  en  croyons  un  monument  qu'on  nous  donne  comme 
ancien ,  Arnaud  étoit  déjà  arrivé  à  Rome  lorsque  Rodrigue  ou  Roderic 
'Ximenès,  archevêque  de  Tolède,  fit  ses  efforts  auprès  du  pape,  au  commence- 
ment d'octobre  de  cette  année,  pour  être  maintenu  dans  la  primatie  qu'il 
prétendoit  sur  les  archevêques  de  Brague,  de  Compostelle,  de  Tarragone  Se 
de  Narbonne.  Pvodrigue,  dit-on,  plaida  sa  cause  en  plein  consistoire,  8c 
s'appuya  sur  diverses  bulles  qui  lui  accordoient  cette  primatie;  mais  elle 
lui  fut  contestée  par  tous  ces  métropolitains,  entre  autres  par  celui  de  Nar- 

(lix  mille  sous  de  Melgueil  &  cent  muids  de  grains  principalement   de   terres  situées  dans   la   partie 

(froment  &orge).  Cette  convention  ne  fut  changée  occidentale  du   Razés,  sur  les  frontières  du  comté 

que   plus  tard,  du   temps  du   roi   saint  Louis,  &  de  Foix.  La  querelle  avait  toujours  pour  objet  les 

régla    les    rapports    entre    les  officiers    royaux    &  droits  tenus   par  les  anciens  possesseurs,  aujour- 

l'abbaye  jusque  vers    1254.  d'iiui  faidits,   &  que  leurs  successeurs  cherchaient 

2°  Accord   entre   la    même    abbaye   &  Alain    de  induement  à  faire  augmenter,  par  exemple  divers 

Rouci,  seigneur  de  Termes  (ce.  6-ji   à  677).  Alain  droits   utiles   à  Cépie,  à  Malviès,  à  Besset,  à  La- 

prétcndait  tenir  en  toute  propriété  des  droits  uti-  garde,  &c.   La    décision   fut  analogue  à  celle  que 

les  &  des   terres  que   l'abbé   disait   relever  de  son  les  mêmes  arbitres  avaient  rendue  touchant  Alain 

monastère.  Les  arbitres,  qui  étaient  les  mêmes  que  de   Rouci  j    une   partie  des   domaines  fut   enlerce 

dans  la  charte  précédente,  partagèrent  les  objets  au  maréchal  &  donnée  en  fief  à  Simon  de  Mont- 

en  litige;  seulement,  comme  Alain  paraissait  avoir  fort.   [A.  M.] 

mal  agi  à  l'égard  du  couvent,  une  partie  des  do-  '  Pierre   de  Vaux-Cernay,  c.   82.  —  Rcgistrum 

maines  qu'il  réclamait  lui   furent  enlevés  &  don-  curiae  Franciae.  [Catalogue,  n.  i  14.] 

nés  au  comte  de  Montfort,  qui  les   tint  en   fief  de  '  [Catalogue,  n.  i  1  5.j 

l'abbaye.  '  Voyez   tome  VII,    Note  XVII,    n.  9,   pp.  54 

3°  Accord  entre  ladite  abbaye  &  le  seigneur  de  &  55. 

Lévis  (tome  VIII,    ce.    677    à  680).    Il   s'agit   ici  ■"  Concilia,  t.  11,  c.  118  &  seq. 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXII.  467 

bonne,  qui  ne  jugea  pas  à  propos  cependant  de  déduire  ses  raisons  8c  se  con- 
tenta de  refuser  de  répondre  &.  de  déclarer  le  lendemain  9  d'octobre,  dans  le 
même  consistoire,  qu'il  n'avoit  pas  été  cité.  C'est  ce  qui  est  rapporté  dans  ce 
monument  qui  paroît  suspect  à  quelques  auteurs  '  graves.  Quoi  qu'il  en  soit, 
on  ne  voit  pas  que  les  archevêques  de  Tolède  aient  fait  depuis  aucune  ten- 
tative pour  assujettir  à  leur  prétendue  primatie^  la  province  de  Narbonne 
qui,  d'ailleurs,  n'est  pas  comprise  dans  la  bulle  que  le  pape  Grégoire  VII 
donna  en  faveur  de  ces  archevêques  vers  la  fin  du  onzième  siècle. 

XCIII.  —  Êvêques  du  Puy.  —  Vicomtes  de  Pollgnac. 

Robert^,  évêque  du  Puy,  qui  assista  au  concile  de  Latran,  étoit  de  la 
maison  de  Mehun  ;  il  avoit  succédé,  depuis  la  fin  de  l'an  i2i3,  à  Bertrand, 
qui  accorda,  en  121 1,  avec  son  chapitre,  un  subside  de  deux  cent  cinquante 
marcs  d'argent  au  roi  Philippe-Auguste.  Ce  prince,  par  reconnoissance,  lui 
donna  &  à  ses  successeurs,  en  augmentation  de  régale,  le  château  d'Arson, 
dont  il  le  fit  investir  par  son  connétable'*.  Pons  IV,  vicomte  de  Polignac,  fit 
hommage^  de  cette  vicomte,  au  mois  d'août  de  l'an  I2i3,  au  même  Bertrand, 
évêque  du  Puy,  &  à  son  église;  il  embrassa  ensuite  la  vie  monastique  dans 
l'ordre  de  Cîteaux.  On  assurei^  que  cet  hommage  est  le  premier  qui  ait  été 
rendu  par  les  vicomtes  de  Polignac,  pour  le  château  de  ce  nom,  aux  évêques 
du  Puy,  81  que  Pons  IV  le  fit  volontairement  par  un  mouvement  de  piété. 
On  se  fonde  :  1°  Sur  ce  qu'on  n'en  trouve  pas  d'autre  avant  celui-là.  2°  Sur 
ce  que  ce  vicomte  oblige  ses  successeurs  à  en  faire  un  semblable,  sans  parler 
de  ses  prédécesseurs  suivant  l'usage.  3°  Sur  ce  que  dans  les  anciens  dénom- 
bremens  des  terres  8c  des  fiefs  qui  appartenoient  à  l'église  du  Puy,  entre 
autres  dans  la  bulle  du  pape  Alexandre  III,  de  l'an  1 164,  le  château  de  Poli- 
gnac n'y  est  pas  compris.  4°  Enfin  sur  ce  que,  dans  le  jugement  rendu 
en  1 171,  par  le  roi  Louis  le  Jeune,  au  sujet  des  différends  qui  s'étoient  élevés 
alors  entre  les  évêques  du  Puy  8c  les  vicomtes  de  Polignac,  il  est  marqué 
seulement  que  les  derniers  tenoient  en  fief  des  autres  les  droits  qu'ils  avoient 
dans  la  ville  du  Puy,  savoir  :  une  partie  du  péage,  de  la  monnoie.  Sec. 
Pons  IV  laissa  trois  fils  d'Alcinoïs  de  Montlaur,  sa  femme,  savoir  ;  Pons  V 
qui  lui  succéda;  Arnaud  qui,  en  1.237,  prenoit  le  titre  de  vicomte  de  Poli- 
gnac 8c  de  chanoine  du  Puy,  8c  qui  fut  succes,sivement  prévôt  de  cette  église, 
abbé  de  Brioude  8c  évêque  du  Puy  ;  8c  Héracle. 

Robert  de  Mehun  n'étoit  encore  c[\xélu  évêque  du  Puy  lorsque  le  roi  Phi- 
lippe-Auguste, qui  le  qualifie  son  cousin,  lui  donna,  en  12 14,  8c  à  ses  succes- 
seurs, les  châteaux  de  Chalançon,  Rochebaron,  Chapteuil  &c  Glavenas  avec 

■  Ferreras,  ad  ann.  izi/),  n.  ô.  Auguste,  n"'  i385,  |386;  ces  àeux   actes  sont  de 

'  Voyez  tome  I,  livre'VII,  ch.  IX,  pp.  739,  740.  juin  1212.   [A.  M.] 

'  Gallia  Christiana.,  nov.  éd.  t.   1 ,  p.  708  &  seq.  ''  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  CVIII,  c.  638. 

—  Chabron,  Histoire  mss.  de  la  maison  de  Polignac.  "  Chabron,  Histoire  manuscrite  de  la  maison  de 

*  Cf.    Delisle,    Catalogue    des    actes    de    Philippe-  Polignac-, 


An  121 5 


An  izi5 


468  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXII. 

leurs  dépendances,  qui  appartenoient  au  domaine  royal,  avec  pouvoir  à  ce 
prélat  de  les  acquérir  comme  il  pourroit'.  Il  eut  pour  concurrent  Bouchard 
t.^iti,°p.^27i3.   tle  Rochebaron,  qu'une  partie  des  chanoines  avoit  élu,  mais  qui  ne  put 
obtenir  la  confirmation  de  son  élection. 

XCIV.  —  Saint  Dominique  fonde  son  ordre  à  Toulouse. 

Foulques,  évêque  de  Toulouse,  amena ^  avec  lui  au  concile  de  Latran 
saint  Dominique,  pour  le  présenter  au  pape  &  solliciter  en  sa  faveur  la  con- 
firmation de  l'ordre  des  frères  prêcheurs  que  ce  saint  venoit  de  fonder  depuis 
peu  à  Toulouse.  Dominique,  après  avoir  établi,  dès  l'an  1207,  sa  principale 
résidence  dans  le  monastère  de  Prouiile  qu'il  avoit  fondé,  l'avoit  gouverné 
pendant  les  années  suivantes  en  qualité  de  prieur,  sans  que  cet  emploi  l'em- 
pêchât de  continuer  sa  mission  contre  les  hérétiques.  Il  traita  ces  sectaires 
avec  douceur  &  charité,  8c  sa  conduite  lui  attira  l'estime  universelle  de  tout 
le  pays.  Pierre  Cellani  8c  Thomas,  citoyens  de  Toulouse,  touchés  entre  autres 
de  sa  sainteté,  se  rangèrent  au  nombre  de  ses  disciples  8c  lui  donnèrent, 
en  I2i5,  leurs  maisons  situées  dans.cette  ville,  auprès  du  château  Narbon- 
nois  ou  du  palais  des  comtes.  Dominique  s'y  établit  aussitôt  avec  six  de  ses 
compagnons  Se  y  jeta  les  fonderaens  de  son  ordre.  L'évêque  Foulques  favo- 
risa de  tout  son  pouvoir  ce  nouvel  établissement  8c  déclara  par  un  acte^,  daié 
de  l'an  I2i5,  régnant  Philippe,  roi  de  France,  6*  le  comte  de  Montfort  tenant 
la  principauté  de  Toulouse,  «  que  pour  déraciner  l'hérésie,  extirper  les  vices 
«  enseigner  la  règle  de  la  foi  8c  instruire  les  peuples  dans  les  bonnes  mœurs, 
«  il  avoit  nommé  pour  prédicateurs  dans  son  diocèse  frère  Dominique  8c  ses 
«  associés,  qui  se  sont  proposé,  ajoute-t-il,  de  marcher  religieusement  à  pied, 
«  de  vivre  dans  la  pauvreté  évangélique  8c  de  prêcher  l'évangile  de  la  vérité.  » 
Il  disposa  ensuite  en  leur  faveur,  du  consentement  de  son  chapitre,  de  la 
'  sixième  partie  des  dîmes  de  tout  son  diocèse,  laquelle  étoit  assignée  pour  l'or- 

nement &c  la  fabrique  des  paroisses.  Il  donna  aussi,  vers  le  même  temps "*, 
du  consentement  de  Jourdain,  abbé  de  Saint-Sernin,  8c  du  prévôt  de  sa  cathé- 
drale, à  frère  Dominique,  chanoine  d'Osma,  l'hôpital  situé  à  la  porte  d'Arnaud- 
Bernard,  pour  les  besoins  [ad  opus)  des  dames  converties  de  Prouiile,  8c  des 
frères  qui  avoient  soin  d'elles  tant  pour  le  spirituel  que  pour  le  temporel. 

Foulques  présenta  frère  Dominique ^  au  pape  8c  lui  demanda  la  confirma- 
tion de  l'ordre  des  Prédicateurs  qu'il  venoit  de  fonder.  Le  pape  répondit  qu  il 
convenoit  auparavant  que  Dominique  retournât  dans  la  Province  pour  avoir 

'Cette  charte    est   de  mars    iîi5  (1214,  v.  st.).  ventuum    PraeJieatoram ,    ap.    Martène,    Collectlo 

Elle   a    été    imprimée    dans   le    Gallia    Christiana,  ampltssima,  t.  6,  —  Percin,  Monumenta  conventus 

pr.  éd.  t.  3,  p.  çr-î.  —  Cf.  Delisle,  Catalogue  des  Tholosani  fratrum  Praejicatorum, 
actes  de  Philipi>c-Auguste,  p.  849,  n.  i532.  [A.  M.]  '  Quétif  &  Echard,  SS.  ord.  Praedicatorum,  t.  1 

'  Praeclara  Francorum  facinora,  p.   121.  —  Tri-  p.  12. 
vet,  Chronicon.  —  Vha  S.  Dominici,  ap.  Quétif  &  ■*  Vcyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  CXVIII,  c.  6^6. 

Echard,  SS.  ord.  Praedicatorum,  t.    r,  p.  9  &  seq.  ''  Quétif  &  Echard,  SS.  ord.  Praedicatorum,  t.  1, 

—  Bernardtis  Guidonis,  Historia  fundationis  con  p.  12. 


An  i2i5 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXII.  469 

l'avis  de  ses  frères,  touchant  la  règle  qu'il  vouloit  embrasser;  il  confirma 
cependant  en  sa  faveur,  le  8  d'octobre,  la  fondation  du  monastère  de  Prouille'. 
Saint  Dominique  étant  revenu  dans  le  pays  8c  ayant  assemblé  ses  associés  à 
Prouille,  vers  la  fête  de  Pâques  de  l'an  1216,  on  choisit  d'un  commun  accord 
la  règle  de  Saint-Augustin,  à  laquelle  on  ajouta  des  constitutions  particu- 
lières. Il  retourna  à  Rome,  vers  la  fin  de  septembre  de  la  même  année,  8c 
obtint  du  pape  Honoré  III,  successeur  d'Innocent  III,  la  confirmation  de  sa 
règle,  qu'il  lui  présenta  à  la  fin  de  décembre.  Le  pape  adressa  la  bulle  de 
confirmation  au  prieur  de  Saint-Romain  de  Toulouse  £>  à  ses  frères  qui 
avaient  embrassé  la  vie  religieuse  ou  qui  la  professoient^.  L'évêque  Foulques 
avoit  donné  alors  depuis  peu,  à  saint  Dominique,  cette  église  de  Saint- 
Romain  avec  une  autre  dans  Pamiers,  8c  celle  de  Sainte-Marie  de  Lescure, 
située  entre  Lavaur  Se  Puylaurens,  toutes  trois  dans  son  diocèse,  pour  y 
fonder  autant  de  couvens;  mais  le  saint  ne  s'établit  que  dans  la  première 
dont  il  reçut  la  donation  pendant  l'été  de  l'an  1216.  Saint  Dominique  y 
fonda  le  premier  couvent  de  son  ordre,  lequel  fut  d'abord  habité  par  seize 
religieux  dont  il  fut  le  premier  prieur.  Les  frères  prêcheurs  y  demeurèrent 
jusqu'en  I233  qu'ils  s'établirent  dans  le  couvent  qu'ils  occupent  aujourd'hui 
à  Toulouse,  8c  qui  porte  le  nom  de  Saint-Thomas  d'Aquin,  depuis  qu'on  y 
a  transféré  les  reliques  de  ce  saint  docteur.  Quant  à  saint  Dominique,  il 
vint  rejoindre  ses  frères  à  Toulouse,  après  Pâques  de  l'an  1217,  8c  les  ayant 
tous  assemblés  à  Prouille,  au  mois  d'août  suivant,  il  envoya  plusieurs  d'entre 
eux  dans  les  différentes  parties  du  monde  chrétien,  où  ils  fondèrent  divers 
couvens  de  leur  institut.  Il  demeura  lui-même  dans  le  pays  jusqu'à  la  fin  de 
l'année  qu'il  retourna  en  Italie.  Il  revint  dans  la  Province  vers  le  mois  d'oc- 
tobre de  l'an  12 18,  passa  de  là  en  Espagne  8c  revint  pour  la  dernière  fois  à 
Toulouse  l'année  suivante.  Il  se  rendit  ensuite  à  Paris,  8c  ayant  fait  un 
nouveau  voyage  en  Italie,  il  y  mourut  à  Bologne  de  la  mort  des  justes,  le  f%°"^l"- 
6  d'août  de  l'an  1221,  après  avoir  fondé  de  son  vivant  un  grand  nombre  de 
couvens  de  son  ordre,  entre  autres  ceux  de  Toulouse,  de  Montpellier  8c  du 
Puy.  On  en  fonda  dans  la  suite  de  l'un  8c  de  l'autre  sexe  dans  la  plupart  des 
villes  du  pays.  Nous  avons  cru  devoir  ce  petit  détail  à  la  mémoire  d'un  des 
plus  grands  saints  de  l'Église,  qui  a  honoré  la  Province  de  sa  présence  8c  y  a 
fondé  son  ordre,  qui  l'a  éclairée  de  ses  lumières  8c  l'a  édifiée  par  ses  vertus 
durant  plusieurs  années  de  suite. 

XCV.  —  Le  concile  de  Latran  décerne  diverses  peines  contre  les  hérétiques 

albigeois. 

On  dressa  divers  canons  au  concile  de  Latran.  Le  premier  contient  l'expo- 
sition^ de  la  foi  catholique  contre  les  erreurs  des  hérétiques  du  temps,  savoir  i 

■  [Potthaït,  n.  4997.]  '  Coneilia,  t.  1  i,  c.  142  &  seq. 

'  Cette  bulle  est  du  22  décembre  1216;  ef;  Pot- 
thast,  n°'  5402,  5403.  [A.  M.] 


An  121 5 


470  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXII. 

les  manichéens  ou  albigeois  &  les  vaudois.  Le  troisième  leur  dit  anatliême, 
&  ordonne  qu'après  leur  condamnation  ils  seront  livrés  aux  puissances  sécu- 
lières pour  être  punis;  que  les  biens  des  laïques  seront  confisqués,, Se  ceux 
des  ecclésiastiques  appliqués  aux  églises  dont  ils  recevoient  leurs  rétributions; 
qu'on  excommuniera  ceux  qui  seront  seulement  suspects,  s'ils  ne  se  purgent 
canoniquement,  Se  qu'ils  seront  traités  comme  hérétiques  s'ils  demeurent  un 
an  dans  cet  état.  Ce  canon  ordonne  de  plus  que  les  puissances  séculières 
soient  tenues.  Se  qu'on  les  oblige  même,  s'il  est  nécessaire,  par  les  censures 
ecclésiastiques,  de  promettre  par  serment  d'exterminer  de  tout  leur  pouvoir 
tous  les  hérétiques  dénoncés,  avec  ordre  aux  évêques  d'excommunier  les 
princes  qui  négligeront  l'exécution  de  cet  article  St  de  dénoncer  au  pape  ceux 
qui  demeureront  un  an  sans  y  obéir;  afin,  est-il  dit,  que  le  souverain  pon- 
tife déclare  leurs  vassaux  déliés  du  serment  de  fidélité.  Se  qu'il  expose  leurs 
terres  au  premier  catholique  qui  voudra  s'en  saisir,  lequel  les  possédera  sans 
contradiction  après  avoir  purgé  le  pays  d'hérétiques,  sauf  le  droit  du  seigneur 
principal.  Un  célèbre  historien'  moderne  remarque  «  qu'il  semble,  à  la 
«  vérité,  que  l'Église  entreprend  ici  sur  la  puissance  séculière;  mais,  ajoutc-t-il, 
«  il  faut  se  souvenir  qu'à  ce  concile  assistoient  les  ambassadeurs  de  plusieurs 
«  souverains,  qui  consentirent  à  ces  décrets  au  nom  de  leurs  maîtres;  »  mais 
la  présence  de  ces  ambassadeurs  ne  paroît  pas  dans  les  actes.  Enfin  le  même 
canon  accorde  à  ceux  qui  se  croiseront  contre  les  hérétiques,  l'indulgence 
que  gagnoient  ceux  qui  alloient  à  la  Terre-Sainte,  S<  excommunie  les  croyans 
des  hérétiques,  leurs  receleurs  &  leurs  fauteurs;  il  les  déclare  tous  excom- 
muniés, infâmes  St  incapables  de  plein  droit  de  tous  les  effets  civils,  s'ils  ne 
satisfont  dans  un  an,  après  qu'ils  auront  été  avertis  par  leur  évêque,  Sec.  On 
prescrit  ensuite  aux  évêques  la  manière  dont  ils  dévoient  agir  pour  exter- 
miner les  hérétiques  qui  se  trouveroient  dans  leurs  diocèses,  avec  menace  de 
déposer  ceux  qui  seroient  négligens  dans  l'exécution  de  cet  ordre. 

XCVI.  —  Le  comte  de  Toulouse  i-  son  fils,  avec  les  comtes  de  Foix  6-  de 
Comminges,  vont  au  concile  de  Latran  pour  demander  la  restitution  de 
leurs  domaines. 

Outre  ces  canons,  le  concile  fit,  touchant  les  domaines  de  Raimond,  comte 
de  Toulouse,  un  décret,  qu'on  ne  trouve  pas  à  la  vérité  dans  les  actes,  mais 
qui  est  rapporté  ou  dont  il  est  parlé  dans  divers  auteurs^.  Ce  prince,  suivi 
des  comtes  de  Foix  Se  de  Comminges,  se  rendit  à  Rome  quelque  temps 
avant  le  concile;  il  fut  suivi  bientôt  après  de  R.aimond,  son  fils,  qui  s'étoit 
retiré  à  la  cour  du  roi  d'Angleterre  Se  qui  fut  obligé  de  se  déguiser  en  mar- 
chand pour  n'être  pas  reconnu.  Quant  à  Simon  de  Montfort,  il  crut  que  sa 
présence  étoit  nécessaire  dans  le  pays  pour  s'en  conserver  la  possession,  Se  se 

■  Fleuri,  Histoire  ecclésiastique,  1.  77,  n.  47.  niques,  ce.  102,  io3. —  [Le  poëme,  au  moins  dans 

'  Pierre  de  Vaux-Cernay,  c.  83.  —  Guillaume       son  état  actuel,  ne  donne  pas  ces  détails.] 
de  Puylaurens,  c.  16.  —  Voyez  tome  VIII,  Chro- 


An 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXII.  471 

contenta  d'envoyer  au  concile  Gui,  son  frère,  8c  quelques-uns  de  ses  cheva- 
liers pour  y  prendre  soin  de  ses  intérêts.  Il  pouvoit  se  reposer  d'ailleurs  sur 
1  évêque  de  Toulouse  &  sur  quelques  autres  prélats  qui  lui  étoient  entière- 
ment dévoués. 

Le  roi  d'Angleterre'  pourvut  à  tous  les  frais  du  voyage  du  jeune  comte 
Raimond,  son  neveu,  6c  lui  donna  des  lettres  de  recommandation  pour  le 
pape.  Ce  jeune  prince,  le  comte  de  Toulouse,  son  père,  8c  les  comtes  de  Foix 
8c  de  Comminges,  ayant  été  introduits  dans  le  concile,  se  prosternèrent 
aux  pieds  du  pape,  qui  les  fit  lever.  Le  jeune  Raimond  présenta  alors  au 
pontife  les  lettres  du  roi  d'Angleterre,  8c  ils  exposèrent  ensuite,  chacun  en 
particulier,  les  griefs  qu'ils  avoient  tant  contre  Simon  de  Montfort  que  contre 
le  légat;  ils  se  plaignirent  surtout  de  ce  que  Simon,  nonobstant  l'absolution 
que  le  légat  leur  avoit  donnée  8c  leur  soumission  aveugle  à  tous  ses  ordres, 
avoit  envahi  sur  eux  tous  leurs  domaines.  1/un  des  cardinaux,  ayant  pris  la 
parole,  confirma  la  vérité  de  ce  récit,  parla  hautement  en  faveur  de  tous  ces 
princes  Se  fut  appuyé  par  l'abbé  de  Saint-Thibéry.  Foulques,  évêque  de  Tou-  uni^p^j-s 
louse,  supportant  impatiemment  cette  apologie,  se  leva  8c  dit  :  «  Le  comte  de 
«  Foix  ne  peut  disconvenir  que  son  comté  ne  soit  rempli  d'hérétiques,  car 
«  après  que  le  château  de  Montségur  a  été  pris  8c  rase,  on  a  fait  brûler  tous 
(1  les  habitans.  De  plus,  sa  sœur  a  fait  mourir  son  mari  pour  l'amour  des 
0  l'.érétiques  ;  elle  s'est  réfugiée  dans  Ramiers,  où  elle  a  demeuré  pendant 
«  quatre  ans  Se  où,  par  son  crédit,  l'hérésie  a  pris  de  nouvelles  forces.  Enfin 
«  ce  comte,  joint  à  celui  de  Toulouse,  a  fait  périr,  au  lieu  de  Montjoyre,  plus 
«  de  six  mille  croisés  qui  alloient  au  secours  de  Lavaur.  » 

Le  comte  de  Foix  répondit  à  tous  ces  reproches  8c  déclara  :  1°  Qu'il  n'étoit 
pas  maître  du  château  de  Montségur  que  le  comte,  son  père,  avoit  donné  en 
mourant  à  sa  sœur,  8c  qu'ainsi  s'il  y  avoit  eu  des  hérétiques  ce  n'étoit  pas  sa 
faute,  mais  celle  de  sa  sœur  dont  il  n'étoit  pas  responsable.  2°  Quant  à  ceux 
qui  ont  été  tués  à  Montjoyre,  ce  n'étoit,  dit-il,  qu'une  troupe  de  brigands 
qui  désoloient  le  pays.  «  Mais  l'évêque  de  Toulouse  est  coupable  lui-même 
u  d'avoir  livré  sa  ville  épiscopale  au  pillage  8c  d'y  avoir  fait  périr  plus  de  dix 
«  mille  habitans  de  concert  avec  le  légat  8c  Simon  de  Montfort.  »  Plusieurs 
barons  de  la  Province,  qui  étoient  allés  à  Rome  à  la  suite  des  comtes,  se  plai- 
gnirent à  leur  tour  du  procédé  de  Simon  :  Raimond  de  Roquefeuil  se  récria 
beaucoup  entre  autres  sur  la  manière  cruelle  dont  ce  général  avoit  fait  périr 
le  feu  vicomte  de  Béziers,  8c  désolé  ses  domaines,  tandis  que  ce  vicomte 
n'étoit  ni  hérétique,  ni  fauteur  des  hérétiques.  Les  comtes  de  Toulouse,  de 
Foix  8c  de  Comminges,  après  avoir  exposé  leurs  griefs  en  pleine  assemblée, 
se  retirèrent  pour  attendre  la  réponse. 

Gui  de  Montfort  Se  les  autres  envoyés  de  Simon  furent  aussi  Introduits 
dans  le  concile.  Ils  déclarèrent  que  si  on  rétablissoit  les  comtes  dans  leurs 
domaines,  personne  ne  pourroit  plus  à  l'avenir  prendre  la  défense  Se  les  iuté- 

'  Voyez  tome  VIII,  at  supra. 


~Z ~  47  2  HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXII. 

An  liia        "' 

rets  de  l'Église,  &  ils  furent  appuyés  de  la  plupart  des  prélats.  Le  pape,  après 
les  avoir  entendus,  fit  chercher  dans  les  registres  8t  dit  que,  suivant  ce  qui 
s'étoit  passé,  il  ne  pouvoit,  sans  se  faire  un  tort  infini,  se  dispenser  de  rendre 
aux  comtes  les  domaines  qu'on  leur  avoit  pris,  parce  qu'il  trouvoit  que  le 
comte  de  Toulouse  S<.  ses  associés  avoient  toujours  protesté  qu'ils  vouloient 
obéir  à  l'Église.  Cette  proposition  ne  fut  pas  du  goût  du  plus  grand  nombre 
des  prélats;  ils  en  murmuroient  hautement  lorsque  le  chantre  de  l'église  de 
Lyon,  ecclésiastique  de  mérite,  ayant  pris  la  parole,  assura  le  pape  que  le 
comte  de  Toulouse  lui  avoit  toujours  été  obéissant.  «  Vous  savez  bien,  dit-il, 
«  en  s'adressant  au  saint  père,  que  ce  prince  vous  a  remis  sur-le-champ  ou  à 
«  votre  légat  ses  places  fortes;  qu'il  s'est  croisé  des  premiers  &  qu'il  a  com- 
(i  battu  pour  l'Eglise  au  siège  de  Carcassonne  contre  le  vicomte  de  Béziers, 
«  son  propre  neveu.  Il  a  fait  toutes  ces  choses  pour  vous  donner  des  preuves 
«  d'une  entière  obéissance.  Vous  ne  pouvez  donc  vous  dispenser  de  lui  rendre 
«  ses  domaines  sans  vous  couvrir  d'une  honte  qui  rejaillira  sur  toute  l'Église; 
«  de  sorte  que  dans  la  suite  on  ne  voudra  plus  se  fier  à  vous.  Il  paroît, 
»  ajoute-t-il,  en  se  retournant  vers  l'évêque  de  Toulouse  &  lui  adressant  la 
t.  parole,  que  vous  n'aimez  ni  ce  prince,  ni  votre  peuple,  car  vous  avez  allumé 
»  un  si  grand  feu  dans  Toulouse  que  rien  n'est  capable  de  l'éteindre;  vous  y 
»  avez  fait  mourir  plus  de  dix  mille  hommes,  8c  vous  y  en  ferez  périr  encore 
»  davantage  en  persévérant  dans  vos  desseins.  Vous  avez  par  là  décrié  la  cour 
«  de  Rome.  Est-il  juste  que  pour  satisfaire  la  passion  d'un  seul  tant  d'autres 
«  soient  sacrifiés?  » 

L'auteur'  qui  rapporte  ces  circonstances  témoigne  que  le  pape,  ébranlé 
par  les  discours  du  chantre  de  Lyon,  avoua  qu'il  avoit  été  surpris  &  que  le 
comte  de  Toulouse  8v  ses  confédérés  lui  avoient  toujours  été  obéissans.  Il 
ajoute  que  l'archevêque  de  Narbonne  parla  ensuite  en  faveur  de  ce  prince  & 
de  ses  associés.  On  sera  moins  surpris  de  voir  ce  prélat,  qui  avoit  été  le  prin- 
cipal moteur  de  la  croisade  contre  les  albigeois  &  qui  avoit  traité  le  comte  de 
Toulouse  avec  beaucoup  de  dureté,  se  rendre  l'apologiste  de  ce  prince,  lors- 
qu'on fera  réflexion  qu'il  étoit  alors  extrêmement  brouillé  avec  Simon  de 
Montfort  à  l'occasion  du  duché  de  Narbonne.  Enfin  Thédise  (évêque  d'Agde) 
i!^ili^p!^l"g,  combattit,  dit-on,  le  discours  de  l'archevêque  de  Narbonne  &.  parla  avec  feu 
en  faveur  de  Simon  de  Montfort.  Le  pape,  continue  le  même  historien,  après 
avoir  écouté  ces  différens  discours,  dit  qu'il  étoit  vrai  qu'on  lui  avoit  fait  de 
grandes  plaintes  &  contre  son  légat  &  contre  Simon  de  Montfort;  il  parut 
disposé^  à  rendre  au  comte  de  Toulouse  8i  à  ses  associés  tous  leurs  domaines, 
8i  déclara  que,  supposé  que  ce  prince  fût  coupable,  il  n'étoit  pas  juste  du 
moins  que  son  fils  portât  la  peine  de  ses  fautes.  Cet  aveu  du  pontife  excita 
de  grandes  clameurs  parmi  les  prélats  attachés  à  Simon  de  Montfort,  qui 
entraînèrent  la  plupart  des  suffrages,  &  protestèrent  hautement  que  si  on 

'  Voyez  tome  VIII,  ce.  io8,  109.  'Voyez  tome  VIII,  ut  supra.  —    Albéric,    Cliro- 

nicon,  ann.  izi  i. 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXII.  470 

vouloît  ôter  à  ce  général  les  pays  qu'il  avoit  conquis,  ils  l'aideroient  de  toutes 
leurs  forces  à  les  conserver  envers  tous  Si  contre  tous.  L'évêque  d'Osma'  dit 
alors  au  pape  :  «  Saint  père,  ne  vous  effrayez  pas  de  toutes  ces  menaces j 
<i  l'évêque  de  Toulouse  est  un  grand  flatteur;  mais,  malgré  ses  intrigues,  il 
«  ne  pourra  empêcher  que  le  fils  du  comte  Raimond  ne  recouvre  ses  domaines 
«  sur  le  comte  de  Montfort.  Ce  jeune  prince  trouvera  de  l'appui  auprès  des 
«  rois  de  France  &  d'Angleterre  81  de  plusieurs  autres  princes  dont  il  est 
«  parent.  Si  il  saura  bien  soutenir  son  droit,  quoique  encore  jeune.  »  Le  pape 
répondit  :  «  Ne  vous  embarrassez  pas  du  fils  du  comte  de  Toulouse,  car  si  le 
«  comte  de  Montfort  lui  retient  ses  domaines,  je  lui  en  donnerai  d'autres, 
«  fil,  s'il  est  fidèle  à  Dieu  81  à  l'Église,  il  ne  manquera  de  rien*.  » 

XCVII.  —  Décret  du  concile  touchant  les  domaines  du  comte  de  Toulouse, 
Il  adjuge  le  comté  de  ce  nom  à  Simon  de  Montfort  (y  réserve  le  reste  au 
Jeune  Raimond. 

Tel  est  le  récit  que  nous  a  laissé  un  ancien  historien  des  débats  qui  s'éle- 
vèrent dans  le  concile  de  Latran  au  sujet  du  comte  de  Toulouse  :  débats 
qu'un  auteur^  du  temps,  partisan  zélé  de  Simon  de  Montfort,  n'a  pu  dissi- 
muler'*. «  Il  est  vrai,  dit  cet  auteur,  que  quelques-uns  de  ceux  qui  assistèrent 
«  au  concile,  même,  ce  qui  est  plus  fâcheux,  parmi  les  évêques,  étant  ennemis 
«  de  l'affaire  de  la  foi,  travaillèrent  pour  le  rétablissement  des  comtes  de 
«  Toulouse  81  de  Foix  dans  leurs  domaines;  mais  le  conseil  d'Architopel  ne 
«  prévalut  pas.  Si  les  méchans  furent  trompés  dans  leurs  espérances;  car  le 
«  pape,  avec  l'approbation  de  la  plus  grande  Si  de  la  plus  saine  partie  du 
»  concile,  fit  dresser  un  décret,  suivant  lequel  il  ordonna  que  la  ville  de 
«  Toulouse,  Si  toutes  les  autres  qui  avoient  été  conquises  par  les  croisés, 
«  seroient  cédées  au  comte  de  Montfort,  qui  avoit  travaillé  plus  que  personne 
«  dans  cette  affaire,  Si  que  les  domaines  que  le  comte  de  Toulouse  avoit 

■  L'évèqued'Osma  n'assista  pas  au  concile  (voyez  suite  du  discours  s'enclii.îne  d'une  manière  assez 

réditioii  de  M.  Meyer,  t.  2,  p,  190,  note).  Guillem  vraisemblable.    On    peut    toutefois    se    demander 

d«  Tudèle  porte  :  l'archevêque  d'Obizin,  qui    est  comment  le    poëte    a    connu    tous   ces    détails.    Il 

unefaute  du  manuscrit.  La  correction  paraît  d'ail-  est  probable  que   cette   première   réunion,  où   les 

leurs  impossible  à  faire.   [A.  M.]  princes   méridionaux    plaidèrent    leur   cause,    ne 

"  Le  poëte  donne   encore  (vers    3574-3595)    un  fut  pas,  à  proprement  parler,  une  session  du  con- 

dialogue   assez    long    entre    le   pape   &   l'abbé   de  cile,  mais  une  sorte  de  conférence   préparatoire, 

Beaulieu  (Bewley,  en  Angleterre);  ce  dernier,  en-  à  laquelle  le  continuateur   anonyme  de  Guillem 

voyé  du  roi  d'Angleterre  à  la  cour  de  Rome  pour  de  Tudèle   put  assister.  Les  dispositions  du  pape 

soutenir   la  cause    de   Jean-sans-Terre  contre    le  paraissent  d'ailleurs  avoir  été  telles  qu'il  les  in- 

primat  Etienne  de  Langton,  essaye  une  dernière  dique,   &  les  actes  officiels  prouvent  que  depuis 

fois  de  fléchir    le    pape,  en    faisant  valoir   la    re-  plusieurs  années  Innocent  III  voyait  la  croisade 

commandation  du    roi   d'Angleterre  en  faveur  du  albigeoise  sous  un  jour  moins  favorable.  On  peut 

jeune  Raimond.    [A.  M.]  même  remarquer  que,  pendant  les  quelques  mois 

^  Pierre  de  Vaux-Cernay,  c.  83.  qu'il   vécut  encore  après   le  concile  de  Latran,  il 

'  La  remarque  de  dom  Vaissete  ne  manque  pas  eut  avec  Montfort  des  rapports  moins  fréquents  & 

de  justesse,  &,  surtout  dans  la    rédaction   en  vers,  qu'il  ne  lui  écrivit  guère  que  pour  réprimander  ses 

plus   développée   que   la    chronique    en    prose,  la  excès  de  zèle  ou  arrêter  ses  empiétements.  [A.  JM.J 


An  izi5 


An  i2ij 


474 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXII. 


1:J.  orisin. 
I.  Jl],  p   :So. 


«  possédés  en  Provence  seroient  réservés,  pour  en  faire  part,  en  tout  ou 
«  partie,  au  fils  de  ce  comte,  s'il  se  rendait  digne  par  sa  fidélité  Se  sa  con- 
«  duite  de  recevoir  une  telle  grâce.  »  Ce  décret  nous  a  été  conservé  en 
entier,  &  il  est  conçu,  au  nom  du  pape  Innocent  111,  de  la  manière  sui- 
vante : 

<(  Tout  l'univers'  est  informé  des  travaux  que  l'Église  a  entrepris,  soit  par 
les  prédicateurs,  soit  par  les  croisés,  pour  exterminer  les  hérétiques  &  les 
routiers  de  la  province  de  Narbonne  &  des  pays  voisins.  Le  succès  a 
répondu,  par  la  grâce  de  Dieu,  à  nos  soins;  en  sorte  que  les  uns  &  les 
autres  étant  chassés,  le  pays  est  maintenant  gouverné  dans  la  foi  catho- 
lique &  la  paix  fraternelle.  Mais  comme  ce  nouveau  plant  a  besoin  d'être 
arrosé,  nous  avons  jugé  à  propos  d'y  pourvoir,  après  avoir  consulté  le  con- 
cile. Que  Raimond,  comte  de  Toulouse,  qui  a  été  trouvé  coupable  en  ces 
deux  articles,  &  que  plusieurs  indices  certains  prouvent  depuis  longtemps 
ne  pouvoir  gouverner  le  pays  dans  la  foi,  soit  exclu  pour  jamais  d'y  exercer 
sa  domination,  dont  il  n'a  que  trop  fait  sentir  le  poids,  &  qu'il  demeure 
dans  un  lieu  convenable,  hors  du  pays,  pour  y  faire  une  digne  pénitence 
de  ses  péchés;  cependant  qu'il  reçoive  tous  les  ans  quatre  cents  marcs  d'ar- 
gent pour  son  entretien,  tant  qu'il  obéira  humblement.  Que  sa  femme, 
sœur  du  feu  roi  d'Aragon,  laquelle,  suivant  le  témoignage  de  tout  le 
monde,  est  une  dame  de  bonnes  mœurs  &  catholique,  jouisse  entièrement 
&  paisiblement  des  terres  qui  lui  ont  été  assignées  pour  son  douaire,  à 
condition  qu'elle  les  fera  régir  de  telle  sorte,  suivant  l'ordre  de  l'Église,  que 
l'affaire  de  la  paix  &  de  la  toi  n'en  souffre  aucun  préjudice;  autrement  on 
lui  donnera  un  équivalent,  selon  qu'il  plaira  au  siège  apostolique.  Que 
tous  les  domaines  que  les  croisés  ont  conquis  sur  les  hérétiques,  leurs 
croyans,  leurs  fauteurs  8c  receleurs,  avec  la  ville  de  Montauban  &  celle  de 
Toulouse,  qui  est  la  plus  gâtée  par  l'hérésie,  soient  donnés  (sauf  en  tout 
le  droit  des  hommes  catholiques,  des  femmes  &  des  églises)  au  comte  de 
Montfort,  homme  courageux  &  catholique,  qui  a  travaillé  plus  que  tout 
autre  dans  cette  affaire,  pour  les  tenir  de  ceux  de  qui  il  doit  les  tenir  de 
droit.  Le  reste  du  pays  qui  n'a  pas  été  conquis  par  les  croisés  sera  mis, 
suivant  le  mandement  de  l'Église,  à  la  garde  de  gens  capables  de  main- 
tenir &  de  défendre  les  intérêts  de  la  paix  8c  de  la  foi,  afin  d'en  pourvoir 
le  fils  unique  du  comte  de  Toulouse,  après  qu'il  sera  parvenu  à  un  âge 
légitime,  s'il  se  montre  tel  qu'il  mérite  d'obtenir  le  tout  ou  seulement  une 
portion,  ainsi  qu'il  sera  plus  convenable^.  »  Suivant  cette  disposition,  Simon 
de  Montfort  ne  devoit  dominer  que  sur  les  pays  qui  avoient  été  conquis  par 


les   croisés,  8c,   par  conséquent,  seulement  depuis  Béziers  &c  Carcassonne 
jusque  vers  l'Océan,  les  Pyrénées  8c  la  Dordogne.  Le  reste  des  domaines  du 


■  D'Achéry,  Sp'inleg'ium,  t.  7,  p.  iio.  —  Concilia,  l'archevêque  Arnaud  pour  faire  assigner  au  comte 

t.   11,  c.  234.  —  Trésor  des  chartes,  Bulles  contre  de  Toulouse  un  revenu  de  cent  cinquante  marc» 

hi  hérétlijues,  n.  i3.  [Potthast,  n.  Soop.]  sur  le  château  de  Eeaucaire.  (Potthast,  n.  Soie.) 

'  Ver»  le  même  temps,  Innocent  III  écrivit  à  \[^_  jyj  1 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV,  XXH,  475 

comte  de  Toulouse  devoit  être  rais  en  séquestre  pour  le  fils  de  ce  prince.  Nous 
ferons  dans  la  suite  usage  de  cette  remarque,  qui  est  importante.  On  voit  de 
plus  que  le  concile  de  Latran,  ou  plutôt  le  pape  qui  étoit  son  organe,  n'eut 
aucun  égard  à  la  demande  de  Pierre-Bermond  de  Sauve,  gendre  du  comte  de 
Toulouse,  qui  s'étoit  rendu  à  Rome  pour  soutenir  les  droits  de  sa  femme  8t 
de  leurs  enfans  à  la  succession  de  ce  prince,  à  l'exclusion  du  jeune  Raimond; 
ainsi  ce  dernier  fut  reconnu  pour  légitime,  malgré  les  objections  de  ce  sei- 
gneur, lequel  mourut  dans  le  cours  de  cette  poursuite.  Un  moderne'  pré- 
tend que  dans  la  réserve  de  la  Provence  que  le  concile  de  Latran  fit  par  son 
décret  en  faveur  de  Raimond  le  Jeune,  il  faut  en  excepter  le  pays  Venaissin 
que  les  papes  possédoient  alors,  ajoute-t-il,  61  qui  ne  fut  à  Raimond  que 
quelques  années  après.  Cet  auteur  se  trompe  :  le  pape  ne  possédoit  alors  du 
comté  Venaissin  que  quelques  châteaux  que  le  comte  de  Toulouse  avoit  remis 
en  1109  au  légat  Milon  pour  la  sûreté  de  ses  promesses.  Ce  comté  fut  réservé 
par  conséquent  au  jeune  Raimond,  avec  le  reste  du  marquisat  de  Provence 
&  avec  la  partie  orientale  du  duché  de  Narbonne. 

XCVIII.  —  Décret  touchant  les  comtes  de  Faix  &•  de  Commmges. 

On  trouve  une^  autre  clause  de  ce  décret,  laquelle  ne  paroît  pas  dans  les 
éditions  qui  en  ont  été  données.  Elle  regarde  le  comte  de  Foix  &  suit  immé- 
diatement l'article  du  comte  de  Toulouse  dans  une  bulle  que  le  pape  Inno- 
cent III  adressa  à  tous  les  fidèles,  le  i5  de  décembre  de  l'an  I2i5,  quinze 
jours  après  la  clôture  du  concile.  «  Quant  à  l'affaire  du  comte  de  Foix,  est-il 
((  marqué,  on  en  informera  plus  amplement,  &  l'on  décidera  ce  qui  sera  juste  ; 
«  en  sorte  que  le  château  de  Foix,  qui  nous  a  été  délivré,  sera  gardé  suivant 
«  l'ordre  de  l'Église,  jusqu'à  ce  que  l'affaire  soit  terminée.  Comme  il  pourra 
«  s'élever  des  doutes  St.  des  difficultés  sur  cette  matière,  le  tout  sera  rapporté 
«  au  jugement  du  siège  apostolique,  de  crainte  que  ce  qui  a  été  déjà  exécuté 
i(  à  grands  frais  ne  vienne  à  ôtre  anéanti  par  l'insolence  ou  la  malice  de 
«  quelqu'un.  »  Il  y  a  lieu  de  croire  que  le  concile  ordonna  la  même  chose 
touchant  le  comte  de  CommingesS. 

XCIX.  —  Départ  du  comte  de  Toulouse  de  Rome.  —  Le  comte  de  Foix 
obtient  des  commissaires  pour  la  restitution  de  ses  domaines. 

Le  comte  de  Toulouse,  après  avoir  attendu  la'*  fin  du  concile,  dans  l'espé- 
rance d'obtenir  la  justice  qu'il  demandoit,  informé  du  décret  dont  on  vient 
de  parler,  fit  prier  Innocent  de  lui  donner  audience.  Ce  pape  la  lui  accorda 
&  lui  déclara  qu'on  ne  pouvoit  faire  autre  chose  en  sa  faveur  pour  le  présent 

'  LafaiUe,  Annales  de  Toulouse,  t.   i,  p.  121.  Simon  de  Montfort,   Pottliast,  n.  5oi5.    [A.  M.] 
'  Voyez  tone  VIII,  Chartes,   n.  CXIX,  ce.  681,  <  Voyez  tome  VIII,  c.   1  12.  —   [Giiillem  de  Tu- 

C%i.  —  [Potthajt,  n.  6009.]  dèle,  yers  35ij9-3654.] 
'  Lettre  du   même  jour  pour  le  même  objet  à 


An  1 


An  I2i5 


476  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXlI. 

que  ce  qui  avoit  été  statué.  Il  lui  donna  sa  bénédiction  Se  lui  dit  en  le  con- 
gédiant que  Raimond,  son  fils,  pouvoit  encore  demeurer  quelque  temps  a 
Rome.  Le  comte  partit  bientôt  après  avec  une  partie  de  sa  suite,  laissa  1  autre 
à  son  fils  Se  s'avança  jusqu'à  Viterbe.  _ 

Raimond-Roger,  comte  de  Foix,  demeura  à  Rome  avec  le  jeune  Raimond; 
il  obtint  enfin,  le  21  décembre,  une  bulle'  que  le  pape  adressa  à  l'evêque 
de  Nimes  Se  à  Guillaume-Jourdain,  archidiacre  de  Gonflent,  dans  1  église 
d'Elne.  «  Ayant  envoyé,  dit  Innocent  III  dans  cette  bulle,  Pierre,  cardinal- 
«  diacre  du  titre  de  Sainte-Marie  en  Acquire,  en  qualité  de  légat  du  siège 
«  apostolique  dans  les  pays  de  la  Provence,  pour  régler  les  affaires  du  pays, 
«  le  comte  de  Foix,  afin  d'obtenir  l'absolution,  lui  a  fait  serment  d  obéir  à 
«  nos  ordres  &  lui  a  remis  le  château  de  Foix,  que  ce  cardinal  a  fait  garder 
«  pendant  quelque  temps  par  l'abbé  de  Saint-Thibéry,  lequel  devant  quitter 
nit'^'Sl.    «  le  pavs,  en  a  commis  la  garde  à  Simon,  comte  de  Montfort,  jusqu'après  le 
'        '    «  concile  général.  Durant  ce  concile,  le  comte  de  Foix  &.  les  autres  nobles 
«  du  pays  s'étant  rendus  auprès  du  siège  apostolique,  ce  comte  s'est  plaint  à 
«  nous  de  ce  qu'après  s'être  soumis  à  nos  ordres  Se  avoir  fait  serment  d'ob- 
«  server  la  trêve,  le  comte  de  Montfort  Se  les  siens  l'ont  dépouillé  injuste- 
ce  ment  de  plusieurs  châteaux  Se  villages,  ajoutant  que  les  croisés  avoient 
«  envahi  auparavant,  encore  plus  injustement,  la  plus  grande  partie  de  ses 
«  domaines,  dans  lesquels  il  demandoit  d'être  rétabli,  soit  par  justice,  soit 
«  par  grâce.  Cependant,  comme  on  a  avancé  en  notre  présence,  tant  en  faveur 
«  de  ce  prince  que  contre  lui,  diverses  choses  qui  ont  besoin  d'éclaircisse- 
«  ment,  nous  vous  ordonnons  d'en   informer,  dans   l'espace  de  trois   mois 
«  depuis  la  réception  des  présentes.  Se  de  terminer  cette  affaire  ou  par  accord 
«  ou  par  sentence,  ou  enfin  de  nous  la  renvoyer  toute  instruite,  en  assi- 
«  gnant  aux  parties  un  terme   suffisant  pour  pouvoir  comparoître   devant 
«  nous.  Vous  tâcherez  de  découvrir  néanmoins  pour  quelle  cause  ce  comte  a 
«  perdu  ses  domaines  avant  qu'il  se  fût  soumis  à  l'Eglise,  Se  vous  aurez  soin 
«  de  nous  le  faire  savoir.  Nous  voulons,  en  attendant,  qu'on  remette  le  châ- 
«  teau  de  Foix  à  l'abbé  de  Saint-Thibéry,  qui  le  gardera  sous  notre  autorité 
«  pour  le  comte,  auquel  on  le  restituera  quand  nous  l'ordonnerons.  Car  c'est 
«  notre   intention,  que   nous  voulons   être  connue  de   tous,    qu'après  que 
«  l'affaire  sera  terminée,  on  rende  le  château  de  Foix  au  comte;  que  cepen- 
«  dant  le  comte  de  Montfort  Se  les  siens  ne  lui  fassent  point  la  guerre,  ni  àr 
«  Roger  de  Comminges,  son  neveu  ;  mais  qu'ils  vivent  en  paix  Se  en  sûreté, 
c(  pourvu  qu'ils  se  tiennent  eux-mêmes  en  repos,  suivant  les  statuts  de  la 
«  paix  qui  ont  été  dressés  dans  le  pays.  »  Le  comte  de  Foix,  satisfait^  d'avoir 
obtenu  cette  commission  qui  lui  faisoit  espérer  une  prompte  restitution  de 
ses  domaines,  alla  joindre  le  comte  de  Toulouse  à  Viterbe,  Se  se  rendit  avec 
lui  à  Gênes,  où  ils  attendirent  le  jeune  comte  Raimond.  Il  ne  rentra  pas 

'  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  CXIX,  ce.  682,       dèle,  vers  3655-36(56.  Le  poëte  fait  aller  le  comte 
684.  —  [Potthast,  n.  5014.]  de  Toulouse  à  Saint-Marc,  c'est-à-dire  à  Venise, 

'  Voyez  tome  VIII,  c.  112.  —  [Guillem  de  Tu-       avant  de  retourner  à  Gènes.] 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXII.  477 

cependant  aussitôt  qu'il  le  croyoit  dans  la  possession  de  ses  États,  car  l'archi- 
diacre d'Elne,  l'un  de  ses  commissaires,  étant  venu  à  mourir  peu  de  temps 
après,  l'affaire  traîna  en  longueur,  à  cause  qu'il  fut  obligé  de  demander'  un 
nouveau  commissaire. 

C.  —  Le  jeune  Raïmond  part  de  Rome  &•  va  Joindre  à  Gènes  le  comte 

de  Toulouse,  son  père. 

Le  jeune  Raimond*,  après  avoir  demeuré  à  Rome  environ  six  semaines, 
demanda  enfin  son  audience  de  congé.  Le  pape  le  reçut  favorablement,  8<. 
l'ayant  fait  asseoir  auprès  de  lui,  lui  dit,  selon  le  témoignage  d'un  ancien 
auteur  :  «  Mon  fils,  écoutez-moi;  si  vous  suivez  les  conseils  que  je  m'en  vais 
«  vous  donner,  vous  ne  manquerez  jamais.  Aimez  Dieu  sur  toutes  choses  & 
«  a)ez  soin  de  le  servir.  Ne  prenez  jamais  le  bien  d'autrui;  mais  défendez  le 
«  vôtre,  si  quelqu'un  veut  vous  l'ôter.  En  vous  conduisant  ainsi  vous  ne 
«  manquerez  pas  de  domaines,  &  afin  que  vous  ne  demeuriez  pas  sans  terres 
V  8c  sans  seigneuries,  je  vous  donne  le  comté  Venaissin  avec  toutes  ses  dépen- 
«  dances,  la  Provence  &  Beaucaire,  pour  pourvoir  à  votre  entretien  jusqu'à 
«  ce  que  l'Église  se  soit  assemblée  en  concile  :  alors  vous  pourrez  venir,  8t  on 
«  vous  fera  raison  sur  vos  demandes  contre  le  comte  de  Montfort.  »  Le  jeune 
prince,  ajoute  cet  auteur,  après  avoir  témoigné  sa  reconnoissance  au  pape,  lui 
répondit  :  «  Saint  père,  si  je  puis  recouvrer  mes  domaines  sur  le  comte  de 
«  Montfort  &  sur  ceux  qui  les  détiennent,  n'en  soyez  pas  fâché.  Quoi  que 
«  vous  fassiez,  lui  répliqua  le  pape.  Dieu  vous  fasse  la  grâce  de  bien  com- 
«  mencer  S<.  de  mieux  finir.  »  Le  pape  lui  donna  ensuite  sa  bénédiction,  & 
lui  ayant  remis  les  lettres  par  lesquelles  il  lui  réservoit  le  comté  Venaissin  8< 
les  autres  pays,  il  le  congédia.  Ce  jeune  prince  alla  ensuite  joindre  à  Gênes 
le  comte,  son  père,  &  s'étant  embarqués  ils  arbordèrent  ensemble"  à  Mar- 
seille. 

CL  —  Simon  de  Montfort  prend  possession  du  duché  de  Narhonne,  malgré 
l'archevêque  qui  l'excommunie.  —  Evêques  de  Bé-^iers. 

Gui  de  Montfort  8c  les  autres^  députés  que  Simon  avoit  envoyés  au  concile 
de  Latran  pour  y  soutenir  ses  intérêts,  étant  de  retour  de  leur  côté  dans  la 
Province,  les  évêques  8<  les  barons  du  pays  attachés  à  ce  général  s'assemblè- 
rent 8c  lui  conseillèrent  de  se  rendre  incessamment  à  la  Cour  pour  demander 
au  roi  l'investiture  des  domaines  que  le  concile  lui  avoit  adjugés.  Simon  se 
disposa  en  effet  à  partir;  mais  il  voulut  auparavant  prendre  possession  du 
duché  de  Narbonne,  qu'il  prétendoit  faire  partie  de  ses  domaines,  quoique 

■  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  CXIX,  c.  684.  lui  de  l'Anonyme.  Il  ne  contient  d'ailleurs  aucun 

'  Voyez  tome  VIII,  ce.  112,    ii3.  —    [Giiillem  fait  de  plus.   [A.  M.] 
de  Tudèle,  vers   Siôâ-SySy.]  —  Le  récit  du  poète  '  Pierre  de  Vaux-Cernay,  c.  83. 

est  plus  détaillé  &  surtout  mieux  composé  que  ce- 


An 


An  i2iâ 


«.  m,  p.  aSj. 


478  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXII, 

An  121Û        T/  " 

Éd.origin.  le  concile  n'en  eût  fait  aucune  mention.  Dans  cette  vue  il  s'approcha  de  cette 
ville;  mais  il  rencontra  de  grandes  difficultés  de  la  part  de  larchevèque 
Arnaud. 

Ce  prélat,  à  son  retour  de  Rome',  vers  la  fin  de  janvier  de  l'an  1216,  fit 
son  entrée  dans  Narbonne  en  qualité  de  duc  de  cette  ville.  Il  ordonna  en 
même  temps  au  vicomte  Aymeri  de  renoncer  à  l'hommage  qu'il  avoit  rendu 
à  Simon  de  Montfort,  protesta  contre,  le  déclara  nul,  défendit  au  même 
vicomte  d'y  avoir  jamais  aucun  égard,  &.  publia  qu'il  étoit  allé  à  Rome  £< 
qu'il  en  étoit  revenu  duc  de  Narbonne.  Il  ordonna  ensuite  aux  habitans  de 
construire  à  leurs  dépens  deux  châteaux,  l'un  dans  le  bourg  &  l'autre  dans 
la  cité,  61  de  relever  les  murs  de  la  ville. 

Montfort,  informé  de  toutes  ces  choses,  en  interjeta  appel  au  pape,  le 
3o  de  janvier.  Il  mit  par  cet  acte  sa  personne,  ses  alliés,  ses  domaines  &  spé- 
cialement la  ville,  le  duché  &  tous  les  habitans  de  Narbonne  &  du  diocèse 
sous  la  protection  de  Dieu  8c  du  pape,  8c  ajourna  Arnaud  à  Rome,  à  la  Pen- 
tecôte. Ce  prélat^  étoit  à  l'abbaye  de  Fontfroide  lorsque  Simon  lui  fit  signi- 
fier cet  appel,  la  veille  de  la  Purification.  Il  lui  répondit  de  la  manière 
suivante  :  «  Si  le  comte  de  Montfort  entreprend  d'usurper  le  duché  de  Nar- 
«  bonne  ou  quelque  chose  du  duché,  8c  s'il  apporte  le  moindre  obstacle 
(i  pour  empêcher  que  les  murs  de  la  ville  soient  rétablis,  je  l'excommunie 
«  avec  ses  fauteurs  8c  tous  ceux  qui  lui  prêteront  secours  Se  conseil  à  ce 
«  sujet.  1)  Arnaud  8c  Simon  étant  ainsi  extrêmement  aigris  l'un  contre 
l'autre,  l'évêque  élu  de  Béziers  8c  l'archidiacre  de  Narbonne  s'entremirent 
pour  les  réconcilier  8c  firent  prier  Simon,  qui  s'étoit  rendu  à  Lésignan,  de 
ne  pas  entrer  dans  Narbonne,  de  s'abstenir  de  prendre  possession  du  duché, 
8c  surtout  de  ne  pas  recevoir,  en  qualité  de  duc,  l'albergue  du  vicomte,  parce 
que,  s'il  le  faisoit,  l'archevêque  l'excommunieroit  infailliblement.  Le  lende- 
main ,  l'archevêque  d'Embrun ,  l'évêque  élu  de  Béziers  8c  l'archidiacje  de 
Narbonne  allèrent  à  Canet  pour  négocier  avec  Montfort,  qui  leur  promit  de 
s'en  rapportera  leur  jugement.  Arnaud  accepta  de  son  côté  leur  médiation, 
sauf  les  ordres  du  pape;  mais  il  refusa  de  mettre  l'affaire  du  duché  en  com- 
promis, en  sorte  qu'il  ne  put  convenir  avec  Simon  des  articles  qui  dévoient 
être  mis  en  arbitrage.  Arnaud  offrit  aux  trois  médiateurs  8c  aux  évêques  de 
Maguelonne,  de  Lodève,  de  Toulouse,  Comminges,  Tarbes  8c  Gap,  qui 
étoient  présens,  de  satisfaire  Montfort  sur  toutes  ses  demandes,  soit  devant  le 
pape  ou  ses  délégués,  soit  devant  des  arbitres  s'il  le  falloit;  mais  à  condition 
que  ce  général  n'entreroit  pas  dans  Narbonne,  8c  qu'il  n'entreprendroit  rien 
sur  le  duché,  à  moins  qu'il  ne  voulût  être  excommunié  sur-le-champ.  Il  fit 
cette  déclaration  devant  les  agens  de  Simon.  Alors  l'évêque  de  Toulouse 
appela  au  nom  de  Simon,  dont  il  étoit  zélé  partisan,  8c  Arnaud  excommunia 
de  nouveau  ce  comte  avec  tous  ses  adhérens,  s'ils  usurpoient  la  moindre  chose 

■  Besse,  Histoire  des  dues,  marquis  &  comtes  <fc  '  Bîss-,  Hhio'irc  Acs  Jua,  marqit'is  &  comtes  de 

Narbonne,  p.  463  &  suiv.  Narbonne,  p.  566  &  suiv. 


An  1216 


t.  111,  p.  283. 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXII.  479 

du  duché.  L'archevêque  envoya  le  lendemain  1  evêque  de  Nîmes  &  le  pré- 
centeur  de  Narbonne  à  Lésignan  pour  avertir  Simon,  de  sa  part,  qu'il  se 
donnât  bien  de  garde  d'entrer  dans  Narbonne  pour  prendre  possession  du 
duché;  mais  le  comte  ne  fit  aucun  cas  de  cette  défense,  &,  s'étant  mis  en 
chemin  le  jour  suivant,  il  se  prépara  à  faire  son  entrée  dans  la  ville.  L'arche- 
vêque envoya  à  sa  rencontre  l'évêque  élu  de  Béziers  &  les  archidiacres  de 
Carcassonne  &  de  Pvazès,  avec  ordre  de  lui  réitérer  la  même  défense  &  de  lui 
déclarer,  supposé  qu'il  voulût  passer  outre,  qu'il  lui  feroit  fermer  les  portes 
de  la  ville  Si  qu'il  l'excommunieroit. 

Toutes  ces  menaces  n'empêchèrent  pas  Montfort  de  se  présenter  devant 
Narbonne.  L'archevêque  l'attendit  à  la  porte  du  Bourg,  laquelle  est  propre- 
ment du  domaine  de  l'évêché,  &  aussitôt  qu'il  le  vit  venir  il  voulut  la  faire 
fermer;  mais  les  gens  d'armes  de  la  langue  françoise  {linguae  Gallicae)  le 
repoussèrent,  &,  ayant  tiré  leur  épée,  se  jetèrent  sur  lui.  Montfort  entra  ainsi 
dans  Narbonne,  malgré  l'archevêque,  reçut  l'albergue  du  vicomte  8<.  fit  arborer 
son  étendard  sur  la  tour  du  palais  vicomtal.  Arnaud  punit  sur-le-champ 
l'excessive  ambition  du  comte,  comme  il  s'exprime  lui-même  par  un  nouvel 
anathème,  81  il  le  dénonça  excommunié,  en  présence  de  son  chapitre,  de 
tout  le  clergé  8c  des  plus  notables  de  la  ville.  Il  jeta  en  même  temps  l'in- 
terdit sur  toutes  les  églises  de  Narbonne,  spécialement  sur  la  chapelle  du  ^%\°''' 
château,  tant  que  Simon  demeureroit  dans  la  ville.  Ce  comte,  si  ardent  à 
poursuivre  les  excommuniés,  même  après  qu'ils  avoient  reçu  leur  absolution, 
lorsqu'il  y  trouvoit  son  intérêt,  n'eut  aucun  égard  à  cette  excommunication 
8c"fit  hardiment  célébrer  le  service  divin  dans  cette  chapelle  dont  il  fit  sonner 
les  cloches,  tandis  que  celles  de  toutes  les  autres  églises  de  Narbonne  gar- 
doient  exactement  l'interdit.  L'archevêque,  outré  de  ce  procédé,  défendit  aux 
clercs  de  Simon  de  célébrer  davantage  l'office  divin  dans  la  chapelle  inter- 
dite; mais  ils  continuèrent  toujours,  même  en  présence  de  Simon  qui,  ayant 
reçu  une  nouvelle  défense  de  la  part  du  prélat  d'entrer  dans  la  chapelle  du 
château  &  d'y  faire  célébrer  l'office  divin,  méprisa  cette  monition  6c  n'y 
répondit  que  par  des  railleries.  Enfin  l'archevêque  ne  pouvant  plus  supporter 
tant  d'insultes,  aggrava  l'anathème  8c  excommunia  de  nouveau  Simon  dans  le 
vestibule  de  son  palais,  en  présence  de  l'archevêque  d'Embrun,  de  plusieurs 
évêques  8t  du  peuple,  pour  être  entré,  en  dépit  des  censures,  dans  une  cha- 
pelle interdite,  y  avoir  assisté  à  l'office  divin  8c  l'y  avoir  fait  célébrer.  Ces 
divers  anathèmes,  au  lieu  d'intimider  Montfort,  ne  firent  que  l'irriter  de  plus 
en  plus.  La  nuit  suivante,  les  François  qui  étoient  à  sa  suite  jetèrent  plu- 
sieurs fois  des  pierres  contre  le  palais  épiscopal  8c  s'emparèrent,  durant  son 
séjour  à  Narbonne,  de  tous  les  étaux  de  la  ville  8c  de  la  leude  qui  apparte- 
noient  à  l'archevêque. 

Ces  faits  sont  rapportés  dans  la  plainte  qu'Arnaud  envoya  quelque  temps 
après  au  pape  contre  les  entreprises  de  Simon.  Celui-ci,  de  son  côté,  écrivit' 

■  Ecsse,  Histoire  des  ducs,  marquis  &  comtes  de  Narionne,  p.  474. 


~7 T  480  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXII.  ; 

An  1210^  \ 

de  Narbonne,  k  27  de  février,  à  1  evêque,  au  doyen  &  au  chapitre  d'Uzès  | 

pour  leur  déclarer  qu'il  avoit  proposé  à   l'archevêque  de  Narbonne  de  s'en  ! 

rapporter  à  leur  jugement  &  à  celui  des  autres  évêques  de   la    Province,  j 

ses  suftragans,  ou  du  chapitre  de  Narbonne,  ou  enfin  de  deux  ou  de  plu-  | 
sieurs  de  leurs  amis  communs,  ou  bien  de  s'en  remettre  à  la  décision  du 

pape  ou  de  son  légat  :  «  Offres,  ajoute-t-il,  que  ce  prélat  a  refusées  &  que  i 

H  nous  faisons  encore  ;   c'est   pourquoi ,  pour  nous   mettre   à  l'abri    de  ses  j 
«  menaces,  nous  avons  appelé  il  y  a  longtemps  au  Saint-Siège,  &  nous 

«  renouvelons  notre  appel.  Nous  vous  supplions,  en  cas  qu'il  jette  l'interdit  : 

0  sur  nos  domaines,  de  ne  pas  exécuter  sa  sentence}  car  nous  avons  mis  \ 

«  notre  personne,  nos  vassaux,  nos  terres  61  nos  chapelles  sous  la  protection  | 

«  du  pape,  &  nous  l'avons  ajourné  pour  poursuivre  l'appel  à  l'octave  de  la  j 
«  Pentecôte.  »  Simon,  ayant  enfin  quitté  Narbonne  Si  étant  retourné  à  Car- 

cassonne,  quelques  personnes  d'autorité  l'engagèrent  à  écouter  des  propo-  j 

sitions  d'accommodement.  Il  déclara   alors  publiquement,  par  un  acte  du  \ 
5  mars,  que  voulant  bien  vivre  avec  l'archevêque  de  Narbonne,  il  avoit  com- 
promis des  différends  qu'il  avoit  avec  lui,  entre  les  mains  de  l'évêque  de 

Nimes  Si  du  camérier  de  l'église  de  Béziers,  avec  promesse  de  s'en  rapporter  '. 
à  leur  jugement,  à  peine  de  mille  marcs  d'argent,  supposé   que  ce  prélat 

voulût  se  soumettre  de  son  côté  à  un  semblable  dédit:  mais  ces  arbitres  ne      : 

.  .  i 

purent  les  mettre  d'accord;  ainsi  le  pape  prit  connoissance  de  cette  affaire.      1 

Arnaud  demanda'  au  pape  la  confirmation  de  la  sentence  d'excommuni- 
cation qu'il  avoit  portée  contre  Simon.  Ayant  appris  ensuite  la  mort  d'Inno- 
cent III,  arrivée  le  16  de  juillet  de  cette  année,  il  adressa  un  mémorial*,  au 
mois  de  septembre  suivant,  à  Honoré  III,  son  successeur,  lui  porta  les  mêmes 
plaintes  contre  ce  comte  Si  en  ajouta  de  nouvelles.  Il  se  plaignit,  entre  autres, 
de  ce  que  Simon  lui  avoit  enlevé,  vers  la  fête  de  Pâques,  les  châteaux  de 
Quillan  Si  de  Fontes,  sans  vouloir  les  rendre,  quoiqu'il  en  eût  été  requis;  de      1 
ce  qu'il  l'avoit  aussi  dépouillé  des  châteaux  d'Argens  Si  de  Saint-Marcel,  de  la      ■ 
moitié  de  celui  de  Ventenac  61  d'une  grande  partie  de  ses  revenus;  de  ce      \ 
que  ce  comte  s'étoit  opposé  à  la  construction  des  murs  d'argile,  dont  il  faisoit      " 
entourer  par  provision  la  ville  de  Narbonne  pour  la  mettre  à  l'abri  des  incur- 
sions des  brigands,  &l  de  ce  qu'il  les  avoit  fait  détruire.  Arnaud  se  plaignit      ! 
enfin  de  plusieurs  autres  excès  de  Simon;  il  pria  le  pape  de  "confirmer  la 
sentence  d'excommunication  qu'il  avoit  rendue  contre  ce  comte,  61  de  lui 
t5i'[r,°p'^2Si.    o'''lo""e''  '^^  réparer  les  maux  qu'il  avoit  causés  à  l'église  de  Narbonne,  Si  de      , 
le  laisser  paisible  possesseur  du  duché  de  cette  ville. 

Honoré  écrivit  en  conséquence,  le  7  de  mars  de  l'an   1217,  au  cardinal 
Bertrand,  légat  en  Provence,  en  faveur  de  l'archevêque  de  Narbonne,  «  dont      ' 
<;  Simon  de  Montfort,  dit-il,  est  vassal,  Si  à  qui  le  bourg  Si  la  moitié  de  la 

«  cité  de  Narbonne  appartiennent,  ou  plutôt  qui  appartiennent  à  l'Église      | 

1 

■  Besse,  Histoire  Jes  ducs,  marquis  &  comtes   de  '  Besse,  Histoire  des  ducs,  marjuls  &  comtes  Je         ! 

Narbonne,  p.  469  81  suiy.  Narbonne,  p.  462  &  siiiv.  I 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXII.  481   ' 

«  romaine,  à  cause  de  l'arclievêché,  8c  l'autre  moitié  pounoit  appartenir  aussi 
«  k  la  même  église,  à  cause  du  duché.  «  Il  ordonne  au  légat  de  rétablir  l'ar- 
chevêque dans  la  possession  des  biens  dont  il  avoit  été  dépouillé,  de  con- 
firmer ou  d'infirmer  la  sentence  d'excommunication  qu'il  avoit  rendue  contre 
Simon,  suivant  que  la  justice  le  demandera,  &c  enfin  de  terminer  ce  diffé- 
rend ou  de  lui  en  renvoyer  la  décision,  après  avoir  tait  les  informations 
nécessaires.  Nous  ignorons  la  suite  de  cette  affaire,  dont  le  pape  évoqua  la 
connoissance  à  son  tribunal  par  un  bref'  du  23  octobre  suivant.  Mais  on 
ne  voit  pas  qu'il  l'ait  jamais  jugée;  il  est  certain  d'ailleurs  que  Simon  con- 
tinua d'agir  comme  duc  de  Narbonne,  appuyé  sans  doute  de  l'autorité  du  roi, 
qui  reçut  son  hommage  pour  ce  duché.  En  effet,  les  habitans  de  Narbonne 
le  reconnoissoient  |)our  leur  seigneur  lorsqu'ils  lui  promirent^,  au  commence- 
ment de  l'année  suivante,  de  détruire  à  sa  volonté  les  murailles  de  leur  ville, 
qu'il  leur  avoit  permis  de  relever.  Si  de  chasser  du  pays  les  routiers  81  ses 
autres  ennemis.  Il  paroît  qu'Aymeri,  vicomte  de  Narbonne,  était  alors  dans 
les  intérêts  de  l'archevêque^,  avec  lequel  il  se  réconcilia  8<  i^artagea,  en  iiij, 
le  droit  de  battre  monnoie,  en  réparation  des  dommages  qu'il  lui  avoit 
causés  &t  en  reconnoissance  de  ce  que  ce  prélat  lui  avoit  bien  voulu  rendre 
son  amitié,  à  condition  que  la  monnoie  seroit  fabriquée  au  nom  de  l'un  8t  de 
l'autre,  Se  qu'ils  en  partageroient  le  profit.  Aymeri  consentit  de  plus  que  les 
criées  se  fissent  dans  Narbonne  au  nom  de  l'archevêque,  qui  seroit  nommé  le 
premier,  Si  au  sien. 

Au  reste,  l'évêque  élu  de  Béziers,  dont  il  est  parlé  dans  les  actes  des  diffé- 
rends qui  survinrent  entre  l'archevêque  Arnaud  8c  Simon  de  Montfort,  tou- 
chant le  duché  de  Narbonne,  se  nommoif*  Bernard  de  Cuxac.  Il  avoit  succédé, 
dès  l'an  1214,  à  Bertrand  de  Saint-Gervais,  qui  n'avoit  été  qu'environ  un  an 
en  place.  Bernard  de  Béziers,  l'un  des  vassaux  de  l'évêché,  renonça  en  faveur 
de  ce  dernier  au  droit  qu'il  prétendoit  avoir  sur  le  cheval,  la  chape  Si  les 
ornemens  épiscopaux  de  l'évêque,  lorsque  ce  prélat  entroit  pour  la  première 
fois  dans  son  palais  épiscopal-"'.  Nous  ignorons  la  raison  pour  laquelle  Bernard 
de  Cuxac  fut  si  longtemps  sans  se  faire  sacrer. 

Cil.  — Simon  de  Montjbrt  prend  une  nouvelle  possession  du  comté  de  Toulouse 
(S-  tâche  de  se  conserver  la  possession  de  cette  ville, 

Simon  de  Montforf^,  après  avoir  pris  possession  du  duché  de  Narbonne, 
malgré  les  oppositions  de  l'archevêque  Arnaud,  se  rendit  à  Toulouse.  Aussitôt 
après  son  arrivée,  il  convoqua  dans  le  château  Narbonnois,  le  7  de  mars  de 

'  Mss.  Je  Balu\e,  n,  065.  tome  IV,  p.  720,  note.  Il   est  du    i"  janvier   1214 

'  Biiluze,  Concilia    Provinciae   Narionensis,  app.  (11.  st.),  &  n'est   pas   donné  en   faveur  de  l'évêque 

n.  XI.  Bernard,  mais  de  son  prédécesseur  Bertrand,  qu'il 

'  Besse,  Hiitoire    des   dua,  marijuîs   &  comtes    Je  qualifie  de  nouvellement  consacré.    [A.  M.] 
Narkonne,  p.  369.  °  Guillaume    de    Puylaurens,    c.    26    &   stiiv. — 

^  Gdllia  Christian^,  nov.  éd.  t.  (i.  Lafaille,     Annales    Je    Toulouse,     t.     1,     Preuves, 

S  Cet  «cte  est  public  dan?    la    présente  édition,  p.   12.^. 


An  1 2i6 


An  <  2 1 6 


482  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.   LIV.  XXII. 

Tan  12 16,  tous  les  habitans  de  la  ville  &  du  faubourg,  qui  lui  firent  hom- 
mage &  lui  prêtèrent  serment  de  fidélité,  de  même  qu'à  Amauri,  son  fils,  qui 
étoit  présent.  Ces  peuples  les  reconnurent  tous  deux  &i  leurs  successeurs  pour 
leurs  seigneurs,  &  les  notaires  datèrent,  depuis,  leurs  actes,  Simon  étant 
comte  de  Toulouse.  Le  lendemain  mardi  8  de  mars,  le  nouveau  comte  ayant 
convoqué  les  consuls.,  le  commun  concile  &  le  peuple  de  Toulouse,  il  leur 
rit  à  son  tour  le  serment  suivant,  en  présence  du  vénérable  6-  très-saint  père 
Bernard,  archevêque  d'Embrun,  des  vénérables  pères  les  évêques  de  Toulouse, 
de  Lectoure,  de  Gap,  de  Bigorre  (ou  de  Tarbes)  &  de  Comminges,  81  de 
pAisieurs  autres  personnes  déconsidération.  «  Je,  Simon  de  Montfort,  par  la 
«  grâce  de  Dieu  duc  de  Narbonne,  comte  de  Toulouse  81  de  Leycestre, 
«  vicomte  de  Béziers  8c  de  Carcassonne,  je  jure  de  bonne  foi,  S<.  je  promets 
«  que  je  serai  bon  seigneur  8c  fidèle,  à  l'honneur  de  Dieu  8c  de  la  sainte 
«  Église,  envers  tous  les  hommes  8c  toutes  les  temmes  de  Toulouse  &c  du 
«  faubourg;  8c  je  conservciai  de  bonne  toi  8c  défendrai  l'église  de  Toulouse 
K  8c  tous  les  citoyens,  dans  leurs  personnes  Se  dans  leurs  biens,  sauf  la  justice 
«  en  toutes  choses  :  8c  si  je  manque  en  qvielques-uns  de  ces  articles,  je  me 
«  corrigerai  après  en  avoir  été  averti  8c  avoir  connu  la  vérité  par  le  conseil 
«  des  prud'hommes,  pour  ne  pas  encourir  le  crime  de  parjure,  ce  qu'à  Dieu 
«  ne  plaise.  »  Amaury,  son  fils,  prêta  le  même  serment.  Il  rit  ensuite  raser 
,  'in"'*^"'  entièrement  les  murs  de, la  cité  8c  du  bourg  de  Toulouse,  aplanir  les  fossés, 
abattre  toutes  les  tours  des  maisons,  qui  étoient  en  grand  nombre,  Se  enlever 
toutes  les  chaînes  des  rues  pour  ôter  toute  occasion  de  révoltes;  il  fit  fortifier, 
dans  la  même  vue,  le  château  Narbonnois,  Se  retirer  la  terre  dont  il  étoit 
xempli  jusqu'au  faîte.  Il  fit  ouvrir  en  même  temps  une  porte  du  côté  du 
levant  pour  entrer  8c  sortir  à  l'insu  des  habitans  8c  malgré  eux;  il  fit  de  plus 
creuser  un  large  fossé  entre  ce  château  8c  la  ville,  8c  l'entoura  de  fortes  palis- 
sades. 

On  croit  que  le  château  Narbonnois'  de  Toulouse,  qui  servoit  de  palais 
aux  comtes  Se  de  citadelle  à  la  ville,  avoit  été  bâti  par  les  Romains,  La  raison 
qu'on  en  donne,  c'est  :  1°  Que  sa  structure  étoit  romaine;  ce  qui  paroissoit 
plus  particulièrement  au  frontispice,  bâti  de  gros  quartiers  de  pierre  de  taille, 
cramponés  avec  des  lames  de  fer  Se  de  plomb.  2°  Parce  qu'on  en  tira,  au 
commencement  du  dernier  siècle,  diverses  statues  romaines  parfaitement 
belles.  Ce  château  avoit  quatre  portes,  deux  au  midi  Se  deux  au  septentrion, 
Se  étoit  flanqué  de  deux  grosses  tours  couvertes  en  plate-forme.  Il  fut  détruit 
au  milieu  du  seizième  siècle.  Le  parlement  y  fut  établi  dès  son  origine,  &c 
il  occupe  encore  aujourd'hui  son  emplacement. 

'  Catsl,  Mémoires  de  l'histoire  du  Languedoc,  p.  :  i  /  &  suiv. 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXII.  488 


cm.  —  Simon  va  à  la  cour  du  roi  Philippe-Auguste,  qui  reçoit  son  hommage 
pour  le  duché  de  Narhonne,  le  comté  de  Toulouse,  &c. 

Montfort,  après  avoir  pris  toutes'  ses  sûretés,  permit  aux  douze  consuls  de 
Toulouse,  qui  étoient  en  otage  à  Arles,  de  revenir  chez  eux;  il  nomma  un 
sénéchal  pour  exercer  la  justice  &  gouverner  la  ville  de  Toulouse  en  son 
nom.  Nous  trouvons,  en  etfet,  un  G.  de  Chameniac,  sénéchal  de  Toulouse 
pour  ce  comte,  dans  un  acte  de  l'abbaye  de  Boulbonne,  du  21  de  mai  de 
l'an  12 17.  Il  se  mit  bientôt  après  en  chemin  pour  la  Cour,  8c  fut  reçu^  par- 
tout avec  des  honneurs  infinis.  On  alloit  au-devant  de  lui  en  procession,  8<. 
on  s'estimoit  heureux  de  pouvoir  toucher  le  bord  de  sesvêtemens.  En  passant 
à  Chartres  il  y  confirma-*,  au  mois  d'avril,  une  fondation  qu'Amicie,  comtesse 
de  Leycestre,  sa  mère,  avoir  fait  en  1206,  dans  la  cathédrale  de  cette  ville. 
I,e  roi  Philippe-Auguste  lui  fit  un  accueil  très-favorable  8c  lui  donna  l'in- 
vestiture qu'il  demandoit,  par  un  acte"*  conçu  en  ces  termes  :  «  Au  nom  de 
<(  la  sainte  8c  indivisible  Trinité.  Philippe,  par  la  grâce  de  Dieu  roi  des 
«  François,  sachent  tous  présens  8c  à  venir,  que  nous  avons  reçu  notre  cher 
«  vassal,  Simon  de  Montfort,  pour  notre  homme  lige,  pour  les  fiefs  8c  terres 
«  qui  ont  été  conquis  sur  les  hérétiques  8c  ennemis  de  Jésus-Christ,  dans  le 
«  ciuché  de  Narbonne,  le  comté  de  Toulouse  8c  la  vicomte  de  Béziers  8c  de 
a  Carcassonne  j  dans  les  fiefs  que  Raimond,  autrefois  comte  de  Toulouse, 
i(  tenoit  de  nous,  8c  pour  les  terres  qui  soiit  de  notre  fief;  sauf  le  droit 
u  d'autrui  8c  celui  de  nos  vassaux.  Donné  au  pont  de  l'Arche,  l'année  1216, 
((  la  trente-septième  de  notre  règne.  » 

Quelques  jours  après,  Philippe  accorda  en  faveur  de  Montfort  un  autre 
diplôme  dont  voici  la  teneur  :  «  Philippe,  par  la  grâce  de  Dieu  roi  des 
Il  François,  à  tous  ses  amis,  vassaux  8c  autres,  auxquels  les  présentes  par- 
«  viendront  ;  salut  8c  dilection.  Sachez  que  nous  avons  reçu  pour  notre 
<i  homme  lige,  notre  cher  8c  féal  Simon,  comte  de  Montfort,  pour  le  duché 
«  de  Narbonne,  le  comté  de  Toulouse,  les  vicomtes  de  Béziers  8;  de  Carcas- 
<(  sonne,  savoir  :  pour  les  fiefs  8c  terres  que  Raimond,  autrefois  comte  de 
<i  Toulouse,  tenoit  de  nous,  8c  qui  ont  été  acquis  sur  les  hérétiques  Se  les 
«  ennemis  de  l'Église  de  Jésus-Christ;  sauf  le  droit  d'autrui  8c  celui  de  nos 
«  vassaux,  pourvu  qu'ils  professent  la  foi  chrétienne;  c'est  pourquoi  nous 
«  vous  défendons  expressément  de  vous  mêler  de  nos  fiefs  ou  de  les  saisir, 
'(  sinon  en  faveur  dudit  Simon,  auquel  vous  donnerez  aide  8c  conseil  lorsque 
i(  vous  en  serez  requis  par  lui.  Fait  à  Melun,  le  10  d'avril  de  l'an  1216.  » 

C'est  ainsi  que  Raimond  VI,  comte  de  Toulouse,  fut  dépouillé  de  tous  ses 
États,  8c  que  ce  prince,  le  plus  grand  terrien  qui  fût  alors  dans  le  royaume, 

'  Gjjillaume  de  Puylaurens,  c.  26  &  suiv.  685.    [Sur    les   différentes    rédactions   de  cet   acte 

»  Pierre  de  Vaux-Cernay,  c.  83.  important,  qui    fut    donné    entre   le    lo   &   le  3o 

'  DAchéry,  Spicilegium,  t.  i3,  p.  333.  avril   1216,  cf.  Delisl:;,  Catalogue,  n"'  i6jç-|fi(5i, 

♦Voyez  tome  VIII,   Chartes,    n,  CXX ,  ce.  684,  p.  "ÎJi-l 


An  I  2 1  f) 


— : T  484  flISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIL 

sans  en  excepter  le  roi  même,  se  vit  enfin  réduit  à  ne  posséder  plus  un  pouce 
de  terre}  sans  que  les  liens  du  sang  qui  rattachaient  à  presque  tous  les  sou^ 
verains  de  l'Europe,  fussent  capables  de  le  mettre  à  l'abri  des  entreprises  de 
ceux  qui  en  vouloient  plus  à  ses  domaines  qu'à  sa  cro)ance.  Philippe-Au- 
guste, roi  de  France,  son  cousin  germain  &  son  principal  souverain,  auroit 
dû  naturellement  prendre  sa  défense,  surtout  depuis  que  Raimond,  ayant 
reçu  l'absolution,  étoit  réputé  catholique;  mais  le  roi,  soit  par  foiblesse,  soit 
Êdorigin      pa,-  mécontentement,  l'abandonna  entièrement  à  la  merci  de  ses  ennemis, 

I.  lit,  p.  2^').      I  * 

Jean,  roi  d'Angleterre,  son  beau-frère,  se  déclara  à  la  vérité  hautement  en  sa 
faveur;  mais  il  avoit  de  si  grandes  affaires  sur  les  bras  que  sa  protection  lui 
fut  absolument  inutile.  Le  roi  d'Aragon,  son  neveu  par  alliance,  étoit  encore 
en  enfance.  Se  ses  sujets  venoient  d'être  tellement  bridés  par  les  précautions 
du  légat,  qu'ils  n'osèrent  remuer.  Frédéric,  empereur  8<.  roi  de  Sicile,  autre 
beau-frère  de  Raimond,  avoit  trop  d'obligation  au  pape  pour  se  mêler  dans 
la  querelle  de  ce  prince.  Enfin  Sanche,  roi  de  Navarre,  son  gendre,  depuis 
qu'il  avoit  répudié  sa  fille,  étoit  brouillé  avec  lui  ;  &  Henri,  roi  de  Castille, 
aussi  son  neveu  par  alliance,  étoit  trop  jeune  &  trop  éloigné  pour  le  secourir. 
Raimond  fut  donc  forcé,  malgré  lui,  de  subir  la  sentence  du  concile  de 
Latran,  qui,  sans  en  avoir  l'autorité,  le  privoit  de  tous  ses  Etats,  &  de  souf- 
frir que  le  roi  en  investît  un  étranger,  sans  avoir  été  entendu  £<  sans  qu'on 
lui  eût  fait  son  procès,  comme  il  convenoit  à  un  des  premiers  pairs  du 
royaume.  La  faute  qu'il  fit  d'abord  de  ne  pas  s'élever  contre  les  iiérétiques 
qui  infectoient  la  Province,  S<.  le  peu  de  ménagement  qu'il  eut  pour  le 
clergé,  furent  la  source  de  ses  disgrâces;  mais  rien  ne  lui  fut  plus  désavan- 
tageux que  d'avoir  en  tête  un  aussi  grand  capitaine  que  Simon  de  Montfort, 
qui,  cachant  une  ambition  excessive  sous  une  apparence  de  piété,  le  poussa 
à  bout,  6c  qui,  cherchant  beaucoup  moins  à  le  rendre  bon  catholique  qu'à 
se  revêtir  de  ses  dépouilles,  le  traita  sans  miséricorde.  Aussi  Simon,  par  un 
secret  jugement  de  Dieu,  ne  jouit  pas  longtemps  du  fruit  de  ses  conquêtes; 
il  les  perdit  avec  la  vie  presque  aussi  rapidement  qu'il  ks  avoit  faites,  en 
sorte  que  Raimond  Se  le  comte,  son  fils,  recouvrèrent  enfin  le  patrimoine  'de 
leurs  ancêtres. 


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LIVRE   VINGT-TROISIEME 


I.  —  Une  parue  de  la  Provence  se  déclare  en  faveur  du  comte  de  Toulouse 

6-  de  son  fils. 


RAIMOND  VI,  comte  de  Toulouse,  &  le  jeune  comte  Raimond  ,  son     liJ-origm. 
fils,  n'eurent  pas  plutôt  débarqué  à  Marseille  qu'ils  songèrent  à  recou-     
vrer  les  domaines  dont  ils  avoient  été  dépouillés.  Comme  le  décret  di.       \a  1216 
concile  de  L/atran  n'avoit  adjugé  à  Simon  de  Montfort  que  les  conquêtes  faites 
par  les  croisés,  lesquelles  s'étendoicnt  seulement  depuis  le  diocèse  de  Béziers 
jusque  vers  la  Gascogne;  que  les  villes  de  Beaucaire,  de  Nimes  St  les  autres 
domaines  de  la  maison  de  Toulouse,  situés  aux  environs  du  Rhône,  bien  loin 
d'être  compris  dans  le  décret,  étoient  réservés   nommément  au   jeune   Rai- 
mond, 8c  que  par  conséquent  Simon  n'avoit  aucun  droit,  même  apparent,  sur 
ces  dernières  places,  dont  il  s'étoit  emparé;  les  deux  comtes  de  Toulouse  réso- 
lurent de  commencer  par  là. 

L'accueil  que  leur  firent  les'  Marseillois  les  encouragea  beaucoup;  &  ces 
peuples,  qui  se  donnèrent  entièrement  à  eux,  promirent  de  les  secourir  de 
toutes  leurs  forces.  Quelques  jours  après  les  habitans  d'Avifiinon  leur  envoyé-      l'j.oiigin. 

.         ^  '  '  ^  .  ^..  .  .•'  I     III.  n.2S.v 

rent  une  dépuration  solennelle  pour  leur  faire  les  mêmes  oHres  &  les  inviter 
à  venir  prendre  possession  de  leur  ville.  Raimond  VI  &  le  comte,  son  fils, 
profitèrent  d'une  conjoncture  si  favorable;  s'étant  rendus  à  Avignon,  tout  le 
peuple  accourut  en  foule  au-devant  d'eux  &  les  reçut  avec  les  plus  grandes 
démonstrations  de  joie.  Arnaud  d'Anguyers*,  l'un  des  principaux,  les  haran- 
gua à  la  porte  de  la  ville,  au  nom  des  habitans,  Se  ils  furent  ensuite  intro- 

'  Voyez  tome  VIII,  c.  i  i3  &  suiv.  [Gnillem   de  '  [Corn'^fj  Arnaud  Aiidegier.  Cf.  le  poëme,  vers 

TuaèU,vers3738-3783.]  — Pierre  de Vaux-Cernay,       SySi.] 
c.  83.  —  Guillaume  de  Piiylaurens,  c,  17  8t  suiv. 


III,  p.2Sij. 


An  1216 


486  HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIII. 

duits  clans  Avignon  aux  cris  redoublés  de  Fire  Toulouse,  le  comte  Ra'imond 
6-  son  fils  !  que  le  peuple  taisoit  retentir  de  toutes  parts.  Le  comte  de  Tou- 
louse, après  avoir  reçu  l'hommage  &  le  serment  de  fidélité  des  Avignonois  & 
donné  ses  ordres,  s'assura  de  Tarascon,  qui  lui  fit  les  mêmes  promesses.  Il 
retourna  ensuite  à  Marseille  Se  laissa  son  fils  à  Avignon,  où  plusieurs  sei- 
gneurs du  pays  vinrent  joindre  ce  jeune  prince  8<.  lui  offrirent  à  l'envi  de  le 
servir  pour  l'aider  à  rentrer  dans  le  patrimoine  de  ses  ancêtres.  Raimond  VI 
étant  revenu  quelque  temps  après  à  Avignon,  y  assembla  son  conseil,  auquel 
les  principaux  de  la  ville  furent  admis.  On  y  résolut  de  reprendre  les  places 
que  ce  prince  avoit  perdues  &  de  déclarer  la  guerre  à  tous  ceux  qui  les  déte- 
noient,  nommément  à  Simon  de  Montfort.  On  conclut  aussi  qu'avant  que 
de  se  mettre  en  campagne,  le  jeune  Raimond  iroit  prendre  possession  du 
comté  Venaissin  8c  y  établiroit  de  bonnes  garnisons.  Ce  jeune  prince  partit 
aussitôt  à  la  tête  d'un  corps  de  troupes,  8c  fut  parfaitement  bien  reçu  par  tous 
les  peuples,  qui  lui  firent  hommage  Se  lui  prêtèrent  serment  de  fidélité,  8c 
après  avoir  pourvu  à  la  sûreté  du  pays,  il  rejoignit  le  comte,  son  père,  à  Avi- 
gnon. Ce  dernier,  qui  avoit  appelé  ses  vassaux  8c  ses  alliés  à  son  secours,  fut 
joint  bientôt  après  par  Raimbaud  de  Calm,  Raimond  Pelet,  Lambert  de 
Monteil,  Bertrand  Porcellet,  Raimond  de  Montauban,  Pons  de  Montdragon 
8c  plusieurs  autres  seigneurs  de  distinction ,  qui ,  joints  aux  communes 
d'Orange,  de  Courtheson,  de  Marseille,  d'Avignon  8c  des  autres  villes  de 
Provence  8c  du  comté  Venaissin,  que  le  jeune  comte  avoit  rassemblés,  for- 
mèrent un  corps  considérable'. 

IL  —  Le  comte  de  Toulouse  assemble  une  armée  à  Avignon,  en  confie 
le  commandement  à  son  fils,  i-  part  pour  V Aragon. 

Raimond  VI  confia  le  commandement  de  ce  corps  au  jeune  comte,  son  fils, 
à  qui  il  donna  pour  conseil  les  principaux  barons  du  pays 5  il  partit  ensuite 
pour  l'Aragon^,  dans  le  dessein  d'y  lever  d'autres  troupes  pour  s'en  servira 
assiéger  la  ville  de  Toulouse,  dont  les  habitans,  las  de  la  domination  de  Simon 
de  Montfort,  ne  souhaitoient  rien  tant  que  de  se  remettre  sous  la  sienne; 
ainsi  tout  conspiroit  en  sa  faveur,  8c  il  avoit  lieu  d'espérer  de  reprendre 
bientôt  toutes  les  conquêtes  des  croisés.  Un  ancien  historien  ^  admire,  à  cette 
occasion,  la  profondeur  des  jugemens  de  Dieu.  «  Tant  que  les  croisés,  dit  cet 

'  Ici  dom  Vaissete  a  commis  plusieurs  erreurs  en  les  villes  de  Marseille,  Tarascon,  Lisle  &  Pierre- 
suivant  l'Anonyme  de  trop  près  (voyez  tome  VIII,  latte.  Gui  de  Cavaillon,  Adémar  de  Poitiers,  El- 
c.  I  16)  ;  ce  dernier,  ayant  mal  compris  le  passage  zéar  d'Uzès,  Mondragon,  Bertrand  Porcellet,  Pons 
de  Guillem  de  Tudéle,  a  confondu  les  amis  &  les  de  Saint-Just,  &c.  (vers  3846-3867).  Sur  tous  ces 
ennemis  des  comtes  de  Toulouse.  Parmi  ces  der-  personnages,  conférez  l'édition  de  M.  Meyer, 
niers,  le  poëie  nomme  le  prince  de  Baux,  R.  Pelet,  t.  2,  pp.  204-208.  [A.  M.J 

les   habitants  de   Nimes  ,  Orange   &   Courtheson,  '  [Guillem  de  Tudèle,  vers  3867-3912)   sépara- 
Raimbaud   de   La   Calm,  Jean  de   Semic  le   Bon,  tion  des  deux  comtes;   recommandations  de  Rai- 
Lambert  de  Montélimart  &  Lambert  de  Limoux.  mond  le  Vieux  à  son  fils.] 
Les  alliés  des  deux    Raimond,  au  contraire,  sont            '  Guillaume  de  Puyiaurens,  c.  27. 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIII.  487   

'     '         An  121Û 

I'  auteur,  ne  combattirent  que  pour  le  rétablissement  de  la  foi  catholique  Se 
'I  pour  l'extirpation  de  l'hérésie,  ils  réussirent  partout;  mais  dès  que  le  comte 
«  Simon,  personnage  digne  de  toute  louange,  eut  achevé  la  conquête  du 
"  pays  &  qu'il  l'eut  partagé  à  ses  barons  8t  à  ses  chevaliers,  ils  commençoient 
«  à  peine  à  en  jouir;  que,  se  gouvernant  par  une  autre  fin  pour  laquelle  ils 
«  l'avoient  acquis,  ils  cherchèrent  leurs  propres  intérêts  plutôt  que  ceux  de 
«  Jésus-Christ,  lâchèrent  la  bride  à  la  cupidité  8c  à  leurs  désirs  déréglés,  attri- 
«  huèrent  la  victoire  à  leurs  propres  forces  &  non  à  Dieu,  8c  ne  se  donnèrent 
«  presque  aucun  soin  de  rechercher  ou  de  punir  les  hérétiques,  c'est  pour- 
«  ((uoi  le  Seigneur  leur  fit  boire  le  calice  de  sa  colère,  comme  il  paroîtra  par 
«  la  suite.  »  On  peut  ajouter  à  cette  réflexion  que  l'affaire  de  la  croisade 
contre  les  albigeois,  ayant  été  terminée  en  quelque  manière  au  concile  de 
Latran,  Simon  ne  reçut  plus  depuis  ces  nombreux  secours  des  croisés  qui 
lui  venoient  auparavant  de  toutes  parts.  Se  qui,  excités  par  un  zèle  de  reli- 
gion, s'exposoient  aux  plus  grands  périls.  Il  fut  donc  obligé,  pour  se  main- 
tenir dans  la  possession  des  domaines  qu'il  avoit  envahis,  de  se  servir  de  sti- 
pendiaires  St  de  soldats  mercenaires  qui,  n'étant  pas  animés  du  même  esprit, 
ne  combattirent  pas  avec  la  même  ardeur".  D'ailleurs,  les  anciens  sujets  du 
comte  de  Toulouse,  indignés  de  la  manière  dont  ce  prince  avoit  été  traité, 
mais  surtout  de  voir  que  son  fils,  qui  n'étoit  pas  coupable,  avoit  été  privé  du 
patrimoine  de  ses  ancêtres  pour  en  revêtir  un  étranger,  qui  usoit  d'une 
extrême  dureté  à  leur  égard,  firent  à  l'envi  tous  les  efforts  imaginables  pour 
secouer  le  joug  de  la  domination  de  la  maison  de  Montfort,  &i  pour  se  t.  iii,°p'/"s.j. 
remettre  sous  l'autorité  de  leurs  anciens  seigneurs. 

III.  —  Beauca'ire  se  soumet  au  jeune  comte  Raimond,  qui  j'alt  le  siège 

du  château. 

Le  jeune  Raimond  étoit  prêt  à  passer  le  Rhône  à  Avignon,  à  la  tête  de  son 
armée,  lorsque  les  habitans  de  Beaucaire  l'invitèrent  à  se  rendre  dans  leur 
ville,  avec  offre  de  la  lui  livrer,  nonobstant  la  garnison  que  Simon  de  Mont- 
fort  avoit  mise  dans  le  château.  Ce  prince  se  mit  en  marche  trois  jours  après 
81  entra  dans  Beaucaire,  aux  acclamations  du  peuple  qui  lui  prêta  serment  de 
fidélité.  Il  reçut  dans  cette  ville  de  nouveaux  renforts  qui  lui  vinrent  du  côté 
de  Tarascon,  St  se  mit  en  état  d'assiéger  le  château  de  Beaucaire,  place  très- 

'  Il  ne  faudrait  pas  croire,  quoi  qu'«n  dise  ici  force  des  Montfort,  ce  fut  le  petit  noyau  de  clie- 
dom  Vaissete,  que  les  comtes  de  Montfort  aient  valiers  &  d'hommes  d'armes  français  qu'ils  avaient 
jamais  tiré  grand  service  des  bandes  mal  discipli-  amenés  avec  eux  dt  leur  pays  natal.  C'est  avec  cette 
nées,  que  leur  envoyaient  chaque  année  les  pré-  troupe,  siire  &  aguerrie,  que  Simon  écrasa  les 
dications  des  légats.  Il  est  certain,  en  effet,  que  chevaliers  aragonais  &  catalans,  &  les  alliés  de 
des  soldats  improvisés,  venant  faire  un  service  de  Raimond  VI.  Tant  qu'il  eut  de  l'argent  &.  des 
quarante  jours  dans  le  Midi,  sans  chefs  militaires,  terres  pour  solder  ces  mercenaires,  il  fut  le  maître 
tans  discipline,  ne  devaient  pas  être  d'une  grande  du  Midi.  Le  jour  où  ces  deux  choses  lui  manque- 
utilité  dans  des  affaires  comine  les  batailles  de  rent,  il  perdit  la  partie  inégale  qu'il  avait  si  cou- 
Muret  ou  de  Castelnaudary.  Ce  qui  fit  toujours  lu  rageusement  disputée  pendant  neuf  ans,   [A.  M.J 


An  1216 


488  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIII. 

forte  &  très-bien  munie,  située  sur  les  bords  du  Rhône,  dont  Simon  de  Mont- 
fort  avoit  confié  le  gouvernement  à  Lambert  de  Limoux,  brave  chevalier,  son 
sénéchal  dans  le  pays.  Lambert  n'attendit  pas  les  premières  attaques;  il  iit 
aussitôt  une  sortie  à  la  tête  d'une  partie  de  sa  garnison  ;  mais  les  troupes  du 
comte,  aidées  des  habitans  de  Beaucaire,  l'obligèrent  à  rentrer  avec  précipi- 
tation dans  le  château,  St  lui  tuèrent  bien  du  monde.  Le  jeune  comte 
attaqua  la  place  par  terre  8c  par  eau  du  côté  du  Rhône,  après  avoir  entouré 
son  camp  de  retranchemens  8c  de  fortes  barrières.  11  tenta  ensuite  l'assaut, 
tandis  que  ses  soldats  ayant  ramassé  une  grande  quantité  de  bois  autour  des 
portes  du  château  s'efforçoient  de  les  brûler.  Le  gouverneur,  se  voyant  extrê- 
mement pressé  &c  n'ayant  aucune  espérance  de  secours,  demanda  alors  à  capi- 
tuler Se  offrit  de  remettre  la  place,  pourvu  qu'on  lui  accordât  la  vie  sauve  8c 
à  toute  la  garnison.  Le  comte,  du  conseil  de  ses  barons,  rejeta  sa  demande  8c 
ne  voulut  le  recevoir  qu'à  discrétion.  Sur  cette  réponse,  le  gouverneur  résolut 
de  se  défendre  jusqu'à  la  dernière  extrémité,  repoussa  l'attaque  8c  obligea  le 
jeune  R.aimond  à  se  retirer.  Ce  prince  fit  ensuite  élever  des  pierriers  pour 
battre  les  quatre  portes  du  château  auquel  il  fit  donner  un  nouvel  assaut 
quelques  jours  après;  mais  il  fut  encore  repoussé;  il  trouva  moyen  cepen- 
dant d'empêcher  les  assiégés  de  puiser  de  l'eau  dans  le  Rhône,  ce  qui,  joint 
au  défaut  de  vivres  qui  commençoient  à  leur  manquer,  les  incommoda  beau- 
coup '. 

IV.  — Simon  de  Montfort  marche  au  secours  du  château  de  Beaucaire. 

Gui  8c  Amauri  de  Montfort%  qui  étoient  dans  le  Toulousain,  où  ils  com- 
mandoient  pendant  l'absence  de  Simon,  avertis  du  péril  où  se  trouvoit  le 
château  de  Beaucaire,  ramassent  aussitôt  le  plus  de  troupes  qu'il  leur  est  pos- 
sible 8c  marchent  au  secours  de  cette  place  suivis  de  Gui,  évêque  de  Carcas- 
sonne.  Ils  dépêchent  en  même  temps  divers  courriers  à  Simon,  qui  étoit  parti 
de^  France,  au  mois  de  mai  de  cette  année,  à  la''  tête  de  cent  vingt  chevaliers 
qu'il  avoit  pris  à  sa  solde,  pour  le  presser  de  hâter  sa  marche.  Étant  arrivés  à 
Nimes,  à  quatre  lieues  de  Beaucaire,  ils  se  disposent  au  combat  par  la  confes- 

'  Guillem   de  Tiidèle,  v.  3913-4059;   commen-  de   manière  à    rendre  l'investissement  à  peu   prés 

cément  du  siège  de  Beaucaire.  —  Le  poème  donne  définitif  &  le  ravitaillement  de  la  place  très-dif- 

de    grands    détails    sur    cette    première    partie    du  ficile.  Tout  ceci  a  été  fort  abrégé  &  mal  abrégé  par 

siège.  Le  château  ne  put  être  pris  par  les  Proven-  l'Anonyme,    cjui    a    commis    plusieurs    confusions 

çaux  dans  leur  première  attaque,  mais  une  seconde  (voyez  tome  VllI,  ce.   iipà  I21).   Seule   la   chro- 

ies  rendit  maîtres  d'une  fortification  moins  impor-  nique  en  prose  parle  de  la  tentative  de  Lambert  de 

tante,  appelée  la  Redorte ,  &  située  au  nord-est  Limoux  pour  conclure  une  capitulation.  [A.  M.l 
de   la   citadelle.   Aus'itôt  après,   par  le  conseil  de  '  Pierre  de  Vaux-Cernay,  c.    83,   &   tome  VIII, 

R.  Gaucelin,  habitant  deTarascon,  les  assaillants  c.  122  &  suiv. 

élevèrent  un  mur  de  pierres  sèches,   pour   rendre  '  Kobertus  Altissiodorensis,  Chronicon.  Chro- 

les   sorties   impossibles.   Ce   mur  fut  construit   en  nicon  Turonensc,  ap.Man'ene,  Amplisiima  coUcctio, 

peu  de  temps,  chacun  mettant  la  main  à  l'œuvre;  t.  5,  c.   icju. 

des  machines  de  guerre   furent  dressées  &  Tinter-  ■*  Pierre  de  Vaux-Cernay,   c.  83,  &  tome  VIII, 

vall»  entre  la  place  &  le  Rhône  fortement  occupé,  ut  supra. 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIH.  480  

~     '        An  1216 

sion  Se  la  communion,  8c  marchent  le  lendemain  en  oalie  de  bataille.  On 
leur  donne  avis  en  chemin  que  le  jeune  Raimond  s'étoit  assuré  du  château 
de  Béllegarde  qui  est  sur  la  route,  &,  jugeant  qu'il  étoit  important  de 
reprendre  cette  place,  ils  l'assiègent  Se  s'en  rendent  maîtres  le  jour  même.  Le 
lendemain  ils  partagent  leurs  troupes  en  trois  corps  Se  s'avancent  jusqu'aux 
portes  de  Beaucaire  sans  que  le  jeune  Raimond  daignât  sortir  de  ses  retran- 
chemens.  A^ant  appris  que  Simon  s'avançoit  à  grandes  journées,  ils  vont  à  sa 
rencontre  à  Béllegarde  S<.  retournent  ensuite  tous  ensemble  à  Beaucaire  dans 
le  dessein  d'attaquer  le  jeune  Raimond  qui  les  attendoit  dans  la  résolution 
de  les  bien  recevoir.  Deux  chevaliers  de  ce  prince,  nommés  Raimond  de 
Belaros  8t  Aymeri  de  Caire',  s'étant  détachés,  donnent  sur  les  avant-coureurs 
de  l'armée  de  Simon  8c  engagent  le  combat  qui  dura  jusqu'à  la  nuit  avec 
beaucoup  d'opiniâtreté  de  part  &c  d'autre;  mais  enfin  Simon  fut  obligé  de 
reculer  Se  de  se  retirer  à  Béllegarde*. 

V.  —  Suite  du  siège  du  château  de  Beaucaire, 

Simon  partagea  le  lendemain  son  armée  en  deux  corps.  Il  donna  le  com- 
mandement de  lavant-garde  à  Gui,  son  frère,  8c  à  Amauri,  son  fils.  Il  se  mit 
à  la  tête  du  corps  de  bataille  S<.  marcha  vers  Beaucaire  avec  une  grande 
quantité  de  machines  Se  d'instrumens  propres  pour  un  siège.  11  campa  sur 
la  grève,  le  long  du  Rhùrie,  Se  assiégea  le  bourg  ou  la  ville  de  Beaucaire. 
Le  jeune  Raimond,  à  l'abri  de  ses  retranchemens,  continua  néanmoins  l'at- 
ta((ue  du  château  &  reçut,  vers  le  même  temps,  divers  renforts  d'Avignon, 
de  Tarascon,  de  Valabrèpue  8c  des  autres  places  du  voisinage  ctue  lui  ame-  Éd.ons'"- 
nèrent  Raimond  de  Montauban,  Sicard  d'Aydie,  Guillaume  de  Bellafar  8c 
divers  autres  seigneurs.  Il  fit  construire  ensuite  un  bélier  d'une  grandeur 
énorme;  mais  les  assiégés  trouvèrent  moyen  d'y  mettre  le  feu  ainsi  qu'à  la 
plupart  de  ses  autres  machines.  Simon  se  retrancha  de  son  côté  dans  son 
camp  8c  se  servit  pour  cela  des  arbres  des  environs  qu'il  lit  couper.  Il  donna 
l'assaut  quelques  jours  après  Se  fut  repoussé  avec  perte;  on  lui  fit  prisonnier 
en  cette  occasion  Guillaume  de  Bolic,  l'un  de  ses  plus  chers  chevaliers,  que 
les  habitans  de  Beaucaire  firent  pendre  aussitôt  à  sa  vue  sur  leurs  remparts. 
Le  lendemain  le  jeune  Raimond  fit  braquer  ses  pierriers  contre  les  retran- 
chemens de  Simon,  tandis  que  ce  général  faisoit  construire  une  gâte  ou 
grande  machine  que  ses  ouvriers  ne  purent  achever,  parce  que  les  batteries 
de  Raimond  mirent  en  pièces  tout  ce  qui  en  avoit  été  fait.  L'inutilité  de  tous 
ces  efforts  découragea  Simon,  qui  commençoit  d'ailleurs  à  manquer  de  vivres, 
parce  que  tout  le  pays  s'étant  déclaré  contre  lui  il  n'en  pouvoit  tirer  qu'à 
grands  frais  de  Nimes  8c  de  Saint  Gilles,  Se  qu'il  falloit  envoyer  pour  cela  de 
grosses  escortes  qui' l'affoiblissoient  beaucoup.  De  plus,  ses  troupes  étoient 
extrêmement  fatiguées  à  cause  que  la  troisième  partie  étoit  obligée  de  monter 

'  (L;  poëme  i.\i  A'imon  de  Caron.]  *  [Guillem  de  Tiidèle,  vers  4030-4144.] 


An  1216 


490  HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIH, 

la  garde  jour  &  nuit,  de  crainte  de  quelque  surprise,  S<.  il  n'avoit  qu'un 
seul  pierrier  pour  battre  en  brèche. 

La  garnison  du  château  de  Beaucaire  n'étoit  pas  dans  une  meilleure"  situa- 
tion. Se  voyant  fort  pressée,  elle  arbora  un  drapeau  noir  pour  faire  connoître 
à  Simon  de  Montfort  l'extrémité  où  elle  se  trouvoit.  Ce  général,  résolu  de 
tenter  l'impossible  pour  prendre  la  ville,  iit  dresser  une  machine  appelée 
boso,  Se  abattit  enfin  une  partie  des  murailles.  Les  assiégeans  lui  ayant 
opposé  une  autre  machine,  enlèvent  la  sienne  Se  rendent  tous  ses  etforis 
inutiles.  Ils  s'aperçoivent  cependant  qu'il  avoit  attaché  le  mineur  au  rocher 
sur  lequel  les  murailles  de  Beaucaire  étoient  bâties.  Ils  préparent  aussitôt  une 
mixtion  de  soufre  en  poudre  qu'ils  joignent  avec  beaucoup  d'étoupes,  6<.  y 
avant  mis  le  feu,  ils  jetèrent  le  tout  sur  les  mineurs  qui  sont  tous  ou  étouffés 
ou  brûlés.  Raimond  redouble  en  même  temps  ses  attaques  tant  contre  le  châ- 
teau que  contre  les  retranchemens  des  croisés,  &  le  gouverneur  du  château, 
ne  pouvant  plus  résister,  arbore  une  seconde  fois  le  drapeau  noir.  Simon,  vou- 
lant faire  diversion  pour  le  favoriser,  range  ses  troupes  au  Piiy  des  pendus  ou 
aux  fourches  patibulaires  de  Beaucaire,  &  après  avoir  exhorté  ses  soldats  à 
vaincre  ou  à  périr,  il  se  dispose  à  donner  l'assaut.  Le  jeune  Raimond  sort 
alors  de  ses  retranchemens  8t  l'attend  de  pied  ferme  à  son  passage.  Les  deux 
armées  en  viennent  aux  mains,  &  on  combat  des  deux  côtés  avec  une  égale 
fureur.  Durant  l'action  les  soldats  de  la  garnison  du  château  font  une  tenta- 
tive pour  s'évader;  mais  les  troupes  qui  les  tenoient  assiégés  les  en  empêchent. 
Enfin  la  nuit  étant  survenue  les  combattans  sont  obligés  de  se  séparer. 

Le  gouverneur  du  château  se  défendit  encore  pendant  quelque  temps, 
malgré  la  disette  des  vivres,  qui  fut  si  grande  qu'on  fut  obligé  de  manger  les 
chevaux  qui  étoient  dans  la  place.  Les  assiégeans,  continuant  cependant  de 
pousser  l'attaque,  appliquent  une  machine  appelée  mostelle  contre  les  murs 
du  château  Se  donnent  l'assaut.  Les  assiégés  les  repoussent  avec  vigueur  8\ 
jettent  sur  cette  machine  un  grand  pot  de  terre  rempli  de  poudre  allumée^, 
qui  la  réduisit  presque  entièrement  en  cendres.  Simon  se  dispose  en  même 
temps  à  faire  une  nouvelle  tentative  pour  prendre  la  ville  d'assaut  5  le  jeune 
Raimond  le  prévient  8c  marche  k  sa  rencontre.  Un  des  chevaliers  de  Simon, 
nommé  Philippe  d'Encontre  ou  de  Contre,  s'avance  alors  pour  engager  le 
combat.  Géraud  de  Bellafar,  qui  le  voit  venir,  se  détache  8c,  lui  ayant  porté 
un  rude  coup  de  lance,  l'étend  roide  mort  sur  la  place;  les  troupes  des 
deux  partis  se  mêlent  Se  on  se  bat  jusqu'à  la  nuit  qui  les  sépare.  Le  jeune 
Raimond,  âgé  seulement  d'environ  dix-neuf  ans,  fit  des  prodiges  de  valeui' 
dans  cette  occasion,  il  ne  cessa  de  combattre,  assisté  de  Dragonet,  son  gou- 
verneur, qui  se  tint  toujours  à  ses  côtés.  Raimond  de  Rabastens,  l'un  de  ses 
chevaliers,  se  distingua  aussi  beaucoup; 

'  Voyez  tome  VIII,  c.  m.  —  Dom  Vaissete  a  connaissaient  &  employaient  la  poudre.  Le  poème 
raison  de  souligner  ce  mot.  Grâce  à  l'Anonyme,  ne  parle,  bien  entendu,  que  de  soufre  en  poiidrei 
on  pourrait  croire  que  les  gens  du  treizième  siècle        [A.  M.] 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV,  XXIII.  401   ' ^ 

"-'  An  1216         ! 

j 

VI.  —  Simon  se  retire  de  devant  Beaucaire,  dont  il  cède  le  château  au  jeune  \ 

Raïmond  par  un  traité. 

Simon  de  Montfort  s'étant  retiré  dans  son  camp,  on  assembla  le  conseil  de  j 

guerre;  on  y  résolut  d'exécuter  le  stratagème  suivant  :  on  posta  la  nuit  cent  ; 
chevaliers  choisis  entre  le  château  &  la  porte  de  la  ville.  Dès  la  pointe  du  jour, .  t.'ifi^p^l'ni      \ 

Simon  masqua  avec  le  reste  de  l'armée  la  porte  opposée.  Il  comptoit  par  cette  ; 

attaque  qu'il  attireroit  toutes  les  troupes  ennemies  vers  cette  dernière  porte,  8c  : 
que  les  cent  chevaliers,  qui  avoient  ordre  de  sortir  alors  de  leur  embuscade, 

trouveroient  l'autre  sans  défense  Si  s'en  empareroient  aisément  :  il  tut  trompé  i 
dans  son  attente.  II  se   rendit  maître  d'abord,  à  la  vérité,  de  la  porte  qu'il 

attaquoit;  mais  il  tut  bientôt  obligé  de  l'abandonner  &  de  se  retirer  après  une  ' 

grande  perte;  tandis  que  les  cent  chevaliers  turent  repoussés  avec  une  égale  \ 

vigueur,  S<   presque  tous  tués  ou   faits  prisonniers.  Simon,  au  désespoir  du  ' 

mauvais  succès  de  cette  entreprise,  assembla  de  nouveau  son  conseil  de  guerre.  \ 

Gui,  son  frère,  proposa  de  convenir  d'un  traité  avec  le  jeune  comte  de  Tou-  j 

louse,  de  lever  le  siège  Si  de  lui  abandonner  la  ville  de  Beaucaire,  si  ce  \ 

prince  vouloit  accorder  la  vie  8<  les  bagues  sauves  à  la  garnison  du  château.  ' 

On  délibéroit  là-dessus  lorsqu'un  soldat  de  cette  garnison,  qui  avoit  trouvé  î 

moyen  de  s'échapper,  entra  dans  le  conseil  &  représenta  que  ses  camarades  i 
étoient  réduits  à  la  dernière  extrémité,  81  qu'il   ne  leur  restoit  plus  rien  à 

manger  depuis  trois  jours.  Cet  exposé  détermina  enfin  Simon  à  envoyer  offrir  '• 

la  paix  au  jeune  comte  aux  conditions  dont  on  vient  de  parler.  L'envoyé  ,j 

s'adressa  à  Dragonet,  gouverneur  de  Raimond,  qui  assembla  aussitôt  son  con-  \ 

seil  pour  écouter  les  propositions.  Ce  jeune  prince  les  accepta;  mais  il  ne  ] 
voulut  accorder  que  la  vie  sauve  k  la  garnison,  &  Simon  fut  obligé  d'en 

passer  par  là.  Ce  général  envoya  six  des  principaux  de  son  armée  à  la  tête  î 

desquels  étoit  Gui,  son  frère,  pour  signer  en  son  nom   la  capitulation.  Le  | 
jeune  comte  reçut  les  députés  avec  honneur  Si,  après  avoir  signé  les  articles, 

il  donna  à  la  garnison  du  château  la  liberté  de  se  retirer  où  elle  voudroit.  Il  i 

prit  possession  de  la  place,  81  Simon  ayant  levé  le  camp  se  retira  du  côté  de  'i 
Nimes.  C'est  ainsi  que  rapporte  dans  un  plus  grand  détail  les  circonstances 

de  ce  fameux  siège  un  ancien  auteur'  dont  la  relation  est  conforme  au  témoi-  ] 

gnage  des  historiens  du  temps.  L'un  d'eux  ^  prétend  seulement  que  la  gar-  ■ 

nison  du  cliâteau  de  Beaucaire  sortit  avec  tous  ses  bagages;  mais  cette  cir*  : 
constance  est  contredite  par  les  ^  autres '*. 

'  VoyeB  tome  VIII,  c.  1 18-137.                                       nombreuses  notes,  ajoutées  par  M.  Meyer  i  sa  tr.1-  i 

'  Pierre  de  Vnux-C#rnay,  c.  83,                                      diiction,  permettent  de  reconnaître.  Aussi  allons-  < 

'  Guillaume  de  Puylaiirens)  c.  28.  nous,    pour    compléter    Pierre  de   Vaux-Cern;iy , 

'Le    récit  du   siège   de    Beaucaire   est   beaucoup       suivi    presque    constamment    par    dom    Vaissete  ;  1 

plus  développé  dans  le  poëte  que  dans  leschroni-       donner  un  abrégé  succinct  de  la  versiori  du  poète  ' 

queurs  latins,  8t  il  y  occupe  les  vers  4o3o  à  4970.       provençal^   qui,    ici,   était    probablement   témoin  i 

Sa  version  est  aussi  beaucoup  plus  exacte,  surtout       oculaire.  I 

au  point  de  vue  lopographique,  ce  que   les   très-           Simon  apprend   l'investissement  du  château  j  il  j 


A 11  1  i  1 6 


.19;  IJISTOIKE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIIL 


Vil.  —  Simon  se  retire  à  frimes.  —  Privilèges  de  cette  ville.  —  Il  nuvxhc 

vers  Toulouse. 

Les  ailleurs  cités  ne  marquent  pas  l'époque  précise  de  cette  expédition; 
nous  l'apprenons  :  1°  D'une  charte  '  suivant  laquelle  Simon  de  Montfort, 
Gui,  son  hère,  Se  Amauri,  son  iils,  étant  devant  le  château  de  Beaucaire, 
confirment,  le  19  de  juillet  de  l'an  1216,  en  présence  de  Foulques,  évc(|ue 
de  Toulouse,  de  l'évêque  de  Nimes  5c  de  Gui,  évêque  de  Carcassonne,  les  pri- 
vilèges £<  les  coutumes  que  les  anciens  vicomtes  84  Raimond,  autrefois  comte 
de  Toulouse,  avoient  donnés  aux  consuls  de  Nimes.  2°  D'un  acte^  daté  du 
siège  de  Beaucaire,  le  24  de  juillet  de  l'an  1216,  par  lequel  Simon  donne 
deux  cents  livrées  de  terre  à  Le  Noir  de  la  Pvedorte  qui  lui  en  rit  hommage  \ 

Monttort  étant  arrivé  à  Nimes  y  confirma"*  de  nouveau,  aux  mois  d'août  & 

accourt;  son  frère  Gui  &  les  chevaliers  qu'il  a  pu  Réunion  des  borons  de  Montfort;  discours  vio- 
réunir  le  précèdent  &  viennent,  après  une  escar-  lents  &  dispute  du  comte  &  de  ses  chevaliers.  — 
mouche  de  peu  d'importance,  occuper  Bellegnrde,  Nouveau  répit  jusqu'il  l'Assomption  (i:")  aotit). 
à  dix  kilomètres  de  Beaucaire.  Les  assiégeants,  à  Grande  attaque  des  Français,  qui  occupent  un 
cette  nouvelle,  se  fortifient  &  rendent  l'investisse-  instant  une  partie  des  retranchements  du  jeune 
ment  de  plus  en  plus  étroit.  —  Inquiétude  des  comte.  Ils  finissent  par  être  repoussés  &,  conseillé 
assiégés;  Lambert  de  Limoux  &  Rainier  de  Chau-  par  son  frère  Gui,  Montfort  entame  des  négocia- 
deron  les  rassurent  &  les  exhortent  à  résister  jus-  tions  qui  amènent  la  reddition  du  château  &  la 
qu'à  la  mort  plutôt  que  de  tomber  entre  les  mains  délivrance  de  la  garnison.  —  Telle  est  la  version 
du  jeune  comte.  —  Bientôt  arrive  Simon,  qui  du  chroniqueur  méridional.  Remarquons  (^ue  1« 
amène  son  armée  sous  les  murs  de  Beaticaire,  près  succès  du  jeune  comte  de  Toulouse  ne  fut  pas  com- 
du  fleuve.  II  tient  conseil  avec  ses  barons,  subit  plet.  Un  texte  contemporain,  un  tcmon  de  Esr- 
les  reproches  d'Alain  de  Rouci,  qui  lui  reproche  trand  d'Avignon,  cité  par  M.  Meyer,  t.  2,  p.  26c, 
son  ambition  en  termes  fort  vifs  &  l'engage  à  dit  que  ce  fut  la  couardise  des  Provençaux,  qui 
traiter.  Remarquons  que  cette  scène  paraît  un  força  Raimond  à  accepter  les  propositions  du  comte 
peu  arrangée,  &  que  le  poète  a  dû  donner  ici  une  de  Montfort.  Quoi  qu'il  en  soit,  le  succès  fut  par- 
forme  dramatique  aux  bruits  qui  pouvaient  cou-  tagé,  mais  les  suites  de  cette  longue  action  furent 
rir  parmi  les  Toulousains  sur  les  mésintelligences  incalculables;  les  Français  perdirent  le  prestige 
entre  Montfort  &  ses  chevaliers.  —  Dès  le  lende-  que  leur  avait  donné  la  bataille  de  Muret,  &  le 
main,  les  deux  armées  en  viennent  aux  mains,  soulèvement  de  tout  le  pays  &  surtout  de  Toulouse 
après  avoir  été  haranguées  par  leurs  chefs;  la  ba-  suivit  de  près.   |A.  M.] 

taille  reste  indécise,  &  les  soldats  de  Montfort  re-  '  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  CXXII,  c.  CiZ, 

viennent    au    camp.   —   Conseil    tumultueux    des  '  Mss,  Colhert,  n.  2279.  —[Catalogue,  11.  i3o.] 

croisés.  —  Simon  fait  construire  des  machines  de  '  Nous  avons  vu  plus  haut  que  le  siège  de  Beau- 

g  ijfre.  —  Réduits  à  la  dernière  détresse,  les  assié-  caire  durait  encore  le   i5  août  1216.   [A.  M.| 

F-s   font  connaître   leur  situation    à  Montfort  en  ■•  Trésor  des  chartes  du    roi,  vol.  199,  n.  410. — 

arborant  un  drapeau   noir;  des   renforts  de  Mar-  Voyez  notre  Catalogue,  n""  129  &  i3i.  Dom  Vais- 

siille  arrivent  au   jeune  comte.  —  Suite  des  opé-  sete  a    fnit   deux    actes    d'un    seul    de    Simon    de 

rations  du  siège;   mort  des  mineurs  de  Montfort.  Montfort,  daté  du  25  août  1216.  On  peut  le  voir 

—  Nouvelle   bat.iiUe;    les  croisés   sont   encore    re-  au  tome  VIII,  ce.  694,  69 j,  où  nous  le  republions 

poussés.    Désespoir   de    Montfort.  —  Les  assiégés,  d'après  Ménard,  Histoire  tic  Nimes.  Le  registre  dit 

réduits  à  l'extrémité,  tiennent  de  nouveau  conseil  ;  Trésor  des  chartes  (auj.  JJ.   199,  f"  jôi  r"\  auquel 

ils  se  décident  à  manger  leurs  cheva  ux  ;  l'un  d'eux,  notre  auteur   renvoie,  ne  contient  qu'une   ccnfir- 

Guillaume  de  la  Mette,  propose  même  de  se  man-  mation  des  principales  clauses   des  deux  actes  ds 

ger   les  uns  les  autres;    ce  dernier  conseil   est    re-  juillet   &  août    1216,  en    faveur   des    habitants  de 

poussé,  &  les  assiégés  se  décident  il  résister  jusqu'au  Nimes.   Cette   confirmation,  donnée  en   novembre 

dernier  moment,  puis  à   périr  en   combattant.  —  1  ^63  par  Louis  XI,  a   été  publiée  dans  les  O.Jon- 

Moiiveau  combat  sans  rcsultiit  hcrs  de  la  ville.  —  ni:nccs,  t.  |6,  p.  |C2.  [A.  M.J 


An  izi6 


a 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIII.  498 

de  septembre  suivans,  les  privilèges  des  consuls  de  cette  ville  pour  l'exercice 
de  la  justice,  &  accorda  aux  habitans  une  entière  exemption  de  péage,  de 
tolte,  d'usage.  Sec.  Enfin,  après  y  avoir  laissé  un  corps  de  cavalerie,  tant  pour 
la  garde  de  la  ville  que  pour  harceler  ses  ennemis  qui  occupoient  les  envi- 
rons, il  partit'  pour  Toulouse,  où  sa  présence  étoit  absolument  nécessaire.  Il 
apprit,  en  eftet,  que  le  comte  R.aimond,  après  avoir  levé  un  grand  corps  de 
troupes  en  Catalogne  Cs.  en  Aragon,  s'avançoit  dans  le  dessein  de  reprendre 
cette  capitale.  Raimond,  averti  de  la  marche  de  ce  général,  rebroussa  chemin, 
parce  qu'il  n'étoit  pas  assez  tort  pour  lui  tenir  tête,  Se  attendit  une  occasion 
plus  favorable.  Simon,  à  son  arrivée-'  à  Montgiscard,  à  trois  lieues  de  Tou- 
louse, détacha  quelque  cavalerie  pour  s'assurer  de  la  fidélité  des  Toulousains, 
qui  lui  étoit  suspecte.  Ces  peuples,  ne  se  fiant  nullement  à  leur  tour  à  Simon, 
arrêtèrent  prisonnier  tout  ce  détachement;  ce  qui  irrita  tellement  Simon  qu'il 
résolut  d'en  tirer  une  vengeance  éclatante.  11  fut  obligé  cependant  de  la  dif- 
férer à  cause  des  affaires  qu'il  avoit  à  terminer  avec  Pv.aimond-R.oger,  comte 
de  Foix. 

VIII.  —  Simon  cherche  querelle  au  comte  de  Foix. 

On  a  dit  que  Raimond-Roger  avoit  obtenu  du  pape  des  commissaires  qui 
avoient  ordre  de  lui  rendre  ses  domaines  après  avoir  examiné  sa  conduite. 
Ce  comte  fut  ensuite  très-attentif  à  garder-*  envers  Simon  la  trêve  Se  la  paix  ,/j'fi °'i'*^.j'' 
qu'il  avoit  juré  d'observer  St  que  le  concile  de  Latran  avoit  prolongée  pour 
quinze  ans.  Simon  n'en  agit  pas  de  même  à  son  égard;  il  exerça  contre  lui 
divers  actes  d'hostilité  pour  l'obliger  à  se  défendre,  pour  le  rendre  odieux  au 
pape  Se  mettre  ainsi  obstacle  à  son  entière  réconciliation  à  l'Eglise.  Raimond- 
Roger  ne  repoussa  pas  la  force  par  la  force  ;  il  se  contenta  de  porter  ses 
plaintes  à  Innocent  III  des  infractions  que  Simon  Se  ses  troupes  faisoient  jour- 
nellement à  la  paix  Se  à  la  trêve.  Se  lui  demanda  de  nouveaux  commissaires 
pour  informer  de  ces  contraventions.  Le  pape  écouta  favorablement  la  demande 
du  comte  Foix,  Se  chargea  de  cette  commission  l'abbé  Se  le  prieur  de  Font- 
froide,  au  diocèse  de  Narbonne.  Le  dernier,  en  l'absence  de  l'autre  qui  étoit 
malade,  procéda  aux  informations.  Se  le  comte  de  Foix  s'étant  présenté  devant 
lui  au  jour  marqué,  Simon  s'excusa  de  comparoître  Se  d'envoyer  même  un 
procureur,  sous  prétexte  qu'il  étoit  occupé  au  siège  de  Beaucaire,  en  sorte 
que  le  commissaire  fut  obligé  d'ajourner  de  nouveau  les  parties  au  11  de 
septembre.  Le  comte  de  Foix  se  trouva  en  personne  à  Foix  ce  jour-là;  mais 
Lucas,  procureur  de  SiiAon,  prétexta  diverses  excuses  pour  s'empêcher  de  s'n- 

'  Pierre  de  Vaux-Cernay,  c.  8!î.  Montfort  à  son  dépit  de  n'avoir  pu  prendre  Beaii- 

'  Pierre  de  Vaux-Ccrnay,  c.   8^.  —   Guillaume  caire  &  au   désir  de   lever  une  lourde  amende  sur 

de  Piiylaurens,  c.  28  &  suiv. —  \'oyez  tome  VIII,  Toulouse    pour    refaire  ses   finances.    Remarquons 

c.    I  j7  &  SUIV,  —  Guillem  de  Tudèle.  vers   4974-  d'ailleurs  qu'il  serait  difficile,  même  en  adnieiiant 

J370.  — Naturellement,  le  poeie  ne  parK-  ni  de  la  entièrement  la  version  de  Pierre  de  Vaux-Cernay, 

trahison  des  Toulousains,  ni  de  leurs  menées  avec  d'être  très-sévère  pour  les  Toulousains.    [A.  M,  | 
Paimond   \'I.   Il    attribue  l^i    colère  dç  Simon    dç  '  Marc?,   Hi'toire  de  B'-a-n^  \.  8,  c.  |3  &  suiv, 


y2. 


An  1216 


494  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIII. 

rendre  Se  demanda  qu'on  assignât  un  autre  lieu.  Le  commissaire  indicpa 
l'église  de  Saint-Jean  de  Verges  qui,  avec  la  ville  &  le  château  de  ce  nom, 
étoit  alors  au  |5ouvoir  de  l'Église  romaine.  Le  comte  de  Foix  donna  un  sauf- 
conduit  à  Lucas,  le  vendredi  après  la  Nativité  de  la  Vierge.  Ce  procureur  de 
Simon,  qui  ne  pouvoit  plus  reculer,  comparut  enfin  &.  forma  de  nouvelles 
difficultés  pour  traîner  l'affaire  en  longueur.  Le  prieur  de  Fontfroide,  voyant 
qu'il  ne  pouvoit  exécuter  sa  commission,  se  borna  à  ordonner  à  Simon  Si  à 
Ilaimond-Roger  d'observer  à  l'avenir  exactement  la  paix  &  la  trêve;  à  quoi  les 
deux  comtes  s'engagèrent  réciproquement  par  des  lettres  datées  du  14  de  sep- 
tembre. 

IX.  —  Simon  cause  une  émotion  dans  Toulouse  6  punît  les  Toulousains. 

Après  le  renouvellement  de  cette  trêve,  Simon,  voulant  exécuter  le  dessein 
qu'il  avoit  formé  contre  les  Toulousains,  marcha'  vers  Toulouse  en  ordre  de 
bataille^.  Ces  peuples  envoyèrent  aussitôt  au-devant  de  lui  un  certain  nombre 
de  leurs  concitoyens  pour  tâcher  de  l'apaiser  S<  lui  faire  leurs  soumissions; 
mais  il  refusa. de  les  recevoir,  leur  reprocha  d'avoir  été  d'intelligence  avec  les 
habitans  de  Beaucaire  &  de  favoriser  secrètement  le  comte  Raimond  Se  son 
fils,  Se  fît  serment  de  ne  pas  c[uitter  les  armes  jusqu'à  ce  qu'ils  lui  eussent 
remis  en  otage  les  principaux  d'entre  eux.  Les  députés  s'excusèrent  sur  tous 
ces  reproches,  assurèrent  Simon  de  Montfort  de  leur  fidélité  &  lui  deman- 
dèrent son  amitié,  sans  pouvoir  le  fléchir.  Il  les  fît  arrêter,  lier  Se  garrotter.  Se 
conduire  prisonniers  dans  le  château  Narbonnois,  nonobstant  les  remon- 
trances de  quelques-uns  de  ses  barons  qui  tentèrent  de  lui  faire  comprendre 
les  suites  d'une  telle  démarche.  Le  comte  Gui,  son  frère,  fît  en  particulier 
tout  son  possible  pour  le  porter  à  pardonner  aux  Toulousains  Se  à  se  con- 
tenter de  les  punir  en  exigeant  le  prix  de  la  c[uatrième  ou  de  la  cinquième 
partie  de  leurs  biens,  afîn  d'avoir  de  quoi  reprendre  Beaucaire;  il  ne  fut  pas 
plus  écouté  que  les  autres,  8e  Simon  préféra  l'avis  de  Foulques,  évêque  de 
Toulouse,  qui  fut  de  tirer  vengeance  de  ces  peuples  en  les  dépouillant  de 
tous  leurs  biens  Se  en  mettant  les  principaux  en  prison.  Ce  prélat,  non  con- 
tent d'avoir  donné  un  conseil  si  contraire  à  l'humanité,  offrit  à  Simon  d'aller 
lui-même  dans  la  ville  Se  d'engager  tout  le  peuple  à  aller  au-devant  de  lui, 
afîn  qu'il  pût  arrêter  ainsi  tous  ceux  qu'il  jugeroit  à  propos.  Montfort  ayant 
accepté  les  offres  de  Foulques,  ce  prélat  entre  dans  Toulouse  Se  persuade  aux 
habitans  d'aller  incessamment  trouver  ce  général  pour  lui  demander  pardon, 
avec  promesse  qu'ils  l'obtiendroient  sûrement.  Aussitôt  les  Toulousains,  sur 
la  parole  de  leur  évêque,  sortent  en  foule  Se  vont  à  la  rencontre  de  Montfort, 

'  Pierre   de  Vaux-Cernay,   Guillaume  de   Puy-  louse.   M.  Meyer  soupçonne  avec   raison  l'auteur 

laurens  &  tome  VIII,  ut  supra.   [Guillem  de  ïu-  d'exagération.  Remarquons  ici  qu'il  y  eut  un  cer- 

déle,  ut  supra.]  tain  intervalle   entre  In  fin   du   siège  de  Beaucaire 

'  Guillem  de  Tudèle  (vers  4970  à  4979)  fait  ve-  &  le  voyage  de  Montfort  à  Toulouse.  — Voyez  plus 


nir 


le  comte  en  trois  jours  de  Beaucaire  à  Tou-       haut,  p.  492.   [A.  M.] 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXllI.  405—; 

^^  An  izi6 

qui  ordonne  à  ses  troupes  de  les  arrêter  &  de  les  mettre  dans  les  fers  k  mesure 
qu'ils  arrivoient.  Une  si  noire  trahison  jette  l'épouvante  parmi  ceux  qui 
ctoient  les  derniers;  ils  prennent  la  fuite  &  s'en  retournent  au  plus  vite 
annoncer  à  leurs  compatriotes  qui  étoient  restés  le  sort  de  ceux  qui  les  avoient 
précédés,  &  les  empêcher  de  venir  se  livrer  d'eux-mêmes  entre  les  mains  de 
leurs  ennemis.  Cependant  l'évêque  Foulciues  fait  mettre  la  ville  au  pillage  Kd.  origm. 
par  un  corps  de  troupes  qui  1  avoit  suivi  !x  qui  y  commet  des  excès  horribles. 
Le  peuple  irrité  entre  en  fureur;  il  court  aux  armes,  s'attroupe  dans  les  rues 
6<.  s'y  barricade.  Les  gens  de  Montfort  s'avancent  pour  charger  les  habitans 
qui,  pleins  de  rage,  vont  à  leur  rencontre  comme  des  lions  aftamcs  Se  les  obli- 
gent enfin  à  sortir  de  la  ville  Se  à  se  réfugier  dans  le  château  Narbonnois, 
après  en  avoir  tué  ou  blessé  un  grand  nombre.  Durant  l'émotion,  Gui  de 
Montfort  survient  avec  un  corps  de  troupes,  mais  il  est  également  repoussé 
S<.  contraint  de  prendre  la  fuite  '. 

Simon  arrive  peu  de  temps  après  avec  les  prisonniers;  il  les  fait  renfermer 
dans  le  château  Narbonnois,  entre  dans  la  ville  &  ordonne  à  ses  troupes  de  la 
mettre  à  feu  8t  à  sang;  on  met  aussitôt  le  feu  en  trois  endroits  différens,  à 
Saint-Remesy,  à  Joux-Aigues  Se  vers  la  place  de  Saint-Etienne.  Les  Toulou- 
sains assemblés  dans  cette  place,  voyant  leurs  maisons  brûler,  font  un  nouvel 
effort,  donnent  sur  les  soldats  de  Montfort,  les  mettent  en  fuite  &  les  obli- 
gent à  se  réfugier,  partie  dans  la  cathédrale,  partie  dans  la  tour  de  Mas- 
caron  ou  dans  le  palais  épiscopal.  Ils  éteignent  l'incendie  &,  revenant  à  la 
charge,  ils  poussent  le  reste  des  partisans  de  Montfort  de  rue  en  rue  jusque 
dans  la  maison  du  comte  de  Comminges,  où  ils  les  attaquent  vivement.  Simon, 
informé  du  péril  où  étoient  les  siens,  se  rend  promptement  dans  la  place  de 
Saintes-Scarbes  avec  tout  ce  qu'il  peut  ramasser  St  rallie  en  cet  endroit  ceux 
qui  s'étoient  réfugiés  dans  la  cathédrale,  dans  la  tour  de  Mascaron  8<.  dans  le 
palais  épiscopal  ;  mais  rien  n'arrête  les  Toulousains  qui,  renforcés  par  ceux 
du  quartier  de  la  Croix-Baragnon,  l'attaquent  avec  toute  l'intrépidité  dont 
un  peuple  en  fureur  est  capable.  Il  se  fait  là  un  combat  très-acharné  :  les 
Toulousains,  préférant  la  mort  à  la  tyrannie  de  Simon  de  Montfort,  l'obligent 
à  leur  abandonner  le  champ  de  bataille  8t  à  se  retirer  dans  la  cathédrale 
après  avoir  laissé  un  grand  nombre  des  siens  sur  la  place.  Ce  général,  avant 
rallié  cependant  de  nouveau  ses  troupes  dans  cette  église,  revient  à  la  charge  : 
il  attaque  d'abord  ceux  qui  gardoient  la  porte  Sardane;  mais  il  est  reçu  avec 
une  valeur  à  laquelle  il  ne  s'attendoit  pas  8c  obligé  d'abandonner  entière- 
ment son  entreprise  St  de  se  retirer  au  château.  Montfort  se  fait  alors  amener 
les  Toulousains  qu'il  détenoit  prisonniers  dans  cette  forteresse  Se  leur  déclare 
que  s'ils  n'engagent  leurs  compatriotes  à  lui  rendre  la  ville,  il  leur  fera 
couper  la  tête  à  tous.  Foulques,  évêque  de  Toulouse,  le  détourna  de  cette 

'  Giiillem  de  Tudéle,   vers    .')070-ji3f).    Comhat  ruse,  rentrent  précipitamment  dans  la  ville,  trou- 
dans  Toulouse;  le  poète  attribue  la   trahison  s»  la  vent  les  soldats  de  Montfort  occupés  à  piller  les 
fois  à  l'évêijue  Foulques  &  à    l'abbé  de  Saint-Ser-  maisons  &  courent  aux  armes.    [A.  M.j 
nin.  L«  habitants  de  Toulouse,  soupçonnant  une 


An  1216 


496  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.   LIV.  XXIH. 


résolution  Se  lui  proposa  un  stratagème  qu'il  goûta  ik  que  ce  prélat  exécuta 
ridèlement.  Foulques  alla  trouver  l'abbé  de  Saint-Sernin  également  dévoué  à 
ce  général,  Se  l'ayant  fait  entrer  dans  ses  vues,  ils  allèrent  de  concert  dans 
toutes  les  rues,  publiant,  pour  apaiser  le  peuple,  que  Simon  s'étoit  enfin 
rendu  aux  remontrances  de  son  conseil  ;  qu'il  étoit  très-mortihé  de  ce  qui 
venoit  d'arriver  8c  prêt  à  donner  la  liberté  aux  prisonniers  Si  à  pardonner  le 
passé,  pourvu  que  les  habitans  rentrassent  chez  eux  Si  qu'ils  lui  remissent 
incessamment  leurs  armes  Si  les  tours  de  leurs  maisons,  avec  promesse  de  leur 
rendre  tout  ce  qui  leur  avoit  été  enlevé  dans  le  pillage  S<.  de  vivre  à  l'avenir 
avec  eux  en  bonne  amitié.  Ils  ajoutèrent  qu'ils  se  rcndoient  cautions  de  l'exé- 
cution de  ces  promesses  Si  que  si  le  peuple  de  Toulouse  retusoit  d'accepter 
des  conditions  si  raisonnables,  Simon  étoit  résolu  de  faire  mourir  tous  ceux 
qui  étoient  en  son  pouvoir,  entre  lesquels  on  comptoit  les  plus  apparensde  la 
ville. 

Les  Toulousains  s'étant  assemblés  pour  délibérer  sur  cette  proposition,  les 
uns  étoient  d'avis  de  la  rejeter,  persuadés  que  leur  évêque  ne  cherchoit  qu'à 
les  tromper  comme  ils  l'avoient  éprouvé  si  souvent;  les  autres  vouloient  au 
contraire  (ju'on  1  acceptât.  Enfin,  après  plusieurs  débats,  l'envie  de  sauver 
leurs  prisonniers  les  fit  résoudre  à  faire  la  paix  aux  conditions  qu'on  leur 
offroit,  pourvu  que  Simon  donnât  la  liberté  aux  prisonniers.  L'évêque  Si 
l'abbé,  qui  attendoient  la  résolution  de  l'assemblée,  ne  l'eurent  pas  plutôt 
apprise,  qu'ils  allèrent  en  faire  part  à  Simon'.  Ce  général  l'approuva  &  fit 
déclarer  aux  Toulousains  par  les  deux  prélats  que,  pour  rendre  la  paix  plus 
authentique,  il  iroit  le  lendemain  lui-même,  suivi  de  ses  barons,  la  signer 
dans  l'hôtel  de  ville.  Si  qu'ils  n'avoient  qu'à  s'y  trouver  à  l'heure  marquée, 
t.'în ,°p'.°29 1  3vec  leurs  armes.  Simon,  ayant  cependant  fait  armer  secrètement  toutes  ses 
troupes,  se  met  le  lendemain  matin  à  leur  tête  81  se  rend  à  la  maison  de  ville, 
où  il  trouve  les  habitans  en  armes.  Il  entre  dans  l'assemblée,  Si  l'abbé  de 
Saint-Sernin  prenant  la  parole  dit  :  «  Messieurs,  monsieur  le  comte,  qui  est 
(i  ici  présent,  vous  a  tait  assembler  pour  faire  la  paix  avec  vous  Si  vivre  dans 
«  la  suite  en  une  parfaite  union,  ainsi  que  M.  l'évêque  Foulques  vous  l'a 
«  déclaré.  Ce  prélat  a  pris  beaucoup  de  peine  pour  conclure  l'accord.  Si  il 
«  faut  ((ue  vous  disiez  si  vous  l'approuvez.  »  Tout  le  peuple  répondit  par 
acclamation  qu'il  y  consentoit.  L'abbé  reprenant  alors  la  parole  dit  :  »  Le 
«  comte  oUre  de  donner  saut-conduit  à  tous  ceux  qui,  n'étant  pas  contens  du 
«  traité,  voudront  se  retirer  ailleurs,  Si  il  ne  sera  fait  aucun  mal  à  ceux  qui 
«  demeureront;   M.  l'évêque  Si  moi  sommes  garans  des  articles.  «  Ensuite 

'  Giiillem  de  Tudèlc,  vers  5i37-528i  ;  négocia-  son  frère  &  soutenue  parun  certain  Lucas,  homme 

lions  de  l'abbé  de  Saint-Sernin  8c  de  l'évêque.  —  de  loi,  qu'il  avait  employé  dans  ses  négociations 

Dom    ^^^issete    parle    plus    bas    d'un  conseil    tenu  avec  le  comte  de  Foix,   finit  par  être  abandonnée 

dans  l'intervalle  par  le  comte  de  Montfort  &  que  &  on  se  borna  à  lever  une  grosse  amende  &  à  pren- 

Guillem  de  Tudèle  nous  a   rapporté  tout  au   long  dre  des  otages.  Pierre  de  Vaux-Cernay  neparleque 

(vers  ôSfiS- Ô468).    Simon   y   proposa  à  ses   barons  d'une  manière   incidente  de  toutes  ces  affaires  & 

de  détruire  entièrement  la  ville  &  de  n'y  pas  laisser  mentionne  seulement  la  destruction  des  murailles 

pierre  ÎV  pieire.  Cçttç  réspluuon,  çombiinue  par  dç  lii  villç  Se  la  capture  ^es  étapes.  |A,  M,| 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIII.  497 

Simon  se  fait  remettre  les  armes  que  les  liabitans  de  Toulouse  avoient  appor- 
tées 5  se  saisit  des  tours  des  maisons  de  la  ville  &  y  établit  des  soldats  en  gar- 
nison, 8<  puis,  par  la  plus  noire  perfidie,  il  fait  arrêter  &  mettre  aux  fers  les 
principaux  habitans.  Il  assemble  son  conseil  Se  y  propose  de  mettre  la  ville 
au  pillage  &  de  la  raser  entièrement.  Gui,  son  frère,  lui  représenta  avec 
liberté  le  tort  qu'une  pareille  conduite  feroit  à  sa  réputation,  attendu  que  les 
Toulousains  s'étoient  soumis  à  tous  ses  ordres.  Un  baron,  nommé  Valats ', 
appuya  cette  représentation  S<.  dit  à  Simon  :  «  Seigneur,  vous  savez  que  la 
«  plupart  des  habitans  de  Toulouse  sont  gentilshommes^  ainsi,  par  un  senti- 
«  ment  d'honneur  8c  de  générosité  vous  ne  devez  pas  exécuter  une  telle  réso- 
<i  huion.  »  Quelques  autres  de  ses  conseillers  lui  firent  de  semblables  remon- 
trances. Enfin  Lucas,  l'un  d'eux,  qui  avoit  beaucoup  d'ascendant  sur  son 
esprit,  soutenu  par  Tévêque  de  Toulouse  Se  par  le  reste  des  assistans,  le  déter- 
mina àretenir  les  prisonniers,  à  les  disperser  &  à  faire  racheter  aux  Toulou- 
sains, par  une  grosse  somme,  le  sac  de  leur  ville.  Aussitôt  Simon  envoie  les 
prisonniers  en  divers  endroits,  8c  ayant  fait  asseml)ler  le  reste  des  habitans  de 
la  cité  8t  du  bourg  à  Saint-Pierre  des  Cuisines,  il  leur  ordonne  de  lui  payer 
trente  mille  marcs  d'argent,  somme  exorbitante  pour  une  ville  épuisée,  avec 
menace,  si  cette  somme  ne  lui  étoit  entièrement  payée  le  i'"'  de  novembre, 
de  les  faire  tous  périr^.  Les  Toulousains  turent  obligés  de  subir  cette  dure  loi. 
Un  ancien  historien^  remarque  que  ceux  qui  conseillèrent  à  Simon  d'imposer 
une  si  grosse  somme  sur  ces  peuples,  le  firent  à  mauvais  dessein,  parce  qu'ils 
savoient  bien  que  les  extorsions  &  les  violences  qu'il  faudroit  nécessairement 
qu'il  exerçât  pour  la  lever,  ne  manqueroient  pas  d'aigrir  encore  davantage 
les  habitans  de  Toulouse  contre  lui  8c  de  les  rendre  de  plus  en  plus  favo- 
rables au  rappel  de  leur  ancien  comte.  Les  duretés  inouïes  dont  on  usa  dans 
la  levée  de  cet  impôt  jetèrent,  en  effet,  les  Toulousains  dans  le  dernier 
désespoir^. 

X.  —  Gui  de  Montfort,  fils  puîné  de  Simon,  épouse  l'héritière  de  Bigarre, 

Simon'',  après  avoir  reçu  cette  somme  qu'il  exigea,  dit-on,  pour  se  dédom- 
mager des  dépenses  qu'il  avoit  faites  au  siège  de  Beaucaire,  partit  de  Tou- 
louse à  la  Toussaint,  se  rendit  à  Saint-Gaudens  &c  alla  ensuite  à  Tarbes 

'  [Corrige^  Alain  de  Roucy.]  *  Le  poëte  (vers  5583  à  .Ï648)  fait  fixer  I.-1  somme 
'  Cette  assemblée  est  la  même  que  celle  que  à  payer  par  les  Toulousains  dans  un  dernier  con- 
dom  Vaissete  indique  plus  haut,  sur  la  foi  de  seil,  tenu  par  Montfort  après  la  soumission  de 
l'Anonyme;  le  comte  de  Montfort  n'assista  pas  à  la  ville.  Remarquons  que  tous  les  discours  qu'il 
cette  première  réunion,  dans  l.iquelle  l'abbé  de  rapporte  à  cette  occasion  paraissent  peu  authen- 
Saint-Sernin  &  l'évêque  de  Toulouse  décidèrent  tiques],  8c  que  son  récit  de  la  soumission  de  Tou- 
te* habitants  à  la  soumission.  Quant  à  l'assem-  louse  est  plein  d'obscurités.  11  n'a  eu  évidemment 
bléi  tenue  à  Saint-Pierre  des  Cuisines,  elle  est  qu'une  idée  très-peu  nette  de  la  suite  des  événe- 
rapportée  par  Guillem  deTudèle,  vers  5480  à  5Ô82.  ments.  On  s'aperçoit  qu'il  n'en  a  pas  été  témoin 
Le  poète  termine  par  la  description  de  la  démoli-  oculaire,  mais  qu'il  parle  par  ouï-dire.  [A.  M.] 
tion  de  l'enceinte  ds  Toulouse.  [A.  M.]  '  Guillaume  de  Puylaurenj,  c.  29.  —  Pierre  de 
'  Guillaume  de  Puylaurens,  c.  29,  Vaux-Cernay,  c.  83, 

VI.  ?, 


An  1216 


'  •  V...,     4q8  histoire  Générale  de  Languedoc,  liv.  xxiii. 

An  lïiû        ^-' 

terminer  un  mariage  qu'il  avoit  projeté  depuis  longtemps  entre  Gui ,  son 

second  fils,  &  non  pas  son  frère,  comme  un  ancien  historien  '  l'a  avancé,  Se 

Pétronille  de  Comminges,  héritière  du  comté  de  Bigorre.  Le  contrat^  fut 

passé  à  Tarbes,  le  dimanche  d'après  la  Toussaint  de  l'an  1216.  Ainsi  ceux-là 

se  trompent  qui  prétendent^  que  ce  fut  en   12 18.  Les  évêques  de  Bigorre  ou 

de  Tarbes,  de  Conserans,  d'Oléron  8c  d'Aire,  &  les  abbés  de  Clairac,  de 

Saint-Pierre  de  Générez  &  de  Saint-Savin,  «  attestent  dans  l'acte  que  Gui, 

«  fils  de  Simon,  duc  de  Narbonne,  comte  de  Toulouse  Se  de  Leycestre,  vicomte 

a  de  Béziers  Si  de  Çarcassonne,  8c  seigneur  de  Montfort,  avoit  épousé  en  leur 

«  présence  8v  de  plusieurs  barons  qui  avoient  conclu  ce  mariage  avec  eux, 

«  Pétronille,  comtesse  de  Bigorre,  laquelle,  avant  la  célébration  solennelle 

«  des  noces  en  face  de  l'Église,  avoit  constitué  devant  eux  en  dot  à  Gui,  le 

«  comté  de  Bigorre  Se  la  vicomte  de  Marsan,  pour  passera  leurs  enfans;  que 

«  Gui,  de  son  côté,  du  consentement  de  son   père,  donnoit  pour  douaire  à 

«  Pétronille  cinq  cents  marcs  d'argent  de  rente  annuelle,  qui  seroient  affectés 

«  avant  Pâques  sur  les  terres  situées  aux  environs  de  Çarcassonne,  par  l'en- 

«  tremise  de  l'archevêque  d'Auch,  des  évêques  de  Tarbes  Se  de  Comminges, 

Éd.origin.     „  g^^  ^q  r  Je  Coarase,  chevalier.  »  Gui  donna  pour  ses  cautions  le  duc,  son 
'  t.  III,  p.  293.  _  '  _  _   1  _      '      _ 

père,  Si  Amauri,  son  frère;  Se  Pétronille,  trois  de  ses  barons,  savoir  :  Rai- 
mond  Garsias  de  Lérida,  Bernard  de  Castelbajac  Se  Guillaume  de  Barbazan. 
Le  lendemain  lundi,  les  noces  ayant  été  célébrées,  les  barons  de  Bigorre  Se 
les  autres  vassaux  du  pays  firent  hommage  à  Gui  de  Montfort,  mari  de  Pétro- 
nille, Se  Gui  leur  fît  serment  à  son  tour  de  gouverner  le  pays  suivant  ses 
coutumes.  Pétronille  étoit  fille  unique  de  Bernard  V,  comte  de  Comminges, 
8e  d'Étiennette,  fille  unique  Se  héritière  de  Centulle,  comte  de  Bigorre,  sa 
première  femme.  Elle  avoit  épousé  en  premières  noces,  vers  l'an  1 198,  Gaston 
dit  le  Bon,  vicomte  de  Béarn,  Se  en  secondes,  en  I2i5,  Nugnez  Sanche,  fils 
de  Sanche,  comte  de  Roussillon  Se  de  Cerdagne.  Ce  second  mari  de  Pétro- 
nille vivoit  encore  lorsqu'elle  épousa  en  troisièmes  noces  Gui  de  Montfort; 
ainsi  Simon  ne  fit  aucun  scrupule  d'arracher  cette  comtesse  des  bras  d'un 
mari  légitime  pour  la  marier  à  son  fils  par  des  vues  d'agrandissement  Se  d'am- 
bition. On  peut  remarquer  encore  qu'il  y  avoit  une  grande  disproportion 
d'âge  entre  l'un  Se  l'autre.  Se  qu'il  ne  paroît  pas  que  le  comte  de  Comminges 
ait  donné  son  consentement  au  mariage  de  sa  fille  avec  Gui  de  Montfort. 
Elle  eut  deux  filles  de  ce  mariage,  Se  après  la  mort  de  Gui  elle  convola  en 
quatrièmes  noces  Se  ensuite  en  cinquièmes'*. 

'  Pierre  de  Vaiix-Cernay,  c.  83.  ''  [Sur  les  aventures  de  eette  Pétronille,  voir  dans 

'  Martène,  Thésaurus  anecdotorum,  t.  2,  c.  854-  la  BihVwthe(jue  dé  l'Ecole  des  chartes,  un  article  de 

'  Histoire  généalogique  des  pairs  de  France,  t.  2,  M.  L.  Merlet,  t.   r3,  p.  3o5  Bt  siiiv.] 
p.  62  I ,  &.  t.  6,  p.  75. 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIII. 


499 


An 


XI.  —  Simon  lève  le  siège  du  château  de  Lourdes. 

Simon  Se  Gui  de  Montfort,  son  fils,  allèrent  assiéger,  aussitôt  après  ce 
mariage,  le  château  de  Lourdes,  dans  le  comté  de  Bigorre  ',  qui  étoit  au  pou- 
voir de  leurs  ennemis^;  mais  la  garnison  le  défendit  avec  tant  de  valeur  qu'ils 
furent  obligés  d'abandonner  cette  entreprise.  Simon,  après  la  levée  du  siège, 
se  rendit  à  Saint-Lizier,  capitale  du  Conserans,  où  il  ^  termina,  le  jeudi  avant 
Noël  de  l'an  1216,  un  différend  qu'il  avoit  avec  l'évêque  de  Conserans,  tou- 
chant le  domaine  de  cette  ville  qui  fut  adjugé  à  ce  prélat.  Il  partit  le  lende- 
main 81  reçut  en  chemin  l'hommage  de  Taregneux'*  de  Castillon  8t  de  ses 
deux  fils-'  par  un  acte  daté  du  vendredi  avant  Noël  de  Van  12 16,  en  chemin, 
auprès  du  château  d'Aspet^,  dans  le  Comminges.  Centulle,  comte  d'Astarac, 
fut  présent  à  cet  hommage  &  en  fut  caution  :  preuve  qu'il  n'étoit  pas  encore 
entré  dans  la  ligue  des  comtes  de  Toulouse  &  de  Foix  contre  Simon.  On  doit 
en  dire  autant  de  Vivien,  vicomte  de  Lomagne,  &  d'Odon,  son  fils;  car  il 
paroît  par  une  donation^  qu'ils  firent  à  l'abbaye  de  Moissac,  à  la  mi-décembre 
de  la  même  année,  qu'ils  reconnoissoient  encore  alors  Simon  pour  leur  sei- 
gneur. 

XII.  —  Simon  porte  la  guerre  dans  le  pays  de  Foix. 

Ce  général  retourna  ensuite  à  Toulouse  qu'il  acheva  de  piller  8c  où  il  fit^ 
raser  entièrement  le  reste  des  tours  8c  des  maisons  qui  pouvoient  faire  quelque 
défense.  Il  résolut  en  même  temps  d'aller  assiéger  le  château  de  Montgre- 
nier',  auprès  de  Foix,  sous  prétexte  que  le  comte  Raimond-Roger  avoit  rompu 
la  trêve,  mais,  dans  le  fond,  pour  l'empêcher  d'obtenir  la  restitution  de  son 


■  Voyez  tome  VIII,  c.  149. 

'Une  bulle  du  24  novembre  1218  nous  fait 
connaître  le  nom  de  quelques-uns  des  défenseurs 
de  ce  château.  C'étaient  Nugnès  Sanche,  plus  tard 
comte  de  Roussillon  &  Guillem  Ramon  de  Mon- 
cade.  Garsias,  archevêque  d'Auch,  &.  le  légat  Ber- 
trand furent  chargés  de  les  excommunier  (Pot- 
thast,  n.  5928).   [A.  M.] 

^  Gallia  Christiana,  nor.  ti.  t.  i,/njlrum.p.  i85 
&  seq.  [22  décembre  1216;  voyez  notre  Catalogue, 
n.  137.] 

*  Corrige^  Teregnus.  Les  deux  fils  de  ce  sei- 
gneur s'appelaient  Roger  &  René.    [A.  M.] 

'  Registram  turiae  Franciae.  [23  décembre  1216; 
voyez  notre  Catalogue,  n.  i38.] 

"  [Aujourd'hui  Espèche  (Hautes-Pyrénées),  arron- 
dissement de  Bagnères-de-Bigorre.] 

'  Archives  de  l'abbaye  de  Moissac. 

'  Pierre  de  Vaux-Cernay,  c.  83  &  suiv.  — Marca, 
Hiitoirc  de  Béarn,  1.  8,  c.  19.  —  Voyez  tome  VIII, 
c.  149.  [Guillem  de  Tudcle,  vers  5563  à  OSôy.] 


'Les  relations  entre  le  comte  de  Foix  &Simon  de 
Montfort  paraissent  avoir  été  assez  tendues  depuis 
déjà  longtemps.  En  effet,  un  acte  du  premier  juillet 
1216  prouve  qu'il  ne  reconnaissait  pas  Montfort 
comme  comte  de  Toulouse.  C'est  la  confirmation 
des  coutumes  de  la  ville  neuve  de  Tarascon-sur- 
Ariége,  fondée,  au  douzième  siècle,  par  le  comte 
Roger-Bernard  (cf.  tome  VIII,  ce.  688  à  69 1  ).  Cett» 
charte  des  plus  curieuses  permet  de  dater  la  fon- 
dation de  cette  ville,  aujourd'hui  assez  impor- 
tante, &  ajoute  un  fait  nouveau  à  l'histoire  des 
villes  neuves  dans  le  Languedoc.  Nous  y  avons 
joint  deux  actes  postérieurs,  de  1266  &  i3o4,  por- 
tant nouvelle  confirmation  des  libertés  dudit  lieu 
&  explication  d'un  article  de  la  coutume  dont  le 
sens  prétait  à  discussion.  Ces  documents,  dont  le 
texte  laisse  malheureusement  un  peu  à  désirer,  au 
moins  pour  le  premier  d'entre  eux,  proviennent 
des  archives  municipales  de  Taraîcon-sur-Ariége. 

[A.  M.] 


An  12  1  ' 


5oo  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIII. 


château  de  Foix.  Le  pape  Honoié  III  avoit  ordonné',  en  effet,  le  27  novembre 
de  cette  année,  à  l'ablié  de  Saint-Tliibéi y,  de  restituer  au  comte  de  Foix  ce 
château,  qu'il  avoit  gardé  jusqu'alors  au  nom  de  l'Eglise  romaine.  Honoré, 
d'un  autre  coté,  écrivit^,  le  8  de  décembre,  au  comte  de  Foix  pour  lui 
apprendre  qu'il  avoit  donné  ces  ordres  en  conséquence  de  la  demande  qu'il 
en  avoit  faite  par  ses  ambassadeurs.  «  Nous  avons  ordonné  de  vous  rendre  le 
«  château  de  Foix,  dit  le  pape,  quoique  plusieurs  personnes  nous  aient 
"  suggéré  de  ne  pas  le  faire,  de  crainte  qu'après  l'avoir  recouvré  vous  ne 
(i  troubliez  de  nouveau  les  affaires  de  la  foi  &  de  la  paix;  mais  nous  nous 
(i  sommes  déterminés,  tant  parce  que  vous  avez  obéi  fidèlement  à  l'Église  Se 
«  au  cardinal  Pierre  de  Bénévent,  depuis  que  ce  légat  vous  a  accordé  l'abso- 
«  lution,  que  pour  ne  pas  donner  lieu  de  dire  que  l'Eglise  romaine  ne  tient 
«  pas  ses  promesses;  étant  d'ailleurs  toujours  en  état  d'appesantir  notre  main 
«  sur  vous  &  de  vous  arrêter,  en  cas  que  vous  refusiez  de  nous  obéir.  Nous 
<i  ordonnons  donc  à  l'évêque  de  Maguelonne  &  au  prieur  de  Fontfroide  de 
(i  recevoir  de  vous,  de  Roger-Bernard,  votre  fils,  &  de  Pvoger  de  Comminges, 
»  votre  neveu,  une  caution  suffisante  que  vous  ne  troublerez  pas  la  paix  8< 
«  les  affaires  de  la  foi,  &  une  promesse  de  votre  part,  suivant  laquelle  vous 
«  consentirez,  en  cas  que  cela  arrive,  que  le  château  de  Foix  demeure  con- 
«  fisqué  au  profit  de  l'Eglise  romaine.  Vous  payerez  enfin  la  somme  de  quinze 
«  mille  sols  melgoriens  à  l'abbé  de  Saint-Thibéry  pour  la  dépense  qu'il  a  faite 
^Kd.oii-in.,  „  ^  la  garde  de  ce  château,  lequel  vous  sera  rendu  après  l'exécution  de  tous 
«  ces  articles.  » 

XIII.  —  Simon  assiège  le  château  de  Montgrenier  &•  traverse  la  réconciliation 

du  comte  de  Foix  avec  l'Église. 


An  1217 


Simon,  pour  traverser  cette  restitution,  chercha  querelle  à  Raimond-Roger 
&c  prétendit  que  ce  comte  avoit  fait  construire  le  château  de  Montgrenier^, 
auprès  de  Foix,  au  préjudice  de  la  trêve,  S<  qu'il  y  donnoit  retraite  aux 
ennemis  de  la  foi  ;  sous  ce  prétexte,  il  se  met  en  marche  8t  assiège  ce  château, 
le  6  de  février  de  l'an  1217.  Roger-Bernard,  fils  du  comte  de  Foix,  qui  se 
trouvoit  alors  heureusement  dans  la  place,  située  très-avantageusement  sur  la 
pointe  d'un  rocher  &  très-bien  munie,  en  prit  la  défense;  car  c'est  Roger- 
Bernard  qui  la  détendit  &  non  Roger  de  Comminges,  comme  l'a  avancé  un 
de  nos  historiens'*,  qui  confond  ce  château  de  iMontgrenier,  dans  le  pays  de 
Foix,  avec  celui  du  Mas-Garnier  sur  la  Garonne,  dans  le  diocèse  de  Tou- 
louse. Le  procédé  de  Montfort  surprit  extrêmement  le  comte  de  Foix;  il 
comparut  à  Perpignan  devant  les  deux  commissaires  Se  leur  demanda  l'exé- 

'Manrique,    Annales    Cistcrcientcs ,    an.     1217,  '  Ce  château   paraît  être  celui  de  Montgaillarj, 

c.  3.  dont  les  ruines  se  voient  encore  près  de  l'Ariége, 

*  Baluze,  Miscellanea,  t.  2,   p.  2,')2.  —  Pierre  de  à  cinq  kiloinètrcs   au   sud-sud-oiiest  de  Foix.  Cf. 

Vaux-Ccrnay,  ç.  83.  —  Marca,  Histoire  de  Bénrn,  Meyer,  t.  2,  p.  291.   [A.  M.J 

1.  0,  c,  ij.  ■*  Çatelj  Htnolrç  de!  cqm<(s  de  Telotc .  p    3i\, 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIII.  5oi 

cution  des  ordres  du  pape.  11  s'excusa  de  ce  c|u'il  ne  pouvoit  taire  comparoître 
aussi  son  fils  &  Roger  de  Comminges,  son  neveu,  parce  que  le  comte  de 
Montfort,  pour  mettre  obstacle  à  la  restitution  du  château  de  Foix,  étoit 
entré  à  main  armée  sur  ses  terres  &.  qu'il  les  tenoit  assiégés.  Enfin  il  les  sup- 
plia d'engager  ce  général  à  lever  le  siège;  protestant  qu'il  ne  demandoit  pas 
mieux  que  d'observer  la  paix  &  de  réparer,  soit  par  le  jugement  du  pape, 
soit  par  la  décision  du  cardinal -légat  qui  devait  venir,  soit  enfin  par  leur 
arbitrage,  toutes  les  contraventions  qu'on  prouveroit  qu'il  y  avoit  faites.  Les 
commissaires,  contents  de  ces  offres,  écrivirent  à  Simon  de  Montfort  8t  le 
pressèrent  de  lever  le  siège  de  Montgrenier;  mais  ce  général  n'eut  aucun 
égard  à  leurs  prières.  Le  prieur  de  Fontfroide  &  l'abbé  de  Saint-Thibéry, 
accompagnés  de  plusieurs  religieux,  se  rendirent  ensuite  dans  le  camp  de 
Simon  pour  le  porter  à  la  paix;  mais,  loin  de  devenir  plus  traitable,  il  se  mit 
en  campagne,  ravagea  le  pays  Se  se  saisit  de  la  ville  de  Foix  qu'il  fit  fortifier. 
Il  offrit  cependant,  pour  amuser  les  commissaires,  de  se  représenter  devant 
eux  St  d'y  discuter  les  raisons  qu'il  avoit  eues  d'attaquer  le  comte  Raimond- 
R.oger.  L'abbé  de  Saint-Thibéry  &  le  prieur  de  Fontfroide,  voyant  qu'ils 
n'avoient  pas  la  force  en  main  pour  se  faire  obéir,  turent  ainsi  obligés  de 
retourner  à  Perpignan  joindre  l'évêque  de  Maguelonne  8<.  le  comte  de  Foix. 
Ce  dernier  leur  remit  alors  un  acte,  daté  du  17  de  février  de  l'an  12 17,  par 
lequel  il  leur  promet  par  serment,  tant  en  son  nom  qu'en  celui  de  Roger- 
Bernard,  son  fils,  &C.  de  Roger  de  Comminges,  son  neveu,  de  ne  jamais  trou- 
bler^n  aucune  manière  les  affaires  de  la  paix  8t.de  la  foi;  consentant,  en  cas 
qu'il  vînt  à  enfreindre  cette  promesse,  (|ue  le  château  de  Foix  demeure  con- 
fisqué au  profit  de  l'Eglise  romaine.  Il  donna  pour  ses  cautions  le  comte  Rai- 
mond-Bernard,  Hugues-Pierre  de  Fenouillet  &  Pilfort  de  Rabastens.  Six 
jours  après,  Arnaud,  vicomte  de  Castelbon,  ratifia  cet  acte  sous  la  caution  de 
Bernard  de  Portelle,  d'Aton- Arnaud  de  Castelverdun  Si  de  Raimond  de 
Quier;  S<.  le  24  de  février,  Roger-Bernard,  fils  du  comte  de  Foix,  quoique 
assiégé  dans  le  château  de  Montgrcnier,  y  donna  son  consentement,  sous  la 
caution  d'Arnaud  de  Comminges  Se  d'Arnaud  de  Villemur.  Enfin  Hugues, 
comte  d'Ampurias,  Se  Guillaume,  vicomte  de  Castelnau,  s'en  rendirent  aussi 
garans  le  8  de  mars.  Les  commissaires  trouvant  toutes  ces  sûretés  suffisantes, 
envoyèrent  leur  procès-verbal  au  pape  ;  mais  le  comte  de  Foix  ne  put  obtenir 
si  tôt  la  restitution  de  son  château  par  l'opposition  de  Simon  de  Montfort;  il 
paya  '  cependant  quarante  livres,  monnoie  de  Toulouse,  par  semaine  à  l'abbé 
de  Saint-Thibéry  pour  la  garde,  jusqu'à  ce  qu'il  lui  eût  été  rendu. 

Montfort,  résolu  de  prendre  le^  château  de  Montgrenier,  s'obstina  à  l'as- 
sicger  malgré  la  rigueur  de  la  saison.  La  valeur  avec  laquelle  les  assiégés  se 
défendirent  auroit  sans  doute  rendu  tous  ses  efforts  inutiles;  mais,  manquant 
à  la  fin  de  vivres,  ils  furent  obligés  de  capituler  la  veille  de  Pâques,  après 


'  Voyez  tome  Vltl.CIiarUS,  n.CXXI's',  ce.  i^jj,  *  Pierre  de  V.mx-Cernay,  c.  83.  [Même  vcrjiorl 

yoo.  dans  Guillem  de  Tudèle,  v.  jûû8  à  HijS.] 


■"T 5o3  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIIl. 

An  1217 

avoir  soutenu  un  siège  de  six  semaines.  Roger-Bernard  de  Foix  ik  toutes  ses 
troupes  eurent  la  liberté  de  se  retirer  avec  leurs  armesj  mais  on  l'obligea  de 
promettre  par  serment  de  ne  pas  faire  la  guerre  pendant  un  an  contre  Simon 
de  Montfort  &  ses  alliés. 

;  XIV.  —  Le  cardinal  Bertrand  légat  dans  la  Province. 

Éd.ori(?:,i.         Qjj  vient  de  voir  qu'on  attendoit  dans  la  Province  un  nouveau  légat  au 

t.  111,  p.  297  1  o 

mois  de  février  de  l'an  1217.  Le  pape  nomma',  en  effet,  le  19  de  janvier  de 
la  même  année,  Bertrand,  cardinal-prêtre  du  titre  de  Saint-Jean  &.  de  Saint- 
Paul,  pour  exercer  cette  fonction  dans  les  provinces  d'Embrun,  Vienne, 
Arles,  Narbonne  S;  Auch,  8c  dans  les  diocèses  de  Mende,  du  Puy  &  d'Albi, 
avec  pouvoir  d'y  régler  les  affaires  de  la  paix  &  de  la  foi.  Il  le  recommanda  à 
tous  les  prélats  de  ces  provinces  &c  de  la  Provence,  &  ordonna  en  même  temps 
aux  maîtres  (S-  aux  écoliers  demeurant  à  Paris  d'envoyer  quelques-uns  d'entre 
eux  dans  les  pays  de  Toulouse  pour  y  prêcher  &  instruire  les  peuples,  comp- 
tant qu'ils  feroient  beaucoup  de  fruit,  à  cause  de  la  grande  réputation  de 
science  &  de  vertu  qu'ils  s'étoient  acquise  dans  tout  le  pays.  Il  écrivit  quel- 
ques jours  après  à  Foulques,  évêque  de  Toulouse,  à  qui  il  refusa  la  demande 
que  ce  prélat  avoit  faite  de  se  démettre  de  son  évêché  pour  retourner  dans  le 
cloître.  Se  de  partager  son  diocèse  en  plusieurs  autres,  sous  prétexte  qu'il  ne 
pouvoit  le  gouverner  utilement  dans  ce  temps  de  trouble,  à  cause  de  sa  trop 
grande  étendue.  Il  écrivit  aussi,  le  18  de  mars,  aux  consuls  &  aux  habitans 
de  Montpellier  pour  les  prendre  sous  sa  protection  &  accepter  l'offre  qu'ils  lui 
avoient  faite,  de  même  qu'à  son  prédécesseur,  de  payer  tous  les  ans  deux 
marcs  d'or  de  redevance  au  Saint-Siège,  chaque  marc  valant  cent  masmatins. 

XV.  —  Simon  s'accorde  avec  V évêque  d'Âgen.  —  Il  soumet  divers  châteaux 

dans  le  Termenois. 

Montfort,  après  la  prise  du  château  de  Montgrenier,  se  rendit^  à  Carcas- 
sonne,  d'où  il  alla  à  Agen;  il  y  transigea 3,  le  18  d'avril  suivant,  dans  l'église 
de  Saint-Capraise,  avec  Arnaud,  évêque  de  cette  ville,  touchant  la  justice  8c 
la  seigneurie  de  la  ville  8c  des  faubourgs  dont  ils  convinrent  de  jouir  en 
pariage.  L'évêque  s'engagea  de  tenir  sa  moitié  8c  la  monnoie  d'Agen  en  fief 
du  comte,  qui  étoit  de  retour  dans  son  palais  de  Carcassonne  dès'*  le  7  de  mai 

■  Pierre  de  Vavix-Cernay,   c.   84.   —  Raynaldi,  date,   il  vendit   à   l'abbé    de   La   Grasse    plusiei'rS 

an.   1 21 7,  n"' 49,  52.  [Potthast,  n.  5425.] — Mss,  familles    de    serfs    &    une    albergue    annuelle    de 

de   Balu^e,    n.    565.   —   Gariel  ,   Séries  praesulum  trente  chevaliers,  qu'il   possédait  dans   le   château 

Magalonenùum,  p.  817  &  seq.  de  Cabrespine,  en  vertu  de  l'accord  de  1  2  1  5.  Voyea 

°  Pierre  de  Vaux-Cernay,  c.  83.  notre  Catalogue,  n.   142.  —  Peu  après,  étant  en- 

'  Caseneure,  Instructions  pour  le  franc-alteu  de  core  à  Carcassonne,  Simon  confirma  à  l'abbaye  de 

ta  province  de  Languedoc,  p.  3i8  &  suiv.  —  Gallia  Boulbonne    la    possession   du   lieu   d'Ampouilhac; 

christiann)  noT.  éd.   t.  2,  Instrum.  c.  431    &   suiv.  l'acte  est  de  mai    IÏ17,  sans  indication    de   jour. 

'Archives   de    l'abbaye   de   La  Grasse.    [A   cette  Voir  ièiJi  n.  144.] 


FIISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIIl.  5o3 

de  la  môme  année'.  Simon  se  remit  bientôt  après  en  campagne  Se  s'empara  de 
di%'ers^  châteaux  aux  environs  de  Termes,  dans  le  diocèse  de  Narbonne,  où 
les  routiers  s'étoient  réfugiés  :  les  uns  furent  emportés  de  vive  force  &  les 
autres  se  rendirent  volontairement.  Durant  cette  expédition,  Guillaume  de 
Pierre-Pertuse  lui  promit  de  le  servir  fidèlement  dans  cette  frontière  3,  en  pré- 
sence Se  sous  la  caution  d'Aymeri,  vicomte  de  Narbonne,  dont  il  étoit  homme 
lige.  Simon,  de  son  côté,  pardonna  à  Guillaume  tout  le  mal  que  ce  seigneur 
lui  avoit  fait  jusqu'alors  &  le  prit  sous  sa  protection  avec  tous  ses  vassaux. 
L'acte  est  daté  du  château  de  Montgaillard,  en  Termenois,  le  22  de  mai  de 
l'an  1217. 

XVI.  —  Simon  porte  la  guerre  aux  environs  du  Rhône. 

Montfort  résolut^*  ensuite  de  porter  la  guerre  aux  environs  du  Rhône  pour 
s'opposer  aux  progrès  du  jeune  comte  Raimond  que  les  habitans  de  Saint- 
Gilles,  entre  autres,  avoient  appelé  &  reçu  chez  eux,  malgré  l'abbé  8c  les 
religieux  qui,  ne  pouvant  l'empêcher,  étoient  sortis  nu-pieds  avec  le  saint 
sacrement,  après  avoir  jeté  l'interdit  8<.  l'excommunication  sur  la  ville.  Ce 
jeune  prince  avoit  soumis  ensuite  fout  le  pays  voisin  8c  établi  sa  principale 
résidence  à  Avignon,  oii  il  donna"'  en  fief,  au  commencement  de  janvier  de 
cette  année,  à  Raimond  de  Roqueteuil,  les  châteaux  de  Breissac  8c  de  Ganges, 
dans  le  diocèse  de  Maguelonne.  Il  se  qualifie  dans  l'acte  :  Raimond,  par  la 
grâce  de  Dieu  jeune  comte  de  Toulouse,  fils  de  Raimond,  comte  de  Toulouse, 
(y  de  la  reine  Jeanne.  Dans  une  autre  charte,  qu'il  donna  aussi  à  Avignon, 
le  I  I  de  mai  suivant,  en  faveur  du  monastère  des  filles  de  Valsave,  il  prend 
le  titre  de  Raimond,  fils  du  seigneur  Raimond,  par  la  grâce  de  Dieu  duc  de 
Narbonne,  comte  de  Toulouse  &■  marquis  de  Provence.  Il  paroît  que  le  comte 
de  Toulouse  étoit  lui-même  du  côté  du  Rhône  5  car  il  accorda^  divers  privi- 
lèges aux  consuls  8c  habitans  de  Beaucaire  par  une  charte  datée  de  cette  ville, 
le  28  de  mars  de  l'an  12 17.  On  prétend  même  que  par  reconnoissance  il  éta- 
blit'' alors  en  leur  faveur  la  fameuse  foire  qu'on  y  tient  tous  les  ans  5  mais 
nous  ne  trouvons  aucune  preuve  de  cette  concession.  Il  témoigna  aussi,  vers 

■  Au  même  mois  de  l'année  1217  appartient  le  '  Pierre  de  Vaiix-Cernay,  c.  83. 

seiil   acte  judiciaire  qui    nous   reste  de  l'adminis-  '  Tome  V'III,  Chartes,  n.  CXXV,  c.  702,  7o3. 

tra:ion  de  Simon  de  Montfort  dans  le  Languedoc.  ■•  Pierre  de  Vaux-Cernay,  c.  83. 

C'est  un  jugement  rendu  par  son  sénéchal  de  Tou-  *  Tome  VIII,  Chartes,  n.  CXXIII,  ce.  695,  697, 

louse,  le  21   mai   1217,  dans  une  cause  intéressant  '  Recherches   sur  la  ville  de   Beaucaire,   p.   98   & 

l'abbaye  de  Boulbonne  &  R.  de  Chauderon,  l'un  suiv. 

des  défenseurs  de   Beaucaire  (tome  VIII,  ce.   701,  '  "Puité  historique  sur  la  foire  de  Beaucaire.  — 

702'.  Il  s'agissait  de  plusieurs  métairies  de  Puivert,  On   peut  voir   la    pièce  du  28  mars  12  17  dans  les 

que  ce  chevalier  avait   enlevées  au«  moines;   ces  registres  des  Enquêteurs  royaux  (tome  VII,  reg.  £>, 

derniers  soutenaient    les   avoir  jadis    acquises    de  f"  33   h).   Ce   qui   a   peut-être   donné    lieu   à  cette 

l'abbaye  de  Cuxa  &  produisaient  les  actes  d'acqui-  assertion   touchant   la   foire  de   Beaucaire  eit   une 

sinon,  actes  dont  leur  adversaire  contestait  l'au-  charte  du   2   mai   1217,  qu'on   peut  voir  au   incir.e 

thenticité.  Après  enquête,  les  propriétés  en   litige  endroit,  par  laquelle   le   comte  de  Toulouse  vend 

furent  rendues  à  l'abbaye,  dont  R.  de  Chauderon  aux  consuls  de  Beaucaire  le  poids  public  de  cette 

reconnut  pleinement  le  bon  droit.   [A.  M.J  rille.  [A.  M.] 


An  1217 


A  !i  1217 


504  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIII. 

le  même  temps,  sa  gratitude  envers  les  Marseillois  :  il  les  aftranchit'  de  toute 
sorte  de  droits  dans  ses  terres,  leur  accorda  une  entière  liberté  d'y  commercer, 
Se  leur  donna  deux  maisons  dans  Beaucaire. 

Simon,  à  son  arrivée-  aux  environs  du  Rhône,  se  présenta  devant  Saint- 
Gilles;  mais  les  habitans  lui  en  refusèrent  l'entrée  S<  appelèrent  de  tout  ce 
,.^ih'p';!,""8.  qu'il  pourroit  entreprendre  contre  eux  au  cardinal  f'ertrand,  légat,  qui  étoit 
alors  à  Orange.  Gérard,  archevêque  de  Bourges,  5<  Robert,  évêque  de  Cler- 
mont,  qui  avoient  pris  la  croix,  ayant  joint  Simon  avec  un  renfort  considé- 
rable de  croisés,  il  les  employa  au  siège  du  château  de  Posquières,  nommé 
aujourd'hui  Vauvert,  dans  le  diocèse  de  Nimes,  qu'il  eut  bientôt  soumis.  Il 
assiégea  ensuite  le  château  de  Bernis,  l'emporta,  fit  pendre  la  plupart  des 
habitans  8<,  par  cette  exécution,  il  jeta  la  terreur  dans  tous  les  environs;  en 
sorte  que  les  peuples  ayant  pris  la  fuite,  il  remit  en  fort  peu  de  temps  sous 
son  obéissance  tout  le  pays  situé  à  la  droite  du  Rhône,  à  la  réserve  des  villes 
de  Beaucaire  &  de  Saint-Gilles  &  de  quelques  châteaux.  Il  se  rendit  enfin  à 
Saint-Saturnin  du  Port,  aujourd'hui  le  Pont-Saint-Esprit,  pour  conférer  avec 
le  cardinal  Bertrand,  qui  fut  obligé  dépasser  le  P\.hône  à  Viviers,  à  cause  que 
les  habitans  de  Marseille,  d'Avignon,  de  Saint-Gilles,  de  Beaucaire  Si  de 
Tarascon  refusoient  non-seulement  d'obéir  à  ses  ordres,  mais  le  tenoient 
comme  bloc|ué  dans  Orange;  ils  le  poursuivirent  même  jusqu'à  Saint-Satur- 
nin, S<.  tirèrent  sur  lui  du  port  de  cette  ville  dont  ils  étoient  les  maitres-^. 

L'archevêque  de  Bourges  Se  l'évêque  de  Clermont  s'en  retournèrent  après 
avoir  fini  leur  quarantaine  de  service.  Quant  à  Simon,  il  se  remit  en  cam- 
pagne aussitôt  après  la  conférence  de  Saint-Saturnin,  prit  5c  renversa  de  tond 
en  comble  la  tour  de  Dragonet,  située  sur  le  Rhône,  S<.  mit  dans  les  fers  tous 
ceux  cpui  l'avoient  défendue,  sous  prétexte  que  leur  seigneur  s'en  servoit  pour 
rançonner  tous  ceux  qui  montoient  ou  qui  descendoient  ce  fleuve.  Simon  se 
saisit  aussi  du  cliâteau  de  la  Bastide  &  de  tous  les  autres  domaines  de  Dra- 
gonet, qui  se  remit  peu  de  temps  après  dans  son  parti,  auquel  il  avoit  renoncé 
depuis  un  an.  Se  abandonna  lâchement  celui  du  jeune  Raimond  dont  il  étoit 
gouverneur  Se  l'un  des  principaux  conseillers.  Ce  seigneur  n'est  pas  sans 
doute  différent  de  Dragonet  de  Montdodon,  qui  est  nommé  le  premier"' entre 
les  principaux  barons  qui  furent  présens  à  l'hommage  que  Raimond  de 
Roqueteuil  rendit  à  ce  jeune  prince  au  commencement  de  cette  année"'. 

'  Ruffi,  Histoire  Je  Marseille,  i''  éd.  1.  4,  c.  6.  tre  M.  Meyer,  t.  i,  pp.  292,  ip.T,  soit  La  B.istitte 

'  Pierre  de  Vaux-Cernay,  c.  84.  —  Tome  VIII,  d'Engras  (Gard),  arr.  d'Uzès,  cant.  de  Lussan,  soit 

c.   100.  La  Bastide  d'Ognols,  comm.  de  Goiidargiies,  canton 

'  L'entrevue  du  Pont-Saint-Esprit  eut  lieu  dans  du  Pont-Saint-Esprit.  Le   poëme,  au   moins  dans 

la  première  quinzaine   de   juillet  1217;  Simon  de  son  état  actuel,  ne   parle  pas  de  la  prise  du  châ- 

Montfort    était   auprès    de   cette  ville   le  14  de  ce  teau  de   Dragonet,  qui,   M.  Meyer  le    fait  rem.ir- 

mois,  date  de    l'honimagc  que  lui  rendit  Raimond  quer    {ut   supri ,   p.   29.'!;,   devait  être  sur  la    rive 

Pelet,    seigneur  d'Alais.   (Voyez    notre   Catalogue,  droite  du   Rhône.  La    suite  des  événements  "ar..ît 

n.    140.)   [A.  M.]  un    peu  confuse  dans  cette  p;;r;ie  de  son   récit,  ik 

■•  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  c.  696.  les  causes  de  la   trahison  de  Dragonet  y   sont  r.ul 

'■•  Le  château   de  La    Bastide,   que  dom   Vaissete  indiquées.   [A.  M.] 
mentionne  un  peu  plus  haut,  est,  ainsi  que  le  mon- 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIII.  5o5  

An  1217 

XVII.  —  Simon  attaque  le  comte  de  Valent'viois  ^  fait  la  paix  avec  lui. 

Simon  de  Montfort  ayant  pris  l'avis  du  cardinal  Bertrand,  légat  du  Saint- 
Siège,  sur  la  suite  de  son  expédition,  forma  le  dessein  d'aller  attaquer  '  au 
delà  du  R.hône  le  jeune  Raimond  Si  Aymar  de  Poitiers,  comte  de  Valentinois, 
allié  de  ce  prince.  Il  lit  préparer  un  grand  nombre  de  bateaux  à  Viviers  pour 
le  passage  du  fleuve,  &.,  s'étant  joint  à  un  corps  considérable  de  croisés  con- 
duits par  l'évêque  de  Nevers,  que  le  jeune  comte  de  Toulouse  n'osa  attaquer, 
quelque  envie  qu'il  en  eût,  il  se  mit  en  marche  &  traversa  le  Rhône  à  la  vue 
de  ses  ennemis,  nonobstant  tous  les  efforts  qu'ils  firent  pour  s'y  opposer.  Un 
coup  si  hardi  jeta  l'épouvante  parmi  les  peuples  qui  abandonnèrent  les  villes 

6  les  campagnes  pour  prendre  la  fuite.  Simon  8<  le  légat,  qui  le  suivoit,  se 
présentèrent  aussitôt  devant  Montélimar  dont  le  principal  seigneur,  nommé 
Guitard  d'Adhémar,  étoit  dans  le  parti  du  jeune  Raimond,  quoiqu'il  se  tùt 
rendu  homme  lige  du  pape.  Ce  seigneur  offrit  alors  de  remettre  la  place  au 
cardinal-légat  j  mais  les  habitans  aimèrent  mieux  se  soumettre  à  Simon  lui- 
même,  à  la  persuasion  d'un  cousin  de  Guitard  c[ui  possédoit  l'autre  portion 
de  la  seigneurie  de  Montélimar  ik  qui  avoit  toujours  été  attaché  à  ce  général  ^. 

Simon  entreprit  quelques  jours  après  le  siège  de  Crest,  château  très-tort  £< 
très-bien  muni,  dans  le  Valentinois,  dont  un  brave  chevalier,  nommé  Arnaud 
Dcidie,  étoit  gouverneur  au  nom  du  comte  Aymar  de  Poitiers,  à  qui  il  appar- 
tenoit.  Plusieurs  évèques  du  pays  Se  environ  cent  chevaliers  françois,  que  le 
roi  Philippe-Auguste  envoya  à  Simon  pour  servir  sous  ses  ordres  pendant  six 
mois,  l'aidèrent  à  cette  expédition.  On  négocia  cependant  la  paix  entre  ce 
général  &  Aymar,  &  ils  convinrent  enfin  d'un  traité.  Simon  promit  de  donner 
sa  fille  en  mariage  à  ce  comte  qui  promit,  de  son  côté,  de  vivre  en  bonne 
amitié  avec  lui  8c  lui  livra  plusieurs  de  ses  châteaux  pour  la  sûreté  de  sa  pro- 
messe. Le  comte  de  Valentinois  conclut  en  même  temps  la  paix  avec  Humbert 
de  Mirabel,  évêque  de  Valence,  avec  lequel  il  avoit  de  grands  différends.  Ce 
prélat,  qui  avoit  été  chartreux  8c  qui  est  honoré 3  comme  bienheureux,  eut 
d'autres  démêlés  avec  les  habitans  de  Valence  81  divers  seigneurs  du  pays  5  il 
appela  à  son  secours,  pour  les  soumettre,  Bertrand,  évêque  du  Puy,  Gui,  sei-  , ''j^j'"^,'f, 
gneur  de  Tournon,  8c  Géraud  Bastet  :  il  donna  en  reconnoissance  le  pa\sde 

'Pierre    de    Vaux- Ceriiny,    c.     84.    —    Voyez  (ilii.l.   n.   5491)  lui    ordonne  en    même    temps   de 

tome  VIII,  Chartes,  c.    i5o.  veiller    à    ce    que     r.'irchevéqiie    puisse    librement 

'  Une  dts  premières  iifTiiires  dont  le  nouveau  relever  les  fortifications  de  son  château  de  Ca- 
légat  eut  i  s'occuper  fut  celle  de  Narbonne,  dont  brières,  détruites  malgré  lui.  Le  23  octobre  d;  la 
le  duché  était  toujours  disputé  par  l'archevêque  même  année,  le  pape,  revenant  sur  cette  j  ri- 
Arnaud  à  Simon  de  Montfort.  Par  une  bulle  du  mière  décision,  manda  à  Arnaud  de  Narbonne  de 

7  mars  1117  (Pofihast,  n.  5490),  le  légat  fut  chargé  se  rendre  à  Rome  dans  les  vingt  jours,   sans    tî- 
de  remettre  le  prélat  en   possession  du  duché  &  de  nir    compte    des    décisions    du    légat    (n.     53  r  1  ), 
tous    les  droits   en   dépendant,  &   de  confirmer  la  [A.  M.] 
sentence    d'excommunication    prononcée    par    lui             '  Colnmh'i,  Je  Episcopis  yah'ntincnsiius. —  Gal- 
contre  Montfort.  Une  autre  bulle  du  même  jour  Ha  Chrntiandt  t.  3,  c.  11  i3. 


A  II  r  2 1 7 


5o6  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIII. 

Diunstal  au  second,  Se  le  lieu  de  Charmes  au  troisième.  La  paix  étant  con- 
clue entre  Simon  de  Montfort  8c  le  comte  de  Valentinois,  le  gouverneur  de 
Crest  se  rendit  volontairement  au  premier'. 

XVIII.  —  Les  Toulousains  rappellent  le  comte  RaimoncL  &•  le  reçoivent 

dans  leur  ville. 

Montfort  s'applaudissoit^  de  la  prospérité  de  ses  armes  &  du  succès  de  ses 
négociations  lorsqu'il  apprit  que  la  ville  de  Toulouse  &  plusieurs  places  des 
environs  s'étoient  soulevées  contre  lui.  Durant  son  absence,  les  Toulousains, 
outrés  de  l'extrême  rigueur  dont  il  avoit  usé  à  leur  égard,  appelèrent  secrè- 
tement.le  comte  Raimond,  leur  ancien  maître,  &  promirent  de  lui  livrer  la 
ville.  Ce  prince,  qui  étoit  alors  au  delà  des  Pyrénées,  rassemble  au  plus  tôt 
un  corps  d'Aragonois  &  de  Catalans,  qu'il  avoit  déjà  engagés  à  son  service, 
&,  suivi  du  comte  de  Pailhas^,  il  va  joindre  dans  le  Comminges  Bernard,  son 
neveu,  comte  de  ce  pays.  Roger-Bernard,  fils  du  comte  de  Foix,  ayant  accouru 
d'un  autre  côté  à  son  secours  avec  divers  seigneurs,  il  marche  vers  Toulouse. 
En  chemin  faisant,  le  comte  de  Comminges,  qui  conduisoit  l'avant-garde, 
rencontre  à  la  Salvetat,  à  quatre  lieues  de  Toulouse,  un  corps  de  troupes  de 
Simon  de  Montfort  qui,  sans  se  douter  de  rien,  étoient  venues  faire  des 
courses  dans  le  pays  j  il  les  charge  &  les  pousse  vivement;  mais  il  est  repoussé 
à  son  tour.  Il  commençoit  à  plier  lorsque  Roger  de  Montant,  Roger  d'Aspel 
&  Roger-Bernard  de  Foix,  étant  arrivés  à  propos,  ils  rétablissent  le  combat 
8t  défont  entièrement  ce  corps  de  troupes  qui  avoit  soumis  le  château  de 
Mazères,  dans  le  pays  de  Foix.  Le  comte  Raimond,  ne  trouvant  plus  d'ob- 
stacle à  son  passage,  arrive  au  voisinage  de  Toulouse  8t  fait  avertir  ceux  des 
habitans  qui  lui  étoient  dévoués  ;  il  s'avance  ensuite,  le  matin  du  i3  du"*,  mois 
de  septembre,  à  la  faveur  d'un  brouillard  épais,  traverse  la  Garonne  au  gué 
qui  est  sous  le  moulin  du  Bazacle  &  entre  dans  Toulouse  sans  être  aperçu. 
Au  bruit  de  son  arrivée,  le  peuple  se  partage  :  les  uns  se  déclarent  hautement 
en  sa  faveur  &  lui  donnent  les  plus  grandes  démonstrations  d'amitié;  les 
autres,  plus  timides  &  sachant  par  expérience  jusqu'à  quel  point  Simon  de 
Monttort  portoit  la  vengeance,  n'osent  embrasser  son  parti  Si  se  retirent  partie 
avec  les  François  dans  le  château  Narbonnois,  partie  dans  le  palais  épiscopal 
ou  dans  le  cloître  de  Saint-Etienne  Si  partie  dans  le  monastère  de  Saint- 
Saturnin.  Pvaimond  tâche  de  ramener  ceux-ci  8c  les  gagne  bientôt,  les  uns 
par  caresses  Se  les  autres  par  menaces.  Enfin  les  Toulousains  réunis  prennent 
les  armes,  se  joignent  à  ses  troupes,  font  main  basse  sur  tous  les  François  ou 
les  autres  partisans  déclarés  de  Simon  qu'ils  rencontrent  8c  s'assurent  de  la 

'  Cette  expédition  de  Montfort  en  Provence  l'oc-  ^  C'est-à-dire  de  Roger  de  Comminges,  qui  venait 

cupa  pendant  le  mois  d'août  1217.   [A.  M.]  d'abandonner  le  parti  de  Montfort,  auquel  il  avait 

'  Pierre    de   Vaux-Cernay,    c.    84    &   suiv.    —  prêté  hommage  en   1211,  pendant  le  siège  de  La- 
Guillaume    de     Puylaurens,     c.     3o.     —    Voyez  vaur.  [A.  M.] 
tome  Vin,  ce.  i5o  à  t53.  *  Voyez  tome  V,  Chroniques,  ce,  44,  5l  &  221 1, 


An  1217 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC,  LIV.  XXIII.  5oj 

ville.  Comme  elle  étoit  démantelée,  Raimond  s'occupa  nuit  &.  jour  à  la  forti- 
fier. Il  fit  creuser  de  larges  fossés  tout  autour,  les  garnit  de  palissades  Se  de 
bons  retranchemens  qu'il  affermit  avec  des  poutres,  &  fit  élever  à  la  hâte  des 
bastions  Se  des  redoutes'. 

XIX.  —  Vains  ejjbrts  des  seigneurs  de  la  maison  de  Montfirt  pour  chasser 

de  Toulouse  le  comte  Raimond. 

La  comtesse  de  Montfort*,  qui  se  trouvoit  dans  le  château  Narbonnois  avec 
ses  deux  brus,  la  femme  de  Gui  de  Monttort,  sa  belle-sœur.  Se  leurs  enfans, 
envoya  aussitôt  à  ce  dernier  Se  au  comte  Simon,  son  mari,  leur  faire  part  de 
ce  qui  venoit  d'arriver.  Sur  cet  avis  Gui  de  Montfort,  frère  de  Simon,  Se  Gui, 
son  neveu,  comte  de  Bigorre,  qui  étoient  du  côté  de  Carcassonne,  se  mettent 
en  marche  à  la  tête  de  plusieurs  chevaliers.  Se,  comptant  d'emporter  la  ville 
de  Toulouse  d'emblée,  ils  y  donnent  l'assaut  du  côté  du  plan  de  Montolieu. 
Les  Toulousains,  encouragés  par  la  présence  de  leur  seigneur  Se  du  comte  de 
Comminges,  les  repoussent  Se  les  obligent  à  se  retirer  après  leur  avoir  tué 
beaucoup  de  monde.  Ce  mauvais  succès  ne  rebute  pas  les  deux  Montfort  r  ils 
tentent  une  seconde  attaque  du  côté  tlu  jardin  de  Saint-Jacques;  mais  ils  y 
sont  encore  plus  mal  reçus  que  dans  la  première,  Se  sont  contraints  de  se 
réfugier  dans  les  maisons  voisines  du  château  Narbonnois.  Enfin,  ne  pouvant 
espérer  de  forcer  les  Toulousains,  ils  implorent  le  secours  de  l'archevêque 
d'Auch  8e  du  comte  d'Armagnac.  Raimond,  de  son  côté,  ne  négligea  rien 
pour  se  soutenir  Se  donna  ordre  au  jeune  comte,  son  fils,  de  le  venir  joindre 
incessamment.  Divers  seigneurs  de  Gascogne,  de  Querci,  d'Albigeois,  du 
Carcasses,  Sec,  entre  autres  Gaspard  de  la  Barthe,  Roger  de  Comminges, 
Bertrand-Jourdain  de  l'Isle,  Géraud  de  Gourdon,  seigneur  de  Caraman,  Ber- 
trand de  Montaigu  Se  son  frère  Gaillard,  Bertrand  Se  Guitard  de  Marmande, 
Etienne  de  la  Valette  Se  Aymar,  son  frère,  Gérard  de  la  Mothe,  Bertrand  de     '^,<i-,  «""'bj»- 

,  .  .  .       1     .  t-  III,  p.  3oo. 

Pestillac  Se  Géraud  dAmanieu,  tous  chevaliers  braves  Se  aguerris,  lui  ame- 
nèrent des  renforts  8e  entrèrent  dans  Toulouse  au  bruit  des  trompettes  Se 
enseignes  déployées^. 

Simon  de  Montfort,  ayant  appris  cette  révolution  aux  environs  du  Rhône, 
eut  grand  soin  de  ne  pas  l'ébruiter  Se  se  pressa  de  conclure  une  trêve  avec  le 

'  Guillem  deTudèle,  vers  5709  à  5907.  —  Beau-  ronne,  canton   de   Légiievin).  Là,  ils   rencontrent 

coup   plus   de  détails  que   dans    Pierre  de  Vaux-  Jori,  chevalier  du  parti  de  Montfort  ;  le  combat  se 

Cernay.  Le  comte  de  Pailhas  a   recueilli  le  comte  termine  par  la   fuite  des  Français.  Le  letidemain, 

Raimond,   qui   lui   expose    que    les    habitants    de  le  comte    entre   dans  Toulouse,   en    traversant   le 

Toulouse  l'invitent  en   secret  à  rentrer  dans   leur  fleuve  à  gué,  à   la   faveur  d'un   épais   brouillardj 

ville.  Les  comtes  de  Comminges  &  de  Pailhas,   le  que  le  poète  qualifie  de  miraculeux.   [A.  M.| 
fils    du    comte    de    Foix ,    Roger    de    Moniaut    &  '  Pierre    de    Vaux- Cernay,    c.    84    &    suiv.   — ^ 

Guillem    Unaut  de   Lanta    l'engagent  à    partir   8c  Guillaume     de     Puylaurens,     c.     3o.     — ■     Voyei 

promettent  de   le   soutenir.   Ils  entrent  en   Com-  tome  VIII,  c.   lâi; 

minges,  passent  la  Garonne  (probablement  vers  '  Guillem  de  Tudèle,  vers  5909-6138.  —  Beau- 
Muret  ou  peut-être  a  Martres)  &  arrivent  à  la  coup  plus  développé  que  la  chronique  en  proséj 
Salvetat  (au),  la  Salvetat  Sainte-Foix,  Ha»te-Ga-  mais  aucun  fait  important  de  plus.   [A.  M.] 


An  1217 


5oB  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIIL 

jeune  comte  Raiinond.  Dès  que  le  traité  fut  signé,  il  passe  ce  fleuve  S<.  marche 
vers  le  Toulousain  suivi  du  cardinal-légat 5  mais  il  a  le  chagrin  de  se  voir 
abandonne  en  chemin  par  une  partie  de  ses  troupes.  En  arrivant  à  Baziége 
il  se  met  en  ordre  de  bataille,  parce  que  tout  le  pays  s  étant  déclaré  pour  son 
adversaire,  il  craignoit  quelque  embuscade.  Le  comte  Gui,  son  frère,  qui  étoit 
allé  à  sa  rencontre  l'avant  joint  bientôt  après,  ils  prennent  la  résolution,  de 
l'avis  du  légat,  de  brusquer  de  nouveau  l'attaque  de  Toulouse  &  de  donner 
l'assaut,  &  dans  ce  dessein  ils  font  provision  d'échelles.  Les  comtes  de  Tou- 
louse &  de  Comminges  les  laissent  avancer  jusqu'au  bord  du  fossé  8<.  font 
alors  une  si  rude  décharge  sur  leurs  escadrons  qu'ils  les  mettent  en  désordre 
&  les  obligent  de  reculer.  Le  comte  de  Comminges  prend  en  même  temps 
une  arbalète  S<.  décoche  un  trait  avec  tant  de  force  contre  Gui,  frère  de  Simon, 
quil  lui  perce  les  deux  cuisses  de  part  en  part  &  le  renverse  dans  le  fossé.  Le 
jeune  Gui,  comte  de  Bigorre,  est  en  même  temps  dangereusement  blessé. 
Les  comtes  de  Toulouse  &  de  Comminges  sortent  ensuite  des  retranchemens, 
donnent  avec  furie  sur  les  François  &.  les  forcent  enfin  de  prendre  la  fuite. 
Simon,  déconcerté,  abandonna  son  entreprise  &  prit  le  parti  de  faire  le  siège 
de  Toulouse  dans  les  formes.  Pour  comble  de  malheur,  il  apprit  bientôt  après 
que,  sur  la  nouvelle  de  l'échec  qu'il  venoit  d'essuyer,  le  renfort  que  l'arche- 
vêque d'Auch  lui  envoyoit  s'étoit  entièrement  débandé  aux  environs  de  Tou- 
louse '. 

XX.  —  Simon  envole  demander  du  secours  en  France,  £»  assiège  Toulouse. 

Cependant  le  cardinal  Bertrand  fit  partir  Foulques,  évêque  de  Toulouse, 
pour  aller  chercher  du  secours  en  France.  Foulques  associa  à  sa  mission 
divers  prédicateurs,  entre  autres  le  fameux  Jacques  de  Vitry,  &  ne  négligea 
rien  pour  persuader  aux  peuples  de  se  croiser  en  faveur  de  Montfort.  Ce 
général  envoya  de  son  ^  côté  la  comtesse,  sa  femme,  à  la  Cour  pour  solliciter 
le  roi  de  le  soutenir;  le  comte  Pv.aimond  s'en  inquiéta  fort  peu,8t  ayant  reçu  •* 
un  corps  de  Navarrois  &  de  Catalans,  que  le  comte  de  Foix  lui  amena  &.  qui 
entra  dans  Toulouse  aux  acclamations  de  tout  le  peuple,  il  se  mit  en  état  de 
faire  une  longue  8<.  vigoureuse  défense. 

Simon  entreprit  le  siège  de  Toulouse  vers  la  fin  de  septembre^  de  l'an  12 17. 
Il  attaqua  d'abord  la  ville  du  côté  du  château  Narbonnois  £<.  de  la  porte  de 

'  GuiUem   de  Tiidèle,  vers  6140   à   6i>6y.  —  Le  rives,  pour  en  rendre  le  ravitaillement  plus  diffi- 

poc;ne  donne  beaucoup  de  détails  sur  le  retour  de  cile.    [A.  M.] 

Simon  de  Montfort  de  Provence,  le  premier  com-  '  Robertus    Altissiodorensis  ,    Continuatlo  ,   an. 

bat    jous  Toulouse    &  les   conseils   tenus    par    les  1217. 

barons  croisés,   après   leur   premier   échec.    On   y  '  Pierre    de    Vaux-Cernay,    c,    84.    —    Voyeg 

remarque   notamment  (6287  à  6304)   l'excommu-  tome  VIII,  ce.   i56,  167. 

nication    lancée  contre  Toulouse  par  le  cardinal  ■•  Au  plus  tôt  dans  le  courant  d'octobre,  si  l'on 

légat,  qui  voue  la  ville  à  la   destruction  &  décrète  considère  le   temps  qu'il  lui   fallut  pour  être   in- 

le  massacre  de  tous  ses  habitants.  Simon  de  Mont-  formé   de   la    révolte,  faire  sa   paix  avec  le  i.-une 

fort  se  décide  ensuite  i  bloquer  la  ville  sur  les  deux  comte  &  revenir  du  bas  Languedoc.   [A.  M.j 


An  1217 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIIL  Soç 

Montolieu  ;  mais,  voyant  que  cet  endroit  étoit  très-fort,  il  résolut  de  tenter  une 
seconde  attaque  à  la  porte  du  faubourg  de  San-Subra,  qui  est  situé  de  l'autre 
coté  de  la  Garonne  &  qui  étoit  joint  à  la  ville  par  deux  ponts  dont  les  assiégés 
étoient  les  maîtres.  Dans  ce  dessein,  il  partagea  ses  forces  &,  laissant  à  Amauri, 
son  fils,  le  soin  de  continuer  les  travaux  de  la  première  attaque,  il  passa  la 
rivière  avec  une  partie  de  ses  troupes  St  dressa  ses  batteries  contre  cette  porte; 
mais  il  se  vit  aussitôt  assailli  par  les  Toulousains  qui,  par  leurs  sorties,  ne  lui 
donnèrent  pas  un  moment  de  relâche  &  lui  tuèrent  beaucoup  de  monde. 
Cela  lui  fit  prendre  la  résolution  de  retourner  dans  son  premier  quartier  ; 
il  s'y  disposoit  lorsque  le  comte  de  Foix,  ayant  fait  une  nouvelle  sortie,  l'at- 
taqua, le  mit  en  fuite  St  le  poursuivit  jusqu'à  Muret,  où  Simon  repassa  la 
Garonne  sur  les  mêmes  bateaux  dont  il  s'étoit  servi  pour  la  passer.  Ce  général 
en  entrant  dans  la  barque  eut  le  malheur  de  tomber  à  cheval  dans  un  endroit 
très-profond,  St,  comme  il  était  pesamment  armé,  il  fut  sur  le  point  de  se 
noyer;  mais  ajant  été  promptement  secouru  il  en  fut  quitte  poiu"  perdre  son 
cheval.  11  ramena  enfin  ses  troupes  au  camp  devant  le  château  Narbonnois  & 
la  porte  de  Montolieu,  St  redoubla  ses  efforts  pour  avancer  le  siège". 

Le  comte  Pvaimond,  après  avoir  chassé  Simon  de  l'attaque  du  faubourg 
San-Subra,  assembla  les  habitans  de  Toulouse  pour  délibérer  avec  eux  sur  leur 
commune  défense.  Ils  lui  renouvelèrent  to.us  les  protestations  d'une  fidélité 
inviolable,  &  lui  ofhirent  leurs  corps,  leurs  vies  &  leurs  biens.  On  résolut  de 
dresser  divers  trébuchets,  pierriers  Se  mangonneaux  pour  attaquera,  battre  le  Kd.origin. 
château  Narbonnois,  de  relever  les  murailles  de  la  ville  &  de  les  renforcer 
surtout  du  coté  de  ce  château.  On  mit  aussitôt  la  main  à  l'œuvre,  Se  tous  les 
Toulousains,  tant  hommes  que  femmes,  s'employèrent  à  ce  travail  jour  £<  nuit 
avec  la  plus  vive  ardeur. 

XXI.  —  Montauban  tente  Inutilement  de  secouer  le  joug  de  Simon. 

Sur  ces  entrefaites,  Montfort,  pour  s'assurer  de  la  fidélité  des  habitans  de 
Montauban,  qui  lui  étoit  fort  suspecte,  leur  fit  demander  des  otages,  qu'ils 
furent  obligés  de  lui  donner.  Quelques  jours  après  il  envoya  dans  cette  ville 
son  sénéchal  d'Agenois  St  l'évèque  de  Lectoure  pour  les  tenir  en  bride.  Les 
habitans  firent  alors  avertir  secrètement  le  comte  de  Toulouse  qu'il  leur  étoit 
aisé  de  s'assurer  de  la  personne  de  ce  prélat  61  de  ce  chevalier  8c  de  les  lui 
livrer,  s'il  vouloit  leur  envoyer  un  renfort.  Sur  cet  avis  Raimond  fait  partir 
cinq  cents  hommes  d'armes  qui,  ayant  marché  toute  la  nuit,  arrivent  à  la 
pointe  du  jour  à  Montauban^  8c  y  sont  introduits  par  les  conjurés;  ceux-ci, 

'  Guillem  de  Tiidele,  vers  6568-6723.  Tentative  retrouveauciin  dansPierre  deVaux-Cernay.  [A.  M.] 

du   comte  de  Monifort   sur  la    rive  gauche  de   la  '  Le   fait    est    possible,  quoique  entre    les   deux 

Garonne.  En  signe  de  défi,  les  croisés  commencent  villes  il  y  ait   près    de   cinquante   kilomètres.  Les 

la   construction   d'une  ville  neuve   sous   les   murs  nuits  étant  assez  longues  au   mois  d'octobre,  on 

mêmes  de  Toulouse,  &  Simon  accorde   de  grands  peut  supposer  la    troupe   partie   le  soir  vers   huit 

privilèges   à  ceux  qui  viendront  l'habiter  (6627-  heures  &  arrivant   le  lendemain    matin  vers  sepç 

0/3.^,-.  Ces  dît'V-ls  panisscnt  5u'-p;ct5,  Ç\  on  \\\r\  hçiires,  soit  onjî  heures  ài  marche-   [A.  M.J 


t.  m,  p,3oi. 


An  1217 


5 10  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC,  LIV.  XXIII. 

qui  étoient  au  nombre  de  plus  de  trois  mille,  s'étant  joints  à  ces  troupes, 
s'assurent  des  places  publiques,  les  barricadent,  posent  des. sentinelles  aux 
portes  des  maisons  où  le  sénéchal  d'Agenois  &  l'évêque  de  Lectoure  étoient 
logés,  &  apportent  une  grande  quantité  de  bois  pour  y  mettre  le  feu,  en  cas 
qu'ils  ne  pussent  se  saisir  de  leurs  personnes.  Les  François  qui  étoient  dis- 
persés dans  la  ville  entendant  du  bruit,  se  lèvent,  courent  aux  armes,  atta- 
quent les  conjurés,  les  mettent  en  fuite,  délivrent  le  sénéchal  81  l'évêque  8c 
mettent  enfin  la  ville  au  feu  &  au  pillage'. 

XXII.  —  Suite  du  siège  de  Toulouse  par  Simon  de  Montfort. 

Raimond,  ayant  achevé  de  construire  toutes  les  machines  nécessaires  pour 
l'attaque  du  château  Narbonnois,  les  fit  jouer  contre  cette  forteresse,  qu'il  ne 
cessa  de  battre  pendant  tout  l'hiver,  tandis  que  Simon  continuoit  le  siège  de 
la  ville,  mais  sans  succès.  Entre  les  divers  chevaliers  qui  marchèrent  au  secours 
de  ce  dernier,  furent  Géraud,  comte  d'Armagnac  St  de  Fezensac,  Roger,  son 
frère,  Anissand  de  Caumont  8<.  Oton  de  Montaut  qui,  par  un  acte  daté^  du 
siège  devant  Toulouse,  au-dessus  du  château  Narbonnois,  le  18  de  décembre 
de  l'an  1217,  lui  répondirent  de  la  fidélité  de  Bernard-Jourdain  de  l'Isle. 
Nous  avons  aussi  une  charte  par  laquelle  Rostaing,  seigneur  de  Posquières, 
'  au  diocèse  de  Nimes,  étant  au  siége^  de  Toulouse,  le  3  de  février  suivant,  fit 
hommage  lige  à  Simon  de  Montfort,  avec  promesse  de  le  servir,  tant  pour  le 
château  de  Posquières,  que  ce  comte  lui  avoit  rendu  à  la  recommandation 
d'Héracle  de  Montlaur,  que  pour  celui  de  Marguerittes.  Le  seigneur  de  Mont- 
laur  se  rendit  en  même  temps  caution  de  Rostaing  de  Posquières,  dont  il 
devait  hériter  après  sa  mort,  8t  fit  en  conséquence  hommage  lige  à  Simon 
pour  les  châteaux  de  Posquières  81  de  Marguerittes,  en  présence  du  cardinal 
Bertrand,  légat  du  Saint-Siège,  des  évêques  d'Agde  81  de  Lodève,  de  Guil- 
laume d'Ailac,  commandeur  de  la  milice  du  Temple  en  Provence  &«  dans  le 
Toulousain,  8c  de  divers  seigneurs.  Raimond  Pelet  rendit"*  aussi  hommage 
vers  le  même  temps  à  Simon  de  Montfort  pour  la  seigneurie  d'Alais.  Ces  actes 
prouvent  que  Simon  continua  le  siège  pendant  l'hiver,  quoiqu'on  prétende i' 
qu'il  le  changea  en  blocus  à  l'approche  de  cette  saison,  à  cause  qu'il  n'avoit 
pas  des  forces  suffisantes,  8c  qu'ayant  reçu  au  printemps  suivant  un  nouveau 
renfort  de  croisés,  il  le  reprit  seulement  alors.  On  voit  d'ailleurs  un  autre 
acte''  donné  au  siège  de  Toulouse ,  le  i3  de  décembre  de  Van  121 7,  par 
lequel  Montfort  recommande  les  intérêts  de  saint  Dominique  8c  de  ses  cou- 
vens  aux  sénéchaux  de  Carcassonne  8c  d'Agen''. 

■  En   revanche,  les  princes  méridionaux  recoii-  ^  Baliize,    Histoire   généalogique    de    la    maison 

vrèrent  à  cette  époque  (février    izi8)    le  château  d'Auvergne,  t.  2,  p.  86.  [Catalogue,  n.  i5i.] 

de  Foix,  qui   fut  remis  au  comte  de  Toulouse  par  ^  Catel,  Mém.  de  l'histoire  du  Languedoc,  p.  341. 

l'abbé  de  Saint-Thibéry,  Bérenger,  auquel  le  pape  ^  Marca,  Histoire  de  Béarn,  1.  8,  c.  20. 

en   avait  confié  la  garde.  (Cf.  Guillem  de  Tudèle,  '^  Pierre    de    Vaux-Cernay,    édition    Camuzat, 

vers  6869-6871.)  [A.  M.]  p.  326.  [Catalogue,  n.  147.) 

'  Tome  VIII,  Chartes,  n.  CXXV,  ce.  703,  704.  '  On    peut  se   demander  comment    U   ville   Js 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIII.  5ii    

An  U17 

XXIII.  —  Le  pape,  à  la  sollicitation  de  Simon,  tâche  de  détacher  Jacques, 
roi  d'Aragon,  de  son  alliance  avec  le  comte  de  Toulouse, 

Simon,  pour  aftbiblir  le  parti  du  comte  de  Toulouse  &  lui  ôter  les 
secours  qu'il  tiroit  d'Aragon  8c  de  Catalogne,  se  plaignit  à  Honoré  III  des 
liaisons  du  jeune  Jacques,  roi  d'Aragon,  avec  ce  prince.  Sur  ces  plaintes,  le 
pape  '  ordonna,  le  23  d'octobre  de  l'an  1217,  au  cardinal  Bertrand,  son  légat, 
de  détourner  Jacques  8c  ses  sujets  de  faire  aucune  entreprise  contre  Simon  de 
Montfort;  de  leur  détendre  de  violer  la  trêve  établie  par  le  concile  général  de 
I-atran  ;  de  leur  déclarer  que  s'ils  avoient  quelque  différend  avec  Simon  ils 
eussent  à  s'en  rapporter  à  la  décision  du  Saint-Siège,  8c  enfin  de  les  excom- 
munier 8c  de  jeter  l'interdit  sur  le  pays,  s'ils  avoient  recours  aux  armes.  Dans 
une  autre  lettre  qu'Honoré  écrivit  au  roi  d'Aragon  lui-même,  le  28  décembre  x!^\\\^affo2 
suivant^;  il  rappelle  à  ce  prince  le  souvenir  des  obligations  qu'il  avoit  au  Saint- 
Siège,  Il  qui  vous  a  tiré,  ajoute-t-il,  des  mains  de  ceux  que  vous  appelé-^  vos 
<(  ennemis  pour  vous  rendre  à  vos  sujets.  «  Il  se  plaint  ensuite  à  Jacques  de  ce 
qu'il  avoit  envoyé  du  secours  aux  Toulousains,  8c  de  ce  qu'il  s'opposoit  aux 
desseins  du  légat.  Il  lui  enjoint  de  rappeler  incessamment  ce  secours  &c  lui 
défend  d'en  envoyer  davantage,  8c  d'attaquer  directement  ou  indirectement  • 
les  domaines  possédés  dans  les  pays  au  nom  de  l'Eglise  romaine.  «  Autrement, 
«dit-il,  vous  pourriez  tellement  nous  indisposer  8c  l'Église  romaine,  que 
«  nous  serions  obligés  d'employer  les  nations  étrangères  pour  punir  votre 
«  royaume.  »  Comme  le  roi  d'Aragon  n'avoit  pas  beaucoup  de  part  au  gou- 
vernement, à  cause  de  sa  jeunesse,  le  pape  écrivit  à  Sanclie,  comte  de  Rous- 
sillon,  grand-oncle  de  ce  prince,  pour  se  plaindre  de  ce  que  le  roi  avoit 

Toulouse,  assiégée  pour  la  deuxième  fois  depuis  puisés  comme  partisans  de  Montfort;  que  plu- 
six  ans,  put  résister  si  longtemps  aux  efforts  des  sieurs  autres,  en  quittant  la  ville  sous  prétexte  de 
croisés.  Il  faut  croire  qu'instruits  par  leurs  dé-  pèlerinage  ou  d'affaires  commerciales,  avaient 
faites  répétées,  les  chevaliers  méridionaux  se  don-  trouvé  moyen  de  se  soustraire  aux  lourdes  charges 
lièrent  quelques-unes  des  qualités  de  leurs  pru-  qui  pesaient  sur  tous  les  bourgeois;  que  d'autres 
dents  &  tenaces  ennemis.  En  outre,  les  renforts  enfin  refusaient  de  payer  leur  quote-part,  en  allé- 
très-nombreux  que  le  comte  Raimond  avait  ame-  guant  leur  prétendue  pauvreté.  Ils  demandaient  à 
nés  d'Espagne  vinrent  fort  heureusement  augmen-  Raimond  VI  l'autorisation  de  faire  vendre  à  l'en- 
ter le  nombre  des  défenseurs  de  la  ville.  Enfin,  la  can  les  biens  meubles  &  immeubles  de  tous  ces 
connaissance  certaine  du  sort  qui  les  attendait,  bourgeois.  Cette  autorisation  leur  fut  immédiate- 
s'ils  ne  résistaient  pas  jusqu'à  la  dernière  extré-  ment  accordée  par  le  comte,  &  le  jeune  Raimond 
mité,  put  donner  aux  habitants  le  courage  du  dé-  la  renouvela  en  son  nom  personnel,  le  7  juin  sui- 
sespoir.  Aucun  moyen  ne  fut  épargné  par  les  con-  vant. 

suis  pour  rendre  la  défense  plus  efficace.  Le  poète  En  exécution  de  cette  ordonnance;  le  28  oc- 
anonyme  nous  les  montre  allant  exciter  le  peuple  tobre  1220,  les  consuls  vendirent  les  biens  d'un 
à  l'approche  des  combats,  dirigeant  la  défense,  certain  Pons  Paumade,  qui  n'avait  pas  pris  part  à 
veillant  aux  approvisionnements,  &c.  Une  charte  la  défense  de  Toulouse.  (Cf.  tome  VIII,  ce.  736 
de  janvier  1218,  que  nous  publions  au  tome  VIII  à  738.)   [A.  M.] 

de    la    présente   édition,  c.  706   &  suiv.,   indique  '  Raynaldi,  an.  1217,  n.  55  &  suiv.    [Potthast, 

comment    ils    parvinrent   à    se    procurer   des    res-  n.  56io.J 

sources  pécuniaires.  Ils  vinrent  exposer  au  comte  '  Corrigez  le  27.  [Potthast,  n.  5643.] 

que    nombre    de    Toulousains    avaient    été    ex- 


An  IZI7 


012 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.   LIV.  XXIII. 


embrassé  par  son  conseil  Se  celui  des  autres  grands  d'Aragon,  le  parti  des 
Toulousains'. 


XXIV.  —  La  ville  de  Montpellier  se  remet  sous  l'obéissance  de  Jacques. 

Jacques  I,  roi  d'Aragon,  n'étoit  sorti  ^  alors  que  depuis  l'année  précédente 
du  château  de  Monçon,  où  il  avoit  été  renfermé  pendant^  deux  ans  &  demi, 
8<.  il  n'étoit  que  dans  la  dixième  année  de  son  âge"*.  Il  marque  lui-même  qu'il 
n'avoit  pas  encore  atteint  l'âge  de  puberté  dans  une  charte  qu'il  donna  à  la 
fin^  de  l'an  1218,  à  Lérida,  où  il  avoit  convoqué  les  Etats  de  son  royaume, 
£<  par  laquelle  il  pardonne  aux  douze  consuls  &  aux  habitans  de  Montpellier, 
ses  sujets,  tous  les  griels  qu'il  avoit  contre  eux,  leur  accorde  son  amitié  Se. 
confirme  leurs  privilèges.  Bernard,  évêque  de  Maguelonne,  assista,  à  ce  qu'il 
paroît,  à  ces  Etats,  car  il  céda  alors ^  à  ce  prince,  pour  la  somme  de  vingt  mille 
sols  melgoriens  :  1°  Quatre  deniers  pour  livre  sur  la  monnoie  de  Melgueil. 
2°  Ses  droits  sur  les  châteaux  de  Pignan  8c  de  Saussan.  3"  Enfin  tout  ce  que 
le  même  prince  lui  devoit  à  cause  des  châteaux  de  Frontignan,  Castries,  Cas- 
te! nau  &t  Centrairargues,  8c  qui  consistoit  dans  le  droit  de  guidage,  pour  lequel 
le  seigneur  de  Montpellier  payoit  tous  les  ans  à  l'évêque  un  marabotin  d'or. 
Les  habitans  de  Montpellier  s'étant  réconciliés  avec  le  roi  Jacques',  par  l'en- 
tremise du  pape  Innocent  III,  l'avoient  enfin  reconnu  pour  leur  seigneur  Se 
lui  avoient  prêté  serment  de  fidélité  dès  le  commencement  de  l'an  1216.  Il 
s'étoit  élevé  depuis  quelque  nouvelle  brouillerie  entre  eux,  que  le  pape  Ho- 
noré III  apaisa  vers  la  fin  de  l'an  12 18,  8c  c'est  ce  qui  donna  lieu  à  la  charte 
du  roi  Jacques  dont  nous  venons  de  parler.  Ce  prince  demeura  depuis  pai- 
sible possesseur  de  la  seigneurie  de  Montpellier,  malgré  les  nouveaux  troubles 
que  l'esprit  républicain  dont  les  habitans  étoient  animés,  y  excita  de  temps 
en  temps  ^, 


'  [Potthast,  n.  5644;  la  lettte  est  du  29  dé- 
cembre.] 

'  Voyez  tome  Vil,  Vote  IV,  pp.  10  &  11. 

3  Chronica  0  commentar'i  del  rey  en  Jacme^  c.   12. 

*  On  peut  voir  sur  cette  détention  du  jeune  roi 
à  Monzon  &  sur  les  troubles  qui  agitaient  la  Ca- 
talogne à  ce  moment  1  ouvr..ge  de  M.  de  Tourtou- 
lon,  Jacmc  /'',  t.  1,  pp.  147  à  1  j3.  Le  pays  étant 
profondément  troublé  par  les  luttes  entre  les  in- 
fants Sanche  &  Fernand,  qui  se  disputaient  la 
régence  du  royaume  &  la  tutelle  du  prince,  un 
parti  royal  finit  par  se  former,  &  grâce  à  son 
secours,  Jacme  I"  put  quitter  le  château  de  Mon- 
zon, où  il  était  détenu  par  le  maître  du  Temple, 
Guillem  de  Montredon.  La  date  exacte  de  cette 
évasion  n'est  pas  connue;  elle  eut  lieu  après  le 
19  juin  1217  (voir  tit  supra,  p.  ij3,  note). 
Dom  Vaissete,  en  l'absence  de  tout  document  di- 
plomatique, l'avait  fixée  à  la  fin  de  l'an  1216 
pu   au  çommçncement   dç    ijiy  (voir   tonie  VII, 


Note  XIV,  pp.  38  à  42).  Une  fois  sorti  de  prison, 
Jacme  eut  bientôt  ramené  à  lui  les  populations 
aragonaises  &.  catalanes,  &  les  deux  infants  du- 
rent renoncera  leurs  prétentions.  [A.  M.] 

^  Zurita,  Anales  de  la  corona  de  Aragon,  1.  2, 
c.  7  1 . 

^  G3r\e\,  Séries praesulum  Magalonensium,-p.  3zo 
&  seq. 

'  liid.  p.  3  14  &  329. 

*  Le  6  juin  1217,  le  pape  avait  rendu  au  jeune 
roi  d'Aragon  le  comté  de  Millau,  engagé  en 
1204,  par  son  père,  à  Raimond,  comte  de  Tou- 
louse. L'évêque  d'Uzès  avait  occupé  ce  pays  depuis 
la  condamnation  de  ce  dernier  prince  &  l'avait 
confié  à  la  garde  de  Guillaume,  évèque  de  Mende. 
Honorius  ordonna  à  celui-ci  de  le  rendre  à  Jac- 
ques d'Aragon,  annulant  ainsi  les  conventions 
passées  entre  Raimond  VI  &  Pierre  d'Aragon. 

[A.  M.] 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIII. 


Dl. 


An  1217 


XXV,  —  Saint  Pierre  Nolasque 

On  prétend  que  le  roi  Jacques  fonda  à  Barcelone,  le  10  du  mois  d'août  de 
l'an  12 18,  l'ordre  de  la  Merci  pour  la  rédemption  des  captifs  dont  saint  Pierre 
Nolasque  fut  l'instituteur  Se  le  premier  général.  D'autres  reculent  cette  fon- 
dation de  quelques  années.  Comme  nous  n'avons  aucune  '  vie  originale  de 
ce  saint,  nous  ne  saurions  dire  rien  de  certain  là-dessus.  Tout  ce  qu'il  y  a  de 
vrai  est  que  saint  Pierre  Nolasque  naquit  ou  au  Mas-Saintes-Puelles  ou  à 
Saint-Papoul ,  dans  le  Lauragaisj  qu'il  fonda  cet  ordre  à  Barcelone^,  vers 
l'an  12 18,  pour  la  rédemption  des  captits  retonus  entre  les  mains  des  infi- 
dèles; qu'il  y  admit  des  prêtres  &  des  chevaliers  laïques;  que  tous  les  géné- 
raux furent  pri"  du  nombre  de  ces  derniers,  depuis  saint  Pierre  Nolasque 
lui-même,  jusqu'en  i3i7;  que,  par  conséquent,  ce  saint  étoit  laïque;  qu'il 
mourut  en  i256  &  qu'il  fut  canonisé  en  1628.  Du  reste,  cet  ordre  s'étendit 
dans  la  Province  bientôt  après  sa  fondation;  il  possède  des  couvens  à  Tou- 
louse, à  Montpellier,  à  Carcassonne,  8cc. 


XXVI.  —  Le  pape  écrit  diverses  lettres  en  faveur  de  Simon  de  Mont/ort, 
entre  autres  au  jeune  Raimond. 

Le  pape  Honoré  III  écrivit,  à  la  fin  du  mois  de  décembre  de  l'an  1217, 
diverses  lettres ^  qui  concernent  les  affaires  de  la  Province  : 

1°  Aux  consuls  8c  aux  habitans  de  Toulouse,  d'Avignon,  de  Marseille,  de 
Tarascon,  de  Beaucaire  &  de  Saint-Gilles  pour  leur  ordonner  de  rompre  leur 
ligue  contre  Simon  de  Montlort  8<.  de  cesser  de  lui  faire  la  guerre,  avec  pro- 
messe, s'ils  lui  obéissoient,  de  lever  la  sentence  d'excommunication,  d'interdit 
&  d'abandon  de  leurs  biens  au  premier  occupant,  que  le  cardinal  Bertrand, 
son  légat,  avoit  lancée  contre  eux,  &  de  les  réconciliera  l'Eglise. 

2°  Au  jeune  comte  Raimond  auquel  il  parle  en  ces  termes  :  «  A  Raimond,  rîci.  oHiiin. 
(i  fils  de  noble  homme  Raimond,  autrefois  comte  de  Toulouse,  l'esprit  d'un  '  p-  "  ■ 
«  conseil  plus  sage.  Quoique  votre  père  se  soit  attiré  par  ses  énormes  forfaits 
<(  une  sentence  d'exhérédation,  non-seulement  pour  lui-même,  mais  encore 
<(  pour  toute  sa  postérité;  le  Saint-Siège,  plein  de  bonté,  8c,  par  compassion 
«  pour  votre  jeunesse,  a  toutefois  réservé  en  son  pouvoir  une  partie  des 
«  domaines  que  votre  père  possédoit  en  deçà  du  Rhône,  pour  vous  les  donner 
H  comme  il  conviendroit,  supposé  que  vous  ne  marchassiez  pas  sur  ses  traces. 
«  Mais  vous  imitez  sa  malice  8c  vous  faites  tous  vos  efforts,  ainsi  que  nous 
(1  l'avons  appris  avec  douleur,  pour  détruire  dans  le  pays  l'affaire  de  la  paix 
•1  Se  de  la  foi,  affaire  qui  a  coûté  tant  de  peines  8c  tant  de  travaux.  Vous  avez 
«  porté  le  trouble  au  delà  de  ce  fleuve,  au  mépris  du  siège  apostolique,  tandis 


'  Voyez  tome  VU,  Note  XX,  p.  60  à  63.  »  Raynaldl,  année    1217,  n.   58    &    suiv. 

'  Hétiot,  Histoire   Acs    ordres   monastiques,    t.    î,        thnst,  n°'  56.^2  &  6647. 1 
C.  J4  &  suiv.  —  Voyez  tome  VII,  Note  XX,  p.  6z, 

VI.  33 


fPoi- 


An 


■'7 


JI4 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIII. 


«  que  les  exemples  domestiques  cle%'roient  vous  faire  assez  comprendre  com- 
((  bien  il  est  dangereux  de  regimber  contre  l'éperon;  car  si  l'Eglise  romaine 
«  appuyée,  non  de  ses  propres  forces,  mais  de  celles  de  Dieu,  souffre  l'oppres- 
«  sion  pendant  un  temps,  elle  n'a  qu'à  commencer  à  appesantir  sa  main  sur 
«  les  rebelles,  Se  elle  triomphe  aussitôt  plus  admirablement  (par  le  secours  de 
«  Dieu)  dans  les  endroits  où  elle  paroîtia  plus  vexée.  Nous  vous  exhortons 
«  donc  à  rejeter  les  conseils  de  ceux  qui  vous  ont  séduit  jusqu'ici  &  à  lâcher 
«  d'éprouver  la  douceur  du  Saint-Siège  plutôt  que  sa  sévérité,  &  à  ne  pas 
«  troubler,  soit  par  vous-même,  soit  par  les  autres,  les  pays  situés  au  delà  du 
«  Rhône;  mais  à  vous  montrer  si  exact  à  exécuter  nos  ordres  que  vous  ne 
«  soyez  pas  privé  de  l'eftet  de  la  grâce  apostolique.  Apprenez  donc  à  être  sage 
<i  par  les  disgrâces  de  votre  père,  &  ne  vous  rendez  pas  Dieu  contraire  Se  vous- 
»  même  contraire  à  Dieu.  Si  vous  avez  quelque  sujet  de  dispute  qui  vous 
<c  intéresse  vous-même  ou  vos  associés,  déférez-en  le  jugement  au  Saint-Siège 
«  qui  ne  manquera  pas  de  vous  rendre  justice'.  » 

3°  Au  comte  de  Foix,  qui  avoit  pris  les  armes  contre  Simon  de  Montfort, 
pour  l'engager  à  les  quitter^. 

4°  A  Philippe-Auguste-^,  roi  de  France.  Le  pape  le  sollicite  fortement  d'en- 
voyer contre  les  Toulousains  tous  ceux  de  ses  vassaux  qui  n'étoient  pas 
engagés  dans  la  croisade  de  la  Terre-Sainte. 

5°  Enfin  le  pape  écrivit  à  tous  les  évêques  de  France  pour  les  exciter  à 
encourager  les  fidèles  de  leurs  diocèses  à  aller  secourir  Simon  de  Montforf^. 


An  12  lî 


XXVII.  —  Simon  reçoit  divers  renjbrts  &-  continue  le  siège  de  Toulouse. 

Foulqiies,  évêque  de  Toulouse^,  se  donna  tant  de  soins  en  France  durant 
tout  l'hiver  pour  procurer  du  secours  à  ce  général,  qu'enfin  il  lui  amena  au 
printemps  un  corps  de  croisés,  entre  lesquels  étoient*^  Michel  de  Harnes  Se 
Amand  de  Chisoin'^,  chevaliers   flamands.  Simon  redoubla  alors  ses  efforts 


'  [Potthast,  n.  5640.] 

'  [Potthast,  n.  5646.] 

^  Raynaldi,  année  1217,  n.  58  &  siiiv.  —  Da- 
chesne,  Historîae  Francorum  scrîptores  coaeîane't, 
t.  5,  p.  8ji.  [Potthast,  n.  5646.] 

*  Il  écrivit  encore,  le  3  janvier  lu  8,  à  Simon 
de  Montfort  de  restituer  sans  retard  à  l'évêque  de 
Viviers  le  château  de  Fanjeaux,  en  Argentière, 
tombé  en  commise  &  mouvant  de  cette  église. 
Potthast,  n.  Û638.  —  Ajoutons-y  d'autres  lettres 
analogues  à  celles  pour  le  comte  de  Foix,  du 
i3  janvier  1218,  aux  consuls  8c  habitants  de 
Montpellier,  au  vicomte  de  Turenne,  aux  sei- 
gneurs de  Gourdon  &  à  tous  les  barons  du  Querci 
(Potthast,  n.  Û669).  Par  d'autres  lettres  du  même 
jour,  le  pape  remercie  de  l'appui  qu'ils  donnent 
au  comte  de  Montfort  Aymcri  de  Narbonne  &  les 
{labitants  de  cette  ville,  Adémar  de  Poitiers,  comte 


de  Valentinois,  Amanieu  d'Albret  &  plusieurs  ba- 
rons de  Gascogne,  Guillaume,  prince  d'Orange,  8c 
divers  seigneurs  de  Provence  [ihid..n.  5670).  Un 
mois  plus  tard,  fidèles  à  leurs  promesses,  les  habi- 
tants de  Narbonne  prêtèrent  serment  de  fidélité 
3  Simon  de  Montfort  &  lui  promirent  de  détruire 
leurs  murailles  S<.  de  ne  point  recevoir  ses  enne- 
mis. Ils  en  informèrent  le  roi  de  Fiance  &  le  pape 
Honorius  par  lettres  du  27  février  1218,  (Cf.  notre 
Catalogue,  n.  i52.)  [A.  M.] 

'  Guillaume  de  Puylaurens,  c.  3o.  —  [La  dona- 
tion du  château  de  Verfeil  est  en  réalité  du  4  juin 
1214.  —  Voyez  tome  VIII,  c.  653.] 

'  Chronique  dé  Baudouin  d'Avesnes,  mss.  Je  Cois- 
lin,  n.  490, 

'  [Corrige^  Cysoing  (Nord),  arrondissement  de 
Lille. 1 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXÎII. 


5i5 


contre  la  ville  de  Toulouse;  pour  témoigner  sa  reconnoissance  '  à  Foulques, 
il  donna  alors  à  ce  prélat  Se  au\'  évêques  de  Toulouse,  ses  successeurs,  le  châ- 
teau de  VerFeil  avec  une  vingtaine  de  villages  qui  en  dépendoient,  sous  la 
redevance  d'un  chevalier  armé,  en  cas  qu'il  eût  guerre  dans  le  pays  :  dona- 
tion qui  augmenta  considérablement  le  domaine  temporel  des  évêques  de 
Toulouse,  qui  en  jouissent  encore  aujourd'hui.  Pierre,  évêque  de  Rodez,  alla 
aussi  ^  au  secours  de  Simon  de  Montiibrt  au  siège  de  Toulouse,  au  commence- 
ment de  l'an  1218.  Ce  général  donna,  le  zj  de  mai  suivant^,  durant  le 
même  siège,  à  Bertrand  de  Gourdon,  cent  livres  monnoie  de  Cahors  de  rente 
sur  divers  villages  du  Querci"*,  Stc. 


An  1 2 1 3 


■  Guillaume  de  Puylaurens,  c.  3o. 

'  Martine,  Collectio  ampliss'tma,  t.  I,  c.  n3r. 

*  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  CXXV,  ce.  704 
à  706. 

■*  Cette  partie  du  siège  de  Toulouse  a  été  fort 
abrégée  par  dom  Vaissete,  qui  n'avait,  il  est  vrai, 
entre  Us  mains  que  la  rédaction  en  prose,  dont 
la  véracité  pouvait  lui  paraître  parfois  un  peu  sus- 
pecte. Le  poëte  nous  permet  aujourd'hui  de  com- 
bler en  partie  cette  lacune,  &  des  détails  que 
donne  ce  témoin  oculaire  on  peut  conclure  que  ni 
les  Toulousains,  ni  leurs  adversaires  ne  restèrent 
oisifs  durant  cet  hiver;  pendant  que  les  premiers 
fortifiaient  leur  ville  &  complétaient  leurs  fortifi- 
cations un  peu  improvisées,  les  autres  s'occupaient 
des  approvisionnements  &  cherchaient  à  recom- 
mencer plus  heureusement  la  guerre.  Outre  de 
longs  conseils  tenus  par  Simon  de  Montfort.  con- 
seils à  propos  desquels  le  poëte  nous  peint,  en 
les  exagérant  sans  doute  beaucoup,  les  dissensions 
qui  affaiblissaient  l'armée  des  croisés,  il  nous  ra- 
conte plusieurs  combats  livrés  avant  l'arrivée  du 
légat.  Dans  l'un  de  ces  combats  notamment,  sans 
les  encouragements  du  comte  de  Foix  &  du  comte 
de  Comminges,  les  Français  étaient  bien  près 
d'atteindre  leur  but.  Ce  ne  fut  qu'après  ce  nouvel 
échec,  qui  eut  probablement  lieu  en  janvier  ou 
février  121 8,  que  le  comte  de  Montfort  se  décida 
à  envoyer  des  prédicateurs  en  France  pour  y  lever 
de  nouvelles  troupes  (vers  7090  &  suiv.).  Il  les  fit 
accompagner  par  sa  femme  &  plusieurs  chevaliers 
dévoués.  —  Pendant  les  mois  qui  suivirent,  les 
opérations  paraissent  s'être  ralenties  quelque  peu. 
Les  barons  toulousains  s'occupèrent  à  ravitailler 
la  ville  (vers  7142  &  suiv.),  &  le  comte  de  Com- 
minges alla  même  défendre  ses  domaines  contre 
les  incursions  du  Français  Jori.  —  Quand  arriva 
Pâques,  qui,  cette  année,  tombait  le  i5  avril,  les 
combats  recommencèrent  sans  plus  de  succès  pour 


Montfort,  dont  le  découragement  croissait  de  plus 
en  plus,  au  rapport  même  de  son  panégyriste, 
Pierre  de  Vaux-Cernay.  Tous  ces  combats  avaient 
lieu  sur  le  pla  de  Montolieu,  à  l'est  de  la  cité, 
qui,  au  rapport  du  poëte,  était  devenu  un  vrai 
charnier. 

Vers  la  fin  de  mai,  arrivèrent  les  renforts  pro- 
mis par  le  cardinal  Bertrand,  qui  se  composaient 
principalement  de  Flamands  &  d'Allemands; 
parmi  eux  étaient  ce  Michel  de  Harnes,  que  cite 
dom  Vaissete  &  qui  était  l'un  des  héros  de  Bou- 
vines,  &  Araaury  de  Craon.  Le  poëte  prétend  que 
Montfort  avait  alors  près  de  cent  mille  combat- 
tants sous  ses  ordres;  c'est  sans  doute  une  exagé- 
ration poétique  (vers  7455  81  7456).  L'action  re- 
commence aussitôt  sur  les  deux  rives  du  fleuve; 
Montfort  est  repoussé  &  obligé  de  se  retirer  sur  la 
rive  droite.  Une  inondation  ayant  sur  ces  entre- 
faites enlevé  les  ponts  de  Toulouse,  Simon  revient 
attaquer  les  tours  qui  en  gardaient  la  tête  du  côté 
de  Saint-Cyprien  (vers  7571  &  suiv.).  Les  Tou- 
lousains jettent  un  pont  provisoire  sur  la  Ga- 
ronne, rétablissent  leurs  communications  avec  les 
défenseurs  de  ces  deux  tours,  &  parviennent  ainsi 
à  les  approvisionner  de  vivres  &  de  munitions. 
Enfin  la  tout  tombe  entre  les  mains  de  Montfort, 
qui  y  dresse  son  étendard.  —  Bientôt  nouveau 
renfort  pour  les  croisés;  le  comte  de  Saxe  arrive 
au  camp  avec  une  grande  troupe  d'Allemands 
(vers  7864  &  suiv.).  Malgré  ces  nouveaux  secours, 
les  Français  doivent  évacuer  la  tour  du  pont, 
après  y  avoir  mis  le  feu.  Une  troupe  de  croisés, 
ameiiée  par  Jori  &  Pierre  de  Voisins,  est  repoussée 
avec  perte  &  doit  repasser  la  Garonne  en  désordre. 
—  Désespéré  de  cet  insuccès,  Montfort  fait  ap- 
procher la  chatte  des  murs  &  l'applique  aux  forti- 
fications qui  longeaient  le  château  Narbonnais. 
Malgré  tous  ses  efforîr-  il  est  encore  oblige  de 
battre  en  retraite.   [A.  M.] 


TTTITs"    ''^^  HISTOIRE  GÉNÉRALE  PE  LANGUEPOC,  LIV.  XXIII. 


XXVIII.  —  Mort  de  Simon  de  Montfort. 

Simon,  impatient  de'  reprendre  la  ville  de  Toulouse,  fit  élever  vers  ce 
temps-là  une  grande  machine  de  charpente,  nommée  cate,  tant  pour  s'en 
servir  à  combler  le  fossé  que  pour  battre  les  retranchemens  dont  les  Toulou- 
sains avoient  ceint  leur  ville,  &  tenter  ensuite  l'assaut.  Cette  machine  n'ayant 
pas  réussi  à  son  gré,  il  commença  à  se  décourager.  Il  étoit  d'ailleurs  extrême- 
ment rebuté,  soit  par  la  longueur  £<.  les  fatigues  du  siège,  soit  par  les  grandes 
dépenses  où  il  s'étoit  engagé.  Enfin  il  étoit  sensiblement  piqué  des  fréquens 
reproches  que  lui  faisoit  le  cardinal  légat  qui  ne  cessoit  de  le  presser  d'avancer 
les  travaux  8c  qui  attribuoit  à  un  défaut  de  courage  &  à  son  peu  d'expé- 
rience dans  l'art  militaire  la  lenteur  du  siège;  en  sorte  que  la  vie  lui  étant 
ennuyeuse,  il  prioit  Dieu  de  le  retirer  du  monde.  Il  fut  bientôt  exaucé,  car 
étant  entré  le  lendemain  de  Saint-Jean-Baptiste,  iS  de  juin  de  l'an  1218, 
t'^ui°""<'o  <^l3"s  la  machine  dont  on  vient  de  parler,  une  pierre  lancée  d'un  mangon- 
neau  des  assiégés  l'atteignit  à  la  tête  &  l'étendit  roide  mort. 

C'est  ainsi  que  rapporte,  en  peu  de  mots,  les  circonstances  de  la  mort  du 
célèbre  Simon  de  Montfort,  un  ancien^  historien.  Elles  sont  décrites  un  peu 
différemment  &  dans  un  plus  grand  détail  par  un  auteur  contemporain^, 
son  zélé  partisan.  «  Le  comte  Simon,  dit  ce  dernier  historien,  tenoit  la  ville 
«  de  Toulouse  assiégée  depuis  neuf  mois,  lorsque  les  assiégés  se  disposèrent 
«  de  grand  matin  à  faire  une  sortie,  le  lendemain  de  la  Saint-Jean-Baptiste, 
«  dans  l'espérance  de  trouver  une  partie  des  François  endormis.  Ils  se  parta- 
<i  gèrent  en  deux  corps  dont  l'un  eut  ordre  d'attaquer  les  machines,  tandis 
Il  que  l'autre  feroit  une  irruption  dans  le  camp  des  croisés,  afin  de  les  obliger 
Il  à  diviser  leurs  forces.  Simon  assistoit  actuellement  à  matines  lorsqu'on  vint 
«  l'avertir  que  ses  ennemis  se  préparoient  à  faire  cette  sortie.  Il  ordonne  qu'on 
Il  lui  apporte  ses  armes,  8<.,  les  ayant  prises,  il  va  entendre  la  messe.  A  peine 
«  est-elle  commencée  que  les  Toulousains  défilent  dans  le  fossé,  enseignes 
Il  déployées  81  en  ordre  de  bataille.  Ils  se  séparent  ensuite  comme  ils  l'avoient 
«  projeté  :  une  partie  attaque  ceux  qui  gardoient  les  machines  &  l'autre 
«  marche  droit  au  camp.  On  vient  dire  aussitôt  à  Simon  de  courir  prompte- 
«  ment  au  secours  de  ses  troupes  que  les  Toulousains  poussoient  vivement. 
«  Ce  général  répond  qu'il  marchera  dès  que  la  messe  sera  finie;  dans  l'instant 
<i  un  nouvel  exprès  lui  annonce  que  ses  soldats  ne  peuvent  plus  soutenir  le 
«  choc,  qu'ils  commencent  à  plier  8c  qu'il  y  en  avoit  déjà  un  grand  nombre 
«  de  tués  ou  de  blessés.  Je  n'irai  pas,  répliqua  Simon,  que  je  n'aie  vu  aupa- 
«  ravant  mon  Rédempteur.  Enfin  le  prêtre  a\ant  levé  la  sainte  hostie,  il 
<i  récite  le  Niinc  dimittis,  part  8v  s'avance  dans  la  mêlée.  Son  courage  ranime 
«  celui  des  croisés,  8c  ayant  rétabli  le  combat,  il  fait  reculer  les  Toulousains 


'  Guillaume  de  Puylaurens,  c.  3o.  '  pierre  de  Vaux-C«rnay,  c.  ?ô. 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIII.  Siy 

i(  jusque  clans  leur  fossé.  Ces  peuples  continuent  cependant  de  taire  pleuvoir 
«  sur  les  assiégeans  une  grêle  de  pierres  &  de  traits  de  leurs  mangonneaux  8c 
<i  de  leurs  autres  machines.  Simon,  pour  se  parer  de  leurs  coups,  se  retire 
«  alors  devant  les  siennes,  à  l'abri  des  claies  qui  les  couvroient,  &  se  tient  là 
«  pour  s'opposer  aux  assiégés,  supposé  qu'ils  revinssent  à  la  charge  ;  mais  à 
«  peine  s'étoit-il  posté  dans  cet  endroit  qu'une  pierre,  partie  d'un  mangon- 
«  neau,  l'atteint  à  la  tête,  le  blesse  mortellement  8c  ne  lui  laisse  que  le  temps 
«  de  recommander  son  âme  à  Dieu,  après  quoi  il  expire  &.  reçoit  encore  cinq 
«  coups  de  flèches  dans  le  corps.  »  Tel  est  le  récit  de  Pierre  de  Vaux-Cernay 
qui,  étant  sur  les  lieux,  pouvoitêtre  bien  informé.  Quelques  modernes'  pré- 
tendent que  ce  fut  une  femme  qui  lança  la  pierre  du  mangonneau  dont  il 
fut  atteint.  D'autres'  disent  que  ce  fut  un  nain;  mais  nous  ne  trouvons  rien 
de  ces  circonstances  dans  les  anciens.  Après  ^  sa  mort,  un  de  ses  chevaliers 
couvrit  son  corps  afin  qu'on  ne  s'aperçût  pas  du  malheur  qui  venoit  d'arriver. 
Gui,  son  frère,  le  fit  emporter  ensuite  dans  la  tente  du  cardinal-légat.  Ce 
prélat  8c  l'évêque  de  Toulouse  qui  s'y  trouvoit,  furent  également  consternés 
d'une  si  grande  perte''. 

XXIX.  —  Eloge  de  Simon  de  Montfort.  —  15*0/1  fils  aîné  Amaiirï  lui  succède 

&•  continue  le  siège. 

Ainsi  mourut,  les  armes  à  la  main,  Simon  de  Montfort,  après  avoir  rempli 
la  chrétienté  du  bruit  de  ses  exploits  8c  de  ses  victoires.  Ce  fameux  capitaine, 
dont  les  anciens  historiens,  qui  sont  presque  tous  ses  panégyristes,  font  les 
plus  grands  éloges,  fut,  suivant  les  uns,  le  Judas  Machabée  de  son  siècle,  8c, 
si  on  en  croit  les  autres-',  il  doit  être  vegardé  comme  un  véritable  martyr. 
Nous  n'avons  garde  de  vouloir  rien  diminuer  de  la  gloire  qu'il  s'acquit,  à  si 
juste  titre,  par  ses  excellentes  qualités;  mais  on  ne  sauroit  disconvenir  qu'il 
n'ait  mêlé  quelques  défauts  à  un  plus  grand  nombre  de  vertus,  8c  il  est  aisé 
de  reconnoître,  en  lisant  dans  les  auteurs  du  temps  le  récit  de  ses  actions, 
qu'avec  beaucoup  de  piété,  un  zèle  ardent  pour  la  religion,  un  courage 
invincible,  une  extrême  valeur,  une  science  consommée  dans  l'art  militaire, 
8c  un  cœur  généreux,  bienfaisant  8c  libéral,  il  avoit  une  passion  démesurée 
de  s'agrandir  Se  d'élever  sa  famille  au  faîte  des  grandeurs;  qu'il  étoit  dur,  fier, 
inflexible,  colère,  vindicatif,  cruel  8c  sanguinaire.  Enfin  divers  auteurs"^  très- 

'  Zsnoix.,  Histoire  des  alh'igcii\s,\.  à.  de    cette    chronique   (voir    tome  VIII,   c.    I79)>    1« 

'  Histoire  généalogique  des  grands  officiers,  t.  6,  poëie  toulousain   attribue  à  des  femmes  l'honneur 

p.  -j't.  d'avoir  tué  le  chef  de  la  croisade  (vers  8449-8450). 

•  Voyez  tome  VIII,  c.  179.  Son  témoignage  donne  une  plus  grande  valeur  à 

'  Le  poète  place  la  mort  de   Montfort  dans   une  une  version    que    dom  Vaissete  avait    raison,    en 

sortie  des  assiégés  qu'il  venait  de  repousser,  comme  l'absence   de    toute   preuve   sérieuse,  de  considérer 

le   dit    Pierre   de   Vaux  Cernay,    sortie    qui    avait  comme  une  tradition  sans  valeur.    [A.  M.] 

pour  objet  de  détruire    la  chatte,   qui    gênait    fort  '  Pierre    de   Vaux-Cernay,    Guillaume    le    Bre- 

le»  défenseurs  de  la  ville.  Comme  l'Anonyme,  dont  ton,  &c. 

notre  auteur  n'a  pu  connaître  le  pabs.ige  puisqu'il  *  Guillaume    de    Puylaurens,   ce.    27    &    3o.   — ■ 

navait  à  sa   disposition   qu'un   manuscrit    mutilé  Raynaldi,  ad  ann.    Iîi7)  n.  ô.;. 


An  1218 


An  1218 


5i8  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  I  ANGUEDOC.  LÎV.  XXIII. 


pieux,  entre  les  anciens  &  les  modernes,  sont  persuadés  que  Dieu,  par  sa 
mort,  voulut  punir  son  ambition  &.  sa  négligence  à  corriger  les  désordres  des 
croisés. 
t.in,°p.'^îS?.  Simon  laissa'  d'Alix  de  Montmorenci ,  sa  femme,  quatre  fils  :  Amauri, 
Gui,  Robert  Se  Simon,  &  trois  filles.  Amauri  lui  succéda  dans  ses  dignités 
St  se  qualifia  comme  lui  duc  de  Narbonne,  comte  de  Toulouse,  vicomte  de 
Béziers  Si  de  Carcassonne,  Sic.  Gui  fut  comte  de  Bigorre  par  sa  femme;  ainsi 
qu'on  l'a  déjà  dit  :  Robert  mourut  sans  alliance.  Enfin  Simon  fut  comte  de 
Leycestre,  en  Angleterre,  Si  forma  la  branche  des  comtes  de  ce  nom  Si  de 
Noie.  Des  trois  filles  de  Simon,  les  deux  aînées,  Amicie  Si  Laure,  furent 
mariées,  la  première  à  Gaucher  de  Joigny,  Si  l'autre  à  Géraud  de  Pecquigny. 
La  troisième  se  fit  religieuse  à  Saint-Antoine-des-Champs  lès-Panis. 

Autant  la  mort  de  Simon  jeta  la  consternation  dans  le  camp  des  croisés, 
autant  causa-t-elle  de  joie  dans  la  ville  de  Toulouse  dont  les  habitans  se  virent 
délivrés  d'un  ennemi  extrêmement  dangereux.  Les  Toulousains^  étoient,  en 
effet,  presque  réduifj  aux  abois  par  les  fatigues  qu'ils  avoient  essuyées  durant 
un  si  long  siège  S<.  par  la  disette  qui  commcnçoit  déjà  à  se  faire  sentir  dans 
là  ville,  sans  espérance  de  la  ravitailler  Si  de  pouvoir  faire  leur  moisson.  A  la 
première  nouvelle  de  cette  mort,  ils  s'arment^  Si  font  une  vigoureuse  sortie 
sur  ceux  qui  avoient  attaqué  le  faubourg  Si  l'hôpital  de  San-Subra,  attaque 
que  Simon  de  Montfort  avoit  reprise  au  commencement  du  printemps,  après  ' 
avoir  reçu  les  renforts  qui  lui  étoient  venus  de  France.  Les  croisés,  ne  pouvant  ^ 
tenir  contre  l'effort  des  Toulousains,  prirent  la  fuite  après  avoir  eu  un  grand 
nombre  des  leurs  tués  sur  la  place,  Si  laissèrent  leurs  tentes  &.  leurs  équipages 
à  leurs  ennemis. 

Le  cardinal-légat,-de  l'avis  des  évêques  Se  des  principaux  chefs  de  l'armée, 
fit  prêter  cependant  serment  de  fidélité  8<  rendre  hommage  à  Amauri  de 
Montfort  par  tous  les  barons,  les  chevaliers  81  les  autres  seigneurs  à  qui  Simon 
avoit  inféodé  les  terres  du  pays.  Amauri,  voulant  ensuite  tirer  vengeance  de 
la  mort  de  son  père,  assemble  un  grand  nombre  de  chariots,  les  fait  remplir 
de  paille,  de  sarmens  Si  d'autres  matières  combustibles,  Si,  après  les  arvoir  fait 
conduire  le  plus  près  qu'il  étoit  possible  des  portes  de  la  ville,  il  y  fait  mettre 
le  feu.  Les  assiégés  accourent  aussitôt  pour  l'éteindre,  81  donnant  en  même 
temps  sur  ceux  qui  conduisoient  les  chariots,  les  font  passer  au  fil  de  l'épée, 
s'avancent  vers  le  camp,  y  mettent  le  désordre  Si  rentrent  enfin  dans  la  ville 
chargés  des  dépouilles  des  croisés'^. 

■  Histoire  généaîdgi^tte  des  grands  officiers,  t.  6,  *  Le  poei?,  après  avoir  raconté  le  conseil   tertii 

p.  74  8c  siiiv.  par  les  chefs  croisés,  parle  aussi  de  cette  tentative 

'  Guillaume  de  Pujflaurens,  c.  3:>.  d'Amaiiri.  Elle  dut  lieii  pendant  une  grande  tem- 

'  Pierre    de    Vau5t-Cernay,    c.     86.    —   Voyez  pête,  qui    arriva    le   dimanche   après   la    mort   d* 

torrie  VIII,  ce.   lyp,    l&o.  —  Guillem   de  Tudèle,  Simon,   c'est-à-dire  le  premier  juillet.   Les  Frari- 

Vers  8483-8490.  Suit,   dans   le  poëme,  vers  8491-  çais   comptaient   sur   l'aide   du   vent   (vers   85c3- 

8,5o2,  la  description  de  la  joie  du  peuple  de  Tou-  8633).   Le   courage  des  assiégés    &  leur  résistance 

louse,  en  apprenant  la  mort  du   comte  de  Mont-  opiniâtre   les   força  à  rentrer  dans  leur  camp  sans    - 

fort.   [A.  M.]  avoir  réussi.    fA.  M.] 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIII. 


"9 


An  1218 


XXX.  —  Amaiiri  de  Montfort  lève  le  siège  de  Toulouse  6-  emporte 
à  Carcassonne  le  corps  de  son  père, 

Amauri,  le  cardinal-légat  8c  les  principaux  seigneurs  de  l'armée  se  ren- 
dirent quelques  jours  après  à  Pamiers,  où  l'abbé  &  les  cbanoines  du  monas- 
tère de  Saint-Antonin  de  Frédélas  appelèrent  le  premier'  en  pariage  de  la 
seigneurie  de  cette  ville,  comme  ils  avoient  fait  à  l'égard  de  Simon  de  Mont- 
fort,  son  père.  Amauri  leur  prêta  serment  de  fidélité  le  même  jour,  8  de 
juillet,  dans  l'église  du  monastère,  &  ayant  pris  possession  de  la  ville  &  du 
château  de  Pamiers,  il  retourna  au  camp  devant  Toulouse  8t  continua  encore 
pendant  quelque  temps  le  siège,  sans  oser  toutefois  rien  entreprendre  de 
considérable;  voyant  enfin  qu'il  n'étoit  pas  assez  fort  pour  se  rendre  maître 
de  la  ville,  soit  par  la  désertion  des  gens  du  pays  qu'il  avoit  pris  à  sa  solde  8c 
qui  se  déclaroient  contre  lui,  soit  par  le  défaut  de  vivres,  par  l'épuisement  de 
ses  finances  &c  l'empressement  qu'avoient  les  croisés  de  s'en  retourner,  il  se 
détermina  à  décamper,  quoique  avec  beaucoup  de  peine,  à  la  persuasion  de 
Gui,  son  oncle  8c  son  principal  conseiller,  dans  l'espérance  de  venir  reprendre 
le  siège  au  printemps  suivant  avec  de  plus  grandes  forces.  Il  fit  mettre  le  feu 
à  toutes  les  baraques  que  ses  troupes  avoient  faites  pour  se  loger  8t  se  mit  en 
marche^,  le  jour  de  Saint-Jacques,  iS  de  juillet.  Il  fit  aussi  mettre  le  feu  au 
château  Narbonnois  qu'il  abandonna;  mais  les  assiégés  l'eurent  bientôt  éteint. 
Amauri,  suivi  du  cardinal-légat,  de  l'évêque  de  Toulouse  8c  du  débris  de  son 
armée,  se  rendit  à  Carcassonne  8c  emporta  avec  lui  le  co'rps  de  Simon,  son 
père,  qu'il  avoit  fait  ensevelir  à  la  manière  de  France  {more  Gallico)  8c  qu'il 
mit  en  dépôt  dans  la  chapelle  de  Sainte-Croix  de  la  cathédrale  de  cette  ville. 
Il  lui  fit  faire  ensuite  des  obsèques  magnifiques;  on  prétend  qu'il  le  fit  inhu- 
mer dans  cette  même  chapelle  8c  on  ajoute^  qu'une  grande  pierre,  qu'on  voit 


■  Voytz  tcmeVlIl,  Chartes,  n.  XCIII,  ce.  SyS, 
J79. 

"Catel,  H'ntdire  ie  Toulouse,  p.  3i5.  —  Cf. 
Giiillem  de  Tiidèle,  vers  8634  Sa  siiiv.  Cette  retraite 
avait  i\é  précédée  d'un  long  intervalle  d'inaction 
8c  de  loisirs  forcés.  Voir  vers  8634.    [A.  M.] 

'  Besse,  Histoire  des  comtes  de  Carcassonne,  p.  i.^o 
8t  suivantes,  [Voyez  l'épitaphe  ironique  du  poète, 
Vers  8681-8700.]  Quant  au  tombeau  de  Simon  de 
Montfort,  cjue  Besse  dit  avoir  vu,  il  a  sans  doute 
fait  confusion  ;  du  moins  on  n'a  jamais  retrouvé 
la  pierre  dont  il  parle,  &  l'épitaphe  qu'il  invente 
bu  transcrit  n'est  pat  autre  chose  que  tout  un 
long  passage  du  récit  de  la  mort  de  Simon  par 
Pierre  de  Vaux-Cernay.  Des  recherches  faites  dans 
ce  siècle-ci,  à  Carcassonne,  par  M.  Dumège,  ame- 
nèrent la  découverte  d'un  bas-relief  grossièrement 
sculpté  &  représentant  plusieurs  scènes,  dans  les- 
quelles ce  savant  paraît  assez  disposé  à  voir  la 
représentation  de  la  mort  du  chef  de  la  croisade 


devant  Toulouse.  M.  Dumège  ne  présente  d'ailleurs 
•on  opinion  qu'avec  une  grande  réserve.  Sans 
vouloir  nous  prononcer  à  ce  sujet,  nous  ferons 
remarquer  que  le  bas-relief  en  question,  à  le  bien 
examiner,  ne  présente  peut-être  pas  tous  les  dé- 
tails caractéristiques  qu'on  a  voulu  y  voir.  C'est 
un  siège  de  ville  assez  grossièrement  représenté} 
dans  l'intérieur  de  la  ville  a  lieu  une  scène  de 
meurtre  :  un  homme  est  étranglé  par  deux  au- 
tres personnages,  tandis  qu'un  troisième  le  poi- 
gnarde. Les  costumes  sont  du  commencement  du 
treizième  siècle;  mais  le  fait  est  tellement  rare 
d'un  artiste  de  cette  époque  représentant  ainsi  un 
fait  tout  contemporain,  qu'il  est  plus  prudent  de 
ne  point  conclure,  sous  peine  peut-être  de  pren- 
dre pour  la  représentation  du  siège  de  1218  un 
épisode  de  l'histoire  biblique.  Ce  bas- relief  a  été 
reproduit  plusieurs  fois  8c  notamment  dans  l'édi- 
tion de  M.  Dumège,  t.  5,  aux  Additions.  Voir 
aussi  Mahul,  t.  5,  pp.  294,  295,  d'après  M.  Cros- 


An   i2i( 


0  20  HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.   LIV.  XXIII. 


encore  au  devant  de  la  cathédrale  de  Carcassonne,  où  Simon  est  représenté 
armé,  avoit  été  préparée  pour  être  mise  sur  son  tombeau  ;  mais  qu'elle  ne  fut 
t1u°'^'^3o6  P^^  posée,  à  cause  qu'ayant  été  enfin  achevée,  Amauri  fut  assiégé  dans  Car- 
cassonne &  obligé  de  sortir  de  cette  ville  :  on  rapporte  même  l'épitaphe  de 
Simon;  mais  c'est  une  pièce  fabriquée  de  nos  jours,  sur  les  propres  paroles 
du  dernier  chapitre  de  l'histoire  de  Pierre  de  Vaux-Cernay.  Ce  qu'il  y  a  de 
vrai  ',  c'est  que  le  corps  de  Simon  de  Montfort  fut  apporté  en  France  avec 
celui  de  Giii,  son  fils,  &  inhumé  dans  le  monastère  de  Hautes-Bruyères  de 
l'ordre  de  Fontevrault,  situé  à  une  lieue  de  Montfort-l'Amaury.  On  l'enterra 
au  milieu  de  l'église  de  ce  prieuré,  devant  le  grand  autel,  sous  une  pierre 
plate,  avec  sa  femme.  Sa  figure  est  sur  un  pilier,  proche  la  grande  grille,  la 
face  tournée  vers  cet  autel  &  les  mains  jointes^. 

XXXI.  —  Amauri  de  Montjbrt  se  tient  sur  la  défensive  6-  se  fait  reconnaître 

dans  ses  nouveaux  domaines. 

Amauri  •'',  après  avoir  rendu  les  derniers  devoirs  au  comte,  son  père, 
assembla  les  principaux  des  croisés  qui  l'avoient  suivi  &  les  pria  instamment 
de  demeurer  encore  quelque  temps  avec  lui  pour  l'aider  à  défendre  ses 
domaines  &  tenir  la  campagne;  mais  la  plupart  s'excusèrent.  Le  cardinal 
Bertrand  lui  conseilla  alors  de  se  contenter  de  mettre  de  bonnes  garnisons 
dans  les  places,  en  attendant  qu'il  pût  lui  procurer  un  secours  suffisant  pour 
assiéger  de  nouveau  Toulouse.  Il  renvoya  cependant  Foulques,  évêque  de 
cette  ville,  à  la  Cour  pour  prier  le  roi  d'envoyer  de  nouveaux  renforts.  Se 
demanda  à  Rome  des  bulles  pour  faire  prêcher  partout  la  croisade  contre  les 
Toulousains.  Le  comte  de  Saxe,  qui  s'étoit  trouvé  au  siège  de  Toulouse,  partit 
bientôt  après  pour  s'en  retourner  dans  ses  États  :  avant  son  départ  il  con- 
seilla à  Amauri  de  conclure  quelque  traité  avec  le  comte  Raimond;  mais  le 
légat  rejeta  bien  loin  ce  conseil  &  déclara  qu'il  aimeroit  mieux  être  écorché 
tout  vif,  que  de  ne  pas  tirer  vengeance  de  la  mort  de  Simon  de  Montfort. 
Plusievirs  villes,  qui  avoient  été  soumises  à  ce  dernier,  entre  autres  celle  de 

ÎAaytiy'ieWe,  La  monuments  de  Carcassonne,  fp.  ~i,  quels    dix    livres    par    an    pour    le    chapelain    & 

175,  177.    [A.  M.]  trois    livres    pour    le    luminaire.    Cette   charte  fut 

'Histoire   de   Philippe   de   Mouskes,   inss.   de   la  confirmée  par  saint  Louis  en  lîSp.  (Cf.  notre  Ca- 

Bibliothèque   du    roi,   p.    160.    [Edit.   Reiffenberg,  talogue,  n.   176.)  Un    peu    avant  sa    mort,  proba- 

t.   3,  pp.   383,   384.]  —  Histoire  généalogique  des  blement  vers    1217,  Simon   de  Montfort  avait   en 

grands  officiers,  t.  6,  p.  74  &  suiv.  outre  donné  au  chapitre  cathédral  de  Carcassonne 

'  Dom   Vaissete    ne    parle    pas   des    fondations  le   lieu   de  Villalier,  dans   le  Carcasses.   L'acte  de 

pieuses,  faites  peu  après  ces  funérailles  de  Simon  cette   donation    ne    nous    est   pas   parvenu;    mais 

de   Montfort   dans   l'église   cathédrale  de  Carcas-  elle  est  mentionnée  dans  une  enquête  du  treizième 

sonne,  par  sa  femme  &  ses  enfants.  Par  acte  d'oc-  siècle.  (Cf.  notre  Catalogue,  n.  149.)  Sur  le  sort  de 

tobre  rïip,  Alice  de  Montfort  &   ses  fils  Amauri  ces   fondations,  qui   subirent   plus  tard   plusieurs 

&  Gui   confirmèrent  la   fondation  jadis  faite  par  transformations,   voyez   Mahul,  t.   5,  pp.   290  & 

leur  époux   &  père   d'un   chapelain    dans   l'église  549.   [A.  M.] 

Saint-Nazaire.  A  cette    fondation    fut   attaché    un  '  Voyez  tome  VIII,  c.   i83.  —  [Guiilem  de  Tu- 
revenu    hebdomadaire  de  cinq   sous   de  Melgueil,  dèle,  vers  870  1-8780.] 
payable    par   le   salin    de    Carcassonne,    sur    les- 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIII.  5:1 

Limoux',  écrivirent  à  Amauri  pour  lui  donner  des  marques  de  leur  fidélité. 
On  assure^  que  ce  comte,  en  reconnoissance  de  l'affection  que  Limoux  lui 
témoigna  en  cette  occasion,  l'érigea  en  ville,  de  simple  château  qu'il  étoit 
auparavant;  que  depuis  ce  temps-là  elle  devint  la  capitale  du  Razès  ;  qu'il  y 
fonda  le  couvent  des  religieux  de  la  Trinité  8c  qu'il  y  fit  d'autres  fondations 
pour  l'âme  de  Simon,  son  père^. 

XXXII.  —  Raîmond  FI,  comte  de  Toulouse,  fait  ses  dernières  dispositions. 

Le  comte  de  Toulouse,  durant  le  siège  de  cette  ville,  y  fit ■*  un  testament, 
le  3o  de  mai  de  l'an  1218,  en  présence  de  son  cher  cousin  Bernard,  comte  de 
Comminges,  de  Dalmace  de  Creixel,  de  Roger-Bernard  (de  Foix)  &  de  Rai- 
mond  de  Recald-^,  l'un  de  ses  principaux  officiers.  Il  déclare  dans  cet  acte  qu'il 
s'est  déterminé  à  le  faire  par  la  crainte  des  jugemens  de  Dieu,  8c  ordonne 
que  tous  les  revenus  qu'on  retireroit  de  ses  métairies  du  Toulousain  seroient 
remis  aux  hospitaliers  8c  aux  templiers  de  Toulouse  pour  être  distribués  aux 
pauvres  par  les  frères  de  ces  deux  milices,  par  le  comte  de  Comminges,  par 
les  trois  autres  témoins  déjà  nommés  Se  les  consuls  de  Toulouse.  Il  dispose 
ensuite  de  tous  ses  biens  meubles  8c  immeubles  en  faveur  de  son  fils  Rai- 
mond,  à  la  miséricorde  duquel  il  laisse  Bertrand,  son  fils.  Enfin  il  révoque 
tous  ses  autres  testamens.  Le  jeudi  5  de  juillet  il  déclare,  par  un  acte^ 
authentique,  qu'il  se  donne  pour  le  salut  de  son  âme  Se  la  rémission  de  ses 
péchés  à  l'hôpital  de  Saint-Jean  de  Jérusalem,  comme  il  l'avoit  déjà  fait 
longtemps  auparavant,  8c  promet  solennellement  à  Aymar  de  Cabanes,  com- 
mandeur des  hospitaliers  de  Toulouse,  de  ne  prendre  leur  habit  ailleurs  que 
dans  leur  hôpital,  où  il  veut  être  inhumé,  en  cas  qu'il  vînt  à  décéder  avant 
cette  cérémonie.  Aymar  de  Cabanes  le  reçut  ensuite,  au  nom  de  Bertrand, 
prieur  de  Saint-Gilles,  pour  frère  de  cet  hôpital,  le  fit  participant  de  tous  les 
biens  spirituels  8c  temporels  de  l'ordre  en  deçà  8c  au  delà  de  la  mer  Se  lui 
promit,  au  nom  du  même  prieur  de  Saint-Gilles,  de  lui  donner  l'habit  des 
hospitaliers,  ([uand  il  jugeroit  à  propos  de  le  prendre.  Ce  sont  les  dernières 
dispositions  de  Raimond  VI,  comte  de  Toulouse.  Il  paroît  qu'il  pourvut  en 
même  temps  au  payement  de  ses  dettes,  car  nous  avons  un  acte'',  du  mois  de 
juillet  de  l'an  12 18,  par  lequel  le  jeune  Raimond  donne  à  Jourdain  de  Sapiac 
la  forteresse  de  l'île  Amade  pour  la  sûreté  des  sommes  que  le  comte,  son  père, 
lui  devoit. 

'  V'oy«2  tome  VIII,  Chartes,  n.  CXXVI,  c.  711.  accords  passés  entre  l'abbaye  &  Simon  de  Mont- 

'  Besse,  Histoire  Jei  comtes  de  Carcassonne.  [Cette  fort.    C'était    l'exécution    de    l'accord    ménagé    en 

assertion  de  Besse  ne  repose  sur  aucun   texte  con-  m  5,  entre  l'abbé  &  le  comte,  par  Thédise,  évêqne 

temporain  &  paraît  sans  fondement.]  d'Agde,   &   plusieurs    autres   arbitres.  Voyez    plus 

'  Le  22   février  1219  (tome  VIII,  ce.  721,  722},  haut,  pp.  46^)  &  466.    [A.  M.] 

l'abbé    de    La   Grasse,    Guillaume,    déclara    avoir  *  Lah\\[e,  Jnnales    Je    Toulouse,  t.  1,   preiiv.;, 

reçu    l'hommage  d'Amauri   de  Montfort  pour   les  p.   124  &  suiv. 

châteaux  tenus  jadis  du  monastère  par  les  vicom-  '  [Corrige-^  Ricaud.| 

tes  de  Carcassonne  &  par  certains  chevaliers,  châ-  '  Catcl,  Histoire  des  comtes  de  Tolose,  p.  3i8. 

teaux   dont   les   noms  étaient    rapportés  dans    les  '  Tome  VIII,  Chartes,  n.  CXXIII,  ce.  697,  698. 


Ail  121 S 


"" r~  02  2  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LlV.  XXIII. 

An  1218 

XXXIII.  —  Le  jeune  Raïmond  recouvre  une  partie  de  Vylgenois,  6*  le  comte 

de  Comm'mges  ses  domaines. 

Ce  jeune  prince,  voulant  profiter  de  la  déroute  des  croisés,  partit  pour 
l'Agenois  à  la  tête  d'un  corps  de  troupes,  dans  le  dessein  de  remettre  le  pays 
sous  son  obéissance.  Il  se  rendit  d'abord  à  Condom  &  ensuite  à  Marmande  Se 
Éd.origm._  à  Aiguillon;  il  fut  reçu  '  partout  avec  une  extrême  joie,  &  les  peuples  firent 
main  basse  sur  les  garnisons  que  Simon  de  Montfort  avoit  établies  chez 
eux.  Le  comte  de  Comminges  se  mit  aussi  en  campagne,  recouvra  tous  les 
domaines  que  Simon  de  Montfort  lui  avoit  enlevés  Si  fit  mourir  Joris,  que  ce 
général  avoit  établi  pour  gouverneur  dans  le  pays,  St  la  plupart  des  autres 
François  qui  s'y  trouvèrent. 

XXXIV.  —  Le  pape  s'intéresse  en  faveur  d'Amaurï.  —  Les  Avignonois  font 

mourir  Guillaume  de  Baux,  prince  d'Orange. 

Le  pape  Honoré,  informé  de  cette  révolution,  en  témoigna  beaucoup  de 
chagrin.  Il  ordonna^,  le  11  d'août,  à  tous  les  évêques  de  France  d'engager 
les  peuples  de  leurs  diocèses,  qui  ne  s'étoient  pas  encore  croisés  pour  la  Terre- 
Sainte,  à  s'armer  &  à  marcher  incessamment  au  secours  d'Amauri  de  Mont- 
fort pour  l'aider  à  venger  la  mort  du  comte,  son  père,  8c  celle  de  Guillaume 
de  Baux,  prince  d'Orange,  que  les  Avignonois  avoient  tué  8t  mis  en  pièces. 
Un  historien^  du  temps  fait  mention  de  la  mort  tragique  de  ce  dernier,  qui 
fut  pris  par  les  Avignonois  dans  le  temps  qu'il  leur  faisoit  la  guerre,  qu'ils 
écorchèrent  tout  vif  Se  qu'ils  coupèrent  en  petits  morceaux.  Nous  avons  encore 
un  bref**  du  pape  Honoré,  daté  de  la  troisième  année  de  son  pontificat)  par 
lequel  «  il  ordonne  à  tous  les  fidèles  de  courir  sus  aux  Toulousains  Si  aux 
«  Avignonois,  k  Pvaimond,  comte  de  Toulouse,  à  son  fils,  aux  comtes  de  Foix 
«  81  de  Comminges,  81  à  leurs  enfans,  pour  avoir  tué  81  mis  en  pièces  Guil- 
«  laume  de  Baux,  prince  d'Orange,  n 

Dans  d'autres  lettres  que  le  pape  adressa,  le  i3  d'août  de  l'an  î2i8,  au^  roi 
Philippe-Auguste  81  au  prince  Louis,  son  fils,  il  déplore  la  perte  de  Simon 
de  Montfort,  exhorte  le  roi  à  envoyer  son  fils  à  la  tête  d'une  puissante  armée 

/ 

■  Voyez  tome  VIIl,  c.  184.  "-  [GuilUnl  it  Tu-  Haute-Garonile,  arr.  de  Saint-Gaudens)  ;  après  \in 

dèle,  vers  8781-8789.]  —  Le  combat  du   comte  de  rude  combat,   Jori   est  fait  prisonnier  &  toute  sa 

Comminges  contre  Jori  est  raconté  par  l'Anonyme  troupe  rest*  sur  le  champ  de  bataille.  [A.  M.] 

en  quelques  lignes;  il  occupe  dam  le  poëme  les  '  Raynaldi,  année  1218^  n.  55. 

vers  879:)  à  8940.  Voici  le  résumé  de  cette  affaire  :  '  Nicolas   de   Braye,   GestA    Ludovici   VllI,   ap; 

Jori,  maître  de  Saint-Gaudens,  ravageait  le  paysj  Duchesne,  t.  5,  p.  317. 

le   comte   de   Coraraiiiges    rassemble   l'élite  de   ses  *  Tréiot  àei  ch&ru%.  Bulles  contre  lei  hérétiques, 

chevaliers    &  se    met   à   sa    poursuite.   Il    passe    à  n.  i5.    [J.  43o;   Teulet,    t.    I,   p.   466;    Potthast; 

Martres  ajSrès  lui,  arrive  à  Saint-Elix  à  force  de  n.  5888.] 

thevaux,   &  s'engage   ensuite   dans   les  montagnes  'Duchesne,    Scriptores  i   t.   5,    p.   85i    &  suiv. 

qui    séparent    la    Haute-Garonne    &   le   Gers.   Il  [Potthast,    n.   5889;   autre    lettre   pour  le   même 

l'atteint  enfin  vers  Palmiers  (La  Bastide-Paumèsi'  objet  au  prince  Louis,  iHd.  n.  5890.] 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIIL  5:3 

au  secours  d'Amauri,  &  leur  accorde  une  indulgence  plénière,  de  même  qu'à 
ceux  qui  prendroient  part  à  cette  expédition.  Il  confirma  '  quelques  jours 
après  Amauri,  à  la  demande  de  ce  seigneur,  dans  la  possession  des  villes  de 
Béziers,  Carcassonne,  Albi,  Toulouse  Se  Montauban,  Si  de  tous  les  autres 
pays  conquis  sur  les  hérétiques  dont  le  pape  Innocent  III  &  le  concile  de 
Latran  avoient  disposé  en  faveur  de  Simon,  son  père,  &  de  ses  héritiers;  à 
la  charge  que  chaque  maison  de  la  conquête  payeroit  trois  deniers  par  an  au 
Saint-Siège.  Le  pape  ayant  appris^  depuis  que  le  roi  se  disposoit,  avant 
même  que  d'avoir  reçu  sa  lettre,  à  envoyer  des  troupes  au  secours  d'Amauri 
contre  les  Toulousains,  lui  écrivit,  le  5  de  septembre,  pour  le  prendre  sous 
sa  protection  avec  tout  son  royaume,  &  comme  le  roi  avoit  demandé  la  per- 
mission de  lever  le  vingtième  sur  tout  le  clergé  de  France  pour  fournir  aux 
frais  de  l'armement.  Honoré  la  lui  accorda  en  déclarant  par  une  autre  lettre 
à  tout  le  clergé  que  le  vingtième  qui  avoit  été  déjà  imposé  pour  le  secours 
de  la  Terre-Sainte,  seroit  partagé  8c  employé,  la  moitié  à  cette  expédition  8t 
l'autre  moitié  contre  les  Toulousains.  Le  pape  changea  de  disposition  deux 
jours  après  Se  destina  contre  ces  peuples,  par  un  bref  au  roi,  tout  ce  qui  pro- 
viendroit  du  vingtième  dans  les  provinces  d'Arles,  Vienne,  Narbonne,  Auch, 
Embrun  8c  Aix  avec  quelques  autres  secours^.  Le  prince  Louis  ne  vint  cepen- 
dant que  l'année  suivante  dans  la  Province. 

XXXV.  —  Amauri  parcourt  ses  domaines. 

Amauri,  pour  affermir  sa  domination  dans  les  pays  dont  il  venoît  d'hériter 
du  comte,  son  père,  les  parcourut  Se  s'y  ût  reconnoître  pour  seigneur.  Il  alla 
entre  autres  à  Albi,  où  il  donna^  pour  trois  ans,  le  21  de  septembre  de  cette 
année,  à  Guillaume,  évêque  de  cette  ville,  la  ferme  du  château  vieux  8c  de 
tous  les  autres  domaines  qu'il  avoit  à  Albi  S<  aux  environs;  il  se  réserva  seu- 
lement le  droit  de  chevauchée  8c  tous  les  François  qui  possédoient  quelques 
biens  dans  le  pays'.  De  là  il  se  rendit  à  Moissac,  où  il  fit  hommage'',  quatre 
jours  après,  à  Raimond,  abbé  du  monastère,  8c  confirma  les  accords  que  le 
comte,  son  père.  Se  l'abbé  de  Moissac  avoient  passés  au  sujet  du  domaine  de 
cette  ville.  Le  comte  Gui,  oncle  d'Amauri,  Bertrand  de  la  Roque,  comman- 

'  Raynaldi,  année   iîi8,  rt.   H^.  —  Duchesne,  (Potthast,  n.  SçSo).  Ert  outre,  le  pape  Manda  au 

t.  5,  p.  853  &  SUIT.   [Potthast,  n.  SSpS;  lettre  du  cardinal,  deux  jours  plus  tard,  d'engager  ce  raême 

17  août  1218.]  évêque  à  se  démettre  de  ses  fonctions  épiscOpales, 

'Duchesne,    t.  5,   p.  804    &  suiv.    [Potthast,  "  qu'il   remplit  depuis   longtemps  d'une  manière 

h"'  5900,  6901,  5902,  5903.]  indigne.  »  [Potthast,   n.  5932.)  Ce  sont  les  termes 

'  [Potthast,  n.  ^904.]  de   la    bulle;  à  moins  d'y  voir  une   allusion   à  ce 

'  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  CXXVII,  ce.  712  fait    de    la    remise  de    Lescure   aux  Toulousains, 

8t  714.  nous  ignorons  sur  quoi  se  base  ce  jugement  sévère 

'  Malgré  cette  concession  du   comte  de   Mont-  &  peu  mérité.  [A.  M.] 
fort,  Guillem  Peire,  évêque  d'AIbi,    parut  suspect  *  Archives  de  l'abbaye  &  de  l'hôtel  de  ville  de 
au  pape.  Le  26  novembre  1218,  Honorius  III  lui  Moissac.  —  Gallia  Christiana,  nov.  éd.   t.  6,  app. 
ordonne  de  restituer  au   lé^at  le  château  de  Les-  p.  41.   [Catalogue,   n.    167J   l'acte  est  du  l6  sep- 
cure,  qu'il  avait,  paraît-il,  livré  aux  Toulousains  tembrc  1218.]  / 


An  1218 


t.  111,  p.  3o8. 


■; ~   5:4  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIII. 

An  iiiB  ' 

deur  du  Temple  du  bailliage  du  Toulousain,  £<.  Pierre  de  Bart,  maître  de  la 
commanderie  de  Ville-Dieu,  furent  présens  à  cet  acte.  Enfin  nous  en  trou- 
vons un  '  d'Amauri,  daté  de  Gontaud,  en  Périgord,  le  8  d'octobre  1218,  sui- 
vant lequel  il  donne  le  gouvernement  du  château  de  Montastruc  à  Etienne 
de  Feriol,  son  vassal,  en  présence  de  Gui  de  Montfort,  son  oncle,  de  Gui, 
comte  de  Bigorre,  son  frère,  de  Begon  &  de  Nompar  de  Caumont,  Sic. 

XXXVI.  —  Accord  du  comte  de  Toulouse  avec  le  seigneur  de  Sauve,  son 
petit-fils,  auquel  il  cède  ses  droits  sur  les  vicomtes  de  Millau  6-  de  Gé- 
vaudan. 

Éd. oiigin.  Le  coiiite  de  Toulouse  étoit  alors  à  Perpignan,  où  il  donna  en  fief,  le 
9  d'octobre^,  à  Pierre-Bennond  de  Sauve,  son  petit-fils  par  sa  fille  :  1°  Le 
château  de  la  Roque-Valsergue,  en  Rouergue,  avec  toutes  ses  dépendances, 
qu'il  avoit  acquis  en  échange  tant  de  feu  Pierre- Bermond,  son  gendre,  père 
du  même  Pierre,  que  de  Bernard  d'Anduze,  aïeul  de  ce  dernier.  2°  La  somme 
de  quatre  mille  marcs  d'argent  fin  pour  laquelle  feu  Pierre,  roi  d'Aragon,  lui 
avoit  engagé,  en^  1204,  les  comtés  de  Millau  tS*  de  Gévaudan,  avec  les  droits 
qu'il  pouvoit  avoir  d'ailleurs  sur  ces  deux  comtés.  3°  La  suzeraineté  &  la 
domination  qu'il  avoit  sur  les  terres  de  Raimond  Pelet.  4°  Le  droit  Se  la 
domination  qu'il  avoit  sur  les  terres  de  Bernard  d'Anduze,  oncle  paternel  du 
même  Pierre,  soit  que  Bernard  les  possédât  en  son  nom,  soit  en  celui  de 
Vierne,  sa  femme,  spécialement  le  château  de  Joyeuse,  en  Vivarais,  avec  pro- 
messe de  l'aider  à  recouvrer  tous  ces  domaines,  à  condition  que  Pierre  n'tn 
pourroit  disposer  qu'en  faveur  de  ses  frères  &  de  leurs  descendans  légitimes. 
Ce  seigneur  promit  de  son  côté  au  comte  de  Toulouse,  son  aïeul,  de  le  servir 
envers  tous  &  contre  tous,  excepté  contre  le  pape  &  le  roi  de  France,  à  moins 
qu'ils  refusassent  de  lui  faire  justice.  Le  comte  Raimond  se  réconcilia  ainsi 
avec  la  maison  de  Sauve,  branche  de  celle  d'Anduze,  très-puissante  dans  le  bas 
Languedoc.  Pierre -Bermond,  petit-fils  de  ce  prince,  renonça  sans  doute  alors, 
moyennant  cette  donation,  aux  prétentions  qu'il  avoit  sur  les  autres  domaines 
de  la  maison  de  Toulouse,  8c  dont  on  a  parlé  ailleurs.  Pierre-Bermond,  sei- 
gneur de  Sauve,  autorisa "*  en  12:5,  comme  suzerain,  en  présence  de  Pierre 
d'Auliret,  son  connétable,  &C.,  l'émancipation  que  Raimond  de  Ginestous, 
seigneur  de  Galargues,  fit  de  son  fils  Bégon.  Il  paroît,  par  ce  que  nous  venons 
de  dire,  que  le  comte  de  Toulouse  ne  jouissoit  pas,  en  12 18,  des  comtés  ou 
plutôt  des  vicomtes  "'  de  Millau  &  de  Gévaudan,  qui  lui  avoient  été  engagées 
parle  feu  roi  d'Aragon.  Les  légats  du  pape  s'en  étoient  saisis  durant  la  guerre 
Si  avoient  confié  la  garde  de  la  vicomte  de  Gévaudan  à  l'évêque  de  Mende. 
Quant  à  celle  de  Millau  "5,  le  pape  écrivit  vers  ce  temps-là  au  cardinal  Ber- 

'  Rcgistrum  curiae  Frrinciac.  [Cninlogiie,  n,  r68.]  '  Mss.  i'Auhays,  n.  i5-2. 

■Voyez  tome  Vin,  Chnrtcs,    n.  CXXX,  ce.  718  >  Voy«z  tome  IV,  2Vo«c  XXVI,  p.   .Jy. 

gl  721 .  '  Raynaldi,  an.  1 1  iS,  n.  7  1 .  [Potthast,  n.  jpiS  j 

>  Ibid.  n.  LXXX,  ce.  018  à  J2l.  lettre  dii  3i  octobre  1218. J 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIII.  5:5  T 

An  1218 

trand,  légat  dans  la  Province,  de  permettre  à  Jacques,  roi  d'Aragon,  d'en 
donner  le  gouvernement  â  sa  tante,  pourvu  qu'il  n'en  arrivât  aucun  mal  à 
l'Eglise  romaine.  Cette  tante  du  roi  d'Aragon  n'est  pas  différente  d'Eléonor, 
femme  du  vieux  comte  de  Toulouse  Si  sœur  de  Sancie,  femme  du  jeune 
comte. 

XXXVII,  —  La  ville  de  Nimes  ^  une  partie  du  Rouergue  &■  du  Querci 
rentrent  sous  l'obéissance  des  comtes  de  Toulouse. 

Sancie,  tandis  que  le  comte  de  Toulouse,  son  beau-père,  8c  le  jeune  comte, 
son  mari,  travailloient  à  rétablir  leur  autorité  dans  leurs  anciens  domaines 
81  à  recouvrer  les  pays  que  la  maison  de  Monttort  leur  avoit  enlevés,  se 
rendit  à  Nimes'  au  mois  de  novembre  de^  l'an  12 18.  Elle  fut  reçue  dans 
cette  ville  par  les  habitans,  qui  secouèrent  le  joug  d'Amaviri  de  Montfort  8c 
rentrèrent  sous  l'obéissance  du  comte  de  Toulouse,  leur  seigneur  naturel. 
Sancie,  en  reconnoissance,  confirma  leurs  privilèges,  tant  au  nom  du  comte, 
son  beau-père,  qu'en  celui  de  son  mari,  avec  promesse  que  ces  deux  princes 
ratiheroient  eux-mêmes  cette  concession.  Elle  approuva  en  même  temps,  au 
nom  des  deux  comtes,  tous  les  jugemens  qui  avoient  été  rendus  à  Nimes,  à  la 
cour  du  comte  de  Montfort,  pendant  tout  le  temps  qu'il  avoit  été  maître  de 
cette  ville  8c  accorda  enfin  aux  habitans  le  pardon  entier  du  passé.  Elle  donna 
pour  cautions  de  ses  promesses  les  consuls  8c  les  conseillers  d'Avignon,  de 
Tarascon,  Beaucaire  8c  Valabrègue.  Le  jeune  Raimond  remit  cependant  la 
plus  grande  partie  du  Rouergue  8c  du  Querci  sous  son  autorité,  8c  donna  en 
fief^,  étant  à  Najac,  le  dimanche  jour  de  l'Epiphanie  de  l'an  1218  (1219),  le  ~T 
château  de  Loupian  Se  de  Balaruc  Se  l'église  de  Palais,  dans  le  diocèse  d'Agde, 
à  Pierre  de  Mèze  8c  à  Pons  de  Cauce"*,  qui  promirent  de  le  servir  pour  ces 
domaines,  comme  de  fidèles  chevaliers,  envers  tous  8c  contre  tous,  en  présence 
de  CentuUe,  comte  d'Astarac,  Se  de  plusieurs  seigneurs.  Centulle  avoit  donc 
quitté  alors  le  parti  d'Amauri  de  Montfort.  Quant  au  vieux  comte  de  Tou- 
louse, il  se  rendit  à  Nimes,  au  mois  de  mars  suivant,  Se  il  y  ratifia  sans  doute 
alors  la  charte  de  la  comtesse  Sancie,  sa  bru. 

XXXVIII.  —  DiJJérend  entre  l'évêque  &  les  habitans  du  Puy  &•  quelques 

seigneurs  du  Vêlai. 

Le  Vêlai  n'étoit  pas  moins  agité  par  la  guerre  civile  que  le  reste  de  la  Pro- 
vince à  l'occasion  des  différends  qui  s'étoient  élevés  entre  Robert  de  Mehun, 

■  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  CXXIX,  ce.  yij  défense,  dut  se  soumettre  à  la  décision  des  consuls 

à  718.  &   fournir  caution.  Voyez    Ménard,    t.    i,    texte, 

'  Nimes  obéissait  encore  à  Simon  de   Montfort  p.  280,  81  preuves,  p.  62  h.    |A.  M.] 
en  mars  1218  (n.  st.),  &  il  était  alors  défendu  à  '  Voyez  tome  VIII,  Chartes,   n.  CXXIII  c.  698. 

tous  les  habitants  d'aller  dans  les  terres  des   par-  [L'acte  est  de  la  nuit  du  6  au  7  janvier  1219.] 
lisans  du   jeune  comte   Raimond.   Un   bourgeois,  *  [Corrige^   de   Caut   (Hérault],  canton   d«   ?i-  ' 

du  nom  de  Bertrand  Durîtnd,  ayant  enfreint  cens  zinas  ] 


An  1219 


i:6  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXlil. 


Éj.origin.  évÊque  du  Puv,  &  les  habitans  de  cette  ville.  Robert',  étant  de  retour  du 
concile  de  Latran,  se  rendit  au  Puy  suivi  de  Gui,  comte  de  Forez,  8<.  signifia 
aux.  habitans  un  bref  par  lequel  le  pape  Innocent  III  leur  ordonnoit  de  se 
soumettre  entièrement  aux  volontés  de  ce  prélat.  Cet  ordre  ne  fit  qu'irriter  le 
peuple  ;  on  courut  aux  armes,  &  Robert  fut  obligé  de  se  réfugier  en  Forez, 
d'où  il  lança  une  sentence  d'excommunication  contre  les  mutins,  après  quoi 
il  se  retira  dans  l'abbaye  de  Pontigni.  Le  pape  Honoré  III,  successeur  d'Inno- 
cent, informé  de  ces  désordres,  ordonna  aux  évêques  de  Mende  &  de  Mâcon 
de  travailler  k  ramener  les  habitans  du  Puy  à  leur  devoir;  mais  les  deux 
prélats  n'ayant  pu  rien  gagner,  il  confirma  la  sentence  d'excommunication; 
il  chargea  néanmoins  les  évêques  d'Auxerre  Si  de  Troyes  de  se  rendre  à  la 
cour  du  roi  Philippe-Auguste  pour  moyenner  la  paix  entre  l'évêque  &  les 
habitans  du  Puy  par  l'autorité  de  ce  prince.  Philippe,  ayant  écouté  les  par- 
ties, les  fit  convenir  des  articles  suivans,  contenus  dans  une  charte^  qu'il  fit 
expédier  à  Vernon,  au  mois  de  mars  de  l'an  1218  (1219)  :  1°  Les  habitans  du 
Puy,  quand  ils  voudront  faire  quelque  collecte  ou  imposition  de  taille,  seront 
obligés  de  notifier  au  roi,  en  la  personne  de  son  bailli  d'Auvergne  ou  à 
l'évêque,  la  somme  qu'ils  voudront  lever,  à  condition  que  cette  collecte  ne 
pourra  être  employée  ni  contre  l'un,  ni  contre  l'autre.  2°  Il  leur  est  permis 
d'avoir  un  sceau  povir  sceller  leur  lettre.  3°  Ils  sont  confirmés  dans  la  posses- 
sion des  biens  dont  ils  jouissoient  depuis  quarante  ans.  4°  Ils  sont  tenus  aux 
chevauchées  ou  au  service  militaire  en  faveur  de  l'évêque,  qui  sera  obligé  de 
les  protéger.  5°  Les  habitans  détruiront  toutes  les  fortifications  qu'ils  avoient 
faites  entre  le  cloître  ik  la  ville  à  l'occasion  de  la  guerre.  6°  Ils  seront  obligés 
de  plaider  devant  l'évêque,  sauf  l'appel  au  roi.  7°  Quand  quelque  malfaiteur 
se  réfugiera  dans  le  cloître  du  Puy,  les  habitans  pourront  le  dénoncer  à 
l'évêque  ou  à  son  bailli,  qui  le  feront  prendre  8t  punir  après  qu'il  sera  sorti 
de  cet  endroit  ou  de  tout  autre  lieu  saint.  8°  Enfin  la  commune  du  Puy  ne 
pourra  s'armer  que  pour  le  roi  6c  pour  l'évêque.  Il  sera  permis  toutefois  aux 
particuliers  de  marcher  en  armes  au  secours  de  leurs  amis,  pourvu  que  ce  ne 
soit  ni  contre  le  roi,  ni  contre  l'évêque,  ni  contre  l'église  du  Puy.  On  voit  à 
la  fin  de  cette  charte  le  nom  de  dix  des  principaux  habitans  de  cette  ville 
qui  se  rendirent  garans  du  traité  pour  la  somme  de  700  marcs  d'argent.  Le 
roi  confirma^  en  même  temps  les  privilèges  que  le  roi  Louis  le  Gros,  son 
aïeul,  &  le  roi  Louis  le  Jeune,  son  père,  avoient  accordés  à  l'église  du  Puy. 
L'évêque  de  Senlis  conduisit  ensuite  l'évêque  Pvobert  au  Puy;  les  habitans, 
après  avoir  demandé  pardon  à  ce  dernier,  se  réconcilièrent  entièrement  avec 
lui.  Robert  avoit  aussi  alors  avec  Pons  de  Montlaur  de  grands  démêlés  que 
Philippe-Auguste  termina  par  un  accord  qu'il  leur  fit  passer"*  à  Paris,  au  mois 
de  novembre  suivant.  Pons  déclara  entre  autres  tenir  du  roi  le  château  de 

'  Gallia    Christiana,   nov.    éd.    t.    2,    c.    709    &  '  Gallin  Ckrlstiana,  nov,  éd.  t.  2,  p.  709  &  seq. 

seq.  [Delisle,  ut  supra,  n.  iSpS.] 

"  Baluze,  Miscellanea,  t.  7,  p.  336.  [Cf.  Delisle,  ■*  Baltize,  Histoire  d'Auvergne,  t.  2,  p.  86  &.  seq. 

Catalogue  de  Philippc-Juguste,  n.   1892.]  [Cf.  tome  VIIÎ,  c.  72S,  729.] 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIII.  027   •" 

'        An  IZ19 

Montbonnet  St  cinq  autres  châteaux  du  Vêlai,  dont  il  fît  hommage  à  ce  prince 
envers  tous  8c  contre  tous.  Le  roi  donna  ensuite  des  lettres'  par  lesquelles  il 
confirma  les  privilèges  que  les  évêques  du  Puy  avoient  reçus  des  papes  &  des 
rois  ses  prédécesseurs  pour  que  personne  ne  pût  construire  de  nouvelles  forte- 
resses depuis  le  Rhône  jusqu'à  Aligne,  depuis  Alais  jusqu'à  Montbrison,  £<. 
depuis  Saint- Auban^  jusqu'au  Puy,  sans  sa  permission  &  celle  de  l'évêque 
du  Puy. 

XXXIX.  —  Evêques  du  Puy.  —  Vicomtes  de  Polignac. 

Robert  de  Mehun  ne  survécut  pas  longtemps  :  un  chevalier ^  du  pays, 
nommé  Bertrand  de  Cares,  qu'il  avoit  excommunié  pour  les  dommages  qu'il 
avoit  causés  à  son  église,  conjura  sa  perte  Se,  s'étant  associé  avec  une  troupe 
de  scélérats,  il  l'assassina,  le  21  de  décembre  de  l'an  12 19,  au  village  de  Saint- 
Germain  de  la  Prade,  auprès  de  l'abbaye  de  Doé,  oîi  ce  prélat  fut  inhumé'^. 
Cet  attentat  fît  une  peine  extrême  aux  habitans  du  Puy,  qui  s'armèrent  pour 
en  tirer  vengeance  Se  regrettèrent  fort  leur  évêque,  également  recomman- 
dable  par  les  qualités  du  corps,  par  sa  naissance  &  par  ses  mœurs.  Ils  fîrent 
la  guerre  aux  parens  de  Bertrand  8t  détruisirent  leurs  châteaux.  Ce  chevalier 
Se  ses  complices  obtinrent  toutefois  leur  absolution  à  Rome,  après  s'être  soumis 
à  une  pénitence  des  plus  rigoureuses''.  Un  historien^  du  temps  marque  que 
Bernard  de  Montaigu,  auvergnat,  neveu  par  son  père  d'Eustorge,  archevêque  '-.^j°''g'"- 
de  Nicosie,  de  Pierre,  maître  des  templiers,  de  Guérin,  maître  des  hospita- 
liers. Sec,  succéda  à  Robert;  mais  ce  Bernard,  qu'on  a  omis  dans  le  cata- 
logue des  évêques  du  Puy,  ou  ne  fut  pas  sacré  ou  ne  jouit  pas  longtemps  de 
cette  dignité,  car  Etienne  de  Chalançon  étoit  déjà  élu"^  évêque  du  Puy  au 
mois  d'août  de  l'an  1220.  Le  pape  Honoré  III  l'ordonna  diacre,  prêtre  8c 
évêque,  au  mois  de  juillet  de  l'an  1222,  6c  lui  donna  le  pallium-.  Ce  prélat 
établit  dans  sa  ville  épiscopale  des  couvens  pour  les  dominicains  Se  les  fran- 
ciscains, Se  eut  de  nouveaux  différends  avec  Pons  de  Montlaur  qu'il  prit  les 
armes  à  la  main  Se  qu'il  renferma  dans  les  prisons  de  l'évêché.  Ces  différends 
furent  accommodés,  au  mois  d'août  de  l'an   1222,  par  l'entremise  de  Gui, 

■  Manuscrits  de  Coliert,  n"'  2669  &  i6yo,  —  Cf.  '  Robertus  Altissiodorensis,  Continuation  année 
Delisle,  Catalogue,  n°'  içSS,  1934,  1935,  pp.  427,  1220.  —  Voyez   Gallia  Christiana,  nov.  éd.  t.  2, 
428.  —  Par  la  première  de  ces  chartes,  le  roi  règle  c.  709  &  suiv.  —  Raynaldi,  an.   1220,  n.  28. 
le  partage  des  pé.nges  entre  l'évèqiie  &  le  seigneur  '  Voyez  dans  F.  Mandet,  Histoire  du  Vêlai,  t.  4, 
de  Montlaur,  &  ordonne  à  ce  dernier  de  protéger  pp.  23  à  62,  le  résumé  des  principaux  auteurs  qui 
les  marchands  dans  un   rayon  déterminé.  Cet  ac-  ont  parlé  de  l'épiscopat  de  Robert  de  Mehun. 
cord  fut  ensuite  approuvé  par  l'évêque  Robert  de  [A.  M.] 
Mehun,  puis  par  Pons  de  Montlaur,  dont   nous  'Par   une   lettre   du    10   juillet    1220,    le   pape 
publions  la   charte  au   tome  ^'III  de   la    présente  enjoignit  aux  évêques  de  Viviers  &  de  Saint-Paul- 
édition  (voir  plus  haut).   [A.  M.]  Trois-Châteaux  de  contraindre  les  assassins  3  ac- 

'  C'est  soit  Saint-Alban  d'Ay  (Ardèche),  arron-  complir  la  pénitence  à  laquelle  ils  s'étaient  soumis 

dissement  de  Tournon,  soit  Saint-Alban  en  Mon-  (Potthast,  n.  6298).   [A.  M.] 

tagne  (Ardèche),  arrondissement  de  Largentière.  *  Albéric,  CAronicon,  an.  1219. 

[A.  M.]  '  Gallia  Christiana,  nov.  éd.  t.  2,  c.  709  &  seq. 


An  I2lr 


528  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  YXIII. 

comte  de  Forez,  qui  condamna  Pons  à  un  dédommagement  de  quatre  cents 
marcs  d'argent  en  faveur  de  l'église  du  Puy  &(.  à  faire  hommage  à  l'évêque. 
Etienne  de  Chalançon',  plusieurs  autres  prélats  8c  divers  barons  Si  gen- 
tilshommes furent  présens,  à  la  fin  du  mois  d'octobre  de  l'an  1228,  lorsque 
Pons  V,  vicomte  de  Polignac,  épousa  Adélaïde,  fille  de  Guarin,  seigneur  de 
Traîne).  Les  noces  furent  célébrées  à  Saint-Haond,  en  Vêlai,  &  Pons  assigna 
pour  le  douaire  d'Adélaïde  les  châteaux  de  la  Mote,  de  Cucé  &  de  Salesuit, 
avec  deux  cents  marcs  d'argent  sur  le  reste  de  ses  domaines.  Pons  fit  hom- 
mage lige  à  ce  prélat  l'année  suivante^  pour  la  vicomte  de  Polignac.  Il  étoit 
alors  fort  jeune,  car  en  1229  il  n'avoit  pas  encore^  vingt-cinq  ans,  mais  il 
avoit  atteint  cet  âge  en  i23i. 

XL.  —  Le  prince  Louis  marche  au  secours  d'Amauri,  qui  assiège 

Marmande. 

Louis,  fils  aine  du  roi  Philippe-Auguste,  se  disposa,  au  commencement  du 
printemps  de  l'an  12 19,  à  se  mettre  en  marche  pour  l'Aquitaine  St  à  venir 
ensuite  dans  la  Province  au  secours  d'Amauri  de  Montforf*.  Les  deux  comtes 
de  Toulouse  père  &  fils,  jugeant  que  l'armement  de  ce  prince  les  regardoit, 
employèrent  toute  sorte  de  moyens  pour  le  détourner  &  pour  engager  le  roi 
à  révoquer  l'investiture  qu'il  avoit  donnée  de  leurs  domaines  à  Simon  de 
Montfort  Si  à  Amauri,  son  fils.  C'est  ce  que  nous  apprenons  d'une  lettre^  que 
le  pape  Honoré  écrivit  au  roi,  le  i5  de  mai  de  cette  année,  par  laquelle  il 
l'exhorte  à  persévérer  dans  le  dessein  qu'il  avoit  formé  en  faveur  des  affaires 
de  la  foi  dans  les  pays  de  Toulouse,  81  à  ne  pas  se  laisser  surprendre  par  les 
Toulousains  8c  leurs  complices,  qui  le  pressoient  de  faire  une  nouvelle  dispo- 
sition du  comté  de  Toulouse  8c  des  pays  voisins,  u  Ce  seroit,  ajoute  le  pape, 
K  aller  directement  contre  les  statuts  que  l'Eglise  a  dressés  depuis  longtemps 
«  Si  contre  votre  honneur,  ayant  déjà  accordé  toutes  ces  choses  à  Simon  de 
(c  Montfort  d'illustre  mémoire,  8c  ensuite  à  notre  cher  fils  Amauri,  comte  de 
«  Toulouse.  Votre  excellence  voit  assez  que  le  but  des  Toulousains  81  de  leurs 
«  associés  est  de  rendre  inutiles,  ce  qu'à  Dieu  ne  plaise,  tous  les  préparatifs 
«  que  vous  avez  faits  pour  cette  affaire.  »  Le  pape  marque  ensuite  qu'il  est 
persuadé  que  le  roi  ne  se  laissera  pas  séduire  jusqu'au  point  de  faire  une 
nouvelle  concession  de  ce  pays  aux  dépens  de  son  salut  8c  de  sa  réputation, 
81  de  différer  l'expédition  projetée.  Sic.  Les  mouvemens  que  les  comtes  de  Tou- 
louse se  donnèrent  pour  empêcher  le  roi  de  tourner  ses  armes  contre  eux 

'  D'Achéiy,  Spicilegium,  t.    12,  p.   167.  dans  le  Languedoc,  prenait   ses  dernières  disposi- 

*  Gallia  Chnstiana,  nov.  éd.  t.  2,  c.  712.  lions   avant   de   partir.  A  cette   date,  le    roi    Phi- 

'  Chabron,  Histoire   manuscrite  de  lu    maison   Je  lippe  Auguste  confirma   deux  chartes  données  par 

Polignac,  1.  7,  c.  i3.  lui,  au   moment  de   son  départ  pour  l'Albigeois. 

■*  L'expédition   de   Louis    de    France   devait   être  Cf.  Delisle,  Catalogue   des    actes    de   Philippe-Au- 

décidée  en   principe   depuis  déjà   quelque   temps;  guste,  n°'  1884  &  i885,  p.  415.   [A.  M.] 

car,  en   mars    1218,   nous   voyons   que   Guillaume  '  Duchesne,  ^cr/pJoreJ,  t.  J,  p.  85î  Çt  seq.  [Pot-i 

d«î   Roçh?5,  5^n<;«h{ll   d'Anjou,  (|ui    raccompagna  thajt,  n.  6066.] 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIII.  5^o  

'       An  III y 

n'eurent  aucun  etVet,  Se  le  prince'  Louis  se  mit  en  marche  à  la  tête  d'une 
grande  armée  S<.  s'avança  vers  l'Aquitaine^.  Amauri  de  Montfort  se  rendit  de 
son  côté  en  Agenois  à  la  tête  de  ses  troupes,  tant  pour  aller  à  la  rencontre  de 
ce  prince  que  pour  tâcher  de  reprendre  la  partie  de  ce  pays  qui  s'étoit  sou- 
mise au  comte  de  Toulouse  depuis  la  mort  de  Simon,  son  père.  Il  assiégea 
bientôt  après  Marmande,  où  commandoit  pour  le  comte  Raimond,  Centulle, 
comte  d'Astarac,  S<.  dont  la  garnison  étoit  composée  de  plusieurs  vaillans  che- 
valiers, entre  lesquels  étoient  Guiraud  de  Samatan,  Arnaud  de  Blanquetbrt 
gt  Guillaume-Arnaud  de  Tantalon^. 

XLI.  —  Bataille  de  Ba-^lége. 

Le  jeune  Raimond  se  mit  aussitôt  en  état  de  secourir  les  assiégés.  Il  étoît 
sur  le  point  de  partir  lorsqu'il  reçut  un  courrier  de  Raimond-Roger,  comte  de 
F(/ix,  qui  le  prioit  de  venir  le  joindre  incessamment,  parce  qu'avant  fait  des 
courses  dans  le  Lauragais  d'où  il  emmenoit  une  grande  quantité  de  bétail,  il 
étoit  prêt  à  se  voir  enlever  sa  proie  par  les  troupes  qu'Amauri  de  Montfort 
avoit  laissées  à  la  garde  du  pays  &  qui  marchoient  contre  lui.  Raimond- 
Roger,  se  voyant  hors  d'état  de  résister,  s'étoit  renfermé  dans  Baziége,  lieu 
situé  à  trois  lieues  de  Toulouse,  avec  tout  son  butin,  en  attendant  l'arrivée  '•'V°'''^"- 
du  jeune  comte  Raimond.  Ce  prince  lavant  joint,  ils  tiennent  conseil  8i 
prennent  la  résolution  d'attaquer  leurs  ennemis  à  la  tète  desquels  étoient  les 
deux  frères  Folcaud  8c  Jean  de  Rrigier  {de  Brigerio)^,  braves  chevaliers,  le 
vicomte  de  Lautrec,  &c.  On  se  dispose  aussitôt  au  combat.  Arnaud  de  Ville- 
mur  fait  tous  ses  efforts  pour  détourner  Raimond  de  s'y  exposerj  mais  ce 
jeune  prince,  plein  d'ardeur  Se  de  courage,  rejette  avec  indignation  une  telle 
proposition  &  range  lui-môme  son  armée  en  bataille  Se  la  partage  en  trois 
lignes.  Il  place  Raimond-Pvoger,  comte  de  Foix,  8<.  Roger-Bernard,  son  fils, 
à  la  tête  de  l'avant-garde  avec  leur  vassaux;  il  donne  le  commandement  du 
corps  de  bataille  au  comte  de  Comminges,  8t  il  se  met  lui-même  avec  Ber- 
trand, son  frère,  à  l'arrière-garde.  Loup  de  Foix  ayant  donné  ensuite  le 
signal,  le  comte  de  Foix  s'avance  jusqu'aux  bords  d'un  fossé  qui  le  séparoit 
des  troupes  de  Montfort  qu'il  attaque  avec  vigueur;  mais  il  est  vivement 
repoussé  8<  obligé  de  reculer.  Le  jeune  Raimond,  pour  le  soutenir,  se  détache 
alors  de  l'arrière-garde  Ik  s'élance  dans  la  mêlée  comme  un  lion  rugissant, 

'  Guill.iume    ie    Puyl.mrens,    c.    3r.   —   Voyez  Aquitaine  (Potthnst,  n.   6079).    Les   craintes  clés 

tome  VIII,  c.  i83.  [GuiUein  de  Tudéle,  vers  Sp^jj-  Anglais   peuvent  se  comprendre,  car  l.i    première 

8972.]  opération   de    Louis    fut    le   siège   de    Marmande, 

'   Cette    expédition     ne    fut    pas     sans    éveiller  ville  située    sur  les  limites  du  comté  de  Toulouse 

quelques   craintes   chez   le    roi    d'Angleterre  &  ses  &  des  possessions  anglaises  du  continent, 

barons.  Ils   s'adressèrent  au    pape,  qui   chargea  le  [A.  M.] 

cardinal-légat  Bertrand  de  leur  déclarer  que  son  '  Il  faut  encore  y  ajouter,  outre  plusieurs  nobles 
intention  &  celle  des  cardinaux  était  que  le  prince  .    moins    connus,    Vezias,     vicomte    de     Lomagncj 

royal  respectât   scrupuleusement    les   droits    &   les  Guillem  de  Tudèle,  vers  89.Ï9.    [A.  M.] 

domaines  du    roi   d'Angleterre  en  G.iscogne  81  en  ^  [Le  poëine  porte  de  Brezi.J 

Vf.  3j 


An  1219 


53o  HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIII. 

suivant  l'expression  de  l'ancien  historien  '  qui  nous  a  laissé  le  détail  de  cette 
action.  Les  chevaliers  françois  ne  pouvant  tenir  contre  ses  eftorts,  Pierre- 
Guiraud^  de  Segiuet,  l'un  d'entre  eux,  crie  à  ses  camarades  de  tirer  droit  sur 
ce  jeune  prince  Si  de  réunir  leurs  forces  contre  lui,  parce  que  sa  mort  feroit 
intailliblement  pencher  la  victoire  en  leur  faveur.  Rainiond,  entendant  ces 
paroles,  se  fait  donner  par  son  écuyer  une  lance  forte  8c  courte,  8c,  s'enfon- 
çant  encore  plus  avant  dans  les  escadrons  ennemis,  il  rencontre  Jean  de  Bri- 
gier  8c  lui  porte  un  si  rude  coup  de  lance  qu'il  le  perce  de  part  en  part  8c  le 
renverse  de  cheval  en  s'écriant  :  Francs  chevaliers,  Jrappe-^}  l'heure  est  venue 
que  nos  ennemis  vont  être  entièrement  défaits.  A  peine  avoit-il  prononcé  ces 
mots  que  Seguret,  courant  vers  lui  la  lance  en  arrêt,  lui  porte  un  coup  qui 
la  fait  rompre  sans  que  le  prince  en  fût  blessé,  ni  .désarçonné,  à  cause  de  la 
bonté  de  ses  armes.  Raimond  redouble  ses  efforts  Se  secondé  par  le  comte  de 
Foix  ils  rompent  les  François  8c  les  mettent  en  fuite  après  leur  avoir  tué 
beaucoup  de  monde.  Le  vicomte  de  Lautrec  fut  un  des  premiers  qui  se 
sauva.  Les  deux  frères  Folcaud  8c  Jean  de  Brigier  demeurèrent  prisonniers 
avec  Sicard  de  Montaut,  Pierre-Guiraud  de  Seguret  8c  plusieurs  autres.  Le 
jeune  Raimond  fit  pendre  Seguret  8c  conduire  tous  les  autres  en  divers  châ- 
teaux, où  il  les  garda  pour  les  échanger  avec  quelques-uns  des  siens,  entre 
autres  Bernard-Oton  d'Aniort,  qui  avoit  été  pris  auparavant.  Un  ancien 
historien 3  fait  entendre  que  ce  combat  se  donna  pendant  l'hiver  Se  durant  le 
siège  de  Castelnaudary,  c'est-à-dire  au  commencement  de  l'an  122 1.  Il  rap- 
porte quelques  circonstances  un  peu  différentes;  mais  celui  de  qui  nous 
tenons  ce  détail,  8c  qui  paroît  plus  croyable'*,  assure  que  le  jeune  Raimond 
livra  la  bataille  de  Baziége  tandis  qu'Amauri  de  Montfort  étoit  occupé  au 
sicge  de  Marmande. 

XLII-   —  Louis  Joint  Amauri  devant  Marmande  6-  force  cette  place 

à  se  rendre. 

Le  prince^  Louis,  après  avoir  soumis  la  ville  de  la  Rochelle  sur  le  roi 
d'Angleterre,  s'avança  vers  l'Agenois  8c  vint  joindre  Amauri  à  ce  siège  à  la 
tcte  d'une  nombreuse  armée  composée  de  tout  ce  qu'il  y  avoit  de  plus  dis- 
tingué parmi  le  clergé  8c  la  noblesse  de  France.  On  y  comptoit,  en  effet, 
une  vingtaine  d'évcqucs''^  entre  lesquels  étoient  ceux  de  Noyon,  Senlis  Se 

'Voyez  <otne  VIII,   ce.   184  a  188.  |Gi,illem  it  précèds    les    préliminaires    du    troisième   sicge    de 

Tudèle,  vers  897.3-91  16.]  Toulouse,   &   que    le   troubadour   cessa   d'écrire  à 

'  [Ou  plutôt  GuilUm.]  ce  moment  même.    [A.  M.] 

»  Guillaume  de  Puyhurens,  c.  3i.  'Guillaume   de   Puylaurens,    c.    32.  —  [Voyez 

•Voyez   tome   VIII,    ut   supra.    —    L'Anonyme  tome   VIII,   c.   188    &   suiv.    [Guillem  de  Tudèlc, 

ayant  ici  suivi   à  peu   près  exactement  le  récit  du  vers  çnC-g'iiî.]—  Cu'tUàume  \e  Breton,  De  gestts 

poète,  il  vaut  mieux  s'en  rapporter  à  lui  &  placer  Ph'dippi- Augusti,   p.  94 ,   &   PhilippUe,  1.   XJi.  — 

ce    combat    pendant   le    siège   de    Marmande;    re-  Chronicon    Taronense,   ap.  Martène,   CoUect.    ampl. 

marquons  d'ailleurs  que  dans    le  poëme,  composé  t.  5,  c.    co(j.  —  Albéric,  Chronicon,  ann.  1219. 
presque    au    fur    &   à    mesure   des   événemenis,   il  «  Mj.   Je  Saint-Mfrfial  dp- Limoges.   [C'est  prÇf 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXITl.  53i 


An  \iiy 


Tournai;  trente-trois  comtes,  dont  un  des  plus  distingués  étoit  Pierre,  comte 
ou  duc  de  Bretagne,  St  un  très-grand  nombre  de  barons  £<  autres  seigneurs; 
il  y  avoit  de  plus  six  cents  chevaliers,  dix  mille  archers,  &c.  Louis,  après  son 
arrivée,  fit  donner  l'assaut  à  Marmande  &  se  rendit  maître  d'une  partie  des 
ouvrages  extérieurs.  Les  assiégés,  voyant  alors  qu'il  ne  leur  étoit  pas  possible 
de  résister  plus  longtemps,  offrirent  de  se  rendre  la  vie  Jk  les  bagues  sauves; 
mais  on  ne  voulut  les  recevoir  qu'à  discrétion,  8<  ils  furent  obligés  de  se 
soumettre  à  cette  condition.  La  garnison  sortit  donc  de  la  place,  tk  s'étant 
rendue  au  camp  devant  la  tente  de  Louis,  l'évêque  de  Saintes  conseilla  à  ce 
prince  de  faire  mourir  tous  ceux  qui  la  composoient;  les  comtes  de  Saint- 
Paul  5c  de  Bretagne  &  l'archevêque  d'Auch  s'opposèrent  fortement  à  ce  des- 
sein; le  dernier  parla  surtout  avec  feu  en  faveur  du  jeune  Raimond,  qu'il 
soutint  n'être  ni  hérétique,  ni  fauteur  des  hérétiques.  «  Il  me  paroît,  ajou- 
«  ta-t-il,  en  adressant  la  parole  à  Louis,  que  l'Église  lui  cause  un  grand  'jf- °'''s,i"; 
«  préjudice  Si  qu'elle  devroit  lui  faire  grâce  puisqu'il  offre  une  entière  sou- 
«  mission.  Vous  voyez  d'ailleurs  qu'il  détient  prisonniers,  à  Toulouse,  Fol- 
«  caud  de  Brigier  8c  plusieurs  autres  barons,  qu'il  fera  pendre  par  représailles 
«  aussitôt  qu'il  aura  appris  que  vous  aurez  fait  périr  ceux  qui  étoient  dans 
«  Marmande.  »  Louis  se  rendit  à  ces  raisons,  &  se  contentant  de  retenir  les 
troupes  de  la  garnison  prisonnières  de  guerre,  il  les  fit  conduire  à  Puylau- 
rens,  où  on  les  échangea  peu  de  temps  après  avec  ceux  que  le  jeune  Raimond 
avoit  pris  à  la  bataille  de  Baziége.  Les  troupes  d'Amauri  entrèrent  ensuite 
dans  Marmande  8c  firent  main  basse  sur  tous  les  habitans  qu'elles  purent 
rencontrer,  au  nombre  de  cinq  mille,  tant  hommes  que  femmes  ou  enfans  : 
action  barbare  qui  irrita  extrêmement  Louis. 

XLIH.  —    Louis  met  le  siège  devant  Toulouse  6*  est  obligé  de  le  lever. 

Comtes  de  Rode-{. 

Ce  prince  s'avança  ensuite  vers  Toulouse  qu'il  étoit  résolu  d'assiéger.  Le 
jeune  Pvaimond,  prévoyant  son  dessein,  avoit  pris  toutes  les  précautions  pos- 
sibles pour  se  bien  défendre  :  il  avoit  augmenté  les  fortifications  de  la  ville 
Et  s'étoit  assuré  du  secours  de  ses  alliés  Se  de  ses  vassaux,  qui  accoururent  au 
nombre  de  mille  chevaliers,  sans  compter  l'infanterie.  Il  partagea  la  garde 
des  différens  quartiers  de  la  ville  S<  cîes  batbacanes  ou  des  ouvrages  avancés, 
au  nombre  de  dix-sept,  aux  seigneurs  de  sa  cour',  parmi  lesquels  étoient  le 
vicomte  Bertrand,  son  frère,  Roger-Bernard,  fils  du  comte  de  Foix,  Guiraud 
de  Minerve,  Arnaud  de  Comminges  6<  son  cousin  Arnaud-Pvaimond  d'Aspel, 

b.iWcment  la  chronique  Je  Bernard  Itier,  biblio-  Tu3clc,  veri  93î3-g578.]  —   Le  poème  s'arrcle  a" 

thécaire    de   Sdini-MartuI  ;    »oy«î    l'édition    de  commencement   du   »'ége.  Ce  que  la  rédaction    en 

M.  Duplès-Agier,  p.  104.   D'après    Bernard  Itier,  prose  y  a  ajouté  est  tout  à  fait  insignifiant  8t  ne 

le   prince  Louis  passa  à  Limoges  le  i6  mai  1219,  fait    que    mentionner    l'échec    des    assiégeants    en 

jour  de  Pentecôte.)  lennss  très-yagues  &  très-généraux.  [A.  M| 
'Voyez  tome  VIII,   c;.   19?,    191.    [Ciiil!sm    •ii 


An  121^ 


532  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIIL 

Bernard-Jourdain,  seigneur  de  l'Isie-Jourdain,  Guiraud  de  Gourdon,  sei- 
gneur de  Caraman,  Stc.,  qui  firent  tous  serment  de  Ijien  défendre  les  postes 
qui  leur  étoient  confiés '.  Les  habitans  de  Toulouse  s'empressèrent  à  l'envi 
d'offrir  à  leur  jeune  comte  leurs  biens  Si  leurs  vies  Se  l'assurèrent  qu'ils 
étoient  résolus  à  répandre  jusqu'à  la  dernière  goutte  de  leur  sang  pour  son 
service.  Ce  prince,  outre  la  distribution  des  quartiers,  disposa  un  corps  de 
troupes,  dont  il  se  réserva  le  commandement,  pour  être  prêt  à  marcher  dans 
tous  les  endroits  qui  seroient  attaqués  Se  qui  auroient  besoin  de  secours.  11 
eut  soin  de  plus  de  taire  provision  de  toute  sorte  de  munitions,  &  eut 
recours  à  la  protection  du  ciel  en  implorant  l'intercession  d'un  grand  nombre 
de  saints  dont  on  conservoit  les  reliques  dans  la  ville;  après  quoi,  a^ant  fait 
dresser  ses  machines  sur  les  murailles,  il  attendit  de  pied  ferme  l'armée  fran- 
çoise. 

Louis  arriva  devant  Toulouse,  le^  i6  de  juin  de  l'an  1219,  suivi  d'Amauri 
de  Montfort  St  du  cardinal  Bertrand,  légat  du  Saint-Siège.  Il  fit  aussitôt  la 
circonvallation  de  la  ville  &  des  faubourgs,  établit  ses  quartiers  Se  dressa  ses 
batteries;  puis  il  attaqua  la  place  avec  beaucoup  de  vivacité  &  tenta  de  l'em- 
porter d'assaut;  mais  tous  ses  efforts  furent  vains,  parce  que  la  défense  fut 
toujours  supérieure  à  l'attaque.  Enfin,  voyant  qu'il  avoit  perdu  beaucoup  Je 
monde  6c  qu'il  ne  pouvoit  rien  avancer,  il  prit  le  parti  de  renoncer  à  son 
entreprise  Si  leva  le  siège,  sous  prétexte  que  le  temps  qu'il  avoit  résolu  de 
servir  étoit  expiré.  Quelques-*  auteurs  disent  qu'il  fut  forcé  de  prendre  cette 
résolution,  parce  qu'il  se  vit  trahi  par  plusieurs  chevaliers  de  son  armée  qui 
favorisoient  secrètement  le  comte  Raimond  ;  d'autres  prétendent  qu'il  fut 
bien  aise  de  faire  échouer  cette  expédition,  afin  d'obliger  Amauri  de  Mont- 
fort  qui  ne  se  pouvoit  soutenir  par  ses  propres  forces,  à  lui  céder,  comme  il 
arriva,  en  effet,  toutes  les  conquêtes  que  les  croisés  avoient  faites  dans  le 
pays.  Quoi  qu'il  en  soit,  Louis  décampa  de  devant  Toulouse,  le  1"  d'aoLit''j 
après  avoir  tenu  cette  ville  assiégée  durant  quarante-cinq  jours.  11  partit 
avec  tant  de  précipitation,  qu'il  abandonna  toutes  ses  machines,  dont  les 
assiégés  s'emparèrent  61  auxquelles  ils  mirent  le  feu.  Il  laissa  seulement  en 
partant  deux  cents  chevaliers  à  Amauri  de  Montfort  pour  le  servir  pendant 
un  an. 

Henri,  comte  de  Rodez,  s'empressa  de  marcher  au  secours  de  Louis-",  Se 
étant  au  siège  de  Toulouse,  le  28  de  juin  de  Van  12 19,  il  remit  tous  ses 
domaines,  dans  le  dessein  d'aller  à  la  Terre-Sainte,  à  lu  garde  Se  à  la  défense 
de  Pierre,  évêque  de  Rodez,  pour  les  tenir  sous  les  ordres  de  son  seigneur 
Amauri,  duc  de  Narbonne,  comte  de  Toulouse  Se  seigneur  de  Montfort.  11 

'  La   plupart  des  défenseurs   de  Toulouse  énu-  rellement,  n'ont  pu  Jaissjr  que  peu  de  traces  d.uis 

mérés    par   le   poète   toulousain    sont  entièrement  les  cliartes  du  pays.   [A.  M.] 

inconnus,  &  M.  Meyer,  dans  son  excellente  édi-  '  Voyez  tome  Vil,  Note  XIX,  p.  60. 

tion  de  la  Canso,  n'a   pu  en  identifier  qu'un    petit  '  Guillaume  le   Breton,  De  gestis   Philippi-Àc:- 

nombre.  Ce  savant  estime  avec  raison  que  c'étaient  gani,  Chron'uon  Turonense,  &  Albéric. 

des  soldats  d'aventure,  des  mercenaires  ayant  à  ce  '  Voyez  tome 'VII,  ut  supn. 

moment  une  grande  réputation,  mais  qui,   natu-  '  Tome  VIII,  Chartes,   n.  CXXXI,  ce.  72^,  7-3. 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.   LIV.  XXIII.  533 


An 


pariit  bientôt  après  &  tomba  malade  à  Acre,  chez  les  hospitaliers,  où  il  fit 
un  codicille,  au  mois  d'octobre  '  de  l'an  1221.  Par  cet  acte,  il  choisit  sa  sépul- 
ture dans  cette  maison  &  s'y  donne  pour  frère.  On  prétend  *  qu'il  ne  mourut 
qu'après  l'an  12:7  St  qu'il  ne  laissa  d'Algayette  de  Scorailies,  sa  femme,  que     ÉJ.orîRtn. 
deux  fils  St  une  fille,  savoir  :  Hugues,  qui   lui  succéda  dans  le  comté  de 
Rodez,  sous  la  tutelle  de  la  comtesse,  sa  mèrej  Guibert,  St  Guise,  à  laquelle 
il  laissa:  en  dot  mille  marcs  d'argent.  Se  qui  épousa  Pons,  seigneur  de  Mont- 
laur,  en  Vivarais,  sur  les  frontières  du  Vêlai.  Nous  avons  vu  cependant  un 
acte^  de  l'an  1227,  suivant  lequel  »  Jean,  fils  du  feu  comte  de  Rodez,  vou- 
«  lant  prendre  les  ordres  sacrés,  donna,  du  consentement  de  Bernard  de 
i<  Rodez,  son  frère,  à  Hugues  8c  à  Richard  de  Rodez,  ses  autres  frères  ger- 
«  mains,  sa  portion  du  comté  de  Rodez.  » 

L'évêque  de"*  Châlons-sur-Marne  Se  Enguerrand,  sîre  de  Couci,  se  trou- 
vèrent aus^i,  en  121g,  au  siège  de  Toulouse,  de  même  que  Jean  de  Béthune, 
cvêque  de  Cambrai,  qui  y  fut  tué^  le  27  de  juillet.  Un  ancien  auteur*^  fait 
entendre  que  Louis,  en  décampant,  fit  un  accord  avec  le  jeune  comte  de 
Toulouse,  d'où  l'on  pourroit  croire  qu'il  laissa  ce  prince  paisible  possesseur 
de  ses  domaines.  Ce  qu'il  y  a  de  vrai,  c'est  que  le  mauvais  succès  des  croisés 
dans  cette  expédition  eut  des  suites  très-heureuses  pour  la  maison  de  Tou- 
louse, qui  reprit  depuis  plusieurs  places^  que  les  Montfort  lui  avoient  enle- 
vées. .  .... 

> 
XLIV.  —  Privilèges  de  Toulouse  i-  de  Nîmes. 

Nous  ignorons  si  le  vieux  comte  de  Toulouse  étoit  dans  cette  ville  durant 
le  siège;  mais  nous  savons  qu'il  y  accorda,  le  10  de  septembre  de  la  même 
année*,  avec  son  fils,  divers  privilèges  aux  habitans,  qu'il  voulut  sans  doute 
récompenser  de  leur  fidélité  S<  de  leurs  services.  Il  les  exempta  de  toute  sorte 
d'exactions  &  d'impôts,  8c  ne  se  réserva  dans  Toulouse  que  les  droits  accou- 
tumés sur  le  sel,  le  pain  Se  le  vin.  Ces  deux  princes  firent  un  voyage  en 
Albigeois,  au  mois  de  novembre  suivant.  Le  jeune  Raimond,  qui  se  quali- 
fioit''  par  lu  grâce  de  Dieu  duc  de  Narbonne,  comte  de  Toulouse  &  marquis 
de  Provence,  6-  fils  de  la  reine  Jeanne,  reçut  à  Gailiac,  le  jour  de  Saint- 
Martin  ,  l'hommage  d'Olivier  Se  de  Bernard,  seigneur  de  Penne,  dans  le 
môme  pays.  Ce  comte  Se  Raimond  VI,  son   père,  confirmèrent'",  dans  la 

'  Mnrtèrte,  Anipl.   CoUccl.  t     i,  c.   lirtS  &  suiv.  cnr  les    comtes    de  Toiiloi;se    &   le    roi    de    France 

'  Histoire  gcncalogijuc  Jcs  grands   officiers,  t.  :,  furent  loiijours  en  froid  jusqu'à  l'an  1226,  époque 

p.  (199.  où  Louis  VIU   déclara   définitivement  la   guerre  i 

'  Archives  du   château    de  Salles,  en    Rouergue.  Raimond  VII,] 

^  Raynaldi,  année    1219,    n.  36.  —    Duchcsnc,  'Guillaume  de  Puylaiîrens,  c.  33.  —  Chronicoii 

Scriptorei,  t.  5,  p.  854.  Turonenie. 

'  Gallia  Christicna,  nov.  éd.  t.  3,  c.  34  &  seq.  '  Registre    |6,'>   du    Trésor   des   Chartes    du    roi, 

'  Bernard  Gui,  ap.  Raynaldi,  ann,  1219,  n.  37.  n.423. 

—  [Malgré    la    valeur  aujourd'hui    reconnue   des  ^  Mss.  Je  Colbett,  n.  1067  flnt.  6009]. 

ir.ivaux   de    Bernard  Gui,  le  fait  paraît   do.i:eux,  '"  To;:ie  VIU,   Chartes,  n.  CXXX,  ce.  72c,  721^ 


534  HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC,  LIV.  XXIII, 

An  12  ip  ' 

même  ville,  la  donation  du  château  de  la  Roque  de  Valsergue,  en  Rouergue, 
en  faveur  de  Pierre-Bermond  de  Sauve,  seigneur  d'Anduse  en  partie.  Le 
jeune  Raimond  se  rendit  ensuite  à  Nimes,  où  il  confirma,  le  28  de  décembre 
suivant',  la  charte  que  la  comtesse  Sancie,  sa  femme,  avoit  accordée  l'année 
précédente  aux  habitans  de  cette  ville.  Il  donna ^  quelques  jours  après  divers 
privilèges  aux  chevaliers  qui  habitoient  dans  le  château  des  Arènes. 

XLV.  —  Accord  entre  Amauri  de  Montfort  i-  l'évêque  d'Agde. 

Amauri  de  Montfort,  depuis  la  levée  du  siège  de  Toulouse,  ne  songea 
plus  à  de  nouvelles  conquêtes;  il  tâcha  seulement  de  conserver  celles  qui  lui 
restoient.  Il  se  rendit  à  Castelnaudary,  8c  là,  en  présence  de  la  comtesse 
Alice  de  Montmorency,  sa  mère,  du  cardinal  Bertrand,  de  l'évêque  de  Car- 
cassonne,  du  comte  Gui  de  Montfort,  son  frère,  de  Lambert  de  Turey,  sei- 
gneur de  Lombers,  &c.,  il  passa  un^  accord,  le  3  de  septembre  de  l'an  1219, 
avec  Thédise,  évêque  d'Agde.  Par  cet  acte  :  1°  Il  reçoit  en  fief  de  ce  prélat  les 
châteaux  de  Florensac  Ik  de  Pomeiroh,  dans  la  vicomte  d'Agde,  St  ceux  de 
Bessan  Si  de  Torolle,  dans  celle  de  Béziers.  2°  L'évêque,  de  son  côté,  en 
qualité  de  comte  Se  de  vicomte  d'Agde,  reçoit  en  fief  d'Amauri ,  comte  de 
Toulouse,  tout  ce  qu'il  possédoit  à  Agde,  dans  ses  dépendances  Si  dans  plu- 
sieurs châteaux  du  diocèse,  &  lui  en  fait  hommage.  3°  Amauri  promet  que 
s'il  peut  recouvrer  le  château  de  Montagnac  il  le  rendra  à  Thédise,  qui  le 
tiendra  en  fief  de  lui,  avec  pouvoir  à  ce  prélat  de  s'en  saisir  sur  ceux  qui  le 
possédoient,  Se  qui  n'étoient  pas  sans  doute  différens  des  comtes  de  Toulouse 
ou  de  leurs  partisans.  4"  Amauri  cède  à  Thédise  les  albergues  qu'il  exigeoit 
dans  quelques  châteaux  en  qualité  de  vicomte  de  Béziers;  ce  prélat  lui  cède 
à  son  tour  8c  à  ses  héritiers,  tant  en  son  nom  qu'au  nom  des  évêques  d'Agde, 
ses  successeurs,  la  chancellerie^  du  comte  de  Toulouse  6"  le  droit  qu'il  y 
avoit.  5°  Enfin  Thédise  renonce  à  tous  les  actes  où  il  éfoit  porté  que  le 
vicomte  de  Béziers  étoit  vassal  de  l'évêque  d'Agde  en  fief  honoré. 

XLVI.  —  Désordres  des  croisés.  —  Amauri  dispose  d'Alais,  —  Maison 

d'Andu-^e, 

L'hiver  suivant^  les  deux  frères  Folcaud  8c  Jean  de  Brigicr,  suivis  de  plu- 
sieurs autres  partisans  d'Amauri,  entreprirent  de   faire  des  courses  dans  le 
Toulousain.  Le  jeune  Raimond,  pour  arrêter  leurs  brigandages,  se  mit  aus- 
jÉlorigin.     gitôt  en  campagne  Se,  les  ayant  rencontrés,  il  les  combattit,  les  fit  prisonniers 

'  Arcti'ivcs  cle  l'hôtel  de  ville  Je  Nimes.  —  Doin  '  GalVu  C/trist'i:tna,  rtôv.  ei.  t.  6,  Instruni.  c.  314 

Vaissete  commet  ici  une  petite  erreur.  L'acte  est  du  Se  suiv.  [Voyez  au   tome  VIII ,  ce.  725  à  728,  où 

to  des  kalertdes  de  juin  (zS  mai)  de  l'année  1219.  nous  republiorts  cet  acte  d'après  l'original.! 

Il  a  été  publié   par  Mena  rd,   Iliit.  de  Nimes,  t.   1,  'Voyez   tome  VII ,    Note   XLV,    n.    3,    pp.   128 

pr.  84.  Voyez  tbid.  texte,  p.  284.  (A.  M.|  £t  129. 

•  Tome  VIII,  Chartes,  n.  CXXIII,  ce.  698,  Û99.  '  Guillaume  de  Puyhuirsns,  c.  33* 


Al  1220 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIÎI.  535  ' 

&  leur  fit  couper  k  tête  qu'on  promena  clans  Toulouse  au  bout  d'une  perche. 
On  regarda  la  mort  de  ces  deux  chevaliers  François  comme  une  juste  puni- 
tion des  crimes  qu'ils  avoient  commis  :  le  premier  usoit  entre  autres  d'une 
cruauté  extrême  envers  ceux  qu'il  prenoit  à  la  guerre;  il  taisoit  périr  de 
faim,  dans  le  fond  d'un  cachot,  ceux  qui  n'avoient  pas  cent  sols  à  lui  donner 
pour  se  racheter,  8c  jeter  ensuite  leurs  corps,  même  lorsqu'ils  n'étoient  encore 
qu'à  demi-morts,  dans  des  cloaques  où  ils  achevoient  de  mourir.  Peu  de 
temps  avant  cette  expédition  Folcaud  avoit  fait  pendre  deux  prisonniers  & 
avoit  obligé  l'un  des  deux  de  servir  de  bourreau  à  l'autre,  qui  étoit  son  propre 
fils.  Enfin  les  deux  frères  étoient  plongés  dans  des  débauches  infâmes  :  ils 
entretenoient  publiquement  des  concubines  S«.  ne  faisoient  aucun  scrupule 
d'enlever  les  femmes  mariées.  Ces  excès,  qui  n'avoient  que  trop  d'imitateurs 
parmi  les  chevaliers  françois  établis  dans  la  Province,  indisposèrent  de  plus 
en  plus  les  peuples  contre  leur  domination,  &  tout  le  pays  cherchoit  à  l'envi 
l'occasion  de  se  remettre  sous  l'obéissance  de  ses  anciens  maîtres;  en  sorte 
qu'Amauri  faisoit  tous  les  jours  de  nouvelles  pertes.  Le  château  de  Servian  ', 
au  diocèse  de  Béziers,  entre  autres,  secoua  le  joug  de  son  autorité  peu  de 
temps  après  Pâques  de  l'an  i2;o.  Ce  comte  étoit  alors  dans  le  bas  Lan- 
guedoc où  il  tâchoit  de  conserver  le  peu  de  places  qui  lui  restoient.  Il  con- 
fisqua les  domaines  de  Pierre-Bermond,  seigneur  de  Sauve,  qui,  comme  on 
l'a  déjà  vu,  étoit  rentré  dans  le  parti  du  comte  de  Toulouse,  son  aïeul;  il  en 
disposa,  le  i5  d'avril  de  cette  année,  en  faveur  de  Bernard  d'Anduze,  qui  lui 
étoit  demeuré  fidèle  8c  qui  lui  fit^  hommage,  dans  l'église  de  Saint-Jean 
d'Alais,  pour  la  moitié  de  la  tour  8c  de  la  ville  d'Alais,  qui  avoit  appartenu  à 
Pierre-Bermond,  Raimond  Pelet  fit  en  même  temps  hommage,  pour  l'autre 
moitié  d'Alais,  à  Amauri,  qui  obtint  peu  de  temps  après,  du  pape  Honoré, 
une  nouvelle  confirmation^  de  la  donation  que  le  pape  Innocent  III  avoit 
faite  à  Simon,  son  père,  des  villes  de  Béziers,  Carcassonne,  Albi,  Toulouse, 
Montauban'',  8cc. 

XLVIÎ.  —  Naissance  de  Jeanne,  fille  de  Raimond  le  Jeune,  qui  soumet 
Lavaur,  Puylaurem,  Montauban  6*  Castelnaudary. 

Le  jeune  comte'  Raimond  continua  cependant  de  profiter  des  circons- 
tances, &  après  les  couches  de  la  comtesse  Sancie,  sa  femme,  qui  accoucha 

'  Albéric,  C/irott'eoti.  Awniiri    s'engn»e:i    à   faire    rendre   cette    place    nii 

•  Tome  VIII,  Chartes,  ti.  CXXXt,  cC.  72J,  714.       vicomte  après  la    Pâques   de    l'an    1221,   &  à  lui 
'  Baluzc,  Miscellanea,  t.  2,  p.  2.54.  payer  en  attendant  une  rente  de  trois  cents  livres 

*  Amauri  de  Montfort  resta  dans  1<  bas  Lan-  de  Melgueil,  représentant  sans  doute  les  revenus 
gucdoc  nu  moins  jusqu'au  17  juin.  A  cette  der-  de  cette  ville.  Ce  fait  prouve  une  fois  de  plus  con;- 
nière  date,  il  était  à  Béziers,  &  termina  un  dilTc-  bien  les  assertions  de  Guilliume  de  Puylaurens 
rend  qu'il  avait  Bvec  le  vicomte  de  Narbonne,  sur  les  désordres  &  les  usurpations  des  croisés  sont 
Amauri,    dont    un    chiteau    important,   celui    de  fondées.  [A.  M.] 

Lézignart,  avait  été  occupé  par  Gui,  frère  de   Si-  ^Guillaume  de  r'uyljurenj,  c.  33,  —  PrciecUri 

mon    de    Montfort    (tome  VIII,   ce.    73j,    73;).       Framorum  facuiorj,  ^.  \i(>. 


An  1220 


An  1220 


l'J.  origin. 
t.  Iil.  p.  3i.\ 


536  HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC,  LlV.  XXIIL 

cette  année  d'une  fille  nommée  Jeanne,  il  se  mit  en  campagne  &  prit  diverses' 
places  sur  Amauri,  entre  autres  Lavaur  dont  il  fit  passer  la  garnison  au  fil 
de  l'épée,  à  la  réserve  de  quelques-uns  qui  se  sauvèrent  à  la  nage  dans  les 
domaines  de  Sicard,  vicomte  de  Lautrec,  dont  la  femme  les  reçut  sous  sa 
protection'.  Il  prit  ensuite  par  capitulation  le  château  de  Puylaurens  & 
accorda  la  vie  sauve  avec  une  entière  sûreté  à  Ermengarde,  veuve  de  Folcaud 
de  Brigier,  dont  on  a  déjà  parlé  &  à  qui  Simon  de  Montfort  avoit  donné  ce 
château.  Il  accorda  la  même  grâce  aux  en  fans  de  cette  dame  Si  à  tous  ceux 
qui  composoient  la  garnison  jusqu'à  ce  qu'ils  fussent  sortis  du  pays.  Le  vieux 
comte  de  Toulouse  ayant  remis  d'un  autre  côté  sous  son  obéissance  la  ville 
de  Montauban,  il  la  donna  en  fief  avec  quelques  places  voisines,  à  R.aimond- 
Roger,  comte  de  Foix,  en  reconnolssance  de  ses  services.  Le  jeune  Raimond 
confirma  cette  donation  ^  en  faveur  de  Raimond-Roger  &  de  ses  descendans, 
par  un  acte  daté  de  Gaillac,  en  Albigeois,  le  jour  de  Saint-Jean-Eaptiste  de 
l'an  12 20,  81  non  de  l'an  12 10,  comme  on  le  ^  prétend.  Il  donna  quelques 
jours  après  à  R.oger-Bernard,  fils  du  comte  de  Foix,  tous  les  biens  qui 
avoient  appartenu  à  Castelnaudary  &  aux  environs,  aux  deux  frères  Pierre 
èi  Guillaume  de  Martin,  lesquels  s'étoient  retirés  de  cette  ville.  L'acte  est 
daté  dedans  Castelnau,  le  lundi  i3  de  juillet  de  l'an  1220. 

XLVIII.  —  Siège  de  Castelnaudary  par  Amauri  de  Montfort.  —  Mort 

du  comte  Guif  son  frère. 

I,e  jeune  Raimond  avoit  alors'^  repris  cette  dernière  place;  maïs  à  peine 
s'en  étoit-il  mis  en  possession  qu'Amauri  de  Montfort,  au  désespoir  de  l'avoir 
perdue,  mit  sur  pied  tout  ce  qu'il  put  ramasser  de  troupes  Se  vint  l'assiéger 
avec  Gui,  comte  de  Bigorre,  son  frère.  On  vient  de  voir,  en  effet,  que  ce 
siège  étoit  déjà  commencé  dès  le  i3  de  juillet  de  l'an  1220.  Le  jeune  Rai- 
mond en  prit  la  défense  avec  Roger-Bernard,  fils  du  comte  de  Foix,  &  comme 
il  avoit  eu  soin  de  la  bien  munir  Se  d'v  établir  une  bonne  o;arnison,  Amauri 
trouva  dans  cette  entreprise  plus  de  difficulté  qu'il  n'avoit  cru.  Raiir.ond 
s'appliqua  surtout  à  fatiguer  les  assiégeans  par  de  fréquentes  sorties.  Il  en  fit 
une  entre  autres,  le  27  de  juillet'',  durant  laquelle  le  jeune  Gui,  comte  de 
Bigorre,  fut  blessé  à  mort  Se  fait  prisonnier  par  les  assiégés,  entre  les  mains 
desquels  il  expira  bientôt  après.  P<.aimond  le  fit  ensevelir  décemment  dans 
une  bière.  Si  l'ayant  fait  couvrir  d'un  drap  de  pourpre  il  le  renvoya  à  son 
frère  Amauri.  On  dépeint^  Gui  de  Montfort,  comte  de  Bigorre,  comme  un 
jeune  seigneur  brave,  bien  fait,  pieux  Si  qui  donnoit  de  grandes  espérances; 

•  Cette  vicomtesse  de  Lautrec  étnit,  en  effet,  pa-  '  Marcn,  WiAo'irc  âc  Liam,  p.  "!,- S,, 

fente  de  Bouchard  de  Marly,  l'un  des  plus  dévoués  ■*  Guillaume  de  Puylaurens,   c.  jj.  —  RobertiiS 

défenseurs  d'Amauri   de  Montfort.  Voir  au   livre  Altissiodorensis,   Continuatio.  —  Voyez  tome  N'II, 

précédent,  p.  4^8.   [A.  M.]  Note  XXI,  n.   1,  pp.  63,  65. 

'  Tome  VIII,   Chartes,   n.  CXXXIII,  ce.  -jjji  &  ^  Voyez  tome  VU,  u:  supra. 

y35.  '  Robeitus  Alti::iodorensi5,  Contliiunùo, 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIII,  53 7 

aussi  fut-il  fort  regrette  des  François  &  principalement  du  comte  Amauri, 
son  frère.  11  ne  laissa  que'  deux  filles  de  Pétronille  de  Comminges,  comtesse 
de  Bigorre,  sa  femme.  La  première,  nommée  Alice,  qui  hérita  de  ce  comté, 
épousa  en  premières  noces  Eschivat  de  Chabanois,  &  en  secondes  Raoul  de 
Courtenay.  Pétronille,  dame  de  Rambouillet,  la  seconde,  fut  mariée  à  Raoul 
de  la  Roche-Tesson,  en  Normandie. 

Amauri  de  Montfort^,  irrité  de  la  mort  du  comte  de  Bigorre,  son  frère, 
résolut  dès  ce  jour  de  ne  pas  quitter  le  siège  de  Castelnaudary  qu'il  ne  l'eût 
vengée  par  la  prise  de  cette  place,  &  il  s'opiniâtra  tellement  à  la  poursuite 
de  son  entreprise  qu'il  y  employa  inutilement  plus  de  huit  mois  6c  jusqu'à 
la  fin  de  l'hiver  suivant.  Nous  avons  divers  monumens^qui  fojit  mention  de 
ce  siège,  qui  en  fixent  l'époque  Se  la  durée  8<  qui  prouvent  que  Gui,  évêque 
de  Carcassonne,  Arnaud,  évêque  de  Nimes,  l'abbé  de  Montolieu,  Gui  de 
Lévis,  maréchal  du  seigneur  comte  (Amauri),  Pierre  de  Sainte-Colombe, 
chevalier.  Sec,  s'y  trouvèrent. 

XLIX.  —  Conrad,  évêque  de  Porto,  nouveau  légat  dans  la  Province,  chassé 
de  Bé-^iers,  —  Il  réjorme  les  écoles  de  médecine  de  Montpellier. 

Le  cardinal  Bertrand,  légat  dans  la  Province,  étoit  alors  à  la  cour,  où 
Honoré  III  l'avoit  envoyé  pour  négocier  quelques  affaires.  Le  pape  nomma 
pour  le  remplacer,  dès  la  fin  de  l'an  1219'*,  le  cardinal  Conrad,  évêque  de 
Porto-^,  auparavant  abbé  de  Cîteaux,  à  qui  il  donna  pouvoir'^  d'imposer 
pénitence  aux  réguliers  qui  s'étoient  écartés  de  leur  devoir  dans  les  terres  de 
sa  légation.  Le  pape  adressa,  vers  le  même  temps,  une^  lettre  à  tous  les 
fidèles,  tant  clercs  que  laïques  des  pays  de  Provence,  confiés  aux  soins  de 
Conrad,  &  les  exhorta  à  l'aider  à  faire  des  collectes  pour  les  affaires  de  la 
foi.  Ce  légat  arriva^  dans  la  Province  vers  la  Pentecôte  de  l'année  suivante 
&  la  parcourut  sans  obstacle  jusqu'à  Béziers;  mais,  étant  arrivé  dans  cette 
ville  les  habitans  le  chassèrent'^.  Il  fut  obligé  de  s'aller  embarquer  sur  la 
côte  voisine  &  de  se  rendre  par  mer  à  Narbonnc,  où  il  se  réfugia,  ]iarco  que 
tout  le  pays  s'étoit  soulevé  contre  Amauri  de  Montfort  S\  sctoit  soumis  au 
jeune  vicomte  Trencavel  ou  plutôt  à  Raimond-Roger,  comte  de  Foix,  son 
tuteur,  qui  reprit  sur  Amauri  la  ville  8(.  la  vicomte  de  Béziers.  Conrad  fut 
très-bien  accueilli  par  l'archevêque  Sv  le  chapitre  de'"'  Narbonne,  qui  firent 
tout  leur  possible  pour  lui    faire  oublier  les  mauvais  traitemens  qu'il  avoit 

'  Histoire  gcnèxloglijac  Jcs  grinjs    of/îcicrs,  t.  6,  l;s  réguliers  qu'il  jugerait  coupables.  —   Pouhast, 

p.  7.0.  n    6  i83.] 

'Guillaume  de  Puylaurens,  c.  3r.  —  Robertui  '  AlLiric,  C/ira/i/ron,  ann.  lîio, 

Altissiodorensis,  Continuatiu.  '  GaîVui  Cfiristhna,  nov.  eî.  t.  6,  c.   112. 

»  Voyez  tome  VIII,  Charles,  n.  C.XXXII,  c.  ylj  '  Tome  VIII,  Chartes,  n.  CXXXIV,  ce.  733,  7I,;. 

à  734,  &  tome  VII,  Ncte  XXI,  pp.  63  i  6.5.  »  Voyez  ton.e  VU,  Wol^  XXII,  p.  66. 

*  Voyez  tome  VII,    Note  XXII,   p.   66.  —    [C;  '' G  ailla    C'irisiicna,    nor.    cl.    t.    6,   c,    110.  — 

nouveau    légat    paraît    déjà    dans    une    bulle    du  Voyez  tome  VU,  Note  Wl\,  p.  66. 

l3  décembre  1219,  lui  donnant  tous  pouvoirs  sur  '"  Gallia  Christianaj  net.  cJ.  t.  6,  c.   110. 


An  1220 


"T;  538  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.    LIV.  XXIII. 

An  1220 

reçus  à  Béziers.  Comme  il  manquoit  d'argent  pour  soutenir  les  frais  de  sa 
légation,  il  engagea  à  ce'  chapitre  une  couronne  d'or  &  le  reste  de  son 
trésor  pour  la  somme  de  trois  mille  livres  melgoriennes.  Il  conserva  une  vive 
rçconnoissance  de  ce  prêt  &,  étant  sorti  quelque  temps  après  de  la  Province 
il  écrivit  au  chapitre  de  Narbonne  deux  lettres,  l'une  de  Troyes,  en  Cham- 
pagne, le  i5,  &.  l'autre  de  Châlons-sur-Saône,  le  3o  du  mois  d'août  de 
l'an  12  20,  pour  le  remercier  des  services  qu'il  en  avoit  reçus  en  cette  occa- 
sion Se  lui  donner  des  assurances  du  payement.  Il  revint  ensuite  dans  la 
Province  &  fit  des  règlemens  à^  Montpellier,  au  mois  de  septembre  suivant, 
pour  la  réforme  des  écoles  de  médecine,  de  l'avis  des  évêques  de  Maguelonne, 
Agde,  Lodève  &  Avignon.  Il  les  rétablit  dans  leur  ancienne  splendeur  Se 
ordonna  qu'à  l'avenir  personne  n'entreprendroit  d'enseigner  cette  science  qu'il 
n'eût  donné  des  preuves  de  sa  capacité  devant  l'évêque  St  les  professeurs  de 
médecine  3. 

L.  —  Le  pape  exhorte  le  jeune  Ralmond  £,•  ses  partisans  à  mettre  ha! 

les  armes. 

Entre  divers  ordres''  que  le  pape  Honoré  III  donna  à  ce  légat,  il  lui  enjoi- 
gnit :  1°  D'exhorter  le  seigneur  d'Orartge,  qui  avoit  pris  les  armes  contre  les 
habitans  d'Avignon,  partisans  du  jeune  Pvaimond,  comte  de  Toulouse,  à 
presser  son  expédition  contre  eux,  de  les  engager  à  abandonner  le  parti  de  ce 
comte  &c  d'employer  pour  cela  le  secours  de  l'archevêque  de  Rouen.  2°  De 
défendre  aux  chapitres  des  églises  cathédrales  de  Provence,  dont  les  évêques 
étoient  favorables  au  même  prince  où  à  ses  alliés,  d'en  élire  de  nouveaux, 
i.ni,''p."3"6-  ^^  siège  vacant,  pendant  tout  le  temps  de  sa  légation,  sans  son  consente- 
ment; de  déclarer  nul  tout  ce  qui  seroit  fait  au  contraire,  S<.  d'arrêter  les 
entreprises  de  ces  prélats.  3°  D'engager  tous  les  clercs  &  les  laïques  du  pays 
à  payer  un  certain  cens  annuel  pour  les  affaires  de  la  foi.  Honoré  écrivit  vers 
le  même  temps  aux  consuls  Se  au  peviple  des  villes  de  Toulouse,  Nimes  8c 
Avignon  pour  leur  fixer  un  temps  après  lequel,  s'ils  ne  s'étoient  fait  relever 
de  l'excommunication  dont  ils  avoient  été  frappés  &  ne  promettoient  entre 
les  mains  du  cardinal  Conrad,  son  légat,  d'obéir  entièrement  à  ses  ordres,  il 
les  menace  d'exécuter  la  résolution  qu'il  avoit  prise  de  supprimer  les  évêchés 
de  ces  villes,  de  les  réunir  aux  diocèses  voisins  8i  de  confisquer  tous  leurs 
biens,  comme  étant  désobéissans  au  décret  que  le  concile  général  avoit  dressé 
contre  les  hérésies. 

'  MarCa,  De  côitcarJantîa  saceriotll  &  impeni,  ronileinent   de   Frédéric  II  comme  empereur.    Le 

1.  5,  c.  34.  lendemain   il  écrivait   aux   évâques  des  provinces 

'   Gariel,     Séries    praciulum     Magalonenslum  ,  de  Narbonne,  Vienne,  Aix,   Arles  &  Lyon,   pour 

p.   i3j6.  leur  demander  de  donner  à  Conrad  toit  l'appui 

'  Le   pTpe  consola   le  légat  de  tous  les  déboires  dont  ils  seraient  capables.   [A.  M.] 

qu'il   éprouvait  dans   l'exercice  de   ses    fonctions,  ^  Raynaldi,  ann.   1221,  n.  42  &  seq.  —  Voyez 

par   une   lettre  du   24  septembre    1220    (Potthast,  tome  ^'III,  Chartes,  n.  CXXXIV,  ce.  j'iç),  740. 
n.  Û3i3),  &  lui  annonça   en  même  temps  le  cou- 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIil.  53() 

Nous  avons'  encore  deux  autres  lettres  que  le  pape  écrivit  la  cinquième 
année  de  son  pontificat  au  jeune  Pvaimond  Se  au  comte  de  Foix,  pour  les 
obliger  à  mettre  bas  les  armes;  il  en  adressa  une  semblable  au  comte  de 
Comminges.  Par  celle  qu''l  écrivit  à  Pvaimond  il  l'exhorte  à  rentrer  dans 
l'unité  de  l'Eglise  dont  il  avoit  été  séparé  ;  à  donner  dans  un  mois  des 
marques  de  sa  soumission  entre  les  mains  du  cardinal  Conrad,  son  légat,  Se 
à  faire  serment  d'obéir  à  tous  ses  ordres.  »  Sinon,  poursuit  le  pape,  soyez 
»  certain  que  nous  vous  priverons  des  pays  situés  en  deçà  du  Pvhonc  qui  vous 
Il  ont  été  réservés.  Et  ne  vous  glorifiez  pas  des  heureux  succès  que  vous  avez 
«  eus  jusqu'ici,  comme  si  vous  pouviez  prévaloir  contre  Dieu;  parce  c[ue  si 
fi  nous  vous  ôtons  ce  pavs,  vous  ne  pourrez  le  garder  longtemps,  étant  exconi- 
«  nuinié;  car  il  est  aisé  de  dépouiller  celui  qui  ne  possède  pas  à  juste  titre.  » 
Honoré,  par  sa  lettre  au  comte  de  Foix,  l'exhorte,  de  même  que  le  fils  de  ce 
comte,  à  se  faire  relever  de  l'excommunication  qu'ils  avoient  encourue,  avec 
menace,  en  cas  de  refus  de  leur  part,  de  les  priver  du  château  de  Foix  8i  du 
reste  de  leurs  domaines^. 

LI.  —  Àmaiin  lève  le  siège  de  Castelnauiary. 

Amaurl  de  Montfort^,  qui  étoit  toujours  occupé  au  siège  de  Caslelnau- 
dary,  voyant  qu'il  se  morfondoit  devant  cette  place,  que  la  vigoureuse 
défense  des  assiégés  rendoit  tous  ses  efforts  inutiles  8c  que  ses  troupes,  fati- 
guées par  Ja  longueur  extraordinaire  de  l'expédition,  se  décourageoient  ou 
désertoient  de  jour  en  jour,  prit  enfin  le  parti  de  décamper  vers  le  commen- 
cement de  mars  de  l'an  1221,  épuisé  de  travail  8<.  de  finances.  Il  y  a  lieu  de 
croire  qu'il  alla  joindre  le  légat  Conrad  qui  étoit  alors  à  Carcassonne  :  Amauri 
résidoit  en  effet  dans  cette  ville  au  mois"*  d'avril  suivant. 


■  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  ut  supra,  —   Ray-  l'y  réclamer.  —  On  ne  peut  arrêter  Ou  violenter 

naldi,  ann.   iiii,  n.  42  &  seq.  un   habitant  d'Albi,   du   moment  qu'il  est  prêt  à 

'Acetie  année    1233   appartient  une  charte  de  ester  en  justice.  —  On  ne  peut  prendre  à  Albi  ni 

privilèges    accordée    par    l'évèque  Guillem    Pierre  quête,  ni  tolte,  ni  alberguc,  sans  le  consentement 

aux   habitants  d'Albi.   Il   y  avait    eu   débat  entre  des  habitants.  —  L'évêque  doit  soumettre  les  con- 

lei  consuls  &  le  prélat,  touchant  l'interprétation  testations    qu'il    pourra    avoir   avec    un    habitant 

de  certains  articles   de   la  coutume  de  cetie  ville.  d'Albi  au  jugement  des  prud'hommes. —  L'amende 

On  résolut  de  faire    une   enquête.  L'acte  en   a  été  pour  coups  &  blessures  entraînant  perte  de  sang 

publié    par  Compnyré,   Documents   sur   l'AUIgrois,  est    fixée  à   soixante   sous    Kaimondins.   —  Vicn- 

pp.  147  i  149.  Le  premier  article  déclare  que  tous  nent   ensuite  les  articles  pour  l'homicide,  l'adul- 

les  habitants  d'Albi   peuvent  tester  sans  demander  tère,  &c.   [A.  IV!.] 

l'autorisation  du  seigneur;  ce  dernier,  c'est-à-dire  '  Guillaume  de  Puylaurens,  c.  11.  —    Roberi'.i! 

l'évêque,  n'hérite  que  dans  le  cas  où   un    bourgeois  Altissiodorensis,  Continuatio, 

neurt    intestat,    sans    Ijisscr   d'héritiers    naturels.  '  Pierre  de  Va  ux-Cern.iy,  éd.  Camuzat,  p.  32(5. 

—  Tout    individu    venant    se    réfigier   i    Alhi    est  —  [Donation    à  Prouille  du   17  avril   122OJ  C;iia- 

sous   la    protection    de    la    communauté,    d.ms    les  logue,  n.  tyi.j 
li.niies  do  consulji,  &  son  seigneur  ne  peut  venir 


An  1220 


An   1 1:  1 


-; :.io  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXllî, 

1A\.   —    Ordre   de   la   milice  de  la  Foi  de  Jésus-Christ, 

Conrad  y  publia,  le  5  de  février  de  l'an  1220  (1-221),  des'  lettres  pour 
déclarer  «  que  toutes  les  terres  ou  rentes  qu'Amauri  de  Montfort,  ses  barons 
('  S<  ses  chevaliers  avoient  données  à  l'ordre  de  la  Foi  de  Jésus-Cbrist  dans  la 
(1  province  de  Narbonne,  rcviendroient  librement  à  ce  comte  Se  aux  autres 
«  donateurs.  »  L'ordre  de  la  Foi  avoit  été  établi  depuis  peu  dans  ce  pays^  par 
diverses  personnes  zélées  pour  la  religion  qui,  dans  le  dessein  d'extirper  l'hé- 
résie, obtinrent  permission  du  pape  Honoré  III  d'instituer  un  ordre  militaire 
dont  ceux  qui  l'embrasseroient  prendroient  les  armes  contre  les  hérétiques,  à 
l'exemple  des  templiers  qui  combattoient  les  Sarrasins  en  Orient,  8c  s'em- 
ployeroient,  tant  à  maintenir  la  toi  qu'à  la  conservation  des  immunités  ecclé- 
siastiques. Le  pape  ayant  donné  pouvoir  au-*  cardinal  Conrad  de  fonder  cet 
ordre,  pourvu  que  ceux  qui  y  seroient  admis  suivissent  quelque  règle  déjà 
approuvée,  ce  légat  l'institua  en  1220,  è<.  fière  Pierre  Savaric,  qui  se  quali- 
fioit  humble  6-  pauvre  viaitre  de  la  milice  de  l'ordre  de  la  Foi  de  Jésus- 
Christ,  en  fut  élu  le  chef.  C'est  ce  qu'on  voit  par  ses  lettres''  données  à  Car- 
cassonne,  le  9  de  février  de  cette  année,  suivant  lesquelles  lui  &  ses  frères 
Cl  promettent  aide  &  secours  à  Amauri  de  Montfort  81  à  ses  héritiers  pour  la 
(■  défense  de  sa  personne  &  de  ses  domaines,  &  s'engagent  à  chercher  Se  à 
<i  détruire  le?  hérétic|ues,  les  rebelles  à  l'Eglise  £<.  tous  les  autres,  soit  chré- 
«  tiens  ou  non,  qui  feroient  la  guerre  à  ce  comte,  avec  promesse  de  le  rece- 
«  voir  dans  leurs  clK"itcaux8<  de  ne  pas  accepter  davantage  la  donation  de  ses 
«  domaines  ou  de  ses  fiefs  sans  sa  permission,  excepté  les  aumônes  raison- 
ci  nables  que  l'I'lgiisc  peut  accorder.  » 

On  voit  par  là  que  l'ordre  militaire  de  la  Foi  de  Jésus-Christ  fut  institué 
t.'j'îi,''p!T-.  principalement  pour  maintenir  la  maison  de  Montfort  dans  la  possession  des 
domaines  qu'elle  avoit  envahis  sur  celles  de  Toulouse,  de  Foix,  de  Coni- 
minges,  de  Béziers,  Sic,  8<.  comme  Amauri  fut  bientôt  après  dépossédé  de 
tous  ces  biens,  l'ordre  de  la  Foi  tomba  sans  doute  avec  lui.  Nous  ne  trouvotis 
plus  en  effet,  depuis,  dans  le  pays,  aucun  monument  qui  le  regarde.  Quel- 
ques-^ auteurs  prétendent  qu'on  l'unit  dans  la  suite  à  un  autre  qui  fut  ins- 
titué, en''  1229,  par  l'archevècjue  d'Auch  Se  ses  suffragans,  sous  le  titre  de 
l'ordre  des  frères  de  la  milice  de  Saint-Jacques,  établie  en  Gascogne  pour  la 
défense  de  la  joi  b  de  la  paix.  S;  que  le  pape  Grégoire  IX  confirma  en  i23i. 
Le  pape  marque  dans  sa  bulle  que  les  frères  de  cet  ordre  avoient.  embrassé 
l'institut  de  ceux  de  la  milice  de  Saint-Jacques,  déjà  approuvée  par  le  Saint' 

'  Duchesnc,  Scriptorcs,  t.  5,  p.  S71.  *  Rcg'istrum  curiac  Franciac.  —   Héliot,   lilstoin 

'  Rnynaldi,  ann.   ijîr,  rt.  41.  Jei  ordres  religieux,  t.  8,   p.  286  &  suiv.  —  Corri- 

'  Voyej  tome  VIII,  Chnrtes,  11.  CXXlV,  c.  740.  ge~  le  5  fivricr,  &  voyej  irmc  VIII,  ce.  7^"!,  744, 

.— Ln   première   autorisation    donnée  par  le   pape  où    nous    donnons   ctite    pièce   d'après    l'original. 

est  d.i  7  juin  t22t,  Potthast,  n.  6675.  Voir  aussi  [A.  M] 

une  bulle   du    16   juillet   suivant,    pour    Is    mir.ie  '  Héliot,  ut  supra,  p.  287  &  suiv. 

objet,  ibii.  n.  O658.    |  \.  M.J  6  Ca/îia  Clir'utiani,  nov.  cd.  t.  \,lnslrum.  p.  I^î. 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV,  XXIII,  541 

Siège.  Cet  ordre  de  Saint-Jacques  subsista  dans  le  pays  jusqu'en  1261.  Le 
grand-maître  &  ses  religieux,  qui  étoient  réduits  à  un  petit  nombre,  firent 
alors  profession  8<.  s'incorporèrent  dans  l'abbaye  de  Feuillans,  de  l'ordre  de 
Cîteaux,  dans  le  Toulousain. 

LUI.  —  Siège  0  prise  de  Montréal  sur  Amaiirl. 

La  levée  du  siège  de  Castelnaudary  fut  suivie'  de  la  perte  que  fit  Amauri 
de  Montfort  de  plusieurs  villes  Se  cbâteaux  des  environs,  entre  autres  de 
celui  de  Montréal,  dans  le  diocèse  de  Carcassonne,  que  le  jeune  Raimond  8< 
le  comte  de  Foix  assiégèrent  sur  Alain  de  Pv.ouci,  chevalier  françois,  qui  en 
étoit  seigneur.  Ils  se  rendirent  bientôt  maîtres  de  la  ville  parce  qu'elle  étoit 
sans  défense  ik  que  les  bourgeois  la  leur  livrèrent.  Ils  dressèrent  ensuite  leurs 
batteries  contre  le  château  où  Alain  de  R.ouci  s'étoit  réfugié  avec  la  garnison, 
après  avoir  envoyé  son  fils  Alain  à  Carcassonne  demander  du  secours  à 
Amauri.  Les  deux  comtes  donnèrent  l'assaut  à  ce  château  le  second  jour  du 
siège,  8<.  Alain  de  Rouci,  le  père,  ayant  été  blessé  dangereusement  à  la  tête, 
Alain,  son  fils,  qui  étoit  de  retour  de  Carcassonne,  demanda  à  capituler  Si. 
députa  Arnaud  de  Villemur,  chevalier,  pour  régler  les  articles  :  la  garnison 
obtint  la  vie  6<.  les  bagues  sauves,  6t  le  jeune  Alain  sortit  de  la  place  le  même 
jour;  de  sorte  qu'Amauri  de  Montfort,  qui  s'étoit  déjà  avancé  pour  la  secourir, 
fut  obligé  de  s'en  retourner  à  Carcassonne.  Alain  de  Rouci,  le  père,  l'alJa 
joindre  avec  ses  troupes  :  il  s'excusa  sur  ce  qu'ayant  été  blessé  il  n'avoit  pu 
défendre  le  château  de  Montréal,  &  mourut  peu  de  temps  après  de  sa  bles- 
sure. Outre  le  château  Se  la  ville  de  Montréal  Simon  de  Montfort  lui  avoit 
donné  en  fief  le  château  de  Termes,  dans  le  diocèse  de  Narbonnc,  avec  tout. 
le  pays  de  Termenois,  8c  il  jouissait  encore  de  ce  dernier  pays  au  mois  de 
mai  de  l'an  11:0,  comme  il  paroit  par  les  différends  qu'il  avoit^  alors  avec 
l'abbaye  de  La  Grasse,  au  sujet  des  albergues  Se  de  quelques  autres  droits 
q^ue  ce  monastère  prétendoit  sur  divers  villages  du  Termenois.  Quant  à  Alain 
de  Rouci,  le  fils,  on  le  soupçonna  d'avoir  été  d'intelligence  avec  le  comte  de 
Toulouse,  qui  lui  donna  un  sauf-conduit,  5<  il  n'osa  se  présenter  devant  le 
comte  Amauri. 

LIV.  —  Amauri  fait  solliciter  le  prince  Louis  de  venir  à  son  secours. 

Amauri,  voyant  qu'il  faisoit  tous  les  jours  de  nouvelles  pertes,  sollicita 
le  prince  Louis,  fils  du  roi  Philippe-Auguste,  de  venir  à  son  secours. 
Honoré  III  pressa  en  même  temps  Louis  de  reprendre  cette  expédition  8c  lui 
accorda  pour  cela  la  levée  du  vingtième  sur  tout  le  clergé  du  royaume.  Ce 

'  Guillaume  de  Piiylaiirtns,   c.  31.  —   Alb'ric,  "  Archives  de  l'abbaye  de  La   Grasse.  —  Cata- 

Chronicon,  ann.   1221.  —  Voyez  tome  VIII,  Char-  logiie,    n.    181,    élection    d'arbitres    par    les   deux 

tes,  n.  CCCXXX  ,  &   tome  VII,  ?/otc  XXI,  n.  3,  parties,  &  n.   18.')  (acte  du  23  août  1220J,  sentence 

pp.  65,  66.  définitive  de  ces  arbitres.  [A.  M.J 


An  1221 


Aa  122  1 


542  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIII. 

prince  profita  de  cette  grâce  &  partit  à  la  tête  d'tin  grand  corps  de  troupes; 
mais,  au  lieu  de  continuer  la  guerre  contre  le  comte  de  Toulouse  &  ses  alliés, 
il  tourna  ses  armes  contre  le  roi  d'Angleterre,  ce  qui  irrita  extrêmement  le' 
pape.  Les  grands  vassaux  contribuèrent  aussi  aux  frais  de  l'armement  du' 
prince  Louis,  sous  prétexte  de  faire  la  guerre  aux  hérétiques,  comme  il  paroît 
par  des  lettres^  du  roi  Philippe-Auguste,  datées  de  Melun,  au  mois  de  mai 
de  l'an  1121,  dans  lesquelles  il  déclare  que  Blanche,  comtesse  de  Cham- 
pagne, lui  ayant  accordé  le  vingtième  de  ses  revenus  pour  le  secours  de  la 
terre  d'Albigeois,  cela  ne  tireroit  pas  à  conséquence. 

LV.  —  Le  jeune  Raîmond  récompense  les  hahitans  d'Avignon.  —  //  confirme 
la  donation  de  la  ville  de  Montauhan  en  faveur  du  comte  de  Foix. 

Le  vieux  comte  de  Toulouse  &  ses  alliés,  n'a}  ant  rien  à  craindre  de  Louis, 
continuèrent  sans  obstacle  la  guerre  contre  Amauri  de  Montfort,  tandis  que 
le  jeune  Raimond,  son  fils,  travailloit  du  côté  du  Rhône  à  affermir  sa  domi- 
nation dans  le  pays.  Ce  jeune  prince  se  rendit  à  Avignon  6c  y ^  donna,  le 
25  de  mars,  aux  consuls  &  aux  hahitans  de  cette  ville,  en  reconnoissance  des 
services  qu'ils  lui  avoient  rendus  &t  au  comte,  son  père,  &  des  dépenses  qu'ils 
Éd.  origin.  avoicnt  faites  pour  les  soutenir,  tous  les  droits  qu'il  avoit  sur  les  châteaux  de 
Caumont,  de  Tor,  &.C.,  avec  divers  privilèges.  Il  promit  de  faire  ratifier  cette 
concession  par  le  comte,  son  père'*,  qu'il  alla  joindre  ensuite  dans  le  haut 
Languedoc.  Il  confirma,  en  effet,  au  mois  de  juillet  suivant,  à  Gaillac-^,  en 
Albigeois,  en  faveur  des  consuls  Se  des  hahitans  de  cette  ville,  les  coutumes 
Se  les  privilèges  que  ses  prédécesseurs  leur  avoient  accordés,  &  il  leur  en 
donna  de  nouveaux. 

LVL  —  Amauri  porte  la  guerre  dans  l'Agenois.  —  La  ville  d'Agen  se  soumet 

au  Jeune  Raimond. 

Cependant  Amauri  de  Montfort,  voyant  la  défection  presque  générale  dans 
tous  les  pays  conquis  par  son  père,  fit  de  nouveaux  efforts  pour  les  conserver. 

■  Manrique,   Annales   CiHerclcnses,  ann,    lizz,  jcttis  aux  mêmes  charges  que  les  autres  bourgeois 

c.   I,  n.  7  &  suiv.  de  Gaillac.  —  Si   le  comte   ou  d'autres  seigneurs 

'  Brussel,  Usage  des  fiefs,  t.  I,  p.   417   &   suiv.  achètent  ou  acquièrent  d'une  manière  quelconque 

—  [Voyez  Delisle,  Catalogue  des  actes  de  Philippe^  des  honneurs  dans  la  ville,  ils  contribueront  pro- 

Auguste,  n.  loSo,  p.  466.]  portionnellement  à  ses  dépenses.  Mêmes  disposi- 

'  Tome  VIII,  Chartes,  n.  CXXXV,  ce.  743  à  746.  tions  pour  les  acquisitions  que  feront  à  l'avenir 

■•  liid.  ce.  747  &  748.  les  maisons  religieuses  &:  personnes  ecclésiastiques. 

'  Archives  de  l'abbaye  de  Gaillac Cette  charte  Exemption    de  péage    pour    tous    les    hctmmes    de 

a  été  publiée  par  Compayré,  Documents  inédits  sur  Gaillac  dans  les  Etats  du  comte  de  Toulouse.  Les 

l'Aliigeois,   pp.   374  &  suiv.    En  voici   l'analyse.  octrois  de  la  ville  ne  pèseront  que  sur  les  étrangers. 

Confirmation    de   toutes   les   anciennes    libertés   :  — Partage  des  droits  de  justice  &  des  amendes  entre 

droit  d'asile,    liberté   à   tout   venant,    quelle  que  le  plaignant   &  le  seigneur.  —  Suppression  de  la 

soit  sa  condition;  s'il  est  tenancier,  il  doit  aban-  tolte,  de  la  quête  &  de  l'albergue.  —  Fixation  des 

donner  sa   tenure   à  son    seigneur.  —  Les  bailes,  amendes  pour  vol  de  jour  ou  de  nyit,  pour  l'ho- 

tant  du  cpmte  que  des  autres  seigneurs,  sont  assu-.  jitiiçide,  &c.  [A.  M.] 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIII.  5^Z 

L'archevêque  de  Bourges,  les  évêques  de  Cleimont  &<  de  Limoges  &  divers 
autres  prélats  lui  avoient  amené  quelque  secours;  il  marcha  avec  eux  S<.  avec 
le  cardinal  Conrad,  légat  du  Saint-Siège,  vers  l'Agenoisj  il  mit  d'abord  le 
siège  devant  le  château  de  Clermont,  situé  sur  la  droite  de  la  Garonne,  £<. 
avant  appris  que  les  bourgeois  d'Agen  étoient  disposés  à  rentrer  dans  l'obéis- 
sance du  comte  de  Toulouse,  leur  ancien  maître,  il  n'omit  rien  pour  les  en 
détourner.  Il  manda  les  consuls  de  cette  ville,  leur  fit  beaucoup  de  caresses 
8{.  leur  donna  des  lettres  authentiques  datées  devant  Clermont  sur  la  Garonne, 
le  i*'  d'août  de  l'an  1221  '.  Dans  ces  lettres  il  fait  un  grand  éloge  des  habi- 
tans  d'Agen  6t  de  la  fidélité  qu'ils  lui  avoient  gardée  jusqu'alors;  il  expose 
ensuite  que  ses  ennemis  tentoient  de  l'ébranler  en  publiant  qu'il  alloit  se 
•rendre  dans  cette  ville  pour  se  saisir  de  tous  les  biens  des  habitans  &c  leur 
demander  des  otages  :  il  déclare  qu'il  les  prend  sous  sa  protection  spéciale, 
les  assure  de  son  amitié  &  promet  par  serment  qu'il  les  protégera  toujours  8c 
qu'il  ne  leur  causera  aucun  dommage  tant  qu'ils  lui  demeureront  fidèles; 
qu'il  ne  tirera  d'eux  aucune  vengeance  pour  le  soupçon  qu'il  avoit  conçu  de 
leur  félonie;  qu'il  ne  leur  demandera  aucuns  otages  &  qu'enfin  il  leur  par- 
donne entièrement  tout  le  passé,  pourvu  qu'ils  lui  fassent  justice,  conformé- 
ment à  leurs  coutumes  approuvées  par  ses  prédécesseurs,  8(.c.  Les  consuls 
d'Agen,  de  leur  côté,  prêtèrent  serment  de  fidélité  à  Amauri,  en  leur  nom  & 
en  celui  de  leurs  concitoyens,  avec  promesse  d'obéir  à  ses  héritiers  quels  qu'ils 
fussent;  de  n'accorder  l'entrée  de  leur  ville  à  aucun  de  ses  ennemis,  &c. 
«  Ils  permettront  cette  entrée  libre,  ajoute  Amauri,  à  nos  baillis  81  à  nos 
«  autres  envoyés  61  même  à  tous  ceux  qui  ne  sont  pas  de  cette  langue  (c'est- 
<i  à-dire  aux  François)  6c  qui  nous  seront  attachés,  mais  surtout  à  nous- 
«  mêmes,  S<c.  » 

La  crainte  qu'avoit  ce  comte  de  perdre  Agen  n'étoit  pas  sans  fondement. 
Cette  ville  se  soumit  en  effet,  peu  de  jours  après,  au  jeune  R.aimond  qui, 
étant  à  Toulouse,  le  dimanche  septième  jour  de  l'issue  du  mois  d'août  de 
l'an  1221,  c'est-à-dire  le  22  de  ce  mois-,  promit  solennellement  de  protéger 
les  habitans  d'Agen,  de  les  défendre  en  personne,  en  cas  que  le  comte  de 
Montfort  ou  tout  autre  les  assiégeât,  £c  d'y  entretenir  à  ses  dépens  sur  les 
revenus  du  sel,  pour  les  soutenir,  une  garnison  de  vingt  chevaliers  armés,  de 
trente  sergens  8c  de  dix  arbalétriers  à  cheval  8c  même  un  plus  grand  nombre 
de  gens  d'armes  s'il  étoit  nécessaire.  Il  donna  les  consuls  ou  capitouls  de 
Toulouse  pour  garans  de  ces  promesses,  confirma  par  une  autre  charte ^  les 
privilèges  8c  coutumes  d'Agen  8c  fixa  les  droits  qu'il  levoit  dans  cette  ville  à 
cause  du  pariage  avec  l'évêque''.  Nous  ne  savons  pas  si  Amauri  de  Montfort  se 
rendit  maître  du  château  de  Clermont,  en  Agenois.  Nous  savons  seulement 

'  Martène,  Thésaurus  anccdotorum,  t.  i,  c.  884.  *  On   peut  voir  au   fome  VIII,  ce.   753   &  siiiv, 

[Catalogue,  n.  içS.)  deux  autres  chartes  données  le  même  jour  par  le 

'  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  CXXXV,  ce.  748  jeune  Raimond,  &  empruntées  par  nous  à  la  pu- 

&  749.  [Corrige^  le  25.]  blication  de  MM.   Magen   &  Tholin.  Par  la  pre- 

'  Registrç  i'ix  du  Trésor  des  chartes.  r;iière  de  ces  chartes,  le  comte  amnistie  tous  ceux 


An  lîii 


t.  m,  p.  3n) 


544  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXII!. 

An  izii  •  ' 

qu'il  étoit  à  Narbonne,  le  7  de  novembre  suivant',  Si  qu'il  y  donna  alors 
des  lettres  de  sauvegarde  pour  l'abbaye  de  Fontfroide.  Il  y  a  lieu  cependant 
de  croire  qu'il  fut  obligé  de  lever  le  siège  de  Clermont,  à  cause  que  nous 
voyons  que  la  ville  d'Agen  se  soumit  bientôt  après  au  jeune  comte  Raimond. 

LVII.  —  Privilèges  de  Montaithan,  —  Le  pape  rend  une  sentence  d'exhéréda- 
tion  contre  le  Jeune  Raimond,  —  Assemblée  des  hérétiques  à  Pieussan. 

Ce  prince  &  le  comte,  son  père,  continuèrent  leurs  expéditions  contre 
Amauri.  Le  dernier  étant  ^  à  Montauban,  à  la  mi-octobre  de  cette  année,  y 
statua  qu'on  ne  payeroit  que  buit  deniers  pour  chaque  tonneau  de  vin  qui 
descendoit  le  Tarn,  depuis  Montauban  jusqu'à  Moissac.  Pv.oger-Bernard,  iils 
du  comte  de  Foix,  à  qui  ce  prince  avoit  donné  la  seigneurie  de  Montauban, 
y  avoit  fait  un  autre  règlement^  quelques  jours  auparavant,  touchant  les 
donations  faites  aux  gens  de  mainmorte;  les  sept  du  chapitre  ou  capitouls  de 
Montauban  l'approuvèrent. 
Kd.  oriRin.  Le  pape  Honoré  III,  apprenant  que  le  jeune  Raimond  faisoit  tous  les 
jours  de  nouveaux  progrès  sur  Amauri  de  Montfort  St  qu'il  ne  tenoit  aucun 
compte  de  la  prière  qu'il  lui  avoit  faite  de  mettre  bas  les  armes,  prit  enfin 
le  parti  extrême  de  porter  contre  lui  le  jugement  suivant  :  «  Notre'*  cher  fils 
«  Bertrand,  cardinal  du  titre  de  Saint-Jean  8i  de  Saint-Paul,  alors  légat  du 
«  Saint-Siège  apostolique,  faisant  attention  que  Raimond,  fils  de  Raimond, 
(i  ci-devant  comte  de  Toulouse,  ne  se  contentoit  pas  d'imiter  la  méchanceté 
(1  de  son  père,  mais  ([u'il  la  surpassoit  de  beaucoup,  lui  a  ôté  par  sentence 
.1  tous  les  droits  cju'il  pouvoit  avoir  sur  les  domaines  qui  avoient  appartenu 
Il  ou  qui  appartcnoient  à  son  père  dans  l'étendue  de  sa  légation;  nous  con- 
n  firmons  cette  sentence  comme  juste,  ainsi  qu'elle  est  plus  amplement 
«  énoncée  dans  les  lettres  qui  en  ont  été  expédiées.  Donné  au  palais  de 
«  Latran,  le  25  octobre,  la  sixième  année  de  notre  pontificat  (ou  l'an  iiii).  » 
Honoré  eut  recours  de  plus  à  l'autorité  du  roi  Philippe-Auguste  à  qui  il 
écrivit''  le  i""  de  février  de  l'année  suivante  pour  l'exhorter  à  relever  l'affaire 
de  la  foi  dans  les  pays  d'Albigeois,  où  elle  étoit  entièrement  tombée. 

Les  hérétiques  s'y  étoient  fortifiés  en  effet,  S<.  il  est  fait  mention  dans  les 
registres  de  l'Inquisition  de  Toulouse,  d'une  assemblée  générale  tenue  en  122:, 
à  Pieussan,  dans   le   P\.azès,  composée  d'une  centaine  des  principaux  8c  à 

des  tjabltants    d'Agsn   qui    ont   soutenu    la   cause  '  Archives  de  l'abbaye  de  Fontfroide.   [Corrigez 

d'Amaurt  de  Montfort.  En  même  temps  il  promet  le  6  novembre  &  voyez  notre  Catalogue,   n.  194] 

de  faire  modérer  l'intérêt  des  prêts  iisuraires.  Par  '  Archives  de  l'hôtel  de  ville  de  Montauban. 

le  second  acte,   il  confirme  les  principaux  privi-  '  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  CXXXVI,  ce.  ^.ij 

léges  du  consulat   &  des   habitans  d'Agen,  donne  &  ■j'>\, 

aux   douze   consuls   le   droit    d'interpréter  la   cou-  '  Raynaldi,  a  nn.   1211, 

tume  dans  les  cas  douteux,  proinet  de  ne  prendre  '  Duchesne,  Scnptores,  t.  5,  p.  457.  —  [Pctthast, 

ni   otage,  ni    taxes    illicites   dans   la   ville,   de   ne  n.  677';.] 
point  incarcérer   les   bourgeois,   de  ne   point  aug- 
menter les  péages,  &.C.    (A.  M.] 


An  1222 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXHL  543 

laquelle  Guillabcrt  de  Castres,  évêqiie  des  Toulousains,  présida.  Les  héré- 
tiques du  Razès  demandèrent  qu'on  leur  donnât  un  cvêque  particulier,  parce 
qu'ils  ne  savoient  pas  s'ils  dévoient  obéir  à  celui  du  Toulousain  ou  à  celui 
du  Carcasses.  On  les  satisfit,  &  Guillabert  de  Castres  ordonna  pour  leur 
évoque  Benoît  de  Termes  qu'il  prit  parmi  ceux  du  Carcasses.  Il  fit  cette  ordi- 
nation par  l'imposition  des  mains  &  la.  consolation.  Il  ordonna  aussi  Rai- 
mond  Agulerius  ^oux  fils  majeur,  &  Pierre  Bernardi  pourjf/j  mineur, 

LVIII,  —  Consuls  de  Toulouse.  —  Moissac  se  soumet  au  jeune  Raimond, 

Vicomtes  de  Lomasne. 

Les  deux  Raimond  approuvèrent'  conjointement,  au  mois  de  mars  de 
l'an  1222,  divers  règlemens  pour  l'élection  des  consuls  de  Toulouse,  qui 
dévoient  être  pris  moitié  de  la  ville  Se  moitié  du  faubourg.  Le  jeune  Rai- 
mond fit  ensuite  un  voyage  en  Gévaudan,  8<.  donna^  à  Chirac,  le  14  du 
même  mois,  des  lettres  de  sauvegarde  pour  l'hùpital  d'Aubrac.  Il  se  rendit  de 
là  en  Querci,  où  il  reprit  Moissac  sur  la  fin  du  mois.  Après  '  son  entrée  dans 
cette  ville,  il  confirma  les  privilèges  des  habitans  qui,  de  leur  côté,  lui  prê- 
tèrent serment  de  fidélité.  Il  reconnut  que  quand  le  seigneur  de  Moissac  en 
prcnoit  possession,  dix  de  ses  barons  dévoie*?^  jurer  avec  lui  d'observer  ces 
lîriviléges.  En  conséquence  il  fit  faire  ce  serment  par  Bertrand,  son  frère, 
Otton,  vicomte  de  Lomagne,  8<.  Hispan,  son  frère,  Pilfort  de  Rabastens, 
Bernard  de  Durfort,  S<c.  Otton  St  Hispan  de  Lomagne  étoient  fils  du  vicomte 
Vivien  qui  avoit  donné  au  premier'*,  l'année  précédente,  la  moitié  de  tous 
les  domaines  qu'il  possédoit  dans  les  diocèses  de  Toulouse,  d'Agen  &  de  Lec- 
toure,  6<  en  particulier  cette  dernière  ville  dont  il  étoit  coseigneur  avec 
l'évêque,  Auvilar  6c  Jumat.  Raimond  le  Jeune  rendit  alors'  aux  habitans  de 
Moissac  les  droits  8<.  les  possessions  dont  ils  jouissoient  lorsque  les  croisés 
mirent  le  siège  devant  Carcassonne,  avec  promesse  de  leur  faire  justice,  sui- 
vant que  le  jugeroient  le  chapitre  (el  capital)  ou  les  capitouls  Se  les  pru- 
d'hommes de  Moissac,  avec  réserve  des  droits  Se  des  actions  qu'il  avoit  sur 
ceux  qui  avoient  forfait  contre  lui  jusqu'à  ce  jour. 

LIX.  —  Sécularisation  de  la  cathédrale  de  Mende.  —  Une  partie  des  diocèses 
de  Béyers  €•  Narbonne  excommuniée. 

Le  cardinal  Conrad,  évêque  de  Porto  8c  légat  dans  la  Province,  fit  cepen- 
dant un  voyage  en  France,  sans  doute  pour  solliciter  le  roi  Philippe-Auguste 

■Voyez    tome  "Vin,    Chartes,    n.   CXXXVIII,  n.  48.  —  J.   322;  Teulet,   t.   1,  p.   025;   acte  du 

ce.  75'j  &  737.  28    octobre    1221.    Le   7    mai    précédent,    le  jeune 

"Archives  de  la   domcrie   d'Aubrac.  —  [Voyez  comte  Raimond  avait  pris  l'engagement  de  garan- 

tomc  IV,  p.  894.]  tir  cette  donation  qui  n'était  encore  que  projetée, 

'  Tome  vin.  Chartes,  n.  CXXXV,  ce.  749,  700.  [A.  M.J 

^  Tié;or  des  chartes  du    roi  ;  Toulouse,   sac   l'i,  '  Hôtel  Ai  ville  de  Moiss:ic. 

VI.  35 


Au 


Au  12:2 


K\6  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV,  XXIII. 


à  envoyer  du  secours  à  Amauri  de  Montfort;  il  passa'  par  Meiide  où  il  con- 
firma, le  24  de  mars  de  cette  année,  à  la  demande  de  Guillaume,  évêque  de 
cette  ville,  8c  de  ses  chanoines,  un  statut  fait  par  Henri  8<  Géraud,  arche- 
vêques de  Bourges,  métropolitains  du  pays,  pour  l'établissement  de  quinze 
chanoines  séculiers,  à  la  place  des  chanoines  réguliers  qui  desservoient  la 
cathédrale.  Il  dénonça,  excommuniés  à  Narbonne  ^,  le  28  d'avril  suivant, 
Il  tous  ceux  qui,  s'étant  déclarés  ennemis  de  l'affaire  de  Jésus-Christ,  avoient 
«  pris  les  armes  &  avoient  fait  le  dégât  aux  environs  de  cette  ville,  qui, 
«  ajoute-t-il,  est  fidèle  à  l'Eglise  romaine.  !>  11  excommunie  nommément, 
dans  cet  acte,  les  habitans  de  Capestang,  Béziers,  Puyserguier,  Villeneuve, 
Casouls,  Bisan,  Florensac,  Murviel,  Corneillan,  Thésan,  Sauvian,  Sérignan, 
t  m ''""]"o  Cessenon,  Olonsac,  Peyriac  &  de  plusieurs  autres  lieux  des  diocèses  de  Nar- 
bonnc  &<  de  Béziers,  dont  il  expose  les  biens  à  la  discrétion  de  ceux  de 
Narbonne  :  preuve  bien  certaine  que  toutes  ces  places  avoient  secoué  dès  lors 
le  joug  d'Âmauri  de  Montfort  pour  retourner  sous  la  domination  de  leurs 
anciens  maîtres,  &  que  ce  comte  avoit  ])erdu  presque  tous  les  domaines  que 
Simon,  son  père,  avoit  conquis  dans  la  Province. 

LX.  —  Amauv'i  offre  ses  conquêtes  au  roi  Philippe-Auguste.  ^ 

Amauri,  se  voyant  réduit  à  l'extrémité  êc  désespérant  de  pouvoir  rétablir 
ses  affaires,  envoya  les  évoques  de  Nimes  &  de  Béziers  au  roi  Pliiiippe- 
Auguste  pour  lui  offrir  de  lui  céder  tout  le  pays  conquis.  Il  dépêcha  en  même 
temps  au  pape  pour  lui  faire  part  de  ses  disgrâces.  Le  pontife  en  fut  vive- 
ment touché  :  il  écrivit,  le  14  de  mai,  la  lettre^  suivante  au  roi  Philippe- 
Auguste  :  «  Vous  savez,  notre  clier  fils,  combien  l'Eglise  est  ébranlée  dans  ce 
«  tem|os-ci,  surtout  dans  les  pays  d'Albigeois,  sur  les  limites  de  votre  royaume. 
«  Les  hérétiques  la  combattent  ouvertement,  prêchent  publiquement  contre 
«  la  foi,  tiennent  des  écoles  d'erreur  &  élèvent  leurs  évêques  contre  les 
»  r.ôtres.  Personne  n'ignore  les  soins  que  l'Eglise  romaine  s'est  donnée  pour 
<'  déraciner  cette  peste  de  vos  Etats,  non-seulement  par  les  censures  ecclésias- 
«  tiques,  mais  encore  par  les  secours  temporels.  Vous  n'ignorez  pas  que  la 
«  puissance  séculière  est  obligée  de  réprimer  les  rebelles  par  le  glaive  maté- 
«  riel  lorsque  le  spirituel  ne  peut  pas  arrêter  leur  malice,  &.  que  les  princes 
«  doivent  chasser  les  méchans  de  leurs  Etats;  à  quoi  ils  peuvent  être  con- 
«  traints  de  droit  par  l'Eglise,  s'ils  sont  coupables  de  négligence.  Comme 
(c  nous  écrivons  aux  autres  princes  de  purger  leurs  terres  de  ces  sectaires,  8< 
11  que  cette  peste  fait  de  nouveaux  progrès  dans  votre  royaume,  en  sorte  que 

'  Archives  de  l'évêché  de  Mendo.  rilbigeols   (n.  1^826),  &  chnrge  Guillaume,  arclie- 

'  Tome   VIII,    Chartes,    n.    CXXXIX,    ce.  yïy  vèque  de  Reims,    légat   du   Saint-Siège,   de  lever 

à  j5).  promptemcnt   le   vingtième    pour    la    croisade  sur 

^  Rnynaldi,  ann.    1222,   n.   44  Si   :cq.   —  Pot-  tous  les  ecclésiastiques  &  communautés  de  sa  léga- 

thast,  n.  6828.  En  même  temps  le  pape  presse  tous  tion  (n'"  6827,  683o,  (•3'i  1 }.  [A.  M.J 

les   habitants   du    royaume   de   s'armer   contrç  le} 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIII.  547 

«  les  ennemis  de  la  foi  semblent  prévaloir  S<.  triompher  des  fidèles,  il  est  de 
«  votre  excellence,  si  vous  voulez  avoir  quelque  égard  pour  votre  honneur  St 
«  pour  le  salut  de  votre  âme,  ainsi  qu'il  convient,  de  combattre  aussi  puis- 
<i  samment  que  promptcment  les  hérétiques  de  votre  royaume  8<.  leurs  fau- 
(I  teurs;  de  crainte  que,  si  vous  différez  davantage,  la  foi  n'y  soit  anéantie, 
«  que  le  reste  du  pays  qui  est  encore  au  pouvoir  des  catholiques  ne  soit 
Il  entièrement  perdu  S<  que  l'erreur  ne  se  communique  dans  le  voisinage,  ce 
«  qui  est  fort  à  appréhender.  Vous  comprendrez  sans  doute  par  là  à  quels 
«  périls  sont  exposés  &  l'Eglise  &  vos  États.  Afin  donc  qu'on  n'attribue  pas 
«  le  renversement  de  la  foi,  comme  on  nous  le  reproche  souvent,  soit  à  votre 
(i  faute,  soit  à  nous,  qui  avons  dû  vous  avertir  de  chasser  les  héréticjues, 
<■  nous  vous  prions,  nous  vous  exhortons  autant  qu'il  est  en  nous,  Se  nous 
«  vous  enjoignons  pour  la  rémission  de  vos  péchés,  du  commun  conseil  de 
«  nos  frères,  d'unir  à  votre  domaine  tous  les  pays  que  le  comte  de  Montfort 
»  a  tenus  de  vous  en  fiet  de  ce  coté-là;  puisque  ce  comte  n'est  pas  en  état  de 
«  les  détendre  Se  qu'il  vous  les  a  déjà  offerts,  soit  par  les  évoques  de  Nimes 
«  S<  de  Béziers,  ses  ambassadeurs,  soit  par  ses  lettres  qu'il  nous  a  commu- 
«  niquées,  pour  les  posséder  dans  la  suite  vous  8t  vos  héritiers  à  perpétuité. 
<(  Travaillez  avec  diligence  St  conjointement  avec  nous,  comme  il  appartient 
Il  à  la  magnificence  royale,  à  accéler  cette  affaire,  en  sorte  que  vous  n'alié- 
«  niez  jamais  ces  pavs  de  votre  domaine  Se  de  celui  de  vos  fils.  Au  reste, 
«soyez  assuré  que  nous  avons  excommunié  depuis  longtemps  Raimond, 
«1  ci-devant  comte  de  Toulouse,  son  fils  &  leurs  associés;  qu'ils  ont  été  avertii 
«  avec  douceur  8t  qu'ils  ne  veulent  pas  se  corriger  comme  ils  doivent;  maii 
i(  qu'ils  persévèrent  obstinément  dans  leur  méchanceté.  Soyez  certain  que, 
»  pendant  tout  le  temps  que  vous  vous  employerez  de  bonne  foi  à  l'accom- 
«  plissement  de  cette  affaire,  qui  est  celle  de  Jésus-Christ,  nous  vous  secour- 
«  rons  par  la  levée  du  vingtième  81  par  les  indulgences  accordées  à  ceux  qui 
<c  se  croisent  contre  les  albigeois.  Se  que  nous  vous  protégerons  pour  la  défense 
M  de  vos  Etats,  si  quelqu'un  vouloit  entreprendre  de  les  attaquer,  » 

Il  ne  paroît  pas  que  les  sollicitations  du  pape  8c  d'Amauri  aient  fait  beau- 
coup d'impression  sur  le  roi  Philippe.  C'est  ce  que  nous  avons  lieu  d'inférer 
d'une  lettre'  qu'il  écrivit,  vers  ce  temps-là,  àThibaud,  comte  de  Champagne, 
qui,  pressé  par  le  légat  du  pape,  demanda  permission  à  ce  prince  de  se  charger 
en  son  nont  de  l'affaire  d'Albigeois.  Le  roi  lui  répondit  qu'il  y  consenloit, 
sauf  cependant  le  service  que  ce  comte  lui  devoit.  «  Car,  ajoute  Philippe, 
«  nous  ne  voulons  pas  nous  lier  dans  cette  affaire  par  aucune  promesse,  parce 
«  que  nous  sommes  sur  le  point  d'avoir  la  guerre  avec  le  roi  d'Angleterre  6c 

'  Voyez  tome  VIII,  Chartes,   n.  CXLII,  c.  751.  question   devait   durer  jusqu'à   ia    Pâques   de  l'an 

—   M.    Delisl;   [C:itilogue    Acs   actes   de   Philippe-  1220   (Voyez    ihid.    n.     i5o6j.    Ainsi    datée,    cette 

Auguste,  n.    1868,   p.    421)  place  cette   pièce  à  la  pièce  se    rapporte  aux  efforts    tentés    par  le  pape 

fin   de  1118   ou  de   1217.  En    effet,  le  roi   y  parle  Honorius    &    ses    légats    en    faveur    d'Amauri    de 

(voir  plus  bas)  de  la  trcve  qu'il  avait  avec  le  roi  Montfort,  après  la    mort  du  comte   Simon.  \'oyea 

d'Angleterre,    trêve  qui    expirait  dans    un  an,   à  plus  haut,  ch.  xxmv,  pp.  Jia,  Ô23.  [A.  M.] 
partir   de    la    prochaine  Pâques.    Or,    la    trêve  en 


An    1222 


liJ.  orisin. 
1.  111,  p.  321. 


Au 


548  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIII. 

«  que  la  trêve  que  nous  avons  conclue  avec  lui  ne  doit  durer  que  de  la  fête 
<i  de  Pâques  prochaine  en  un  an.  Il  ne  nous  convient  pas  de  nous  livrer  à 
«  d'autres  entreprises  &c  nous  devons  laisser  toutes  celles  qui  nous  détourne- 
«  roient  de  notre  défense  S<.  de  celle  du  royaume,  laquelle  doit  nous  occuper 
<(  principalement.  » 

LXI.  —  Raimond  le  Jeune  prie  le  roi  de  procurer  sa  réconciliation 

avec  l'Église. 

Le  jeune  Raimond,  informé  des  démarches  d'Amauri  de  Montfort  auprès 
du  pape  8c  auprès  du  roi  pour  le  rendre  odieux  8c  pour  noircir  sa  conduite, 
écrivit'  à  ce  prince  la  lettre  suivante  afin  de  le  toucher  8c  de  le  prévenir  en 
sa  faveur.  «  A  son  très-sérénissime  seigneur  Philippe,  par  la  grâce  de  Dieu 
«  roi  des  François,  salut  Se  prompte  obéissance  à  ses  ordres.  J'ai  recours  à 
«  vous,  seigneur,  comme  à  mon  unique  refuge,  comme  à  mon  seigneur  8c  à 
«  mon  maître,  Se,  si  je  l'osois  dire,  comme  à  mon  proche  parent;  vous  sup- 
«  pliant  d'avoir  pitié  de  moi  Se  de  me  faire  rentrer,  en  vue  de  Dieu,  dans 
«  l'unité  de  la  sainte  Église,  afin  qu'après  avoir  été  délivré  de  l'opprobre 
«  d'une  honteuse  exhérédation ,  je  reçoive  de  vous  mon  héritage.  Seigneur, 
«  j'atteste  Dieu  Se  les  saints  que  je  m'étudierai  à  faire  votre  volonté  Se  celle 
«  des  siens.  J'aurois  été  très-volontiers  me  présenter  moi-même  devant  vous; 
«  mais,  ne  le  pouvant  pour  le  présent,  quoique  je  le  souhaite  avec  ardeur,  je 
«  prie  votre  majesté  d'ajouter  foi  à  ce  que  vous  diront  de  ma  part  Gui  de 
«  Cavaillon  Se  Isnard  Aldegarius,  porteurs  des  présentes.  Donné  à  Montpel- 
«  lier,  le  16  de  juin  de  l'an  1222.  »  Raimond  se  rendit  ensuite  à  Avignon' 
où  il  déclara^,  au  mois  de  juillet  suivant,  aux  consuls  Se  aux  habiians  de  cette 
ville  qu'il  reconnoissoit  que  le  château  du  monastère  de  Saint-André  Se  le 
lieu  du  Pont  de  Sorgues  étoient  dans  le  district  de  leur  consulat,  avec  cession 
de  tous  les  droits  que  le  comte,  son  père,  8c  lui  pouvoient  y  avoir.  L'acte  est 
scellé  en  plomb  du  sceau  du  jeune  comte  Se  de  celui  des  consuls  d'Avignon, 
dont  un  historien^  moderne  fait  la  description. 

LXIL  —  Mort  de  Raimond  VJ,  comte  de  Toulouse. 

Tandis  que  ce  prince  aftermissoit  son  autorité  du  côté  du  Rhône,  le  comte 
Raimond  VI,  son  père,  se  tenoit  dans  sa  capitale,  où  il  donna  en"*  fief,  le 
5  de  juillet  de  cette  année,  les  grandes  boucheries  de  cette  ville.  Raimond  VI 
ne  survécut  pas  longtemps.  Se  il  mourut  à  Toulouse  au   mois  d'août^  sui- 

■  Voyez  tome  VIII,   Chartes,   n.  CXL,cc.  709  original,    au   Trésor  des   chartes,    J.   3jo,   n.   9. 

8c  760.  Voyez  Teiilet,    t.    1,  p.   547.   Renouvelé  par  Rai- 

"  Bouche,   La   chorographie   ou   description   Je  la  mond  VII,    le    21     janvier    IZIÎ,  J.   3i4,    n.    Il; 

Provence,  t.  2,  p.   1062.  Teulet,  t.    1,  p.  .0j8.  [A.  M.] 

'  Ilfid,  ^  Praecîara  I''ranco!um  facliiora ,  p.    126. 

■^  Manuscrits  Je  Colhirt,  n.   227S.  —  Lat.  9996; 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXllI.  540   

'  -'        An  iiiz 

vant.  Un  auteur'  du  temps  rapporte  les  circonstances  suivantes  de  sa  mort. 
t(  L'an  1222  mourut  le  comte  de  Toulouse  de  mort  subite.  Il  perdit  d'abord 
«  la  parole  ;  mais  il  conserva  la  mémoire  8t  la  connoissance,  &.  Jourdain,  abbé 
«  de  Saint-Sernin  ,  l'étant  allé  voir,  le  comte  lui  tendit  les  mains  par  un 
«  mouvement  de  dévotion.  Les  frères  hospitaliers  de  Saint-Jean  étant  sur- 
et venus,  ils  jetèrent  sur  lui  le  manteau  de  leur  ordre  avec  la  croix,  qu'il 
«  baisoit,  8c  il  expira  aussitôt.  On  porta  son  corps  dans  leur  maison;  mais  il 
«  n'y  fut  pas  inhumé,  car  il  étoit  excommunié,  &  on  l'y  voit  encore  sans 
«  sépulture.  Son  fils,  après  avoir  fait  dans  la  suite  la  paix  avec  l'Église  8c 
«  avec  le  roi  de  France,  produisit  divers  témoins  atiprès  du  Saint-Siège  pour 
«  prouver  qu'il  étoit  mort  avec  des  sentimens  de  repentir;  mais  il  ne  put 
<(  obtenir  qu'il  fût  inhumé.  » 

Raimond  le  Jeune  entre  dans  un  plus  grand  détail  des  circonstances  de  la 
mort  du  comte,  son  père,  dans  la  requête'  qu'il  présenta  aux  commissaires 
que  le  pape  avoit  nommés  pour  informer  sur  les  mœurs  &  la  conduite  de  ce 
prince,  8c  cette  requête  est  appuyée  du  témoignage  d'un  grand  nombre  de 
témoins  graves  8c  irréprochables.  Raimond  VI,  expose  Raimond  VII,  son  fils, 
dans  le  neuvième  article  8c  les  trois  suivans  de  sa  requête,  «  donna  des  mar- 
ie ques  8c  des  indices  de  sa  contrition  Se  de  sa  pénitence  dans  le  temps  de  sa 
<t  mort.  Il  tomba  malade  dans  la  maison  d'Hugues  de  Jean,  dans  le  faubourg 
«  8c  la  paroisse  de  Saint-Sernin,  8c  il  y  fut  attaqué  subitement  de  la  maladie 
i(  dont  il  mourut,  à  son  retour  de  l'église  de  Notre-Dame  de  la  Daurade,  où 
(1  il  étoit  allé  le  matin  pour  prier;  il  y  étoit  retourné  le  même  jour  aussi 
i(  pour  prier.  Sentant  que  sa  maladie  augmentoit,  il  en  craignit  les  suites; 
«  il  envoya  aussitôt  chercher  l'abbé  de  Saint-Sernin,  homme  fort  religieux  8c 
Il  très-versé  dans  les  saintes  lettres,  dans  la  paroisse  duquel  il  étoit  malade, 
((  pour  demander  d'être  réconcilié  à  l'Eglise  8c  absous,  pour  recevoir  la  péni-  ( 'm ""^j", 
«  tence  8c  faire  tout  ce  qui  étoit  nécessaire  pour  le  salut  de  son  âme,  invo- 
«  quant  fréquemment  le  secours  de  Dieu  8c  sa  miséricorde.  L'abbé  lardant 
«  quelque  temps  à  venir,  le  comte  étoit  fort  empressé  sur  le  salut  de  son 
((  âme,  demandoit  souvent  pourquoi  il  ne  venoit  pas,  8c  lui  envoyoit  message 
(c  sur  message  pour  le  solliciter  de  se  rendre  incessamment  auprès  de  lui. 
K  Enfin  l'abbé  de  Saint-Sernin  étant  arrivé,  le  comte  perdit  la  parole  par  la 
«  force  de  son  mal,  Se  voyant  l'abbé  il  lui  demanda,  autant  qu'il  lui  fut 
i(  possible,  par  des  signes  bien  marquées,  ne  le  pouvant  par  la  langue,  d'être 
Il  réconcilié  à  l'Eglise  ;  il  lui  fit  entendre  aussi  le  désir  qu'il  avoit  de  confesser 
«  ses  péchés  8c  d'obtenir  tout  ce  qui  étoit  nécessaire  pour  la  pénitence  8c  le 
(1  salut  de  son  âme,  en  tournant  humblement  8c  dévotement  les  yeux  vers 
<i  lui  6c  faisant  effort  pour  lever  la  tête  de  son  côté  :  baigné  des  larmes  que 
«  la  contrition  lui  faisoit  verser,  il  étendoit  ses  mains  8c,  les  avant  jointes,  il 
«  les  mit  entre  celles  de  l'abbé.  Les  hospitaliers  de  Saint-Jean  de  Jérusalem, 
«  que  le  comte  avoit  mandés  pour  être  témoins  de  son  absolution,  8c  parmi 

■  Guillaume  de  Puylanrsns,  c.  3.(.  "  Percin,  ,1e  Haercù  All'g.  pnrt.  4,  p.  76  &sutv, 


Ail  1122 


55o  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LiV.  XXIII. 

«  lesquels  il  avoit  élu  sa  sépulture  de  son  vivant,  étant  présens,  l'un  d'entre 
«  eux  jeta  sur  lui  son  manteau  avec  la  croix  pour  s'assurer  ainsi  de  son  inbu- 
<i  mation  parmi  eux;  mais  l'abbé  S<.  les  cbanoines  de  Saint-Sernin  voulurent 
«  le  retenir,  à  cause  qu'il  étoit  mort  dans  leur  paroisse,  Se  l'abbé  avertit  le 
«  peuple  de  ne  pas  le  laisser  sortir  du  faubourg,  parce  qu'il  vouloit  Se  devoit 
«  le  garder  pour  l'enterrer  dans  son  église.  »  Ainsi  mourut,  dans  la  soixante- 
sixième  année  de  son  âge,  Pv.aimond  VI,  duc  de  Narbonne,  comte  de  Tou- 
louse Se  marquis  de  Provence,  après  avoir  gouverné  ses  domaines  pendant 
vingt-huit  ans,  depuis  la  mort  du  comte  Pvaimond  V,  son  père,  Se  avoir  passé 
une  grande  partie  de  sa  vie  dans  le  trouble  Se  l'agitation,  à  cause  de  la  guerre 
qu'il  eut  à  soutenir  contre  un  nombre  infini  de  ses  compatriotes  qui,  ayant 
conjuré  sa  perte  par  un  principe  de  religion,  vinrent  enfin  à  bout  de  le 
dépouiller  de  tous  ses  Etats.  Il  eut  cependant  le  bonheur  d'en  recouvrer  la 
plus  grande  partie  avant  sa  mort  Se  de  les  transmettre  à  Raimond  VII,  son 
fils  unique  qu'il  avoit  eu  de  Jeanne  d'Angleterre,  sa  femme, 

LXIII.  —  Caractère  de  Raimond  VI,  ses  bonnes  qualités  (S-  ses  défauts. 

Rien  n'est  plus  affreux  que  le  portrait  que  font  de  ce  prince  les  historiens 
de  la  croisade  qui  fut  entreprise  de  son  temps  contre  les  hérétiques  albigeois, 
mais  surtout  Pierre,  moine  de  Vaux-Cernay,  le  plus  passionné'  d'entre  eux 
Se,  par  conséquent,  le  plus  récusable.  A  en  croire  cet  auteur^,  Raimond  VI 
avoit  favorisé  l'erreur  dès  son  enfance,  Se  il  menoit  toujours  quelque  héré- 
tique avec  lui,  afin  de  pouvoir  mourir  entre  ses  bras.  «  Car  il  croyoit, 
«  ajoute-t-il,  qu'un  homme,  quelque  pécheur  qu'il  fût,  seroit  sauvé  sans  faire 
«  pénitence,  pourvu  qu'à  l'article  de  la  mort  il  pût  recevoir  l'imposition  des 
(i  mains  de  la  part  des  hérétiques.  Se  c'est  pour  cette  raison  qu'il  faisoit  porter 
«  toujours  avec  lui  le  Nouveau  Testament,  à  cause  que  ces  sectaires  détes- 
«  tent  l'Ancien.  Ce  comte,  continue  le  même  historien,  dit  un  jour  aux 
i(  hérétiques,  comme  nous  le  savons  certainement,  qu'il  vouloit  faire  élever 
((  son  fils  parmi  eux,  à  Toulouse,  pour  apprendre  leur  croyance,  Se  il  déclara 
((  une  autre  fois  qu'il  donneroit  volontiers  cent  marcs  d'argent  pour  qu'un  de 
Il  ses  chevaliers,  qu'il  faisoit  instruire  dans  leur  foi,  pût  bien  l'apprendre; 
«  il  recevoit  avec  plaisir  les  présens  des  hérétiques.  Se  quand  c'étoit  quelque 
i(  chose  de  bon  à  manger,  il  ne  permettoit  pas  que  personne  y  touchât;  il  le 
«  réservoit  pour  lui  Se  jjour  ses  plus  intimes  amis.  Il  se  mettoit  souvent  à 
«  genoux  devant  les  hérétiques,  comme  nous  le  savons  de  science  certaine, 
<i  Se  il  leur  demandoit  la  bénédiction  en  les  baisant.  Un  jour  le  comte 
«  attendoit  quelques  personnes  Se,  comme  elles  ne  venoient  pas,  il  dit: 
«  Il  paroît  bien  que  le  diable  a  fait  le  monde,  parce  que  rien  ne  succède 
«  suivant  mes  vœux.  Il  dit  de  plus  à  l'évcque  de  Toulouse,  ainsi  que  nous 

'  Mnrca,  H'utorre  <fc  Pcarn,  pp.  Sz^  &  -jjz.  —  '  Pierre  ai  Vaiix-Cein.Ty,  c.  4. 

Lafiiille,    Annules    de    Tnulousç,    t.    1,    p.    12.^    £t 

àlUY. 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  I.IV.  XXUÎ.  55 1    " 

«  l'avons  apjMis  de  ce  prélat,  que  les  religicuK  de  Citeaux  ne  pouvolent  être 
Il  sauvés,  parce  qu'ils  nourrissoient  des  brebis  qui  s'accouploient.  O  hérésie 
(i  inouïe  !  s'écrie  à  cette  occasion  Pierre  de  Vaux-Cernay,  dans  un  de  ces 
<■  enthousiasmes  qui  lui  sont  si  familiers.  Le  comte  dit  au  même  évêque, 
i(  poursuit  cet  liistorien,  de  venir  la  nuit  dans  son  palais  St  qu'il  entendroit 
c(  la  prédication  des  hérétiques,  d'où  l'on  doit  conclure  qu'il  les  entendoit 
((  souvent  prêcher  durant  la  nuit.  »  Nous  passons  sous  silence  plusieurs 
historiettes  semblables  rapportées  par  cet  auteur  qui  accuse  RaimondVI' 
d'avoir  abusé  de  sa  propre  sœur  &.  d'avoir  eu  un  si  grand  penchant  pour 
les  femmes  que,  dès  son  enfance,  il  avoit  commerce  avec  les  maîtresses  de 
son  père.  Cela  joint  à  l'hérésie,  ajoute-t-il,  iit  que  le  comte,  son  père,  lui 
prédit  souvent  qu'il  seroit  un  jour  dépouillé  de  tous  ses  États.  «  Enfin  le 
(1  comte  Raimond,  dit  cet  auteur,  a  protégé  les  routiers,  dont  il  s'est  servi 
»  pour  piller  les  églises,  détruire  les  monastères  8t  ruiner  tous  ses  voisins. 
«  C'est  ainsi  que  s'est  toujours  comporté  ce  membre  du  diable,  ce  fils  de 
«  perdition,  ce  fils  aîné  de  Satan,  cet  ennemi  de  la  croix,  ce  persécuteur 
<(  de  l'Église,  ce  détenseur  des  hérétiques,  cet  oppresseur  des  catholicjues, 
c  ce  parjure  dans  la  foi,  cet  homme  plein  de  crimes,  ce  réceptacle  de  toute 
«  sorte  d'iniquités.  » 

Ces  faits  sont  démentis  dans  l'enquête'  que  Raimond  VII  fit  faire  8i  dont 
on  a  déjà  parlé.  Ce  prince  voyant  ^^  que  le  corps  du  comte,  son  père,  demeu- 
roit  sans  sépulture  ecclésiastique,  nonobstant  les  marques  de  repentir  qu'il 
avoit  données  dans  le  temps  de  sa  mort,  fit  tout  son  possible,  après  avoir  fait 
sa  paix  avec  l'Eglise,  pour  lui  procurer  cet  honneur.  Il  s'adressa  d'abord  au 
pape  Grégoire  IX,  qui  donna  commission  à  l'évêque  d'Albi  &  à  l'abbé  de 
Grandselve  d'informer  sur  la  vie  &  les  mœurs  de  Raimond  VI;  mais  ces  deux 
prélats  ayant  négligé  d'exécuter  leur  commission,  il  eut  recours  à  Inno- 
cent IV.  Ce  pape  nomma,  au  mois  de  mars^  de  l'an  1247,  de  nouveaux 
commissaires'*  qui  s'assemblèrent  à  Toulouse,  dans  la  maison  des  Templiers, 
au  mois  de  juillet  suivant.  R.aimond  le  Jeune  leur  présenta  requête  Ê<  cota 
douze  articles  sur  lesquels  il  les  pria  d'informer.  «  Le  seigneur  comte  de^ 
(i  Toulouse,  fils  de  la  reine  Jeanne,  expose  Raimond  VII  dans  cette  requête, 
1)  au  sujet  de  la  bonne  vie,  des  mœurs,  de  la  dévotion,  de  la  fidélité,  de  la 
«  contrition,  des  signes  8<.  des  marques  de  pénitence  du  seigneur  comte  de 
«  Toulouse,  son  père,  de  bonne  mémoire,  afin  que  vous  vous  instruisiez  de 
«  la  vérité,  qu'il  soit  réconcilié  à  l'Église  &  qu'on  lui  accorde  la  sépulture 
Il  ecclésiastique,  propose  :  1°  Que  ledit  comte,  son  père,  a  fait  de  grandes 
«  libéralités  &  aumônes  aux  églises,  aux  monastères  Se  aux  autres  maisons 
«  religieuses.  2°  Qu'il  faisoit  l'aumône  aux  pauvres,  tant  en  argent  qu'en 
<i  habits  St.  en  vivres.  3°  Qu'il  avoit  une  très-grande  dévotion  envers  les 

■  Percirt,  Je  Haercsi,  ut  supfâ.  '  Voytz  tome  VII,  Note  XXXVIII,  p.  lop. 

'  Caiel,     Histoire   Jes   comtes   Je   Tolose,    p.    3'Î8  ^  Voyez  ci-nprès,  1.  XXV,  ch,  c. 

&  suiv.  —  Plantavit,  Chronologia  pracsulum  Lodo-  ''  Pcrcin,  de  llacrcsi, 
\)ensium,  p.   167  !t  Juiv, 


An  12.Z1 


i-d.  oriaiii. 

.  )ii,p.  3^;! 


An  ii22 


552  HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC,  LIV.  XXIII. 


«  églises  &  les  personnes  ecclésiastiques.  4°  Qu'il  avoit  son  chapelain  Se 
«  qu'il  entendoit  volontiers  &  dévotement  la  messe  &i  l'office  divin,  quand  il 
«  n'étoit  pas  excommunié.  5°  Qu'il  alloit  souvent  à  l'église  pour  prier  dans 
«  le  temps  qu'il  étoit  excommunié;  qu'il  faisoit  alors  de  longues  prières  8< 
<i  avec  dévotion  à  la  porte  des  églises,  n'osant  entrer  à  cause  du  respect 
«  qu'il  avoit  pour  le  pouvoir  des  clets.  6°  Qu'il  recevoit  volontiers  Se  avec 
«  douceur  8c  politesse  les  personnes  ecclésiastiques  &  religieuses.  7°  Qu'il 
«  fréquentoit  les  maisons  religieuses  par  dévotion;  que,  dans  le  temps  de 
«  la  guerre,  il  prenoit  la  défense  des  monastères  8c  des  églises,  soit  dans  les 
«  personnes,  soit  dans  les  biens,  par  un  mouvement  de  piété.  8°  Qu'il  étoit 
(i  fort  affligé,  dans  le  temps  qu'il  étoit  excommunié,  de  ne  pouvoir  assister 
«  k  l'office  divin  8c  d'être  séparé  de,  la  communion  des  fidèles.  »  Nous  avons 
déjà  rapporté  les  quatre  derniers  articles  qui  regardent  les  circonstances  de 
sa  mort. 

En  conséquence,  les  nouveaux  commissaires  procédèrent  à  l'audition  de 
plus  de  cent  dix  témoins,  la  plupart  ecclésiastiques  ou  religieux,  qui  attes- 
tèrent la  vérité  de  ces  articles  8c  ajoutèrent  d'eux-mêmes  plusieurs  circons- 
tances favorables  à  la  mémoire  de  Raimond  VI.  Ils  déclarèrent  qu'il  protégea, 
malgré  la  guerre  qu'il  avoit  à  soutenir  contre  Amauri  de  Montfort,  la  nou- 
velle construction  de  la  cathédrale  de  Saint-Etienne  de  Toulouse,  de  la  nef 
de  laquelle  on  le  regarde'  comme  le  fondateur;  qu'il  avoit  fait  de  grandes 
libéralités  8c  des  biens  considérables  aux  abbayes  de  Grandselve,  Calers, 
Bonnecombe,  Candeil,  Belleperche  8c  la  Garde-Dieu,  de  l'ordre  deCîteaux; 
à  celle  de  la  Capelle,  de  l'ordre  de  Prémontré;  au  monastère  de  Pinel,  de 
l'ordre  de  Grandmont;  à  ceux  de  l'Espinasse  8c  de  la  Grâce-Dieu,  de  l'ordre 
de  Fontevrault;  à  l'église  de  Notre-Dame  de  Rocamadour,  en  Querci  ;  à 
tMu,°p.^3"\.  ci^oi  on  pouvoit  ajouter^  l'abbaye  de  Franquevaux,  au  diocèse  de  Nimes; 
qu'il  avoit  traité  favorablement  les  frères  Mineurs  lorsqu'ils  étoient  venus 
s'établir  dans  Toulouse  au  nombre  de  dix,  8c  qu'il  leur  avoit  fait  un  accueil 
gracieux;  qu'il  nourrissoit  tous  les  jours  treize  pauvres  à  sa  table,  dont  il 
faisoit  distribuer  les  restes  en  aumônes;  qu'il  jeunoit  au  pain  8c  à  l'eau  le 
Vendredi-Saint;  qu'il  aidoit  les  prêtres  à  se  revêtir  pour  le  saint  sacrifice,  au 
défaut  des  clercs;  qu'il  avoit  un  très-grand  respect  pour  eux;  qu'il  faisoit  des 
chantés  abondantes,  8c  qu'enfin,  après  sa  mort,  l'abbé  de  Saint-Sernin,  qui 
étoit  présent,  déclara  au  peuple  par  serment  que  le  comte  étoit  décédé  dans 
de  bonnes  dispositions,  qu'on  pouvoit  prier  Dieu  pour  lui,  8cc.  Nonobstant 
une  enquête  si  authentique  8c  si  décisive,  laquelle  dans  d'autres  circonstances 
auroit  suffi  pour  faire  regarder  Raimond  VI  comme  mort  en  odeur  de  sain- 
teté, le  comte,  son  fils,  ne  put  obtenir  que  son  corps  reçût  les  honneuis  de 
la  sépulture.  On  voyoit  encore  son  cercueil,  au  milieu  du  quatorzième  siècle, 
dans  le  même  état  où  il  avoit  été  mis  d'abord  après  sa  mort,  c'est-à-dire  auprès 
du  cimetière  de  Saint-Jean  de  Toulouse,  suivant  le  témoignage  d'Aymeri  de 

'  Cntel,  Histoire  des    comtes   .le   Tolo;e,    p.    3i7.  '  Gv.r\i:],Serics  pr^csulum  M<,gc:Un:niiKr,!,-a.  11^. 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIII.  553 

Peyrat,  abbé  de  Moissac,  qui  écrivott  alors  sa'  chronique  &  qui,  après  avoir 
dit  que  ce  prince  mourut  de  paralysie,  ajoute  qu'il  avoit  vu  en  cet  endroit 
son  corps  enseveli,  ou  plutôt  profané,  8t  à  moitié  mangé  des  rats.  Un  autre 
auteur*,  qui  a  écrit  au  commencement  du  seizième  siècle,  dit  à  ce  sujet  : 
«  J'ai  vu  une  chose  digne  de  remarque  &  d'admiration,  &  que  tout  le  monde 
«  peut  voir,  c'est  que  si  le  corps  ou  les  ossemens  de  Raimond,  qu'on  conser- 
«  voit  fort  négligemment  dans  un  cercueil  de  bois,  sont  aujourd'hui  dispersés 
«  &  comme  abandonnés,  sa  tête  est  néanmoins  gardée  fort  soigneusement 
«  par  les  frères  de  Saint-Jean  de  Toulouse.  Le  crâne,  qui  est  encore  tout 
«  entier,  a  une  fleur  de  lys  si  bien  marquée  par  la  nature  sur  l'os  du  derrière 
«  de  la  tête,  qu'il  est  aisé  de  connoître  que  ce  prince  étoit  venu  ainsi  au 
«  monde.  Cette  fleur  est  de  la  même  couleur  que  la  tête  qui  est  desséchée  & 
«  dans  laquelle  il  n'y  a  aucune  ride;  ce  qui  fut  peut-être  un  présage  que  le 
«  comté  de  Toulouse  seroit  réuni  à  la  couronne.  J'ai  vu  avec  mes  compa- 
«  triotes  qui  vivent  encore,  le  corps  de  ce  comte  enfermé  dans  un  cercueil 
«  de  bois,  au  cimetière  de  Saint-Jean;  mais  présentement  ce  cercueil  est  brisé 
«  &  les  os  sont  dissipés.  La  tête  est  aussi  dure  que  l'ivoire  &  de  couleur 
«  roussâtre.  Raimond  étoit  d'une  taille  avantageuse,  vaillant,  courageux, 
«  hardi,  8cc.  »  On  montre  encore  de  nos  jours^  ce  crâne  dans  la  maison  de 
Saint-Jean  de  Toulouse,  où  il  est  conservé;  la  fleur  de  lys  y  paroît  très-bien 
formée  &  empreinte  naturellement.  Elle  est  de  la  grandeur  d'un  demi-écu. 
Nous  n'entreprendrons  pas  de  faire  l'apologie  de  Raimond  VI,  qu'on  ne 
sauroit  excuser  d'avoir  favorisé  les  hérétiques  ou  du  moins  de  ne  les  avoir  pas 
réprimés  ou  chassés  de  ses  Etats;  mais  quant  à  ses  sentimens,  il  n'y  a  aucune 
preuve  qu'il  ait  professé  lui-même  l'erreur,  8<  il  est  faux  qu'il  ait  été  déclaré 
hérétique  par  le  concile  de  Latran,  comme  quelques-uns'^  l'ont  avancé.  Il 
offrit  toujours,  au  contraire,  de  se  justifier  pleinement.  Se  ce  qui  prouve  qu'il 
étoit  bien  assuré  de  son  innocence,  c'est  qu'on  ne  voulut-'  jamais  recevoir  sa 
justification,  quelque  soin  qu'il  se  donnât  pour  être  écouté;  aussi  ceux  à  qui 
les  inquisiteurs  firent  subir*^  l'interrogatoire  après  sa  mort,  pour  s'informer 
de  sa  doctrine,  ne  l'accusèrent  pas  d'avoir  communii|ué  avec  les  hérétiques, 
mais  seulement  de  les  avoir  admis  dans  sa  familiarité,  en  sorte  que  ce  fut  là 
son  plus  grand  crime. 

LXIV.  —  Etendue  des  domaines  de  Raimond  VI;  ses  femmes,  ses  enfans. 

L'auteur^  dont  on  a  déjà  parlé  8i  qui  a  écrit,  au  commencement  du  seizième 
siècle,  les  Gestes  des  Toulousains,  rapporte  en  deux  vers  languedociens  l'épi- 
taphe  de  Raimond  VI,  qu'il  suppose  avoir  été  tirée  des  vieux  marbres;  il  y 

'  Aimeri  de  Peyr.nf,  Chronicon.  —  [Lat.  4991  *■]  '  De  Marca,  Histoire  île  Bfarn,  1.  6,  c.  18. 

■  Bertrand!,  de  Gestis  Tolosanorum,  ("  28.  *  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  CCLXIV. 

'  Lafaille,  Annalei  de  Toulouse,  t.   I ,  p.   126.  '  Bertrandi ,   de    Gestis   Tolosanorum ,  ('  28.  — 

*  Le  P.  Anselme,  Histoire  généalogique  des  grands  Catel,  Histoire  des  comtes  de  Tolosc,  p.  Sip. 
officiers,  t.  6,  p.  ij. 


An  1222 


An  i22i 


554  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.    LlV.  XXIIÎ. 


est  marciuc  :  qu'il  n'y  avait  aucune  puissance  sur  la  terre  capable  de  h; 
déposséder  de  ses  domaines  si  l'Eglise  ne  s'en  fût  pas  mêlée ^  mais  il  est  aisé 
d'apercevoir  que  cette  épitaphe  est  de  la  façon  de  l'auteur  même.  En  effet, 
Raimond  n'ayant  pas  été  inhumé  on  ne  peut  lui  avoir  dressé  d'épitaphe.  11 
est  vrai  qu'il  n'y  avoit  aucun  prince  en  France,  pas  même  le  roi,  qui  pût 
lui  disputer  pour  l'étendue  des  domaines,  8<  un  auteur',  qui  a  écrit  en  vers 
l'histoire  de  ce  temps-là  où  il  vivoit,  assure  que  ce  comte  tcnoit  en  fief  du 
l 'i'îi °','"i"6  10'  Philippe- Auguste,  son  cousin,  autant  de  villes  qu'il  y  a  de  jours  à  l'an. 
Il  V  a  sans  doute  un  peu  de  licence  poétique  dans  ce  calcul,  8i  on  auroit  de 
la  peine  à  trouver  un  si  grand  nombre  de  villes  dans  les  Etats  que  Raimond 
possédoit,  soit  directement,  soit  indirectement,  sous  la  mouvance  du  roi  de 
France,  car  le  marquisat  de  Provence,  qui  lui  appartenoit  £<  qui  s'éteiidoit 
entre  l'Isère  &  la  Durance  d'un  côté,  les  Alpes  8<  le  Rhône  de  l'autre,  rele- 
voit  de  l'Empire  ;  mais  Raimond  VI  possédoit  dans  le  royaume,  en  deçà  de  ce 
fleuve,  lors([ue  les  croisés  l'attaquèrent  :  1°  Le  duclié  de  Narbonne,  qui  lui 
donnoit  une  autorité  supérieure  sur  toute  la  province  ecclésiastique  de  Nar- 
bonne. 1°  Le  domaine  direct  des  comtés  particuliers  de  Narbonne,  Nimes, 
Uzès,  Béziers,  Agde  Se  I,odèvc,  3'  Le  comté  de  Toulouse  qui  compreiioit 
toute  la  province  ecclésiasticjue  de  ce  nom.  4°  Les  comtés  particuliers  d'Albi- 
geois, Querci  &c  Pvouergue,  en  Aquitaine,  outre  l'autorité  suzeraine  sur  plu- 
sieurs autres  pa}s  de  cette  province  S<  de  la  Gascogne.  5°  Enfin  le  Vivarais 
dans  celle  de  Vienne^. 

■Raimond  VI  tenoit  tous  ces  domaines  de  ses  ancêtres,  8(.  il  en  renfermoit 
la  dénomination  sous  le  titre  de  duc  de  Narbonne,  comte  de  Toulouse  Ce  mar- 
quis de  Provence  qu'il  prenoit  ordinairement.  Il  y  avoit  ajouté  de  plus  :  1"  Le 
comté  particulier  de  Melgueil  ou  de  Maguclonne,  dont  Ermessinde  de  Pelet, 
sa  première  femme,  qui  en  étoit  liéritière,  lui  avoit  fait  donation.  i°  Celui 
d'Agenois,  qui  comprenoit  les  diocèses  d'Agen  Se  de  Condom.  Il  l'avoit  eu 
pour  la  dot  de  Jeanne  d'Angleterre,  sa  quatrième  femme.  3°  Les  vicomtes  de 
Millau  8c  de  Gévaudan  que"  Pierre,  roi  d'Aragon,  son  beau-frère,  lui  avoit 
donné  en  engagement.  Il  transmit  les  droits  qu'il  avoit  sur  tous  ses  pavs  à 
Raimond  VII,  son  fils,  avec  l'autorité  suzeraine  qu'il  exerçoit  sur  les  comtés 
de  FoIk,  de  Comminges,  de  Rodez,  8<c. 

Nous  avons  parlé  ailleurs  de  ses  différentes  femmes,  entre  lesquelles  Éléo- 
nore  d'Aragon,  qu'il  avoit  épousée  en  cinquièmes  Si  dernières  noces,  lui  sur- 
vécut; elle  se  retira  dans  le  diocèse  d'Uzès,  où  il  lui  avoit  sans  doute  assigné 
son  douaire.  On  voit^,  en  effet,  une  donation  de  treize  livres  d'amendes  de 

'  Guillaume  le  Breton,  PhilippiJe,  1.  8,  p.   191,  NarbonnCi  celui  de  Béziers  au  vicomte  de  ce  nciri, 

*  Dom  Viiissete    exagère    un   peu    l'étendue   des  celui   d'Agde   à  l'évèque,    celui   de   Lodève  à  l'évc- 

Etnts  de  Raimond  VI.  En  réalité  le  duché  de  Nar-  que  de  cette  ville  &  au  comte  de  Rodez.  Il  parta- 

bonne  ne  lui  appartenait  pas;  il  portait  bien  le  geait  l'Albigeois  avec  l'évèque  &  le  comte  d'Albi, 

titre  de  duc  de  Narbonne,  mais  n'exerçait  sur  cette  II  n'en  était  pas  moins  le  plus  puissant  vassal  du 

ville  aucune  autorité.  Il   possédait  le  domaine  di-  roi  de  France  après  le  roi  d'Angleterre.  [A.  M.] 
rect  d'Uzcs  &  de   Nimes,  mais  celui   de  Narbonne  '  Archives  de  la  chartreuse  de  Valbonne. 

appartenait  aux  archevêques   8c  aux  vicomtes  de 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIII.  555   ~ ' 

An  i;22 

rente  faite,  le  4  de  février  de  l'an  1226,  à  la  chartreuse  de  Valbonne,  dans 
le  diocèse  d'Uzès,  par  Pierre-Géraud  de  la  Bolène,  8i  datée  du  lieu  d'Ato- 
lène,  dans  la  chapelle  de  la  dame  reine  Eléonore,  fille  du  Jeu  roi  d'Aragon. 
Nous  trouvons,  d'un  autre  côté',  que  la  dame  reine,  veuve  de  Raimond  le 
Vieux  [majoris),  jouit  après  la  mort  de  ce  prince  du  domaine  de  Millau,  en 
Rouergue,  St  que  Pierre,  roi  d'Aragon,  son  frère,  lui  avoit  donné  en  dot  en 
la  mariant  avec  le  même  prince. 

Quant  aux  enfans  que  Pvaimond  VI  eut  de  ses  différentes  femmes,  nous 
n  en  connoissons-  certainement  que  deux,  savoir  :  Constance  &  Raimond  VII. 
Il  laissa  de  plus  plusieurs  enfans  naturels,  entre  autres  Bertrand,  qu'il  aban- 
donna par  son  testament  k  ia  miséricorde  de  Raimond,  son  fils,  lecjuel  eut 
soin  de  le  pourvoir;  Guillelmette ,  qui  épousa  Hugues  d'Alfar,  chevalier 
navarroisj  81  Raimonde,  qui  tut  religieuse  au  monastère  de  l'Espinasse,  de 
l'ordre  de  Fontevrault,  dans  le  diocèse  de  Toulouse.  On  lui  donne  ^  quelques 
autres  filles,  en  particulier  Indie,  qu'on  prétend  qu'il  eut  de  Béatrix  de 
Béziers,  &  qui  épousa  en  premières  noces  Guillabert  de  Lautrec,  St  en 
secondes  le  seigneur  de  l'Isle-Jourdain  ;  mais  cette  Indie  étoit  sœur  naturelle 
£t  non  pas  fille  de  Raimond  VI. 

On  voit  par  là  que  le  reproche  que  l'on  fait  à  ce  prince  d'avoir  aimé  les 
femmes  n'est  pas  sans  fondement.  On  trouve  d'ailleurs"*  qu'il  se  plaisoit  fort 
au  jeu  des  échecs.  Pour  les  vertus  militaires  on  ne  sauroit  les  lui  disputer,  8c 
il  faut  qu'il  ait  été  un  très-grand  capitaine  pour  s'être  soutenu  contre  le 
nombre  prodigieux  d'ennemis  qu'il  eut  à  combattre  pendant  presque  tout  le 
cours  de  sa  vie,  &  pour  avoir  recouvré  la  plus  grande  partie  de  ses  domaines 
après  en  avoir  été  entièrement  dépouillé.  Aussi  les  modernes  les  plus  pré- 
venus contre  lui  ne  peuvent  s'empêcher  de  convenir  qu'il  avoit  de  grandes 
qualités.  «  Raimond  n'avoit  rien  de  médiocre,  dit  un^  d'entre  eux,  dans  ses 
(1  bonnes,  ni  dans  ses  mauvaises  qualités  :  il  avoit  l'âme  noble  £<  le  génie 
Cl  aisé;  il  possédoit  l'art  de  tenir  ses  voisins  attachés  à  ses  intérêts;  l'adversité 
('  ne  l'abattoit  point  ;  on  eût  dit  que  la  fortune  le  rendoit  plus  grand  à 
(1  mesure  qu'elle  le  persccutoit  davantap;e;  les  siéçes  qu'il  soutint  dans  Tou-  l'd.ongin. 
<i  louse  contre  de  puissantes  armées,  qui  ne  purent  i  y  forcer,  sont  des  preuves 
«  certaines  de  son  courage.  La  manière  dont  il  reconquit  la  capitale  de  ses 
«  États,  après  l'avoir  perdue,  est  encore  plus  glorieuse<5,  &c.  »  Raimond  VI 

'  Hôtel  <îe  ville  de  Millau,  ne  racontait  pas  la  mort  i'un  grand  persortiinga 

'  Voyez  tome  V'II,  Noie  X,  pp.  24  à  28.  «ans   couvrir  sa    tombe    de    fleurs  de    rhétorique  i 

'  Le  P.  Anselme,  Histoire  ginialogique  des  grands  habitude  d'oraison  funèbre.  Sans  nous  occuper  ici 

efficiers,  t.  2,  p.  689.  des  mœurs   de  Raimond  VI,   nous  devons  recon- 

'  Pierre  de  V'aux-Ccrnay,  c.  4.  naître  qu'il  n'était  ni   le  profond  politique,  ni  le 

'  Langlois,  Histoire  des  croisades  contre  les  alhi-  capitaine  habile  que  dom  Vaissete  vient  de  nous 

fcois,  1.   2,  p.  .13  &  suiv.  montrer.  Sa  conduite  de    1204  à  1209  fut  impru- 

^  Les  éloges  que   dom   Vaitsete  accorde   à   Rai-  dente,  de  1209  à  1211    peu  courageuse,  &  s'il  fut 

mond  VI  p:uvent  paraître  un  peu  exagérés.  Pour  un  instant  rétabli  à  Toulouse,  il  le  dut  uniquè- 

comprendre   le   langage   du    «avant   bénédictin,    il  ment  à  l'attachement   de   ses   sujets   &   sans  doute 

faut  se  rappeler  les  habitudes  littéraires  des  histo-  aussi  à  la  haine  fort  naturelle  que  leur  inspirait 

riens  du   dix-huitltme  siècle  j  à  cette  époque  on  Simon  de  Montfort.  On  peut  en  outre  lui   repro- 


An    1222 


j56 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIII. 


protégea  beaucoup  ceux  qui,  de  son  temps,  cultivoient  la  poésie  provençale. 
Les  plus  célèbres  d'entre  ces  poètes  furent  les  suivans  :  on  trouve  un  précis 
de  leur  vie  avec  une  partie  de  leurs  ouvrages  dans  deux  manuscrits'  de  la 
Bibliothèque  du  roi,  en  langage  provençal,  que  nous  ne  ferons  que  traduire. 


LXV.  —  Poètes  provençaux. 

1.  «  Raimond  de  Miraval,  chevalier  du  Carcasses  &  seigneur  pour  un  qua- 
trième du  château  de  ce  nom,  dans  le  Cabardez.  Quoique  la  naissance 
l'eût  assez  mal  partagé  des  biens  de  la  fortune,  dit  l'auteur  de  sa  Vie,  il 
trouva  moyen  de  se  rendre  recommandable  8t  de  s'attirer  la  faveur  &  la 
protection  de  Raimond,  comte  de  Toulouse,  qui  l'appeloit  ordinairement 
Audiars,  nom  qu'il  se  donnoit  à  lui-même  dans  ses  vers.  Ce  prince  l'honora 
de  son  amitié  8c  eut  soin  de  son  entretien,  à  cause  de  la  vivacité  de  son 
esprit  &  de  son  habileté  dans  la  poésie  vulgaire.  Miraval  fut  aussi  fort  chéri 
de  Pierre,  roi  d'Aragon,  du  vicomte  de  Béziers,  de  Bertrand  de  Saissac  Se 
de  tous  les  principaux  barons  du  pays.  11  étoit  si  galant  Se  si  poli  que 
toutes  les  dames  cherchoient  à  le  connoître  avec  empressement  Se  qu'elles 
ne  se  croyoient  estimables  qu'autant  qu'elles  avoient  quelque  part  à  sa 
bienveillance.  Il  en  aima  une  entre  autres,  nommée  la  Loube  de  Penau- 
tier,  femme  d'un  riche  chevalier,  seigneur  en  partie  du  château  de  Cabaret. 
Cette  dame,  qui  étoit  très-belle,  spirituelle  8<.  savante,  étoit  aimée  de  divers 
seigneurs  du  pays,  mais  surtout  du  comte  de  Foix,  d'Olivier  de  Saissac,  de 
Pierre-Roger  de  Mirepoix  S<.  d'Aymeri  de  Montréal.  Raimond  de  Miraval 
fit  des  chansons  en  son  honneur,  de  même  que  Pierre  Vidal,  autre  poète 
du  temps;  elle  ne  souttrit  les  assiduités  du  premier  qu'à  cause  de  la  répu- 
tation qu'elle  s'attiroit  par-là,  car  elle  n'avoit  aucun  penchant  pour  lui,  8c 
elle  préféroit  le  comte  de  Foix  à  tous  ses  autres  amans;  préférence  qui 
donna  lieu  à  de  mauvais  bruits  8<.  fit  tort  à  sa  réputation.  Raimond  de 
Miraval,  pour  se  consoler,  s'attacha  à  la  marquise  de  Minerve,  Jèmme  du 
comte  (ou  plutôt  du  vicomte)  de  Minerve,  qui  étoit  jeune  8c  belle.  Il  la 
célébra  dans  ses  chansons,  8c  en  composa  d'autres  en  l'honneur  d'Adélaïde 
de  Boisesson,  du  château  de  Lombers,  en  Albigeois,  femme  de  Bernard  de 
Boisesson.  Cette  dernière,  qui  étoit  jeune  8c  d'une  rare  beauté,  se  sentit 
fort  flattée  de  ce  qu'un  poète  aussi  célèbre  lui  faisoit  la  cour;  honneur 
que  les  dames  ambitionnoient  alors  extrêmement,  parce  qu'il  les  faisoit 
estimer  8c  leur  attiroit  une  foule  d'amans.  En  effet,  le  comte  de  Toulouse, 
le  vicomte  de  Béziers  8c  tous  les  principaux  seigneurs  du  pays  cultivèrent 
aussitôt  l'amitié  d'Adélaïde,  8c  Pierre,  roi  d'Aragon,  en  devint  si  éperdu- 
ment  amoureux,  sans  l'avoir  jamais  vue,  sur  le  simple  récit  que  Miraval 


cher    l'assassinnt   de    son    frère    Daudoiiiii,   qu'il  plus  grandes  qualités,   tant   politiques  que  inili- 

autorisa    tout   au    moins,   s'il    n'y   prit    pas    une  taires.   [A.  M.] 

part  directe.  Son   fils  Raimond  VII  avait  un  ca-  '  Mss.   n"'  7223  &  7698.  —  [Auj.  fonds  fran- 

ractère    beaucoup    plus    sympathique   &   de    bien  çais  Sj^  &  '749-] 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIII.  55?     ~: — 

'  Ali  1  ïSi 

«  lui  fit  de  ses  charmes,  qu'il  fit  présent  à  cette  dame  de  plusieurs  bijoux  de 

■t  prix,  lui  écrivit  souvent  &  fit  un  voyage  exprès  à  Lombers  pour  la  voir. 

Il  Pierre  eut,  dit-on,  sujet  d'être  content  de  son  voyage,  au  grand  regret  de 

tt  Miraval  qui,  de  dépit,  quitta  la  cour  de  ce   prince.  Comme  Adélaïde  de 

M  Boisesson  n'aimoit  ce  poëte  que  par  vanité,  elle  ne  fit  aucun  scrupule  de 

«  lui  jouer  un  tour,  qui  lui  causa  un  extrême  chagrin.  Elle  étoit  intime  amie 

«1  d'Ermengarde  de  Castres,  qu'on  appeloit  la  belle  Albigeoise,  8c  qui  avoit 

«  épousé  un  Vavasseur  ou  gentilhomme  de  cette  ville,  où  elle  étoit  née,  fort 

u  avancé  en  âge,  dont  elle  cherchoit  à  se  débarrasser.  Ermengarde,  à  l'insti- 

«  gation  d'Adélaïde,  envoya  dire  à  Miraval  qu'elle  étoit  résolue  de  l'épouser, 

«  s'il  vouloit  répudier  sa  femme,  nommée  Dona  Caudairenca.  Miraval  accepta 

«  la  proposition  avec  joie  &  renvoya  sa  femme  sous  prétexte  qu'il  n'en  vou- 

«  luit  pas  qui  sût  trouver,  &  qu'il  sutfisoit  qu'il  y  eût  un  troubadour  dans  sa 

«  maison.  Caudairenca  avoit  pour  amant  un  chevalier,  nommé  Guillaume 

«  Bremon,  pour  qui  elle  faisoit  des  chansons  :  elle  fit  semblant  d'être  fâchée 

«  de  se  voir  répudiée,  mais  elle  en  profita  aussitôt  pour  épouser  cet  amant. 

«  Miraval,  comptant  de  son  côté  d'épouser  Ermengarde  de  Castres,  fut  la 

«  dupe  de  cette  dame  qui  se   maria  avec  Olivier  de  Saissac,   qu'elle  aimoit 

«  beaucoup.  Miraval,  au  désespoir  d'être  devenu  la  fable  du  public,  demeura 

«  deux  ans  entiers  sans  vouloir  faire  de  chansons.  Enfin  Brunissende,  femme     ^j'.-°f'g"' 

«  de  Pierre-Roger  de  Cabaret,  l'ayant  pris  pour  son   chevalier,  il  recom- 

«  mença  à  faire  des  vers.  Il  interrompit  encore  dans  la  suite  ses  poésies  par 

«  le  chagrin  qu'il  eut  de  voir  que  les  croisés  avoient  enlevé  au  comte  de  Tou- 

«(  louse,  son  protecteur,  Argence,  Beaucaire,  Saint-Gilles,  l'Albigeois,  8cc., 

«  que  le  vicomte  de  Béziers  étoit  mort  après  avoir  perdu  les  vicomtes  de  Car- 

«  cassonne  &  de  Béziers;  que  la  principale  noblesse  du  pays  ou  avoit  péri 

H  ou  avoit  été  obligée  de  se  réfugier  à  Toulouse,  après  avoir  été  dépouillée 

«  de  ses  domaines;  qu'il  avoit  perdu  sa  femme;  que  sa  maîtresse  l'avoit  trahi, 

«  &  qu'enfin  on   l'avoit  chassé   de  S(Wi  château.   Il   reprit  toutefois  courage 

«  lorsqu'il  sut  que  Pierre,  roi  d'Aragon,  étant  venu  à  Toulouse  pour  conférer 

«  avec  le  comte  &  consoler  [ses  sœurs  Eléonore  8c  Sancie,  il  avoit  promis  à  ce 

<(  prince  8c  au  jeune  comte,  son  fils,  de  reprendre  Beaucaire  8c  Carcassonne, 

«  avec  le  château  de  Miraval,  8c  de  tirer  le  peuple  de  la  profonde  tristesse  où 

«  il  étoit  plongé,  à  cause  des  malheurs  passés.  Miraval,  flatté  d'un  espoir  plus 

«  heureux,   rompit  la  résolution  qu'il  avoit   faite  de  ne  plus  composer  de 

«  chansons  jusqu'à  ce  qu'il  eût  recouvré  son   château,  8c  il  en  fit  une  en 

«  l'honneur  d'Eléonore,  femme  du  comte  de  Toulouse,  princesse,  dit  l'au- 

«  teur  de  la  Vie  de  ce  poëte,  aussi  distinguée  par  sa  rare  beauté  que  par  la 

«  bonté  de  son  cœur.  Miraval,  qui  avoit  conçu  une  forte  passion  pour  elle, 

«  sans  oser  la  lui  déclarer,  lui  adressa  cette  chanson  qui  commence  par  ces 

<'  mots  :  Bel  mes  qui  eu  chant,  8c   l'eiwoya  ensuite  au   roi   d'Aragon.   Ce 

<<  prince  arriva  quelque  temps  après  avec  mille  chevaliers  au  secours  du  comte 

«  de  Toulouse;  mais  il  eut  le  malheur  d'être  tué  devant  Muret.  »  Nous  avons 

cru  devoir  nous  étendre  sur  la  vie  de  ce  poëte,  parce  qu'on  y  trouve  diverses 


An   12  22 


558  HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC,  LIV.  XXl'I. 


circonstances  qui  ont  rapport  à  l'histoire  du  temps'.  On  voit  vingt-quatre 
de  ses  chansons  ou  poëmes  dans  l'un  des  manuscrits  de  la  Bibliothèque  du 
roi*.  Nostradamus  parle  ^  d'un  de  ses  tensons  ou  dialogues  en  vers,  entre  lui 
&  Bertrand  d'AUamanon,  autre  poëte  provençal  ;  on  y  agite  la  question  si 
on  devoit  donner  la  préférence  à  la  nation  provençale  ou  à  la  lombarde; 
Miraval  soutient  les  intérêts  de  la  première.  Nostradamus  lui  attribue  encore 
un  traité  intitulé  :  Las  lau-^ours  de  Proensa  ou  les  Louanges  de  la  Provence. 
11  ajoute  qu'il  mourut  fort  âgé  S<.  fort  pauvre,  en  1218. 

2.  Il  Raimond-Jourdain,  vicomte  de  Saint-Antonin,  en  Pvouergue,  sur  les 
«  frontières  du  Querci  &i  de  l'Albigeois,  fut  aussi  habile  trohaire  (ou  poëte) 
«  que  bon  chevalier.  Il  aima  la  femme  du  seigneur  de  Penne,  en  Albigeois, 
((  qui  ne  fut  pas  insensible  à  son  amour.  S'étant  trouvé  à  une  bataille,  il  y 
«  fut  blessé  £<  passa  pour  mort;  cette  nouvelle  causa  tant  de  chagrin  à  la 
<(  dame  de  Penne  qu'elle  sortit  du  pays  &  se  rendit  de  l'ordre  des  hérétiques. 
(c  Raimond-Jourdain,  apprenant  le  sort  de  cette  dame,  en  fut  accablé  de  dou- 
«  leur,  renonça  à  la  poésie,  ne  parut  plus  en  public  £<  passa  un  an  entier 
«  dans  le  deuil  &  la  tristesse.  Enfin  Alice  de  Montfort,  lîlle  du  vicomte  de 
«  Turenne  &  femme  de  Guillaume  de  Gourdon,  qui  étoit  jeune  8<  belle, 
«  l'ayant  pris  pour  son  chevalier,  l'engagea  à  reprendre  sa  gaieté  naturelle, 
«1  8c  il  recommença  à  faire  des  chansons'*.  »  On  en  trouve  sept  de  sa  façon 
dans  les  manuscrits  de  la  Bibliothèque  du  roi.  Nostradamus-'  prétend  que  ce 
vicomte  se  retira,  vers  l'an  1:06,  à  la  cour  de  Raimond-Bérenger,  comte  de 
Provence,  fils  d'Alphonse  II,  roi  d'Aragon;  mais  il  n'en  est  rien  dit  dans  les 
manuscrits,  non  plus  que  des  autres  circonstances  qu'il  rapporté  de  la  vie  de 
ce  poëte. 

3.  Guillaume  Fip'ueire,  fils  d'un  tailleur  d'habits  de  Toulouse  S<.  tailleur 
lui-même,  Se  non  pas  gentilhomme  avignonois,  comme  le  dit  Nostradamus^, 
qui  le  fait  vivre  dans  le  temps  que  les  papes  transférèrent  leur  résidence  à 
Avignon,  à  moins  que  ce  ne  soient  deux,  différens  poëtes  de  même  nom.  Le 
Toulousain  «  (|uitta  sa  patrie  lorsque  les  croisés  s'en  rendirent  inaîtres  &  se 
«  retira  en  Lombardie,  oli  il  se  fit  jongleur.  Il  savoit  très-bien  chanter,  8c  il 
u  fut  accueilli  des  seigneurs  8c  du  peuple;  mais  il  étoit  tort  libertin.  »  Il  n'y 
a  qu'une  de  ses  chansons  dans  les  manuscrits  du  roi 7. 

t'ui,°p^'^3"'8.  4-  "  Cadenet,  natif  d'un  château  de  ce  nom,  en  Provence,  sur  la  Durancc, 
«  fils  d'un  pauvre  chevalier.  Il  étoit  encore  enfant  lorsque  le  comte  de  Tou- 
«  louse  ayant  pris  8c  pillé  ce  château,  il  fut  amené  dans  le  Toulousain  par 
H  un  chevalier,  nommé  Guillaume  de  Lantar,  qui  prit  soin  de  son  éduca- 
«  tion.  U  finit  ses  jours  parmi  les  chevaliers  de  Saint-Jean  de  Jérusalem.  » 

'  [Ro.cliegLide,   Parnasse   occ'itanien,   pp.   220  à  suiv.  Une  pièce  de   hii    à  In    suite,    iliij.    p.   200 

226.]  &  suiv.] 

'  [Six  de  ces  chansons    ont   été   imprimées,    ut  '  Nostradamus,  p.  90  &  suiv. 

supra,  pp.  226  à  237.]  "  IhiA.  p.  i5d  &  suiv. 

'  Nostradamus,  Vies  des  plus  célihrcs  &  anciens  '  [Rochegude,  Parnasse  occitanicn,  p.  24!?.  —  La 

poètes  provençaux,  p.  60.  pièce  citée  par  dom  %'aisscte,  pp.  2.ji  à  2j5.] 

■"   [Rochegude,    Parnasse   occitanicn ,    p.    199    & 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC,  LIV.  XXIII.  SSq 

L'auteur  de  sa'  Vie  marque  qu'il  l'avoit  vu.  Il  est  représenté  dans  la  vignette 
du  manuscrit  une  toque  sur  la  tête,  habillé  d'une  soutane  violette  avec  un 
manteau  noir,  sur  lequel  est  brodée  du  côté  droit  vine  croix  pattée  S<  fleu- 
ronnée  d'argent,  la  branche  perpendiculaire  de  la  croix  plus  longue  que  la 
transversale*.  On  peut  fixer  plus  précisément  l'époque  où  vivoit  ce  poëte  par 
deux  actes  que  nous  avons  vus,  où  il  est  fait  mention  de  Guillaume  Hunaud 
de  Lantar,  qui  l'amena  dans  le  Toulousain.  L'un  est-^  de  l'an  1217,  8<.  l'autre 
est  le  testament  même  de  Guillaume,  qui  mourut  au  mois  de  novembre  de 
l'an  11:2. 

5.  «  Hugues  de  Saint-Cyr,  natif  du  lieu  de  Tegra,  en  Querci,  8c  fils  d'un 
«  pauvre  vuvasseur  [ou  seigneur  de  fief),  nommé  Arnaud  de  Saint-Cyr,  parce 
n  c[u'il  étoit  du  château  de  ce  nom,  en  Querci,  auprès  de  Notre-Dame  de 
«  Rocamadour.  Ses  frères  l'envoyèrent  étudier  à  Montpellier,  Si  ils  vouloient 
«  l'engager  à  embrasser  l'état  ecclésiastique;  mais  son  penchant  pour  la  poésie 
«  l'emporta,  St  il  s'appliqua  à  la  jonglerie ^  il  fit  divers  couplets  avec  le  comte 
u  de  Pvodez,  le  vicomte  de  Turenne  &  le  bon  dauphin  d'Auvergne.  II  séjourna 
Il  assez  longtemps  en  Gascogne  &  il  demeura  à  Poitiers  avec  Savaric  de  Mau- 
«  léon,  qui  l'équipa.  Il  passa  de  là  à  la  cour  d'Alphonse,  roi  de  Castille  81  de 
i>  Léon,  8c  à  celle  de  Pierre,  roi  d'Aragon.  Il  parcourut  ensuite  la  Provence 
«  Se  la  Lombardie,  Se,  s'étant  marié,  il  cessa  de  faire  des  chansons.  »  Nostra- 
damus^  dit  qu'il  mourut  en  i22J\ 

6.  «  Avmar  le  Negrès  (ou  le  Noir),  natif  du  Châteauvieil  d'Albi,  fut  fort 
«  civil  Si  beau  parleur;  ce  qui  lui  attira  l'estime  du  public.  Pierre,  roi 
«  d'Aragon,  Se  le  comte  de  Toulouse,  celui  qui  jiit  déshérité,  l'honorèrent  de 
"  leur  protection,  81  le  dernier  lui  donna  des  maisons  Se  des  terres  à  Tou- 
«  louse.  ))  On  trouve  quatre  de  ses  chansons  dans  les  manuscrits  de  la  Biblio- 
thèque du  roi'^. 

7.  Le  comte  de  Fois  (Raimond-Roger).  Sa  vie  n'est  pas  écrite;  on  rapporte 
seulement  deux  petites  chansons  de  sa  façon,  en  réponse  à  Pierre,  roi 
d'Aragon  ^. 

8.  Savaric  de  Mauléon,  riche  baron  du  Poitou,  dont  on  fait  un  grand 
éloge. 

i),  Guillaume  de  Berguadon,  vicomte  de  ce  lieu,  en  Catalogne  :  il  célébra 
dans  ses  vers  Eléonore  d'Aragon,  comtesse  de  Toulouse^. 

'  Mss.  n.  72Ï.).  '  [Rochegiide,  Parnujîf  occ;Va«iVnj  pp.  i6i,  lôi. 

'  [Rochegude,  Parnasse  occitanlcn,  p.  1 13.  Une  Une  pièce  de  lui  à  la  suite.] 
pièce  de  lui  à  la  suite.]  '  [Rochegude,  Parnasse  occitanien,  p.  Sàp.  Une 

'  Ttésor  des  chartes;  Toulouse,  sac  19,  n.  6,  &  pièce  de  lui,  pp.  Sjj,  36o.] 
sac    14,   n.   73.    —   [J.  328    &    323j  Teulet,   t.  1,  '  [L'une  d'elles  dans  Rochegude,  p.  291.] 

pp.  446  &  5;')2.  Voyez  aussi  la  table  du  tome  VIII  '  [Sa  vie,  dans   Rochegude,  p.   1Ô2  ;  deux  pièces 

de  la  présente  édition.]  de  lui,  pp.  i52  &  'M-j 

^  Noîtrad.imus ,  Vtes  des  plus  céll-bres  &   anciens 
poètes  provençaux,  p.  78. 


An  1222 


An  1221 


56o  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEErOC.  LIV.  XXIII. 


LXVI.  —  Raïmond  VII,  comte  de  Toulouse,  accorde  divers  privilèges 

aux  hospitaliers. 

Raiinoncl  VII  avoit  vingt-cinq  ans  lorsqu'il  succéda  au  comte  Raimond  VI, 
son  père.  Il  se  qualifia  aussitôt,  à  son  exemple,  par  la  grâce  de  Dieu  duc  de 
Narbonne,  comte  de  Toulouse  &>  marquis  de  Provence  ;  ainsi  qu'il  paroît  entre 
autres  dans  une  charte  qu'il  donna  à  Lavaur',  au  commencement  d'octobre 
de  l'an  1222,  par  laquelle  il  confirma  aux  hospitaliers  de  Saint-Gilles  le  droit 
de  pacage  dans  toutes  ses  terres.  Il  donna  pouvoir^  en  même  temps  aux  hos- 
pitaliers d'Orange  de  faire  de  nouvelles  acquisitions  dans  ses  fiefs,  81  les 
exempta  de  péage  ^. 

LXVII.  —  Concile  du  Puy.  —  Union  de  l'abbaye  d'Alet  à  la  cathédrale 

de  Narbonne. 

Cependant  les  affaires  d'Amauri  de  Montfort  allant  toujours  en  empirant, 
le  cardinal  Conrad,  légat  du  Saint-Siège,  pour  les  rétablir,  indiqua  par  des 
lettres  datées  de  Dijon,  au  mois  de  juin"*  de  l'an  1222,  un  concile  au  Puy, 
en  Velal,  pour  le  20  de  juillet  suivant,  8<  y  appela  les  chanoines  de  la  cathé- 
drale de  Narbonne.  11  avoit  dessein  d'y  traiter  une  affaire  qui  les  intéressoit 
8(.  dont  voici  le  sujet.  Boson,  abbé  d'Alet,  étant  redevable  de  son  élection  à 
la  protection^  de  Raimond-Roger,  vicomte  de  Béziers  81  de  Carcassonne,  lui 
demeura  toujours  fidèle,  8<  après  que  les  croisés  se  furent  rendus  maîtres  de 
ces  deux  villes,  il  livra  celle  d'Alet,  de  concert  avec  quelques-uns  de  ses  reli- 
gieux, au  comte  de  Foix,  tuteur  du  fils  de  ce  vicomte.  Le  cardinal  Conrad^, 
pour  le  punir  de  cette  action,  fit  faire  des  informations,  &  les  ayant  portées 
au  concile  du  Puy,  il  y  dégrada  Boson  81  les  religieux  qui  lui  étoient  asso- 
ciés, du  conseil  des  prélats  assemblés.  Il  fit  ensuite  un  décret  à  Souvigni,  en 

■  Voyez  <ome  VIII,  n.  XXVI.  poser  de  leurs   biens  par   testament;  quand   l'un 

'  Trésor  des  chartes;  Toulouse,  sac  5,  n.   17.  —  d'eux  mourra  intestat,  le  comte  n'héritera  qu'à  dé- 

[J.  309 j  Teulet,  t.   I,  p.  55 1.]  faut  de  parents  jusqu'au  quatrième  degré.  —  Tarif 

'  Un   mois   plus   tard,   le  comte   Raimond  VII  des  droits  de  justice  pour  les  causes  civiles  portées 

fonda  la  ville  de  Cordes,  en  Albigeois.  La   charte  devant  le  baile  du  comte.  —  Les  bouchers  restent 

de  fondation  a   été  publiée  par  Compayré,  Docu~  assujettis  à  diverses  redevances  en  argent  &  en  na- 

ments  inédits,  pp.   398   à  400,  d'après  l'original.  ture.  —  Le  crime  de  faux  poids  ou  de  fausse  me- 

Comme  dans   toutes  les  villes  neuves,  les   libertés  sure   est   puni   d'une  amende  de  cinq  sous.  —  Les 

les  plus  étendues  furent  concédées  à  tous  ceux  qui  habitants    de    Cordes   ne   payeront    aucune   leude 

viendraient  construire  une  maison  dans   la  nou-  dans  tout  l'Albigeois,  sauf  les  merciers  &  les  mar- 

velle  bourgade.  L.;  comte  ne  lèvera  aucun  cens  an-  chands.  Ils  pourront  se  servir  des  bois  &  des  car- 

nuel  &  ne  prendra  que  ses  droits  de  lods  &  ventes.  rières  de  pierre  du  comte  dans  tout  l'Albigeois. 

—  Les  nouveaux   arrivants  seront  exempts  de  la  [A.  M.] 

quête,  de  la   taille  &  de  toute   redevance  onéreuse  *  Gallia   Christiana ,   nov.   edit.    t.   6,   Instrum, 

en   blé  ou  autrement.  —  Ceux   qui,  pour  venir  à  c.   i  to. 

Cordes,  abandonneront   leurs  seigneurs,  n'auront  ''  Voyez  plus  haut,  livre  XX,  ch.  xxxix,  p.  iSy. 

plus  à  payer  à  ceux-ci  qu'un  cens  annuel  de  douze  ^  Gaîlia   Christiana,   nov,   éd.  t.  6,   Instr,  c.   1  i  i 

deniers,  monii.iie  de  Cahors.  —  Ils  pourront  dis-  &  seq. 


I.  m,  p. 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIIL  56 1    

An  122J 

Bouibonnois,  le  16  de  septemlire  suivant,  par  lequel  il  unit  l'abbaye  d'AIet  i':j.  oriK 
avec  tous  ses  biens  à  la  cathédrale  de  Narbonne,  en  considération  des  tra- 
vaux que  les  chanoines  de  cette  église  8i  toute  la  ville  avoient  soutenus  pour 
les  aftaires  de  la  foi,  avec  ordre  de  chasser  les  moines  èi.  de  mettre  des  ecclé- 
siastiques séculiers  en  leur  place.  II  envoya  en  même  temps  à  Rome  les 
députés  du  chapitre  de  Narbonne  &  les  chargea  d'une  lettre  très-pressante 
pour  le  pape,  dans  laquelle  il  lui  demandoit  la  confirmation  de  ce  décret.  Le 
pape  le  confirma,  en  effet,  au  mois  de  mai  de  l'année  suivante,  81  Conrad 
ordonna,  au  mois  d'octobre  de  l'an  i2  23,  que  le  chapitre  de  Narbonne  feroit 
desservir  à  l'avenir  l'église  d'AIet  par  douze  chanoines  séculiers,  dont  il  régla 
les  fonctions  &  les  revenus.  Le  pape  confirma  ce  nouveau  décret  à  la  fin  de 
l'année.  Les  religieux  d'AIet,  qui  n'avoient  participé  en  rien  pour  la  plupart 
aux  démarches  de  leur  abbé,  appelèrent  à  Rome  de  toutes  ces  procédures;  ils 
se  plaignirent  au  pape  de  ce  qu'on  les  avoit  chassés  injustement  de  leur 
monastère  Se  de  leurs  domaines,  &  demandèrent  d'y  être  rétablis.  L'affaire 
traîna  en  longueur;  enfin  le  pape  Grégoire  IX  commit  aux  abbés  de  Riupoll 
&  de  Grandselve  l'examen  de  ces  plaintes,  avec  ordre,  si  elles  étoient  justes, 
de  rétablir  les  religieux  d'AIet  dans  la  possession  de  leur  monastère.  Ces  deux 
commissaires  restituèrent,  en  i233,  l'abbaye  d'AIet  aux  religieux  qui  en 
étoient  exilés  depuis  dix  ans,  8c  qui,  pour  le  bien  de  la  paix,  cédèrent', 
en  1246,  une  partie  de  leurs  biens  à  l'archevêque  &  au  chapitre  de  Nar- 
bonne, par  la  médiation  de  Guillaume,  abbé  d'Aniane. 

LXVIII.  —  Amauri  offre  de  nouveau  au  roi  de  lui  céder  les  conquêtes 

des  croisés. 

Le  cardinal  Conrad  se  rendit  à  Béziers  au  mois  de  décembre  de  l'an  1222. 
Amauri  de  Montfort  lui  députa  alors  Clarin,  son  chancelier,  &  frère  Jean  le 
Pénitencier  pour  lui  communiquer  le  dessein  où  il  étoit  de  céder  au  roi  Phi- 
lippe-Auguste le  pays  d'Albigeois  8t  tous  ceux  du  voisinage  que  lui  ou  son 
père  avoient  possédés,  8c  pour  l'engager  à  porter  ce  prince  à  recevoir  son 
offre.  Ce  cardinal  8c  les  évêques  de  Lodève,  de  Maguelonne,  de  Béziers  8c 
d'Agde,  qui  se  trouvoient  avec  lui,  écrivirent  en  conséquence  au  roi  8c  le 
pressèrent  d'accepter  cette  cession,  avec  promesse  de  le  soutenir  de  toutes 
leurs  forces;  mais  Philippe  refusa  de  nouveau  les  offres  d'Amauri^. 

LXIX.  —  Différends  entre  le  monastère  de  Prouille  &•  l'abbaye 

de  Saint-Hilaire. 


Le  cardinal  Conrad  confirma,  à  Béziers,  le  28  de  mars  de  l'année  sui- 
vante'', la  donation  ({ue   Bérenger,  archevêque  de  Narbonne,  avoit  faite, 

'  Bibliothèque  du  roi;  Baliize,  Balles,  n.  j"».  cetts  pièce  de  novembre   1221  ;  nous  avons  adoptj 

*  Voyez  tome  VIII ,  Chartes,  n.  CXLI ,   c.  760.        cette  date  nu  tome  VIII.] 
—  [M.  Delisle,   dialogue,  p.  ^67,   n.  iioS,  date  '  Martène,  Collectio  ampUssima,  t.  6,  c.   ^?ii  & 

VI.  36 


An  i2i3 


An  1223 


562  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIII. 


en  1208,  de  l'église  de  Saint-Martin  de  Limoux  8c  de  ses  dépendances,  en 
faveur  du  monastère  de  Prouille  ;  donation  qui  causa  de  grands  différends, 
d'un  côté  entre  l'abbé  ik  les  religieux  de  Saint-Hilaire,  au  diocèse  de  Carcas- 
sonne,  de  qui  cette  église  dépendoit,  Se  saint  Dominique  Si  les  religieux  de 
son  ordre  de  l'autre.  Les  premiers,  fâchés  de  perdre,  sans  être  coupables,  une 
partie  considérable  de  leur  domaine,  s'opposèrent  de  tout  leur  pouvoir  à  cette 
donation,  81  les  autres,  pour  la  conserver,  les  accusèrent  de  favoriser  l'hé- 
résie; en  sorte  que  saint  Dominique  obtint,  non-seulement  la  confirmation 
de  cet  acte,  mais  encore  l'union  entière  de  l'abbaye  de  Saint-Hilaire  au 
monastère  de  Prouille.  11  fut  aisé  à  l'abbé  de  Saint-Hilaire  &  à  ses  religieux 
de  se  purger  de  l'accusation  qu'on  formoit  contre  eux;  mais  ils  ne  purent 
obtenir  si  tôt  la  restitution  de  leur  monastère.  Les  parties  compromirent  dans 
la  suite  entre  les  mains  de  Thédise,  évêque  d'Agde,  qui,  par  une  sentence 
arbitrale,  adjugea,  au  mois  de  mars  de  l'an  1217,  le  monastère  de  Saint- 
Hilaire  avec  ses  dépendances,  à  l'abbé  &  aux  religieux,  excepté  le  prieuré  de 
Saint-Martin  de  Limoux  qui  demeura  à  Jrère  Dominique,  prieur  de  Saint- 
Romairif  &  aux  autres  frères  de  la  Prédication,  à  condition  que  ceux-ci 
payeroient  aux  autres  une  redevance  annuelle  de  trois  muids  de  blé.  Nous  ne 
savons  pas  si  les  frères  prêcheurs  refusèrent  d'acquitter  cette  redevance  ou  si 
les  religieux  de  Saint-Hilaire  ne  voulurent  pas  exécuter  la  transaction;  mais 
le  prieur  Se  les  religieuses  de  Prouille  se  plaignirent,  l'année  suivante,  d'avoir 
été  chassés  avec  violence  de  l'église  de  Saint-Martin  de  Limoux  par  l'abbé  8t 
les  religieux  de  Saint-Hilaire.  Arnaud,  archevêque  de  Narbonne,  commit 
l'évêque  de  Carcassonne  pour  informer  sur  cette  plainte,  &  ce  dernier  remit, 
au  mois  d'avril  de  l'an  1219,  les  religieuses  de  Prouille  dans  la  possession 
de  cette  église.  Les  religieux  de  Saint-Hilaire  firent  difficulté  de  s'en  des- 
Éd.origin.  saisir,  &  l'archevêque  de  Narbonne  fut  obligé  de  le  leur  ordonner  par  une 
sentence  du  mois  d'octobre  de  l'an  1222.  Enfin  le  cardinal  Conrad  ayant 
confirmé,  au  mois  de  mars  de  l'année  suivante,  le  monastère  de  Prouille  dans 
la  possession  de  l'église  de  Saint-Martin  de  Limoux,  les  parties  convinrent 
de  nouveaux  arbitres  &  passèrent  une  dernière  transaction,  le  27  de  mars  de 
l'an  1224,  suivant  laquelle  l'abbé  Si  les  religieux  demeurèrent  en  possession 
de  leur  monastère.  Se  les  religieuses  de  Prouille  de  l'église  de  Saint-Martin 
de  Limoux. 

LXX.  —   Mort  de  Raimond-Roger,  comte  de  Foix.  —  Ses  enfans,  —  Son 
fils  aîné  Roger-Bernard  H  lui  succède. 

Le  comte  de  Toulouse  perdit,  peu  de  temps  après  la  mort  de  son  père,  l'un 
de  ses  plus  fermes  appuis  en  la  personne  de  Raimond-Roger,  comte  de  Foix, 
qui  avoit  alors  recouvré  la  plupart  des  domaines  que  les  croisés  lui  avoient 


i.  m,  p.  yio. 


Siiiv.     \Histoire   des   couvents  des    frères  prêcheurs,        bnye  de  Saint-Hilnire  &  du  monasière  de  Prouille. 
par  Bernard  Gui.]  —  Gallia   Christiana,  nov.   éd.        '" 
t.  6,   Instrum.   c.  443  &  seq.  —   Archives   de  l'ab- 


par  Bernard  Gui.]  —  Gallia   Christiana,  nov.   éd.        [Sur  cette   affaire,  voyez   tome  IV,  pp.  8J3,  S5 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIII,  563 

enlevés,  entre  autres  les  châteaux  de  Pamiers  &  de  Mirepoix.  Raimond- 
Roger,  après  avoir  repris  ce  dernier  château,  le  rendit'  à  Pierre-Roger  de 
Mirepoix,  à  Ysarn,  son  frère,  à  Loup  de  Foix  &  aux  autres  chevaliers  qui  en 
possédoient  la  seigneurie  avant  la  croisade,  &  qui  lui  en  firent  hommage  dans 
le  château  de  Pamiers,  le  lundi  de  la  dernière  semaine  de  mars  de  l'an  1222 
(i223).  Il  mourut^  peu  de  jours  après,  tant  pour  s'être  morfondu  au  siège 
de  Mirepoix  que  d'un  ulcère  qui  le  tourmentoit  beaucoup.  11  donna,  durant 
la  guerre  que  les  croisés  avoient  entreprise  dans  la  Province,  des  preuves 
signalées  de  sa  valeur.  Se  combattit  bien  moins  pour  la  défense  de  l'erreur 
que  pour  s'empêcher  d'être  dépossédé  de  tous  ses  biens.  11  soutint  toujours, 
en  effet 3,  qu'il  étoit  exempt  d'hérésie,  &  il  est  certain,  quelque  désavanta- 
geux que  soit  le  portrait  que  Pierre  de  Vaux-Cernay,  guidé  par  la  passion"* 
&  par  l'aigreur,  fait  de  ses  mœurs  &  de  sa  conduite,  que  le  plus  grand 
reproche  qu'on  puisse  lui  faire,  par  rapport  à  la  foi,  c'est  d'avoir  toléré  les 
hérétiques^  dans  ses  domaines  &  d'avoir  souffert  que  ses  proches  les  favori- 
sassent. Ainsi  il  étoit  dans  la  même  disposition  qu'un  chevalier,  nommé 
Pons-Aymar  de  Rodèle,  qui,  interrogé  un  jour  par  Foulques,  évêque  de 
Toulouse,  pourquoi,  étant  catholique,  il  ne  chassoit  pas  les  hérétiques  du 
pays,  répondit''  à  ce  prélat  :  «  Nous  avons  été  élevés  ensemble,  nous  avons 
«  des  parens  parmi  eux,  &.  nous  ne  cherchons  qu'à  vivre  en  paix  &  tran- 
«  quillement.  » 

P\.aimond-Roger  avoit  fait  son  testament'^,  au  château  de  Pamiers,  le  14  de 
mai  de  l'année  précédente;  il  institua  Roger-Bernard,  son  fils  aîné,  héritier 
du  comté  de  Foix  Se  de  ses  dépendances,  entre  lesquelles  étoient  :  1°  Le  pays 
de  Volvestre,  que  le  comte  de  Comminges^  tenoit  de  lui  en  fief.  1°  La 
vicomte  d'Evols  avec  les  pays  de  Donazan  &  de  Capcir,  que  Pierre,  roi 
d'Aragon,  lui  avoit  donnés  en  fief,  au  mois  de  janvier  de  l'an  1208,  après 
les  avoir  confisqués  pour  crime  de  félonie  sur  Bernard  d'Alion,  son  vassal. 
Raimond-Roger  donna  à  Aymeri,  son  second  fils,  tous  ses  domaines  situés 
dans  les  diocèses  de  Narbonne  St  de  Carcassonne,  &  ordonna  à  son  fils  aîné 
de  payer  la  rançon  du  même  Aymeri  jusqu'à  la  valeur  de  cin(|  cents  marcs 
d'argent,  si  ce  fils,  qu'il  avoit  été  obligé  de  remettre,  malgré  lui,  en  1209  8c 
dans  le  temps  de  son  oppression,  entre  les  mains  de  Simon  de  Montfort,  ne 
pouvoit  s'évader  ou  obtenir  autrement  sa  liberté.  11  ordonna  à  son  héritier 
de  payer  à  Cécile,  sa  fille,  femme  de  Bernard,  fils  du  5'  comte  de  Coin- 
minges,  neuf  mille  trois  cents  sols  toulousains  ou  cinq  cents  marcs  d'argeht 
qu'il  lui  devoit  pour  sa  dot.  Il  choisit  sa  sépulture  dans  le  monastère  de  P;oul- 

'  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  il.  CXLI,  ce.  767  '  \  oyez  lome  VIII,  Clinrtes,  n.  CCLXIII. 

8c  768.  —    Guillaume  de    Puylaurens,   c.  34.  —  "  Guillaume  de  Puyiaurens,  c.  8. 

Chronique  manuscrite  lies   comtes  tie  foix,   msi,  de  '  De   Marca,    Histoire    de   Béarn,   1.   8,    ch.    zo, 

Baluze  419.  11.  7- 

■  Tome  VII,  Note  XXIII,  n.  1,  pp.  67  &  68.  *  Il>i'<-  c\\.   i3,  n.  8. 

>  De  Marca,  Histoire  de  Béarn,   1.    6,  ch.    18,  &  '  Voyez  tome  VIII,    Chartes,  n.  CLVI,   ce.  797 

1.  8,  ch.   ij,  n.  3.  &  798. 

••  au. 


An  izzli 


~T         ~   564  .ilSTOIKE  GÉNÉRALK  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIII. 

An  1223  ^ 

bonne,  où  il  avoit  été  reçu  depuis  longtemps  pour  frère,  8<.  laissa  mille  cinq 
cents  sols  de  rente  annuelle  à  ce  monastère  pour  la  nourriture  des  pauvres. 
11  confirma  la  donation  qu'il  avoit  faite  de  divers  domaines  en  faveur  de 
l'abbaye  de  Pamiers  pour  la  dédommager  des  pertes  qu'il  lui  avoit  causées,  Se 
lui  accorda  divers  privilèges.  Tel  est  le  testament  de  Raimond-Pvoger  qui, 
suivant  la  remarque  d'un  savant  historien',  prouve  :  1°  Qu'il  avoit  recouvré 
tous  ses  domaines  avant  sa  mort.  2°  Qu'il  mourut  dans  le  sein  de  l'Eglise, 
dont  il  n'avoit  jamais  abandonné  la  foi.  Il  avoit  restitué^  au  monastère  de 
Prouille,  le  jour  qu'il  recouvra  le  château  de  Poncian ',  au  mois  de  juin  de 
l'an  1221,  les  biens  que  ce  monastère  avoit  à  Prouille,  à  Fanjeaux  &  à 
Limoux. 

Quelques  modernes'*  prétendent  que  Raimond-Roger  laissa  plusieurs 
autres  entans,  8c  on  prétend  qu'il  épousa  en  secondes  noces  Ermengarde  de 
Narbonne;  mais  on  la  confond  avec  la  seconde  femme  de  son  fils;  il  est 
t.1n°p.^33'i.  certain,  en  effet,  qu'il  n'eut  d'autre  femme  que  Philippe,  qui  étoit  morte 
sans  doute  dans  le  temps  de  son  testament,  puisqu'il  n'en  fait  aucune  men- 
tion dans  cet  acte  :  cette  comtesse  eut  le  malheur  "'  d'embrasser  l'hérésie;  mais 
il  paroît  qu'elle  abjura  l'erreur  avant  sa  mort.  Quant  aux  enfans  qu'on 
donne  à  ce  comte  il  n'y  a  aucune  preuve  qu'il  en  ait  eu  d'autres  que  ceux 
qu'il  nomme  dans  son  testament,  excepté  Loup  &  Esclarmonde,  à  laquelle 
Roger-Bernard,  son  frère,  donna  <5  dix  mille  sols  melgoriens  de  dot,  lorsqu'il 
la  maria,  au  mois  de  janvier  de  l'an  1 235,  avec  Bernard  d'Alion,  seigneur  de 
Son,  de  Quérigut,  &c.  On  doute'^  si  Loup,  duquel  on  fait  descendre  les 
seigneurs  de  Rabat,  étoit  légitime  ;  Pvaimond-Pvoger  peut  l'avoir  eu  de 
quelque  maîtresse,  car  on  a  déjà  vu  qu'il  ne  fut  pas  insensible ^  à  l'amour. 
On  pourroit  mettre  aussi  au  nombre  de  ses  enfans  naturels  un  fils  appelé 
Raimond;  en  effet,  suivant  un  acte  des  archives  du  château  de  Foix'-  «  Rai- 
«  mond  de  Foix,  chevalier,  fils  de  feu  Raimond  de  Foix  &  de  Gaillarde,  sa 
«  femme,  confirma,  le  28  de  décembre  de  l'an  1247,  la  donation  qu'il  avoit 
«  faite  de  tous  ses  biens,  il  y  avoit  plus  de  vingt  ans,  k  l'abbaye  de  Boul- 
«  bonne,  lorsqu'il  avoit  pris  l'habit  religieux  dans  ce  monastère'".  «  On  a 
déjà  dit  que  Raimond-Roger  cultiva  la  poésie  provençale  &  qu'il  fut  mis 
au  nombre  des  plus  célèbres  poètes  de  son  temps. 

'  De  Maïca,  Histoire  île  Béarn,  1.  8.  '  Voyez  tome  VU,  ut  supra. 

'  Archives  du  château  de  Foix.  '  Voyez  ci -dessus,  ch.  i.xv,  p.  5Ô6. 

^  Peut-être  est-ce   le  château  de  Pieusse,  arron-  "  Château  de  Foix,  crusse  6. 

dissement  de  Limoux,  qui   se  disait  Poncianum  en  '°  Il  est    bien  probable  que  ce  personnage  n'ap- 

latin.  [A.  M.]  partenait  nullement   à   la   famille  des  comtes  de 

*  Voyez  tome  VII,    Note  XXIII ,   n.  ii,  pp.  68  Foix.  Le  nom  seul  de  sa   mère  le  prouve,  puisque 

&  69.  dom  \"ai5Seie   vient   de   dire    que    Raiinond-Roger 

'  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n,  CCXXIX,  c.  iok"!  n'eut  jamais  d'autre  femme  que  Philippe,  &  que 

81  suiv.  l'acte  qu'il  cite  nomme  Gaillarde,  fcmrne  de  Rai- 

«  Ibid.  n.  CCVIl,  c.  </,<).  mond-Roger.  [A.  M.) 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIII. 


JOO 


An  1223 


LXXI.  —  Le  comte  de  Toulouse  assiège  Penne,  en  à  génois,  £,■   Verdun 

sur  la  Garonne. 

Roger-Bernard  II,  rils  &.  successeur  de  Raimond-Roger,  demeura  toujours 
étroitement  uni  avec  Raimond,  comte  de  Toulouse,  &c  ils  résolurent  de  con- 
cert de  chasser  entièrement  Amauri  de  Montfort  du  pajs.  Dans  ce  dessein 
Raimond,  s'éiant  mis  en  campagne  vers  la  fin  de  l'hiver,  attaqua  le'  château 
de  Penne,  en  Agenois,  tandis  qu'un  autre  corps  de  ses  troupes  assiégea 
Verdun  sur  la  Garonne.  Il  paroît  toutefois  que  le  cardinal  Conrad,  légat  du 
Saint-Siège,  nègocioit  alors  quelque  traité,  &  qu'il  se  proposoit  de  tenir  à 
Clermont,  en  Auvergne,  vers  la  fin  du  mois  d'avril  de  l'an  12 23,  une  confé- 
rence k  laquelle  ce  prince  devoit  se  trouver.  C'est  ce  que  nous  avons  lieu 
d'inférer  d'une  lettre^  que  Jacques,  roi  d'Aragon,  écrivit  d'Huesca  aux  con- 
suls &  aux  habitans  de  Millau,  en  Rouergue,  qui  l'avoient  prié  d'envoyer 
((uelque  personne  de  confiance  à  la  cour  de  Clermont  pour  demander  au  car- 
dinal légat  la  restitution  du  comté  de  Millau,  c'est-à-dire  des  vicomtes  de 
iMillau  8c  de  Gévaudan  que  le  roi  Pierre,  son  père,  avoit  engagées  au  feu 
comte  de  Toulouse,  St  pour  s'opposer  aux  prétentions  du  comte  de  Toulouse. 
Jacques  répondit  qu'il  s'en  rapportoit  à  leur  sollicitation  S<.  k  leurs  lumières 
Si  à  celles  de  Guillatnne,  évèque  de  Mende,  son  cousin. 

LXXIl.  —  Evéques  de  Mende.  —  fondation  de  l'ahbaye  de  Mercoire, 

Guillaume  étoit^  de  la  maison  de  Pe\  re  Si  avoit  succédé,  en  1187,  k  Alde- 
bert  de  Tournel.  11  favorisa  la  fondation  de  l'abbaye  de  Mercoire  qui  fut 
construite  dans  son  diocèse,  vers  le  commencement  du  treizième  siècle,  pour 
des  filles  de  l'ordre  de  Cîteaux,  sous  la  dépendance  de  celle  de  Mazan,  en 
Vivarais.  Ce  monastère,  qui  est  situé  dans  les  montagnes  du  Gévaudan,  au 
milieu  d'une  torêt,  vers  les  sources  de  l'Allier,  ne  fut  d'abord  gouverné  que 
par  des  prieures,  jusqu'au  milieu  du  même  siècle  qu'il  y  eut  des  abbesses. 
C'est  la  seule  abbaye  de  ce  diocèse.  Les  seigneurs  de  la  maison  de  Randon 
en  sont  les  principaux  bienfaiteurs,  s'ils  n'en  sont  les  fondateurs;  elle  a  été 
ruinée  plusieurs  tois  par  les  calvinistes.  Guillaume  de  Pevre  se  démit  en  12 23 
de  l'évêché  de  Mende  entre  les  mains  du  cardinal  Conrad,  &  entreprit 
ensuite  le  voyage  de  la  Terre-Sainte.  Le  chapitre  élut  à  sa  place,  la  même 
année,  Etienne  de  Brioude,  homme  de  mérite,  mais  dont  la  naissance  étoit 
vicieuse.  Etienne  alla  à  Rome,  où  le  pape  lui  donna  toutes  les  dispenses 
nécessaires,  61  où  il  tut  sacré  par  l'évêque  de  Chartres,  k  cause  que  l'arche- 
vêque de  Bourges,  son  métropolitain,  qui  étoit  aussi  alors  k  Rome,  n'avoit 
pas  encore  reçu  le  pallium.  Etienne,  étant  de  retour  dans  son  diocèse,  fut 

'  Guillaume  de  Pli  y  In  uren  s,  c.  34.  ''  Gallia  Chrtstiana,  wo^f .  eà.  t.   i ,  p.  90  &  suiv.; 

'  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  CXLIII,  te.  ■j6j  p.  112  &  suiv.  —  Archives  de  l'jibbciye  de  Mer- 
à  76.).  coirc. 


An  1123 


566  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIII. 


obligé  d'assembler  un  corps  d'armée  pour  réprimer  les  violences  que  les  sei- 
gneurs du  pays  exerçoient  envers  les  paysans,  leurs  vassaux.  Il  soumit  entre 
autres  Randon  de  Châteauneuf,  8<  prit  sur  lui  &  rasa  dix-huit  de  ses  châ- 
teaux. Jacques,  roi  d'Aragon,  écrivit',  au  mois  d'octobre  de  l'an  l'iiS,  à  ce 
prélat;  il  lui  marqua  qu'ayant  appris,  sur  le  rapport  que  lui  en  avoient  fait 
frère  E.  de  Tourne],  maître  de  l'Hôpital  en  Aragon,  &i  Hugues  Carboneril, 
son  chevalier,  qu'il  devoit  tenir  le  château  de  Grèzes  ik  la  terre  de  Gévaudan 
,''„i°p"j"2.  de  l'église  de  Mende  ;  il  se  soumettoit  à  faire  cette  reconnoissance  &.  le  prioit 
de  prendre  la  défense  de  ces  domaines,  il  s'ensuit  de  là  que  les  vicomtes  de 
Millau  &  de  Gévaudan  avoient  été  alors  restituées  au  roi  d'Aragon;  mais 
nous  ignorons  si  ce  fut  dans  la  conférence  de  Clermont  qui,  vraisemblable- 
ment n'eut  pas  lieu  ^. 

LXXIIl.  —  Trêve  entre  le  comte  de  Toulouse  &■  Amaurî  de  Montjbrt. 

Tandis  que  le  comte  de  Toulouse  assiégeoit  sur  Amauri  de  Montfort  Penne, 
en  Agenois,  le  cardinal  Conrad ^  écrivit  de  Béziers,  le  i"  de  mai,  au  roi 
Philippe-Auguste,  conjointement  avec  les  évêques  de  Nimes,  d'Agde  &  de 
Lodève  qui  s'étoient  réfugiés  avec  lui  dans  cette  ville.  Ils  lui  marquent  qu'ils 
attendent  tous  les  jours  la  mort,  à  cause  qu'ils  étoient  environnés  des  ennemis 
de  la  foi  &  de  la  paix.  «  A^ais,  ajoutent-ils,  nous  avons  été  consolés  par  l'ar- 
((  rivée  d'un  courrier  qui  nous  a  appris  que  vous  avez  assemblé  les  prélats  & 
((  les  barons  de  votre  royaume,  à  Melun,  pour  délibérer  avec  eux  sur  le 
('  secours  dont  le  pays  d'Albigeois  a  besoin.  »  Ils  exhortent  ensuite  le  roi  à 
venir  au  plus  tôt  dans  le  pays  rétablir  les  affaires  de  l'Eglise  dont  ils  lui  font 
une  triste  peinture.  Ils  lui  apprennent  à  la  fin  que  les  ennemis  assiégeoient 
actuellement  Penne,  en  Agenois,  8c  Verdun,  &  que  les  villes  8<  les  châteaux 
les  recevoient  à  l'envi  de  toutes  parts. 

Il  !ie  paroît  pas  que  le  roi  se  soit  beaucoup  empressé  d'envoyer  au  légat  le 
secours  qu'il  demandoit.  Ainsi  Amauri  de  Montfort  se  détermina  à  marcher, 
suivi'*  du  même  cardinal-légat,  de  l'évêque  de  Limoges  Si  de  divers  autres 
prélats  qui  lui  avoient  amené  des  troupes,  pour  faire  lever  le  siège  de  Penne 
d'Agenois.  Il  prit  sa  route  par  le  diocèse  d'Albi,  se  saisit  en  passant  du  châ- 
teau de  Lescure  &  le  rasa.  Ce  château  appartenoit^  alors  à  Saisse,  veuve  de 
Guillaume-Bernard  de  Lescure,  en  qualité  de  tutrice  de  ses  deux  fils  Guil- 
laume-Bernard &  Bertrand.  Amauri  prit^  aussi  le  lieu  de  la  Bastide,  dans 
le  même  pays,  que  Déodat  d'Alaman  avoit  fait  construire  Si  fortifier.  Ce 
comte  étant  arrivé  enfin  à  Penne,  en  Agenois,  tenta  de  faire  lever  le  sié^e 
de  cette  place  ;  mais  ne  pouvant  réussir  Si  voyant  qu'il  n'étoit  pas  en  état  de 
tenir  tête  au  comte  de  Toulouse,  il  conclut  une  trêve  avec  lui  &  ils  con- 

'  Archives  de  l'évêclié  de  Mende.  —  Gallta  Chris-  ^  Guillaume  de  Puylnurens,  c.  3^. 

tiaaa,  nov.  éd.  t.  i,  Instrum.  c.  2;j.  '  archives  de  la  cathédrale  d'AJbi, 

'  Voyez  plus  haut,  p.  5i3,  note  8.  ^  Guillaume  de  Puylaurens,  c.  3.j, 
3  Tome  VIII,  Chartes,  n.  CXLIV,  ce.  yôj,  766. 


An  1223 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC,  LIV.  XXIII.  Sôy 

vinrent  de  s'assembler  dans  un  certain  temps  à  Saint-Flour,  en  Auvergne, 
pour  y  jurer  une  paix  durable  8c  perpétuelle.  Ils  arrêtèrent  par  provision 
que  cette  paix  seroit  cimentée  par  le  mariage  d'une  des  sœurs  d'Amauri 
avec  Raimond,  comte  de  Toulouse.  Nous  inférons  de  là  que  ce  dernier  avoit 
résolu  dès  lors  de  répudier  Sancie  d'Aragon,  sa  femme.  Nous  savons',  en 
eHet,  qu'il  y  avoit  beaucoup  de  refroidissement  entre  eux  vers  ce  temps-là, 
qu'ils  vivoient  séparés  &  qu'enfin  le  pape  Grégoire  IX  lui  ordonna  de  la 
reprendre. 

Après  la  conclusion  de  cette  trêve ^,  les  deux  armées  se  retirèrent  St  Amauri, 
étant  allé  dans  son  palais  de  Carcassonne,  Raimond  lui  rendit  visite  8c 
coucha  une  nuit  dans  le  château  de  cette  ville.  Comme  ce  dernier  étoit  fort 
jovial,  pour  se  divertir,  il  fît  courir  le  bruit  parmi  ses  gens,  qui  étoient  logés 
hors  du  château,  que  le  comte  Amauri  l'avoit  fait  arrêter.  Aussitôt  les  Tou- 
lousains prirent  la  fuite  8c  ne  cessèrent  de  courir  jusqu'à  ce  que  s'étant 
aperçus  que  ce  n'étoit  qu'un  jeu,  ils  revinrent  auprès  de  leur  maître,  qui  rit 
beaucoup  avec  Montfort  à  leurs  dépens.  Durant  la  trêve,  le  pape  écrivit^  au 
cardinal  Conrad,  son  légat,  le  i8  de  juin,  pour  lui  recommander  les  intérêts 
de  l'évêque  de  Viviers,  en  cas  que  la  paix  se  conclût  entre  Raimond  Se 
Amauri,  8c  pour  l'engager  à  faire  en  sorte  que  dans  le  traité  on  laissât  entiè- 
rement à  ce  prélat  le  château  de  Fanjeaux  ou  de  Largentière  que  le  Saint- 
Siège  lui  avoit  adjugé. 

LXXIV.  —  Conférences  de  Saint-Flour  (y  de  Sens.  —  Evêques  des  hérétiques 

albigeois. 

Raimond  8c  Amauri  n'ayant  pu  convenir  de  la  paix"*  dans  la  conférence  de 
Saint-Flour,  en  indiquèrent  une  nouvelle  à  Sens,  où  le  cardinal  Conrad 
devoit  tenir  en  même  temps  un  concile,  qu'il  convoqua  pour  le  commence- 
ment du  mois  de  juillet.  En  attendant,  H.aimond  retourna  à  Toulouse  8c  y 
reçut"',  le  26  de  juin,  pour  le  château  d'Albin,  en  Rouergue,  l'hommage  de 
Déodat  d'Estaing,  qui  promit  que  si  on  venoit  à  découvrir  des  mines  d'ar- 
gent dans  le  territoire  de  ce  château,  il  céderoit  la  moitié  du  pro£t  à  ce 
prince. 

Le  cardinal  Conrad,  dans  la  lettre''  qu'il  adressa  à  l'archevêque  de  Rouen, 
à  ses  suffragans,  à  tous  les  autres  prélats  8c  aux  chapitres  de  cette  province, 
le  2  de  juin  de  l'an  I223,  pour  les  inviter  au  concile  de  Sens,  se  plaint  amè-    [','îi'"''^J3J 
rement  de  l'élection  que  les  hérétiques  avoient  faite  d'un  antipape  sur  les 
frontières  de  la  Bulgarie,  de  la  Croatie,  de  la  Dalmatie  6c  de   la  Hongrie. 

'  Grégoire  IX,  Ep'ut.   |8,  apud  Labbe,  Concilia,  y    rester    encore.    Lettre    du    lo    septembre    I2J.'>, 

t.   II,  c.  .■>,")8.  Potthnst,  n.  7079.  Le  légal  se  décida    pour  le  dé- 

'  Guillaume  de  Puyiaurens,  c.  34.  part.  (Voir  plus  bas,}   [A.  M.] 

=  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  CXLVII,  c.  774.  '  Guillaume  de  Puylaurens,  c.  84. 

—  Vn  peu  plus  tard,  ces  négociations  ayant  sans  '  Manuscrits  de  Colbert,  n.   1067.   [Latin  6009,] 

doute  subi  un  temps  d'arrêt,  le  p.ipc   laissa    le  lé-  "  Concilia,   t.    ii,   c.    288    &   suiv.  —  Martine, 

gat  libre   de   juger  s'il    devait  quitter   le    pays  ou  Thésaurus  anecdotorum ,  t.   1,  c.  pco. 


Kn  izi'i 


568  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIII. 

((  Les  albigeois,  dit-il,  se  rendent  auprès  de  lui  en  foule  &  le  consultent 
«  comme  un  oracle.  Cet  antipape  a  établi  un  de  ses  vicaires  en  France, 
«  nommé  Barthélémy  de  Caicassonne,  parce  qu'il  est  natif  de  cette  ville  :  ce 
«  dernier  exerce  son  autorité  sur  l'Agenois,  dont  il  a  cédé  le  siège  à  un 
«  èvêque  de  la  secte,  nommé  Vigoureux  de  Bathone,  &.  il  s'est  transféré  dans 
«  le  Toulousain.  Ce  Barthélémy  se  qualifie  serviteur  des  serviteurs  de  La 
«  sainte  foi  8<.  s'immisce  dans  le  gouvernement  ecclésiastique  jusqu'à  ordonner 
t(  des  évêques.  Nous  vous  enjoignons  donc,  par  l'autorité  du  pape,  de  vous 
<(  rendre  à  Sens  avec  les  autres  prélats  de  France,  le  jour  de  l'octave  des 
<i  apôtres  saint  Pierre  8<.  saint  Paul  pour  nous  donner  conseil  sur  l'affaire  des 
«  albigeois  8<  tâcher  d'y  apporter  quelque  remède.  »  L'antipape  des  héréti- 
ques mourut  peu  de  temps  après. 

LXXV.  —  Mort  du    roi  Philippe-Auguste .  —   Le  cardinal  Conrad  sollicite 
Louis  Vm,  son  fils  6-  son  successeur,  de  faire  la  guerre  aux  albigeois. 

Il  se  trouva  au  concile  de  Sens  six  archevêques  £c  vingt  évêques,  entre 
lesquels  Foulques  de  Toulouse  fut  le  seul  de  la  Province  qui  y  assista.  A 
peine  étoit-il  commencé  que  le  roi  Philippe-Auguste',  qui  vouloit  y  être 
présent,  demanda  qu'on  le  transférât  à  Paris.  S'étant  mis  en  chemin  pour  se 
rendre  dans  cette  ville,  la  mort  l'enleva  à  Mantes,  le  14  de  juillet  de  l'an  I223. 
Ce  prince,  l'un  des  plus  grands  rois  qui  aient  occupé  le  trône  des  François, 
favorisa  la  croisade  contre  les  albigeois;  mais  quelques  sollicitations^  que  lui 
fissent  les  papes  ou  leurs  légats,  il  ne  voulut  jamais  se  charger  de  cette  expé- 
dition par  lui-même,  8t  il  retusa  constamment  les  offres  qu'Amauri  de  Mont- 
fort  lui  faisoit  de  lui  céder  ses  droits  sur  les  pays  conquis  par  les  croisés.  Il  se 
contenta  de  contribuera  l'extirpation  de  l'hérésie,  soit  par  les  grandes  sommes 
qu'il  employa  de  son  vivant  ou  cju'il  destina  pour  cela  après  sa  mort,  soit  en 
permettant  que  les  seigneurs  de  son  royaume  prissent  les  armes  &  allassent 
servir  dans  le  pays,  soit  enfin  en  y  envoyant  deux  diverses  fois  le  prince 
Louis,  son  fils.  Philippe,  prévoyant  ce  qui  arriva  en  effet  dans  la  suite,  disoit 
sur  la  fin  de  ses  jours  :  «  Je  sais  qu'après  ma  mort  les  ecclésiastiques  ne  man- 
<(  queront  pas  de  solliciter  mon  fils  de  se  charger  en  personne  de  l'expédition 
«  contre  les  albigeois-,  &,  comme  il  est  délicat,  il  ne  pourra  en  supporter  les 
«  fatigues;  il  succombera  &  mourra  bientôt,  &  le  royaume  demeurant  ainsi 
«  entre  les  mains  d'une  femme  81  d'un  enfant  sera  exposé  au  dernier  péril.  » 
Philippe  légua  entre  autres  par  son  testament  vingt  mille  livres  parisis 
(d'autres^  disent  trente  mille)  à  Amauri  de  Monttort  pour  le  délivrer,  lui,  sa 
femme,  ses  enfans  &  les  siens  des  mains  de  leurs  ennemis  dans  le  pays  d'Al- 
bigeois'^. Après  sa  mort,  le  cardinal  Conrad  "'  sollicita  le  roi  Ijouis  VIII,  son 

■  Guillaume  le  Breton,  Philipp'ule,  1.    12.  *  ^'o)■ez  tome  VIU,    Chiirtes,    ut  supra,   ce.  ypj 

'  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  CLV,  c.  79^.  —  &  -ji/i. 

Guillaume  de  Puylaurens,  t.  34.  *  Il   ser.iit   plus  exact   de  dire  que   cette  somme 

'  Albéric,  Chronicon,  (ut  prise  par  le  roi  Louis  A'III,  à  la  demande  du 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIII.  56q   

-'  A  II    1  2  2  J 

fils  Se  son  successeur,  de  protéger  l'expédition  contre  les  hérétiques  S<  de  per- 
mettre que  les  prélats  de  France,  qui  étoient  résolus  d'aller  les  combattre, 
continuassent  de  leur  faire  la  guerre.  Louis  répondit  qu'il  y  consentoit  volon- 
tiers, quoiqu'il  ne  tut  pas  encore  bien  au  fait  de  l'état  du  royaume.  Le  légat 
consulta  ce  prince  sur  ce  qu'il  y  avoit  à  faire  pour  sauver  ceux  qui  étoient  en 
garnison  dans  les  places  qui  restoient  encore  dans  le  pavs  à  Amauri  de  Monl- 
fort.  Le  roi  '  ordonna  qu'on  donnât  à  ce  comte,  pour  retirer  ces  garnisons, 
dix  mille  marcs  d'argent  sur  la  somme  c(ue  le  roi,  son  père,  avoit  destinée  en 
aumônes  par  son  testament.  Louis  partit  ensuite  pour  Reims,  ou  il  fut  sacré 
le  6  du  mois  d'août. 

LXXVL  —  Le  légat  s'en  retourne  à  Rome.  —  Maison  d'Andu-^e.  —  Evéques 

de  Viviers, 

Le  cardinal^  Conrad,  après  avoir  assisté  à  cette  cérémonie,  s'en  retourna 
à  Rome  Si  passa  à  Vienne,  sur  le  Rhône,  au  mois  d'octobre^  suivant.  Il 
commif*,  avant  son  départ,  les  évoques  de  Nimes  8t  de  Lodève  pour  terminer 
les  différends  qui  s'étoient  élevés  entre  Pierre-Bermond,  seigneur  de  Sauve, 
Se  les  fils  de  Bernard  d'Anduze,  son  oncle  paternel,  touchant  le  domaine  de 
la  ville  d'Alais.  Arnaud,  évêque  de  Nimes,  ayant  pris  pour  adjoints  Bermond, 
évêque  de  Viviers,  Se  Bernard,  religieux  de  l'abbaye  de  Mazan,  dans  le  Viva- 
rais,  oncles  paternels  de  Pierre-Bermond  de  Sauve  Se  de  ses  cousins,  rendit 
une  sentence  à  Largentière,  en  Vivarais,  le  8  de  septembre  de  cette  année, 
suivant  laquelle  Pierre-Bermond  fut  condamné  à  céder  à  Vierne,  veuve  de 
Bernard  d'Anduze,  St  à  ses  entans,  la  moitié  du  péage  d'Alais,  les  châteaux  y-i.oriam. 
de  Calberte  Se  de  Bellegarde  &  quelques  autres  domaines,  à  condition  qu'eux 
Si  leurs  successeurs  tiendroient  le  tout  en  fief  de  lui  Se  de  ses  héritiers  Se 
cju'ils  lui  céderoient  entièrement  leur  droit  sur  Alais  Se  sur  les  autres  biens 
cle  sa  maison.  Bernard  d'Anduze  avoit  succédé  à  Guillaume  dès  l'année  pré- 
cédente dans  l'évêché^  de  Viviers  j  il  mourut  avant  l'an  1 236. 

LXXVn.  —  La  guerre  se  renouvelle  entre  le  comte  de  Toulouse  6-  Amauri 
de  Montjbrt.  —  Siège  de  Carcassonne, 

La  mort  du  roi  Philippe-Auguste  fit  échouer  le  projet  de  paix  entre  le 
comte  de  Toulouse  Se  Amauri  de  Montfort,  Se  il  n'y  eut  rien  de  conclu  sur 
te  sujet  dans  le  concile  de  Sens  transféré  à  Paris  5  de  sorte  que  le  terme  de  la 

p.ipe,  sur  les  vingt  cinq  mille    marcs  laissés  par  '  Albcric,  Chronicon. 

son  père  pour  aumônes  &  restitutions.  C'est  évi-  '  Gallia   Christiana ,    nov.    edit.    t.    6,    Instrum. 

demment  à  ce  fait  que  se  rapporte  le  témoignage  c.  Ii3. 

de  Guillaume  le  Breton  &  d'Albéric  de  Trois-Fon-  '  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  CXLVI,  ce.  769 

laines,  car  le  testament  de  Philippe-Auguste  (Teu-  à  773. 

let,  t.   I,  pp,  549  à  55i),   ne   dit  pas  un  mot  du  '  Columbi,  de  Episcopis  Vivanenubus,  p.  221  & 

sire  de  Montfort  ou  des  albigeois.    |A.  M.]  stq 
'  Duchesne,  Scriptorts,  t.  5,  p.  860. 


iii,p.  :<3.|. 


Ail    I22J 


070  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.   LIV.  XXlIl. 

trêve  étant  expiré,  on  eut  recours  aux  armes  de  part  &  d'autre.  Les  comtes  de 
Toulouse'  £<.  de  Foix  allèrent  bientôt  après  assiéger  Carcassonne  au  nom  du 
jeune  Trencavel,  fils  unique  de  feu  Raimond-Roger,  vicomte  de  Béziers  £(. 
de  Carcassonne,  de  l'éducation  duquel  le  père  du  comte  de  Foix  avoit  pris 
soin,  8c  qui  étoit  âgé  alors  d'environ  seize  ans.  Ce  siège  fut  long  Se  opiniâtre. 
Enfin,  Amauri  s'étant  avancé  ^  à  la  tête  d'un  corps  de  troupes  pour  le  faire 
lever,  les  comtes  alliés  prirent  le  parti  de  se  retirer. 

LXXVIII.  —  Amauri  est  abandonné  de  ses  troupes. 

Amauri,  pour  ne  pas  laisser  oisive  l'armée  qu'il  avoit  levée'',  l'employa  au 
siège  d'un  château  dont  on  ne  dit  pas  le  nom;  mais  les  pluies  abondantes 
qui  tombèrent  &  la  disette  qui  se  mit  dans  son  camp  l'obligèrent  à  se  retirera 
son  tour  81  à  se  réfugier  à  Carcassonne,  où  il  se  vit  bientôt  après  abandonné 
de  la  plupart  des  troupes  qui  lui  festoient,  parce  qu'il  n'étoit  pas  en  état  de 
les  soudoyer.  Il  eut  le  malheur,  en  même  temps,  de  perdre  diverses  places, 
dont  les  peuples  s'empressèrent  à  l'envi  de  se  remettre  sous  le  gouvernement 
de  leurs  anciens  maîtres,  sans  qu'il  lui  fût  possible  d'empêcher  la  détection. 
Parmi  les  chevaliers  trançois'^  qui  le  quittèrent,  soixante  d'entre  eux  prirent 
leur  route  par  Béziers.  Le  comte  de  Toulouse,  averti  de  leur  marche,  les 
attendit  à  leur  passage,  au  delà  de  cette  ville,  &  les  surprit.  Cette  noblesse, 
se  voyant  hors  d'état  de  résister,  offrit  au  comte  de  lui  remettre  leurs  chevaux 
de  bataille  Se  leurs  armes,  pourvu  qu'il  voulût  leur  permettre  de  se  retirer 
en  paix  sur  leurs  palefrois.  Ce  prince,  qui  comptoit  qu'ils  ne  pouvoient  lui 
échapper,  exigea  qu'ils  se  rendissent  prisonniers  de  guerre.  Alors  ces  braves' 
chevaliers,  faisant  de  nécessité  vertu,  prennent  la  résolution  de  périr  plutôt 
que  de  se  voir  dans  les  fers.  Ils  élisent  un  chef,  se  mettent  en  état  de  défense, 
Se,  tandis  qu'ils  soutiennent  l'attaque,  ils  font  marcher  devant  tous  leurs 
équipages;  ils  tournent  ensuite  leurs  armes  contre  les  Toulousains,  les  enfon- 
cent, les  poursuivent  vivement  8<.  en  laissent  plusieurs  sur  le  champ  de 
bataille,  entre  autres  Bernard  d'Audeguier,  chevalier  d'Avignon  Se  écuyer  du 
comte,  qu'ils  avoient  pris  pour  le  comte  lui-même,  &  le  sénéchal  d'Aragon. 
Après  cette  victoire,  ils  se  retirèrent  librement  à  Lodève,  d'où  ils  continuèrent 
leur  chemin  sans  aucun  obstacle. 

LXXIX.  —  Raimond  soumet  le  comté  de  Melgueil. 

Le  comte  de  Toulouse  avoit  remis  sous  son  obéissance  le  comté  de  Mel- 
gueil ,  dont  les  habitans  lui  avoient  prêté  serment  de  fidélité.  Le  pape 
Honoré'^,  informé  de  cette  démarche,  écrivit  à  la  noblesse  8c  au  peuple  de  ce 

'  Guillaume  de  Puylaurens,  c.  34.  ■•  Guillaume  de   Puylai^rens,  c.  34.   —  Albéric, 

°  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  CL,  c.  783.  Chronicon. 

'  Voyez  tome  V'III,   ut  supra,  &  Guillaurat  de  '  Raynaldi,   nnn.    i223,  n.  4.  —   La   lettre  du 

Puylaurens,  c.  34.  P''P'^  est  du  23  décembre  1  2j3  ;  Potthast,  n.  7127; 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIIL  Syi 

comté  pour  leur  ordonner  de  retourner  incessamment  sous  l'autorité  de 
Tévêque  de  Maguelonne,  leur  seigneur,  sans  aucun  égard  au  serment  qu'ils 
avoient  prêté  à  Raimond,  «  n'étant  pas  permis,  ajoute-t-il,  de  garder  les  ser- 
ti mens  qu'on  a  fait  mal  à-propos,  d  II  les  menace  de  les  punir  sévèrement 
s'ils  n'obéissent  promptement.  Dans  une  autre  lettre  qu'il  écrivit  à  l'évêque 
de  Maguelonne  il  confirme  la  sentence  prononcée  par  ce  prélat  contre  le 
comte  Raimond  pour  s'être  emparé  du  château  de  Melgueil,  qui  appartient, 
dit-il,  à  l'Eglise  romaine;  il  donne  pouvoir  au  même  prélat  de  faire  une 
collecte  modérée  sur  les  églises  de  son  diocèse  pour  l'employer  aux  affaires 
de  la  foi,  avec  permission  d'absoudre  les  liabitans  du  comté  de  Melgueil  qui 
retourneroient  à  l'obéissance  de  l'Église.  Enfin  le  pape,  par  une  troisième 
lettre'  adressée  à  l'archevêque  de  Narbonne,  lui  ordonne  d'engager  le  comte 
de  Toulouse  à  restituer  le  château  de  Melgueil  à  l'église  de  Maguelonne  S< 
à  réparer  tous  les  dommages  qu'il  lui  avoit  causés. 

LXXX.  —  Le  pape  sollicite  le  roi  de  marcher  en  personne  au  secours 

d'Amauri 

Cependant  le  cardinal  Conrad',  étant  arrivé  à  Rome,  y  rendit  compte 
au  pape  Se  au  sacré  collège  du  succès  de  sa  légation.  Il  assura  que  le  roi 
Louis  VIII  avoit  promis,  le  jour  de  son  couronnement,  de  poursuivre  l'affaire 
des  albigeois  5t  d'en  préférer  le  soin  à  tout  autre;  qu'il  avoit  permis  aux 
prélats  de  son  royaume  &  à  tous  ceux  qui  avoient  abandonné  cette  expédi- 
tion pour  les  intérêts  de  l'Etat,  de  les  laisser  pour  la  reprendre,  8<  qu'enfin 
il  avoit  envoyé  dix  mille  marcs  d'argent  pour  la  continuer.  Sur  ce  rapport,  le 
pape  écrivit  une  lettre  de  compliment  à  Louis,  le  i3  de  décembre,  dans 
laquelle  il  l'exhorte  à  s'engager  en  personne  dans  cette  entreprise,  &  pour  la 
lui  faciliter  il  déclare  qu'il  est  résolu  de  prolonger  la  trêve  entre  la  France  S<. 
l'Angleterre.  Le  pape  ^chargea  en  même  temps  l'archevêque  de  Bourges  S< 
l'évêque  de  Langres,  qui  se  trouvoient  alors  à  Rome,  &  il  leur  enjoignit  en 
vertu  de  sainte  obéissance,  de  se  rendre  à  la  cour  de  France  pour  solliciter 
le  roi  de  lui  accorder  les  demandes  qu'il  lui  faisoit,  de  l'avis  des  cardinaux, 
touchant  l'affaire  d'Albigeois.  Il  écrivif*  encore,  le  lendemain  14  de  décembre, 
à  ce  prince,  8<.,  après  lui  avoir  représenté  les  maux  8<  les  progrès  que  les 
hérétiques  faisoient  dans  le  pays  d'Albigeois,  &  l'obligation  où  il  étoit  d'y 
remédier,  il  le  prie  de  prendre  les  armes  &  de  se  charger  personnellement  l'e 
la  poursuite  de  cette  affaire.  «  Au  reste,  ajoute-t-il,  comme  nous  avons  appr's 

le  même  jour  le  pape  assure  révéque  de  Mague-  'Duchesne,  Scrïptores,  t.  5,  p.  86?.  —  Pottfi;ist, 

lonne  que  la    sentence   d'excommunication    pro-  n.  7118;  le  même  jour,   le  pape  informe  Am.uiri 

noncée  contre   le  jeune  comte    ne   seia    rapportée  de  Montfort  de  ces  nouvelles  démarches,  n.  71  17. 

qu'après  restitution  du  château  de  Melgueil,  ik':,!.  [A.  M.J 

n.  7126.  Cette  dernière   lettre  ne  paraît  pas  être  ^  Duchesne,  t.  j,  p.  858.  —  [Potthast,  n.  7r  1  2.] 

celle  que  dom  Vaissete  a  analysée.   [A.  M.J  ■*  Duchesne,   t.    5,    p.    857  &   scq.  ^-  [Potthas-, 

'  Tome  VIII,  Chartes,  n.  CXLV'II,  ce.  774,  77.J.  n.  7120.] 


An  I2i3 


lid.  Ori^iil, 
t.  111,  p.  .i:l; 


An  i: 


bj2  HISTOIRE  GÉNÉRALK  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIII. 

<i  qu'Âmauii,  comte  de  Toulouse,  est  prêt  à  vous  oftrir  tous  les  droits  qu'il  a 
«  sur  ce  pays  pour  l'unir  à  votre  domaine,  recevez  ces  offres,  &  possédez-le 
u  à  perpétuité,  vous  8<.  vos  héritiers.  Nous  avons  excommunié  depuis  long- 
<(  temps  Raimond,  autrefois  comte  de  Toulouse,  son  fils  8<.  leurs  fauteurs 5 
i.  mais,  loin  de  se  corriger,  quoique  nous  les  ayons  avertis  avec  douceur,  ils 
!■  persévèrent  avec  obstination  dans  leur  malice,  Jkc.  «  Le  pape  prie  ensuite 
le  roi  d'écouter  favorablement  l'archevêque  de  Bourges  8c  les  évêques  de 
l,angres  &  de  Senlis,  qu'il  avoit  nommés  pour  aller  à  sa  cour  lui  faire  des 
propositions  de  sa  part.  Il  ordonna'  la  levée  du  vingtième  surtout  le  clergé, 
même  sur  les  exempts  pour  l'employer  à  la  continuation  de  la  guerre  contre 
les  hérétiques, 

LXXXI.  —  Âmauri  convient  d'un  traité  avec  les  comtes  de  Toulouse 
(S"  de  Foix,  &  quitte  le  pays  pour  toujours. 

Toutes  ces  précautions  n'avancèrent  pas  davantage  les  affaires  d'Amauri  de 
Montfort  qui  *,  abandonné  de  ses  troupes  81  environné  de  ses  ennemis,  étoit 
obligé  de  se  tenir  renfermé  dans  Carcassonne  avec  le  peu  de  chevaliers  qui 
lui  restoient.  U  étoit  d'ailleurs  hors  d'état  de  conserver  longtemps  cette  place 
jiar  le  défaut  de  vivres.  Dans  cette  extrémité  il  eut  recours  à  Arnaud,  arche- 
vêque de  Narbonne,  8c  à  l'abbé  de  Fontfroide,  8c  les  pria  instamment  de 
ménager  une  trêve  ou  une  paix  entre  lui  8c  les  comtes  de  Toulouse  Se  de 
Foix.  Arnaud,  ne  voulant  rien  faire  par  lui-même,  convoqua  les  évêques  de 
Nimes,  d'Uzès,  de  Béziers  8<  d'Agde  pour  les  consulter  là-dessus. 

Durant  cet  intervalle  les  comtes  de  Toulouse  &c  de  Foix  engagèrent  dans 
leurs  intérêts  Aymeri,  vicomte  de  Narbonne,  qui  fit  hommage  8c  prêta  ser- 
ment de  fidélité  au  premier,  qu'il  reconnut  pour  duc  de  Narbonne,  avec  pro- 
messe de  lui  remettre  cette  ville;  mais  l'archevêque,  qui  s'v  rendit  bientôt 
après  l'en  empêcha  8c  appela  à  son  secours  Amauri  de  Montfort.  Ce  comte  se 
mit  aussitôt  en  marche  8c  se  présenta  aux  portes  de  Narbonne;  Avmeri  lui 
en  refusa  l'entrée  pendant  deux  jours;  à  la  fin  il  la  lui  accorda,  à  la  prière 
de  l'archevêque,  des  autres  prélats  qui  s'y  étoient  assemblés  8c  des  habitans. 
Ces  prélats  8c  le  clergé  de  Narbonne  firent  ensuite  tout  leur  possible  pour 
ramasser  une  somme  en  faveur  d'Amauri,  afin  qu'il  pût  conserver  Carcas- 
sonne au  moins  jusqu'à  Pâques.  Ils  cherchèrent  à  emprunter  8c  offrirent  de 
demeurer  en  otage  Se  d'engager  tous  leurs  domaines  pour  la  sûreté  du  paye- 
ment; mais  ils  ne  trouvèrent  personne  qui  voulût  leur  prêter.  Amauri  offrit, 

■  Rayiirildi,  ann.  1223,11.41. — \  oir  Pottliast,  courante  clans  sa  province  2c  dans  celle  de  Tours  ; 

n.  7111,  lettre  du    11    déceinbre   1223,  à  l'arche-  le   pape  écrivit  en   même  temps  dans  les   mêmes 

vêque  de  Sens  pour  le  prier  d'emprunter  de  suite       termes   aux  archevêques   de   Reims  &  de  Sens.  

cinq  mille  marcs  d'argent  &  de  les  faire  passer  à  N.  7122;   commission   aux  abbés  de  Saint-Victor 

Amauri  de  Montfort,  qui,  sans  ce  prompt  secours,  de  Paris  &  de  Vaux-Cernay  pour  forcer  au   paye- 

va  se  voir  obligé  de  quitter  le  Midi.  —  N.  7121;  ment  du  vingtième  les  exempts  de  la  province  de 

lettre   du    16   du    même   mois,   à   l'archevêque  de  Sens.  [A.  M.] 

Bourges,   pour  la    levée  du  vingtième   de   l'année  '  Voyez  tome  VIII, Chartes,  n.  CL,  c,  783  &  5uiv. 


An   1223 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXllI,  SyS 

de  son  côté,  d'engager  tous  ses  domaines  de  France  Se  même  sa  propre  per- 
sonne, si  on  vouloit  lui  prêter  trois  mille  livres,  qu'il  devoit  à  ses  chevaliers 
pour  le  service  qu'ils  lui  avoient  rendu  pendant  quelques  semaines.  Il  offrit 
de  plus  de  demeurer  en  otage  à  Narbonne  jusqu'à  la  fin  du  payement,  pourvu 
que  les  habitans  le  reçussent  sous  leur  foi  &  sous  leur  sauvegarde.  Se  que  le 
vicomte,  qu'il  regardoit  comme  son  ennemi  capital,  ne  demeurât  pas  dans  la 
ville;  toutes  ces  offres  furent  rejetées,  6c  il  ne  trouva  pas  un  sol  à  emprunter. 
L'archevêque  Arnaud  voyant  cependant  que  le  comte  ne  pouvoit  quitter  le 
pays  sans  un  péril  évident,  à  cause  du  grand  nombre  de  femmes  6c  d'enfans 
nui  seroient  obligés  de  le  suivre,  de  la  difficulté  de  passer  les  rivières  qui     Éd.origin. 

•  •  j  o       j  J>         '  J  1  •  1  l.Ul.p.  336. 

étoient  inondées  ck  du  peu  d  espérance  de  trouver  des  vivres  dans  un  pays 
entièrement  soulevé  contre  lui,  se  donna  enfin  tant  de  soins  qu'il  trouva  à 
engager  une  partie  des  domaines  de  son  église  pour  une  certaine  somme  qu'il 
lui  remit  6c  dont  Amauri  se  servit  pour  soudoyer  ses  troupes  pendant  quel- 
ques jours,  afin  d'avoir  le  temps  de  chercher  quelque  expédient;  puis  tous 
les  prélats  6c  ce  comte,  suivi  de  ses  stipendiaires,  se  rendirent  à  Carcassonnc  8c 
examinèrent  ensemble  les  moyens  qu'on  pourroit  prendre  pour  conserver  cette 
place  jusqu'à  Pâques.  Amauri  offrit  alors  de  nouveau  à  ses  chevaliers  de  se 
remettre  en  otage  8c  de  leur  engager  ses  domaines  de  France,  pour  la  sûreté 
de  leur  payement,  s'ils  vouloient  continuer  de  le  servir  jusqu'à  ce  temps-là. 
L'archevêque  fit  les  mêmes  offres  si  on  vouloit  lui  prêter  mille  livres  pour 
entretenir  cent  chevaliers  à  Carcassonne  jusqu'à  Pâques,  en  attendant  qu'on 
pût  avoir  recours  au  roi  ;  il  ne  se  trouva  que  vingt  chevaliers  qui  voulussent 
rester,  entre  lesquels  furent  Gui  de  Montfort,  oncle'  d'Amauri,  le  maréchal 
de  Lévis  8c  Lambert  de  Turey.. 

Amauri  de  Montfort,  se  trouvant  ainsi  sans  ressource,  fut  obligé  de  traiter 
avec  les  comtes  de  Toulouse  6c  de  Foix,  qui  se  rendirent  devant  Carcassonne 
&c  convinrent^  avec  lui  des  articles  suivans,  le  14  de  janvier  de  l'an  1228 
(1224)  :  1°  Il  promit  de  consulter  ses  amis  de  France;  de  suivre  l'avis  qu'ils  "ÂnTïH" 
lui  donneroient  au  sujet  de  la  paix  que  les  comtes  de  Toulouse  8c  de  Foix 
souhaitoient  de  conclure  avec  lui  8c  avec  l'Eglise  romaine;  de  s'employer  de 
bonne  foi  à  la  conclusion  de  cette  paix,  8c  de  rendre  réponse  au  plus  tard  à 
la  Pentecôte  prochaine.  2°  On  convint  que,  durant  cet  intervalle,  toutes  les 
églises  denieureroient  en  l'état  où  elles  étoient  6c  qu'elles  conserveroient  en 
paix  tout  ce  qu'elles  possédoient,  spécialement  l'archevêque  de  Narbonne,  ses 
suffragans,  l'évêque  d'Agen  8c  tous  les  autres  prélats  du  pays.  3°  On  convint 
d'une  trêve,  pendant  les  deux  mois  suivans,  pour  toutes  les  places  qui  res- 
toient  dans  le  pays  à  Amauri  de  Montfort,  savoir  :  pour  Narbonne,  Agde, 
Penne  d'Albigeois,  la  Roque  de  Valsergue,  en  Rouergue,  8c  le  château  de 
Termes,  dans  le  diocèse  de  Narbonne,  8c  on  excepta  Carcassonne,  Minerve 
Se  Penne  d'Agenois.  Les  comtes  de  Toulouse  8c  de  Foix  promirent  de  ne  pas 
attaquer  les  six  premières  places  pendant  les  deux  mois  de  la  trêve  6c  de  ne 

'  Voyez  toiTit  VU,  Note  XXV,  n.   ii,  p.  72.  '  Tome  VIII,  Chartes,  n.  CXLVIII,  et,  779,  780, 


~.  074  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIII. 

An  I  224  '  ~ 

pas  s'en  rendre  maîtres,  à  moins  que  ceux  qui  y  étoient  en  garnison  ou  leurs 
habitans  ne  se  soumissent  volontairement  à  eux.  4°  Ces  deux  comtes  se  réser- 
vèrent la  permission  d'entrer  durant  cet  intervalle  dans  Narbonne  &  dans 
Agde,  quand  ils  le  jugeroient  à  propos,  avec  promesse  de  ne  donner  aucune 
atteinte  aux  droits  des  églises  Si  des  peuples  de  ces  deux  villes  j  de  ne  leur 
faire  aucune  violence,  &  de  n'exercer  les  droits  qu'ils  y  prétendoient  qu'après 
l'expiration  de  la  trêve.  5°  Ils  promirent  de  rendre  aux  chevaliers  8t  aux 
autres  les  biens  dont  ils  avoient  été  dépouillés  pour  avoir  suivi  le  parti 
d'Amauri,  81  en  particulier  aux  habitans  de  Béziers,  Narbonne  &  Carcas- 
sonnej  à  Amanieu  d'Albret,  Raimond  de  Capendu,  Roger-Bernard  de  Rovi- 
gnan,  Bérenger  de  Montlaur,  la  comtesse  de  Rodez  8c  son  fils,  Raimond- 
Arnaud  de  Saissac  81  généralement  à  tous  les  autres,  pourvu  qu'ils  leur  pro- 
missent fidélité  8c  qu'ils  leur  demeurassent  fidèles.  6°  Enfin  ils  promirent  de 
donner  dix  mille  marcs  d'argent  à  Amauri,  à  condition  qu'il  moyenneroit 
leur  paix  8c  celle  de  leurs  associés  avec  l'Eglise. 

Amauri,  voyant  qu'il  ne  lui  étoit  plus  possible  de  garder  les  domaines  que 
lui  ou  son  père  avoient  acquis  dans  la  Province,  en  fit  diverses  libéralités.  Il 
donna'  le  même  jour,  du  conseil  de  Gui  de  Montfort,  son  oncle,  8c  de 
quelques  autres  de  ses  amis,  à  l'abbaye  de  Fontfroide  les  pâturages  des  mon- 
tagnes du  Minervois;  &c  le  lendemain  il  fit  donation  à  Bernard,  évêque  de 
Béziers,  du  château  de  Casouls,  8c  à  Arnaud^,  archevêque  de  Narbonne,  de 
celui  de  Termes.  Il  sortit  ensuite  de  Carcassonne  avec  tous  ^  les  François,  le 
mardi  i5  de  janvier  de  Van  1223  (1224),  abandonna  pour  toujours  le  pays, 
que  sa  maison  avoit  possédé  pendant  près  de  quatorze  ans,  8c  prit  la  route 
de  France.  L'archevêque  de  Narbonne  8c  les  évêques  de  Nimes,  d'Uzès,  de 
Béziers  8c  d'Agde  se  retirèrent  de  leur  côté  à  Montpellier,  d'où  ils  écrivirent 
huit  jours  après  au  roi,  pour  lui  rendre  compte  de  tout  ce  qui  s'étoit  passé, 
faire  l'apologie  d'Amauri,  qui  avoit  été  forcé  malgré  lui  de  prendre  ce  parti, 
8c  exhorter  ce  prince  à  reprendre  le  pays  sur  les  ennemis  de  l'Église. 

LXXXII.  —  Le  jeune   Trencavel  rentre  en  possession  de  Carcassonne 
&  des  autres  domaines  de  sa  maison. 

Aussitôt  qu'Amauri  fut  sorti  de  Carcassonne,  les  comtes  de  Toulouse  8c  de 
Foix  s'assurèrent  de  cette  ville  8c  la  remirent  au  jeune  Trencavel  auquel  elle 
appartenoit  par  droit  de  succession.  Ce  vicomte  rentra  ensuite  en  possession 
de  presque  tout  le  patrimoine  de  ses  ancêtres,  8c  tout  le  pays  se  soumit  à  son 
autorité,  de  gré  ou  de  force.  Il  assiégea  8c  prit'*,  en  effet,  vers  ce  temps-là,  le 
château  de  Lombers,  en  Albigeois;  8c  les  habitans  de  Béziers  l'ayant  reconnu 
pour  leur  seigneur,  ils  rasèrent  le  palais  que  Simon  de  Montfort  y  avoit  fait 

•  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  CXLIX,  ce.  781  M'oyez    tome   VIII,    Chartes,    n.    CL,   c.    785, 

&  781-  &  tome  V,  c.  3").  —  Gesta  Ludovici  l'III,  p.  285. 

'  Archives  de  l'église  de  Narbonne.  [Catalogue,  ■•  Voyez  tome  VIH,   Chartes,   n.  CCCXLIV,   & 

n.  ïoâj.  tome  VII,  Note  XXII,  p.  6û. 


l'-d.  oiigin. 
t.  111,  p.  yiT. 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIII.  .  Syâ 

construire  Si  dont  le  roi  donna  ensuite  l'emplacement'  aux  jacobins  pour  y 
bâtir  un  couvent.  Trencavel  s'assura^  aussi,  ou  le  comte  de  Foix  en  son 
nom,  de  la  ville  de  Liinoux,  ([u'il  fit  rebâtir  &  fortifier  sur  la  colline  où  elle 
étoit  située  avant  que  Simon  de  Monttort  l'eût  fait  transférer  dans  la  plaine. 
Il  se  qualifioit  alors  Trencavel  par  la  grâce  de  Dieu  vicomte  de  Bé-^iers,  sei- 
gneur de  Carcassonne,  de  Rajès  &  d'Albi,  comme  on  voit  entre  autres  dans 
un  acte^  daté  de  son  palais  de  Carcassonne,  au  mois  de  février  de  l'an  1224, 
par  lequel,  en  reconnoissance  du  soin  que  Roger-Bernard,  comte  de  Foix, 
son  cousin,  St  Rainiond-Roger,  père  de  ce  comte,  avoient  pris  de  son  éduca- 
tion, &  des  services  qu'ils  lui  avoient  rendus,  il  confirme  en  faveur  du  même 
Roger-Bernard,  en  présence  de  la  principale  noblesse  du  pays  &  des  habi- 
tans  de  Carcassonne,  la  donation  que  le  vicomte  Raimond-Roger,  son  père, 
avoit  faite  autrefois  au  père  de  ce  comte  de  tous  ses  domaines,  en  cas  qu'il 
vint  à  décéder  sans  postérité  légitime. 

LXXXIII.   —  Evêques  de  Carcassonne.  —  La  ville   d'Albi  iS-  le  Querci 
se  soumettent  au  comte  Raimond. 

Gui,  évêque  de  Carcassonne,  partisan  zélé  de  la  maison  de  A-lontfort,  ne 
survécut  pas  longtemps  à  la  perte  que  les  François  firent  de  cette  ville,  5;  il 
mourut  le  21  mars'*  suivant.  Bernard-Raimond  de  Roquefort,  son  prédéces- 
seur, qui  vivoit  encore  &  qui  avoit  été  obligé  de  se  démettre  de  cet  évêché 
malgré  lui,  s'en  remit  alors  en  possession;  on  prétend  même  qu'il  agissoit, 
depuis  l'an  1220,  comme  s'il  avoit  été  véritablement  évêque  de  Carcassonne. 

D'un  autre  côté  Raimond,  comte  de  Toulouse,  rentra  en  possession  de  la 
ville  d'Albi,  dont  le  principal  domaine  lui  appartenoit  en  qualité  de  comte 
d'Albigeois,  Si  il  confirma  les^  privilèges  de  cette  ville  sous  la  caution  des 
consuls  Se  des  habitans  de  Toulouse.  Il  recouvra  aussi  tout  le  Querci,  à  la 
réserve  de  la  capitale  du  pays  qui  demeura  à  Guillaume  de  Cardaillac,  son 
évêque,  sous  le  titre  de  comté  de  Cahors.  Ce  prélat'''  en  fit  hommage,  au 
mois  de  février  de  la  même  année,  au  roi  Louis  VIII,  qui  promit  de  ne 
jamais  aliéner  de  la  couronne  l'iiommage  des  évêques  de  Cahors  61  leur 
évêché. 

liXXXlV.  — Amauri  cède  sous  condition  ses  droits  sur  les  conquêtes  des  croisés 

au  roi  Louis  VllI, 

Amauri  ne  fut  pas  plutôt  arrivé  à  la  Cour  qu'il  céda  au  roi  ses  droits  sur 
les  domaines  conquis  par  les  croisés,  par  un'^  acte  conçu  en  ces  termes  ; 

•  Archives  des  jacobins  de  Béziers.  —  [Conférez  *  De  Vie,  Chronlcon  episcoporum  Canasscnenslum, 

tome  IV',  p.  727,  note;  charte  du  26  février  1  248. J        p.  92  &  seq. 

'  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  CCCXVI.  '  Tome  VIII,  Chartes,  n.  CLIV,  ce.  791  &  792. 

'  liiil.  n.  CLI,  ce.  787   à  789.  °  Rigistrum  curiie  Franciae. 

"  Voyez  tome  VJII,  Chartes,  n.  CLII,  c.  789. 


Au  1224 


~. 576    •  HISTOIRE   GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIII. 

An  1224  ' 

(i  Âmauri,  seigneur  de  Monttort,  à  tous  ceux,  qui  ces  présentes  lettres  verront, 
<i  salut  :  Sachez  (|ue  nous  quittons  à  notre  seigneur  Ivouis,  illustre  roi  des 
«  François,  Si  à  ses  héritiers  à  perpétuité,  pour  en  disposer  à  sa  volonté,  tous 
«  les  privilèges  &  dons  que  l'Eglise  romaine  a  accordés  à  Simon,  notre  père, 
<(  de  pieuse  mémoire,  au  sujet  du  comté  de  Toulouse  6-  des  antres  pays 
<(  d'Albigeois,  supposé  que  le  pape  accomplisse  toutes  les  demandes  que  le 
«  roi  lui  fait  par  l'archevêque  de  Bourges  &  les  évêques  de  Langres  81  de 
<'  Chartres;  sinon,  qu'on  sache  pour  certain  (|ue  nous  ne  cédons  rien  à  per- 
»  sonne  de  tous  ces  domaines.  Fait  à  Paris,  l'an  mil  deux  cent  vingt-trois, 
«  au  mois  de  février.  »  On  assure  '  que  Louis  VIII,  ayant  accepté  cette  ces- 
sion, donna  alors  en  récompense  à  Amauri  la  charge  de  connétable  de 
France;  mais  il  est  certain  qu'il  ne  fut  pourvu  de  cette  dignité  que  plu- 
sieurs années  après,  &  que  la  cession,  qui  étoit  conditionnelle,  n'eut  pas  si 
tôt  son  accomplissement.  En  effet,  Amauri  se  qualifioit  encore  duc  de  Nar- 
bonne,  comte  de  Toulouse,  Sic,  au  mois  d'août  de  l'an  1224,  qualité  qu'il 
prend  aussi  dans  les  lettres^  datées  de  Paris,  au  mois  de  novembre  suivant, 
par  lesquelles  il  pardonne  à  Elle  de  Rudel,  seigneur  de  Bergerac,  en  Péri- 
gord  ,  tous  les  griefs  qu'il  avoit  contre  lui.  Il  est  vrai  qu'on  cite^,  pour 
prouver  que  le  roi  Louis  VIII  accepta  d'abord  absolument  la  cession  d'Amauri, 
l 'ni  "''%  '••■''^  ordonnance  qu'on  attribue  à  ce  prince  5c  qu'on  prétend  datée  du  5  d'avril 
de  l'an  I2  23  (1224),  dans  laquelle  le  roi  parle  des  peuples  du  diocèse  de 
Nimes  comme  de  ses  sujets  immédiats.  Mais  on  se  trompe  :  cette  ordonnance 
n'est  ■*  pas  différente  de  celle  que  le  roi  saint  Louis  donna,  au  mois  d'avril  de 
l'an  1228,  contre  les  hérétiques  de  la  Province,  après  qu'il  eut  conclu  la  paix 
avec  Raimond  VII,  comte  de  Toulouse. 

LXXXV.  —  Le  roi  J'alt  diverses  demandes  au  pape  pour  se  charger 
de  l'expédition  d' Albigeois. 

L'archevêque  de  Bourges  &  les  évêques  de  L,angres  8c  de  Senlis  avant  eu 
audience  du  roi  Louis  VIII  firent  tout  leur  possible  auprès  de  ce  prince  pour 
l'engager,  de  la  part  du  pape,  à  se  charger  en  personne  de  l'expédition'' 
contre  le  comte  de  Toulouse  &:  ses  alliés,  Si  lui  promirent,  au  nom  du  pon- 
tife Si  des  cardinaux,  de  le  laisser  le  maître  de  tous  les  trésors  de  l'Église  81 
de  lui  procurer  tous  les  secours  nécessaires.  Le  roi  ayant  fait  assembler  son 
conseil  y  fit  dresser  des  articles  dont  il  demandoit  au  pape  l'exécution  préa- 
lable Si  qui  étoient  conçus  de  la'^  manière  suivante. 

'  Guillaiime  de  Piiylaiirens,  c.  34.  -  Giir\e\,  Séries  praesulum  Magalonensium,  p.  33i 

'  Trésor  des  chartes;  Toulouse,  sac  9,  n.  28.  —  &  seq.  —  Raynaldi,  ann.  1223,  n.  44. 

Voir   notre    Catalogue,    n.    210,   &  Teulet,   t.    2,  *  Laiirière,  Ordonnances,  t.   1,  p.  5o. 

p.  40.  On  trouvera  dans  ce  dernier  ouvrage  l'acte  '  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  CLV,  c.  -tq5 

d'Amauri,  le  serment  de  fidélité  de  Hélie  Rudel  &  "  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  CLV,  c.  701  i 

une  charte  de  Louis  Vin  acceptant  l'hommage  de  794. 

celui-ci.  [A.  M.] 


] 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIII.  577 

Le  roi  demande  :  1°  Que  lui  &  tous  ceux  qui  iront  avec  lui  en  albigeois 
jouissent  des  indulgences  accordées  à  ceux  qui  se  croisent  pour  la  Terre-Sainte. 
2°  Que  les  archevêques  de  Bourges,  de  Reiras  8c  de  Sens  aient  le  pouvoir 
d'excommunier  les  personnes  Si  de  jeter  l'interdit  sur  les  terres  de  tous  ceux, 
soit  régnicoles,  soit  étrangers,  qui  l'attaqueront  ou  qui  attaqueront  les  domaines 
de  ceux  qui  seront  dans  son  armée,  &  sur  les  terres  de  ceux  qui  se  feront  la 
guerre  £><.  qui  ne  voudront  pas  convenir  d'une  paix  ou  d'une  trêve,  suivant 
ses  ordres.  3°  Que  ces  prélats  aient  le  pouvoir  de  contraindre  par  les  cen- 
sures ceux  qui  se  seront  engagés  à  aller  servir  avec  lui  en  Albigeois,  à  payer 
les  sommes  dont  ils  seront  convenus.  4°  Qu'ils  aient  le  pouvoir  d'excommu- 
nier les  personnes  &  de  jeter  l'interdit  sur  les  terres  des  barons  de  France  8c 
des  autres  vassaux  du  roi  qui  n'iront  pas  servir  en  personne  en  Albigeois  ou 
qui,  n'étant  pas  en  état  de  marcher,  ne  payeront  pas  un  subside  convenable 
pour  chasser  de  l'Albigeois  les  ennemis  de  la  foi;  puisque  les  barons  sont 
tenus  par  leur  hommage  &c  par  leur  serment  de  fidélité  de  servir  le  roi  contre 
ceux  qui  attaquent  le  royaume,  &i  que  l'État  n'a  pas  de  plus  forts  agresseurs 
que  les  hérétiques.  Et  enfin  que  toutes  ces  censures  ne  puissent  être  levées 
qu'après  une  satisfaction  due  8c  raisonnable.  5°  Que  la  trêve  entre  la  France 
8c  l'Angleterre,  dont  le  pape,  le  roi  de  Jérusalem  8c  le  roi  d'Angleterre  deman- 
dent la  prorogation,  soit  prolongée  pour  dix  ans,  parce  que  le  roi  ne  sait  pas 
combien  durera  cette  affaire  Se  qu'il  sera  obligé  de  s'épuiser  d'hommes  8c  de 
finances.  6°  Le  roi  demande  que  le  pape  lui  fasse  expédier  une  bulle  authen- 
tique par  laquelle  il  déclare  que  l'un  8c  l'autre,  Raimond  père  8c  fils,  8c  leurs 
héritiers  à  perpétuité,  ont  été  Se  sont  exclus  [abjudicatio)  de  la  possession  du 
comté  de  Toulouse,  de  ses  dépendances  8c  de  tous  les  autres  domaines  situés 
dans  le  royaume;  que  leurs  associés  ont  été  privés  de  toute  la  vicomte  de 
Béziers  Se  de  Carcassonne  8c  de  ses  dépendances  ;  8c  qu'enfin  tous  ceux  qui 
les  ont  aidés  ouvertement  durant  la  guerre,  qui  s'opposent  à  cette  affaire,  qui 
s'y  opposeront  dans  la  suite  8c  qui  font  ou  qui  feront  la  guerre,  ont  perdu 
toutes  leurs  terres  situées  dans  le  royaume.  Il  demande  de  plus  que  les  trois 
archevêques  dénoncent  publiquement  cette  exclusion  8c  que  toutes  ces  terres 
lui  soient  confirmées  Se  à  ses  héritiers  à  perpétuité,  ou  à  ceux  à  oui  il  les 
donnera,  s'il  veut  en  disposer,  sauf  la  réserve  de  l'hommage,  tant  pour  lui 
que  pour  ses  héritiers,  comme  étant  le  seigneur  principal.  7°  Il  demande  qu'on 
lui  donne  l'archevêque  de  Bourges  pour  légat,  avec  pouvoir,  entre  autres,  de 
réconcilier  à  l'Eglise  ceux  qui  feront  une  satisfaction  convenable;  que  la 
légation  de  ce  prélat  s'étende  sur  totis  les  archevêques  8c  évêques  des  pays  qui 
s'opposent  à  la  foi  catholique,  8c  des  autres  provinces  qui  peuvent  apporter 
quelque  utilité  ou  quelque  obstacle  à  cette  affaire;  que  ce  prélat  ait  enfin  la 
même  autorité  qu'exerçoit  Conrad,  évêque  de  Porto,  légat  d'Albigeois f  Se 
qu'on  prêche  dans  tout  le  royaume  pour  le  secours  de  la  terre  d'Albigeois ^  le 
tout  nonobstant  tout  appel  quelconque.  8°  Comme  les  dépenses  dans  les- 
quelles le  roi  doit  s'engager  pour  cette  affaire  sont  immenses,  il  exige  que 
l'Église  lui  fournisse,  pendant  dix  ans,  soixante  mille  livres  parisis  par  an, 

VI.  37 


An  1224 


An  1 


224 


578 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIH. 


pour  être  employées  dans  ce  pays.  g°  Il  demande  que  le  pape  agisse  auprès 
de  l'empereur  pour  que  les  peuples  des  terres  de  ce  prince,  voisines  de  VAl- 
t.m°p^J3g  ^'g^ois  ',  ne  lui  causent  aucun  préjudice  dans  cette  affaire  &  ne  lui  apportent 
aucun  empêchement,  ou  qu'il  lui  soit  permis,  du  consentement  de  l'empe- 
reur, de  les  attaquer  comme  les  autres,  sauf  le  droit  de  ce  prince.  «  Si  on 
«  m'assure  l'exécution  de  ces  articles,  poursuit  le  roi,  j'irai  en  personne  en 
«  Albigeois,  8t  je  travaillerai  de  bonne  foi  à  cette  affaire.  La  cour  romaine 
«  me  laissera  alors  la  liberté,  8c  à  mes  chrétiens,  d'établir  notre  demeure  dans 
«  le  pays,  d'y  aller  &  d'en  revenir  comme  nous  voudrons.  Enfin,  ajoute  le 
«  roi,  j'enverrai  mes  chers  ô-  féaux,  l'archevêque  de  Bourges  Si  les  évêques 
«  de  Langres  &  de  Chartres,  pour  proposer  ces  demandes  81  les  faire  agréer, 
«  en  sorte  que  si  elles  ne  sont  pas  acceptées  actuellement,  je  ne  serai  tenu 
«  d'aller  en  Albigeois  que  quand  je  le  jugerai  à  propos^.  » 


LXXXVI. 


Le  roi  écrit  aux  habitans  de  Narbonne. 


Ces  articles  étoient  si  flatteurs  pour  l'autorité  du  pape  que  Louis  VIII  ne 
douta  nullement  qu'Honoré  ne  les  acceptât  de  tout  son  cœur;  ainsi  il  se 
disposa  à  cette  expédition.  Dans  cette  vue  il  prévint  les  habitans  des  villes 
qui  s'étoient  montrés  les  plus  affectionnés  à  la  croisade,  8<.  il  écrivit  dans  les 
termes  suivans  à  ceux^  de  Narbonne.  «  Notre  ami  8<.  féal  Amauri,  comte  de 
«  Montfort,  nous  a  assuré  de  vive  voix.  Si  nous  l'avons  appris  de  plusieurs 
(I  autres,  que  vous  vous  êtes  toujours  comportés  fidèlement  dans  l'affaire  de 
«  Jésus-Christ,  de  quoi  nous  vous  avons  de  grandes  obligations.  Nous  sommes 
B  bien  aise  de  vous  apprendre  que  le  pape  nous  a  prié  de  nouveau  d'ap- 
«  porter  tous  nos  soins,  pour  l'amour  de  Jésus-Christ  81  pour  l'honneur  de 
H  l'Eglise,  à  combattre  les  hérétiques  81  les  ennemis  de  la  foi  dans  le  pays 
«  d'Albigeois.  Nous  sommes  donc  résolu,  du  commun  conseil  de  nos  barons, 
«  d'aller  en  personne  contre  les  hérétiques  albigeois,  81,  si  Dieu  le  permet, 
«  de  nous  mettre  en  marche  trois  semaines  après  Pâques  pour  attaquer  vigou- 


'  Voyez  tome  VII,  Note  XIII,  p.  3â. 

'  Les  demandes  faites  par  le  roi  Louis  étaient, 
il  faut  le  reconnaître,  assez  modérées.  Au  moment 
d'entreprendre  une  guerre  difficile,  de  profit  in- 
certain, qui  pouvait  être  longue,  &  faire  courir 
au  royaume  les  plus  grands  dangers,  le  roi  avait 
besoin  de  garanties  contre  un  nouveau  revirement 
de  la  politique  pontificale.  Mais  Honorius  III  ne 
paraît  pas  avoir  été  très-disposé  à  accepter  ces 
conditions  si  nettement  formulées.  On  peut  attri- 
buer en  partie  ce  changement  dans  sa  conduite 
aux  sollicitations  du  roi  d'Angleterre  &  de  ses 
envoyés;  mais  il  faut  aussi  y  voir  un  acte  de 
politique  liardie,  peut  être  trop  habile.  Nous  ne 
voyons  pas  que  le  pape  ait  jamais  pensé  sérieuse- 
ment, avant  l'année  1225,  à  donner  le  comté  de 
Toulouse  au    roi   de   France.  Il  voulait   plutôt  se 


servir  du  nom  redouté  de  celui-ci  pour  amener 
Raimond  VII  à  composition.  En  effet,  mieux 
valait  pour  la  cour  romaine  ce  dernier  prince 
affaibli  &  à  peu  près  à  la  discrétion  du  pape  que 
Louis  VIII,  alors  le  second  prince  de  l'Europe, 
belliqueux,  riche,  puissant  &  qui,  bien  certaine- 
ment, aurait  plus  d'une  fois  traversé  les  desseins 
du  souverain  pontife.  On  s'explique  donc  pour- 
quoi, en  présence  des  propositions  si  précises  du 
roi,  le  pape  se  retourna  tout  à  coup  vers  Rai- 
mond VII,  avec  lequel  du  reste  il  était  depuis 
déjà  longtemps  en  rapports  indirects.  Seulement 
cette  politique  trop  habile  faillit  faire  tout  man- 
quer &  retarda  jusqu'à  1226  la  campagne  que 
Louis  VIII  aurait  pu  entreprendre  dès   1224, 

[A.  M.] 
'  Voyez  tome  VIII,  Chartes,   n.   CLIII,  c.  790. 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIII.  579 

c(  reusemeiit  Se  unir  k  notre  domaine  toute  la  terre  d'Albigeois.  C'est  pour- 
n  i[uoi  nous  vous  jDrions  instamment  de  garder  soigneusement  la  ville  de 
«  Narbonne  8<  tous  les  environs,  comme  vous  l'avez  fait  par  le  passé,  8<.  de 
c<  conserver  ce  pays  au  service  de  Dieu  Se  au  nôtre,  pour  l'amour  de  nous. 
«  Donné  à  Paris,  au  mois  de  février  de  l'an  12 23  (1224). 

LXXXVII.  —  Le  comte  de  Toulouse  envoie  des  ambassadeurs  au  pape 
£"  demande  son  absolution. 

Raimond,  comte  de  Toulouse,  informé  de  ces  négociations,  fit  tout  son 
possible  pour  les  rompre,  en  tâchant  de  se  rendre  le  pape  Honoré  favorable 
8<  d'obtenir  son  absolution.  Il  fit  agir  entre  autres',  auprès  du  pontife,  le 
roi  d'Angleterre,  son  cousin  germain,  qui  ordonna  à  l'évêque  de  Lichfield, 
son  ambassadeur  à  Rome,  de  solliciter  fortement  Honoré  en  faveur  de  ce 
prince.  C'est  ce  que  nous  apprenons  d'une  dépêche  de  ce  prélat  où  il  marque 
«  qu'il  ne  sauroit  rendre  service  à  R.aimond,  à  moins  que  ce  comte  n'envoie 
«  à  Rome  ses  ambassadeurs,  8c  il  promet  de  s'informer  des  instructions  qu'il 
«  seroit  à  propos  de  leur  donner.  Cependant,  ajoute-t-il,  le  sentiment  de  la 
«  plus  saine  partie  de  la  cour  romaine  est  que  le  comte  poursuive  ses  ennemis 
"  avec  force,  Sec.  »  Raimond  écrivit  une  lettre^  très- respectueuse  au  pape, 
Se  promit  de  lui  envoyer  incessamment  des  ambassadeurs  pour  recevoir  ses 
ordres  Se  se  soumettre  entièrement  à  ses  volontés.  Le  pape  exhorta  en  consé- 
quence l'archevêque  de  Narbonne  à  travailler  efficacement  pour  engager  le 
comte  à  purger  le  pays  d'hérétiques  Se  à  restituer  tous  les  biens  qui  avoient 
été  enlevés  aux  églises,  Se  pourjnoyenner  un  accord  entre  ce  prince  Se  Amauri 
de  Montfort;  de  telle  sorte  qu'il  pût  écouter  favorablement  ces  ambassadeurs, 
à  la  tête  desquels  étoit  le  vicomte^  de  Cavaillon.  Le  pape  les  reçut  assez  gra- 
cieusement Se  loua  leur  prudence  Se  leur  sagacité  dans  une  lettre  qu'il  écrivit 
à  Raimond,  le  dernier  de  janvier  de  l'an  1224,  Se  dans  laquelle  il  lui 
marque  qu'ayant  examiné  tout  ce  qu'ils  avoient  voulu  proposer  de  vive  voix, 
il  avoit  résolu  d'envoyer  légat  en  France  6-  en  Provence,  Romain,  cardinal- 
diacre  du  titre  de  Saint-Ange,  pour  mettre  ordre  aux  affaires  du  pays.  Il 
l'exhorte  à  obéir  fidèlement  à  ce  légat,  s'il  vouloit  mériter  la  grâce  de  Dieu 
Se  la  protection  du  Saint-Siège;  il  lui  recommande  à  la  fin  ses  propres  ambas- 
sadeurs qu'il  lui  renvoie. 

LXXXVIII.  —  Le  pape  écoute  favorablement  Raimond  VII  &-  suspend 
la  croisade  contre  lui  6*  ses  alliés. 

Le  pape  chargea  quelque  temps  après  le  cardinal  Conrad,  évêque  de  Porto, 
qu'il  envoyolt"*  légat  auprès  de   l'empereur  Frédéric,  de  passer  à  la  cour  du 

'  Rymer,  AcU,  t.   i,  p.  271.  '  Voyez  torac  VIII,  Chai-tcs,  n.  CXLVII,  c.  775 

■  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n,  CXLVII,  c,  776       &  776. 
&  776.  ••  Ihid.  n.  CLV,  ce.  795  &  796. 


An  1224 


■_ 


An  1224 


58o  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC,  LIV.  XXIII. 


roi  Louis  VIII  pour  terminer  entre  autres  avec  ce  prince  la  négociation  de 
l'atïaire  d'Albigeois.  Conrad  se  disposoit  à  partir,  lorsqu'il  arriva  à  Rome  des 
ambassadeurs  de  l'empereur  pour  presser  le  secours  de  la  Terre-Sainte.  Ces 
t^ui°'^'°3"o  envoyés  firent  de  si  fortes  instances  que  le  pape  S<.  les  cardinaux  résolurent 
de  suspendre  toutes  les  autres  aftaires,  même  celle  d'Albigeois,  pour  s'occuper 
uniquement  de  celle-là;  Honoré  prit  cette  résolution  vers  la  fin  de  mars.  Il 
en  fit  part  au  roi,  le  4  d'avril  ' ,;  il  lui  marqua  qu'il  avoit  d'abord  chargé  l'ar- 
chevêque de  Bourges  &  les  évêques  de  Langres  S<.  de  Chartres  de  la  réponse 
à  ses  demandes  touchant  l'affaire  d'Albigeois,  Se  que  les  deux  derniers  étoient 
déjà  partis  de  Rome  lorsque  les  ambassadeurs  de  l'empereur  étant  arrivés 
pour  le  solliciter  de  s'employer  au  secours  de  la  Terre-Sainte,  il  avoit  cru 
devoir  lui  dépêcher  incessamment  le  cardinal-évêque  de  Porto  pour  lui  com- 
muniquer les  lettres  de  ce  prince  &  le  prier  instamment  d'engager  R.aimond, 
fils  de  feu  Raimond,  comte  de  Toulouse,  à  faire  la  paix  avec  Dieu  &  avec 
l'Église.  «  On  sait  certainement,  ajoute  le  pape,  qu'il  redoute  tellement  votre 
«  puissance  que,  s'il  connoît  que  vous  avez  véritablement  dessein  de  vous 
«  armer  contre  lui,  il  n'osera  vous  attendre  Si  se  soumettra  absolument  aux 
«  ordres  de  l'Église,  qu'il  offre  déjà  d'exécuter;  mais  ce  doit  être  à  condition 
«  qu'il  chassera  entièrement  les  hérétiques  du  pays;  qu'on  réparera  tous  les 
«  dommages  causés  aux  églises  Si  aux  ecclésiastiques;  qu'on  maintiendra  à 
«  l'avenir  la  liberté  ecclésiastique.  Si  qu'on  aura  égard,  dans  le  traité  de  paix 
«  qui  sera  conclu,  à  l'honneur  de  notre  très-cher  fils  Amauri,  comte  de  Tou- 
«  louse,  qui  s'est  exposé,  de  même  que  Simon,  son  père,  d'illustre  mémoire, 
«  pour  le  service  de  Dieu  Si  du  Saint-Siège;  c'est  pourquoi  nous  ne  pouvons 
«  lui  manquer  en  aucune  manière.  En  faisant  ces  choses  vous  procurerez  le 
«  salut  de  plusieurs,  81  cette  discorde,  qui  peut  être  un  grand  obstacle  au 
«  succès  des  affaires  de  la  Terre-Sainte,  étant  ôtée,  vous  pourvoirez  utilement 
«  au  secours  de  ce  pays.  Vous  ne  sauriez  acquérir  une  plus  grande  gloire 
«  qu'en  obligeant  Raimond,  par  la  seule  terreur  de  vos  armes  Si  sans  effu- 
«  sion  de  sang,  à  obéir  au  Saint-Siège,  Sic.  » 

Honoré  écrivit^  le  lendemain,  à  peu  près  dans  les  mêmes  termes,  à  Arnaud, 
archevêque  de  Narbonne  ;  il  lui  dit  qu'il  envoie  le  cardinal-évêque  de  Porto 
au  roi  de  France  pour  engager  ce  prince  à  renouveler  l'affaire  de  la  paix  81 
de  la  foi  dans  le  pays  de  Provence,  où  elle  étoit  fort  déchue;  8<  qu'il  écrivoit 
au  roi  pour  le  porter  à  moyenner  la  paix  entre  Raimond  Se  Amauri,  dans  le 
dessein  de  s'appliquer  plus  librement  au  secours  de  la  Terre-Sainte;  puis  le 
pape  prie  ce  prélat  de  s'entremettre  de  cette  négociation  6<  de  s'associer,  s'il 
le  jugeoit  à  propos,  quelques  évêques  de  Provence,  afin  qu'avant  commencé 
cette  affaire  avec  toute  la  prudence  possible,  il  eût  la  gloire  de  la  terminer. 

•  Duchesne,  Scriptores  coaetanei,  t.  5,  p.  Sâp. —  Amauri  de  Montfort  &  à  son  oncle  Gui  de  quoi 

Potthast,  n.  7212.  Lettre  du  même  jour  aux  évê-  payer  les  dettes  qu'ils  avaient  contractées  pendant 

ijues  8t  archevêques  de  France  pour  les  prier  d'ap-  leurs  campagnes  dans  le  Midi;  lettre  du  4  mai 

puyer   les    demandes    que    le    légat    fera    au    roi,  1224,  Potthast,  n.  7234.  [A.  M.] 

n.    7213.  —    Le    légat    dut,    en    outre,   donner   à  '  Tome  VIII,  Chnrtes,  n.  CXLVII,  ce.  776,  777. 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIII.  58i    ""i 

«  Que  si,  poursuit-il,  Raimond  fait  des  offres  qui  puissent  être  acceptées  par 
le  Saint-Siège,  rendez-vous  auprès  du  cardinal  Conrad  pour  lui  en  faire  part, 
de  même  qu'au  roi  Louis,  &.  intormez-moi  de  tout.»  Enfin  le  pape  remercie 
l'archevêque  de  Narbonne  des  témoignages  d'amitié  qu'il  avoit  donnés  à 
Amauri  de  Montfort,  quand  ce  dernier  avoit  quitté  le  pays.  11  écrivit  aussi 
aux  archevêques  Si  évêques  de  Provence  pour  leur  enjoindre,  surtout  à  ceux 
qui  en  seroient  requis  par  l'archevêque  de  Narbonne,  de  seconder  ce  prélat 
pour  la  réussite  de  cette  négociation.  Un  ancien'  historien  assure  que  les 
présens  de  Raimond  8<  du  roi  d'Angleterre  firent  un  très-bon  effet  à  Rome 
Si  engagèrent  les  cardinaux  8\  le  pape  même  à  s'intéresser  en  faveur  de  ce 
comte  Se  à  écrire  au  roi  d'abandonner  l'affaire  d'Albigeois. 

LXXXIX.  —  Raimond  s'assure  de  la  ville  d'Agde. 

Sur  ces  entrefaites,  Raimond,  voyant  que  la  trêve  de  deux  mois  qu'il  avoit 
conclue  avec  Amauri  de  Montfort  étoit  expirée,  se  rendit  à  Agde,  le  dimanche 
des  Rameaux  7  d'avril,  y  exigea  le*  serment  de  fidélité  des  habitans,  y  éta- 
blit ses  officiers,  fit  arborer  son  drapeau  sur  les  murailles  en  criant  :  Tou- 
louse, Toulouse,  S<  saisit  tous  les  revenus  que  l'évêque  avoit  dans  la  ville.  Il 
s'assura  ensuite  des  châteaux  de  Marseillan  &  de  Loupian  qui  appartenoient 
à  ce  prélat^. 

XC.  —  Le  roi  abandonne  le  dessein  de  son  expédition  contre  le  comte 

de  Toulouse. 

Le  cardinal  Conrad,  évêque  de  Porto "*,  étant  arrivé  à  la  cour  de  France, 
remit  au  roi  les  lettres  dont  le  pape  Honoré  l'avoit  chargé.  Par  ces  lettres, 
Honoré,  pour  donner  tous  ses  soins  au  secours  de  la  Terre-Sainte,  révoquoit 
pour  un  temps  les  indulgences  que  le  concile  de  Latran  avoit  accordées  à 
ceux  qui  se  croisoient  contre  les  hérétiques  albigeois,  &  déclaroit  que  Rai-, 
mond,  comte  de  Toulouse,  étoit  bon  catholique.  Conrad  exhorta  ensuite  le  ÉJ-oriRin. 
roi,  contormement  a  ses  institutions,  a  engager  Kaimonu  par  la  crainte  de 
ses  armes  à  se  soumettre  entièrement  à  l'Église  6t  à  faire  toutes  les  choses 
dont  on  a  parlé.  Le  roi  fut  vivement  piqué  de  ce  que  le  pape,  au  lieu  de 
favoriser  ses  desseins  81  de  lui  accorder  ses  demandes  touchant  l'affaire  d'Al- 
bigeois, avoit  changé  de  sentiment  à  cause  de  la  guerre  d'outre-mer.  Il  fit 
appeler  le  cardinal  Conrad  dans  une  grande  assemblée  ou  parlement  général 
qu'il  tenoit  alors  à  Paris,  S<  lui  remit  sa^  réponse  à  la  lettre  du  pape,  le  qua- 

■  Histoire   Je  Philippe  Mouikes,  ms.  de  la    Bi-  *  Un  peu   plus  tard,  étant  à  La  Roque  de  Val- 

bliothèque  du  roi,  ("  160  v".  —  [Ed.  de  Reiffen-  sergue,  en   Rouergue,  ce  prince   reçut   le  serment 

berg,  t.  I,  pp.  446,  447.]  de  fidélité  de  Raimond  d'Anduze  pour  tous  ses  do- 

"  Gallia  Cliriitiana,  nov.  ed,  t.  6,  Imtr.   c.    33â  maines,  tant  du  Rouergue  que  du  pays  de  Nimes. 

&  seq.  L'acte  est  de  juillet  1224.  Voir  Teulet,  t.  2,  pp.  84 

'  Voyez  tome  VIII,  Chartes,   n.  CLV,   ce.   79a,  &  .'i.i.  [A.  M.] 

796.  —  Ge'.ta  LuJoyici  FUI,  an.  1224.  ''  Tome  VIII,  Chartes,   n.  CLV,   ce.  795  &  796. 


An  1224 


082  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIll. 

trième  dimanche  d'après  Pâques  5  de  mai.  Le  roi  fait  dans  cet  écrit  l'apologie 
de  sa  conduite  8c  dit  :  «  Puisque  le  pape  ne  juge  pas  à  propos  de  nous 
«  accorder  les  demandes  raisonnables  que  nous  lui  avons  faites  touchant  l'af- 
«  faire  d'Albigeois,  nous  protestons  publiquement  devant  tous  les  prélats  81 
«  les  barons  de  France  que  nous  n'en  sommes  plus  chargé.  Quant  à  la  paix 
«  à  laquelle  le  pape  veut  que  nous  portions  le  comte  Raimond ,  soit  par 
«  menaces,  soit  par  exhortations,  nous  avons  répondu  au  seigneur  cardinal- 
«  évêque  de  Porto  qu'il  n'étoit  pas  nécessaire  d'examiner  les  articles  de  foi, 
«  ni  de  traiter  dans  cet  accord  de  ce  qui  la  regarde.  Mais  nous  consentons 
«  que  l'Église  romaine,  à  laquelle  l'examen  des  matières  de  foi  appartient, 
«  s'accorde  avec  Pvaimond,  comme  elle  le  jugera  à  propos,  sauf  notre  droit  Si 
«  nos  fiefs  sans  la  moindre  diminution,  en  sorte  qu'on  n'impose  à  Raimond 
«  aucun  fardeau  nouveau  ou  inusité.  Enfin  nous  avons  déclaré  à  ce  prélat 
«  qu'il  ne  nous  parlât  plus  à  l'avenir  de  cette  affaire,  dont  nous  sommes 
K  entièrement  déchargé.  « 

XCI.  —  Première  conférence  ou  concile  de  Montpellier  pour  la  conclusion 
de  la  paix  de  Raimond  ^  de  ses  alliés  avec  l'Eglise. 

Les  circonstances  ne  pouvoient  être  plus  favorables  pour  Pvaimond  ;  aussi 
ce  prince  en  profita-t-il  pour  poursuivre  la  conclusion  de  sa  paix  avec  l'Eglise. 
Arnaud,  archevêque  de  Narbonne,  lui  fit'  proposer  peu  de  temps  après  d'en- 
trer en  conférence.  Raimond  y  donna  volontiers  les  mains,  &  ils  se  rendirent 
à  la  Pentecôte  à  Montpellier  avec  plusieurs  prélats  que  l'archevêque  avoit 
appelés.  Raimond  se  soumit^,  en  présence  de  toute  l'assemblée,  à  l'exécution 
des  articles  suivans.  Il  promit  :  1°  De  garder  la  foi  catholique  de  la  même 
manière  que  la  sainte  Eglise  romaine  la  prêchoit  8<.  l'enseignoit,  &  de  la  taire 
garder  de  même  dans  toute  l'étendue  de  sa  domination.  2°  De  purger  entiè- 
rement ses  États  d'hérétiques,  suivant  le  jugement  de  l'Église;  de  confisquer 
leurs  biens  8<.  de  les  punir  sévèrement.  3°  D'observer  Se  de  faire  observer 
exactement  une  paix  pleine  &  entière  dans  toutes  ses  terres  &  d'en  chasser 
les  routiers.  4°  De  restituer  aux  églises  8<.  aux  ecclésiastiques  tous  leurs  droits. 
5°  De  maintenir  &  de  faire  maintenir  dans  la  suite  les  églises  8<.  les  maisons 
religieuses  dans  leurs  libertés  &  leurs  privilèges.  6°  Enfin  de  payer  vingt 
mille  marcs  d'argent  en  différens  termes;  soit  en  réparation  des  dommages  8c 
des  injures  que  les  églises  &c  les  ecclésiastiques  avoient  soufferts,  soit  pour 
être  pourvu,  par  le  respect  qu'il  portoit  à  l'Église  romaine  8c  au  pape,  à 
l'honneur  du  comte  de  Montfort  :  «  Bien  entendu,  cependant,  ajoute-t-il, 
«  que  le  pape  Honoré  engagera  ce  comte  à  renoncer  à  toutes  les  demandes 
((  qu'il  pourroit  faire  sur  mes  domaines  8c  sur  ceux  de  mes  alliés,  8c  qu'il  lui 
«  fera  rendre  tous  les  actes  que  Simon  de  Montfort  8c  lui  ont  obtenus  à  ce 


'  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  CXLVII,  c,  777.  '  Baluze,  Concilia  provinciae  Narhor.cnsi;.  p.  60 

&  suiv. 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIII.  583  "" ^ 

An  122,). 

«  sujet,  tant  de  la  part  des  papes  que  du  roi  de  France,  &  de  Raimond, 
«  comte  de  Toulouse,  mon  père.  «  R.oger  -  Bernard ,  comte  de  Foix,  & 
Trencavel ,  vicomte  de  Béziers  &  de  Carcassonne,  principaux  alliés  de 
Pvaimond,  firent  les  mêmes  promesses,  &.  les  ayant  rédigées  par  écrit,  ils 
les  scellèrent  de  leur  sceau  avec  ce  comte,  8c  les  remirent  à  l'archevêque 
de  Narbonne. 

XCII.  —  Raimond  rend  la  ville  6  la  vicomte  d'Agde  à  l'évêque, 

Raimond,  pour  témoigner  le  désir  sincère  qu'il  avoit  d'exécuter  fidèlement 
tous  ces  articles,  restitua'  durant  l'assemblée,  le  mardi  de  la  Pentecôte  4  de 
juin,  à  Thédise,  évêque  d'Agde,  cette  ville  avec  les  châteaux  de  Marseillan  & 
de  Loupian,  dont  il  s'étoit  saisi  depuis  peu.  Il  ordonna  en  même  temps  à 
Bérenger  de  Joaras,  qu'il  avoit  établi  pour  son  bailli  à  Agde,  de  remettre  ce 
prélat  en  possession  de  ces  domaines,  conformément  aux  ordres  de  l'arche- 
vêque de  Narbonne.  Peu  de  jours  après,  Bérenger  s'étant  rendu  à  Agde  par 
ordre  du  même  archevêque,  y  déclara  devant  Thédise  8i  devant  tout  le  clergé  Éd.oiiRjn. 
8c  le  peuple,  le  dimanche  9  juin  suivant,  de  la  part  8i  au  nom  de  Rannond, 
que  ce  comte  n'avoit  aucun  droit  sur  la  ville  d'Agde,  renonça  entièrement  au 
serment  de  fidélité  que  les  habitans  lui  avoient  prêté  81  rendit  à  l'évêque  de 
plein  droit  la  ville  8c  la  vicomte  d'Agde  j  puis  il  restitua  à  ce  prélat  le  châ- 
teau de  Marseillan  Se,  le  jour  suivant,  il  lui  fit  remettre  celui  de  Loupian. 
Thédise,  pour  la  conservation  de  ses  droits,  annula  publiquement,  quelques 
jours  après,  les  actes  de  juridiction  que  le  comte  Raimond  pouvoit  avoir 
exercés  à  Agde  ou  dans  la  vicomte  de  cette  ville,  depuis  qu'il  s'en  étoit 
emparé. 

XCIII.  —  Seconde  conférence  ou  concile  de  Montpellier  pour  la  conclusion 
de  la  paix  du  comte  de  Toulouse  &  de  ses  alliés  avec  VEglise. 

L'archevêque  de  Narbonne  ayant  reçu  la  soumission  du  comte  Raimond  à 
l'assemblée  de  Montpellier,  en  indiqua  une  autre  dans  la  même  ville  pour 
le  21  d'août  suivant,  afin  d'y  consommer  entièrement  cette  affaire.  Il  prit  cet 
intervalle  afin  d'avoir  le  temps  d'instruire  le  pape  de  ce  qui  s'étoit  passé  8c 
d'en  recevoir  la  réponse.  En  attendant,  le  comte  Raimond  alla  faire  un  tour 
dans  son  comté  de  Rouergue  Se  reçut  ^  à  la  Roque  de  Valsergue,  au  mois  de 
juillet,  l'hommage  de  Raimond  d'Anduze  pour  la  quatrième  partie  du  château 
6c  de  la  ville  d'Anduze  Se  pour  le  reste  de  ses  domaines.  Il  paroît  qu'il  passa 
de  là  en  Querci,  car,  suivant  un  acte  daté  du  même  mois  de  juillet^,  Etienne 
de  Montpezat  lui  donna,  en  présence  de  Sicard,  vicomte  de  Lautrec,  tout  ce 

'  Galîia  Christiana,  nov.  éd.   t.  6,  Itiitr.  c.  336  paraît  fautif.  Il  aura   oublié  de  publier  l'acte  en 

&  suiv.  question  aux  preuves  de  son  tome  III.   [A.  M.] 

"  Voyez   tome  VIII,  Chartes,  n.  CCXCV  &  sui-  ^  Manuscrit  de  Colhert,  n.   1067.  —  [Lat.  600;. ] 

yants.   Le   renvoi    donné   par   dom  Vaissete   nous 


An 


584  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIII. 

qu'il  avoit  à  Montpezat  &  à  Beaufort,  avec  réserve  de  l'usufruit  pendant 
sa  vie. 

Enfin  le  pape  répondit'  à  la  lettre  de  l'archevêque  de  Narbonne  en  ces 
ternies  :  «  Nous  n'avons  rien  à  vous  mander  sur  la  réponse  que  vous  a  faite 
<c  le  noble  homme  Raimond,  fils  de  feu  Raimond,  comte  de  Toulouse,  & 
«  sur  l'écrit  qu'il  vous  a  remis,' scellé  de  son  sceau  &  du  sceau  de  quelques 
«  autres,  dans  lequel  sont  contenus  les  articles  qu'il  a  promis  d'exécuter. 
«  Mais  comme  il  a  été  réglé  qu'on  tiendroit  une  nouvelle  conférence  le 
«  jour  de  l'octave  de  l'Assomption,  après  laquelle  on  doit  nous  envoyer 
«  une  ambassade  solennelle,  ainsi  que  vous  nous  l'avez  fait  savoir  par  vos 
«  lettres,  nous  vous  ordonnons  de  vous  employer  efficacement,  afin  de 
«  l'engager  à  exécuter  de  telle  sorte  ce  qu'il  a  promis  8<  toutes  les  autres 
«  choses,  que  l'ambassade  qu'il  doit  nous  envoyer  puisse  lui  être  utile. 
«  Ayez  soin  surtout  de  nous  mander  ce  qui  se  sera  passé  dans  cette  confé- 
«  rence.  » 

Amauri  de  Montfort  mit  tout  en  œuvre  pour  la  traverser  &c  en  empêcher 
le  succès,  qu'il  craignoit  beaucoup.  Dans  cette  vue,  il  écrivit^  aux  archevê- 
ques d'Arles  Se  d'Auch  8t  aux  évêques  qui  dévoient  s'y  trouver.  Il  les  exhorte 
à  terminer  heureusement  l'affaire  de  Jésus-Christ  qu'ils  avoient  commencée 
avec  tant  de  gloire,  mais  à  ne  pas  se  presser.  «  Le  roi,  ajoute-t-il,  est  sur  le 
«  point  d'entreprendre  cette  affaire  &  de  la  conduire  à  la  fin;  c'est  pourquoi 
(i  je  vous  conjure  de  ne  faire  aucun  accord,  ni  paix  qui  puisse  nous  porter 
«  préjudice  avec  Raimond,  fils  de  feu  Raimond,  comte  de  Toulouse,  81  de 
«  vous  y  opposer,  puisqu'il  en  rejailliroit  un  grand  scandale  &  une  igno- 
«  minie  éternelle  sur  le  clergé,  sur  le  peuple  &  sur  l'Eglise  universelle.  » 
Amauri  se  qualifie  dans  cette  lettre  par  la  grâce  de  Dieu  duc  de  Narhonne, 
comte  de  Toulouse  (y  seigneur  de  Montfort ^  preuve  qu'il  conservoit  encore 
alors  ses  prétentions  sur  les  conquêtes  des  croisés  dans  la  Province,  &  que  la 
cession  qu'il  en  avoit  faite  au  roi  Louis  VIII  n'étoit  que  conditionnelle;  mais 
nonobstant  tous  ses  soins,  la  nouvelle  assemblée  ou  concile"*  de  Montpellier 
se  tint  au  temps  marqué  par  ordre  du  pape,  &  l'ouverture  s'en  fit  le  dimanche 
d'après  l'octave  de  l'Assomption  25  d'août.  Comme  nous  n'avons  pas  les  actes 
de  ce  concile,  nous  ignorons  le  nom  des  évêques  qui  y  assistèrent;  nous  savons 
en  général  qu'Arnaud,  archevêque  de  Narbonne,  y  appela  les  évêques,  les 
abbés  81  les  autres  prélats  de  toute  la  Provence ^  qu'ils  s'y  trouvèrent  presque 
tous;  que  les  archevêques  d'Arles  &  d'Auch,  les  évêques  d'Agen,  Nimes, 
Réziers,  R.odez,  Agde  81  Carpentras,  les  abbés  de  Grandselve,  Moissac, 
Belleperche,  Caunes,  Saint-Sernin  de  Toulouse,  &C.,  furent  du  nombre;  que 

'  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  CXLVII,  ce.  777  '  Daluze,  Concil'ia  prov'mc'iae  Karloncnùs,  p.  63 

&  778.  —  Le  lendemain   le  pape  assure  de   non-  &  suiv. 

veau  l'évêque  de  Maguelonne  que  tous  ses  intérêts  '  Albéric,  Chronicon,  an.  1224.  —  Gesta  Ludo- 

seront  sauvegardés  dans  l'accord  qui  va  être  conclu  vici  f'ill,  an.   1224. 
avec  Raimond  VIIj  lettre  du  12  juillet,  Potthast, 
n.  7286.   [A.  M.] 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIII.  585  ~ 

An  1 224 

Raimond  VII,  comte  de  Toulouse,  Roger-Bernard,  comte  de  Foix,  &.  Tren- 

cavel,  vicomte  de  Béziers,  s'y  trouvèrent  aussi   avec  plusieurs   barons,  leurs 

vassaux  ou  confédérés;  &  qu'enfin  l'archevêque  de  >s^arbonne,  qui  présidoit 

au  concile,  y  reçut  leur  serment  qui  nous  a  été  conservé  en  entier,  6t  qui  est   t.'i'ii  °p'S"3 

conçu  de  la  manière  suivante  : 

«  Au  nom'  de  Notre  Seigneur  Jésus-Christ,  l'an  de  son  incarnation  1224, 

«  le   25  d'août,   Nous  Raimond,   par  la  grâce  de  Dieu  duc  de  Narbonne, 

«  comte  de  Toulouse,  marquis  de  Provence,  désirant  ardemment  de  faire  la 

«  paix  avec  la  sainte  Eglise  romaine,  à  l'honneur  de  Dieu,  de  la  même  Église 

«  S<.  de   notre  très-saint  père  en  Jésus-Christ  Honoré,   souverain   pontife  : 

c(  nous  vous  offrons  d'un  cœur  pieux  &  avec  une  véritable  dévotion,  tant 

«  pour  nous  que  pour  nos  vassaux  &  nos  alliés,  seigneur  Arnaud,  archevêque 

«  de  Narbonne,  &  par  vous  à  la  sainte  Eglise  romaine  &  au  pape,  tout  ce 

<c  que  nous  avons  offert  &  promis  à  la  sainte  Eglise  romaine  dans  l'autre  con- 

«  férence,  savoir  :  que   nous  garderons   la  foi  catholique^,  &c.   Cependant, 

«  personne  ne  s'étant  présenté  ni  dans  cette  conférence,  ni  dans  l'autre  pour 

«  le  comte  de  Montfort,  avec  lequel  nous  n'avons  pu  traiter,  ainsi  que  notre 

«  saint  père  le  pape  Honoré  l'avoit  ordonné,  nous  ne  pouvons  rien  répondre 

«  présentement  là-dessus;  mais  comme  nous  allons  envoyer  une  ambassade 

«  solennelle  au  pape,  on  pourra  traiter  pleinement  avec  nos  ambassadeurs, 

«  tant  sur  cet  article  que  sur  tous  les  autres  qui  regardent  notre  réconcilia- 

«  tion,  8t  conduire  le  tout,  avec  la  grâce  de  Dieu,  à  une  heureuse  fin;  accor- 

(i  dant  &  promettant  de  ratifier  à  jamais  &  d'observer  fidèlement  tout  ce  qui 

«  sera  fait  8t  ordonné  par  la  volonté  du  pape  avec  nos  ambassadeurs,  au  sujet 

«  de  notre  affaire.  Et  quoique   nous  croyons  avoir  fait  restitution,  pour  la 

«  plus  grande  partie,  aux  églises  &  aux  ecclésiastiques,  ainsi  que  nous  l'avions 

«  promis  dans  l'autre  conférence,  nous  promettons  néanmoins,  maintenant, 

«  de  leur  restituer  entièrement  tout  ce  qui   peut  rester,  suivant  le  jugement 

«  du  pape  ou  de  l'archevêque  de  Narbonne,  ou  enfin  de  chaque  évêque  dans 

«  son  diocèse.  Quant  à  nos  sujets  de  Toulouse,  qui  ont  été  chassés -^  {J'aiditi)^ 

«  nous  les  rappellerons  Si  les  rétablirons  dans  leurs  biens  de  la  manière  que 

u  le  pape  le  jugera  à  propos.  Enfin  si  tout  ce  que  nous  avons  offert  au  pape 

Il  ne  suffit  pas,  comme  c'est  régner  que  de  servir  la  sainte  Eglise,  nous  exé- 

«  cuterons  humblement  &  fidèlement  tout  ce  qu'il  voudra  nous  ordonner, 

M  sauf  la  domination  de  notre  très-sérénissime  seigneur  roi  de  France,  &  du 

«  seigneur  empereur;  &  nous  donnerons  des  cautions  suffisantes,  au  jugement 

«  du  pape,  pour  le  partait  accomplissement  de  toutes  ces  choses.  Et  nous, 

«  R.oger-Bernard,  par  la  grâce  de  Dieu  comte  de  Foix,  &  Trencavel,  par  la 

«  même  grâce  vicomte  de  Béziers,    nous  promettons  de  les  exécuter  de  la 

«  même  manière  dans   nos  domaines  8i  de   les  garder  à  perpétuité,  comme 

«  notre  seigneur  le  comte  de  Toulouse  a  promis  de  les  observer  à  jamais,  tant 

'  Bahize,  ConciUa   provinciae  Narhonensis,  p.  63  '  Voir  ci-dessus,  ch.  xci,  p.  582. 

&  suiy. [Cf.  tome  VIII,  c.  804  &  suiv.J  '  Baliize,  Concilii  provinciae  Narionensis,  p.  33. 


"" 586  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC,  LIV,  XXIII. 

An  1224 

«  pour  lui  que  pour  nous  &t  pour  ses  autres  confédérés.  Donné  à  Montpel- 
«  lier,  le  jour  &  l'an  marqués.  » 

XCIV.  —  Raimondf  comte  de  Toulouse,  rend,  les  domaines  usurpés 

sur  diverses  églises. 

C'est  tout  ce  que  nous  savons  de  ce  concile  de  Montpellier,  excepté  qu'un 
ancien  historien'  rapporte  qu'on  y  ordonna  la  levée  de  mille  marcs  d'argent, 
sans  dire  pour  quel  sujet.  Le  comte  Raimond,  pour  donner  de  plus  grandes 
preuves  du  désir  qu'il  avoit  d'obéir  exactement  aux  ordres  du  pape,  restitua 
alors  à  diverses  églises  les  domaines  qu'elles  prétendoient  qu'il  avoit  usurpés 
sur  elles. 

1°  Il  s'accorda  à  Montpellier^,  le  28  d'août  de  cette  année,  avec  Arnaud, 
évêque  d'Agen,  touchant  la  justice  de  la  ville  &  des  faubourgs  d'Agen, 
qu'ils  partagèrent  entre  eux.  L'évêque  s'engagea  de  tenir  en  fief  du  comte, 
sa  moitié  avec  la  monnoie  d'Agen,  &.  de  donner  à  chaque  mutation  un 
autour  de  redevance  ou  d'acapte,  à  la  place  de  l'albergue  que  le  comte  lui 
remit. 

2°  Le  lendemain 3  ce  prince,  étant  dans  la  maison  des  templiers  de  Mont- 
pellier, restitua  en  présence  d'Arnaud,  archevêque  de  Narbonne,  médiateur, 
à  Arnaud,  évêque  de  Nimes,  le  village  de  Millau,  dans  le  diocèse  de  cette 
ville. 

3°  Il  transigea,  deux  jours  après,  avec  Thédise,  évêque  d'Agde  (qui  dans 
l'acte  le  qualifie  comte  de  Toulouse'),  au  sujet  de  la  vicomte  d'Agde  que 
Raimond  céda  entièrement  à  ce  prélat,  lequel  lui  en  fit  hommage.  Thé- 
dise convint  que,  supposé  qu'on  exigeât  le  commun  de  paix  dans  le  diocèse, 
la  moitié  en  appartiendroit  au  comte,  lequel  restitua  à  l'évêque  la  chan- 
cellerie que  les  évêques  d'Agde  tenoient  depuis  longtemps  des  comtes  de 
Toulouse. 

4°  Enfin  Raimond  étant  encore  à  Montpellier '^,  le  28  du  même  mois,  res- 
titua à  l'évêque  de  Carpentras  les  châteaux  de  Baux  &  de  Malamort,  Sic, 
Kd. origin.     5m-  lescfucls  il  se  réserva  le  droit  de  chevauchée,  l'alberpue  &  divers  autres 

1. 111,  p.  J41  1  'a 

droits. 

XCV.  —  Raimond  envoie  des  ambassadeurs  au  pape,  de  concert  avec 
l'archevêque  de  l^arbonne  ^  le  concile  de  Montpellier,  pour  terminer  sa 
réconciliation. 

Après  la  conclusion  du  concile  de  Montpellier  5,  l'archevêque  de  Narbonne 
Si  le  comte  de  Toulouse  envoyèrent  de  concert  une  ambassade  solennelle  à 

•  Albéric,  Chron'uon.  *  Voyez  tome  VIII,   Chartes,   n.  CL^"^,  c.   8ct 

'  GaUia  Christiana,  nov.    eà.    t.    2,  Iiistr,  c.  j^?jz  &  siiiv. 
gt  5uiv.  ■*  Albjric,  Chronïccn, 

î  Turac  Vin,  Chartes,  il.  CLVil,  c.  Soi  &  suiv. 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIII.  58/ 

Rome  pour  porter  au  pape  les  actes  du  concile  5  lui  rendre  compte  de  ce  qui 
s'étoit  passé  &  faire  au  pontife  les  soumissions  de  Raimond  &i  de  ses  confé- 
dérés. Hugues  Béroard,  archevêque  d'Arles,  fut  choisi  pour  chef  de  cette 
ambassade,  &  on  lui  associa  quelques  évêques  avec  les  abbés  de  Saint-Sernin 
de  Toulouse  &  de  Cannes.  Un  ancien  monument"  du  temps  nous  apprend 
que  parmi  ces  ambassadeurs  il  y  avoit  des  évêques,  des  chevaliers  6-  des  clercs. 
L'archevêque  d'Arles  n'étoit  pas  encore  parti,  le  21  du  mois  suivant,  car  lui 
6<.  ses  chanoines  s'accordèrent^  alors,  au  sujet  du  château  de  Mornas  &  de  la 
terre  d'Argence,  avec  le  comte  de  Toulouse,  qui  déclara  tenir  le  château  de 
Beaucaire  de  l'archevêque  61  de  l'église  d'Arles. 

XCVI.  —  Mariage  de  Bertrand,  frère  naturel  du  comte  de  Toulouse. 

Le  comte  Raimond,  en  attendant  le  succès  de  l'ambassade  qu'il  avoit 
envoyée  à  Rome,  se  retira  dans  sa  capitale;  il  se  rendit,  à  la  fin  du  mois  de 
décembre  suivant,  au  château  de  Salvagnac,  en  Albigeois,  sur  les  frontières 
du  Querci,  pour  y  conclure  le  mariage  de  Bertrand,  son  trère  naturel,  avec 
Comtoresse,  fille  de  Mainfroi  de  Rabastens,  qui  fit^  d'abord  un  échange  avec 
lui  8<.  lui  céda  sa  part  du  château  de  Puycelsi  contre  ceux  de  Cestairols  &.  de 
Couffoulens,  en  Albigeois,  que  Mainfroi  reçut  en  fief.  Raimond  déclara  en 
même  temps,  qu'à  cause  de  cet  échange  il  donnoit  Bertrand,  son  Irère,  pour 
mari  à  Comtoresse,  fille  de  Mainfroi,  avec  les  châteaux  de  Bruniquel  &  de 
Monclar,  en  Querci,  8c  celui  de  Salvagnac,  en  Albigeois.  Par  un  autre  acte 
passé  le"*  même  jour,  Pvaimond  fit  donation  entre-vifs  de  ces  trois  châteaux  à 
Bertrand,  son  frère.  Ces  deux  actes  furent  passés  en  présence  de  Sicard, 
vicomte  de  Lautrec,  Pons  d'Olargues,  Pilfort  de  Rabastens  &  plusieurs 
autres  seigneurs.  Le  comte  Raimond  acquit ^  alors  le  reste  du  domaine  de 
Puycelsi. 

XCVIL  —  Le  comte  de  Foix  gardien  du  vicomte  Trencavel. 

Roger-Bernard,  comte  de  Foix,  8c  le  vicomte  Trencavel  se  retirèrent  de 
leur  coté  dans  leurs  domaines  après  le  concile  de  Montpellier;  le  premier 
se  qualifioit  alors  gardien  du  vicomte  Trencavel  iy  de  ses  terres^^  ou  bien 
Roger-Bernard,  par  la  grâce  de  Dieu  comte  de  Foix,  ayant  en  garde  le 
soin  &•  la  pleine  administration  de  toutes  les  vicomtes  de  Béliers,  de  Car- 
cassonne ,  de  Ra-^ès  &•  d'Alhi  pour  le  seigneur  vicomte  Trencavel,  mon 
cousin.  En  cette  qualité  il  engagea  le  château  81  le  pays  de  Balaguer  pour 


'  Rymer,  t.  I,  p.  274.  '  Manuscrits  de  Colbert,   n.   10S7.  —  Lat.  6009. 

'  Recherches  sur  la  ville  Je  licaucairef  p.  6.  Acte  du   mois  de  décembre    1224,   dont   l'original 

'  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  CLIX,  ce.   811  est   au  Trésor   des  chartes,  J.  340,   n.    10.  Voyez 

à  8i5.  Tculet,  t.  2,  p.  43.    [A.  M.] 

■•  Catel,  Histoire  des  comtes  de  Tolose,  p    225  Se  «  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  CLVIII,  ce.  808 

E  L:1V.  à     8  I   I  , 


An  I 


An  1124 


588  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC,  LIV.  XXIII. 

douze  mille  sois  melgoriens  &  donna  en  fief  le  château  d'Olonsac,  dans  le 
Mineivois. 

Tout  paroissoit  enfin  disposé  à  la  parfaite  réconciliation  de  Raimond  VIF, 
comte  de  Toulouse,  &  de  ses  alliés  à  l'Eglise,  &  à  l'entier  rétablissement  de 
la  paix  dans  la  Province,  accablée  sous  le  poids  d'une  si  longue  guerre;  mais 
ni  ce  prince,  ni  le  pays  n'eurent  le  bonheur  de  jouir  si  tôt  d'un  calme  si 
désiré;  les  menées  secrètes  de  la  maison  de  Montfort  8c  plusieurs  autres  cir- 
constances y  mirent  obstacle  &  reculèrent  la  conclusion  de  la  paix  pour 
quelques  années. 


â::)àDêj)êj><â:)êj>âs>^â^à:)âj)éyâj>êj>é2<â^ 


LIVRE   VINGT-Q.UATRIÈME 


I.  —  La  réconciliation  de  Raimond  avec  l'Église  est  traversée. 


ES  ambassadeurs'  que  Raimond  VII,  comte  de  Toulouse,  envoya  au     Éj.ongin. 


t.  m,  p.  10. 


pape  Honoré  III,  après  le  concile  de  Montpellier,  arrivèrent  à  Rome, 

au  mois  d'octobre  de  l'an  1224;  ils  furent  admis  aisément  à  l'audience      An  1224  ] 

d'Honoré,  qui  traita  de  l'affaire  de  ce  prince  pendant  plusieurs  jours  avec  le  j 

sacré  collège;  mais  il   n'y  eut  rien  de  déterminé,  &  ces  envoyés  n'avoient  1 
encore  reçu  aucune  réponse  positive  à  la  fin  du  mois  de  décembre,  parce  que 

le  roi  de  France  traversa  leur  négociation  par  les  ambassadeurs  qu'il  avoit  \ 

envoyés  de  son  côté,  St  dont  l'un  des  principaux  étoit  Gui^  de  Montfort;  en  ( 

sorte  que  ceux  du  comte  de  Toulouse,  après  avoir  attendu  longtemps  inuti-  ; 

lement,  furent  enfin  obligés  de  s'en  retourner  sans  avoir  pu  rien^  obtenir  en  ! 

faveur  de  ce  prince,  quoiqu'il  fût  appuyé  de  tout  le  crédit  de  ceux  que  le  roi  î 

d'Angleterre  avoit  alors  à  la  cour  romaine  &  qui  prirent'*  extrêmement  cette  ] 

affaire  à  cœur.  i 

Quelques  prélats,  qui  durant  les  troubles  avoient  profité  des  dépouilles  du  \ 

comte  de  Toulouse,  dans  la  crainte  d'être  obligés  de  lui  rendre  ses  domaines,    (."jn  °p'*''<"*(i  : 

mirent  obstacle    d'un   autre   côté   à   sa   réconciliation   avec  Rome    Si  firent  \ 

entendre  au  pape  qu'il  n'étoit  pas  sincèrement  catholique,  puisqu'il  détenoit  i 
toujours  les  biens  qu'ils  prétendoient  qu'il  avoit  usurpés  sur  leurs  églises  au 
lieu  de  les  restituer  comme  il  l'avoit  promis.  De  ce  nombre  fut  l'évêque  de 

Viviers,  qui  s'étoit  emparé  du  château  de  Largentière  que  le  comte  avoit  remis  ■ 

< 

■  Rymer,  t.  i,  p.  274.                                                           '  Rayiinldi,  ann.  1226,  n.  33  8c  suiv,  ' 

'  Ihii.  p.  273.                                                                               *  Rymer,  t.  1,  p.  281.  ; 


~ 5go  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIV. 

An  1224  / 

au  légat  pour  la  sûreté  de  ses  promesses,  &  que  ce  prélat  avoit  confisqué  à 
son  profit.  Le  pape  écrivit  là-dessus',  le  25  du  mois  d'août  de  l'an  12:4, 
durant  l'assemblée  ou  le  concile  de  Montpellier,  au  doyen  &  au  chantre  de 
l'église  de  Valence,  &  au  sacristain  de  Romans.  «  Le  noble  homme  Rai- 
«  mond,  fils  de  Raimond,  autrefois  comte  de  Toulouse,  dit-il  dans  sa  lettre, 
«  notis  a  fait  souvent  proposer  qu'il  souhaitoit  de  faire  satisfaction  à  Dieu  8c 
«  à  l'Église  pour  ses  crimes,  &  de  rentrer  dans  l'unité  ecclésiastique  dont  il  a 
«  été  séparé  à  cause  de  ses  excès;  mais  ses  œuvres  démentent  ses  paroles.  Il  a 
«  offensé  si  grièvement  Dieu  8c  l'Eglise  que  quand  il  donneroit  même  tout 
«  son  bien,  il  ne  sauroit  faire  une  satisfaction  convenable;  il  ajoute  excès 
«  sur  excès  8c  opprime  les  églises,  en  sorte  qu'il  vexe  actuellement,  comme 
«  nous  l'avons  appris,  celle  de  Viviers,  pour  ne  pas  parler  des  autres,  8c  qu'il 
«  s'est  emparé  de  la  ville  de  Largentière,  qui  est  un  des  principaux  domaines 
«  de  cette  église,  sous  prétexte  que  son  père  en  a  possédé  autrefois  une  partie; 
«  il  commet  cette  vexation  après  que  le  siège  apostolique  ayant  privé  entière- 
«  ment  son  père  de  tous  ses  États  pour  crime  d'hérésie,  a  confirmé  cette  ville 
«  à  l'église  de  Viviers  qui  l'avoit  unie  à  son  domaine  par  droit  de  commise. 
«  C'est  pourquoi  nous  vous  ordonnons  d'avertir  ce  noble  d'être  attentif  à  ne 
V  pas  commettre  de  nouveaux  excès,  mais  plutôt  à  réparer  les  anciens  8c  à 
«  discontinuer  de  persécuter  cette  église,  nommément  dans  ce  domaine  8c 
«  dans  tous  les  autres,  8c  de  lui  déclarer  que,  s'il  ne  se  rend  pas  à  nos  remon- 
te trances  8c  s'il  persiste  à  inquiéter  l'église  de  Viviers,  c'est  vainement  qu'il 
«  se  flatte  d'obtenir  sa  réconciliation.  Enfin,  s'il  ne  se  corrige,  vous  n'avez 
«  qvi'à  user  de  censures  envers  lui  &c  envers  ses  complices,  nonobstant  tout 
«  appel  ;  car  celui  qui  est  déjà  lié  peut  l'être  encore  davantage^.  « 
A„  .  ~  Honoré  renouvela  ces  plaintes ^  à  la  fin  du  mois  de  février  de  l'année  sui- 
vante,  8c  nous  comprenons  encore  par  là  que  l'ambassade  que  Raimond 
avoit  envoyée  à  Rome,  de  concert  avec  le  concile  de  Montpellier,  pour  y  ter- 
miner sa  réconciliation  avec  l'Eglise,  n'eut  pas  le  succès  qu'il  en  attendoit. 
On  affecta,  en   effet,  de  répandre  dans  le  public  8c  d'insinuer  à  la  cour 

'  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  CXLVII,  c.  778.  tous  ceux  qui  aTaient  été  créés  depuis  le  précé- 
'  Le  8  octobre  de  l'an  1224  fut  conclu  un  nou-  dent  traité  entre  Gênes  &  Narbonne,  du  temps  de 
veau  traité  de  commerce  entre  le  podestat  de  Gè-  la  vicomtesse  Ermengarde,  furent  abolis.  —  Cer- 
nes &  la  ville  de  Harhonne  (^Inventaire  de  Nar-  taines  marchandises,  fer,  acier,  futaines,  achetées 
ionne,  série  AA,  annexe,  pp.  i3à  1  5).  Les  députés  à  Gênes,  ne  peuvent  être  vendues  à  Marseille, 
des  consuls,  de  l'archevêque  &  du  vicomte  de  Nar-  Montpellier  ou  à  Saint-Gilles,  ni  même  à  un  tiers 
bonne  allèrent  à  Gênes.  On  y  décida  d'accorder  des  commissionné  par  un  négociant  de  ces  trois  villes. 
saufs-conduits  à  tous  les  habitants,  négociants  &  —  Ce  traité  avec  Gênes  fut  suivi  d'un  autre  sem- 
navigateurs,  tant  de  l'une  que  de  l'autre  ville.  Les  blable  entre  Narbonne  &  Pise,  conclu  le  19  sep- 
causes  portées  par  des  Génois  par-d  ant  les  con-  tembre  1226  {ut  supra,  pp.  16,  17).  Il  a  pour  objet, 
suis  de  Narbonne  durent  être  réglées  dans  les  outre  un  contrat  de  protection  mutuelle,  de  fixer 
vingt  jours  qui  suivraient  la  plainte.  Le  podestat  un  délai  pour  l'expédition  des  procès  portés  par 
de  Gênes  accorda  de  son  côté  une  indemnité  de  les  Narbonnais  devant  les  tribunaux  de  Pise  (ce 
cinq  sous  à  chaque  plaideur  qui  viendrait  à  Gênes  délai  est  de  trente  jours),  &  de  modérer  les  droits 
soutenir  son  procès  &  qui  le  perdrait.  —  Les  levés  dans  le  port  de  cette  dernière  ville.  Ce  traité 
deux  républiques  s'engagèrent  à  ne  point  créer  de  fut  conclu  pour  quarante-neuf  ans.  [A.  M.J 
nouveaux  droits  &  à  ne  pas  augmenter  les  anciensj  '  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n,  CXLVII,  c.  799, 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XKIV.  5qi    "" ~ 

I  An  122J 

romaine'  que,  malgré  les  marques  de  soumission  que  le  comte  &L  ses  associés 
avoient  données,  ils  ne  professoient  pas  moins  l'erreur,  soit  publiquement, 
soit  en  secret;  qu'ils  retenoient  divers  domaines  qui  dévoient  être  rendus  aux 
églises,  8<.  que,  s'ils  avoient  fait  quelques  restitutions,  c'étoit  par  la  crainte 
des  armes  du  roi  Louis  VIII,  qui  étoit  alors  dans  le  Poitou  Si  l'Aquitaine,  &c 
non  par  un  mouvement  de  piété  8c  de  repentir.  Enfin  on  taxoit  l'archevêque 
d'Arles,  chef  de  l'ambassade  de  Raimond  à  Rome,  d'une  partialité  outrée 
envers  ce  prince,  &C  on  ne  l'accusoit  de  rien  moins  que  d'avoir  trahi  à  vil 
prix  en  sa  faveur,  au  concile  de  Montpellier,  les  intérêts  de  son  église.  Un 
auteur*  moderne  prétend  même  «  qu'on  fit  connoître  au  pape  que  Raimond 
«  avoit  récemment  eu  la  hardiesse  de  demander  que  le  concile  de  Montpel- 
«  lier  autorisât  la  liberté  de  conscience  dans  le  Languedoc;  sans  quoi  il  avoit 
«  protesté  qu'il  ne  donneroit  jamais  son  consentement  pour  la  paix  de 
«  l'Église.  »  Calomnie  atroce,  supposé  qu'on  l'ait  avancée;  mais  on  a  tout 
lieu  d'en  douter,  nonobstant  l'air  de  confiance  avec  lequel  cet  écrivain  la 
débite  ;  car  il  est  certain,  par  les  actes  du  concile^  même,  que  Raimond  offrit 
alors  de  chasser  tous  les  hérétiques  de  ses  Etats  &  de  les  punir  sévèrement; 
8<  nous  verrons  plus  bas  qu'il  ne  se  départit  jamais  de  cette  offre. 

II.  —  Légation  de  Romain,  cardinal  de  Saint-Ange.  —  Ligue  du  roi 
d'Angleterre  avec  le  comte  Raimond. 

Le  pape,  prévenu  par  les  intrigues  des  ennemis  de  Raimond,  résolut  d'en- 
voyer un  nouveau  légat  en  France  pour  y  terminer  sur  les  lieux  l'affaire  du 
comte  &  de  ses  associés.  Il  choisit  pour  cette  fonction  Romain,  cardinal- 
diacre  du'^  titre  de  Saint-Ange,  personnage  adroit  &  rusé,  qu'il  recommanda  ,'';']•, ""^j":. 
au  roi,  aux  grands,  à  tous  les  prélats  &  aux  villes  de  France,  par  des  lettres 
datées  du  i5  de  février  de  l'an  iiiS.  Le  pape,  après  avoir  représenté  l'étal 
déplorable  de  la  province  de  Narbonne  &  des  pays  voisins,  déclare  par  ces 
lettres  qu'il  envoie  pour  son  légat  le  cardinal  Romain,  afin  de  remédier  aux 
maux  qui  affligeoient  ce  pays;  lui  donnant  un  plein  pouvoir  de  détruire, 
d'arracher,  de  planter,  d'édifier,  &C.,  tant  dans  le  royaume  de  France  que 
dans  la  Provence  &  dans  les  provinces  de  Tarentaise,  Besançon,  Embrun, 
Aix,  Arles  &  Vienne.  Dans  les  instructions  qu'il  lui  donna  il  le  chargea 
entre  autres  d'avertir  le  comte  Raimond  de  cesser  à  l'avenir  de  vexer  l'Église 
dont  il  recherchoit  l'amitié.  «  Qu'il  sache,  ajoute  le  pape,  que  sans  cela  il 
«  ne  sauroit  obtenir  du  Saint-Sicge  l'absolution  qu'il  lui  demande.  »  Il  lui 

'  Albéric,  Chronlcon,  aux  communautés  de  France  &   des  terres  d'Em- 

'  Langlois,  Histoire  des  croisades  contre  Us  aUi'  pire.   Elle  est  du    i3  février  (Potthast,  n.  7358). 

gcois,  1.  8,  p.  418.  Elle  fut  suivie,  le  i5,  de  deux  lettres,  différentes 

'  Balaze,  Concilia  Galliae  Narbonetsls.  dans   les   termes,    identiques  au    fond,    adressées 

'  Raynaldi,  année  I225,  n.  28  &  suiv.  —  Tré-  aux   évoques   &  clercs  de  France   &  au  roi  [li'd, 

sor  des  chartes,  Albigeois,  n.  3.  [J.  428,  vidimus.]  n"*  ■jiôo,  ySôi).   [A.  M] 

.—  La  première  lettre  est  adressée  aux  seigneurs  & 


An  1220 


592  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIV. 

recommanda  de  plus  les  intérêts  d'Amauri  de  Montfort  à  qui  il  écrivit  une 
lettre  particulière  pleine  d'affection,  accompagnée  d'une  somme  considérable 
pour  le  rétablissement  de  ses  affaires.  Il  lui  recommanda  aussi  l'évêque  d'Agen, 
qui  se  plaignoit  du  comte  de  Toulouse',  8c  lui  ordonna  d'engager  le  roi 
Louis  VIII  à  conclure  une  trêve  avec  le  roi  d'Angleterre,  afin  de  pouvoir 
ensuite  tourner  librement  ses  armes  contre  les  hérétiques^.  Enfin  il  écrivit  au 
roi  deux  lettres  pour  l'exhorter  à  la  conclusion  de  cette  trêve 3.  Le  cardinal 
Romain,  étant  arrivé  à  Paris,  assista  à  une'*  grande  assemblée  ou  parlement 
que  le  roi  y  avoit  convoqué  le  jour  de  l'octave  de  l'Ascension  8<.  dans  lequel 
on  délibéra  entre  autres  sur  l'affaire  d'Albigeois.  Il  se  rendit  ensuite  à  Tours, 
vers  la  fin  de  juin,  d'où  il  alla,  trois  jours  après,  joindre  le  roi  à  Chinon  pour 
conférer  avec  lui  sur  la  même  affaire.  Le  roi  tint  cette  année  divers  autres 
parlemens  auxquels  le  légat  assista.  Se  où  on  agita  cette  affaire,  mais  sans 
prendre  aucune  résolution.  Enfin  on  convint  de  tenir  pour  cela,  à  la  fête 
de  Saint-André  une  assemblée  ou  concile  à  Bourges;  le  comte  Raimond  81 
Amauri  de  Montfort,  son  compétiteur,  y  furent  appelés. 

Raimond,  persuadé  que  le  cardinal  de  Saint-Ange  ne  lui  étoit  pas  favo- 
rable, chercha  à  se  faire  des  alliés  pour  se  soutenir,  en  cas  qu'il  eût  une  nou- 
velle guerre  à  essuyer 5.  Il  eut  recours  à  Henri  III,  roi  d'Angleterre,  son 
cousin  germain,  qui,  de  son  côté,  ne  demandoit  pas  mieux  que  de  trouver 
un  appui  contre  le  roi  de  France,  qui  s'étoit  emparé  sur  lui  de  divers  pays. 
Henri  8c  Raimond  firent  donc  ensemble  un  traité  de  ligue,  comme  nous 
l'apprenons  de  la  lettre  suivante  du  roi  d'Angleterre,  datée  du  14  d'août 
de  l'an  12  25.  «  Le  roi '5,  à  son  cousin  Raimond,  duc  de  Narbonne,  comte 
«  de  Toulouse  8c  marquis  de  Provence,  salut  avec  la  plénitude  du  plus  sin- 
«  cère  attachement.  Vous  pouvez  avoir  appris  des  ambassadeurs  que  vous 
«  avez  envoyés  à  Rome  8c  de  ceux  que  vous  avez  en  France,  auprès  du  roi 
«  8c  du  légat,  avec  quelle  ardeur  les  nôtres  ont  pris  vos  intérêts  dans  ces 
«  deux  cours.  Vous  n'ignorez  pas  non  plus  la  vivacité  avec  laquelle  les  Fran- 
«  çois  ont  cherché  à  nous  chagriner  8c  à  nous  déprimer,  ainsi  que  nos  prê- 
te décesseurs  8c  les  vôtres.  Cela  doit  vous  rendre  attentif  à  ne  pas  vous  laisser 
<(  surprendre  par  les  artifices  qu'ils  pourroient  employer  pour  rompre  notre 
«  union  que  les  liens  du  sang  doivent  rendre  encore  plus  étroite.  Pour  la 
«  fortifier  davantage,  nous  avons  mandé  à  nos  chers  8c  féaux  Richard,  comte 
a  de  Poitiers,  notre  frère,  Guillaume,  comte  de  Salisbury,  8c  Philippe  d'Au- 

'  Cette  lettre  pour  l'évêque  d'Agen  est  du  1 3  no-  *  Chronicon    Turonense,   ap.   Martine,   CoUettlo 

vembre  1225.  Cf.  Potthast,  n.  7496.   [A.  M.)  amplis,  t.  5,  c.  1066.  —  Gesta  Ludovici  FUI. 

'  Le  26  février,  il  engageait  de  nouveau  le  légat  '  Il  avait,  à  cette  époque,  des  démêlés  avec  l'em- 

à  presser  le  roi  de  prendre  une  décision  (Potthast,  pereur  Frédéric  II,  qui  lui  écrivit  de  Palerme,  le 

n.  7372)  &  lui  ordonnait  de  donner  à  Amauri  de  3i  mars  1225,  une  lettre  assez  vive   pour  lui   re- 

Montfort  des   subsides  pour  son   entretien,  sur  le  procher  l'aliénation   des  terres  de  l'Empire,      lui 

produit  du  vingtième  (Potthast,  n.  7371).   [A.  M.]  inféodées.  (Voir  Teulet,  t.  2,  p.  5o.)  [A.  M.j 

'  On  peut  voir  une  de  ces  lettres,  que  Potthast  '  Rymer,  t.   i ,  p.  241   81  seq. 
place  à  tort  vers  décembre  1226,  dans  les  Regesta, 
n.  ySio.  [A.  M.] 


IRIM. 
t.  III,  p.  348. 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIV,  5q3  ~ T 

'  An   122J 

«  hignac,  ou  du  moins  à  ce  dernier,  en  cas  que  l'éloignement  ou  quelque 
«  autre  obstacle  ne  permettent  pas  aux  deux  autres  de  vous  aller  trouver  avec 
«  les  piésens  ambassadeurs,  Alexandre  de  Bassingburn  &  maître  Guillaume 
<i  de  Tornour,  pour  vous  remettre  le  traité  de  ligue  &  de  confédération  que 
«  nous  avons  projeté  Si,  qu'ils  avoient  devers  eux  depuis  longtemps,  8c  recevoir 
<c  de  votre  part  une  semblable  obligation.  11  sera  bon,  cependant,  de  mettre 
«  ces  deux  actes  en  dépôt  dans  quelque  maison  religieuse,  pour  plus  grande 
«  sûreté,  afin  d'y  avoir  recours  quand  il  sera  temps,  parce  que  s'ils  venoient 
«  présentement  à  être  publiés,  il  pourroit  nous  en  arriver  du  préjudice  sans 
«  qu'il  nous  en  revînt  aucune  utilité.  Mais  si  vous  souhaitez  qu'on  tasse  actuel- 
((  lement  l'échange  des  deux  actes,  il  en  sera  ce  qu'il  vous  plaira.  Nous  vous 
«  conseillons  de  bonne  foi  de  travailler  efficacement  &  de  toutes  vos  forces  à 
«  obtenir  la  paix  avec  l'Eglise;  8t  par  la  grâce  de  Dieu  nous  nous  armerons,  ,  ■j'jj"''^' 
«  autant  qu'il  sera  possible,  pour  venir  à  votre  secours  8t  défendre  votre  hon- 
«  neur.  Les  dangers  des  chemins  sont  cause  que  nous  ne  vous  envoyons  pas 
«  une  ambassade  plus  solennelle  pour  terminer  cette  négociation.  »  Dans  les 
instructions  que  le  roi  d'Angleterre  envoya  en  même  temps  à  Philippe  d'Au- 
bignac,  il  lui  recommande  de  se  garder  des  ruses  des  François,  qui  faisoient 
tous  leurs  efforts  pour  mettre  la  division  entre  lui  &  le  comte  Raimond.  Au 
reste,  nous  n'avons  pas  le  traité  même  de  ligue  dont  ces  deux  princes  con- 
vinrent sans  doute  alors  j  mais  il  fut  très-peu  utile  à  Raimond  par  les  raisons 
que  nous  dirons  bientôt. 

III.  —  Concile  de  Bourges  :  le  légat  élude  la  réconciliation  de  Raimond 

avec  l'Eglise, 

Raimond  étoit  sans  doute  en  chemin  pour  se  rendre  à  Bourges,  lorsque 
passant  auprès  de'  Caliors,  le  10  d'octobre  de  cette  année,  les  consuls  de 
cette  ville,  qui'étoient  en  diftérend  avec  leur  évêque  St  son  chapitre  au  sujet 
d'une  cloche  que  les  premiers  prétendoient  être  en  droit  de  faire  sonner  sans 
la  permission  des  autres,  lui  demandèrent  sa  protection.  Raimond  la  leur 
accorda  volontiers  8c  exerça  par  là  son  autorité  dans  une  ville  que  l'évêque 
tâchoit  de  soustraire  à  la  domination  que  ses  ancêtres  avoient  toujours  eue 
sur  elle  jusqu'au  temps  des  troubles. 

Raimond  se  trouva  à  l'ouverture  du  concile  de  Bourges  qui  se  fit^  le  jour 
indique,  29  de  novembre  de  l'an  12  25-^.  Six  archevêques,  savoir  :  ceux  de 
Lyon,  Reims,  Rouen,  Tours,  Bourges  6c  Auch  s'y  trouvèrent  en  personne. 

■  Lacroix,  Du  episcop'is   Ca.lurcensitus,  p.  90  C;  Dans  ces  lettres,  Louis  VIII  qualifie  le  comte  de 

Siiiv.  soi-dîsant  comte  de  Toulouse  &  le  met  sous  la  pro- 

'  Chronicon    Turoneme,   ut  supra.  —   Miiitliieu  i:ctioii  du   comte  de  Cliamp^igne,  dont  un  vassal 

Piris,  ann.   1226.  —  Albéric,  Chronicon,  —  Ray-  dut  aller  le  prendre,  le  2')  novembre,  à  la  Souter- 

naHi,  an,   1227,  n,  56  8<  suiv.  raine,  sur  les  frontières  du  Limousin.  Ces  détails 

'  Pour  Yenir  au  concile,  Raimond  VII  avait  du  sont    fournis    par    Lenain   de  TiUemont,   Fie   Je 

demander  un   sauf-conduit  au   roi,  qui    le   lui   ac-  saint  Louis,  t.   1,  p.  j8o.    [A.  M.J 
corda  par  lettres  datées  de  Melun,  novembre  1  223, 

Vî,  -  38 


An  1225 


594  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIV. 

Un  historien  '  du  temps  observe  que  l'archevêque  de  Bordeaux  ne  put  s'y 
rendre  à  cause  qu'il  étoit  malade.  Il  ajoute  que  le  siège  de  Narbonne  étoit 
alors  vacant;  que  les  évêques  de  neuf  provinces  y  assistèrent  au  nombre  de 
cent  avec  les  abbés,  les  prieurs  &  les  députés  des  chapitres,  Si  que  les  dis- 
putes qui  s'élevèrent  pour  la  préséance  que  l'archevêque  de  Lyon  prétendoit 
sur  celui  de  Sens,  8c  l'archevêque  de  Rouen  sur  les  provinces  de  Bourges, 
d'Auch  &  de  Narbonne,  firent  que,  pour  empêcher  la  division  entre  les  pré- 
lats, ils  ne  siégèrent  pas  comme  dans  un  concile  réglé,  mais  seulement  comme 
dans  une  simple  assemblée.  On  ne  comprend  pas  sur  quel  fondement  les 
archevêques  de  Rouen  pouvoient  prétendre  la  primatie  dans  les  trois  pro- 
vinces dont  on  vient  de  parler.  Suivant  une  ancienne  chronique^,  il  se  trouva 
un  plus  grand  nombre  de  prélats  au  concile  de  Bourges,  &  il  y  assista  qua- 
torze archevêques,  cent  treize  évêques  &t  cent  cinquante  abbés  de  toutes  les 
provinces  des  Gaules,  sans  compter  les  procureurs  des  absens.  Il  est  certain, 
en  effet,  que  le  légat  convoqua^  à  Bourges  tous  les  archevêques,  évêques  6- 
autres  prélats,  les  personnes  religieuses  6-  les  députés  des  chapitres  de  sa  léga~ 
tion;  or,  comme  elle  s'étendoit  dans  toutes  les  Gaules,  ce  fut  par  conséquent 
un  concile  national  de  toute  la  France. 

On  commença"^  par  la  lecture  des  lettres  de  la  légation  du  cardinal  de 
Saint-Ange.  On  délibéra  ensuite  sur  l'affaire  du  comte  de  Toulouse  qui, 
ayant  comparu  dans  l'assemblée,  demanda  avec  humilité  d'être  absous  8<  reçu 
dans  le  sein  de  l'Eglise,  avec  oftre  de  se  purger  de  tous  les  griefs  dont  on 
pourroit  l'accuser,  de  se  corriger  s'il  étoit  coupable,  de  faire  une  justice  rigou- 
reuse, suivant  son  pouvoir,  de  tous  les  hérétiques  avérés  ou  convaincus  qui  se 
trouveroient  dans  ses  terres,  &  de  travailler  efficacement  pour  en  extirper 
l'hérésie.  Il  promit  de  plus  que  tous  ses  sujets  obéiroient  parfaitement  à 
l'avenir  à  l'Eglise;  qu'il  entretiendroit  la  paix  8<  la  sûreté  publique  dans  le 
pays;  qu'il  restitueroit  en  entier  tous  les  revenus  ecclésiastiques.  Se  qu'enfin 
il  répareroit  tous  les  dommages  qu'il  avoit  causés  aux  églises.  Amauri  de 
Montfort  s'étant  présenté  à  son  tour  au  concile,  demanda  d'être  rétabli  dans 
la  possession  des  domaines  du  comte  Raimond  :  domaines  dont  il  prétendoit 
que  le  pape  Innocent  Se  le  feu  roi  Philippe  avoient  disposé  en  faveur  de 
Simon,  son  père.  Il  produisit  les  lettres  du  pontife  Se  celles  du  roi,  suivant 
lesquelles  le  comte  de  Toulouse  étoit  condamné,  «S-  les  pays  des  Albigeois 
étoient  adjugés  à  Simon.  Il  ajouta  que  le  feu  comte  Raimond  avoit  été  privé 
au  concile  général  de  Latran,du  moins  de  la  plus  grande  partie  des  domaines 
qu'il  possédoit  alors,  à  cause  de  l'hérésie  qu'on  appelle  l'hérésie  des  albigeois. 
^ÊJ.  origm.  Le  comte  de  Toulouse  répliqua  qu'il  étoit  prêt  de  rendre  au  roi  Se  à  l'Eglise 
romaine  tous  les  devoirs  auxquels  il  étoit  tenu  pour  ces  domaines  dont  il 

'  Matthieu  Paris.  siastiques   de  sa   légation,  ni   surtout   qu'ils    aient 

^  Voyez   tome  VIII,  Chartes,  n.   CLX,  ce.   8i5,  assisté    au    concile    en    personne    ou    par   procu- 

816.  reurs.] 

'  Ih'ti.  n.  CLXXXI,  c.  866.  —  [Le  légat  ne  dit  '  Matthieu    Paris.    —    Chronicon    Turonense,   ut 

point  qu'il  convoqua    tous   les   dignitaires  ecclé-  supra. 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIV.  SgS 

devoit  hériter.  Amauri  lui  demanda  alors  s^il  voulait  s'en  remettre  au  Juge- 
ment des  dou-^e  pairs  de  France.  —  Que  le  roi  reçoive  mon  hommage,  répliqua 
Raimond,  car  je  suis  prêt  de  m'en  rapporter  à  ce  jugement ,  parce  qu'autre- 
ment il  ne  voudrait  peut-être  pas  me  reconnaître  pour  pair?  La  dispute  entre 
les  deux  compétiteurs  sechauftant,  le  légat'  trouva  que  les  offres  que  Rai- 
mond faisoit,  d'obéir  aux  ordres  de  l'Eglise,  n'étaient  pas  comme  il  les  devoit 
faire,  8c  ordonna,  en  vertu  d'obéissance,  à  chaque  archevêque  de  s'assembler 
en  particulier  avec  les  évêques  de  sa  province,  d'examiner  mûrement  cette 
affaire  8t  de  lui  donner  ensuite  en  conscience  leur  avis  par  écrit;  avec 
défense,  sous  peine  d'excommunication,  de  le  communiquera  personne,  sous 
prétexte  qu'il  vouloit  en  faire  part  au  pape  81  au  roi  avant  que  de  le  publier; 
ainsi  l'assemblée  se  sépara  sans  rien  conclure,  8c  le  comte  Raimond  fut  ren- 
voyé dans  ses  Etats.  Le  légat  assura  depuis  que  l'avis  des  évêques  avoit  été 
de  ne  pas  absoudre  Raimond,  en  conséquence  des  ojj'res  qu'il  Jaisoit,  8c  que 
lui,  légat,  avoit  été  chargé  de  prier  le  roi  d'entreprendre  en  son  nom  l'expé- 
dition contre  les  albigeois,  8c  de  lui  offrir,  en  cas  qu'il  s'en  chargeât,  de  lui 
payer  une  décime  pendant  cinq  ans,  afin  qu'il  eût  de  quoi  soutenir  les  frais 
de  la  guerre  ^. 

IV.  —  Pairie  des  comtes  de  Toulouse.  —  Archevêques  de  Narbonne. 

On  peut  remarquer  dans  ce  récit,  appuyé  du  témoignage  de  deux  auteurs 
contemporains  :  1°  Que  Raimond  Vil,  comte  de  Toulouse,  étoit  du  nombre 
des  douje  pairs  de  France,  8c  que  ce  nombre  étoit  par  conséquent  fixé  dès 
lors.  Nous  ajouterons  qu'il  paroît  '  qu'il  tenoit  le  premier  rang  parmi  les 
laïques  en  qualité  de  duc  de  Narbonne.  2°  Que  la  demande  que  faisoit 
Amauri  de  Montfort,  que  Raimond  fût  jugé  par  ses  pairs,  n'avoit  rien  que 
de  juste  8c  de  raisonnable,  Se  qu'elle  étoit  conforme  aux  usages  de  la  monar- 
chie. La  maxime  que  l'Eglise  n'a  aucune  autorité  sur  le  temporel  des  rois  8c 
des  princes  étant  en  effet  inviolable,  on  devoit  regarder  comme  nulle  la  dis- 
position que  le  pape  Innocent  III  Se  le  concile  de  Latran  avoient  faite  des 
domaines  de  la  maison  de  Toulouse  en  faveur  de  celle  de  Montfort,  8c  il 
n'appartenoit  qu'au  roi  8c  à  ses  pairs  de  juger  si  Raimond  VI,  père  de  Rai- 
mond VII,  avoit  forfait  8c  commis  quelque  action  qui  méritât  qu'on  le 
dépouillât  de  tous  ses  domaines,  non-seulement  dans  sa  personne,  mais  encore 
dans  sa  postérité"*. 

'  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  CLXXXI,  c.  866.  le  plus   en  faveur  au  treizième  siècle.  Ce  nYtaii 

'  Ihtd,  [Dom  Vaissete    aurait    du    avertir   qu'en  guère  au  fond  qu'une  maxime,  qui  servait  à  légi- 

somme   c'est    le   récit  d'un    ennemi    personnel  de  timer  les  usurpations  du  plus  fort.  Les  papes  mi- 

Raimond  VII,   &  que   nous   ne   connaissons   pas  rent  trois  fois  au  moins  leurs  théories  en  pratique, 

exactement  les  offres  de  celui-ci  &  les  exigences  Deux  fois  ils  réussirent;   le  comte  d'e  Toulouse  & 

de  l'Eglise.]  Frédéric   II  finirent,  en    somme,   par  perdre  leurs 

'  Voyez   tome  VU,  Note  XXVI,  pp.  -j j^  à  83,  &  États;  mais  la  troisième  fois,  ils  échouèrent,  &  en 

noire  Note  adiitionnellc ,  pp.  78,  79.  dépit  de  tous  leurs  efforts,   le  roi  d'Aragon   garda 

*  Il  serait  difficile  de  dire  aueile  était  la  théori  la  Sicile  &  l'Aragon.   [A.  M.) 


An  122J 


~:         ~  5q6  histoire  générale  de  LANGUEDOC.  LIV,  XXIV. 

On  vient  de  voir  qu'Arnaud  Amauri,  archevêque  de  Narbonne,  étoît  mort 
dans  le  temps  du  concile  de  Bourges  :  perte  très-considérable  pour  le  comte 
de  Toulouse;  car,  depuis  le  concile  de  Montpellier,  ce  prélat  paroissoit  avoir 
embrassé  ses  intérêts  avec  chaleur,  &,  s'il  eût  vécu  plus  longtemps,  il  auroit 
sans  doute  conduit  l'atTaire  de  ce  prince  à  une  heureuse  fin.  Arnaud  mourut' 
le  29  de  septembre  de  l'an  i2:5,  étant  à  FonttVoide.  Six.  jours  auparavant  il 
avoit  donné  à  cette  abbaye,  en  présence  de  Bernard,  évêque  de  Béziers,  ses 
livres,  son  palefroi,  Svc.  Nous  inférons  de  là  qu'il  mourut  à  Fontfroide.  Son 
corps  tut  apporté  à  Cîteaux  dont  il  avoit  été  abbé,  81  où  on  lui  dressa  un 
magnifique  mausolée  dont  un  célèbre  académicien^  nous  a  donné  le  dessin 
8t  la  description.  Il  le  tait  premier  inquisiteur  de  la  foi  contre  les  albigeois; 
on  a  pu  remarquer  cependant  que  d'autres  religieux  de  son  ordre  avoient 
déjà  précédé  Arnaud  dans  cette  fonction;  mais  cette  faute  est  beaucoup  plus 
pardonnable  que  l'anachronisme  qui  a  échappé  à  cet  auteur,  lorsqu'il  dit  : 
«  Qu'Arnaud,  archevêque  de  Narbonne,  mourut  au  mois  de  septembre  de 
«  l'an  1225,  deux  ans  avant  que  saint  Dominique  allât  à  Rome  pour  faire 
«  agréer  son  institut  au  pape;  »  car  on  sait  que  saint  Dominique  mourut 
le  6  d'août  de  l'an  1221.  Pierre  Amelii,  chanoine  &  grand  archidiacre  de 
Narbonne,  &  camérier  de  l'église  de  Béziers,  succéda  à  Arnaud  dans  l'arche- 
vêché de  Narbonne,  par  malheur  pour  Raimond,  car  Pierre  lui  fut  aussi 
opposé  qu'Arnaud  eût  pu  lui  être  favorable. 

V.  —  Le  roi  Louis  VIII  se  charge  de  faire  la  guerre  en  son  nom  au  comte 

Raimond  &•  à  ses  alliés. 

Enfin  le  cardinal  légat  agit^  avec  tant  de  vivacité  auprès  du  roi  Louis  VIII 
que  ce  prince,  autant  par  l'espérance  de  réunir  à  sa  couronne  des  pays  con- 
sidérables, qui  pouvoient  en  relever  l'éclat,  que  par  zèle  pour  la  religion, 
se  chargea  d'entreprendre  en  son  nom  la  guerre  contre  Raimond,  comte  de 
Toulouse.  Les  ménagemens  qu'il  auroit  dû  avoir,  ce  semble,  pour  ce  prince, 
l'un  des  premiers  pairs  du  royaume  &  son  proche  parent,  contre  lequel  il 
j.^iîi °P  =j";,  n'avoit  rien  de  personnel,  ni  d'autre  sujet  de  querelle,  sinon  qu'il  n'extermi- 
noit  pas  assez  promptement  quelques  hérétiques  qui  pouvoient  rester  dans  le 
pays;  enfin  les  protestations  réitérées  que  Raimond  &  ses  associés  ne  cessoient 
de  faire  publiquement  dans  toutes  les  occasions,  de  leur  attachement  invio- 
lable à  la  foi  catholique  81  du  désir  sincère  qu'ils  avoient  de  prendre  toutes 
les  mesures  convenables  pour  déraciner  entièrement  l'hérésie  de  leurs  do- 
maines, ne  furent  pas  capables  de  l'arrêter.  Louis  ne  se  détermina'*  toutefois, 
à  cette  expédition,  qu'après  que  le  légat  lui  eût  promis  que  le  pape  défen- 
droit  au  roi  d'Angleterre,  sous  peine   d'excommunication,  de   lui  faire  la 

■  Gallia   Christiana,  t.   I,  p.   333.  —  Guillaume  ^  Raynaldi,  année  I2i;),  n.  3. 

i*  Puylaurcns,  c.  35.  *  Matthieu  Paris,  année  1226. 

'  Histoire  Je  l'académie  Jes  Inscriptions  &  Délies- 
Lettres^  t.  9,  p.  218  &  suiv. 


IIISTOiRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIV,  O'jy 

guerre  S<  d'attaquer  les  domaines  qu'il  possédoit  actuellement,  soit  justement, 
soit  injustement,  tant  qu'il  seroit  occupé  à  combattre  les  hérétic(ues  albigeois 
Se  le  comte  de  Toulouse,  &  qu'il  lui  ordonneroit  au  contraire  de  l'aider  de 
toutes  ses  torces  pour  l'ex-écution  de  son  entreprise. 

Le  roi,  résolu  '  de  porter  ses  armes  dans  la  Province,  convoqua  à  Paris  une 
assemblée  des  notables  du  royaume,  le  troisième  jour  après  la  conversion  de 
saint  Paul  (:8  janvier),  de  l'an  112'S  (12:6).  Les  prélats  &  les  barons  qui  s'y 
trouvèrent  furent  le  cardinal  de  Saint-Ange,  légat,  les  arcbevêques  de  Reim.s, 
Bourges,  Sens,  Rouen,  Tours 5  les  évêques  de  Beauvais,  Langres,  Laon, 
Noyon ,  Senlis,  Térouane,  Chartres,  Paris,  Orléans,  Auxerre  &  Meaux  ; 
Philippe,  comte  de  Boulogne  Se  de  Clermont,  Pierre,  comte  de  Bretap-ne, 
Robert,  comte  de  Dreux;  les  comtes  de  Chartres,  de  Saint-Paul,  de  Rouci  !k 
de  Vendôme,  Mathieu  de  Montmorenci,  connétable  de  France,  Robert  de 
Courtenai,  boutillier,  Enguerrand  de  Couci,  le  sénéchal  d'Anjou,  Jean  de 
Nesle,  les  vicomtes  de  Sainte-Suzanne  Se  de  Châteaudun,  Savari  de  Mau- 
léon,  Thomas  S<  Robert  de  Couci,  Gautier  de  Joigny,  Gautier  de  P\.inel, 
Henri  de  Sully,  Philippe  de  Nanteuil,  Etienne  de  Sancerre,  Gui  de  la  Roche, 
René  d'Amiens,  Pv.obert  de  Poissx-,  René  de  Montfaucon,  Bouchard  de  Marlv 
Se  Florent  de  Hangest.  Le  roi  leur  ayant  demandé  de  lui  donner  leur  avis 
sur  l'ajjhire  de  la  terre  d'Albigeois,  ils  approuvèrent  c[u'il  s'en  chargeât  per- 
sonnellement, Se  consentirent  à  cette  entreprise  par  leurs  lettres^,  avec  pro- 
messe de  l'aider  de  bonne  toi,  comme  étant  leur  seigneur-lige,  pendant  tout 
le  temps  qu'il  y  travailleroit  Se  jusqu'à  ce  qu'il  l'eût  tcYminéc. 

VL  —  Le  légat  excommunie  le  comte  Raimond  £«  ses  alliés,  fait  prêcher  la 
croisade  contre  eux  6-  donne  la  croix  au  roi  iy  aux  barons  du  royaume. 

Ensuite^  le  légat  excommunia  publi((uement,  par  l'autorité  du  pape,  Rai- 
mond, comte  de  Toulouse,  Se  ses  associés.  Se  le  déclara  hérétique  condamné  ; 
il  confirma  la  possession  de  ses  domaines  au  roi  de  F^rancc  Se  aux  héritiers 
de  ce  prince  à  perpétuité.  Amauri  de  Montfort  Se  Gui,  son  oncle,  cédèrent 
au  roi  en  même  temps,  par  de  nouvelles  lettres,  tous  les  droits  qu'ils  avoient 
sur  ces  domaines.  Se  le  premier  ne  prit  plus  depuis  le  titre  de  comte  de  Tou- 
louse Se  de  duc  de  Narbonne.  Ce  fut  alors,  sans  doute,  que  le  roi  donna  à 
Amauri,  en  dédommagement,  l'expectative  de  la  charge  de  connétable.  Le 
vendredi  suivant  (3o  de  janvier),  le  roi,  après  en  avoir  délibéré  avec  les  évê- 
ques Se  les  barons,  prit  la  croix  avec  eux  des  mains  du  légat  Se  s'engagea 
d'aller  exterminer  les  hérétiques  Se  de  faire  la  guerre  au  comte  de  Toulouse, 
leur  prétendu  fauteur.  Le  légat  envoya  en  même  temps  des  prédicateurs  dans 
tous  les  coins  du  royaume,  avec  ordre  de  publier  la  croisade  contre  les  héré- 
tiques albigeois,  Se  avec   pouvoir  d'absoudre  les   fidèles  qui   s'engagcroicnt 

'  Chron'icon   Turoneme,  apud   Martine,  Colhcùo  '  Voyez  tome  VIH,  n.  CLXII,  ce.  817,  818. 

cmplissima ,    t.    ">.  —  Voyez    tome  ^'I1I,    Chartes,  '  Chronicon  Turancr.sc.  —   Cesta   LuJoyici  l'HI. 

n.  CLXI,  ce.  i,6,  817. 


An  iî;ô 


An  1226 


An 


)o8  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.   LIV.  XXIV. 


dans  cette  enticjorise  de  tous  leurs  pécliés  S\  des  vœux  qu'ils  pourroient  avoir 
faits,  excepté  celui  du  pèlerinage  de  Jérusalem.  Un  historien  du  temps'  fait 
mention  de  cet  événement  en  ces  termes  :  »  En  ce  temps-là  le  légat  Romain 
«  fit  prêcher  dans  toutes  les  Gaules  qu'on  eût  à  s'armer  &  à  se  croiser  contre 
«  le  comte  de  Toulouse  Si  ses  sujets,  qu'on  disoit  tous  infectés  d'hérésie.  En 
('  conséquence,  un  grand  nombre  de  prélats  &  de  laïques,  excités  bien  plus 
«  par  la  crainte  du  roi  de  France  8c  par  la  faveur  du  légat  que  par  le  zèle  de 
«  la  justice,  prirent  la  croix.  Il  paroissoit,  en  effet,  à  plusieurs  que  c'étoit 
«  un  grand  abus  que  d'aller  déclarer  la  guerre  à  un  fidèle  chrétien,  surtout 
«  étant  constant  £<.  notoire  à  tous  que  ce  comte  avoit  prié  avec  instance  le 
«  légat  dans  le  concile  de  Bourges  de  venir  lui-même  dans  toutes  les  villes 
«  de  ses  États  Se  de  s'informer  dans  chacune  si  on  y  professoit  la  foi  catho- 
«  lique,  avec  offre  de  faire  une  justice  sévère,  suivant  le  jugement  de  l'Église, 
t'iu°p'T^'i  "  '■^^  ^°'-^^  '-'^"^  'ï"^  auroient  des  sentimens  contraires  à  la  foi,  Se,  supposé 
«  qu'il  se  trouvât  quelque  ville  rebelle,  de  la  contraindre  de  tout  son  pouvoir 
«  à  faire  une  satisfaction  convenable.  Quant  à  sa  propre  personne,  il  offroit, 
«  en  cas  qu'il  eût  manqué  à  quelque  chose  (quoiqu'il  ne  se  sentît  coupable 
«  de  rien)  de  satisfaire  entièrement  à  Dieu  &  à  l'Église,  comme  un  fidèle 
«  chrétien.  Si  de  répondre  sur  tous  les  articles  de  la  foi  sur  lesquels  le  légat 
«  jugeroit  à  propos  de  l'interroger.  Le  légat  méprisa  toutes  ces  offres,  8<.  le 
«  comte,  tout  catholique  qu'il  étoit,  ne  put  trouver  grâce  auprès  de  lui,  à 
«  moins  qu'il  ne  voulût  abandonner  tous  ses  domaines  Si  y  renoncer  pour 
Cl  toujours,  tant  pour  lui  que  pour  ses  successeurs*.  » 

VII.  —  Le  légat  accorde  les  décimes  au  rot,  pendant  cinq  ans,  pour  les  frais 

de  la  guerre. 

Le  cardinal  de  Saint-Ange,  voulant^  mettre  le  roi  en  état  de  fournir  aux 
frais  de  son  expédition,  lui  assigna,  du  consentement  de  quelques  évêques, 
cent  mille  livres  tous  les  ans,  pendant  cinq  ans,  sur  les  revenus  ecclésiasti- 
ques du  royaume,  qu'il  assujettit  au  payement  d'une  décime,  Si  déclara  en 
pleine  assemblée  que,  si  cette  somme  ne  suffisoit  pas,  il  lui  livreroit  tous  les 
trésors  de  l'Église.  Nous  avons  les  lettres''  de  cette  assignation  données  au 
nom  du  cardinal  légat,  des  cinq  archevêques  Si  des  dix  évêques  dont  on  a 
déjà  rapporté  les  noms,  Si  scellées  de  leurs  sceaux.  Ils  y  déclarent,  «  que  le 
«  roi  a)ant  pris  la  croix  contre  les  albigeois  ils  l'avoient  mis  sous  la  protec- 
((  tion  de  l'Eglise,  avec  sa  famille,  son  royaume  Se  tous  ceux  qui  travaille- 
K  roient  à  cette  œuvre,  tout  le  temps  qu'ils  s'y  employeroient;  qu'ils  leur 
«  avoient  accordé  la  même  indulgence  que  gagnoient  ceux  qui  se  croisoient 

'  Mattiiieii  Paris,  année   1226,  p.  33i,  édit.  de  '  Chrcnicon  Turonense.  —  Gesta  Ludovici   VIII. 

1640.  ■•  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  CLXII,  ce.  817, 

'  Voyez  dans  Potihast,  n.  7542,  la  réponse  d'Ho-       818. 
norius  III  à  la  dépêche  du   légat,  lui  annonçant 
la  conclusion  du  traité.   [A.  M.] 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIV.  699 

«  pour  Jérusalem;  qu'ils  avoient  dénoncé,  excommunié  Pvaimond,  fils  de  Kai- 
<<  mond,  autrefois  comte  de  Toulouse,  ses  fauteurs,  ses  associés  61  tous  ceux 
«  qui  lui  donneroient  conseil,  soit  contre  l'Eglise,  soit  contre  le  roi;  qu'ils 
«  avoient  aussi  excommunié  tous  ceux  qui  feroient  la  guerre  en  France  ou 
»  qui  envahiroient  le  royaume,  tant  étrangers  que  régnicoles,  avec  défense 
t(  de  les  absoudre  jusqu'à  ce  qu'ils  eussent  réparé  le  dommage  qu'ils  auroient 
«  causé  au  roi  &  aux  siens,  &  enfin  tous  ceux  qui  se  feroient  la  guerre  & 
«  qui  refuseroient  de  convenir  d'une  trêve  ou  d'une  paix,  suivant  les  ordres 
«  du  roi.  Mais  parce,  ajoutent-ils,  que  c'est  ici  une  affaire  qui  demande  de 
«  grandes  dépenses,  nous  avons  promis  au  roi  de  lui  donner,  pendant  cinq 
«  ans,  le  dixième  de  tous  les  revenus  ecclésiastiques,  si  l'affaire  dure  autant 
«  de  temps;  la  dépense  pour  la  culture  des  terres  &  des  vignes  déduites.  » 
Ils  déclarent  ensuite  que  les  hospitaliers,  les  templiers,  les  religieux  de 
Cîteaux  &  de  Prémontré  seroient  exempts  de  payer  cette  décime,  de  même 
que  tous  les  prélats  &  ecclésiastiques  qui  se  trouveroient  en  personne  à  cette 
expédition.  Ils  témoignent  enfin  que  le  roi,  avant  que  de  prendre  la  croix 
des  mains  du  légat,  avoit  protesté  hautement  qu'il  ne  prétendoit  point  s'en- 
gager par  là  à  demeurer  dans  l'Albigeois  ;  mais  qu'il  se  réservoit  la  liberté 
d'y  aller  St  d'en  revenir  quand  il  le  jugeroit  à  propos  8c  de  pouvoir  le  faire 
sans  aucun  scrupule  de  conscience,  &  sans  vouloir  y  engager  ses  héritiers  par 
vœu,  en  cas  qu'il  vînt  à  manquer;  de  quoi  les  évêques  lui  donnèrent  acte'. 
Le  légat  écrivit^,  le  cinquième  de  février  suivant,  une  lettre  circulaire  à 
tous  les  métropolitains  de  France  pour  leur  marquer  que  le  roi  avoit  pris  la 
croix  contre  les  hérétiques  avec  plusieurs  archevêques,  évêques,  comtes,  barons 
St  grands  de  France  ;. déclarant  qu'il  avoit  mis  ce  prince,  sa  famille  &  son 
ro\aume  sous  sa  protection;  qu'il  excommunioit  8<.  dénonçoit  excommu- 
niés Piaimond,  fils  du  feu  comte  de  Toulouse,  ses  alliés,  8<.c.;  qu'il  avoit 
accordé  au  roi,  du  consentement  du  concile  de  Bourges,  le  dixième  de  tous 
les  revenus  ecclésiastiques  du  royaume,  Ê<c.  «  C'est  pourquoi,  ajoute-t-il, 
«  nous  vous  ordonnons  de  publier  cette  excommunication  dans  vos  provinces, 
«  d'y  faire  prêcher  la  croisade  8c  d'exhorter  vos  sutfragans  à  prendre  la  croix 
«  avec  vous.  Nous  vous  apprenons,  ajoute-t-il  à  la  fin,  que  le  roi  sera  en  per- 
i<  sonne  à  Bourges,  à  la  tête  de  son  armée,  un  mois  après  Pâques,  prêt  à 
«  marcher  contre  les  hérétiques,  &c  que  nous  y  serons  avec  lui.  » 

VIII.  —  Le  roi  jixe  le  jour  de  son  départ. 

Le  roi  convoqua^  une  nouvelle  assemblée  ou  parlement,  à  Paris,  le 
dimanche  de  Lœtare  29  de  mars;  il  y  concerta  avec  le  légat,  les  évêques  Se 
les  barons  les  opérations  de  la  guerre,  Se  il  manda  en  conséquence  à  tous  les 

■  Toutes  ces  conditions  ne  témoignent  pas  de  la  '  Martène,  Thés,  aneciot.  t.  i,  c.  çSi  &  seq, 

part  de  Louis  VIII  d'une  coniïance  excessive  dans  '  Chrtnicon  Turonense,  ap,  Labbe,  Concilia,  t.  g, 

le»  inieniions  du  Ujat,  d»nt  plus  tard,  d'ailleurs,  c.  3oi.  —  Matthieu  Paris. 
Grégoire  IX  eut  i  réprimer  les  excès  de  ïèle.  (A.  M.  | 


An  1226 


An, .26      *5°°  FIISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIV. 

M'ii"""-;"^-  '^'assaux  du  royaume  de  se  trouver  en  armes  à  Bourges,  le  quatrième  dîmanche 
d'après  Pâques,  parce  qu'il  étoit  résolu  d'arriver  à  Lyon  le  jour  de  TAscen- 
sioii.  Il  se  détermina  à  prendre  cette  route  à  la  demande  des  Avignonois  '  qui 
lui  envovèrent  des  députés  pour  lui  ortVir  le  passage  du  Rhône  sur  leur  pont. 
Ces  peuples,  qui  étoient  excommuniés  depuis  douze  ans  pour  avoir  embrassé 
le  parti  du  comte  de  Toulouse,  leur  seigneur,  firent  prier  le  légat,  par  les 
mêmes  députés,  de  leur  donner  l'absolution,  avec  promesse  de  satisfaire  entiè- 
rement à  l'Eglise  Se  de  donner  des  otages  pour  la  sûreté  de  leur  parole. 

IX.  —  Le  roi  reçoit  par  avance  la  soumission  des  villes  de  Saint-Antonin, 
de  Bé-^iers  &•  de  divers  seigneurs  du  pays. 

Cependant  le  roi,  voulant  se  donner  un  nouveau  titre  sur  les  domaines  de 
Raimond,  reçut,  au  mois  d'avril,  la  cession  que  Gui  de  Montfort^  lui  fit  de 
ses  droits  sur  la  ville  de  Saint-Antonin,  en  Rouergue.  Il  envoya  aussitôt  frère 
Ebrard,  chevalier  du  Temple,  pour  prendre  possession  en  son  nom  de  cette 
ville  Si  recevoir  le  serment  de  fidélité  des  habitans.  Ceux-ci  n'osant  se  déclarer 
ouvertement  jusqu'à  l'arrivée  de  Louis  dans  le  pays,  de  crainte  que  le  comte 
de  Toulouse  ne  ravageât  leurs  terres  pour  se  venger,  firent  le  serment;  mais 
ils  prièrent  ce  chevalier  de  ne  pas  l'ébruiter  St  d'intercéder  pour  eux  auprès 
du  cardinal  légat,  afin  qu'il  levât  l'interdit  qui  étoit  sur  leur  ville. 

Le  roi  &  le  légat  sollicitèrent  Jacques,  roi  d'Aragon^,  neveu  du  comte  de 
Toulouse,  de  ne  pas  prendre  les  intérêts  de  ce  prince.  Jacques,  qui  étoit  fort 
pieux,  se  rendit  à  leur  demande  Se  défendit  à  tous  ses  sujets  de  donner 
retraite  aux  hérétiques  Se  de  leur  fournir  aucun  secours.  Nugnez  Sanche, 
comte  de  Roussillon,  à  qui  le  roi  fit  part  du  dessein  de  son  expédition,  lui 
répondit,  le  29  d'avriP,  8c  lui  offrit  tous  ses  domaines  pour  faire  la  guerre 
aux  hérétiques. 

Les  préparatifs  de  Louis  jetèrent  une  si  grande  terreur  dans  l'esprit  de  la 
plupart  des  seigneurs  &  des  peuples  de  la  Province  que  plusieurs  jugèrent  à 
propos  de  prévenir  son  arrivée  &  de  lui  envoyer  faire  leurs  soumissions.  Le 
seigneur  de  Laurac,  château  qui  a  donné  son  nom  au  Lauragais,  fut  un  des 
premiers-''  avec  son  père  &  ses  frères.  Raimond  de  Roquefeuil^  se  rendit  à 
Narbonne  Si  promit  par  serment,  le  16  de  mars,  k  Pierre,  archevêque  de 
cette  ville,  en  présence  des  évêques  de  Nimes,  Maguelonne,  Agde,  Béziers  S< 
Elne,  des  abbés  de  La  Grasse  St  de  Fontfroide  Si  de  divers  ecclésiastiques, 
d'obéir  exactement  à  tous  les  ordres  du  cardinal  légat  S<.  du  roi,  tant  dans  les 
cliefs  pour  lesquels  il  avoit  été  excommunié  que  pour  avoir  donné  secours  à 
feu  Raimond,  comte  de  Toulouse,  k  Raimond,  son  fils,  à  Trencavel,  qu'on 

'  Voyez  tome  Vni,  Chartes,    n.    CLXX,  c.  833.            *  Gallin  Cliristiana,  nov.  éd.  t.  3,   c.  778  &  seq. 

'  Ib'uL  11.  CLXIV,  c.  823  &  suiv.  —  [Voyez   l'ncte   dans  Teiilet,  t.  2,  p.  81,  d'après 

'  liiJ.  n.  CLXV,  ce.  83?,  83 r.  l'original,  J.  327,  n.  4.  —  Ce  Raimond  de  Rotjue- 

*  Ihid.  n.  CLXVI,  ce.  83i,  832.  feiiille  était  du  diocèse  de  Niiiies   &  non  de  celui 

*  Ibid.  n.  CLXIII,  c.  819,  820.  tt  Léïiers.]   [A.  M.j 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.    LIV.  XXIV.  6oi 


An  1226 


appeloït  vicomte  de  Bé-^iers,  8t  aux  autres  qui  setoient  opposés  à  l'Église  St 
au  comte  de  Monttort.  Il  remit,  |)our  la  sûreté  de  ses  promesses,  entre  les 
mains  de  ce  prélat,  ses  châteaux  de  Roquefeuil,  Paules'  Se  Valeraugue,  dans 
le  diocèse  de  Nimes,  celui  de  Blanquetort,  dans  le  diocèse  de  Mende,  8<.  celui 
de  Caylus,  en  Rouergue,  avec  offre  de  payer  tous  les  frais  de  leur  garde  8c 
de  faire  prêter  serment  de  iidélité  au  roi  &  au  cardinal  légat  par  tous  ses. 
vassaux,  sous  peine  de  commise,  s'il  n'exécutoit  pas  ses  promesses^.  Bernard 
d'Alion,  seigneur  de  Son,  dans  le  Donazan,  promit  le  même  jour  à  l'abbé 
d'Ardourel  d'obéir  à  l'Eglise,  conformément  au  serment  qu'il  avoit  prêté 
d'être  fidèle  au  roi,  au  commencement  de  la  croisade,  entre  les  mains  de 
Simon  de  Montfort,  &i  dans  la  suite  entre  celles  d'Âmauri,  son  fils''. 

Le  14  avril  suivant,  Pons  de  Thésan,  Bérenger  de  Puiserguier,  Pons  8c 
Frotard  d'OIargues  frères,  Pierre-Pvaimond  de  Corneillan,  Guillaume-Pierre 
de  Vintron  Se  quelques  autres  chevaliers  du  pays  promirent  par  serment,  à 
Aspiran,  dans  le  diocèse  de  Béziers,  entre  les  mains  de  l'évêque  de  cette  ville, 
d'obéir  fidèlement  aux  ordres  du  légat  dans  les  articles  pour  lesquels  ils 
avoient  été  excommuniés,  8c  firent  un  serment  semblable  à  celui  de  Raimond 
de  Roquefeuil'*.  Quelques  jours  après,  Pierre  de  Villeneuve  fit  la  même  pro- 
messe à  Lignan ',  8c  les  liabitans  de  Béziers  prêtèrent  un  pareil  serment,  le 
29  d'avril,  entre  les  mains  de  leur  évêc[ue,  avec  offre  de  la  part  des  principaux 
de  se  rendre  en  otage  à  Narbonne  ou  dans  tel  autre  lieu  que  rarchevêc[ue 
élu  de  cette  ville  voudroit  leur  indiquer^.  Dans  le  Gévaudan,  Odilon  Guarin, 
seigneur  de  Châteauneuf,  Se  Guillaume  de  Meschin  écrivirent  au  roi,  le 
i5  d'avril,  qu'ils  possédoient  leurs  terres  en  fief  de  l'église  de  Mende  ou  de  t.']'Ji  °n''^3"j 
l'abbaye  de  Saint-Gilles;  mais  qu'ils  les  lui  oHroient  comme  à  leur  seigneur 
principal,  avec  promesse  de  recevoir  son  armée  chez  eux,  si  elle  passoit  dans 
le  Vêlai  8c  le  Gévaudan.  Ils  chargèrent  l'abbé  de  Saint-Gilles,  qui  étoit  alors 
à  la  Cour,  d'assurer  le  roi  de  leur  fidélité  8c  qu'ils  n'avoient  aucune  liaison 
avec  le  comte  Raimond.  Pierre-Bermond,  seigneur  de  Sauve,  neveu  de  ce 
comte,  se  rendit  lui-même  à  la  Cour  8c  fit  hommage  lige  au  roi,  au  mois  de 
mai  suivant,  pour  les  châteaux  de  Sauve  8c  d'Anduze,  pour  ce  qu'il  possédoit 
à  Alais'^,  Sec. 

X.  —  Le  pape  écrit  au  roi  d'Angleterre  pour  l'empêcher  de  secourir  le  comte 

de  Toulouse. 

Le  pape  Honoré  III  chargea  le  cardinal  de  Saint-Ange,  son  légat,  d'en- 
gager le  roi,  les  prélats  Se  les  grands  de  l'armée  à  n'avoir  en  vue,  dans  cette 

■  [Corrige:^  Pauses,  .h  P.'.ush.]  "=  Voyez  tome  VIII,   n .  CLXXIII,   ce.  84.!,   844. 

'  Mentionnons  encore  le  serment  de  Bertrand  de  '  Ajoutons-y  une  lettre  de  Gulllera  de  Cervaria, 

Gourdon,  de  mars  1226.  Te ul et,  t.  2,  p.  72.  [A.  M.]  qui  se  soumet  à  Louis  VIII  &  lui  offre  son  secours 

'  Voyez  tome  VIII,  Ch.irtei,  n.  CLXIII,  c.  820.  contre   les  hérétiques.    C'est  probablement  le  sei- 

^  IM.  ce.  820,   821.    [Teulet,    t.  2,    pp.  73,  74,  gneiir  de    Serviez   (Aude),  arrondissement  de  Car- 

n°'  1752-1757.]  cassonne;    car   il    charge   l'abbé    de   La   Grasse   de 

'  [Le  22  avril  |2;C;  ;  Teulet,  t.  :,  p.  tJ,  n.  \-j(i'j.\  porter  sa  lettre  au  roi.  Teulet,  t.  2,  p.  81.  [A.  M.] 


An  1  216 


602  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIV. 

expédition',  que  l'extirpation  de  l'hérésie,  St  à  ne  pas  envahir,  sous  le  pré- 
texte de  la  guerre,  les  domaines  que  les  princes  catholiques,  surtout  l'empe- 
reur, Si.  les  rois  d'Aragon  &  d'Angleterre  possédoient  en  France.  Il  écrivit, 
le  29  d'avril,  une  lettre  très-forte  à  ce  dernier,  qui  s'étoit  mis  en  armes  8c 
paroissoit  disposé  à  passer  la  mer,  tant  pour  reprendre  les  provinces  que  Louts 
lui  avoit  enlevées  que  pour  ne  pas  laisser  opprimer  le  comte  de  Toulouse, 
son  cousin  germain,  son  allié  &  son  vassal.  Il  lui  défend  dans  cette  lettre 
d'attaquer  le  roi,  tant  que  ce  prince  seroit  occupé  à  faire  la  guerre  aux  albi- 
geois, Se  de  donner  aucun  secours  à  Raimond.  «  Comme  il  est  plus  sage,  dit 
«  Honoré  au  roi  d'Angleterre,  de  prévenir  les  maux  que  d'y  chercher  du 
«  remède  lorsqu'ils  sont  arrivés,  si  vos  ambassadeurs  eussent  été  plus  attentifs 
«  à  ce  que  nous  leur  avons  dit  touchant  la  conclusion  de  la  trêve,  soit  main- 
«  tenant  avec  le  roi  de  France,  soit  autrefois  avec  le  feu  roi,  son  père,  vous 
«  ne  seriez  pas  dans  l'embarras  où  vous  vous  trouvez.  Enfin  nous  avons 
K  attendu  longtemps  les  ambassadeurs  qu'on  nous  destinoit  au  sujet  de  l'extir- 
«  pation  de  l'hérésie  du  pays  d'Albigeois,  afin  que  le  noble  homme  Rai- 
«  mond,  fils  du  feu  comte  de  Toulouse,  s'il  est  véritablement  catholique, 
«  comme  il  l'assure,  purgeât  ce  pays  de  l'erreur  qui  s'est  étendue  dans  le  voi- 
«  sinage  &  dans  les  provinces  éloignées;  mais  nous  n'avons  point  avancé, 
«  quoiqu'on  ait  travaillé  assez  longtemps.  C'est  pourquoi  le  concile  général 
K  ayant  statué  que  si  un  seigneur  temporel,  après  en  avoir  été  requis  par 
«  l'Église,  néglige  d'extirper  l'hérésie  de  ses  domaines,  il  soit  excommunié 
«  par  le  métropolitain  &  ses  comprovinciaux  ;  que  s'il  ne  satisfait  pas  dans 
«  l'année  le  souverain  pontife  délie  ses  sujets  de  leur  serment  de  fidélité,  8t 
«  que  ses  Etats  soient  abandonnés  au  premier  occupant  catholique  qui  s'en 
«  saisira,  lequel  les  possédera  sans  contradiction  Si  les  maintiendra  dans  la 
«  foi  orthodoxe;  nous  avons  été  contraint  d'envoyer  de  notre  cour  (^de  nostro 
«  latere)  Romain,  cardinal-diacre  de  Saint-Ange,  à  cause  que  cette  affaire 
«  appartient  spécialement  à  l'Eglise  romaine,  parce  qu'elle  est  maîtresse  de 
«  la  foi  dont  la  perte  est  moins  supportable  que  celle  de  toute  autre  chose.  De 
«  là  il  est  arrivé  que  le  roi  de  France,  animé,  comme  nous  le  croyons,  d'un 
«  véritable  zèle,  a  pris  la  croix  avec  presque  tous  les  prélats  &<.  les  barons  de 
«  son  royaume  pour  exterminer  les  hérétiques  du  pays;  &  parce  que  vos 
«  intérêts  nous  sont  très-chers,  nous  vous  exhortons  à  ne  donner  aucun 
«  secours  à  Raimond;  car,  outre  qu'il  est  excommunié  avec  ses  fauteurs,  vous 
«  rendriez  votre  foi  suspecte,  vous  seriez  enveloppé  dans  le  même  ana- 
«  thème,  Sic.  Ne  faites  pas  la  guerre  au  roi  de  France,  ni  par  vous,  ni  par 
«  votre  frère,  ni  par  quelque  autre,  tant  que  ce  prince  sera  occupé  à  l'affaire 
«  de  la  foi  &<,  employé  au  service  de  Jésus-Christ  pour  ne  pas  l'obliger  à  faire 
«  diversion,  Sic.  »  Le  pape  déclare  cependant  à  la  fin  de  sa  lettre  qu'il  ne 
prétend  pas  qu'il  soit  fait  aucun  préjudice,  à  l'occasion  de  cette  expédition, 
aux  droits  du  roi  d'Angleterre,  qui,  après  avoir  reçu  cette  lettre,  assembla 

'  Raynaldi,  année  1126,   n.   33  &  suiv.  [Lettre  du  27  avril  1226;  Pottliast,  n.  7J61.]  —  C/iren'ieen 
Turonense,  c,  1069. 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIV.  6o3  "T" 

An  I2UO 

son  conseil  '.  Ce  prince  souhaitoit  extrêmement  passer  la  mer  à  la  tête  de  son 

armée,  malgré  la  défense  du  pape;  mais  tous  les  avis  ayant  été  de  suspendre 

son  départ  &  d'attendre  l'événement  de  l'expédition  du  roi   Louis,  qu'on 

comptoit  ne  pouvoir  réussir,  sur  ce  qu'un  certain  astrologue  en  avoit  prédit,  1 

il  se  détermina  enfin  à  prendre  ce  parti,  en  sorte  que  Raimond  se  vit  privé  ; 

d'un  puissant  secours  ou  du  moins  d'une  diversion  favorable  &  abandonné  à  •' 

la  merci  de  ses  ennemis.  < 

'! 

I 

I 

XI.  —  Raimond  tâche  de  se  concilier  la  bienveillance  de  ses  alliés 

&-  de  ses  sujets.  —  Comtes  de  Comminges. 

\ 

Ce  comte,  prêt  à  se  voir  accabler,  prit  toutes  les  précautions  que  la  pru-  , 

dence   pouvoit  lui    suggérer  dans   une   occasion   si   périlleuse   :   il   tâcha  de      Kdongin.      j 
gagner  de  plus  en  plus  l'aftection  de  ses  peuples  &  de  ses  vassaux,  &  accorda^  '  • 

aux  habitans  de  Toulouse,  le  dimanche  lo  de  mai  de  l'an  1226,  la  confirma-  \ 

tion  de  leurs  privilèges,  avec  permission  d'étendre  les  limites  de  la  banlieue  \ 

de  cette  ville  jusqu'à  une  lieue  aux  environs.  Il  donna ^  en  fief,  huit  jours  I 

après,  à  Roger-Bernard,  comte  de  Foix,  Se  à  sa  postérité  le  château  de  Saint-  \ 

Félix,  dans  le  Toulousain,  avec  une  quinzaine  de  châteaux  ou  de  villages  ' 

([ui  en  dépendoient.  Il  fit,  quelques  jours  après,  un  voyage  à  Agen,  &  y 
confirma ■*  les  privilèges  des  consuls  &  des  habitans  de  cette  ville;  il  leur 
promit  solennellement,  le  22  de  mai,  de  les  défendre  en  personne,  si  le  roi  \ 

de  France  ou  la  croisade  ou  tout  autre  venoit  à  les  assiéger.  Ces  peuples,  de  j 

leur  côté,  lui  promirent  fidélité  &  secours  contre  le  roi  de  France,  contre  la  j 

croisade  8t  contre   tous,  8c  de  ne  faire  avec  eux  ni  paix   ni  trêve  sans  son  s 

consentement.   «  Que  si , Rajoutent-ils,  l'Église   ou   quelque  prélat  vouloit  \ 

«  nous  absoudre  des  obligations  que  nous  contractons  avec  le  comte,  notre  | 

«  seigneur,  nous  ne  nous  tiendrons  pas  pour  absous  :  nous  avons  juré  cet 
«  accord  sur  les  saints  évangiles,  S;c.  »  Les  officiers  ou  baillis  que  Raimond  ' 

avoit  commis  au  gouvernement  de  son  marquisat  de  Provence  obligèrent  ou  i 

hypothéc[uèrent  d'un  autre  côté',  au  nom  de  ce  prince,  le  i*'  de  juin,  aux  \ 

podestats  Si  habitans  d'Avignon,  le  château  de  Beaucaire,  ses  dépendances, 
le  château  de  Malaucène,  tout  le  Venaissin  8c  tous  les  autres  domaines  qu'il 
avoit  aux  environs  du  Rhône  pour  la  sûreté  des  sommes  qu'il  leur  devoit. 
Enfin  Raimond  se  réconcilia*^  avec  Raimond  de  Roffiac,  abbé  de  Moissac, 
qui  le  reconnut  pour  comte  de  Toulouse,  Se  qui  remit  à  la  fin  du  mois  d'août, 
aux  habitans  de  cette  ville,  tous  les  griefs  qu'il  avoit  contre  eux  pour  l'avoir 
livrée  à  ce  comte. 

Il  n'est  rien  dit  dans  cette  a'ffaire,  non  plus  que  dans  les  négociations  pré- 
^K       cédentes,  de  Bernard  V,  comte  de  Comminges,  parent  8c  allié  du  comte  de 

L 


■  Matthieu  Paris.  ■•  Voyez  tome  VIII,  n.  CLXVIII,  ce.  835,  836. 

'  Mss.  du  feu  abbé  de  Crozat.  [Lat.  9994-]  ''  Ihid.  n.  CLXIX,  ce.  837,  838. 

'  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  CLXVlI,cc.  832  '  Trésor  des  Charles j  Toulouse,  sac  n,  n.  41. 

à  834.  [J.  320  J  Teulet,  t.  2,  p.  89,  n.   1793.] 


■T 7~  604  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.   LIV.  XXIV. 

An  1:26  I 

Tovilouse,  qu'il  avoit  secouru  dans  toules  ses  autres  guerres.  Cela  pourroit 
faire  croire  qu'il  éloit  déjà  mort.  Quelques'  auteurs  prétendent,  en  eltet, 
qu'il  prit  l'habit  monastique,  sur  la  fin  de  ses  jours,  dans  l'abbaxe  de  Boul- 
bonne,  qu'il  y  mourut  S<.  qu'il  y  fut  inhumé  vers  l'an  1224.  Sa  mort  est 
rapportée  d'ailleurs,  dans  une  chronique^,  sous  l'an  1228.  Mais  :  1°  11  étoit 
encore  en  vie,  Se  dans  le  siècle-',  au  mois  de  mai  de  l'an  1224,  lorsque  Ber- 
nard, son  fils,  épousa  Cécile  de  Foix.  2°  On  assure"*  qu'il  fit  une  donation 
à  l'abbaye  de  Feuillans,  au  mois  de  septembre  de  l'an  1224.  Il  vivoit  donc 
dans  le  temps  du  dernier  concile  de  Montpellier.  Quant  à  l'époque  de  sa 
mort,  nous  la  trouvons  expressément  marquée  '  dans  un  ancien  auteur,  où  il 
est  dit  qu'il  mourut  au  mois  de  février  de  l'an  12  25  (c'est-à-dire  de  l'an  1226, 
suivant  le  style  moderne),  Sv  qu'il  fut  inhumé  à  Montsavez,  sans  faire  men- 
tion de  sa  profession  monastique,  témoignage  qui  la  rend  tort  douteuse. 
Quoi  qu'il  en  soit,  Bernard  V,  comte  de  Comminges,  laissa  plusieurs  enfans 
de  ses  trois  femmes  dont  on  a  parlé  ailleurs.  11  eut  de  Comtors  de  la  Bartlie, 
la  seconde,  Bernard  (jui  lui  succéda  dans  le  comté  de  Comminges  &  qui  fut 
le  sixième  de  son  nom.  On  lui  en  donne  une  quatrième,  nommée^  Béatrix, 
dont  on  prétend  qu'il  eut  Arnaud-Roger,  qui  tut  d'abord  religieux  de  Cîteaux, 
dans  l'abbaye  de  Bonnefond,  &  ensuite  évêque  de  Comminges.  Du  reste,  ce 
comte  fît  des  biens  considérables  à  l'abbaye  de  Feuillans,  située  dans  ses 
domaines,  8c  donna  en  diverses  occasions  des  marques  de  sa  valeur  durant  la 
guerre  des  albigeois.  Nous  en  avons  de  sa  piété  dans  la  donation  qu'il  fit,  au 
mois  de  février  de  l'an  1197^,  aux  abbayes  de  Notre-Dame  de  Gojon  S<  de 
Notre-Dame  de  l'Oraison-Dieu,  de  filles  de  l'ordre  de  Cîteaux,  dans  le  dio- 
cèse de  Toulouse,  de  quelques  domaines  situés  à  Muret.  Le  dernier  monas- 
tère, cjui  avoit  donné  l'origine  à  l'autre,  fut  uni  en  1440  à  celui  d'Eaunes, 
8c  désuni  en  i6i5.  11  fut  alors  transféré  à  Muret,  où  il  subsiste  encore  aujour- 
d'hui. 

XII.  —  Le  roi  Louis  se  met  en  marche. 

Le  roi  s'étant  enfin  rendu  à^  Bourges  au  temps  marqué,  y  assembla  son 
armée  8c  se  mit  en  marche;  il  traversa  le  Nivernois  8c  arriva  à  Lyon  à  la 
fête  de  l'Ascension,  qui  tomboit  le  28  de  mai.  On  assure  que  son  armée  étoit 
composée  de  cinquante  mille  hommes  de  cheval,  tant  chevaliers  qu'écuvers, 
i.m,°r!''.f'k  ^  '^'""  P'"^  grand  nombre  de  fantassins.  Le  légat,  les  prélats  8c  les  barons, 
qui  avoient  pris  la  croix  avec  lui  à  l'assemblée  de  Paris,  8c  dont  on  a  rapporté 

'  Histoire  généalogique  des  gmiiis  officiers,  t.  ;,  '  Hist.  g''néalogijur,  ut  supra. 

p.  63i.  '  Catel,   Histoire   des   comtes  de   Tolose,  preuves, 

'  Chronicoii    aiionymuni,    ap.    Catel,  Histoire    des  p.   127. 

comtes  Je  Tolose,  pr.  p.  16  1 .  [Voyez  tome  V,  c.  52,  "  Histoire  généalcgiijue,  ut  supra, 

Chronicon  S.  Saturnini.]  '  Dom  Estiennot,  Frsg.  mss.  t.  12.  [Lat.  12774.] 

^  Voyez  tome  VIII,  Chartes,   11.  GL\  I,  ce.  7J7,  '  Gesta    Ludovici    VllI.    —  Voyez    tome   VIII, 

758.  Ch.irtes,  ce.  83y,  840. 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIV.  Co5 

les  noms,  s'y  trouvèrent  tous  avec  Amauri  &  Gui  de  Montfort,  qui,  soutenus 
du  légat,  ctoient  les  principaux  moteurs  de  cette  expédition. 

Le  roi  fit  ensuite  einbar((uer'  les  gros  bagages,  les  vivres  8c  l'artillerie  sur 
le  Rhume  &  continua  sa  marche  le  long  de  ce  fleuve.  Il  n'étoit  pas  encore 
arrivé  sur  les  confins  des  Etats  du  comte  Raimond  lorsque  les  consuls  8<  les 
habitans  de  diverses  villes  de  la  domination  de  ce  prince,  frappés  d'une  ter- 
reur extrême  à  l'approche  d'une  armée  si  formidable,  s'empressèrent  d'aller  à 
sa  rencontre  pour  lui  faire  leurs  soumissions,  lui  présenter  les  clefs  de  leurs 
villes  Se  lui  donner  des  otages. 

XIII.  —  Les  villes  de  Nimes,  Puylauréns,  Castres,  (S-c,  î/  divers  seigneurs 
de  la  Province  se  soumettent  au  roi. 

Les  habitans  de  la  ville  de  Nimes  &  du  château  des  Arènes,  résolus  de 
prévenir  l'arrivée  de  Louis,  firent-  serment,  le  5  de  juin,  entre  les  mains 
d'Arnaud,  leur  évêque,  qui  le  reçut  au  nom  de  l'Eglise  romaine  8<.  du  car- 
dinal légat,  de  satisfaire  sur  tous  les  chefs  pour  lesquels  ils  avoient  été  excom- 
muniés &  d'obéir  à  toutes  les  volontés  du  roi,  sans  aucune  condition  ni 
réserve,  8c  ils  livrèrent  à  ce  prélat  la  ville  Se  le  château  pour  en  disposer  sui- 
vant les  ordres  du  roi,  à  la  miséricorde  duquel  ils  se  remirent  absolument, 
dans  la  confiance  que  ce  prince  les  maintiendroit  en  paix  sous  son  autorité 
immédiate.  C'est  ainsi  que  la  ville  de  Nimes  8c  son  diocèse  furent  réunis  à 
la  couronne,  Se  ils  n'ont  point  cessé  depuis  de  dépendre  du  domaine  immé- 
diat de  nos  rois.  Le  roi  reçut  cette  soumission  avec  bonté,  mais  il  ordonna  ' 
quelques  jours  après  aux  chevaliers  qui  avoient  leurs  habitations  dans  le 
château  des  Arènes,  d'en  sortir  8c  d'aller  demeurer  ailleurs  jusqu'à  ce  qu'il 
eût  terminé  l'altaire  d'Avignon, /«///' /^wr  Jro/f.  Il  envoya  en  même  temps 
un  détachement  de  ses  troupes  pour  prendre  possession  de  ce  château  en  son 
nom.  Les  chevaliers  des  Arènes  ayant  obéi,  Louis  les  remercia  8c  les  con- 
serva dans  la  possession  de  leurs  biens,  avec  ordre  à  révê([ue  de  Nimes  Se  à 
Guillaume  de  Bène,  son  bailli,  de  leur  fournir  des  maisons  dans  la  ville. 

D'un  autre  côté  les  habitans  de  Puylaurens,  dans  le  Toulousain,  ayant 
Sicard,  leur  seigneur,  à  leur  tête,  écrivirent ■*  au  roi,  le  8  de  juin,  pour  lui 
donner  de  pareilles  marques  de  soumission.  Les  consuls  8c  les  habitans  de 
Castres,  en  Albigeois,  tant  chevaliers  que  bourgeois,  en  firent  '  autant  quatre 
jours  après,  8c  déclarèrent  par  un  acte  dont  ils  chargèrent  les  députés  qu'ils 
envoyèrent  à  ce  prince,  qu'ils  s'étoient  rendus  aux  exhortations  de  Pierre, 
archevêque  de  Narbonne,  de  Guillaume,  évêque  d'Albi,  8c  de  Guillaume, 
abbé  de  Castres}  qu'ils  avoient  juré  d'obéir  aux  ordres  du  légat,  dans  toutes 

'Matthieu    Paris.  —   Geita    Ludovici    f'III.    —  '  Archives  de  1  h5tel  Je  ville  de  Niines.  [Méiiard, 

Guillaume    de    Puylaurens,    c.   3">.    —    Philippe  t.   i,  p.  29"),  &  Preuves,  pp.  qS  &  suiv.] 

Mouskes,    C   168   V»   &  suiv.    [Édit.    Reiffenberg,  ^  Voyez  tome  VIII,  n.  CLXXIV,  ce.  849  à  8',i. 

t.  2,  pp.  488,  490  &  494.]  '  Martèiie,  Thésaurus  anecdotorum,   t.   1 ,  c.  940 

'Voyez  ^ome^'III,  n.  CLXXIII,  c.  841   &  suiv.  &  5  ,iv. 


An  1226 


-;;         ~   606  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIV. 

An  1220 

les  choses  pour  lesquelles  ils  avoient  été  excommuniés;  cju'ils  avoient  livré 
les  clets  de  leur  ville  St  du  château  au  même  abbé,  qui  les  avoit  reçues  au 
nom  du  roi  8c  qu'ils  avoient  cédé  à  ce  prince  tous  les  droits  que  le  vicomte 
de  Béziers  y  avoit  auparavant,  le  suppliant  d'envoyer  un  viguier  pour  en 
prendre  possession.  Isarn  de  Saint-Paul  81  Sicard  de  Puylaurens,  seigneurs 
de  Saint-Paul  sur  i'Agout,  dans  le  Toulousain',  écrivirent  au  roi,  le  14  du 
même  mois,  avec  les  consuls  Si  tous  les  chevaliers  du  lieu  pour  lui  apprendre 
qu'ils  lui  avoient  prêté  serment  de  fidélité  entre  les  mains  de  l'abbé  de 
Castres,  leur  seigneur,  81  qu'ils  lui  envoyoient  des  députés  pour  le  lui  porter^. 

XIV.  —  Le  roi  arrive  à  Avignon  dont  il  entreprend  le  siège.  —  Le  légat 
excommunie  de  nouveau  le  comte  de  Toulouse. 

Les  habitans  de  la  ville  d'Avignon,  aux  approches^  de  Louis,  lui  dépu- 
tèrent de  nouveau  leur  podestat  81  quelques-uns  des  plus  notables  de  la  ville, 
qui  le  rencontrèrent  à  Montélimar.  Ils  lui  renouvelèrent  les  promesses  qu'ils 
lui  avoient  déjà  faites  à  Valence  par  leurs  autres  députés  de  donner  passage 
à  l'armée  sur  leur  pont,  81  ils  demandèrent  leur  absolution  au  cardinal  de 
Saint-Ange.  Ce  légat  la  leur  promit  après  avoir  reçu  leur  serment  par  lequel 
ils  s'engageoient  d'obéir  à  tous  les  ordres  de  l'Eglise,  de  remettre  toutes  leurs 
forteresses,  de  laisser  passer  l'armée  au  milieu  de  la  ville  &  de  donner  des 
otages  pour  la  sûreté  de  ces  promesses.  E^nfin  le  roi  étant  arrivé  au  voisinage 
d'Avignon,  la  veille  de  la  Pentecôte  6  de  juin,  le  cardinal  légat  lança  publi- 
quement une  nouvelle  excommunication  contre  le  comte  de  Toulouse  81  ses 
associés  81  jeta  un  nouvel  interdit  sur  toutes  ses  terres.  Le  lendemain,  jour 
de  la  Pentecôte,  le  roi  posa  son  camp  devant  Avignon. 

Les  Avignonois  avoient  fait  construire  un  pont  de  bois  sur  le  Rhône  au 
Éd.  orighi      dehors  de  la  ville  :  le  lendemain  trois  mille  hommes  de  l'armée  défilèrent  sur 

1.  111,  p.  J?5. 

ce  pont  sous  la  conduite  du  comte  de  Blois.  Le  roi  8c  le  légat  déclarèrent 
alors  aux  Avignonois  que  leur  intention  étoit  de  traverser  la  ville  avec  le 
reste  de  l'armée  8c  de  passer  sur  le  pont  de  pierre  qui  y  aboutissoit.  Ces  peu- 
ples, craignant  que  le  roi  ne  prît  occasion  de  ce  passage  pour  s'emparer  de 
leur  ville  8c  qu'il  ne  les  punît  de  leur  ancien  attachement  au  comte  de  Tou- 
louse, leur  seigneur,  refusèrent  fièrement  le  passage,  firent  fermer  leurs 
portes  8c  offrirent  seulement  au  roi  de  lui  permettre  de  passer  avec  quelques 
personnes  de  sa  suite.  Ils  donnèrent  cependant  cinquante  otages  8c  livrèrent 
ime  partie  de  leurs  châteaux.  Le  roi  Se  le  légat,  prétendant  qu'ils  leur  avoient 
promis  le  passage  libre,  demandèrent  l'exécution  de  cette  promesse,  8c  le  roi, 
pour  dissiper  leurs  craintes,  leur  donna  des  lettres  de  sauvegarde,  tant  pour 

'Voyez  tome  Vin,  n.  CLXXIV,  ce.  849  à  8ôi.  '  Guillaume   de   Puylnurens,   c.   34   &  suit.  — 

'  [La  ville  de  Saint-Pons   prêta   plus    tard  ser-  Gesti  LudoviciVIll .  —  Matthieu  Paris,  an.   1226. 

ment  de  fidélité,  le  27  février  1227,  à  la  demande  —   Philippe    Mouskes.     [Édit.    Reiffenberg,   t.  2, 

de  son  abbé,  auquel  le  roi  avait  écrit  à  ce  sujet.  '■ —  pp.  494  à  4^)8.] 

Voyez  tome  VIII,  c.  862. | 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIV.  607 

leurs  personnes  que  pour  leurs  biens  8c  leurs  murailles.  Ces  peuples  persis- 
tèrent néanmoins  dans  leur  résolution,  refusèrent  de  livrer  les  vivres  que  les 
croisés  avoient  déjà  tait  acheter  dans  Avignon,  attaquèrent  &  tuèrent  quelques 
François,  8<.  empêchèrent  la  communication  de  l'armée  en  faisant  rompre  le 
pont  de  bois  qui  étoit  sur  le  Rhône'.  Le  légat  tenta  de  les  ramener;  mais 
n'avant  pu  les  fléchir,  il  donna  un  décret,  de  l'avis  des  évêques  &  des  autres 
prélats  de  l'armée,  le  9  de  juin,  par  lequel  il  enjoignit  au  roi  Jk  aux  croisés, 
en  vertu  de  leur  vœu,  de  purger  la  ville  d'Avignon  d'hérésie  &  de  tirer  ven- 
geance de  cette  injure;  sauf  le  droit  des  églises,  de  l'empereur  &  des  autres 
catholiques. 

Le  roi,  indigné  à  son  tour  d'un  tel  procédé,  fit  la  circonvallation  d'Avi- 
gnon, le  10  de  juin.  Se  l'attaqua  dans  les  formes  par  trois  endroits  différens. 
Les  habitans,  qui  se  prétendoient  vassaux  de  l'empire,  se  mirent  en  état  de 
défense,  S(.  comme  la  place  étoit  très-forte  &  abondamment  pourvue  de  toute 
sorte  de  munitions,  ils  soutinrent  le  siège  avec  tant  de  fermeté  qu'il  dura 
beaucoup  plus  longtemps  que  le  roi  ne  l'avoit  cru.  Cependant  les  prélats  8c 
les  barons  de  l'armée,  de  crainte  que  l'empereur  ne  se  formalisât  de  cette 
entreprise,  lui  écrivirent*  pour  lui  exposer  les  raisons  qui  les  avoient  engagés 
à  assiéger  les  Avignonois,  qu'ils  regardaient  comme  des  hérétiques,  des  rece- 
leurs (/  des  fauteurs  des  hérétiques.  Le  roi  8c  le  légat  écrivirent  aussi  à  ce 
prince  pour  faire  leur  apologie.  Ils  déclarent  tous  qu'ils  ne  faisoient  ce  siège 
qu'en  qualité  de  pèlerins,  pour  l'amour  de  Dieu  8;  pour  le  soutien  de  la  foi 
auquel  tout  catholique  est  tenu;  sans  préjudice,  ajoutent-ils,  en  tout  8c 
partout  de  votre  droit,  contre  letiuel  le  roi  n'a  garde  de  vouloir  rien  entre- 
prendre. Le  roi  chargea^  de  cette  lettre  les  évêques  de  Beauvais  8c  de  Cam- 
brai &c  l'abbé  de  Saint-Denis,  qu'il  envoya  en  ambassade  à  l'empereur  pour 
le  prévenir. 

XV.  —  Carcassonne,  Àlbi  (y  une  grande  partie  de  la  Province  envoient  faire 
leurs  soumissions  au  roi.  —  Benoît,  abbé  de  La  Grasse. 

Louis,  de  concert  avec  le  cardinal  légat,  donna  cependant  commission  à 
Pierre  Amelii,  archevêque  de  Narbonne,  de  parcourir  la  Province  pour 
engager  les  peuples  à  se  soumettre  à  son  obéissance  8c  aux  ordres  de  l'Église. 
Ce  prélat  s'employa  avec  succès  à  cette  commission  8c  persuada  à  la  plupart 
des  seigneurs  8c  des  villes  depuis  le  Rhône  jusqu'aux  environs  de  Toulouse, 

■  La    version    que    dom   Vaissete  vient   de    nous  Louis  VIII    furent  mnl    observés    par  son    avant- 

rapporter  est  celle  des   barons  français   dans    leur  g^^de    8c    la    ville    menacée    de  pillage;   peut-être 

lettre  à   l'empereur.  (Voyez    tome  VIII,   ce.    840  à  aussi  les  Avignonais   redoutaient-ils  quelque  coup 

842.)  Elle    semble   assez   exacte    pour    les    détails,  de   main,    une   occupation    hardie,  qui,   une   fois 

mais  elle  a  omis  probablement  un  ou  deux   faits  accomplie,  aurait  été  définitive.    [A.  M.] 
essentiels.  Pour  rompre  un   traité   aussi    solennel,  '  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  CLXXI,  ce.  840 

quelque  légers  qu'on  puisse  les  supposer,    il  fallut  à  842. 

que  les  Avignonnais  eussent  des   raisons  suffisan-  ^  Philippe   Mouskes.    [Edit.    Reiflfenberg,    f.    2, 

tes;    probablement    que    les    ordres    donnés    par  pp.  :)\i  à  514.] 


An  1226 


1. 111 


p- 


—    Co8  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIV, 

An  I21Û 

de  se  lier  par  serment  envers  le  roi  &  l'Église,  &  d'envoyer  des  députés  à  Avi- 
gnon pour  donner  à  ce  prince  &  au  légat  des  marques  de  leur  soumission. 
Entre  ces  villes,  celle  de  Carcassonne  fut  une  des  premières.  Ses  habitans 
chargèrent  leurs  députés  d'une  lettre  '  qu'ils  envoyèrent  au  roi,  le  i6  de  juin, 
dans  laquelle  ils  lui  mandent  qu'ils  s'étoient  rendus  aux  exhortations  de 
labbé  de  la  Grasse,  qui  les  avoit  pressés  de  lui  témoigner  la  fidélité  qu'ils 
lui  dévoient  &  de  rentrer  dans  l'unité  de  l'Eglise,  malgré  les  sollicitations  du 
comte  de  Foix,  qui  étoit  dans  le  château  avec  une  nombreuse  garnison  8c 
qui  les  animoit  par  sa  présence  à  se  défendre  en  cas  d'attaque.  Ils  envoyèrent 
en  même  temps  au  roi,  avec  les  clefs  de  leur  ville,  une  copie  du  serment 
qu'ils  avoient  prêté  à  cet  abbé,  suivant  lequel  ils  promettoient  de  lui  livrer 
leur  ville  8c  le  château  à  la  première  réquisition  qu'il  en  feroit,  pour  les 
recevoirau  nom  de  ce  prince  Se  du  cardinal  légat.  Les  habitans^  d'Albi  firent 
une  semblable  députation  au  camp  d'Avignon,  8c  le  roi  leur  écrivit  qu'il  les 
prenoit  sous  sa  protection  8c  qu'il  leur  envoyoit  leur  évêque,  deux  ecclésias- 
tiques Se  Pierre  Mir,  chevalier,  pour  recevoir  leur  serment  de  fidélité. 
Éd.oiipn.  Divers  princes  8c  seigneurs  allèrent  trouver  Louis  VIII  au  siège  d'Avignon, 
soit  pour  l'aider  dans  cette  expédition,  soit  pour  se  soumettre  à  ses  ordres. 
De  ce  nombre  fut  Raimond-Bérenger^,  comte  L-  marquis  de  Provence,  comte 
de  Forcalquier,  qui  lui  fit  serment  «  de  l'aider,  lui  8c  les  siens,  suivant  son 
«  pouvoir,  dans  la  portion  de  la  Provence  située  aux  environs  du  Rhône, 
«  contre  Raimond,  dit  comte  de  Toulouse,  Se  ses  fauteurs,  avec  promesse  de 
«  garder  Se  de  faire  garder  tout  le  pays  que  le  roi  possédera  au  voisinage  de 
«  ce  fleuve,  sauf  son  honneur  8c  la  fidélité  Se  le  respect  qu'il  devoit  à  l'em- 
«  pereur.  »  Louis  promit  de  son  côté  à  Raimond-Bérenger  de  ne  faire  ni 
paix  ni  trêve  avec  Raimond,  fds  de  Raimond,  autrejbis  comte  de  Toulouse, 
sans  qu'il  y  fût  compris.  Gui,  seigneur  de  Tournon'*  sur  le  Rhône,  Rostaing 
de  Sabran,  seigneur  de  Bagnols,  au  diocèse  d'Uzès,  Se  Raimond-Gaucelin, 
seigneur  de  Lunel,  s'étant  rendus  au  camp  d'Avignon,  firent  hommage  lige 
au  roi,  au  mois  de  juin,  de  tous  leurs  domaines;  Se  Bernard  Pelet,  cosei- 
gneur  d'Alais,  ne  pouvant  à  cause  de  ses  infirmités  faire  le  voyage,  envova 
Bernard,  son  fils,  qui  fit  le  même  hommage.  Enfin  Héracle,  seigneur  de 
Montlaur^,  dans  le  Vivarais,  rendit  alors  hommage  à  Louis  VIII  pour  les 
châteaux  d'Aubenas,  de  Saint-Laurent  Se  de  Wissel,  qu'il  tenoit  auparavant 
du  comte  de  Toulouse.  Le  roi,  après^»  avoir  reçu  ces  soumissions,  détacha 
divers  corps  de  troupes,  par  l'avis  de  son  conseil,  pour  prendre  possession  en 
son  nom  de  toutes  les  places  qui  lui  avoient  envoyé  des  députés,  entre  autres 
de  Saint-Gilles,  Marseille,  Beaucaire,  Narbonne,  Termes,  Carcassonne, 
Arles,  Tarascon  Se  Orange'. 

■  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  CLXXIII,  ce.  846  '  Biilu^e,  Hhloire   d'Auvergne,   t.  2,   p.  87. 

s  848.  —  Guillaume  de  Puylaurens,  c.  3">.  '  Philippe  Mouskes,  f"   17")  &  suiv.  [Édit.  Reif- 

'  Voyez  tome  V'III,  Chartes,  n.  CLXXIII,  c.  84').  fenberg,  t.  2,  pp.  âiîz,  .i.'ii. 

'  Ihid.  n.  CLXXII,  ce.  842,  84!!.  '  P.ir  une  charte  donnée  aii  mois  de  juin,  pen- 

^  Ih'id.  n.  CLXXIV,  c.  8.">2  &  suiv.  dant   le  siège  d'Avignon,  Louis  VIII   prit  sous  sa 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIV.  609 

Nous  avons  des  lettres'  de  ce  prince,  datées  du  siège  d'Avignon,  au  mois 
de  juillet  de  l'an  1226,  suivant  lescjualles,  reconnoissant  que  l'abbaye  de  La 
Grasse  avoit  été  fondée  Si  dotée  par  les  rois,  ses  prédécesseurs,  Se  voulant 
récompenser  les  soins  que  Benoît,  qui  en  étoit  abbé,  s'étoit  donnés  pour  lui 
soumettre  les  villes  de  Carcassonne  &  de  Béziers,  &.  quelques  châteaux  du 
pays,  il  restitue  à  ce  monastère  tous  les  fiefs  qui  en  dépendoient  Si  qu'Amauri, 
comte  de  Montfort  L-  autrejbis  vicomte  de  Béi^iers  &  de  Carcassonne,  &  ses 
chevaliers  avoient  possédés;  il  lui  donne  le  droit  de  confiscation  pour  crime 
d'hérésie  dans  tous  les  domaines  Si  fiefs  de  l'abbaye  Si  plusieurs  autres  pri- 
vilèges. Benoît^,  abbé  de  La  Grasse,  étoit  de  la  maison  d'Alignan^,  au  diocèse 
de  Béziers;  il  succéda,  en  1249,  à  Pierre  de  Montlaur,  dans  l'évêché  de  Mar- 
seille, qu'il  posséda  jusqu'après  l'an  i263.  Pendant  son  épiscopat,  il  fit  deux 
fois  le  voyage  de  la  Terre-Sainte  81  composa  un  commentaire  sur  le  titre 
des  décrétales  de  la  sainte  Trinité  81  de  la  foi  catholique  pour  réfuter  les 
erreurs  de  son  temps.  Il  dédia  "*  cet  ouvrage  au  pape  Alexandre  IV.  Si  mourut 
en  1268,  après  avoir  embrassé  peu  de  temps  auparavant  l'institut  des  frères 
mineurs. 

XVL  —  Le  comte  de  Comminges  fait  sa  paix. 

Le  comte  Raimond  se  vit  aussi  abandonné  de  Bernard  VI,  comte  de  Com- 
minges, l'un  de  ses  principaux  alliés,  qui,  s'étant ''  rendu  au  camp  d'Avignon, 
au  mois  d'août  suivant,  fit  la  paix  avec  le  roi  Si  le  légat,  81  déclara,  par  un 
acte  scellé  de  son  sceau,  qu'il  se  soumettoit  entièrement  à  la  volonté  de  ce 
prince,  auquel  il  fit  hommage  lige,  devant  le  légat,  de  tous  les  domaines 
qu'il  voudroit  bien  lui  laisser  de  sa  pure  volonté,  avec  promesse  de  l'aider 
contre  les  ennemis  de  l'Eglise  Si  les  siens,  81  surtout  contre  le  comte  Rai- 
mond. Roger-Bernard,  comte  de  Foix,  vint  aussi  vers  le  même  temps  faire 
au  roi  des  propositions  de  paix;  Si  un  ancien  historien  "^  assure  qu'il  remit 
son  fils  en  otage  à  ce  prince  Si  qu'il  demeura  au  camp  jusqu'à  la  fin  du 
siège;  mais  le  roi  ne  jugea  pas  à  propos  de  lui  accorder  les  articles  de  ses 
demandes,  en  sorte  qu'il  se  retira  sans  avoir  rien  conclu. 

protection    les    habitants    de    Montpellier,    leurs  '  Histoire   manuscrite  Je  Vahiaye   de  La  Grasse, 

biens  &  leurs  marchandises,  en   leur  concédant  le  —  Gallia  Christiana,  nov.  éd.  t.   i,  p.  65  &  scq. 

droit   de  commercer   librement  dans   le   royaume,  '  [Aujourd'hui  Lignan,  Hérault,  arrondissement 

en  payant  les  droits  de  leudes  &  de   péages.  Cette  &  canton  de  Béziers.] 

charte    fut    accordée    par   lui    à    R.    Lambert   &   à  '  Bahize,  Miscellanea,  t.  5,  p.  349. 

R.  Loup,  consuls  de  Montpellier,  &  à  R.  de  Con-  '  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  CLXXIV,  ce  STi? , 

ques  &  R.  de  Sauret,  notables   de    la   même  ville,  853.  —  Philippe  Mouskes,  f"  lyS  v"  &  seq.  [Édit. 

qui   étaient  vraisemblablement    allés    lui    en    de-  Reiffenberg,  t.  2,  p.  532.]  —  Guillaume  de  Puy- 

mander    l'octroi.    Voyez    Germain,    Commerce    Je  laurens,  c.  35. 

Montpellier,  t.  1 ,  p.  189.   [A.  M.]  ^  Philippe    Mouskes.    [Édit.    Reiffenberg,   t.   2, 

'  Voyez  tome  VIH,  Chartes,  n.  CLXXX,  ce.  855  p.  532.] 
&857. 


VI.  39 


An  I  226 


"■; ~   6io  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIV. 

An  iziù 

^  XVII.  —  Suite  du  siège  d' Avignon,  cette  ville  est  enfin  obligée  de  se  rendre. 

Le  comte  de  Toulouse,  capitaine  expérimenté,  se  voyant  hors  d'état  de 
tenir  la  campagne  8<.  de  résister  en  face  aux  François,  avoit  pris  toutes  les 
mesures  possibles  pour  tâcher  du  moins  de  leur  nuire  &  de  les  faire  périr  par 
la  faim.  Avant  leur  arrivée  '  à  Avignon,  il  avoit  fait  transporter  au  loin  tous 
les  vivres  qui  se  trouvoient  dans  le  pays,  avec  les  femmes,  les  vieillards,  les 
enfans,  les  troupeaux,  Sec,  Si  les  avoit  fait  mettre  en  lieu  de  sûreté.  De  plus 
il  avoit  fait  labourer  tous  les  prés  afin  que  les  chevaux  de  l'armée  françoise 
ne  trouvassent  pas  de  quoi  subsister.  Louis  avoit  eu,  à  la  vérité,  la  précaution 
de  faire  voiturer  par  le  Rhône  une  grande  quantité  de  vivres  &  de  fourrages; 
t.%°p*'35'8  ^"^^^^  son  armée  les  ayant  entièrement  consumés,  il  étoit  obligé  de  faire  de 
fréquens  détachemens  pour  chercher  c'a  quoi  subsister,  8c  le  comte  de  Tou- 
louse, qui  se  tenoit  aux  environs  d'Avignon,  ne  manquoit  pas  avec  sa  petite 
troupe  de  leur  dresser  des  embûches  S<.  d'en  tuer  un  grand  nombre.  Enfin  la 
famine  s'étant  mise  dans  le  camp,  y  causa  de  furieux  ravages,  tandis  que 
les  flèches  h.  les  pierres  des  assiégés  faisoient  périr  bien  du  monde  :  l'infec- 
tion causée  par  les  cadavres  des  hommes  &  des  chevaux,  qui  demeuroient 
sans  être  enterrés,  augmentèrent  le  mal  par  la  grande  quantité  de  grosses 
mouches  noires  engendrées  par  cette  corruption  qui,  s'insinuant  dans  les 
tentes  &  se  mêlant  avec  les  alimens  &  la  boisson,  quelque  précaution  qu'on 
prît  pour  les  écarter,  causoient  la  mort  à  plusieurs.  L'historien^  contempo- 
rain qui  rapporte  ces  faits  ajoute  que  le  roi  &  le  légat,  impatiens  de  mettre 
fin  à  une  expédition  si  longue  Si  si  funeste,  résolurent  de  donner  l'assaut; 
qu'ils  firent  avancer  toutes  les  troupes,  lesquelles  s'étant  rendues  en  foule  sur 
le  pont  d'Avignon,  ce  pont  vint  malheureusement  k  crouler;  qu'environ  trois 
mille  hommes  tombèrent  dans  le  Rhône  8<.  y  furent  submergés  presque  tous; 
que  les  Avignonois  firent  alors  une  sortie  sur  les  assiégeans;  qu'ils  les  sur- 
prirent tandis  qu'ils  dînoient;  qu'ils  leur  tuèrent  deux  mille  hommes  Si 
que,  pour  les  éloigner  davantage,  ils  élevèrent  un  retranchement  au  delà  du 
fossé;  mais  nous  avons  lieu  de  douter  de  la  plupart  de  ces  circonstances  avan- 
cées par  un  auteur  étranger  ennemi  de  la  France. 

Une  des  raisons  qui  contribuèrent  le  plus  à  la  longueur  du  siège  d'Avi- 
gnon fut,  à  ce  qu'on  ^  assure,  l'intelligence  que  plusieurs  des  principaux  de 
l'armée  entretenoient  avec  les  assiégés  &  le  comte  de  Toulouse,  qu'ils  tavori- 
soient  secrètement,  soit  par  un  sentiment  de  compassion  pour  ce  prince,  qu'ils 
voyoient  attaqué  sans  aucune  cause  légitime,  soit  par  divers  sujets  de  mécon- 
tentement qu'ils  avoient  reçus  du  roi,  soit  enfin  pour  d'autres  raisons.  On 
met  de  ce  nombre  Thibaud,  comte  de  Champagne,  Pierre  Mauclerc,  comte 
ou  duc  de  Bretagne,  8c  Hugues  de  Lézignem,  comte  de  la  Marche  8c  d'An- 

'  Matthieu  Paris,  an.   1226.  —  Philippe  Mous-  '  Matthieu  Paris.  —  Chronicon  Turonense,  apiiJ 

kes.  [Édit.  ut  supra.^  Martène,    Col.  amplis,    t.  5,   c.  1069.  —  Philippe 

'  Matthieu  Paris.  Mouskes.  [Hdit.  Reiffenberg,  t.  2,  pp.  5i5  &  5if>.| 


HISTOIRE  GÉNER.ALE  DE  LANGUEDOC.    LIV,  XXIV,  611 

goulème,  qui  s'étoient  déjà  ligués'.  Le  premier  ditïéra-  le  plus  qu'il  put  sa 
marche  81  n'arriva  au  camp  qu'après  le  commencement  du  siège,  &  dès  qu'il 
eut  achevé  son  service  de  quarante  jours,  suivant  la  coutume  de  France,  il 
demanda  au  roi  la  permission  de  se  retirer.  Le  roi  la  lui  refusa,  &  le  comte 
ayant  répliqué  qu'il  n'étoit  pas  tenu  à  un  plus  long  service,  il  partit  malgré 
ses  ordres-^. 

Le  roi,  ayant  résolu  cependant  de  ne  pas  quitter  le  siège  d'Avignon  jusqu'à 
ce  qu'il  se  fût  rendu  maître  de  la  place,  fit  redoubler  les  attaques  &  obligea 
enfin  les  assiégés  à  demander  à  capituler,  lis  donnèrent  deux,  cents  ou,  selon 
d'autres"*,  trois  cents  des  plus  notables  d'entre  eux  en  otage,  8<.  ayant  juré, 
le  12  de^  septembre  de  l'an  1226,  d'obéir  fidèlement  aux  ordres  de  l'Église,  ils 
se  rendirent  à  la  discrétion  du  légat,  après  avoir  soutenu  un  siège  de  trois 
mois.  Ce  prélat  mit  les  otages  en  lieu  de  sûreté  en  attendant  qu'il  fît  savoir 
sa  volonté  aux  habitans  d'Avignon  &  il  leur  donna  cependant  pour  évêque 
Nicolas  de  Corbie,  religieux  de  Cluny.  Un  historien  <5  du  temps  rapporte 
diverses  autres  circonstances  de  la  prise  d'Avignon  par  les  croisés,  lesquelles, 
si  elles  étoient  vraies,  ne  teroient  pas  honneur  à  la  mémoire  du  cardinal  de 
Saint-Ange.  On  ne  doit  pas  faire  plus  de  fond  sur  le  nombre  des  François 
qu'il  prétend  qui  périrent  à  cette  expédition,  &  qu'il  fait  monter  à  plus  de 
vingt-deux  mille  hommes,  tant  tués  que  submergés  dans  le  Rhône  ou  morts 
de  maladie,  d'où  il  paroît  évidemment,  ajoute-t-il,  que  cette  guerre  avoit  été 
entreprise  injustement,  8c  bien  plus  par  un  mouvement  d'ambition  que  par 
le  désir  d'exterminer  les  hérétiques.  Un  autre  historien'^,  bien  plus  croyable, 
se  contente  de  remarquer  «  que  les  Avignonois  se  voyant  hors  d'état  de  résister 
«  plus  longtemps,  après  avoir  soutenu  un  siège  de  trois  mois,  livrèrent  leur 
«  ville  au  roi  8<.  au  légat  sous  certaines  conditions,  8c  qu'ils  furent  mulctés, 
»  soit  par  la  perte  de  leurs  murailles,  qui  furent  rasées,  soit  par  diverses 
M  autres  peines,  »  Il  ajoute  que  plusieurs  François  moururent  à  cette  expé- 
dition de  diverses  maladies;  que  ce  fut  un  grand  bonheur  que  la  ville  se  fût 
rendue,  car  la  Durance  grossit  tellement  quinze  jours  après  qu'elle  inonda 
le  camp  que  l'armée  françoise  avoit  occupé  Se  que  le  roi  auroit  été  obligé  de 
lever  le  siège.  Quant  au  nombre  des  François  qui  périrent  à  ce  siège,  nos 
historiens^  n'en  font  monter  le  nombre  qu'à  deux  mille,  qui  moururent,  tant 
par  les  flèches  8t  les  pierres  des  assiégés  que  par  la  mortalité  qui  se  mit  dans 
le  camp;  on  convient^  que  deux  cents  chevaliers  portant  bannière  furent  de 
ce  nombre.  Gui,  comte  de  Saint-Paul,  81  l'évêque  de  Limoges,  étoient  des 
plus  qualifiés  entre  ceux  qui  furent  tués. 

■  Dom    Lobineau,    Hiitoirc    de    Bretagne,    1.  7,           "  Matthieu  Paris,  an.  1216,  —  Voyez  tome  VII, 

p.  21.;.  "'  supra. 

•Mjtthieii  Paris,  &.c.  '  Guillaume  de  Puylaiirens,  c.  3.Ï. 

'  Gesta  LuJoyici  VIII.  *  Gesta    Ludovici    VllI.    —    Voyez    tome    VII, 

^  Philippe   Moiiskes.    [F.dit.    ReifTeiiberg,    t.  2,        ?/ore  XXIV,  n.  2,  p.  71 . 

'     ',541.]  'Philippe    Mouskes,   1°  178  v".   [Édit.  Reiffen- 

ez  tome  VII,  î^ote  XXIV,  pp.  70,  71.  berg,  t.  2,  pp.  J41  à  543.] 


Au  1226 


t.  m.p.jjcj. 


An  iiz6 


6ïi  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIV. 


XVIII.  —  Le  roi  établit  un  sénéchal  à  Beaiicaire. 

Louis  VIII  demeura  quelques  jovirs  à  Avignon,  après  la  prise  de  cette  ville, 
comme  il  paroît  par  deux,  chartes',  suivant  lesquelles  l'abbé  S<.  les  religieux 
du  monastère  de  Saint-André,  situé  de  l'autre  côté  du  Rhône,  lui  permirent 
&  à  ses  héritiers  de  réparer  les  murs  du  village  de  Saint-André,  qui  porte 
aujourd'hui  le  nom  de  Villeneuve  d'Avignon,  &  d'y  élever  une  forteresse,  & 
l'appelèrent  en  pariage  pour  la  seigneurie  de  ce  village.  Le  roi  leur  assigna, 
en  récompense,  quarante  livres  tournois  de  rente,  à  prendre  sur  le  port  de 
Beaucaire  8c  sur  les  autres  revenus  de  ce  château,  dont  les  habitans  avoient 
déjà  envoyé  faire  leurs  soumissions  à  ce  prince  durant  le  siège  d'Avignon.  Il 
y  établit  dès  lors  un  sénéchal  royal  pour  le  gouvernement  &  l'administra- 
tion des  pays  circonvoisins,  entre  autres  la  ville  de  Nimes;  il  confia  cette 
charge  à  un  chevalier  françois,  nommé  Péregrin  Latinier  {Latinarius),  qui 
prend  la  qualité  de  sénéchal  du  seigneur  roi  de  France,  à  Beaucaire  6"  à 
Nimes  y  dans  une  sentence^  arbitrale  datée  du  9  de  février  de  l'an  1226  (1227), 
par  laquelle  il  régla  les  droits  que  les  seigneurs  de  Bagnols,  au  diocèse 
d'Uzès,  avoient  sur  cette  ville  8<  ceux  qui  appartenoient  aux  habitans  en 
vertu  de  leurs  privilèges  &  de  leurs  coutumes.  C'est  là  l'origine  de  la  séné- 
chaussée royale  de  Beaucaire  &  de  Nimes,  qui  a  toujours  été  remplie  jusqu'à 
nos  jours  par  des  sénéchaux  d'une  naissance  distinguée. 

XIX.  —  Le  roi  passe  le  Rhône,  6-  toute  la  Province  se  soumet  à  lui 
jusqu'à  quatre  lieues  de  Toulouse, 

Après^  la  prise  d'Avignon,  le  roi  ayant  traversé  le  Rhône  s'avança  dans  la 
Province  dont  une  grande  partie  avoit  déjà  prévenu  son  arrivée  par  une 
soumission  volontaire  ;  l'autre  lui  donna  à  son  passage  des  marques  sembla- 
bles de  son  obéissance,  en  sorte  qu'il  s'assura  sans  coup  férir  de  tout  le  pays, 
depuis  le  Rhône  jusqu'à  quatre  lieues  de  Toulouse.  Il  ordonna  alors  de"* 
détruire  la  ville  de  Limoux  avec  ses  fortifications  que  les  habitans  avoient 
rétablie  sur  la  colline  où  elle  étoit  anciennement  située,  8c  il  la  fit  trans- 
férer de  nouveau  dans  la  plaine.  Pour  les  punir  de  leur  rébellion,  on  leur 
imposa  une  taille  annuelle  de  deux  cens  livres  nielgoriennes.  Se  on  confisqua 
l'emplacement  de  leurs  maisons.  Le  cardinal  légat.  Foulques,  évêque  de 
Toulouse,  Se  divers  autres  prélats  accompagnèrent  le  roi,  qui  s'arrêta  quel- 
ques jours  à  Béziers  Se  se  rendit  de  là  à  Carcassonne.  Bernard^  de  Com- 
minges,  seigneur  de  Save-^,  Roger  d'Aspel  8i  Bernard  de  Marestang,  avec 
leurs  barons  ou  vassaux,  l'allèrent  joindre  sur  la  route  8c  lui  prêtèrent  ser- 

*■  Voyez   tome  VIII,  n.   CLXXVI,   ce.  S:");,  858.  ■•  Voyez  tome  VIII,  n.  CCCXVI,  ce.  rSpi,  iSpj, 

'  Portefeuille  de  Lancelot.  =  Ibid.  n.  CLXXIV,  ce.  854,  8jj£ 

'  Gâta  Ludovici  FUI.  —  Guillaume  de  Puylau- 
reiis,  c.  3i 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIV.  6i3  ■— T" 

An  1226 

ment  de  fidélité  par  divers  actes  datés  du  jour  de  l'exaltation  de  sainte  Croix. 
Jourdain  de  Cabaret'  8<.  les  autres  seigneurs  de  ce  château  se  mirent  aussi 
en  chemin  pour  aller  faire  leurs  soumissions  au  roi,  à  Carcassonne;  mais  le 
premier  eut  le  malheur  de  tomber  entre  les  mains  du  comte  de  Toulouse  Se 
de  mourir  en  prison  au  bout  de  deux  ans.  L'abbé  de  Feuillans  81  le  comte 
de  Comminges*  travaillèrent  en  même  temps  pour  soumettre  au  roi  les  autres 
seigneurs  du  Toulousain,  Se  ils  reçurent  en  son  noin,  quelques  jours  après, 
le  serment  de  fidélité  de  Guillaume  de  Maurens,  d'Odon  de  Pressac,  de 
Guillaume-Bernard  de  Marquefave,  de  Bertrand-Jourdain  &  de  Bernard- 
Jourdain  de  risle. 

XX.  —  Seigneurs  de  l'Isle-Joiirdaïn. 

Bernard-Jourdain  donna-'  son  fils  Jourdain  en  otage  au  roi  8c  au  légat 

pour  assurance  de  sa  fidélité  8<.  le  remit  au  comte  de  Comminges,  qui  s'en 

chargea.  Il  fut  le  second  seigneur  de  l'Isle-Jourdain  de  son  nom,  Si  fit  son 

testament  au  mois  de  mars  de  l'an  1227  "*  (1228).  Suivant  cet  acte,  passé  en 

présence  d'Indie,  sœur   naturelle  de  Raimond  VI,   comte  de  Toulouse,  sa 

femme,  il  se  donne  à  l'abbaye  de  Grandselve,  où  il  choisit  sa  sépulture.  Il 

veut  qu'on  rende  à  la  même  Indie  la  somme  de  dix  mille  sols  morlanois  ou 

toulousains,  qu'il  avoit  reçus  pour  sa  dot.  Il  donne  à  Bernard-Jourdain,  son 

fils,  la  ville  de  l'Isle-Jourdain  Se  quelques  châteaux;  à  Jourdain,  son  second 

fils,  le  château  de  jMontaigu  avec  tous  les  droits  qu'il  avoit  dans  le  Gimoez 

Se  au  delà  (ou  à   la  droite')   de  la  Garonne,  dans  le  Toulousain.  Il  destine      '!'■;': ""^'pï,"- 
\  .  /  '  _  t.  m,  p.  joo. 

l'enfant  dont  sa  temme  étoit  grosse  à  être  chanoine  régulier  de  la  cathédrale 
de  Toulouse,  si  c'étoit  un  mâle,  ou  religieuse  de  l'Espi nasse  si  c'étoit  une 
fille.  Se  ne  dit  rien  de  sa  fille  Mascarose  qu'il  avoit  promise  en  mariage  dès 
Tan  1221  à  Bernard  de  Marestang,  fils  d'un  autre  Bernard,  dans  le  temps 
que  celui-ci  promit  de  donner  une  de  ses  filles  en  mariage  au  fils  du  même 
Bernard-Jourdain;  mais  ce  mariage  de  Mascarose  ne  s'accomplit  pas.  Se  elle 
fut  promise  l'année  suivante  à  Guillaume-Bernard  de  Lavaur.  Quant  à  Ber- 
nard-Jourdain III,  fils  de  Bernard-Jourdain  II,  il  épousa^,  en  12 25,  Anglésie 
de  Marestang,  conformément  à  «cet  accord.  Peu  de  temps  après  la  mort  de 
Bernard-Jourdain  II  ^  de  l'Isle,  Indie,  sa  femme,  accoucha  d'un  fils  posthuine 
qui  fut  nommé  Bertrand  Se  qui,  ayant  été  chanoine  régulier  de  la  cathédrale 
de  Toulouse,  suivant  la  destination  de  son  père,  fut  élu  évêque  de  cette 
ville  en  1270. 

'  Baluze,  ms.   ôii.   [Lat.  59.54*,   p.  SS  &  suiv.  *  Voyez  tome  VIII,  n.  CXXXVIl,  ce.  731,  ySi- 

Cf.   tome  VII,  Entjuéteurs  royaux,   reg.   H,    11.  4(.]  *  IbiA.   n.  II,   c.  2o5. 

'  Voyez  tome  VII,  ut  supra.  '  Voyez  tome  VII,  Noie  XLII,  n.  1,  p.  118. 
'Voyez  tome  VIII,   n.  CLXXIV,  ce.   8J4,  855. 


77mr~  ^H  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIV, 

XXI.  —  Èvêques  de  Carcassonne.  —  Le  roi  établit  un  sénéchal 

dans  cette  ville. 

Le  roi  Louis  VIII  ',  durant  son  séjour  à  Carcassonne,  chassa  de  cette  ville 
Bernard-Raimond  de  Rochefort  qui,  après  en  avoir  été  évêque,  avoit  été  forcé 
de  se  démettre  de  son  évêché  durant  la  croisade  &  l'avoit  repris  depuis  que 
'  ville  de  Carcassonne  étoit  retournée  à  ses  anciens  maîtres.  Clarin,  chan- 
celier de  feu  Simon  de  Montfort,  fut  élu  alors  évêque  de  Carcassonne.  Ber- 
nard-Raimond vécut  encore  quelques  années  après  avoir  été  dépossédé  de 
nouveau  de  cet  évêché,  &  ne  mourut  qu'en  i23i.  Le  roi,  avant  son  départ 
de  Carcassonne,  y  établit  pour  sénéchal  Adam  de  Milly,  chevalier  françois, 
qui  eut  sous  sa  juridiction  tous  les  pays  des  environs  qui  avoient  été  infectés 
de  l'hérésie  &  qui  s'étoient  soumis  à  l'autorité  de  ce  prince;  de  là  vient  que 
les  premiers  sénéchaux  de  Carcassonne  se  quaiifioient^  sénéchaux  du  roi 
dans  les  pays  d'Albigeois.  Us  prirent  dans  la  suite  le  titre  de  sénéchaux  de 
Carcassonne  Se  de  Béziers,  parce  que  ces  deux  villes  étoient  les  principales 
de  leur  ressort. 

XXII.    —  Le  roi  tient  une  assemblée  à  Pamïers, 

Le  roi  se  rendit  ensuite  ^  à  Ramiers,  ville  qui  dépendoit  alors  du  diocèse 
de  Toulouse,  Se  il  y  tint,  au  mois  d'octobre,  une  assemblée  ou  concile  com- 
posé de  tous  les  évêques  Si  de  tous  les  barons  qui  étoient  à  sa  suite.  Foulques, 
évêque  de  Toulouse,  eut  soin  de  fournir,  à  ses  dépens,  à  la  subsistance  de  ce 
prince  &  de  toute  son  armée,  pendant  tout  le  temps  qu'il  séjourna  dans  le 
Toulousain.  Nous  n'avons  plus  les  règlemens  qui  furent  faits  à  cette  assem- 
blée, nous  savons  seulement  que  pour  obvier  au  mépris  que  faisoient  de 
l'excommunication  les  peuples  de  la  province  de  Narbonne  &  des  environs, 
on  y  ordonna,  du  conseil  du  cardinal  de  Saint-Ange,  légat,  que  quiconque 
se  laisseroit  excommunier  après  la  troisième  monition,  seroit  condamné  à 
payer  une  amende  de  neuf  livres  Si  un  denier,  Si  que  s'il  demeuroit  con- 
tumax  pendant  un  an,  ses  biens  seroient  canfiqués. 

XXIII.  —  Les  comtes  de  Toulouse  6-  de  Foix  renouvellent  leur  ligue. 

On  prétend"*  que  le  cardinal  de  Saint-Ange  tint  vers  le  même  temps  une 
autre  assemblée  à  Saint-Jean  de  Verges,  auprès  de  Foix,  dans  laquelle  il 
donna,  dit-on,  l'absolution  à  Roger-Bernard,  comte  de  Foix,  qui  se  soumit 
à  l'Église,  Sic.  On  cite  pour  garant  de  ce  fait  les  annales  de  Foix  ou  de 
France,  où  on  ne  trouve  rien  de  semblable.  Il  est  évident,  en  eftet,  qu'on  a 

■  De  Vie,  Episcop.  Carcas.  p.  92  &  suiv.  —  Albé-  '  Guillaume  de  Puylaurens,  c.  36.  —  Concilia, 

rie,  Chronicon,  an.   1226.  t.   1  1,  c.  804  &  suiv. 

'Voyez  tome  VIII,   Chartes,   n.  CCIV,  c.  944.  '' Sponde,   an.    1226.  —  Concilia,  t.   Il,  c.  3c2. 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIV.  61! 


An  tiii 


confondu  cette  prétendue  assemblée  de  Saint-Jean  de  Verges  avec  celle  qui  y 
fut  tenue'  au  mois  de  juin  de  l'an  1229  pour  la  réconciliation  du  comte  de 
Fois,  avec  l'Eglise  &  le  roi  ;  mais  tant  s'en  faut  que  Roger-Bernard  ait  fait 
sa  paix  dans  le  temps  qu'on  le  prétend,  qu'il  se  ligua  alors  au  contraire  plus 
étroitement  avec  Raimond,  comte  de  Toulouse.  Ces  deux  comtes  étant,  en 
effet,  dans  cette  dernière  ville  ^,  le  dernier  de  septembre  de  l'an  1226,  firent 
ensemble  un  nouveau  traité  dont  voici  les  principaux  articles  :  1°  Ils  se 
remettent  réciproquement  tous  les  griefs  qu'ils  pouvoient  avoir  l'un  contre 
l'autre.  2°  Us  promettent  de  ne  conclure  ni  paix  ni  trêve  avec  l'Eglise  ou 
avec  le  roi  de  France  &  leurs  alliés,  sans  leur  consentement  mutuel.  3°  Rai- 
mond donne  à  Roger-Bernard  S<.  à  ses  héritiers  les  droits  8c  la  seigneurie  qui 
lui  appartenoient  sur  les  châteaux  de  Perelle,  Castelverdun,  Quier,  Rabat 
&  Alzen  &  sur  la  terre  de  Bernard  Amelii  de  Pailhers,  à  condition  que  ce 
comte  &  ses  successeurs  lui  rendroient  hommage  de  ces  domaines  &  à  ses 
héritiers.  4°  Raimond  confirme  en  faveur  de  Roger- Bernard  la  donation 
qu'il  lui  avoit  déjà  faite  du  château  de  Saint-Félix  &  de  ses  dépendances 
dont  il  promet  de  le  mettre  en  possession,  &C.  5°  Enfin  le  comte  de  Tou-  t'ui'"'''j"oi 
louse  promet  au  comte  de  Foix,  en  cas  que  Trencavel,  vicomte  de  Béziers, 
vînt  à  décéder  sans  postérité  légitime,  de  lui  donner  l'investiture  de  tous  les 
domaines  que  ce  vicomte  tenoit  de  lui  en  fief  dans  les  vicomtes  de  Béziers, 
Carcassonne,  Albi  &  Agde,  dans  le  Rouergue  8c  dans  le  diocèse  de  Lodève, 
81  de  lui  prêter  aide,  secours  8c  conseil,  pour  se  mettre  en  possession  des 
terres  qui  ne  relevoient  pas  des  comtes  de  Toulouse  dans  ces  pays,  supposé 
qu'il  y  en  eût  quelques-unes  ou  qu'on  voulût  le  troubler  dans  leur  possession 
8c  lui  faire  la  guerre.  Les  deux  comtes  jurèrent  d'observer  ces  articles  en 
présence  de  Sicard  de  Montaud,  Pons  de  Villeneuve,  Othon  de  Terride, 
Pons  Azémar,  Pierre  de  Durban,  Bernard  de  Durfort,  Arnaud  de  Villemur, 
Raimond  d'Aniort,  Pierre  de  Fenouillet,  Pierre-Roger  de  Mirepoix,  châte- 
lain d'Aure,  8c  de  divers  autres  seigneurs  qui  leur  étoient  demeurés  fidèles. 
Les  consuls  8c  le  commun  conseil  de  la  ville  &c  du  faubourg  de  Toulouse  se 
rendirent  garants  du  traité  envers  le  comte  de  Foix,  par  ordre  8c  à  la  prière 
de  leur  comte. 

XXIV.  —  Le  roi  reçoit  à  Pamiers  le   serment  de  fidélité  des  évêques  de  la 
Province  6-  s'accorde  avec  eux  touchant  le  domaine  de  leurs  églises. 

Le  roi  Louis  VIII  reçut  à  Pamiers,  durant  l'assemblée  qu'il  tint  dans  cette 
ville  au  mois  d'octobre  de  l'an  1226,  l'hommage  8c  le  serment  de  fidélité  des 
évêques  de  la  province  de  Narbonne.  C'est  ce  que  nous  inférons  d'un  acte^, 
suivant  lequel  Amauri  de  Montfort,  qui  étoit  présent,  atteste  qu'Arnaud, 

'Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  CXCIII,  c.  poS.  éTeqiies  de  la  Province  aient  prêté  serment  à  Pa- 

'  Marca,  Histoire   de   Béarn,  I.  8,  ch.  il,  n.  3.  miers,  mais  qu'ils  ont  prêté  serment  au  roi.  L'évê- 

'  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  CLXXIX,  ce.  8()o  que  de  Nimes,   ajoute  la   charte,   rendit  hommage 

gi  8()i.  _.   L'acte   en  question  ne  dit  pas   que    les  plus  tard  à  Saint- Germain  en  Lnye.  [A.  M.] 


Au  1226 


"616  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIV. 

évêque  de  Nimes,  étant  alors  demeuré  malade  à  Carcassonne,  le  roi  confirma 
en  taveur  de  ce  prélat  la  donation  que  Simon  de  Montfort  lui  avoit  faite  du 
lieu  de  Millau,  dans  le  diocèse  de  Nimes,  «  à  condition  qu'il  lui  prêteroit  le 
«  même  serment  de  fidélité  que  lui  avoient  prêté  les  autres  évê(|ues  de  la 
«  province  de  Narbonne.  »  Louis  s'accorda  en  même  temps  avec  la  ])lupart 
de  ces  prélats,  touchant  les  biens  qui  avoient  été  confisqués  sur  les  hérétiques 
dans  les  mouvances  de  leurs  églises  8t  qui  avoient  été  unis  au  domaine 
royal,  8cc.,  entre  autres'  avec  Pierre,  archevêque  de  Narbonne^,  8t  Raimond, 
évêque  d'Uzès.  Il  maintint  aussi  alors,  à  ce  qu'on  prétend,  Pierre,  évêque 
de  Lodève,  dans  la  possession  du  comté  de  Montbrun  (ou  de  Lodève)-'.  Enfin 
Amauri  de  Montfort  ayant  renoncé'*  durant  cette  assemblée  aux  droits  qu'il 
avoit  sur  la  ville  &  le  château  de  Pamiers,  par  le  pariage  dont  il  étoit  con- 
venu avec  l'abbé  8c  les  religieux  de  Saint-Antonin  de  Frédélas,  ces  derniers 
en  disposèrent,  du  consentement  du  cardinal  légat,  en  faveur  du  roi  pour 
en  jouir  pendant  sa  vie  aux  mêmes  conditions  qu'ils  avoient  appelé  aupara- 
vant les  comtes  de  Foix  ?c  les  seigneurs  de  Montfort-"'. 

XXV.  —  Union  de  la  vicomte  de  Fenouillèdes  an  domaine  de  Niigne-^  Sanche, 
comte  de  Roussillon,  iS*  ensuite  à  celui  de  la  couronne. 

Louis,  après  avoir  terminé  l'assemblée  ^  de  Pamiers,  reprit  la  route  de 
France  8<.  reçut  à  Beaupuy,  entre  Pamiers  8t  Castelnaudary  7,  au  mois  d'oc- 
tobre, l'hommage-lige  pour  la  vicomte  de  Fenouillèdes  6-  de  Pierrepertuse, 
de  Nugnez  Sanche,  comte  de  Pvoussillon,  qui  le  lui  rendit,,  sauf  la  fidélité 
qu'il  devoit  au  roi  d'Aragon,  «  en  sorte,  ajouta-t-il,  que  si  la  guerre  venoit 
«  à  s'élever  entre  les  deux  princes,  je  ne  pourrai  secourir  le  roi  d'Aragon  à 
«  cause  des  doinaines  que  je  tiens  du  roi  de  France,  Si  que  je  serai  obligé 
<(  de  les  remettre  à  ce  dernier  pour  les  reprendre  après  la  paix.  »  Nugnez 
avoit  succédé,  dès  l'an  1217^,  aux  comtés  de  Pvoussillon,  de  Confient,  de 
Cerdagne  &  de  Valespir,  ([ue  le  cointe  Sanche,  son  ])ère,  troisième  fils  de 
Raimond-Bérenger  IV,  comte  de  Barcelone,  &c  de  Pétronillc,  reine  d'Aragon, 
avoit  enfin  obtenus  pour  son  partage  8<.  qu'il  lui  avoit  donnés  avant  sa  mort. 
Ces  deux  princes  avoient  eu  des  liaisons  intimes  avec  Raimond  VI  S<.  Pvai- 
mond  VII,  comtes  de  Toulouse,  qu'ils  avoient  soutenus  jusqu'alors  ou  favo- 
risés du  moins  secrètement  durant   la   croisade.   Mais  Nugnez,  voyant   les 

'  Gallia  Christiana,  t.  i ,  c.  382  &  siiiv.,  &  nov.  vier  [228,  il  accorda  nux  habitants  une  charte  de 

éd.  t.  6,  Instrum.  c.  3o6  8c  siuv.  coutumes,  que  Ton  peut  voir  nu  tome  \'III,  ce.  870 

"  [La  charte  est  datée  de  Monestiès,  dans  l'Albi-  à  876.  EUe  est  la  plus  ancienne  que  l'on  ait  pour 

geois.j  Pamiers.  Elle  (nx  confirmée  par  le  comte  de  Foix, 

'  Piantavit,  Lodovem.  episc.  p.   136  &  suiv.  en   12,33.    [A.  M.] 

<  Voyez  tomeVIII,  Chartes,  n.CLXXVII,  ce.  858  «Guillaume  de  Puylaurens,  c.  36. 

&  859.  '  Marca  Hispaitica,  c.   141  1.  —  Martène,  AmpU 

^  Voyez    la    charte   de   l'abbé,  dans  Teulet,  t.  2,  CoUcct.,  t.   i,c.   1202. 

pp.   pâ   &   96,   d'après  J.   336,  n.  1.  —  Une   fois  '  D'Achéry,  Spicileg'tum,  t.  8,  p.  363.  —  Gcsta 

rentré  en   possession   de   Pamiers,   l'abbé  Maurin  comitum  Barcinonensium.  c.  5j[y.  —  Zur'iia,  Andes. 

paraît  en  être  resté  paisible  possesseur.  Le  |5  jaii-  1.  2,  c.  71. 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIV.  617    ~ 7 

'         An  1226 

grands  préparatifs  du  roi  Louis  VIII  contre  le  dernier,  &  jugeant  qu'il  netoit 
pas  en  état  de  résister,  il  abandonna  lâchement  ses  intérêts  &  tâcha  de  se 
rendre  le  roi  favorable,  dans  l'espérance  de  se  maintenir,  sous  l'autorité  de  ce 
prince  dans  la  possession  de  la  vicomte  de  Fenouillcdes  8t  de  Pierrepertuie. 
On  prétend  '  que  Louis  VIII  avoit  confisqué  cette  vicomte  pour  en  disposer 
en  faveur  du  comte  Nugnez,  sur  une  prétendue  Béatrix,  qu'on  dit  fille 
unique  S<.  héritière  de  Guillaume  de  Lara,  fils  de  Manrique  de  Lara,  comte 
de  Molina,  en  Espagne,  &  d'Ermessinde  de  Narbonne,  &  frère  puîné  d'Ay- 
meri  &  de  Pierre  de  Lara,  successivement  vicomtes  de  Narbonne.  On  ajoute  t. 'ni "p. *']',]; 
quelques  autres^  circonstances  qui  sont  ou  peu  exactes  ou  destituées  de  fon- 
dement. Voici  ce  qui  en  est. 

Ave,  fille  8t  héritière^  d'Arnaud  III,  vicomte  de  Fenouillèdes,  ayant  épousé 
un  seigneur  de  la  maison  de  Saissac,  dont  on  ignore  le  nom,  &.  dont  elle 
étoit  veuve  en  1209,  en  eut  un  fils,  nommé  Pierre,  qui  fit  hommage"*  avec 
elle,  la  même  année,  pour  la  vicomte  de  Fenouillèdes,  à  Aymeri,  vicomte  de 
Narbonne,  aux  ancêtres  duquel  les  comtes  de  Barcelone  avoient  donné  la 
suzeraineté  sur  le  pays  ou  comté  de  Fenouillèdes  dès  le  commencement  du 
douzième  siècle.  Pierre,  vicomte  de  Fenouillèdes,  fils  d'Ave,  prit  le  surnom 
de  Fenouillet,  8c  s'étant  lié  avec  le  comte  de  Toulouse,  le  comte  de  Foix,  le 
vicomte  de  Béziers  Se  les  autres  seigneurs  de  la  Province  qui  soutinrent  la 
guerre  contre  Simon  de  Montfort  Si.  les  croisés,  il  eut  un  sort  semblable  au 
leur  :  ses  domaines  furent  confisqués  par  l'Eglise  Se  adjugés  enfin  à  Nugnez 
Sanche,  comte  de  Roussillon.  Nous  ignorons  l'époque  précise  de  cette  confis- 
cation 5  mais  on  vient  de  voir  que  Nugnez  Sanche  possédoit  déjà  la  vicomte 
de  Fenouillèdes,  au  mois  d'octobre  de  l'an  1226,  lorsqu'il  en  fit  hommage  au 
roi  Louis  VIII.  Nugnez  se  maintint  dans  la  possession  de  cette  vicomte.  Se 
il  en  rendit^  un  nouvel  hommage  au  roi  sajnt  Louis,  au  mois  de  juillet  de 
l'an  1228.  Pierre  de  Fenouillet  fit  cependant  tout  son  possible  pour  la  recou- 
vrer, sous  la  protection  du  comte  de  Toulouse  Se  de  ses  autres  alliés;  mais 
après  que  ce  dernier  eut  conclu  la  paix  avec  le  roi,  au  mois  d'avril  de 
l'an  1229,  Pierre,  ne  pouvant  pas  se  soutenir  par  lui-même,  fut  enfin  obligé 
de  mettre  bas  les  armes.  Se,  par  un  acte''  daté  du  i'^  de  juin  de  la  même 
année,  il  céda  à  Nugnez  Se  à  sa  postérité  «  le  château  6-  toute  la  vicomte  de 
«  Fenouillèdes,  en  réparation  des  dommages  que  lui  Se  ses  chevaliers  avoient 
«  causés  à  ce  comte  Se  à  ses  vassaux;  ce  qu'il  ne  pouvoit  réparer  en  aucune 
«  autre  manière.  »  Ave,  qui  étoit  présente,  ratifia  la  cession  de  Pierre  de 
Fenouillet,  son  fils.  Se  transféra  à  son  tour  à  Nugnez  tous  ses  droits  sur  la 
même  vicomte,  dont  ce  prince  jouit  paisiblement  jusqu'en  1242.  Pierre  de 
Fenouillet  s'étant  ligué  alors  avec  le  comte  de  Toulouse,  le  comte  de  Foix,  le 

'  Salazar,  Hlstoria    de    la    casa   de   Lara,  1.    i5,  ^  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  XCV,   ce.    583, 

c.  14.  084. 

■  Voyez  tome  VII,  .Vote  XXVII,  pp.  83  à  88.  =  Marca  Hlspanica,  c.  1411. 

'  Voyez    plus   haut,    1.  XIX,   n.  Li,  pp.  5;,  58,  <^  Tome  VIII,    Chartes,   n.  CLXXXIX,   ce.  898, 

&  tome  VII,  ul  supra,  8.J9. 


An  I  226 


618  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIV. 


vicomte  de  Narbonne  Si  les  autres  grands  de  la  Province,  qui  déclarèrent  la 
guerre  au  roi,  fit  revivre  ses  droits  sur  la  vicomte  de  Fenouillèdes,  dont  il  fit 
hommage',  au  mois  d'octobre  de  cette  année,  au  vicomte  de  Narbonne;  mais 
le  comte  de  Toulouse  &  ses  alliés  s'étant  soumis  peu  de  temps  après,  le  comte 
de  Roussillon  continua  de  jouir  de  la  vicomte  de  Fenouillèdes,  qu'il  transmit 
avec  ses  autres  domaines  à  Jacques  I,  roi  d'Aragon,  son  parent  81  son  héri- 
tier, qui  la  céda  au  roi  saint  Louis  par  le  traité  qu'ils  conclurent  ensemble 
en  ii58.  Par  là  cette  vicomte  demeura  réunie  à  la  couronne.  Il  est  vrai  que 
Hugues  de  Saissac,  fils  81  héritier  de  Pierre  de  Fenouillet,  se  qualifioit* 
vicomte  de  Fenouillèdes,  en  lîSg,  &  que  Béatrix,  sa  veuve  &  tutrice  de  leurs 
enfans,  demanda^  au  parlement  tenu  à  Paris,  à  la  Chandeleur  de  l'an  1264, 
qu'on  lui  adjugeât  sa  dot  &  son  douaire  sur  les  biens  de  son  mari,  c'est-à- 
dire  sur  la  vicomte  de  Fenouillèdes;  mais  elle  fut  déboutée  de  sa  demande, 
«  parce  que  ces  biens  avoient  été  confisqués  pour  hérésie  sur  le  père  du 
«  même  Hugues,  »  dont  les  descendans,  qui  prirent  le  surnom  de  Fenouillet, 
s'établirent'*  dans  le  Roussillon,  où  ils  possédèrent  les  vicomtes  d'IIle,  de 
Canet,  8ic.  Reprenons  la  suite  du  voyage  du  roi  Louis  VIII  dans  la  Pro- 
vince. 

XXVI.  —  Le  roi  s'accorde   avec  Agnès,  vicomtesse   douairière   de  Béliers, 
ô"  établit  Imbert  de  Beaujeu  pour  gouverneur  de  la  Province. 

Le  roi  se  rendit  de  Beaupui"^  à  Castelnaudary  Si  poursuivit  sa  route  par 
Puylaurens,  Lavaur  &  Albi.  Les  habitans  de  cette  dernière  ville  lui  prê- 
tèrenf^  serment  de  fidélité,  81  il  y  fit  un  traité''  avec  Agnès  de  Montpellier, 
vicomtesse  douairière  de  Béziers  81  mère  du  jeune  vicomte  Trencavel.  Simon 
de  Montfort  s'étoit  accordé*,  en.  1209,  avec  elle,  &  lui  avoit  assigné  trois 
mille  sols  melgoriens  de  rente  pour  son  douaire.  Le  roi,  qui  étoit  entré  dans 
les  droits  de  la  maison  de  Montfort,  promit  pour  la  sûreté  de  ce  douaire  cent 
quarante  livres  de  rente  annuelle  à  Agnès,  81  lui  assigna  cette  somme  sur  la 
ville  de  Béziers,  payables  par  son  bailli  de  Béliers.  Les  lettres  furent  expé- 
diées par  Pierre,  archevêque  de  Narbonne,  81  elles  sont  datées  d'Albi,  au 
mois  d'octobre  de  l'an  1226.  Louis,  avant  9  que  de  partir  de  cette  ville,  confia 
Êd.origin.  à  Imbert  OU  Humbert  de  Beaujeau,  chevalier  aussi  distingué  par  sa  naissance 
que  par  sa  bravoure  81  son  expérience  dans  l'art  militaire,  81  qui  fut  dans  la 
suite  connétable  de  France,  le  gouvernement  de  tous  les  pays  qui  venoient 
de  se  soumettre  à  son  obéissance.  Il  lui  laissa  en  même  temps  un  corps  con- 
sidérable de  troupes  pour  tenir  les  peuples  en  bride  :  Humbert  doit  donc 

'  Voyez  tome  VIII,  Chartes,   n.  CCI,  ce.   J096,  ^  Voyez  tome  VII,  Note  XXVII,  pp.  87,  88. 

1097.  ^  Guillaume  de  Puylaurens,  c.  36. 

■  Ibid.  n.  CCCXXXI,  c.   1449.  «Voyez  tome  VIII,  n.  CCXCVI,  ce.  i3oi,  i3oi. 

'  Registre  Olim.  [Archives  nat.  X^,  I,  f»  139  r".  '  Ih,d.  n.  CLXXVIII,  ce.   839,  860. 

La  sentence  fut  rendue  au  parlement  de  la  Pente-  *  Ihid.  n.  XCIV,  ee.  579  à  082. 

côte  1264.  Cf.  Boutaric,  Actes  du  Parlement,  t.   1 ,  '  Guillaume    de    Puylaurens.    —    Geita    Ludo- 

p.  78,  n.  855. j  vni  l'ill.  —  Guillaume  de  Nangis,  Chronicon. 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIV.  619 

être  compté  pour  le  premier  gouverneur  de  la  Province  depuis  ?a  réunion  à 
la  couronne.  Il  fît'  brûler  vif  vers  ce  temps-là,  à  Cannes,  dans  le  diocèse  de 
Narbonne,  un  évêque  des  hérétiques,  nommé  Pierre  Isarn,  qui  avoit  été  con- 
damné par  l'archevêque  de  Narbonne.  On  assure^  que  le  roi  laissa  aussi 
dans  le  pays  Amauri  de  Montfort  pour  y  commander  sous  les  ordres  d'Hum- 
bert  de  Beaujeu. 

XXVII.  —  Mort  du  roi  Louis  VIII.  —  Saint  Louis,  son  fils,  lui  succède. 

Le  roi  Louis  VIII,  suivi  du  cardinal  de  Saint-Ange  &  des  principaux  pré- 
lats &  seigneurs  qui  avoient  pris  part  à  son  expédition^,  continua  sa  route  8c 
arriva  à  Clermont"*,  en  Auvergne,  à  la  fin  d'octobre.  La  maladie  s'étoit  alors 
mise  parmi  ses  troupes,  à  cause  des  fatigues  de  la  campagne  ;  &  Guillaume, 
archevêque  de  Pveims,  le  comte  de  Namur  8t  Bouchard  de  Marly^  moururent 
pendant  ce  voyage.  Etant  arrivé  à  Montpensier,  le  jeudi  avant  la  Toussaint, 
19  du  même  mois,  il  y  tomba  lui-même  malade.  Louis,  se  voyant  sans  espé- 
rance de  guérison,  fit  appeler*^  dans  sa  chambre,  le  3  de  novembre,  les  prélats 
&  les  principaux  seigneurs  qui  l'accompagnoient,  savoir  :  les  archevêques  de 
Bourges  &  de  Sens,  les  évêques  de  Beauvais,  de  Noyon  &  de  Chartres,  Phi- 
lippe, comte  de  Boulogne,  le  comte  de  Blois,  Enguerrand  de  Couci,  Archam- 
baud  de  Bourbon,  Jean  de  Nesle  Se  Etienne  de  Sancerre;  il  leur  ordonna 
par  la  fidélité  qu'ils  lui  dévoient  Si  leur  fit  promettre  par  serment,  s'il  venoit 
à  décéder,  de  faire  incessamment  hommage  à  Louis,  son  fils  aîné,  comme  à 
leur  seigneur  8c  à  leur  roi,  8c  de  le  faire  couronner  le  plus  tôt  qu'il  seroit 
possible.  Ce  prince  mourut  cinq  jours  après,  le  dimanche  8  de  novembre, 
sans  avoir  pu  exécuter  le  projet  qu'il  avoit  formé  de  retourner  dans  la  Pro- 
vince la  campagne  suivante  pour  achever  de  la  soumettre. 

Louis  VIII  fut  un  prince  également  recommandable  par  ses  exploits  8c  par 
ses  vertus;  il  laissa  de  Blanche  de  Castille,  sa  femme,  plusieurs  fils,  dont 
l'aîné,  nommé  Louis  comme  lui,  qui  lui  succéda  Se  qui  a  mérité  le  glorieux 
titre  de  saint,  n'étoit  alors  que  dans  la  douzième  année  de  son  âge  :  ainsi  la 
prédiction  du  roi  Philippe-Auguste  fut  accomplie.  Les  gens  d'église''  enga- 
geront mon  fils,  disoit-il,  à  faire  la  guerre  aux  hérétiques  albigeois;  il  rui- 
nera sa  santé  à  cette  expédition  :  il  y  mourra.  Se  par  là  le  royaume  demeu- 
rera entre  les  mains  d'une  femme  8c  d'un  enfant.  Mais  la  minorité  de  saint 
Louis  eut  un  succès  beaucoup  plus  heureux  qu'on  n'avoit  osé  l'espérer.  Les 

'Domaine    d«    Montpellier,    Acte»     ramassés,  l'hommage  de  Guillaume  de  Calmont  d'OIt,  pour 

liasse  i,n.   i5.  toutes    ses    possessions   dans    le    pays  (De  Gaujal, 

'  Philippe  Mouskes,  ("   178  v".    [Edit.    ReifTen-  Etudes  sur  le  Roucrgue,   t.   2,   p.    100,    &  Teulet, 

berg,  t.  2,  p.  548.]  t.  2,  pp.  96  &  94.)  [A.  M.] 

'  Il    passa     par    Rodez,    où     l'abbé    de    Figeac,  '  Baliize,  Histoire  d'Auvergne,  t.  2,  p.  272. 

Guillaume,  vint  lui  prêter  hommage  pour  le  châ-  '  Philippe  Mouskes,  f"  179.   [Edit.  ReiiTenberg, 

teau  de  Peyrusse,  que  Simon  de  Montfort  lui  avait  t.  2,  pp.  049,  55o.] 

donné    en    1214;    le    roi    s'engagea    de   son    côté   à  '  Martène,  Thés.  anecJot.  t.    1,  c.  937. 

protéger   l'abbaye.    A    Espalion,   Louis  VIII    reçut  '  Ciiillaume  de  Piiylaiireiis,  c.  36. 


An  1226 


~~ 7"  6:0  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIV. 

An  1220 

prélats  8t  les  seigneurs  qui  s'étoient  trouvés  à  Montpensier,  à  la  mort  du  roi, 
son  père,  écrivirent'  une  lettre  circulaire  à  tous  les  grands  du  royaume  pour 
les  inviter  de  se  trouver  à  la  cérémonie  de  son  sacre  qui  se  fit  à  Reims,  le 
premier  dimanche  de  l'Avent.  Plusieurs  des  principaux  de  l'Etat,  mécontens 
du  gouvernement  passé,  s'absentèrent  de  cette  cérémonie  &  excitèrent  quel- 
ques troubles  au  commencement  du  règne  de  ce  prince.  Ces  divisions  opérè- 
rent une  diversion  favorable  au  comte  de  Toulouse  qui  chercha  à  s'appuyer 
de  l'autorité  8c  du  crédit  de  l'empereur  Frédéric,  lequel  avoit  toujours  été 
porté  pour  lui. 

XXVIII.  —  L'empereur  demande  au  pape  la  restitution  d'Avignon, 

"Comme  la  ville  d'Avignon  étoit  alors  comprise  dans  les  terres  de  l'Empire, 
Louis  VIII  avoit  écrit  une^  lettre  d'honnêteté  à  Frédéric  pour  lui  marquer 
les  motifs  qui  l'avoient  engagé  à  cette  entreprise.  L'empereur  n'en  fut  pas 
moins  choqué;  il  en  porta-'  ses  plaintes  au  pape  8<.  demanda  qu'il  lui  fît  res- 
tituer les  villes  de  Provence  &  du  royaume  d'Arles,  dont  les  François  s'étoient 
emparés  à  la  gauche  du  Rhône,  particulièrement  celles  que  le  comte  Rai- 
mond  tenoit  en  fief  de  l'Empire.  Le  pape  lui  répondit,  le  22  de  novembre  de 
l'an  1226,  qu'il  ne  permettroit  jamais  qu'on  violât  les  droits  de  l'Empire  & 
qu'il  avoit  ordonné  à  Romain,  cardinal  de  Saint-Ange,  son  légat,  de  les 
conserver  soigneusement  en  purgeant  le  pays  d'hérésie;  mais  qu'il  étoit  obligé 
de  différer  à  lui  accorder  sa  demande  jusqu'à  ce  que  ce  cardinal  l'eût  instruit 
de  tout  ce  qui  s'étoit  passé  dans  cette  affaire  &  lui  eût  marqué  quelles  étoient 
t'ui°''"3i]'  ^^^  terres  ([ui  appartenoient  à  l'Empire  dans  le  pays.  Il  ajouta  qu'il  ordonne- 
roit  au  légat  de  retenir  en  son  pouvoir  &  en  celui  de  l'Eglise  les  villes  qui 
dépendoient  de  l'empire  Si  de  les  faire  garder,  en  attendant,  par  des  prélats  ou 
par  des  ecclésiastiques,  sans  préjudice  des  droits  de  l'Empire  &  de  la  fidélité 
qui  étoit  due  à  l'empereur,  pour  les  lui  faire  rendre  lorsqu'il  seroit  au  tait 
&.  qu'il  n'y  auroit  aucun  péril  ni  pour  la  paix,  ni  pour  la  foi.  Il  ordonna  en 
même  temps  au  cardinal  de  Saint-Ange  d'empêcher  que  les  droits  de  l'empe- 
reur ne  fussent  violés,  sous  prétexte  de  détruire  l'hérésie. 

XXIX.  —  Le  légat  impose  des  lois  aux  hahitans  d'Avignon. 


An  1227 


Le  légat  rendit '^  une  sentence,  au  commencement  de  janvier  de  l'année 

suivante,  par  laquelle  il  donna  enfin  l'absolution  aux  habitans  d'Avignon, 
après  qu'ils  eurent  fait  serment  d'observer  exactement  les  articles  suivans  & 

'  Martène,  ut  supra.  —  Guillaume  de  Nangis,  ^  Fantoni,  IstorU  d'Avinione,  1.  i,  p.  ;15  &  suiv. 

Chronicon.  —  Philippe  Moiiskes,  f"  177  y°.  [Édit.  Reiffenberg, 

'Inventaire  descharfesdii  roi.  [Voyez  tomeVIII,  t.  2,  pp.  542,  5^3.] 
Chartes,  c.  842.] 

'  Rnynaldi,  an.   \iz6,  n.  3o  &  siilv.  [Potthas-, 
n.  7614.] 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIV.  621 

quelqus  autres.  Il  leur  défendit  de  donner  aucun  secours  aux  comtes  de  Tou- 
louse &  de  Foix.  jusqu'à  ce  que  ces  comtes  fussent  rentrés  dans  le  sein  de 
l'Eglise;  il  leur  ordonna  au  contraire  de  secourir  de  toutes  leurs  forces  le  roi 
de  France  &  les  siens;  de  s'opposer  aux  desseins  des  ennemis  de  ce  prince, 
depuis  Montpellier  Se  en  deçà,  8t  de  défendre  les  terres  que  l'Eglise  possédait 
en  deçà  du  Rhône,  contre  tous  ceux  qui,  au  mépris  des  ordres  de  l'Eglise, 
entreprendroient  de  les  attaquer.  Ces  terres  sont  les  mêmes  que  les  châteaux 
que  Raimond  VI,  comte  de  Toulouse,  avoit  remis  en  1209,  dans  son  mar- 
quisat de  Provence  au  légat  Milon,  pour  la  sûreté  de  ses  promesses,  &  que 
l'Église  romaine  qui  se  les  étoit  appropriés,  avoit  gardés  depuis  sous  prétexte 
que  ce  comte  n'avoit  point  satisfait  à  ses  engagemens.  Le  cardinal  de  Saint- 
Ange  ordonna  encore  aux  Avignonois  de  ne  plus  recevoir  chez  eux  les  héré- 
tiques ou  vaudois,  sous  peine  de  bannissement,  de  destruction  de  leurs  mai- 
sons &  de  confiscation  de  leurs  biens;  de  payer  mille  marcs  d'argent  en 
dédommagement  à  l'église  d'Avignon;  de  détruire  les  murailles  8<  les  rem- 
parts &  de  combler  les  fossés  de  leur  ville,  81  de  ne  pas  les  rétablir  sans  sa 
permission  &•  celle  du  roi  de  France }  de  raser  trois  cents  de  leurs  maisons  à 
son  choix.  Si  toutes  les  tours  de  la  ville  qu'il  jugeroit  à  propos;  d'envoyer, 
au  mois  d'août  suivant,  trente  chevaliers  armés  dans  la  Terre -Sainte  pour  y 
servir  pendant  un  an  à  leur  dépens;  de  payer  six  mille  marcs  d'argent 
d'amende  pour  les  affaires  de  la  paix  8c  de  la  foi;  Si  enfin  de  remettre  au  roi 
toute  leur  artillerie  81  leurs  machines  de  guerre  pour  en  disposer  comme  il 
voudroit.  Les  Avignonois  furent  obligés  de  subir  ces  lois,  8<  le  roi  employa 
l'amende  qu'ils  payèrent'  à  construire  le  château  de  Saint-André  en  deçà 
du  Pv.hône  pour  les  tenir  en  bride. 

XXX.  —  Le  comte  de  Toulouse  se  met  en  campagne  6*  prend  le  château 

d'Auterive. 

Raimond,  comte  de  Toulouse,  voulant  rétablir  ses  affaires,  qui  étoient 
extrêmement  délabrées,  se  mit  en  campagne^  pendant  l'hiver  81  assiégea  le 
château  d'Auterive  sur  l'Ariége,  à  quatre  lieues  de  Toulouse,  vers  le  midi. 
Les  François  qui  étoient  dans  le  pays  ne  purent  secourir  la  place  assez  tôt  &i 
la  garnison  fut  obligée  de  se  rendre  la  vie  sauve.  Le  comte  y  perdit  un  de 
ses  meilleurs  chevaliers  en  la  personne  d'Etienne  de  Ferréol ,  du  diocèse 
d'.'^gen,  qui  tut  tué  d'un  coup  de  flèche.  Il  renforça  en  même  temps  la  gar- 
nison du  château  de  Bécède,  dans  le  Lauragais,  81  y  mit  pour  commander 
Pons  de  Villeneuve  81  Olivier  de  Termes. 

'Philippe  Mouskes.   [Édit.   ReifTenberg,   t.   ï,  '  Guillaume  Je  Piiylaurcns,  c.  S;, 

p.  543.] 


An  1227 


"1 6:2  FIISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIV. 

An  1127 

XXXI.  —  Le  roi  donne  â  vie  la  vicomte  de  Gévaudan  i^  fait  valoir 
ses  prétentions  sur  le  comté  de  Melgueil. 

La  reine  Blanche  &  son  conseil,  occupés  à  dissiper  la  ligue  que  les  comtes 
de  Champagne,  de  Bretagne  St  de  la  Marche  avoient  formée  contre  le  jeune 
roi,  ne  pouvant  envoyer  dans  la  Province  un  corps  de  troupes  pour  en  achever 
la  conquête,  mirent  toute  leur  attention  à  maintenir  dans  l'obéissance,  autant 
qu'il  étoit  possible,  les  peuples  soumis.  C'est  dans  cette  vue  que  le  roi  accorda, 
au  mois  de  janvier'  de  l'an  1227,  des  lettres  de  sauvegarde  en  faveur  des 
bourgeois  de  Saint-Antonin,  en  Rouergue,  &  qu'il  donna ^  à  vie,  vers  le 
même  temps,  à  Béraud,  seigneur  de  Mercœur,  le  château  de  Grèzes  8c  tout 
ce  qui  dépendoit  de  la  vicomte  de  Grè-^es,  c'est-à-dire  la  vicomte  de  Gévau- 
dan^. Béraud  déclara  qu'après  sa  mort  cette  vicomte  reviendroit  au  roi  8(.  à 
ses  héritiers,  avec  promesse  de  la  garder  comme  les  autres  châteaux  qu'il 
tenoit  de  ce  prince,  &  de  la  lui  rendre  à  la  première  réquisition.  «  Que  si 
«  quelqu'un,  ajoute-t-il,  venoit  à  recouvrer  le  château  de  Grèzes  par  le  juge- 
«  ment  de  la  cour  du  roi,  je  le  rendrai  ;  Si  si  le  roi  est  remboursé  du  prix 
«  de  l'engagement  que  feu  Raimond,  comte  de  Toulouse,  avoit  sur  Millau 

Éd  origin.     „  g^  sur  les  autres  domaines  du  roi  d'Aragon,  il  me  fera  part  de  cette  somme 
1. 111,  p.  J63.  .  °  ,    '.  . 

«  pour  ce  qui   regarde  le  château  de  Grèzes.  »  Nous  inférons  de  là  que  les 

peuples  des  vicomtes   de  Millau   Se   de   Gévaudan   s'étoient   soumis  au   roi 

Louis  VIII  l'année  précédente.  Se  que  ce  prince  avoit  fait  prendre  possession 

en  son  nom  de  ces  deux  vicomtes,  sous  prétexte  qu'il  étoit  au  droit  du  comte 

de  Toulouse,  à  qui  le  roi  d'Aragon  les  avoit  autrefois  engagées'^. 

Il  paroît  que  le  roi  vouloit  aussi   s'assurer  du  comté  de  Melgueil,  comme 

d'un  domaine  qui  avoit  appartenu  à  ce  comte,  nonobstant  les  prétentions  de 

l'Eglise  romaine  qui  l'avoit  donné  en  fief  aux  évêques  de  Maguelonne.  Le 

pape  Grégoire  IX  écrivit,  en  effet 5,  le  20  de  mai  de  l'an  1227,  à  l'archevêque 

de  Bourges  que  le  comté  de  Melgueil  ou  de  Montferrand  étoit  un  ancien  fief 

de  l'Eglise  romaine  j  que  suivant  l'accord  qui  avoit  été  fait  entre  le  légat  du 

Saint-Siège  Se  feu  Raimond,  comte  de  Toulouse,  ils  étoient  convenus  que  ce 

comté  reviendroit  librement  à  l'Eglise  romaine  si  le  comte  n'exécutoit  pas  les 

ordres  qui   lui  avoit  été  donnés  touchant  les  hérétiques;  qu'étant  manifeste 

qu'il  n'y  avoit  pas  obéi,  il  avoit  été  non-seulement  dépouillé  de  ce  comté, 

mais  encore  de  tous  ses  autres  domaines.  «  Or,  poursuit-il,  le  pape  Inno- 

«  cent  III,  ayant  donné  ce  comté  en  fief  à  l'évêque  de  Maguelonne  Si  à  ses 

'Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  CLXIV,  c.  825.  commit    l'examen    de    cette    affaire    au    cardinal- 

'Ihid.  n.  CLXXIX,  c.  860.  légat.   (Potthast,  n.  7475.)  [A.  M.] 

•                                'Voyez    tome    IV,   Note   XXVI,    n.    9    &    siiiv.  '^  Martène,  Thésaurus  anecjotorum,  t.   I,  c.  940. 

j).   i35.  [Potthast,  n.  7914.  Lettre  du  même  jour  à  l'arche- 

^  En    septembre     1220,    le    roi    d'Aragon    avait  vêqiie   de   Narbonne,  n.  7915,  St  du   23  mai   1223 

aussi  élevé  des   réclamations  &  demandé   la    resti-  à  Louis  IX,  n.  7910.  Cette  dernière  d'après  Gariel, 

tution   de  la   vicomte  à  lui    enlevée   par  Amauri  Idée  de  la  ville  de  Montpellier,  t.   r,  p.  1G6.] 

de  Montfort  &  par  l'évèijue  de  Rodez;   le  pape 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIV.  023 

«  successeurs,  &  le  pape  Honoré  &  nous,  ayant  confirmé  cette  donation, 
«  nous  avons  cru  devoir  prier  notre  très-cher  fils  le  roi  Louis  de  ne  pas 
«  inquiéter  ce  prélat  &  de  ne  pas  permettre  que  personne  l'inquiète,  tou- 
«  chant  la  possession  de  ce  comté  S<.  de  ses  dépendances,  6ic.  » 

XXXII.  —  Concils  de  'Narhonne.  —  Le  vicomte  Trencavel  recouvre  Limoux 
6-  une  partie  de  ses  autres  domaines. 

Grégoire  écrivit',  vers  le  même  temps,  au  jeune  roi  Si  à  la  reine  mère 
pour  les  presser  de  continuer  l'expédition  que  le  feu  roi  avoit  commencée 
contre  les  hérétiques  de  la  Province.  Les  progrès  du  comte  de  Toulouse  8c 
de  ses  associés  l'engagèrent  sans  doute  à  écrire  cette  lettre.  Aussi  voit-on  par 
le  concile  provincial  que  Pierre,  archevêque  de  Narhonne,  tint  dans  cette 
ville,  durant  le  carême  de  l'an  1217,  qu'ils  avoient  repris  alors  plusieurs 
places  que  Louis  VIII  leur  avoit  enlevées.  On  dressa^  vingt  canons  dans  ce 
concile  entre  lesquels  les  suivans  sont  les  plus  remarquables.  On  confirme 
par  le  premier  le  statut  que  le  roi  Louis  VIII  avoit  fait  l'année  précédente  à 
l'assemblée  de  Pamiers  contre  ceux  qui  méprisoient  l'excommunication.  Les 
trois  suivans  défendent  aux  juifs  d'exiger  des  chrétiens  des  usures  trop  fortes, 
d'avoir  chez  eux  des  nourrices  61  des  domestiques  chrétiens,  d'exercer  les 
offices  publics,  S<c.,  8c  leur  ordonnent,  pour  se  distinguer  des  chrétiens,  de 
porter  sur  leurs  habits  une  figure  de  roue  d'un  demi-pied  de  circonférence, 
5c  de  payer  tous  les  ans  à  Pâques,  à  la  paroisse  de  leur  domicile,  une  rede- 
vance de  six  deniers  melgoriens  par  famille.  Suivant  le  cinquième,  le  curé 
ou  un  ecclésiastique  devoit  être  présent  aux  testamens  pour  s'assurer  de  la  foi 
du  testateur.  Le  douzième  déclare  que  les  clercs  seront  exempts  de  taille,  tant 
pour  leur  patrimoine  que  pour  leur  personne,  avec  défense  aux  laïques,  sous 
peine  d'encourir  les  censures,  de  les  imposer  à  la  taille.  Le  treizième  défend 
l'établissement  des  nouveaux  péages.  Le  quatorzième  enjoint  aux  évêques 
d'instituer  dans  toutes  les  paroisses  des  témoins  synodaux  ou  inquisiteurs  de 
i'hérésie  8c  autres  crimes  manifestes.  Le  quinzième  8c  le  seizième  veulent  que 
les  consuls,  les  châtelains,  les  podestats  8c  les  barons  soient  contraints  par 
censures  d'abandonner  les  hérétiques  8c  leurs  fauteurs,  8<  que  tous  ceux  qui 
auront  été  hérétiques  revêtus,  notés  ou  just  nent  suspects  d'hérésie,  ne  puis- 
sent exercer  les  offices  publics.  Le  dix-septième  est  énoncé  de  la  manière  sui- 
vante :  «  Nous  statuons  8c  ordonnons  très-étroitement  de  dénoncer  excom- 
i  munies  tous  les  dimanches  81  fêtes,  au  son  des  cloches  8c  à  cierges  éteints, 
«  Raimond,  fils  de  Raimond,  autrefois  comte  de  Toulouse,  le  comte  de  Foix 
«  8c  Trencavel  que  l'on  appelle  vicomte  de  Béziers,  les  Toulousains  héréti- 
«  ques,  leurs  croyans,  fauteurs,  défenseurs  &c  receleurs;  mais  surtout  ceux  de 
u  Limoux  8c  autres  qui  avoient  fait  serment  au  seigneur  Louis,  roi  de  France, 


'  Mis,  de  Colhcrt.  n.  2669.  '  Concilia,  t.  i  i ,  c.  Zoi  &  suiv.  — Giiil'aume  de 

Pi.ylaurens,  c.  36. 


An  1227 


"7 6i4  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIV. 

An  I  227  T 

«  d'heureuse  mémoire,  6<.  qui  ensuite  se  sont  retirés  de  l'Eglise,  avec  tous 
«  ceux  qui  leur  vendent  des  armes,  des  chevaux  81  des  vivres,  ou  qui  leur 
«  fournissent  sciemment  d'autres  secours  ;  &  d'abandonner  leurs  biens  8c 
«  leurs  personnes  au  premier  occupant.  »  Il  est  marqué  à  la  fin  du  dernier 
canon  qu'on  célébrera  tous  les  ans  le  concile  provincial  le  dimanche  Laetare. 
ûd.oiisin.         Qq^  canons  prouvent  que  la  ville  de  Limoux,  après  s'être  soumise  au  roi 

t.  Ul.p.  JOO.  r  1,     1       •  I  •  rr-. 

Louis  VIII,  étoit  rentrée  sous  1  obéissance  du  vicomte  Trencavel,  son  ancien 
seigneur  j  c'est  ce  qu'on  peut  encore  confirmer  par  deux  actes  du  17  juin  de 
cette  année,  suivant'  lesquels  «  Trencavel,  par  la  grâce  de  Dieu  vicomte  de 
«  Béziers,  seigneur  d'Albi,  de  Carcassonne  Se  de  Razès,  met  sous  la  garde, 
«  protection  Se  défense  de  Roger-Bernard,  comte  de  Foix,  vicomte  de  Cas- 
«  telbon,  la  ville  de  Limoux  Si  tout  le  Razès,  tant  que  les  François  occupe- 
«  roient  ses  domaines.  Si  six  ans  après  qu'ils  auroient  perdu  Béziers  Si  Car- 
«  cassonne.  »  Trencavel  fit  donation  en  même  temps  en  faveur  du  comte  de 
Foix  de  la  terre  de  Chercorb  qui  s'étendoit  dans  la  partie  méridionale  du 
diocèse  de  Mirepoix,  &  que  ce  comte  avoit  rachetée  pour  quinze  mille  sols 
melgoriens  d'Isarn  Bernard  de  Fanjaux  qui  la  tenoit  en  engagement. 

XXXIII.  —  Brouilleries  dans  l'église  de  France  à  l'occasion  de  la  levée 
des  décimes  contre  les  albigeois. 

Quoique  le  jeune  roi  eût  discontinué^  la  guerre  d'Albigeois,  comme  il  se 
sentoit  appuyé  par  le  cardinal  légat,  il  prétendit  lever  néanmoins  la  décime 
que  le  clergé  de  France  avoit  accordée  au  feu  roi,  son  père,  pendant  cinq 
ans  pour  les  frais  de  cette  expédition.  Les  chapitres  des  églises  cathédrales 
des  provinces  de  Reims,  Sens,  Tours  Si  Rouen  firent  difficulté  de  payer  cette 
imposition,  sous  prétexte  qu'elle  n'avoit  été  accordée  que  pendant  l.e  temps 
de  la  guerre  j  or,  comme  il  paroissoit  que  le  jeune  roi  l'avoit  abandonnée,  ils 
prétendoient  n'y  être  plus  obligés.  La  reine  Blanche  81  le  cardinal  légat,  qui 
vivoient  dans  une  parfaite  intelligence,  prirent  alors  des  mesures  pour  les 
contraindre  à  continuer  de  payer  la  décime.  Le  légat  rendit  entre  autres  une 
ordonnance,  le  17  de  mai,  par  laquelle  il  donna  pouvoir  au  roi  de  saisir  les 
biens  de  ces  églises,  «  afin,  ajoute-t-il,  que  la  puissance  séculière  réprime  au 
«  moins  ceux  que  la  crainte  de  la  juridiction  ecclésiastique  n'empêche  pas  de 
«  mal  faire.  »  Il  enjoignit,  étant^  à  Sens,  le  5  de  juin,  à  l'archevêque  de 
Tours  Si  à  ses  suffragans  de  publier  cette  ordonnance.  Le  clergé  de  ces  quatre 
provinces  en  appela  au  pape,  peu  de  jours  après,  81  de  toutes  les  procédures 
qui  s'en  suivroient;  sur  le  fondement  qu'ils  n'avoient  accordé  la  décime  que 
comme  un  pur  don  gratuit  81  volontaire  pour  faire  la  guerre  aux  albigeois, 
81  que  n'y  ayant  personne  pour  la  continuer  avec  le  même  succès  qu'aupara- 

'  Tome  VIII,  Chnrtes,  n.  CLXXX,  ce.  863  à  86").  une  copie  de  Bahize.  (Voyez  fome  ^'III,  ce.  869, 

'  Raynaldi,  an.   1227,  n.  âo  &  suiv.  870.)  Elle   est   publiée  avec   sa  vraie   date  de  1227 

'  Trésor  des  chartes,  Albigeois,  n.  7.  [Dom  Vais-  dans   Teulet,    t.    2,    p.     124,   d'après    l'original, 

sete  a   donné   cette    pièce,  datée  de    1228,  d'après  p.  421.] 


ii 

I 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIV,  6:5  

An  1227 

vant,  ils  n'étoient  pas  tenus  de  la  payer.  Le  légat,  sans  s'embarrasser  de  cet 
appel,  décerna  des  censures  contre  les  appelans,  fit  saisir  tous  leurs  biens  par 
les  officiers  du  roi  8c  commit  diverses  vexations.  Le  clergé  en  porta  des 
plaintes  amères  à  Grégoire  IX.  Ce  pape,  qui  en  fut  d'abord  touché,  écrivit 
des  lettres  de  consolation  aux  églises  qui  se  prétendoient  lésées',  fit  une  vive 
réprimande  au  cardinal  de  Saint-Ange  &  lui  manda  de  révoquer  son  ordon- 
nance^; mais  ce  légat,  ayant  fait  des  remontrances,  gagna  cependant  l'arche- 
vêque de  Sens  Se  l'évêque  de  Chartres,  qui  promirent^,  au  mois  d'août  sui- 
vant, de  payer  mille  cinq  cens  livres  parisis  pour  les  décimes  des  églises  de 
leur  province.  Enfin,  le  roi  ayant  envoyé  un  renfort  pour  agir  contre  le 
comte  de  Toulouse,  le  pape  permit  à  ce  prince,  le  i3  de  novembre,  de  lever 
la  décime. 

XXXIV.  —  Humbert  de  Beaujeu  continue  la  guerre  contre  le  comte  de  Tou- 
louse ;  l'évêque  d'Albi,  le  vicomte  de  Lautrec,  Çyc,  se  liguent  contre  ce 
comte. 

Humbert  de  Beaujeu,  après  avoir  reçu  ce  renfort,  commença  d'agir  offen- 
sivement  8c  mit  le  siège,  pendant  l'été  de  l'an  iiiy"*,  devant  le  château  de 
Becède,  en  Lauragais,  où  Pons  de  Villeneuve  8c  Olivier  de  Termes  comman- 
doient  pour  le  comte  de  Toulouse.  L'archevêque  de  Narbonne  8c  l'évêque  de 
Toulouse  marchèrent  au  secours  d'Humbert  qui,  après  avoir  fait  une  brèche 
suffisante,  se  prépara  k  donner  l'assaut;  mais  les  assiégés,  voyant  qu'ils 
n'étoient  pas  en  état  de  résister,  s'enfuirent  pendant  la  nuit  pour  la  plupart, 
les  autres  furent  passés  au  fil  de  l'épée  ou  assommés  à  coups  de  pierres  par 
les  François.  L'évêque  de  Toulouse  tâcha,  autant  qu'il  pût,  de  sauver  la  vie 
aux  femmes  6c  aux  enfans  de  ce  château,  qui  étoit  de  son  diocèse;  mais  on 
ne  fit  aucune  grâce  à  Gérard  de  la  Mote,  diacre  hérétique,  8c  à  ses  compa- 
gnons qui  furent  tous  pris  8c  brûlés  vifs.  Humbert  continua  ses  expéditions, 
dont  nous  ignorons  le  détail  8c  l'époque  précise  :  on  sait^  seulement  qu'il 
assiégea  le  château  de  Cabaret,  dans  le  Carcasses,  8c  celui  de  la  Grave  sur  le 
Tarn,  en  Albigeois,  Se  qu'il  fit  ensuite  une  course  du  côté  de  Cordes,  dans  le 
même  pays,  dont  il  ravagea  les  environs  pendant  trois  jours.  Au  reste,  il  est 
faux^  qu'il  ait  soumis  alors  la  ville  de  Toulouse  8c  le  pays  toulousain,  ainsi 
que  quelques  auteurs  l'ont  avancé.  Nous  ignorons  aussi  la  plupart  des  démar-  , 'if,  "''^jî]" 
ches  de  Raimond,  comte  de  Toulouse,  pendant  cette  campagne.  Nous  appre- 
nons qu'il  étoit  à  Gaillac,  en  Albigeois,  au  mois  d'août,  8c  qu'il  exempta^ 

'Lettre   de    fin    juillet    1227  aux   chapitres   de  ^  Guillaume  de  Puylaurens,  c.  37.  —  Guillaume 

Reims  &  de   Paris,   pour  les    consoler  de   la    mort  de  Nangis,  Ckronicon. 

de  Louis  VIII   &   les   assurer   qu'il   les   protégera  '  Tome  VIII,  Chartes,   n.  CCCXLIII,  ce.  i5o7, 

contre  les  entreprises  du  légat.  (Potthast,  n.  7986.)  1  'loi. 

La  lettre  de   réprimande  au   légat,  du  même  jour,  '  Voyez  tome  VII,  .Volf  XXV,  n.  i,  pp.  71,  72. 

itij.  n.  7985.    [A.  M.]  "  Archives  de  l'hôiel  de  ville  de  Gaillac.  [L'acte 


'  [Potthast,  n.  8o53.]  ne  porte   pas  de  nom  de   lieu,   &  a  été  publié  par 

•  Tome  VIII,  Chartes,  n.  CLXXXI,  ce.  868,  869.        Compayré,  p.  877;  il  est  écrit  en  langue  vulgaire.] 


An  1227 


616  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIV. 

alors  les  consuls  8^  les  habitans  de  cette  ville  de  tout  droit  de  leude  Se  de 
péage  dans  ses  terres.  Une  partie  de  l'Albigeois  étoit  donc  alors  soumise  à  ce 
prince.  Le  reste  du  pays  obéissoit  au  roi,  comme  il  paroît  par  le  traité'  de 
ligue  que  formèrent  ensemble,  vers  ce  temps-là,  Guillaume-Pierre,  évêque 
d'Albi,  les  chanoines  de  sa  cathédrale.  Gaillard  de  Rabastens,  prévôt  de 
Saint-Salvi,  Sicard,  vicomte  de  Lautrec,  St  les  principaux  habitans  d'Albi.  Ils 
promirent  par  serment  entre  les  mains  de  Philippe  de  Be-^tesi,  sénéchal  en 
Albigeois  pour  le  seigneur  roi  de  France,  de  se  secourir  mutuellement,  sauj 
la  fidélité  due  à  l'Eglise  £-  au  seigneur  roi  de  France. 

XXXV.  —  Èvêques  d'Albi. 

Guillaume-Pierre  se^  démit  peu  de  temps  après  de  l'évêché  d'Albi,  entre 
les  mains  du  cardinal  légat,  sans  doute  à  cause  de  son  grand  âge,  car  il  pos- 
sédoit  cet  évêché  depuis  l'an  ii85.  Ce  prélat,  qui  étoit  de  la  maison  de 
Bérens^,  retira'*  en  1202  l'église  de  Sainte-Martiane  des  mains  de  Guillaume 
Oalric,  qui  en  étoit  abbé  chevalier,  de  Raimond,  son  fils,  &  de  ses  filles  qui 
l'opprimoient.  Il  réforma  les  chanoines  réguliers  qui  desservoienl  celle  de 
Saint-Salvi,  8c  dont  il  avoit  été  du  nombre  avant  son  élévation  à  l'épiscopat. 
Il  leur  accorda  la  permission  d'élire  leur  prévôt,  liberté  dont  ils  avoient  été 
privés  pendant  cinquante  ans^.  Le  pape  Grégoire  IX,  ayant  approuvé  sa 
démission,  ordonna  au  chapitre  d'Albi,  le  20  décembre  de  l'an  1227,  à  cause 
du  péril  où  étoit  la  foi  dans  le  pays,  d'élire  un  évêque  dans  l'espace  de  quinze 
jours,  avec  le  conseil  de  l'archevêque  de  Bourges,  métropolitain  du  pays; 
sinon  il  déclare  qu'il  avoit  enjoint  à  ce  prélat  d'en  nommer  un  de  son  auto- 
rité. L'ancien  évêque  81  trois  députés  du  chapitre  furent  nommés  pour  aller 
trouver  l'archevêque  à  Rocamadour,  en  Querci,  8c  convenir  avec  lui  de  cette 
élection.  L'ancien  évêque  ne  put  faire  le  voyage  8c  les  trois  autres  élurent, 
le  28  d'avril  suivant,  à  l'instigation  du  même  archevêque.  Durant,  archi- 
diacre de  Bourges.  Quant  à  Guillaume,  il  vécut  encore  trois  ans  après  avoir 
fait  sa  démission  8c  mourut  au  mois  de  mai  de  l'an  i23o<';  il  fut  inhumé 
dans  le  chapitre  du  cloître  de  la  cathédrale  de  Sainte-Cécile,  contre  la  cou- 
tume de  ses  prédécesseurs,  qui  avoient  leur  sépulture  dans  l'église  de  Sàint- 
Salvi. 

'  Archives  de   l'hôtel   de  ville  d'Albi,    [Cet   acte  '  [Corrige^  Brens.] 

dans  Doat,  v.  io5,  f°  277;  voyez  tome  V,  c.  1341,  ■•  Cette   réforme,  que   nous   avions  d'abord  fixe'e 

n.  6').]  à  l'an   i  1  85,  est  postérieure  à   1  20<')  &  antérieure  à 

'  GalUa  Chrht'iana,   nov.  éd.  t.  i,  p.  i5  &  seq.;  l'an    1208.  —  Conférez   tome  IV,  p.  58r,  tome  V 

Instrum.   p.  6    &  seq.  —  Archives  de  la  cathédrale  c.    1408,  &  Erratum,  c.  2235.    [A.  M.] 
d'Albi.    [Doat,   v.    io5,    f    i38)   voyez    tome  V,  *  Martène,  j<m;i;.  CoHfcf.  t.  6,  c.  494. 

c.  i336,  n"'  33  à  35.]  —  Baluze,  Miscellanea,  t.  4,  ^  Le  22  mai,  d'après  l'ancien  obituaire  deSainte- 

p.    487,    &    Historia     Tutelcnsis,    p.    529    &    seq.  Cécile;  cf.  Compayré,  p.  283.    [A.  M.l 
(Potthast,    n"»  8086,  8088;    lettres    à  l'archevêque 
de  Bourges  &  au  chapitre  d'Albi.] 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC,  LIV.  XXIV,  627 


XXXVf,  —  Le  comte  Raïmond  prend  divers  châteaux.  —  Mort  de  Gui 
de  Mo ntjbrt,  frère  de  Simon. 

Le  comte  de  Toulouse  s'étant  remis  en  campagne',  l'hiver  suivant*,  assiégea 
8c  prit  le  château  de  Saint-Paul,  situé  dans  le  Toulousain  sur  l'Agout^j  il  fit 
divers  autres  progrès  dont  nous  ne  savons  pas  le  détail.  Il  paroît'^  que  Pierre- 
Bermond,  son  cousin  germain,  prit  les  armes  en  sa  faveur  dans  le  bas  Lan- 
guedoc, 8c  qu'il  rompit  la  trêve  qu'il  avoit  conclue  avec  Bernard  Pelet,  co- 
seigneur  avec  lui  d'Alais.  Les  François,  de  leur  côté,  ne  demeurèrent  pas 
oisifs;  ainsi  la  guerre  continua  avec  feu  de  part  8c  d'autre.  Elle  fut  funeste 
à  Gui  de  Montfort,  frère  puîné  du  fameux  Simon,  qui  fut  tué  d'un  coup  de 
flèche  à  la  tête,  le  3i  de  janvier  de  l'an  12285,  ^■^^  siège  de  Vareilles,  dans 
le  comté  de  Foix.  Gui  de  Montfort  étoit  seigneur  de  la  Ferté-AIais,  en 
Beauce;  il  avoit  eu  en  partage  cette  seigneurie,  qu'il  transmit  à  Philippe, 
son  fils,  avec  ses  droits  sur  diverses  places  que  Simon,  son  frère,  lui  avoit 
données  dans  le  pays  conquis  par  les  croisés.  Il  avoit  eu  ce  fils**  d'Elvise 
d'Ybelin,  sa  première  femme,  qu'il  avoit  épousée  en  1202,  à  la  Terre-Sainte. 
Il  s'étoit  remarié^  en  secondes  noces  dans  le  pays  avec  Briande,  sœur  de 
Lambert  de  Monteil  Adhémar,  en  Provence,  veuve  de  Lambert  de  Thurei, 
chevalier  françois,  à  qui  Simon  de  Montfort  avoit  donné  en  fief  la  baronnie  de 
Lombers,  en  Albigeois.  Elle  avoit  eu  un  fils  de  ce  premier  lit  8c  elle  en  eut 
un  autre  de  Gui  de  Montfort,  son  second  mari,  auquel  elle  survécut.  Ce  fils 
du  second  lit  fut  nommé  Gui,  comme  son  père,  8c  il  succéda  à  sa  mère  8c  à 
son  frère  utérin  dans  la  seigneurie  de  Lombers. 

XXXVIÏ.  —  Siège  6-  prise  de  Castelsarrasin  par  Raimond.  —  Beaujeu  prend 

Montech  £<  est  battu. 

Le  comte  Raimond  assiégea 8,  vers  Pâques  de  l'an  1228,  la  ville  de  Castel- 
sarrasin, située  sur  la  Garonne,  à  sept  lieues  de  Toulouse;  il  emporta  bientôt 
le  corps  de  la  place,  en  sorte  que  la  garnison  qui  la  défendoit  fut  obligée  de 
se  retirer  dans  la  tour  du  château.  Il  fortifia  ensuite  si  bien  son  camp  par 

■  Peu  de  tempi  auparavant,  Grégoire  IX   avait  contractés  ou  plutôt   reconnus  par  Raimond  VII, 

engagé  le  comte  de  Champagne  à  chasser  les  mar-  le    19   novembre    1227,  probableraen,t  à  Toulouse, 
chands  de  Toulouse  des   foires  de  son  comté.  Pot-  [A.  M.] 

thast,  n.  8073  j  lettre  du  5  décembre  1227.  [A.  M.]  '  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  CLXXIX,  ce.  861 

'  Le  i3  janvier  1228,  il   exempta    les   habitants  &  862. 
de  Rabastens  du  péage  qu'il  percevait  à  Gaillac  &  '  Guillaume   de    Puylaurens,  iliJ.   —  Praeclara 

k  Confoulens  (confluent  du  Tarn  &  de  T'Agout  (?)  Francorum  facinora,-—  Voyez  tome  VII,  Note  XXV, 

sur   eau   ou    sur   terre  j    il   déclare   dans   la   charte  pp.  71,  72. 

qu'il  leur  fait  cette  concession  à  cause  des  grands  '  Histoire  généalogiijue  lies  grands  officiers,  t.  6, 

services  qu'ils  lui  ont  rendus.    [A.  M.]  p.  79. 


An  1228 


f 


'Guillaume    de    Puylaurens,    c.    87.   —  Voyez  'Voyez  tome  VII,  ?/o(e  XLIV,  n.  2,  p.   125. 

eulet,  t.  2,  pp.  l35  81   i36,  d'après  J,  32o,  n.  42,  '  Guillaume  de  Puylaurens,  c.  îy. 

J.  3 17,  n.  16,  deux  actes  relatifs  à  des  emprunts 


An  1228 


628  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIV. 


des  lignes  de  circonvallation  &  de  contrevallation  que  les  troupes  françoises 
'^u"i"'''3Ïs  jointes  à  divers  seigneurs  du  pays,  qui  accoururent  au  secours  des  assiégés, 
n'osèrent  l'attaquer.  Humbert  de  Beaujeu,  qui  s'étoit  retiré  dans  ses  terres 
après  la  campagne  précédente,  étant  venu  dans  le  pays  sur  le  bruit  de  ce 
siège,  s'avança  quelque  temps  après  à  la  tête  d'un  corps  de  troupes,  accom- 
pagné des  archevêques  de  Narbonne  &  de  Bourges,  &  des  évêques  de  Tou- 
louse 8(.  de  Carcassonne  ;  mais  il  n'osa  non  plus  rien  entreprendre  &  s'arrêta 
au  voisinage  pour  observer  les  démarches  du  comte.  L'évêque  de  Toulouse 
campoit  auprès  de  la  commanderie  de  Ville-Dieu  de  l'ordre  des  Templiers  : 
les  habitans  du  lieu  ne  voulurent  pas  recevoir  ses  troupes,  parce  qu'ils 
avoient  été  aux  prises  avec  les  François  qui  étoient  venus  au  secours  de  Cas- 
telsarrasin.  Enfin  frère  Gui  de  Bruciac  ou  de  Brussac,  commandeur  de  Ville- 
Dieu,  reçut  l'évêque  de  Toulouse  &  lui  fournit  des  vivres  dont  ses  troupes 
avoient  un  extrême  besoin.  Durant  le  séjour  que  ce  prélat  fit  à  Ville-Dieu, 
des  jeunes  gens  conjurèrent  de  le  livrer  au  comte  de  Toulouse,  mais  la  con- 
juration fut  découverte. 

Beaujeu,  ne  pouvant  donner  aucun  secours  à  Castelsarrasin,  entreprit,  pour 
faire  diversion,  du  conseil  des  prélats  Si  des  barons  de  son  armée,  le  siège 
de  Montech,  château  situé  aux  environs.  11  le  força  à  se  rendre  au  bout  de 
quelques  jours,  6i  il  y  fit  prisonniers  Othon  de  Terride,  de  la  m^iison  de 
risle-Jourdain,  Othon  de  Linières  &  quelques  autres  chevaliers  qui  le  défen- 
doient.  La  prise  de  ce  château  par  les  François  n  empêcha  pas  celle  de  Cas- 
telsarrasin par  le  comte  Raimond,  qui  accorda  la  vie  sauve  à  la  garnison, 
laquelle  fut  obligée  de  capituler,  parce  qu'il  ne  lui  restoit  plus  de  quoi  sub- 
sister. 

Si  nous  en  croyons  un  auteur  '  contemporain,  qui  passe  pour  suspect,  Pv,ai- 
niond  remporta  une  victoire  signalée  sur  les  François  après  la  prise  de  Cas- 
telsarrasin. «  Vers  ce  temps-là,  dit  cet  historien,  le  roi  de  France  envoya  un 
«  corps  considérable  de  troupes  en  Provence  pour  combattre  le  comte  de 
«  Toulouse  &  le  chasser  du  pays.  L'armée  françoise  apprenant  que  ce  comte 
«  étoit  à  Castelsarrasin,  qui  lui  appartenoit,  résolut  de  l'y  assiéger.  Le  comte, 
«  averti  du  dessein  des  François,  se  mit  en  embuscade  avec  un  corps  de 
«  troupes  dans  une  forêt  voisine  où  il  les  surprit.  Ces  peuples  se  défendirent 
«  avec  beaucoup  de  courage;  mais  ils  eurent  le  malheur,  outre  les  morts, 
«  de  laisser  prisonniers  quinze  cens  chevaliers  5i  deux  mille  sergens  armés. 
«  Le  comte  fit  dépouiller  ceux-ci  jusqu'à  la  chemise,  8c  après  avoir  fait  arra- 
«  cher  les  yeux  aux  uns,  couper  le  nez  &  les  oreilles  ou  enfin  les  bras  & 
«  les  pieds  aux  autres,  il  les  renvoya  ainsi  pour  jeter  la  terreur  parmi  ses 
«  ennemis.  Quant  aux  chevaliers,  ce  prince,  après  s'être  saisi  de  tous  leurs 
«  équipages,  les  fit  renfermer  dans  une  étroite  prison.  Ce  combat  fut  donné 
«  auprès  de  Castelsarrasin,  le  18  de  mai  de  l'an  1228.  Et,  pour  le  dire  en 
«  peu  de  mots,  les  François  furent  mis  en  fuite  ou  faits  prisonniers  trois 

'  Matthieu  Paris,  an.  1228.    [Tout  ce  récit  est  probablement  inventé  à  plaisir  ] 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIV.  620  ~~ ~ 

'        An  1228 

«  diverses  fois  en  différentes  occasions,  durant  cet  été,  par  le  comte  de  Tou- 
«  louse.  » 

XXXVIII.  —  Les  François  ravagent  les  environs  de  Toulouse. 

Humljert  de  Beaujeu,  après  avoir'  été  spectateur  inutile  de  la  prise  de  Cas- 
telsarrasin,  s'avança  jusqu'à  Lavaur  dans  le  dessein  d'aller  assiéger  Saint-Paul 
sur  l'Agoutj  mais  il  changea  bientôt  d'avis  Se  s'approcha  de  Toulouse.  Il 
campa  au  voisinage  de  cette  ville  vers  la  Saint-Jean-Baptiste,  dans  un  lieu 
appelé  Pech-Almari,  situé  vers  le  levant,  &  ayant  été  joint  par  les  archevê- 
ques d'Auch  &  de  Bordeaux,  par  divers  évêques,  barons  8<.  communes  de  Gas- 
cogne, il  ravagea  toutes  les  vignes  qui  occupoient  les  hauteurs.  Il  transféra 
ensuite  son  camp  à  Montaudran  8t  partagea  ses  troupes  en  trois  corps,  dont 
l'un  fourrageoit  tous  les  jours  les  moissons,  l'autre  rasoit  les  maisons  fortes 
du  pays,  Se  le  troisième  déracinoit  les  vignes.  C'est  ainsi  que  les  François, 
ayant  l'évêque  de  Toulouse  à  leur  tête,  portèrent  la  désolation  dans  les  envi- 
rons de  cette  ville  pendant  l'espace  de  trois  mois  qu'ils  y  séjournèrent.  Après 
cette  exécution  militaire,  les  prélats,  les  barons,  les  chevaliers  6<  les  peuples 
de  Gascogne  s'en  retournèrent,  81  le  reste  de  l'armée  s'avança  vers  Pamiers. 
Beaujeu  s'arrêta  dans  la  plaine  de  Saint-Jean  de  Verges,  d'où  il  soumit  tout 
le  pays  de  Foix  jusqu'au  Pas  de  la  Barre;  il  établit  ensuite  des  garnisons  dans 
toutes  les  places  qui  étoient  de  défense  8t  congédia  ses  troupes.  Pendant  ce 
temps-là  le  comte  de  Toulouse  reçut ^  à  Gaillac,  en  Albigeois,  le  8  de  juin^ 

l'hommaee  des  chevaliers  dû  château  de  Montaipu,  dans  le  même  pays,  au     no.  origin. 
,        ,  ^  '^  -^       .      '•  "1,  p.  369. 

nombre  de  trente-deux,  St  étant  à  Rabastens,  le  6  de  juillet  suivant,  les  sei- 
gneurs de  Najac,  en  Rouergue,  lui  firent  le  leur,  en  présence  de  Roger- 
Bernard,  comte  de  Foix,  d'Othon  de  Terride,  Pilfort  de  Rabastens,  &ic. 

XXXIX,  —  Le  pape  proroge  la  légation  du  cardinal  de  Saint-Ange  6-  lui 
ordonne  de  travailler  à  la  paix  du  comte  de  Toulouse. 

Le  pape  Grégoire  IX ^  ne  cessoit  cependant  d'exhorter  le  jeune  roi  &  la 
reine  Blanche,  sa  mère,  à  poursuivre  vivement  la  guerre  d'Albigeois,  tandis 
que  le  cardinal  Romain  de  Saint-Ange,  qui  leur  étoit  entièrement  dévoué, 
continuoit  de  faire  lever  en  leur  faveur,  avec  une  rigueur  extrême,  les  décimes 
sur  tout  le  clergé  de  France,  comme  on  voit  par  une  de  ses"*  lettres  datée  du 

5  de  décembre  de  cette  année.  Le  pape  avoit  résolu  de  le  rappeler;  mais  il 
le  continua  dans^  sa  légation  à  la  prière  du  roi  8t  l'établit  son  légat  alatere, 

■Guillaume    de    Puylaurens,   c.    37.    —   Voyez  légation    est    du    21     mars     1128;     cf.    Potthast, 

tome  VIII,  Chartes,  n.  CCCXLIII,  c.  iTioy.  n.  8i5o.  —  La    bulle  originale  pour  la   dispense 

'  Mss.  Colkert,  n.  1067.  [Lat.  6009,  p.  142.]  du  mariage,  qu'on  peut  voir  au  tome  VIII,  d'après 

'  Raynaldi,  an,   1218,  n.  2  8t  suiv.  un   vidimus  du   cardinal-légat,  est  au  Trésor  de» 

*  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  CLXXXI,  ce.  869  chartes,  J.  435,  n.   1-2.   Cf.  Teulet,  t.  2,  p.   140. 

6  870.  [Corrige^  5  juin,  au   lieu  de   5  décembre.]  Elle  est  du  25  juin  1228.  [A,  M.] 
^  Raynaldi,  ut  suya.  —  La   nouyelle   bulle  de 


I 


Au    lZ2<i 


63o  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIV. 

tant  en  France  qu'en  Provence  &  dans  les  provinces  de  Lyon,  Tarentaise, 
Embrun,  Vienne,  Aix  8<  Arles.  Le  pape  donna  ordre  à  ce  cardinal,  quinze 
jours  après  ',  de  travailler  de  toutes  ses  forces  à  la  conclusion  de  la  paix  entre 
le  jeune  roi  Se  R.aimond,  comte  de  Toulouse,  8t  lui  donna  pouvoir,  en  cas 
qu'on  pût  y  parvenir  par  le  mariage  de  l'un  des  trères  du  roi  avec  la  iille  du 
comte,  de  dispenser  de  la  parenté  qui  étoit  entre  eux^. 

XIj.  —  Paix  des  seigneurs  de  Termes  avec  le  roi  6*  l'Eglise. 

Pierre,  archevêque  de  Narbonne,  8c  Clarin,  évêque  de  Carcassorne,  tra- 
vailloient  fortement,  d'un  autre  côté,  à  détacher  du  parti  de  Pvaimond,  les 
sei2;neurs  du  pays  qui  tenoient  encore  pour  ce  prince,  &  ils  engagèrent  enfin 
les  deux  frères  Olivier  &  Bernard  de  Ternies  à  les  prendre  pour  médiateurs 
&  à  conclure  leur  paix  avec  l'Église  &  le  roi.  Elle  fut  arrêtée  à  Narbonne,  le 
2  1  de  novembre^,  &  ces  deux  chevaliers  déclarèrent,  en  présence  des  deux 
prélats  &  de  Gui  de  Lévis,  maréchal,  qu'ayant  été  jusqu'alors  seigneurs  de 
Termes,  ils  cédoient  au  roi  Louis  le  château  de  ce  nom  Si  qu'ils  les  en  met- 
toient  en  possession  au  nom  de  ce  prince.  «  Quant  au  reste  du  pays  de  Ter- 
«  menois,  ajoutent-ils.  Se  aux  domaines  de  nos  vassaux,  tant  chevaliers 
«  qu'autres,  qui  ont  été  &  qui  seront  réconciliés  à  l'Eglise,  nous  nous  en 
«  remettons  à  la  miséricorde  du  roi,  &  nous  les  recevons  en  commende  de  la 
«  part  de  ce  prince,  de  vous  Gui  de  Levis,  maréchal,  comme  nous  les  possé- 
«  dions  dans  le  temps  que  le  feu  roi  vint  à  Avignon.  Enfin  nous  promettons 
«  d'être  fidèles  au  roi  Se  à  ses  héritiers  Se  de  l'aider  contre  ses  ennemis  S< 
«  ceux  de  l'Église.  «  L'archevêque  de  Narbonne,  l'évêque  de  Carcassonne  Se 
Gui  de  Lévis  scellèrent  cet  acte  de  leur  sceau  Se  promirent  de  le  faire  sceller 
des  sceaux  des  nobles  hommes  Humbert,  seigneur  de  Beaujeu,  qui  est  dans  le 
pays  de  la  part  du  roi  de  France  6"  du  seigneur  Philippe  de  Montforti  II  fut 
passé  en  présence  de  Pierre  de  Voisins,  d'André,  sénéchal  du  Toulousain,  Sec. 
D'où  nous  inférons  :  i°  Que  Gui  de  Lévis,  Pierre  de  Voisins  Se  les  autres 
chevaliers  françois,  à  qui  Simon  de  Montfort  avoit  fait  part  de  la  conquête  Se 
qui  en  avoient  été  dépouillés  depuis  la  mort  de  ce  général,  furent  rétablis 
dans  leurs  domaines  en  1226,  par  le  roi  Louis  VIII,  lorsque  ce  prince  «ut 
repris  la  plus  grande  partie  du  pays.  2°  Que  Louis  VIII  Se  le  roi  saint  Louis, 
son  successeur,  firent  gouverner,  depuis  l'an  1226,  par  un  sénéchal  la  partie 
du  Toulousain  qu'ils  avoient  soumise  sur  le  comte  Raimond. 

'Le   9   juillet    1128,   Grégoire   IX   écrivit  aux  étaient   un    peu  hyperboliques,  &  que  le  ton   de 

consuls  &  au  peuple  de  Narbonne  pour  les  remer-  ces  deux  lettres  ne  rappelle  guère  celui  des  bulies 

cier  de  leur  attachement  à  la  foi  &  des  secours  qu'ils  que   les  papes  Innocent  III  &  Honorius  III  écri- 

avaient   prêtés  au   cardinal-légat  de  Saint-Ange.  virent  plus  d'une  fois  aux  habitants  de  la  même 

On   trouvera   une  traduction   de  cette  bulle  dans  ville.   [A.  M.) 

rinventaire  des   archives    Je   Narbonne,  série  AA,  '  Voyez   tome  VIII,   Chartes,  n.  CXC,  ce.  900, 

p.  1  iq.  Le  12  avril   1233,  Grégoire  IX   écrivit  de  901,  [&  plus  haut,  p.  629.] 

nouveau  à  ce  sujet  aux  habitants  de  Narbonne  &  '  Ibid.  n.  CLXXXII,  ce.  877  &  878. 

au    vicomte.    Il    faut    reconnaître   que    ces    éloges 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIV,  63 1    

An  1  220 

XLI.  —  L'abbé  de  Grandselve  fait   des  propositions  au  comte  Raimond  qui 
les  accepte  &<  convient  d'un  projet  de  paix. 

Le  légat,  voyant  que  les  ravages  exercés  par  le  seigneur  de  Beaujeu  dans 
le  Toulousain  avoient  fort  découragé  le  comte  Raimond  8t  les  habitans  de 
Toulouse,  Si  que  ce  prince,  abandonné  de  la  plupart  de  ses  alliés  &  de  ses 
vassaux,  étoit  d'ailleurs  hors  d'état  de  continuer  la  guerre,  crut  que  le  moment 
étoit  favorable  pour  lui  faire  des  propositions  de  paix  Se  pour  l'amener  au 
point  qu'il  avoit  concerté  avec  la  reine  mère  &t  le  conseil  du  jeune  roi.  Dans 
cette  vue,  il  lui  '  envoya  Elle  Guarin,  abbé  de  Grandselve,  qui  alla  joindre  le 
comte  à  Baziége,  dans  le  Lauragais,  à  quatre  lieues  de  Toulouse,  où  ils  con- 
férèrent ensemble.  Raimond  écouta  volontiers  les  propositions  de  paix,  8i  après 
être  convenu  avec  l'abbé  de  Grandselve  de  s'assembler  incessamment  à  Meaux, 
en  Brie,  dans  le  domaine  de  Thibaud,  comte  de  Champagne,  que  ce  prince 
avoit  pris  pour  médiateur,  il  donna  à  cet  abbé  son  plein  pouvoir'-,  daté  de 
Toulouse  le  lo  de  décembre  de  l'an  1228.  Raimond  y  déclare  «  que  désirant 
(1  de  tout  son  cœur  rentrer  dans  l'unité  de  l'Église,  8c  demeurer  dans  le 
<i  domaine,  la  fidélité  Se  le  service  de  son  seigneur  le  roi  de  France  8c  de  la 
«  dame  reine  mère,  sa  cousine,  il  leur  envoie,  ainsi  qu'au  cardinal  Romain, 
«  légat  du  Saint-Siège,  Elie,  abbé  de  Grandselve,  pour  traiter  avec  eux  de  la    x^t\\"^l^%'o 

«  paix,  à  laquelle  cet  abbé  avoit  longtemps  travaillé;  l'établit  son  procureur  

«  8c  promet,  du  conseil  de  ses  barons  8c  spécialement  des  consuls  de  Tou-  ^"  '^^9 
«  louse,  de  ratifier  tout  ce  qu'il  fera  avec  le  conseil,  8c  du  consentement  de 
«  son  très-cher  cousin  Thibaud,  comte  palatin  de  Brie  Se  de  Champagne,  Sec.  » 
L'abbé  de  Grandselve  étant  retourné  en  France  convint  avec  le  comte  de 
Champagne  de  divers  articles  que  R^aimond  ratifia  par  des  lettres  datées  du 
mois  de  janvier  de  l'an  1228  (1229).  Nous  les  omettons  parce  que  qu'ils  sont 
à  peu  près  les  mêmes  que  ceux  qui  furent  arrêtés  à  Paris,  au  mois  d'avril  sui- 
vant, 8c  dont  nous  parlerons  bientôt;  on  les  peut  voir  d'ailleurs  dans  nos 
preuves^. 

XLIL  —  Conférence  de  Meaux  pour  la  conclusion  de  la  paix.  —  Raimond 
jure  de  l'observer  devant  la  porte  de  la  cathédrale  de  Paris. 

Le  cardinal  de  Saint-Ange,  après  avoir  tenu"*  deux  conciles  touchant 
l'ajj'aire  d'Albigeois,  l'un  à  Sens,  à  la  Nativité  de  Notre-Seigneur,  l'autre  à 
Senlis,  à  la  Purification,  se  rendit ^  à  Meaux,  au  temps  marqué  pour  la  con- 
férence qui  y  avoit  été  indiquée.  Le  comte  Raimond  s'y  rendit  aussi  avec 

'  Guillaume  de  Puylaurens,  c.  %().  *  AlWric,  Chronicon. 

'Voyez   tome   VIII,    Chartes,    n.    CLXXXIII,  '  Guillaume  de  Puylaurens,  c.  Sp. 

ce.  878  à  883. 

'  liij.  —  Voyez  Martine,   T/ies.  anecdot.  t.  1, 
c.  943  &  suiv. 


An  1229 


632  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIV. 

l'archevêque  de  Naibonne,  les  évèques  de  la  Province,  un  certain  nombre  de 
députés  de  la  ville  de  Toulouse  &  divers  autres  prélats  que  le  légat  y  avoit 
appelés.  Enfin,  après  ([u'on  y  fut  convenu  des  articles  de  la  paix,  l'assemblée 
se  transféra  à  Paris  pour  y  consommer  cette  grande  affaire  avec  le  roi,  qui 
approuva  le  traité  dont  on  dressa  deux  copies'  authentiques,  l'une  au  nom 
de  ce  prince  &  l'autre  au  nom  du  comte  Raimond  ^.  Le  roi,  le  cardinal  ^ 
Romain,  légat  du  Saint-Siège,  £<.  le  comte  se  rendirent  ensuite  le  Jeudi- 
Saint  "*,  12  d'avril  de  l'an  1229,  devant  le  grand  portail  de  la  cathédrale  de 
Notre-Dame  de  Paris,  &  là,  après  la  lecture  faite  du  traité,  le  comte  fit  ser- 
ment de  l'observer  dans  tous  ses  points,  en  présence  du  cardinal-évêque  de 
Porto,  légat  en  Angleterre,  d'Otton,  cardinal-diacre  du  titre  de  Saint-Nicolas 
in  carcere  Tulliano,  qui  alloit  légat  en  Dace,  des  archevêques  de  Sens  8c  de 
Narbonne,  des  évêques  de  Paris,  Autun,  Niraes,  Maguelonne,  Toulouse,  & 
de  toute  la  Cour. 

XLIII.  —  Articles  de  la  paix. 

Dans  ce  traité  5,  qui  s'écarte  en  quelque  chose  de  l'accord  préliminaire, 
Raimond  déclare  d'abord  qu'ayant  soutenu  la  guerre  pendant  longtemps 
contre  l'Église  romaine  &  contre  son  très-cher  seigneur  le  roi  de  France,  6c 
que  désirant  de  tout  son  cœur  d'être  réconcilié  à  l'Église,  8c  de  demeurer 
dans  la  fidélité  8c  le  service  du  roi,  il  avoit  fait  tous  ses  efforts,  soit  par  lui- 
même,  soit  par  des  personnes  interposées,  pour  parvenir  à  la  paix;  qu'elle 
avoit  été  enfin  conclue  de  la  manière  suivante,  8c  qu'il  promet,  entre  les 
mains  de  Romain,  cardinal-diacre  de  Saint-Ange,  légat  du  Saint-Siège  apos- 
tolique, qui  reçoit  sa  promesse,  au  nom  de  l'Église  romaine,  d'en  observer 
fidèlement  tous  les  articles. 

Raimond  promet  ensuite  :  1°  D'être  fidèle  8c  obéissant  au  roi  8c  à  l'Eglise 
8c  de  leur  demeurer  attaché  jusqu'à  la  mort;  de  combattre  les  hérétiques, 
leurs  croyans,  fauteurs  8c  receleurs,  dans  les  terres  que  lui  8c  les  siens  possé- 
doient  8c  posséderoient,  sans  épargner  ses  proches,  ses  vassaux,  ses  parens, 
ses  amis;  de  purger  entièrement  le  pays  d'hérésie  8c  d'aider  à  purger  celui 
qui  appartiendroit  au  roi. 

2°  De  faire  une  prompte  justice  des  hérétiques  manifestes  8c  de  les  faire 
rechercher  exactement,  ainsi  que  leurs  fauteurs,  par  ses  baillis,  suivant 
l'ordre  du  légat,  8c,  pour  faciliter  cette  recherche,  de  payer  pendant  deux  ans 

■  Voyez    tome  VIII,    Chartes,    n.    CLXXXIV,  Paris,  Toulouse,  Maguelonne,  Albi  &  Nimes,  & 

c.  883  &  suiv.  des  archevêques  de  Sens  &  de  Narbonne.  Cf.  Teu- 

'  Ajoutons-y    une    autre    expédition    datée   du  let,  t.  2,  p.  102  a.   [A,  M.] 

Il    avril  &  dont    le  Trésor  des    chartes  contient  'Guillaume    de    Puylaurens,   c.   3t),   —    Ray- 

trois  exemplaires  (J.   3o5,  n.  3,  4  &  7).  Elle  est  naldi,  an.  1228,  n.  26. 

intitulée   au    nom   du    cardinal-légat.    Enfin    un  ^  Voyez  tome  VII,   Note  XXV,   n.    3    &   suiv., 

autre    exemplaire,    intitulé     au     nom     de     Rai-  pp.  72,  73. 

mond  VII  (J.  33i,   n.  3),  ajoute  une  clause  an-  ^  Voyez  toneVllI, Chartes,  n.  CLXXXIV, c.  885 

nonjant   l'apposition    des   sceaux  des   évêques  de  &  suiv. 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC,  LIV.  XXIV.  633 


An  iiiy 


deux  marcs  d'argent,  8c  dans  la  suite  un  marc  à  chacun  de  ceux  qui  pren- 
droient  un  hérétique  condamné  comme  coupable  par  1  evêque  diocésain  ou 
par  ceux  qui  auroient  pouvoir  de  le  juger,  Si  quant  à  ceux  qui  n'étoient  pas 
hérétiques  manifestes  ou  leurs  fauteurs,  de  suivre  les  ordres  de  l'Église  &  du 
légat. 

3°  De  garder  la  paix  8c  de  la  faire  garder  dans  tous  ses  domaines,  d'en 
chasser  les  routiers  8c  de  les  punir;  de  protéger  les  églises  8c  les  ecclésiasti- 
ques; de  les  maintenir  dans  leurs  droits,  immunités  8c  privilèges;  de  faire 
respecter  par  ses  sujets  le  pouvoir  des  clefs;  de  garder  8c  faire  garder  les  sen- 
tences d'excommunication  ;  d'éviter  les  excommuniés  de  la  manière  qu'il  est 
marqué  dans  les  canons;  de  contraindre  ceux  qui  demeureroient  un  an 
excommuniés  à  rentrer  dans  l'Eglise  par  la  confiscation  de  leurs  biens,  jus- 
qu'à ce  qu'ils  eussent  fait  une  satisfaction  convenable  ;  de  faire  observer  toutes  t.  uVp!"^"!. 
ces  choses  par  ses  baillis;  de  punir  ces  otficiers  s'ils  étoient  négligens  ;  de 
n'en  instituer  aucun  qui  ne  fût  catholique;  d'exclure  les  juifs  8c  ceux  qui 
étoient  notés  d'hérésie  des  charges  publiques,  8cc. 

4°  De  restituer  présentement  les  biens  8c  les  droits  des  églises  8c  des  ecclé- 
siastiques, savoir  :  ceux  qu'ils  possédoient  avant  l'arrivée  des  croisés  8c  dont 
il  paroîtroit  qu'ils  avoient  été  dépouillés,  8c  quant  aux  autres,  d'ester  à  droit, 
soit  devant  les  ordinaires,  soit  devant  le  légat,  ses  délégués  8c  ceux  du  Saint- 
Siège. 

5°  De  payer  ou  faire  payer  les  dîmes  de  l'avenir;  de  ne  pas  permettre  que 
les  chevaliers  8c  autres  laïques  en  possédassent,  mais  de  les  faire  rendre  aux 
églises.  Se  de  remettre  entre  les  mains  de  personnes  sûres  la  somme  de  dix 
mille  marcs  d'argent  pour  réparer  les  maux  qui  avoient  été  causés  aux  églises 
8c  aux  ecclésiastiques,  laquelle  somme  seroit  distribuée  proportionnellement 
par  ceux  que  le  légat  commettroit. 

6°  De  payer,  outre  cela,  à  l'abbaye  de  Cîteaux  deux  mille  marcs  d'argent, 
qui  seroient  employés  en  fonds  de  terre  pour  servir  à  l'entretien  des  abbés  8c 
des  frères  durant  le  chapitre  général  ;  cinq  cens  marcs  à  l'abbaye  de  Clair- 
vaux,  mille  marcs  à  celle  de  Grandselve,  trois  cens  à  celle  de  Belleperche  8c 
autant  à  celle  de  Candeil,  tant  pour  leurs  bâtimens  8c  en  réparation  des 
dommages  qu'il  leur  avoit  causés  que  pour  le  salut  de  son  âme  ;  de  payer  de 
plus,  six  mille  marcs  d'argent  pour  être  employés  aux  fortifications  8c  à  la 
garde  du  château  Narbonnois  de  Toulouse  8c  des  autres  places  qu'il  remettra 
au  roi,  8c  que  le  roi  gardera  pendant  dix  ans  pour  sa  sûreté  8c  celle  de 
l'Église;  8t  enfin  de  payer  ces  vingt  mille  marcs  d'argent  dans  l'espace  de 
quatre  ans,  cinq  mille  marcs  tous  les  ans. 

7°  De  payer  encore  quatre  autres  mille  marcs  d'argent  pour  entretenir, 
pendant  dix  ans,  quatre  maîtres  en  théologie,  deux  en  droit  canonique,  six 
maîtres  ès-arts  8c  deux  régens  de  grammaire  qui  professeroient  ces  sciences  à 
Toulouse. 

8°  De  prendre  la  croix  des  mains  du  légat  aussitôt  que  ce  prélat  lui  auroit 
donné  l'absolution;  d'aller  servir  ensuite  outre-mer  pendant  cinq  années 


Ai)  i2i9 


634  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIV. 


consécutives  contre  les  Sarrasins  pour  l'expiation  de  ses  péchés,  &  de  partir 
pour  ce  pèlerinage  dans  l'intervalle  du  passage  qui  devoit  se  faire  depuis  le 
mois  d'août  prochain  jusqu'au  mois  d'août  de  l'année  suivante. 

9°  De  traiter  en  amis  &.  de  ne  pas  inquiéter  ceux  de  ses  sujets  qui  s'étoient 
déclarés  pour  l'Église,  pour  le  roi  &.  pour  les  comtes  de  Montfort  &  leurs 
adhérens,  à  moins  qu'ils  ne  fussent  hérétiques;  à  condition  que  l'Eglise  8c  le 
roi  traiter'  'ent  de  même  ceux  qui  s'étoient  déclarés  contre  eux  en  sa  faveur, 
excepté  ceux  qui  ne  consentiroient  pas  à  ce  traité. 

io°  «  Le  roi  faisant  attention  à  notre  humiliation,  dit  ensuite  le  comte 
«  Raimond ,  &  espérant  que  je  persévérerai  constamment  dans  la  dévotion 
«  envers  l'Église  &  dans  la  fidélité  envers  lui;  voulatit  me  faire  grâce,  don- 
«  nera  en  mariage,  avec  la  dispense  de  l'Eglise,  ma  fille,  que  je  lui  remet- 
«  trai,  à  l'un  de  ses  frères,  &  il  me  laissera  tout  l'évêché  (ou  diocèse)  de  Tou- 
«  louse,  excepté  la  terre  du  maréchal  (de  Lévis)  que  ce  dernier  tiendra  en 
«  fief  du  roi.  Après  ma  mort,  Toulouse  &  son  évêché  appartiendront  au  frère 
«  du  roi  qui  aura  épousé  ma  fille  &  à  leurs  enfans,  &  s'il  n'y  en  avoit  pas  de 
«  ce  mariage  ou  si  ma  fille  meurt  sans  enfans,  ils  appartiendront  au  roi  Si  à 
«  ses  successeurs,  à  l'exclusion  de  mes  autres  enfans;  en  sorte  qu'il  n'y  aura 
c(  que  les  enfans  du  frère  du  roi  Se  de  ma  fille  qui  y  auront  droit.  » 

11°  Le  roi  me  laissera  l'Agenois,  le  Rouergue,  la  partie  de  l'Albigeois  qui 
est  en  deçà  du  Tarn,  du  côté  de  Gaillac,  jusqu'au  milieu  de  la  rivière,  &  le 
Querci,  excepté  la  ville  de  Cahors,  les  fiefs  Si  les  autres  domaines  que  le  roi 
Philippe,  son  aïeul,  possédoit  dans  ce  dernier  pays  au  temps  de  sa  mort.  Si 
je  meurs  sans  enfans  nés  d'un  légitime  mariage  tous  ces  pays  appartiendront 
à  ma  fille,  qui  épousera  l'un  des  frères  du  roi.  Si  à  leurs  héritiers;  de  telle 
sorte  cependant  que  j'exercerai  mon  autorité  de  plein  droit  comme  un  véri- 
table seigneur,  sauf  les  conditions  susdites,  tant  sur  la  ville  Si  le  diocèse  de 
1 1ii*"'*'3-2  Toulouse  que  sur  les  autres  pays  dont  on  vient  de  parler.  Si  que  je  pourrai 
à  ma  mort  faire  des  legs  pieux,  suivant  les  usages  Si  les  coutumes  des  autres 
barons  de  France.  Le  roi  me  laissera  toutes  ces  choses,  sauf  le  droit  des  églises 
Si  des  ecclésiastiques. 
^  12°  Je  laisse  Verfeil  Si  le  village  de  Las  Bordes  avec  leurs  dépendances  à 

l'évêque  de  Toulouse  Si  au  fils  d'Odon  de  Lyliers,  conformément  au  don 
que  le  feu  roi  Louis,  de  bonne  mémoire,  père  du  roi.  Si  le  comte  de  Mont- 
fort  leur  en  ont  fait;  à  condition,  toutefois,  que  l'évêque  de  Toulouse  me 
rendra  les  devoirs  auxquels  il  étoit  tenu  envers  le  comte  de  Montfort;  5c 
l'autre  ceux  auxquels  il  s'étoit  obligé  envers  le  feu  roi.  Toutes  les  autres 
donations  faites  soit  par  le  roi,  soit  par  le  feu  roi,  son  père,  soit  par  les 
comtes  de  Montfort,  seront  nulles  8t  n'auront  aucun  effet  dans  les  pays  qui 
me  resteront. 

i3°  J'ai  fait  hommage-lige  Si  prêté  serment  de  fidélité  au  roi,  suivant  la 
coutume  des  barons  du  royaume  de  France,  pour  tous  les  pays  qui  me  sont 
laissés.  J'ai  cédé  précisément  au  roi  Si  à  ses  héritiers  à  perpétuité,  tous  mes 
auucs  pays  Si  domaines  situés  en  deçà  du  Rhône,  dans  le  royaume  de  France, 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIV,  635   

An  I22p 

avec  tous  les  droits  que  j'y  ai.  Quant  aux  pays  St  domaines  qui  sont  au  delà 
de  ce  fleuve  dans  l'Empire,  avec  tous  les  droits  qui  peuvent  m'y  appartenir, 
je  les  ai  cédés  précisément  £<.  absolument  à  perpétuité  à  l'Église  romaine 
entre  les  mains  du  légat. 

14°  Tous  les  habitans  de  ces  pays,  qui  en  ont  été  chassés  par  l'Église,  par 
le  roi  81  par  les  comtes  de  Montfort,  ou  qui  se  sont  retirés  d'eux-mêmes, 
seront  rétablis  dans  leurs  biens;  à  moins  qu'ils  ne  soient  hérétiques  con- 
damnés par  l'Eglise,  excepté  néanmoins  dans  les  biens  qui  peuvent  leur  avoir 
été  donnés  par  le  roi,  par  le  teu  roi,  son  père,  8t  par  les  comtes  de  Montfort. 
'Que  si  quelques-uns  de  ceux  qui  demeureront  dans  les  pays  qui  me  sont 
laissés,  spécialement  le  comte  de  Foix  Se  les  autres,  ne  veulent  pas  se  sou- 
mettre aux  ordres  de  l'Eglise  8t  du  roi,  je  leur  ferai  une  guerre  continuelle, 
&  je  ne  conclurai  avec  eux  ni  paix  ni  trêve,  sans  le  consentement  de  l'Église 
8t  du  roi  :  les  domaines  qu'on  prendra  sur  eux  me  resteront  après  que  j'aurai 
rasé  toutes  les  places  fortes;  à  moins  que  le  roi  ne  voulût  les  garder  lui- 
même  pendant  dix  ans,  pour  sa  sûreté  81  celle  de  l'Église,  après  l'acquisition 
que  j'en  aurai  faite,  &.  il  les  retiendra  alors  pendant  ce  temps-là  avec  leurs 
revenus. 

i5°  Je  ferai  détruire  entièrement  les  murs  de  la  ville  de  Toulouse  8c  com- 
bler les  fossés,  suivant  les  ordres  8c  la  volonté  du  légat. 

16°  J'en  ferai  de  niême  de  trente  villes  ou  châteaux,  savoir  :  de  Fanjeaux, 
Castelnaudary,  Becède,  Avignonet,  Puyiaurens,  Saint-Paul  8c  Lavaur  (dans 
le  Toulousain);  de  P\.abastens,  Gaillac,  Montaigu  8c  Puycelsi  (en  Albigeois); 
de  Verdun  Se  de  Castelsarrasin  (dans  le  Toulousain);  de  Moissac,  Mon- 
tauban  8c  Montcuq  (en  Querci);  d'Agen  8c  de  Condom  (en  Agenois);  de 
Saverdun  Se  d'Auterive  (dans  le  Toulousain);  de  Casseneuil,  Pujol  8c  Au- 
villar  (en  Agenois);  de  Peyrusse  (en  Rouergue)  ;  de  Laurac  (dans  le  Tou- 
lousain), 8c  de  cinq  autres,  suivant  la  volonté  du  légat  :  les  murailles  Se  les 
fortifications  de  ces  places  ne  pourront  être  rétablies  sans  la  permission  du 
roi.  Je  ne  pourrai  élever  ailleurs  de  nouvelles  forteresses;  mais  il  me  sera 
])ermis  de  bâtir  de  nouvelles  villes  non  fortifiées  dans  les  domaines  qui  me 
resteront,  si  je  le  juge  à  propos.  Que  si  quelqu'une  des  places  dont  on  doit 
abattre  les  murs  appartient  à  mes  vassaux,  8c  s'ils  s'opposent  à  leur  démoli- 
tion, je  leur  déclarerai  la  guerre,  8c  je  ne  ferai  ni  paix  ni  trêve  avec  eux  sans 
le  consentement  de  l'Eglise  8c  du  roi,  jusqu'à  ce  que  ces  murs  soient  entière- 
ment détruits  8c  les  fossés  comblés. 

17°  J'ai  juré  8c  promis  au  légat  8c  au  roi  d'observer  de  bonne  foi  toutes  ces 
choses  8c  de  les  faire  observer  par  mes  vassaux  8c  sujets;  j'obligerai  les  habi- 
tans de  Toulouse  Se  tous  ceux  des  pays  qui  me  sont  laissés  à  jurer  de  les 
garder  soigneusement,  8c  on  ajoutera  dans  leur  serment  qu'ils  s'employeront 
efficacement  pour  m'obliger  à  les  garder;  en  sorte  que  si  je  contreviens  à 
tous  ou  à  quelqu'un  de  ces  articles,  ils  seront  aussitôt  déliés  du  serment  de 
fidélité  qu'ils  m'ont  prêté;  que  je  les  délie  dès  maintenant  de  la  fidélité  8c  de 
l'hommage  qu'ils  me  doivent  Se  de  toute  autre  obligation,  8c  qu'ils  adhère-    t.  ui,"p!'37 j. 


An  1229 


636  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIV. 

ront  à  l'Eglise  &  au  roi.  Si  je  ne  me  corrige  dans  l'espace  de  quarante  iours, 
depuis  que  j'aurai  été  averti,  8c  si  je  refuse  de  subir  le  jugement  de  l'Église 
dans  les  matières  qui  la  regardent,  81  celui  du  roi  dans  celles  qui  le  concer- 
nent, tous  les  pays  qu'on  me  laisse  tomberont  en  commise  en  faveur  du  roi. 
Se  je  serai  dans  le  même  état  que  je  suis  maintenant  par  rapport  à  l'excom- 
munication, 8<  soumis  à  tout  ce  qui  a  été  statué  contre  moi  8c  contre  mon 
père  dans  le  concile  général  (de  Latran)  81  depuis. 

18°  Mes  sujets  8c  vassaux  ajouteront  encore  dans  leurs  sermens,  qu'ils  aide- 
ront l'Eglise  contre  les  hérétiques,  leurs  croyans,  leurs  fauteurs  Se  leurs  rece- 
leurs, 8c  contre  tous  ceux  qui  seront  contraires  à  l'Église,  pour  l'hérésie  8c  le 
mépris  de  l'excommunication  dans  les  pays  qui  me  sont  laissés;  qu'ils  servi- 
ront le  roi  contre  tous  ses  ennemis,  8c  qu'ils  ne  cesseront  de  leur  faire  la 
guerre  jusqu'à  ce  qu'ils  soient  soumis  à  l'Église  8c  au  roi. 

19°  Ces  sermens  seront  renouvelés  de  cinq  ans  en  cinq  ans  suivant  l'ordre 
du  roi. 

20°  Pour  l'exécution  de  tous  ces  articles  je  remettrai  entre  les  mains  du 
roi  le  château  Narbonnois,  qu'il  gardera  pendant  dix  ans  8c  qu'il  pourra  for- 
tifier s'il  le  juge  à  propos.  Je  lui  remettrai  aussi  les  châteaux  de  Castel- 
naudary,  de  Lavaur,  de  Montcuq,  de  Penne  d'Agenois,  de  Cordes,  de  Pey- 
russe,  de  Verdun  8c  de  Villemur  :  il  les  gardera  pendant  dix  ans,  8c  je 
payerai  tous  les  ans  quinze  cens  livres  tournois  pour  la  garde,  pendant  les 
cinq  premières  années,  indépendamment  de  six  mille  marcs  dont  on  a  déjà 
parlé.  Les  autres  cinq  années  le  roi  les  fera  garder  à  ses  dépens,  s'il  juge  à 
propos  de  les  tenir  encore  en  sa  main  durant  ce  temps-là.  Le  roi  pourra 
détruire  les  fortifications  de  quatre  de  ces  châteaux,  savoir  :  de  Castelnau- 
dary,  Lavaur,  Villemur  8c  Verdun,  si  cela  lui  plaît  8c  à  l'Église,  sans  préju- 
dice de  la  somme  marquée  pour  la  garde;  mais  les  rentes  8c  les  revenus,  8c 
tout  ce  qui  dépend  du  domaine  dans  ces  châteaux,  m'appartiendront,  8c  le 
roi  en  fera  garder  les  forteresses  à  ses  dépens  avec  le  château  de  Cordes.  J'y 
tiendrai  des  baillis  qui  ne  soient  pas  suspects  à  l'Église  8c  au  roi  pour  rendre 
la  justice  8c  faire  la  recette  de  mes  revenus.  Au  bout  de  dix  ans  le  roi  me 
rendra  les  forteresses  de  ces  châteaux  8c  celui  de  Cordes,  sauf  les  conditions 
susdites,  8c  supposé  que  j'aie  rempli  mes  obligations  envers  l'Eglise  8t  le  roi. 
Je  livrerai  au  roi  le  château  de  Penne  d'Albigeois,  d'ici  au  1"  d'août,  pour 
qu'il  le  garde  pendant  dix  ans  avec  tous  les  autres,  8c  si  je  ne  puis  le  lui 
remettre  dans  cet  intervalle,  je  l'assiégerai  8c  ne  cesserai  de  faire  la  guerre  à 
ceux  qui  l'occupent  jusqu'à  ce  que  je  l'aie  soumis,  sans  que  cela  retarde  mon 
départ  pour  le  pays  d'outre-mer,  8c  si  je  ne  puis  le  prendre  dans  un  an,  j'en 
ferai  donation  ou  aux  templiers  ou  aux  hospitaliers,  ou  enfin  à  d'autres  reli- 
gieux, 8c  si  on  ne  trouve  aucuns  religieux  qui  veuillent  en  accepter  la  dona- 
tion, il  sera  entièrement  détruit,  8cc. 

21°  Le  roi  décharge  les  habitans  de  Toulouse  8c  tous  les  peuples  du  pays 
qui  m'est  laissé  de  tous  les  engagemens  qu'ils  avoient  contractés,  soit  envers 
lui  Se  envers  le  roi,  son  père,  soit  envers  les  comtes  de  Montfort  ou  autres 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIV.  63?   ~~; 

'         An  1229 

pour  eux,  des  peines  &  de  la  commise  auxquelles  ils  setoient  soumis,  s'ils 
revenoient  jamais  sous  mon  obéissance  ou  celle  de  mon  père;  81  il  les  délie, 
autant  qu'il  est  en  lui,  du  serment  qu'ils  lui  avoient  prêté.  Dans  l'expédi- 
tion '  authentique  qui  fut  faite  de  ce  traité  au  nom  du  roi,  les  noms  des 
grands  officiers  de  la  couronne  qui  y  furent  présens  sont  marqués  au  bas. 

Enfin  le  comte  de  Toulouse  déclara,  par  un  acte  séparé^,  «  que  Thibaud^, 
«  comte  palatin  de  Champagne  &  de  Brie,  son  très-cher  cousin,  qu'il  avoit 
«  pris  pour  médiateur,  ayant  ordonné  que  vingt  citoyens  de  Toulouse,  de 
«  son  consentement  81  du  leur,  demeureroient  en  otage  auprès  du  roi  jusqu'à 
«  ce  qu'on  eût  démoli  cinq  cens  toises  des  murs  de  Toulouse  &  qu'on  eût 
«  comblé  autant  de  toises  des  fossés  de  cette  ville,  dans  l'endroit  qu'il  plairoit 
«  au  légat  &  au  roi  d'indiquer;  ces  otages  (dont  il  marque  les  noms)  avoient 
«  fait  serment  qu'aussitôt  après  leur  délivrance  ils  poursuivroient  la  destruc- 
«  tien  du  reste  de  leurs  murailles.  » 

XLIV.  —  Le  légat  donne  l'absolution  au  comte  Raimond. 

Raimond,  avant  fait  serment^*  d'observer  fidèlement  tous  ces  articles,  fut  ,^,1i'""''^i"- 
introduit  dans  l'église  de  Notre-Dame  de  Paris  par  le  légat  qui,  l'ayant  con- 
duit au  pied  du  grand  autel,  lui  donna  l'absolution  de  son  excommunica- 
tion, 8c  à  tous  ceux  de  ses  alliés  qui  étoient  présens.  «  C'étoit  un  spectacle 
«  digne  de  compassion,  dit  un  auteur  du  temps 5,  de  voir  un  si  grand  homme, 
«  après  avoir  résisté  à  tant  de  nations,  être  conduit  jusqu'à  l'autel,  en  che- 
«  mise,  en  haut-de-chausses  {in  braccis)  &  nu-pieds.  »  Le  légat  fit  en  même 
temps  expédier  un  acte'^  de  cette  absolution,  dans  lequel  il  déclare,  «  que  le 
«  noble  homme  Raimond,  fils  de  Raimond,  autrefois  comte  de  Toulouse, 
«  avant  été  longtemps  rebelle  à  l'Église  8c  au  roi,  s'étoit  enfin  rendu  à  leurs 
«  ordres  8c  aux  siens;  qu'il  étoit  venu  humblement  8c  dévotement  demander 
«  son  absolution  8c  implorer  leur  clémence  &c  non  leur  jugement;  qu'il  avoit 
«  juré  solennellement  en  sa  présence,  devant  la  porte  de  l'église  de  Paris,  le 
«  jour  de  Jeudi-Saint,  d'obéir  absolument  aux  ordres  de  l'Église  8c  aux  siens, 
«  dans  tous  les  points  pour  lesquels  il  avoit  été  excommunié.  Ayant  égard, 
«  poursuit  le  légat,  à  son  humilité  8c  à  sa  dévotion,  nous  avons  eu  soin  de 
«  lui  donner  l'absolution,  suivant  la  forme  accoutumée  dans  l'Église  8c  nous 
«  l'avons  aussitôt  déclaré  excommunié  de  son  consentement,  s'il  contrevient 
«  à  quelqu'un  des  articles  qu'il  a  promis  d'observer  Se  qui  sont  contenus  dans 
«  le  traité  de  paix,  Se,  s'il  ne  les  exécute  pas,  nous  le  réduisons  en  ce  cas  au 

•  Catel,  Histoire  iei  tonnes  de  Tolose,  p.  332  8c  fassent.  Cet  acte  est  indiqué  par  de  Gaiijal,  Etudes 

suiv.  sur  le    Roucrgue,    t.   2,    p.    io3,    qui    renvoie   aux 

'  Ce    traité    de    Paris    fut    suivi,   peu    de    temps  archives  de  Millau.    [A.  M.] 

après,  d'un   traité  particulier  pour  la  yicomté   de  'Voyez    tome    VllI,    Chartes,    n.    CLXXXIX, 

Milhau,  à  Inquelle  Louis  IX  accorda  divers  ,  rivi-  ce.  892,  893. 

léges,    notamment    celui    de    citer    pardcvant    les  *  Guillaume  de  Puyiaurens,  c.  89. 

consuls  de  cette  ville  tous   les  débiteurs  des   habi-  '  liij. 

t.ints,   en    quelque   lieu   du    royaume  qu'ils   habi-  '  Tome  VIII,  Chartes,  n.  CLXXXV,  ce.  893,  894. 


An  ii2p 


638  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.   LIV,  XXIV. 

«  même  état  qu'il  étoit  avant  son  absolution,  quant  à  l'excommunication,  8c 
«  nous  le  soumettons  aux  peines  qui  ont  été  décernées  contre  lui  81  contre 
«  son  père,  soit  clans  le  concile  général,  soit  depuis.  Donné  à  Paris,  le 
«  12  d'avril  de  l'an  1228  '  (122g).  »  C'est  ainsi  que  la  paix  fut  enfin  conclue 
entre  le  roi  saint  Louis  8<  Raimond  VII,  comte  de  Toulouse,  par  ce  fameux 
traité,  qui  fit  changer  de  face  au  gouvernement  de  la  plus  grande  partie  de 
la  Province,  8<.  qu'il  est  à  propos  d'éclaircir  par  quelques  remarques. 

XI<V.  —  Amavr'i  de  Montfort  confirme  la  cession  qu'il  avoit  déjà  faite  de  ses 
droits  en  faveur  du  roi  sur  les  Etats  de  Raimond,  &c.  —  Fin  d'Amauri. 

On  voit  par  ce  traité  que  les  principaux  instigateurs  de  la  guerre  contre 
Raimond  songeoient^  bien  moins  à  s'assurer  de  sa  catholicité  qu'à  le  dépos- 
séder de  ses  domaines  &t  à  s'enrichir  de  ses  dépouilles.  En  effet,  ce  comte 
avoit  toujours  demandé  la  paix  avec  ardeur  8<.  offert  d'exécuter  tous  les 
ordres  que  le  pape  &  le  légat  voudroient  lui  donner  pour  l'expulsion  Si  la 
punition  des  hérétiques,  comme  on  peut  s'en  convaincre  par  divers  monu- 
mens,  entre  autres  par  les  offres  qu'il  fit  en  1224  au  concile  de  Montpellier. 
Car,  quant  à  sa  propre  personne,  il  ne  fut  jamais  suspect  d'hérésie,  Si  il  ne 
fut  excommunié  que  parce  qu'il  ne  vouloit  pas  renoncer  à  ses  justes  préten- 
tions sur  le  patrimoine  de  ses  ancêtres.  Aussi  dès  qu'il  eut  cédé  une  grande 
partie  de  ses  domaines,  il  fut  généralement  reconnu  pour  catholique;  ses 
sentimens  furent  jugés  orthodoxes,  Si  on  n'exigea  de  lui  aucune  abjuration 
de  ses  erreurs.  Il  est  vrai  que  le  concile  général  de  Latran  avoit  disposé  de 
la  plus  grande  partie  des  Etats  du  comte,  son  père,  en  faveur  de  Simon  de 
Montfort,  &  que  les  papes  avoient  confirmé  la  possession  de  ces  domaines  à 
Amauri  de  Monfort,  qui  céda  ses  droits  à  nos  rois;  mais  on  sait  que  c'est  une 
maxime  des  plus  constantes  81  des  plus  inviolables  que  l'Église  n'a  aucun 
pouvoir  sur  le  temporel  des  rois  8<  des  princes.  Il  ne  falloit  donc  rien  laisser 
de  ses  domaines  à  Raimond  VII,  si  ses  sentimens  sur  la  foi  étoient  aussi  mau- 
vais qu'on  le  prétendoit  Si  si  la  disposition  du  concile  de  Latran  étoit  légi- 
time, ou  bien  il  ne  falloit  pas  le  priver  d'une  portion  si  considérable  de 
l'héritage  de  ses  pères,  s'il  étoit  véritablement  catholique  Si  résolu,  comme  il 
l'étoit  en  effet,  de  punir  ses  sujets  qui  étoient  hérétiques  manifestes.  On 
peut  ajouter  que,  quoiqu'il  paroisse  que  le  conseil  du  roi  saint  Louis  fondât 
les  prétentions  de  ce  prince  aux  domaines  de  la  maison  de  Toulouse,  sur  la 
cession  d'Amauri  ;  il  ne  la  croyoit  pas  toutefois  bien  assurée,  puisque,  si  elle 
eût  été  incontestable,  il  n'auroit  eu  garde  de  laisser  à  Raimond  un  domaine 
qui  étoit  encore  très-étendu. 

Le  jeune  roi  eut  cependant  la  précaution  de  faire  confirmer  cette  cession 
par  Amauri  qui,  quelques  jours  après  la  conclusion  du  traité  de  paix,  déclara 


■  Voyez  tome  VII,  Hôte  XXV,  n.  4,  p.  73. 

'  Bo^chcj  Histoire  de  Provence,  t.  2,  p.  224  &  suiv. 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIV.  63q  ~T 

-'       An  1229 

par  un  acte'  authentique  «  qu'il  avoit  cédé  librement  Si  absolument  au  roi 

«  Louis,  d'illustre  mémoire,  fk  à  ses  héritiers,  à  perpétuité,  tous  les  droits 

«  qu'il  pouvoit  avoir  sur  le  comté  de  Toulouse,  la  vicomte  de  Béziers  8c  toute     'iii'"''^l"5 

«  la  conquête  d'Albigeois,  avec  promesse  de  ne  plus  faire  valoir  ses  droits 

«  dans  la  suite  sur  tous  ces  domaines,  ni   même  en  vertu  de  la  paix  que  le 

«  roi  Louis,  fils  de  ce  prince,  avoit  faite  avec  Raimond,  comte  de  Toulouse, 

o  ou  qu'il  pourroit  faire  dans  la  suite  avec  les  autres  seigneurs  du  pays.  Il 

«  ajouta  que  le  roi  n'étoit  tenu  à  aucun  dédommagement  pour  cette  cession  ; 

«  à  moins  que  voulant  y  faire  attention,  &  en  considération  de  ses  services,  il 

«  ne  lui  donnât  quelque  chose  de  sa  grâce  81  de  sa  libéralité.  »  Le  roi  n'avoit 

donc  pas  encore  alors  disposé  de  la  charge  de  connétable  en  faveur  d'Amauri, 

comme  quelques  auteurs  l'ont  avancé  :  aussi  Mathieu  de  Montmorenci,  qui 

en  étoit  pourvu,  la  garda-t-il  jusqu'à  sa  mort  arrivée  au  mois  de  novembre 

de  l'an  1280. 

Saint  Louis  pourvut  Amauri  de  cette  charge  aussitôt  après  la  mort  de  Ma- 
thieu de  Montmorenci,  8t  non  pas  seulement  en  I23i,  ainsi  qu'un  généa- 
logiste* moderne  le  prétend.  En  effet,  Amauri  prend  le  titre  de  connétable 
de  France  dans  une  ordonnance^  touchant  les  juifs,  que  saint  Louis  fit 
publiera  Melun,  au  mois  de  décembre  de  l'an  iiSo,  8c  qu'il  donna,  du  con- 
seil de  ses  barons,  au  nombre  de  dix-huit,  lesquels  la  scellèrent  de  leurs 
sceaux  avec  le  roi,  qui  plaça  le  sien  au  milieu.  Il  est  vrai  que  cette  ordon- 
nance paroît  datée  de  l'an  i233  dans  la  dernière  édition "*  qu'on  en  a  donnée; 
mais  c'est  une  faute  qu'on  auroit  dû  corriger.  Au  reste,  Amauri  de  Montfort 
exerça  sa  charge  de  connétable  jusqu'à  l'année  1241^,  qui  fut  celle  de  sa 
mort.  Il  revenoit  alors  de  la  Terre-Sainte,  où  il  avoit  passé  en  1289  8c  où  il 
avoit  été  fait  prisonnier  8c  conduit  à  Babylone.  Il  mourut  en  passant  à 
Otrante,  en  Calabre,  8c  fut  inhumé  à  Rome,  dans  l'église  de  Saint-Jean  de 
Latran.  Son  cœur  fut  apporté  au  monastère  de  filles  de  Hautes-Bruyères  de 
l'ordre  de  Fontevrault,  dans  le  diocèse  de  Chartres,  8c  enfermé  dans  le  creux 
de  l'épaule  gauche  de  sa  figure,  posée  sur  un  pilier  vis-à-vis  celle  de  Simon, 
son  père,  près  la  grande  grille  du  chœur  des  religieuses  vers  le  maître-autel. 

XLVI.  —  Étendue  des  domaines  cédés  par  Raimond  au  roi  &  à  l'Eglise 
romaine.  —  Ancien  ressort  des  sénéchaussées  de  Beaucaire  &■  de  Carcas- 
sonne. 

Le  roi  saint  Louis  réunit  à  la  couronne,  par  le  traité  de  l'an  122g,  le 
domaine  médiat  ou  immédiat  de  plus  des  deux  tiers  de  la  Province,  car  le 
comte  Raimond  lui  céda  tous  les  droits  qu'il  avoit  depuis  les  limites  du  dio- 
cèse de  Toulouse  ou  de  la  province  ecclésiastique  de  ce  nom  8c  la  rivière  du 

■Voyez    tome    VIII,    Ch.Trtes,    n.    CLXXXVI,  '  Trésor  des  chartes,  Juifs,  n.  12.   [1.427;   Cf. 

ce.  894,  895.  Tetilet,  t.  2,  pp.   192,  193.] 

'  Hiitoire  géncalcgi<jue  ici  grands  officiers,  t.  6,  *  Laiirière,  Ordonnances,  t.  1,  p.  54. 

p.  yo.  '  Histoire  généalogique,  ut  supra. 


"T 640  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIV. 

An  1229  • 

Tarn  jusqu'au  Rhône.  Or  ces  droits  comprenoient  :  1°  Le  duché  de  Nar- 
bonne  :  dignité  que  les  comtes  de  Toulouse  possédoient  depuis  plus  de  trois 
siècles  &  qui  leur  donnoit  une  autorité  supérieure  dans  la  province  ecclésias- 
tique de  Narbonne.  2°  Les  comtés  particuliers  de  Narbonne,  Béziers,  Agde, 
Maguelonne  ou  Melgueil,  Nimes,  Uzès  8c  Viviers.  3°  Les  prétentions  qui 
leur  pouvoient  rester  sur  les  anciens  comtés  de  Vêlai,  de  Gévaudan  8c  de 
Lodève.  4°  La  partie  du  Toulousain  qu'on  appeloit  la  terre  du  maréchal  (de 
Lévis)  8c  qui  s'étendoit  dans  les  diocèses  modernes  de  Mirepoix  81  de  Pamiers, 
vers  le  midi.  5°  Plus  de  la  moitié  du  comté  d'Albigeois,  c'est-à-dire  tout  ce 
qui  est  compris  aujourd'hui  dans  le  diocèse  de  Castres  8c  dans  la  partie  de 
celui  d'Albi  située  à  la  gauche  du  Tarn.  6°  Enfin  la  vicomte  de  Gévaudan 
ou  de  Grezés  que  Raimond  tenoit  en  engagement  du  roi  d'Aragon.  On 
compte'  que  les  domaines  cédés  par  Raimond  au  roi  saint  Louis  valoient 
dans  ce  temps- là  six  mille  livres  tournois  de  rente,  somme  alors  très-considé- 
rable 5  sans  parler  de  ceux  qui  avoient  appartenu  à  Trencavel  8c  à  divers 
autres  seigneurs,  qui  demeurèrent  unis  au  domaine  royal  8c  qui  compre- 
noient les  vicomtes  de  Béziers,  Carcassonne,  Razès,  Albi,  8cc. 

Le  roi,  après  la  réunion  de  tous  ces  pays  à  la  couronne,  les  partagea  sous 
l'autorité  8t  l'administration  des  deux  sénéchaux  royaux  que  le  roi  Louis  VIII, 
son  père,  avoit  déjà  établis  dès  l'an  1226,  l'un  à  Beaucaire  8c  l'autre  à  Car- 
cassonne. Le  premier,  qui  se  qualifia  sénéchal  de  Beaucaire  8c  de  Nimes,  eut 
sous  sa  juridiction  les  diocèses  de  Maguelonne,  aujourd'hui  Montpellier, 
Nimes,  Uzès,  Viviers,  Mende  8c  le  Puy,  avec  la  partie  de  ceux  d'Arles  8c 
d'Avignon  qui  est  en  deçà  du  Rhône.  Le  ressort  de  l'autre,  qui  prit  le  titre 
de  sénéchal  de  Carcassonne  8c  de  Béziers,  fut  composé  des  deux  diocèses  de 
ce  nom,  de  ceux  de  Lodève  Se  d'Agde,  du  diocèse  de  Narbonne,  qui  compre- 
noit  ceux  d'Alet  8c  de  Saint-Pons;   de  la   partie  de  l'Albigeois  située  à  la 

Éd.  origin.     pauche  du  Tarn  8c  de  la  terre  du  maréchal  de  Lévis,  dans  le  Toulousain, 
t.  m,  p.  i7<>.     °         ,  ,     ,    ,  .  11      J      T-       1  •    I  n    • 

Ces  deux  sénéchaussées  avec  celle  de  loulouse,  qui  demeura  au  comte  Rai- 
mond, formèrent  ce  qu'on  appela  dans  la  suite  plus  particulièrement  la  Lan- 
guedoc. 

L'Eglise  romaine  ne  profita  guère  moins  des  dépouilles  de  Raimond  : 
outre  le  comté  de  Melgueil  ou  de  Maguelonne  qu'elle  avoit  confisqué  sur 
lui  8c  sur  le  comte,  son  père,  8c  qu'elle  avoit  donné  en  fief  aux  évêques  de 
Maguelonne,  elle  s'appropria,  par  ce  traité  de  paix,  le  marquisat  de  Pro- 
vence situé  à  la  gauche  du  Rhône,  entre  l'Isère  8c  la  Durance,  que  Raimond 
lui  céda.  On  prétend^,  8c  c'est,  à  ce  qu'il  paroît,  avec  quelque  fondement, 
que  le  pape  pour  s'assurer  la  possession  de  ce  grand  domaine  8c  se  faire  un 
appui,  ne  se  réserva  que  la  partie  qui  fut  nommée  comté  Venaissin,  8c  qu'il 
disposa  alors,  s'il  ne  l'avoit  tait  auparavant,  du  reste  du  pays  qui  comprenoit 
soixante-treize  ou  soixante-seize  châteaux,  en  faveur  d'Aymar  de  Poitiers, 
comte  de  Valentinois,  à  qui  il  le  donna  en  fief,  à  condition  qu'il  serviroit 

■  Voyez  <ome  VIII,  Chartes,  n.  CCCXX,  c.  140Î.  *  Fantoni,  Istoria  d'Avigntone,  1.  2,  c.  i,n.(5i. 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.   LIV.  XXIV.  641 

l'Eglise  romaine  dans  le  Venaissin  avec  cent  chevaliers  Si  quatre  cens  fantas- 
sins. Mais  le  pape  Grégoire  IX  eut  honte  enfin  de  s'être  prévalu  de  la  situa- 
tion violente  où  se  trouvoit  le  comte  Raimond  pour  s'enrichir  à  ses  dépens, 
&  il  lui  rendit,  en  1234  ',  le  marquisat  de  Provence  que  ce  prince  avoit  cédé, 
d'ailleurs,  à  l'Eglise  romaine  sans  la  participation  &  l'autorité  de  l'empereur 
Frédéric,  souverain  du  pays.  Une  paix  si  désavantageuse  à  Raimond  a  donné 
lieu  à  un  historien  du  temps*  de  remarquer  qu'un  seul  des  articles  du  traité, 
par  exemple  de  ceux  par  lesquels  ce  comte  s'oblige  à  ne  pouvoir  disposer  du 
comté  de  Toulouse  en  faveur  d'aucun  de  ses  héritiers,  de  payer  vingt-sept 
mille  marcs  d'argent.  Sec,  auroit  suffi  pour  sa  rançon  s'il  avoit  été  fait  pri- 
sonnier en  bataille  rangée.  «  Je  passe  sous  silence,  ajoute  cet  auteur,  les 
«  autres  dures  conditions  auxquelles  il  se  soumit  8t  qui  auroient  paru  très- 
«  onéreuses  quand  il  auroit  été  détenu  en  prison;  en  sorte  qu'on  croit  que 
«  c'est  à  Dieu  8c  non  aux  hommes  qu'on  doit  attribuer  ce  traité.  » 

XLVII.  —  Etendue  des  domaines  qui  restèrent  à  Raimond. 

Après  cette  paix,  il  ne  resta  plus  au  comte  Raimond,  de  tant  de  domaines 
qui  avoient  rendu  ses  ancêtres  les  plus  puissans  8c  les  plus  accrédités  des 
grands  vassaux  de  la  couronne,  que  les  pays  suivans  :  i"  Le  comté  ou  dio- 
cèse de  Toulouse,  qui  comprenoit  alors  tout  ce  qui  dépend  aujourd'hui  de  la 
province  ecclésiastique  de  ce  nom,  savoir  :  les  diocèses  de  Toulouse,  Pamiers, 
Montauban,  Lavaur,  Saint-Papoul,  Rieux,  Lombez  Se  Mirepoix,  excepté  la 
partie  méridionale  de  ce  dernier  ou  la  terre  du  maréchal.  Le  comté  de  Foix, 
sur  lequel  Raimond  conserva  sa  suzeraineté,  étoit  compris  dans  l'étendue  de 
ce  pays.  2°  La  partie  septentrionale  du  diocèse  d'Albi  située  à  la  droite  du 
Tarn,  que  le  comte  fit  gouverner  par  un  sénéchal  particulier,  conjointement 
avec  le  Rouergue.  3°  Ce  dernier  pays  ou  les  deux  diocèses  de  Rodez  Se  de 
Vabre,  qui  n'en  composoient  alors  qu'un  seul.  Se  qui  comprenoient  la  vicomte 
de  jMillau,  la  suzeraineté  sur  le  comté  particulier  de  Rodez  Si  divers  autres 
domaines.  4°  Le  Querci,  excepté  la  ville  de  Cahors  81  quelques  autres  fiefs. 
5°  Enfin  tout  l'Agenois  ou  les  diocèses  d'Agen  81  de  Condom  ;  pays  que 
Jeanne  d'Angleterre,  mère  de  Raimond,  avoit  eu  en  dot.  Du  reste,  ce  comte, 
depuis  ce  traité,  ne  se  qualifia  plus  duc  de  Narbonne;  qualité  qui  lui  don- 
noit  le  premier  rang'  parmi  les  six  pairs  laïques  du  royaume;  en  sorte  que 
sa  pairie  fut  appliquée  depuis  au  comté  de  Toulouse,  81  qu'il  n'eut  plus  que 
le  quatrième  rang  parmi  les  mômes  pairs  laïques. 

■  Voyez  tome  VII,  Hôte  XXIX,  pp.  90  à  93.  '  Voyez  tome  VII,  !Vo«e  XXVI,    p.   7^   &  siiiv. 

•  Guillaiime  de  Puyiaurens,  c.  39.  [Et  Hôte  additionnelle,  pp.  78,  79.] 


An   1229 


VI. 


"■; 642  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC,  LIV.  XXIV. 

An  1229  T 

XLVIII.  — Le  roi  d'Angleterre  traverse  inutilement  le  traité  de  paix. 

Il  paroît  que  Henri,  roi  d'Angleterre,  traversa  ce  traité  ;  il  envoya  du  moins 
des  ambassadeurs  à  Raimond',  quelque  temps  avant  qu'il  fut  conclu,  avec 
des  lettres  de  créance  pour  tout  ce  qu'ils  lui  proposeroient  d'avantageux  à 
l'un  &i  à  l'autre.  Nous  ignorons  le  succès  de  cette  négociation;  mais  le  roi 
saint  Louis  ayant  reçu  Vhommage-lige  de  Raimond  pour  tous'  les  pays  qu'il 
lui  laissa,  parmi  lesquels  étoient  l'Agenois  St  le  Querci  que  ce  comte  tenoit 
auparavant  en  fief  des  rois  d'Angleterre,  sans  parler  du  comté  de  Toulouse 
que  le  comte,  son  père,  avoit  enfin  soumis  à  la  suzeraineté  de  ces  princes, 
c'est  une  preuve  que  Raimond,  obligé  de  céder  aux  circonstances,  abandonna 
les  intérêts  de  Henri,  &  que  le  roi,  qui  étoit  alors  en  guerre  avec  ce  dernier, 
sur  lequel  il  avoit  conquis  presque  toute  l'Aquitaine,  se  mit  peu  en  peine  de 
les  ménager. 

XLIX.  —  Vaines  prétentions  du  roi  d'Aragon  sur  les  domaines  cédés 
par  le  comte  de  Toulouse, 

^Kd.origim  Quelqucs  historicns  espagnols^  prétendent  que  la  plupart  des  domaines 
que  le  comte  Raimond  céda  au  roi  par  le  même  traité  étoient  soumis  à  la 
couronne  d'Aragon  ;  mais  cette  prétention  est  tout  à  fait  chimérique.  Il  est 
vrai  que  le  feu  roi  s'étoit  saisi  sur  le  vicomte  Trencavel,  en  vertu  de  la  ces- 
sion d'Amauri  de  Montfort,  des  vicomtes  de  Carcassonne,  Béziers,  Albi, 
R.azès,  Sic,  qu'une  partie  de  ces  domaines  relevoient  du  roi  d'Aragon,  comme 
comte  de  Barcelone,  &  que  saint  Louis  se  maintint  dans  leur  possession  ;  ce 
qui  fut  dans  la  suite  un  sujet  de  querelle  entre  les  deux  rois;  mais  on  ne 
voit  pas  que  Jacques,  roi  d'Aragon,  ait  formé  alors  la  moindre  opposition  à 
la  cession  d'Amauri. 

L.  —  Les  coutumes  de  Paris  restreintes  aux  terres  possédées  par  des  chevaliers 
Jrançois  dans  la  sénéchaussée  de  Carcassonne, 

La  révocation  que  le  roi  saint  Louis  fit  par  le  traité  de  l'an  122g  de  toutes 
les  donations  de  terres  qui  avoient  été  faites,  tant  par  lui-même  8t  le  feu  roi, 
son  père,  que  par  les  seigneurs  de  la  maison  de  Montfort,  à  divers  chevaliers 
francois,  dans  l'étendue  des  pays  qui  furent  laissés  au  comte  Raimond,  y  fit 
cesser  dès  lors  l'observation  des  us  et  coutumes  de  la  ville  81  vicomte  de  Paris 
que  Simon  de  Montfort  avoit  introduits,  81  que  ces  seigneurs  étrangers 
s'étoient  obligés  de  garder  par  rapport  à  la  féodalité  de  ces  terres.  De  là  ces 
coutumes  n'eurent  plus  aucune  force  dans  toute  l'ancienne  sénéchaussée  de 
Toulouse,  dans  le  Querci,  le  Rouergue  &  l'Agenois,  oii   ces  terres  furent 

■  Rymer,  t.  i,  p.  Soy  &  siiiv.  'Ziiritn,  I.  2,  c.  85. 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIV,  648 

restituées  à  leurs  anciens  possesseurs  ou  à  leurs  plus  proches,  ou  bien  con- 
fisquées au  profit  du  comte  de  Toulouse.  Il  n'en  tut  pas  de  même  dans  la 
sénéchaussée  de  Carcassonne,  où  ces  coutumes  demeurèrent  en  usage  dans  la 
suite,  mais  seulement  pour  les  terres  qui  restèrent  aux  seigneurs  françois, 
auxquels  elles  avoient  été  inféodées.  Quant  à  la  sénéchaussée  de  Beaucaire, 
comme  les  diocèses  qui  la  composoient  n'avoient  pas  fait  partie  de  la  conquête 
de  Simon  de  Montfort,  qui  avoit  établi  ces  coutumes,  elles  n'y  furent  jamais 
observées. 

LI.  —  Origine  de  l'université  de  Toulouse. 

Enfin  nous  trouvons  dans  le  même  traité  l'établissement  de  l'université  de 
Toulouse,  par  l'obligation  que  le  comte  Raimond  contracta  d'entretenir  pen- 
dant dix  ans,  dans  cette  ville,  des  maîtres  ou  professeurs  en  théologie,  en 
droit  canon,  en  philosophie  &i  en  grammaire.  Car,  après  les  dix  ans,  ces 
sciences  continuèrent  d'y  être  enseignées,  &t  on  y  ajouta  dans  la  suite  des 
professeurs  en  droit  civil  &  en  médecine  j  ce  qui  forma  les  quatre  facultés 
dont  cette  université  est  aujourd'hui  composée.  On  voit  le  nom  des  premiers 
maîtres  qui  professèrent  k  Toulouse,  dans  une  quittance  '  qu'ils  donnèrent, 
au  commencement  de  l'an  iiSg,  du  payement  de  leur  honoraire;  quelques- 
uns  d'eux,  avec  un  grand  nombre  d'écoliers*,  s'étoient  retirés  à  Toulouse, 
en  122g,  après  avoir  abandonné  l'université  de  Paris,  à  cause  des  troubles 
qui  s'y  étoient  élevés;  ainsi  celle  de  Toulouse  tut  florissante  dès  son  origine, 
&t  elle  le  devint  encore  plus  bientôt  après.  Il  semble  cependant  qu'on  peut 
faire  remonter  cette  origine  plus  haut  que  l'an  1229,  puisque  Alexandre'',  qui 
mourut  évêque  de  Chesler,  en  Angleterre,  en  1288,  avoit  professé  publique- 
ment la  théologie  à  Toulouse  avant  l'arrivée  de  saint  Dominique  dans  le 
pays"*,  &  que  le  célèbre  jurisconsulte  frani^ois  Accurse  ^  y  enseignoit  publique- 
ment le  droit  civil  en  1227. 

LU,  —  Raimond  rend  hommage  au  roi  6-  se  remet  en  prison  jusqu'après 
l'exécution  de  quelques  articles  du  traité. 

Le  comte  Raimond,  ayant  reçu  son  absolution  dans  la  cathédrale  de  Paris, 
fit''  hommage  au  roi  pour  tous  les  domaines  qui  lui  étoient  restés  par  le 
traité,  conformément  à  un  des  articles.  Le  roi  reçut  cet  hommage  à  condition 
que  le  comte  les  exécuteroit  tous.  «  Sinon,  dit  ce  prince,  nous  le  remettons, 
K  de  son  consentement,  dans  le  même  état  qu'il  étoit,  par  rapport  à  nous 

'  Tome  VllI,  chartes,  n.CCXXV,  ce.  1022,  loîS.  ♦Probablement  à  l'école  c»pitiilaire  de  Snint- 

'  Raynaldi,  an.  i  229,  n.  02  &  suiv.  .^  Du  Bou-  Etienne,  qui  devait  exister  avant  la  guerre  des  al- 

lay,   Hift.    universitatis    Parisiensis,    t.   3,    p.    |32  bigeois.  En  1  1 55,  un  certain  Guillem  était  capiicoZ 

81  suiv.  de  cette  école  Cf.  tome  V,  c.  i  187.   [A.  M.] 

^  Trivet,    Chronlcon.    an.     1238,    ap.    d'Achéry,  '' Du  Soulay,  ut  supra. 

Spicileeium,  t.  8,  p.  533.  "  Catel,  Hist.  des  comtes  de  Tolose,  p.  339  &  suiv. 


An  1229 


~ 644  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIV. 

«  &  au  royaume,  avant  son  hommage,  Ictjuel  sera  regardé  comme  non  avenu, 
€(  &.  nous  pourrons  faire  courir  sur  lui  &  occuper  les  pays  que  nous  lui 
u  avons  laissés  par  le  traité  de  paix.  »  Le  roi  déclara  de  plus  qu'il  garderoit 
pendant  dix  ans  les  châteaux  qui  dévoient  lui  être  remis  pour  la  sûreté  de 
l'Eglise  8c  pour  la  sienne;  en  sorte  que  si  Raimond  n'observoit  pas  ses  pro- 
messes, s'il  causoit  quelque  dommage  à  l'Eglise  durant  cet  intervalle,  &.  s'il 
refusoit  de  le  réparer  dans  l'espace  de  quarante  jours,  il  l'y  forceroit  dans 
celui  de  deux  mois  &  remettroit  alors  ces  châteaux  à  l'Eglise,  qui  en  jouiroit 
jusqu'à  ce  qu'il  eût  fait  une  entière  satisfaction,  8cc. 

Raimond,  par  un  autre  acte',  déclara  qu'il  s'étoit  remis  volontairement  en 
prison  à  Paris,  dans  le  Louvre,  pour  donner  de  plus  grandes  sûretés  à  l'Église 
■if. <"•'«;":,  81  au  roi,  6c  qu'il  y  demeureroit  jusqu'à  ce  qu'il  eût  fait  remettre  sa  fille  à 
Carcassonne,  entre  les  mains  des  commissanes  du  roi,  8c  qui!  leur  eût  fait 
livrer  cinq  de  ses  châteaux,  savoir  :  le  château  Narbonnois  8c  ceux  de  Penne, 
en  Agenois,  la  Roque  de  Peyrusse,  Cordes  8c  Verdun,  «  Ainsi,  ajouta-t-il, 
«  lorsqu'il  apparoîtra  au  roi  8c  au  cardinal  légat  que  j'aurai  exécuté  ces  deux 
H  articles,  je  m'en  retournerai  librement,  de  même  que  les  citoyens  de  Tou- 
«  louse  qui  sont  demeurés  en  otage  à  la  suite  de  la  Cour,  lorsque  le  roi  sera 
«  assuré  qu'on  aura  rasé  les  cinq  cens  toises  de  murailles  de  la  ville  de  Tou- 
«  louse,  les  plus  voisines  du  château  Narbonnois,  que  le  passage  à  ce  château 
«  sera  libre  8c  que  les  fossés  seront  comblés.  «  Ces  deux  actes,  qui  sont  pos- 
térieurs au  traité  de  paix,  sont  datés  du  mois  d'avril  1228,  8c  ils  sont,  par 
conséquent^,  du  i3  ou  du  14  de  ce  mois,  parce  qu'on  commençoit  alors 
l'année  le  jour  de  Pâques,  8c  que  cette  fête  tomboit  le  i5  d'avril  en  1229. 
On  voit  par  là  que  le  comte  Raimond  se  remit  en  prison  au  Louvre  aussitôt 
après  avoir  reçu  son  absolution. 

LIIL  —  Ordonnance  de  saint  Louis  contre  les  hérétiques  de  la  Province. 

Saint  Louis  fit  publier  en  même  temps^  une  ordonnance'*  adressée^  à  tous 
les  barons  6-  vass.iux,  à  tous  ses  sujets  8c  à  tous  les  baillis  8c  bonnes  villes 
des  provinces  d'Arles  8c  de  Narbonne,  8c  des  diocèses  de  Rodez,  Cahors,  Agen 
8c  Albi.  11  déclare  que,  voulant  faire  rendre  à  Dieu  l'honneur  8c  le  culte  qui 
lui  sont  dus,  il  ordonne  ce  qui  suit  :  1°  Les  églises  8<.  les  ecclésiastiques  de 
ces  pays  jouiront  des  mêmes  libertés  8c  immunités  dont  jouit  l'Église  galli- 
cane. 2°  Parce  que,  ajoute-t-il,  les  hérétiques  ont  répandu  depuis  longtemps 
leur  venin  dans  vos  cantons,  nous  ordonnons,  pour  l'extirpation  de  l'hérésie, 
que  ceux  qui  s'écartent  de  la  foi  catholique,  quelque  nom  qu'on  leur  donne, 

'  Catel,  Histoire  des  comtes  de  Tolose,  p.  333. —  suiv,   —    Lauriére,    Ordonnances,   t.   I,   p.   52.  — 

Guillaume  de  Puylaurens,  c.  40.  C'est  ce  qu'on  .Tppelle  l'ordonnance  Cupientes,  du 

'  Voyez  tome  VII,  Note  XXV,  n"*  3  &  4,  pp.  72  premier  mot  du  pré.imbule;  elle  fut  aussi  envoyée 

&  y3.  aux    habitants    d'Agde.    Cf.    tome    V,    c.     iSzS, 

■  liid,  n.  .";,  p.  73.  n.  jcj.   [A.  M.] 

^  Catel,  Histoire  des  comtes  Je  Tolose,  p.  340  &  '  Mss.  Je  Coislin,  n.  248. 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIV.  6a5  

^  An  ]  229 

soient  punis  sans  délai,  dès  qu'ils  auront  été  condamnés  par  l'évêque  diocé- 
sain ou  par  les  autres  ecclésiastiques  qui  en  ont  le  pouvoir,  avec  défense  à 
toute  sorte  de  personnes  de  recevoir  les  hérétiques,  de  les  défendre,  de  les 
favoriser,  de  les  croire,  8cc.  Ceux  qui  contreviendront  à  cette  défense  ne  seront 
plus  reçus  à  l'avenir  en  témoignage  &  promus  aux  honneurs  &  aux  dignités; 
ils  seront  incapahles  de  succéder,  &  leurs  biens  seront  confisqués,  tant  sur 
eux-mêmes  que  sur  leur  postérité.  3°  Le  roi  ordonne  aux  barons  du  pays,  à 
ses  baillis  8<.  à  tous  ses  sujets  de  rechercher  les  hérétiques  81  de  les  dénoncer 
aux  ecclésiastiques  qui  avoient  pouvoir  de  les  juger,  pour  en  faire  une 
prompte  justice.  4°  Pour  accélérer  cette  recherche,  le  roi  veut  que  ses  baillis 
payent  deux  marcs  d'argent  pendant  deux  ans,  Se  dans  la  suite  un  marc  pour 
cliacun  des  hérétiques  dénoncés  qui  seront  pris,  avec  ordre  de  les  condamner 
8<  de  les  punir.  5°  11  ordonne  ensuite  de -chasser  entièrement  les  routiers  du 
pays  pour  y  établir  une  paix  plus  assurée;  d'éviter  les  excommuniés;  de 
forcer  par  les  peines  temporelles,  c'est-à-dire  par  la  saisie  de  leurs  biens,  ceux 
qui  seroient  demeurés  dans  l'excommunication  pendant  un  an,  à  rentrer  dans 
l'unité  de  l'Église,  avec  défense  de  leur  rendre  leurs  biens  qu'après  qu'ils 
auront  reçu  l'absolution.  Il  ordonne  enfin  de  restituer  les  dîmes  aux  églises, 
sans  que  les  laïques  en  puissent  posséder  davantage.  6°  11  enjoint  aux  barons, 
aux  vassaux  Se  aux  bonnes  villes  de  faire  serment  d'observer  tous  ces  articles 
entre  les  mains  des  baillis  qui  seront  députés  à  cet  effet  8c  qui  feront  eux- 
mêmes  serment  de  veillera  leur  observation,  un  an  après  qu'ils  auront  été 
reçus  dans  leurs  charges.  «  Nous  voulons,  dit  le  roi,  que  ces  statuts  soient 
«  observés,  en  sorte  que  notre  frère  même  jure  de  les  garder  8c  de  les  faire 
Il  garder  par  ses  sujets,  lorsqu'il  sera  en  possession  du  pays.  » 

LIV.  —  Origine  de  la  seigneurie  £•  comté  de  Castres  —  Seigneurs  de  Castres 

de  la  maison  de  Montfort. 

Le  roi,  quelques  jours  après  la  conclusion  de  son  traité  avec  le  comte  Rai- 
mond,  inféoda'  à  Philippe  de  Montfort,  fils  de  Gui  St  neveu  du  fameux 
Simon,  sous  le  service  de  dix  chevaliers,  la  partie  de  l'Albigeois  située  à  la 
gauche  du  Tarn,  excepté  la  ville  d'Albi  que  ce  prince  se  réserva,  avec  le  droit 
de  régale  8c  les  autres  droits  seigneuriaux  qu'il  avoit  dans  cette  ville.  Phi- 
lippe lui  fit  en  même  temps  hommage  de  ce  pays  par  un  acte  daté  de  Paris, 
au  mois  d'avril  de  l'an  11 29,  c'est-à-dire  peu  de  jours  après  Pâques.  «  S'il 
«  arrivoit,  dit  le  roi,  dans  les  lettres  de  cet  hommage,  que  le  comte  Raimond 
«  n'observât  ^as  la  paix  qui  a  été  conclue  entre  l'Église,  nous  8c  lui;  le  pays 
«  que  nous  avons  donné  à  Philippe  de  Montfort  nous  reviendra,  8c  il  demeu-  , ''if, "p^'j"' 
«  rera  notre  vassal,  comme  son  père  l'a  été  du  feu  roi,  notre  père.  Que  si, 
«  pour  la  sûreté  de  l'Église  8c  la  nôtre,  nous  gardions  alors  quelques-uns  des 
«  châteaux  du  domaine  qui  a  appartenu  au  père  de  Philippe,  nous  serions 

'  Catel,  Mémoirei  pour  l'histoire  ie  LangueJoc,  p.  70J. 


^„,^  646  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIV, 

«  obligés  de  lui   en  remlre  la  valeur  clans   le  domaine  qu'il  tient  de  notre 
«  libéralité  au  delà  tle  la  rivière  d'Albi,  vers  Carcassonne,  8<c.  » 

On  trouve  ici  l'origine  de  la  seigneurie  de  Castres,  chef-lieu  du  pays  qui 
fut  inféodé  à  Philippe  de  Montfort  ;  seigneurie  qui  passa  à  ses  descendans  Se 
qui,  dans  la  suite,  fut  érigée  en  comté;  elle  comprenoit  tous  les  domaines  qui 
avoient  appartenu  aux  Trencavels  en  qualité  de  vicomtes  d'Albi ,  dans  la 
partie  de  l'Albigeois  située  à  la  gauche  du  Tarn,  excepté  la  ville  d'Albi.  Il 
paroît  que  Simon'  de  Monttort  avoit  disposé  de  ce  pays,  après  la  conquête, 
en  faveur  de  Gui,  son  frère,  père  de  Philippe;  mais  les  divers  événemens  de 
la  guerre  n'avoient  pas  permis  à  Gui  d'en  jouir  paisiblement,  8c  ce  n'est  pro- 
prement que  depuis  cette  inféodation  que  cette  branche  de  la  maison  de 
'  Montfort,  qui  s'établit  dans  le  pays,  y  posséda  un  domaine  si  considérable. 
Philippe  de  Montfort,  premier  du  nom,  se  qualifia  depuis  seigneur  de  Cas- 
tres. Il  s'engagea  à  Melgueil^,  le  7  d'août  de  l'an  1239,  envers  Bernard  (de 
Combret),  évêque  d'Albi,  &  le  chapitre  de  sa  cathédrale,  de  leur  assigner 
dans  cinq  ans,  sur  ses  domaines,  excepté  sur  les  châtellenies  de  Lombers  5< 
d'Ambialet,  les  vingt  livres  melgoriennes  de  rente  que  Simon,  d'illustre 
mémoire,  son  oncle  paternel,  leur  avoit  données  (en  121 2)  avec  ordre  à  son 
sénéchal  de  Lombers  ou  à  celui  qui  tiendroit  sa  terre  d'Albigeois  de  payer  en 
attendant  tous  les  ans  cette  rente. 

LV.  —  Le  comte  Raimond  exhorte  le  comte  de  Foix  à  faire  sa  paix. 

Le  comte  de  Toulouse  s'étoit  engagé  envers  Roger-Bernard,  comte  de  Foix, 
à  ne  conclure  ni  paix  ni  trêve  sans  sa  participation  :  il  tint  exactement  parole 
8c  entama  dans  le  pays,  de  concert  avec  Roger-Bernard,  la  négociation  pour 
la  paix.  Lorsqu'il  la  conclut  ensuite  à  Paris,  il  fit  tout  son  possible  pour 
moyenner  celle  de  son  allié;  mais,  n'ayant  pu  réussir,  il  s'obligea  à  le  com- 
battre s'il  refusoit  de  se  soumettre^,  se  saisit,  en  qualité  de  suzerain,  des 
domaines  du  même  comte  jusqu'au  Pas  de  la  Barre,  lesquels  furent  confisqués 
à  son  profit  81  il  y  établit  des  baillis  pour  les  gouverner  en  son  nom.  Il  lui 
écrivit  cependant  la  lettre  suivante,  le  25  d'avril  :  «  Raimond  "^j  par  la  grâce 
«  de  Dieu  comte  de  Toulouse,  à  noble  homme  Roger- Bernard ,  comte  de 
«  Foix;  jouissons  des  biens  temporels,  en  telle  sorte  que  nous  ne  perdions 
«  pas  les  éternels.  Étant  venu  en  France  pour  conférer  avec  le  cardinal 
«  Romain,  légat  du  Saint-Siège,  8t  notre  très-cher  seigneur  le  roi  de  France, 
«  nous  nous  sommes  écarté  par  le  conseil  du  comte  de  Champagne  Se  de  nos 
«  autres  amis,  des  articles  que  nous  vous  avions  montrés,  noVis  soumettant 
«  absolument  aux  volontés  du  roi  Se  du  cardinal.  Et  certes  nous  avons  obtenu, 
«  par  la  grâce  de  Dieu,  des  conditions  bien  plus  avantageuses  que  nous  ne 
«  l'aurions  osé  espérer  autrement.  Nous  avons  beaucoup  parlé  avec  eux  de 

'  Voyez  tome  VII,  A'otc  XLIV,  pp.  124,  iiT).  "  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  CXCIII,  ce.  poS 

"  Archives  de  l'évêché  d'Albi.  &  904. 

'  Guillnume  de  Piiylaiireiis,  c.  40. 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIV.  647   ~~ 

^  '         An  1229 

«  votre  aftaire,  Se  nous  y  avons  travaillé  avec  toute  l'ardeur  possible,  comme 
«  le  sait  très-bien  le  comte  de  Comminges,  votre  beau-frère;  mais  nous 
«  n'avons  pu  terminer  entièrement  cette  négociation  à  votre  avantage.  Néan- 
«  moins,  le  cardinal  envoie  sur  les  lieux,  à  nos  instantes,  &  principalement 
«  pour  votre  affaire,  notre  vénérable  &.  cher  père,  Pierre  de  Colmieu,  avec 
«  un  plein  pouvoir.  C'est  un  homme  dont  nous  avons  éprouvé  la  sagacité,  la 
ti  droiture,  la  religion,  la  douceur  &  la  bonté  dans  toutes  les  occasions  5  c'est 
"  pourquoi  novis  vous  conseillons  de  faire  tout  votre  possible  pour  le  voir  Se 
(i  de  détérer  à  ses  avis.  Si  vous  le  faites  de  bonne  grâce,  nous  ne  doutons  pas 
(c  c(ue  votre  affaire  ne  parvienne  à  une  bonne  fin.  »  Le  comte  de  Foix  profita 
bientôt  après  de  cet  avis. 

L,VI.  —  Le  comte  i'Astarac  &•  le  vicomte  de  Narhonne  font  la  paix 

avec  le  roi. 

Quant  au  jeune  Trencavel,  autre  allié  du  comte  de  Toulouse,  il  n'en  est 
rien  dit  dans  toutes  ces  négociations.  Se  il  perdit  entièrement  le  patrimoine 
de  ses  ancêtres,  sans  c[u'il  paroisse  qu'il  fût  coupable  d'autre  crime  que  d'être 
fils  d'un  père  proscrit.  Centulle,  comte  d'Astarac  Se  Aymeri,  vicomte  de  Nar- 
bonne,  vassaux  Se  anciens  alliés  du  même  comte  de  Toulouse,  furent  traités 
plus  humainement.  Le  premier  trouva  moyen  de  faire  sa  paix  en  abandon- 
nant ce  prince  avant  le  traité  de  Paris.  Le  roi,  pour  l'attacher  à  ses  intérêts, 
lui  donna  en  fief'  mille  livres  de  rente,  qu'il  lui  assigna  sur  des  terres  de 
l'Agenois,  lorsqu'il  auroit  fait  la  conquête  de  ce  pays  sur  le  comte  Raimond,  'in'"^'*'3io 
à  condition  que  Centulle  le  serviroit  dans  la  guerre  d'Albigeois  avec  neuf 
autres  chevaliers.  Ensuite,  le  roi  ayant  laissé  l'Agenois  à  Raimond  par  le 
traité  de  paix,  il  assigna  à  Centulle  cent  marcs  d'argent  de  rente  dans  la 
sénéchaussée  de  Carcassonne,  Se  ce  comte  s'engagea  seulement  à  le  servir  avec 
deux  autres  chevaliers  pour  cette  rente.  Enfin  le  roi  pardonna  à  Aymeri,  en 
considération  des  services  Se  à  la  prière*  de  Matthieu  de  Marly  ou  de  Mont- 
morenci,  beau-frère  de  ce  vicomte,  qui  avoit  épousé  en  secondes  noces  Mar- 
guerite, sœur  de  ce  seigneur.  Le  roi,  voulant  donc  faire  grâce  k  Aymeri, 
déclara,  au  mois  d'avril  de  l'an  1229,  que  les  fils  que  ce  vicomte  avoit  de  la 
sœur  de  Matthieu  de  Marly  pourroient  lui  succéder;  «  en  sorte,  ajoute  ce 
«  prince,  qu'ils  me  feront  hommage  de  cette  succession  quand  ils  seront  par- 
ti venus  à  un  âge  compétent  ou  bien  quand  je  le  jugerai  à  propos;  à  moins 
«  que  leur  père  ou  eux  ne  commettent  quelque  action  qui  m'obligeât  de  les 
«  priver  de  leurs  domaines.  » 

'Voyez    tome  VIII,    Chartes,    n.    CLXXXVII,  'Voyez   tome  VIII,  Chartes,   n.   CLXXXVIII, 

ce.  895,  896.  ce.  897,  898. 


An  iizy      ^4^     ■  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIV. 

LVII.  —  Matthieu  de  Marly,  lieutenant  du  roi  dans  la  Province,  L-  Pierre 
de  Colmieu,  vice-légat,  y  reçoivent  le  serment  des  peuples. 

Le  roi  nomma  le  môme  '  Matthieu  de  Marly,  qui  étoit  cousin  germain  de 
Matthieu  de  Montmorenci,  connétable  de  France,  pour  accompagner,  en 
qualité  de  son  lieutenant  {^tenens  vices  domini  régis  in  partibus  Alhigesiï) 
dans  les  pays  d'Albigeois,  Pierre  de  Colmieu,  chapelain  du  pape^  8<.  vice- 
légat,  afin  d'y  recevoir  le  serment  des  barons,  des  chevaliers  Se  des  peuples 
pour  l'observation  de  l'ordonnance  qu'il  venoit  de  rendre  contre  les  héré- 
tiques. Ces  deux,  commissaires  s'étant  rendus  à  Narbonne,  le  vicomte  Aymeri, 
les  habitans  de  cette  ville  &  les  chevaliers  du  Narbonnois,  prêtèrent^  ce  ser- 
ment entre  les  mains  du  vice-légat,  le  i  7  de  mai  de  l'an  1229,  par  ordre  & 
en  présence  du  même  Matthieu  de  Marly,  devant  Pierre,  archevêque  de  Nar- 
bonne Si  son  chapitre,  dans  une  assemblée  générale  qui  tut  tenue  pour  cela 
dans  la  cour  du  vicomte. 

LVllI.  —  Le  comte  Raimond  sort  de  prison,  —  Le  roi  le  fait  chevalier,  lut 
rend  la  vicomte  de  Millau  6-  les  autres  fiefs  du  Rouergue. 

Le  comte  Raimond  ayanf^  exécuté  les  trois  articles  préliminaires  auxquels 
il  s'étoit  engagé,  dont  l'un  étoit  de  remettre  sa  fille  entre  les  mains  des  com- 
missaires du  roi,  qui  la  reçurent  à  Carcassonne,  le  second  de  livrer  à  ce  prince 
cinq  de  ses  châteaux,  &  le  troisième  de  détruire  une  partie  des  murailles  de 
Toulouse,  sortit  de  la  prison  volontaire  qu'il  avoit  gardée  jusqu'alors,  &  le 
roi  le  créa  chevalier  le  jour  de  la  Pentecôte,  3  de  juin.  Il  suivit  ensuite  la 
cour  qui  alla  successivement,  durant  ce  mois,  à  Moret,  dans  le  Gâtinois,  6t  à 
Loris,  dans  le  diocèse  d'Orléans. 

Le  roi  manda  alors ^  à  divers  seigneurs  de  Rouergue,  qui  avoient  fait  hom- 
mage Si  prêté  serment  de  fidélité  au  feu  roi,  son  père,  qu'il  les  dispensoit  de 
ces  obligations  &i  leur  ordonnoit  de  faire  hommage  8i  de  prêter  serment  de 
fidélité  à  son  très-cher  cousin  &  vassal  Raimond,  comte  de  Toulouse,  «  sans 
«  préjudice,  ajoute-t-il,  du  traité  que  nous  avons  conclu  ensemble.  »  Raimond 
déclara  de  son  côté  que  le  roi  lui  avoit  restitué  la  vicomte  de  Millau,  dans  le 
diocèse  de  Rodez,  avec  toutes  ses  dépendances,  &  qu'il  avoit  promis  à  ce 
prince  d'ester  à  droit  devant  sa  cour  contre  quiconque  se  plaindroit  de  cette 
restitution.  Cette  clause  regardoit  Jacques,  roi  d'Aragon,  dont  le  père  avoit 
donné  en  engagement  cette  vicomte  avec  celle  de  Gévaudan  au  feu  comte  de 
Toulouse,  &  qui  prétendoit  que  ce  comte  avoit  remis  le  prix  de  l'engage- 
ment. Depuis  ce  temps-là  ces  deux  vicomtes,  qui  ne  composoient  auparavant 

■  Cntel,  Histoire  des  comtes  de  Tolose,  p.  340.  ^  Guillaume  de  Puylaurens,  c.  40. 

'  Marténe,  Thés,  anccdot.  t.   1,  c.  936.  '  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  CXCI,  c.  902. 

«Voyez    tome  VIII,    Chartes,    n.  CLXXXVIII, 
ce.  896,  897. 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC,  LIV.  XXIV.  640  ~ 

T7        An  1229 

qu'un  même  domaine  sous  le  nom  impropre  de  comté  de  Millau,  furent 
séparées.  La  première  fut  restituée  au  comte  de  Toulouse  &  fit  partie  de  son 
domaine,  &  l'autre  demeura  unie  à  celui  du  roi,  qui  en  avoit  déjà  donné  la 
garde  à  vie  au  seigneur  de  Mercœur.  Le  roi  Jacques  fit  valoir  cependant  ses 
prétentions  sur  la  vicomte  de  Millau,  8c  ayant  assiégé  cette  ville'  quelques 
années  après,  il  la  prit;  mais  le  comte  Raimond  la  reprit  sur  lui. 

LIX.   —  Mariage  de  Jeanne,  fille  de  Raimond,   avec  Alphonse, 

frère  de  saint  Louis. 

Jeanne,  fille  du  comte  Raimond,  arriva  à  Moret^  durant  le  séjour  que  la 
Cour  fit  en  cet  endroit  au  mois  de  juin  de  l'an  122g.  Le  cardinal  légat,  sui- 
vant le  pouvoir  qu'il  en  avoit  reçu  du  pape,  donna  alors  la  dispense  du 
degré  de  parenté  qui  étoit  entre  cette  princesse  &  Alphonse,  frère  de  saint 
Louis,  pour  pouvoir  se  marier.  On  voit  par  là  que  le  roi  se  détermina  bientôt 
sur  le  choix  de  celui  de  ses  frères  qui  devoit  contracter  ce  mariage,  qu'un 
généalogiste^  prétend,  mal  à  propos,  avoir  été  arrêté  dès  l'an  1224.  Au  reste 
il  convenoit  très-bien  par  rapport  à  l'âge,  car  Alphonse  &  Jeanne  étoient  nés  ^  %''"^3^^\ 
l'un  &  l'autre  en  1220.  Comme  ils  n'étoient  pas  par  conséquent  en  état  de  le 
consommer,  on  se  contenta  de  les  fiancer  en  présence  du  cardinal  légat,  6c 
les  noces  ne  furent  célébrées  que  huit  ans  après'*. 

LX.  —  Raimond  donne  au  roi  la  ville  de  Saint-Antonin  en  échange. 
Fin  des  vicomtes  de  Saint-Antonin. 

Le  roi  Se  le  comte  Raimond  s'accordèrent"',  vers  le  même  temps,  par  l'en- 
tremise du  légat  8c  du  comte  de  Champagne,  au  sujet  de  la  ville  de  Saint- 
Antonin,  en  Rouergue,  qui  devoit  être  restituée  au  comte,  8c  de  la  ville  de 
Cahors  8c  des  autres  fiefs  du  Querci  qu'il  prétendoit  devoir  lui  être  aussi 
rendus.  Ces  domaines  demeurèrent  au  roi  qui,  en  dédommagement,  renonça 
au  payement  des  quinze  cens  livres  tournois  par  an  que  le  comte  s'étoit  obligé 
de  donner  pendant  cinq  ans  pour  la  garde  des  châteaux  qu'il  devoit  remettre 
pour  la  sûreté  de  ses  promesses.  Le  roi  demeura  depuis  en  possession  de  la 
ville  de  Saint-Antonin,  gouvernée  anciennement  par  des  vicomtes  qui  étoient 
hommagers  des  comtes  de  Toulouse.  Le  dernier  fut  Bernard-Hugues,  fils  du 
feu  vicomte  Frotard  8c  de  Bertrande,  lequel*'  céda  au  roi,  au  mois  d'octobre 
de  l'an  1249  8c  le  24  de  mars  de  l'an  i25o  (i25i),  tous  les  droits  qu'il  avoit 
par  la  succession  de  son  père  sur  la  ville  de  Saint-Antonin,  sur  le  château  de 
Bérone  8c  sur  la  ville  de  Saint-Cyr,  entre  les  mains  de  Géraud  de  Malamort, 

'  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.CCCXX,  c.  1 401.  '  Voyez  tome  VIII,  Chartes,   n.CXCI,   ce.  901 

'  Ibid.  n.  CXC,  c.  901.  81  901. 

'  Histoire  généalogique  des  grands  officiers,  t.  2,  ^  Trésor  des  chartes;   Languedoc,  n.    14.  —  Ar- 

p.  83.  chives  de   Téglise   de   Saint-Salvi   d'Albi.  [J.  296; 

'  Voyez  tome  VII,  Vote  XXXIII,  pp.  96,  97.  Teiilet  &  de  Laborde,  t.  3,  p.  84. J 


An  1229 


65o  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIV. 

sénéchal  pour  le  roi   à  Saint-Antonin  qui,  en  récompense,  lui  donna  cinq 
cens  livres  tournois  de  rente. 

LXI.  —  Roger-Bernard,  comte  de  Fo'ix,  fait  sa  paix.  —  Mort  d'Ermess'inde 

de  Castelhon,  sa  femme. 

Le  vice-légat  Pierre  '  de  Colmieu  &  Matthieu  de  Marly,  lieutenant  du  roi 
dans  la  Province,  s'étant  avancés  à  la  tête  d'une  armée  dans  le  pays  de  Foix, 
pouroblio'er  le  comte  Roger-Bernard  à  se  soumettre,  celui-ci  alla  à  leur  ren- 
contre à  Saint-Jean  de  Verges,  Se  là,  déférant  au  conseil  que  le  comte  de 
Toulouse  lui  avoit  déjà  donné,  il  se  soumit  sans  réserve,  le  16  de  juin,  aux 
volontés  du  roi  &  du  légat.  Il  promit,  de  l'avis  8t  en  présence  des  prélats  & 
des  barons  qui  étoient  dans  l'armée  Françoise,  de  purger  son  pays  d'héré- 
tiqties;  de  travailler  au  rétablissement  de  la  paix;  d'observer  les  règlemens 
qui  avoient  été  faits  là-dessus;  de  restituer  tous  les  biens  usurpés  sur  les 
églises,  excepté  le  fait  de  Pamiers,  que  nous  expliquerons  dans  la  suite,  sur 
lequel  8^  sur  la  pénitence  qui  devoit  lui  être  imposée,  il  s'en  rapporta  entiè- 
rement à  la  décision  du  légat.  Il  remit  de  plus  les  châteaux  de  Lordat  &  de 
Montgranier  entre  les  mains  du  roi  pour  la  sûreté  de  ses  promesses,  qu'il  fit 
aussi  au  nom  d'Aymeri  8c  de  Loup,  ses  frères^,  8<.  d'Athon-Arnaud  de  Castel- 
verdun.  L'archevêque  de  Narbonne,  les  évêques  de  Tournay,  Toulouse,  Car- 
cassonne  8t  Conserans,  les  abbés  de  La  Grasse,  Boulbonne,  Foix  &  Combe- 
longue,  Guillaume  de  Chavignac,  seigneur  de  Châteauroux,  le  maréchal  de 
Lévis,  Pierre  de  Voisins  &  divers  autres  chevaliers  François  furent  présens  à 
cet  acte.  Roger-Bernard  alla  ensuite  à  la  Cour,  où  il  termina-',  au  mois  de 
septembre,  sa  réconciliation  avec  le  roi  8t  le  légat.  Comme  le  comte  de  Tou- 
louse s'étoit  déjà  saisi  sur  lui,  par  droit  de  commise,  de  la  partie  du  comté 
de  Foix  située  en  deçà  du  Pas  de  la  Barre,  le  roi  lui  assigna  en  dédomma- 
gement mille  livres  de  rente  stir  les  lieux  d'Arsens,  Alairac,  Preixan  &  Fon- 
cian,  dans  le  diocèse  de  Carcassonne,  qui  avoient  appartenu  autrefois  à  sa 
maison.  Roger-Bernard  en  fit  hommage-lige  au  roi,  qui  lui  remit  le  château 
de  Lordat  8<  prit  à  la  place  celui  de  Foix  pour  le  garder  pendant  cinq  ans, 
avec  promesse  de  le  lui  rendre,  de  reprendre  ensuite  pendant  cinq  autres 
années  celui  de  Lordat,  de  les  faire  garder  à  ses  dépens  pendant  ce  temps-là 
avec  celui  de  Montgranier,  8c  enfin  de  les  lui  restituer  au  bout  de  dix  ans. 
Roger-Bernard  promit  de  son  côté  de  ne  faire  aucune  fortification  dans  ses 
autres  places,  de  chasser  les  ennemis  du  roi,  8cc. 

Les  châteaux  de  Foix,  de  Lordat  8c  de  Montgranier  sont  situés  au  delà  du 
Pas  de  la  Barre  8c  hors  des  limites  de  la  partie  du  pays  de  Foix  mouvante  du 
comte  de  Toulouse,  qui  s'en  étoit  mis  en  possession  ;  mais  le  comte  Rai- 
mond,  considérant  les  grands  services  que  les  deux  derniers  comtes  de  Foix 

■Voyez  tome  vin,  Chartes,  n.  CXCIII,  ce.  903  »  Guillnume    de   Puylaurens,    c.    40.  —  Voyei 

i  906.  Albéric,  Chronicon.  tome  VIII,  Chartes,  n.  CXCIV,  ce,  906  à  909. 

"  Voyez  tome  VII,  Note  XXIII,  n.  2,  pp.  68,  69. 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIV.  65 1 

lui  avoient  rendus  S<.  au  comte,  son  père,  rendit  cette  partie  le  i"  d'octobre' 
suivant,  à  Roger-Bernard,  qui  lui  en  fit  hommage.  Un  ancien^  historien 
assure  que  Raimond  ne  rendit  ce  pays  à  Roger-Bernard  qu'en  comme nde ; 
qu'il  se  réserva  la  liberté  de  le  reprendre  quand  il  le  jugeroit  à  propos,  8c 
qu'il  l'accorda  seulement  à  vie  à  ce  comte.  En  effet,  Raimond  prétendit  dans 
la  suite  ne  l'avoir  rendu  que  de  cette  manière;  mais  les  actes  dont  nous 
venons  de  parler  prouvent  manifestement  le  contraire;  8i  il  paroît  que  Rai- 
mond n'agit  pas  dans  cette  occasion  avec  toute  la  droiture  convenable.  Roger- 
Bernard^  rentra  aussi  en  possession  du  château  &  de  la  ville  de  Pamiers, 
dont  ses  prédécesseurs  avoient  joui  en  pariage  avec  les  abbés  8<  les  religieux 
de  l'abbaye  de  Frédélas  ou  de  Pamiers  :  &  c'est  cette  réserve  du  fait  de 
Pamiers  qu'on  avoit  promis  d'expliquer.  Après  le  renouvellement  de  ce 
pariage  il  donna,  de  concert  avec  Maurin,  abbé  de  Pamiers,  &  ses  religieux, 
au  mois  de  septembre  de  l'an  i^Si,  des  coutumes  aux  consuls  Si  habitans  de 
Pamiers,  ou  confirma  les  anciennes. 

Roger-Bernard,  peu  de  temps  après  avoir  fait  sa  paix  avec  le  roi,  perdit 
Ermessinde,  vicomtesse  de  Castelbon  ou  de  Cerdagne,  sa  femme,  qui,  par 
son  testament  du  28  décembre  de  l'an  iiig'*,  lui  laissa  l'administration  de 
tous  ses  biens,  fit  son  héritier  Roger,  leur  fils,  8c  légua  dix  mille  sols  melgo- 
riens  à  leur  fille  dont  elle  ne  marque  pas  le  nom,  sur  les  revenus  de  la  vallée 
d'Andorre.  Elle  choisit,  par  cet  acte,  sa  sépulture  dans  la  maison  des  hospi- 
taliers de  Costoge  8c  donna  d'autres  marques  de  sa  religion;  néanmoins  sa 
mémoire-^  fut  flétrie  dans  la  suite  avec  celle  d'Arnaud,  vicomte  de  Castelbon, 
son  père,  décédé  en  1216,  par  les  inquisiteurs  d'Aragon,  lesquels  firent 
exhumer  leurs  ossemens  en  1270,  comme  ayant  été  hérétiques,  fauteurs  8c 
receleurs  des  hérétiques.  La  fille  de  Roger-Bernard,  comte  de  Foix,  Se  d'Er- 
messinde  de  Castelbon,  s'appeloit  Esclarmonde.  Elle  épousa  <5,  au  commence- 
ment de  l'an  ii3i,  Raimond,  fils  de  Raimond  Foie,  vicomte  de  Cardonne, 
8c  de  Tarroge,  sa  femme.  Roger-Bernard  donna  en  même  temps  son  fils 
Roger  en  mariage  à  Brunissende,  fille  du  même  vicomte  de  Cardonne,  8c  ils 
convinrent  que  les  dots  de  leurs  filles,  qui  étoient  de  cinq  cens  marcs  d'ar- 
gent pour  chacune,  seroient  compensées. 

LXII. —  Le  comte  Raimond.  revient  à  Toulouse^  où  il  renouvelle  ses  promesse 

devant  le  légat. 

Cependant  Pierre  de  Colmieu,  vice-légat,  s'étant  rendu  à  Toulouse^,  au 
mois  de  juillet  de  l'an  i22(;,  réconcilia  cette  ville  à  l'Eglise  pendant  l'absence 

■  Tome  VIII,  Chartes,  n.  CXCVIII,  ce.  923,  924.  '  Znt'its,  Anales   Je   la    ccrona    de  Aragon,  \.  ?>, 

'  Guillaume  de  Puylaureiis,  c.  40.  e.  76.  —  Marca,   Histoire  de  Bcarn,   1.  8  ,  c.  22, 

'  Marca,  Histoire  de  Béarn,  I.  8,  ch.  22,   n.  2.  n.  4. 

—  Château  de  Foix,  caisses  4  &  :").  "  Voyez  tome  VIII,  Chartes,   n.  CCVII,  ce.  9J4 

'  Voyez  lome  Vlll,  Chartes,  n.  CXCVII,  ce.  920  &  ç5:>. 

i  pil,  —  Msrcn, Histoire  de  Béarn,  1.  8,  c.  22,  n.  4.  '  Guillaume  de  Puy la urens,  c.  4^., 


An  1229 


Kd.  orisîii. 
t.  m,  p.  3i>2 


""; 652  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC,  LIV.  XXIV. 

Art   12  2p 

du  comte  Raimond,  qui  étoit  encore  à  la  Cour,  d'où  il  ne  revint  que  vers  la 
lin  du  mois  de  septembre'.  Le  cardinal  de  Saint-Ange,  légat  du  Saint- 
Siège^,  le  suivit  de  près  &  arriva  dans  la  Province,  à  la  tête  d'un  corps  de 
croisés,  auxquels  il  avoit  accordé  de  grandes  indulgences.  Si  dont  il  se  servit 
tant  pour  la  démolition  des  places  fortes  du  pays  que  pour  achever  de  le  sou- 
mettre au  roi  &  à  l'Église.  Les  Toulousains  marchèrent  à  son  secours  &  tout 
obéit  sans  résistance,  excepté  un  seul  château  qui  se  défendit.  Enfin  le  légat 
se  rendit  à  Toulouse  où,  après ^  avoir  enjoint  au  comte  d'exécuter  tous  les 
articles  du  traité  de  paix,  qu'il  lui  récapitula,  les  commissaires  du  roi  reçurent 
le  serment  de  fidélité  de  ce  prince,  le  remirent  en  possession,  au  nom  du  légat 
&.  du  roi,  des  pays  qui  lui  avoient  été  laissés  par  le  même  traité,  &  en  dres- 
sèrent un  procès-verbal. 

LXIII.  —  Concile  de  Toulouse.  —  H  établit  l'inquisition  dans  le  pays. 

Le  légat  célébra  ensuite  à  Toulouse,  au  mois  de  novembre,  un  concile 
auquel  se  trouvèrent"*  les  archevêques  de  Narbonne,  de  Bordeaux  &  d'Auch, 
un  grand  nombre  d'évêques  8t  d'autres  prélats,  le  comte  de  Toulouse,  les 
autres  comtes  &<.  barons  du  pays,  le  sénéchal  de  Carcassonne  Si  deux  consuls 
de  Toulouse,  l'un  de  la  cité  Si  l'autre  du  bourg.  Ces  derniers  ayant  fait  ser- 
ment, sur  l'âme  de  toute  la  communauté,  d'observer  les  articles  de  la  paix, 
le  comte  Raimond  Si  les  seigneurs  l'approuvèrent,  en  prêtèrent  un  sem- 
blable, Si  tout  le  pays  suivit  leur  exemple.  On  fit  ensuite  quarante-cinq 
canons  dans  le  préambule  desquels  le  cardinal  de  Saint-Ange  s'exprime  de  la 
manière  suivante  :  «  Quoique  divers  légats  du  Saint-Siège  aient  fait  plu- 
«  sieurs  statuts  contre  les  hérétiques,  leurs  fauteurs  ou  receleurs,  pour  con- 
c(  server  la  paix  dans  le  diocèse  de  Toulouse,  la  province  de  Narbonne  Si  les 
«  diocèses  Se  les  pays  voisins.  Si  pour  le  bien  du  pays;  faisant  cependant 
((  attention  que  ces  provinces,  après  avoir  été  longtemps  désolées,  sont  actuel- 
«  lement  pacifiées,  comme  par  miracle,  par  le  consentement  Si  la  volonté  des 
«  grands,  nous  avons  jugé  à  propos  d'ordonner,  du  conseil  des  archevêques, 
«  des  évêques,  des  prélats,  des  barons  Si  des  chevaliers,  ce  que  nous  avons 
«  jugé  nécessaire  pour  purger  du  venin  de  l'hérésie  un  pays  qui  est  comme 
<(  néophyte  Si  pour  y  conserver  la  paix.  »  Ce  concile  de  Toulouse  fut  donc 
une  assemblée  mixte,  Si  les  canons  qu'on  y  dressa  émanèrent  de  l'autorité 
des  deux  puissances. 

Plusieurs  de  ces  canons  regardent  l'établissement  de  l'inquisition  dans  le 

i  m"'^''']"?     P^y^  P°"'  ^^  recherche  des  hérétiques.  On  y  ordonna^,  en  effet,  que  les 

évêques  députeroient  dans  chaque  paroisse  un  prêtre  Si  deux  ou  trois  laïques 

de  bonne  réputation,  lesquels  feroient  serment  de  rechercher  exactement  tous 

■  Mss.  de  Colhert,  n.  1067.  <  Concilia,  t.  1 1,  c.  417  &  suiv.  —  Mss.  de  l'in- 

■  Guillaume  de   Puylaiireiis,  c.   40.  —  Albéric.       quisition  de  Carcassonne. 
Chroniccn.  ^  Concilia,  ibid.  can.   1,  2  &  3. 

'  Catel,  Hist.  des  comtes  de  Tolosc,  p.  337  &  Suiv. 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV,  XXIV. 


653 


les  hérétiques  &  leurs  fauteurs,  de  visiter  pour  cela  toutes  les  maisons,  depuis 
le  grenier  jusqu'à  la  cave,  &  tous  les  souterrains  où  ils  pouvoient  se  cacher, 
&  de  les  dénoncer  ensuite  aux  ordinaires,  aux  seigneurs  des  lieux  8c  à  leurs 
ofiiciers  pour  les  punir  sévèrement.  On  ordonne  '  ensuite  la  confiscation  des 
biens  8c  statue  d'autres  peines  contre  ceux  qui  leur  permettroient  dorénavant 
d'habiter  dans  leurs  terres.  Pour  ne  pas  confondre  cependant  ^  l'innocent 
avec  le  coupable,  on  défendit  de  punir  personne  comme  hérétique,  à  moins 
qu'il  n'eût  été  jugé  tel  par  l'évêque  ou  par  un  ecclésiastique  qui  en  eût  le 
pouvoir.  On  permet  à  toute  sorte  de  personnes  de  faire  partout  la  recherche 
des  hérétiques,  Se  on  donne  ordre  aux  baillis  des  lieux  de  prêter  main-forte 
pour  cette  recherche,  avec  autorité  au  bailli  du  roi  de  procéder  dans  les 
domaines  du  comte  de  Toulouse,  8c  au  comte  8c  aux  autres,  dans  les  domaines 
du  roi.  On  statua  que  les  hérétiques  revêtus,  qui  s'étoient  convertis,  n'habi- 
teroient  pas  les  lieux  suspects  d'hérésie  où  ils  demeuroient  auparavant,  mais 
dans  des  villes  catholiques;  que,  pour  preuve  qu'ils  détestoient  leurs  anciennes 
erreurs,  ils  porteroient  deux  croix  sur  la  poitrine,  l'une  à  droite,  l'autre  à 
gauche,  d'une  couleur  différente  de  celle  de  leurs  habits.  Se  qu'ils  ne  pour- 
roient  être  admis  aux  charges  publiques,  ni  être  capables  des  effets  civils, 
sans  une  dispense  particulière  du  pape  ou  de  son  légat  a  latere.  On  appeloit 
croisés  pour  le  fait  d'hérésie  ceux  qui  étoient  ainsi  condamnés  à  porter  des 
croix.  Il  est  ordonné  ^  ensuite  que  les  autres  hérétiques,  qui  ne  se  seroient 
pas  convertis  de  leur  propre  mouvement,  mais  par  la  crainte  des  peines, 
seroient  renfermés  8c  nourris  aux  dépens  de  ceux  qui  posséderoient  leurs 
biens,  avec  ordre  à  l'évêque,  s'ils  n'avoient  rien,  de  pourvoir  à  leur  subsis- 
tance. Il  est  enjoint^  aux  hommes  depuis  quatorze  ans  8c  au-dessus,  8c  aux 
femmes  depuis  l'âge  de  douze  ans,  de  renoncer  par  serment  à  toute  sorte 
d'erreurs;  de  promettre  de  garder  la  foi  catholique;  de  dénoncer  &i  de  pour- 
suivre les  hérétiques.  Se  de  renouveler  ce  serment  tous  les  deux  ans.  On'' 
déclara  suspects  d'hérésie  tous  ceux  qui  ne  se  confesseroient  pas  8c  ne  commu- 
nieroient  pas  trois  fois  l'an.  On. défendit  aux  laïques^  d'avoir  chez  eux  des 
livres  de  l'ancien  Se  du  nouveau  testament,  excepté  le  psautier,  le  bréviaire 
ou  les  heures  pour  l'office  divin,  qu'il  n'étoit  pas  même  permis  de  garder  tra- 
duits en  langue  vulgaire  :  on  fut  obligé  de  faire  cette  défense,  qu'on  trouve^ 
ici  pour  la  première  fois,  afin  d'empêcher  l'abus  que  les  hérétiques  faisoient 
des  livres  saints. 

Les  canons  suivans  prescrivent  d'autres  mesures  pour  extirper  l'hérésie  du 
pays,  y  entretenir  la  paix  8c  pourvoir  à  la  sûreté  publique  :  ils  défendent  de 
construire  de  nouvelles  forteresses  8c  de  relever  celles  qui  étoient  détruites; 
ils  maintiennent  les  églises  8c  les  ecclésiastiques  dans  leurs  immunités  8c  pri- 
vilèges; font  défense  de  faire  payer  la  taille  aux  clercs,  excepté  à  ceux  qui 


An  1  229 


'  Concilia,  t.  I  I ,  c.  427,  can.  4  &  suir. 
'  liiJ.  can.  8. 
'  IkiJ.  can.    il. 
<  ni  l.  can.  12. 


*  Concilia,  can.  i  3, 

*  lii.l.  can.    14. 

'  Fleuri,  Histoire  eccléiiastl^uf,  1.  79,  n.  53. 


"1 654  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.   LIV.  XXIV. 

An  iiîp  " 

étoient  marchands  ou  mariés,  8<.  de  lever  de  nouveaux  péages.  On  ordonna' 
de  plus  de  se  liguer  actuellement  par  serment  contre  les  ennemis  de  la  toi  Se 
de  la  paix,  nommément  contre  Guillaume,  seigneur  de  Pierrepertuse,  qui 
occupoit  le  château  de  Puylaurens  (dans  le  pays  de  Fenouillèdes),  Se  Nai- 
raud  d'Aniort^,  qu'on  déclara  excommuniés,  s'ils  ne  se  soumettoient  quinze 
jours  après  l'expiration  de  la  trêve  qui  leur  avoit  «té  accordée.  On  défendit^ 
aux  barons,  châtelains,  chevaliers,  citoyens  ou  bourgeois  Se  paysans  (^rurales) 
de  s'engager  par  serment  dans  aucune  autre  ligue,  sous  peine  d'une  amende 
proportionnée  à  leur  condition.  Enfin  il  est  ordonné  à  tous  les  juges  de  rendre 
la  justice  gratis.  Se  de  publier  tous  les  ans  ces  statuts  dans  les  provinces  aux 
quatre-temps  de  l'année.  Ce  sont  là  les  principaux  canons  de  ce  concile  de 
Toulouse,  durant  lequel  l'évêque'*  de  cette  ville  défraya  la  plupart  des  prélats 
qui  y  assistèrent. 

C'est  donc  à  ce  concile  qu'il  faut  attribuer  l'établissement  fixe  Se  perma- 
nent du  tribunal  de  l'inquisition.  On  en  commença  aussitôt  les  procédures, 
Se  le  cardinal  légat ^  fit  examiner  durant  l'assemblée  tous  ceux  qui  étoient  les 
plus  suspects.  Pour  y  mieux  réussir,  il  fit  réhabiliter  par  le  concile  Guillaume 
de  Solier,  hérétique  revêtu,  qui  s'étoit  converti  volontairement  afin  de  se 
t  Ifi  "' '"38'  servir  de  son  témoignage  contre  ses  complices.  Cette  recherche  ou  inquisition 
fut  établie  en  telle  sorte  que  les  évoques  entendirent  chacun  séparément  un 
certain  nombre  de  témoins  que  Foulques,  évêque  de  Toulouse,  leur  admi- 
nistra, Se,  après  avoir  reçu  leurs  dépositions,  ils  en  remirent  les  actes  entre 
les  mains  de  ce  prélat  pour  les  conserver  Se  y  avoir  recours  en  cas  de  besoin  : 
ils  expédièrent  ainsi  cette  affaire  beaucoup  plus  vite.  On  entendit  d'abord 
ceux  qui  étoient  réputés  catholiques,  Se  ensuite  ceux  dont  la  foi  étoit  plus 
suspecte;  mais  ces  derniers  convinrent  ensemble  de  ne  rien  révéler  qui  pût 
leur  causer  du  préjudice  ;  aussi  cette  procédure  fut-elle  entièrement  inutile. 
Quelques-uns  plus  prudens,  prévoyant  qu'ils  seroient  dénoncés,  prévinrent 
les  informations,  s'avouèrent  coupables  Se  demandèrent  pardon  au  légat  qui 
leur  fit  grâce.  Il  la  refusa  aux  autres  Se,  les  ayant  forcés  à  comparoître,  ils 
furent  traités  durement.  Enfin  quelques  autres  eurent  recours  aux  voies  de 
droit  Se  demandèrent  qu'on  leur  déclarât  les  noms  de  ceux  qui  avoient  déposé 
contre  eux,  afin  d'examiner  s'ils  n'avoient  pas  quelque  sujet  de  récusation  Se 
s'ils  n'étoient  pas  de  leurs  ennemis.  Ils  suivirent  le  légat  jusqu'à  Montpellier 
pour  l'engager  à  leur  accorder  cette  demande  ;  mais  ce  prélat,  craignant  que 
les  accusés  n'entreprissent  sur  la  vie  de  leurs  délateurs,  éluda  leurs  instances. 
Se  leur  fit  voir  seulement  en  général  la  liste  de  tous  les  témoins;  or,  comme  ils 
ignoroient  ceux  qui  les  avoient  chargés,  ils  n'osèrent  en  récuser  aucun  en  par- 
ticulier, se  désistèrent  de  leurs  poursuites  Se  se  soumirent  enfin  à  ses  ordres. 

Si  nous  en  croyons  un  écrivain^  moderne,  le  concile  de  Toulouse  «  fit  un 

'  Concilia,  ut  supra,  can.  Sy.  —  Mss.  de  l'Inqul-  *  Guillaume  de  Puylaurens,  c.  40. 

sition  de  Carcassonne,  '  liiA.  c.  41. 

'  [Corrige^  Guiraud  de  Niort.]  '^  Langlois,  Histoire   des    alèigeois,    1.    8,   p.   423 

s  Concilia,  can.  38.  &  suiv. 


FilSTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIV.  655 

<i  autre  décret  pour  l'érection  de  la  charge  d'un  maréchal  de  la  foi,  qui  auroit 
«  droit  de  prendre  les  armes  pour  courir  sus  aux  hérétiques  qui  oseroient 
«  remuer,  Se  fit  cette  charge  héréditaire  en  faveur  de  Lévis.  Ce  fut,  ajoute-t-i!» 
«  une  juste  récompense  des  services  que  Gui  de  Lévis,  seigneur  de  Mirepoix, 
«  avoit  rendus  depuis  le  commencement  de  la  croisade;  »  mais  ce  décret  est 
une  fable.  Au  reste,  le  comte  Raimond  exécuta  de  bonne  foi  tous  ceux  du 
concile  de  Toulouse;  il  fit'  faire  à  ses  dépens  une  exacte  recherche  des  héré- 
tiques, qui  perdirent  pendant  l'hiver  leur  principal  appui  en  la  personne 
d'un  nommé  Guillaume,  qu'on  appeloit  le  pape  des  albigeois,  &  qui,  ajant 
été  pris,  fut  brûlé  tout  vif. 

LXIV.  —  Le  cardinal  légat  patcourt  la  Province  avec  Adam  de  Millî, 
que  le  roi  y  avoit  établi  pour  son  lieutenant. 

l,e  cardinal  de  Saint-Ange  partit  de  Toulouse,  vers  le  commencement  de 
décembre,  Se  alla  à  Lézignan,  dans  le  diocèse  de  Narbonne,  où  Pierre  de 
Colmieu,  son  vice-légat,  rendit  une  sentence*,  de  son  conseil  6t  en  sa  pré- 
sence, St  d'Adam  de  Milli,  chevalier,  vice-gérant  du  roi  (ou  vice-roi)  dans  le 
pays  d'Albigeois  ;  ce  fut  au  sujet  du  différend  qui  s'étoit  élevé  entre  les  offi- 
ciers du  roi  8t  Philippe  de  Montfort,  à  qui  ce  prince  avoit  cédé  ses  droits  sur 
la  ville  d'Albi  d'un  côté,  Se  Durand,  évêque  de  cette  ville,  de  l'autre,  tou- 
chant la  seigneurie  &  la  juridiction.  Le  cardinal  légat  se  rendit  ensuite  à 
Béziers,  où  il  termina  3,  le  9  de  décembre,  un  différend  qui  s'étoit  élevé  entre 
le  même  Adam  de  Milli,  comme  lieutenant  du  roi  dans  le  pays,  8t  l'abbé  St 
le  monastère  de  La  Grasse,  au  sujet  des  biens  confisqués  sur  les  hérétiques. 
Il  décida  que  le  roi  8c  ses  officiers  s'en  tiendroient  à  l'accord  que  Simon  de 
Montfort  avoit  fait  avec  cette  abbaye,  8t  que  le  roi  mettroit  en  main  tierce 
les  fiefs  dépendans  du  monastère,  afin  que  l'abbé  &  les  religieux  pussent 
recevoir  leurs  droits  ordinaires,  ou  bien  que  ce  prince  leur  donneroit  un 
dédommagement.  Le  légat  régla  la  même  chose  touchant  un  semblable  diffé- 
rend entre  Adam  de  Milli  5<.  l'évêque  de  Béziers  :  "il  commit  vers  ce  temps-là 
les  abbés  de  Saint-Sernin  de  Toulouse  Si  de  Grandselve  pour  informer  sur 
les  prétentions  que  le  comte  de  Toulouse  Se  l'abbé  de  Moissac  avoient  sur  la 
seigneurie  de  cette  dernière  ville'*. 

LXV.  —  Gui  de  Lévis,  seigneur  de  Mirepoix,  maréchal  de  France. 

Adam  de  Milli'  Se  Gui  de  Lévis,  maréchal  dans  l'Albigeois  du  seigneur 
Louis,  roi  illustre  des  François,  avoient  reçu  commission  de  ce  prince  d'assi- 

'  Albéric,  CAron/cort.  'Trésor  des  chartes;   Toulouse,    jac   ,'> ,    n.    7. 

'  Gallia  Chrhtiana,  nov.  éd.  t.  I,  Instr.  p.  8.  —  [J.  jof);   Teulet,   t.    2,    p.   164.    L'acte   est  daté   de 

Voyez  tome  VIII,    Chartes,    n,   CXCV,   c,  909   &  Beaucaire,    18    décembre    1229.    Une  première  se- 

siiiv.  nteilce  fut  rendue  à  ce  sujet  par  Pierre  de  Colmieu 

'  Trésor  des  chartes;   La  Grasse,   n.  2.  [J.  3^3;  peu  après;  J.  3o9,  n.  72.  Teulet,  t.  i,  p.   i6û.] 

Teulet,  t.  2,  p.  164.]  '  Baluze,     Histoire    généalogique    de    lu    maison 


An  I  22J 


An  122 


y 


656  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIV. 


gner  à  Pierre,  archevêque  de  Narbonne,  quatre  cens  livres  de  rente  pour  le 
dédommager  des  fiefs  mouvans  de  son  église  qui  avoient  été  confisqués  sur 
les  hérétiques  8c  unis  au  domaine.  Gui  de  Lévis  exécuta  seul  cette  commis- 
sion à  Béziers,  le  jour  de  Sainte-Luce  de  l'an  12:19,  8<.,  à  ce  qu'il  paroît,  en 
présence  du  légat  ;  il  assigna,  en  conséquence,  à  l'archevêque  de  Narbonne 
t.'iu,"p!^3"5.  quatre  châteaux  du  diocèse,  savoir  :  Anissan,  Pépieux,  Pieussan  &  Pvoutié. 
Le  roi  confirma  dans  la  suite  cette  assignation  Se  chargea  l'église  de  Nar- 
bonne de  célébrer  après  sa  mort,  en  reconnoissance,  un  anniversaire  pour 
son  âme.  On  doit  inférer  de  cet  acte  que  Gui  de  Lévis,  premier  du  nom, 
après  avoir  été,  depuis  le  commencement  de  la  croisade,  successivement  maré- 
chal de  Simon  6<.  d'Amauri  de  Montfort,  fut  avant  sa  mort  véritablement 
maréchal  du  roi  de  France,  Se  qu'on  anroit  pu,  par  conséquent,  ne  pas 
l'omettre,  comme  on  l'a  fait',  dans  le  catalogue  des  grands  officiers  de  la 
couronne.  Si  nous  en  croyons  même  un  moderne^,  Gui  de  Lévis  commanda 
l'armée  du  roi  sous  le  comte  de  Montfort,  qui  en  était  généralissime,  comme 
on  parle  aujourd'hui^;  ainsi  on  devroit  mettre  Gui  au  rang  des  maréchaux  de 
France,  dès  le  commencement  de  la  croisade;  mais  cet  auteur  n'a  pas  fait 
attention  que  les  armées  des  croisés  qui  furent  employées  contre  les  albi- 
geois étoient  rassemblées  de  divers  pays  8c  de  diverses  nations,  Se  qu'elles  ne 
firent  jamais  la  guerre  dans  la  Province  au  nom  du  roi,  pendant  toute  la  vie 
de  Philippe-Auguste,  qui  ne  voulut  jamais  se  charger  de  cette  expédition  en 
son  nom.  Se  que  ce  fut  seulement  le  roi  Louis  VIII,  son  fils,  qui  l'entreprit 
en  1226.  Ce  n'est  donc  qu5  depuis  cette  dernière  époque  que  Gui  de  Lévis 
devint  maréchal  du  roi  de  France.  Les  successeurs  de  Gui  se  donnèrent  le 
titre  de  maréchaux  de  Mirepoix  ou  maréchaux  d'Albigeois,  jusqu'à  la  fin  du 
quinzième  siècle,  qu'ils  se  qualifièrent"*  maréchaux  de  la  foi,  qualité  qu'ils 
ont  toujours  prise  depuis  8c  qu'ils  regardent  comme  héréditaire,  sur  le  fonde- 
ment que  Gui  I  fut  maréchal  de  l'armée  de  la  foi.  Ce  seigneur''  étoit  déjà 
mort,  à  ce  qu'on  prétend,  au  mois  de  novembre  de  l'an  i23o.  Il  laissa  de 
Guiburge,  sa  femme,  dont  on  ignore  la  maison'',  deux  fils  8c  une  fille. 
L'aîné,  nommé  Gui,  lui  succéda  dans  la  seigneurie  de  Mirepoix  8c  des  autres 
terres  que  Simon  de  Montfort  lui  avoit  données  en  fiet,  après  en  avoir 
dépouillé  les  anciens  seigneurs,  sous  prétexte  d'hérésie.  Saint  Louis  confirma, 
en  1229,  à  Gui  I  de  Lévis,  la  possession  de  tous  ces  domaines,  qui  s'éten- 
doient  dans  la  partie  méridionale  du  Toulousain  comprise  aujourd'hui  dans 
le  diocèse   de   Mirepoix,  8c  qu'on  appela   la  terre  du  maréchal.  Ces  terres 

d'Auvergne,    t.    2,    p.    583.    —    Gallia.    Chriitiana,  vèrcnt  ce  titre  honorifique.  Dora  Vaissete  a  d'ail- 

nov.  éd.  t.  6,  Instrum,  c.  69  &  scq.  leurs    r;iison    de    relever    l'erreur   de  Baluze,  qui 

*  Histoire  généalogique  des  grands  officiers.  suppose  que  Simon   de   Montfort  agissait   comme 

'  Baluze,    Histoire    généalogique    de    la     maison  lieutenant  du  roi   de  France,  ce  qui  ne  fut  jamais 

d'Auvergne,  t.    1,  p.  3  10.  vrai,  [A.  M.] 

'  Cette  assertion  est  peu  fondée.  En  réalité,  Gui  ■*  Baluze,     Histoire    généalogique     de    la    maison 

de   Lévis    était   maréchal   du    comte  de  Montfort,  d'Auvergne,  t.   1,  p.  3io. 

c'est-à-dire  officier   de  sa    maison    &  premier  chef  ^  Histoire  généalogique  des  grands  officiers,  t.  a. 

militaire  à  son  service,  &  ses  descendants  conser-  '  \'oye2  tome  VII,  Note  XXIV,  n.  2,  p.  ii. 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIV.  65?    — 

'         An  iiip 

avoient  appartenu  auparavant  médiatement  ou  immédiatement  aux  comtes 
de  Foix  ou  aux  vicomtes  de  Béziers  &  de  Carcassonnej  mais  Gui  de  Lévis  8c 
ses  descendans  les  possédèrent  en  hommage-lige  de  la  couronne.  On  a  dit 
ailleurs  que  Gui  de  Lévis,  qui  s'établit  dans  la  Province,  étoit  originaire  des 
environs  de  Paris,  où  il  avoit  fondé,  en  1190,  l'abbaye  de  la  Roche. 

LXVI.   —   Concile  d'Orange.  —  Le  cardinal  de   Saint-Ange  donne  au  roi 
la  garde  du   marquisat  de  Provence ,  6*  part  pour  Rome. 

Romain,  cardinal  de  Saint-Ange,  après  avoir  traversé  la  Province,  passa  le 
Rhône'  8t  se  rendit  à  Orange,  où  il  célébra  un  concile  dont  nous  n'avons 
plus  les  actes.  On  y  reçut,  selon  toutes  les  apparences,  les  décrets  de  celui  que 
ce  légat  venoit  de  tenir  à  Toulouse.  Quant  à  son  époque  précise,  nous  savons^ 
que  Romain  étoit  à  Orange  le  24  de  décembre  de  l'an  1229,  avec  les  évêques 
de  Nimes,  Béziers  &  Carcassonne,  qui  assistèrent  sans  doute  à  ce  concile  & 
qui,  ce  jour-là,  rendirent  une  sentence,  conjointement  avec  le  vice-légat 
Pierre  de  Colmieu,  au  sujet  des  différends  qui  s'étoient  élevés  entre  l'évêque 
d'Agde  St  Adam  de  Milli,  chevalier,  vice-gérant  du  roi  de  France  dans  la  pro- 
vince de  Narbonne.  Par  ce  jugement  l'évêque  81  l'église  d'Agde  cédèrent  au 
roi  les  fiefs  que  le  comte  de  Montfort  avoit  possédés  autrefois  dans  leur  mou- 
vance, entre  autres  les  châteaux  de  Florensac,  de  Pomerols,  Sec.  Les  fiefs  que 
l'évêque  d'Agde  tenoit  du  comte  de  Montfort,  savoir  :  Montagnac  &  Mèze 
demeurèrent  à  ce  prélat,  qui  s'engagea  à  en  prêter  serment  de  fidélité  au  roi. 
Le  cardinal  de  Saint-Ange  déclara  à  Orange,  le  27  de  décembre  de^  la  même 
année,  qu'Adam  de  Milli  avoit  assigné,  de  son  consentement,  sur  le  diocèse 
de  Carcassonne,  mille  livres  de  rente  au  comte  de  Foix,  8c  qu'il  devoit  asseoir 
mille  cinq  cens  livres  de  rente  à  Lambert  de  Limoux,  chevalier,  mille  livres 
à  Pierre  de  Voisins,  8c  faire  des  assignations  semblables  à  quelques  autres 
chevaliers, 

D'Orange  le  légat  se  rendit  au  château  de  Mornas,  8c  là,  étant  sur  son 
déparf*  pour  Rome,  il  remit,  deux  jours  après,  le  soin  8c  l'administration  du 
pays  que  le  comte  de  Toulouse  possédoit  autrefois  à  la  gauche  du  Rhône 
(c'est-à-dire  du  marquisat  de  Provence),  à  Adam  de  Milli,  vice-gérant  du  roi  éd. oriRin. 
de  France,  8c  de  Péregrin  Latinier,  sénéchal  de  Beaucaire.  Il  les  chargea  de 
le  garder  au  nom  de  l'Eglise  romaine,  à  condition  que  le  roi  le  feroit  gou- 
verner de  bonne  foi,  soit  par  eux-mêmes,  soit  par  tout  autre  qu'il  jugeroit  à 
propos  de  commettre  :  «  En  sorte,  ajoute  le  légat,  que  si  le  roi  se  sent  lésé  de 
«  cette  garde,  il  en  avertira  le  pape  ou  moi,  8c  nous  l'en  déchargerons  dans 
«  trois  mois,  8c  en  ordonnerons  comme  nous  le  jugerons  à  propos;  à  condi- 
(i  tion  aussi  que  le  roi  nous  rendra  ce  pays  deux  mois  après  qu'il  en  aura  été 
«  requis.  »  Le  légat,  ou  plutôt  le  pape,  se  détermina  à  confier  cette  garde  au 

'  Guillaume    de    Puyiaurens,    c.    40.   —  Voyez  '  Voyez  tome  VIII,  n.  CXCVI,  c.  917. 

tome  VIII,  Chartes,  n.  CXCVI,  ce.  916,  917.  '  /Aii/.  ce.  917,  918. 

'  Voyez  tome  VIII,  thtd. 

VI.  •  4» 


An  i22p 


An  i23o 


658  HISTOIRE  GÉNÉRALE)  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIV, 

roi,  soit  à  cause  qu'elle  étoit  onéreuse,  le  pays  souffrant  alors  une  extrême 
disette  par  les  ravages  préçédens  de  la  guerre,  soit  dans  le  dessein  de  le  resti- 
tuer incessamment  au  comte  de  Toulouse,  qui  se  qualifioit,  en  effet,  marquis 
de  Provence^  au'  mois  d'octobre  de  cette  année;  mais  cette  restitution  n'arriva 
pas  si  tôt, 

Le  légat  cassa  de  son  autorité^,  le  29  de  décembre,  tous  les  actes  qui 
avoient  été  faits  durant  la  guerre,  Si  qui  étoient  contraires  aux  droits  des 
églises.  Il  remit  ensuite^  entre  les  mains  de  Foulques,  évêque  de  Toulouse, 
les  lettres  par  lesquelles  il  imposoit  des  pénitences  à  tous  ceux  qu'il  avoit 
trouvés  suspects  d'hérésie  dans  cette  ville,  suivant  les  informations  qui  en 
avoient  été  faites.  Foulques,  à  son  retour,  fit  publier  ces  lettres  dans  l'église 
de  Saint-Jacques  de  Toulouse,  en  présence  de  tous  ceux  qu'elles  regardoient, 
Si  qu'il  y  avoit  fait  appeler.  Quant  aux  autres  informations  de  l'inquisition 
que  le  légat  avoit  faites  dans  la  Province,  il  les  emporta  avec  lui  de  crainte 
que,  s'il  les  laissoit  dans  le  pays,  les  malintentionnés  ne  les  découvrissent  61 
ne  fissent  mourir  ceux  qu'ils  trouveroient  avoir  déposé  contre  eux.  Le  car-^ 
dinal  de  Saint-Ange  se  rendit  à  Malaucène'*,  le  3o  décembre,  Si  continua 
sa  route  après  avoir  exercé  dans  le  pays  une  autorité  despotique;  car  il  ne 
voulut  jamais^  permettre  aux  églises,  durant  tout  le  temps  de  sa  légation,  dg 
faire  aucune  élection  sans  son  consentement, 

LXVn,  —  Accord  entre  le  roi  ^  Vévêqiie  de  Béliers  touchant  la  Justice 
^  le  domaine  de  cette  ville  &■  du  diocèse, 

Ce  cardinal,  avant  son  départ  pour  l'Italie,  nomma  "^  Pierre,  archevêque  de 
Narbonne,  81  Clarin,  évêque  de  Carcassonne,  pour  arbitres  d'un  différend 
qu'avoit  Bernard,  évêque  de  Béziers,  avec  Adam  de  Milli,  vice-gérant  du  roi 
dans  la  Province,  touchant  la  justice  Si  le  domaine  de  la  ville  81  du  diocèse 
de  Béziers.  Ces  deux  arbitres  rendirent  quelque  temps  après,  du  consente- 
ment des  parties,  une  sentence  dont  voici  les  principaux  articles  :  1°  Le  châ- 
teau de  Servian  81  les  autres  châteaux  qui  avoient  été -confisqués  pour  fait 
d'hérésie  demeureront  au  roi,  81  le  château  de  Casouls,  que  le  comte  Amawri 
avoit  rendu  à  l'évêque,  demeurera  à  ce  prélat,  de  même  que  les  autres 
domaines  que  Simon  de  Montfort  lui  avoit  donnés  81  à  ses  successeurs.  2°  Les 
droits  sur  les  juifs  appartiendront  au  roi,  excepté  le  cens  dû  à  l'évêque  81  aux 
chanoines.  3"  Les  droits  que  les  vicomtes  de  Béziers  levoient  sur  le  blé,  Sic. 
seront  adjuges  au  roi.  4°  Les  préconisations  (ou  publications)  se  feront  à 
Béziers  au  nom  du  roi  81  de  l'évêque.  5°  Le  tiers  de  la  leude  sur  le  chemin 
sera  adjugé  à  l'évêque.  6°  Les  informations  pour  les  crimes  appartiendront  à 
la  justice  de  l'évêque  ou  des  abbés  de  Saint-Aphrodise  81  de  Saint-Jacques  dq 
Béziers;  mais  la  punition  pour  l'adultère  Si  l'homicide  appartiendra  à  celle 

■  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.CXCVIII,  c.  923.  *  Tome  VIII,  Chartes,  n.  CXCVI,  çç.  917,  918. 

'  Catel,  Histoire  des  comtes  de  Tolose,  p.  343.  '  Gallia   Chnstiana,  nov.   éd.   t.   1,  Instr.   p,  il. 

'  Guillaume  de  Piiylaurens,  c.  40.  ^  liid.  t.  û,  Instr.  c.   i5i  &  seq. 


An  123^ 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV,  XXIV.  65() 

du  roi.  1°  Les  hommes  libres  établis  clans  les  domaines  du  roi  Se  dans  ceux  de 
l'église  de  Béziers,  pourront  s'établir  dans  les  villes  Jk  les  châteaux  de  l'un 
ou  de  l'autre,  à  leur  choix.  8°  Les  impositions  à  la  taille  seront  réparties,  eu 
égard  aux  biens  qu'un  chacun  tient  du  roi  &  selon  la  quantité  qu'il  en  pos- 
sède. Si  personne  ne  sera  mis  à  la  taille,  en  aucune  manière,  pour  sa  per- 
sonne, c)°  Les  vassaux  de  l'église,  qui  demeurent  dans  les  châteaux  du  roi, 
seront  tenus  de  plaider  devant  les  officiers  de  ce  prince  pour  leurs  affaires 
personnelles,  io°  L'évêque  &.  l'église  de  Béziers  conserveront  Içs  domaines 
qu'ils  prouveront  avoir  possédés,  soit  dans  la  ville,  soit  dans  son  territoire, 
avant  l'arrivée  des  croisés  :  il  en  sera  de  même  du  roi.  Tous  les  autres  biens 
dont  on  n'a  pas  de  preuve  certaine  seront  partagés  entre  le  roi  &  l'évêque. 
11°  Les  donations  &  les  ventes  faites  aux  églises  de  Béziers  &  du  diocèse, 
tant  par  le  comte  de  Montfort  ou  ses  officiers  que  par  les  chevaliers  François, 
ses  vassaux,  subsisteront  en  leur  entier,  u»  Le  roi  fera  justice  des  voleurs  j 
mais  tous  leurs  biens  seront  confisqués  en  faveur  ou  de  l'évêque  ou  des  abbés  t.'iu°p'."j"7. 
de  Béziers,  leurs  seigneurs.  iS"  Enfin  les  deux  arbitres  partagèrent  la  ville  & 
les  faubourgs  de  Béziers  ;  ils  assignèrent  au  roi  la  partie  qui  étoit  de  son 
domaine,  &  à  l'évêque  celle  qui  étoit  du  sien  8t  en  marquèrent  les  limites. 
Il  paroît  par  l'acte  que  le  tiers  cle  la  ville  &  de  se§  droits  domaniaux  fut 
adjugé  à  l'évêque. 

LXVin.  1 —  Nouveaux  troubles  dans  le  Toulousain. 

On  assure'  que  la  crainte  que  le  cardinal  de  Saint-Ange  avoit,  qu'après 
son  départ  de  la  Province  les  hérétiques  ou  leurs  fauteurs  n'attentassent  sur  la 
vie  de  leurs  délateurs,  n'étoit  que  trop  bien  fondée.  Se  que  plusieurs  furent 
tués  sur  le  soupçon  que  ceux  qui  étoient  suspects  d'hérésie  avoient  conçus, 
qu'ils  avoient  déposé  contre  eux,  ou  sous  prétexte  qu'ils  persécutoient  les  hérév 
tiques.  On  vouloit  rendre  responsable  de  cet  attentat  le  comte  de  Toulouse, 
qu'on  cherchoit  toujours  à  chagriner,  Se  à  qui  le  roi  ^  défendit  de  rien  aliéner 
des  domaines  du  diocèse  de  Toulouse,  avec  ordre  de  révoquer  les  donations 
qu'il  pourroiten  avoir  faites.  Entre  ceux  qui  furent^  tués  par  les  ennemis  de 
la  paix,  après  le  départ  du  légat,  l'un  des  principaux  fut  André  de  Calvet 
(^Culveti)  ou  Chalvet,  brave  chevalier,  qualifié  sénéchal  du  roi,  parce  que  le 
roi  Louis  VIII  lui  avoit  confié  sous  ce  titre  le  gouvernement  de  la  partie  du 
Toulousain  qui  se  soumit  à  lui  en  1226,  gouvernemeitt  qu'il  avoit  géré  jus- 
qu'à la  paix  de  Paris.  Il  fut  surpris  Si  massacré  dans  un  bois. 

D'un  autre  côté,  plusieurs  de  ceux  qui  n'avoient  pour  vivre  que  ce  qu'ils 
retiroient  de  leurs  brigandages  durant  la  guerre,  voyant  que  la  paix  leur 
ôtoit  le  moyen  de  subsister,  renouvelèrent  leurs  courses  Se  ravagèrent  les 
terres  de  l'évêque  de  Toulouse,  à  qui  d'ailleurs  divers  seigneurs  Se  gentils- 

'  Guillniime  de  Puylniirens,  c.  40.  '  Guillaume  de  Piiylaiirens,  c.  40. 

'  Voyez   lome  VIII,  Chartes,  n.  CXCII,   c.  9o3. 


Aa  12 


660  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIV. 

hommes  refusèrent  de  payer  la  diine.  Ce  prélat,  irrité  de  ces  vexations,  alla 
trouver  le  comte  Raimond  Se  lui  dit  :  «  Je  sais  que,  par  la  grâce  de  Dieu  & 
«  la  vôtre,  j'ai  recueilli  mes  dîmes  assez  tranquillement  l'année  dernière; 
«  maintenant  c'est  à  vous  que  je  m'en  prends  du  trouble  que  je  souffre,  & 
«  ne  croyez  pas  que  je  puisse  le  supporter  patiemment.  Je  suis  disposé  à  être 
«  exilé  de  nouveau,  n'ayant  jamais  été  mieux  que  durant  mon  exil.  » 

LXIX.  —  Le  roi  ordonne  qu'on  rende  à  Raimond  les  biens  usurpés  sur  lui. 
Ce  comte  fait  un  voyage  à  la  Cour.  —  Evêques  du  Puy. 

Raimond  avoit  à  son  tour  des  plaintes  à  faire  contre  les  ecclésiastiques  de 
ses  Etats.  Il  étoit  porté  expressément,  dans  le  traité  de  Paris,  que  toutes  les 
donations  que  les  croisés  avoient  faites  des  biens  de  ce  comte,  dans  l'étendue 
des  pays  qui  lui  restoient,  seroient  révoquées;  plusieurs  églises  du  diocèse 
de  Cahors  jouissoient  entre  autres  de  divers  domaines,  en  vertu  de  semblables 
donations  Se  ne  se  mettoient  nullement  en  peine  de  les  rendre.  Raimond  s'en 
plaignit  au  roi  qui  l'écouta  favorablement  Se  écrivit',  au  mois  de  mai  de 
l'an  1280,  à  Guillaume  de  Cardaillac,  évêque  de  Cahors,  pour  le  prier 
de  rendre  lui-même  Se  de  faire  rendre  à  ce  comte  les  biens  usurpés  par  les 
ecclésiastiques  de  son  diocèse.  Il  pria  en  même  temps  ce  prélat  de  ne  pas 
permettre  que  Raimond  fût  molesté  en  rien  ;  «  Il  vous  est,  ajoute-t-il, 
«  plus  expédient  de  l'attirer  par  des  bienfaits  que  de  l'irriter  par  des  cha- 
«  grins.  » 

Le  roi,  par  d'autres  lettres^,  datées  de  Paris  à  la  fin  du  mois  d'avril  de  la 
même  année,  déclare  «  qu'il  veut  que  son  frère  Alphonse,  lorsqu'il  sera  par- 
ti venu  à  un  âge  légitime,  ou  celui  qui  sera  comte  de  Toulouse,  rende  hom- 
«  mage  à  l'évêque  du  Puy  Se  à  ses  successeurs  pour  les  châteaux  d'Aubenas, 
«  de  Saint-Laurent  Se  d'Ussel,  dans  le  diocèse  de  Viviers,  qui  étoient  de  la 
«  mouvance  de  ce  prélat  Se  que  les  prédécesseurs  de  son  cher  8e  féal  Pv^ai- 
«  mond,  comte  de  Toulouse,  avoient  tenus  du  même  évêque,  comme  ce  même 
«  comte  l'a  confessé  devant  nous,  »  termes  d'où  l'on  peut  inférer  que  Rai- 
mond avoit  fait  alors  un  voyage  à  la  Cour.  Etienne  de  Chalançon,  évêque 
du  Puy,  déclara  en  même  temps  que  lui  Se  ses  successeurs  étoient  tenus  de 
recevoir  cet  hommage  d'Alphonse,  frère  du  roi,  qui  aura  pour  femme  la  fille 
de  Raimond,  comte  de  Toulouse,  quand  il  sera  parvenu  à  un  âge  compétent, 
ou  de  celui  qui  sera  comte  de  Toulouse.  Enfin  le  roi  ordonna  alors  à  Héracle 
de  Montlaur  de  reconnoître  tenir  ces  trois  châteaux  de  l'évêque  du  Puv,  jus- 
qu'à ce  qu'Alphonse,  son  hère,  fût  parvenu  à  un  âge  légitime.  Etienne  de 
Chalençon^,  évêque  du  Puy,  mourut  au  commencement  de  l'année  suivante 
Se  eut  pour  successeur  Bernard  de  Rochefort. 

'Trésor  des   chartes;  Toulouse,   sac   3,   n.    65.  biens    »    eux    donnés    par   Simon    &    Amauri    de 

[J.    3o6;   Teulet,    t.    2,    p.    177;    le    roi    ordonne  Mcntfort.J 

au    prélat    &    aux    ecclésiastiqives    du    diocèse    de  '  Gallia   Christiana,  nov.  éd.   t.  2,  Imtr.  c.  233. 

rendre,   conformément  au    traité    de    Melun,    les  ^  Ibid.  c.  713, 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIV.  66 1   ~ ; — 

An   12J0 

LXX.  —  Université  de  Montpellier.  —  Dédicace  de  l'église  de  Notre-Dame 
de  cette  ville.  —  Evéques  de  Maguelonne.  —  Fondation  de  l'abbaye  de 
Gigean, 

Le  roi  confirma,  au  mois  de  juin  de  l'an  i23o,  les  privilèges  que  ses  pré- 
décesseurs avoient  donnés  à  l'éplise  de  Maguelonne,  Si  accorda  à  levêciue  le  l'-J.onsin. 
pouvoir  ('  de  recevou^  le  serment'  de  ceux  qui  dévoient  être  élevés  au  grade 
«  de  licencié  &  de  docteur  dans  la  faculté  de  droit  canon  &  de  droit  civil, 
"  dans  l'étude  de  la  ville  de  Montpellier.  »  Il  prescrit  ensuite  la  forme  de  ce 
L-rment,  suivant  lequel  celui  qui  étoit  reçu  devoit  jurer  d'être  fidèle  &  obéis- 
sant à  l'èvêque  de  Maguelonne,  «  Se  de  ne  pas  empêcher  que  ce  prélat 
"  n'ag_g''s^"ât  l'excommunication  contre  ceux  qui  nègligeroient  de  se  soumettre 
«  à  l'Eglise,  en  taisant  jeter  des  pierres  &  porter  un  cercueil  ou  bière  devant 
K  leurs  maisons  ou  autrement,  suivant  l'ancienne  coutume  du  diocèse.  » 
I/université  de  Montpellier  étoit  donc  alors  entièrement  formée  Si  composée 
de  toutes  les  facultés,  contre  le  sentiment  de  ceux*  qui  prétendent  que  ce  fut 
seulement  en  1289  qu'on  y  prit  des  degrés.  Nous  savons  de  plus  que  Jean  de 
Montlaur,  évêque  de  Maguelonne,  fit^  en  1242  divers  règlemens,  du  con- 
sentement de  l'université,  tant  des  docteurs  que  des  disciples  qui  étudioient 
aux  arts,  «  touchant  les  maîtres  Si  les  écoliers  qui  s'appliquoient  à  la  gram- 
>  maire  Si  à  la  logique  k  Montpellier  Si  à  Montpelliéret.  »  Il  y  est  fait  men- 
tion du  recteur  de  cette  université. 

Bernard  de  Mèze,  évêque  de  Maguelonne,  en  faveur  duquel  saint  Louis 
accorda  la  charte  dont  on  vient  de  parler,  dédia,  en  1280,  l'église'*  de  Notre- 
Dame  des  Tables,  alors  la  principale  de  Montpellier,  avec  les  archevêques  de 
Narbonne,  d'Arles  Si  d'Aix  Si  leurs  suffragans,  par  ordre  du  pape  Grégoire  IX, 
qui  leur  écrivit  pour  cela,  le  18  de  juillet  de  la  même  année.  Les  évêques  de 
Marseille  Si  d'Apt,  n'ayant  pu  se  rendre  k  Montpellier  au  jour  marqué,  à 
cause  des  troubles  de  la  province  d'Aix  6-  de  la  ville  de  Marseille,  n'y  arri- 
vèrent que  le  26  d'août;  mais  ils  accordèrent  les  mêmes  indulgences  que  les 
autres  évêques  avoient  accordées  dans  le  temps  de  la  dédicace.  Bernard  de 
Mèze  mourut  le  25  de  janvier'*  de  l'an  i232.  Sous  son  épiscopat,  Jacques,  roi 
d'Aragon,  seigneur  de  Montpellier,  fonda  le  couvent  des  Cordeliers  de  cette 
ville,  dans  lequel  le  chapitre  général  de  leur  ordre  fut  assemblé  en  1287. 
L'abbaye  de  Saint-Germain,  près  de  Montlaur,  transférée  ensuite  k  Saint- 
Félix  de  Montseré,  Si  connue  aujourd'hui  sous  le  nom  de  Gigean,  fut  aussi 
fondée  sous  l'épiscopat  de  ce  prélat,  dans  son  diocèse,  pour  des  filles  de  l'ordre 
de  Cîteaux.  Elle  subsiste  encore  Si  est  située  sur  la  grande  route  de  Mont- 

■  Tome  VIII,  Chartes,   n.  CXCIX,  ce.  917,  918.  ■*  Gar\e\,  Séries  praesulum  Magaloneniium,-p.oj^o 

'  Du  Boulay,  Hist.  un'tvenitatii  Pariiiensis,  t.  3,  &  seq.  (Voyez  le  Petit  Thalamus,  p.  2,^.] 

p.  488.  '  Le  Petit  Thalamus  dit  le  24  décembre  qui  sui- 

'  GaïUl, Séries praesulum  Magalonensium,p.  356  rit  la  dédicace.   [A.  M.] 

&  seq. 


"~ : —  662  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIV. 

An  i2jo 

pellier  à  Pézénas.  Jean,  frère  de  Pv-ostaing,  seigneur  de  Montlaur  &  prévôt 
de  la  cathédrale  de  Maguelonne,  succéda  à  Bernard  de  Mèze  dans  cet  évêchê. 

LXXl.  —  Pierre  de  Colmieu  légat  dans  la  Province.  —  Le  pape  accorde 
un  délai  à  Raimond  pour  son  passage  d'outre-mer. 

On  prétend  '  que  Gautier,  évêque  de  Tournai  &.  légat  du  Saint-Siège  dans 
la  Province,  se  trouva  à  la  dédicace  de  l'église  de  Notre-Dame  de  Montpel- 
lier; ainsi  il  auroit  exercé  sa  légation  dès  le  mois  d'août  de  l'an  i23o.  Il  est 
vrai  c|ue  les  évoques  de  la  Province^  ayant  député  cette  année  Clarin,  évêque 
de  Carcassonne,  à  Pvome,  pour  y  porter  leurs  plaintes  contre  le  comte  de 
Toulouse,  ce  prélat  obtint  du  pape  que  l'évêque  de  Tournai  seroit  envoyé 
dans  le  pays  afin  d'y  poursuivre,  en  qualité  de  légat,  les  affaires  de  la  foi  &• 
de  la  paix  ;  mais  nous  voyons,  par  diverses  lettres  de  Grégoire  IX,  que  Pierre 
de  Colmieu  exerça  les  fonctions  de  légat  dans  la  Province,  au  moins  jusque 
vers  la  fin  du  mois  de  septembre  de  cette  année.  Grégoire  écrivit  ces 3  lettres 
au  sujet  du  comte  de  Toulouse.  Il  parle  ainsi  dans  celle  qu'il  adressa,  le  g  de 
juillet,  à  Pierre  de  Colmieu,  son  chapelain  ^  légat  du  Saint-Siège  apostolique. 
»  Les  ambassadeurs  du  noble  homme  Raimond,  comte  de  Toulouse,  nous 
«  ayant  supplié  de  lui  accorder  un  délai,  tant  pour  son  passage  dans  la  Terre- 
((  Sainte  que  pour  le  payement  des  dix  mille  marcs  d'argent  qu'il  doit  aux 
«  églises,  en  réparation  des  dommages  qu'il  leur  a  causés;  attendu  qu'étant 
(i  réconcilié  depuis  peu  à  l'Eglise,  il  ne  peut  disposer  de  son  domaine  comme 
i(  il  faudroit  6c  qu'il  ne  sauroit  fournir  aux  frais  nécessaires  de  son  passage 
»  d'outre-mer  pour  la  fête  de  Pâques  prochaine,  à  cause  que  ses  Etats  sont 
((  entièrement  épuisés  :  voulant  favoriser  son  zèle  envers  Dieu  &  envers 
«  l'Église,  nous  lui  accordons  pour  le  payement  dé  cette  sdiiilne  un. délai  qui 
(i  durera  autant  que  nous  le  voudronsi  Quant  au  temps  du  passage,  vous 
a  consulterez  là-dessus  le  roi  8t  la  reine  de  France,  &  après  avoir  délibéré 
(I  avec  les  prélats  &  les  barons  que  vous  jugerez  à  propos  St  avoir  considéré 
tt  toutes  choses,  vous  nous  renverrez  leur  avis  pour  nous  déterminer  ensuite"*.  » 

LXXII.  ^-^  Divorcé  entre  le  comté  de  Toulouse  £<  Sancie  d'Aragoiïy  sa  feihihe. 
Le  pape  écrit  diverses  lettres  eh  faveur  de  ce  prince. 

L-d.origin.         IDans  une  autre  lettre  que  Grégoire  IX  écrivit  quelques  jotirs  après  à  l'ar- 
'  ""■  ''^'   chevêque  d'Arles  Ê<.  à  l'évêque  d'Orange,  il  leur  mande,  qu'ayatit  appris  que 

'  Qane\,Si:rtcs  praciulutn  Magàloiien!ium,'ç.'i^o  ■•  Riilniond    VII    tdmmeiiça     le    pnyèment    dès 

&  scq.  lourdes   charges   pécuniaires  que  lui  avait  irapc- 

"  Guillaume  de  Puylnurens,  c.  41.  sées  le  traité  de  Paris  en  novembre N 23 1.  Par  une 

'  D'Achéry,  .V^jiciicgium,  t.  3,  p.  17c  &  suiv.  —  charte   du    18   novembre  dé   cette   année  (J.   309, 

Concilia,  t.    1  1 ,  c.  358   &  suiv.  —  Mis.  de  Colhert,  n.   1  o,  2;  Teulet,  t.  2,  p.  i26),  il   prit  des  arran- 

n.   1067.  —  Tome  VIII,  Chartes,  n.  CCI.  ce.  931 ,  gements  pour  payer  les  sommes  qu'il  devait  à  l'ab- 

912.  [Potthnst,  n.  8584;  lettre  du  même  jour  pour  baye  de  Cîteaux  en    plusieurs  termes  &  y  engagea 

les  mêmes  affaires,  à  Raimond  VII,  n.  8585.]  ses  revenus  du  péage  de  Marmande.    [A  M.] 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIV.  663 

Raimond,  comte  de  Toulouse,  &  Sancie  (d'Aragon),  sa  femme,  s'étoient 
séparés  8t  ne  vivoient  plus  ensemble,  comme  ils  y  étoicnt  obligés,  ils  eussent 
à  travailler  pour  les  réconcilier,  afin  d  oter  le  scandale  8<  les  empêcher  de 
risquer  leur  salut,  avec  pouvoir  d'user  sur  cela  de  censures.  Que  si,  poursuit 
le  pape,  l'une  des  deux  parties  objecte  qu'il  y  a  quelque  empêchement, 
«  vous  informerez  là-dessus  8<.  vous  nous  renverrez  l'enquête  alîn  que  nous 
M  procédions  devant  Dieu,  Sec.  »  Nous  verrons  ailleurs  les  suites  de  ce  divorce. 
Grégoire  écrivit  trois  autres  lettres,  les  5,  i3  &  i8  de  septembre  suivant,  à 
Pierre  de  Colmieu,  son  chapelain  6-  légat  du  Saint-Siège.  Par  la  première  il 
lui  permet,  à  la  prière  du  comte  de  Toulouse,  d'évoquer  à  son  tribunal  les 
procès  qu'on  pourroit  faire  à  ce  comte  sur  des  matières  qui  seroient  du  for 
ecclésiastique'.  Par  la  seconde  il  accorde  au  comte  la  permission  d'imposer  à  la 
taille  les  vassaux  des  églises  de  ses  Etats,  comme  ses  autres  sujets,  afin  de 
ramasser  l'argent  nécessaire  pour  satisfaire  aux  engagemens  qu'il  avoit  pris 
dans  le  traité  de  Paris^.  Le  pape  écrivit  la  troisième  au  même  légat,  à  l'évêque 
de  Toulouse  &  à  l'abbé  de  Grandselve,  touchant  la  demande  que  ce  prince 
lui  avoit  fait  faire  par  ses  ambassadeurs,  de  permettre  qu'on  donnât  la  sépul- 
ture ecclésiastique  au  comte,  son  père,  dont  le  corps  étoit  demeuré  jusqu'alors 
sans  être  inhumé,  quoique  étant  décédé  avant  la  réconciliation  du  pays  à 
l'Église,  il  eût  donné  à  sa  mort  des  indices  certains  de  pénitence  8<.  qu'il  eût 
fait  tout  son  possible  pour  être  réconcilié  à  l'Eglise.  «  Les  ambassadeurs  de 
«  Raimond,  ajoute  le  pape,  nous  ont  représenté  que  la  nécessité,  8v  non  le 
«  mépris  de  la  religion,  avant  privé  le  comte  de  recevoir  les  derniers  sacrc- 
«  mens,  &  que  les  jugemens  de  l'Eglise  devant  être  contormes  à  ceux  de 
«  Dieu,  nous  eussions  à  ordonner  que  le  feu  comte,  qui  pour  cela  doit  être 
«  censé  absous  par  l'Église,  comme  on  croit  qu'il  l'a  été  auprès  de  Dieu,  soit 
«  inhumé  dans  un  cimetière  ecclésiastique.  »  En  conséquence  le  pape  ordonne 
aux  deux  prélats  Se  à  Pierre  de  Colmieu  de  faire  les  informations  nécessaires 
&i  de  les  lui  renvoyer-*. 

LXXÎIÎ.  —  Raimond  rend  divers  châteaux  en  fief  au  comte  d'Aitanic. 

Nous  ne  savons  pas  le  inotif  du  voyage  que  Raimond  fit  à  la  Cour  au 
mois  d'avril  de  l'an  iiSo.  Quelques  auteurs"*  modernes  assurent  «  qu'il  se 
«  ligua  cette  année  avec  le  roi  d'Angleterre,  Thlbaud,  comte  de  Champagne, 
«  &  les  comtes  de  Bretagne  &  de  la  Marche  contre  le  roi  de  France;  mais  cjue 
«  leur  ligue  fut  bientôt  dissipée  par  le  jeune  roi.  »  On  ne  trouve  aucun  ves- 
tige de  cette  ligue,  ni  dans  les  monumens,  ni  dans  les  auteurs  du  temps,  Se 

■  [Potihasf,   n.    8r>98,    8t   tome   \'III,    n.   CCI,  '  [Potthasti  ii.   86o8)    lettre  à  Pierre   de  Col- 

c.  9Î1.]  mieu,  du  i8  septembre}  n.  8616,  lettre  à  l'évêque 

'  (Voyez  tome  VIII,  n.  CCI,  ce.  931,  çîî,  &  Pot-  de  Toulouse  &à  l'abbé   de  Grandselve,  du  23  du 

«hasi,  n.  8rtc5.  Cf.  ibid.  n.  86i3)  lettre  semblable  même  mois.] 

k    l'archevêque           N.irbonne   &  .tux    évéques    de  ^  Catel,  ffii(o/Ve  lies  comlfj  i/e  ITeîojc,  p.  3^6. 
Toulouse  &  de  .'J.nes,  du  2J  septembre.]   (A.  M.) 


An  12J0 


"■;;     ;      664  histoire  générale  de  Languedoc,  liv.  xxiv. 

An  I2J0  ^ 

toutes  les  apparences  sont  que  c'est  une  fable.  Ce  que  nous  savons  de  certain 
de  Raimond,  c'est  qu'il  étoit  de  retour  dans  ses  Eiats  à  la  fin  du  mois  de  juin 
de  la  même  année'.  Il  fit  sa  paix^,  le  3  de  septembre  suivant,  avec  Centulle, 
comte  d'Astarac,  auquel  il  donna  en  fief  le  château  de  Saint-Orcns  8c  toute 
la  terre  de  Fimarcon,  en  Agenois,  outre  le  château  de  Sompuy,  dans  le  dio- 
cèse d'Auch,  qu'il  lui  avoit  dé)à  donné.  Le  comte  de  Foix.  lui  rendit  hom- 
mage, le  26  du  même  mois,  pour  le  château  de  Saverdun  &.  pour  tout  le 
reste  du  comté  de  Foix  situé  jusqu'au  Pas  de  la  Barre,  dans  le  diocèse  de 
Toulouse. 

LXXIV.  —  L'empereur  donne  à  Raimond  le  comté  de  Forcalqitier.  —  La 
ville  de  Marseille  se  soumet  à  ce  comte,  qui  déclare  la  guerre'au  comte  de 
Provence, 

Raimond  prend  le  titre  de  marquis  de  Provence  dans  cet  acte  S<  dans  quel- 
ques autres  de  ce  temps-là,  non  pas  que  le  pape  lui  eût  encore  restitué  ce 
marquisat;  mais  sans  doute  à  cause  que  l'empereur  Frédéric  lui  donna^  en 
fief,  la  même  année,  la  terre  de  l'Isle,  les  villes  de  Carpentras  8t  de  Pierre- 
latte,  8c  les  comtés  de  Forcalquier  8c  de  Sisteron,  qu'il  ôta  à  Raimond-Bé- 
renger,  comte  de  Provence,  à  cause  de  sa  félonie,  8c  parce  qu'il  avoit  soustrait 
la  ville  d'Arles  à  l'autorité  8c  à  la  juridiction  de  l'Empire,  comme  s'exprime 
une  ancienne  chronique  qui  n'entre  pas  dans  un  plus  grand  détail.  Nous 
apprenons'*,  d'ailleurs,  que  Raimond-Bérenger  assiégea  cette  année  la  ville 
basse  de  Marseille,  depuis  le  commencement  du  mois  d'août  jusqu'à  la  Tous- 
saint, sans  pouvoir  la  soumettre,  8c  qu'il  s'éleva  alors  divers  '  troubles  dans  la 
province  d'Arles.  On  sait  de  plus  que  Pvaimond,  comte  de  Toulouse,  rendit 
dans  cette  occasion  de  grands  services  aux  Marseillois,  qui  l'appelèrent  à  leur 
secours,  8c  qu'en  reconnoissance,  ces  peuples  lui  firent  donation*^,  le  7  de 
novembre,  peu  de  jours  après  la  levée  du  siège  de  leur  ville  par  le  comte  de 

i';j  oiicîn.     Provence,  de  la  ville  basse  de  Marseille,  vulgairement  appelée  la  ville  vicom- 
i.  m,  p.3ç)o.  '  .      .  ,      '        °.       „    .       ^^         .    .     .  , 

taie,  pour  en  joun^  seulement  pendant  sa  vie.   Kaimonu,  qui  etoit  sur  les 

lieux,  accepta  cette  donation  8c  promit  aux  Marseillois  de  les  protéger,  en 

présence  du  comte  de  Rodez,  du  vicomte  de  Lautrec  Se  de  plusieurs  autres  de 

ses  chevaliers  8c  vassaux.  Nous  inférons  de  là  que  ce  prince  avoit  marché  au 

secours  des  Marseillois  à  la  tête  de  toute  cette   noblesse.  Un  historien''  du 

'  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  ce.  925,  9215.  ''  Voyez  ci-dessus,  ch.  i.\x,  p.  661. 

'  Ihid.  ce.  929,  930.  ^  Tome  VIII,  Chartes,  n.  CCII,  c.  914  &  siilv. — 

'  Ihid.   Chroniques,  c.   îo5.   [Voyez   lat.  6009,  Ruffi,  dans  ses  Comtes  Je  Provence,  a  daté  cet  acte 

pp.   423    &  426;   ces   pièces  y  sont   datées   de   dé-  de  1  i.Ty,  en  plaçant  in.il  une  virgule.  Dom  Vaissete 

cembre  i  2  3,5  &  décembre  1  239,  &  ces  dates  parais-  a  eu  absolument  raison  de  placer  cette  expédition 

sent  admissibles,  du  moins  Tindiction  est  exacte.  à  l'année  i23j.  La  chronique  de  Marseille  la  date 

L'auteur    anonyme   de    la    chronique   Sabnthier    a  de  iijj,   &  voici    les  paroles  de   la   chronique  ro- 

certainement  vu  ces  actes,  &  n'a  fait  que  les  ana-  mane  de  Montpellier  (7'Aa/dmu5,  p.  26)  :  £n  «ovcm- 

lyser  inexactement.]  ^re  [  i  23oj  venc  lo  coms  R.  a,Mas5eîha  e  Acron  li  las 

*  Chron'icon  Massiî'iense,  apud  Labbe,  Bthlioih,  rendas  &  giteron  ne  lo  coms  de  Provensa,  [A.  M.] 
nova,  t.   I,  p.  J42.  '  Guillaume  de  Puylaurens,  c.  48. 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIV.  665 

temps  assure,  en  effet,  que  Raimond  n'eut  pas  plutôt  paru  en  armes  du  côté  de 
Marseille  que  le  comte  Raimond-Bérenger  ne  jugea  pas  à  propos  de  l'attendre. 
Le  motif  qui  engagea  '  Raimond-Bérenger  à  assiéger  la  ville  de  Marseille 
fut  que  les  liabitans,  qui  avoient  trouvé  moyen  d'unir  à  leur  communauté  les 
droits  de  leurs  anciens  vicomtes,  s'étant  érigés  en  république,  refusoient  de 
reconnoître  son  autorité  8c  étoient  en  différend  avec  leur  évêque  dont  il  étoit 
le  protecteur.  Depuis  ce  temps-là  le  comte  de  Toulouse  &  celui  de  Provence 
se  firent  la  guerre,  &  elle  dura,  plus  de  trois  ans.  Le  premier  établit  un  viguier 
à  Marseille  pour  gouverner  cette  ville  en  son  nom;  mais  il  n'en  retira  de 
revenu  qu'autant  que  les  habitans  voulurent  bien  lui  donner,  &  quoiqu'il 
les  eût  délivrés  de  leurs  ennemis,  il  éprouva  cependant  plusieurs  fois  leur 
légèreté  &  leur  inconstance. 

LXXV.  —  Gautier,  évêque  de  Tournai,  légat  dans  la  Province, 

Le  pape  Grégoire  IX  sollicita  Raimond^,  le  2  du  mois  de  janvier  de  l'année 
suivante,  de  payer  k  l'abbaye  de  Cîteaux  8<  aux  autres  monastères  de  cet 
ordre  les  sommes  auxquelles  il  s'étoit  engagé  par  le  traité  de  Paris  :  «  Autre- 
«  ment,  ajoute-t-il,  nous  avons  ordonné  à  l'évêque  de  Tournai,  légat  du 
«  Saint-Siège,  de  vous  y  contraindre  par  les  censures  ecclésiastiques.  »  Le 
pape  manda,  en  eftet,  à  ce  prélat,  peu  de  jours  après,  d'obliger  le  comte  à  ce 
pavement  &  d'user  de  censures  s'il  étoit  nécessaire,  «  en  prenant  cependant 
«  la  précaution  de  ne  pas  lancer  l'excommunication  ou  l'interdit  sur  ses  Etats, 
«  sans  en  avoir  reçu  auparavant  un  ordre  spécial.  » 

Gautier  ou  Wautier  de  Marnis,  évêque  de  Tournai^,  exerçoit  donc  les 
fonctions  de  légat  dans  la  Province,  dès  le  mois  de  janvier  de  l'an  I23i,  8c 
nous  savons  qu'il  fit  son  entrée'*  solennelle  en  cette  qualité  dans  la  ville  d'Albi, 
le  24  de  mars  suivant.  Aussitôt  que  ce  prélat,  dont  on  loue  fort^  la  probité  8c 
la  prudence,  fut  arrivé  dans  le  pays,  il  cita  le  comte  Raimond  à  son  tribunal 
pour  V  répondre  sur  l'accusation  qu'on  formoit  contre  lui  d'avoir  enfreint  le 
traité  de  Paris  en  plusieurs  chefs.  Le  comte  comparut  à  Castelnaudary,  dans 
l'église  de  Pierre-Albe,  8c  le  légat  ayant  ordonné  à  tous  ceux  qui  avoient  fait 
des  plaintes  de  lui  en  remettre  les  preuves  par  écrit,  il  les  communiqua  au 
comte  (jui  promit  d'y  satisfaire. 

LXXVL  —  Raimond  continue  la  guerre  de  Provence,  il  prend  soin   de  ses 
domaines  6-  transige  avec  les  abbés  de  Gaillac  6-  de  Mautauban. 

Ce  prince  se  rendit"^,  au  mois  de  février  suivant,  à  Limoges,  où  Raimond, 
abbé  de  Saint-Martial,  l'appela  en  pariage,  du  consentement  de  son  clia- 

'  Ciiillaiime   de   Puylaurens,  c.   4^.  —  Bouche,  ^  Archives   de    l'église    d'Albi.    [Voyez    lome  V, 

Hiit.  Je  Provence,  t.  2,  p.  209  &  suiv.  r.    1342,  n.  7.3  j   acte    réglant   dans  quel   ordre   les 

■  D'Achéry,  Spicilegium,  t.  3,  p.   171   &  suiv.  —  légats  devront  visiier  les  églises  d'Albi.] 

Concilia,  t.  1  1,  c.  36o.  [Potthast,  n.  864.O.]  '  Guillaume  de  Puylaurens,  c.  41. 

'  Gallia  C/tristiana,  nov.  éd.  t.  3,  c.  217.  °  Mss.  Coliert,  n.  1067.  [Lai.  6009,  p.  3i.] 


An  I  23o 


An  12J  1 


An  i: 


666  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIV, 


pitre,  pour  le  village  d'AsprièreS,  en  Rouergue,  en  présence  de  l'évêque 
d'Orange,  8cc.  Il  donna  des  lettres  de  sauvegarde,  au  mois  de  juin')  pour 
tous  ceux  qui  se  rendroient  à  la  dédicace  du  monastère  de  la  Sauve,  dans  le 
diocèse  de  Bordeaux,  8c  continua  la  guerre  contre  le  comte  de  Provence.  En 
effet,  les  habitàns  de  Tarascon  promirent*,  au  mois  d'août  de  cette  année,  à 
Guillaume  Augier,  qui  reçut  leur  promesse  au  nom  de  ce  prince,  «  de  ne 
«  faire  ni  paix,  ni  trêve,  ni  traité  avec  le  comte  de  Provence  Ss.  avec  tous  ceux 
H  avec  lesquels  il  étoit  en  guerre,  sans  son  consentement  ;  de  le  servir  contre 
«i  eux,  excepté  contre  l'Église  romaine,  l'empereur,  le  roi  de  France  &  l'ar- 
«  chevêque  d'Arles  &c  de  le  suivre  dans  cette  guerre  durant  l'espace  de  cinq 
«  ans,  quand  il  viendroit  en  Provence.  » 

On  ne  voit  pas  que  Raimond  ait  fait  si  tôt  ce  voyage  ;  il  paroît  au  contraire 
par  divers  3  actes  qu'il  passa  le  reste  de  l'année  dans  le  haut  Languedoc.  Pvai- 
mond  de  Dourgne,  qui  n'avoit  pas  d'enfans  d'Algaye,  sa  femme,  lui  iit  dona- 
tion, le  lo  d'août,  de  la  moitié  des  châteaux  de  Puylaurens,  de  Dourgne,  8<.c., 
dont  il  se  réserva  l'usutrult;  à  condition  que  s'il  avoit  un  fils,  ce  fils  épouse- 
roit,  avec  tous  ses  fiets,  la  fille  de  Bertrand,  frère  dudit  seigneur  comte,  Se 
que  s'il  avoit  Une  fille,  elle  seroit  mariée  à  un  des  fils  d'Hugues  Alfier'*.  Le 
comte  de  Toulouse  s'accorda,  au  mois  d'octobre  suivant,  avec  le6  abbés  de 
Montauban  Si  de  Gaillac,  touchant ^  leurs  différends,  dont  le  cardinal  de 
t.'iii,°p'.^J"l.  Saint-Ange  avoit  renvoyé  la  décision  à  Grimoald,  évêque  de  Commingesj 
Durand,  évêque  d'Albi,  Géraud,  âbbé  de  la  Chaise-Dieu,  de  qui  ces  deux 
abbayes  dépendoient,  Pons  de  Villeneuve,  chevalier,  8cc.,  furent  les  média^ 
teurs.  Les  deux  transactions  sont  datées  de  Gaillac,  en  Albigeois,  le  i3  d'oc- 
tobre de  l'an  i23i.  Par  l'une^,  le  comte  reconnoît  tenir  en  fief  de  Raimond, 
abbé,  8t  dès  religieux  de  Saint-Michel  de  Gaillac,  toUt  ce  cju'il  avoit  dans 
cette  ville.  Par  l'autre'',  il  cède  à  Arbert  Aurioli,  abbé  de  Saint-Théodard  de 
Motttauban,  le  quatrième  de  la  justice  Si  des  droits  seigneuriaux  de  cette  ville 
St  de  risle-Made.  Il  se  reconnut  en  même  temps  vassal  de  l'abbé  &  du  monas- 
tère de  Saint-Théodard  pour  le  château  de  Toulvion ,  avec  l'obligation  de 
tenir  une  fois  l'étrier  à  l'abbé  à  chaque  mutation,  quand  il  en  seroit  requis. 
Bertrand,  frère  de  ce  prince,  Guillaume,  sénéchal  d'Albigeois,  c'est-à-dire  de 
la  partie  de  ce  pays  qui  étoit  restée  au  comte,  Arnaud  de  Moniaigu,  chevalier 
d'Albigeois,  Sic,  furent  présens  à  ces  deux  actesi 

'  Cartulalre  de  l'abbâye  de  la  Sauve.  "■  Voyez   tome  VIII,  Chaflés,   n,   CCVI,  c.   9^9 

'  Voyez  tome  VIII,  Chartes,   11.  CCIII,  ce.  yjS,  &  siiiv. 

pSp.  '  Trésor  des  chartesj  Toulouse,  sac  5,  n.  9.  [J. 

'  Msi,  Colbert,  11.   lorty.  3io,  original   scellé;   J.  Sep,  n.   9;   minute.   Cf. 

<  [Voyez   cet   acte,   tome   VllI,   ce.   940    à    943,  Teulet,  t.  2,  pj).  221  à  2î3.]  —  Mî5.  CoîAcr»,  n.  1067 

d'après  J,  322,  n.  54.  Corrige:^  Hugues  d'Alfar.J  &  2670.  —  Le  Btet,  Histoire  de  Montauian,  p.  64 

^  Titres  de  Baluze,  Lan^ucdoCj  n.  37,  8<  suiv. 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXÎV.  667 


LXXVII.  —  Seigneurs  du  pays  de  Save"^. 

Le  pape  exhoria  Raimond  ',  vers  le  même  temps,  à  punir  sévèi'eittent  l'at- 
tentat que  Bernard  de  Comminges,  seigneur  du  pays  de  Savez,  portion  du 
Toulousain,  Se  quelques  autres  de  ses  vassaux  avoient  commis  sur  un  religieux 
de  l'abbaye  de  Conques,  en  Rouergue,  qu'ils  avoient  arraché  de  Tautel,  blessé 
dangereusement  Se  ensuite  fait  pendre.  Raimond  donna  de  si  bons  ordres 
qu'enfin  Bernard  de  Comminges  h.  Blanche  (d'Hunaud  de  Lantar),  sa  femme, 
firent  toutes  les  satisfactions  convenables  à  l'abbé  81  aux  religieux  de  Con- 
ques, qui,  par  une  lettre  qu'ils  écrivirent  au  comte  quelques  mois  après,  lui 
marqvièrent  qu'ils  ctoient  contens  8<.  le  prièrent  de  rendre  à  Bernard  les 
domaines  qu'il  avoit  saisis  sur  lui  St  de  le  traiter  avec  miséricorde. 

LXXVIII.  —  Coutumes  de  Montolieu.  —  Assignat  de  Pierre  de  Voisins, 

Adam  de  Milli,  lieutenant  du  roi  dans  la  partie  de  la  Province  réunie  à  la 
couronne,  assiégea  &  prit,  à  ce  qu'il  paroît,  la  ville  de  Montolieu,  dans  le 
diocèse  de  Carcassonne,  que  l'abbé  Se  les  religieux  du  monastère  de  ce  nom 
recouvrèrent  en  effet,  cette  année,  sur  les  ennemis*  de  la  paix  £-  de  la  Jbi 
qui  l'avoient  occupée  jusqu'alors.  Ils  donnèrent  à  cette  occasion  des  coutumes 
&  des  privilèges  aux  liabitans  de  Montolieu.  Adam  de  Milli  étant^à  Béziers, 
au  mois  de  septembre  dé  la  même  année,  vendit  à  l'abbaye  de  Catines  les 
biens  confisqués  dans  sa  nlouvance  pour  crime  d'hérésie,  sur  divers  chevaliers 
du  voisinage,  quoique  plusieurs  de  ces  chevaliers  eussent  été  depuis  réconci- 
liés k  l'Eglise. 

Eudes  Coqui  ou  le  Quéux,  sénéchal  du  toi  dai\s  les  pays  d^Alhigêois,  fut 
présent  à  cette  vente.  Il  apprécia  "*  de  nouveau,  par  ordre  du  même  Adam  de 
Milli,  le  revenu  de  diverses  terres,  que  ce  dernier  aVoit  dêjci  assignées  poui' 
mille  livres  de  rente  à  Pierre  de  Voisins,  l'un  des  chevaliers  françois  qui 
avoient  suivi  Simon  de  Montfort  à  la  croisade.  La  plupart  de  ces  terres  étoient 
situées  datis  le  P\.aiès,  h.  quelques-unes  dans  le  diocèse  de  Carcassonne  :  les 
plus  remarcjuables  étoient  le  château  de  Raies  qui  avoit  donné  soli  nom  au 
pays,  LimoUx,  qui  en  étoit  alors  la  capitale,  Arques  Si  CouffoulenS,  anciennes 
baronnies,  8(.c.  Le  roi-'  approuva  cet  assignat  par  deux  chartes,  l'une  dé 
l'an  1148  8c  l'autre  de  l'an  1260.  Suivant  la  dernière,  le  roi  confirma  eii  faveuf 
de  Pierre  de  Voisins  la  possession  de  tous  ces  domaines,  avec  la  haute  &  la 
basse  justice,  sous  le  service  de  cinq  chevaliers,  8c  se  réserva  à  l'avenir  la  con- 
.fiscaiion  pour  hérésie.  Ce  seigneur,  chef  de  l'illustre  maison  de  Voisins,  qui 

'  D'Achéry,  Sp'icUegium,  t.  3,  p.  174  &  seq.  —  *  Voyea  tome  VIII,  Chartes,  11.  CCIV,  ce.  943  à 

Concilia^  X,    I  I ,  c.  36o.  94'''' 

*  Martène,   Thés,   anectot.  t.   I ,   c .  967   &  seq.  '  Archives  du   domaine   de  Montpellier)    séné- 

'  Voyez   tome  VIII,  Charles,  n.  CCV,  c.  94a  &  chaussée  de  Carcassonne  en  général.  Titres  parti- 

siiiv.  culiers)  9''  continuation,  registre  n.  3. 


An  ii3  I 


An  iz3i 


668  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIV. 


subsiste  encore  dans  la  Province,  s'y  procura  ainsi  un  établissement  considé- 
rable qu'il  transmit  à  ses  descendans,  lesquels  acquirent  dans  la  suite  divers 
domaines  du  Termenois  qui  avoient  appartenu  à  Olivier  de  Termes,  &  où 
ils  exercèrent  la  haute  justice.  Géraud  de  Voisins,  damoiseau,  seigneur  d'Ar- 
qués, l'un  d'entre  eux,  fut  inquiété  là-dessus  en  iSiS,  par  le  procureur  du 
roi  de  la  sénéchaussée  de  Carcassonne,  qui  se  plaignoit  de  ce  que  ce  seigneur 
obligeoit  ses  vassaux  du  Termenois  d'aller  plaider  à  Arques  devant  les  juges 
de  son  domaine,  contre  les  ordonnances  du  roi.  Géraud,  qui  prétendoit  jouir 
de  ce  droit  depuis  soixante  ans,  proposa  un  accommodement  au  sénéchal  de 
Carcassonne,  8<,  moyennant  une  somme  qu'il  paya,  le  roi  le  maintint  dans  ce 
droit.  Suivant  le  dénombrement  qui  fut  fait  alors,  il  se  trouva  que  les  terres 
assignées  à  Pierre  de  Voisins  composoient  deux  cent  quarante-trois  feux,  dont 
cent  qiiarante-cinq  dépendoient  de  la  baronnie  d'Arqués,  8t  que  les  terres  du 
'm"''"!"-.  Termenois  acquises  par  les  descendans  de  ce  seigneur  en  comprenoient  cent 
vingt-trois.  On  expliquera  ailleurs  ce  qu'on  entendoit  par  le  ternie  de  feu. 

LXXIX.  —  Le  roi  d'Aragon  va  à  Montpellier,  après  la  conquête  de  Majorque 

sur  les  Maures. 

Jacques,  roi  d'Aragon,  fit  en  i23i  un  '  voyage  à  Montpellier,  sa  patrie,  où 
il  paroît  qu'il  fut,  pour  la  première  fois  depuis  son  avènement  à  la  couronne 
d'Aragon  :  il  y  accorda,  le  6^  du  mois  d'août,  divers  privilèges  en  faveur  des 
habitans^.  Ce  prince,  âgé  alors  seulement  de  vingt-trois  ans,  après  avoir  dis- 
sipé les  factions'*  qui  troublèrent  les  premières  années  de  son  règne,  s'étoit 
rendu  recommandable  par  ses  exploits  contre  les  Sarrasins,  sur  lesquels  il 
enleva,  en  1229,  la  ville  &  une  grande  partie  de  l'île  de  Majorque.  Les  peu- 
ples^ de  sa  baronnie  de  Montpellier  marchèrent  à  son  secours  81  l'aidèrent  de 
plus  en  cette  occasion  d'une  somme  considérable.  Il  leur  en  témoigna  sa  gra- 
titude par  la  donation  qu'il  leur  fit  de  cent  maisons  dans  l'île  de  Majorque 
pour  l'établissement  de  leur  commerce.  Ils  lui  fournirent  de  nouveau  cent 
mille  sols  melgoriens  pour  continuer  la  guerre  contre  les  infidèles,  &  il  leur 
accorda  de  son  côté  de  nouveaux  privilèges.  Les  peuples  du  Narbonnois"^  ser- 
virent aussi  sous  ses  enseignes  dans  cette  occasion,  St  entre  les  principaux 
seigneurs  du  pays  qui  prirent  part  à  la  conquête  de  Majorque,  on  fait  une 
mention  honorable  d'Olivier  de  Termes,  qui  y  acquit  beaucoup  de  gloire  8t 
dont  nous  aurons  occasion  de  parler  souvent  dans  la  suite. 

'  Voyez  tome  VIII,  Chroniques,  c.    îiî.   [Petit  contre  tous,  sauf  le  pape  &  TÉglise  &  les  rois  de 

T/ialamuSj  p.  ïô.]  —  Registre    loo   du  Trésor  des  France  &  d'Aragon;    il  prit  en   même  temps  tous 

chartes,  n.  229.  les   habitants  de  Montpellier  voyageant  dans  ses 

'  [Corrige^  le  2J  &  le  27  août,  &  voyez  Germain,  Etats  sous  sa  sauvegarde.  Voyez  Germain,  Commerce 

Histoire  de  Montpellier,  t.  2,  pp.   18,   19,  note  1].  de  Montpellier,  t.    I,  pp.  191  à  194.    [A.  M.] 

'  Peu    avant  ce   premier  voyage   de  Jayme  V  à  ''  Zurita,  1.  2  &.  3. 

Montpellier,    le    i"   juin    i23l,    son    parent    Nu-  ^  GarieX,  Séries  praesul.  Magalonensium,  pç.  i3^ 

gnez   Sanche,  seigneur  de    Roussillon    &  de  Cer-  à  842. 
dngne,  fit  alliance  avec  les  habitants  de  cette  ville  ^  Zurita,  1.  3,  ch.  4. 

&  leur  promit  ses  secours  &  ses  conseils  envers  & 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIV.  669 

LXXX.  —  Mort  de  Foulques,  évêque  de  Toulouse. 

Foulques,  évêque  de  Toulouse",  souffroit  toujours  de  grandes  contradic- 
tions, soit  de  la  part  de  plusieurs  gentilshommes  de  son  diocèse  qui  refusoient 
de  se  dessaisir  des  dîmes  inféodées  qu'ils  possédoient,  soit  de  celle  des  anciens 
seigneurs  du  château  de  Verfeil,  qui,  voulant  recouvrer  leur  ancien  patri- 
moine, dont  il  s'étoit  mis  en  possession,  ne  cessoient  de  lui  faire  la  guerre. 
Il  trouva  moyen  d'apaiser  ces  derniers  :  il  s'accorda  avec  eux  &  obligea  les 
autres  à  rendre  à  l'église  les  dîmes  dont  ils  étoient  les  maîtres.  Enfin,  après 
avoir^  transféré,  vers  l'an  laSo,  les  dominicains  de  Toulouse  du  couvent  de 
Saint-Rome  dans  celui  qu'ils  occupent  aujourd'hui.  Si  mis  la  première  pierre 
au  fondement  de  leur  église,  iP  mourut  le  25  de  décembre  de  l'année  sui- 
vante. Ce  prélat,  l'un  des  plus  zélés  partisans  de  la  maison  de  Montfort  & 
ennemi  déclaré  de  celle  des  comtes  de  Toulouse,  fut  inhumé  en  l'abbaye  de 
Grandselve,  de  l'ordre  de  Cîteaux  dont  il  avoit  été  religieux.  Ses  confrères** 
le  qualifient  bienheureux,  8c  on  lui  attribue  quelques  ouvrages.  On  a  parlé 
ailleurs  de  son  talent  pour  la  poésie  provençale.  Frère  Raimond  de  Felgar^, 
natif  du  château  de  Miramont,  au  diocèse  de  Toulouse,  &  provincial  des 
frères  prêcheurs,  fut  élu^  en  sa  place,  le  21  de  mars  de  l'année  suivante  j 
l'évêque  de  Tournai,  légat  du  Saint-Siège,  confirma  son  élection. 

LXXXI.  —  Raimond  s'emploie  à  la  recherche  des  hérétiques.  —  Le  pape 
arrête  les  entreprises  des  ecclésiastiques  contre  lui;  mais  il  diffère  de  lui 
rendre  le  marquisat  de  Provence. 

Le  nouvel  évêque  de  Toulouse,  marchant  sur  les  traces  de  son  prédéces- 
seur, poursuivit  vivement  les  hérétiques  8c  défendit  avec  ardeur  les  droits  de 
son  église;  il  excita  surtout  le  comte  de  Toulouse  à  seconder  son  zèle  8c 
employa  tantôt  les  voies  de  rigueur  8c  tantôt  celles  de  douceur  pour  obliger 
ce  prince  à  faire  ce  qu'il  souhaitoit;  enfin  il  l'engagea  à  agir  de  concert  avec 
lui  pour  la  recherche  des  sectaires  dont  ils  prirent  entre  autres,  dans  une 
nuit,  dix-neuf,  tant  hommes  que  femmes,  de  ceux  qu'on  appeloit  revêtus, 
lesquels  s'étoient  cachés  dans  les  montagnes.  Payen,  autrefois  seigneur  de  la 
Bécède,  dans  le  Lauragais,  étoit  du  nombre. 

Raimond  ne  fut  point  arrêté''  dans  la  ferme  résolution  qu'il  avoit  prise  de 
donner  dans  toutes  les  occasions  des  preuves  de  sa  parfaite  soumission  aux 
ordres  de  l'Église,  ni  par  les  malintentionnés  qui  tâchoient  de  l'en  détourner, 

■  Guill.iiime  de  Piiylaiirens,  c.  41.  '  \Corngei  Fauga  &  Miremont.] 

*  Martine,  Amplis,  collectio,   t.  6,  c.  459.    [Ber-  ^  Martèiie,  Amplis.    CoUectio,    t.   6,   c.   410.  — 

nard  Gui,  Hntoria  conventus  Tholosani.]  Guillaume  de  Puylaurens,  c.  42. 

^  Guillaume  de  Puyiaurens,  ce.  41  &  41.  '  EpistoU    Gregorii    IX,    ap.    d'Achéry,    Spicile- 

■*  Menologium  Cisterciense,  JJ  dcc.  —  Henriqnez,  gium,  t.  3,   p.  174  &.  seq. —  Concilia,  t.  11,  c.'i6l 

fasciculus  sanctorum  onlinis  Cisterciensis.  —  Man-  &  seq. 

rlque,  Annales  Ciiterclenses,  an.  1  23 1 ,  c.  5. 


An  I23i 


An  i23z 


An  iziz 


6]o  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIV. 


ni  par  la  mauvaise  volonté  de  quelques  prélats,  qui,  fâchés  de  sa  réconcilia- 
tion avec  le  pape  S<.  ne  pouvant  plus  profiter  de  sa  désunion  pour  s'enrichir 
de  ses  dépouilles,  lui  cherchèrent  querelle  sous  divers  prétextes  &  lancèrent 
contre  lui  de  fréquentes  sentences  d'excommunication.  Le  comte,  pour  se 
mettre  à  l'abri  de  ces  entreprises,  en  porta  ses  plaintes  à  Grégoire  IX,  qui 
ordonna,  le  i8  de  février  de  l'an  jiSi,  à  l'évêque  de  Tournai,  son  légat,  de 
le  traiter  avec  douceur  &  charité,  d'engager  ces  prélats  ^  agir  de  inême  à  son 
égard  &<.  d'empêcher  qu'ils  n'attentassent  rien  contre  lui;  «  étant  expédient, 
«  ajoute  le  pape,  pour  augmenter  la  piété  du  comte,  de  l'arroser  bénignç- 
«  ment  comme  une  jeune  plante  8c  de  le  nourrir  du  lait  de  l'Eglise  '.  » 
,Yii°p'.'^3"i.  L'empereur  Frédéric,  le  roi  saint  Louis  5<.  la  reine  Blanche  avoient  solli- 
cité Grégoire  de  restituer  à  Raimojid  les  terres  situées  à  la  gauche  du  Rhône, 
c'est-à-dire  le  marquisat  de  Provence  dont  l'Eglise  romaine  étoit  en  possession 
depuis  la  paix  de  Paris.  Le  roi  &  la  reine,  sa  mère,  avoient  aussi  prié  le  pape 
de  proroger  le  terme  dvi  passage  du  comte  à  la  Terre-Sainte.  Grégoire  leur 
répondit,  le  4  de  mars  suivant;  il  prend  Dieu  à  témoin  dans  sa  lettre  qu  il 
n'avoit  gardé  jusqu'alors  ces  terres  que  pour  y  affermir  la  foi  catholique  8c 
nullement  pour  se  les  approprier;  qu'en  cela  il  n'avoit  pas  cherché  ses  inté- 
rêts, mais  l'avancement  des  affaires  de  la  religion  81  de  la  paix.  «  C'est  pour- 
«  quoi,  ajoute-t-il,  quoique  nous  aimions  sincèrement  le  comte,  comme  un 
((  fils  particulier  du  Saint-Siège  8c  que  nous  souhaitions  son  avantage,  s'il  n'y 
((  met  lui-même  obstacle,  ayant  pour  lui  une  affection  paternelle;  il  con- 
«  vient  cependant  de  ne  rien  déterminer  dans  une  affaire  de  cette  impor- 
((  tance  sans  avoir  bien  examiné  toutes  choses.  Et  comme  nous  ne  sommes  ]3as 
<(  bien  informés  de  ce  qui  est  le  plus  expédient  dans  cette  affaire,  nous  ordon- 
«  nons  à  l'évêque  de  Tournai,  légat  du  Saint-Siège,  d'assembler  les  archevê- 
(i  ques,  les  évêques,  les  abbés  8c  les  autres  prélats  de  sa  légation,  8c  après  en 
«  avoir  délibéré  avec  eux,  de  nous  envoyer  leur  avis,  afin  que  nous  procé- 
<c  dions  ensuite  comme  il  conviendra;  en  sorte  que  nous  tâchions  de  satisfaire 
(■  à  Dieu  8c  aux  hommes,  8c  à  tout  ce  qui  vous  pourra  être  le  plus  agréable.  » 
Le  pape  écrivit  à  peu  près  les  mêmes  choses  à  Raimond.  Il  justifie  la  con- 
duite qu'il  avoit  tenue  à  son  égard  8c  l'usage  qu'il  avoit  fait  de  la  verge  pour 
gagner  un  fîls,  Il  l'assure  qu'il  l'aime  sincèrement  d'un  amour  paternel  8c 
qu'il  souhaite  ardemment  de  lui  procurer  une  plus  grande  élévation,  s'il  s'en 
rendoit  digne ^,  Sec.  Enfin  le  pape  le  recommanda  huit  jours-'  après  à  l'évêque 
de  Tournai,  son  légat,  Se  aux  prélats  de  sa  légation.  Se  leur  ordonna  de  con- 
server ses  droits  de  la  même  manière  qu'ils  vouloient  que  ceux  de  leurs 
églises  fussent  conservés'*, 

■  [Potihast,  n.  8881.]  de    Ripoll    pour   rétablir  les    moines    bénédlciins 

'  [/ii(<.  )!•  8388,  letlreà  Louis  IX;  n.  8889, lettre  dans   labbaye   d'Alet,  donnée   autrefois   à    l'église 

à  la  reine   mère;  n.  8890,  lettre  à  Raimond  VII.]  de   Narbonne  par  le  cardinal-légat  Conrad.  fPot^ 

'  Concilia,  t.  11,  c.  36i   &  seq.   —  Mss.   Colhert,  thast,  n.  8910.)  L'archevêque  de   Narbonne  ayant 

n.   1067.  [Potthast,  n.  8896.]  été   indûment  excommunié  par  les  coinmissaires, 

■•Peu   après,   le   :>  avril    1232,   le  pape   commit  le   pape  annula   leur  sentence  (lettre  du    i3   juin 

les  abbés  de  Ripoll  &  de  Grandselve  &  le  prieur  I233,  Potthast,  n.  9228),    [A.  M.] 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIV.  671   

'  An 

LXXXII.  —  Le  comte   accorde  des  privilèges  aux  habitans  de  Montauhan, 
Maison  de  Varagne.  -^-.  Il  s'accommode  avec  l'évêque  d'Albi. 

Raimond  fit  son  séjour  à  Toulouse  durant  une  partie  de  l'an  i2?)i.  Il  y 
étoit,  le  mardi  i3  de  janvier,  lorsqu'il'  accorda  au  chapitre  [al capital)  &  aux 
habitans  de  Montauban,  moyennant  mille  sols  de  Cahors  qu'ils  lui  donnè- 
rent, la  liberté  de  faire  vendre  publiquement  le  sel  par  toute  sorte  de  mar- 
chands, sans  se  réserver  aucun  droit,  excepté  la  leude  Se  le  péage  accoutumés. 
L'acte  fut  passé  en  présence  des  capitouls  de  Montauban  &  des  consuls  de 
Toulouse,  le  dimanche  quatorzième  jour  de  l'issue  du  mois  de  janvier  de 
l'an  i23i,  c'est-à-dire  le  18  de  ce  mois  de  l'an  iiSi,  suivant  le  style  moderne. 
Arnaud  de  Baziége,  fils  de  feu  Bertrand  de  Varagne,  &  Bertrand  de  Baziége, 
son  fils,  lui*  donnèrent  la  moitié  du  lieu  de  Baziége,  &  il  leur  rendit  en 
échange  ce  qu'il  possédoit  au  château  de  Gardouch,  dans  le  Lauragais.  C'est 
là  un  des  plus  anciens  titres  de  la  maison  de  Varagne  ou  de  Gardouch,  l'une 
des  plus  qualifiées  de  la  Province.  Le  lundi  24  d'avril  suivant,  Raimond 
d'Hunaud,  fils  de  Géraud,  lui  vendit^  deux  |îarts  duc  hâteau  de  Saint-Rome 
St  ce  qu'il  avoit  à  Baziége  j  quelques  jours  après,  Blanche,  femme  de  Bernard 
de  Comminges,  seigneur  de  Savez  &  sœur  du  même  Raimond  d'Hunaud, 
ratifia  cette  vente.  Le  comte  R.aimond  alla  ensuite  en  Albigeois  81  passa  un 
accord  à  Cordes,  le  11  du  mois  de  mai,  avec  Durand,  évêque  d'Albi,  par  la 
médiation  de  Pierre,  évêque  de  Rodez,  touchant  quelques  domaines  du  pays 
sur  lesquels  ils  étoient  en  différend.  Le  comte,  par  cet  acte,  céda  entre  autres 
à  révê((ue  d'Albi  le  château  de  Montirat,  avec  réserve  de  l'hommage'*.  Enfin 
Pvaimond  étant  de  retour  à  Toulouse,  le  10  de  juin,  y  reçut,  en  présence  de 
Bernard,  comte  de  Comminges,  l'hommage  de  Bernard,  Gaillard  &  Bertrand 
de  la  Garde  pour  la  Bastide  de  Montsalzat,  nouvellement  bâtie. 

LXXXin.  —  Raimond  s'abouche  avec  le  roi  d'Angleterre, 

Raimond  fit  un  voyage^,  au  mois  de  septembre  suivant,  du  côté  de  Bor- 
deaux, où  il  alla  joindre  Henri  HI,  roi  d'Angleterre,  qui  avoit  passé  la  mer 
à  la  tête  d'une  armée  pour  tirer  raison  de  quelques  infractions  qu'il  préten- 
doit  que  le  roi  de  France  avoit  faites  à  la  trêve  qu'ils  avoient  conclue  ensemble. 
Henri,  dans  une  lettre  qu'il  écrivit  à  l'empereur  Frédéric,  le  19  de  ce  mois, 
pour  lui  rendre  compte  de  ses  démarches,  lui  marque  entre  autres,  «  qu'ayant 
«  passé  en  Gascogne  il  avoit  conféré  avec  son  très-cher  cousin  Raimond, 
<(  comte  de  Toulouse  &  marquis  de  Provence,  sur  le  rétablissement  de  ses 
Il  affaires,  &  qu'il  avoit  pris  l'avis  de  ce  comte.  »  On  pourroit  inférer  de  là  ,^i[i°''*''." 
que  Henri  prit  Raimond  pour  médiateur  de  ses  dittérends  avec  le  roi  saint 

■  Cartulaire  de  l'hôtel  de  ville  de  Montaubnn.  '  Mis.  Colhert,  n.  lofiy.  [Lat.  (îoop,  p.  364.] 

'  Communiqué  par  M.  de  Gardouch.  [Cf.  Teulet,  *  [Voyez  cet  acte  dans  Compayré,  pp.  322,  323.] 

t.  2,  pp.  23o,  23i  ,  d'après  J.  3o3,  n.  2.]  ^  Rymer,  Acta  puhlica,  t.  I,  p.  325  &  siiiv. 


y  4. 


TTTIâl"  ^T^  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIV. 

Louis.  Ce  qu'il  y  a  de  vrai  c'est  que  Henri  avoit  une  si  grande  confiance  en 
Raimond  qu'ayant  donné,  au  mois  d'octobre  suivant',  un  passeport  au  roi 
de  Navarre  pour  traverser  la  Gascogne,  ce  fut  à  condition  que  ce  comte  lui 
serviroit  de  caution. 

LXXXIV.  —  Suite  de  la  légation  de  l'évêque  de  Tournai. 

Gautier,  évêque  de  Tournai,  continua  d'exercer  sa  légation  dans  la  Pro- 
vince pendant  l'année  I232.  Il  confirma,  à  Béziers,  le  i3  du  mois  de  mars  de 
l'an  1282,  la  fondation  que  Pierre,  archevêque  de  Narbonne,  avoit  faite  au 
mois  de  juillet  précédent '^  (l'an  i23i)  du  couvent  des  frères  prêcheurs  de 
Narbonne.  Il  fit  élire  alors  pour  abbé  de  Gaillac  Guillaume,  prieur  de  Saint- 
Pons  de  Thoraières,  sans  préjudice  des  droits  de  l'abbé  de  la  Chaise-Dieu, 
duquel  l'abbaye  de  Gaillac  dépendoit  ;  il  se  rendit  ensuite  à  Montréal  8c  de 
là  à  Carcassonne,  où  il  commit^,  le  20  de  mai,  Durand,  évêque  d'Albi,  pour 
remettre  les  chanoines  de  Saint-Vincent  de  Castres  dans  la  possession  de 
leur  église,  de  laquelle  l'abbé  &  les  religieux,  qui  prétendoient  qu'elle  leur 
appartenoit,  les  avoient  chassés.  L'évêque  de  Tournai  fit  un  assez  long 
séjour  à  Carcassonne,  8c  il  y  étoit  encore"*  au  commencement  de  septembre 
de  l'an  i232. 

LXXXV.  —  Paix  entre  l'archevêque  &>  le  vicomte  de  liarbonne.  —  Le  comte 
de  Foix  épouse  la  fille  de  ce  dernier, 

Pierre,  archevêque  de  Narbonne,  termina-'',  au  mois  d'août  de  la  même 
année,  les  différends  qu'il  avoit  avec  le  vicomte  Aymeri  qui,  pour  se  soutenir, 
avoit  fait  venir''  dans  cette  ville  des  Catalans  Se  avoit  obligé  ce  prélat  à 
prendre  la  fuite.  Le  vicomte,  après  avoir  fait  sa  paix  avec  l'archevêque,  lui  fit 
hommage,  en  présence  des  évêques  de  Béziers  8c  d'Agde,  de  Roger-Bernard, 
comte  de  Foix,  8cc.,  pour  tout  ce  qu'il  possédoit  dans  le  bourg  de  Narbonne, 
8c  pour  la  moitié  de  la  cité,  suivant  les  limites  qui  en  avoient  été  réglées 
entre  lui  6c  l'archevêque  Arnaud.  Il  est  fait  mention  dans  cet  acte  du  capitale 
de  Narbonne,  situé  dans  la  partie  de  la  ville  qui  étoit  soumise  au  vicomte. 

Roger- Bernard,  comte  de  Foix,  avoit  épousé  depuis  peu,  à  Narbonne, 
Ermengarde,  fille '^  du  même  vicomte  Se  de  Marguerite  de  Marly  ou  de  Mont- 
morenci,  sa  seconde  femme.  Le  contrat  de  mariage  est  daté  du  20  de  janvier 
de  l'an  1282  de  la  Nativité  de  Notre-Seigneur;  en  présence  8c  du  consente- 
ment de  Matthieu  de  Marly,  oncle  d'Ermengarde,  à  laquelle  Aymeri,  vicomte 

'  Rymer,  Acta  publica,  t.  i,  p.  327.  '  Archives  de  l'abbaye  de  Boulbonne. 

°  Gallia  Chriitiana,  nov.  éd.  t.  6,  Instrum.  c.  61  ^  Archives  de  l'église  de  Narbonne. 
&  suiv.,  &  tome  III,  Animadvers'iones  in  tomum  {.  ^  Catel,  Mémoires^  p.  608. 
Archives  de  l'archevêché  de  Narbonne.  "  Marca,  Histoire  Je  Bcarn,  p.  761. 

'  Martène,  Thésaurus  anecdotorum,  t.  1 ,  c.  970 
&  s  ni  Y. 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIV. 


673 


de  Naibonne,  son  père,  donna  pour  dot  trente  mille  sols  melgoriens.  Avmeii 
appela  de  plus',  à  sa  substitution,  les  enfans  qui  naîtroient  d'elle  61  de 
Roger-Bernard,  après  le  décès  sans  postérité  d'Aymeri  &  d'Amalric,  ses  fils. 
Sicard,  vicomte  de  Lautrec,  &  plusieurs  autres  chevaliers  furent  présens  à 
cet  acte. 


Au  1  i'.\z 


LXXXVI.  —  Coutumes  des  nobles  (y   des  hahltans  de  Norhonne 

iy  du  Narbonnois. 

.Aymeri  fit  rédiger*  Se  confirma,  au  mois  d'octobre  suivant,  à  la  demande 
des  chevaliers  de  Narbonne  &(.  du  Narbonnois,  les  anciennes  coutumes  dont 
ils  avoient  joui  jusqu'alors.  Ce  vicomte,  Pierre,  ichevêque  de  Narbonne,  Se 
Guillaume  de  Peironet,  abbé  de  Saint-PauP,  confirmèrent  ensuite  celles  des 
autres  habitans  de  Narbonne;  mais  les  deux  derniers  refusèrent  d'approuver 
l'article  où  il  est  porté  que  les  fils  qui  seront  destinés  par  le  testament  de 
leur  père  à  être  clercs  ou  moines,  ne  pourront  demander  que  ce  qui  leur 
sera  légué  par  ce  testament"*.  Guillaume  de  Peironet,  abbé  de  Saint-Paul"', 
avoit  succédé  en  iiSi,  à  Pvobaut,  qui,  la  même  année,  fut  élu  évêque  de 
Pavie,  en  Italie. 


LXXXVIF.  —  L'Inquisition  confiée  aux  frères  prêcheurs,  qui  l'érigent 

en  tribunal  ordinaire. 

Le  pape  Grégoire   IX,  informé  que  plusieurs  hérétiques  de  la  Province, 
après  avoir  abjuré  leurs  erreurs,  les  avoient  reprises,  écrivit^  au  roi  S<  le  pria 
d'avertir  Raimond,  comte  de  Toulouse,  de  n'avoir  aucun  commerce  avec  eux 
81,  sous  prétexte  que  les  évêques'^  étoient  détournés  par  diverses  occupations 
il  commit,  au  mois  d'avril  de  l'an  i233,  aux  frères  prêcheurs,  l'exercice  de 
l'inquisition  contre  les  hérétiques  dans  le  Toulousain  &  le  reste  du  royaume 
6c  spécialement  dans  les  provinces  de  Bourges,  Bordeaux,  Narbonne,  .Auch 
Vienne,  Arles,  Aix  &  Embrun,  avec  pouvoir  tle  procéder  par  sentence  contre 
les  accusés*.  Il  recommanda  les  frères  prêcheurs  à  tous  les  prélats  du  royaume 
aux  comtes  de  Toulouse  S<.  de   Foix,  &  à  tous  les  autres  comtes,  vicomtes 
barons  Si  sénéchaux  de  France,  6t  à  tous  les  barons  d'Aquitaine,  les  priant 


An  12^3 


'  Tome  \'III,  Charte»,  n.  CCVII,  ce.  pSâ,  çây. 

•/AiJ.  n.  CCVIII,  ce.  960  à  963. 

'  Ces  coutumes  sont  publiées  avec  une  traduc- 
tion ancienne  en  langue  vulgaire,  &  d'oprès  les 
divers  thalamus  des  archives  de  Narbonne,  dans 
l'Inventaire  Je  Narionne ,  série  A  A,  Annexe, 
pp.  11  à  3o.  Elles  furent  rédige'es  le  24  février 
12Î1,  &  confirmées  le  19  décembre  de  la  même 
année  81  le  23  février  |233.  Nous  ne  pouvons 
analyser  ici  ce  document,  qui  est  extrémemeiu 
important,  8t  dont  chaque  article  porte  une  cour;e 
note,  indiquant  s'il  se  trouvait  dans  les  aniie:ines 


coutumes  ou  bien  s'il  est  nouvellement  ajouté.  La 
plupart  des  articles  sont  d'ailleurs  relatifs  au  droit 
civil,  &  on  les  retrouve  presque  tous  dans  les  cou- 
tumes des  villes  voisines  :  Montpellier,  Carcas- 
sonne,  Nîmes  &  Béziers.    [A.  M.] 

^  Archives  de  l'hôtel  de  ville  de  Narbonne. 

^  Baluze,  portefeuille,  liasse  Languedoc,  n.    14. 

*  Raynaldi,  année  I233,  n.  âp.  —  Guillaume 
de  Puylaurens,  c.  43. 

'  Percm,  Hiitoia  inijuiùt'ioim  Tolosanae,  p.  2, 
c,  4,  n.   I  su IV. 

'  [Cf.  Potthast,  n'"  91  53  &  91  jj.] 


VI. 


An  1233 


674  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIV. 

de  favoriser  ces  religieux  dans  l'exécution  de  leur  commission.  En  consé- 
j']'Jj°'''K^"-j  quence,  l'évêque  de  Tournai,  légat  du  Saint-Siège,  établit  à  Toulouse  deux 
religieux  de  l'ordre  de  Saint-Dominique,  savoir  :  frère  Pierre  Cellani  81  frère 
\  Guillaume  Arnaldi,  qui  furent  les  premiers  inquisiteurs  de  leur  oidre  dans 
cette  ville.  11  en  établit  de  même  dans  chacune  des  principales  villes  où  ils 
avoient  des  couvens,  comme  à  Montpellier,  Carcassonne,  Cahors,  Albi,  8cc. 
Depuis  ce  temps-là,  ces  religieux  érigèrent  en  France,  mais  surtout  à  Tou- 
louse 8c  à  Carcassonne,  un  tribunal  qui  a  duré  pendant  plusieurs  siècles,  & 
auquel  ils  firent  citer,  non-seulement  tous  ceux  qui  leur  furent  dénoncés 
comme  hérétiques  ou  suspects  d'hérésie  ou  qu'ils  citèrent  eux-mêmes,  mais 
encore  tous  ceux  qui  étoient  accusés  de  sortilège,  de  magie,  de  maléfice,  de 
judaïsme,  8tc.  Ils  suivirent'  une  procédure  qui  leur  étoit  propre  dans  les 
divers  jugemens  qu'ils  rendirent,  &c  ou  ils  livrèrent  les  accusés  au  bras  sécu- 
lier pour  être  brûlés  vifs  ou  ils  les  condamnèrent  à  être  renfermés  pour  tou- 
jours dans  des  prisons  particulières,  ou  enfin  ils  se  contentèrent  de  leur 
imposer  des  pénitences  laborieuses,  suivant  qu'ils  étoient  plus  ou  moins  cou- 
pables. L'usage  de  renfermer  dans  une  prison  perpétuelle  ceux  qui  étoieni 
convaincus  d'hérésie  ou  les  relaps,  fut  alors  établi  dans  le  pays,  comme  on 
voit  par  une  lettre'  que  Grégoire  IX  écrivit,  le  25  d'avril  de  cette  année, 
aux  évêques  de  la  province  de  Narbonne.  Entre  les  hérétiques  qui  furent 
pris  à  Toulouse,  on  se  ^  saisit  de  leur  principal  chef  nommé  Vîgorosus  de 
Baconîa,  qui  fut  brûlé  vif. 

LXXXVIII.  —  Les  papes  Grégoire  IX  £•  Innocent  IV  confirment 
l'établissement  de  l'université  de  Toulouse, 

Le  pape,  par  une  autre  lettre  qu'il  adressa '^  le  dernier  d'avril  au  comte 
Raimond,  confirma  l'établissement  de  l'université  de  Toulouse,  &  lui  accorda 
les  privilèges  dont  jouissoit  celle  de  Paris.  Il  y  ordonne  aux  habitans  de 
Toulouse  de  fournir  des  maisons  pour  la  demeure  des  écoliers,  8c  veut  que 
le  prix  en  soit  réglé  par  quatre  commissaires,  deux  clercs  8c  deux  laïques.  Il 
exempte  les  professeurs,  les  écoliers  8c  leurs  domestiques  de  la  juridiction  des 
juges  séculiers;  les  met  sous  la  protection  du  comte  Se  de  ses  officiers,  8c 
ordonne  à  ce  prince  de  payer  aux  professeurs  l'honoraire  auquel  il  s'étoit 
engagé  par  le  traité  de  Paris.  Il  écrivit  une  lettre^  semblable  à  l'université 
des  maîtres  6-  des  écoliers  de  Toulouse,  8c  leur  accorda  de  plus  le  privilège  de 
régenter  partout  8c  de  jouir  du  revenu  de  leurs  bénéfices  après  avoir  subi 

■  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  CCXVI,  c.  984  crits  existent  à  la  bibliothèque  municipale  de 
&  suiv.  —  Le  insmolre  que  dom  Vaissete  a  publié  '  Toulouse.   [A.  M.] 

est  bien  moins  ancien  qu'il   ne  le  suppose;   il   ne  '  Tome  VIII,  Chartes,  n.  CCIX,  ce.  969,  970. 

peut  être  antérieur  à  1297,  puisqu'il  cite   Saint-  '  Albéric,  Chronicon. 

Louis   en    France   parmi    les   pèlerinages    imposés  '  D'Achéry,  Spicilegium,  t.  î,  p    i8o&seq. — 

aux   hérétiques.  Le   traité  le   plus   complet  sur  la  Concilia,  t.   1  1 ,  c.  364  &  seq.    [Potthast,  n.  9176.] 

matière  &  le  plus  ancien    reste  encore   la  Practica  ^  Du  Boulay,  Hitt.  uniYersitatis  Parisicnsis,  t.  3, 

de  Bernard  Gui,  dont  les  deux   meilleurs  manus-  p.   149  &  seq. 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIV.  670 

l'examen  dans  la  même  université.  Il  commit  l'exécution  '  de  ces  bulles  à 
l'archevêque  de  Narbonne  Se  aux  évêques  de  Toulouse  Se  de  Carcassonne. 
Innocent  IV  confirma  ces  privilèges  par  une  bulle  ^  datée  de  Lyon,  au  mois 
de  septembre  de  l'an  1245. 

LXXXIX.  —  Assemblée  de  Melun. 

L'évêque  de  Tournai,  légat  du  Saint-Siège,  animé^  d'un  grand  zèle  pour 
le  rétablissement  de  la  foi  dans  les  provinces  de  sa  légation  &  pour  l'entière 
extirpation  de  l'hérésie,  s'imagina  que  le  comte  de  Toulouse  ne  le  secondoit 
pas  à  son  gré.  Sur  cela,  il  accusa  ce  prince  de  négligence,  soit  dans  la  pour- 
suite des  hérétiques,  soit  dans  l'exécution  des  articles  du  traité  de  Paris,  .S<. 
porta  l'accusation  devant  le  roi,  qui  manda  le  comte  à  sa  cour.  Le  légat  s'y 
rendit  de  son  côté  &  amena  avec  lui  l'archevêque  de  Narbonne  St  quelques 
autres  évêques  de  la  Province.  Il  se  tint  à  ce  sujet  une  conférence  à  Melun, 
&  le  légat  ayant  déduit  tous  les  griefs  qu'il  avoit  contre  le  comte,  il  fut  décidé 
que  ce  prince  y  pourvoiroit  incessamment,  par  le  conseil  &  l'arbitrage  de 
l'évêque  de  Toulouse,  qui  étoit  présent,  8c  d'un  chevalier,  nommé  Gilles  de 
Flageac,  personnage  sage  8c  discret  que  le  roi  enverroit  sur  les  lieux.  Quant 
à  l'évêque  de  Tournai,  il  paroît  que  le  temps  de  sa  légation  étant  expiré,  il 
retourna  dans  son  diocèse;  nous  n'avons  du  moins  aucune  preuve  qu'il  ait 
été  dans  la  Province  après  cette  conférence,  qui  fut  tenue'*  vers  le  milieu  de 
l'automne  de  l'an  i233.  Nous  voyons,  en  effet,  que  le  comte  Raimond  étoit^ 
encore  dans  ses  États  à  la  mi-août  de  l'an  i:33. 

XC.   —  L'archevêque   de   Vienne  succède  à  l'évêque  de  Tournai 

dans  sa  légation. 

Le  pape  nomma ^  pour  légat  dans  la  Province,  à  la  place  de  l'évêque  de 
Tournai,  Jean  de  Burnin,  archevêque  de  Vienne.  Il  lui  écrivit^,  le  i3  de 
janvier  de  l'année  suivante,  &  aux  autres  archevêques  81  évêques  de  Provence, 
pour  les  exhorter  à  agir  avec  douceur  8c  modération  envers  le  comte  de  Tou- 
louse, «  qui  se  montroit  très-dévot  envers  le  Saint-Siège,  8c  fils  spécial  de 
«  l'Église  romaine.  »  Il  leur  fit  défense  de  l'excommunier  aussi  aisément 
qu'ils  le  faisoient  8c  de  jeter  l'interdit  sur  ses  terres.  Il  écrivit  deux  jours  après 
à  ce  prince  même,  qui  le  soUicitoit  vivement,  soit  par  ses  lettres,  soit  par  ses 
ambassadeurs,  de  lui  restituer  le  marquisat  de  Provence  8c  le  pays  Venaissin. 
Le  pape  lui  marque,  «  qu'il  souhaiteroit  fort  pouvoir  lui  accorder  cette 
«demande;   mais  qu'à  cause  des  prétentions  que  plusieurs  avoient  sur  ce 

'  Archivas  de  l'église  de  Narbonne.  '  Mis.  de  Colbcrt,  n.   lojy.  [Lai.  (1009,  pp.  5i8 

■  Voyez  lomeVIII,  Chartes,  n.  CCLXXII.c.  1184  &  r,zr.\ 
8(  siiiv.  °  Voyez  tome  VU,  ut  supra. 

>  Guillaume  de  Piiylaurens,  c.  42.  '  D'Achéry,    Spicilegium,    t.   3,    p.    180   &8eq. 

<  Voyez  tome  VU,  Noie  XXVUI,  pp.  89,  90,  [Potthast,  n.  9365.]  —  Concilia,  t.  1 1 ,  c.  36ô. 


An  i2j3 


An   1234 


lid.  origir. 
t.  111,  p..V 


A„  ,^3^      676  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIV. 

«  pays  8<.  voulant  rendre  à  chacun  ce  qui  lui  étoit  dû,  il  ne  pouvoit  pour  le 
«  présent  lui  donner  une  réponse  positive.  »  Du  reste,  il  l'exhorte  à  persé- 
vérer dans  le  zèle  dont  il  étoit  animé  contre  l'hérésie  8<  à  demeurer  toujours 
attaché  au  Saint-Siège.  Il  ajoute  que  c'étoit  un  moyen  assuré  pour  obtenir 
au  plus  tôt  l'eft'et  de  sa  demande'. 

On  est  en  peine  de  savoir^  qui  étoient  ceux  qui  pouvoient  avoir  des  pré- 
tentions sur  le  marquisat  de  Provence,  au  préjudice  des  droits  légitimes  8< 
incontestables  du  comte  R.aimond  sur  ce  pays.  Les  uns  ^  prétendent  que 
c'étoit  Aymar,  comte  de  Valentinois,  en  faveur  duquel  le  pape  avoit  démem- 
bré ce  marquisat,  en  lui  donnant  en  fief  soixante-treize  ou  soixante-seize 
villes  ou  châteaux  qui  en  dépendoient.  D'autres"*  veulent  que  Raimond- 
Bérenger,  comte  de  Provence,  qui  étoit  alors  en  guerre  avec  Raimond,  s'oppo- 
soit  {sic)  à  cette  restitution;  mais  supposé  que  l'un  ou  l'autre  de  ces  deux 
comtes,  ou  tous  les  deux  ensemble,  aient  formé  en  effet  quelque  difficulté 
là-dessus,  c'étoit  sans  aucun  fondement  apparent.  Nous  croirions  bien  plus 
volontiers  que  le  pape,  dans  l'espérance  de  se  maintenir  en  possession  d'un 
domaine  si  considérable,  feignit  lui-même  ces  difficultés,  afin  de  traîner  l'af- 
faire en  longueur. 

Grégoire  IX  recommanda 5,  le  18  d'avril  suivant,  l'archevêque  de  Vienne, 
légat  du  siège  apostolique  dans  les  pays  d'Albigeois,  à  Jacques,  roi  d'Aragon, 
81  pria  ce  prince  de  ne  pas  permettre  qu'aucun  de  ses  sujets  troublât  les  affaires 
de  la  foi  8<.  donnât  retraite  aux  perturbateurs  de  la  paix.  Il  recommanda 
aussi''  le  légat  à  tous  les  évêques  des  Gaules  8c  au  comte  de  Montfort  ;  il 
chargea  spécialement  ce  prélat  d'user  de  toute  la  rigueur  des  lois  contre  les 
hérétiques  cachés  dans  le  Toulousain,  8<.  de  s'informer  si  Raimond  VI,  comte 
de  Toulouse,  avoit  donné  à  sa  mort  des  marques  de  pénitence  :  «  Afin,  dit  le 
«  pape,  de  lui  procurer  les  honneurs  de  la  sépulture  &  de  pouvoir  témoigner 
u  ma  bienveillance  envers  son  fils,  qui  a  été  réconcilié  à  l'Eglise.  » 

XCI.  —  Edit  du  comte  de  Toulouse  contre  les  hérétiques. 

Cependant  Gilles  de  Flageac'^,  commissaire  du  roi,  s'étant  mis  en  chemin, 
vit  en  passant  la  fille  aînée  de  Raimond-Bérenger,  comte  de  Provence,  dont 
le  mariage  avec  le  roi  étoit  déjà  arrêté.  Il  trouva  en  arrivant  à  Toulouse  que 
l'évêque  avoit  rédigé  tous  les  articles  de  réformation,  8c  s'étant  joint  à  lui  pour 
les  présenter  au  comte  Raimond,  ce  prince  dressa  bientôt  après  une  ordon- 
nance ou  é^ir  qu'il  fit  publier,  le  18  de  février  de  l'an  i233  (1234),  dans  une 
grande  assemblée  qu'il  tint  à  cette  occasion  dans  le  cloître  de  Saint-Etienne 
de  Toulouse  &  à  laquelle  se  trouvèrent  l'archevêque  de  Vienne,  nouveau 
légat  dans  la  Province,  les  barons  du  pays,  le  sénéchal  de  Carcassonne,  Etc. 

'  [Pottliast,  n.  9567.]  '  Bouche,  ut  supra. 

*  Bouche,  Provence,  t.  2,  p.  106.').  '  Archives  de  l'Inquisition  de  Toulouse. 

*  Fantoni,  htoria  délia  citta  d'Ayignione,  1,  2,  '  Raynaldi,  ann.   1234,  n.   14. 

c.   I,  n.  61.  '  Guillaume  de  Puylaurens,  c.  42. 


An  j  2^4 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC,  LIV.  XXIV.  677 

Cette  ordonnance,  dont  on  voit  l'original  dans  le  trésor'  des  chartes  du  roi, 
&  dont  on  a  donné  diverses  éditions,  comprend  vingt  Se  un  articles,  suivant 
lesquels  le  comte  Raimond,  «  après  en  avoir  délibéré  avec  les  évêques  8c  les 
«  autres  prélats,  les  comtes,  les  barons,  les  chevaliers  &  plusieurs  autres  per- 
«  sonnes  prudentes  de  ses  États,  &  de  leur  avis  Se  consentement,  déclare 
«  qu'il  a  fait  divers  règlemens  pour  purger  d'hérésie  ses  domaines  &  ceux  de 
«  ses  sujets,  avec  ordre  aux  barons,  aux  chevaliers,  aux  baillis  Se  à  ses  autres 
H  officiers,  de  les  observer,  conformément  à  la  paix  de  Paris.  »  Les  plus  remar- 
quables de  ces  articles  sont  les  suivans  : 

1°  Le  comte  ordonne  une  recherche  exacte  des  meurtriers  de  ceux  qui  pour- 
suivoient  les  hérétiques,  S<.  il  veut  qu'ils  soient  punis  sévèrement.  2°  Les  habi- 
tans  des  lieux  payeront  un  marc  d'argent  pour  chaque  hérétique,  à  celui  qui 
s'en  saisira  dans  leur  territoire.  3°  On  détruira  les  maisons  où  on  aura  trouvé 
un  hérétique  vif  ou  mort  depuis  la  paix  de  Paris,  St  celles  où  ils  auront 
prêché  du  consentement  du  maître,  avec  confiscation  des  biens  de  tous  ceux 
qui  y  demeurent.  4°  Les  biens  de  ceux  qui  se  sont  faits  ou  qui  se  feront  héré- 
tiques, seront  confisqués,  même  au  préjudice  de  leurs  enfans  Se  de  leurs  autres 
héritiers  légitimes,  &  leurs  maisons  seront  rasées.  S"  Les  biens  de  ceux  qui 
traverseront  les  inquisiteurs  des  hérétiques  dans  leurs  recherches  ou  qui  ne 
les  favoriseront  pas,  seront  aussi  confisqués,  8c  ils  subiront  une  punition  cor-  ,  f^]^,-°'''fij"- 
porelle.  6°  Les  biens  de  ceux  qui  ont  été  hérétiques  revêtus  seront  confisqués, 
quand  même  ils  auroient  rompu  tout  commerce  avec  les  hérétiques,  à  moins 
qu'ils  ne  produisent  des  lettres  testimoniales  de  leur  réconciliation.  7°  Ceux 
qui,  après  avoir  abjuré  l'hérésie,  ne  porteront  pas  ou  cacheront  les  deux  croix 
cousues  sur  leurs  habits  des  deux  côtés  de  la  poitrine,  qu'ils  auront  été  con- 
damnés de  porter  par  leur  evêque,  encourront  ^a  même  peine. 

Les  autres  articles  regardent  la  paix  dont  le  comte  ordonne  l'observation 
dans  tous  ses  États,  avec  ordre  d'en  chasser  les  routiers,  les  proscrits  (Jayditos) 
Se  les  voleurs.  11  prend  toutes  les  maisons  religieuses  8c  en  particulier  celles 
de  l'ordre  de  Cîteaux,  sous  sa  protection  8c  veut  qu'on  punisse  sévèrement 
tous  ceux  qui  leur  causeront  du  dommage;  il  permet  de  mettre  un  gardien 
perpétuel  dans  chacune,  afin  d'empêcher  qu'elles  ne  soient  vexées  par  les 
barons  8c  les  chevaliers  qui  s'y  faisoient  traiter  [albergare).  Enfin  il  défend 
d'établir  de  nouveaux  péages  dans  ses  terres  8c  dans  celles  de  ses  vassaux  8c 
révoque  tous  ceux  qui  avoient  été  établis  depuis  trente  ans.  Raimond,  après 
la  publication  de  son  ordonnance,  y  apposa  son  sceau  8c  la  remit  à  Gilles 
de  Flageac,  commissaire  du  roi,  pour  la  porter  en  cour  8c  donner  au  roi  des 
preuves  de  son  attention  à  maintenir  la  foi  dans  ses  États^.  Le  légat  l'envoya  ^ 
de  son  côté  à  Rome,  8c  le  pape  la  confirma.  Eudes  Coqui  ou  le  Queux  la  fit 
publier  aussi  dans  sa  sénéchaussée  Se  en  ordonna  l'observation. 

■  Trésor  d«  chartes;  Toulouse,  snc  U,  n.  66.  —  '  Guillaume  de  Puyhmrens,  c.  42. 

Catel,  Comtes,  p.  354  &  suiv.  —  Conclia,  t.  11,  '  Ri>yn;.ldi,  an.  1234,  n.   14. 

c.   449   &  seq.  [Voyez   tome  VIII,  'ce.  963  à  969, 
ou  nous  donnons  cet  acte  d'après  l'original.] 


An  ti34 


678  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIV. 

XCII.  —  Eudes  le  Queux,  sénéchal  de  Carcassonne,  lieutenant  du  roi 

dans  la  Province, 

Ce  dernier,  qui  se  qualifie  chevalier  &-  lieutenant  du  seigneur  roi  de 
France  clans  un  acte'  de  la  mi-septembre  de  l'an  1232,  assigna^,  au  mois 
d'avril  de  l'an  1234,  à  Béatrix,  veuve  de  Lambert  de  Limoux,  &  à  ses  fils 
Lambert  5c  Simon  de  Turey  ou  deTouri,  mille  cinq  cens  livres  de  rente  sur 
diverses  terres  de  la  sénéchaussée  de  Carcassonne  &c  leur  donna  entre  autre 
celles  de  Saissac,  Pêcherie,  Beaufort,  Asillan  le  Grand,  Pardaillan,  &c. 

XCIIL  —  Vicomtes  de  Lautrec. 

Le  roi  ordonna^  au  sénéclial  le  Queux,  au  mois  de  février  de  l'an  1234 
^^1235),  «  de  conserver  sous  sa  baillie,  la  terre  de  sa  chère  h.  téale  la  vicom- 
«  tesse  de  Lautrec,  dans  le  même  état  dans  lequel  le  feu  vicomte  de  Lautrec, 
«  son  mari,  la  tenoit  du  temps  du  feu  évêque  de  Cahors,  qui  étoit  mort  en 
«  faisant  droit.  «  Ce  vicomte,  dont  le  nom  n'est  pas  marqué  ici,  est  le  même 
que"*  Sicard  VI,  frère  puîné  de  Bertrand  I,  avec  le([uel  il  posséda  par  indivis 
la  vicomte  de  Lautrec,  comme  il  paroît  par  d'autres  lettres,  suivant  lesquelles^ 
Mathieu  de  Marly,  chevalier,  6<,  Amauri  de  Montfort,  certifient,  au  mois  de 
janvier  de  l'an  i238  (1239),  «  que  Sicard,  vicomte  de  Lautrec,  ayant  perdu 
«  de  droit  toutes  les  terres  qu'il  possédoit  héréditairement,  le  roi  Louis,  de 
«  bonne  mémoire,  avoit  rendu  à  leur  prière  à  Agnès,  vicomtesse  de  Lautrec, 
«  femme  dudit  vicomte,  leur  cousine,  &  k  ses  héritiers,  toutes  ces  terres,  & 
«  lui  avoit  donné  de  plus  les  châteaux  de  Sénégas  &  de  Montredon,  en 
«  échange  des  biens  que  Simon  lui  avoit  donnés  en  la  mariant.  »  On  doit 
inférer  de  ces  actes  &  d'un  autre  qui  nous  apprend  que  Bertrand,  vicomte  de 
Lautrec,  recouvra^,  en  i235,  le  château  de  Lautrec,  &  qu'il  y  amena  sa 
femme  un  an  après  :  1°  Que  Bertrand  I  Se  Sicard  VI,  vicomtes  de  Lautrec, 
perdirent  par  confiscation  cette  vicomte,  8c  que  le  roi  Louis  VIII  rendit, 
en  1226,  la  portion  du  second  k  Agnès,  sa  femme.  2°  Que  Guillaume  de 
Cardaillac,  évêque  de  Cahors,  travailloit  quelque  temps  avant  sa  mort,  arrivée 
en  1234'^,  à  restituer,  par  ordre  du  roi,  la  vicomte  de  Lautrec  k  ces  deux 
frères.  3°  Que  Sicard  VI  étoit  déjà  décédé  au  commencement  de  l'an  i235. 
4"  Enfin  que  cette  vicomte  fut  restituée  cette  même  année  k  Bertrand  I,  k 
Agnès,  veuve  de  Sicard  VI,  8c  aux  entans  de  ce  dernier,  qui  fut''  inhumé 
aux  Cordeliers  de  Lavaur. 

Au  reste  Agnès,  vicomtesse  de  Lautrec,  étoit  de  la  maison  de  Mauvoisin, 

'  Archives   de    l'abbaye    de    La    Grasse.    [Voyez  '  Rcg'istrum  cut'me  Franclae. 

tome  V,  col.    1667,   n.    iSy.   Donation   de   terres  '  Voyez  tome  VII,  Note  XVIII,  p.  53. 

confisquées  sur  des  hérétiques  à  un  chevalier,  avec  ^  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  CCXXV,  c.  1022. 

retour  à  l'abbaye  de  La  Grasse.  Voyez  ihid,  c.  1668,  ^  Registre  de  l'Inquisition  de  Toulouse, 

n.   i38.]  '  Gciilix  Chr'titlana,  nov.  éd.  t.   1,  p.  i33. 

'  Toms  VIII,  Chartes,  n.  CCXII,  ce.  97!?,  974.  '  Mis.  de  Coislin,  n.  691,  al.   i32. 


I 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIV.  670   

'  '        An  12^4 

en  France',  S<.  fille  de  Gui,  seigneur  de  Rosny,  près  de  Mantes,  &  d'Alice  de 
Porrhoët.  Elle  laissa  de  Sicard  VT,  son  mari,  plusieurs  fils  qui  héritèrent  de 
la  moitié  de  la  vicomte  de  Lautrec  &  partagèrent^  avec  Bertrand  I,  leur  oncle, 
les  appartemens  du  château  de  Lautrec,  par  un  acte  daté  d'un  mardi  du  mois 
d'avril  de  l'an  1242.  Bertrand  I  fit  ce  partage  avec  Pierre,  Isarn  &  Frotard, 
ses  neveux,  qui  stipulèrent  dans  l'acte  pour  Gui,  Bertrand  8t  Amalric,  leurs 
frères,  lesquels  sans  doute  étoient  alors  encore  mineurs.  Ces  six  frères  possé- 
dèrent la  moitié  de  la  vicomte  de  Lautrec,  que  Pierre,  Isarn,  Bertrand  Se  t.'m°p'.*']y'8. 
Amalric  partagèrent  avec  le  reste  de  leurs  domaines,  le  17  d'août  de  l'an  1255^, 
Pierre  eut  le  château  de  la  Bruguière,  Isarn  celui  de  Montredon,  Bertrand 
celui  de  Sénégas  avec  la  bladade  du  Lautreguois,  Se  enfin  Amalric  le  château- 
d'Amhrcs.  La  justice  &  les  hommages  des  chevaliers  de  la  moitié  de  la  vicomte 
restèrent  par  indivis  à  ces  quatre  frères,  qui  passèrent  un  compromis,  le  17  de 
juin  de  l'an  i256,  conjointement  avec  Bertrand  I,  vicomte  de  Lautrec,  dit 
l'Ancien,  leur  oncle,  au  sujet  des  différends  qu'ils  avoient  avec  les  chevaliers 
de  Lautrec.  Après  ce  partage,  Amalric,  vicomte  de  Lautrec,  fils  de  feu  Sicard, 
vicomte  de  Lautrec,  rendit  hommage  du  cliâteau  d'Amhres"*,  situé  alors  dans  le 
diocèse  d'Alhi,  St  aujourd'hui  dans  celui  de  Castres,  le  17  de  novembre  de 
l'an  1256,  à  Philippe  de  Montfort  l'Ancien  &  à  Philippe  de  Montfort  le 
Jeune,  son  fils,  seigneurs  de  Castres.  Il  déclara  que  Sicard,  son  père,  avoit  • 
tenu  ce  château  du  père  de  Philippe  le  Jeune,  qui  donna  en  même  temps  à 
Amalric  le  droit  de  confiscation  pour  l'hérésie  dans  les  domaines  qu'il  venoit 
de  reconnoître,  avec  promesse  de  le  protéger  8<.  de  le  défendre,  comme  les  sei- 
gneurs dévoient  défendre  leurs  vavasseurs,  leurs  barons  &  leurs  vassaux.  Pierre, 
l'aîné'' des  quatre  frères,  épousa  Vacherie  de  Monteil-Adémar,  &  mourut  sans 
enfans.  Par  sa  mort,  Isarn,  Bertrand  &  Amalric  partagèrent  entre  eux, 
en  1270,  sa  portion  de  la  vicomte  de  Lautrec.  Isarn  laissa  postérité,  &.  de  lui 
descendent  par  mâles  les  seigneurs  de  Montfa  6c  de  Saint-Germier  qui  sub- 
sistent encore.  Quant  aux  deux  autres,  Bertrand  8c  Amalric,  ils  laissèrent 
aussi  postérité;  mais  elle  tomba  enfin  en  quenouille,  8c  par  là  une  portion 
tie  la  vicomte  de  Lautrec  passa  dans  les  maisons  de  Lévis,  d'Arpajon,  Voi- 
sins, 8cc.  Nous  parlerons  ailleurs  de  Bertrand  I,  vicomte  de  Lautrec,  frère 
aine  de  Sicard  VI  8c  de  sa  postérité. 

XCJV.  —  Raimond  fait  un  voyage  à  la  cour  6-  compromet  entre  les  mains 
du  roi,  de  ses  différends  avec  le  comte  de  Provence.  — Jacques,  roi  d'Aragon, 
va  à  Montpellier. 

Pvaimond  VII,  comte  de  Toulouse,  aussitôt  après  avoir  fait  publier  son  édit 
contre  les  hérétiques,  se  rendit  à  la  Cour,  qui  étoit  alors  à  Lorris,  dans  le 

'  Duchesne,  MdUon  de  Dreux,  p.  I  14.  *  Archives  du  domaine  de  Montpellier  j  Lautrec, 

*  Archives  du  domaine  de  Montpellier  j  Lautrec,^  reconnaissances  d'Ambres,  n.  1. 
cartulaire,  n.   14.  'Ma.  de  Coislin,  ut  supra. 

'  Mis.  de  Coislin,  n.  6pl,  al.   |32> 


An  12^4 


680  niSTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.   LIV.  XXIV. 

GâtinoisjSi  il  y  passa  un  compromis'  au  mois  de  mars  de  l'an  1:33  (1234), 
suivant  lequel  il  remit  la  décision  de  tous  les  différends  qu'il  avoit  avec  Rai- 
mond-Bérenger,  comte  de  Provence,  entre  les  mains  du  roi  &.  de  la  reine 
Blanche,  sa  mère.  Pvaimond-Bérenger  &.  Béatrix.  de  Savoie,  sa  femme,  avoient 
passé*  un  semblable  compromis  au  mois  de  février  précédent,  avec  promesse 
de  ratifier  la  décision  du  roi  lorsque  ce  prince  auroit  épousé  leur  fille.  Ces 
différends,  qui  duroient  depuis  longtemps  8t  qui  avoient  été  suivis  de  la 
guerre,  n'avoient  pu  être  terminés  par  l'archevêque 3  de  Vienne,  légat  du 
Saint-Siège,  qui  travailla  beaucoup,  mais  sans  fruit,  à  mettre  la  paix  entre 
les  deux  comtes. 

Si  nous  en  croyons  quelques  modernes'',  le  mariage  du  roi  saint  Louis  avec 
Marguerite,  fille  du  comte  de  Provence,  fut  célébré  à  Montpellier,  dans 
l'église  de  Notre-Dame,  le  i'"' de  novembre  de  l'an  1234,  8c  Jean  de  Mont- 
laur,  évêque  de  Maguelonne,  leur  donna  la  bénédiction  nuptiale,  en  pré- 
sence de  Jacques,  roi  d'Aragon,  8c  d'Yolande  de  Hongrie,  laquelle,  ajoute-t-on, 
après  avoir  passé  à  Montauban  8<.  à  Castres,  s'étoit  rendue  à  Montpellier  pour 
épouser  de  son  côté  ce  dernier  prince.  Mais  il  est  certain '',  au  contraire,  que 
saint  Louis  épousa,  à  Sens,  Marguerite  de  Provence,  le  27  de  mai  de  l'an  1234, 
8c  que  Jacques,  roi  d'Aragon,  n'épousa"^  que  l'année  suivante  Yolande  de 
Hongrie,  qui  arriva  par  mer  à  Barcelone.  11  est  vrai  qu'on  ^  prétend  que 
Jacques  fit  un  voyage  à  Montpellier,  au  mois  de  novembre  de  l'an  1234,  Se 
on  assure^  qu'on  lui  fit  alors  dans  cette  ville  une  entrée  magnifique;  mais, 
outre  que  ce  voyage  est  contredit'  par  les  anciens  monumens,  quand  le  roi 
d'Aragon  l'auroit  entrepris,  ce  n'eût  pas  été  pour  assister  au  mariage  du  roi 
avec  Marguerite,  sa  cousine,  car  il  étoit  alors  dans  le  dessein  de  faire  la 
guerre  à  ce  prince  pour  recouvrer  le  comté  de  Carcassonne,  qu'il  prétendoit 
que  saint  Louis  avoit  envahi  sur  lui  :  c'est  ce  qui  paroît  par  une  lettre  '°  que 
le  pape  Grégoire  IX  écrivit,  le  3o  d'août  de  cette  année,  à  Pvaimond-Bérenger, 
comte  de  Provence,  qu'il  chargea  de  négocier  la  paix,  entre  les  deux.  rois. 

XCV.  —  Raimond  se  plaint  au  roi  des  ecclésiastiques  de  la  Province,  i-  eux 
se  plaignent  à  leur  tour  au  pape  des  ojficiers  du  roi.  —  Evêques  d'Agde. 

Le  comte  de  Toulouse,  durant  le  séjour  qu'il  fit  à  la  Cour,  au  moi  de  mars 
de  l'an  1234,  se  plaignit  au  roi  de  ce  que  divers  ecclésiastiques  avoient  acquis, 
maigre  lui,  plusieurs  fiefs  dans  sa  mouvance.  Saint  Louis,  qui  étoit  très-con- 
tent de  la  conduite  de  ce  prince,  ordonna,  pour  le  satisfaire,  que  les  ecclé- 

■  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  ii.  CCX,  c.  971.  «  Ferreras,  an.  Ii3."),  n.  '>. 

•  /4iV.  n.  CCX,  ce.  971,  972.  '  Ziirita,  ><na/cs,  1.  3,  c.   19. 

''  Guillaume  de  Puylaurens,  c.  42.  '  dncUSeriei praesulum  Magtilonensi:im,T^.'ij,6. 

^  Gsriel, Séries  pracsulum  Magalonemium,  p.  ^^6.  °  Ferreras,  an.  1234,  n.  5. 

—  Gallia  Christiana,  t.  3,  p.  586.  —  Bouche,  Fro-  "  Raynaldi.an.  I234,n.  17.  [Potthast,  n.9Ji7.] 
vence,  t.  2,  p.  240. 

''  Gestt  Ludovici  IX,  p.  3.)i.  —  La  Chaise,  His- 
toire de  saint  Louis,  1.  3. 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIV.  63 1 


An  i:j:i 


siastiques  videroient  '  leurs  mains  de  tous  ces  fiets,  avec  défense  d'en  accruérir  Éd-ori-in. 
de  nouveaux  sans  sa  peranission  &  celle  du  comte.  Le  clergé  de  la  Province 
se  plaignit  k  son  tour  au  pape  des  vexations  qu'il  avoit  à  souffrir  des  baillis 
que  le  roi  avoit  envoyés  dans  le  pays  d'Albigeois,  lesquels  chargeoient  d'im- 
positions les  vassaux  des  églises,  saisissoient  leurs  fiets  pour  contraindre  les 
possesseurs  k  se  soumettre  k  leur  juridiction,  n'avoient  aucun  égard  aux  dona- 
tions qui  leur  avoient  été  faites  par  Simon  de  Montfort,  &  s'étoient  emparés 
des  domaines  des  évêques  de  Béziers  Se  d'Agde  pour  les  obliger  k  ester  k  droit 
devant  le  roi;  en  sorte  c[ue  ces  prélats  avoient  été  forcés  de  se  rendre  k  la 
Cour  8c  d'\-  plaider,  malgré  eux  £<.  sans  le  consentement  de  leurs  chapitres, 
contre  l'ordre  &  la  coutume  des  églises  de  la  province  de  Narbonne.  Ils  dédui- 
soient  plusieurs  autres  griefs,  en  particulier  le  chagrin  que  le  roi  causoit  aux 
évêques  du  pays,  de  qui  il  exigeoit  le  serment  de  fidélité,  sans  aucun  égard 
aux  traités  arrêtés  entre  les  légats  du  Saint-Siège  d'un  coté  Se  les  baillis  du 
roi  de  l'autre,  par  rapport  aux  différends  que  ces  prélats  avoient  avec  le  fisc. 
Ces  plaintes  sont  détaillées  dans  une  lettre^  que  le  pape  Grégoire  IX  écrivit, 
le  2  de  mai  de  l'an  1234,  au  roi  saint  Louis,  &  dans  laquelle  il  prie  ce  prince 
d'envoyer  des  commissaires  sur  les  lieux  pour  les  apaiser,  conjointement  avec 
l'archevêque  de  Vienne,  légat  du  Saint-Siège. 

Les  officiers^  du  roi  prétendoient  que  Bernard,  évêque  de  Béziers,  avoit 
usurpé  divers  domaines  de  la  couronne,  &  ce  prélat  fut  obligé  de  promettre 
au  sénéchal  de  Carcassonne,  par  un  acte  daté  de  Montpellier,  le  2j  du  mois 
d'août  de  l'an  i233,  de  se  rendre  en  personne  k  la  Cour  ou  d'y  envoyer  de  sa 
part,  avant  le  i5  de  novembre  suivant,  81  de  s'en  rapporter  entièrement  k  la 
décision  du  roi,  tant  au  sujet  de  ces  usurpations  c[ue  sur  les  donations  que  le 
comte  de  Montlort  avoit  faites  k  son  église.  Quant  k  1  évêque  d'Agde,  nommé 
Bertrand  de  Saint-Just,  qui  avoit  succédé  k  Thédise  depuis  l'année  précédente, 
il  se  rendit  aussi  k  la  Cour,  Se  fit  un  accord'*  avec  le  roi,  au  mois  de  juin  de 
l'an  1234,  suivant  lequel  il  céda  k  ce  prince  le  château  de  Montagnac,  l'hom- 
mage de  ceux  de  Florensac,  Pomerols,  Bcssan,  Stc.  les  droits  qu'il  avoit  sur 
la  chancellerie  du  comte  de  Toulouse,  Sic.  Le  roi  s'engagea  de  son  côté  k  lui 
donner  en  fief  les  biens  situés  dans  la  mouvance  de  l'église  d'Agde,  qui 
avoient  été  confis([ués  pour  crime  d'hérésie.  Sec. 

XCVI.  —  Raimond  rentre  dans  la  possession  du  marquisat  de  Provence. 

Raimond,  comte  de  Toulouse •'',  s'étant  plaint  d'un  autre  côté  au  roi  de  ce 
qu'après  avoir  donné  une  entière  satisfaction  k  l'Eglise,  le  pape  lui  détenoit 
toujours  le  marquisat  de  Provence,  au  lieu  de  le  lui  restituer,  le  roi  écrivit 
en  sa  faveur  deux  lettres  k  Grégoire  IX.  Dans  la  première'',  datée  de  Lorris, 

■  Tome  VIII,  Chartes,  n.  CCXXI,  ce.  971,  q"-.!.  ■•  Voyez  tome  VIIÎ,  Chartes,  n.  CCXIII,  ce.  976 

*  RayiiaHi,  an.  i  2.'$4,  n.  i!>.  [Potthast,  n.  ç^Hi.]  Îl  t)-jt). 

'  Trésor  des  chartes;  Toulouse,  sac  1,  n.  3.  [J.  ^  Voyez  tome  VII,  Vofe  XXIX,  pp.  90  à  o3. 

333;  Teiilet,  t.  2,  p.  368.]  "•  Raynaldi,  an.   i233,  n.  61. 


~7~)7"   ^^^  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXIV. 

au  mois  ck  mars  de  l'an  I233  (1234),  le  roi  déclare  au  pape  qu'il  n'avoit  plus 
dessein  de  conserver  la  garde  des  domaines  situés  au  delà  du  Rhùne,  dans 
l'Empire,  que  le  cardinal  de  Saint-Ange,  alors  légat,  avoit  remise  à  ses  baillis. 
Par  l'autre',  datée  aussi  de  Lorris,  le  lendemain  de  la  Saint-Grégoire  ou 
le  i3  de  mars,  il  lui  marque  «  qu'il  l'avoit  prié  de  rendre  ces  domaines  à  son 
«  cher  8c  féal  cousin  Raimond,  comte  de  Toulouse,  qui  les  avoit  possédés 
«  autrefois,  ainsi  que  ses  prédécesseurs;  dans  la  confiance  que  cette  restitu- 
«  tion  l'engageroit  à  garder  la  paix  de  l'Eglise  &  à  une  plus  grande  fidélité 
«  envers  lui.  Nous  nous  portons  d'autant  plus  volontiers,  poursuit  le  roi,  à 
«  réitérer  cette  demande,  que  le  comte  n'a  pour  héritière  qu'une  fille  unique, 
«  qui  doit  épouser,  avec  votre  dispense,  notre  très-cher  frère  ;  c'est  pourquoi 
«  nous  regarderons  cette  grâce  comme  si  elle  nous  étoit  faite  à  nous-même; 
«  il  est  certain  d'ailleurs,  ainsi  que  nous  l'avons  appris  par  le  témoignage  des 
«  prélats  du  pays,  que  le  comte  est  fort  attentif  à  rechercher  &  à  punir  les 
«  hérétiques;  nous  vous  prions  de  plus  de  vouloir  l'écouter  favorablement, 
«  pour  l'amour  de  nous,  dans  toutes  ses  autres  justes  demandes.  »  La  reine 
mère  écrivit  au  pape  dans  les  mêmes  termes. 

Le  dernier  article  de  la  lettre  du  roi  prouve  que  Raimond  passa  bientôt 
après  les  Alpes  &.  qu'il  se  rendit  à  Rome  pour  solliciter  auprès  de  Grégoire  IX 
la  restitution  de  son  marquisat  de  Provence.  Nous  savons*,  en  effet,  que  ce 
pontife  le  lui  rendit  enfin  la  même  année.  On  croit-'  que  Grégoire,  outre  les 
fortes  sollicitations  de  la  reine  mère  &  du  roi,  se  déterm.ina  à  rendre  cette 
Kd.oiiRin.     justice  à  Raimond,  à  cause  des  services  importans  que  ce  comte  lui  rendit 

t.UI,p.400.     '  •  D     •  1       11  .  1         ,  j 

alors;  car  on  ajoute  que  Kaimonu  alla  cette  année  commander  les  troupes  du 
pape  contre  les  Romains  qui  l'avoient  chassé  de  Pvome.  Quoi  qu'il  en  soit,  le 
comte  de  Toulouse  ayant  été  rétabli  dans  cet  ancien  patrimoine  de  sa  maison'*, 
en  fit  hommage,  au  mois  de  septembre  suivant,  à  l'empereur  Frédéric,  qu'il 
alla  trouver  à  Montefiascone,  8c  qui,  dans  l'acte  d'investiture  qu'il  lui  on 
donna-^,  déclare  «  que,  considérant  la  fidélité  8c  la  dévotion  de  son  très-cher 
«  allié  Se  féal  Raimond,  comte  de  Toulouse,  8c  qu'ayant  reçu  de  lui  le  ser- 
«  ment  d'hommage  Se  de  fidélité  pour  une  portion  de  l'Empire,  il  lui  donne 
((  Se  confirme,  de  même  qu'à  ses  héritiers,  la  terre  de  Venaissin  8c  toutes  les 
K  autres  terres  que  ce  comte  Se  ses  prédécesseurs  avoient  autrefois  possédées 
«  dans  l'Empire  Se  dans  le  royaume  d'Arles  Se  de  Vienne;  le  restituant  dans  son 
«  ancienne  dignité  de  marquis  de  Provence,  que  ses  ancêtres  avoient  possédée, 
«  avec  défense  à  toute  sorte  de  personnes,  soit  ecclésiastiques,  soit  séculières, 
«  de  le  troubler  lui  8e  ses  héritiers  dans  la  possession  de  ces  domaines,  à  peine 
«  de  mille  livres  d'or.  Sec.  »  C'est  ainsi  que  Raimond  VU,  comte  de  Toulouse, 
fut  enfin  rétabli,  vers  le  milieu  de  l'an  1234,  dans  la  possession  du  marquisat 
de  Provence;  il  en  demeura  depuis  paisible  possesseur,  8c  il  le  transmit,  après 
sa  mort,  à  Jeanne,  sa  fille  unique  Se  son  héritière  universelle. 

'  Raynaldi,  an.   1234,  ri.  |5.  ■'Voyez  tome  VII,  ut  supra. 

'  Voyez  tome  VII,  Note  XXIX,  pp.  ço  à  çS.  '  Voyez  tome  VIII,  Cliaites,  n,  CCXIV,  ce.  979 

•La  Chaise,  Histoire  de  saint  Louis,  I.  3,   n.  2.       à  981. 


A.J.4.|.J.^».|,>^.|.-|,^,-^-î,.î,.|,.|,^^,^>^.«,.|,|,.J,,.^^ 


LIVRE   V1NGT-CINQ_UIÈME 


I 


Concile  de  Bé-^iers. 


JEAN  de  Buniin,  archevêque  de  Vienne  £<.  légat  du  Saint-Siégc,  assembla    ("^("{["p"'"', 
le  concile  de  la  province  de  Narbonne  à  Béziers,  après  que  Raimond',  
comte  de  Toulouse,  eut  fait  publier  son  édit  contre  les  hérétiques.  Dans      An  uS^ 
ce  concile,  qui   fut   tenu    le  quatrième   dimanche  de  carême,   2   d'avril   de 
l'an  1234,  on  confirma^  les  canons  qui  avoient  été  dressés  au  concile  de  Nar- 
bonne de  l'an  1227,  &  on  y  dressa  vingt-six  nouveaux  canons.  Il  est  d'abord 
ordonné  d'excommunier  tous  les  dimanches  les  hérétiques  ou  leurs  fauteurs; 
de  se  saisir  de  leurs  personnes  partout  où  on  les  trouvera,  8c  de  les  présenter 
à  l'évêque  ;  de  tenir  pour  hérétiques  ceux  qui,  ayant  été  réconciliés  à  l'Eglise, 
ne  portoient  pas  sur  leurs  habits  les  deux  croix,  suivant  l'ordre  des  évêques,  8cc. 
Ensuite  il  est  enjoint  aux  curés  de  tenir  un  état  de  tous  ceux  qui  étoient 
suspects  d'hérésie  dans  leurs  paroisses  81  de  veiller  à  l'observation  des  statuts 
du  concile  de  Toulouse,  avec  défense  aux  seigneurs  de  donner  ou  de  vendre 
leurs  baillies  ou  offices  publics  à  des  gens  suspects.  Les  canons  qui   suivent 
regardent  la  discipline  ecclésiastique  8c  régulière.  Enfin  il  est  ordonné,  dans    i.'iu,°p!*i,'oi. 
le  dernier,  à  tous  ceux  qui  avoient  atteint  l'âge  de  quatorze  ans  Se  au-dessus, 
de  promettre  par  un  nouveau  serment  d'observer  la  paix. 

■  Guillaume  de  Puylaurens,    c.    42.   —  Voyez  '  Catcl,  Histoire  des  comtes  Je  Tolose,  p.  .'>^8  & 

terne  VU,  Note  XXVIII,  pp.  8p,  90.  suiv.  —  Concilia,  t.  2,  c.  .friG  &  seq. 


~       : —   684  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XX  .'• 

ir.  —  Troubles  arrivés  à  'Narhonne.  —  Les  hah'itans  de  la  cité  £•  ceux 
du  bourg  se  jont  la  guerre. 

Pierre',  archevêque  de  Narbonnc,  ordonna  en  conséquence,  du  conseil  & 
du  consentement  de  l'archevêque  de  Vienne,  légat  du  Saint-Siège,  &  des  évo- 
ques de  Nimes,  fjéziers,  Toulouse  &  Elne,  aux  habitans  de  la  cité  Se  du  bourg 
de  Narbonne,  âgés  de  quatorze  ans  &  au-dessus,  de  prêter  ce  serment.  Il  leur 
enjoignit  de  jurer  de  garder  la  foi  catholique,  de  poursuivre  les  hérétiques, 
de  favoriser  l'Inquisition,  de  rompre  la  trêve  qu'ils  avoient  faite  avec  Olivier 
de  Termes  8c  ses  alliés,  de  renoncer  à  toutes  les  associations  &  ligues  formées 
entre  eux,  Sic.  Les  consuls  de  Narbonne  prêtèrent  ce  serment,  le  i"  d'octobre 
de  l'an  1234;  mais  ils  firent  difficulté  de  jurer  l'observation  de  quelques 
articles  que  l'archevêque  leur  avoit  prescrits.  Se  par  lesquels  ce  prélat  parois- 
soit  vouloir  exiger  quils  lui  fissent  serment  de  fidélité,  comme  à  leur  seigneur 
temporel,  au  préjudice  des  droits  du  roi  8c  de  leur  vicomte  Aymeri.  Pour 
entendre  ce  qui  engagea  l'archevêque  de  Narbonne  à  exiger  le  serment  sur 
ces  articles,  il  faut  reprendre  les  choses  de  plus  haut. 

Il  se  forma  à  Narbonne^,  entre  les  habitans  du  bourg,  au  mois  d'octobre 
de  l'an  1219,  une  confédération  par  laquelle  ils  se  promirent  un  secours 
mutuel  pour  la  conservation  de  leurs  droits;  sauf  ceux  de  l'Eglise,  du  cardinal 
légat  8c  des  seigneurs  de  la  cité  Se  du  bourg,  qui  étoient  l'archevêque,  le 
vicomte  Aymeri  8c  l'abbé  de  Saint-Paul;  se  réservant  de  juger  eux-mêmes 
tous  les  dittérends  qui  s'élèveroient  entre  eux.  Cette  confrérie,  qu'on  nomma 
de  l'Amistance  ou  de  l'amitié,  tut  composée  de  tous  les  artisans  du  bourg. 
Elle  subsistoit  depuis  plusieurs  années,  lorsque  le  P.  François  Ferrier,  Catalan 
de  naissance,  prieur  des  frères  prêcheurs  de  Narlx)nne,  ayant  découvert,  au 
mois  de  mars  de  l'an  1234^,  un  hérétique  qui  divulguoit  ses  erreurs  dans  le 
bourg,  le  déféra  à  la  justice  de  l'archevêque  8c  du  vicomte.  Ce  religieux, 
emporté  par  l'excès  d'un  zèle  qui  ne  connoît  point  de  bornes,  alla  ensuite  à 
la  tête  d'une  troupe  de  sergens  chez  un  des  habitans  du  bourg,  nommé  Rai- 
mond  d'Argens,  qu'il  prétendit  être  suspect  d'hérésie  8c  qu'il  conduisit  en 
prison.  Cette  action  excita  une  grande  rumeur  parmi  les  confédérés  qui, 
s'étant  attroupés,  enlevèrent  le  prisonnier  8c  le  ramenèrent  chez  lui.  Le  len- 
demain, le  vicomte  Aymeri  ayant  assemblé  les  chanoines  des  chapitres  de 
Saint-Just  8c  de  Saint-Paul,  avec  les  frères  prêcheurs  Se  les  frères  mineurs, 
délibéroit  avec  eux  sur  cette  affaire,  lorsque  le  P.  Ferrier  s'étant  levé,  excom- 
munia tous  les  fauteurs  des  hérétiques,  nommément  Raimond  d'Argens,  avec 
ceux  qui  l'avoient  retiré  de  sa  prison.  L'archevêque  étant  survenu,  convint 
avec  le  vicomte  d'arrêter  prisonnier  de  nouveau  ce  même  bourgeois  8c  de 
mettre  garnison  chez  lui.  Les  confédérés  s'étant  rassemblés  de  leur  côté  devant 

'  Tome  VIII,  Chartes,  n.  CCXV,  c.  98  i   &  siiiv,  ^  Peicin,  Monumenta  convcntus  Tolosani,  p.  52. 

'  Catel,   Mémoires    de  l'histoire    du    Languedoc , 
p.  6o3  &  suiv. 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV,  XXV.  685  -" : — 

An  12J4 

la  maison  de  leur  confrère,  et  voyant  venir  l'archevêque  8t  le  vicomte  pour 
l'enlever,  jettent  leurs  capes,  crient  de  toutes  leurs  forces,  Tue,  tue,  donne 
sur  eux,  &  les  obligent  à  s'enfuir,  eux  &  le  prieur  des  frères  prêcheurs  qui 
les  accompagnoit,  après  les  avoir  fort  maltraités.  L'archevêque  tenta  inutile- 
ment d'apaiser  la  sédition,  il  ne  put  rien  gagner;  ainsi  il  se  crut  obligé  de 
jeter  l'interdit  sur  le  bourg  de  Narbonne  &  d'excommunier  tous  les  confé- 
dérés par  une  sentence  du  24  de  mars  de  l'an  1234.  Il  aggrava  cette  peine, 
au  mois  de  mai  suivant,  8c  excommunia  tous  ceux  qui  auroient  quelque 
commerce  avec  les  confédérés,  lesquels,  pour  se  venger,  se  saisirent  de  ses 
domaines  &  de  ceux  de  l'abbé  de  Saint-Paul,  causèrent  de  grands  désordres 
dans  Narbonne  8c  chassèrent  l'archevêque  de  la  ville'.  Ce  prélat,  étant  revenu 
au  mois  de  juillet,  essuya  plusieurs  insultes  de  la  part  des  habitansdu  bourg, 
qui  se  soumirent  cependant,  vers  la  fin  de  septembre,  8c  lui  prêtèrent,  au 
commencement  d'octobre,  le  serment  dont  on  a  déjà  parlé. 

Cette  soumission  ne  rendit  pas  cependant  le  calme  à  la  ville  de  Narbonne. 
Le  prieur  des  dominicains  ayant  reçu  un  ordre  de  son  provincial  de  faire  une 
nouvelle  recherche  des  hérétiques  dans  le  diocèse,  l'archevêque  lui  donna 
pour  adjoints  l'archidiacre  de  Razès  8c  son  officiai,  avec  permission  d'informer 
contre  ceux  du  bourg,  mais  non  contre  ceux  de  la  cité.  Le  prieur  monta  alors 
en  chaire  8c  déclara  publiquement  que  tous  ceux  qui  viendroient,  dans  l'es-  i!\ii°p^ll's. 
pace  de  quinze  jours,  faire  leur  confession  ne  recevroient  aucune  punition, 
excepté  ceux  qui  étoient  déjà  diffamés  pour  fait  d'hérésie;  mais  que,  passé  ce 
temps-là,  on  ne  feroit  aucune  grâce,  soit  à  ceux  qui  n'auroient  pas  dit  la 
vérité,  soit  à  ceux  qui  ne  se  seroient  point  présentés.  Les  habilans  du  bourg, 
pour  traverser  les  procédures  de  l'inquisiteur,  en  appelèrent  au  pape,  au  roi 

■  Ce  fut  sans  cloute  peu  après  l'expulsion  de  Ne  tenant  aucun  compte  des  canons  du  concile 
l'archevêque  que  les  consuls  du  bourg  de  Narbonne  de  Toulouse,  ils  agissent  suivant  leur  bon  plaisir 
écrivirent  à  ceux  de  Nimes  une  lettre  justificative  &  sans  règle.  Dans  un  sermon  public,  frère  Fer- 
que  Ménard  a  publiée  (Histoire  Je  Nimes,  t.  I,  rier  a  calomnié  le  bourg  &  ses  habitants;  alors 
pr.  73-75).  Dans  cette  lettre,  ils  se  plaignent  de  quelques  imprudents,  à  l'insu  &  sans  l'aveu  de» 
l'arcbevéque  &  des  inquisiteurs  qui,  malgré  leur  consuls  &  autres  prud'hommes,  ont  attaqué  In 
offre  d'ester  à  droit,  les  ont  excommuniés,  en  dé-  maison  des  frères  prêcheurs  &  y  ont  fait  du  dé- 
fendant de  payer  les  collectes  que  la  communauté  gât. 'Intervention  des  consuls  qui  châtient  les 
pourrait  réclamer;  aux  notaires  publics  de  rédi-  émeutiers.  L'archevêque  excommunie  le  bourg;  il 
ger  des  actes  privés  pour  les  habitants  du  bourg;  aurait  retiré  sa  sentence  pour  une  certaine 
aux  médecins  de  les  soigner,  aux  prêtres  de  leur  somme  d'argent;  les  consuls,  confiants  dans  leur 
administrer  les  sacrements  ou  de  recevoir  leurs  innocence,  ont  refusé  de  payer  leur  absolution, 
confessions,  sauf  z  l'article  de  la  mort  &  sous  Us  terminent  leur  lettre  en  se  plaignant  de  l'ar- 
bonne  caution.  —  Ils  se  plaignent  ensuite  de  la  chevêque,  qui  a  oublié  tous  les  services  rendus  par 
rigueur  apportée  par  frère  Ferrier  &  ses  collègues  ei,x  à  la  foi,  du  temps  du  comte  de  Montfort,  & 
dans  l'exercice  de  l'inquisition;  ils  n'observent  les  éloges  dont  à  cette  époque  les  légats  &  lui- 
pas   les   règles   canoniques,   confisquent    les   biens  même  les  ont  honorés. 

des   innocents,  mettent  à   mort  secrètement  dans  Comme  nous  analysons  plus  bas  la  défense  des 

l'intérieur  des  prisons,  adressent  aux  accusés,  siin-  consuls   de   la  ciié  &  de  l'archevêque,   nous  avons 

pies   gens  sans   instruction  (simplices  &  illiterati),  jugé    utile    de   donner    ici    celle    des    consuls    du 

des  questions  captieuses  sur  des  points  obscurs  &  bourg,  dont   les   termes  sont    beaucoup  plus  mo- 

controversés  de   philosophie    &  de    théologie,  par  dérés    &    dont    le    dire    paraît    mériter   au  moins 

exemple  la    nature   de   l'âme  &  le   moment   de   sa  autant  de  confiance  que  celui   de  leurs  adversai- 

naissance,  &  les  condamnent  s'ils  se  contredisent.  res.    [A.  M.] 


Au   I  2J4 


686  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXV. 

&  au  légat;  &  cet  appel  lui  lia  les  mains.  Ils  allèrent  néanmoins  iiouver 
l'archevêque  au  nombre  de  plus  de  cinq  cens,  le  i'^''  de  décembre  de  cette 
année,  lui  demandèrent  pardon  du  passé  &  le  prièrent  de  leur  rendre  leo 
prisonniers,  avec  offre  de  lui  taire  toutes  les  satisfactions  convenables.  Ce 
prélat  leur  refusa  leur  demande,  sous  prétexte  qu'ayant  porté  par  leur  appel 
cette  affaire  devant  le  légat,  ce  dernier,  assisté  des  évêques  du  pays,  avoit 
confirmé  sa  procédure  &  sa  sentence.  Les  troubles  continuèrent  donc  dans 
Narbonne,  &  les  habitans  de  la  cité  a}ant  embrassé  le  parti  de  l'archevêque, 
firent  une  guerre  ouverte  à  ceux  du  bourg,  qui  composoient  la  moitié  de  la 
ville'.  Us  s'assiégèrent  les  uns  les  autres  &c  se  battirent  en  plusieurs  ren- 
contres; de  sorte  qu'il  y  eut  beaucoup  de  sang  répandu.  Enfin  ces  peuples 
convinrent,  le  4  d'avril  de  l'an  1286  de  la  Nativité,  par  l'entremise  de  l'abbé 
de  Fontfroide  &  de  Bérenger  de  Boutenac,  viguier  du  vicomte,  d'une  trêve 
que  deux  cens  des  principaux  habitans  du  bourg  &  autant  de  la  cité  jurèrent 
d'observer.  Cependant  Jean  de  Fricamps,  sénéchal  dans  le  pays  d' Albigeois 
(ou  de  Carcassonne),  négocia  la  paix.  Ceux  du  bourg,  qui  l'avoient  pris  pour 
arbitre,  prièrent  Raimond,  comte  de  Toulouse,  de  cautionner  pour  eux;  ce 
que  ce  prince  leur  accorda  par  le  ministère  de  Pons  de  Villeneuve,  son  séné- 
chal de  Toulouse,  8c  de  plusieurs  autres  de  ses  chevaliers^.  Jean  de  Fricamps, 
s'étant  fait  autoriser  d'un  autre  côté  par  le  vicomte  de  Narbonne,  rendit  une 

'  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  CCXXI,  c.  looo  des  Lecoq,   &  par  les  consuls  du   bourg,   touchant 

&  suiv.  —  Catel,  Mémoires   de   l'histoire   Au    Lan-  certains   articles    imposés    à  ceux-ci   par  le  prélat 

gueJoc,   p.    147;    Histoire    des    comtes    Je    Tolosc,  (voir  tome  VIII,    ut   supra).   Elle   ne  parle  que  de 

Chronique,  p.   172.   [Chronique  de  Saint-Paul  de  la   lutte   à  main    armée   qui   recommença  presque 

Narbonne j  cf.  tome  V,c.  40].  immédiatement,    &    raconte    aussitôt    l'expulsion 

^  Après  ce  compromis,  les    consuls   de   la    cité,  des  frères  prêcheurs  Se  le  pilhige  de  leur  couvent, 

l'archevêque,  le  vicomte  de  Narbonne  &  l'abbé  de  C'est    alors    qu'intervient    le    comte    de  Toulouse; 

Saint-Paul  écrivirent   une   longue  lettre  au   roi;  les  consuls   de   la   cité,  qui,  ici,  semblent  altérer 

lettre  datée    da    3i    juillet    (i236)    (Teulet,    t.    2,  quelque   peu    la  vérité,  le   représentent  comme   un" 

pp.  321  à  323),  &  qui    présente   les   faits  sous  un  auxiliaire  dévoué  des  habitants  du  bourg,  entrant 

tout  autre  aspect.  Tout  en  tenant  compte  de  l'ani-  dans  le  bourg,  y   amenant  les  chevaliers  faidits, 

mosité  qui   divisait   les  deux   partis,  il  faut   bien  qui    occupaient   encore   la    campagne,   Olivier  de 

reconnaître  que  la  version  que  nous  allons  ana-  Termes,  Géraud  de   Niort  &  leurs  alliés,  &  souie- 

lyser   n'est   pas    entièrement   invraisemblable.   —  nant  les  liabitants  à  main  armée.  C'est  alors  que 

Les   plaignants  commencent   par   rappeler  que  le  les  consuls  de  la  cité  &  leurs  alliés  se  décident  à 

bouig  de  Narbonne  servit   toujours   de  lieu  de  re-  recourir    à   la    protection   du  roi  &   à  lui    envoyer 

fiige  aux  hérétiques.  Frère  Ferrier  ayant  ordonné  leurs  plaintes  par  écrit. 

des  enquêtes  &  des  arrestations,  les  habitants  se  Sans  accorder  à  cette  lettre  une  confiance  abjO- 
soulevèrent  &  se  portèrent  à  des  voies  de  fait  sur  lue,  on  peut  remarquer  qu'elle  complète  heureuse- 
la  personne  des  consuls  de  la  cité,  de  l'archevêque  ment  les  indications  fournies  par  les  autres  actes; 
S<  de  l'inquisiteur.  Excommuniés  pour  ce  fait,  ils  tous  les  détails  ne  sont  peut-être  pas  exacts,  mais 
ne  tinrent  longtemps  aucun  compte  de  l'excom-  la  suite  des  événements  y  est  assez  bien  observée, 
municaticn,  retenant  les  biens  de  l'archevêque  &  8c  on  a  là  un  curieux  exemple  des  luttes  civiles 
refusant  de  lui  payer  ses  droits.  Enfin  ils  com-  qui  ensanglantaient  parfois  les  villes  du  Midi.  Il 
promirent  entre  les  mains  de  Jean,  archevêque  de  semble  que  Pcrcin  ait  puisé  les  détails  que  dora 
Vienne,  légat  du  pape,  &  se  soumirent  auxvolon-  Vaissete  lui  a  empruntés  plus  haut  dans  la  lettre 
tes  de  l'archevêque.  C'est  alors  sans  doute  que  ce-  que  nous  venons  d'analyser,  en  y  ajoutant,  bien 
lui-ci  rendit  sa  sentence  d'octobre  1234  (tome  VIII,  entendu,  tous  ceux  que  sa  trop  ficondc  imagma- 
cc.  981  à  983).  La  lettre  passe  ici  sous  silence  les  tion  pouvait  lui  suggérer.  Peut-être  aussi  a-t-il 
ijclamations   présentées  au  sénéchal  du   roi.  Eu-  employé  ici  le  récit  de  CiiiUem  Pelhis'.e.    [A.  M.] 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.   LIV.  XXV.  687 

sentence,  au  mois  de  mars  de  l'année  suivante,  condamna  les  habitans  de  la 
cité  de  Narbonne  à  réparer  les  dommages  qu'ils  avoient  causés  à  ceux  du 
bourg,  ordonna  à  ceux  de  ces  derniers  qui  avoient  pris  part  au  meurtre  de 
quelques-uns  des  autres,  d'aller  servir  pendant  un  certain  temps  contre  les 
infidèles,  soit  en  Espagne,  soit  outre-mer,  81  défendit  aux  uns  &  aux  autres 
de  se  liguer  à  l'avenir  par  aucune  sorte  de  confédération.  Le  vicomte  Aymeri 
pardonna  ensuite  à  ceux  du  bourg  Se  leur  rendit  son  amitié. 

III.  —  Les  hérétiques  chassés  de  la  Province  passent  en  Espagne 

6-  y  sont  défaits. 

Les  frères  prêcheurs,  à  qui  le  soin  de  l'inquisition  contre  les  hérétiques 
étoit  nouvellement  confié,  agirent  partout  ailleurs  avec  une  égale  vigueurj 
8<.  nous  apprenons  d'un  historien  du  temps'  que  plusieurs  sectaires  de  la 
Province,  ne  pouvant  se  dérober  à  leurs  poursuites,  se  réfugièrent  au  delà 
des  Pyrénées,  où  ils  s'emparèrent  à  main  armée  de  diverses  villes,  ordon- 
nèrent des  évêques  de  leur  secte,  &c  commirent  de  grands  désordres;  que  les 
peuples  du  pays  s'étant  croisés  les  défirent  dans  une  bataille  rangée,  au  prin- 
temps de  l'an  1234,  leur  enlevèrent  leurs  places  &  les  exterminèrent  entiè- 
rement. 

IV.  —  Soulèvement  en  Albigeois  contre  les  inquisiteurs  de  la  foi. 

La  sévérité  extrême  dont  usèrent  d'abord  les  nouveaux  inquisiteurs  envers 
ceux  qui  étoient  accusés  ou  soupçonnés  d'hérésie,  aigrit  extrêmement  les 
esprits  des  peuples,  qui  les  maltraitèrent  en  divers  endroits.  En  Albigeois, 
trois  frères  prêcheurs*,  qui  avoient  été  envoyés  à  Cordes  pour  y  chercher  les 
hérétiques,  y  furent,  à  ce  qu'on  assure,  massacrés  par  les  habitans  en  i233, 
Deux  autres  religieux  du  même  ordre,  nommés  Arnaud  Catalan  &  Guillaume 
Pelisse,  qui  exerçoient  l'inquisition  à  Albi,  par  ordre  de  leur  provincial,  y 
firent  d'abord  brûler  vifs  deux  hérétiques,  Se  imposèrent  pour  pénitence,  à 
douze  autres  citoyens  de  cette  ville,  d'aller  servir  outre-mer  pendant  un  cer- 
tain temps.  Frère  Arnaud  Catalan  rendit  ensuite  une  sentence'*  pour  faire 
exhumer  les  corps  de  quelques  personnes  qui  étoient  mortes  dans  des  senti- 
mens  erronés.  Il  choisit  le  jeudi  d'après  la  Pentecôte  de  l'an  1234,  jour  auquel 
l'évêque  d'Albi  tenoit  le  svnode  dans  la  cathédrale  de  Sainte-Cécile,  pour  faire 
exécuter  son  jugement;  8<.  il  ordonna  au  bailli  Se  aux  officiers  de  ce  prélat 
de  faire  déterrer,  entre  autres,  une  femme  qui  étoit  inhumée  dans  le  cime- 

■  Matlhitu  Paris,  année  1234. — Seul  Matthieu  '  Percln,  Monumenta  conventus  Tolosani,  p.  48, 

Piru  mentionne  ce  fait,  du   moins  à  notre  con-  n"'  11   &  \J;  —  Martj/rei  Avinioneti,  c.  2  &  seq. 

naissance,  &  cet  auteur  est  tellement  sujet  à  eau-  '  Martène,  Tkesaurui  novus  anecdotorum,  t.   r, 

tion  <|u'il  est  difficile  de  supposer  qu'il  ait  seul  c.  985  81  seq. 
connu    un    fait  aussi    important,  qu'il   était  fort 
capable  d'inventer.  [A.  M.] 


An  12^4 


An  123^ 


688  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXV. 


tière  de  l'église  de  Saint-Etienne,  Ces  officiers,  craignant  d'exciter  une  émo- 
tion populaire,  refusèrent  d'obéir.  L'inquisiteur  se  rendit  alors  lui-même  sur 
les  lieux,  suivi  de  quelques  ecclésiastiques,  6c  là,  ayant  pris  un  hoyau,  il 
i.Vii,°p'.^404.  donna  les  premiers  coups  pour  déterrer  le  corps,  laissa  le  reste  à  faire  aux 
gens  de  l'évêque,  8c.  se  rendit  au  synode.  11  n'est  pas  plutôt  entré  dans  l'église 
cathédrale  que  les  gens  de  l'évêque  viennent  l'avertir  qu'ils  avoient  été  chassés 
du  cimetière  par  le  peuple  attroupé.  Cette  opposition  n'ayant  fait  qu'irriter 
son  zèle,  il  retourne  sur  les  lieux  pour  se  faire  obéir.  Il  se  voit  bientôt  envi- 
ronné de  deux  ou  trois  cens  personnes  qui,  s'étant  jetées  sur  lui,  le  maltrai- 
tent &  crient  :  Que  ce  traître  sorte  de  la  ville,  qu'il  meure ^  il  n'est  pas  permis 
de  le  laisser  vivre?  On  l'entraîne  ainsi  dans  une  rue  voisine;  mais  il  s'échappe 
heureusement,  retourne  dans  le  cimetière  &  ensuite  dans  la  cathédrale,  &.  là 
il  excommunie  toute  la  ville  en  présence  de  l'évêque,  du  clergé  Si  du  peuple. 
Quelques-uns  des  séditieux,  touchés  de  repentir,  promirent  alors  par  serment, 
à  l'évêque,  de  donner  satisfaction,  8t  prièrent  l'inquisiteur  de  leur  pardonner. 
Celui-ci  répondit  qu'il  oublioit  volontiers  tout  ce  qui  regardoit  sa  personne; 
mais  que  pour  l'injure  faite  à  l'Église  St  au  pape,  il  ne  pouvoit  ni  ne  devoit 
la  pardonner  :  il  se  relâcha  toutefois  de  sa  sentence,  à  la  prière  de  l'évêque 
6t.  de  toute  l'assemblée  '. 

V.  —  Les  inquisiteurs  sont  chassés  de  Toulouse  avec  l'évêque  de  cette  ville 

6"   les  frères  prêcheurs. 

Le  tumulte  fut  encore  plus  grand  à  Toulouse  :  les  deux  inquisiteurs,  frère 
Pierre  Cellani  8c  frère  Guillaume  Arnaud,  firent  citer  à  leur  tribunal*  tous 
ceux  qu'ils  crurent  pouvoir  aisément  convaincre  d'hérésie,  8c  les  condam- 
nèrent. Durand  de  Saint-Bars,  viguierdu  comte,  voulut  ensuite  exécuter  leur 
jugement  8i  faire  brûler  vif  un  de  ceux  qui  avoient  été  condamnés;  mais  cet 
homme  se  disant  chrétien  Se  bon  catholique,  la  populace  s'attroupa  8c  empê- 
cha l'exécution,  en  murmurant  hautement  tant  contre  les  inquisiteurs  que 
contre  le  viguier.  Cependant  le  criminel  ayant  été  reconduit  en  prison  6c 
ayant  refusé  de  se  convertir,  ceux  qui  l'avoient  défendu  jusqu'alors  l'aban- 
donnèrent. Se  le  viguier  le  fit  brûler  vif  avec  plusieurs  autres  que  le  bailli 
du  comte  avoit  amenés  de  Lavaur  8c  qui  avoient  été  remis  à  l'évêque  de  Tou- 
louse. Les  deux  inquisiteurs  allèrent  ensuite  faire  la  recherche  des  hérétiques 
clans  le  Querci,  8c  firent  exhumer  à  Cahors  plusieurs  corps  qu'on  brûla  après 
les  avoir  traînés  dans  les  rues.  Ils  se  rendirent  de  là  à  Moissac,  oii  ils  firent 
brûler  plus  de  deux  cens  hérétiques.  L'un  des  accusés,  ayant  trouvé  moyen 
de  s'échapper,  se  réfugia  dans  l'abbaye  de  Belleperche,  où  il  prit  l'habit  reli- 

'  Percin,   auquel  dom  Vaissete  a    emprunté  le  rédigé  par  un  témoin   oculaire,  &  qui  paraît  ab- 

récit  de  cette  émeute  d'Albi,  n'avait  fait  que  tra-  soluraent  sincère  &  tout  à  fait  exact,  (Voir  plus 

duire  un  fragment  ajouté  à  la  fin  de  la  chronique  bas.)    [A.  M.] 

de   Guillem   Pelhisse,   &  qui   est  peut-être  de  cet  '  Guillaume  de  Puyiaurens,  c.  43.  —  Percin, 

auteur.  C'est  une  espèce  de  procès-verbal  des  faits  ut  supra. 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.   LIV.  XXV.  68n  ~~ T" 

J        t.n  1234 

gieux;  mais  on  continua  les  procédures,  Se,  comme  il  s'enfuit  en  Lombardie, 
il  fut  condamné  par  contumace.  Ces  exécutions  jetèrent  une  grande  terreur 
parmi  le  peuple. 

L'abbé  de  Saint-Sernin  de  Toulouse  se  chargea  de  la  recherche  des  héréti- 


ques dans  cette  ville,  durant  l'absence  des  inquisiteurs,  Se  fit  prendre,  en  i235,  An  1235 
de  concert  avec  le  viguier  du  comte,  un  habitant  du  bourg  de  Saint-Sernin, 
ou  du  faubourg  de  Toulouse,  qu'on  prétendoit  être  leur  fauteur.  Quelques- 
uns  de  ses  compatriotes  l'enlevèrent  aussitôt  de  prison  Se  le  firent  évader.  Les 
inquisiteurs,  informés  de  cet  enlèvement,  retournèrent  à  Toulouse  Se  firent 
citer  plusieurs  personnes  à  leur  tribunal,  avec  promesse  de  ne  condamnera 
la  prison,  à  l'exil  ou  à  la  confiscation  des  biens  aucun  de  ceux  qui,  dans  un 
certain  temps,  viendroient  faire  devant  eux  une  confession  sincère;  car, 
ajoute  l'ancien  auteur  de  qui  nous  tenons  ce  récit,  «  le  comte  Raimond  avoit 
«  accordé  aux  frères  inquisiteurs  que  tous  ceux  qui  diroient  la  vérité  ne  per- 
«  droient  rien  de  leurs  biens,  Se  plusieurs  de  ceux  qui  avouèrent  leurs  fautes 
«i  de  bonne  foi  éprouvèrent  cette  grâce.  » 

Cependant  les  inquisiteurs  ordonnèrent  d'exhumer,  dans  divers  cimetières, 
ceux  qu'ils  assuroient  être  morts  dans  l'hérésie.  Se,  après  avoir  fait  traîner 
leurs  cadavres  à  demi  pourris  ou  leurs  ossemens  dans  toutes  les  rues  de  Tou- 
louse, ils  les  firent  brûler.  Cette  conduite  excita  une  nouvelle  rumeur  dans 
la  ville,  dont  les  consuls  députèrent  au  comte,  pour  le  prier  de  venir  mettre 
quelques  bornes  au  zèle  excessif  de  ces  religieux.  Ce  prince,  étant  arrivé, 
pria  les  inquisiteurs  de  suspendre  pour  un  temps  leurs  poursuites,  à  cause 
des  inconvéniens  qui  pourroient  en  arriver;  mais  ils  refusèrent  dé  l'écouter. 
Raimond  s'adressa  alors  à  l'archevêque  de  Vienne,  légat  du  Saint-Siège, 
auquel  il  se  plaignit  surtout  de  frère  Pierre  Cellani,  qui  devoit  lui  être  plus 
attaché  que  tout  autre,  à  cause  qu'il  avoit  été  domestique  du  feu  comte,  son 
père,  Se  qui  étoit  devenu  son  ennemi  capital'.  Il  pria  le  légat  d'empêcher  que 
cet  inquisiteur  exerçât  plus  longtemps  ses  fonctions  dans  le  Toulousain,  Se  il  ,'^|'îj°'^'^''';5 
obtint  sa  demande.  L'archevêque  de  Vienne  l'envoya  dans  le  Querci,  où, 
s'étant  associé  avec  deux  autres  religieux  de  son  ordre,  il  parcourut  tout  le 
pays,  Se  y  fit  le  procès  à  divers  hérétiques.  Le  départ  de  Pierre  Cellani  ne 
ralentit  pas  le  zèle  de  Guillaume-Arnaud,  son  collègue,  Se  des  autres  frères 
prêcheurs  de  Toulouse,  ses  confrères.  Frère  Guillaume  fit  exhumer  de  nou- 
veau les  corps  de  plus  de  vingt  personnes  du  faubourg  Se  de  la  ville  de  Tou- 
louse, qu'il  fit  brûler  publiquement,  après  les  avoir  fait  traîner  par  les  rues. 
Il  condamna  en  même  temps  comme  hérétiques  plusieurs  personnes  vivantes, 
entre  autres  Arnaud-Roger,  qui  fut  ensuite  évêque  parmi  les  sectaires.  Quel- 
ques-uns de  ceux  qui  furent  condamnés,  entre  lesquels  étoient  plusieurs  per- 
sonnes de  condition,  prirent  la  fuite  S<  se  réfugièrent  à  Montségur,  où  ils 
furent  pris  dans  la  suite  Se  brûlés  vifs. 

■  Le  I  5  mai  i  23 'i,  Grégoire  IX  exhorta  le  comte  thast,  n.  9904).  On  voit  quelles  étaient  les  dispo- 
se les  capitouls  à  favoriser  de  tout  leur  pouvoir  siiions  des  deux  parties;  aucune  ne  voulait  rien 
les  frères  prêcheurs  &  les  autres  inquisiteurs  (Pot-       céder.   [A.  M.] 

VI.  ^4 


77i735~  "^9°  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXV. 

Frère  Guillaume-Arnaud  alla  ensuite  à  Carcassonne ',  où  il  interrogea  Ber- 
nard Oton  de  Niort,  son  frère,  seigneur  de  Laurac,  Si  leur  mère,  qui  ne  vou- 
lurent rien  avouer.  A  son  retour  à  Toulouse,  il  fit  citer  par  divers  ecclésias- 
tiques plusieurs  des  principaux  habitans,  qu'il  accusa  d'être  fauteurs  des 
hérétiques.  Ces  bourgeois  refusèrent  non-seulement  de  comparoître,  mais  ils 
menacèrent  l'inquisiteur,  s'il  ne  discontinuoit  ses  poursuites.  Les  consuls  de 
Toulouse  prirent  la  défense  de  leurs  concitoyens.  Se  ordonnèrent  à  l'inquisi- 
teur, de  concert  avec  Pierre  de  Toulouse,  viguier  du  comte,  ou  de  disconti- 
nuer ses  poursuites  ou  de  sortir  de  la  ville.  Cet  ordre  ne  put  ébranler  l'intré- 
pidité de  ce  religieux,  qui  fit  citer  de  nouveau  à  son  tribunal  tous  ceux  qu'il 
croyoit  suspects  d'hérésie  pour  répondre  sur  leur  foi.  Les  consuls  chassèrent 
alors  les  ecclésiastiques  dont  l'inquisiteur  s'étoit  servi  pour  faire  cette  nouvelle 
citation,  avec  menace,  à  quiconque  se  chargeroit  à  l'avenir  d'une  pareille 
commission,  de  le  faire  mourir.  Ils  firent  publier  à  son  de  trompe  dans  toute 
la  ville,  conjointement  avec  le  viguier,  des  défenses  à  tous  les  habitans,  sous 
de  grièves  peines,  d'avoir  aucun  commerce  avec  les  frères  prêcheurs,  &  de 
leur  vendre  ou  donner  aucune  chose  :  ils  mirent  des  gardes  à  la  porte  de  leur 
couvent  pour  empêcher  qu'on  ne  leur  portât  de  quoi  vivre;  mais,  pendant 
trois  semaines  que  dura  la  défense,  plusieurs  personnes  charitables  eurent 
soin  de  pourvoir  secrètement  à  leur  subsistance,  &  ils  ne  manquèrent  de  rien. 
Cependant,  comme  trère  Guillaume-Arnaud  continuoit  ses  procédures,  du 
conseil  de  ses  confrères,  le  viguier  &  les  consuls,  persuadés  que  rien  n'étoit 
capable  de  l'arrêter,  l'obligèrent  de  sortir  de  la  ville.  11  partit^,  le  5  de 
novembre  de  l'an  i235,  8<.  ses  confrères  l'accompagnèrent  en  procession  jus- 
qu'au bout  du  pont  de  la  Daurade  au  delà  de  la  Garonne.  Les  consuls,  qui 
se  trouvèrent  en  cet  endroit,  protestèrent  publiquement  que  s'il  vouloit  dis- 
continuer ses  poursuites,  il  pouvoit  demeurer  paisible  dans  son  couvent; 
sinon  ils  lui  signifièrent,  de  la  part  du  comte  Raimond,  qu'il  eût  à  se  retirer" 
hors  des  terres  de  son  obéissance.  Frère  Guillaume  prit  le  chemin  de  Car- 
cassonne avec  un  compagnon  &  il  ne  fut  pas  plutôt  parti  qu'il  fit  citer  de 
nouveau  plusieurs  habitans  de  Toulouse  par  le  prévôt  de  la  cathédrale  de 
Saint-Etienne,  &  par  quelques  ecclésiastiques  des  paroisses  de  la  ville,  à  qui 
il  en  avoir  laissé  l'ordre.  Les  consuls,  irrités,  firent  arrêter  pendant  la  nuit 
ces  ecclésiastiques,  &,  les  ayant  fait  conduire  à  l'hôtel  de  ville,  ils  les  chas- 
sèrent le  lendemain,  avec  défense  à  tous  les  autres,  sous  peine  de  mort,  de 
faire  de  nouvelles  citations.  Quatre  frères  prêcheurs  citèrent  néanmoins  les 
consuls  de  Toulouse  pour  comparoître  à  Carcassonne  devant  l'inquisiteur. 
Ces  magistrats  ne  gardèrent  plus  alors  de  mesures  &  prirent  le  parti  extrême 
de  chasser  tous  ces  religieux  de  leur  ville,  avec  l'évêque  Raimond,  qui  étoit 
de  leur  ordre,  8c  défendirent  de  nouveau  à  toute  sorte  de  personnes  de  com- 
paroître au  tribunal  de  l'inquisiteur.  Les  frères  prêcheurs,  au  nombre  d'en- 

'  Guillaume  de  Puylaureiis  &  Percin,  ut  supra,  '  Voyez  tome  VII,  Note  XXXI,  p.  pi). 

—  Martène,  Thésaurus   novus   anecdotorum,   t.    i, 
c.  992;   Collectio  amplissima,  t.  6,  c.  460  &  seq. 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.   LIV.   XXV.  691 

viron  quarante,  sortirent  donc  de  Toulouse,  le  6  de  novembre",  deux  à  deux, 
en  procession,  en  récitant  des  prières;  ils  se  retirèrent  à  Braqueville,  maison 
de  campagne  des  chanoines  réguliers  de  la  cathédrale.  Quanta  l'évêque  Rai- 
mond,  il  alla  à  Carcassonne  joindre  l'inquisiteur,  qui  rendit  quelques  jours 
après  une  sentence^,  datée  du  10  de  novembre  de  l'an  iiSo,  après  en  avoir 
conféré,  dit-il,  avec  les  évêques  de  Toulouse  8c  de  Carcassonne,  le  provincial 
de  son  ordre  81  l'archidiacre  de  Lézat,  qui  lui  servoient  d'assesseurs.  Par  cette 
sentence,  il  excommunia  nommément  onze  capituLaires  (ou  capitouls)  de 
Toulouse,  comme  jauteurs  des  hérétiques,  8c  il  la  fit  publier  dans  les  églises 
de  Carcassonne  8c  des  environs.  Il  n'est  rien  dit  du  comte  Raimond  dans 
cette  sentence;  cependant  on  assure^  que  ce  prince  avoit  donné  ordre  de 
chasser  l'inquisiteur  8c  les  trères  prêcheurs  de  Toulouse.  Un  historien"*  con- 
temporain témoigne  de  plus  que  les  chanoines  de  la  cathédrale  de  Toulouse 
8c  leurs  domestiques  turent  maltraités  en  cette  occasion;  «  mais,  ajoute- t-il, 
(i  je  juge  à  propos  de  passer  cela  sous  silence,  à  cause  du  respect  que  j'ai  pour 
«  cette  ville,  dont  la  totalité,  quoique  bonne  en  soi,  étoit  gâtée  par  un  peu 
«  de  ferment^.  » 


Au  I  î3j 


Kd.oiigin. 
.  Ul,  p.  406. 


'  Voyez  tome  VII,  ut  supra. 

'  Mariène,  Thésaurus  novus  anecdotorum,  t.  i, 
c.  992. 

>  Voyez  tome  VII,  Note  XXXI,  p.  95. 

*  Guillaume  de  Puylaurens,  c.  43. 

'L'ouvrage  de  Guillem  Pelhisse,  inquisiteur, 
qui  a  fourni  à  Percin  le  fond  du  récit  que  dom 
Vaissete  vient  d'analyser,  n'existe  plus  en  origi- 
nal, mais  une  copie  complète,  provenant  de  la 
bibliothèque  de  M.  de  Murât,  s'en  retrouve  à 
Carcassonne.  —  Cet  auteur,  contemporain,  té- 
moin &  acteur  dans  les  faits  qu'il  rapporte,  fait 
remonter  les  dissensions  à  Toulouse,  à  l'année 
I23i,  presque  immédiatement  après  la  paix  de 
Paris.  Maître  Rolland,  professeur  de  théologie  à 
la  nouvelle  université,  ayant  accusé,  en  plein 
sermon,  la  ville  d'être  un  nid  d'hérétiques,  fut 
réprimandé  par  les  consuls,  mais  il  ne  tint  aucun 
compte  de  l'avertissement  &  fit  continuer  les 
poursuites  contre  les  hérétiques,  dont  plusieurs 
furent  déterrés  &  traînés  sur  la  claie.  —  Un  peu 
plus  tard,  nouveau  conflit  de  juridiction  :  un 
catholique  de  la  ville  injurie  un  autre  bourgeois 
en  l'appelant  hérétique  j  il  est  condamné  par  les 
consuls  à  une  amende  pécuniaire,  à  des  excuses 
&  à  l'exil;  soutenu  par  les  frères  prêcheurs,  il 
en  appelle  à  l'évêque,  qui  lui  donne  gain  de 
cause,  &  l'insulté  doit  s'enfuir  en  Lombardie.  — 
C'est  alors  qu'a  lieu  la  condamnation  de  cet  héré- 
tique, brûlé  malgré  l'opposition  du  peuple,  par 
le  viguier  Durand  de  Saint-Bars.  —  En  iiB,"),  ne 
pouvant  plus  suffire  à  leur  tâche,  les  frères  prê- 
cheurs s'adjoignent  des  frères  mineurs  &  des  clercs 


&  chapelains  de  la  ville,  qui,  conduits  par  Arnaud 
Dominique,  vont  faire  une  descente  judiciaire 
au  château  des  Cassés,  dans  le  Lauragais.  Le  dé- 
nonciateur fut  plus  tard  tué,  une  nuit,  dans  son 
lit,  auprès  de  Lanta.  —  Revenus  à  Toulouse,  vers 
le  milieu  de  l'an  1235,  Guillem  Arnaud  &  ses 
confrères  reprennent  leurs  procédures.  Les  con- 
suls les  invitent  à  les  cesser;  ils  refusent  &  on 
finit  par  les  expulser,  probablement  vers  le  i5  ou 
16  octobre.  Le  récit  de  Percin,  que  dom  Vaissete 
a  dii  laisser  de  côté  (voyez  tome  VII,  p.  9.'i],  est 
rempli  d'invraisemblances;  mais  Bernard  Gui  s'est 
trompé  en  fixant  l'expulsion  de  l'inquisiteur  au 
j  &  celle  des  frères  au  6  novembre;  Guillem 
Pelhisse,  témoin  oculaire,  place  entre  les  deux 
actes  un  véritable  siège  de  trois  semaines  (^ue  les 
frères  prêcheurs  eurent  à  soutenir  dans  le  cou- 
vent. Ainsi  disposés,  les  faits  sont  admissibles, 
tandis  que  dans  le  récit  de  dom  Vaissete  &  de 
Bernard  Gui,  on  ne  comprend  pas  que  dans  l'es- 
pace d'une  nuit  l'inquisiteur  ait  eu  le  temps  de 
faire  ses  citations,  les  consuls  de  délibérer,  81  les 
religieux  d'exécuter  les  ordres  de  Guillem  Ar- 
n.iud.  Ajoutons  que  Guillem  Pelhisse  affirme 
que  la  nouvelle  citation  de  l'inquisiteur  fut  don- 
née à  Carcassonne,  Enfin  l'expulsion  des  reli- 
gieux, précédée  des  nouveaux  démêlés  avec  les 
consuls,  que  domVaissete  a  racontés,  eut  lieu,  dit 
notre  auteur,  le  5  novembre  1235,  mardi  après  la 
Toussaint.  —  Les  religieux  ne  restèrent  à  Braque- 
ville  qu'une  nuit;  le  lendemain,  le  prieur  les  en- 
voya dans  les  différents  couvents  de  la  Province, 
81  lui-même  se  rendit  à  Pottet.  [A.  M.] 


An  1235 


692  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXV. 


VI.  —  Raîmond,   comte  de  Toulouse,   revient  d'Italie  ;   il  va  à  la   Cour 
de  France  b  ensuite  à  celle  de  l'Empereur.  —  Èvêques  de  Viviers. 

Raimond  étoit  alors  de  retour  d'Italie  depuis  le  mois  d'octobre  '  de  l'an  1  ;34. 
Il  alla  à  la  cour  au  mois  de  mars  suivant  Si  confirma^,  à  Melun,  la  donation 
que  ses  prédécesseurs  avoient  faite  en  faveur  de  l'abbaye  d'Aurillac,  du  lieu 
de  Saint-Sulpice,  dans  le  diocèse  de  Toulouse,  que  Bertrand,  abbé  de  ce 
monastère,  avoit  inféodé  à  Déodat  d'Alaman  &  ensuite  à  Sicard,  son  fils.  Ce 
domaine  passa  depuis  dans  la  maison  de  l'Isle-Jourdain.  Raimond  étant  de 
retour  à  Toulouse,  Durand  de  Saint-Bars  8c  Durand,  son  fils,  lui  remirent^, 
le  20  d'avril,  tout  ce  qu'ils  étoient  en  droit  de  lui  demander  au  sujet  de  la 
viguerie  de  cette  ville,  que  le  premier  avoit  exercée.  Il  paroît  qu'il  étoit  aux 
environs  du  Rhône  au  mois  de  juin  suivanf*,  St  il  alla  joindre  à  Haguenau, 
en  Alsace,  vers  la  fin  de  l'année,  l'empereur  Frédéric  qui  y  fit  expédier  deux 
chartes  en  sa  faveur,  l'une  au  mois  de  décembre  &  l'autre  le  dernier  de  ce 
mois.  Par  la  première^,  Frédéric  donne  de  nouveau  à  Raimond  l'investiture 
de  la  terre  de  Venaîssin  6-  du  marquisat  de  Provence,  dont  il  lui  défendit^ 
quelque  temps  après  d'aliéner  aucun  domaine.  Par  l'autre',  il  lui  donne 
pour  vassaux,  en  considération  de  ses  services,  à  lui  &.  à  ses  héritiers,  les  sei- 
gneuries des  villes  de  l'Isle  &  de  Carpentras,  des  châteaux  d'Entraigues,Cade- 
rousse,  Mometaines,  Pierrelatte  &  Entrechaux,  dans  le  même  pays,  avec  ordre 
à  eux  de  lui  rendre  hommage  comme  à  leur  seigneur.  Une  ancienne  chro- 
nique ^  ajoute  que  l'empereur  Frédéric  donna  alors  à  Raimond  la  ville  d'Arles 
&  ses  dépendances  avec  le  comté  Venaissin.  Ce  comte  fut  présent  à  un  autre 
diplôme  que  l'Empereur  fit  expédier  au  mois  de  janvier  suivant,  dans  le  même 
endroit,  pour  confirmer,  en  faveur  de  l'évêque  de  Viviers,  les  privilèges  que 
lui  &  ses  prédécesseurs  avoient  accordés  à  l'église  de  cette  ville. 

Si  nous  en  croyons  un  moderne ',  l'empereur  accorda  par  cette  dernière 
charte  à  Bernon,  évêque  de  Viviers,  un  droit  de  péage,  tant  par  eau  que  sur 
terre,  dans  le  lieu  de  Donzère  Si  dans  le  bourg  de  S^\nt-knAto\^  jusqu'au 


■  Voyez  «orne  vu,  ?/o«e  XXIX,  n.  3,  pp.  91,  92.  'Voyez   tome  VIII,   Chroniques,  c.  2c5. —  Ce 

*  Archives   du   domaine  de  Montpellier,  cartu-  fait  est  emprunté  à  ce  qu'on  appelle  la  chronique 

laire  de  l'Isle-Jourdain.  de   Sabathier   de   la    Bourgade.  Cette  compilation 

'  Manuscrits  de  Colhert,  n.   1067. —  [Corriger  le  n'est   pas,  à  proprement    parler,   une  chronique, 

lï  avril  1235,  &  cf.  Teulet,  t.  2,  p.  288,  d'après  c'est  plutôt  la  réunion  d'un  certain  nombre  d'ex- 

J.  Szo    n.  48.1  traits  d'actes,  empruntés  à  des  sources  diverses,  & 

■•  Manuscrits  de  Colhert,    n.    1067.    [Lat.   6009,  que   dom  Vaissete  a  presque  tous  publiés  ou   in- 

p_  3q7.1  diqués  au  cours  de  son  récit.  Pour  le  fait  parti- 

'  Bouche,   La  chorégraphie  ou  description  de  la  culierqui  nous  occupe,  l'auteur  anonyme  de  cette 

Provence,  t.  2,  p.  227.  cojnpilation  a  évidemment  voulu   parler  de  l'acte 

"  Catel,  Histoire  des  comtes  de  Tolose,  p.  38.  de  Frédéric  II  plus  haut  indiqué.  C'est  par  inad- 

'  Bouche,    La   chorégraphie  ou   description  de   la  vertance  qu'il  a   mis    Arles  au   nombre   des   lieux 

Provence,  t.  î,  v>-  io65&suiv.  —  Trésor  des  char-  inféodés  par  l'empereur  à  Raimond  VII.    [A.  M.J 

tes,  Toulouse,    sac  5,    n.   i3.    [J.  309;    original;  '  Columbi,  l'e  episcopis  Vivariensibus,  p.  222, 
Teulet,  t.  2,  p.  3oi.] 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC,   LIV.  XXV.  6q3   "~; ~ 

'  Ail  1235 

Jleuve  du  vieil  Ardèche,  qui  fait  les  limites  de  l'Empire,  &  jusqu'à  Viviers  & 
au  Til  ;  mais  on  ne  trouve  rien  de  cela  dans  la  charte  ',  où  le  nom  de  i'évêque 
de  Viviers  est  exprimé  seulement  par  la  lettre  initiale  B,  Nous  n'avons  d'ail- 
leurs rien  de  certain  touchant  les  évêques  de  Viviers^  depuis  l'an  1228,  que 
Bertrand  d'Anduze  occupoit  le  siège  épiscopal  de  cette  ville,  jusqu'en  1241, 
que  Sébastien  en  étoit  en  possession. 

VII.  —  Les  frères  prêcheurs  chassés  de  I^arhonne.  —  Le  comte  Raïmond 
est  excommunié  par  diverses  sentences. 

Les  habitans  de  Narbonne  imitèrent  la  conduite  des  Toulousains  envers 
les  inquisiteurs  &  les  religieux  de  l'ordre  de  Saint-Dominique,  qu'ils  chas- 
sèrent aussi  de  la  ville,  après  avoir  envahi^  leur  couvent  &.  biifé  ou  déchiré 
les  livres  de  l'inquisition.  Ces  diverses  entreprises  excitèrent"*  le  zèle  de  l'ar- 
chevêque de  Narbonne,  des  évêques  de  Carcassonne  Se  de  Toulouse,  Se  de 
frère  Guillaume-Arnaud,  inquisiteur,  qui  comprirent  enfin  Raimond,  comte 
de  Toulouse,  dans  l'anathème  qu'ils  avoient  lancé  contre  les  consuls  de  cette 
ville. 

Ce  prince  essuya,  vers  le  même  temps,  plusieurs  autres  sentences  d'excom- 
munication, en  particulier  à  l'occasion  d'un  différend  qu'il  avoit-'  avec  le 
prieur  du  Mas  d'Agenois,  touchant  la  justice  Se  la  seigneurie  de  la  ville  de 
ce  nom.  Les  commissaires  que  le  pape  avoit  nommés  pour  prendre  connois- 
sance  de  cette  affaire,  déclarèrent  que  Raimond  avoit  encouru  l'excommuni- 
cation pour  avoir  usé  de  voies  de  fait  contre  ce  prieur  ;  ils  hrent  publier  leur 
sentence  dans  les  provinces  de  Bordeaux,  de  Narbonne  Se  d'Arles,  jetèrent 
l'interdit  sur  tous  ses  Etats,  Se  ordonnèrent  de  cesser  la  célébration  des  offices     Éd.origin. 

'  t.  Ul,  p.  407. 

divins  partout  où  il  se  trouveroit.  Ils  écrivirent  en  même  temps  au  roi  pour 
le  prier  de  forcer,  par  son  autorité,  le  comte  à  respecter  les  censures  ecclésias- 
tiques Se  à  rétablir  le  prieur  du  Mas  dans  ses  biens.  Le  roi  ne  fit  pas  beau- 
coup d'attention  à  ces  prières;  enfin  le  prieur  du  Mas  obtint  une  nouvelle 
bulle,  le  3  d'août  de  l'an  I235,  par  laquelle  le  pape  confirme  la  sentence  des 
commissaires;  mais  le  comte  n'y  eut  pas  plus  d'égard  qu'aux  précédentes. 
D'un  autre  côté,  Grimoald,  évêque  de  Comminges,  commissaire'^  délégué 
pour  juger  le  différend  qui  étoit  entre  ce  prince  Se  l'abbé  de  Moissac,  tou- 
chant la  seigneurie  de  cette  ville,  après  avoir  cité  plusieurs  tois  Raimond  à 
son  tribunal,  sans  pouvoir  l'engager  à  comparoître,  le  déclara  nommément 
excommunié,  en  présence  des  archevêques  d'Auch  Se  de  Bordeaux,  par  une 
sentence  datée  de  Toulouse,  le  16  de  mars  de  l'an  i235  (i236),  avec  ordre 
aux  évêques  de  Toulouse,  Albi,  Rodez,  Cahors  Se  Agen,de  le  faire  dénoncer 
pour  tel  dans  toutes  les  paroisses  de  leurs  diocèses.  Grimoald  donna  un  ordre 

'  Voyez  to:ne  VIII,  Charles    n.  CCXVII,  ce.  989  ■*  Raynaldi,  an.   1236,  n.  43. 

à  9JI.  ^  yiani\t[ue.  Annales  Ciitercicnses,  an,  \Zji>,c.Z, 

*  Coltimbi,  ut  supra.  n.  9  &  seq. 

'  Catel,  Histoire  des  comtes  de  Tolcse,  p.  3JS.  "Tome  VIII,  Chartss,  n.  CCXVIII,  ce.  99  r  1993. 


An  1236 


An  1235 


694  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.   LIV.  XXV. 

semblable,  au  mois  de  mai  suivant,  à  l'archevêque  de  Narbonne  &  à  ses 
suftVagans. 

VIII.  —  Lettre  du  pape  à  Raîmond  qui  rétablit  les  frères  prêcheurs 
dans  le  couvent  de  Toulouse. 

Cependant  Raîmond,  évêque  de  Toulouse',  quoique  attaqué  de  la  fièvre 
quarte,  suivi  de  quelques  religieux  de  son  ordre,  se  rendit  à  Rome,  Se  y 
porta  des  plaintes  au  pape  Grégoire  IX  de  ce  qu'on  l'avoit  chassé  de  sa  ville 
épiscopale,  avec  l'inquisiteur  8t  les  frères  prêcheurs,  ses  confrères.  Divers 
modernes*,  pour  n'y  avoir  pas  fait  assez  d'attention,  ont  prétendu  que  ce  fut 
Jean,  archevêque  de  Vienne,  légat  du  Saint-Siège,  qui  fit  lui-même  le  voyage 
pour  porter  ces  plaintes  au  pape;  mais  il  est  certain  qu'ils  se  trompent.  Gré- 
goire écrivit^  en  conséquence,  le  28  du  mois  d'avril  de  l'an  iiSô'^,  une  longue 
lettre  au  comte  Raimond,  dans  laquelle  il  lui  fait  des  reproches  sanglans  de 
cette  entreprise,  5c  en  raconte  les  circonstances  ainsi  qu'on  les  lui  avoit  rap- 
portées. 11  parle  d'abord  des  soins  que  ses  deux  prédécesseurs,  £1  lui-même, 
s'étoient  donnés  pour  extirper  l'hérésie  des  pays  d' Albigeois,  Se  de  l'attention 
qu'il  avoit  eue  d'envoyer  successivement  l'évêque  de  Tournay  81  l'archevêque 
de  Vienne,  légats  dans  ces  pays,  pour  y  veiller  à  l'observation  des  canons 
dressés  dans  le  concile  de  Toulouse,  &  maintenir  l'établissement  de  l'univer- 
sité de  cette  ville;  puis  il  ajoute  :  «  Mais  ce  que  nous  craignions  est  arrivé  : 
«  cet  archevêque  &  les  autres  prélats  de  sa  légation  nous  ont  appris  que  votre 
«  viguier  &  les  consuls  de  Toulouse  ont  d'abord  formé  des  difficultés  pour 
((  empêcher  qu'on  ne  procédât  contre  les  hérétiques,  &  fait  plusievns  insultes 
«  à  Guillaume  Ainaud  ,  frère  prêcheur,  qui  exerçoit  dans  cette  ville  avec 
«  beaucoup  de  zèle  l'office  d'inquisiteur  par  notre  autorité  8<  celle  du  même 
«  archevêque;  qu'ils  l'ont  chassé  ensuite  avec  violence;  qu'ils  ont  défendu 
«  dans  toute  la  ville  Si  le  faubourg,  à  toute  sorte  de  personnes,  de  vendre  ou 
M  donner  aucune  chose  à  notre  frère,  l'évêque  de  Toulouse,  8c  à  son  clergé 
«  d'avoir  aucune  communication  avec  eux,  de  demeurer  à  leur  service  8c  de 

■  Giiillainne   de   Puylaiirens,  c.   i)3.  —  Percin,  dans  les  rnémes  termes,  mutaf/'j  mut<in<//'j,  est  aJrcs- 

Monumenta  convcntus  Tolosani,  p.  5o  &  seq.  sée    à    Jean,    archevêque    de    Vienne    (Potthast, 

'  Caltl,  Histoire  des  comtes  de  Tolose,  p.  358. —  n.   ioi52).  C'est  celle  dont   une  copie  ancienne, 

Langlois,  Histoire  des  croisades  contre  les  albigeois,  conservée  au  Trésor  des  chartes,  a  été  publiée  par 

1.    8,   p.  446.    —    Fleury,    Histoire   ecclésiastique,  Teulet  (voi r  plus  haut).  Enfin  Potthast  (n.  i oi5i) 

1.  80,  n.  40.  mentionne  du  même  jour  une  autre  lettre  à  Rai- 

'  Trésor  des  Chartes,  Toulouse,  sac  20,  n.   |3.  mondVII,  d'après  du  Boulay  [Hist.  de  l'université 

—  [J.  3295  Teulet,  t.  2,  p.  3  14  j  Potthast.n.  loiSz.]  de  Paris,  t.  i,  ji.  i56);   par  cette  lettre,   qui  com- 

—  Baluze,  Mss.  n.  366.  [Auj.  lat.  4222.]  —  Ray-  menée  comme  les  deux  bulles  plus  haut  indi- 
naldi,  an.  1236,  n.  39  &  suiv,  —  [La  bulle  est  quées,  le  pape  ordonne  au  comte  de  réformer 
adressée  à  l'abbé  de  Grandselve,  à  l'archidiacre  &  l'université  de  Toulouse.  Nous  croyons  que  cette 
ail  doyen  de  Périgueux.  Cf.  Potthast,  n.  9982.]  prétendue  bulle  n'est  qu'un  extrait  de  celle  qu'ana- 

■*  Le  pape  écrivit  le  même  jour  deux  lettres  pour  lyse    dom    Vaissete,    &    dans  laquelle    le    pape    se 

cette  affaire.  La  première,  adressée  à  Raimond  VII  plaint    de    l'état    d'abandon  où    le    comte    laisse 

(Potthast,   n.    loiâo),   est  celle  que  dom  Vaissete  l'université  de  Toulouse.  [A.  M,] 
Ta  analyser  &  traduire  en  partie.  L'autre,  conçue 


I 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXV.  6n5   Ti 7~ 

J  An  I2JJ 

(I  faire  aucun  présent  ou  aumône  aux  frères  prêcheurs.  De  plus,  les  consuls 

«  de  Toulouse  ont  fait  saisii^  par  leurs  gens,  clans   le  temps  c[ue  vous  étiez 

«  dans  la  ville,  la  maison  de  l'évêque  qui  y  étoit  actuellement  malade,  &(.  fait 

(I  prendre  ses  chevaux  &c  ses  autres  effets;  ils  ont  blessé  grièvement  quelques 

«  chanoines  ou  clercs,  soit  dans  l'église,  soit  dans  leur  cloître,  soit  enfin  dans 

«  la   maison   épiscopale.   Ils  leur   ont   fait  d'autres  insultes   Si  ont   mis  des 

«  gardes  dans  toutes  les  maisons  ecclésiastiques  pour  empêcher  qu'on  ne  leur 

«  fournît  les  choses  nécessaires  à  la  vie.  Ils  ont  contraint  l'évêque  8<.  ses  clercs 

«  de  sortir  de  la  ville  5   ils   ont  défendu  d'y   prêcher  publiquement  &  d'y 

«  entendre  la  parole  de  Dieu  :  tout  cela  a  été  fait  par  votre  ordre,  comme  ils 

"  l'assurent;  vous  qui  étiez  obligé,  suivant  le  concile  de  Toulouse  &  le  traité 

«  de  Paris,  de  protéger  les  églises  Si   les  ecclésiastiques,  de  conserver  leurs 

«  droits  &  leurs  libertés,  de  concourir  efficacement  à  la  punition  des  héré- 

«  tiques,  de  payer  une  certaine   somme  à  ceux  qui   se  saisiroient  de  leurs 

«  personnes,  de  donner  tous  les  ans  un  honoraire   aux  maîtres  régens  de 

«  Toulouse,  pendant  un  temps  fixé.  Se  d'aller  servir  outre-mer  avec  plusieurs 

(1  bourgeois  &■  chevaliers  de  vos  domaines  :  vous  avez  supprimé  cet  honoraire, 

«  ce  qui   a  fait,  dit-on,  cesser   les  études.  Vous   avez  établi   des   formules 

«  iniustes,  contraires  à  nos  statuts  &  au  droit,  au  sujet  de  l'incruisition  contre      i:J.oris;n. 

«  les  hérétiques  que  vous  avez  favorises  par  la.  Vous  traversez  cette  recherche  : 

n  vous  permettez  à  plusieurs  de  ceux  qui  étoient  déjà  condamnés,  d'habiter 

«  dans  le  pays,  &  vous  donnez  retraite  aux  étrangers  qui  y  viennent  cher- 

«  cher  un   asile;  vous  avez   parmi  vos  conseillers  ou  domestiqvies  des  gens 

«  suspects  ou  diffamés  pour  fait  d'hérésie,  vous  les  avez  promus  aux  offices 

«  publics,  &,  comme  on  a  lieu  de  le  conjecturer  par  l'examen  de  vos  faits, 

«  vous  ne  craignez  pas  de  vous  montrer  fauteur  des  hérétiques,  leur  receleur 

Il  6c  défenseur,  &  vous  ne  vous  mettez  pas  en  peine  de  vous  corriger,  après 

Il  en  avoir  été  souvent  averti.  De  là   plusieurs  enfans  de  perdition  ont  eu 

H  l'audace  d'attenter  à  la  vie  de  quelques  prêtres  8<  des  autres  catholiques 

«  qui,  par  zèle  pour  la  foi,  poursuivoient  les  hérétiques  :  de  là  plusieurs  ont 

M  abjuré  la  catholicité  pour  embrasser  l'erreur;  de  là  enfin  d'autres  ont  causé 

«  des  dommages  considérables  Si  fait  divers  outrages  aux  églises,  aux  ecclé- 

«  siastiques  8c  aux  catholiques  occupés  à  l'affaire  de  la  foi,  &  vous  avez  refusé 

(I  d'en  faire  justice  après  en  avoir  été  requis  plusieurs  fois.  Nos  vénérables 

o  frères,  l'archevêque  de  Narbonne,  les  évêques  de  Toulouse  81  de  Carcas- 

K  sonne  81  ledit  frère  Guillaume,  ayant  lancé  plusieurs  fois  l'excommunica- 

II  tion  pour  toutes  ces  choses,  tant  de  leur  autorité  que  de  la  nôtre,  soit 

«  contre  vous,  soit  contre  lesdits  consuls,  8<.  le  même  frère  Guillaume  ayant 

«  ordonné  aux  prêtres  des  églises  de  Toulouse  8<.  aux  frères  mineurs  de  cette 

«  ville  de  publier  les  dimanches  &  les  fêtes  cette  sentence  d'excommunica- 

«  tion,  les  consuls  ont  chassé  violemment  ceux  qui  se  disposoient  à  faire  cette 

«  publication  ;  ils   ont  fait   de   grandes   menaces   aux   frères   mineurs  pour 

«  l'avoir  faite,  8<.  on  en  a   battu  quelques-uns  jusqu'à  effusion  de  sang.  Ce 

«  n'est  pas  encore  tout  :  vous  Si  les  consuls  de  Toulouse,  vous  montrant 


A:i  izij 


G()G  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXV. 

(c  ennemis  de  la  foi  catliolique,  avez  fait  défendre  inibliquement  de  compa- 
ti roîtie  devant  l'inquisiteur  pour  répondre  sur  la  foi  ou  sur  autre  chose,  sous 
«  peine  de  punition  corporelle  Si  de  confiscation  de  biens.  Comme  nous  ne 
«  saurions  passer  sous  silence  tant  d'attentats  commis  au  préjudice  de  la  foi, 
i(  nous  vous  enjoignons  de  les  corriger  suivant  l'ordre  du  légat,  &  de  les 
«  faire  réparer  par  les  consuls  de  Toulouse  &  vos  autres  sujets,  suivant  le 
«  pouvoir  qui  vous  en  a  été  donné;  de  ne  pas  différer  davantage  votre  départ 
<i  pour  le  prochain  voyage  d'outre-mer  avec  les  mêmes  bourgeois  &  cheva- 
«  liers,  Si  d'y  servir  pendant  cinq  ans,  conformément  au  traité  de  paix  :  sinon, 
«  nous  ordonnons  au  légat  de  vous  y  contraindre,  ainsi  que  les  autres,  par 
<i  les  censures  ecclésiastiques  Si  de  faire  publier  tous  les  dimanches  Si  fêtes 
ic  dans  toutes  les  églises  de  sa  légation,  au  son  des  cloches  Si  à  cierges  éteints, 
»  lesdites  sentences  d'excommunication,  jusqu'à  ce  que  vous  ayez  fait  une 
«  satisfaction  convenable.  » 

Ainsi  parle  Grégoire  IX  dans  cette  lettre  :  il  enjoignit  à  l'archevêque  de 
Vienne,  son  légat,  supposé  que  le  comte  Raimond  refusât  d'obéir  à  ces  ordres, 
de  l'y  contraindre  par  censures  Si  de  rétablir  l'étude  ou  l'université  de  Tou- 
louse; de  supprimer  toutes  les  confréries  ou  associations  dans  l'étendue  de  sa 
légation  ;  de  casser  tous  les  statuts  qui  avoient  été  faits  contre  la  foi  ou  contre 
la  liberté  ecclésiastic[ue;  d'ôter  des  offices  publics  les  gens  suspects  ou  diffamés 
pour  hérésie.  Si  leurs  défenseurs,  excepté  ceux  qui,  après  avoir  confessé  leurs 
fautes,  auroient  reçu  l'absolution.  Sic.  Enfin  le  pape  exhorta  le  roi  dans  une 
autre  lettre  à  user  de  toute  son  autorité  pour  obliger  le  comte  Si  les  con- 
suls de  Toulouse  à  réparer  le  passé.  «  Achevez',  ajoute-t-il,  ce  que  le  roi 
(i  Louis  VIII,  votre  père,  a  heureusement  commencé  dans  le  pays  d'Albi- 
«  geois  ;  engagez  le  comte  à  passer  la  mer  au  mois  de  mars  prochain  pour 
«  aller  servir  dans  la  Terre-Sainte,  Si  envoyez  Alfonse,  votre  frère,  prendre 
«  l'administration  du  comté  de  Toulouse.  »  Enfin  le  pape  donna  une  dis- 
pense à  ce  dernier  pour  épouser  Jeanne,  fille  du  comte  R.aimond,  à  cause 
qu'ils  étoient  parens  au  quatrième  degré ^.  Alfonse  Si  Jeanne  avoient  alors 
seize  ans  accomplis.  Si  ils  étoient  par  conséquent  en  âge  de  se  marier  :  aussi 
leur  mariage  fut-il  célébré  l'année  suivante^. 

Grégoire  ordonna'*,  le  i5  de  mars  de  l'an  1236-"',  au  comte  Raimond,  de 

rappeler  à  Toulouse  les  frères  prêcheurs.  Si  de  leur  permettre  de  continuer 

l'office  d'inquisiteur  dans  ses  États  :  il  les  lui  recommanda,  ainsi  qu'aux  con- 

t. iii'p! 409-    ^^^^  ^^  Toulouse.  Le  comte,  voulant  donner  des  preuves  de  son  obéissance, 

eut  à  Carcassonne,  avec  l'archevêque  de  Vienne,  une  conférence  à  laquelle 

■  [Potthast,  11.  10293;  bulle  du  9  février  1237.]  chait   encore  à   Raimond  VII  sa   conduite  envers 

'  La    bulle   de   dispense   du    pape   est   datée  du  les  inquisiteurs  (Voyez  plus  haut).  De  toutes  les 

z-j  mai    1236  j  cf.  Teulet,  t.   2,  p.   Siy,  d'après  J.  bulles  de  cette  époque  indiquées  par  Potthast,  nous 

435, n.  I,  original;  &  Potthast,  n.  10167.  [A.  M.]  n'en  voyons  aucune  qui    réponde  à   l'analyse  de 

'  Voyez  tome  VII,  A'ote  XXXIII,  pp.  96,  97.  dom  Vaissete.   [A.  M.] 

■*  Percin,  Monumenta  convtntus  Tolosani,  p.  5o  '  La   date   fournie   par  Percin  est   certainement 

8i  suiv.  fausse,  puisque  le  28  avril  I236,  le  pape  repro- 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXV,  607   ~ ~ 

il         An   12JÛ 

les  inquisiteurs  se  trouvèrent;  il  rappela  bientôt  après  à  Toulouse  l'évêque 
de  cette  ville  &  les  frères  prêcheurs,  &  rétablit  ces  derniers  dans  leur  couvent, 
le  jour  de  l'octave  de  saint  Augustin  de  l'an  i236.  Le  légat  ne  leva  pas 
cependant  l'excommunication  dont  Raimond  étoit  happé.  Ce  comte  étoit 
encore  excommunié  le  23  d'octobre  suivant,  comme  il  paroît  par  une  lettre' 
que  le  pape  écrivit  alors  à  l'empereur  Frédéric,  auquel  il  iit  un  crime  d'avoir 
communiqué  avec  ce  prince. 

IX.  —  Raimond  va  à  la  cour  de  l'Empereur.  —  Le  vicomte  de  Turenne 

lui  rend  hommage. 

On  voit  par  là  que  Raimond  se  rendit  cette  année  à  la  cour  de  l'Empereur. 
11  acheta  à  Albi*,  au  mois  de  mars  de  l'an  i236,  en  présence  de  Guillaume, 
soti  sénéchal  dans  le  pays,  pour  six  mille  sols  de  Cahors,  de  Guillaume  Fro- 
tiers  Si.  de  vSicard,  son  frère,  tous  les  droits  qu'ils  avoient  au  Castelvieil  d'Albi, 
£<■  dans  le  diocèse,  soit  forteresses,  villes,  seigneuries,  8cc.  Il  reçut-*  à  Orange, 
le  3  de  juillet,  l'hommage  des  seigneurs  de  Caderousse,  que  l'empereur  Fré~ 
déric  lui  avoit  donnés  pour  vassaux }  ainsi  ce  fut  dans  l'intervalle  de  ces  deux 
actes  qu'il  fut  à  la  cour  de  ce  prince.  Raimond,  de  retour  à  Toulouse,  y 
reçut'*,  le  1 1  d'août  suivant,  dans  la  condamine  comtale  6-  dans  sa  tente, 
l'hommage  lige  de  Raimond,  vicomte  de  Turenne,  qui  reconnut  tenir  ce  que 
lui  &c  ses  prédécesseurs  avoient  tenu  en  fief  de  ceux  de  ce  prince  ou  de  lui- 
même,  savoir  :  Castelnau  de  Mafré,  près  de  la  Dordogne,  la  vicomte  de 
Brassac  St  le  château  de  Salignac.  Le  vicomte  de  Turenne  déclara  en  même 
temps  que  lui  8t  ses  prédécesseurs  n'avoient  jamais  fait  hommage  de  toutes 
ces  choses  ni  au  roi  Philippe,  ni  aux  autres  rois  de  France,  ni  enfin  aux 
comtes  de  Montfort.  Roger-Bernard,  comte  de  Foix,  Bernard,  comte  de  Com- 
minges,  Roger  de  Comminges,  comte  de  Pailhas,  Bernard-Othon,  seigneur 
de  Laurac,  Roger  de  Foix,  Bertrand,  frère  du  comte  Raimond,  Sicard  de 
Montaut  8<.  Pons  de  Villeneuve,  sénéchal  de  Toulouse,  furent  présens  à  cet 
hommage.  Raimond^  se  rendit  ensuite  àCarcassonne,  où  il  étoit  le  22  d'aoï^it. 
Il  déclara'^  k  Laurac,  deux  jours  après,  que  Barrai  de  Baux,  son  sénéchal  de 
Venaissin,  avoit  rendu  par  son  ordre  aux  chevaliers,  aux  prud'hommes  8c  à 
toute  la  communauté  d'Avignon,  leurs  anciens  privilèges. 

'  Raynaldi,   an.    ii36,    n.    23    £t    siiiv.   [C'est  en  1214  (Voyez  notre  Catalogue,  n.  81),  il   n'est 

peut-être  le  n.   io2:Jô  de  Potthast.)  pas  question  de  ces  châteaux,  &  le  vassal  ne  Oiit 

'  Archives  de  révéché  d'Albi.  .lucune  réserve.  Nulle  réserve  non  plus  dans  l'hom- 

'  Tome  VIII,  Chartes,  n.  CCXIX,  ce.  993  à  991.  mage  du  même  à  Philippe-Auguste  (Catalogue  de 

*  Trésor  des  chartes,  Toulouse,  sac  7,  n.  102.  —  M.  Delisle,  p.  3  18,  n.  1401).  [A.  M.] 

J.  3i6i  Teiilet,  t.  2,  p.  323.  —  Corrigez  le  12  août  ^  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  CCXXI,  c.  ioo3. 

(11°  idtts  augusti).  —  L'affirmation  du  vicomte  de  [C'est  à  cette   époque  que    Raimond  VII   se  porta 

Turenne    est   peu    croyable,  car  dans    l'hommage  caution  des  consuls  du  bourg  de  Narbonne.] 

rendu    par  son  prédécesseur  à  Simon  de  Montfort  •■  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  CCXIX,  c.  997. 


An  .235       "^9^  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.    LIV,  XXV. 

X.  —  Jacques,  roi  d'Aragon,  fait  hommage  pour  Montpellier  à  Vévêque 
de  Maguelonne.  —  Maison  de  Montlaur. 

Jacques,  roi  d'Aragon,  avoit'  refusé  jusqu'alors  de  faire  hommage  pour  la 
seigneurie  de  Montpellier  à  Jean  de  Montlaur,  évêque  de  Maguelonne;  mais 
Grégoire  IX  le  lui  ayant  ordonné,  il  se  rendit  enfin  aux  remontrances  du 
pape;  &  étant  à  Montpellier,  il  fit  cet  hommage  à  la  mi-décembre,  en  pré- 
sence de  Raimond-Bérenger,  comte  de  Provence,  son  cousin,  du  comte  d'Am- 
purias  &  de  plusieurs  autres  seigneurs  de  sa  cour  Si  du  pays,  entre  autres  de 
Pierre  de  Fabrègues,  fils  de  Bertrand  de  Montlaur.  Cette  maison  de  Mont- 
laur étoit  différente  d'une  autre  de  même  nom  établie  dans  le  Vivarais,  dont 
étoit  Héracle  de  Montlaur,  fils  de  feu  Héracle,  qui  maria ^,  au  mois  de  juin 
de  l'an  I235,  Pons,  son  fils,  avec  Guise,  sœur  d'Hugues,  comte  de  Pv.odez, 
laquelle  eut  mille  marcs  d'argent  pour  sa  dot.  On  trouve  encore  dans  le 
même  temps  un  Hugues  de  Montlaur^,  maître  de  la  milice  du  Temple  en 
Provence  Çy  dans  les  parties  de  l'Espagne,  qui  confirma  en  faveur  du  roi  saint 
Louis,  par  une  charte  datée  de  Montpellier,  au  mois  de  juin  de  l'an  i236, 
du  consentement  de  ses  frères  (ou  des  chevaliers  du  Temple)  d'Auvergne,  le 
pariage  de  quelques  villages  que  Gilbert  de  Héracle,  maître  de  la  même  milice 
en  deçà  de  la  mer,  avoit  fait  autrefois  avec  le  roi  Philippe-Auguste.  Nous 
ignorons  si  cet  Hugues  étoit  de  la  maison  de  Montlaur  en  Vivarais,  ou  de 
celle  du  diocèse  de  Maguelonne,  ou  enfin  d'une  troisième  de  même  nom, 
dans  le  Toulousain. 

Le  roi  d'Aragon  fit  quelque  séjour  à  Montpellier,  8<  il  reçut"*,  le  18  de 
janvier  de  l'année  suivante,  l'hommage  d'Hugues,  comte  de  Rodez,  pour  la 
vicomte  de  Carladois.  Il  repassa  bientôt  après  les  Pyrénées  &  alla  continuer 
la  conquête  du  royaume  de  Valence  sur  les  Maures,  qu'il  ^  avoit  déjà  com- 
mencée. Ses  sujets  de  la  baronnie  de  Montpellier  le  secoururent  dans  cette 
expédition,  de  même  que  Pierre  Amelii,  archevêque  de  Narbonne,  qui  mar- 
cha en  personne  à  la  tête  de  plusieurs  chevaliers  du  pays  8t  de  cinq  cens 
hommes  de  pied.  Hugues  de  Montlaur,  maître  de  la  milice  du  Temple  en 
lîj.  ongin.     Provence,  &  divers  autres  croisés  de  France  prirent  part  aussi  à  cette  expédi- 

t.  1 1 1     p.  4 10.  *  * 

tion,  8c  l'archevêque  de  Narbonne,  qui  s'y  distingua^,  contribua  beaucoup  à 
la  prise  de  la  ville  de  Valence,  que  ce  prince  força  enfin  à  se  rendre^. 

'  Ga riel,  5cn'cs  pmcsulum  Magalonemiunij-p.  847  *•  Albéric,  Ckronicon,  an.  I238.  —  Gallia  Chr'is- 

&  seq.  —  Voyez    tome  VIII,   Chartes,   n.  CCXX,  tlana,  nov.  éd.  t.  û,  Instrum.  c.  65. 

ce.  997  à  1000.  '  De  cette   même  année    1236,  date   un   accord 

'  Archives  du  domaine  de  Rodez;  Acquits,  n.  55.  entre  le  chapitre  &  l'évêque  d'Agde  dont  on  peut 

'  Regiitrum   curiae  Franciae.  —    [Cf.    lat.  9988,  voir  l'analyse,  tome  V,  ce.  132^,  i325.  Il  s'agissait 

f"  61   i  &  62.]  des  hautes  justices  &  de  la  suzeraineté  de  la  ville 

^  D'Achéry,  Spicileg'ium,  t.  10,  p.  170.  d'Agde,  dont  la  seigneurie  appartenait  définitive- 

'  Chronica  0  commcntarl  del  rey  en  Jacme,  ce.  91  ment  à  l'évêque  depuis   123^,  date  de  son   accord 

&   [12.  —  Zurita,  Anales  de  la  corona   de  Aragon,  avec    le    roi.    (Cf.    livre   XXIV,   ch.   xcv,   p.  63i.) 

1.  3,  c.  21   &  suiv.  Tous  les  crimes  entraînant  la  peine  du  sang,  c'est- 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXV.  699 

XI.  —  Trencavel  se  retire  à  la  cour  du  roi  d'Aragon,  qui  s'accorde  avec 

Nugne-^-Sanche,  comte  de  Roussïllon,  son  cousin. 

Il  paroît  que  Trencavel,  qui  se  qualifioit  toujours  vicomte  de  Bé-^iers,  servit 
alors  sous  les  enseignes  du  roi  d'Aragon.  Nous  savons  du  moins  qu'il  s'étoit 
retiré  k  sa  cour',  &c  qu'il  y  étoit  au  mois  de  mai  de  l'an  i236.  Il  avoit  sans 
doute  embrassé  ses  intérêts  durant  le  différend  que  ce  prince  eut,  l'année 
précédente,  avec  Nugnez-Sanche,  comte  de  Roussillon,  qui  prétendoit^  la 
suzeraineté  sur  la  ville  de  Carcassonne  &  le  Carcasses,  sur  l'honneur  de 
Trencavel,  sur  la  vicomte  de  Narbonne,  &.C.,  tant  en  vertu  de  la  substitution 
testamentaire  de  Raimond-Bérenger  IV,  comte  de  Barcelone  Se  prince  d'Ara- 
gon, son  aïeul  paternel,  que  d'une  donation  faite  au  comte  Sanche,  son 
père,  par  Alfonse  II,  roi  d'Aragon,  son  oncle  paternel  8c  aïeul  du  roi  Jacques. 
Nugnez  prétendoit  de  plus  avoir  des  droits  sur  le  comté  de  Provence  Se  la 
vicomte  de  Millau,  en  Rouergue.  Jacques,  roi  d'Aragon,  son  neveu  à  la 
mode  de  Bretagne,  lui  demandoit  de  son  côté  la  restitution  du  Valespir,  du 
Capcir  St  de  quelques  autres  domaines.  Enfin  ces  deux  princes  passèrent  un 
compromis,  au  mois  de  mai  de  l'an  i235,  &,  par  l'accord  qui  s'en  suivit, 
Jacques,  voyant  qu'il  étoit  héritier  présomptif  du  comte  de  Roussillon,  qui 
n'avoit  pas  d'enfans,  lui  compta  une  somme  8t  lui  laissa  la  possession  des 
comtés  de  Roussillon,  Cerdagne,  Confient  S<.  Valespir,  St  de  tous  les  autres 
domaines  dont  il  jouissoit. 

XII.  —  Dijjerends  entre  Nugne-^  &  le  comte  de  Foîx,  touchant  le  pays 

de  Donajan,  iyc. 

Nugnez  eut  aussi  ^  de  grands  différends  avec  Roger-Bernard,  comte  de 
Foix,  8c  Roger,  son  fils,  au  sujet  du  pays  de  Cerdagne;  ce  qui  occasionna 
entre  eux  une  longue  guerre.  Us  convinrent  enfin  de  la  paix,  au  mois  de 
septembre  de  l'an  1233,  8c  il  fut  dit  dans  un  article  du  traité,  «  qu'Arnaud 
«  de  Son  8c  Bernard  d'Alion,  son  frère,  esteroient  à  droit,  tant  pour  eux  que 
«  pour  Bernard  d'Alion,  leur  père,  à  la  cour  du  comte  Nugnez,  pour  le  châ- 
«  leau  de  Son,  pour  celui  de  Quérigut  8c  pour  les  autres  dépendances  du 
«  château  de  Son  (c'est-à-dire  pour  le  pays  de  Donazan,  portion  du  diocèse 
«  de  Narbonne  8c  aujourd'hui  de  celui  d'Alet),  Se  que  si  le  comte  de  Foix 
«  venoit  à  obtenir  ce  pays,  soit  par  droit,  soit  par  guerre,  soit  enfin  de  toute 

à-dire   l'exercice  de  la    haute   justice,   furent   ré-  nomination   des   consuls.   On   voit   qu'en    soinme 

serTÉs  à  l'évêque  &  à  sa   cour.  Les  meubles  saisis  l'évêque  succédait  directement  aux  vicomtes  d'Agde 

par  sentence  judiciaire  sont  partagés  entre  lui  &  &  avait    hérité  de    tous   leurs  droits  &  de   toutes 

le  chapitre.  A  l'évêque  appartiennent  l'ost  &  la  leurs  prérogatives.   [A.  M.] 

chevauchée,  le  droit  de  criée  &  de  proclamation,  '  Zurita,  Anales   de   la   corona   de  Aragon^  1.   3, 

l'inspection  des  poids  &  mesures,  la  garde  des  clefs  c.  25. 

de  la  ville,  l'institution  des  banniers  ou  bandiers  '  Ihid.  c.  23. 

&  des  tabellions,   la    perception   de   la    leude,   la  '  Marca  Hispanica,  c.  422  &  seq.,  &  5ro. 


An  12  jj 


■"^TTUT"    7°°  FIISTOIKE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.   LIV.  XXV. 

«  autre  manicre,  il  en  feroit  hommage  au  comte  Nugnez,  comme  les  pvédc- 
«  cesseurs  de  Bernard  d'Alion  en  avoient  fait  hommage  aux  comtes  de  Cer- 
«  dagne.  »  On  voit  par  là  que  le  Donazan,  qui  étoit  anciennement  un  fief 
immédiat  du  comté  de  Cerdagne,  en  étoit  devenu  un  arrière-fief,  depuis 
que  feu  Pierre,  roi  d'Aragon,  avoit  donné  ce  pays  aux  comtes  de  Foix.  Roger 
de  Comminges,  comte  de  Pailhas,  Guillaume  d'Aniort,  Loup  de  Foix,  Stc, 
furent  présens  à  l'acte  de  dépôt  que  les  comtes  de  Roussillon  &  de  Foix  firent 
de  ce  traité  dans  l'abbaye  de  Fontfroide.  La  guerre  se  renouvela  dans  la 
suite  entre  eux,  8c  ils  convinrent  d'un  nouveau  traité  de  paix,  au  mois  de 
septembre  de  l'an  i236,  par  l'entremise  de  Bernard,  abbé  d'Alet,  &  de  Rai- 
mond,  vicomte  de  Cardone. 

XIH.  —  Le  pape  se  radoucit  à  l'égard  du  comte  de  Toulouse  t-  ordonne 
au  légat  de  modérer  le  -^èle  des  inquisiteurs. 

Le  comte  de  Toulouse'  engagea  cependant  le  roi  d'écrire  au  pape  Gré- 
goire IX  pour  le  prier  de  retirer  ses  pouvoirs  aux  inquisiteurs  de  l'ordre  des 
frères  prêcheursj  qui  étoient  animés  d'une  haine  secrète  contre  lui,  8c  de  lui 
permettre  de  différer  de  deux  ans  son  départ  pour  la  Terre-Sainte.  Grégoire 
eut  égard  à  ces  remontrances,  &c,  dans  une  lettre  qu'il  écrivit,  le  3  de  février 
de  l'an  1287,  à  l'archevêque  de  Vienne,  son  légat,  il  lui  ordonna  de  destituer 
ces  inquisiteurs,  si  le  comte  avoit  contre  eux  de  justes  sujets  de  suspicion. 
11  répondit  en  même  temps  au  roi,  8c  lui  marqua  que,  vaincu  par  ses  prières, 
il  consentoit  que  Raimond  ne  partît  pour  la  Terre-Sainte  que  de  la  fête  pro- 
chaine de  Saint-Jean-Baptiste  en  un  an  5  à  condition  qu'il  donnèrent  caution 
qu'il  se  mettroit  en  chemin  dans  cet  intervalle.  Le  légat,  après  avoir  reçu 
ces  ordres,  fit  divers  règlemens^  touchant  l'inquisition  contre  les  hérétiques. 
11  promit  de  traiter  avec  indulgence  tous  ceux  qui,  dans  un  certain  temps, 
viendroient  s'accuser  eux-mêmes  ou  révéler  leurs  complices,  &c,  comme 
l'extrême  rigueur  des  frères  prêcheurs  avoit  jeté  la  terreur  dans  les  esprits,  il 
donna  pour  collègue  à  l'inquisiteur  de  cet  ordre  un  frère  mineur,  afin  que  la 
douceur  de  ce  dernier  tempérât  la  trop  grande  sévérité  de  l'autre.  11  ordonna 
enfin,  par  grâce,  que   les  inquisiteurs   parcourroient  à   l'avenir  le  pays  Se 

iid.  oriRin.     feroient  les  informations  sur  les  lieux,  afin  crue  les  peuples  ne  se  plaignissent 
t.  liitp.  411.  ^    ,        .    .        .  -  .     .     -  . 

plus  qu'on  les  fatiguoit  inutilement  par  les  courses  qu'on  leur  faisoit  faire. 

XIV.  —  Procédures  des  inquisiteurs. 

Le  légat  avoit  donné^  auparavant  pour  adjoint  à  frère  Guillaume  Arnaud, 
de  l'ordre  des  frères  prêcheurs,  le  grand  archidiacre  de  Carcassonne.  Ces 

'  Raynaldi,  an.   iiTy,  n.  ?>?i.  ce.    loi.f,    loi  "i.   —  Registre   de    l'Ir.quisiiion   de 

'Guillaume   de    Puylaiirens,    c.    ^?>.   —   Pjrclii,  Toulouse. —  Manuscriti  de  Colhert,  n.  io6-j.\Voyez 

Monumcnta  convcntus  Tolosani,  p.  5i.  JJ.  xi,\,  f"  84  a.]  —  La  pièce  est  du  1  mars  1237. 

'  Voyez    tome    VIII,     Chartes,     n.     CCXXIV,  Ce  Bernard  Othon   n'était  pas  seigneur  de  Niort, 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXV,  701 

deux  inquisiteurs  condamnèrent  comme  hérétiques,  à  Carcassonne,  le  lundi 
avant  les  Cendres  de  l'an  iiSô  (iiSy),  Bernard-Otlion  de  Niort,  trois  de  ses 
frères  &  leur  mère,  assistés  de  Clarin,  évêque  de  Carcassonne,  8c  en  pré- 
sence de  Jean  de  Fricamps,  sénéchal  de  Carcassonne,  Gui  de  Lévis,  Pierre 
de  Voisins,  de  l'abhé  de  Saint-Michel  de  Cuxa,  8<.c.  Ils  enjoignirent  ensuite 
au  comte  de  Toulouse  de  confisquer  les  biens  de  ces  quatre  seigneurs  8c  de 
s'en  saisir,  avec  ordre  à  l'évêque  de  Toulouse  de  l'y  contraindre  par  les  cen- 
sures ecclésiastiques. 

Frère  Jean  de  Netoya,  provincial  des  frères  mineurs  en  Provence,  fut 
nommé  par  l'archevêque  de  Vienne  pour  collègue  de  frère  Guillaume 
Arnaud;  mais  comme  il  étoit  fort  occupé,  ce  prélat  substitua  en  sa  place 
frère  Etienne  de  Saint-Thibéry  son  frère,  qui  procéda  en  qualité  d'inquisi- 
teur', avec  frère  Guillaume,  dès  la  fin  de  mars  de  l'an  iiSy,  de  lavolonté  6- 
du  consentement  du  comte  de  Toulouse.  Ces  deux  religieux  continuèrent 
leurs  procédures  jusqu'au  mois  d'octobre  de  cette  année,  8c  rendirent  diverses 
sentences  tant  contre  les  vivans  que  contre  les  morts.  Ils  firent  exhumer 
entre  autres  plusieurs  personnes  accusées  d'être  décédées  dans  l'hérésie,  8c 
traîner  leurs  ossemens  dans  toutes  les  rues,  en  criant  à  son  de  trompe  :  Çul 
fera  ainsi,  périra  ainsi.  Us  firent  ensuite  consumer  ces  ossemens  par  les 
flammes,  6c  brûler  plusieurs  personnes  vivantes,  à  Toulouse,  à  Albi  Se 
ailleurs.  Us  rendirent  ces  sentences  «  ayant  pour  assesseurs  Raimond,  évêque 
«  de  Toulouse;  Raimond,  abbé  de  Moissac;  frère  Jean,  ministre  des  frères 
«  mineurs  en  Gascogne,  8c  frère  Pons,  prieur  des  frères  prêchelirs  en  Pro- 
«  vence^.  »  On  trouve  dans  les  informations  ou  dans  les  jugemens,  que  ceux 
à  qui  on  ordonnoit  divers  pèlerinages  pour  pénitence  étoient  obligés  de 
visiter  les  églises  nu-pieds,  en  chemise,  8c  en  se  fouettant  avec  une  poignée 
de  verges;  que  ces  pénitens  étoient  tenus  de  porter  pendant  un  certain  temps 
sur  leurs  habits,  des  deux  côtés  de  la  poitrine,  deux  croix  de  deux  palmes  de 
long  8c  de  deux  doigts  de  large  chacune;  que  les  hérétiques,  nommés  vul- 
gairement vaudois  dans  le  pays,  lisoient  l'Evangile  en  langue  vulgaire;  qu'il 
y  avoit  des  femmes  qui  dogmatisoient;  que  celles  qui  étoient  hérétiques  par- 
faites s"\mm\s(:o\ent  dans  les  fonctions  du  ministère,  bénissoient  le  pain,  8cc.; 
que  les  hérétiques  s'abstenoient  de  viande;  qu'ils  admettoient  les  deux  prin- 
cipes des  manichéens,  8cc.  Les  deux  inquisiteurs  rencontrèrent^  cependant 
quelque  difficulté  à  Toulouse;  car  ayant  condamné  six  hommes  ou  femmes 
de  cette  ville  comme  hérétiques,  le  viguier  8c  les  consuls  refusèrent  de  les 
prendre,  de  confisquer  leurs  biens,  6-  de  faire  de  leurs  personnes  ce  qu'on 

mais  de  Laiirac;  c'étaient  ses  frères  Guillem   Ber-  quelques  détails  sur  la  disparition  de  cette  famille 

nard  &  Géraud,  qui  portaient  le  nom  de  la  terre  importante.  [A.  M.) 

de  Niort,  château-fort,  situé   yers   les  sources  de  '  Voyez     tome    VIII,     Chartes,     n.     CCXXIV, 

l'Aude.  Les  plus  anciens   seigneurs  de  Niort  pa-  ce.   ioi5  à  1017. 

raissent  dès  l'an   1 1  00  (tome  V,  c.  364).  Pendant  '  Registre  de  l'Inquisition  de  Toulouse.  —  Per- 

tout   le  douzième  siècle,    ils  figurèrent  à   la  cour  cin.  Monumenta.  conventus  Tolosani,  p.  5i. 

des   vicomtes    de    Carcassonne,    dont    ils    étaient  '  Percin,  Martyres  Avinioneti,  c.  3. 

vassaux.    Dom   Vaissete    nous    donnera    plus   bas 


An  12;;/ 


"T : —   702  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.   LIV,   XXV. 

An  I  2^-j         I 

faisait  des  hérétiques ,  c'est-à-dire  de  les  faire  brûler  vifs.  Cette  résistance 
déplut  aux  inquisiteurs,  qui  par  une  sentence  qu'ils  publièrent  dans  la 
cathédrale  de  Saint-Etienne,  le  24  de  juillet  de  l'an  123/,  excommunièrent 
le  viguier  Se  les  consuls,  du  conseil  de  Raimond,  évêque  de  Toulouse,  de 
Bernard,  abbé  du  Mas  sous  Verdun,  du  prévôt  de  Saint-Etienne  St  du  prieur 
de  la  Daurade. 

XV.  —  L'exercice  de  l'inquisition  est  suspendu  pour  quelques  années. 

Entre  les  villes  du  Toulousain  que  les  deux  inquisiteurs'  parcoururent, 
ils  se  rendirent  à  Castelnaudary,  où  ils  citèrent  un  grand  nombre  de  gens 
suspects  de  cette  ville,  hommes  8c  femmes;  mais  ils  n'en  purent  rien  tirer, 
car  ces  peuples  avoient  comploté  de  ne  rien  révéler.  Ils  trouvèrent  plus  de 
sincérité  à  Puylaurens,  où  étant  arrivés  à  l'improviste,  les  habitans  n'eurent 
pas  le  temps  de  former  un  semblable  complot.  Cette  recherche  engagea* 
plusieurs  personnes  du  haut  Languedoc  à  se  réfugier  aux  environs  de  Mont- 
pellier, pour  se  mettre  à  l'abri  des  poursuites  des  inquisiteurs.  Les  habitans 
de  cette  ville  en  avertirent  le  pape,  qui  ordonna  à  l'archevêque  de  Vienne, 
son  légat,  à  la  fin  de  février  de  cette  année,  de  se  transporter  sur  les  lieux, 
de  punir  les  coupables  ik  d'épargner  les  innocens.  Enfin,  il  vint  un  ordre  de 
la  cour  pour  arrêter  les  poursuites;  ce  qui  fit  que  l'exercice  de  l'inquisition 
demeura^  longtemps  en  suspens.  On  ne  trouve  pas,  en  eftet,  dans  les  anciens 
registres  de  ce  tribunal,  que  les  inquisiteurs  aient  procédé  par  sentence  dans 
Édoi-iR">^  le  Toulousain,  depuis  le  mois  d'octobre  de  l'an  1287  jusqu'en  1:41,  &.  on 
n'a  que  de  simples  passe-ports  donnés  en  1238  par  les  deux  inquisiteurs, 
Guillaume  Arnaud  8<.  Etienne  de  Saint-Thibéry,  en  faveur  de  ceux  auxquels 
ils  avoient  auparavant  imposé  des  pénitences. 

XVL  — Roger-Bernard,  comte  de  Foix,  recherché  par  l'inquisition  d'Aragon. 

On  fit  aussi  une  recherche  exacte  des  hérétiques  dans  les  Etats  du  roi 
d'Aragon  en  1287,  Se  les  évêques  de  Catalogne  s'étant  assemblés  cette  année 
en  concile  à  Lérida'*,  commirent  divers  religieux  franciscains  &  dominicains, 
avec  quelques  ecclésiastiques  pour  cette  recherche.  Roger,  à  qui  Roger-Ber- 
nard, comte  de  Foix,  son  père,  avoit  cédé  depuis  peu  la  vicomte  de  Castelbon 
ou  de  Cerdagne,  permit  à  ces  inquisiteurs  d'exercer  leurs  fonctions  dans 
cette  vicomte,  où  ils  firent  exhumer  les  corps  de  dix-huit  défunts  pour  les 
faire  brûler,  81  condamnèrent  plusieurs  vivans  à  une  semblable  peine.  Le 
comte  de  Foix   ne   fut  pas  lui-même  exempt  de   censure  :  Pierre,  évêque 

■  Guillaume  de  Puylaurens,  c.  43.  '  \'oyez     tome    %in,     Chartes,     n.    CCXXIII, 

'  Raynaldi,   année   xzH-j,  n.  32.  —   [Pottlinst,       ce.   loioà   isi.^. 
Tî.  io3oo;  bulle  du  26  février  1237.] 

'  Guillaume    de   Puylaurens,   c.   43.   —  Voyez 
tome  VIII,  Chartes,  n.  CCLXIX,  c.   1174. 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXV.  yoT 

d'Urgel,  l'excommunia  comme  fauteur  Se  défenseur  des  hérétiques.  Ce  comte 
en  appelia,  au  commencement  de  juin  de  l'an  iiSy,  à  Velu  de  Tarragone,  en 
présence  des  évêques  de  Vie  &  de  Lérida,  sous  prétexte  que  le  jugement  étoit 
nul  pour  plusieurs  raisons  qu'il  détailla  par  écrit,  Si  auxquelles  Guillaume, 
procureur  de  Véglise  de  Tarragone,  répondit  par  des  apostilles'.  Guillaume 
prend  ce  titre ^  parce  que,  ayant  été  élu  archevêque  de  Tarragone  après  la 
mort  de  l'archevêque  Sparago,  qui  avoit  été  chanoine  régulier  de  la  cathédrale 
de  Toulouse,  il  ne  s'étoit  pas  fait  consacrer  :  il  renonça  quelque  temps  après 
à  l'épiscopat. 

XVII.  —  Amauri  de  Montjort  reprend  le  titre  de  duc  de  Narhonne,  6-  fait 
quelques  entreprises  sur  le  comté  de  Melgueil. 

Le  pape  écrivit-*  en  1287  au  dauphin^  qu'il  qualité  homme  très-noble,  pour 
le  reprendre  «  de  ce  qu'étant  soutenu  par  divers  seigneurs,  il  avoit  envahi 
«  une  partie  du  comté  de  Melgueil  qui  étoit  soumis  à  l'Eglise  romaine  &  au 
n  pape,  &  pour  lui  ordonner,  en  expiation  d'un  tel  attentat,  d'aller  outre-mer 
«  exercer  sa  valeur  contre  les  infidèles''.  »  Ce  dauphin  n'est  pas  dittérent 
d'Amauri  de  Montfort,  qui  avoit  épousé,  en  12  14,  Béatrix"',  alors  fille  unique 
£<  héritière  présomptive  du  dauphin  André  de  Bourgogne,  &  de  Béatrix  de 
Sabran,  sa  première  femme.  Or,  comme  le  dauphin  André  épousa  depuis 
tîéatrix  de  Montterrat,  dont  il  eut  Guigues  VII,  dauphin  de  Viennois,  8c 
qu'il  mourut  en  1:36  laissant  ce  fils  pupille,  il  faut  qu'Amauri  ait  disputé 
la  succession  du  Dauphiné  à  ce  dernier,  8c  qu'il  se  soit  lui-même  qualifié 
dauphin   après    la    mort   d'André,    son   beau-père.    Quant   aux   prétentions 

'  Il  nous  paraît  nécessaire   de    rétablir  un    peu  cette  affaire,  la  vicomte  de  Castelbon  appartenant 

l'ordre  des   faits.  Le  comte  de  Foix  avait  été  ex-  à  son  filsj  il  rappela  qu'il  avait  appelé  à  l'avance 

communié  depuis  quelque  temps,  quand,  dans  le  de  la   sentence,  8c  que,  au   mépris  de    cet  appel, 

concile  de  Lérida,   il  fut  conclu  avec  son  fils  Ro-  l'évêque  avait  procédé  contre  lui.  Comme  il  avait 

ger,  auquel  il  avait  donné  la  vicomte  de  Castel-  exécuté  les  ordres  des  inquisiteurs,  il  dut  d'autant 

bon,  que    le  vicomte    de  Cardone  entrerait  dans  plus   facilement  obtenir  gain   de  cause.   Son    mé- 

cette  vicomte   pour   prêter  main-forte  aux  inqui-  moire  juridique  est  des  plus  intéressants  à  lire, 

siteurs  &  à  G.,  procureur  de  Tarragone.  Celui-ci  [A.  M.] 

y  exerça    longtemps    les    fonctions  d'inquisiteur;  '  Mara  Hhpanlca,  c.  027. 

condamna  8c  emmena  prisonnières  quarante-cinq  '  Raynaldi,  année  izSy,  n,  3i. 

personnes,   fit    exhumer    8c    brûler    les   ossements  '  Voir  plus  bas.  Nous   n'avons  pu    retrouver  la 

de  dix-huit  autres,  démolir  deux  maisons,  Se  ré-  bulle    indiquée    par    Raynaldi    8c    dom    Vaissetc. 

clama   la    remise   entre  ses  mains   de   deux   héré-  Nous  ne   savons  donc  que  penser  des  prétentions 

tiques   notoires  qui  s'étaient  échappés.   Il  donna  de  ce  dauphin.  Mais  il  est  certain   que  l'évêque  de 

acte  de  tous  ces  faits   au    jeune  comte,  le  27  mai  Maguelonne    eut    souvent    fort    à    faire    pour    se 

I  237.  —  Aussitôt  après,  le  4  juin,  Roger-Bernard  maintenir  en    possession    du    comté   de  Melgueil. 

demanda  à  être  absous  de  l'excommunication  dont  En   janvier    1246,  Innocent    IV  commit   l'arche- 

il   avait  été   frappé,  &  exposa  ses  moyens  jiiridi-  véque    de   Narbonne    pour    forcer    les   vassaux    du 

ques    par-devant    les    évéques   d'Urgel,    de  Vie   8c  comté   de  Melgueil    à   obéir    à   leur   suzerain.    Cf. 

de  Lérida  ,    8c  Guillem,  procureur  de  Tarragone.  Germain,   Maguelonc    sous   ses  évéques,  pp.   207- 

L'excommunication  avait  été  fulminée  par  l'évé-  208.    [A.  M.] 

que  d'Urgel,  à  la  suite  d'une  guerre  entre  les  ha-  ''  Guichenon,   Bliliothcca  Seiusinna,   p.    70.  — 

bitants  de  Castelbon  8c   ceux  de    la    Seu-d'Urgel.  Le    P.    Anselme,   Histoire  généalogique  des  grands 

Roger-Be;nard    dénia    toute    responsabilité   dans  officiers,  x.    1,  p.  564. 


Al)  I  2 !! 7 


"TTITâT"   7°4  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  L!V.  XXV. 

qu'Amauri  pouvoit  avoir  sur  le  comté  de  Melgueil,  dont  il  s'empara  en 
partie,  elles  étoient  les  mêmes  que  celles  qu'il  avoit  sur  toutes  les  conquêtes 
de  Simon  de  Montfort  son  père,  8c  qu'il  fit  alors  revivre,  on  ne  sait  par  quel 
motif.  On  voit,  en  eftet,  qu'il  se  qualifioit  duc  de  Narbonne  6-  comte  de 
Toulouse  dans  des  lettres'  qu'il  donna  au  mois  d'avril  de  l'année  suivante. 
Mais  le  comte  Raimond,  paisible  possesseur  de  ses  États,  s'embarrassa  peu 
des  vaines  prétentions  d'Amauri^. 

XVIII.  —  Raimond  reprend  la  guerre  contre  le  comte  de  Provence. 

Raimond  reprit  la  guerre  en  123/  en  faveur  des  Marseillois,  contre  Rai- 
mond-Bérenger,  comte  de  Provence.  Il  étoit  dans  cette  province  au  mois  de 
mai,  &  il  donna  alors  quelques  châteaux^  en  fief  à  Raimond  de  Baux, 
prince  d'Orange,  8c  à  sa  postérité.  Il  donna  aussi  la  bastide  de  Montalvagne 
à  Guillaume  de  Sabran  8i  à  ses  entans,  à  condition  qu'ils  le  serviroient  dans 
ses  guerres,  excepté  contre  l'Empereur.  Hugues  de  Baux,  Barrai  son  fils, 
Raimond  de  Baux,  prince  d'Orange,  Guillaume,  comte  de  Forcalquier,  8cc., 
furent  présens  à  ce  dernier  acte,  8c  ils  étoient  par  conséquent  unis  avec  Rai- 
mond dans  la  guerre  que  ce  prince  renouvela  contre  Raimond-Bérenger.  Ce 
dernier  se  voyant "^  extrêmement  pressé,  engagea  Jacques,  roi  d'Aragon,  son 
cousin,  dont  il  ne  pouvoit  tirer  aucun  secours,  à  cause  que  ce  prince  s'étoit 
mis  en  campagne  pour  assiéger  la  ville  de  Valence  sur  les  infidèles,  à  se 
joindre  à  lui  pour  se  plaindre  au  pape  Grégoire  IX  de  la  conduite  que  le 
comte  de  Toulouse  tenoit  à  son  égard. 

XIX.  —  Plaintes  du  pape  contre  Raimond. 

Sur  ces  plaintes,  Grégoire  écrivit  au  roi  saint  Louis,  le  20  de  mai  de  cette 
année,  8c  l'exhorta  d'empêcher  Raimond  de  continuer  la  guerre  de  Pro- 
vence, qu'il  n'avoit  entreprise,  disoit  le  pape,  que  pour  se  venger  de  ce  que 


'  Voyez  tome VIII,  Chartes,  n.  CCXXV,  e.  1021.  champ,  est  probablement  un   faux.  L'original  ou 

'  L'interprétation  que  dom  Vaissette  donne  des  ce  qui  passe  pour  l'original  existe  encore  aujour- 

lettres  du  pape  adressées  au   dauphin  doit  être  er-  d'hui  à  la  Bibliothèque  nationale;  c'est  une  mau- 

ronée.   En    effet,    rien    ne   prouve   qu'Amauri    de  vaise  copie   du   quatorzième  siècle,  au  moins  in- 

Montfort  ait  reparu  dans  la  Province,  après  1226.  terpolée,   sinon    fabriquée  de   toutes   pièces,   &  à 

Au  contraire,  dans  cette  même  année  izjy,  nous  laquelle,  pour  donner  l'apparence  d'un  original, 

le  trouvons  fort  occupé  de  ses  préparatifs  pour  la  on    a    appendu   un    sceau   équestre    d'Amauri.   Le 

croisade.  Le  28  octobre  1237,  le  pape  ordonna  à  style  de  Tacte  renferme  plusieurs  expressions  inu- 

l'archevêque  de  Sens  &  à  son  pénitentiaire,  Guil-  siiées  81  on  peut,  sans  trop  risquer  de  se  tromper, 

laume,  de  lui  faire  compter  trois  mille  marcs  sur  déclarer  l'acte  fjux  de  tous  points.  [A.  M.] 
le  rachat  des  vœux  de  croisades  (Potth.  n.  10469).  '  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  CCXXII,  ce.  1008 

En  outre,  le  roi,  si   jaloux  de  son  autorité,  n'aii-  &  1009.  — Trésor  des  Chartes;  Toulouse,  sac  8, 

rait  pas  laissé  un  de  ses  grands  officiers  attaquer  n.  22.  —  [J.  01  7  ;  Teulet,  t.  2,  p.  841 .  —  Cet  acte 

ainsi    les  domaines   de   TEglise.    Enfin,   la    seule  est  daté  d'Avignon,  20  mai   1237.]  [A.  M.] 
preuve  sérieuse  que  dom  Vaissete  eût  pu  invoquer,  ^  Raynaldi,  année  1237,  n.  3^  &  suiv. 

cette  charte  d'Amauri  de  Montfort  pour  Grand- 


HISTOIRE  Gi^SERALE  DE  LANGUEDOC,  I.IV.  XXV.  700 

le  comte  Raimond-Bérenger  avoit  marché  au  secours  du  feu  roi  Louis  VIII 
durant  le  siège  d'Avignon.  Il  écrivit  aussi  dans  la  même  vue  à  Raimond  lui- 
même,  aux  comtes  de  Bretagne  Se  de  la  Marche,  à  l'archevêque  de  Vienne, 
son  légat,  8cc.  Enfin  il  ordonna  aux  peuples  d'Avignon  81  de  Marseille, 
ligués  avec  le  comte  de  Toulouse,  de  mettre  bas  les  armes'. 

Le  pape  se  plaignit,  dans  sa  lettre  au  roi,  de  ce  que  le  comte  Raimond  ne 
payoit  pas  l'honoraire  des  régens  de  l'Université  de  Toulouse,  ainsi  qu'il  v 
étoit  obligé}  de  ce  que  ses  baillis  ou  officiers  dans  le  Venaissin  avoicnt  chassé 
l'évêque  de  Vaison,  vieillard  aussi  respectable  par  son  âge  que  par  sa  nais- 
sance, après  lui  avoir  enlevé  la  ville  &  le  château  de  ce  nom,  &  causé  d'au- 
tres dommages;  de  ce  que  ce  comte  avoit  rétabli  le  péage  sur  le  sel  dans  le 
comté  de  Venaissin,  péage  auquel  le  comte  son  père  avoit  renoncé;  8c  enfin 
de  ce  qu'il  avoit  occupé  le  domaine  de  diverses  églises,  sans  se  mettre  en  peine 
de  se  corriger,  après  en  avoir  été  averti  plusieurs  fois  par  l'archevêque  de 
Vienne.  «  C'est  pour  cela,  ajoute-t-il  quoiqu'il  soit  déjà  excommunié  pour 
ft  toutes  ces  choses,  qu'il  présume  de  commettre  des  actions  encore  pires  au 
0  mépris  des  clefs  de  l'Eglise.  » 

XX.  —  Le  comte  de  Toulouse  suspend  la  guerre  de  Provence 
6"  envoie  une  ambassade  à  Jiome. 

Cette  lettre  eut  un  bon  effet  :  Raimond  promit  d'envoyer  des  ambassadeurs 
à  R.ome,  tant  pour  demander  pardon  au  pape  du  passé,  que  pour  se  sou- 
mettre entièrement  à  ses  ordres.  Il  paroît  que  l'archevêque  de  Vienne,  légat 
du  Saint-Siège,  s'opposa  à  cette  ambassade;  car  le  pape^  défendit  qu'on 
empêchât  ce  comte  d'envoyer  à  R.ome  des  prélats  &  des  religieux  pour  ses 
ambassadeurs;  »  étant,  ajoute-t-il,  du  devoir  d'un  pontife,  d'imiter  la  clc- 
«  mence  de  celui  qui  souhaite  le  salut  8c  non  la  mort  des  pécheurs.  »  Enfin, 
il  y  a  lieu  de  croire  que  Raimond  suspendit  la  guerre  de  Provence;  car  il 
étoit  de  retour^  à  Toulouse  le  dimanche  7  de  juin  de  cette  année.  Il  reçut"* 
quel([ues  jours  après,  au  camp  devant  Millau,  en  Rouergue,  l'hommage  de 
Matfred  de  Castelnau,  en  présence  de  Bertrand  son  frère,  d'Hugues,  comte 
de  R.odez,  Bertrand  de  Cardaillac^,  Sec.  Il  retourna  en  Provence  avant  la  fin 

■  La  lettre  à  Raimond  est  du  iS   tuai,  celle  au  ses  qu'il  a  faites  dans  le  temps  au  légat  Romain, 

roi    du   10    mai    tzi-j.    Le    pape    écrivit    en    même  lors    de    la    paix    de    Paris,    &    à    passer    le    plus 

temps  à  la  reine  Blanche  Si  aux  grands  du  royaume  promptemeni  possible  en  Terre-Sainte,  conformé - 

(Potthast,  n°'  iciiij  &  io36i).  —  Dans  sa  lettre,  ment  aux  engagements  qu'il  a  pris.  Au  cas  où  il 

qui  est   très-sévère,  le  pape  dit  qu'au  rapport  de  refuserait  de  donner  satisfaction  au   pape,   l'ar- 

Jacques  d'Aragon,  la  haine  de  Raimond  contre  le  chevéque  de  Vienne  a  ordre  d'excommunier  tous 

comte  t!c  j^rcvence  a  pour  cause  l'aide  fourni    par  ses  adhérents  Si  tous  ceux  qui  attaqueront  le  comte 

lui  à  Louis  VIII,  lors  du   siège  d'Avignon.  Après  de  Provence.    [A.  M.] 

avoir  passé  en    revue  tous  les  griefs  qu'il  a  contre  "  R.iynaldi,  année  i  zjy,  n.  84  &  sulv.  —  [Pot- 

lui  :  rétablissement   du    salin    en    Provence,   vio-  thast,  n.   10422;  lettre  du  28  juillet  1237.] 

lences   &  usurpations  envers   l'évêque  de  V.iison,  '  Archives  de  l'abbaye  de  Montolieu. 

négligence  à  payer  les   professeurs  de   l'universii;  ^  Voyez  lome  VIII,  Charles,  n.  CCXXII,  c.  1010. 

de  Touloi;ic;    il   l'engage  à  accomplir  les  promes-  '  En    eilct,  la  viUe  de  Millau  avait  été   repri:;e 

VI.  4'"' 


An  1237 


l'id.  oii:;i:j. 
t.  111,  p.'4i3. 


An  iiJ'j 


An  i2j8 


706  HISTOIRE  CtÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV,  XXV. 

du  mois  de  juillet',  Se  passa  un  compromis  à  Villedieu,  près  de  Montauhan,  ^ 
le  9  de  novembre  suivant^,  entre  les  mains  de  Raimond,  évoque  de  Tou- 
louse, au  sujet  des  différends  qu'il  avoit  avec  le  chapitre  de  la  cathédrale 
d'Albi. 

XXI.  —  Origine  de  la  ville  &>  des  seigneurs  de  Rieux, 

Au  mois  de  mai  de  l'année  suivante,  Gentile  de  Gensac,  fille  de  feu  Aymar 
de  Gensac  &  de  Sibylle  d'Auterive,  autorisée  par  Raimond  de  Benque  son 
mari,  déclara  à  Raimond^,  comte  de  Toulouse,  devant  Raimond,  évêque  de 
cette  ville,  Guillaume  Isarn,  archiprêtre  de  Rieux,  !kc.,que  tout  le  domaine 
qu'elle  avoit  par  la  succession  de  son  père  St  de  sa  mère  8t  de  Saurimène  sa 
sœur,  sur  le  château  de  Rieux  de  Volvestre,  St  à  Gonac,  Bezenac,  Montes- 
quieu, 8tc.,  étoit  tombé  en  commise  pour  n'en  avoir  pas  reçu  l'investiture  dans 
l'an  &  le  jour,  &  qu'ainsi  elle  l'abandonnoit  à  ce  prince.  C'est  le  plus  ancien 
monument  que  nous  connoissions  touchant  la  ville  de  Rieux,  aujourd'hui 
épiscopale'^.  Raimond  reçut  quelques  hommages  dans  son  palais  de  Toulouse 
le  21  d'août  suivant.  Il  fit  ensuite  un  voyage  en  Rouergue,  &  Jean  de  Mont- 
laur,  évêque  de  Maguelonne,  l'alla  joindre  à  Millau,  le  28  de  ce  mois. 

XXII.  —  L'évêque  de  Maguelonne  donne  en  fief  à  Raimond  la  ville 

de  Montpellier. 

Ce  prélat  lui  donna  alors'^  en  fief  la  ville  de  Montpellier,  le  château  de 
Lates  &  les  autres  domaines  que  Jacques,  roi  d'Aragon,  tenoit  de  l'église  de 
Maguelonne,  avec  permission  d'en  prendre  possession  Si  d'acquérir  les  droits 
de  tous  ceux  qui  en  auroient  quelqu'un  à  Montpellier  ou  dans  ses  dépen- 
dances, nommément  de  Guillaume  de  Montpellier,  fils  de  feu  Guillaume  de 
Montpellier  :  il  promit  enfin  de  l'aider  en  toutes  ces  choses.  Raimond  accepta 
la  donation  &  promit,  de  son  côté,  à  Jean  de  Montlaur  de  conserver  le  droit 
de  ce  prélat  sur  Montpellier  Si  sur  ses  autres  domaines,  &  de  ne  pas  y  exercer, 
soit  par  lui-même,  soit  par  les  autres,  la  justice  civile  &.  criminelle,  lorsqu'il 

par  le  roi  d'Aragon,  probablement  en   1206,  &  le  ■•  Peu  après  le  comte  se  rendit  une  première  fois 

comte  de  Toulouse  eut  à  la  reprendre.  Cette  agrès-  dans   le  Rouergue,  Le  3   mai   il  s'empara    à  main 

sion   du    roi    d'Aragon    dut   avoir   lieu    peu   avant  armée  du   château  de  CayUis,  près  Saint-Affiique, 

izSy;    il   est   du    reste   certain    qu'il   posséda    un  qui   avait  pris  les    armes  contre  lui   (De  Gaujal, 

instant   cette  ville.    (Cf.   tome    VIII,  c.   1401.  —  t.  2,  p.  io5).  Quelques  jours  plus  tard,  le  28  mai, 

De  Gaujal,  t.  2,  p.   io5).   [A.  M.]  il   confirma    les  coutumes   de   Saint-Aftrique  (Cf. 

'  Bouche,  La   cfiorographie   ou   description   de   la  ihid,   t.    1,   pp.  3i6-3l9).   Ces   coutumes,  qui   sont 

Provence,  t.  2,  p.   1066.  en    langue  vulgaire,    sont    importantes    surtout  à 

'  Archives  de  l'église  d'Albi.  cause  des   indications  qu'elles   renferment   sur  le 

'  Manuscrits  de  Colbert,  n.  1067. —  [Teulet,  t.  2,  tarif  des  amendes.  Elles  ne  parlent  pas  d'ailleurs 

p.  377,  d'après  l'original,  J.  326,  n"'  28  &  29.] —  de  libertés  municipales.  [A.  M.] 

Nous  ne  connaissons  pas  de  lieu  du  nom  de  Gonac,  "•  Gallia  Christiana,  t.  3,  c.  ,587,  &  nov.  éd.  t.  6, 

mais  Bezenac  est  certainement  Be^ac,  Ariége,   ar-  Instrum.  c.   368.  —  Trésor  des  chartes;  Toulouse, 

rondissement  de  Pamiers.  [A.  M.]  sac  i^,  n.  78.  [J.  323,  Teulet,  t.  2,  pp.  387  à  389. j 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXV.  707    ""        " 

'        '  Ail    I2J0 

auroit  pris  possession  de  la  seigneurie  de  Montpellierj  de  lui  en  faire  hom- 
mage, de  garder  8c  de  faire  garder  'es  libertés  &  les  droits  de  l'église  de 
Maguelonne  Se  des  habitans  de  Montpellier,  8c  d'assigner  à  ce  prélat  les 
châteaux  de  Miraval,  de  Frontignan  8c  de  Balaruc,  Sec.  pour  qu'il  en  jouît 
de  plein  droit.  Bernard  du  Fesc,  notaire  de  l'évêque  de  Maguelonne,  jura 
sur  l'âme  de  ce  prélat  Se  par  son  ordre  l'observation  de  tous  ces  articles,  dont 
Raimond  Gaucelin,  seigneur  de  Lunel,  se  rendit  garant  avec  Raimond  de 
Baux,  prince  d'Orange,  Se  Rostaing  de  Montpezat,  qui  firent  serment  de  les 
observer  spécialement  pour  le  comte  Raimond.  Jean  de  Montlaur  prétendoit  t.'i'îi  °p'.^4'!4. 
que  Jacques,  roi  d'Aragon,  avoit  fait  diverses  entreprises  contre  les  droits  de 
son  église,  8c  qu'ainsi  la  seigneurie  de  Montpellier,  que  ce  prince  tenoit  de 
de  lui  en  fief,  étant  tombée  en  commise,  il  lui  étoit  libre  d'en  disposer.  Il  se 
plaignoit  surtout  d'une  ordonnance'  par  laquelle  Jacques  avoit  défendu, 
le  4  de  février  de  cette  année,  à  tous  ses  sujets  de  Montpellier  de  plaider  dans 
toute  autre  cour,  soit  civile,  soit  ecclésiastique,  que  la  sienne. 

XXIII.  —  Plaintes  des  ecclésiastiques  de  la  province  contre  les  officiers  du  roi. 

Le  clergé  de  la  Province*  porta  d'un  autre  côté  de  nouvelles  plaintes  au 
pape  Grégoire  IX  au  sujet  des  vexations  q>i'il  prétendoit  qu'il  avoit  à  souffrir 
de  la  part  des  officiers  du  roi  de  France.  Grégoire  ordonna  en  conséquence, 
le  16  de  mars  de  l'an  1208,  à  l'archevêque  de  Narbonne  Se  aux  évêques  de 
Maguelonne  8c  d'Elne,  de  contraindre  par  censures  les  sénéchaux  8c  les 
baillis  du  roi  dans  la  province  de  Narbonne,  à  cesser  de  s'emparer  des  domaines 
des  églises  après  la  mort  des  évêques  8c  des  autres  prélats,  sous  prétexte  des 
droits  régaliens}  entreprise,  ajoute-t-il,  qui  n'avoit  jamais  été  faite  par  les 
prédécesseurs  de  ce  prince,  ou  par  les  autres.  Il  défend  toutefois  à  ces  prélats 
de  lancer  l'excommunication  8c  l'interdit  sur  les  terres  du  roi,  à  moins  qu'il 
ne  leur  en  donnât  un  ordre  spécial. 

XXIV.  —  Raimond  demande  diverses  choses  au  pape,  qui  lui  accorde 
son  absolution,  le  dispense  de  passer  outre-mer,  etc. 

Le  comte  de  Toulouse^  fit  demander  au  pape  Grégoire  IX,  par  les  ambassa- 
deurs qu'il  lui  envoya.  Se  dont  on  a  déjà  parlé  :  1°  l'absolution  de  l'excom- 
munication dont  il  avait  été  frappé;  2"  d'ôter  l'office  d'inquisiteur  aux  frères 
prêcheurs,  qui  dans  leurs  procédures  contre  les  hérétiques,  ne  suivoient  ni  les 
lois  civiles  ni  les  lois  canoniques;  mais  de  laisser  à  l'avenir  cette  fonction 

•  Gariel,  Séries praesulam  Magalonem'tum ,  p.  35o  que  de  Toulouse  (Potthast,  n.  loSçS),  à  Louis  IX, 

&  seq.  du   lo  août  suivant  (n.   10641),  '"fi"  du  20  août, 

'  Marca,  De  concorjantia,  éd.  de  1704,  p.  1277.  à  Giii,   évéqiie   de   Sora,  pour  lui    ordonner  d'.ib- 

—  iPotthast,  n.   10540.]  soudre  Raimond  (n.  10644).  Nou'  n'avons  pas  re- 

'  Raynal.li,  année  i23S,n.  52,&  m3<),  n.  71  &  trouvé  l'instruction  du  9  juin  à  l'évêque  de  Pales- 

suiv,  —  Lcii.s  du   I  2  mars  1  233,  à  Raimond,  évé-  trina.  [A.M.] 


"XTTTsT"   7°^  FIISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXV. 

aux  évêques,  auxquels  elle  appartenoit  de  choit;  3°  de  permettre  d'inhumer 
en  terre  sainte  le  corps  du  feu  comte  Pv.aimoiid  son  père,  attendu  qu'il  étoit 
prouvé  par  l'enquête  que  l'évêque  d'Albi  &  les  abbés  de  Saint-Sernin  de 
Toulouse  8c  de  Grandselve  avoient  faite,  que  ce  prince  avoit  donné  à  sa 
mort  des  marques  de  pénitence;  8<  de  lever  les  censures  dont  ce  même  comte 
avoit  été  frappé  par  les  juges  délégués  du  Saint-Siège;  4°  d'être  dispensé  du 
serment  de  passer  outre-mer  &  d'y  servir  pendant  cinq  ans,  pour  ne  pas 
paroître  s'engager  par  contrainte,  mais  avec  liberté,  comme  les  autres  chré- 
tiens, dans  une  expédition  si  pénible  8c  si  laborieuse,  avec  promesse  cependant 
de  se  dévouer  à  cette  entreprise,  à  la  tête  de  sa  noblesse,  au  premier  passage 
général,  81  de  demeurer  en  Orient  autant  de  temps  que  sa  dévotion  le  lui 
suggéreroit.  Le  roi  fit  appuyer  cette  dernière  demawde  de  Raimond  par 
l'évêque  de  Clermont,  son  ambassadeur  à  Rome. 

Grégoire  répondit  favorablement  au  premier  article;  St  en  attendant  qu'il 
fît  partir  le  cardinal  Jacques,  évêque  de  Palestrine,  qu'il  avoit  résolu  d'en- 
voyer incessamment  dans  la  Province  avec  l'autorité  de  légat  a  latere',  à  la 
place  de  l'archevêque  de  Vienne,  il  ordonna  à  l'évêque  de  Toulouse  8c  aux 
inquisiteurs  de  suspendre  pour  un  temps  les  censures  qu'ils  avoient  décernées 
contre  les  sujets  du  comte.  Se  de  l'admettre  lui-même  à  la  communion  de 
l'Église,  après  qu'il  auroit  promis  par  serment  de  réparer  ses  fautes  passées. 
Nous  ignorons  la  réponse  du  pape  aux  deux  articles  suivans;  mais  on  sait 
que  l'exercice  de  l'inquisition  fut  suspendu  dans  le  pays  pendant  plusieurs 
années.  Enfin  le  pape  ordonna  à  l'évêque  de  Palestrine  le  9  de  juin  :  1°  d'ab- 
soudre le  comte  Raimond  des  censures  dont  il  étoit  lié;  2°  de  le  dispenser  du 
serment  qu'il  avoit  fait  de  passer  outre-mer  :  «  C'est  pourquoi,  poursuit-il, 
«  si  le  comte  se  montre  digne  d'obtenir  cette  grâce,  nous  vous  enjoignons, 
«  après  que  vous  lui  aurez  donné  l'absolution,  suivant  la  tonne  qui  vous  est 
«  prescrite.  Se  qu'il  aura  promis  par  serment  entre  les  mains  du  roi,  du  conseil 
«  des  archevêques  de  Sens  Se  de  Rouen,  auxquels  nous  donnons  nos  ordres 
«  là-dessus,  qu'il  ira  outre-mer  au  premier  passage  général  avec  les  autres 
«  ultramontains,  pour  y  servir  pendant  trois  ans,  selon  son  état  Se  sa  condi- 
«  tion,  comme  il  l'offre  par  ses  ambassadeurs;  de  lui  permettre  par  l'autorité 
«  des  présentes,  de  revenir  avi  bout  de  ce  terme;  en  sorte  néanmoins  que  s'il 
«  enfreint  les  choses  susdites,  cette  permission  ne  puisse  lui  servir  de  rien, 
V.  &e  soit  regardée  comme  non  avenue.  » 

XXV.  —  Gui,  évêque  de  Sora,  &  Jacques,  évêque  de  Palestrine, 
successivement  légats  dans  la  province. 

Le  cardinal  de  Palestrine  ayant  reçu  ses  ordres  se  mit  en  chemin;  mais 
t'ui''p.^u'5.   l'empereur  Frédéric',  alors  ennemi  de  Grégoire,  lui  refusa  le  passage  par  la 

'  Le   pnpe    ne    recommanda    l'évêque    de    Paies-        t.  2,   pp.   416-418,    Pot'hast,   n.   10-98.  —  Voyei 
trina  au  roi  de  France  qu'en  octobre  12^9,  en  lui        plus  bas).  [A.  M.] 
demandant  ses  secours  contre  Frédéric  II  ^Tjulet,  '  Raynaldi,  année  1239,  n.  2. 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGu'EDOC.   LIV.  XXV. 


709 


Provence  S<.  traversa,  autant  qu'il  fut  en  lui,  sa  négociation.  Il  paroît  cepen- 
dant '  que  ce  légat  étoit  arrivé  dans  la  province  en  1239,  car  le  pape  lui 
ordonna  cette  année  de  prendre  la  défense  de  l'évêque  de  Maguelonne  contre 
plusieurs  personnes  puissantes  que  ce  prélat  avoit  excommuniées,  à  cause  de 
la  tyrannie  qu'elles  exerçoient  dans  le  comté  de  Melgueil  &<.  de  Montferrand, 
qu'il  tenoit  de  l'Eglise  romaine  sous  un  cens  annuel. 

Gui,  évêque  de  Sora,  au  royaume  de  Naples,  exerça  les  fonctions  de  légat 
dans  la  Province  jusques  à  l'arrivée  du  cardinal  de  Palestrine,  comme  on  voit 
par  une  lettre-  que  les  maîtres  de  l'université  de  Toulouse  lui  écrivirent, 
le  4  de  février  de  l'an  i238  (iiSç),  pour  lui  témoigner  que  le  comte  Rai- 
mond  avoit  achevé  de  les  satisfaire  de  leur  honoraire,  ainsi  qu'il  l'avoit 
ordonné.  Nous  apprenons  d'ailleurà^  que  Vévêque  de  Sora,  légat  du  Saint- 
Siège,  donna  labsolution  à  ce  prince,  après  qu'il  eut  promis  d'obéir  généra- 
lement à  tout  ce  que  le  pape  &  ce  même  légat  jugeroient  à  propos  de  lui 
ordonner,  au  sujet  des  articles  pour  lesquels  il  avoit  été  excommunié,  entre 
autres  pour  n'avoir  pas  restitué  à  l'abhé  de  Moissac  les  domaines  de  son  abbaye 
dont  il  s'étoit  saisi. 


An  izZy 


XXVI.  —  Aymar  II,  comte  de  Valentïnois,  se  rend  vassal  de  Raîmond 
pour  divers  fiefs  du  Vivarais. 

Raimond  étoit  aux  environs  du  Rhône'*,  au  mois  de  février  de  l'an  1239^. 
Aymar  II,  comte  de  Valentinois,  lui  déclara  par  un  acte,  à  l'Isle,  dans  le 
V'enaissin,  le  9  d'avril  suivant,  «  que  le  château  de  Bais  avec  ses  dépendances 
i>  étoit  de  son  alleu;  que  les  châteaux  ci-dessous  nommés,  qui  lui  ap])arte- 
<i  noient  en  plein  droit  de  propriété,  8t  qu'il  avoit  actuellement  en  sa  main 
«  ou  qu'on  tenoit  de  lui  en  fief,  ou  enfin  sur  lesquels  il  avoit  la  supériorité, 
«  étoient  également  ses  alleux,  8c  qu'il  n'en  tenoit  aucun  en  fief  ou  autre- 
«  ment,  de  quelque  seigneur  temporel  que  ce  fût;  savoir  :  les  châteaux  de 


■  Guillaume  de  Puylnurens,  c.  4J. 

*  Voyez  tome  V m,  Chartes,  n.  CCXXV,cc.  loîi 

&    lOJJ. 

'  Ibii.  n.  CCXXXI,  ce.   1041,   lo^î. 

'  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n,  CCXXV,  ce.  I023 
81  1024.  —  Acte  du  24  février  iiSp,  par  lequel 
Raimond  VII  se  reconnaît  débiteur  envers  Jean 
d'Orlhac,  de  Montpellier,  de  huit  cent  trente  li- 
vres de  Melgueil,  pour  solde  de  tout  compte;  il 
hypothèque  pour  leur  payement  par  annuité  de 
cent  cinquante  livres  ses  droits  à  Marseille.  L'acte 
est  donné  à  Saint-Gilles.  Il  est  probable  que 
c'était  ce  banquier  de  Montpellier  qui  avait  fait 
les  frais  de  l'expédition  de  Provence.  Du  reste  la 
position  pécuniaire  de  Raimond  VII  n'était  pas 
des  plus  brillantes  à  cette  époque,  l.e  3  mai  iîi<), 
étant  à  Marseille,  il  dut  demander  à  l'abbé  de 
Cîteaux    un  sursis  pour  le  payement  des  sommes 


qu'il    lui   devait.   (Teulet,  t.  2,  p.  406,  d'après  T. 
309,  n.   10).   [A.  M.) 

'  Un  peu  auparavant,  Raimond  VU  était  allé 
faire  un  voyage  dans  le  Périgord  &  dans  l'Agenais. 
Il  obtint  alors,  le  3  septembre  1  238  (Teulet,  t.  2, 
pp.  389-390,  d'après  J.  309,  n.  16),  de  Guiraud, 
abbé  de  Sarlat,  la  donation  du  haut  domaine  de 
l'important  château  de  Beynac  (Dordogne,  arr.  & 
canton  de  Sarlat).  Il  s'engagea  à  rendre  hommage 
pour  ce  château  â  l'abbé  8c  à  son  église,  dans  le 
chœur  de  l'église  de  Sarlat,  &  à  payer,  en  rendant 
l'hommage,  cent  sous,  monnaie  de  Périgord.  Le 
même  jour,  le  comte  sous-inféoda  le  château  de 
Beynac  à  Gaillard  de  Beynac  [Ihii.  t.  2.  pp.  390- 
391).  Les  deux  actes  furent  rédigés  par  un  notaire 
d'Agen  St,  par  conséquent,  furent  probablement 
passés  dans  cette  ville.  [A.  M.] 


~l[~i        710  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXV. 

«  Saint-Alban,  Tournon  ,  Privas,  Boulogne  8<  cinq  autres  de  leurs  dépen- 
«  dances,  le  domaine  qu'il  avoit  sur  les  châteaux  du  Pouzin,  la  Gorse,  Saint- 
«  Ândéol,  Brion,  Saint-Agrève  8c  neuf  autres.  »  Aymar  reçut  ensuite  tous 
ces  domaines  en  fief  franc  de  Raimond,  comte  de  Toulouse,  son  cousin,  après 
lui  en  avoir  donné  le  domaine  principal  &  direct  :  il  ne  s'y  réserva  que  le 
domaine  utile  &  la  possession  naturelle,  5c  il  lui  en  rendit  hommage  les 
mains  jointes  devant  les  évêques  d'Albi  8c  de  Cavaillon,  devant  Hugues  Se 
Barrai  de  Baux  8c  divers  autres  seigneurs.  Tous  ces  domaines  étant  situés 
dans  le  diocèse  de  Viviers  dépendoient  par  conséquent  de  l'ancien  comté  de 
cette  ville,  qui  appartenoit  encore  aux  comtes  de  Toulouse  à  la  fin  du  dou- 
zième siècle  8c  au  commencement  du  suivant  :  ainsi  ces  comtes  possédoient 
alors  la  suzeraineté  sur  tous  ces  châteaux,  8c  les  comtes  de  Valentinois  ne 
pouvoient  les  tenir  depuis  longtemps  en  franc  alleu.  Aussi  Aymar  ne  marque 
pas  dans  l'acte  que  ses  prédécesseurs  les  eussent  possédés  de  cette  manière, 
quoiqu'un  généalogiste  moderne'  l'ait  avancé.  Voici  donc,  à  ce  qu'il  nous 
paroît,  de  quelle  manière  les  comtes  de  Valentinois  avoient  acquis  cette  auto- 
rité indépendante  sur  une  grande  partie  du  Vivarais. 

On  a  remarqué  ailleurs^  qu'Aymar  de  Poitiers,  premier  du  nom,  comte  de 
Valentinois,  s'étant  déclaré,  en  i2i3,  en  faveur  de  Raimond  VI,  comte  de 
Toulouse,  durant  l'affaire  des  albigeois,  Simon  de  Montfort  lui  déclara  la 
guerre  8c  convint  enfin  d'un  traité  avec  lui.  Or,  comme  le  même  Raimond 
fut  privé  deux  ans  après  de  ses  domaines  au  concile  de  Latran,  8c  que  ce 
prince  8c  Raimond,  son  fils,  en  furent  censés  exclus  jusqu'au  traité  de  paix 
de  l'an  1229,  Aymar  I  aura  profité  de  ces  troubles  pour  établir  sa  domina- 
tion sur  le  Vivarais,  qui  étoit  contigu  à  ses  Etats  8c,  par  conséquent,  à  sa 
bienséance,  &c  qui  n'étoit  pas  compris  dans  les  pays  que  le  concile  de  Latran 
adjugea  à  Simon  de  Monttort,  car  on  ne  lui  donna  que  ce  qui  avoit  été  con- 
quis par  les  croisés.  Enfin  Raimond  VII,  étant  rentré  en  122g  dans  la  pai- 
sible possession  d'une  grande  partie  de  ses  États,  il  aura  fait  ses  efforts  pour 
recouvrer  l'autorité  que  ses  ancêtres  avoient  exercée  sur  le  Vivarais,  8c  cela 
avec  d'autant  plus  de  fondement  que  le  roi  de  France,  à  qui  il  avoit  cédé 
une  partie  de  ses  domaines,  n'en  jouissoit  pas.  D'un  autre  côté  Aymar  II, 
comte  de  Valentinois,  soit  par  justice,  soit  par  reconnoissance  envers  la  maison 
de  Toulouse,  à  laquelle  ses  prédécesseurs  étoient  redevables^,  en  quelque 
manière  des  comtés  de  Valentinois  8c  de  Diois,  se  sera  soumis  à  Raimond  VII 
Éd.oriBin.  pout  ccttc  partie  du  Vivarais,  dont  il  étoit  en  possession  8c  dont  il  conserva 
le  domaine  utile.  Il  paroît  qu'Aymar  reconnut  en  même  temps  tenir  en  fiet 
de  Raimond  le  comté  de  Die.  Il  déclara,  en  effet,  vers  l'an  1256"*,  par  un 
acte  authentique  à  Gui  Fulcodi,  conseiller  d'Alfonse,  comte  de  Poitiers  5c  de 
Toulouse,  «  qu'il  avoit  reconnu  à  la  vérité  tenir  du  feu  comte  de  Toulouse 

'  Le  P.  Anselme,  Histoire  géiiéalogiijue  des  grands  '  Voyez  tome  III,  livre  XVIII,  ch.  xxvii,  p.  800, 

officiers,  t.  2,  p.   188.  &  plus  haut,  livre  XX,  ch.  xvi,  pp.  i33  &  134. 

•  Voyez  plus  haut,  livre  XXII,  ch.  LX,  pp.  433,  «Voyez    tome   VIII,   Chartes,    n.    CCCXVIII, 

434.  c.   iSpS. 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXV,  711 

«  le  château  de  Bais,  le  comté  de  Die  &.  généralement  tout  ce  qui  dépen- 
«  doit  de  ce  comté;  domaines  que  son  aïeul  avoit  reç\is  en  fief  du  même 
K  comte  de  Toulouse;  mais  qu'il  n'avoit  prétendu  comprendre  dans  cette 
«  généralité  que  le  comté  de  Die;  qu'il  avoit  fait  cette  reconnoissance  par  la 
«  crainte  du  comte  qui  le  menaçoit  de  lui  faire  la  guerre,  &c.  » 

Aymar  II  étoit  petit-fils'  d'Aymar  de  Poitiers,  premier  du  nom,  comte 
de  Valentinois,  à  qui  Raimond  V,  comte  de  Toulouse,  avoit  donné  le  comté 
de  Diois  en  fief.  Aymar  I  eut  de  Philippe  de  Fay,  sa  femme,  dame  de  la 
Voulte  S\  de  plusieurs  autres  terres  en  Vivarais,  un  fils  81  une  fille.  Le  fils, 
nommé  Guillaume,  comme  son  aïeul,  mourut  en  1226,  quatre  ans  avant 
Aymar  I,  son  père,  81  laissa  de  Flotte  de  Bérenger,  Aymar  II  dont  on  vient 
de  parler.  La  fille  d'Aymar  I,  nommée  Josserande,  épousa  Pierre  de  Ber- 
mond,  seigneur  d'Anduze  8c  de  Sauve,  dont  elle  eut  Roger,  qui  fit  une 
branche  de  la  maison  d'Anduze.  Philippe  de  Fay,  son  aïeule,  disposa  en  sa 
faveur,  le  3o  de  mai  de  l'an  1246,  du  château  de  la  Voulte  &  de  ses  autres 
domaines  du  Vivarais. 

XXVII.  —  Raimond  reçoit  l'hommage  de  l'évèque  de  Carpentras,  s'accorde 
avec  le  comte  de  Roder^,  iyc,  —  Seigneurs  d'Andu-^e. 

Le  comte  de  Toulouse  reçut  à  Orange^,  le  i5  de  mai  de  l'an  1239,  l'hom- 
mage 8c  le  serment  de  fidélité  de  Guillaume,  évêque  de  Carpentras,  pour  la 
ville  de  ce  nom,  le  château  de  Malamort,  8cc.  Il  passa  le  Rhône  bientôt 
après,  8c  vint  dans  le  Fvouergue,  où  l'évcque  de  Rodez  8c  son  chapitre  lui 
donnèrent  en  fief,  vers  la  fin  du  même  mois,  le  Puy  de  Vernéjol,  à  cause  des 
services  qu'ils  avoient  reçus  de  lui  Se  de  ses  prédécesseurs^.  Le  comte,  en 
reconnoissance,  leur  remit  le  droit  qu'il  avoit  sur  le  château  de  Luzech.  Il 
confirma"*,  vers  le  même  temps  les  coutumes  que  teu  Raimond,  son  père, 
avoit  données  aux  habitans  de  Millau,  8c  reçut  à  Castelsarrasin,  dans  le  Tou- 
lousain, le  21  de  juin,  l'hommage^  de  Raimond-Bernard  de  Durtort,  pour 
Puy-Cornet  8c  divers  autres  domaines  du  Querci.  Il  retourna  ensuite  dans 
le  Rouergue^  8c  remit,  le  i"  d'octobre,  en  présence  de  Bernard,  comte  de 
Comminges,  Pierre,  vicomte  de  Murât,  8cc.,  à  Hugues,  comte  de  Rodez,  fils 
de  feu  Henri,  aussi  comte  de  Rodez,  les  mille  six  cens  marcs  d'argent  que  ce 
dernier  s'étoit  engagé  de  payer  au  feu  comte  de  Toulouse,  son  père,  par  le 
traité  qu'ils  avoient  conclu  à  Rocamadour '^.  Hugues,  comte  de  Pvodez,  avoit 
épousé  Isabeau  de  Pvoquefeuil,  fille  aînée  8c  héritière  de  Raimond  d'Anduze, 
seigneur  de  Roquefeuil,  8c  de  Dauphine  de  Turenne,  qui  lui  avoit  apporté 

'LeP.  Xmclme,  Histoire généalogi<iue  des  grands  '  Manuscrits  de  Colhert,  n.  ioG-j .  —  [L'original 

officiers,  t.  2,  p.   187  &  suiv.  était    autrefois    au    Trésor    des    chartes,    J.    314, 

'Voyez    tome    VIII,    Chartes,    n.    CCXXVII ,  n.    17;    il   manque  aujourd'hui}   cf.  Teulet,  t.   2, 

ce.  1027  à  io3o.  P-  410,  &.  lat.  6009,  p.  48.] 

^  Gallia  Christiana,  nov.  éd.  t.   1,  Instr.  p.  2o3.  ^  ZaXuze,  Histoire  généalogique  de  la  maison  d'Au- 

'  Hôtel  de  vi^e  de  Millau.  —  [Le  19  mai  I23S;       vergne,  t.  2,  p.  762. 

cf.  de  Gaujal,  t.  2,  p.   io3.J  '  Voyez  plus  haut,  I.  XXI,  ch.  XLiii,  p.  269. 


An  1239 


""        :         7' 2  HISTOIRE  nÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.   LIV.  XXV. 

les  terres  de  Rocjueieuil  Se  de  Nîéruey^  la  vicomte  de  Creyssel  8c  la  terre  de 
Pneissac. 

XXVIII.  —  Évéques  de  Lodève. 

On  assure'  que  le  co;nte  de  Toulouse  réveilla  cette  année  les  droits  de  ses 
ancêtres  sur  le  diocèse  ou  comté  de  Lodève,  Si  qu  il  lit  occuper  en  son  nom 
une  partie  du  domaine  de  l'évcque,  qui  excommunia  Aymar  de  Guillem, 
seigneur  de  Clermont,  tant  pour  avoir  donné  retraite  dans  son  château  k 
l'agent  de  ce  prince,  que  parce  qu'il  relusoit  de  lui  rendre  hommage.  Ce 
prélat,  nommé  Bertrand  de  Mornai,  avoit  succédé  à  Pierre,  qui,  sur  la  fin  de 
ses  jours,  prit  l'habit  des  frères  mineurs  dans  le  couvent  qu'il  leur  avoit  fondé 
à  Lodève,  &  qui  mourut  en  1287.  L'élection  de  Bertrand  de  Mornai,  qui 
étoit  religieux  de  Saint-André  d'Avignon,  fut  confirmée  par  l'archevêque  de 
Narljonne;  mais  il  mourut  avant  son  sacre.  Guillaume  de  Casouls  lui  suc- 
céda en  1241. 

XXIX.  — Entrevue  à  Montpellier  entre  le  roï  d'Ai  ngon  L-  le  c077ite  Raimond. 

Le  premier  pacifie  cette  ville. 

Le  comte  de  Toulouse  fut  rendre  visite  à  Montpellier-,  au  mois  d'octobre, 
à  Jacques,  roi  d'Aragon,  qui  y  fit  cette  année  un  séjour  de  cinq  mois-*,  après 
s'être  acquis  une  gloire  immortelle  par  ses  nouvelles  victoires  sur  les  Maures, 
entre  autres  par  la  prise  de  la  ville  de  Valence,  qui  s'étoit  enfin  rendue,  la 
veille  de  Saint-Michel,  28  de  septembre  de  l'année  précédente'*.  Jacques, 
avant  passé  l'hiver  dans  cette  ville,  s'embarqua  vers  la  fin  de  mai  de  l'an  1 239^ 
pour  aller  mettre  la  paix  St.  la  concorde  entre  les  habitans  de  Montpellier 
qui,  conservant  toujours  i'esprit  d'indépendance,  étoient  en  différend  tou- 
chant le  gouvernement  de  la  ville  avec  Atbrand,  que  ce  prince  y  avoit  établi 
ûj.oiigin.     povir  son  baile  ou  gouverneur.  Jacques  débarqua^  au   port  de  Lates  où  les 

'  '?\3\\iav\t,Chronolo^\a  praesulum  Lodovens'tum,  seigneurs  de   sa   siiiie   &    d'une  foule   nombreuse 

p.   lôo.  —  Gallia.  Christlana,  t.  3,  c.  673,  qui   s'était   portée    à  sa    rencontre.  11  descendit  à 

'  Chronica  0  commcntari  Jel  rey  en  Jacnie ;  Vf  la  Montpellier,  chez   son   baile  Atbrand,  objet  de  la 

contjueita  deî  rcgno  de  Murcia,  c.  !i  &  suiv.  haine  des  riches  bourgeois  qui  gouvernaient  alors 

'  Voyez  tome  VII,  Noie  XXXII,  pp.  9J,  96.  Montpellier.  Les  conjurés   demandèrent  une  cn- 

^  Après    la    prise   de   Valence,    le   pape    rétablit  trevue  au    roi    &  lui   exposèrent   leurs  griefs,  que 

l'église  de  cette  ville  &  y  fonda  un  siège  épiscopal.  le   prince  refusa    d'écouter.     Atbrand,    cependant, 

Pour  subvenir  aux  premiers    besoins  du   nouveau  gagna    la   population   ouvrière,  qui  vint  protester 

clergé,  il  fit  lever  une  taille  sur  les  églises  de  dif-  de  sa  fidélité  &  offrir  son  appui.  Le  roi  put  ainsi 

férents   pays,  notamment  de  Languedoc.  La   part  faire  leur  procès  aux   rebelles  qui    furent  bannis 

du  diocèse  de  Toulouse  fut   de  mille  livres   tour-  &   dont    les    biens    furent    confisqués.    Au    reste, 

nois,  dont  l'abbaye  de  Lézat  eut  à  payer  cinquante  M.  de  Tourioulon    remarque   que,   en  1246    &   en 

livres.  —  Cf.  tome  V,  c.  1789,  n.  416.  [A.  M.]  i253,  deux  des   principaux   conjurés  furent  suc- 

'  Cette  affaire  de  Montpellier  ne  nous  est  con-  cessivement   bailes  de  Montpellier  (p.  23),  ce  qui 

nue  que  par   la  chronique  attribuée  au  roi  Jacme,  prouve  qu'ils    rentrèrent   bientôt  en   grâce.  Ajou- 

dont   le   récit  est  analysé    par   M.    de  Tourtoulon  tons  qu'en  fin  de  compte  le  roi  dut  céder  &  rendre 

[Jacme  I,  t.  2,  pp.   18-27).  ^'  '°'   arriva  à  Lattes,  la  charge  de  baile  annuelle.    [A.  M.j 
le  2  juin   1239.  Il  entra  dans  la  ville  escorté  des  ^ Canel, Séries praesulum  Magahnensium,  p.  355. 


HI3T0IRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.   LIV.  XXV,  yij 

cotisuls  de  Montpellier  l'allèient  prendre  à  la  tète  de  cent  chevaux,  Se  le  con- 
duisirent dans  la  ville.  On  prétend'  que  dans  le  temps  qu'il  y  taisoit  son 
entrée  solennelle,  ayant  à  ses  côtés  Fernand  d'Açagra  &  Assalid  de  Gundal, 
deux  des  principaux  de  sa  cour,  Pierre  de  Boniface,  l'un  des  plus  considé- 
rables de  Montpellier  Se  le  chef  des  factieux,  attecta  de  se  placer  entre  le  roi 
8c  l'un  de  ses  seigneurs.  Se  que  les  courtisans  voulant  venger  sur-le-champ 
cette  témérité,  le  prince  les  en  empêcha.  Quoi  qu'il  en  soit,  Jacques,  roi 
d'Aragon,  marque  lui-même,  dans  les  mémoires  qu'ils  nous  a  laissés  de  sa  vie, 
qu'étant  descendu  à  Montpellier,  à  la  maison  d'Atbrand,  son  bailli,  Se  que 
cet  officier  ayant  trouvé  enfin  moyen  de  gagner  le  peuple,  il  s'assura  de  la 
ville  Se  punit  ensuite  par  l'exil  Se  la  confiscation  des  biens  les  consuls  Se  les 
autres  principaux  habitans  qui  lui  avoient  manqué  de  respect. 

Le  roi  d'Aragon  remit  ainsi  la  paix  dans  Montpellier;  il  l'affermit,  le 
17  d'octobre,  par  une  déclaration*  suivant  laquelle  :  1°  Il  rétablit  dans  leurs 
biens,  réputation  Se  honneurs,  à  l'exception  de  Pierre  de  Boniface,  de  Guil- 
laume de  Barca  Se  de  quelques  autres  fugitifs  ou  exilés,  tous  ceux  qui  s'étoient 
ligués  pour  empêcher  qu'Atbrand,  qu'il  avoit  établi  pour  son  bailli  {bajulus) 
ou  lieutenant  à  Montpellier,  ou  quelque  autre  habitant  de  cette  ville  n'exerçât 
cette  charge,  ou  que  tout  autre  de  ses  sujets  qu'il  y  enverroit  n'en  pût  faire 
les  fonctions  que  pendant  un  an.  2°  Il  statue  qu'à  l'avenir  l'évêque  de  Mague- 
lonne  ne  sera  pas  appelé  pour  l'élection  des  consuls,  qu'il  n'y  assistera  pas  8c 
qu'ils  ne  prêteront  pas  serment  entre  ses  mains.  3°  Il  ordonne  que  tous  ceux 
qui  avoient  exercé  quelque  office  pendant  un  an  dans  la  cour  de  Montpel- 
lier n'auroient  aucune  autre  administration  durant  l'année  suivante,  8c  que 
tous  ceux  qui  avoient  été  repris  de  justice  seroient  exclus  de  l'office  de  tabel- 
lion. Le  second  article  de  cette  ordonnance  prouve  que  la  désunion  duroit 
toujours  entre  Jacques,  roi  d'Aragon,  Se  Jean  de  Montlaur,  évêque  de  Mague- 
lonne;  désunion  qui  avoit  engagé  ce  prélat  à  confisquer  sur  ce  prince,  en 
qualité  de  suzerain,  la  seigneurie  de  Montpellier  dont  il  avoit  disposé  en 
faveur  du  comte  de  Toulouse;  mais  il  paroît  que  ce  dernier  se  désista  de  ses 
prétentions  dans  l'entrevue  qu'il  eut^'  à  Montpellier  avec  le  roi  Jacques,  vers 
la  mi-octobre  de  cette  année  Se  dont  on  a  déjà  parlé.  Raimond-Bérenger, 
comte  de  Provence,  cousin  du  roi.  Se  la  plupart  des  seigneurs  du  pays  furent 
aussi  lui  rendre  visite  pendant  son  séjour  à  Montpellier,  dont  les  habitans"* 
lui  donnèrent  diverses  fêtes  pour  témoigner  leur  joie  de  ses  victoires  sur  les 
Maures.  Enfin  Jacques,  après  s'être  acquis  l'amitié  Se  l'estime  de  tout  le 
peuple,  partit"'  vers  la  fin  d'octobre  de  l'an  I23g,  s'embarqua  sur  une  galère 
de  quatre-vingts  rames  qu'il  avoit  fait  équiper.  Se  se  rendit  par  mer  à  Col- 
lioure,  en  Roussillon,  d'où  il  retourna  par  terre  à  Valence  pour  donner  ordre 
aux  affaires  de  cette  nouvelle  conquête. 

'  Zuritn,  Anales  de  la  corons  de Araooti.  *  C/iron'tca  del  rey  en  Jacmf.  ^  M unt.inei",  CAro- 

*  G,\neï, Séries praesulum  Mag.tlonensium,  p.  3,).î.  nica  dels  reys  d'Arago,  c.  9.  —  Ferreras,  an.   I23(), 

'  Chronica  del  rey  en  Jaeme.  — Voyez  tome  VII,  11.  7. 

Note  XXXII,  p.  96.  "  Voyez  tome  VII,  Note  XXXII,  p.  93,  96. 


An  1239 


"TTiTsT"   7'4  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC,  LIV.  XXV. 

XXX.  —  Mort  de  Niigne-^  Sanche,  comte  de  Roussïllon. 

Nugnez  Sanche,  comte  de  Roussillon,  oncle  du  roi  Jaoques  à  la  mode  de 
Bretagne,  vendit',  quelques  mois  après,  au  roi  saint  Louis,  pour  vingt  mille 
sols  melgoriens,  le  château  de  Pierrepertuse,  dans  le  diocèse  de  Narbonne, 
qu'il  avoit  acquis  de  Guillaume  de  Pierrepertuse,  &  dont  le  roi  de  France 
lui  avoit  confirmé  la  possession.  Nous  ne  trouvons  plus  depuis  aucun  monu- 
ment où  il  soit  fait  mention  de  ce  comte,  qui  mourut  sans  doute  bientôt 
après.  Il  étoit  au  moins  décédé,  le  21  janvier  de  l'an  1241,  lorsque  Bernard, 
évêque  d'Agde,  8c  ses  autres  exécuteurs  testamentaires  remirent^  en  son  nom, 
à  Jacques,  roi  d'Aragon,  toutes  les  actions  qu'il  avoit  sur  le  Roussillon,  la 
Cerdagne,  le  Gonflent,  Perpignan  &  Collioure,  par  les  accords  qu'il  avoit 
passés  avec  le  même  Jacques,.  Pierre  &  Alfonse,  rois  d'Aragon,  &.c.  Nugnez 
Sanche  mourut  sans  enfans,  &  Jacques,  roi  d'Aragon,  qui  recueillit  sa  suc- 
cession comme  son  plus  proche  parent,  en  vertu  de  ces  conventions,  lui  suc- 
céda dans  les  comtés  de  Roussillon,  de  Gonflent,  de  Valespir  &  de  Cerdapne, 
8<.  dans  la  vicomte  de  Fenouillèdes^. 

XXXI.  —  Vicomtes  de  Narbonne. 

Amalric  succéda  d  un  autre  côté  à  Aymeri  IV,  vicomte  de  Narbonne,  son 
père,  qui  mourut'*  le  i*"^  de  février  de  l'an  iiSg.  Aymeri,  quelque  temps 
t^in,°p'-i''is.  avant  sa  mort,  changea  la  disposition  qu'il  avoit  faite  touchant  sa  sépulture, 
après  son  avènement  à  la  vicomte  de  Narbonne,  &  ordonna  qu'en  quelque 
lieu  qu'il  décédât,  on  portât  son  corps  dans  l'église  des  hospitaliers  de  Saint- 
Jean  de  Narbonne,  où  il  se  donna  pour  frère,  en  cas  qu'il  vînt  à  se  faire  reli- 
gieux. Si  où  il  fut  inhumé.  Ge  vicomte,  durant  la  guerre  des  albigeois, 
soutint  en  plusieurs  occasions  les  intérêts  des  comtes  de  Toulouse,  ses  suze- 
rains j  mais  il  ne  favorisa  jamais  l'erreur,  6<,  le  pape  Grégoire  IX,  par  deux 
brefs^  des  années  1233  81  i236,  qu'il  lui  adressa,  de  même  qu'au  peuple  de 
la  cité  Si  du  bourg  de  Narbonne,  les  loue  extrêmement  de  leur  attachement 
à  la  foi  catholique  &  de  la  haine  qu'ils  avoient  toujours  'portée  aux  héré- 
tiques albigeois.  Aymeri  IV  fut  d'ailleurs  libéral  envers  les  églises  de  ses 
domaines;  de  quoi  il  reste  divers  témoignages.  Il  écrivit^,  en  i233,  avec  les 
consuls  de  Narbonne,  à  l'abbé  de  Gîteaux  pour  le  prier  de  confirmer  un 
statut  de  l'abbaye  de  Fontfroide,  par  lequel  les  religieux  de  ce  monastère 
s'étoient  engagés  de  préparer  Si  de  faire  eux-mêmes  toutes  les  hosties  qui 

'  Archives  du  domaine  de  Carcasse  une.  son  testament  le  17  décembre  1241 ,   Cf.  de  Tour- 

'  Bibliothèque  du  roi;  Mss.  de  Gaignières.  toulon,  t.  2,  pp.  78-9.    [A.  M.] 

'  La  mort  de  Nugnez  Sanche  eut  lieu  en  réalité  *  Catel,   Mémoires    de   l'histoire   du  Languedoc, 

le    19  janvier  1242  (n.  st.).  Ni   dom  Vaissete,   ni  p.  608. 

ceux  qui   l'ont  suivi   n'ont  fait  la    réduction   de  '  Archives  de  la  maison  de  ville  de  Narbonne. 

l'ancien  au  nouveau   style.  Ce  prince  avait  fait  ^  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n,  CCVII,  c.  957. 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXV,  yiS 

seroient  employées  pour  le  saint  sacrifice  de  la  messe  dans  tout  le  diocèse,  en 
conséquence  d'une  fondation  qu'un  citoyen  de  Narbonne  avoit  faite,  dans  la 
vue  de  ménager  la  foiblesse  de  ceux  qui  disoient  que  le  pain  pétri  par  les 
mains  impures  des  femmes,  &  même  des  clercs,  ne  pouvoit  se  changer  au 
corps  de  Jésus-Christ.  Entre  les  autres  actes  les  plus  remarquables  de  ce 
vicomte,  nous  trouvons  qu'il  donna,  en  12 17,  avec'  Marguerite  de  Montmo- 
rency, sa  femme,  aux  juifs  de  Narbonne,  les  habitations  &  les  ouvroirs  qu'ils 
occupoient  dans  cette  ville,  &  qu'on  appeloit  la  Juiverie,  avec  leurs  écoles, 
moyennant  mille  sols  melgoriens  d'acapte  &  dix  sols  narbonnois  de  rede- 
vance annuelle.  Il  reçut,  en  1228,  en  présence  d'Hugues  de  Pérignan  &  de 
Pvaimond,  ses  écuyers,  l'hommage  de  Bernard  de  Saint-Etienne,  pour  la  villi- 
cation  ou  viguerie  de  la  domination  de  la  vicomte  du  hourg  de  Narbonne 
qu'il  tenoit  en  fief  honoré,  dont  il  avoit  hérité  de  Guillaume-Raimond  du 
Bourg,  son  oncle,  8t  dont  ce  dernier  avoit  hérité  lui-même  de  Bérenger,  son 
père,  &  de  Guillaume-Raimond  du  Bourg,  son  aïeul. 

Aymeri  laissa  deux  fils  8c  une  fille  de  Marguerite  de  Montmorency,  qui 
éloit  déjà  morte  au  commencement  de  l'an  I232,  &  qui  fut  inhumée  dans 
l'abbaye  de  Fontfroide*;  il  l'avoit  épousée  en  secondes  noces  après  la  mort 
de  Guillelmette  de  Montcade,  sa  première  femme,  dont  il  n'eut  pas  d'enfans. 
Les  deux  fils  furent  Amalric  ou  Manriquez,  &  non  pas  Aymeri,  comme  il 
plaît  à  un  généalogiste^  moderne  de  l'appeler,  8c  Aymeri,  Amalric  succéda  à 
son  père  dans  la  vicomte  de  Narbonne  8c  fit  dresser,  quelque  temps  après  son 
avènement  à  cette  vicomte,  un  mémoire'*  des  droits  qui  lui  appartenoient 
dans  Narbonne.  Quant  à  Aymeri,  fils  d'Aymeri  IV,  il  paroît-J  qu'il  étoit 
l'aîné  d'Amalric.  Il  embrassa  la  cléricature  8c  fut  seigneur  de  Verneuil  &c 
chanoine  de  Chartres,  On  croit ^  qu'il  est  le  même  qu'Aymeri  de  Narbonne, 
chanoine  de  Saint-Paul  de  cette  ville,  qui  mourut  en  1256.  Il  éloit  du  moins 
déjà  décédé^  en  i263.  Les  trois  filles  d'Aymeri.  IV  furent  Marguerite,  Ermen- 
garde  81  Alix  j  la  dernière  fut  religieuse  à  Port-Royal,  dans  le  diocèse  de 
Paris.  On  prétend ^  que  Marguerite  épousa  Géraud-Adhémar,  seigneur  de 
Rochemaure,  8c  qu'elle  décéda  en  1272;  mais  si  ce  mariage  se  fit  en  effet, 
Marguerite  n'épousa  Géraud  qu'en  secondes  noces,  car  elle  étoit  déjà  mariée'-^, 
en  1233,  avec  Guillaume  de  Montcade,  qui  reçut  quinze  mille  sols  melgo- 
riens pour  sa  dot.  On  a  dit  ailleurs  qu'Ermengarde  épousa,  en  i232,  Roger- 
Bernard,  comte  de  Fois. 

'  Archives  de  la   ville  de  N.irbonn*.  —  Catel,  acte  donné  par   leur  père,  est   nommé  avant  sort 

Mémoires  de  l'hhtoire  du  Languedoc,  p,  (Jc8.  frère.] 

'  Archives  de  l'abbaye  de  Fontfroide.  ••  Le  P.  Anselme,  ut  supra. 

'  he  P.  \nsclme.  Histoire  généalogique  des  grands  '  Cartulaire  de  Port-Royal. 

officiers,  t.  3,  p.  761  &  suiv.  '  Le  P.  Anselme,  Histoire  généalogique  des  grands 

*  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.CCCXXV.c.  1464  officiers,  t.  3,  p.  762  &  suiv. 

&  suiv.  J  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  CCVII,  ce.  pSS 

''  Ibid.   n.   CCVII,    c.   936.    [Aymeri,   dajis   cet  à  9J7, 


~; — : —  716  msTOiRE  générale  de  Languedoc,  liv.  xxv. 

XXXII.  —  Le  comte  Raîmond  reprend  la  guerre  contre  le  comte  de  Provence. 

11  paroît  que  Raiinond,  comte  de  Toulouse,  renouvela  la  guerre  en  1:09, 
contre  Raimond-Bérenger,  comte  de  Provence.  Leur  dissension  duroit  au 
moins  encore  au  mois  de  novembre  de  cette  année,  car  ce  dernier  prince 
étant  alors  à  Aix,  promit'  à  Jacques,  évêque  de  Palestrine  Se  légat  du  Saint- 
Siège,  de  marcher  à  ses  propres  dépens  en  Italie  ou  dans  la  Loinbardie,  au 
secours  du  pape  Se  de  l'Eglise  romaine,  &  de  les  servir  avec  quarante  cheva- 
liers Se  dix  arbalétriers,  lorsque  ses  différends  seroient  terminés  avec  le  comte 
de  Toulouse,  au  sujet  des  terres  que  celui-ci  possédait,  entre  lesquelles  étaient 
la  ville  de  Marseille  b  le  comté  Venaissin;  mais  ces  différends  ne  finirent 
pas  si  tôt,  à  cause  des  nouvelles  liaisons  que  Pvaimond  prit  avec  l'empereur 
Frédéric,  qui  étoit  irrité  contre  Raimond-Bérenger,  de  ce  que  lui  ayant 
r:d_ongiii.  ordonné  d'attaquer  le  comte  de  Savoie,  allié  du  comte  de  Flandres,  dont  il 
étoit  mécontent,  il  avoit  refuse  non-seulement  a  obéir,  mais  avoit  tait  sous- 
traire la  ville  d'Arles  à  son  autorité.  Frédéric,  pour  se  venger,  mit  le  comte 
Raimond-Bérenger  au  ban  de  l'Empire  Se  disposa  d'une  partie  de  ses  États, 
entre  autres  du  comté  de  Forcalquier,  en  faveur  de  Raimond,  comte  de  Tou- 
louse, Se  de  ses  héritiers,  par  un  diplôme^  daté  de  Crémone,  au  mois  de 
décembre  de  l'an  I23g.  Il  ordonna^  en  même  temps  à  Raimond  de  se  mettre 
en  armes  Se  d'attaquer  Pvaimond-Bérenger.  Le  comte  de  Toulouse  se  disposa'* 
donc  à  marcher  du  côté  du  Rhône,  Se  partit  après  le  commencement  de  jan- 
vier de  l'an  1240,  car  il  déclara  alors  à  Toulouse  qu'il  quittoit  P\.oger-Ber- 
nard,  comte  de  Foix,  des  engagemens  qu'il  avoit  contractés  en  sa  faveur 
envers  l'abbé  de  Saint-Antoniu  de  Ramiers. 

XXXIII.  —  Roger-Bernard,  comte  de  Foix,  reconnu  pour  bon  catholique. 

Roger-Bernard  termina'  peu  de  temps  après  les  différends  qu'il  avoit  avec 
l'évêque  d'Urgel,  au  sujet  de  l'excommunication  que  ce  prélat  avoit  lancée 
contre  lui  pour  avoir  retusé  de  répondre  devant  les  inquisiteurs  de  la  foi.  Ce 
comte  se  présenta  enfin  devant  eux,  le  12  de  mars  de  l'an  1240,  dans  le 
temps  de  grâce,  Se  avoua  que,  n'étant  encore  âgé  que  de  dix  ans.  Se  depuis,  il 
avoit  eu  quelque  commerce  avec  les  hérétiques,  entre  autres  avec  Esclarmonde, 
sa.  tante,  Se  avec  sa  mère;  mais  il  protesta  qu'il  ne  s'étoit  jamais  écarté  de  la 
foi  de  l'Église  romaine,  Se  qu'il  avoit  toujours  cru  qu'on  ne  pouvoit  se  sauver 
hors  de  l'Eglise  catholique.  Sur  cette  déclaration,  Pons,  évêque  d'Urgel, 
révoqua,  le  4  de  juin  suivant,  la  sentence  qu'il  avoit  prononcée  contre  lui 

'Voyez    tome    Vlil,    Chartes,     n.     CCXXV'III,  diorographie   ou   description   Je   la    Provence,    t.    2, 

ce.  lo33,   1034.  p.  24."). 

'  Trésor  des  chartes,  Montpellier,  sac  2,  n.  21.  '  Matthieu  Paris. 

[J.  340,  ancienne  copie,  &  J.  610,  n.  4,  original  ■*  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  CCXXX,  c.  loSy. 

scellé;  Teiilet,   t.  ?.,  pp.  419-420.]  —  Bouche,  La  '  Ibiii.  n.  CCXXIX,  ce.   1034  a  1037. 


An  1243 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.    LIV,   XXV,  717 

pour  fait  d'hérésie,  &  reconnut  qu'il  étoit  bon  catholique.  Il  est  remarquable 
que  le  pape.  Grégoire  IX  étoit  en  relation  avec  Roger-Bernard  dans  le  temps 
même  que  ce  comte  étoit  excommunié',  car  il  lui  écrivit,  le  2  d'avril  de 
l'an  i^Sç,  pour  lui  apprendre  qu'il  avoit  excommunié  l'empereur  Frédéric, 
&  l'exhorter  à  n'avoir  aucun  commerce  avec  ce  prince  S<.  à  l'éviter, 

XXXIV,  —  Le  comte  Ralmond  bat  les  François,  assiège  la  ville  d'Arles 

6-  ravage  la  Camargue, 

Le  pape  écrivit  sans  doute  une  lettre  semblable  à  Raimond,  comte  de  Tou- 
louse; mais  ce  prince  avoit  des  liaisons  trop  fortes  avec  Frédéric  pour  y 
déférer.  Il  continua,  en  effet,  la  guerre  contre  le  comte  de  Provence,  suivant 
les  ordres  que  l'Empereur  lui  en  avoit  donnés.  Il  se  rendit  maître*  du  pont 
de  Bonpas  sur  la  Durance,  où  il  établit  une  garnison  pour  s'assurer  du  pas- 
sage, &  entra  dans  le  comté ^  de  Provence,  où  il  fit  le  dégât  &  poussa  vive- 
ment le  comte  P^aimond-Bérenger.  Celui-ci,  se  voyant  extrêmement  pressé, 
eut  recours  aux  François  qui  s'étoient  établis  aux  environs  du  Pv.hône  depuis 
la  paix  de  l'an  1219,  6t  à  la  noblesse  du  même  pays  qui  avoit  prêté  serment 
de  fidélité  au  roi  en  conséquence  de  ce  traité.  Les  uns  &  les  autres,  ayant 
formé  un  corps  d'armée,  marchèrent  au  secours  du  comte  de  Provence;  mais 
Raimond  leur  ayant  dressé  une  embuscade,  les  surprit  au  passage  &  les  défit 
entièrement.  Ce  comte  soumit  ensuite  une  vingtaine  de  places,  tant  en  deçà 
qu'au  delà  du  P».hône,  lesquelles  appartenoient  au  roi  ou  au  comte  Raimond- 
Bérenger.  Il  se  saisit  entre  autres  du  château "♦  de  Trincjuetaille,  séparé  de  la 
ville  d'Arles  par  le  Rhône,  &  situé  dans  l'île  de  Camargue,  assiégea  cette 
ville  par  eau  &  par  terre  avec  le  secours  des  Marseillois,  ses  sujets,  pour  la 
remettre  sous  l'obéissance  de  l'Empereur,  Se  la  tint  assiégée  pendant  la  plus 
grande  partie  de  l'été  de  l'an  1240, 

Le  roi  d'Angleterre"',  informé  de  la  guerre  que  Raimond  faisoit  au  comte 
de  Provence,  son  beau-père,  écrivit  à  l'Empereur  &  lui  demanda  grâce  pour 
ce  prince.  Le  roi  de  France,  qui  étoit  aussi  gendre  du  comte  de  Provence, 
mit  sur  pied  sept  cens  chevaliers  Se  un  grand  corps  d'infanterie,  avec  ordre  de 
marcher  vers  le  Rhône,  Se  écrivit  à  Frédéric  pour  savoir  si  c'étoit  par  scn 
ordre  que  Raimond  faisoit  la  guerre  à  ses  sujets.  L'Empereur  lui  répondit 
qu'il  n'avoit  garde  de  vouloir  exercer  quelque  hostilité  contre  la  France;  mais 
que  si  quelques  François  voisins  des  terres  du  comte  de  Toulouse,  pour  faire 
leur  cour  au  beau-père  de  leur  roi,  avoient  marché  inconsidérément  St  sans 
ordre  au  secours  de  Raimond-Bérenger,  on  ne  devoit  pas  être  surpris  qu'ils 
eussent  été  battus,  parce  qu'ils  étoient  les  premiers  agresseurs,  6<.  qu'il  est 
naturel  de  repousser  ceux  qui  nous  attaquent;  qu'au  reste,  son  dessein  étoit 
d'éviter  toute  occasion  de  rupture  entre  la  France  Si  l'Empire,  Se  que  dans 

■  Archives  du  cliâieau  de  Foix.  *  Guillaume  Je  Puylaurens,  c.  .).'!. 

•  Héliot,  Ordres  monaslK/ues,  t.  2,  p.  285.  '  Matthieu  Paris,  pp.  53-?  &  !)'.i-^, 

'  M.itthieu  Paris,  année  t?.^^. 


An   1240 


An 


~   718  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXV. 

cette  vue  il  falloit  se  rendre  réciproquement  ce  qui  avoit  été  pris,  &  réparer 

Éd.  origin.     ]e  clommaee  de  part  8c  d'autre.  Raimond  écrivit  de  son  coté  au  roi  :  il  excusa 
t.  m  p.  420.  ^  * 

la  conduite  de  l'Empereur  Se  eut  soin   de   l'informer  du  véritable  état  des 

choses.  Il  leva  ensuite  le  siège  d'Arles  8c  se  retira,  après  avoir  ravagé  toute 

l'île  de  Camargue.  Le  roi  rappela  alors  les  troupes  qu'il  faisoit  marcher  vers 

la  Provence. 

XXXV.  —  Raîmond  pacifie  les  troubles  d'Avignon  6-  retourne  à  Toulouse, 

Raimond  se  rendit  dans  leVenaissin,  où  il  s'employa'  à  pacifier  quelqiies 
troubles  qui  s'étoient  élevés  à  Avignon,  à  l'occasion  suivante.  Cette  ville, 
après  s'être  érigée  en  république,  avoit  choisi  pour  podestat  ou  principal 
magistrat,  sous  le  bon  plaisir  de  l'Empereur,  un  comte,  nommé  Bernard,  zélé 
pour  les  intérêts  de  ce  prince,  mais  peu  propre  au  gouvernement.  Bernard, 
par  sa  conduite,  indisposa  contre  lui  une  grande  partie  des  Avignonois,  déjà 
partagés  entre  l'Empereur  8c  le  comte  de  Provence.  Ceux  qui  tenoient  pour 
ce  dernier  s'étant  mis  en  armes,  résolurent  de  chasser  le  podestat,  Se  ils  n'au- 
roient  pas  manqué  de  livrer  ensuite  la  ville  aux  ennemis  de  Frédéric,  si  le 
comte  Raimond  ne  l'eût  empêché.  Ce  comte,  qui  étoit  généralement  aimé  à 
Avignon,  fit  demander,  à  la  prière  du  comte  Bernard  8c  des  principaux  habi- 
tans,  qu'on  l'élût  lui-même  pour  podestat.  L'élection  de  Raimond  se  fit  en 
effet;  il  étoit  sur  le  point  d'aller  prendre  possession  de  cette  charge,  lorsque 
le  comte  Gautier,  vicaire  général  de  l'Empereur  dans  le  royaume  d'Arles,  le 
pria  par  ordre  de  ce  prince  de  la  lui  céder.  Raimond,  dans  la  vue  de  ménager 
les  intérêts  de  Frédéric,  fit  quelque  difficulté;  mais  enfin  il  fit  sa  démission 
par  un  acte  daté  de  l'Isle,  dans  leVenaissin,  le  11  d'août  de  l'an  1240,  en 
présence  de  Bernard,  comte  de  Comminges,  8c  de  plusieurs  seigneurs  qui 
lavoient  suivi  sans  doute  à  la  guerre  de  Provence;  il  alla  le  lendemain  a 
Avignon  pour  installer  le  comte  Gautier  dans  la  dignité  de  podestat  de  cette 
ville,  8c  fit  encore''  quelque  séjour  dans  le  pays.  Il  prit  ensuite  la  route  de 
,  sa  capitale,  Se  en  passant  à  Penautier^,  auprès  de  Carcassonne,  Guillaume 
d'Ulmeio,  sénéchal  de  cette  ville,  vint  le  trouver  Se  le  pria  de  joindre  ses 
armes  aux  siennes  pour  chasser  du  pays  les  ennemis  du  roi,  qui  en  avoient 
déjà  soumis  une  grande  partie. 

XXXVI.  —  Trencavel,  à  la  tête  de  divers  seigneurs,  reprend  sur  le  roi 
une  partie  des  anciens  domaines  de  sa  maison. 

Trencavel,  fils  de  feu  Pvaimond-Roger,  vicomte  de  Béziers,  Carcassonne,  Sec, 
étoit  le  principal   auteur  de  cette  révolution'*.  Ce  vicomte,  après  avoir  été 

'  TomeVIII,  Chartes,  n.  CCXXX,  ce.  !o37  à  1  oSp.  iinissin    par   Raimond   VII    aux    seigneurs   ie   ce 

[Le  nom  de  ce  comte  était  Bérard  &  non  Bernard.]  nom;  acte  du  22  août  1240.] 

"  Manuscrits    de   Colhert,   n.    1067.    [Lat.   6009-,  '  Guillaume  de  Puylaurens,  c.  43. 

p.  578.  Inféodation    de  la  ville  de   l'Isle-en-Ve-  ■*  Cette  tentative  de  1240  est  aujourd'hui  beau- 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXV.  710  

'     ''       An  i2/,o 

dépouillé,  en  i;:6,  par  le  roi  Louis  VIII,  de  tous  les  domaines  de  ses  ancê- 
tres, qu'il  avoit  repris  sur  les  croisés,  s'étoit  tenu  depuis  au  delà  des  Pyré- 
nées, sous  la  protection  du  roi  d'Aragon,  en  attendant  une  occasion  favorable 
de  les  recouvrer.  Enfin,  ayant  formé  une  ligue  avec  divers  seigneurs  du 
pays,  ses  anciens  vassaux,  &  étant  favorisé  secrètement',  ce  semble,  par  le 
comte  de  Toulouse,  il  parut  en'  armes,  pendant  l'été  de  1240,  dans  les  dio- 
cèses de  Narbonne  &  de  Carcassonne,  suivi  de  quelques  chevaliers  catalans 
ou  aragonois,  81  de  plusieurs  autres  du  pays,  dont  la  plupart  avoient  éié 
proscrits  pour  hérésie.  Les  principaux  étoient  Olivier  de  Termes,  Raimond 
de  Orzals,  Raimond-Hugues  de  Serre-Longue,  Raimond  de  Villeneuve  & 
Hugues  de  Romegous,  son  neveu,  Jourdain  de  Saissac,  &C.  Avec  leur  secours, 
Trencavel  soumit  bientôt  sans  coup  férir  plusieirrs  châteaux  de  ces  deux  dio- 
cèses, qui  lui  ouvrirent  les  portes;  entre  autres  Montréal,  Montolieu,  Saissac, 
Limoux,  Asillan  Se  Lauran.  11  fit  passer  par  le  fil  de  l'épée  la  garnison  de 
quelques  autres  qui  refusoient  de  se  rendre,  8c,  après  s'en  être  assuré,  il  fit 
le  dégât  aux  environs  des  places  qui  demeuroient  fidèles  au  roi.  Un  progrès 
si  rapide  étonna  les  François  établis  dans  le  pays,  &  la  plupart  des  prélats 
Si.  des  seigneurs,  ne  se  croyant  pas  en  sûreté  chez  eux,  abandonnèrent  leurs 
villes  8t  leurs  châteaux,  81  allèrent  chercher  un  asile  dans  la  cité  de  Carcas- 
sonne avec  leurs  familles  Se  leurs  effets,  tant  à  cause  qu'elle  étoit  la  plus 
forte  place  du  pays  que  pour  empêcher  Trencavel  de  s'en  emparer.  L'arche- 
vêque de  Narbonne  8c  l'évêque  de  Toulouse  s'y  rendirent  des  premiers,  8t  ce 
dernier  prélat,  qui  passoit  pour  fort  éloquent,  alloit  de  temps  en  temps  dans 
le  bourg  de  Carcassonne  pour  exhorter  les  habitans  à  la  fidélité  envers  le 
roi.  Cependant  on  eut  soin  de  pourvoir  la  cité  de  toute  sorte  de  munitions  : 
on  avança  les  vendanges,  dont  le  temps  n'étoit  pas  éloigné;  on  répara  les 
murailles  8c  on  prépara  tout  ce  qui  étoit  nécessaire  pour  soutenir  un  siège, 
jusqu'à  l'arrivée  du  secours  qu'on  envoya  demander  en  France. 

XXXVII.  —  Raimond  refuse  de   secourir  le  sénéchal  de  Carcassonne  contre 
Trencavel,  —  Seigneurs  de  Save-^. 

Les  choses  étoient  dans  cette  situation,  lorsque  le  comte  Raimond,  passant  ,  "ifj '"''*''"• 
à  Penautier,  vers  la  fin  du  mois  d'août,  le  sénéchal  de  Carcassonne  le  pressa 
de  s'unir  à  lui  pour  combattre  Trencavel  Se  ses  associés.  Le  comte  répondit 
qu'il  délibéreroit  là-dessus  avec  son  conseil,  quand   il  seroit  arrivé  à  Tou- 
louse; il  continua  son  chemin  Se  augmenta  par  cette  conduite  les  soupçons 

coup    mieux  connue  qu'au    dix- huitième   siècle,  général   des    anciens   domaines   de    la    maison    de 

grâce  à  la  publication   du    rapport  de   Guillaume  Béziers.    |A.  M.] 

des  Ormes    à    la    reine    Blanche,    que    nous    pu-  '  Guillaume  de  Puylaurens,  c.  48. —  Gesla  Lii- 

blioni  au    tome  VIII   (c.   1042    &  suiv.),    &  grjce  Jovici  IX,   ap.   Duchesne,   t.   5,  p,  33.(.  —  Chro- 

à  un  certain    nombre    de   documents    inédits..  On  n'icon  Sancti  Mejardi  Suessionenus,  ap.  d'Achéry, 

peut    voir    au    tome   ^^II ,    la    Nott'   LI  ,    où    nous  SpicUegium,   t.    2,   p.    797.   —  Albéric,  Chronicon, 

refaisons  l'histoire  de  cette  expédition,  en   mon-  p.  1243. — Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  CCLVII, 

trant    qu'elle    entraîna    un     soulèvement   presque  c.  1128,  &  n.  CCCXVI,  ce.   iSpi,  i3çz. 


An  1 340 


7:0  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV,  XXV. 

de  son  intelligence'  avec  Trencavel;  il  s'arrêta  à  Castelnaudary  &t  y  donna, 
le  1"  de  septembre,  à  Amanieu  d'Albret  l'investiture  de  tous  les  fiefs  que  le 
père  de  ce  seigneur  possédoit  en  Agenois.  Il  étoit  déjà  arrivé  à  Toulouse 
le  5  du  même  mois,  &  il  reçut"  alors  dans  son  palais  l'hommage  de  Bernard 
81  de  Fortanier  de  Comminges,  fils  de  feu  Bernard  de  Comminges,  seigneur 
du  pays  de  Savez,  qui  le  lui  rendirent  pour  tout  ce  pavs,  8<  pour  tout  ce 
qu'ils  possédoient  dans  le  Toulousain,  tant  en  leur  nom  qu'en  celui  d'Aymerf 
leur  frère,  en  présence  de  Bernard,  comte  de  Comminges;  Bernard,  comte 
d'Armagnac;  Pons  de  Villeneuve,  sénéchal  de  Toulouse,  &c. 

Bernard  de  Comminges,  père  de  Bernard  8c  de  Fortanier  qui  rendirent  cet 
hommage  au  comte  Raimond  pour  le  pays  de  Savez,  étoit,  dit-on^,  fils  puîné 
de  Dodon,  comte  de  Comminges;  mais  nous  ne  trouvons  pas  de  preuve  de 
cette  filiation.  Il  prenoit  le  surnom  de  Sainte-Foy,  parce  que  c'étoit  le  chef- 
lieu  de  son  domaine.  Il  laissa  plusieurs  autres  enfans  de  Blanche  d'Hunaud 
de  Lantar,  sa  femme,  qui  lui  survécut.  Il  disposa  par  son  testament"*  de  tous 
ses  domaines  en  faveur  de  Bernard,  Fortanier  St  Aymeri  ses  fils  (JMnjor'uun 
6"  autcabadam  prae  aliis  suisfratribits),  avec  substitution  de  l'un  à  l'autre.  Se 
donna  par  préciput  à  Bernard,  qui  étoit  l'aîné,  les  châteaux  de  Montpezat 
8t  de  Savignac,  la  milice  de  Quintal,  8<.  trois  autres  châteaux  à  son  choix. 
Il  légua  à  Roger,  chanoine  de  Saint-Etienne  de  Toulouse,  8<.  à  Gaillard, 
chanoine  de  Saint-Antonin  de  Pamiers,  ses  fils,  six  cens  sols  toulousains  à 
chacun,  8c  une  pareille  somme  pour  poursuivre  leurs  études  quand  ilsseroient 
parvenus  à  un  âge  compétent;  quatre  cens  sols  toulousains  à  Esquieu  8c 
Raimond-Roger,  ses  autres  fils,  pour  se  faire  religieux;  trois  mille  sols  mor- 
lanois  à  Braïde,  8c  deux  mille  à  Navarre,  ses  filles,  pour  se  marier,  outre  leurs 
ajustemens.  Enfin  il  choisit  sa  sépulture  parmi  les  hospitaliers  de  Saint-Jean 
de  Toulouse,  8c  leur  légua  son  cheval  de  bataille  &c  l'armure  de  son  corps 
8c  de  son  cheval,  tant  en  fer  qu'autrement,  comme  il  convenoit  à  un  che- 
valier d'être  armé,  pour  être  employés  outre-mer  au  service  de  Jésus-Christ. 
Revenons  à  Trencavel. 

XXXVIII.  —  Trencavel  se  rend  maître  du  bourg  de   Carcassonne   &   assiège 

la  cité, 

Trencavel  ayant  pratiqué-"'  vme  intelligence  dans  le  bourg  de  Carcassonne, 
les  bourgeois  promirent  de  le  lui  livrer.  L'évêcjue  de  Toulouse  8c  le  sénéchal 
de  Carcassonne  voulant  d'un  autre  côté  s'assurer  de  leur  fidélité,  les  assemblè- 
rent dans  l'église  de  Notre-Dame,  8c  les  obligèrent  à  promettre  par  serment 
sur  les  saints  Evangiles,  devant  le  Saint-Sacrement  exposé  sur  le  grand  autel 

'  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  CCXXX,  c.  loSç.  *  Château  de  Foix,  caisse  7. 

^  Manuscrits  de  Colhert,  n.  1067.  —  [Cf.  Teulet,  ^  Guillaume  de  Puylaureiis,  c.  4!).  —  Chronîcoii 

t.  I,  pp.  432   &.  suiv.  d'après  J.  014,  n.  19,  ori-  Sancti   Medardi  Sucssionensis.  —  Chronicon   Saticii 

einal.J  Pauli    Nartone,   ap.    Catel,    Histoire  des  comtes  de 

'  Le  V.  \nsclme.  Histoire  gènéalogipte  des  grands  Toîose,  p.   171   &  suiv.  [Cf.  tome  V,  c.  3p.] 
offuierSj  t.  2,  p.  63o. 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXV.  721   

'  An  1240 

de  la  Vierge  8c  devant  les  saintes  reliques,  qu'ils  seroient  fidèles  à  l'Église  & 
au  roi,  81  à  ceux  qui  étoient  dans  la  cité.  Le  lendemain,  jour  de  la  Nativité 
de  la  Vierge,  on  reçut  des  lettres  du  roi,  qui  promettoient  d'envoyer  un  prompt 
secours.  L'évêque  de  Toulouse  Si  le  sénéchal  de  Carcassonne  firent  part  de 
cet  avis  aux  prélats  &  aux  seigneurs  qui  étoient  dans  la  cité;  mais  la  nuit 
même  les  conjurés  introduisirent  Trencavel  8<  ses  associés  dans  le  bourg.  Ce 
vicomte  permit  aux  ecclésiastiques  qui  s'étoient  réfugiés  dans  l'église  de  se 
retirera  Narbonne,8i  leur  donna  des  lettres  de  sauvegarde;  ce  qui  n'empêcha 
pas  qu'ils  ne  fussent  assassinés  à  la  sortie  de  la  ville,  8<  auprès  des  portes,  au 
nombre  de  plus  de  trente.  Les  seigneurs  de  Penautier  se  joignirent  bientôt 
après  aux  rebelles,  malgré  les  sermens  qu'ils  avoient  fait  d'obéir  au  sénéchal. 
Trencavel  tenta  aussitôt  de  se  rendre  maître  de  la  cité  de  Carcassonne 
contiguë  au  bourg.  Dans  cette  vue,  il  fit  attacher  le  mineur  aux  murailles, 
mais  les  assiégés  rendirent  son  travail  inutile  par  des  contre-mines.  Les  confé- 
dérés attaquèrent  ensuite  un  moulin,  situé  entre  la  cité  81  le  bourg,  8c  s'en 
emparèrent  après  avoir  tait  passer  au  fil  de  l'épée  ceux  qui  le  gardoient;  ils 
firent  diverses  ouvertures  aux  maisons  du  bourg,  6c  mirent  tout  en  œuvre 
pour  tâcher  de  pénétrer  dans  la  cité  ;  mais  les  assiégés  se  défendirent  avec  tant 
de  valeur,  qu'ils  soutinrent  pendant  plus  d'un  mois  tous  leurs  efforts,  jusqu'à 
l'arrivée  du  secours  que  le  roi  avoit  fait  partir  sur  l'avis  de  ces  troubles,  après 
avoir  tenu  un  parlement  ou  assemblée  à  Bourges'. 

XXXIX.  —  Le  roi  envoie  une  armée  contre  Trencavel,  6-  le  pays  rentre  dans 

l'obéissance. 

La  plupart  des  anciens  historiens^  ne  mettent  que  Jean  de  Beaumont  à  la     Éd.origin. 
,  .    ,  T   ,  t  m,  p.  4SJ. 

tête  de  ce  secours;  mais  les  monumens^  du  temp's  nous  apprennent  que  Geof- 
froy, vicomte  de  Châteaudun,  Henri  de  SuUi,  Jean  de  Beaumont,  chambellan 
du  roi,  c'est-à-dire  chambrier  de  France"*,  Ferri  Pasté  maréchal  de  France, 
6c  Gui  de  Lévis,  dit  maréchal  de  Mirepoix,  avoient  le  commandement  des 
troupes  françoises  que  le  roi  envoya  dans  la  Province  contre  Trencavel.  Ce 
vicomte,  informé^  de  leur  approche,  abandonna  précipitamment,  le  2  d'octobre 
le  bourg  de  Carcassonne,  8c  après  y  avoir  mis  le  feu  en  plusieurs  endroits 
8c  en  avoir  fait  retirer  les  habitans,  il  se  réfugia  avec  ses  associés  dans  le 
château  de  Montréal. 

L'armée  françoise  acheva  de  ruiner  le  bourg  de  Carcassonne,  d'où  elle  alla'^ 

'  Albéric,  Chron'icon.  absolument    distinctes.   Jean    de   Beaumont    était 

'  Geitu   Ludovici    IX.   —    Guillaume    Guiard)  chambellan,  &   le  camérier  était,  en    1240,   Jean 

p.   i3">.  de   Nanteuil.  Les  continuateurs  de    Ducange  ont 

'Voyez    tome    VIII,    Chartes,    n.     CCXXXII,  commis  la   même   erreur  que   dom  Vaissete  &  mis 

c.  1046  &  suir.  Jean  de   Beaumont   au    nombre   des   camériers   de 

*  Le  chef  de  l'armée  royale  paraît  avoir  été  Jean  France  (v°  Camerariuj).    [A.  M.] 

de  Beaumontj  du  moins  les  actes  d»  midi  p.irlent  '•  Guillaume  de  Puylaurens.  —  Praeclara  Fran- 

toujours  de  l'arriTée  de /ean  </f  fifaumont.  Remar-  corum  facinora,   p.    |36.  —  Gesta  Ludovici  IX.— 

quons  ici  l'erreur  de  dom  Vaissete,  qui  confond  le  Chronicon  Sancti  Mcdardi. 

camérier  &  le  chambellan;  ces   fonctions  étaient  "  Guillaume  de  Puylaurens, 

VI.  46 


"; 722  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.   LIV.  XXV. 

An  1240         ' 

assiéger  Trencavel  dans  Montréal;  mais  la  vivacité  de  la  défense  étant  égale 
à  celle  de  l'attaque,  le  siège  traîna  en  longueur.  Enfin  les  comtes  de  Toulouse 
&  de  Foix  s'étant  rendus  au  camp,  réglèrent  la  capitulation  c[ui  fut  acceptée 
de  part  &  d'autre.  Les  assiégés  eurent  la  liberté  de  se  retirer  avec  armes  81 
bagages;  après  quoi  les  généraux  français  s'assurèrent  du  château  de  Montréal. 
Le  vicomte  Trencavel  repassa  les  Pyrénées  &  retourna  en  Catalogne,  où  il 
établit  son  séjour.  Jean  de  Beaumont  remit  ensuite  par  la  force,  mais  non 
sans  beaucoup  de  peine  &.  de  travail,  sous  l'obéissance  du  roi,  les  autres 
châteaux,  dont  pour  abréger,  ajoute  un  historien  du  temps',  on  omet  de 
rapporter  les  noms.  Nous  apprenons,  d'ailleurs^,  que  les  François  reprirent 
alors  la  ville  de  Montolieu,  qu'ils  la  ruinèrent  de  fond  en  comble  avec  le  châ- 
teau, qu'ils  assiégèrent 3,  au  mois  de  novembre,  le  château  de  Pierrepertuse, 
situé  vers  les  frontières  du  Pv.oussillon  ,  &  l'obligèrent  à  se  rendre;  que 
Guillaume  de  Pierrepertuse  &  Gaucelin  de  Campendu,  qui  étoient  du 
nombre  des  rebelles,  se  soumirent  le  16  de  ce  mois.  Si  qu'enfin  le  premier 
remit  aux  généraux  françois  son  château  de  Cugugnan,  dans  le  diocèse  de 
Narbonne,  &  ses  autres  domaines. 

XL.  —  Les  seigneurs  d'Anïort  se  soumettent  au  roi,  qui  unit  parla  au  domaine 

une  partie  du  pays  de  Sault, 

La  ville  d'AIet,  qui  s'étoit  déclarée  pour  Trencavel,  son  ancien  seigneur, 
se  soumit  aussi  alors  au  roi  8<  lui  prêta  serment  de  fidélité.  D'un  autre  côté, 
Géraud  de  Niort  ou  Aniort,  l'un  des  chels  des  conjurés,  étant  allé  joindre 
l'armée  françoise  à  Dulhac,  an-dessous  de  Pierrepertuse,  fit  ses  soumissions 
aux  généraux,  tant  en  son  nom  qu'en  celui  de  sa  mère,  de  ses  frères,  de  ses 
neveux  &  de  ses  associés,  &  leur  remit  ses  châteaux  de  Niort,  de  Castelpor, 
de  la  Bastide  de  Rochan  &  de  Dourne,  situés  dans  le  pays  de  Sault,  à  con- 
dition que  lorsqu'il  se  seroit  présenté  devant  le  roi,  ce  prince,  qui  pourroit 
garder  ces  châteaux,  les  lui  restitueroit  après  que  les  nonces  du  pape  l'auroient 
réconcilié  à  l'Eglise,  avec  sa  mère,  ses  frères,  ses  neveux  &  ses  alliés,  sans 
qu'ils  pussent  être  exilés  les  uns  &.  les  autres,  ni  mis  en  prison,  &  que  le  roi 
s'employeroit  à  lui  procurer  cette  réconciliation.  «  Et  en  cas,  dit  Géraud,  que 
«  le  roi  ne  l'ait  pas  obtenue  à  la  Pentecôte  prochaine,  ce  prince  me  rendra 
«  alors  mes  châteaux  ik  m'accordera  un  mois  de  trêve.  » 

Les  généraux  français,  après  avoir  ratifié  ce  traité,  reprirent  la  route  de 
France,  Se  emmenèrent  avec  eux  le  même  Géraud  de  Niort,  qui  leur  promit 
de  nouveau,  à  Issoire  en  Auvergne,  le  i3  de  décembre  suivant,  que  si  de  ce 
jour-là  juscju'à  quinze  jours  après  Pâques  ses  frères  venoient  à  s'échapper  de 
la  prison  du  roi,  il  seroit  obligé  de  les  représenter  morts  ou  vifs,  à  peine  de 
confiscation  de  ses  châteaux.  Le  roi  approuva  ce  traité  au  mois  de  janvier 

■  Gfsta  la^/ovi'c;  7X.  [Guillaume  de  N.mgls.]  ^  Voyez    tome    VIII,    Chartes,    n.    CCXXXII, 

'  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  CCLVII,  c.  1  1  28.        c.   1046. 


An  1241 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.   LIV.  XXV.  728 

de  l'an  1241,  &C  garda  cependant  les  châteaux  de  la  maison  de  Niort;  il  fit 

donner  en  échange  à  Géraud  une  rente  annuelle  sur  le  trésor  royal,  &  lui  fit 

rendre,  au  mois  de  décembre  de  l'an  1248,  les  revenus  de  tous  ses  domaines, 

situés  tant  dans  la  plaine  du  diocèse  de  Carcassonne  que  dans  les  montagnes 

du  pays  de  Fenouillèdes,  à  condition  que  lui  8t  ses  frères  n'habiteroieiit  pas 

dans  le  pays  Se  que  leurs  châteaux  demeureroient  sous  sa  main.  Hugues  d'Arsis, 

sénéchal  de  Carcassonne,  exécuta  ces  ordres  en  1244.  Deux  ans  après',  le  roi 

ordonna  à  Jean  de  Cranis,  successeur  d'Hugues  d'Arsis,  de  rendre  à  Bernard- 

Othon,  Guillaume  &  Guillaume-Bernard  d'Aniort,  frères  de  Geraud,  le  village 

de  Paraza,  pour  en  jouir  tant  qu'il  le  jugeroit  à  propos,  &  il  s'engagea  vers  le 

même  temps  de  rendre  dans  cinq  ans  la  Bastide  de  Beauvoir  en  Lauragais  à    ^^{l[°'''^'"u 

Pvaimond  d'Aniort^.  Enfin,  Géraud  d'Aniort  étant  mort  en  1256^,  le  roi  ne 

se  crut  pas  obligé  de  rien  donner  àses  frères,  parce  qu'il  n'avoitpas  traité  avec 

eux,  &  il  ordonna  à  son  sénéchal  de  Carcassonne  de  saisir  81  de  garder  tous 

les  domaines  qui  leur  avoient  appartenu;  c'est  ainsi  qu'une  grande  partie  du 

pays  de  Sault,  portion  de  celui  de  Fenouillèdes,  fut  réuni  à  la  couronne'^. 

Jean  de  Beaumont  St  les  autres  généraux  françois  étant  arrivés  à  la  Cour, 
après  avoir  terminé  leur  expédition  contre  Trencavel,  &  vaincu  les  apostats 
albigeois,  suivant  l'expression  d'un  historien  du  temps^,  le  roi  rendit  à  Dieu 
des  actions  de  grâces  pour  une  victoire  si  signalée.  Un  autre  historien'' 
remarque  que  l'hiver  de  cette  année  fut  si  rude,  qu'il  eût  été  fort  dangereux 
pour  l'armée  françoise  de  séjourner  plus  longtemps  dans  le  pays. 

XLI.  —  Le  comte  Raimond  fait  un  voyage  à  la  Cour,  6"  traite  avec  le  pape 

contre  l'Empereur. 

Raimond,  comte  de  Toulouse,  se  rendit'^  quelque  temps  après  à  la  cour. 
Avant  son  départ 8,  il  reçut,  le  5  de  décembre  de  l'an  1240,  l'hommage  de 
Pierre,  vicomte  de  Lautrec,  pour  le  château  de  la  Bruguière,  dans  le  Toulou- 
sain', &  donna,  trois  jours  après,  le  bail  de  la  nouvelle  monnoie  de  Toulouse 

■  Archives  du  domaine  de  Carcassonne.  —  Ma-  *  Une  charte  de  i  145  (tome  V,  c.   1077)  semble 

nuscrits  de  Colhert ,  n.  26Û9.  même  faire    des  seigneurs  de   Niort  une  branche 

'  C*  Raimond  d'Aniort  ou  mieux  de  Niort,  re-  de  la   famille  des  vicomtes  de  Sault.  Par  cet  acte, 

paraît  dans    un   mandement  de  Louis  IX,  d'avril  Guillem   d'Alaigne,  vicomte  de  Sault,    achète  de 

ou  mai   1247  (Cf.  tome  VIII,  ce.   i  193-1194)    Mo-  son    neveu   Uzalger,  fils  de  Gila,  une    partie  du 

lesté    par  Olivier  de  Termes,    par   Jean    d'Arcis,  territoire  de  Niort  &  tous  ses  droits  sur  la  vicomte 

châtelain  de   Cabriéres,  &  Tibaud  de  Corbeil,   il  de  Sault.  Cet  Uzalger  paraît  avoir  été  seigneur  de 

se  rendit  à  la  Cour  8c  obtint  du   roi  un  ordre  au  Niort.  [A.  M.] 

sénéchal  pour  lui  faire  justice.  Louis  IX  ordonna  '  Gesta  Lu(tx>v'tc'i  IX,  p.  334. 

en   même   temps  à   son    bailli   de  faire  rendre  au  °  Guillaume  de  Puylaurens,  c.  43, 

plaignant   deux    mas  à  Lézignan,  à  lui    enlevés  '  liid,  c.  44. 

par  Pierre  des  Voisins,  un  péage  dont  l'avait  dé-  '  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  CCXXX,  ce.  1039 

pouillé  Hugues  d'Arcis,  jadis   sénéchal,  &   de  le  &  1040. 

faire  absoudre  de    l'excommunication   dont  l'ar-  'Le  20  décembre    1240,  le  comte  Raimond  VII 

chevèque  de  Nar bonne  l'avait  injustement  fra  ppé.  était  encore»  Agen.  A  cette  date  il  décida,  de  con- 

[A.  M.]  cert  avec  les  prud'hommes  de  la  Rivière  (pays  ri- 

'  Voyez    tome  VIII,    Chartes,    n,    CCXXXIII,  verains  de  la  Garonne),  de   percevoir  au  port  de 

C.  1047  &  suiv.  Marmande  une  taxe,  dite  collecte,  de  quatre  sous 


~  724  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.   LIV.  XXV. 

Au  1241         '       ' 

pour  être  fabriquée  du  poids  de  dix-sept  sols.  11  se  persuada  enfin  qu'il  ne 
seroit  jamais  bien  avec  le  pape  Grégoire  IX,  tandis  qu'il  soutiendroit  le  parti 
de  l'empereur  Frédéric,  &<.  voyant  d'ailleurs  que  les  ecclésiastiques  profitoient 
de  sa  désunion  avec  le  Saint-Siège  pour  lui  susciter  tous  les  jours  de  nou- 
velles affaires,  il  résolut  enfin  d'abandonner  ce  prince  pour  embrasser  le 
parti  de  Grégoire.  Dans  ce  dessein,  il  convint  d'un  traité'  avec  le  cardinal 
Jacques,  évêque  de  Palestrine,  légat  du  Saint-Siège,  &  lui  promit  par  serment 
«  d'obéir  entièrement  aux  ordres  du  pape,  de  l'Eglise  romaine  8c  du  légat,  & 
«  d'aider  l'Eglise  romaine  fidèlement  &  puissamment,  spécialement  contre 
«  Frédéric,  dit  empereur,  &  ceux  qui  soutenoient  le  vice  de  son  élection.  »  Il 
donna  pour  ses  garans  Roger-Bernard,  comte  de  Foix,  &  Arnaud  Othon, 
vicomte  d'Auvillar,  ses  vassaux,  avec  les  consuls  de  Toulouse,  d'Agen  S<.  de 
Montauban.  Il  leur  écrivit  de  Clermont  en  Auvergne  le  !*=■■  de  mars,  dans  le 
temps  qu'il  étoit  en  chemin  pour  la  Cour  de  France,  &  leur  ordonna  de  faire 
un  pareil  serment,  en  son  nom,  entre  les  mains  de  l'évêque  d'Agen,  que  le 
légat  avoit  commis  pour  le  recevoir.  Il  s'engagea  de  plus^  de  se  trouver  avec 
l'évêque  de  Toulouse  au  concile  que  le  pape  avoit  convoqué  à  Rome  contre 
Frédéric. 

Raimond  ayant  joint  le  roi  à  Montargis,  lui  promit^  par  serment,  le 
14  de  mars,  comme  à  son  seigneur  lige,  de  le  servir  envers  tous  Si  contre  tous; 
de  faire  la  guerre  de  bonne  foi  aux  ennemis  de  ce  prince  dans  les  pays 
d'Albigeois;  de  détruire,  quand  il  en  seroit  requis,  tous  les  châteaux  qu'il 
avoit  fait  construire  depuis  la  paix  de  Paris;  de  démolir  celui  de  Montségur 
aussitôt  qu'il  pourroit  s'en  rendre  maître;  de  chasser  de  ses  Etats  Xq^  proscrits 
(faiditos)  6c  les  ennemis  du  roi,  Si  d'aider  à  les  chasser  des  domaines  de  ce 
prince;  de  lui  faire  prêter  serment  par  ses  sujets,  conformément  au  traité  de 
Paris,  quand  il  en  seroit  requis;  8c  enfin  de  laisser  entre  ses  mains  pendant 
deux  ans,  à  compter  depuis  la  fête  de  Pâques  prochaine,  les  châteaux  qu'il 
lui  avoit  livrés  par  ce  traité;  il  fit  toutes  ces  promesses,  sauf  les  articles  8c  les 
conventions  du  même  traité'^. 

arnaudins  par  tonneau  de  vin   pour  payer  leurs  &  Tholin,  ut  supra,  -p.  5i   &  suiv.).  C'est  proba- 

créances  à  Gaillard  Colomb  &  autres  baviqiiiers  de  blement    aux    démêlés   amenés    par  cette    créiince 

Bordeaux.  Il  fut  stipulé  que  les  premières  recettes  qu'il   faut  attribuer  une  longue  guerre  qui  avait 

serviraient  à  payer  les  trente  mille  sous  avancés  divisé   les  habitants  de   la   Réole  &  leurs  voisins 

auxdits  créanciers  par  les  bourgeois  de  Moissar,  des    Etats    de    Raimond    VII,    guerre    sanglante, 

Marmande,  le  Mas,  le  Port-Sainte-Marie,  Agen,  dont  plusieurs  chartes  du  même  recueil  ont  con- 

Castelsarrasin    &    Montauban    (Cf.    tome    VIII,  serve  le  souvenir  (Cf.  iiitl.  p.   3i  &  suiv.),  &  qui 

ce.   lo5i,   loSz).    En   effet,   le   27   avril    précédent,  avait    duré    plusieurs    années    (i:34    à     iiip).   II 

plusieurs  de   ces  communautés  s'étaient  engagées  est  à  croire  que  Raimond  VII   avait  contracté  ces 

à   payer  à   Gaillard    Colomb   &   à   ses   associés   la  obligations    pour    payer    les    lourdes    indemnités 

somme  de  deux  mille  marcs  (Cf.  Magen  &  Tholin,  que  lui  avait  imposées  le  traité  de  iiay,    fA.  M.J 

Chartes  d'Agen,  t.  i,pp.  49-^0).   Cet  accord   per-  '  Voyez    tome   VIII,    Chartes,    n.    CCXXXIV, 

mit   au    lieutenant  du   sénéchal    de   Gascogne    de  ce.   iciiz,  io53. 

donner    un    sauf-conduit    à    tous    les    habitants  '  Guillaume  de  Puylaurens,  c.  44. 

d'Agen  qui  viendraient  négocier  à  Bordeaux  &  à  '  Voyez     tome    VIII,     Chartes,    n.    CCXXXV, 

la    Réole,  &  ce  sauf-conduit   fut  approuvé  par  le  ce.    ioô3,    loiij. 

principal  intéressé,  Gaillard  Colomb  (Cf.  Magcn  ^  Nul  doute  que  le  roi  n'ait  exigé  ce  serment  de 


IIISTOÎRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXV.  7-5  "~; 

'  An  1240 

XLII.  —  Raimond  fait  la  paix  avec  le -comte  de  Provence. 

Le  comte  de  Toulouse  dissipa  par  ce  serment  tous  les  soupçons  que  le  roi 
pouvoit  avoir  conçus  de  sa  fidélité;  8c  pour  en  donner  de  plus  grandes 
preuves,  il  se  réconcilia  alors  avec  Raimond-Bérenger,  comte  de  Provence,  qui 
avoit  envoyé  des  ambassadeurs  au  roi  son  gendre,  pour  le  prier  d'interposer 
ses  bons  offices,  afin  que  ce  comte  cessât  de  lui  chercher  querelle.  Le  roi  avoit 
écrit  en  conséquence  à  Raimond  pour  le  porter  à  épargner  Raimond-Bérenger; 
Si  le  roi  d'Angleterre',  avec  son  trère  Richard,  lui  ayant  fait  la  même  prière, 
ce  prince,  qui  n'avoit  plus  rien  à  ménager  avec  l'Empereur,  se  rendit  aisé- 
ment à  leurs  instances  8t  conclut  la  paix  avec  Raimond-Bérenger. 

XLin.  —  Le  vicomte  de  Narbonne  £,>  divers  seigneurs  se  soumettent  au  roi, 

Amalric,  vicomte  de  Narbonne*,  accompagna  le  comte  de  Toulouse  à  la 
Cour  de  France,  &  promit  aussi  au  roi  par  serment,  le  i5  de  mars,  comme  à 
son  seigneur  lige,  de  le  servir  envers  tous  &  contre  tous,  de  faire  la  guerre  à 
ses  ennemis  d'Albigeois,  de  lui  livrer  ceux  de  ses  châteaux  qu'il  lui  feroit 
demander,  S<c.  Enfin,  Olivier  de  Termes^,  Pierre  de  Cugugnan,  Bérenger 
son  frère  8<  quelques  autres  seigneurs  du  parti  de  Trencavcl,  qui  ne  s'étoient  'j'j'j  "''S'"/ 
pas  encore  soumis,  allèrent  trouver  le  roi  à  Pontoise  au  mois  de  mai,  S<  pro- 
mirent d'obéir  à  ses  ordres. 

XLIV.  —  Ligue  entre  le  roi  d'Aragon  (y  le  comte  de  Toulouse.  —  Evêques 
de  Béliers.  —  Baronnie  de  Castelnau  de  Bonajbus.  —  iMonnoie  d'Albi. 

Le  comte  Raimond  demeura  peu  de  temps  à  la  cour,  à  cause  qu'il  avoit 
promis  de  se  trouver  à  Rome  au  concile  que  le  pape  y  devoit  tenir  après 
Pâques.  Il  prif*  la  route  de  Marseille,  suivi  de  l'évèque  de  Toulouse,  dans 
le  dessein  de  se  mettre  en  mer.  Le   cardinal  Jacques,  évêque  de  Palestrine, 

Raimond  VII,  à   cause   de   sa    conduite   plus   que  inond  VII  avec   la  Cour  de   France  peut   paraître 

suspecte  lors  de  la   récente  tentative  de  Trencavel.  en   certains  cas   peu   loyale;    mais   il  suffit  de   se 

En   effet,  le  seigneur  féodal   pouvait   réclamer  de  rappeler    la    manière   dont   on    l'avait  traité,   en 

son  homme  lige  un   nouveau   serment  en   cas  de  1229,  pour  lui  trouver  plus  d'une  excuse.  [A.  M.] 

soupçon    de    trahison;    telle    était    du    moins    la  '  Matthieu  Paris,  année  1 241. 

coutume    bien    établie   dans    l'Ile   de    France,   au  "  Voyez     tome    VIII,    Chartes,    n.    CCXXXV, 

treizième  siècle.  D'autre  part,  il  est  bien  certain  ce.   10.04,  'o5j. 

qu'en  refusant  de  secourir  le  sénéchal  de  Carcas-  ^  Reglstrum  cur'iac  Franciae.  —  On  peut  voir  ces 

sonne,  en    1240,   Raimond  VII   avait  commis   un  serments  publiés  d'après  les  originaux  dans  Teu- 

acte  peu  conforme  à  son  serment  de  fidélité.  De-  let,   t.    2,  p.   449.   Le  même  auteur  donne  :   1"  la 

puis  déjà  longtemps  il  préparait  son  soulèvement  promesse    d'Olivier    de  Termes   pour    le    château 

de   1242;  il  semble  même  que  ce  soit  pour  s'assu-  d'Aguilar  &  pourtous  ses  domaines,  qu'il  soumet, 

rer  un  appui    qu'il   ait  cherché  à   se    rapprocher  haut  &  tas,  à  la  volonté  du  roi;  2°  une  promesse 

de   Frédiric    II;    voyant    que   celui-ci    ne    pouvait  analogue  des  seigneurs  de  Cugugnan  (/i/.-/.  p.  4.O0)/ 

l'aider,  il  finit  par  l'abandonner  &  chercha  à  ob-  [A.  M.) 

tenir  l'appui  de  Grégoire  IX.  La  conduite  de  Rai-  ^  Guillaume  de  Puylaurens,  c.  44. 


An  ,j,,       726  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXV, 


M' 


légat  du  Saint-Siège,  avec  divers  prélats  François  &  espagnols,  les  avoient 
précédés,  8c  après  s'être  ejnbarqués  au  port  de  Nice,  ils  étoient  arrivés  à 
Gênes.  Le  comte  de  Toulouse,  à  son  passage  à  Lunel,  y  rencontra  Jacques, 
roi  d'Aragon,  qui  s'y  ctoit  rendu  pour  contérer  avec  lui.  Jacques  étoit  arrivé 
à  Montpellier  dès  le  12  de  mars  de  cette  année'.  Il  y  termina  alors,  par  la 
médiation  de  Bernard,  évêque  de  Béziers,  les  différends  qu'il  avoit  avec  Jean 
de  Montlaur,  évêque  de  Maguelonne,  touchant  la  justice  de  Montpellier  & 
de  Montpelliéret,  le  cens  des  juiis  &  les  autres  droits  de  leurs  domaines.  Il  fut 
dit  entre  autres,  dans  l'accord  qu'ils  passèrent  ensemble,  qu'on  n'appelleroit 
jamais  à  l'évêque  des  sentences  rendues  par  le  roi  ou  ses  lieutenans  dans  la 
cour  de  Montpellier.  Ce  prélat  céda  au  roi  Jacques  tous  les  droits  qu'il  pré- 
tendoit  sur  le  consulat  de  cette  ville,  l'exercice  de  la  justice  criminelle  dans 
ses  propres  domaines,  8tc.,  &  le  roi  reçut  tout  cela  en  fief  de  l'évêque. 

Bernard  de  Cuxac,  évêque  de  Béziers,  qui  moyenna  cet  accord,  mourut  le 
23  de  janvier^  de  l'année  suivante.  On  voit,  en  effet,  que  le  siège  épiscopal 
de  Béziers  étoit^  vacant  le  26  de  janvier  de  Van  1242  de  la  Nativité,  par 
vine  protestation  que  les  chanoines  de  la  cathédrale  de  Narbonne  firent  ce 
jour-là,  contre  Pierre  leur  archevêque,  en  cas  que  ce  prélat  voulût  confirmer, 
sans  leur  participation  &  au  préjudice  de  leurs  droits,  l'évêque  de  Béziers 
qui  devoit  être  élu.  Cette  élection  tomba  sur  Pv.aimond  de  Vallauquez,  d'une 
ancienne  maison  du  pays'*. 

Le  roi  d'Aragon  &  le  comte  de  Toulouse,  dans  l'entrevue  qu'ils  eurent  à 
Lunel,  convinrent^,  le  18  d'avril  de  l'an  1241,  du  traité  suivant  :  1°  Ils  se 
liguèrent  envers  tous  &  contre  tous,  pour  la  défense  de  la  foi  catholique  8t 
de  l'Église  romaine,  nommément  contre  les  hérétiques  &  tous  les  autres} 
excepté  de  la  part  du  roi  contre  le  roi  de  Castille  &  le  comte  de  Provence, 
&.  de  la  part  du  comte  contre  les  rois  de  France  Se  de  Castille;  2°  le  roi 
d'Aragon  promit  à  Raimond  d'agir  fortement  à  la  cour  de  Rome  pour  engager 
le  pape  à  lever  la  sentence  d'excommunication  &  d'interdit  qui  avoit  été 

'  D'Achéry,  Spicilegium,  t.  lo,  p.  181  &  seq.  que  rinltiaU,  &  à  ne  mettre  qu'un  évêque  entre 
'  Gallia  Chrlstiana,  t.  2,  c.  48,  &  nov.  éd.  t.  6.  Bernard  de  Cuxac  &  Raimond  de  Salle.  [A.  M.] 
5  Voyez  tomeVIII,  Chartes,  n.  CCXLII,  c.  1080.  ''  Manuscrits  de  Cotslin,  n.  686. —  Cf.  tomeVIII, 
*  Le  nouveau  Gallia  Christiana ,  &  avec  lui  ce.  loaS  à  io58,  où  nous  donnons  cette  pièce  d'a- 
M.  Mabille  (tome  IV,  p.  266),  ne  donne  pas  Rai-  près  l'original  du  Trésor  des  chartes.  —  Cette 
mond  de  VaiUiauquez  pour  successeur  immédiat  convention  donna  lieu  à  la  rédaction  de  deux 
à  Bernard  de  Cuxac.  Ils  placent  entre  ces  deux  actes:  l'un,  du  19  avril,  traité  d'alliance  entre  les 
prélats  trois  autres  évéquesj  le  premier  du  nom  deux  princes  envers  &  contre  tous,  sauf  les  rois 
duquel  on  ne  connaît  que  l'initiale  R.,  archi-  de  Castille  &  de  France  &  le  comte  de  Provence; 
diacre  de  Saint-Nazaire,  élu  peu  avant  le  17  fé-  l'autre,  du  28  avril  suivant,  convenant  d'une  trêve 
vrier  1243.  Un  second.  P.,  qui  souscrivit  au  concile  .  entre  eux,  leurs  hommes  &  leurs  royaumes,  pour 
de  Narbonne  de  1244;  un  troisième,  Raimond  de  deux  ans.  Quant  à  la  clause  relative  au  mariage 
Salle,  dont  le  nécrologe  de  Saint-Nazaire  place  la  du  comte  Raimond  avec  la  fille  du  comte  de  Pro- 
mort au  20  juillet  1247  (voyez  tome  VIII,  c.  260).  vence,  elle  se  trouve  dans  l'acte  du  5  juin,  ou 
Comme  ce  dernier  texte  dit  qu'il  occupa  le  siège  plutôt  du  6  juin  1241,  passé  à  Montpellier,  & 
deux  ans,  cela  reporte  son  élection  au  milieu  de  que  dom  Vaissete  indique  plus  bas,  d'après  Zu- 
1245.  Nous  serions  d'ailleurs  assez  disposé  à  iden-  rita  [A.  M.] 
tifier  ces  deux  évèques  obscurs  dont  on  ne  connaît 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXV.  7^7    

'      '         An  iîi)! 

lancée  contre  sa  personne  &  ses  domaines,  Se  pour  obtenir  la  dispense  néces- 
saire afin  qu'il  pût  épouser  Sancie,  fille  du  comte  de  Provence.  Le  lendemain, 
19  d'avril,  Raimond  reconnut',  sous  certaines  conditions,  tenir  en  fief  de 
Durand,  évêque  d'Albi,  le  château  de  Bonafous  en  Albigeois,  que  Sicard 
d'Alaman  tenoit  en  fief  de  lui-même.  Barrai  de  Baux  &.  divers  autres  seigneurs 
furent  présens  à  cet  acte  avec  Gui  Fulcodi,  dont  le  nom  paroît  ici  pour  la 
première  fois  :  le  comte  de  Toulouse  l'employa  depuis  dans  diverses  affaires, 
£<  il  parvint  enfin  à  la  papauté  sous  le  nom  de  Clément  IV. 

C'est  au  même  Sicard  d'Alaman  que  le  château  de  Bonafous  doit  son  ori- 
gine. Ce  n'étoit  auparavant  qu'un  lieu  ^  désert  inhabité,  appelé  le  Pit'i  de 
Eonafocens,  que  le  comte  Raimond  inféoda  à  ce  seigneur,  sous  l'albergue  de 
cent  chevaliers,  5c  le  service  militaire  de  deux  chevaliers  &  trois  sergens,  à 
condition  qu'il  y  construiroit  un  château  ou  une  ville.  Ce  château  fut  des- 
tiné'  quelques  années  après  par  Raimond  pour  la  fabrique  des  raimondens 
d'Albi,  monnoie  qui  devoit  avoir  cours  dans  l'Albigeois,  le  Rouergue  &  le 
Querci,  S<  dont  le  comte,  l'évêque  d'Albi  8t  Sicard  d'Alaman  partagèrent  le 
profit.  On  l'appela  dans  la  suite  Castelnau  de  Lévis,  parce  qu'il  passa  dans 
une  branche  de  la  maison  de  Lévis.  C'est  une  des  baronnies  dont  les  seigneurs 
entrent  tous  les  ans  aux  Etats  de  la  Province. 

XLV.  —  Divers  prélats  de  la  Province  tombent  entre  les  /nains  de  l'Empereur. 

Evêques  de  Nimes. 

Tandis  ([ue  Raimond'*  conféroit  à  Lunel  avec  le  roi  d'Aragon,  l'évêque  de 
Toulouse,  qui  étoit  à  sa  suite  8<.  qui  devoit  l'accompagner  en  Italie,  s'avança 
jusqu'à  Beaucaire.  Il  y  rencontra  divers  prélats  françois  qui,  n'ayant  pu 
s'embarquer  pour  aller  au  concile  &  qui,  n'osant  s'exposer  à  faire  le  chemin  Éd.origin. 
par  terre,  de  peur  des  embûches  que  l'empereur  Frédéric  leur  avoit  dressées, 
s'en  retournoient  chez  eux.  La  crainte  de  tomber  entre  les  mains  de  ce 
prince,  qui  faisoit  tous  ses  efforts  pour  empêcher  la  tenue  du  concile,  n'arrêta 
pas  l'évêque  de  Toulouse  :  il  poussa  jusqu'à  Aix  8c  se  rendit  à  Marseille, 
avec  plusieurs  évêques  8c  abbés,  pour  y  attendre  une  occasion  favorable  de 
faire  le  trajet.  Raimond,  à  qui  la  ville  de  Marseille  étoit  soumise,  l'y  joignit 
bientôt  après.  Ils  étoient  résolus  de  se  mettre  au  plus  tôt  en  mer  avec  les  pré- 

■  Tome  VIII,  Chartes,  n.  CCXXXVI ,  ce.   io58,  chevauchée  &  l'ost,  dans  le  diocèse  d'Albi.  Il  np- 

loip.  prouve  d'avance  toutes  les  coutumes  que  ledit  Si- 

'  Archives    de    l'évéché   d'Albi.    —   Voyez    cette  card  pourrait  accorder  aux  futurs  habitants  de  la 

charte  dans  Compayré,  £iuiej  AiJloriyaej,  pp.  3  12-  nouvelle  ville.  Ces  coutumes,  qui   sont  datées  du 

3i3.   Elle  est  datée  de  Toulouse,   i5  janvier  1234  11  mai  izHô,  ont  été  publiées  dans  le  même  ou- 

(v.  st.).   Par  cet  acte,  Raimond  Vil  donne  en  fief  vrage,  pp.  3i3  à  32o.    Elles  sont  en  langue  vul- 

à   Sicard    Alaman    le   pays  de    Bonafous,   dont    il  gaire.  [A.  M.] 

énojice  les  limites,  avec  permission  d'y  élever  une  '  Tome  VIII,   Chartes,   n.  CCLXXX  ,  ce.   124Ô, 

ville, dont  Sicard  &  ses  successeurs  percevront  tous  i  247. 

les  revenus;  le  comte  ne  se  réserve  qu'une  albergiie  ■*  Guillaume  de  Puylaurens,  c.  44.  —  Matthieu 

annuelle  de  cent  chevaliers  montés,    8c  le  service  Paris.  —  Raynaldi,  année  1241,  n.  53  &  suiv. 
de  deux  chevaliers  &  de  trois   fantassins  pour  la 


I.  UI,  p.  425. 


An  1Z41 


728  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXV. 

lats  qiiî  s'y  étoient  rassemblés,  lorsqu'ils  apprirent  que  l'Empereur,  qui  avoit 
armé  une  puissante  flotte,  s'étoit  saisi  le  3  de  mai,  après  un- rude  combat, 
de  la  plupart  des  vaisseaux  sur  lesquels  les  évêques  qui  étoient  à  Gênes 
s'étoient  mis  pour  passer  à  Pvome;  Si  cette  nouvelle  les  'fit  renoncer  au  des- 
sein de  s'embarquer.  Entre  les  prélats  cjui  étoient  sur  les  vaisseaux  génois, 
quelques-uns  eurent  le  bonheur  de  se  sauver,  entre  autres  l'archevêque  d'Arles 
&.  l'évêque  du  Puyj  mais  le  plus  grand  nombre  tomba  entre  les  mains  de 
Frédéric,  savoir  :  l'évêque  de  Palestrine,  légat  du  Saint-Siège;  les  archevêques 
de  Rouen,  Bordeaux,  Auch  &  Besançon;  les  évêques  de  Carcassonne,  Agde, 
Nimes,  &C.,  que  l'Empereur  fit  conduire  prisonniers  dans  le  ro\aume  de 
Naples'.  Ce  prince  relâcha  quelque  temps  après,  à  la  prière  du  roi^,  tous  les 
évêques  François;  mais  Arnaud,  évêque  de  Nimes,  St.  quelques  autres  étoient 
déjà  morts  durant  leur  captivité.  Arnaud  décéda  à  Avellino,  dans  la  terre 
de  Labour^,  6c  fut  d'abord  inhumé  dans  la  cathédrale  de  cette  ville;  son 
corps  fut  porté  dans  la  suite  dans  celle  de  Nimes.  Pvaimond  fut  élu  à  sa  place. 

XLVI.  —  Le  comte  Raïmond  fuît  hommage  de  Beaucaire 
à  l'archevêque  d'Arles. 

Le  comte  6<  l'évêque  de  Toulouse"*,  ayant  perdu  toute  espérance  de  passer 
en  Italie,  prirent  la  route  du  Rhône.  Le  premier  alla  faire  un  tour  dans  son 
marquisat  de  Provence,  Se  étant  à  Cavaillon^,  dans  la  chambre  de  l'évêque 
de  cette  ville,  le  3o  de  mai  de  l'an  1241,  il  v  déclara,  en  présence  des  évêques 
d'Albi,  de  Carpentras  6c  d'Orange,  à  Jean,  archevêque  d'Arles,  qu'il  tenoit 
de  lui  en  fief,  6<.  de  l'église  d'Arles,  le  château  de  Beaucaire  6c  la  terre 
d'Argence.  Ensuite  il  fit  hommage  pour  tous  ces  fiefs  à  ce  prélat,  qui  lui  en 
donna  l'investiture,  avec  promesse  de  l'aider  de  tout  son  pouvoir  à  les  recou- 
vrer, Se  à  les  conserver,  de  faire  une  vive  guerre,  Si  d'y  employer  tous  les 
moyens  spirituels  6c  temporels. 

XLVIL  —  Nouveau  traité  entre  Raïmond,  le  roi  d'Aragon  &-  le  comte  de 
Provence.  —  Le  premier  répudie  Sancie  d'Aragon,  sa  femme,  pour  épouser 
Sancie,  file  du  dernier. 

II  paroît  par  là  que  Raimond  avoit  formé  le  dessein  de  recouvrer  les  anciens 
domaines  de  sa  maison  situés  à  la  droite  du  Rhône,  qu'il  avoit  cédés  au  roi 

'  Le  3i  juillet  1241,  le  p^pe  écrivit  aux  prélats  reproche  durement   à  Frédéric  II   sn  conduite  en- 
prisonniers    pour    les    consoler    de    leur    innlhcur  vers   ses    fidèles    &   le   menace   de  son    inimitié. 
(Potthast,  n.   iioôo).  Dans  cette  lettre  il   nomme  [A.  M.) 
les  évêques  de  Nîmes,  Carcassonne  &  Agde.  '  Voyez   tome  V,   Chroniques,   c.    3o.  —  GiUia 

[A.  M.]  Christiana,   t.  3,  c.  779. 

'  La    lettre  écrite  à  l'Empereur  par  Louis  IX,  à  ■*  Guillaume  de  Puylaurens,  c.  44. 

cette  occasion,  est  donnée  par  Guillaume  de  Nan-  '  Tome  VIII,   Chartes,   n.  CCXXXVI,  ce.   loôj, 

gis  dans  sa  Vie  de  saint  Louis  {Hist.  de  France,  1060. 
t.  20,  p.  332),  Elle  est  assez  hautaine,  &  le  roi 


An  lî-ji 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXV.  729 

par  le  traité  de  Paris  de  l'an  1229,  car  la  ville  de  Eeaucaire  &  le  pays 
d'Argence  étoit  de  ce  nombre,  à  moins  que  rarchevê(|iie  d'Arles,  qui  se  pré- 
tendoit  suzerain  de  ce  dernier  pays,  ne  crût  être  en  droit  d'en  disposer  à  son 
gré'.  Quoi  qu'il  en  soit,  Raimond  cimenta  peu  de  temps  après  d'une  manière 
encore  plus  forte,  la  ligue  qu'il  avoit  déjà  tormée  avec  Jaccjues,  roi  d'Aragon, 
qu'il  alla  joindre  à  Montpellier.  Il  conclut  avec  lui  &  avec  Raimond- 
Bérenger,  comte  de  Provence,  qui  s'y  étoit  rendu  de  son  côté,  un  nouveau 
traité  daté  du  5  juin^.  Ils  convinrent  :  1°  que  le  roi  Jacques,  Raimond  Gau- 
celin,  seigneur  de  Lunel.,  Si  un  chevalier  nommé  d'Albèse^,  seroient  garans 
envers  Raimond-Bérenger,  comte  de  Provence,  que  ce  prince  engageroit  la 
reine  Sancie  (d'Aragon),  femme  de  Raimond,  à  demander  elle-même  son 
divorce  avec  ce  comte,  devant  les  juges  délégués  par  le  Saint-Siège;  &  supposé 
qu'elle  le  refusât,  que  le  même  comte  de  Provence  la  feroit  sortir  de  ses 
Etats  où  il  l'avoit  retirée,  lui  ôteroit  tout  ce  qu'il  lui  avoit  donné,  &  ne  lui 
fourniroit  plus  rien  dans  la  suite;  2°  que  Raimond  solliciteroit  de  son  côté 
son  divorce,  Si  donneroit  à  Sancie,  au  lieu  de  dot,  mille  marcs  d'argent  une 
fois  payés,  outre  cent  marcs  de  pension  annuelle  pendant  la  vie  de  cette 
princesse.  L'évêque  de  Toulouse,  le  comte  d'Ampurias,  ikc,  furent  présens  à 
ce  traité. 

Le  roi  d'Aragon  &  le  comte  de  Provence  abandonnèrent  ainsi  les  intérêts 
de  Sancie^  leur  tante,  sœur  de  feu  Pierre,  roi  d'Aragon,  que  Raimond  VII, 
comte  de  Toulouse,  qui  en  étoit  séparé  depuis  longtemps,  résolut  alors  de 
répudier  dans  les  formes,  pour  épouser  Sancie  de  Provence,  dans  l'espérance 
d'avoir  de  cette  dernière  des  enfans  mâles  qui  pussent  lui  succéder,  &.  d'exclure 
ainsi,  du  moins  de  la  plus  grande  partie  de  sa  succession,  Jeanne  sa  iîlle,  t.'in°p'.»^"i. 
femme  d'Alfonse,  frère  du  roi. 

Raimond  crut  réussir  d'autant  plus  aisément  dans  cette  affaire,  que  s'étant 
ligué  depuis  peu  avec  Grégoire  IX,  contre  l'empereur  Frédéric,  il  se  flatta  que 
ce  pape  lui  accorderoit  les  commissaires  qu'il  demanderoit.  Il  obtint^,  en 
effet,  Durand,  évêque  d'Albi,  &  le  prévôt  de  Saint-Salvi  de  cette  ville,  qui 
lui  étoient  entièrement  dévoués,  &  qui  eurent  ordre  d'examiner  la  validité  de 
son  mariage  avec  Sancie  &  de  porter  sur  cette  affaire  un  jugement  définitif. 
Raimond  ayant  disposé  toutes  choses,  se  rendit  avec  les  deux  commissaires 
dans  l'île  de  la  Vergne,  située  dans  le  Rhône,  entre  Beaucaire  &  Tarascon;  8t 
là  il  prouva  par  témoins,  devant  plusieurs  évêques  qui  s'y  trouvèrent,  que  le 

'  Ce  fait  de  l'inféodation  de  Beaucaire  &  de  la  Teulet,  t.   ::,   pp.  4Ô^-4.'ir;  acte  du   6   juin   li^l, 

terre  d'Argence  ejt  une  preuve  de  plus  de  ce  que  d'après  l'original,  J.  587,  n.  4. — Voyez  plus  haut, 

nous  avons  annoncé  plus  haut.  Les  rapports  entre  p.  716.] 

Raimond  VII   &   la  Cour  de  France  devaient  être  '  Le  véritable  nom  de  ce  seigneur  est  Alhcta,  & 

bien  tendus  pour  qu'il  se  hasardât  ainsi  à  contre-  M.  de  Tourtoulon  [Jacme  I^',   t.    2,  p.    57,  note), 

venir   formellement   au    traité  de    1229,  qui   avait  identifie  ce   personnage   avec  Albeta   de  Tarascon, 

cédé  au  roi  le  château  de  Beaucaire,  devenu  chef-  conseiller   de    Ramon    Bgrenger,    &    plus    tard   de 

lieu  d'une  sénéchaussée  royale.    [A.  M.]  Charles  d'Anjou.  [A.  M.] 

"  Guillaume  de   Puylaurens,   c.    44.   —  Zurita,  *  Voyez  tome  VII,  Note  XXXV,  p.  104. 

AnaUi   de  la   corons    de   Aragon,    1.  3,  c.  3p.    [Cf.  '  Guillaume  de  Puylaurens,  c.  44. 


~  7  3o  HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXV. 

/in  12^1  ' 

comte  Raimond  VI,  son  père,  avoit  tenu  Sancie  d'Aragon  sur  les  fonts,  8c 
qu'il  n'avoit  pu  par  conséquent  l'épouser.  Cette  comtesse,  qu'on  fit  compa- 
roître  dans  l'assemblée,  accompagnée  du  roi  d'Aragon  &  du  comte  de  Pro- 
vence ses  neveux,  n'opposa  qu'un  profond  silence  au  témoignage  de  ceux  qui 
déposèrent  contre  ses  intérêts.  Les  deux  commissaires  rendirent  aussitôt  une 
sentence  de  divorce  &  cassèrent  son  mariage  avec  Raimond.  Sancie  alla 
ensuite  établir  sa  résidence  au  château  de  Padernes,  dans  le  Venaissin,  dont 
ce  comte  lui  céda'  la  jouissance  pour  sept  mille  sols  raimondens  de  rente 
viagère  qu'il  s'étoit  engagé  de  lui  payer.  Elle  y  vivoit  encore  au  mois  de  mai 
de  l'an  1246,  &  elle  y  mourut^  vers  la  fin  de  l'an  124g. 

L'évêque  de  Toulouse,  qui  jusqu'alors  avoit  toujours  suivi  le  comte  Rai- 
mond, ne  se  trouva  pas  à  l'assemblée  de  la  Vergne  :  il  demeura  à  Beaucaire, 
quelque  prière  que  lui  fît  ce  prince  d'y  assister,  afin  de  ne  pas  participera  la 
sentence  de  divorce,  parce  qu'il  tenoit  pour  suspects  les  témoins  qui  déposè- 
rent dans  cette  affaire.  Le  roi,  le  comte  Alfonse,  son  frère,  &  la  comtesse 
Jeanne  de  Toulouse,  femme  de  ce  dernier,  en  surent  beaucoup  de  gré  à  ce 
prélat  &  lui  en  témoignèrent  depuis  leur  reconnoissance. 

XLVIIL  —  Le  roi  dispose  du  Poitou,  des  pays  d'Albigeois,  &c.,  en  faveur 
d'AlJbnse,  son  frère,  après  l'avoir  fait  chevalier. 

La  Cour  étoit  alors  ^  à  Saumur-sur-Loire,  oîi  le  roi  tint  une  grande  assem- 
blée ou  parlement  à  la  Saint-Jeaia-Baptiste  de  l'an  1241.  Il  y  fit  la  cérémonie 
de  donner  la  ceinture  militaire"*  au  comte  Alfonse,  son  frère,  en  faveur  duquel 
il  disposa  en  même  temps  des  comtés  de  Poitou  &  d'Auvergne,  &  des  terres 
d'Albigeois^,  pour  les  posséder  à  perpétuité.  Il  lui  donna  par  là  tous  les 
domaines  que  le  comte  Raimond  lui  avoit  cédés  par  le  traité  de  Paris  de 
l'an  122g.  Quelques  auteurs  modernes''  prétendent  qu'Alfonse  épousa  alors 
Jeanne  de  Toulouse;  mais  le  mariage  avoit  été  consommé  quatre  ans  aupa- 
ravant. Du  reste,  ce  fut  dans  cette  assemblée  de  Saumur  qu'Hugues,  comte 
de  la  Marche,  qui  étoit  devenu  vassal  d'Alfonse  pour  les  fiefs  qu'il  possédoit 
dépendans  du  Poitou,  commença  à  faire  éclater  l'esprit  de  révolte  qui  l'ani- 

'  Tome  VIII,  Chartes,   n.   CCLXXIV,  ce.   i2o3,  tenant  compte  du  pouvoir  de  l'argent  au  treizième 

1204.  siècle,  fait  quelque   chose  comme  neuf  cent  qua- 

'  Ih'ii.  n.  CCXCII,  c.  1279.  tre-vingt-cinq  mille  francs;   somme  énorme  pour 

'  Gesta  Ludoyicl  IX,  p.  336.  —  Albéric,   Chro-  l'époque.  Ce  fut,  il  est  vrai,  la  fête  la    plus   bril- 

nicort,  année  1241.  lante  du  règne  de  saint  Louis.  —  Au  nombre  des 

^  Le   récit  de  cette  grande  fête  est  donné  avec  nouveaux    chevaliers    créés   à  cette   occasion,   on 

une  foule  de  détails  pittoresques  par  Joinville  (éd.  trouve  Pons  d'Olargues  8c  Sicard  de  Murviel.'tous 

de  Wailly,   1874,    pp.    55  à  Sy).  Cet  historien   y  deux  du  Languedoc,  qui  reçurent  des  robes  neuves 

assistait  &  servait  à  table  le  roi  de  Navarre,  comme  &  des  chevaux.  [A.  M.] 

sénéchal  héréditaire  de  Champagne.  Le  compte  ''  Cette  expression  de  terre  d' Albigeois,  ou  bien 
des  dépenses  faites  par  saint  Louis  à  l'occasion  de  est  une  erreur  d'Albéric  de  Neufmoutiers  ou  si- 
cette  fête  a  été  publié  par  Boutaric  (^Bihliothc^ue  gniiîe  simplement  que  le  roi  concéda  à  son  frère 
de  l'Ecole  des  Chartes,  t.  14,  p.  22  &  suiv.).  Elles  tous  les  droits  que  le  traité  de  Paris  lui  assurait  à 
montèrent  à  cent  quatre-vingt-dix-sept  mille  cin-  la  succession  de  Raimond  VU.  [A.  M.] 
quante-deux  francs  de  notre  monnaie,  ce  qui,  en           '  Voyez  tome  VII,  Note  XXXIII,  pp.  96,  97. 


An  12 


4' 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXV,  ySi 

moit,  révolte  dans  laquelle  il  entraîna  quelque  temps  après  le  comte  de 
Toulouse,  s'il  ne  l'avoit  déjà  fait  alors.  Ce  dernier,  après  l'assemblée  de  la 
Vergne',  reçut  à  Lunel  l'hommage  de  Roger  IV,  comte  de  Fois, 

XLIX.  —  Mort  de  Roger-Bernard  II,  comte  de  Fo'ix.  —  Roger  IV,  son  fils, 

lui  succède. 

Roger  venoit  de  succéder  à  Roger-Bernard  deuxième  du  nom,  comte  de 
Foix,  son  père,  qui  vivoit  encore^  le  20  de  mai  de  l'an  1241,  Trois  jours  après, 
R.oper-Bernard  fit  son  testament 3,  Il  choisit  sa  sépulture  dans  l'abbave  de 
Boulbonne  de  l'ordre  de  Cîteaux,à  laquelle  il  donna  une  somme,  &.  fit  d'autres 
legs  à  diverses  églises.  Il  institua  héritier  Roger,  vicomte  de  Castelbon,  son  fils, 
légua  à  sa  fille  Esclarmonde  sept  cent  cinquante  marcs  d'argent  qu'il  lui  avoit 
promis  dans  son  contrat  de  mariage;  à  Cécile,  son  autre  fille,  trente  mille 
sols  melgoriens,  lorsqu'elle  seroit  parvenue  à  un  âge  nubile,  &  enfin  à  Ermen- 
garde,  sa  femme,  quarante  mille  sols  pour  sa  dot  &  son  augment.  Il  chargea 
les  religieux  de  l'abbaye  de  Boulbonne,  qu'il  fit  ses  exécuteurs  testamentaires, 
de  payer  cinq  mille  sols  melgoriens  aux  abbés  d'Aurillac  8c.  de  Figeac,  &  aux 
consuls  8t  aux  bourgeois  de  ces  villes,  en  réparation  des  dommages  qu'il  leur 
avoit  causés  autrefois,  lorsqu'il  avoit  fait  prisonniers,  durant  la  guerre, 
Géraud,  abbé  d'Aurillac,  &  plusieurs  des  mêmes  habitans.  Il  confirma,  le 
26  de  mai  ^  suivant,  les  donations  que  les  comtes  de  Foix,  ses  prédécesseurs, 
avoient  faites  à  l'abbaye  de  Boulbonne;  &  étant  mort  peu  de  jours  après ^  dans 
ce  monastère,  après  y  avoir  pris  l'habit  religieux  &  reçu  les  derniers  sacre- 
mens  des  mains  de  l'abbé,  il  y  fut  inhumé  comme  il  l'avoit  ordonné.  Les  ,  "i  1; ",'''''^'','; 
religieux  de  Boulbonne  exécutèrent  sa  volonté  au  mois  de  septembre  suivant, 
envers  les  abbés  8c  les  habitans  d'Aurillac  8t  de  Figeac,  qui  quittèrent  le 
monastère  de  Boulbonne,  l'âme  de  Roger-Bernard,  comte  de  Foix,  8(.  le  comte 
Roger,  son  fils,  des  dommages  qu'il  leur  avoit  causés.  Nonobstant  des  dispo- 
sitions si  pieuses,  sa  mémoire  fut  recherchée^  plusieurs  années  après  par  les 
inquisiteurs  de  la  foi,  qui  firent  tout  leur  possible  pour  engager  le  bailli  de 
Mazères,  son  ancien  domestique,  à  l'accuser  d'hérésie.  Cet  officier,  qui  avoit 
assisté  Roger-Bernard  dans  sa  dernière  maladie  à  Pamiers  81  à  Boulbonne, 
déposa  qu'il  étoit  mort  après  avoir  reçu  tous  ses  sacremens,  8c  qu'il  ne  savoit 
pas  qu'il  eût  jamais  fréquenté  les  hérétiques. 

Roger-Bernard  deuxième  du  nom  avoit  succédé  en  1228  à  Raimond-Roger, 
son  père,  8c  s'étoit  déjà  distingué  dès  lors  par  plusieurs  actions  de  valeur  durant 
la  guerre  des  albigeois.  Il  se  rendit  également  recommandable  dans  la  suite 
par  ses  vertus  civiles  8c  militaires,  qui  lui  méritèrent  le  surnom  de  grand.  Son 

'  Guillaume  de  Puylaurens,  c.  44.  ■*  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  LXXI,  c.  433. 

■  Tome  VIII,  Chartes,    n.  CCXXXVII,   c.   1061.  'Archives   de    l'abbaye  de    Boulbonne.    [Voyea 

'  Marca,  Histoire  de  Béarn,   p.  761  &    suiv.  —  tome  VIII,   Catalogue   de  Boulbonne,   n.  cxxvii.J 

Archives  de  l'abbaye  de  Boulbonne.  —  Tome  VII,  «  Tome  VIII,  Chartes,   n.  CCCXXXIX,   c.  1481 

Nojf  XXIII,  n.  3,  p.  69.  &  suiv. 


"; 73:  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXV, 

An  I  241         ' 

union  avec  le  comte  de  Toulouse,  son  seigneur,  lui  attira  divers  anatlicmcs 
Se  la  confiscation  de  tous  ses  domaines;  mais  il  eut  enfin  le  bonheur  de  les 
recouvrer.  11  les  transmit  à  Pvoger,  son  fils  unique  :  il  l'avoit  eu  d'Ermessinde, 
héritière  de  la  vicomte  de  Castelbon,  qu'il  avoit  épousée  en  premières  noces 
en  1202.  Il  laissa  encore  de  ce  mariage  Esclarmonde  qui  avoit  épousé,  en  I23i, 
Raimond,  fils  du  vicomte  de  Cardone.  Il  eut  d'Ermengarde  de  Narbonne, 
sa  seconde  femme,  qui  lui  survécut  longtemps,  Cécile  qui  épousa,  en  i256, 
Alvare,  comte  d'Urgel,  lequel  répudia  en  même  temps  Constance  de  Mont- 
cade,  sa  première  femme. 

L.  —  Roger  fait  hommage,  à  Lunely  au  comte  de  Toulouse. 

Roger  IV,  comte  de  Foix,  avoit  déjà  succédé  à  Roger-Bernard  II,  son  père', 
dès  le  mardi  4  de  juin  de  l'an  1241.  Il  se  rendit  peu  de  temps  après  à  Lunel, 
où  il  fit  hommage-  le  27  de  juin  à  Raimond,  comte  de  Toulouse,  pour  tout 
ce  que  lui  Si  ses  prédécesseurs  avoient  tenu  des  comtes  de  Toulouse,  spéciale- 
ment pour  le  château  de  Saverdun  Se  les  autres  domaines  situés  en-deçà  du 
Pas  de  la  Barre,  dans  le  diocèse  de  Toulouse,  que  le  même  P^aimond  avoit 
rendus  au  comte  Roger-Bernard,  son  père.  Roger  s'engagea  le  lendemain,  en 
renouvelant  cet  hommage,  d'en  rendre  un  semblable  à  Pvaimond,  Se  de  lui 
prêter  le  même  serment  de  fidélité,  s'il  en  étoit  requis  parce  prince,  lorsqu'il 
seroit  de  retour  dans  le  Toulousain.  Maurin,  abbé  de  Saint-Antonin  de 
Pamiers,  accompagna  Roger  à  Lunel,  Si  offrit  à  Raimond  de  l'associer  au 
pariage  dont  les  abbés  ses  prédécesseurs  étoient  convenus  pour  la  ville  de 
Pamiers  avec  les  comtes  de  Foix,  Si  de  le  mettre  à  leur  place^;  mais  Pvaimond 
refusa  généreusement  cette  offre,  81  persuada  à  Maurin  de  continuer  ce 
pariage  avec  Roger;  il  écrivit  même  à  la  Cour  en  faveur  de  ce  comte,  qui  s'y 
rendit  bientôt  après.  Roger  la  rencontra  à  Orléans,  où''  il  fit  hommage-lige 
au  roi,  au  mois  de  juillet  de  la  même  année,  pour  les  châteaux  qu'il  possédoit 
dans  le  diocèse  de  Carcassonne,  avec  promesse  de  ne  pas  les  fortifier  sans  sa 
permission,  de  n'y  pas  recevoir  les  ennemis  de  l'Eglise,  Sic.  Enfin  il  renou- 
vela'"', le  23  de  juillet  suivant,  avec  Maurin,  abbé  de  Pamiers,  le  pariage  dont 
on  a  déjà  parlé,  en  présence  de  Guillaume  de  Barrage,  prieur  de  l'hôpital  de 
Saint-Rémi  de  Toulouse,  Bertrand-Jourdain  de  Lille,  Guillaume-Bernard 
d'Asnave,  Raimond  de  Durfort^,  Sic. 

'  Tome  VIII,  Chartes,   n.  CCXXXVII ,   c.   1061  de  Pamiers  &  leur  avait  promis  de  respecter  leurs 

&  suiv.   [Partage  de  droits  à  Foix  entre  le  comte  coutumes.  (Cf.  Ourgaiid,   pp.  235  &  suiv.)  —  Cet 

ik  l'nbbé  de  Saint-Volusien.]  acte  avance  de  trois  jours  la  date  de  la    mort  du 

'  Tome  VIII,  Chartes,  n.  CCXXXVIII,  ce.  1064  comte  Roger-Bernard.  (Voir  plus  haut.)     (A.  M.] 

à  ic68.  —  Marca,  Histoire  de  Béarn,  p.  j66.  ''  En  décembre  1241,  le  nouveau  comte  s'accorda 

'  Guillaume  de  Puyiaurens,  c.  44.  avec  Pierre  de   Dalbs,  abbé  de  Lézat  (tome  VIII, 

^  Tome  VIII,  Charles,   n.  CCXXXIX,    ce.   1066,  c.   1068  &  suiv.).  Celui  ci  lui  inféoda  la  moitié  de 

1067.  tous  les  revenus  du  lieu  de  Lézat,  dont  les  consuls 

^  Château  de  Foix,  caisses  4  8c  5,  —  Archives  de  durent   être    noinmés  par  les  deux   parties.   Leurs 

l'église   de    Pamiers.  —    Dès    le    1"'  juin    1241,   le  viguiers   agirent  de   concert  pour  le  recouvrement 

nouveau  comte  avait  reçu  le  serment  des  habitants  des    impôts.    Le   comte    dut    rétablir,    respecter   & 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXV.  733 


LI.  —  Raimond  envoie  demander  au  pape  la  dispense  pour  son  maria" e  avec 
Sancie  de  Provence.  —  Ce  mariage  se  rompt. 

Le  comte  de  Toulouse,  quelque  temps  après  avoir  reçu  à  Lunel  l'hommage 
du  nouveau  comte  de  Foix,  se  rendit  à  Aix',  où  il  concerta  avec  Jacques,  roi 
d'Aragon,  81  R.aimond-Bérenger,  comte  de  Provence,  les  moyens  d'achever 
la  conclusion  de  son  mariage  avec  Sancie,  fille  du  dernier.  Ils  convinrent 
d'envoyer  de  concert  une  ambassade  solennelle  au  pape  Grégoire  IX  pour  lui 
demander  la  dispense  de  la  parenté,  sous  prétexte  que  cette  alliance  étoit 
nécessaire  pour  rétablir  parmi  eux  une  paix  parfaite.  Ils  se  croyoient  si  assurés 
de  l'obtenir,  à  cause  que  le  pape  leur  avoit  obligation,  &  paroissoit  disposé 
en  leur  faveur,  que  les  ambassadeurs  étant  partis,  8<.  Raimond  ayant  repassé 
le  R.hône,  le  roi  Jacques,  en  qualité  de  procureur  de  ce  comte.  Sien  son'nom, 
épousa  Sancie  à  Aix^  le  11  d'août  de  l'an  1241,  conditionnellement  cepen- 
dant, 8c  supposé  que  le  pape  accordât  la  dispense  depuis  ce  jour  jusqu'à  la 
Septuagésime  prochaine.  Sancie  de  Provence,  de  son  côté,  du  consentement 
du  comte  Pvaimond-Bérenger,  son  père,  Si  de  la  comtesse  Béatrix,  sa  mère, 
épousa  sous  les  mêmes  conditions  Raimond,  comte  de  Toulouse,  en  la  per- 
sonne de  Jacques,  roi  d'Aragon,  son  procureur,  en  présence  des  archevêques 
d'Arles  8<  d'Aix,  des  évêques  de  Riez,  Toulouse,  Carpentras,  &c. 

Raimond  étoit  alors  à  Beaucaire,  où  il  donna ^  le  lendemain  des  coutumes 
8c  des  privilèges  à  la  ville  8c  au  château  de  Buzet,  dans  le  Toulousain,  en 
présence  de  Gaillard,  prévôt  de  l'église  de  Saint-Saivi,  de  maître  Guillaume 
de  Puylaurens,  notaire  de  Vévêque  de  Toulouse,  de  Raimond-Gaucelin,  sei- 
gneur de  Lunel,  &CC.  Le  roi  d'Aragon  8c  le  comte  de  Provence  furent  cautions 
envers  les  habitans  de  Buzet  des  coutumes  que  Raimond  leur  donna  :  preuve 
qu'ils  allèrent  joindre  ce  prince  à  Beaucaire.  Mais  tous  leurs  empressemens  pour 
conclure  au  plus  tôt  le  mariage  "^  de  Raimond  avec  Sancie  de  Provence  furent 
inutiles  :  les  ambassadeurs  qu'ils  envoyoient  à  Grégoire  IX  apprirent  à  Pise 
la  mort  de  ce  pape,  arrivée  le  20  d'août;  8c  cet  événement  fit  échouer  leur 
projet,  parce  que  le  siège  pontifical  vaqua  pendant  une  vingtaine  de  mois. 
Durant  cet  intervalle,  Raimond  projeta  une  autre  alliance.  Se  Sancie  de 
Provence  épousa  Richard,  frère  du  roi  d'Angleterre. 

faire  respecter  par  tous  l'ancienne  immunité  du  merci.  Les  causes  criminelles  de  la  nouvelle  ville 

monastère,  dont   la    charte   énumère    les    bornes,  furent  jugées  par  le  viguier  du  comte  &  par  celui 

protéger  ceux  qui   iraient  aux  foires  annuelles  &  de  l'abbé.  Le  comte,  pour  tout  le  fief,  dut  payer 

aux    marchés    hebdomadaires   de   Lézat,    &   prêter  annuellement  une  albergue  valant  vingt-cinq  sous 

serment  de  fidélité   à  l'abbé.   —    Enfin,  celui-ci  de  Morlas.    [A.  M.] 

inféoda   au  comte  le   lieu  de  Saint-Ybars  pour  y  '  Guillaume  de  Puylaurens,  c.  44  &  suiv. 

élever  une  ville  neuve,  que  l'on  appela  Sauveterre,  '  D'Athéry,  Spicilcgium,  t.  8,  p.  23  i . 

&dont  les  revenus  furent  partagés  également  entre  '  Registre    18   de  la    sinéchaussée  de  Toulouse, 

les  deux  copariageants.  On  ne  put  y  recevoir  des  f"  6. 

hommes  venant  de   Lézat.  Le  comte    s'engagea    à  ■■  Guillaume  de  Puylaurens,  c.  45. 

construire  sur  la    hauteur  un  château    rendabîe   à 


A:l    1  2^  1 


Kd.origin. 
t.  III,  p.  428. 


~ 734  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXV. 

An  1241  '     T 

LU.  —  Raimond  retourne  à  Toulouse,  se  ligue  avec  le  comte  de  la  Marche, 
^  fait  un  voyage  en  Catalogne.  —  Seigneurs  de  l'Isle-Jourdain.  —  Vicomtes 
de  Gimoëj, 

Raimond  fit  encore  quelque  séjour  aux  environs  du  Rhône,  où  il  s'ac- 
corda', le  27  du  mois  d'août,  avec  Bertrand,  prévôt  de  la  cathédrale  d'Arles, 
touchant  les  dommages  qu'il  avoit  causés  à  cette  église  dans  l'île  de  Camargue, 
durant  la  guerre  précédente.  Il  partit  ensuite  pour  sa  capitale  &  confia 
pendant  son  absence  le  gouvernement  du  marquisat  de  Provence  à  Raimond 
Gaucelin,  seigneur  de  Lunel,  qui  acheta^,  le  16  de  février  suivant,  au  nom 
de  ce  comte,  le  château  de  Samnon  pour  vingt-cinq  mille  sols  guillelmins, 
par  un  acte  daté  de  Montélimar. 

Raimond,  de  retour  à  Toulouse,  y  reçut,  le  2  de  septembre  de  l'an  1241, 
l'hommage^  de  Raimond-Jourdain,  jî/j  de  Jeu  Odon  de  Terride,  qui  reconnut 
tenir  de  ce  prince  toute  la  terre  (ou  vicomte)  de  Gimoëz,  8c  tout  ce  qu'il 
possédoit  dans  le  diocèse  de  Toulouse,  en  présence  de  Bernard,  comte  de 
Comminges.  Ce  seigneur  étoit  de  la  maison  de  l'Isle-Jourdain^  81  cousin 
germain  de  Jourdain  V,  qui  en  étoit  alors  le  chef ^. 

Ce  dernier  avoit  succédé  depuis  peu,  dans  la  seigneurie  de  l'Isle,  à  Bernard- 
Jourdain  III,  son  frère  aîné,  qui  étoit  mort  sans  entans  mâles''.  Se  qui  par  son 
testament  choisit  sa  sépulture  dans  l'abbaye  de  Gimont.  Il  laissa  par  le  même 
acte  à  Englesie  de  Marestang,  sa  femme,  cinq  cens  sols  de  Morlas,  outre  sa 
dot,  8<.  cent  sols  pour  ses  vêtemens;  légua  cent  marcs  d'argent  à  Alpays,  sa 
fille,  par  droit  d'institution  6-  d'hérédité,  &  fit  son  héritier  universel  Jour- 
dain de  l'Isle,  son  frère.  Après  sa  mort,  arrivée''  en  1240,  Jourdain,  qui  fut 
le  quatrième  seigneur  de  l'Isle  de  son  nom,  maria^  la  même  Alpays,  sa 
nièce,  avec  Géraud  de  Fourcez,  8c  lui  donna  deux  mille  sols  de  Morlas  en 
dot.  Hugues,  évêque  de  Bigorre,  Hugues  de  Pardeillan,  père  dudit  Géraud, 
Guillaume  de  Podanes,  Bertrand  8c  Raimond-Jourdain  de  l'Isle,  Raimond 
d'Alfaro  8c  divers  autres  chevaliers  furent  présens  au  contrat  de  mariage,  qui 
est  daté  du  5  de  mai  de  l'an  1244. 

Le  comte  de  Toulouse  ayant  formé  le  dessein  '  de  recouvrer  les  domaines 
qu'il  avoit  été  obligé  de  céder  au  roi   par  le  traité  de  Paris,  se  ligua  avec 

'  Trésor  des  chartes;  Toulouse,  sac  20,  n.  3.  —  en  Querci  &  sur  les  limites  du  Rouergue.  Cf.  Teu- 

[J.  329,  Teulet,  t.  2,  p.  455.  —  Le  comte  paya  au  let,  t.  2,  p.  455,  d'après  l'original,  J.  314,  n.  20. 

prévôt  une  somme  de  deux  cents  livres  tournois.]  L'acte  est  du  même  jour,  29  septembre  1241. 

"  Trésor  des  chartes;  Toulouse,  sac  21,  n.   191.  [A.  M.] 

—  [J.  33o;  Teulet,  t.  2,  p.  464.]  —  Manuscrits  Je  ^  Cartulaire  de  l'Isle-Jourdain,  aux  archives  du 

Colbtrt,  n.  1067.  domaine  de  Montpellier. 

'  IhiJ.  p.  260.  —  [J.  3i4;  Teulet,  t.  2,  p.  455;  '  ^'oyez  tome  VIII,  Chroniques,  c.  2c6.  (Chro- 

acte  du  29  septembre  &  non  du  2.]  nique  dite  de  Sabathier  de  la  Bourgade. J 

''  Voyez  tome  VII,  Note  XLII,  p.   119.  '  Cartulaire  de  l'Isle-Jourdain,  ut  supra. 

"  A  cet  hommage,  il  convient  d'ajouter  celui  de  '  Guillaume  de  Puylaurens,  c.  45, 
Fortanier  de  Gourdon  pour  plusieurs  lieux  situés 


An  I  24 1 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXV.  ySS 

Hugues  de  Lésignem,  comte  de  la  Marche,  qui  étoit  mécontent  de  la  Cour, 
St  qui  pouvoit  lui  être  d'un  grand  secours,  à  cause  qu'il  avoit  épousé  Isabeau, 
comtesse  d'Angoulême,  mère  d'Henri,  roi  d'Angleterre,  avec  lequel  il  étoit 
fort  lié.  Il  lui  demanda  sa  fille  en  mariage,  &  conclut'  avec  lui,  au  mois 
d'octobre  de  l'an  1241,  une  ligue  offensive  Si  défensive  contre  le  roi  saint 
Louis;  mais  il  tint  le  traité  secret  jusqu'à  ce  qu'il  fût^  temps  d'éclater,  &  il 
eut  soin  d'y  faire  entrer  les  rois  de  Navarre,  de  Castille  &  d'Aragon,  &  le 
vicomte  Trencavel.  Pour  se  lier  avec  les  deux  derniers,  il  fit  un  voyage  au 
delà  des  Pyrénées  &  se  rendit  à  Barcelone,  où  Trencavel,  qui  y  avoit  établi 
sa  demeure,  se  remit,  lui,  toute  sa  terre  &  ses  vassaux,  à  la  discrétion  &  à  la 
volonté  de  ce  prince  &  du  roi  d'Aragon,  par  un  acte^  daté  du  17  d'octobre, 
avec  promesse  de  ratifier  tout  ce  qu'ils  détermineroient  à  son  sujet,  conjoin- 
tement avec  trois  seigneurs  qu'il  nomma  pour  ses  procureurs,  &  de  rendre 
hommage  manuel  au  roi  d'Aragon,  suivant  le  for  d'Aragon. 

LUI.  —  Comtes  de  Commïnges. 

Raimond  ayant  repassé  les  Pyrénées"^,  Bernard,  nouveau  comte  de  Com-  , "ifi '"''^'!,'; 
minges,  lui  fit  hommage,  le  4  de  décembre  suivant,  8c  lui  prêta  serment  de 
fidélité  pour  les  châteaux  de  Muret  &  de  Samatan,  81  pour  tout  le  reste  des 
fiefs  qu'il  possédoit  dans  le  diocèse  de  Toulouse,  en  présence  de  l'évêque  de 
Comminges,  de  Roger,  comte  de  Foix,  de  Jourdain  &  Bernard-Jourdain  de 
risle,  &  d'un  grand  nombre  d'autres  seigneurs.  Bernard  fut  le  septième  comte 
de  Comminges  de  son  nom.  Il  étoit  fils  de  Bernard  VI,  qui  mourut  subite- 
ment, étant  à  dîner  '  à  Lantar,  le  jour  de  Saint-André,  29  de  novembre  pré- 
cédent. Bernard  VI  fut  inhumé"^  dans  l'abbaye  de  Bonnefont,  de  l'ordre  de 
Cîteaux,  au  diocèse  de  Comminges.  Il  laissa  de  Cécile  de  Foix,  sa  femme, 
un  autre  fils,  nommé  Arnaud-Roger,  qui  fut  successivement  chanoine  régulier, 
prévôt  &  évêque  de  Toulouse,  Si  plusieurs  filles,  entre  autres  Mascarose,  qui 
épousa  Henri  II,  comte  de  Rodez.  On  lui  donne''  une  seconde  femme,  nommée 
Thérèse,  dont  on  ne  dit  pas  la  maison;  mais  cette  Thérèse  étoit  femme^  de 
Bernard  VII,  son  fils,  lequel  épousa  en  secondes  noces  Laure  de  Montfort. 

LIV.   —  Raimond  tombe  dangereusement   malade   6-    reçoit   l'absolution 
de  diverses  sentences  d'excommunication  dont  il  avoit  été  J'rappé, 


L'année  suivante,  le  comte  Raimond  reçut  à  Castelsarrasin,  le  12  de  février, 

l'hommage  de  Guillaume  de  Gourdon  pour  tout  ce  qu'il  possédoit  dans  les 

'  Trésor   des   chartes;    Poitou,    sac    2,    n.    5.  —  '  Guilhuiine  de  Puylaurens,  c.  i)5. 

[J.  192;  Teulet,  t.  2,  p.  4:17;  acte  du   li  octobre.]  °  Voyez  tome  VIII,  Chroniques,  c.  214.   (Chro- 

—  Guillaume  de  Puylaurens,  c.  46.  nuuie  de  Berdouez.) 

'  Philippe  Moiiskes,  p.  2o3. —  [Éd.  Reiffenberg,  '  Le  P.  Anselme,  Histoire  généalogique  des  grands 

t.  2,  p.  677.]  —  Matthieu  Paris,  année  1242.  officiers,  t.  2,  p.  672. 

'  Tome  VllI,  Chartes,  n.  CCXL,  ce.  1067,  1068.  »  Voyez  tome  VIII ,   Chartes,   n.  CCXCVIII, 

' /Ai'ii.  n.  CCXLl,  ce.  1076,  1077.  c.  i3i2. 


An  1242 


~r~,  736  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXV. 

diocèses'  de  Cahors  &  de  Périgueux,  dont  ce  seigneur  lui  fit  donation  entre 
vifs,  avec  réserve  de  l'usufruit,  à  cause  des  services  qu'il  en  avoit  reçus,  6* 
parce  qu'il  lui  était  lié  par  le  sang  (£■  vobis  sum  vinculo  consanguinitatis 
adstrictus).  Il  partit  ensuite  pour  l'Agenois,  &  tomba  ^  si  dangereusement 
malade,  au  château  de  Penne,  qu'on  désespéra  entièrement  de  sa  vie.  Dans 
cette  extrémité,  il  appela  dans  sa  chambre  l'official  d'Agen,  le  curé  du  lieu  8c 
le  chapelain  du  château,  &  leur  demanda  l'absolution  des  diverses  sentences 
d'excommunication  dont  il  avoit  été  frappé  :  i°  Pour  les  dommages  qu'il  avoit 
causés  durant  la  guerre,  dans  l'île  de  Camargue,  à  l'église  d'Arles  &  aux 
autres  églises  de  Provence.  2°  Pour  ceux  qu'il  avoit  causés  à  l'évêque  de 
Cavaillon,  à  son  église  81  aux  autres  églises  de  la  province  d'Arles.  3°  Pour 
les  griefs  que  l'évêque  de  Vaison  &  son  église  avoient  contre  lui,  au  sujet  de 
la  ville  Si  du  château  de  Vaison.  4°  Pour  le  fait  de  l'église  du  Mas-d'Agenois, 
qu'on  prétendoit  qu'il  avoit  dépoiiillée  de  ses  droits.  L'official  d'Agen  &  ses 
deux  associés  s'informèrent  des  médecins  du  comte,  dont  l'un  professoit  publi- 
quement la  médecine  à  Toulouse,  s'il  étoit  effectivement  en  danger.  Ils  attes- 
tèrent tous  qu'il  étoit  en  très-grand  péril  5  ainsi  l'official  donna  l'absolution 
à  Raimond,  après  que  ce  prince  eut  restitué  à  l'église  du  Mas-d'Agenois  la 
justice  de  cette  ville,  61  promis  par  serment  d'obéir  aux  ordres  de  l'Eglise 
touchant  les  autres  chefs  pour  lesquels  il  avoit  été  excommunié,  d'extirper 
l'hérésie,  &.C.  L'acte  authentique  qui  en  fut  dressé  est  daté  du  14  de  mars  de 
l'an  1241  (1242),  en  présence  de  Bertrand,  sénéchal  d'Agenois,  Raimond- 
Gaucelin,  seigneur  de  Lunel,  8ic.  Raimond  releva  heureusement  bientôt 
après  de  cette  maladie. 

LV.  —  Raimond  prend  les  armes  contre  le  roi  6-  entraîne  divers  comtes, 
vicomtes  6-  seigneurs  dans  sa  révolte. 

Ce  prince  ne  s'étoit  rendu  vraisemblablement  en  Agenois  que  pour  être 
plus  à  portée  de  concerter  avec  Hugues,  comte  de  la  Marche,  l'exécution  des 
projets  qu'ils  avoient  formés  contre  le  roi  saint  Louis.  Hugues  ne  tarda  ^  pas, 
en  effet,  à  lever  l'étendard  de  la  révolte,  &,  s'étant  assuré  du  secours  de 
Henri,  roi  d'Angleterre,  son  beau-fils,  il  se  mit  en  armes'*.  Raimond,  de  son 
côté,  s'en  retourna  à  Toulouse  aussitôt  après  sa  guérison,  8<.  ayant  assemblé^ 
ses  principaux  vassaux  au  mois  d'avril,  il  leur  communiqua  ses  desseins  Se 
leur  demanda  leur  conseil   6;  leur  secours.  Ils  furent  tous  d'avis  de  prendre 

'  Manuscrits  de    Collert ,    n.    1067.  —  [J.    3o4,  nombre  de  détails   sur  l'origine  de  cette  révolte. 

n.  7^;  cf.  Teulet,  t.  2,  pp.  463  &  siiiv.)  Elle  ne  nomme  pas  le  comte  Raimond  VU;  mais 

"  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  CCXLIII,  c.  io83  dit  que  le   roi  d'Angleterre  avait  entraîné  dans  la 

à  1087.  toalition    tous   les    seigneurs  de   Gascogne.   Cette 

'  Matthieu  Paris,  année  1242.  lettre  a   été  publiée  avec  un   commentaire  liisto- 

*  Les  intrigues  du  comte  de  la   Marche  &  de  sa  riquc  des  plus  intéressants  par  M.  Delisle  (fii*/<o- 

femme  Isabelle  furent  dénoncées  à  la   reine  Blan-  thèijue   Je    l'Ecole    Jes    Chartes,    t.    17,    p.    5i3    & 

che  par  un   habitant  de  la   Rochelle,   dont  nous  suiv.).  [A.  M.] 

ignorons    le    nom,    mais    dont    la    lettre    fournit  °  Guillaume  de  Puylaurens,  c.  45. 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV,  XXV.  yS; 

les  armes  8i  promirent  de  l'aider  de  toutes  leurs  forces.  La  promesse'  que 
Roger,  comte  de  Foix,  lui  £t  en  cette  occasion,  le  5  d'avril  de  cette  année, 
est  conçue  en  ces  termes  :  «  Sachent  tous  que  nous,  Roger,  par  la  grâce  de 
«  Dieu  comte  de  Foix  &  vicomte  de  Castelbon,  étant  requis  par  vous,  R.ai- 
«  mond,  par  la  grâce  de  Dieu  comte  de  Toulouse,  notre  seigneur,  de  vous 
«  donner  conseil  pour  savoir  si  vous  ferez  présentement  la  guerre  avec  vos 
«  alliés  au  roi  de  France,  pour  recouvrer  vos  domaines;  après  avoir  considéré 
«  très-attentivement  de  combien  de  pays  le  roi  vous  a  dépouillé,  &  toutes  les 
«  autres  choses  qui  sont  à  considérer  dans  cette  affaire,  &,  voyant  que  le 
«  temps  approche,  nous  vous  le  conseillons  de  bonne  foi.  Si  nous  vous  jurons 
«  sur  les  saints  évangiles  que  nous  nous  joindrons  à  vous  dans  cette  guerre, 
«  comme  à  notre  seigneur  lige,  que  nous  vous  aiderons  contre  ledit  roi, 
«  8c  que  nous  vous  défendrons  de  toutes  nos  forces.  »  Raimond  ^  s'assura  en 
même  temps  du  secours  de  Bernard,  comte  d'Armagnac,  de  Bernard,  comte 
de  Comminges,  d'Hugues,  comte  de  Rodez,  d'Amalric,  vicomte  de  Narbonne, 
du  vicomte  de  Lautrec,  d'Arnaud  Othon,  vicomte  de  Lomagne,  de  Raimond- 
Gaucelin,  seigneur  de  Lunel,  Pons  d'Olargues,  Bérenger  de  Puyserguier  & 
plusieurs  autres  seigneurs  du  diocèse  de  Béziers;  de  Jourdain,  seigneur  de 
l'Isle-Jourdain,  des  habitans  d'Albi,  8cc.  Bérenger  de  Puyserguier-*  étoit  fils 
d'un  autre  Bérenger,  mort  en  1240  &  inhumé  dans  la  commanderie  de  Saint- 
Jean  de  Campagnac,  au  diocèse  de  Béziers,  où  il  s'étoit  donné  pour  Jrère. 
Parmi  ces  seigneurs  il  y  en  eut  quelques-uns  qui  eurent  la  malice  de  pro- 
mettre leur  secours  à  Raimond,  dans  la  vue  de  le  perdre  en  le  précipitant 
dans  la  révolte^. 

LVI.  —  Le  comte  de  Toulouse  sollicite  les  évêques  de  ses  Etats  à  agir  par 
eux-mêmes  contre  les  hérétiques ,  i/  appelle  au  pape  des  procédures  des 
inquisiteurs. 

Le  comte  retourna  en  Agenois  bientôt  après,  &  la,  pour  faire  voir  qu'il 
n'avoit  aucune  intention  par  ses  démarches  de  favoriser  les  hérétiques,  il 
déclara"'  publiquement  à  Arnaud,  évêque  d'Agen,  le  i"  de  mai  de  l'an  1242, 
en  présence  de  l'abbé  de  Saint-Maurin,  du  sénéchal  d'Agenois,  de  Gaston  de 
Gontaud  &  de  divers  autres  seigneurs,  qu'il  prioit  instamment  ce  prélat, 
dans  le  dessein  d'extirper  l'hérésie  de  tous  ses  Etats,  d'exercer  l'inquisition 
dans  le  diocèse  d'Agen  en  qualité  d'ordinaire,  &  de  commettre  pour  cela 
quelques  frères  mineurs  81  prêcheurs  ou  autres  ecclésiastiques;  protestant 
qu'il  étoit  prêt  de  l'aider  lui  Se  ses  délégués  de  toutes  ses  forces  pour  la  pour- 
suite des  hérétiques;  de  faire  exécuter  les  sentences  qu'il   rendroit  contre 

'  Voyez  tome  VIII, Chartes,  n.  CCXLlV,c.  1087.        de  Foix,  auquel  Guillaume  de  Puyiaurens  (c.  45) 

*  Guillaume  de  Puylauren»,  c.  4").  reproche  amèrement  ia  trahison  &  qui  obtint  du 
'  Archives  du  domaine  de  Montpellier;   Puis-       roi  de  devenir  vassal  immédiat  de  la  couronne,  au 

tourguier,  n.  1.  préjudice  du  comte  de  Toulouse.   [A.  M.] 

♦  Dom  Vaissete  veut  sans  doute  parler  du  comte  ^Tome  VIII,  Chartes,  n.CCXLV,cc.  1088,  1089. 

VI.  47 


An  I  lijï 


An  1241 


738  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.   LIV.  XXV. 

eux,  de  faire  justice  des  coupables,  de  confisquer  leurs  biens,  S<c.  Il  ajouta 
que  si  frère  Bernard  de  Caucio  &  frère  Jean,  son  compagnon,  de  l'ordre  des 
frères  prêcheurs,  vouloient  procéder  à  l'inquisition  dans  le  diocèse  d'Agen, 
non  en  qualité  de  commissaires  nommés  par  leur  provincial,  mais  comme 
simples  religieux,  &  par  le  devoir  de  leur  état  &  de  leur  profession,  il  étoit 
disposé  à  les  seconder  de  tout  son  pouvoir,  de  leur  donner  un  sauf-con- 
duit, etc.,  avec  offre  de  contraindre  tous  ceux  qui  étoient  suspects  d'hérésie  à 
se  représenter  devant  eux.  Enfin  il  protesta  néanmoins  qu'il  ne  prétendoit 
pas  renoncer  à  l'appel  qu'il  avoit  interjeté  au  Saint-Siège  contre  les  frères  prê- 
cheurs qui  exerçoient  l'inquisition  dans  ses  États,  en  vertu  de  la  commission 
de  leur  provincial,  confirma  cet  appel  £<  déclara  qu'il  avoit  dessein  de  le 
poursuivre.  Il  fit  une  semblable  protestation  '  devant  les  évêques  d'Albi,  de 
Cahors  &  de  Rodez,  &  on  assure  qu'il  supplia  ces  prélats  de  ne  pas  employer 
les  frères  prêcheurs  dans  l'otfice  d'inquisiteurs,  mais  plutôt  les  religieux  de 
Cîteaux  &  les  franciscains^. 

On  trouve  ici  une  preuve  bien  sensible  que  Raimond  avoit  de  bonnes 
intentions  pour  l'extirpation  de  l'hérésie;  mais  il  prétendoit  que  les  inquisi- 
teurs ne  dévoient  pas  procéder  sans  l'aveu  &  la  commission  des  évêques  des 
lieux,  qui,  comme  ordinaires  &  par  leur  caractère,  étoient  en  droit  de  con- 
noître  de  toutes  les  matières  qui  concernent  la  foi.  Or,  comme  les  frères  prê- 
cheurs prétendoient  de  leur  côté  exercer  l'inquisition  indépendamment  des 
évêques.  Se  en  vertu  de  la  commission  que  le  pape  Grégoire  IX  avoit  donnée 
à  leur  provincial,  de  pouvoir  déléguer  ceux  qu'il  jugeroit  à  propos,  le  comte 
s'opposa  à  ces  prétentions  8c  en  appela  à  Rome.  Au  reste,  il  paroît  que  ce  qui 
occasionna  cet  appel  fut  que  les  frères  inquisiteurs  qui  avoient  suspendu  leurs 
procédures  depuis  l'an  iiSy,  voulurent  les  reprendre.  Pendant  la  vacance  du 
Saint-Siège,  les  deux  inquisiteurs  de  Toulouse  condamnèrent^,  en  effet,  à 
Lavaur,  au  mois  de  décembre  de  l'an  1241,  plusieurs  hérétiques,  en  présence 
du  clergé  8<.  du  peuple,  du  conseil  de  Pierre,  archevêque  de  Narbonne,  & 
étant  assistés  de  Raimond,  évêque  de  Toulouse,  Ik  de  Pierre,  abbé  de  Sorèze. 
Ils  parcoururent  ensuite  le  Toulousain,  &  ils  rendirent  diverses  sentences 
d'un  côté  Si  d'autre  contre  les  hérétiques  &c  leurs  fauteurs.  Cette  conduite 
irrita  beaucoup  les  sujets  de  Raimond,  à  cause  de  la  sévérité  extrême  dont 
usoient  les  deux  inquisiteurs;  elle  eut  pour  eux  des  suites  funestes,  comme 
nous  Talions  voir. 

LVII.  —  Massacre  des  Inquisiteurs  à  Avignonet, 

Ces  deux  inquisiteurs  étoient  frère  Guillaume-Arnaud,  qu'on  dit  natif  l'e 
Montpellier,  de  l'ordre  des  frères  prêcheurs,  8<.  frère  Etienne  de  Narbunne, 

'  Percin,  Monumenta  conventus  Toloiani,  p.  5i.  fortifier    leur   ville    pour    parer   aux    éventualitis 

'  En  quittant  Agen,  Raimond  VII  revint  à  Tou-  qui  pouvaient  se  présenter.  Cf.  tome  VIII,  c.  i.i^j. 

louse.  Il  y  était  le  i  i   juin  j  à  cette  date,  il  écrivit  [A.  M.] 

aux  consuls  &  aux  prud'hommes  d'Agen  d'avoir  à  '  Registre  de  l'Inquisition  de  Toulouse. 


HISTOIRE  GENERALE  J3E  LANGUEDOC.  LIV.  XXV.  780   

'      ''         A  n  1 2  ^  X 

OU,  selon  d'autres,  de  Saint-Thibéry,  de  celui  des  Mineurs.  Ils  avoient  associé 
à  leurs  fonctions'  Raimond,  surnommé  l'Ecrivain  [Scriptor),  qu'on  nommoit  t "^ui "p*^'"", 
aussi  de  Costiran,  chanoine  régulier  de  la  cathédrale  de  Toulouse  &  archi- 
diacre de  Lézat  ou  de  Villelongue,  selon  son  épitaplie,  S<  le  prieur  d'Avi- 
gnonet,  religieux  bénédictin  de  l'abbaye  de  Cluse,  dans  le  Piémont,  &  non 
pas  religieux  d'un  prétendu  monastère  de  Cluse,  dépendant  de  l'abbaye  de 
Saint-Papoul,  comme  quelques-uns  l'ont*  avancé.  Ces  quatre  inquisiteurs 
s'étant  rendus  à  Âvignonet,  château  situé  dans  le  Lauragais,  turent  logés 
dans  le  palais  ou  maison  que  le  comte  de  Toulouse  avoit  dans  ce  lieu;  ils 
s'occupoient  avec  beaucoup  de  vivacité  à  poursuivre  les  hérétiques  du  pays, 
lorsque  Raimond  d'Alfaro,  bailli  d'Avignonet  pour  le  comte,  ayant  conspiré 
leur  mort,  envoya  chercher  du  secours  au  château  de  Montségur,  dont  Pierre- 
Roger  de  Mirepoix  étoit  seigneur,  Si  qui  servoit  d'asile  aux  proscrits  Si  aux 
sectaires.  Aussitôt  Pierre-Roger  assemble  sa  garnison  Si,  ayant  proposé  à  ceux 
qui  la  composoient  d'entreprendre  une  expédition  qui  leur  seroit  avanta- 
geuse, il  se  met  à  la  tête  d'un  certain  nombre  de  chevaliers  Si  de  sergens  ou 
fantassins,  se  rend  dans  la  forêt  de  Gaiac^,  située  au  voisinage  d'Avignonet, 
Si  y  fait  faire  halte  à  ses  troupes.  Un  renfort  de  Gaiac  l'étant  venu  joindre  en 
cet  endroit,  il  fait  marcher  devant  douze  soldats  armés  de  haches  Si  les  suit 
avec  le  reste  de  ses  gens.  Il  arrive  ainsi  à  la  maison  des  lépreux,  située  hors 
d'Avignonet,  où  on  vient  l'avertir  sur  le  soir  que  les  inquisiteurs  alloient  se 
coucher;  il  est  introduit  ensuite  dans  le  château  durant  la  nuit,  la  veille  de 
l'Ascension  28  de  mai  de  l'an  1242.  Ceux  qui  étoient  armés  de  haches  se 
joignent  alors  à  quelques  habitans  d'Avignonet,  armés  aussi  de  haches  81  de 
bâtons.  Si  Raimond  d'Alfaro  s'étant  mis  à  leur  tête,  ils  vont  ensemble  à 
l'appartement  des  inquisiteurs,  brisent  les  portes  de  la  salle  où  ils  étoient 
couchés.  Si  massacrent  impitoyablement  frère  Guillaume-Arnaud,  à  qui  ils 
en  vouloient  principalement  à  cause  de  sa  fermeté,  frère  Etienne,  l'archidiacre 
de  Lézat,  le  prieur  d'Avignonet,  frères  Bernard  de  Pvoquefort  Si  Garsias 
d'Aure,  de  l'ordre  des  frères  prêcheurs,  compagnons  de  frère  Guillaume- 
Arnaud,  frère  Raimond  Carbonerii,  de  l'ordre  des  frères  mineurs,  compagnon 
de  frère  Etienne,  Bernard,  clerc  de  l'archidiacre  de  Lézat,  Pierre-Arnaud, 
notaire  ou  greffier  de  l'inquisition,  Fortanier  Si  Adémar,  nonces  ou  appari- 
teurs de  ce  tribunal,  lesquels  se  laissèrent  tous  égorger  sans  se  défendre,  Si 
en  chantant  le  Te  Deum;  on  pilla  ensuite  leurs  meubles  Si  leurs  papiers. 
On  assure  que  Raimond  d'Alfaro,  qui  étoit  revêtu  d'un  pourpoint  blanc,  se 
vanta  d'avoir  frappé  le  premier  les  inquisiteurs  avec  une  massue  de  bois,  que 
les  deux  nonces  ou  domestiques  des  inquisiteurs  étant  montés  au  bruit  pour 
donner  du  secours  à  leurs  maîtres,  furent  tués  Si  jetés  par  les  fenêtres;  qu'un 

'  Guillaume  de   Piiylaurens,  c.  4J.  —  Bollan-  '  Lafiiille,  Ahrégc,  p.   140. 

distes,  7  mai,  p.  180  &  siiiv.  —  Catel,  Histoire  des  '  Corrige^  Gaja  la  Selve  CAude),  arrondissemein 

comtes  de  Tolose,  p.  3(52  &  suiv.   —  Percin,  Mar-  de  Casieinaiidary,  canton  de  Fanjcauxj  le  lici;  àe 

tyres   Avinioneti.  —   Voyez   tome  VIII,   Charles,  Gaiac  est  absolument   inconnu.  Cf.   Desazars,   ut 

n    CCLXIV,  c.  ii5i  &  suiv.  infra.  [A.  M.J 


^„  ,,^,       740  HISTOIRE  GENERALE  DE  ^ANGUEDOC.  LIV.  XXV, 

des  assassins  coupa  la  langue  de  frère  Guillaume- Arnaud,  £<  que  Raimond 
d'Alfaro,  étant  venu  joindre  ensuite  aux  flambeaux  le  reste  de  la  troupe,  il 
leur  raconta  la  manière  dont  les  choses  s'étoient  passées  Se  les  congédia.  Enfin 
on  ajoute  que  Raimond  d'Alfaro  avoit  si  bien  pris  ses  mesures  que  si  le  des- 
sein qu'il  avoit  de  surprendre  les  inquisiteurs  dans  leur  lit  eût  manqué,  il  se 
seroit  infailliblement  saisi  de  leurs  personnes  entre  Castelnaudary  &  Saint- 
Martin,  où  il  leur  avoit  dressé  des  embûches.  Telles  sont  les  circonstances  de 
cette  scène  tragique,  tirées  pour  la  plupart  des  registres  de  l'inquisition  de 
Carcassonne  8c  attestées  par  ceux  qui  étoient  présens.  L'un  d'eux  témoigne 
qu'après  le  meurtre  les  assassins  emportèrent  les  habits,  les  bardes  &  les 
papiers  des  inquisiteurs;  qu'ils  furent  tués  l'un  d'un  coup  de  flèche,  l'autre 
d'un  coup  de  hache,  un  troisième  d'un  coup  de  lance.  Se  un  quatrième  d'un 
coup  de  couteau;  que  Pierre-Roger  de  Mirepoix  reprocha  aux  meurtriers  de 
ne  lui  avoir  pas  apporté  le  crâne  de  frère  Guillaume-Arnaud,  dont  il  vouloit 
faire  une  tasse  pour  boire.  Sec. 

Les  frères  prêcheurs  Se  mineurs  enlevèrent  les  corps  de  leurs  confrères, 
qu'ils  inhumèrent  à  Toulouse,  dans  les  églises  de  leur  ordre,  où  on  voit 
encore  aujourd'hui  leurs  tombeaux  avec  leurs  épitaphes,  Si  où  on  les  révère 
comme  martyrs,  sans  leur  rendre  cependant  un  culte  public.  Quant  à  l'archi- 
diacre de  Lézat  Se  à  son  clerc,  ils  furent  inhumés  dans  le  cloître  de  la  cathé- 
drale de  Saint-Etienne  de  Toulouse,  d'où  on  les  transféra,  vers  l'an  1643,  dans 
t.  iii',°p-4"2.  l'église,  avec  leurs  épitaphes.  Quelques  auteurs  ont  prétendu  que  les  conjurés, 
après  avoir  dépouillé  les  inquisiteurs,  leur  firent  souffrir  divers  tourmens; 
qu'ils  firent  découler  sur  leurs  membres  du  plomb  fondu,  de  la  poix  6<.  de  la 
résine  bouillantes;  mais  ces  circonstances  sont  fabuleuses  Se  contraires  à  la 
déposition  d'un  témoin  oculaire',  de  qui  nous  tenons  la  véritable  relation 
de  leur  mort.  Au  reste,  Raimond  l'Ecrivain,  archidiacre  de  Toulouse,  l'un  de 
ceux  qui  furent  massacrés,  s'étoit  distingué*  par  son  talent  pour  la  poésie  pro- 
vençale, St  on  conserve  encore  quelques  poèmes  ou  chansons  de  sa  façon  ^. 

•  Voyez  toiîie  VIII,  Chartes,  n.  CCLXIV,  c.  i  i5i  &  de  ViHelongiie,  en  l'église  de  Toulouse,  &  cha- 
g<  sviiv.  noine  de  Saint-Etienne  de  Toulouse.  D'accord 
'  Caseneuve,  Jeux  Floraux,  p.  ÔQ.  avec  dom  Vaisscte,  M.  Desazars  croit  que  ce  Rai- 
'  Le  massacre  des  inquisiteurs  à  Avignonet  a  été  mond  est  le  même  que  le  troubadour  Raimond  de 
l'objet  d'une  intéressante  monographie  publiée  à  Costiran.  Enfin  les  inquisiteurs  étaient  accompa- 
Toulouse,  en  1869,  par  M.  Desazars  de  Mont-  gnés  du  prieur  d'Avignonet,  moine  de  Cluse,  c'est- 
gailhard  (in-8,  58  pages).  Nous  lui  emprunterons  à-dire  probablement,  comme  le  veut  dom  Vais- 
quelques  détails  qui  complètent  le  récit  de  dom  sete,  de  Saint-Michel  de  Cluse,  en  Piémont,  & 
Vaissete,  en  renvoyant  pour  le  surplus  aux  actes  non  du  prieuré  obscur  de  Cluse,  près  de  Saint- 
publiés  par  le  savant  Bénédictin  dans  les  Preuves  Papoul.  Il  faut  encore  y  ajouter  le  notaire  Pierre- 
de  son  histoire.  —  Commençons  par  les  noms  des  Arnaud  &  deux  clercs,  Fortanier  &  Aimar.  — 
victimes.  Les  deux  inquisiteurs  étaient  Guillem  L'auteur  du  complot  paraît  avoir  été  Raimond 
Arnaud,  de  l'ordre  des  Prêcheurs,  &  Etienne  ou  d'Alfar,  baile  du  comte  de  Toulouse,  c'est-à-dire 
Estève,  des  Mineurs  ;  le  premier  était  accompagné  son  sénéchal,  &  non  baile  d'Avignonetj  ce  per- 
de deux  frères  de  son  ordre,  Bernard  de  Roquefort  sonnage  était  trop  riche  &  trop  important  pour 
£c  Garsias  d'Aure;  le  second  de  frèie  Raimond  remplir  des  fonctions  aussi  infimes.  Les  circons- 
Carbonnier.  Aux  deux  inquisiteurs  s'était  joint  tances  du  meurtre  sont  assez  connues,  &  les  actes 
Raimond  l'Ecrivain  (5rW/!(or),  archidiacre  de  Lézat  publiés   par   dom  Vnissete    les    font   suffisamment 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.   LIV.  XXV.  741 

Cet  attentat,  quoique  commis  à  l'insu  S<.  pendant  l'absence  du  comte  de 
Toulouse,  iit  beaucoup  de  toit  à  ce  prince,  &  ses  ennemis  ne  manquèrent 
pas  d'en  profiter  pour  décrier  de  plus  en  plus  sa  conduite.  Quelques-uns' 
même  de  ses  alliés  se  servirent  de  ce  prétexte  pour  rompre  la  ligue  qu'ils 
avoient  formée  avec  lui  contre  le  roi,  &  faire  leur  paix.  Comme  le  siège  de 
Pvome  étoit  alors  vacant,  les  cardinaux^  écrivirent  au  provincial  8c  aux  frères 
prêcheurs  de  Provence  pour  les  consoler.  Ils  marquent  dans  leur  lettre,  qu'ils 
croient  que  ceux  qui  avoient  répandu  leur  sang  dans  cette  occasion  étoicnt 
martyrs  de  Jésus-Christ,  à  cause  du  genre  de  mort  qu'ils  avoient  souffert  8< 
des  autres  circonstances.  Frère  Ferrier  &  les  autres  inquisiteurs  de  Carcas- 
sonne^  dénoncèrent  aussitôt  excommuniés  tous  les  assassins,  &  enjoignirent 
au  comte  de  Toulouse  de  les  poursuivre,  sous  peine  d'être  compris  lui-même 
dans  l'anathème. 

LVIII.  —  Henri,  roi  d'Angleterre,  vient  an  secours  des  comtes  de  la  Marche 
6"  de  Toulouse,  ô*  est  défait  par  le  roi. 

Cependant  le  comte  de  la  Marche  ayant  pris  les  armes  contre  le  roi  Se 
contre  le  comte  Alfonse,  son  seigneur'*,  sollicita  vivement  Henri,  roi  d'An- 
gleterre, de  marcher  à  son  secours.  11  ilattoit  ce  prince  de  la  jonction  du  roi 
d'Aragon  8<.  du  comte  de  Toulouse,  Se  il  fit  tant,  qti'enfin  Henri  partit  d'An- 
gleterre, le  i5  de  mai,  &  débarqua  quelques  jours  après  au  port  de  Royan, 
en  Saintonge,  vers  l'embouchure  de  la  Garonne  dans  la  mer,  Le  roi  avoit  eu 
la  précaution  de  prévenir  son  arrivée,  &  a]Mès  avoir  tenu  à  Paris,  au  mois  de 
janvier  précédent,  un  parlement  où  la  guerre  avoit  été  résolue  contre  le  comte 
de  la  Marche  8c  ses  alliés,  il  s'étoit  avancé  vers  la  fin  d'avril  jusqu'à  Chinon, 
en  Touraine,  à  la  tête  de  son  armée,  8c  il  avoit  passé  en  Poitou,  où  il  avoit 
soumis  diverses  places  du  domaine  du  comte  de  la  Marche.  Il  assiégeoit 
actuellement  Fontenai,  lorsque  le  roi  Henri,  ayant  débarqué,  lui  envoya 
déclarer  la  guerre,  vers  la  mi-juin^,  au  préjudice  de  la  trêve  conclue  entre 
les  deux  couronnes.  Se  alla  camper  sous  Taillebourg  sur  la  Charente.  Louis, 

connaître.  —  A  la  suite  du  récit  du  massacre,  tance,  dom  Vaissete  renvoie  à  un  acte  qu'il  n'a 
l'écrirain  dont  nous  analysons  l'ouvrage  indique  pas  publié  in  extenso.  Il  n'a  donné  &  nous  ne 
sommairement,  d'après  Gérard  de  Fraichet  &  les  republions  d'après  lui  que  l'excommunication  dé- 
chroniqueurs postérieurs,  les  nombreux  miracles  finitive  lancée  contre  Baimond  VII,  le  21  juillet, 
qui  auraient  précédé  ou  suivi  la  mort  des  inqui-  par  l'archevêque  de  Nnrbonne.  Quant  à  l'excom- 
^ueurs.  11  termine  en  racontant  l'insuccès  de  tous  munication  de  frère  Ferrier,  qui  est  du  6  juin 
les  efforts  faits  pour  obtenir  à  Rome  la  canonisa-  précédent,  elle  est  contenue  dans  une  bulle  du 
tion  de  ces  religieux  &  en  démontrant  d'une  pape  Innocent  IV,  qui  l'annule  (ce.  1142^1144), 
façon  péremptoire  que  jamais,  avant  ces  derniers  mais  elle  est  incomplète.  (Voyez  au  tome  VIH 
temps,  il  ne  fut  rendu  à  Avignonet  de  culte  public  l'Erratum.)  Cette  sentence  fut  précédée  de  somma- 
il  leur  mémoire.  [A.  M.]  tions  réitérées  au  comte,  sommations  qui  restèrent 
'  Guillaume  de  Puylaurens,  c.  4.5.  sans  effet.  Cf.  Teulet,  t.  2,  p.  658.  [A.  M.] 
'  BoUandistes,  7  mai,  p.  180  &  suiv.  —  [Cf.  *  Matthieu  Paris,  année  1242.  —  Gesta  Ludo- 
Potihast,  n.  11074;  <:"'«  bulle  des  cardinaux  ne  vici  IX,  p.  337  &  suiv.  —  La  Chaise,  Histoire  de 
porte  aucune  date.]  saint  Louis,  1.  5. 

'  Voyez    tome  VIII,  Chartes.  —   Par    inadver-  ''  Rymer,  Acta  puitica,  t.   1,  p.  40Û. 


An  1242 


"" 742  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV,  XXV. 

An  1  2^1         '  T 

craignant  les  suites  d'une  ligue  qui  lui  paroissoit  formidable,  surtout  par  la 
jonction  des  rois  d'Aragon  £<.  de  Castille,  qui  y  étoient  entrés,  &  du  comte 
de  Toulouse,  qui  cherchoit  depuis  longtemps  une  occasion  de  se  venger  des 
François,  fit  tout  son  possible  par  sa  modération  pour  empêcher  Henri  d'en 
venir  à  une  rupture;  mais  n'ayant  pu  rien  gagner  sur  l'esprit  de  ce  prince, 
il  se  repentit  d'avoir  porté  trop  loin  son  amour  pour  la  paix,  &  dit  à  ses 
courtisans  :  «  Je  suis  fâché  de  ce  que  le  roi  d'Angleterre,  mon  cousin,  que 
«  j'ai  souhaité  d'avoir  pour  ami,  se  soit  laissé  séduire  par  les  comtes  de  la 
»  Marche  &.  de  Toulouse,  dont  l'un  est  coupable  de  trahison  St  l'autre  noté 
«  d'hérésie,  &  qu'il  prétére  leurs  fausses  promesses  à  mon  amitié;  »  ainsi  il 
se  résolut  à  la  guerre. 

Le  roi  d'Angleterre  étant  campé  à  Taillebourg,  le  3o  de  juin,  déclara' 
«  qu'il  promettoit  de  bonne  foi  à  son  très-cher  cousin  Raimond,  comte  de 
«  Toulouse  8t  marquis  de  Provence,  de  travailler  de  toutes  ses  forces,  tant  par 
«  lui-même  que  par  ses  amis  8i  ses  vassaux,  pour  lui  faire  épouser  Margue- 
«  rite,  sa  sœur,  fille  du  comte  de  la  Marche  &  d'Angoulême,  dans  le  terme 
«  dont  ils  conviendroient  à  leur  ])remière  entrevue;  »  mais  les  projets  du 
comte  de  la  Marche^  n'eurent  pas  les  succès  qu'il  espéroit.  Le  roi  soumit 
tout  le  pays  jusqu'à  la  Charente,  s'approcha  de  l'armée  angloise,  campée  à 
l'autre  bord  de  cette  rivière,  sous  Taillebourg,  &  se  posta  vis-à-vis,  le  19  de 
juillet.  Il  attaqua  le  lendemain  les  Anglois  qu'il  obligea  à  prendre  la  fuite  & 
à  se  retirer  à  Saintes;  il  les  y  poursuivit  &  il  les  défit  entièrement  dans  une 
sanglante  bataille  qui  se  donna  quatre  jours  après.  Henri  se  réfugia  à  Blaye 
&  passa  ensuite  à  Bordeaux,  pour  plus  grande  sûreté,  avec  le  débris  de  ses 
troupes.  Le  roi  de  France  continua  ses  conquêtes  &  acheva  de  soumettre  les 
places  qui  restoient  au  comte  de  la  Marche;  en  sorte  que  ce  dernier,  se  voyant 
Éd. origin.  53115  rcssource,  fut  Contraint  de  demander  la  paix:  le  roi  eut  la  bonté  de  la 
lui  acccoruer,  5c  elle  tut  conclue  au  commencement  du  mois  cl  août  ^, 

LIX.  —  Raimond  (S-  ses  alliés  s^emparent  de  divers  pays,  entre  autres  de  la 
ville  de  Narbonne  <l'oii  ils  chassent  l'archevêque,  qui  les  excommunie. 

Pendant  que  ces  choses  se  passoient  en  Poitou  8c  en  Saintonge,  Raimond, 
comte  de  Toulouse,  Amalric,  vicomte  de  Narbonne,  Trencavel  Se  leurs  alliés 
s'étant  mis  en  campagne'*,  portèrent  la  guerre  dans  les  domaines  du  roi,  aux 
environs  de  Narbonne,  8c  battirent  ceux  qui  voulurent  s'opposer  à  leurs  entre- 
prises, entre  autres  Pons-Pierre  de  Ganges,  qui  fut  tué  dans  un  combat.  Il# 
s'assurèrent''  ainsi,  en  peu  de  temps,  du  Razès,  du  Minervois,  du  Narbon- 
nois,  du  Termenois  8c  de  quelques  autres  pays  voisins,  dont  les  peuples  se 
soumirent  pour  la  plupart  volontairement  à  leur  domination  6,  Il  paroît  que 

'  'Kymtt,  J  rt.t  puhl'ica,  X.   i,p.  401.  ^  Voyez  tome  Vin,Cli,Mtes,  n,  CCXLVI,  ce.  lopo 

'                                '  Matthieu  Fàris.  —  Gesta  Luiov'ici  IX.  &  1091. 

'  Voyez  tome  VII,  Note  XXXIV,  n.  i ,  pp.  97,  p8.  ^  Les  registres  des  enquêteurs,  que  nous  publions 

^  Guillaume  de  Puyiaurens,  c.  4.0.  au    tome   Vil,    fournissent   sur   les   conquêtes   de 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXV. 


74J 


le  comte  Raimond  ne  commença  cette  expédition  qu'après  !e  ii  de  juin;  car 
il  étoit  encore  ce  jour-là  à  Toulouse,  où  il  permit  '  aux  juits  de  cette  ville  de 
vendre  leurs  maisons  situées  dans  la  rue  de  Joutx-Aigites,  que  quelques  bour- 
geois achetèrent  pour  y  bâtir  le  couvent  des  carmes,  lesquels  s'étoient  déjà 
établis  hors  de  la  ville,  à  l'extrémité  du  faubourg  du  château  Narbonnois. 
Amalric,  vicomte  de  Narbonne^,  introduisit  le  comte  Raimond  dans  cette 
ville  &  le  reconnut  pour  son  seigneur.  Il  s'empara  aussitôt  du  palais  Se  de 
tout  le  domaine  de  l'archevêque  Pierre  Amelii,  &  exigea  de  grosses  sommes 
des  vassaux  de  l'église  de  Narbonne.  Ce  prélat  se  retira  à  Béziers,  où  les  cha- 
noines de  sa  cathédrale,  quelques-uns  de  l'église  de  Saint-Paul,  &  plusieurs 
bourgeois  le  suivirent  le  lendemain.   Il  y  rendit  une  sentence •*,  le  2i   de 


An  1242 


Uaimond,  en  1242,  des  renseignements  très-pré- 
cieux, qui  prouvent  que,  comme  le  dit  dom  Vais- 
sete,  elles  s'étendirent  jusqu'au  pays  de  Béziers  & 
même  entamèrent  en  partie  ce  dernier  diocèse.  — 
Voici  ces  renseignements  que  nous  groupons  par 
localités. —  Roco^els  (Hérault,  comm.  de  Ceilhes 
&  Rocozels,  cant.  de  Lunas);  ce  château  fut  forti- 
fié pour  résister  au  comte  de  Toulouse,  &  un  cer- 
tain Déodat  Escolier,  de  Saint-Gervais,  y  porta 
des  vivres  &  des  armures  (garnimenta  ferrca).  Son 
seigneur,  Guillem  de  Saint-Maurice,  était  partisan 
de  Raimond  VII  (Reg.  A,  n.  47).  —  Corneilhan 
(arr.  &  cant.  de  Béziers);  ce  château,  situé  à  une 
lieue  Se  demie  de  Béziers,  abandonna  la  cause 
royale,  &  tous  les  habitons  prirent  part  à  cette  dé- 
fection. A  la  suite  de  leur  soumission  &  quoique 
placés  sous  la  sauvegarde  du  roi,  ils  éprouvèrent 
diverses  vexations  de  la  part  des  officiers  du  roi, 
&  notamment  de  B.  Mabille,  viguier  de  Béziers 
(Registre  A,  n°»  62,  63,  66,  68,  &c.).  —  MagaUs 
(Hérault,  canton  de  Roujan),  se  déclara  contre  le 
roi  j  les  insurgés  s'emparèrent  d'une  certaine  quan- 
tité de  blé  déposée  dans  cette  place  par  R.  Ber- 
trand d'Auiignac,  partisan  du  roi,  qui  ne  put 
les  recouvrer  (Registre  A,  n.  82).  La  communauté 
de  Saint-Geniès  y  avait  déposé  ses  effets,  qui  fu- 
rent pillés  lors  de  la  reprise  du  château;  pour  les 
recouvrer,  il  lui  fallut  payer  au  sénéchal  Guil- 
laume des  Ormes,  dix  livres  de  Melgueil  (n.  i  2-'), 
Les  habitants  de  Magalas  durent  payer  une  ran- 
çon ;  elle  était  sans  doute  assez  forte;  ils  se  plai- 
gnirent au  roi,  &,  le  22  février  1247,  celui-ci 
écrivit  au  sénéchal  de  Carcassonne  d'informer  à 
ce  sujet  &  de  ne  rien  exiger  d'eux  avant  un  nou- 
veau mandement  (tome  VIII,  ce.  1192-1193)  — 
Cabrières  (Hérault,  cant.  de  Montagnac)  fut  repris 
par  Jean  de  la  Planche  &  Guillem  de  Lodève,  qui 
promirent  de  respecter  les  biens  &  les  personnes 
des  habitants;  cette  promesse  fut  violée  par  les 
châtelains,  qui  empêchèrent  plus  tard  lesdits  ha- 
bitants de  séjourner  dans  le  château  (Reg.  A, 
n.   9a).  —  Brusque  (Aveyron,   cant.  de  Camarès) 


soutint  un  siège  contre  les  officiers  du  roi  (Reg.  A, 
n.  107).  —  Ko^aeirun  (Hérault,  arr.  de  Saint-Pons); 
le  sénéchal  Guillaume  des  Ormes  dut  fortifier  ce 
château  &  y  envoya  Bérenger  de  Lestang,  cheva- 
lier, avec  seize  sergents,  qui  y  restèrent  pendant 
un  mois  &  six  jours,  &  dont  la  solde  ne  fut  jamais 
réglée  (Reg.  A,  n.  1  23);  deux  autres  sergents  firent, 
en  1247,  une  semblable  réclamation  (n.  i33). — 
Roujan  (Hérault,  chef-lieu  de  canton)  embrassa  le 
parti  de  Raimond  VII,  &  prit  pour  capitaine  un 
chevalier  faidit,  Hugues  du  Caylar  (Reg.  B,  n.  46). 
—  Cessenon  (Hérault,  cant.  de  Saint-Chinian) ;  ce 
château  fut  pris  par  G.  de  Minerve,  partisan  de 
Raimond  VII;  un  de  ses  soldats,  G.  P.  de  Vin- 
trous,  prit  le  châtelain  Anseau  &  la  garnison  sous 
sa  protection  &  voulut  les  conduire  en  lieu  sûr; 
il  les  escorta  jusqu'à  Maraussan.  Quelques  autres 
partisans  du  roi  furent  massacrés  aux  portes  mê- 
mes de  Ccssenon  (Reg.  I,  f.  26  i).  —  Dans  le 
Carcasses  &  le  Razès,  Limoux  embrassa  le  parti  du 
comte  (Reg.  I,  f.  9  a  &  44  i);  Laure  (arr.  de  Car- 
cassonne,  cant.  de  Peyriac-Minervois)  ouvrit  ses 
portes  aux  chevaliers  faidits  (liid.  f.  1  8  i)  ;  enfin 
citons  Rieux  Minervots  (arr.  de  Carcasïonne,  cant. 
de  Peyriac-Minervois)  &  Grè-^e,  écart  de  la  com- 
mune de  Carcassonne  [ïhid,  f.  64  a  h).  —  On  peut 
donc  dire  que  Raimond  VU  trouva  des  partisans 
dévoués  jusqu'à  l'Hérault,  mais  disséminés  &  pro- 
bablement mal  armés  &  mal  dirigés;  aussi  leur 
action  eut-elle  peu  de  résultats;  la  bataille  de 
Taillebourg,  en  écrasant  Henri  III,  réduisit  à 
l'impuissance  le  plus  sérieux  des  confédérés. 

[A.  M.] 

'  Catel,  Mémoires  Je  l/iistoire  du  Languedoc , 
p.  237.  —  [Cf.  sur  l'établissement  des  cannes  à 
Toulouse,  tome  IV,  p.  696.] 

^  Chronicon  Sancti  Pauli  Narbonac ,  ap.  Catel, 
Comtes,  p.  172.  [Cf.  tome  V,  c.  40J.  —  Baluze, 
Concilia  Galliae  Narbonensis ,  append.  p.  90  & 
suiv.,  p.  III. 

'  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  CCXLVI,cc.  1090 
&  1091 . 


An  124X 


744  HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXV. 

juillet,  par  laquelle  :  1°  Il  excommunie  8<.  déclare  excommuniés  tous  ceux 
qui  avoient  tué  les  inquisiteurs  &  leurs  compagnons,  &  ceux  qui  avoient 
donné  aide  S<.  conseil  aux  assassins.  2°  Il  dénonce  Ilaimond,  comte  de  Tou- 
louse, excommunié  par  trère  Ferrier  £<,  les  autres  inquisiteurs,  comme  fau- 
teur &  défenseur  des  hérétiques,  parce  qu'il  retusoit  d'exécuter  les  sentences 
de  l'inquisition.  3°  Il  excommunie  de  nouveau  ce  prince  comme  routier,  vio- 
lateur de  la  paix,  usurpateur  des  biens  de  l'Eglise,  Se  parjure  envers  l'Eglise 
Si  le  roi  de  France,  avec  tous  ses  alliés  61  complices,  nommément  les  comtes 
de  Comminges  61  de  Rodez,  celui  qui  se  dit  vicomte  de  Bé-^iers  (c'est-à-dire 
Trencavel),  Olivier  de  Termes,  Aymeri  de  Clermont  S<  ses  frères,  Pons  de 
Villeneuve,  Pons  d'Olargues,  B.  Hugues  de  Serrelongue  8<  ses  cnfans,  8c 
généralement  tous  les  associés  de  Raimond.  4°  Il  excommunie  tous  ceux  du 
Razès,  du  Minervois,  du  Narbonnois  Se  du  Termeiiois,  ses  diocésains,  qui 
les  avoient  reçus. 

On  peut  remarquer,  à  l'occasion  de  cet  acte,  que  les  inquisiteurs  avoient 
déjà  alors  excommunié  le  comte  Raimond;  aussi  trouve-t-on  '  une  sentence 
d'excommunication  lancée  contre  ce  prince  par  frère  Ferrier  Se  frère  Guil- 
laume-Raimond,  de  l'ordre  des  frères  prêcheurs,  inquisiteurs  dans  les  dio- 
cèses de  Narbonne,  Béziers,  Carcassonne,  Rodez,  AIbi  &  Elne,  du  conseil 
de  l'archevêque  de  Narbonne,  de  l'évêque  d'Albi  S<  de  divers  autres  prélats, 
pour  n'avoir  pas  voulu  exécuter  leurs  jugemens.  Au  reste,  le  comte  Raimond 
&  ses  alliés  étendirent  alors  plus  loin  leurs  conquêtes  dans  les  domaines  du 
roi,  Si  on  sait  que  les  diocèses^  d'Albi  81  de  Carcassonne  se  soumirent  pres- 
((u'entièrement  à  leur  autorité. 

LX.  —  Raimond  reprend  le  titre  de  duc  de  Narbonne, 

L/e  8  du  mois  d'août  suivant^,  «  Raimond,  par  la  grâce  de  Dieu  duc  de 
((  Narbonne,  comte  de  Toulouse  Se  marquis  de  Provence,  Si  Amalric,  par  la 
<i  même  grâce  vicomte  Se  seigneur  de  Narbonne,  étant  sur  le  pont  de  cette 
»  ville,  promirent  solennellement,  tant  en  leur  nom  qu'en  celui  de  leurs 
«  associés,  défenseurs  Si  amis  :  1°  Une  entière  sûreté  aux  habitans  de  Nar- 
«  bonne,  soit  ecclésiastiques,  soit  séculiers,  même  aux  François  qui  s'y  trou- 
«  voient.  2°  De  conserver  les  droits  de  l'archevêque,  excepté,  dit  Amalric, 
(1  ceux  que  j'ai  sur  ses  immeubles,  pour  la  poursuite  desquels  le  comte  promet 
i(  de  ne  pas  faire  la  guerre  à  ce  prélat.  3°  Enfin  de  ne  pas  permettre  qu'aucun 
"  de  ceux  qui  sont  condamnés  pour  hérésie  demeurent  dans  Narbonne,  Sec.  » 
Raimond  reprit  donc  le  titre  de  duc  de  Narbonne  après  sa  ligue  avec  le  comte 
de  la  Marche.  Il  exerça  en  effet  alors  son  ancienne  autorité  sur  cette  ville, 
comme  il  paroît  par  un  mémoire  que  l'archevêque  fit  dresser^,  le  dimanche 

'  Tome  VIII,  Chartes,  n.  CCLX,  ce.  1  143,  1144.  'Voyez    tome    VIII,    Chartes,    n.    CCXLVII, 

"  Marca,   Histoire   de    Bcarn,  p.  763.  —   Régis-  ce.   1091  à   1094. 

tre  3i  du  Trésor  des  chartes.  —  Voyez  tome  VIII,  *  Baluze,  Concilia  Naréoncnsis,  ut  supra. 
Chartes,  n.  CCLVII,  c.   1129. 


I  2^2 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV,  XXV.  yp  ~^ 

17  du  mois  d'août,  touchant  les  griefs  qu'il  avoit  contie  le  vicomte  Amaliic, 

qu'il  accusoit  entre  autres  de  s'être  emparé  de  ses  domaines,  de  la  justice,  de      '^:^,:"^''^''l 

la  moitié  de  la  monnaie  qui  lui  appartenoit,  &C. 

LXI.  —  Raimond  va  joindre  à  Bordeaux  le  roi  d'Angleterre  t-  se  ligue 

avec  lui. 

Le  roi,  informé  de  cette  révolution,  détacha  le  comte  de  la  Marche,  à  qui 
il  avoit  déjà  pardonné',  l'ancien  comte  de  Bretagne  &  une  partie  de  son 
armée  pour  aller  dans  la  Province  agir  contre  les  rebelles,  se  saisir  du  passage 
des  Pyrénées  &  empêcher  que  le  roi  d'Aragon  ne  vînt  au  secours  de  l'Anglois. 
Nous  ignorons  les  circonstances  de  l'expédition  de  ces  deux  généraux  qui,  à 
ce  qu'on  croit^,  n'achevèrent  pas  leur  voyage.  D'autres^  prétendent  que  le 
vicomte  de  Narbonne  les  défit}  mais  nous  ne  trouvons  nulle  part  la  preuve 
de  ce  fait. 

Raimond  alla  joindre  ensuite  à  Bordeaux  le  roi  d'Angleterre,  &  ils  con- 
vinrent ensemble  d'un  traité'*  dont  voici  les  principaux  articles  ^  1°  Ils  pro- 
mettent de  s'aider  mutuellement,  pendant  toute  leur  vie,  contre  le  roi  de 
France  Si  ses  alliés,  envers  tous  Se  contre  tous.  Henri  excepte  l'Eglise  romaine 
à  laquelle  il  déclare  qu'il  veut  rendre  toute  sorte  de  respect  8c  l'obéissance 
qui  lui  est  due,  8c  l'empereur  Frédéric,  son  beau-frère;  Raimond  excepte  de 
son  côté  ce  dernier  prince,  qu'il  qualifie  son  seigneur.  Si.  contre  lequel  il 
déclare  qu'il  n'aidera  pas  Henri,  non  plus  que  l'Empereur  contre  Henri. 
2°  Ils  promettent  de  ne  faire  ni  paix,  ni  trêve  avec  le  roi  de  France  &  ses 
alliés,  sans  le  consentement  l'un  de  l'autre.  3°  Henri  déclare  que  si  par  hasard 
l'Eglise  romaine  (ce  qu'à  Dieu  ne  plaise,  ajoute-t-il,)  venoit  à  inquiéter  Rai- 
mond, 8c  «i  le  roi  de  France  l'attaquoit  en  personne  par  ordre  du  pape,  il  ne 
laisseroit  )as  de  marcher  au  secours  de  ce  prince,  nonobstant  les  prières  que 
le  pape  pourroit  lui  faire  pour  l'en  détourner,  à  moins  qu'il  ne  le  lui  défendît 
sous  peine  d'excommunication.  «  Pour  lors,  poursuit  Henri,  il  nous  sera 
«  permis  de  suspendre  la  guerre  contre  le  roi  de  France,  tant  que  ce  roi  sera 
«  occupé  en  personne,  8c,  par  ordre  de  l'Eglise,  dans  les  Etats  du  comte; 
«  mais  aussitôt  qu'il  sera  sorti  du  pays,  je  recommencerai  la  guerre  contre  le 
«  roi  en  faveur  du  comte.  »  4°  Henri  fit  jurer  par  son  ordre,  6-  sur  son  âme, 
Jean  de  Plessat,  son  vassal,  d'observer  toutes  ces  choses,  8c  il  fit  faire  le  même 
serment  à  ses  barons  du  Bordelois  8c  du  Bazadois,  au  nombre  de  quatorze, 
entre  lesquels  étoient  Elie  Rudel,  seigneur  de  Bergerac,  Arnaud  de  Blanque- 
fort,  Amanieu  de  Noaillan,  Guillaume-Arnaud  de  Tantalon.  Le  comte  de 
Bigorre  avec  Gaston,  vicomte  de  Eéarn,  se  rendirent  cautions  du  traité  au 

'  Matthieu  Paris,  p.  Siji  &  suiv.  bonne  défit  quelques  chevaliers  du  roi  sans  donner 

'  Lobineau,  Histoire  Je  Bretagne,  1.  8,  cb.   12.  leurs  noms  &  renvoie  à  Duchesne,  t.  5,  p.  âpS  a 

'  La  Chaise,  Histoire  Je  saint  Louis,  1.  5,  n.  18.  (Chronique  de  Guillaume  de  Puylaurens).  Cf.  fiis- 

—  Lenain    de  Tillemont,  que  La   Chaise  ne  fait  toire  Je  saint  Louis,  1.  2,  p.  467.  [A.  M.J 

qu'abréger,  dit  seulement  que  le  vicomte  de  Nar-  '  Rymer,  Acta  publiea,  t.  1,  p.  410  &  seq. 


A„.,  ,       74*5  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXV. 

nom  de  ce  prince.  Raimond  jura  lui-même  l'observation  des  articles  avec 
vingt-quatre  de  ses  vassaux,  savoir  :  Amanieu  d'Albret,  Arnaud  de  Blanque- 
fort,  Guillaume-Raimond  de  Pins,  seigneur  de  Caumont,  Guillauine-Arnaud 
de  Tantalon,  Gaston  de  Montaut,  Arnaud  de  Montpezat,  Begon  Se  Nompar 
de  Caumont,  Bertrand  de  Cardaillac,  Aymeri  de  Gourdon ,  Raimond  de 
Caussade,  Amalvin  de  Pestillac,  &c.  La  communauté  d'Agen  fit  un  sem- 
blable serment  par  son  ordre,  &  il  donna  Bernard,  comte  de  Comminges, 
pour  son  garant.  Enfin  Henri  &  Raimond  déclarèrent  d'un  consentement 
réciproque  que  si  l'un  ou  l'autre  venoit  à  enfreindre  ces  articles,  tous  les 
seigneurs,  dont  on  vient  de  parler  ne  seroient  plus  tenus  à  la  fidélité  qu'ils 
dévoient  à  celui  qui  seroit  infracteur,  mais  qu'ils  se  tourneroient  contre  lui. 
On  expédia  deux  actes  authentiques  du  traité.  Celui  du  roi  est  daté  de  Bor- 
deaux, le  28  d'août,  8<.  celui  du  comte,  du  3  de  septembre.  Durant  le  séjour 
que  Raimond  fit  dans  cette  ville,  le  roi  d'Angleterre  moyenna  '  la  paix  entre 
ce  prince  &  Guillaume-Arnaud  de  Tantalon  d'une  part,  8<.  le  vicomte  de 
Fronsac  de  l'autre.  On  ne  marque  pas  quels  étoient  les  différends  qui  avoient 
occasionné  la  guerre  entre  eux.  Henri  les  fit  convenir  d'un  traité,  le  3o  du 
mois  d'août,  8c  paya  six  cens  marcs  d'argent  au  comte  pour  le  vicomte  de 
Fronsac. 

LXn.  —  Raimond  assiège  le  château  de  Penne,  en  Agenois.  —  Le  comte 
de  Faix  l'abandonne  i^  fait  sa  paix  avec  le  roi. 

Un  ancien  historien  anglois^  rapporte  :  que  Raimond  alla  von  furtivement 
le  roi  Henri  à  Bordeaux  j  qu'il  fit  tous  ses  efforts  pour  l'encourager  à  conti- 
nuer la  guerre  contre  la  France;  qu'entre  les  motifs  dont  il  se  servit  pour  l'y 
engager,  il  lui  dit  que  le  roi  n'étoit  pas  si  formidable  qu'il  le  pensoi.t,  puis- 
qu'il avoit  résisté  autrefois  lui  seul  à  toutes  ses  forces,  quoique  ce  prince  fût 
soutenu  par  le  pape;  qu'il  promit  de  marcher  à  son  secours  aussitôt  qu'il 
auroit  repoussé  leurs  ennemis  communs  des  frontières  de  ses  Etats;  Se  qu'il 
t.'ai°pl4'"5.  se  retira  enfin  après  avoir  reçu  de  Henri  des  présens  considérables.  Nous 
inférons  de  là  que  les  François  faisoient  alors  la  guerre  à  Raimond,  Se  comme 
il  assiégeoit,  au  commencement  du  mois  d'octobre,  le  château  de  Penne,  en 
Agenois,  dont  il  étoit  le  maître  quelque  temps  auparavant,  c'est  une  preuve 
qu'ils  s'en  étoient  emparés  depuis  sa  défection,  81  qu'ils  avoient  pénétré  en 
Agenois. 

Tandis  que  Raimond  étoit  occupé  à  ce  siège,  le  roi,  qui  travailloit  sous 
main  à  détacher  de  la  ligue  les  principaux  alliés  de  ce  comte^  g^gna  enfin 
Roger,  comte  de  Foix,  qui,  voyant  que  les  affaires  prenoient  un  mauvais 
train,  fut  charmé  de  trouver  une  occasion  de  faire  sa  paix.  Roger  écouta 
volontiers  les  propositions  que  le  roi  lui  fit  faire,  81  se  réconcilia  avec  ce 

'  Rymer,  Acta.  public  a.  t.  i,  p.  412.  '  Guillaume  de  Puylaurens,  c.  45.  —  Marca, 

*  Matthieu  Paris,  p.  692.  Histoire  de  Béarn,  p.  yôS  &  suiv. 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXV.  747 

prince  à  l'insu  de  Raimond,  nonobstant  les  promesses  solennelles  qu'il 
avoit  faites  à  ce  dernier.  Il  s'engagea  môme  de  servir  le  roi  contre  lui,  8^  le 
roi  lui  promit  à  son  tour  de  le  recevoir,  lui  8c  ses  successeurs,  au  nombre  des 
vassaux  immédiats  de  la  couronne,  pour  les  domaines  qu'ils  tenoient  aupara- 
vant en  fief  des  comtes  de  Toulouse,  de  la  mouvance  desquels  il  les  tira  pour 
toujours. 

Roger,  après  avoir  conclu  ce  traité  &  recouvré  les  bonnes  grâces  du  roi, 
écrivit  de  Pamiers,le  5  d'octobre,  une  lettre  de  défi  à  Raimond,  qu'il  qualifie 
cependant  par  la  grâce  de  Dieu  comte  de  Toulouse,  marquis  de  Provence 
6"  duc  de  Narhonne ;  il  lui  donne  aussi  le  titre  (X'altessey  mais  non  pas  celui 
de  son  seigneur  comme  auparavant.  Cette  lettre  est  une  espèce  de  manifeste 
dans  lequel  le  comte  de  Foix  excuse  sa  démarche,  sur  ce  qu'il  ne  pouvoit 
faire  autrement,  sans  s'exposer  à  perdre  son  âme,  son  corps,  ses  biens  &  sa 
réputation.  Il  rappelle  à  Raimond  qu'après  le  traité  de  Paris,  il  avoit  laissé 
non-seulement  en  guerre  le  comte  Roger-Bernard,  son  père,  mais  qu'il  avoit 
promis  même  de  le  combattre,  S<  qu'il  lui  avoit  enfin  conseillé  de  faire  la 
paix  avec  le  roi  Se  avec  l'Eglise  comme  il  le  pourroit.  «  Pvoger-Bernard,  ajoute 
«  Roger,  fit  cette  paix  comme  il  put.  Se  non  comme  il  voulut;  Sv.  s'étant  lié 
«  ainsi  lui-même  &.  ses  héritiers,  les  obligations  qu'il  a  contractées  empêchent 
«  notre  bonne  volonté  pour  vous.  D'ailleurs,  je  crois  que  vous  n'avez  pas 
«  oublié  que  vous  avez  donné  le  feu  comte  mon  père  pour  votre  caution 
«  envers  l'Eglise,  Se  que  vous  l'avez  absous  de  la  fidélité  8c  de  l'hommage 
«  qu'il  vous  devoit,  si  vous  faisiez  jamais  la  guerre  contre  elle  8c  contre  le 
«  roi.  Vous  ne  devez  pas  vous  fâcher  non  plus,  si  pour  notre  excuse  évidente 
«  8c  véritable,  nous  vous  faisons  ressouvenir  de  ce  que  vous  avez  ôté  à  notre 
c(  père  8c  à  nous  la  terre  de  Saint-Félix  Se  plusieurs  autres,  8c  de  ce  que  vous 
«  avez  envahi  sur  nous  depuis  peu  les  châteaux  que  le  roi  nous  avoit  donnes 
«  dans  le  Carcasses,  quoique  vous  n'y  eussiez  aucune  juridiction,  8c  qu'ils 
((  nous  eussent  été  baillés  pour  nous  récompenser  des  domaines  que  notre 
«  père  avoit  perdus  pour  vous  soutenir  dans  la  guerre.  C'est  pourquoi, 
«  attendu  que  le  seigneur  roi  de  France,  auquel  nous  avons  fait  hommage 
«  8c  prêté  serment  de  fidélité  avec  votre  consentement,  8c  qui  nous  a  honoré 
«  de  plusieurs  bienfaits,  nous  presse  instamment  8c  nous  somme  de  le  secourir 
K  au  plus  tôt  contre  vous,  8c  que  nous  ne  saurions  lui  désobéir  sans  être 
«  coupables  de  parjure  8c  sans  risquer  d'être  dépouillés  de  nos  domaines,  8cc., 
«  nous  signifions  par  la  présente  à  votre  altesse,  que  nous  sommes  résolus  de 
«  nous  attacher  fidèlement  au  roi  8c  à  l'Eglise,  8c  de  leur  donner  aide  8c 
«  conseil  du  mieux  qu'il  nous  sera  possible;  persuadés  que  nous  sommes  en 
«  cet  endroit  entièrement  absous  de  la  fidélité  8c  de  l'hommage  envers  vous, 
«  Au  reste,  ne  soyez  pas  surpris  si  pour  ces  raisons  nous  vous  faisons  la  guerre 
«  dans  la  suite;  vous  signifiant  que  nous  ne  vous  devons  ni  fidélité  ni 
H  hommage,  dans  la  guerre  que  nous  allons  vous  déclarer  en  faveur  du  roi 
«  8c  de  l'Eglise.  »  Les  abbés  de  Pamiers,  de  Foix  8c  de  Lézat,  &c  quelques 
autres  ecclésiastiques,  certifièrent  au  bas  de  cette  lettre,  que  Roger  l'avoit  fait 


An  12^2 


Kd.  origin. 
1.  111,  p.  .\M<. 


~. 748  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  L!V.  XXV. 

An  lî^î        '   ■ 

écfiic  de   leur  avis,  pour  la  notifier  au  comte  de  Toulouse,  !k  qu'ils  éloient 
prêts  d'en  rendre  témoignage  devant  le  roi  £<.  l'Eglise. 

LXIII.  —  Concile  de  Montpellier.  —  Réponse  de  Raimond  au  comte  de  Foix. 

L'abbé  de  Pamiers,  qui  donna  ce  certificat,  se  nommoit  Maurin.  11  prenoit 
la  qualité'  de  délégué  du  Saint-Siège  ;  tn  sorte  qu'il  paroîtque  les  cardinaux, 
l'avoient  nommé,  pendant  la  vacance  du  siège  de  Rome,  pour  exercer  les 
fonctions  de  légat  dans  la  Province  :  il  présida,  en  effet,  en  qualité  de  délégué 
du  Saint-Siège,  à  un  concile  qui  fut  tenu  à  Montpellier  vers  le  mois  de  sep- 
tembre de  cette  année,  Si  dont  nous  ignorons  le  sujet. 

Raimond  reçut,  durant  le  siège  de  Penne  en  Agenois,  le  défi  du  comte  de 
Foix.  Il  en  fut  si  irrité,  qu'il  engagea  les  vassaux  immédiats  de  ce  comte,  qui 
étoient  dans  son  camp,  à  lui  faire  hommage-lige.  C'est  ainsi  qu'Arnaud  de 
Marquefave^,  fils  de  feu  Bernard,  lui  rendit  hommage  le  g  d'octobre  pour 
tout  ce  qu'il  possédolt  depuis  Foix  jusqu'à  Toulouse,  &  principalement  pour 
le  château  de  Marquefave.  Le  lendemain,  Raimond  répondit  à  Roger  &  lui 
marqua^  qu'il  étoit  extrêmement  surpris  de  ce  qu'après  tous  les  services  que 
lui  &  ses  ancêtres  lui  avoient  rendus  &  aux  siens,  il  vouloit  l'abondonner 
sans  raison  pour  se  joindre  à  ses  ennemis.  «  Souvenez-vous,  ajoute-t-il,  de  ce 
«  que  vous  m'avez  dit  plusieurs  fois,  que  si  je  venois  à  perdre  mes  domaines, 
«  vous  ne  vouliez  pas  conserver  les  vôtres,  &c.  «  Enfin  il  le  somme,  en  vertu 
de  son  serment  de  fidélité  &  de  son  hommage,  de  remettre  incontinent  entre 
les  mains  du  viguier  de  Toulouse,  qu'il  avoit  commis,  le  château  de  Saverdun, 
comme  il  y  étoit  obligé,  pour  s'en  servir  ensuite  contre  ses  ennemis,  jusqu'à 
ce  qu'il  fût  rentré  dans  le  devoir,  avec  ordre  aux  seigneurs  particuliers  de  ce 
château  d'obéir  à  cet  officier  &  de  lui  rendre  hommage  comme  de  fidèles 
vassaux. 

LXIV.  —  Raimond  fait  au   roi  des  propositions  de  paix  qui  sont  rejetées. 
H  se  soumet  sans  réserve  à  la  volonté  de  ce  prince. 

Pvaimond,  évêque  de  Toulouse,  ([ui  étoit  lié  d'une  amitié  très-étroite  avec 
le  comte  Raimond,  persuadé'^  que  la  ligue  dans  laquelle  ce  prince  étoit  entré 
le  perdroit  infailliblement,  fit  cependant  tout  son  possible  pour  le  portera 
se  réconcilier  avec  le  roi  ;  &  il  agit  si  efficacement,  que  le  comte  résolut  de 
demander  la  paix  Se  chargea  ce  prélat  de  la  négocier,  de  l'aveu  des  comtes 
de  Comminges  &  d'Armagnac,  du  vicomte  de  Lomagne,  de  Jourdain  de  l'Isle, 
&  de  plusieurs  autres  seigneurs   qui  s'étoient   liés  de  bonne  foi  avec  lui. 

'Voyez     tome    VIII ,     Chartes,     n.     CCXLIX,  ^  Guillaume  de  Puylaurens,  c.  4Ô. —  Matthieu 

ce.  1095,  1096.  Paris,  p.  393  &  suiY.  —  Voyez  tome  VIII,  Char- 

"  Manuscrits   de   Colhert ,   n.    10Û7.  —   [J.    814,  tes,    n.    CCLI,    c.    1097    &    suiv.    —   Tome  VII, 

n.  20,  original  j  cf.  Teulet,  t.  2,  p.  481.]  'Note  XXXIV,  pp.  97,  98. 

^  Voyez    tome   VIII,    Chartes,    n.    CCXLVIII, 
ce.  1094,  1095. 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC,   LIV.  XXV.  749 

L'évêque  de  Toulouse  profita  des  conjonctures,  qui  paroissoient  favorables. 
En  effet,  le  roi,  après  avoir  soumis  tout  le  pays  entre  Saintes  8c  Blaye,  s'étoit 
avancé,  à  la  vérité,  jusques  à  quatre  lieues  de  cette  dernière  ville,  dans  le 
dessein  d'aller  chercher  le  roi  d'Angleterre  jusqu'à  Bordeaux;  mais  la  maladie 
s'étant  mise  parmi  ses  troupes,  St  étant  malade  lui-même,  il  avoit  été  obligé 
de  s'arrêter  8<.  de  reprendre  ensuite  la  route  de  France  au  mois  de  septembre, 
après  avoir  conclu,  à  ce  qu'on  assure,  une  trêve  de  cinq  ans  avec  le  roi  d'An- 
gleterre'. Le  roi  étoit  occupé,  en  chemin  faisant,  à  mettre  des  garnisons  dans 
les  places  que  le  comte  de  la  Marche  lui  avoit  cédées,  lorsque  l'évêque  de 
Toulouse  vint  lui  faire  des  propositions  de  la  part  du  comte  Raimond.  Il  les 
reçut  avec  bonté;  mais  les  ayant  tait  examiner  dans  son  conseil,  on  ne  fut 
pas  d'avis  de  les  accepter,  parce  qu'il  sembloit  que  le  comte  vouloit  imposer 
lui-même  la  loi.  Le  roi  répondit  donc  que  R.aimond  n'avoit  qu'à  se  soumettre 
sans  condition  8c  sans  restriction;  Se  pour  le  forcer  en  quelque  manière  d'en 
venir  à  ce  point,  il  fit  partir  un  corps  d'armée  sous  les  ordres  d'Hugues, 
évêque  de  Clermont,  &  d'Imbert  de  Beaujeu,  pour  agir  contre  lui  sur  les 
frontières  du  Querci  £<.  attaquer  ses  autres  domaines. 

Le  comte  Raimond,  se  voyant  d'un  côté  pressé  de  toutes  parts.  Si  l'évêque 
de  Toulouse,  en  lui  rendant  compte  de  sa  négociation,  l'ayant  assuré,  de 
l'autre,  que  s'il  ne  se  soumettoit  entièrement  à  la  volonté  du  roi,  il  n'avoit 
aucune  paix  à  attendre,  écrivit^  enfin  à  ce  prince,  le  20  d'octobre,  de  Penne 
en  Agenois,  soit  qu'il  eût  alors  soumis  cette  place,  comme  il  est  assez  vrai- 
semblable, soit  qu'il  en  continuât  le  siège.  11  se  soumet,  dans  cette  lettre,  sans 
restriction  aux  ordres  du  roi,  8c  lui  demande  grâce,  tant  pour  lui-même  que 
pour  SCS  associés,  du  nombre  desquels  il  exclut  les  hérétiques,  8c  ceux  qui 
étoient  condamnés  pour  hérésie,  avec  offre  de  l'aller  joindre  incessamment  s'il 
vouloit  lui  envoyer  un  sauf-conduit  à  Cahors.  «  Je  vous  promets  fermement, 
M  ajoute  ce  comte,  rempli  de  confusion  8c  de  douleur  de  ce  qui  s'est  passé, 
u  non  par  un  motif  de  crainte,  mais  pour  plusieurs  raisons  que  vous  saurez 
«  en  temps  Se  lieu,  de  vous  être  inviolablement  attaché  tout  le  reste  de  mes 
«  jours,  de  vous  servir  fidèlement  envers  tous  8c  contre  tous,  de  défendre  8c 
«  d'honorer  l'Eglise  suivant  vos  désirs,  de  protéger  la  foi  catholique,  de  purger 
n  le  pays  d'hérétiques.  Se  de  faire  une  justice  sévère  de  ceux  qui,  à  notre 
«  honte,  ont  tué  les  inquisiteurs.  Que  si,  ce  qu'à  Dieu  ne  plaise,  vous  ne 
«  jugez  pas  à  propos  de  recevoir  notre  soumission,  Se  si  vous  refusez  de  nous 
«  donner  la  paix,  que  Dieu  juge  entre  vous  Se  nous,  si  étant  obligés  de  nous 
M  défendre,  il  arrive  malgré  nous,  qu'il  y  ait  du  sang  répandu.  Se  si  tous  les 
«  autres  malheurs  inséparables  de  la  guerre  s'ensuivent.  »  Raimond  écrivit  en^ 
même  temps  à  la  reine-mère,  sa  cousine,  pour  lui  marquer  le  repentir  qu'il 
avoit  de  ses  démarches,  8c  le  désir  sincère  où  il  étoit  de  se  réconcilier  avec  le 
roi.  Il  la  prie  de  se  rendre  sa  médiatrice,  Se  pour  lui-même  Se  pour  ses  alliés. 

■  Voyez  tome  vu,  Note  XXXIV,  p.  99.  '  Voyez   tome  VIII,  Chartes,  n.  CCLI,  ce.   1097 

'  Tome  VllI,  Chartes,  11.  CCLI,  ce.  1  ico,  1 101 .       à  IC99. 


An  1241 


KJ.oii.^'n. 
t.  111,  p.  437. 


"; 75o  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXV. 

An  iZijz        ' 

II  dit  enfin  qu'il  ne  propose  aucune  condition,  qu'il  se  remet  à  la  miséri- 
corde du  roi,  &  qu'il  se  désiste  des  propositions  que  l'évêque  de  Toulouse 
avoit  faites  depuis  peu  à  ce  prince^  avec  promesse  de  lui  garder  une  fidélité 
inviolable'. 

LXV.  —  Le  roi  donne  la  paix  au  comte  de  Toulouse  i-  envoie  des  commis- 
saires sur  les  lieux  pour  recevoir  sa  soumission  6"  celle  de  ses  alliés. 

Le  comte  donna  ^  ces  lettres  à  Raimond,  prévôt  de  la  cathédrale  de  Tou- 
louse, qu'il  envoya  à  la  Cour  pour  y  négocier  sa  paix,  8c  que  l'évêque  de  cette 
ville  chargea  de  son  côté  d'y  travailler  de  toutes  ses  forces.  Lorscjue  cet  ecclé- 
siastique arriva  à  la  Cour,  le  roi  se  disposoit  sérieusement  à  porter  la  guerre 
dans  la  Province,  &  à  attaquer  vivement  Raimond.  Dans  cette  vue,  il  avoit 
obtenu  du  clergé  le  vingtième  des  revenus  ecclésiastiques,  sous  prétexte  de 
faire  la  guerre  aux  hérétiques.  Le  prévôt  de  Toulouse  trouva  que  plusieurs 
des  principaux  du  parti  de  Raimond  avoient  déjà  envoyé  leurs  députés  pour 
faire  leur  paix  particulière  8<.  se  déclarer  contre  ce  comte,  s'il  ne  faisoit  pas 
lui-même  la  sienne.  Ces  circonstances  l'obligèrent  à  presser  sa  négociation. 
Se  la  reine  Blanche  l'ayant  secondé  avec  beaucoup  de  zèle  Stde  vivacité,  le  roi 
Louis  se  porta  d'autant  plus  volontiers  à  la  clémence,  qu'en  désarmant  ce 
prince,  toutes  les  semences  de  révolte  étoient  entièrement  étouffées,  &  qu'il 
faisoit  plaisir  à  la  reine  sa  mère,  qui  prenoit  fort  à  cœur  les  intérêts  de 
R.aimond,  son  cousin  germain.  Quelques-uns,  dit  un  auteur  du  temps^, 
blâmèrent  la  reine  d'avoir  eu  trop  d'indulgence  pour  ce  comte;  mais  elle 
n'agit,  ajoute-t-il,  que  par  zèle  pour  l'Etat,  &  dans  le  dessein  d'y  rétablir 
la  paix. 

Le  roi  nomma  Ferri  Pâté,  maréchal  de  France  ;  Jean  de  Gay  ou  le  Jày,  che- 
valier de  mérite,  &i  Guillaume  de  Limoges,  son  clerc,  pour  aller  recevoir  dans 
la  Province  les  sûretés  que  P^aimond  promettoit  de  donner  dans  ses  lettres. 
Le  comte,   informé   du  départ  de  ces  trois  commissaires,  s'approcha   de  sa 

'  Le  clerc  qui  a  classé  au  treizième  siècle  cette  ritage   de   son    frère  Alfonse.  Dans   la    lettre  à  la 

partie   du  Trésor  des   chartes   a    rais  au  dos  de  la  reine  Blanche,  il  y  a  un   passage  que    nous   com- 

lettre  de  Raimond  VII  la  note  suivante  :   Hum'i-  prenons  mal  aujourd'hui.  C'est  celui  (toine  VIII, 

liacio  R.  quondam   comitis  Tholosani  post   ii!l':mam  c.    1098}  oii    Raimond    dit    que  par  sa   conduite  à 

guerram.  C'est  bien,  en  effet,  une  véritable  hunii-  l'avenir  il  fera   taire  ceux   qui  médisent  de  lui   & 

liation  à  laquelle  se  résignait  Raimond  VII,  &  on  qui  calomnient   la   reine  à  son   occasion.  Blanche 

ne  peut  lire  les  deux  lettres  écrites  par  lui  au  roi  avait  pris  à  la   Cour  la    défense   du   comte,  ce  qui 

&  à  la   reine  Blanche   sans  une  certaine  pitié.  Il  n'était  qu'honorable  pour  elle, &  avait  ainsi  excité 

fallait  que  la   situation   de  ce  malheureux  prince  l'animosiié    des    ennemis   personnels   de   celui-ci. 

fut  bien  précaire  pour  le  forcer  à  une  telle  démar-  C'est  du  moins  ce  que   laisse  entendre  Guillaume 

che;   &,   étant   données  les  circonstances,  il   faut  de  Puylaurens.  Voyez  plus  bas.  [A.  M.] 
avouer  que  Louis  IX  se  montra  relativement  mo-  '  Guillaume  de  Pi:ylaurens,  c,  ^5.  —  Matthieu 

déré  dans  ses  exigences.  11   est  vrai  qu'en  se  met-  Paris,   p.   Hq!).  —  Tome  VIII,   Ch.irtes,  n.   CCLI 

tant   ainsi   à  la    disposition    du   roi  &  de  sa  Cour,  c.    1  102. 

le  comte  s'ôtait  tout  moyen  de  tenter  une  nouvelle  'Guillaume    de    Puylaurens,    c.    iâ.    Vcyez 

prise  d'armes,  &  que  Louis  IX  n'aurait  pu  dimi-  tome  VIII,  Chartes,  c.  iop8, 
iiuer  ses  domaines  sans  amoindrir  d'autant  l'hé- 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXV,  vSi    "^ 

'  An  izi^% 

capitale,  8c  après  avoir  reçu',  au  mois  de  novembre,  le  serment  de  fidélité  des 
chevaliers  S<  des  consuls  de  Saverdun,  il  les  joignit^  auprès  d'Alfonse  dans  le 
diocèse  de  Carcassonne.  L'évêque  de  Clermont  s'y  étant  rendu  de  son  côté 
avec  Imbert  de  Reaujeu,  on  convint  d'une  trêve,  &  on  fixa  un  jour  auquel 
Raimond  se  présenieroit  devant  le  roi  à  Lorris  dans  le  Gâtinois,  pour  y  ter^ 
miner  sa  réconciliation. 

Raimond  s'étant  rendu^  ensuite  à  Saint-Rome,  dans  le  Lauragais,  il  y  pro- 
mit solennellement,  le  22  de  décembre,  aux  trois  commissaires,  à  l'évêque  de 
Clermont  &  à  Imbert  de  Beaujeu,  d'exécuter  fidèlement  les  promesses  qu'il 
avoit  faites  au  roi,  de  donner  à  ce  prince  toutes  les  sûretés  nécessaires  lorsqu'il 
seroit  arrivé  à  la  Cour,  de  lui  restituer  avant  son  départ  toutes  les  places  &. 
tous  les  domaines  dont  il  s'étoit  emparés  depuis  la  guerre,  soit  par  lui-même, 
soit  par  ses  alliés;  de  rétablir  toutes  choses  dans  le  même  état  qu'elles  étoient 
auparavant,  5t  d'observer  en  son  entier  le  traité  de  Paris,  soit  par  rapport  à 
l'Eglise,  soit  par  rapport  au  roi.  En  conséquence,  il  remit  entre  les  mains'* 
d'Hugues,  évêque  de  Clermont,  8<.  d'Imbertde  Beaujeu,  le  château  de  Saver- 
dun Se  celui  de  Brom  ou  Bram,  par  un  acte  daté  près  de  Villepinte,  dans  le 
Lauragais,  avec  permission  au  roi  d'en  disposer  comme  il  le  jugeroit  à  propos. 
11  quitta  en  même  temps  les  habitansd'Albi  81  Amalric,  vicomte  de  Narbonnc, 
du  serment  de  fidélité  qu'ils  lui  avoient  prêté- 
Ce  vicomte  promit  alors^  de  son  côté,  qu'aussitôt  qu'il  seroit  arrivé  en  la 
présence  du  roi,  il  s'engageroit  d'obliger  tous  les  habitans  de  la  cité  Se  du 
bourg  de  Narbonne  à  prêter  à  ce  prince  le  même  serment  de  fidélité  qu'ils 
avoient  prêté  au  feu  roi  son  père,  de  se  rendre  à  Narbonne  avant  son  départ 
pour  la  Cour;  d'y  déclarer  publiquement  que  le  comte  Raimond  l'avoit  absous 
de  son  serment  8t  de  toutes  leurs  conventions,  £t  de  remettre  cette  ville  aux 
commissaires  du  roi,  qui  en  prendroient  possession  au  nom  de  ce  prince.  t'^ni°p'*''"3 
Amalric  se  rendit,  en  effet,  bientôt  après  à  Narbonne,  où  il  fit  cette  déclaration 
devant  le  peuple,  entre  les  mains  de  l'évêque  de  Clermont,  qu'il  remit  en 
possession  de  tout  ce  que  le  roi  y  possédoit  avant  la  guerre,  par  un  acte  daté 
du  mois  de  janvier  suivant. 

LXVI. —  Le   comte   Raimond,   le    vicomte  de   Narbonne   g-   divers  seigneurs 
se  rendent  à  la  Cour^  ^y  terminent  leur  paix. 

Le  comte  R.aimond  partit  avec  les  trois  commissaires  du  roi  pour  se  rendre 
à  la  Cour.  En  passant  à  Montauban,  il  éîablif^,  le  28  de  décembre,  Sicard 
d'Alaman  pour  son  lieutenant  dans  le  Toulousain,  l'Albigeois,  le  Rouergue^ 
le  Querci  &  l'Agenois,  c'est-à-dire  dans  toute  la  partie  de  ses  Etats  située  en 

'  Trésor  des  chartes;  Toulouse,  sac  7,  n.  21. —  '  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  CCLI,  ce.  1099, 

[I.  3  14;  Teulet,  t,  2,  p.  483,  acte  du   1'^'  nor.]  1  ico, 

'  Guillaume  de  Puylaurens,  c.  45.  '■'  liiJ.  n.  CCLII,  ce.   1  1  o4  à  1  108. 

'  Tome  VIII,  Chartes,  n.  CCLI,  c.  1102.— [Cor-  '  IkU.  n.  CCXhV ,  c.  1137. 
^'ge^  le  jo  novembre  ciu  lien  du  22  décembre.] 


~ 7~   702  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXV. 

An  I2^i         I 

deçà  du  Rhône.  Enfin  le  comte  étant  arrivé  à  Lorris  au  mois  de  janvier  de 
l'an  1242  (1243),  1°  Il  y  déclara  devant  le  roi,  par  des  lettres'  scellées  de  son 
sceau,  qu'il  se  soumettoit,  lui,  ses  Etats  &  ses  alliés  à  la  miséricorde  de  ce 
prince.  2°  Il  jura  de  faire  prêter  serment  de  fidélité  au  roi  devant  les  com- 
missaires que  ce  prince  enverroit  sur  les  lieux,  par  tous  les  barons,  châtelains, 
chevaliers  8c  vassaux,  8c  par  tous  les  habitans  des  bonnes  villes  de  son  obéis- 
sance, depuis  l'âge  de  quinze  ans  8c  au-dessus,  suivant  la  formule  exprimée 
dans  le  traité  de  Paris,  &c  d'en  faire  délivrer  des  actes  authentiques.  3°  Il 
promit  de  remettre,  entre  les  mains  du  roi  Se  de  ses  commissaires,  les  châteaux 
de  Puycelsi  en  Albigeois,  Najac  en  Rouergue,Si  Laurac  dans  le  Toulousain, 
outre  celui  de  Penne  en  Agenois,  pour  les  garder  pendant  cinq  ans  à  compter 
du  \"  de  mars  suivant.  4°  De  faire  son  possible  pour  livrer  le  château  de 
Penne  en  Albigeois  entre  les  mains  de  ce  prince.  5°  Enfin  d'accomplir  entiè- 
rement toutes  les  promesses  qu'il  avoit  faites  par  le  même  traité  de  Paris,  8c 
de  raser,  quand  le  roi  le  jugeroità  propos,  toutes  les  fortifications  qui  avoient 
été  faites  à  ses  places  durant  la  guerre  8c  auparavant.  Il  déclara  de  plus,  par 
un  acte  particulier,  qu'ayant  fait  sa  paix  avec  le  roi,  que  lui  ajant  fait 
hommage  (quoique,  ajoute-t-il,  nous  ne  croyons  pas  y  avoir  jamais  contrevenu 
dans  toute  notre  conduite),  8c  qu'étant  tenu  de  lui  remettre  ou  à  ses  commis- 
saires les  châteaux  de  Puycelsi,  de  Najac  8c  de  Laurac,  ce  prince  auroit  le 
pouvoir  de  les  confisquer,  supposé  qu'il  ne  les  lui  eût  pas  remis  après  la  mi- 
mars  prochaine.  Un  ancien  historien-  assure  que  Raimond  remit  alors  au 
roi  des  lettres  qu'il  avoit  reçues  de  l'Empereur,  par  lesquelles  ce  prince  l'exhor- 
toità  continuer  la  guerre-'.  Il  promit"*  enfin  à  la  reine  Blanche,  le  19  de  jan- 
vier, de  purger  son  pays  d'hérétiques  8c  de  faire  une  justice  sévère  8c  une 
recherche  exacte  de  ces  sectaires. 

Amalric,  vicomte  de  Narbonne,  arriva  à  Lorris  quelques  jours  après,  suivi 
de  treize  des  principaux  habitans  de  cette  ville,  qui  prêtèrent  serment  de 
fidélité  au  roi,  le  23  de  ce  mois,  envers  tous  8c  contre  tous,  avec  promesse  de 
conserver  fidèlement  les  domaines  de  ce  prince  8c  de  s'élever  contre  ce  vicomte 
8c  ses  héritiers,  s'ils  entreprenoient  quelque  chose  de  contraire  à  cette  fidélité. 
Amalric  promit  de  son  côté,  par  serment,  de  détruire  toutes  les  fortifications 
qu'il  avoit  faites  dans  ses  châteaux  depuis  la  dernière  guerre.  Raimond  Gau- 
celin,  seigneur  de  Lunel,  8c  Bérenger,  seigneur  de  Puyserguier,  prêtèrent  ce 
jour-là  un  semblable  serment^;  8c  le  lendemain  samedi,  2i^  de  janvier,  Pierre 

'  Voyez  tome  VIII,  chartes,  n.  CCLI,  ce.   1104,  ses  calomnies  dont  l'Empereur  fut  l'objet,  d'autant 

I  io5.  plus  que,  dans  le  même  passage,  Philippe  Mouskes 

'  Philippe  Mouskes,  p.  204.  [Êdit.  Reiffenberg,  accuse  Frédéric  d'avoir  appelé  les  Tartares  en  Eu- 

t.  2,  pp.  681-682.]  rope.  Louis  IX  eut  toujours  avec  Frédéric  des  rap- 

'  Ce  n'est  pas  tout  à  fait  le  sens  du   passage  de  ports  amicaux  qui    n'auraient   pu    persister  après 

Philippe  Mouskes,  auquel   renvoie  dom  Vaissete.  une  trahison  aussi  insigne.  |A.  M.] 

Cet  auteur  dit  seulement  que  c'est  l'Empereur  qui  ■*  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  CCLI,  ce.  1  104, 

décida  les  comtes  de  Toulouse  &  de  la   Marche  &  ito5. 

le  roi  d'Angleterre  à  entreprendre   la    guerre.  On  ''  Trésor  des  chartes;  Toulouse,  sac  5,  n°"  18  & 

peut  voir  dans   cette  assertion  une  des  nombreu-  1;.  —  [J.  Sic  ;  Teulet,  t.  2,  p.  48^,] 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXV.  733   ~ 

'  An  I  :.;j 

de  Grave',  Pierre  de   Miramont  Se  Vagier  de  Montolieu  chevaliers,   de  la 
bailUe  de  Carcassonne ,  en  firent  autant. 

LXVII.  —  Le  comte  de  Fo'ix  se  rend  aussi   à   la  Cour,    0    le  roi  le  reçoit  à 
l'hommage  comme  son  vassal  immédiat. 

Roger,  comte  de  Foix,  alla  de  son  côté  trouver  le  roi  à  Montargis,  au  mois 
de  janvier  de  l'an  1243,  &  il  y  rendit  hommage  lige^  à  ce  prince  pour  tous 
les  domaines  qu'il  tenoit  du  comte  de  Toulouse  durant  la  dernière  guerre.  Le 
roi  lui  promit  de  ne  plus  le  remettre,  lui  &  ses  héritiers,  sans  leur  consente- 
ment, sous  l'hommage  de  ce  comte.  Depuis  ce  temps-là  les  comtes  de  Foix, 
qui,  dès  leur  origine,  avoient  été  hommagers  de  ceux  de  Toulouse,  d'ahord  pour 
tout  le  comté  de  Foix,  8<.  ensuite  seulement  pour  la  partie  de  ce  comté  située 
en  deçà  du  Pas  de  la  Barre,  devinrent  vassaux  immédiats  de  la  couronne, 
changement  qui  causa  un  chagrin  extrême  au  comte  Raimond.  Il  est  vrai 
qu'un  moderne^  assure  que  le  roi  ne  retint  l'hommage  des  terres  que  le  comte 
de  Foix  avoit  dans  la  mouvance  des  comtes  de  Toulouse  que  pour  la  vie  de 
Raimond  seulement,  parce  qu'il  ne  vouloit  pas  que  le  comte  Alfonse  soutïrît 
des  fautes  de  son  beau-père;  mais,  outre  qu'on  vient  de  voir  que  le  roi  promit 
à  Roger  de  ne  pas  le  remettre  lui  6*  ses  héritiers  sous  la  foi  Se  l'hommage  Éd.oriKin. 
des  comtes  de  1  oulouse,  on  ne  trouve  pas  que  les  comtes  ae  b  oix  aient  jamais 
rendu  hommage  à  Alfonse,  lorsque  ce  prince  fut  parvenu  au  comté  de  Tou- 
louse après  la  mort  du  comte  Raimond.  Si  nous  en  croyons  un  autre  historien'* 
moderne,  Raimond  8<  Roger  se  virent  alors  en  présence  du  roi,  qui  scella 
par  son  autorité  l'accord  qu'ils  firent  ensemble,  &  défendit  réciproquement  à 
leurs  vassaux  de  rien  entreprendre  les  uns  contre  les  autres  :  autre  circonstance 
dont  nous  ignorons  la  preuve.  Ce  qu'il  y  a  de  vrai,  est  que  Roger''  promit  au 
roi  de  délivrer  les  prisonniers  qu'il  avoit  faits  sur  le  comte  de  Toulouse,  à 
condition  que  lorsqu'il  seroit  de  retour  dans  le  pays,  ils  lui  donneroient  toutes 
les  sûretés  nécessaires  qu'ils  ne  lui  feroient  pas  la  guerre,  qu'ils  ne  lui  cau- 
seroient  aucun  préjudice,  qu'ils  reviendroient  sous  son  hommage,  Se  que  le 
comte  Raimond  délivreroit  de  son  côté  Sicard  Si  Hugues  de  Durfort,  Si  les 
autres  prisonniers  de  Fanjaux  Si  de  Laurac,  Si  leur  restitueroit  leurs  biens. 
Nous  comprenons  par  là  que  Raimond  Si  Roger  se  firent  la  guerre  après  que 
le  dernier  eut  abandonné  l'autre.  En  effet"^,  Arnaud  de  Marquefave,  Giitl- 
laume-Aton  son  frère,  Pons  de  Villeneuve,  Si  plusieurs  autres,  se  déclarèrent 
alors  en  faveur  du  comte  de  Toulouse  contre  celui  de  Foix,  leur  seigneur 

•  Manuscrits  Je  Colhert,  n.  zC6<).  dom  Vaisseie  va   faire  tout  à  l'hture  n'en   est  pnj 

'Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  CCLIII,  ce.  i  io3  moins  fondée.  Jamais  le  comte  de  Foix  ne  recon- 

&  1109,  nut  la  suzeraineté  d'Alfonse  de  Poitiers.    [A.  M.] 

'  La  Chaise,  Histoire  ie  saint  louis,  l.  .ï,  n.  ï.3.  *  Marca,  Histoire  Je  Béarn,  p.  767. 

—   Cf.    Lenain   de  Tillemont,    t.    2,    p.    481.    Cet  '  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  CCLIII,  ce.  1 107 

historien    se   fonde,   pour  interpréter  ainsi    l'acte  à  1110. 

du   roi  (JJ.  XXX*,  n.  206),  sur  les  mots  suivants  :  '  Château  de  Foix,  caisse  3.^. 

istius   Raimunji,  nunc  comitis,    La    remarque  (jue 

VI.  ^s 


;^„  ,^^3      754  HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.    LIV.  XXV. 

immédiat,  qui  les  fit  prisonniers.  Enfin,  le  comte  de  Foix obtint  '  un  ordre  du 
roi,  qui  enjoignoit  à  l'évêque  de  Toulouse  de  lui  remettre  le  château  de 
Saverdun,que  ce  prélat  tenoit  en  séquestre,  8<au  comte  deToulouse  d'absoudre 
les  chevaliers  Si  les  habitans  du  même  château  du  serment  de  fidélité  qu'ils 
lui  avoieiit  prêté. 

•  r 

LXVIIÏ.  —  Raimond,  de  retour  dans  ses  Etats,  punit  les  auteurs  du  massacre 
des  inquisiteurs ,  €-  fait  prêter  un  nouveau  serment  entre  les  mains  des 
commissaires  du  roi  par  ses  vassaux  £•  principaux  sujets. 

Raimond  ne  fut  pas^  plutôt  de  retour  à  Toulouse  que,  voulant  tenir  ses 
promesses,  il  fit  pendre  sans  miséricorde  tous  ceux  qui  avoient  eu  part  au 
massacre  des  inquisiteurs  à  Avignonet.  Ensuite  les  consuls  de  la  ville  8c  du 
faubourg  de  Toulouse  firent  serment^,  le  28  février,  en  sa  présence  8t  par 
son  ordre,  entre  les  mains  de  Jean  le  Clerc  81  d'Oudard  de  Villars,  envoyés 
par  le  roi  dans  le  pays  pour  le  recevoir;  ils  promirent  :  1°  D'observer  fidèle- 
ment le  traité  de  Paris  &  de  demeurer  toujours  fidèles  au  roi  &  à  l'Église,  en 
cas  que  Raimond  vînt  à  l'enfreindre.  2°  D'aider  l'Église  contre  les  hérétiques 
8c  leurs  fauteurs.  3°  De  se  tourner  contre  Raimond,  supposé  qu'il  vînt  à  faire 
la  guerre  au  roi.  Les  commissaires  du  roi  firent  prêter  le  même  serment  à 
tous  les  habitans  de  Toulouse,  âgés  de  quinze  ans  8c  au-dessus  :  Sicard  de 
Montant  8c  Sicard  de  Miramont  en  prêtèrent  un  semblable  peu  de  jours  après, 
6c  durant  les  mois  de  mars  8c  d'avril  suivans.  Ils  parcoururent  avec  les  com- 
missaires du  comte  le  Toulousain,  l'Albigeois,  le  Rouergue,  le  Querci  81 
l'Agenois,  8c  y  reçurent  un  pareil  serment  de  la  part  des  barons,  des  cheva- 
liers 8c  des  habitans  des  principales  villes  de  la  domination  de  Raimond.  On 
conserve  les  originaux  de  ces  actes  dans  le  Trésor  des  chartes  du  roi,  8c  on  y 
voit  les  sermens  de  Bernard,  comte  de  Comminges,  8c  d'Hugues,  comte  de 
Rodez;  ceux  de  Pilfort  de  Rabastens,  Pons  Amelii,  Guillaume-Pierre  de 
Bérens,  Maffré  de  Rabastens,  Bertrand,  frère  de  Raimond^  comte  de  Tou- 
louse, 81  Raimond  de  Cominiac,  qualifiés  barons  d'Albigeois  ;  des  chevaliers 
8c  bourgeois  de  Rabastens,  des  consuls  8c  habitans  de  Gaillac,  des  consuls, 
chevaliers,  nobles  8c  habitans  de  Cordes,  8c  des  habitans  de  Puycelsi,  Mon- 
taigut  8c  Cahuzac,  en  Albigeois;  ceux  de  Jourdain  de  l'Isle,  Bernard  Amelii 
de  Paillez,  des  chevaliers  8c  habitans  de  Lavaur  8c  de  Fanjaux,  des  habitans 
•  de  Castelnaudary,  Verdun ,  Villemur,  Laurac,  Puyiaurens,  Saint-Paul   de 

Cadajoux,  Castelsarrasin,  Mas  de  Verdun,  Montesquieu  8c  Saint-Jory,  dans 
le  Toulousain;  ceux  des  habitans  de  Najac,  Millau,  Peyrusse  8c  Villeneuve, 
en  Rouergue;  ceux  de  Guillaume  de  Gourdon,  Bertrand  de  Cardaillac, 
Déodat  de  Barasc,  Gilbert  de  Castelnau  8c  Hugues  de  Cardaillac,  barons  du 
Querci  ;  des  habitans  de  Montauban,  des  chevaliers  8c  nobles  de  son  bailliage, 

'  Château  de  Foix,  caisse  i  i .  ^  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  CCLIV,  ce-  i  i  i3 

'  Guillainne  de  Puyiaurens,  c.  46.  à  1 1 15.  —  Regtstrum  curiae  Franciac, 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LA>3GUED0C.  LIV.  XXV.  755  "~      ~T" 

'  An  12^3 

d'Arnaud  de  l'Espinasse  &  des  autres  habitans  du  bailliage  de  Lauserte,  des 
habitans  de  Saint-Cir,  Moissac,  Lauserte,  Châteauneuf  de  Laval,  Montcuq, 
Capdenac  Se  Caylus,  en  Querci;  ceux  des  barons  ci'Agenois,  savoir  :  Arnaud- 
Oton,  vicomte  de  Lomagne  8c  d'Auvillar,  Amanieu  d'Albret,  Bernard  d'Hu- 
gues, Autinier  de  Rovignan,  Begon  &  Nompar  de  Caumont,  Bernard  & 
Arnaud  deDurfort,  Gaston  8c  Vital  de  Gontaud,  Arnaud  d'Espagne  Si  Pons-  t.'iu,°p'4"i. 
Amanieu  de  Nadaillan;  des  consuls  8c  des  habitans  d'Agen,  Condom,  Mezin, 
Marmande,  Pont-Sainte-Marie  8c  Penne,  en  Agenois,  8c  enfin  celui  des  con- 
suls Si  habitans  de  Narbonne'. 

LXIX.  —  Le  roi  confisque  les  domaines  de  Pierre-Bermond,  seigneur  d'Alais, 

Andu-^e,  Sauve  &>  Sommières. 

Pierre-Bermond,  seigneur  d'Anduze  '  8c  en  partie  d'Alais,  fit  aussi,  au  mois 
d'avril  de  l'an  1248  (après  Pâques),  sa  paix  avec  le  roi,  qui  avoit  confisque  ses 
châteaux  d'Alais,  Anduze,  Sauve  81  Sommières,  sans  doute  pour  s'être  ligué 
avec  le  comte  de  Toulouse,  son  cousin  germain.  Le  roi,  après  lui  avoir  par- 
donné, lui  assigna  Se  à  ses  descendans  mâles  par  droit  d'aînesse,  six  cens  livres 
de  rente  annuelle,  tant  dans  le  pays  d'Hierle  {in  terra  Erisdii)  que  sur  le 
château  de  Roquedu,  pour  les  tenir  en  hommage  lige.  Ce  pays,  que  les 
ancêtres  de  Pierre-Bermond  avoient  possédé,  étoit  composé  de  divers  châteaux 
8c  villages  situés  dans  les  Cévennes,  sur  les  frontières  des  diocèses  de  Lodève, 
de  Nimes,  aujourd'hui  d'Alais  6c  de  Mende.  Le  roi  s'y  réserva  le  droit  de 
chevauchée,  le  château  de  Merueys  8c  la  liberté  de  faire  détruire  tout  ce  qu'il 
jugeroit  à  propos  du  château  de  Roquedu,  avec  défense  à  Pierre-Bermond 
d'élever  aucune  fortification  sans  sa  permission,  8c  d'entrer  lui  8c  ses  héritiers 
dans  les  châteaux  ou  villes  d'Alais,  Anduze,  Sauve  8c  Sommières,  que  le  roi 
unit  ainsi  en  partie  à  son  domaine.  Enfin  ce  prince  se  réserva  la  liberté  d'as- 
signer ailleurs,  s'il  le  jugeoit  à  propos,  ces  six  cens  livres  de  rente  à  Pierre- 
Bermond,  qui  promit  de  lui  être  fidèle  à  l'avenir.  Oudard  de  Villars,  séné- 
chal de  Beaucaire,  fit  cette  assignation  au  mois  de  juillet  suivant,  en  présence 
de  Raimond,  évêque  de  Nimes,  de  Raimond-Pierre  de  Ganges,  Bernard  de 

'  On  peut  voir  la  liste  de  ces  serments  dans  nos  nuscrite  Je  la  maison  d'Anduze.  —  Cette  charte  a 
additions  au  tome  VIII,  ce.  i  1 18  à  1 1  20  ;  dans  le  été  publiée  par  Ménard  {Histoire  de  ffimes,  t.  1, 
Registrum  curiae  on  n'a  donné  que  le  titre  de  p.  75  &  suiv.).  L'acte  du  roi  est  daté  de  Pierre- 
chaque  acte  c'est  cette  liste  qui  remplit  les  der-  buffière  (Haute-Vienne,  arr.  de  Limoges),  avril 
niers  feuillets  de  cette  compilation.  Dans  celle  1243.  Peu  après  le  roi  ordonna  à  l'évèque  de 
que  donne  ici  dom  Vaissete,  il  y  a  quelques  noms  Nîmes  &  à  l'abbé  de  Psalmodi  de  vérifier  si 
de  lieux  fautifs  que  nous  corrigeons.  —  Guil-  l'assise  de  six  cents  livres  faite  par  le  sénéchal, 
lem-Pitrre  de  Brens  &.  non  de  Berens.  —  Raimond  Oudard  de  Villiers,  avait  exactement  cette  va- 
Je  Cominiac,  il  paraît  dans  le  serment  de  Pons-  leur.  Vérification  faite,  la  valeur  de  l'assise  fut 
Amiel  de  Capdenac,  c'est  Comiac  (Lot,  arr.  de  reconnue  exacte,  &  les  prélats  abandonnèrent 
Figeac).  —  Bernard  Amiels  de  Pailhiés  &.  non  de  l'affiire,  le  plaignant  ayant  retiré  sa  plainte,  & 
Paille^.  —  Fort  Sainte-Marie .  (A.  M.]  quatre  personnes  honnêtes  ayant  offert  de  donner 

'  Manuscrits  de  Colbert,   n.  2669.  —  Manuscrits  de  ladite  assise  un   loyer  de  six  cent  quatre-vingts 

d'Auhays,  n.  2.0-2.  —  Le  Laboureur,  Histoire  ma-  livres  tournois.    [A.  M.] 


~ T"   756  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXV. 

An  1143        ' 

Barre,  chevaliers,  Sec.  Le  roi,  par  cette  confiscation,  réunit  au  domaine  la 
moitié  de  la  ville  d'Alais.  L'autre  appartenoit  à  Pvaimond  Pelet,  qui  étoit 
convenu,  en  iiSS  ',  avec  Pierre-Bermond  que  le  plus  ancien  d'entre  eux  ou 
de  leurs  héritiers  auroit  la  préséance  sur  l'autre  dans  cette  ville. 

LXX.  —  Le  roi  d'Angleterre  se  plaint  à  l'Empereur  du  comte  de  Toulouse 
6-  conclut  une  trêve  avec  la  France. 

Henri,  roi  d'Angleterre,  au  désespoir  de  la  paix  du  comte  de  Toulouse  avec 
le  roi,  s'en  plaignit  amèrement*  à  l'empereur  Frédéric,  son  beau-frère,  dans 
une  lettre  datée  de  Bordeaux,  le  8  de  janvier  de  l'an  1243.  Il  fondoit  ses 
plaintes  sur  ce  que,  s'étant  engagés  réciproquement  à  ne  faire  ni  paix  ni  trêve 
sans  la  participation  l'un  de  l'autre,  Raimond  avoit  conclu  la  paix  à  son  insu, 
au  préjudice  de  son  serment.  Il  écrivit  à  peu  près  dans  les  mêmes  termes  à 
Pierre  de  la  Vigne,  juge  de  la  grande  cour  impériale  8c  ministre  de  Frédéric; 
mais  Henri  n'avoit  pas  tant  à  se  plaindre,  s'il  est  vrai,  comme  les  anciens 
historiens,  8t  même  les  Anglois^  l'assurent,  qu'il  étoit  convenu  lui-même 
d'une  trêve  de  cinq  ans  avec  le  roi  de  France  avant  la  fin  de  l'an  1242,  8<. 
cela  sans  la  participation  de  Raimond,  dans  le  temps  même  que  ce  comte  étoit 
actuellement  en  guerre  avec  le  roi.  Quoi  qu'il  en  soit,  Henri"*  fit  un  traité 
solennel  avec  le  roi  pendant  la  semaine  sainte  de  l'an  1243.  Ils  convinrent 
d'une  trêve  qui  devoit  durer  depuis  le  jour  de  la  Saint-Benoît,  21  de  mars, 
jusqu'à  la  Saint-Michel,  &  ensuite  pendant  cinq  ans.  Le  roi  donna  pour  ses 
garans  les  comtes  de  Toulouse,  de  la  Marche,  d'Auvergne,  8<c. 

LXXI.  —  Raimond  fiance  Marguerite  de  la  Marche. 

Le  mariage  projeté  entre  Raimond,  comte  de  Toulouse  81  Marguerite  de 
la  Marche,  s'accomplit-"'  cependant,  &  le  comte  s'étant  rendu  à  Angoulême,  à 
son  retour  de  la  Cour'',  il  y  fiança  solennellement  cette  princesse;  mais 
comme  ils  étoient  parens  du  troisième  au  quatrième  degré,  ce  fut  sous  condi- 
tion qu'ils  obtiendroient  dans  un  an  la  dispense  du  pape.  Pvaimond  nomma 
ensuite  ses  ambassadeurs  à  Rome  Pons  d'Astoaud,  son  chancelier,  81  Guil- 
laume de  Puylaurens,  son  chapelain  ou  aumônier,  pour  obtenir  cette  dis- 
pense; le  premier  fit  en  effet  le  voyage,  mais  soit  à  cause  de  la  vacance  du 
Saint-Siège,  qui  ne  fut  rempli  que  vers  la  fin  du  mois  de  juin  de  cette  année, 
soit  pour  d'autres  raisons  que  nous  ignorons,  la  dispense  ne  vint  pas;  en 
sorte  qu'il  n'est  pas  certain^  qvie  le  mariage  ait  été  consommé. 

■Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  CCXXV,  ce.  1021  '  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  CCLXX,  c.  1170 

1022.  &  siiiv. 

'  Rymer,  Acta  publica,  p.  414  8c  seq.  *  Voyez  tome  VU,  Note  XXXV,  n.  iv,  pp.  io5, 

'  Matthieu  Paris,  p.  SpS.  —  Voyez  tome  VII,  106. 

Note  XXXIV,  n.  m,  p.  loi.  '  Ihid. 

■•  Rymer,  Acta  publica,  p.  416. 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXV.  75?   "" ::" 

'      '         An   124J 

LXXII.  —  Seigneurs  de  Savei^. 

Raimond  étant  de  retour  dans  sa  capitale  y  reçut,  le  22  de  février  de 
l'an  1243  8c  les  jours  suivans,  l'hommage  de  Bernard  Amelii,  seigneur  de 
Paillés,  pour  Roquefissade ',  Alzen,  Artigues  &  plusieurs  autres  châteaux  ou 
villages  situés  vers  le  pays  de  Foix,  £<.  celui  de  Bernard  81  Fortanier  de  Cora- 
minges,  fils  de  feu  Bernard  de  Comminges  de  Savez,  qui  reconnurent  en 
leur  nom  8<.  en  celui  d'Aymeri,  leur  frère,  tenir  de  lui  tout  le  pays  de  Savez, 
ce  qu'ils  avoient  à  Boulbonne,  &  généralement  tout  ce  qu'ils  possédoient 
dans  le  Toulousain.  Le  17  de  mars  suivant,  Roger  de  Comminges,  fils  de  ,.^ii°p^°^"',. 
Roger,  comte  de  Pailhas,  reconnut  tenir  de  ce  prince  le  château  de  Quier, 
dans  le  pays  de  Foix. 

LXXIII.  —  Concile  de  Bé-^iers.  —  Plaintes  de  Raimond  contre 

les  inquisiteurs. 

Raimond  se  rendit  quelque  temps  après  à  Béziers,  pour  assister  à  un  concile 
qui  fut  tenu  dans  le  palais  épiscopal  de  cette  ville,  &.  auquel  se  trouvèrent* 
les  archevêques  de  Narbonne  8<  d'Arles,  les  évêques  de  Toulouse,  Lodève, 
Agde,  Nimes,  Carpentras,  Marseille,  Rodez,  Albi,  Agen  8c  Cahors;  les  abbés 
de  Villemagne,  Saint-Thibéry,  La  Grasse,  Saint-Pons,  Quarante,  Saint- 
Hilaire,  Saint-Papoul,  Foix,  Pamiers,  Gaillac,  Grandselve,  Fontfroide,  Boul- 
bonne S<  plusieurs  autres;  les  archidiacres  de  Béziers,  Narbonne,  Mague- 
lonne,  Nimes,  Lodève  Se  Toulouse;  les  procureurs  de  l'évêque  de  Carcassonne, 
les  prévôts  des  églises  d'Arles,  Nimes,  Maguelonne  &  Toulouse,  &c.  Le  comte 
fit  la  déclaration  suivante  en  plein  concile,  le  samedi  dans  l'octave  de  Pâques 
(18  d'avril)  de  l'an  1248,  en  présence  de  plusieurs  chevaliers  8t  laïques,  de 
frère  Pons,  prieur  provincial  des  frères  prêchevns,  en  Provence,  8c  des  autres 
religieux  de  son  ordre,  qui  se  disoient  juges  de  l'hérésie  dans  ses  États  par 
l'autorité  apostolique  :  «  Je  déclare,  dit  Raimond,  que  frère  Ferrier  8c  frère 
«  Guillaume-Raimond,  de  l'ordre  des  frères  prêcheurs,  qui  prétendent  avoir 
«  juridiction  pour  informer  contre  les  hérétiques  dans  mes  États,  ont  rendu 
«  contre  moi  une  sentence  d'excommunication,  nonobstant  &c  après  l'appel 
«  légitime  que  j'ai  interjeté  au  Saint-Siège  de  leurs  procédures,  soit  par  rap- 
«  port  k  leurs  personnes,  soit  par  défaut  de  juridiction;  &c  que  cette  sentence 
«  m'a  beaucoup  diffamé,  quoique  rendue  contre  le  droit.  Mais  ayant  fait  ma 
«  paix  avec  le  roi  de  France,  8c  étant  dans  une  ferme  résolution  de  purger 
<i  le  pays  d'hérétiques,  comme  j'y  suis  obligé,  de  concert  avec  maître  Guil- 
«  laume,  clerc,  8c  les  autres  ambassadeurs  du  roi  ;  8c  le  différend  que  j'ai 
«  avec  les  frères  prêcheurs,  ne  pouvant  être  terminé  à  cause  de  la  vacance 

■  Manuscrits   de    Colbert,    n,     1067,  —   [J.    3i4,  '  D'Achéry,  Sp'tcilcgium ,  t.  4,  p.  263.  —  Gallttt 

n.  78  &  n.  24;   Originaux;   actes  des  22  &  26  fé-        Christiana,  nov.  éd.  t.  6,  Instr.  p.  i55. 
Trier  1243  j  Teiilci,  t.  2,  p.  498  &  suiv.j 


~~r~~~r   758  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXV. 

«  du  siège  apostolique;  pour  ne  pas  retarder  les  affaires  de  l'inquisition  Se 
«  pour  témoigner  mon  zèle  pour  la  foi,  j'offre,  à  la  sollicitation  des  mêmes 
«  ambassadeurs,  à  vous,  archevêques  de  Narbonne  &  d'Arles,  qui  êtes  ici 
«  présens,  ou  si  vous  ne  voulez  pas  procéder  tous  seuls,  conjointement  à  tous 
«  les  évêques  de  l'assemblée,  ou  enfin  à  tous  ceux  que  vous  voudrez  associer, 
«  de  m'en  rapporter  entièrement  à  votre  décision,  tant  au  sujet  de  l'appel 
«  que  j'ai  interjeté  que  de  la  sentence  des  frères  prêcheurs  qui  m'excom- 
«  munie,  dans  l'espérance  que  vous  me  rendrez  la  justice  que  je  mérite; 
«  que  vous  aurez  égard  à  ma  personne  &  à  ma  réputation,  Se  que  l'affaire  de 
«  l'inquisition  aura  un  heureux  succès.   » 

Deux  jours  après',  R.aimond  somma  les  évêques  de  ses  Etats,  savoir  :  ceux 
de  Toulouse,  Agen,  Cahors,  Albi  &  Rodez,  ou  d'exercer  eux-mêmes  l'inqui- 
sition contre  les  hérétiques  dans  leurs  diocèses,  ou  de  l'y  faire  exercer  en 
leur  nom,  soit  par  les  religieux  de  l'ordre  de  Cîteaux,  8c  les  frères  prêcheurs 
Se  mineurs,  soit  par  telles  autres  personnes  qu'ils  jugeroient  à  propos,  avec 
promesse  de  les  aider  de  tout  son  pouvoir  dans  cette  recherche,  de  faire  exé- 
cuter leurs  sentences  ou  jugemens  par  ses  sénéchaux,  viguiers  6-  autres  baillis; 
de  punir  les  coupables,  de  confisquer  leurs  biens,  Sec.  Le  comte  fit  cette  som- 
mation en  présence  de  l'archevêque  de  Narbonne,  des  évêques  d'Agde,  Car- 
pentras  8c  Lodève,  de  l'abbé  de  Saint-Paul  de  Narbonne,  Raimond-Gaucelin, 
seigneur  de  Lunel,  Barrai,  seigneur  de  Baux,  Hugues  d'Arcis,  sénéchal  de 
Carcassonne,  Oudard  de  Villars,  sénéchal  de  Beaucaire,  Sec.  Nous  ignorons 
la  réponse  des  évêques;  mais  nous  verrons  bientôt  que  les  frères  prêcheurs 
furent  continués  dans  l'exercice  de  l'inquisition ,  avec  cependant  quelques 
modifications. 

LXXIV.  —  Lettre  de  Raimond  au  roi  touchant  le  château  de  Penne, 

en  Albigeois. 

Raimond  fit  encore  quelque  séjour  à  Béziers,  d'où  il  écrivit^  au  roi,  le 
22  d'avril,  pour  lui  marquer  qu'il  avoit  travaillé  de  toutes  ses  forces  depuis 
son  retour  de  la  Cour,  pour  lui  remettre  le  château  de  Penne,  en  Albigeois, 
de  la  même  manière  qu'il  lui  avoit  remis  les  autres  châteaux;  mais  que  les 
chevaliers  qui  en  étoient  les  maîtres  refusoient  de  lui  obéir;  à  nioins  que  le 
roi  ne  promît  par  des  lettres  patentes  de  le  lui  rendre  au  bout  de  cinq  ans; 
Se  il  le  pria  de  faire  expédier  ces  lettres. 

LXXV.  —  Le  vicomte  de  Narbonne  se  soumet  à  l'archevêque. 

Amalric,  vicomte  de  Narbonne,  voulant  de  son  côté  exécuter  les  conditions 
xhn°p^442.    de  son  traité  de  paix,  promit  solennellement,  le  25  d'avril,  dans  le  couvent 

■  Voyez  tome  Vîll,  Chartes,  n.  CCLV,  ce.  1121  '  Voyez  tora»  VIII,  Chartes,  n.  CCLI,  c.  iio5. 

&  r 112. 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXV.  75n  — " ~ 

I      '         An  1 24J 

des  frères  mineurs  de  Narbonne  ',  en  présence  d'Hugues  d'Arcis,  sénéchal  de 
Carcassonne,  à  Pierre,  archevêque  de  Narbonne,  d'obéir  entièrement  à  ses 
ordres  touchant  la  réparation  des  dommages  qu'il  lui  avoit  causés.  Douze 
chevaliers,  ses  vassaux,  &  vingt  des  principaux  habitans  de  la  ville  se  ren- 
dirent ses  cautions  &  promirent,  en  cas  d'inexécution  de  sa  part,  de  se 
remettre  en  otage  à  Capestang. 

LXXVl,  —  Entrevue  des  rois  de  France  &•  d'Aragon  au  Puy.  —  Jacques, 
roi  de  Majorque,  naît  à  Montpellier.  —  Trêve  entre  les  comtes  de  Toulouse 
i/  de  Provence. 

Le  comte  Raimond,  de  retour  dans  le  Toulousain,  confirma  à  Buzet*,  le 
14  de  mai  suivant,  les  religieux  du  monastère  de  Pinel,  de  l'ordre  de  Grand- 
mont,  fondé  par  ses  prédécesseurs,  dans  la  possession  de  tous  les  biens  qu'ils 
avoient  acquis.  Il  fit  ensuite  un  voyage  du  côté  du  Rhône,  &  se  trouva  peut- 
être  à  l'entrevue  que  les  rois  de  France  &  d'Aragon  eurent,  au  mois  de  juin 
de  cette  année,  au  Puy,  où  ils  tinrent  leur  cour,  suivant  un  ancien  monu- 
ment^. Jacques,  roi  d'Aragon,  avoit  passé  quelque  temps  auparavant  en  deçà 
des  Pyrénées  5  &  la  "* reine  Yolande,  sa  femme,  accoucha  à  Montpellier,  la 
veille  de  la  Pentecôte  (ou  le  3o  de  mai),  de  l'infant  Jacques,  qui  fut  ensuite 
roi  de  Majorque.  Le  roi  d'Aragon  retourna  à  Montpellier  après  son  entrevue, 
&  reçut  dans  cette  ville,  à  la  fin  du  mois  de  juin,  un  nouveau  serment  de 
fidélité  des  habitans,  qui  promirent  de  lui  être  soumis  pendant  sa  vie  &,  après 
sa  mort,  à  la  reine  Yolande,  sa  femme,  si  elle  vivoit  en  viduité  6t  ne  se  fai- 
soit  pas  religieuse,  8t  ensuite  à  leur  fils  Pierre  ou  à  tel  autre  de  leurs  enfans 
qu'il  voudroit  leur  donner  pour  seigneur. 

Le  comte  Raimond,  en  s'approchant  du  Rhône,  avoit  dessein  de  reprendre 
la  guerre  contre  le  comte  Raimond-Bérengerj  mais  Jean,  archevêque  d'Arles, 
leur  fit^  conclure  une  trêve  jusqu'à  la  fête  de  la  Toussaint,  8c  ils  la  signèrent 
à  Beaucaire,  le  29  de  juin.  Raimond  profita  de  cet  intervalle  pour  faire  un 
voyage  en  Italie. 

'  Caseneuve,  Franc  alleu,  p.  296  &  suit.  iupra)  est    le   testament  de   Pons,   comte  d'Urgel, 

*  Tréior  des  chartes,  reg.  176,  n.  i55.  écrit  le  5  juin    12^3,  à  Balaguer,  au  moment  où 

'  Marza  Hispan.ica,c.  53g.  —  La  liste  des  séjours  ce  seigneur  se  disposait  à  aller  à  la  Cour  des  deux 

Ae  Louis  IX,  publiée  dans  les  Historiens  de  France  rois  à  Sainte-Marie  du  Puy.  Aucun  historien  nin- 

(t.  21,  p.  412),  n'indique  pas  pour  l'année    1243  dique    cette    entrevue.    Peut-être   ne    fut-elle   que 

un  Toyage  d«  ce  prince  dans  le  midi  de  la  France.  projetée   &   n'eut-elle    pas    lieu;    en    tout  cas,  il 

Le  29  mai,  le  roi  est  à  Paris,  en  juin   à  Pontoise  faut    la    reporter    à   juillet    ou   août,   moment  où 

&  à  Vernon  ,    en   septembre    nous    le   trouvons   à  l'itinéraire   laisse   un  vide,   qu'elle  comblerait  en 

l'hôpital  près  Corbeil,  en  octobre  à  Melun.  L'en-  partie.    [A.  M.] 

trevue  aurait  donc  du  avoir  lieu   vers   le  mois  de  '  Voyez  tome  VIII,  Chroniques,  n.  III,  c.  212. 

juin.  Le  seul  document  cité  par  Baluze  (Marca,  ut  *  Ibid.  Chartes,  n.  CCLVI,  ce.   112421128. 


•  „.     .       7^0  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXV. 

An  iijLj        I 


LXXVII.  —  Brouillerîes  entre  le  comte  de  Foix  &•  les  sujets  du  comte 

de  Toulouse. 

Raimond,  en  partant  de  Toulouse,  avoit  donné  ordre  '  à  Sicard  d'Alaman, 
son  principal  ministre,  à  qui  il  laissa  le  gouvernement  de  ses  Etats  pendant 
son  absence,  de  remettre  aux  seigneurs,  chevaliers,  consuls  8<.  bourgeois  de 
Saverdun,  au  pays  de  Foix,  le  serment  de  fidélité  qu'ils  lui  avoient  prêté 
durant  la  dernière  guerre  contre  le  roi.  En  conséquence,  Sicard  ordonna  à 
Bertrand,  frère  du  comte,  le  i"  de  juillet  de  l'an  1243,  de  faire  cette  remise; 
mais  quelques  voies  de  fait  qui  survinrent  entre  Roger,  comte  de  Foix,  Se  les 
vassaux  du  comte  de  Toulouse,  retardèrent  l'exécution  de  cet  ordre.  Le  roi, 
informé  de  ces  troubles,  interposa  son  autorité  Si  ordonna  au  comte  de  Foix 
8<.  à  Sicard  d'Alaman  de  lui  envoyer  des  députés  pour  leur  signifier  sa  volonté. 
Sicard  obéit  &  convint  d'une  suspension  d'armes.  Le  roi  nomma  des  commis- 
saires &  ordonna  à  l'évêque  de  Toulouse,  qui  tenoit  le  château  de  Saverdun 
en  séquestre,  de  le  remettre  au  comte  de  Foix  pour  le  posséder  de  la  même 
manière  qu'il  l'avoit  tenu  au  commencement  de  la  guerre.  Ce  prélat  donna 
ses  ordres  pour  exécuter  ceux  du  roi,  par  des  lettres  datées  de  Montauban, 
le  25  d'octobre.  Il  étoit  alors  sans  doute  en  chemin  pour  la  Cour  de  France, 
oi.1  il  se  rendit  en  ettet^  cette  année,  &  non  pas  à  celle  de  Rome,  comme  l'a 
avancé  un  historien  moderne  ■*.  Le  comte  de  Foix,  Bertrand,  frère  du  comte 
de  Toulouse,  Se  les  commissaires,  qui  étoient  le  sénéchal  de  Carcassonne, 
R.aimond  de  Capendu  St  Loup  de  Foix,  s'étant  rendus  "*  à  Saverdun,  le 
vendredi  après  la  Saint-Nicolas  (11  de  décembre),  Bertrand  remit  par  ordre 
de  Sicard,  lieutenant  du  comte  Raimond,  le  serment  de  fidélité  aux  seigneurs, 
chevaliers,  consuls  8t  bourgeois  de  cette  ville.  Le  procureur  de  l'évêque  de 
Toulouse  restitua  de  son  côté  le  château  de  Saverdun  au  comte  de  Foix,  qui 
en  prit  possession,  en  protestant  qu'il  le  recevoit  sous  l'hommage  &  la  fidélité 
du  roi  de  France.  Les  commissaires  ordonnèrent  en  même  temps,  pour  la 
sûreté  que  les  prisonniers  du  comte  de  Foix  dévoient  lui  donner,  qu'ils  lui 
promettroient  par  serment  de  ne  lui  causer  aucun  dommage,  non  plus  qu'à 
l'abbé  de  Lézat,  de  lui  pardonner  tout  le  mal  qu'il  leur  avoit  fait  dans  la 
dernière  guerre,  &  de  lui  faire  un  nouvel  hommage.  Arnaud  de  Marquefave, 
son  fils,  &  tous  les  autres  chevaliers  qui  s'étoient  déclarés  en  faveur  du  comte 
de  Toulouse,  leur  seigneur  médiat,  contre  celui  de  Foix,  leur  seigneur 
t.''i1i,''p?44'3.  i'Tii"'^<-liat,  &  qui  avoient  été  fait  prisonniers,  furent  ensuite  délivrés,  &  firent 
hommage  à  Roger,  avec  Loup  de  Foix,  oncle  paternel  de  ce  comte,  pour  la 
seigneurie  de  Saverdun.  Roger  de  Comminges  &  Roger,  comte  de  Pailhas, 
son  père,  qui  avoient  embrassé  aussi  le  parti  du  comte  de  Toulouse  contre 

■  Tome  VIII,  Chartes,  n.  CCLVIII,  ce.   i  iSi  &  '  Guinaume  de  Pujlaurens,  c.  46. 

Il33.  —  Marca,    Histoire   de  Bcarn,   1.  8,  ch.  24,  ■*  Fleuri,  Histoire  ecclcsiastiiiue,  1.  82,  n.  8. 

p.  766  &  siiiv.  ■•  \'oyez  tome  VIII  &  Marta,  ut  sufrx. 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXV.  761 

celui   de   Foix,   durant   la  guerre,  hrent  '   dans   la  suite   leur  paix  avec  ce 
dernier. 

LXXVIII.  —  Le  comte  Raimond passe  au  delà  des  Alpes  i^  va  à  la  cour 

de  l'empereur. 

Deux  motifs  engagèrent  Raimond,  comte  de  Toulouse,  à  faire  un  voyage 
au  delà  des  Alpes.  Le  principal  étoit  de  se  rendre  à  la  cour  de  l'empereur 
Frédéric,  qui  résidoit  alors  dans  la  Fouille,  8<.  l'autre  de  poursuivre  à  la  cour 
romaine  son  appel  contre  les  inquisiteurs.  Il  y  avoir  eu  de  la  froideur  entre 
ces  deux  princes;  mais  Frédéric  écrivit  peu  de  temps  auparavant  une  lettre^ 
à  Raimond,  dans  laquelle  il  lui  témoigne  beaucoup  d'affection,  lui  marque 
qu'il  étoit  prêt  à  lui  en  donner  des  preuves,  s'excuse  sur  le  silence  qu'il  avoit 
gardé  à  son  égard,  8c  l'assure  que  son  amitié  pour  lui  n'avoit  jamais  varié  Se 
que  les  circonstances  ne  l'avoient  pas  altérée.  R.aimond  joignit  ce  prince  à 
Malfi  ^,  dans  la  Fouille,  au  mois  de  septembre  de  l'an  1243,  &  fît  un  assez 
long  séjour  à  sa  cour  d'où  il  alla  de  temps  en  temps  aux  environs  prendre  le 
divertissement  de  la  chasse.  Un  moderne"*,  trompé  par  l'ancien  auteur^  qui 
tait  deux  fois  mention  de  ce  voyage  de  Raimond,  savoir  :  sous  l'an  1242  8c 
sous  l'an  1243,  sans  doute  par  l'erreur  des  copistes,  assure  que  ce  comte  alla 
à  la  cour  de  Frédéric  dès  le  mois  de  septembre  de  l'an  1242,  8c  qu'il  y 
demeura  toute  l'année  suivante;  mais  il  est  certain  que  Raimond  ne  passa 
les  Alpes  qu'en  1243.  Il  obtinf^  alors  de  Frédéric  la  restitution  du  marquisat 
de  Frovence  ou  du  comté  Venaissin,  que  ce  prinee  avoit  confisqué  au  com- 
mencement de  l'an  1241,  parce  que  ce  comte  s'étoit  déclaré  alors  contre  lui 
en  faveur  du  pape  Grégoire  IX. 

LXXIX.  —  Raimond  obtient  son  absolution  du  pape  iS-  prolonge  la  trêve 

avec  le  comte  de  Provence. 

Raimond  s'employa  par  reconnoissance  à  la  réconciliation  de  l'empereur 
avec  le  pape  Innocent  IV,  qui  avoit  été  élu  à  Favie,  le  24  de  juin  de  cette 
année,  après  une  vacance  du  siège  pontifical  de  plus  de  vingt  mois.  Comme 
Raimond  avoit  besoin  de  se  mettre  bien  lui-même  auparavant  dans  l'esprit 
du  pontife,  il  lui  envoya'^  d'abord  faire  ses  soumissions.  Innocent  ayant  fait 
ensuite  son  entrée  k  Rome  vers  la  fête  de  la  Toussaint,  Raimond  se  rendit  à 
sa  cour  8c  lui  fit  remettre  ^  des  lettres  du  roi  de  France,  qui  le  sollicitoit  vive- 

•  Voyez    tome    VIII,     Chartes,     n.     CCLVIII,  *  Raynaldi,  an.  lï^S,  n.  28. 

ce.  1 133,  1 134.  —  Château  de  Foix,  caisse  20.  '  Ricardus  de  Sancto  Germaiio,  ut  supra. 

'  Pierre  de  Vignes,  1.  3,  ep.  32.  —  Tome  VII,  «  Guillaume    de    Puylaurens,   c.    46.  —   Voyez 

Note  XXXIV,  pp.  pij  à  io3.  tome  VII,  Note  XXIX,  n.  5,  p.  93. 

'  Ricardus    de   Sancto  Germano,  ap.    Ughelli,  "  Raynaldi,  an.   1243,  n.  3i. 

Italia  sacra,  nov.  éd.   t.  10,   &  Muratori,  Rerum  «  Ricardus   de   Sancto   Germano,    ut  supra.   — 

/taiicarum,  t.  7,  p.  icjo&suiv.  —  [Corrige^  Melfi,  R:iyualtii,  an.   1244,  n.   17.  —  Trésor  des  chartes; 

dans  1,1  Basilicate.J  Croisades,  sac  1,  n.  4^  &  suiv.  —  |J.  447jTeuIet, 


An  1;,  j 


~~ ~   762  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXV. 

An  12^3         ' 

ment  de  le  traiter  favorablement  ;  mais  le  pape  ne  voulut  pas  l'admettre  à 
son  audience,  qu'il  n'eût  été  réconcilié  à  l'Église.  Cette  cérémonie  se  fit  de 
la  manière  suivante.  Raimond  s'engagea  d'abord  par  un  acte  authentique 
d'obéir  exactement  à  tous  les  ordres  de  l'Église,  &  donna  caution  juratoire 
comme  il  satisferoit  pleinement  à  ceux  qui  l'avoient  excommunié,  supposé 
que  leurs  censures  fussent  justes  &  raisonnables.  Après  cette  promesse  il  reçut 
l'absolution  le  2  de  décembre,  8c  Innocent  lui  ayant  donné  audience,  il 
demanda  la  révocation  de  la  censure  que  les  inquisiteurs  avoient  portée 
contre  lui.  Se  dont  il  avoit  appelé  au  Saint-Siège.  Le  pape  le  renvoya  à  l'ar- 
chevêque de  Bari,  qui  lui  donna  l'absolution.  Le  pape  le  rétablit  ensuite 

.  1^  dans  sa  réputation  &  rendit  compte  de  toutes  ces  choses,  le  i"  de  janvier 
suivant,  au  roi  saint  Louis'.  Innocent  marque  à  ce  prince  qu'il  avoit  fait  un 
bon  accueil  au  comte,  à  sa  recommandation;  qu'il  l'avoit  reçu,  du  conseil  des 
cardinaux,  à  la  grâce  du  siège  apostolique,  &  qu'il  avoit  été  d'ailleurs  charmé 
d'en  agir  ainsi,  «  parce  que  ce  comte  tenant  un  des  premiers  rangs  entre  les 
K  princes  du  monde,  il  pouvoit  être  d'une  grande  utilité  à  l'Église.  «  Raimond 
vécut  depuis  dans  une  parfaite  intelligence  avec  Innocent,  qui  lui  témoigna 
dans  toutes  les  occasions  une  affection  singulière,  8c  qui  enjoignit  aussitôt  à 
tous  les  archevêques  8c  évêques  de  France,  8c  en  particulier  à  Zoen,  évêque 
d'Avignon,  de  publier  dans  leurs  diocèses  l'absolution  qu'il  avoit  donnée  à 
ce  prince,  8c  sa  réconciliation  avec  l'Eglise.  Ce  fut,  en  conséquence  de  cet 
ordre,  que  Pierre,  archevêque  de  Narbonne,  dans  des  lettres*  datées  du  mois 
de  mars  suivant,  déclara  le  comte  Raimond  absous  de  toutes  les  sentences 
d'excommunication  que  lui  &c  ses  suffragans  avoient  prononcées  contre  lui^. 
Innocent  écrivit  en  même  temps"*  à  l'évêque  d'Avignon  pour  l'engager  à 
s'employer  pour  prolonger  la  trêve  que  le  roi  d'Aragon  avoit  ménagée  entre 
les  comtes  de  Toulouse  8c  de  Provence,  Se  pour  terminer  enfin  par  uiie  paix 

Éd.origin.  la  cruellc  guerre  qui  duroit  entre  evix  depuis  si  longtemps.  Nous  inférons 
de  là  que  la  trêve  conclue  au  mois  de  juin  précédent  jusqu'à  la  Toussaint, 
entre  ces  deux  comtes,  par  l'entremise  de  l'archevêque  d'Arles,  avoit  été  pro- 
longée à  la  sollicitation  du  roi  d'Aragon,  8c  qu'elle  étoit  sur  le  point  de  finir^. 

t.  2,  p.  323.  Bulle  du  pape  Innocent  IV,  du  2  dé-  '  Tome  VIII,  Chartes,  n.  CCLXI,  ce.  1 145,  1 146. 
cembre  1243,  adressée  à  l'-Trchevéque  de  Bari;  '  La  réconciliation  de  Raimond  VII  ne  devint 
Potthast,  n.  11187.)  —  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  définitive  que  le  17  mai  1244.  Cette  dernière 
n.  CCLX,  ce.  1 142  &  1 144,  &  Additions  &  correc-  date  est,  en  effet,  eell»  d'un»  bulle  dn  pape  Inno- 
tions, cent  IV  cassant  cette  sentence  de  frère  Ferrier  8c 
'  Avant  cette  bulle  du  1"  janvier  1244  (Pot-  de  ses  acolytes  dont  nous  avons  parlé  plus  haut, 
thast,  n.  Ii2i3),  Innocent  IV  avait  déjà  écrit  au  Cette  bulle  avait  été  publiée  par  dom  Vaissete, 
sujet  de  la  même  affaire  à  Louis  IX,  le  12  décem-  mais  d'après  la  copie  incomplète  du  ms.  lat.  60C9 
bre  1243  (Potthast,  n.  1  i  192).  Le  roi  avait  envoyé  (Cartulaire  de  Raimond  VII),  &  il  l'avait  placée 
à  la  cour  de  Rome  pour  suivre  cette  affaire  G.,  à  l'an  1243.  Elle  est  donnée  in  extenso  par  Teu- 
archidiacre  de  Coutances,  &  Guillaume  de  Limo-  let,  t.  2,  p.  534  &  suiv.,  d'après  l'original,  J.  447, 
ges  ;  ce  dernier  était  celui  qui  avait  réglé  les  n.  42  (Conférez  tome  VIII,  c.  1143  &.  suiv.,  & 
conditions  de  la  paix  de  Lorris.  La  lettre  à  Zoen,  aux  Additions  &  corrections).  [A.  M.) 
évêque  d'Avignon,  est  du  7  janvier  1244  (liid.  ^  Raynaldi,  an.  1244,  n.  17. 
n.   11218).  [A.  M.]  '  Le    ro  décembre   1243,  le   pape   écrivit   au  roi 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXV.  yôS 


LXXX.  —  Le  pape  ordonne  aux  inquisiteurs  de  continuer  leurs  procédures, 

(S-  modère  leur  autorité. 

Quant  au  différend  que  le  comte  de  Toulouse  avoit  avec  les  inquisiteurs 
de  l'ordre  des  frères  prêcheurs,  touchant  l'autorité  qu'ils  exerçoient  indépen- 
damment des  évêques,  il  ne  fut  pas  terminé  tout  à  fait  à  sa  satisfaction.  Ces 
religieux  s'adressèrent'  à  Innocent  aussitôt  après  son  élévation  au  pontificat, 
îk  lui  demandèrent  d'être  déchargés  du  soin  de  l'inquisition,  à  cause  des  tra- 
verses qu'ils  avoient  à  essuyer.  Le  pape  ne  jugea  pas  à  propos  de  leur  accorder 
leur  demande  :  il  écrivit,  le  lo  de  juillet  de  l'an  1248^,  au  prieur  provincial 
S<  aux  frères  inquisiteurs  de  cet  ordre  établis  en  Provence,  pour  les  engager 
à  continuer  leurs  fonctions,  suivant  la  forme  que  le  pape  Grégoire  IX  leur 
avoit  prescrite,  81  qu'il  avoit  renouvelée  lui-même,  avec  pouvoir  au  même 
provincial  d'établir  8c  de  destituer  les  inquisiteurs,  du  conseil  de  ses  frères, 
comme  il  jugeroit  à  propos.  II  confirma  cette  disposition  l'année  suivante  Si 
ordonna  de  plus  à  ce  provincial,  le  20  de  juillet  de  l'an  1243,  de  renou- 
veler l'inquisition  dans  le  diocèse  de  Toulouse,  qui  commençoit  d'y  être 
négligée.  Enfin  ce  fut  pour  favoriser  les  frères  prêcheurs -^  dans  la  recherche 
des  hérétiques,  qu'il  nomma  au  mois  de  septembre  suivant,  Zoen,  évêque 
d'Avignon,  légat  dans  la  Province,  avec  défense  de  faire  aucune  élection  dans 
toutes  les  églises  des  pays  soumis  à  la  légation  de  ce  prélat  sans  son  consen- 
tement, sous  prétexte  qu'il  v  avoit  à  craindre  qu'on  ne  choisît  quelqu'un 
suspect  d'hérésie. 

Le  pape,  pour  modérer  cependant  le  trop  grand  zèle  des  inquisiteurs,  leur 
enjoignit,  le  12  de  décembre  suivant '^j  de  n'imposer  aucune  peine  aux  héré- 
tiques ou  à  leurs  fauteurs  qui,  n'étant  ni  condamnés,  ni  convaincus,  vien- 
droient  d'eux-mêmes  avouer  leurs  fautes  dans  un  temps  marqué,  après  lequel 
on  procéderoit  à  l'ordinaire  contre  les  désobèissans,  Se  on  imploreroit  en  cas 
de  besoin  le  bras  séculier.  Il  tâcha,  d'un  autre  côté,  de  remédier  dès  le  com- 
mencement de  son  pontificat  à  un  abus  qui  scandalisoit  les  fidèles  Se  qui 
donnoit  lieu  aux  hérétiques  de  décrier  l'Eglise.  C'est  que  les  évêques  8c  les 
ecclésiastiques,  par  un  motif  d'intérêt  personnel,  jetoient  souvent  des  inter- 
dits généraux  pour  la  faute  d'un  ou  de  quelques  particuliers.  Afin  d'obvier  à 
cet  inconvénient.  Innocent  défendit^  de  rendre  de  pareilles  sentences  dans 
les  lieux  suspects  d'hérésie,  au  delà  du  Rhône  (c'est-à-dire  en  deçà  par  rap- 

ponr  le  pritr  de  faire  restituer  par  Pierre  d'Ath les,  marchandises   par  le    sénécKal    «Je    Beancaire.   Cf. 

sénéchal   de  Beaucaire,  les  marchandises  &  le  na-  tome  VIII,  c.   1167.  [A.  M.] 

vire  dont    il   avait  dépouillé  Thomas  de  Pinasca,  '  Percin,  Martyres,  c.    i3  8;  siiiv. —  Registre  de 

bourgeois  d»  Gènes  (Potthast,  n.   1  1  I9i).  De  sem-  l'Inquisition  de  Toulouse. 

blables  faiti  durent  se   renouveler  souvent;   le  14  "  [Potthast,  n.   iio83.] 

janvier    12^5,    Innocent   IV    eut    encore  à   écrire  *  Raynaldi,  année  1243,  n.   17   &  suiv.,  3o  & 

à  Louis  IX  pour  des  faits  analogues;    il   s'agissait  suiv. 

de  plusieurs  marchands  de  Gènes  qui,  allant  aux  ^[Potthast,   n.   11  193.] 

foires    de   Lagny,   avaient  été  dépouillés  de    leurs  '  Archives  de  l'Inquisition  de  Carcassonne. 


An  1244 


~ 764  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXV. 

An  1244        '      • 

]:)ort  à  nous),  dans  la  province  de  Provence  limitée  par  les  frères  prêcheurs,  8c 
ordonna  à  l'évêque  de  Carcassonne  de  révoquer  &  de  déclarer  nulles  toutes 
celles  qui  avoient  été  rendues  '. 

LXXXI.  —  Concile  de  Narbonne.  —  On  y  règle  la  procédure  des  inquisiteurs. 

Les  inquisiteurs  de  la  Province  ayant  reçu  le  nouveau  pouvoir  du  pape 
pour  exercer  leurs  fonctions,  recommencèrent  leurs  procédures  avant  la  fin  de 
l'an  1243,  &  les  continuèrent  les  années  suivantes  sans  aucun  obstacle,  soit 
de  la  part  du  comte  de  Toulouse,  soit  de  la  part  des  évêques.  Ils  consultèrent 
toutefois  ceux-ci  assemblés  dans  un  concile  qui  fut  tenu  dans  la  province  de 
Narbonne^,  à  la  fin  de  la  même  année  ou  au  commencement  de  la  suivante, 
Sv  leur  demandèrent  la  résolution  de  plusieurs  difficultés  qui  se  rencontroient 
dans  l'exercice  de  leur  ministère. 

Pierre  Amelii,  archevêquo  de  Narbonne,  présida  à  ce  concile  auquel  se 
trouvèrent  Jean,  archevêque  d'Arles,  Raimond,  archevêque  d'Aix;  les  évêques: 
Clarin  de  Carcassonne,  B.  d'Elne,  Jean  de  Maguelonne,  G.  de  Lodève, 
P.  d'Agde,  Raimond  de  Nimes,  Durand  d'Albi  8<,  P.,  élu  de  Béziers;  avec 
les  abbés  de  Saint-Gilles,  de  Saint-Aphrodise  de  Béziers  8c  de  Castres.  Ces 
prélats  firent  vingt-neuf  canons,  qu'ils  adressèrent  aux  frères  inquisiteurs  de 
l'ordre  des  frères  prêcheurs  établis  dans  leurs  provinces  ou  dans  les  pays  voi- 
sins, en  réponse  aux  questions  que  ces  religieux  leur  avoient  proposées.  Voici 
ce  qu'il  y  a  de  plus  remarquable  dans  ces  canons.  Vous  enjoindrez 3,  disent 
les  évêques  (parlant  aux  inquisiteurs),  aux  hérétiques  ou  à  leurs  fauteurs  qui, 
s'étant  venus  accuser  eux-mêmes,  n'ont  pas  été  mis  en  prison,  de  porter  des 
croix  sur  leurs  habits,  de  se  présenter  tous  les  dimanches  à  leur  curé  pendant 
la  messe,  entre  l'épîtve  &c  l'évangile,  ayant  une  partie  de  leur  corps  nu,-  sui- 
vant la  saison,  8c  une  poignée  de  verges  à  la  main  pour  recevoir  la  disci- 
^Éd.oiigin.  pline,  8cc.  Ces  pénitens  feront  la  même  cérémonie  à  chaque  procession 
solennelle,  8c  tous  les  premiers  dimanches  du  mois  ils  visiteront,  en  se  fouet- 
tant avec  des  verges,  toutes  les  maisons  de  la  ville  où  ils  ont  fréquenté  les 
hérétiques;  ils  jeûneront,  visiteront  les  églises,  8cc.  On  ne  leur  permettra"* 
pas  à  l'avenir  d'aller  servir  outre-mer,  conformément  à  la  défense  que  le  pape 
en  a  faite  depuis  peu,  de  crainte  que  se  trouvant  en  grand  nombre  dans  les 
lieux  saints,  ils  ne  les  profanent^.  On^  construira  des  prisons  pour  y  ren- 
fermer les  pauvres  qui  seront  convertis,  8c  on  pourvoira  à  leur  subsistance. 
Les  pénitences''  seront  laissées  à  la  discrétion  des  inquisiteurs,  avec  permis- 
sion à  eux  de  les  augmenter  ou  de  les  diminuer  dans  la  suite.  Les  coupables 

'  [Potthast,   n.    11092;    la   bulle   du   16   juillet  '  Le  canon  .">  ordonne  de  les  envoyer  dans  une 

1243.]  ville   quelconque,   autre  que  celle  où   ils    ont  sé- 

^  Concilia,  t.    Il,   c.   487  &  suiv.  —  Tome  VII,  journé  jusque-là,  &  de  les  y  interner  à  perpétuité 

Noie  XXX,  pp.  94,  rji).  ou  à  temps.   [A.  M.] 

'  Concilia,  ihiA.  can.   1.  •>  Concilia,  can.  4. 

^  Ihid.  can.  2.  ^  Ihid.  can.  5. 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXV.  yôS 

feront'  une  confession  publique  de  leurs  crimes,  &  ils  en  feront  dresser  des 
actes  authentiques^.  «  Comme  il  y  a  des  villes 3,  disent  les  évêques,  où  le 
«  nombre  de  ceux  qui  doivent  être  renfermés  dans  une  prison  perpétuelle 
«  est  trop  grand,  en  sorte  qu'on  ne  trouve  pas  assez  de  pierre  8c  de  ciment 
«  pour  construire  des  prisons,  nous  conseillons  aux  inquisiteurs  d'attendre 
«  là-dessus  les  ordres  du  pape.  »  Les  relaps '^  seront  abandonnés  au  bras  sécu- 
lier, sans  miséricorde,  pour  être  punis  comme  ils  le  méritent;  mais  on  ne 
doit  pas  leur  refuser  la  pénitence  s'ils  la  demandent^.  On  détermine'^  ensuite 
les  fondemens  sur  lesquels  on  devoir  regarder  quelqu'un  comme  fauteur  dts 
hérétiques.  Les  inquisiteurs'^  doivent  s'abstenir  d'imposer  des  amendes  pécu- 
niaires pour  l'honneur  de  leur  ordre;  leurs  fonctions  étant  d'ailleurs  assez 
affligeantes.  On  défend*  à  ceux  qui  seront  trouvés  coupables  d'hérésie,  d'en- 
trer en  religion  sans  la  permission  du  pape  ou  de  son  légat.  Aucun  de  ceux' 
qui  doivent  être  renfermés  en  prison  n'en  sera  exempt,  pour  quelque  raison 
que  ce  soit,  sans  une  grâce  spéciale  du  Saint-Siège '°.  Il  est  permis"  de  rece- 
voir le  témoignage  des  infâmes,  des  criminels  &  même  des  complices  en 
matière  d'inquisition  contre  les  hérétiques;  Se  il  est  défendu  aux  inquisi- 
teurs'^ de  révéler  les  témoins;  mais  on  ne  pourra  condamner  personne  qui 
ne  soit  pleinement  convaincu.  On  réputera'-*  désormais  pour  hérétique  celui 
qui  sera  convaincu  par  témoins  ou  par  d'autres  preuves,  quoiqu'il  nie  sa 
faute.  Enfin  '*'  on  entre  dans  le  détail  des  points  pour  lesquels  quelqu'un  doit 
être  censé  fauteur  des  hérétiques  ô*  des  vaudois.  Les  évêques  ajoutent  à  la 
fin,  en  adressant  ces  décrets  aux  inquisiteurs  :  «  Nous  vous  écrivons  ceci,  non 
«  pour  vous  obliger  à  suivre  nos  conseils,  n'étant  pas  convenable  de  res- 
«  treindre,  au  préjudice  de  cette  affaire,  par  des  règles  ou  des  formules,  autres 
«  que  celles  du  siège  apostolique,  la  liberté  qui  vous  a  été  donnée;  mais  seu- 
«  lemenl  pour  seconder  votre  zèle,  comme  il  nous  a  été  enjoint  par  le  même 
«  siège  apostolique;  afin  que,  comme  vous  supportez  nos  charges,  vous  rece- 
«  viez,  par  l'effet  d'une  charité  mutuelle,  nos  avis  &  notre  secours  dans  une 
«  affaire  qui  est  la  nôtre.  » 

'  Concilia,  ihid.  can.  6.  '  Concilia,  can.  14  &  siiiv. 

'  Les  canons  7  &  8  permettent  aux  inquisiteurs  '  Ibid.  can.    17. 

de  modérer  ou  d'aggraver  la    peine  à  leur  gré,  &  '  Itid.  can.   18. 

chargent  les  curés   de  veiller  à  l'accomplissement  '  Jhid.  can.  19. 

des  pénitences   imposées   à  leurs  paroissiens.  '°  Le  canon  20  énumère  ceux  sur  lesquels  s'étend 

[A.  M.]  l'autorité    inquisitoriale  ;    ce   sent   ceux    qui    ont 
'  Concilia,  can.  9.  péché  dans   les   limites  du    territoire  soumis  à  sa 
*  Ihid,  can.  II.  juridiction, qui  y  ont  eu  domicile,  qui  y  ont  exercé 
'  Le  canon  10  détermine  les  cas  où    il  y  a   ré-  une  charge  ou  emploi  quelconque,  y  ont  été  arrêtés 
bellion  :  refus  d'accepter  la   pénitence  après  ser-  ou  cités.  —  Le  canon  21  ordonne  aux  inquisiteurs 
ment  d'obéir  aux   ordres  de   l'Eglise;   évasion   de  'de  se  communiquer  mutuellement  leurs  renseigne- 
la  prison  où  on  a  renfermé  l'hérétique.  Le  canon  ments.  —  Le  canon  22  défend  de  faire  connaître 
12  décide  les  cas  où  il  y  a  rédicive,  il  suffit  pour  en  aucun  cas  les  noms  des  témoins.   [A.  M.' 
être  relaps  de  rentrer  en    relations  avec  les   héré-  "  Concilia,  can.  24. 
tiques  après  avoir  reçu  l'absolution.  Au  cas  même  "  Ihid.  can.  12  &  suiv. 
où    ils    auraient    une    excuse  valable,    ils   doivent  "  Ihid.  can.  26. 
être  condamnés  à  la   prison  perpétuelle.     [A.  M.]  "  Ihid.  can.  29. 


An  I  244 


~ 766  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXV. 

Au   l2-)-t  ' 

LXXXII.  —  Nouvelle  recherche  des  hérétiques  dans  la  Province.  —  Le  pape 
modère  encore  l'autorité  des  inquisiteurs. 

Les  inquisiteurs,  après  avoir  reçu  cette  réponse,  procédèrent  sans  relâche  à 
la  recherche  des  hérétiques,  savoir'  :  ceux  de  Toulouse,  dans  l'ancien  diocèse 
de  cette  ville,  8c  ceux  de  Carcassonne,  dans  le  reste  de  la  province  de  Nar- 
honne,  &  dans  les  diocèses  d'Albi,  Rodez,  Mende  &  le  Puy.  Ils  firent  déterrer 
en  divers  endroits  les  corps  de  ceux  qui  étoient  accusés  d'être  morts  dans 
l'hérésie,  5c  les  firent  brûler  publiquement.  Quant  aux  vivants,  ils  citèrent  à 
leur  tribunal  tous  ceux  qui  leur  furent  dénoncés  ou  qu'ils  crurent  suspects, 
parmi  lesquels  on  trouve  plusieurs  personnes  de  condition  dont  nous  nous 
dispenserons  de  rapporter  les  noms.  On  voit  leurs  interrogatoires  dans  les 
registres  de  l'inquisition  de  ces  deux  villes;  on  y  nomme  plusieurs  évoques, 
diacres,  fils  majeurs  €■  fils  mineurs  des  hérétiques,  6c  on  y  rapporte  diverses 
circonstances  de  leurs  cérémonies.  On  y  trouve  entre  autres  qu'ils  avoient  des 
cimetières  particuliers  dans  les  villes,  8c  il  y  est  marqué  que  dans  leurs  repas 
les  convives,  au  premier  coup  qu'on  buvoit,  au  premier  morceau  de  pain 
qu'on  mangeoit  8c  quand  on  commençoit  à  servir  quelque  plat,  disoient 
bénisse-^,  8c  que  les  parfaits,  qui  étoient  présens,  répondoient  :  Dieu  vous 
bénisse.  Raimond  de  Pérèle^,  chevalier  du  diocèse  de  Toulouse,  dépose  à  la 
fin  du  mois  d'avril  de  l'an  1244,  devant  l'inquisiteur  de  Carcassonne,  que 
Guillabert  de  Castres,  évêque  hérétique,  avoit  ordonné  à  Monségur,  il  y  avoit 
quinze  ans,  en  sa  présence  Se  en  celle  d'Aton-Arnaud  de  Castelverdun,  un 
évêque  8c  un  fils  majeur  pour  les  hérétiques  d'Agenois,  8c  un  autre  fils  majeur 
pour  ceux  du  Toulousain,  8cc.  On  trouve  de  plus  dans  ces  actes  des  preuves 
des  erreurs  de  ces  sectaires,  dont  quelques-uns  avançoient  qu'ils  croyoient 
que  Dieu  n'avoit  pas  fait  les  choses  visibles;  que  les  sacremens  de  baptême 
8c  de  mariage  ne  servoient  de  rien  au  salut;  que  les  enfans  morts  après  avoir 
été  baptisés  étoient  damnés;  que  Jésus-Christ  n'étoit  pas  dans  l'Eucha- 
ristie, Sec.  D'autres  nioient  l'incarnation  du  Verbe,  le  saint  sacrifice  de  la 
messe,  la  résurrection  des  morts.  F^nfin  quelques  autres  avouoient  d'une 
manière  claire  8c  précise  les  deux  principes  du  manichéisme.  Il  est  vrai  qu'ils 
ne  donnoient  pas  tous  également  dans  des  erreurs  si  grossières  :  aussi  les 
inquisiteurs  dans  leurs  interrogatoires  avoient-ils  soin  de  distinguer  l'hérésie 
de  la  vaudoisie,  en  sorte  que  ceux  qu'on  nommoit  simplement  hérétiques 
adoptoient  les  erreurs  de  Manés,  mais  non  pas  ceux  qu'on  appeloit  vaudois, 
lesquels  étoient  en  plus  grand  nombre. 

La  recherche  exacte  que  firent  les  inquisiteurs  8c  la  sévérité  de  leurs  pro- 
cédures engagèrent  la  plupart  des  accusés  à  en  appeler  au  pape,  8c  ils  obtin- 
rent des  brefs  de  pénitencerie  pour  se  mettre  à  l'abri  des  poursuites;  mais  sur 

'  Registres  de  l'Inquisition  de  Toulouse  &  de  '  [Corrige^  Pereille,  Ariége,  arr.  de  Foix.] 

Carcassonne. 


V.d,  origiii. 
t.  111,  p.4^6. 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXV.  767 

les  remontrances'  que  firent  là-dessus,  à  Innocent  IV,  le  14  de  juin  de 
l'an  1245,  les  évêques  de  Carcassonne,  Elne,  Toulouse,  Uzès,  Lodève  & 
Nimes,  l'évêque  élu  de  Béziers,  les  abbés  de  Saint-.A.phrodise  &  de  Saint- 
Jacques  de  Béziers,  &  celui  de  Quarante,  le  pape  permit  aux  inquisiteurs  de 
continuer  leurs  procédures.  Cela  fit  que,  s'ils  ne  purgèrent  pas  entièrement 
le  pays  d'hérétiques,  les  sectaires  n'osèrent  plus  du  moins  se  montrer  publi- 
quement, 8t  que  plusieurs,  pour  éviter  de  tomber  entre  leurs  mains,  se  réfu- 
gièrent dans  les  pays  étrangers  &  surtovit  en  Lombardie,  où  ils  formèrent^ 
une  église  particulière  appelée  VégUse  de  France,  composée  d'environ  cent 
cinquante  personnes.  Il  n'en  resta  guères  davantage  dans  le  pays,  &.  les  églises 
de  Toulouse,  d'Albigeois  8c  de  Carcassonne,  avec  les  débris  de  celle  d'Age- 
nois,  n'étoient  plus  composées  que  d'environ  deux  cents  cathares  en  i25o, 
lorsque  frère  Reynier,  qui  avoit  été  de  leur  secte  &:  qui  avoit  pris  ensuite 
l'habit  religieux  dans  l'ordre  des  frères  prêcheurs,  écrivit  contre  eux  sa  Somme, 
dans  laquelle  il  ne  compte  que  quatre  mille  de  ces  hérétiques  dispersés  dans 
tout  le  monde  &  partagés  en  seize  églises.  Cet  auteur  distingue  ces  héré- 
tiques des  pauvres  de  Lyon  ou  vaudois,  qu'il  appelle  Uonistes,  &  qu'il  par- 
tage en  Lombards  &  en  Ullramontains.  Il  ne  reproche  à  ces  derniers  que 
trois  erreurs,  savoir  :  1°  De  dire  qu'il  est  défendu  de  jurer  sous  peine  de 
péché  mortel,  &  que  les  puissances  séculières  n'ont  pas  le  pouvoir  de  punir 
les  malfaiteurs.  2°  Que  tout  laïque  peut  consacrer  le  corps  de  Jésus-Christ. 
3°  Enfin  que  l'Eglise  romaine  n'est  pas  celle  de  Jésus-Christ. 

Le  pape,  pour  modérer  encore  davantage  la  trop  grande  autorité  des  inqui- 
siteurs &t  les  empêcher  d'en  abuser,  leur  défendit^  de  rendre  aucune  sentence 
£<  de  porter  aucun  jugement,  sans  l'avis  &  le  consentement  des  ordinaires, 
qui  procédèrent  quelquefois  d'eux-mêmes  81  sans  le  ministère  des  inquisiteurs 
contre  les  hérétiques  de  leurs  diocèses.  Entre  plusieurs  sentences  portées^  par 
les  évêques  du  pays,  nous  en  avons  une  rendue,  en  iiSo'',  par  Guillaume 
de  la  Broue,  archevêque  de  Narbonne,  de  l'avis  de  l'abbé  de  Saint-Paul  Se 
de  quelques  autres  ecclésiastiques  de  son  église}  Si  une  autre^,  le  i"'  d'août 
de  l'an  1201,  par  «  Raimond  Vital,  officiai  de  Pamiers,  pour  l'évêque  de 
«  Toulouse,  St  député  par  lui  inquisiteur  de  l'hérésie  dans  tout  le  comté  de 
«  Foix  S<.  la  terre  de  Mirepoix,  du  conseil  de  plusieurs  ecclésiastiques,  juris- 
«  consultes,  religieux  81  autres.  »  Il  paroit,  d'ailleurs,  que  les  évêques  de  la 
province  n'eurent  pas  beaucoup  d'égard  dans  la  suite  à  la  bulle  du  pape, 
qui  permettoit  au  provincial  des  frères  prêcheurs  de  nommer  lui-même  les 
inquisiteurs,  car  les  évêques  de  Toulouse,  d'Agen,  d'Albi  81  de  Carpentras 
déférèrent  cette  nomination,  au  mois  de  juin  de  l'an  izSî^,  à  Philippe,  tré- 


'  Voyez  tome VIII,  Chartes,  n.CCLXIX,  ce.  1 173  *  Mat\<:ni,  Thésaurus  aneciotorum,  t.  i,c.  1045. 

à  1176.  =  Voyez   tome  VIII,   Chartes,    n.   CCLXXXVII, 

'  iamma /ratris  Kfncrii,  ap.  Martène,  rAisaariij  ce.    1272,   izyS.   [L'acte  est  de   izSi  (n.  st.)) 

anecdotorum,  t.  5,  c.   1767  &  suiv.  *  Château  de  Foix,  caisse  3i. 

'  Baliize,  Concilia  Galliae  Narionensis,  append.,  '  Voyez  tome  VIIÏ,  Chartes,  n.  CCXCIX, ce.  i3i3 

p.  loj .  8t  |3  14. 


An  I  2.)4 


An  I  244 


768  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXV. 

sorier  de  Saint-Hilaiie  de  Poitiers,  &.  à  Gui  Fulcodi,  commissaires  d'Alfonse, 
comte  de  Toulouse  &  de  Poitiers,  à  condition  cependant  que  les  inquisi- 
teurs ne  détermineroient  rien  sans  leur  conseil ,  &  avec  protestation  de 
suivre  en  toutes  choses  la  forme  canonique  de  l'inquisition.  Le  pape  Inno- 
cent IV  enjoignit'  d'un  autre  côté,  le  12  de  novembre  de  l'an  1247,  aux 
archevêques  de  Bordeaux,  Narbonne  &  Arles,  à  leurs  suffragans,  aux  évêques 
de  Cahors,  le  Puy,  Mende,  Albi  S<.  Rodez,  8c  aux  inquisiteurs  de  l'hérésie, 
t.'îii^p.'^i'V:.  '•Js  f'^"'^  restituer  aux  femmes  catholiques  leurs  dots,  qui  avoient  été  confis- 
quées avec  les  biens  de  leurs  maris  hérétiques;  &  il  ordonna,  le  14  de  mai  de 
l'an  124g,  aux  inquisiteurs,  de  supprimer  une  partie  de  leurs  officiers  pour 
empêcher  leurs  exactions  sur  ceux  qui  se  convertissoient. 

LXXXIII.  —  Siège  &  prise  du  château  de  Montségur  sur  les  hérétiques. 

La  prise  du  château  de  Montségur,  qui  étoit  presque  le  seul  asile  qui  res- 
toit  à  l'hérésie  dans  la  Province,  acheva  de  l'abattre.  Ce  château,  situé  dans 
le  voisinage  des  Pyrénées,  à  l'extrémité  du  Toulousain,  &<.  aujourd'hui  dans 
le  diocèse  de  Mirepoix,  vers  les  frontières  du  pays  de  Sault,  est  bâti  sur  un 
rocher  escarpé  &  bordé  de  précipices  affreux.  11  appartenoi"t  anciennement  à 
des  seigneurs  particuliers  qui  le  possédoient  sous  la  mouvance  des  vicomtes 
de  Béziers  8c  de  Carcassonne.  Il  avoit  été  pris  au  commencement  de  la  croi- 
sade par  Simon  de  Montfort,  qui  en  avoit  disposé  en  faveur  de  Gui  de  Lévis, 
maréchal  de  son  armée,  de  même  que  de  celui  de  Mirepoix,  dont  il  est 
éloigné  de  trois  lieues  vers  le  midi  ;  mais  il  avoit  été  repris  par  Pierre-Roger 
de  Mirepoix  8t  Raimond  de  Pérèle,  ses  anciens  seigneurs,  partisans  du  vicomte 
Trencavel,  qui  en  avoit  fait  sa  principale  place  d'armes  81  le  refuge  des  pros- 
crits Se  des  hérétiques.  La  situation  de  cette  place ^,  qui  passoit  pour  impre- 
nable, en  rendoit  la  conquête  très-difficile  j  mais  comme  la  tranquillité  du 
pays  8t  l'entière  expulsion  des  hérétiques  dépendoient  de  sa  soumission, 
Pierre  Amelii,  archevêque  de  Narbonne,  Durand,  évêque  d'Albi,  Hugues 
d'Arcis,  sénéchal  de  Carcassonne,  Raimond  de  Campendu  6c  divers  autres 
seigneurs  résolurent  d'en  entreprendre  le  siège.  Ils  mirent  un  corps  de  troupes 
sur  pied  Se,  s'étant  joints  au  mois  de  mars  de  l'an  1244,  ils  l'attaquèrent; 
mais  ils  ne  purent  rien  avancer  pendant  longtemps,  tant  par  la  vigoureuse 
défense  de  la  garnison  que  par  la  nature  du  lieu.  En  effet,  plusieurs  cheva- 
valiers  de  mérite  qui  s'y  étoient  retirés  avec  leurs  familles,  voyant  qu'il  falloit 
se  résoudre  à  vaincre  ou  à  périr,  se  battirent  en  désespérés,  secondés  par  leurs 
femmes  qui,  malgré  la  toiblesse  de  leur  sexe,  partagèrent  avec  eux  toutes  les 
fatigues  du  siège.  Enfin  les  généraux  catholiques  ayant  rassemblé  une  troupe 
de  gens  du  pays  accoutumés  à  grimper  sur  les  rochers,  8c  les  ayant  fait  sou- 
tenir par  un  gros  détachement  de  l'armée,  ces  troupes  escaladèrent  heureuse- 

'  Registre  de  l'Inquisition  de  Toulouse.  —  [Pot-  Histoire  des  comtes  Je  Tolose,  Preuves,  p.  162.  — 
thast,  n.   12743.]  Registre  de  l'Inquisition  de  Carcassonne. — Voyez 

'Guillaume   de    Puylaurens,   c.    46.   —    Catel,        tome  VIII,  n.  CCCXLIII,  c.   i5o6&suiv. 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXV.  760   

'      ■'        An  1244 

ment,  pendant  une  nuit,  le  rocher  sur  lequel  ce  château  est  situé,  S<  ayant 
surpris  5<,  égorgé  ceux  qui  gardoient  un  ouvrage  avancé,  posté  dans  le  coin 
du  rocher,  elles  s'en  emparèrent.  Le  lendemain  les  assiégeans  frémirent 
d'horreur  à  la  vue  des  dangers  qu'ils  avoient  courus  pendant  la  nuit,  au  tra- 
vers des  précipices  qu'ils  avoient  été  obligés  de  franchir  pour  venir  à  bout 
d'une  entreprise  qu'ils  n'auroient  osé  tenter  pendant  le  jour,  8c,  profitant  de 
leur  avantage,  ils  frayèrent  le  chemin  de  cet  ouvrage  au  reste  de  l'armée. 
Puis,  étant  plus  à  portée  du  château,  ils  le  pressèrent  si  vivement  que  les 
assiégés,  ne  pouvant  plus  résister,  demandèrent  à  capituler.  On  leur  accorda 
la  vie  sauve,  à  condition  qu'ils  livreroient  à  la  discrétion  des  vainqueurs 
environ  deux  cens  hérétiques  revêtus  (ou  parfaits),  tant  hommes  que  femmes, 
qui  s'étoient  réfugiés  dans  la  place,  entre  lesquels  étoit  Bertrand-Martin,  leur 
évêque.  On  exhorta  d'abord  les  sectaires  à  se  convertir;  mais  comme  ils  per- 
sistèrent dans  leurs  erreurs,  on  traça  une  enceinte  au  pied  de  la  montagne, 
on  l'entoura  de  pieux  &  ayant  dressé  un  grand  bûcher  au  milieu,  on  les  y 
fit  périr  par  les  fiammes,  à  la  réserve  de  quelques-uns  qui  trouvèrent  moyen 
de  s'évader;  plusieurs  personnes  de  condition  furent  du  nombre  de  ceux  qu'on 
brûla  vifs,  entre  autres  Esclarmonde,  fille  de  Raimond  de  Pérèle,  l'un  des 
seigneurs  de  Montségur.  Ce  château  se  soumit  vers  la  mi-carême  de  l'an  1244, 
8t  fut  rendu  à  Gui,  maréchal  de  Mirepoïx,  qui  en  fit  hominage  '  au  roi,  au 
mois  de  juillet  de  l'année  suivante. 

LXXXIV.  —  Le  comte  Raimond,  principal  plèmpotentïalre  de  l'empereur 
Frédéric,  négocie  la  paix  de  ce  prince  avec  le  pape. 

Le  comte  de  Toulouse,  après  avoir  reçu  son  absolution  du  pape  &  terminé 
à  la  cour  romaine  toutes  les  affaires  qui  l'intéressoient  personnellement, 
employa  sa  médiation^,  comme  principal  plénipotentiaire  de  l'empereur  Fré- 
déric, conjointement  avec  Pierre  des  Vignes  5(.  Thadée  de  Suesse,  grands 
juges  de  la  cour  impériale,  pour  réconcilier  ce  prince  avec  le  Saint-Siège,  lis 
mirent  la  négociation  en  bon  train,  Se  Frédéric  écrivit  à  divers  princes  de 
l'Europe  pour  les  prier  d'envoyer  leurs  ambassadeurs  à  Rome,  afin  d'y  être 
présens  à  la  conclusion  de  la  paix,  que  son  très-cher  iy  féal  allié  le  comte  Kd.oiigin. 
Raimond  avoit  négociée.  Baudouin,  empereur  de  Constantinople,  qui  se 
trouvoit  alors  à  Rome,  se  joignit  au  comte  pour  faire  réussir  l'accommode- 
ment. Enfin  les  ambassadeurs  de  Frédéric  étant  convenus  des  articles  du 
traité,  ils  en  firent  la  lecture,  le  jeudi  saint  de  l'an  1244,  en  présence  du 
même  Baudouin,  de  tout  le  sacré  collège,  d'un  grand  nombre  de  prélats,  des 
sénateurs  St  du  peuple  romain  ;  mais  quelques  jours  après  Frédéric  refusa  de 
les  ratifier,  malgré  ses  promesses;  ainsi  le  pape  &  l'empereur  demeurèrent 

'  Reg':strum  curiae  franciae. — Voyez  tome  VIII,  biens  héréditaires.  Le  roi    le  lui   concéda   en  aiig- 

c.  1 1  ^T)  &  suiv.  cet  hommage  que  nous  republions  ment  de  fief.  [A.  M.] 

d'après   l'original,  J.  622,  n.  22.  Le  sire  de  Lévis  '  Matthieu   Paris,  année    1244,   p.  629  &  suiv, 

réclamait  le  château  comme  faisant  partie  de  ses  —  Raynaldi,  année  1244,  n'"  16,  20  &  suiv. 

VI.  49 


1.  m,  p.  4+8. 


^^^^  770  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXV. 

plus  brouillés  que  jamais'.  Le  pape,  ne  se  croyant  pas  en  sûreté  à  Pvome,  se 
rendit  à  Gênes  Si  se  réfugia  ensuite  à  Lyon.  Frédéric,  de  son  côté,  préten- 
dant que  le  pape  avoit  voulu  le  tromper,  envoya  son  apologie*  dans  toutes 
les  cours  de  l'Europe,  se  vanta  d'avoir  des  lettres  testimoniales  de  l'empereur 
Baudouin  Si  du  comte  Raimond,  qui  justifiolent  sa  conduite,  81  se  soumit  à 
la  décision  des  rois  de  France  Si  d'Angleterre  £,■  cLe  leur  baronage. 

LXXXV.  —  Frédéric  punit  la  déjection  de  Vévêque  de  Viviers 
&  de  la  ville  d'Avignon. 

Raimond  demeura  en  Italie  jusqu'à  l'automne;  il  obtint  une  buUe^  par 
laquelle  le  pape  le  mit,  lui,  toute  sa  famille  81  ses  biens,  sous  la  protection 
du  Saint-Siège.  Il  se  tint  ordinairement  durant  cet  intervalle  à  la  cour  de 
l'empereur,  Si  il  y  étoit  sans  doute  lorsque  ce  prince,  par  un  diplôme  daté 
de  Pise,  au  mois  d'août  de  cette  année"*,  pour  punir  l'évêque  de  Viviers  de 
ce  qu'il  avoit  transgressé  ses  ordres  Si  s'étoit  uni  avec  les  rebelles  de  l'empire, 
révoqua  les  privilèges  pour  les  péages  qu'il  avoit  accordés  aux  prédécesseurs 
de  ce  prélat.  Le  nom  de  l'évêque  de  Viviers,  contre  lequel  l'empereur  étoit 
offensé,  n'est  pas  marqué  dans  la  charte-''.  Raimond  obtint  lui-même  un 
diplôme  par  lequel  Frédéric,  en  punition  de  ce  que  les  habitans  d'Avignon 
s'étoient  soustraits  à  la  fidélité  qu'ils  dévoient  à  ce  comte  Si  à  l'empire,  les 
priva  des  fiefs  de  Géraud  d'Ami  Si  de  Pierre  d'Ami,  oncle  paternel  de  ce  der- 
nier, de  la  maison  de  Sabran,  que  le  même  comte  Raimond  leur  avoit  donnés, 
avec  ordre  à  ces  deux  barons  de  retourner  sous  l'hommage  immédiat  de  ce 
prince.  La  charte  est  datée  de  Pise,  au  mois  d'août  de  l'an  MCCXLF  indic- 
tion II.  Preuve  que  l'empereur  y  suit  le  calcul  pisan  dont  on  a  parlé  ailleurs. 
Ainsi  cette  charte  appartient  à  l'an  1244  81  non  à  l'an  1245,  comme  quel- 
ques-uns "^  le  prétendent.  L'année  suivante^  l'empereur  donna  à  Raimond 
tous  ses  droits  sur  Avignon,  à  cause  de  la  rébellion  de  cette  ville. 

LXXXVI.  —  Raimond  repasse  les  Alpes  &•  reçoit  l'hommage  des  comtes 
d'Astarac  £•  de  Comminges  pour  ces  comtés. 

Ce  comte  revint  enfin  dans  ses  Etats  après  avoir  fait  plus  d'un  an  de 
séjour  au  delà  des  Alpes^.  Il  se  rendit  d'abord  à  Narbonne,  Si  là,  s'étant  joint 

'Le   récit  de   toutes  ces  négociations  se  trouve  ■*  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  CCLXV,  ce.  1 160 

notamment  dans  une  encyclique  d'Innocent  IV  du  &  1  161 . 

3o  avril  1244  (Potthast,  n.  i  iSjp),  dans  laquelle  '  On  ne  connaît  aucun  acte  des  évoques  de  Vi- 
le pape  rend  justice  aux  efforts  de  Raimond  VII  viers  entre  1241,  année  où  siégeait  Sébastien,  & 
pour  amener  la  fin  de  ces  dissensions.   [A.  M,]  1245;  à  cette  dernière  date  le  chef  de  cette  église 

'  Matthieu  Paris,  p.  642.  était  Arnaud  de  Vogué.  Cf.  tome  IV,  p.  .414. 

*  Trésor  des  Chartes;  Croisades,  sac  1,  n.  43. —  |A.  M.] 

[J.  447;  Teulet,   t.  2,  p.  566.    Bulle   du    27   avril  "  Fantoni,  Istoria  d'Avinione,  1.  1,  p.  69. 

1245.    Le    i5   mai    suivant,    le   pape    accorda    au  '  Voyez  toine  VIII,  Chroniques,  n.II,c.  207. 

*                       comte  de  nouveaux  privilèges  spirituels;  Potthast,  *  Guillaume  de  Puylaurens,  c.  46  &  suiv. 
n.  1  1664.] 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXV.  771   

'  '  An  12^4 

au  vicomte  Amalric,  pour  faire  satisfaction  '  à  l'archevêque  Pierre  Amelii, 
qu'ils  avoient  chassé  de  cette  ville  en  1242;  ils  l'y  introduisirent  solennelle- 
ment, lui  servirent  d'écuyers,  à  pied  Si  sans  manteau,  8t  conduisirent  son 
cheval  par  la  bride  depuis  le  couvent  des  Cordeliers  jusqu'au  palais  épiscopal, 
011  ce  prélat  leur  donna  l'absolution.  Les  chanoines  &  les  bourgeois  de  Nar- 
bonne,  qui  avoient  suivi  leur  archevêque  dans  son  exil  volontaire,  revinrent 
alors  dans  la  ville. 

Raimond  étant  arrivé  à  Toulouse,  Segnis,  veuve  de  Centulle^,  comte 
d'Astarac,  mit,  le  i3  de  novembre,  sa  personne,  son  fils  Centulle,  tout  le 
comté  d'Astarac  &  tous  les  domaines  qui  avoient  appartenu  au  feu  comte 
Centulle,  son  mari,  sous  la  protection  &  le  vasselage  de  ce  prince,  qui  reçut 
en  même  temps  l'hommage  du  jeune  Centulle.  Le  viguier  de  Toulouse  se 
transporta  quelques  jours  après  dans  le  comté  d'Astarac  pour  y  faire  recon- 
noître  le  haut  domaine  du  comte  de  Toulouse.  Centulle  II,  comte  d'Astarac, 
épousa^  dans  la  suite  Pétronille  de  Comminges,  dont  il  n'eut  pas  d'enfans, 
&  Bernard,  son  frère,  lui  succéda.  Bernard  VI,  comte  de  Comminges'*,  se 
rendit  aussi  vers  le  même  temps  vassal  du  comte  Raimond,  du  conseil  d'Ar- 
naud-Roger, évêque  de  Comminges,  son  oncle  paternel,  &  de  plusieurs  de 
ses  barons,  pour  tout  ce  qu'il  possédoit  dans  les  diocèses  de  Comminges  8c 
de  Conserans,  8c  lui  en  fit  hommage  lige,  en  présence  des  évêques  de  Tou- 
louse 8c  de  Comminges,  de  l'abbé  de  l'Escale-Dieu,  de  Roger,  comte  de 
Pailhas,  d'Amalric,  vicomte  de  Narbonne,  &c. 

LXXXVII. — Raimond  reçoit  à  Toulouse  les  ambassadeurs  du  comte  de  Savoie, 
auquel  il  donne  Cécile  de  Baux,  sa  petite-nièce,  en  mariage. 

Raimond  reçut  en  ce  temps-là,  à  Toulouse,  une  ambassade  solennelle 
d'Amédée  ou  Amé  IV,  comte  de  Savoie,  pour  lui  demander  en  mariage  Cécile, 
fille  de  Barrai  de  Baux,  sa  nièce^.  Cette  ambassade  étoit  composée  d'Aymar,  Éd.origin. 
seigneur  de  Bressieux,  Humbert  de  Seyssel  8c  Aymar  de  Compeys.  Raimond  '• '"•  p- -^^g- 
ayant  agréé  leur  demande,  s'engagea,  le  22  de  novembre  de  l'an  1244,  de 
travailler  à  l'accomplissement  de  ce  mariage  8c  de  donner  pour  dot  à  Cécile 
six  mille  livres  monnoie  de  Vienne,  payables  en  différens  termes^.  H  promit 

■  Chronicon  Sancti   Paali   Narhone,  apiid   Catel,  terres  de  la  rive  gauche  du   Rhône  pour  le  cas  où 

Histoire  Jes  comtes  Je  Tolose,  Preuves,  p,   172.^  il  mourrait  sans  enfants.  Cf.  de  Tourtoulon,  t.  2, 

[Cf.  tome  V,  c.  40  &  suiv.]  p.  647  8c  suiv.  d'iiprès  les  archives  d'Aragon.  Cette 

'  Voyez  tome  VIII,  n.  CCLXIV,  ce.  1162»  iiô!).  donation  dut  être  révoquée  peu   après,  puisqu'il 

—  Manuscrits  Je  Colhert,  n.  1067.  n'en  est  pas  question  dans  l'acte  que  dom  Vaissete 

'  Histoire  généalogiijue  Jes  granJs  officiers,  t.  2,  vient  d  analyser.  —  En  maii  I25i,  une  partie  de 

p.  617.  la    dot   de   cette  princesse    n'avait  pas   encore  été 

^  Voyez  tomeVIII,  n.  CCLXVII,  ce.  I  i65  à  1 167.  payée.  Amédée,  comte  de  Savoie,  écrivait,  »  cette 

'  Baluze,    MiscelUnea,   t.   6,   p.  53o  &  suiv.  —  date,  à  l'évéque  de  Toulouse,  à  Sicard  Alaman   & 

Trésor    des    chartes,  Toulouse,  sac    5,    n,    3.   —  à  Raimond   Gaucelin,  seigneur  de  Lunel,  d'avoir 

(J.  3io(Teulet,  t.  2,  p.  041  &  luiv.]  à    solder    ce    reliquat,    du    payement    duquel    ils 

'Trois  ans  auparavant,  le  26  février  1241  (v.  st.),  s'étaient  portés  pour  cautions  (Toulouse,  V,  3ç,  ori- 

Eaimond  VII  avait  assuré  à  cette  même  Cécile  ses  ginal  scellé;  J.  3io;  Teulet,  t.  3,  p.  1 18).  [A.  M.] 


~; 772  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXV. 

An  1244        '  ' 

de  plus  de  donner  pour  cautions  de  sa  promesse  les  évoques  de  Toulouse, 
Cahors,  Albi  &  Rodez;  les  comtes  de  Comminges  &  de  Pvodez  ;  Amalric, 
vicomte  de  Narbonne;  Raimond-Gaucelin,  seigneur  de  Lunel,  Raimond  de 
Baux,  prince  d'Orange,  Dragonet  de  Moniauban,' Aymar  de  Poitiers,  comte 
de  Valentinois,  &  Guillaume  d'Ami,  seigneur  de  Castelnau,  ou  d'autres  éga- 
lement suffisans.  On  convint  que  le  comte  de  Savoie  constitueroit  mille  marcs 
d'argent  à  Cécile  de  Baux  pour  son  augment,  sur  les  villes  de  Chambéry  ou 
de  Montmeillan.  L'acte  fut  passé  au  château  Narbonnois  Se  scellé  du  sceau 
du  comte  de  Savoie  que  les  ambassadeurs  avoient  apporté  avec  eux,  de  ceux 
de  ces  ministres,  du  comte  de  Toulouse  &  de  Barrai  de  Baux.  Cécile  étoit 
petite-nièce  de  Raimond  8c  non  passa  nièce',  comme  quelques  auteurs  l'ont 
cru.  Elle  étoit  fille  de  Barrai,  seigneur  de  Baux  81  vicomte  de  Marseille,  Se 
de  Sibylle  d'Anduze,  fille  de  Pierre-Bermond,  seigneur  d'Anduze,  8t  de 
Constance  de  Toulouse,  sœur  du  même  Raimond.  Elle  avoit  été  déjà  accordée 
avec  Guigues,  cinquième  du  nom,  dauphin  du  Viennois  8t  comte  d'Albon; 
mais  le  mariage  n'avoit  pas  été  consommé.  Amédée  l'épousa  en  secondes  noces, 
&  la  cérémonie^  s'en  fit  à  Orange,  le  18  de  décembre  suivant. 

LXXXVIII.  —  Raimond  crée  deux  cents  chevaliers  dans  une  cour  qu'il  tient 

à  Toulouse. 

Le  comte  Raimond,  après  son  retour  d'Italie,  tint  à  Toulouse  ce  qu'on 
appeloit  alors  une  cour  plénière^.  Tout  ce  qu'il  y  avoit  de  plus  distingué 
dans  la  noblesse  des  provinces  méridionales  du  royaume  se  trouva  à  cette 
cour  que  Raimond  tint  aux  fêtes  de  Noël  de  l'an  1244.  Il  y  créa  deux  cents 
chevaliers,  entre  lesquels  furent  Bernard,  comte  de  Comminges,  Pierre, 
vicomte  de  Lautrec,  Gui  de  Sévérac,  Sicard  d'Alaman,  son  lieutenant  Se 
principal  ministre,  Jourdain  de  l'Isle,  Guillaume  de  Bonneville  ou  de  Bou- 
ville,  Bernard  de  la  Tour,  Sec.  Arnaud  de  Comminges  fut  aussi  sans  doute 
de  ces  nouveaux  chevaliers;  car  il  fit  hommage  à  Raimond'*,  le  3i  de 
décembre  de  cette  année  pour  la  ville  &  le  pays  de  Dalmazan,  5c  pour  tout 
ce  qu'il  possèdoit  dans  le  Toulousain,  en  présence  de  Roger  de  Comminges, 
comte  de  Pailhas,  son  frère,  &  de  Roger,  fils  de  ce  dernier.  Arnaud  de  Com- 
minges 81  Roger,  son  fils,  rétractèrent^  cet  hommage  deux  ans  après  Se  se 
soumirent  pour  le  pays  de  Dalmazan  à  la  suzeraineté  du  comte  de  Foix, 
qu'ils  avoient  refusé  de  reconnoître  jusqu'alors.  Raimond  fit  ensuite  un 
voyage  en  Albigeois'',  suivi  des  évêques  de  Toulouse  81  d'Albi,  de  Bernard, 

'  Cmchenon,  Histoire  gênéalogiijue  de  la  maison  'Voyez    tome    VIII,    Chartes,    n.    CCLXXIV, 

de  Savoie,  t.  \,  ^.  2-jî. — Voyez  tome  VII,  iVote  X,  ce.   1204,  i2o5. 

n.  IV,  pp.  26  à  28.  *  Manuscrits  de  Colhert,  n.  toC)-j.  —  On  peut  voir 

'Guichenon,    Histoire  généalogique,  t.    3,   pr.  les  actes  auxquels  dom  Vaissete  fait  allusion  dans 

p,  71.  Teulet,  t.  2,  p.  548  &  5^9.  En  voici  l'indication 

'  Guillaume  de  Puylaurens,  c.  47.  sommaire.  —  Rabastens,  \'>  janvier  1246,  vente  à 

•                          *  Manuscrits   de   Colhert,   n.    10Û7.  —   [J.    3i4,  Raimond  VII  par  Sicard  de  Miremont,  de  la  ville 

n.  2p;  original.  Teulet,  t,  2,  p.  547.]  de  Cintegabelle.   —   Rabastens,    18   janvier  1245, 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.   LIV.  XXV.  773  

'  '  An  12.;.^ 

comte  de  Commingcs,  Amalric,  vicomte  de  Narbonne,  Jourdain  de  l'isie  & 

Pons  d'Astoaud,  son  chancelier;  il  étoit  de  retour  à  Toulouse  au  commence-  

ment  de  février  de  l'année  suivante.  An  12^5 


LXXXIX.  —  Raimoni  va  à  la  cour  de  France  i-  à  la  cour  romaine,  ^  fait 
sommer  le  comte  de  Foix  de  lui  remettre  le  pays  situé  en  deçà  du  Pas  de 
la  Barre, 

Ce  prince  alla  bientôt  après  à  la  Cour'  d'où  il  se  rendit  à  Lyon,  pendant 
le  carême,  pour  y  conférer  avec  le  pape  Innocent  IV,  qui  y  faisoit  son  séjour. 
Il  fît  un  nouveau  voyage  à  la  Cour,  81  étant  de  retour  à  Toulouse  il  chargea 
Sicard  de  Montant  d'aller  sommer  de  sa  part  Roger,  comte  de  Foix^,  tant 
en  .vertu  du  serment  que  ce  comte  lui  avoit  prêté  que  de  leurs  conventions  Se 
des  obligations  qu'il  avoit  contractées  envers  lui,  de  lui  livrer  incessamment 
tout  le  pays  situé  en  deçà  du  Pas  de  la  Barre,  dans  le  diocèse  de  Touloiise, 
«  pays  que  nous  avons  donné  en  commande,  dit  Raimond,  étant  à  Saverdun^ 
«  à  votre  père,  après  que  nous  l'avons  retiré  des  mains  des  François,  comme 
«  vous  ne  l'ignorez  pas  sans  doute.  «  On  assure^  que  Raimond  ne  £t  cette 
sommation  que  pour  se  venger  du  comte  de  Foix,  à  qui  il  ne  pouvoit  par- 
donner de  ce  qu'il  s'étoit  soustrait  à  son  vasselage.  Si  que,  pour  soutenir  sa 
démarche,  il  fit  fabriquer  de  fausses  lettres  :  action  très-déshonorante  pour 
sa  mémoire,  si  elle  est  aussi  vraie  qu'on  le  prétend'*. 


hommage  de  Fortanier  de  Gourdon  pour  divers 
châteaux  &  domaines  au  diocèse  de  Cahorî.  — 
Raimond  VII  était  de  retour  à  Toulouse  dès  le 
23  janvier  suivant,  hommage  de  R.  de  Orgel/iio, 
&  de  Raimond-Géraud  de  Moissac  {liid.  p.  049 
&  suiv.).  [A.  M.] 

'  Guillaume  de  Puylaurens,  c.  47. 

'Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  CCLXVIII, 
ce.  1 172,  I  173. 

'  Tome  VII,  Note  XXXIV,  n.  iv,  p.  99  &  suiv. 

*  L'argumentation  de  dom  Vaisseteen  faveur  de 
Raimond  VII  (Voyez  tome  VII,  ut  supra)  paraît 
assez  convaincante  pour  que  nous  n'ayons  pas  à 
revenir  sur  cette  affaire  des  fausses  lettres  qu'au- 
rait fabriquées  le  comte  de  Toulouse.  Aux  raisons 
que  le  savant  Bénédictin  a  données,  il  aurait  pu 
en  joindre  deux  autres.  L'évêque  d'Albi  &  l'abbé 
de  Moissnc  donnèrent,  le  29  octobre  1249,  un  vi- 
dimus  de  l'acte  accusé  de  faux  (Cf.  tome  VIII, 
c.  12.Î9).  En  outre,  deux  personnages,  dont  nous 
n'avons  aucune  raison  de  suspecter  la  bonne  foi, 
ce  même  Durand,  évéque  d'Albi,  &  Raimond 
Gaurtlme,  seigneur  de  Lunel,  attestèrent,  le  21 
mars  i  248,  qu'ils  avaient  assisté  à  l'acte  par  lequel 
Roger  Bernard  avait  reçu,  en  1241,  à  Lunel,  le 
château  de  Saverdun  en  commende  (Teulet,  t.  3, 
p.  23).  Cette  déclaration  met  l'authenticité  de  cet 


acte  hors  de  doute.  —  Toutefois  à  bien  examiner  les 
trois  actes  de  l'hommage  de  Roger  de  Foix,  en  1241 
(Cf.  tome  VIII,  c.  1  064  &  suiv.),  on  ne  peut  s'em- 
pêcher de  reconnaître  qu'il  existe  entre  eux  plu- 
sieurs contradictions.  Le  premier  parle  de  l'hom- 
mage rendu  à  Raimond  VII  par  le  comte  de  Foix 
pour  Saverdun  ;  le  troisième,  au  contraire,  dit  que 
Saverdun  a  été  donné  en  commende  à  Roger,  qui 
doit  le  restituer  à  la  première  réquisition.  Exa- 
minons maintenant  les  trois  actes  en  eux-mêmes; 
leurs  formes  diplomatiques  ne  peuvent  nous  rensei- 
gner; les  dates  concordent  &  aucun  d'eux  ne  peut 
à  ce  point  de  vue  être  soupçonné.  Toutefois,  si 
nous  examinons  leur  provenance,  nous  verrons  que 
le  second  nous  a  été  conservé  par  le  registre  JJ.  xix, 
cartulaire  de  Raimond  VIT,  compilé  après  la  mort 
de  ce  prince,  &  que  le  troisième,  l'acte  attaqué, 
est  en  original  au  Trésor  des  chartes.  Le  premier, 
au  contraire,  provient  des  archives  de  Pau,  &,  par 
conséquent,  du  chartrier  des  comtes  de  F";™.  C'est 
aussi  de  ce  chartrier  que  provenaient  les  deux  dé- 
clarations de  frère  Guillaume  de  Brive,  que  dom 
Vaissete  réfute  avec  beaucoup  de  tact  (Tome  VIT, 
p.  100).  Enfin  si  nous  remarquons  qu'en  1242, 
lors  de  la  paix  particulière  du  comte  de  Foix  avec 
le  roi  de  France,  Raimond  VII  somma  son  vassal 
de  lui  remettre  le  château  de  Saverdun,  conformé- 


An  1245        '  7  T 


Éd.  orîpin. 
t.  111,  p.  45o. 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXV, 


Cet  acte  réveilla  l'animosité  qui  n'avoit  déjà  que  trop  éclaté  entre  les  deux 
comtes,  8t  ils  auroient  sans  doute  terminé  leur  querelle  par  les  armes  si  le 
roi  n'eût  évoqué  à  soi  cette  affaire  St  nommé  des  commissaires  '  pour  informer 
sur  la  vérité  des  faits  ^.  Il  paroît  cependant  que  Raimond  confisqua  ces 
domaines  sur  Roger,  car  la  plupart  des  coseigneurs  de  Saverdun  &  plusieurs 
autres  chevaliers  du  pays,  le  reconnurent  depuis  pour  leur  seigneur  immé- 
diat; en  sorte  que  Roger,  ne  pouvant  les  réduire  par  la  force,  implora  la 
protection  de  la  reine  Blanche  8c  les  fit  excommunier;  mais  ils  obéirent  tou- 
jours à  Raimond  3. 


XC.  —  Raimond  assiste  au  concile  de  Lyon.  —  Êvêques  de  Maguelonne. 

Archevêques  de  Narbonne, 

Ce  prince'^,  après  ce  coup  d'autorité^,  retourna  à  Lyon  i^,  où  il  se  trouva 
avec  Baudouin,  empereur  de  Constantinople,  &  Raimond-Bérenger,  comte 
de  Provence,  au  concile  qu'Innocent  IV  y  célébra  à  la  fin  du  mois  de  juin, 
81  dans  lequel  il  déposa  l'empereur  Frédéric.  Nous  ignorons  le  nom  des 
évêques  de  la  Province  qui  assistèrent  à  ce  concile.  On  assure-'  que  Jean  de 
Maguelonne,  Raimond  de  Toulouse  Si  Guillaume  de  Lodève  furent  de  ce 
nombre,  8<.  on  ajoute  que  le  premier  étant  décédé  durant  le  concile,  le  pape 
nomma  de  son  propre  mouvement,  pour  lui  succéder,  frère  Raynier,  Italien, 
de  l'ordre  des  frères  Prêcheurs;  mais  on  se  contredit,  puisqu'on  rapporte^  un 
hommage  rendu  à  Jean  de  Montlaur,  évêque  de  Maguelonne,  en  1247.  Nous 


ment  à  ses  promesses,  que  le  refus  du  vassal  amena 
de  longs  démêlés  que  saint  Louis  dut  apaiser  (Cf. 
tome  VIII,  c.  loçS),  on  reconnaîtra  qu'il  y  aurait 
là  de  quoi  accuser  Roger  du  fait  peu  honorable 
dont  il  chargeait  Raimond  VII,  &  qu'on  pourrait 
le  soupçonner  d'avoir  fabriqué  la  première  lettre 
d'hommage  de  Saverdun  de  1241  &  soudoyé  le 
témoignage  de  Guillaume  de  Brive.   (A.  M.] 

■Voyez  tomeVllI,  n.  CCXXVIl ,  ce.  I232  à 
1234. 

'  Le  14  février  1245,  le  comte  de  Folx  donna 
des  libertés  à  la  ville  de  ce  nom  (Tome  VIII, 
c.  1  168  &  suiv.)  ;  il  concéda  aux  habitans  le  droit 
d'élire  leurs  consuls  au  nombre  de  sept;  tous  les 
habitants  durent  prêter  serment  de  fidélité  aux 
consuls,  &  ceux-ci  promettre  au  comte  &  à  la 
communauté  de  défendre  la  ville  de  Foix,  ses 
droits  &  ceux  du  seigneur.  En  même  temps  le 
comte  fixa  l'étendue  de  la  banlieue  de  la  ville, 
décida  que  nul  ne  pourrait  acheter  ou  vendre  un 
habitant  ou  une  habitante  de  Foix,  &  que  aucun 
d'eux  ne  serait  mis  en  prison  s'il  offrait  d'ester  en 
droit.    [A.  M.] 

'  Voyez  tome  VII,  Note  XXXIV,  n.  iv,  pp.  100 
&.  101. 

■•  Vers  la  même  époque   Raimond  VII  était  en 


guerre  avec  le  comte  d'Armagnac,  Bernard.  Ce  der- 
nier avait  donné  pour  caution  Arnaud  Ot,  vicomte 
de  Lomagne  &  d'Auvillar.  Il  paraît  que  Bernard 
ne  remplit  pas  ses  promesses,  car  le  22  juillet  i  246, 
son  répondant  dut  payer  à  Bérenger  de  Promilhac, 
viguier  de  Toulouse,  la  somme  de  treize  mille  sous 
de  Morlat,  valeur  des  dégâts  causés  à  la  terre  de 
Raimond  par  le  comte  d'Armagnac.  Cf.  Teulet, 
t.  2,  p.  577  8c  suiv.  [A.  M.] 

^  Le  3c  mai  1246,  il  se  fit  céder  par  les  habi- 
tants de  Castelsarrasin,  probablement  à  la  suite  de 
dissensions  intérieures,  le  droit  de  nommer  les 
consuls  de  la  ville  (Tome  VIII,  c.  1  170  &  suiv.). 
La  justice  civile  &  criminelle  fut  rendue  par  le 
viguier  du  comte  &  le  baile  du  viguier,  qui  purent 
s'associer  un  jurisconsulte  pour  les  causes  diffi- 
ciles. La  ville  de  Moissac  fit  le  lendemain  3i  mai 
un  abandon  analogue.  (Cf.  Teulet,  t.  2,  p.  568.) 

[A.  M.] 

'  Guillaume  de  Puylaurens,  c.  47. 

'  Gariel,  Séries  praesulum  Magalonensium,  p.  359 
&  suiv. —  Plantavit,  Chronologia  praesulum 'Loio- 
vensium,  pp.  i53  8c  168.  —  Percin,  Hist.  academ. 
Tolos.  part.  2,  c.  4. 

'  Gariel, 5eri«  praesulum  Magalonemium,  p.  359 
Si  suiv. 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXV.  775 

n'avons  d'ailleurs  aucun  monument  qui  prouve  que  frère  Raynier  ait  succédé 
à  ce  prélat  avant  le  mois  de  mars  de  cette  dernière  année. 

La  mort  empêcha  Pierre  Amelii,  archevêque  de  Narbonne,  d'assister  au 
concile  de  Lyon.  Il  mourut,  en  effet,  à  Narbonne  ',  le  20  de  mai  de  l'an  1243, 
8t  fut  inhumé  dans  le  monastère  de  Cassan,  où  il  avoit  choisi  sa  sépulture. 
Si  l'on  doit  s'en  rapporter  à  une  monition  que  le  chapitre  de  sa  cathédrale 
lui  adressa-'  en  1241,  pour  l'avertir  de  ses  défauts,  il  étoit  bien  moins  propre 
à  gouverner  un  diocèse  qu'à  manier  les  armes  8c  à  commander  un  corps  de 
troupes,  comme  il  fit  au  siège  de  Valence,  en  Espagne,  où  il  se  distingua  par 
sa  valeur^.  On  voit  cependant  que  Pierre  Amelii  avoit  du  zèle  pour  la  disci- 
pline, car  il  déposa "*,  en  1242,  trois  archidiacres  &  quelques  autres  bénéfîciers 
de  son  église,  parce  qu'ils  ne  résidoient  pas  dans  les  cures  qu'ils  possédoient 
conjointement  avec  leurs  prébendes,  &  que  quelques-uns  n'étoient  ni  prêtres 
ni  diacres.  Le  pape  Innocent  IV  lui  avoit  permis^,  au  commencement  de 
l'an  1245,  de  faire  porter  la  croix  devant  lui  dans  la  Province  durant  sa  vie. 
Guillaume  de  la  Broue,  abbé  de  Saint-Aphrodise  de  Béziers,  Se  natif  de 
Puyssalicon,  au  diocèse  de  Béziers,  lui  succéda  61  fut  élu  quatre  jours  après 
sa  mort. 

XCI.  —  Raimond  fait  casser  son   mariage   avec  Marguerite  de  la  Marche, 
(y  projette  d'épouser  Béatrix,  fille  de  R,  Bérenger,  comte  de  Provence. 

Le  concile  de  Lyon  finit  le  17  de  juillet.  Pendant  sa  tenue  Se  après  sa 
conclusion,  les  comtes  de  Toulouse  8<.  de  Provence  renouvelèrent <5,  en  pré- 
sence d'Innocent,  8<.  avec  son  agrément,  le  projet~de  leur  alliance,  par  le 
mariage  du  premier  avec  Béatrix,  quatrième  fille  de  l'autre,  princesse  d'une 
rare  beauté,  sous  la  promesse  que  leur  fit  le  pape  de  leur  accorder  la  dispense 
de  la  parenté  qui  étoit  entre  eux.  Raimond  avoit  fort  à  cœur  de  terminer 
cette  alliance,  soit  parce  que  Béatrix  devoit  hériter  de  la  Provence,  suivant  le 
testament  de  son  père,  soit  dans  l'espérance  qu'elle  lui  donneroit  des  enfans 
mâles;  mais  comme  il  étoit  marié  avec  Marguerite  de  la  Marche,  il  falloit 
auparavant  faire  casser  ce  mariage.  Pour  y  réussir,  il  prétexta  qu'il  étoit 
parent  de  Marguerite  du  troisième  au  quatrième  degré;  qu'il  ne  l'avoit 
épousée  que  sous  la  condition  qu'on  obtiendroit  la  dispense  dans  un  an.  Se 
que  cette  dispense  n'avoit  pas  été  accordée.  Il  demanda  un  commissaire  au 
pape,  sur  l'amitié  duquel  il  comptoit  beaucoup,  8c  obtint  Octavien,  cardinal- 
diacre  du  titre  de  Sainte-Marie  in  Via  lata,  qui  lui  étoit  entièrement  dévoué, 

■  Gaïlit  Christtana,  t.  i,  c.  384.  —  Archives  de  187,  &  qui  semblent  prouver  que  le  prélat  .ivait 
l'église  de  Narbonne.  empiété  ou  essayé  d'empiéter  sur  les  droits  de  son 

■  Voyez  tome  Vm,  Chartes,  n.  CCXLII,  ce.  1077       chapitre.  [A.  M.] 

il  1080.  *  Archives  de  l'église  de  Narbonne. 

'  Aux  actes  publiés  par  dom  Vaissete  81  relatifs  '  Gullia  Christiana,  nov.  éd.   t.    1,  Instr.  c.  64. 

aux  différends  entre  Pierre  Amiel  &  son  chapitre  *  Guillaume  de  Puylaurens,   c.   47,   —   Rufiî, 

cathédral,   on    peut   en   ajouter  plusieurs   autres,  Comtes  de  Provence,  e.  4. 
que  nous  indiquons  au  tome  V,  c.  1375,  n"'  186- 


An  124J 


~~. r~   776  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXV. 

An  \z^j         I  ' 

èi  qui  fit  une  enquête  à  Lvon,  les  i3,  17  Se  29  de  juillet'.  Six  témoins,  entre 
lesquels  étoient  Baudouin,  empereur  de  Constantinople ,  l'archevêque  de 
Reims  &  les  évê([ues  de  Liège  Si  de  Poitiers  furent  ouïs  5  &  ayant  tous  attesté 
la  parenté  cjui  étoit  entre  Raimond  &.  Marguerite,  le  commissaire  rendit  une 
sentence,  le  '.')  d'août,  par  laquelle  il  cassa  leur  mariage  Se  leur  ])ermit  de 
convoler  en  d'autres  noces^.  Il  paroît  que  Marguerite  de  la  Marche  consentit 
volontiers  à  la  dissolution  de  son  mariage,  qui,  à  ce  qu'il  paroît-*,  n'avoit  pas 
été  consommé.  Elle  épousa  bientôt  après  Aymeri  VIII,  vicomte  de  Thouars, 
8c  ensuite,  en  troisièmes  noces,  Geoffroy  de  Châteaubriant. 

Le  comte  R.aimond,  se  voyant  libre '^,  convint  avec  le  comte  de  Provence 

d'épouser  Béatrix,  fille  de  ce  prince,  aussitôt  que  le  pape  auroit  accordé  la 

i-j.onsin.     dispeuse.  Ces  deux  comtes,  étant  comme  assurés  de  l'obtenir,  partirent  de 

t.  UI,  p.  431.  1  ]•  1  1  !•  •  • 

I,yon  St  se  rendirent  dans  leurs  Etats  pour  y  disposer  tout  ce  qui  étoit  néces- 
saire à  la  célébration  des  noces 5  mais  Pvaimond  fit  une  faute  irréparable  de 
n'avoir  pas  profité,  avant  son  départ,  de  la  bonne  volonté  du  papej  car  à 
peine  fut-il  chez  lui  que  Raimond-Gaucelin,  seigneur  de  Lunel,  qu'il  avoit 
laissé  en  Provence  pour  y  prendre  soin  de  ses  aHaires,  lui  dépêcha  un  cour- 
rier qui  lui  apprit  la  mort  de  P\.aimond-Bérenger,  comte  de  Provence,  arrivée 
à  Aix,  le  ig  du  mois  d'août  de  l'an  1245,  après  avoir  confirmé  son  testament 
de  l'an  1288,  par  lequel  il  déclaroit  Béatrix,  sa  quatrième  fille,  héritière  des 
comtés  de  Provence  &  de  Forcalquier  &  de  tous  ses  autres  domaines.  Rai- 
mond-Gaucelin mandoit  à  Raimond  de  se  rendre  incessamment  en  Provence 
pour  y  accélérer  la  conclusion  de  son  mariage  avec  cette  princesse.  Il  ajou- 
toit  cependant  qu'ayant  consulté  Pvomieu  de  Villeneuve  &  Albert  de  Tarascon, 
deux  des  principaux  conseillers  du  feu  comte,  que  ce  prince  avoit  laissés 
])our  tuteurs  de  Béatrix  &  régens  de  ses  États,  ils  lui  conseilloient  de  ne 
pas  venir  dans  le  pays  à  main  armée,  mais  avec  peu  de  suite,  pour  ne  pas 
effaroucher  les  peuples.  Ces  deux  ministres,  qui  n'étoient  nullement  dans 
les  intérêts  de  Raimond,  ne  lui  donnèrent  ce  conseil  que  pour  le  mieux 
trahir.  Ils  prirent  en  effet  la  résolution  secrète  avec  Béatrix  de  Savoie,  com- 
tesse douairière  de  Provence  Si  mère  de  Béatrix,  de  donner  cette  princesse  en 
mariage  à  Charles,  frère  du  roi  de  France,  &  pour  avoir  le  temps  de  négo- 

'  Tome  VIII,  Chartes,  n.  CCLXX,  ce.  1 1  76,  1 1  83.  Ce  qui   est  le  plus   curieux   dans  cette  série  de 

'  Voyez  tome  VII,  Note  XXXV,   n.  m   &  suiv.       dépositions,  c'est  l'ignomnce  où  se  trouvent  cer- 

pp.   104,  io5.  tains    témoins,    notamment    l'cvêque    de    Poitiers 

'Voici  les  ascendants  des  deux  conjoints  qui,       (tome  VIII,  c.    1179),  du   nom   de   telle   ou    telle 

en  effet,  étaient  cousins  au  quatrième  degré  :  personne  illustre.  Il  faut  aussi  remarquer  que  tous 

parlent  d'après  des  bruits  publics  &  que  le  com- 
lissaire   apostolique   ne  chercha    pas   à   prouver 


Louis  VI. 


Constance  cp.  Raimond  V.            Pierri;  de  Courtenay.  par  des  actes  la  parenté  des  deux  parties. 

Raimond  VI.               Almodis,  comtesse  d'AngouIcme.  [A.  M.J 

'^^''^-'^— ■ —          —           ■~~- — '^ — ■^*"           ~  *  Guillaume  de  Puylaurens,  c.  47.  —  Chronictn 

Raimond  VII.              Isabelle  épouse  :   1°  jean-sans-  -*       ...                     t    t,        *r          «....     . 

TeiTo,   roi  d'Angleterre;   2"   Hu-  massihense,  ap.  Labbe,   Noya   Biiliotheca   manus- 

gues  X,  seigneur  de  Lusignan  &  criptorum ,    t.    1 ,   p.    742.    —    Gesta    LuJovici   IX, 

cojmejJe_la  Marche.     ^_ p.  3^5,  _  r„(-j;^  f„„,^,   j^  Proyence.  &  Bouche, 

Marjjuerite,  liantée  à  Raimond  VII.  t.  2. 


An  1  2.; 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXV.  777 

cicr  cette  alliance  ik  de  la  taire  réussir,  il  leur  iinportoit  d'amuser  le  comte 
de  Toulouse,  de  crainte  que  ce  prince,  qui  avoit  la  force  en  main  8^  qui  étoit 
à  portée,  ne  leur  tit  quelque  violence. 

XCII.  —  Raimond  échoue  dans  son  dessein. 

Raimond  arriva  en  Provence  peu  accompagné,  comme  on  le  souhaitoit. 
Les  deux  régens  lui  donnèrent  aussitôt  les  plus  belles  espérances  du  monde  j 
mais  ils  firent  traîner  la  négociation  de  son  mariage  en  longueur  81  empê- 
chèrent sous  main  que  le  pape  ne  confirmât  la  dissolution  de  celui  de  ce 
prince  avec  Marguerite  de  la  Marche.  Raimond  obtint  à  la  fin  cette  confir- 
mation '  par  une  bulle  datée  du  26  de  septembre;  mais  il  ne  put  avoir  la 
dispense  qui  lui  étoit  nécessaire  pour  épouser  Béatrix,  malgré  les  soins  qu'il 
se  donna*,  tant  auprès  du  comte  de  Savoie,  oncle  de  cette  jeune  princesse, 
que  de  Jacques,  roi  d'Aragon,  cousin  germain  du  feu  comte  de  Provence. 
Jacques,  qui  s'étoit  rendu  k  Aix  aussitôt  après  la  mort  du  comte  de  Provence, 
promit  ou  fit  semblant  de  promettre  à  Raimond  de  le  favoriser,  quoiqu'il  eût 
en  vue  de  faire  épouser  Béatrix  à  son  propre  fils.  R'aimond  gagna  aussi  divers 
seigneurs  du  pays,  qui  parurent  portés  pour  lui;  mais  les  reines  de  France 
&(.  d'Angleterre,  8<.  la  femme  de  Richard,  prince  d'Angleterre,  sœurs  aînées 
de  Béatrix,  prétendant  l'exclure  de  la  succession,  traversèrent  d'abord  tant 
qu'elles  purent  son  mariage  avec  Raimond.  Ensuite  la  reine  Blanche  ayant 
écouté  les  propositions  des  deux  régens  en  faveur  de  son  fils  Charles;  &  le 
roi,  son  fils,  81  elle  ayant  eu  une  entrevue  avec  le  pape  dans  l'abbaye  de 
Cluny,vers  la  fin  du  mois  de  novembre,  elle  le  détourna  de  donner  la  dis- 
pense pour  le  mariage  de  Raimond,  8c  le  fit  consentir  à  celui  de  Béatrix  8c. 
de  Charles.  Raimond,  qui  ignoroit  toutes  ces  inenées,  s'étoit  flatté  jusqu'alors 
que  la  reine  Blanche,  sa  cousine  germaine,  favoriseroit  ses  desseins.  Dans 
cette  espérance,  il  lui  envoya  un  de  ses  confidens  pour  la  solliciter  de  le  pro- 
téger; mais  il  fut  si  mal  servi  que  son  ambassadeur  rencontra  en  chemin  le 
prince  Charles,  qui  s'avançoit  vers  la  Provence  pour  y  épouser  Béatrix,  avec 
un  corps  d'armée  que  le  roi,  son  frère,  lui  avoit  donné,  tant  pour  s'assurer 
du  pavs  que  pour  en  chasser  Jacques,  roi  d'Aragon,  qui  tenoit  cette  princesse 
assiégée.  Charles  en  arrivant  trouva  les  choses  si  bien  disposées  pour  lui  qu'il 
s'empara  aisément  des  principales  places,  &  le  roi  d'Aragon,  n'osant  l'attendre, 

décampa  aussitôt;  ainsi  il  épousa  solennellement  61  sans  obstacle  la  jeune  

comtesse  de  Provence,  le  dernier  de  janvier  de  l'an  1246.  An  1246 

'  Trésor  des  chnr tes;  Toulouse,  sac  9,  n.  70. —  "  Guillaume  de  Puylaurens  &  Geita  LuJovie'i  IX, 

[J.  3i8;  Teulet,  t.  1,  p.  58.'>.  La  pièce  est  du  ut  supra.  —  Matthieu  Piris,  p.  684  &  suiv.  &  704. 
l5  septembre  IZ^Ô.]  —  Chrontcon  Massiliensc, 


A„,^^g       778  HISTOIRE  GÉNÉIIALF,  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXV. 

XCIII.  —  La  comtesse  d'Astarac  6"  le  vicomte  de  Lomagne  cèdent  au  comte 
de  Toulouse  leur  droit  au  comté  de  l'e-^ensac. 

Le  comte  Raimond,  se  voyant  la  dupe  des  Provençaux,  repassa  le  Rhône, 
&  s'étant  rendu  dans  son  palais  de  Toulouse,  Signis',  comtesse  douairière 
d'Astarac,  &  Odon  ou  Oton,  vicomte  de  Lomagne,  lui  cédèrent,  le  26  de 
mars  de  cette  année,  en  présence  de  Bernard,  comte  de  Comminges,  de  maître 
t. iii°p.'^4"2.  Guillaume  de  Fuylaurens,  son  chapelain,  Sec,  tous  les  droits  qu'ils  avoient 
sur  le  comté  de  Fezensac,  excepté  quelques  domaines  qu'ils  se  réservèrent. 
Pour  entendre  le  motif  de  cette  cession,  il  faut  savoir  que  Bernard  IV,  comte 
d'Armagnac  8<.  de  Fezensac,  mort  vers  la  fin  du  douzième  siècle,  eut^  quatre 
fils  qui  lui  survécurent,  savoir  ;  Géraud  IV,  Arnaud-Bernard,  Pierre-Géraud 
81  Roger.  Géraud  IV  lui  succéda,  comme  l'aîné,  &  mourut  en  1229,  laissant 
un  fils,  nommé  Bernard  V,  &  une  fille  dont  on  ne  dit  pas  le  nom,  Se  qui 
épousa  Arnaud-Othon,  vicomte  de  Lomagne.  Bernard  V  étant  mort  sans  pos- 
térité, en  1244,  Géraud  V,  son  cousin  germain,  fils  de  Pvoger,  son  oncle, 
prétendit  lui  succéder,  à  l'exclusion  du  vicomte  de  Lomagne  &  de  Signis, 
comtesse  d'Astarac,  qui,  n'étant  pas  en  état  de  résister,  cédèrent  leurs  droits 
au  comte  de  Toulouse.  Nous  concluons  de  là  que  Signis  étoit  sœur  de 
Bernard  V,  comte  d'Armagnac  8t  de  Fezensac,  puisqu'elle  prétendoit  à  sa 
succession. 

XCIV.  —  Raimond  fait  un  pèlerinage  à  Saint-Jacques,  en  Galice. 

Raimond  alla^  visiter  ses  domaines  en  Rouergue  8t  en  Albigeois  durant  les 
mois  d'avril  &  de  mai,  &  y  reçut  les  hommages  de  divers  seigneurs"*.  Il  entre- 

'  Manuscrits  de  Colhert,  n.   1067.  — Tome  VIII,  de  Carcassonne.  En  février  1146,  le  roi  manda  à  ce 

Chartes,  n.  CCLXXIII,  ce.  iij;  à  1201.  dernier  de  les   rendre  à   l'abbaye  (Cf.  tome  V'IU, 

'  Histoire  généalogique   des  grands  officiers,  t.  3,  c.    1190).    Quelques   mois    plus    tard,    les    moines 

p.  412.  vinrent   encore    se   plaindre  au   roi    du    baile   du 

^  Manuscrits  de  Colhert,  n.  1067.  —  Archives  du  comte  à  Cintegabelle ,  qui  avait  occupé  leurs 
domaine  de  Rodez.  —  Voici  le  relevé  de  quel-  granges  &  les  avait  pillées.  Le  comte  offrit  de 
ques-uns  de  ses  actes  :  24  avril  1248;  hommage  s'en  rapporter  au  jugement  du  sénéchal  de  Car- 
de Gui  de  Sévérac,  rendu  à  Rodez.  —  27  avril,  cassonne.  Le  roi  accepta  la  proposition  &  en 
au  même  lieu;  compromis  entre  le  comte  &  Gé-  écrivit  au  sénéchal  en  août  1246  [Ihid.  c.  1  191  & 
raud,  évêque  de   Cahors  (voyez  plus   bas).  —  Le  suiv.).  [A.  M.] 

3o  avril,  le  comte  était  à  Cordes,  dans  le  Tarn;  *  Il  était  à   Rodez,  le  27  avril  1246,  date  d'un 

le  3  mai,  à  la  Salve  ta  t,  dans  l'Hérault;  le  12  juillet,  acte  d'arbitrage  passé  entre  lui  &  Gui  raud,  évêque 

à   Fanjeaux.  Tous    ces    actes    seront    indiqués    au  de  Cahors,  par  lesquels  ils  remirent  à  Bernard  de 

tome  VIII,  dans   le  catalogue  des   actes  des  deux  Anteraco  &  à  Sicard  Alaman  la  décision   de  leurs 

derniers  comte»  de  Toulouse.  —   Le  comte   Rai-  différends.  (Cf.  Teulet,  t.  2,  p.  612.)  Le  3  mai  1246, 

mond  VII  eut,  en  cette  même  année  1246,  quelques  se  trouvant  à  la  Salvetat(Za  Salvctat  d'Angles,  Hc~ 

affaires  à  régler  avec  le  roi  Louis  IX;   il  s'agissait  rault,  arr.  de  Saint-Pons),  il  se  fit  céder  le  château 

de  l'abbaye  de  Boulbonne,  dont  un  certain   Ber-  de  Montdenard,  dans  le  Querci,  par  les  seigneurs 

nard  de  Durfort  avait  brûlé  la  grange.  Les  moines  du   lieu,    &  donna    immédiatement   de   nouvelles 

•                      s'adressèrent  au    roi,   qui    intervint;    le   comte   fit  coutumes  aux  habitants.   (Cf.  Teulet,  t.  2,  p.  614 

saisir  les  biens  du  coupable  &  les  remit  au  sénéchal  &  suiv.)   [A.  M.] 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXV.  779 

prit  l'été  suivant  un  voyage'  ou  pèlerinage  à  Saint-Jacques,  en  Galice,  dont 
on  assure  que  la  dévotion  ne  fut  que  le  prétexte.  On  ]5rétend,  en  effet,  que 
l'envie  extrême  qu'il  avoit  de  laisser  -des  enfans  mâles  lui  fit  négocier  un 
nouveau  mariage  au  delà  des  Pyrénées,  aussitôt  que  celui  qu'il  avoit  projeté 
avec  Béatrix  de  Provence  eut  manqué.  On  ne  dit  pas  le  nom  de  la  personne 
qu'il  avoit  résolu  d'épouser;  on  rapporte  seulement  qu'une  dame  étrangère, 
de  grande  condition,  se  trouva  dans  l'église  Saint-Jacques  dans  le  temps 
que  Raimond  y  entendoit  la  messe  ;  qu'on  crut  que  c'étoit  là  celle  avec 
laquelle  il  devoit  se  marier,  &  qu'on  publia  même  qu'il  l'avoit  épousée;  mais 
ce  bruit  étant  sans  fondement  il  fut  bientôt  dissipé.  Raimond  étoit  à  Fan- 
jaux,  en  deçà  des  Pyrénées,  le  la  de  juillet  de  l'an  1246^.  Il  transigea,  à 
Agen^,  le  26  de  septembre,  avec  frère  P.,  évêque  de  cette  ville,  qui  préten- 
doit  que  la  montagne  de  Puymirol,  sur  laquelle  ce  comte  faisoit  construire 
une  nouvelle  ville,  qu'on  nomma  Grandchâteau,  étoit  de  la  mouvance  de 
son  église.  Ce  prélat  céda  à  Raimond  tous  les  droits  qu'il  y  avoit,  moyen- 
nant la  somme  de  cinq  cens  livres  monnaie  d'Agen,  que  le  comte  lui  assigna 
sur  le  péage  de  Marmande.  Raimond  fit  bâtir  en  même  temps  une  église 
paroissiale  dans  ce  lieu,  81  le  pape  lui  accorda  la  présentation  à  la  cure. 

XCV.  —  Conciles  de  Montpellier  &•  de  Bé-^iers.  —  On  fait  dans  ce  dernier 
de  nouveaux  règlemens  pour  la  procédure  de  l'inquisition. 

Guillaume  de  la  Broue'*,  archevêque  de  Narbonne,  8c  tous  les  évêques, 
ses  suftragans,  à  la  réserve  de  celui  de  Maguelonne,  savoir  :  Raimond  de 
Toulouse,  Clarin  de  Carcassonne,  Bérenger  d'Elne,  Guillaume  de  Lodève, 
Pierre  d'Agde,  81  les  évêques  de  Nimes  8c  d'Uzès,  tinrent  à  Béziers,  le  19  d'avril 
de  cette  année,  un  concile  auquel  les  abbés  8c  les  autres  prélats  de  la  Pro- 
vince se  trouvèrent.  On  y  dressa  quarante-six  canons,  qui  furent  tirés  la  plu- 
part des  conciles  précédens  8c  qui  regardent  l'extirpation  de  l'hérésie,  la 
réformation  de  la  discipline,  la  conservation  de  la  liberté  ecclésiastique  8c 
des  biens  des  églises,  l'observation  de  la  paix,  8cc.  On  y  défendit  aux  juifs 
du  pays  d'exercer  de  si  grandes  usures  8c  d'avoir  des  domestiques  chrétiens, 
8c  aux  chrétiens  de  les  prendre  pour  médecins  dans  leurs  maladies.  On  leur 
ordonna  de  plus  de  porter  une  marque  pour  se  distinguer^. 

Pierre,  cardinal-évêque  d'Albano'',  écrivant  au  mois  de  mars  précédent  à 

'  Guillaume  de  Puylaurcns,   c.    47.   —  Voyez  concile  de   Béziers,  le   roi   manda  au  sénéchal  de 

tome  Vil,  Note  XXXV,  n.  vi,  pp.   106,   107.  Carcassonne  de  donner  aux   frères  prêcheurs  des 

*  Manuscrits  de  Colbcrt,  n.  1067.  —  [|J.  323,  prisons  convenables,  à  Carcassonne  &  à  Béziers, 
n.84j  original;  donation  par  dame  Cavaers  de  pour  y  renfermer  les  hérétiques.  Il  ordonna  en 
la  moitié  de  Fanjaux;  Teulet,  t.  2,  p.  629.]  même  temps   de  veiller  à  ce  que   ceux-ci    eussent 

'  Manuscrits   Je   Colhert,   n.    1067.    [Lat.    6009,  chaque  jour  le  p;iin  &  l'eau,  surtout  ceux  dont  le 

p.  I  19.  La  bulle  d'Innocent  IV,  du  24  avril   1247,  roi  détenait  les  biens.  (Cf.  tome  VIII,  c.   1206.) 
iHd.  p.  472.]  [A.  M.] 

*  Le  P.  Labbe,  Concilia,  t.  i  1 ,  c.  676  &  suiv.  '  Le  P.  Labbe,  Concilia,  t.    1  i ,  c.  687  &  suiv. 
'  En  juillet  1246,  probablement  à  la  suite  de  ce 


An. 2^6       780  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.    LIV,  XXV. 

l'archevêque  de  Narbonne,  lui  marquoit  «  qu'étant  auparavant  vice-gérant 
«  du  pape  dans  les  pays  de  Provence,  il  lui  avoit  fait  savoir  d'ordonner  aux 
«  inquisiteurs  des  hérétiques,  d'agir  avec  son  conseil  ou  celui  de  ses  sutïra- 
«  gans  pour  l'imposition  des  pénitences.  Je  vous  ordonne  de  nouveau, 
«  ajoute-t-il,  de  leur  enjoindre  de  ne  rien  faire  sans  votre  conseil  ou  celui 
<i  des  autres  évêques.  Quant  aux  dépenses  qu'ils  sont  obligés  de  faire,  vous 
«  y  pourvoirez  conformément  au  concile  tenu  à  Montpellier  par  l'évcque 
(i  d'Avignon,  alors  légat  du  Saint-Siège.  »  Nous  voyons  par  là  que  ce  car- 
dinal avoit  succédé,  dès  le  mois  de  mars  de  l'an  1246,  à  Zoën,  évêque  d'Avi- 
gnon, dans  la  légation  de  la  Province,  à  laquelle  ce  dernier  avoit  été  nommé 
en  1243.  Il  ne  nous  reste  aucun  autre  monument  du  concile  de  Montpellier, 
dont  il  est  parlé  dans  cette  lettre. 

Les  évêques  de  celui  de  Béziers  dressèrent,  en  conséquence  de  la  même 
lettre,  trente-sept  articles  pour  régler  les  procédures  de  Tinquisition,  8<.  les 
adressèrent'  «  aux  inquisiteurs  de  l'ordre  des  frères  Prêcheurs  établis  dans 
«  les  provinces  d'Arles,  Aix,  Embrun  S;  Vienne,  dans  la  province  de  Nar- 
«  bonne,  excepté  le  diocèse  de  Toulouse,  8c  dans  les  diocèses  d'Albi,  Pvodez, 
«  Mende  &  le  Puy.  »  On  excepte  ici  le  diocèse  de  Toulouse,  parce  cju  il 
avoit  ses  inquisiteurs  particuliers  auxquels  ces  réglemens  furent  aussi  sans 
doute  envoyés.  On  a  déjà  remarqué  que  les  inquisiteurs  qui  résidoient  à 
Carcassonne  étendoient  leur  juridiction  sur  tout  le  reste  de  la  province  de 
Narbonne  &  sur  les  quatre  diocèses  de  la  première  Aquitaine  exprimés  dans 
l'adresse  du  concile  de  Béziers.  Ces  articles  sont  conformes,  pour  la  plupart, 
à  ceux  qui  furent  dressés  deux  ans  auparavant  dans  le  concile  de  la  province^ 
de  Narbonne,  &  répondent  à  diverses  questions  que  les  inquisiteurs  avoient 
proposées  aux  évêques.  Ils  font  le  principal  fondement  de  la  procédure  qui 
fut  observée  depuis,  non-seulement  dans  les  tribunaux  de  l'inquisition  éta- 
blis dans  ces  provinces,  mais  encore  dans  le  reste  de  la  chrétienté.  Suivant 
ces  articles,  les  inquisiteurs  dévoient  assembler  le  clergé  8c  le  peuple  dans 
certaines  villes  de' leur  district,  après  une  citation  générale,  Se  marquer  un 
temps  de  grâce  dans  lequel  tous  ceux  qui  viendroient  révéler  leurs  propres 
fautes  ou  celles  des  autres,  tant  morts  que  vivans,  seroient  exempts  de  la 
peine  de  mort,  de  la  prison  perpétuelle,  de  l'exil  8c  de  la  confiscation  de  leurs 
biens;  passé  ce  temps  limité,  ceux  qui  ne  profitoient  pas  de  la  grâce  étoient 
assujettis  à  une  ou  plusieurs  de  ces  peines,  suivant  la  qualité  de  leurs  fautes. 
Il  est  ordonné  aux  inquisiteurs  d'abandonner  au  bras  séculier  (pour  être 
brûlés  vifs)  les  hérétiques,  parfaits  ou  revêtus,  qui  refuseroient  de  se  con- 
vertir. Les  relaps,  les  fugitifs,  les  contumaces  8c  ceux  qui  n'avoient  pas  profité 
du  temps  de  grâce  dévoient  être  condamnés  à  une  prison  perpétuelle  Se  ren- 
fermés dans  de  petites  cellules  séparées,  avec  confiscation  de  leurs  biens.  On 
appelle  dans  ces  statuts  ces  prisonniers  pour  crime  d'hérésie,  les  emmurés 
{immurati)-^  de  là  vient  que  l'on  nomme  encore  aujourd'hui  à  Toulouse,  par 

'  Voyez  tome  VII,  Note  XXX,  ii,  ii,  p.  93.  '  Voyez  plus  haut,  ch.  Lxxv,  pp.  764,  7ÛÔ. 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXV,  781 

corruption,  lous  Armurats  les  prisons  qui  servoient  à  cet  usage  Se  qui  sub- 
sistent encore.  On  régla  ensuite  les  pénitences  qu'on  imposeroit  à  ceux  qui 
ne  dévoient  pas  être  renfermés  clans  les  prisons,  comme  d'aller  servir  contre 
les  infidèles  pendant  un  certain  temps,  de  porter  sur  leurs  habits  deux  croix 
d'étofte  jaune,  l'une  par  devant  &i  l'autre  par  derrière;  la  branche  perpendi- 
culaire de  la  croix  devoit  avoir  deux  palmes  &  demie  de  long,  la  transversale 
deux  palmes,  8c  l'une  &  l'autre  trois  doigts  de  large,  &c.  Ceux  qui  avoient 
été  hérétiques  revêtus,  &  qui  se  convertissoient,  dévoient  porter  de  plus  une 
troisième  croix,  savoir  :  les  hommes  sur  leur  capuchon,  &  les  femmes  sur  leur 
voile.  Les  relaps  &  ceux  qui  avoient  porté  les  autres  à  se  pervertir  étoient 
encore  obligés  de  mettre  au-dessus  des  deux  croix  de  devant  &  de  derrière 
un  bras  transversal  d'une  palme  de  la  même  étofte.  Lorsque  les  pénitens  qui 
étoient  obligés  de  porter  ces  croix  alloient  servir  outre-mer,  ils  les  quittoient 
à  leur  débarquement  81  les  reprenoient  à  leur  retour.  On  prescrivit  enfin 
divers  autres  genres  de  pénitence,  suivant  l'exigence  des  cas,  8c  on  défendit 
aux  laïques  d'avoir  des  livres  de  théologie,  même  en  latin,  8c  aux  ecclésias- 
tiques d'en  avoir  en  langue  vulgaire.  Au  reste  on  recommanda  fort  aux  inqui- 
siteurs de  ne  pas  révéler  le  nom  des  témoins. 

XCVL  —  Fondation  de  la  ville  £«  du  port  d'Aigues-mortes, 

Guillaume  de  la  Broue,  archevêque  de  Narbonne,  quelques  mois  après  le 
concile  de  Béziers,  alla  trouver  le  roi,  qui  étoit  à  Lorris,  en  Gâtinois,  81  qui 
avoit  alors  pris  la  croix  dans  le  dessein  d'aller  faire  la  guerre  aux  infidèles 
dans  la  Terre-Sainte,  Ce  prince  prit  de  là  occasion  de  faire  avancer  la  cons- 
truction d'un  port  de  mer  qu'il  avoit  fait  commencer  sur  les  côtes  de  la  Pro- 
vince. Il  n'eut  pas  plutôt'  acquis  le  bas  Languedoc  par  le  traité  de  Paris 
qu'il  résolut  d'établir  un  port  sur  la  côte  de  ee  pays,  tant  pour  y  attirer  le 
commerce  maritime  que  pour  mettre  ses  sujets  à  l'abri  des  caprices  de  l'empe- 
reur Frédéric,  qui  étendoit  sa  domination  sur  la  côte  de  Provence  où  se  fai- 
soient  les  embarquemens  pour  la  guerre  d'outre-mer.  Dans  cette  vue  il  fit 
creuser  un  port  à  Aigues-mortes,  dans  le  diocèse  de  Nimes,  lieu  ainsi  nommé 
à  cause  des  marais  Se  des  eaux  croupissantes  qui  sont  aux  environs,  8c  dépen- 
dant de  l'abbaye  de  Psalmodi,  qui  en  étoit  distante  de  trois  quarts  de  lieue. 
Il  y  fit  tracer  en  même  temps  l'enceinte  d'une  ville,  8c  il  paroît^  que  l'un  Se 
l'autre  étoient  déjà  commencés  dès  l'an  1240.  Ce  prince,  ayant  résolu  de 
passer  la  mer,  donna  des  ordres  pour  avancer  ces  ouvrages,  fit  entourer  de 
murailles  la  ville  Se  le  port  d'Aigues-mortes,  Se  élever  auprès  une  tour  qu'on 
nomma  Constance,  pour  servir  de  citadelle  Se  de  phare  aux  vaisseaux  qui 
entreroient  dans  le  port.  Il  établit  dans  cette  tour  un  gouverneur  avec  une 

'Cattl,    Mémoires    Je    l  histoire    Ju   Languedoc.  'Matthieu  Paris,  année  1 240,  p.  53-. 

p.  328  &  SUIT.  —  Di]  Cange,  Oiscrvntions  sur  l'his- 
toire Je  saint  Louis^  p,  101.  —  Voyez  tome  Vl'_ 
Note  XXXVI,  pp.   107,  108. 


An  1245 


\Zi.  origîn. 
t.  lll.p.  4N 


An 


240 


782  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXV, 

garnison.  Tous  ces  ouvrages  étoient  déjà  presque  ?^lievés  en  1246,  suivant 
le  témoignage  d'un  historien  du  temps  ',  qui  dit  «  que  le  roi  de  France,  pour 
«  empêcher  l'empereur  Frédéric  de  mettre  obstacle  à  son  voyage  d'outre-mer 
«  8c  se  passer  de  ses  ports,  fit  construire  en  Provence,  à  grands  frais,  un  port 
«  très-commode  sur  la  Méditerranée,  81  eut  soin  de  le  munir  de  bonnes  forti- 
«  fications.  »  Le  roi  ,  voulant  peupler  la  nouvelle  ville  d'Aigues-mortes, 
accorda  de  grands  privilèges  Si  des  coutumes  à  ses  habitans^;  il  les  exempta, 
entre  autres,  de  taille,  de  quête,  &.C.,  pour  toujours,  8<  de  toute  sorte  de  che- 
vauchée pendant  vingt  ans.  Se,  après  ce  terme,  hors  des  limites  des  diocèses 
de  Maguelonne,  Uzès,  Nimes,  Arles  Se  Avignon.  Il  régla  la  juridiction  des 
consuls,  qui  dévoient  avoir  le  gouvernement  politique  de  la  ville,  y  établit 
un  bailli  ou  viguier  Se  un  juge  royal  pour  y  rendre  la  justice,  par  une  charte^ 


'Matthieu  Paris,  année  1240,  p.  yoô. — Voyez 
tome  VII,  ut  supra, 

"  Ménard  a  publié  [Histoire  de  Nimes,  t.  1,  pr. 
p.  77  &  suiv.)  le  méinoire  des  demandes  faites  au 
roi  par  les  habitants  d'Aigues-mortes.  Nous  n'en 
citerons  que  quelques  articles  qui  sont  particuliè- 
rement intéressants.  Ils  demandent  à  jouir  des 
mêmes  libertés  que  les  habitants  de  Beaucaire, 
dans  toute  la  sénéchaussée;  le  droit  de  construire 
des  fours  à  volonté  en  payant  chaque  année  au 
roi  tant  par  four;  le  privilège  d'user  des  pâturages 
communs,  sans  qu'un  étranger  puisse  y  envoyer 
ses  bestiaux.  Mêmes  franchises  pour  tous  les  mar- 
chands à  Algues-mortes  qu'à  Nîmes.  —  Deman- 
dent l'établissement  de  deux  consuls  de  mer.  — 
L'exemption  ad  catenam  Accnis,  Saint-Jean  d'Acre, 
comme  les  Vénitiens,  les  Génois  &  les  Pisans;  à 
Acre  même  un  baile  royal  &  un  consul,  ce  der- 
nier nommé  par  les  quatre  consuls,  nommé  & 
payé  comme  celui  de  Pise,  &  pour  trois  ans.  — 
Que  le  roi  fasse  amener  l'eau  douce  à  la  ville, 
qu'il  fasse  exécuter  une  levée  pour  la  garder  des 
eaux  des  marais,  levée  allant  jusqu'à  Psalmodi  ; 
qu'il  s'entende  avec  l'abbé  de  Psalmodi  pour 
exempter  les  habitants  d'Aigues-mortes  de  la 
dîme.  —  Que  chaque  année  les  prélats  &  les 
barons  de  la  Province,  de  Toulouse  au  Puy,  se 
rassemblent  à  Aigues-mortes  &  y  célèbrent  une 
grande  fête,  &  que  le  nom  de  la  ville  soit  changé 
en  celui  de  Bona  per  forsa.  —  Si  le  roi  accorde 
ces  demandes  la  ville  attirera  chez  elle  une  partie 
des  habitants  de  Pise,  Venise,  Montpellier  & 
Gênes.  [A.  M.] 

'  Manuscrits  de  Colbert,  n"'  2270  &  2669.  —  Se- 
cousse, Ordonnances,  t.  4,  p.  41  &  suiv.  —  Voyez 
tome  VII,  ut  supra,  —  Voici  l'analyse  de  ces  pri- 
vilèges concédés  à  Aigues-mortes  par  saint  Louis, 
&  que  l'on  peut  voir  dans  Teulet,  t.  2,  pp.  618  à 
622,  d'après  l'édition  de  Galland,  Franc  alleu, 
l'original  du  Trésor  des  chartes  ayant  disparu  de- 
puis longtemps.  Le  roi  exempte  les  habitants  de 


toutes  quêtes,  toltes  &  tailles;  pendant  vingt  ans 
ils  ne  devront  ni  l'ost,  ni  la  chevauchée;  après  ces 
vingt  ans  on  ne  pourra  leur  imposer  de  chevau- 
chées hors  des  diocèses  de  Maguelonne,  Uzès,  Ni- 
mes, Orange  &  Avignon.  Chaque  habitant  pourra 
se  faire  remplacer  par  un  piéton  convenablement 
armé  &  équipé.  Sont  exemptés  de  la  chevauchée  à 
jamais  ceux  qui  ont  moins  de  vingt-cinq  livres 
tournois,  les  mineurs,  les  notaires,  les  juriscon- 
sultes &  les  médecins.  La  chevauchée  ne  sera  pas 
rachetable  &  ne  durera  pas  plus  de  quarante  jours. 

—  Les  droits  de  lods  &  vente  sont  fixés  à  un  ving- 
tième du  prix  de  vente.  —  Les  donations,  enga- 
gements &  partages  ne  paient  aucun  droit.  —  La 
non  payement  du  cens  n'entraîne  pas  la  confisca- 
tion de  la  tenure.  —  Les  habitants  sont  exempts 
de  tous  péages  &  redevances  analogues.  — Les  con- 
suls, au  nombre  de  quatre,  sont  nommés  par  la 
communauté,  &  changés  chaque  année  ;  ils  nom- 
ment leur  conseil  juré.  —  Les  consuls  font  faire  le 
guet  &  autres  corvées,  nomment  les  banniers,  qui 
ne  peuvent  percevoir  au  delà  du  tarif  convenu.  — 
Les  consuls  décident,  répartissent  &  perçoivent  les 
collectes  &  les  tailles.  —  Sont  exempts  des  collectes 
&  des  dépenses  les  consuls,  pendant  l'année  de 
leurs  fonctions,  le  baile  &  le  juge  du  roi,  le  no- 
taire de  la  cour  &  deux  courriers.  —  Les  consuls 
n'ont  que  la  juridiction  civile  pour  ceux  qui 
s'adressent  à  leur  tribunal.  —  Chaque  année,  à 
l'époque  du  départ  des  vaisseaux,  les  consuls  pré- 
sentent &  la  cour  du  roi  nomme  un  intendant 
des  affaires  ma  ritimes,  qui  s'appelle  consul  de  mer. 

—  Les  consuls  ont  une  maison  commune,  un 
clavaire,  des  huissiers,  &c.  —  On  ne  peut  être 
consul  deux  ans  de  suite.  —  Le  baile  &  le  juge 
du  roi  ne  peuvent  être  de  la  ville  Si  sont  changés 
tous  les  ans.  —  Suivent  des  règles  de  procédure 
pour  la  cour  du  roi,  pour  la  tenue  des  prisons, 
les  affaires  de  simple  police,  la  poursuite  de  l'adul- 
tère, la  débauche,  les  rixes,  les  coups  &  blessures, 
l'application  de  la  torture.  —  La  prescription  cri- 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXV.  788 

qui  est  datée  de  Paris,  au  mois  de  mai  de  l'an  1246,  8<.  qui  fut  confirmée 
par  Philippe  le  Hardi  S<  les  autres  rois,  ses  successeurs.  Telle  est  l'origine  de 
la  ville  d'Aigues-mortes,  éloignée  aujourd'hui  de  plus  d'une  demi-lieue  de  la 
mer,  qui  s'est  retirée  peu  à  peu  j  la  grande  quantité  de  sable  que  les  courans 
ont  porté  dans  le  port  l'ont  tellement  engorgé  qu'il  n'y  en  reste  presque  plus 
aucun  vestige'.  D'ailleurs,  le  mauvais  air  qiii  règne  aux  environs  a  presque 
entièrement  dépeuplé  cette  ville,  qui  a  cependant  toujours  un  viguier  royal 
8c  un  gouverneur^. 


An  12^6 


XCVII.  —  Trencavel  se  soumet  an  roi  6-  lui  cède  tous  ses  droits  sur 
les  vicomtes  de  Béliers,  Carcassonne,  b'C. 

Jacques,  roi  d'Aragon,  fit  en  1246  un-*  voyage  à  Montpellier.  Le  vicomte 
Trencavel,  son  cousin  germain,  qu'il  avoit  gardé  jusqu'alors  à  sa  cour,  voyant 
qu'il  ne  lui  restoit  plus  aucune  espérance  de  recouvrer  les  domaines  de  ses 
ancêtres,  passa  les  Pyrénées  Si  se  rendit  à  Carcassonne,  où  il  traita  avec 
Clarin,  évêque  de  cette  ville,  &  le  sénéchal  Jean  de  Cranis.  Il  déclara  ensuite 
dans  le  palais  de  ce  prélat^*,  le  23  d'août  de  l'an  1246,  qu'il  se  soumettoit  à 
la  volonté  du  roi,  &  remit  Roger,  son  fils,  en  otage  entre  les  mains  du  même 
sénéchal  de  Carcassonne;  &  «  supposé,  ajoute-t-il  dans  l'acte  en  adressant  la 
«  parole  à  cet  officier,  que  le  roi  veuille  recevoir  ma  soumission,  il  me  fera 
(t  absoudre  par  le  pape  de  l'excommunication  dont  je   suis   frappé,  sinon 


min  elle  varie  de  dix  ans  à  un  an,  suivant  le  crime. 
—  L'enquête,  une  fois  ouverte,  ne  peut  durer  plus 
d'un  an.  —  Les  frais  de  justice  sont  fixés  à  deux 
sous  pour  livre  de  la  valeur  de  l'objet  en  litige,  en 
cas  d'objet  mobilier;  au  vingtième  pour  les  im- 
meubles. —  L'inspection  des  poids  &  des  mesures 
publiques  appartient  à  la  cour  du  roi.    [A.  M.] 

'  C'est  la  une  erreur  qui  a  été  répétée  par  presque 
tous  les  auteurs.  En  réalité  la  mer  ne  s'est  pas 
retirée  ou  plutât  l'exhaussement  du  rivage  n'a  pas 
éié  si  considérable  que  l'on  croit  depuis  six  cents 
ans.  lamnis  Aigues-mortes  n'a  été  située  sur  la  mer 
elle-même,  mais  sur  des  étangs  salins  communi- 
quant avec  la  mer  par  un  canal,  un  grau,  que  l'on 
appelle  encore  le  grau  Louis,  &  qui  est  entière- 
ment comblé.  Le  port  lui-même  était  formé  par 
deux  étangs,  que  l'on  appelle  la  Marete  &  le 
Repauset.  Les  sables  ont  peu  à  peu  comblé  ces 
étangs  &  les  canaux  qui  les  reliaient  à  la  Médi-^ 
terranée;  mais  la  distance  entre  la  ville  &  la  mer 
a  toujours  été  sensiblement  la  même.  Cf.  une 
communication  faite  à  l'.Tcadémie  des  sciences 
par  M.  Martins,  en  juin  1874  (ap.  Wallon,  Hist. 
Je  saint  Louis,  t.  i,  p.  248,  note).  Nous  ne  dis- 
cuterons pas  ici  l'assertion  bizarre  de  Dumège 
(AJJit.  t.  6,  p.  .îâ),  qui  veut  qu'Aigues-mortes  ait 
été  un  port  célèbre  dès  le  douzième  siècle.  C'est 
une  rêverie  sans  aucun  fondement.   fA.  M.l 


'  Ven  cette  époque  le  roi  fit  arrêter  plusieurs 
juifs  de  la  sénéchaussée  de  Carcassonne,  nous  ne 
savons  trop  pour  quel  motif.  Sur  la  plainte  des 
seigneurs  il  fit  relâcher  les  juifs  qui  ne  lui  appar- 
tenaient pas  en  propre.  Il  ordonna  de  plus  au 
sénéchal,  en  juillet  1246,  de  faire  défense  à  tous 
les  juifs  de  pratiquer  l'usure  &  de  ne  forcer  aucun 
chrétien  à  payer  leurs  dettes  aux  juifs  (tome  VllI, 
c.  1191).  Un  mois  plus  tard  il  mandait  au  même 
officier  de  négocier  avec  les  juifs  qu'il  retenait 
prisonniers,  au  sujet  de  leur  rançon,  &  de  faire 
rendre  par  eux  tous  les  effets  que  leur  avaient 
engagés  des  chrétiens  (lèid.  c.  1  192).  On  peut 
voir,  à  propos  des  juifs  &  des  persécutions  qu'ils 
eurent  à  subir,  Lennin  de  Tillemont,  t.  5,  pp.  286 
à  293.  Protégés  par  les  papes,  mais  rançonnés 
sans  merci  par  les  seigneurs  &  le  roi,  ces  malheu- 
reux étaient  alors  dans  l'état  le  plus  misérable, 
surtout  dans  le  Midi,  où,  avant  la  conquête  de 
Montfort,  ils  avaient  joui  de  grands  privilèges  8t 
d'une  sécurité  extraordinaire.  Voyez,  à  ce  sujet, 
un  excellent  mémoire  de  M.  Saige,  Bibliothèque 
Je  r Ecole  Jes  chartes,  XXXIX,   255  &  suiv. 

[A.  M.] 
'  Gariel,  Séries praesulum  Magalonensium ,  p.  359, 
<  Voyez  tome  Vin,  Chartes,  n.  CCLXXV,  ce.  i  zo6 
&  1207. 


y^„  ,^.j       784  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXV. 

«  vous  me  ferez  conduire  avec  mes  associés  clans  une  place  de  sûrelc.  «  Le 
roi  ayant  fait  examiner  cet  acte  dans  son  conseil  avec  la  lettre  de  Jean  de 
Cranis  qui  proposoit  de  l'accepter  S<.  d'assigner  cinq  cens  livres  de  rente  en 
fonds  de  terre  dans  la  sénéchaussée  de  Carcassonne  à  Trencavel  pour  lui 
donner  de  quoi  subsister,  répondit  au  sénéchal,  au  commencement  de  l'année 

y^,,  1^  suivante  :  «  Que  cette  assignation  ne  convenoit  pas.  —  Mais,  dit  le  roi,  si 
«  Trencavel,  qui  se  qualité  vicomte  de  Bé-^iers,  rend  tous  les  titres  qu'il  a 
«  concernant  cette  vicomte;  s'il  renonce  à  tous  les  droits  qu'il  a  sur  ce  pays 
«  Se  dans  la  sénéchaussée  de  Beaucaire  ;  s'il  donne  toutes  les  assurance? 
«  nécessaires;  s'il  se  tait  absoudre  de  l'excommunication  qui  le  lie,  St  s'il 
«  prend  enfin  la  croix  pour  passer  la  mer  avec  nous,  comme  il  lui  a  été  pro- 
«  posé,  nous  voulons  qu'après  que  vous  aurez  reçu  de  sa  part  les  sûreté» 
«  convenables,  vous  lui  assigniez  six  cens  livres  de  rente  dans  la  sénéchaussée 
«  de  Beaucaire.  » 

Trencavel  se  soumit'  à  toutes  ces  conditions,  8c  céda,  tant  pour  lui  que 
pour  ses  successeurs,  entre  les  mains  du  sénéchal  de  Carcassonne,  par  un 
acte  daté  de  Béziers,  au  plan  de  Saint-Félix,  devant  l'église,  le  7  d'avril  de 
l'an  1247  de  la  nativité  de  Jésus-Christ,  les  vicomtes  de  Béziers  &  de  Carcas- 
sonne, &  tout  ce  que  lui  &.  ses  prédécesseurs  avoient  possédé  dans  les  diocèses 
de  Narbonne,  Agde,  Maguelonne,  Nimes  &  Albi.  Il  fit  cette  cession  en  pré- 
sence de  Guillaume,  archevêque  de  Narbonne,  des  évêques  Pons  d'Agde, 
Raimond  de  Béziers,  &  Guillaume  de  L.odève  ;  des  abbés  de  Villemagne, 
Saint-Paul  de  Narbonne,  Saint-Thibéry  £<  Saint-Aphrodise  de  Béziers,  de 
Bérenger  de  Guillem,  seigneur  de  Clermont,  Déodat  de  Boussagues,  Gau- 
fiid,  seigneur  de  Faugères,  Pons  d'Olargues,  Sicard  de  Murviel,  Guillaume 

i':j.  oriRin.  de  Thésan  ,  Raimond  de  Campendu,  &  de  divers  autres  seigneurs  &  du 
peuple.  11  déclara  ensuite,  devant  toute  l'assemblée,  qu'il  délioit  les  consuls 
Si  tous  les  habitans  de  Béziers  &  de  Carcassonne  du  serment  de  fidélité  qu'ils 
lui  avoient  prêté,  &  renonça  à  toute  autorité  &  juridiction  sur  eux.  Il  se 
qualifie  dans  l'acte  «  Trencavel,  autrefois  vicomte  de  Béziers  &  de  Carcas- 
«  sonne,  8t  fils  de  teu  Raimond-Roger,  vicomte  de  Béziers  &  de  Carcas- 
,«  sonne.  »  L'archevêque  de  Narbonne-  8<.  les  évêques  de  Béziers  Se  d'Agde 
protestèrent  en  même  temps  publiquement,  devant  le  sénéchal  de  Carcas- 
sonne, tant  en  leur  nom  qu'en  celui  de  tous  les  abbés  Si  de  toutes  les  églises 
de  leurs  diocèses,  contre  tout  ce  qui  pourroit  leur  être  préjudiciable  dans 
cette  cession,  avec  réserve  de  tous  les  droits  auxquels  Trencavel  étoit  tenu 
envers  eux.  Les  abbés  de  Villemagne,  Saint-Pons  de  Thomières,  Aniane, 
Saint-Thibéry,  Saint-Paul  de  Narbonne  Si" Saint-Aphrodise  de  Béziers  sous- 
crivirent à  cette  protestation.  Trencavel  parcourut  ensuite  les  divers  pays 
qui  avoient  été  soumis  à  sa  domination  ou  à  celle  de  son  père,  Si  fit  une 
semblable  renonciation  devant  le   peuple  assemblé;  c'est  ainsi  que  s'étant 

'Trésor   des   chartes;    Languedoc,    n.    ii.    —  '  Voyez  tomeVIII,  Chartes,  n.  CCLXXV,  ce.  1 208 

[J.  29.1;  Teiilet,  t.  3,  pp.  4  à  <>.]  —  Catel,  Mé-       &  1:09. 
moires  de  l'histoire  du  Languedoc,  p.  647  &  siiiv. 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXV. 


7 83  "1 

'  An   1I.J7 

rendu  à  Castres,  en  Albigeois,  il  renonça  publiquement,  le  12  de  mai  sui- 
vant, au  domaine  qu'il  avoit  sur  les  chevaliers  Jk  les  habitans  du  château  de 
Lombers. 


XCVIII.  —  Construction  de  la  ville  basse  de  Carcassonne.  —  Olivier 

de  Termes  prend  la  croix. 

Le  roi,  en  acceptant'  la  soumission  de  Trencavel,  pardonna  aux.  habitans 
de  Carcassonne  qui,  ayant  suivi  le  parti  de  ce  vicomte,  avoient  été  proscrits 
Si  obligés  de  s'enfuir,  il  permit  à  Jean  de  Cranis,  son  sénéchal,  de  les  rap- 
peler, en  payant  une  amende  pécuniaire  dans  un  certain  temps,  &  ordonna 
k  cet  othcier  de  leur  rendre  leurs  biens,  de  leur  assigner  une  demeure  &  de 
les  laisser  vivre  suivant  leurs  coutumes,  qu'il  se  réserva  cependant  de  pouvoir 
changer  comme  il  le  jugeroit  à  propos,  à  condition  qu'ils  rebâtiroient  l'église 
de  Notre-Dame  8c  celle  des  frères  mineurs  ou  cordeliers,  qu'ils  avoient 
détruites^  avec  défense  au  sénéchal  de  rappeler  les  traîtres  qm  avoient  intro- 
duit Trencavel  dans  l'ancien  bourg  de  Carcassonne.  Enfin,  il  cliargea  cet 
officier  d'engager  l'évèque  de  cette  ville  à  se  relâcher  sur  l'amende  qu'il  pré- 
tendoit  que  ces  habitans  dévoient  lui  payer.  Jean  de  Cranis  ayant  rassemblé 
tous  ces  fugitifs  leur  donna  un  emplacement  auprès  de  Carcassonne,  entre 
la  cité  Se  l'Aude,  où  ils  bâtirent  d'abord  le  nouveau  bourg,  que  ce  sénéchal 
transféra^  quelque  temps  après,  par  ordre  du  roi,  de  l'autre  côté  de  cette 
rivière,  où  il  subsiste  aujourd'hui  Se  fait  la  portion  la  plus  considérable 
de  cette  ville,  l'une  des  principales  de  la  Province^  j  il  donna  par  ordre  du 


'  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  CCLXXVI, 
ce.  1220  &  1221. 

•  Ihid.  c.    1498. 

'  La  ville  de  Carc.issonne,  avant  1240,  se  com- 
posait de  la  cité,  située  à  peu  près  dans  la  po- 
sition qu'elle  occupe  encore  aujourd'hui,  Se  de 
bourgs  assez  étendus  portant  différents  noms  & 
couvrant  le  bas  de  la  colline,  entre  l'Aude  & 
celle-ci  &  vers  la  route  actuelle  de  Narbonne. 
Détruits,  les  uns  en  1209,  les  autres  en  1240, 
ces  bourgs  étaient  restés  en  ruines  jusqu'en  1247. 
C'est  alors  que  Louis  IX,  ayant  pardonné  au  prin- 
cipal .tuteur  de  la  grande  prise  d'armes  de  1240, 
ne  put  tenir  plus  longtemps  rigueur  à  ses  obscurs 
auxiliaires.  Une  autre  raison  dut  l'eng.iger  à  celte 
mesure,  la  pauvreté  de  l'église  de  Carcassonne, 
qui,  par  la  fuite  des  habitants,  avait  perdu  la 
plupart  de  ses  tenanciers,  &  dont  les  terres  étaient 
tntre  les  mains  du  roi.  Dès  le  28  février  1244,  le 
pape  écrivait  à  Louis  IX  pour  l'eng.Tger  à  resti- 
tuer au  chapitre  de  Saint-Nazaire  les  biens,  tenus 
jadis  de  lui  Si  confisqués  par  le  roi  à  cause  de 
l'hérésie  des  fcudataires  (Cf.  Mahul,  t.  à,  p.  5J4 
&  suiv.).  Deux  ans  plus  tard,  le  pape  était  forcé 
d'exempter  les  chanoines  de  l'obligation  de   rece- 


voir de  nouveaux  collègues,  vu  la  pauvreté  de  la 
communauté  [ihid.  p.  555).  Ce  fut  en  1247  que  le 
roi  se  décida  à  rappeler  les  Carcassonnais.  Déjà 
ses  sergents  &  soldats  de  la  cité  avaient  construit 
des  maisons  sur  le  bord  de  l'Aude;  mais  elle» 
avaient  été  démolies  par  ordre  du  roi,  &  ce  nou- 
veau bourg  n'avait  eu  qu'une  existence  éphémère 
(tome  VIII,  c.  1498).  Aussi,  pour  éviter  une  nou- 
velle trahison  comme  celle  de  1 240,  qui  avait  failli 
être  fatale  à  la  cité,  fit-il  transporter  la  nouvelle 
ville  sur  la  rive  opposée  de  l'Aude.  Le  chapitre 
fut  indemnisé  des  pertes  qu'il  avait  faites  à  la 
suite  de  la  destruction  de  l'ancien  bourg  (Mahul, 
t.  5,  p.  555  8(.suiv.)&  les  faidits  reconstruisirent 
leurs  maisons  sur  des  terrains  concédés  par  le 
roi.  Cet  emplacement  appartenait  au  chapitre  ca- 
thédral,  qui  reçut  en  échange  la  moitié  du  lieu  de 
Villalier.  Le  chapitre  reçut,  en  outre,  un  revenu 
de  dix  livres  de  Melgueil,  pour  l'indemniser  des 
pertes  qu'il  avait  subies  (Teulet,  3,  4<5  ;  chartes 
d'août  1248).  Les  habitants  durent,  de  plus, 
indemniser  l'évèque  &  le  chapitre,  &  s'engagè- 
rent à  leur  payer  deux  mille  livres  de  MelgueiJ, 
dont  partie  pour  le  clergé  du  diocèse,  éprouvé 
par  la    révolte    de    1240    (Mahul,   t    (ï,    p.  4    Se 


VJ. 


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An 


M7 


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HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC,    LIV.  XXV. 


roi',  dans  le  nouveau  bourg,  un  terrain  aux  frères  prêcheurs,  qui  v  bâtirent 
un  couvent^. 

Entre  les  partisans  de  Trencavel,  Olivier  de  Termes,  l'un  des  plus  braves 
chevaliers  de  son  temps,  tenoit  les  premiers  rangs.  11  renouvela,  en  1146,  la 
soumission  qu'il  avoit  faite  au  roi  en  1241^,  8c  permit  à  divers  gentils- 
hommes, auxquels  ce  prince  avoit  assigné  des  rentes  sur  les  domaines  qui  lui 
avoient  appartenu,  d'en  jouir.  Il  fit  plus,  il  ofhit  ses"*  services  au  roi,  qui 
les  accepta  volontiers,  8c,  ayant  pris  la  croix,  il  s'engagea  d'amener  avec  lui 
outre-mer  quatre  autres  chevaliers  8<.  vingt  arbalétriers.  Se  de  les  soudoyer  à 
ses  dépens. 

XCIX.  —  Le  comte  Raïmond  va  à  la  Cour  iy  y  prend  la  croix. 

Le  roi,  craignant  que  Pvaimond,  comte  de  Toulouse,  ne  remuât  pendant 
son  absence,  résolut  de  l'amener  aussi  avec  lui.  Dans  cette  vue  il  le  manda-'' 
au  commencement  de  l'an  1247.  On  assure  que  Pvaimond  arriva  à  la  Cour 
au  mois  de  marsi^;  que  le  roi  Se  la  reine  Blanche,  sa  mère,  lui  firent  beau- 
coup d'accueil  Se  le  pressèrent  de  se  croiser'^j   qu'il  s'excusa  sur  le  défaut 


sulv.).  Enfin,  il  leur  fallut  reconstruire  dans  la 
nouvelle  ville  les  églises  de  l'ancien  bourg  qui 
prirent  les  mêmes  vocables.  Tout  cela  dut  leur 
coiiter  fort  cher;  mais  l'industrie  des  draps  alors 
si  florissante,  le  commerce  qui  reprenait  grâce  à 
une  administration  plus  régulière  &  plus  douce, 
tout  cela  permit  à  la  nouvelle  ville  de  devenir 
bientôt  prospère.  La  ville  actuelle,  quoique  bâtie 
sur  le  même  emplacement,  n'est  pas  celle  de  saint 
Louis,  qui  a  été  détruite  par  le  prince  Noir  en 
i355.  [A.  M.] 

'  Manuscrits  de  Colbert,  n.  2270.  —  Archives  des 
Jacobins  de  Carcassonne.  —  Le  couvent  des  frères 
prêcheurs  de  Carcassonne  aurait  été  fondé  vers 
i23o  par  révêque  Clarin,  si  l'on  en  croit  une 
ancienne  tradition;  mais  nous  avons  montré  au 
tome  IV  de  cette  édition,  p.  730  &.  suiv.,  le  cas 
qu'il  fallait  faire  de  cette  tradition.  Il  n'existait 
pas  avant  1247,  &  on  peut  voir  au  même  volume, 
p.  750  81  suiv.  par  quelles  péripéties  passa  cet  éta- 
blissement. Quant  aux  frères  mineurs,  ils  avaient 
un  couvent  dans  l'ancien  bourg  dès  1240,  époque 
oii  Trencavel  le  détruisit.  En  124?)  le  roi  ordonna 
de  le  reconstruire,  &  après  1247  il  fut  transporté 
dans  le  nouveau  bourg  (Cf.  tome  IV,  p.  753).  Sur 
tous  ces  couvents  on  peut  consulter  tome  V,c.  1487 
&  suiv.  où  nous  indiquons  un  certain  nombre 
d'actes  qui  leur  sont  relatifs.   [A.  M.] 

'  A  la  même  année  1247  appartiennent  plu- 
sieurs pièces  intéressantes  relatives  à  la  ville  de 
Saint-Antonin  de  Rouergue.  Cette  ville,  cédée  dès 
1226  à  Louis  VIII,  par  Gui  de  Montfort,  oncle 
d'Am.auri,  se  soumit  peu  après  au  rpi  (tome  V'UI, 


c.  825),  &  lui  fut  cédée  définitivement  en  1229 
par  la  paix  de  Paris;  mais  les  habitants  ne  joui- 
rent pas  toujours  d'une  entière  tranquillité;  pla- 
cés sur  les  limites  de  deux  diocèses,  ils  furent 
exposés  aux  incursions  des  routiers,  &  ils  esti- 
maient, en  1243,  à  dix  mille  marcs  d'argent  les 
dommages  que  leur  avaient  causés  les  officiers  du 
comte  de  Toulouse  depuis  la  paix  de  1229  (Cf. 
Teulet,  t.  2,  p.  5c8  o).  Leurs  plaintes  restèrent 
plusieurs  années  sans  effet.  Enfin,  en  12.47,  le 
roi  manda  au  sénéchal  de  Carcassonne  d'obliger 
Raimond  VII  à  laisser  les  habitants  de  cette  viile 
jouir  de  leurs  vaines  pâtures,  &  à  ne  plus  empê- 
cher ses  hommes  d'aller  à  leur  marché  (tome  VÎH, 
c.  1225  &  suiv.).  Peu  après  il  décida  que  cette 
ville  ferait  partie  de  la  sénéchaussée  de  Carcas- 
sonne (Cf.  ihld.  c.  1227).  Quelques  années  plus 
tard,  Louis  IX  se  fit  céder  par  Bernard-Hugues, 
fils  &  héritier  de  Frotard,  dernier  vicomte  de 
Saint-Antonin,  ses  droits  sur  cette  ville  pour  la 
somme  de  cinquante  livres  tournois  (Cf.  Teulet, 
t.  3,  p.  84;  acte  d'octobre  1249).    [A.  M.] 

'  Catel,  Histoire  des  comtes  de   Tolose,  p.  363. 

*  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  CCLXXVI, 
ce.   1221,  1222. 

=  Ibid.  n.  CCLXXVI,  ce.  1224,  I22â. 

^  La  Chaise,  Histoire  de  saint  Louis,  1.  6,  n.  22. 
—  [Cf.  Lenain  deTillemont,  t.  3,  p.   i5.î.] 

"  Raimond  VII  était  probablement  à  la  Cour 
dès  février  1247.  Le  22  de  ce  mois,  le  roi  écrivait 
au  sénéchal  de  Carcassonne  que  le  comte  s'était 
plaint  à  lui  des  semonces  faites  par  cet  officier  à 
ses  vassaus  nobles;  semonces  que  les  usages  &  la 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV,  XXV.  787 

d'argent;  que  la  reine,  pour  lui  ôler  tout  prétexte,  lui  prêta  une  somme  con- 
sidérable ;  Si  qu'enfin  le  roi  lui  ayant  promis  de  ne  le  laisser  manquer  de 
rien,  il  se  détermina  à  prendre  la  croix.  Ce  qu'il  y  a  de  certain,  c'est  que  le 
roi  fit  un  traité'  avec  R.aimond  pour  l'engager  à  le  suivre  dans  son  expédi- 
tion d'outre-mer  5  qu'il  lui  promit  de  lui  restituer  le  duché  de  Narbonne,  8c 
de  lui  donner,  pour  fournir  à  la  dépense,  vingt  à  trente  mille  livres;  Se  que 
Pv.aimond  se  croisa^  aussitôt  après  son  arrivée  à  la  Cour.  Le  pape,  informé 
de  sa  démarche,  la  loua  extrêmement,  &  il  le  prit-*  sous  sa  protection  spé- 
ciale, tant  qu'il  seroit  croisé  &  qu'il  serviroit  dans  la  Terre-Sainte  :  il  adressa 
l'exécution  de  cette  bulle  à  divers  évêques,  recommanda  le  comte  au  roi, 
qu'il  remercia  du  bon  accueil  qu'il  lui  avoir  fait,  écrivit  au  patriarche  de 
Jérusalem  de  le  protéger  à  son  passage,  8c  chargea  son  légat  de  lui  délivrer, 
quand  il  seroit  arrivé  outre-mer,  deux  mille  marcs  sterling  pour  l'aider  à 
s'y  soutenir"^.  Raimond  écrivit  de  son  cùté^  au  pape  pour  lui  témoigner  le 
désir  extrême  qu'il  avoit  de  déraciner  entièrement  l'erreur  de  ses  Etats.  Le 
pontife  chargea  l'évêque  d'Agen  d'y  travailler  efficacement,  81  manda  à  frère 
Hugues,  religieux  de  l'ordre  des  Mineurs,  de  faire  payer  au  comte,  pendant 
tout  le  temps  qu'il  seroit  dans  la  Terre-Sainte,  les  rachats  des  voyages  pour 
ce  pays  8c  les  legs  pieux  qu'il  avoit  consacrés  à  cet  usage.  Enfin  le  pape 
ordonna,  au  mois  de  mai  de  l'année  suivante^,  à  l'évêque  d'Agen  8c  aux 
inquisiteurs  dans  les  terres  ducomte,  de  révoquer  les  longs  pèlerinages  qu'ils 
avoient  prescrits  à  ceux  qui  avoient  été  condamnés  comme  hérétiques,  8c  leur 
défendit  d'en  imposer  de  semblables  durant  le  temps  du  passage  d'outre-mer^. 


An  tz^j 


Éd.  origin. 
t.  ni,  p.  456. 


coutume  du  pays  lui  interdisaient  (Cf.  tome  VIII, 
c.  119Î).  [A.  M.] 

'  Voyez  tome  VIII,  n,  CCCXX,  c.  1402.  —  Le 
roi  lui  promit,  en  effet,  vingt  mille  livres  parisis 
pour  subvenir  à  l'entretien  de  ses  chevaliers  & 
arbalétriers.  (Teulet,  t.  3,  p.  Si.)  Les  lettres  de 
promesse  sont  datées  de  mai  1248;  plus  tard,  Al- 
fonse  de  Poitiers  réclama  le  paiement  de  cette 
somme  à  son  frère,  en  soutenant  que  puisque  Rai- 
mond VII  n'étoit  pas  allé  à  la  croisade,  à  cause  de 
sa  maladie  d'abord,  de  sa  mort  ensuite,  le  roi  était 
tenu  d'accomplir  lespromesses  qu'il  lui  avait  fai- 
tes. Inutile  d'ajouter  que  Louis  IX  paraît  avoir 
repoussé  cette  réclamation,  assez  peu  foiidée,  il 
faut  le  reconnaître.  (A.  M.] 

*  Guillaume  de  Puylaurens,  c.  47, 

'  Trésor  des  chartes;  croisades,  sac  1,  n.  4.Î  8c 
suiv.  —  (J,  447j  Teulet,  t.  3,  p.  18;  bulle  du 
3  décembre  1  247.] 

'  Le  9  décembre  1247,  le  pape  délégua  Hugues 
de  Turennc,  de  l'ordre  des  Mineurs,  pour  prêcher 
la  croisade  dans  les  États  de  Raimond  VII  (Cf. 
tome  VIII,  c.  I  242  &  suiv.).  Le  même  jour  Inno- 
cent IV  charge  ce  même  religieux  de  lever  le  ving- 
tième des  revenus  ecclésiastiques  dans  les  Etats  du 
comte  &  de  le  lui    remettre  nuand  il   se  mettra  en 


route  {Ih'ii.  c.  1243  &  suiv.).  Quatre  jours  plus 
tard  il  autorise  l'archevêque  d'Auch  à  commuer 
en  un  voyage  en  Terre-Sainte  les  peines  des  héré- 
tiques de  son  diocèse,  condamnés  au  mur  ou  au 
port  de  la  croix  {Ihii.  c.  1  244).  Enfin,  le  9  avril 
1243,  il  annonça  à  frère  Hugues  de  Turenne,  qu'à 
la  demande  de  Raimond  VII,  il  avait  accordé 
aux  croisés  de  ses  Etats  les  privilèges  dont  jouis- 
saient ceux  des  domaines  du  roi  [Ihid.  c.  1244  & 
suiv.). 

Dès  le  r''  octobre  1248,  Raimond  VU  donnait  à 
Hugues  de  Turenne  quittance  de  plusieurs  sommes 
importantes  touchées  par  lui  en  vue  de  la  croi- 
sade (Tome  VIII,  c.  1248  &  suiv.).  Ce  sont  ces 
sommes  que  le  comte  ordonna  par  son  testament 
de  restituer  au  pape.  [A.  M.] 

'  Raynaldi,  an.    1248,  n.  27. 

'  Registre  de  l'Inquisition  de  Toulouse. 

'  Vers  la  même  époque  le  pape  s'occupa  de  dé- 
mêlés qui  venaient  de  s'élever  entre  le  vicomte  & 
l'archevêque  de  Narbonne.  Nous  avons  réuni  plu- 
sieurs pièces  sur  cette  affaire  (tome  VIII,  ce.  1229 
à  1232).  Il  s'agissait  d'un  droit  de  haute  justice 
réclamé  par  l'archevêque,  &  dont  le  vicomte 
l'avait  dépouillé  en  faisant  enlever  le  corps  d'un 
pendu    &  une  main   coupée   exposés  aux   fourchas 


An  1 2^7 


788 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXV. 


C.  —  Raimond  engage  une  partie  de  ses  sujets  à  se  croiser  avec-  lui  &  tente 
inutilement  de  procurer  la  sépulture  ecclésiastique  au  comte,  son  père. 

Raimond  ne  fut'  pas  plutôt  de  retour  dans  ses  Etats  qu'il  engagea  un 
grand  nombre  de  barons,  de  chevaliers  S<  de  bourgeois,  ses  sujets,  à  se 
croiser^.  Il  fit  équiper  divers  vaisseaux,  &  disposa  toutes  choses  pour  son 
voyage^.  Comme  il  avoit  fort  à  cœur  de  procurer  la  sépulture  ecclésiastique 
au  feu  comte  Pvaimond  VI,  son  père,  il  se  donna  de  nouveaux  mouvemens 
pour  obtenir,  avant  son  départ,  du  pape  Innocent  IV,  la  permission  de 
l'inhumer.  Innocent,  par  une  bulle  du  26  de  février  de  l'an  1247,  nomma 
Guillaume,  évêque  de  Lodève,  Se  les  deux  inquisiteurs,  frère  Raimond  de 
Cantio,  jacobin,  &c  frère  Guillaume  de  Brive,  cordelier,  pour  faire  de  nou- 
velles informations '^  touchant  les  circonstances  de  la  mort  de  ce  prince,  avec 
ordre  de  les  lui  envoyer  pour  porter  ensuite  lui-même  un  jugement  définitif. 
Les  trois  commissaires  s'étant  rendus  à  Toulouse,  Raimond  leur  présenta'' 
douze  articles  dont  il  oftrit  de  prouver  la  vérité  par  témoins,  Se  dont  le 
résultat  étoit  que  le  comte  son  père  avoit  vécu  &  étoit  mort  dans  de  grands 
sentiments  de  piété  &  de  pénitence.  Les  commissaires  procédèrent  ensuite, 
dans  la  maison  des  Templiers  de  Toulouse,  à  l'audition  de  plus  de  cent 
témoins,  qui  déposèrent  tous  en  faveur  de  Raimond  VI,  en  présence  des 
évêques  de  Rodez  St  d'Albi,  de  divers  ecclésiastiques,  d'Amalric,  vicomte  de 
Narbonne,  Rairaond-Gaucelin,  seigneur  de  Lunel,  Sic.  Cette  enquête  dura 


de  Capestang.  —  Le  vicomte  prit  les  devants  &  se 
plaignit  au  roi  des  empiétements  de  l'archevêque 
&  du  sénéchal  de  Carcassonne  qui  soutenait  ce 
dernier.  D'où  mandement  de  mai  1247  ordonnant 
au  sénéchal  J.  de  Cranis,  de  faire  enquête.  Dans 
l'intervalle,  le  pape  en  écrivit  au  roi  &  le  pria 
de  s'interposer  (bulle  du  3o  mai  1247;  Potthast, 
n.  12536).  Aussitôt  nouveau  mandement  du  roi 
au  sénéchal,  lui  ordonnant  de  faire  droit  à  l'ar- 
chevêque (juin  1247).  Le  sénéchal  procède  contre 
le  vicomte;  celui-ci  en  appelle  au  roi,  mais  ne 
comparaît  pas  pour  soutenir  son  appel  j  Louis  IX, 
au  mois  d'août  suivant,  ordonna  au  sénéchal  de 
faire  droit  à  son  adversaire,  puis  d'ajourner  les 
parties  par  devant  sa  cour  s  la  prochaine  Chan- 
deleur. Enfin,  en  février  1248,  arrêt  de  la  cour 
du  roi  déboutant  le  vicomte  &  remettant  l'arche- 
vêque en  possession  de  la  haute  justice  de  Capes- 
tang. Cet  arrêt  ne  termina  pas  le  différend  entre 
les  deux  parties;  le  8  octobre  suivant,  le  pape 
ordonnait  encore  à  l'abbé  de  Saint-Jacques,  à 
l'archidiacre  de  Béziers  &  a»  prieur  de  Cassan  de 
faire  observer  l'excommunication  lancée  contre 
Amaiiri  de  Narbonne,  qui  avait  fait  garder  les 
portes  du  palais  archiépiscopal  par  des  hommes 
d'armes.  (Potthast,  n.  i3o7i.)  [A.  M.J 


'Guillaume  de  Puylaurcns,  c.  47.  —  Catel, 
Mémoires  de  l'histoire  du  Lanauedoc^  p.  358  &  suiv. 
—  Percin,  De  haeresi,  part.  4,  p.  76  &  suiv. 

'  Le  7  janvier  1  247,  Hugues  IV,  comte  de. Rodez, 
prit  la  croix  en  s'engageant  à  aller  en  Terre- 
Sainte  lui-même  ou  à  y  envoyer  un  chevalier  à 
ses  frais.  Au  surplus,  il  ne  remplit  jamais  son 
vœu.  Pour  s'en  racheter  il  donna  au  comte  Rai- 
mond VII  une  somme  de  cent  livres  tournois.  Ci. 
de  Gaiijal,  t.  2,  p.  ic8.  [.A..  M.] 

'  A  cette  occasion  le  comte  leva  dans  ses  Etaii 
une  aide,  ainsi  que  le  lui  permettait  la  coutume 
féodale.  Nous  n'avons  aucun  document  sur  la  ma- 
nière dont  cet  impôt  fut  réparti;  mais  nous  con- 
naissons dans  le  détail  l'histoire  d'un  impôt  sem- 
blable levé  de  1263  i  1268  par  le  comte  Alfonse, 
&  les  documents  de  la  chancellerie  de  celui-ci 
renvoient  constamment  aux  actes  passés  en  1247 
&  1243,  Le  successeur  de  Raimond  VU  toucha 
racine  l'arriéré  de  cet  impôt,  dont  on  payait  encore 
le  reliquat  en  1252  &  1260.  Cf.  Boutaric,  Alfonse 
de  Poitiers,  p.  280.  (A.  M.] 

■*  Voyez  plus  haut,  1.  XXIII,  ch.  L\ii,  pp.  549 
Si.  5,Vi.  —  [Potthast,  n.   12426.) 

''  ^  oyez   ihi.l. 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXV,  780  ""l 

'     -'        An  IÎ47 

depuis  le  commencement  de  juillet  jusqu'au  16,  que  le  comte  ayant  été  obligé 
de  s'absenter,  Raimond  d'Alt'aio,  son  viguier,  la  fit  continuer  au  nom  de  ce 
prince  :  elle  fut  entièrement  terminée  '  le  24  du  même  mois,  8<  les  commis- 
saires l'ayant  envoyée  au  pape,  Raimond  sollicita  un  jugement  favorable  par 
un  procureur  ([ui  se  rendit  exprès  à  Lyon,  où  Innocent  IV  faisoit  toujours 
son  séjour.  Cet  envoyé  s'adressa  à  un  prélat  de  la  cour  romaine  qui  lui  promit 
de  l'aider  de  son  crédit  81  l'assura  que  le  pape  consentiroit  volontiers  à  la 
demande  du  comte,  si  le  roi  vouloit  l'appuyer.  Raimond  obtint  aisément  de 
ce  prince  des  lettres  de  recommandation  auprès  d'Innocent  j  mais  11  se  trouva 
que  le  prélat  qui  avoit  donné  l'avis,  qu'il  s'étoit  fait  payer  bien  chèrement, 
avoit  joué  le  comte,  &  que  le  pape  n'avoit  rien  promis  :  du  moins  Innocent 
le  nia-t-il,  &  répondit  qu'il  feroit  procéder,  si  l'on  vouloit,  à  une  nouvelle 
enquête,  parce  que  celle  qui  avoit  été  faite  n'étoit  pas  suffisante.  Le  procu- 
reur du  comte,  qui  n'avoit  aucune  instruction  là-dessus,  ne  voulant  rien 
entreprendre  de  lui-même,  retourna  à  son  hôtel,  où  il  trouva  une  défense  de 
faire  aucune  nouvelle  démarche  s'il  voyoit  qu'on  lui  eût  manqué  de  parole. 
Le  pape  fit  expédier^  cependant,  le  19  de  novembre  de  l'an  1247,  une  nou- 
velle commission  à  l'archevêque  d'Auch  &  aux  évêques  du  Puy  Si  de  Lodève. 
Il  y  expose  les  divers  soins  que  le  comte  Raimond  s'étoit  donnés  pour  obtenir 
la  sépulture  ecclésiastique  du  feu  comte,  son  père,  &  déclare  que  les  raisons 
pour  lesquelles  Raimond  VI,  père  de  ce  prince,  avoit  été  excommunié 
n'étant  pas  clairement  exprimées  dans  l'enquête  que  le  même  évêque  de 
Lodève  avoit  faite,  8c  qui  lui  avoit  été  envoyée;  que  d'ailleurs  la  qualité  des 
témoins  qui  avoient  été  entendus  n'étant  pas  exprimée,  8c  qu'enfin  ne  sachant 
pas  ce  que  c'éloit  qu'une  autre  information  dont  il  y  étoit  parlé,  il  n'avoit 
pu  terminer  cette  affaire;  qu'ainsi  il  les  chargeoit  d'informer  de  nouveau  8c 
de  faire  ensuite  inhumer  dans  un  cimetière  ecclésiastique  le  corps  de  ce 
prince,  après  lui  avoir  donné  l'absolution,  s'il  n'y  avoit  aucun  obstacle  qui 
l'empêchât.  Un  moderne  assure-'  que  les  trois  nouveaux  commissaires,  sur 
des  dépositions  qu'ils  estimèrent  dignes  de  foi,  firent  la  cérémonie  d'absoudre 
le  corps  de  Raimond  VI,  8c  il  cite  en  témoignage  la  bulle  même  du  pape,  ,'iii'°"^'"' 
qu'on  garde,  dit-il,  aux  archives  de  l'église  du  Puv;  mais  nous  avons  lieu 
de  douter  de  la  vérité  de  ce  fait;  car  le  même  auteur  assure  que  Guiùùvme  de 
Murât,  évêque  du  Puy,  fut  l'un  de  ces  trois  commissaires.  Or,  la  commission 
est  adressée  simplement  à  l'évêque  du  Puy,  sans  que  son  nom  y  paroisse,  8c 
on  n'a  aucune  preuve  que  Guillaume  de  Murât  ait  été  évêque  du  Puy  avant 
l'an  ii5o.  Quoi  qu'il  en  soit,  il  est  certain  c|ue  le  corps  de  Raimond  VI 
demeura  toujours  sans  être  inhumé;  en  sorte,  dit  un  auteur  du  temps ^,  que 
le  comte,  son  fils,  ne  put  réussir,  ni  à  contracter  un  nouveau  mariage,  ni  à 
procurer  les  honneurs  de  la  sépulture  à  son  père. 

'  Voyez  tome  VII,  î/olc  XXXVll,  pp.    109,   110.  '  Théodoret,  Histoire  du  Puy,  p.  ::8y  &  siiiv. — 

'  Catel,    Mémoires    Je   l'histoire    du    Languedoc  ^        Galîia  Christiaiia ,  nov.  éd.,  t.  2,  c.  7  t.'*. 
p.   371.    —    [Potthast,    n.   1x762.   Cf.    tome  VIII,  '  GuiU.iii;nc  de  Puylaiirens,  c.  47. 


77^7^   79°  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXV. 

r 

CI.  —  Evêqiies  du  Puy.  —  Raîmond  protège  les  inquisiteurs  t-  /ait 

un  voyage  en  Espagne. 

Guillaume  de  Murât,  évêque  du  Puy,  succéda  '  à  Bernard  de  Montaigu. 
Les  habitans  du  Puy  tentèrent  de  se  soustraire  à  l'autorité  temporelle  de  ce 
dernier  8c  excitèrent  divers  troubles;  ce  qui  l'obligea  à  jeter  l'interdit  sur  la 
ville  en  1289;  mais  appuyé  par  le  roi,  il  les  mit  enfin  à  la  raison,  8c  ils  lui 
firent  leurs  soumissions.  Bernard  de  Ventadour  succéda,  en  iîSi,  à  Guil- 
laume de  Murât  dans  l'évêché  du  Puv. 

Les  affaires  qui  engagèrent  le  comte  Raimond  à  s'absenter  de  Toulouse, 
durant  le  mois  de  juillet  de  l'an  1247,  l'appelèrent,  à  ce  qu'il  paroît,  en 
Espagne,  où  nous  savons  qu'il  fit  un  voyage^  cette  année.  Le  roi  ordonna 
à  cette  occasion,  au  sénéchal  de  Carcassonne,  de  ne  rien  attenter  sur  les 
domaines  de  ce  prince  pendant  son  absence.  Il  avoit  repassé ^  les  Pyrénées 
&  étoit  à  Avignon,  le  2  d'octobre,  &  à  Lavaur,  dans  le  Toulousain,  à  la  fin 
de  décembre.  Il  ordonna,  la  même  année,  pour  honorer'*  la  mémoire  des 
inquisiteurs  tués  à  Avignonet,  8c  sans  doute  pour  faire  sa  cour  au  pape,  k 
tous  les  juges  8c  consuls  de  sa  domination,  d'obliger  les  peuples  d'assister 
aux  prédications  des  frères  prêcheurs  &c  mineurs,  même  les  jours  de  fête, 
lorsque  ces  religieux  passoient  dans  les  villes  Se  les  villages;  8c  ce  fut  appa- 
remment sous  sa  protection  que  les  inquisiteurs  de  Toulouse  firent,  vers  le 
même  temps,  une  nouvelle  recherche  des  hérétiques,  dont  ils  condamnèrent 
un  grand  nombre,  dti  conseil  de  divers  prélats,  à  une  prison  perpétuelle, 
après  les  avoir  absous. 

Cil.  —  Trencavel  conclut  la  paix  avec  le  roi  £>  prend  la  croix. 

Sa  postérité. 

Trencavel,  pour  terminer  entièrement  sa  paix  avec  le  roi,  se  rendit  à  Paris, 
Su  mois  d'octobre  de  l'an  1247,  ^  ^^  '^  renouvela^  en  présence  de  ce  prince, 
la  cession  qu'il  lui  avoit  déjà  faite  de  tous  ses  droits  sur  les  vicomtes  de 
Bé::*iers  Se  de  Carcassonne,  8c  sur  tous  les  domaines  que  sa  maison  possédoit 
dans  les  diocèses  de  ces  deux  villes  8c  dans  ceux  de  Toulouse,  Albi,  Agde, 
Lodève,  Nimes  8c  Maguelonne.  Il  en  fit  sceller  l'acte  du  sceau  dont  il  se  ser- 
voit  lorsqu'il  se  qualifioit  vicomte  de  Béziers,  Se  du  nouveati  qu'il  avoit  fait 
faire  exprès;  après  quoi  il  fit  rompre,  en  présence  du  roi,  le  premier  de  ces 
deux  sceaux  avec  son  contre-scel.  Le  roi,  ayant  accepté  cette  cession,  donna 
en  dédommagement  à  Trencavel  8c  à  ses  héritiers,  par  des  lettres  datées  de 

'  Théodoret  &  Gallla  Chnn'iana,  ut  supra.  Lavaur   lors    de    sa    rédaction.    Il   peut    avoir  été 

'  Tome  VIII,  Chartes,  n.  CCLXXVI,  c.   1222.  reçu  par  un  de  ses  bailes.  [A.  M.] 

'  Manuscrits  ctc  Coliert,  t\.  1067.  —  [Lat.  6009,  '  Percin,  Monumenta  conventus  Tolosani,  p.  .")3. 

p.  276,  &  Teulet,  t.  3,   p.   19.  Ce  dernier  acte  ne  '  Voyez    tome    VIII,     Chartes,     n.    CCLXXV, 

prouve  pas   absolument   la    présence    du   comte   à  ce.   1212,   12  r3. 


An  12/7 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXV.  791 

Pontoise,  six  cens  livres  de  rente  dans  la  sénéchaussée  de  Beaucaire,  pour  les 
posséder  en  fief  &  hommage  lige,  savoir  :  deux  cens  livres  sur  le  lieu  de  la 
Caunette,  &  le  reste  à  Beilegarde  &  sur  le  péage  de  Beaucaire,  à  condition 
qu'il  pourroit  assigner  ailleurs  cette  rente  s'il  le  jugeoit  à  propos,  8c  qu'elle 
ne  seroit  que  de  cinq  cens  livres,  au  lieu  de  six  cens,  si  c'étoit  dans  la  vicomte 
de  Béziers.  Le  cas  arriva  quelques  années  après,  8c  le  roi  ayant  ordonné,  au 
mois  d'août  de  l'an  i255,  à  Pierre  d'Auteuil,  son  sénéchal  de  Carcassonne, 
d'assigner  à  Trencavel  cinq  cens  livres  de  rente  dans  la  vicomte  de  Béziers 
ou  dans  les  autres  pays  de  la  sénéchaussée,  le  sénéchal  exécuta'  sa  commis- 
sion au  mois  de  juin  de  l'année  suivante,  8c  assigna  pour  cette  somme  les 
domaines  de  Pauligny,  Belvesé,  Raissac,  Saint-Martin  de  Villereclam,  Ces- 
seras 8c  Cadirac^,  dans  le  Minervois  8c  le  Razès,  portions  du  diocèse  de  Nar- 
bonne  ;  8c  Trencavel  renonça  à  l'assignation  de  six  cens  livres  de  rente  qui 
lui  avoit  été  faite  dans  la  sénéchaussée  de  Beaucaire.  C'est  tout  ce  qui  resta 
à  l'héritier  des  vicomtes  de  Béziers,  Carcassonne,  Razès,  Albi,  Nimes  &c  Agde, 
de  tous  les  biens  que  ses  ancêtres  avoient  possédés,  8c  cette  ancienne  maison, 
qui  depuis  la  fin  de  la  seconde  race  avoit  joui  des  droits  régaliens  dans  ces 
six  vicomtes  jusqu'au  commencement  de  la  guerre  des  albigeois,  8c  qui  étoit 
la  plus  puissante  de  la  Province,  après  celle  des  comtes  de  Toulouse,  se  vit  éj  onj,;,,. 
enfin  réduite  à  la  condition  d  une  des  moindres  du  pays  :  funeste  suite  d'une 
guerre  de  religion  qui  força  Trencavel,  sans  aucune  faute  de  sa  part,  à  porter 
l'iniquité  du  vicomte  Pvaimond-Roger,  son  père.  En  effet,  quoique  l'assigna- 
tion qu'on  lui  fit  par  grâce  d'une  petite  partie  de  ses  anciens  domaines 
puisse  être  évaluée,  suivant  le  cours  présent  de  notre  monnoie,  k  vingt  ou 
vingt-cinq  mille  livres  de  rente,  cela  suffisoit-il  pour  le  dédommager  d'une 
si  grande  étendue  de  pays  qui  devoit  naturellement  lui  appartenir,  8c  qu'on 
confisqua  sur  lui  dans  le  temps  qu'il  étoit,  pour  ainsi  dire,  au  berceau?  Et  si 
cette  confiscation  étoit  nulle  de  plein  droit,  comme  il  paroît  par  la  cession 
même  qui  lui  fut  demandée,  on  pouvoit  du  moins  lui  laisser  un  état  plus 
honnête,  tandis  que  de  simples  chevaliers  françois  8c  de  nouveaux  venus 
obtinrent  vers  le  même  temps  dans  le  pays  des  établissemens  beaucoup  plus 
considérables^. 

'  Voyez  tomeVllI, chartes,  11.  CCCXIX,  ce.  1396  les   Pièces  fugitives  du   marquis   i'Âuhays,  &   pa? 

à  i3oQ.  MahuI,   Cartulaire   de   Carcassonne^    t.    5,    p.    3o8. 

'  Voici  les  formes  exactes  de  ces  noms  de  lieux  :  Elle  valut  à  la  famille  la  reconnaissance  de  sa  no- 

Pauligne,    Aude,   arr.    de   Limoux  j    Belve-^c,   id.;  blesse  lors  de   la  recherche  de  de  Bezons   en   1669. 

Raissac-sur-Lampy,   Aude,   arr.   de   Carcassonne;  Mais  l'hisioiie   a  le  droit   d'être   plus   difficile,   & 

Saint-Martin  de  Vilîereglan,  KuAcy  nxr,  àc  h\VL\ou'K.^  une  remarque  suffit    pour  rendre   cette  généalogie 

Cesseras,    Hérault,    arr.    de   Saint-Pons;    Cadirac ,  invraisemblable,  c'est  que  jamais  les  Trencavels  ne 

Hérault,  commune  d'Olonzac.  [A.  M.]  s'appelèrent  de  Carcassonne,  mais  de  Béliers,  ce  qui, 

^  Nous    ne    signalerons    que    pour   rttémoire    la  ainsi  que  le  remarque  dom  Vaissete,  était  leur  nom 

prétendue  descendance  des  vicomtes  de  Béziers  &  patronymique.  En  outre  les  degrés  ont  été  si  mal 

de  Carcassonne,  qui,  sous  le  nom   de  Carcassonne,  calculés    par   l'auteur   de  cette   généalogie    que   de 

aurait  survécu   jusqu'au   dix-huitième  siècle  dans  Trencavel,  dernier  vicomte,  à  1492,  il   ne  compte 

le  diocèse  de  Lodeve.  Cette  généalogie  a  été  impri-  que  quatre  générations,  ce  qui  n'est  pas  assez  pour 

mée  par   Dumège   (Additions,  t.  6,  p.  42),  d'après  près  de  deux  cent  quarante  ans.   [A.  M.] 


An  ,247      79'  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXV. 

Trencavel,  après  s'être  soumis  à  la  volonté  du  roi,  prit  la  croix'  St  s'en- 
gagea d'accompagner  ce  prince  à  la  Terre-Sainte  avec  cinq  chevaliers  Si  cinq 
arbalétriers.  Le  roi  ordonna  alors  au  sénéchal  de  Carcassonne  de  permettre 
aux  gentilshommes,  anciens  vassaux  de  ce  vicomte,  entre  autres  à  Raimond 
de  Tais,  chevalier,  d'aller  &  de  venir  dans  le  pays,  pourvu  qu'ils  ne  tussent 
coupables  que  d'avoir  pris  parti  en  sa  faveur  durant  la  guerre  qu'il  avoit 
faite  quelque  temps  auparavant,  &.  à  condition  qu'ils  se  feroient  absoudre  de 
l'excommunication  qu'ils  avoient  encourue.  Il  ordonna,  d'un  autre  côté,  au 
même  sénéchal,  de  remettre  incessamment  à  Trencavel  ses  fils  qu'il  tenoit  en 
otage;  &  il  le  chargea,  sur  ce  que  ce  vicomte  lui  avoit  déclaré,  qu'il  avoit 
laissé  tous  les  titres  de  sa  maison  entre  les  mains  de  Roger,  comte  de  Foix, 
d'engager  ce  dernier  à  les  rendre.  Roger  étoit  le  dépositaire  de  ces  papiers, 
soit  à  cause  de  la  proximité  du  sang  qui  le  lioit  avec  Trencavel,  dont  le  comte 
Raimond-Roger,  son  aïeul,  &  Roger-Bernard,  son  père,  avoient  été  les 
tuteurs,  soit  en  vertu  deâ  substitutions  réciproques  que  leurs  ancêtres  s'étoient 
faites  de  tous  leurs  domaines.  Roger  obéit  &  rendit  presque  tous  ces  titres, 
qui  sont  conservés  encore  dans  le  Trésor  des  chartes  du  roi.  Il  en  retint 
quelques  autres,  en  particulier  un  ancien  cartulaire  où  on  trouve  la  plupart 
des  actes  des  anciens  vicomtes  de  Béziers,  Carcassonne,  Nimes,  Albi,  &c.  Ce 
cartulaire  étoit  conservé  dans  la  caisse  i5  du  trésor  des  chartes  de  Foix.  Nous 
en  avons  tiré  de  grandes  lumières  pour  l'histoire  de  ces  anciens  vicomtes  8c 
des  comtes  de  Foix,  leurs  parens^. 

Trencavel  suivit  le  roi  outre-mer,  &  il  s'y  distingua  par  sa  valeur.  Il  revint 
de  la  Terre-Sainte  avec  ce  prince,  8v  le  dernier  acte  que  nous  ayons  de  lui 
est  une  vente ^  qu'il  fit  au  roi,  en  I263,  avec  la  vicomtesse  Saurine,  sa 
femme,  £•  leurs  fils  Roger  de  Bé-^iers  &•  Raimond-Roger,  pour  six  cens  livres 
tournois,  du  château  de  Saint-Martin  de  Villereclam,  dans  le  Razès,  Se  de 
ses  dépendances,  qu'il  avoit  reçu  en  assignat.  Nous  comprenons  par  cet  acte, 
dans  lequel  Trencavel  se  qualifie  autrefois  vicomte  de  Béjiers,  que  ses  descen- 
dans  prirent  le  surnom  de  Béliers  :  surnom  qu'il  prend  lui-même  dans  une 
c[uittance  qu'il  fit  au  roi  en  1248"*.  Il  étoit  sans  doute  décédé,  au  mois  de 
décembre  de  l'an  1267,  lorsque  le  roi-"'  donna  à  Roger  de  Bé-^iers,fils  de 
Trencavel,  sous  une  rente  annuelle,  les  droits  qu'il  avoit  à  Cesseras,  dans  le 
Minervois.  Enfin  le  même  Roger  de  Béliers,  fils  de  Trencavel  dit  vicomte  de 

'Voyez    tome    VIII,    Chartes,    n.    CCLXXVI,  dans  le  supplément  du  Trésor.  Le  reste,  probable- 

c.   122J.  ment  fort  négligé,   périt  dans  ini  grand   incendie 

'  Jamais  les  archives  des  Trencavel  ne  furent  dé--  au   commencement  de   ce   siècle.  Le  cartulaire  que 

posées  au  Trésor  des  chartes;  du  moins  aucun  des  dom  Vaissete    indique    a    échappé,   &   appartient 

anciens  inventaires  de  ce  dépôt  n'en  porte  trace.  aujourd'hui  à  la  Société  Archéologique  de  Mont- 

ïls  durent  être   rendus   par   le  cointe   de  Foix   &  pellier.   [A.  M.) 

portés  à  Carcassonne.  Plus  tard,  à  une  époque  in-  ^  Voyez    tome    VIII,    Chartes,    n.    CCCXLIV, 

déterminée,  ils  furent   reportés  à  Foix,  ik  c'est  là  ce.  LÎ^g,  i5ro. 

que  Doat  les  consulta  en  1668.  Une  partie  de  ces  ^  Ihid.  n.  CCLX,  c.  1214. 

.                     actes    fut  enlevée,    en   1702,  par  ordre  du   roi   &  ^  Besse,   Carcassanne,   p.    168.    [Cf.    tome  VIII, 

transportée    à    Paris,    où    ils   se  trouvent    encore  ce.   i.")93  &  i.')99,  d'après  lat.  9996.] 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXV. 


793 


Bèjiers,  se  croisa',  en  1269,  &  promit  de  suivre  le  roi  saint  Louis  dans  son 
expédition  contre  les  infidèles.  Nous  ne  trouvons  plus  dans  la  suite  aucune 
trace  des  descendans  de  Trencavel^. 


An  I  2/.7 


cm.  —  Leroi  envoie  des  commissaires  dans  la  Prorince  pour  y  recevoir  les 
plaintes  contre  ses  officiers,  6-  restituer  les  biens  qu'il  avoit  mal  acquis. 

Guillaume  de  la  Broue,  archevêque  de  Narbonne,  fit  aussi  un  voyage  à 
la  Cour,  au  mois  d'octobre  de  l'an  1:47,  ^  i'  pioniit  au  roi,  en  présence  du 
légat,  tant  pour  lui  que  pour  les  autres  évêques  de  la  Province,  de  faire 
payer  exactement,  depuis  le  i"de  mai,  la  décime  imposée  par  ordre  du  pape 
sur  tout  le  clergé  de  France  pour  la  guerre  d'outre-mer^.  Ce  prince  envoya 
vers  le  même  temps  des  commissaires  dans  toutes  les  provinces  du  royaume 
avec  ordre  de  dédommager  tous  ceux  qui  auroient  souffert  quelque  injustice 
de  sa  part  ou  de  celle  de  ses  officiers,  &  de  leur  restituer  les  biens  qu'ils 
prouveroient  leur  avoir  été  enlevés.  Maître  Pierre  de  Castro  &  frère  Jean  du 
Temple,  de  l'ordre  du  Val  des  Écoliers"*,  furent  nommés  commissaires  ou  ûd.oriRin. 
inquisiteurs  dans  les  deux  sénéchaussées  de  Carcassonne  8c  de  Beaucaire,  'P  +  5- 

avec   l'autorité  de  lieutenans  de  roi->.   S'étant  rendus  à  Alais,   au    mois  de 


'  Trésor  des  chartes;  croisades,  n.  25.  —  [J.  4Ô6. 
Cf.  tome  VIII,  c.   1600.] 

"  L'évaluniion  par  dom  Vaissete  du  revenu  ac- 
cordé à  Trencavel  par  le  roi  est  un  peu  faible. 
D'après  les  travaux  de  M.  de  Wailly,  q\ii  sont 
regardés  aujourd'hui  comme  les  plus  dignes  de  foi, 
la  livre  tournois,  au  temps  de  saint  Louis,  valait 
17  fr.  9735.  La  valeur  intrinsèque  de  l'assise  de 
Trencavel  était  donc,  la  première  fois,  dans  la  sé- 
néchaussée de  Beaucaire,  de  10,983  fr.  10  c;  la 
seconde  fois,  dans  la  sénéchaussée  de  Carcassonne, 
de  8,986  fr.  8.^  c.  Le  pouvoir  de  l'argent  aujour- 
d'hui étant  le  cinquième  de  celui  de  l'argent  au 
treizième  siècle,  il  faut  multiplier  par  .0  ces  deux 
sommes  pour  avoir  leur  valeur  extrinsèque.  Nous 
trouverons  dans  le  premier  cas  :  04,920  fr.  :jo  c; 
dans  le  second  :  44,934  fr.  25  c.  Notre  calcul  ne 
diminue  en  rien  la  portée  des  observations  de  dom 
Vaissete.  Le  roi  de  France  s'en  tira  à  bon  marché 
avec  le  dernier  vicomte;  &  c'est  avec  raison  que 
le  savant  Bénédictin  fait  remarquer  que  de  sim- 
ples seigneurs  possédaient  dans  la  Province  des 
assises  infiniment  plus  considérables.  Nous  cite- 
rons comme  exemples  Gui  de  Lévis,  Pierre  des 
Voisins  &  Lambert  de  Limoux.    [A.  M.] 

'Voyez    tome    VIII,    Chartes,    n.    CCLXXVI , 

c.     It22. 

*  Trésor  des  chartes;  Toulouse,  sac  11 ,  n.  07. 
—  [J.  320;  rouleau  original  long  de  4'"fio.]  On 
peut  en  voir  l'analyse  au  tome  VII,  parmi  les 
registres  des  EntjuC-teurs  royaux.  Cette  enquête  ren- 
ferme en    tout  cinquante-huit    plaintes,  d'autant 


plus  intéressantes  qu'elles  se  rapportent  à  des  faits 
commis  dans  une  terre  relevant  du  roi.  La  plu- 
part sont  dirigées  contre  les  châtelains  royaux 
d'Alais;  quelques-unes  contre  le  sénéchal.  Nous 
citerons  aussi  le  cas  plus  grave  de  la  dame  de 
Rousson  dont  le  sénéchal  voulut  faire  sa  maî- 
tresse, ce  qui  prouve  jusqu'où  allaient  les  pré- 
tentions des  officiers  royaux.  [A  M.] 

'  Les  enquêteurs  royaux,  en  1247  &  1248,  s'ac- 
quittèrent de  leur  mission  dans  les  deux  séné- 
chaussées. Divers  registres  nous  sont  restés  de  cette 
grande  enquête,  registres  que  nous  publions  in 
extenso  ou  sous  forme  d'analyses  détaillées  dans  le 
lome  VII  de  la  présente  histoire.  La  plup.irt  des 
plaintes  qu'ils  eurent  à  examiner  se  rapportent 
aux  excès  commis  par  les  officiers  royaux  depuis 
le  traité  de  1229,  &  ces  excès  sont  tels  qu'ils  ne 
permettent  pas  d'adopter  sans  examen  le  senti- 
ment de  la  plupart  des  historiens  sur  le  gouver- 
nement de  Blanche  de  Castille.  Le  midi  paraît, 
d'après  ces  actes,  avoir  été  abandonné  à  des  admi- 
nistrateurs avides,  sans  conscience  &  au  fond  in- 
capables; aucun  contrôle  de  la  part  du  pouvoir 
central,  dont  souvent  les  ordres  formels  sont  mé- 
connus; exactions  grandes  &  petites,  abus  de 
pouvoir  envers  les  particuliers  &  envers  les  com- 
munautés, rien  ne  manque  à  cette  administration 
inique.  Ce  fut  l'honneur  du  roi  Louis  IX  de  com- 
prendre que  le  Languedoc  ne  pourrait  être  pacifié 
&  soumis  qu'en  employant  d'autres  moyens,  & 
glace  à  vingt  ans  d'une  administration  plus  hon- 
nête &  plus  modérée,  il   sut  si    bien    s'attacher  les 


An  r2^8 


" 704  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXV. 

An  1247         '  J' 

novembre  de  cette  année,  les  consuls  de  cette  ville  leur  portèrent  des  plaintes 
contre  Pierre  Faber,  ci-devant  sénéchal  de  Beaucaire,  qui  avoit  fait  diverses 
extorsions  sur  eux.  Tiburge,  veuve  de  Bernard  Pelet,  &  Bernard  Pelet,  leur 
fils,  se  plaignirent  aussi  des  vexations  qu'ils  avoient  souffertes  de  la  part  de 
ce  sénéchal,  qui  avoit  fait  détruire  la  tour  d'Alais,  nonobstant  les  prières  que 
Guîraude,  dame  d'Ujès,  lui  avoit  faites  de  ne  pas  l'abattre,  8c  l'appel  que 
Svbille,  aïeule  du  même  Bernard  Pelet  (fils  de  Tiburge),  laquelle  avoit  la 
garde  de  cette  tour,  avoit  interjeté  au  roi.  Plusieurs  gentilshommes  de  la 
viguerie  d'Alais  portèrent,  d'un  autre  côté,  des  plaintes  aux  commissaires  du 
roi,  tant  contre  le  même  Pierre  de  Athns  dit  F  abri,  sénéchal  de  Beaucaire, 
Pierre  de  Nonnecourt  &  Jaconimus,  frère  &  successeur  de  Pérégrin  Latina- 
rius,  ses  prédécesseurs,  que  contre  les  officiers  particuliers  de  la  viguerie 
d'Alais.  Les  habitans  de  la  sénéchaussée  de  Carcassonne  ne  firent  pas  de 
moindres  plaintes  contre  les  officiers  de  cette  sénéchaussée',  entre  autres  ceux 
d'Aiguesvives,  dans  le  Minervois.  Le  roi,  sur  le  rapport  des  commissaires,  fit 
restituer^  à  divers  gentilshommes  de  la  même  sénéchaussée  les  domaines  que 
ses  officiers  leur  avoient  saisis  mal  à-propos^.  Il  fit  informer'*  sur  les  diffé- 
rends qui  duroient  toujours  entre  les  comtes  de  Toulouse  &  de  Foix,  avec 
ordre  au  premier  de  se  départir  du  serment  de  fidélité  qu'il  avoit  reçu  des 
chevaliers  de  Saverdun.  Il  ordonna 5,  au  mois  de  février  de  l'année  suivante, 
au  sénéchal  de  Carcassonne  de  restituer  au  comte  de  Toulouse  les  châteaux 
de  Penne,  en  Agenois,  Puycelsi,  Najac  &  Laurac,  &  de  faire  transférer  à 
Carcassonne  les  vivres  &  les  armes  qui  étoient  dans  ces  places.  FInfin  il 
s'obligea'^,  au  mois  de  mai  suivant,  de  payer  à  Raimond  vingt  mille  livres 
parisis,  en  cas  que  ce  comte  passât  la  mer  pour  le  secours  de  la  Terre-Sainte. 

CIV.  —  Consuls  de  Toulouse.  —  Suite  des  ajfaires  de  l'inquisition. 

Juifs  de  la  Province. 

Raimond  faisoit  ses  préparatifs  pour  ce  voyage.  Il  engagea  à  Toulouse,  la 
veille  de  l'Epiphanie  de  cette  année-',  le  comte  de  Pvodez  à  se  croiser  ou  du 

populations  méridionales  qu'après  1270  il  n'y  eut  droits  de  suzerain  contre  les  prétentions  de  la  cour 

plus  que  quelques  individus  à  rêver  une  nouvelle  pontificale  (tome  VIII,  c.   r  '•')'])■  Les  chanoines  de 

séparation.  —   Nous  donnons,  dans  le  tome  VII,  Saint-Ruf  avaient   fait  citer  l'évéque  d'Agde  par 

les  deux  registres  de  Béziers,  quelques   pièces  pour  devant  le  pape   au  sujet  d«   l'île  de   Cette.  Le  roi 

Carcassonne,  des  extraits  de  deux  registres  pour  les  s'opposa   à  ce  que   la  couf  pontificale  connut  de 

vigueries  de  Nimes  &  de  Beaucaire,  enfin  l'analyse  cette  affaire,  cette  île  étant  un  fief  de  la  couronne 

du    rouleau   d'Alais,   que   dom  Vaissete   a   connu.  de  France.  En   effet,  on  peut  voir   au   même  to- 

Les   enquêteurs  s'étaient   fait   remplacer   à   Nimes  lurae,  c.  io32,  l'hommage  du  prélat  pour  cette  île, 

par  le  sacristain  &  l'aumônier  du  chapitre  cathé-  hommage  qui  est  daté  du  29  octobre  1239.  (A.  M.] 

dral  de  cette  ville.  [A.  M.]  ■•  Voyez    tome   VIII,    Chartes,    n.    CCLXXVII, 

'  Trésor   des   chartes;  Toulouse,    sac  9,  n""   87,  ce.   I232  à   1234. 

93,   96,   99.  —  [Cf.  tome  VII,   Enquêteurs  royaux,  ^  Ihid.  n.  CCLXXVI,  ce.   1224,   1225. 

série  C]  "  Trésor  des  chartes;  Toulouse,  sac  5,  n.  61.  — 

'Voyez    tome   VIII,    Chartes,    n.    CCLXXVI,  [J.  3  1 1  ;  Teulet,  t.  3,  pp.  32,  33.  Voyez  plus  haut, 

c.  1224  (restitutions   à  GuiUem   de  Vintrous  &  à  p.  787.] 

Guillem  de  Montesquiou).  '  Archives  de  la  ville  de  Rodez.  —  GalUa  Chris- 

'  Vers  la  même  époque  Louis  IX  fit  respecter  ses  tiana,  nov.  éd.  t.   1,  Instrum.  c.  52. 


FIISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC,  LIV.  XXV.  7n5    

'  ''  An  i2/.'3 

moins  à  envoyer  outre-mer  un  chevalier  entretenu  à  ses  dépens.  Il  déclara', 
peu  de  temps  après,  aux  habitans  de  Toulouse  assemblés  dans  leur  palais 
commun,  que  le  consulat  de  cette  ville  leur  appartenoit  en  propre  ou  à  leur 
commune,  8<  qu'elle  avoit  l'autorité  d'élire  tous  les  ans  ses  consuls  au  nombre 
de  vingt-quatre,  savoir  :  douze  de  la  cité  8c  autant  du  faubourg. 

Ce  prince,  pour  donner  au  pape  de  nouvelles  preuves  de  son  zèle  pour 
l'extirpation  de  l'hérésie,  l'avertit^  que  plusieurs  hérétiques  étrangers,  qui 
s'étoient  venus  établir  dans  ses  Etats,  joints  à  ceux  qui  y  restoient,  faisoient 
cfivers  progrès,  &  le  pria  de  donner  ses  ordres  pour  une  recherche  plus  exacte 
de  ces  sectaires.  Le  pape  commit,  le  29  d'avril  de  l'an  1248,  l'évêque  d'Agen, 
S<.  lui  ordonna  d'informer  dans  les  terres  de  Raimond,  avec  le  conseil  des 
inquisiteurs  des  lieux  Se  des  diocèses,  &  en  observant  les  formalités  pres- 
crites. Le  lendemain  le  pape^  permit,  à  la  prière  de  Raimond,  à  ceux  des 
sujets  de  ce  prince  qui  n'étoient  enformés  en  prison  que  pour  un  temps  ou 
qui  n'étoient  condamnés  qu'à  porter  des  croix  pour  crime  d'hérésie,  de  se 
croiser  St  de  marcher  au  secours  de  la  Terre-Sainte.  Il  permit  même  à  ce 
prélat  ou  à  son  défaut  à  l'archevêque  d'Auch  de  faire  grâce  à  ceux  qui  étoient 
condamnés  à  une  prison  perpétuelle.  Si  qui,  ayant  donné  des  marques  d'un 
sincère  repentir,  se  croiseroient.  Enfin  iH  permit  à  l'évêque  d'Albi,  comme 
gérant,  les  affaires  de  la  foi  par  l'autorité  ordinaire  dans  sa  ville  &-  dans  son 
diocèse,  de  délivrer  de  prison,  du  conseil  des  inquisiteurs,  les  hérétiques  qui 
y  étoient  rehfermés  &  qui  donnoient  de  véritables  marques  de  pénitence,  à 
condition  qu'on  leur  imposeroit  d'autres  peines  convenables.  Il  enjoignit 
cependant  aux  inquisiteurs  de  la  province  de  Narbonne  d'informer  de  nou- 
veau, tant  contre  les  hérétiques  qui  avoient  été  déjà  jugés  que  contre  tous  les 
autres,  afin  de  rétablir  les  registres  de  l'inquisition,  dont  certaines  gens 
s'étoient  saisis,  8c  qu'ils  avoient  brûlés  au  sortir  d'une  assemblée,  après  avoir 
tué  le  clerc  ou  le  curseur  de  l'inquisition.  Les  inquisiteurs  commuèrent  sou- 
vent depuis  la  peine  de  ceux  qui  avoient  été  condamnés  pour  hérésie,  en 
une  amende  pécuniaire  dont  ils  marquoient  l'emploi  5,  C'est  ainsi  que  les 
deux  inquisiteurs  de  Toulouse  appliquèrent,  en  1255,  au  bâtiment  de  l'église  lîd.oiigin. 
de  Lavaur,  qui  sert  aujourd'hui  de  cathédrale,  les  sommes  que  dévoient  payer  '  ■P"'"' 
douze  des  principaux  habitans  de  cette  ville  condamnés  pour  hérésie,  dont 
ils  avoient  commué  la  peine. 

Innocent  IV  ordonna'',  le  7  de  juillet  de  l'an  1248,  à  l'évêque  de  Mague- 
lonne,  conformément  aux  remontrances  de  ce  prélat,  de  défendre  aux  juifs 
de  son  diocèse  8c  du  voisinage  de  porter  des  chapes  rondes  &c  larges,  comme 
les  clercs  8c  les  prêtres,  8c  de  leur  enjoindre,  au  contraire,  de  s'habiller  d'une 
manière  différente  des  ecclésiastiques  8c  même  des  laïques,  afin  qu'on  pût  les 

'  Catel,  Hiitoire  des  comtes  Ae  Tolose,  p.  323.—"  '  Archives  de  la  cathédrale  de  Lavaur.  —  Per- 

Voyez  tome  VII,  Note  XLVII,  p.  241.  c'in.  De  in^uisltione,  p.  97.  —  [Cf.  tome  V,  c.  i  533.] 

'  Tome  VIII,  Chartes,  n.  CCLXXIX,  c,   1241.  *  Baluze,  Miscellanea,  t.  7,  p.  407 [Potthast, 

>  IhiA.  n.  CCLXXIX,  c.  1240.  n.  129715.] 
1  IhiA.  n.  CCLXXIX,  ce.  i238,  1239. 


An  11^8      79*^  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXV. 

distinguer.  Il  manda',  au  mois  d'octobre  suivant,  aux  inquisiteurs  de  la  pro- 
vince de  Narbonne  de  l'ordre  des  frères  Prêcheurs,  d'envoyer  à  leur  provin- 
cial d'Espagne  &  à  frère  Raimond  de  Pennafort,  la  formule  suivant  laquelle 
le  feu  pape  Grégoire  IX  leur  avoit  prescrit  de  procéder  contre  les  hérétiques 
pour  la  suivre  dans  la  recherche  de  ceux  qui  étoient  dans  les  Etats  du  roi 
d'Aragon  Se  dans  la  partie  de  la  province  de  Narbonne  soumise  à  ce  prince. 
C'est  ce  qui  a  donné  l'origine  à  l'inquisition  d'Espagne. 

CV.  —  Êvêques  de  Maguelonne. 

L'évêque  de  Maguelonne,  dont  on  vient  de  parler,  étoit  de  l'ordre  des 
frères  Prêcheurs  &  s'appeloit  frère  Raynier.  Le  zèle  qu'il  témoigna^  pour 
rétablir  dans  son  clergé  la  discipline  ecclésiastique,  qui  y  étoit  fort  déchue, 
lui  attira  des  ennemis,  qui  l'empoisonnèrent  avec  une  hostie  consacrée.  Cet 
attentat  donna  lieu  au  chapitre  de  Maguelonne  de  faire  un  statut  pour 
ordonner  que  dans  la  suite  le  diacre  &  le  sous-diacre  partageroient  l'hostie 
avec  le  célébrant,  &  qu'ils  prendroient  aussi  avec  lui  une  partie  du  vin  con- 
sacré. Frère  Raynier  décéda  le  i3  de  janvier  de  l'an  124g.  Après  sa  mort^  le 
chapitre  de  Maguelonne  envoya  à  Lyon  des  députés  qui,  du  consentement 
du  pape  81  en  sa  présence,  élurent  pour  leur  évêque  Pierre  de  Conques  ou 
de  Conches,  sacristain  de  leur  église.  Le  pape  approuva  cette  élection,  le  i"de 
mars  suivant,  &  déclara  que  la  manière  dont  elle  avoit  été  faite- ne  pourroit 
préjudicier  dans  la  suite  à  la  liberté  du  chapitre. 

CVL  —  Le  roi  saint  Louis  arrive  dans  la  Province  pour  aller  s'embarquer 
à  Aignes-mortes.  —  Fondation  de  l'abbaye  de  Netloc,  —  Êvêques  de  Car- 
cassonne. 

Le  roi  saint  Louis'*,  ayant  disposé  toutes  choses  pour  son  départ,  se  mit 
en  chemin,  le  vendredi  12  de  juin,  après  avoir  laissé  la  régence  de  l'État  à 
la  reine  Blanclie,  sa  mère.  Il  passa  à  Lyon,  où  il  conféra  avec  le  pape  Inno- 
cent IV,  &  ayant  ensuite  continué  sa  route  il  assiégea  8c  prit  le  château  de 
la  Roche  de  Gluin  sur  le  Rhône,  dont  le  seigneur  rançonnoit  sans  miséri- 
corde, sous  prétexte  de  lever  un  droit  de  péage,  tous  les  pèlerins  qui  pas- 
sotent  par  là  pour  aller  à  la  Terre-Sainte.  Nous  apprenons  l'époque  précise 
de  ce  siège  d'une  quittance^,  que  Trencavel  fit  au  roi,  d'une  somme  qu'il 
avoit  reçue  sur  le  péage  de  Beaucaire,  à  la  Roche  de  Gluin,  le  8  de  juillet  de 

'  Baluzc,   Miscellanea,  p.  414  &  suiv. —  [Pot-  dom  Vaissete   reproduit  d'après  Gariel.    Cf.   Ger- 

thast,  n.  i3o55j  lettre  du  20  octobre  1248.]  -nain,  Maguelone  sous  ses  éyê^uss,  p.  Tip.  [A.  M.| 

'  Gat\t\, Séries  praesulum  Magalonensium,  p.  363  '  Baluze,  Miscellanea,   t.    7,  p.   466    &  suiv.  — 

gi  5uiv,  —  Ce  fait  de  l'empoisonnement  de  Rainisr  [Potthast,  n.  i3233.] 

est    rapporté    par    Arnaud    deVerJale,  qui   vivait  ■"  Gcsta  Ludovici  IX, -p.  i^:!-  — Matthieu  Pâ:is, 

moins  de  cent   ans   après   l'événement   &   mourut  année  1248.  —  Guillaume  de  Puylaurens,  c.  48. 
vers    i3Ô2.    C'est   lui   qui    fournit    les  détails   que  ^  Voyez  tome  VIII,  Cli.irtes,  n.  CCLXXV,  c.  1  21 4. 


An  1 2  ^,  3 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXV.  797 

Van  1248.  Louis  étant  arrivé  aux  environs  d'Avignon'  ses  troupes  insultèrent 
les  habitans  de  cette  ville,  qu'ils  accusoient  d'avoir  empoisonné  le  feu  roi 
Louis  VIII,  S<.  qu'ils  appeloient  en  passant  albigeois,  traîtres,  empoison- 
neurs, 6tc.  Ces  peuples,  ne  pouvant  supporter  un  pareil  reproche,  surprirent 
pour  se  venger  quelques  François  dans  des  défilés,  &  les  tuèrent  ou  les 
dépouillèrent  entièrement.  Les  courtisans  tâchèrent  alors  d'exciter  la  colère 
du  roi  8c  voulurent  lui  persuader  d'assiéger  Avignon  5  mais  ce  prince  ne 
jugea  pas  à  propos  de  se  détourner,  &  ayant  passé  le  Rhône  à  Tarascon,  il  se 
rendit  à  Beaucaire,  où  il  donna  une  charte,  au  mois  d'août  de  l'an  1:48, 
en  faveur  d'Oudard  de  Magneville,  son  sergent^,  &  vint  de  là  à  Nimes. 

On  a  plusieurs  chartes  de  ce  prince  datées  de  Nimes,  au  mois  d'août  de 
l'an  1248,  entre  autres  une  donation ^  qu'il  fit  alors  de  vingt  livres  de  rente 
sur  le  péage  de  Béziers  aux  religieuses  de  l'abbaye  de  Netloc  {de  Nitido  loco), 
de  l'ordre  de  Cîteaux,  fondée  dans  le  diocèse  d'Agde  par  son  cher  t-  Jèal 
Guillaume  de  Lodève.  Cette  abbaye,  qui  étoit  située  aux  environs  du  châ- 
teau de  Mèze,  fut  unie,  vers  la  fin  du  quinzième  siècle,  à  celle  de  Valmagne, 
dans  le  même  diocèse.  Guillaume  de  Lodève,  son  fondateur,  y  choisit  sa 
sépulture"*  8t  lui  fit  de  nouvelles  libéralités  par  son  testament  du  8  de  sep- 
tembre de  l'an  1248.  Ce  seigneur,  qui  possédoit  de  grands  domaines  dans  les 
diocèses  de  Lodève  5c  d'Agde,  entre  autres  à  Montagnac,  Pézénas,  Flo- 
rensac,  Sec,  qu'il  avoit  acquis  de  Pierre  de  Bermond  8c  de  Patave,  sa  femme, 
ordonna  à  Guillaume,  son  fils  8c  son  héritier,  de  faire  chevalier  Pierre  de 
Mèze,  8cc.  11  avoit  un  domestique  qui  prit  son  nom,  8c  contre  lequel  les 
habitants  de  Béziers  apportèrent^  leurs  plaintes  au  roi  quelques  années  après,  tu  origin. 
Le  roi  alla  de  Nimes  à  Aigues-mortes<5  pour  s'y  embarquer;  il  y  fit  quelque 
séjour,  8c  Pv.aimond,  abbé  de  Psalmodi,  lui  en  céda  alors  le  territoire  pour 
quelques  terres  voisines  de  Sommières'.  Il  échangea  aussi  alors  ^  avec  Bernard 
cle  Sommières  le  château  du  Caylar,  au  diocèse  de  Nimes,  contre  la  moitié  de 
la  ville  de  Sommières  8c  quelques  autres  domaines.  Guillaume-Arnaud, 
évêque  de  Carcassonne,  qui  avoit  succédé  depuis  peu  à  Clarin ,  mort"-'  le 
:6  d'avril  de  cette  année,  alla  joindre  le  roi  '°  à  Aigues-mortes. 

'  Matthieu  Paris.  Histoire  généalogique  Je  la  maison  d'Auvergne,  t.  i, 

'  Manuscrits  de  Colbert,  n.  2173.  —  [Lat.  9996,'  p.  87. 
p.  loi,  confirmation  delà  donation  faite,  en  1242,  '  Registram  curiae  Franciae,  (Teulet,  t.  2,  p.  ^5  • 

par  Humbert  de  Beaiijeu,  ihid.  p.   101.  —  Corrigez  d'après  l'original,  J.  295,  n.  i3.] 
de  Moineyille,  ./«  Moi'/ifviHa.]  «Voyez    tome   VIII,    Chartes,    n.    CCLXXXI, 

'  Trésor  des  chartes,  registre  i.'3,  n.  i33.  c.   1247. 

'  Baluze,  Portefeuille  de  Languedoc.  '  DtVicyChronologia  praesulum  Canassonen.'ium, 

'Voyez    tome   VIII,  Chartes,    n.    CCCXXXVI,  p.   m. 
ce.  1467  à  1469.  ""  Trésor  des  chartes;  Carcassonne,  n"*  2  &  3.  — 

•  liid.  Chroniques,  n.  III,  c    21 3.   [Chronique  [J.  335;  Teulet,  t,  3,  p.  46.  —  Voyez  plus   haut, 

de    l'hôtel    de   ville    de    Mt  ntpellier.] —  Baluze,  p.  78"!.] 


t.  III,  p.  ,,(ii. 


~ 7"   708  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXV. 

An  12,^8        '  / 

CVII.  —  Raimond  va  joindre  le  roi  à  ligues-mortes.  —  Origine  de  la  ville 
de  l'Isle  d'Albigeois,  —  Départ  du  roi  pour  la  Terre-Sainte. 

Le  comte  de  Toulouse  avant  appris  l'arrivée  de  ce  prince  à  Aigiies-morles 
se  rendit  auprès  de  lui.  En  passant  àLauran,  dans  le  Minervois,  il  échan- 
gea ',  le  6  d'août,  avec  Bérenger  &  Gautier  de  Saint-Jean,  «  les  terres  que 
«  Pierre  Amelii  avoit  possédées  à  Montaigu,  contre  la  forteresse  ou  bastide  de 
«  Beauvoir  &  une  vigne  contiguë,  située  entre  cette  forteresse  &  la  ville  de 
«  l'Isle  d'un  côté,  le  chemin  public  &  la  rivière  de  Tarn  de  l'autre,  dans  le 
«  diocèse  d'Albi.  »  Nous  remarquons  ces  choses  parce  que  c'est  là  le  plus 
ancien  monument  que  nous  ayons  trouvé  où  il  soit  fait  mention  de  la  ville 
de  l'Isle,  en  Albigeois,  qui  est  aujourd'hui  l'une  des  principales  du  pays. 
Elle  fut  bâtie  au  treizième  siècle  des  ruines  de  l'ancien  château  de  Montaigu, 
situé  dans  le  voisinage^. 

Raimond  arriva  à  Aigues-mortes,  vers  la  mi-août,  81  y  conféra  avec  le  roi, 
qui  s'embarqua  3  dans  ce  port,  le  mercredi  ^5  du  même  mois.  Se  demeura 
deux  jours  à  l'ancre  pour  attendre  un  vent  favorable.  Enfin  Louis  fit  voile, 
le  vendredi  suivant,  accompagné  de  Pvobert  &  Charles,  ses  frères,  8c  de  ce 
qu'il  y  avoit  de  plus  distingué  dans  la  noblesse  du  royaume.  Entre  les  sei- 
gneurs de  la  Province  qui  le  suivirent  furent  Trencavel,  auparavant  vicomte 
de  Bèziers,  Philippe  I  de  Montfort,  seigneur  de  Castres,  Gui  de  Montfort, 
son  frère,  seigneur  de  Lombers,  8c  Olivier  de  Termes,  qui  se  signalèrent  par 
leurs  exploits  dans  la  Terre-Sainte. 

CVin.  —  Vicomtes  de  Polignac. 

Pons  V,  vicomte  de  Polignac,  se  croisa"*  aussi,  8c  vendit,  pour  fournir  aux 
frais  de  son  voyage,  au  chapitre  du  Puy,  pour  vingt  mille  sols  viennois,  le 
vendredi  avant  la  Pentecôte  de  cette  année,  les  droits  qu'il  avoit  sur  la  mon- 
noie  du  Puy,  8c  qui  consistoient  en  cinq  deniers  pour  livre  sur  celle  qui  se 
fabriquoit  de  nouveau.  Il  mourut  durant  cette  expédition,  8c  laissa  d'Alix  de 
Trainel,  sa  femme,  morte  le  16  d'août  de  l'an  1248  8c  inhumée  aux  Jacobins 
du  Puy,  un  fils  8c  une  fille.  Le  fils,  nommé  Armand,  qu'il  laissa  en  parlant 
pour  la  Terre-Sainte  sous  la  garde  d'Armand,  son  frère,  abbé  de  Saint-Pierre 
de  la  tour  au  Puy,  lui  succéda.  La  fille,  appelée  Agnès,  épousa,  en  1240,  le 

'  Manuscrits   de    Colhert ,    n.    1067.  —   [J.    3o3,  une  partie  de  son   territoire  qui,  dès  le  milieu   du 

n.  i5,  original.  —  Teulet,  t.  3,  p.  42.]  douzième    siècle,  portait   le   nom    de    hla  (Cf.   ut 

'  M.  Rossignol  [^Monographies  communales,  t.  4,  supra,  t.  3,  p.  286].  M.  Rossignol   fait    remarquer 

p.  283)  adopte  l'opinion  de  dom  Vaissete.  En  effet  que    le    plan    de    l'Isle  est  tout   à   fait   réguler   & 

le  château  de  Montaigut,  sur  lequel  on  peut  con-  semble   bien   prouver   que   la    ville   fut    bâtie  d'un 

sulter  le  même  ouvrage  (iiid.  p.  338-343),  &  dont  seul  coup.   [A.  M.] 

une  partie  de  la  commune  de  l'Isle  porte  encore  le  '  Gesta  LuJovici  IX,  p.  346. 

•                        nom,  fut  détruit  en   1229,  après  la  paix  de  Paris.  ■•  Chabron,  Histoire   manuscrite  de  la   maison  Je 

Une  nouvelle  ville  dut  se   former  peu   après  sur  Polignac,  1.  7,  ch,  i3. 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.   LIV.  XXV.  700  

lyj       An  1248 

jeune  Héracle,  fils  d'Héracle,  seigneur  de  Montlaur,  en  Vivaiais.  Il  donna 
en  dot  à  cette  fille  la  terre  de  Pradcs  Si  quatre  cens  marcs  d'argent,  du  poids 
du  marc  qu'on  appelloit  du  vicomte  6-  qui  valait  quatre-vingts  sols  du  Puy. 
Armand,  seigneur  d'Alègre,  Pons,  seigneur  de  Vissée,  Gui,  seigneur  de  la 
Roche,  8<.  Bertrand,  seigneur  de  Chalençon,  furent  cautions  de  cette  dot. 
Pons  eut  d'abord  quelque  différend  avec  l'évêque  du  Puy  au  sujet  de  l'hom- 
mage pour  la  vicomte  de  Polignacj  mais  ils  s'accordèrent,  en  1229,  par  l'ar- 
bitrage de  Guillaume,  doyen  de  l'église  du  Puy,  Héracle  d'Arlenc,  chanoine 
de  cette  église,  Se  Guillaume,  seigneur  de  Chalençon.  Il  pacifia,  en  i233, 
les  différends  qu'il  avoit  avec  les  seigneurs  d'Alègre  61  de  Seneuil,  &  soutint 
ime  petite  guerre  contre  les  seigneurs  de  Châteauneuf-Randon  Si  Gui  de 
Meschin,  seigneur  de  Tournel,  touchant  la  baronnie  de  Ceissac,  dont  ils  pré- 
tendoient  la  moitié  comme  héritiers  de  Guillelmette  de  Polignac,  leur  aïeule. 
Bernard  de  Montaigu,  évêque  du  Puy,  Si  Pierre,  prévôt  de  la  même  église, 
terminèrent  cette  c[uerelle  en  1243.  Armand,  vicomte  de  Polignac,  fils  de 
Pons  V,  épousa,  en  1201,  Béatrix,  fille  de  Bernard,  seigneur  de  Mercœur, 
laquelle  eut  vingt-cinq  mille  sols  de  Clermont  en  dot'. 

CIX.  —  Le  comte  de  Toulouse  dijj'ère  son  départ  pour  la  Terre-Sainte. 

Le  comte  de  Toulouse^,  après  avoir  pris  congé  du  roi  à  Aigues-mortes,  se 
mit  en  chemin  dans  le  dessein  de  s'embarquer  lui-même  à  Marseille,  sur  un 
grand  vaisseau  qu'il  avoit  fait  équiper  sur  les  côtes  de  Bretagne  Si  qu'on 
devoit  lui  amener  dans  la  Méditerranée.  Il  prit  la  route  de  l'Isle,  dans  le 
pays  Venaissin,  où  il  confirma 3,  le  25  d'août,  les  privilèges  de  la  ville  81  du 
faubourg  de  Gaillac,  en  Albigeois.  Il  attendit ■*  longtemps  à  Marseille  ce 
vaisseau  qui  arriva  enfin;  mais  la  saison  étant  alors  un  peu  trop  avancée  pour 
se  mettre  en  mer  il  remit  son  départ  à  l'année  suivante,  du  conseil  des  pré-  éj.  ongm. 
lats  £1  des  seigneurs  qui  dévoient  le  suivre.  11  etoit  encore  a  Marseille,  le 
i*''  d'octobre  5  il  repassa  bientôt  après  le  Rhône  Si  se  rendit  en  Rouergue'. 

ex.  —  Concile  de  Faïence.  —  Le  pape  change  les  pénitences  des  hérétiques 
condamnés  en  des  amendes  pécuniaires. 

Quelque  temps  après  le  pape,  craignant  que  l'empereur  Frédéric  ne  passât 
les  Alpes  Se  ne  vînt  l'attaquer  jusque  dans  Lyon,  résolut  de  prévenir  les 
peuples  pour  les  empêcher  de  favoriser  ce  prince.  Dans  cette  vue  il  fit  tenir**, 

■  Bibliothèciue  Coislin,  inventaire  de  Mercosur.  t.   3,  p.  48);  vente   par  GeofTroi    de    Cavaillon   de 

[Cf.  Bibl.  nat.   français,   n"*  18679   ^  18680]  ses   possessions  dans  le  diocèse  de  ce  nom.  —  Le 

"  Guillaume  de  Puylaiirens,  c.  48.  2J    du    même   mois,    il   était   à   Lcporine ,   dans    le 

'  Tome  VIII,  Chartes,  n.  CCLXXXII,  c.   1248.  Roiiergue,  lieu   qui   nous  est  inconnu,  probable- 

*  Guillaume  de  Puylaurens,  c.  48.  ment  près  de  Saint-Rome  du  Tarn  {Ihii.   p.  48 

'' Manuicrits  Je  Colhert,  n.  106 j.  —  Le  10  octobre  &  suiv.).    [A.  M.] 
le  comte  était  à  Avignon  (J.   3i4,  n.  43 j  Teulet,  *  Le  P.  Labbe,  Concilia,  t.   1 1 ,  c.  695  &  suiv. 


An  1248 


800  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV,  XXV. 

au  commencement  de  décembre  de  l'an  1248,  un  concile  à  Valence  sur  le 
Rhône,  auquel  les  deux  cardinaux  d'Albano  &  de  Sainte-Cécile  présidèrent. 
Les  archevêques  de  Narbonne,  Vienne,  Arles  8t  Aix  s'y  trouvèrent  avec 
quinze  évêques,  entre  autres  ceux  de  Béziers,  Agde,  Uzès,  Nimes,  Lodève, 
Agen  &  Viviers.  On  y  ordonna  par  le  second  canon  de  renouveler  tous  les 
trois  ans  le  serment  de  la  paix,  8t  d'v  ajouter  qu'on  ne  donneroit  aucun 
secours  à  Frédéric,  en  cas  qu'il  vînt  en  deçà  des  Alpes,  &  on  renouvela 
l'excommunication  lancée,  tant  contre  ce  prince  &  ses  fauteurs  que  contre 
ceux  qui  l'avoient  appelé  ou  qui  l'appelleroient  dans  le  pays.  Les  autres 
canons  ordonnent  l'exécution  des  anciens  pour  la  conservation  de  la  foi,  de 
la  liberté  ecclésiastique,  8<c.  Il  est  marqué  qu'on  traitera  comme  fauteurs  des 
hérétiques  ceux  qui  n'exécuteront  pas  les  sentences  des  inquisiteurs,  qui 
quitteront  de  leur  autorité  les  croix  qu'ils  étoient  obligés  de  porter  sur  leurs 
habits  après  avoir  abjuré  l'hérésie,  Se  qu'on  les  contraindra  à  les  reprendre. 
11  est  défendu  aux  inquisiteurs  de  se  servir  du  ministère  des  avocats  dans 
leurs  procédures,  &  enjoint  aux  juifs  de  porter  une  marque  qui  les  distingue 
des  chrétiens.  Enfin  on  casse  toutes  les  confréries  ou  associations  faites  contre 
les  canons  dans  les  villes  ou  châteaux  du  pays. 

Le  pape,  sous  prétexte  d'animer  le  zèle  du  comte  de  Toulouse  contre  les 
hérétiques,  envoya,  au  mois  de  mars  de  l'année  suivante,  Algise,  son  chape- 
lain &  son  pénitencier  dans  la  province  de  Narbonne,  dans  les  diocèses  de 
Toulouse,  Albi,  Rodez,  Cahors,  Agen  &  les  pays  voisins,  avec  pouvoir  de 
commuer  les  pénitences  imposées  par  les  inquisiteurs  en  amendes  pécu- 
niaires, qui  dévoient  être  appliquées  aux  besoins  de  l'Eglise  Se  de  la  Terre- 
Sainte,  6c  de  donner  toutes  les  dispenses  nécessaires,  nonobstant  les  privilèges 
accordés  aux  inquisiteurs'.  La  plupart  de  ceux  qui  avoient  été  condamnés 
profitèrent  sans  doute  d'une  occasion  si  favorable  de  se  rédimer  des  peines 
infamantes  qui  leur  étoient  imposées.  Le  pape  accorda^,  d'un  autre  côté,  à 
quelques  habitans  de  Limoux,  qui  avoient  été  condamnés  pour  hérésie,  à 
porter  des  croix  ou  à  d'autres  pénitences  notables,  de  les  taire  changer  par 
les  inquisiteurs;  mais  ceux-ci  leur  ayant  donné  une  absolution  sans  réserve, 
il  en  témoigna  son  mécontement  à  l'archevêque  de  Narbonne,  au  mois  d'août 
suivant,  8c  lui  ordonna  de  faire  reprendre  les  croix  à  ceux  qui  les  avoient 
quittées  Se  de  leur  faire  accomplir  la  pénitence  qui  leur  avoit  été  imposée. 

CXL  —  Raimond  parcourt  ses  domaines,  —  Il  passe  en  Espagne  6"  confère 
avec  l'infant  de  Castille,  —  Vicomtes  de  Gimoëj. 

Le  comte  Raimond^,  en  attendant  le  temps  de  son  embarquement,  fit  un 
voyage  en  Agenois,  à  la  fin  du  mois  de  janvier;  il  vint  ensuite  à  Verdun  sur 

■  Baluze,  Bulles,  n.   SS.  —   [Armoires,  v.    33  r,  était  à  Coiidom   le  3i  janvier  1249;  Teiilet,  t.  3, 

n.  58;  original  scellé.]  p.    54.]  —  Voyez    tome   VIII,    n.    CCLXXXUl, 

'  Baluze,  Bulles,  n.  60.  [Ihid.  n.  60.]  ce.   1  lâc-, '1  2J1 .  [Raimond  \'II  était  à  Toulouse  le 

^  Manuscrits  deColèeit,n.  xoôy.  —  [RaimondVII  iS  mars.] 


rnSTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.   LIV.  XXV.  801    " "" 

An   iziS 

la  Garonne  S<.  reçut  à  Toulouse,  le  11  d'avril  suivant,  l'hommage  d'Jsarn 
Jourdain  Se  de  Bernard,  fils  de  feu  Bertrand  Jourdain  de  l'Isle,  qui  recon- 
nurent tenir  de  lui  tout  ce  qu'ils  possédoient  dans  le  pays  de  Gimoez  &  aux 
environs  de  la  Garonne,  vers  la  Gascogne,  dans  le  diocèse  de  Toulouse.  II 
paroît'  que  ces  deux  frères  moururent  sans  postérité,  &  que  Jourdain  IV, 
seigneur  de  l'Isle-Jourdain,  leur  cousin  germain,  leur  succéda  dans  la  sei- 
gneurie de  Launac  &  dans  la  portion  de  la  vicomte  de  Gimoez,  dont  ils 
avoient  hérité  de  Bertrand,  leur  père.  Pvaimond  fit  bientôt  après  un  voyage^ 
au  delà  des  Pyrénées;  on  n'en  marque  pas  le  motif,  mais  on  sait  qu'il  se 
rendit  à  Logrogno,  sur  les  confins  de  la  Castille;  qu'il  eut  une  conférence 
avec  l'infant  Alfonse.  fils  aîné  du  roi  de  Castille,  S<  qu'il  y  séjourna  pendant 
quinze  jours.  Le  comte,  à  son  retour  dans  ses  États,  tomba  malade,  8c,  ayant 
un  peu  rétabli  sa  santé,  il  se  rendit  à  Agen,  où  il  reçut,  le  10  de  juin^, 
l'hommage  d'Arnaud  Garsias  du  Fossat,  pour  divers  châteaux  de  l'Agenois, 
en  présence  de  Géraud,  évêque  de  Cahors,  d'Amalric,  vicomte  de  Narbonne, 
Guillaume-Raimond  de  Pins,  seigneur  de  Caumont,  8tc. 

CXII.  —  Différends  de  Raimond  avec  le  vicomte  de  Lomagne. 

Arnaud-Othon ,  vicomte  de   Lomagne,  vassal  de   Raimond,   après  avoir 
épousé  Marie,  nièce  de  ce  prince  Si  fille  de  Pierre-Bermond  de  Sauve,  Se  reçu    t.'^i1i,°p"453. 

de  lui  toute  sorte  de  bienfaits,  abandonna  ses  intérêts.  Il  se  joignit,  en  effet,  

à  Simon  de  Montfort,  comte  de  Leycestre,  gouverneur  de  Gascogne  pour  le  ^"  ^^^"^ 
roi  d'Angleterre,  qui  avoit  entrepris  la  guerre  dans  le  pays  contre  les  sujets 
ou  alliés  de  Raimond,  &  fit  prisonnier  Géraud  d'Armagnac,  vassal  de  ce 
prince.  Simon,  qui  étoit  fils  du  fameux  Simon  de  Montfort,  mort  en  12  18, 
vouloit  peut-être  faire  revivre  les  prétentions  de  sa  maison  sur  le  comté  de 
Toulouse;  car  on  ne  marque  pas  le  sujet  de  cette  guerre,  5<.  on  qualifie 
Simon  comte  de  Leycestre,  émule''  ou  concurrent  de  Pvaimond.  Quoi  qu'il 
en  soit,  ce  dernier,  piqué  de  ce  que  le  vicomte  de  Lomagne  s'étoit  uni  à  ses 
ennemis,  le  somma,  à  Agen,  le  11  de  juin  de  l'an  1249-"',  de  lui  remettre  le 
château  d'Auvillar,  Se  tous  les  autres  domaines  qu'il  tenoit  de  lui  en  fief 
dans  l'Agenois,  8c  de  donner  la  liberté  à  Géraud  d'Armagnac.  Arnaud-Othon 
refusa  d'obéir  8c  fit  signifier  à  Raimond,  le  i""  de  juillet  suivant,  un  appel 
au  roi  ;  son  principal  motif  étoit  qu'il  n'avoit  rien  fait  qui  méritât  que  Rai- 
mont  le  dépouillât  de  son  fief.  Quant  à  Géraud  d'Armagnac,  le  vicomte 
s'excusa  de  le  délivrer  sur  ce  qu'il  l'avoit  pris  les  armes  à  la  main  dans  les 
domaines  qu'il  tenoit  du  roi  d'Angleterre,  Se  dans  lesquels  Géraud  lui  faisoit 
la  guerre,  domaines,  ajoute-t-il,  bien  plus  étendus  que  ceux  que  je  possède 
dans  votre  mouvance.   Nonobstant  cet  appel,  Raimond''  fit  condamner  le 

■  Voyez  tome  VII,  Note   XLII,   p.    i  18  &   siiiv.  ■•  Guillaume  de  Puylaurens,  c.  48. 

'Guillaume  de   Puylaurens,  c.   43.  'TomeVIII,  Chartes,  n.  CCLXXXIV,  c.   125!. 

'  Manuscrits    de    Colhert,    n.     1067.  —  [J.    3i4,  °  Ibid.  ce.  1203,  12J4,  &  n.  CCXCIII,  ce.  1289, 

n.  4^  ;  Tsulct,  t.  3,  p.  70.]  1290. 

V  Si 


An  1249 


802 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXV. 


vicomte  à  sa  cour  d'Agenois,  qui  déclara  que  le  château  d'Auvillar  8t  tous  les 
autres  domaines  qu'il  possédoit  dans  le  diocèse  d'Agen  étoient  tombés  en 
commise,  &  s'en  saisit  au  nom  de  R.aimond  '. 

CXIII,  —  Hérétiques  hridés  à  Agen,  —  Raîmond  va  joindre  sa  fille 
&•  son  gendre  à  Aigues-mortes. 

Le  comte  de  Toulouse,  durant  le  séjour  qu'il  fit  alors  ^  à  Agen,  y  fit  brûler 
vifs  quatre-vingts  croyans  des  hérétiques,  après  qu'ils  eurent  été  convaincus 
de  leurs  erreurs  en  sa  présence.  Il  partit,  quelque  temps  après  pour  aller  à 
la  rencontre  d'Alfonse,  comte  de  Poitiers,  son  gendre,  &  de  Jeanne,  sa  fille, 
qui  avoient  pris  la  route  d'Aigues-mortes  &  qui  dévoient  s'y  embarquer  pour 
la  Terre-Sainte.  Alfonse  S<  Jeanne  étoient  partis  de  France  à  la  fin  de  juin, 
à  la  tête  d'un  renfort  considérable  qu'ils  amenoient  au  roi,  Si  ils  firent  voile 
le  26  d'août. 

CXIV.  —  Testament  &■  mort  de  Raimond  VII ,  dernier  comte  de   Toulouse 
de  sa  race,  —  Son  caractère,  étendue  de  ses  domaines,  i/c. 

Raimond-',  après  avoir  pris  congé  de  sa  fille  &  de  son  gendre,  se  rendit  à 
Millau,  en  Rouergue,  où  il  fut  attaqué  de  la  fièvre ■*.  Elle  ne  l'empêcha  pas 


'  Dom  Vaissete  n'a  pas  parfaitement  saisi  la 
suite  des  événements.  Simon  de  Montfort,  comte 
de  Leycestre,  ne  cherchait  pas  à  faire  revivre  les 
prétentions  de  sa  famille  sur  le  comté  deToulouse; 
mais  chargé  par  le  roi  d'Angleterre,  le  i'''  mai 
1248,  du  gouvernement  de  la  Gascogne  troublée 
par  les  guerres  civiles,  il  s'efforçait  de  rétablir 
la  paix  dans  cette  province  (cf.  un  article  de 
M.  Ch.  Bémont,  dans  la  Revue  historique,  t.  4, 
1877,  p.  244  &  suiv.).  Le  vicomte  de  Lomagne  fut 
l'auxiliaire  du  lieutenant  du  roi  anglais  &  le 
secourut  contre  le  comte  d'Armagnac.  Dans  cette 
guerre  l'archevêque  d'Auch,  partisan  de  ce  comte, 
fut  vivement  pressé  &,  en  novembre  1248,  il  était 
presque  assiégé  dans  sa  ville  épiscopale;  le  pape 
dut  l'autoriser  à  réclamer  les  droits  de  visite  de  ses 
églises,  quoiqu'il  ne  pût  les  visiter  en  personne 
(Potthast,  n.  18069  &  suiv.).  Inquiet  de  ces  luttes 
qui  portaient  le  trouble  dans  des  Etats  relevant 
de  lui,  Raimond  VII  intervint  8c,  par  une  pre- 
mière lettre  du  1  1  juin  1249,  il  somma  le  vicomte 
de  lui  remettre  le  château  d'Auvillar  &  la  terre 
qu'il  tenait  de  lui  en  lief;  le  même  jour,  par  une 
seconde  lettre,  il  lui  ordonna  de  remettre  en  li- 
berté le  comte  d'Armagnac  (cf.  tome  VIIl,  c.  izôi 
&  suiv.).  Quelques  jours  après,  le  vicomte  n'ayant 
point  obtempéré  à  ces  ordres,  Raimond  porta 
l'affaire  devant  sa  cour  d'Agen,  qui  décida  que  le 
vicomte  devait   livrer   le  château    d'Auvillar  &  la 


vicomte  de  ce  nom,  pour  garantie  de  l'exécution 
des  promesses  par  lui  faites  à  son  suzerain,  le 
condamna  aux  dépens  &  lui  ordonna  de  délivrer 
Géraud  d'Armagnac.  L'acte  est  du  29  juin  1249 
(cf.  tome  VIII,  c.  1253  &  suiv.).  Le  comte  fit 
signifier  cette  sentence  à  Arnaud-Othon  par  Gas- 
ton de  Gontaud  &  R.  Bernard  de  Balencs.  Le 
!'''■  juillet  suivant,  le  vicomte  répondit  par  un 
long  mémniri;  dans  lequel,  pour  éluder  les  de- 
mandes de  son  suzerain,  parfaitement  fondées  au 
point  de  vue  du  droit  féodal,  il  a  recours  au 
droit  romain  &  finit  par  en  appeler  au  roi  de 
France  (cf.  tome  VIII.  ce.  i25i  à  12.53).  La  que- 
relle fut  plus  tard  apaisée  par  Alfonse  de  Poi- 
tiers. [A.  M.J 

'  Cniliaumc  de  Puylaurens,  c.  48.  —  Gcstn  Lu- 
ioyici  TX,  p.  334. 

'  Guillaume  de  Puylaurens,  c.  48. 

*  Le  comte  Raimond  VU  était  à  Millau  dès  le 
22  août.  A  cette  date,  il  écrivit  au  précepteur  de 
Sainte-Eulalie  du  Larzac  d'avoir  à  remettre  les 
forteresses,  qu'il  tenait  de  lui  au  nom  du  Temple, 
â  son  bailli  de  Rouergue,  R.  du  Puy.  Dans  cette 
lettre  le  comte  se  plaint  des  usurpations  commises 
à  son  détriment  par  les  chevaliers  du  Temple,  & 
déclare  qu'il  ne  veut  pas  laisser  ces  excès  impunis, 
de  peur  du  préjudice  que  sa  négligence  pourrait 
causer  à  lui  &  à  ses  descendants.  Cf.  Teulet,  t.  3, 
p.  75-  [A.  M.) 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC,  LIV.  XXV. 


A"  1 249 


de  continuer  son  chemin  ;  mais  étant  arrivé  à  Pris,  auprès  de  Rodez,  il  tut 
obligé  de  s'alliter,  Se,  vovant  c[u'il  y  avoii  du  danger,  il  mit  ordre  aux 
affaires  de  sa  conscience.  Il  se  contessa  à  un  fameux  solitaire  ou  ermite  du 
pays,  nommé  frère  Guillaume  Albaronier.  L'évêc[ue  d'Albi,  qui  étoit  accouru 
sur  la  nouvelle  de  sa  maladie,  lui  administra  le  saint  viatique,  qu'il  reçut 
avec  une  piété  exemplaire.  Aussitôt  qu'il  sut  que  le  corps  de  Jésus-Christ 
entroit  dans  la  maison,  il  sortit  du  lit  &,  tout  foible  qu'il  étoit,  il  alla  au 
devant  &  comm.unia  à  genoux  sur  le  pavé  de  sa  chambre.  Plusieiirs  autres 
évêques  de  ses  Etats,  savoir  :  ceux  de  Toulouse,  Agen,  Cahors  8<  Rodez  se 
rendirent  aussi  à  Pris  avec  les  principaux  de  ses  vassaux  &  les  consuls  de 
Toulouse  :  ils  étoient  tous  d'avis  qu'il  se  fît  transporter  dans  cette  ville;  mais 
il  voulut  qu'on  le  reportât  à  Millau,  &  y  il  fit  son  testament  le  iS  de  sep- 
tembre '. 

Suivant  cet  acte',  qui  est  en  original  au  Trésor  des  chartes  du  roi,  Rai- 
mond  choisit  sa  sépulture  dans  le  monastère  de  Fontevrault,  où  Henri,  son 
aïeul,  8c  Pvichard,  son  oncle,  rois  d'Angleterre  Se  la  reine  Jeanne,  sa  mère, 
étoient  inhumés,  S<  il  veut  être  placé  aux  pieds  de  cette  princesse.  Il  ordonne 
la  restitution  de  tout  ce  qu'il  avoit  mal  acquis,  8c  lègue  dix  mille  marcs  ster- 
ling en  œuvres  pies,  savoir  :  cinq  mille  à  l'abbaye  de  Fontevrault,  à  laquelle 
il  lègue  de  plus  son  argenterie  8c  ses  bijoux,  8c  cinq  mille  autres  aux  monas- 
tères de  l'Espinasse,  Brugairac^,  Longages  8c  Sainte-Croix,  du  même  ordre 
dans  le  Toulousain,  aux  abbaves  de  Goyon ,  Oraison-Dieu,  Grandselve, 
Feuiilans,  Eaunes,  Bonnecombe  8c  Belleperche,  de  celui  de  Cîteaux;  aux 
couvens  des  filles  de  Prouille,  de  l'ordre  de  Saint-Dominique,  de  Notre-Dame 
du  Bousquet,  au  diocèse  de  Saint-Paul-Trois-Châteaux,  8c  de  Saint-André, 
au  diocèse  de  Vaison  ;  à  la  cathédrale  de  Saint-Etienne  de  Toulouse,  8<c.  Il 
lègue  de  plus  à  ces  églises  tous  ses  troupeaux.  Il  institue  Jeanne,  sa  fille, 
femme  d'Alfonse,  comte  de  Poitiers,  son  héritière  universelle,  8c  confirme 
tous  les  privilèges,  coutumes  8c  libertés  dont  jouissoient  les  barons,  chevaliers 
&c  autres  vassaux,   les  églises,  les  monastères,  les  villes,  les  châteaux  £c   les     Woiisin. 

1     r  •       !•  t.  III,  p.  ,|().|.. 

villages  de  ses  domaines,  avec  défense  de  leur  causer  aucun  préjudice  tou- 
chant les  tailles  8c  autres  impositions  qu'ils  lui  avoient  accordées,  «0/2  par 
devoir,  mais  de  leur  propre  volonté.  Il  laisse  le  gouvernement  de  tous  ses 
États  à  Sicard  d'Alaman,  avec  pouvoir  d'en  recevoir  tous  les  revenus,  d'établir 
les  officiers  qu'il  jugeroit  à  propos.  Se  de  délivrer  tous  ses  legs  avec  les  autres 
exécuteurs  testamentaires,  jusqu'à  ce  que  sa  fille  Jeanne  en  eût  pris  posses- 
sion. Enfin  il  nomme  pour  ses  exécuteurs  testamentaires  les  évêques  de  Tou- 

■  D'.-iprès  les  dépositions  faites  por  Sicard  Ala-  Cf.    Boiitaiic,   Alfonse   Je  Poitiers,   p.  81    &  suiv. 

•man,  Pons  Astoaud   &  Jean   Auriole,  lors  de  l'en-  [A.  M.] 

quête  ouverte  plus  tard  sur  la  validité  du  testament  '  Trésor  des  chartes  ;  Toulouse,  sac  5,  n.  64.  — 

de  Raimond  Vil,  la  rédaction  de  ce  testainent  fut  [J.  3]  i  ;  Teulet,  t.  3,  pp.  78  à  80.  —  Tome  VIII, 

commencée  lors  d'une  maladie  du  comte  à  Riom,  ce.   izyS  à  izâp.]  —  Catel,  Histoire  des  comtes  de 

&   la   plupart  des  dispositions  en    furent  dés  lors  Tolose,  p.  Syî  &  suiv. 
arrêtées.   Plus    tard,    il    fut    repris    &   complété   à  ^  [Corn'gi-r  Bragairac] 

Pris,  enfin  terminé  à  Millau  cii  mourut  le  comte. 


An  1249      ^°'*  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXV. 

louse,  Agen,  Albi,  Cahors,  Rodez,  Carpentras  &  Cavaillon,  8c  ses  chers  &■ 
féaux  Bernard,  comte  de  Comminges,  Sicard  d'Alaman,  Se  quatre  bourgeois 
de  Toulouse,  au  choix  de  ces  deux  derniers. 

Ce  testament  est  scellé  de  dix  sceaux  i  celui  de  Raimond  est  au  milieu, 
du  côté  droit,  &  ensuite  ceux  de  Gui  de  Séverac,  de  Guillaume,  abbé  de 
Moissac,  Jourdain  de  l'Isle,  Hugues,  comte  de  Rodez,  6c  Durand,  évêque 
d'Albi,  8c  du  côté  gauche  sont,  après  celui  du  comte,  ceux  de  frère  Guillaume 
de  Brive,  Raimond  d'Alfaro,  Richard  Philagrius  &c  Bernard,  comte  de  Com- 
minges '. 

Le  lendemain^  Raimond  fit  un  codicille  en  présence  de  ce  dernier,  de 
Sicard  d'Alaman,  de  Pons  d'Astoaud,  son  chancelier,  8ic.,  par  lequel  : 

1°  Il  déclare  que,  s'il  revenoit  de  cette  maladie,  il  exécuteroit  le  vœu  qu'il 
avoit  fait  d'aller  en  personne  servir  dans  la  Terre-Sainte,  avec  ordre  à  son 
héritière,  s'il  ne  pouvoit  accomplir  ce  vœu,  d'y  envoyer  cinquante  chevaliers 
armés  pour  y  servir  à  ses  dépens  pendant  un  an. 

2°  Il  ordonne  de  rendre  au  pape  les  sommes  qu'il  avoit  reçues  du  vingtième 
sur  les  biens  ecclésiastiques,  des  legs  8c  des  rachats  des  vœux  pour  le  voyage 
d'outre-mer. 

3°  Enfin  il  veut  qu'on  rende  au  roi  de  France  Se  à  la  reine-mère  l'argent 
qu'ils  lui  avoient  donné  pour  ce  passage. 

Un  historien  du  temps^  ajoute  que  Raimond,  se  voyant  au  lit  de  la  mort, 
ordonna  de  rendre  à  Innocent  IV  les  sommes  que  ce  pape  lui  avoit  fait  donner 
pour  faire  la  guerre  aux  ennemis  de  l'Eglise  8c  surtout  à  Thomas  de  Savoie, 
qui  avoit  encouru  l'indignation  du  pontife,  parce  qu'il  avoit  épousé  la  fille  de 
l'empereur  Frédéric,  son  ennemi  déclaré.  Ainsi,  le  pape,  pour  faire  la  guerre 
à  ce  prince,  empêcha  Raimond  de  passer  cette  année  à  la  Terre-Sainte,  comme 
il  l'avoit  projeté,  8c  le  retint  dans  le  pays  pour  l'opposer  aux  partisans  de 
Frédéric,  avec  lequel  ce  comte  étoit  par  conséquent  brouillé  dans  le  temps  de 
sa  mort. 

Raimond,  ayant  fait  ses  dernières  dispositions  Se  reçu  l'extrême-onction, 
mouruf*  à  Millau,  en  Rouergue,  le  27  de  septembre  de  l'an  1249,  à  l'âge 
de  cinquante-deux  ans. 

Guillaume  de  Puylaurens,  qui  nous  a  laissé  une  chronique  où  il  décrit 
la  plupart  des  actions  de  ce  comte  dont  il  étoit  chapelain  ou  aumônier, 
marque  «  que  la  Providence  permit  qu'il  mourût  dans  la  partie  orientale 
«  de  ses  États,  afin,  dit-il,  que  le  corps  de  ce  dernier  prince  de  la  maison 
«  de  Toulouse,  devant  être  rapporté  vers  l'Occident,  reçût  en  passant  les 
«  derniers  devoirs  de  tous  ses  sujets,  qui  témoignèrent  un  extrême  regret  de 

■  \Corr\ge\  ainsi  jae   suit  l'un  des  noms  donnés  tioi.  Cet  auteur  est  beaucoup  trop  sujet  à  caution. 

;>(ir  rfom  Fai5«te  ;  Ricliard  Filangier.]  Il    n'existe    pas   trace    de    ces    guerres    entre   Rai- 

'  [Corrige^  le  surlendemain  25  septembre.]  mond  VII  &  Thomas  de  Savoie,  &  dans  les  der- 

^  Matthieu   Piris,  année  1249,  pp.   771   &.  820.  niers  temps  de   sa  vie  le  comte  ne  paraît  pas  être 

—   Le    témoignage    de   Matthieu    Paris    ne    suffît  allé  au  delà  du  Rhône.   [A.  M.] 

pas   pour    permettre  de   croire    au    fait   en    ques-  ''  Guillaume  de  Puylaurens,  c.  48. 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXV.  8o5 


An  12^9 


t.  111,  p.  465. 


«  sa  mort.  »  On  embauma  en  effet  son  corps,  8c,  après  l'avoir  renfermé  avec 
beaucoup  de  soin  dans  un  cercueil,  on  le  transporta  avec  pompe  par  Albi, 
Gaillac  5<.  Rabastens  jusqu'à  Toulouse,  où  on  le  mit  sur  la  Garonne,  dans 
un  bateau  qu'on  y  avoi<  préparé,  Si  qui  le  conduisit  par  eau  au  monastère 
du  Paradis,  en  Agenois,  de  l'ordre  de  Fontevrault,  où  il  demeura  en  dépôt 
jusqu'au  printemps  de  l'année  suivante  qu'on  le  transféra  à  l'abbaye  de 
Fontevrault.  «  Ce  tut  un  spectacle  digne  de  compassion,  ajoute  cet  histo- 
«  rien,  de  voir  les  peuples  aller  en  fouie  au  devant  du  convoi  ou  le  suivre 
«  en  pleurant  &  en  gémissant  sur  la  perte  de  leur  seigneur  naturel,  Si  sur 
«  ce  qu'il  ne  laissoit  aucune  postérité  masculine.  C'est  ainsi  qu'il  plut  à 
«  Notre-Seigneur  Jésus-Christ  de  faire  voir  à  toute  la  terre,  qu'il  tiroit  ven- 
<i  geance  du  pays,  à  cause  de  l'hérésie  dont  il  étoit  infecté,  en  enlevant 
<i  aux  peuples  celui  qui  les  gouvernoit.  » 

Raimond  fut  inhumé  dans  le  chœur  de  l'abbaye  de  Fontevrault,  auprès 
de  Jeanne  d'Angleterre,  sa  mère.  On  y  voyoit  autrefois  leurs  tombeaux'  avec 
ceux  de  Henri  II,  roi  d'Angleterre,  d'Éléonor  d'Aquitaine,  sa  femme,  père  & 
mère  de  la  même  Jeanne,  de  Richard,  roi  d'Angleterre,  son  frère,  &  d'Eli- 
sabeth de  la  Marche,  femme  de  ce  dernier.  Mais  Jeanne-Baptiste  de  Bourbon, 
abbesse  de  Fontevrault,  déplaça  tous  ces  tombeaux  en  i638,  en  faisant  réparer 
Si  accommoder  le  chœur  :  elle  substitua  à  l'ancienne  figure  du  comte  R.ai-  Éd.orisin. 
mond,  relevée  en  bosse  Se  couchée  sur  son  tombeau,  une  autre  figure  moderne 
à  genoux,  qu'elle  plaça  sur  un  piédestal  qui  est  auprès  des  autres  tombeaux, 
lesquels  furent  mis  ensemble  dans  un  avant-corps  qui  est  au  fond  du  chœur 
du  côté  de  l'évangile. 

Raimond  étoit  un  prince  qui  méritoit  véritablement  d'être  regretté  de  ses 
sujets;  car  quoiqu'il  ne  fût  pas  sans  défauts,  ses  vertus  étoient  cependant 
bien  supérieures.  Il  étoit  doux,  affable,  libéral,  magnifique.  Se  ne  manquoit 
ni  d'esprit,  ni  de  jugement;  il  avoit  donné  des  preuves  éclatantes  de  sa 
valeur  dans  les  diverses  guerres  qu'il  avoit  eu  à  soutenir  dès  sa  jeunesse,  soit 
pour  conserver  &  recouvrer  le  patrimoine  de  ses  ancêtres,  soit  pour  secourir 
ses  alliés,  soit  enfin  pour  venger  ses  querelles  particulières,  &  il  fut  un  des 
plus  braves  capitaines*  de  son  temps.  On  loue  aussi  sa  circonspection;  mais 
bn  l'accuse  de  légèreté  Si  d'imprudence-*  dans  sa  conduite  Se  de  variation 
dans  la  poursuite  des  hérétiques,  qu'il  ménagea  trop,  dit-on,  dans  certains 
temps,  81  qu'il  poursuivit  dans  d'autres  avec  un  zèle  outré.  Il  est  vrai  que 
dans  les  commencemens  de  son  gouvernement  il  ne  les  réprima  pas  assez 
vivement,  au  gré  de  la  cour  de  Rome  81  des  ecclésiastiques  de  ses  Etats,  qui 
demandoient  qu'il  les  exterminât  sans  miséricorde;  mais  aussi  les  mêmes 
ecclésiastiques  furent-ils  très-contens  de  lui  durant  les  dernières  années  de 
sa  vie,  car  il  tint  alors  une  conduite  uniforme  à  l'égard  des  hérétiques.  Si  ne 
négligea  rien  pour  en  purger  ses  Etats.  Du  reste,  quelque  conduite  qu'il  ait 

'  Montfaucon,  Monuments  de  la  monarchie  fran-  '  Lafaille,  Abrégé,  pp.  i36  &  142. —  La  Chaise, 

faijc,  t.  2,  p.    ii3  &  siiiv.  Histoire   de   saint   Louis,   1.   3,   n.   |3,    1,   8,  n.   16. 

'  Matthieu  Paris,  année  1249,  p.  771.  [Lenain  de  Tiltemont,  t.  3,  p.  274.] 


An  1249 


806  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXV. 

tenue  envers  eux,  sa  foi  personnelle  ne  fut  jamais  suspecte,  &  il  fit  toujours 
une  profession  ouverte  de  catholicité.  Il  eut,  d'un  autre  côté,  beaucoup  à 
souffrir  des  ecclésiastiques,  qui  le  chargèrent  à  l'envi  de  censures  dans  les  fré- 
quens  différends  qu'ils  eurent  avec  lui  pour  des  intérêts  temporels;  en  sorte 
que  les  papes  furent  obligés  de  mettre  des  bornes  à  l'abus  manifeste  que 
firent  quelques  prélats  du  pouvoir  des  clefs  contre  Pvaimond.  Ils  furent  bien 
plus  réservés  envers  ce  prince  lorsqu'il  eut  gagné  les  bontjes  grâces  des  papes, 
à  quoi  il  s'appliqua  sur  la  fin  de  ses  jours.  Il  y  réussit  enf^n,  Se  il  étoit  très-lié 
avec  Grégoire  IX  lorsque  ce  pape  vint  à  décéder.  Il  n'eut  pas  moins  de  part 
à  l'amitié  d'Innocent  IV,  qui  avoit  une  entière'  confiance  en  lui^. 

Outre  les  sommes  immenses  qu'il  s'engagea  de  payer  à  plusiexu's  églises 
par  le  traité  de  paix  qu'il  conclut  avec  le  roi,  en  1229,  &.  les  grandes  libéra- 
lités qu'il  exerça  envers  elles  par  son  testament,  nous  avons  divers  autres 
monumens  de  sa  piété,  8<.  il  y  a  peu  d'églises  &  de  monastères  situés  dans 
l'étendue  de  ses  domaines  qui  ne  conservent  quelques  chartes  dans  lesquelles 
il  donne  en  leur  faveur,  ou  des  marques  de  sa  protection  ou  des  preuves  de  sa 
magnificence.  Il  fonda  entre  autres,  en  1246,  l'entretien  d'un  prêtre  dans 
l'hôpital  ou  dommerie  d'Aubrac^  pour  y  célébrer  la  messe,  tant  pour  lui-même 
que  pour  les  comtes,  ses  prédécesseurs  &  successeurs. 

Raimond  fut  extrêmement  jaloux  de  son  autorité  8c  attentif  à  l'adminis- 
tration de  ses  domaines,  &  il  ne  négligea  rien  pour  les  conserver  ou  pour  les 
étendre;  c'est  ce  qui  l'engagea  sans  doute  à  commettre  une  action  qui,  si 
elle  est  vraie,  n'est  pas  honorable  pour  sa  mémoire  8c  prouve  qu'il  étoit  vin- 
dicatif. 

On  l'accuse'*  d'avoir  fait  fabriquer  de  fausses  lettres  pour  dépouiller  le 
comte.de  Foix  d'une  partie  de  son  comté  Se  le  punir  de  s'être  soustrait  à  son 
vasselage.  On  se  fonde  sur  une  déclaration  que  fit  après  sa  mort  frère  Guil- 
laume de  Brive,  cordelier,  que  le  pape  lui  avoit  donné  pour  son  confesseur 
ordinaire,  avec  pouvoir  à  ce  religieux  Se  à  son  compagnon  de  résider  à  sa 
cour,  d'user  de  souliers,  d'aller  à  cheval,  8cc.  Mais  quelque  forte  que  soit  cette 
preuve  elle  ne  nous  paroît^  pas  suffisante  pour  croire  Raimond  coupable  d'un 
si  noir  procédé. 

Ce  prince,  lorsqu'il  mourut,  possédoit  actuellement*^  : 

'  Matthieu  Paris,  ut  supra.  naissons  mal;  mais  elle  paraît  avoir  été  plus  érjui- 

'  Il  serait  peu  équitable  de  juger  le  caractère  de  fable  &  plus  douce  que  celle  de  ses  prédécesseurs, 

Raimond  VII  sans  tenir  compte  des  circonstances  8c   les  témoignages  de  regret  que  ses  sujets  lui  ac- 

difficiles  qu'il    eut  à  traverser.  On   a   pu   l'accuser  cordèrent    sont    là   pour    témoigner  de   ses    hautes 

de  faiblesse  &  de  versatilité,  mais   la  position  dif-  qualités.    [A.  M.] 

ficile  où  l'ava  ient  placé  les  fautes  de  son  père  Rai-  ^Archives   d'Aubrac.   [Sur  les   autres    donation» 

mond   VI   &    l'animosité    des    légats    apostoliques  de    ce    comte    à    cette    maison     religieuse,    voyci 

l'obligeait  à  une  politique  parfois  un  peu  double.  tome  IV,  p.  894.] 

En  somme  le  traité  de  1229  fut  une  œuvre  inique,  ■*  Voyez  tome  VIT,  Note  XXXIV,  n.  4,  pp.   10  r, 

8c  on  ne  peut  blâmer  Raimond  d'avoir  essayé,  en  °  liid. 

1242,  de  reconquérir  les  Etats  qu'il   avait  perdus,  102.  [Voyez  plus  haut,  pp.  77^,  774.] 

bien  qu'en    renouvelant  la  guerre,  il  violât  la  foi  *  Comme  le   fait    remarquer  Boutaric  dans  sort 

jurée.  Quant  à  son  administration,  nous  la  con-  ouvrage  d'Alfoiise  de  Poitiers  (p.  67  81  suiv.),  dom 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.   LIV.   XXV.  807    "~: 

'  Am    1:49 

1°  Le  comté  de  Toulouse,  qu'il  tenoit  de  ses  ancêtres  Si  qui  comprer.oit 
tout  l'ancien  diocèse  de  cette  ville,  lequel  compose  aujourd'hui  une  province 
ecclésiastique  entière.  Il  dominoit  sur  tout  ce  pays,  à  la  réserve  du  comté  de 
Foix  8t  des  domaines  de  la  maison  de  Mirepoix  cjul  avoieni  été  soustraits  à 
son  autorité  5  mais  il  prélendoit  dans  le  temps  de  sa  mort  rentrer  dans  la 
suzeraineté'  dont  ses  prédécesseurs  avoient  toujours  joui  sur  ce  comté,  Se  r.'iii,°p!*!l6ij. 
l'unir  pour  la  plus  grande  partie  à  son  domaine. 

2°  La  partie  de  l'Albigeois  située  à  la  droite  du  Tarn,  tout  le  Rouergue  Se 
tout  le  Querci  -,  qu'il  tenoit  aussi  de  ses  ancêtres. 

3°  L'Agenois,  qui  comprenoit  les  diocèses  d'Agen  St  de  Condom  8t  qui 
avoit  été  donné  en  dot  à  Jeanne  d'Angleterre,  sa  mère. 

4°  Le  marquisat  de  Provence,  qui,  à  ce  qu'il  paroît,  étoit  alors  moins 
étendu  qu'il  ne  l'avoit  été  anciennement,  mais  qui  comprenoit  du  moins, 
outre  tout  le  conitat  Venaissin,  les  diocèses  de  Saint-Paul-T rois-Châteaux  St 
d'Orange. 

5°  L,a  seigneurie  de  la  ville  basse  ou  la  vicomte  de  Marseille  que  Pvaimond 
ne  possédoit  qu'à  vie  &  qui  lui  étoit  échue  par  la  soumission  volontaire  des 
peuples  de  cette  ville. 

6°  La  suzeraineté  sur  les  comtés  de  Comminges,  d'Astarac  Se  de  Fezensac, 
sur  le  comté  de  Diois,  Si.  les  terres  que  le  comte  de  Valentinois  possédoit  dans 
le  Vivarais,  Sec,  outre  celle  qu'il  exerçoit  sur  les  seigneurs  particuliers  qui 
possédoient  des  terres  dans  ses  autres  domaines,  entre  lesquels  étoient  les 
comtes  de  Rodez  Si  divers  vicomtes. 

7"  Enfin  il  paroît  que  Raimond  avoit  des  prétentions  sur  la  seigneurie  de 
Tripoli,  en  Syrie,  possédée  anciennement  par  ses  ancêtres,  car  Guillaume 
d'Anduze  64  Philippe,  vicomtesse  de  Narbonne,  sa  sœur,  qui  prétendoient^ 
en  avoir  hérité  de  ce  prince,  leur  oncle,  en  firent  donation  entre  vifs, 
en  i25g,  en  faveur  d'Aymeri,  fils  d'Amalric,  vicomte  de  Narbonne,  Se  de 
la  même  Philippe. 

Raimond   transmit  tous  ces  domaines,  qui  lui  étoient  restés  d'une  domi- 

Vaissete  n'a  pas  indiqué  un  des  caractères  les  plus  vient  d'attribuer  à   Raimond  VII  la   ville  d'Albi, 

curieux  de  l'administration  de  Raimond  VII.  Sans  qui   formait   une  seigneurie  particulièie  possédée 

doute  pour  compenser  les  pertes  que  lui  avait  fait  par  l'évêque;   le  comté   particulier  de  Rodez,  qui 

subir  le  désastreux   traité  de  1229,  il  s'attacha  à  mouvait  du  comte,  mais  ne  lui  appartenait  pas  en 

augmenter   ses  domaines   directs   en   faisant  dans  propre)  enfin  la  ville  de  Saint-Antonin  qui,  cédée 

l'intérieur  des  diocèses  qui  lui  étaient  restés  toutes  au    roi   en   1229,  faisait  partie  de   la   sénéchaussée 

sortes  d'acquisitions.  Boutaric   en   donne   la   liste  de  Carcassonne.  Quant   au   Querci,  M.  Boutaric, 

{1,1.);  nous  indiquons  tous  les  actes  de  cette  espèce  au    moyen    des    noms    des    bailies   fournis   par   les 

au  tome  VIII  de  la  présente   édition  à  la  suite  des  comptes  d'Alfonse,  a    prouvé  {Alfonse   de  Poitiers, 

Chartes    &    Diplômes.    Non   content   d'acheter   des  p.   65   &  suiv.)   que   Raimond  VII    ne    possédait 

domaine»,  Raimond  attira  encore  dans  son  vas-  guères  que  la  moitié  de  ce  pays;   une  seule  de  ses 

selage  nombre  de  particuliers,  qu'il  prit  sous  son  douze  bailies  était  située  au  nord  du  Lot.  Le  reste 

captennium  &  qui,  en   devenant  ses  hommes,  ac-  du    Querci    relevait   directement    du    roi    (Figeac, 

crurent  d'autant  son  influence  dans  les  fiefs  tenus  Gourdon,  Turenne)   &   faisait   partie   de   la    séné- 

de  lui.    [A.  M.]  chaussée  de  Périgord.  [A.  M.] 

'  Marca,  Histoire  Ae  Bèarn,  1.  8,  c.    24,  p.  770.  '  Voyez     tome    VIII,    Chartes,     n,    CCCXXXI, 

'  Il   faut   excepter   des    États  que  dom  Vaissete  ce.  I4^.'>,   1446. 


8c8  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXV. 

An  1249 

nation  bien  plus  étendue  possédée  par  ses  prédécesseurs,  à  Jeanne,  sa  fille 
unique,  femme  d'Alfonse,  comte  de  Poitiers  &  frère  du  roi.  Ainsi  finit  la 
postérité  masculine  des  comtes  de  Toulouse,  après  avoir  duré  £<.  joui  de  ce 
comté  pendant  quatre  siècles  complets,  depuis  Frédelon,  créé  comte  de  Tou- 
louse, en  849,  par  le  roi  Charles  le  Chauve. 


^^  y  y  ^^  tj^  y  y  (j^  (jj  ^  (j^  ^_j  (j^  ^  ^  (_)  (jj  y  ^  (j^  (^  ^  (^  sj  (^  ^j  ^^  ^^  ç_j  (^  (_j  5^  5^ 


LIVRE   VINGT-SIXIEME 


I.  — -  La  reine  mère  envoie  des  commissaires  pour  prendre  possession  des  Etats 
du  comte  Raimond,  au  nom  d'AlJbnse,  son  fils. 


Ki.  origin. 
t.  IIl.p.  .|(i7. 


ALFONSE,  comte  de  Poitiers,  8c  Jeanne,  sa  femme,  fille  unique  8<. 
héritière  de  Raimond  VII,  comte  de  Toulouse,  étoient  actuellement 
en  mer  dans  le  temps  de  la  mort  de  ce  prince.  Après  avoir  été  battus'  An  1249 
de  la  tempête,  qui  les  obligea  de  relâcher  à  Acre,  ils  débarquèrent  enfin  k 
Damictte,  en  Egypte^,  le  dimanche  24  d'octobre  de  l'an  1:49.  '^'"^i  ils  ne 
purent  recueillir  par  eux-mêmes  la  succession  du  comte  Raimond;  mais  la 
reine  fîlanche,  attentive  aux  intérêts  d'Alfonse,  son  fils,  suppléa  à  leur 
défaut.  Guillaume  de  Pian,  sénéchal  du  roi  à  Carcassonne,  à  qui  elle-*  avoit 
donné  ses  instructions,  8t  qui  étoit  à  Béziers  dans  le  temps  de  cette  mort, 
partit  pour  la  Cour  aussitôt  qu'il  en  eut  appris  la  nouvelle  pour  en  informer 
cette  princesse  S<  recevoir  ses  ordres.  Comme  on  ignoroit  dans  le  pays  les 
dernières  dispositions  de  Raimond,  il  y  eut  une  espèce  d'interrègne  pendant 
le  voyage  du  sénéchal"*.  Nous   trouvons,  en  effet,  un  acte  du  8  d'octobre  de 

'Joinville,  p.    '\^.   [KJiiion    de  Wailly,    1874,  la  cour  comtale,  &  les  consuls  rendirent  In  justice 

p.   loo.J  en    leur  propre    nom.    Les    habitants  se  prêtèrent 

'  Gcila  Luiovici  IX,  p.  3!>^.  mutuellement  serment  de  fidélité   [fccerunt  conju- 

'  Archives  de  l'église  de  Béziers.  rationem).    La    maison    du    comte    fut   envahie    & 

*  Cet  interrègne  ne  fut  pas  sans  donner  lieu  à  saccagée;  du    blé  qui    lui    appartenait   saisi;    un 

des  tentatives   de   révolte   de   la    part   de  plusieurs  envoyé  de  Sicard  Alaman   fut   éfonduit,  8c  on  lui 

villes   de  la    Province.  Nous    citerons   notamment  répondit  que  la  ville  ne  voulait  plus  des  bailesdu 

Najac,  dont  les  habitants  essayèrent  de  secouer  le  comte.   Le   sénéchal   de  Rouergue   essaya   de   leur 

joug.  A  peine  eurent-ils  appris  que  Raimond  VU  faire  entendre  raison  ;  il  n'obtint  satisfaction  que 

était  malade  à  Rodez,  qu'ils  se  firent  livrer  le  châ-  sur  quelques  points;  les  habitants  maintinrent  la 

teau  par  le  châtelain,  s'emparèrent  des  archives  de  plupart  de   leurs  prétentions,  &   le  firent  même 


An  I  249 


810  HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXVI, 

l'an  1249',  Louis  étant  roi  de  France,  Raimond,  êvêque,  (S-  Toulouse  n'ayant 
Éd.origin.     p^js  de  comte  {Tolosae  vacante  comité'^  par  lequel  Roger,  comte  de  Foix,  ht 
serment  à  dame  Honors  de  Beaumont,  à  Loup  de  Foix  8c  aux  autres  sei- 
gneurs de  Saverdun,  de  conserver  les  coutumes  de  cette  ville. 

Cette  espèce  d'interrègne  ne  dura  pas  longtemps  ;  dès  que  Guillaume  de 
Pian  eut  informé  la  reine  Blanche  de  la  mort  de  Raimond  elle  fit  expédier 
des  lettres^  datées  de  Paris,  au  mois  d'octobre  de  l'an  124g,  &  les  adressa  à 
ses  chers  du  chapitre  {de  capitulo)  (c'est-à-dire  aux  consuls  ou  capitouls)  & 
aux  prud'hommes  de  la  ville  &  du  faubourg  de  Toulouse.  La  reine,  après  y 
avoir  témoigné  le  regret  qu'elle  avoit  de  la  mort  du  comte  Raimond,  son  très- 
cher  cousin,  &  déclaré  que  ses  Etats  étoient  échus  à  Alfonse,  comte  de  Poitiers, 
son  fils,  &c  k  Jeanne,  femme  de  ce  prince,  leur  enjoint  d'obéir  8t  de  prêter 
aide  8c  conseil  à  Gui  8c  Hervé  de  Chevreuse,  chevaliers,  8c  à  Philippe,  tré- 
sorier de  Saint-Hilaire  de  Poitiers,  chapelain  du  mê)ne  Alfonse,  qu'elle 
envoyoit  prendre  possession  du  pays. 

IL  —  Les  commissaires  reçoivent  le  serment  de  fidélité  des  seigneurs 

&'  des  peuples. 

Les  trois  commissaires,  étant  arrivés  à  Toulouse,  se  rendirent,  le  i"  de 
décembre  suivant,  dans  le  château  Narbonnois,  qui  étoit  le  palais  des  comtes, 
8c  là,  ayant  fait  lire  leur  commission,  en  présence  de  la  principale  noblesse 
8c  des  notables  du  pays  qui  s'y  étoient  rassemblés,  ils  reçurent  le  serment 
des  uns  8c  des  autres  «  qui  promirent  fidélité  à  Alfonse,  comte  de  Toulouse 
«  8c  de  Poitiers,  8c  marquis  de  Provence,  à  Jeanne,  sa  femme,  fille  de  feu 
«  Raimond,  comte  de  Toulouse,  8c  à  leurs  enfans  communs,  sauf  le  droit  du 
«  roi  8c  de  ses  héritiers,  conformément  au  traité  de  paix  conclu  à  Paris,  entre 
«  le  roi  8c  le  même  comte  de  Toulouse.  »  On  voit  par  là  que  Blanche  fit 
prendre  possession  des  États  de  Raimond,  en  vertu  de  ce  traité  8c  non  du 
testament  de  ce  prince,  dont  il  n'est  pas  dit  un  mot  dans  l'acte.  Aussi  ver- 
rons-nous, dans  la  suite,  qu'AUonse  tâcha  de  le  faire  casser^. 

attendre  longtemps  à  la  porte  de  la  ville  avant  de  mais    il   fait    remarquer    à    Alfonse   qu'il    faut   se 

l'y   laisser    entrer.    Ces    détails    nous  sont    fournis  hâter  d'accorder  le  pardon  aux   habitants  de  Na- 

par   une  enquête   de    l'an    1251.  (J.  820,    n.    74;  jac,   car  la   ville   se  dépeuple   &  s'appauvrit.  On 

Teulet,  t.  3,  pp.    i33,   |35.)  Il  semble  que  les  an-  pourra    leur  vendre   le  pardon  de    leur  rébellion; 

ciens  seigneurs  de  Najac  aient  donné  l'exemple  de  le  crime  d'hérésie  fournira   au  comte  plus  d'une 

la    révolte.    Une    lettre,    écrite    probablement    en  occasion  d'exercer  son    droit  de  confiscation.   (J. 

février    1203,    par   le    sénéchal    Jean    d'Arsis,    à  326,   n.  40;    original.   —  Teulet,   t.  3,    pp.  58» 

Alfonse  de  Poitiers,   nous  donne  encore  quelques  &  583.)  [A.  M.) 

détails   sur   cette  affaire.   Le   lieu   de   Najac  était,  '  Archives  du  château  de  Foix. 

paraît-il,  devenu  un  lieu  de  refuge  pour  les  héré-  '  Catel,  Histoire   Ja  comtes  Je  Tolose,  p.  878  & 

tiques,  &  le  sénéchal,  de  concert  avec  l'évéque,  fit  suiv.  — Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  CCLXXXV, 

poursuivre  de  ce  chef  un   grand    nombre  d'habi-  c.    1260  &  suiv. 

tants.   Plusieurs  chevaliers  &  bourgeois  perdirent  '  La  remarque  de  dom  Vaissete  est  extrêmeinent 

leurs  biens,  &  le  comte  résolut  de  faire  construire  juste;  le  comte  Raimond  VII  avait  bien  institué 

une  forteresse  à  Najac.  Le  sénéchal  loue  ce  projet  sa  fille  Jeanne  héritière  universelle,  mais  les  offi- 

&  s'engage  à  le  mettre  promptement  à  exécution;  ciers  de  son   gendre  ne  tinrent  aucun   compte  de 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV,  XXVI.  8ii 

Le  premier  qui  fît  ce  serment  fut  Bernard,  comte  de  Comminges,  &  ensuite 
plusieurs  barons  Se  chevaliers  du  Toulousain,  entre  autres  Sicard  de  Mon- 
taut,  Jourdain  de  l'Isle  de  Saissac,  Bernard  Amelii  de  Paillés,  Sicard  d'Ala- 
man,  Guillaume-Arnaud  de  Biran,  pour  dame  Segnis,  comtesse  d'Astarac,  5c 
sur  lame  de  cette  comtesse,  Roger  de  Montaut,  Isarn-Jourdain  de  l'Isle, 
Raimond-Jourdain  de  l'Isle,  Bernard  Fortanier  &  Aimeri  de  Comminges, 
Décime,  dame  de  l'Isle  &  veuve  de  Pierre  de  l'Isle,  Arnaud  Se  Guillaume  de 
Felgar,  frères  de  l'évêque  de  Toulouse;  les  consuls  de  Lavaur,  Puylaurens, 
Laurac,  Fanjaux,  Verdun,  Rieux,  Villemur,  Montferrand  &  Castelsarrasin, 
dans  le  Toulousain;  les  barons  &  chevaliers  d'Albigeois,  savoir  :  Pons  Ame- 
lius  de  Cahusac,  Pierre-Raimond  Se  Jourdain  de  Rabastens.  Bertrand,  fils  du 
seigneur  Bertrand,  frère  diidit  feu  comte  de  Toulouse,  Bernard  de  Montes- 
quieu, &C.  ;  les  consuls  S<  prud'.hommes  de  plusieurs  villes  de  ce  pays,  savoir  : 
de  Gaillac  (entre  lesquels  étoit  Bernard  de  Foucaud),  de  l'Isle,  Castelnau  de 
Montmirail,  Rabastens  Se  Cordes.  L'archevêque  de  Narbonne,  les  évêques 
de  Toulouse,  Agen  Se  Comminges,  Amalric,  vicomte  de  Narbonne,  Pons  d'As- 
toaud,  chancelier  dudit  Aljbnse,  comte  de  Toulouse,  Gui  Fulcodi,  Guillaume 
de  Puylaurens,  Guillaume  de  Pian,  sénéchal  de  Carcassonne,  Hugues  d'Arcis, 
son  prédécesseur,  Pierre  de  Voisins  8c  plusieurs  autres  des  plus  qualifiés  de  la 
Province  étoient  présens.  Les  jours  suivans  les  commissaires  reçurent  dans  le 
même  palais  le  serment  de  fidélité  de  plusieurs  autres  barons  8c  chevaliers,  8c 
en  particulier  de  Pincèle,  mère  de  Géraud  (comte)  d'Armagnac,  tant  en  son 
nom  qu'en  celui  du  même  Géraud,  son  fils;  de  Guillaume-Aton  de  Villemur 
pour  le  fait  de  Saverdun  Se  le  reste  de  ses  terres;  de  Pierre,  vicomte  de  Lau- 
trec,  Roger-Bernard,  fils  de  Loup  de  Foix,  Roger  d'Aspel,  Gui  de  Séverac, 
Mafré  de  Rabastens,  Sec,  des  consuls  Se  prud'hommes  de  Lauzerte  8c  Moiit- 
cuq,  en  Querci,  d'Avignonet,  Caraman,  Saint-Félix,  Bessède,  Castelnaudary 
8c  Saint-Paul,  dans  le  Toulousain  ;  de  Peyrusse,  Villeneuve,  Millau  8c  Najac, 
en  Pv.ouergue;  8c  enfin  des  arbalétriers  8c  sergens  de  feu  Raimond,  comte  de 
Toulouse. 

Le  jeudi  6  de  décembre  de  la  même  année,  les  consuls'  8c  tout  le  peuple 
de  la  ville  8c  du  faubourg  de  Toulouse  s'étant  assemblés,  les  commissaires 
leur  déclarèrent  qu'ils  commettoient,  par  un  exprès  commandement  de  la 
reine,  8c  pour  autant  de  temps  qu'il  plairoit  à  cette  princesse  8c  à  Alfonse, 
comte  de  Poitiers,  son  fils,  pour  gouverneur  général  de  tout  le  pays,  Sicard 
d'Alaman,  à  qui  ils  ordonnèrent  de  prêter  en  conséquence  serment  de  fidé-' 
lité,  conformément  à  la  formule  envoyée  par  la  reine  Blanche,  dont  ils  firent 

Cette  clause  de  son  testament  &  prirent  possession  disposer  à  sa  guise;  nous  venons  plus  t   id  qu'elle 

du   pays  en  venu  du    traité   de    Paris.    Nul  doute  l'essaya;  mais  le  traité  de  Paris  existait,  qui  per- 

que,  prévoyant  le  cas,  qui,  en   effet,  se  présenta,  mit  au  roi  de   recueillir  son   héritage,  siiis  tenir 

où    les   deux   époux   mourraient   sans  enfants,  ils  compte  de  dispositions  qu'il  déclarait   nulles  par 

n'aient   réservé    les  droits  du    roi    stipulés  par  ce  avance.  [A.  M.] 

traité.  On  peut  croire  que  si  le  testament  de  Rai-  *  Catel,  Histoire  des  comtes  de  Totose,  p.  378  Se 

mond  Vil  eût  été  mentionné,  Jeanne,  héritière  &  suiv.  —  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  ÇCLXXXV, 

par  conséquent  propriétaire  de  ses  Etats,  eût  pu  en  ce.    1264,   1260. 


An  1249 


812 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXVI, 


la  lecture;  la  reine  leur  ordonnoit  de  faire  prêter  un  pareil  serment  à  tout 
autre  qui  seroit  promu  à  cette  charge,  tant  qu'ils  seroient  dans  le  pays. 
Ensuite  Sicard  promit  par  serment  aux  consuls  Se  aux  habitans  de  Toulouse 
de  les  maintenir  dans  l'usage  de  leurs  libertés  &  coutumes,  &  de  les  observer 
fidèlement  lui-même  jusqu'à  l'arrivée  du  comte  Alfonse.  L'archevêque  de 
Narbonne  Si  l'évêque  de  Toulouse,  qui  étoient  présens,  attestèrent  en  même 
temps  qu'ils  avoient  vu  la  formule  originale  de  cet  acte,  envoyée  par  la  reine, 
avec  celle  du  serment  de  fidélité  que  les  habitans  de  Toulouse  avoient  ordre 
de  prêter  S<  qu'ils  prêtèrent  alors  à  ce  prince.  Ces  peuples  y  ajoutèrent,  sui- 
vant l'ordre  prescrit,  «  sauf  cependant  le  domaine  du  roi  de  France  Se  la 
«  paix  de  Paris,  en  tant  que  cela  touche  le  roi  Se  ses  héritiers.  »  La  reine 
avoit  marqué  dans  les  instructions  qu'elle  avoit  données  aux  commissaires, 
«  que  les  habitans  de  Toulouse,  après  avoir  prêté  ce  serment,  pourroient  pro- 
«  tester  s'ils  vouloient,  que  c'étoit  sans  préjudice  de  leurs  coutumes  Si  de  leurs 
«  libertés,  n 

Le  lendemain  7  de  décembre,  les  mêmes  commissaires  reçurent,  à  Tou- 
louse, le  serment  de  fidélité  d'Hugues,  comte  de  Rodez;  6<.  s'étant  ensuite 
transportés  à  Verdun  sur  la  Garonne,  Bernard  d'Arpajon  &  Bérenger  de 
Combret,  seigneurs  dans  le  Rouergue,  en  firent  autant.  Ils  passèrent  de  là  à 
Moissac  sur  le  Tarn,  où  Déodat  de  Barasc,  Fortanier  de  Gourdon,  Bertrand 
de  Cardaillac,  le  vicomte  de  Calvignac  &  quelques  autres  barons  Si  cheva- 
liers du  Querci,  avec  les  consuls  de  Moissac  &  de  Montauban,  firent  une 
pareille  cérémonie,  sans  faire  mention  cependant  du  traité  de  Paris.  Elle  se 
passa  dans  le  palais  abbatial  de  Moissac,  en  présence  de  l'évêque  de  Toulouse, 
des  abbés  de  Moissac  S<  de  Montauban,  de  Pons  d'Astoaud,  chancelier  du 
comte  Alfonse,  &c.  Les  deux  frères  Gui  Si  Hervé  de  Chevreuse  Si  Philippe, 
trésorier  de  Saint-Hilaire  de  Poitiers,  firent  ainsi  reconnoître  le  comte  Alfonse 
par  les  seigneurs  8c  les  peuples  du  Toulousain,  du  Querci,  du  Rouergue  8< 
de   l'Albigeois'. 


'  L'un  des  commissaires  envoyés  par  la  reine 
Blanche,  Philippe,  trésorier  de  Saint-Hîlaire  de 
Poitiers,  raconte  tous  les  événements  de  ce  voyage 
dans  une  lettre  au  comte  Alfonse,  datée  de  Corbeil 
(20  avril  izSo).  Cette  lettre  a  été  publiée,  il  y  a 
déjà  longtemps,  dans  la  BihUoth'eque  de  l'Ecole  lies 
Chartes  (t.  i,  p.  ISp),  &  Boutaric  l'a  reproduite 
in  extenso  dans  son  ouvrage  sur  Alfonse  de  Poi- 
tiers (p.  69  &  suiv.).  Nous  allons  en  donner  l'ana- 
lyse sommaire,  en  datant  aussi  exactement  que 
possible  les  actes  des  trois  commissaires.  —  La 
reine  Blanche  avait  été  chargée  expressément  par 
son  fils  de  veiller  à  ses  intérêts,  l'état  de  santé  de 
Raimond  VII  faisant  sans  doute  prévoir  un  pro- 
chain dénouement.  Aussi  à  peine  eut-elle  appris 
la  mort  de  son  parent,  dont  la  nouvelle  lui  avait 
été  apportée  par  un  certain  Aimeri  Portier,  qui 
paraît  avoir  fait  partie  de  la  maison  du  feu  comte. 


elle  fit  appeler  à  Corbeil  le  trésorier  de  Poitiers, 
&  lui  demanda  conseil  ^  après  mûre  délibération, 
il  fut  décidé  que  Gui  &  Hervé  de  Chevreuse  iraient 
avec  le  trésorier  lui-même  recevoir  le  serment  de 
fidélité  des  villes  &  des  vassaux.  Cette  décision  fut 
prise  dans  le  courant  d'octobre,  &  le  dimanche 
qui  suivit  la  Saint-Martin  d'hiver  (14  novembre), 
les  commissaires  étaient  déjà  près  de  Toulouse.  — 
Reçus  par  Sicard  .41aman,  qui  avait  administré 
le  pays  dans  l'intervalle,  ils  entrèrent  dans  la 
ville  &  demandèrent  aux  bourgeois  de  leur  prêter 
serinent  de  fidélité.  Ceux-ci  refusèrent,  prétendant 
qu'il  leur  fallait  attendre  le  retour  de  leurs  collè- 
gues, qui  étaient  allés  s'entendre  avec  la  reine  & 
lui  demander  la  confirmation  de  leurs  coutumes. 
Les  commissaires  leur  accordèrent  quinze  jours  de 
délai,  &  c'est  ce  qui  explique  pourquoi  la  presta- 
tion   du    serment    de    fidélité    n'eut    lieu    que    le 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXVI. 


iio 


An  12 


<9 


III.  —  Le  roi  d'Angleterre  demande  en  vain  la  restitution  de  l'Agenois. 

Quant  à  l'Agenois,  Henri,  roi  d'Angleterre,  prétendit  que  ce  pays  devoit 
lui  appartenir  par  droit  de  reversion,  &  écrivit',  le  i3  de  décembre  de 
l'an  1349,  à  Simon  de  Montfort,  comte  de  L,eicester,  son  lieutenant  en 
Gascogne,  pour  le  charger  d'en  demander  la  restitution  en  son  nom,  aux 
exécuteurs  testamentaires  du  comte  R.aimond,  auxquels  il  écrivit  aussi 5  mais 
toutes  ses  sollicitations  furent  inutiles.  Les  consuls  &  habitans  d'Agen^  dépu- 
tèrent en  cour,  au  mois  de  février  suivant,  8c  la  reine  mère  leur  ayant  donné, 
à  leurs  instances,  la  formule  du  serment  de  fidélité  qu'ils  dévoient  prêter  à 
Alfonse,  comte  de  Poitiers  8<  de  Toulouse,  8<  à  Jeanne,  sa  temme,  absens 
pour  le  service  de  Jésus-Christ,  ils  se  soumirent  à  leur  autorité. 


An  1; 


IV.  —  Rostaing  de  Sahran  donne  des  sûretés.  —  Barrai  de  Baux  s'engage 
à  soumettre  la  ville  d'Avignon  à  Alfonse. 

On  ne  voit  pas  que  personne  ait  pris  possession  du  marquisat  de  Provence 
pour  Alfonse  £<.  Jeanne  pendant  leur  absence-*.  On  sait  seulement  qu'Oudard 
de  Villars,  sénéchal  de  Beaucaire,  s'appliqua  après  la  mort  du  comte  Rai- 
mond,  à  contenir  dans  le  devoir  le  long  du  Rhône  les  anciens  partisans  de 
ce  prince.  Rostaing  de  Sabran,  l'un  des  principaux,  pour  ôter  tout  soupçon 
sur  sa  conduite,  déclara'*,  le  21  d'octobre  de  l'an  1249,  à  Saint-Saturnin  sur 


6  décembre  suivant.  (Boutaric,  pp.  71,  72.)  De 
Toulouse,  les  commissaires  se  rendirent  dans  les 
différentes  villes  du  comté,  recevant  les  serments 
des  habitants  &  mettant  des  garnisons  &  des  châ- 
telains dans  les  forteresses.  A  Agen,  les  bourgeois 
&  les  nobles  refusèrent  le  serment,  disant  que  le 
comte  devait  promettre  d'abord  d'observer  leurs 
coutumes.  —  D'.Agen  le  trésorier  se  rendit  à  la 
Réole  pour  s'aboucher  avec  Simon  de  Montfort, 
comte  de  Leicester,  qui  venait  de  pacifier  la  Gas- 
cogne &  de  punir  rudement  les  rebelles  (Cf.  à  ce 
sujet  un  travail  de  M.  Ch.  Bémont,  Revue  histo- 
riijue,  t.  4,  pp.  2483  2:)3);  il  n'y  resta  qu'une  nuit, 
&  rappela  au  comte  sa  promesse  de  partir  pour 
l'Orient;  Simon  s'engagea  à  partir  à  la  Saint- 
Jean,  mais  jamais  il  n'exécuta  sa  promesse.  —  De 
la  Réole,  les  commissaires  retournèrent  à  Penne 
d'Agenais,  puis  à  Rodez,  recevant  partout  les  ser- 
ments de  fidélité  &  les  hommages.  —  Ils  étaient 
de  retour  à  la  Cour,  àRoyaumont,  un  peu  avant 
la  Chandeleur  (fin  janvier  1  2Ô0).  —  Ils  y  trouvè- 
rent Sicard  Alaman,  le  sire  de  Lunel,  qui  revenait 
du  Venaissin  (Voyez  plus  bas),  &  les  consuls  d'A- 
gen,  qui  finirent  par  se  soumettre  (Voyez  plus  bas). 
Barrai  de  Baux  vint  aussi  y  promettre  fidélité  & 
s'engagea   à   faire  rentrer  la  ville  d'Avignon   dans 


le  devoir.  —  On  voit  par  ce  résumé  que  cette  lettre 
ne  laisse  pas  que  de  fournir  quelques  détails  in- 
téressants &  de  fixer  la  chronologie  de  ces  deux 
mois  si  remplis  d'événements.  [A.  M,] 

'  Rymer,  Acta  publica,  t.   1,  p.  430  &  suiv. 

°  Trésor  des  chartes,  Toulouse,  sac  4,  n.  10.  — 
Auj.  J.  307,  original  scellé;  Teulet,  t.  3,  pp.  94, 
9."j.  Lettre  des  habitants  de  Condom  8c  d'Agen  à 
la  reine  Blanche.  Ils  lui  exposent  qu'ils  n'ont 
voulu  prêter  serment  à  ses  commissaires  que  sous 
certaines  conditions,  de  crainte  de  porter  préju- 
dice» leurs  coutumes.  N'ayant  pu  s'accorder  avec 
eux,  ils  envoient  à  la  reine  quelques-uns  de  leurs 
bourgeois,  qui  lui  exposeront  les  demandes  des 
deux  villes  &  les  condiiions  qu'elles  mettent  à  leur 
soumission.    [A.  M.] 

'  Les  commissaires  d'Alfonse  n'allèrent  pas,  en 
effet,  dans  le  "Venaissin,  &  le  trtsorier  de  Poitiers 
en  donne  la  raison.  Le  cardinal  d'Albano  s'y  était 
rendu  pour  prendre  possession  du  pays  au  nom  de 
l'Kglise;  pour  éviter  de  se  compromettre  avec  lui, 
ils  y  envoyèrent  le  sire  de  Lunel,  qui  se  chargea 
d'y  recevoir  lès  serments  de  fidélité  &  d'y  faire 
reconnaître  le  pouvoir  du  comte.  [.A.  M.] 

<  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  CCLXXWI, 
c.   1268.  —  L'acte  est  du  21  octobre  1249.  L'imer- 


An  i2io 


814  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.   LIV.  XXVI. 


le  Rliône,  aujourd'hui  le  Pont-Saint-Esprit,  devant  le  cardinal  Pierre,  cvêquc 
d'Albano,  vice-gérant  du  pape  dans  les  pays  de  Provence  8t  les  provinces 
voisines,  81  devant  les  évêques  de  Carpentras  &  de  Vaison,  cju'il  étoit  résolu 
de  demeurer  toujours  dans  la  fidélité  du  roi.  Si,  pour  en  donner  des  preuves, 
il  remit  au  même  sénéchal  son  château  de  Saint-Victor,  dans  le  diocèse 
d'Uzès,  chef-lieu  de  ses  domaines,  &  le  pria  d'en  faire  abattre  les  fortifica- 
tions. Il  paroît  cependant  cjue  les  peuples  du  marquisat  de  Provence  se  sou- 
mirent à  Alfonse  aussitôt  après  la  mort  de  Raimond,  excepté  ceux  d'Avi- 
gnon qui,  s'étant  érigés  en  république,  refusèrent  de  le  reconnoître  Si  se 
maintinrent  dans  l'indépendance  sous  la  protection  de  Barrai  de  Baux,  leur 
podestat.  Barrai,  craignant  enfin  d'encourir  l'indignation  de  ce  prince,  se 
rendit  à  la  Cour',  au  mois  de  mars  de  l'an  1260,  St  promit  à  la  reine  de 
t.'in,°p'.°4-o.  travailler  de  toutes  ses  forces  pour  engager  les  habitans  d'Avignon  à  se  sou- 
mettre à  Alfonse,  de  même  que  ceux  d'Arles  qui,  s'étant  érigés  aussi  en  répu- 
blique, refusoient  l'obéissance  à  Charles,  son  frère  ;  sinon  de  leur  déclarer  la 
guerre  dans  un  mois;  mais  il  s'acquitta  mal  de  sa  promesse,  Se  les  Avigno- 
nois  demeurèrent  toujours  rebelles  à  Alfonse. 

V.  —  Alfonse  est  fait  prisonnier  en  Egypte  6»  délivré  avec  le  roi,  son  frère. 
Divers  seigneurs  de  la  Province  se  distinguent  dans  cette  expédition. 

Ce  prince  ayant  appris  à  la  Terre-Sainte  la  mort  du  comte  Raimond,  son 
beau-père,  résolut  de  repasser  incessamment  la  mer  avec  la  comtesse  Jeanne, 
sa  femme,  &  de  venir  prendre  possession  du  pays;  mais  divers  obstacles  qui 
survinrent,  ne  lui  permirent  pas  d'exécuter  si  tôt  son  dessein.  Après  avoir 
amené  au  roi,  son  frère,  un  renfort  considérable,  que  les  historiens  du  temps* 
appellent  l'arrière-ban  de  France,  l'armée  marcha  vers  le  Caire,  en  Egypte, 
8<.  arriva,  le  20  de  décembre,  à  la  Massoure,  où  le  roi  fut  arrêté  plus  long- 
temps qu'il  ne  l'avoit  cru  au  passage  du  Thanis,  à  cause  de  l'opposition  des 
Sarasins,  qui  s'étoient  rassemblés  de  l'autre  côté  du  fleuve.  Alfonse  donna  des 
preuves  de  sa  valeur  en  différentes  petites  attaques  qu'il  soutint  de  la  part 
des  infidèles,  mais  il  eut  le  malheur  de  tomber  entre  leurs  mains  Si  d'être 
fait  prisonnier,  le  5  d'avril  de  l'an  1260,  avec  le  roi  8<  le  comte  d'Anjou,  ses 
frères^.  Ils  demeurèrent  au  pouvoir  des  Sarrasins  jusqu'au  6  de  mai,  qu'étant 

vention  dii  cardinal  légat  d'Albano  en  Venaissin  démêlés  assez  vifs  avec  les  officiers  du  roi,  démè- 

est  mentionnée  aussi   par  la  lettre  du  trésorier  de  lés   qui   avaient   du    entraîner   une   lutte   à   main 

Saint-Hilaire  à  Alfonse.  Il  semble  que  l'Eglise  ro-  armée.    [A.  M.] 

inaine  ait  essayé  de  faire  revivre  à  ce  moment  ses  '  Voyez   tome  VIII,   Chartes,   n.  CCLXXXVIII, 

anciennes  prétentions  sur  les  pays  de  la  rive  gauche  ce.    1274,    1273.   —  Fantoni,    Istoria    délia    citta 

du   Rhône,  &  le  cardinal  se   dit  lieutenant,  vices  d'Avignione,  1.   1,  ch.  5. 

perens,  du  pape  dans  les  pays  des  bords  du  Rhône.  '  Joinville,  p.  35.  [Edit.  de  Wailly,    p.  p8.]  — 

—  Rostaing  de  Sabran  obtint  pour  la  destruction  Matthieu   Paris,  an.   i25o.  —  La   Chaise,  Histoire 

de  son  château,  une  indemnité  pécuniaire,  qu'un  de  saint  Louts. 

accord  du  29  janvier   1260  fixa   à  deux  cent  cin-  *  Il   fut  fait  prisonnier  le  6   &  non  le  5  avril. 

quante  livres  tournois  (tome  VIII,  ce.  1269,  1270).  Les   Français   avaient  quitté   les   bords  du   Nil  la 

Le  seigneur  de  Sabran    avait   sans   doute   eu    des  veille  au  soir,  y,  Si  ce  fut  au  milieu  de  la  journée 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.   LIV.  XXVI.  8i5 

enfin  convenus  de  leur  rançon,  ils  furent  délivrés  &.  conduits  à  Damiette,  où 
ils  rejoignirent  la  reine  &  les  autres  princesses,  leurs  épouses,  qu'ils  y  avoient 
laissées.  Jeanne  de  Toulouse  témoigna  surtout  une  joie  extrême  de  revoir  le 
comte  Alfonse,  son  mari,  &  elle  l'accompagna  à  Acre,  oii  le  roi  se  rendit  avec 
le  débris  de  ses  troupes,  après  avoir  remis  Damiette  aux  infidèles. 

Le  roi,  étant  arrivé  à  Acre,  y  fixa  son  séjour  dans  le  dessein  de  continuer 
son  expédition;  il  fit  expédier',  au  mois  de  juillet  suivant,  trois  chartes  qui 
nous  font  connoître  les  services  qu'il  avoit  reçus  de  quelques  chevaliers  de  la 
Province  qui  l'avoient  suivi.  Par  la  première  il  ordonne  au  sénéchal  de  Car- 
cassonne  d'assigner  vingt-huit  livres  tournois  de  rente  à  ses  chers  &  féaux 
Raimond  S<.  Guillaume  d'Aban ,  8i  de  conserver  au  dernier  le  poste  qu'il 
occupoit  dans  la  citadelle  de  Carcassonne  avant  leur  départ  pour  la  Terre- 
Sainte.  Par  les  deux  autres,  il  veut  que  ce  sénéchal  rende  le  château  d'Aguilar 
à  Olivier  de  Termes,  Se  tant  à  lui  qu'aux  autres  chevaliers  de  sa  suite,  les 
terres  du  Termenois  jusqu'à  concurrence  de  deux  cens  cinquante  livres  de 
rente,  excepté  le  château  de  Termes.  Le  roi  tenoit  ces  terres  en  sa  main,  &<. 
il  les  avoit  fait  saisir  sur  ces  seigneurs  à  cause  de  leur  rébellion.  Il  accorda 
dans  la  suite  plusieurs  autres  grâces  à  Olivier  de  Termes,  dont  tous  les  histo- 
riens du  temps*  font  de  grands  éloges  :  Olivier  commandoit  les  arbalétriers 
8c  les  routiers  durant  cette  expédition,  8c  il  trouva  moyen  de  se  sauver  à 
Damiette,  dans  le  temps  que  l'armée  du  roi  fut  défaite  par  les  infidèles.  Un 
de  ces  historiens^  le  fait  mourir  peu  de  temps  après  dans  cette  ville  avec  ses 
routiers  par  les  mains  des  Sarrasins;  il  se  trompe,  on  vient  de  voir  qu'Oli- 
vier suivit  le  roi  à  Acre,  8c  il  est  certain  qu'il  vécut  encore  longtemps  après. 

VL  —  Alfonse  6-  Jeanne  reviennent  en  France,  ô-  reçoivent  à  Beaucaire 
les  hommages  de  leurs  vassaux. 

Le  roi  ayant  permis  aux  princes  Alfonse  8c  Charles,  ses  frères,  de  repasser 
la  mer,  ils  s'embarquèrent  à  Acre,  vers  la  fin  de  juin.'*,  avec  les  princesses, 
leurs  épouses,  8c  abordèrent  enfin  vers  les  côtes  de  France^;  il  paroît  que  ce 
fut  au  port  d'Aigues-mortes.  Alfonse  se  rendit  ensuite  à  Beaucaire  où  il  reçut  6, 
à  la  mi-octobre,  avec  la  comtesse  Jeanne,  sa  femme,  l'hommage  de  Bernard, 
comte  de  Comminges,  pour  tout  le  comté  de  ce  nom  8c  pour  les  terres  qu'il 
possédoit  dans  le  Toulousain,  en  présence  de  Raimond,  évêque  de  Toulouse, 
des  sénéchaux  de  Carcassonne  8c  de  Beaucaire,  de  Pvaimond-Gaucelin,  sei- 

dii  lendemain,  vers  trois  heures,  que,  rejoints  par  1277.  —  Archives   du  Domaine   de  Montpellier, 

les  Sarrasins  &  accablés  sous  le  nombre,  ils  furent  [Latin  9778,  i"  282  A.] 

tous  pris  ou  tués.  (Cf.  Lenain  de  TiUemont,  t.  3,  '  Joinville,  p.  108,  [Edit.  de  Wailly,  p.  344.]  — 

pp.  325  à  328.)  Alfonse  ne  recouvra  la  liberté  que  Matthieu  Paris,  an.  i25o,  p.  793. 

le  8   ou  9  mai;   il   était  resté   en   otage  entre  les  '  Matthieu  Paris,  p.  796. 

mains  des  Sarrasins  jiifqu'au  payement  de  la  ran-  ''  Joinville,  p.  83.  [Edit.  de  Wailly,  p.   100. 1 

,çon  des  autres  seigneurs  français.   (Ibid.  pp.  378  '  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  CCXCII,  c.  1279. 

à  38o.)  [A.  M.[  «  IbU.  n.  CCXCI,  ce.  1277  &  1278. 
'  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  CCXC,  ce.  1276, 


An 


— : —  8i6  HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV,  XXVI. 

An  I2J0 

gneurde  Lunel,  &  de  divers  autres  seigneurs  qui  étoient  allés  à  sa  rencontre. 
Alfonse  &  Jeanne  reçurent  aussi  à  Beaucaire,  vers  le  même  temps,  l'hom- 
mage de  Bertrand  &  de  Pierre,  vicomtes  de  Lautrec,  jjour  tous  les  fiefs  qu'ils 
possédoient  dans  le  Toulousain  ;  ceux  de  Jourdain  de  Saissac  &  de  Jourdain 
de  risle,  d'Hugues,  comte  de  Rodez,  pour  le  comté  de  ce  nom  8i  pour  tous 
les  autres  fiefs  qu'il  possédoit  en  Pvouergue  ;  de  Guillaume  de  Saint-Maurice 
pour  Saint-Chevrier  &  la  7'our,  &  enfin,  au  mois  de  novembre  suivant,  celui 
de  Bernard  d'Arpajon  pour  le  château  de  Caumont  &  ses  domaines  du 
Rouergue'. 

VII.  —  Duel  du  seigneur  de  Lunel.  —  Saint  Géri. 

Alfonse  confirma  R.aimond-Gaucelin,  seigneur  de  Lunel,  qui  fut  présent 
t.'iu,°pi''i-'i.  à  to'-'^  c^^  hommages,  dans  la  dignité  de  sénéchal  du  pays  Venaissin,  qu'il 
avoir  exercée  sous  le  feu  comte  Raimond.  L'auteur  d'une  ancienne  chro- 
nique^ prétend  que  ce  seigneur  fut  condamné  la  même  année  à  perdre  la  tête, 
&  c[ue  ses  biens  furent  confisqués  à  l'occasion  suivante  :  «  Raimond-Gaucelin, 
«  dit-il,  ayant  conçu  une  haine  implacable  contre  un  autre  chevalier,  nommé 
«  Guillaume  de  Bouville,  avec  lequel  il  avoit  un  procès  pour  une  terre 
«  située  aux  environs  de  Beaucaire,  qu'il  avoit  perdu  par  sentence  d'Oudard 
«  de  Villars,  sénéchal  de  Beaucaire  &  de  Nimes,  fit  citer  ce  chevalier  devant 
<i  le  même  sénéchal  pour  lever  le  gage  de  duel.  Bouville  comparut,  mais  le 
t(  sénéchal  déclara  qu'il  n'y  avoit  pas  lieu  de  lever  le  gage.  Nonobstant  ce 
<(  jugement  les  deux  chevaliers  choisirent  chacun  un  parrain,  se  battirent  en 
a  duel,  8c  se  blessèrent  l'un  l'autre;  après  quoi  leurs  parrains  les  sépararèrent. 
«  Le  sénéchal,  pour  les  punir  de  leur  désobéissance,  les  condamna  tous  les 
«  deux  à  perdre  la  tête,  confisqua  leurs  biens.  Si  condamna  par  contumace 
(i  les  deux  parrains  à  la  même  peine.  »  Si  ce  fait  est  vrai,  Raimond-Gau- 
celin obtint  bientôt  sa  grâce;  car  d'un  côté  il  est  qualifié  seigneur  de  Lunel 

'  Trésor  des  chartes;  Toulouse,  sac  7,  n"'  pc-çS.  Preuves,  c.  4  (édit.  princeps.)  Quoiqu'il  ne  faille 

—  [Auj.  J.  Si  5.]  —  Hommages  de  Guillem  de  Saint-  jamais    accepter   sans    examen    les    assertions    de 

Maurisse  pour   le  château  de  Saint-Caprais  (Teu-  Guillaume  Bardin,  le  fait  qu'il  indique  ici  paraît 

let,   t.  3,  p.   109);   des  vicomtes  de   Lautrec   pour  être  vrai,   au   moins  en   partie.   Il  n'a,  en   effet, 

lîiir    vicomte   &    le    château    de    Bruguière    (ibij.  rien    d'invraisemblable.    Guillem    de   Bouville   est 

p.   1  10);  de  Jourdain  de  Saissac  &  de  Jourdain  de  un  chevalier  du  temps  assez  connu  (Cf.  tome  VIII, 

risle  pour  leurs  terres  du  diocèse  de  Toulouse;  de  Index  onomasticus,   sui  verho),   &   le   sénéchal    de 

Gui  de  Séverac  pour  Séverac,  la  Panouse,  Auzits,  Beaucaire    était,   à   cette   époque,   Oudard   de  Vil- 

Panat,  &c.  ;  de  Guillem  de  Bouville  pour  ses  do-  liers.  XSn  seul  point  nous  paraît  douteux;   il  est 

maines  d'Agenais  [ibid.  p.  111);   enfin   d'Hugues,  peu    probable   que   le   sénéchal   ait   frappé   d'une 

comte  de  Rodez,  pour   le  comté  de  ce  nom  [ihid.  peine  si   sévère    un    seigneur   aussi    puissant  que 

p.   110).  Tous   ces  actes  sont  datés  de  Beaucaire   &  Raimond  Gaucelin  de  Lunel.  La   peine  fut  peut- 

du  3o  octobre.  Le  serment  de  Guillem  de  Bouville  être  prononcée,  mais  elle   ne   pouvait  être  appli- 

est  dans  J.  Sic,  n.  6.  L'hommage  de  Bernard  d'Ar-  quée.  —  Le   seigneur  de  Lunel  était  encore  séné- 

p.ijon,  que  dom  Vaissete  indique   ensuite,  est  du  chai    du  Venaissin   en    12,52;    il    était    remplacé 

16  novembre  suivant  (J.  Si^.  n.  49).   Il  ne  porte  dans  ces   fonctions   par  Jean   d'Arsis,  sénéchal   de 

*  point  de  date  de  lieu  (al  su/>raj  p.   111).     [A.M.|  Rouergiie,   en  novembre  1254.   (Bouta  1  ic,  .(<//o«se 

'  Bardin,  Chronicjue  manuscrite,  —  Cf.  tome  X,  de  Poitiers^  pp.    169,    170.)  [A.  M.] 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXVI.  817 

clans  divers  raonumens ',  depuis  le  mois  de  mars  de  l'an  iîSo  jusque  vers 
l'an  1269,  &  il  exerça  la  charge  de  sénéchal  du  Venaissin  -  jusqu'à  l'Ascension 
de  l'an  1 253. 

On  prétend^  aussi  que  saint  Géri,  pèlerin,  mort  en  Italie  vers  l'an  1270, 
étoit  de  la  race  de  ce  seigneur  8c  son  proche  parent;  mais  quoiqu'il  paroisse 
que  saint  Géri  étoit  natif  de  Lunel,  nous  n'avons  cependant  d'ailleurs  aucune 
preuve  qu'il  fût  de  la  maison  des  seigneurs  de  cette  ville"^. 

Vm.  —  Sicard  d'Alaman,  lieutenant-général  d'AlJbnse  dans  le  comté 

de  Toulouse. 

Alfonse  81  Jeanne  de  Toulouse,  sa  femme,  après  avoir  fait  quelque  séjour 
à  Beaucaire,  repassèrent  le  Rhône;  ils  étoient'»  en  effet  à  Aix,  en  Provence, 
le  20  d'octobre,  &  ils  prirent  sans  doute  possession  en  passant  du  marquisat 
de  Provence.  Alfonse'^  &  le  comte  d'Anjou,  son  frère,  allèrent  ensuite  trouver 
Innocent  IV  à  Lyon,  tant  pour  le  solliciter  d'envoyer  un  prompt  secours  au 
roi  Louis,  leur  frère,  dans  la  Terre-Sainte,  que  pour  le  prier  de  terminer 
enfin  ses  différends  avec  l'empereur  Frédéric  :  différends  qui  mettoient 
obstacle  à  ce  secours,  au  grand  scandale  des  fidèles.  Ces  deux  princes  pas- 
sèrent ensuite  à  la  cour  d'Angleterre,  afin  d'engager  le  roi  Henri  III  à  mar- 
cher lui-même  pour  la  guerre  d'outre-mer.  Alfonse,  après  son  retour  en 
France,  confirma  dans  le  gouvernement  du  comté  de  Toulouse,  Sicard  d'Ala- 
man, qui  prend  la  qualité  de  vice-gérant  de  ce  prince  dans  un  acte  du  mois 
d'avril  de  l'an  iiSo"^,  &t  celle  de  sénéchal  général  du  comté  de  Toulouse,  dans 
l'hommage*  qu'il  reçut  à  Montauban  au  nom  d'Alfonse,  à  la  fin  du  mois  de 
février  de  l'an  1200  (i25i),  de  Gaillard  d'Adémar,  fils  de  Bernard  d'Adémar 
de  Lescure,  pour  le  village  de  Rosières,  en  Albigeois.  Il  se  qualifie  vicaire 
général  du  comté  de  Toulouse  pour  le  comte  Aljbnse,  dans  un  ordre  qu'il 
donna  vers  le  même  temps  pour  faire  des  informations  sur  le  privilège^  que 
les  habitans  de  Millau  prétendoient  d'être  exempts  de  péage.  Enfin  il  donna, 
le  8  de  mars  suivant,  en  la  même  qualité,  des  lettres  de  sauvegarde  '°  pour 
l'abbaye  de  Bonneval,  en  Rouergue  :  preuve  que  Sicard  étendoit  également 
son  autorité  sur  tous  les  domaines  qui  avoient  appartenu  aii  feu  comte  Rai- 
mond  en  deçà  du  Rhône. 

■  Trésor  des  chartes,  Toulouse,   sac   5,  n.  5.  —  '  Voyez    (ome  VIII,    Chartes,    n.   CCLXXXVI, 

[J.  3io].  —  Baluzc,  M'iicelUnea,  t.  7,  p.  5j4.  ce.    1270,   1271. 

'  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  CCXCII,  c.  1283.  '  Manuscrits  de  Colhert,  n.    IoC)7.  —  [Original, 

'  Bollandistes,  mai,  t.  6,  p.   139  &  suiv.  J.  314,  n.   5o;  Teulet,  t.  3,   p.   117.  L'iicte  est  du 

*  Voyez  tome  VII,  Uote  XXXVIII,  pp.  1  1  o,  1  1  1 .  22  février  1  25o  (v.  st.).] 

'Trésor  de»  chartes;   Toulouse,   sac  4,   11.  5.'>.  '  Archives  de  la  ville  de  Millau. —  [Cf.de  Gau- 

[J.  307.]  jal,  t.  2,  pp.    111,1  12.] 

'  Matthieu   Paris,  année   \iito,  pp.  799  &  8o3.  '°  Archives  de  l'abbaye  de  Bonneval. 


An  1253 


An  i25i 


V'î. 


— ; : —  8i8  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXVI. 

An  12JI 

IX.  —  Alfonse  6"  Jeanne  viennent  dans  leur  marquisat  de  Provence.  —  La 
ville  d'Avignon  se  soumet  à  ce  prince  6-  aiL  comte  de  Provence,  son  jrère. 

Le  comte  de  Poitiers  Si  de  Toulouse,  voulant  après  son  retour  d'Angleterre 
visiter  ses  nouveaux  domaines,  prit  la  route  du  Rhône  avec  la  comtesse 
Jeanne,  son  épouse.  Ils  arrivèrent  en  Provence  au  commencement  de  mai  de 
l'an  i25i,  &  ils  y  reçurent  les  hommages'  des  seigneurs  du  pays,  entre  autres 
d'Agout  de  Balmes,  Raimond  de  Baux,  Guillaume  de  Baux,  prince  d'Orange, 
Guillaume,  P^aimond  8c  Ricaut  du  Puy,  Agout  de  Sault  pour  la  terre  de 
Sault,  8tc.  Ce  prince  se  rendit  ensuite  à  Beaucaire^,  où  il  avoit  donné  ren- 
dez-vous à  Charles,  comte  d'Anjou  &  de  Provence,  son  frère,  pour  concerter 
ensemble  les  moyens  de  réduire  la  ville  d'Avignon,  sur  laquelle  ils  avoient 
un  droit  égal  &  qui  leur  étoit  toujours  rebelle.  Ils  se  disposoient  à  l'aller 
attaquer  lorsque  les  Avignonois  leur  envoyèrent  des  députés  pour  demander 
la  paix.  On  convint  de  part  Si  d'autre  des  articles  suivans  :  i°  Alfonse  8c 
Charles  auront  la  haute  8c  moyenne  justice  dans  la  ville  d'Avignon,  sauf  les 
privilèges  8c  les  coutumes  des  habitans.  2°  Les  deux  princes  établiront  un 
viguier  commun  dans  cette  ville  pour  y  rendre  la  justice  en  leur  nom  avec 
Éd.oiiain.  deux  juges  ou  assesseurs  qu'ils  changeront  tous  les  ans,  8c  ces  officiers  seront 
étrangers.  3°  Les  Avignonois  seront  exempts  de  tailles  8c  de  péages.  4°  Les 
affaires  seront  jugées  dans  Avignon,  8c  on  ne  pourra  appeler  que  de  celles  où 
il  s'agira  d'une  somme  au-dessus  de  cinquante  sols.  5°  Les  habitans  d'Avi- 
gnon pourront  servir  leurs  amis  à  la  guerre,  excepté  contre  les  deux  princes, 
leurs  seigneurs,  Sec.  Cet  accord  fut  passé,  le  7  de  mai  de  l'an  i25i,  dans  le 
château  royal  de  Beaucaire,  en  présence  des  évêques  d'Avignon,  d'Orléans  81 
de  Riez,  de  Pvaimond-Gaucelin,  seigneur  de  Lunel,  sénéchal  du  Venaissin 
pour  le  comte  Alfonse,  de  Gui  Fulcodi,  de  Pons  d'Astoaud,  du  sénéchal  de 
Beaucaire,  Sec.  Trois  jours  après  Alfonse  8c  Charles  s'étant  rendus  à  Avignon, 
devant  les  degrés  de  l'église  de  la  Vierge,  ratifièrent  ce  traité,  en  présence  des 
évêques  d'Orléans  8c  de  Vaison,  des  comtes  de  la  Marche  8c  de  Soissons,  de 
Gui  de  Chevreuse,  Guillaume  de  Beaumont,  Philippe  d'Eaubonne,  Géraud 
d'Ami,  seigneur  de  Castelnau,  Sec.  Ces  deux  princes  8c  leurs  successeurs 
dominèrent  depuis  par  indivis  sur  la  ville  d'Avignon,  qui,  quoiqu'enclavée 
dans  le  comtat  Venaissin,  lequel  appartenoit  au  premier  ou  à  Jeanne,  sa 
femme,  n'en  fit  pas  cependant  partie  Se  fut  gouvernée  par  des  officiers  parti- 
culiers^. Le  même  jour  10  de  mai,  les  deux  princes  promirent  à  Zoën,  évêque 

■  Trésor  des  cha  rtes  j  Toulouse,  sac  7,  n.  52.  —  acte  à  l'exercice  de  la  haute  j  iistice  dans  leur  ville 

[J.  3i4j  Teiilet,  t.  3,  p.   i32;  rôle  original.]  &  d.ins  son   territoire;  ils  rendirent  en  outre  les 

'  Fantoni,  Istoria  A'Ayignione,  1.  i ,  c.  ô.  —  Tré-  fiefs  que  le  comte  de  Toulouse  leur  avait  jadis  con- 

sor  des  chartes;  Toulouse,  sac  5,   n°*  65  &  73.  —  cédés  &  qui  comprenait  la  banlieue  de  la  ville  & 

.  [J.    3ii  ;    copie  authentique;  Teulet,  t.  3,   p.    126  les  châteaux  environnants.  (Voyez  plus  haut,  li- 

8c  suiv.]  vre    XX1\',    p.  6c?>.)    A    la    suite   de  cet   abandon 

'  Les  Avignonais  renoncèrent  en  somme  par  cet  explicite,  les  deux  comtes  confirmèrent   leiirs  li- 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXVI.  819 

d'Avignon,  d'apporter  tous  leurs  soins  pour  extirper  l'hcrcsie  de  cette  ville  t-i 
des  environs  '. 

X.  —  Alfonse  &•  Jeanne  font  leur  entrée  dans  Toulouse  £■  y  reçoivent  le 
serment  de  fidélité  des  hahitans.  —  Us  consultent  pour  j'aire  casser  le 
testament  du  feu  comte  Raimond. 

Alfonse  &  Jeanne  partirent  ensuite  pour  Toulouse  où  ils  firent  leur  entrée^ 
solennelle  le  mardi  23  de  mai.  Le  dimanche  suivant,  ce  prince  fit  assembler 
tous  les  habitans  dans  la  maison  de  ville,  8c  là  il  jura,  en  leur  présence,  de 
les  maintenir  dans  l'usage  de  leurs  libertés,  privilèges  8c  coutumes.  Le  même 
jour  28  mai,  il  assembla  vingt  jurisconsultes  des  plus  fameux,  tous  versés 
dans  l'un  €•  l'autre  droit,  tant  ecclésiastiques  que  séculiers,  entre  lesquels 
étoient  Pons  d'Astoaud,  son  chancelier.  Se  Gui  Fulcodi  qui  fut  ensuite  pape 
sous  le  nom  de  Clément  IV.  C'étoit  pour  les  consulter  sur  le  testament  8c  le 
codicille  du  feu  comte  Pvaimond,  son  beau-père,  8c  les  prier  d'en  examiner 
la  validité,  «  à  cause,  disoit-il,  que  plusieurs  vouloient  lui  persuader  que  ces 
«  deux  actes  ne  pouvoient  faire  foi  de  la  dernière  volonté  de  ce  prince,  quoi- 
<(  qu'on  y  vît  les  sceaux  de  plusieurs  personnes.  »  Le  conseil  fut  d'avis  «  que 
«  quoique  les  deux  actes  fussent  sains  8c  entiers,  le  testament  étoit  néan- 
«  moins  invalide,  parce  qu'il  n'étoit  pas  marqué  qu'il  eût  été  lu  devant  le 
K  testateur  8c  les  témoins;  qu'il  n'étoit  pas  rédigé  dans  la  forme  prescrite,  Se 
«  qu'ainsi,  à  moins  qu'on  ne  le  prouvât  par  des  témoins  convenables,  il  ne 
V  pouvoit  avoir  par  lui-même  la  force  ni  de  testament  nuncupatif,  ni  de  tes- 
(<  tanient  olographe}  attendu,  ajoutent  les  jurisconsultes,  que  le  testateur  ne 
c(  déclare  pas  que  cet  acte  a  été  lu  devant  les  témoins  8c  scellé  devant  lui;  que 
«  d'ailleurs  leurs  souscriptions  n'y  paroissoient  pas  8c  qu'il  a  été  ouvert  pen- 
ce dant  l'absence  de  l'héritier,  dans  le  temps  qu'il  ignoroit  la  mort  du  testa- 
«  teur,  sans  avoir  été  appelé  à  l'ouverture  ou  à  l'insinuation,  8c  sans  que  les 
«  témoins,  après  avoir  reconnu  leurs  sceaux,  aient  fait  leur  déclaration  dans 
(i  le  temps  de  l'ouverture,  conjbrmément  au  droit  civil;  surtout  n'ayant  pas 
«  été  insinué  dans  les  tribunaux  royaux,  comme  cela  se  doit  faire  de  droit. 
«  C'est  pourquoi,  continuent  les  docteurs,  il  paroît  que  cet  écrit  ne  suffit  pas 
u  pour  prouver  la  volonté  du  testateur,  8c  que  le  seigneur  comte,  son  succes- 

bertés  nnx  habitanis.  Les  ventes  faites  par  la  com-  Avignon  (J.  3ii,  n.   65,  original  scellé;   Teiilet, 

mune  pendant  l'administration  de  Barrai  de  Baux  t.  3,  pp.   129,   i3o).  [A.  M.] 

purent  être  résiliées  par  elle  en  restituant  les  soin-  '  Ce  fut  une   des  clauses  du  serment  imposé  au 

mes   reçues.   Le   viguier   des   comtes    remplaça    les  nouveau  viguier  des  deux  seigneurs;   il  s'engagea 

magistrats  municipaux  &  s'adjoignit  tels  conseil-  à  extirper  l'hérésie  de  la  cité  &  de  son  territoire 

1ers  qu'il  lui  plut.  —  La  punition   des  rebelles  &  &    à   protéger    &   défendre   de   tout    son    pouvoir 

le  règlement  des   indemnités   pécuniaires   à   payer  l'évèque    &    l'église  d'Avignon,    les   autres  églises 

aux  laïques  &  aux  ecclésiastiques  qui  avaient  souf-  du    pays   &  leurs   droits    temporels.   (Teulet,  t.  3, 

fert  de  la  révolte,  furent  réservés  aux  comtes.  —  Cet  p.   127  a.)  [A.  M.] 

accord,  conclu  le  7  mai,  à  Beaucaire,  par  les  am-  '  Catel,  Histoire  des  comtes  Je  Tolosc,  p.  38o  Si. 

bassadeurs  des  habitants   d'Avignon,  fut    ratifié  le  suiv.  —  Voyez    tome   VIII,    Chroniques,    n.   I'>', 

1  c!  du    même    mois,   par   l'assemblée    du    peuple,  à  c.   ?.  1 .1    [Chronique  do  EerJouez.l 


An  1261 


An  i25i 


820  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LÎV.  XXVI. 


«  seur,  Se  la  dame  comtesse,  femme  de  ce  dernier,  ne  sent  pas  tenus,  en 
<i  aucune  manière,  de  l'exécuter  s'il  n'y  a  d'autres  preuves  ou  s'ils  112  s'y 
«  croyent  obligés  en  conscience  8t  suivant  le  for  intérieur.  Quant  au  codi- 
«  cille,  poursuivent-ils,  comme  il  y  est  fait  mention  de  plusieurs  témoins  qui 
«  étoient  présens,  nous  croyons  qu'il  faut  les  entendre  séparément,  ik  que, 
«  si  cinq  d'entre  eux  s'accordent,  l'acte  est  valide  8<.  doit  être  exécuté  en  tout, 
«  &  seulement  pour  les  legs  pieux,  s'il  n'y  a  que  deux  à  trois  témoins  qui 
«  déposent.  » 

Telle  est  cette  célèbre  décision  touchant  les  dernières  dispositions  de  Rai- 
mond  VII,  comte  de  Toulouse,  sur  lesquelles  le  comte  Alfonse,  son  gendre, 
ne  cherchoit  à  s'éclaircir,  que  dans  le  dessein  de  s'exempter  d'acquitter  les 
legs  pieux  que  ce  prince  avoit  faits,  &  qui  montoient  à  des  sommes  considé- 
rables :  en  quoi  il  semble  qu'il  ne  fit  pas  assez  d'honneur  à  la  mémoire  d'un 
beau-père  qui  lui  avoit  laissé  des  domaines  si  riches  &  si  étendus  j  car  il  ne 
t.'ni°p!^<i7'3  pouvoit  pas  douter  de  la  dernière  volonté  de  ce  prince;  tous  les  témoins  qui 
avoient  assisté  à  son  dernier  testament,  parmi  lesquels  il  y  en  avoit  de  la  pre- 
mière considération,  étant  encore  pleins  de  vie', 

■  Cette  affnire,  l'anmilation  du  testament  de  attestaient  la  véracité.  —  Rer.iarqiioiis  en  outre 
Raimond  VII,  n'est  guère  honorable  pour  Alfonse  que  ce  n'était  même  pas  l'authenticité  du  testa- 
de  Poitiers  8c  prouve  que  ce  prince,  tout  pieux  &  ment  qu'Alfonse  attaquait,  mais  sa  valeur  judi- 
tout  charitable  qu'il  se  soit  montré  en  d'autres  ciaire,  &  que  jamais  on  n'osa  soutenir  que  Rai- 
circonstances,  tenait  peu  à  faire  des  largesses  im-  mond  VII  n'eût  pas  rédigé  ou  fait  rédiger  l'acte 
modérées.  La  succession  de  son  beau-père,  grâce  en  question.  Alfonse  était  si  peu  sûr  de  son  bon 
aux  restitutions  ordonnées  par  lui  &  aux  dettes  droit  qu'il  dut  se  rendre  aux  réclamations  ce 
qu'il  avait  contractées,  était  assez  grevée;  le  tré-  certains  légataires  qui,  plus  entreprenants  ou 
sorier  de  Saint-Hilaire  de  Poitiers,  dans  sa  lettre  plus  puissants  que  les  autres,  l'amenèrent  à  com- 
à  Alfonse,  remarque  que  les  derniers  termes  des  position.  Fontevrault  ne  rendit  les  joyaux  que  lui 
revenus  étaient  peu  élevés,  &  Sicard  Alaman  avait  légués  Raimond  VII  qu'en  1253;  en  1270 
n'avait  pu  lui  faire  aucun  payement,  toutes  les  certaines  abbayes  réclamaient  encore  une  indem- 
sommes  disponibles  étant  employées.  Ce  n'en  était  nité,  &  le  parlement  d'Alfons^  était  obligé  de  re- 
pas moins  un  devoir  pour  Alfonse,  qui  recueillait  connaître  leur  bon  droit.  —  Sur  cette  affaire,  que 
une  si  riche  succession,  d'acquitter  les  legs  pieux  dom  Vaissete  a  jugée  avec  son  tact  ordinaire,  en 
décidés  par  son  beau-père,  &  les  raisons  misera-  peut  encore  consulter  Boutaric,  pp.  £0  à  85.  Cet 
blés,  de  pure  procédure,  invoquées  par  les  juris-  auteur  rapporte  notamment  la  déposition  de  Si- 
consultes  dont  il  mit  la  complaisance  à  l'épreuve,  card  Alaman  sur  la  manière  dont  le  testament 
prouvent  bien  qu'il  ne  jugeait  pas  sa  conduite  avait  été  rédigé.  (J.  io3i,  n.  23.)  Il  s'associe  en 
trop  conforme  aux  règles  de  la  simple  équité.  somme  au  blâme  de  dom  Vaissete,  tout  en  niant 
Annuler  un  testament,  au  treizième  siècle,  parce  que  la  cupidité  seule  ait  poussé  Alfonse  de  Poitiers 
qu'il  ne  remplissait  pas  toutes  les  conditions  mar-  à  cette  action.  La  question  étant  uniquement  une 
quées  par  les  constitutions  des  empereurs  romains,  question  d'argent,  &  les  légataires  étant  presque 
était  chose  assez  plaisante;  à  raisonner  ainsi,  tous  des  ecclésiastiques,  nous  ne  voyons  pourtant 
aucun  testament  de  cette  époque,  y  compris  ceux  pas  quel  autre  mobile  aurait  pu  décider  le  comte. 
d'Alfonse  &  de  Jeanne,  sa  femme,  n'était  valable.  Ce  ne  fut  pas  d'ailleurs  le  seul  cas  où  Alfonse 
Depuis  longtemps  c'était  une  règle  du  droit  cou-  donna  trop  d'importance  à  des  questions  pécu- 
tumier  qu'un  testament  était  authentique,  du  niaires.  [A.  M.] 
moment    qu'un    certain    nombre    de    témoins    en 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXVI.  821 


XI.  —  Aljbnse  6-  Jeanne,  sa  femme,  s'accommodent  avec  les  légataires 

de  Raimond. 

Un  historien  moderne  prétend  à  la  vérité  qu'Alfonse,  nonobstant  cette 
décision,  exécuta  ponctuellement  le  testament  du  comte  Raimond,  son  beau- 
père.  Si  qu'il  en  confirma  toutes  les  restitutions ^  en  disant  que  les  princes  ne 
perdent  jamais  rien  à  rendre  ce  qui  ne  leur  appartient  pas;  mais  il  lui  prête 
cette  sentence  8c  il  suppose  sans  preuve  ce  qui  n'est  pas'.  En  effet,  Alfonse 
envoya  quelque  temps  après  ^  sommer  l'abbesse  &  les  religieuses  de  Fonte- 
vrauit,  à  qui  les  exécuteurs  testamentaires  de  R.aimond  avoient  déjà  remis 
tous  les  bijoux  que  ce  prince  leur  avoit  légués,  de  les  lui  rendre.  Elles  firent 
d'abord  beaucoup  de  difficultés,  mais  enfin  elles  s'accommodèrent,  &  raoven- 
nant  la  somme  de  quinze  cens  livres  tournois  une  fois  payée,  &  quatre  cens 
livres  tournois  de  rente  qu'Alfonse  &  Jeanne  leur  assignèrent  sur  le  péage  de 
Marmande,  en  Agenois,  elles  renoncèrent  au  payement  des  cinq  mille  marcs 
d'argent  que  le  teu  comte  Raimond  leur  avoit  légués  &c  rendirent  tous  les 
joyaux  de  ce  prince.  Alfonse  St  la  comtesse,  sa  femme,  s'accommodèrent  aussi 
avec  les  abbayes  de  Grandselve  Si  de  Belleperche,  &  donnèrent-'  à  la  pre- 
mière quinze  livres  de  rente  &  à  l'autre  dix,  sur  le  salin  ou  grenier  à  sel  de 
Toulouse,  pour  les  legs  qui  leur  avoient  été  iaits  dans  le  même  testament. 

XII.  —  Alfonse  &  Jeanne  parcourent  le  reste  de  leurs  domaines. 

Alfonse  8t  Jeanne  ne  firent  pas  un  long  séjour  à  Toulouse,  8c  ils  étoient 
déjà  partis  de  cette  ville  le  3o  de  mai  j  le  premier  donna  ce  jour-là,  à  Verdun 

'  Ln  Chaise,  Histoire  de  saint  Louis,  1.  lo.  n.  12.  sac  5,  n.  33.  —  Cf.  Tenlet,  t.  3,  p.  221.  Actes  du 

—  Lenain  de  Tillemont,  t.  3,  pp.  427,  428.  —  La  6  octobre    1264,   rédigés    tous   deux  à  Vincennes. 

Chaise,  en  arrangeant  le  texte  de  Lenain,  lui  a  L'abbé   de  Grandselve  (J.  307,  n.   14)   réclamait  à 

fait  dire  tout  autre  chose  que  ce  qu'il  avait  écrit.  Alfonse  les  cent  marcs   légués  par  Raimond  VII, 

En    parlant   de   l'équité  d'Alfonse,  l'historien    de  mille  sous  toulousains   prêtés  par  son  couvent  à 

saint  Louis  cite  quelques  mots  du   préambule  de  ce   dernier   prince,    &    mille   marcs,  montant   de 

l'un  des  actes  de  ce  comte  (Catel,  Comtes,  p.  393),  l'indemnité  stipulée  par  le  traité  de  Paris,  en  1 229. 

oii    il    est  dit  que   les   princes  ne  perdent  jamais  à  Alfonse  s'en   tira  à  bon  marché  avec  une  renie  de 

restituer  ce  qui   ne   leur   appartient   pas;    phrase  quinze  livres   de  Toulouse.   Les    réclamations   de 

qui  est  de  style,  &  qui  ne  nous  apprend   rien   sur  l'abbé  de  Belleperche,  qui   étaient  un  peu   moins 

les    sentiments    personnels    d'Alfonse.    Lenain    a  élevées,  furent  apaisées  au   moyen  d'une  rente  de 

d'ailleurs  connu  la  consultation  des  jurisconsultes  dix   livres;    ces   deux    rentes   furent  assises  sur  le 

sur   le   testament  de  Raimond  VII  &  en  cite   un  salin  de  Toulouse.  L'acte  de  Belleperche  est  dans 

fragment.  Il  ajoute  ^u^il  paraît,  par  plusieurs  actes,  J.  3  10,  n.  33.    Du    reste,  moins  de  trois  ans   plus 

ijue  le  testament  passa  pour  bon,  &  il   renvoie  aux  tard,  l'abbé  de  Belleperche    renonçait  au   bénéfice 

accords  avec  Fontevrault.  Cela   prouve  seulement  de  cet  accord  &  rendait  à  Alfonse  la  rente  qui  lui 

qu'il  n'avait  pas  examiné   tous  les  actes  que  nous  avait  été  assignée.  (Acte  du   1  i  mars  1267,  J.  3i2, 

connaissons  aujourd'hui.   [A.  M.]  n.  7;  Teulet,  t.  3,  p.  3.0i.)  Une  autre  abbaye  du 

'  Voyez  tomeVIlI,  Chartes,  n.  CCCIV,  ce.  1324,  Languedoc,  celle  de   Candeil,  fut   plus   tenace,  & 

i325.  —  Manuscrits  deColhert,  n.  iCCr).  [hai.  ()i-]Z,  en   décembre   1266,  Pons    Astoaud    &  Eudes   de   la 

f"  277  a.\  Montonière    durent    lui    accorder   une  somme   de 

'  Trésor  des  Chartes;  Toulouse,  sac  4,  n,    14,  &  cinq  cens  livres,  payables  en  cinq  ans,  par  termes 


An  1 2 5 1 


An  I2JI 


822  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.   LIV,  XXVI. 

sur  la  Garonne,  une  charte  en  faveur  de  l'abbaye  de  Grandselve  '.  Ils  parcou- 
rurent ensuite  les  autres  domaines  qui  avoient  appartenu  au  feu  comte  Rai- 
mond,  &  commencèrent  par  l'Agenois.  Arnaud-Othon,  vicomte  de  Lomagne^, 
vint  trouver  le  comte  Alfonse  à  Agen,  lui  fit  excuse  d'avoir  offensé  le  feu 
comte,  son  beau-père,  &  lui  demanda  par  grâce  de  lui  rendre  la  vicomte 
d'Auvillar,  que  la  cour  d'Agenois  avoit  confisquée  sur  lui.  Alfonse  se  laissa 
iléchir  &  rendit  cette  vicomte  à  Arnaud-Othon,  qui  lui  en  fit  hommage  lige, 
le  4  de  juin,  en  présence  de  Gui  de  Chevreuse,  Robert  de  Saint-Cler  8c 
plusieurs  autres  chevaliers  de  la  suite  de  ce  prince  ou  du  pays.  Le  vicomte 
de  Lomagne,  s'étant  réconcilié  avec  Alfonse,  l'accompagna  jusqu'à  Penne,  en 
Agenois,  où  ce  prince  ordonna,  le  8  de  juin 3,  à  son  sénéchal  de  Rouergue, 
de  continuer  de  payer  à  son  cher  6-  féal  R.aimond-Gaucelin,  seigneur  de 
Lunel,  la  pension  annuelle  &  viagère  de  cinq  mille  sols  melgoriens  que  le 
feu  comte  Raimond,  son  beau-père,  de  bonne  mémoire,  lui  avoit  accordée. 

Le  comte  &  la  comtesse  de  Toulouse  passèrent  à  Lauzerte,  en  Querci, 
le  12  de  juin,  &  arrivèrent  le  lendemain  à  Montauban  où  ils  demeurèrent 
quelques  jours'*.  Ils  parcoururent  ensuite  l'Albigeois  &  le  Rouergue.  Alfonse 
reçut  à  Millau,  le  5  de  juillet,  l'hommage  de  Guillaume  de  Barrière 5,  en 
présence  de  l'évêque  de  Toulouse,  de  Pierre  de  Voisins,  sénéchal  de  cette 
ville,  Jean  d'Arcis,  son  sénéchal  de  Rouergue,  Sic.  Pierre  de  Voisins,  cheva- 
lier françois,  posséda  la  dignité  de  sénéchal  de  Toulouse,  jusqu'en  1254.  II 
donna  en  cette  qualité,  au  mois  d'aoûf^  de  l'an  I25i,  le  bail  de  la  nouvelle 
monnoie  de  Toulouse,  sur  laquelle  Alfonse  régla  les  droits  que  les  mon- 
noyeurs  dévoient  prendre. 

XIII.  —  Le  comte  &•  la  comtesse  de  Toulouse  retournent  en  France  ^  y  font 
leur  séjour  ordinaire.  —  Administration  de  leurs  domaines. 

Alfonse  &  Jeanne  prirent  bientôt  après  la  route  de  l'Auvergne,  &  étant 
arrivés  à  Glosille,  le  7  de  juillet,  ils  y  confirmèrent''  les  habitans  de  Gaillac, 

égaux.  Elle  réclamnit  deux  cents  livres  de  Cahors,  '  Cutulaire  d'Alfonse,  aux  archives  du  collège 

prêtées   par    elle  à    Raimond  VII,   &   deux  cents  des   Jésuites   de  Toulouse.   [JJ.  24",   f"  1 1 1  a].  — 

marcs  que  ce  prince  lui  devait  en  exécution  de  la  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  CCXCIII,  c.   1291. 

paix  de  Paris.  (Original,  J.  3o3,  n,  21.)   [A.  M.]  ■•  Le  comte  &  la  comtesse  étaient  à  Montauban, 

'  Archives  de  l'abbaye  de  Grandselve.  le  i5   juin    i25i)  à  cette   date,   ils   accordèrent  à 

'  Voyez  tomeVIII,  Chartes,  n.  CCXCIII, ce.  1289  Olivier  &  Bernard  de  Penne,  qui  venaient  de  leur 

à  1291.  —  Le  lendemain  5  juin,  Alfonse   rendit  céder  le  château  de  Penne  d'Albigeois,  une  rente  de 

expressément   au  vicomte   le   château   d'Auvillar,  cent  livres,  prix  des  fortifications  dudit  château, 

dont  la   cour  d'Agen,  à  la   requête  de   son    beau-  &  réduisirent  à  quatre    chevaliers    l'albergue   de 

père,  avait  prononcé  la   confiscation,  reconnais-  vingt  chevaliers  qui  leur  était  imposée.  (Original, 

sant  ainsi  implicitement  la  justice  de  cette  sen-  J.  3|2,  n.  53;  Teulet,  t.  3,  pp.  i32,  |33.)  [A.  M.] 

tence.  (Tome VIII, ce,  1291,  1292,  d'après  JJ.  24",  5  Manuscrits  de  Colhert,   n.    10Û7.  [Original,  J. 

f»  58  h.)  Le  8  juin  suivant,  étant  à  Penne  d'Age-  3i5,  n.  <)'j;  Teulet,  t.  3,  p.  i3(j.] 

nais,   Arnaud    Ot   se    reconnut    redevable   envers  *  Tome  VIII,  Chartes,   n.  CCXCV,  ce.    1297  à 

Alfonse  d'une  somme  de  cinq  mille  sous  de  Mo  ri  a  s  t  299.  —  Catel,  //(5îorrc  ées  comtes  iîe  7'o/o5e,p.  389. 

que  le  feu  comte  lui  avait  prêtée.  [Ih'id.  c.   1291.)  '  Archives  de  l'hôtel  de  ville  de  Gaillac  [Doat, 

[A.  M.]  vol.   116,  f"  26.]  &  de  Montauban. 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.   LIV.  XXVI.  828 

en  Albigeois,  dans  leurs  coutumes  8<.  privilèges.  Ils  confirmèrent,  le  lende- 
main, à  la  Roque  de  Valsergue,  les  coutumes  de  la  ville  de  Montauban.  Ils 
se  rendirent  de  là'  à  Riora,  8c  étant  à  l'abbaye  de  Cîteaux,  au  mois  de 
novembre  suivant,  ils  assignèrent^  à  ce  monastère  la  somme  de  seize  cents 
marcs  d'argent  sur  le  péage  de  Marmande,  en  déduction  de  celle  de  deux  mille 
marcs  que  le  comte  Raimond  s'étoit  engagé  de  leur  payer  par  le  traité  de 
Paris.  Le  comte  Si  la  comtesse  de  Toulouse  firent  depuis  leur  séjour  en 
France,  particulièrement  au  château  de  Vincennes,  8c  ne  revinrent  dans  la 
Province  que  sur  la  fin  de  leurs  jours.  Ils  partagèrent^  l'administration  Se  le 
gouvernement  des  domaines  qui  avoient  appartenu  au  feu  comte  Raimond 
entre  quatre  sénéchaux  indépendans  les  uns  des  autres.  Le  premier  fut  celui 
de  Toulouse,  qui  avoit  sous  son  autorité  tout  l'ancien  diocèse  de  cette  ville. 
Le  second  étendoit  la  sienne  sur  l'Agenois  8c  le  Querci.  Le  troisième  sur  le  j"^,"! 
Rouergiie  8c  sur  la  partie  de  l'Albigeois  située  à  la  droite  du  Tarn;  8c  enfin 
le  quatrième  exerçoit  sa  juridiction  sur  le  marquisat  de  Provence  ou  le  comté 
Venaissin.  Outre  ces  domaines,  Alfonse  fit  gouverner  ceux  qui  lui  apparte- 
noient  en  propre,  savoir  :  l'Auvergne,  par  un  officier  qui  se  qualifioit  conné- 
table, 8c  le  Poitou  Se  la  Saintonge,  par  deux  sénéchaux  différens'*.  Au  reste, 
la  comtesse  Jeanne ^  conrirmoit  ordinairement,  à  la  fin  de  chaque  charte) 
celles  que  le  comte  Alfonse,  son  mari,  donna  en  différens  temps,  pour  les 
pays  qui  avoient  appartenu  à  Pv.aimond  ;  elle  se  qualifioit  dans  ces  actes  com- 
tesse de  Toulouse  0  de  Poitou,  au  lieu  qu'Alfonse  prenoit  le  titre  de  comte 
de  Poitou  o*  de  Toulouse, 

'  C.itel,  Histoire  Jcs  comtes  Je  Tolose,  p.  38^.  par  erreur  que  doin  Vaissete  dit  que  ce  prince  alla 

*  Trésor  des  chartes;  Toulouse,  sac  5,  n.  68.  —  à  Cîteaux;   tout   semble    prouver   qu'il   se    rendit 

—  Au).  J.  ?toy,  n.  68;  Teulet,  t.  3,  pp.  146,  147.  directement  à  Paris.   [A.  M.] 

Le  trésor  des  chartes  contient  trois  actes   relatifs  '  Voyez  tome  VIII,  Chnrtes,  n.  CCXCII,  c.  1284 

à  cette  affaire  :  1°  Une  lettre  de  l'abbé  de  Cîteaux,  &  suiv. 

Boniface,  à  Alfonse  de  Poitiers,  sans  date,  mais  *  Voici  sur  ces  sénéchaussées  quelques  détails 
antérieure  au  24  novembre.  Dans  cette  lettre  il  que  nous  empruntons  à  Boutaric,  Alfonse  Je  Pot- 
est  dit  que  la  cause  doit  être  jugée  à  Paris  dans  la  tiers,  p.  i63  &  suiv.  —  Jusqu'en  1205,  la  Sain- 
quinzaine  de  Toussaint.  L'abbé  y  rappelle  les  tonge  &  le  Poitou  ne  formèrent  qu'une  sénéchaus- 
accords  passés  entre  son  couvent  &  Raimond  VIT;  sée.  —  L'Auvergne  fut  administrée  tantôt  par  un 
celui-ci,  après  leur  avoir  assigné  un  revenu  de  bailli,  tantôt  par  des  connétables.  L'un  de  ceux-ci 
deux  cents  marcs  à  percevoir  sur  les  revenus  de  notamment,  Geoffroi  Thomas  (1255-1261),  com- 
Marmandc,  le  leur  avait  enlevé  violemment,  après  mit  de  nombreux  abus,  &  les  enquêteurs  d'Alfonse 
quatre  ans  de  jouissance,  &  avait  repris  la  qua-  reçurent  dans  leurs  tournées  nombre  de  plaintes 
trième  annuité  déjà  perçue.  Il  restait  leur  devoir  contre  lui.  —  L'Agenais  &  le  Querci  formaient, 
à  sa  mort  mille  quatre  cents  marcs  dont  l'abbé  comme  sous  Raimond  VII,  une  seule  sénéchaus- 
réclame  le  payement  à  Alfonse,  héritier  de  ses  sée.  —  Le  Rouergue  de  même;  de  izSô  à  1262, 
Etats.  L'affaire  fut  réglée  le  24  novembre  suivant;  l'Albigeois  lui  fut  uni.  —  Le  Toulousain  8c  l'Al- 
on  promit  à  l'abbé  de  lui  faire  payer  chaque  an-  bigeois  formèrent  une  seule  sénéchaussée  de  r249 
née,  à  Marmande,  cent  marcs  jusqu'à  concurrence  à  i256&  à  partir  de  1262.  —  Le  comtat  Venais- 
du  montant  de  la  créance.  La  lettre  d'acceptation  sin  formait  une  sénéchaussée  particulière. 
de  Boniface  est  datée  de  Saint- Port  -  sur- Seine  [A.  M.] 
(Seine-&-Marne,  arr.  de  Melun),  &.  celle  d'Al-  '  Catel,  Histoire  des  comtes  de  Tolose,  p.  384  Se 
fonse,  de  Paris,  du   mois  de  novembre.  C'est  donc  suiv. 


An  I  231 


ongni. 
t.  Hl,  p.  4.74. 


An  i2Ji 


824  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXVI. 


XIV.  —  Brouïllerles  entre  l'archevêque  &■  le  vicomte  de  Narhonne. 

Le  diocèse  de  Naiboniie  étoit  depuis  longtemps  dans  le  trouble  par  la  divi- 
sion qui  régnoit  entre  l'archevêque  81  le  vicomte  :  division  qui  fut  poussée 
jusqu'aux  dernières  extrémités.  Guillaume  de  la  Brouë,  après  avoir  été  promu 
à  l'archevêché  de  Narbonne',  se  plaignit  au  pape  Innocent  IV,  en  1248, 
de  ce  qu'Amalric,  vicomte  de  cette  ville,  nonobstant  le  serment  de  fidélité 
qu'il  lui  avoit  prêté  Si  l'hommage  qu'il  lui  avoit  rendu,  le  dépouilloit  de  ses 
droits  &  empiétoit  sur  l'autorité  &.  la  juridiction  de  son  église  Se  des  autres 
de  son  diocèse.  Sur  ces  plaintes  Innocent  écrivit  au  roi  pour  le  prier  d'ac- 
corder sa  protection  à  ce  prélat;  mais  le  vicomte  continua  ses  entreprises, 
défendit  aux  habitans  de  Narbonne  de  reconnoître  l'archevêque  pour  leur 
seigneur,  fit  pendre  un  des  vassaux  de  ce  prélat  8c  emprisonner  plusieurs 
autres,  &  mit  des  gardes  aux  portes  du  palais  épiscopal  dans  le  dessein  de 
se  saisir  de  la  personne  des  écuyers  &  des  autres  domestiques  de  l'archevêque. 
Ce  prélat,  pour  se  venger,  excommunia  publiquement  Amalric  avec  tous  ses 
partisans,  8<.  jeta  l'interdit,  tant  sur  la  chapelle  vicomtale  que  sur  la  cité  8c 
le  bourg  de  Narbonne^.  Le  vicomte  appela  au  pape  de  ses  censures;  mais, 
malgré  son  appel,  le  pape  nomma  des  commissaires,  le  8  de  novembre  de 
l'an  1248,  8c  leur  ordonna  d'exécuter  la  sentence  de  l'archevêque. 

Gui  &  Hervé  de  Chevreuve  8c  Philippe,  trésorier  de  Saint-Hilaire  de  Poi- 
tiers, étant  arrivés  pour  prendre  possession  du  comté  de  Toulouse,  par  ordre 
de  la  reine  Blanche,  s'entremirent  pour  accommoder  ce  prélat  avec  le  vicomte, 
8c  leur  firent  passer  un  compromis,  le  4  de  décembre  de  l'an  1249,  par  lequel 
ils  convinrent  de  s'en  rapporter  à  la  décision  de  Raimond,  évêque  de  Tou- 
louse. L'archevêque,  en  attendant  l'arrivée  de  ce  prélat,  envoya  sornmer  le 
vicomte  par  l'abbé  de  Caunes^,  le  16  de  février  suivant,  de  réparer  les  griefs 
qu'il  avoit  contre  lui  ;  il  se  plaignoit  entre  autres  de  ce  qu'Amalric  s'étoit 
approprié  les  fiefs  qui  relevoient  de  l'église  de  Narbonne,  8c  en  particulier 
du  Capitole;  de  ce  qu'il  se  qualifioit  seigneur  de  cette  ville,  tandis  que  le 
haut  domaine  appartenoit  à  sa  personne;  de  ce  qu'il  avoit  retiré  cinq  mille 
sols  de  deux  camps  qu'il  avoit  fait  tenir  à  Narbonne  pour  la  vente  des  Sarra- 
sins, quoique  le  profit  de  ces  camps  dût  être  commun  entre  eux;  de  ce  que 
le  même  vicomte,  irrité  de  se  voir  excommunié,  avoit  empêché  les  peuples  de 
porter  leurs  offrandes  dans  les  églises;  de  ce  qu'il  avoit  chassé  8c  dépouillé 
son  propre  aumônier,  parce  qu'il  gardoit  l'interdit  qui  avoit  été  jeté  sur 
sa  chapelle;  &  enfin  de  ce  qu'il  y  avoit  néanmoins  fait  célébrer  les  offices 
divins,  8cc.  L'abbé  de  Caunes  alla  le  lendemain,  à  Coursan,  signifier  cette 
plainte  au  vicomte. 

La  reine  Blanche,  régente  du  royaume,  informée  de  cette  affaire,  qui  fai- 

'  Baluze,  Concilia   Galliae  Narhonemis,    Appen-  '  Bnhize,  Conàlia    Galliae   Karioncr.sis,  Appcn- 

dix,  p.  99  &  seq.  dix,  p.   ic8  8;  se<;. 

'  liitt.  p.   127. 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXVI.  8a5  

An  I2ÔI 

soit  beaucoup  de  bruit  clans  le  royaume,  interposa  '  son  autorité  8<  manda  au 
sénéchal  de  Beaucaire  &  à  l'évêque  de  Toulouse  de  la  terminer.  L'arche- 
vêque demanda  qu'avant  toutes  choses  le  vicomte  réparât  les  griefs  qu'il  avoit 
contre  lui.  Ce  dernier  vouloir  à  son  tour  que  l'archevêque  levât  l'excommuni- 
cation. Enfin  ils  convinrent,  le  25  de  juillet  de  l'an  i25o,  de  s'en  rapporter 
au  jugement  de  quatre  citoyens  de  Narbonne,  &  ils  choisirent  pour  sur- 
arbitres Raimond,  évêque  de  Toulouse,  &  Guillaume  de  Pian,  sénéchal  de 
Carcassonne.  Les  uns  &  les  autres  s'étant  assemblés,  le  5  d'août,  s'ajour- 
nèrent à  Narbonne  pour  y  porter  un  jugement  définitif,  le  6  d'octobre  sui- 
vant; mais  divers  obstacles  ne  leur  ayant  pas  permis  de  se  rassembler,  8<.  le 
vicomte  continuant  toujours  ses  entreprises,  l'archevêque  eut  recours  à  l'au- 
torité du  pape  qu'il  alla  trouver  à  Lyon,  6<  qui  révoqua^,  le  29  de  novembre  lidoiigi... 
de  l'an  i25o,  le  privilège  qu'il  avoit  accordé  auparavant  à  Philippe  d'An- 
duze,  femme  du  vicomte  Amalric,  d'entendre  l'office  divin  dans  la  chapelle 
de  son  mari  &  dans  les  autres  lieux  interdits,  avec  ordre  à  l'évêque  de  Car- 
cassonne de  taire  observer  celui  que  l'archevêque  avoit  jeté  sur  cette  chapelle. 
Le  pape  pria  ensuite  la  reine  Blanche  d'obliger  le  vicomte  de  Narbonne  à 
exécuter  l'ordonnance  de  l'an  1229,  suivant  laquelle  il  étoit  enjoint  aux 
officiers  du  roi  de  saisir  les  biens  de  ceux  qui  demeureroient  plus  d'un  an 
dans  l'excommunication,  attendu  que  le  vicomte  étoit  dans  le  cas. 

Cependant  le  sénéchal  de  Carcassonne  ^  8c  quelques  autres  seigneurs  de 
considération,  s'étant  entremis  de  nouveau  pour  apaiser  ces  troubles,  firent 
convenir,  le  10  de  janvier  de  l'année  suivante,  l'archevêque  &  le  vicomte  de 
Narbonne,  de  subroger  l'évêque  de  Béziers  à  celui  de  Toulouse  8c  de  s'en 
tenir  à  sa  décision.  L'archevêque  8c  le  vicomte  s'étant  rendus  bientôt  après  à 
la  Cour,  ils  convinrent,  le  11  de  février,  devant  la  reine  Blanche,  qui  auto- 
risa le  compromis,  de  prendre  pour  adjoint  à  ce  prélat  Gui  Fulcodi,  fameux 
jurisconsulte  Se  clerc  du.  roi'*.  Ces  deux  arbitres  s'étant  rendus  ^  ensuite  à 
Narbonne,  y  prononcèrent  leur  sentence,  le  7  de  juillet  de  l'an  I25i,  en 
présence  de  l'évêque  d'Agde,  de  l'abbé  de  Quarante,  8cc.  :  1°  Ils  ordonnè- 
rent que  les  préconisations  ou  publications  se  feroient  à  l'avenir  à  Narbonne, 
comme  elles  se  faisoient  anciennement,  c'est-à-dire  tant  au  nom  de  l'arche- 
vêque qu'en  celui  du  vicomte,  8c  que  ce  dernier  rétabliroit  l'autre  dans 
ses  domaines  8c  dans  sa  juridiction,  sauf  ses  droits  au  pétitoire.  2°  L'exé- 
cution des  peines  corporelles  contre  les  malfaiteurs  est  réservée  au  vicomte. 
3"  Celui-ci  est  condamné  :  à  restituer  les  tailles  qu'il  avoit  exigées  des  habi- 
tans  de  Cuxac,  vassaux  de  l'archevêque,  sous  prétexte  qu'il  s' étoit  croisé; 
à  renoncer  à  l'hommage  qu'il  avoit  reçu  de  Bertrand  du  Capitole,  pour  le 
Capitole  de  Narbonne,  8c  à  permettre  que  l'archevêque  eût  son  notaire,  qui 
pourroit  recevoir  tvjus  les  actes  publics.  4"  On   permit  au  vicomte  de  se  dire 

'  Baluze,  Concilia    Galliae  Narionensis,  Appen-  *  Baluze,   Concilia    Galliae  Narbonemis,  Appen- 

Hix,  p.  104  &  seq.  dix,  p.   i3i . 

'  liid.  p.   101   &  seq.  =  Ihii.  p.   i5i. 

'  Ihid.  p.    I  22  &  seq. 


An  i; ji 


8:6  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXVI. 


seigneur  de  Narbonne.  5°  L'archevêque  fut  condamné  à  lever  l'interdit  qu'il 
avoit  jeté  sur  la  chapelle  du  vicomte  8c  sur  la  cité  &  le  bourg  de  Narbonne, 
Si  la  sentence  d'excommunication  qu'il  avoit  lancée  contre  Amalric  St  contre 
ses  officiers;  à  condition  qu'ils  promettroient  d'obéir  aux  ordres  de  l'Eglise. 
Quant  à  la  peine  canonique  dont  ils  étoient  liés,  il  leur  est  enjoint  de  se 
faire  absoudre,  &  on  leur  donna  un  délai  jusqu'à  la  Nativité  de  la  Vierge. 
L'archevêcjue  révoqua  alors  la  sentence  d'interdit  dont  il  avoit  frappé  la 
cité  Se  le  bourg  de  Narbonne,  &  l'abbé  de  Saint-Aphrodise  de  Béziers  leva 
l'excommunication  par  son  ordre,  après  qu'Amalric  eut  promis  d'obéir  à  ceux 
de  l'Eglise  &  d'exécuter  la  sentence  en  tous  ses  points  :  ce  vicomte  donna 
pour  ses  cautions  Raimond  de  Durban  &  Bernard  de  Saint-Etienne,  cheva- 
liers. Il  restitua  ensuite  tout  ce  à  quoi  il  avoit  été  condamné,  &  pour  marque 
de  cette  restitution  il  remit  un  éventail  (^Jlabellum)  entre  les  mains  de  cet 
abbé  qui,  de  son  côté,  leva  l'interdit  jeté  sur  la  chapelle  vicomtale  &  sur 
toutes  les  autres  églises  où  Amalric  se  trouveroit.  L'archevêque  se  plaignit 
cependant  peu  de  temps  après  aux  arbitres  de  ce  qiie  le  vicomte  n'exécutoit 
pas  la  sentence  dans  tous  ses  points,  8c  qu'il  empêchoit,  entre  autres,  son 
notaire  de  recevoir  les  actes  publics.  Sur  ces  plaintes'  l'évêque  de  Béziers  Se 
Gui  Fulcodi  condamnèrent  le  vicomte,  au  mois  de  septembre  suivant,  à  per- 
mettre que  ce  notaire  retînt  les  contrats  de  mariage,  les  testamens,  8cc,  Ils 
rendirent  cette  nouvelle  sentence  en  présence  de  l'évêque  d'Agde  8c  de  divers 
ecclésiastiques,  entre  lesquels  étoit  Guillaume  Duranti,  chanoine  de  Mague- 
lonne,  qui  fut  ensuite  évêque  de  Mende. 

Ces  divers  jugemens  ne  rendirent  pas  la  paix  au  diocèse  de  Narbonne  : 
l'archevêque,  toujours  mécontent  du  vicomte  Amalric,  qui  n'exécutoit  pas  à 
son  gré  la  sentence  arbitrale,  lui  fit  signifier^,  le  4  de  décembre,  suivant 
par  cleux  clercs  de  son  église,  un  acte  pour  le  sommer  de  réparer  incessam- 
ment divers  griefs  dont  il  se  plaignoit,  &i  dont  l'un  étoit  qu'il  ne  vouloit  pas 
permettre  aux  clercs  d'acheter  des  alleux  dans  ses  domaines,  sans  payer  un 
certain  droit;  ce  qui,  ajoutoit-il,  a  toujoiirs  été  permis  à  un  chacun,  même 
x.^\\\°'v^a]'(,.    <^ux )uifs,  suivant  les  usages  8c  les  coutumes  du  pays,  8cc.  Ce  vicomte^  8c  ses 

,. officiers,  ne  faisant  aucun  cas  de  cette  sommation,  l'archevêque  les  excom- 

An  1202  munia  publiquement  de  nouveau  dans  l'église  de  Saint-Just,  le  12  de  jan- 
vier de  l'an  I252.  Amalric  demeura  pendant  quelque  temps  frappé  d'ana- 
thême  ;  mais  las  de  vivre  excommunié,  il  alla  trouver  l'archevêque,  lui 
demanda  pardon  8c  promit  de  lui  faire  une  entière  satisfaction.  Ce  prélat 
reçut  en  même  temps  le  serment  du  vicomte,  qui  jura  d'obéir  aux  ordres  de 
l'Église  8c  aux  siens,  8c,  lui  ayant  prescrit  les  réparations  qu'il  devoit  faire, 
il  lui  donna  l'absolution,  dans  le  palais  archiépiscopal,  le  18  de  mai  suivant. 
Enfin  Amalric  s'étant  présenté'*  devant  Raimond,  évêque  de  Béziers,  le  11  de 
décembre  de  la  même  année,  promit  d'accomplir  la  pénitence  que  ce  prélat 

'  Baluze,  Concilia.  Galliae   Narèonensis,  Appen-  '  Archives  de  l'abbaye  de  Fontfroide. 

dix,  p.   148.  ^  Baluze,    Concilia    Galliae    'Narhonensis,   p.    i  ai 

'  Ibid.  p.  ',14  &  SBq.  &  suiv.  —  Catel,  Mémoires,  ut  supra. 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXVI.  827 

lui  imposeioit,  pour  avoir  tenu  en  prison  Se  laissé  mourir  clans  les  fers  un 
clerc  marié,  notaire  de  l'archevêque,  &  lui  demanda  l'absolution,  conformé- 
ment au  pouvoir  que  le  pape  lui  en  avoit  donné.  L'évêque  de  Béziers,  en 
donnant  cette  absolution  au  vicomte,  se  réserva  de  lui  imposer  dans  la  suite 
une  pénitence  proportionnée;  ce  qu'il  ne  fit  qu'au  mois  d'octobre  de  l'an  1264. 
Il  lui  défendit  de  faire  emprisonner  à  l'avenir  aucun  clerc  sans  la  permission 
du  juge  ecclésiastique,  Si  lui  ordonna  de  faire  exhumer  à  ses  dépens  le  corps 
de  ce  notaire,  de  le  faire  inhumer  avec  cérémonie  dans  l'église  de  Saint- 
Félix,  sa  paroisse,  d'y  fonder  un  anniversaire  pour  lui,  d'entretenir  une 
lampe  qui  brùleroit  continuellement  dans  la  cathédrale,  de  donner  dix  livres 
tournois  en  aumône,  &c.  Ce  dernier  acte  est  daté  de  Béziers,  dans  les  écoles 
de  théologie  des  frères  mineurs,  en  présence  de  Jacques,  abbé  de  Saint-Aphro- 
dise  de  Béziers,  Guillaume  Duranti,  chanoine  de  Maguelonne,  Pons  de  la 
Redorte,  Raimond  du  Lac,  chevaliers,  &c. 

XV.  —  Démêlés  des  ecclésiastiques  de  la  Province  avec  les  officiers  du  roi, 

Guillaume  de  la  Broue,  archevêque  de  Narbonne,  eut  un  autre  démêlé' 
avec  le  sénéchal  de  Carcassonne  qui  s'étoit  saisi  des  châteaux  &  des  fiefs  que 
le  roi  avoit  cédés  à  Pierre,  son  prédécesseur,  pour  le  dédommager  des 
domaines  qui  avoient  été  confisqués  sur  les  hérétiques  dans  la  mouvance  de 
l'église  de  Narbonne.  Il  porta  des  plaintes  de  cette  saisie  à  Innocent  IV,  qui 
écrivit  de  Lyon,  le  i3  de  février  de  l'an  iiSi,  au  comte  d'Anjou,  pour  le 
prier  de  faire  cesser  ces  vexations,  qu'il  croyoit  que  le  sénéchal  avoit  com- 
mises par  son  ordre.  Le  pape  écrivit^  de  Pérouse,  le  22  de  juillet  de  l'année 
suivante,  à  l'archevêque  de  Narbonne  &  à  l'évêque  d'Elne  pour  les  engager, 
sur  les  plaintes  du  clergé  de  France,  à  employer  leurs  bons  offices  auprès  des 
officiers  royaux,  soit  dans  la  Province,  soit  dans  le  reste  du  royaume,  pour 
qu'ils  ménageassent  davantage  les  intérêts  des  églises,  dont  ils  saisissoient 
les  biens  Se  qu'ils  maltraitoient  de  diftérentes  manières,  sous  prétexte  que  les 
princes  dont  ils  tenoient  leurs  pouvoirs  en  étoient  les  protecteurs  ou  les 
avoués.  Durand,  évêque  d'Albi,  fut  un  de  ceux  qui  se  plaignirent  le  plus  des 
entreprises  des  offi.ciers  séculiers.  Ce  prélat,  son  chapitre,  les  abbés,  les 
prieurs  81  les  autres  ecclésiastiques  de  son  diocèse  écrivirent  là-dessus  au 
pape,  qui  enjoignit,  le  18  de  mai  de  l'an  i252,  à  l'archevêque  d'Auch,  d'em- 
ployer les  censures  ecclésiastiques  pour  mettre  ces  officiers  à  la  raison. 

XVI.  —  Alfonse  envoie  des  commissaires  réformateurs  dans  ses  Etats. 

Outre  les  sénéchaux  à  qui  Alfonse  avoit  confié  l'administration  St  le  gou- 
vernement ordinaire  de  ses  domaines  S;  de  la  comtesse  Jeanne,  sa  femme,  ce 

■  Bibliothèque  du  roi,  Baluze,  Bulles,  n.  Cz.  — •  '  Marca,  Concordantia  sacerjotii  &  impcrii,  nov. 

[Armoires,  v.   33  i,   n.  62j   bulle   du  ii   février  S(       éd.  p.  1277. 
non  du  i3.J 


An  I2J2 


"" 8:8  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXVI. 

A  II  I  î  j  : 

prince,  à  l'exemple  du  roi  saint  Louis,  son  frère,  envoyoit  fré([i!emmcnt  des 
commissaires  {missi)  dans  ses  États  pour  y  réformer  les  abus  c[ui  pouvoient 
s'y  glisser.  Il  choisit'  pour  cette  fonction,  en  I252,  Jean  de  Maisons  (de 
Domibus),  chevalier,  maître  Gui  Fulcodi,  Pierre  Bernardi,  frère  Jean  de 
Castelnau  &  frère  Philippe  de  l'ordre  des  frères  Mineurs.  Ces  envoyés  s'étant 
rendus  dans  l'Agenois,  dressèrent  des  articles  de  réformation  &  les  publièrent 
à  Agen,  dans  le  palais  épiscopal  &  dans  les  autres  domaines  qui  avoient 
appartenu  au  feu  comte  Raimond,  qu'ils  parcoururent.  Enfin  ils  firent^  à 
Toulouse,  le  mercredi  après  le  dimanche  des  Rameaux  de  l'an  I253  (1254), 
la  publication  de  ces  règlemens,  dont  ils  ordonnèrent  l'exécution,  sauf  en 
toutes  choses  la  volonté  du  comte  Aljbnse ,  &  dont  voici  les  principaux 
articles  :  1°  Les  sénéchaux  obligeront  par  la  saisie  des  biens  ou  par  l'empri- 
sonnement à  l'égard  des  pauvres,  tous  ceux  qui,  au  mépris  des  censures 
ecclésiastiques,  seront  demeurés  plus  d'un  an  excommuniés,  à  rentrer  dans 
Kj.oiigin.     le  sein  de  l'Église;  à   mcins  cru'ils   n'aient  appelé  de   la   sentence  qui   les 

t.  Ul,  p.  177.  .  .  .  '  .  .      . 

excommunie  ou  qu'ils  n'aient  été  excommuniés /'oz/r  Z^j  dîmes  {pro  decimis). 
2°  Il  est  défendu  aux  juifs  de  construire  de  nouvelles  synagogues  Si  de  sortir 
de  leurs  maisons  le  vendredi  saint.  3°  Les  sénéchaux  ne  donneront  pas  les 
bailUes  (ou  bailliages)  à  des  clercs,  8c  révoqueront  ceux  à  qui  ils  en  ont 
donné,  afin  de  les  empêcher  de  se  dissiper.  Ils  ne  mettront  pas  non  plus  dans 
ces  charges  ceux  c[ui  sont  suspects  d'hérésie.  5''  Il  est  détendu  aux  séné- 
chaux, sur  les  plaintes  des  barons  &  des  chevaliers  du  pays,  de  construire  de 
nouvelles  bastides,  sans  l'exprès  commandement  du  comte.  6°  On  règle  la 
juridiction  des  baillis,  8t.  il  leur  est  ordonné  de  se  tenir  dans  les  bornes  qui 
leur  avoient  été  prescrites  par  ce  prince  lorsqu'il  avoit  été  dans  le  pays. 
7°  Enfin  on  marque  de  quelle  manière  les  officiers  du  comte  dévoient  agir 
dans  la  confiscation  des  biens  des  hérétiques,  &  pour  la  restitution  des  dots 
des  femmes  catholiques  dont  les  maris  avoient  été  condamnés  pour  crime 
d'hérésie. 

XVII.   —  Le  comte   de    Toulouse   tombe  dangereusement  malade,  prend  de 
nouveau  la  croix  &•  envoie  divers  chevaliers  à  la  Terre-Sainte. 

Alfonse  eut  une  attaque  de  paralysie  vers  la  fin  de  l'an  125:.  Se  voyant 
dans  un  danger  évident  il  fit  vœu  de  retourner  à  la  Terre-Sainte  8<  reprit 
la  croix.  C'est  ce  que  nous  apprenons^  d'une  lettre  que  Philippe,  trésorier 
de  Saint-Hilaire  de  Poitiers  81  chapelain  de  ce  prince,  écrivit  au  roi.  Cette 
lettre    n'est    point   datée  ;   mais   elle  est  antérieure  au    i"  de  décembre  de 

'  Bibliothèque  du  roi;  Bahize,  Rouleaux,  n.  z.  Note  du  tome  VII  sur  l'administration    royale  en 

—  [Armoires,  v.  Sp^,  n.  694.  C'est   le  journal  de  Languedoc,    où    nous    en    donnons    une    longue 

voyage  des  enquêteurs   royaux  d'Agen  à  Montau-  analyse.  On   peut  voir  aussi  ce  que  nous  y  disons 

ban.  On  peut   le  voir  au    tome  VII  à  la   suite  des  des   enquêteurs  d'AIfonse  &   du   pouvoir  qui  leur 

Enquêteurs  d'Alfonse.]  était  accordé  par  ce  prince.    [A.  M.] 

'  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  CCCV,  ce.   iSii  ^  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  CCCI,  ce.   i3i(5, 

à  1329.  —  On    peut  voir  sur   ce   règlement   notre  i3i7. 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXVI.  829 

Fan  1252,  jour  de  la  mort  de  la  reine  Blanclie.  Ce  fut  peut-être  par  une 
suite  de  sa  maladie  qu'Alfonse,  étant  extrêmement  incommodé  des  veux,  eut' 
recours,  par  le  moyen  de  Raimond-Gaucelin,  seigneur  de  Lunel,  Se  de  deux 
juifs  de  cette  ville,  à  un  fameux  juif  qui  demeuroit  en  Aragon  &  qui  pas- 
soit  pour  un  excellent  oculiste.  Ce  prince,  ne  pouvant  exécuter  si  tôt  son 
vœu,  envoya  en  attendant  à  la  Terre-Sainte  un  grand  nombre  de  chevaliers 
de  tous  ses  domaines;  on  trouve  leurs  noms  dans  une  charte^  que  le  roi 
saint  Louis  donna  au  camp  de  Joppé,  au  mois  de  décembre  de  l'an  i252, 
pour  confirmer  une  sentence  arbitrale  qu'Olivier  de  Termes  avoit  rendue  au 
sujet  d'un  différend  qui  s'étoit  élevé  entre  ces  chevaliers  8<.  les  hospitaliers 
de  Saint-Jean  de  Jérusalem.  Alfonse  leva  à  cette  occasion  un  subside  dans 
ses  domaines^. 

XVIII.  —  Maison  d'Andu-^e. 

Le  roi,  par  une  autre  charte'*  datée  du  camp  devant  Joppé,  au  mois  de 
juillet  de  l'an  i252,  manda  à  Philippe,  archevêque  de  Bourges,  aux  évêques 
de  Paris,  de  Senlis  &  d'Evreux,  8<.  à  Gaufrid,  archidiacre  de  Paris,  de  rendre 
à  Pierre-Bermond  de  Sauve,  s'ils  croyoient  qu'il  y  étoit  obligé  en  conscience, 
les  domaines  qui  lui  avoient  appartenu,  Se  dont  ce  seigneur  demandoit  la 
restitution.  Guillaume  d'Andu-^e  ayant  renouvelé  ces  instances  après  la  mort 
de  Pierre-Bcrmond,  son  père,  arrivée  en  1254,  le  prince  Louis,  fils  aîné  du 


An  I  iji 


'  \'oytz  toine  VIII,  Chartes,  n.  CCCII,  ce.  iSiy 
à  iSip.  —  Cette  lettre  est  extrêmement  curieuse  à 
plusieurs  points  de  vue.  Le  juif  en  question,  dont 
rhabileté  médicale  était  célèbre,  surtout  pour  les 
maladies  des  yeux,  habitait  le  royaume  d'Aragon 
ou  plutôt  Montpellier  qui  faisait  partie  des  do- 
maines du  roi  Jacme.  Il  s'appelait  Habrahym  ou 
Abraham,  &  avait  résidé  dans  le  pays  des  Sarra- 
sins, probablement  les  royaumes  mahoméians 
d'Espagne.  Raimond-Gaucelin  de  Lunel  lui  en- 
voya deux  juifs  pour  le  consulter  touchant  la 
maladie  d'Alfonse;  il  s'engagea  à  guérir  celui-ci 
s'il  pouvait  distinguer  le  vert  du  bleu  &  recon- 
naître de  prés  des  objets  de  petite  dimension. 
Mais  ce  médecin  craignait  tellement  d'être  retenu 
contre  son  gré  en  France,  où  ses  coreligionnaires 
étaient  cruellement  traités,  qu'il  hésitait  à  se 
rendre  à  l'invitation.  Aussi  le  seigneur  de  Lunel 
engagc-t-il  Alfonse  à  s'adresser  directement  au  roi 
d'Aragon  &  promet-il  de  faire  la  commission  lui- 
même  &  d'employer  tous  les  moyens  possibles  pour 
le  décider.  Nous  ne  connaissons  pas  le  résultat  de 
cette  curieuse  négociation.  [A.  M.] 

'  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  CCC,  ce.  i3  14  à 
i3i6.  —  Les  noms  de  ces  chevaliers  avaient  été 
fort  maltraités  par  le  copiste  de  dom  Vaisseie, 
nous    les    avons     rétablis    d'après    l'original.     La 


plupart  étaient  du  midi;  quelques-uns  seulement 
du  Poitou  &  de  l'Angoumois.  On  peut  même  re- 
marquer que  la  plupart  n'étaient  pas  originaires 
des  domaines  d'Alfonse,  mais  du  comté  de  Foix 
&  du  diocèse  de  Carcassonne;  parmi  eux  nous 
retrouvons  plusieurs  des  chevaliers  faidits  qui 
avaient  aidé  Trencavel  lors  de  son  expédition 
de  1140.  Comme  son  frère,  Alfonse  paraît  avoir 
pris  à  son  service  un  certain  nombre  de  ces  per- 
sonnages, qui  étaient  sans  doute  fort  heureux 
de  racheter  en  Orient  leur  ancienne  rébellion, 
&  qu'une  vie  d'aventures,  on  peut  même  dire 
de  brigandages,  avait  dû  préparer  à  la  guerre  de 
Syrie.    [A.  M.) 

'  Voyez  tome  Vill,  Chartes,  n.  CCXCII,c.  1282. 
—  Le  document  auquel  renvoie  dom  Vaissete  ne 
parle  pas  à  proprement  parler  de  la  levée  d'un 
subside.  C'est  une  mention  de  compte  ainsi  conçue  : 
De  promissts  factis  d,  comiti  pro  via  transmarina  m 
partihus  Tholosanis  €r  alla  terra  tlîa.  On  ne  peut 
entendre  par  là  un  subside  régulier,  mais  des  pro- 
messes particulières,  peut-être  même  le  reliquat 
du  fouage  levé  par  Raimond  VII,  &  dont  Alfonse 
perçut  l'arriéré.  Cette  mention  se  trouve  dans  le 
compte  de  l'Ascension    ii.'j.'î.  [A.  M.] 

*  Domaine  de  Montpellier;  actes  ramassés, 
liasse  8,  n.  6. 


An    I  232 


KJ.orij;in. 
t.  III,  p.   17^ 


An  I  263 


83o  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXVI. 

roi,  ordonna',  le  lundi  après  la  Trinité  de  la  même  année,  au  sénéchal  de 
Beaucaire  de  lui  rendre  la  terre  d'Yerle.  Ce  jeune  prince  prit  donc  les  rênes 
du  gouvernement  après  la  mort  de  la  reine  Blanche,  son  aïeule,  &  pendant 
l'absence  du  roi,  son  père,  quoiqu'il  ne  fût  dans  le  temps  de  cette  mort  que 
dans  la  douzième  année  de  son  âge.  On  peut  confirmer  cette  observation  par 
d'autres  lettres^,  suivant  lesquelles  Louis,  fils  aîné  du  roi  de  France,  étant  à 
Paris,  au  mois  d'avril  de  l'an  i252  (i253),  ordonne  au  sénéchal  de  Carcas- 
sonne  de  laisser  Bérenger  Guillelmi,  fils  de  Bérenger  Guillelmi,  dans  la  pos- 
session du  château  de  Clermont,  au  diocèse  de  Lodève,  attendu  qu'il  oftroit 
de  faire  hommage  au  roi,  son  père^. 

Au  reste  Pierre  Bermond,  ancien  seigneur  de  Sauve "*,  laissa  de  Josserande 
de  Poitiers,  sa  première  femme,  fille  d'Aymar,  comte  de  Valentinois,  8c  de 
Philippe,  dame  de  la  Voulte  &  de  plusieurs  châteaux  du  Vivarais  :  1°  Guil- 
laume dont  on  vient  de  parler  &  à  qui  il  donna  la  baronie  d'Yerle  que  le 
roi  lui  avoit  accordée  par  grâce,  pour  tous  les  anciens  domaines  de  sa  maison 
qui  avoient  été  confisqués.  2°  Roger  qui  hérita  de  la  Voulte  &t  des  autres 
terres  que  Josserande,  sa  mère,  avoit  en  Vivarais,  &  qui  fit  une  branche  de 
la  maison  de  Bermond.  3°  Béraud  qui  posséda  diverses  terres  dans  le  Tou- 
lousain &  l'Albigeois.  4°  Philippe,  femme  d'Amalric,  vicomte  de  Narbonne. 
5°  Marie  qui  épousa  Arnaud-Othon,  vicomte  de  Lomagne.  Pierre-Bermond 
se  maria  en  secondes  noces  avec  Alemande  de  Pierre,  fille  de  Raimond,  sei- 
gneur de  Ganges.  Guillaume  d'Anduze,  sou  fils  aîné,  épousa-"'  dans  la  suite, 
avec  la  permission  du  roi  8c  à  la  prière  d'Alfonse,  comte  de  Toulouse,  de  la 
femme  duquel  il  étoit  cousin,  la  fille  8c  héritière  d'Egline,  veuve  de  Pons 
d'Olargues.  Il  fit  une  nouvelle  tentative  pour  obtenir  du  roi  la  restitution  de 
la  liaronie  de  Sauve,  possédée  par  ses  ancêtres;  mais  il  fut  débouté "^  de  sa 
demande  au  parlement  que  ce  prince  tint  à  la  Chandeleur  de  l'an  1268  (1259). 

XIX.  —  Alfonse  reçoit  la  soumission  de  Barrai  de  Baux. 

Cependant  Barrai '',  seigneur  de  Baux,  voulant  faire  sa  paix  avec  Alfonse, 
comte  de  Poitiers  8c  de  Toulouse,  8c  la  comtesse  Jeanne,  sa  femme,  les  fit 

'  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  CCCVII,  c.  i335.  assistés  dans  leurs  fonctions  par   un  conseil  dont 

"  Domaine  de  Montpellier;  actes  de  Clermont-  plusieurs  membres  nous  sont  connus.  Cf.  Lenain 

Lodève,  n.    i.  de  Tillemont,    t.   3,    pp.    467,  .468,   &   Boutaric, 

'  Le  jeune  prince  Louis  gouverna  sous  la  tu-  pp.  87,  88.  [A.  M.] 

telle  de   ses    oncles   Alfonse   &  Charles.  Plusieurs  *  Le  Lahowrewr,  Histoire  manuscrite  Je  la  maison 

actes  des  années   1253   &  12,54   '*  prouvent.  C'est  d'Aniiu-^e. 

à  ces  deux   princes   que   s'adressent  les  évéques  &  '  Archives   du    Domaine  de  Montpellier;  actes 

abbés   du   royaume    pour  obtenir  la  confirmation  ramassés,  liasse  8,  n.  3. 

de    leur  élection,   que   les   feudataires  demandent  "  Registre  Oiim.  —  [Boutaric,  t.  1 ,  p.  26,  n.  3  14. 

l'investiture  de  leurs  fiefs.  \}ne  requête  des  maîtres  La  cour  décida  que  la  demande  n'était  pas  receva- 

de  l'université   de   Paris   &  des  Jacobins   qualifie  blo,  le  père  de  Guillem  d'Anduze  ayant  forfait  sa 

même  Alfonse  de    rector   tune  regni.  En    mai    1253,  baronnie.] 

les  deux  frères  reçurent  de  saint  Louis  pleins  pou-  '  Trésor  des  chartes  ;  Toulouse,  sac  5,  n.  70. 

voirs   pour   traiter   avec   l'Angleterre.    Ils   étaient 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXVI. 


50I 


An   lijj 


d'abord  solliciter  par  la  reine  mère  8c  par  le  comte  d'Anjou  &  de  Provence,  de 
lui  pardonner  sa  félonie.  Il  vint  enfin  les  trouver  lui-même  au  mois  de  mars 
de  l'an  1202  (i253),  au  château  de  Vincennes  où  ils  résidoient  toujours,  8c 
leur  fit  ses  soumissions.  Alfbnse  lui  accorda  le  pardon  du  passé  Se  lui  rendit 
les  fiefs  du  pays  Venaissin  £•  des  terres  adjacentes,  qu'il  avoit  confisqués  sur 
lui  8c  que  ce  seigneur  tenoit  auparavant  du  feu  comte  de  Toulouse.  Barrai 
promit  '  fidélité  pour  ces  fiefs  à  AUonse  &•  aux  marquis  &  seigneurs  du 
Venaissin,  ses  successeurs,  6c  lui  en  fit  hommage,  avec  promesse  de  n'exercer 
aucune  violence  envers  les  habitans  de  ces  fiefs,  8c  d'aller  servir  durant  deux 
ans  à  la  Terre-Sainte  à  ses  dépens,  avec  neuf  autres  chevaliers  8c  dix  arbalé- 
triers^. Alfonse  s'accorda^,  au  mois  de  mai  suivant,  avec  Etienne,  abbé  de 
Clairvaux,  Se  ses  religieux,  touchant  les  sommes  qu'il  leur  devoit  au  nom  du 
feu  comte  Raimond,  8c  leur  assigna  cent  quatre  livres  parisis  de  rente  sur  la 
prévôté  de  la  Rochelle,  pour  l'entretien  de  vingt  étudians  en  théologie  de 
l'abbaye  de  Clairvaux,  dans  le  collège  de  Saint-Bernard  de  Par's;  moyennant 
cette  assignation  l'abbé  8c  les  religieux  de  Clairvaux  le  reconnurent  pour 
patron  8c  Jondateurde  ce  collège. 

XX.  —  Alfonse  se  prépare  à  partir  pour  la  Terre-Sainte. 

Ce  prince  se  préparoit  alors  à  retourner  dans  la  Terre-Sainte"*.  Le  pape 
Innocent  IV,  voulant  seconder  son  zèle  8c  lui  procurer  des  secours  suffisans 


'  Trésor  des  chartes;  Toulouse,  sac  ô,  n.  29. 

'  Dom  Vaissete  a  commis  ici  quelques  petites 
erreurs  it  date,  que  l'analyse  des  actes  en  ques- 
tion va  nous  permettre  de  rectifier.  La  première 
lettre  est  de  janvier  1  2  03.  (Copie,  J.  3i  1,  n.  70  ; 
Teulet,  t.  3,  p.  173;.  Par  cet  acte,  Alfonse  rend  à 
Barrai  de  Baux  set  fiefs  du  Venaissin,  à  la  requête 
de  Charles  d'Anjou  ;  mais  ilstipulequeceux  aux- 
quels il  les  aura  donnés  depuis  la  confiscation, 
continueront  à  les  tenir,  sauf  pour  Barrai  à  fane 
valoir  ses  droits  de  propriété  devant  les  tribu- 
naux. Tous  les  actes  des  officiers  du  comte  rcsteiu 
valables,  sauf  à  Barrai  à  les  attaquer  par  les  voies 
de  droit.  Par  un  autre  acte  du  même  mois  [ih'ul. 
pp.  174,  17a),  Barrai  reconnaît  que  c'est  par  puie 
grâce  qu'Alfonsc  lui  a  fait  cette  restitution,  s'en- 
gage à  lui  être  fidèle  à  l'avenir  &  à  s'acquitter  de 
tous  les  d.i/its  féodaux,  &  promet  d'aller,  dans 
l'année,  servir  en  Terre-Sainte  avec  dix  arbalé- 
triers à  cheval,  pendant  une  anr)ée  entière.  — 
Par  un  troisième  acte  [itid.  n.  4o38j  J.  3io, 
n.  i8],  le  même  Barrai  promet  de  ne  pas  molester 
ceux  de  ses  vassaux  qui  ont  embrassé  la  cause  de 
son  suzerain.  Enfin,  par  un  dernier  acte,  il  déclare 
que,  au  cas  où  il  mourrait  avant  d'accomplir  son 
pèlerinage,  son  fils  aîné  Bertrand  le  ferait  à  sa 
place  (iA«<.).  [A.  M.) 


'  Trésor  des  chartes;  Toulouse,  sac  5,  n"'  3i  & 
32  ;  Fondations,  sac  2,  n.  16.  —  [Originaux  scel- 
lés; Teulet,  t.  3,  pp.  181  à  i83  ;  l'acte  est  du  3  mai 

1  2J3.] 

*  Trésor  des  chartes;  Toulouse,  sac  6,  n.  34.— 
Le  conservateur  des  privilèges  apostoliques  du 
comte  Alfonse  semble  avoir  été  à  ce  moment  le 
trésorier  de  Poitiers.  Du  moins  c'est  à  lui  que 
sont  adressées  les  bulles  du  pape  Innocent  IV  que 
dom  Vaissete  va  analyser.  En  voici  la  liste;  nous 
y  joignons  l'indication  de  quelques  autres  docu- 
ments analogues,  qui  n'ont  pas  encore  été  signa- 
lés. —  14  mars  I253,  donation  des  usures  8c  res- 
titutions de  biens  mal  acquis  jusqu'à  concurrence 
de  trois  mille  marcs  d'argent.  (J.  3  12,  n.  34  (.'>), 
Teulet,  t.  3,  p.  176).  —  21  mars  I253,  donation 
des  legs  pieux  dans  l'étendue  des  domaines  du 
com.te  {ihid.);  du  même  jour,  bulle  pour  le  rachat 
des  vœux  de  croisade  (li/rf.);  du  même  jour,  per- 
mission au  trésorier  de  Saint-Hilaire  d'absoudre 
les  croisés  des  excommunications  qu'ils  auront  pu 
encourir  (J.  442,  n.  3;  Teulet,  t.  3,  pp.  176,  177); 
—  du  même  jour,  ordre  au  même  de  forcer  les 
barons  &  chevaliers  des  domaines  d'Alfonse,  qui 
se  sont  croisés,  à  passer  en  Terre-Sainte  avec  le 
comte  au  prochain  passage  ou  à  racheter  leur  vœu 
(J.    442,    n.    4    (4);  Teulet,    t.   3,    p.    177);  —du 


An  i2J3 


83 1 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXVI. 


pour  cette  expédition,  lui  accorda,  lorsqu'il  se  mettroit  en  chemin  :  i°  Trois 
mille  marcs  d'argent  sur  les  restitutions  des  usures  &  des  biens  mal  acquis 
qui  seroient  faites  dans  le  royaume  de  France  &  les  comtés  de  Toulouse,  Poi- 
tiers, Provence  &  Bretagne.  2°  Les  rachats  que  dévoient  payer  ceux  qui  s'étant 
croisés  pour  la  Terre-Sainte  ne  pourroient  ensuite  exécuter  leur  vœu.  3°  Les 
legs  faits  en  général  pour  le  secours  de  la  Terre-Sainte.  Alfonse  ne  profita 
pas  de  ces  concessions,  parce  que  divers  obstacles  s'opposèrent  à  son  départ. 
L'archevêque  de  Narbonne  &  les  évêques  de  Béziers,  Lodève  Si  Agde  lui 
firent  des  remontrances',  au  mois  de  mai  de  la  même  année,  touchant  le 
bruit  qui  s'étoit  répandu  qu'il  alloit  faire  restituer  aux  plus  proches  parens 
des  hérétiques,  moyennant  une  certaine  somme ^,  les  biens  qui  avoient  été 


29  mars,  nouvelle  bulle  pour  l'assignation  à  Al- 
fonse des  sommes  provenant  du  rachat  des  vœux 
de  croisade  dans  ses  domaines  (J.  3i2,  n.  3^  (i)j 
Teulet,  t.  3,  pp.  177,  178).  —  Quelques  mois  plus 
tard  autres  bulles  pour  cette  affaire  :  du  1"  oc- 
tobre, permission  au  trésorier  d'absoudre  les  croi- 
sés de  leurs  péchés  (J.  3  1  2,  n.  34  (8);  Teulet,  t.  3, 
p.  196);  —  du  17  octobre,  confirmation  à  Alfonse 
du  droit  de  percevoir  les  legs  pieux,  restitutions 
&  usures  (J.  3i2,  n.  34(2;;  iiiA.);  —  du  même 
jour,  ordre  à  l'abbé  du  Pin  (diocèse  de  Poitiers)  & 
au  trésorier  de  Saint-Hilaire  d'assurer  à  Alfonse  la 
jouissance  des  grâces  qui  lui  ont  été  concédées  par 
le  Saint-Siège  en  vue  de  sa  croisade.  (J.  442,  n.  7  ; 
Teulet,  t.  3,  p.  197.)  —  Ces  concessions  furent 
renouvelées  par  Alexandre  IV,  successeur  d'Inno- 
cent. Le  28  janvier  12:56,  il  ordonna  au  trésorier 
de  Saint-Hilaire  de  continuer  à  percevoir  les  ra- 
chats de  vœux,  les  sommes  provenant  de  restitu- 
tions, &c.,  dans  les  terres  du  comte,  en  Navarre, 
en  Bretagne  &  en  Provence,  pour  les  remettre  à 
Alfonse,  quand  il  partira.  (J.  3i2,  n.  34  (10); 
Teulet,  t.  3,  pp.  283,  284.)  —  Le  8  mai  suivant, 
il  ordonne  au  même  de  forcer  les  croisés  des  Etats 
du  comte  à  passer  en  Terre-Sainte  ou  à  racheter 
leurs  vœux.  (J.  3 12,  n.  34  (i5)i  Teulet,  t.  3, 
p.  294.)  —  4  juillet  1206,  nouvelle  bulle  sem- 
blable à  celle  du  28  janvier  {ihid.  p.  309).  — 
Enfin  le  12  novembre  1207,  le  même  pape  en- 
joint encore  audit  trésorier  de  veiller  à  ce  que 
l'argent  provenant  des  revenus  concédés  à  Al- 
fonse ne  soit  pas  détourné  de  son  usage.  (J.  3 12, 
n.  34  (1  3)j  Teulet,  t.  3,  p.  389.)  —  Ces  ressources 
étaient  loin  d'être  à  dédaigner;  ainsi,  dans  la 
seule  année  1 200,  Alfonse  perçut  de  ce  chef  six 
mille  six  cent  quarante-neuf  livres  tournois;  il 
est  vrai  que  les  recettes  tombèrent  rapidement  à 
mille  &  même  à  deux  cent  cinquante  livres. 
(Boutaric,  Alfonse  de  Poitiers,  p.  3 14,  note.) 
Toutefois  c'était  une  précieuse  ressource  pour  des 
expéditions  aussi    ruineuses  &  aussi    difficiles. 

[A.  M.| 


'  Voyez  tome  VIII,  Charles,  n.  CCCIII,  ce.  i322 
à  1324. 

'  Ce  projet  financier  d'Alfonse  sem.ble  ne  pas 
avoir  eu  de  suite;  mais  à  en  croire  les  plaintes 
des  prélats,  le  rachat  des  biens  tombés  en  com- 
mise pour  hérésie  aurait,  dans  l'idée  des  officiers 
d'Alfonse,  constitué  une  sorte  de  fouage  pesant  à 
la  fois  sur  les  catholiques  &  les  hérétiques.  —  Les 
poursuites  contre  ces  derniers  ne  paraissent  pas, 
du  reste,  s'être  ralenties  à  cette  époque.  Le  1  1  mai 
1262,  Innocent  IV  avait  renouvelé  les  pouvoirs 
des  frères  prêcheurs,  inquisiteurs  dans  la  province 
de  Narbonne.  (J.  43  I,  n.  26  ;  Teulet,  t.  3,  p.  iSj.) 
—  De  plus,  vers  mai  1  264,  Alfonse  fit  présenter  à 
la  curie  romaine  le  projet  d'une  nouvelle  bulle 
réglementant  &  aggravant  les  peines  prononcées 
contre  les  hérétiques.  On  peut  voir  ce  projet  au 
tome  VIII,  c.  i333  &  suiv.  En  voici  les  disposi- 
tions les  plus  intéressantes.  La  bulle  est  adressée 
au  prieur  des  frères  prêcheurs,  à  Paris.  Les  noms 
des  témoins  &  leurs  dépositions  ne  seront  ni  en- 
tièrement publics,  ni  absolument  secrets;  celles-ci 
seront  communiquées  à  des  prél.Tts  &  autres  per- 
sonnes discrètes,  choisies  &  convoquées  par  l'in- 
quisiteur. Les  prédicateurs-quêteurs  seront  sous  la 
haute  main  de  l'inquisiteur,  qui  pourra  leur  in- 
terdire ou  leur  permettre  à  son  gré  les  sermons 
publics.  —  Une  partie  de  ces  dispositions  fut 
adoptée  par  la  cour  romaine  &  insérée  par  elle 
dans  une  bulle  du  11  juillet  1254.  (Original, 
J.  43  I ,  n.  27;  Teulet,  t.  3,  pp.  21 5,  216.)  Les  dé- 
positions durent  être  reçues  en  présence  de  deux 
ecclésiastiques,  au  choix  de  l'inquisiteur,  &  trans- 
crites séance  tenante  &  devant  eux.  L'inquisiteur, 
en  prononçant  l'incarcération  ou  en  rendant  l'ar- 
rêt, devra  prendre  l'avis  de  l'ordinaire  ou  de  ses 
vicaires.  Une  autre  bulle,  du  i3  juillet,  donna 
en  outre  à  l'inquisiteur  le  droit  d'interpréter  les 
statuts  faits  contre  les  hérétiques,  en  prenant 
l'avis  de  l'ordinaire  &  de  cacher  les  noms  des 
témoins  &  des  dénonciateurs.  (Original,  J.  4JI, 
n.  29;  Teulet,  t.  3,  pp.  216,  217.)  |A.  M.] 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXVI. 


833 


An  \2 


confisqués  sur  ces  derniers.  Enfin',  au  mois  de  juillet  suivant,  il  fit  le   bail 
de  la  nouvelle  monnoie  qu'il  devoit  faire  fabriquer  à  Toulouse^. 

XXI.  —  Le  comte  de  Toulouse  a  des  sujets  de  querelle  avec  le  roi 

d"  Angleterre. 

L'année  suivante  Alfonse  eut  quelque  démêlé  avec  Henri  III,  roi  d'Angle- 
terre, qui  avoit  passé  la  mer  pour  punir  la  révolte  des  Gascons.  Les  Anglois 
causèrent  alors  divers  dommages  aux  sujets  d'Alfonse,  &  étendirent  leurs 
courses  jusqu'aux  portes  de  Toulouse -^.  Le  comte  en  porta  des  plaintes  à 
Henri,  qui  en  réparation  de  ces  dommages,  s'engagea'*  de  payer  sept  mille 
deux  cent  cinquante-huit  livres  de  Bordeaux.  Alfonse,  par  des  lettres  datées 
de  Vincennes,  le  iS  de  mars  de  l'an  i253  (1254),  commit  la  répartition  de 
cette  somme  à  Hugues  d'Arcis,  son  sénéchal  de  Toulouse,  a  proportion  des 
pertes  que  ses  sujets  avoient  faites,  en  comptant  soixante-six  sols  huit  deniers 
de  Bordeaux  pour  un  marc  d'argent.  La  bonne  intelligence  étant  ainsi  réta- 
blie entre  les  deux  princes,  Henri  donna  des  lettres  de  sauvegarde  dans  son 
camp  auprès  de  Bergerac,  le  28  juin  suivant,  en  faveur  des  marchands  du 
comté  de  Toulouse  qui  négocieroient  en  Gascogne,  à  condition  qu'ils  n'ap- 
porteroient  pas  de  vivres  à  ses  ennemis''.  Il  paroît  qu'Henri  Se  Alfonse  eurent 
bientôt  après  quelque  nouveau  sujet  de  dispute,  car  ils  convinrent*  d'ar- 
bitres qui  dévoient  s'informer,  dans  la  quinzaine  de  la  Nativité  de  la  Vierge, 
des  dommages  que  leurs  sujets  s'étoient  causés  les  uns  aux  autres,  indépen- 
damment de  l'infraction  de  la  trêve,  pour  laquelle  il  y  avoit  d'autres  commis- 
saires nommés. 


An 


1234 


'  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  CCXCV,  ce.  1297 
à  i3o I . 

'  L'histoire  de  la  monnaie  de  Toulouse  a  été 
faite  par  Boutaric,  pp.  184,  187.  Nous  allons  ré- 
sumer ce  qu'il  en  dit,  en  renvoyant,  pour  les 
détails,  au  tome  VIII,  où  nous  donnons  quel- 
ques-uns des  actes  qui  se  rapportent  à  cette  affaire. 
Alfonse,  en  prenant  possession  de  ses  États,  rem- 
plaça l'ancienne  monnaie  toulousaine,  dite  sep- 
tine,  par  une  monnaie  imitant  la  monnaie  tour- 
nois 8t  dont  la  ressemblance  arec  la  monnaie 
royale  lui  attira  même  des  reproches  de  la  part 
de  son  frère  Louis  IX.  (Cf.  Boutaric,  pp.  189, 
190.)  Cette  monnaie  fut  donnée  à  bail  par  son 
sénéchal,  le  i"'aoùt  12J1,  pour  trois  ans.  Ce  pre- 
mier bail  dut  être  résilié,  &  en  avril  I253  nous 
trouvons  d'autres  fermiers  de  la  monnaie,  qui  de- 
mandent à  leur  tour  au  sénéchal,  Pierre  des  Voi- 
sins, la  résiliation  de  leur  contrat.  fCf.  tome  VIII, 
ce.  i3i9-i32i.)  Les  torts  étaient  réciproques;  le 
sénéchal  n'avait  pas   tenu   ses  engagements  &  les 


fermiers  avaient  pris  à  ferme  la  monnaie  royale 
de  Carcassonne  &  y  avaient  porté  du  billon  pro- 
venant de  Toulouse.  L'affaire  fut  soumise  à  deux 
bourgeois  de  Toulouse,  dont  un  changeur,  qui  dé- 
cidèrent que  le  traité  était  nul,  &.  rendirent  leur 
liberté  aux  deux  parties;  celles-ci  acceptèrent  la 
décision  des  arbitres.  (Cf.  tome  VIII,  ce.  i32i, 
|322,  &  Teulet,  t.  3,  p.  179.)  C'est  alors  qu'Al- 
fonse  conclut  le  nouveau  traité,  auquel  dom  Vnis- 
sete  vient  de  faire  allusion,  &  qu'on  peut  voir  au 
tome  VIII.  Les  conditions  imposées  aux  nouveaux 
fermiers  étaient  sans  doute  plus  équitables,  car 
l'un  d'eux  reprit  l'affaire  pour  son  compte  per- 
sonnel en  1256.  (Boutaric,  p.  187.)  [A.  M.] 

>  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  CCXCII.c.  1284. 

*  Cartulaire  d'Alfonse.  |JJ.  24 b,  f  1  *.] 

'  L'acte  original  est  au  trésor  des  chartes,  J.  307, 
n.  5i  j  cf.  Teulet,  t.  3,  p.  212.  L'analyse  qu'en 
donne  dom  Vaissete  est  d'ailleurs  parfaitement 
exacte.  [A.  M.] 

^  Rymer,  Acta  publica,  t.  I,  p.  52  1 . 


"";; — : —  834  histoire  générale  de  Languedoc,  liv.  xxvi. 

XXII.  —  Le  rot  revient  en  France  avec  divers  chevaliers  de  la  Provincç  qui 
l'avaient  suivi  à  la  Terre-Sainte.  —  Seigneurs  de  Castres  &  de  Lombers, 

Le  roi,  après  un  séjour  de  près  de  six  ans  outre-mer,  se  disposa  enfin  h. 
repasser  en  France  où  sa  présence  étoit  absolument  nécessaire.  Il  se  rendit, 
au  mois  d'avril  de  l'an  1254,  à  Acre  où  il  devoit  s'embarquer  &  où  il  donna, 
avant  son  départ,  aux  frères  de  Saint-Lazare  d'Acre',  la  permission  d'en- 
voyer, une  ou  deux  fois  l'an,  un  de  leurs  vaisseaux  au  port  d'Aigues-mortes 
,_''jij°p8j"-  pour  y  trafiquer  avec  exemption  de  toute  sorte  de  droits.  Le  roi  s'embarqua 
ensuite,  le  vendredi  24  d'avril,  avec  toutes  ses  troupes,  excepté  cent  chevaliers 
qu'il  laissa  pour  le  secours  des  chrétiens  de  la  Terre-Sainte. 

Philippe  I  de  Montfort,  seigneur  de  Castres,  fut  du  nombre  de  ces  der- 
niers. Il  fixa  son  séjour^  dans  la  Terre-Sainte  où  il  avoit  épousé  en  secondes 
noces  Marie  d'Antioche,  dame  de  Thoron,  dont  il  eut  plusieurs  enfans.  Il 
laissa  l'administration  de  sa  terre  de  France  6-  d'Albigeois  à  Philippe  II,  son 
fils,  qu'il  avoit  eu  d'Eléonor  de  Courtenay,  sa  première  femme,  morte  avant 
l'an  i23o,  &  se  réserva  deux  mille  livres  tournois  de  rente  pendant  sa  vie  sur 
ces  biens,  dont  il  disposa  dans  la  suite  en  faveur  du  même  Philippe  II  dit 
le  Jeune,  son  fils.  Guide  Montfort,  seigneur  de  Lombers,  en  Albigeois,  frère 
consanguin  de  Philippe  I,  avoit  accompagné  aussi  le  roi  à  la  Terre-Sainte  j 
mais  il  mourut  sans  enfans  au  commencement  de  cette  expédition.  Lambert 
de  Monteil-Adhémar,  son  oncle  maternel,  lui  succéda  dans  la  baronie  de 
Lombers. 

Quant  à  Olivier  de  Termes,  au  vicomte  Trencavel  &  à  la  plupart  des  autres 
chevaliers  de  la  Province  qui  avoient  suivi  le  roi  outre-mer,  ils  s'embarquè- 
rent pour  repasser  avec  lui  en  France.  Après  le  départ  de  la  flotte  elle  essuya 
une  rude  tempête  auprès  de  l'île  de  Chypre,  8c  le  péril  fut  si  grand ^  qu'Oli- 
vier de  Termes,  n'osant  s'exposer  davantage  à  la  mer,  demanda  qu'on  le 
débarquât  dans  cette  île  :  on  lui  accorda  sa  demande  &  le  roi  continua  sa 
route.  Cette  action  d'Olivier  ne  fit  aucun  tort  à  sa  réputation,  &  Jean,  sire 
de  Joinville,  témoin  oculaire  Si  non  suspect,  rend"^  à  cette  occasion  un  témoi- 
gnage bien  avantageux  à  ce  chevalier.  «  Le  grant  doumaige,  dit  ce  naïf  his- 
torien, que  li  roys  eust  fait  au  peuple  qui  estait  en  sa  nef,  puet  Von  veoir  à 
Olivier  de  Termes,  qui  estait  en  la  nef  le  roy  ;  liquex  estait  uns  des  plus 
hardis  hommes  que  je  onques  veisse  £•  qui  miex  s'estait  prouve-^  en  la  Terre- 
Sainte  :  n'osa  demeurer  avec  nous  pour  poaur  de  naierj  ainçois  demeura  en 
Cypre,  6-  at  tant  de  destourhiers  qu'il  fu  avant  un  an  6-  demi  que  il  revenist 

'Manuscrits  de  Colhert^   n.    2669.    [Lat.   <)'Jli,  ■•  Joinville,  p.  ii3  &  siiiv.  [Édition  de  Wailly, 

1°  25o  b.\  p.  344.  Nous  remplaçons  le  texte  rajeuni  &  mu- 

°  Domaine  de  Montpellier;  AIbi,  n.  8.  —  Voyez  tilé  donné  par  dom  Vaissete  par  un   passage  em- 

tome  VII,  î^ote  XLIV,  pp.  i25,  126.  prunté  à  l'édition  plus  haut  citée.] 

'  Joinville,  p.  108  &  suiv.  [Edition  de  Wailly, 
p.  338  &  suiv.] 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXVI. 


835 


/Vn  i25j 


au  roy  ;  &■  si  estait  grans  hom  &■  riches  hom,  &-  bien  pooit  paier  son  passaige. 
Or  regarde-:^  que  peties  gens  eussent  fait  qui  n'eussent  eu  de  quoy  paier,  quant 
teix  hom  ot  si  grant  destourbier.  » 

XXIII.  —  Le  roi  arrive  à  Beaucaire  &•  parcourt  une  partie  du  Languedoc. 
Origine  de  l'assemblée  des  trois  Etats  de  la  Province, 

Le  roi  Louis  IX  arriva  '  devant  le  château  d'Hyères,  en  Provence,  le  lo  de 
juillet,  &,  quoiqu'il  eût  formé  le  dessein  d'aller  débarquer  à  Aigues-mortes, 
il  descendit  néanmoins  deux  jours  après  en  Provence,  d'où,  après  avoir  passé 
le  Rhône,  il  se  rendit  à  Beaucaire.  Il  donna  quelques  chartes*  dans  cette 
ville  datées  du  mois  de  juillet  ;  une  entre  autres  en  faveur  de  Trencavel , 
ancien  vicomte  de  Béziers,  qui  lui  ayant  représenté  que  les  lieux  de  la  Cal- 
mette  Se  de  Bellegarde,  qu'il  lui  avoit  assignés  pour  trois  cens  dix  livres  de 
rente,  ne  valoient  pas  cette  somme,  il  y  ajouta  trente  livres  de  rente  sur  le 
péage  de  Beaucaire. 

Les  chevaliers  &•  les  bourgeois^  de  cette  ville  firent  alors  des  plaintes  au 
roi  contre  ses  officiers  de  justice*}  ce  qui  engagea  ce  prince  à  publier  une 


'  Joinville,  p.  1 1  5  &  suiv.  [Édition  de  Wailly, 
p.  358  &  suiv.] 

'  Manuscrits  de  Coliert,  n.  2670.  [Lat.  9778, 
f"  283.] 

î  Voyez  tome  VllI,  Chartes,  n.  CCCVIII.cc.  i337 
à  1340. 

*  La  charte  de  Louis  IX  dit,  en  effet,  que  les 
habitants  de  Beaucaire  ont  porté  leurs  plaintes 
devant  le  roi  5  mais  rien  ne  prouve  que  celui-ci 
ne  parle  pas  du  long  mémoire  présenté  par  eux 
quelques  années  auparavant  à  ses  enquêteurs. 
Nous  le  donnons  au  tome  VII  (Enquêteurs  rcyaux, 
registre  D),  &  une  analyse  sommaire  de  ce  texie 
permettra  de  reconnaître  que  l'ordonnance  du  roi 
Louis  IX  fit  droit  à  la  majeure  partie  de  ces  justes 
réclamations.  —  1°  Les  habitants  réclament  le 
droit  de  nommer  leurs  consuls,  privilège  que  leur 
avait  accordé  le  comte  Raimond  VII,  en  1217, 
&  qu'avait  supprimé  le  sénéchal  de  Beaucaire, 
Pèlerin.  —  2"  Ils  réclament  contre  l'usage  intro- 
duit par  le  même  officier  de  lever  des  gages  sur 
les  parties  dés  l'ouverture  de  la  cause,  contre 
l'habitude  jusque-là  établie.  —  3°  Le  même  a 
confisqué  des  droits  de  pacage  à  eux  donnés  par 
le  comte  de  Toulouse,  &  les  a  forcés  à  payer  pour 
leur  usage  le  trentième  du  bétail.  —  4°  Le  setier 
du  marché  de  Beaucaire  ou  droit  de  mesure  avait 
été  donné  aux  habitants  &  consuls  par  le  comte 
de  Toulouse;  le  sénéchal  le  leur  a  enlevé.  — 
5"  De  tout  temps  la  défense  d'exporter  le  blé  ne 
pouvait  être  prononcée  par  le  sénéchal  que  de 
l'aveu  des  habitants;  depuis  c::.q  ans  (en  1248) 
>1   s'est  affranchi   de   cette    obligation.  —  6"  De- 


puis le  même  temps  les  officiers  de  la  cour,  au- 
tres que  le  viguier  Se  le  juge,  ont  cessé  de  payer 
leur  part  des  dépenses  communes  de  la  ville.  — 
7°  Ils  demandent  que  le  viguier  &  le  juge  soient 
changés  tous  les  ans,  qu'ils  s'engagent  par  ser- 
ment à  observer  les  us  &  coutumes  de  la  ville,  & 
qu'ils  ne  reçoivent  de  leurs  subordonnés  que  le 
boire  &  le  manger.  —  8°  Depuis  1246  on  a  sup- 
primé les  deux  charges  de  maîtres  jurés,  qui  déci- 
daient toutes  les  contestations  relatives  aux  bâti- 
ments, S*,  ce  gratuitement  &  sans  frais.  —  9"  Les 
sénéchaux  ouvrent  les  pâturages  du  château  aux 
bestiaux  des  communautés  deTarascon  &  d'Arles. 
—  10"  Malgré  les  anciens  privilèges  des  comtes  de 
Toulouse  les  sénéchaux  lèvent  des  tailles  &  des 
quêtes  dans  le  château.  —  11°  Depuis  le  temps  de 
Pierre  d'Athies,  les  sénéchaux  n'observent  plus  la 
règle  qui  défend  au  viguier  d'agir  avant  que  le 
juge  ait  prononcé  la  sentence,  &  de  retenir  en 
prison  préventive  l'accusé  qui  offre  caution,  sauf 
le  cas  de  crime  puni  de  mort  ou  de  mutilation.  —~ 
12"  Autrefois  les  juifs  de  Beaucaire  payaient  leur 
part  des  dépenses  de  la  ville;  le  sénéchal  Pèlerin, 
voulant  les  avoir  sous  sa  main,  les  a  soumis  à  une 
taxe  annuelle  spéciale,  en  les  exemptant  de  toute 
contribution  aux  dépenses  de  la  ville.  —  Nous  ne 
laissons  de  côté  que  quelques  faits  particuliers 
énoncés  par  les  syndics  de  Beaucaire.  —  Si  l'on 
compare  les  demandes  faites  en  1248  par  les  ha- 
bitants de  Beaucaire  &  l'ordonnance  rendue  par 
Louis  IX  en  leur  faveur  en  1254,  on  verra  que  ce 
prince  fit  seulement  droit  à  leurs  plaintes  touchant 
l'exercice  de  la   justice,   la  procédure  de  sa    cour, 


— : : —  836  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXVI. 

An  I2J4 

ordonnance  datée  de  Saint-Gilles,  au  mois  de  juillet  de  l'an  1264,  laquelle 
contient  divers  règlemens  pour  l'administration  de  la  justice,  ccnjormément 
à  l'usage  établi  dans  le  pays  depuis  les  temps  les  plus  reculés.  Entre  ces  règle- 
mens l'un  des  plus  remarquables  est  le  suivant  :  «  Afin  qu'il  soit  permis  aux 
«  habitans  de  Beaucaire,  dit  le  roi,  d'user  plus  librement  de  leurs  biens, 
«  nous  défendons  étroitement  à  nos  sénécbaux  de  les  empêcher  de  porter  où 
«  ils  voudront  leur  blé,  leur  vin  &  leurs  autres  denrées  pour  les  vendre;  à 
«  condition,  toutefois,  qu'ils  ne  fourniront  ni  armes,  ni  vivres  aux  Sarrasins, 
«  tant  que  les  chrétiens  leur  feront  la  guerre,  ni  à  tous  ceux  qui  seront  en 
«  guerre  avec  nous.  S'il  arrivoit  cependant  quelque  cas  pressant,  pour  lequel 
«  il  conviendroit  de  défendre  de  porter  les  denrées  hors  du  pays,  le  sénéchal 
«  assemblera  alors  un  conseil  non  suspect,  auquel  se  trouveront  quelques- 
«  uns  des  prélats,  des  barons,  des  chevaliers  &.  des  habitans  des  bonnes  villes, 
«  de  l'avis  desquels  le  sénéchal  fera  cette  défense  ;  &  quand  elle  aura  été  faite 
«  il  ne  pourra  la  révoquer  sans  un  conseil  semblable.  Durant  la  défense  il 
«  ne  fera  grâce  à  personne  ;  ce  que  nous  voulons  être  étendu  aux  cours  de 
Éd-origin.  (,  PQ5  sénéchaussécs  de  Beaucaire  &  de  Carcassonne,  &  être  exactement 
«  observé  par  elles,  n  Le  roi  déclare  ensuite  que  tous  ceux  de  Beaucaire  con- 
tribueront également  aux  collectes  communes,  excepté  le  viguier,  le  juge  & 
le  notaire  de  la  cour  ou  le  greffier,  qu'il  veut  être  exempts  de  tailles  ;  sauf  le 
privilège  des  particuliers.  Ce  prince  confirma  aussi  les  habitans  de  Beaucaire 
dans  l'usage  ancien  où  ils  étoient  de  se  servir  du  droit  écrit}  «  non  pas, 
«  ajoute-t-il,  que  l'autorité  de  ce  droit  nous  oblige  Se  nous  astreigne  5  mais 
«  parce  que  nous  ne  voulons  pas  pour  le  présent  changer  leurs  moeurs  & 
«  leurs  coutumes.  » 

Cette  ordonnance,  qui  est  très-importante  pour  les  privilèges  8t  les  immu- 
nités de  la  Province,  &  qui  a  échappé  aux  recherches  de  nos  compilateurs, 
établit  parfaitement  l'usage  où  on  étoit  alors,  usage  qui  a  été  suivi  depuis 
presque  sans  interruption,  d'assembler  les  trois  Etats  du  pays  pour  les  con- 
sulter lorsqu'il  s'agissoit  de  quelque  matière  intéressante  pour  les  peuples. 
C'est  là  le  plus  ancien  monument  qui  prouve  que  le  tiers  état  ait  été  nom- 
mément appelé  dans  les  assemblées  de  la  Province  &  même  du  royaume. 
Ainsi  on  peut  le  regarder  comme  le  principal  fondement  qui  a  donné  l'ori- 
gine à  nos  états,  suivant  la  forme  qui  s'y  est  observée  depuis,  lesquels  ne 
sont  devenus  généraux  que  par  le  concours  des  états  particuliers  de  chaque 
sénéchaussée  qui  s'assemblèrent  d'abord  séparément  8<.  qui  s'étant  réunis  dans 
la  suite  n'ont  composé  qu'un  seul  corps;  nous  traiterons  ailleurs  cette  matière 
avec  plus  d'étendue. 

l'interdiction   d'exporter  le   blé,   la   contribution  chartes  de  Raimond  de  Toulouse  qui  les  contien- 

de  ses   officiers   aux   dépenses  de  la   commune,  le  nent  sont   de  1217,  c'est-à-dire  d'une  époque  où 

serment  du  viguier  &  la  prison  préventive.  —  Les  il  était  excommunié   &  en   guerre  avec  les  catho- 

autres  articles  furent  repoussés,  soit  que  les  con-  liques.  —  Quoi   qu'il   en   soit,   on  voit   par   cette 

,  suis  n'eussent  pu  prouver  la  vérité  de  leurs  asser-  analyse  quel  intérêt  peut  présenter  la  comparaison 

tions,  soit  que  les  privilèges  dont  ils   réclamaient  des  ordonnances  de   réformaticn   de  Louis   IX  & 

l'usage  eussent  paru   peu    légitimes;   en  effet,  les  des  enquêtes  qui   les  avaient  précédées.  [A.  M.j 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXVI.  83?   "~ ~ 

'         An  1204 

XXIV.  —  Seigneurs  &  évêqiies  d'U-^ès.  —  Ahhaye  de  Fonts,  près  d'Alais, 
Différend  des  évéques  du  Puy  avec  le  roi  pour  la  régale. 

On  voit  par  la  même  ordonnance  que  le  roi  saint  Louis,  après  avoir  passé 
à  Beaucaire,  se  rendit  à  Saint-Gilles;  il  alla  ensuite  à  Nimes  où  il  demeura 
quelques  jours  de  la  fin  du  mois  de  juillet  &  du  commencement  d'août,  &  il 
y  donna  diverses  chartes.  L'une  des  premières  fut  pour  confirmer'  la  dona- 
tion que  le  feu  roi,  son  père,  avoit  faite  en  1226  en  faveur  de  Raimond, 
évêque  d'Uzès.  Le  nom  du  successeur  de  ce  prélat,  à  qui  saint  Louis  accorda 
cette  grâce,  n'est  pas  marqué;  nous  savons  qu'il  s'appelloit  Bertrand  8c  qu'il 
avoit  succédé  à  Pons,  lequel  acquit  %  en  1242,  la  huitième  partie  de  la  sei- 
gneurie d'Uzès,  de  Raimond  IIP,  seigneur  d'Uzès  en  partie  ê<.  de  la  tour 
d'Aiguës,  fils  de  feu  Raimond,  seigneur  du  Cayla  &  frère  de  Guillaume  dit 
Martorel.  Philippe  de  Mamolène,  femme  de  Raimond  III,  ratifia  cette  vente, 
&  Rostaing  de  Sabran,  leur  fils,  en  fit  autant  l'année  suivante.  Ces  seigneurs 
d'Uzès  étoient  de  la  maison  de  Sabran,  de  même  qu'Eléazar  IV,  qui  possédoit 
en  même  temps  une  autre  partie  de  la  seigneurie  de  cette  ville.  Ce  dernier 
testa'*,  en  1254,  Se  laissa  un  fils,  nommé  Bérenger,  qui  lui  succéda  dans  une 
partie  de  la  moitié  de  la  seigneurie  d'Uzès.  L'autre  moitié  appartenoit  alors 
en  entier  à  Decan,  descendant  des  anciens  seigneurs  d'Uzès,  qui  confirma, 
en  1254,  avec  l'évêque  &  le  prévôt  de  la  cathédrale,  l'accord  fait,  en  11 44, 
entre  leurs  prédécesseurs.  Le  même  Decan,  seigneur  d'Uzès,  fondé  de  pro- 
curation de  Robert,  son  irère,  chapelain  du  pape,  céda  au  roi,  en  1264,  les 
droits  qu'il  prétendoit  sur  le  château  de  Cauvisson,  moyennant  vingt  livres 
tournois  de  rente.  Ce  Robert  d'Uzès  fut  fait  évêque  d'Avignon  ^  en  1267. 
Bertrand,  évêque  d'Uzès,  vivoit  encore  en  1272. 

Parmi  les  chartes  que  le  roi  donna  à  Nimes,  au  mois  d'août  de  l'an  1254, 
une  des  principales  est  celle  <5  qu'il  fit  expédier  en  faveur  des  habitans  de 
cette  ville,  81  qui  est  à  peu  près  semblable  à  celle  qu'il  avoit  donnée  peu  de 
jours  auparavant  en  faveur  de  ceux  de  Beaucaire.  11  assigna  par  une  autre'' 

'  Gallia  Chr'tiùana ,  nov.  edit.  t.  6,  Instr.  c.  3o6  en  voici  l'analyse  sommaire.  —  Les  habitants  de 

&  seq.  Nimes    choisiront    les    banniers   (sorte   de    gardes 

'  Manuscrit  d'Auiays,  n.  88.  —  Voyez  tome  IV,  champêtres)  &  les  présenteront  à  la  Cour  du  roi 

Note  LU,  p.  218  &  suiv.  qui  les  nommera.  Cette  permission,  .Tccordée  par  le 

'  Il  faut  corriger  Rainen  &  non  RaimonJ,  Cf.  roi,  est  toute  temporaire  &  ne  donne  aucun  droit 

à   ce   sujet    Charvet,    La   première    maison   dU\is,  aux  habitants.  —  Le  juge  &  le  viguier  seront  nom- 

pp.  94,  9.5.   [A.  M.]  mes  pour  un    an.  —   L'enquête,  ordonnée  par  la 

'  Voyez  tome VIII,  Chartes,  n.  CCCVI,  ce.  1329  coutume  du  pays  en  matière  criminelle,  sera  faite 

à  i333.  par  des  juges  jurés,  qui  infligeront  l'amende  &  la 

^  Gallia  Christiana,  nov.  edit.  t.  3.  Addition  à  lèveront  immédiatement,  sauf  appel. —  L'accusé 

la  page  819  du  tome  1.  pourra    payer  l'amende  par  avance  pour  éviter  le 

*  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.CCCVIII,cc.  i339  jugement;  mais  le  juge  &  le  viguier  ne  devront  l'y 

&  1340.  —  En  effet,  une  partie  des  articles  de  cette  contraindre  ni  par  menace,  ni  par  ruse.  [A.  M.] 
ordonnance  se   retrouve  dans   celle  de  Beaucaire;  '  Manuscrits   de   Colhert,   n°»  2669  &  2670.    [Cf. 

pourtant  quelques-uns  des  articles  sont  différents;  lat.  9778,  f°  212  a.] 


An  I 


204 


838 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXYI. 


Éd.  origin. 
t.  III,  p.  481. 


de  même  date  trente  livres  de  rente  annuelle  aux  religieuses  de  Fonts,  près 
d'Alais,  de  l'ordre  de  Cîteaux,  sur  le  péage  de  cette  ville,  au  lieu  de  la 
dixième  partie  du  péage  de  la  R.oque  que  Pierre  Bermond,  alors  seigneur  de 
Sauve  &  de  la  moitié  d'Alais,  leur  avoit  donnée  pour  l'entretien  de  sept  reli- 
gieuses ;  ce  qui  ne  suffisoit  pas.  Enfin  le  roi ,  par  une  troisième  charte  de 
même  date,  accorda,  à  la  prière  des  archevêques  d'Arles,  de  Narbonne  81 
d'Aix,  &  de  plusieurs  autres  prélats  qui  étoient  à  sa  suite,  aux  ecclésiastiques, 
aux  religieux  &  à  leur  famille,  une  exemption  de  péage  à  Beaucaire,  excepté 
pour  les  marchandises.  Ce  prince  se  rendit  ensuite  à  Alais  &  continua  sa 
route  par  les  Cévennes.  Étant  arrivé  au  Puy',  le  dimanche  veille  de  Saint- 
Laurent  g  d'août,  il  y  reçut  ce  jour-là  le  droit  de  giste  de  la  part  des  bour- 
geois; le  lundi  10,  de  la  part  de  l'évêque  élu  du  Puy,  &  le  mardi,  de  la  part 
du  chapitre;  ainsi  il  séjourna  trois  jours  dans  cette  ville. 

Cet  évêque^  élu  du  Puy,  nommé  Bernard  de  Ventadour,  avoit  succédé, 
dès  la  Pentecôte  de  l'an  iiSi,  à  Guillaume  de  Murât.  Il  refusa  d'abord  de 
reconnoître  le  droit  de  régale  sur  son  église;  mais,  s'étant  rendu  à  la  Cour, 
il  le  reconnut  sur  la  ville  du  Puy  seulement,  devant  le  conseil  du  roi';  le 
mardi  après  l'octave  de  la  Pentecôte  de  l'an  1254.  Il  fut  reçu  ensuite  à  prêter 
le  serment  de  fidélité.  Comme  il  prétendoit,  cependant,  que  le  chapitre  ne 
devoit  pas  dénoncer  au  roi  la  vacance  du  siège,  ni  lui  demander  la  permis- 
sion d'élire,  &  que  la  régale  ne  s'étendoit  pas  sur  les  domaines  de  l'évêché 
situés  hors  de  la  ville,  on  étoit  convenu  qu'on  feroit  une  enquête  81  qu'on 
s'en  rapporteroit  à  la  décision  des  arbitres.  Le  roi  étant  enfin  arrivé  au  Puy, 
ce  prélat  &  son  chapitre  d'un  côté  &C.  ce  prince  de  l'autre,  choisirent  pour 
décider  ce  différend  Philippe,  archevêque  de  Bourges;  nous  ignorons  si  Ber- 
nard de  Ventadour  fut  sacré  après  ce  compromis 3.  On  assure  que  ce  prélat 


'  Ducange,  Observations  sur  l'histoire  Je  Join- 
vllle.  —  Brussel,  Usage  des  fiefs,  t.  i,  p.  553. 

^  Galîia  Christiaiia,  nov.  edit.  t.  2,  p.  71  5.  — 
Manuscrits  de  Colbert,  n.  ziSy.  —  Registrum  curiae 
Franciae, 

'  Sur  cette  affaire  de  la  régale  du  Puy  on  peut 
consulter  Lenain  de  Tillemont,  t.  4,  pp.  126,  127. 
Mais  ni  lui,  ni  dom  Vaissete  n'ont  connu  tous  les 
actes  relatifs  à  cette  affaire,  qui  ne  manque  pas 
d'importance.  En  voici  l'historique  d'après  les 
pièces  conservées  aujourd'hui  au  trésor  des  chartes. 
Bernard  de  Ventadour  avait  dû  reconnaître  que 
les  droits  de  régale  du  roi  sur  la  ville  du  Puy  & 
les  biens  de  l'évêque  situés  à  l'intérieur  de  la  ville 
n'étaient  pas  douteux;  il  voulut  prêter  sur-le- 
champ  serment  de  fidélité,  mais  le  conseil  du  roi 
ne  voulut  recevoir  son  serment  que  sous  condition 
&  après  promesse  de  laisser  faire  une  enquête  sur 
la  question  de  fait  &  de  droit.  C'est  ce  que  disent 
ses  lettres  du  9  juin  1264,  que  dom  Vaissete  in- 
dique ici  &  qu'on  peut  voir  dans  Teulet,  t.  3, 
p.  211,   d'après   J.  338,   n.   4";    original   scellé. 


L'acte  est  daté  de  Paris.  Revenu  au  Puy,  l'évêque, 
de  concert  avec  son  chapitre  &  avec  le  consente- 
ment du  roi,  choisit  pour  arbitre  Philippe,  arche- 
vêque de  Bourges  (août  1254;  Teulet,  t.  3,  p.  219; 
J.  333,  n.4';  original  scellé).  L'affaire  traîna  as- 
sez longtemps,  &  on  revint,  en  1 256,  à  l'idée  d'une 
enquête;  Arnaud,  successeur  de  Bernard  de  Ven- 
tadour, y  donna  son  consentement,  le  1"'''  juillet 
1255.  Il  s'agissait  de  la  régale  des  biens  situés  hors 
de  la  ville  du  Puy;  on  devait  aussi  rechercher  si 
le  chapitre  était  obligé,  après  la  mort  d'un  évêque, 
de  demander  au  roi  la  permission  de  faire  une 
nouvelle  élection.  (Teulet,  t.  3,  pp.  3o7,  3o8  ;  ori- 
ginal,!. 338,  n.  5'.)  Le  chapitre  cathédral  con- 
sentit à  son  tour  à  l'enquête  au  mois  de  juillet. 
(Ihid.  p.  3i2;  J.  338,  n.  5'.)  Quand  Gui  Foucois, 
ancien  clerc  du  roi,  fut  devenu  évêque  du  Puy, 
c'est-à-dire  en  novembre  1257,  le  chapitre  essaya 
défaire  régler  la  question  en  sa  faveur;  il  pria  le 
roi  d'engager  le  nouvel  élu  à  accepter  les  fonctions 
épiscopales,  &  réclama  en  même  temps  les  régales 
de  son  église.  (Original,  J.  346,  n.  43;  Teulet,  t.  3, 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXVI.  889  ■ 

reçut  au  Puy',  le  vendredi  saint  20  de  mars  de  l'année  suivante,  le  roi  saint 
Louis  qui  s'y  rendit,  dit-on,  pour  le  jubilé  qu'on  avoit  accoutumé  d'y  gagner 
lorsque  les  deux  fêtes  se  rencontroient.  Mais  outre  que  l'Annonciation  tom- 
boit,  en  i255,  le  jeudi  &.  non  le  vendredi-saint,  il  n'y  a  aucune  preuve  que 
le  roi  ait  fait  ce  voyage  5  d'ailleurs  Bernard  de  Ventadour,  évêque  du  Puy, 
mourut  en  1264,  &  Arnaud  de  Polignac,  abbé  de  Saint-Pierre  de  La  Tour  Se 
prévôt  de  la  cathédrale,  lui  succéda  la  même  année.  Le  roi,  durant  le  séjour 
qu'il  fit  au  Puy,  au  mois  d'août  de  l'an  1264,  y  reçut^  l'hommage  de  Barthé- 
lémy, évêque  de  Cahors,  pour  cette  ville  &  le  comté;  il  poursuivit  sa  route 
par  Brioude,  Issoire,  Clermont,  &vc. 

XXV.  —  Le  roi  envoie  des  commissaires  dans  les  sénéchaussées  de  Beaucaire 
^  de  Carcassonne,  —  Concile  &•  évêques  d'Albi. 

Ce  prince,  également  attentif  au  bien  spirituel  8c  au  bien  temporel  de  ses 
sujets  de  la  Province,  y  ordonna  la  tenue  d'un  concile  &  nomma  des  com- 
missaires dans  les  deux  sénéchaussées  de  Beaucaire  &  de  Carcassonne  pour  la 
restitution  des  biens  &  des  droits  unis  mal  à  propos  au  domaine,  en  faveur 
de  ceux  qui  prouveroient  qu'ils  en  avoient  été  injustement  dépouillés.  Ces 
commissaires  furent-'  Philippe,  archevêque  d'Aix,  frère  Pons  de  Saint-Gilles, 
de  l'ordre  des  Prêcheurs,  frère  Guillaume-Robert  de  Beaucaire,  de  celui  des 
Mineurs,  8c  le  fameux  Gui  Fulcodi.  Ils  se  rendirent  à  Nimes,  au  mois  de 
novembre  suivant,  8c  rétablirent  les  habitans  de  cette  ville  dans  l'ancienne 
forme  d'élire  leurs  consuls,  que  le  sénéchal  8c  le  viguier  avoient  changée. 

Le  concile  fut  tenu"*  à  Albi  8c  composé  des  évêques  des  provinces  de  Nar- 
bonne,  Bourges  8c  Bordeaux.  Zoën,  évêque  d'Avignon,  y  présida  en  qualité 
de  légat  cju  Saint-Siège,  8c  on  y  dressa  soixante-douze  canons  :  1°  Pour  l'en- 
tière extirpation  de  l'hérésie  du  pays  ;  sur  quoi  on  se  conforma  à  ceux  du 
concile  de  Toulouse  de  l'an  1229,  les  évêques  en  supprimèrent  seulement  ou 

p.  392.)  L'affaire  fut  alori  ex.iminée  par  le  parle-  Le  chapitre  accepta  cette  décision  au  mois  d'août* 
ment,  qui  rendit  l'arrêt  dans  ses  assises  de  la  Pen-  suivant  [ihii.  p.  ^83  ;  original,  J.  338,   n.  6),  & 
tecôte  Iî58.   (Boutaric,  Actes  du  Parlement,  t.   i,  remercia   le  roi  d'avoir  terminé  cette  affaire  en  sa 
p.  20,  n.  242.)  L'arrêt   fut  approuvé  par  le  roi,  faveur.  Lennin  de  Tillemont  remarque  avec   rai- 
mais  après  plus  d'une  année  de  retard,  en  juillet  son    [ut   supra)   que   les  légistes   de    Louis   IX    ne 
I  2.59.  Louis  IX  renonça  au  droit  d'  prendre  pos-  paraissent  pas  avoir  connu   certain   acte  de  1212, 
session,  pendant   la    vacance   «iu   siège,  du   palais  qu'il  indique,  acte  qui   aurait  pu  donner  gain  de 
épiscopnl  &  des  châteaux  situés  hors  du  chef-lieu  cause  au   roi.  —   La  question    ne    fut   pas   réglée 
du    diocèse,    &    reconnut    que    le   chapitre    n'était  définitivement    par    cet    arrêt    de    1258,    &    nous 
point  obligé  de  lui  notifier  la  mort  de  l'évêque  &  verrons  plus  tard  que  les  démêlés  se  renouvelèrent 
de  lui  demander  la  permission  de  procéder  à  une  en  1295  8c   1296  &  même  en  i326.    [A.  M.] 
nouvelleelection.il   retint  seulement  le  droit  de  '  Gissey,    Histoire  du   Puy,    p.   390.   —    Gallin 
réclamer    la     remise    temporaire    ratione    dominii ,  Ckristiana,  nov.  éd.  t.  2,  p.  7l5. 
pour  raison  de  suzeraineté,  des  fortifications  de  la  '  Manuscrits  de  Coliert,  n.  2670.   [Cf.  lat.  9778, 
cité,  &  celui    d'y  exercer  jure  regalium,  par  droit  f°  loû  i.] 

de  régale,  pendant   la  vacance  du  siège,  la   juri-  '  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.CCCX,cc.  1344, 

diction   temporelle,  d'y   percevoir  les   péages,  &c.  1345. 

(Copie,  J.  338,  n.  6j  Teulet,  t.  3,  pp.  .474,  475.)  *  Concilia,  t.  11,  c.  722  &  seq. 


An  1264 


: —  840  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXVI. 

An  12^4  ^ 

y  ajoutèrent  quelque  chose  par  rapport  aux  circonstances  présentes.  2°  Pour 
le  rétablissement  de  la  discipline  ecclésiastique  &  régulière.  On  y  ordonna 
entre  autres  de  tenir  un  double  registre  de  l'inquisition  &  de  garderies  deux 
originaux  séparément  dans  des  lieux  sûrs;  de  construire  des  prisons  dans 
chaque  diocèse  pour  y  mettre  les  hérétiques  qui  seroient  condamnés  à  y  être 
renfermés;  d'exhumer  &  de  brûler  les  ossem'ens  de  ceux  qui  étoient  morts 
dans  l'hérésie,  &c.  On  défendit  aux  juifs  de  porter  des  chapes  rondes,  afin 
qu'on  ne  les  confondît  pas  avec  les  chrétiens;  on  leur  ordonna,  pour  se  dis- 
tinguer, de  porter  sur  la  poitrine  une  roue  d'un  doigt  d'épaisseur  8<.  d'une 
palme  de  diamètre.  On  y  défendit  enfin  de  lever  de  nouveaux  péages.  Ce 
concile  est  postérieur  à  la  mort  du  pape  Innocent  IV,  qui  y  est  qualifié  de 
bonne  mémoire  dans  le  trente-cinquième  canon  &  qui  décéda  le  7  de  décembre 
de  l'an  1264.  Ainsi  s'il  fut  tenu  cette  année,  comme  on  le  prétend',  ce  fut 
durant  le  carême  de  l'an  i255,  qu'on  ne  comptoit  encore  alors  que  1254,  à 
commencer  à  l'Incarnation.  On  doit  conclure  de  là  que  Durand,  évêque 
d'Albi,  n'y  assista  pas,  puisqu'il  mourut^  le  vendredi  avant  la  Saint-Laurent 
de  l'an  1254.  Bernard  de  Combret,  prévôt  de  la  cathédrale,  lui  succéda  &  fut 
élu  le  lendemain. 

XXVI.  —  Fin  des  vicomtes  de  Minerve, 

Le  roi,  quelque  temps  après  son  arrivée  en  France,  y  donna 5,  par  une 
charte  datée  de  Pontoise,  au  mois  d'octobre  de  l'an  1264,  à  Guillaume  de 
Minerve,  chevalier,  à  cause  des  services  qu'il  en  avoit  reçus,  cinquante  livres 
Éd.origin.  de  rente  en  fief,  nu'il  promit  de  lui  assigner  sur  les  terres  qui  avoient  été 
confisquées  sur  lui.  Guillaume  est  le  dernier  que  nous  connoissions  de  la 
race  des  anciens  vicomtes  de  Minerve,  dont  le  roi  s'appropria  les  domaines,  à 
cause  que  ceux  de  cette  maison  eurent  le  malheur  d'embrasser  les  erreurs  des 
albigeois.  Il  avoit  suivi  le  roi  à  la  Terre-Sainte'*  &  avoit  épousé  Blanche, 
sœur  d'Olivier  de  Termes,  à  laquelle  le  roi  donna  en  i253,  en  considération 
des  services  de  son  frère,  soixante  livres  de  rente  sur  les  biens  qui  avoient  été 
confisqués  sur  son  mari  pour  avoir  de  quoi  subsister.  Guillaume  de  Minerve 
n'en  eut  que  des  filles;  le  roi  voulut  que  le  droit  qu'elles  avoient  sur  la  dot 

■  Concilia,  t.  ii,  c.  ySS.  p.  3o.]  —   La   première  lettre  du   roi   était  datée 

*  Gallia  Christiana,  nov.  edit.  t.  I,  p.  19,  Tnstr,  du  camp  près  Sidon,  septembre  Ii53;   elle  concé- 

p.  8.  Martène,    Thésaurus    anccdotorum,    t.    1,  dait   à   Blanche,   femme  de  Guillem   de  Minerve, 

£_  ioSt. Archives  de  l'église  d'Albi.  dont  le  roi   tenait  la   terre,  une  rente  de  soixante 

^  Archives  du  domaine  de  Montpellier.  —  Cf.  livres  sur  le  lieu  de  Villegly,  en  considération  des 

lat.  999<5,   p.  3i.  L'acte  du   roi   est  daté,  dans  ce  bons  services  du  frère  de  Blanche,  Olivier  de  Ter- 

ttianuscrit,  de  Péronne   &  non  de  Pontoise;  l'as-  mes.  Ce  revenu  devait  être  supprimé  après  la  mort 

signation  qu'il   stipule   fut   faite   par  le  sénéchal  de  son  mari,  qui  aurait  permis  à  Blanche  de  récla- 

Pierre  des  Voisins,  au  mois  de  décembre  suivant;  mer  sn   dot,  hypothéquée  sur  les  terres  que  le  roi 

la  ville  de  Lacaune  sous  Minerve  &  quelques  terres  avait  confisquées.    Guillem    de    Minerve    mourut 

à  Aiguesvives  servirent  à  asseoir  le  revenu.  [A.  M.]  avant   1266,  &,  par  lettres  du  mois  de  septembre 

■*  Archives  de  l'abbaye  de   Fontfroide.  —  Ma-  1266,  Louis  IX  permit  à  sa  veuve  de  continuer  à 

nuscrits  de   Colbert,  n.  2275.   —  lAuj.   lat.   9996,  percevoir  ce  revenu  de  soixante  livres.  [A.  M.] 


t.  III,  p.  482. 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXVI.  841    ~ ~" 

'  Ail  1254 

de  leur  mère  fût  réglé  après  le  décès  de  cette  dame,  suivant  les  usages  81  les 
coutumes  du  pays. 

XXVII.  —  Le  roi  publie  une  ordonnance  pour  les  sénéchaussées  de  Beaucatre 

(S-  de  Carcassonne. 

Le  roi,  non  content  des  deux  ordonnances'  qu'il  avoir  fait  publier  en  pas- 
sant dans  la  Province,  après  son  retour  de  la  Terre-Sainte,  en  faveur  des 
habitans  des  deux  sénéchaussées  de  Beaucaire  &  de  Carcassonne  pour  corriger 
les  abus  qui  s'y  étoient  glissés,  en  fit  publier,  au  mois  de  décembre  suivant, 
une  nouvelle,  qui  contient  trente-neuf  articles,  &  dont  il  étendit  ensuite 
l'usage  au  reste  de  ses  domaines  &  à  tout  le  général  du  royaume.  Les  pre- 
miers articles  regardent  le  serment  que  les  sénéchaux  de  Beaucaire  8t  de  Car- 
cassonne, &  les  autres  officiers  de  ces  deux  sénéchaussées  étoient  tenus  de 
faire,  de  rendre  la  justice  sans  distinction  des  personnes,  suivant  les  coutumes 
6t  les  usages  approuvés;  de  ne  pas  recevoir  de  présens;  de  n'en  point  envoyer 
aux  gens  du  conseil  du  roi  ;  de  ne  pas  protéger  les  baillis  inférieurs  qui 
malverseroient  dans  leurs  charges,  Sic.  Il  est  défendu  aux  baillis  supérieurs, 
tant  qu'ils  seront  en  charge,  d'acheter  des  immeubles  dans  leurs  bailliages 
ou  sénéchaussées  sans  la  permission  du  roi  ;  d'épouser,  eux  Si  leurs  parens, 
des  filles  du  pays;  d'empêcher  le  transport  du  blé,  du  vin  Si  des  autres  den- 
rées du  pays,  sans  une  nécessité  urgente  Se  sans  avoir  pris  conseil.  Sic.  Au 
mois  de  février  suivant  le  roi  ajouta  trois  articles  à  cette  ordonnance^,  dans 
quelques  exemplaires  de  laquelle  on  a  marqué  mal  à  propos^  le  nom  du 
sénéchal  de  Cahors  au  lieu  de  Carcassonne  ;  car  le  roi  n'avoit  pas  alors  de 
sénéchal  dans  le  Querci;  pays  qui  n'étoit  pas  de  son  domaine,  mais  de  celui 
d'Alfonse,  son  frère.  Il  est  certain '*,  d'ailleurs,  qu'elle  fut  d'abord  dressée 
pour  les  deux  sénéchaussées  royales  de  Beaucaire  Si  de  Carcassonne. 

XXVIII.  —  Alfonse  publie  une  ordonnance  semblable  pour  ses  domaines. 
Concile  ou  assemblée  de  Bé-^iers. 

Le  comte  Alfonse  se  conforma  à  ces  dispositions  pour  ses  domaines  parti- 
culiers par  une  ordonnance ^  qu'il  fit  publier,  vers  le  même  temps,  touchant 
l'administration  de  la  justice.  Il  régla  aussi  la  manière  dont  ses  sénéchaux 
dévoient  donner  ses  baillies  ou  prévôtés  Si  les  différens  degrés  d'appel  des 
sentences  de  ses  juges.  Enfin  il  enjoignit  à  tous  ses  officiers  de  gouverner 
suivant  le  droit,  les  coutumes  Si  les  usages  du  pays''. 

'  Latirière,  OrJonnancei,  t.    I ,  p.  65  &  siiiv.  —  enfin   de  soustraire  les  hommes  des   barons  &  des 

Baliize,  Concilia  Galliae  Narionensis,  p.  68  &  seq.  seigneurs  à    l'obligation   de   payer    des   droits   de 

*  Cf.  Laurière,  ut  supra,  p.  76.  Ces  articles  ont  guidage  aux  sénéchaux.  [A.  M.] 

pour  objet  d'interdire  aux  sénéchaux  l'entretien  '  Laurière,  Ordonnances,  t.    1,  p.  68. 

de  bétail  ailleurs  que  dans  leurs  propres  pâtura-  ^  liid.  p.  76. 

ges;  —  de  fixer  les  taxes  à  percevoir  par  les  clercs  ^  Tome  VIII,  Chartes,  n.  CCCXI.cc.  t352  à  |356. 

des  cours  royales  pour  les  expéditions  d'actes, —  &  *  Sur   cens   ordonnance   de  Louis  IX,  on   peut 


~~. r~  842  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.   LIV.  XXVI. 

An  1  ii>o  ' 

L'ordonnance  de  saint  Louis,  dont  nous  venons  de  parler,  fut  enregistrée 
dans  un  concile  '  ou  assemblée  générale  tenue  dans  le  palais  épiscopal  de 
Béziers,  le  8  de  mai  de  l'an  I255,  &  composée  des  prélats,  des  barons  &  des 
chevaliers  du  pays,  Guillaume,  archevêque  de  Narbonne,  y  présida,  8c  les 
évêques  de  Béziers,  Toulouse,  Lodève,  Nimes,  Agde  &  Uzès,  les  procureurs 
des  évêques  de  Carcassonne  81  de  Maguelonne,  les  abbés  de  Saint-Pons, 
Aniane,  Villemagne,  Cannes,  Montolieu,  de  Saint-Aphrodise  81  de  Saint- 
Jacques  de  Béziers,  de  Joncels,  Saint-Hilaire,  Quarante,  Saint-Chinian,  8c 
enfin  les  procureurs  des  abbés  d'Alet,  Saint-Guillem  du  Désert  8c  Saint-Poly- 
carpe  s'y  trouvèrent,  outre  les  archidiacres,  les  précenteurs  8c  divers  autres 
ecclésiastiques. 

XXIX.  —  Siège  &>  prise  du  château  de  Quérihus,  dans  le  FenouilUdes.  —  Les 
évêques  de  la  Province  prétendent  s'exempter  du  droit  de  chevauchée. 

Pierre  d'Auteuil,  sénéchal  de  Carcassonne,  avoit  écrit  trois  jours  avant 
cette  assemblée  à  l'archevêque  de  Narbonne  8c  à  ses  suffragans  pour  leur 
déclarer  qu'ayant  reçu  ordre  du  roi  d'assiéger  le  château  de  Quéribus,  situé 
dans  le  fief  du  roi,  à  cause  que  ce  château  étoit  le  réceptacle  des  hérétiques 
Se  des  malfaiteurs,  8c,  qu'ayant  déjà  commencé  de  l'attaquer,  ils  eussent  à 
lui  donner  du  secours  pour  le  soumettre,  sans  préjudice  de  leurs  droits.  Ces 
prélats  ayant  délibéré  là-dessus  prétendirent  qu'ils  n'étoient  pas  tenus  de 
suivre  à  l'armée  le  roi  ou  son  sénéchal,  8c  que  toutes  les  fois  qu'ils  l'avoient 
fait  dans  les  temps  passés,  ce  n'avoit  pas  été  par  leur  ordre,  mais  bien  par 
celui  des  légats  du  pape  ou  de  l'archevêque  de  Narbonne.  Ils  consentirent 
cependant  de  donner  en  cette  occasion  quelque  secours  au  sénéchal,  soit  par 
t. iii',°p! 483.  eux-mêmes,  soit  par  leurs  vassaux;  non  parce  qu'il  l'exigeoit,  mais  par  amour 
pour  le  roi;  à  cause  que  cette  expédition  regardoit  le  bien  public  8c  les  inté- 
rêts de  l'Eglise;  mais  ils  se  réservèrent  leurs  droits  8c  leurs  immunités. 

Cette  réserve  déplut  sans  doute  au  sénéchal.  On  trouve*,  en  effet,  une 
lettre  écrite  au  roi,  le  i5  de  juin  de  la  même  année,  par  Gui  de  Lévis,  sei- 
gneur de  Mirepoix,  Pierre  Se  Arnaud  de  Grave,  Philippe  Goloyn  8c  Frotard 
de  Penne,  chevaliers,  qui  attestent  avoir  vu  8c  entendu  dire  que  les  prélats 
de  la  Province  de  Narbonne,  de  la  sénéchaussée  de  Carcassonne  8c  de  Béziers, 
8c  leurs  gens,  avoient  servi  plusieurs  fois  dans  ses  armées  commandées  par 
ses  sénéchaux  Se  qu'ils  avoient  servi,  entre  autres,  dans  celle  du  comte  de 
Montfort^. 

consulter  au  tome  VII  notre  'Note  sur  l'adminis-  nistration.    L'ordonnance    d'Alfonse  ,    imitée    de 

tration  royale  au   temps  de  saint  Louis.  Cet  acte  celle   de  son  frère,  eut  le  même  but  &  les  mêmes 

fut   rédigé  d'après  les  plaintes  portées  devant   les  résultats.   [A    M.] 

enquêteurs  royaux,  en  1247  &  1148,  &  il  eut  une  '  Concilia,  t.  1  1,  c.  ySS  &  seq. 

importance  extrême.  Il  contribua  à  faire  accepter  *  Archives  du    domaine   de   Montpellier;   actes 

par  les  populations  méridionales  la   domination  ramassés,  liasse  8,  n.  6,  acte  11. 

des  rois  de  France,  &   à   réparer   les  maux  causes  '  Ce  n'était  pas  la  seule  cause  de  discussion  qui 

par  quarante  ans  de  guerre  &  de  mauvaise  admi-  existât  à  cette  époque  entre  le  sénéchal  de  Car- 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXVI.  SaS  ~ 77 

T  An  1255 

Le  château  de  Quéribus,  que  Pierre  d'Auteuil  assiégea,  étoit  situé  dans  le 
pays  de  Fenouillèdes  ;  il  l'avoit  déjà  soumis  au  mois  d'août  de  cette  année', 


cassonne  &  les  prélats  de  la  Province.  Non-seule- 
ment ceux-ci  refusaient  à  cet  officier  le  service 
militaire,  mais  encore  ils  voulaient  l'obliger  à 
promettre  par  serment  d'observer  certains  articles 
de  l'ordonnance  de  1228,  dite  Cupientes,  qui  lui 
semblaient  dangereux  pour  l'autorité  royale.  En 
effet,  cette  ordonjiance  portait  entre  autres  dispo- 
sitions que  chaque  sénéchal  devait  jurer  de  procé- 
der contre  les  excommuniés  qui  ne  demanderaient 
pas  leur  grâce  dans  l'année,  en  saisissant  leurs 
biens.  Louis  IX,  en  i255,  ordonna  à  Pierre  d'Au- 
teuil de  prêter  serment  comme  tous  ses  prédéces- 
seurs. (Cf.  tome  VIII,  c.  i36o.)  Pour  expliquer  son 
refus,  cet  officier  adressa  au  roi  un  long  mémoire 
justificatif  que  l'on  peut  voir  au  même  volume, 
c.  1419  &  suiv.,  &  que  nous  allons  analyser  en 
partie.  C'est  une  réponse  à  un  mémoire  envoyé  au 
roi  par  l'évéque  d'Agde,  l'abbé  de  Saint-Polycarpe 
&  l'archidiacre  de  Fenouillèdes,  mémoire  que  nous 
n'avons  pas,  mais  qu'elle  nous  fait  connaître  en 
partie.  —  Le  sénéchal  commence  par  expliquer 
pourquoi  il  refuse  de  jurer  d'exécuter  l'ordon- 
nance Cupientes.  A  l'en  croire,  &  de  nombreux 
actes  du  temps  prouvent  que  de  pareils  abus  se 
produisaient  souvent,  les  prélats  emploient  l'ex- 
communication pour  forcer  les  vassaux  du  roi  à 
faire  leur  volonté;  ils  les  excommunient  pour 
uue  cause  futile,  ne  leur  accordent  l'absolution 
qu'après  soumission,  &,  s'ils  persistent  dans  leur 
résistance,  demandent  au  bout  de  l'année  la  con- 
fiscation de  leurs  biens.  Pierre  d'Auteuil  cite  no- 
tamment l'exemple  des  hommes  de  Siran,  hommes 
du  roi,  que  l'archevêque  de  Narbonne  a  excommu- 
niés, parce  qu'ils  voulaient  faire  payer  la  taille  à 
la  femme  d'un  clerc  mineur.  [Ibid.  c.  1420).  —  Il 
les  accuse  ensuite  de  ne  pas  prononcer  la  confis- 
cation en  faveur  du  roi  dans  tous  les  cas  prévus 
par  l'ordonnance.  —  Les  mêmes  prétendent  qu'à 
eux  seuls  appartient  la  connaissance  des  cas  de 
violation  de  la  paix  publique,  &,  au  moyen  de 
l'excommunication,  ils  se  sont  fait  céder  des  terres 
importantes  par  divers  seigneurs.  —  11  serait  in- 
juste de  frapper  de  confiscation  les  bailes  &  les 
sergents  du  roi,  excommuniés  pour  avoir  réclamé 
ses  biens  8t  ses  droits  usurpés  par  les  gens  d'égiise. 
—  Le  juge  qui  revendique  les  prérogatives  de  la 
justice  royale  est  excommunié  par  les  prélats  pour 
avoir  rempli  son  devoir.  —  Les  mêmes  réclament 
la  dîme  des  fours,  des  moulins,  des  tuiles,  des 
menus  fruits,  &c.,  &  les  prémices  des  vignes,  des 
olives,  ce  qui  est  contraire  aux  usages  du  pays  ;_ 
ceux  qui  résistent  sont  excommuniés.  En  outre, 
au  cas  même  oii  le  sénéchal  prêterait  le  serment 
•n  question,  ils  ne  laisseraient  pas  confisquer  les 


biens  d'un  clerc  ou  d'un  chanoine  qtii  refuserait 
de  se  soumettre.  —  Les  prélats  prétendent  que  c'est 
au  sénéchal  à  aller  les  trouver,  &  qu'ils  n'ont 
point  à  obéir  à  ses  convocations,  ce  qui  est  atten- 
tatoire à  la  majesté  royale.  —  Le  sénéchal  arrive 
ensuite  à  cette  question  du  service  militaire;  il 
a  fait  la  semonce,  sur  l'ordre  du  roi,  dans  les  for- 
mes accoutumées ,  &  les  abbés  étaient  disposés  à 
obéir  quand  un  ordre  de  l'archevêque  les  décida  à 
résister,  sauf  deux.  Leur  exemple  entraîne  les  ha- 
bitants d'Albi,  d'Agde  &  de  Narbonne,  &  certains 
seigneurs  terriers  se  montrent  prêts  à  le  suivre. 
L'archevêque  a  écrit  au  sénéchal  que  ni  lui,  ni 
les  autres  ecclésiastiques  ne  sont  tenus  de  faire 
l'ost  8c  la  chevauchée  pour  le  roi;  si  la  résis- 
tance continue,  il  faudra  que  le  roi  envoie  des 
troupes  de  France,  car  les  seigneurs  terriers  &  les 
prélats  sont  les  maîtres  de  presque  tout  le  pays. 
Du  temps  du  vicomte  les  hommes  d'église  s'acquit- 
taient de  l'ost  &  de  la  chevauchée.  — L'archevêque 
prétend  que  la  punition  des  brigands  &  autres 
perturbateurs  de  la  paix  publique  ne  peut  être 
faite  qu'après  en  avoir  délibéré  avec  lui  &  l'avoir 
laissé  sommer  par  trois  fois  le  délinquant  d'avoir 
à  se  soumettre.  Ce  serait,  dit  le  sénéchal,  rendre 
la  répression  impossible,  en  laissant  aux  ennemis 
le  temps  de  se  fortifier  &  de  se  munir  d'armes  8t 
de  vivres.  —  Ce  n'était  pas  ainsi  que  les  hommes 
d'église  servaient  le  comte  de  Montfort;  tous 
obéissaient  à  ses  convocations  &  la  désobéissance 
était  punie  d'une  amende.  —  Quant  à  l'évéque 
d'Agde,  il  a  refusé  de  se  rendre  au  siège  de  Qué- 
ribus; il  a  défendu  à  ses  hommes  de  donner  asile 
aux  sergents  du  roi,  de  leur  fournir  des  vivres; 
il  protège  les  marchands  qui  fraudent  les  péages 
royaux.  —  Enfin  le  sénéchal  termine,  en  énumé- 
rant  les  textes  des  constitutions  impériales  qui 
obligent  les  églises  à  s'acquitter  du  service  mili- 
taire. —  Sans  accorder  à  ce  document  une  con- 
fiance exagérée,  il  faut  remarquer  qu'il  paraît 
véridique,  &  que  tous  les  faits  qu'il  cite  sont 
vrais  ou  vraisemblables.  Ce  n'est  du  reste  qu'un 
épisode,  assez  important  à  la  vérité,  de  la  grande 
lutte  entre  les  officiers  royaux  &  les  juges  ecclé- 
siastiques, lutte  dans  laquelle  le  roi  Louis  IX 
soutint  plus  d'une,  fois  les  droits  du  pouvoir  laïque 
avec  fermeté  &  indépendance.   [A.  M.] 

'  Le  siège  durait  probablement  encore  en  juillet 
125.);  en  effet,  à  cette  époque,  Louis  IX  an- 
nonça à  Pierre  d'Auteuil  qu'il  avait  mandé  au 
sénéchal  de  Beaucaire  de  proclamer  la  chevau- 
chée &  d'obéir  à  ses  ordres.  C'était  sans  doute 
pour  porter  secours  au  sénéchal  de  Carcassonne 
&  remplacer  Us   hommes  d'église   que   les   prélats 


An   i25j 


844  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV,  XXVI. 

car  le  roi  lui  manda  '  en  ce  temps-là,  «  de  retirer  la  garnison  du  château 
«  neuf  de  Carcassonne,  excepté  deux  sergens  &-  une  guette,  qu'il  retiendroit 
«  aux  gages  ordinaires  &  d'y  habiter  lui-même  avec  sa  famille  pour  le  garder^ 
«  de  détruire  entièrement  le  château  d'Aniort  ;  de  ne  laisser  que  quinze  ser- 
«  gens  en  garnison  dans  celui  de  Termes  &  vingt  dans  celui  de  Çuéribus} 
«  de  retirer  la  garnison  du  château  de  Minerve  dont  il  confieroit  la  garde  au 
«  viguier,  qui  n'auroit  pas  pour  cela  des  gages  plus  forts  j  de  fortifier  le  châ- 
«  teau  de  Puylaurens  &  de  réduire  à  quatre  sols  tournois  tous  les  stîpen- 
«  diaires  i^soldadar'ws)  qui  en  avoient  cinq.  » 

XXX.  —  Différends  d'Alfonse,  comte  de  Toulouse,  avec  les  habitans 

de  cette  ville. 

L'absence  d'Alfonse,  comte  de  Toulouse,  causa  quelques  troubles  dans  cette 
ville  dont  les  habitans  prétendoient^  que  le  sénéchal  81  le  viguier  donnoient 
tous  les  jours  quelque  nouvelle  atteinte  à  leurs  privilèges  8<.  à  leurs  coutumes; 
ils  en  portèrent  des  plaintes  à  ce  prince,  au  commencement  de  l'an  1255,  &  . 
Alfonse  écrivit  aussitôt  au  sénéchal,  Si  lui  manda  de  laisser  jouir  par  provi- 
sion les  Toulousains  de  certains  articles  de  leurs  coutumes  qu'il  lui  marquoit. 
Il  ordonna  d'un  autre  côté  au  viguier  de  ne  rien  innover  sans  sa  permission 
touchant  l'administration  de  la  justice  pour  laquelle  il  étoit  en  différend 
avec  les  consuls,  avec  promesse  de  nommer  incessamment  des  commissaires 
pour  régler  toutes  choses.  Ce  prince  envoya  bientôt  après,  en  effet,  Guil- 
laume de  Rolland,  chanoine  de  Paris,  son  clerc,  &  Philippe  d'Eaubonne, 
chevalier,  qui  sont  qualifiés  en  quelques  monumens,  vice-gérens  (ou  lieute- 
nans)  du  comte  de  Toulouse^. 

Ces  deux  commissaires,  étant  arrivés  à  Toulouse'*,  assemblèrent  les  consuls 
(ou  capitouls)  dans  la  maison  commune,  &  là  ils  leur  représentèrent  de  la 
part  du  comte,  que  la  plupart  des  articles  des  privilèges  &  des  coutumes  de 
la  ville  de  Toulouse  étoient  contraires  ou  à  la  justice  81  à  l'équité  ou  aux 
intérêts  de  ce  prince;  qu'ainsi  ils  les  prioient  instamment  d'y  renoncer,  à 
moins  qu'ils  n'eussent  des  remontrances  raisonnables  à  faire  pour  en  obtenir 

n'avaient  pas  voulu   convoquer.  (Cf.  tome  VIII,  Guillaume  de  Bagneux,  avait  dû  déclarer  la  guerre 

c.  i36i.)  [A.   M.]  aux  barons  &  chevaliers  de  Gascogne  qui  moles- 

•  Archives   du  domaine   de  Montpellier;   séné-  taient    &    attaquaient    les    bourgeois    du    comte, 

chaussée  de  Carcassonne,  titres  particuliers,  8' con-  L'expédition   fut   heureuse,   &  dans   les  premiers 

tinuation,  n.  2.  —  Cf.  tome  VIII,  c.  i  362.  L'ana-  jours  de   septembre  i  255,  les  coupables  durent  se 

lyse  de   cet   acte,   donnée   par   dom  Vaissete,   est  soumettre  au  jugement  de  la  cour  comtale  d'Agen, 

exacte.  La  prise  du    château  de  Quéribus  rendit  &  fournir  des   cautions.   La    plupart  de   ces   sei- 

sans  doute  définitive  la  soumission  du  pays,  &  le  gneurs  étaient  de  la  vicomte  de  Lomagne  &  de  la 

roi  crut  pouvoir  réduire  les  dépenses  pour  la  garde  Gascogne  toulousaine;  c'est  ce  qui  explique  pour- 

des  forteresses  du  pays.  [A.  M.]  quoi   ils   étaient  vassaux   d'Alfonse.    (Cf.   J.    192, 

'  Catel,  Histoire  des  comtes  de    Tolose ,    p.   38i  n.  7;  Teulet,  t.  3,  pp.  260,  261.)   [A.  M.] 
&  siiiv.  —    Mss.  de  feu   M.   Foucault,  conseiller  ■*  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  CCCXII,  ce.  iSjo 

d'Etat,  n.  1  i5.  à  1374. 

'  Vers   la   même   époque  le  sénéchal  d'Agenais, 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXVI. 


845 


An  1255 


la  conservation.  Ils  se  retirèrent  ensuite  pour  laisser  une  liberté  entière 
d'opiner.  Les  consuls  convoquèrent  une  assemblée  générale  des  habitans,  le 
3  de  juin  de  l'an  1^55.  Les  évêques  de  Toulouse  Si  de  Conserans,  les  abbés 
de  Saint-Sernin  &  de  Sorèze,  le  prévôt  de  la  cathédrale,  les  deux  nouveaux 
inquisiteurs,  plusieurs  autres  religieux,  le  sénéchal  de  Toulouse,  Sicard 
d'Alaman  81  Pons  d'Astoaud  s'y  trouvèrent  à  leur  prière.  Après  qu'on  eut 
examiné  la  matière,  l'assemblée  pria  les  évêques  de  Toulouse  81  de  Conse- 
rans, 81  tous  ceux  qu'on  vient  de  nommer,  d'aller  représenter  aux  commis- 
saires, «  que  la  ville  de  Toulouse  ayant  reçu  de  bonnes  coutumes  de  ses 
0  comtes,  ils  étoient  résolus  de  les  observer  sans  aucun  changement  jusqu'à 
«  l'arrivée  d'Alfonse,  à  qui  ils  exposeroient  leurs  raisons,  &  qui,  à  ce  qu'ils 
«  espéroient,  voudroit  bien  les  confirmer,  sans  consentir  à  les  mettre  en  com- 
«  promis,  comme  les  deux  envoyés  l'avoient  proposé.  «  Pons  d'Astoaud  fut 
choisi  pour  porter  la  parole.  Si  il  signifia  cette  réponse  aux  commissaires. 
Les  Toulousains  députèrent'  en  même  temps  à  Alfonse  poar  le  supplier  de 
les  maintenir  dans  leurs  usages.  Ce  prince  répondit  que  ton  intention  n'avoit 
jamais  été  d'abroger  leurs  privilèges  ou  leurs  bonnes  coutumes,  mais  plutôt 
de  les  conserver,  81,  comme  ils  se  plaignoient  des  commissaires,  il  les  chargea 
de  lui  envoyer  les  articles  de  leurs  anciens  usages  que  ces  derniers  vouloient 
abolir,  avec  promesse  d'y  mettre  ordre. 

I^es  Toulousains  envoyèrent  bientôt  après  ces  articles;  mais  toutes  leurs  t 
sollicitations  furent  inutiles.  Alfonse,  instruit  sans  doute  par  ses  deux  com- 
missaires, donna  une  ordonnance^  à  Vincennes,  le  dimanche  après  la  Saint- 


Éd.origîn. 
111,  p. +84. 


'  Catel,  Histoire  des  comtes  Je  Tolose,  p.  38o  8c 
tuiv. 

'  Trésor  des  chartes;  Toulouse,  sac  9,  n.  83.  — 
Archives  de  l'abbaye  de  Moissac.  —  Nous  publions 
au  tome  VIII  plusieurs  pièces  relatives  à  cette 
affaire.  En  premier  lieu  (c.  iSyô  &  suiv.)  le  mé- 
moire rédigé  par  les  conseillers  d'Alfonse  contre 
les  prétentions  des  consuls  de  Toulouse.  Il  est 
antérieur  au  12  décembre  I255.  Les  principaux 
griefs  formulés  contre  les  consuls  sont  les  sui- 
vants :  extension  exagérée  de  leur  droit  de  ju- 
ridiction ;  ils  citent  devant  eux  les  baillis  du 
comte  &  exigent  des  gages  de  ses  hommes,  tant 
du  diocèse  de  Toulouse  que  des  diocèses  voisins; 
de  même  pour  les  hommes  de  ses  vassaux;  ils 
citent  les  nobles  du  comte,  &  font  la  guerre  à 
ceux  qui  n'obéissent  point;  ils  ont  notamment 
détruit  un  château  tenu  du  comte  par  Bernard  de 
Comminges.  —  Us  prétendent  juger  les  contesta- 
tions existant  entre  un  habitant  de  Toulouse  & 
tout  autre  homme  du  comte,  &  empêchent  les 
sénéchaux  ou  leur  lieutenant  de  juger  ces  causes. 
—  Les  parties  prétendent  pouvoir  opter  entre  la 
cour  municipale  de  Toulouse  &  celle  du  viguier 
du  comte,  &  les  consuls  ont  défendu  aux  avocats 
de  plaider  devant  celle-ci.  —  Les  consuls  empê- 


chent le  viguier  de  punir  les  marchands  qui 
fraudent  les  péages  du  comte  &  défendent  à  cet 
officier  de  prendre  des  gages  sur  eux.  —  De  même 
ils  s'opposent  à  la  punition  de  l'adultère,  même 
en  cas  de  flagrant  délit.  —  En  outre  ils  empêchent 
le  viguier  de  forcer  les  témoins  k  déposer,  n'ad- 
mettent pas  pour  valables  les  aveux  &  les  dépo- 
sitions reçues  par  lui,  ne  le  laissent  pas  (aire 
enquête  sur  les  crimes  commis  à  Toulouse  &  hors 
de  Toulouse.  —  Ils  condamnent  deux  fois  pour  le 
même  crime,  percevant  l'amende  pour  le  comte  8c 
pour  eux-mêmes.  —  Ils  ne  laissent  pas  les  parties 
se  pourvoir  en  appel  devant  le  comte.  —  Ils  ré- 
clament les  amendes  pour  crime  de  fausse  mon- 
naie. —  Enfin  ils  déclarent  que  tout  acte,  inté- 
ressant un  bourgeois  de  Toulouse,  passé  devant  un 
notaire  étranger  à  la  ville,  est  nul  de  plein  droit. 
—  Cette  consultation  fut  approuvée  par  Gui  Fou- 
cois.  —  Une  autre  pièce  donne  de  ces  plaintes 
une  sorte  de  table  que  l'on  peut  voir  au  même 
volume,  ce.  1882,  1384.  —  Nous  n'avons  pas  la 
lettre  même  écrite  par  Alfonse  à  la  suite  de  cette 
consultation,  mais  une  minute,  corrigée  &  abré- 
gée par  un  de  ses  conseillers.  (Cf.  tome  VIII, 
ce.  1384  à  1389.)  Elle  est  la  reproduction  presque 
exacte,  quoiqu'on   termes   un    peu   différents,  du 


An  I2Ô5 


846 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXVI. 


Nicolas  d'hiver  de  l'an  i255  (&  non  pas  de  l'an  1204,  comme  il  est  marqué 
dans  l'édition  qvie  Catel  '  en  a  donnée).  Il  s'y  élève  avec  force  contre  les 
entreprises  qu'il  prétendoit  que  les  consuls  8c  le  commun  conseil  de  la  ville 
&  du  faubourg  de  Toulouse  avoient  faites  sur  son  autorité  &  sa  juridiction, 
8t  fait  divers  règlemens  contraires  aux  anciens  usages.  Il  fît  notifier  cette 
ordonnance  aux  habitans  de  Toulouse  par  maître  Etienne  de  Bagnols,  cha- 
noine de  Reims,  Philippe  d'Eaubonne,  chevalier,  &  Pierre-Bernardi,  son 
sergent,  qu'il  envoya  dans  le  pays.  Il  manda  de  plus^  aux  consuls  &  aux 
habitans  de  Toulouse  qu'il  vouloit  rentrer  dans  le  droit  où  avoit  été  le  comte 
Raimond,  son  prédécesseur,  de  nommer  les  consuls  de  cette  ville;  droit  dont 
il  prétendoit  avoir  été  dépouillé  depuis  la  mort  de  ce  prince;  il  leur  avoit 
écrit ^  la  même  chose  au  mois  de  septembre  précédent.  Nous  ignorons  l'effet 
de  ces  deux  lettres;  mais  il  est  certain "^  que  Raimond  VII,  peu  de  temps 
avant  sa  mort,  avoit  laissé  aux  habitans  de  Toulouse  une  entière  liberté 
d'élire  eux-mêmes  leurs  magistrats  municipaux.  Les  nouveaux  commissaires 
d'Alfonse,  après  avoir  notifié^  l'ordonnance  de  ce  prince,  firent  divers  règle- 
mens pour  la  justice  de  la  cour  du  viguier,  touchant  les  avocats,  les  huissiers, 
les  notaires  ou  greffiers,  &C.  Maître  Etienne  (de  Bagnols),  l'un  de  ces  com- 
missaires, est  qualifié  lieutenant  du  seigneur  comte  dans  le  Toulousain,  dans 
quelques  actes  de  l'année  suivante''. 


mémoire  que  nous  venons  d'analyser;  seulement 
elle  revendique  de  plus  le  droit,  pour  le  comte,  de 
nommer  les  consuls  (Voyez  plus  bas),  &  elle  in- 
siste pour  que  tous  ses  mandements  soient  com- 
muniqués par  les  consuls  au  peuple  assemblé  en 
cons'dium  générale,  ou  même,  si  l'affaire  est  d'im- 
portance, en  parlement.  Ce  fut,  en  effet,  la  poli- 
tique constante  des  rois  de  France  de  prendre  le 
parti  du  menu  peuple  contre  l'oligarchie  bour- 
geoise qui  gouvernait  les  communes  du  moyen 
âge,  application  habile  du  précepte  :  diviser  pour 
régner.  Le  ton  de  cette  lettre  est  assez  dur  &  les 
formules  employées  ont  un  caractère  commina- 
toire. —  Le  rédacteur  de  la  lettre  a  expliqué  dans 
la  minute  qu'il  n'a  pas  transcrit  tous  les  articles 
contenus  par  le  mémoire  précédent,  car  quelques- 
uns  peuvent  paraître  contraires  aux  usages  de  la 
Province  &  même  aux  règles  du  droit  écrit,  no- 
tamment en  ce  qui  touche  la  procédure.  (Jhid. 
ce.  |388,  1389,)  ^  Au  fond,  dans  l'espèce,  les  deux 
adversaires  avaient  tort  &  raison  à  la  fois,  les 
consiils  défendaient  non-seulement  leurs  privilè- 
ges légitimes,  mais  ceux  que  les  derniers  Raimond 
n'avaient  pu  les  empêcher  d'usurper  au  milieu 
des  difficultés  qu'ils  avaient  traversées;  beaucoup 
d'ailleurs  de  ces  droits,  usurpés  suivant  Alfonse, 
iivaient  été  concédés  aux  Toulousains  en  récom- 
pense de  leur  fidélité  &  de  leur  conduite  héroïque 
pendant  la  guerre  des  albigeois,  &  cette  conduite, 
cette  fidélité  étaient  fort  suspects  au  pieux  fils  de 


Louis  VIII,  du  vaincu  de  121p.  D'autre  part,  Al- 
fonse, qui  cherchait  à  restaurer  l'autorité  comtale 
affaiblie  sous  ses  prédécesseurs,  ne  pouvait  souffrir 
au  milieu  de  ses  domaines  une  république  indé- 
pendante, régentant  ses  officiers,  faisant  la  guerre 
à  ses  vassaux,  citant  devant  son  tribunal  les  ha- 
bitants de  tout  le  comté.  Les  Toulousains  durent 
céder  cette  fois;  mais  ils  prirent  leur  revanche, 
en  1265,  quand  le  comte  vint  leur  demander  une 
aide  pour  la  croisade.   [A.  M.] 

■  Catcl,  Histoire  des  comtes  de  Tolose,  p.  387  & 
suiv. 

'  liid.  —  Cartulaire  du  comte  Alfonse. 

'  Catel,  Histoire  des  comtes  de  Tolose,  p.  3j5. 

'  Catel,  Histoire  des  comtes  de  Tolose,  p.  335  & 
suiv.  —  Cf.  à  ce  sujet  tome  VII,  p.  241,  note  de 
M.  E.  Roschach  sur  les  institutions  municipales 
de  Toulouse.  La  concession  du  comte  Raimond  VII 
est  du  25  janvier  1247  (v.  st.);  par  cet  acte,  le 
comte  reconnaît,  que  la  communauté  de  Toulouse 
a  le  droit  d'élire  elle-même  les  consuls,  dont  six 
des  meilleures  familles,  six  des  familles  de  la  classe 
moyenne;  les  élections  ont  lieu  sans  que  le  comte 
ou  ses  agents  puissent  intervenir.   [A.  M.] 

5  Tome  VIII,  Chartes,  n.  CCCXXV,  ce.  iSgp, 
1395. 

^  Le  juge  d'Alfonse  à  Toulouse,  Aimer:  Palher 
(Pallierii),  fut  pris,  dans  le  courant  de  cette  année 
i2J5,  pour  arbitre  par  Sicard  de  Montaut,  sei- 
gneur d'Auterive,  &  par  les  habitants  de  Pamiers. 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXVI, 


847 


An  1255 


XXXI.  —  Les  hahitans  de  Montpellier  tâchent  de  se  rendre  indépendans, 
lis  font  la  guerre  aux  Marseïllois. 

Les  habitans  de  Montpellier,  sujets  du  roi  d'Aragon,  renouveloient  alors 
leurs  efforts  pour  se  soustraire  à  l'autorité  de  ce  prince  &  s'ériger  en  répu- 
blique. Dans  cette  vue  ils  formèrent'  une  ligue,  le  26  d'octobre  de  l'an  1254, 
avec  Amalric,  vicomte  de  Narbonne,  qui  s'engagea  de  les  secourir  avec  deux 
cens  arbalétriers,  de  prendre  leur  défonse  &  de  les  protéger  contre  tous  ceux 
qui  violeroient  leurs  droits,  excepté  contre  le  roi  de  France  81  ses  frères,  & 
contre  le  roi  de  Castille.  L'évêque  de  Maguelonne  entra  dans  cette  ligue. 
Ces  peuples  cberchèrent  ^,  vers  le  même  temps,  à  faire  la  paix  avec  ceux  de 
Marseille  avec  lesquels  ils  étoient  en  guerre,  afin  d'avoir  moins  d'ennemis  sur 
les  bras.  Le  sujet  de  cette  guerre  venoit  de  ce  que  les  marchands  marseillois 
vouloient  dominer  sur  ceux  de  Montpellier  &  les  réduire  sous  leur  consulat. 
Leur  querelle  commença  au  port  d'Acre,  dans  la  Palestine,  Se  elle  fut  poussée 
si  vivement  qu'enfin  les  deux  peuples  en  vinrent  à  une  guerre  ouverte,  Si 
que  les  vaisseaux  marchands  des  deux  villes,  qui  faisoient  alors  presque  tout 
le  commerce  du  royaume  dans  le  Levant  &  la  Méditerranée,  exercèrent  depuis 
diverses  hostilités  les  uns  contre  les  autres.  Charles,  comte  de  Provence, 
tenta,  après  avoir  soumis  la  ville  de  Marseille  à  sa  domination,  d'accommoder 
ce  différend  &  fit  convenir  les  deux  villes  de  quelques  articles;  mais  il  ne 
put  réussir  à  les  mettre  d'accord  par  la  faute  des  Marseillois.  Ces  peuples  & 
ceux  de  Montpellier  convinrent  ensuite  de  prendre  pour  arbitre  Barrai  de 
Baux,  qui  s'engagea  de  faire  exécuter  les  conventions  que  ces  derniers  avoient 
faites  avec  le  comte  de  Provence,  sans  préjudice  des  droits  que  ce  comte, 
celui  de  Toulouse  &  lui-môme  avoient  sur  Montpellier;  mais  tous  ses  soins 


(Cf.  tome  VIII,  ce.  iStjy,  IJ7C.)  Ce  seigneur  pré- 
tendait avoir  le  droit  d'augmenter,  suivant  son 
bon  plaisir,  la  leude  qu'il  prenait  à  son  barrage 
d'Auterive  sur  l'Ariége.  Les  consuls  de  Pamiers  8c 
leurs  procureurs  fondés  soutenaient  qu'il  ne  pou- 
vait percevoir  qu'une  taxe  de  six  deniers  de  Morlas 
par  mesure  [cuheîoîum')  de  vin.  L'arbitre  dérer.ciit 
à  Sicard  d'augmenter  tes  tarifs  j  seulement,  consi- 
dérant que  plusieurs  moulins  situés  près  dudit 
barrage  étaient  en  mauvais  éiat,  il  condamna  les 
habitants  de  Pamiers  à  lui  payer  soixante  livres 
tournois  en  deux  termes.  C'était  une  manière 
détournée  d'acheter  son  consentement  tout  en 
évitant  une  augmentation  de  péage  &  les  tracas- 
series perpétuelles,  qui  en  étaient  la  suite  Du 
reste  les  habitants  de  Pamiers  n'étaient  pas  seuls 
à  se  plaindre  de  ce  seigneur;  en  1268,  exaspérés 
sans  doute  par  quelques  nouvelles  exactions,  les 
Toulousains  détruisirent  son  barrage,  qu'il  dut 
refaire    à    ses    frais.    Alfonse     ordonna    à   Sicard 


Alaman  de  lui  faire  justice.  (Cf.  tome  'VIII, 
c.  i6i5.)   [A.  M.] 

'  Tome  VIII,  Chartes,  n.  CCCXII,  ce.  1341  à 
1344. 

'Ruffi,  Comtes  de  Marseille,  p.  yd.  — Voyez 
tome  VIII,  Chartes,  n.  CCCXXV,  ce.  1413  à  1419. 
—  Cette  guerre  avait  été  assez  vive  pour  nécessiter 
l'intervention  du  pape  Alexandre  IV,  qui  en  écri- 
vit au  sacristain  de  Nimes,  le  4  janvier  1267.  (Ger- 
main, Histoire  du  commerce  de  Montpellier,  t.  I, 
p.  222.)  Les  habitants  de  Montpellier,  qui  furent 
en  somme  condamnés  par  Charles  d'Anjou,  avaient 
pris  les  devants  &  accusé  les  Marseillais  auprès 
du  pape  de  violation  de  la  foi  jurée.  Ils  s'étaient 
aussi  plaints  au  roi  Louis  IX  qui  chargea,  vers  le 
même  temps,  le  sénéchal  de  Carcassonne  &  l'ar- 
chidiacre d'Aix  de  faire  enquête  sur  des  actes  de 
violence,  que  les  Marseillais  auraient  commis  à 
à  leur  préjudice  dans  le  port  d'Aigues-mortes. 
{Uid.  p.  223.J    [A.  M.] 


An  12,65 


848  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXVI. 


pour  rétablir  la  paix  entre  ces  deux  villes  furent  inutiles,  &  la  guerre  con- 
tinua entre  elles  comme  auparavant.  Enfin  Charles,  comte  d'Anjou  81  de 
Provence,  ayant  interposé  de  nouveau  sa  médiation,  elles  envoyèrent  des 
députés  à  Brignoles,  où  il  les  fit  convenir  de  la  paix  le  g  de  juin  de  l'an  1 257. 
Par  l'un  des  articles  du  traité,  les  habitans  de  Montpellier  furent  condamnés 
à  payer  soixante  mille  sols  royaux  à  ceux  de  Marseille  pour  les  dédommager 
des  pertes  qu'ils  leur  avoient  causées;  preuve  que  les  premiers  avoient  été 
supérieurs  durant  cette  guerre. 

Cela  n'empêcha  pas  que  les  peuples  de  Montpellier  ne  travaillassent  tou- 
jours à  se  soustraire  à  l'autorité  du  roi  d'Aragon,  de  concert  avec  Pierre, 
évêque  de  Maguelonne,  qui,  pour  s'appuyer  de  la  protection  du  roi  de 
France',  déclara,  le  i5  d'avril  de  l'an  i255,  à  Sommières,  dans  la  chapelle 
du  château,  devant  Guillaume  d'Auton,  sénéchal  de  Beaucaire,  &  Gui  Ful- 
codi,  commissaire  de  ce  prince  :  «  Que  la  ville  de  Montpellier  Si  ses  dépen- 
t.^m°p^'85.  "  dances  avoient  été  de  tout  temps  un  fief  de  la  couronne  de  France,  &.  que 
«  les  évêques,  ses  prédécesseurs,  avoient  toujours  tenu  en  fief  des  rois  de 
«  France,  leurs  seigneurs,  tant  la  partie  appelée  Montpelliéret  que  le  reste 
«  de  la  ville  de  Montpellier  avec  le  château  de  la  Falu,  vulgairement  nommé 
u  Lates,  tenu  de  lui,  évêque,  en  fief  par  le  roi  d'Aragon;  non  pas  comme 
«  roi,  mais  comme  seigneur  de  Montpellier.  »  Ce  prélat  reconnut  en  même 
temps  qu'il  avoit  fait  hommage  au  roi  de  toutes  ces  choses,  ou  à  la  seine 
Blanche,  laquelle  l'avoit  reçu  pour  ce  prince.  Enfin  il  déclara  qu'il  devoit 
tenir  en  fief  du  roi  de  France  tout  ce  qui  étoit  contenu  dans  la  charte  du 
feu  roi  Philippe-Auguste. 

XXXIl.  — Les  rois  de  France  &«  d'Aragon  compromettent  de  leurs  dijjérends. 
Le  dernier  tente  de  soumettre  la  ville  de  Montpellier. 

Le  sénéchal  de  Beaucaire  &  Gui  Fulcodi  ne  reçurent  vraisemblablement 
cette  déclaration  que  pour  contrecarrer  Jacques,  roi  d'Aragon,  81  l'obliger 
d'en  venir  à  un  accord  avec  le  roi,  touchant  les  prétentions  qu'il  avoit 
entrepris  alors  de  faire  valoir  sur  divers  domaines  situés  dans  la  Province  & 
dans  les  pays  voisins.  Aussi  ces  deux  rois  passèrent  un  compromis^  au  mois 
de  mars  suivant,  &  promirent  de  s'en  rapporter,  à  peine  de  trente  mille 
marcs  d'argent,  à  la  décision  du  doyen  de  Bayeux  &  du  sacristain  de  Girone, 
qu'ils  choisirent  pour  arbitres  de  ces  différends  &  qui  dévoient  porter  leur 
jugement  dans  le  terme  d'un  an. 

Le  roi  d'Aragon 3,  résolu  ensuite  d'aller  soumettre  les  habitans  de  Mont- 

'  GàtieX,  Séries pmesulum  Magalonensium,  ■ç.^-jG  lome  VIII,  c.   iSôz),  par  lequel   le  roi   défend  au 

&  suiv.  —  Gaîlia  Christiana,  nov.  éd.  t.  6,  Imtr.  sénéchal   de  prendre   part   à   la    guerre   qui   pou- 

c.  370  &  suiv.  vait  s'ouvrir  d'un  moment  à  l'autre  entre  le  roi 

'  Marca  Hispanica,  c.  1440  &  suiv.  d'Aragon    &    les    habitants    de    Montpellier.    — 

'Voyez    lome    VIII,    Chartes,    n.    CCCXVII,  Louis   IX    observa    la    même    neutralité   dans    la 

ce.   i3gi,  1394.  —  Aces  mandements   on  peut  en  guerre  entre   le  vicomte  de  Béarn  &  Esquivât  de 

ajouter  un    autre   du   mois    d'août   suivant  (Cf.  Chabanais   &  défendit    au    sénéchal  de   secourir 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXVI.  849 

pellier,  demanda  au  roi  le  passage  sur  ses  terres  avec  la  permission  de  s'y 
pourvoir  de  vivres  £<.  d'employer  à  cette  expédition  les  François  qui  vou- 
droient  le  suivre.  Le  roi  l'écouta  favorablement  &  manda  au  sénéchal  ^e 
Carcassonne  de  permettre  le  passage,  à  condition,  néanmoins,  que  ce  prince 
donneroit  des  assurances  que  lui  &  ses  troupes  ne  causeroient  aucun  dom- 
mage dans  le  pays.  II  lui  permit  aussi  de  s'y  pourvoir  de  vivres  5  mais  quant 
aux  peuples  il  leur  défendit  de  marcher  à  son  secours,  à  moins  qu'ils  n'y 
fussent  obligés  en  vertu  de  leurs  fiefs.  Le  roi  donna  les  mêmes  ordres  au 
sénéchal  de  Beaucaire,  81  enjoignit,  peu  de  temps  après,  à  celui  de  Carcas- 
sonne, d'assembler  les  prélats  &.  les  barons  de  sa  sénéchaussée,  entre  autres  le 
maréchal  de  Mirepoix  8c  Pierre  de  Voisins,  pour  examiner  les  sûretés  que  le 
roi  d'Aragon  devoit  donner  en  cette  occasion.  Il  fut  conclu  que  le  sénéchal, 
qui  devoit  partir  pour  la  Cour,  demeureroit  sur  les  lieux;  mais  nous  igno- 
rons les  autres  résolutions  de  l'assemblée.  Il  paroît  seulement  que  le  roi 
d'Aragon  ne  passa  pas  les  Pyrénées,  8c  que  la  ville  de  Montpellier  se  maintint 
toujours  dans  l'indépendance  de  ce  prince'. 


Ao  \i'ji 


XXXIII.  —  Procédures  des  commissaires  du  roi  pour  les  restitutions. 

L'archevêque  d'Aix,  Gui  Fulcodi,  8c  les  autres  commissaires  que  le  roi 
avoit  envoyés  dans  les  sénéchaussées  de  Beaucaire  &c  de  Carcassonne  pour  !a 
restitution  des  biens  mal  ac([uis  au  domaine,  continuèrent  cependant  leurs 
fonctions.  Ils  se  rendirent  à  Nimes,  au  mois  de  septembre  de  l'an  i255,  8c  v 
portèrent*  divers  jugemens,  entre  autres  en  faveur  de  Bérenger  de  Sauve, 
chevalier,  de  Decan,  seigneur  d'Uzès,  8cc.  Us  retournèrent  dans  cette  ville. 


Ail  1 2Ô6 


celui-ci.  (Mandement  du  17  mars  12  05,  tome VIII, 
c.  i3i6.)  [A.  M.] 

'  Pendant  cette  année  ii.'jd,  le  roi  régla  encore 
quelques  affaires  importantes  intéressant  la  tran- 
quillité du  pays.  Il  fit  rendre  au  comte  de  Foix 
plusieurs  droits  de  justice  dont  l'avaient  dépouillé 
ses  officiers.  (Voyez  tome  VIII,  ce.  iSSy,  i3io.)  Il 
fit  aussi  rendre  à  Tabbaye  de  Fontfroide  la  grange 
de  Paraone,  qui,  ayant  été  abandonnée  par  les 
moines  pendant  la  guerre,  avait  été  occupée  par 
Pierre  de  Voisins.  (Cf.  tome  VIÎI,  c.  iSii).  Ce- 
lui-ci répondit  qu'elle  était  comprise  dans  son 
assise.  Le  roi  ordonna  au  sénéchal  de  rendre  la 
grange  aux  religieux,  en  indemnisant  le  posses- 
seur laïque.  (liiJ.  c.  i363.)  Enfin  il  eut  à  apaiser 
une  guerre  que  se  faisaient  Philippe  de  Mcntfort, 
seigneur  de  Castres,  &.  le  vicomte  de  Lautrec  ;  il 
('agissait  des  hérésies  de  la  terre  de  ce  dernier  que 
réclamait  son  compétiteur.  Le  roi  ordonna  d'abord 
au  sénéchal  de  s'informer  s'il  a  jamais  usé  de  ses 
droits  sur  les  hérésies  de  ces  domaines  avant  d'in- 
féoder la  seigneurie  de  Castres  aux  Montfort.  (Cf. 
tome  VIII,  c.  i36i.)  Au  mois  d'août,  il  lui  manda 
de  s'entremettre   entre   les  deux  parties  &,  au  cas 


où  elles  refuseraient  de  s'accorder,  de  les  citer 
devant  le  parlement,  {lii^i.)  Au  mois  de  décembre 
suivant  il  lui  ordonna  de  saisir  ces  droits  d'héré- 
sie &  de  frapper  le  vicomte  d'une  amende  pour 
en  avoir  perçu  les  revenus,  malgré  ses  engage- 
ments. (Cf.  t.  VIII,  c.  1364.)  [A.  M.] 

*  Trésor  des  chartes;  Quittances,  sac  2,  n.  1  3  St 
suiv.  —  Manuscrits  d'Auhays,  n.  2j-2.  —  Il  ne 
semble  pas  que  les  plaintes  reçues  par  les  commis- 
saires du  roi  lors  de  celte  grande  enquête  aient 
jamais  été  réunies,  ou  du  moins  le  registre,  s'il  a 
existé,  en  a  disparu.  Nous  avons  rassemblé  au 
tome  VII,  en  les  empruntant  au  trésor  des  char- 
tes, tous  les  actes  émanés  de  l'archevêque  d'Aix 
que  nous  avons  pu  retrouver.  Ces  pièces  vont  de 
novembre  1254  à  octobre  12^7.  On  y  leir.arque 
surtout,  sous  le  numéro  II,  une  série  de  restitu- 
tions St.  d'indemnités,  décidées  par  les  commis- 
saires dans  leurs  assises  à  Nimes,  &  plusieurs 
pièces  en  faveur  de  Sibille,  dame  d'Alais.  Quant 
aux  autres  actes  indiqués  par  dom  Vaissete  d'iiprès 
les  archives  du  domaine  de  Montpellier,  nçiu 
n'avons  pu  les  retrouver  s  Paris.   [A.  M.] 


VI. 


^4 


~~ T7'  85o  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXVI. 

au  mois  de  juillet  de  l'année  suivante,  5<.  entre  diverses  sentences  qu.'ils  ren- 
dirent en  présence  du  sénéchal  de  Beaucaire,  ils  restituèrent  le  château  de 
Qurfort  à  Jean  &  à  Bernard  de  Sauve  8i  à  Gaucelin  de  Durfort,  qui  s'étoient 
ligués  autrefois  contre  le  roi  avec  Pierre  Beritiond,  &  auxquels  les  sénéchaux 
de  Beaucaire  &  de  Carcassonne  avoient  pardonné,  confonnément  au  traité  de 
paix  moyenne  par  l'archevêque  de  Vienne,  alors  légat  du  Saint-Siège  dans  le 
pavs.  Ils  accordèrent  par  grâce  deux  cens  cinquante  livres  tournois,  au  mois 
de  janvier  suivant,  à  Sibylle  d'Alais,  veuve  de  Raimond  Pelet,  qui  n'avoit 
pu  rien  obtenir  des  biens  de  Bernard  d'Anduze,  son  père.  Entre  les  nobles 
de  la  sénéchaussée  de  Carcassonne,  qui  demandèrent  aux  commissaires  la 
restitution  des  biens  qui  avoient  été  confisqués  sur  leurs  parens,  furent' 
Adélaïde  St  Brunissende  de  Minerve,  filles  de  feu  Pierre  de  Minerve  Si  de 
Condors,  fille  d'Esquieu  de  Minerve  8i  d'Agnès;  Marquise,  fille  de  feu  Aymeri 
de  Clermont  Si  femme  de  Pierre  de  Lauran,  fils  de  Pierre-Roger  de  Cabaret; 
Guillaume-Pierre  de  Vintron,  qui  demandoit  la  restitution  du  château  de 
Cessenon,  comme  curateur  d'Aude,  fille  de  Saure,  fille  de  feu  Hugues  de 
Cessenon.  Gui  Fulcodi,  l'un  des  commissaires,  fit  des  apostilles  sur  toutes  ces 
requêtes  &.  observa,  entre  autres,  que  Bérengère  de  Roquebrune,  mère  du 

F5d. origin.     même  Guillaume-Pierre  de  Vitron,  Si  Guillaume  de  Minerve,  son  aïeul 
t.  "I.  p-  4S0.  .  ,  .   .  . 

maternel,  etoient  morts  hérétiques. 

XXXIV.  —  Alfonse  se  dispose  à  passer  dans  la  Terre-Sainte, 
Monnaie  de  Toulouse. 

Alfonse,  comte  de  Toulouse,  se  disposoit  toujovirs  à  retourner  dans  la  Terre- 
Sainte,  Si  ce  fut  pour  l'aider  à  fournir  aux  dépenses  de  cette  expédition  que 
le  pape  Alexandre  IV  fit  ordonner^  à  tous  ceux  qui  avoient  pris  la  croix  dans 
les  royaumes  de  France  Si  de  Navarre,  dans  les  comtés  de  Toulouse,  de  Pro- 
vence Si  de  Poitiers,  Si  qui  n'étoient  pas  en  état  de  faire  le  voyage  avec  ce 
prince,  de  lui  en  payer  le  rachat.  Le  pape  assigna  aussi  à  Alfonse  le  produit 
des  restitutions  des  biens  mal  acquis  81  des  usures,  5i  les  legs  faits  pour  la 
Terre-Sainte  dans  tous  ces  pays,  jusqu'à  la  somme  de  trois  mille  marcs  d'ar- 
gent. Ce  prince,  dans  le  dessein  de  mettre  ordre  à  ses  affaires  avant  son 
départ,  fit  présenter^  au  roi,  son  frère,  un  mémoire  qui  contenoit  divers 
articles.  11  demandoit  entre  autres  :  1°  Que  le  roi,  son  frère,  le  garantît  de  la 
demande  que  le  roi  d'Aragon  lui  faisoit  de  la  vicomte  de  Millau,  située  dans 
le  P\.ouerguej  attendu  que  ce  pays  avoit  été  cédé  au  feu  comte  Raimond,  son 
beau-père,  par  le  traité  de  Paris.  2°  Qu'il  lui  cédât  l'hommage  du  seigneur 
de  Mirepoix,  que  le  roi  s'étoit  réservé  par  le  même  traité,  Si  qu'il  lui  rendît 
aussi  les  fiefs  du  comté  de  Foix,  avec  la  jouissance  depuis  la  mort  du  même 

'  Domaine  de  Montpellier,  sénéchaussée  de  Car-  '  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  CCCXX,  ce.  1400 

cassbnne,  actes  j-amassés,  sac  1,  n.  4,  à  1403. 

'  Trésor  des  chartes;  Toulouse,  sac  6,  n.  34.  — 
(Voyez  plus  haut,  pp.  83  j  &  832.] 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXVI. 


85i 


A«   I2ji 


comte  Raimond,  qui  avoit  été  maintenu  dans  la  possession  de  tout  Vévêché 
de  Toulouse.  3°  Qu'il  entretînt  cinquante  chevaliers  £<.  dix  arbalétriers  pour 
le  secours  de  la  Terre-Sainte,  ou  qu'il  le  remboursât  des  dépenses  qu'il  avoit 
faites  pour  y  envoyer  un  pareil  secours,  en  conséquence  du  testament  du 
même  comte  Raimond;  parce  que  le  roi  s'étoit  engagé  envers  ce  dernier  à 
lui  restituer  le  duché  de  Narbonne  &  à  lui  donner  une  somme  considérable 
lorsqu'il  s'étoit  croisé.  4°  Qu'il  lui  permît  de  lever  dans  le  comré  de  Tou- 
louse &  ses  autres  domaines  les  legs  faits  pour  la  Terre-Sainte  8c  le  rachat 
des  vœux  pour  le  passage  d'outre-mer'. 

Nonobstant  tous  ces  préparatifs,  Alfonse  n'entreprit  pas  alors  ce  voyage  & 
continua  son  séjour  dans  le  château  de  Vincennes,  où  il  donna  cette  année 
diverses  chartes  :  1°  Il  y  affranchit  les  habitans  de  la  ville  de  Gaillac,  en 
Albigeois^,  du  droit  de  pesade,  moyennant  trois  cens  marcs  d''argent  qu'ils 
lui  pa)'èrent.  2°  Il  reçut  l'hommage  de  Nicolas,  évêque  de  Conserans^,  qui 
reconnut,  en  son  nom  &  en  celui  de  son  chapitre,  tenir  en  fief  honoré  de  ce 
prince  comme  comte  de  Toulouse,  tant  la  partie  de  la  ville  de  Conserans,  qu'ils 
possédoient  immédiatement,  que  celle  que  le  comte  de  Comminpes  tenoit 
d'eux  en  fief,  &  tout  le  reste  des  domaines  de  leur  église,  qu'ils  ne  tenoient 
auparavant  d'aucun  seigneur.  3°  Il  donna  des  coutumes'*  aux  habitans  de 
Villefranche,  en  Rouergue,  de  Sainte-Foy  &  de  Montclar,  en  Agenois.  4°  Il 


'  Les  demandes  d'Alfonse  n'étaient  pas  toutes 
également  fondées.  En  ce  qui  concerne  Millau, 
elles  étaient  manifestement  inadmissibles.  Le  ré- 
dacteur de  ce  mémoire  suppose  que  cette  vilie 
a  été  donnée  en  dot  à  la  sœur  du  roi  d'Aragon, 
épouse  du  comte  Raimond  VII.  Au  contraire  elle 
avait  été  engagée  par  Pierre  d'Aragon,  en  1204,  à 
Raimond  V'I.  En  outre,  il  dit  que  le  roi  Pierre 
avait  perdu  ses  droits  sur  cette  vicomte  en  com- 
battant contre  l'Eglise  &  le  roi;  autant  d'erreurs; 
ce  prince  ne  fut  jamais  déclaré  hérétique  par 
1  Kglise,  &  son  fils  hérita  de  tous  ses  domaines  & 
de  tous  ses  droits.  Le  s«ul  argument  qu'on  put 
employer  contre  lui  était  le  non  paiement  de  la 
somme  à  lui  avancée  par  Raimond  VI  en  1204. 
Mais  ce  sont  là  des  considérations  historiques 
auxquelles  ne  pouvaient  se  livrer  les  gens  du  trei- 
zième siècle,  &  les  deux  parties,  le  roi  Jacme  en 
essayant  de  reprendre  Millau  les  armes  à  la  main, 
en  1237,  Alfonse  en  en  réclamant  la  propriété, 
en  1206,  étaient  également  dans  leur  tort.  — 
Pour  ce  qui  est  de  la  terre  de  Mirepoix,  le  juriste 
d  Alfonse  use  d'une  équivoque  assez  subtile.  Le 
traité  de  1229  (Cf.  tome  VIII,  c.  887)  porte  que 
le  roi  restitue  à  Raimond  VII  l'évêché  de  Tou- 
louse, sauf  la  terre  du  maréchal  qui  reste  dans 
la  mouvance  directe  de  la  couronne;  un  peu  plus 
bas,  il  est  dit  que  Toulouse  &  ion  diocèse  revien- 
dront, après  la  mort  de  Raiir.^nd,  à  celui  des 
frères  du  roi  qui  aura  épousé  Jeanne  deToulouse; 


mais  ici  il  n'est  plus  parlé  de  la  terre  de  Mire- 
poix,  &  Alfonse  en  conclut  que  cette  fois  on  en- 
tend le  comté  de  Toulouse  tout  entier.  —  Alfonse 
était  beaucoup  plus  dans  son  droit  en  réclamant 
l'hommage  du  comte  de  Foix,  qui  ne  fut  enlevé  i 
Raimond  VII  que  par  le  traité  de  IÏ42,  postérieu- 
rement au  traité  de  Paris,  en  vertu  duquel  Alfonse 
possédait  le  comté  de  Toulouse.  Sa  réclamation 
resta  d'ailleurs  sans  effet.  —  La  promesse  du  roi 
à  Raimond  VII  de  lui  restituer  le  duché  de  Nir- 
bonne,  s'il  allait  ii  la  croisade,  n'est  mentionnée 
que  par  cet  acte  ;  il  suffit  de  connaître  Louis  IX 
pour  croire  sans  peine  qu'elle  a  pu  être  faite.  — 
Quant  à  l'argent  promis  en  même  temps,  la  récla- 
mation d'Alfonse  ne  pouvait  être  admise,  la  pro- 
messe ayant  été  faite  à  la  personne  de  son  beau- 
père  &  non  à  lui.    [4.  M.] 

•  Hôtel  de  ville  de  Gaillac.  —  [Cf.  tome  VIII, 
c.  I  J93,  d'après  JJ.  24",  f"  83  ;  charte  de  mai  1  255.] 

^Trésor  des  chartes;  Toulouse,  sac  6,  n.  4. 
[J.  3r2.]  —  Lafaille,  Annales,  t.  1,  pr.  p.  10.  — 
Gallia  Chrhtiana,  nov.  edit.  t.  i,  Instrum.  p.  186. 

*  Trésor  de»  chartes;  Toulouse,  sac  11,  n.  61. 
[J.  32o;  Teulet,  t.  3,  pp.  297  i  299;  charte  pour 
Villefranche.]  —  Domaine  de  Montpellier,  séné- 
chaussée de  Carcassonne;  actes  ramassés.  —  Car- 
tulaire  du  comte  Alfonse.  [JJ.  24  b,  f">  54  o  & 
55  a.]  —  Catel,  Histoire  des  comtes  de  Tolose, 
p.  389  &  suiv. 


An  i:5â 


85: 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXVI. 


ratifia  un  échange  passé  en  son  nom,  au  mois  de  mars  de  la  même  année,  par 
Etienne  de  Bagnols  &  Pierre-Bernard  de  Chartres,  ses  clercs,  6c  Philippe 
d'Eaubonne,  chevalier,  avec  Pierre  de  Montbrun,  chevalier,  à  qui  ilsavoient 
donné  en  échange,  contre  la  ville  de  Baziége,  le  château  &  la  ville  de  Mon- 
tesquieu, &  les  biens  confisqués  sur  Bernard  de  Montesquieu,  chevalier, 
actuellement  emmuré  pour  crime  d'hérésie.  5°  Enfin  il  fit  le  bail  de  la  mon- 
noie  de  Toulouse  pour  trois  ans,  sous  certaines  conditions,  avec  promesse  de 
n'en  pas  faire  fabriquer  ailleurs  de  semblable  durant  ce  temps-là.  Il  écrivit 
vers  le  même  temps  au  sénéchal  de  Carcassonne  pour  le  prier  de  donner  cours 
à  cette  monnoie  dans  les  Etats  du  roi  son  frère,  comme  il  permettait  que  celle 
de  ce  prince  eût  cours  dans  les  siens  ' . 


'Dans  le  courant  de  cette  même  année  1266, 
l'abbaye  de  Boiilbonne  eut  avec  Alfonse  de  graves 
démêlés.  Placé  sur  les  limites  de  quatre  Etats  dif- 
férents (comtés  de  Toulouse  ScdeFoix,  domaine 
royal  &  seigneurie  de  Mirepoix),  ce  monastère 
était  perpétuellement  en  lutte  avec  ses  puissants 
voisins,  dont  un  seul,  le  roi  de  France,  était  dis- 
posé à  le  protéger  efficacement.  Avec  les  comtes  de 
Poix,  protecteurs  du  monastère,  les  abbés  finirent 
par  s'entendre,  &  en  concluant  avec  eux  un  pa- 
réage  pour  la  ville  de  Mazères,  ils  purent  être 
tranquilles  de  ce  côté.  (Cf.  tome  VIII,  Catalogue, 
n.  i35.)Mais  il  ne  leur  fut  pas  aussi  facile  de 
s'accorder  avec  quelques-uns  de  leurs  voisins. 
L'un  de  leurs  plus  grands  ennemis  était  l'abbé  de 
Saint-Antonin  de  Pamiers  ;  l'inimitié  entre  les 
deux  couvents  devint  si  grande  en  1249,  qu'elle 
nécessita  l'intervention  des  puissances  ecclésiasti- 
ques &  séculières.  En  novembre  1248,  l'accord 
avait  pu  se  faire  entre  les  deux  couvents,  tou- 
chant un  legs  fait  à  Boulbonne  par  le  dernier 
comte  de  Poix,  legs  dont  Pamiers  réclamait  une 
partie  [ut  iupra,  n.  127).  Mais  ce  bon  accord  ne 
dura  pas.  En  juin  1249,  s  familiers  de  Pamiers 
s'emparèrent  de  la  grange  de  Bonrepaux  à  m.ain 
armée,  en  détruisant  quantité  de  blé  &  d'autres 
denrées,  blessèrent  &  maltraitèrent  les  religieux. 
{Ihid.  n.  I  28.)  Le  pape  fut  informé  de  cette  aggres- 
sion  par  l'abbé  de  Saint-Paul  de  Narbonne,  qu'il 
avait  commis  pour  cette  affaire.  [Ihid.  n.  129.) 
L'abbé  de  Pamiers  &  celui  de  Boulbonne  élurent, 
en  janvier  1260,  des  arbitres  dont  le  comte  de 
Foix  &  l'abbé  de  Saint-Sernin  de  Toulouse  [Ih'iA. 
n.  i3i);  mais  les  efToris  de  ces  arbitres  n'eurent 
aucun  résultat,  8c,  en  octobre  1261,  Innocent  IV 
chargeait  les  abbés  de  Fontfroide  &.  de  La  Grasse 
&  l'archevêque  de  Narbonne  de  frapper  d'excom- 
munication l'abbé  &.  les  chanoines  de  Pamiers. 
(Ihid.  n.  132.)  L'affaire  fut  arrangée  en  juillet 
1256.  [Ihid.  n.  145.) —  Avec  le  maréchal  de  Mi- 
repoix, l'abbé  de  Boulbonne  eut  aussi  de  longs 
démêlés.  Louis  IX  en  écri^it  au  sénéchal   de  Car- 


cassonne, en  février  I255,  &  le  ch.nrgea  de  les  ré- 
gler sans  permettre  au  sire  de  Mirepoix  d'attaquer 
l'abbaye.  (Cf.  tome  VIII,  c.  i358.)  L'affaire  fut 
terminée  en  juin  i256;  sur  les  conseils  de  Rai- 
mond-Arnaud,  abbé  de  Bonnefont,  l'abbé  de  Boul- 
bonne, Adémar,  abandonna  à  Gui  de  Lévis  ses 
droits  sur  les  villages  de  Belvezer,  Belène  &  Prndes, 
moyennant  une  redevance  annuelle  de  dix  mi.itîs 
de  blé.  (Catalogue,  n.  143.)  —  Avec  le  comte  de 
Toulouse  les  querelles  furent  beaucoup  plus  vives. 
Nous  avons  vu  plus  haut  qu'en  1247  (Cf.  p.  778) 
le  roi  Louis  IX  avait  ordonné  au  sénéchal  de 
Carcassonne  d'intervenir  entre  Raimond  Vil  g[. 
l'abbaye  de  Boulbonne.  Cette  intervention  resta 
inutile,  8c,  vers  1248,  peu  avant  la  mort  de  ce 
comte,  l'abbé  Adémar  se  plaignit  de  ce  dernier  & 
son  officier,  Boniface  deThueys,  qui  lui  avaient 
enlevé  les  granges  deTramesaigues  8c  d'Ampoulhac, 
avec  sept  cent  soixante-quinze  setiers  de  blé  qu'el- 
les contenaient)  la  seconde  de  ces  granges  avait 
été  incendiée,  8c  il  estimait  à  trois  cents  livres  le 
dommage  causé  au  monastère.  Malgré  les  ordres 
du  roi,  Raimond  VII  n'avait  encore  rien  rendu. 
[Ihid.  n.  i3o.)  Quand  Alfonse  eut  pris  possession 
du  comté  de  Toulouse,  l'.abbé  s'adressa  à  lui,  8c, 
en  août  I25>,  le  sénéchal  Pierre  de  Voisins  res- 
titua la  grange  d'Ampoulhac.  [Ihid.  n.  i38.)  Mais 
les  agents  d'Alfonse  se  montrèrent  peu  respec- 
tueux de  cette  décision.  En  octobre  i255,  ses  en- 
quêteurs réclamaient  l'annullation  de  cette  resti- 
tution, 8t  le  sénéchal  de  Carcassonne,  chargé  p.ir 
le  roi  Louis  IX  du  règlement  de  cette  affaire,  assi- 
gnait un  jour  aux  deux  parties  pour  lui  exposer 
leurs  réclamations.  [Ihid.  n.  140.)  Les  officiers  du 
comte  n'y  mettaient  pas  de  grands  ménagements; 
en  octobre  iiiô,  Alexandre  IV  dut  excommunier 
ceux  qui  troublaient  l'abbaye  de  Boulbonne  dans 
la  possession  de  ses  biens,  8c  cette  bulle  fut  fulmi- 
née par  l'évéque  de  Carcassonne,  Guillaume,  le 
lô  février  I25j  ;  le  sénéchal  8c  les  autres  officiels 
d'Alfonse,  qui  s'étaient  emparés  à  main  armée  des 
granges  d'Ampoulhac  8c  d'Artenac,  furent  publique- 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.   LIV.  XXVI. 


An  12.06 


XXXV.  —  Le  v'iromte  de  Narhonne  défie  le  roi  d'Aragon.  —  Évéqiies 

de  Maaiielonne. 

Le  roi  défendit'  au  sénéchal  de  Carcassonne,  en  cas  que  la  guerre  s'élevât 
entre  le  roi  d'Aragon  &  les  habitans  de  Montpellier,  d'y  prendre  aucune  part, 
non  plus  que  ses  sujets,  8<.  lui  ordonna  de  permettre  aux  vassaux  que  le  roi 
de  Castille  avoit  dans  la  sénéchaussée  d'aller  servir  ce  prince  en  personne 
contre  ses  ennemis,  sauf  la  fidélité  qu'ils  lui  dévoient  8c  ses  droits.  Cette  per- 
mission regardoit  principalement  Amalric,  vicomte  de  Narbonne,  qui,  s'étant 
ligué  avec  Alfonse,  roi  de  Castille,  contre  Jacques,  roi  d'Aragon,  défia  ^  ce 
dernier,  de  la  part  de  l'autre,  par  un  acte  public  daté  du  lo  de  mars  de 
l'an  1256,  preuve  que  le  roi  saint  Louis  favorisa  le  roi  de  Castille  contre 
celui  d'Aragon.  Aussi  les  arbitres  dont  il  étoit  convenu  avec  le  roi  Jacques 
en  1255,  pour  terminer  dans  un  an  leurs  différends,  n'ayant  rien  conclu,  les 
infans  d'Aragon^  eurent  recours  aux  armes  8c  commirent  divers  actes  d'hosti- 
lités dans  la  sénéchaussée  de  Carcassonne.  Le  roi,  qui  ne  désiroit  que  la  paix, 
informé  de  ces  hostilités,  envoya  Thomas  de  Montléard,  chevalier.  Si  frère 
Jean  de  la  Trinité,  son  chapelain,  au  roi  d'Aragon,  pour  s'en  plaindre.  Ces 
deux  ambassadeurs,  après  s'être  acquittés  de  leur  commission,  mandèrent  au 
sénéchal  de  Carcassonne  d'assembler  Olivier  de  Termes  8t  quelques  autres 
des  principaux  vassaux  de  la  sénéchaussée  pour  délibérer  avec  eux  sur  ce 
qu'il  y  avoit  à  faire  dans  ces  conjonctures.  Le  sénéchal  assembla  en  consé- 
quence les  milices  du  pays'*  pour  résister  aux  infans  d'Aragon,  8c  somma  les 


Cj.origîn. 
t.  111,  P.4S7. 


ment  excommuniés.  (/A.  n.  141.)  Un  autre  acte,  du 
14  février  iî56,  nous  montre  les  agents  d'AIfonse, 
à  Cintegabelle,  envahissant  les  granges,  maltrai- 
tant les  moines,  incendiant  le  clocher  de  l'église 
de  Tramesaigues,  pillant  les  paroissiens.  [Ih'td. 
n.  147.)  En  mai  1255,  un  mandement  de  Louis  IX 
nous  apprend  que  ce  prince  avait  confié  à  l'évéque 
de  Béziers  le  soin  de  rechercher  qui,  du  comte  de 
Foix  ou  d'Alfonse,  avait  le  droit  de  garde  sur  les 
domaines  en  question,  dans  quel  territoire  ce» 
granges  étaient  situées.  (Cf.  tome  VIII,  c.  iSi'iô.) 
Nous  ne  connaissons  pas  le  résultat  de  l'enquête) 
nous  voyons  seulement,  par  quelques  actes  posté- 
rieurs, que  le  roi  prit  l'abbaye  sous  sa  protection 
spéciale.  En  octobre  1253,  Pierre  de  Provins,  ser- 
gent du  roi,  défendit  à  Guillem  de  Touges,  baile 
de  Cintegabelle  &  de  Caumont,  l'entrée  de  Mazères 
&  du  pays  de  Foix,  défense  qu'il  méprisa  &  qui  ne 
l'empêcha  pas  d'y  commettre  de  nombreux  excès. 
(Catalogue,  n.  i52.)  En  décembre  1261,  ce  même 
personnage  recommença  ses  attaques  à  main  armée 
81  s'empara  de  la  ville  de  Mazères;  les  dommages 
causés  par  lui  dans  cette  attaque  furent  estimés 
par  l'abbé  &  le  comte  de  Foix  a  trois  mille  livres. 
Le  sénéchal  de  Carcassonne  intervint  de  nouveau. 


(ItU.  n.  154.)  On  volt  par  là  qu'au  fond  il  nt 
s'agissait  pas  tant  des  gr.inges  de  l'abbaye  de  , 
Boulbonne  que  des  limites  des  comtés  de  Foix 
&  de  Toulouse.  C'était  le  résultat  de  cette  clause 
malencontreuse  du  traité  de  Lorris,  qui  avait 
affranchi  le  comte  de  Foix  de  l'hommage  à  Rai- 
inond  VII,  clause  qu'Alfonse  ne  put  faire  rappoj- 
ter  &  qui  donna  lieu  à  tant  de  différends  entre 
lui  &  son  puissant  voisin.  Ces  différends  n'étaient 
jamais  bien  graves,  mais  ils  maintenaient  le  pays 
dans  un  état  de  guerre  perpétuel,  &  l'abbaye  de 
Boulbonne,  entre  autres,  put  souvent  s'appliquer 
le  vers  du  poète  : 

Quidquid  dulirant  rcgcs,  plcctuntur  Achivi. 

[A.  M.] 

'  Domaine  de  Montpellier,  8'  continuation.— 
[Voyez  plus  haut,  p.  848.] 

'Tome  VIII,  Chartes,  n.  CCCXXII,  ce.  1410, 
141  I. 

'  ItiJ.  n.  CCCXXIII,  ce.  1411,  1412. 

^  Registre  Oîim,  —  La  pièce  que  dom  Vaissete  a 
publiée  n'est  pas  datée;  mais  nous  croyons  qu'elle 
est  postérieure  à  1237.  En  effet,  elle  suppose  la 
p  lix  conclue  entre  les  rois  de  France  &  d'Aragon, 


An  i2Jû 


8 


34 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXVI. 


Au  12J7 


liabitans  d'AIbi  de  se  mettre  en  armes,  de  le  suivre  dans  cette  expédition  Si 
de  se  rendre  à  La  Grasse;  mais  ils  refusèrent  d'obéir;  c'est  tout  ce  que  nous 
savons  de  la  suite  de  cette  affaire.  Nous  voyons  cependant  que  le  roi  d'Aragon 
n'avoit  pas  encore  soumis  la  ville  de  Montpellier  le  7  de  février  de  l'année 
suivante',  car  Guillaume-Christophe,  évêque  de  Maguelonne,  fit  taire  alors 
une  copie  authentique  de  l'accord  passé,  en  1210,  entre  Guillaume  d'Auti- 
gnac,  son  prédécesseur,  &  les  consuls  de  Montpellier,  «  pour  l'envoyer  au 
u  roi,  ensemble  avec  les  griefs  &  querelles  qu'ils  avoient  résolu  de  poursuivre 
«  contre  le  roi  d'Aragon.  » 

Ce  prélat,  qui  étoit  auparavant  chanoine  &  archidiacre  de  Maguelonne, 
avoit  succédé  à  Pierre  de  Conques,  mort  le  8  de  février  de  l'an  i256.  Ce  der- 
nier avoit  protégé  singulièrement  le  monastère  de  Notre-Dame  du  Paradis 
fondé  dans  les  faubourgs  de  Montpellier,  sous  la  règle  de  Saint-Benoît,  & 
l'institut  des  moinesses  de  Saint-Damien,  lequel  a  passé  aujourd'hui  aux  reli- 
gieuses de  la  Visitation.  Guillaume-Christophe  prêta  au  roi,  à  Nimes,  le 
lundi  après  l'octave  de  la  nativité  de  Notre-Seigneur  de  l'an  1206  (1257), 
entre  les  mains  de  Guillaume  d'Auton,  sénéchal  de  Beaucaire,  en  présence 
de  Gui  Fulcodi,  de  Guillaume  de  Laudun,  Rostaingde  MontautSc  Amalric 
de  la  Roche,  chevaliers,  le  même  serment  de  fidélité  que  son  prédécesseur 
avoit  prêté  deux,  ans  auparavant^. 


XXXVI.  —  Vicomtes  de  Laiitrec.  —  Seigneurs  de  Castres. 

Amalric,  vicomte  de  Narbonne^,  marcha  au  secours  de  Bertrand  dit  l'an- 
cien, vicomte  de  Lautrec,  dans  la  guerre  que  ce  vicomte  avoit  à  soutenir 
contre  Philippe  II  de  Montfort,  seigneur  de  Castres.  Bertrand  &  ses  neveux 


&  elle  regarde  l'attaqvie  des  infants  comme  une 
véritable  violation  de  la  foi  jurée.  De  plus  le  ju- 
gement des  Olim,  auquel  renvoie  doin  Vaissete,  ne 
fut  rendu  qu'au  parlement  de  la  Pentecôte  1268. 
C'est  un  arrêt  confirmant  une  sentence  de  Thomas 
de  Montcéliart,  sénéchal  de  Carcassonne,  par  la- 
quelle les  habitants  d'AIbi  avaient  été  condamnés 
à  deux  mille  cent  livres  tournois  d'amende  pour 
ne  s'être  pas  rendus  à  une  convocation  pour  l'ost, 
faite  par  Pierre  d'Auteuil,  sénéchal;  il  s'agissait  de 
repousser  les  infants  d'Aragon,  qui  venaient  d'en- 
vahir le  royaume.  (Boutaric,  Actes  du  parlement, 
t.  I,  p.  114,  n.  12(55.)  Il  n'est  pas  probable  qu'on 
ait  attendu  onze  ans  pour  juger  en  appel  une 
cause  aussi  simple.  Aussi  pensons-nous  que  l'on 
peut  rapprocher  cette  tentative  des  infants  d'Ara- 
gon d'uneautre  expédition  des  mêmes  personnages, 
qui  eut  lieu  en  i263.  (Voyez  plus  bas.)  C'est  sans 
doute  à  cette  occasion  que  fut  faite  une  enquête 
fort  curieuse  &  pleine  de  renseignements  histori- 
ques sur  le  droit  du  roi  de  réclamer  le  service 
d'ost  aux  habitants  d'AIbi,  enquête  dont  le  savant 


bénédictin   a    publié   une   partie.  (Cf.   tome  VIII, 
ce.   i5o6à  locç.)   [A.  M.] 

'  Trésor  des  chartes,  Maguelonne,  sac  2,  n°»  22 
&  26.  —  [J.  340.]  —  Galî'ta  Christlana,  t.  3, 
p.  079.  —  Voyez  plus  haut,  année  I2i3,  p.  412. 
—  Gariel,  Séries  praesulum  Magalonens'ium ,  p.  871 
&  sviiv. 

'  Teulet,  t.  3,  p.  343,  d'après  J.  340,  n.  25; 
copie  authentique;  l'acte  est  du  mardi  après  l'oc- 
tave de  la  Noël  1256  (v,  st.)  &  non  du  lundi. 
Cette  date  répond  au  2  janvier  1257  (n.  st.). 

|A.  M.] 

'  Domaine  de  Montpellier,  sénéchaussée  de  Car- 
cassonne, titres  particuliers,  8*  continuation, 
n.  2,  &  actes  ramassés  des  trois  sénéchaussées, 
liasse  8,  n.  12.  —  On  peut  voir  plus  haut,  p.  84c, 
l'analyse  d'une  partie  de  ces  pièces.  La  guerre 
commença  dès  1255;  du  moins  les  premiers  man- 
dements de  Louis  IX  pour  cette  affaire  sont  de 
cette  année.  Elle  se  prolongea  &  traîna  pendant 
toute  l'année  i256  &  finit  en  I258  par  l'accord 
que  dom  Vaissete  analyse  plus  bas.  [A.  M.] 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXVI.  855 


lin  ii3j 


Pierre,  Isarn,  Bertrand  8i  Amalric,  fils  de  Sicard,  son  frère,  aussi  vicomtes  de 
Lautrec,  prétendoient  que  les  biens  confisqués  pour  hérésie  dans  l'étendue 
de  cette  vicomte  dévoient  être  réunis  à  leur  domaine,  &  Philippe  soutenoit 
qu'ils  lui  appartenoient  en  qualité  de  suzerain.  Le  roi,  informé  de  cette 
guerre,  ordonna  à  Pierre  d'Auteuil,  sénéchal  de  Carcassonne,  d'interposer 
son  autorité  &  d'informer  s'il  étoit  en  possession  de  ces  biens  avant  qu'il  eût 
donné  la  terre  d'Albigeois  à  Philippe  de  Montfort.  Le  sénéchal  s'en  saisit  j 
mais  il  rendit  ensuite  à  Bertrand  l'ancien,  par  ordre  du  roi,  ceux  dont  ce 
vicomte  étoit  nanti  avant  la  paix  de  l'an  1229.  Le  fils  de  feu  Guillaume  de 
Paulin,  sur  qui  ces  biens  avoient  été  confisqués,  en  demanda  la  restitution  à 
Bertrand;  mais  ce  vicomte  refusa  de  les  rendre,  &,  l'ayant  rencontré,  il  le 
tua.  Le  roi,  voulant  punir  cet  attentat,  ordonna  au  sénéchal  d'arrêter  le 
vicomte  prisonnier;  ce  prince  lui  ordonna  de  le  délivrer  le  dimanche  après 
la  Saint-Nicolas  de  l'an  1257,  à  condition  qu'il  payeroit  dçux  cens  livres  aux 
parens  &  amis  du  mort;  qu'il  leur  abandonneroit  les  domaines  dont  il  étoit 
question,  &  qu'il  iroit  servir  outre-mer  à  ses  dépens  pendant  deux  ans.  Ber- 
trand se  soumit  à  toutes  ces  conditions,  le  i3  de  février  suivant,  en  présence 
de  Philippe  de  Montfort,  d'Olivier  de  Termes  &  de  plusieurs  autres  seigneurs 
qualifiés.  Il  mourut  sans  doute  dans  la  Terre-Sainte,  car  il  ne  nous  reste 
plus,  depuis,  aucun  monument  de  lui.  Sicard  VII,  son  fils,  lui  succéda  dans 
la  moitié  de  la  vicomte  de  Lautrec. 

Philippe  II  de  Montfort,  seigneur  de  Castres,  eut  un  autre  démêlé  avec 
Pierre,  vicomte  de  Lautrec,  Si  Vacquerie,  sa  femme,  au  sujet  du  château  de 
Fiac  Si  de  quelques  autres  domaines  qu'il  prétendoit  être  de  sa  mouvance. 
lis  le  terminèrent'  au  mois  de  mai  de  l'an  i258,  par  l'entremise  de  Pierre 
de  Voisins,  Pierre  de  Grave  Si  Boson  de  Monestier.  Raimond,  abbé  de  Can- 
deil,  appela*  en  pariage,  en  1262,  pour  diverses  terres  dépendantes  de  son 
abbaye,  le  même  Philippe  de  Montfort,  qui  se  qualifioit  «  successeur  en 
«  Albigeois,  au-delà  du  Tarn,  des  comtes  de  Toulouse  Si  de  Montfort,  des 
«  vicomtes  de  Béziers  81  autres  seigneurs.  «  Cet  abbé  avoit  succédé  à  Ancelin, 
qui  donna  ^,  en  I258,  des  coutumes  à  la  ville  de  la  Bessière,  en  Albigeois,  t.^fi°p'.4"s. 
qu'il  avoit  fondée.  Philippe  II  de  Montfort  confirma"*,  au  mois  de  janvier 
de  l'an  1260,  celles  de  la  ville  de  Castres,  du  conseil  6-  de  la  volonté  de 
Guillaume  de  Pelut  &  des  autres  chevaliers  terriers  de  son  père.  Il  se  dit 
dans  cet  acte  i>  vice-gérant  de  Philippe  de  Montfort,  seigneur  de  Tyr  Si  de 
«  Thoron,  son  père,  à  Castres,  dans  le  Narbonnois,  en  Albigeois,  Si  dans 
«  toutes  les  terres  qu'il  possédoit  en  Albigeois,  avec  pouvoir  de  les  gouverner 
«  Si  d'en  réformer  l'état,  à  cause  du  droit  qu'il  devoit  avoir  un  jour  sur  ces 
«  terres.  » 

■Voyez   tome  VIII,   Chartes,    n.   CCCXXVIII,  ^  Archives  de  l'abbaye  de  Cinaeil. 

ce.  1434,   1435.  *  Manuscrits  Je  Brlcnnc,  n.  3iâ. 

•  Archives  du  domaine  de  Montpellier.  —  [Cf. 
Rossignol,  Monographies  communales,  1.  i ,  p.  3jo 
&  suiv.j 


An  i;J7 


856  HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXVL 


XXXVII.  —  Olivier  de  Termes  revient  de  la  Terre-Sainte,  — Suite  de  sa  vie, 

Olivier  de  Termes  étoit  de  retour  de  !a  Terre-Sainte  depuis  la  fin  de 
l'an  1255.  Pendant  son  absence'  Guillaume  de  Niort  &  quelques  autres 
gentilshommes  avoient  fait  la  guerre  à  Guillaume  de  Canet,  son  neveu,  & 
ravagé  ses  terres  5  mais  le  roi  avoit  ordonné  au  sénéchal  de  Carcassonne  de 
faire  réparer  les  dommages.  Après  son  retour  il  soutint  lui-même  une  autre 
guerre  contre  quelques  seigneurs  de  son  voisinage  sur  lesquels  il  fit  divers 
prisonniers;  le  roi,  qui  le  considéroit  beaucoup  pour  les  services  importans 
qu'il  en  avoit  reçus  &  pour  sa  grande  expérience  dans  l'art  militaire,  lui 
donna  dans  cette  occasion  8t  dans  plusieurs  autres  des  marques  particulières 
de  sa  bienveillance.  Ce  seigneur,  après  avoir  vaincu  ses  ennemis,  songea  à 
mettre  quelque  ordre  à  ses  affaires,  qui  étoient  fort  délabrées,  à  cause  des 
dettes  immenses  qu'il  avoit  contractées  pour  la  guerre  d'outre-mer.  Dans  cette 
vue  il  fit  son  testament^  au  mois  de  novembre  de  l'an  laSy.  Il  choisit  sa 
sépulture  dans  le  monastère  de  Fontfroide,  supposé  qu'il  décédât  en  deçà  de 
la  mer.  Il  assigna  pour  le  payement  de  ses  dettes  tous  les  revenus  de  ses 
terres  pendant  vingt  ans,  à  compter  depuis  le  jour  de  sa  mort,  excepté  du 
château  de  Talairan  Si  des  domaines  du  Val-de-Daigne,  qu'il  réserva  pen- 
dant ce  temps-là  pour  la  subsistance  de  son  fils  Raimond,  qu'il  fit  son  héri- 
tier universel.  Il  légua  son  château  d'Aguilar  au  roi  de  France,  &  pria  ce 
prince  de  faire  délivrer,  en  considération  de  ce  legs,  vingt  à  trente  mille  sols 
tournois  à  ses  exécuteurs  testamentaires  pour  l'acquit  de  ses  dettes.  Il  ordonna 
de  restituer  à  Thérèse,  sa  femme,  les  six  mille  sols  melgoriens  de  dot  qu'il 
ei]  avoit  reçus,  &  nomma  pour  ses  exécuteurs  testamentaires  l'archevêque  de 
Narbonne,  le  sénéchal  de  Carcassonne  St  Raimond  de  Sierra-Longa,  son 
frère,  pour  agir  du  conseil  de  l'abbé  de  Fontfroide  &  du  prieur  des  jacobins 
de  Narbonne. 

Olivier  vécut  encore  plusieurs  années  après  ce  testament,  &  acquitta  pen- 
dant sa  vie  la  plupart  de  ses  dettes  ou  des  restitutions  auxquelles  il  se  croyoit 
obligé.  Il  avoit  déjà  vendu 3,  en  125^,  étant  dans  la  Terre-Sainte,  le  village 
de  Marcorignan  à  l'abbaye  de  Fontfroide;  &  il  lui  vendit,  en  iiSy,  les  châ- 
teaux de  Saint-Nazaire  &  de  Sainte-Valère,  au  diocèse  de  Narbonne,  pour 
quatre-vingt  mille  sols  melgoriens.  Il  se  qualifie  dans  cet  acte  fils  de  Jeu 
noble  homme  le  seigneur  Raimond  de  Termes,  6-  de  dame  Ermessinde  de  Cour- 
savine.  Le  roi  lui  ayant  permis  ensuite  de  vendre  le  reste  de  ses  domaines, 
ce  prince  lui  acheta,  en  1260,  le  château  d'Aguilar,  la  ville  ou  village  de 
Termes,  &c.,  pour  trois  mille  trois  cent  vingt  livres  tournois.  Enfin  Olivier 
vendit  cette  année  8t  les  suivantes  pour  cinquante  mille  sols  tournois  d'un 

'  Archives  du  domaine  de  Montpellier.  —  [Cf.  »  Archives  de  IVbbaye  de  Fontfroide. — Manus- 

lome   VIII,    c.    iSjy;    mandement   de    novembre  crits    de    Colhert,   n.    2275.   —   Voyez    tome  VIII, 

•  254.]  Chartes,    n.    CCCXXXVIII,   ce.    1473,    1474.   — 

*  Archives  de  l'abbaye  de  Fontfroide.  Besse,  Histoire  de  Carcassonne,  p.    168  &  suiv. 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC    LIV.  XXVI.  807 

côté,  &  près  de  deux  cent  mille  sols  melgoiiens  de  l'autre,  les  châteaux  de 
Tuchan,  Siguiran,  Roquedefa,  Sérignan,  Taurisan,  Arques  &.  Caunettes, 
dans  le  Tennenois  ou  le  diocèse  de  Narbonne;  ceux  de  Brenac,  dans  le 
Razès,  8c  de  Pech-Sieuran,  dans  le  Lauragais',  8c  plusieurs  autres  domaines 
aux  abbayes  de  la  Grasse  8c  de  Fontfroide,  à  la  cathédrale  de  Carcassonne,  à 
la  commanderie  de  Peyriès*,  Sec.  Il  retourna^  à  la  Terre-Sainte  pour  y  cueillir 
de  nouveaux  lauriers,  8c  débarqua  à  Acre  au  mois  de  septembre  de  l'an  1264. 
Il  y  fit  un  troisième  voyage,  après  l'an  1267,  8c  y  séjourna  jusqu'au  mois  de 
juillet  de  l'an  1270,  qu'il  alla  joindre'*  le  roi  saint  Louis  devant  Tunis.  Il 
suivit  le  roi  dans  cette  expédition,  8c,  étant  revenu  en  France  après  la  mort 
de  ce  prince,  le  roi  Philippe  le  Hardi -^  le  renvoya  encore  à  la  Terre-Sainte,  au 
mois  d'avril  de  l'an  1278,  à  la  tête  de  vingt-cinq  chevaliers  8c  de  cent  arba- 
létriers, 8c  il  y  mourut  enfin  le  i  2  d'août  de  l'an  1276.  Nous  avons  cru  devoir 
ce  petit  détail  à  la  mémoire  d'un  des  plus  braves  8c  des  plus  magnifiques 
chevaliers  de  son  siècle,  qui,  après  avoir  recouvré  une  partie  des  domaines  de 
SCS  ancêtres,  qu'il  avoit  eu  le  malheur  de  perdre  pour  avoir  embrassé  le  parti 
du  vicomte  de  Béziers,  son  seigneur  suzerain,  les  employa  avec  profusion  au 
service  de  la  religion  8v  de  son  prince. 


An  1107 


Éd   orîfîîn. 
:.  111,  p.  4t>i). 


XXXVIII.  —  Archevêques  de  Narbonne.  —  Évêques  du  Puy. 

Guillaume  de  la  Brouë,  archevêque  de  Narbonne,  8c  Armand  de  Polignac, 
évêque  du  Puy,  moururent  en  125/,  le  premier  le  26  de  juillet,  8c  l'autre 
au  mois  de  juin  de  cette  année.  Le  chapitre  de  Narbonne  élut  pour  arche- 
vêque Jacques,  auparavant  abbé  de  Saint-Aphrodise  de  Béziers,  8c  le  célèbre^ 
Gui  Fulcodi,  qui  fut  depuis  pape  sous  le  nom  de  Clément  IV,  succéda  à 
Armand  de  Polignac.  On  ne  marque  pas  le  jour  de  l'élection  de  Gui  ;  mais 
il  n'étoit  encore  (\\x'élu  au  mois  de  janvier  de  l'année  suivante,  lorsque  le  roi 


'  Plusieurs  de  ces  noms  de  lieux  ont  été  mal 
orthographiés  par  dom  Vaissete;  en  Toici  les  for- 
mes exactes  :  Sa'intc-Vali'ere,  Aude,  arrondissement 
de  Narbonne.  —  Coursavi,  Pyrénées-Orientales, 
arrondissement  de  Cérct.  —  Taur't^Cj  Aude,  arron- 
dissement de  Carcassonne.  —  Brentic,  Aude,  arron- 
dissement de  Limoux.  —  Pcxiora,  Ai.de,  nrror.dis- 
sement  de  Castelnaudary.  [A.  M.] 

'  Sur  les  rentes  faites  par  Olivier  de  Termes  à 
Fontfroide,  on  peut  consulter  Cauvet,  Etude  histo- 
rique sur  Fontfroide,  pp.  3i5,  337,  ^97  ^  passim. 
On  y  trouvera  l'histoire  de  chacun  des  domaines 
cédés  par  ce  chevalier.  On  peut  encore  consul:er 
le  mss.  latin  9996,  passim  &  MahuI,  t.  4  &  j, 
passim.  Dom  Vaissete  a  publié  de  son  côté  les  let- 
tres de  Louis  IX  autorisant  Olivier  de  Termes  à 
vendre  ses  domaines  (Cf.  tome  VIII,  ce.  1473  & 
1474);  le  roi  se  réserva  le  droit  de  choisir  les 
lieux  81  domaines    qu'il    jugerait    utile   d'acquérir 


pour  son  compte.  C'est  ainsi  qu'il  acheta  le  châ- 
teau d'Aguilar  moyennant  trois  mille  trois  cent 
vingt  livres  tournois.  {IbiJ.)  Olivier  de  Termes 
vendit  une  autre  partie  de  ses  domaines  à  Pierre 
de  Voisins  {lettre  de  Louis  IX,  du  1  o  octobre  1  260  ; 
tome^'III,  c.  147."));  Alfonse  de  Poitiers  l'autorisa 
en  même  temps  à  vendre  ce  qu'il  possédait  à  Ville- 
pinte  à  l'abbé  de  Sorèze,  jusqu'à  concurrence  d'un 
revenu  annuel  de  vingt-cinq  livres  tournois  [Ihid. 
c.  1476);  ce  prince  approuva  même  d'avance  toutes 
les  ventes  qu'il  pouvait  conclure  avec  ses  vassaux 
nobles,  tels  que  Pierre  de  Voisins,  Lambert  de  Li- 
moux, Philippe  de  Monifort  &  Gui  de  Mirepoix. 
{Ihid.  c.   1477.)  (A.  M.] 

'  Sanuto,  1.  3,  part,   ii,  c.  7. 

^  Gesta  Ludovici  IX,  p.  391. 

''  Sanuto,   1.  3,  part.   12,  ce.  12  &  14. 

^  Gallta  Christiana,   nov    ci.  t.  2,  p.  716  &  seq. 


TTr- —  858  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.    LIV.  XXVL 

An  1107 

saint  Louis,  par  une  ordonnance'  qu'il  adressa  à  tous  ses  sujets  du  diocèse 
du  Puy,  défendit  les  guerres  privées,  avec  ordre  au  sénéchal  de  Beaucaire 
d'y  tenir  la  main. 

XXXIX.  —  Inquisiteurs  de  la  foi  de  Toulouse  6-  de  Carcassonne, 

Alfonse,  frère  de  saint  Louis,  donna  de  nouvelles  preuves  de  son  zèle  pour 
l'extirpation  de  l'hérésie  dans  une  ordonnance  qu'il  fit  dresser,  à  Vincennes, 
au  mois  de  mars  de  l'an  I256  (iiSy)^.  Il  déclara  que  tous  ceux  qui  seroient 
élevés  dans  la  suite  à  la  dignité  de  sénéchal,  de  consul  ou  de  viguier,  dans 
son  comté  de  Toulouse  ou  dans  les  pays  voisins,  seroient  tenus  de  faire  ser- 
ment entre  les  mains  des  inquisiteurs  de  la  foi,  qu'ils  poursuivroient  les 
hérétiques  8t  les  feroient  emprisonner;  il  ordonna  aussi  aux  baillis  infé- 
rieurs de  prêter  un  semblable  serment.  Les  inquisiteurs  consultèrent^  quel- 
qties  temps  après  le  pape  Alexandre  IV  sur  plusieurs  difficultés  qu'ils  ren- 
controient  dans  l'exercice  de  leur  charge.  Le  pape  répondit  à  leurs  questions, 
le  3  de  décembre  de  l'an  i^Sy,  par  une  bulle  qui  est  conçue  à  peu  près  dans 
An  12:18  les  mêmes  termes  que  celle  qu'il  adressa,  l'année  suivante,  aux  frères  mineurs 
d'Italie,  touchant  les  mêmes  difficultés.  Enfin  le  roi,  après  avoir  mis  sous 
sa  sauvegarde'*  les  inquisiteurs  de  Carcassonne,  au  mois  d'octobre  de  l'année 
suivante,  enjoignit  au  sénéchal  de  cette  ville  de  faire  continuer  la  construc- 
tion des  prisons  pour  y  renfermer  les  hérétiques,  &  ordonna  aux  seigneurs 
hauts  justiciers^,  qui  avoient  droit  de  confiscation  pour  fait  d'hérésie,  de 
pourvoir  à  la  subsistance  des  emmurés  de  leurs  terres,  avec  défense  à  eux  de 
mettre  dans  les  charges  publiques  ceux  qui  étoient  suspects^. 

XL.  —  Traités  entre  les  rois  de  France  &■  d'Aragon  touchant  la  souveraineté 
sur  la  Catalogne,  les  comtés  de  Carcassonne  0  de  Ra-^ès,  Syc. 

Le  roi  termina  enfin,  en  i258,  les  différends  qu'il  avoit  depuis  longtemps 
avec  Jacques,  roi  d'Aragon,  touchant  la  souveraineté  sur  la  Catalogne  8c  le 


•  Li:\u!iere,  'jraonranccs,  t.   i,  p.  oj.  i\ainaua    ae    i^narires    «    son    collègue,    jean    ae 
'Voyez    tome    VIII,    Chartes,    n.    CCCXXIV,  Saint-Pierre,  eurent  des  scrupules  &  se  demandè- 

cc.    1412,   1413.  rent  si  une  pareille  conduite  était  bien  régulière, 

'  Archives  de  l'Inquisition  de  Carcassonne.  &  s'il  n'y  avait  pas  empiétement  du  pouvoir  civil 

*  Raynaldi,  année  1208,  n.  23.  sur  l'ecclésiastique.  Mais  on  leur  objecta  que  c'é- 
'  Voyez    tome   VIII,    Chartes,    n.    CCCXXIX ,  tait  le  seul  moyen  de  réduire  l'hérésie,  que  s'ils 

ce.  1435,  1436.  reprenaient  les  anciens  errements,  on  pourrait  les 
"  Une  lettre  de  l'inquisiteur  Rainaud  de  Char-  accuser  d'avoir  affaibli  l'autorité  de  l'inquisition, 
très,  à  Alfonse  de  Poitiers,  du  commencement  de  Ils  prirent  donc  conseil  des  clercs  du  comte  &  il 
l'année  1267  (Cf.  tome  VIII,  ce.  1409,  1410),  fut  décidé  que  l'on  en  référerait  au  pape.  On  dut 
nous  révèle  un  abus  dont  les  officiers  du  comte  &  surseoir  à  l'exécution  de  toutes  les  sentences,  en 
les  inquisiteurs,  prédécesseurs  de  Rainaud,  se  ren-  attendant  la  réponse  de  la  curie.  —  Le  zèle  des 
daient  coupables.  Quand  le  tribunal  avait  con-  officiers  d'Alfonse,  ce  qui  rend  la  chose  encore 
damné  un  hérétique  à  la  prison  perpétuelle,  les  plus  odieuse,  s'il  est  possible,  avait  une  cause  des 
officiers  laïques  le  faisaient  brûler,  &  les  inquisi-  plus  misérables;  les  biens  des  hérétiques  con- 
teurs  ne   s'y   opposaient   ni    dénonçaient   le   fait.  damnés  au  feu   appartenaient  au  seigneur,  &  c'é- 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXVI.  SSg 

Roussillon,  que  ce  dernier  ou  ses  prédécesseurs  avoient  usurpée  à  son  préju- 
dice, Jacques,  de  son  côté,  avoit  des  prétentions  sur  divers  domaines  de  la 
Province  ou  des  pays  voisins,  dont  le  roi  étoit  en  possession.  On  a  déjà  vu 
que  les  deux  rois  avoient  passé  à  ce  sujet  un  compromis  qui  n  avoit  servi  de 
rien.  Ils  reprirent  les  négociations,  St  Jacques  donna  procuration',  à  Tor- 
tose,  le  14  de  mars  de  Tan  iiSy  (i258),  à  Arnaud,  évêque  de  Barcelone, 
Guillaume,  prieur  de  Sainte-Marie  de  Corneillan,  &  Guillaume  de  Roque- 
feuil,  son  lieutenant  à  Montpellier,  pour  se  rendre  en  qualité  de  ses  ambas- 
sadeurs à  la  cour  de  France  &  y  terminer  cette  affaire.  Il  leur  donna  pou- 
voir en  même  temps,  par  un  acte  séparé^,  de  conclure  le  mariage  de  sa  fille 
Isabelle  avec  Philippe  second  fils  du  roi. 

La  Cour  étoit  à  Corbeil,  au  diocèse  de  Paris,  lorsque  les  ambassadeurs 
d'Aragon  y  arrivèrent.  Ils  convinrent^  avec  le  roi  Louis  IX  des  articles  sui- 
vans,  le  1 1  de  mai  de  l'an  i258  :  1°  Ce  prince  céda  au  roi  Jacques  &  à  ses 
successeurs  tous  les  droits  qu'il  avoit  sur  les  comtés  de  Barcelone,  Urgel, 
Besalu,  Roussillon,  Empurias,  Cerdagne,  Confiant,  Girone  8c  Ausone. 
2°  Jacques  céda  à  son  tour  à  Louis  &  à  ses  successeurs  tous  les  droits  qu'il 
prétendoit  «  sur  la  ville  Si  le  pays  de  Carcassonne  Si  de  Carcasses;  sur  la 
«  ville  81  le  pays  de  Razès;  sur  les  villes  81  le  pays  de  Laurac  81  de  Laura- 
«  gais;  de  Termes  Si  de  Termenois;  de  Béziers  Si  vicomte  de  Béziers;  de 
«  Minerve  Si  de  Minervois;  d'Agde  81  d'Agadois;  d'Albi  81  d'Albigeois,  de 
«  Rodez  Si  de  Rouergue  ;  de  Cahors  Si  de  Querci  ;  de  Narbonne  Si  de  duché 
«  de  Narbonne;  de  Puylaurens,  de  Quéribus,  de  Castelfisel  81  de  Sault;  de 
«  Fenouillet  81  de  Fenouillèdes;  de  Pierrepertuse  81  de  Pierrepertusès;  de 
«  Millau  81  de  comté  de  Millau;  de  Gévaudan  ,  de  Grèzes  81  de  vicomte 
«  de  Grèzes;  de  Nimes  Si  de  Nemausois;  de  Toulouse  81  de  comté  de  Tou- 
«  louse  8c  de  Saint-Gilles;  81  enfin  sur  tous  les  domaines  qui  avoient  appar- 
ie tenu  à  feu  Raimond,  comte  de  Toulouse.  »  Le  j)ays  de  Foix  est  compris 
dans  le  préambule  du  traité,  entre  ceux  sur  lesquels  le  roi  d'Aragon  avoit 
des  prétentions;  mais  il  n'en  est  rien  dit  dans  l'article  de  la  cession  qu'il  fit 
de  tous  ces  pays  au  roi.  3°  On  convint  que  s'il  se  trouvoit  quelques  fiefs 
dépendans  du  pays  de  Fenouillèdes  dans  les  comtés  de  Roussillon  81  de 
Besalu  ou  dans  les  autres  comtés  cédés  par  Louis  à  Jacques,  ils  demeure» 
roient  entièrement  à  ce  dernier;  de  même  que  les  fiefs  dépendans  des  mêmes 
comtés,  qui  se  trouveroient  dans  le  Fenouillèdes,  appartiendroient  à  Louis. 
4°  Jacques  céda  à  Louis  la  ville  de  Millau  Si  son  comté  pour  les  posséder  de 

tait  là  une  source   de    revenus  toute   trouvée.  Au  '  Trésor  des  chartes,  Montpellier,  sac  2,  rt.  27. 

sujet  de   ces    revenus,  qui    donnaient    lieu    à   une  [Original,  J.  Ô89,  n.  :>;  Teulet,  t.  3,  pp.  405-408. J 

comptabilité  spéciale,  on    peut  voir  une  instruc-  — Cutsl,  Mémoires  de  l'histoire  du  Languedoc,  p.  iç, 

tion  en  français,  d'Alfonse  à  Jacques  du  Bois,  clerc  —  Marca  Hispanica,  c.   1444  &  seq.  —  La  Chaise, 

pour  le    fait  d'hérésie.    (Cf    tome  VIII,  ce.  14")3,  Hiitoire  de  saint   Louis,  1.    11,    n.  21.  —   [Lenain 

1454.)    [A.  M.]  deïillemont,  t.  3,  pp.  i37  à  144  )  on  peut  corriger 

■Voyez    tome   VIII,    Chartes,    n.    CCCXXVII,  les  erreurs  historiques  de  cet  auteur  au  moyen  du 

ce.   1429,    1430.  récit  de  dom  V.iisset».] 

'  D'Achéry,  Spicihgium,  t.   12,  p.  586. 


An  lî'ti 


860  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXVI. 

la  même  manière  que  ce  dernier  prince  &  les  siens  les  possédoient,  avec  une 
entière  cession  du  droit  de  rachat,  tant  du  même  comté  de  Millau  que  de  la 
vicomte  de  Grèies  (ou  de  Gévaudan)j  que  feu  Pierre,  roi  d'Aragon,  son  père, 
avoit  engagés  à  Raimond  VI,  comte  de  Toulouse.  5°  Enfin  Jacques  céda  à 
Louis  tout  le  droit  qu'il  pouvoit  prétendre  sur  la  ville  5c  le  comté  de  Tou- 
louse, le  comté  de  Saint-Gilles,  l'Agenois  &  le  Venaissin,  &  sur  tous  les 
autres  domaines  qui  avoient  appartenu  à  feu  Raimond,  comte  de  Toulouse. 
Les  princes  Louis  &  Philippe',  fils  du  roi  de  France,  furent  présens  à  ce 
traité,  avec  l'évêque  d'Apt,  Raimond-Gaucelin,  seigneur  de  Lunel,  Simon, 
sire  de  Nesle,  le  connétable  de  France,  &c.  Le  roi  d'Aragon  le  ratifia*  à 
Barcelone,  le  16  du  mois  de  juillet  suivant,  en  présence  d'Arnaud,  évêque 
de  Barcelone,  du  même  Raimond-Gaucelin,  seigneur  de  Lunel,  Gautier  de 
Pins,  Guillaume  de  Roquefeuil,  Guillaume  de  Montclus  8c  divers  autres 
seigneurs  de  sa  cour.  Nous  comprenons  par-là  que  le  seigneur  de  Lunel, 
qui  avoit  été  présent  au  traité,  fut  envoyé  par  le  roi  en  qualité  de  son 
ambassadeur  ou  plénipotentiaire  auprès  du  roi  d'Aragon  pour  en  obtenir  la 
ratification  de  ce  prince  de  même  que  du  traité  de  mariage  qui  fut  conclu 
alors^  entre  Isabelle  d'Aragon  8c  Philippe,  second  fils  du  roi;  mais  comme 
l'un  8c  l'autre  n'avoient  pas  encore  atteint  l'âge  compétent,  il  ne  fut  célébré^ 
que  quatre  ans  après  ;  cette  célébration  donna  occasion  aux  deux  rois  de 
confirmer  le  traité,  dont  quelques  modernes  rapportent  ^  des  circonstances 
fabuleuses. 

Quant  à  l'avantage  réciproque  que  ces  deux  princes  retirèrent  de  cet 
accord,  par  la  cession  qu'ils  se  firent  l'un  à  l'autre,  les  historiens ^  sont  fort 
partagés.  Les  François  conviennent  tous,  8c  cela  est  hors  de  doute,  que  les 
droits  de  Louis  à  la  souveraineté  sur  la  Catalogne  Se  sur  le  Roussillon  étoient 
incontestables;  mais  les  uns  assurent  que  ceux  de  Jacques  sur  les  pays  qu'il 
céda  à  la  France  étoient  chimériques;  tandis  que  les  autres  prétendent  qu'ils 
n'étoient  pas  si  mal  fondés.  Il  paroît  que  les  uns  8c  les  autres  ne  sont'^  pas 
assez  au  fait.  Ce  qu'il  y  a  de  certain,  c'est  que  Jacques  avoit  des  droits  réels 
de  suzeraineté  sur  les  comtés  de  Carcassonne  Se  de  Razès,  sur  le  Lauragais 
8c  le  Termenois,  8c  sur  le  pays  de  Sault  ;  8c,  pour  le  domaine  immédiat  ou 
utile,  sur  les  pays  de  Fenouillèdes  8c  de  Pierrepertuse ,  sans  parler  des 
vicomtes  de  Millau  Se  de  Gévaudan  qu'il  étoit  en  droit  de  retirer,  en  payant 
le  prix  pour  lequel  le  roi  Pierre,  son  père,  avoit  donné  ces  deux  vicomtes  en 
engagement,  en  1204,  à  Raimond  VI,  comte  de  Toulouse;  mais  pour  tous 
les  autres  pays  énoncés  dans  la  transaction,  il  n'y  avoit  aucune  prétention 
légitime.  On  peut  juger  par  là  si  la  cession  fut  égale  de  part  Se  d'autre,  Si 

'  La  Chaise,  Histoire  Je  saint  Louis,  1.  i  1  ,  n,  îl.  '  D'AcIiéry,  Spicileglum,  t.   Il,  p.  586. 

'  Trésor  des  chartes,  Montpellier,  sac  2,  n.  27.  '  Gesta  Ludovici  IX,  p.  Syi  &  seq. 

—  [Original,  J.  687,  n.  7  ;  Teulet,  t.  3,  pp.  422  '  Voyez  tome  VII,  Note  XXXIX,  pp.   111  à  1  16. 

à  42Ô.]  —  Caseneuve,   Catalonia,  p.   iii.  ^   [Sur  *  Ibid. 

les    différentes   copies  de   ce    traité  conservées    au  '  Ihid, 
Trésor  des  chartes,  cf.  Teulet,  t.  3,  p.  420.] 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXVI.  86 1 


An  i2ji 


si  la  souveraineté  sur  la  Catalogne  6t  le  R.oussillon,  que  le  roi  de  France 
céda  à  celui  d'Aragon,  valoit  autant  que  les  droits  utiles  8c  honorifiques  que 
ce  dernier  céda  à  l'autre  sur  les  pays  dont  on  vient  de  parler,  8<.  sur  lesquels 
saint  Louis  avoit  d'ailleurs  la  souveraineté.  Ce  dernier  affermit  du  moins, 
par  ce  traité,  son  autorité  dans  les  sénéchaussées  de  Beaucaire  Se  de  Carcas- 
sonne,  situées  vers  les  frontières  des  Etats  d'Aragon,  &  se  délivra  de  la  crainte 
que  Jacques,  qui  étoit  un  prince  belliqueux,  ne  portât  la  guerre  dans  la 
Province  &  ne  l'inquiétât  dans  la  possession  de  la  plupart  des  pays  qui  com- 
posoient  ces  deux  sénéchaussées.  En  un  mot,  il  voulut  prévenir  tout  sujet  de 
querelle  &  de  dispute  entre  les  deux  couronnes'.  Jacques  ne  conserva  ainsi, 
en  deçà  des  Pyrénées,  d'autre  domaine  que  la  seigneurie  de  Montpellier  avec 
ses  dépendances  &  la  suzeraineté  sur  la  vicomte  de  Carlad,  en  Auvergne, 
qu'il  se ^  réserva,  &  qui  faisoit  partie  du  domaine  des  anciens  vicomtes  de  ,  ff,°"'^ 
Millau,  ses  ancêtres  maternels. 

XLI.  —  Le  roi  d'Aragon  va  à  Montpellier  £,•  pardonne  aux  hahltans 

qui  se  soumettent. 

Un  autre  avantage  que  le  roi  d'Aragon  trouva  dans  le  traité  fut  que  le  roi, 
qui  jusqu'alors  avoit  paru  favoriser  la  rébellion  des  habitans  de  Montpellier 
contre  lui,  ne  les  protégea  plus;  en  sorte  qu'ils  furent  obligés  de  se  sou- 
mettre. Ils  implorèrent,  en  effet  bientôt  après,  la  clémence  de  Jacques,  & 
prièrent  instamment  ce  prince  de  les  honorer  de  sa  présence.  Jacques,  s'étant 
laissé  fléchir,  arriva  auprès^  de  la  ville,  le  lo  de  décembre  de  l'an  i258.  Gui 
Fulcodi,  évêque  du  Puy,  &  Raymond  Gaucelin,  seigneur  de  Lunel,  qui 
étoient  à  sa  suite,  &  qu'il  avoit  admis  dans  son  conseil,  le  supplièrent  alors 
de  pardonner  à  ces  habitans,  qui  étoient  venus  au  devant  de  lui  &  qui  lui 
donnoient  toute  sorte  de  marques  de  respect,  de  soumission  Si  de  repentir. 
Le  roi  leur  accorda  leur  demande,  8c,  avant  que  d'entrer  dans  la  ville,  il  fit 
expédier  un  acte  de  rémission,  daté  le  même  jour,  du  plan  (ou  place)  qui  est 
devant  les  Frères  Prêcheurs  de  Montpellier,  o^i  le  peuple  s'étoit  assemblé  en 
parlement  par  son  ordre,  en  présence  de  l'archevêque  de  Narbonne,  des  évê- 

'  L'appréciation  du  traité  de  izâS  par  dom  pour  la  France,  qu'il  préserva  d'une  guerre  tou- 
V'aissete  peut  paraître  erronée  sur  certains  points.  jours  itnmincnie,  en  cédant  des  droits  plus  ou 
Quoique  beaucoup  plus  récents  que  ceux  du  roi  moins  surannés,  droits  qu'il  aurait  été  impossible 
Louis  IX  sur  la  Catilogne,  les  droits  de  Jacine  sur  de  faire  valoir  avec  quelque  chance  de  succès.  — 
les  pays  qu'il  céda  au  roi  de  France  par  le  traité  Ct.  à  ce  sujet  de  Tourtoulon,  t.  2,  pp.  3i6  à  3i8. 
de  Corbeil,  n'en  étaient  pas  moins  incontestables.  Ainsi  que  le  remarque  cet  auteur,  le  traité  de  Cor- 
Le»  uns  comme  les  autres  étaient  plus  ou  moins  bcil  achevait  l'œuvre  du  traité  de  Paris  de  1229, 
fondés;  mais  en  cas  de  guerre  Tacme  aurait  trouvé  &  enlevait  tout  appui  étranger  aux  derniers  dé- 
dans le  mécontenteir.en!  d'une  partie  de  la  no-  fenseurs  de  l'indépendance  méridionale.  [A.  M.) 
blesse  méridionale  un  appui  qui  eût  manqué  à  '  La  Chaise,  Histoire  de  :ant  louis,  \.  1  1  ,n.  zi . 
Louis  IX  en  Catalogne.  Ajoutons  que  l'acqulsi-  —  [Cf.  Lenain  deTillemont,  m  'upra.] 
tion  de  Millau  &  de  la  vicomte  de  Cariât  n'était  ^  Catiel,  Séries  praesulum  Magalonimium,  p.  33o 
pas  sans  importance.  Aussi  l'acte  de  1  2 j8  peut-il  &  seq.  — Thalamus  de  Montpellier.  [E.it.  de  la 
être    regardé    en    somme    comme    fort   avantageux  Société  archéologique,  p.  27.] 


m. 
p.  .pyi. 


Ail  i;j3 


862  HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXVI, 

ques  du  Puy,  de  Barcelone,  d'Elne,  de  Rodez  &.  de  Maguelonne'.  Jacques  fit 
ensuite  son  entrée  solennelle  dans  Montpellier,  &c  vécut  depuis  en  bonne 
amitié  avec  les  habitans.  Il  étoit  encore  dans  cette  ville  ^,  le  26  de  février  de 
Tan  12095  il  n'y  fit  peut-être  un  si  long  séjour  que  parce  qu'il  eut,  cette 
dernière  année,  quelque  nouveau  sujet  de  dispute  avec  le  roi  de  France  ;  car 
celui-ci  fit  défense^  à  ses  sujets  de  la  sénéchaussée  de  Beaucaire  de  porter 
des  vivres  à  Montpellier  Se  dans  les  autres  domaines  de  Jacques;  mais  la  paix 
fut  bientôt  rétablie  entre  les  deux  rois;  saint  Louis  donna  main-levée  de 
cette  défense,  au  mois  d'octobre  de  l'an  1259,  81  lé  sénéchal  la  signifia  aux 
trois  ordres  du  pays. 

XLII.  —  Concile  de  Montpellier. 

Jacques,  archevêque  de  Narbonne,  tint  à  Montpellier,  au  mois  de  septembre 
de  l'an  1258,  un  concile'*  de  sa  province,  dans  lequel  on  dressa  dix  canons, 
tant  pour  la  discipline  8c  la  liberté  ecclésiastique  &  pour  la  conservation  des 
biens  de  l'Eglise  que  pour  mettre  des  bornes  à  l'avarice  des  juifs,  qui  exi- 
geoient  des  usures  exorbitantes.  Si  pour  régler  la  manière  dont  on  devoit 
procéder  à  l'égard  des  clercs  coupables  de  crimes.  Ce  prélat  fit  une  procession  ^ 
solennelle,  le  2  de  mai  de  l'année  suivante,  pour  demander  à  Dieu  de 
détourner  une  peste  qui  désoloit  la  Province  Si  le  reste  du  royaume, 

XLIII.  —  Traité  entre  la  France  £■  l'Angleterre. 

Le  roi  Louis  termina  aussi,  en  i258,  les  différends ^  qu'il  avoit  avec  Henri, 
roi  d'Angleterre,  au  sujet  de  diverses  provinces  de  France  dont  ce  prince  lui 
demandoit  la  restitution.  Louis  fut  maintenu  par  le  traité  dans  la  possession 
de  la  Normandie,  de  l'Anjou,  du  Maine,  de  la  Touraine  8c  du  Poitou,  qui  lui 
étoit  contestée  ;  il  céda  de  son  côté  à  l'Anglois  :  1°  Les  droits  qu'il  avoit,  tant 
en  fiefs  qu'en  domaines  dans  le  Périgord,  le  Limousin  8c  le  Querci  ;  mais 
avec  réserve  de  l'hommage  de  ses  frères.  2°  Ce  dernier  pays,  supposé  que 
Richard,  roi  d'Angleterre,  l'eût  donné  en  dot  à  Jeanne,  sa  sœur,  en  la  mariant 

■  En  même  temps  Jacme  rendit  à  la  commune  le  Ronchères   avait    interdit   le   transport   du    blé   à 

droit  de  percevoir   le   droit   de   leude,  appelé   les  Montpellier.  Le   roi,  par  mandement  du   i3  ocio- 

mailles  de   Lattes,   droit  qui   avait   été   l'une   des  bre    lîSp,   lui   ordonna   de   lever   cette  défense  & 

causes  de  la  mésintelligence  entre  les  deux  parties.  lui   interdit  de  la  renouveler  à  l'avenir,  sans  son 

Cf.  à  ce  sujet  M.  Germain,  Commune  de  Montpel-  ordre  exprès.    [A.  M.] 
lier,  t.  2,  pp.  i6,  3o  &  suiv.  [A.  M.]  ^  Catel,   Mémoires   Je   l'histoire    du    Languedoc, 

'  Zurita,  Anales    de   la    corona    de  Aragon,  1.  3,  p.    798.    —   Gariel,    Séries  praesulum    Magalonen- 

c.  57.  sium,   p.    382    &    s;:".    —    Concilia,   t.    1  1 ,   c.    778 

3  Voyez    tome   VIII,    Chartes,    n.    CCCXXXI ,  &  suiv. 
ce.    1449,    1450.   —    Ce    n'était  pas  sur  l'ordre  du  'Catel,    Mémoires    de    rhii.:ire    du    Languedoc, 

roi,  mais  de  son  j.opre  mouvement  &  après  avoir  p.  798. 

pris    l'avis    i:i    prélats,    des    nobles    &    des    pru-  <•   Rymer,  Acta   puhlica,   t.    1,   p.   6-ji>   &.  scq     & 

d'hommes  de  la  sénéchaussée,  conformément  à  l'or-  p.    728.    —    Dumont,    Corps    diplomatique,    t.    1, 

donnance    de    1204,   que   le  sénéchal   GeofTroi   de  p.  207. 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXVI. 


863 


à  Raimond  VI,  comte  de  Toulouse,  &  que  la  comtesse  Jeanne  de  Toulouse, 
femme  du  comte  Alfonse,  mourût  sans  enfans.  3°  L'Agenois,  en  cas  que  la 
même  comtesse  décédât  sans  postérité  j  en  attendant  il  lui  donna  en  équiva- 
lent la  somme  de  trois  mille  sept  cent  vingt  livres  de  rente,  à  laquelle  le 
revenu  de  ce  pays  fut  évalué,  8cc.  Simon  de  Montfort',  comte  de  Leycestre, 
beau-frère  du  roi  d'Angleterre  &  fils  puîné  du  fameux  Simon  de  Montfort, 
renonça  vers  le  même  temps,  en  faveur  du  roi,  à  tous  les  droits  qu'il  pouvoit 
prétendre,  tant  sur  le  comté  de  Toulouse,  la  vicomte  de  Béziers  (y  toute  lu 
conquête  d'Albigeois  que  sur  le  comté  d'Évreux  &  le  reste  de  la  Normandie^. 


An  1253 


XLIV.  —  Régale  du  Puy.  —  Èvêques  de  Mende. 

On  rapporta^  dans  un  parlement,  que  le  roi  tint  à  la  Pentecôte  de  cette 
année,  l'enquête  qui  avoit  été  faite  touchant  la  régale  du  Puy,  &  on  adjugea 
à  ce  prince  les  droits  de  justice  8c  tous  les  revenus  épiscopaux.  le  siège  épi- 
scopal  vacant,  excepté  ceux  de  l'autel  8t  les  péages  que  l'évêque  levoit  dans 
la  ville.  Le  roi  déclara"*  cependant,  au  mois  de  juillet  de  l'année  suivante, 
que  n'ayant  pu  trouver  par  cette  enquête  que  lui  Se  ses  prédécesseurs  eussent 
tenu  la  maison  épiscopale  du  Puy,  les  forteresses  de  la  ville  &  les  châteaux 
de  la  campagne  pendant  la  vacance  du  siège  épiscopal,  excepté  pendant  les 
deux  dernières;  qu'il  eût  nommé  aux  dignités  Se  aux  prébendes,  &  qu'on  lui 
eût  dénoncé  la  mort  de  l'évêque  ou  qu'on  lui  eût  demandé  la  permission  de 
faire  une  élection,  il  ne  vouloit  pas  inquiéter  davantage  l'église  du  Puy.  Il 
ajouta  que  quoiqu'il  ne  prétendît  plus  demander  la  garde  des  forteresses  de 
la  ville,  en  vertu  de  la  vacance  du  siège  épiscopal,  il  la  demanderoit  néan- 
moins quand  il  le  jugeroit  à  propos,  à  raison  de  son  domaine,  Se  qu'ayant 
trouvé  par  la  même  enquête  que  la  justice  de  la  ville  du  Puy,  des  faubourgs 


An  iiSp 


Éd.  origin. 
t,  UI,  p.  492. 


'  Tome  VIII,  Chartes,  n.  CCCXXXII,  c.  i4;m. 

'  Ce  traité  est  ce  qu'on  appelle  fort  impropre- 
ment le  traité  d'AbbevilIe.  (Sur  ce  nom,  cf.  une 
note  très-concluante  de  M.  Cli.  Bémont,  dans  la 
Bibliothèque  Je  l'Ecole  des  Chartes,  t.  Sy,  p.  2.53.) 
On  a  beaucoup  discuté  pour  savoir  s'il  était  avan- 
tageux ou  désavantageux  pour  la  France.  Nous 
n'avons  pas  la  prétention  de  décider  la  ques- 
tion; nous  croyons  pourtant  qu'en  cédant  des 
provinces  absolument  françaises,  &  en  reconsti- 
tuant ainsi  le  domaine  anglais  sur  le  continent, 
ce  traité  prépara  la  guerre  de  Cent-Ans  &  même 
la  rendit  inévitable,  en  multipliant  les  points  de 
contact  entre  les  deux  royaumes.  Les  droits  de  la 
couronne  de  France  sur  ces  provinces  étaient,  à 
vrai  dire,  assez  mal  fondés,  &  la  guerre  de  1204 
assez  peu  légitime.  Mais  l'usurpation  n'était  pas 
plus  flagrante  que  celle  à  laquelle  les  Plantagenets 
devaient  la  couronne  d'Angleterre,  &  si  Louis  IX 
était  décidé  à  tout  restituer,  il  eut  mieux  fait 
d'annuler   le   traité  de   Paris  de  1229,  &  de  réta- 


blir dans  ses  domaines  le  dernier  vicomte  de  Bé- 
ziers. Il  semble  certain  qu'il  fut  poussé  à  cette 
restitution  impolitique  par  des  scrupules  de  con- 
science; mais  l'influence  que  Marguerite  de  Pro- 
vence, sa  femme,  avait  sur  lui,  l'appui  constant 
que  cette  princesse  prêta  à  sa  sœur  Eléonore, 
femme  d'Henri  III,  donnent  à  croire  qu'on  sut 
habilement  faire  naître  ces  scrupules  au  grand  dé- 
triment du  royaume.  —  Quoi  qu'il  en  soit,  l'ana- 
lyse que  dom  Vaissete  donne  des  clauses  de  ce 
traité  relatives  à  Alfonse  est  exacte;  ajoutons-y, 
d'après  Boutaric,  p.  94,  que  l'enquête  pour  savoir 
si  le  Querci  avait  fait  partie  de  la  dot  de  Jeanne, 
femme  de  Raimond  VI,  ne  fut  terminée  qu'en 
1285,  &  conclut  à  l'assignation  au  roi  Edouard  I 
d'un  revenu  de  sept  cent  cinquante-huit  livres 
tournois,  moyennant  quoi  le  Querci  fut  réuni  à 
la  couronne.  [A.  M.] 

'  Registre  Olim.  —  [Cf.  plus  haut,  pp.  SSp,  840.] 
*  Gallia   Christlana,  nov.  éd.  t.  1,  Instr.   p.  284 
Se  seq. 


An  izâp 


864  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXVI. 

81  de  tout  le  domaine  épiscopal,  lui  appartenoit  de  tout  temps  par  droit  de 
régale,  pendant  la  vacance  du  siège,  de  même  que  le  péage  8c  les  autres 
revenus  de  l'évêché,  il  se  réservoit  ces  droits  Se  à  ses  successeurs.  Gui  Fulcodi, 
évêque  du  Puy,  qui  étoit  alors  à  la  Cour,  obtint  cette  charte  Se  l'envoya  à  s(;n 
chapitre.  Le  roi  6-  sa  coordonnèrent  '  ordre,  vers  le  même  temps,  au  sénéchal 
de  Beaucaire  de  faire  une  enquête  sur  le  différend  qui  s'étoit  élevé  entre  Odi- 
lon,  évêque  de  Mende,  &  Hugues,  comte  de  Rodez,  qui  se  plaignoit  de  ce  que 
ce  prélat  avoit  reçu  à  son  préjudice  l'hommage  de  Guérin  de  Châteauneui 
pour  les  châteaux  d'Apchier,  de  Saint-Alban  Si  de  Mont-Âlairac,  en  Gévaudan. 
Odilon,  évêque  de  Mende-,  étoit  de  la  maison  de  Mercœur;  il  possédoit 
le  doyenné  de  Brioude  lorsque  cet  évêché  étant  venu  à  vaquer  S<.  les  cha- 
noines s'étant  partagés  pour  l'élection  entre  Armand  de  Peyre,  prévôt,  &  Ber- 
nard d'Apchier,  chanoine  de  la  cathédrale,  le  pape  Innocent  IV,  qui  étoit 
alors  à  Lyon,  le  nomma  de  sa  propre  autorité  en  1247.  Les  deux  autres  con- 
tendans  ayant  renoncé  à  l'évêché,  le  chapitre  de  Mende,  pour  soutenir  son 
droit,  élut  ensuite  Guillaume  de  Baffie;  mais  enfin  celui-ci  fut  obligé  de 
céder,  comme  les  autres,  à  Odilon  de  Mercœur,  qui  conserva  pendant  quel- 
ques années  le  doyenné  de  Brioude,  dont  il  se  démit  enfin  en  faveur 
d'Odilon,  son  neveu,  fils  de  son  frère.  Ce  prélat  s'accorda^,  tant  en  son  nom 
qu'en  celui  de  son  chapitre,  au  mois  de  décembre  de  l'an  1263,  avec  le  roi, 
touchant  la  vicomte  de  Grèzes  ou  de  Gévaudan,  sur  laquelle  il  prétendoit 
quelques  droits,  &  qu'il  céda  entièrement  à  ce  prince,  qui  lui  donna  un 
dédommagement.  On  peut  voir  dans  la  charte  quelles  étoient  les  dépen- 
dances de  cette  vicomte,  dont  la  ville  de  Marvéjols  est  aujourd'hui  le  chef- 
lieu.  Odilon  de  Mercœur  eut  divers  démêlés  avec  la  principale  nqblesse  du 
Gévaudan,  entre  autres  avec  Randon  de  Châteauneuf,  qui  l'assiégea  dans 
Mende }  ce  prélat  l'obligea  à  lever  le  siège  £<.  à  prendre  la  fuite.  Il  fut  évêque 
de  Mende  jusqu'au  commencement  de  l'année  1274,  qui  fut  celle  de  sa  mort. 
Au  reste,  il  paroît  certain  que  Guillaume  de  Châteauneuf,  qui  fuf*  grand- 
maître  de  l'ordre  de  Saint-Jean  de  Jérusalem,  depuis  l'an  1261  jusqu'en  1260, 
étoit  proche  parent  8<.  de  la  même  maison  que  Randon  de  Châteauneuf  dont 
nous  venons  de  parler;  car  le  nom  de  Guillaume-''  étoit  fort  usité  dans  cette 
maison,  l'une  des  plus  anciennes  du  royaume. 

XLV.  —  Di/Jèrends  entre  les  ojficïers  du  roi  6-  les  évêques  d'Albi. 

Il  fut  ordonné  dans  un  nouveau  parlement<5  que  le  roi  tint  à  la  Toussaint 
de  l'an  1209  que  l'évêque  d'Albi  (Bernard  de  Combret),  répondroit  à  la  Cour 

'Voyez    tome    VIII,    Chartes,    n.    CCCXXXI,  ♦  Vertot,  tf/itoiVf  rfe  itfa/ie,  t.  i ,  p.  Spç  &  suiv. 

ce.   1446  a   I449'  ^  Le  P.  Anselme,  Histoire  généalogique  Jes  granJs 

'Martine,  Thésaurus  anecdotorum,  t.  i ,  c.  1024.  officiers,  t.  3,  p.  808  &  siiiv. 

—  Gj/Zia    Christiana,   nov.    edit.    t.    1,    p.    73.   —  "  Registre   Olim .  —    [Eoutaric,  Actes  du  Paile- 

Voyez  tome  VII,  Noie  XLI,  pp.   117,   118.  ment,  t.  1,  p.  33,  n.  379.] 

>  Voyez  tome VIII,  Chartes,  n.  CCCL'I,  ce.  i.OJo 
à  i5j2. 


HISTOIRE  GÉhIÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXVI.  S65  

An  12.09 

i(  sur  l'ajournement  personnel  qui  avoit  été  décerné  contre  lui  pour  avoir  fait 
«  une  assemblée  de  gens  d'armes,  parmi  lesquels  il  y  avoit  plusieurs /ro/cnVy 
«  (/aiditos),  contre  la  défense  du  sénéchal  de  Carcassonne,  &  on  débouta 
«  l'archevêque  de  Bourges  de  la  demande  qu'il  faisoit,  que  ce  prélat  fût  ren- 
«  voyé  à  sa  cour,  à  cause  qu'il  tenoit  de  lui  la  ville  d'Albi  &  qu'il  étoit  son 
«  suffragant.  »  Pour  entendre  le  motif  de  cet  arrêt,  il  faut  reprendre  les 
choses  de  plus  haut. 

A  peine  le  roi  Louis  VIIT  eut-il  pris  possession  de  la  ville  d'Albi,  après  la 
cession  qu'Amauri  de  Montfort  lui  eut  faite  de  tous  les  droits  qu'il  prétendoit 
y  avoir,  qu'il  s'éleva  de  grands  différends  entre  les  officiers  royaux  St  l'évêque 
au  sujet  de  la  juridiction  temporelle  que  chacun  d'eux  prétendoit  sur  cette 
ville.  Pierre  de  Colmieu,  vice-légat  du  Saint-Siège,  tâcha  de  les  terminer, 
en  1229,  par  une  sentence'  arbitrale;  mais  le  sénéchal  de  Carcassonne  &  le 
bailli  royal  qui  résidoit  à  Albi,  croyant  que  le  roi  étoit  lésé  dans  ce  juge- 
ment, n'y  eurent  aucun  égard.  L'évêque,  de  son  côté,  soutint. ses  préten- 
tions avec  beaucoup  de  chaleur,  8i  les  habitans  ayant  pris  son  parti,  ils  chas- 
sèrent de  la  ville  le  bailli  royal,  8c  empêchèrent  qu'on  ne  levât  le  péage  du 

roi.  Le  sénéchal  de  Carcassonne  les  fit  citer  à  son  tribunal  pour  lesoblig-er  à      ';'',•  ""s'", 

.     .  .  t.  m  p.  49.^ 

faire  satisfaction;  mais  ils  refusèrent  de  comparoître.  Le  roi  saint  Louis  étant 

parti  ensuite  pour  la  Terre-Sainte,  ils  promirent  de  s'en  tenir  à  la  décision 
de  Tarchevêque  de  Bourges  &  de  Guillaume  de  Pian,  sénéchal  de  Carcas- 
sonne, qu'ils  prirent  pour  arbitres,  du  conseil  de  la  reine  mère.  Ayant  appris 
peu  de  temps  après  que  ce  prince  avoit  été  fait  prisonnier  à  la  Massoure,  ils 
ne  voulurent  plus  mettre  l'affaire  en  arbitrage,  formèrent  diverses  ligues  ou 
associations,  prirent  les  armes,  s'assurèrent  des  portes  de  la  ville  £t  s'élevèrent 
de  nouveau  contre  les  officiers  du  roi  ;  en  sorte  qu'ils  auroient  tué  le  bailli 
rov'al,  si  Pierre,  l'un  des  vicomtes  de  Lautrec,  ne  l'eût  fait  évader.  Le  séné- 
chal porta  des  plaintes  de  tous  ces  griefs  à  la  reine  mère.  Se  lui  adressa, 
en  iiôi,  un  mémoire*  dans  lequel  il  marque  en  détail  les  droits  qui,  à  ce 
qu'il  prétendoit,  appartenoient  aux  anciens  vicomtes  d'Albi,  que  le  roi  repré- 
sentoit.  Il  assembla  en  même  temps  un  corps  de  troupes  5<.  assiégea  cette  ville 
sur  l'évêque,  qui,  pour  se  soutenir^,  vendit  aux  habitans  de  Gaillac  le  droit 
de  pesade  qu'il  avoit  dans  leur  ville. 

Ce  prélat,  voulant  se  mettre  à  l'abri  des  poursuites  des  officiers  du  roi, 
implora  la  protection  de  l'archevêque  de  Bourges,  son  métropolitain,  dont  il 
se  rendit  vassal  &<.  à  qui  il  fit  hommage "*,  en  1254,  pour  sa  ville  épiscopale. 
Il  mit  ensuite^  un  corps  de  troupes  sur  pied,  appuyé  du  secours  d'Isarn  & 
d'Amalric,  vicomtes  de  Lautrec,  Se  de  divers  gentilshommes;  ravagea  le  pays 
pendant  l'été  de  l'an  iing,  8t  fit  la  guerre  à  l'abbé  de  Gaillac,  qui  étoit  sou- 

'  Gallia  Christiana,  nov.  éd.  t.  i,  Instrum.  p.  8.  *  GjUia  Christiar.a,  nov.  eé.  t.   i,  Iiistr.  p.  8. — 

—  Voyez  ci-dessus,  livre  XXI\  ,  ch.  L\iv,  p.  6"i.'».  Trésor  des  chartes;  Toulouse,  sac  8,  n.  71 .  [J.  3  17.] 

•Voyez  tomeVni,  Chartes, n.CCXCVI, ce.  i3oi  'Voyez    tome   VIII,  Chartes,    n.    CCCXXXIV, 

à  1  So.*».  ce.    i^j.j    à     1462.  —  Gallia    Chriaticna,    nov.   éd. 

'  IkiJ.  11     CCXCVII,  ce.   i?>io  il  i3i2.  t.    I,  la'trum.  p.  8   &  Sît;. 


An  i25r) 


866  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXVI. 

tenu  de  son  côté  par  Bertrand  (le  jeune),  vicomte  de  Lautrec,  Bertrand, 
vicomte  de  Bruniquel,  c[ue  l'évêque  fit  prisonnier,  &  plusieurs  autres  sei- 
gneurs. Pierre  d'Auteuil,  sénéchal  de  Carcassonne,  informé  de  cette  entre- 
prise, fit  citer  aussitôt  à  son  tribunal  l'évêque,  les  consuls  St  les  habitans- 
d'Albi,  8<.  leurs  associés,  &  les  somma  de  lui  remettre  les  prisonniers  qu'ils 
avoient  faits.  Ce  prélat,  sous  prétexte  que  la  seigneurie  d'Albi  lui  apparte- 
noit  sous  le  vasselage  de  l'archevêque  de  Bourges,  refusa  de  répondre  à  la 
citation,  8c  fit  signifier  au  sénéchal  un  appel  au  roi.  Le  sénéchal,  sans  s'en 
embarrasser,  assembla  Olivier  de  Termes,  Lambert  de  Turey,  Pierre  de 
Grave,  Se  les  autres  principaux  seigneurs  de  la  sénéchaussée,  se  mit  à  leur 
tête,  vint  en  Albigeois,  se  saisit  du  temporel  de  l'évêque  8c  condamna  les 
habitans  d'Albi,  qui  s'étoient  mis  en  état  de  lui  résister,  à  une  amende  con- 
sidérable. Ceux-ci  eurent  recours  à  la  protection  de  l'archevêque  de  Bourges, 
leur  prétendu  seigneur,  à  qui  ils  écrivirent  par  leurs  députés  ' ,  8i  leur  évêque 
s'étant  rendu  à  un  concile  qui  fut  tenu  à  Bourges,  au  mois  de  septembre  de 
la  même  année,  &,  à  ce  qu'il  paroît  pour  cette  affaire,  pressa  vivement  l'ar- 
chevêque de  s'employer  en  sa  faveur  auprès  du  roi,  qui  l'avoit  fait  citer,  8c  qui 
rendit  au  parlement  de  la  Toussaint  l'arrêt  dont  on  a  déjà  parlé. 

L'évêque  8c  les  habitans  d'Albi  promirent  enfin  d'obéir  aux  ordres  du  séné- 
chal de  Carcassonne,  8c  se  présentèrent  devant  lui  à  la  Purification  de  l'année 
suivante.  Cet  officier  condamna  alors  à  diverses  amendes  Pierre,  Isarn  8c 
Amalric,  vicomtes  de  Lautrec,  8c  plusieurs  autres  chevaliers  du  pays  pour 
avoir  pris  les  armes  en  faveur  de  l'évêque  d'Albi  j  Alfonse,  comte  de  Tou- 
louse, fit  condamner^  aussi  à  des  amendes  par  le  sénéchal  de  cette  ville  tous 
ceux  de  ses  sujets  qui  s'étoient  trouvés  dans  la  chevauchée  b  le  conjlit  d'armes 
entre  l'abbé  de  Gaillac  8c  l'évêque  d'Albi.  Le  sénéchal  de  Carcassonne^  fit 
faire  cependant  une  nouvelle  enquête  pour  prouver  les  droits  que  le  roi  avoit 
dans  Albi,  entre  autres  celui  de  chevauchée.  L'évêque  renouvela''  de  son  côté, 
en  1262,  son  hommage  pour  la  ville  d'Albi  à  l'archevêque  de  Bourges,  8c  les 
habitans  députèrent  à  ce  prélat  pour  lui  demander  sa  protection.  Enfin  Ber- 
nard de  Combret,  las  de  tous  ces  troubles,  demanda  permission  au  pape 
Urbain  IV  de  transiger  avec  le  roi,  8c  ils  convinrent  des  articles  suivans,  au 
mois  de  décembre  de  l'an  1264  :  1°  Le  roi  céda  à  l'évêque  la  haute  justice 
dans  la  ville  d'Albi.  2°  Ils  convinrent  que  la  moyenne  seroit  commune  entre 
eux  5  c[ue  leurs  officiers  l'exerceroient  par  prévention;  qu'ils  partageroient  les 
confiscations  pour  crime  d'hérésie  5,  Sec. 

'  Martèiie,  rAcsiiaras  anfCiVoïorKm,  t.  I ,  c.  I  107.  'Nous  ne   mettons   aucune    note   nouvelle   sur 

"  Trésor  des  chartes;  Toulouse,  sac  4,  n""  23  &  cette  .iffaire  d'Albi,  les  détails  que  nous   aurions  à 

55.  —  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  CCCXXXIV,  ajouter  étant   beaucoup  trop  nombreux  pour  être 

ce.   1462,   14(13.  donnés  au  bus  des  pages  de  ce  volume.  Nous  ferons 

'Voyez    tome    VIII,    Charles,    n.    CCCXLni,  dans   une   Note  critique  du   tome  VU   le   récit  de 

ce.    i5o6à   i5o9.  ces  querelles,    &    grâce  à   plusieurs  documents  du 

■•  Martine,  Thésaurus  anecdotorum,  t.  1,  c,   11  17  plus  haut  intérêt,  presque  tous  inédits,  nous  espé- 

&  suiv.  —   Registrum   curiae   Franciae,   —   Gallia  rons  donner   une    idée   exacte   de    l'histoire   de  ce 

Chrsstiana,  nov.  éd.  t.    1,  Jnstrum.  p.  9  &  seq.  différend,  épisode  fort   intéressant  des  luttes  entre 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC,  LIV.  XXVI.  C67   "~ 1 — 

XLVI.  —  Ordonnance  du  roi  pour  la  restitution  des  hiens  de  la  Province 

mal  acquis  au  domaine. 

Outre  les  arrêts  que  le  roi  rendit  dans  son  parlement,  en  i25g,  pour  le 
repos  &  la  tranquillité  de  ses  sujets  des  deux  sénéchaussées  de  Beaucaire  Si 
de  Carcassonne,  il  publia  à  Vincennes,  au  mois  d'avril  de  la  même  année',  xS\\°ç'wv. 
une  ordonnance^  dans  laquelle  il  résout  diverses  questions  qu'Henri  de  Vir- 
ziles^,  Nicolas  de  Châlons  Se  Pierre  de  Voisins,  qu'il  avoit  envoyés  commis- 
saires dans  ces  deux  sénéchaussées,  pour  restituer  les  biens  que  le  domaine 
avoit  mal  acquis,  lui  avoient  proposées,  touchant  cette  restitution  ou  sur 
d'autres  matières.  L.a  réponse  du  roi  contient  vingt-sept  articles  dont  voici 
les  principaux.  Ce  prince'^,  modérant  la  rigueur  de  son  ordonnance  de 
l'an  1228,  qui  commence  par  le  mot  cupientes,  déclare  que  les  biens  saisis 
sous  prétexte  d'hérésie  seront  rendus  à  tous  ceux  qui  en  demanderont  la  res- 
titution ;  excepté  à  ceux  qui  auront  pris  la  fuite  par  la  crainte  de  l'inquisi- 
tion, qui  n'auront  pas  tait  purger  leur  contumace  St  qui  auront  recelé  les 
hérétiques  condamnés  à  la  prison  ou  abandonnés  au  bras  séculier.  Les 
femmes^  ne  seront  pas  privées  de  leurs  biens  par  les  fautes  de  leurs  maris,  6c 
les  biens  des  hérétiques  qui,  sans  avoir  été  cités,  auront  embrassé  l'état  reli- 
gieux, seront  rendus  à  leurs  héritiers.  On  satisfera*  les  créanciers  &  les  femmes 
des  hérétiques,  conjormément  au  droit  écrit  qui  est  en  usage  dans  le  pays. 
Les  tailles  imposées'  par  le  comte  de  Montfort  &  levées  ensuites  par  le  roi 
demeureront  au  même  état  qu'elles  ont  été  imposées,  St  on  ôtera  l'augmen- 
tation, s'il  s'en  trouve  quelqu'une;  elles  diminueront  à  proportion  des  biens 
que  le  domaine  royal  possède  dans  chaque  lieu,  Si  elles  tiendront  la  place 
lies  anciens  services  ou  gistes  auxquels  les  hommes  d'Albigeois  étoient  tenus. 
Les"  propriétaires  auront^  la  liberté  de  vendre  leurs  alleux  sans  être  obligés 
de  payer  aucun  lods.  Enfin  le  roi^  ordonne  aux  commissaires  de  garder  ce 
qui  est  prescrit  dans  le  droit  civil,  touchant  les  fils  des  proscrits  {jaiditorum)-^ 
droit,  dit  ce  prince,  qui  est  observé  dans  le  pays'". 

le  pouvoir  ecclésiastique   &.   le  pouvoir  royal   au  '"  Sur  cette  ordonnance,  qui   acheva   la   réforme 

temps  de  Louis  IX.   [A.  M.]  qu'avaient   ébauchée  les  statuts  de  1254,  on  peut 

'  Voyez  tome  VII,  Note  XL,  pp.   1 16,   1  17.  voir  au  tome  VII  notre  Note  sur  l'administration 

"  Laurière,  Ordonnances,  t.   1,  p.  62  &  suiv.  royale   dans    la    Province.    Elle  eut    surtout  pour 

'  [Corrige'^  de  Vézelai  {de  Vir-[iliacoj.\  objet  de  restituer  leurs  dom.iines   aux   nobles  qui 

*  Cap.   I.  les  avaient  perdus,   &  elle   reconstitua  en    partie 

''  Cap.  2.  l'ancienne  aristocratie  territoriale   dans   la  séné- 

'  Cap.  4.  chaussée  de  Carcassonne;  elle  eut  en  même  temps 

'  Cap.  19  &  seq.  des   résultats    très-importants,   en    contribuant  à 

'  Cap.  23.  faire  accepter   par   le  Midi    la  domination   fran- 

'  Cap.  26.  çaise.   [A.  M.] 


An  i: 


A.1  i25o 


868  IIISTOIUE  GÉNtTxALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXVI. 


XLVII.  —  Accord  entre  le  roi  &  l'archevêque  d'Arles  touchant  Beauca'ire 

6"  la  terre  d'Argence, 

Le  roi  s'accorda',  au  mois  d'octobre  suivant,  avec  l'archevêque  d'Arles,  au 
sujet  de  la  ville  de  Beaucaire  Si  du  pays  d'Argence,  qui  comprenoit  la  partie 
du  diocèse  d'Arles  située  en  deçà  du  Rhône,  pays  que  les  comtes  de  Tou- 
louse possédoient  auparavant  sous  la  mouvance  de  l'église  d'Arles,  Si  que 
Simon  de  Montfort  avoit  acquis  de  la  manière^  qu'on  l'a  rapporté  ailleurs. 
Le  roi  étant  devenu  possesseur  du  même  pays  par  le  traité  de  l'an  1229,  6*  ce 
prince  ne  faisant  hommage  à  personne,  l'archevêque  d'Arles  lui  demanda  un 
dédommagement.  Enfin  Gui  Fulcodi,  évêque  du  Puy,  que  le  pape  avoit 
chargé  du  soin  de  cette  affaire,  la  termina,  St  le  roi  assigna  à  cet  archevêque 
cent  livres  tournois  de  rente  sur  le  péage  de  Beaucaire  pour  toutes  ses  pré- 
■  tentions. 

XI/VIIL  —  Archevêques  de  Narbonne.  —  Êvêques  du  Puy,  de  Lodève 
t  de  Maguelonne.  —  Seigneurs  de  Lunel, 

Les  talens  éminens  qu'on  remarquoit  dans  l'évêque  du  Puy,  engagèrent* 
vers  le  même  temps  les  chanoines  de  la  cathédrale  de  Narbonne,  après  la 
mort  de  Jacques,  leur  archevêque,  arrivée  le  5  d'octobre  de  l'an  iiSg,  à 
l'élire  en  sa  place,  &  ils  firent  cette  élection  par  compromis  cinq  jours  après. 
Gui  Fulcodi  ne  prit  pas  si  tôt  cependant  possession  de  l'archevêché,  81  il  ne 
se  qualifioit  encore  qu'archevêque  élu,  au  mois  de'*  mai  de  l'année  suivante, 
lorsqu'il  reçut  à  Narbonne  l'hommage  d'Amalric,  vicomte  de  cette  ville.  11 
continua  de  gouverner  en  même  temps  l'église  du  Puy  jusqu'au  22  de  juillet 
de  l'an  1260'',  que  le  chapitre  de  cette  église  élut  pour  évêque  Guillaume 
de  la  Roue,  religieux  de  la  Chaise-Dieu,  qui  ne  fut  paisible  possesseur  de 
l'évêché  qu'en  1263,  parce  qu'il  eut  un  concurrent  en  la  personne  de  Simon, 
trésorier  de  Saint-Martin  de  Tours,  que  le  doyen  8<.  le  prévôt  de  l'église  du 
Puy  avoient  élu  de  leur  côté.  Au  commencement  de  l'épiscopat  de  Guillaume 
de  la  Roue,  Simon  de  Montfort,  à  qui  Esquivât  de  Chabanois,  son  neveu, 
avoit  cédé  les  droits  qu'il  avoit  sur  le  comté  de  Bigorre,  fit  présenter^  l'an- 
cienne redevance  à  laquelle  les  comtes  de  Bigorre  s'étoient  assujettis  envers 
cette  église. 

Gui  Fulcodi  se  qualifie  évêque  du  Puy  i-  archevêque  nommé  de  Narbonne, 
le  i3  de  décembre  de  l'an  1260,  dans  la  sentence  arbitrale"  qu'il  rendit  alors, 

'  GallU  Chrisùana,  iioy.  éd.  t.  2,  Iitstr.  p.  iSâ.  ■  Galliti  ChristUna,  nov.  ed,  t.   z,  p.  23i. 

'  Voyez  plus  haut,  livre  XXII,  ch.Lwix,  pp.  453  «Voyez     tome    VIII,    Chartes,     n.    CCCXLII, 

&  454-  ce.    |5C2,   i5o1. 

>  Baliize,  Concilia  Galliae  Nartonensis,  Append.  '  Trésor  des  chartes;  Maguelonne,  sac  i,  n.  7. 

p.   c6i   &  seq.  [J,  Sîj.] —   Gariel,  Séries  praesulum  Magalonrn- 

*  Baluze,  Concilia  Galliae  Narhonrnsis,  Append.  num,  p.  3S')  &  seq.  —  Gallia  Chriatiana^  nov.  ed. 

p.   tfn  &  seq.  t.  f,,  InUrum.   p.  T-.?. 


An  I  ; 


l'"d.  orit*;ii. 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXVI.  869 

à  Montpellier,  dans  le  palais  Se  en  présence  de  Jacques,  roi  d'Aragon,  au 
sujet  des  ditïérends  qui  s'étoient  élevés  touchant  le  domaine  &  la  justice  de 
la  même  ville,  entre  ce  prince  &  Guillaume,  évêque  de  Maguelonne.  Plu- 
sieurs seigneurs  des  plus  considérables  de  la  cour  d'Aragon  ou  du  pa%s  furent 
présens  à  ce  jugement,  entre  autres  Hugues,  comte  de  Rodez,  Pvaimond- 
Gaucelin,  seigneur  de  Lunel,  Raimond  de  Sainte-Eugénie,  Gui  de  Sévérac, 
Guillaume  de  Roqueteuil,  Arias  Yranchez,  Hugues  de  Creyssel  8c  Raimond 
de  Roger,  chevaliers  j  Bérenger  de  Frédol ,  prévôt  de  l'église  de  Mague-  t.'iu^p.  19:. 
lonne,  Sec.  Ce  dernier,  qui  étoit  frère  de  Pierre  de  Frédol,  damoiseau,  sei- 
gneur de  la  Vérune,  succéda  deux  ans  après  à  Guillaume  dans  l'évêché  de 
Maguelonne.  Quand  à  Raimond-Gaucelin,  seigneur  de  Lunel,  il  est  encore 
fait  mention  de  lui  '  en  126g.  Il  ne  laissa  qu'un  fils,  nommé  Rousselin,  qu'il 
fit  héritier  de  la  seigneurie  de  Lunel  &  de  ses  autres  domaines,  dont  il  sub- 
stitua la  moitié  à  Géraud  d'Ami,  seigneur  de  Castelnau,  de  la  maison  de 
Sabran.  Rousselin  épousa  Béatrix  de  Genève  8c  mourut  sans  enfans;  par  là 
Géraud  d'Ami,  comme  substitué,  hérita  de  la  moitié  de  la  baronie  de  liUnel. 
Rousselin  disposa  de  l'autre  en  faveur  de  Raimond-Gaucelin  de  Sabran- 
Uzès*,  son  neveu  à  la  mode  de  Bretagne,  par  Guillelmette  de  Lunel,  sa 
tante,  femme  de  Raynon  de  Sabran,  seigneur  d'Uzès  en  partie,  8c  aïeul 
paternel  de  ce  dernier. 

Gui,  évêque  du  Puy  &■  archevêque  de  Narbonne,  termina  aussi ^  comme 
arbitre,  en  1260,  les  différends  qui  s'étoient  élevés  entre  Raimond,  évêque 
de  Lodève,  Se  les  habitans  de  cette  ville.  Raimond  avoit  succédé  dès  l'année 
précédente,  dans  cet  évêché  à  Guillaume  de  Casouls.  Le  comte  de  Rodez "^j 
qui  conservoit  encore  un  reste  de  l'autorité  que  les  vicomtes  de  Lodève,  ses 
prédécesseurs,  avoient  exercée  dans  celte  ville,  se  plaignit  quelque  temps 
après  de  ce  que  l'élection  de  Raimond  avoit  été  faite  sans  sa  participation  8c 
de  ce  qu'on  ne  lui  avoit  pas  confié  la  garde  du  palais  épiscopal  durant  la 
vacance,  suivant  l'usage.  Sur  cette  contestation  l'évêque  8c  les  chanoines  de 
Lodève  s'accordèrent  avec  le  comte  de  Rodez.  Ils  convinrent  que  ce  comte 
8c  ses  successeurs  auroient  à  l'avenir  cette  garde  en  pareil  cas,  8c  on  lui 
donna  une  somme  pour  ses  autres  prétentions. 

Le  nouvel  archevêque  de  Narbonne  fit,  au  mois  d'avril  de  l'an  1261,  un 
vojage  à  la  Cour,  où  le  roi  confirma^  en  sa  faveur  les  traités  faits  entre  l'ar- 
chevêque Pierre,  son  prédécesseur,  8c  le  feu  roi,  touchant  les  biens  confisqués 
sur  les  hérétiques  dans  la  mouvance  de  l'église  de  Narbonne.  Gui  Fulcodi 
fit  alors  hommage  à  ce  prince  8c  lui  prêta  serment  de  fidélité  pour  les 
domaines  que  son  église  avoit  reçus  en  dédommagement.  Il  ne  posséda  pas 
longtemps  l'archevêché  de  Narbonne.   Le  pape  Urbain   IV,  instruit  de  sa 

'  Voyez  tome  Vin,  Chartes,  n.CCCXLI,  ce.  looi  *  Plantavit,  Chronologm  praesulum  Loiovenùum. 

&  iJo2.  —  Rcgistrum  curiae  Franciae.  p.    200.   —    Voyez    tome    IV,    Note    XXV,    n.    iv, 

'  Voyez  tome  IV,  Note  LII,  p.  228.  p.   1  3o. 
'  Plantavit,  Chronolog  .i  pr:icsu!um  Lo.iovenslum .  '  Registrum    curiae    Franciae.    —    Gallia    Ch 


An  12Û1 


m- 


f-   I9'4-  liini,  nov.  éd.  t.  6,  Imtrum.  c.  69  Si  seq. 


~; ; —  870  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXVL 

.  An  1261  ' 

capacité  8c  de  ses  vertus,  le  créa  cardinal-évêque  de  Sabine,  au  mois  de 
décembre  de  l'an  1261.  Comme  cette  promotion  l'obligeoit  à  se  démettre  de 
l'archevêché  il  ne  put'  se  résoudre  à  quitter  son  église,  8<.  il  s'excusa  auprès 
du  pape  d'accepter  sa  nouvelle  dignité.  D'ailleurs,  le  roi,  à  qui  il  étoit  fort 
utile,  soit  par  ses  conseils,  soit  par  ses  services,  souhaitoit  extrêmement  le 
retenir  en  France,  du  moins  encore  pendant  un  an  ;  mais  Urbain  fit  de  si 
fortes  instances,  tant  auprès  de  ce  prince  qu'auprès  de  Gui,  à  qui  il  écrivit 
la  lettre  du  monde  la  plus  honorable,  81  à  qui  il  enjoignoit  de  se  soumettre 
en  vertu  d'obéissance,  qu'enfin  ce  prélat  se  rendit.  Il  fut  iort  regretté  dans 
son  église,  qu'il  avoit  édifiée  par  sa  vie  vraiment  épiscopale  8c  dont  il  avoit 
réformé  la  discipline  par  des  statuts  synodaux^.  Après  son  départ  pour  l'Italie 
le  chapitre  de  Narbonne  élut  en  sa  place  Maurin,  chapelain  du  pape  81  cha- 
noine de  la  cathédrale. 

XLIX.  —  Suite  des  procédures  des  commissaires  du  roi  pour  la  restitution 
des  biens  mal  acquis  au  domaine  dans  la  Province, 

Cependant  maîtres  Henri  de  Virziles,  Nicolas  de  Châlons-sur-Marne  81 
Pierre  de  Voisins,  clercs  du  roi,  &  ses  inquisiteurs  ou  commissaires  dans  la 
sénéchaussée  de  Beaucaire  8c  de  Carcassonne,  continuoient  de  travailler  à  la 
restitution  des  biens  mal  acquis  au  domaine.  Le  roi  ^  leur  renvoya,  le  jeudi 
p^^  1^^,  après  le  dimanche  Laetare  de  l'an  1161  (1262),  l'examen  des  demandes  (jue 
les  ecclésiastiques  séculiers  8c  réguliers  de  la  province  de  Narbonne  8c  des 
diocèses  voisins  lui  faisoient  à  ce  sujet,  avec  ordre  de  lui  remettre  les  infor- 
mations. Ils  ordonnèrent  à  Pierre  d'Auteuil,  sénéchal  de  Carcassonne,  de 
donner  un  dédommagement  aux  habitans  de  Limoux  qui  ne  seroient  pas 
notés  publiquement  d'hérésie  8c  de  révolte  {^de  jaidimento)  ou  convaincus 
d'avoir  pris  part  aux  guerres  de  Trencavel  8c  du  comte  de  Toulouse,  pour  les 

'  Baluze,  Conc'diti  Galîiae  Narhonensis,  Append.  qu'une  partie  des  biens   réclamés   par  lui,  ï.s  en- 

n.  3o.  quêteurs  n'iiyant    pas   jugé  suffisantes   les  preuves 

'  liid.  p.  70  &  seq.  qu'il  fournissait  à  l'appui  de  ses  réclamations.  La 

^  Archives  de  l'évêché  de  Béziers.  —  Manuscrits  maison  de  Prouille  obtint  aussi  (n.  85,  p.    184)  la 

de    Baluze,   n.    012.    [Lat.    3954*.]   —  Ce    registie  restitution   de   plusieurs    domaines   à   elle  donnés 

dont    nous    publions    toute     la     partie    utile    au  par   divers    bienfaiteurs.    —    L'abbaye    de  Caunes 

tome    VII    de    la     présente    édition    (Enquêteurs  réclama    de   son    côté  contre  "diverses   usurpations 

royaux,  registre  H),  contient   en   effit  un   certain  &  abus  de  pouvoir  commis   par  les  agents  royaux 

nombre  de  restitutions  faites  à  des  ecclésiastiques.  (n.  88,  p.    194).  —  Celle  de  ViUelongue  se  fit  res- 

Nous   citerons   notamment    (n.   70,    p.   144  du  re-  tituer  une  terre  donnée  autrefois  par  le  comte  de 

gistre)   les  plaintes  de   l'abbaye  de   Saint-Pons  de  Montfort  (n.  89,  p.   197).  —  Autres  réclamations 

Thomlères,  auxquelles  il  fut  fait  droit  en  majeure  de   l'hôpital   de   Capestang   (n.   94,    p.   207),   du 

partie;  elle  réclamait  un  certain  nombre  de  châ-  prieur  de   Camon    (n.  102,  p.  22Ô).  —   L'abbesse 

teaux,  jadis  tenus  d'elle  par  des  chevaliers  héréti-  de  Nonenque  demanda    plusieurs  censives  qui  lui 

ques,  &  se  plaignait  des  exactions   &  des  violen-  furent  délivrées   (n.   112,    p.    2joJ.    —    L'abbé  de 

ces  des  petits  officiers    royaux,  qui,   en  dépit  des  ViUemagne   réclama   la  moitié  des   hautes   justices 

nouvelles  ordonnances,   continuaient  à  respecter  &  de  la   taille  du  château  de  Lignan  ;   il  fut  dé- 

assez  mal   les  droits  &  les  privilèges  des  églises  &  bouté    d'une    partie    de    ses    demandes    (n.    ii5, 

des  particuliers.  Citons  encore  [Ibid.  n.  71 ,  p.  i55)  p.  2Ô5).  —  Autres  demandes  du  chapitre  de  Lcdève 

les  demandes  de  l'abbé  de  Quarante,  qui   n'obtint  (n.  121,  p.  269,  &  n.   122,  p.  274).   [A.  M.] 


HISTOIRE  GÉNÉP,.ALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXVI.  871 

terres  cju'on  leur  avoit  prises  pour  bâtir  la  ville,  lorsque  les  lieutenans  du 
roi  dans  la  Province  ayant  fait  la  paix  avec  eux  au  nom  de  ce  prince,  réglè- 
rent qu'elle  seroit  transférée  de  dessus  la  colline  où  elle  étoit  située,  dans  la 
plaine.  Ils  ordonnèrent  aussi  de  supprimer  les  quatre  mille  sols  de  taille  que 
Gautier  Gastablat,  sénéchal  de  Carcassonne,  avoit  imposée  sur  eux,  pour 
remplir  les  onze  mille  sols  qu'il  avoit  donnés  en  assignat  à  Pierre  de  Voisins 
sur  la  même  ville,  parce  que  cette  taille  avoit  été  imposée  contre  l'ancienne 
liberté  des  habitans  de  Limoux,  qui  obtinrent  ainsi  ce  qu'ils  '  avoient 
demandé  inutilement  quelques  années  auparavant  &  qu'on  leur  avoit  refusé, 
sous  prétexte  de  leurs  révoltes  passées^. 

Les  consuls^  &  les  habitans  du  nouveau  bourg  de  Carcassonne  deman- 
dèrent aux  mêmes  commissaires  la  restitution  de  l'emplacement  de  l'ancien 
bourg  8<  des  jardins  voisins;  mais  l'ancien  bourg  fut  adjugé  au  roi,  à  cause 
qu'ils  avoient  pris  part  à  la  guerre  deTrencavel,  &c  que  d'ailleurs  ce  prince 
leur  avoit  donné  des  places  dans  le  nouveau  pour  y  bâtir.  Les  commissaires'* 
refusèrent  aussi  la  demande  que  taisoient  les  habitans  de  Béziers  d'être 
dédommagés  du  terrain  que  le  roi  avoit  donné,  en  1248,  aux  dominicains, 
dans  l'ancien  palais  vicomtal  de  cette  ville,  pour  y  bâtir  un  couvent;  ils 
s'excusèrent  sur  ce  que  ce  château  avoit  appartenu  au  comte  de  Montfort,  & 
sur  ce  que,  quoiqu'il  eût  été  dém.oli  lorsqu'il  quitta  le  pays,  il  leur  étoit 
défendu  par  leurs  instructions  de  faire  aucune  restitution  des  domaines  qui 
avoient  été  possédés  par  ce  comte  durant  son  séjour  dans  la  Province-"'.  Enfin 


An  1262 


t.  111,  p.  496. 


'  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  CCCXVI,cc.  iSpi 
&  liyi. 

'  Ce  que  dom  Vaissete  a  publié  est  la  requête 
présentée  niix  enquêteurs  par  le  défendeur,  Pierre 
de  Voisins,  contre  les  demandes  des  consuls  de 
Limoux.  On  y  trouve  le  récit  fort  curieux  des  ré- 
voltes successives  des  habitants  de  cette  vills, 
qui,  à  plusieurs  reprises,  fut  transportée  dans 
la  plaine  j  à  chaque  nouvelle  révolte  les  habi- 
tants revenaient  habiter  la  colline.  En  1240,  ils 
avaient  repris  les  armes,  &  le  défendeur  déclare 
que  leur  rendre  leur  ancienne  liberté  serait  d'un 
mauvais  exemple.  Les  enquêteurs  ne  statuèrent 
que  sur  la  demande  d'indemnités  pour  les  terrains 
occupés  en  1228,  lors  de  la  construction  de  la 
nouvelle  ville.  Les  personnes  non  notées  d'hérésie 
&  qui  n'avaient  point  pris  part  aux  guerres  de 
1240  &  1242,  durent  seules  être  indemnisées. 
Registre  H  des  Enquêteurs,  n.  64,  p.  i35.)  — 
Le  même  registre  contient  plusieurs  autres  resti- 
tutions faites  à  diverses  communautés.  La  ville  de 
Montréal  obtint  la  restitution  de  revenus  confis- 
qués par  les  officiers  royaux,  de  différents  privi- 
lèges dont  elle  avait  été  dépouillée,  &  l'amnistie 
pour  un  certain  nombre  de  prud'hommes  chassés 
de  la  ville  par  Jean  de  Beaumont  contre  la  foi 
jurée  (n.   80,  p.   174). —  Les  consuls  de   Roujan 


firent  ramener  la  taille  annuelle  à  l'ancien 
chiffre;  elle  avait  été  augmentée  induement  par 
le  sénéchal  Guillaume  des  Ormes,  qui  avaii  forcé 
les  consuls  à  renoncer  à  un  appel,  interjeté  par 
eux,  en  employant  la  violence  &  les  menaces 
(n.  80,  p.  2i5).   [A.  M.] 

'  Voyez  tomeVIll,  Chartes,  n.  CCCLX.cc.  1495 
à  1497. 

*  Archives  des  Jacobins  de  Béziers.  —  Gallia. 
Clirlstiana,  nov.  éd.  t.  6,  Instrum,  c.  1  56.  —  [Cf. 
tome  V,  ce.   1449,   1460,  n.   188.] 

'  Notons  encore  parmi  les  restitutions  effectuées 
par  les  enquêteurs  de  Louis  IX  un  accord  entre  eux 
&  l'abbaye  de  Caunes.  Cette  dernière  demandait  le 
rétablissement  de  l'ancien  salin  de  Caunes,  qui 
devait  appartenir  pour  moitié  au  roi,  pour  moitié 
au  couvent.  Le  sénéchal  Jean  de  Fricans  en  avait 
dépouillé  les  moines.  Avant  lui  tout  le  sel  ap- 
porté à  Caunes  devait  être  vendu  aux  officiers  de 
l'abbaye  &  à  ceux  du  roi,  qui  l'emmagasinaient 
&  le  revendaient  en  partageant  le  bénéfice.  En 
outre  l'abbé  prétendait  que  c'était  lui  qui  devait 
percevoir  sur  les  acheteurs  de  sel  les  droits  de 
mesure.  Le  sel  ainsi  extrait  de  l'entrepôt  de  Cau- 
nes ne  pouvait  être  transporté  que  par  certaines 
routes.  Les  enquêteurs  ne  trouvèrent  pas  les  actes 
produits  par  l'abbé  suffisamment  probants;    tou- 


An  I  ; 


872  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXVI. 

ils  firent'  un  grand  nombre  de  restitutions  des  biens  unis  au  domaine  royal 
en  faveur  des  veuves  Se  des  descendans  de  divers  gentilsbommes  de  la  séné- 
chaussée de  Carcassonne,  dont  on  avoit  confisqué  les  terres,  soit  pour  crim.e 
d'hérésie,  soit  pour  avoir  porté  les  armes  en  faveur  du  comte  de  Toulouse  ou 
de  Trencavel.  Ils  députèrent  Pierre  du  Puy,  juge  de  la  cour  royale  de  Car- 
cassonne, pour  l'exécution  de  leurs  sentences;  8c  cet  officier  ayant  formé, 
quelque  difficulté,  Philippe  de  Cahors,  clerc  du  roi,  fit  de  nouvelles  infor- 
mations ;  après  quoi  ils  confirmèrent  leurs  jugemens,  que  Guillaume  de 
Cohardon,  sénéchal  de  Carcassonne,  fit  rédiger  quelque  temps  après  dans 
un  registre^  pour  en  conserver  la  mémoire. 

L.  —  Le  roi  unit  la  ville  de  Pé-^enas  au  domaine.  — Seigneurs  de  Mirepoîx. 

Philippe  de  Cahors  étoit  chefcièr^  de  .Saint-Merry  de  Paris  81  frère  puîné 
d'Élie  de  Cahors,  chanoine  de  la  cathédrale  de  Paris.  Ils  avoient  un  troisième 
frère,  appelé  Raimond,  8<.  ils  étoient  fils  de  Raimond  de  Cahors,  bourgeois 
de  Montpellier,  à  qui  Simon  de  Montfort  avoit  donné  en  fief,  en  1211,  les 
châteaux  de  Pézenas  Se  de  Torves,  qu'ils  vendirenf*  au  roi  pour  trois  mille 
livres  tournois,  au  mois  de  mars  de  l'an  1261  (1262). 

Le  roi  tint 5,  durant  l'octave  de  la  Chandeleur  de  cette  année,  un  parle- 
ment dans  lequel  on  jugea  un  procès  qui  s'étoit  élevé  entre  Guiot  de  Lévis, 
maréchal  de  Mirepoix,  8c  Bérenger  de  Puiserguier,  chevalier.  Ce  dernier 
demandoit  de  rentrer  dans  la  possession  des  châteaux  de  Florenzac  Se  de 
Pomerols,  au  diocèse  d'Agde,  dont  il  prétendoit  que  Bérenger,  son  père,  avoit 
été  dépouillé   injustement,  durant  la  guerre  des  albigeois,  par  Simon  de 

tefois,  ne  voulant  pas  risquer  de  retenir  des  droits  ces  prononcées  par  les  trois  enquêteurs  plus  haut 

injustement    acquis,    ils  cédèrent  à   l'abbaye  cer-  nommés.  Barthélémy  du  Puy  &  un  autre  clerc  du 

taines  menues  redevances  assises  sur  des  domaines  roi,  Pierre  Amiot  (alias  Amiet)  furent  chargés  de 

voisins   de  Caunes.   Le   salin    de  Caunes    fut    par  leur   exécution.    Enfin   Guillaume    de  Cohardon, 

suite  virtuellement  supprimé.  (Cf.  t.  VII,  Enqué-  sénéchal  de  Carcassonne,  chargea    ce  même   Bar- 

teurs  royaux,  registre  H,  n.  87.)  L'abbé  &  le  cou-  thélemy  de  réunir  tous   les  actes  de  cette  enquête 

vent    acceptèrent    cette    transaction    par    acte    du  en    un    registre   spécial,   dont   le    manuscrit    que 

8   mai    1262.  (Cf.   tome  VIII,  ce.    1498  à    i5oo.)  nous  avons  publié  est  la  copie.  [A.  M.j 
Elle  fut    renouvelée   &  modifiée,  en    1270,   par  ce  '  Kcgistrum  curiae  Fraiiciac. 

même  abbé  &  le  sénéchal  Guillaume   de  Cohar-  ■*  Trésor  des  chartes;  Languedoc,  n.  21 .  [J.  2i;ô.j 

don.  (Original,  J.  29;),  n.   19.}  [A.  M.]  ^  Registre  Olim.  Cf.  Boutaric,  Actes  du  Parle- 

'  Manuscrits  de  Balu\e,n.  5r2.  ment,  t.    i,  p.  Sç,  n.  6Ô3.  L'affaire  était  déjà  en- 

'  Manuscrits  de  Balu\e,  n.   Ô12.   —  Voici,  d'à-  tamée  en    1206,  date  d'un    mandement  du    roi  au 

près  le  préambule  de  ce  registre  (Tome  VII,  En-  sénéchal  de  Carcassonne   lui   ordonnant  de   faire 

quêteurs,  reg.  H.),  la  succession  des  travaux  de  ce  comparaître    les    deux    parties    par    devant    lui. 

tribunal    ambulant.    Les    plaintes    furent    reçues  (Tome  VIII,  c.   i366.)  Le   18  avril  1261,  en  vertu 

d'abord   par  Gui   Foulcois,  qui  fut  bientôt  appelé  d'un    autre    mandement  du    roi,  le  sénéchal,  Bé- 

à    des  fonctions    plus   importantes,   &  par   Henri  renger  de   Puisserguier,  8t  le   procureur  de  Guiot 

de  Vézelai,  Nicolas  de  Châlons   &  Pierre  de  Voi-  de  Lévis  allèrent  à  Florensac   examiner    les  chà. 

sins,  clercs   du    roi.  Barthélémy  du    Puy  (&  non  teaux    &    les   terres,    dont   Bérenger    réclamait  la 

Pierre  du  Puy),  juge  de  la   cour  du   sénéchal,  fut  restitution.  L'arrêt  du  parlement  de  1262  fut  con- 

chargé  de   défendre  les  intérêts   du  roi,  d'être  son  forme  aux  principes   établis  par  le  roi  Louis  IX 

procureur.  Les  enquêtes  furent  conduites  par  Phi-  dans  son  instruction  aux  enquêteurs  de  1269. 
lippe  de  Cahors,  autre  clerc  du  roi,  &  les  senten-  [A.  M.] 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXVI.  873  ~~ 7" 

'  An  I  202 

Monttort,  qui  en  avoit  disposé  en  faveur  de  Gui  de  Lévis,  a'ieul  du  même 
Guiot.  Le  roi  donna  commission  à  Gui  Fulcodi,  arclievêque  de  Narbonne, 
d'informer  de  la  vérité  des  faits,  6<.  ayant  vérifié  que  Bérenger  de  Puiser- 
guier,  père  du  demandeur,  s'étoit  uni  au  comte  de  Toulouse  dans  la  guerre 
que  ce  prince  avoit  faite  au  roi,  en  1242,  &  qu'il  s'étoit  emparé  par  force  de 
.ces  deux  châteaux,  Guiot  de  Lévis  tut  maintenu  dans  leur  possession.  Guiot 
ou  Gui  de  Lévis  fut  le  troisième  seigneur  de  Mirepoix  de  son  nom;  il  épousa 
Isabelle  de  Montmorency  dont  il  eut  plusieurs  enfans. 

LL  —  Voyage  de  Jacques,  roi  d'Aragon,  en  deçà  des  Pyrénées 

6"  à  Montpellier. 

Au  mois  de  mai  suivant  le  roi,  accompagné  de  la  ^jrincipale  noblesse  du 
royaume,  se  rendit'  à  Clermont,  en  Auvergne,  pour  la  consommation  du 
mariage  du  prince  Philippe,  son  fils,  avec  Isabelle  d'Aragon,  qui  fut  con- 
duite à  Clermont  par  le  roi  Jacques,  son  père,  suivi  des  infans  Pierre  8(. 
Sanche,  8c  de  tout  ce  qu'il  y  avoit  de  plus  distingué  à  sa  cour.  Le  roi  saint 
Louis  assigna  alors  à  Isabelle,  pour  son  douaire,  les  lieux  de  Lauran  8< 
d'Angles,  81  la  forêt  de  Servian  dans  la  sénéchaussée  de  Carcassonne,  8< 
quinze  cens  livres  de  rente  sur  le  grenier  à  sel  de  Carcassonne;  à  condition 
que  cette  assignation  cesseroit  si  Philippe  parvenoit  au  trône,  8i  que  ce 
prince  assigneroit  alors  six  mille  livres  tournois  de  rente  à  la  reine,  son 
épouse,  pour  son  douaire*.  Après  la  célébration  des  noces  le  roi  d'Aragon  alla 
à  Montpellier,  où  il  paroît  qu'il  avoit  fait  un  voyage ■*  au  mois  de  septembre 
précédent,  8t  où  il  termina  le  mariage  de  l'infant  Pierre,  son  fils  aîné,  qui 
épousa  solennellement,  le  i3  de  juin  de  l'an  1262,  dans  l'église  de  Notre- 
Dame  de  cette  ville.  Constance,  fille  de  Mainfroi,  roi  de  Sicile.  Ferdinand,  t.  ni"'.^!"; 
fils  du  roi  d'Aragon,  Gausbert,  vicomte  de  Casteinau,  Olivier  de  Termes, 
Pvaimond-Gaucelin,  seigneur  de  Lunel,  &  un  grand  nombre  de  prélats  Se 
d'autres  seigneurs  furent  présens  à  cette  cérémonie,  Pierre  assigna  pour  le 
douaire  de  Constance  le  domaine  de  la  ville  de  Girone  avec  les  juifs,  Stc,  & 
lui  en  donna  l'investiture  par  un  couteau  firme.  Constance  eut  cinquante 
mille  onces  d'or  en  dot'*.  Le  roi  d'Aragon  envoya  la  même-^  année  Guillaume 
de  Roquefeuil,  gouverneur  de  Montpellier,  en  ambassade  à  la  cour  de  Savoie, 

'  Gesta  LuAovici   IX,   p.  îyi  &  suiv.   —   D'A-  à  ce  sujet  une  lettre  des  plus  élogieuses  à  la  fin  du 

chéry,  Spicilegium,    t.    8,    p.    Coj.    —   Trésor   des  mois  de  juillet   1262.  Jacme   d'Arjigoii    dut   même 

chartes;  Aragon.  déclarer  tju'en  s'alliant  à  Manfred,  il  n'entendait 

'  Lenain    de  TiUemont    ("tome   \V,    pp.    248   à  pas  le  soutenir  dans  sa  lutte  contre  le  Saint-Siège. 

2.")i)  recule  ce  voy.nge  jusqu'au  mois  de  juillet,  ce  :  De  Tourtoulon,  t.  2,  p.  .^26,  note.)   [A.  M.] 
qui  placerait  le  mariage  de  Constance  8c  de  Pierre  '  Domaine  de  Montpellier;  titres  de  Montpel- 

d'Aragon  un  mois  avant  celui  de  Philippe  &  d'/sa-  lier. 

belle.  11  cite,  en  effet,  nombre  de  textes  qui  prou-  *  D'Achéry,  Spicilegium,   t.    10,  p.    190  &  suiv. 

vent  que  Louis  IX  fut  sur  le  point  de  rompre  le  ''  Zurita,  Anales  Je  la  corona  de  Aragon,  1.    3, 

mariage    projeté,  à   la    nouvelle  de   l'alliance  de  c.   64. 
Jacme  I  &  de  Manfred,  &  Uib.iin   IV  lui  écrivit 


An  1262 


874  HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXVI. 

pour  traiter  du   mariage   de  Jacques,  son   autre  iils,  avec  Eéatrix,   fille  du 
comte  Amédée;  mais  cette  alliance  n'eut  pas  lieu. 

LU.  —  Origine  du  parlement  de  Languedoc. 

■  Il  ne  paroît  pas  qu'Alfonse,  comte  de  Toulouse  &  de  Poitiers,  ait  accom- 
pagné le  roi  saint  Louis,  son  frère,  à  Clermont.  Gui  de  Sévérac,  l'un  de  ses 
principaux  vassaux  du  Rouergue,  l'alla  joindre,  en  1261,  à  Nogent-l'Erem- 
bert,  peut-être  pour  appuyer  les  plaintes'  qu'il  lui  avoit  déjà  portées  contre 
les  vexations  dont  on  accusoit  Vivien,  évêque  de  Rodez^.  Ce  prince  8c  la 
comtesse  Jeanne,  sa  femme,  firent  leur  résidence^  ordinaire  à  Longpont,  les 
deux  années  suivantes,  &  il  y  donna  commission'^,  la  veille  de  la  nativité  de 

f^^  ijg3  Notre-Seigneur  de  l'an  I263,  à  Odon  de  Moutonier,  son  clerc,  de  terminer, 
en  qualité  de  son  auditeur,  un  différend  qu'il  avoit  avec  Hugues,  comte  de 
Rodez,  8t  quelques  seigneurs  du  pays,  touchant  une  mine  d'argent  trouvée 
à  Orzals,  en  Rouergue.  Cette  affaire  avoit  été  déjà  plaidée,  en  1262,  devant 
Raoul  de  Gonesse,  trésorier  de  Saint-Hilaire  de  Poitiers  8c  vice-gérant  d'Al- 
fonse.  Raoul,  ayant  consulté  l'évêque  de  Toulouse,  Sicard  d'Alaman,  Pons 
d'Astoaud,  le  même  maître  Odon  de  Moutonier  8c  plusieurs  autres,  avoit 
refusé  d'entériner  une  requête  que  le  comte  de  Rodez  lui  avoit  présentée,  8c 
remis  à  délibérer  sur  cette  matière  avec  les  commissaires  du  comte  Alfonse  au 
prochain  parlement,  qui  devoit  se  tenir  dans  la  quinzaine  de  la  fête  de  la 
Toussaint.  Sur  ce  refus  le  comte  de  Rodez  en  avoit  appelé  à  ce  prince,  qui 
avoit  commis,  par  des  lettres  datées  de  Longpont,  la  veille  de  Saint-Jean- 
Baptiste  de  l'an  i263,  Philippe  de  Boissy,  sénéchal  de  Rouergue,  pour  décider 
cet  incident.  Ce  sénéchal  ayant  rendu  son  jugement,  le  comte  de  Rodez  en 
avoit  encore  appelé  à  Alfonse.  Tel  étoit  l'état  du  procès  lorsque  ce  prince 
commit  Odon  de  Moutonier  pour  le  terminer.  Odon^  étant  à  Toulouse  y 
rendit  une  sentence  interlocutoire,  le  jeudi  après  la  nativité  de  la  Vierge  de 

f^^^  ijg  l'an  1264,  en  présence  de  Sicard  d'Alaman,  de  Pons  d'Astoaud,  de  Pierre, 
vicomte  de  Lautrec,  des  sénéchaux  de  Toulouse  8c  de  Rouergue,  du  viguier 

'  Tvésov  des  chartes  ;  Toulouse,  sac  2,  n.  ;2. —  Aifonse   répondit  que    le  vicomte  de   Béarn   était 

Voyez     tome    VIII,     Chartes,     n.    CCCXXXVII,  l'agresseur.    Une    nouvelle    demande    n'eut    pour 

c.    1467  &  suiv.  —  Clément  IV,  Epist.  342.  résultat  que  de   provoquer,  de  la    part  d'Alfonse, 

'Durant  ces   années    I25l,    1262    &    126?),  Al-  une  dernière  démarche  de  conciliation  qui,  resiée 

fonse   eut  à   résister  aux  demandes   indiscrètes  de  inutile,  amena    l'intervention   armée  du    sénéchal 

6a  belle-sœur,  Marguerite  de  Provence.  Cetie  prin-  de  Toulouse  en    faveur  du   comte  de   Comrainges. 

cesse,  mêlée  à  des  intrigues  politiques,  &  désireuse  Dans  plusieurs  autres  circonstances,  Alfonse  eut 

de  procurer  des  secours  à  sa  sœur  Eléonore,  femme  à  résister  à  Marguerite,  qui  lui  demandait  parfois 

d'Henri  III,  essaya   de  gagner  l'appui   d'Alfonse.  des  actes  peu  équitables  &   réprouvés  par  le  droit 

De  là   toute   une  correspondance  fort  intéressante  des  gens.  [A.  M.] 

que   Boutaric  a   puuliée  (p.   100  &  suiv.),  &  qu'il  '  Trésor  des  chartes;  Toulouse,  sac  6,   n.  68  & 

est    nécessaire    d'indiquer    brièvement.    En    1263,  suiv.;  sac   11,  n.  64. 
Gaston  de  Béarn,  qui  pouvait  être  un  allié  utile  ^  Archives  du  domaine  de  Rodez, 

pour  le  roi   d'Angleterre,  était   en   guerre  avec  le  'Voyez    tome   VIII,   Chartes,    n.    CCCXLVIII, 

comte  de  Commmges,   vassal   d'Alfonse;  Margue-  ce.  1J26  à  i528. 
rite  pria  son  beau-frère  d'intervenir  en  sa  faveur. 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXVL  870 

de  Toulouse  &  de  plusieurs  jurisconsultes  qui  lui  servoient  d'assesseurs.  Il 
déclara  que  le  trésorier  de  Saint-Hilaire  de  Poitiers  avoir  simplement  admis 
la  requête  du  comte  de  Rodez,  8c,  qu'après  l'avoir  reçue,  il  avoit  déclaré  qu'il 
en  délibérerait  au  prochain  parlement  du  seigneur  comte  de  Poitiers  ^  de 
Toulouse  ' . 

Nous  sommes  entrés  dans  le  détail  de  cette  procédure  parce  qu'elle  nous 
apprend  l'ordre  judicaire  observé  dans  les  domaines  du  comte  Alfonse,  &  que 
ce  prince  avoit  son  parlement,  comme  son  frère  avoit  le  sien,  pour  juger  en 
dernier  ressort  les  affaires  que  ses  sujets  portoient  devant  lui  par  appel  ou 
qu'il  trouvoit  à  propos  d'y  évoquer.  Nous  donnerons  ailleurs  d'autres  preuves 
qu'Altonse  avoit,  en  effet,  un  parlement  particulier  pour  toute  l'étendue  de 
ses  domaines  &  de  la  comtesse  Jeanne,  sa  femme.  Si  qu'il  en  tenoit  les  séances 
à  sa  cour;  on  convient^,  en  effet,  qu'il  l'établit  dès  son  avènement  au  comté 
de  Toulouse.  C'est  là  la  véritable  origine  du  parlement  de  Toulouse  ou  de 
Languedoc  que  nos  rois,  successeurs  d'Alfonse  dans  le  comté  de  cette  ville, 
continuèrent  après  sa  mort  comme  nous  verrons  dans  la  suite.  Le  parlement 
de  Toulouse,  à  prendre  ce  terme  dans  le  sens  qu'on  lui  donne  communé- 
ment, est  donc  aussi  ancien  que  celui  de  Paris  ou  de  France,  puisque  les 
plus  anciens  registres  qu'on  ait  de  ce  dernier  ne  remontent  pas  au-dessus  de 
l'an  1259^.  Au  reste,  Alfonse,  après  avoir  acquis "^  le  droit  d'Hugues  de  Saint- 
Romain,  chevalier,  dans  le  domaine  duquel  la  mine  d'Orzals  étoit  située, 
transigea  enfin,  au  mois  de  novembre  de  l'an  i265,  avec  le  comte  de  Rodez, 
&  demeura  en  possession  du  tiers  de  cette  mine,  outre  la  moitié  du  droit 
de  seigneuriage,  qui  consistoit  en  trois  sols  par  marc,  de  l'argent  qu'on  en 
tiroit,  8tc.  Il  laissa  l'autre  moitié  en  fief  au  comte  de  Rodez''. 

'  Sur  cette  affaire  on  peut  consulter  Boutaric,  née,  était  ambulatoire,  c'est-à-dire  qu'il  suivait  le 
pp.  108  à  210.  La  mine  était  située  en  partie  sur  comte  dans  ses  nombreux  voyages,  &  s'occupait 
les  terres  d'un  chevalier,  Hugues  de  Saint-Rome,  des  affaires  de  tout  l'apanage  d'Alfonse  &  des  an- 
vassal  du  comte  de  Rodez,  &  Alfonse  réclamait  ciens  domaines  de  Raimond  VII.  Ses  sentences 
les  droits  de  suzerain,  qu'il  devait  partager  avec  n'avaient  d'ailleurs  aucun  caractère  définitif,  & 
le  comte  de  Rodez.  Dés  1262  la  mine  d'Orzals  devaient,  pour  devenir  exécutoires,  avoir  été  ap- 
était  sous  la  main  d'Alfonse.  Une  transaction  prouvées  par  le  comte.  On  a  un  rôle  fort  curieux 
passée  en  1265  partagea  également  le  domaine  de  ce  parlement  pour  les  domaines  du  midi,  de 
entre  les  deux  parties,  La  recette  fut  toujours  l'an  1270,  rôle  dont  nous  parlerons  plus  loin. 
assez  médiocre;  en  1268,  elle  était  de  quatre  cent  —  Remarquons  en  passant  que  dom  Vaissete  ra- 
marcs  d'argent,  valant  mille  livres.  Les  contesta-  jeunit  le  parlement  de  Paris  de  quelques  années, 
tions  avec  le  comte  de  Rodez  duraient  encore  en  Le  plus  ancien  des  OLin  commence  à  l'an  1204. 
1267.  [A.  M.]  [A.  M.] 

'  La  Chaise,  Histoire  de  saint  Louis,  1.  5,  n.  5,  '  Trésor  des  chartes;  Toulouse,  sac  6,  n.   i  i. 

p.  304.  ■*  C'est    à    cette    année    1263    qu'il    faut    placer 

'  Le  parlement  d'Alfonse  n'était  pas  un  parle-  cette   tentative  des   infants  d'Aragon  sur  le  Lan- 

ment  dans  le  sens  ordinaire  du  mot,  mais  une  cour  guedoc,  que  nous  avons  déjà  rappelée  plus  haut, 

plénière,   investie   de    pouvoirs   administratifs   &  &  que  dom  Vaissete  avait   datée  à   tort  de   12Ô7. 

judiciaires,   &  jugeant  principalement   les  causes  Une   lettre   de   Louis   IX,  d'octobre   1263,  publiée 

entre   le  comte  &  les  particuliers.  Il  se  composait  par   Boutaric,   p.    lij,  note,   prouve    péremptoire- 

des  officiers  d'Alfonse,  qui  venaient  à  termes  fixes  ment  qu'elle  eut    lieu  vers  cette  époque.  Par  cette 

lui    rendre    leurs   comptes,    des   clercs  enquêteurs,  lettre   le   roi   demande   à   son    frère  d'ordonner  au 

qui    rapportaient   les  enquêtes   par   eux  faites  sur  sénéchal  de  Toulouse  de  s'occuper  de  cette  affaire, 

les  lieux,  Sic.  Il  siégeait  aux  grandes  fêtes  de  l'an-  [A.  M.J 


An  1264      ^/^  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXVI, 

LUI.  —  Aljbnse  se  prépare   à  retourner  à  la  Terre-Sainte  ;  il  met  le  comte 
d'Armagnac,  son  vassal,  à  la  raison. 

x^nulT^lk  Alfonse,  dans  le  dessein  de  passer  incessamment'  à  la  Terre- Sainte, 
demanda,  en  1264,  au  pape  Urbain  IV  la  confirmation  des  grâces  qu'Inno- 
cent IV,  son  prédécesseur,  lui  avoit  accordées  pour  cette  entreprise,  savoir  : 
le  rachat  des  vœux  de  ceux  qui,  s'étant  croisés,  n'avoient  pu  les  accom- 
plir, &C.  Urbain  lui  accorda  sa  demande,  le  27  d'août  de  la  même  année^,  &c 
lui  écrivit^  ensuite  pour  le  prier  de  changer.  Se  au  lieu  d'aller  outre-mer,  de 
joindre  ses  armes  à  celles  du  comte  de  Provence,  son  frère,  pour  venir  en 
Italie  le  venger  de  Mainfroi,  roi  de  Sicile;  mais  le  comte  persista  dans  sa 
première  résolution'*.  Ce  prince  ordonna,  vers  le  même^  temps,  à  Pierre  de 
Landreville,  son  sénéchal  de  Toulouse,  d'assembler  la  noblesse  du  pays  Si  de 
déclarer  la  guerre  à  Géraud,  comte  d'Armagnac,  son  vassal,  qui  s'étoit  révolté 
contre  lui.  Le  sénéchal  se  mit  aussitôt  en  armes,  ravagea  les  terres  de  Géraud, 
■fit  sur  lui  plusieurs  prisonniers  Se  l'obligea  à  demander  la  paix  8c  à  donner 
des  otages.  Alfonse  manda  alors  à  Landreville  qu'après  avoir  reçu  des  assu- 
rances de  la  part  de  ce  comte  Se  de  Pincelle,  safemme^  comme  ils  esteroient 
à  droit  devant  sa  cour  8c  lui  feroient  toutes  les  satisfactions  convenables,  il 
lui  rendit  ses  otages  8c  les  domaines  qu'il  avoit  saisis  sur  lui^.  Le  sénéchal 
condamna  ensuite  Géraud  à  payer  à  Alfonse  quinze  cens  livres  tournois  pour 

'  Trésor  des  chartes;  Toulouse,  sac  6,  n.  64.  [J.  même   remarquer  que   pour   venir   en    aide   à   son 

3i3,l  frère,  il  était  forcé  de  recourir  aux  usuriers,  (/iii. 

'  Vers  la  même  époque,  Alfonse  se  plaignit  au  pp.  114,  ii5.)  [A.  M.] 

pape  d'un   canon   du   concile   provincial   de  Bor-  'Trésor  des  chariesj  Toulouse,  sac  4,  n.  ô.),  & 

deaux,  qu'il   jugeait   préjudiciable  à  ses   intérêts.  sac  6,  n.  10.  [J.  3o7  &  3i2.] 

Ce  synode  avait  décidé  que  les  lieux  où  on  aurait  "  De  cette  année  1264  date  une  grande  bulle  du 
saisi  des  biens  ecclésiastiques  seraient  soumis  à  pape  Urbain  IV  que  Boutaric  a  publiée  (pp.  443  a 
l'interdit  ipso  facto.  Alfonse  envoya  à  Urbain  IV  447),  &  <]ui  est  un  véritable  code  de  procédure  à 
deux  ambassadeurs, Guillaume  de  Doué,  chevalier,  l'usage  de  l'inquisition,  rédigé  pour  les  inquisi- 
&.  Guichard,  son  clerc,  &  lui  demanda  de  le  met-  leurs  des  domaines  du  comte  de  Poitiers.  Sans  en- 
tre à  l'abri  des  conséquences  de  ce  statut,  en  don-  trer  dans  l'analyse  détaillée  de  ses  dispositions, 
liant  à  ses  privilèges  antérieurs  une  certaine  exten-  nous  en  dirons  quelques  mots.  —  Cet  acte  annuité 
sion.  Il  écrivit  en  même  temps  au  pape  (21  oct.  toutes  les  procédures  faites  sans  le  concours  des 
I  264)  &  à  plusieurs  des  cardinaux  du  sacré  collège.  dominicains  inquisiteurs,  même  celles  des  ordi- 
Ses  réclamations  paraissent  être  restées  sans  effet,  naires.  —  Pour  prononcer  la  peine  de  la  prison 
&  la  cour  romaine  ne  voulut  pas  se  prononcer  perpétuelle,  ils  s'adjoindront  les  ordinaires  ou,  en 
dans  cette  querelle  assez  délicate.  (Cf.  Boutaric,  cas  d'absence,  leurs  vicaires;  les  dépositions  des 
pp.  432,  433,  &  tome  VIII,  ce.   1541,  1,542.)  témoins  seront  reçues  en  présence  de  deux  person- 

[A.  M.]  nés  religieuses  choisies  par  eux.  Les  inquisiteurs 

'  Raynaldi,  année  1264,  n.  14.  pourront  ne  point  publier  les  noms  des  témoins, 

^  Urbain  IV  avait  déjà  fait  faire   une  première  si    cette    publication    paraissait   dangereuse    pour 

démarche    auprès    d'Alfonse    par    le    cardinal    de  ceux-ci.  Enfin   le  pape   donne   aux   commissaires 

Saint-Ange,   démarche    restée   inutile.    (Boutaric,  tout    pouvoir  pour   agir,   rechercher,   punir,   ab- 

p.  I  14.)  Clément   IV,  successeur  d'Urbain  IV,  re-  soudre,   concéder   des    indulgences,    citer,   enten- 

nouvela  ses  instances  par  une  bulle  de  juin   126J,  dre,  &c.  Cette  bulle  rendait  aux  inquisiteurs  tous 

dans  laquelle   il   fait  le   tableau  le  plus  sombre  de  les  pouvoirs  que  les  évêques  avaient  essayé  de  leur 

la  détresse  du  nouveau  roi  de  Sicile.  Alfonse  n'ac-  enlever  quelques  années  auparavant.   [A.  M.] 
corda  que  quelques  secours  pécuniaires  en  faisant 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.   LIV.  XXVI.  877   — 

'  '         An  I  2f>4 

'es  frais  de  la  guerre  5  mais  par  un  accord  qu'il  passa  ensuite  avec  lui  à  Tou- 
louse, à  la  fin  de  septembre  de  l'an  1264,  il  se  contenta  de  quatre  cent  cin- 
quante livres  de  Morlas. 

LIV.  —  Procès  fait  à  Raimond  de  Felgar,  êvêqite  de  Toulouse, 
par  les  commissaires  du  pape. 

La  ville  de  Toulouse  étoit  alors  dans  le  trouble  &  l'agitation  à  l'occasion 
du  procès  intenté  à  Raimond  de  Felgar,  son  évêque,  auparavant  religieux  de 
l'ordre  des  frères  Prêcbeurs.  Ce  prélat'  fut  accusé  de  divers  crimes  devant  le 
pape  Urbain  IV,  entre  autres  de  mener  une  vie  licencieuse  &  d'être  extrê- 
mement négligent  dans  les  fonctions  de  son  ministère.  Sur  cette  accusation 
le  pape  nomma  Maurin,  archevêque  de  Narbonne,  Bérenger  de  Frédol , 
évêque  de  Maguelonne,  &  le  prieur  de  Nérac,  de  l'ordre  de  Saint-Benoît, 
pour  se  rendre  à  Toulouse,  y  examiner  en  qualité  à' inquisiteurs  ou  de  com- 
missaires la  vie  &  la  conduite  de  Raimond  de  Felgar.  Ils  se  transportèrent 
tous  trois  bientôt  après  dans  cette  ville  8c  y  commencèrent  leur  procédure; 
mais  l'évêque  ne  jugea  pas  à  propos  de  comparoître,  quoiqu'ils  l'eussent  cité, 
8c,  après  leur  avoir  fait  signifier  un  appel  au  pape,  il  partit  pour  Rome, 
malgré  la  défense  qu'ils  lui  avoient  faite  de  s'absenter.  Après  son  départ  ses 
officiers  prirent  le  soin  de  sa  défense,  8c,  comme  il  étoit  fort  aimé  dans  la 
ville,  le  sénéchal,  le  viguier  8c  les  principaux  babitans  se  déclarèrent  haute- 
ment en  sa  faveur,  8c  refusèrent  constamment  d'exécuter  les  ordres  des  com- 
missaires. Ceux-ci,  voulant  se  faire  obéir,  excommunièrent  le  viguier  8c  les 
officiers  de  l'évêque,  8c  donnèrent  en  même  temps  avis  au  pape  des  traverses 
qu'ils  essuyoient  dans  l'exécution  de  leur  commission.  Le  pape  écrivit,  le 
28  de  janvier  de  l'an  1264,  au  comte  Alfonse,  pour  le  prier  d'ordonner  au 
sénéchal  de  Toulouse  8c  à  ses  autres  officiers  de  favoriser  les  trois  commis- 
saires 8c  de  permettre  qu'ils  prissent  sur  les  revenus  de  l'évêché  de  Toulouse 
de  quoi  fournir  aux  frais  de  leur  commission,  comme  il  le  leur  avoit  accordé. 
Il  adressa  cette  lettre  à  Maurin,  archevêque  de  Narbonne,  qui  l'envoya  au 
comte,  le  17  de  mars,  8c  l'accompagna  d'une  des  siennes,  dans  laquelle  il 
expose,  à  ce  prince  le  refus  que  le  sénéchal,  le  viguier  8c  capitulaires  (ou 
capitouls)  de  Toulouse  lui  faisoient,  8c  à  ses  collègues,  de  prendre  sur  les 
revenus  de  l'évêché  de  Toulouse  les  dépenses  de  la  commission  8c  le  prie 
d'interposer  son  autorité  pour  les  y  contraindre. 

Alfonse,  après  avoir  reçu  la  lettre  du  pape,  manda,  le  samedi  avant  les 
Rameaux  (12  d'avril),  au  sénéchal  de  Toulouse,  d'en  délibérer  avec  des  per- 
sonnes intelligentes  8c  non  suspectes;  «  8c  supposé,  ajoute-t-il,  que  le  vicaire 
«  8c  les  autres  officiers  de  l'évêque  vous  donnent  de  bonnes  raisons  pour  vous 
<i  empêcher  de  saisir  le  temporel  de  l'évêché,  afin  de  subvenir  aux  frais  de 

'  Vovez  fitne  VIII,  Chartes,  n.  CCCXLIX,  c.    i^zS   &  juiv.  —  Trésor  dcî  chartes;  Toulcise,  sac  6, 


-~ ;: —   878  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXVI, 

An  I  264  ' 

<(  la  commission,  excusez- vous  tant  auprès  du  pape  qu'auprès  des  commîs- 
«  saires  de  ne  pouvoir  procéder  à  cette  saisie.  »  II  lui  ordonne  enfin  de  lui 
faire  savoir  ce  qui  se  passeroit.  On  voit  par  là  qu'Alfonse  étoit  favorable  à 
l'évêque  de  Toulouse',  qui  avoit  à  la  tête  de  son  parti  Béraud  d'Anduze, 
Éd. oiigin.  cousin  dc  la  comtesse  Jeanne,  femme  de  ce  prince.  Béraud,  pour  intimider 
les  commissaires,  alla  un  jour  a  la  tête  d  une  troupe  de  gens  armes  dans  le 
cloître  de  Saint-Etienne,  où  ils  demeuroient,  &  menaça  de  les  faire  mourir  j 
mais  ayant  été  repoussé  par  les  domestiques  de  l'archevêque  &  de  ses  collè- 
gues, ses  gens  déchargèrent  leur  fureur  sur  l'écuyer  [scuîi/èro)  de  ce  prélat 
qui  ramenoit  ses  chevaux  de  l'abreuvoir  &.  le  blessèrent  à  mort.  Les  commis- 
saires portèrent  des  plaintes  de  ces  violences,  le  24  d'avril,  au  comte  Alfonse, 
&  lui  marquèrent  que  le  sénéchal  refusoit  toujours,  malgré  ses  ordres,  de 
pourvoir  à  leur  entretien  sur  les  revenus  de  l'évêché  de  Toulouse. 

Ces  plaintes  étant  inutiles  Se  le  sénéchal  persistant  toujours  dans  son  refus 
les  commissaires  usèrent  de  voies  de  fait  &  se  dédommagèrent  de  leur  propre 
autorité,  soit  sur  le  temporel  de  l'évêché  de  Toulouse,  soit  sur  les  biens  des 
Toulousains  qui  étoient  attachés  à  leur  évêque;  en  sorte  que  le  pape,  informé 
de  ces  désordres,  fut  obligé  d'écrire,  le  18  de  mai  suivant,  au  comte  Alfonse, 
pour  le  prier  de  protéger  l'évêque  de  Toulouse  &  ses  adhérans,  8c  de  ne  pas 
permettre  qu'on  fît  tort  à  leurs  personnes  ou  à  leurs  biens,  sauf  les  frais  de  la 
commission.  Cependant  le  sénéchal  Pierre  de  Landreville,  voulant  exécuter 
les  ordres  du  comte,  assembla  plusieurs  jurisconsultes,  81  ayant  fait  appeler 
à  l'assemblée  Bernard  Saisset,  chancelier  de  l'église  de  Toulouse,  le  vicaire 
général,  l'official  &  les  procureurs  de  l'évêque,  il  leur  déclara  que  s'ils  avoient 
de  bonnes  raisons  pour  empêcher  la  saisie  des  revenus  de  l'évêché  ils  n'avoient 
qu'à  les  proposer.  Le  vicaire  général  '  répondit  qu'il  n'y  avoit  aucun  lieu  de 
faire  cette  saisie,  parce  que  l'évêque  avoit  récusé  les  commissaires  pour  des 
raisons  légitimes,  8t  qu'il  avoit  appelé  de  leur  procédure  au  Saint-Siège  où 
il  avoit  obtenu  un  auditeur  apostolique;  qu'ainsi  il  le  sommoit  de  surseoir  à 
la  saisie,  avec  menace,  en  cas  qu'il  passât  outre,  de  l'excommunier  lui  8<.  tout 
son  conseil.  Landreville  ordonna  aussitôt  la  surséance,  8c,  pour  se  mettre  à 
l'abri  des  menaces  que  les  commissaires  avoient  faites  de  jeter  l'excommuni- 
cation 81  l'interdit  sur  sa  personne,  sur  la  ville  de  Toulouse  8t  sur  tous  les 
Etats  du  comte  Alfonse,  il  appela  au  pape  avec  le  lieutenant  du  viguier  &  les 
consuls  de  Toulouse,  tant  en  leur  nom  qu'en  celui  du  peuple,  de  tout  ce  que 
les  mêmes  commissaires  pourroient  décerner  contre  eux;  ces  derniers  voyant 
alors  qu'ils  ne  pouvoient  aller  plus  avant  81  craignant  d'être  maltraités  par  la 
populace,  furent  obligés  de  se  retirer. 

Pierre  de  Landreville  s'étoit  déjà  déclaré  ouvertement  partisan^  de  l'évêque 

'Voyez    tome    VIII,    Chartes,    n.    CCCXLIX,  resta  en  fonction  jusqu'en  i  :68,  année  de  sa  mort. 

ce.   i5/!6,  1537.  (Boiitaric,  p.   169.)  Voir  aussi  tome  VIII,  c.  i58i, 

"  Archives  de  l'abbaye  du  Mas-Garnier.  —  Cf.  à  un   mandement  d'Alfonse,  fort  élogieux   pour  ce 

ce  sujet  tome  IV  de  cette  histoire,  p.  488.  Le  séné-  fonctionnaire.    [A.  M.] 
chnl  ne  dut  pas  être  puni    bien  sévèrement,  car  il 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXVI. 


879 


An  1264 


de  Toulouse,  qu'il  avoit  aidé  peu  de  temps  auparavant,  conjointement  avec 
Béraud  d'Anduze,  à  s'emparer  de  force  de  l'abbaye  du  Mas-Garnier  où  ce 
prélat  avoit  ensuite  déposé  labbé  &  nommé  un  autre  en  sa  place.  Les  reli- 
gieux du  Mas  appelèrent  de  cette  entreprise  au  comte  Alfonse,  qui  nomma 
Philippe  de  Montléard,  chevalier,  &  maître  Barthélémy  d'Orléans,  chanoine 
d'Angoulême,  pour  aller  taire  une  enquête  sur  les  lieux.  Les  deux  commis- 
saires citèrent  le  sénéchal,  qui  n'osa  comparoître,  8c  le  condamnèrent  par 
contumace,  le  8  de  mars  de  l'an  1264  (i265),  à  rendre  à  l'abbaye  du  Mas 
tout  ce  qu'il  en  avoit  enlevé,  8c  qu'on  estimoit  mille  livres  toulousaines;  ils 
réservèrent  au  comte  Alfonse  à  le  punir  personnellement. 

Raimond  de  Felgar',  évêque  de  Toulouse,  obtint  enfin  à  Pvome,  du  pape 
Urbain  IV,  l'absolution  de  la  sentence  d'excommunication  que  l'archevêque 
de  Narbonne  avoit  lancée  contre  lui;  mais  à  peine  fut-il  de  retour  dans  son 
diocèse  que  cet  archevêque  l'excommunia  de  nouveau  sans  garder  aucune 
formaHté;  de  quoi  le  pape  Clément  IV,  successeur  d'Urbain,  le  reprit  sévè- 
rement, le  22  de  juillet  de  l'an  i265*.  Raimond  fut  ainsi  obligé  de  retourner 
à  Rome,  où  il  obtint  une  nouvelle  absolution;  mais  son  affaire  ne  finit  pas 
si  tôt,  81  elle  duroit  encore ■''  au  mois  de  septembre  de  l'année  suivante, 
lorsque  le  pape  manda  aux  inquisiteurs  députés  contre  l'évêque  de  Toulouse, 
que  ce  prélat  se  plaignoit  de  ce  qu'après  avoir  entendu  un  très-grand  nombre 
de  témoins  contre  lui  ils  ne  lui  permettoient  d'en  produire  que  quelques- 
uns  pour  sa  défense.  Le  pape  déclara  ensuite  que  n'y  ayant  pas  de  promo- 
teur dans  cette  affaire  l'évêque  pouvoit  récuser  ceux  des  témoins  qu'il  jugeroit 
à  propos.  Se  que,  pour  plus  grande  liberté,  il  lui  permettoit  d'en  faire  ouïr 

jusqu'à  cent  pour  sa  justification:  en  un  mot,  il  ordonna  aux  commissaires      tdongin. 
'...',,,  j       .       •  .11-  •  "■  '"'  P  '^''• 

ou   inquisiteurs  a  entendre  autant  de   témoins   pour  établir  son   innocence 

qu'ils  en  avoient  reçus  pour  prouver  les  crimes  de  fratricide  8t  de  simonie 
dont  il  étoit  accusé.  Enfin  il  leur  donna  permission  de  prolonger  la  procédure 
au  delà  du  terme  marqué,  autant  de  temps  qu'il  en  faudroit  pour  recevoir  la 
déposition  de  tous  ces  témoins.  Le  pape  accorda ■*  un  nouveau  délai,  le  18  de 
décembre  suivant,  soit  pour  que  ce  prélat  pût  donner  les  moyens  de  récusa- 
tion qu'il  avoit  contre  les  témoins  qui  lut  étoient  contraires,  soit  pour 
entendre  ceux  qui  lui  étoient  favorables. 

'  dénient  IV,  Epist,  108.  été  attaqué  sur  le  chemin  public  par  le  baile,  le 

*  La  violence  avec  laquelle  l'archevêque  Maurin  )ug«  &  les  hommes  de  ce  dernier,  dépouillé  de  ses 

poursuivit  l'évêque  Raimond  du  Fauga  nous  donne  b.igages   &   traité    ignominieusement    par   eux.    Il 

à  penser  qu'il  était  conduit  par  une  haine  person-  termine  en  priant  le  roi  de  faire  punir  les  auteurs 

nelle.  Un   mandement   d'Alfonse,   d'environ    1262  d'un  tel  attentat.  fA.  M.] 

(tome  VIII,   ce.    i5o5,    i5o6),  vient   à   l'.ippui    de  ^  Clément  IV,  £^;st.  3y8.  —  Catel,  Mémoires  de 

notre  opinion.  Le  comte  y  expose  au  roi  que  Rai-  l'histoire  du  Languedoc,  p.  pc/l. 

mond  du  Fauga,  se    rendant  au  concile  provincial  ■*  Clément  IV,  Epist.  418. 

de  Béziers,  convoqué  par  l'archevêque  Maunn,  a 


An  I  264 


88û  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXVI. 


LV.  —  Alfonse  prétend  exercer  les  droits  de  régale  dans  l'église  de  Toulouse. 

Evéques  de  cette  ville. 

Il  V  a  lieu  de  croire  que  Raimoncl  de  Felgar  se  tira  de  cette  attaire  avec 
honneur.  Le  pape  le  qualifie,  en  effet,  son  très-cher  frère  dans  une  lettre' 
qu'il  écrivit,  le  20  d'octobre  de  l'an  1267,  à  l'évêque  de  Béziers,  pour  le 
charger  de  confirmer  la  sentence  d'excommunication  lancée  par  l'official  de 
Toulouse  contre  le  viguier  de  cette  ville  qui,  sous  prétexte  des  droits  de  régale, 
s'étoit  saisi  des  biens  de  l'évêché  de  Toulouse,  au  nom  du  comte  Alfonse,  sur 
le  faux  bruit  qu'on  avoit  fait  courir  de  la  mort  de  ce  prélat.  Raimond  pos- 
séda d'ailleurs  paisiblement  l'évêché  de  Toulouse  jusques  à  sa  mort,  arrivée- 
le  19  d'octobre  de  l'an  1270,  après  l'avoir  gouverné  pendant  trente-neuf  ans. 
11  fut  inhumé  dans  l'église  des  dominicains  de  Toulouse,  ses  confrères,  aux- 
quels il  avoit  fait  beaucoup  de  bien  ^.  On  y  voit  encore  son  tombeau  &  son 
épitaphe  où  on  fait  un  grand  éloge  de  sa  personne.  Un  historien  moderne**, 
de  son  ordre,  croit  qu'on  s'est  trompé  d'avoir  dit  qu'on  avoit  formé  diverses 
accusations  contre  lui,  8c  qu'on  l'a  confondu  avec  Raimond,  évêque  de  Tou- 
louse, qui  vivoit  sous  le  pontificat  d'Urbain  II  ;  mais  l'accusation  intentée 
contre  Raimond  de  Felgar  est  appuyée  sur  un  si  grand  nombre  de  monu- 
mens  qu'on  ne  sauroit  la  révoquer  en  doute.  On  attribue  à  ce  prélat  »  plu- 
sieurs écrits  contre  les  hérétiques  de  son  temps. 

Le  chapitre  de  Toulouse  élut  à  sa  place  Bertrand  de  l'Isle-Jourdain,  prévôt 
de  la  cathédrale,  qui  tut  sacré  vers  la  fin  de  novembre  de  l'an  1270.  Ce 
nouvel  évêque  étoifS  fils  de  Bernard-Jourdain  II,  seigneur  de  l'Isle-Jourdain, 
8c  d'Indie,  fille  naturelle  de  Raimond  VI,  comte  de  Toulouse.  Il  naquit 
posthume  en  1227,  8c  son  père  l'ayant  destiné  par  son  testament  à  embrasser 
l'état  religieux  parmi  les  chanoines  réguliers  de  la  cathédrale  de  Toulouse,  il 
y  fit  profession  8c  en  devint  prévôt.  Il  étoit  déjà  parvenu  à  cette  dignité  8c  à 
celle  de  chapelain  du  pape,  au  mois  de  septembre  de  Tan  1209,  lorsqu'étant 
à  Paris,  il  y  termina  un  différend  qui  s'étoit  élevé  entre  Jourdain,  quatrième 
du  nom,  seigneur  de  l'Isle-Jourdain,  son  frère,  8c  Isarn-Jourdain  Se  Bernard 
d'Astafort,  touchant  la  succession  de  Rajmond-Jourdain,  fils  d'Othon  de 
Terride,  vicomte  de  Gimoëz,  son  oncle  paterneF,  mort  sans  enfans. 

LVI.  —  Le  roi  d'Aragon  dispute  au  roi  la  souveraineté  sur  Montpellier. 

Jacques,  roi  d'Aragon,  envoya^,  en  1264,  k  la  cour  de  France,  une  ambas- 
sade  solennelle,  composée   d'Arnaud,   évêque   de    Barcelone,  8c  de   Pons- 

'  Clément  IV,  Ep\n.  j^lî.  s  Voyez  tome  VII,  Note  XLII,  n.  i,  p.   pi8. 

'  GiiiUamne  de  Piiylaurens,  c.  ôi.  '  /ii'rf.  n.  Il,  pp.    ii8,   119. 

'  Percin,  Monumenta  conventus   Tolosani ,  ann.  'Voyez    tome   VUl,    Chartes,    n.    CCCXLVII, 

1270  &  i38ô.  ce.  i5ip  à  1Ô26. 

''  liiJ,  ann.   1270,  n.  7. 
'  IhiJ.  ann.  1270,  n.  8. 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXVI.  S3i 


An 


I-IJ   orijii'i. 


Hugues,  comte  d'Empuiias,  pour  se  plaindre  au  roi  de  ce  que  le  sénéchal  de 
Beaucaire  avoit  cité  à  son  tribunal  ses  officiers  S;  les  liabitans  de  iMontpel- 
lier,  où  il  prétendoit  ne  reconnoître  aucun  supérieur.  Ces  ambassadeurs, 
étant  arrivés  à  la  Cour,  entrèrent  en  conférence  avec  le  roi  &  son  conseil, 
le  25  de  mai,  8c  proposèrent  leurs  raisons.  Le  roi  leur  répondit,  entre  autre?, 
qu'il  n'avoit  jamais  eu  intention  de  faire  aucun  tort  au  roi  d'Aragon  ;  que 
Montpellier  étoit  dans  son  fief  &c  dans  les  limites  du  royaume,  8c  qu'ainsi 
ayant  une  pleine  autorité  dans  le  pays,  son  sénéchal  étoit  en  droit  de  sou- 
mettre les  habitans  de  cette  ville  à  sa  juridiction.  Les  ambassadeurs  avancè- 
rent dans  leur  réplique  que  les  anciens  seigneurs  de  Montpellier  n'avoient 
jamais  reconnu  aucun  supérieur  (mais  outre  l'hommage  qu'ils  rendoient  soit 
aux  évêques  de  Maguelonne,  soit  aux  anciens  comtes  de  Melgueil,  on  pou- 
voit  leur  citer  divers  monumens'  dans  lesquels  ils  qualifient  nos  rois  leurs 
seigneurs).  Les  envoyés,  pour  soutenir  leur  paradoxe,  l'appuvèrent  sur  un 
autre,  savoir  que  les  évêques  de  Maguelonne  ne  reconnoissoient  pas  eux- 
mêmes  la  souveraineté  de  nos  rois.  (On  a  vu  ailleurs  des  preuves  du  con- 
traire.) Le  roi  leur  répondit  qu'il  se  feroit  informer  de  l'état  des  choses  par 
le  sénéchal  de  Beaucaire,  8c  qu'il  en  délibéreroit  au  prochain  parlement  avec 
le  cardinal  Fulcodi,  qui  avoit  également  à  cœur  les  intérêts  des  deux  rois,  8c  t.'in,°p 
qui  s'étoit  employé,  tant  pour  négocier  la  paix  entre  eux  que  pour  la  con- 
clusion du  mariage  du  prince  Philippe,  son  fils,  avec  Isabelle  d'Aragon; 
qu'au  reste  il  aimoit  sincèrement  le  roi  Jacques;  qu'il  étoit  si  éloigné  de 
vouloir  lui  causer  le  moindre  préjudice  touchant  la  ville  de  Montpellier, 
qu'il  aimeroit  mieux  lui  céder  ses  propres  droits  que  d'empiéter  sur  ceux  de 
ce  prince,  8c  qu'enfin  il  manderoit  au  sénéchal  de  Beaucaire  de  surseoir  ses 
poursuites  juscjues  à  nouvel  ordre.  Les  ambassadeurs  demandèrent  alors  au 
roi  qu'il  donnât  un  ordre  absolu  au  sénéchal  de  disconstinuer  ses  procédures, 
8c  offrirent  de  mettre  l'affaire  en  arbitrage;  mais  ils  ne  purent  ébranler  la 
fermeté  de  Louis,  qui  s'en  tint  à  sa  résolution;  en  sorte  qu'après  avoir  protesté 
sur  la  guerre  que  cette  dispute  pouvoit  faire  naître  entre  les  deux  couronnes, 
ils  se  retirèrent. 

Jacques  n'osa  cependant  avoir  recours  aux  armes  pour  soutenir  une  que- 
relle si  mal  fondée.  En  effet,  les  droits  du  roi  étoient  si  certains  qu'ils  ne 
souffroient  aucune  difficulté.  Ainsi  les  sénéchaux  de  Beaucaire  continuèrent 
d'exercer  leur  juridiction  sur  les  liabitans  de  Montpellier,  quelque  démarche 
qu'ayent  faite  dans  la  suite  les  successeurs  du  roi  Jacques  pour  les  en  exempter, 
&c  il  paroît  que  ce  prince  abandonna  entièrement  ses  prétentions  ^.  Il  étoit 

'  Dudiesne,  t.  4,  p.  719.  —  [Ce  renvoi    indi-  dii  royaume  de  France.  Mais  il  faut  convenir  qu'en 

que   une  lettre  de  Guillem  VII   de  Montpellier  à  fait,    elles  étaient    peu    admissibles.    Les  premiers 

Louis  le  Jeune,  dans  laquelle  ce  seigneur  traite  le  successeurs  des  Carolingiens   n'avaient  pas  plus  de 

roi  de  dominas  Sttus,  &.  se  dit  son  chevalier  (miles  pouvoir  dans   le   midi    de   la    France   que   les    rois 

ejus).  [A.  M.]  d'Allemagne,  &  ce  n'était  pas  avant  Louis  VII  que 

'  En  droit  les  prétentions  de  Louis  IX  &  de  ses  l'influence  des  Capétiens  avaient  recommencé  à  se 

officiers   étaient   fondées;   la  ville  de   Montpellier  faire  sentir  à  Montpellier.    Philippe- Auguste ,   le 

£(.  son  territoire  avaient  fait  de  tout   temps  paiiie  premier,  s'était  entremis  des  affaires  intérieures  de 

V'.  .-.< 


Al»  1  ;  J.} 


882' 


HISTOIRE  GÉNEllALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXVI. 


d'ailleurs  assez  occupé  dans  l'intérieur  de  ses  États  par  les  troubles'  qui  s'y 
élevèrent  la  même  année  au  sujet  d'un  subside,  nommé  le  bouage,  qu'il  y 
avoit  établi.  La  plupart  des  grands  lui  résistèrent  ouvertement,  entre  autres 
Bernard-Guillaume  d'Entenza,  comte  de  Pailhas  &  de  Ribagorça,  qui  lui 
chercba  de  plus  querelle  sur  la  seigneurie  de  Montpellier,  qu'il  prétendoit 
lui  appartenir,  parce  qu'il  étoit  petit-fils  par  son  père,  appelé  aussi  Bernard- 
Guillaume,  mort  au  Puy-Sainte-Marie,  de  Guillaume  VIII ,  seigneur  de 
Montpellier,  &  d'Agnès,  sa  seconde  femme.  Les  habitans  de  cette  ville,  qui 
avoient  donné  ^  cent  mille  sols  melgoriens  à  Jacques  pour  la  confirmation  de 
leurs  privilèges,  s'opposèrent  également  à  l'imposition  du  bouage^.  Le  roi 
délibéra"*,  en  effet,  avec  le  cardinal  Gui  Fulcodi,  sur  l'affaire  du  roi  d'Aragon 
dans  un  parlement  qu'il  tint  en  12645  "i^is  nous  ignorons  la  résolution  qui 
y  fut  prise. 


LVn.  —  Voyage  du  cardinal  Fulcodi  en  France  ;  est  élu  pape  sous  le  nom 
de  Clément  IV,  —  Evêque  de  Béjiers, 

Gui  étoit  alors  de  retour  d'Italie  où  il  avoit  été  prendre  possession  de  l'évê- 
cbé  de  Sabine  8c  du  cardinalat.  Après  cette  cérémonie,  le  pape  Urbain  IV 
le  nomma ^,  à  la  fin  de  l'an  1268,  légat  en  Angleterre,  dans  l'espérance  qu'il 
pacifieroit  par  sa  dextérité  les  troubles  qui  s'étoient  élevés  dans  ce  royaume 
entre  le  roi  &  les  grands,  avec  pouvoir  de  publier  la  croisade  pour  mettre  ces 
derniers  à  la  raison.  Gui,  ayant  repassé  les  monts,  prit  sa  route  par  la  Pro- 
vince, St  termina  à  Béziers,  le  27  de  mai  de  l'an  1264,  par  une  sentence 
arbitralei^,  les  différends  qui  s'étoient  élevés  entre  Pons,  évêque  de  cette  ville, 


cette  seigneurie.  Toutefois  ce  n'était  pns  le  fait 
d'une  politique  inhabile  que  d'utiliser  ces  droits 
surannés  pour  se  mêler  des  affaires  intérieures  de 
cette  seigneurie  importante,  &  ce  fut  à  ces  réserves 
prudentes  de  Louis  IX  que  les  rois  ses  successeurs 
durent  l'acquisition  de  Montpellier.  Développée 
&  soutenue  tous  les  jours  par  des  légistes  habiles 
&  tenaces,  la  théorie  des  cas  royaux  finit  par  pré- 
valoir, &  un  jour  vint  où  le  roi  de  France,  après 
avoir  expulsé  les  deux  souverains  de  Montpellier, 
s'y  trouva  seul  maître.    [A.  M.] 

'  Zurita,  Anales   de  la   corcna    ie  Aragon,   1.  3, 
c.  66. 

'  Gariel,  Séries praesitlum  Magalonensium,  p.  291, 
^  On  peut  consulter  à  ce  sujet  de  ïourtoulon, 
t.  2,  p.  335  8c  suiv.  On  trouvera  dans  cet  auteur 
de  nombreux  renseignements  sur  ce  dissentiment 
entre  Jacme  &  ses  vassaux.  L'origine  de  la  querelle 
était  un  déni  de  justice  fait  par  le  roi  au  vicomte 
de  Cardone,  dans  une  première  assemblée  des  cer- 
tes, tenue  en  novembre  1264.  Dans  une  seconde 
session,  la  question  du  louage,  impôt  dont  Jacme 
demandait  l'octroi  sans  indiquer  dans  quelle  forme 
il  comptait  le  lever,  amena  de  nouvelles  querelles. 


La  noblesse  d'Aragon  abandonna  le  roi  &  celui-ci 
dut  renouer  les  négociations  avec  elle.  Une  pre- 
mière entrevue  à  Calatayud  n'eut  aucun  résultat, 
&,  pour  apaiser  le  mécontement  de  'ses  barons, 
Jacme  fut  obligé  de  soumettre  le  différend  au  ju- 
gement des  cortès  réunis  à  Exéa,  en  avril  i265j 
l'assemblée  donna  sur  presque  tous  les  points  gain 
de  cause  aux  rebelles.   [A.  M.] 

'  Registre  Olim.  —  Le  renvoi  de  dom  Vaissets 
est  faux,  les  Olim  ne  contiennent  rien  sur  cette 
affaire  de  Montpellier.  Il  est  d'ailleurs  certain 
que  Gui  Foucois  fut  présent  au  parlement  de  la 
Pentecôte  de  l'an  1264J  il  est  mentionné  dans  un 
arrêt  contre  la  veuve  d'Hugues  de  Saissac,  vicomte 
de  Fenouillet.  (Bouta rie.  Actes  du  Parlement,  t.  I, 
p.  78,  n.gS.-).)   [A.  M.] 

'  Baluze,  Concilia  Galliae  Narhonensis,  Append. 
n.  3i  &  suiv.  —  Raynnldi,  année  1263,  n.  84 
&  suiv. 

^  Archives  de  l'abbaye  de  Sa  int-Aphrodise  &  de 
l'église  de  Béziers. —  Andoque,  Evé<;uts  de  Béliers, 
p.  io;>  &  suiv.  —  [Cf.  à  ce  sujet  tome  V,  c.  >^jo 
&  suiv.  n""  189  à  196,  (1  263-1264J.] 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXVI.  88?)   —; — 

An  1204 

£<.  les  chanoines  de  sa  cathédrale  d'une  part  Se  ceux  de  la  collégiale  de  Saint- 
Aphrodise  de  l'autre,  au  sujet  de  l'élection  d'un  abbé  que  ceux-ci  avoient 
faite  sans  le  consentement  des  autres.  Gui  Fulcodi  cassa  cette  élection  par  sa 
sentence.  Pons,  évêque  de  Béziers,  étoit  de  la  maison  de  Saint-Just.  Il  avoit 
succédé  à  Pv.aimond  de  Vallauquez,  mort  au  mois  de  juin  de  l'an  1261.  Ce 
dernier  confirma,  en  1259,  la  fondation  du  couvent  des  religieuses  de  Sainte- 
Claire  de  Béziers;  fondation  que  le  pape  Alexandre  IV  confirma  de  son  côté, 
le  25  de  février  de  l'an  1260,  par  une  bulle,  «  dans  laquelle  il  approuve  leur 
«  établissement  suivant  la  règle  de  Saint-Benoît  &  l'institution  des  moniales 
<i  cloîtrées  de  Saint-Damien-d'Assise.  » 

Le  cardinal  Fulcodi  fit  ensuite  un  voyage  à  Montpellier  8t  y  consacra',  la 
veille  de  la  Pentecôte  de  l'an  1264,  l'église  des  frères  Mineurs.  Il  se  rendit 
de  là  en  France  dans  le  dessein  de  passer  la  mer  pour  exercer  sa  légation  en 
Angleterre  ;  mais  les  évêques  &  les  barons  de  ce  royaume,  révoltés  contre 
leur  roi,  lui  en  refusèrent  l'entrée.  Obligé  de  s'arrêter  à  Boulogne-sur-Mer, 
il  excommunia  de  là  les  Anglois  rebelles,  8c  jeta  l'interdit  sur  la  ville  de 
Londres  8c  sur  les  cinq  ports  d'Angleterre  qui  lui  étoient  fermés;  mais  voyant 
que  ses  censures  8c  ses  tentatives  étoient  inutiles,  il  reprit  le  chemin  de 
Rome,  8c  apprit  bientôt  après  que  les  cardinaux  assemblés  à  Pérouse  l'avoient 
élu  pape  à  la  place  d'Urbain  IV,  mort  dans  cette  ville,  le  2  d'octobre  précé- 
dent. Il  fut  contraint  de  se  déguiser  pour  éviter  les  embûches  de  Mainfroi, 
roi  de  Sicile,  8c  étant  arrivé  à  Pérouse,  il  fit  d'abord  beaucoup  de  difficulté 
d'accepter  le  pontificat.  Il  se  rendit  cependant  à  la  fin,  fut  couronné  dans  t.iii.p.'Vi 
cette  ville,  le  26  de  février  de  l'an  i265,  8c  prit  le  nom  de  Clément,  parce 
qu'il  étoit  né  le  jour  de  saint  Clément. 

Gui  Fulcodi,  dont  nous  avons  eu  déjà  occasion  de  parler  plusieurs  fois, 
étoit  né  à  Saint-Gilles  sur  le  Rhône,  dans  le  diocèse  de  Nimes,  d'une  bonne 
famille  qui  portoit  le  surnom  de  Fulcodi  8c  non  celui*  de  le  Gros  ou  Grossi, 
que  quelques  modernes  lui  donnent.  Son  père,  Pierre  Fulcodi  ou  Fulcois,  un 
des  meilleurs  jurisconsultes  de  son  temps,  après  avoir  été  chancelier  de  Rai- 
mond  VI,  comte  de  Toulouse,  à  la  fin  du  siècle  précédent,  avoit  dans  la  suite 
embrassé  la  vie  monastique  dans  la  grande  Chartreuse  où  il  étoit  mort  en 
odeur  de  sainteté.  Gui  suivit  d'abord  l'exercice  des  armes  8c  se  maria  avec 
une  jeune  demoiselle  dont  il  eut  plusieurs  enfans^  de  l'un  8c  de  l'autre  sexe. 
Il  s'adonna  ensuite  à  l'étude  de  l'un  8c  l'autre  droit,  8c  il  y  fit  des  progrès  si 
étonnans  qu'il  passa  pour  le  plus  grand  jurisconsulte  de  son  siècle.  Il  joignit  à 
cela  des  qualités  encore  plus  estimables  :  une  prudence  consommée,  beaucoup 
de  probité,  de  piété,  de  modestie  8c  de  zèle  pour  la  religion.  Toutes  ces 
vertus  lui  attirèrent  une  réputation  éclatante,  avec  l'estime  universelle  des 
gens  de  bien,  8c  on  avoit  tant  de  confiance  en  ses  lumières  qu'il  devint 
comme  l'arbitre  général  des  plus  grands  différends  qui   s'élevèrent  dans  le 

'  Gixriel,  Séries praesulum  Magi'.'jnensium,  -p.  iBo.  '  Rymer,  Acta,  t.   i ,  p.  1740. 

'  Voye?:  tome  VU,  Note  XLIII,   pp.    I23  &  124. 


An  ii65 


"TTTIÏT"  ^^4  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.   I.IV.  XXV!. 

pays  &  clans  les  provinces  voisines.  Raimond  Vil,  comte  de  Toulouse,  dont 
il  étoit  né  sujet,  Alfonse,  son  successeur,  le  roi  saint  Louis,  le  roi  d'Aragon 
&  divers  autres  princes  l'employèrent  à  l'envi  dans  leurs  affaires  les  plus 
importantes;  &  le  roi  l'admit  au  rang  de  ses  conseillers  les  plus  intimes. 
Après  la  mort  de  sa  femme  il  embrassa  la  cléricature  &  fut  successivement 
archidiacre  &  èvêque  du  Puy,  archevêque  de  Narbonne,  cardinal-évêque  de 
Sabine,  &.  enfin  souverain  pontife.  Un  auteur  contemporain'  parle  de  lui 
de  la  manière  suivante  :  «  Clément,  pape,  né  de  Saint-Gile  en  Provence,  fu 
ce  estrais  de  chevalières  &  de  bones  gens,  &  estoit  grant  clerc  en  droit,  8c 
«  estoit  bons  advocas  le  meillor  de  la  terre,  &  avoit  renon  d'estre  loiaus  homs} 
«  ce  que  n'avient  pas  souvent  de  gens  de  son  mestier.  Il  ot  famé  espousée, 
«  de  laquele  il  ot  ii  filles.  Après  la  mort  sa  famé  se  tint  comme  clerc,  Se  fu 
«  entor  le  roi  Louis  de  France,  Si.  delà  fu  évesque  du  Fui,  Sec.  » 

Clément  IV,  après  son  élévation  au  pontificat,  écrivit^,  le  7  de  mars  de 
l'an  1265,  la  lettre  suivante  à  Pierre  de  Saint-Gilles  (son  neveu)  :  «  Tandis 
«  que  plusieurs  se  réjouissent  de  notre  élévation  nous  gémissons  sous  le  far- 
ci deau  qui  nous  est  imposé,  S<  nous  n'y  trouvons  que  des  sujets  de  crainte  & 
<(  de  larmes.  Pour  vous  apprendre  donc  la  manière  dont  vous  devez  vous  con- 
c(  duire  dans  cette  circonstance,  sachez  que  vous  n'en  devez  être  que  plus 
«  modeste;  car  un  honneur  passager,  dont  nous  sommes  fort  humilié,  ne 
«  doit  pas  élever  nos  proches.  Nous  vous  défendons,  de  même  qu'à  votre  frère 
<c  Se  à  tous  nos  parens,  de  venir  nous  trouver  sans  une  permission  spéciale; 
«  autrement  vous  seriez  obligés  de  vous  en  retourner  pleins  de  confusion. 
«  Ne  cherchez  pas  à  cause  de  nous  une  alliance  plus  considérable  pour  votre 
<(  sœur;  vous  ne  nous  y  trouveriez  pas  disposé,  8<.  nous  ne  vous  donnerions 
<■  aucun  secours.  Si  vous  la  mariez  cependant  au  fils  d'un  simple  chevalier, 
«  nous  vous  promettons  tout  au  plus  trois  cens  livres  tournois;  que  si  vous 
«  aspirez  à  quelque  chose  de  plus  relevé,  n'attendez  rien  de  nous.  Nous  vous 
«  ordonnons  de  tenir  tout  ceci  secret  81  de  n'en  parler  qu'à  votre  mère.  Nous 
«  ne  prétendons  pas  de  plus  qu'aucun  de  nos  parens  s'élève  sous  prétexte  de 
<i  notre  promotion.  Se  nous  ne  voulons  pas  que  Mabilie  Si  Cécile  avent 
»  d'autres  maris  que  ceux  qu'elles  auroient  eus  si  nous  étions  resté  simple 
«  clerc.  Allez  voir  Gilie;  dites-lui  de  demeurer  toujours  à  Suyse  8<.  de  garder 
«  la  même  modération  h.  la  même  modestie  dans  ses  habits;  qu'elle  ne  s'em- 
«  ployé  pour  personne  auprès  de  nous,  car  ses  prières  deviendroient  inutiles 
«  à  celui  pour  qui  elle  les  feroit,  8c  pourroient  lui  être  désavantageuses  à 
«  elle-même.  Si  par  hasard  on  lui  offre  de  l'argent,  qu'elle  le  refuse,  à  moins 
«  qu'elle  ne  veuille  perdre  entièrement  mes  bonnes  grâces.  Saluez  votre  mère 
((  Si  vos  frères;  nous  ne  vous  écrivons  pas  81  à  ceux  de  la  famille  avec  la 
«  bulle,  mais  sous  le  sceau  du  Pêcheur  dont  les  pontifes  romains  se  servent 

'  Marténe,  y!;"/)Zisiim<t  collectio,  t.   "j,  c.  -/^ij.  —  '  Clément    IV,    Epist.    2.    —   Voyez    tome  VII, 

[Continuateur  de  GuiUauTne  de  Tyr.   Coll.itionné        wï  supra. 
sur    l'édition    de    l'Académie,  dans  le    Rnucil   des 
historiens  occidentaux  des  croisades,  t    ?,  p.  448. j 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXVI.  885   —; 

An  1205 

«  dans  leurs  aftaiies  secrètes.  »  Cette  lettre,  qui  prouve  d'une  manière  bien 
manifeste  S<  le  détachement  Se  la  modestie  du  pape  Clément  IV,  nous  fait  Édorism. 
connoitre  une  partie  de  ses  parens  '.  Pierre  le  Gros  ou  de  baint-Gilles,  a  qui 
il  l'adresse,  étoit  fils  d'une  de  ses  sœurs  5<.  frère  d'Adélaïde  qui  épousa  Guil- 
laume de  Boulbon,  chevalier,  dont  elle  devint  veuve  en  1268.  Clément^ 
avoit  aussi  un  frère,  qui  étoit  curé,  £<  qu'il  se  contenta  de  pourvoir  d'une 
meilleure  cure.  Quant  à  ses  deux  filles  Mabilie  £<.  Cécile,  les  seuls  enfans  qui 
lui  restoient  lorsqu'il  fut  fait  pape,  la  première  fut  religieuse  à  Nimes^.  La 
principale  noblesse  de  la  Province  s'empressa  de  demander  l'autre  en  mariage; 
mais  Clément,  voyant  que  tous  ces  seigneurs  cherchoient  plutôt  à  épouser  la 
fille  du  pape  que  la  fille  de  Gui  Fulcodi,  refusa  de  la  marier  &  se  contenta 
de  pourvoir  honnêtement  à  son  entretien.  Enfin  il  obligea  un  de  ses  neveux, 
qui  jouissoit  de  trois  prébendes,  à  se  contenter  d'une  seule. 

Ce  pape  conserva,  d'un  autre  côté"*,  une  tendre  affection  pour  la  ville  de 
Saint-Gilles,  sa  patrie,  &  pour  l'abbaye  de  ce  nom  ;  il  leur  en  donna  des 
marques  dans  toutes  les  occasions.  Il  ne  fut  pas  moins  sensible  au  souvenir 
de  ses  anciens  amis'',  entre  lesquels  étoient  Sicard  d'Alaman  &  Olivier  de 
Termes,  Se  il  approuva  le  dessein  que  celui-ci  lui  communiqua,  en  1260,  de 
retourner  dans  la  Terre-Sainte  Se  d'y  finir  ses  jours  en  combattant  contre  les 
infidèles.  Il  aima  toujours  l'église  de  Narbonne,  son  ancienne  épouse,  Se  lui 
rendit^  toute  sorte  de  services.  Il  soutint  ses  droits  auprès  du  roi'',  Se  ceux 
des  autres  églises  de  la  Province  lui  furent  également  chers;  il  porta ^  des 
plaintes  à  ce  prince  des  griefs  qu'elles  avoient  contre  les  officiers  royaux,  qui 
les  traînoient  de  parlement  en  parlement,  Se  l'exhorta  à  les  protéger  en  consi- 
dération des  services  que  les  prélats  du  pays  lui  avoient  rendus  pendant  la 
guerre  ;  il  écrivit'  à  ces  derniers,  le  i5  de  juillet  de  l'an  1  265,  pour  les  encou- 
rager à  ne  pas  se  lasser  de  demander  au  roi,  là-dessus,  la  justice  qui  leur 
étoit  due.  Son  amour  pour  l'église  de  Narbonne  ne  l'aveugla  pas  cependant 
sur  les  défauts  de  Maurin,  son  successeur  immédiat  dans  l'archevêché  de  cette 
ville,  Se  il  le  reprit '°  fortement  de  sa  précipitation  dans  ses  jugemens,  de  sa 
légèreté  Se  de  sa  négligence,  dans  une  lettre  qu'il  lui  écrivit  vers  le  même 
temps.  Il  lui  fit  une  vive  réprimande,  dans  une  autre  occasion  ",  d'avoir  mal 
parlé  du  sacrement  de  l'autel,  durant  un  voyage  qu'il- avoit  fait  à  Rome. 
Maurin  se  justifia  sur  ce  dernier  article,  Se  Clément  tut  content  de  son  apo- 
logie. 

'  Voyez  tome  VII,  at  supra.  '  Clément  IV,  Epist.  yS,  80,  270,  576. 

'  Clément  IV,  Epist.  63i,  "  Baluze,   Portefeuille  coté  ScheAae  Narionenses. 

^  Martène,  Amplissima  collée tio,  t.  :>,  c.  i  06.  —  [Cf.  tome  V,  c.  !.'>8o,  n"^  216  à  219.] 

*  Clément   IV,    Epist.   286,   SSj,    .052,    701.  —  '  Clément  IV,  Epist.  270,  j-j6. 

Gallia   Christiana,   nov.  éd.  t    6,   Instrum.   c.  2d3.  '  Raynaldi,  année  1260,  n.  3o  &  siiiv, 

—  Cf.  Ménard,   Histoire  de  Nimes,  t.    1  ,  pp.  86  à  '  Baluze,  ut  supra 


go,  où   l'on    trouvera  douze   bulles  de  privilèges  '°  Clément  IV,  £^ijt.   108. 

.-iccordées   par   le    pape  Clément  IV  à  l'abbaye    de  "  Ihid.  Epist.  649,  677. 


Saint-Gilles.  [A.  M 


An  i2i.j 


886  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXVI. 


LVIII.  —  Mort  de  Roger  IV,  comte  de  Foix.  —  Roger-Bernard  III,  son  fils, 

lui  succède, 

Pierre  d'Auteuil,  auparavant  sénéchal  de  Carcassonne,  se  trouva  '  au  par- 
lement de  la  Pentecôte  de  l'an  1264.  Il  y  fit  le  rapport  d'une  sentence  qu'il 
avoit  rendue  neuf  ans  auparavant,  par  laquelle  il  avoit  adjugé  au  roi  les 
grandes  justices  du  lieu  de  Penautier,  contre  le  comte  de  Foix.  Ce  comte 
étoit  Pv.oger,  quatrième  du  nom,  qui  mourut^  le  24  de  février  de  l'an  1265, 
&  que  divers  auteurs  font  mourir,  mal  à  propos,  un  an  auparavant, 

Roger  soutint  la  guerre 3,  en  1261,  en  Catalogne,  contre  Jacques,  roi 
d'Aragon,  sous  la  mouvance  duquel  il  possédoit  divers  domaines  au  delà  des 
Pyrénées,  Cette  guerre  lui  réussit  fort  mal,  &  il  fut  obligé  de  payer  dix  mille 
sols  à  ce  prince  pour  les  frais  de  son  armement.  Il  en  eut  une  autre  contre 
Alvarez,  comte  d'Urgel,  &  Géraud  de  Capraria,  son  frère,  qui  firent  la  paix 
avec  lui,  au  mois  de  décembre  de  l'an  i256,  Se  lui  cédèrent'^  divers  domaines 
du  comté  d'Urgel,  en  présence  d'Esquivat,  comte  de  Bigorre,  Ce  dernier 
confia 5  à  Roger,  au  mois  de  novembre  de  l'an  1267,  la  garde  de  la  ville  de 
Saint-Girons  &.  du  pays  de  Nébouzan,  jusqu'à  ce  qu'Arnaud  d'Espagne,  jf/j 
de  Roger  de  Comminges  Se  de  Raimonde  d'Aspel,  son  vassal,  à  qui  ce  pays 
appartenoit,  eût  atteint  l'âge  de  vingt-cinq  ans.  Gaston,  vicomte  de  Béarn, 
qui  avoit  des  prétentions  sur  le  même  pays,  au  nom  de  Mathe,  sa  femme,  le 
lui  engagea  l'année  suivante "5, 

Roger  IV,  comte  de  Foix,  augmenta  considérablement  les  domaines  de  ses 
ancêtres,  tant  en  deçà  qu'au  delà  des  Pyrénées.  Il  remit  ^  un  dénombrement 
de  tous  ceux  qu'il  tenoit  du  roi,  au  sénéchal  de  Carcassonne,  au  mois  de 
septembre  de  l'an  1263.  Il  s'étoit  alors  réconcilié  avec  les  inquisiteurs  de  la 
foi  avec  lesquels  il  avoit  eu  des  démêlés  fort  vifs.  Après  cette  réconciliation 
il  fit  publier  une  ordonnance^,  le  dernier  de  mars  de  l'an  1261,  pour  déclarer 

'  Registre  Ollm.  —  Cf.  Boiitaric,  Actes  Ju  Par-  du   ry  mars  I258,  concerne   le  Nébouzan  &  sa  ca- 

Icment,   t.  i,  p.   5,   n.  46  a.   Cette   sentence  a   été  pitale  Saint-Gaudens,  qui   furent  engagés  par  lut 

publiée  par  dom  Vaissete.  (Cf.  tome  VIII,  ce.  iSyç  au  comte  de   Foix  pour  une  somme  de  huit  mille 

&  i38o.)   Nous   avons   déjà   parlé  de  cette  affaire  sous  de  Morlas.  [A.  M.] 

plus  haut.  Voyez  p.  849.    [A.  M]  '  Tome  VIII,   Chartes,   n.  CCCXLV,   ce.  i5io  à 
'  Voyez  tome  VII,  Note  XXIII,  p.  69.  1514.  —  Cette  pièce,  dont  nous  avons  un  texte  à 
'  Marca,  Histoire  de  Bèarn,  1.  8,  ch.  24.  peu  près  satisfaisant,  est  le  plus  ancien  document 
^  Château  de  Foix,  caisses  26  &  40.  d'ensemble  que   nous  possédions  sur  la  géographie 
5  Voyez    tome    VIII,    Chartes,    n.    CCCXXVI,  du  comté  de  Foix   &  de  la   partie  méridionale  du 
ce.  1428  &  1429.  Toulousain.    Il   nous  montre   que   les  possessions 
*  Dom  Vaissete  a   fait   ici   une  petite   erreur  &  des  comtes  de  Foix  comprenaient  tout  le  comté  de 
a   confondu    Saint-Girons   &    Saint-Gaudens.    Le  ce  nom,  beaucoup  de  châteaux  dans  le  Toulousain 
premier  acte,  de  novembre  izSy,  concerne  Saint-  &  dans  la  vallée  de  l'Hers,  le  Daumazan,  le  Bol- 
Girons   &  le  pays  avoisinant,  c'est-à-dire  le  Bi-  bestre,  &  un  certain  nombre  de  places  fortes  dans 
gorre  ou  du  moins  la  majeure  partie  de  ce  comté,  le  Comminges.  Nous  aurons  à  revenir  sur  cet  im- 
qui  furent  donnés  en  commende  au  comte  de  Foix,  portant  document  dans  notre  note   géographique 
du  consentement  du  comte  Esquivât,  par  les  con-  du  tome  X.    [A.  M.] 

suis  de  Saint-Girons  &  les  principaux  seigneurs  '  Voyez   tome  VIII,    Chartes,    n.   CCCXXXIX, 

du  pays.  —  L'acte  de  Gaston,  vicomte  de  Béarn,  ce.   1479  &   1480.  [Cf.  11,  CCCL,  c.   1343.] 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXVI.  887 


An  1265 


exclus  de  tout  otlice  public  ceux  qui  étoient  notés  ou  suspects  d'hérésie.  L'in- 
quisiteur de  Carcassonne  lui  chercha  néanmoins  querelle  dans  la  suite  au 
sujet  du  bailli  de  Foix,  &  le  poussa  si  vivement  que  Roger,  qui  avoit  pris  la  ^  i-J|Origin. 
protection  de  son  officier,  fut  obligé  d'appeler  au  pape  le  12  de  décembre  de 
l'an  1264.  Ce  comte  étoit  alors  malade  à  Mazères,  Se  son  mal  ayant  augmenté 
considérablement,  il  se  fit  transporter  dans  l'abbaye  de  Boulbonne,  où  il 
mourut  '  dans  la  chambre  de  l'abbé,  le  24  de  février  de  l'an  1260,  après  avoir 
reçu  les  derniers  sacremens  avec  beaucoup  d'édification  &  s'être  fait  revêtir 
de  l'habit  de  l'ordre  de  Cîteaux,  en  présence  du  même  abbé  de  Boulbonne, 
de  ceux  de  Calers,  du  Mas-d'Asil  8t  de  Lézat  &  de  tous  les  religieux  de  la 
maison.  Il  fut  inhumé,  le  lendemain  mercredi  25  de  février ,  dans  l'église  de 
cette  abbaye  qu'il  avoit  fait  construire  sous  l'invocation  de  saint  Jacques  8c 
de  saint  Philippe,  dans  une  chapelle  particulière  qu'il  avoit  dotée,  en  1262, 
de  deux  cens  sols  toulousains  de  rente.  Il  v  avoit  fait  transférer  les  tombeaux 
de  ses  ancêtres  qui  furent  reconnus,  en  i25i,  pour  fondateurs  de  ce  monas- 
tère par  le  chapitre  général  de  Cîteaux;  l'archevêque  d'Auch,  les  évêques  de 
Toulouse  &  de  Comminges,  les  abbés  dont  on  vient  de  parler  &  un  grand 
nombre  d'ecclésiastiques,  de  religieux  8t  de  laïques,  qui  étoient  accourus  de 
toutes  parts,  assistèrent  à  ses  obsèques  81  témoignèrent  beaucoup  de  regret 
de  sa  mort. 

Ce  comte,  par  son  testament,  fait  son  fils  Roger-Bernard  héritier  du  comté 
de  Foix,  de  la  vicomte  de  Castelbon  ou  de  Cerdagne,  de  ses  terres  du  Car- 
cassés  81  de  tous  ses  autres  domaines;  il  avoit  déjà  disposé^  en  sa  faveur,  dès 
le  25  de  juillet  de  l'an  1260,  de  la  vallée  d'Andorre,  de  celle  de  la  Garde  & 
des  divers  châteaux  qui  y  étoient  compris.  Il  lègue  :  1°  A  Sibylle,  sa  fille, 
femme  d'Aymeri,  fils  d'Amalric,  vicomte  de  Narbonne,  outre  sa  dot,  cent 
livres  de  rente  sur  son  château  de  Rustiqties,  au  diocèse  de  Carcassonne  ; 
Sibylle  avoit  eu  trente  mille  sols  melgoriens  en  dot.  2°  A  Agnès,  son  autre 
fille,  femme  d'Esquivat,  comte  de  Bigorre,  qu'elle  avoit  épousé,  en  1256, 
avec  vingt-cinq  mille  sols  morlanois  de  dot,  sept  mille  autres  sols  que  ce  der- 
nier lui  devoir.  3°  A  Philippe,  sa  troisième  fille,  femme  d'Arnaud  d'Espagne, 
cinq  mille  sols  melgoriens  outre  sa  dot.  Le  contrat  de  mariage  de  Philippe 
de  Foix  81  d'Arnaud  d'Espagne,  fils  de/^«  Roger  de  Comminges  8t  de  Guise, 
sa  femme,  fut  passé^,  le  7  de  juin  de  l'an  1262,  en  présence  de  Gaston  de 
Béarn,  vicomte  de  Moncade,  Géraud,  comte  d'Armagnac,  Raimond,  vicomte 
de  Cardone,  Arnaud,  abbé  du  Mas-d'Asil,  Arnaud-Roger,  comte  de  Pailhas, 
Px.aimond-Roger,  son  frère,  Guillaume  de  Son,  Stc.  Mais  comme  Philippe 
n'avoit  pas  encore  l'âge  compétent,  il  ne  fut  célébré  que  le  i5  de  janvier  de 
l'an  1263  (1264).  Arnaud  d'Espagne  fut  obligé'*  d'obtenir  une  dispense  du 

'  Voyez  tome  VIII,  Chroniques,  c.  2  i  5  [Chro-  Boulbonne.  —  Voyez    tome  VII,   A'ofe  XXIII, 

nique  de   Berdouez] ,    &    Chartes,   n,  CCCXXXIX.  p.  69. 

ce.    1480    &   148 1.    —    Marca,    Histoire   de  Béarn,  '  Ch&teau  de  Foix,  caisse  26. 

l.  8,  ch.  24.  —  Catel,  Histoire   des   comtes  de  To-  •*  ïhid,  caisse  22. 

laie.  Preuves,   p.    i63,  —   Archives  de  IVbbaye  de  '  Ihid,  caisse  14. 


An  I  26Ô 


888 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXVI. 


pape,  qui  coûta  mille  sols  morlanois,  à  cause  que  Philippe  étoit  sa  parente. 
Roger  ordonne  ensuite  qu'Esclarmonde,  sa  quatrième  fille,  qui  étoit  encore 
fort  jeune,  fût  élevée  dans  le  château  de  Foix  jusqu'à  l'âge  de  quinze  ans; 
il  lui  substitue  tous  ses  domaines,  en  cas  que  Roger-Bernard,  son  fils,  mourût 
sans  entans  mâles;  sinon  il  lui  donne  quarante  mille  sols  melgoriens  pour 
sa  dot.  Elle  épousa  dans  la  suite  Jacques,  infant  puîné  d'Aragon,  qui  fut 
depuis  roi  de  Majorque.  Roger  laissa  l'administration  Si  l'usufruit  de  tous 
ses  domaines  à  Brunissende  de  Cardonne,  sa  femme,  tant  qu'elle  vivroit  en 
viduité.  11  prie  le  roi  de  prendre  son  fils  Roger-Bernard  en  sa  garde  8c  pro- 
tection Se  de  le  recevoir  pour  son  vassal,  sous  le  même  hommage  auquel  lui 
8c  le  comte,  son  père,  avoient  été  tenus.  Enfin  il  nomme  pour  ses  exécuteurs 
testamentaires  Amanieu  d'Armagnac,  archevêque  d'Auch ,  Gaston,  vicomte 
de  Béarn,  Raimond,  vicomte  de  Cardone,  Se  les  abbés  de  Boulbonne  Se  du 
Mas-d'Azil.  Amanieu  étoit  frère  de  Géraud,  comte  d'Armagnac  St  de  Fezensac; 
il  fut  d'abord  chanoine  rép-ulier  de  la  cathédrale  de  Toulouse  St  élu  arche- 
vêque  d'Auch  en   1262. 

Roger-Bernard  III,  comte  de  Foix,  se  rendit'  à  Pamiers,  le  lendemain  de 
la  sépulture  du  comte  Roger  (IV),  son  père,  le  jeudi  après  la  jête  de  Saint- 
Mathias  de  Van  1264  (i265).  Se  là  il  remit  à  l'abbé  Se  aux  religieux  du 
monastère  de  Saint-Antonin,  en  présence  de  l'archevêque  d'Auch,  des  évo- 
ques de  Toulouse  Se  de  Comminges,  des  vicomtes  de  Cardone  Se  de  Nar- 
bonne,  le  château  Se  tous  les  autres  droits  que  le  feu  comte,  son  père,  avoit 
possédés  dans  cette  ville^.  Le  8  de  mars  suivant  il  fit  serment,  du  consente- 


'  M.irca,  Histoire  de  Béarn,  1.  8,  ch.  24. 

'  C'est  à  ce  moment  que  prirent  naissance  des 
querelles  fort  vives,  qui,  en  se  prolongeant,  fini- 
rent par  amener  l'intervention  du  roi  de  France  à 
Pamiers,  &  dont  l'origine  était  la  fausse  interpré- 
tation des  clauses  de  l'ancien  contrat  de  paréage. 
La  remise  du  château  de  Pamiers  par  le  comte  aux 
chanoines  n'était  qu'une  simple  formalité,  consta- 
tant la  suzeraineté  du  chapitre.  Le  jour  même  de 
la  remise,  en  1264,  Adémar  de  Saint-Sernin,  syn- 
dic &  cellérier  de  Saint-Antonin,  nomma  contre 
tout  droit  les  fermiers  des  fermes  possédées  aupa- 
ravant par  le  comte  de  Foix.  (Ourgaud,  p.  246.) 
De  nouvelles  querelles  ne  tardèrent  pas  à  naître 
à  l'occasion  des  droits  de  leudes  que  chacune  des 
deux  parties  voulait  s'approprier,  &  dans  une  de 
ces  querelles  un  sergent  du  roi  de  France  jugea  à 
propos  d'intervenir  en  faveur  de  l'abbaye.  (ibiJ. 
p.  247;  acte  d'avril  1265.)  Dans  cette  lutte  l'ab- 
baye avait  pour  elle  les  habitants  dtPamiers  dont 
les  comtes  de  Foix  avaient  sans  doute  violé  les 
privilèges;  c'est  ainsi  que  deux  mois  plus  tard  les 
bourgeois  soulevés  contre  Roger-Bernard  le  tinrent 
assiégé  pendant  toute  une  journée  dans  l'église  du 
Mercadal.  [Ihid.  pp.  248,  249.)  Pour  se  venger,  le 
comte  fit  condamner  les  coupables,  parmi  lesquels 


les  consuls  d'un  des  quartiers  de  Pamiers,  à  l'exil 
&  à  la  confiscation.  {Ibid.  pp.  124,  I25.) —  La 
situation  déjà  tendue  fut  encore  aggravée  par  la 
nomination  de  Bernard  Saisset,  comme  abbé  du 
monastère  d«  Saint-Antonin;  esprit  fougueux,  ca- 
ractère entreprenant,  peu  scrupuleux  en  plus  d'un 
cas,  ce  personnage  n'était  pas  animé  de  disposi- 
tions très-pacifiques.  Tout  d'abord  il  refusa  de 
recevoir  Loup  de  Foix,  puis  le  vicomte  de  Béarn, 
envoyés  par  le  comte  pour  négocier  un  accord. 
(Ourgaud,  pp.  25i  à  253;  actes  d'août  1268.)  II  y 
avait,  en  effet,  déj.à  un  an  entier  que  l'abbé  négo- 
ciait avec  Louis  IX;  dès  le  5  août  1267,  les  habi- 
tants nommaient  quatre  procureurs  pour  s'enten- 
dre avec  le  roi  &  l'abbé.  (Original,  J.  33i,  n.  2'.) 
La  négociation  prit  toute  une  année;  Bernard 
Saisset  était  chargé  des  pleins  pouvoirs  de  son 
chapitre  &  put  s'entendre  avec  les  officiers  royaux. 
Dès  1268  (juillet)  l'affaire  était  réglée;  le  roi  pre- 
nait possession  du  paréage  pour  dix  ans  &  rem- 
plaçait momentanément  le  comte  de  Foix.  L'acte 
définitif  ne  fut  rédigé  que  le  quatre  juin  1269,  & 
approuvé  le  même  jour  par  Raoul,  évêque  d'Al- 
bano,  légat  apostolique.  (J.  336,  n°'  5,  6.)  —  Par 
un  autre  acie  du  même  jour,  l'abbé  reconnut  que 
les   habitants    de    Pamiers    éîaient    tenus   de    faire 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXVL  889      ^„  ,,,^. 

ment  exprès  de  l'archevêque  d'Auch  8t  d'Arnaud  Garsias,  abbé  du  Mas-d'Azil, 
ses  tuteurs^,  aux.  seigneurs,  aux  nobles  &  aux  habitans  de  Saverdun  de  con-  ('[[{"p^'s"; 
server  fidèlement  les  coutumes  Se  les  libertés  de  ce  château.  Il  alla  bientôt 
après  à  Paris,  où  il  assigna^,  le  i5  d'avril  de  la  même  année,  du  conseil  de 
l'archevêque  d'Auch,  &  en  présence  de  Géraud,  comte  d'Armagnac,  k  Brunis- 
sende,  sa  mère,  sept  mille  sols  de  rente  pour  son  douaire.  Cette  comtesse  lui 
donna  entre  vifs,  deux  jours  après,  tous  les  droits  qu'elle  avoit,  à  raison  du 
bail,  suivant  la  coutume  de  France,  sur  les  terres  du  Carcasses.  Il  rendit 
hommage 3,  à  Perpignan,  le  29  août  suivant,  à  Jacques,  roi  d'Aragon,  pour 
les  châteaux  de  Son  &  de  Quérigut  &  pour  le  reste  du  pays  de  Donazan, 
pour  la  ville  d'Evols,  pour  ce  qu'il  possédoit  dans  la  Cerdagne  &  le  Con- 
fient-»,  &c. 

Roger-Bernard  III  n'avoit  pas  encore  vingt-cinq  ans  lorsqu'il  succéda  au 
comte  Roger  IV,  son  père.  11  avoit  été  promis  en  mariage^,  au  mois  d'octobre 
de  l'an  i252,  à  Marguerite  de  Montcade,  fille  de  Gaston,  vicomte  de  Béarn, 
&  de  Mathe  de  Mastas,  qu'il  devoit  épouser  solennellement  cinq  ans  après. 
Marguerite  eut  mille  marcs  d'argent  en  dot.  Roger-Bernard  reçut'',  en  1267, 
l'hommage  d'Arnaud  d'Espagne  (son  beau-frère),  par  la  grâce  de  Dieu  vicomte 
de  Conserans,  fils  de  Jeu  noble  Roger  de  Comminges,  qui  reconnut  tenir  de 
lui  le  château  de  Quier,  avec  tout  ce  qu'il  possédoit  dans  le  Savartez  Se  le 
reste  du  comté  de  Foix.  Arnaud  d'Espagne  étoit  fils  de  Guise  8<  proche  parent 
de  Bernard  de  Comminges,  qui,  étant  mort  sans  enfans,  laissa  sa  succession 
à  Fortanier  8c  Aymeri  ^,  ses  frères,  qui  en  firent  le  partage  en  présence  de 
Bernard,  comte  de  Comminges,  leur  cousin.  L'un  des  deux  frères  se  chargea 
de  payer  à  Gailharde,  veuve  du  même  Bernard  de  Comminges,  mille  sols 
morlanois  pour  sa  dot,  par  un  acte  daté  du  mardi,  dernier  jour  de  septembre 
de  l'an  1269,  Alfbnse  étant  comte  de  Toulouse. 

LIX.  —  Construction  du  pont  Saint-Esprit. 

Alfonse  favorisa,  à  ce  qu'il  parolt,  la  construction  du  fameux  pont  Saint- 
Esprit  sur  le  Rhône,  qui  fut  commencé  en  1205.  On  prétend  que  les  fré- 
quents naufrages  qui  arrivoient  au  passage  du  fleuve  par  l'extrême  rapidité 
des  eaux,  faisant  souhaiter  avec  ardeur  aux  peuples  du  pays  qu'on  pût  bâtir 

l'ost  81  la  chevauchée,  comme  les  gens  du  domaine  *  Le  i'"  août  de  la  même  année,  Jacme  d'Aragon 

royal,   in    coniiuestti   Alèigssii   Sr   per   totum    comi-  avait   pris   sons  sa  protection  les  hommes  de  Foix 

tatam    Tholosanum.   (^Ihid.    n.  7.)   Cet  acte    habile  qui  viendraient  commercer  dans  ses  Etats,  &  leur 

rendait  le  roi  tout  puissant  à  Pamiers.  En  le  con-  avait  accordé   divers  privilèges  judiciaires,  comme 

cluant,  Louis  IX  crut  peut-être   protéger   l'église  de  ne  point   être  poursuivis  pour  dettes,  à  moins 

de  Saint-Antonin;   en    réalité,  &  malgré   les   torts  d'être  principaux  débiteurs  ou   répondants;  c'était 

possibles  du  comte  de  Foix,  il  prêta   son  appui  à  les  exempter  du   droit  de  m.arque.   Cf.  tome  VIII, 

une  usurpation.   [A.  M.]  ce.  1J49  &  i.J5o.   [A.  M.] 

'  Voyez  tome  VII,  Note  XXIII,  p.  70.  '  Marca,  Histoire  de  Béarn,  1.  8,  ch.  z6. 

'  Château  de  Fo;x,  caisse  2.  "  Château  de  Foix,  caisse  14. 

'  liij.  caisse  10.  '  UiJ.  caisse  7. 


'~ ~"   Sno  HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXVI, 

An  liOa  ' 

un  pont  en  cet  endroit,  un  ange  apparut  à  un  berger  qui  gardoit  son  trou- 
peau dans  le  voisinage  &  lui  ordonna  d'entreprendre  ce  travail  Si  d'y  bâtir 
une  chapelle  avec  un  hôpital  ;  que  le  berger  inspiré  de  Dieu  &  aidé  des 
aumônes  des  fidèles  mit  aussitôt  la  main  à  l'œuvre,  &c.  Le  plus  ancien  monu- 
ment qui  rapporte  ce  fait  est  une  bulle  du  pape  Nicolas  V,  de  l'an  1448.  11 
est  évident  qu'on  '  y  a  confondu  le  prétendu  auteur  du  pont  Saint-Esprit  avec 
saint  Bénézet,  berger,  architecte  de  celui  d'Avignon.  Ce  qu'il  y  a  de  vrai, 
c'est  que  les  habitans^  de  la  ville  de  Saint-Saturnin-du-Port,  ainsi  appelée  à 
cause  du  passage  qu'il  y  avoit  en  ce  lieu  sur  le  Rhône,  s'étant  associés,  réso- 
lurent de  construire  un  pont  sous  le  nom  du  Saint-Esprit,  parce  qu'ils  attri- 
buèrent leur  résolution  à  l'esprit  divin. 

Leur  ressource  étoit  moins  dans  leurs  richesses  que  dans  l'espérance  d'ob- 
tenir des  contributions  abondantes  81  des  aumônes  volontaires  de  tous  les 
peuples  des  environs  intéressés  à  la  réussite  d'un  ouvrage  si  utile.  Ils  firent 
donc  quêter  de  part  &  d'autre  pendant  quelques  années,  &.  ayant  ramassé  une 
somme  assez  considérable  ils  l'employèrent  en  matériaux,  disposèrent  toutes 
choses  pour  jeter  les  fondemens  Se  commencèrent  par  construire  une  maison 
sur  la  rive  droite  du  Rhône  pour  la  retraite  des  ouvriers.  Dom  Jean  de 
Tyanges,  prieur  du  monastère  de  Saint-Saturnin-du-Port,  de  l'ordre  de  Cluny, 
&  seigneur  de  la  ville  en  pariage  avec  le  roi,  s'opposa  à  cette  construction, 
sous  prétexte  qu'elle  étoit  préjudiciable  aux  droits  du  monastère.  Il  porta 
l'affaire  devant  le  sénéchal  de  Beaucaire,  qui  ajourna  les  parties  &.  ordonna 
qu'en  attendant  les  choses  demeureroient  au  même  état.  Cependant  les 
ouvriers  ou  les  entrepreneurs  81  leurs  conseillers,  qui  étoient  des  principaux 
habitans  de  Saint-Saturnin,  sommèrent  le  prieur,  le  16  d'août  de  l'an  1265, 
de  consentir  à  la  construction  du  pont  ;  attendu  que  tout  étoit  prêt  pour 
commencer.  Sa.  que  le  temps  étoit  favorable,  parce  que  les  eaux  du  Rhône 
étoient  alors  fort  basses.  Le  prieur  répondit  qu'il  avoit  fait  son  opposition  & 
qu'il  attendoit  la  décision  du  sénéchal  de  Beaucaire.  Il  se  rendit  toutefois 
Éd.oiigm^  bientôt  après,  81  posa  solennellement  la  première  pierre,  le  12  de  septembre 
suivant^,  à  la  première  arche  du  côté  opposé  ou  à  la  rive  gauche  du  fleuve. 
Depuis  ce  jour,  on  continua  le  travail  sans  interruption  avec  des  peines  Se 
des  dépenses  immenses,  qui  durèrent  pendant  près  de  quarante-cinq  ans;  car 
le  pont  ne  fut  achevé  que  vers  la  fin  de  l'an  1809.  Les  habitans  de  Saint- 
Saturnin  eurent  la  principale  direction  de  ce  grand  ouvrage,  sous  l'autorité 
du  prieur  8c  de  ses  religieux.  Ils  élisoient  tous  les  ans  trois  d'entre  eux,  qui, 
sous  le  nom  de  recteurs,  avoient  l'intendance  sur  tout  le  bâtiment  S;  rendoient 
compte  à  la  fin  de  l'année  de  leur  administration  8t  de  l'emploi  des  quêtes 
qu'ils  faisoient  faire  de  toutes  parts,  lesquelles  furent  autorisées  par  les  bulles 
des  papes  &(.  les  chartes  de  nos  rois.  Ces  recteurs  achetèrent  une  carrière  sur 
les  bords  du  Rhône,  au  bourg  Saint-Andéol,  à  deux  lieues  au-dessus  de  Saint- 

■  Voyez  plus  haut,  livre  XIX,  ch.  lxxi,  pp.  76,  '  Archives  du  monastère  &  de  l'hôpital  du  Pont- 

77-  —  Héliot,  Histoire  des   ordres  religieux,   t.   2,       Saint-Esprit. 
P'  287.  3  Gallia  Christiana,  nov.  éd.  t.  6,  instr.  c.  3o8. 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXVI,  891 

Saturnin  ou  du  Saint-Esprit,  où  on  les  voituroit  commodément  par  eau.  Ils 
établirent  en  même  temps  une  société  ou  confrérie  de  frères  donnés  Se  de 
sœurs  données,  auxquels  ils  donnèrent,  en  1281,  des  règlemens  Se  un  liabit 
particulier.  Les  premiers  étoient  employés  ou  à  la  construction  du  pont  ou  à 
quêter  dans  toute  la  chrétienté,  Se  les  autres  à  avoir  soin  des  ouvriers  Se  des 
malades. 

Le  pont  étant  fort  avancé  on  bâtit  auprès  une  chapelle,  sous  l'invocation 
de  la  sainte  Vierge  Se  de  saint  Louis,  avec  un  hôpital  dont  le  roi  Philippe  le 
Bel  '  approuva  la  construction  par  des  lettres  patentes  du  25  de  février  de 
l'an  i3og  (i3io).  Ce  prince  exempta  en  même  temps  ces  lieux  avec  la  per- 
mission du  pape,  de  la  juridiction  de  la  principale  église  de  Saint-Saturnin, 
Se  ordonna  que  les  aumônes  des  fidèles  seroient  employées  à  l'entretien  du 
pont,  après  qu'on  l'auroit  entièrement  fini.  Se  au  service  de  la  chapelle  Se  de 
l'hôpital,  sous  l'administration  des  habitans  de  la  ville.  Philippe,  pour  con- 
tribuer lui-même  à  cet  entretien,  accorda  aux  recteurs  du  pont  un  droit  appelé 
le  petit-blanc,  qui  consiste  dans  la  levée  de  cinq  deniers  tournois  pour  chaque 
minot  de  sel  qui  remonte  le  Rhône  j  ce  qui  produit  environ  huit  à  dix  mille 
livres  tous  les  ans. 

On  appela  d'Avignon,  pour  desservir  la  chapelle  Se  l'hôpital  Se  continuer 
les  quêtes,  les  frères  de  l'ordre  des  Pontifes  ou  Hospitaliers  de  Saint-Bénézet^, 
à  qui  le  pape  Nicolas  V  ordonna,  en  1448,  de  porter  l'habit  blanc  avec  un 
morceau  d'étoffe  rouge  sur  la  poitrine,  qui  représentoit  deux  arches  d'un 
pont  surmonté  d'une  croix,  pour  les  distinguer  des  hospitaliers  du  Saint- 
Esprit  de  Montpellier  Se  du  Saint-Esprit  in  Saxia,  à  Rome.  Ces  religieux  du 
Pont-Saint-Esprit,  les  seuls  qui  restoient  de  l'ordre  des  Pontifes,  tentèrent 
dans  la  suite  de  se  séculariser,  sans  quitter  cependant  la  vie  commune  Se 
l'habit  blanc,  qu'ils  portoient  encore  en  1622, "c'est  pourquoi  on  les  appeloit 
les  prêtres  blancs.  Ils  cessèrent  de  vivre  en  commun  en  i633;  mais  le  parle- 
ment de  Toulouse  leur  enjoignit,  en  i66g,  de  reprendre  la  vie  commune  6c 
régulière,  Se  adjugea  après  leur  mort  leur  dépouille  à  l'hôpital  du  Pont-Saint- 
Esprit.  Ils  quittèrent  de  nouveau  la  vie  commune,  en  1676,  après  avoir 
changé  leur  habit  blanc  en  noir.  Se  ils  se  sont  enfin  érigés  en  une  espèce  de 
collégiale  sous  l'autorité  de  l'évêque  diocésain.  Ces  ecclésiastiques  ne  desser- 
vent plus  aujourd'hui  que  l'église,  parce  que  l'hôpital  qui  y  étoit  joint  fut 
détruit  à  la  fin  du  seizième  siècle  pour  bâtir  la  citadelle,  laquelle  fut  achevée 
en  1622.  On  a  construit,  en  1690,  au  Pont-Saint-Esprit  un  nouvel  hôpital 
avec  une  petite  chapelle  sous  l'invocation  de  saint  Louis,  Se  on  y  a  mis, 
en  1694,  des  sœurs  grises  pour  avoir  soin  des  malades. 

Telle  est  l'histoire  de  la  construction  du  pont  Saint-Esprit,  l'un  des  plus 
hardis  morceaux  d'architecture  qu'on  puisse  voir.  Il  donna  dans  la  suite  son 
nom  à  la  ville  de  Saint-Saturnin-du-Port,  Se  elle  l'avoit  déjà  pris  au  milieu 


'  Tome  vin,  Chartes,  n.  CCCLXXI,  ce.  1748  à  '  Héliot,  ut  supra. 

1700. 


Al  i2<j5 


—; ~"  802  HISTOIRE  GÉNÉllALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXVI. 

du  quinzième  siècle.  Il  a  quatre  cent  vingt-ciiuj  toises  de  long,  depuis  l'angle 
flanqué  du  bastion  Saint-Michel  de  la  citadelle,  qui  fait  un  des  pieds-droits 
de  la  première  arcade  du  côté  de  la  ville,  jusqu'au  bout  de  la  rampe  qui  ter- 
mine la  dernière  arcade  de  l'autre  côté  du  Pvhône.  Sa  largeur  est  de  douze 
pieds  dans  œuvre  &  de  dix-sept  pieds  hors  d'œuvre,  y  compris  l'épaisseur  des 
parapets.  Il  est  soutenu  par  vingt-six  arches  d'une  inégale  largeur,  savoir  : 
dix-neuf  grandes  &  sept  petites.  Les  plus  grandes  ont  dix-huit  toises  d'ou- 
verture. Il  y  a  deux  cent  soixante-sept  toises  fondées  sur  le  roc,  8t  cent  cin- 

td.  oriein.     quante-trois  sur  des  pilotis:  mais  on  en  comprendra  mieux  toutes  les  dimen- 
t.  ni.  p  507.     ».  '  '.  .  .  .  ' 

sions  par  le  plan  que  nous  joignons  ici. 

LX,  —  Divers  seigneurs  de  la  Province  vont  servir  en  Italie 
sous  Charles  d'Anjou. 

Alfonse,  comte  de  Toulouse  8v  de  Poitiers,  se  disposoit  toujours  à  son  pas- 
sage à  la  Terre-Sainte,  lorsque  Charles,  comte  d'Anjou  &  de  Provence,  son 
frère,  entra  en  Italie,  où  il  étoit  appelé  par  le  pape  pour  faire  la  conquête  de 
la  Lombardie  8<.  des  royaumes  de  Naples  S<.  de  Sicile,  sur  Mainfroi,  fils  naturel 
de  l'empereur  Frédéric  II.  Charles  s'embarqua  à  Marseille  pour  cette  expédi- 
tion, le  i5  de  mai  de  l'an  i265,  suivi  de  ce  qu'il  y  avoit  de  plus  considérable 
parmi  la  noblesse  de  ses  Etats  Se  des  provinces  voisines,  entre  autres  de  René 
de  Beauvau',  qui  parvint  dans  la  suite  aux  premières  dignités  du  royaume 
de  Naples.  Plusieurs  seigneurs  des  plus  qualifiés  de  la  Province  se  firent  un 
plaisir  d'aller  servir  sous  ses  enseignes;  tels  furent  Philippe  II  de  Montfort, 
seigneur  de  Castres,  Gui  III  de  Lévis,  maréchal  de  Mirepoix,  Si  Jourdain  IV, 
seigneur  de  l'Isle-Jourdain. 

Le  premier  avoit  alors  de  grands  différends^  avec  Amalric,  vicomte  de 
Lautrec,  seigneur  de  Girossens  &  d'Ambres,  en  Albigeois,  qui,  à  ce  qu'il 
prétendoit,  l'avoit  insulté  dans  le  château  de  Cadalen.  Il  laissa  en  partant  la 
poursuite  de  cette  affaire  à  ses  agens,  qui  confisquèrent  le  château  d'Ambres 
sur  Amalric /fOi/r  crime  de  félonie.  Le  vicomte  prétendit  de  son  côté  que  cette 
confiscation  étoit  nulle,  «  parce  que  lorsqu'il  s'agit  d'une  question  féodale 
«  entre  le  seigneur  &  le  vassal,  elle  doit  être  jugée  par  les  pairs  de  la  Cour. 
«  Or,  ajoutoit-il,  en  adressant  la  parole  dans  ses  écritures  au  procureur  de 
«  Philippe,  vous  qui  n'êtes  pas  pair,  ne  pouvez  connoître  de  cette  affaire.  » 
Charles  détacha^  Philippe  de  Montfort,  dès  le  commencement  de  l'an  1260, 
avec  un  corps  de  troupes  pour  lui  préparer  les  voies  au  delà  des  Alpes;  com- 
mission dont  ce  chevalier,  qui  étoit  fort  brave,  s'acquitta  avec  honneur;  Phi- 
lippe battit,  en  effet,  les  partisans  de  Mainfroi. 
An  ,i6û  Jourdain  IV,  seigneur  de  l'Isle,  n'alla  joindre  Charles  qu'au  commence- 

ment de  l'année  suivante.  Etant  arrivé  à  Pérouse,  le  29  de  janvier,  il  y  fit 

'  Sainte  Marthe,  Généalogie  de  Beauvau.  ^  Gesta  Ludovici  IX. 

'  Domaine  de  Montpellier,  Girossens,  n""  i  &  2; 
Ambres,  n.  4. 


HISTOIRE  GEMERALF.  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXVI.  8q3   ~ JT 

-'  An  I  lou 

son  testamcni'  dans  lec|uel  il  déclaie  «  qu'il  étoit  en  chemin  pour  aller  dans 
«  la  Fouille,  au  secours  de  l'Eglise  romaine  Se  du  seigneur  Charles,  roi  de 
«  Sicile.  ))  II  avoit  laissé  à  son  départ  l'administration  de  ses  domaines  à  Ber- 
trand, son  frère,  prévôt  de  la  cathédrale  de  Toulouse,  &  avoit  pris  à  sa  suite 
Raimond  de  Saint-Paul,  damoiseau  du  diocèse  de  Toulouse.  Philippe  de 
Montfort,  le  maréchal  de  Mirepoix  Se  le  seigneur  de  l'Isle-Jourdain,  signa- 
lèrent leur  valeur  durant  cette  expédition.  Les  deux  premiers  comman- 
doient^,  avec  le  fils  de  Barrai  de  Baux,  l'avant-garde  de  Charles  à  la  fameuse 
bataille  de  Bcnévent,  que  ce  prince  gagna  sur  Mainfroi,  son  concurrent, 
le  26  de  février  de  l'an  1266.  Charles,  quelque  temps  après  cette  victoire, 
avoit  dessein  de  rappeler  auprès  de  lui  Barrai  de  Baux,  qu'il  avoit  établi 
gouverneur  de  Milan,  sous  le  titre  de  podestat,  Se  de  lui  substituer  Philippe 
de  Montfort;  mais  il  changea  de  résolution,  Se  il  envoya  ce  dernier  en  Sicile 
pour  V  être  son  vicaire  ou  vice-roi. 

LXI.  —  yiljbnse,  comte  de  Toulouse,  se  prépare  à  son  expédition  dans 
la  Terre-Sainte.  —  Il  demande  un  don  gratuit  à  ses  sujets. 

.\lfonse,  comte  de  Toulouse,  envoya^,  au  commencement  de  l'an  1266, 
Jean  de  Nanteuil,  chevalier,  8<  Guiscard,  son  clerc,  en  ambassade  au  pape 
Clément  IV  pour  lui  demander  :  i"  La  permission  de  lever  une  décime  sur 
le  clergé  de  France  pour  les  frais  de  la  guerre  d'outre-mer.  2°  Quelques 
bénéfices  pour  ses  aumôniers.  Le  pape  se  contenta  de  lui  donner  de  bonnes 
espérances  pour  l'avenir.  Se  le  pressa  cependant  de  partir  le  plus  tôt  qu'il 
pourroit  pour  cette  expédition.  Ce  prince,  pour  fournir  aux  frais  de  son  arme- 
ment, fit  demander  un  don  gratuit"*  aux  habitans  de  Toulouse,  qui  lui 
envoyèrent,  au  mois  de  mai  de  cette  année,  deux  d'entre  eux  pour  traiter 
avec  lui  Se  lui  faire  les  remontrances  qu'il  avoit  promis  d'entendre  par  leurs 
députés  au  prochain  parlement.   Ils  le  sollicitèrent  en   même  temps  de  les 

'  Tome  VIII,  Chartes,  n.  CCCXXI,  c.   1407.  pour  le   mode  de    payement;    Alfonse   n'en    nyant 

^  Gesta   LuJovici   IX.   p.    ^^j.    —    Clément    IV,  phis  de  nouvelles,  deinanda  des  renseignements  au 

Ep'til.  242,  206  &  suiv.  sénéchal    &   lui    ordonna    de  veiller  à   ce   que    les 

'  Clément  IV,  Epist.  ;.;"),  r.67,  364  &  suiv.  408.  payements  arriérés  fussent  promptement  effectués. 

*  Voyez  tome  VIII,  n.  CCCLIII,  ce.  iSôo,  i55i.  Au    mois  de   novembre  suivant,  nouvelle  lettre  à 

—  Nous  donnons  au  tome  VIII  de  la  présente  édi-  Guillem  de  Montrevel,  le  priant  de  rappeler  leurs 

tion    un    certain    nombre  de    mandements   inédits  promesses  aux  consuls.  —  Quelques  jours  après  il 

relatifs  à  ce  fouage  (c.  i55i  &  suiv.).  D'abord  le  écrit  à  ceux-ci,  leur  déclare  qu'il  ne  pourra  rece- 

furmulaire   des    lettres    envoyées    aux   consuls   de  voir   d'autre   monnaie   que   la    tournois,    &   leir 

Toulouse  81  acceptées   par  eux;    le  fouage  était   de  enjoint   d'avoir   à   verser    la    somme    entière    dans 

six  mille  livres   tournois,  payables  dans  le   délai  les    deux    mois.   —    Au    mois    de    décembre,    rien 

d'un  an,  en  trois  termes,  &  la  lettre  de  non  préju-  n'était  encore  payé,  &  force  était  à  Alfonse  d'ac- 

dice  du   comte   portait  que   l'octroi   de   ce  subside  corder   un    nouveau    délai    jusqu'à    la    Chandeleur 

était      i.t    gracieux   &  que    les   Toulousains    n'y  de   l'an    1:68.   Nous  .-.vons    là    un    exemple   de   la 

étaient  point  tenus.  —  Kn  octobre    12Û7,  le  paie-  résistance    qu'Alfonse    rencontrait    dans    ses    exi- 

ment  n'était  pas  encore  commencé,  deux  religieux  gences  financières,  résistance  dont   presque   toutes 

dominicains,   Guillem   de  Montrevel,   inquisiteur  les    grandes    villes    donnèrent    l'exemple,    &    qui 

ii  la  foi,  8c  Guillem-Eirnard  étaient  venus  de  la  fut  imitée  par  les  vassaux  du  comté  de  Toulouse, 
part  des  consuls  propeser  un    nouvel  ariangement  lA.  M.] 


ÎIISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXVI, 


An,z66        ^94 

honorer  de  sa  présence;  ils  le  traitent  clans  leur  lettre  tantôt  d'altesse,  tantôt 
de  majesté  &.  tantôt  de  sérénité  Si  de  magnificence' ,  Ce  prince,  marchant  sur 


■  Les  habitants  de  Toulouse  ne  perdirent  pas 
cette  occasion  de  faire  acheter  par  le  comte  leur 
consentement  à  la  levée  du  fouage.  Les  rapports 
entre  les  consuls  &  Alfonse,  très-iendus  en  i2r)r), 
paraissent  avoir  été  meilleurs  à  cette  époque,  & 
ils  en  profitèrent  pour  lui  réclamer  certaines  ré- 
formes. Nous  publions  au  tome  VIII,  c.  iSSz  & 
suiv.  le  mémoire  présenté  à  Alfonse  par  deux  des 
consuls,  Durand  de  Saint-Bars  8c  Arnaud  d'Escal- 
quens,  qui,  vraisemblablement,  vinrent  dans  le 
nord  en  même  temps  que  les  autres  ambassadeurs 
de  la  ville.  Us  demandent  dans  ce  mémoire  : 
1°  une  nouvelle  confirmation  générale  de  leurs 
anciennes  coutumes,  &  notamment  des  articles 
suivants.  —  2°  Restitution  du  consulat;  chaque 
année  les  consuls  &  membres  du  chapitre  nom- 
meront leurs  successeurs.  —  Le  viguier,  à  son 
entrée  en  fonctions,  promettra  de  défendre,  pro- 
téger &  secourir  les  capitouls  &  les  habitants  de 
Toulouse.  —  3°  Les  consuls  connaîtront,  con- 
formément aux  anciens  usages,  de  tontes  les  cau- 
ses criminelles  intéressant  les  habitants.  —  Le 
comte  renouvellera  la  charte  de  Raimond  VII 
pour  la  restitution  du  consulat  à  la  communauté. 
—  4"  Tous  les  habitants  de  Toulouse  seront 
exempts  de  leudes  &  péages,  comme  le  portent 
les  privilèges  des  anciens  comtes.  —  Sur  les  biens 
confisqués  pour  fans  d'hérésie,  on  prélèvera  le 
montant  des  dettes  des  anciens  possesseurs.  — 
5"  Les  consuls  avaient  droit  d'interpréter  la  cou-' 
tume  en  matière  civile,  quand  il  y  avait  doute; 
que  ce  privilège  leur  soit  restitué.  —  6°  Les  con- 
suls doivent  aussi  connaître  des  cas  d'infraction 
a ux  règlements  monétaires  du  comte.  —  Le  viguier 
du  comte  doit  mettre  en  liberté  tout  accusé  qui 
offre  de  fournir  caution,  sauf  le  cas  de  flagrant 
délit  ou  de  crime  notoire.  —  7°  Que  les  dîmes 
soient  réduites  au  taux  qu'elles  atteignaient  du 
temps  de  Raimond  VII.  —  8"  Les  fossés  du  fau- 
bourg ont  été  inféodés  à  diverses  personnes  par  la 
communauté;  que  le  viguier  cesse  de  troubler  ces 
feudataires  dans  leur  possession.  —  A  la  suite 
viennent  les  réponses  préparées  par  le  conseil 
d'Alfonse  :  1°  Le  comte  pourra  répondre  qu'il 
compte  observer  toutes  leurs  bonnes  coutumes.  — 
2"  L'élection  des  consuls  était,  en  effet,  faite  jadis 
par  les  bourgeois,  mais  de  la  manière  suivante  :  les 
vingt-quatre  consuls  sortant  de  charge  élisaient 
quatre  nouveaux  consuls,  qui  eux-mêmes  nom- 
maient les  vingt  autres.  Le  comte,  plus  d'une 
fois,  avait  fait  lui-même  l'élection.  Quand  le  feu 
comte  Raimond  VII  mourut,  il  avait  nommé  les 
consuls  pour  un  an.  Lui  mort,  les  bourgeois  chas- 
jCrent  ceux-ci    plus   de   six    mois   avant    la  fin   de 


leur  charge,  &  frustrèrent  ainsi  le  comte  actuel 
de  ses  droits.  Aussi  une  ordonnance  rendue  à 
Lavaur  par  Gui  Foulcois  remit-elle  le  comte  en 
possession  du  droit  d'élection.  —  3°  Le  viguier 
prête  serment  aux  consuls;  mais  c'est  parce  que 
le  comte  le  veut  bien,  car  l'ordonnance  rendue 
par  son  grand  conseil  a  décidé  que  le  viguier 
était  le  supérieur  des  consuls,  &  c'est  devant  lui 
que  sont  portées  en  appel  les  causes  plaidées  de- 
vant le  tribunal  consulaire.  —  4°  C'est  aussi  par 
tolérance  du  comte  que  les  consuls  connaissent 
des  causes  criminelles.  Des  abus  s'étant  produits, 
il  a  été  décidé  que  les  plaignants  auraient  le 
choix  entre  leur  tribunal  &  celui  du  viguier.  — 
;j"  L'acte  du  dernier  comte,  touchant  la  restitu- 
tion du  consulat,  paraît  avoir  été  fait  sans  son 
aveu;  l'original  ne  porte  pas  le  sceau  du  comte. 
Remarquons  que  c'était  là  une  chicane  de  procu- 
reur, les  actes  notariés  dans  le  raidi,  même  ceux 
des  princes,  ne  portant  pas  de  sceau.  —  C  L'exemp 
tion  de  péages  fut  concédée  autrefois,  pendant  la 
guerre,  par  le  comte  &  un  grand  nombre  de  sei- 
gneurs; mais  la  paix  venue,  elle  ne  fut  pas  obser- 
vée; seulement,  pendant  que  le  feu  comte  était 
occupé  en  Provence,  les  Toulousains  s'affranchi- 
rent du  paiement  des  leudes  &  péages,  &  brisèrent 
le  barrage  du  comte  à  Verdun.  Leur  demande,  au 
reste,  est  contraire  à  une  ordonnance  récente  du 
comte  actuel.  —  7"  La  demande  pour  les  dettes  des 
Toulousains,  dont  les  biens  ont  été  confisqués,  est 
juste,  &  le  comte  l'accorde.  —  9°  Que  les  consuls 
s'expliquent  plus  clairement  touchant  leur  droit 
d'interpréter  la  coutume;  le  comte  en  délibérera. 
—  10°  Pour  les  délits  relatifs  à  la  monnaie,  la 
demande  des  consuls  est  inadmissible  ;  rien  de 
semblable  ne  s'est  vu  dans  le  royaume  de  France, 
&  le  comte  est  le  maître  de  sa  monnaie.—  1 1°  Pour 
la  mise  en  liberté  sous  caution,  il  y  a  été  pourvu 
par  une  ordonnance  spéciale.  —  12°  Quant  aux 
fossés  du  faubourg,  qu'on  s'informe  auprès  du  vi- 
guier; s'il  y  a  injustice,  elle  sera  réparée.  — 
13°  Pour  ce  qui  est  des  dîmes  &  prémices,  il  y  a 
certainement  des  abus  dont  souffrent  les  hommes 
du  comte;  que  les  consuls  détaillent  leurs  griefs, 
&  il  y  sera  pourvu.  —  Suit  le  projet  d'ordon- 
nance :  les  habitants  de  Toulouse  ne  payeront  ni 
leudes  ni  péages  pour  les  produits  de  leurs  terres 
situées  dans  la  banlieue  (in/ra  dccos),  &  pour  tout 
ce  qui  sera  apporté  dans  cette  ville  pour  la  con- 
sommation  des   habitants,   a.l    uszis   civium.  Le 

viguier  ne  pourra  refuser  la  caution  que  d,-.ns  h 
cas  de  crime  puni  de  mort  ou  de  mutilation,  &, 
dans  ce  cas,  le  prévenu  sera  jugé  par  le  vijuier  & 
les  consuls  réunis.  —  Les  consuls  sont  mis  en  de- 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.   LIV.  XXVI.  80 5   " """ 

/  An  1266 

les  traces  du  roi,  son  frère,  envoya  des  commissaires  sur  la  fin  de  l'année 
pour  rendre  justice  à  tous  ceux  qui  avoient  quelque  plainte  à  faire  contre 
lui.  Il  choisit  pour  cette  fonction  Pons  d'Asto,  -id  &  Odon  de  Moutonier, 
son  clerc',  qui  parcoururent  le  Toulousain,  l'Albigeois,  l'Agenois,  le  Querci  , ''n, '"',''''"'t. 
&  le  Rouergue,  S<.  restituèrent  divers  domaines  à  tous  ceux  qtii  purent 
prouver  qu'ils  en  avoient  été  dépouillés  injustement  par  les  comtes,  ses  pré- 
décesseurs. 

LXII,  —  Le  pape  écrit  au  roi  touchant  le  comté  de  Melgueil, 

On  avoit  fait  entendre  au  roi*  que  le  comté  de  Melgueil  lui  appartenoit 
ou  du  moins  au  fils  de  Pierre  Pelet,  seigneur  d'Alais,  &  que  l'évêque  de 
Maguelonne,  qui  le  possédoit  sous  la  mouvance  du  Saint-Siège,  en  jouissoit 
sans  aucun  titre  légitime.  Le  roi,  par  un  désintéressement  qui  a  peu  d'exem- 
ples, prit  en  quelque  manière  le  pape  Clément  IV  lui-même,  qui  étoit  sa 
partie,  pour  arbitre  dans  cette  affaire  &  le  pria  de  l'instruire  de  la  vérité. 
Clément  lui  répondit,  le  16  de  septembre  de  l'an  1266,  8c  lui  dit  :  «  Le  comté 
(I  de  Melgueil  est  un  fief  censuel  de  l'Eglise  romaine  qu'elle  a  tenu  juste- 
«  ment,  comme  on  le  dit  communément.  Le  comte  Bertrand,  bisaïeul  de 
Il  Pierre  Pelet,  8c  les  comtes  de  Toulouse  l'ont  possédé  en  divers  temps  avec 
<i  justice,  ainsi  qu'ils  l'assuroient,  ou  sans  aucun  droit  légitime,  comme 
i'  d'autres  le  croyent  5  mais  le  comte  de  Toulouse,  père  du  dernier  mort, 
«  ayant  été  privé  de  ses  domaines  par  le  pape  Innocent  III  pour  des  causes 
<i  qui  appartiennent  à  la  foi,  le  légat  Pierre  de  Bénévent  confisqua  ce  comté 
«  au  nom  de  l'Église  romaine.  Raimond  Pelet,  bisaïeul  de  Pierre,  demanda 
«  à  ce  légat  la  restitution  du  comté.  L'affaire  fut  plaidée,  8<  elle  demeura 
Il  indécise,  parce  qu'on  trouva  que  le  cens  annuel  d'une  livre  d'or,  dont  le 
«  comté  étoit  chargé  envers  l'Eglise  romaine,  n'avoit  pas  été  payé  depuis 
u  plusieurs  années.  Dans  la  suite  l'Eglise  romaine  voyant  que  Raimond  Pelet 
«  n'avoit  pas  prouvé  ce  qu'il  avoit  avancé,  8c  d'ailleurs  le  cens  annuel  n'ayant 
«  pas  été  payé,  il  plut  au  pape  d'intéoder  le  comté  de  Melgueil  à  l'évêque  de 
«  Maguelonne  8c  à  ses  successeurs,  sous  un  certain  cens,  &c  ce  prélat  en  jouit 
«  paisiblement,  excepté  que  le  dernier  comte  de  Toulouse  envahit  sur  lui  le 
«  château  de   Melgueil   Se  quelques  autres j   mais  il    les  lui  rendit  quelque 

meure  de  prouver  leur  droit  d'interprétntioii  de  l>i  de  ces   privilèges    avaient  été  concédés   nuK  Ton- 
coutume. —  Les  pluignants,  en  cas  d'action  crimi-  lousains   par  leurs   comtes,  à  la   suite  de  la  guérie 
nelle,  auront  le  choix  entre  la  cour  du  viguier  &  des  albigeois  ou   pendant  cette   guerre,  &  que  des 
celle  des  consuls.    —  On    peut    remarquer  que   le  privilèges  accordés  dans  de  pnreilles  circonstances 
comte    ne   céda   que  sur  les    points  où    ses   officiers  pouvaient  sembler  peu  légitimes  à  Alfonse. 
avaient  absolument   tort,   &  que  son   conseil  em-  [A.  M.] 
ploya   toutes  les  ressources  de  la  dialectique  judi-            '  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  CCCLIV,  c.  1693 
ci.iire    pour    repousser   les   demandes    des  consuls,  &   suiv.  — Trésor  des  chartes;   Toulouse,    sac    r, 
dont  la   plupart  étaient  fondées  8c,  les  preuves  en  n.    21  [J.  3o3]  j   sac  6,  n°'  |3,   i5,   16,  18,  83.  [J. 
abondent,  autorisées  par  les  précédents.  Pourtant  .'Î12  &.  3i3.]  —  Cartulaire    d'Alfonse   de   Poitiers, 
plus  tard,  il   lui    fallut  encore  céder   sur  certains  —  [JJ.   24  B,  pa55im.] 
points  (voir  plus  bas).  Remarquons  que  la  plupart             '  Clément  IV,  Epist.  ij6. 


An  1266 


896  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXVT. 


«  temps  après.  Ce  que  nous  avons  dit  du  légat  Pierre  de  Bcnévent,  se  passa 
«  avant  que  le.roi,  votre  père,  entreprît  la  guerre  d'Albigeois,  &  avant  même 
«  qu'il  assiégeât  la  ville  de  Toulouse  du  vivant  du  roi,  son  père.  Pour  nous, 
«  qui  avons  toujours  été  amis  sincères  de  Pierre  Pelet  &  de  ses  prédécesseurs, 
«  faisant  réflexion  sur  ce  qui  s'est  passé,  nous  avons  travaillé  autrefois  à 
»  engager  l'église  de  Maguelonne  à  lui  céder  quelque  chose  pour  ses  droits; 
«  mais  nous  n'avons  pu  réussir.  Nous  avons  même  permis,  en  dernier  lieu,  à 
«  l'instance  du  même  Pierre  Pelet,  à  l'évêque  de  Maguelonne,  de  lui  assigner 
«  quelques  rentes,  tant  pour  ôter  tout  scrupule  de  conscience,  s'il  en  y  avoit 
«  quelqu'un,  que  pour  faire  cesser  les  murmures  du  peuple.  Croyez-donc, 
«  mon  très-cher  fils,  qu'il  ne  vous  est  fait  aucun  préjudice.  Si  ceux  qui  pré- 
«  tendent  le  contraire  demandent  d'où  vient  que  l'Église  romaine  peut  avoir 
«  des  fiefs  dans  le  royaume  de  France,  nous  répondrons  qu'elle  y  possède 
«  celui-là  &.  d'autres,  &  rien  ne  l'empêche,  puisque  le  royaume  n'est  pas  né 
i(  avec  les  rois  &.  qu'il  n'a  pas  été  acquis  par  les  rois  tous  seuls.  S'ils  lisent  les 
«  anciens  historiens  de  la  conquête  de  la  province  Narbonnoise,  ils  trouve- 
<(  ront  que  les  papes  y  ont  travaillé  en  personne,  61  qu'ils  y  ont  eu  la  prin- 
.«  cipale  part.  «  Clément  entend  parler  ici  de  la  fable  ou  du  roman  de  Philo- 
mena,  qui  fait  assister  le  pape  Léon  III,  accompagné  du  collège  des  cardinaux, 
avec  le  roi  Charlemagne,  à  la  conquête  de  la  Narbonnoise  sur  les  Sarrasins, 
Enfin  Clément  exhorte  le  roi  à  ne  pas  troubler  l'évêque  de  Maguelonne  Sv 
en  sa  personne  l'Église  romaine,  dans  la  possession  du  comté  de  A-lelgueil,  Ê< 
à  ne  pas  ajouter  foi  à  ce  que  des  flatteurs  pouvoient  lui  suggérer  sur  ce  sujet. 
Il  écrivit'  en  même  temps  à  ce  prélat  pour  l'exhorter  à  ne  rien  craindre  & 
l'assurer  de  sa  protection  dans  cette  affaire.  Nous  pourrions  faire  plusieurs 
réflexions  sur  ces  deux  lettres;  mais  un  auteur^  célèbre  nous  a  prévenus. 
On  peut  d'ailleurs  consulter  ce  que  nous  avons  déjà  dit^  sur  la  donation  que 
Pierre,  comte  de  Melgueil,  fit  en  io85  de  son  comté  à  l'Eglise  romaine,  dont 
il  se  rendit  vassal  sans  la  participation  du  roi,  son  souverain.  Du  reste,  nos 
rois  ont  laissé  depuis  ce  comté  aux  évêques  de  Maguelonne,  Se  nous  ne  trou- 
vons, après  saint  Louis,  que  le  roi  Philippe  le  Bel,  son  petit-fils,  qui  ait 
renouvelé  la  querelle  sous  le  pontificat  de  Boniface  VIIL 
Éd.  oriRiii.         Clément  IV  écrivit  deux  autres  lettres  au  roi  saint  Louis,  l'an  1266  :  l'une'*, 

t.  III,  p.  3o;).  ...  . 

le  22  de  juillet,  en  faveur  des  ecclésiastiques  de  la  province  de  Narbonne; 
l'autre,  le  21  de  septembre.  Dans  la  dernière^  il  loue  ce  prince  d'avoir  fait 
construire  un  port  à  Aigues-mortes,  le  seul  du  royaume  sur  la  Méditerranée 
propre  aux  embarquemeiis  pour  le  passage  de  la  Terre-Sainte,  S<.  la  tour  de 
Constance,  qui  servoit  également  8t  de  phare  pour  les  vaisseaux  qui  entroient 
dans  le  port  8t  de  forteresse  pour  la  sûreté  des  marchands  qui  y  commerçoient. 
Il  approuve  ensuite  le  dessein  que  le  roi,  qui  l'avoit  consulté,  avoit  formé 
d'entourer  cette  ville  de  murailles  &  de  mettre   pour  cela   une   imposition, 

'  Clément  IV,  Ep'i:t.  377.  *  Manuscrits  Je  Saluée,  n.  (.'>. — [L;it.    iioi6.| 

"  Caseneuve,  Franc-Allcu,  1.   i,  chap.  3.  '  Clément  H',  Epi'î.  379. 

'  Tome  III,    1.   XV,  chap.  wvn,   pp.  4^">,  44^1. 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXVI.  gqy    — "7 

-"         An  12Û6 

tant  sur  les  prélats  de  la  province  de  Narbonne  Si  sur  les  peuples  du  voisi- 
nage que  sur  les  consuls  &  marchands  de  Montpellier  St  des  autres  villes  des 
environs,  après  que  ce  prince  les  auroit  convoqués  &  pris  leurs  avis,  soit  en 
sa  présence,  soit  devant  les  commissaires  qu'il  envoyeroit  sur  les  lieux. 

LXIII.  — Nouveaux  différends  entre  Varchevéque  (y  le  vicomte  de  Nurhonne. 
Monnaie  de  Narbonne  0  de  Mende. 

Le  pape  écrivit',  le  ii  de  mai  de  la  même  année,  à  l'évêque  d'Agde,  8i  le 
chargea  de  prendre  connoissance  d'un  différend  qui  s'étoit  élevé  à  Narbonne, 
entre  le  vicomte  Amalric  &  les  habitans  d'une  part,  8c  Maurin,  archevêque 
de  l'autre.  Les  consuls  de  cette  ville  avoient  requis  le  premier,  au  mois  de 
juillet  précédent,  de  faire  fabriquer  de  nouvelles  espèces  dont  on  avoit  besoin, 
ainsi  que  ses  prédécesseurs  l'avoient  toujours  pratiqué  en  pareil  cas.  Amalric, 
avant  pris  l'avis  de  l'abbé  de  Saint-Paul,  fit  travailler.  L'archevêque  en  fut 
informé,  &  ce  prélat,  sous  prétexte  que  le  vicomte  ne  pouvoit  rien  faire  sans 
son  consentement,  lui  défendit  de  passer  outre  j  Amalric,  soutenant  au  con- 
traire que  le  droit  de  battre  monnoie  lui  appartenoit  à  lui  seul  &c  qu'il  le  tenoit 
en  fief  du  roi  de  France,  ne  fit  aucun  cas  de  la  défense  de  l'archevêque;  pour 
se  mettre  cependant  à  l'abri  de  ses  censures  il  appela  au  pape.  Nonobstant 
son  appel,  Maurin  l'excommunia  8t  avec  lui  les  ouvriers  de  la  monnoie  & 
tous  les  habitans  qu'il  avoit  employés,  &  jeta  l'interdit  sur  toutes  ses  terres. 
Nous  ignorons  le  jugement  que  l'évêque  d'Agde  rendit  sur  ce  différend  5  mais 
nous  savons  que  les  consuls  &  les  principaux  habitans  de  Narbonne  s'étant 
rendus,  le  12  d'avril  de  l'an  1270,  dans  le  palais  du  vicomte  Amalric,  ce  der- 
nier les  fit  sommer  far  Amalriguet,  son  fils,  de  ne  pas  consentir  à  la  fabrica- 
tion de  la  nouvelle  monnoie  que  l'archevêque  vouloit  faire  battre  8c  de  ne  pas 
l'employer  dans  le  commerce;  sur  quoi  ils  déclarèrent  qu'ils  en  délibèreroient. 

Le  roi  ou  son  parlement  auroient  dû  naturellement  prendre  connoissance 
de  ce  différend  ;  mais  il  n'en  est  rien  dit  dans  les  registres  des  parlemens  qui 
furent  tenus  en  1266.  On  voit  seulement,  dans  celui  de  la  Pentecôte^,  que 
l'évêque  de  Mende  fut  rétabli  dans  la  possession  de  faire  battre  monnoie  dans 
sa  ville  épiscopale  ;  droit  dont  ses  prédécesseurs  avoient  joui  8c  dont  il  avoit 
été  dépouillé  par  le  sénéchal  de  Beaucaire.  Il  est  marqué  qu'on  appeloit  cette 
monnoie  deniers  mendois.  Dans  le  parlement  suivant,  tenu  à  la  Toussaint, 
on  ordonna  d'ôter  les  sergens  que  le  même  sénéchal  avoit  mis  pour  le  roi  au 
Fuy,  parce  que  c'étoit  au  préjudice  de  la  juridiction  que  l'évêque  avoit  dans 
cette  ville. 


■    '  Hôiel   de  ville  de   Narbonne.  —  Domaine  de  que  du  Puy.  En   1272,  un   nouvel  arrêt  rendu  par 

Montpellier;  Narbonne,  n"'  2  &  4.  le  Parlement  ordonna  au  sénéchal  de  laisser  cir- 

'  Registre  Ohm.  —  Cf.  Boutaric,  Actes  du  Par-  culer  la   monnaie    de  l'évèq\ie  de  Mende  dans   les 

lement,   t.  1,  p.   98,   n.    io52j   arrêt  pour  l'évêque  fiefs  &  arrière-fiefs  de  ce  prélat.   Cf.  lilJ.  p.  171, 

de  Mende.  Cette  monnaie  avait  cours  dans  tout  le  n.   i863.  [A.  M.| 
diocèse.  —  Jiiii.  p.  99,  n.  1064;  arrêt  pour  l'évè- 

v;.  57 


An  1267 


— •  8q8  histoire  Générale  de  Languedoc,  liv.  xxvi. 

An  izoo  ^ 

LXIV.  —  Alfonse,  comte  de  Toulouse,  convoque  son  parlement.  —  Michel 
de  Toulouse,  vice-chancelier  de  l'Eglise  romaine, 

Alfonse,  comte  de  Toulouse,  convoqua  de  son  côté  son  parlement  '  en  1266, 
par  des  lettres  datées  de  Rampillon,  la  veille  de  Saint-Barnabe,  &c  il  établit 
pour  présidens  Evrard  Malethans,  chevalier,  connétable  ou  gouverneur  d'Au- 
vergne, Jean  de  Montmorillon,  chevalier  &  prêtre  poitevin,  &  Guillaume  de 
Plapape,  archidiacre  d'Autun,  avec  pouvoir  de  choisir  eux-mêmes  leurs  asses- 
seurs ou  conseillers,  tant  clercs  que  laïques.  Il  est  fait  mention  de  ce  parle- 
ment dans  des  lettres*  d'Alfonse,  datées  du  dimanche  après  la  fête  de  saint 
Barnabe,  apôtre,  l'an  1266,  par  lesquelles  il  ordonne  à  Evrard  Malethans, 
chevalier,  son  connétable  d'Auvergne,  d'entendre  Jean,  seigneur  de  Châtillon  : 
Vous  lui  rendre-;^  justice,  dit  ce  pnnce,  jusqu'à  notre  parlement,  qui  se  tiendra 
le  lendemain  de  la  quinzaine  de  la  fête  de  tous  les  Saints,  if  vous  aure-^  soin 
de  nous  faire  savoir,  à  notre  dit  futur  parlement,  ce  que  vous  aure-^fait. 

L'auteur^  qui  fait  mention  de  la  convocation  de  ce  parlement  nous  apprend, 
sous  l'année  suivante,  «  que  Michel  de  Toulouse,  archidiacre  de  Narbonne, 
«  personnage  très-savant  Se  très-versé  dans  la  philosophie  &  l'astronomie, 
«  écrivit  un  traité  sur  les  droits  &  les  prérogatives  des  archidiacres,  Se  que  ce 
i|d  oiigin.  <j  traité  déplut  beaucoup  à  son  archevêque,  qui  l'excommunia  St  le  dépouilla 
(c  de  son  bénéfice.  Michel  en  appela  au  pape  qu'il  alla  trouver  Se  qui  lui 
«  donna  l'absolution,  le  rétablit  dans  l'archidiaconé  St  approuva  son  livre. 
«  Je  l'ai  lu,  ajoute  cet  auteur,  St  on  y  trouve  diverses  prophéties,  n  Le  roi 
accorda  aussi  sa  protection  à  Michel  de  Toulouse,  qui  parvint  à  la  dignité  de 
vice-chancelier  de  l'Église  roma'ine,  comme  on  voit"*  par  un  acte  daté  de 
Pérouse,  le  27  d'octobre  de  l'an  1267,  suivant  lequel  «  Michel  de  Toulouse, 
«  vice-chancelier  de  l'Eglise  romaine  &  archidiacre  de  Narbonne,  déclare 
«  que  la  liberté  que  le  roi  lui  avoit  accordée,  de  faire  voiturer  à  Toulouse  le 
«  sel  qu'il  retiroitde  son  archidiaconé  de  Narbonne,  &  qui  en  faisoit  le  prin- 
«  cipal  revenu,  ne  tireroit  pas  à  conséquence  pour  ses  successeurs.  » 

LXV.  —  Voyage  du  roi  d'Aragon  à  Montpellier. 

Jacques,  roi  d'Aragon,  après  avoir  fait  s,  en  1266,  la  conquête  du  royaume 
de  Murcie  sur  les  Sarrasins,  expédition  dans  laquelle  Guillavime  de  Roquc- 
feuil,  gouverneur  de  Montpellier,  s'acquit  beaucoup  de  gloire,  se  rendit  dans 
cette  dernière  ville,  sa  patrie,  &  il  paroît  qu'il  y  étoit  déjà  arrivé*^  dès  le 
mois  d'octobre  de  cette  année.  Il  y  fit  un  assez  long  séjour  Se  il  y  donna*, 

*  Bardin,  Chronique,  —  [Cf.  tome  X,  Preuves^  ^  Chronica  o  commentari  del  rcy  en  Jacme ;  ren- 
ée. 4  8c  T)  de  l'édition  princeps.]  questa  de  Murcia,  c.  i56. 

'  Diichesne,  Histoire  de  Cliastillon,  pr.  p.  4.  ^  Zurita,  Anales   de    la   corona    de  Aragon,   !.    ê 

^  Bardin,  Chroniijue.  —  [Cf.  uî  supra,  c.  5.]  c.  7  1 . 

^  Trésor  des  chartes;  Narbonne,  n.  1 1 .  [J.  337.]  '  Clément  IV,  Epist.  SSp. 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV,  XXVI.  899 

le  19  de  janvier  suivant,  une  charte  en  faveur  de  l'abbaye  de  La  Grasse.  Le 
pape  Clément  IV  lui  écrivit',  le  29  d'avril,  pour  l'exhorter  à  engager  ses 
lieutenans  à  ne  pas  enfreindre,  comme  ils  faisoient,  l'accord  qu'il  avoit 
moyenne,  avant  son  élévation  au  pontificat,  entre  lui  &  les  habitans  de 
Montpellier,  touchant  l'élection  du  baile  Si  des  autres  officiers  de  sa  cour 
royale  dans  cette  ville. 

LXVL  —  Le  comte  Aljbnse  impose  un  subside  sur  ses  sujets  pour  la  croisade. 

Le  pape  écrivit  diverses  lettres^  à  Alfonse,  comte  de  Toulouse,  durant 
l'année  1267,  pour  l'exhorter  à  se  préparer  à  son  expédition  de  la  Terre- 
Sainte  par  la  visite  de  ses  États  Se  la  réparation  de  tous  les  griefs  que  ses 
sujets  avoient  contre  lui^.  Il  lui  fait  espérer  de  lui  accorder  pour  cette  entre- 
prise trente  mille  livres  tournois  sur  le  tiers  des  revenus  ecclésiastiques  qu'il  se 
proposoit  de  lever.  Il  lui  marque  qu'il  avoit  destiné  pour  le  roi,  son  frère,  les 
subsides  de  la  croix  dans  tout  le  royaume,  8c  qu'il  y  avoit  compris,  de  son 
consentement,  ses  propres  États,  quoiqu'il  eût  d'abord  résolu  de  lui  réserver 
cette  portion  des  subsides;  c'est  que  le  roi  saint  Louis  avoit  repris  la  croix, 
dès  le  25  de  mars  de  cette  année,  avec  le  dessein  de  passer  de  nouveau  dans 
la  Terre-Sainte.  Plusieurs  chevaliers  de  la  Province  se  croisèrent  à  cette  occa- 
sion, entre  autres  Raimond'*  Seguin  de  Melgueil.  Parmi  ceux  qu'Alfonse 
retint  à  son  service,  Sicard  de  Montant,  chevalier  de  la  sénéchaussée  de  Tou- 
lause,  s'obligea^,  sous  la  garantie  de  Guillaume  Hunaud,  chevalier.  Si  de 


An  I  267 


'  Baluze,  Portefeuille  Je  Montpellier. 

'  Clément  IV,  Epist.  48:1  &  suiv.,  536.  —  Ray- 
naldi,  année  1267,  n.  fio. 

'  C'est  sans  cloute  pour  obéir  aux  instances  du 
pape  qu'Alfonse  délégua  Pons  Astoaud  &  Eudes 
de  la  Montonière  pour  faire  enquête  sur  les  mé- 
faits de  ses  agents  dans  le  midi,  La  lettre  de  com- 
mission est  du  18  avril  1267  (Voyez  tome  VIII, 
c.  i566)j  elle  est  valable  pour  un  an.  Elle  fut 
renouvelée  en  juillet  &  décembre  1268,  &  en  mars 
1269.  {liiJ.  ce.  1576,  1582,  1587.)  Ces  commis- 
saires devaient  en  même  temps  veiller  aux  intérêts 
du  comte,  chercher  à  lui  procurer  de  l'argent  & 
s'occuper  de  la  levée  du  foiiage.  Nous  avons  plu- 
sieurs lettres  de  restitutions  données  en  leur  nom, 
plusieurs  existent  dans  le  Trésor  des  chartes  en 
original,  la  plupart  se  retrouvent  dans  le  regis- 
tre JJ.  24<^.  Nous  n'indiquerons  que  les  princi- 
pales. Beaucoup  de  ces  plaintes  se  rapportaient  à 
des  faits  datant  de  l'époque  de  Raimond  VII. 
Telle  est  (voyez  tome  VIII,  ce.  1641  &  1684)  la 
plainte  de  Guillem-Aton  de  Gaillac,  qui  réclamait 
une  somme  par  lui  prêtée  à  ce  prince  &  dont  il 
n'avait  été  payé  qu'en  partie;  pour  l'indemniser 
on  lui  avait  engagé  les  bailie^  de  Lavaur  &  de 
Puylaurens,  pour  les  tenir  jusqu'au    payement  de 


sa  créance.  L'affaire  n'était  pas  encore  terminée 
en  1269,  &  Alfonse  écrivit  au  sénéchal  de  Tou- 
louse de  s'informer  combien  de  temps  le  plai- 
gnant avait  tenu  les  deux  bailies,  &  combien 
il  lui  était  encore  dû.  —  On  peut  encore  voir 
d'autres  actes  de  ces  enquêteurs,  de  l'année  1267, 
pour  la  justice  de  Puylaurens,  au  tome  VIII 
(ce.  1593,  1594);  l'usurpation  remontait  aussi  au 
temps  de  Raimond  VII.  Une  autre  pièce  {liid. 
ce.  iSpS,  1596)  se  rapporte  à  la  juridiction  du 
lieu  de  Gaillac,  réclamée  par  l'abbé  &  par  le  sei- 
gneur de  Brens.  Une  troisième  restitue  une  partie 
de  la  justice  de  Gazais  à  Bernard  de  Penne,  ceue 
justice  ayant  été  comprise  dans  l'échange  fait  entre 
ce  seigneur  &  Alfonse  de  Poitiers.  [liid.  ce.  1596 
à  1598.)  D'autres  réclamations  se  rapportent  à  la 
justice  du  lieu  de  Cahuzac  (JJ.  24»,  f°  94  u),  à 
une  forteresse  enlevée  au  seigneur  de  Jonquières 
par  Raimond  VII  (Ibid.  1°  80  a),  à  une  somme 
d'argent  due  par  celui-ci  à  un  bourgeois  de  Tou- 
louse. [Ihid.  f"  94  h.)  Ces  mêmes  enquêteurs  avaient 
déjà  parcouru  la  Province  dès  1266.  (JJ.  24",  f<'43 
&  suiv.,  &  f  88  &  suiv.)   [A.  M.] 

"  Clément  IV,  Epist.  487. 

'  Trésor  des  chartes}  Toulouse,  «ac  10,  n.  4  [J. 
319];  sac  I  I   [J.  320]. 


—  ûoo  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXVI. 

An  I  207         7 

Sicard,  vicomte  de  Lautrec,  damoiseau,  d'amener  vingt  chevaliers  avec  lui 
pour  une  certaine  somme  dont  il  convint,  &  pour  le  Joitage  qui  seroit  levé 
dans  ses  terres.  Ce  prince  écrivit  de  Rampillon,  au  commencement  de  mai 
de  l'an  1267,  à  son  sénéchal  de  Toulouse  8c  d'Albigeois,  de  faire  lever  inces- 
samment le  fouage  dans  sa  sénéchaussée  &.  d'en  faire  remettre  le  produit  au 
Temple,  à  Paris,  avec  les  deniers  des  haillies  de  la  même  sénéchaussée,  le 
jeudi  après  la  quinzaine  de  la  Pentecôte,  «  comme  ayant  propos  de  soccore 
V  personaument  à  la  Sainte-Terre  d'outre-mer,  qui  a  si  grant  mestier  de 
«  grant  aide,  &■  où  il  lui  conviendra  j'aire  si  grant  despens  (S-  si  grant  mises. 
«  Et  de  rechef  nos  vos  mandons,  ajoute-t-il,  que  quant  vos  affermerez  vos 

«  haillies  de  vostre  sénéchaussie ne  les  affermez  mie  à  gens  soupçonneuses 

«  de  l'hérésie,  ne  d'autre  grant  crime,  ne  à  Juis,  ne  à  vos  parens,  ne  à  vos 
«  cosins,  ne  à  vos  aftins,  ne  à  aucuns  de  vostre  mesniée,  ne  à  autres  qui 
<i  soient  à  nos  gaiges  ne  aux  vostres,  Sec.  »  Il  ordonna  à  cet  officier  par 
d'autres  lettres,  à  la  fin  du  mois  de  septembre  suivant,  «  de  faire  lever  inces- 
«  samment  le  fouage  ou  aide  que  l'on  lui  doit  Jk  qu'on  lui  a  promis  dans  sa 
c(  sénéchaussée  pour  le  secours  de  la  Terre-Sainte.  »  Il  envoya  de  semblables 
ordres  à  ses  sénéchaux  d'Agenois,  de  Querci,  de  Venaissin,  de  Poitou,  de 
Saintonge  &.  de  Pvouergue,  8t  à  son  connétable  d'Auvergne.  Il  chargea  de 
plus  Pons  d'Astoaud  &<.  Sicard  d'Alaman,  chevaliers,  8c  les  autres  commissaires 
qu'il  avoit  envoyés  dans  ces  provinces  de  lui  procurer,  par  toutes  les  voies 
qui  leur  étoient  marquées,  autant  d'argent  qu'il  seroit  possible  pour  fournir 
aux  frais  de  son  armement'. 

Il  paroît  que  la  ville  de  Toulouse  s'abonna  pour  le  fouage  avec  Alfonse, 
qui  écrivit^,  vers  le  même  temps,  aux  consuls  8c  aux  habitans  qu'il  proro- 
iln  "'''^m'i  i^soit,  à  leur  prière,  jusqu'à  la  Purification,  le  payement  des  six  mille  livres 
tournois  qu'ils  lui  avoient  promis.  Nous  inférons  d'une  autre  de  ses  lettres 
que  les  nobles  étoient  exempts  de  fouage;  car  Bertrand  Carbonel,  damoiseau, 
s'étant  plaint  de  ce  que  les  consuls  de  Lavaur  vouloient  l'obliger  à  le  payer  à 
son  préjudice;  parce  qu'il  était  noble  &  fils  de  chevalier,  b  qu'il  n  était  pas 
d'usage  qu'on  mit  les  nobles  à  la  taille  pour  le  fouage  ou  pour  tout  autre 
chose,  le  comte  écrivit,  le  mercredi  avant  la  Pentecôte,  au  sénéchal  de  Tou- 
louse, de  ne  pas  permettre  que  ce  damoiseau  fût  mis  injustement  à  la  taille 
contre  l'usage  accoutumé.  Enfin  Alfonse  manda  au  même  sénéchal  de  sus- 
pendre la  levée  du  fouage  sur  les  hommes  du  vicomte  de  Lautrec,  son  vassal, 
jusqu'à  ce  qu'il  fût  assuré  qu'ils  y  étoient  tenus  de  droit  ou  de  coutume; 

'  En  1267,  Alfonse  eut  à  apaiser  une  guerre  as-  vembre  1267.    (Tome  VIII,  ce.   1608,  1609.)  L'^if- 

sez  vive,   qui    s'était   élevée   entre   les   hommes  de  faire,  du   reste,   ne   put  s'arranger  à  l'amiable,  & 

Condom,  qui  lui  étaient  soumis,  &  Géraud,  comte  en  mars  1268,   le  comte,   informé  de  nouvelles  at- 

d'Armagnac.  Gaston  de  Béarn   avait  voulu   inter-  taques  de  Géraud  contre  ses  hommes  de  Condom, 

venir   &   avait   réclamé  l'aide   du    roi   de   France.  chargea   le  sénéchal   de  saisir  les  fiefs   que  ce  sei- 

Louis  IX  pria  son  frère  de  confier  l'instruction  de  gneur  tenait  de  lui,  &  lui   ordonna  de  ne  les  lui 

cette   affaire   à   Bertrand,   prévôt    de   Toulouse,  à  rendre  que  sous  bonne  &.  sûre  caution.  (TomeVIII, 

Sicard  Alaman  &  a»   sénéchal  de  Toulouse,  aux-  ce.  i635,  i(536.)  [A.  M.] 

quels  Alfonse  envoya   ses   pleins   pouvoirs   en    no-  '  Trésor  des  chartes,  ut  supra. 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXVI.  qoi    ""; ~ 

J  An   1267 

mais  qu'il   tâchât  cependant  de   les  engager  à  lui   accorder  volontairement 


quelque  somme  à  la  place  du  fouage'. 


LXVII. 


Vicomtes  de  Lautrec. 


Le  vicomte  de  Lautrec,  dont  le  nom  n'est  pas  marcjué  dans  cet  acte,  étoit 
ou  Isarn  ou  Bertrand,  son  j'rère,  en  faveur  desquels  Alfonse  écrivit  au  com- 


'  Alfonse  commença  à  s'occuper  de  la  lerée  du 
fouage  dès  1257.  (Majen  &  Tholin,  p.  74.)  Les 
actes  (jue  nous  avons  donnés  dans  le  -ome  VHI  de 
la  présente  édition,  &  ceux  que  nous  avons  rele- 
vés dans  les  registres  de  ce  prince,  vont  nous  per- 
mettre de  donner  de  cet  impôt  une  idée  plus  pré- 
cise que  n'a  pu  le  faire  dom  Vaissete.  Le  fouage, 
impôt  personnel,  levé  par  famille  &  par  village, 
avait  déjà  été  p'rçu  par  le  comte  Rairaond  Vil  à 
l'occasion  de  la  croisade,  que  la  mort  l'empêcha 
d'accomplir.  En  1261,  Alfonse  avait  obtenu  une 
nouvelle  promesse  de  ses  sujets  du  midi;  mais  au 
moment  de  faire  lever  l'impôt,  il  se  ravisa,  espé- 
rant avoir  plus  d'argent  en  traitant  avec  chaque 
ville  en  particulier.  Aussi  vers  le  milieu  de  l'an- 
née 1261  écrivit-il  au  sénéchal  d'Agen  de  prendre 
à  ce  sujet  des  renseignements  précis  &  de  les  lui 
envoyer  le  plus  promptemcnt  possible.  Un  des 
clercs  du  comte,  Guillaume  du  Plessis,  fut  spécia- 
lement chargé  de  cette  négociation,  dont  Alfonse 
recommanda  le  soin  à  tous  ses  officiers  &  vassaux 
du  raidi.  (Cf.  tome  VIII,  ce.  1489,  1490.)  Pour 
faire  des  propositions,  on  dut  se  reporter  aux  étais 
du  fouage  perçu  par  Raimond  VII,  [Ihid.  c.  1491.) 
Peu  après,  Alfonse  envoya  à  tous  ses  sénéchaux  des 
instructions  générales.  (Ibii.  c.  1493  &  suiv.), 
qui  prouvent  qu'Alfonse  n'était  pas  trop  sur  de 
son  droit.  Le  sénéchal  devra  représenter  aux  sujets 
du  comte  que  c'est  la  première  fois  qu'il  requiert 
pareil  service,  tandis  que  le  roi  &  les  autres  b  - 
rons  l'ont  demandé  deux  ou  trois  fois.  La  levée  du 
fouage  sera  faite  par  douze  prud'hommes  choisis 
par  les  habitants  de  chaque  ville.  Dans  les  villes 
des  vassaux  on  s'entendra  avec  le  seigneur.  Si  on 
a  suivi  d'autres  règles  du  temps  du  comte  Rai- 
mond, règles  qui  agréent  davantage  aux  gens  du 
pays,  qu'on  observe  la  coutume.  Les  villes  8c  les 
seigneurs  qui  voudront  s'abonner  pour  une  somme 
une  fois  payée  seront  libres  de  le  faire.  —  Le  paye- 
ment du  fouage  n'alla  pas  sans  quelques  lenteurs 
&  de  nombreuses  difficultés,  &  l'événement  prouva 
qu'Alfonse  avait  eu  raison  de  s'y  prendre  à  l'a- 
vance. Les  opérations,  commencées  en  1261,  du- 
raient encore  en  1269,  &  les  commissaires  du 
comte  rencontraient  toutes  sortes  de  résistances. 
Les  grandes  villes  comme  Toulouse  s'étaient  abon- 
nées,   mais    les    petits   villages,    les    seigneurs,    ne 


mettaient  pas  un  grand  empressement  à  s'acquit- 
ter, —  En  1268,  les  hommes  des  templiers  &.  des 
hospitaliers  refusèrent  de  payer  le  fouage  sous 
prétexte  qu'ils  avaient  déjà  payé  une  redevance 
spéciale  à  leurs  seigneurs;  leur  prétention  fut 
repoussée  par  le  comte,  &,  en  effet,  il  eut  suffi  à 
un  homme  de  se  mettre  dans  l'avouerie  du  Temple 
ou  de  l'Hôpital  pour  se  soustraire  à  la  plupart 
des  obligations  incombant  aux  autres  hommes  du 
comte.  (Tome  VIII,  c,  1579).  M-'"''  ^'  n'ét.nit  là 
qu'une  difficulté  facile  à  résoudre.  Chaque  jour  il 
en  naissait  de  nouvelles.  En  général  on  sent  que 
le  comte  n'est  pas  sûr  d'avoir  le  droit  pour  lui; 
il  ordonne  à  ses  sénéchaux  de  traiter  à  l'amiable 
avec  ses  vassaux,  de  s'informer  s'ils  ont  payé  du 
temps  du  comte  Raimond.  (JJ.  24  c,  f»»  07  n,  53  a, 
60  a.)  Quand  les  réclamations  deviennent  trop 
pressantes,  on  accorde  un  délai,  pour  traîner  en 
longueur  &  rechercher  des  actes  qui  prouvent  le  bon 
droit  du  comte.  —  Mais  bien  d'autres  questions 
s'élevaient  tous  les  jours.  Les  demandes  de  dégrè- 
vement étaient  nombreuses;  Alfonse  ne  s'y  rendait 
que  difficilement,  &  il  fallait  que  les  motifs  fus- 
sent bien  forts  pour  le  décider.  Aux  habitants  de 
Caumont,  il  ne  remet  que  dix  livres  sur  cent, 
qu'ils  avaient  promises,  &  encore  se  réserve-t-il 
de  les  percevoir  plus  tard  (JJ.  24  c,  f°  Sp  h]; 
ailleurs  ce  sont  cinq  livres  sur  trente-deux.  {Ihid. 
f°42i.)  Les  hommes  de  Montesquieu  enVolvestre, 
qui  sont  pauvres  &  qui  ont  entrepris  la  cons- 
truction d'une  église  valde  sumptuasam,  obtien- 
nent de  ne  payer  que  cinq  cents  livres  au  lieu  ce 
cinq  cent  trente  &  une.  (Tome  VIII,  ce.  1623, 
1624.)  Le  mode  de  perception  est  soigneusement 
réglé  dans  les  villages;  mais  dans  les  villes  ce  sont 
des  querelles  infinies,  chacun  des  partis,  peuple 
ou  bourgeois,  essayant  de  faire  prévaloir  le  système 
qui  lui  est  le  plus  avantageux.  [liid.  c.  1625.) 
Enfin,  en  dépit  de  la  résistance  de  ses  sujets,  Al- 
fonse décida  que  le  payement  aurait  lieu  en  mon- 
naie tournois,  &  que  ce  serait  le  débiteur  qui 
payerait  le  change.  (JJ.  24C,  ("^oa.)  —  Ce  ta- 
bleau, bien  incomplet  pourtant,  donne  une  idée 
assez  exacte  des  embarras  de  tous  genres  qui  accom- 
pagnèrent pour  Alfonse  la  préparation  de  cette 
malencontreuse  expédition  de  1270,  si  impolitique, 
&  qui  fut  en  définitive  si  mal  conduite.     [A.  M.] 


An  I  267 


102 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.   LIV.  XXVL 


mencement  d'août  de  cette  année,  à  Philippe  de  Montfort,  pour  leur  faire 
rendre  une  certaine  quantité  de  blé  que  les  gens  de  ce  seigneur  leur  avoit 
enlevée  dans  la  ville  de  La  Bruguière,  qu'ils  tenoient  de  lui  en  fief'.  Ils 
avoient  perdu  alors  Pierre  &  Sicard,  leurs  frères,  qui  possédoient  avec  eux  S<. 
avec  Amalric,  leur  autre  frère,  la  moitié  de  la  vicomte  de  Lautrec.  Pierre 
étant  mort  sans  enfans  de  Vaquerie  de  Monteil  Ademar,  sa  femme,  81  Sicard 
n'ayant  laissé  qu'une  fille,  nommée  Alix  ou  Hélitsj  Isarn,  Bertrand,  Amalric 
&  Gui  dit  Albigeois,  leurs  frères,  Se  les  enfans  de  Béatrix,  leur  sœur,  femme 
de  Sicard  d'Alaman,  principal  ministre  du  feu  comte  de  Toulouse,  préten- 
dirent recueillir  leur  succession.  Ils  s'accordèrent^,  au  mois  de  septembre  de 
l'an  1268,  sur  la  moitié  de  la  vicomte  de  Lautrec  qui  leur  appartenoit,  avec 
Sicard  VII,  leur  cousin  germain,  possesseur  de  l'autre  moitié.  Isarn,  Bertrand 
&  Amalric  partagèrent,  en  1270,  la  portion  de  la  vicomte  de  Lautrec  qui 
avoit  appartenu  à  Pierre,  leur  frère.  Isarn  laissa  ^  postérité,  Si  de  lui  descen- 
dent les  seigneurs  de  Montfa  8c  de  Saint-Germier.  Quant  à  Bertrand  Si  à 
Amalric,  ils  laissèrent  aussi  postérité;  mais  elle  tomba  enfin  en  quenouille, 
81  par  là,  une  portion  de  la  vicomte  de  Lautrec  passa  dans  les  maisons  de 
Lévis,  Arpajon,  Voisins,  Sic. 

LXVIII.  —  Alfbnse  donne  divers  ordres  pour  le  gouvernement  de  ses  États. 

Comtes  de  Rode-;^, 

Alfonsç,  comte  de  Toulouse,  donna  plusieurs  autres  ordres'',  en  1267, 
pour  le  gouvernement  de  ses  domaines.  Il  manda  le  jour  de  Pâques  à  son 
féal,  le  comte  de  Comminges,  de  réparer  le  tort  que  ses  gens  avoient  fait  au 
comte  de  Foix  dont  ils  avoient  ravagé  les  terres,  tandis  que  ce  comte  étoit  en 
chemin  pour  se  rendre  au  parlement  a\i(\uQ\  le  roi  l'avoit  appelé^.  Il  ordonna. 


■  cf.  tome  VIII,  c.  1606.  —  Voir  dans  JJ.  24  c, 
f"  48  b,  un  autre  mandement  de  fin  juillet  relatif 
à  cette  affaire  Se  ordonnant  au  sénéchal  de  procé- 
der à  une  enquête.  —  L'affaire  n'était  pas  termi- 
née au  mois  de  novembre  suivant;  à  cette  époque 
Alfonse  ordonnait  de  nouveau  à  Philippe  de  Mont- 
fort  de  restituer  le  blé  enlevé  aux  vicomtes  de  Lau- 
trec. (JJ.  24'^,  f°  5â  b.)  L'un  des  deux  vicomtes, 
Isarn,  tenait  plusieurs  terres  du  comte,  pour  les- 
quelles il  lui  devait  le  fouage;  il  obtint  de  lui  une 
lettre  de  sursis  en  décembre  1267.  (JJ.  24C,  f"  56  b.) 

[A.  M.] 

"  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  CCCLV,  ce.  i63o 
à  i633. 

3  Voyez  tome  VU,  Note  XVIII,  pp.  56  à  Sp. 

'  Trésor  des  chartes;  Toulouse,  sac  10,  n.  4.  [J. 
3>9.] 

'  La  lettre  est  d'avril  1267;  elle  fut  écrite  par 
Alfonse  à  la  demande  de  Louis  IX,  (Cf.  tome  VIII, 
ce.  1600,  1601.)  Quelque  temps  après,  Alfonse 
écrivit   au    sénéchal    de  Toulouse  de    défendre    à 


Roger  d'Espiès,  baile  de  Gascogne,  de  molester  le 
comte  de  Comminges  8t  de  l'empêcher  d'exercer 
ses  droits  de  juridiction.  (IbiA.  c.  1604.)  En  1268, 
les  officiers  du  comte  renouvelèrent  leurs  incur- 
sions &  Alfonse  dut  intervenir  une  fois  de  plus. 
[IhiA.  c.  i633.)  —  Cette  guerre  de  Foix  &  Com- 
minges ne  fut  pas  la  seule  qu'Alfonse  eut  à  arrêter 
dans  le  cours  de  cette  année  1267.  Le  4  août,  il 
écrit  au  sénéchal  pour  le  prier  de  s'entremettre 
entre  Sicard  Alaman  &  Philippe  de  Montfort;  les 
bailes  de  ce  dernier  commettaient  nombre  d'exac- 
tions, &  l'un  d'eux  s'était  rendu  coupable  du 
délit  de  port  d'armes  dans  les  terres  du  comte. 
(Tome  VIII,  ce,  1606,  1607.  La  lettre  à  Philippe 
de  Montfort  est  dans  JJ.  24  c,  f"  490.)  Un  mois 
plus  tard  il  devait  réprimander  ce  même  Sicard 
Alaman  &  Philippe  de  Montfort,  qui  exigeaient 
des  hommes  de  Rabastens  des  péages  &.  des  leudes 
exagérés.  (Tome  VIII,  ce.  1607,  1608.)  Au  mois 
de  juin  précédent,  Bernard-Jourdain  de  l'isle 
avait  envahi   les   terres   de  Jourdain,  seigneur  de 


An  1268 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.   LIV.  XXVI.  Qn3  ";; ~ 

J  An  1  267 

vers  le  même  temps  à  Pons  d'Astoaud  8t  Odon  de  Moutonier,  ses  commis- 
saires, de  faire  réparer  les  excès  que  ses  juges,  baillis  £<  autres  officiers  avoient 
commis  dans  la  sénéchaussée  de  Toulouse'.  11  écrivit  de  Longpont,  le 
dimanche  après  la  Saint-Jean-Baptiste,  au  viguier  de  cette  ville,  de  casser, 
de  l'avis  du  sénéchal,  des  mêmes  commissaires  &.  de  Sicard  d'Alaman,  cheva- 
lier, la  confrérie  du  Carmel,  qui  s'étoit  renouvelée  dans  cette  ville  Si  dans 
laquelle  cinq  mille  personnes  de  l'un  &  de  l'autre  sexe  s'étoient  engagées,  de 
crainte  des  inconvénients  qui  pouvoient  s'ensuivre  8t  qui  étoient  déjà  arrivés. 
Enfin  il  manda,  quelque  temps  après,  à  ce  viguier,  de  l'informer  de  quelques 
autres  confréries  qui  s'étoient  établies  de  nouveau  à  Toulouse  &.  qui  pou- 
voient V  causer  du  trouble^. 

Ce  prince  écrivit  de  Longpont,  à  la  fin  de  l'année  &  du  commencement 
de  la  suivante,  plusieurs  lettres  au  sujet  du  différend  qui  s'étoit  élevé  entre 
ses  gens  Si  Henri,  fils  d'Hugues,  comte  de  Rodez,  son  vassal  5  différend  qui 
avoit  été  suivi  de  part  81  d'autre  de  voies  de  fait,  8<  qui  fut  enfin  terminé 
par  un  traité.  Henri  jouissoit  alors  d'une  partie  des  biens  d'Isabeau  de  Roque- 
feuil,  sa  mère,  fille  aînée  Si  héritière  de  Raimond  de  Roquefeuil,  seigneur 
de  Roquefeuil  Si  de  Merueys,  au  diocèse  de  Nimes,  vicomte  de  Creixel,  en 
Rouergue,  Sic.  3,  laquelle,  par  son  testament  de  l'an  i25i,  lui  avoit  légué 
la  moitié  de  ses  domaines  Se  l'autre  moitié  à  Delphine  de  Turenne,  sa  mère. 
Isabeau  mourut  bientôt  après.  Si  non  en  1271,  comme  quelques  modernes'* 
l'ont  avancé.  Outre  Henri  elle  laissa  quatre  filles  d'Hugues,  comte  de  Rodez, 
son  mari,  Walburge,  Alix,  Alcayette  Si  Delphine.  La  première  épousa  Guil- 
laume, seigneur  de  Randon,  en  Gévaudan  ;  la  seconde  fut  religieuse  à  Non- 
nenque;  Alcayette,  la  troisième,  se  maria  5,  le  4  de  septembre  de  l'an  1267, 
avec  Amalric,  fils  puîné  d'Amalric,  vicomte  de  Narbonne,  Si  eut  quarante 
mille  sols  tournois  de  dot.  Enfin  Delphine  épousa,  le  24  d'octobre '^  de 
l'an  1262,  Pierre  Pelet,  damoiseau.  Delphine  avoit  alors  quatorze  ans  accom- 
plis, Si  elle  renonça,  moyennant  six  cens  marcs  d'argent,  à  la  succession  de 
j'eue  dame  Isabelle  de  Roquefeuil,  sa  mère.  Si  d'Hugues  par  la  grâce  de  Dieu 
comte  de  Rodez,  son  père.  Le  contrat  de  mariage  fut  passé  au  château  de 
Valeraugue,  dans  le  diocèse  de  Nimes,  Si  aujourd'hui  d'Alais,  en  présence  de 
Delphine  de  Roquefeuil,  son  aïeule  maternelle,  de  Pierre-Gaucelin  de  Fol- 
laquier,  Bérenger  de  la  Fare,  Guillaume  de  Frotard  Si  Guillaume  de  Ros- 
taing,  chevaliers.  Hugues,  comte  de  Rodez,  fit  son  testament  en  1271  Si 
mourut  environ  trois  ans  après.  Henri,  son  fils,  qui  lui  succéda,  n'avoit  pas' 

risle,  &  rendu  nécessaire  l'interyention  des  agents  '  Archives  du  domaine  de    Rodez,  Mariages   & 

du  comte.  [Ib'ii.  ce.  1602,   i6o3.  Cf.  aussi  JJ.  24<-"j  Testaments^  lettre  ddd. 

f"  48  a.)   [A.  M,]  ^  Histoire  généalogique  des  grands  officiers,  t.  2, 

'  [Cf.  plus  haut,  p.  899.]  p.  700. 

'  La  première  lettre  pour  la  confrérie  du  Carmel  '  Domaine  de  Rodez,  Acquits,  n,  z6. 

est  du    26    juin    1267.    (Cf.   tome  VIII,   ce.    1610,  ^ /A:V.  n.  45. 

1611.)  Le  mandement  au  viguier  de  Toulouse  pour  '  Hôtel  de  ville  de  Rodez, 
les   autres   confréries   établies  dans  cette   ville,  est 
du  21  mars  1268.  (Ibid.  c.   i6i3.)  [A.  M.] 


Hd.  orii^in. 
I.  m,  p.'5i2 


904 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.   LIV.  XXVI. 


encore  atteint  1  âge  nubile  quand  son  mariage  fut  arrêté,  le  8  de  septembre 
de  l'an  izSô,  avec  Marquise,  fille  de  Barrai,  seigneur  de  Baux.  Il  l'épousa 
dans  la  suite  solennellement,  Ik  elle  eut  deux  mille  marcs  d'argent  en  dot'. 

LXIX.  —  Alfonse  tient  un  nouveau  parlement  6*  se  prépare  à  son  départ 

pour  la  Terre-Sainte. 

Alfonse  avoit  donné  ordre ^  à  Pons  d'Astoaud  8<.  à  Odon  de  Moutonier,  ses 
commissaires  ou  lieutenans  dans  le  comté  de  Toulouse,  de  se  rendre  à  sa 
cour  trois  semaines  après  la  Chandeleur  de  l'an  1268;  mais  il  leur  écrivit, 
le  vendredi  après  l'octave  de  l'Epiphanie,  de  différer  leur  départ  jusqu'au 
prochain  parlement  de  la  Pentecôte,  &  d'aller,  en  attendant,  faire  des  infor- 
mations dans  l'Agenois,  au  sujet  de  quelques  courses  que  son  sénéchal  dans 
le  pays  avoit  faites  sur  les  terres  du  roi  d'Angleterre.  Il  leur  ordonna  en 
même  temps  de  travailler  à  ses  enquêtes  8t  aux  autres  affaires  qu'il  leur  avoit 
confiées  6(.  de  faire  savoir  à  ceux  pour  qui  ils  avoient  fait  des  enquêtes  de  ne 
pas  aller  à  sa  cour  jusqu'à  ce  parlement,  parce  qu'il  ne  leur  Jèroit  aupara- 
vant aucune  réponse'^.  On  voit  par  là  &  par  un  mémoire "*  que  ce  prince 
adressa  à  ses  officiers,  vers  l'an  1264,  qu'il  jugeoit  dans  son  parlement,  non- 
seulement  les  causes  qui  étoient  portées  par  appel  devant  lui,  de  toute 
l'étendue  de  ses  domaines,  mais  encore  les  affaires  sur  lesquelles  il  faisoit 
informer  auparavant.  Ce  mémoire  prouve  aussi  qu'il  étoit  fort  attentif  à 
empêcher  les  guerres  particulières  entre  les  seigneurs,  ses  vassaux,  Si  à  punir 
par  des  amendes  ceux  qui   les  entreprenoient^.  Le  roi   tint  de  son  côté  son 


'  La  même  année  Alfonse  reçut  les  plaintes  de 
l'évêque  de  Rodez  qui  réclamait  une  somme  assez 
importante  retenue  sur  une  année  de  revenu  de  la 
pezade  par  le  sénéchal,  qui  n'avait  jamais  voulu 
la  rendre.  Alfonse  ordonna  à  ce  fonctionnaire  de 
lui  expliquer  sa  conduite  &  de  donner  satisfaction 
à  révéque,  s'il  n'avait  aucune  raison  légitime  pour 
faire   cette   retenue.   (Tome  VIII,  ce.  i633,  lô.T^.) 

[A.  M.J 

'  Trésor  des  chartes;  Toulouse. 

'Mandement  du  i3  ou  du  14  janvier  ii68. 
(Tome  VIII,  ce.  iS-i,  iSya.)  Le  roi  d'Angleterre 
prétendait  que  le  sénéchal  d'Agen  était  l'agresseur, 
&  Louis  IX  avait  ordonné  au  sénéchal  de  Carcas- 
sonne  d'aller  enquérir  sur  les  faits  qui  étaient 
reprochés  à  cet  officier.  Alfonse,  ne  voulant  pas 
laisser  ses  intérêts  sans  défense,  chargea  Pons  As- 
toaud  &  Eudes  de  la  Montonière  d'accompagner 
ce  fonctionnaire,  de  prendre  part  au  règlement  de 
l'affaire,  s'il  y  avait  lieu  de  donner  satisfaction  au 
roi  d'Angleterre,  &  de  prêter  secours  au  sénéchal 
d'Agen,  si  besoin  était.  Ce  fait,  entre  mille  autres, 
prouve  combien  le  comte  de  Toulouse  était  jaloux 
de  faire  respecter  ses  droits.  [A.  M.] 

■"Voyez    tome    VIII,    Chartes,    n.    CCCXLVI, 


c.  1.514  &.  suiv.  —  Le  mémoire  en  question  n'est 
pas  d' Alfonse  lui-même,  mais  de  l'un  de  ses  agents 
dans  le  midi,  qui  y  parle  à  la  première  personne. 
Ce  n'est  certainement  ni  Eudes  de  la  Montonière, 
ni  Guillaume  le  Roux,  ni  Pons  Astoaud,  ni  Sicard 
Alaman.  Il  est  relatif  aux  guerres  privées  qui 
avaient  éclaté  les  années  précédentes  dans  la  Pro- 
vince, aux  longues  luttes  entre  l'évêque  d'Albi  & 
l'abbé  de  Gaillac,  entre  Gaston  de  Béarn  &  le 
comte  de  Comminges,  le  fils  du  comte  de  Rodez  8< 
Gui  de  Séverac,  &c.  On  y  spécifie  les  amendes  à 
exiger  de  tous  ces  perturbateurs  de  la  paix  publi- 
que, &  on  y  règle  différentes  affaires  d'adminis- 
tration. Il  est  adressé  au  sous  doyen  de  Tours  8c 
au  trésorier  de  Poitiers.  A  la  suite,  dom  Vaissete 
a  publié  un  autre  texte,  cette  fois  en  latin,  con- 
tenant les  décisions  du  conseil,  de  ce  que  dom  Vais- 
sete appelle  le  Parlement,  sur  quelques-unes  des 
affaires  indiquées  dans  le  premier  mémoire.  [A. M.] 
"  C'était  du  moins  là  un  des  objets  qu'Alfonse  se 
proposait;  Patteignait-il  toujours,  nous  en  dou- 
tons fort.  En  1268,  une  petite  armée,  venant  sans 
doute  de  Catalogne,  se  préparait  à  traverser  les 
Etats  du  roi  de  France  pour  aller  attaquer  Charles 
d'Anjou  dans  ses  domaines  de  Provence  &  de  For- 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXVI. 


90: 


An  i;63 


parlement  à  la  Pentecôte  de  l'an  1268',  &  il  y  confirma  une  sentence  par 
laquelle  le  sénéchal  de  Carcassonne  condamnoit  les  habitants  d'Albi  à  mille 
livres  tournois  d'amende  pour  avoir  refusé  de  le  suivre  en  armes,  quelques 
années  auparavant,  contre  les  fils  du  roi  d'Aragon.  Ce  sénéchal  ordonna, 
vers  le  printemps  de  cette  année  ^,  k  tous  les  seigneurs  du  pays  qui  étoient 
obligés  par  leurs  fiefs  à  résider  un  certain  temps  de  l'année  dans  la  cité  de 
Carcassonne,  de  s'y  rendre  incessamment.  Ces  seigneurs  étoient  Philippe  de 
Montfort,  Gui  de  Lévis,  maréchal  de  Mirepoix,  Jeanne,  veuve  de  Pierre  de 
Voisins,  8<  ses  enfans,  Lambert  8c  Simon  de  Turey  ou  de  Limoux,  seigneurs 
de  Saissac,  Si  plusieurs  autres  qui  paroissent  avoir  une  origine  françoise; 
ainsi  il  est  fort  vraisemblable  que  lorsque  le  fameux  Simon  de  Montfort  leur 
inféoda  les  terres  qu'ils  possédoient  dans  le  pays,  ce  fut  à  condition  de 
résider  tous  les  ans  pendant  un  certain  temps,  dans  cette  forteresse,  à  la 
place  des  châtelains^  qui  y  demeuroient  anciennement  sous  les  anciens 
vicomtes'*. 

Alfonse  continua  ses  préparatifs,  en  1268,  pour  sa  nouvelle  expédition  dans 
la  Terre-Sainte,  &  il  s'y  disposa  par  des  aumônes  abondantes.  Il  ordonna 
entre  autres,  à  la  fin  du  mois  de  juin  de  cette  année  5,  à  son  sénéchal  de 
Toulouse  Si  d'Albigeois,  de  distribuer  une  somme  considérable  aux  maisons 


calquicr,  Alfonse  avertit  ses  sénéchaux  &  leur  or- 
donna de  s'entendre  avec  les  officiers  du  roi  de 
France  &  du  roi  de  Sicile  pour  lui  interdire  le 
passage.  (Cf.  tomeVIII,  c.  1378.)  Une  guene  assez 
difficile  à  éteindre  fut,  en  1268  &  '269,  celle  de 
risle-Jourdain;  Pierre  de  LandreviUe,  sénéchal  de 
Toulouse,  avait  dû  intervenir  &  occuper  une  for- 
teresse {liid.  c.  1647),  &  Jourdain  de  l'Isle  im- 
plora la  protection  d'Alfonse.  (/AiJ.)  En  1269,  la 
guerre  recommença  avec  plus  de  violence  que  ja- 
mais; Jourdain  envahit  les  fiefs  d'Isarn  Jourdain 
de  risle  à  la  léte  de  plus  de  deux  mille  hommes 
armés,  &  y  fit  le  dégât}  le  comte  ordonna  de  punir 
sévèrement  un  tel  méfait  &  de  percevoir  les  amen- 
des dues  pour  port  d'armes  illicite.  {Ihid.  ce.  1676, 
1677.)  Quelques  mois  plus  tard,  c'est  Jourdain  de 
risie  qui  se  plaint  de  Roger  d'Espiès  baile  du 
comte;  celui-ci  est  entré  à  main  armée  sut  ses 
terres  &  les  a  ravagées;  ordre  au  sénéchal  de  punir 
sévèrement  l'agresseur.  (Ihid.  c.  1O87.)  Mention- 
nons encore  un  duel  interdit  par  Alfonse  en  1269 
(c.  1689),  &  de  longues  querelles  entre  Fanjeaux, 
ville  dépendant  du  comté  de  Toulouse,  &  Mont- 
réal, dans  la  sénéchaussée  de  Carcassonne.  [IhiA. 
ce.  1643,  1644  &  1686.)   [A.  M.) 

'  Registre  Olim. —  Cf.  plus  haut,  pp.  853,  854, 
où  nous  racontons  cette  affaire  tout  au  long  &  où 
nous  renvoyons  pour  cet  arrêt  aux  Actes  du  Par- 
lement, de  Boutaric.  [A.  M.j 

•Voyez  tome  Vlil,  Chnrtcs,  n.  CCCLVI,  ce.  iCCî 
&  i663. 


'  Tome  V,  Chartes  &  Diplômes,  n.  CCCXCVIII, 
ce.  919  a  926. 

*  Voyez  tome  VII,  Note  XLVI,  p.  141  &  suiv. 
Nous  y  faisons  l'histoire  de  la  châlellenie  de  Car- 
cassonne, en  faisant  remarquer  que  ce  n'était  que 
la  mise  en  pratique  de  l'une  des  règles  du  droit 
féodal  qui  imposait  Vestage  aux  vassaux  dans  cer- 
taines circonstances.  L'importance  de  la  cité  de 
Carcassonne,  pendant  longtemps  boulevard  du 
pouvoir  royal  dans  le  midi,  explique  pourquoi  le 
roi  conserva  cette  habitude  de  ses  prédécesseurs, 
les  vicomtes  de  Carcassonne.  Plus  tard,  au  qua- 
torzième siècle,  les  seigneurs  terriers  furent  rem- 
placés par  les  mortes  f^tycs,  sorte  de  garde  bour- 
geoise, dont  l'origine  est  mal  connue,  quoique 
Besse  ait  voulu  en  attribuer  l'institution  à  saint 
Louis,  que  la  compagnie  vénérait  comme  son  pa- 
tron. [A.  M.] 

''  Trésor  des  chartes;  Toulouse,  sac  10,  n.  4.  — 
Boutaric  (pp.  464  à  468),  donne  la  liste  ville  par 
ville  de  toutes  les  aumônes  faites  par  Alfonse,  dont 
il  a  pu  retrouver  la  mention.  Elles  sont  extrême- 
ment nombreuses  &  ont  surtout  pour  objet  les 
ordres  mendiants  que  ce  prince,  à  l'exemple  de 
son  frère  Louis  IX,  protégea  toujours  avec  beau- 
coup de  zèle.  L'auteur  que  nous  citons  mentionne 
notamment  des  aumônes  faites  aux  frères  mineurs 
de  Toulouse  &  de  Montauban,  aux  dominicaines 
de  ProuiUe,  aux  trinitaires  de  Toulouse,  &c. 

[A.  M.] 


An  1268 


906  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXVL 


religieuses  &  aux  hôpitaux  de  sa  sénéchaussée,  savoir  :  trente  livres  tournois 
à  chacun  des  couvens  des  frères  prêcheurs  &  des  frères  mineurs  de  Toulouse, 
une  somme  proportionnée  aux  frères  des  Sacs,  aux  frères  de  la  Trinité,  aux 
frères  des  Capistres  {de  Capistiis),  aux  frères  de  Saint-Augustin  &  aux  sœurs 
minoretes  de  cette  ville;  aux  religieuses  de  l'Oraison-Dieu,  de  Bagnols,  dans 
le  Lauragais,  &  de  l'Espinasse  ;  aux  sœurs  de  Prouille,  aux  frères  de  l'ordre 
de  'Notre-Dame  mère  de  Jésus-Christ,  aux  frères  mineurs  d'Albi,  aux  frères 
prêcheurs  de  Castres,  aux  religieuses  de  Gaillac,  &c.  Parmi  les  divers  ordres 
religieux  qu'on  vient  de  nommer,  ceux  qu'on  appeloit  des  Sacs  {Saccorum) 
t'iii°''^.'Ï3  "'■'  ^^  ^^  Pénitence  de  Jésus-Christ  avoient  plusieurs  autres  couvens  dans  la 
Province,  savoir  :  à  Narbonne  où  leur  prieur  provincial  transigea  ',  en  1266, 
avec  Géraud,  abbé  séculier  de  Saint-Paul  de  Narbonne,  au  Puy,  Sec.  Le  roi 
leur  donna  ^,  en  1264,  un  emplacement  à  Montréal,  au  diocèse  de  Carcas- 
sonne  pour  y  bâtir  un  couvent. 

LXX.  —  Alfonse  lève  une  imposition  sur  les  juifs  £r-  accorde  quelques 
privilèges  aux  hahitans  de  Toulouse. 

Alfonse  imposa,  en  1268,  une''  capitation  sur  tous  les  juifs  de  ses  domaines. 
Il  fit  faire  des  recherches  exactes  pour  savoir  au  vrai  la  valeur  de  leurs  biens, 
&.  il  en  fit  mettre  quelques-uns  en  prison  pour  les  obliger  à  la  déclarer.  Il 
manda,  au  mois  d'octobre,  à  ses  sénéchaux,  de  lui  envoyer  deux  juifs  des 
plus  riches,  de  chaque  sénéchaussée,  pour  traiter  avec  eux  au  nom  de  tous 
les  autres.  Les  biens  de  ceux  du  diocèse  de  Toulouse  &  de  la  partie  de  l'Al- 
bigeois, qui  est  à  la  droite  du  Tarn,  furent  évalués  à  deux  mille  trois  cens 
trente-cinq  livres  tournois,  sans  y  comprendre  les  juifs  de  Toulouse,  d'Aute- 
rive  &  de  Gascogne  ;  sur  quoi  Alfonse  écrivit  au  commencement  de  l'année 
suivante  à  Sicard  d'Alaman,  chevalier,  Si  à  Gilles  Camelin,  son  clerc,  que 

'  Archives  de   l'abbaye  de   Saint-Paul  de    Nar-  de  ces   juifs  sous  scellés  pour  être  gardés  jusqu'a- 

tonne.  près  l'enquête,  [Ibid.  c.   i65â.)  Deux   des   juifs  les 

'  Manuscrits  de  Colherl,  n.  2275.  —  [Lat.  9996,  plus  riches  de  chaque  sénéchaussée  furent  envoyés 

p.  182;  Mahul,  t.  3,  p.  Soy.  Cf.  tome  V,  c.   1490,  à   Paris   pour  traiter  directement   avec   le   comte; 

n.   162.]  leurs    livres    religieux   furent  aussi   saisis    &   en- 

'  Trésor  des  chartes;  Toulouse,  sac  10,  n.  4.  —  voyés  à  Paris.  Les  juifs  de  Toulouse  dont  les  biens 

On  peut  voir,  sur  cette  affaire  des  juifs,  Boutaric,  avaient  été  estimés  mille  trois  cents  livres  de  Tou- 

p.  322  &  suiv.,  &  au  tome  VIII,  c.   i655  &  suiv.  louse,  payèrent  trois  mille  livres  tournois.   [Ihid. 

On   sait  que  c'était,   au  treizième  siècle,   une  ha-  c.    i658).    L'argent   monnayé,   trouvé   dans  leurs 

bitude   d'emprisonner   les   juifs  de  temps    à  autre  maisons,  fut  confisqué  pour  servir  d'à-compte  sur 

pour   leur   extorquer    une   rançon.    En    1247,   les  les   sommes  qui  leur  étaient   réclamées.  Les   taxes 

juifs  de  Béziers  avaient  subi  ce  traitement  (voyez  furent  levées  avec  tant  de  rigueur  que  Raimond, 

plus  haut,  p.  7S3),  &  en  i255   le  roi  faisait  pour-  évêque  de  Toulouse,  ami  personnel  d'Alfonse,  ne 

suivre    certains   particuliers   qui   détenaient   leurs  put   en   faire    exempter  un    juif  de  Verfeil   qu'il 

biens.  (Cf.  tome  VIII,  c,  i3,")8.)   En  1268,  Alfonse  protégeait.  (Ihid.  c.   1660.)  En  1270,  de  nouvelles 

fit  arrêter  tous  les    juifs   de  ses  domaines;    il   dut  poursuites    furent    dirigées  contre    les    juifs  pour 

toutefois  relâcher  les  feinmes  &  les  jeunes  enfants.  leur  faire   reftituer   leurs  usures;    restitution   pro- 

[îh'id.   c.    1657.)    Les    barons   &  vassaux   du  comte  fitable  à  Alfonse  auquel  les  papes  avaient  accordé 

ayant  réclamé  la  mise  en  liberté  des   juifs   dépen-  une  partie  des   usures  ainsi    restituées.   (Boutaric, 

dant  d'eux,  Alfonse  ordonna   de  mettre  les  biens  pp.  328  à  33o.)  [A,  M.] 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXVI. 


907 


les  premiers  dévoient  financer  quatre  mille  livres  tournois,  parce  que  ceux 
de  la  ville  de  Toulouse,  dont  les  biens  n'étoient  estimés  que  treize  cens  livres 
toulousaines,  s'étoient  engagés  de  lui  donner  trois  mille  cinq  cens  livres  tour- 
nois. Il  donna  pouvoir  à  ces  deux  commissaires,  au  mois  de  décembre  sui- 
vant, «  de  lever  la  quête,  la  taille  8c  toute  autre  redevance,  sous  quelque 
«  nom  que  ce  fût,  sur  ses  hommes  de  corps  &  sur  ses  hommes  de  corps  C-  de 
«  casalage  au  comté  de  Toulouse.  >>  Ce  prince  &  Jeanne,  sa  femme,  tirèrent 
outre  cela  des  sommes  considérables  ;  1°  Des  différentes  villes'  de  leurs 
domaines,  qui  leur  firent  des  dons,  2°  Des  manumissions  de  plusieurs  serfs^ 
de  leurs  terres  dont  ils  changèrent  les  obligations  en  une  rente  foncière 3. 


■  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  CCCLVIII, 
ce.  1668  à  1669.  —  L*acte  auquel  renvoie  dom 
Vaissete  est  une  charte  de  non  préjudice  concédée 
par  Alfonse  à  la  ville  de  Millau  pour  une  subven- 
tion qu'elle  lui  avait  accordée  à  titre  gracieux.  Il 
s\Tgit  là  du  fouage  dont  nous  avons  parlé  plus 
haut.    [A.  M.] 

'  Cartulaire  du  comte  Alfonse.  —  [Cf.  JJ.  24 f, 
passim,  &  notamment  f°'  zS  &  26.] 

^  Nous  ne  connaissons  pas  au  juste  le  chiffre 
auquel  s'élevèrent  pour  Alfonse  les  dépenses  de  la 
croisade,  mais  elles  durent  être  très-considérables; 
du  tableau  dressé  par  Boutaric,  pp.  347,  348,  des 
excédants  existant  dans  le  trésor  de  ce  prince  à  la 
fin  de  chaque  exercice,  il  résulte  qu'à  la  Toussaint 
1268,  Alfonse  avait  en  caisse  trois  cent  quatre- 
vingt-cinq  mille  livres  tournois,  soit  trente-quatre 
millions  ou  environ.  Pendant  toute  l'année  1269 
&  une  partie  de  1270  il  ne  cessa  de  recevoir  des 
sommes  importantes,  &  on  peut  croire  qu'en  par- 
tant pour  Tunis,  il  avait  à  sa  disposition  envi- 
ron cinquante  millions  de  nos  jours.  —  Pour 
arriver  à  un  pareil  résultat,  il  lui  fallut  recourir 
à  tous  les  moyens  possibles  :  aliénation  de  domai- 
nes, vente  de  privilèges  &  de  grâces,  levée  du 
fouage,  8tc.  Nous  donnons  dans  nos  Preuves  du 
tome  VIII  nombre  d'actes  où  il  est  parlé  de  ce 
besoin  d'argent)  pour  les  retrouver  il  suffira  de 
chercher  les  renvois  indiqués  au  mot  Terra  Sancta 
de  la  table  géographique.  Nous  allons  ici  ana- 
lyser quelques-uns  de  ces  actes,  ctux  du  moins 
qui  peuvent  paraître  les  plus  caractéristiques.  — 
En  octobre  1267  il  envoie  à  ses  agents  dans  le 
midi  une  sorte  de  circulaire,  leur  exposant  les  be- 
soins d'argent  qui  le  pressent,  &  les  suppliant  de 
veiller  à  seo  intérêts,  de  chercher  de  l'argent  par 
tous  les  moyens  possibles,  de  réfléchir  aux  expé- 
dients qu'il  leur  a  proposés;  il  envoie  cette  lettre 
à  ses  conseillers  Pons  Astoaud  &  Sicard  Alaman, 
à  ses  clercs  Eudes  de  la  Montonière,  Gilles  Came- 
lin,  Guillaume  le  Roux,  Guillaume  de  la  Roche, 
Eustache  de  Mésy,  à  son  procureur  pour  l'hérésie, 
Jacques  Dubois.  (Cf.   tome  VIII,  ce.  1267,   1268.) 


Le  lendemain  nouvelle  lettre  au  sénéchal  deTou- 
louse  sur  le  même  sujet;  un  peu  plus  tard  lettre 
de  rappel  à  Eudes  de  la  Montonière  &  à  Pons 
Astoaud.  {Ihid.  ce.  1 568- 1569.)  Les  mandements 
relatifs  à  cette  affaire  se  succèdent  &  se  multi- 
plient de  jour  en  jour  [IHJ.  ce.  1670,  1571, 
i;J73,  1574,  8tc.);  il  invite  ses  officiers  à  se  con- 
certer, à  prendre  conseil  les  uns  des  autres,  & 
surtout  à  se  hâter.  Il  sent  qu'il  en  devient  im- 
portun &  s'excuse  auprès  de  Sicard  Alaman; 
l'approche  de  son  départ  le  force  à  se  montrer 
indiscret;  ses  besoins  d'argent  sont  pressants,  ses 
dépenses  innombrables.  [Hid.  c.  1576.)  Il  prie 
Gilles  Camelin  de  hâter  la  vente  de  ses  forêts 
domaniales  qu'il  lui  faut  aliéner,  l'engage  à 
lui  mander  des  nouvelles  de  cette  affaire  [liid. 
c.  1577);  il  faut  qu'en  entrant  en  jouissance  les 
acheteurs  donnent  la  plus  grosse  somme  possible, 
que  les  termes  du  payement  soient  rapprochés; 
qu'on  envoie  tout  l'argent  perçu  à  Paris  par  la 
voie  la  plus  courte.  (Ibid.  ce.  1379,  i58o.)  Écri- 
vant au  fils  du  sénéchal  Pierre  de  Landreville, 
qui  vient  de  mourir,  il  l'engage  à  ne  pas  négliger 
les  affaires  que  son  père  a  laissées  en  suspens,  à 
rechercher  tous  les  moyens  possibles  de  se  pro- 
curer de  l'argent.  {liid.  c.  i58i.)  Il  excite  Gilles 
Camelin  à  presser  la  rédaction  des  contrats  de 
vente  pour  les  forêts  qu'il  aliène,  à  traiter  avec 
la  ville  d'Agen  pour  la  suppression  de  la  gabelle, 
(Ihid.  ce.  i588,  1689.)  Ayant  su  que  certains  pé- 
nitents avaient  promis  à  Guillem  Athon,  francis- 
cain de  Toulouse,  de  restituer  au  comte  des  sommes 
mal  acquises,  il  le  supplie  de  les  engager  à  sexé- 
cviter.  (^Ihid.  c.  1090.)  Il  rappelle  à  Bettrand  de 
i'Isle,  prévôt  de  l'église  de  Toulouse,  que  c'est  à  lui, 
Alfonse,  que  sont  réservés,  en  vertu  de  privilèges 
apostoliques,  les  legs  faits  pour  le  secours  de  la 
Terre-Sainte,  les  restitutions  de  biens  mal  acquis 
&  des  usures.  (Ihid.  ce.  1692,  1693.)  Il  demande 
au  sénéchal  quelle  somme  un  certain  G.  de  Bram, 
banni  pour  ses  méfaits,  voudra  payer  pour  rentrer 
en  grâce.  Ilh'ui.  c.  i633.)  Il  écrit  à  ses  clercs  qu'ils 
pourront  offrir  des  libertés  aux   bonnes  villes  de 


An  1268      9°S  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXVI. 

Les  habitans  de  Toulouse,  à  l'occasion  du  subside  qu'ils  accoidèrer, t  à 
Alfonse,  leur  comte,  lui  adressèrent  un  mémoire'  distribué  en  quinze  arti- 
cles, concernant  leurs  libertés  St  privilèges,  l'administration  de  la  justice  & 
de  la  police  de  leur  ville,  &C.  Ils  demandèrent  entre  autres  :  1°  Que  lors- 
qu'on feroit  quelque  imposition,  elle  fût  répartie  sur  les  babitans  au  sol  la 
livre.  2°  Qu'on  rédigeât  les  coutumes  de  la  ville  de  Toulouse  parce  qu'elles 
étoient  incertaines,  &  qu'on  en  supposoit  qui  n'étoient  pas  bonnes.  3°  Que 
le  comte  établit  dans  cette  ville  quelque  personne  intelligente  pour  terminer 
sur  les  lieux  toutes  les  causes  d'appel  portées  devant  lui,  parce  que,  sous  ce 
prétexte,  il  étoit  fait  préjudice  à  ses  droits  &  à  ceux  des  parties.  Alfonse, 
trouvant  ces  articles  justes  &  raisonnables,  les  renvoya  à  Sicard  d'Alaman,  au 
cornmencement  de  juillet  de  l'an  1268,  avec  ordre  de  savoir  si  personne  ne 
s  y  opposoit,  &  de  les  lui  renvoyer  au  prochain  parlement  de  la  quin-^aine  de 
tous  les  Saints,  pour  en  disposer  ensuite  comme  il  jugeroit  à  propos.  Sicard, 
après  avoir  reçu  cette  commission,  assembla  les  consuls  &  les  habitans  de 
Toulouse,  Si,  les  ayant  consultés,  ils  consentirent  tous  à  l'établissement  des 
articles,  Si  le  comte  les  approuva^.  Ce  prince  sollicitoit  cependant  toujours 


ses  Etats,  moyennant  finances.  [lèid.  ce.  i5;.j, 
1576.)  Les  hommes  de  Castelnaudary  ont  obtenu 
la  permission  de  tenir  chaque  semaine  un  marche 
dans  leur  ville;  ceux  du  Mas-Saintes-Puelles  s'op- 
posent à  cette  concession;  qu'on  écoute  les  raisons 
de  ceux-ci;  si  leurs  moyens  sont  inadmissibles, 
qu'on  cherche  toujours  à  faire  payer  aux  habi- 
tants de  Castelnaudary  une  somme  plus  élevée. 
(/AiV.  ce.  i636,  lôSy.)  —  Ajoutons  qu'il  cherchait 
à  faire  des  économies  sur  les  frais  d'administra- 
tion. Ainsi,  en  mars  1268,  il  félicite  Guillem  de 
Montrevel,  inquisiteur  dans  le  Toulousain,  d'avoir 
congédié  quelques-uns  des  scribes  &  clercs  qui 
l'accompagnaient.  (Tome  VIII ,  ce.  lôyS,  1574.) 
Au  mois  de  janvier  1269,  jugeant  sur  le  rapport 
de  son  clerc,  Jacques  du  Bois,  que  le  séjour  des 
inquisiteurs  à  Toulouse  l'obligeait  à  de  grands 
frais,  il  leur  fit  proposer  de  se  transportera  La- 
vaur,  dont  le  château  servirait  de  prison  pour  les 
hérétiques.  C'était  une  mesure  d'économie,  qu'il 
essaya  de  faire  regarder  par  les  inquisiteurs  comme 
indispensable  à  l'exercice  de  leurs  fonctions.  {Ibid. 
c.  1484.)  —  Pour  expliquer  les  dépenses  excessi- 
ves qu'Alfonse  &  Louis  IX  durent  faire  lors  de 
ces  expéditions  lointaines,  il  faut  se  rappeler 
que,  surtout  pour  l'expédition  de  Tunis,  ils  du- 
rent enrôler  des  hommes  &  les  payer  fort  cher; 
l'amour  des  aventures  ne  pouvait  faire  oublier 
le  désastre  de  la  Mansourah.  On  peut  voir  dans 
Boutaric  (pp.  ii5  à  119)  quelles  conditions  oné- 
reuses Alfonse  eut  à  subir  pour  attirer  des  nobles 
&  des  roturiers  à  son  service,  quelle  quantité  de 
munitions,  de  provisions  de  toute  espèce  il  lui 
fallut    réunir.  On   peut   aussi  voir  au   tome  VIII, 


c.  157J,  les  conditions  qu'il  charge  Sicard  Alaman 
de  proposer  à  un  célèbre  ingénieur  (mcchinator^, 
qui  était  à  la  cour  du  roi  de  Castille,  &  dont  il 
voulait  s'assurer  les  services.   [A.  M.] 

'  Domaine  de  Montpellier;  viguerie  de  Tou- 
louse, n"''  8  &  9. 

'  On  peut  voir  cette  requête  des  habitants  de 
Toulouse  au  tome  VIII,  c.  1 65 1,  d'après  le  registie 
d'Alfonse.  Outre  les  articles  analysés  par  dom  Vais- 
sete,  elle  en  contient  plusieurs  autres  qui  ont  leur 
importance;  tels  sont  :  l'article  2,  pour  obliger 
les  consuls  à  rendre  chaque  année  leurs  comptes 
devant  une  coinmission  composée  de  quarante-huit 
prud'hommes,  quatre  par  quartier;  l'article  5,  or- 
donnant aux  notaires  de  rédiger  d'une  manière 
définitive  leurs  actes  en  présence  des  parties, 
crainte  de  changements;  l'article  7,  réduction  des 
péages  à  l'ancien  tarif;  l'article  10,  que  la  dot 
de  la  femme  ne  puisse  être  saisie  pour  les  dettes 
du  mari  ;  article  1 1 ,  celui  qu'une  dénonciation  ou 
une  accusation  injuste  aura  fait  retenir  en  prison, 
n'aura  pas  à  payer  les  frais  de  son  entretien  en 
prison,  qui  seront  soldés  par  le  dénonciateur;  ar- 
ticle i3,  réglementation  des  dîmes  &  des  prémices, 
qui  seront  ramenées  au  taux  de  l'époque  de  la 
paix  de  Paris.  Ces  statuts  furent  approuvés  par 
Alfonse  qui  avait  chargé  Sicard  Alaman  de  les 
examiner;  mais  les  consuls  refusaient  de  les  com- 
muniquer aux  habitants,  &  Alfonse  dut  charger 
le  viguier  de  leur  publication.  En  mars  1269,  il 
ordonna  à  Sicard  de  forcer  les  opposants  à  exposer 
leurs  raisons,  &  de  les  renvoyer  devant  son  par- 
lement. En  1268,  le  comte  confirma  aussi  les 
privilèges     accordés     autrefois     aux     pécheurs    de 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXVl.  non  "~; ITT^ 

le  pape  CléinentlV'  de  lui  tenir  sa  promesse  &  de  lui  accorder  au  plus  tôt  le 
secours  qu'il  lui  faisoit  espérer  pour  son  expédition  de  la  Terre-Sainte.  Il  lui 
envoya  dans  cette  vue  frère  Philippe,  de  l'ordre  des  Mineurs.  Le  pape 
accueillit  favorablement  cet  envoyé  ;  mais,  quant  au  secours  promis,  il 
répondit  à  Alfonse,  à  la  fin  du  mois  d'avril  de  l'an  1268,  qu'il  ne  pouvoit 
lui  rien  mander  de  précis  jusqu'au  retour  d'un  légat  qu'il  avoit  envoyé  en 
Allemagne^. 

LXXl.  —  Faculté  de  droit  civil  établie  dans  l'université  de  Montpellier. 

Le  pape"*  confirma,  le  5  de  mai  suivant,  les  privilèges  que  Jacques,  roi 
d'Aragon,  avoit  accordés  à  l'abbaye  de  la  Grasse,  8t  écrivit  quelques  jours 
après  à  ce  prince  à  l'occasion  suivante  :  Jacques  avoit  nommé  Guillaume 
Seguier,  pour  professer  le  droit  civil  à  Montpellier,  sans  la  participation  de 
l'évèque  de  Maguelonne.  Ce  prélat,  prétendant  qu'il  n'appartenoit  qu'à  lui 
de  donner  le  pouvoir  {licentiam)  d'enseigner  dans  l'université  de  cette  ville, 
excommunia  le  nouveau  professeur  avec  tous  ceux  qui  assisteroient  à  ses 
leçons.  Le  roi  se  fondoit  sur  ce  qu'on  ne  pouvoit  professer  les  lois  humaines 
sans  l'autorité  du  prince,  &c  l'évèque  soutenoit  qu'étant  dans  l'usage  de 
donner  les  licences  dans  les  autres  facultés,  celle  de  droit  civil  devoit  y  être 
comprise;  qu'à  la  vérité  il  n'avoit  pas  encore  exercé  son  pouvoir  par  rapport  à 
celle-ci,  mais  que  c'étoit  uniquement  parce  qu'on  ne  lui  avoit  jamais  demandé 
la  permission  de  l'enseigner.  Jacques  chercha'*  à  s'appuyer  du  suffrage  de  i.'ui"^^^. 
Maurin,  archevêque  de  Narbonne,  à  qui  il  écrivit,  le  20  d'août;  mais  il 
paroît  que  le  pape  ■'  n'étoit  pas  favorable  à  ses  prétentions,  8c  qu'il  penchoit 
entièrement  du  côté  de  l'évèque.  Du  reste  ce  différend  prouve  que  la  faculté 
de  droit  civil  ne  fut  établie  dans  l'université  de  Montpellier  qu'après  le  milieu 
du  treizième  siècle,  quoique  ce  droit  y  eût  été  enseigné  dès  le  douzième. 

Toulouse    par  ses    prédécesseurs.   (Cf.    tome  VIII,  de  ses  agents  furent  sans  doute  infructueux,  &  en 

c.    1616.)   [A.  M.]  iicai   1270,  le  comte  &  l'évèque  échangèrent   leurs 

'  Clément  IV,  Eplst.  6iS.  lettres  d'hommage.  (Cf.  tome  V,  c.  1349,  n.   iiâ.) 

"Toujours  jaloux  de  ses  prérogatives,  Alfonse  Le   château    de   Montirat,    tenu   par  l'évèque   du 

chercha  vers  cette  époque  à  se  soustraire  à  une  des  comte,  avait   déjà    été    l'objet    de    plusieurs    lettres 

oblig;itions  que    lui   avait    léguées  son   beau-père.  d'Alfonse.   L'évèque   avait   réclamé   les   hérésies   de 

En  s'accordant,  en  IÎ48,  avec  l'évèque  d'Albi  pour  cette  forteresse,  &  Alfonse,  par  lettres  du   mois  de 

le  lieu    de  Casteinau  de  Bonafous,  Raimond  VII  mars  1  257,  prescrivit  une  enquête.  (J.  3io,  n.  f.2  ; 

avait  reconnu  le  tenir  en  fief  de  l'évèque  d'Albi,  Teulet,  t.  3,   p.  087.)  Au  mois  de  novembre   i2;)3 

8t,  par  conséquent,  devoir  l'hommage  à  ce  prélat.  l'enquête  durait  encore,  81  le  comte  pressa  le  séné- 

(Cf.  tome  VIII,  c.   1246.)  Peu  désireux  de  remplir  chai   de  Rouergue  de  donner  une  solution   .i  cette 

cette  obligation,  qui  avait  quelque  chose  d'humi-  affaire.  (lild.;  Teulet,  t.  3,  pp.  438,  439.)  La  sen- 

liant   pour  un    si   grand   seigneur,    Alfonse    avait  tence  définitive  fut    rendue,  le  2  juin    1260,  par 

différé  de   rendre  cet   hommage.  En    1268,  l'évèque  cet  officier;  les  encours  pour  hérésie  de  Montirat 

l'en  requit,  offrant  en   même  temps  de  lui    rendre  &    de    Monestiés    furent    adjugés    à    l'évèque,    qui 

hommage    pour    son    château    de    Montirat,  qu'il  avait  prouvé   son    bon    droit.  [Ibid.;  Teulet,  t.  3, 

tenait    du    comte    de   Toulouse.     [Ibid.    c.     1642. j  pp.  523,  Ô24.)  |A.  M.] 
Avant  de  s'exécuter,  Alfonse  pria  Pons  Astoaud  &  '  Clément  IV,  Epiit.  6?>g  &  6î>i. 

Eudes  de  la  Montonière  de  voir  s'il  n'y  aurait  pas  ■*  Gallia  Christiana,  nov.  éd.  t.  6,  Instr.  c.  68. 

quelque  exception  de  droit  à  invoquer.  Les  efforts  '  Clément  IV,  Epist.  652. 


An  12^)8 


)io  HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV,  XXVI. 


LXXII.  —  Vains  ejjbrts  de  l'église  de  Viviers  pour  se  soustraire  à  l'autorité 
du  roi,  sous  prétexte  qu'elle  était  soumise  à  l'empire. 

Clément  IV  écrivit',  la  même  année,  au  roi  saint  Louis,  au  sujet  des 
plaintes  que  l'évêque  &  le  clergé  de  Viviers  lui  avoient  portées.  «  Ce  prélat 
«  Si  ses  ecclésiastiques  se  plaignent,  dit  le  pape,  de  ce  que  n'étant  soumis 
«  qu'à  l'empire,  comme  ils  l'assurent,  eux  &  leurs  vassaux  sont  cités  au  tri- 
«  bunal  de  vos  officiers,  où  ils  sont  mulctés,  lorsqu'ils  refusent  de  compa- 
('  roître,  &  jugés  en  matière  civile  &  criminelle.  Nous  n'avons  trouvé  nulle 
«  part  quelles  sont  les  limites  de  l'empire  &c  de  votre  royaume.  Se  nous  ne 
«  saurions  les  distinguer,  quoique  nous  ayons  toujours  ouï  dire  aux  anciens 
«  qu'en  quelques  endroits  ce  sont  les  fleuves  qui  en  font  la  séparation,  8c 
»  dans  d'autres  les  provinces  &  les  diocèses;  mais  nous  l'ignorons.  La  ques- 
«  tion  présente  ayant  été  cependant  agitée  au  commencement  de  votre  règne, 
(c  dans  le  temps  que  Pèlegrin  Latinarius  étoit  sénéchal  de  Beaucaire,  &  cet 
«  officier  ayant  eu  là-dessus  un  grand  différend  avec  Bermond,  évêque  de 
M  Viviers,  je  fus  choisi  pour  arbitre  avec  Raimond  de  Vairac,  chevalier,  & 
Il  ayant  visité  les  archives  de  l'église  de  Viviers,  nous  y  trouvâmes  plusieurs 
«  diplômes;  mais  ils  étoient  tous  des  empereurs,  &  nous  n'y  vîmes  aucune 
«  charte  qui  ne  prouvât  que  cette  église  dépendoit  de  l'empire  depuis  des 
«  temps  fort  reculés.  On  nous  montra  de  plus  les  étendards  impériaux  dont 
«  l'évêque  de  Viviers  s'étoit  servi  dans  l'occasion,  &  nous  ne  pûmes  découvrir 
«  autre  chose.  Ayant  ensuite  rendu  compte  de  notre  commission  au  sénéchal, 
«  il  suspendit  ses  poursuites,  après  avoir  retenu  le  peu  de  fiefs  dont  il  avoit 
«  exigé  des  reconnoissances  en  votre  nom.  »  Le  pape  prie  ensuite  le  roi  de 
ne  pas  permettre  que  ses  officiers  vexent  injustement  l'évêque  &  l'église  de 
Viviers  :  «  Puisque,  ajoute-t-il,  vous  ne  pouvez  trouver  dans  vos  registres, 
o  comme  nous  le  croyons,  que  les  évêques  de  cette  ville  ayent  été  ancienne- 
«  ment  soumis  à  votre  domination,  &  qu'il  est  prouvé  au  contraire  qu'ils 
«  dépendoient  de  celle  de  l'empereur.  Au  reste  si  vous  avez  un  véritable 
«  droit,  auquel  nous  n'avons  jamais  prétendu  ni  ne  prétendons  faire  aucun 
«  préjudice,  nous  sommes  persuadés  qu'il  convient  beaucoup  mieux  d'em- 
«  ployer  la  justice  que  la  force  pour  le  recouvrer.  »  Cette  lettre  fait  voir  que 
dès  que  le  roi  saint  Louis  eut  acquis  le  domaine  utile  du  Vivarais,  par  la  ces- 
sion que  Raimond  VII,  comte  de  Toulouse,  lui  en  fit  en  1229,  ses  officiers 
se  mirent  en  état  d'y  faire  reconnoître  sa  domination,  &  que  l'évêque  &  les 
vassaux  de  l'église  de  Viviers  qui  s'étoient  soustraits,  vers  le  milieu  du  dou- 
zième siècle,  de  la  sujétion  où  ils  avoient  été  anciennement  des  rois  de  France 
pour  se  mettre  sous  celle  de  l'empire,  firent  difficulté  d'obéir  \  Mais  comme 
les  droits  du  roi  sur  le  Vivarais  étoient^  incontestables,  &  que  ce  n'étoit  que 

•  Clément  IV,  EpUt.  666.  >  Voyez  tome  IV,  Note  I,  pp.   i  à  9. 

'  Voyez    tome  III,   1.   XVI,   ch.   l,  p.  62()  ^    & 
1.  XVIII,  ch,  II,  p.  772. 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXVI.  qii   

'  An  1268 

par  la  négligence  de  quelques-uns  de  nos  rois  que  les  empereurs  avoient 
étendu  leur  autorité  sur  ce  pays  81  empiété  sur  celle  de  ce  prince  ;  Louis 
n'eut  garde  de  se  rendre  aux  remontrances  du  pape.  Ce  prince  &  ses  suc- 
cesseurs firent  si  bien  valoir  par  leurs  sénéchaux  de  Beaucaire,  auxquels  le 
Vivarais  étoit  soumis,  leurs  droits  légitimes  sur  ce  pays  &  sur  tout  ce  qui 
est  en  deçà  du  Rhône,  depuis  tin  bord  jusqu'à  l'autre,  qu'enfin  les  évêques 
de  Viviers  furent  obligés  de  se  soumettre. 

LXXIII.  —  Mort  du  pape  Clément  IV.  —  Ses  ouvrages. 

Clément  IV  ne  survécut  que  quelques  mois  à  cette  lettre  ;  il  mourut, 
le  29  de  novembre  suivant,  à  Viterbe,  où  il  avoit  établi  la  résidence  de  la 
cour  romaine.  Il  fut  inhumé  dans  l'église  des  Jacobins  de  cette  ville,  où  on 
voit  son  tombeau  avec  son  épitaphe'  qui  contient  l'abrégé  de  sa  vie.  Étant 
pape,  il  exerça^  comme  auparavant,  lorsqu'il  étoit  évêque,  le  grand  talent 
qu'il  avoit  pour  la  prédication,  81  mena  une  vie  très-pénitente  Si  très-exem- 
plaire. Oh  loue  la  beauté  de  sa  voix  Si  l'amour  qu'il  avoit  pour  le  chant 
ecclésiastique.  Entre  ceux  qu'il  employa  sous  son  pontificat,  il  confia  à  Fol- 
quier,  chanoine  de  Narbonne,  la  légation  de  Portugal.  Outre  le  recueil  de 
ses  lettres  il  écrivit  plusieurs  ouvrages,  entre  autres  la  Vie  de  sainte  Hedwige, 
duchesse  de  Pologne,  qu'il  canonisa.  On  trouve  dans  les  archives  de  l'inqui-  t^ni""^5'i'5 
sition  de  Carcassonne  un  de  ses  ouvrages  intitulé  :  Qucestiones  domini  Gui- 
donis  Fulcodi  (j  responsiones  ejus.  C'est  un  traité  manuscrit  de  quarante 
pages  in-folio,  divisé  en  quinze  questions,  dans  lequel  il  examine  le  pouvoir 
des  ordinaires  par  rapport  à  l'inquisition  de  la  foi.  Il  soutient  qu'ils  n'en 
peuvent  exercer  aucun  pendant  la  durée  de  la  commission  donnée  aux  inqui- 
siteurs de  l'ordre  des  frères  Prêcheurs  par  le  pape.  Il  traite  les  questions  qui 
lui  avoient  été  proposées  par  les  inquisiteurs  mêmes,  dans  le  temps  qu'il 
n'étoit  encore  que  simple  jurisconsulte,  suivant  la  méthode  des  canonistes  8c 
les  principes  fondés  sur  les  fausses  décrétales  qui  étoient  alors  les  plus  com- 
muns 3, 

LXXIV.  —  Le  roi   lève   des  subsides  pour  son  passage  d'outre-mer. 
Assemblée  des  trois  états  de  la  sénéchaussée  de  Carcassonne. 

Le  roi  fit  lever  une  taille  sur  tous  les  sujets  immédiats  de  son  domaine 
pour  son  passage  de  la  Terre-Sainte,  suivant  l'usage  où  étoient  alors  les  sei- 

■    Catel,  Mémoires    de   l'hiitoire   du   Languedoc ,  de  son  Tractatus  de  offic'io  sanctissimae  Inguisitio- 

p.  799.  nh,    pp.   367  à   393.   Nous   ne  pouvons   songer  à 

'  Gesta  Ludovici  /X,  p.  397.  —  Raynaldi,  an-  analyser   un   pareil  document,   qui,   au   point   de 

née  1268,  —  Pagi,  Breviarium  gestorum  pontificum  vue   de   l'histoire   de   la    procédure  canonique,    ne 

Romanorum,  X.  3.  -^  Ciaconius,  Vita  démentis  l^^  manque    pas  d'importance.  C'est,  sous    une  forme 

Cflit.  de  1676.  méthodique,    une    sorte    de    code    de    procédure   à 

'  Cet  ouvrage  de  Gui   Foucois  a    été   publié,  en  l'usage  des  inquisiteurs.  [A.  M.j 
1669,  par  Cesare  Caréna,  de   Crémone,  à  la   suite 


A'.i  i: 


A.ii  12');) 


912  HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV,  XXVI, 

gneurs  de  tailler  leurs  vassaux  dans  cette  circonstance  Si  dans  quelques  autres. 
II  fit,"  outre  cela,  demander  un  secours  ou  don  gratuit  pour  cette  entreprise 
aux  vassaux  de  tous  les  seigneurs  du  royaume.  Nous  avons  encore  '  l'acte 
par  lequel  les  habitans  d'Albi  lui  accordèrent  cent  marcs  sterling,  le  17  de 
septembre  de  l'an  1269,  «  à  condition  qu'il  déclareroit  dans  des  lettres 
u  patentes  que  ce  don  ne  leur  causeroit  aucun  préjudice  à  l'avenir  &  ne  les 
«  assujettiroit  pas  à  l'imposition  de  la  taille,  parce  qu'ils  étoient  vassaux  de 
«  l'Église.  »  Les  vassaux  des  vicomtes  de  Lautrec^  accordèrent  aussi  au  roi, 
avec  leur  permission,  un  subside  pour  le  passage  d'outre-mer. 

Dans  la  suite,  lorsque  nos  rois  voulurent  établir  quelques  impositions 
extraordinaires  dans  les  vigueries  &.  les  sénéchaussées  de  la  Province,  ils 
firent  assembler  les  trois  états  du  pays,  savoir  :  les  prélats  8i  les  nobles  pour 
obtenir  d'eux  la  permission  de  faire  contribuer  leurs  vassaux,  &  les  consuls 
£<.  les  députés  des  bonnes  villes  pour  leur  demander  leur  consentement;  8<. 
cet  usage  s'est  toujours  conservé.  Outre  cela,  on  assembloit  sous  le  règne  de 
saint  Louis  les  trois  états  de  chaque  sénéchaussée  en  particulier  pour  déli- 
jjérer  sur  les  affaires  importantes  du  pays,  ainsi  qu'on  l'a  déjà  remarqué ->. 
Telle  fut  l'assemblée  de  la  sénéchaussée  de  Carcassonne,  qui  se  tint"' 
en  1269  &.  dont  il  nous  reste  encore  le  procès-verbal.  Les  consuls  de  Nar- 
bonne  avoient  demandé  à  Guillaume  de  Cohardon ,  sénéchal  de  Carcas- 
sonne, qu'il  défendît  la  sortie  des  grains  de  la  sénéchaussée.  Le  sénéchal,  sur 
cette  demande,  se  crut  obligé  d'assembler  les  prélats,  les  barons,  les  cheva- 
liers, les  consuls  &  les  principaux  habitans  du  pays  pour  en  délibérer  avec 
eux.  Il  indiqua  l'assemblée  à  Carcassonne  pour  le  dimanche  11  du  mois 
d'août,  &c  y  appela  l'archevêque  de  Narbonne,  les  évêques  de  Béziers,  Agde, 
Lodève,  Maguelonne  8c  Albi,  l'évêque  élu  de  Carcassonne,  vingt-deux  abbés, 
le  prieur  de  Cassan,  le  prévôt  de  Saint-Salvi  d'Albi  &  douze  commandeurs 

'Voyez    tome    VIII,    Chartes,    n.    CCCLVIII ,  tels   abus,  en   permettant  &  défendant  arbitraire- 

c,   1669.  ment  le  commerce  des  céréales,  ils  avaient  commi: 

'  llid.  à  cette  occasion  de  telles  extorsions  que  Louis  IX 

'  On  a  beaucoup  disserté  sur  l'origine  &  la  por-  dut  avoir  à  cœur  d'en   empêcher  le  retour.  Les  re- 

tés   de  ces   assemblées   de   sénéchaussées,   sans  tou-  gistres   des  enquêteurs   sont   pleins  de   faits   de  ce 

jours  se  rendre  un  compte  exact  de  leur  organi-  genre,  commis  surtout  à  Beaucaire  &  sur  les  limi- 

sation    &   de    leur    rôle.    Pour   l'origine,    elle   est  tes  du  Languedoc  &  de  la  Provence.  Nulle  preuve 

tout   entière  dans  l'ordonnance  de   Louis  IX,   de  que   l'usage   de   ces   assemblées  ait  existé  dans   le 

I  2ij4  ;  cet  acte   n'accorde  à  ces  Etais   que  le  pou-  midi  avant  l'ordonnance  de  i2;j.(j   seuls  les  habi- 

voir   de   défendre    ou    de   permettre    l'exportation  tants  de   Beaucaire   l'alléguèrenî  comme  un  droit 

du  blé  de  la  Province;  si  le  roi  ordonna  au  séné-  ancien  &  consacré  par  leur  coutume  particulière, 

chai    de    ne   point  réglementer  cette  matière  sans  Quoi  qu'il   en   soit,   c'est   certainement  de  là  que 

prendre  l'avis  des  gens  des  trois  Ktats,  ce  fut  pro-  viennent   les  assemblées   des    trois   états  des   séné- 

bablement   pour   les    raisons   suivantes;    il    jugea  chaussées  du  midi,  dont  la  réunion  donna   nais- 

que,  en  pareil  cas,  le  sénéchal  aurait   tout  avan-  sance,  au  quinzième  siècle,  à  ce  qu'on  appela   les 

tage   à    prendre   l'avis   des  gens  intéressés,  grands  Etats  de  Languedoc.  La  compétence  de  ces  assem- 

propriétaires  du  pays,  connaissant  mieux  que  lui  blées,  leur  composition  se  modifia  profondément; 

l'état  de  la  récolte  &  les  besoins  de  l'alimentation  mais   c'est    très-certainement    à    1254    qu'il    faut 

publique;    en    outre,    &   ce    fut    probablement   la  rapporter  leur  origine.   [A.  M.] 
principale  raison  qui  décida  les  conseillers  du  roi,  ^  Voyez     tome    VIII,    Chartes,     n.     CCCL^'II, 

les   sénéchaux   8c  les  viguiers   s'étaient  permis   de  ce.   16643  1668. 


An  1269 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXVI.  91 3 

de  l'ordre  des  Templiers  ou  de  celui  des  Hospitaliers,  pour  le  clergé  ;  Phi- 
lippe de  Montfort,  Gui  de  Lévis,  maréchal  d'Albigeois,  Amalric,  vicomte  de 
Narbonne,  Isarn,  vicomte  de  Lautrec,  8t  ses  frères  Amalric  &«.  Bertrand,  £c 
une  vingtaine  d'autres  seigneurs  pour  la  noblesse;  Si  enfin  les  consuls  de 
vingt-sept  principales  villes  pour  le  tiers  état.  Arnoul  de  Courferrand,  che- 
valier, Si  Raimond  Marchi,  que  le  roi  avoit  envoyés  dans  le  pays  pour 
demander  le  subside  de  la  Terre-Sainte,  se  trouvèrent  aussi  à  cette  assemblée 
dans  laquelle  l'archevêque  de  Narbonne  &  Philippe  de  Montfort  parlèrent 
au  nom  des  autres  prélats  5c  seigneurs  terriers,  Si  furent  d'avis,  sur  ce  qu'il 
y  avoit  une  grande  abondance  de  blé  dans  le  pays,  qu'on  n'en  empêcheroit 
pas  le  transport  au  dehors,  excepté  pour  les  Sarrasins,  les  pirates  Si  les  autres 
ennemis  de  l'Eglise  81  du  roi  de  Sicile.  Cet  avis  fut  généralement  suivi  par 
toute  l'assemblée.  Si  le  sénéchal  l'ayant  approuvé,  il  le  fit  publier  Si  nomma 
l'évêque  de  Béziers,  Philippe  de  Montfort  81  le  juge  du  sénéchal  de  Carcas- 
sonne,  c'est-à-dire  un  député  de  chaque  ordre,  pour  tenir  la  main  à  ce  qu'on 
ne  portât  pas  de  blé  à  ceux  à  qui  il  étoit  défendu  d'en  vendre  '. 

LXXV.  —  Seigneurs  de  Mirepoix.  —  Èvêques  de  Carcassonne. 

Cette  assemblée  se  tint  à  Carcassonne  dans  la  maison  du  maréchal,  c'est-à- 
dire  de  Gui  de  Lévis  ou  de  Levies,  qui  se  qualifie  maréchal  d'Albigeois  & 
seigneur  de  Mirepoix,  dans  une  donation^  qu'il  fit,  le  i5  d'octobre  suivant, 
au  monastère  de  Prouiile,  pour  le  soulagement  de  feu  Gui,  son  père, 
d'illustre  mémoire,  de  teue  Jeanne,  sa  mère,  d'Isabelle,  sa  femme,  81  de  leurs     Édoiigin. 

r  r  *  ■  ■     ,      r     j'   y,,  •  -rit-  i  i  •      '■  "'.  P- 5i<i 

enrans.  L-e  môme-'  maréchal  a  Albigeois  tut  rétabli  au  parlement  que  le  roi 
tint  à  la  Chandeleur  de  l'année  suivante,  dans  la  possession  d'avoir  un  juge 
d'appeaux  81  de  faire  brûler  les  hérétiques  de  ses  terres  condamnés  au  feu 
par  les  inquisiteurs'*.  Quant  à  l'évêque  élu   de  Carcassonne,  qui  assista  à 


'  Les  décisions  de  ces  assemblées  n'étaient  pas 
toujours  très-faciles  à  exécuter.  Ainsi  une  assem- 
blée, tenue  probablement  au  commencement  de 
1270,  par  G.  de  Colletrio,  viguier  de  Bézters,  & 
dont  les  décisions  avaient  été  approuvées  par  Guil- 
laume de  Cohiirdon,  avait  permis  l'exporiation 
du  blé  à  destination  d'Algues-mories  &  de  ia  Terre- 
Sjinte  (flvf  passagium  îransmarmum),  Maurin,  ar- 
chevêque de  Narbonne,  le  vicomte  Amauri  &  les 
consuls  de  la  ville  voulurent  empêcher  le  départ 
de  plusieurs  vaisseaux  pour  cette  destination.  La 
Cour  du  roi  à  Béziers  leur  intenta  un  procès,  & 
ils  durent  reconnaître  qu'ils  n'avaient  point  le 
droit  de  faire  seuls  une  pareille  interdiction. 
L'acte  est  du  4  décembre  1270.  (Trésor  des  chartes. 
J.  3  =  8,  n.  79.)  [A.  M.) 

*  Archives  du  monastère  de  Prouiile. 

'  Registre  Olim.  —  Cf.  Boutaric,  Actes  du  Par- 
lement,  t.  I,  p.  1^2,  n.  1480;  arrêt  relatif  au 
droit  de   briiUr  des  hérétiques.  L'arrêt    relatif  au 


droit  d'avoir  un  juge  d'appeaux  ne  se  retrouve  pas 
dans  les  Olim.  Nous  trouvons  seulement,  ut  supra, 
p.  i3i,  n.  1479,  un  arrêt  ordonnant  la  restitu- 
tion au  sire  de  Mirepoix  de  monnaies  prohibées 
qu'il  avait  fait  saisir,  &  qui  provenaient  soi-di- 
sant d'une  prise  faite  par  des  Marseillais  aux  Pi- 
sans  en  pleine  mer.  Le  sénéchal  de  Carc.issonne 
avait  fait  arrêter  les  officiers  de  ce  seigneur  &  les 
avait  forcés  à  livrer  ces  monnaies.  L'arrêt  relatif 
aux  hérétiques  fut  exécuté,  le  18  mars  suivant, 
par  Guillaume  de  Cohardon,  qui  ordonna  de  ren- 
dre au  seigneur  de  Mirepoix  les  ossements  de  neuf 
hérétiques  de  sa  juridiction,  brûlés  à  Carcassonne. 
La  restitution  définitive  n'eut  lieu  que  le  20  mars 
1271.  Cf.  tome  VIII,  ce.  1674  à  1676,  où  nous 
publions  cette  pièce  d'après  l'original,  conservé 
aux  archives  du  château  de  Léran.  [A.  M.] 

*  Quelque  temps  auparavant  le  seigneur  de  Mi- 
repoix avait  eu  des  querelles  avec  les  habitants  de 
Gaja  &.  de  Plaigne,  villages  situés  dans  le  comt^ 


V!. 


5S 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXVI. 


An  126^        y     ' 

l'assemblée 

Capendu,  8c  avoit  succédé  depuis  peu  à  Guillaume  Radulfe,  qui  avoit  succédé 

lui-même  à  Guillaume-Arnaud,  mort  en  iiSS*. 


des  trois  états  tenue  en   cette   ville,   il   étoit  de   la   maison  de 


LXXVI.   —  Jacques ,  roi   d' Aragon,  se  met  en  mer  pour  la   Terre-Sainte. 
Il  relâche  à  Aigues-mortes  6-  abandonne  le  dessein  de  ce  voyage. 

Le  roi  faisoit  cependant  de  grands  préparatifs  pour  son  voyage  de  la  Terre- 
Sainte  &  excitoit  les  autres  potentats  à  suivre  son  exemple.  11  souhaitoit  sur- 
tout avoir  pour  associé  dans  cette  expédition  Jacques,  roi  d'Aragon,  à  cause 
de  la  réputation  de  valeur  que  ce  prince  s'étoit  acquise  8<.  de  son  expérience 
dans  l'art  militaire.  Jacques  seconda  les  vœux  de  Louis  8<.  il  se  croisa  ^  avec 
la  principale  noblesse  de  ses  États.  Il  équipa  une  flotte  à  Barcelone,  d'où  il 
fit  voile,  le  4  de  septembre  de  Tan  12695  mais  il  fut  surpris  trois  à  quatre 
jours  après  d'une  si  violente  tempête  que  toute  cette  flotte  fut  dispersée. 
Deux  de  ses  vaisseaux,  sur  lesquels  deux  de  ses  fils  naturels  s'étoient  embar- 
qués, furent  portés  vers  le  Levant  8c  abordèrent  enfin  au  port  d'Acre  ;  quel- 
ques autres,  8<.  en  particulier  celui  que  le  prince  montoit,  furent  obligés  de 
relâcher  au  port  d'Aigues-mortes  d'où  il  se  rendit  à  Notre-Dame  de  Vauvert, 
dans  le  diocèse  de  Nimes,  pour  y  rendre  à  Dieu  des  actions  de  grâces  d'avoir 
été  délivré  d'un  péril  si  éminent.  Bérenger,  évêque  de  Maguelonne,  (S-  le  fils 
de  Raimond-Gaucelin,   c'est-à-dire   Rousselin,  fils   du  seigneur  de   Lunel, 


de  Toulouse,  &  Alfonse  ordonna  au  sénéchal  de 
Toulouse  de  lui  faire  rendre  justice.  (Mandement 
du  17  juin  1268,  tome  VIII,  c.  ifiSç.)  De  leur 
côté  les  habitants  de  ces  deux  localités  se  plaigni- 
rent du  maréchal,  &  au  mois  de  novembre  sui- 
vant, nouveau  mandement  du  comte  donné  dans 
un  sens  contraire;  Alfonse  y  invite  le  sénéchal  de 
Toulouse  à  demander  l'intervention  de  celui  de 
Carcassonne.  (Cf.  tome  VIII,  ce.  1644,  1645.)  Les 
torts,  du  reste,  devaient  être  réciproques.  En  dé- 
cembre 1268,  l'affaire  avait  été  confiée  à  Eudes  de 
la  Montonière  &  à  Barthélémy  de  Landreville,  qui 
durent  faire  une  enquête.  (Ihld.  ce.  1648,  1(549.) 
Nous  ne  savons  au  juste  quels  en  furent  les  résul- 
tats; mais  nous  voyons  en  septembre  1  269  les  ha- 
bitants de  ces  deux  villages,  réunis  à  ceux  de 
plusieurs  autres,  envahir  la  terre  de  Mirepoix,  y 
commettre  toute  sorte  de  dégâts,  enlever  les  trou- 
pe.uix,  piller  les  habitations,  &c.  [IbiJ.  ce.  1687, 
1688.)  [A.  M.] 

'  De 'Vie,  Hhtorla  episcoporum  Carcassonensium , 
■p,  106  &  seq.  —  Il  était  évêque  dès  le  19  septem- 
bre 1265.  En  janvier  1267,  son  élection  n'avait 
pas  encore  été  confirmée  par  le  pape,  &  Alfonse 
de  Poitiers  écrivait  à  Clément  IV  à  ce  sujet.  (La- 
tin  10918,  f°  29.)  [A.  M.] 

'  Durant  cette  année    1269,   Alfonse   écrivit   de 


nombreux  mandements  pour  les  affaires  du  Lan- 
guedoc. Tels  sont  ceux  qui  se  rapportent  à  l'abbé 
de  Gaillac.  Ce  prélat  avait  à  se  plaindre  des  bour- 
geois de  la  ville  qui  s'étaient  insurgés  contre  lui  ;  il 
y  avait  eu  enquête,  mais  aucune  décision  judiciaire 
n'était  intervenue.  Alfonse  chargea  le  sénéchal  de 
Toulouse  de  régler  cette  affaire.  (Tome  VIII, 
c.  i683.)  Quelques  jours  plus  tard  ce  prince  écrivit 
au  même  officier  en  faveur  de  l'abbé;  celui-ci  pré- 
tendait avoir  le  droit  de  nommer  les  sergents  dans 
la  ville  de  Gaillac,  de  concert  avec  les  bailes  du 
comte.  Alfonse  ordonna  de  faire  enquête  &  de 
lui  restituer  ce  droit,  s'il  pouvait  prouver  la  vé- 
rité de  ses  assertions.  [Ibid.  c.  i685.)  —  L'insur- 
rection des  bourgeois  de  Gaillac  fut,  paraît-il, 
assez  difficile  à  apaiser.  En  décembre  1  26c,  Alfonse 
dut  ordonner  au  sénéchal  d'envoyer  à  l'abbaye  un 
de  ses  sergents,  pour  bien  marquer  qu'elle  était 
sons  la  protection  du  comte.  L'instigateur  de  cette 
émeute  était  un  moine,  nommé  Pierre  Arnaud, 
qui  avait  trouvé  des  amis  parmi  les  laïques;  Al- 
fonse leur  fit  défendre  par  son  sénéchal  de  lui  prê- 
ter aucun  secours,  (llii.  ce.  1690,  1691.)  [A.  M.] 
'  Chronica  0  cowmcrîarl  ttel  rey  en  Jacme ,  liel 
passctgio  en  ultramar,  c.  8  &  suiv.  —  Guillaume  de 
Puylaurens,  c.  5o.  —  Zurita,  Anales  de  la  corona 
de  Arcgon,  1.  3,  c.  74. 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXVI.  qi5  ~ ~ 

y  An  I20p 

furent  le  trouver  pour  lui  offrir  leurs  services  Se  promirent  de  l'accompagner 
à  la  Terre-Sainte;  le  premier  avec  dix  chevaliers,  Se  l'autre  avec  vingt, 
Jacques  accepta  leurs  offres  Se  alla  ensuite  à  Montpellier,  d'où  les  consuls 
envoyèrent  soixante  cavaliers  à  sa  rencontre  pour  le  recevoir.  Il  demanda  du 
secours  aux  habitans  de  cette  ville  pour  le  passage  d'outre-mer;  ils  lui  pro- 
mirent soixante  mille  sols  tournois,  s'il  faisoit  le  voyage.  Enfin  il  repassa  au 
delà  des  Pyrénées  Si  assista  peu  de  temps  après,  à  Burgos,  aux  noces  de  l'in- 
fant Ferdinand  de  Castille,  son  petit-fils,  avec  Blanche,  fille  du  roi  saint 
Louis.  Ce  mariage  fut  par  conséquent  célébré  en  1269  Se  non  en  1268, 
comme  un  nouvel  historien  espagnol  le  prétend '.  Jacques  ne  songea  plus 
depuis  à  son  voyage  de  la  Terre-Sainte  ;  on  ^  assure  que  ce  fut  une  maîtresse 
qui  l'en  détourna^. 

LXXVII.  —  Arrivée  du  roi  saint  Louis  à  Aigties-mortes }  il  y  séjourne 
deux  mois  ou  dans  le  voisinage. 

Le  roi  Louis  IX  ayant  disposé  toutes  choses "*  pour  son  départ,  nomma  pour 
gouverner  le  royaume  pendant  son  absence  Mathieu  de  Vendôme,  abbé  de 
Saint-Denis,  Se  Simon,  sire  de  Nesle.  Il  avoit  ordonné  de  faire  au  port  d'Ai- 
gues-mortes,  où  il  devoit  s'embarquer,  toutes  les  provisions  nécessaires  de 
guerre  &  de  bouche,  &  d'y  rassembler  un  nombre  suffisant  de  vaisseaux, 
dont  les  Génois  dévoient  lui  fournir  la  plus  grande  partie.  Il  reçut,  le  14  de 
mars  de  l'an  1270,  dans  l'église  de  Saint-Denis,  des  mains  du  légat,  le  ;^„  ^ 
bourdon  de  pèlerin,  Se  partit  ensuite  avec  les  princes,  ses  fils,  Si  une  partie 
des  croisés.  II  prit  sa  route  par  la  Bourgogne  61  le  Lyonnois,  vint  à  Beau- 
caire  Si  se  rendit  à  Aigues-mortes  où  il  avoit  donné  rendez-vous  aux  croisés 
pour  le  commencement  de  mai  ;  mais  la  flotte  ne  s'étant  pas  trouvée  prête,  il 
fut  obligé  de  séjourner  près  de  deux  mois  ou  dans  cette  ville  ou  aux  envi- 
rons. Les  croisés  qui  étoient  déjà  arrivés  ou  qui  arrivèrent  dans  la  suite 
furent  aussi  contraints  de  se  disperser  dans  le  voisinage  pour  subsister,  à 
cause  de  leur  grand  nombre^. 

'  Ferreras,  année  1168,  n.  2,  ancienne    maîtresse,    Térésa    Gil,    à    laquelle    il 

*  Guillaume  de  Puylaurens,  c.  5o.  avait  jadis  promis  mariage.  Il  prétendait  qu'elle 

'  Ce  fut  du   moins  l'opinion  courante  au   trei-  était  attaquée  de  la   lèpre,  &  Clément  IV  refusait 

zième    siècle;    une    chronique    italienne   contem-  d'annuler  ce  mariage  pour  cette  raison   toute  ma- 

poraine,  dont  on    trouvera    un   fragment  dans  le  térielle.  Jacrae  continuant  à  garder  dona    Eeren- 

BuUetin   de   la    langue,  de  l'histoire   Sr  des   arts  de  guela  avec  lui,  le  souverain  pontife  lui  avait  re- 

la    Franct,   t.  3,   p.   193,  dit    bien    que   Jacme    ne  proche     son     inceste;     mais     ses     représentations 

put  rejoindre  Louis   IX  propter  ferocitatem    maris,  étaient   restées    inutiles.    [A.  M.] 

mais  le  continuateur  de  Guillaume  de  Tyr  affirme  *  Gesta  Ludoviei  IX,  p.  384. 

qu'il    ne  voulut    repiendre    U    mer  po     l'amor  de  '  Parmi   les  chevalieis  qui  prirent  part  à   cette 

sa   mie  dame  Berenguicre     (De  Touitoulon,   t.   2,  expédition,    &    que    Louis    IX    prit    à    sa    solde^ 

pp.    398,    399.)    En    effets    lacme    avait    contracté  on    remarque   lei    suivants,    qui    sont    du    midi  . 

une    union    illégitime    avec    Berenguela    Alonso,  Lambert  de  Limoux    avec  dix   chevaliers,  Girard 

union  que  le  pape  Clément  IV  avait  refusé  d'ap-  de    Capendu    avec    quinze,    Raimond    Aban    avec 

prouver.  Ayant  perdu  sa  femme    la  reine  Yolande,  cinq,  le  maréchal  de  Mirepoix,  Guillaume  de  Car- 

Jatme    avait    refusé  de   prendre   pour   femme    une  done,   Pierre  Rambaus,  parent    du  feu   pape  Clé- 


~: Qi6  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LiV.  XXVL 

.•1.1  ii;o         .' 

11  nous  reste  plusieurs  chartes  de  faint  Louis  '  pendant  cet  intervalle;  elles 
nous  apprennent  que  ce  prince  étoit  à  Sommières,  le  jeudi  après  l'invention 
de  la  sainte  Croix.  (8  de  mai),  &  à  Nimes  c|uatre  ]ours  après.  Il  déclara  à 
Aigues-mortes^,  le  jeudi  avant  l'Ascension  (i5  de  mai),  que  le  don  gratuit 
de  mille  livres  tournois,  que  les  habitans  de  la  cité  &  du  bourg  de  Narbonne 
avoient  promis  à  ses  commissaires  pour  son  passage  d'outre-mer,  ne  tireroit 
pas  à  conséquence.  Il  étoit  retourné ^  à  Nimes,  le  23  de  mai,  8t  il  célébra'* 
la  fête  de  la  Pentecôte,  qui  tomboit  le  i"  de  juin,  dans  l'abbaye  de  Saint- 
Gilles,  où  il  tint  une  cour  plénière^.  Il  retourna  à  Aigues-mortes  où  il  assi- 
gna^, le  12  de  juin,  douze  deniers  par  jour  à  Colin,  son  maître  d'artillerie 
du  château  de  Carcassonne  ;  puis  il  revint  au  mois  de  juin'^  à  Nimes  où  il 
accorda  un  diplôme  en  faveur  de  Bernard  de  Combret,  évêque  d'Albi,  qui 
i':d  orisin.      étoit   présent.   Il  retourna   enfin  à   Aigues-mortes  &  v  publia,  le  25   de  ce 

I.  lU,  p.  317.  .        '  D  j       V  J 

mois,  sa  nouvelle  ordonnance^  contre  les  blasphémateurs.  Il  est  vrai  qu'elle 
est  datée  d'Aigues-mortes,  le  25  juin  de  l'an  1269;  mais  outre  que  ce  prince 
étoit  alors  en  France,  elle  est  adressée  à  Mathieu,  abbé  de  Saint-Denis,  & 
à  Simon  de  Nesle,  régens  du  royaume,  qui  ne  furent  nommés  à  cette  dignité 
que  longtemps  après.  Enfin  il  paroît,  par  d'autres  lettres^  que  saint  Louis 
étoit  encore  à  Aigues-mortes,  le  dimanche  après  la  Nativité  de  saint  Jean- 
Baptiste  de  l'an  1270  (ou  le  2g  juin).  Il  y  demeura  jusqu'à  son  embarque- 
ment. Le  comte  Altonse,  son  frère,  l'avoit  été  joindre  aux  environs  de  cette 
ville  un  mois  auparavant  avec  la  comtesse  Jeanne,  sa  femme. 

LXXVIII.  —  Alfonse,  comte  de  Toulouse,  6-  Jeanne,  sa  femme,  arrivent 

à  Aymargues  6*  s'y  arrêtent. 

'AUonse  &  Jeanne  é'oient  '°  encore  à  Paris  au  commencement  de  février  de 
cette  année.  S'étant  ensuite  mis  en  marche,  ils  arrivèrent  au  commence- 
ment IV.  (Cf.  Historiens  de  France,  t.  20,  pp.  3o6  *  Manuscrits  Je  Coltert,  n.  2275.  —  [Lai.  9  99^, 
à  3o8.)   [A.  M.  p.   118.J 

'  Manuscrits  de  Colbert,  n.  2270.  —  [L;it.  9996,  '  Voyez  tome  V,  Chartes,   n.  DXLII,   ce.   1279, 

pp.   118  &  I  17.]  1280.  —  Gallia   Christiana,  noY.   edit.    t.    1,   Insl- 

'Voyez    tome    VIII,    Chartes,    n.    CCCLVUI,  ra;n.  p.   11. 

c.   1671.  "  Laiirière,  Ordonnances,  t.   1,  p.    ic6. 

'  Manuscrits  de  Colbert,  n.  2275. —  [Lat.  9996.  '  Manuscrits   de   Colhert,    n.    2273.    [Lat.    9  9'^6, 

p.   1  17.]  p.   1  19.1 

*  Gesta  Ludovici  IX,  p.  384.  ***  Trésor  des  chartes;  Toulouse,  sac  10,  n.  4.  — 

-  Au  moment  même  où  Louis  IX  s'arrêtait  pour  Cf.   tome  VIII,   ce.    I7i3,    1714,  mandements   du 

quelques  jours  dans  le  bas  Languedoc,  ses  enquê-  16  février.  Par  l'un,  adressé  au   sénéchal  de  Tor- 

teurs   y   exerçaient    encore    leur    ofiîce.    C'étaient  louse    &    d'Albigeois,    Alfonse    ordonne    de   faire 

Geoffroi    de  Vilette,    chevalier,   Nicolas   de   Châ-  restituer  les  dîmes   dont   l'église  d'Albi    avait    été 

Ions,  trésorier  d'Evreux,  &   Raimond  Marc,  clerc  dépouillée,   sans   tenir  compte    des   ventes   ou    deî 

du    roi.  Les  chevaliers  des   Arènes    se  présentèrent  échanges  qui   auraient  pu   intervenir;    il   enjoint 

devant  eux,  le  9  juin  1270,  &  réclamèrent  le  réta-  en   outre  de  tenir  la  main  à  ce  que  nul   ne  reste 

blissementdu  consulat  de  Nîmes,  tel  qu'il  existait  excommunié  pendant  plus  d'un   an   &  un   jour; 

avant  l'arrivée  du  roi  Louis  VIII  devant  Avignon.  sinon    il   faudra   lui  appliquer   les   peines  portées 

(Cf.  Ménard,  t.  1,  preuves,  p.  92,  &  ihid.  pp.  J44  par  l'ordonnance  de  1228.  Le  second  de  ces  man- 

3.)0.)   [A.  M.]  déments   [Ihid,  c.    1714)  ordonne  au   sénéchal  de 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXVI. 


917 


A  n  I  270 


ment  de  mars  dans  leur  ville  de  la  Rochelle',  où  ils  firent  diverses  n-cnu- 
missions  de  plusieurs  de  leurs  serfs  ou  vassaux  de  corps  Çy  de  casalage,  tant 
du  comte  de  Toulouse  que  des  autres  pays  soumis  à  leur  autorité,  8<.  chan- 
gèrent leur  servitude  en  un  cens  annuel.  Ils  en  retirèrent  des  sommes  consi- 
dérables, ainsi  que  de  la  confirmation  qu'ils  donnèrent  la  même  année,  en 
faveur  de  plusieurs  roturiers,  des  acquisitions  qu'ils  avoient  faites  de  divers 
fiefs  ou  arrière-fiefs  des  nobles,  &  enfin  de  la  vente  des  biens  confisqués 
pour  hérésie^.  Sicard  d'Alaman,  chevalier,  Gilles  Camelin,  chanoine  de 
Saint-Quiriace  de  Provins,  &  Thomas  de  Neuville,  qui  sont  qualifiés  clercs 
du  comte  Alfonse,  8c  que  ce  prince  avoit  préposés  à  l'administration  de  ses 
domaines  par  des  lettres  datées  de  Longpont,  le  samedi  avant  Noël  de 
l'an  1269,  procédèrent  à  cette  vente.  De  la  Rochelle,  Alfonse  &  Jeanne  se 
rendirent  à  Saint-Jean-d'Angély  ^  ;  ils  étoient  à  Saintes,  au  mois  d'avril, 
avant  Pâques,  c'est-à-dire  avant  le  i3  de  ce  mois.  Ils  traversèrent  l'Agenois 
£<  le  Querci,  8c  donnèrent  des  lettres  à  Montauban,  le  21  avril,  par  les- 
quelles ils  déclarent  que  le  subside  volontaire,  que  les  sujets  de  Déodat  de 
Barasc,  leur  vassal,  leur  avoient  accordé  pour  leur  passage  à  la  Terre-Sainte, 
ne  leur  causeroit  aucun  préjudice,  ne  seroit  pas  réputé  ^z/a^^,  Sec.  S'étant 
rendus  à  Toulouse  où  ils  demeurèrent  quelques  jours  de  la  fin  d'avril  &c  du 
commencement  de  mai,  ils  v  donnèrent  de  nouveaux  affranchissemens  en 
faveur  de  quelques  serfs  du  comté  de  cette  ville.  Ils  arrivèrent  enfin  avant  la 
fin  de  mai  à  Aymargues,  dans  le  diocèse  de  Nimes,  à  deux  lieues  d'Aigues- 
mortes,  où  ils  établirent  leur  demeure  jusqu'à  leur  embarquement,  &c  où  ils 
firent  leur  testament. 


Ciihors  &  d'Agen  de  s'informer  s'il  serait  possible 
de  leprendre  l'émission  de  la  monnaie  Raimon- 
diiic,  qui  appartient  pour  partie  à  lui  &  à  l'évë- 
qiie  d'Albi ,  &  dans  quelle  condition  la  fabri- 
cation pourrait  en  être  faite.  C'était  pour  faire 
concurrence  aux  monnaies  de  l'évéque  de  Cahors 
&  du  comte  de  Rodez,  qui  circulaient  librement 
dans  le  diocèse  d'Albi.  Malgré  ces  ordres,  la  fabri- 
cation de  cette  monnaie  ne  fut  pas  reprise  avant 
l'an  1278,  &  jamais  elle  ne  fut  très-active.  Cf.  à 
ce  sujet  Boutaric,  pp.  214,  2i5.    [A.  M.] 

'  Cartulaire  du  comte  Alfonse.  —  [JJ.  24»,  f"'  2.5, 
26.1 

'  Avant  de  partir  pour  la  croisade,  Alfonse  eut 
encore  à  régler  une  affaire  importante.  Le  comte  de 
Foix,  qui  ne  vivait  pas  en  trop  bons  termes  avec 
le  comte  de  Toulouse,  avait  occupé  le  château  de 
Montaigu,  appartenant  à  Sicard  de  Montaut  & 
relevant  d'Alfonse.  Celui-ci  le  fit  sommer  d'avoir 
i  rendre  la  place  dans  le  mois,  en  réparant 
les   dégâts    qu'il   avait   commis.    (Cf.   tome  VIII, 


ce.  1709,  1710.)  Le  comte  de  Foix  avait  notam- 
ment causé  de  grands  dommages  à  l'abbé  de  Lézat. 
(Ibii,  c.  1711.)  L'affaire  pouvait  devenir  grave  & 
une  guerre  était  possible;  mais  Louis  IX,  toujours 
désireux  de  rétablir  la  paix,  chargea  son  sénéchal 
de  Carcassonne  de  faire  rentrer  le  comte  de  Foix 
dans  l'obéissance,  &  contre  ordre  fut  donné  aux 
agents  d'Alfonse.  (Ihid.  c.  1712.)  —  Ce  n'était  pas 
la  première  fois  que  le  couvent  de  Lézat  réclamait 
la  protection  d'Alfonse;  au  mois  de  juin  1269,  le 
notaire  du  monastère  &  un  de  ses  serviteurs  avaient 
été  dépouillés  de  leurs  chevaux  &  de  leur  argent; 
Alfonse  ordonna  de  faire  rendre  justice.  (Ihid. 
c.  1680.)  L'affaire  n'était  pas  encore  terminée  au 
mois  d'octobre  suivant,  &  le  couvent  avait  un 
nouveau  persécuteur,  Roger  de  Espieriis,  baile  de 
Gascogne.  {Ihid.  c.   1690.)  [A.  M.] 

'  Catel,  Histoire  des  comtes  de  Tolose,  pp.  392, 
390  &  suiv.  —  Cartulaire  du  comte  Alfonse.  — 
[JJ.  24  B,  {*"  27,  28.] — Voyez  tome  VIII,  Chartes, 
n.  CCCLIX,  ce.  1672,   1673. 


"~r~~~7~  918  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXVI. 

LXXIX.  —  Alfonse  i^  Jeanne  font  leur  testament  à  Aymargites. 

Celui  de  Jeanne  est'  daté  d'Aymargues,  le  lundi  veille  de  la  Saint-Jean- 
Baptiste  de  l'an  1270.  Elle  choisit  sa  sépulture  dans  l'abbaye  des  religieuses 
de  Notre-Dame  de  Gercy,  au  diocèse  de  Paris,  de  l'ordre  de  Saint-Augustin, 
des  frères  de  Saint-Victor  de  Paris,  qu'elle  avoit  fondée  avec  le  comte,  son 
mari.  Elle  lègue  la  somme  de  dix  mille  marcs  d'argent  en  œuvres  pies,  8c 
donne  sur  cette  somme  cinq  mille  livres  tournois  à  la  même  abbaye  de  Gercy, 
outre  ses  vases  d'or  &  d'argent.  Elle  veut  que  le  reste  soit  distribué  :  à  l'ab- 
baye de  Fontevrault  où  le  comte,  son  père,  étoit  inhumé;  à  divers  monas- 
tères de  cet  ordre  ou  de  celui  de  Cîteaux;  à  tous  les  couvens  de  l'ordre  des 
Mineurs  81  de  celui  des  Prêcheurs  situés  dans  ses  domaines;  à  plusieurs 
autres  maisons  religieuses  qu'elle  nomme  ;  mais  surtout  à  un  monastère  de 
filles,  de  l'ordre  de  Cîteaux,  dont  elle  ordonne  la  fondation  dans  ses  domaines 
5i  auquel  elle  lègue  la  ville  de  Lisle,  en  Albigeois.  Elle  ordonne  aussi  de 
prendre  sur  cette  somme  les  legs  qu'elle  fait  à  ses  domestiques,  parmi  les- 
quels elle  fait  mention  de  trois  de  ses  chapelains,  de  son  physicien  ou 
médecin,  &c.  Elle  nomme  pour  ses  exécuteurs  testamentaires,  dans  les  do- 
maines qui  lui  étoient  propres,  Bernard,  comte  de  Comminges,  Amalric, 
vicomte  de  Narbonne,  &  Sicard  d'Alaman  ;  &  en  France,  Guillaume  de  Vau- 
grigneuse,  sous-doyen  de  l'église  de  Chartres,  Jean  de  Nanteuil  &  Pierre, 
chambellan  du  roi,  avec  tous  les  évêques  de  ses  Etats,  chacun  dans  son  dio- 
cèse. Elle  lègue  à  Guillaume  d'Anduze,  son  cousin,  &  à  ses  successeurs  le 
village  de  Soal,  dans  le  Toulousain;  à  Béraud  d'Anduze,  frère  de  ce  dernier, 
le  château  de  Montcuq,  dans  le  Querci  ;  à  Sicard  d'Alaman,  celui  de  Rabas- 
tens,  en  Albigeois  ;  à  Philippe  &  à  Gaucerande,  filles  de  Roger  de  la  Voulte, 
ses  cousines,  cinq  cens  livres  tournois  à  chacune  pour  se  marier;  à  Gauce- 
taii  °p '^i'i's  l'ande,  fille  d'Amalric,  vicomte  de  Narbonne,  sa  cousine,  le  château  de  l'Isle, 
dans  le  pays  Venaisin  ;  à  Marguerite,  sœur  de  la  même  Gaucerande  de  Nar- 
bonne, la  ville  de  Cavaillon  ;  à  Guillaume  de  Narbonne,  clerc,  leur  frère, 
les  châteaux  de  Bonils  &  de  Cabrières  ;  à  Sicard  d'Alaman,  fils  du  même 
Sicard  8*.  de  feu  Béatrix  (de  Lautrec),  le  château  de  Caylus,  en  Querci,  pour 
se  marier  avec  Gaillarde,  fille  de  Bertrand,  vicomte  de  Bruniquel,  sa  cou- 
sine; 8c  enfin  à  Charles,  roi  de  Sicile,  comte  de  Provence  Se  d'Anjou,  8c  à 
ses  enfans  8c  de  Béatrix  (de  Provence),  sa  cousine,  tout  le  pays  Venaissin, 
quel  qu'il  soit,  excepté  les  domaines  dont  elle  disposoit  par  ce  testament. 
Elle  nomme  pour  héritière  universelle  de  tous  ses  domaines  situés  en  Age- 
nois,  en  Querci,  en  Albigeois  &c  en  Rouergue,  Philippe,  sa  cousine^  fille  de 
feu  Arnaud-Othon,  vicomte  de  Lomagne,  8c  de  Marie  (d'Anduze),  sa  femme, 
qui  étoit  actuellement  remariée  avec  Archambaud,  comte  de  Périgord.  Elle 
lui  lègue  de  plus  tous  ses  bijoux,  avec  ordre  à  ses  exécuteurs  testamentaires 

'  Voyaz  <om«  VIII,  Ckarfes,  n.  CCCLXI,  ce.  lôçô  à  lyoS. 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXVI.  919 

de  la  marier  comme  ils  jugeroient  à  propos.  Enfin  elle  donne  aU  comte 
Alfonse,  son  mari,  la  jouissance  de  tous  ses  biens,  jusqu'à  ce  que  Philippe 
de  Lomagne,  son  héritière,  soit  parvenue  à  l'âge  nubile.  Telle  est  la  dernière 
disposition  de  la  comtesse  Jeanne  de  Toulouse,  mais  elle  ne  fut  pas  exécutée 
comme  nous  le  verrons  dans  la  suite'. 

Le  testament^  d'Alfonse  est  daté  en  général  du  mois  de  juin  de  l'an  1270, 
8c  écrit  en  François.  Il  institue  pour  ses  héritiers  ceux  qui  dévoient  l'être  par 
droit  ou  par  coutume  &  fait  des  legs  pieux  ou  des  fondations  en  faveur  de 
toutes  les  églises  les  plus  célèbres  du  royaume,  81  de  la  plupart  des  couvens 
des  divers  ordres  qui  y  étoient  établis,  en  sorte  que  l'acte  est  extrêmement 
long.  Il  exerce  aussi  sa  libéralité  envers  ses  officiers  81  ses  domestiques,  8c 
lègue  trois  mille  livres  tournois  de  ses  meubles  à  la  comtesse  Jeanne,  sa 
femme.  Il  ordonne  à  ses  exécuteurs  testamentaires  de  racheter  les  pèlerinages 
qu'il  avoit  voués  à  Saint-Jacques  de  Compostelle,  à  Notre-Dame  de  Roca- 
madour,  à  Notre-Dame  de  Boulogne,  à  Saint-Eloi  de  Noyon,  8c  à  divers 
autres  lieux  de  dévotion,  supposé  qu'il  ne  pût  pas  les  accomplir  lui-même.  Il 
veut  que  ce  qu'il  a  pris  du  mariage  du  fils  du  vicomte  de  Polignac  avec  la 
demoiselle  de  Saint-Bonnet,  soit  rendu,  8c  nomme  pour  ses  exécuteurs  testa- 
mentaires maître  Guillaume  de  Vaugrigneuse,  sous  doyen  de  l'église  de 
Chartres,  six  autres  ecclésiastiques,  monseigneur  Pierre  le  chambellan-cheva- 
valier,  deux  frères  mineurs,  8c  frère  Jean  de  Vannes,  de  l'ordre  de  la  Tri- 
nité. Enfin  il  affranchit  tous  ses  serfs  Se  leurs  enfans,  quelque  part  qu'ils 
fussent,  8c  abandonne  toutes  les  dîmes  qu'il  tenoit  en  sa  main  en  faveur  des 
lieux  ou  des  personnes  auxquels  elles  dévoient  appartenir. 

LXXX.  —  La  ville  de  Toulouse  fait  un  don  gratuit  à  Alfonse. 

Nous  avons  plusieurs  autres  actes  d'Alfonse  8c  de  Jeanne  pendant  leur 
séjour  à  Aymargues,  au  mois  de  juin  de  l'an  1270  ;  1°  Ils  y  rendirent ^  une 

'  En  disposant  ainsi  de  ses  Etats  en  fareur  de  sa  '  Bibliothèque  de  Chauvelin,  mss.  222.  —  Cette 

plus  proche  parente,  Jeanne  contrevenait  au  traité  ordonnance  a  été  publiée  d'après  l'original  (J.  191, 

de  Paris,  qui  avait   stipulé  que  le  comté  de  Tou-  n.   io3)   par  Boutaric,   pp.  329,  33o.  Nous  avons 

louse  &  l'Albigeois  feraient  retour  à  la  couronne,  déjà  dit  un  mot  plus  haut  de  cette  affaire,  pp.  83i , 

au  cas  où   Alfonse  &   sa  femme   mourraient  sans  832.  Elle  est  adressée  au  prieur  des  dominicains  do 

enfants.  Aussi,  quand  les  deux  époux  furent  moris,  Poitiers,  &  lui  confie  le  soin  de  faire  l'enquête  dans 

on  ne  tint  nul  compte  de  ces  dernières  dispositions,  la  sénéchaussée  de  Poitiers,  de  concert  avec  le  clerc 

même  pas  de  celle  qui  donnait  le  comtat  V'enaissin  séculier  que  désigneront  les  conseillers  du  comte, 

à  Charles  d'Anjou;  ce  dernier   réclama  vainement  Proclamation  sera  faite  dans  chaque  diocèse  par  les 

la  succession  tout  entière,  comme  dernier  fils  sur-  bailes  &  dans  chaque  paroisse  par  le  curé,   avec 

vivant  de  Louis  VIII.   L'affaire   traîna;    mais  le  invitation  à  ceux  qui  ont  à  réclamer  des  usures  à 

Parlement,  en    1284,  débouta   ce   prince  en  déci-  se  présenter.  Suivent  des  règles  minutieuses  indi- 

dant,  qu'en  cas  d'extinction  de  la  lignée  légitime,  quant  dans  quels  cas  un   seul  témoignage  pourra 

les  apanages    reviendraient  à   la    couronne;   arrêt  suffire,   &   jusqu'à   concurrence   de  quelle  somme, 

célèbre  &  qui  devint  une  règle  du  droit  public  du  Les  témoins  seront  forcés  à  comparaître  par  voie 

royaume.  Cf.  Delisle,  Restitution  d'un  volume  des  judiciaire.  Les    biens  de  chaque  juif  payeront  les 

Olim,  n.  537.  [A.  M.j  usures  réclamées  de  lui.  Quand  il  s'agira  d'usures 

"Trésor   des    chartes;   Testaments,    n.    ô.    [Auj.  dépassant   le  chiffre   de   cent  sous,   les   enquêteurs 

Monuments  historiques,  K,  33,  n.   14.]  renverront   l'affaire  à  la   cour  du   comte;   quand 


An  1270 


~~;  920  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXVI. 

An  I  270        ■' 

ordonnance  &  nommèrent  des  commissaires  pour  obliger  les  juifs  de  tous 
leurs  domaines  à  restituer  les  usures  qu'ils  avoient  exercées.  2°  lis  assignèrent 
à  Marie',  femme  d'Archambaud,  comte  de  Périgord,  &  cousine  de  Jeanne, 
quelques  terres  aux  environs  de  Nérac,  pour  les  trois  cens  livres  de  rente 
qu'ils  lui  avoient  promises  pour  sa  dot.  3°  Alfonse  déclara^  que  le  don  gra- 
tuit que  les  habitans  de  Toulouse  lui  avoient  fait  pour  le  passage  de  la 
Terre-Sainte  ne  pourroit  leur  porter  aucun  préjudice,  Sec. 

LXXXI.  —  Départ  du  roi  pour  la  croisade.  —  Noblesse  de  la  Province 

qui  l'accompagne. 

Le  roi-',  après  un  séjour  d'environ  deux  mois  à  Aigues-mortes  ou  dans  le 
voisinage,  s'embarqua  enfin,  le  mardi  i"  de  juillet,  dans  le  port  de  cette 
ville,  avec  le  prince  Philippe,  son  fils  aîné,  deux  autres  de  ses  fils  &  un 
grand  nombre  de  seigneurs  des  plus  distingués  parmi  la  noblesse  françoise. 
On  marque'*  entre  ceux  de  la  sénéchaussée  de  Carcassonne,  qui  s'engagè- 
rent à  son  service,  Lambert  de  Limoux  ou  de  Turey,  avec  neuf  chevaliers 
de  sa  suite,  Géraud  de  Campendu  suivi  de  quatorze  autres  chevaliers,  Rai- 
mond  Aban  avec  quatre  chevaliers,  le  maréchal  de  Mirepoix  Si  Guillaume  de 
Cohardon.  Quant  à  la  sénéchaussée  de  Beaucaire  on  ne  fait  mention  que 
de  Pierre  Rambaut,  parent  de  Vapostole  Clément,  c'est-à-dire  parent  du  feu 
pape  Clément  IV.  Nous  apprenons,  d'ailleurs'*,  que  le  châtelain  ou  gouver- 
neur de  Beaucaire  fut  du  voyage  &  qu'il  fut  tué  par  les  Sarrasins,  au  com- 
mencement de  l'expédition.  Au  reste,  il  paroît  que  Guillaume  de  Cohardon 
8c  Gui  de  Lévis,  seigneur  de  Mirepoix,  ne  partirent  pas;  car  ce  dernier  servit 
,'Ê<jjO"Bhi.  d'assesseur "^  à  l'autre,  le  i5  d'octobre  de  l'an  1270,  avec  plusieurs  seigneurs 
de  la  sénéchaussée  de  Carcassonne,  pour  le  jugement  de  quelques  malfai- 
teurs qui  furent  condamnés  à  être  pendus.  Aymeri ,  fils  aîné  d'Amalric, 
vicomte  de  Narbonne,  s'étoit  croisé^  aussi  ;  mais  sans  doute  il  ne  fit  pas  le 
voyage,  puisqu'il  transigea,  le  7  de  mars  de  l'an  1271  de  la  nativité  de  Jésus- 
Christ,  avec  Amalric,  son  frère  puîné,  touchant  la  succession  du  feu  vicomte 
Amalric,  leur  père  ;  or,  les  croisés  n'étoient  pas  encore  alors  de  retour  en 
France.  Enfin  on  voit  dans  le  trésor*  des  chartes  du  roi  un  acte  par  lequel 
«  Roger  de  Béziers,  fils  de  Trencavel  dit  vicomte  de  Béziers,  reconnut, 
«  en  1269,  que  le  roi  lui  avoit  prêté  deux  cens  livres  tournois,  en  cas  qu'il 
«  fît  le  voyage  de  la  Terre-Sainte,  comme  il  s'y  étoit  engagé,  avec  six  che- 
«  valiers  8c  quatre  arbalétriers  de  sa  suite.  « 

il  s'agira   de  sommes   inférieures  à  ce   chiffre,   ils  '  Gcstd  Laiov'ici  IX,  p.  385. 

jugeront  la  cause  séance  tenante.  [A.  M.]  'Voyez    tome    VIII,    Chartes,    n.    CCCLXIII, 

'  Bibliothèque  Coaslin,  Inventaire   de  Pcrigord.  ce.   lyoS,   1706. 

•  Catel,  Histoire  des  comtes  de  Tolose,  p.  Jp').  '  liid.  n.  CCCLXIV,  ce.  1728  à  17J2.  —  [L'acte 
'  Gesta  Ludovici  IX,  p.  386.  est  du  24  mars  3c  non  du  7.] 

*  Notes  sur  Joinville,  édit.   Ducange,  p.  3p.^   &  "  Trésor   des  chartes;   Croisades,  n.  i5.  —  [Cf. 
Suiy.  [Voyez  plus  haut,  pp.  pi/î,  916.]                            tome  Vlll,  c.   1600.] 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXVI. 


921 


An  1170 


LXXXII.  —  Aljbnse  iS*  Jeanne  s'emharquent  après  avoir  mis  ordre 
au  gouvernement  de  leurs  Etats. 

Alfonse  81  Jeanne,  sa  femme,  étoient  encore,  au  commencement  de  juillet, 
à  Aymargues;  ils  donnèrent'  alors  pouvoir  à  Sicard  d'Alaman,  chevalier,  & 
à  Gilles  Camelin,  chanoine  de  Provins,  «  de  vendre  pour  mille  livres  de 
«  rente  de  leurs  domaines,  à  condition  que  ce  seroit  de  l'avis  &  du  consente- 
«  ment  de  celui  à  qui  ils  avoient  remis  la  garde  du  sceau  qu'ils  avoient  fait 
«  faire  pour  le  gouvernement  de  leurs  États  pendant  leur  absence,  8c  de 
«  deux  au  moins  d'entre  ceux  à  qui  ils  avoient  confié  ce  gouvernement,  avec 
«  ordre  d'employer  cette  somme  pour  la  dotation  du  monastère  de  Gercy, 
«  qu'ils  avoient  fondé  l'un  8<.  l'autre.  »  Le  comte  8c  la  comtesse  de  Toulouse 
en  partant  pour  la  Terre-Sainte  laissèrent  donc  l'administration  de  leurs 
domaines  à  un  conseil  composé  de  leurs  principaux  officiers,  parmi  lesquels 
Sicard  d'Alaman  tenoit  le  premier  rang.  Ce  seigneur  se  qualifioit,  en  eHet, 
lieutenant  du  comte  Aljonse  dans  le  Toulousain  S-  l'Albigeois,  au  mois  de 
mai  de  l'an  1269,  dans  un  acte*  d'aveu  rendu  alors  à  Bernard,  évêque  d'Albi, 
par  Béraud  d'Anduze,^/^  de  Jeu  Pierre-Bermond^.  Aymar  de  Poitiers,  comte 


'  Cartulaire  d'Alfonse.  —  [JJ.  24B,  f»  41  a.]  — 
Catel,  Histoire  des  comtes  de  Tolose^  p.  SpS  &  suiv. 

•Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  CCCLIX,  ce.  1671 
à  1673. 

'  Outre  ces  régents,  Sicard  Alaman  &  Gilles  Ca- 
melin, Alfonse  désigna  un  certain  nombre  de  pro- 
cureurs fondés,  qu'il  chargea  de  régler  en  son  nom 
les  affaires  qui  pourraient  se  présenter.  Les  lettres 
de  nomination  sont  datées  d'Aimargues,  3o  juin 
IÎ70.  Ces  clercs  ainsi  nommés  procureurs  fondés 
étaient  au  nombre  de  huit,  tous  dignitaires  de  cha- 
pitres des  églises  cathédrales  du  nord  de  la  France; 
parmi  eux  figurent  Guillaume  de  Vaugrigneuîe, 
«ous-doyen  de  Chartres,  &  Etienne  de  Saclay,  tré- 
sorier de  Saint-Hilaire  de  Poitiers,  qui  paraissent 
touTent  dans  les  actes  d'Alfonse  de  Poitiers.  Voici 
l'acte  d'institution  de  ces  procureurs,  resté  inédit 
)usqu'aii]ourd'hui,  &  qui  prouve  qu'en  les  nom- 
mant Alfonse  n'eut  aucunement  l'intention  de 
créer  un  conseil  de  régence  : 

Alfonsus,  fdius  régis  Francie,  cornes  Pictavie  S- 
Tholose,  universis  presenles  littcras  inspecturis  saîu- 
tem  in  Domino.  Notum  /acimus,  ^uod  nos  in  omni- 
bus &  singulis  causis  motis  &  movendis  a  nohis  ;eu 
ah  aîiis  nostro  nomine  contra  ^uascum^ue  personas 
ecclesiasticas  vel  scculares,  coîlcgia,  communitatcs, 
seu  etiam  universitates  vel  a  ^uihuscum^ue  personis 
ecclesiasticis  vel  secutarihus,  collegiisy  communitati- 
hus  aut  universitatibus  contra  nos  coram  i^uibus- 
cum^ue  judicihus  ecclesiasticis  vel  secularihus  vel 
vices  eorum   gerentihus^  ordtnariis  seu  extraordina- 


riis,  legatis,  delegatls,  suhdelegaiis ,  executorihus, 
conseryatorihus  seu  tjuihuscumijue  aV'Sj  ^uocunitjue 
nomine  censeantur,  dilectos  €•  fidèles  clericos  nostros 
magistros  Guillelmum  de  Vallegrignosa,  suhdecanum 
Carnotensem ,  Radulphum  de  Mirahello,  decanum 
Pictavensem^  Petrunt  Vigerii,  archidiaconum  Xanc- 
tonensemj  Egidium  de  Bonavalle,  granicartum  ecclc~ 
sie  Beati  Martini  Turonensis,  Alanum  de  Mellcnto, 
archidiaconum  Ehroicensem,  Stephanum  de  Sacleiis, 
thesaurarium  ecclesie  Beati  Hylarii  Pictaviensis,  Pe- 
trum  Sorinij  scolasticum  Xanctonensem^  &  Guickar- 
dum  de  Cluniaco,  canonicum  Cameracensem^  exibi- 
tores  presencium,  nostros  constttuimus  procuratores, 
omnes  simul  &  <juemUhet  eorum  in  solidum,  ita  fa- 
men  ^uod  non  sit  mclior  condicio  occupantis;  dentés 
eisdem  nostris  procuratoribus  &  eorum  euilibet  libe~ 
ram  potestatem  &  spéciale  mandatum  agcndi,  pe^ 
tendi  judicis  auxilium,  implorandi,  defendendi,  ex~ 
plicandit  replicandi,  appellandij  apostolos  pctendi  ae 
eciam  appellationes  prose^uendi  ^  compromittendi  f 
transigendi ,  paciscendi,  &•  alias  componendiy  alium 
vel  alios  procuratores  constituendi  vel  substituendi, 
loco  sui  substitutum  vel  substitutos  mutandi  seu 
revocandi,  &  alium  vel  alios  ponendi,  ^uos,  ijuando 
Sr  ^uociens  &  in  ^uibus  causis^  casibus  &  negociis 
viderint  expedire,  universa^ue  &  singula  faciendi, 
que  nos  ipsi  faceremus  seu  facere  possemus,  si  pre~ 
sentes  essemus ,  ratum  &  gratum  habentes  &■  per- 
pctuo  habituri  quicquid  in  predictis  vel  aliquo  pre^ 
dictorum  seu  predicta  contingentibus  per  ipsos  aut 
eorum  alterum  vel  per  substitutum  vel  substitutos  ai 


An  1270 


9:2 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.    LIV.  XXVI. 


de  Valentinois^,  fut  trouver  le  comte  Alfonse  &  la  comtesse  Jeanne  à  Aymar- 
gues,  où  il  leur  fit  hommage  lige  pour  tout  ce  qu'il  possédoit  dans  les  diocèses 
de  Viviers  8c  du  Puy;  il  leur  promit  de  plus  la  somme  de  deux  mille  livres 
tournois,  81  donna  pour  ses  cautions  Decan,  seigneur  d'Uzès,  Bertrand, 
vicomte  de  Lautrec,  Bertrand,  seigneur  de  Lombers,  &  quelques  autres  che- 
valiers, par  un  acte  daté  d'Aymargues,  le  mercredi  après  la  fête  des  apôtres 
saint  Pierre  8c  saint  Paul  de  l'an  1270  ou  le  4  de  juillet. 


LXXXIII.  —   Les   croisés   débarquent  sur  les  côtes  d'Afrique, 
de  Termes  s'y  rend.  —  Mort  du  roi  saint  Louis. 


Olivier 


Si  nous  en  croyons  un  ancien  ■*  auteur,  Alfonse  8c  Jeanne  auroient  été 
encore  à  Aigues-mortes,  le  lundi  avant  la  Madeleine  (ou  le  22  de  juillet)  de 
l'an  1270;  car  il  prétend  qu'ils  y  soumirent  alors,  par  des  lettres,  leurs 
domestiques  à  la  juridiction  de  l'inquisiteur  de  Toulouse  pour  les  matières 
d'hérésie,  de   magie,   de  sortilège,  8cc.  ;   mais   il    est   certain    qu'Alfonse   8c 


els  aut  eoram  alttro,  vel  cum  ipsis  seu  altero  eorum- 
dem  vel  suhstituto  seu  substitutis  a  preJictis  procu- 
rator'ibus  vel  eorum  altero  actum  ord'inatumve  fuent 
seu  ec'iam  procuraîum,  Promittimus  eciam  pro  dictis 
procurator'ibus  nostris  &  eorum  quolibet  substituto 
vel  substitutis  ab  ipsis  seu  eorum  altero^  sub  ypotheca 
rerum  nostrarum,  si  neccesse  fuerit,  judicatum  solvi. 
Et  hoc  omnibus  tjuorum  interest  tenore  presencium 
intimamus.  In  cujus  rei  testimonium ,  presentibus 
litteris  sigillum  nostrum  duximus  apponendum.  Da~ 
tum  apud  Arma^anicas  prope  portum  de  Aquismor- 
tuis,  die  lune  in  crastino  festi  apostolorum  Pétri  &■ 
Pauli,  anno  Domini  millesimo  ducentesimo  septua- 
gesimo.  (Original  jadis  scellé  sur  simple  queue, 
J.  3i8,  n.  60.) 

Une  cédule  originale  du  Trésor  des  chartes  nous 
fait  connaître  les  gages  de  ces  huit  commissaires 
par  jour.  Les  chiffres  qu'elle  indique  prouvent 
que  le  sous-doyen  de  Chartres  était  comme  le  pré- 
sident de  ce  conseil.  Voici  ce  texte  : 

Subdeanus  L  sous  Turonensium  per  diem  pro  nego- 

ciis  domini  comitis. 
Arckidiaconus  Xantonensis  XXXVll  s.  vi  d.  Tur.  per 

diem. 
Magister   Egidius,    granicarius    Turonensis,    XXX    s. 

Tur,  per  diem. 
Magister  Alanus,  arckidiaconus   Ebroiccnsis,  xxv  s. 

Tur.  per  diem. 
Magister  Radulphus  de  Mirabel,  decanus  Pictaven- 

sis,  XXX  5.  Tur.  per  diem, 
Magister  Guichardus  xx  s.    Tur,  per  diem, 
Thesaurarius  Pictavensis  xxv  s,   Tur,  per  diem, 
Magister  Petrus  Sorini  XXV  s,   Tur,  per  diem. 
Dominus  Robcrtus  Kueîe  xx  s,  Tur.  per  diem, 
Summa  istorum  gagiorum  per  diem  :  xii  /.  xii  j.  vi  d, 
(Original,  J.  3i8,  n.   106). 


Ces  commissaires  siégèrent  à  Paris,  &  y  tinrent 
le  Parlement  dont  les  arrêts  de  1270  ont  été  con- 
servés; ces  arrêts  forment  deux  immenses  rou- 
leaux. (Archives  nationales,  J.  ii3i,  n.  11;  cf. 
Boutaric,  pp.  416  à  418.)  Ils  publièrent  aussi  une 
ordonnance  de  réforme  qui,  retrouvée  il  y  a  quel- 
ques années  aux  archives  de  Verdun-sur-Garonne, 
a  été  publiée  par  l'Académie  de  législation  de  Tou- 
louse; nous  la  réimprimons  au  tome  VIII, ce.  lyij 
à  1723.  Dans  cette  ordonnance  les  membres  du 
conseil  s'intitulent  remplaçants  du  comte  (gerentes 
vices),  &  le  préambule  les  appelle  tenentes  locum 
dudit  comte.  Elle  est  intéressante  à  plusieurs  points 
de  vue;  mais  ses  prescriptions  se  rapportent  plutôt 
à  l'organisation  des  greffes  des  tribunaux  &  des 
études  de  notaires,  qu'à  l'administration  elle- 
même;  pour  cette  dernière  elle  ne  fait  que  repro- 
duire les  articles  les  plus  importants  de  la  grande 
ordonnance  de  1264,  empruntée  à  Louis  IX  par 
Alfonse.  Le  fait  le  plus  saillant  qu'on  y  remarque 
est  la  création  de  notaires  jurés  du  comte  dans 
chaque  circonscription  judiciaire;  on  y  retrouve 
aussi  quelques  articles  prohibitifs,  tels  que  la  dé- 
fense du  port  d'armes,  l'interdiction  des  confréries 
déjà  instituées  ou  à  instituer,  &c.  On  peut,  du 
reste,  se  reporter  a  notre  Note  du  tome  VII  sur 
l'administration  royale  au  temps  de  Louis  IX,  où 
nous  donnons  de  ce  document  une  analyse  dé- 
taillée. [A.  M.] 

3  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  CCCLXII, 
ce.  1703  à  1705.  —  Trésor  des  chartes;  Toulouse, 
sac  1 ,  n.  25  &  suiv. 

■•  Bardin,  Chronique.  —  [Cf.  tome  X,  pr.  c.  5 
de  l'édition  princeps.  Bardin  a  pu  se  tromper  sur 
la  date  de  l'acte;  mais  rien  ne  force  à  révoquer  son 
témoignage  en  doute.] 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXVI.  giS 

Jeanne,  sa  femme,  s'étoient  mis  alors  en  mer.  Ils  joignirent  ',  en  effet,  le  roi, 
le  vendredi  ii  de  juillet,  au  port  de  Cagliari,  en  Sardaigne,  où  la  flotte  s'étoit 
arrêtée.  Le  roi  ^  prit  la  résolution,  en  cet  endroit,  de  porter  ses  armes  sur  la 
côte  d'Afrique,  &  ayant  fait  voile  vers  Tunis,  le  mardi  i5  de  juillet,  il  arriva 
devant  cette  ville  deux  jours  après.  Le  débarquement  fait,  le  roi  fit  attaquer 
huit  jours  après  le  château  de  Carthage.  Cette  forteresse  fut  emportée  par  les 
matelots  de  la  flotte,  soutenus  par  les  troupes  ^  de  Carcassonne,  de  Châlons- 
sur-Marnc,  de  Périgord  &  de  Beaucaire,  qu'un  historien  moderne'*  trans- 
forme en  bataillons,  mais  qu'on  devoit  plutôt  qualifier  escadrons. 

Olivier  de  Termes,  sur  la  nouvelle  du  départ  du  roi,  revint  de  la  Terre- 
Sainte  dans  le  dessein  de  lui  offrir  de  nouveau  ses  services  8t  de  combattre 
sous  ses  enseignes  ;  mais  ayant  appris  à  son  passage  à  Naples  que  ce  prince 
avoit  tourné  du  côté  d'Afrique,  il  s'embarqua  aussitôt,  l'alla  joindre  aux 
environs  de  Tunis,  &  lui  annonça  la  prochaine  arrivée  de  Charles,  roi  de 
Sicile,  qui  se  disposoit  à  venir  à  son  secours.  Charles  n'eut  pas  la  consolation 
de  voir  en  vie  le  roi  son  frère;  il  le  trouva  mort  en  arrivant,  d'une  maladie 
qui  l'enleva  le  20  d'août.  Ce  triste  accident  déconcerta  tous  les  projets  des 
croisés,  &  Philippe  III,  fils  &  successeur  du  roi  saint  Louis,  ayant  pris  le 
commandement  de  l'armée,  il  ne  songea  qu'à  faire  une  retraite  honorable. 
Ce  prince  reçut  aussitôt  l'hommage  du  roi  Charles  &  du  comte  Alfonse,  ses 
oncles,  8c  de  tous  les  grands  du  royaume  qui  se  trouvoient  sur  les  lieux.  Il 
manda  en  même  temps  aux  régens  du  royaume  de  faire  prêter  serment  de 
fidélité,  en  son  nom,  à  tous  les  vassaux  de  la  couronne. 

LXXXIV.  —  Vicomtes  de  Narbonne. 

II  s'éleva  quelques  troubles  dans  la  ville  de  Narbonne  peu  de  temps  après 
le  départ  du  roi  pour  son  expédition,  comme  il  paroît  par  une  lettre^  que 
Guillaume  de  Cohardon,  sénéchal  de  Carcassonne,  écrivit  le  3o  de  juillet  de 
l'an  1170,  à  Amalric,  vicomte  de  Narbonne,  dans  laquelle  il  lui  reproche  de 
n'avoir  pas  suivi  les  ordres  qu'il  lui  avoit  donnés  pour  maintenir  la  paix  dans 
cette  ville,  lui  enjoint  de  faire  arrêter  tous  les  habitans  qui  avoient  été 
chassés  à  l'occasion  de  la  dernière  guerre  de  Raimond,  comte  de  Toulouse, 
&c  de  protéger  ceux  qui  étoient  demeurés  fidèles  durant  cette  guerre.  Amalric 
ne  survécut  pas  longtemps;  il  mourut *5  au  mois  de  décembre  suivant,  fort 
regretté  de  ses  sujets,  à  cause  de  ses  excellentes  qualités,  entre  lesquelles  on 
loue  beaucoup  sa  valeur  81  son  expérience  dans  l'art  militaire'^.  Jean-Estève 

'  Gestti  Ludovicl   IX,  p.  386  &  Suiv.  ^  Daniel,  Histoire  de  France,  t.  2,  p.  107. 

'  Ihii.  —  Gcita  Philippi  III,  p.  ')25  &suiv.,  &  =  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  CCCLIV,  ce.  1707 

dans  d'Achéry,  5/>/fiZcg/um.  t.  2,  p.  5â2,  Petrus  de  à   1709. 

Condeto,  Epistola  ad  Malikaeum   ahiatem  S.  Dio-  '  Catel,    Mémoires    de    l'histoire    du    Languedoc, 

nysii.  p.  612. 

'  Et  traiidit   eis  dominas  rex  quatuor  hella,  sci-  '  liid,  p.  60p.  —  Clément  IV,  Epist,  270. 
licet   Carcassonense,  Catalaunense,  Petragoricensc  & 
Belliquadrense,  &  servientes  peditum. 


An  1170      9-4  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXVI, 

Se  Géraud  Riquier,  poëtes  provençaux  de  Narbonne,  firent  en  son  honnettr, 
aussitôt  après  sa  mort,  des  poëmes  qui  nous  restent,  &  ils  célébrèrent  ses  vertus. 
Ce  vicomte  fut  extrêmement  jaloux  de  ses  droits  &  de  son  autorité;  il 
laissa  de  Philippe  d'Anduze,  sa  femme,  qui  lui  survécut,  trois  fils  Se  trois 
filles,  savoir  :  Aymeri  V,  qui  lui  succéda  dans  la  vicomte  de  Narbonne; 
Amalric,  qui  épousa  Algayette  de  Rodez  &  fit  la  branche  des  seigneurs  de 
Talayran  ;  Guillaume,  seigneur  de  Verneuil,  archidiacre  de  Toulouse  & 
chanoine  de  Narbonne  &.  de  Chartres;  Gaucerande,  qui  épousa  Guillaume 
de  Voisins,  seigneur  de  Coufoulens;  Marguerite  &  Marquise',  promise  en 
mariage,  en  126g,  à  Hugues,  fils  de  Pons-Hvigues,  comte  d'Ampurias. 
Aymeri  V,  vicomte  de  Narbonne,  avait  épousé  avant  la  mort  du  vicomte 
Amalric,  son  père,  Sibylle  de  Foix.  Il  s'accorda^,  le  7  de  mars  de  l'an  1271, 
avec  Amalric,  son  frère  puîné;  il  lui  céda  pour  son  partage  mille  livres  tour- 
nois de  rente,  &  lui  affecta  pour  cela  les  domaines  situés  dans  les  diocèses 
de  Béziers  8c  d'Albi,  Se  la  moitié  des  fiefs  du  diocèse  de  Narbonne.  Ils  eurent 
quelques  différends  pour  ce  partage  &  prirent  pour  arbitre  Gui  de  Lévis, 
maréchal  d'Albigeois,  qui  les  termina  en  1272. 

LXXXV.  —  Seigneurs  de  Castres. 

Le  roi  Philippe  III,  résolu  de  repasser  en  France,  convint  d'un  traité  avec 
le  roi  de  Tunis  &.  fit  rembarquer  ses  troupes.  Elles  étoient  fort  diminuées 
par  la  mortalité  qui  s'étoit  mise  dans  le  camp 3,  S;  qui  enleva  entre  autres 
Philippe  II  de  Montfort,  seigneur  de  Castres.  Ce  seigneur,  après  avoir  pris 
possession,  en  1267,  de  la  seigneurie  de  Castres,  que  Philippe  I,  seigneur  de 
Tyr,  son  père,  lui  avoit  enfin  cédée,  &  en  avoir  fait  hommage  au  roi,  se  dis- 
posa à  retourner  dans  le  royaume  de  Naples;  il  mit  ordre  à  ses  affaires  &  fit 
son  testament'*,  le  1"  d  avril  de  l'an  1270,  au  châtean  de  Roquecourbe,  en 
Albigeois,  en  présence  de  Jeanne  de  Lévis,  sa  femme.  Il  laissa  ses  enfans 
héritiers  de  ses  domaines,  selon  la  coutume  de  France,  avec  ordre  aux  filles, 
qui  avoient  été  dotées  ou  qui  le  seroient  avant  sa  mort,  ou  celle  de  sa  femme, 
de  se  contenter  de  leur  dot,  conformément  à  la  même  coutume.  Enfin,  ayant 
fait  consentir^  de  gré  ou  de  force  l'abbé  &  les  religieux  de  Castres  de  céder 
l'église  de  Saint-Vincent  aux  frères  prêcheurs,  pour  lesquels  il  avoit  fondé 
un  couvent  à  Castres,  en  i258,  il  partit  pour  le  royaume  de  Naples,  où  il 
joignit  Charles,  roi  de  Sicile.  Ce  prince  étant  venu  ensuite  au  secours  du 
roi  saint  Louis,  son  frère,  sur  les  côtes  d'Afrique,  Philippe  de  Montfort  le 
suivit  &  mourut  devant  Tunis,  le  28  de  septembre  de  l'an  1270. 

'  Archives    du    domaine  de  Montpellier;    Nar-  AmplUstma  collecùo,  t.  C,  c.  480  &  siiiv.  —  Catel, 

bonne,  C  continuation,  n.    i.  Mémoires  de  l'histoire  du  Languedoc,  p.  705  &  suiv, 

*  Archives  du   domaine  de   Montpellier;    Nar-  —  Tome  Vil,  Note  XLIV,  p.   120. 

bonne;  vigueric  de  Narbonne.  —  Voyez  tome  VIII,  '■  \'oyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  CCCLX,  c.  1694. 

Chartes,  n.  CCCLXV,  ce.    1728  à   1732.  ■•  Martène,  ut  supra. 

'  Guillaume  de  Puylaurens,  c,  5i.  —  Martène, 


An  1170 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.   LIV.  XXVI.  92,5 

Après  la  mort  de  ce  seigneur,  Géraud  de  Burlas,  chevalier,  son  vassal,  qui 
ne  l'avoit  pas  quitté,  fit  enterrer  ses  entrailles  &  ses  chairs  dans  le  camp,  & 
apporta  ses  ossemens  8c  son  cœur  à  Castres,  où  il  les  fit  inhumer  dans  l'église 
de  Saint-Vincent,  le  g  de  septembre  de  l'année  suivante,  en  présence  de 
Jeanne  de  Lévis,  sa  veuve,  &  de  toute  la  noblesse  du  pays.  Les  religieux  du 
couvent  firent  graver  une  épitaphe  sur  son  tombeau,  où  ils  relèvent  beau- 
coup ses  talens  &  ses  vertus,  mais  surtout  ses  exploits  militaires.  Ils  le  repré- 
sentent dans  cette  épitaphe  81  dans  d'autres  mémoires  qu'ils  nous  ont  transmis, 
comme  la  jleur  de  chevalerie  de  son  temps  ;  bien  fait,  libéral,  rempli  d'hon- 
neur, de  probité,  de  piété,  de  courage  &  de  sagesse. 

Philippe  de  Monlfort,  deuxième  du  nom,  laissa  deux  fils  Se  trois  filles  de  t.iii.p.^i"'!. 
Jeanne  de  Lévis,  sa  femme.  Les  deux  fils,  nommés  Jean  8c  Simon,  étoient 
encore  mineurs,  8c  ils  demeurèrent  sous  le  bail  ou  tutelle  de  leur  mère. 
L'aînée  des  filles,  appelée  Jeanne,  avoit  épousé  alors,  à  ce  qu'il  paroît, 
Guigues  VII,  comte  de  Forez.  Elle  se  remaria  dans  la  suite  avec  Louis  de 
Savoie.  Laurette,  la  seconde,  épousa,  après  l'an  iiyS,  Bernard,  comte  de 
Comminges;  8c  enfin  Eléonore,  la  troisième,  se  maria  à  Jean  V,  comte  de 
Vendôme.  Jeanne  de  Lévis,  veuve  de  Philippe  II  de  Montfort,  demanda  '  au 
nom  de  ses  enfans  dont  elle  avoit  la  tutelle,  au  mois  de  décembre  de  l'an  1270, 
au  sénéchal  de  Carcassonne,  «  d'être  reçue  à  l'hommage  pour  la  ville  de 
Castres  8c  les  autres  domaines  situés  dans  le  diocèse  d'Albi,  entre  le  Tarn 
8c  l'Agoût,  sous  le  service  de  sept  gens  d'armes  8c  demi;  »  elle  rendit  cet 
hommage  au  mois  de  février  suivant.  Ainsi  Philippe  II  laissa  à  ses  enfans^ 
les  trois  quarts  des  terres  d'Albigeois  que  le  roi  saint  Louis  avoit  inféodées, 
en  1229,  à  Philippe  I,  son  père. 

Jean  de  Montfort,  fils  aîné  de  Philippe  II,  se  qualifioit  comte  de  Squillace, 
au  royaume  de  Naples,  8c  il  étoit  déjà  majeur  lorsqu'il  3  fit  demander  par  son 
procureur,  au  parlement  de  la  Chandeleur  de  l'an  1278  (1274),  un  délai,  qui 
lui  fut  refusé,  pour  payer  à  Jeanne  de  Lévis,  sa  mère,  sa  dot  de  trois  mille 
livres  tournois  8c  son  douaire.  Laurette,  sa  sœur,  obtint  dans  le  même  parle- 
ment t|u'il  lui  délivreroit  la  part  qui  lui  appartenoit  de  l'hérédité  de  Philippe 
de  Montfort,  leur  père,  parce  qu'elle  avoit  atteint  l'âge  de  quinze  ans,  8c  que, 
suivant  la  coutume  de  France,  elle  pouvoit  gérer  ses  biens,  quoiqu'elle  n'eût 
pas  encore  vingt  Se  un  ans.  Il  est  décidé  dans  l'arrêt  que,  suivant  la  même 
coutume,  une  demoiselle  qui  étoit  entrée  dans  la  seizième  année  de  son  âge 
étoit  habile  à  gouverner  son  bien.  Nous  apprenons  d'ailleurs  que  les  enfans 
de  Philippe  II  de  Montfort,  seigneur  de  Castres,  partagèrent  également  sa 
succession.  Jean,  comte  de  Squillace,  son  fils  aîné  6-  son  héritier,  transigea, 
en  effef*,  le  20  de  février  de  l'an  1278  (1274),  tant  pour  lui-même  que  pour 
ses  cohéritiers,  à  Roquecourbe,  en  Albigeois,  avec  le  prévôt  8c  le  chapitre  de 

'  Defos,  Comté  de  Castres,  p.  i8  &  suiv.  [Cet  acte  ne  se  retrouve  pas  dans  les  Actes  Au  Par- 

■  Voyez  tome  VII,  f/ole  XLIV,  p.  123.  lement  de  Boutaric] 

'  Domaine  de  Montpellier  ;  sénéchaussée  de  Car-  'Archives    de    l'église  d'Albi.   —  [Cf.    tome  V, 

cassonne   en   général,   7"  continuation,    n.    8.  —  c.    i35o,  n.  118.] 


026  HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXVI. 

Au  1170         ' 

la  cathédrale  d'Albi,  touchant  la  justice  du  lieu  de  Caylus,  auprès  de  cette 
ville.  Jean  8c  ses  sœurs  avoient  hérité  alors  de  Simon,  leur  frère,  mort  sans 
enfans,  dans  la  Fouille,  au  royaume  de  Naples,  le  24  de  janvier'  précédent. 
On  apporta  le  corps  de  Simon  à  Castres,  où  il  fut  inhumé  dans  l'église  de 
Saint-Vincent,  aux  pieds  de  Philippe  II,  son  père.  Jeanne  de  Lévis,  veuve 
de  ce  dernier,  y  fut  inhumée  aussi  à  côté  de  lui,  après  sa  mort,  arrivée 
le  3o  de  mai  de  l'an  1284.  Quant  à  Jean  de  Montfort,  seigneur  de  Castres, 
il  mourut*  sans  enfans,  le  1"  de  décembre  de  l'an  i3oo,  81  Éléonore,  comtesse 
de  Vendôme,  sa  sœur,  recueillit  sa  succession.  Au  reste,  Philippe  I,  seigneur 
de  Tyr  8t.  auparavant  seigneur  de  Castres,  qui  s'étoit  fixé  dans  le  Levant  8<. 
s'y  étoit  remarié,  survécut  à  Philippe  II,  son  filsj  mais  il  étoit  déjà  mort 
en  1273.  Ses  enfans  du  second  lit  héritèrent  des  domaines  qu'il  possédoit 
dans  le  pays  d'outre-mer,  &  y  formèrent  une  branche  de  leur  maison. 

LXXXVI.  —  Les  peuples  de  la  sénéchaussée  de  Carcassonne  prêtent  serment 
de  fidélité  au  roi.  —  Assemblée  des  trois  états  de  cette  sénéchaussée. 

Le  roi  Philippe  IIP,  après  avoir  fait  voile  des  côtes  d'Afrique,  aborda  sur 
celles  de  Sicile,  le  22  de  novembre,  8c  passa  le  reste  de  l'année  dans  cette  île, 
ainsi  que  le  comte  Alfonse,  son  oncle,  8c  Jeanne  de  Toulouse,  femme  de  ce 
prince,  qui  l'y  avoient  suivi.  Cependant  les  régens  du  royaume  ayant  reçu 
les  ordres  du  roi  firent  rendre  hommage  8c  prêter  serment  de  fidélité  à  ce 
prince  par  les  peuples  8c  les  vassaux  de  la  couronne.  Guillaume  de  Cohar- 
don,  sénéchal  de  Carcassonne,  qui  étoit  alors  absent,  commit  à  sa  place  pour 
les  recevoir  ses  lieutenans,  qui  parcoururent  les  divers  cantons  du  pays;  ils 
se  transportèrent  entre  autres  à  Béziers,  où  ils  reçurenf*,  le  20  de  janvier  de 
A„  ijy,  l'an  1271,  l'hommage  de  Guillaume  d'Anduze  pour  le  château  d'Olargues, 
dans  le  Narbonnais,  8c  divers  domaines  d'Albigeois,  au  nom  de  Cavaiers,  sa 
femme,  fille  8c  héritière  de  Pons  d'Olargues,  chevalier.  Ils  reçurent  dans 
l'église  de  la  Madeleine  de  Béziers,  le  10  de  mai''  suivant,  le  serment  de 
fidélité  des  habitans  de  cette  ville,  nonobstant  l'opposition  de  l'official  de 
l'évêque.  Aymeri,  vicomte  de  Narbonne,  8c  Amalric,  son  frère,  prêtèrent  le 
même 6  serment  8c  firent  hommage  au  roi,  à  Carcassonne,  pour  leurs 
domaines,  le  22  de  ce  mois. 

'Martène,   Ampl'ustmci   coUccùo ,    t.   6,   c.   498  n.  ,T82j   original  delà    protestation  présenté!  au 

St  seq.  sénéchal  par  les  évêques  d'Agde  &  de  Béziers.  I 

"  Voyez  tome  VU,  Note  XLIV,  pp.   125,  126.  '  Domaine  de  Montpellier;  Béziers,  n.  5. 

'  Geita.  Philippi  III,  p.  525  &  seq.  «  Voyez    tome   Vlll,    Charles,    n.    CCCLXVII, 

*  Manuscrits  A'Aubays,  n.  :ji2.  —  Baliize,  Por-  ce.    itSô  à  ijSp. 
tefcuille  de  Languedoc. —  [Baluze,  Armoires, s .  392, 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXVI.  0:7   " 

'     '  An  1  27  1 

LXXXVII.  —  Nouvelle  assemblée  des  trois  états  de  la  sénéchaussée 

de  Carcassonne, 

Aymeri,  vicomte  de  Narbonne,  Si  son  frère  Amalric  assistèrent  à  une  assem-  éj.  origin. 
Liée  des  trois  états  de  la  sénéchaussée  de  Carcassonne,  qui  fut  tenue  dans 
cette  ville',  le  jeudi  après  la  Saint-Laurent  de  l'an  1271,  pour  délibérer  s'il 
étoit  à  propos  de  permettre  la  sortie  des  grains,  à  cause  de  la  mauvaise  récolte. 
L'assemblée  fut  composée  de  l'archevêque  de  Narbonne,  des  évêques  de 
Béziers,  Agde  &  Lodève,  de  l'évêque  élu  de  Carcassonne,  des  députés  des 
chapitres  de  ces  cathédrales  8c  de  celle  d'Albi,  de  dix-neuf  abbés  6-  leurs  cou- 
vens,  de  cinq  commandeurs,  du  prieur  de  Cassan,  &cc.,  pour  le  clergé} 
d'Aymeri ,  vicomte  de  Narbonne,  Amalric,  son  frère,  Isarn ,  Bertrand  8<. 
Amalric, //-srfj,  vicomtes  de  Lautrec,  8t  de  plusieurs  autres  seigneurs  pour  la 
noblesse  ;  $c  enfîn  des  consuls  8c  députés  de  Narbonne,  Carcassonne,  Béziers, 
Agde,  Lodève,  Albi,  Pézénas,  Sec,  pour  le  tiers  état.  On  conclut  à  défendre 
la  sortie  du  blé  jusqu'à  la  Saint-Jean  de  l'année  suivante,  excepté  pour  la 
ville  d'Acre,  dans  la  Terre-Sainte. 

LXXXVIH.  —  Mort  d'Alfonse  i-  de  la  comtesse  Jeanne,  sa  femme.  —  J,e  roi 
Philippe  111  unit  leurs  Etats  à  son  domaine. 

Le  roi  ^  Philippe  III  partit  de  l'île  de  Sicile,  au  mois  de  janvier  de 
l'an  1271,  arriva  à  Paris,  le  21  de  mai,  8c  se  fit  sacrer  à  Reims,  le  i5  d'août 
suivant.  Quant  à  Alfonse,  comte  de  Toulouse,  son  oncle,  8c  Jeanne,  feininc 
de  ce  prince,  ils  passèrent  tout  l'hiver  8c  au  moins  une  grande  partie  du 
printemps  suivant  en  Sicile,  où  ils  furent  peut-être  arrêtés  par  maladie. 
Alfonse  étoit  en  effet  encore  à  Messine,  la  veille  de  la  Pentecôte  (28  de  mai) 
de  l'an  1271,  Se  il  y  fit  alors  un  codicille-*  par  lequel  il  lègue  quarante  mille 
livres  tournois,  sur  la  portion  qui  lui  revenoit  de  la  somme  que  le  roi  de 
Tunis  avoit  donnée  au  roi,  son  neveu,  pour  entretenir  pendant  un  an  un 
certain  nombre  de  gens  d'armes  dans  la  Terre-Sainte.  Ceci  fait  voir  comljicn 
se  trompent  quelques  modernes"^  lorsqu'ils  avancent  qu'Altonse  accompagna 
le  roi   Philippe,  son   neveu,  en  Italie,  8c  qu'il  le  quitta  à  Viterbe,  dans  le 

■  Voyez    tome    VllI,    Chartes,    n.    CCCLXVIII,  i8  mars  (Lenain,  t,  5,  p.  loo),  on    ne  peut  sup- 

cc.    1739  à   1744'  poser  son  testament  du  i3  mai  écrit  à  Messine.  Le 

'  Gesta  Philippi  III.  texte  du    testament   porte   Meschines,  &  Lenain  se 

'  Trésor  des  chartes;  Testaments,  n.  5.  [Auj.  J.  demande   s'il   ne   faut   pas  entendre   par   là   Mus- 

^'6.]  ciano,  petite  ville  de  l'ancien  duché  de  Castro,  à 

*  La  Chaise,  Histoire  Je  saint  Louis,  1.  1:1,  n"'2i  neuf  milles   de   Corneto.   La   maladie   épidémique 

&   a3.  —  Cf.   Lenain  de  Tillemont,   t.  5,  p.  2c5,  qui   enleva  le  comte  &  la  comtesse  de  Toulouse,  & 

C'est  aussi  ce  que  laisse  entendre  le  texte  de  Guil-  qui  fit   périr  en    même   temps   la    plupart  de   leurs 

\aume  àt  Hangii  [Gesta  Philippi  1  II,  a^p.  Historiens  serviteurs,    paraît    être   le    typhus,    amené    comme 

Je  France,  t.  20,  p.  488.)  Si   on   admet  qu'Alfonse  toujours  par  des  fatigues  excessives  &  de  grandes 

.lit   accompagné  son   neveu,  qui  quitta  Viterbe  le  privations.  [A.  M.] 


"";; 0-8  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXVI. 

A  n  1 1 7 1         J 

dessein  de  prendre  la  route  du  Languedoc.  Alfonse  8<.  Jeanne  se  mirent 
cependant  en  mer,  Se  ayant  débarqué  en  Italie  '  ils  continuoient  leur  route 
par  terre  lorsqu'ils  furent  attaqués,  l'un  &  l'autre  avec  la  plupart  des  gens 
de  leur  suite,  d'une  violente  maladie,  au  château  de  Corneto,  sur  les  confins 
de  la  Toscane  Si  de  l'état  de  Gênes.  Ils  se  firent  transporter  à  Savone,  Se,  se 
voyant  sans  espérance  de  guérison,  Altonse  fit  un  testament  ou  codicille  par 
lequel  il  choisit  sa  sépulture  parmi  ses  ancêtres,  dans  l'abbaye  de  Saint-Denis, 
où  il  fonda  un  aniversaire.  Ce  prince  mourut,  le  vendredi  dans  l'octave  de 
l'Assomption,  21  août  de  l'an  1271,  8c  la  comtesse  Jeanne,  sa  femme,  le 
mardi  suivant. 

Telles  sont  les  circonstances  de  leur  mort  rapportées  par  un  atiteur  contem- 
porain*; elles  sont  décrites  un  peu  différemment  par  un  historien  génois 
qui  vivoit  alors  &  qui  pouvoit  avoir  été  témoin  oculaire.  <(  La  même  année 
«  1271,  dit  cet  historien  3,  Alfonse,  comte  de  Poitiers  8c  de  Toulouse,  frère 
«  du  roi  de  France,  étant  à  Naples  Si  voulant  retourner  dans  son  pays,  s'em- 
«  barqua  sur  des  galères  avec  sa  femme,  fille  Si  héritière  du  comte  de  Tou- 
ci  louse.  Il  passa  sur  nos  côtes  sans  vouloir  entrer  à  Gênes  81  débarqua  dans 
(c  la  place  (ou  faubourg)  de  Saint-Pierre  d'Aréna  j  comme  il  étoit  fort  mal  il 
«  y  mourut.  Les  chevaliers  qui  étoient  à  sa  suite  inhumèrent  dans  la  cathé- 
«  drale  de  Gênes  ses  chairs  8c  ses  intestins  8c,  après  y  avoir  célébré  ses  obsè- 
«  ques,  ils  apportèrent  ses  os  en  France.  Sa  femme  décéda,  le  jour  suivant, 
«  de  mort  subite;  en  sorte  que  plusieurs  disoient  qu'elle  avoit  été  empoi- 
«  sonnée.  »  On  porta  les  ossemens  du  comte  Alfonse  dans  l'église  de  Saint- 
Denis  où  ils"^  turent  inhumés,  peu  de  temps  après  les  obsèques  du  feu  roi 
Louis,  son  frère.  Son  cœur  fut  mis  dans  l'abbaye  de  Maubuisson.  Quant  à 
la  comtesse  Jeanne  de  Toulouse,  sa  femme,  elle  fut  enterrée  dans  l'abbaye 
de  Gercy,  en  Brie,  au  diocèse  de  Paris,  où  elle  avoit  choisi  sa  sépulture  Se 
qu'elle  avoit  fondée  au  mois  d'août-"'  de  l'an  1269,  avec  le  comte,  son  mari, 
pour  quarante  religieuses.  On  y  voit  encore,  au  milieu  du  chœur,  son  tom- 
beau Se  son  épitaphe  où  il  est  marqué  qu'elle  mourut'^  le  jour  de  l'Assomp- 
tion. Ce  tombeau  est  de  pierre  ;  elle  y  est  représentée  en  bosse,  enveloppée 
d'un  grand  manteau  avec  une  guimpe,  la  tête  couverte  d'un  voile  8c  portant 
par  dessus  une  couronne  qui  approche  fort  de  celle  des  reines  de  France. 

Ainsi  moururent,  à  l'âge  de  cinquante  Si  un  ans,  Alfonse,  comte  de  Poi- 
tiers, 81  Jeanne,  comtesse  de  Toulouse,  sans  laisser  postérité.  Par  leur  mort, 

ÉJ.orinin.      Philippe  III,  roi  de  France,  recueillit  toute   leur  succession.  Il   est  vrai   que 
t.  Ul.p.  5^3.     ,  ''         .'  '  ,.  .    ,  ,  .        ,  .    ,  ' 

Jeanne  avoit,  par  son  testament,  dispose  de  ses  domaines',  excepte  du  comté 

■  Geitci  Philippl  III.  —  Guillaume  de   Piiyhui-  i855-i856,  t.  3,   pp.  496,  49^)1  ^''  qu'AIfonse  8c 

rens,  édit.  de  Catel,  ch.  ôi.  —  Manuscrits  de  Ba-  sa  femme  moururent  à  Savona.] 
lu'^e,  n.  261.  [Au),  lat.  5212.]  ■•  Gesta   Philippi  III.  —  Guillaume  de  Puylau- 

'  Guillaume  de  Puylaiirens,  ut  supra.  rens. 

'  Caffaro,   Annales    Genuenses,   dans  Muratori,  '  Gallia  Christiana,  t.  4,  p.  48.5. 

SS.  rer.  Ital.  t.  6,  c.  553.  [Une  chronique  italienne  ^  Montfaucon,  Monuments  de  la  monarchie  fran- 

du  treizième  siècle,  publiée  par  HuiUard  BréhoUes  foi'se,  t.  2,  p.   120. 
{Bulletin    du    comité  de  la   langue  &  de  iJùstoire,  '  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  CCCLXI,  c.  1 700. 


H  ISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXVL  T'9~l 

'     '     An  1271 

de  Toulouse,  qui  devoit  appartenir  à  nos  rois,  conformément  au  traité  de 
Paris,  de  l'an  12295  mais  cette  disposition  n'eut  pas  lieu.  Philippe  se  mit  en 
possession,  en  vertu  du  même  traité,  de  tous  les  pays  dont  Jeanne  avoit 
hérité  du  feu  comte  Raimond,  son  père;  en  sorte  que  Philippe  de  Lomagne, 
héritière  de  cette  princesse,  avant  fait  demander  au  parlement,  par  le  minis- 
tère du  comte  de  Saint-Paul,  son  tuteur,  d'être  reçue  à  foi  &c  hommage  pour 
les  domaines  de  cette  succession,  elle  fut  déhoutée  de  sa  demande  par  un  arrêt 
de  l'an  1274.  Nos  rois  ne  réunirent  toutefois  le  comté  de  Toulouse  à  la  cou- 
ronne qu'en  i36i.  Philippe  III,  de  même  que  ses  successeurs,  gouvernèrent 
jusqu'alors  les  différens  pays  dont  ils  avoient  hérité  par  la  mort  de  Jeanne, 
en  qualité  de  successeurs  des  comtes  de  Toulouse,  comme  comtes  particuliers 
de  cette  ville,  &  comme  si  tous  ces  pays  eussent  composé  un  domaine  qui 
leur  étoit  propre  St  particulier.  C'est  ce  qu'on  voit',  entre  autres  dans  la 
confirmation  d'une  charte  de  Raimond  le  Jeune,  par  le  roi  Philippe  le  Bel, 
en  1 2g3  ^. 

Alfonse,  comte  de  Poitiers  Se  de  Toulouse,  fut  un  prince  débonnaire, 
chaste,  pieux,  aumônier,  juste  S<  équitable;  il  ne  manquoit  d'ailleurs  ni  de 
valeur,  ni  de  fermeté.  Il  marcha  sur  les  traces  du  roi,  son  frère,  dans  la  pra- 
tique des  vertus  chrétiennes,  S<.  il  paroît  que  la  comtesse,  sa  femme,  étoit 
d'un  caractère  à  peu  près  semblable.  Les  périls  auxquels  elle  s'exposa  dans 
les  deux  voyages  d'outre-mer  qu'elle  entreprit  avec  son  mari  font  voir  qu'elle 
avoit  du  courage  &  un  fort  attachement  pour  ce  prince,  lis  firent  l'un  £<. 
l'autre  des  charités  immenses,  soit  pendant  leur^  vie,  soit  par  leurs  dernières 
dispositions,  surtout  en  faveur  des  communautés  religieuses  £<.  des  hôpitaux. 
On  peut  juger  jusqu'où  alloienl  leurs  aumônes  annuelles  par  un  mémoire 
qui  nous  reste,  où  iM  est  marqué  qu'ils  distribuèrent  les  seuls  jours  du  lundi 
&.  du  mardi  de  la  semaine  sainte  de  l'an  1267,  huit  cent  quatre-vingt-quinze 
livres  tournois,  somme  alors  très-considérable.  En  effet,  tous  leurs  revenus 
joints  ensemble  n'alloient  en  1207,  qu'à  quarante-cinq  mille  livres  tournois' 
ou  environ.  Trois  ans  après  ils  étoient  augmentés  de  sept  à  huit  mille  livres. 
Les  trois  cinquièmes  de  ces  revenus  ou  environ  provenoient  des  domaines  de 

'  Voyez  tome  VIII,  Charte;,  n.  CXXIII,  c.  697.  '  Cartulaire  du  comte  Alfonse.  [JJ.  24  n,  pas- 

'  Plus    heureux   que   celui    de   Jeanne,   le    testa-  51m.]  —  Catel,  Histoire  Jes  comtes  de  Toîose,  p.  3ni 

ment  d'Alfonse   fut   exécuté   fidèlement.  Le  Trésor  S<  suiv.  ^  'i<)^;  Mémoires  Je  l'histoire  Ju  /^an^ucdoc, 

des  chartes  contient  nombre  d'actes  de  Philippe  III  p.  240  8c  suiv. 

pour  le  payement  des  legs  qu'il  y  stipulait.  Ainsi,  ■*  Trésor  des  chartes;  Toulouse,  sac  8,  n.  4a.  IJ 

en    janvier  1  276,  ce  prince  donne   à  un  serviteur  JtJ-]  —  D'après  les  calculs  de  M.  de  Wailly    cette 

de  son  oncle,  Geoffroi  Alaman,  8<.  à  ses  hoirs,  une  somme    équivaut   à    seize    mille   quatre-vinet-cina 

rente   perpétuelle  de  quarante  sous   (Orig.  J.  3o^,  francs  de   nos  jours   &  une  fraction.  Du    reste    le 

n.    3o)  ;     en    juillet     1273,    les    exécuteurs    testa-  tableau  des  aumônes  annuelles  d'Alfonse    notam- 

mentaires  d'Alfonse  délivrent   à  Philippe   III  une  ment  en   1269,  année  où,  à  la  vérité    il  se  préoa- 

somme    de   quar.mte   mille    livres,   à   prendre    sur  rait    à    la    croisade,    donne   des    chiffres    beaucoup 

l'argent    légué    par   le    comte    in    suhsidium    Terre  plus  élevés.  M.  Boutaric  l'a  dressé  dans   son   his- 

Sancte,  à  condition   pour  le   roi    de  l'employer  au  .  toire  d'Alfonse,  8c  on  vcit  que  chaque  année  plu- 

inéme    usage.   (J.    3o3,   n.    29;   original.)   On   peut  sien"  milliers  de  livres  tournois  éinient  consacrées 

encore  voir  d'autres  pièces   ayant   le   même    objet  par  ce  prince  à  des  usagei  pieux.    lA.  M  1 

dans  J.  307,  n»"  3j,  36.  [A.  M.]  '•  To;r.e  Vm,  Chartes,  n.  CCXCII,  c.  1  278  &  suiv 

VI.  .9 


An 


1271 


g3c 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXVI, 


la  comtesse  &  le  reste  de  ceux  du  comte.  Ce  prince  employa,  en  1260,  vingt 
mille  livres  pour  la  dépense  de  son  hôtel.  Celle  de  l'hôtel  de  la  comtesse 
monta  cette  année  à  peu  près  à  huit  mille  livres,  &.  à  proportion  les  années 
précédentes  8<  les  suivantes  '. 

Les  domaines  de  cette  princesse  comprenoient  dans  le  temps  de  sa  mort  ; 
1°  Le  comté  de  Toulouse,  qui  renfermoit  presque  toute  la  province  ecclé- 
siastique de  ce  nom,  11  étoit  partagé^  en  dix-sept  bailliages  &  gouverné  par 
un  sénéchal,  2"  Le  Rouergue,  divisé  en  sept  bailliages  &  gouverné  aussi  par 
un  sénéchal.  3°  La  partie  de  l'Albigeois  située  à  la  droite  du  Tarn,  composée 
de  sept  bailliages,  soumise  d'abord  à  la  juridiction  du  sénéchal  de  Rouergue 
&  ensuite  de  celui  de  Toulouse,  dont  ce  pays  dépend  encore  aujourd'hui. 
4°  L'Agenois  divisé  en  douze  bailliages  &  régi  par  un  sénéchal  qui  étendoit 
son  autorité  sur  le  Querci.  5°  Ce  dernier  pays,  partagé  en  douze  autres 
bailliages.  6"  Enfin  le  pays  Venaissin,  ou  marquisat  de  Provence,  composé 
de  douze  bailliages  8<.  gouverné  par  un  sénéchal  particulier''.  Quant  aux 
domaines  d'Alfonse  ils  consistoient  dans  le  Poitou,  l'Auvergne,  une  partie  de 
la  Saintonge  &  le  pays  d'Aunis. 

Ce  prince  &  la  comtesse,  sa  femme,  firent"*  des  acquisitions  considérables 
S<.  augmentèrent  considérablement  leur  domaine  immédiat  dans  le  Toulou- 
sain, l'Agenois,  le  Querci,  le  Rouergue,  l'Albigeois  &.  le  Venaissin  :  ils  y 
firent  construire  plusieurs  nouvelles  villes  qu'on  appella  Bastides,  savoir  : 
dans  le  Toulousain,  celles  de  Villefranche,  de  Calmont,  de  Salles,  de  Fous- 
seret,  de  Gimont,  de  Cordes,  &.c.  ;  dans  le  Pvouergue,  Villefranche  8c  Ver- 
feil;  en  Agenois,  la  Bastide  de  Sainte-Foy,  S<.c.  Ils  dépensèrent  trois  mille 
livres  tournois  pour  faire  réparer  les  murs  du  château  Narbonnois  de  Tou- 


■  Boiitaric,  djins  son  livre  sur  Alfonse  de  Poi- 
tiers, donne  des  chiffres  beaucoup  plus  exacts,  que 
nous  allons  lui  emprunter.  Il  divise  les  recettes  en 
recettes  fixes  &  recettes  variables,  les  premières 
comprennent  les  revenus  réguliers  &  constants 
des  bailies,  des  fermes,  &c.  ;  les  autres,  les  amen- 
des, les  confiscations,  les  droits  de  mutation,  de 
monnayage,  &c.  En  12.I8  les  premières,  déduction 
faite  des  dépenses  d'administration  locale,  mon- 
tèrent à  trente  &  un  mille  quatre  cent  soixante- 
huit  livres,  valant  deux  millions  huit  cent 
vingt-sept  mille  francs  de  nos  jours;  un  autre 
compte  fait  monter  les  recettes  totales  à  qua- 
rante-trois mille  six  cent  trente-sept  livres,  soit 
trois  millions  neuf  cent  vingt  &  un  mille  francs. 
Revenu  fort  respectable,  si  l'on  songe  que  sur  cette 
somme  Alfonse  n'avait  à  payer  que  les  dépenses 
d'entfetien  de  sa  maison  &  de  celle  de  sa  femme. 
—  Comme  le  dit  dom  Vaissete,  ces  recettes  allèrent 
toujours  en  augmentant,  &  les  frais  des  expédi- 
tions d'outre-mer  furent  couverts  au  moyen  de 
ressources  extraordinaires,  tels  que  fouage,  aliéna- 
tion de  domaines,  vente  de  biens  aux  communau- 
tés, &c.  —  Quant  aux  dépenses  de  l'hôtel  &  de 


l'administration  centrale,  Bouta  rie  en  donne  aussi 
le  relevé;  elles  varient  d'année  à  année,  entre 
vingt-huit  &  trente  mille  livres,  &  quarante-cinq 
&  même  cinquante  mille.  Mais  grâce  à  la  bonne 
administration    du   comte,   il   y   eut    toujours   des 


excédants  qui  aboutirent,  en  1270,  a  la  somme 
énorme  de  trois  cent  quatre-vingt-cinq  mille  li- 
vres, près  de  trente-quatre  millions,  réserve  que 
l'expédition  de  Tunis  dut   épuiser  complètement. 

[A.  M.] 

'  Tome  VIII,  Chartes,  n.  XCII,  c.  1278  &  suiv. 

'  Cf.  Boutaric,  p.  1  75  &  suiv.  ;  il  donne  la  liste 
des  bailies  par  sénéchaussées;  en  Agenais,  il  en 
compte  douze,  y  compris  celles  d'outre-Garonne 
&  de  Marmandej  en  Querci,  seize,  y  compris 
celle  d'outre-Lot;  en  Rouergue,  huit;  la  siné- 
chaussée  d'Albigeois  &  de  Toulouse  comprenait 
dix-neuf  bailies  ;  le  pays  \'enai5sin,  neuf.  Remar- 
quons d'ailleurs  que  le  nombre  des  bailies  varia 
d'année  en  année,  &  que  souvent  un  seul  acqué- 
reur prit  à  ferme  plusieurs  de  ces  circonscriptions 
administratives.    [A.    M.] 

*  Voyez  tome  N'III,  Chartes,  n.  CCCLXVII, 
ce,   I  732  à   I  ■j'.ii). 


An 


1271 


t.  III,  r-  iiA- 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXVI.  981 

louse,  ancien  palais  des  comtes  de  cette  ville,  &  ils  y  firent  édifier  une  tour. 
Enfin  on  remarque  que,  pendant  seize  ans,  Alfonse  dépensa  vingt  mille  i-j.oripin. 
livres  pour  les  frais  de  l'inquisition,  qu'il  avoit  fort  à  cœur.  Aussi  sous  son 
gouvernement  aucun  hérétique  n'osa  se  montrer  publiquement  dans  le  pays, 
8c  les  restes  de  ceux  qui  y  avoient  excité  tant  de  troubles  sous  les  comtes  de 
Toulouse,  ses  prédécesseurs,  dont  il  fut  le  dernier,  ne  trouvèrent  de  sûreté 
que  par  la  fuite;  en  sorte  qu'à  sa  mort  la  Province  avoit  entièrement  repris 
son  ancien  lustre  &.  sa  première  tranquillité.  Ces  troubles  y  introduisirent 
cependant  divers  usages  S<.  coutumes,  &  y  opérèrent  un  changement  total 
dans  le  gouvernement;  sur  quoi  nous  allons  faire  quelcjues  courtes  obser- 
vations. 

LXXXIX.  —  Mœurs  &  coutumes  des  peuples  durant  le  treizième  siècle. 

Religion.  —  Clergé. 

Lorsque  les  hérétiques  renouvelèrent  dans  le  pays  leurs  erreurs  à  la  fin 
du  douzième  siècle,  l'un  &  l'autre  clergé  étoit  également  tombé,  comme  dans 
le  reste  du  royaume,  dans  un  grand  relâchement.  La  vie  licencieuse  des 
ecclésiastiques  servit  de  prétexte  aux  sectaires  pour  les  décrier,  &  comme  ces 
derniers  affectoient  un  air  de  piété  S<  de  réforme,  ils  séduisirent  plus  aisé- 
ment les  peuples.  Les  fréquens  conciles  qui  furent  tenus  ensuite  dans  le 
pays  dressèrent  divers  canons  pour  le  rétablissement  de  la  discipline  sécu- 
lière Se  régulière;  &.  le  concile  de  Latran,  tenu  en  I2i5,  ordonna',  par  rap- 
port à  cette  dernière,  que  les  abbés  &  les  prieurs  des  moines  d»  chaque  pro- 
vince ecclésiastique  s'assembleroient  tous  les  trois  ans  en  chapitre  général,  &c 
travailleroient  à  se  réformer.  En  conséquence  les  abbés  ou  les  prieurs  de  tous 
les  monastères  de  l'ordre  de  Saint-Benoît  de  la  province  de  Narbonne  tinrent 
une  assemblée  générale  à  Saint-Thibéry  ^,  en  1226,  &c  y  firent  divers  statuts 
de  réforme  qui  furent  confirmés  par  le  pape. 

Les  différens  ordres  religieux  ([ui  furent  institués  dans  l'Eglise  au  trei- 
zième siècle  Se  qui  s'établirent  dans  la  Province,  comme  les  frères  prêcheurs 
8c  mineurs,  les  religieux  de  la  Trinité  Se  ceux  de  la  Merci  pour  la  rédemp- 
tion des  captifs,  les  carmes,  les  augustins.  Sec,  contribuèrent  beaucoup,  par 
la  ferveur  dont  les  premiers  instituteurs  étoient  animés,  à  y  faire  refleurir  la 
religion  Se  à  y  réparer  les  brèches  que  l'hérésie  avoit  causées.  Les  soins  que 
se  donnèrent  les  premiers  inquisiteurs  aidèrent  à  déraciner  les  vices  8e  à  cul- 
tiver la  piété;  mais  on  ne  sauroit  disconvenir  que  leur  zèle  n'ait  eu  d'abord 
quelque  chose  de  trop  amer;  en  sorte  qu'il  fallut  que  les  deux  puissances  se 
joignissent  pour  régler  leurs  procédures  Se  mettre  de  justes  bornes  à  leur  trop 
grande  autorité. 

Les  évêques  Se  les  autres  prélats  firent  valoir  extrêmement  la  leur  dans  ce 

'  Concilium  Lateranense,  can.    12  ;   le  P.  Labbe,  '  D'Achéry,  Spicilegium,  t.  6,  p,  3o  &  scq. 

t.   I  3,  ce.  947-fjo. 


An  I  271 


932  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXVI. 

siècle  Se  furent  fort  attentifs  à  conserver  Se  à  augmenter  les  privilèges  Se  le 
domaine  temporel  de  leurs  églises.  Ils  emi5lo}èrent  surtout  très-communé- 
ment les  censures  contre  ceux  qu'ils  croyoient  y  donner  atteinte,  Se  firent 
un  usage  si  fréquent  de  l'excommunication,  qu'il  dégénéra  en  abus,  Se  que 
les  papes,  quoiqu'ils  s'en  servissent  eux-mêmes  assez  souvent,  se  crurent 
obligés  d'y  mettre  ordre.  Dans  certains  diocèses.  Se  en  particulier'  dans  celui 
de  Maguelonne,  on  mettoit  une  bière  devant  la  jiorte  de  celui  que  l'évêque 
avoit  frappé  d'anathème,  Se  on  jetoit  des  pierres  contre  sa  maison  pour 
inspirer  plus  de  terreur  au  peuple^.  D'un  autre  côté  les  officiers  du  roi  Se  des 
grands  vassaux  n'eurent  pas  toujours  pour  la  juridiction  des  évêques  tous  les 
égards  que  ceux-ci  prétendoient  leur  être  dus.  Se  cela  causa  quelquefois  des 
disputes  assez  vives  entre  les  deux  puissances.  Les  ecclésiastiques  ne  man- 
quoient  pas  dans  ces  occasions  d'avoir  recours  au  pape.  Se  on  voit  entre 
autres  une  lettre  de  Grégoire  IX-'  au  roi  saint  Louis,  pour  se  plaindre  de  ce 
que  les  habitans  du  Puy  citoient  au  tribunal  de  ce  prince  les  chanoines  de 
la  cathédrale  contre  les  privilèges  des  ecclésiastiques  qui  ne  pouvoient  être 
assignés  que  devant  un  juge  d'église.  Or,  le  privilège  clérical  étoit  alors  tort 
étendu,  puisque  les  clercs,  même  mariés,  en  jouissoient.  Au  reste  les  curés 
n'avoient  pas  la  liberté  de  disposer  par  leur  testament  de  leurs  ettets  mobi- 
liaires,  ainsi  qu'il  paroît  par  une  requête"^  présentée,  en  1278,  à  Bernard, 
évêque  d'Albi,  par  ceux  de  son  diocèse  qui  lui  en  demandèrent  la  permission. 
On  peut  avoir  remarqué  que  l'usage  s'étoit  conservé  parmi  les  gens  de  con- 
dition, durant  le  même  siècle,  de  fixer  la  destinée  de  leurs  enfans  par  leurs 
dernières  dispositions.  Se  d'ordonner,  à  ceux  qu'ils  jugeoient  à  propos,  d'em- 
brasser l'état  ecclésiastique  ou  religieux,  avec  une  certaine  somme  qu'ils  leur 
léguoient.  On  continua  aussi  de  se  donner  à  la  fin  de  ses  jours  pouv/rère  ou 
j-œwr  dans  quelque  communauté,  de  se  faire  revêtir  avant  la  mort  de  l'habit 
religieux  Se  de  se  faire  inhumer  avec  cet  habit. 


t.  ni.  p  .sj5. 


't)' 


XC.  —  Autorité  du  roi  dans  la  Province  iS*  des  grands  vassaux. 

Avant  l'hérésie  des  albigeois  Se  la  guerre  qui  en  fut  la  suite  les  comtes  de 
Toulouse  dominoient  presque  sur  toute  la  Province,  Se  les  grands  vassaux  y 
jouissoient  paisiblement  des  domaines  Se  des  droits  que  leurs  ancêtres  leur 
avoient  transmis,  sans  que  nos  rois  se  mêlassent  que  très-peu  de  leurs  affaires. 
Depuis  que  les  croisés  eurent  pénétré  dans  le  pays.  Se  que  le  fameux  Simon 
de  Montfort  y  eut  établi  sa  domination,  nos  rois  furent  plus  attentifs  à  y 
faire  valoir  leur  autorité,  Se  ils  réunirent  enfin  à  leur  domaine  près  des 
deux  tiers  de  la  Province,  soit   par  la   cession  (ju'Anuuni,  fils  de  Simon,  fit 

'  \'oyez  tome  VIII,  Ch.irtes,  n.  CXCIX,  c.  çiS.  la  seule  fois  que  l'usage  ,-ibusif  de  rexcomrniinica- 

'  Cf.  plus  haut,  p.  S43,   ou  nous   faisons   Ihis-  tioii  excita  le:  plaintes  des  officiers  lOyaux.  [A.  M.] 

loire  des  querelles  que  cette  affaire  fit  naître  entre  ^  Archives  de  l'église  du  Puy. 

les  évêques  du   Languedoc   &  le   sénéchal  de  Car-  ^  Archives   de    l'église    d'Albi.    —    [Cf.    tome  V, 

cassonne,  Pierre  d'Auteuil.  Ce  ne  fut  pas  d'uilK-urs  c.   i352,  n.   12.'.] 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.   LIV.  XXVI.  ()33 

en  1226,  à  Louis  VIII,  soit  plus  légitimement  par  le  traité  conclu  à  Paris, 
en  1229,  entre  saint  Louis  &  Pvaimond  VII,  comte  de  Toulouse.  Cette  réu- 
nion diminua  beaucoup  de  l'étendue  du  domaine  de  ce  comte;  mais  elle  ne 
l'empêcha  pas  d'user  encore  d'un  grand  pouvoir  dans  les  pays  qui  lui  res- 
tèrent. Aussi  Raimond  eut-il,  de  même  cjue  les  comtes  de  Toulouse,  ses  pré- 
décesseurs, des  otliciers  ik  une  maison  '  de  prince.  Il  exerça  comme  eux  une 
pleine  Se  entière  juridiction  sur  tous  ses  sujets,  S<.  on  a  vu  que  le  comte 
Alfonse,  son  successeur,  avoit  un  parlement  dans  lequel  il  jugeoit  en  dernier 
ressort  toutes  les  causes  qui  \-  étoient  portées  des  divers  pays  soumis  à  sa 
domination  Se  à  celle  de  la  comtesse,  sa  temme.  Se  qu'il  jouit  des  droits  réga- 
liens^ dans  toute  leur  étendue-^. 

Les  principaux  vassaux  de  la  Province,  qui  avoicnt  leurs  domaines  situés 
dans  la  partie  que  les  rois  Louis  VllI  S<.  Louis  IX  réunirent  à  la  couronne, 
tels  que  les  vicomtes  de  Narbonne  Se  de  Lautrec,  les  seigneurs  d'Uzès,  de 
Lunel,  Sec,  conservèrent  aussi  leurs  anciens  droits,  sous  l'autorité  de  ces 
princes,  dont  ils  devinrent  vassaux  immédiats  par  cette  réunion  ;  au  lieu 
c[u'étant  soumis  auparavant  aux  comtes  de  Toulouse,  du  moins  pour  une 
partie  de  leurs  terres,  ils  n'étoient  qu'arrière-vassaux  de  la  couronne.  D'autres, 
comme  le  comte  de  Foix,  profitèrent  des  troubles,  que  la  guerre  qui  se 
renouvela  dans  le  pays  y  causa,  pour  se  soustraire  à  la  domination  des  comtes 
de  Toulouse  Se  se  soumettre  immédiatement  à  celle  de  nos  rois.  Enfin  quel- 
ques évoques  ou  autres  seigneurs  ecclésiastiques  prirent  occasion  de  ces  désor- 
dres pour  accroître  leur  puissance  temporelle  Se  étendre  le  domaine  de  leurs 
églises,  Se  il  faut  convenir  que  si  un  pur  zèle  de  religion  anima  quelques- 
uns  de  ces  prélats  contre  les  comtes  de  Toulouse  Se  leurs  associés,  l'intérêt 
personnel  porta  la  plupart  des  autres  à  les  poursuivre  sans  miséricorde,  sous 
le  spécieux  prétexte  qu'ils  favorisoient  les  hérétiques. 

XCI.  —  Justice,  sénéchaux,  viguiers,  baillis,  i-c. 

On  a  remarqué  que  les  rois  Louis  VIII  Se  Louis  IX,  après  avoir  réuni  à 
leur  domaine  une  grande  partie  de  la  Province,  la  partagèrent  en  deux  séné- 
chaussées royales  de  Beaucaire  Se  de  Carcassonne,  Se  on  a  parlé  des  limites 
qu'ils  assignèrent  à  chacune.  Ces  princes  les  firent  gouverner  par  des  séné- 
chaux qu'ils  choisirent  parmi  les  chevaliers  les  plus  distingués  dans  la  noblesse 
du  royaume.  La  principale  fonction  de  ces  officiers  étoit  de  rendre  la  justice 
Se  de  présider  au  tribunal  de  la  sénéchaussée,  composé  de  divers  juriscon- 
sultes, qui  étoient  leurs  juges  ou  lieutenans,  Se  des  principaux  seigneurs 
du  pays,  qu'ils  appeloient  ordinairement  aux  assises  Se  qui  leur  servoient 
d'assesseurs.  C'est  de  quoi  on  trouve  diverses  preuves '*,  surtout  pour  la  séné- 

■  Voyez  tome  VII,  Note  XLV,  p.    129  &  suiv.  tous  les  droits  régaliens  possédés  p.nr  les  îiiitres  b.i- 

*  Clément  IV,  Epist.  543.  rons  du  royaume.  (Cf.  tome  VIII,  c.  888.)  [A.  M.) 

'C'était  une  clause   spéciale  du   traité  de  Paris  *  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  CCCXIII, ce.  1  jyij, 

qui  avait  réservé  à  Raiinond  VII  le  droit  d'exercer  i38o,  &  n.  CCCLXIII,  ce.   ryoâ,   1706. 


An   1171 


An  1; 


■  934  HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXVI. 

chaussée  de  Caicassonne.  Ces  sénéchaux  commandoient  de  plus  la  noblesse 
du  pays,  lorsqu'elle  maichoit  au  service  du  roi  ou  qu'elle  s'assembloit  pour 
quelque  autre  raison,  S<.  ils  avoient  aussi  la  principale'  administration  ou 
l'intendance  du  domaine  du  prince  &  de  tous  les  subsides  qui  se  ievoient 
dans  leur  district,  dont  ils  étoient  regardés  comme  les  gouverneurs.  Ainsi 
leur  autorité  y  fut  très-grande  dans  le  treizième  siècle,  parce  que  nos  rois 
n'envoyèrent  dans  le  pays  des  gouverneurs  ou  lieutenans  généraux  que  dans 
quelques  cas  particuliers.  Ces  sénéchaux  étoient  cependant  soumis  aux  réfor- 
mateurs^ ou  commissaires  que  nos  rois  envoyèrent  de  temps  en  temps  sur  les 
lieux  pour  examiner  la  conduite  des  officiers  royaux  8c  recevoir  les  plaintes 
que  les  peuples  avoient  à  faire  contre  eux. 

Les  sénéchaux,  nommés  haillis  supérieurs,  avoient  sous  eux  d'autres  offi- 
ciers qui  leur  étoient  subordonnés^,  comme  les  viguiers  &  autres  juges  qu'on 
désignoit  sous  le  nom  général  de  haillis  inférieurs.  Les  viguiers,  dont  l'ori- 
gine  est  beaucoup   plus  ancienne  que  celle  des   sénéchaux,  &  qui   étoient 
Kd.  origiii.     aunaravant  les  vicaires  des  comtes  Se  des  vicomtes  pour  l'administration  de  la 

t.  111,  p.  :>2b,  1  ^  ... 

•  justice,  continuèrent  d'exercer  dans  un  certain  district,  qu'on  appela  viguerie, 
sous  l'autorité  des  sénéchaux,  les  mêmes  fonctions  que  ceux-ci.  Les  comtes 
Si  les  vicomtes  avoient  inféodé  anciennement  la  plupart  de  ces  vigueries 
qui,  ayant  été  ainsi  érigées  en  fiefs,  devinrent  héréditaires.  Il  en  restoit  encore 
quelques-unes  de  cette  espèce  dans  la  Province,  sous  le  règne  de  saint  Louis. 
Nous  avons,  en  effet,  un  hommage'*  rendu  à  ce  prince,  en  I236,  par  Guil- 
laume Raimundi,  vîguier  perpétuel  de  Sauve,  entre  les  mains  d'un  commis- 
saire député  par  le  sénéchal  de  Beaucaire.  On  voit  dans  cet  hommage  que  les 
droits  £<.  les  prérogatives  des  viguiers  consistoient  à  convoquer  Si  à  com- 
mander les  troupes  de  la  viguerie  pour  les  chevauchées  5  à  se  saisir  de  la  per- 
sonne des  malfaiteurs;  à  veiller  à  |la  sûreté  du  pays 5  à  prendre  la  garde  des 
châteaux  lorsque  les  seigneurs  en  faisoient  hommage  au  roi  ;  à  recevoir  les 
revenus  des  fermes  du  roi  5  à  exercer  la  justice  civile  Si  criminelle;  mais, 
comme  plusieurs  de  ceux  qui  possédoient  les  vigueries  inféodées  n'étoient  ]ias 
en  état  de  remplir  ces  fonctions  Si  qu'ils  se  contentoient  de  jouir  des  domaines 
attachés  k  leur  dignité,  les  comtes  81  les  vicomtes  nommèrent  dans  la  suite 
d'autres  viguiers  amovibles  pour  rendre  la  justice  en  leur  nom,  en  qualité 
de  leurs  lieutenans. 

Il  y  avoit  dans  la  Province  divers  baillis  subordonnés  aux  sénéchaux.  Les 
vins  étendoient  leur  juridiction  dans  une  grande  étendue  de  pays,  comme 
ceux,  du  Vivarais,  du  Gévaudan,  du  Vêlai,  du  pays  de  Sault,  Sic,  Si  rem- 
plissoient  dans  leur  district  les  mêmes  fonctions  que  les  viguiers.  Les  autres, 
qu'on  appeloit  aussi  prévôts,  n'avoient  qu'un  petit  territoire  où  ils  rendoient 
la  justice-'  Si  percevoient  les  revenus  du  prince  sous  l'autorité  du  sénéchal, 

■  Voyez   tome  VIII,   Charles,   n,   CCLXXVIII,  ^  Catal,  Histoire  Jes  comtes  de  Tolose,  p.  36. 

ce.   1235,  1236.  '  Voyez    tome    VUI,    Chartes,    n.    CLXXXIV, 

'  Ihid.  n.  CCCV,  c.  i32j  &  suiv.  c.  883,  &  CCCV,  ce.  1327,  i328. 
'  Laiirière,  Ordonnances,  t.   I ,  p.  éï  8<  siiiv. 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXVI,  q35   

'  An  I  271 

qui  mettoit  tous  les  ans  '  les  simples  bailliages  de  sa  sénéchaussée  à  l'enchère, 
&  les  adjugeoit  au  plus  othant,  en  sorte  que  celui  auquel  un  bailliage  étoit 
adjugé  prenoit  à  ferme  les  droits  du  domaine  du  roi  dans  l'étendue  de  son 
bailliage,  £<  avoit  soin  de  les  lever  ou  de  les  iaire  lever,  8<  administroit  la 
justice  dans  le  canton.  Les  obligations  de  ces  baillis  ou  prévôts  sont  mar- 
quées dans  une  ordonnance^  qu'Altonse,  comte  de  Toulouse  S<  de  Poitiers, 
rendit  au  milieu  du  treizième  siècle,  par  rapport  à  ses  domaines,  8t  où  il 
marque  les  dittérens  degrés  de  juridiction  qui  y  étoient  en  usage. 

Les  viguiers  St  les  grands  baillis  étoient  pris  ordinairement  dans  le  corps 
de  la  noblesse,  qui,  étant  employée  aux  fonctions  de  la  judicature,  étoit 
obligée  de  s'appliquer  à  l'étude  des  lois  8<.  de  se  mettre  au  fait  des  usages  S<. 
des  coutumes  du  royaume.  Ils  avoient  sous  eux  des  jurisconsultes  qui  étoient 
leurs  lieutenans  ou  assesseurs,  dont  le  principal  étoit  qualifié  juge,  &<.  qui 
assistoient  aux  assises  ordinaires  de  la  viguerie  ;  on  pouvoit  appeler  de  cette 
cour  à  celle  du  sénéchal.  Les  moindres  baillis  n'étoient  que  de  simples  juris- 
consultes. Sous  Alfonse,  comte  de  Toulouse  8c  de  Poitiers,  on  réunit  plu- 
sieurs de  CCS  petits  bailliages  dans  la  sénéchaussée  de  Toulouse,  sous  l'autorité 
d'un  seul  juge  général,  &  on  partagea  cette  sénéchaussée  en  différentes  juri- 
dictions ou  judicatures ,  qui  comprenoient  une  certaine  étendue  de  pays. 
C'est  ainsi  que  la  partie  de  l'Albigeois,  située  à  la  droite  du  Tarn,  laquelle 
étoit  demeurée  à  Raimond  VII,  comte  de  Toulouse,  par  le  traité  de  paix  de 
l'an  1229,  composa  une  seule  judicature,  régie  par  un  juge  S<.  un  procureur 
du  comte.  Se  ensuite  du  roi,  qui  alloient  successivement  tenir  les  audiences 
dans  les  différens  cantons,  &t  elle  subsiste  encore  en  son  entier.  On  trouve 
un  Juge  d'Albigeois,  pour  Alfonse,  dès  l'an  iîSî  8<.  les  années  suivantes.  Ce 
pays  avoit  auparavant  titre  de  sénéchaussée,  S<.  il  avoit  d'abord  été  gouverné 
par  un  sénéchal  particulier  5  il  fut  uni  ensuite  à  la  sénéchaussée  de  Rouergue, 
&  enfin,  sous  le  même  Alfonse,  à  celle  de  Toulouse  j  ce  qui  a  subsisté  tou- 
jours depuis,  car  les  sénéchaux  de  Toulouse  se  sont  toujours  qualifiés,  après 
cette  union,  sénéchaux  de  Toulouse  81  d'Albigeois.  Les  deux  autres  anciens 
sénéchaux  de  la  Province  ajoutèrent  aussi,  dans  ce  siècle,  un  second  titre  à 
celui  qu'ils  avoient  eu  d'abord.  L'un  se  qualifia  sénéchal  de  Beaucaire  8<.  de 
Nimes,  Se  l'autre  de  Carcassonne  Se  de  Béziers;  dénomination  qui  s'est  tou- 
jours conservée. 

XCIL  —  La  Province  comprise  dans  la  Provence  prise  en  général. 

Langue  provençale. 

Les  trots  sénéchaussées  dont  on  vient  de  parler  au  chapitre  ci-dessus,  après 
que  celle  de  Toulouse  eut  été  réunie  à  la  couronne,  en  1271,  firent  partie 
de  ce  qu'on  appela  depuis  la  langue  d'Oc,  qui  comprenoit  les  provinces  méri-   ,.''iii°pf3"7. 

•  Voyez   tome  VIII,  Chartes,   n.  CCLXXVIII,  '  Voyez  tome  VIII,  Clirirtcs,  ii.  CCCXI,  ce.  i3j2 

c.  i23">,   1216.  à  i3j6. 


A 11    1271 


936  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXVL 

dionales  de  Fiance;  elles  formèrent  dans  la  suite  la  province  qu'on  nomme 
aujourd'hui  Languedoc;  nom  qui  ne  commença  à  être  en  usage  que  vers  la 
fin  du  treizième  siècle.  Auparavant  81  depuis  la  fin  du  onzième  siècle  cette 
province  tut  censée  appartenir  à  la  Provence  prise  en  général  ;  c'est  de  quoi 
nous  avons  une  infinité  de  preuves'.  En  effet,  les  auteurs  du  temps  placent 
le  diocèse^  de  Maguelonne  dans  la  Provence,  &  ceux^  qui  ont  parlé  de  la 
fameuse  bataille  de  Muret,  lieu  situé  sur  la  Garonne,  disent  qu'elle  se  donna 
à  Muret,  en  Provence ^  de  là  vient  qu'ils"*  font  le  pape  Clément  W  provençal 
de  nation.  Or  ce  pontife  étoit  né  à  Saint-Gilles,  dans  le  diocèse  de  Nimes. 
Enfin  on  voit  évidemment  qu'on  comprenoit  alors  la  partie  occidentale  de  la 
Province  sous  le  nom  général  de  Provence  par  le  vers  suivant  de  l'histoire 
manuscrite  de  Philippe  Mouskes,  auteur  du  temps  ^  : 

Eu   Provence  sur  Albigeois  alla. 

On  partageoit  donc  ^  alors  le  royaume,  comme  dans  les  deux  siècles  précé- 
dens '^,  en  deux  parties,  France  &  Provence,  à  cause  des  deux  ditférens 
idiomes  dont  se  servoient  les  peuples  qui  les  habitoient,  idiomes  si  différens 
l'un  de  l'autre  que  ^  les  peuples  de  Provence  Se  de  Languedoc  regardoient 
encore,  vers  la  fin  du  quatorzième  siècle,  la  langue  trançoise  comme  un  lan- 
gage qui  leur  étoit  étranger  &;  absolument  inconnu.  On  a  fait  voir  qu'on  ' 
appela  parties  d'Albigeois  ou  Albigeois  pris  en  général,  la  partie  occidentale 
de  la  Province  ou  les  pays  compris  dans  les  deux  anciennes  sénéchaussées 
de  Toulouse  &  de  Carcassonne,  avec  le  Querci,  le  Rouergue,  Sec,  depuis  la 
guerre  que  Simon  de  Montfort  entreprit  dans  ces  pays  contre  les  hérétiques 
qui  les  avoient  infectés  de  leurs  erreurs. 

La  langue  provençale  qu'on  parloit  alors  dans  la  Province  est  à  peu  près  la 
même'°  qu'on  y  parle  encore  aujourd'hui.  On  l'appeloit  provençale  parce 
qu'elle  étoit  commune  à  tous  les  peuples  de  la  Provence  prise  en  général, 
c'est-à-dire  à  près  de  la  moitié  du  royaume;  on  la  parloit  aussi,  au  treizième 
siècle  8c  au  commencement  du  suivant,  dans  le  Roussillon,  la  Catalogne, 
l'Aragon  Se  le  royaume  de  Valence,  comme  on  peut  voir  entre  autres,  par  les 
mémoires  que  Jacques  I,  roi  d'Aragon,  nous  a  laissés  de  sa  vie.  Se  par  l'his- 
toire d'Aragon,  écrite  à  Valence,  en  Espagne,  au  commencement  du  qua- 
torzième siècle,  par  Pv.aimond  Muntaner. 

■  Guillaume  le   Breton,  Philippide,  1.  8,  p.   191  "  Bibliothèque   lUi   roi,    mss.   n.   9634  [aujour- 

&  suiv.  —  Gcstx   Luiovici  VIll,  p.   288.  —  Guil-  d'hui  fr.  4963],  p.    147. 

laume  de  Puyiaureiis,  c.  42.  —  Voyez  tome  VIII,  ^  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  CXLVII,  c.  776. 

Chroniques,  c.  à.  "Voyez    tome   III,    1.    XIV,   ch.   ci,   p.   410   & 

"  BoUandistes,  avril,  t.  2,  p.  (>■](>  a.  suiv.,  &  1.  XVIII,  ch.  lxxx,  p.  867  &  suiv. 

'  D'Achéry,  Spicileginn:,  t.   10,  p.  622.  —  Marca  *  Voyez  tome  VIII,  Chartes,   n.  CXCV,  c.  91c. 

Hispaaica,  c.  755.  '  ^'oycz  tome  ^'11,  Note  XIII,  p.  35  &  suiv. 

■"  Martène,   Thésaurus   novus   anccdotorum,   t.  5,  '"  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  II,  ce.  266,  267. 

c.  106.  11.  LXXXVIII,  ce.  J6i,  562,  &  XIX,  ce.  3o3  à  3o5. 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  Î(XVI.  q3] 

XCIII.  —  Loi  romaine,  —  Coutumes  particulières.  —  Duel, 
épreuve  du  fer  chaud,   i^c. 

Les  lois  romaines  furent  les  seules'  qu'on  observa  dans  la  Province  durant 
le  treizième  siècle  &  les  suivans,  8<.  le  roi  saint  Louis'  confirma,  en  1254,  les 
peuples  des  deux  sénéchaussées  de  Beaucaire  Se  de  Carcassonne  dans  l'usage 
de  ces  lois.  Elles  turent  enseignées-'  publiquement  à  Toulouse  &.  à  Montpel- 
lier avant  même  l'érection  des  universités  de  ces  deux  villes.  Il  y  eut  ensuite 
des  professeurs  publics  du  droit  romain  dans  la  première  dès  son  institution, 
5v  bientôt  après  dans  l'autre;  l'étude  de  ces  lois  y  fut  très-cultivée'',  même 
parmi  les  gens  de  condition,  qui  se  crurent  honorés  du  titre  de  jurisconsulte. 
On  trouve"»,  en  effet,  entre  plusieurs  autres,  un  Richard  de  la  Tour  qui  se 
qualifie  damoiseau  6-  jurisconsulte,  dans  une  transaction  à  laquelle  il  fut 
présent,  Si  qui  fut  passée,  au  mois  de  février  de  l'an  1270,  entre  Déodat  de 
Canillac  81  les  religieux  de  l'hôpital  d'Aubrac. 

Outre  les  lois  romaines,  qui  étoient  le  droit  commun  du  pays,  chaque  ville 
eut  ses  coutumes  particulières  qui  lui  furent  données  par  ses  seigneurs,  les- 
quels les  firent  rédiger  pour  la  plupart  dans  ce  siècle;  mais  ces  coutumes  ne 
regardent  proprement  que  le  gouvernement  politique,  les  frais  de  justice  S<. 
quelques  usages  particuliers  dont  les  uns  furent  abrogés  Se  les  autres  établis. 
Entre  les  premiers  on  trouve  dans  les  coutumes  de  Montpellier,  rédigées 
en  1204,  81  dans  celles  de  Carcassonne,  qui  le  furent  quelques  années  après 
S<  qui  sont  à  peu  près  semblables,  que  la  cour  n'ordonnera  pas  le  duel, 
l'épreuve  du  fer  chaud,  celle  de  l'eau  bouillante  Si  les  autres  épreuves  réprou- 
vées par  les  canons  81  les  lois;  à  moins  que  les  parties  n'en  fussent  d'accord. 
Maurin,  abbé  de  Saint-Antonin  de  Pamiers,  8;  Roger-Bernard,  comte  de 
Foix,  déclarèrent  aussi  dans  les  coutumes ^  qu'ils  donnèrent,  en  1282,  aux 
habitans  de  Pamiers  qu'ils  ne  contraindroient  personne  à  subir  le  duel, 
l'épreuve  du  feu  8t  celle  de  l'eau  chaude  ou  froide. 

XCIV.  —  Punition  des  crimes.  —  Adultère.  —  Droit  d'asile. 

Il  est  marqué  dans  la  plupart  de  ces  coutumes  que  la  punition  des  homi- 
cides 81  des  autres  crimes  qui  méritoient  la  mort  étoit  laissée  à  la  volonté  & 

'  Caseneiive,  Franc  alleu.  —  Haiitesêire,  Rcrum  ^  Château   de  Foix,  caisses  4  &  5.  —  On   peut 

A^uitanicarum,  I.  3,  c.   11.  Toir  ces   privilèges,   qui    furent  donnés  en    1227, 

■  Voyez  tomeVIII,  Chartes,  n.  CCCVIII,  c.  i337  par   l'abbé    Maurin,    aux    habitants  de  Pamiers, 

&  suir.  tome  VIII,  c.  870  &  suiv.  Ils  furent  confirmés,  en 

'  Caseneuve,  p.  46.  1232,   par   l'abbé  &  par   le  comte  de   Foix,  après 

^Catel,    Mémoires    Ae    l'histoire    du    Languedoc,  leur    réconciliation.  Les  deux    rédactions   ne  dif- 

p.    293    8c    suiv.;     Histoire    des    comtes    de    Tolose,  fèrcnt  que  pour  un  article  que  nous  avons  repro- 

p.  383. — Oar\K\,  Séries  praesulum  Magalonensium,  duit  en   note,  c.  872.  L'article  que  cite  dom  Vais- 

p.  241.  sete  est  à  la  colonne  87  1 ,  5. /.   [A.  M.] 

'  Archives  d'Aubrac, 


An  1271 


^„,j.,       9-38  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LAKGUEDOC.    LIV.  XXVI. 

t  "^lii  °' ''^s'-'ti  '^'■'  jugement  du  seigneur  6-  des  prud'hommes  ;  en  sorte  que  les  peines  étoienl 
arbitraires.  Alfonse,  comte  de  Toulouse  &  de  Poitiers,  dans  les  coutumes 
qu'il  donna  à  la  ville  de  Villefranche,  en  Rouergue,  se  réserva  aussi  de 
punir  arbitrairement  les  voleurs  8c  les  homicides,  avec  la  confiscation  des 
biens  de  ceux  qui  seroient  condamnés  à  quelque  peine  atflictive,  pour  quelque 
raison  que  ce  fût;  au  lieu  que  dans  les  autres  coutumes  ces  biens  passoient 
aux  plus  proches  ou  aux  héritiers  naturels,  excepté  les  cas  d'hérésie  ou  de 
lèse-majesté.  Quant  à  l'adultère  il  est  dit,  dans  presque  toutes  ces  coutumes, 
qu'on  se  contenteroit  de  faire  courir,  tout  nus  dans  les  rues,  les  deux  cou- 
pables qui  auroient  été  siirpris  en  flagrant  délit,  en  les  fustigeant;  mais  il 
leur  étoit  permis  de  se  racheter  de  cette  punition  par  une  amende  pécu- 
niaire. L'option  de  payer  cette  amende  ou  de  courir  tout  nus  dans  les  lues, 
les  hommes  n'ayant  que  leurs  hrayes,  &  les  femmes  la  chemise  autour  des 
reins,  est  marquée  expressément  dans  la  confirmation  des  coutumes  de  Cas- 
tres, que  Philippe  II  de  Montfort  accorda,  en  i265,  en  faveur  des  habitans 
de  cette  ville.  Celles'  que  le  roi  saint  Louis  donna  en  1246  aux  habitans  de 
la  nouvelle  ville  d'Aigues-mortes,  sont  encore  plus  mitigées  sur  cet  article, 
car  il  y  est  porté  qu'on  ne  fera  aucune  information  sur  le  crime  d'aduhcre; 
mais  que  si  on  surprend  quelqu'un  en  flagrant  délit,  il  pourra  composer 
avec  la  cour  royale,  sinon  qu'on  le  fera  courir  tout  nu,  maïs  sans  fustiga- 
tion, Si  qu'on  couvrira  seulement  la  nudité  des  femmes.  Tout  cela  prouve  le 
progrès  que  la  licence  des  mœurs  avoit  fait  alors;  elle  étoit  montée  à  un  tel 
point  qu'on  étoit  obligé  en  quelque  sorte  de  tolérer  les  lieux  publics  ou  de 
débauche;  on  les  excluoit  seulement  de  certaines  rues  ou  de  certains  quar- 
tiers dans  les  villes  &  on  leur  assignoit^  des  endroits  séparés,  ordinairement 
dans  les  faubourgs  Si  hors  de  l'enceinte  de  la  ville,  comme  à  Toulouse. 
En  1285,  les  consuls  Si  les  habitans^  de  Montpellier  défendirent  aux  fenimes 
débauchées  d'habiter  ailleurs  ([ue  dans  une  rue  particulière  appelée  la  rue 
■  Chaude,  Si,  pour  empêcher  qu'elles  ne  fussent  insultées,  ils  les  mirent  sous 
la  protection  du  roi  Si  de  sa  Cour. 

On  trouve  des  règlemens  dans  quelques-unes  de  ces  chartes  de  commune, 
comme  dans  celles  de  Montpellier  Si  de  Carcassonne,  touchant  les  succes- 
sions Si  les  mariages.  Il  y  est  marqué  qu'on  jugera  les  affaires  conformément 
à  ces  règlemens.  Si,  à  leur  défaut,  selon  le  droit  écriî^.  Il  est  porré  dans 
plusieurs  autres  Si  en  particulier  dans  celles  de  Carcassonne  Si  de  Béziers^, 
que  les  malfaiteurs  qui  se  réfugieront  dans  les  églises  y  jouiront  du  droit 
d'asile. 

'  Registfé  80  ciu  Trésor  des  chartes,  n.  465.  ■•  En  effet,  le  droit  écrit  servait,  une  fois  la  cou- 

'  Catel,   H'istoifc  des  comtes  Je  Tolose,  p.    228  &  tiiiiie   rédigée,  de  droit  supplctoire;   mais  en  beau- 

siiiv.,   p.    373.  — ^  [Cf.   tome  VIII,   ce.  471,   472;  coup   de  points   les  coutumes  municipales  s'éloi- 

acte  de  1201.]  gnaicnt  beaucoup  du  droit  romain.  [A.  M.] 

'  Manuscrits  d'Auiays,  "•  Gallia  Cliristmna,   noY.  éd.  t.  6,  Instr.  c.   148. 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXVI.  çSç 


XCV.  —  Bourgeois,  tiers  état,  assemblées  provinciales,  tailles  &>  autres 

subsides. 

On  partageoit  clans  ce  siècle,  comme  dans  les  piécédens,  tous  les  habi- 
tans  de  la  Province  en  libres  &  en  serts.  Les  premiers  comprenoient  les 
nobles  &  les  citoyens  ou  bourgeois  des  villes  murées.  Il  y  avoit  même  des 
villes  dont  l'habitation  donnoit  la  liberté  à  ceux  qui  n'en  jouissoient  pas 
auparavant.  Telle  étoit  celle  de  Béziers,  qui  avoit'  obtenu  à  la  fin  du  dou- 
zième siècle,  du  vicomte  Roger,  son  seigneur,  «  que  tout  homme  qui  vien- 
«  droit  s'y  établir  seroit  libre  de  toute  servitude,  comme  les  autres  habitans 
n  de  Béziers,  soit  envers  le  vicomte,  soit  envers  tout  autre  seigneur.  »  Les 
nobles  étoicnt  exempts  de  sulisides  &  n'étoient  tenus  qu'au  service  militaire, 
suivant  la  nature  de  leurs  fiefs;  mais  les  simples  bourgeois  étoient  assujétis  ; 
1°  A  suivre  leur  seigneur  dans  ses  clievauchées  ;  2°  à  divers  cens,  rentes  ou 
autres  tlroits  seigneuriaux  5  3°  à  pajer  une  taille  à  leurs  seigneurs  en  cer- 
tains cas^.  On  appeloit  aussi  ce  subside  d'un  nom  général,  tolte,  queste,  prêt 
forcé  ou  volontaire,  Sec.  Les  seigneurs  étoient  dans  l'usage  d'imposer  cette 
taille  sur  leurs  vassaux,  soit  libres,  soit  serfs  :  1°  Pour  leur  rachat,  lorsqu'ils 
étoient  fait  prisonniers  par  leurs  ennemis;  2°  pour  le  mariage  de  chacune  de 
leurs  filles;  3"  pour  le  passage  d'outre-mer  :  c'est  ainsi  que  ces  trois  cas  sont 
énoncé;  dans  les  coutumes  ''  qu'AUonse,  comte  de  Toulouse,  donna,  en  I256, 
aux  habitans  de  la  nouvelle  ville  de  Villefranche,  en  Pvouergue,  qu'il  avoit 
fait  construire,  81  dans  celles'*  que  Thibaud  de  Nongeville,  sénéchal  de  Tou- 
louse pour  ce  prince,  donna,  le  2  de  décembre  de  l'an  1270,  aux  habitans 
d'Ângeville,  dans  le  Toulousain.  On  admettoit  un  quatrième  cas  dans  quel- 
ques autres  coutumes,  comme  dans  celles  de  la  vicomte  de  Lautrec,  savoir  : 
lorsque  le  seigneur  étoit  promu  à  l'ordre  de  chevalier  3.  Dans  tovites  les  autres 
occasions  les  seigneurs  ne  pouvoient  imposer  aucun  subside  sur  leurs  vassaux 
sans  leur  consentement  ou  leur  bonne  volonté,  ainsi  qu'il  est  marqué  dans  la 
plupart  des  mêmes  coutumes,  Si  il  est  porté  dans  celles  de  Toulouse,  Mont- 


An  127 1 


■  GM'ti  Chnîtiana,  ut  supra.  pourtant  elles  sont  assez  nombreuses.  Le  plus  an- 

'  C'est  là   une  erreur  que  dom  Vaissete  n'a   pas  cien   exemple  que   nous  en   connaissions   pour  le 

été  le  seul  à  commettre.  Le  noble  payait  des  rede-  raidi  date  de  1254,  &  se  trouve  dans  le  testament 

vances  en  argent  tout  comme  le  roturier;  il  n  était  d'Elzéar,  seigneur  d'Uzès  (Cf.  tome  VIII,  c,  i33o)} 

pas  assujetti  à  la  taille;  mais  il  payait  l'alberguc,  ce  seigneur  déclare  que  ses  hommes  n'ont  à  payer 

qui,  de  redevance  en   nature,  était  devenue  rede-  la  taille  que  dans  quatre  cas  :  quand  le  seigneur  se 

vance  pécuniaire;   il   payait  encore  la  pezade,  les  croise,  quand   il  marie  sa  fille,  quand  il   fait  son 

droit»  de  reliefs  (acapte  &  arrière-acapte),  &C.  fils  chevalier,  ou  quand  il  fait  une  acquisition  de 

|A.  M.|  plus  de  cinq   mille  sous  tournois.  Mais   un   seul 

'  Cartulaire   d'Alfonse,   comte   de  Toulouse.   —  exemple,  surtout  aussi   récent,  ne  prouve  rien,  & 

[JJ.  24»,  f"   I  I  3  A,  &  Teulet,  t.  3,  p.  298  A.  |  il  est    bien   probable   que    le  midi   ne  connut   pas 

*  Archives  de  l'abbaye  de  Belleperche.  les   aides   loyaux   avant   la   domination  française. 

'  La    règle   des  quatre  cas    paraît   être   dans   le  Une  fois  celle-ci  établie,  la  levée  d'un  impôt  dans 

midi  une  importation  du  nord.  Aucune  coutume  les  quatre  cas  plus  haut  indiqués  devint  la  règle, 
du  Languedoc,  au  douzième  siècle,  ne  l'indique,  &  [A.  M.] 


~ 040  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXVI. 

An  1 171  y' 

pellier,  Carcassonne,  Béziers,  &c.,  que  les  hahitans  sont  exempss  de  qiieste, 
de  prêt  Jorcé  6-  de  taille  forcée,  I.a  répartition  des  impositions  se  faisoit  '  par 
sols  Se  par  livres. 

Ce  furent  ces  personnes  libres,  qu'on  partageoit^  en  citoyens  bourgeois  & 
en  citoyens  ruraux,  qui  formèrent  le  tiers  état,  lequel  faisoit  dans  la  Pro- 
vince, dès  le  treizième  siècle,  un  corps  distinct  du  clergé  S<.  de  la  noblesse, 
comme  on  voit  par  les  assemblées-^  provinciales  qui  y  furent  tenues  &  qui 
ont  donné  l'origine  aux  états  généraux  du  pays  qu'on  tient  régulièrement 
tous  les  ans.  Au  reste  il  est  porté  dans  la  plupart  de  ces  coutumes,  8<.  en  par- 
ticulier dans  celles  d'Albi,  que  les  habiians  avoient  une  entière  liberté  de 
disposer  de  leurs  biens;  mais  que  leur  succession  appartenoit  au  seigneur 
lorsqu'ils  mouroient  ab  intestat  &  sans  parens. 

XCVI.  —  Noblesse,  chevalerie,  guerres  particulières,  châteaux,  nouvelles 

bastides. 

La  noblesse  étoit  alors  héréditaire,  à  peu  près  comme  elle  l'est  aujourd'hui, 
8c  les  nobles  avoient  seuls  le  droit  de  posséder  des  fiefs;  c'est  pourquoi 
Altonse,  comte  de  Toulouse,  &  Jeanne,  sa  temme,  ayant  besoin  d'argent 
pour  leur  second  voyage  de  la  Terre-Sainte,  confirmèrent'*,  en  1269  &  i^/O, 
moyennant  une  certaine  somme,  divers  bourgeois  dans  la  possession  des  fiefs 
qu'ils  avoient  acquis.  On  distinguoit  plusieurs  degrés  dans  la  noblesse, 
savoir  :  les  barons,  les  châtelains  6"  les  chevaliers,  comme  il  paroît  i)ar  le 
trente-huitième  canon  du  concile  ^  tenu  à  Toulouse  en  122g.  Les  barons 
étoient  les  grands  vassaux  ou  les  vassaux  immédiats  du  roi  ou  d'un  autre 
grand  vassal,  leur  supérieur;  les  châtelains,  les  seigneurs  des  châteaux  qui 
avoient  droit  de  justice.  Si  les  chevaliers,  les  simples  gentilshommes.  On  côm- 
prenoit  aussi  tous  les  nobles  sous  le  nom  général  de  chevaliers  (^milites),  pour 
les  distinguer  des  non  nobles  ou  bourgeois  des  villes,  qui  étoient  sujets  aux 
chevauchées,  &  qu'on  nommoit  pedites,  parce  qu'ils  servoient  à  pied,  au  lieu 
que  les  nobles  combattoient  toujours  à  cheval,  armés  de  toutes  pièces,  &  fai- 
soient  la  principale  force  de  la  milice  françoise.  Ceux  des  nobles  qui  avoient 
été  reçus  chevaliers  prenoient  déjà  quelquefois  cette  qualité  dans  les  actes  dès 
le  commencement  du  treizième  siècle.  Si  cet  usage  devint  ensuite  commun 
peu  à  peu  ;  mais  nous  ne  trouvons  pas  que  ceux  qui  n'étoient  pas  encore 
parvenus  à  ce  grade,  ou  les  fils  des  chevaliers,  se  soient  qualifiés  damoiseaux 

'  Cartulaire  du  comte  Alfonse.  terme  de  harones  semble,  en  effet,  désigner  les  vas- 

Coticilium   Tolosanum,  an.  1129,  can.  38.  saux  relevant  directement  du  seigneur;  mais  l'ex- 

'  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  CCCLVII,  c.  1664  pression  castellani  n'a   pas   le   sens  que  lui  prête 

&  suiv.,  &  n.  CCCLXVIII,  c.   lySp  &  suiv.  dom  Vaissete;   elle   désigne   seulement   les  cheva- 

^  Cartulaire  d'Alfonse.  —  [JJ.    240,  passlm,   &  liers- possédant   des  châteaux,  des   lieux-forts,  où 

notamment  f  |5  i.]  —  Trésor  des  chartes;  Tou-  les  hérétiques  pouvaient  se  réfugier.  Entre  ces  cas- 

louse,  sac  1 1,  n.  71.  [J.  32o.]  tellani  &  les  milites  il  n'y  avait  aucune  différence; 

*  Le  P.   Labbc,    Concilia,   t.    Il,   c.    485.  —  La  les    premiers    portaient    généralement    ce    second 

distinction  de  dom  Vaissete  paraît  peu  fondée.  Le  titre.  [A.  M] 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXVI.  941   ' 

ou  écuyers  avant  le  milieu  de  ce  siècle  ;  depuis  cette  époque  ils  se  donnèrent 
souvent  ce  titre. 

Nous  ne  parlerons  pas  ici  des  cérémonies  qui  s'observoient  à  la  création  ou 
à  la  réception  des  chevaliers,  on  peut  les  voir  ailleurs;  nous  nous  contente- 
rons de  remarquer  que  cette  création  se  faisoit  alors  communément  dans  les 
cours  plénières  que  les  rois  &  les  princes  tenoient  dans  certains  jours  solen- 
nels de  l'année.  C'est  ainsi  que  Raimond  VII,  comte  de  Toulouse,  créa' 
deux  cens  chevaliers  dans  une  de  ces  cours,  qu'il  tint  à  Noël  de  l'an  1244. 
Quand  ceux  qui  avoient  été  créés  chevaliers  servoient  à  l'armée,  ils  dévoient 
avoir*  au  moins  quatre  autres  cavaliers  à  leur  suite,  8c  les  arbalétriers  à 
cheval,  trois.  Le  grade  de  chevalier  donnoit,  en  ce  siècle  8c  les  suivans,  un 
tel  relief  qu'on  les  qualifioit  monseigneur  ou  dominus  en  latin,  8c  que  les 
princes  même  ne  faisoient  pas  difficulté  de  leur  donner  ce  titre.  On  peut  voir 
quels  étoient  les  privilèges  de  la  noblesse  de  la  Province  Se  les  droits  dont 
elle  jouissoit  sur  ses  serfs  ou  vassaux,  dans  les  coutumes ^  des  chevaliers  de  la 
vicomte  de  Narbonne,  qui  furent  rédigées  en  1232. 

Les  barons  8c  les  nobles  se  maintinrent  dans  l'usage  de  venger  à  main 
armée  leurs  propres  querelles  ou  celles  de  leurs  amis  8c  alliés,  jusqu'à  ce 
qu'enfin  le  roi  saint  Louis,  touché  de  voir  les  désordres  que  les  guerres  par- 
ticulières causoient  dans  le  royaume,  en  défendit  l'usage.  Les  bourgeois  des 
villes  usèrent "*  aussi  quelquefois  de  représailles  de  leur  propre  autorité-'.  Ces 
guerres  Se  celle  d'Albigeois  engagèrent  les  seigneurs  du  pays  à  construire  de 
nouveaux  châteaux,  à  fortifier  les  anciens  8c  à  clore  de  murs  les  bourgs  8c  les 
villes  où  ils  dominoient.  Ainsi,  à  la  fin  du  douzième  siècle  8c  au  commen- 
cement du  suivant,  la  Province  étoit  remplie  de  forteresses,  dont  plusieurs 
passoient  pour  imprenables,  soit  par  l'avantage  de  leur  situation,  soit  par 
l'ouvrage  de  l'art.  Le  roi  saint  Louis,  a|)rès  avoir  réuni  à  son  domaine  les 
sénéchaussées  de  Beaucaire  Se  de  Carcassonne,  conserva  les  plus  importans  de 
ces  châteaux  Se  y  mit  des  gouverneurs  ou  châtelains  pour  les  garder.  Il  nous 
reste  un  état  de  ces  places,  de  leurs  gouverneurs  8c  de  leurs  garnisons  dans 
la  dernière  de  ces  deux  sénéchaussées i^,  pendant  l'année  1269.  Le  roi  ayant 
cno-agé  le  comte  de  Toulouse  par  le  traité  de  l'an  1229,  Se  ensuite  le  comte 
de  Foix  Se  les  autres  seigneurs  du  pays,  qui  furent  maintenus  dans  la 
possession  de  leurs  domaines,  à  raser  les  fortifications  de  leurs  villes  Se  de 

■  Ginllaume  de  Piiylaurens,  c.  47.  peine  à  arrêter  les  guerres   privées,  &  il   siiffirn  de 

■Voyez    tome   VIII,    Chartes,    n.    CCXXVIH,  parcourir   le   texte  de  dom  Vaissete   &   nos   Notes 

c.    ro3^.  additionnelles  pour  se  convaincre  qu'il  n'y  a  pas 

'  IbU.  n.  CCVIII,  c.  960  &  suiv.  d'année,  de   i2;>3  à  1270,011  quelque  petit  seigneur 

*  Catel,  Histoire  des  comtes  de  Tplose,  p.  228.  —  ne   s.-   soit   permis   des  dévastations   sur   les    terres 

Lafaille,  ^Miia/f!,  t.    1 ,  pr.  p.  5.1  &  suiv.  de    ses    voisins.    Toutefois,    g.âce    à    la    répression 

=  Louis    IX    ne    fit    par    là    qu'étendre   au    midi  qui  ne  manqua   jairais  de  suivre  de  pareilles  ten- 

iine  ordo;inance  célèbre  de  Philippe-Auguste,  qui  taiives,    le    midi    finit    par    jouir    d'une    certaine 

avait  créé   ce   qu'on  appela    la    quarantaine  le  roi.  tranquillité,  qu'il  ne  perdit  guère  qu'aux  appro- 

C'eit  ce  que  prouvent  absolument   les  expressions  ches  de  la  guerre  de  Cent  ans.  [A.  M.| 

d.-    Bs.iumanoir   dans   ses    Coutumes  de  Bcauvoisis.  «Voyez    tome   VIII,    Chartes,    n.    CCCXXXIII, 

Du   r.;:.!.-   lui    &  son  frère  Alfonse    eurent  grand-  ce.   14J1   a   i^j-i. 


An  I  271 


iiJ.OlipMl. 


I.    III, 


p.  ;.i 


" Q42  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXVI. 

An  1271         7T 

leurs  châteaux,  &  à  ne  pas  construire  de  nouvelles  forteresses;  on  donna  le 
nom  de  bastides  aux  nouvelles  villes  &  aux  nouveaux  bourgs  qu'ils  fondè- 
rent depuis  en  assez  grand  nombre  dans  le  pays,  parce  que  tous  ces  lieux 
furent  d'abord  ouverts  &  sans  défense.  ' 

Quoique  la  noblesse  fût  héréditaire  dans  la  Province  au  treizième  siècle, 
les  surnoms  ne  l'étoient  pas  encore  entièrement',  du  moins  dans  quelques 
familles;  c'est  ce  qu'on  voit  entre  autres  dans  l'acte  de  l'hommage^  rendu  à 
Raimond  VII,  comte  de  Toulouse,  le  27  de  novembre  de  l'an  iiSy,  par  Jour- 
dain de  Dourgne,  ^  Isarn  de  Saissac,  son  frère,  fils  de  Jeu  Sicard  de  Puylau- 
rens,  pour  tout  ce  que  leur  père  avoit  possédé  dans  la  ville  de  Puylaurens. 

On  ne  mettoit  pas  cependant  beaucoup  de  différence,  dans  ce  siècle,  entre 
les  simples  chevaliers  Se  les  bourgeois ^  des  principales  villes.  C'est  ainsi  que, 
suivant  l'accord'*  qui  fut  jjassé,  en  i25i,  entre  les  comtes  de  Toulouse  &v  de 
Provence  d'un  côté  8<  les  babitans  d'Avignon  de  l'autre,  les  bourgeois  hono- 
rables, qui  avoient  coutume  de  vivre  en  chevaliers,  jouissoient  des  mêmes  pri- 
vilèges que  ces  derniers.  On  passoit,  en  effet,  aisément  de  la  bourgeoisie  à  la 
chevalerie  ou  à  la  noblesse;  comme  on  voit  par  l'attestation'^  que  vingt-trois 
des  principaux  babitans  de  Bcaucaire,  entre  lesquels  les  uns  étoient  cheva- 
liers ou  damoiseaux,  8<.  les  autres  simples  bourgeois,  donnèrent  sous  leurs 
sceaux,  en  129H,  pour  certifier  que  l'usage  ou  la  coutume,  depuis  un  temps 
immémorial  dans  la  sénéchaussée  de  Beaucaire  Se  en  Provence,  «  étoit  que 
«  les  bourgeois  recevoient  la  ceinture  militaire  &  les  autres  marques  de  che- 
«  valerie  des  mains  des  nobles  &<.  des  barons,  &  même  des  archevêques  &  des 
«  évêques,  sans  l'autorité  ou  la  permission  du  prince,  Se  qu'ils  jouissoient 
«  ensuite  du  privilège  des  chevaliers.  >>  Cette  attestation  confirme  ce  que 
nous  avons  dit  ailleurs,  que  la  noblesse  ne  consistoit  anciennement  que  dans 
la  liberté,  Si  que  ce  fut  le  service  militaire  S<.  la  possession  des  fiefs,  qui  fit 
dans  la  suite  la  différence  entre  ceux  qu'on  appela  nobles  &  les  autres  per- 
sonnes libres  qui  ne  l'étoient  pas. 

XCVII.  —  Serfs,  ajfranchissemens. 

On  distinguoit  les  serfs,  en  serfs  de  corps^  S«.  en  serfs  de  corps  0  de  casa- 
lage.  Les  seigneurs  avoient  droit  sur  la  personne  des  premiers  quelque  part 
qu'ils  demeurassent,  &  les  autres,  outre  la  servitude  personnelle  à  laquelle 
ils  étoient  assujettis,  étoient  tenus  d'habiter  dans  les  domaines  du  seigneur, 
de  cultiver  ses  terres  61  de  lui  payer  certaines  redevances.  Les  hommes  de 
corps"^  étoient,  toutefois,  capables  des  effets  civils,  S<.  ils  pouvoient  ester  à 

•  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  CLVIII,  c.  810.  'Voyez    tome    VIII ,    Chartes,     n.    CCCLXX, 

'  Manuscrits    de    Colhert,   n.    1067,    p.    36o.    —  ce.   1747,   1748, 

[Original,  J.  3i4,  n.  74;  Teiilet,  t.  2,  p.  3,';4.]  "  Ihid.  n.  CCCXIV,  ce.   i38i,   i382. 

'  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  XXXVII,  ce.  33o  "  De  Vie,   C/ironologia  episeoporum   Carcassonen~ 

8c  38i.  s'ium,  p.  j8. 

■*  Fantoni,  Istoria  ii'Avi^n':oney  1.  i,  p.    111. 


I.  III. 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXVI.  948 

droit.  Ils  ctoient  seulement  obligés  de  pa^el■  la  queste,  la  taille  S<  divers 
autres  droits  à  leurs  seigneurs,  soit  ecclésiastiques,  soit  laïques;  obligation 
qui  passoità  leur  postérité.  Cette  servitude  se  prescrivoit  par  trente  ans.  «  Si 
«  quelqu'un,  est-il  dit  dans  la  coutume  de  Pamiers  de  l'an  1282,  vient  s'éta- 
«  blir  comme  libre  à  Pamiers,  8c  y  demeure  pendant  trente  ans,  sans  la 
«  réclamation  de  son  seigneur,  il  ne  sera  plus  permis  au  seigneur  de  le 
«  remettre  en  servitude.  »  Suivant  les  coutumes  de  quelques  autres  villes, 
comme  celles  de  Carcassonne,  un  homme  de  corps  qui  s'y  établissoit  devc- 
noit  aussitôt  libre. 

Un  des  droits  dont  jouissoient  les  seigneurs  sur  leurs  serfs  de  corps,  étoit 
que  ceux-ci  ne  pouvoient  marier  leurs  filles  sans  leur  consentement,  à  moins 
que  cette  permission  ne  fût  portée  dans  l'acte  primordial  d'engagement  ou  de 
servitude.  C'est  ainsi  qu'Arnaud  Morel  8<.  Bernard  Beausadun  s'étant  donnés' 
pour  hommes,  au  mois  de  janvier  de  l'an  ii83,  à  Roger,  vicomte  de  Béziers, 
sous  l'obligation  de  lui  payer  deux  sols  hugonencs  d'usage,  eux  8t  leur  pos- 
térité, le  vicomte  «  leur  permit  &  à  tous  leurs  descendans,  de  marier  libre- 
«  ment  leurs  filles,  sans  lui  demander  conseil,  £-  quitta  6  ajfranchit  leurs 
«  filles  présentes  S<  à  venir  de  cette  obligation.  »  Il  n'étoit  pas  permis  non 
plus  au  fils  d'un  serf  d'eml^rasser  l'état  ecclésiastique  sans  la  permission  de  i':J 
son  seigneur.  Cet  usage  est  clairement  exprimé  dans  les  coutumes  &  libertés 
données,  au  mois  de  mai  de  l'an  1270,  par  Alfonse^,  comte  de  Toulouse,  8<. 
Jeanne,  sa  femme,  aui  babitans  de  Castelsacrat,  en  Querci,  auxquels  ils 
permettent  à  l'avenir  «  de  vendre,  donner  ou  aliéner  leurs  biens,  meubles  81 
«  immeubles,  sauf  les  droits  du  prince,  si  l'aliénation  se  fait  en  faveur  des 
«  églises  &  des  chevaliers  (c'est-à-dire  des  nobles),  avec  permission  de  marier 
«  librement  leurs  filles,  de  promouvoir  leurs  fils  à  l'état  ecclésiastique,  &C. 
i<  Le  comte  se  réserve  le  droit  de  succéder  à  ceux  qui  mouroient  sans  héri- 
11  tiers.  »  Alfonse  S<  Jeanne  affrancbirent  de  leur  vivant  la  plupart  de  leurs 
autres  serfs  de  leurs  domaines,  dont  ils  changèrent  les  obligations  en  un  cens 
annuel,  S<  le  premier,  par  son  testament,  donna  la  liberté  à  tous  ceux  de  ses 
propres  États.  Enfin  le  roi  Philippe  le  Bel  abolit  entièrement  la  servitude 
dans  la  Province,  comme  nous  le  dirons  ailleurs. 

XCVIII.  —  Franc-alleu.  —  Juifs. 

Les  nobles,  les  bourgeois  des  villes  8<  les  autres  personnes  libres  continuè- 
rent cependant  de  posséder  la  plupart  de  leurs  terres  en  franc-alleu  ou  sans 
payer  aucune  redevance  seigneuriale,  suivant  l'usage  observé  de  tout  temps 

■  Chitenu    de    Foix,    cartulaire,    caisse    i;ï.    —  envers   &   contre    «oiis,  &    aviquel    il    payait    une 

L'exemple  que   cite  dom  Vaisscte  ne  prouve  rien  ;  redevance    annuelle.     Cf.     à    ce    sujet    tome   VII, 

le  cas  est  tout  diffcrentj    il   ne  s'agit   pas    ici   de  Note  XLVI,  p.  \66,  &  au  tome  VIII,  le  Catalogue 

serfs,  mais  d'hommes  libres  qui  se  mettent  sous  le  des  actes  des  comtes  de  Toulouse,  pass'im.    [A.  M.] 
eapti-inh  du  comte  de  Foix.  On  appelait  ainsi  l'acte  '  Cartulaire  du  comte  Alfonse.  — [JJ.  24",  (°  98 

par  lequel   un  individu  se  donnait  pour  hor:me  à  &  suiv.] 
un  seigneur  puissant,  qui  s'engageait  i  le  protéger 


An  127  I 


(•.    jM. 


An  1271 


944 


HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXVI. 


clans  le  pays,  8<.  confirmé  par  le  roi  saint  Louis  '  ;  en  sorte  que  clans  ce  siècle, 
comme  dans  les  précéclens,  les  alleux  y  furent  opposés^  aux  fiefs.  Il  étoit 
même  permis ^  alors  aux  juifs  d'y  posséder  des  alleux;  aussi  ces  peuples  n'y 
furent  jamais  tant  en  crédit,  ni  si  nombreux  qu'au  treizième  siècle,  à  cause 
de  la  protection  que  les  comtes  de  Toulouse  8c  de  Foix,  les  vicomtes  de 
Béziers  &  de  Carcassonne,  &  plusieurs  des  principaux  seigneurs  leur  accor- 
dèrent, jusqu'à  les  admettre  dans  les  charges  publiques,  &  leur  confier  l'admi- 
nistration de  leurs  finances  &  de  leurs  domaines,  malgré  la  défense  qui  en 
avoit  été  faite  dans  divers  conciles '^.  Ils  avoient  des  synagogues  dans  les  prin- 
cipales villes  de  la  Province,  Si  ils  eurent  aussi  dans  ce  siècle  81  dans  le  pré- 
cédent plusieurs  savans  rabbins  qui  s'y  rendirent  célèbres  par  leurs  écrits^. 
Tels  furent  Abraham  ben  Isaac  de  Montpellier,  Abraham  ben  Isaac  de  Nar- 
bonne,  Zerachia  ben  Isaac  Haietsari,  lévite  deLunel,  Meir  Haccohen,  prêtre 
de  Narbonne,  qui  professa  la  loi  à  Tolède,  en  Espagne,  Salomon  aben 
Tybbon  de  Montpellier,  Salomon  Rasci  de  Lunel,  Samuel  ben  Salomon, 
surnommé  Nin  de  Carcassonne,  8<  Elle  de  Carcassonne.  Enfin  il  y  en  a  qui 
prétendent^  que  le  fameux  rabbin  David  Kimchi  étoit  de  Narbonne. 


XCIX.  —  Commerce.  —  Monnaies  royales  6"  seigneuriales  de  la  Province. 

Le  commerce  qui  florissoit  dans  la  Province  y  attiroit  d'ailleurs  beaiicoup 
de  juifs  étrangers,  outre  les  Génois,  Lombards,  Florentins,  Pisans  8c  autres 
peuples  d'Italie,  qui  avoient  des  établissemens  fixes  dans  les  principales  villes. 


'  Laurière,  Ordonnances,  t.    I,  p.  62  &  suiv. 

'  Voyez  tome  VIII,  Charles,  n.  CXXXV,  c.  744 
8c  siiiv. 

^  Baluze,  Concilia  Gaîliae  NarhonensïSj  Appen- 
dix,  p.  I  I  5. 

*  L'état  social  des  juifs  dans  le  Languedoc, 
avant  &  après  la  guerre  des  albigeois,  a  été  tout 
récemment  l'objet  d'un  travail  très-approfondi  de 
la  part  de  M.  G.  Saige.  (Blhliotheque  de  l'Ecole  des 
Chartes,  t.  Sp,  pp.  255  à  322.)  Dans  cette  étude, 
faite  presque  uniquement  sur  des  documents  iné- 
dits, l'auteur  montre  de  quels  privilèges  les  israé- 
lites  jouirent  dans  cette  province  pendant  tout  le 
douzième  siècle.  Protégés  par  les  seigneurs  &  sur- 
tout par  ceux  de  Carcassonne,  par  les  préKits 
même,  ils  furent  admis  aux  fonctions  administra- 
tives &  servirent,  malgré  les  canons  des  conciles 
toujours  renouvelés,  d'agents  financiers  aux  prin- 
ces du  midi.  Après  la  guerre  des  albigeois,  leur 
condition  resta  la  même  dans  les  seigneuries; 
mais  elle  changea  complètement  dans  les  domaines 
royaux.  Louis  IX  &  Alfonse  de  Poitiers  les  soumi- 
rent par  mesure  financière,  &  aussi  par  zèle  reli- 
gieux, à  des  exactions,  à  des  rigueurs  qui,  plus 
tard,  sous  Philippe  le  Bel,  ne  firent  que  se  multi- 
plier &  s'aggraver.  Au  contraire,  dans  les  seigneu- 


ries relevant  de  la  couronne  &  du  comte  de  Tou- 
louse, ils  conservèrent  longtemps  leurs  privilèges, 
&  ce  fut  l'objet  d'une  longue  lutte  entre  les  offi- 
ciers royaux  &  les  vassaux  du  roi;  ceux-ci  essayant 
de  conserver  leurs  juifs,  source  de  revenus  impor- 
tants, &  les  sénéchaux  cherchant  par  tous  les 
moyens  à  les  soumettre  à  la  juridiction  royale. 
Cette  lutte  aboutit,  en  i3o6,  à  la  grande  expul- 
sion, qui  priva  le  Languedoc  de  tant  de  négociants 
habiles,  de  marchands  actifs;  ce  fut  une  mesure 
désastreuse,  &  qui  porta  un  coup  fatal  au  com- 
merce &  à  l'industrie  de  la  Province.  [A.  M.] 

^  SartolocciiiSj  Bihliotkeca  Rahhinica,  t.  1 ,  2  8c  4. 

^  IhiJ.  t.  1,  p.  20.  —  Toutes  ces  questions 
d'histoire  littéraire  ont  été  étudiées  de  nouveau  8c 
approfondies  par  M.  E.  Renan.  [Histoire  littéraire 
de  la  France,  t.  27,  p.  5io  8c  suiv.)  Nous  ren- 
voyons à  ce  travail,  où  le  lecteur  trouvera  tous  les 
renseignements  désirables  sur  ces  écrivains  8c  sur 
leurs  oeuvres.  Nous  signalerons  seulement  un  ou- 
vrage de  controverse,  écrit  probablement  à  Nar- 
bonne, intitulé  Guerre  de  précepte.  8c  dont  l'auteur 
se  plaint  vivement  de  toutes  les  lois  oppressives 
dont  les  juifs  étaient  l'objet  (pp.  jâp,  56c);  ces 
plaintes  avaient  été  présentées  par  l'auteur  nu 
gouverneur  chrétien  de  Narbonne.   ^A.  M.J 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXVI.  045   

-'  '  An  1171 

comme  à  Montpellier,  Narbonne,  Nimes,  Sic.  On  a  vu  par  la  guerre  que  les 
habitans  de  Montpellier  soutinrent  contre  les  Marseillois  que  les  premiers 
étendoient  leur  commerce  dans  toutes  les  échelles  du  Levant.  C'est  ce  qui 
paroît  d'ailleurs  :  1°  Par  les  traités  '  qu'ils  conclurent,  en  lîiS,  avec  ceux  de 
Marseille,  Nice,  Gênes,  Pise  8c  les  autres  villes  situées  sur  la  côte  de  la 
Méditerranée,  avec  les  rois  de  Jérusalem  Se  de  Chypre,  le  prince  d'An- 
tioche,  Sec,  d'où  ils  prirent  occasion  d'établir  chez  eux  un  consulat  de  mer, 
qui  y  subsiste  encore  aujourd'hui^.  2°  Par  le  traité^  «  que  Charles,  par  la 
«  grâce  de  Dieu  prince  d'Antioche  8c  seigneur  de  Constantinople,  iils  de 
«  Bohémond ,  prince  d'Antioche  &  comte  de  Constantinople,  de  bonne 
«  mémoire,  «  8c  Bohémond,  prince  d'Antioche  81  comte  de  Tripoli,  renou- 
velèrent avec  les  mêmes  habitans  de  Montpellier,  au  mois  de  février  de 
l'an  1243,  la  dixième  année  de  leur  principe  6-  de  leur  comté,  suivant  lequel 
ces  peuples  dévoient  avoir  entre  autres,  dans  ces  trois  villes,  un  consul  & 
une  rue  affectée  aux  marchands,  leurs  concitoyens"*. 

Celle  de  Narbonne  n'étoit  pas  alors  moins  célèbre  par  son  commerce, 
comme  on  voit  par  les  différens  traités  que  ses  habitans  conclurent^,  en  1224, 
122.5  8c  1244,  avec  ceux  de  Marseille,  Hyères,  Nice,  Vintimille,  Gênes  8c 
Pise,  les  seigneurs  de  Toulon,  Sec,  8c  par  les  traités  qu'ils  renouvelèrent, 
en  1246  8c  1255,  avec  ceux  de  Savone  8c  de  Vintimille.  Raimond  de  Mont- 
cade,  seigneur  de  Fraga,  confirma  en  leur  faveur,  l'an  1271,  surtout  par 
rapport  au  commerce,  les  privilèges  que  Raimond-Bérenger,  comte  de  Barce- 
lone, leur  avoit  accordés^,  en  1148,  dans  la  ville  8c  le  territoire  de  Tortose,  t.'ui'°n'^5'!ji 
après  ciu'il  eut  pris  cette  ville  sur  les  Sarrasins.  Enfin  nous  trouvons^que 
deux  citoyens  de  Narbonne,  en  qualité  d'ambassadeurs  de  la  cité  Se  du  bourg, 
étant  à  Pise,  le  6  de  juin  de  l'an  1279,  suivant  le  cours  6-  la  coutume  des 
Pisans,  y  confirmèrent  l'élection  d'un  consul  que  les  commerçans  de  Nar- 
bonne y  avoient  faite. 

Le  sénéchal  de  Carcassonne  fit  des*  informations  contre  les  mêmes  habi- 
bitans  de  Narbonne,  vers  le  commencement  de  l'an  1267,  il  prétendoit  qu'ils 
avoient  pris  Se  reçu  des  monnoies  défendues  par  la  dernière  ordonnance  du 

'Gat\t\, Séries praesulum  Mcigalonensium,'f.Z'ij^.  lier,  1 86  i ,  deux  vol.  in-8°.  On  peut  aussi  y  ajoii- 

'  La    nomination  des  consuls  de  mer   fut  régie-  ter    les    Mémoires    sur   le  port    i'Aigues-mortes,   de 

mentée  à  Montpellier    en    lîiS.    Elle    fut   confiée  J.  Pngézy,  parus  tout  récemment.  Louis  IX  chercha 

aux  consuls  qui  durent  chaque  année  choisir  vingt  surtout  à  centraliser  le  commerce  maritime  à  son 

bourgeois  de  la  ville  dont  quatre  désignés  par  le  profit,   en    dotant   Aigues-mortes    d'un    monopole 

sort  eurent  le  titre  de  consuls  de  mer.  Leur  office  que    ses    successeurs    ne    firent    que    renforcer,    au 

était  annuel,  8c  ils  ne  pouvaient  être  réélus  avant  grand  détriment  des  autres  villes   du   L.inguedoc. 

trois  ans.  ("Germain,  Histoire  du  commerce  de  Mont-  Cf.  à  ce  sujet,   Germain,  ut  supra,   t.    i,    p.  45   & 

pellier,  t.   I ,  p.  îSq.)  [A.  M.]  suiv.  [A.  M.J 

*  Manuscrits   d'Auiays,  cartul:iire  de  Monipel-  '  Hôtel  de  ville  de  N.irbonue. 

lier.  Gariel,  Séries  praesulum    Magalonensium  "  Voyez  tome  III,  1.  XVII,  ch.  Lxxii,  p.  ySij, 

p.  359.  '  '  Tome  VIII,   Chartes,    n.    CCCXLIX,   ce.    1745 

*  Sur  le  commerce  dans  le  midi,  à  cette  époque,       à  1747. 

on  peut  consulter  l'ouvrage  de  C.  Port,  Du  corn-  *  Archives   de  la   vicomte  de  Narbonne,    regii- 

merce  Je   Narbonne,  &  surtout   l'Histoire   du    com-        tre  I.  F, 
merce   de    Montpellier,  d*  M.  Germain.    Montpel- 

VJ.  60 


An  t 


lyi 


946  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXVI. 

roi,  qui  devoit  avoir  son  exécution  à  compter  depuis  le  mois  d'août  de  l'annic 
précédente.  Ce  prince  n'ôta  pas  cependant  le  cours  des  monnoies  des  sei- 
gneurs; mais  il  le  restreignit  dans  l'étendue  de  leur  domaine,  &  voulut  que 
les  tournois  &  les  parisis,  qui  étoit  la  monnoie  rovale,  fussent  seuls  en  usage 
dans  tout  le  royaume,  à  l'exclusion  de  toutes  les  monnoies  des  seigneurs 
qu'on  employoit  auparavant  indifféremment  partout. 

On  devoit  fabriquer  des  tournois  &.  des  parisis  ailleurs  qu'à  Paris  &.  à 
Tours,  puisqu'il  y  avoit  des  monnoies  royales  dans  d'autres  villes.  On  voit, 
en  effet,  dans  une  sentence'  arbitrale,  du  mois  de  mars  de  l'an  1264,  sui- 
vant laquelle  Gérard  de  Manjanes,  garde  de  la  monnoie  du  Pont-de-Sorgues 
pour  Alfonse,  comte  de  Poitiers  81  de  Toulouse  &  marquis  de  Provence,  fut 
condamné  à  payer  une  amende  k  Jean  d'Arcis,  sénécbal  de  Venaissin  pour 
ce  prince;  qu'on  fabriquoit  de  la  monnoie  à  Nimes,  Carcassonne,  Toulouse, 
Saint-Rémy,  Apt,  Nice,  Tarascon,  au  Pont-de-Sorgues  ik  à  Mornas;  or  les 
fabriques  de  Carcassonne  Se  de  Nimes  étoient  alors  des  fabriques^  royales, 
&  elles  avoient  succédé  à  celles  des  anciens  comtes  &  vicomtes  de  ces  deux 
villes. 

Quant  aux  seigneurs,  les  comtes  de  Toulouse  se  maintinrent ^  jusqu'à  la 
réunion  de  cette  ville  au  domaine  royal  dans  l'usage  d'y  faire  fabriquer  la 
principale  monnoie  de  leurs  Etats,  8t  il  paroît  qu'Alfonse,  frère  de  saint 
Louis,  n'eut  point  d'autre  fabrique  pendant  longtemps  pour  toute  la  partie 
de  ses  domaines  située  en  deçà  du  Rbône.  Il  renouvela"*  sur  la  fin  de  sa  vie 
celle  d'Albi,  qui  étoit  en  usage^  dès  la  fin  du  douzième  siècle.  Il  avoit,  outre 
cela,  une  monnoie  au  Pont-de-Sorgues  &  une  autre  à  Mornas  pour  le  pa}s 
Venaissin,  comme  on  vient  de  le  voir'^. 


'Trésor  cîes  chartes;  Toulouse,  sac  4,  n,  25. 
[J.   3o7.] 

'  Voyez  tome  VIII,  Charles,  n.  CCXCV,  ce.  1298 
&  1299. 

'  Catel,  Histoire  des  comtes  de  TolosCj  p.  229, 

*  Trésor  des  chartes  j  Toulouse,  sac   10,  n.  4. 

'  Gallia  Christiana,  nov,   cdit.    t,    1,   Appendix, 

*  Bouta  rie  a  donné  sur  l'histoire  monéta  ire  d' Al- 
fonse de  Poitiers,  un  certain  nombre  de  détails 
dont  nous  lui  emprunterons  quelques-ur.s.  Ainci 
que  nous  l'avons  dit  plus  haut,  ce  prince  fit 
frapper  une  monnaie  semblable  au  t'ournois,  pour 
l'aloi  &  la  taille  tout  au  moins,  dans  plusieurs 
TiUcs  de  ses  Etats.  Boutaric  connaît  quatre  gr.inds 
ateliers  monétaires  dans  l'apanage  d'Alfonse  : 
Montreuil-Bonnin ,  en  Poitou,  Riom,  en  Auver- 
gne, Pont-de-Sorgues,  en  Venaissin,  &  Toulouse 
(p.  210).  Le  plus  actif  de  ces  quatre  ateliers  était 
celui  de  Montreuil-Bonnin,  dans  lequel  la  fabri- 
cation ne  fut  jamais  interrompue  &  resta  toujours 
importante.  Toulouse  émettait  des  tournois  &  des 
doubles    tournois    ou     toulousains.    L'atelier    de 


Pont-de-Sorgues  n'émit  aucune  monnaie  de  1260 
à  1267J  celui  de  Riom  cessa  de  fonctionner  en 
izio.  La  monnaie  royale  avait  cours  forcé  dans 
les  Etats  d'Alfonse.  Aux  ateliers  monétaires  du 
midi  que  vient  d'indiquer  dom  Vaissete  il  faut 
ajouter  celui  de  Saint- Antonin ,  qui  fut  ouvert 
par  Louis  IX  vers  1262.  (Cf.  tome  VIII,  ce.  lô?.'!, 
1504.)  —  Dans  les  possessions  méridionales  d'Al- 
fonse, plusieurs  barons  avaient  droit  de  frapper 
monnaie;  mais  la  plupart  de  ces  espèces  ne  pou- 
vaient circuler  hors  de  la  seigneurie  où  elles 
étaient  émises.  La  monnaie  arnaudine,  frappée 
par  révêque  d'Agen,  jouissait  pourtant  de  ce  pri- 
vilège, &,  en  1263,  Alfonse  dut  reconnaître  les 
droits  de  ce  prélat.  (Boutaric,  pp.  212,  2i3).  La 
monnaie  de  Cahors  émise  par  l'évêque  avait  cours 
dans  le  Quercy,  dans  une  partie  du  Rouergue  & 
même  à  Millau.  (liid,  p.  214.)  Nous  avons  parlé 
ailleurs  (voyez  pp.  916,  917)  de  la  monnaie  d'Albi 
ou  raimondine,  qui  fut  peu  active  pendant  tout  le 
règne  d'Alfonse.  En  Rouergue,  le  comte  de  Rodez 
émettait  une  monnaie  qui  ne  sortait  pas  du  comté. 
—  Dans  le  Venaissin  avait  cours  la  monnaie  rael- 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXVI.  047   ""; 

J~  I         An  1 17  I 

En  1202  8t  1204,  un  sol  toulousain  valoit  '  deux  sols  melgoriens,  8c 
vingt-six  sols  toulousains  pesoient  8<.  valoient  un  marc  d'argent  £n.  Les  sols 
toulousains  étoient  sans  doute  les  mêmes  que  ceux  qui  sont  appelés  raimon- 
dins  dans  diverses  chartes  de  ce  siècle.  On  peut  voir  dans  nos  Preuves^ 
&  dans  Catel  quels  étoient  les  poids  Si  l'aloi  de  la  monnoie  de  Toulouse 
en  1240,  i25i,  1253  Es.  i256.  Les  autres  monnoies  seigneuriales  de  la  Pro- 
vince, durant  le  treizième  siècle,  furent  :  1°  Celle  de  Melgueil,  qui  étoit  la 
plus  célèbre  &  dont  les  évêques  de  Maguelonne  tirèrent  le  profit,  après  que 
les  papes  leur  eurent  inféodé  le  comté  de  ce  nom,  qu'ils  avoient  confisqué  sur 
le  comte  de  Toulouse.  2°  Celle  de  Narbonne,  que  le  vicomte  de  cette  ville 
prétendoit  être  en  droit  de  faire  frapper  à  l'exclusion  de  l'archevêque. 
3°  Celle  des  évêques  de  Viviers,  du  Puy  &  de  Mende.  4°  Enfin  on  trouve 
des  anciennes  monnoies  fabritjuées  au  coin  des  vicomtes  de  Polignac.  Nous 
ne  parlons  pas  des  monnoies  des  comtes  de  Pv^odcz,  vassaux  des  comtes  de 
Toulouse,  ni  de  celles  des  évêques  de  Cahors  8t  d'Agen,  qui  avoient  cours 
dans  la  Province.  On  tiroit  une  partie  de  l'argent  qui  s'employoit  dans  ces 
monnoies  des  mines  de  Villemagne  ^^  au  diocèse  de  Béziers,  d'Orzals,  en 
Rouergue,  8<.  de  Largentière,  en  Vivarais.  Bérenger,  évêque  de  Maguelonne, 
fit  frapper  dans  son  diocèse  une  monnoie  étrangère,  qu'on  appeloit  des  mila- 
rets  {miliarensis  moneta)  ;  elle  avoit  cours  parmi  les  Sarrasins,  &  étoit  ati 
coin  de  Mahomet.  Comme  ce  prélat  ne  se  conduisoit  en  cela  que  par  l'esprit 
d'une  cupidité  sordide,  à  cause  du  grand  profit  qu'il  y  avoit  à  taire  sur  ces 
espèces,  le  pape  Clément  IV  l'en  reprit'*  sévèrement  &  lui  défendit  de  con- 
tinuer. 

C.  —  Études,  universités,  poésie  provençale. 

Les  études  furent  beaucoup  plus  florissantes  dans  la  Province  durant  le 
treizième  siècle,  par  l'établissement  des  universités  de  Toulouse  8c  de  Mont- 
pellier, qu'elles  ne  l'avoient  été  pendant  les  trois  précédens.  La  médecine, 
qu'on  avoit  commencé  d'enseigner  longtemps  auparavant  dans  la  première 
de  ces  deux  villes,  fut  toujours  cultivée ^  depuis,  8c  cette  faculté  v  prit^  une      '-^ ,•  °' 'i'','-, 

.  '  .  ^  t.  ili,  p.  33J. 

nouvelle   forme,  en   1220,  par   les  soins  du  cardinal  Conrad,  légat  dans  la 
Province;  on  enseigna  de  plus  dans  ces  deux  universités,  dès  le  treizième 


gorienne  &  inême  une  certaine  monnaie  à  carac-  '  Trésor  des  chartes  ;  Toulouse,  sac  i3,  n.  Sz.— 

tères   arabes    dont    Louis   IX    ordonna    à   Alfoiise  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  CLVI,  c.  797. 

d'interdire  la  circulation.  (Boutaric,  p.  217.)  Cette  '  Voyez  tome  VIII,  Chartes,  n.  CCXCV,  c.  1297 

monnaie  était  probablement  émise  par  les  évêques  &  suiv.    —   Catel,    Histoire   des   comtes  de    Tolose, 

de  Maguelonne,   comme   comtes    de   Melgueil,    &  p.  389  &  suiv. 

Clément  IV  fit  à   ce   sujît    de   graves    reproches    à  '  Gallia  Christiana,  nov.    éd.    t.    6,  Iiistr.  c.    144 

l'évêque   dans    une    bulle   datée    du   26    septembre  &  suiv. 

1263.  Cf.  à  ce  sujet  Germain,  Mémoire  sur  les  an-  .    ^  Clément  IV,  Epist.  877.  —  Gaixtl,  Séries  prae- 

ciennes  monnaies  seigneuriales  de  Melgueil.  (^Société  sulum  Magalonensium ,  p.  388.  [Voir  plus  haut.] 

archéolo^iijue    Je    Montpellier,    n.    19,    pp.    i(5o    à  ^Matthieu   Paris,  p.  891. 

162.)  (A.  M.]  ''  Caùel, Séries praesulum  M,Tgalonensium,\i,  ^26. 


■" 048  HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXVI. 

An  1171         y' 

siècle,  la  théologie  scolastique,  le  droit  canonique  Se  civil,  les  arts  libéraux 
&  la  grammaire.  On  ne  négligea  pas  aussi  de  s'appliquer  à  l'histoire,  8c  la 
Province  produisit  dans  ce  siècle  deux  célèbres  historiens,  savoir  :  Rigord, 
religieux  de  Saint-Denis,  auteur  de  la  Vie  du  roi  Philippe-Auguste,  lequel 
se  qualifie  '  goth  de  naissance  Se  physicien  ou  médecin  de  profession,  £<  Guil- 
laume de  Puylaurens,  chapelain  ou  aumônier  de  Raimond  VII,  comte  de 
Toulouse. 

La  poésie  provençale  fut  toujours  en  honneur  dans  le  pays,  nonobstant  les 
troubles  que  la  guerre  des  albigeois  y  causa.  Nous  avons  déjà  fait  mention 
de  divers  poètes  qui  s'y  rendirent  célèbres  durant  ce  siècle;  on  peut  y  ajouter 
de  plus  :  1°  Pierre  d'Auvergne,  dit  le  moine  de  Montaudon,  natif  de  Vie, 
en  Auvergne,  &  religieux  de  l'abbaye  d'Aurillac,  qui,  selon  sa  vie  rapportée 
dans  un  ancien  manuscrit^  de  la  Bibliothèque  du  roi,  «  fut  seigneur  de  la 
«  cour  du  Puy-Sainte-Marie,  &  tint  pendant  longtemps  cette  seigneurie. 
«  2°  Pierre  Cardinal,  natif  de  Veillac,  au  diocèse  du  Puy,  fils  d'un  chevalier 
«  du  pays,  Se  chanoine  de  la  cathédrale  de  cette  ville,  qui,  après  avoir  appris, 
«  dit-on^,  les  belles  lettres,  à  lire  &•  à  chanter,  se  mit  dans  la  dévotion  &  fit 
«  plusieurs  sirventes  pour  reprendre  la  Jolie  de  ce  monde  6"  les  faux  clercs. 
«  Il  alla  cependant  par  les  cours  des  rois  6-  des  gentils-barons,  menant  avec 
«  lui  son  jongleur,  fut  tort  honoré  de  Jacques,  roi  d'Aragon,  &  mourut  âgé 
«  de  cent  ans.  »  Michel  de  la  Tour,  de  qui  nous  tenons  ces  circonstances, 
marque  dans  le  même  manuscrit,  qu'il  transcrivit  à  Nimes,  les  poésies  de 
Pierre  Cardinal;  elles  consistent  en  cinquante  sirventes  8c  quatre  sermons  ou 
noëls  provençaux.  Nostradamus"*  le  fait  natif  d'un  château,  près  de  Beau- 
caire,  nommé  Argence  :  il  n'y  a  jamais  eu  de  château  de  ce  nom  auprès  de 
Beaucaire,  8c  c'est  le  pays  même  des  environs  qui  s'appeloit  le  pays  d'Argence. 
11  rapporte  quelques  autres  particularités  de  la  vie  de  Pierre  Cardinal,  qui 
n'ont  pas  plus  de  certitude.  Se  le  fait  mourir  en  i3o6^. 

CI.  —  Habits,  noces,  funérailles. 

Il  nous  reste  plusieurs  monumens  qui  font  mention  de  la  manière  dont  les 
peuples  du  pays  étoient  habillés  au  treizième  siècle.  Le  maréchal  d'Arles i^, 
qui  écrivoit  au  commencement  de  ce  siècle,  témoigne  que  de  son  temps  les 
peuples  de  la  Narbonnoise,  hommes  Se  femmes,  au  lieu  des  toges  fort  amples 
qu'ils  portoient  anciennement.  Se  qui  avoient  fait  donner  à  la  Province  le 
nom  de  Togata,  se  servoient  de  vêtemens  extrêmement  serrés  Se  à  pli  de 
corps,  comme  les  Espagnols  &  les  Gascons.  Suivant  Pvigord,  natifs  du  pays, 

•  Ducliesne,  HistorUe  Francorum  scr'iptores,  t.  5,  publié,   p.  294,  la   vie  du   moine  àe  Montaudon, 

p.    I  •  &,  p.  3o6,  celle  de  Pierre   Cardinal.   On    trouvera 

'  Manuscrits  français,  n.  722;).  [Fr.  804.]  au  même  endroit  douze  des  plus  célèbres  pièces  de 

'  Manuscrits  français,  n.  722$.  ce  dernier  poëte.    [A.  M.] 

^  Nostradnraus,  Poètes  provençaux,  p.  177  81  suiv.  "^  Gervnis  de  Tilbury,  Otia  imperialia,  p.  514. 

'  Rochegude,  dans   son   Parnasse  Occitanien,  a  '  Rigord,  p.   12. 


HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXVI.  040  " 

-'  '  '        An   1271 

qui  éciivoit  vers  le  inêine  temps,  les  hommes  se  couvroient  la  tête  avec  des 
capuchons.  On  peut  voir  dans  Geoffroi,  moine  de  Vigeois',  en  Limousin, 
quelle  étoit,  à  la  fin  du  douzième  siècle,  la  somptuosité  des  habits  des  sei- 
gneurs Se  des  dames,  Se  le  luxe  qui  régnoit  alors  en  France.  Il  parle  aussi  de 
la  manière  dont  s'habilloient  de  son  temps  les  religieux  de  l'ordre  de  Saint- 
Benoît.  Il  remarque  qu'autrefois  on  portoit  la  barbe,  mais  qu'alors  on  la 
rasoit  j  que  les  tourrures  étoient  fort  en  usage,  Sec.  Le  concile  tenu  à  Mont- 
pellier^, en  1195,  défend  aux  hommes  de  porter  des  habits  fendus  par  en 
bas,  8<.  aux  femmes  des  robes  traînantes. 

Les  habitans  de  Toulouse  firent  un  règlement^,  en  1204,  pour  défendre 
aux  jongleurs  8c  aux  jongleuses  d'entrer  dans  les  maisons,  excepté  durant  les 
noces,  sans  la  permission  du  maître  ou  de  la  maîtresse;  S<.  à  toute  sorte  de 
personnes,  excepté  au  père,  à  la  mère,  aux  fils,  aux  filles,  aux  frères  S<  aux 
sœurs,  au  mari  &  à  la  femme  du  mort,  de  le  faire  conduire  S<:  soutenir  par 
d'autres  aux  funérailles,  8t  k  tous  en  général  de  s'égratigner  le  visage  avec 
les  ongles,  de  s'arracher  les  cheveux,  de  se  déchirer  les  habits  S<.  de  se  ren- 
verser par  terre  dans  une  semblable  occasion.  C'étoit  un  usage'*  ancien  à 
Montpellier,  au  milieu  du  treizième  siècle,  de  porter  les  morts  au  tombeau 
dans  leurs  lits  de  parade,  &  ces  lits  appartenoient  au  curé. 

en.  —  Notaires  publics,  —  Chronologie, 

Les  notaires  publics,  que  quelques  princes  8<  grands  seigneurs  avoient 
commencé  d'établir  dans  leurs  domaines  au  douzième  siècle,  devinrent  com- 
muns dans  le  suivant,  Se  presque  tous  les  hauts  justiciers,  soit  ecclésiastiques, 
soit  laïques,  se  crurent  en  droit  d'en  instituer.  Ainsi  la  plupart  des  actes  du  ,.'ni°p."5"j. 
treizième  siècle  furent  passés  par  le  ministère  de  ces  notaires,  qui  ne  les 
signoient  pas  ordinairement.  Les  parties  se  contentoient,  pour  l'authenticité, 
d'y  apposer  leurs  sceaux  St  d'en  faire  mention  à  la  fin  de  l'acte,  après  avoir 
nommé  les  témoins  qui  avoient  été  présens.  Il  ne  paroît  pas  non  plus  que 
les  notaires  aient  gardé  les  minutes  de  leurs  expéditions  avant  le  milieu  du 
treizième  siècle;  ils  les  délivroient  aux  parties  en  original,  Se  en  faisoient 
deux  ou  plusieurs  exemplaires,  suivant  le  nombre  des  parties,  &,  pour  éviter 
toute  fraude,  ils  écrivoient  les  deux  exeinplaires,  un  de  cliac|ue  côté  du  par- 
chemin, &  mettoient  dans  le  blanc  qui  étoit  au  milieu  les  lettres  de  l'al- 
phabet en  grandes  capitales.  Ils  coupoient  ensuite  ce  parchemin  par  le 
milieu  de  ces  lettres  capitales.  On  appeloit  ces  sortes  de  charte?,  dont  l'usage 
étoit  déjà  établi  dans  les  siècles  précédens,  des  chartes  divisées  par  l'alphabet. 

Quant  à  la  chronologie,  quoique  l'usage  de  ne  commencer  l'année  qu'à 
Pâques  ou  à  l'Incarnation,  fût  presque  général  dans  tout  le  royaume  au  trei- 
zième siècle,  il  y  eut  cependant  certains  cantons  de  la  Province,  comme  les 

'  Geoffroy  de  Vigeois,  d.nns  Labbe,  Nova  Bihlio-  '  Catel,  Histoire  Jcs  comtes  Je  Tolose,  p.  2i3  & 

thcca  manuicr'tptorum,  t.  2,  p.  328.  suiv. 

'  Bal-.ize,  Concilia  Galliac  Narèoncniis,  p.  36.  *  Clément  IV,  Epist.  668. 


An  1271 


g3o  .HISTOIRE  GENERALE  DE  LANGUEDOC.  LIV.  XXVI. 

diocèses  de  Narboiine,  de  Béziers  S<.  de  Caicassonne,  &  le  pays  de  Foix,  où 
on  datoit  plus  communément  de  la  Nativité  de  Notre-Seigneur.  On  trouve 
même  souvent  dans  le  même  pays  des  chartes  datées  les  unes  de  la  Nativité 
Se  les  autres  de  l'Incarnation,  comme  nous  avons  eu  soi:;  de  le  faire  observer 
en  plusieurs  occasions. 


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TABLE   GENERALE 


DES    NOMS    ET   DES    MATIERES 


AAr.cAYE  (le  Conques,  pp.  177,  66y. 
—  de  Combelongue,  pp.  .3.53,  65o, 
—  de  la  Couronne,  p.  io3. 

AnctïE  d'Alet,  pp.  1,58,  56o,  55  r,  670,  699,  722.  —  de  Cuxa,  p.  .5o3. 

—  d'Aniane,  pp.  18,  62,  1  18,  2o5,  106,  414,  784.  —  de  Dnlon,  p.   io3. 

d'Ardorel,  pp.  3,  601 .  —  de  Doiihe,    alis!   de    Doé  ,    en  Vêlai,    pp.    10, 

—  d'Aiirillac,  pp.  i3,    93,    100,    110,    692,    948  ^27- 

mise  k  contribution  par  les  routiers,  p.   1  10.  —  d'Eaunes,  pp.  26,  27,  604,  8o3. 

—  de  Belleperche,   pp.   226,  552,  084,  688,  8o3,  —  des  Feuillans,  pp.  26,  27,  i25,  541,  604,  8o3. 
821.  —  de  Figeac,  pp.  67,  100,   134,  449,  619,  807. 

—  de  Bonnecombe,  pp.  26,   162,  552,  8o3.  —  de  la  Font,  Jans  U  ville  de  Nimcs,  p.  87,  275. 

—  de  Bonnefont,  pp.  12,  26,  735.  _  de  Fontevrault,  pp.  48,   i3T,  8o3,  8o5,  918. 

—  de  Bonneval,  pp.  45,  63,  177,  395,  817.  —  de  Fontfroide,  pp.  3,  34,  5o,  5i ,  57,  58,  71, 

—  de  Boulbonne,  pp.  64,  67,  126,  184,  i85,  192,  76,  ii5,  119,  140,  i52,  2:9,  225,  229,  414, 
2-.8,  422,  5o2,  5o3,  564,  604,  731,  778,  852,  43.'.  478,  493,  5.14,  564,  572,  074,  596,  700, 
853,   887.                                                                              714,  71;''.  856,  b57 

—  de  Brioude,  pp.  9,   178.  —  des  Fonts,  p.  837. 

—  de  Calers,  pp.  12,  552.  —  de  Franquevaux,    pp.    26,   40,    46,   63,   71,  76, 

—  deCandeil,    pp.    3,    26,    117,    141,    195,   210,  '<"',  1 14,  2c5,  252 ,  552,  65 1. 

552,  821.  —  de  Frédelas,  pp.65r,  616.  Foytç  Saint-Amonin 

—  de  la  Capelle,  pp.  10,  11,  552  .     de  Pamiers. 

—  de  Castres,  p.  3.  —  de  Gaillac,  p.  3. 

—  de  Cannes,    pp.    116,    i54,    195,    584,   587,667,  —  de  la  Garde-Dieu,  pp.   100,   162,  552. 
870,  871.  —  de  Gigean,  p.  661. 

—  de  Cendras,  pp.  3,  87.  —  de  Cimont,  p.  73^. 

—  de  la  Chaise-Dieu,  pp.  8,  672.  —  de  Goyon  (corr.  Goujon),  pp.  604,  8o3. 

—  de  Cîteaux,  pp.  26,  77,  78,  98,   lo5,   146,  25o,  —  de  Grandmont,  pp.    io3,   104. 
251.537,596,599,633,662,803,823.  _j^   Grandselve,    pp.    82,    100,    124,    143,    197, 

—  de  Clairac,  pp.  391,  408,  423.  201,  208,  233,  55i,  584,  633,  8o3,  821,  822. 

—  de  Clairvaux,  pp.  204,  599,  633.  _  de  la  Graise,  pp.   57,  326,  339,  465,  521,  541, 

—  de  Cluny,  pp.  ii3,  196,  202,  261.  6o8,  609,  65o,  857,  899. 


902 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


Abcaye  de  Léoncel,  p.  iS^. 

—  de  Lézat,  p.   782. 

—  du  Loc-Dieii,  p.   177. 

—  de  Lodève,  p.  247. 

—  du  Mas-Garnier,  pp.  878,  879, 

—  de  Maubuisson,  p.  928. 

—  de  Maurs,  p.  67. 

—  de  Mazan,  pp.  565,  569. 

—  de  Mercoire;  sa  fondation,  p.  56.5. 

—  de  Moissac,  pp.  179,   igS,  584,  6o3. 

—  de  Montolieu,  p.  64. 

—  de  Montaragon,  pp.  233,  239,  205. 

—  du  Mont-Sainte-Marie,  p.  3 10. 

—  de  Notre-Dame  d'Alet,  p.  67. 

—  de  Notre-Dame  de  Gojon.  Voyc^  Goyon. 

—  de  Notre-Dame  de  l'Oraison-Dieu,  p.  604. 

—  de  Nonnenqiie,  p.   1  19. 

—  de  l'Oraison-Dieu,  p.  8o3. 

—  de  Pamiers,  p.  564. 

—  de  Poblet,  pp.   175,  239. 

—  de  Pontigny,  pp.  i3,  78,  526. 

—  de  Psalmodi,  pp.  64,  68,  457,  781. 

—  de  RiupoU  (au;.  Ripoll),  p.  56i. 

—  de  Salvanez  (corr.  Silvanès),  p.  82. 

—  de  Souillnc,  p.   134. 

—  de  Saint-André  d'Avignon,  pp.  93,   i33,  258. 

—  de  Saint- Antoine,  en  Viennois,  p.  464. 

—  de  Saint-Antonin  de  Pamiers,  p.  i  27. 

—  de  Saint-Aphrodise,  p.   193. 

—  de  Saint-Bertin,  p.   101. 

—  de  Sainte-Eugénie,  près  de  Narbonne,  p.   140, 

—  de  Saint-Euverte  d'Orléans,  p.  10. 

—  de  Saint-Germain  des  Prés,  p.  463. 

—  de  Saint-Geniès,  p.  202. 

—  de  Saint-Gilles,  pp.   171,  601,  885. 

—  de  Saint-Guillem  du  Désert,  pp.  3,  41. 

—  de  Saint-Hilaire,  pp.   i53,  154. 

—  de  Saint-Paul  de  Narbonne,  pp.   i52,  414. 

—  de  Saint-Pierre    (corr.    Saint-Pé)  de   Générez, 
p.  498. 

—  de  Saint-Pons  de  Thomières,  pp.  3,  870. 

—  de  Saint-Sever,  p.  56. 

—  de  Saint-Thibéry,  pp.  41,  68,  453. 

—  de  Saint-Victor  de  Marseille,  pp.  97,   178. 

—  de  Saint-Victor  de  Paris,  p.   10. 

—  de  Saint-Vincent  de  Laon,  p.  463. 

—  de  Saint-Volusien  de  Poix,  p.  127. 

—  de  Tenaille,  p.   i85. 

—  de  Vajal,  al.  Vaïal,  p.   |85. 

—  de  Valmagne,   pp.    48,   64,   71,  loi,   10:,    124, 
i55,  202,  797. 

—  de  Valnègre,  p.   |85. 

—  de  Vigeois,  p.  54. 

—  de  Villelongue,  p.   154,  870, 
Aniifts  d'Alet,  p.  4,ii . 

—  d'Aniane,  p.  441. 
-^  d'Ardorel,  p.  601 . 


AniiÉS  d'Aurillac,  p.    178. 

—  de  Beaulieu,  p.  473. 

—  de  Boulbonne,  p.    65o. 

—  de  Caunes,  p.  824. 

—  de  Cîteaux,  pp.  266,  271,  272,  3(1,  332;  tient 
le  concile  d'Avignon,  p.  3o3. 

—  de  Clairac,  pp.  498,  391,  408. 

—  de  Clairvaux,  p.  95. 

-—  de  Cluny;  ses  privilèges  au  Puy,  p.  261. 

—  de  Condom,  p.  268. 

—  de  la  Cour-Dieu,  p.  357. 

—  d'Enunes,  p.  3 18. 

—  de  Feuillans,  p.  6i3. 

—  de  Foix,  p.  65o. 

—  de  Fontcaude,  p.  325. 

—  de  Fontfroide,  p.  600, 

—  de  la  Grasse,  pp.  38o,  6co. 

—  de  Moissac,  pp.  390,  404,  407. 

—  de  Montauban,  pp.  404,  407. 

—  de  Montmajour,  p.  281. 

—  de  Montolieu,  p.  537. 

—  de  Perseigne,  p.  265. 

—  du  Pin,  p.  265. 

—  de^Psalmodi,  p,  247. 

—  de  Saint-Aphrodise  de   Béziers,   pp.   325,  379, 
38o. 

—  de  Sainte-Croix  de  Bordeaux,  p.  95. 

—  de  Saint-Denis,  p.  607. 

—  de  Saint-Frodille,   p.  247. 

—  de  Saint-Gilles,  pp.  281,  38o. 

—  de  Saint-Guillem,  p.  247. 

—  de  Saint-Paul  de  Narbonne,  pp.  290,  379, 

—  de  Saint-Pons,  pp.  38o,  441. 

—  de  Saint-Remi  de  Reims,  p.  388. 

—  de  Saint-Savin,  p.  498. 

—  de  Saint-Sernin   de   Toulouse,    pp.    496,    58.(, 
587. 

—  de  Saint-Sever-Cap,  p,  95. 

—  de  Saint-Thibéry,  pp.  325,  33o,  423,  471,  5oo, 
5oi . 

—  de  la  Sauve,  p.  226. 

—  de  Soissons,  p.  388. 

—  de  Turpenay,  p.  190. 

—  de  Valmagne,  pp.  247,  325,  33o. 

—  de  Vaux-Cernay,  p.  377. 

—  de  Villemagne,  p.  423. 
Abirac,  p.  71  • 

Abjuration  des  hérétiques  de  la  Province,  pp.  325, 

326. 
ABRAH.4M    BEN     ISAAC,    juif  de    Montpellier, 

p.  944. 

ABRAHAM     BEN     ISAAC,     juif    de     Narbonne, 
p.  944. 

ACAPTE,   ARIiltRE-ACArrE,    p.    939. 

Accord  entre  les  chevaliers  &  les  bourgeois  de  Ni- 
mes,  p.  22. 

—  entre  le  roi  de  France  &  le  comte  de  Toulouse, 

p.  7-4- 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


ob; 


Arrnr.D  entre  le  roi  &  l'évèqne  de  Béziers,  tou- 
chant la  justice  &  le  domaine  de  cette  ville  8c 
du  diocèse,  p.  658,  609. 

ACCURSE,  jurisconsulte;  date  de  son  enseigne- 
ment à  Toulouse,  p.  6^3, 

AcnE  (Saint-Je\n  d"),  pp.  533,  81 5,  830,847,  837. 

ADAM  DE  IMILLY ,  sénéchal  de  Carcassonne, 
■p.  614;  lieutenant  du  roi,  pp.  655,  657,  653, 
667. 

ADAI.BERT  DE  NOVIS  {corr.  NOVES),   p.    196. 

ADÉLAlDE,  première  femme  de  Raimond-Trenca- 
vel,  vicomte  de  Béziers,  p.  3o. 

ADÉLAÏDE,  fille  de  Raimond-Trencavel,  femme 
de  Sicard,  vicomte  de  Lautrec,  p.  3o, 

ADÉLAÏDE  DE  MINERVE,  p.  85o. 

ADÉLAÏDE  DE  ROQUEFEUIL,  p.  47. 

ADÉLAÏDE,  sœur  de  Guillaume  VII,  seigneur  de 
Montpellier,  p.  46. 

ADÉLAÏDE,  sœur  de  Pierre-Rairaond  de  Béziers, 
p.  ^7- 

ADÉLAÏDE  DE  ROQUEMARTINE,  femme  de  Bar- 
rai, vicomte  de  Marseille,  pp.  i63,  182,  243. 

ADÉLAÏDE,  femme  de  Noisil,  seigneur  de  Mer- 
cœur,  pp.   i65,  396. 

ADÉLAÏDE,  femme  de  Pons  V,  vicomte  de  Poli- 
gnac,  p.  528. 

ADÉLAÏDE  DE  BOISSESON,  p.  555. 

ADÉLAÏDE  COGNAS,  femme  de  Burgundion  do 
Montpellier,  p.   100. 

ADÉLAÏDE,  fille  de  Guillaume  Vil,  p.  46. 

ADÉLAÏDE,  fille  de  Guillaume  VIII,  p.  202. 

ADÉLAÏDE,  fille  de  Raimond  V  &  de  Constance 
de  France,  pp.  82,  116,  |35,  14$,  168;  épouse 
Roger,  vicomte  de  Béziers  &  de  Carcassonne; 
douaire  de  cette  princesse,  pp.  43,  142;  mère  de 
Raimond-Roger,  vicomte  de  Béziers,  p.  193; 
livre  au  cardinal-légat  le  château  de  Lavnur, 
pp.  93,  99)  sur  l'époque  de  sa  mort;  trouba- 
dours qui  écrivent  des  vers  en  l'honneur  de  cette 
comtesse,  pp.  i56,  137. 

ADÉMAR,  abbé  de  Boulbonne,  p.  832. 

ADÉMAR  DE  POITIERS,  pp.  486,  514. 

ADÉMAR  DE  SAINT-SERNIN,  p.  888. 

ADÉMAR,  nonce  ou  appariteur  de  l'Inquisition, 
p.  739. 

ADHÈM.^R,  abbé  de  Montauban,  p.  329. 

ADHÉMAR,  vicomte  de  Limoges,  p.  io3. 

ADOLPHE,  comte  de  Mons,   p.  35o. 

Adoption  de  l'infant  d'Aragon  par  Roger,  vicomte 
de  Béziers,  p.  114. 

ADRIEN  IV,  pape,  p.   i3. 

Adcltéi.E;  peines  dont  il  est  puni,  p.  ç38. 

Affaire  d'Aldigeois,  expression  employée  pour 
parler  de  la  croisade,  pp.  58i,  692. 

Affranchissement  des  serfs,  pp.  942,  943. 

AcADOis  (pay>  d'),  p.  859. 

AcDE,  pp.  3,  48,  56,  65,  71,  99,  i37,  i38,  146) 
i54,  159,  525,  534,  554,  566,  372,  573,  574, 
672,  784,  800,  859,  927;  traité  de  commerce  de 
1 185,  entre  le  seigneur  de  Montpellier,  l'évèque 
&  le  vicomte  d'Agde  ;  principales  clauses, 
pp.  1 16,  117;  la  ville  &  la  vicomte  d'Agde  sont 


données  par  Berna rd-Aton  à  l'église  cathédrale, 
p.  12D;  est  reprise  par  Raimond  VII,  p.  58 1  : 
rendue  à  l'évèque,  p.  583  ;  accord  entre  le  cha- 
pitre &  l'évèque  au  sujet  des  hautes  justices  & 
de  la  suzeraineté  de  la  ville,  pp.  698,  699;  le 
roi  d'Aragon  la  cède  avec  le  pays  à  saint  Louis 
pp.  839,  880. 

Agdi;  (diocèse  d'),  pp.  102,  i36,  195,  797,  807,  872. 

—  (évéques  d'),  pp.  99,  120,  236,  247,  277,  325, 
379,  423,  465,  466,  5io,  534,  538,  56i,  372, 
584,  603,  6S0,  681,  728,  737,  738,  764,  795, 

800,  804,  912;  leur  ancien  domaine,  p.  55; 
leurs  différends  avec  le  roi  touchant  le  domaine 
de  la  ville  &  du  pnys,  p.  657. 

—  (église  d');  ses  privilèges,  pp.  56,  57;  nombre 
de  ses  chanoines,  p.  57. 

—  (églises  d'),  Saint- Etienne,  cathédrale,  p.  120; 
Saint-Sever,  abbaye,  p.  56;  Notre-Dame  du 
Grau,  p.  1  20. 

—  (comté  &  comtes  d'),  pp.  120,  583;  le  comté 
est  réuni  à  la  couronne,  p.  640. 

—  (vicomte  &  vicomtes  d'),  pp.  3o,  120,  134,  534, 
5S3,  6i5,  784;  la  vicomte  est  unie  au  domaine 
des  évéques,  p.  120;  accord  touchant  cette  vi- 
comte entre  le  comte  de  Toulouse,  seigneur  su- 
zerain, &  l'évèque,  p.  586. 

Agen,  pp.  327,  446,  5o2,  310,  554,  693,  723,  724, 
779,  800,  801,  804,  81  1 ,  8i3,  828,  947;  le  duc 
d'Aquitaine  y  séjourne  en  1186,  p.  117;  ses 
habitants  prêtent  serment  de  fidélité  à  Simon  de 
Montfort,  p.  387;  tentatives  d'Amauri  pour  la 
maintenir  dans  son  obéissance,  pp.  542,  5.i3  ; 
rentre  sous  l'autorité  de  Raimond  VII;  ses  pri- 
vilèges, p.  543;  la  justice  est  partagée  entre  le 
comte  &  l'évèque,  p.  586;  ses  murs  doivent  être 
détruits,  p.  635;  Raimond  VII  confirme  les  pri- 
vilèges des  habitants  en  1226,  p.  6o3  ;  ses  consuls 
&  ses  habitants  prêtent  serment  au  roi  après  la 
révolte  de  Raimond  VII  en  1242,  p.  755;  on  y 
brûle  des  hérétiques  en    1249,  p.  802. 

—  (comtes   d'),    pp.   5o2,    5o3.   Voye^    Comtfs  de 

ToULOCSE. 

—  (diocèse  d'),  pp.  392,  463,  545,  641,  644. 

—  (évèque  d'),  pp.  io3.  104,  139,  287,  3i7,  323, 
387,  391,  396,  404,  407,  584,  779;  accord  entre 
lui  &  le  comte  de  Toulouse  touchant  la  justice 
&  le  domaine  de  cette  ville,  p,  586. 

AoENAis,  pp.  389,  447,  45i,  642,  709,  754,  800, 

801,  807,  8i5,  823,  S95,  900,  93o ;  uni  an 
dom.Tine  des  comtes  de  Toulouse  par  le  mariage 
de  Raimond  ^'I  avec  Jeanne,  sœur  du  roi  d'An- 
gleterre, pp.  173,  174;  Simon  de  Montfort  le 
soumet,  pp.  386,  387;  se  remet  sous  l'obéissance 
du  comte  de  Toulouse,  p.  522;  Amaiiri  de 
Montfort  cherche  à  le  reprendre,  pp.  542,  343; 
demeure  à  Raimond  VII  par  le  traité  de  1229, 
pp.  634,  641  ;  la  noblesse  &  le  peuple  prêtent 
serment  au  roi,  p.  755;  ses  habitants  se  sou- 
mettent à  Alfonsc,  comte  de  Poitiers  &  de  Tou- 
louse, &  à  Jeanne,  sa  femme;  réclamé  par  le 
roi  d'Angleterre  après  !r,  :-.r  1;  de  Raimond  VII, 
p.  8i3;  ses  revenus,  p.  ijzS. 

—  (comté  d'),  p.  554. 

—  (sénéchaussée  d'),  est  unie  à  celle  de  Querci, 
p.  823. 


934 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


j4gcnais,  nom  donné  n  ux  hérétiques  en  1178, 
p.  86.  Voyez  Alkigeois. 

AGNÈS,  femme  de  Gtiillniime  de  Montpellier  après 
la  répudiation  d'Eudoxe  Comnène,  pp.  117, 
118,  122,  i36,  i38,  214,  882. 

AGNÈS  DE  MONTPELLIER,  femme  de  Raimond- 
Roger,  vicomte  de  Béziers  &  de  Carcassonne, 
p.  207;  s'accorde  avec  Simon  de  Montfort  au 
sujet  de  son  douaire,  p.  3i4;  vicomtesse  douai- 
rière de  Béziers,  p.  618. 

iGNÈS,  fille  de  Guillaume  VIII,  comte  d'Auver- 
gne, pp.  177,  202  j  femme  d'Hugues  II,  comte 
do  Rodez,  p.   1  78. 

AGNÈS,  sœur  de  Raimond  V,  pp.  124,  I25. 

AGNÈS,  femme  de  Sicard,  vicomte  de  Lautrec, 
p.  438. 

AGNÈS,  vicomtesse  de  Lautrec,  p.  678. 

AGNÈS,  fille  de  Pons  V,  seigneur  de  Polignac, 
p.  798. 

AGNÈS,  fille  de  Roger  IV,  comte  de  Foix,  p.  887. 

AGNJîS,  femme  d'Esquieu  de  Minerve,  p.  Siio. 

AGNÈS,  femme  d'Esquivat  de  Bigorre,  p.  887. 

AoofT,  rivière,  p.  35 1 . 

AGOUT  DE  BALMES,  p.  818. 

AGOUT  DE  SAULT,  p.  818. 

Agl-ihb,  château,  pp.  720,  8i5,  855,  856,  807. 

Aide  ou  fouace,  p.  900. 

AiGADOU  (leude  de  1'),  p.  2o3. 

AïOKES-MOKTts,  ville  &  port  sur  la  Méditerra- 
née, leur  fondation,  pp.  781,  796,797,  798, 
799,  802,  8i5,  847,  917,  9i3j  privilèges  accor- 
dés par  Louis  IX  à  cette  ville,  au  moment  de  sa 
fondation,  pp.  782,  783,  796;  Louis  IX  vient  s'y 
embarquer,  p.  797;  Raimond  VII  l'y  rejoint, 
p.  798;  arrivée  de  saint  Louis,  pp.  916,  916; 
ses  coutumes,  données  par  saint  Louis,  p.  932. 

AiGUÈSE,   château,    pp.    147,334. 

AlC-.KlI.LON,   p.    522. 

AIMARD,  trésorier  du  Temple,  à  Paris,  p.  392, 
AiMAKGUES  (château  d'),  p.  83. 

—  (seigneurie  d'),  p.  206. 
AIMERI  PALHER,   p.  846. 
AIMERI  PORTIER,  p.  812. 
AiNAC,  château  en  Vêlai,  p.  37. 

AINARD  ou  AYMARD,  évêque  du  Puy,  p.   144. 

AINARD  DE  MONTREDON,  p.  87. 

Aire,  en  Flandre,  p.  423. 

Air.E  (évêque  d'),  p.  498. 

Aix,  ville  métropolitaine,  pp.  24,  io3,  3o3,  892, 
435,  523,  591,  63-,  66r,  673,  716,  733,  Soo, 
817;  Alfonse  II  y  séjourne  en  1182,  p.  102;  le 
roi  d'Aragon  donne  une  charte  en  faveur  de  sa 
cathédrale  en  i  r85,  p.   1  i3. 

^(archevêques  d'),  pp.  24,  171,  222,  264,  277, 
3o3,  3i7,  733,  8:0,  837,  S38. 

—  (archidiacre  d'),  p.  847. 

—  (diocèse  d'),  p.  24. 

Alagnan,  château  dans  le  Razès,  p.  44. 

ALAIN;  trois  écrivains  ont  porté  ce  nom  au  com- 
mencement du  treizième  siècle  j  œuvres  qu'il 
faut  attribuer  à  chacun  d'eux,  p.  200. 


ALAIN,  religiei'.x  de  Cîteaux,  p.  îi8. 
ALAIN  DE  LILLE,  écrit  contre   les  hérétiques  de 
la  Province,  p.  204. 

ALAIN  DE  ROUGI,  seigneur  de  Termes,  pp.  374, 

425,  426,  427,  466,  541. 
Alaiuac,  château    assiégé   &    pris   par   Simon    de 

Montfort,  p.  326, 

Ai.AiRAc,  lieu,  p.  609, 

Ai,MS,  pp.  45,  325,  396,  527,  534,  535,  755,  837, 
u38  ;  accord  relatif  au  domaine  de  cette  ville, 
p.  569;  soumise  à  Louis  VIII  par  Pierre-Ber- 
mond,  p.  601;  Bernard  Pelet  fait  la  même  sou- 
mission, p.  608;  une  moitié  de  la  ville  est  unie 
au  domaine  royal  à  la  suite  de  la  confiscation 
des  domaines  de  Pierre-Bermond,  p.  756)  plain- 
tes des  consuls  contre  le  sénéchal;  destruction 
de  la  tour  d'Alais,  pp.  793,  794;  saint  Louis  y 
passe,  p.  838.  * 

—  (château  d'^,  p.  705. 

—  (seigneurs  d'),  pp.  44,  63,  281,  333,  396,  5io, 
535,  569,  608,  627,  755,  85o,  8ç5. 

ALAMAN  (Déodat  d'),  pp.  i53,  566,  692. 

ALAMAN  (Sicard  d'),  pp.  727,  840,  S74,  885, 
900. 

ALAMANDË,  sœur  d'Arnaud,  vicomte  de  Fenouil- 
lèdes,  p.  57. 

Alanan,  dans  le  Vivarals,  p.  25o. 

Alaxson,  château,  p.  3c3. 

ALBANO  (cardinal  d'),  p.  800. 

Albano  (évêché  d'),  pp.  85,  95. 

Ai.r.Ar.nN,  château  dans  l'île  de  la  Camargue,  sur 
le  Rhône,  pp.  24,  33,  68,  110,  ii3. 

ALBARON  (Pierre  d'),  p.   i37. 

AlbAS,  château  soumis  par  Simon  de  Montfort, 
p.  343. 

Albe,  capitale  du  Vivarais,  p.  6. 

ALiiEt)Vi\,  château  du  diocèse  de  Narbonne  soumis 
aux  croisés,  p.  377. 

Ar.DENGA,  ravagée  par  les  Pisans,  p.   i5. 

Ai.nEi'.ciE,  pp.  42,  I  i5,  323,  454,  478,  534,  54t. 

ALBÉRIC,  légat  d'Eugène  III,  p.  2. 

ALBÉRIC  TAILLEFER,  fils  puîné  de  Raimond  V, 
pp.  27,  76;  sa  mort,  pp.  io5,  106;  mort  sans 
postérité,  p.   167. 

AI.KÉRIC  DES  TROIS-FONTAINES,  p.  569. 

ALBERT  DE  TARASCON,  p.  776. 

ALBERTATS  CAILLA,  jongleur  d'Albigeois, 
p.  166. 

ALBERTÈS,  poète  provençal,  p.  166. 

ALBÈSE,  chevalier,  p.  729.  Foye^  ci-dessous. 

ALBETA  ou   ALBÈSE,  DE  TARASCON,  p.  729. 

Albi,  pp.  3,  4,  i3,  42,  III,  114,  1 54,  3 1 3,  319, 
367,  334,  523,  535,  618,  624,  626,  646,  6;3, 
697,  751,  772,  784,  8 o5,  843,  854,  859,  9c5,  Ç24, 
927  ;  un  plaid  y  est  tenu  en  1  1  67  par  Raimond- 
Trencaveî,  p.  27;  les  chevaliers  du  Château- 
Vieux  font  serment  d'aider  le  vicomte  de  Béziers 
contre  le  comte  de  Toulouse,  p.  99;  incursions 
des  gens  de  guerre,  p.  140;  règlement  des  con- 
testations entre  l'évêque  &  le  vicomte,  pp.  149, 
i5oj  lepontdoi;  être  entretenu  par  le  vicomte, 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


p.  i5d;  se  soumet  à  Simon  de  JMontfort, 
p.  3i  I  j  sa  possession  est  confirmée  par  le  pape 
à  Simon  de  Montfort,  p.  332;  une  charte  de 
1220,  donnée  par  l'évéque  Giiillem-Pierre,  ac- 
corde des  privilèges  aux  habitants  d'Albi , 
p.  039;  revient  à  Raimond,  comte  de  Toulouse, 
qui  confirme  ses  privilèges,  p.  ôyô;  ses  habi- 
tants envoient  vers  Louis  VIII  pour  faire  leur 
soumission,  p.  608;  différend  entre  l'évéque  & 
les  habitants,  p.  655  j  les  inquisiteurs  y  font 
exhumer  les  corps  de  quelques  personnes  qui 
étaient  mortes  hérétiques,  p.  687;  soulèvement 
provoqué  par  ces  mesures,  p.  688;  des  hérétiques 
y  sont  brûlés  vifs,  p.  701  ;  se  soumet  à  Rai- 
mond VII,  p.  744;  ses  habitants  sont  déliés  par 
ce  dernier  comte  de  leur  serment  de  fidélité, 
p.  761  ;  un  concile  y  est  tenu  en  1  254,  p.  839  ; 
différends  qui  éclatent  entre  les  officiers  du  roi 
&  révêque,  pp.  864,  865;  prise  de  possession 
par  le  roi,  pp.  865,  866. 

Alci  (Castrlviel,  Château  vieux  d'),  pp.  3i,  71, 
99,  523,  697. 

—  (consuls  d'^,  p.  927. 

—  (diocèse  d') ,  pp.  332,  392,  640,  641,  766,  924. 

—  Sainte-Cécile,  église  cathédrale,  pp.  687,  926. 

—  Sai\t-Salvi,  église,  p.  27;  réforme  des  chanoi- 
nes réguliers  qui  desservaient  cette  église,  p.  626. 

—  Saiste-Mautiane,  église,  pp.  27,  626. 

—  (évèques  d'),  pp.  81,  3i7,  362,  38(),  391,  404, 
45-,  626,  687,  710,  7.57,  758,  768,  788,  795, 
8o3,  840,  864,    866,  912. 

—  (hôpital  du  Vigan,  à),  p.  140. 

—  (seigneurs  d'j,  p.  864. 

—  (vicomte  &  vicomtes  d'),  pp.  29,  1 14,  140,  i53, 
134,  194,  362,  575,  587,  ôiS;  est  unie  à  la 
couronne,  pp.  784,  790. 

Albigkois  (pays  d'),  pp.  6,  27,  3i,  44,  6-,  82,  86, 
154,  378,  447,  533,  553,  574,  727,  754,  778, 
80-,  811,  829,  834,  855,  859,  866,  895,  918, 
925,  çjo,  936  ;  origine  Si  progrès  de  l'hérésie, 
pp.  I,  25  l'évéque  de  Bath  &  l'abbé  de  Clair- 
vaux  y  sont  envoyés  pour  combattre  les  héré- 
tiques, p.  81  ;  la  paix  y  est  rétablie  par  l'accord 
du  vicomte  de  Béziers  &  du  comie  de  Toulouse, 
p.  140  ;  une  grande  partie  du  pays  se  soumet  à 
Simon  de  Monifort,  p.  3i  1  ;  plusieurs  chevaliers 
du  pays  reviennent  au  comte  Raimond  VI  , 
p.  3i5;  Castres,  Lombers  se  soumettent  de  nou- 
veau à  Simon  de  Montfort,  p.  3^3;  la  partie 
en  deçà  du  Tarn,  du  côté  de  Gaillac,  est  laissée 
à  Raimond  VII  par  le  traité  de  1229,  p.  634; 
le  reste  du  comté  est  réuni  à  la  couronne, 
p.  640  j  ses  principaux  habitants  prêtent' ser- 
ment au  roi  de  France  après  la  paix  de  Lorris, 
pp.  753,  754;  après  la  mort  de  Raimond  ^■II, 
les  barons,  chevaliers,  consuls  &  prud'homir.es 
du  pays  prêtent  serment  de  fidélité  à  Alfcnse, 
comte  de  Touloiise,  8t  à  Jeanne,  sa  femme, 
p.  81  I  ;  le  roi  d'Aragon  cède  au  roi  de  France 
les  'Irons  qu'il  pouvait  avoir  sur  ce  pays,  p.  859  ; 
pris  en  général;  son  étendue,  p.  936. 

—  (parties  d'),  p.  936. 

—  (sénéchaussée  &  sénéchaux  d'),  pp.  3o,  626, 
(ij6,  697,  823,  934. 


Albigeois,  hérétiques,  pp.  220,  223,  377,  074, 
595,  597;  leur  condamnation  par  divers  con- 
ciles, pp.  2,  3  ;  leur  mœurs,  p.  3;  origine  tîe  ce 
nom  donné  aux  hérétiques,  pp.  6,  86,  95;  leurs 
erreurs,  pp.  77,  78;  sont  d'abord  appelés  vaa- 
dois  o  ariens,  p.  2  18;  leurs  croyances,  p.  228  ; 
la  première  armée  levée  en  France  contre  eux  se 
réunit  à  Lyon,  p.  284;  croisade  prêchée  contre 
eux,  pp.  597,  598.  Voyei  Hérétiques,  cathares, 

PATARINS. 

Albi.\,  château  en  Rouergue,  p.  567. 
Albon,  comté,  p.   106 

ALKRET  (Amanieu  d'),  pp.  574,  720,  746,  755. 
ALCALA  (Guillaume  d'),  p.  259. 
ALCAYETTE,    fille   d'Hugues,    comte   de    Rodez, 
p.  903. 

Al^CINOÏS  DE  MONTLAUR,  femme  de  Pons  IV, 
vicomte  de  Polignac,  p.  467. 

ALDE,  sœur  d'Arnaud,  vicomte  de  Fenouillèdes 
p.  57. 

ALDEBERT,  évêque  de  Nimes,  pp.  3,  22,  26,  63, 

68,  69,  87. 

ALDEBERT  D'ESTAING,  p.  25. 
ALDEBERT  DE  NOYES,  chancelier  du  comte  Rai- 
mond VI,  p.    192. 

ALDEBERT  DE  TOURNEL ,  évèque  de  Mende, 
pp.  212,  565. 

Aliemarii  (Estienne),  p.  274. 
Ai.f.CRE  (seigneurie  d"),  p.  799. 
Ai.ninAN,  p.  65o. 

ALEMANDE  DE  PIERRE,  seconde  femme  de  Pierre- 
Bermond,  p.  83o. 

Alentox,  p.  I  29, 

Alet,  abbaye,  pp.  553,  .'161,670,  722,699;  est 
close  de  murs  8c  entourée  de  fossés;  violences 
qui  y  sont  exercées  par  Bertrand  de  Saissac, 
p.   i58. 

ALEXANDRE   lU,   pape,  pp.   4,    10,    19,   22,   41, 

74,  78,  95,  467;  préside  le  concile  de  Tours  en 
ii63,  p.  2;  son  passage  à  Clermont,  p.  8;  fait 
un  assez  long  séjour  à  Montpellier,  p.  12  ;  ses 
préparatifs  pour  retourner,  par  mer,  à  Rome, 
p.  i3;  échappe  aux  Pisans,qui  voulaient  s'em- 
parer de  sa  personne,  p.  14;  se  rembarque  quel- 
ques jours  après,  arrive  à  Messine;  est  à  Anagni 
le  21  août  I  166,  p.  14;  ses  lettres  aux  Génois 
en  faveur  de  Guillaume  de  Montpellier,  p.  18; 
jette  l'interdit  sur  le  comté  de  Toulouse,  p.  20; 
le  lève  en  1168,  p.  21;  sa  lettre  au  sujet  de 
Constance,  p.  59. 

ALEXANDRE  IV,  pape,  pp.  609,  852,  858,  883. 
ALEXANDRE,  évéque  de  Chester,  p.  643. 
ALEXANDRE,   fils   d'Alice  de  Lorraine  &   d'Hu- 
gues III,  duc  de  Bourgogne,  p.   106, 

ALEXANDRE  DE  BASSINGBURN,  p.  SgS. 
ALFAR  (Hugues  d'),  pp.  365,  387,  555,  666. 
ALFARIC  UE  SAINT-NAZAIRE,  p.  40. 
ALFARO   (Raimond  d'),  pp.  734,  739,  789,  804. 
ALFIER    Hugues  d').  Voye^  ALFAR. 
ALFONSE  II,  roi  d'Aragon  &  comte  de  Barcelone, 
pp.   3i,  47,  53,   125,   127,  i63,  699;   dispute   à 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


956 

Raimond  V  la  possession  de  la  Provence,  &  lui 
déclare  la  guerre,  p.  23;  son  arrivée  en  Pro- 
vence; s'assure  la  possession  du  pays,  p.  24; 
son  séjour  en  Provence,  p.  2");  pousse  le  comte 
de  Savoie  à  faire  la  guerre  à  RaimondV,  p,  27; 
cède  la  Provence  à  Pierre,  son  frère,  qui  prend 
le  nom  de  Raiinond-Bérenger;  il  reçoit  de  ce- 
lui-ci le  comté  de  Carcas'jOnne,  p.  33;  fournit 
un  corps  considérable  de  troupes  à  Roger,  vi- 
comte de  Béziers  ;  ses  soldats  surprennent  la 
villede  Béziers,  massacrent  les  habitants,  pp.  38, 
3q;  déclare  la  guerre  à  Roger,  vicomte  de  Bé- 
ziers, p.  40;  étant  à  Montpellier,  se  déclare  le 
protecteur  de  Berriard  Pelet,  pp.  49,  5o;  s'il  a 
cherché  à  étendre  sa  domination  sur  le  comté 
de  Narbonne,  p.  5o  ;  se  qualifie,  en  i  lyS,  comte 
de  Roussillon,  pp.  5o;  a  une  entrevue  avec  le 
comte  de  Toulouse,  pp.  61,  62;  épouse  Sancie 
de  Castille,  p.  63;  fait  sa  paix  avec  le  comte  de 
Toulouse,  pp.  67,  68;  vient  dans  la  Province 
en  1179;  le  vicomte  de  Nimes  reconnaît  sa 
suzeraineté,  p.  88;  se  rend  de  Béziers  à  Carcas- 
sonne;  détail  de  divers  actes  passés  dans  cette 
ville  durant  son  séjour,  p.  90;  y  donne  deux 
chartes  en  faveur  de  l'abbaye  de  la  Grasse, 
pp.  91  ,  92  ;  reprend  la  guerre  contre  Rai- 
mond  V,  p.  93;  assiège  &  prend  le  château  de 
Murviel,  le  rase,  ravage  le  Toulousain,  vient 
camper  sous  les  murs  de  Toulouse  &  passe  en 
Aquitaine,  p.  94;  se  ligue  avec  Henri  II  contre 
les  fils  de  ce  prince,  pp.  102,  1  o3  ;  retourne 
dans  ses  États  après  la  prise  du  château  de  Hau- 
lefort,  p.  104;  sa  paix  avec  le  comte  de  Tou- 
louse, p.  110;  donne  le  comté  de  Provence,  les 
vicomtes  de  Millau  &  de  Gévaudan  à  Sanche, 
son  second  frère,  après  la  mort  de  Raimond-Bé- 
renger,  p.  i  i3;  reprend  ces  domaines  &  donne 
en  échange  à  Sanche  les  comtés  de  Cerdagne  & 
de  Roussillon,  p.  114;  se  ligue  avec  Richard, 
duc  d'Aquitaine,  contre  Raimond,  comte  de  Tou- 
louse, p.  114;  son  traité  avec  Roger  II,  vicomte 
de  Béziers;  domaines  qu'il  donne  à  son  fils  Al- 
fonse,  p.  ii5;  force  le  comte  de  Toulouse  à 
lever  le  siège  de  Carcassonne,  p.  117;  marie 
Agnès,  sa  parente,  avec  Guillaume  VIII  de 
Montpellier,  p.  118;  recommence  la  guerre  con- 
tre Raimond  V;  acte  de  lui  en  faveur  de  Rai- 
mond-Roger,  comte  de  Foix,  p.  i5o;  meurt  à 
Perpignan  en  11 96,  p.  170;  mis  au  nombre  des 
poètes  provençaux,  p.  177. 

ALFONSE  VII,  roi  de  Castille,  pp.  63,  280,  383. 

ALFONSE  X,  roi  de  Castille;  se  ligue  avec  le  vi- 
comte de  Narbonne  contre  le  roi  d'Aragon, 
p.  853. 

ALFONSE,  infant  d'Aragon,  comte  de  Provence, 
pp.  195,  200,  2M,  2i3,  216;  est  adopté  par 
Roger  II,  vicomte  de  Béziers,  pp.  114,  ii5; 
épouse  Garsinde,  fille  de  Rainon  de  Sabran, 
p.  170;  fait  la  guerre  au  comte  de  Forcalquier, 
p.  198;  est  fait  prisonnier,  perd  ses  domaines; 
le  roi  d'Aragon,  son  frère,  lui  fait  rendre  la 
liberté  &  ses  Etats,  pp.  239,  240;  se  rend  en 
Sicile  avec  Constance,  sa  sœur,  p.  3o4;  sa  mort, 
sa  postérité,  p.  3o5. 

ALFONSE  I  JOURDAIN,  comte  de  Toulouse,  pp.  14, 
68,  77,  187;  une  de  ses  filles  épouse  Dodon, 
comte  de  Comminges,  p.  izS. 


ALFONSE  II,  comte  de  Poitiers,  puis  comte  de 
Toulouse,  frère  de  Louis  IX,  pp.  703,  802,  866, 
892,  908,  914,  919,  921,  922;  doit,  d'après  le 
traité  de  Paris,  épouser  la  fille  de  Raimond  VII, 
pp.  634,  648;  reçoit  la  ceinture  militaire;  le 
roi  dispose  en  sa  faveur  du  comté  de  Poitou, 
des  pays  d'Albigeois,  &c.,  p.  73o;  s'embarque  à 
Aigues-mortes  pour  la  Terre-Sainte,  p.  802  j 
hérite  du  comté  de  Toulouse,  pp.  8c8,  809,  8fo; 
est  fait  prisonnier  en  Egypte  Se  délivré  par  le 
roi,  p.  814;  revient  en  France  &  reçoit  à  Beau- 
cnire  divers  hommages,  p.  8i5;  visite  Inno- 
cent IV  à  Lyon;  confirme  Sicard  Alaman  dans 
ses  fonctions,  p.  817;  vient  dans  le  marquisat 
de  Provence;  reçoit  la  soumission  d'Avignon, 
p.  818;  fait  son  entrée  à  Toulouse  avec  Jeanne, 
sa  femme,  8e  y  reçoit  le  serment  de  fidélité  des 
habitants,  p.  819;  cherche  à  faire  annuler 
le  testament  de  Raimond  VII,  pp.  819,  820; 
s'accorde  avec  les  légataires  de  Raimond  VII, 
p.  821  ;  parcourt,  avec  la  comtesse  Jeanne,  le 
reste  deses  domaines, p.  821;  retourneen  France 
&  y  fait  son  séjour  ordinaire,  pp.  822,  823; 
envoie  des  commissaires  réformateurs  dans  ses 
Etats,  p.  827;  a  une  attaque  de  paralysie  en 
1202,  p.  828;  reçoit  la  soumission  de  Barrai  de 
Baux,  p.  83 o  ;  se  prépa  re  à  partir  pour  la  Terrc- 
Sainte,  pp.  83i,  832;  a  quelques  démêlés  avec 
le  roi  d'Angleterre,  p.  833;  publie  une  ordon- 
nance en  faveur  des  habitants  de  ses  domaines, 
pour  corriger  les  abus  qui  s'y  étaient  glissés, 
p.  841  ;  ses  différends  avec  les  habitants  de 
Toulouse,  pp.  844,  845,  846;  se  dispose  à  par- 
tir pour  la  Terre-Sainte,  pp.  85o,  85i;  donne 
à  bail  la  monnaie  de  Toulouse,  p.  852;  son  or- 
donnance de  mars  1267  pour  l'extirpation  de 
l'hérésie,  p.  8.'58;  institue  le  Parlement  de  Tou- 
louse, pp.  874,  876;  se  prépare  à  retourner 
en  Terre-Sainte,  p,  876;  soutient  Raimond 
du  Felgar,  évëque  de  Toulouse,  pp.  878,  879; 
prétend  exercer  le  droit  de  régale  sur  l'église 
de  Toulouse,  p.  880;  se  prépare  à  son  expé- 
dition de  Terre-Sainte;  demande  un  don  gra- 
tuit à  ses  sujets,  pp.  893,  894;  convoque  un 
Parlement,  p.  898;  impose  un  subside  sur  ses 
sujets  pour  la  croisade,  p.  899;  ses  ordres  pour 
le  gouvernement  de  ses  Etats,  p.  902;  tient 
i\n  nouveau  Parlement  avant  de  partir  pour  la 
Terre-Sainte,  p,  904;  lève  une  imposition  sur 
les  juifs,  p.  906  ;  son  accord  avec  l'évéque  d'Albi 
à  propos  d'un  hommage,  p.  905  ;  arrive  à 
Aimargues  avec  Jeanne,  p.  916;  fait  hommage 
à  Philippe  III,  roi  de  France,  p.  923;  prend 
la  route  d'Italie,  est  arrêté  par  la  maladie  à 
CornetO;  choisit  pour  lieu  de  sépulture  l'ab- 
baye de  Saint-Denis;  meurt,  à  Savone,  le 
21  août  1271,  pp.  928  pSo,  93 1;  son  éloge, 
p.  929. 

ALFONSE,  frère  de  Raimond  V,  soutient  la  guerre 
contre  le  comte  de  Savoie,  p.  27  ;  est  présent  au 
traité  de  paix  entre  Raimond  V  &  le  vicomte 
Roger,  p.  43. 

ALFONSE,  fils  du  roi  de  Castille,  p.  801. 
ALFONSE,  abbé  de  Fontfroide,  p.  3. 
ALGAYE,  femme  de  Ra  imond  de  Dourgne,  p.  666, 
ALGAYETTE  D'ESCORAILLES,    femme    d'Henri, 
comte  de  Rodez,  p.  533. 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


957 


ALGISE,  chapelain  de  Ralmond  Vil,  p.  800. 
ALIC"  DE  LORRAINE,  répudiée  par  Kugiies  III, 
duc  de  Bourgogne,  p.   106. 

ALICE,  sœur  de  Philippe-Auguste,  p.   i3t. 
ALICE  DE  MONTAIORENCY,  femme  de  Simon  de 

Montfort,   pp.    297,    320,   329,   35o,   384,    018, 

534. 
ALICE,  fille  de  Gui    de  Monifort  &  de  Pétrcnille 

de  Commmges,  pp.  537,  558. 

ALICE,  femme  de  Bernard  de  Casenac,  p.  449. 
ALICE  DE  PORRHOET,  p.  679. 
Alignan.  Voye^  Lig\*n. 
Aligne,  p.  527. 

ALION  (Bernard  d') ,  seigneur  de  Son,  pp.  91, 
563,  601. 

ALIX,  fille  d'Aymeri  IV,  religieuse  à  Port-Royal, 

p.  7i5. 
ALIX  DE  CHAMPAGNE,  femme  de  Louis  le  Jeune, 

p.   11. 
ALIX,    sœur    de    Frotard,    vicomte    de    Lautrec, 

p.  438. 

ALIX,  fille  d'Hugues,  comte  de  Rodez,  p.  903. 
ALIX,  fille  de  Sicard  de  Lautrec,  p.  ço2. 
ALIX  DE  TRAINEL,   femme  de   Pons  V,   vicomie 
de  Polignac,  p.  798. 

ALLAMANON  (Bertrand  d'),  poëte  provençal, 
p.  558. 

AtLEMACNE,   pp.    2,    22:). 

Allema\S;  se  croisent  &.  viennent  en  Albigeois, 
pp.  362,  36rt,  393;  six  mille  d'entre  eux  sont 
déf.iiis  aux   environs  de  Lavaur,   pp.  354,  35), 

47'- 
Alliasce  entre   Richard,   duc   d'Aquitaine,   &    le 
vicomte  de  Béziers,  p.   i  14. 

ALMODIS,  femme  de  Rostaing  de  Sabran,  p.  207, 
ALPAYS,  fille  de  Bernard-Jourdain  III,  p.  734. 
Allecs,  pp.  67,  70,  867. 
Alluis,  château,  p.  567. 
Alpiubet  (charte  i),  p.  949. 
Alse.v,  château,  p.  3i.  Voye^  Alze.v. 
ALVARE,  comte  d'Urgel,  pp.  73ï,  88(3. 
Ai./.E.v,  château,  pp.  61  5,  757. 

Aezonne,  château,  p.  3oi  ;  se  soumet  à  Simon  de 
Montfort,  p.  32Û. 

AMALON  (Bertrande  d'),  p.  270. 
AMALRIC  DE  LARA,  comte  de  Molina,  p.  3r. 
AMALRIC  DE  LAUTREC,  p.  913  ;    fils  de  Sicard, 
vicomte  de  Lautrec,  pp.  855,  8rt5,  892,  9^2. 

AMALRIC  ou  MANRIQUEZ,  fils  d'Aymeri,  vicomte 
de  Narbonne,  pp.  673,  7i5,  771,  772,  788,  8^1, 
8:17,  811,  826,  854,  887;  succède  à  son  père, 
p.  714;  prête  serment  au  roi,  p.  723;  se  ligue 
avec  Raimond  VII  contre  le  roi,  p.  737;  lui 
livre  Narbonne,  pp.  742,  743  ;  fait  sa  paix  avec 
le  roi,  p.  751  î  se  soumet  à  l'archevêque  de  Nar- 
bonne, pp.  758,759)  est  excommunié,  pp.  824, 
825  j  promet  satisfaction  &  est  absous,  pp.  82^, 
8275  se  ligue  avec  les  liabiiants  de  Montpellier 
contre  le  roi  d'Aragon,  p.  847;  s'^.llieavec  Al- 
fonse,  roi"  de  Casiille,  &  défie  le  roi  d'Arugon, 
p.  853»;  sa  mort;  ses  enfints,  pp.  923,  924, 


AMALRIC,  fils  puîné  d'Amqlric,  vicomte  de  Nar- 
bonne, pp.  903,  91 3,  918,  923  j  frère  du  vicomte 
Aymeri,  pp.  926,  927. 

AMALRIC  DE  LA  ROCHE,   p.  854. 

AMALRIGUET,  fils  d'Amalric,  vicomte  de  Nar- 
bonne, p.  897. 

AMALVIN  DE  PESTILLAC,  p.  746. 
AMANIEU  D'ALKRET,  pp.  514,  574,  720,  746. 
AMANIEU    D'ARMAGNAC,    archevêque    d'Auch , 
p.  883. 

AMANIEU  DE  NOAILHAN,  p.  745. 

AMAURI ,    archevêque    de     Narbonne;   sa    mort, 

p.  596.  yoyex  ARNAUD. 
AMAURI  DE  LÉZIGNAN  (corr.  LUSIGNAN),   duc, 

puis  roi  de  Chypre,  p.  146. 

AMAURI  DE  MONTFORT,  comte  de  Leycestre, 
fils  de  Simon,  pp.  329,  35o,  384,  420,  449,  45-<, 
459,  489,  546,  529,  56o,  569,  579,  592,  601, 
609,  616,  619,  678,  704,  865;  reçoit  la  cein- 
ture militaiie  &  l'hommage  d'une  grande  partie 
de  la  noblesse  de  Gascogne,  p.  419;  conclusion 
de  son  mariage  avec  Béatrix,  héritière  du  Dau- 
phiné,  p.  433;  célèbre  ses  noces,  p.  445;  re- 
çoit avec  son  père  le  serment  des  habitants  de 
Toulouse,  p.  482;  succède  à  son  père  &  conti- 
nue le  siège  de  Toulouse,  pp.  517,  5i8  ;  se  tient 
sur  la  défensive  &  se  fait  reconnaître  dans  ses 
nouveaux  domaines,  p.  52o  ;  le  pape  Honoré  III 
négocie  en  sa  faveur,  pp.  522,  523;  parcourt 
ses  domaines,  pp.  523,  524;  est  confirmé  par  le 
pape  dans  la  possession  des  villes  de  Béziers, 
Carcassonne,  Albi ,  Toulouse,  Montauban, 
p.  523;  assiège  Marmande,  pp.  528,  529;  est 
présent  au  siège  de  Toulouse  par  Louis  de 
France,  p.  532;  lève  le  siège  de  Toulouse;  son 
accord  avec  l'évêque  d'Agde;  dispose  d'Alais; 
cherche  à  conserver  le  peu  de  places  qui  lui  res- 
tent, pp.  534,  535;  obtient  du  pape  Honoré 
une  nouvelle  confirmation  de  la  donation  faite 
par  Innocent  III  à  Simon  de  Montfort,  p.  535; 
lève  le  siège  de  Casteinaudary  &  va  à  Carcas- 
sonne, p.  539;  perd  plusieurs  villes  &  châteaux 
des  environs  de  Casteinaudary,  p.  541;  fait  sol- 
liciter le  prince  Louis  de  venir  à  son  secours, 
p.  541  ;  places  perdues  par  lui  dans  les  diocèses 
de  Narbonne  &  de  Béziers,  p.  546  ;  il  offre  ses 
conquêtes  a  11  roi  Philippe-Auguste,  pp.  546, 
547,  561  ;  conclut  une  trêve  avec  Raimond  VII, 
pp.  566,  067;  est  abandonné  de  ses  troupes, 
p.  570;  cherche  à  faire  des  emprunts  en  France, 
p.  572;  fait  un  traité  avec  le  comte  de  Foix  & 
le  comte  de  Toulouse,  pp.  572,  573;  il  quitte 
le  pays,  pp.  573,  574;  cède  sans  condition  ses 
droits  sur  les  conquêtes  des  croisés  au  roi 
Louis  VIII,  pp.  575,  376;  cherche  à  empêcher 
la  réconciliation  de  Raimond  VII  avec  l'Église, 
p.  584;  soutient  ses  droits  au  concile  de  Bour- 
ges, p.  5ç5;  cède  ses  droits  au  roi  de  France 
en  1226,  p.  597;  renonce  à  ceux  qu'il  avait 
sur  les  ville  &  château  de  Pamiers,  pp.  6i5, 
616;  est  nommé  connétable  de  France,  p,  639; 
reprend  le  titre  de  duc  de  Narbonne;  ses  entre- 
prises sur  le  comté  de  Melgueil,  pp.  7o3,  704; 
passe  en  Terre-Sainte  en  1239;  est  fait  prisoii- 
nier  &  conduit  à  Eabylonc;  meurt  en  rtvenant, 
à  Otrante;  est  inhumé  à  Rome,  p.  639. 


TABLE  GENERALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


958 

AMAURI  DE  CRAON,.  p.  5i5. 

AMAURI  DE  NARBONNE,  p.  788.  Foye^  AMAL- 

RIC. 
AMAURI  DE  POISSY,  p.  3t5. 
Amdialet,  château,  pp.  Bip,  343. 

—  chàtellenie,  p.  64C). 
Ar.IBLARD,  p.    l55. 

Airci'.ns,  châtenii,  pp.  rtyp,  892. 

—  seigneurie,  p.  892. 
AMÉDÉE,  comte  de  Savoie,  p.  771. 
Amclii  (Pons),  p.  734. 

AMI  (Géraud  ou  Giiiraud  d'),   pp.  42,    199,   270, 

274,  818,  869. 
AMI  (Pierre  d'),  pp.  2i3,  770. 
AMICIE,  comtesîc  de  Leycestre,  mère  de  Simon  de 

Montfort,  pp.  297,  483. 
AMICIE,    fille  de   Simon   de  Montfort,   mariée   à 

Giiucher  de  Joigny,  p.  5i8. 
AMICUS  GRII.I.E,   consul  génois,   commande   les 

galères  génoises,  pp.   14,  i5,  \6. 
Amiens,  p.  23. 

Ampouiluac,  grange,  pp.  5o2,  852. 
Ampurias,  comté,  p.  5i. 
AMPURIAS  (comte  d'),   pp.  698,  729. 
Anaoni,  p.  60. 

ANAGNI  (cardinal  d'),  légat  en  France,  p.   182. 
ANA.\cr,F,T,  château  du   pays  de  Foix   pris   par  Gui 

de  Montfort,  p.  388.  Foye:;;  Lavel\net. 

ANCEL  DE  COETIVI,  p.  829. 
ANCELIN,  abbé  de  Candeil,  p.  855. 
Andokee,  p.  198. 

—  (vallée  d'),  p.    8S7. 

ANDRÉ,  fils  de  Béatrix  &  d'Hugues  III;  prend  le 
nom  de  Guigues  &  est  chef  de  1,«  seconde  race 
des  dauphins  8c  comtes  de  Viennois,  d'Albon  & 
de  Graisivaudan,  pp.  106,  195,  484,  703. 

ANDRÉ  DE  CALVET  ou  CHALVET,  sénéchal  du 
roi,  en  Toulousain  &  Albigeois,  p.  63o  ;  est 
massacré,  p.  659. 

Anduze,  ville  &  château,  pp.  396,  58  1,  583,  755; 
SCS  seigneurs,  pp.  120,  186,395,396,755,756; 
se  soumet  à  Louis  VIII,  p.  601;  est  réuni  en 
partie  au  domaine  du  roi,  pp.  755,  829. 

ANDUZE  (Béraud  d'),  pp.  878,  879,  921. 

—  (Bernard  d').  pp.  62,  72,    108,  159,   164. 

—  (Bernard  d'),  fils  du  précédent,  pp.  i83,  186, 
187.  2o3,  214,  241,  278,  334,  335,  569,  85d. 

—  (Bertrand  d'),  évêque  de  Viviers,  p.  693. 

—  (Guillaume  d'),  p.  807,  918. 

—  (Philippe  d'),  femme  d'Amalric,  vicomte  de 
Narbonne,  p.   825. 

—  (Rostaing  d'),  p.   196. 

—  (maison  d'),  pp.  44,  524,  554,  569,  71  i,  838. 
Angevilie,  lieu  du  Toulousain,  p.  989. 
Angles,  p.  873. 

ANGLÉSIE  DE  MARESTANG,  femme  de  Bernard- 
Jourdain  II,  p.  6i3. 

AiNGOULÈME,  pris  par  le  fils  du  roi  d'Angleterre, 
p.  io3. 

—  (comté  d'),  p.   104. 


AniAne,  abbaye,  pp.  18,  62,  1  r3,  2c5,  2c6,  414, 
784. 

ANIELS  (Arnaud  d'),  poète  provenç:,l,  p.    165. 

AMor.T,  château,  pp.  67,  722,  844.  Voyc^  Nior.T. 

A.mssan,  château,  p.  656. 

ANISSANT  DE  CAUMONT,  p.  5]o. 

Anjou,  pp.  i3i ,  8j2. 

Année;   ses  divers  commenceir.ents,   pp.   /?,  949, 

ç5^. 
ANSEAU,  châtelain  de  Cessenon,  p.  748. 
Antipape,  élu  par  les  hérétiques,  p.  567. 
ApciiiEP.,  château,  p.  864. 
APCHIER  (Bernard  d'),  p.  864. 
Appel;  ses  différents  degrés,  pp.  84 j,  842. 

—  de  Raimond  VII  au  Saint-Siège  contre  I.j 
frères  prêcheurs,  p.  733. 

Apt,  p.  946. 

—  (I-vèque  d'),  pp.  277,  S60. 
AnuiïArNE,  pp.  529,  591,  Û42. 
AoLirAlNS,  p.  284. 

ARAGO;^  (Pierre  d'),  seigneur  des  environs  de 
Carcassonne,  p.  3oi. 

AiiAGON,  pp.   III,  221,  40  1 ,  935. 

Araconais,  pp.  86,  96,  278,  421;  viennent  à  Eé- 
ziers  à  la  demande  du  vicomte  Roger;  ils  ven- 
gent la  mort  de  Trencavel  en  massacrant  les 
habitants,  p.  89;  défaits  à  la  bataille  de  Mu- 
ret, p.  428;  font  la  guerre  à  Simon  de  Mont- 
fort, p.  434. 

Ap.agonais,  nom  synonyme  de  brigand  vers  la  fin 

du  douzième  siècle,  p.   172. 
Akamon,  château,  p.  235. 
Aran  (vallée  d'),  p.  7. 
ARBERT  AURIOL,   abbé   de    Sain t-Théodard   de 

Montauban,  p.  666. 
Ar.EOBAS,  monastère   dans    le   diocèse   de   Lodève, 

p.  457. 

ARCHAMBAUD  DE  BOURBON,  p.  619. 
ARCHAMBAUD,  comte  de  Périgord,  p.  918. 
Ar.Dor.EL,  al.  Aruourel  (abbaye  d'),  pp.  3,  601. 

—  (abbé  d'),  pp.  4,  5. 

Arènes  de  Nimes,  pp.  69,  88,  89,  274. 

ARÈNES  (Raimond  des),  pp.  41,  69. 

Argence,  terre  de  l'église  d'Arles,  pp.  55?,  729; 
tenue  en  fief  par  Raimond,  comte  deTouIoi.se, 
p.  76;  donnée  en  fief  par  l'archevêque  d'Arles 
à  Simon  de  Montfort,  p.  453;  était  possédée 
par  Raimond  VII,  en  1224,  p.  587  ;  celui-ci  en 
fait  hommage  à  l'archevêque  d'Arles,  p.  728; 
fait  partie  du  domaine  royal,  p.  868. 

Argence,  château,  p.  948. 
Argentan,  p.  04. 
Argentelil,  près  Paris,  p.  377. 
Argcntière.  Foyc^  Largentière. 
Arccnton,  pris    par    le    roi   de   France  sur  le   roi 
d'Angleterre,  p.   1  28. 

ARIAS  YRANCHEZ,  p.  869. 

Ariens,  un  des  noms  donnés  aux  hérétiques  delà 

Province  au  commencement  du  treizième  siècle. 

pp.  2  18,  244,  407, 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES   MATIÈRES. 


959 


ARLFNC  fPons  A'],  p.  3-. 

ARLENC  (Héracle  d'),  chanoine  du  Puy,  p.  79p. 

Arles,  ville  de  Provence,  pp.  i5,  24,  62,  76,  149, 
242,  3i7,  392,  435,  4.'i3,  4Ô6,  483,  523,  591, 
63o,  644,  673,  693,  734,  736,  782,  800;  Al- 
fonse,  roi  d'Ar:.gon  y  est  reçu  aux  acclama- 
tions du  peuple,  p.  24;  l'empereur  Frédéric  s"y 
fait  couronner  roi  de  Provence,  p.  75;  divers 
actes  donnés  par  ce  princs  durant  le  séjour 
qu'il  fit  dans  cette  ville  lors  de  son  couronne- 
ment comme  roi  de  Provence,  p.  76;  ses  con- 
5uls  prêtent  serment  aux  légats,  p.  3o3  ;  ses 
habitants  s'unissent  i  ceux  de  Nimes  pour  ré- 
sister aux  routiers,  p.  419;  se  soumet  au  roi 
Louis  VIII,  p.  608  ;  l'empereur  Frédéric  investit 
Raimond  VII  de  son  autorité  sur  cette  ville; 
troubles  à  Arles  en  12^0,  pp.  ^^64,  ^^92;  s'érige 
en  république  &  refuse  obéissance  à  Charles 
d'Anjou,  p.  814}  l'archevêque  de  cette  ville  a  la 
suzeraineté  de  Beaucaire  &  de  la  terre  d'Argence. 
p.  868. 

Ap.tES  (archevêques  d'),  pp.  24,  171,  181,  200,  216, 
222,  244,  247,  264,  177,  282,  3c3,  317,  534, 
591,  733,  768,  800,  837,  838,  868. 

—  (comté  d'),  p.  68. 

— .  (diocèse  d'),  pp.  277,  640. 

—  (église  d'),  p.  707. 

Ar.LES,  abbaye  en  Roussillon,  p.  040. 
AnMAGNAc,  comté,  p.  463. 

—  (comtes  d'),  p.  748  ;  prêtent  serment  de  fidélité 
à  Alfonse  II,  après  la  mort  de  Raimond  VU, 
p.  811. 

ARMAGNAC  (Bernard  IV,  comte  d'),  p.  778. 

—  (Géraud,  comte  d'),  pp.  801,  887;  est  soumis 
par  le  sénéchal  d'Alfonse  II;  paye  une  amende, 
pp.  876,  877. 

ARMANI),  abbé  de  Saint-Pierre  de  la  Tour,  p.  798. 

ARMAND,  fils  &  successeur  de  Pont  V,  vicomte 
de  Poligiiac,  p.  798. 

ARMAND  DE  POLIGNAC,  évcque  du  Puy,  p.  807. 

ARMAND,  vicomte  de  Polignac,  p.  8.Î9. 

ARMAND,  seigneur  d'Alègre,  p.  797. 

AU.MAND  DE  PtYRE,  évêque  de  Mende,  p.  864. 

AiiMfci;  levée  en  France  contre  les  hérétiques  de  la 
Province;  nombre  des  troupes  qui  la  compo- 
saient, p.  284. 

Ai\m(:me  (manichéens  d'),  p,   1. 

Armoiries  de  la  noblesse,  pp.  i65,  166,  167,  177, 
Ï07,  375,  710. 

Jrniurats,  prisons  de  Toulouse,  p.  781. 

Ansiur.E  de  bataille,  p,  720. 

ARNAUD  AMALRIC  ou  AMALRI,  abbé  de  Grand- 
selve,  de  Cîteaux,  puis  archevêque  de  Narbcnne, 
p.  14;  légat  dans  la  Province,  pp.  225,  233, 
i5o,  2.52,  2r)3,  271,  272,  276,  29Î,  332,  344, 
387,  392,  398,  401,  412,  45'),  474,  Jo5,  562, 
574,  585;  entreprend  la  mission  contre  les  hé- 
rétiques, p.  245;  plaintes  du  comte  de  Toulouse 
coiitie  lui,  p.  263;  ses  instructions  à  Milon, 
p.  276;  est  nommé  généralissime  des  croisés, 
p.  2'35;  refuse  la  soumission  du  vicomte  de  Bé- 
ziers,  p.  23'i;  assiège  Z<  prend  Béziers,  pp.  287, 
288;  son  rôle  dur.iix  le  massacre  de  cette  ville, 


p.  289;  ses  pourparlers  avec  le  roi  d'Aragon 
devant  Carcassonne,  p.  293  ;  sa  relation  au 
pnpe  de  la  prise  de  Carcassonne,  p.  294;  fait 
élire  Simon  de  Montfort,  par  les  principaux 
croisés,  pour  seigneur  de  tous  les  domaines  du 
vicomte  Raimond-Roger,  pp.  297,  3i2,  3i3; 
somme  le  comte  &  les  consuls  de  Toulouse  de 
livrer  les  hérétiques,  p.  3oo;  malgré  l'appel  de 
Raimond  VI  au  pape&  les  assurances  des  con- 
suls que  les  hérétiques  étaient  poursuivis,  il 
excommunie  les  consuls  &  leurs  conseillers; 
jette  l'interdit  sur  Toulouse,  p.  3oi;  reçoit  une 
lettre  d'Innocent  III  après  le  voyage  de  Rai- 
mond VI  à  Rome,  pp.  Szi,  322;  vient  à  Tou- 
louse sur  l'ordre  d'Innocent  HI  ;  après  divers 
incidents  lève  l'interdit  qui  pesait  sur  cette  ville, 
pp.  323,  324;  préside  l'assemblée  de  Saint-Thi- 
béry,  y  reçoit  l'abjuration  d'Etienne  de  Servian, 
pp.  325;  évite  de  recevoir  la  justification  de 
Raimond  VI,  p.  327;  assiste  à  la  prise  de  Mi- 
nerve, p.  33o;  assiste  à  la  conférence  de  Nar- 
bonnc,  pp.  344,  346;  est  présent  au  concile 
de  Montpellier,  p.  345  ;  «xcommunie  le  comte 
Raimond  VI,  p.  348;  est  élu  archevêque  de 
Marbonne;  prend  le  titre  de  duc  de  cette  ville, 
pp.  37S,  379;  va  servir  en  Espagne  con tre  les 
Sarrasins,  p.  383;  est  blâmé  par  une  lettre  du 
pape  Innocent  III,  du  18  janvier  12  i3,  p.  399; 
reçoit  une  nouvelle  lettre  du  pape  qui  suspend 
la  croisade,  pp.  401,  402;  assiste  au  concile  de 
Lavaur,  qui   refuse   de  se    rendre  aux  solliciia- 

^tions  du  roi  d'Aragon  en  faveur  de  Raimond  VI 
&  de  ses  alliés,  pp.  403,  404,  /,ri'ij  accompagne 
Simon  de  Montfort  vers  le  Rhône  &  prend  part 
aux  négociations  relatives  au  mariage  d'Aniauri 
de  Montfort  avec  l'héritière  du  Dauphiné, 
p.  433;  est  obligé  de  laisser  démolir  les  murs 
de  Narbonne,  pp.  458,  459;  assiste  au  concile 
de  Latran,  pp.  466,  467;  ses  différends  avec 
Simon  de  Montfort  au  sujet  du  duché  de  Nar- 
bonne; excommunie  ce  comte;  pp.  478,  479, 
480;  ses  plaintes  au  pape  au  sujet  des  usurpa- 
tions de  Simon  de  Montfort,  pp.  480,  481  ;  ap- 
puie Amauri  de  Montfort;  engage  une  partie 
des  domaines  de  son  église  pour  lui  porter  se- 
cours, p.  573;  le  pape  Honoré  le  charge  de 
s'entremettre  entre  le  légat  &.  Raimond  VII 
pour  négocier  la  paix  de  ce  prince  avec  l'Église, 
pp.  58o,  58i;  entre  en  conférence  avec  Rai- 
mond, &  arrive  à  conclure  la  paix,  pp.  582, 
583,  584;  était  favorable  à  Raimond  depuis  sa 
réconciliation,  a  Montpellier;  sa  mort,  p.  696. 

ARNAUD,  évêque  d'Agen,    pp.  5o2,  586,  737. 

ARNAUD,  abbé  de  Saint-Ruf,  pp.  337,  348;  est 
élu  évêque  de  Nimes,  pp.  38o,  454,  492,  537, 
569,  586,  6o5;  est  fait  prisonnier  par  l'empe- 
reur Frédéric,  &  meurt  à  Avellino,  p.  718. 

ARNAUD,  fils  de  Pons  IV,  vicomte  de  Polignac, 
chanoine  du  Puy,  prévôt  de  cette  église,  abbé 
de  Brioude,  puis   évcque  du  Puy,  pp.  467,  838. 

ARNAUD,  évêque  de  Barcelone,  pp.  859,  860,  S80, 

83i. 
ARNAUD,  abbé  de  Grandselve,  p.  226.  Voye^  plus 

haut. 

ARNAUD,  abbé  du  Mas-d'Azil,  p.  887. 
ARNAUD  GARCIAS,  abbé  du  Mas-d'Azil,  p.  883. 


960 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


ARNAUD   (Guillaume),    inquisiteur,    massacre; 
Avignonet,  p.  ySç. 

ARNAUD  (Guillaume  d'),  p.  278. 
ARNAUD  D'ANIELS,  poète  provençal,  p.   i6j. 
ARNAUD  D'AUDIGUYERS  ou  AUDEGIER,  p.  485. 
ARNAUD   D'AVIGNON,   fils   de   Marie  de   Pieric- 

latte,  p.   166. 
ARNAUD  I,  vicomte  de  la  Barthe,  p.  2  i3, 
ARNAUD  DE  BAZIÉGE,  p.  671. 
ARNAUD  DE  BANNES,   p.  yS. 
ARNAUD  DE  BEBEN,  p.  4. 
ARNAUD-BERNARD,   fils  de   Bernard  IV,  comte 

de  Fezensac,  p.  778. 

ARNAUD  DE  BÉZIERS,  p.  53. 

ARNAUD  DE  BLANQUEFORT,  pp.  529,  740,  74Û. 

ARNAUD  DE  CASTELBON,  p.    |63. 

ARNAUD,  vicomte  de  Castelbon  ou  de  Cerdagne, 
pp.  198,  24S,  Soi;  ses  ossements  sont  exhumes 
par  ordre  des  inquisiteurs  d'Aragon,  comme  hé- 
rétique, fauteur  &  receleur  d'hérétiques,  p.  65  1. 

ARNAUD  DE  CASTELVERDUN,  p.   127. 

ARNAUD  CATALAN,  p.  687. 

ARNAUD  DE  CHISOIN,  p.  514.  Voyci^  CYSOING. 

ARNAUD,  seigneur  de  Daumazan,  p.   i2j, 

ARNAUD  DEIDIE,  p.  5o5. 

ARNAUD  DE  DURFORT,  p.  755. 

ARNAUD   D'ESCALQUENS ,   consul   de  Toulou:e, 

p.  874. 
ARNAUD    D'ESPAGNE,    vicomte    de    Conserans, 

pp.  775,  887,  889. 

ARNAUD  DE  L'ESPINASSE,  p.  755. 
ARNAUD  DE  FELGAR,  p.  811. 
ARNAUD,   vicomte   de    Fenouillèdcs;  [son    testa- 
ment, p.  57. 

ARNAUD  DE  GRAVE,  p.  842. 
ARNAUD-GUILLAUME  DE  LORDAT,  p.  127. 
ARNAUD  DE  MARQUEFAVE,  pp.  748,  753,  760. 
ARNAUD    DE    MARVOILL ,    ou    MARVIELL,    ou 
MEYRVEILH,   poëte   provençal,  pp.    1 56,    157, 

'77- 
ARNAUD  DE  MAUREILLAN,  p.  40. 
ARNAUD    DE    MONTAIGU,    vicomte   de   Giraoez, 

pp.   143,  191 ,  389,  666. 

ARNAUD  DE  MONTEASSEN,  p.  65. 
ARNAUD  DE  MONTPEZAT,  pp.  67,  746. 
ARNAUD  MOREL,  p.  943. 
ARNAUD  DE  MORLANES,  p.   i55. 
ARNAUD-OTHON,  vicomte  d'Auvillar  &  de  Loma- 
gne,  pp.  724,  737,  755,  778. 

ARNAUD-OTHON,  chef  hérétique,  p.  249. 

ARNAUD  DE  POLIGNAC,  abbé  de  Saint-Pierre 
de  La  Tour,  p.  839. 

ARNAUD  DU  PUY,  p.   127. 

ARNAUD-RAIMOND  D'ASPEL,  pp.   1  34,  53 1. 

ARNAUD  DE  RAIMOND,  viguier  de  Carcassonne, 
p.    154. 

ARNAUD  DE  LA  RIVIÈRE,  bourgeois  de  Mont- 
réal, p.  249. 


ARNAUD-ROGER  DE  COMMIXGES,  religieux  ie 
Cîteaux,  puis  évéque  de  Comminges,  pp.  604, 
77I. 

ARNAUD-ROGER,  comte  de  Pailhas,  p.  837. 

ARNAUD-ROGER,  chanoine  régulier,  prévôt,  puis 
évéque  de  Toulouse,  p.  735. 

AP.NAUD-ROGEP.,  condamné  comm'e  hérétique  à 
Toulouse,  est  ensuite  évéque  des  sectaires, 
p.  6S9. 

ARNAUD  DE  ROQUEFEUIL,  pp.  396,  414  à  421. 
ARNAUD  DE  SON,  p.  699. 

ARNAUD,  vicomte  deTerride  ou  de  Cimocz,  p.  i^3. 
"IRNAUD  DE  VILLA    DE    I.IULS,    ou    VILLADE- 

MOLS,  pp.  68,  88. 
ARNAUD    DE    VILLEMUR,    pp.     194,    5oi,    529, 

541,  61 5. 
ARNAUD  DE  VOGUÉ,  évéque  ce  Viviers,  p.  770. 
Ae.naud-Beuxard  (porte),  à  Toulouse,  p.  468. 
ARNOUL,  évéque  de  Lisleux,  p.  54. 
ARNOUL  DE  COURFERRAND,  p.  piS. 
ARPAJON  (maison  d'),  pp.  679,  902. 
Arqles,  baronnie,  pp.  667,  658. 
Ar.QUES,  château,  p.  857. 
ARSAC  (Pons  d'),  archevêque  de  Narbonne,  p.  3. 

—  (Raimond  d'),  p.  241. 
Arsagués,  pays,  p.  269. 
Ar.sEN.s,  lieu,  p.  65o. 
ARSENS  (Bernard  d'),  p.  249. 
ARSES  (Guillaume  d'),  p.  62. 

ARSIS  ou  d'ARCIS  (Hugues  d'),  sénéchal  de  Car- 
cassonne, pp.  723,  753,  763,  81 1,  833. 

—  (Jean  d'),  sénéchal  de  Venaissin,  p.  9.;û. 

—  (Pierre  d'),  p.  345. 
Ar.sos,  château,  p.  4^7. 
ARTAUD,  évéque  d'EInc,  p.  225. 

ARTAUD  DE  L'ESPINASSE,  commandeur  de  la 
milice  du  Temple  de  Peyriès,  p.  40, 

ARTAUD  DE  ROUSSILLON,  p.  285. 
AnTENAC,  grange,  p.  802. 
Ar.TiGi'ES,  p.  757. 
Asii.E,  pp.  1  i5,  180,  5:6,  93S. 
Asii.lax-lc-Grand,  lieu  de  la  sénéchaussée  de  Car- 
cassonne, p.  678. 
AsH.LAN,  p.  719. 

ASNAVE  (Guillaume-Bernard  d'),  pp.   127,  732. 
ASPEL  (Arnaud-Raimond  d'),  pp.    1  34,  53i. 

—  (Raimondî  d'),  p.  885. 

—  (Roger  d'),  pp.  5o6,  612. 

Asi'iRAX,  au  diocèse  de  Béziers,  pp.  208,  419,  601. 
Aspr.iùr.ES,  village  en  Kouergue,  p.  666. 
ASSALID  DE  GUNDAL,  p.  71 3. 
ASSALIDE  ou    lîELISSENDE,  fille  du  comte  d'Au- 
vergne. Guillaume  VII,  p.  98. 

ASSALIT  (Guillaume  d'),  viguier  de  Razés,  p.  154. 
Asst:'\ii:LÈiv  des  hérétiques  r.  Pieussan,  p.  544. 

—  des  trois  états  de  Languedoc  ;  son  origine, 
p.  836. 

—  des  trois  étnts  de  la  sénéchaussée  de  Carcas- 
sonne, pp.  911,  912,  926,  927. 


TABLE  GENERALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


AssEMBLtE  de  Béziers,  en  iz54,  pp.  841,  842. 

—  de  la  sénéchaussée  de  Carcassonne,  p.  849. 

^  de  Castelnaudary ,  dans  laquelle  Amauri  de 
Monifort  reçoit  la  ceinture  militaire,  p.  419. 

—  de  Melun,  dans  laquelle  Raimond  VII  est 
accusé  de  manquer  au  traité  de  Paris,  p.  6-j'i. 

—  de  Montpellier,  en  1224,  pour  la  conclusion 
de  la  paix  de  Raimond  VII  &  de  ses  alliés  avec 
l'Eglise,  pp.  Ô82,  583. 

—  de  Narbonne,  en  1204,  ayant  pour  but  d'arrêter 
la  propagation  de  l'hérésie  dans  la  Province, 
p.  218. 

—  de  Pamiers,  en  1212,  convoquée  par  Simon  de 
Monifort;  statuts  qui  y  sont  publiés,  pp.  396, 
397. 

—  de  Saint-Thibéry,  p.  32.Ï. 

—  ou  Co.vciLi:  de  Toulouse,  tenu  en  1229;  plu- 
sieurs de  ses  canons  se  rapportent  à  l'établisse- 
ment de  l'inquisition  dans  le  pays,  p.  602. 

—  de  Toulouse,  tenue  en  1  234  par  Raimond  VII, 
qui  y  publie  un  édit  contre  les  hérétiques, 
p.  676. 

Assemblées  provinciales,  p.  939. 

Assignation  à  l'archevêque  de  Narbonne  de  quatre 

cents    livres    de    rente  &    de   quatre  châteaux, 

p.  636. 

—  à  la  veuve  de  Lambert  de  Limoux  8c  à  ses  fils 
de  mille  cinq  cents  livres  de  rente,  p.  678. 

Assises  tenues  dans  la  Province  par  les  séné- 
chaux, p.  933. 

—  de  la  sénéchaussée  de  Carcassonne,  p.  920. 

Association  faite  au  Puy  pour  le  rétablissement 
de  la  paix,  p.  106;  dite  des  encapuchonnés;  son 
but,  son  organisation  j  sa  destruction,  pp.  108, 
109. 

ASTAFORT  (d'),  surnom  de  Bernard,  fils  d'Ar- 
naud, vicomte  de  Terride,  pp.   143,  880. 

ASTARAC  (Centulle  I,  comte  d),  p.   104. 

—  (Centulle  II,  comte  d'),  pp.  2i3,  499,  664,  771. 
AsTAHAC  (comte  d';,  pp.  647,  807. 

—  (comté  d'),  p.  383. 

—  (comtesse  d'),  p.  811. 

ASTOAUD  (Pons  d'j,  chancelier  de  Raimond  VII, 
pp.  756,  773,  804;  chancelier  d'Alfonse  II, 
pp.  811,  818,  845,  874,  895,  900. 

ASTORG  DE  LUNAS,  p.  65. 

ATBRANU,    bailli    de    Montpellier    pour  le    roi 

d'Aragon,  p.  71 3. 
ATON- ARNAUD  DE  CASTELVERDUN ,  pp.   5or, 

65o,  7Û6. 
ATON  DE  RAIMOND,  p.   127. 
Al'BAYS  (corr.  AtBAIs),  pp.  88,  241. 
AUBAYS  (Elzéard  d'j,  pp.    189,  241. 
Al'iiENAS,  château  du  Vivarais,  pp.   186,  608,  660; 

l'abbé  de  Cîteaux  &  le  comte  de  Toulouse  y  ont 

une  entrevue,  p.  268. 

At'BEitcES  de  Toulouse,  p.  236. 
At'BETERRE  (Guillaume  d'),  p.  71. 

AtiMiAC  'hôpital  d'),  pp.  .54.'),  806,  9J7. 
AUBUSSON  (vicomtesse  d'),  p.  i6j. 


961 

AucH,  pp.  98,  023,  673,  889,  789. 

—  (archevêque  d'),  pp.  78,  85,  182,  |83,  212,  222, 
277,  317,  STi,  349,  35i,  463,  5o8,  498,  507, 
53i,  584,  393,  629,  790,  827,  887,  888. 

AUDE,  fille  de  Saure,  p.  800. 
AUDEGUIER  (Bernard  d'),  p.  670. 
AUDIARS  (d'),  surnom  de  Raimond  de  Miraval, 
p.  556. 

AUDIGUIER  (Isnard),  p.  548.  Foye^  ALDEGA- 
RIUS. 

AUGIER  (Guillaume),  p.  666. 

AuGLRES,  pp.  345,  353,  421. 

AoGLSTiNS   (les),   abbaye    cistercienne    du    diocèse 

d'Uzês,  p.  88. 
AujARCDES,  château,  p.  88. 
AURE  (Guillaume  d'),  p.  377. 
AuRE,  château,  p.  61  5. 
AURIAC  (Bertrand  d'),  p.  67. 
AuRiLLAC   (abbaye  d'),   pp.  i3,  93.   roo,  692,  948  ; 

mise  à  contribution  par  les  routiers,  p.  110. 

—  (abbé  d'),  p.  731. 
AnsoNE,  p.  25. 

—  (comte  d'),  p.  859. 

—  (évêque  d'),  pp.   19,  25. 

AtTEr.ivE  (château  d'),  pp.  393,  621,  847;  brûlé, 
pp.   366,   367;    ses  murs  sont  détruits,  p.  635. 

AUTINIER  DE  ROVIGNAN,  p.  755. 
Autorité  des  grands  vassaux,  p.  932. 
^  du  roi  dans  la  Province,  p.  932. 
AuTLN  (évêque  d'),  pp.  284,  632. 
AuvEP.r.NE,  pp.  7,  35,  129,  173,  861,  873;  ravagée 
par  les  routiers,  p.  110. 

—  (comté  d'),  p.  8. 

—  (comtes  d'),  p.  37. 

—  (église  d'),  p.  35. 

AuviLLARS,  château,  pp.  196,  197,  545,  802;  ses 
murs  sont  détruits,  p.  635. 

—  vicomte,  p.  755. 
AvxERRE,  p.  275. 

—  (comté  d'),  p.  267. 

—  (évêque  d'),  pp.  420,  526,  597. 
AuziTS,  lieu,  p.  81 5. 

AVE,  fille  posthume  d'Arnaud  III,  vicomte  de 
Fenouillèdes,  porte  cette  vicomte  dans  la  mai- 
son de  Saissac,  pp.  57,  617. 

Avignon,  pp.  110,  iii,  170,  193,  3o3,  317,489, 
504,  5i3,  525,  538,  6o3,  640,  756,  770,  782, 
797,  8i3,  814,  818;  saint  Bénézet  y  construit 
un  pont  de  pierre  en  1178,  p.  77;  appartient 
partie  au  comte  de  Toulouse,  partie  au  comte 
de  Forcalquier,  p.  170;  ses  habitants,  sur  l'in- 
vitation du  pape,  rasent  un  fort  construit  au 
Pont-de-Sorgue,  p.  266;  ses  consuls  prêtent 
serment  à  Milon,  pp.  280,  285;  un  concile  est 
sur  le  point  d'y  être  tenu,  une  épidémie  le  fait 
aiourner,  p.  402  ;  ses  habitants  envoient  une 
députation  à  Raimond  VI  &  à  son  fils,  p.  485; 
une  sentence  d'excommunication  est  lancée 
contre  eux,  p.  5i3;  assassinent  Guillaume  de 
B.iux,  prince   d'Orange,    p.    522;   le   pape  me- 


V'!. 


61 


TABLE  GENERALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


962 

nace  de  siippiimer  l'évêché,  p.  533  j  ses  habi- 
tants reçoivent  des  privilèges  8c  certaines  ré- 
compenses de  Raimond  VII,  p.  541;  ce  comte 
y  séjourne  en  1222,  p.  348;  est  assiégée  par 
Louis  VIII,  pp.  606,  607;  obligée  de  se  rendre 
au  roi  de  France,  pp.  610,  61  i  ;  lois  imposées 
à  ses  habitants  par  le  cardinal  de  Saint-Ange, 
pp.  620,  621;  s'érige  en  république;  des  trou- 
bles qui  y  éclatent  sont  pacifiés  par  le  comte 
Raimond  VII,  p.  7  1  8  j  des  Français  insultent  le 
peuple,  qui  se  venge  sur  eux,  p.  797;  Alfonse 
de  Poitiers  n'y  est  pas  reconnu,  pp.  81 3,  814; 
se  soumet  volontairement  à  Alfonse  &  à  Charles 
d'Anjou,  p.  818. 

Avignon  (consuls  d'),  p.  276. 

—  (église  de  la  Vierge  à),  p.  818. 

—  (évêqued'),    pp.  277,  281,   412,  464,  ."iSS,  818. 

—  (podestat  d'),  p.  718. 

—  (seigneurs  d'),  pp.    ip,   110,  iii,  169,  170. 

AVIGNON  (Arnaud  d'),  p.   166. 

AviGNONET,  château  en  Lauragais,  pp.  287,  370, 
385,  704,  790,  8ii;  ses  murs  sont  détruits, 
p.  635;  quatre  inquisiteurs  y  sont  massacrés; 
détails  sur  cette  affaire,  p.  739. 

—  (consuls  d'),  p.   811. 

—  (prud'hommes  d'),  p.  811. 

Av,  lieu  du  comté  de  Foix,  p.  237. 
AYCARD  DE  ROUSSILLON,  p.  3oo. 
AYMAR  DE    CABANES,   commandeur   des  hospi- 
taliers de  Toulouse,  p.  521. 

AYMAR  DE  GENSAC,  p.  706. 

AYMAR  DE  GUILLEM ,  seigneur  de  Clermont, 
p.  712. 

AYMAR,  vicomte  de  Limoges,  p.  104. 

AYMAR  DE  MONTMERLE,  p.    137. 

AYMAR,  seigneur  de  Murviel,  pp.    i36,  137. 

AYMAR  LO  NEGRES  (LE  NOIR),  poëte  proven- 
çal, p.  559. 

AYMAR  I  DE  POITIERS,  comte  de  Valentinois, 
pp.  186,  334,  417,  433,  5o5,  640,  710,  83o;  fait 
hommage  à  Raimond  V  pour  le  comté  de  Diois, 
pp.  i33,  i34;  se  déclare  pour  Raimond  VI, 
p.  433;  Simon  de  Montfort  lui  fait  la  guerre; 
paix  &  nouvelle  guerre  entre  eux,  pp.  433,  434; 
allié  de  Raimond  VII,  p.  5o5;  le  pape  lui 
donne  en  fief  une  partie  du  marquisat  de  Pro- 
vence, p.  676. 

AYMAR  II,  comte  de  Valentinois,  pp.  711,  772, 
829;  se  déclare  vassal  de  Raimond  VII,  pour 
divers  domaines  du  Vivarais,  p.  709;  fait  hom- 
mage à  Alfonse  &  à  Jeanne,  p.  922. 

AY.MAR  DE  LA  VALETTE,  p.  007. 
AYMARD  ou   AINARD,  évéque  du  Puy,  p.   144. 
.\ymargues  [corr.  Aimargues),  au  diocèse  de  Nimes, 

pp.  71 ,  87,  919,  921,  922  ;  Alfonse  &  Jeanne  y 

font  leur  testament,  p.  918. 

AYMERI   VIII,  vicomte  de  Thouars,  p.  776. 
AYMERI,  second   fils   de   Raimond-Roger,   comte 
de  Foix,  p.  563. 

AYMERI,  frère  de  Roger-Bernard,  comte  de  Foix, 
p.  65o. 


AYMERI  DE  CAIRE,  p.  489. 
AYMERI  DE  CASTELNAU,  pp.    i32,  209. 
AYMERI,    seigneur   de  Clermont,   au   diocèse  <!o 
Lodève,  pp.  47,  66,  lit,  744. 

AY.MERI  DE  COMMINGES,  pp.  757,  811. 

AYMERI  DE  GOURDON,  p.  746. 

AYMERI,  seigneur  de  Montréal  &  de  Laurac-le- 
Grand,  pp.  3i8,  319,  326,  333,  556;  est  dé- 
pouillé de  ses  biens  par  les  croisés;  déiend  La- 
vaur  contre  Simon  de  Montfort,  p.  35i;  est 
pris  à  Lavaur;  sa  mort,  p.  357. 

AY.-MERI  DR  LARA  ou  DE  NARBONNE,  fils  d'Er- 
messinde,  pp.  3i,  58,  617;  administre  les  do- 
maines d'Ermengarde,  p.  70. 

AYMFjRI,  fils  de  Pierre  de  Lara,  vicomte  de  Nar- 
bonne,  tantôt  appelé  Aymeri  III,  tantôt  Ay- 
mé ri  IV,  pp.  1  5i ,  290,  3 17,  5o3,  514,  672,  673, 
684;  fait  hommage  à  Raimond  VI,  p.  210;  se 
soumet  aux  croisés,  pp.  288,  289;  sert  de  répon- 
dant à  Simon  de  Montfort,  p.  3i5;  assiste  au 
siège  de  Minerve,  p.  329;  refuse  de  marcher  au 
secours  de  Simon  de  Montfort  pendant  le  siège 
de  Casteinaudary,  p.  370;  rend  hommage  à  l'ar- 
chevêque Arnaud,  p.  379  ;  force  Simon  deMont- 
fort  à  rendre  le  jeune  Jacques,  roi  d'Aragon, 
p.  436;  se  dispose  à  passer  sur  les  terres  de 
Simon  de  Montfort;  est  attaqué  par  ce  dernier; 
repousse  cette  attaque,  p.  439;  se  soumet  au 
cardinal-légat,  p.  442;  fait  hommage  à  Simon 
de  Montfort,  duc  de  Narbonne,  p.  409;  est  rais 
par  ce  prince  sous  la  protection  du  pape  pour 
échapper  à  l'excommunication  de  l'archevêque 
Arnaud,  p.  460  ;  celui-ci,  agissant  comme  duc, 
lui  ordonne  de  renoncer  à  l'hommage  prêté  à 
Simon  de  Montfort,  p.  478;  s'acquitte  de  l'al- 
bergue  envers  Simon  après  son  entrée  à  Nar- 
bonne, p.  479;  se  réconcilie  avec  l'archevêque 
&  partage  avec  lui  le  droit  de  battre  monnaie, 
p.  481;  rend  hommage  à  Raimond,  comme  duc 
de  Narbonne;  reçoit  à  Narbonne  Amauri  de 
Montfort  sur  les  instances  de  l'archevêque, 
p.  572;  fait  sa  paix  avec  le  roi,  p.  647;  se  ré- 
concilie avec  l'archevêque  Pierre  &  lui  rend 
hommage,  p.  672;  pardonne  aux  habitants  du 
bourg  de  Narbonne  qui  s'étaient  révoltés,  p.  687; 
sa  mort  en  1239,  p.  714;  ses  ferameS;  ses  en- 
fants, p.  7i5. 

AYMERI  V,  fils  d'Amalric,  vicomte  de  Narbonne, 
pp.  807,  887,  924;  secroise  pour  la  Terre-Sainte, 
p.  920  ;  épouse  Sibylle  de  Foix  ;  succède  à  Amal- 
ric,  son  père;  partage  son  héritage  avec  Ay- 
meri, son  frère,  p.  924;  prête  serinent  au  roi 
Philippe  III  8c  lui  rend  hommage,  p.  926;  as- 
siste à  une  assemblée  des  trois  états  de  la  séné- 
chaussée de  Carcassonne,  p.  927. 

AYMERI,  fils  d'Aymeri  IV,  vicomte  de  Narbonne, 
devient  seigneur  de  Verneuil  8e  chanoine  de 
Chartres;  peut-être  le  même  qu'Aymeri  de  Nar- 
bonne, chanoine  de  Saint-Piuil,  p.  715. 

AYMERI  DE  PEYRAT,  abbé  de  Moissac,  p.  553. 
AYMERI  DE  PONT,  p.  57. 
AYMERI,  roi  de  Hongrie,  p.   i63. 
AYMERIC  DE  ROQUEFORT,   p.   102. 
AZ.N'.ARD  PARDI,  seigneur  aragonais,  p.  428. 


TABLE  GENERALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


963 


B 


B.,  évèque  d'Elne,  p.  764.  ^eyf-  BÉRENGER. 
B.,  évêqiie  de  ^'lvlers,  p.  693. 
B.    DE  BOISSESON,  p.   149. 
B.   DE  VILLEMUR,  p.  67. 
B.  HUGL'ES  DE  SF.RRELONGUE,  p.  744. 
BAFFIE  (Guillaume  de),  p.  864. 
Bagxols,  lieu  du  diocèse  d'Uzès,  p.  608  j  ses  cou- 
tumes, p.  612;  son  monasière  de  filles,  p.  906. 

Bail  de  la  monnaie  de  Toulouse,  consenti  par 
Alfonse  de  Poitiers,  p.  833. 

Bailk  de  Montpellier,  p.  214. 

Saillies  ou  bailliages,  pp.  683,  828,  930. 

Baillis  ou  BAILES,  supérieurs  &  inférieurs,  grands 
&  petits,  pp.  738,  841,  853,  933,  934J  leurs 
fonctions,  leur  juridiction,  pp.  636,  828. 

Baixac,  château  du  Pérlgord,  soumis  par  Simon 
de  Montfort,  p.  449.  Foyt-j  Bey.nac. 

Bains  de  Montpellier,  pp.  i37,  2o3. 

Bais,  château  du  Vivarais,  p.  709. 

Balacler,  allas   Balacuieii,  au   pays  de  Chercorb, 

château  du  Toulousain,   pp.   27,   43,    194,  687, 

739. 
BALAGUIER  (Guillaume  de),  p.  loo. 
Ealarcc,  château,  pp.  5i5,  707. 
BALMES(Agout  de),  p.  818. 
BANNES  (Arnaud  de),  p.  -jH. 
Bak  (comté  de),  p.  261. 

BAR  (comte  de),  p.  366,  367.  Voye^  THIBAUT. 
BAR-sun-SEi>E  (comté  de),  p.  284. 
BARASC  (Déodat  de),  pp.  443,  754,  812,  917. 
BARBAZAN   (Guillaume  de),  p.  498. 
BARCA  (Guillaume  de),  p.  713. 
Barcelone,  pp.  23,  111,  809,  862. 

—  (comte  de),  pp.   104,401. 

—  (évèque  de),  p.  4 1  1 . 

BARJEAC  (Pierre  de),  poëte  provençal,  p.  166, 
Barons  ou  grands  vassaux,  pp.  208,  940. 
BARRAGE  (Guillaume  de),  p.  732. 
BARRAL,   vicomte    de   Marseille,    pp.    127,    181, 
24.3,  772. 

BARRAL,  seigneur  de  Baux,  pp.  Spô,  704,  710, 
738,  727,  8i3,  893;  sa  soumission  à  Aironse, 
p.  83o. 

BARRAI.E,  fille  de  Barrai,  vicomte  de  Marseille, 
p.   182. 

BARRES  (Guillaume  des),  p.  423. 
BARRIÈRE  (Guillaume  de),  p.  822. 
BARTHE   (Bernard    de   la),    archevêque   d'Auch, 
p.  349. 

BARTHE  (Comtoresse  dg  la),  pp.   123,   182. 

BARTHE  (Gaspard  de  la),  p.  507. 

BARTHE    (Gcraud    de    la),    archevêque    d'Auch, 

p.  78. 
BARTHÉLÉMY,  évèque  de  Cahors,  p.  839. 


BARTHÉLÉMY  D'ORLÉANS,  p.  879. 
BARTHÉLÉMY    DE    CARCASSONNE,    évèque   des 

hérétiques  albigeois,  p.  568. 
Basqies,  pp.  96,  278;  amenés  au  secours  du  comte 

de  Toulouse  par  le  sénéchal  d'Aquitaine,  p.  368. 
BASTET  (Géraud),  p.  5o3. 
Bastide,  lieu   du    diocèse  d'Albi,  pris  par  Simon 

de  Montfort,  p.  566. 

Bastide  de  Beauvoir,  en  Lauragais,  p.  723,  798. 

—  de  Calmont,  p.  930. 

—  de  Cordes,  p.  930. 

—  de  Fousseret,  p.  930. 

—  de  Giniont,  p.  930. 

—  de  Montsalzat  {corr.  Montalzat),  p.  671. 

—  de  Salles,  p.  930. 

—  de  Sainte-Foi  ;  sa  fondation,  p.  930, 

—  de  Verfeil,  en  Querci,  p.  ()3o. 

—  de  Villefranche,  dans  le  Toulousain,  p.  930. 

—  de  Villefranche  de  Rouergue,  p.  930. 

Bastides;  défense  d'en  construire  de  nouvelles 
faite  par  les  commissaires  d'AIfonse,  en  1254, 
p.  828;  construites  par  Alfonse  de  Poitiers  & 
la  comtesse  Jeanne,  p.  930. 

Bataille  ou  combat  de  Baziége,  p.  529. 

—  de  Beaucaire,  pp.  488,  489,  490. 

—  de  Bénévent,  p.  893. 

—  de  Castelnaudary,  pp.  370,  371,  372,  4S7. 

—  de  Montjoire  (corr.  Montgey),  p.  355. 

—  de  Muret,  pp.  421  à  426,  487. 

—  de  Saint-Gilles,  entre  les  Pisans  &  les  Génois, 
pp.  14  à   17. 

Bath,  évêché  en  Angleterre,  p.  78. 

BAUDOUIN,  empereur  de  Constnntinople,  pp.  769, 
774- 

BAUDOUIN,  comte  de  Flandres,  pp.   174,   186. 

BAUDOUIN,  troisième  fils  de  Raimond  V,  comte 
de  Toulouse,  frère  de  Raimond  VI,  pp.  167, 
3o8,  335,  393,  425,  429;  né  en  France;  n'est 
d'abord  pas  reconnu  par  son  frère  Raimond  VI; 
son  médiocre  apanage,  p.  167;  son  frère  lui 
substitue  tous  ses  domaines,  pp.  307,  3o8;  dé- 
fend Montferrand  contre  Simon  de  Montfort; 
trahit  son  frère  &  s'allie  à  Simon  de  Montfort, 
pp.  36o,  36 1  ;  reçoit  de  Montfort  plusieurs  do- 
maines dans  le  Querci,  p.  36 1  ;  surprend  le 
château  de  Grave;  en  fait  passer  tous  les  habi- 
tants au  fil  de  l'épée,  p.  375;  fait  avec  Simon 
le  siège  de  Saint-Marcel,  p.  378;  reçoit  de 
Montfort  le  gouvernement  de  Saint-Antonin, 
p.  386;  ravage  une  partie  du  Toulousain, 
p.  394;  combat  contre  son  frère  à  la  bataille  de 
Muret,  p.  423;  est  pris  par  les  routiers,  p.  436; 
est  livré  à  Raimond  VI,  condamné  à  mort  & 
pendu,  p.  437  ;  inhumé  par  les  templiers  à  Vil- 
ledieu  ;  sa  postérité,  p.  438. 

Baumes,  château  du  Venaissin,  pp.  276,  281. 

Baux,  château,  p.  586. 

BAUX  (maison  des),  pp.  25,  26. 

—  (seigneurs  de),  pp.   16,   396. 

—  (Barrai  de),  pp.  697,  710,  727,  758,  814,  8jo, 
33  1 ,  847,  893,  904. 


964 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


BAUX  (Bertrand  de),  pp.  24,  yô,  1  i3. 

—  (Guillaume  de),  pp.  198,  207,  281,  333,  430, 
522,  8i8. 

——  (Hugues  de),  pp.  (ji,  i63,  182,  199,  3o3,  417, 
710. 

—  (Raimoiid  de),  pp.  46,  63,  278,  704,  772,818. 
Bayeux  (doyen  de),  p.  848. 

—  (évêque  de),  pp.  284,  35  1. 

Ba/.acle  (moulin  du),  à  Toulouse,  pp.   101,  ôo6. 
Ba/.as;  un  concile  y  est  tenu  en   1  1  8  1 ,  p.  98. 

—  (évéque  de),  pp.  287,  410. 
BAZIÉGE  (Arnaud  de),  p.  67  1 . 

Bazikge,  dans  le  Toulousain,  pp.  ôo8,  631,671, 
8j2  ;  un  combat  y  est  liTré  en   1219,  p.  529. 

BAZOCHES  (Nicolas  de),  p.  355. 

Béarn,  pays,  p.  175. 

BÉARN  (vicomte  de),  pp.  498,  886. 

BÉATRIX,  fille  de  Raimond-Trencavel,  sœur  de 
Roger  II,  vicomte  de  Bcziers,  femme  de  Rai- 
mond  VI,  comte  de  Toulouse,  pp.  3o,  ôi,  69; 
répudiée  par  Raimond  VI,  p.  145  ;  son  frère  lui 
donne  la  seigneurie  &  le  château  de  Mèze, 
p.   146. 

BEATRIX,  comtesse  de  Bigorre,  femme  de  Ber- 
nard, comte  de  Comminges,  répudiée,  pp.  182, 
2  i3. 

BEATRIX,  quatrième  femme  de  Bernard  V,  comte 
de  Comminges,  autre  que  la  précédente,  p.  604. 

BEATRIX,  héritière  du  Dauphiné,  p.  167;  épouse 
Albéric  TaïUefer,  p.  205  puis  Hugues  III,  duc 
de  Bourgogne,  p.  ic5;  a  un  fils  de  ce  mariage; 
devenue  veuve,  en  1191,  elle  épouse  en  troi- 
sièmes noces  Hugues,  seigneur  de  Coligny-le- 
Neuf,  p.  106. 

BEATRIX,  comtesse  de  Melgueil,  mère  d'Ermes- 
sinde,  pp.  17,  19,  44,  69;  dispose  du  comté  de 
Melgueil  en  faveur  du  comte  de  Toulouse, 
p.  45  j  marie  sa  fille  à  Raimond,  fils  du  comte 
deToulouse,  &  fait  donation  du  comté  de  Mel- 
gueil à  la  maison  de  Toulouse,  p.  48. 

BEATRIX  DE  GENÈVE,  femme  de  Rousselin  de 
Lunel,  p.  869. 

BEATRIX,  veuve  de  Lambert  de  Limoux,  p.  678. 
BEATRIX  DE  l.AUTREC,  p.  918. 
BEATRIX  DE  MONTFERRAT,  p.  7o3. 
BEATRIX  DE   SAVOIE,    femme  de   Raimond-Bé- 

renger,  comte  de  Provence,  pp.  680,  733,  918; 

comtesse  douairière  de  Provence,  p.  776. 

BEATRIX,  fille  de  Raimond-Béreiiger,  comte  de 
Provence;  mariage  projeté  entre  elle  &  le  comte 
Raimond  VII,  p.  773;  ce  mariage  est  rompu, 
PP-  775,  777'  778- 

BEATRIX,  fille  de  Pierre-Bermond  d*  Sauve, 
p.  396. 

BEATRIX,  fille  unique  de  Guigues  VI  &  de  Béa- 
trix  de  Castelard,  pp.  434,  703. 

BEATRIX  DE  SABRAN  CASTELARD,  petiie  fille 
de  Guillaume  IV  de  Forcalquier,  femme  d'André 
de  Bourgogne,  dauphin  de  ^'lennols,  pp.  195, 
434,  7o3. 

BEATRIX,  veuve  de  Pierre  de  Fenouillèdes,  p.  61  3. 


BEATRIX,  fille  du  comte  Amédée,  p.  874. 

BEATRIX,  fille  de  Bernard,  seigneur  de  Mercœur, 
P-  799- 

BEATRIX  ou  ÉTIENNETTE.  Foye^  ÉTIEN- 
NETTE. 

Eeal'cah'.i:,  ville  &  château  du  diocèse  d'Arles, 
dans  le  pays  d'.Argence,  pp.  i5,  16,  19,  26,  68, 
110,  1^96,  275,  433,  474,  485,  494,  497,  504, 
525,  557,  587,  6o3,  6;8,  755,  728,  729,  78.;, 
791,  797,  8i5,  816,  817,  818,  838,  868,  920, 
923,  942,  948;  Raimond  V  y  tient  une  cour 
plénière,  pp.  60,  61;  possédée  par  les  comtes 
de  Toulouse  sous  la  mouvance  de  l'église  d'Arles, 
p.  76;  l'archevêque  d'Arles  la  donne  en  fief  à 
Simon  de  Montfort,  pp.  453,  404;  un  sénéchal 
y  est  établi,  p.  464;  se  soumet  au  jeune  comte 
de  Toulouse,  qui  fait  le  siège  du  château, 
pp.  487,  488;  est  assiégée  en  même  temps  par 
Simon  de  Montfort,  qui  est  forcé  de  lever  le 
siège,  pp.  483,  489  ;  le  château  se  rend  au  jeune 
Raimond;  époque  de  ce  siège,  pp.  489,  49:;  est 
cédée  par  un  traité  à  Raimond  le  Jeun^  par 
Simon  de  Montfort,  p.  491  ;  privilèges  accordés 
aux  consuls  &  aux  habitants  par  Raimond  VI, 
p.  5o3;  le  cardinal-légat  excommunie  les  habi- 
tants, p.  5i3;  l'archevêque  d'Arles  la  donne  en 
fief  au  comte  de  Toulouse,  p.  5o7;  se  soumet  à 
Louis  VIII,  p,  608;  un  sénéchal  y  est  établi 
par  le  roi  de  France,  p.  612;  l'archevêque  d'Ar- 
les la  rend  en  fief  à  Raimond  VII,  p.  728; 
Louis  IX  y  passe  en  allant  à  la  Terre-Sainte,  & 
à  son  retour  d'Orient,  pp.  796,  835;  les  ar- 
chevêques d'Arles  en  cèdent  la  suzeraineté  au 
roi,  p.  868;  les  habitants  de  cette  ville  portent 
pl.iinte  au  roi  contre  ses  officiers  de  justice, 
p.  835;  ordonnance  rendue  à  cette  occasion, 
p.  836. 

—  (coutume  de),  p.  942. 

—  (péage  de),  p.  868. 

—  fsénéchal    de),    pp.    ■'94, 
848,  85o,  858,  864,  881, 

—  (sénéchaussée  de),  pp.  839,  841,  849,  861 ,  862, 
867,  870,  920,  937,  941,  942. 

—  (juge  de),  p.   196. 

Beal'fobt,  lieu  de  la  sénéchaussée  de  Carcassonne, 
pp.  584,  678. 

BEAl'JEU  (Guiscard  de),  p.  455. 

—  (Gui  de),  p.  284. 

—  (Imbert  ou  Huinbert  de),  pp.  618,  625. 
Beaumont,  lieu  du  Rouergue,  pp.  116,  i35. 
Beaumont,  domaine  dans  le  Vêlai,  p.  3-j, 
BEAUMONT  (Guillaume  de),  p.  81 3. 

—  (Honor  de),  p.  8.10. 

—  (Jean  de),  p.  721. 
Bealpiv,  lieu,  pp.  616,  618. 
BEAUPUY  (Bertrand   de),  p.   1 85. 

—  (Raimond-Fort  de),  p.  244. 

Beai,vai.s  (évêque  de),  pp.  34c,  341,  409,  597, 
607,  619. 

BEAUVAU  (René  de),  p.  892. 

Beauvoisin,  château,  situé  à  deux  lieues  de  Nî- 
mes,   pp.   07,    88;    assiégé    par    Raimond    VI, 

p.   181. 


8i5,  818,  825,  83o, 
890,  897,  934. 


TABLE  GENERALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


965 


BEBEN  (Arnnua  de%  p.  ',. 

BÉCÉDE  l'Payen  de),  p.  669. 

BtCËDE,  châtenu    du   Laiiragais,    pp.  621,  62a;  ses 

murs  doivent  être  détruits,  p.  635.    Voye^  Bes- 

SËDE. 

BEGON,  fils  de  Raimond  de  Ginestoiis,  p.  524. 

BÉGO^f  DE  CAUMONT,  pp.  746,  yà.O. 

Belcastpl,  château  du  Razcs,  p.  pp. 

Belkne,  village,  p.  8j2. 

BELror.T,  château  dans  le  pays  de  Sault,  p.  67. 

BELISSENDE,  fille  de  Guillaume  VII,  comte  d'Au- 
vergne, p.  98. 

BELLAF.AR  (Guillaume  de;,  p.  489. 

BrLLEOAKiiE,  château,  pp.  327,  489,  569,  791 ,  83  j. 

BEt-LErEr.cHE,  abbaye,  pp.  226,  502,  384,  683,  8o3, 
821. 

RELVÈSE  (Matfred  de),  pp.  368,  428. 

Belvé/.e,  château,  pp.  368,  791,  85i. 

BENAVEN  (Bernard  de),  p.  269. 

Bésévent,  pp.   21,  23. 

KÈNE  (Guill.iume  de),  p.  6o'>. 

BENOIT,  abbé  de  la  Grasse,  p.  609. 

BENOIT  DE  TERMES,  p.  249;  nommé  évèque  du 
Razès  par  les  hérétiques,  p.  540. 

BKINQl'E  (Raimond  de),  p.  706. 
BÉRAUD     DANDUZE,    fils    de    Pierre-Bermond, 
pp.  83o,  878,  879,  918,  921. 

BÉRAUD,  sire  de  Mercoeur,  pp.  98,  622. 

HÉRENGER,  évéque  de  Lérida,  puis  archevêque  de 
Narbonnc,  pp.  lâo,  i53,  187,  211,  232,  2Ô4, 
290,  33 1 ,  34C1 ,  "loi;  élu  archevêque  de  Nnr- 
bonne,  p.  i33;  Célestin  III  confirme  son  élec- 
tion; sa  parenté,  p.  i39;  plaintes  adressées  par 
les  légats  au  pape  contre  cet  archevêque,  p.  232; 
son  appel  au  pape  contre  les  légats,  p.  234; 
est  gracié  par  Innocent  III,  p.  239;  se  récon- 
cilie avec  lui,  pp.  2.^4,  25.^;  donne  une  église 
de  son  diocèse  aux  religieuses  de  ProuiUe, 
p.  234;  s'accorde  avec  les  croisés  après  le  sac  de 
Béziers,  p.  290;  date  de  sa  mort,  p.  379. 

BÉRENGER,    archevêque    de  Tarragone,    pp.    88, 

III,  I  1 .3 . 
BÉRENGER,  évêque  de  Cnrcassonne,  pp.  iTiS,  208; 

est  chassé  de  la  ville  par  les  hérétiques,  p.  224. 
BÉRENGER,  évêque  d'EIne,  pp.  764,  779. 
BÉRENGER  DE  FRÉDOL,  évêque  de  Maguelonne, 

pp.  869,  8-'-',  914,  947. 

BÉRENGER  DE  REILEANE,  évêque  de  Vaison, 
p.   148. 

BÉRENGER,  abbé  de  Saint-Thibéry,  p.  5io. 
BÉRENGER  VALARD,  abbé  de  Boulbonne,  p.  208. 
BÉRENGER,  archidiacre  de  Carcassonne  (?),p.  1  Ô4. 
BÉRENGER  DE  BÉZIERS,  p.  40. 
BÉRENGER  DE  BONFILS,  de  Lavaur,  p.   154. 
BÉRENGER,  seigneur  de  Clermont,  p.  66. 
BÉRENGER  DE  CAUX,  p.  73. 
BÉRENGER  DE  COMBRET,  p.  812. 
BÉRENGER  DE  CUGUGNAN,    p.    723. 
BÉRENGER  DE  LA  FARE,   p.  903. 
BÉRENGER-GUILLAUME,  p.  io3. 


BERENGER    GUILLELMI,    deux   personnages   du 

même  nom,  le  père  &  le  fils,  p.  83o. 
BÉRENGER  DE  GUILLEM,   p.  784. 
BÉRENGER  DE  JOARAS,  bailli  d'Agde,  p.   387. 
BÉRENGER  DE  LESTANG,  p.  743. 
BÉRENGER  DE  MOUJAN,  p.  233. 
BÉRENGER  DE  MONTLAUR,  p.    374. 
BÉRENGER     DE     IMORNAS ,     évêque    de    Vaison, 

p.  148. 
BÉRENGER     DE     PALAZOF. ,     poète     provençal, 

p.    166. 
BÉRENGER  DK   PIERREPERTUSE ;    hérite   d  une 

partie  des   domaines   d'Arnaud,  vicomte  de  Fe- 

iioulllèdes,  p.  37. 
BÉRENGER  DE  PUISSERGUIER,   p.    89;    date    de 

son  testament,  p.  90. 
BÉRENGER    DE    PUISSERGUIER,  pp.   601,    737, 

732,  8-2. 

BÉRENGER  DE  SALLES,  p.   122. 
BÉRENGER  DE  SALLÈLES,  p.   ■;. 
BÉRENGER  DE  SAUVE,  p.  849. 
BÉRENGER  DE  SAINT-JEAN,  p.  798. 
BÉRENGER  DE  THÉSAN,   pp.    122,   138. 
BÉRENGER  DE  VILLESPASSANS,  p.    I3i 
BÉRENGER,  seigneur  d'Uzès,  p.  837. 
BÉRENGER  (Flotte  de),  p.  711. 
BÉRENGÈRE  DE  NAVARRE,  femme  de  Richard, 
roi  d'Angleterre,  p.   146. 

BÉRENGÈRE  DE  RO(^UEBRUNE,  p.  830. 

BERENGUELA  ALONSO,  p.  91.3. 

Btr.r.>s  'corr.  Brcns),  château  en  Albigeois,  p.  44. 

BÉRENS  (maison  de),  p.  626. 

—  (Guillaume-Pierre  de),  pp.  3o,  734. 

Bnp.CEr.AC,  en  Périgord,  p.  376. 

BERGUADON  (Guillaume  de),  p.  ,5.39. 

BEr.ct  ADON,  comté  en  Catalogne,  p.  339. 

BÉRMOND   ou    BERNON,    élu    évêque   de   Viviers, 

pp.  396,  369,  91  o. 
BERMOND,  fils  de  Pierre-Bermond  VI,  p.  396. 
BERMOND  DE  SAUVE,   pp.  47,  49. 
BERMOND  DE  SOMMIÈRES,  p.  62. 
BERMOND    D'UZÈS,   seigneur    d'Uzès    &   de    Pos- 

qutères,  frère  de  Raimond,  évêque  d'Uzès,  pp.  22, 

26,  38,  62,  63,  64,  206,  434. 
BERNARD  (le  bienheureux),  pénitent,  p.  toi'. 
BERNARD,  archevêque  d'Aix,  p.  410. 
BERNARD  DE  LA   BARTHE,  archevêque  d'Aiich, 

envoyé   à  Rome   par  Raimond  VI,  p.  268;  dé- 
posé, p.  349. 
BERNARD,  archevêque  d'Embrun,  p.  482. 
BERNARD,  évêque  d'Agde,  p.  714. 
BERNARD  DE  COMBRET,  évêque  d'Albi,  pp.  646, 

840,    9i6j    conflit   entre    lui  8c  le   sénéchal  de 

Carcassonne,  pp.  864,  863,  866. 
BERNARD  DE  CASTANET,  évêque  d'Albi,  pp.  921, 

932. 
BERNARD,  évêque  de  Barcelone,  p.    111. 
BERNARD,   évoque  de   Béziers,  inféode,  en   io56, 

le  bourg  de  Béziers  &   une  grande  partie  de  ses 

droits  &  revenus  à  Rainard  Salomon,  p.  58, 


966 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS   ET  DES   MATIÈRES. 


BERNARD-GAUCELIN,  évéqiie  de  Béziers,  plus 
tard  archevcqvie  de  Narbonne,  pp.  41,  i)3,  "18, 
82,  III,  118,  119,  i33,  140,  164,  i."):'),  2185 
est  présent  au  meurtre  de  Raimond-Trencnvel, 
p.  29;  renouvelle  la  trêve  de  Dieu,  p.  Sp;  plu- 
sieurs de  ses  actes,  p.  40;  assiste,  en  1179.  au 
concile  de  Latran,  p.  86;  est  élu  archevêf]ue 
de  Narbonne,  p.  97;  époque  de  sa  mort, 
pp.   i38,   iSp. 

BERNARD  DE  CUXAC,  évèque  de  Béziers,  pp.  574, 
596,  681. 

BERNARD-RAIMOND  DE  ROQUEFORT,  évèque 
de  Carcassonne,  pp.  2.54,  342;  est  obligé  de  se 
démettre  de  son  évêché,  pp.  349,  379;  reprend 
possession  de  son  siège  après  la  mort  de  Gui, 
élu  lors  de  sa  déposition,  p.  375;  est  de  nou- 
veau  expulsé,  p.  614;  date  de  sa  mort,  p.  61.;. 

BERNARD    DE    MÈZE,    évèque    de    Maguelonne, 

pp.  4")7,  5i  2,  6rt  I . 
BERNARD     DE     MONTAIGU ,     évèque    du     Puy, 

pp.   527,   790,  799. 
BERNARD     DE     ROCHEFORT,    évèque    du     Pi, y, 

p.  660. 
BERNARD    DE    VENTADOUR,    évèque    du     Puy, 

pp.  790,  838,  839. 
BERNARD  D'ANDUZE,  évèque  de  Viviers,  p.  569. 
BERNARD,  abbé  d'Alet,  p.  700. 
BERNARD,  abbé  de  Caunes,  p.    116. 
BERNAP.D,  abbé   de  Fontcaude;    ses   écrits   contre 

les  hérétiques,  p.  218. 
BERNARD,  abbé  de  Fontfroide,  p.    140. 
BERNARD,  abbé  du  Mas-sous-Verdun  (Mas-Gre- 
nier), p.  702. 
BERNARD,  abbé  de  Psalmodi,  p.  209. 
BERNARD,    abbé   de   Saint-Aphrodise   de   Béziers, 

p.  332. 
BERNARD  DE  SAINT-FERRÉOL,  abbé  de  Saint- 

Polycarpe,  élu  abbé  d'Alet,  p.   l58. 
BERNARD,    abbé    de    Saint-Guillem    du    Désert, 

p.  41. 
BERNARD     DE     ROQUEFORT,     frère     prêcheur, 

p.  739. 
BERNARD,  clerc  de  l'archidiacre  de  Lézat,  p.  739. 
BERNARD,  religieux  de  Mazan,  p.  396. 
BERNARD  D'ADÉMAR  DE  LESCURE,  p.  817. 
BERNARD  D'ALION,  p.  91. 
BERNARD  D'ALION,   seigneur  de  Son,  de  Quéri- 

gut,  &c.,  pp.  564,  699. 

BERNARD    AMELII    ou     AMIELS    DE    PAILHÈS, 

pp.  6i5,  764,  7.'55,  757,  811. 
BERNARD  VI    D'ANDUZE,    pp.    62,    63,    72,   108, 

159,  164. 
BERNARD    VII    D'ANDUZE,    pp.    i83,     186,    187, 

2o3,  241,  278,  334,  390. 
BERNARD    VIII    D'ANDUZE,    oncle    paternel    de 

Pierre  Pelet,  pp.   241,  524,  535,  569. 
BERNARD   D'ANDUZE,   père   de   Sibylle  d'AIais, 

p.  85o. 
BERNARD  DE  ANTERACO,  p.   778. 
BERNARD  D'APCHIER,  p.  864. 
BERNARD  IV,  comte  d'Armagnac  &  de  Fezensac, 

p.  778. 


BERNARD  V,  comte  d'Armagnac,  p.  720;  se  li^ua 
contre  le  roi  avec  Raimond  VII,  p.  y3-j. 

BERNARD  D'ARPAJON,  pp.  812,  816. 

BERNARD  D'ARSENS,  chevalier,  p.  249. 

BERNARD  D'ASTAFORT,   pp.    143,  880. 

BERNARD-ATON  I,  vicomte  de  Nimes  &  d'Agrîc, 
neveu  de  Raimond-Trencavel ,  vicomte  de  Bé- 
ziers, pp.  3o,  46,  69,  83. 

BERNARD-ATON  II,  vicomte  de  Nimes  &  d'Agde, 
■  PP-  -^'i  4^>,  69,  123,  180  ;  gouverne  ses  domai- 
nes ;  s'accorde  avec  le  comte  de  Toulouse,  p.  64  ; 
se  soumet  à  la  suzeraineté  du  roi  d'Aragon; 
prend  parti  contre  le  comte  de  Toulouse,  p.  8"; 
engage  une  partie  de  ses  domaines  pour  soutenir 
la  guerre  contre  lui,  p.  99;  fait  sa  paix  avec 
lui,  p.  1 1  I  ;  donne  la  vicomte  d'Agde  à  l'éplise 
de  cette  ville,  p.  120;  embrasse  l'état  ecclésias- 
tique, pp.  121,  I  22  ;  divers  actes  de  ce  vicomte, 
pp.  122,  123;  il  cède  à  Simon  de  Montfort  ses 
droits  sur  les  vicomtes  de  Nimes  &  d'Agde;  vécut 
au  moins  jusqu'en  1214,  p.  i23. 

BERNARD  D'AUDEGUIER  ,  chevalier  d'Avignon, 
p.  07-. 

BERNARD  DE  BARRE,  p.  j56. 
BERNARD  DE  BAUX,  p.  6?. 
BERNARD  BEAUSADUN,    p.  943. 
BERNARD  DE  BENAVENT,  p.  269. 
BERNARD  DE  BÉZIERS,  pp.  252.  481. 
BERNARD  DE  BOISSESON,   pp.    i53,  556. 
BERNARD   DE    CALVET,    prieur   de  l'hôpital   de 
Gouda  rgues,  p.  j^c. 

BERNARD  DE  CANET,  p.  82;  notaire  de  Roger, 

p.  1  55. 

BERNARD  DE  CARDAILLAC,  p.  455. 
BERNARD     DE     CASENAC     {corr.    CAZENAC), 
pp.  449,  466. 

BERNARD  DE  CASTEI.BAjAC,    p.  498. 

BERNARD  DE  CAUSSINOJOULX  {corr.  CAUSSI- 
NIOJOULS),  tabellion  de  Béziers,  p.  41. 

BERNARD  DE  CAUX,,  p.  75. 

BERNARD  IV,  comte  de  Comminges,  p.   I25. 

BERNARD  V,  comte  de  Comminges,  pp.  \i5,  143, 
194,  207,  258,  3o8,  353,  406,  412,  498,  5o6, 
52  1  ;  fait  la  guerre  au  comte  de  Foix,  p.  184; 
répudie  Maiie  de  Montpellier,  p.  212;  le  pape 
lui  écrit  en  faveur  de  Simon  de  Montfort, 
p.  337;  s'allie  à  Raimond  VI,  pp.  354,  355; 
combat  Simon  de  Montfort,  pp.  363,  369,  378, 
385;  perd  une  partie  de  ses  domaines,  p.  3ç3  ; 
le  roi  d'Aragon  intervient  en  sa  faveur  au  con- 
cile de  Lavaur,  pp.  402,  403  ;  s'allie  étroitement 
avec  le  roi  d'Aragon,  p.  406  ;  est  battu  à  Muret, 
p.  421  ;  se  soumet  au  pape,  p.  435,  &  au  légat, 
p.  441;  se  rend  au  concile  de  Latran  &  demande 
la  restitution  de  ses  domaines,  pp.  470,  471, 
472  ;  aide  Raimond  ^'I  à  défendre  "Toulouse 
contre  Simon  de  Montfort,  p.  5c6;  est  présent 
au  testament  du  comte  de  Toulouse,  p.  52 1  ; 
recouvre  une  partie  de  ses  domaines,  p.  522; 
assiste  au  combat  de  Baziége,  p.  529;  est  exhorté 
par  le  pape  à  mettre  bas  les  armes,  p.  538;  sa 
mort,  p.  604;  ses  femmes;  ses  enfants,  pp.  181, 
212,  2i3,  414,  6o3,  604. 


TABLE  GENERALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIERES. 


967 


BERNARD  VI,  comte  de  Comminges,  fils  de  Do- 
don,  petit-fil$  de  Bernard  V  &  arriére-petit-fils 
de  Rog»r  de  Comminges,  pp.  12,5,  181,  i83, 
ij^:,  (fO^,  667,  O97,  71  1 ,  718,  771;  ses  différents 
marf.iges,  p.  181;  succède  à  son  père,  p.  604J 
alxindonne  le  comte  de  Toulouse  &  fait  sa  paix 
avec  le  roi,  p.  609;  rend  hommage  à  Rai- 
mond  Vil,  p.  697;  sa  mort,  p.  ySô. 

BERNARD  VII,  comte  de  Comminges,  pp.  772, 
--3,  778,  804,  811,  8i5,  889,  918;  succède  à 
Bernard  VI  ;  rend  hommage  au  comte  de  Tou- 
louse, p.  735;  est  excommunié,  p.  744;  prête 
serment  au  roi  après  la  paix  de  Lorris,  p.  754; 
s'avoue  vassal  de  Raimond  VII,  p.  771;  ses 
femmes,  p.  73");  épouse  Laurette,  fille  de  Phi- 
lippe de  Montfort,  p.  925. 

BERNARD  COTA,    tabellion   de   Béziers,    pp.  40, 

BERNARD  DE  DURFORT,  pp.  546,  61 5,  7.55, 
778. 

BERNARD  D'ESCAFRÉ,  procureur  des  templiers 
de  Béziers,  p.  40. 

BERNARD  DU  FESC,  notaire  de  l'évéque  de  Ma- 
guelonne,   p.  707. 

BPJ^NARD  DE  FOUCAUD,,  p.  811. 

BERNARD  DE   LA  GARDE,  p.  671. 

BERNARD  GILABERT,  p.  435. 

BERNARD  DE  GOT,  bourgeois  de  Montréal, 
p.  249. 

BERNARD-GUILLAUME,  fils  de  Guillaume  VIII, 
Sîigneur  de  Montpellier,  désigné  par  son  père 
pour  être  chanoine  de  Girone  ou  de  Lodève, 
p.  202;  mari  de  Miliane  (Julienne),  fille  de 
Pons-Hugues,  p.  41 3;  père  de  Bernard-Guil- 
laume d'tntenza,  p.  882. 

BERNARD-GUILLAUME  D'ENTENZA.  p.  882. 

BERNARD-HUGUES,  vicomte  de  Saint-Antonin, 
p.  649;  fils  du  vicomte  Frotard,  p.  786. 

BERNARD  DHUGUES,  p.  755. 

BERNARD  V,  comte  de  Fezensac,  p.  778. 

BERNARD-JOURDAIN  I,  seigneur  de  l'IsIe,  fon- 
dateur de  l'abbaye  de  la  Capelle,  p.   10. 

BERNARD-JOURDAIN  II,  seigneur  de  l'Isle-Jour- 
dain,  pp.  168,  191,  197,  208,  5io,  532,  6i3, 
880. 

BERNARD-JOURDAIN  III ,  fils  de  Jourdain  II, 
seigneur  de    l'Isle-Jourdain,  pp.    191,  6i3,  734. 

BERNARD  DE  LAC,  procureur  de  l'hôpital  de 
Saint-Jean  de  Jérusalem  dans  le  Narbonnais  & 
le  Minervois,  p.  74. 

BERNARD   DE  MARESTANG,  pp.   197,  612. 

BERNARD  DE  MINERVE,  pp.  58,  137. 

BERNARD  DE  MIRAVAL,  poète  provençal,  p.  167. 

BERNARD  DE  MONTPELLIF,R  ,  religieux  de 
Franquevaux.  p.  2o,5. 

BERNARD  DE  NARBONNE,  camérier  de  la  cathé- 
drale de  Béziers,  p.  4-. 

BERNARD   D'ORKESSAN,  p.   197. 

BERNARD- OTON  DANIORT  ou  DE  NIORT, 
pp.  53o,  690,  723;  seigneur  de  Laurac,  p.  697; 
&  lion  de  Niort,  p.  701. 

BERNARD  DE  PELAPOUL,  viguier  de  Béziers, 
p.  i56. 


BERNARD  PELET,  seigneur  d'ALils,  mari  de 
Béatrix,  comtesse  de  Melgueil  ;    sa    mort,  p.  44. 

BERNARD  PELET,  pp.  608,  627. 

BERNARD,  fils  du  précédent,  p.  60S. 

BERNARD  PELET,  fils  de  Tiburge,  p.  794. 

BERNARD,  seigneur  de  Penne,  p.  533,  822,  899. 

BERNARD  DE  PORTELLE,  pp.  437,  438,  Sol. 

BERNARD-RAIMOND  DE  CAPENDU,  pp.  40,  57, 
195. 

BERNARD  DE  RIUSSEC  [corr.  RIEUSSEC),  p.  332. 

BERNARD  DE  RODEZ,  p.  533. 

BERNARD-RAIMOND  ou  RAIMUNDI,  évéque  des 
hérétiques  du  Toulousain,  p.  7;  réfugié  en  Al- 
bigeois, comparaît  dans  la  cathédrale  Saint- 
Etienne  de  Toulouse,  devant  le  légat  8c  les  évê- 
ques  assemblés;  fait  profession  de  foi  catholique; 
refuse  de  l'affirmer  par  serment,  p.  83  ;  est  ex- 
communié; se  réfugie  à  Lavaur,  p.  84,  90;  se 
convertit  &  devient  chanoine  de  Saint-Etienne, 
p.  96. 

BERNARD -RAIMONDI,  élu  evèque  de  Carcas- 
sonne,  p.  254.  Foye^  plus  haut. 

BERNARD  SAISSET,  chancelier  de  l'église  de  Tou- 
louse, p.  878;  abbé  de  Saint-Antonin  de  Pa- 
miers,  p.  888. 

BERNARD  DE  SAINT-ÉTIENNE,  pp.  71 5,  826. 
BERNARD  DE  SAISSAC,  p.  64. 
BERNARD  DE  SAUVE,  p.  47. 
BERNARD  DE  SAUVE,  p.  800. 
BERNARD    DE    SIMORRE,    hérétique   de    Carcas- 
sonne,  p.  253,  325. 

BERNARD  DE  SOMMIÈRES,  p.  797. 

BERNARD  DE  TERMES,  p.  63o. 

BERNARD  DE  LA  TOUR,  p.  772. 

BERNARD  DE  VENTADOUR ,  poëte  provençal, 
p.   162. 

BERNARD  DE  VILLENEUVE,  chevalier,  pp.  194, 
249. 

BERNARD,  podestat  d'Avignon,  p.  718. 

BERN.ARD,  fils  de  Hugues  I,  comte  de  Rodez, 
p.    177. 

BERNARD,  seigneur  du  pays  de  Savez,  p.   i25. 

BERNARD,  notaire  de  Roger  II,  vicomte  de  Bé- 
ziers, p.    154.  Foye^  CANET. 

BERNARD,  frère  naturel  de  Raimond  VU;  son 
mariage  avec  Comtoresse,  p.  587. 

BERNARD-ARNAUD,  reçoit  en  fief  du  comte  de 
Toulouse  la  boucherie  de  Toulouse,  p.   159. 

Bebms,  château,  pp.  88,  504. 

BERNON  ou  BURNON,  évêque  de  Viviers,  pp.  242, 
334,  692. 

Béroxe,  château  près  de  Saint-Antonin,  p.  649. 

Bebry.  pays,  pp.   129,  i3i,  173. 

BERTRAND,  cardinal  du  titre  de  Saint-Jean  & 
de  Saint-Paul,  légat,  pp.  480,  499,  5o2,  5^4, 
5io,  5i  1,  5i6,  525,  534;  envoie  Foulques  pour 
aller  chercher  du  secours  en  France,  p.  5o8  ;  est 
présent  au  siège  de  Toulouse  par  Simon  de 
Montfort,  pp.  5io,  Sii;  lance  une  sentence 
d'excommunication  &  d'interdit  contre  les  cor.- 


968 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS   ET  DES  MATIÈRES. 


suis  8c  les  habitants  de  diverses  villes,  p.  r)i3; 
presse  Simon  de  Moiitfort  d'avancer  le  siège  de 
Toulouse,  p.  ôi6;  après  la  mort  de  Simon, 
conseille  à  Amaiiri  de  rester  sur  la  défensive, 
p.  020;  assiste  au  siège  de  Toulouse  p.ir  le 
prince  Louis,  p.  .'i.'îz;  sa  sentence  contre  Rai- 
mond  VII  est  confirmée  par  Honoré  III,  p.  544> 
remplacé  comme  légat  par  le  cardinal  Conrad, 
p.  537. 

BERTRAND  DE  SAINT-Jl'ST,  évêque  d'Agde, 
p.  681. 

BERTRAND,  évêque  de  Béziers,  pp.  398,  418;  de- 
mande à  Innocent  III,  de  détruire  de  fond  en 
comble  la  ville  de  Toulouse,  p.  410. 

BERTRAND,  évêque  de  Cavaillon,  p.  409. 

BERTRAND  DE  MORNAI ,  évêque  de  Lodève, 
p.  712. 

BERTRAND  DE  CHALENÇON,  évêque  du  Puy, 
pp.  25o,  260,  467,  5o5. 

BERTRAND    DE    MONTAIGU ,    évêque    du    Puy, 

P-  799- 
BERTRAND,    évêque     de    Saint-Paul-Trois-Châ- 

teaux,  p.   187. 
BERTRAND  DE  L'ISLE- JOURDAIN,  fils  posthume 

de  Bernard-Jourdain  II,  chanoine,  puis  évêque 

de  Toulouse,  pp.  6i3,  8i3. 
BERTRAND,  évêque  d'Uzès,  p.  87. 
BERTRAND,  évêque  d'Uzès,  p.  837. 
BERTRAND    DE    LAMBESC ,    évêque    de   Vaison, 

p.   148. 
BERTRAND  D'ANDUZE,  évêque  de  Viviers,  p.  693. 
BERTRAND  DE  SAINT-GERVAIS,   évêque  de   Bé- 
ziers, p.  .)8  p . 
BERTRAND    DE    VENTADOUR ,   évêque   du   Puy, 

p.  790. 
BERTRAND,  abbé  d'Aurillac,  p.  692. 
BERTRAND,  abbé  de  Franquevaux,  pp.  46,  64. 
BERTRAND,  abbé  de  Moissac,  p.  179. 
BERTRAND,   chantre    de    l'église    de    Narbonne, 

p.  11. 
BERTRAND,     prévôt    de    la     cathédrale    d'Arles, 

p.  734. 
BERTRAND,  prieur  de  Saint-Gilles,  p.  621. 
BERTRAND  D'ALAMANON,  p.  ,'ij8. 
BERTRAND  D'AUTIGNAC,  p.  743. 
BERTRAND  D'ANDUZE,  p.  47. 
BERTRAND  D'AURIAC,  p.  07. 
BERTRAND  DE  BAUX,  seigneur  d'Orange,  pp.  24, 

2,5,  78,94,  fi3;   allié  d'Alfonse,  roi  d'Aragon, 

p.  24. 
BERTRAND  DE  BAZIÉGE,  p.  671. 
BERTRAND  DE  BORN,   poète  provençal,   châte- 
lain &  seigneur  de  Hautefort,  pp.  104,  io5,  177; 

compose   des  sirventes   contre   le  roi  d'Aragon; 

chante  les  guerres  d'Henri  II,  roi  d'Angleterre; 

ses  amours,  p.  i  o5. 
BERTRAND  CARBONEL,   p.  900. 
BERTRAND  DU   CAPITULE,  p.  8l5. 
BERTRAND  DE   CARDAILLAG,  pp.  67,  287,  70$, 

746,  704,  812.   {Ces  renvois  se  rapportent  à  deux 

&•  peut-être  a  trois  seigneurs  de  même  nom.) 
BERTRAND  DE  GARES,  p.  627. 


BERTRAND,  seigneur  de  Chalençon,  p.  799. 

BERTRAND  DURAND,  bourgeois  de  Nimes,  p.  525. 

BERTRAND  DE  DURFORT,  p.  199. 

BERTRAND,  comte  de  Forcalquier,  donne  la  ville 
de  Manosque  aux  hospitaliers  de  Saint-Jean  de 
Jérusalem;  s'unit  à  Raimond  V,  comte  de  Tou- 
louse, contre  le  roi  d'Aragon,  p.  32, 

BERTRAND  DE  FUMEL,  p.  179. 

BERTRAND  DE  LA  GARDE,  p.  671. 

BERTRAND  DE  GOURDON,  p.  5i5. 

BERTRAND-JOURDAIN,  p.  i33. 

BERTRAND-JOURDAIN  DE  L'ISLE,  pp.  .507,  61 3, 
732,  734,  907. 

BERTRAND  DE  LAUDUN,  pp.  278,  281. 

BERTRAND  I,  vicomte  de  Lautrec,  pp.  ^38,  678, 
679,  8 16,  804,  855. 

BERTRAND  II,  vicomte  de  Lautrec,  pp.  866,  901, 
902,  9 i3,  922. 

BERTRAND  DE  LESCURE,  p.  566. 

BERTRAND,  seigneur  de  Lombez,  p.  922. 

BERTRAND  DE  MARMANDE,  p.  507. 

BERTRAND-MARTIN,  évêque  hérétique,  p.  769. 

BERTRAND  DE  MONTAIGU,  p.  007. 

BERTRAND  DE  MONTESQUIEU,  p.  811. 

BERTRAND  DE  MONTLAUR,  p.  698. 

BERTRAND  DE  MONTPEZAT,  p.  67. 

BERTRAND  PELET,  fils  de  Bernard  Pelet  &  de 
Béatrix,  seigneur  d'Alais,  prend  le  titre  de 
comte  de  Melgueil,  p.  44,  ^5,  63;  malgré  la 
protection  du  roi  d'Aragon,  il  est  obligé  d'aban- 
donner ses  prétentions  sur  ce  comté,  p.  5o. 

BERTRAND  DE  PESTILLAC,  p.  007. 

BERTRAND  DE  PIERRELATTE,  évêque  de  Saint- 
Paul-Trois-Châteaux,  p.   199. 

BERTRAND  PORCELLET,  p.  486. 

BERTRAND-RAIMBAUD,  p.  61. 

BERTRAND  DE  LA  ROQUE,  commandeur  du 
temple  dans  le  Toulousain,  p.  524. 

BERTRAND  DE  SAISSAC,  pp.  64,  |35,  143,  1 54, 
i55,  i56,  107,  220,  556;  est  tuteur  de  Rai- 
mond-Roger,  vicomte  de  Béziers,  p.  104;  se 
mêle  de  l'administration  de  l'abbaye  d'Alet, 
p.  i58;  favorise  ouvertement  les  hérétiques, 
p.  159. 

BERTRAND  DE  VALLAUQUEZ  (eorr.  VAILHAU- 
QUEZ),  p.  21 3. 

BERTRAND  DE  VARAGNE,  p.  671. 

BERTRAND  I,  fils  naturel  de  Raimond  VI,  c<jmte 
de  Toulouse,  vicomte  de  Bruniquel  &  de  Mon- 
clar,  pp.  3o7,  3o8,  321,  529,  53 1,  545,  555, 
666,  697,  705,  760;  prête  serment  de  fidélité  au 
roi  après  la  paix  de  Lorris,  p.  754;  son  ma- 
riage avec  Comtoresse  deRabastens;  son  frère 
Raimond  VII  lui  donne  les  châteaux  de  Bru- 
niquel, de  Monclar  &  de  Salvagnac,  p.  SSyj 
avait  une  fille  en  I23ij  p.  666. 

BERTRAND  II,  fils  du  précèdent,  vicomte  de  Bru- 
niquel, pp.   811,  866,  918. 

BERTRAND,  sénéchal  d'Agenais,  p.  786. 

BERTRAND,  habitant  de  Carcassonne,  p.   iS^. 

BERTRANDE  D'AMALON ,  mère  d'Henri,  comte 
de  Rodez,  p.  270. 


TABLE  GENERALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


969 


BERTRANDE,  mère   de   Bernard-Hugues,  vicomte 
de  Saint-Anionin,  p.  649. 

BrSALl  (comté  de),  pp.    176,  Sic. 
BcSANro.v,  pp.  221,  332,  591. 

—  (archevêque  de},  p.  Siy. 
Bc.ss»x,  château,  pp.  034,681. 
KESSAN  (Pons  de),  p.  208. 

—  (Ratier  de),  p.  320. 
Bess^de.  foye^  BJxf.de. 

—  (consuls  de),  p.  811. 

—  (prud'hommes  de\  p.  811. 
BrssET,  lieu,  p.  466. 

Bessiébes,   sur    le  Tarn,   p.    2:9;    ses    coutumes, 
p.  855. 

BETHttNE  (Jean  de),  p.  533. 
Beynac,  château,  p.  709.  Voye^  Bainac. 
Bezac  ou  Bezenac,  lieu,  p.  706. 
Bëziers,  ville  épiscopale,  pp.  4,  42,  58,  68,  82, 
88,  89,  96,  97,  98,  III,  114,  i36,  i37,  i38, 
142,  i5i,  i.')4,  if)8,  175,  234,  3i3,  398,  458, 
465,  474,  534,  535,  554,  56i,  572,  574,  609, 
612,  624,  655,  656.  657,  672,  673,  726,  758, 
783,  784,  797,  809,  871,  879,  882,  926,  935, 
938,  939;  Raimond-Trencavel  y  est  assassiné 
dans  l'église  de  la  Madeleine,  p.  29;  est  assié- 
gée par  le  vicomte  Roger,  aidé  du  roi  d'Ara- 
gon; les  habitants  résistent  &  font  leur  paix 
avec  le  vicomte;  le  siège  est  abandonné,  p.  32  ; 
prise  &  saccagée  par  le  vicomte  Roger,  avec 
l'aide  du  roi  d'Aragon,  p.  32;  est  occupée  & 
saccagée  par  le»  Aragonais,  pp.  38,  39;  les  biens 
de  ceux  qui  avaient  pris  part  au  meurtre  de 
Raimond-Trencavel  sont  confisqués,  p.  40; 
son  bourg  inféodé,  en  io56,  par  Bernard,  évê- 
que,  à  Raina rd  Salomon.  p.  58  ;  le  roi  d'Aragon 
&  le  comte  de  Provence  y  passent  en  1179, 
pp.  89.  90  ;  les  droits  de  l'évéque  &  du  vicomte 
sur  cette  ville  sont  réglés  dan»  une  assemblée 
des  barons  &  du  peuple,  pp.  1 15,  1  16;  ses  églises 
&  ses  hôpitaux  sont  des  lieux  d'asile,  p.  11  5; 
conventions  entre  l'évéque  de  Béziers  &  Ber- 
trand de  Saissac  durant  la  minorité  de  Rai- 
mond-Roger,  p.  i58  ;  comment  elle  fut  gouver- 
née après  la  mort  du  Roger  II,  p.  i58;  l'évéque 
est  suspendu  pour  refus  d'excommunication  des 
consuls  de  Béziers,  p.  236;  les  missionnaires 
catholiques  y  demeurent  quinze  jours;  craintes 
pour  la  vie  de  Pierre  de  Castelnau,  p.  246; 
Raimond-Roger,  â  l'approche  des  croisés,  y  laisse 
une  forte  garnison  &.  va  s'enfermer  à  Carcas- 
sonne,  p.  286;  est  assiégée  par  les  croisés, 
p.  287;  est  défendue  avec  énergie,  est  prise  & 
mise  à, sac  ;  ses  habitants  sont  massacrés,  pp.  288, 
289  ;  ses  habitants  ferment  leurs  portes  à  Simon 
de  Montfort,  p.  433;  ses  environs  sont  ravagé» 
par  les  Aragonais,  p.  434;  est  désigné  comme 
rendez- vous  des  croisés  en  1  214,  p.  444;  Mont- 
fort  y  reçoit  la  donation  de  la  vicomte  de 
Nîmes  &  d'Agde,  p.  445;  rentre  sous  l'obéis- 
sance de  Trencavel;  ses  habitants  chassent  le 
légat  Conrad,  p.  537;  ■'*  sont  excommuniés, 
p.  546;  prêtent  serment  de  fidélité  au  légat  du 
pape,  p.  601;  le  roi  &  l'évéque  s'accordent  tou- 
chant la  ju»tice  &  le  domaine  de  cette  ville  & 
du  diocè»»,  pp.  658,  659;  ^*»  conciles  y  sont 


tenus   en    1243,   p.    757;  en    1246,   p.    779;    en 
1254,  p.  841;   ses  coutumes,  p.  939. 
Béziers  (archidiacre  de),  p.  757. 

—  (baillis  de),  p.  618. 

—  (comté  de),  p.  640. 

—  (consuls  de),  p.  927. 

—  (diocèse  de),  pp.  101,  toi,  i36,  202,  219,  220, 
252,  286,  332,  370,  546,  924,  947,  950. 

—  (évêquesde).  pp.  28,  38,  58,  65,  82,  97,  ii5, 
107,  193,  235,  236,  247,  277,  325,  327,  379, 
38o,  398,  423,  478,  4-'9,  546,  547,  56i,  584, 
600,  726,  764,  800,  820,  826,  842,  882,  91Ï, 
927;  leur  domaine  &  leur  juridiction  dans  la 
ville  &  dans  le  diocèse,  pp.  1 1  5,  142,  157,  208  ; 
s'avouent  vassaux  du  comte  de  Toulouse,  p.  i58. 

—  (sénéchaussée  de),  p.  842. 

—  (vicomte  de),  pp.  362,  768,  809. 

—  (viguiers  de),  p.   i56. 

—  CoRDELiEF.s  (couvent  des),  p.  827. 

—  Hospitaliers  de  Saint-Jean  de  Jérusalem,  p.  40. 

—  Jacobinsou  Dominicains  (couvent  des),  pp.  575, 
87.. 

—  La  Madeleine  (église  de),  pp.  29,  288,  926. 

—  Saint-AphrodiSE  (abbé  de),  pp.  38o,  658,  775, 
827. 

—  Sainte-Aphbodise  (chanoines  de),  p.  883. 

—  Sainte-Claire  (couvent  de),  p.  883. 

—  Sainte-Eulalie,  église,  p.  40. 

—  Saixt-Jacqles  (abbé  de),  pp.  40,  658. 

—  Saint-Nazaire  (église  cathédrale  de),  pp.  82, 
1  i5,  288. 

—  Saint-Sernin,  église,  p.  58. 
EÉZIERS  (Bérenger  de),  p.  40. 

—  (Bernard  de),  p.  481. 

—  (Pierre-Raynard  de),  pp.  57,  76. 

—  (Raimond  de),  p.  784. 

—  (Roger  de),  p.  792. 
BEZTESI  (Philippe  de),  p.  626. 

BlCORP.E,    pp.    104,     175,    497. 

—  (comte  de),  pp.   125,  536,  745. 

—  (comté  de),  pp.  104,  i25,  498,  868,  886. 

—  (évêque  de),  pp.  396,  482,  498. 
KIOIL  (seigneur  de),  p.  i63. 

KIRAN  (Guillaume-Arnaud  de),  p.  811. 

BinoN,  château  assiégé  &  pris  par  Simon  de  Mont- 
fort,  p.  389. 

BiSAN  (corr.  Bizi;),  lieu,  p.  546. 

BiAiR,  rivière,  p.  385. 

Blagnac,  lieu,  p.  159. 

BLANCHE  DE  CASTII.I.E,  pp.  774,  777,  786, 
808,  824,  825,  829;  régente  du  royaume,  p.  6 195 
s'entremet  entre  Raimond  VII  &  Louis  IX, 
p.  75o. 

BLANCHE,  comtesse  de  Champagne,  p.  542. 

BLANCHE,  sœur  d'Olivier  de  Tcviic  ,  p.  840. 

BLANCHE  U'HUNAl'D  liK  LANTAR  [corrige^ 
LANTA),  femme  de  Bernard  de  Comminges, 
seigneur  de  Savez,  pp.  667,  671,  720. 

Bunqlefort,  château,  p.  601. 

Blaye,  p.  749. 


97° 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  KOMS  ET  DES  MATIERES. 


Blé  (commerce  Au),  pp.  prî,  913. 
Blois  (comte  de),  pp.  186,  606,  619. 
BocoiBAN  (corr.  Bol'coiban),  châteaii,  p.  334. 
BOISSESO.N  (Adélaïde  de),  p.  i5j. 
—  (Bernard  de),  p.   iSS. 
BOISSY  (Philippe  de),  p.  874. 
BoMiiîSTRE  (le),  p.  886. 
BOLÈNE  (Pierre-Géraiid  de  la),  p.  SfiS. 
BOUC  (Guillaume  de),  p.  489. 
BoLO(;\E  (comté  de);  Constance,  comtesse  de  Tou- 
louse,   en   demande  la    restitution,   p.   22    Foye^ 
Boulogne. 
Bon-Pas,  pont  sur  la  Durance,  p.  717. 
BoxAFOUs   (Castelnau    de),   château    en    Albigeois, 

pp.  727, 909. 
BoNDiLLONS,  église,  p.  206. 
BONET,  juif  de  Montpellier,  p.  2o3. 
BONIFACE,  abbé  de  Cîteaux,  p.  823. 
BONIFACE  (Pierre  de),  p.  7i3. 
BONIFACE  DE  THUF.YS,  p.  852. 
BoNiLS,  château,  p.  918. 
BoNMOULi.vS;  le  roi  d'Angleterre  &  le  roi  de  France 

y  tiennent  une  conférence,  p.   i3o. 
BoNNECOMIiK,  abbaye  en  Roiiergue,   pp.    162,  5J2, 

8o3;  sa  fondation,  p.  26. 
BoNXEFOi,  chartreuse,  pp.  202,  2o5,  206. 
BoNXEFOl,  château,  p.  202. 
Box.vEFONT,    abbaye    au    diocèse    de    Comminges, 

pp.  12,  26,  735. 
BoNNEVAL,  abbaye  en   Rouergue,  pp.  45,  63,  177, 

395,  817. 
BoNREPAUX  (grange  de),  p.  852. 
Bomhowmcs ,    nom    que    prennent    les    hérétiques, 

pp.  4,  228 . 
Bordeaux,  pp.  332,  673,  693,  745,  749,  839,  876; 

un  concile  y  est  tenu  en   1  182,  p.  98. 
—  (archevêque  de),    pp.    287,  323,   383,  396,  402, 

410,  45i ,  629,  76S. 
BORN  (Bertrand  de).  Voye-{  BEIRTRAND. 
Boso,  machine  de  guerre,  p.  490. 
BOSON,  abbé  d'Alet.  Voyex  BOZON. 
BOSON  DE  MONESTIÈS,  p.  855. 
BOSON  II,  vicomte  de  Turenne,  p    63. 
BOTIGNAC  (Pierre  de),  p.   167. 
Bouage,  subside,  p.  882. 

BOUCHARD  DE  MARLY,  pp.  3i5,  33  1,  364,  369, 
371,   372,   425,  425,   459,   536,   597,   619;   pri- 
sonnier au    château    de  Caba  ret,  mis  en   liberté, 
p.  35 1 . 
BOUCHARD  DE  ROCHEBARON,  p.  468. 
Bouchers  de  Toulouse   (corporation  des);   date  de 

la  rédaction  de  ses  statuts,  p.  110. 
BOULBON  (Guillaume  de),  p.  885. 
BouLBONNE,  abbaye,  pp.  64,  67,  126,  192,  208, 
422,  5o2,  5o3,  564,  604,  73i,  778,  853,  887; 
consécration  de  son  église  en  1198,  p.  184; 
plusieurs  monastères  du  voisinage  s'associent 
avec  elle,  p.  185;  Raimond-Roger,  comte  de 
Foix,  y  choisit  sa  sépulture,  pp.  553,  564;  ses 
démêlés  avec  Alfonse  de  Poitiers,  p.  852. 


BoiLiiONNF.  (abbé  de;,  pp.  757,  883. 

—  (religieux  dej,  p.  366. 

BotLCONNE,    bois,    p.    64. 

Botr.BONNE,  lieu,  p.  757. 
Bofi.OGNE,  château,  p,  710. 
Boulogne-sur-Mer,  p.  883.  Foyeç  Bolocnb. 

—  (comte  de),  p.  186. 

Bourdonnais;    est   envahi    par   le    roi    de   Franct, 

p.   128. 
Bourg-Saint-Andéol,  pp.  147,692,  890. 
Bocegs  fortifiés  à  cause  des  guerres  privées,  p.  941. 
Bourgeois;  leurs  privilèges,  pp.  939,  940. 

—  composant  le  chapitre  {cap'ttulum )  de  Toulouse, 
p.  209. 

—  de  Béziers  ;  leurs  querelles  avec  Trencavel; 
assassinent  ce  vicomte,  p.  28. 

—  de  Montpellier,  p.  440. 

Bourges,  pp.  12,  129,  572,  576,  592,  673,  839; 
des  conciles  y  iont  tenus  en  1  181,  p.  98,  &  en 
1259,  p.  866. 

—  (archevêque  de),  pp.  171,  45i,  593,  597,  619, 
626,   628,   864,   865. 

Bourgogne,  pp.  6,  149. 

BOURGUIGNE  DE  LÉZIGNAN  (corr.  LUSIGNAN) 
ou  DE  CHYPRE,  p.  145;  sa  parenté  avec  Rai- 
jnond  V'I,  p.  1  47  ;  répudiée  pa  r  ce  comte,  p.  1  73  ; 
va  a  Marseille,  épouse  Gaucher  de  Montbéliard, 
retourne  en  Orient;  a  des  enfants  de  ce  dernier 
mariage,  p.  174. 

Bourguignons,  p.  284. 

Bousquet  (Notre-Dame  du),  monastère,  p.  8o3. 

BOUSSAGUES  (Déodat  de),  pp.   1  54,  784. 

Boussagues  (mines  de),  p.   194. 

BOUTENAC  (Bérenger  de),   p.  686. 

Boutonnet,  lieu  près  de  Montpellier,  p.   169, 

BOUVILLE  ou  BONNEVILLE  (Guillaume  de), 
pp.  772,  8 16. 

BOZON,  alias  BOSON,  élu  frauduleusement  abbé 
d'Alet,  pp.  193,  56o;  conséquences  de  son  in- 
trusion dans  l'abbaye,  pp.   i58,  159. 

BbAcantons,  pp.  86,  278;  exterminés  par  les  con- 
frères du  Puy,  p.  108;  soudoyés  par  le  doc 
d'.'iquitaine  pour  ravager  les  Etats  de  Rai- 
mond  V,  p.  128;  entrent  au  service  de  Phi- 
lippe-Auguste, p.    129. 

Braoue,  Braga  (archevêque  de),  p.  466. 

BRAÏDE,  fille  de  Raimond-Roger,  comte  de  Com- 
minges, seigneur  de  Savez,  p.  720. 

Braine  (comte  de),  p.   186. 

Bram.  château  du  Lauragais,  pp.  254,  326,  75i; 
assiégé  &  pris  par  Simon  de  Montfort,  pp.  iiç, 
326. 

BRAIM  (Pons  de),  p.   i53. 

Bbaqueville;  les  inquisiteurs  y  séjournent  une 
nuit  après  avoir  été  chassés  de  Toulouse,  p.  691. 

Brassac,  château  avec  titre  de  vicomte,  p.  697. 

Breissac  (corr.  Brissac).  château  du  diocèse  de 
Maçuelonne,  pp.  47,  5o3. 

—  (terre  de),  p.  712. 
BREISSAC  (Déodat  de),  p.  188. 
Bkenac,  château,  p.  857. 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  KOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


971 


BRESIS  (Gaufiei  de),  p.  32. 

Br.rTAGNE  :^cointi  &  comte  de\  pp.  52,    186,  yjô. 

Bretons;    viennent    combattre    les     hérétiques, 

p.   333, 
Ertz.  ruisseau  du  Virarais,  p.  186. 
BRIANUE,  sœur  de  Lambert  de  Monteil-Adhémar 

(corr.  Montélimart),  p.  627. 
BmoATSDVOES  commis    par   les   comtes  d'Auvergne, 

p.  8;  réprimés  par  le  roi  de  France,  p.  9. 
BRIGIER  (Jean  de),  pp.  329,  534. 
Brios,  château,  p.  710. 
BmotDE,  ville,  pp.  9,  35,  37,  839;  pillée  &  brûlée 

par  le  vicomte  de  Polignac,  p.  98. 

—  (abbaye  de),  p.  9,   178. 

—  (doyenné  de),  p.  864. 
^  (prévôt  de),  p.  37. 

BnicviBic  (corr.  Bragayuao),  monastère,  p.  8o3. 

Brugliëbe  (château  de  la),  pp.  679,  723. 

BRUIS  (Pierre  de),  p.  2. 

BnLLnois,  vicomte,  p.  389. 

BRUN  'Guérin  le),  p.  .66. 

BRUNENCS  (Hugues),  p.  1^4. 

BnuMQUBL,  château  du  Querci,  pp.  67,  007,  378, 
.■.87. 

BRUNISSENDE,  sœur  d'Arnaud,  vicomte  de  Fe- 
nouiUedes,  p.  67. 

BRUNISSENDE  DE  CARDONNE,  femme  de  Ro- 
ger IV,  comte  de  Foix,  pp.  888,  889. 

BRUNISSENDE,  femme  de  Pierre-Roger  de  Caba- 
ret, p.  557. 

BRUNISSENDE  DE   MINERVE,  p.  85-3. 

Brcsi^le,  château  du  Rouerguc,  pp.  91,  743. 

BRUSSAC  (Gui  de),  p.  628. 

Buat  (corr.  Bouat),  lieu  du  diocèse  de  Béziers, 
p.   208. 

Biloares,  p.   I  . 

Bclcaric,  p.  567. 

Bcrgos,  ville,  p.  915. 

BURGUNDION,  frère  de  Guillaume  VIII,  pp.  69, 
7  I .  Tove^  GUY   BURGl  NDION. 

BURGUNDION,  fils  de  Guillaume  VIII  de  Mont- 
pellier, p.  413;  désigné  pour  être  chanoine  du 
Puy,  p.  202. 

BURGUNDION  DE  MONTPELLIER,  yoyex  GUY 
BURGUNDION. 

BURGUNDIOSE,  fille  de  Guy  Burgundion  deMont- 
pellier,  pp.    ior>,  ici  . 

BoRLATS,  château  en  Albigeois,  pp.  82,   157. 

BURLATS  (Géraud  de),  p.  925. 

BURNON  ou  KRUNON,  évéque  de  Viviers,  pp.  25o, 
3o3,  417,  464. 

Bdzet,  ville  Se  château  du  Toulousain  ,  p.  7^9; 
coutumes  &  privilèges  donnés  à  cette  ville  par 
Raimond  VII,  p.  733. 


c 


CABANES  (Aymar  de),  p.  5ïi. 
Cabard^.s  (pays  de),  pp.   195,  35o,  556. 


CADAnnT,  château,  chef-lieu  du  pays  du  Cabardès, 
pp.  299,  3r5,  326,  327,333,350,  370,460,  55r,; 
les  croisés  ne  peuvent  s'en  emparer,  p.  3o2  ; 
pris  par  eux,  p.  35i  ;  se  soumet  à  Louis  ^'III, 
p.  6i3;  Humbert  de  Beaujeu  en  fait  le  siège, 
p.  625. 

CABARET  (Jourdain  de),  pp.   i55,  6i3. 

—  (Pierre-Roger  de),  pp.  292,  3i5,  326,  35o, 
557,  85d. 

Catioed,  comtorie,  p.   198. 

Cadrespine,  château,  p.  5o2. 

CABRESPINE  (Pierre  de),  p.    188. 

Carrières,  château,  pp.    1  i  1 ,  460,  5o5,  743,  918. 

CABROLS  (Guiscard),  p.  463. 

Cadaf.ev,  château,  pp.  892. 

Cadenac,  château.  Foye^  Capde.nAc. 

CADENET,  poëte  provençal,  p.  558. 

Cadenet,  lieu,  p.  207. 

Caderoisse,  château,  pp.  692,  697. 

—  (seigneurs  de),  p.  697. 
CADEROUSSE  (Pierre  de),  p.  42. 
Cadirac,  lieu,  p.  791 . 
Cagliari,  en  Sardaigne,  p.  923. 

Caiior.s,  ville,  pp.  634,  641,  649,  660,  688,  69.3, 
^■''9>  947  ;  prise  par  le  duc  d'Aquitaine  en  1  1  88, 
p.  128;  est  cédée  par  Philippe- Auguste  au  roi 
d'Angleterre,  p.  134;  lettre  de  sauvegarde  pour 
ses  habitants,  p.  210;  ses  consuls  s'accordent 
avec  ceux  de  Toulouse,  p.  258;  ses  habitants 
reconnaissent  Montfort  pour  leur  seigneur, 
p.  367;  appartient  à  l'évéque  qui  en  fait  hom- 
mage au  roi  de  France,  p.  075;  ses  habitants 
se  mettent  sous  la  protection  de  Raimond  VII, 
p.  593;  refusent  l'entrée  de  la  ville  au  légat; 
cèdent;  obtiennent  le  pardon  du  pape,  p.  447; 
les  inquisiteurs  y  procèdent  contre  les  hérétiques 
&  font  exhumer  plusieurs  d'entre  eux,  p.  688. 

—  (comté  de),  p.  575;  les  évêques  se  l'approprient, 
pp.  364,  365. 

—  (diocèse  de),  pp.  332,  392,  644,  800. 

—  (évéques  de),  pp.  i3,  io3,  287,  317,  371,  372, 
449,  400,  757,  758,  768,  772,  8o3,  804. 

CAHORS  (Philippe  de),  p.  872. 

—  (Raimond  de),  p.  35o.  Foye^  RAIMOND  DE 
SALVANHAC. 

Cahlsac,  château,  pp.  734,  899;  est  pris  par  Si- 
mon de  Montfort,  p.  362  ;  se  remet  sous  l'obéis- 
sance du  comte  de  Toulouse,  p.  375;  est  assiégé 
&  pris  par  Simon  de  Montfort,  p.  378. 

CAHUSAC  (Pons-Amelius  de),  p.  811. 
CAÏC  (Guillaume  de),  p.  333. 
CAILLA  (Albert  ou  Albertats),  p.  166. 
CAIRE  ou  CARON  (Aimeri  ou  Aimon  de),  p.  489. 
CAi.ssARGtES,  château,  p.  88. 
Calatrava,  p.  243. 
Calberte,  château,  p.  569. 
Calcl'l  pisan,  pp.   12,  17,  770. 
Calers,   abbaye   du    diocèse  de  Toulouse,   pp.   12, 
552. 

—  (abbé  de),  p.  887. 
Calmette  (la),  lieu,  p.  835. 


97- 


TABLE  GENERALE  DES   NOMS   ET  DES   MATIERES. 


Calmon't,  bastide  construite  par  Alfonse  de  Poi- 
tiers, p.  pSo. 

CALVET,  abbé  de  Saiiit-Aphrodise  de  Béziers, 
p.  208. 

CAI.VET  ou  CHALVET  (André  de),  sénéchal  du 
roi,  p.  659. 

CALVET  (Bernard  de),  p.  ^o. 

Calvionac  (vicomte  de),  p.  812. 

Camaugle  (île  de  la),  pp.  14,  24,  68,  1  i3,  717, 
718,  734,  736. 

Cami;oi,as,  vicomte,  p.  4,50. 

CAMBON,  chevalier  du  comte  de  Toulouse,  p.  408. 

Camdons,  château  en  Albigeois,  p.  27. 

CAMnr.Ai  (cvêque  de),  p.  607. 

Camon  (prieur  de),  p.  870. 

CAMrACNAc  (Saint-Jean  de),  lieu,  p.  737. 

Campagne  autour  de  Toulouse  désolée  par  les  croi- 
sés, p.  366. 

CAMrAGNOT.ES,  château,  p.  |3.5. 

CampAGNoles,  commanderie  de  l'ordre  de  Saint- 
Jean,  au   diocèse  de  Béziers,  p.   i35. 

Candeil  (abbaye  de),  pp.  3,  26,  117,  141,  içS, 
210,  5,')2,  821 . 

—  (abbé  de),  pp.  4,  5. 
Candiac,  château,  p.  88. 

Canet,  château  du  Narbonnais,  p.  478. 
Canet,  vicomte  en  Roussillon,  p.  618. 
CANET  (Bernard  de),  p.  82. 

—  (Guillaume  de),  pp.  241,856. 

—  (Raimond  de),  p.  5i . 
CANILLAC  (Yrdoine  de),  p.  269. 
CANITS  (Eustache  de),  p.  365. 
GANTEZ  (Guillaume  de),  p.  23o. 
Cantobbéiu  (archevêque  de),  p.    190. 
Capcip,,  pays,  pp.  563,  699. 

Capdenac,  alias  Cadenac,  château  sur  les  frontières 
du  Rouergue  &.  du  Querci,  pp.  93,  449,  45d, 
755. 

CAPDUEIL  (Pons  de),  p.   i65. 

Capelle  (abbaye  de  la),  pp.  10,  552;  sa  situation, 

p.    M. 

Capendu,  château,  pp.  71,  195,  326,  914. 
CAPENDU   (Bernard-Raimond    de),    pp.    40,    57, 
195,  574. 

—  (Raimond  de),  pp.  760,  784. 

—  (maison  de),  p.  914. 

Capestang,  château  &  commanderie  de  l'ordre  de 
Saint-Jean  de  Jérusalem,  pp.  5,  40,  i33,  139, 
ïio,  232,  234,  759,  788;  ses  habitants  sont 
excommuniés,   pp.   172,  546. 

—  (hôpital  de),  p.  870. 
CAPESTANG  (Gaucerand  de),  p.   i33. 
CAPITULE  (Bertrand  du),  p.  825. 

Capitouls  deToulouse;  origine  de  ce  nom,  p.  209. 
Capistres,  religieux,  p.  906. 

Caraman;  les  missionnaires  y  discutent  contre  les 
hérétiques,    p.  245. 

—  (seigneurie  de),  p.  507. 

—  (consuls  de),  p.  811. 

—  (prud'hommes  de),  p.  811. 


CARAMAN  (Guillaume-Pierre  de),  p.  192. 
CARBONEL  (Bertrand),  p.  900. 
CAr.oAssÉs,   pays,  pp.  3i,  90,   i53,  465,  545,  555, 
699,  743,  859,  889. 

Carcassonne,  ville  épiscopale,  pp.  4,  3i,  44,  68, 
114,  104,  175,  284,  3i3,  319,  342,  367,  370, 
396,  398,  420,  441,  454,  462,  474,  484,  502, 
5to,  5i3,  535,  539,  ,574,  608,  609,  612,  6i3, 
624,  657,  667,  672,  673,  690,  696,  699,  751, 
766,  783,  858,  859,  871,  905,  923,  935,  944, 
946,  950;  Roger  II  permet  à  la  cathédrale  de 
Carcassonne  d'avoir  un  four  dans  le  faubourg 
Saint-Vincent,  p.  82;  le  roi  d'Aragon  &  le 
comte  de  Provence  y  séjournent  en  1  179;  détail 
de  divers  actes  passés  en  leur  présence,  p.  90; 
construction  d'un  pont  sur  l'Aude,  p.  111; 
autres  concessions  du  vicomte  dans  la  même 
charte,  p.  ii2;  distinction  entre  le  pont  dit 
aujourd'hui  Pont-Vieux  &  celui  construit  en 
1 1 85,  p.  112;  par  qui  cette  ville  fut  assiégée 
en  1185,  p.  117;  Roger,  vicomte,  y  tient  un 
plaid,  p.  142;  faubourg  Saint-Vincent,  p.  208; 
ses  anciennes  coutumes,  p.  216;  Pierre,  roi  d'A- 
ragon, y  condamne  les  hérétiques,  p.  23 1  ;  les 
missionnaires  y  disputent  avec  les  hérétiques, 
p.  249;  Raimond-Roger  s'y  enferme  à  l'appro- 
che de  l'armée  des  croisés,  p  286;  est  assiégée 
par  les  croisés,  p.  291;  ses  faubourgs  sont  pris  & 
brûlés,  p.  292;  les  habitants  capitulent;  condi- 
tions de  la  capitulation;  dans  quel  but  les  croi- 
sés ne  firent  pas  subir  à  Carcassonne  le  sort 
de  Béziers,  pp.  294,  293;  Montfort  y  revient, 
p.  3i5;  y  amène  la  comtesse,  sa  femme,  p.  326; 
y  amène  Jacques,  fils  du  roi  d'Aragon,  p.  345; 
un  grand  renfort  de  croisés,  la  plupart  Alle- 
mands, y  arrive,  pp.  352,  362;  Gui  de  Vaux- 
Cernai  est  élu  évéque  de  cette  ville,  p.  379;  on 
y  célèbre  les  noces  d'Amauri  de  Montfort  &  de 
Béatrix,  p.  440;  Louis,  fils  de  Philippe-Au- 
guste, Simon  de  Montfort  &  tous  les  croisés  de 
France  s'y  réunissent,  p.  459;  un  sénéchal  y 
est  établi,  p.  464;  le  corps  de  Simon  de  Mont- 
fort y  est  apporté  par  Gui,  p.  5i9;  fondations 
pieuses  faites  après  la  mort  de  Simon  de  Mont- 
fort dans  l'église  cathédrale,  p.  52o  ;  le  comte 
Raimond  VII  y  visite  Amauri  de  Montfort, 
p.  567;  est  assiégée  sur  Amauri  parles  comtes 
de  Toulouse  &  de  Foix,  p.  070;  ces  derniers  y 
conviennent  d'une  trêve  avec  Amauri,  qui  aban- 
donne la  ville,  p.  573;  rentre  sous  la  domi- 
nation de  Trencavel,  p.  374;  fait  sa  soumission 
à  Louis  VIII,  pp.  607,  608;  l'inquisition  y  est 
établie,  p.  674;  plusieurs  hérétiques  y  sont  con- 
damnés, p.  701;  le  bourg  est  livré  à  Trencavel 
qui  assiège  la  cité;  la  ruine  du  bourg  est  achevée 
par  les  Français,  p.  721;  construction  de  la 
ville  basse,  p.  785;  assemblées  de  la  sénéchaus- 
sée, p.  911,  927;  nouvelle  assemblée  des  trois 
états,  p.  927;  ses  coutumes,  p.  937,  939,  940. 

—  (citadelle  de),  p.  8i5. 

—  (comté  de),  pp.  34,  43,  90,  91,  176,  345,  401, 
680. 

—  (consuls  de),  pp.  252,  .■ii4,  329,  33» 

—  (diocèse  de),  p.  370. 

—  Sai.nt-Nazaike  (église  de),  cathédrale,  pp.  81, 
155,857. 


TABLE   GÉNÉRALE  DES  NOMS   ET   DES   MATIÈRES. 


973 


Caf.cassonne;  Cnr.DELiEBS  (église  des),  p.  785. 

—  Sainte-Mabie  ou  Noire-Dame  (église  de), 
pp.   I 5j,  720,  785. 

—  FbEbes  Pbêciieibs  (couvent  des),  p.  786. 

—  SAixT-SALVEtR  (église  de),  p.  82. 

—  (évèques  de),  pp.  223,  23  1 ,  234,  349,  379,  387, 
39^,  39a,  412,  415,  441,  450,  :)34,  .575,  614, 
628,  6jo,  728.  737,  767,  796,  797,  82J,  842, 
913. 

—  (grenier  à  sel  de),  p.  873. 

—  'sénéchal  dei,  p.  81."),  8ii,  82-7,  847,  85o,  852, 
853,  8',6,  865,  940. 


CASTELNAU  (Matfred  de),  p.  700. 
—  (Raimond  de),  p.  79. 

Castelnau,  château  du  diocèse  de  Maguelonne» 
pp.  45,   71,  110,  i35,  137,  i83,  202,  2o3,  5i2. 

Castelsau,  dans  le  diocèse  d'Agde,  p.  65. 

Castelnau,  château  du  Vêlai,  p.  36 

Castel.nau,  château  du  Périgord,  pp.  449,  5  12. 

Castelnau  de  Lévis,  château  qui  portait  autrefois 
le  nom  de  Bonafous;  plus  tard  bîiionnie  don- 
nant entrée  aux  Etats,  p.  727. 

Castelnau  de  Mafbé,  près  de  la  Dordogne,  p.  697. 


(sénéchaussée  de),  pp.  794,  839,  841,  842,  849,       Castelnau  de  Montmibal  (consuls  de),  p.   j8 


861,  86^,   87c,   871,  873,  920,  926,  936,   937, 
941. 

—  (vicomte  de),  pp.  362,  768. 
CARUAILLAC   (Bertrand  de),  pp.    287,   7o5,  746, 

754,  812. 

—  (Guillaume  de),  pp.  67,  364,  454. 
CARDONE  (Guillaume  de),  p.  436. 

Cardo.ne  (vicomtes   de),   pp.    248,   249,    4j6,  65r, 

7o3,  732,  883. 
CARES  ^Bertrand  de),  p.  027. 
Cai;lau,  château,  p.    io5. 
Carladks,   alias  Carladois,  vicomte,   pp.    21,    26, 

68,  94,  177.  178,  269,  698,  861. 
Carmabignan,     territoire    près    de    Saint-Gilles, 

p.  28D. 
Carmel,  confrérie,  p.  9o3. 

Carmes;  leur  établissement  à  Toulouse,  p.  743. 
Cari'E.ntras,  ville  épiscopale  du  Comtat  Vcnaissin 

ou   marquisat  de   Provence,   pp.   191,664,672, 

711. 

—  (évéque  de),  pp.  277,  278,  336,  584,  586,  733, 
757,  758,  767,  804,  814. 

Casalace.  yoye^  Sekfs. 
CASENAC  (Bernard  de),  p.  449. 
Casouls,  château,  pp.  546,  574,  658. 
CASOULS  (Guillaume  de),  p.  869. 
Ca.ssa.v,  monastère,  pp.    57,    154,    |55,    i56,    204, 
236,  775. 

—  (prieur  de),  p.  912,  927. 

Ca!>SENEUil,  château;  pris  par  l'armée  des  croisés, 
p.  287  ;  assiégé  par  Simon  de  Montfort,  p.  446; 
détails  du  siège,  pp.  447,  448;  ses  murs  sont 
détruits,  p.  635. 

Casser  ou  Cassés,  château  du  Lauragais,  pp.  189, 
36o,  375,  385;  407,  691;  brûlé  81  rasé,  p.  367. 

CASTEL15.AIAC  (Bernard  de),  p.  498. 

CASTELKON  (Raimond  de),  p.  364. 

Castelbon,  vicomte,  pp.  248,  364,  401,  624,  65i, 
T02,  73 1 ,  732,  88'', 

Castelfisel,  p.  859. 

CASTELLANE,  fille  d'Aymeri  de  Castelnau,  p.  209. 

Castei.lane,  château,  p.   |35. 

Castklmaira,   p.  23-T. 

CASTELNAU.  ^Pierre  de).  Foye^  PIERRE  DE  CAS- 
TELS' AU. 

CASTELNAU  (Aymeri   de),  pp.  i32,  209. 

—  (Gilbert  dc^,  p.  754. 


pp.    287,    436,    449, 


Castelnau   de   Montbatier, 
466. 

CASïELNAuDABy,  Capitale  du  Lauragais,  pp.  237, 
241,  367,  385,  405,  407,  420,  534,  536,  618, 
636,  665,  720,  754,  811,  908;  est  brûlé,  p.  36o  ; 
reconstruit,  p.  362;  Simon  de  Montfort  s'y 
rend  pour  arrêter  la  marche  du  comte  de  Tou- 
louse sur  Carcassonne,  p.  368;  divers  combats 
durant  le  siège  de  cette  ville,  pp.  ?>6<) ,  370, 
371,  372,  373,  3^4,  375;  le  siège  est  levé, 
p.  374;  Simon  de  Montfort  y  donne  la  cein- 
ture militaire  à  son  fils  Amauri,  p.  419;  Rai- 
mond VII  prend  cette  ville  sur  Amauri  qui  en 
fait  inutilement  le  siège,  pp.  536,  539;  ses 
murs  sont  détruits,  p.  635;  les  inquisiteurs  y 
passent  en  1237,  p.  702. 

—  (consuls  de),  p.  811. 

—  (prud'hommes  de),  p.  81 1. 
Castf.lpobt,  château,  pp.  67,  722. 
Castelsagbat,  en  Querci,  p.  943. 
Castp.lsabbasin,  dans  le  Toulousain,  pp.  210,  237, 

241 ,  349,  393,  398,  437,  711,  724,  754,  811;  se 
soumet  à  Simon  de  Montfort,  p.  390  ;  est  assiégé 
&  pris  par  Raimond  VII,  p.  627;  la  garnison 
a  la  vie  sauve,  p.  628;  ses  murs  sont  détruits, 
p.  635. 

Castelverdun,  château,  p.  61  5. 
CASTELVERDUN  (Arnaud  de),  p.  127. 

—  (Aton-Arnaud  de),  pp.  5oi,  65o,  766. 
CaSïelviel,  à  Albi,  pp.  71,  149,  559,  697. 
Castera,  château,  pp.   143,  191. 

Castres,  ville  d'Albigeois,  pp.  195,  3oi,  3o2,  3i7, 
343,  384,  785;  les  envoyés  du  lég.it  y  déclarent 
la  guerre  à  Roger  II,  p.  81  ;  se  soumet  au  roi 
Louis  VIII,  p.  6o5;  origine  de  la  seigneurie  8c 
du  comté  de  ce  nom,  p.  645,  646;  ses  coutumes 
confirmées  par  Philippe  de  Montfort,  pp,  855, 
938. 

—  (sbbaye  de),  p.  3. 

—  (abbés  de),  pp.  4,  5,  871. 

—  (comté  de),  p.  644. 

—  (diocèse  de),  p.  640. 

—  (Sai.\t-Vi.nce.\t,  église  de),  pp.  463,  672,  924, 
925. 

—  (seigneurs  de),  pp.  798,  924. 

CASTRES  (Ermengarde  de),  p.  557. 

Castbies.  château  du  diocèse  de  Montpellier, 
pp.  I  35,   I  83,  241 ,  5i  2. 

—  lieu,  p.  202. 


974 


TABLE  GENERALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIERES. 


CASTRIES  (EIzéar  de),  pp.  67,  154. 

—  (Raimond  de),  p.  71. 

Catalans  (corr.  Escatalens),  lieu  dont  Raimond  VI 
donne,  en  1201,  la  justice  haute  &  basse  à 
l'abbaye  de  Moissac,  p.   ipj. 

Catalans,  p.  421  ;  prennent  part  à  la  bataille  de 
Muret  avec  le  roi  d'Aragon,  p.  428;  font  la 
guerre  à  Simon  de  Montfort  pour  l'obliger  à 
leur  remettre  leur  roi  Jacques,  p.  434;  combat- 
tent pour  le  comte  de  Toulouse  contre  Simon 
de  Montfort,  p.  008. 

Catalogne,  pp.  173,  221,  842,  401,  8.58,  pSô. 

Cathares,  ipp.  221,  222;  nom  donné  aux  héréti- 
ques albigeois,  p.  1  ;  un  canon  du  concile  de 
Latran  les  appelle  ainsi,  p.  86.  Foye'^  Albi- 
geois, 

CAUDAIRENCA,  femme  de  Raimond  de  Miraval, 

p.  557. 
CAnMONT,  château  du  Venaissin,  pp.  42,  642,  643. 
CAtiMONT,  château  en  Rouergue,  p.  816. 
Caumont,  lieu,  p.  853. 

CAUMONT  (seigneur  de),  p,  746.  Voyex  PINS  (de). 
CAUMONT  (Anissand  de),  p.  5 10. 

—  (Nompar  de),  pp.  .5 10,  755. 

Caunes,  un  évêque  hérétique  y  est  brûlé  vif, 
p.  619. 

—  (abbaye  de),  pp.  1  16,  164,  196,  684,  667,  870, 
871. 

—  (abbé  de),  pp.  824,  842. 

—  (salin  de),  p.  871. 
Caunette,  lieu,  p.  791. 

—  château,  p.  837. 
Caussade,  lieu,  pp.   14/,  287. 
CAUSSADE  (Raimond  de),  p.  746. 

—  (Ratier  de),  p.   141. 
Cauvisson,  château,  pp.  87,  88,  241. 
CAUVISSON  (Raimond  de),  p.  437, 

Caux,  paroisse  du  diocèse  de  Béziers,  pp.  75,  525. 
CAVAERS,  dame  de  Fanjeaux,  p.  779. 
CAVAIERS,  fille  de  Pons  d'Olargues,  p.  926. 
Cavaillon,   pp.   728,  736,  918;   Raimond  V  y  sé- 
journe en  I  171  &  y  donne  plusieurs  actes,  p,  42. 

—  (évêque  de),  pp.    170,  199,  227,  804. 

—  (vicomte  de),  p.  579. 

Cayla,  alias  Caylar,  château  du  diocèse  de  Nimes, 
pp.  88,  270,  396,  797. 

—  (barons  du),  p.  39Û. 

Caylar,  forteresse  donnée  par  Raimond-Roger, 
comte  de  Foix ,  à  Saint-Antonin  de  Pamiers, 
p.  i85. 

Caylus,  château,  pp.  21,  67,  307,  386,  601,  706, 
755,  918,  926. 

Cayhac,  monastère,  p.  67. 

Cayssargues  {corr.  Caissargues),  château,  p.  274. 

Cazouls,  château,  p,  674. 

CÉCILE    DE    BARCELONE,    prétendue   femme    de 

Roger-Bernard  I,  comte  de  Foix,  p.   126. 
CÉCILE  DE  BAUX,  p.  772. 


CECILE  DE  BEZIERS,  fille  de  Raimond-Trenca- 
vel  &  d'Adélaïde,  épouse  Roger-Bernard,  comte 
de  Foix,  pp.  3o,  3i,   126. 

CÉCILE,  comtesse  de  Comminges,  fille  de  Rni- 
mond-Roger,  comte  de  Foix,  pp.  563,  604,  735. 

CÉCILE,  comtesse  d'Urgel,  fille  de  Roger-Ber- 
nard II,  comte  de  Foix,  p.  73i. 

CÉCILE,  fille  de  Gui  Fulcodi,  p.  885. 
CÉCILE,    veuve    de     Pierre-Ermengaud ,    épouse 
Pierre  de  Minerve,  p.  58. 

Ceissac  (auj.  Ceyssac),  château,  p.  37. 

—  baronnie,  p.  799. 
Ceilhes,  lieu,  p.  743. 

CÉLESTIN  III,  pape,  p.  i8r;  déclare  nul  le  ma- 
riage adultérin  de  Guillaume  ^  III,  seigneur  de 
Montpellier,  p.  |38;  confirme  l'élection  de  Bé- 
renger,  a  rchevéque  de  Narbonne,  p.  1  39  î  fait 
bon  accueil  à  la  femme  Se  â  la  sœur  de  Richard, 
roi  d'Angleterre,  p.  146;  excommunie  le  comte 
Raimond  VI,  p.   171 . 

Cendras,  abbaye,  pp.  3,  87. 

Cenis  (mont),  p.   110. 

Ce.ns   annuel    imposé  pour  les  affaires  de  la   foi, 

p.  538. 
Centrairargues  {corr.  SAUTEYnAnoLEs) ,  village  du 

comté  de  Melgueil,  p.   i35. 

—  château,  p.  5i  2. 

CENTULLE  I,  comte  d'Astarac,  pp.  104,  Ô25, 
529,  647,  664,  771. 

CENTULLE  II,  comte  d'Astarac,  pp.  21  3,  771. 
CENTULLE,  comte  de  Bigorre,  pp.    123,  498. 
Cépie,  lieu,  p.  466. 
Cebdagne,  pp.  616,  702,  714,  889. 

—  (comté  de),  pp.  33,   176,  616,  714,  839. 
Cebvera,  en  Roussillon,  p.   198. 
CESSËNON  (Hugues  de),  p.  85o. 
Cessenon,  château,  pp.  546,  743,  85o. 
Cesseras,  lieu,  p.  791. 

Cestairols,  château,  p.  587. 

Cévennes,  montagnes,  pp.  755,  838. 

Chaise-Dieu,  abbaye,  pp.  8,  672. 

Ciialadre,  lieu,  p.  28. 

CHALENÇON  (Bertrand  de),  pp.  260,  799. 

—  (Etienne  de),  p.  527. 

—  (Guillaume  de),  p.  799. 
CHALENiyON,  château,  pp.  467,  367,  799. 

CnALO.VS-StR-MAF.NE,    p.    923. 

—  (évêque  de),  p.  533. 
CHALONS  (comte  de),  pp.  362,  356. 
Chalon-sur-Saône,  p.  538. 
Chamcl,  château,  p.  37. 
CHAMBON  (Pétronille  de),  p.  287. 
Champagne,  p.  221. 

Chancellerie  des  comtes  de  Toulouse,  pp.  42,  69- 
124,   192,   196,   534,  586,  643,  811,  812,  829. 
Changeurs  de  Saint-Gilles,  p.  83. 

—  de  Toulouse,  p.  85. 

CiiAi'iTRE  [capitulum)  de  la  ville  de  Toulouse 
p.   100. 


TABLE   GÉNÉRALE  DES   NOMS   ET  DES  MATIÈRES. 


Chapitres  provinciaux  de  l'ordre  de  Saint-Benoît 
dans  la  Province,  p.  çSi. 

CnAPTEtiL,  château,  p.  467. 

CHARLES,  comte  d'Anjou,  de  Provence,  &c.,  frère 
de  Louis  IX,  pp.  798,  818,  847,  848,  892,  919; 
roi  de  Sicile,  pp.  893,  918,  928,  924;  épouse 
Béatrix,  héritière  de  Provence,  pp.  451,  777; 
tenie,  après  la  soumission  de  Marseille,  de 
rétablir  la  paix  entre  cetie  ville  &  Montpellier, 
p.  847)  Jeanne  de  Toulouse  lui  lègue  le  mar- 
quisat de  Provence  ou  Comtat-Venaissin,  p.  9 18. 

Charmes,  lieu,  p.  5o6. 

Chartes  du  comte  de  Toulouse  en  faveur  des  ha- 
bitants de  cette  ville,  pp.   |3|,   182. 

Chartres,  pp.  483,  676,  597,  924. 

—  (évéque  de),  pp.  284,  840,  341,  697,  619,  025. 
Chartreuse  (Grande),  p.  10. 

Chartreuse  de  Bonnefoy,  au  diocèse  de  Viviers; 
sa  fondation,  pp.  2o5,  206. 

—  de  Valbonne,  pp.  554,  555j  sa  fondation, 
p.  206. 

Chassiers,  lieu  du  Vivarais,  p.   186. 
Châteaux    abandonnés   à    l'approche    des   croisés, 
pp.  388,  389. 

Cbateauneuf  de  Laval  (corr.  Castelnau),  p.  7")5. 

Cbateacneuf,  dans  la  paroisse  de  Vendres,  p.  332. 

Chateauvieux  d'Albi  {corr.  Castelviel).  Voye^  ci; 
nom. 

Chateauneue-Randon,  seigneurie,  p.  799, 

CHATEAUNEUF  (Guérin  de),  p.  8Û4. 

—  (Guillaume  de),  p.  864. 

—  (Randon  de),  p.  b'64. 

Chateauroux,  pp.  129,  i3ij  pris  par  le  roi  de 
France  sur  le  roi  d'Angleterre,  p.    128. 

CnATELLEME  d'Ambialet,  p.  646. 

Chatte  ou  catte,  machine  de  guerre,  p.  5i5. 

Chaumont,  p.  i33. 

Cheircorb,  alias  Chercorb,  pays  situé  dans  la 
partie  méridionale  du  diocèse  de  Mirepoix, 
pp.  28,   194. 

Cher,  château,  p.  377. 

Chevaliers,  chevalerie,  pp.  27,  28,  44,  2i3,  419, 
648,  940. 

Chevaliers  du  Temple;  Alexandre  III  confirme 
les  privilèges  à  eux  accordés  par  l'archevêque 
de  Narbonne,  p.  14. 

Chevauchée  (droit  de),  pp.  ii5,  179,  199,  2,3, 
326,  939. 

Chi.von,  pp.  53,  ;')92,  741. 

Chirac,  château  du  Gévaudan,  pp.  211,  645. 

Chro.siqueur  ANONYME;  son  récit  de  l'entrevue 
d'Aubenas,  p.  268. 

Chro.volocie  ;  commencement  de  l'année  dans  le 
Languedoc  au  treizième  siècle,  p.  949. 

ClNTECAOELLE,  lieu,  pp.  772,  778,  853. 

CioUTAï,  lieu  du  comté  de  Forcalquier,  p.   166. 

CÎTEAtx,  abbaye,  pp.  26,  78,  98,  icô,  146,  537, 
.'^96,  662,  714,  8o3,  823;  Raimond  V  demande 
iiux  religieux  de  Cîteaux  de  venir  combattre 
rh<;résie  dans  ses  Etats,  p.  77;  douze  abbés  8c 
une  vingtaine   de    religieux   viennent  dans   la 


975 

Province,  pp.  iâ->,  25r  ;  privilèges  de  l'ordre  de 
Citeaux,  p.  599;  Raimond  VU  s'engage  à  lui 
payer  deux  mille  marcs  d'argent,  p.  633. 

Clairac,  abbaye,  pp.  391,  408,  428. 

Clairvaux,  abbaye,  pp.  204,  599;  Raimond  VII 
s'engage  à  lui  payer  cinq  cents  marcs  d'argent, 
p.  633, 

Clarensvc,  château,  p.  88. 

Clarensaks,  château,  p.  281. 

CLARIN,  chancelier  de  Simon  de  Montfort,  puis 
eveque  de  Carcassonne,  pp.  392,  56i,  63o,  658, 
662,  70,,  764,  779,  783,797;  date  de  son  élec- 
tion, p.  614. 

Clarté-Dieu  (Notre-Dame  de  la),  abbaye,  p.  26. 

CLAUSTRE,    femme    de    Bernard    de    Mercœur 

p.  i65.  ' 

CLÉMENCE,  fille   de   Guillaume  VII,  seigneur  de 
Montpellier,    femme    de    Rostaing   de    Sabran 
pp.  47,  203. 

CLÉMENT  IV.   Voyex  GUI  FULCODI. 

Clergé  &  clercs  de  la  Province,  pp.  653,  828, 
836,  S42;  exempts  des  tailles,  p.  397;  clercs 
mariés,  p.  397;  leurs  plaintes  contre  les  offi- 
ciers royaux,  pp.  680,681,  707,  827. 

Clermo.vt,  château  en  Agenais,  p.  543. 

Clermont,  en  Auvergne,  pp.  87,  565,  889,  R73  ; 
Louis  VIII  y  passe  quelques  jours  avant  sa 
mort,  p.  619. 

—  (diocèse  de),  p.  332. 

—  (évéque  de),  pp.  87,  260,  284,  543. 

—  (vicomtes  de),  p.  8. 

Clermo.xt,  dans  le  Lauragais,  pp.  34,  71. 
Clermont  de  Lodève,  p.  83o. 

—  (seigneur  de),  p.  784. 

CLERMONT  (Aymeri  de),  pp.  47,  66,  m,  744, 
85o. 

Cluny,  abbaye,  pp.  118,  196,  202,  261. 
Cluse,  monastère,  p.  739. 

—  (col  de),  p.  110. 

COARASE  (R.),  chevalier,  p.  498. 

CODOLLET  (famille  de),  p.  164. 

COËTIVI   (Ancel  de),  p.  329. 

COGNAS  (Adélaïde  de),  p.  lor. 

COHARDON  (Guillaume  de),  sénéchal  de  Carcaj. 
sonne,  pp.  872,  912. 

COLIN,  maître  d'artillerie,  p.  916. 
CoLLiouiiE,  château  en  Roussillon,  pp.  240,  714, 
COLMIEU    (Pierre    de).    Voye^    PIERRE   DE   COL- 
MIEU. 

CoLOMDiÉRE,  lieu  entre  Tours  &  Amboise,  p.  i33 
COLUMBI    (maître),    envoyé    du    roi    d'Aragon   * 
Rome,  p.  399. 

CoMiiELO.NGUE,  abbaye,  pp.  353,  65o. 
CoMBBET,  château  du  Rouergue,  pp.  66,  99,  450. 
CO.MBRET  (Bérenger  de),  p.  812. 
COMINIAC  [corr.  COMIAC)  (Raimond  de),  p.  754 
Commanderie  de  Peyriès,  p.  807. 
—  de  Villedieu,  p.  438. 

Commerce  de  la   Province,   pp.   17,  58,  59;  peu- 
ples étrangers  qui  y  prenaient  part,  p.  944. 


976 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


CoMMixGEs,  pp.  z6,  126,  i63,  17,5,  420,  886)  Si- 
mon de  Montfort  soumet  &  ravage  une  partie 
de  ce  comté,  pp.  jçj,  399,  420,  4^2  j  Bernard, 
comte  de  Comminges,  remet  le  pays  sous  son 
obéissance,  p.  Ô22;  est  soumis  à  la  suzeraineté 
des  comtes  de  Toulouse,  pp.  811,  8  1  5. 

—  (comtes  &  comté  de),  pp.  I25,  202,  SSy,  349, 
363,  366,  369,  385,  393,  399,  401,  402,  404, 
408,  410,  417,  421,  435,  441,  470,  471,  47.0, 
529,  554,  533,  647,  735,  744,  748,  807,  85r, 
874.    ^ 

—  (diocèse  de),  pp.   12,  771. 

—  (évêques  de),  pp.  182,  i83,  212,  379,  393,  3<j6, 
408,  417,  423,  420,  478,  482,  887,  888. 

COMMINGES  (Bernard  de),  pp.  667,  671,  697, 
720,  757,  771,  811,  920.  Foye:^  BERNARD  DE 
COMMINGES. 

—  (Fortanier  de),  p.  720. 

—  (Pétronille  de),  p.  498. 

—  (Roger  de),  pp.  ipS,  353,  093,  394,  476,  563, 
612,  697,  700,  760,  886,  889. 

CoMMissAiBES  envoyés  par  le  roi  dans  la  Province 
pour  y  recevoir  les  plaintes  contre  ses  officiers, 
&  rendre  les  biens  mal  acquis,  pp.  793,  839, 
867,  870. 

—  réformateurs  envoyés  par  Alfonse,  pp.  827,  844, 
85o,  85i,  890. 

—  envoyés  dans  la  Province,  en  1266,  pour  ren- 
dre la  justice,  pp.  895,  934. 

—  du  pape  pour  le  procès  contre  l'évéque  de  Tou- 
louse, p.  877. 

Commun    conseil   de    la    ville   &   du   faubourg   de 

Toulouse,  p.   100. 
Commun  de  la  paix,  pp.  109,  177,  464. 
COMPANS  (Drogon  de),  p.  378. 
CoMPOSTELLE  (archevêque  de),  p.  466. 
COMTORESSE  ou    COMTORS    DE    LA    BARTHE, 

femme    de    Bernard   VI,   comte    de   Comminges, 

pp.   125,   182,  604. 

COMTORESSE,  fille  de  Mainfroi  de  Rabastens, 
p.  587. 

CONAN,  duc  ou  comte  de  Bretagne,  p.  52. 
Concile  général  convoqué  à  Rome  le  1''  novembre 
I2l5,  p.  406. 

Conciles  :  d'Albi,  en  1254,  p.  839. 
^d'Arles,  en  i2o5,  p.  242;  en  1211,  p,  346. 
.—  d'Avignon,  en  1  209,  p.  3o3. 

—  de  Bazas,  en   1  181,  p.  98. 

—  de  Béziers,  en  1234,  p.  683;  en  1243,  p.  757; 
en    1246,  pp.  778,  779;  en   1254,  pp.   841,  879. 

—  de  Bordeaux,  en  1 182  &  1  264,  pp.  98  &  876. 

—  de  Bourges,  en  1181,  p.  98;  en  1225,  p.  593  j 
en   1  259,  p.  866. 

—  de  Capesiang,  en  1  i65,  pp.  5,  6. 

—  de  Latran,  en  1  179,  pp.  85,  86,  93,  172,  217; 
canon  contre  les  hérétiques  de  la  Province, 
p.  86;  en  I2i5,  pp.  468,  484,  485,  493,  5ie, 
553,  710,  93  I  ;  vaines  prétentions  des  archevê- 
ques de  Tolède  pour  la  primatie  sur  la  province 
de  Narbonne,  p.  466;  diverses  peines  qu'il  or- 
donne contre  les  hérétiques  albigeois,  pp.  469, 
470  j  Raimond  VI,  son  fils  &  les  comtes  de  Foix 


&  de  Comminges  viennent  y  demander  la  restitu- 
tion de  leurs  domaines,  p.  470;  diverses  décisions 
proposées,  pp.  471,  472;  ses  décrets  touchant  le 
comte  de  Toulouse,  p.  473;  décret  touchant  les 
comtes  de  Foix  &  de  Comminges,  p.  470. 

Conciles  :  de  Lavaur,  en  i2i3,  pp.  402,403,  404, 
407,  409,  4i5,  417. 

—  de  Lérida,  en  1237,  p.  702. 

—  de  Limoges,  en  1  181,  p.  98. 

—  de  Lombers,  en   1  |65,  pp.  1 ,  3,4,  5,  6. 

—  de  Lyon,  en   1245,  p.  774. 

—  de  Montélimar,  en  1209,  p.  276. 

—  de  Montpellier,  en  1190,  pp.  171,  172,  217; 
en  1211,  p.  345;  en  1214,  pp.  451,  452;  en 
1224,  pp.  582,  583,  604;  en  1242,  p.  748;  en 
1208,  p.  862. 

—  de  Narbonne,  vers  la  fin  du  douzième  siècle, 
p.  218;  en  1212,  p.  379;  en  1227,  p.  623;  en 
1244,  p.  764. 

—  d'Orange,  en  1229,  p.  607. 

—  d'Oxford,  contre  les  manichéens,  tenu  en  1  160, 
p.  2. 

—  de  Pamiers,  en  1226,  p.  614. 

—  du  Puy,  en  1181,  pp.  97,  98  ;  en  1222,  p.  56o. 

—  de  Rome,  en  1241;  plusieurs  évéques  français 
se  rendant  à  ce  concile  tombent  entre  les  mains 
de  l'empereur  Frédéric,  p.  727. 

—  de  Senlis,  en   1229,  p.  63  i . 

— de  Sens,  en  1223,  pp.  568,  069;  en  1229, 
p.  63 1. 

—  de  Saint-Gilles,  en  1209,  p.  277;  ses  statuts, 
p.  282  ;  en  1210,  pp.  335,  40S. 

—  de  Toulouse,  en  1229,  p.  683;  canons  qui  y 
sont  dressés;  il  établit  l'inquisition,  pp.  6J2, 
653,  654. 

—  de  Tours,  en   1  i63,  pp.  2,  3, 

—  de  Valence,  en  1248,  p.  799. 

—  de  Vérone,  en   1  184,  p.  223. 

Conciliabule  tenu  par  les  hérétiques,  en  1167,  à 
Saint-Félix  de  Caraman,  p.  6. 

CoNDOM,  pp.  466,  522,  554,  755;  ses  murs  sont 
détruits,  p.  635. 

—  (diocèse  de),  pp.  641,  807. 

CONDORS,  fille  d'Esquleu  de  Minerve,  p.  85o. 
Conférence  entre   Raimond  V  &  le  roi  d'Aragon, 
p.  62. 

—  de  Saint-Denis,  entre  Louis  le  Jeune  &  Henri, 
roi  d'Angleterre,  p.  38. 

Com'lent,  pays,  pp.  616,  714,  889. 

—  (comté  de),  pp.  714,  809. 

CoNi'i'.ÉRiE  établie  au  Puy  en  11 83,  pour  rétablir 
la  paix,  pp.   106,  107,  108,  109. 

—  de  VAmlstance  ou  de  l'Amitié,  p.  684. 

—  Blanche,  à  Toulouse,  p.  352. 

—  du  Carmel,  p.  903. 

—  Noire,  à  Toulouse,  p.  302. 

—  de  Somraières,  p.  108. 

Connétables  des  comtes  de  Toulouse,  pp.  42,  43, 

62,  68,   1  8y,  1  98,  207. 
Conques,  abbaye,  pp.  177,667. 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  MOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


97; 


CONQUES  (Pierre  de),  p.  791. 

Cosiirr.Tr  d'Alhigeois,  p.  86  !. 

CONRAD,  évëqiie  de  Porto,  cardinnl-lcgat  dans  la 
Province,  pp.  537,  34^,  .'143,  540,  ;■)'>-,  56 1, 
562,  5j5,  565,  569,  079,  531  ;  s'entremet  de  la 
paix  entre  Raimond  VII  &  Amaiiri  de  Mont- 
fort,  p.  55-j  retourne  à  Rome,  p.  569. 

CONRAD  Iir,  empereur,  pp.  74,  75. 

Co\sf.i;a>s,  pp.   125,  126. 

—  (diocèse  de),  p.  77  1 . 

—  (évêquc  de),  pp.  255,  266,  271,  272,  278,  804, 
379,  393,  396,  498,  65o. 

Co.NSOLATiox,  cérémonie  des  hérétiques  albigeois, 
p.  228. 

CONSTANCE  DE  FRANCE,  sœur  du  roi  Louis  le 
Gros,  femme  de  Raimond  V,  pp.  5,  12,  43,  60, 
82,  167;  assiste  au  concile  de  Lorabers,  p.  3; 
quitte  le  comte,  son  mari,  p.  7;  se  retire  à  la 
cour  du  roi  Louis  le  Jeune;  affection  des  Tou- 
lousains pour  cette  princesse,  p.  1  1  ;  est  répu- 
dié;; sollicite  d'Alexandre  III  la  restitution  de 
son  douaire,  p.  22;  se  rend  en  Terre-Sainte, 
s'établit  dans  la  plaine  d'Ascalon,  écrit  au  pape, 
p.  59;  se  retire  dans  un  monasicre,  p.  60. 

CONSTANCE,  fille  de  Raimond  VI  &  de  Béntrix 
de  Béziers,  femme  de  Sanchc  \'I,  roi  de  Navarre, 
puis  de  Pierre-Bernard  de  Sauve,  p.  395. 

CONSTANCE,  femme  de  Guillaume-Pierre  de  Cn- 
raman,  p.   192. 

CONSTANCE,  sœur  d'Alfcnse  II,  comte  de  Pro- 
vence, p.  3->7. 

CO.NSTANCE,  fille  de  Mainfroi,  roi  de  Sicile, 
épouse  à  Montpellier  Pierre,  infant  d'Aragon, 
p.  8-3. 

CONSTANCE,  fille  de  Conan,  comte  de  Bretagne, 
femme  de  Geoffroy,  fils  d'Henri  II,  p.  52. 

CONSTANCE  DE  MONTCADE,  pier.'ière  feram- 
d'.Alvare,  comte  d'Urgel,  p.  732. 

Constaittia,  p.  343.  Voyez  Colstaiss». 

CONSTANTIN,  frère  de  Bertrand  de  Eorn,  p.  ic'i. 

Co.xSLLS  de  mer,  p.  945. 

t:ORBEIL  (vicomte  de);  se  croise,  assiste  à  la  ba- 
taille de  Muret,  pp.  422,  423. 

Cor.iinii.,  p.  757. 

—  (traité  de),  p.  861 . 
Cor.UKi.iEKS  de  Lavaur,  p.  678. 

—  de  Narbonne,  p.  771. 

Cor.Di:»,  bastide  construite  par  Raimond  VI, 
pp.  625,  63',,  644,  671,  77iJ,  93o;  fondée  en 
1222;  libertés  accordées  à  ses  nouveaux  habi- 
tants, p.  56o;  trois  frères  prêcheurs,  envoyés 
à  G  irdes  en  1233  pour  rechercher  les  hérétiques, 
y  sont  massacrés,  p.  68-;  les  habitants  prêtent 
serment  au  roi  après  la  révolte  de  Raimond  VII, 
en   1242,  p.  754. 

—  (consuls  de),  p.  811. 

ConsEii.iiA?(  ou  Cor.M;ii  i.AX,  château  du  diocèse  de 

Béziers,  pp.  546,  743. 
CORNEILLAN  (Picrre-Raimond  tle),  p.  601. 
C()BXKii.LE  (NoTr.E-DA»ii;  de),  pricuic,  p.   1  19. 
CoK.xcTo,  château   sur  les  confins  de  la  Toscane, 

p.  928. 


char^au,   pp.    IJ7, 


Cop.xovSEC   (corr.  Cnir.NOXSEc) 
18.!,  202. 

CORSO,  noble  génois,  p.   16. 

ConvEn,  château,  p.  65. 

CoTTi;p.E*L'.v,  p.  96;  sont  excommuniés  avec  les 
hérétiques,  p.  8'i;  doivent  être  chassés  des  do- 
maines du  comte  de  Toulouse,  p.  278. 

COUCI  (Enguerrand  de),  pp.  35o,  357,  533,  097. 

—  (Robert  de),  p.  597. 

CoirrouLENS,  château  en  Albigeois,  pp.  43,  537. 
CotFOULExs,  château   au   diotèsc  de   Caicassonnc, 
pp.  43,  71,  627,  667. 

—  (seigneur  de),  p.  924. 
CotriAc,  château,  p.  45o. 
COURFERRAND  (Arnoul  de),  p.  9i3. 
CoLT.oxNE  (abbaye  de  la),  p.   io3. 
CoinsAV,  lieu,  p.  824. 

COURTSAVINE  (corr.  COURTSAVI)  (Ermcssinde 
de),  pp.  340,  85'). 

Coins  d'Amour,  p.  i52. 

Cours  piémères,  pp.  60,  61,  772,  916,  941. 

COURTENAY  (Éléonore  de),  p.  634. 

—  (Pierre  de),  p.  354. 

—  (Robert  de),  pp.  285,  35o,  354,  357,  ^97 

CoLRTiiESO.v,  dans  la  principauté  d'Orange,  pp.  76, 
486. 

Coi.sTAi.ssA,  château,  pp.  44,  344,  375. 

Coi;ïime  de  France,  des  environs  de  Paris,  appli- 
quée aux  conquêtes  de  Simon  de  Monilort, 
p.  396. 

CoUTU.MES  particulières  dans   la   Province,  p.  c;37. 

—  de  la  ville  d'Agen  appliquées  à  la  Salvetat, 
p.   23J. 

CRANIS  (Jean  de).  Foye^  JEAN. 

CREICHI  (Lambert  de),  p.  309. 

C.'-.ni.ssEL,  Ckeixel.  château  &  vicomte  en  Rouer- 
gue,  pp.  177,  71^.  9-^- 

Cbémoxe,  ville  d'Italie,  p.  716. 

Creste,  monastère  au  diocèse  de  Langres,  p,  26, 

Cresï,  château,  p.  5o5. 

Crestict,  château,  p.   148. 

Creïssel,  vicomte,  t'oyi^  Creissei.. 

Cre/.,  lieu,  p.  71  ■ 

Crimes;  leur  punition,  pp.  18c,  937,938. 

Croatie,  p.  567. 

Croisade  contre  les  albigeois,  pp.  6,  216,  261, 
281,  28J,  283,  284,  285,  35o,  377,  378,  401, 
402,  4^3,  404,  4S5,  486,  487,  522,  523,  567, 
568,  596,  597,  498,  6o3,  604,  6c5,  629,  63o; 
sa  publication,  pp.  266,  167;  d'où  vint  le  plus 
grand  nombre  de  croisés;  durée  de  leurs  ser- 
vices, p.  267  ;  nouveaux  subsides  levés  par  ordre 
d'Innocent  III,  p.  332;  suspendue  par  ordre 
d'Honoré  III,  pp.  579,  585. 

—  d'outre-mer;  efforts  du  pipe  Innocent  III, 
p.   i83. 

Croisés;  débarquent  sur  Us  côtes  d'Aliique, 
p.  922. 

—  passent  le  Rhône,  arrivent  devant  Béziers, 
p.   286;    ravat'cs  nue  fiit  la  clci.',;ieme  armée  vc- 


V  ;. 


978 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


niied'Agen,  p.  287;  attaquent  Carcassonne, 
p.  292;  croisés  de  France  qiii  viennent  rejoindre 
Simon  de  Montfort,  p.  3iji;  autres  croisés  arri- 
vant durant  le  siège  de  Lavaur,  p.  S.ji;  croisés 
allemands  défaits  par  le  comte  de  Foix,  p.  353  ; 
leurs  privilèges,  pp.  271,  ïyï,  33i,  332;  leurs 
dérèglements,  534,  •'^^• 
Ci;oix  portées  par  les  hérétiques,  pp.  653,  677, 
683,  701,  76.),  781,  800. 

Croyances,  des  hérétiques  albigeois,  pp.  227,  22", 

229. 
Cruscades,  château,  p.  232. 
Cuc  ou  CuQ,  château,  pp.  375,  385. 
CucÉ,  château  du  Velni,  p.  528. 
CuctJGNAN,  château,  p.  722. 
CuEiL  (corr,  QueiLLe),  château,  p.  4 
CussE  {eorr.  CcsSAC  i")  château,  pp.  98,  99. 
CuxAc(auj.  CuxAc  d'Alde),  pp.  38o,  825. 
CysoiNG   lieu  du  Nord,  p.  514. 


D 


DAt.'vIACE  IJE  CHEtSÊY,  ou   CRFISSEL,   soigneur 

catalan,  pp.  91,  211,  52T, 
DlLsiATiE,  p.  567. 
I^ALMAZAN,  pays.   Foyc-;;  Dalmazan, 
Dalon,  abbaye,  p.   ro,). 
Damiettc,  p.  8  i5. 
DAMOtSEALX  ou  FII.S  DE  CIIEVAlIKHS,  pp.  940,  94I, 

942. 

Danube  (brissin  du),  p.  i. 

Daumvzan,  Dat.mazax,  lieu,  p.  33:^. 

Daumazanès,  p.  :>')'■';  appartient  encore,  en  I2i3, 
au  comte  de  Foix;  coutumes  accordées  aux  habi- 
tants par  Roger-Bernard,  p.  !25. 

DAUPHIN,  comte  de  Clermont  &  de  Monifcrrand, 

pp. '98,  99. 
DALi'itiN  d'Auvergne,  mort  en  1234,  loué  pour  sa 

libéralité,  écrit  des  poésies,  p.    166. 
DAUPHINE     alias     DELPHINE     DE     TUUENNE , 

femme  de  Raimond  d'Anduze,  pp.  711,  9-^3, 
Daupiiiné,  pp.  62,  74. 
Dauphins  d'Auvergne,  p.  98. 

—  de  Viennois,  pp.  io5,  106,  703. 
DAuuAnE(l5),  église  de  Toulouse,  p.  233. 

—  (prieur  de  la),  p.  702. 
DAVID  DE  ROAIX,  p.  453. 

DAVID  KIMCHI,  juif  de  Narbonne,  p.  944. 
DECAN,  seigneur  d'Uzès,  pp.    206,  837,  849,  922. 
DÉCIME   levé  sur   le    clergé   de  France,    pp.    ^33, 

023,  541,   542,   547,  5/2,   599,  629,   75d,  793, 

804,   893,   899;    résistance   de   quelques   églises, 

pp.  624,  625.  Voye^  DixiKsiE. 
Degrés  de  juridiction  réglés  par   une  ordonnance 

d'Alfonse  de  Poitiers,  p.  935. 
DÉIDE  (Arnaud),  p.  5o5. 

DELPHINE,  lilled'Hugues,  comte  de  Rodez,  p.  9:3, 
DELPHINE  DE  TUHE.nINE.   Voye^  DAUPHINE. 


Delpont,  château  en  Rouergue,  p.  91. 
DEXTfl.I.AC,   Foyc-  Le\tii.i-ac. 
DÉODAT  ALAMAN,  pp.  566,  692. 
DÉODAT  DE  BARASC,  pp.  445,  75^,  812. 
DÉODAT  DE  BOUSSAGUES,  pp.   154,  784. 
DÉODAT   DE  liRElSAC,    maître    des   maisons  du 

Temple    dans    les    provinces    de    Narbonne    Et 

d'Arles,  p.   188. 

DÉODAT  DE  CANILLAC,  p.  937. 
DÉOaAT  ESCOLIER,  de  Saint-Gervais,  p.  743 
DÉODAT  DE  SÉVERAC,  3,5. 

Dfti'nuiLi.ES  des  évéqucs;  prétentions  des  grands 
vassaux,  pp.  i52, 

DEUDE,  sœur  d'Arnaud,  vicomte  de  Fenouillèdcs, 
p.  57. 

DKUSDE  ou  DEUSDEDIT  DE  PRADES,  chanoine 
de  Maguelonne,  poëte  provençal,  p.   166. 

Die  ou  Diois(comté  de),  pp.  76,  134,  149,  710, 
711,  807. 

DIEGO  DE  AZÈBES,  évéque  d'Osma  ,  pp.  23o, 
245  ;  retourne  dans  son  diocèse,  p.  25i  ;  sa  mort, 
p.  252. 

Différend  des  évéques  du  Puy  avec  le  roi  pour  la 
légale,  p.  837. 

DiiFÉr.ENDS  entre  le  monastère  de  Prouille  £4 
l'abbaye  de  Saint-Hilaire,  p.  56i. 

•■'iMi:  da  sel  perçue  entre  l'étang  de  Maguelonne 
Ei  la  mer,  p.  49. 

JIME.S,  pp.  i.j2,  299,  3  12,  633,  645,  828. 
Diois,  comté,  ^^o^yr^  Die. 

Discipline   ecclésiastique  &    régulière,    pp.    931, 

932. 
Divorce  de  Raimond  VI,  p.   i-,.^. 
—  entre     Raimond     VII     &     Sancie     d'Ar.igon  , 

pp.  662,  663. 

Di\ii;\iE  K'vé  zn  France,  par  ordre  d'Innocent  III, 
pour  payer  la  crois.ide  contre  les  albigeois, 
pp.  282,  2S4.  Voyc'^  Décime. 

DOAT  ALAîMAN,  pp.   149,   i53. 

DODON,  comte  de  Comminges,  pp.   I25,   |63. 

Doé,  abbaye,  l'oye^  Douiie. 

Domaine  de  la  couronne,  pp.  793,  794. 

Domaines  des  chevaliers  faidits,  pp.  460,  466. 

DoME  ',auj.  Domme),  château,  pp.  448,  449. 

Dominicains  de  Poitiers,  p.  919. 

DoMiMCiiNES  de  Prouille,  p.  t)c:). 

S.  DOMINIQUE,  fondateur  de  l'ordre  des  Frères 
Prêcheurs,  se  consacre  à  la  mission  contre  les 
hérétiques  de  la  Province,  pp.  23d,  23i,  253, 
254,  27-,  5io,  562,  640;  ses  travaux  apostoli- 
ques, pp.  245,  249,  267,  364,  5iOj  fonde  le 
monastère  de  Prouille,  pp.  252,  203,  204  j  ses 
différends  avec  l'abbé  £k  les  religieux  de  Saint- 
Hilaire,  pp.  55;,  56;;  fonde  son  ordre  à  Tou- 
louse, p.  468;  ses  différents  voyages  en  France 
&  en  Italie;  sa  mort,  p.  469. 

DONAT,    viguier    du    Ro;iergue    pour     Raimond, 

comte  de 'i'oulouse,  p.   lyL'. 
DONAZAN   [corr.    Do\.\ez'.n),    pays,    pp.   553,    699, 


TABLE  GENERALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


979 


Dnx  CîHTfiT  dein-mdé  par  le  comte  Alfonse  à  ses 
sujets,  p.  i<)?>. 

DoN7.E\Ac,  lieu,  p,  io3, 

DONZÈRE,  lieu,  p.  692. 

DOUCE,  fille  de  Rnimond-Eértnger,  comte  de  Pro- 
vence, &  de  Richilde,  pp.  19,  21,  24,  2;".,  44, 
45,  49,  63. 

DouiiE  (Svixt-Jacqits  de),  alias  de  DoÉ,  abbaye, 
p.  J27;  son  origine,  p.   10. 

DouBGttï,  château  en  Albigeois,  p.  4. 

DotiRNE,  château  dans  le  piys  de  Snult,  p.  722. 

l.FUGONET  DE  BOCOYRAN  [corr.  ISOl'COIRAN), 
p.  278. 

DRAGONET  DE  ÎMONTDODON,  p.  604. 

DRAGONET  DE  MONTDRAGON,  p.  335;  gou- 
verneur de  Raimond  VII,  comte  de  Toulouse, 
pp.  490,  491. 

DRAGONET  DE  MONTAUBAN,  p.  772. 

DiUGONET,  château,  p.  504. 

DiiEix  (comté  de),  p.  341. 

DROGON  DE  CO.MPANS,  p.  378. 

Dr.oiT;  ne  peut  être  enseigné  par  les  ecclésiasti- 
ques, p.   172. 

—  écrit,  en  usage  dans  la  Province,  pp.  184,  2i:ï, 
643,  819,  836,  867,  909,  937. 

—  d'asile,  p.  938. 

—  de  brûler  les  hérétiques,  p.  9i3. 

—  dit  le  commun  de  paix;  son  origine  dans  le 
Rouergue,  p.  177. 

—  de  criée,  i  Nimes,  en   1  174,  p.  64, 

—  de  péage  sur  le  chemin  de  Béziers  à  Karbonne, 
p.  III. 

—  d'épaves;  règlement  des  consuls  de  Toulouse, 
en   I  192,  à  ce  sujet,  p.  14.^. 

—  sur  les  juifs,  p.   119. 

—  de  leude  au  Puy,  p.  144. 

DioiTS  appartenant  à  l'évéque  &  au  vicomte 
de  'Béziers,  sur  la  ville  de  ce  nom  S*,  ses  fau- 
bourgs, p,    I  I  !>. 

—  régaliens,  p.  707. 

—  de  régale,  p.  880. 

—  seigneuriaux  ou  féodaux,  p.  39T. 
Di.uxsTAL,  partie  du  \'ivarais,  p.  :jc6. 

DurnÉ  de  Narbonne,  pp.  241,  3/9,  472,  478,  479, 
480,  481,  :>.^4,  640;  compétitions  à  son  sujet 
entre  Arnaud,  archevêque  de  Narbonne,  &  Si- 
mon de  Montfort,  pp.  459,  46^,  461. 

DtEL  du  seigneur  de  Lunel,  p.  816. 

Duels,  pp.  368,  397,  416,  937. 

DiLiiAC  (corr.  DuiMiAc),  lieu,  p.  722. 

Duhakce,  rivière;  Raimond  V  donne  plusieurs 
moulins  situés  s;  r  cette  rivière  à  l'église  de 
Cavaillon.  Iti  permet  d'en  construire  de  nou- 
veaux 81  de  détourner  cette  rivière  sur  une  par- 
tie du  territoire  de  cette  ville,  p.  42. 

DURAND,  évèque  d'Albi,  pp.  666,  671,  727,  764, 
76ii,  773,  8.4,  827,  840. 

DURAND  DE  HUESCA,  fondateur  de  la  Société  des 
pauvres  catholiques^  p.  202. 

DURAND  DE  SAINT-BARS,  consul  de  Toulouse, 
pp.  688,  692,  894. 


DURAN'D.   Foyf,    PIERRE,  charpentier  au  Puy. 
DURANT,  archidiacre  de  Bourges,  p.  626. 
Dur.FOiiT,  châtCiiu  au  diocèse  de  Niines,  p.  800, 
DURf-'ORT  (seigneur  de),  p.   17g. 
DURFORT  (Bernard  de),  pp.  54a,  61Ô. 

—  (Gaucelin  de),  p.  STio. 

—  (Guillaume  de),  p.  389. 

—  (Hugues  de),  p.  7Ï3. 

—  (Raimond  de),  poète  provençal,  p.  166. 

—  (Raimond  de),  p.  732. 

—  (Raimond-Bernnrd  de),  p.  71  1. 


E.  DE  TOURNEL,  maître  de  l'Hôpital  en  Aragon, 

p.  5'>6. 
Eauxes,  abbaye,  pp.   26,   634,    8o3;   détruite    par 

les  calvinistes  au  seizième  siècle,  p.  27. 

—  (abbé  d"),  tué  par  les  routiers,  p.  366. 
ÉHRARD,  évêque  d'Uzès,  p.  207. 
ÉKRARl),  chevalier  du  Temple,  p.  600. 
EccLftsiASTiijiES  de  la  Province;   se  plaignent  des 

officiers  du  roi,  p.  707. 
ÉCHELLE  (Guillaume  de  1  ),  p.  333. 
Ecoi.E   capitulaire  de  Saint-Ktienne,  à  Toulouse, 

École    de     médecine    de     Montpellier    réformée, 

p.  533. 
ÉCRIVALV  (Raimond  1'),   inquisiteur  massacré  à 

Avignonet;  poète  provençal,  p.  739. 
Édit    de    RaiiRond    VII    contre    les    hérétiques, 

p.  677. 
EDOUARD  I,  roi  d'Angleterre,  p.  863. 
ÉGLINE,  veuve  de  Pons  d'Olargues,  p.  83o. 
Koi.iSE    r.OMAixE;    cens    annuel    imposé    pour  elle 

dans  les  pays  conquis  par  les  croisés,  pp.  290, 

3i  I,  3 12,  3  17,  325,  344,  347;  le  comté  de  Mel- 

gueil,  fief  de  l'Kglise,  pp.  895,  896. 
Églises  de  la  Province;   ne  peuvent  engager  leurs 

biens  à  des  étrangers,  p.  42. 

—  du  Limousin  dépouillées  par  le  fils  d'Henri  II, 
roi  d'Angleterre,  p.    ic3. 

ÉLÉAZAR  ou   ELZÉAR   D'UZÈS,  fils  de  Bermond, 

seigneur   d'Uzès    &   de    Posquières,    pp.    26,   43, 

49,  64,  69,    124,    125. 
ÉLÉAZAR  IV,  seigneur  d'Uzès,  pp.  637,  939. 
ÉLÉONORE    D'AQUITAINE,    femme    d'Henri    II, 

reine  d'Angleterre,   pp.    52,    190;    fait  soulever 

ses  fils  contre  leur  père,  p.    54;    prisonnière  au 

château  de  Salisbury,  p.   io3. 
É(  ÉONORE,  reine  d'Angleterre,  femme  d'Henri  III, 

p.  863. 
ÉI. ÉONORE    D'ARAGON,    fille    d'Alfonsc    II,    roi 

d'Aragon   8<   cinquième  femme  de  Raimond  ^  I, 

ointe    de   Toulouse,    pp.    177,    190,   3o7,    399, 

422,   474,   525,   554,   555,    559. 
ÉLÉONORE,    fille   de    Philippe   II    de    Montfort, 

p.  925. 


980 

ÉLIE,  abbé  de  Sarlat,  p.  449. 

ÉLIE  GUARIN,  abbé  de  Grandselve,  p.  63i. 

EUE  DE  CAHORS,  p.  872. 

ÉLIE  DE  CARCASSONNE,  p.  944. 

ÉLIE  DE  RUDEL,  seign»iir  de  Bergerac,  pp.  576, 

74^- 
ELISABETH  DE  CARDONE,  nièce  du  corate  d'Ur- 

gel,  p.  148. 

ELISIARIUS,  p.  58. 

Elne,  p.  477;  cet  cvêché  continue  d'être  soumis 
à  la  métropole  de  Narbonne,  p.  ôi. 

—  (évéques  d'),  pp.  |3,  079,  ûoo,  707,  764,  767, 
827,  8Û2. 

ELVIRE,  femme  d'Ermengaud,  comte  d'Urgel, 
p.  249. 

ELVISE  D'YBELIN,  femme  de  Gui  de  Montfort, 
p.  627. 

ELZÉAR  D'AUBAIS,  viguier  de  Rairaond  VI, 
pp.   189,  241. 

ELZÉAR  DE  CASTRIES,  pp.  67,  68,   154. 

ELZÉAR.  Voye:^  ÉLÉAZAR. 

Emcuun.  pp.  392,  435,  J23,  591,630,  673. 

^  (archevêque  d'),  pp.  222,  264,  3o3,  317,  45i, 
478. 

ÉMERI,  roi  de  Hongrie,  p.  307. 

ÉMIR-AL-MOUMENIA,  p.  383. 

Emmurés,  p.  858. 

Emposte,  château,  p.  241. 

E.Mi'ur.iAS  (comté  d'),  p.  809. 

Encapuchonnés I  pp.   108,  109. 

ENCONTRE  (Verles,  corr.  Guillaume  d'),   p.  338. 

ENGELRADE,  femme  d'Elisinrius,  p.  58. 

ENGLÉSIE  DE  MARESTANG,  femme  de  Bernard- 
Jourdain  III,  seigneur  d»  l'Isle,  p.  734. 

ENGUEURAND  DE  BOVES,  pp.  383,  393. 
ENGL'ERRAND    DE    COUCI,   pp.    35d,   357,    •''33, 
397,  619. 

EN-TENCA ,  nom  pris  par  Bernard-Guillaume, 
fils  de  Guillaume  de  Montpellier,  p.  413. 

—  (Guillaume  d'),  p.  882. 

—  (maison  d'),  p.  413. 
ENTRAiGuts,  château,  pp.   178,  692. 
ENTRiiciiAtx,  château,  pp.   148,  692. 
ExTKEVUE  d'Aubenas,  p.  268. 

—  de  Philippe-Auguste  &  d'Henri,  roi  d'Angle- 
terre, p.   129. 

ÉON   ou   EUDES  DE  STELLA,  p.  221. 

Épaves  ;  décision  des  consuls  de  Toulouse  sur  cet 
objet,  p.   145. 

Épreuve  du  fer  chaud,  &c.,  p.  937. 

ERMENGARDE,  vicomtesse  de  Narbonne,  pp.  17, 
3i,  43,  55,  58,  64,  65,  63,  70,  76,  89,  90,  102, 
I  I  I  ;  fait  sa  paix  avec  Roger,  vicomte  de  Eé- 
ziers,  p.  44;  se  démet  de  sa  vicomte  en  faveur 
de  Pierre  de  Lara,  p.  |39;  sa  mort,  pp.  i5cj, 
i5i;  son  éloge,  pp.    iji,    i52. 

ERMENGARDE  DE  CASTRES,  p.  557. 
ERMENGARDE,    veuve    de    Folcaud    de    Brigier, 
f.  536. 


TABLE  GENERALE  DES  Î^OMS  ET  DES  MATIÈRES. 


ERMENGARDE  DE  NARBONNE,  fille  d'Aymeri  IV, 

seconde    femme    de    Rcger- Bernard ,    comte   de 

Foix,  pp.  672,  715,  732. 
ERMENGARDE  DE  BÉZIERS,  sœur  de  Raimond- 

Trencavel,  femme  de  Gausfred,  comte  de  Rous- 

sillon,  p.  3o;  répudiée,  p.  i3. 
ERMENGAUD,  abbé  de  Saint-Gilles,  p.  2o5. 
ERMENGAUD  DE  BÉZIERS,  p.  252. 
ERMENGAUD  DE  PIGNAN,  p.   137. 
ERMENGAUD  DE  VILLE-FLAIRAN  {corr.  VILLE- 

FLOURE),  p.  |52. 

ERMENGAUD,  comte  d'Urgel,  p.  248. 
ERMESSINDE,     femme    d'Arnaud     d'Avignon, 
p.    166. 

ERMESSINDE,  fille  d'Arnaud,  vicomte  de  Castd- 
bon  &  femme  de  Roger-Bernard,  fils  du  cornu 
de  Foix  du  même  nom,  pp.  198,  732  j  vicom- 
tesse de  Castelbon,  sa  mort,  p.  65i. 

ERMESSINDE  DE  COURSAVINE  {corr.  COURT- 
SAVI),  p.  340. 

ERMESSINDE,  fille  de  Béatrix,  femme  de  Pierrc- 
Bermond  de  Sauve,  pp.  44,  45. 

ERMESSINDE  DE  NARBONNE,  femme  d'Amalric 
de  Lara,  pp.  3  1 ,  617. 

ERMESSINDE  PELET,  comtesse  de  Melgi.eil.  pre- 
mière femme  de  Raimond  VI,  p.  504;  son  ma- 
riage avec  Raimond,  fils  du  comte  de  Toulouse, 
p.  49;  son  testament,  sa  mort,  p.  69. 

ERMESSINDE  DE  VIAS,  p.  40. 

Ermitage  de  Saint-Victor,  au  diocèse  de  Nar- 
bonne, p.  210. 

ESCAKRÉ  (Bernard  d'),  p.  40. 

EscALE-Dicu  (1'),  abbaye,  p.  771. 

ESCARONNE,  femme  de  Bernard -Jourdain,  sei- 
gneur de  l'Isle,  p.    143. 

ESCHIVAT.   roye^  ESQUIVAT. 

ESCLARMONDE,  fille  de  Roger-Bernard  8c  d'Er- 
messinde,  femme  de  Raimond,  fils  de  Raimond 
Foie,  pp.  65i,  73i,  732. 

ESCLARMONDE,  fille  de  Rairaond-Roger,  comte 
de  Foix,  p.  564. 

ESCLARMONDE,  fille  de  Raimond-Pelet ,  brûlée 
comme  hérétique,  p.  769. 

ESCLARMONDE,  femme  de  Jacques,  fils  du  roi 
d'Aragon,  p.  888. 

ESCLARMONDE  DE  FOIX,  sœur  de  Raimond-Ro- 
ger,  comte  de  Foix,  femme  de  Jourdain  II, 
seigneur  de  l'Isle.  pp.  126,  i85,  191,  227,  25i, 
716}  veuve  de  Jourdain  II,  se  retire  près  de 
son  frère  Raimond-Roger,  p.  192. 

EscoisscNS,  château,  p.   1  16. 

Escir.E  (corr.  Li::cLr.E),  château  du  diocèse  d'Albi, 

pris  sur  les  hérétiques,  p.  240. 
ESPAGNE   (Arnaud  d').  pp.  755,  886,  889. 
ESPINACE  (Artaud  de  1'),  p.  40. 
Espi.NASSE,  abbaye,  pp.  552,  555,  61  3,  8o3. 
ESPINASSE  (Arnaud  de),  p.  755. 
ESQUIEU,  fils  de  Bernard  de  Comminges,  seigneur 

de  Savez,  p.  72  ~. 
ESQUIVAT  o;i  ESCHIVAT  DE  CHABANAIS,  comts 

de  Bigorr.-,  pp.  537,  868,  886. 


Table  géni^-i\ale  des  noms  et  des  matières. 


981 


T:SQU1VF.  D'YBELIN,  femme  d'Amauri  de  l.ézi- 
giian,  p.   146. 

■ESSIGNY  (Gaiisbert  d'),  p.  3  1 .'). 

ESTAING  (Aldcbert  d'),  p.  25. 

—  (Déodat  d'),  p.  56^. 

rSTANG  (Pierre  d'),  p.  ii3. 

ESTEVE  (Jean),  poète  provençal,  pp.  9i3,  Çî^- 

Ltats  de  Languedoc;  leur  origine,  p.  836. 

liTIENNE  AlJemarii,  viguier  de  Nîmes,  p.  274. 

ETIENNE    DE    BAGNOLS ,   chanoine    de    Reims, 

pp.    846,    802, 

ETIENNE  DE  BRIOL^DE ,  ivèque  de  Mcnde, 
p.  5')."i. 

liTIENNE     DE     CHALENÇON,    évêqiie    du     Puy , 

pp.  527,  J28,  660. 
ETIENNE,  abbé  de  ClairTaux,  p.  83l. 
ETIENNE  DE  FERIOI,,  p.  .Î24. 
ETIENNE  DE  FEUKÉOL,  p.  621. 
ETIENNE  DE  LANGTON ,     primat    d'Angleterre, 
_  p.  473- 
ETIENNE  DE  LA  MISÉRICORDE,  missionnaire, 

p.    2JI . 

ETIENNE  DE  MONTPEZAT,  p.  .'">83. 

ETIENNE  DE  NARBONNE,  inquisiteur,  massacré 
à  Avignonnet,  p.  7.39. 

ETIENNE  DE  UOCHESAVINE ,  fils  de  Pons,  vi- 
comte de  Polign.ic,  p.  37. 

ETIENNE  DE  RODEZ,  p.  40. 

ETIENNE  DE  SAINT -THIBÉRY,  inquisiteur, 
pp.  701,  702. 

ETIENNE  DE  SANCERRE,  pp.  097,  619. 

ETIENNE  DE  SACLAY,  p.  921. 

ETIENNE  DE  SERVIAN,  neveu  de  Guillaume  VU, 
seigneur  de  Montpellier,  pp.  46,  i37,  154,  167, 
iSp,  193,  2c3,  32j,  35o. 

ETIENNE  DE  TOURNAY,  abbé  de  Saint-Euverle 
d'Orléans,  p.  10;  puis  de  Sainte-Geneviève  de 
Paris;  décrit  l'état  déplorable  dans  lequel  se 
trouvait  la  Province,  p.  96. 

ETIENNE  DE  LA  VALETTE,  p.  507. 

ÉTIENNETTE  ou  BÉATRIX,  fille  de  Centulle, 
comte  de  Bigorre,  femme  de  Bernard  VI,  comte 
deComminges,  pp.  I25,  498. 

ÉTIENNETTE,  femme  d'Hugues  de  Baux,  p.  93. 

ÉTIENNETTE,  femme  du  sîigneur  de  Penautier, 
dite  Louve  de  Penautier,  p.   i63. 

KTtDE  des  lois  au  treizième  siècle,  p.  937. 

Etudes  dans  la  Prorince  durant  le  treizième  siè- 
cle, p.  947. 

El'DES  Co^ui  ou  LE  QUEUX,  sénéchal  en  Albi- 
geois, lieutenant  du  roi  dans  la  Province, 
pp.  667,  6Tf,6y8. 

EUDES,  fils  d'Alice  de  Lorraine  &  d'Hugues  III, 
duc  de  Bo.urgogne,  p.  106;  duc  de  Bourgogne, 
pp.  275,  284,  433,  434;  prend  part  à  la  croi-  ' 
sade  contre  les  albigeois,  p.  2675  refuse  les  do- 
maines de  Raimond-Roger,  p.  297;  se  retire 
dans  ses  Etats,  p.  3d2. 

EUDES  DE  LA  MOUTONIÈRE,  pp.  821,  874, 
^5)5-,  899,  903,  904,  907. 


EUDOXE,  fille  de  Manuel  Comnène,  cnpereur  de 
Constantinopit ,    épouse    Guillaume  VITI ,   sei- 
gneur de    Montpellier,   pp.    62,    |33,    2c5;   es:  ' 
répudiée  p.ir  son  mari  j  sa  mort,  pp.  117,118. 

EUGÈNE  m,  pape,  pp.  2,  i3,  87. 

EUGÈNE  IV,  pape,  p.  73. 

EUSTACHE,  fils  du  roi  d'Angleterre,  premier 
mari  de  Constance,  p.  22. 

EUSTACHE  DE  MÉSY,  p.  907. 

EUSTACHE  DE  QUEN,  DE  CAUS  ou  DE  CANITZ, 
pp.  364,  365. 

EUSTORGE,  archevêque  de  Nicosie,  p.  627. 

EUSTORGE,  fille  de  Bernard  d'Anduze,  seigneur 
d'Alais,  p.  63. 

EvÈQUE  des  hérétiques  brûlé  vif  à  Caunes,  en  1  226, 

-,  ■'■  '■''■ 

Evoques  de  la  Province  ;  dépouillés  de  leur  juri- 
diction ordinaire  en  faveur  des  lég.'its,  p.  23 1  j 
l'accordent  avec  le  roi  Louis  \'ni  au  sujet  du 
domaine  de  leurs  églises;  prêtent  serinent  de 
fidélité  au  roi,  p.  6i5;  servent  d'assesseurs  aux 
inquisiteurs  &  précèdent  direttcment  contre  lu 
hérétiques,  pp.  737,  738. 

—  déposés,  p.  349. 

—  ordonnés  par  les  hérétiques,  pp.  7,  5/(5,  667, 
_  568. 

Evois,  vicomte,  pp.  563,  889. 
ÉVRAUD,  hérétique  brùIé,  p.  226. 
EvBELX  (comté  d'),  p.  863. 

—  (êvêque  de),  p.  829. 

EXAMEN  DE  LA  VATE,  prieur  de  l'hôpital  de 
Saint-Gilles  &  châtelain  d'Erapcste,  p.   141. 

Exr.oMMiMCATiox  ;  son  usage  fréquent  dans  le 
treizième  siècle,  pp.  |38,  148,  212,  3oo,  3o4, 
526,  546,  614,  623,  632,  633,  634,  635,  636, 
63?,  645,  661,  669,  670,  674,  693,  701,  702, 
707,  708,  824,   825,  826,  827,  877,   878,  879. 

—  lancée  par  Alexandre  HI  contre  les  comtes  d'Au- 
vergne &  le  vicomte  de  Polignac,  p.  9. 

—  ne  peut  être  prononcée  que  par  le  pape,  p.  |38. 
Exf;ci;Tio.\s  d'hérétiques  dans  la  Province,  pp.  687, 

683,  689. 
Exemption  de  leude  &  de  péage  accordée  aux  ha- 
bitants de  Toulouse,  p.  168. 


FABRÈGUES  (Pierre  de),  p.  698. 

FABP.I  (Pierre  Je  Athiis,  dit),  sénéchal  de  Beau- 
caire,  p.  794. 

Facllté  de  droit  civil  établie  à  Montpellier, 
p.  909. 

Faiditsou  rnoscniTS,  p.  441. 

FANJEAUX  (Bernard  de),  p.  624. 

Fanieaix  ou  l'Ai'.GE.vTiiciiE,  château  du  Vivataijj 
pp.  276,  281,  334,  464,  014,  567. 

Fanjeaux,  château  du  Lauragais,  pp.  44,  227, 
203,  254,  290,  3oi,  309,  3ii,  3i8,  319,  369, 
370,  371,  372,  377,  421,  462,  564,  753,  734, 
779,  9c5j  ses  murs  sont  détruits,  p.  635. 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIERES. 


Fanjeaix  (consuls  de),  p.  8  i  i . 

FARE  (Bérenger  de  la),  p.  çoj, 

FAUGÈRES  (Gaufiid  de),  p.  784. 

^(Guillaume  de),  p.   142. 

Faugéres  (seigneur  de),  p.  194. 

Favers  {corr.  Faviks),  village,  p.  67. 

FAY  (Philippe  de),  p.  71  1. 

FELGAR  (corr.  FAUGA)  (Arnaud  de),  p.  811. 

—  (Guillaume  de),  p.  811. 

—  (Rairaond  de),  p.  669. 
Fenouillèdes,  comté,  pp.  i5o,  617,  618, 

—  vicomte,  pp.  93,  714. 

FeiNOUillet,  château,   pp.  57,  i/lo,  211,  842,  809. 
FENOUILLET  (Hugues-Pierre  de),  p.  5oi. 

—  (Pierre  de),  p.  6i5. 

—  (Udalger  de),  p.  2,54. 

FERDINAND  ou  FERNAND,  fils  du  roi  d'Aragon, 
pp.  5i  2,  873. 

FERDINAND,  fils  d'Alfonse  II,  roi  d'Aragon  Si 
religieux  de  l'ordre  de  Cîteaux,  p.  177;  reli- 
gieux de  Poblet,  abbé  de  Montaragon,  p.  235. 

FERDINAND,    fils   d'Alfonse,    roi    de   Castille, 

p.    23o. 

FERDINAND  DE  CASTILLE,  petit  fils  de  Jacques, 
roi  d'Aragon,  p.  915. 

FERIÔL  (Etienne  de),  p.  524. 

FERNAND   D'AÇAGRA,  p.  713. 

FERRI  PASTÉ,  maréchal  de  France,  pp.  721,  730. 

FERRIER  (frère),  inquisiteur  de  Carcassonne, 
lance  l'anatlième  contre  les  meurtriers  des  in- 
quisiteurs d'Avignonnet,  pp.  O34,  741,  707. 

FERRIN  D'ISSY,  p.  329;  chevalier  de  Simon  de 
Montfort,  p.  459. 

Fertê-Aiais  (la),  en  Beauce,  p.  627. 

Ferté-Eernard  (la),  dans  le  Maine,  p.  i33. 

Feuillans,  abbaye  du  diocèse  de  Rieux,  pp.  26, 
1  25,  541,  604,  6i3,  8o3;  sa  situation,  p.  27. 

—  forêt,  p.  26. 

Fezensac,  comté,  pp.  463,  778,  807. 
Fezf.nsaguet,  vicomte,  p.  463. 
Eue,  château  en  Albigeois,  pp.  209,  855. 
Fiefs   confisqués  pour  crime   d'hérésie,   pp.   655, 
667. 

—  possédés  par  les  nobles,  p.  917;  droits  payés 
par  les  roturiers  qui  les  acquièrent,  pp.  940, 
941. 

FiGEAC,  abbaye,  pp.  67,  100,  134,  449,  619,  807; 
sa  garde  est  confiée  à  Raimond  VI,  p.  169. 

—  (abbé  de),  p.  73i . 

FIGUEIRE  (Guillaume),  poëte  provençal,  p.  558. 
FINE,  sœur  de  Pierre-Raimond  de  Béziers,  p.  57. 
FiMARCON,  terre,  p.  664. 
FLAGEAC  (Gilles  de),  p.  670. 
FLAMA^us,  p.  284. 

FlANUBE,    pp.    2,   6,  220,    :21. 

—  (comte  de),  p.   104. 
FLEIX  (Guillaume  de),  p.  2o3. 
Florac  (barons  de),  p.  396. 

Florac  ou  Toronet,  monastère  de  l'ordre  de  Cî- 
teaux, p.  243. 


Florensac,  château,  pp.  240,  534,  ^4^>  ^57,  û3i, 
797,  872. 

FLORENT  DE  VILLE,  pp.  426,  427. 

FLORENT  DE  HANGEST,  p.  597. 

FLOTTE  DE  BÉRENGER,  mère  d'Aymar  II,  comte 
de  Valcntmois,  p.  711. 

Foi  de  J.-C.,  ordre  militaire  institué  dans  la  Pro- 
vince, p.  540. 

Foire  de  Beaucaire,  pp.  26,  5o3. 

Foix,  ville  &  château,  pp.  3i,  126,  393,  Bçô, 
442,  453,  462,  476,  539,  629;  privilèges  ac- 
cordés aux  nouveaux  habitants  du  bourg  do 
Foix,  p.  3i;  les  droits  domaniaux  de  la  ville 
sont  partagés  entre  le  comte  &  l'abbé  de  Saint- 
Volusien,  p.  3  1  ;  le  château  est  attaqué  par  Si- 
mon de  Montfort;  les  habitants  forcent  Simon 
à  se  retirer,  p.  326;  Montfort  brille  ses  fau- 
bourgs, p.  432;  le  château,  dont  la  garde  avait 
été  confiée  par  le  pape  à  l'abbé  de  Saint-Thi- 
béry,  est  rendu  à  Raimond  VI,  p.  5io. 

—  (abbé  de),  pp.  65c>,  747'  757. 

—  (comté  &.  comte  de),  pp.  337,  ^491  363,  365, 
366,  367,  369,  385,  393,  399,  4D1,  402,  4c5, 
408,  410,  417,  437,  441,  470,  471,  475,  539, 
554,  641J  794,  807,  85o,  851,.  852,  886,  888, 
941. 

—  (P'Tys  de),  pp.  376,  859,  950, 

—  (abbaye  de  Saint-Vollsien  de),  pp.  32,  65c. 
FOLLAQUIER  (Pierre-Gaucelin  de),  p.  903. 
FOLCAUD  DE  BRIGIER,  chevalier,  pp.  529,  53o, 

53 1  ;  ses  brigandages,  sa  mort,  pp.  534,  535. 
FOLQUIER,  chanoine  de  Narbonne,  légat  en  Por- 
tugal, p.  91  I. 

Fo.NClA.N    {corr.   FOiNTlÉs),  p.  65o. 

Font  de  Nîmes,  abbaye,  pp.  87,  270. 

Fontainebleau,  p.  38. 

FoNTCAtuE,  abbaye;   son  origine,  pp.  218,  219. 

FoNTCOUVERTE,  lieu,  p.  22. 

FoNTfis,  château,  p.  483. 

Fo^TEVRAL•LT,  abbaye,  pp.  48,  8o5,  918;  Henri  II, 

roi  d';\nglcterre  y  est  inhumé  en   1187,  p.   i33; 

Raimond  VII  y  est  inhumé,  p.  8o3. 

—  (ordre  de),  p.   146. 

FoNTEROiDE  (abbaye  de),  pp,  3,  34,  57,  58,  71,  7J, 
116,  119,  140,  i52,  209,  225,  229,  414,  432, 
47S,  493,  044,  572,  574,  596,  700,  714,  715, 
856,  "'57;  reçoit  des  donations  de  Guinard, 
comte  de  Roussillon,  pp.  00,  ."  ■ . 

—  (abbés  de),  pp.  686,  757,  852,  o5j. 
Fonts,  abbaye  près  d'Alais,  pp.  837,  838. 

FonCALQLIER,    comté,    pp.     19,    21,    22,   32,    77,    III, 

169,   170,   176,   198,  3o3,  3o5,  317,  664,   716. 
Forez,  pp.  35,  526. 

—  (comté  de),  p.  267. 

FORTANIER,  nonce  ou  appariteur  de  l'inquisi- 
tion, p.  739. 

FORTANIER  DE  COMMINGES,  seigneur  de  Savez, 
pp.  720,  757. 

FORTANIER  DE  GOURDON,  pp.  735,  773,  812. 

FOSSILLON  (corr.  FOUZILHON)  (Guillaume-Er- 
mengaud  de),  p.   137. 

Fouace  levé  par  Alfonse  de  Poitiers,  p.  901. 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


983 


rOUCAliD  (Bernard  de),  p.  811. 
FOULQUES  DE  MARSEILLE,  poète  provençal, 
puis  évèque  de  Toulouse,  pp.  1&7,  177,  1S2, 
201,  264,  324,  328,  339,  302,  353,  356,  380, 
423,  424,  423,  466,  492,  ScS,  !)2o,  563,  568, 
612,  614;  surnommé  Foiilquet  de  Marseille, 
abbé  de  Florége,  élu  évèque  de  Toulouse;  son 
origine,  p.  243;  ses  œuvres;  sa  consécration  par 
l'archevêque  d'Arles,  p.  244;  est  accepté  par  le 
comte  de  Toulouse,  p.  245;  prend  possession  de 
son  église,  p.  244  ;  contribue  à  la  fondation  du 
monastère  de  Prouille,  p.  254;  se  rend  à  Rome 
fOur  demander  des  mtssionnaires  au  pape, 
p.  267;  absout  les  habitants  de  Toulouse,  p.  328  ; 
son  hostilité  contre  Raimond  \  I,  pp.  338;  fait 
un  voyage  en  France  pour  obtenir  des  secours 
contre  les  hérétiques,  &  amène  à  Simon  de 
Mcntfort  un  renfort  considérable  de  croisés, 
p.  35d;  établit  la  confrérie  Blanche  à  Toulouse, 
pour  abolir  l'usure  &  extirper  l'hérésie,  p.  352; 
chassé  de  Toulouse  par  Raimond  V'I,  pp.  35  1, 
356;  donne  ordre  à  son  clergé  de  quitter  Tou- 
louse, p.  363;  empêche  Simon  de  Montfort  de 
faire  la  paix  avec  Raimond  VI,  p.  366;  prend 
possession  de  la  ville  de  Toulouse  &  du  château 
Narbonnaisau  nom  de  l'Eglise  romaine,  p.  452  ; 
ses  sentiments  pour  les  'Toulousains,  p.  462; 
protège  saint  Dominique  i  Toulouse  &  y  f.ivo- 
rise  la  fondation  de  son  ordre,  pp.  468,  469; 
ses  accusations  contre  le  comte  de  Toulouse  & 
le  comte  de  Foix  au  concile  de  Latran,  p.  47  1  ; 
soutient  Simon  de  Montfort  contre  Arnaud, 
archevêque  de  Narbonne,  p.  4"8  ;  son  rcle 
dans  le  soulèvement  des  Toulousains  contre 
Simon  de  Montfort,  pp.  494,  49-"'<  49^>  ^'" 
mande  à  se  démettre  de  son  évéché  &  désire  le 
partage  de  son  diocèse,  à  cause  de  sa  grande 
étendue,  p.  5o2  ;  amène  un  renfort  de  croisés 
à  Simon  de  Montfort,  p.  014;  reçoit  le  château 
de  Vcrfcil  &  une  vingtaine  de  villages  pour 
prix  de  ses  services,  p.  5i5;  retourne  en  France 
dciu mder  de  nouveaux  secours  pour  Amauri  de 
Montfort,  p.  520;  défraie  durant  le  concile  de 
Toulouse  de  1229,  la  plupart  des  prélats  qui  y 
assistent,  p.  654;  est  chargé  d'imposer  des  pé- 
nitences aux  personnes  suspectes  d'hérésie, 
p.  658;  ses  démêlés  avec  le  comte  de  Toulouse, 
p.  660;  transfère  les  dominicains  du  couvent 
de  Saint- Rome  dans  leur  nouveau  couvent; 
meurt  le  25  décembre  I23i,  est  inhumé  à 
Grandselve,  p.  65p. 

FOULQUES,  commandeur  du  Mas-Dieu,  p.  241. 

FotBXts,  château,  p.  44. 

Fotr.QtiES,  château  sur  le  Rhône,  pp.  i5,  93,  1  i3, 
124,  276,  281 . 

FouBS  établis  dans  'le  faubourg  de  Saint-^'incent, 
à  Carcassonne,  p.  82. 

FoissEBET,   bastide  construite  par  Alfonsc  de  Poi- 
tiers, p.  930. 

FOV,  fille  de  Pierre  d'Albaroii,  &  femme  de  R.a- 
inond-Aton  de  Murviel,  p.  iSy. 

Fr..\xcAis  établis  dans  la  Province,  p.  3'^S. 

Fr.ANc-ALLCC,  pp.  70,  91,  208,709,  8:6,  867,9^3, 

944- 
Fr.ANr.ucvAtx,  abbaye  au  diocèse  de  Nîmes,  pp.  16, 
45,  46,  63,  71,  76,  I  iJ,  124,  2o5,  252,  552,  6  Ji. 


Ff.tDÉLAS,  abb:iye,  p.  65i.  Foye^  Pamiers  &  S.  An- 
■ro.MN. 

FRÉDÉRIC  I,  empereur,  pp.  75,  147;  accorde 
divers  privilèges  auxévéques  &  aux  habitants 
de  Viviers,  p.  74;  vient  à  Arles,  en  1  178,  &  s'y 
fait  couronner  roi  de  Provence,  pp.  75,  76. 

FRÉDÉRIC  II,  empereur  d'Allemagne  &  roi  de 
Sicile,  pp.  12,  19,  33,  75,  484,  670,  770;  de- 
mande la  restitution  d'Avignon,  p.  620. 

FRÉDELON,  comte  de  Toulouse,  p.  808. 
FRÉDOL  DE  LAUTREC,  p.  209. 

FltKjcs  (évéque  de),  p.  277. 

Fr,iii;i:s  dox.vès,  construisent  le  pont  Saint-Esprit, 
p.  891. 

FnËr.ES  Capl^tres,  à  Toulouse,  p.  ço6. 
FnEnES  Mi.NELT.s,  pp.  918,931. 

—  d'Albi,  p.  906. 

—  de  Carcassonne,  p.  786. 

—  de  Montauban,  p.  905. 

—  de  Montpellier,  p.  883. 

—  de  Narbonne,  p.  759. 

—  de  Toulouse,  pp.  905,  ço5. 

Fr.icr.ES  du  Pont-d'Avigxo.v  ou  PoNTtrrs,  p.  259; 
créés  par  saint  Bénézet  pour  veiller  à  l'édifica- 
tion &  à  la  conservation  du  pont  d'Avignon; 
ils  doivent  aussi  recevoir  les  pèlerins  dans  leur 
hôpital,  p.  77. 

FpËnES  Prêcheurs  :  pp.  796,  906,  918,  93i;  leur 
origine,  p.  267;  l'inquisition  leur  est  confiée, 
p.  673. 

—  de  Carcassonne,  p.  786. 

—  de  Castres,  pp.  906,  924. 

—  de  Montpellier,  p.  861. 

—  de  Narbonne;  leur  établissement,  p.  672  ;  chas- 
sés de  cette  ville,  p.  693. 

—  de  Toulouse;  quittent  le  couvent  de  Saint - 
Roine  pour  un  nouveau  couvent,  p.  669;  chassés 
de  cette  ville,  pp.  600,  691;  y  sont  rétablis  par 
ordre  de  Grégoire  IX,  pp.  694,  6g5,  696. 

Frères  des  Sacs,  à  Toulouse,  p.  906. 
pRÉnES  DE  Saint-Augustin  de  Toulouse,  p.  906. 
Frères  or:  Saint- Lazare  d'Acre,  p.  83o. 
Frères  nr  la  Trimié,  à  Toulouse,  p.  906. 
FRICAMPS   (Jenn   de),   sénéchal    de   Carcassonne, 
pp.  686,  701 . 

F[<.O.NSAC  (vicomte  de),  p.  74Û. 

Fi-.o.NTiiiNAN,  château,  pp.  137,  159,  184,  202,  5c2, 

707. 

—  ^pécheries  de),  p.  414. 

FROTARD-PIERRE  DE  BRENS,  pp.   149,  l53. 
FROTARD,  vicomte  de  L.iutiec,  pp.  438,  679. 
FROTARU  D'OLAUGl  ES,  pp.   137,  i38,  601. 
FROTARD   Dii  PENNE,  p.  842. 

FP.OTARD,  vicomte  de  Saint-Aïuonin,   pp.   141, 

645. 
FROTIER  (Guillaume),  p.  697. 

—  (Sicard),  p.  697. 

FULCODI  ou    FOl'LQlOli.  r\>^<-i  cUI   FULCODI. 


984  TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 

FULCRAND,évcque  de  Toulouse,  pp.  85,  18:,  i3"i,       GALTERII  (Pierre^,  commandeur  de  S.iiiit-Giîl-;?, 
2IO,  226;  rend  une  sentence  <ui  sujet  d'un  dif-  p.  7^. 

férend   entre   les   juifs    habitant  Toulouse   &  le       Canac  fselgneurs  de},  p.  184;  Cuiac  (Aricgc),  arr, 
sacristain  de  Saint-Etienne,  p.  92.  Av  Foi:<. 

Funérailles     luxueuses    défendues    à    Toulouse,       Canchs,  château,  p.  5o3  {Hirault],  arr.  de  hî^r.t- 
pp.  zij,   949.  pellier. 

Gap  (évéque  de),  pp.  478,  432. 

Garde  (château  de  la),    p.   .362;   La  Gardc-J'ic :tr 

G^Tiim),  comm.  Je  Montirat. 
Gai'.de-Dieu,    abbaye    du    Querci,    pp.     100,     162, 


G.,  évéque  de  Lodève,  p.  7^4. 

G.  DE  CHAMENIAC,  sénéchal  à  Toulouse  pour 
Simon  de  Montfort,  p.  483, 

G.    de  Collctrio,  viguier  de  Eéziers,  p.  912. 

G.   DE  MINERVE,  p.  743. 

G.   P.   DE  VINTRONS,  p.  743. 

Gaiac,  p.  739.  Foyc:;  Gaja-la-Selve. 

Ca.ia-la-Selve,  p.  739  {Au.le),  arr.  de  Caslelnau- 
dary. 

GAILHARDE,  veuve  de  Bernard  de  Coinminges, 
p.  S89. 

Gaillac,  ville  &  château  d'Albigecis,  pp.  197, 
362,  376,  379,  385,  533,  536,  634,  66'),  8:;5; 
se  soumet  à  Simon  de  Montfort,  p.  362;  re- 
tourne à  Raimond  VI,  p.  375;  est  repris  par 
Simon,  p.  335;  ses  coutumes  &  privilèges  con- 
firmes par  Raimond  VII,  p.  542;  ses  consuls  & 
ses  habitants  sont  exempts  du  droit  de  leude, 
p.  626;  le  comte  de  Toulouse  y  reçoit  un  hom- 
mage, p.  629;  ses  murs  sont  détruits,  p.  635; 
les  consuls  81  les  chevaliers  de  Gaillac  prêtent 
serment  au  roi  après  la  révolte  de  Raimond  VIT, 
en  1242,  p.  754;  nouvelle  confirmation  des  pri- 
vilèges de  la  ville  &  du  faubourg,  p.  799;  ses 
habitants  sont  affranchis  par  Alfonse  du  droit 
de  pesade,  moyennant  une  somme  d'argent, 
p.  85i  ;  ils  rachètent  de  l'évêque  d'Albi  le  droit 
de  pesade,  p.  865;  révolte  des  bourgeois,  p.  914. 

—  (abbaye  de),  p.  3. 

—  (abbés  de),  pp.  707,  864. 

—  (consuls  de),  p.  811. 

—  (religieuses  de),  p.  906. 
GAILLARD  D'ADÉMAR,  p.  817. 
GAILLARD  DE  BEYNAC,  p.  709. 
GAILLARD   COLOMB,  p.  724. 
GAILLARD  DE  LA  GARDE,  p.  6-J\. 
GAILLARD  DE  MONTAIGU,  p.  5c7. 
GAILLARD    DE    RABASTENS,    prévôt    de    Saint- 

Salvi,  pp.  626,  729,  733. 
GAILLARD,  chanoine   de  Saint-Antonin   de  Pa- 

miers,  p.  720. 
GAILLARDE,  femme  de  Raimond  de  Foix,  p.  564. 
GAILLARDE,  fille  de    Bertrand,  vicomte  de    Bru- 

niquel,  p.  918. 
Gaillon,  en  Normandie,  p.   173. 
Gaurgues,  seigneurie,  p.  624;  Gallargues  (Gard), 

arr,  de  Nîmes. 

GALBURGE,  p.  33. 

GALIÈNE,  bourgeoise  d'Aurillac,  p.  164. 

GALON,  cardinal-diacre,  p.  266. 


GARDE  DE  VEBRLN,  p.   193. 

Gaudouoii,  château,  p.  671  [Hcutc-Garonnc),  cjr, 
de  Villefranche  de  Launrgais. 

GAP.DOUCH  (maison  de),  p.  671. 
GARSIAS,  archevêque  d'.Auch,  pp.  464,  499. 
GARSIAS  D'AURE,  p.  739. 

GAP.SINDE,  femme  de  Bernard- Aton ,  vicomt; 
d'Agde  £<  de  Nimes,  pp.  64,   122,  i23. 

GARSINDK  de  SABRAN,  comtesse  de  Forcalquicr, 
femme  d'Alfonse  II,  comte  de  Provence,  pp.  170, 
176,  195,  307. 

GARSINDE,  fille  d'Alfonse  II,  comte  de  Provence 
&  de  Garsindede  Sabran,  p.  307. 

Gascogne,  pp.  2,  96,  98,  170,  029;  grand  nom- 
bre d'hérétiques  existants  dans  cette  province, 
p.  36. 

Gasco.vs,  p.  97;  révoltés,  p.  £33. 

GASPARD  DE  LA  BARTHE,  p.  Ô07. 

GASTABLAT  (Gautier),  sénéchal  de  Carcassonne, 
p.  87,. 

GASTON  V  DE  BÉARN,  p.   104. 

GASTON  VI,  vicomte  de  Eéarn,  pp.  418,  498,  435; 
se  ligue  avec  Raimond  Vl  contre  Simon  de 
Montfort,  p.  349;  assiste  au  siège  de  Castelnau- 
dary  par  Raimond  VI,  p.  369;  ne  se  rend  pas 
à  une  entrevue  convenue  avec  Simon  de  Mont- 
fort, p.  389  ;  ses  domaines  sont  en  partie  conquis 
par  Simon  de  Montfort,  pp.  399,  400;  Pierre, 
roi  d'.Aragon,  intervient  en  sa  faveur  près  du 
concile  de  Lavaur,  pp.  40Î,  402,  4^3;  ce  con- 
cile le  déclare  principal  complice  du  comte  de 
Toulouse,  pp.  405,  406  ;  est  traité  d'homme  scé- 
lérat &  pervers  dans  le  mémoire  justificatif  en- 
voyé au  pape  par  le  concile  de  Lavaur,  p.  4^8; 
promet  par  serment  au  roi  d'Aragon  d'exécuter 
fidèlement  tout  ce  que  le  pape  lui  voudrait  or- 
don  11er,  p.  410;  le  pape  ordonne  à  son  légat  de 
le  réconcilier  avec  l'Eglise,  p.  435. 

G.ASTON  VII,  vicomte  de  Béa  m,  pp.  745,  £7.;, 
886,  887,  888,  889. 

GASTON  DE  GONTAUD,   pp.  737,  755. 

GASTON  DE  MONTAUD,  pp.  746. 

Gâte,  machine  de  guerre,  p.  489. 

GAUCELIN  DE  IMONTPEYROUX,  évéque  de  Lo- 
dève, pp.  3,  39,  40,  65,  66,  I  18,  I  19. 

GAUCELIN  DE  CAMPENDU  (  corr.  CAPENDU  ) , 
p.  722. 

GAUCELIN  DE  DURFORT,  p.  85o. 

GAUCERAND,  seigneur  de  Capestang,  pp.  i33, 
139. 

GAUCERAND  DE  PINS,  p.  1  i  r. 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES 


(,85 


GAUCERANDE,  fille  d'Am.ilric,  vicomte  de  Nar- 
bonne,  femme  de  Guillaume  de  Voisins,  sei- 
gneur de  Coufoulens,  pp.  918,  924. 

GAUCERANDE,  fille  de  Roger  delà  Voulte,  p.  918. 

GAUCHER  DE  JOIGXY,  p.  2S4. 

GAUCHER  DE  MONTBÉLIARD,  épouse  Bourgui- 

gnc   de   Lusignan,   répudiée   par  Raimond  \'I, 

p.  174. 
GAUCHER,  comte  de  Snint-Pol,  p.  275. 
GAUFRED    DE    BRÉSIS,    prieur  de    l'hôpital    de 

Saint-Gilles,  p.  32. 
GAUFRED  ou  GAUSFRED    {alias  GEOFROY)  DK 

IMARSEILLE,    évéque  de    Béziers,   pp.  97.    iij, 

|37,  1.Ï4,  i:J7,   181,   I9.'5,  236. 
GAUFRED  DE  ROQUEBERTIN,  p.  241. 
GAUFRED  DE  LÉSIGNEM    (corrig.   LUSIGNAN). 

comte  d'AngouIèir.e,  p.   127. 
GAUFRID  (rorr.  GEOFFROI),  archidiacre  de  Paris, 

p.  829. 
GAUFRID,  seigneur  de  Faugères,  p.  784. 
GAUFRID  DE  SAINT-PAUL-TROIS-CHATEAUX, 

p.  4=9- 
GAUSBERT,  vicomte  de  Castelnau,  p.  873. 
GAUSBERT  D'ESSIGNY,  p.  Si.n 
GAUSFRKD,  comte  de   Roussiilon;   ses  différents 

mariages,    p.    i3;    père    de    Guinard,  comte  de 

Roussiilon,  p.  3:-. 
GAUTIER  ou  WAUTfER  DE  MARNIS,  évcquc  de 

Tournai,  légat  dans   la    Province,  p.  662,  6f;9, 

Û73,   672;    cite    Raimond  VI    à    son    tribunal, 

p.  655;    établit    des    inquisiteurs  de    l'ordre  des 

frères  Prêcheurs  à  Toulouse,  Montpellier,  Car- 

cassonnc,    Cahors,    Albi,    &c.,     p.  674;    accuse 

Raimond  Vil  à  l'assemblée  de  Melun,   p.  676. 

GAUTIER,  abbé  de  Tenaille,  p.  iS.'i. 

GAUTIER,  podest.-it  d'Avignon,  p.  718. 

GAUTIER  GASTABLAT,  sénéchal  deCarcassonno, 
p.  87.. 

GAUTIER  DE  30IGNY,  p.  J57. 

GAUTIER  DE  LANGHTON ,  chevalier  anglais, 
p.  367. 

G.\UTIER,  comte  de  Ponihicu,  p.  45j. 

GAUTIER  DE  RINEL,  p.  597. 

GAUTIER  DE  SAINT-JEAN,  p.  798. 

GAUZHERT,  abfcé  de  Candeil,  p.  26. 

GAUZBERT  DE  FUMEL,  p.    179. 

GAUZBF.RT  DE  SERVIAN,  p.   |33. 

Clmeil,  château,  p.  54;  Gémil  {fIau:c-Cr.ronne), 
crr.  Je  Toulouse, 

Gi;NE.s,  pp.  22,  f34,  590,  945. 

Ct.xoiS;  leur  guerre  contre  les  Pisans,  pp.  14,  1,), 
16,  17;  leurs  négociations  avec  Raimon!  VI, 
p.  I  :');  sont  battus  par  les  Pisans  i  Sain  t-GiIl:s, 
p.  16;  s'alliont  avec  la  ville  de  Narbonne;  font 
la  guerre  à  Montpellier,  p.  17;  pillent  &  dé- 
vastent les  côtes  des  domaines  de  Guillaume  VII, 
seigneur  de  Montpellier,  p.  1  8  ;  obtiennent  de 
Raimond  V  l'extension  des  privilèges  à  eux  jadis 
accordes  par  le  comte  Bertrand,  pp.  6i ,  62  j  leur 
traité  avec  les  habitants  de  Montpellier,  p.  195. 

Cenouili-ac,  château,  p.  395j  Genol/iac  (CarJ'j, 
arr.  d'Alais, 


GENTILE  DE  GENSAC,  p.  70(5. 
GEOFFROI  ALAMAN,  p.  929. 
GEOFFROY  DE  CHATEAUBRIANT,  p.  776. 
GEOFFROI,  vicomte  de  Châteaudun,  p.  444;  com- 
mande   les    troupes    françaises   envoyées    roniro 

Trencavel,  p.  7:2. 
GEOFROY,  èvèque  de  Béziers.  Toyfç  GAUFRED. 
GBOT^FROI  DE  RONCHÈRES,  sénéchal  de  Beau- 

caire,  p.  862. 
GEOFFROI  THOMAS,  bailli  d'Alfonsc,  p.  823. 
GEOFFROI  DE  VILETTE,  p.  916. 
GEOFFROI,  moine  du  Vigeots,  p.  949. 
GEOFFROY,   fils  d'Henri  II  &  d'Kléonore  d'Aquf» 
.taine,  épouse  Constance,  fille  de  Conan,  duc  nu 

comte  de   Bretagne,  pp.  52,    102;   frère  de   Ri- 
chard, comte  de  Poitiers,  p.  io5. 
GÉRARD  ou  GÉRAUD,  évéque  de  Toulouse,  pp.  3, 

2  I. 
GÉRARD  DE  MANJANES,  p.  946. 
GÉR.'VRD     DE     LA     MOTHE ,    diacre    hérétique, 

pp.  5o7,  625. 
GÉRARD    ou    GUINARD,   comte    de    Roussiilon. 

Voyc^  GUINARD. 
GÉRAUD  DE  LA  BARTHE,   évéque  de  Toulouse, 

puis  archevêque  d'Auch,  pp.  7S,  85. 
GÉRAUD,  aichevéque  de  Bourges,  pp.  504,  546. 
GÉRAUD  IV,  évéque  de  Cahors,  pp.    79,  85,   çS, 

1 00. 
GÉRAUD  V,  évcque  de  Cahors,  pp.  77S,  801. 
GÉRAIID  ou  GÉRARD,  évéque  de  Toulouse.  Vo^'c^ 

GÉRARD. 
GÉRAUD,  abbé  d'Aurillac,  p.  73r. 
GÉRAUD,  abbé  de  la  Chaise-Dieu,  p.  665. 
GÉRAUD,  abbé  de  Cruas,  p.    196. 
GERAUD,  abbé  de  Saint-Paul  de  Narbonne,  p.  905. 
GÉRAUD  ADHÉMAR,    seigneur  de    Roquemaure, 

p.  71 5. 
GÉRAUD  D'AMANIEU,  p.  007. 
GÉRAUD  ou   GUIRAUD   D'AMI,    pp.  42,    4$,   4,5, 

198,   199;  connétable  de  Raimond  VI,  p.  274. 

GÉRAUD  D'AMI,  seigneur  de  CasteInau,  pp.  770, 

S18,  869. 
GÉRAUD   IV,   comte   d'Armagnac  &   de  Fezensac, 

pp.   197,  463,  5io,  778. 

GÉRAUD  V,  petit-fils  de  Bernard  IV,  comte  d'Ar- 
magnac Se  de  Fezensac,  pp.  778,  80 1,  811,  876, 

8S7,  i;88,  S89. 

GÉRAUD  BASTES,  p.  5o5. 

GÉRAUD  DE  BELLAFAR,   p.  490. 

GÉRAUD  DE  BURLAS,  p.  925. 

GÉRAUD  ni.   GIRARD     DE    CAPENDU,    pp.  91 5, 

920. 
GÉRAUD  Ae  Capraria,  p.  886. 
GÉRAUD  DE  FOURCEZ,  p.  734. 
GÉRAUD  ou  GUIRAUD  DE  GOURDON,   seigneur 

de  Caraman,  pp.  007,  532. 
GÉRAUD  DE  MALMORT,  sénéchal,  pp.  649,650. 
GÉRAUD  DE  !\IO.\TAIGU,  p.  207. 
GÉRAUD  DE  NIORT,  pp.  701,  722,  723. 
GÉRAUD  DE  PÉPIEUX.  yoyci  GUIRAUD. 


986 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS   ET  DES  MATIÈRES. 


GERAUD  RIQUIER,  poète  provençal,  p.  524. 
GÉRAUD  DE  VOISINS,  p.  663. 
GERBERGE,  héritière  de  Provence,  p.  93. 
Gercy,  abbaye  en  Brie,  fondée  par  Jeanne,   com- 
tesse de  Toulouse,  pp.  921,  928, 

GERI  (S.),  pèlerin,  natif  de  Lunel,  p.  871. 
Gek.main,  village,  p.   170. 

Geunica,  île  du  Rhône,  entre  Beautaire  &  Taras- 
con,  p.  68. 

GERVAIS  DE  TILBURY,  p.    16  i. 

Gévaudan,  pays,  pp.  21,  2:1,  110,  ri 5,  .')2i(,  ô^.'ij 
il  s'y  élève  divers  troubles,  p.  064. 

—  (vicomte  ou  vicomtes  de),  pp.  68,  91 ,  11!!,  116, 
622,  860;  Pierre,  roi  d'Aragon,  la  donne  en 
engagement  à  Rannond  VI,  comte  de  Toulouse, 
p.  211;  Je  légat  du  pape  s'en  saisit  durant  la 
guerre  contre  les  Albigeois,  pp.  oz^,  325;  elle 
se  soumet  au  roi,  qui  la  donne  à  vie  i  Beraud 
de  Mercœiir,  p.  622;  elle  est  séparée  de  la  vi- 
comte de  Millau,  avec  laquelle  elle  ne  faisait 
auparavant  qu'un  même  domaine,  pp.  648, 
649;  le  roi  d'Aragon  la  cède  au  roi  LotiisIX, 
p.  869;  ce  prince  s'accorde  pour  cette  vicomte 
avec  révêquc  de  Mende,  p.  864. 

Gir.EAN,  abbaye;  sa  fondation,  p.  661. 

GIL,  chapelain  de  Pierre  II,  roi  d'Aragon,  p.  429. 

GII.ABERT  (Raimond  de),  p.  127. 

GILBERT,  bisaïeul  d'Hugues  II,  comte  de  Rodez, 
p.  là. 

GILBERT,  second  fils  d'Hugues  I,  comte  de  Rodez, 
p.    177. 

GILBERT,  benu-pcre  de  Raimond-Cércngcr  III, 
comte  de  Barcelone,  p.  93. 

GILBERT  DE  CASTELNAU,  p.  754. 

GILBERT  D'HÉRACLE,  p.  698. 

GILUÎM  ATHON,  p.  907. 

GILLES  CAMELIN,  chanoine  de  Provins,  pp.  907, 
917,  921. 

GILLES  DE  FLAGEAC,   pp.  67.5,  676. 

GiiMOEZ,  vicomte,  pp.  143,  191,  6i3,  734,  801, 
880. 

GiMONE,  rivière  du  Toulousain,  p.   143. 

GiMONT  (abbaye  de),  p.  734. 

GiMONT,  bastide  construite  par  Alfonse  de  Poi- 
tiers, p.  930. 

GINESTOUS  (Raimond  de),  p.  524 
GIRARD,  comte  de  Vienne,  p.  53. 
GIRARD  DE  CAPENUU.  Foyc:^  GÉr.AUD, 
Gir.oNE,  pp.  28,  202,  848,  873. 

—  (comté  de),  p.  859. 

—  (évèque  de),  pp.  1  3,   19. 

Gir.osSENS,  seigneurie,  p.  892;  Giroussens  {Tarn), 
arr.  de  Lavaur. 

Gisor.s,  p.    129. 

GÎTE  (Dkoit  de),  pp.  838,  867. 

Gi,AVENAS,  château  en  Vêlai,  p.  467. 

Gr,o.siLI.E,  lieu  d'Auvergne,  p.  822. 

GOLOYN  (Philippe),  pp.  384,  464,  842. 

GOMEZ  DE  LUNA,  seigneur  aragonais,  p.  428. 

Go.\AC,  lieu,  p.  706. 


COXTAUD  (Gaston  de),  p.  737. 

—  (Vital  de),  p.  755. 
CoXTAiiD,  lieu  du  Périgord,  p.  ,524. 
Gor.EPii;r,n,  châtéiu  en  Viv.irais.  pp.  147,334. 
Gor.SE  (château  delà),    p    710;   Lagorse   [Ardèc/'.c), 

arr.  de  Largenl'î'crc. 
GOSSELIN,  évéque  de  Toulouse,  pp.  79,  85. 
GOT  (Bertrand  de),  p.  247. 
GouDAiiGUES,  monastère,  pp.  40,  20Û. 
Gotr.uox,  p.  807. 

—  (seigneurs  de),  p.    514. 

Gnt:VERNEMEXT    de    la    Province    sous    Alfonse    de 

Poitiers,  p.  823. 
GoYoN,  abbaye,  p.  8o3;   corr.  Goljox  [Gers),  corn. 

de  Lias, 

GnAiiias,  village,    p.  45   [H.'rault),    arr,  de  Moit- 

pellier. 
Gr.ACE-DiEu,  monastère,  p.  502. 
Grains;  leur  commerce,  p.  912, 
Graisivaluan,  p.  106. 
Gramo.nt,  château,  p.  466. 
Gr.ANDCiiAïEAU,  bastide  do  l'Agenais,  p,  779. 
Grandmont,  abbaye    en   Limousin,   pp.    24,    ic3, 

104,  202. 

—  (ordre  de),  pp.  99,  759. 

Grand.selve,  abbaye,  pp.  103,  124,  148,  197,  201, 
208,  226,  233,  502,  56 1 ,  53.^,  63i,  633,  655, 
670,  757,  8o3,  821,  822;  Raimond  V  con- 
firme, en  1168,  les  privilèges  accordés  à  ce 
monastère  par  ses  prédécesseurs,  p.  32;  Guil- 
laume VU  de  Montpellier  y  choisit  sa  sépul- 
ture, p.  46;  y  est  inhumé,  p.  48;  Roger  II  lui 
accorde  une  exemption  de  leudc  &  de  péage, 
p.  82. 

GnA.NDS  VASSAUX  de  France;  contribuent  aux  frais 
d'armement  du  prince  Louis,  sous  prétexte  de 
gLierre  aux  hérétiques,  p.  542. 

GRASSAT,«dans  le  Berry,  p.    173. 

Gr.Au-Louis,  à  Aigues-mortes,  p.  783. 

—  de  la  Chèvre,  à  Saint-Gilles,  pp.  1 4,  1  5. 

—  de  Mauguio  ou  de  Melgueil,  pp.    |3,   l5. 
Greieuii.le,  château,  p.  281. 
GRÉGOIRE  VII,  p.  467. 

grJ;goire  IX,  pp.  540,  56 1,  567, 626,  627,  63o, 

670,  674,  681,  698,  806,  982;  presse  Louis  IX 
&  la  reine  Blanche  de  continuer  les  poursuites 
contre  les  hérétiques,  p.  623;  accorde  \.\n  sursis 
à  Raimond  Vil  pour  son  voyage  d'outre-mer, 
p.  662;  sa  lettre  au  comte  &  aux  capitculs  de 
Toulouse  pour  les  engager  à  favoriser  les  recher- 
ches des  inquisiteurs,  p,  689;  lettres  de  lui  à 
Raimond  V'II,  pp.  694,  695,  669;  donne  une  dis- 
pense â  Alfonse  de  Poitiers  pour  épouser  Jeanne, 
fille  de  Raimond  VII,  p.  696;  se  radoucit  à 
l'égard  du  comte  de  Toulouse  &  ordonne  au 
légat  de  modérer  le  zèle  des  inquisiteurs,  p.  700; 
ses  plaintes  contre  Raimond  ^'11,  p.  704;  ses 
lettres  à  propos  des  droits  régaliens,  p.  707;  ses 
lettres  touchant  !n  conduite  des  Narbonnais  & 
de  leur  vicomte  durant  la  guerre  des  albigeois, 
p.  7  14  ;  excommunie  l'empereur  Frédéric,  p.  71  7; 
sa  mort  fait  rompre  le  mariage  projeté  entre 
Raimond  ^'II  &  Sancie  de  Provence,  p.  733. 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


987 


GRKGOraE  X,  pape,  p.  73. 

CRÉGOIRE  XV,  pape,  p.  73. 

GHEGOU'.E,  cardinal  de  Saint-Ange,  légat  dans  la 
Province,  p.  173. 

"ÎREXADE,  sur  la  Garonne,  p.  11  [Haute-Guror.nc;, 
arr.  de  Toulouse, 

Gréze,  écart  de  la  commune  deCarcassonne(Aude), 

p.  743. 
GuÈaES,  château,  pp.  211,  566,  622,  809. 

—  (vicomte  de),  pp.  809,  864. 

GI'.IMOALD,  évéque  de  Comminges,  pp.  666,  6<)Z. 
GrijipiÈnE,  châte.iu.  Voye^  Gop.epière. 
GUARIN,  archevêque  de  Bourges,  pp.  78,  8."^. 
GUARIN,  seigneur  de  Trainel,  p.  528. 
Glë  du  Bazacle,  à  Toulouse,  p.  352. 
CtitPiE  (château   de  la),    pp.  362,   385;   Laguépii 
(_Tarn~&-Garonne)f  *rr.  de  Monîauhan, 

GUÉRIN,  archevêque  de  Bourges.  Voyc^  GUARIN. 

GIJÉRIN,  maître  des  hospitaliers,  p.  527. 

GUÉRIN   LE  BRl!N,  poète  provençal,  p.  166. 

GUÉRIN  DE  CHATEAUNEUF,  p.  864. 

GUÉRIN  I)K  RANDON,  p.  187. 

Guerre  d'Albigeois,  pp.  629,  647;  conditions  im- 
posées au  pape  par  le  roi  Louis  VIII  avant  r'e  se 
charger  de  l'expédition  contre  Raimond,  p.  077. 

—  entre  le  roi  d'Aragon  &  le  comte  de  Toulouse, 
pp.  23,  24,  25,  91,  92,  93,  94,  1 17. 

—  entre  le  roi  d'Aragon  &  les  habitants  de  Mont- 
pellier, p.  246. 

—  entre  le  roi  de  France  &  le  roi  d'Angleterre, 
pp.  24,  I  32,  i33. 

—  entre  le  comte  de  Toulouse  &  le  comte  Sa- 
Toie,  p.  27. 

—  entre  Henri  11,  roi  d'Angleterre,  &  son  r,,s 
Henri,  pp.  102,  io3. 

—  entre  les  comtes  de  Comminges  8(deFoix,p.  184. 

—  entre  le  comte  de  Poix  &  Je  comttf  d'Urgel, 
p.  184. 

—  entre  les  habitants  de  Toulouse  &  de  Rabas- 
tcns,  p.  196. 

—  entre  Raimond  VII  &  Am;  uri  de  Montfort, 
p.  565. 

GLEKr.r.s  particulières,  pp.  904,  9o5;  amènent  la 
construction  de  nouvelles  bastides,  pp.  943,  94 1 . 

—  privées,  deviennent  rares  sous  le  règne  de 
Louis  IX,  p.  109;   ce  roi  les  défend,  p.  858. 

GUERSO,  neveu  de  Raimond-Gaucelin  de  Lunel, 

P-  457- 
GUI  FUI.r.OUI,  évéque  du  Puy,  ensuite  archevêque 
de  Narbonnc,  puis  pape  sous  le  nom  de  Clé- 
ment IV,  pp.  452,  710,  -27,  768,  811,  Jr", 
825,  828,  839,  848,  854,  857,  861,  864,  868, 
869,  S79,  881,  893,  936,  947;  se  démet  de  l'ar- 
chevêché de  Narbonne;  est  nommé  cardinal-ar- 
chevêque de  Sabine,  p.  870;  son  voyage  en 
France;  est  él  u  pape  sous  le  nom  de  Clément  IV, 
p.  882;  son  voyage  r.  Montpellier  en  1164, 
p.  883;  est  couronné  à  Pérouse,  le  26  février 
1205;  lieu  do  sa  naissance;  son  caractère,  S'.c, 
pp.  883,  884,  885;  sa  lettre  au  roi  touchant  le 
comté  Ce  Melgueil,  pp,  SpS,  896)  sa  mort;  ses 
ouviajes,  p.  91 1, 


GUI,  abbé  de  Vaux-Cernay,  &  ensuite  4vêque  de 
Carcassonne,  pp.  228,  200,  3i5,  377,  33n,  33.1, 
390,  391,  444,  445,  455,  463,  464,  480,  492, 
537;  est  un  des  plus  ardents  prédicateurs  de  la 
croisade,  p.  267;  prend  la  direction  de  l.i  mis- 
sion, p.  202;  est  élu  évcqus  de  Cavcassonne, 
p.  379;  sa  mort,  p.  575. 

GUI,  évêque  de  Sora ,  légat  dans  la  Province, 
pp.  707,  708. 

GUI,    commissaire    du    pape    dar.s    la    Province, 

pp.    222,    223. 

GUI,  prévôt  de  l'église  de  Mague'cnne.  pp.  10'.',. 
2i3,  214,  216. 

GUI,  sacristain  de  l'église  de  Maguclonne,  p.  119. 

GUI  (frère  ou  maître),  fonde  l'hôpital  du  Saint- 
Esprit  à  Montpellier;  fait  des  fondation:,  jj.i - 
reilles  dans  d'autres  villes  de  France  •&  à  Rouie, 
p.  72;  meurt  dans  cette  dernière  ville,  p.  73. 

GUI,  roi  de  Jérusalem.,  p.  146. 

GUI,  oncle  du  vicomte  de  Nime  ,  p,  71,  Voyat 
GUI  GUERREJAT. 

GUI,  chevalier,  p.  7. 

GUI,  seigneur  d'Aurc,  p.   123. 

GUI,  comte  d'Auvergne,  pp.  260,  287;  absous  de» 
excès  qu'il  avait  commis  contre  l'évêque  Je  Clcr- 
mont,  p.  272. 

GUI  DE  BEAUJEU,  p.  284. 

GUI  DE  BRUCIAC  ou  DE  CRUSSAC,  templier, 
commandeur  de  Ville:lieu,  p.  628. 

GUI  DE  CAVAILLON',  pp.  486,  548. 

GUI  DE  CHEVREUSt.,  pp.  81c,  812,  818,  822, 
824. 

GUI,  comte  de  Forez,  pp.  626,  527,  SîS. 

GUI,  fils  de  Guillaume  VII,  seigneur  de  Mont- 
pellier, pp.  45,  46,  202 ;  prend  le  surnom  de 
Jïiir^unii/on,  p.  48  ;  soil  testament,  pp.  100,  loi. 

GUI,  fils  de  Guillaume  VIII,  seigneur  de  Mont- 
pellier, désigné  pour  être  moine  de  Cluny, 
p.  202. 

àUI  GUERREJAT  DE  AlONTPELLIER ,  frère  de 
Guillaume  V'II,  seigneur  de  Montpellier,  pp.  46, 
62,  68,  60,  loi;  prend  le  surnom  de  Guerrejai ; 
fait  en  1174  une  donation  à  l'abbaye  de  Val- 
magne,  p.  48;  son  testament;  sa  mort;  lieu  de 
sa  sépulture,  p.  7  1. 

GUI  DE  LÉVIS,  maréchal  de  Mirepoix,  pp.  3i5, 
326,  329,  341,  353,  370,  371,  372,  3iJ5,  5'>7, 
63o,  701;  ses  services;  titre  que  prirent  ses  suc- 
cesseurs; sa  mort,  pp.  05),  û56,  657. 

GUI  DE  LÉVIS,  maréchal  de  Mirepoix,  pp.  656, 
721,  769,  793,   842,  852,  S57. 

GUI  III  DE  LÉVIS,  maréchal  de  Mirepoix, 
pp.  892,  893,  905,  913,  924. 

GUI,  vicomte  de  Limoges,  p.  270. 

GUI  DE  LUCÉ,  chevalier  français,  pp.  329,  353, 
353,  368,  369,  371,  335. 

GUI  DE  MESCHIN,  seigneur   de  Tournel,  p.  799. 

GUI  DE  MONTFORT,  fièie  de  Simon,  pp.  384, 
385,  419,  432,  445,  449,  450,  439,  477,  488, 
489,  491,  494,  495,  5o7,  5o8,  519,  523,  534, 
573,  574,  589,  597,  600;  vient  au  secours  de 
son  frère,  p.  377;  dévaste  le  pays,  p.  388;  ra- 
vage le  Toulousain,    p.    394;   prend   possession 


988 


TABLE  GÉNÉRALE  DÉS  KOMS   ET  DES  MATIERES. 


(le  Toulourc  nii  nom  de  son  frère  Simon,  p.  i/n  ; 
va,  au  nom  de  son  frère,  au  concile  de  Latrnn, 
p.  471;  est  présent  au  siège  de  Toulouse  au  mo- 
ment de  la  mort  de  Simon,  p.  017;  sn  mort, 
p.  627. 

GUI  DE  MONTKORT,  comte  de  Bigorrc,  fils  de 
Simon  de  Montfort,  pp.  459,  .'>o7,  5n8,  5i8, 
624;  épouse  l'héritière  de  Bigorre,  pp.  497, 
498;  sa  mort  devant  Casteinaudary,  pp.  536, 
537. 

GUI,  seigneur  de  Lombers,  fils  de  Gui  de  Mont- 
fort,  frère  de  Simon,  pp.  786,  798,  834;  succède 
il  sa  mère  dans  l.i  seigneurie  de  Lombers,  p.  617. 

GUI  DE  LA  ROCHE,  pp.  597,  799. 

GUI,  seigneur  de  Rosny,  p.  679. 

GUI,  comte  de  Saint-Pol,  p.  61  r. 

GUI  DE  SÈVERAC,   père  &  fils,   pp.  2.5,   63,   6S, 

6;,  83,  93,  772,  778,  804,  8u,  869,  874. 
GUI,  seigneur  de  Tournon,  pp.  .5o."),  608. 
GUIBERT,  fils  d'Henri,  comte  de  Rodez,  p.  .533. 
GUIBURGE,  femme  de  Gui  de  Lévis.  p.  656. 
GUICHARD,    archevêque    de    Lyon;    date    de    son 

sacre,  p.   i3. 
Guidages,  pp.  67,  70,  1 1  i ,  109,  277,  322,  5 12. 
GuiENNE,  pp.  34,  35. 

GUIKRED,  chanoine  de  Genève,  p.  304. 
GUIGUES  V,  dauphin   de   Viennois,  comte  d'Al- 

bon,  p.  772. 
GUIGUES  VI,    p.  434.    royc-{   ANDRÉ  DE  BOUR- 
GOGNE. 
GUIGUES  VII,    dauphin   de  Viennois,  comte  dt 

Forez,  pp.  7o3,  926. 
GUILLABERT,  abbé  de  Castres,  p.   173. 
GUIH.AHERT  DE  CASTRES,  évèque  hérétique  du 

Toulousain,  pp.  249,  543,  766. 
GUILLABERT  DE  LAUTREC,  pp.  168,  192,  209, 

555. 
GUILLAUME,  archevêque  de  Bourges,  p.  287. 
GUILLAUME  DE  LA  BROUE,  archevêque  de  Nar- 

bonne,  pp.  767,  775.  779>  y^'-  784,  827,  842, 

857,    868;    ses    brouilleries    avec    le    vicomte, 

p.  824. 
GUILLAUME,  archevêque  de  Reims,  pp.  546,  619. 
GUILLAUME,  évêque  d'Agde,  pp.  3,  5,  56. 
GUILLAUME,  évêque  d'Albi,  pp.  3,  27,  42,  43. 
GUILLAUME   PETRI   ou   PIERRE,    prévôt,    puic 

évêque   d'Albi,    pp.    lii,    116,     140,    193,    220, 

379,  523,  6o5,  626. 
GUILLAUME,  évêque  d'Auxerre,  p.  418. 
GUILLAUME  DE  ROCOZELS,   évêque   de  Béziers, 

abbé  de  Saint-Aphrodise,  pp.    193,   208,  220; 

suspendu  par  les  légats,  tué  en  I2c5,  p.  236. 
GUILLAUME  DE  CARDAILLAC,  évêque  de  Cahors, 

pp.  67,  364,  454,  575,  660,  678. 
GUILLAUME-ARNAUD,   évêque   de    Carcassonne, 

pp.  797,  852,  914. 
GUILLAUME  RADULFE,  évêque  d«  Carcassonne, 

p.  914. 
GUILLAUME,  évêque  de  Carpentras,  pp.  4^-9,71  1. 
GUILLAUME    DE    CASOULS,    évêque   de   Lodèye, 

pp.  712,  774,  779,  784.  788.  797,  869. 


GUILLAUME  DE  FLEIX,  évêque  de  Maguelonn», 

p.    r  19,  2'3. 
GUILLAUME    D'AUTIGNAC,    évêque    de    Mague- 

lonnc,  pp.  2r5,  214,  225,  232,  247,  38o,  409, 

412,  45),  457. 
GUILLAU.ME- CHRISTOPHE,    évêque    de    Mague- 

lonne,  pp.  854,  869. 
GUILLAUME    DE    PEYRE ,    évêque    de    MenJet 

pp.  211,  5i3,  546  ;  son  extraction,  p.  565. 
GUILLAUME  D'UZÈS,  évêque  de   Nîmes,  pp.  87, 

108. 
GUILLAUME,  évêque  d'Orange,  p.  409. 
GUILLAUME  DE  MURAT,  évêque  du  Puy,  pp.  789, 

833. 
GUILLAUME    DE'  VÉNÉJAN,  évêque  d'Uzès, 

pp.   206,    207,    209,    225. 

GUILLAUME  DE  LAUDUN,    évêque    de    Vaison, 
pp.  148,  278,  281,  854. 

GUILLAUME,  évêque  de  Viviers,  p.  75. 
GUILLAUME,  abbé  d'Aniane,  p.  .56i. 
GUILLAUME,  abbé  de  Castres,  p.  6o5. 
GUILLAUME,  abbé  de  Figeac,  pp.   100,  449" 
GUILLAUME,  prieur  de  Saint-Pons  dcThomicreJ, 
abbé  de  Gaillac,  p.  672. 

GUILLAUME,  abbé  de  la  Grasse,  p.  521. 
GUILLAUME,  abbé  de  Moissac,  p.  804. 
GUILLAUME,    abbé    de    Saint-André   d'Avipnon, 

p.  i33. 
GUILLAUME-BERNARD,   abbé    de    Saint-Jacques 

de  Béziers,  p.  40. 

GUILLAUME  DE  PEIRONET,  abbé  de  Saint-Pau) 
de  Narbonne,  p.  673. 

GUILLAUME  DE    CANTEÏ,   abbé    de  Saint -Ser- 

nin,  p.  23o. 
GUILLAUME,  abbé  de  Saint-Thibéry,  pp.  41,  43. 
GUILLAUME,  archidiacre  de  Paris,  pp.  332,  340, 

377,  385,  388,  390,  391,  398,  408,  444. 

GUILLAUME,   seigneur  de  Vcrneuil,   archidiacrt 
de  Toulouse,  p.  924. 

GUILLAUME,  doyen  de  l'église  du  Puy,  p.  799. 

GUILLAUME  DE  ROCOZELS,    prévôt    de    Notre- 
Dame  de  Beaumont,  p.   1  16. 

GUILLAU.ME,    prévôt    de    l'abbaye    de    Brioude, 
p.   .78. 

GUILLAUME-RAIMOND,    prieur    de   l'hôpital   de 
Jérusalem  de  Béziers,  p.  40. 

GUILLAUME  DU  LAC,  prieur  de  Sainte-Eugénie, 
p.   140. 

GUILLAUME,    prieur    de   Sainte-Marie   de  Co.  . 
neilla,  p.  809. 

GUILLAUME,  procureur  de  l'église  deXarragcnc, 
p.  7o3. 

GUILLAUME,  chanoine  de  Nevers,  p.  221;  pro- 
fesse l'hérésie  à  Caraman,  p.  246. 

GUILLAUME    DE    LA    ROUE,    religieux    de    la 
Chaise-Dieu,  p.  868. 

GUILLAUME  D'ABAN,  p.  81 5. 

GUILLAUME-ADÉMAR,  p.  286. 

GUILLAUME  D'AILAC,  commandeur  de  la  milice 
du  Temple,  p.  5  10. 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIERES. 


989 


GUILLAUME  D'ALAGNAN    Uorr.    AI.AIGN'E,    vi- 
comte de  Sault,  pp.  4^.  67,  72.!. 
GL'lLLAl'ME  ALBARONIhR,  cimite  du  Roiisrgue, 
p.  Sel. 

GUILLAUME,  sénéchal  de  Rnimond  VII  en  Albi- 
geois, pp.  656,  697. 

GUILLAUAIE,  pape  des  albijeois,  pris  &  brûlé 
vif,  p.  6.»5, 

GUILLAUME  ALFARIC,  seigneur  de  Saint-Na- 
zaïre,  p.   iJp. 

Gl'ILLAUME  Amclii,  p.   1  S^. 

GUILLAUME  D'AMI,  p.  17c. 

GUILLAUME  U'AMI,  seigneur  de  Casteinaii, 
p.  771. 

GUILLAUME  D'ANUUZE,  fils  de  Pierrc-Bermond 
deSjuve,  pp.  807,  S29,  83o,  918,  926. 

GUILLAUME  IVANIORT.  ^oj?,-  GUILLAUME  DE 
NIORT. 

GUILLAUME-ARNAUD,  frère  prêcheur,  inquisi- 
teur, pp.  674,  688,  689,  700,  70J  j  massacre  à 
Avignonet,  p.  7.^9. 

GUILLAUME  D'ARNAUD,  p.  178. 

GUILLAUME  DARSES,  p.  62. 

3UILLAU.ME-KERNARD  DASNAVE  (corr.  AR- 
NAVE),  pp.   127,  732. 

GUILLAUME  D'ASS ALIX,  viguier  de  Razès,  p.  154. 

GUILLAUME-ATON,  p.  753. 

GUILLAUME  D'AUBETERRE,  p.  71. 

GUILLAUME  AUGIER,  p.  666. 

GUILLAUME  D'AURE,    p.  377. 

GUILLAUME  D'AUTIGNAC,  p.  834. 

GUILLAUME  D'AUÏON,  sénéchal  de  Beaucairc, 
pp.  848,  854. 

GUILLAUME  VI,  comte  d'Auvergne,  p.  8. 

GUILLAUME  VII,  comte  d'Auvergne,  p.  10;  dé- 
pouillé du  comté  d'Auvergne;  prend  aussi  le 
titre  de  comte  du  Huy,  p.  8  ;  se  qualifie  ausui 
comte  de  Montfcrrand,  p.  98. 

GUILLAUME  VIII,  comte  d'Auvergne,  pp.  8,   10. 

GUILLAUME,  fils  de  Gui,  comte  d'Auvergne, 
p.  269. 

GUILLAUME  DE  BAFFIE,  p.  864. 

GUILLAUME  DE  BALAU.N,  pocte  provençal, 
pp.   166,  167. 

GUILLAUME  DE  BARB.AZAN,  p.  498. 

GUILLAUME  DE  BARCA,   p.  71 3. 

GUILLAUME  DE  BARRAGE,  prieur  de  l'hôpital 
S.iint-Rémy  à  Toulouse,  p.  732. 

GUILLAUME  DES  BARRES,  frère  utérin  de  Simon 
de  Montfort,  pp.  425,  439. 

GUILLAUME  DE  BARRIÏmE,  p.  822. 

GUILLAU.ME  DES  BAUX,  prince  d'Orange, 
pp.  i33,  198,  199,  107,  ii3,  27S,  2di,  28a, 
333,   818  (  est  tué   par  les  Avignonais,  p.   522. 

GUILLAl'.ME  DE  BEAUMONT,  p.  818. 

GUILLAl  Mi: -PIERRE  DE  BEDOIN  (cerr.  BE- 
DOUIN), p.   192. 

GUILLAU.ME  DE  BELLAFAR,  p.  489. 

Gl  ILLAU.ME  DE  BhNE,  bailli  de  Louis  VIII  à 
Mimes,  p.  60 5. 


GUILLAUME-PIERRE  DE  BÉRINS,  £cn?chal  de 
Raimond-Trencavel   en  Albigeois,  pp.    3o,  754. 

GUILLAUME  DE  BERGUADON,  poète  provençal, 
p.  5:<9. 

GUILLAUME,  fils  de  Bernard-Guillaum;!  &  cou- 
sin de  Jacques  I,  roi  d'Aragon,  p    4i3. 

GUILLAUME-ARNAUD  DE  BÉZIERS,  p.  53 

GUILLAUME-ARNAUD  DE  BIRAN,  p.  811. 

GUILLAUME  DE  BOLIE,  p.  489. 

GUILLAUME  DE  BONNEVILLE,  p.  772. 

GUILLAUME  DE  BOUI.BON,  p.  885. 

GUILLAU.ME-RAIMOND  DU  BOURG,  oncle  d'Ai- 
meri  IV,  vicomte  de  Narbonne,  p.  755. 

GUILLAUME  DE  BOUVILLE,  p.  816. 

GUILLAUME  LE  BRETON,  chroniqueur,  p.  569. 

GUILLAUME  DE  BRIVE,  frère  mineur,  confesseur 
de  Raimond  \'1I,  pp.  773,  788,  804. 

GUILLAU.ME  DE  CAi'C,  p.  333. 

GUILLAU.ME  DE  CALMONT  DOLT,  p.  619. 

GUILLAUME  DE  CANET,  pp.  241,  855. 

GUILLAUME-PIERRE  DE  CARAMAN,  p.  192. 

GUILLAUME,  vicomte  de  Cardone,  pp.  249,  430, 
915. 

GUILLAUME,  vicomte  de  Castelnau,  p.  5oi. 

GUILLAUME  CAT,  chevalier,  p.  371. 

GUILLAUME  DE  CHAVIGNAC,  p.  65o. 

GUILLAUME  DE  CHATEAUNEUF,  grand-maîtri 
de  l'ordre  de  Saint-Jean  de  Jérusalem,  p.  864. 

GUILL.AUME  CLARETI,  compagnon  de  saint  Do- 
minique, p.  254. 

GUILLAUME  DE  COHARDON,  sénéchal  de  Car- 
cassonne,  pp.  872,  912,  9i3,  920,  923,  926. 

GUILLAUME  DE  CONTRES  (alias  par  erreur  VER- 
LES  D'ENCONTRE),  pp.  338,  3j9j  gouverneur 
de  Castelsarrasin,  pp.  393,  426. 

GUILLAUME  DE  DAMPIERRE,  p.  261. 

GUILLAUME  DURANTI ,  chanoine  de  Maguc- 
lonne,  p.  826,  827. 

GUILLAUME     DE     DURFORT     DE     FANIEAUX, 

P-339-  .  .      .        ,  . 

GUILLAUME    DE     L'ECHELLE,    vicaue    du     roi 

d'Aragon,  à  Toulouse,  p.  383. 
GUILLAUME  D'ENCONTRE.    l'oycx  GUILLAUME 

DE  CONTRES. 
GUILLAUME  FAIDIT,  p.  76. 
GUILLAUME  DE  FAUGÉRES,  p.   142. 
GUILLAUME    DE    FELGAR    (corr.    DE    FAUGA), 

p.  811. 
GUILLAUME  FIGUEIRE,  pocic  provençal,  p.  55J. 
GUILLAUME  IV,  comte   de   Forcalquier,    pp.    45, 

169,   170,   195,  704. 
GUIl.LAUME-ERMENGAUD  DE  FOSSILLON  {corr. 

FOUZILHON),  p.    137. 
GUILLAUME  DE  FROTARD,  p.  903. 
GUILLAUME  DE  FHOTIER,  p.  697. 
GUILLAUME  DE  GOURDON,   pp.    i53,  558,735, 

734. 
GUILLAUME  GROS  DE  MARTEL,  p.  61. 
GUILLAUME,  fils   d'Amaury,  comte  de  Hainaut, 

p.  297. 


990 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


GUILLAUMR-HUGUES,  p.   i  55. 

GUILLAUME- JOURDAIN,  vassal  de  l'églis:  dii 
Piiy,  p.  37. 

GUILLAUME,  comts  de  Juliers,  p.  35o. 
GUILLAUME-HUNAUD      DE      LANTAR      (corr. 
LANTA)  pp.  5o7,  558,  559,  S99. 

GUILLAUME  DE  LARA,  p.  617. 
GUILLAUME-LAUGIER  DE  L'ISLE,  p.   198. 
GUILLAUME-BERNARD  DE  LAVAUR,  p.  61  3. 
GUILLAUME-BERNARD  DE  LESCUUE,   p.  366. 
GUILLAUME  DE  LIMOGES,  p.  ySo. 
GUILLAUME,  seigneur  de  Lunas,  p.  ô5. 
GUILLAUME-ARNAUD  DE  MARQUEFAVE,  p.  1=6. 
GUILLAUME -BERNARD      DE      MARQUEFAVE, 

p.  61  3. 
GUILLAUME  DE  MARTOREL,  pp.  io6,  SSy. 
GUILLAUME  DE  MAURENS,  p.  61  3. 
GUILLAUME    DE    MELLE,    viguier  du   comte   de 

TauloDse,  p.  100. 
GUILLAUME  DE  MESCHIN,  p.  6oi. 
GUILLAUME  DE  MÈZE,  p.    13/. 
GUILLAUME  DE  MINERVE,    pp.    58,    1^3,    338, 

329,  840,  85o. 

GUILLAUME  DE  MIRAVAL,  p.  65. 

GUILLAUME  MITE,  bateleur,  p.  61. 

GUILLAUME  DE  MONÏCADE,  pp.  429,  ^j6,  yii. 

GUILLAUME  DE  MONTOLIEU,  p.  :o5. 

GÎ'ILLAUME  VII,  seigneur  de  Montpellier,  fait 
bon  accueir  à  Alexandre  III,  p.  12;  refuse  i 
l'empereur  Frédéric  de  s'emparer  de  la  personne 
de  ce  pa])e  durant  son  séjour  à  Montpellier, 
p.  14J  .Alexandre  III  prend  £a  défi:;S2  contre 
les  Génois;  il  s'allie  avec  les  Pisans  contre  les 
Génois,  p.  18;  s'allie  avec  Alfonse,  roi  d'Aragon, 
contre  Raimond  V^  pp.  2^^  ;6j  fait  sa  paix 
avec  le  comte  de  Toulouse,  mais  revient  bientôt 
après  au  roi  d\\ragon,  p.  46;  son  testament, 
p.  46;  conjectures  sur  la  date  de  sa  mort,  les 
consuls  de  Montpellier  lui  font  construire  un 
toiïibeau  dans  r<:kbaye  de  Grandselve,  p.  48; 
at:achement  du  pape  Célestin  III  pour  la  per- 
sonne de  ce  prince,  p.   |38. 

GUILLAUME  VIII,  seigneur  de  Montpellier, 
pp.  I03,  |36,  159,  173,  176,  224;  succède  à  son 
pire,  pp.  46,  47,  48;  reçoit  en  don  le  villat;e 
de  Grabels,  p.  45  ;  serment  prêté  parRaimondV 
à  ce  prince;  son  mariage  avec  Eudoxe-Comnène, 
j.  62;  se  ligue  avec  le  roi  d'Aragon  contre  le 
comte  de  Toulouse,  p.  69;  reçoit  divers  dons  de 
C.iy  Guerrejat,  p.  71;  rend  hommage  à  Pi.ai- 
mond  V,  p.  110;  se  ligue,  en  1  1  86,  avec  le  duc 
iI'Aquitaine  contre  le  comte  de  Toulouse;  répu- 
die sa  femme  Eudoxe-Comnène;  suites  de  cette 
lépudiation,  pp.  117,  118;  reçoit  en  engagement 
une  partie  de  la  vicomte  d'Agde,  p.  122;  recon- 
naît comme  comte  de  Melgueil  R'aimond,  fils  de 
Haimond  V,  p.  i35;  réunit  à  son  domaine  la 
baronnie  d'O mêlas  St  plusieurs  autres  domaines, 
]).  1^7;  sa  liaison  avec  le  pape  Célestin  III; 
causes  de  cette  liaison,  p.  i3b';  protège  la  poésie 
provençale,  p.  164;  fait  signer  à  sa  fille  Marie 
une  renonciation  à  ses  droits  comme  héritière 
de  SCS  domaines,  p.   i83;  fait  de  vains   efforts 


pour  légitimer  ses  enfants  du  second  lit,  pp.  200, 
201  ;  son  testament,  pp.  201 ,  202,  2o3  ;  sa  mort, 
son  éloge,  pp.  204,  2o5;  ses  descendants,  pp.  41  2, 
4i3. 
GUILLAUME  IX  {alias  DE  TORTOSE),  fils  de 
Guillaume  VIII,  seigneur  de  Montpellier,  & 
d'Agnès,  pp.  i83,  I  84,  202,  2:5,  411,  41  3. 

Cf'ILLAUME,  fils  de  Guillaume  VIT,  prétend  à  la 
seigneurie  de  Montpellier,  p.  382. 

GUILLAUME,  second  fils  de  Guillaume  VII,  sei- 
gneur de  Montpellier,  p.  45. 

GUILLAUME  DE  MONTREDON,  maître  du  Tem- 
ple en  Aragon  &  en  Catalogne,  p.  440. 

GUILLAUIME  DE  NARBONNE,  p.  918. 

GUILLAUME  DE  NIORT  [alias  ANIORT),  pp.  6-j, 
700,  723,  856. 

GUILLAUME- BERNARD  DE  NIORT,  pp.  701, 
723,    893. 

GUILLAUME-OALRIC,  abbé-chevalier  de  Sainte- 
Martiane  d'Albi,  p.  626. 

GUILLAUME  V,  baron  d'Omelas,  p.   \i6. 

GUILLAUME  D'OMELAS,  fils  de  Guillaume  V, 
p.   i35. 

GUILLAUME  DES  ORMES  (alias  dû  Ulmcio),  sé- 
néchal de  Carcassonne,  pp.  718,  "43,  871;  ré- 
sumé de  son  rapport  à  la  reine  Blanche  sur  le 
soulèvement  de  Trencavel,  p.  719. 

GUILLAUME  D'ORANGE,   pp.  4C9,  514. 

GUILLAUME  DE  PAULIN,  p.  855. 

GUILLAUME  DE  PELAPOUL,  pp.  34,  i55. 

GUILLAUME  PELISSE,  frère  prêcheur,  inquisiteur 
à  Albi,  pp.  687,  691. 

GUILLAUME  DE  PIAN,  sénéchal  de  Carcasscnne, 
pp.  809,  810,  81  1,  823,  865. 

GUILLAUME  DE  PIERHE-PEPvTUSE,  pp.  5.-3, 
654,  714. 

GUILLAUME-R.AIIMOND  DE  PINS,  seigneur  de 
Caumont,  pp.  746,  801. 

GUILLAUME  DE  PLAPAPE,  p.  898. 

GUILLAUME  DE  PODANES,   p.  734. 

GUILLAUME  DE  POISSY,  p.  3i5. 

GUILLAUME  DE  POITIERS,  de  Pcitcus,  comte  d» 
Valentinois,  pp.  40,  58,  76,   134. 

GUILLAUME,  fils  d'Aymar  de  Poitiers,  p.  711. 

GUILLAUME  PORCELET,  pp.  281,  3o3,  3oô. 

GUILLAUME  DE  PUISSALICON,  p.  3:5. 

GUILLAUME  DU  PUY,  p.    i55. 

GUILLAUME  DU  PUY,  p.  81  3. 

GUILLAUME  DE  PUYLAUKENS,  chapelain  de 
Raimond  VU,  comte  de  Toulouse,  histotien, 
pp.  733,  756,  778,  811,  (J48. 

GUILLAUME-RAI.'MOND,  p.  757. 

GUILLAUME  RAINOLS,   poète  provençal,  p.    1Û6. 

GUILLAUIME,  seigneur  de  Randon,  p.  903. 

GUILLAUME  DE  LA  REDORTE,  p.  76. 

GUILLAUME-ROBERT,  de  Beaucaire,  ces  :.:..■! 
Mineurs,  p.  SSj. 

GUILLAUME  DE  ROCHEFORT,  frère  de  l'éverjuc 
de  Carcassonne,  p.  364. 

GUILLAUME  DES  ROCHES,  iéaé.hal  d'Anjou, 
p.  284. 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NO.MS    ET  EES   MATJKRE3. 


991 


GUILLAUME  TîE  LA   LOCIIK,  p.  907. 
GUILLAUAIE,  coir.ie  ce  Uc-cz,  pp.  178,  179»  269. 
GUILLAU.AIE  DE   ROQl'EFEUIL,    gouverneur    de 

Montpelliîr,  pp.  859,  86ç,  873,  S<)3. 
GUILLAU.ME  ROSTAL\G,  seigneur    de    Bioil,  en 

Provence,  p.    i63. 
GUILLAUME  DE  ROSTAINQ,   p.  çoS. 
GUILLAUME  LE  ROL'X,   clerc  d'Alfoiise  de  Poi- 
tiers, p.  907. 
GUILLAUME  DE  SABR.AN,    pp.  22,   4",;    Vun  des 

seigneurs  t^ui  suivent. 
GUILLAUiME    DE    SAIÎRAN,    neveu   de   Bertrand, 

comte  de  Forcalquicr,  p.  32. 
GUILLAUME  DE   SABRAN,  cousin   de   Bertrand, 

comte  de  Forcalquicr,  p.  32, 
GUILLAUME   DE    SABRAN,    connétable    de    R:;i- 

mond  V  &  de  Raimond  VI,  pp.  .^3,  62,  63,  68, 

III,  iiî,  124,  1.59,  189,  109. 
GUILLAUME  DE  SAKRAN,  p.  704. 
Gl'ILLAl  ME  DE  SAINT-ANTOMN,  p.  iSi. 
GUILLAUME  DE  SAINT-DIDIER  {alias  DE  SAINT- 

LEIDIER),    vassal   de    l'église   du    Puy,   p.   Syj 

poète  provençal,  p.   léô. 

GUILLAU.ME  DE  SAINT-FÉLIX,  p.  i.'ij. 
GUILLAUME  DE  SAINT-MAURICE,  p.  816. 
GUILLAUME  DK  SAINT-PAUL,  pp.  91,  154, 
GUILLAUME,  comte  de  Salisbiiry,  p.  592. 
GUILLAUiME  DE  SCURÇT,  p.  341. 
GUILLAUME    SIIGUIER ,    preir.ier    professeur    de 

droit  civil  à  Montpellier,  p.  909. 
GUILLAU.ME  DE  SEUVIAN,  p.   |33. 
GUILLAUME  II,  roi  is  Sicile,  p.   146, 
GUILLAUME    DE    SOLARIS,   cominandcur  de    la 

maison  du  Temple  d'Arles,  p.   i8<J. 
GUILLAUME  DE  SON,  p.  887. 
GUn.LAl'.ME  TAILI.EKER,  fils,  suivant  t;uelques 

auteurs,   de   Raimond   V,   8c  mari    de   Bcatrix, 

héritière  du  Dauphiné,  p.   loû. 

GUILLAUME-ARNAUD  DE  TANTALON,  pp.  52;, 
74'.,  74C.. 

GUILLAUME  DE  TORNOUR,  p.  593. 

GUILLAUME  DE  THÉSAN,  p.  784. 

GUILLAUME  DE  TORTOSE,  fils  d'A(;nès  &  Je 
Guillaume  de  Montpellier.  Voye\  GUIL- 
LAUME IX,  de  Montpellier. 

GUILLAUME  DE  ULMEIO,  sénéchal  de  Carcas- 
sonne.  Voye^  GUILLAUME  DES  ORMES. 

GUILLAUME,  comte  de  V'alentinois  &  de  Diois. 
l'oyc^  GUILLAUME  DE  POITIERS. 

GUILLAU.ME  DE  VASSAL,  p.  1  .Ï4. 

GUILLAU.ME  DE  VAUGRIGNEUSE,  sous-dcyen 
de  l'église  de  Chartres,  pp.  918,919,  ç2i. 

GUILLAUME  DE  VERDUN,  p.  143. 

GUILLAUME-ATON  UE  VILLEMUR,  p.  811. 

GUILLAUME-PIERRE  DK  VINTRON  {corr.  VIN- 
TROUS  ,  pp.   194,  ûoi,  8ôo. 

GUILLAUME  DE  VOISINS,  seigneur  de  Coufou- 
lens,  p.  924. 

GUILLELMETTE.  fille  naturelle  de  Raimond  VI, 
temine  d'Hugues  d'Alfar,  pp.  3^7,  3o8,  3ii7, 
5jj. 


GUILT.llLMETTE,  religieuse  de  C?tenu-;,  p.  224. 

GUîLLiiLMETTE,  mère  de  Bernard-Aton,  vicomte 
ù'Ag'Je,8<.deNiiTies,  pp.  46,  64,  71,  120,  122,  180. 

GUILLELMETTE,  femme  de  Guillaume  de  Sa- 
bra n,  p.  107. 

GUILLELMETTE,  fille  de  Raimond-Gaucelin  de 
Lunel,  femme  de  Raynon  IV,  seigneur  d'Uzès, 
pp.  4Ô7,  869. 

GUILLELMETTE  DE  MONTCADE ,  première 
femme  d'Aymeri  IV,  vicomte  de  Narbonne, 
p.  7  I  5. 

GUILLELMETTE  DE  MONTPELLIER,  sœur  de 
GuillaumeVII,  seigneur  de  Montpellier,  p.  39. 

GUILLELMETTE,  fille  de  Guillaume  VII,  sei- 
gneur de  Mon!j;ellier,  p.  46;  épouse  Raimond 
de  Roquefeuil;  *'.cnd  plus  tard  le  nom  de  Mar- 
quise, p.  47. 

GUILLELMETTE  DE  POLTGNAC,  p.  799. 
GUILHEM-ISARN,  archiprètre  de  Rieux,  p.  -jcC 
GUILLEM-PEIRE,    évèque    -^Albi.    Foyc?    GUIL- 
LAUME. 

GUILLEM  PELHISSE,  inquisiteur.  Foye:;  GUIL- 
LAUME. 

GUILLE.M,  capiscol  de  l'école  capitulalre  de  Saint- 

Ktienne,  p.  643. 
GUILLE.M  D'ALAIGNE,   vicomte   de   Sault.    Voycr 

GUILLAUME. 
GUILLEM-ARNAUD,  p.   89. 
GUILLEM  DE  CEP.VARIA,  p.  601. 
GUILLEM-ATON  DE  GAILLAC,  p.  S99. 
GUILLEM -UNAUT    DE    LANTA.     Fuy,-    GUIL- 
LAUME. 
GUILLEM  DE  LODÈVE,  p.  743. 
GUILLEIM-RAMOX  DE  MONTCADE,  p.  499. 
GUILLEM  DE  MONTREDON,  maître  du  Temple. 

Voyc!^  GUILLAUME. 
GUILLEM  DE  MONTREVEL,  inquisiteur,  pp.  893, 

900. 
GUILLEM-BERNARD    DE    NIORT.    Foye:;   GUIL- 
LAUiME. 
GUILLEM    DE    ROQUEFORT    .  a    ROCHEFORT, 

p.  3  18. 
GUILLEM  DE  SAINT-MAURICE,  p.  743. 
GUILLEM-ARNAUD  DE  SOUPETZ,   p.  4',3. 
GUILLEM   DE   TOUGES,    baile   do    Cintcgabelle, 

p.  %',?,. 
GUILLEM  DE  TUDÈLE,    pp.    284;   son    récit   du 

sac  de  Béziers,  p.  2S9. 
GUINARD  ou  GÉRARD,  dernier  comte  de   Uous- 

sillon,  pp.   i3,  3o;  son  testament,  pp.  ."io,  5i. 
GUIOT  DE  LÉVIS,  seigneur  de  Mirepoix,  pp.  872, 

873. 
GUIRAUD,  abbé  de  Sarlat,  p.  709. 
GUIRAl'D    D'AMI,    connétable   de    Raimond  VI. 

Voyei  GÉRAUD. 
GUIRAUD  DE  KORNF.IL,  troubadour,  p.   i65. 
GUIRAUD  DK  GOURUON,  seigneur  de  Caraman, 

Voyex  GÉKAUD. 
GUIRAUD  UE  MINIRVE,  p.  .')3  1 . 
GUIRAUD    ou    GÉRAUD  DE  PÉPIEUX,  clievali?r 

du  Minervois,  pp.  209,  3  lô,  3 16,  3^4,  372,  370. 


993 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


GUIRAUD  DE  SALAIGNAC,  poëte  provençal, 
p.    167. 

GUIHAUU  UE  SALIVO,  commandeur  de  la  milice 
du  Temple  de  Pézénas,  p.  40. 

GUIRAUD  DE  SAMATAN,  p.  629. 

GUIRAUDE  DE  LAVAUR ,  p.  35i;  sa  mort, 
p.  357. 

GUIRAUDE,  femme  de  Pierre-Constans  de  Saint- 
Gilles,  p.  206. 

GUIRAUDE,  dame  d'Uzès,  p.  794. 

GUISCARD,  p.  893. 

GUISCARD  DE  BEAUJEU,  p.  ^hj. 

GUISCARD  CABROLS,  chevalier,  p.  465. 

GUISE,  femme  de  Raimond-Gaiicelin  de  Liinel, 
p.  ^i,n. 

C     ISE,   fille   d'Henri,   comte   de  Rodez,    pp.    533, 

GUISE,  femme  de  Roger  de  Comminges,  p.  887. 
GUITARD  D'ADHÉMAR,  p.  ôoj. 
GUITARD  DE  MARMANDE,  p.  Se;. 


H 

lÎAiiiTS,  p.   94";    c.inon    du    troisième  concile   de 

Montp:;ili;r  à  ce  sujet,  p.   172. 
Haclexai;,  en  Als^ice,  p.  692. 
HANGEST  (Florent  d'),  p.  .J97. 
Habiza,  château  en  Ksp.ignc,  p.  114. 
HARNES  (Michel  des),  p.  514. 
HAtTF.S-Br.uYKiiF.S,  monastère  de  l'ordre  de  Fonts- 

vrault,  pp.  Ô20,  63 ). 
Haltefobt,  château  du  Périgord,  pp.   104,   167. 
Hauttoi:!.,  château,  p.    iç5;   pris  &   rasé   par  Si» 

mon  de  Montfort,  p.   384. 
IIAUTPOUL  (Pierre-Rairaond  d'),  pp.  70,  90. 
—  (Ralmond  d'),  p.  (k>. 

HÉLÈNE,  femme  de  Géraud  de  Montaigu,  p.  207. 
HÉLIE  DE  CAHORS,  p.  392. 
HÉLIE    RUDEL   DE    BERGERAC,    p.    4!:;3.    l'oye:; 

ÉLIE. 
HÉLIS,  fille  du  comte  d'Auvergne,  p.  270. 
HEUVISE  D'YBELI^f,  dame   de   Sidon,   femme   de 

Gui  de  Montfort,  p.  378. 
HENPvI,  archevêque  de  Bourges,  p.  546. 
HENRI,  archevêque  de    Reims,  frère  de  Louis  VII 

&  de  Constance,  pp.  20,  21,  23,  59,  60,  221. 

HENRI,  abbé  de  Clairvaux,  puis  cardinal-évéquc 
d'Albano,  p.  217;  vient  combattre  les  héréti- 
ques, p.  78;  passage  de  sa  lettre  relatif  aux 
hérétiques  condanïnés  à  Toulouse  en  1178;  dé- 
tails donnés  par  lui  sur  les  doctrines  &  les 
croyances  des  hérétiques,  p.  84;  est  élu  évèque 
de  Toulouse;  refuse  ce  siège  épiscopal,  p.  85; 
est  élevé  au  cardinalat  &  nomjiié  évêque  d'Al- 
bano; envoyé  comme  légat  dans  la  Province;  y 
exerce  sa  légation  dès  1  180;  ses  premiers  actes, 
pp.  94,  95;  sa  légation  étendue  à  la  Gascogne; 
dépose  Pons  d'Arsac,  archevêque  de  Narbonne; 
tient  au  Pu  y,  le  1  5  septembre  1  iS  1 ,  un  concile, 


p.  97;  en  tient  un  autre,  le  8  décembre  de  la 
même  année,  à  Auch,  p.  98. 

HENRI,  abbé  de  Gaillac,  p.  3. 

HENRI  I,   roi  de  France,  p.  i. 

HE.NRI  H,  roi  d'Angleterre,  pp.  9,  34,  35,  38, 
59,78,  io3,  134,  128;  réclame  comme  ses  vas- 
saux les  comtes  d'Auvergne,  prisonniers  du  roi 
Louis  le  Jeune,  p.  9;  son  entrevue  avec  Rai- 
mond  V;  négocie  la  p.iix  avec  ce  comte,  pp.  24, 
25,  3d  ;  fait  un  pèlerinage  à  Rocamadour,  p.  41  ; 
reprend  la  guerre  contre  le  comte  de  Toulouse, 
p.  5i;  ils  font  la  paix,  p.  5;;  fait  avec  Eléo- 
nore  d'Aquitaine  un  voyage  à  Limoges,  p.  52; 
cherche  à  établir  sa  domination  dans  la  Pro- 
vince, p.  53;  débarque  en  Normandie  S:  menace 
les  Etats  du  roi  de  France;  conférence  tenue, 
en  août  1  1  83,  par  ces  rois  entre  Trie  Si  Gisors, 
renouvelée  en  octobre;  toutes  deux  restent  inu- 
tiles, p.  125;  son  entrevue  avec  Philippe  le 
Bel,  p.  i33;  fait  la  paix  avec  son  fils  Richar'. 
&  avec  Philippe  le  Bel;  meurt  à  Chinoii;  e^t 
inhumé  dans   l'abbaye  de  Fontevrault,  p.   |3S. 

HENRI  III,  roi  d'Angleterre;  intervient  auprès  du 
pape  en  faveur  de  Raimond  VII,  pp.  5-9,  589} 
se  ligue  avec  ce  prince,  p.  592;  est  empêché  par 
le  pape  Honoré  IIÏ  de  secourir  Raimond  ^'^, 
pp.  602,  6o3  ;  cherche  à  traverser  Je  traité  de 
paix  de  1229;  est  abandonné  parle  comte  de 
Toulouse,  p.  642;  confère  avec  Raimond  VII 
en  1232,  pp.  671,  672;  vient  au  secours  du 
comte  de  la  Marche  &  du  comte  de  Toulo'.'.se; 
est  défait;  se  réfugie  à  Blaye,  puis  à  Bordeaux, 
pp.  741,  742;  nouvelle  entrevue  avec  Rai- 
mond VII,  p.  746;  fait  une  trêve  de  cinq  ans 
avec  le  roi  de  France,  p.  70^;  ses  querelles  avec 
Alfonse  de  Poitiers,  p.  833, 

HENRI,  fils  aîné  d'Henri  II,  roi  d'Angleterre,  Se 
d'Kléonore  d'Aquitaine,  épouse  Marguerite,  fille 
de  Louis  le  Jeune;  se  brouille  avec  son  père, 
p.  52;  se  révolte  contre  lui,  pp.  53,  54,  io2j 
reçoit  des  secours  du  comte  de  Toulouse;  sa  ma- 
ladie, sa  mort,  pp.   ic3,  104. 

HENRI,  fils  de  Thibaut,  comte  de  Bar,  se  crciiC  Si 
vient  dans  la  Province,  p.  362. 

HENRI,  roi  de  Castille,  p.  484. 

HENRI,  comte  de  Champagne,  p.  34. 

HENRI,  comte  de  Grand-Pré;  se  croise  C:  ir.eurt 
en  route,  p.  352. 

HENRI  I,  comte  de  Rodez,  pp.  177,  ^70,  .j3;  ; 
se  soumet  à  Simon  de  Montlort,  p.  45:>. 

HENRI  II,  comte  de  Rodez,  p.  735. 

HENRI,  fils  d'Hugues,  comte  de  Rodez,  p.  c  dj. 

HENRI  DE  SULLY,   pp.  597,  721. 

HENRI  DE  VIRZILES  {corr.  VÉZELAYJ,  cnr^.êteuc 
de  Louis  IX,  pp.  8Û7,  870. 

HENRI,  fils  du  comte  de  Bar,  p.  36;. 

Hcnrlcicns,  nom  donné  aux  hérétiques  albi.",i.^!S, 
X'oyez  Alhigco'is,  Htr.ÉTiQtts. 

HÉ'.^ACLE  D'ARLENC,  p.  799. 

HÉRACLE  DE  MONTLAUR,  pp.  5io,  6o3,  Éçt'. 

HÉRACLE  m  DE  POLIGNAC,  fils  de  Pons,  1- 
comte  de  Polignac,  pp.  35,  37;  fait  léparatioa 
pour  te  pillage  de  la  vilic  de  Brioudc  Êc  du  vil- 
lage de  Samt-Germain,  p.  98;  sa  mort,  p.  yj. 


TABLE  GENERALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIERES. 


993 


HÉRACLE,   fils  d'Héracle,   seigneur  de  Moiulaiir, 

p.  799. 
HÉRACLE,  fils  de  Pons   IV ,  vicomte  de  Polignac, 

p.  467. 
Hèrësie  des  albigeois;   son   origine,  p.iys  où   elle 

dominait,  pp.  1,  2,  217,  221,  23o,  23i. 
Hérésies  dans  l'Église  d'Orient,  p.  1. 
Hérétiques  de  la  Province,   pp.    172,  676;    leur 
origine  &  leur  progrés  dans   le  pays,   pp.  i,  2, 
3,  4.  5,  6,   7,  77,  78,  79,  8:,  81,  9.-),  96,    161, 
204,  217,  223,  224,  227,  23o,  23i  ;  leurs  noms, 
pp.  3,  6,   86,  221,  244,  243,  407;   leurs  chefs, 
leurs  évéques  &  autres  ministres;  leurs  erreurs; 
leurs   cérémonies,   pp.    2,   216,   227,   249,    200, 
32J,   J44,  64Ô,  567,  j68,  700,   701,   764,  765; 
les   parfaits  ou    revêtus;    les   simples   croyants, 
pp.    3o2,   6J3,  669,   677;   sont  condamnés  par 
le  concile   de   Lombers,  pp.  4,  5;   viennent   de 
diverses  contrées  tenir  un  concili.ibule  k  Sàint- 
Félix  de  Caraman,  pp.    6,  7;   sont  poursuivis  à 
Toulouse  &  dans  les  environs,  p»  79;  dans  l'Albi- 
geois 8c  le  Toulousain,  pp.  83,  84;  leurs  doctri- 
nes, d'à  prés  l'abbé  de  Clairvaux,  pp.  84,  85;  sont 
condamnés  au  concile  de  Latran,  en   1179;  di- 
vers noms  qui  leur  sont  donnés  par  ce  concile, 
p.  86  ;  leurs  progrés  à  Béziers  &.  dans  le  Toulou- 
sain;   sont   chassés  de   Béziers,    pp.    i5-,    i58, 
i59,  161;   mesures   prises  contre  eux  par  Rai- 
mond  V,  p.  1 62  ;  sont  anathématisés  par  le  troi- 
sième concile  de  Montpellier  en   1195,  pp.  171, 
172;    missions    faites   pour  les   convertir;  sont 
anathématisés,  p.  217;  causes  de  leurs  progrés, 
p.  2i9;brùlés,pp.22o,  221;  mesures  ordonnées 
par   Innocent  III  pour   les   combattre,  p.  22;')  ;• 
leurs    diverses    sectes    dans    la     Province;    leurs 
mœurs,  leurs  croyances,  leurs  rites,  p.  227  ;  sont 
condamnés  par  le   roi  d'Aragon,  3  Carcassonne, 
en  tjrésence  des  légats,  p.  23  1  ;  disputent  conti e 
les  catholiques  aux  conférences  de  Montréal  & 
de   Ramiers,  pp.    249,   lôo,    25i;    Innocent  III 
exhorte    le    roi,    les    évéques    &    les    barons    de 
France  3  les  combattre,  pp.  263,  264;   le  comte 
de  Toulouse  s'engage  à  les  poursuivre  au  concile 
de   Saint-Gilles,   p.  279;   les  habitants  de  Nar- 
bonne  dressent   des   statuts  sévères  contre  eux, 
p.   296;   peines    prononcées  contre  eux   par   le 
concile   de    Latran   en    I2i5,   pp.   469,  470;    se 
réunissent  au  nombre  d'une  centaine  des  prin- 
cipaux, à  Pieussan,   pp.  544,   545;    le  p.'pe  de- 
mande l'intervention  de  Louis  VIII  contre  eux, 
p.  571;  article  du   traité  de   paix  de    1229,    les 
concernant,  p.  632;   ordonnance  rendue  contre 
eux    par   le    roi    saint    Louis,    pp.    644,    645; 
le  concile  de  Toulouse,   de    1229,  établit   l'in- 
quisition   pour   leur   recherche,   pp.  652,  653; 
les  frères  prêcheurs  érigent  l'inquisition  en  tri- 
bunal   ordinaire,    pp.    673,   674;  procédures  de 
ce  tribunal,   pp.  701,  702;   édit  du  comte  Rai- 
mond  VU  contre  eux,  pp.  676,  677;  son:  chas- 
sés de  la  Province;   passent  en   Espagne;  s'em- 
parent de  plusieurs  villes;  commettent  de  grands 
désordres;    sont    exterminés,    p.    63";    plusieurs 
de  ceux  qui    habitaient    le    haut   Languedoc   se 
réfugient  aux  environs  de  Montpellier,  p.  702  ; 
les  évéques  sont  sollicités  d'agir  contre  eux  par 
Raimond  VU,  p.  737;   massacrent  les  inquisi- 
teurs i  Avignonet,  pp.  -33,  739;   leur  nombie 


vers  le  milieu  dû  treizième  siècle,  p.  767;  peines 
prononcées  contre  eux,  pp.  235,  236,  3o3,  304, 
322,  451,  469,470,  622,623,683,  887;  leurs 
biens  sont  confisqués,  pp.  827,  855;  la  restitu- 
tion d'une  partie  des  biens  confisqués  est  ordon- 
née par  Louis  IX,  pp.  867,  868,  872  ;  hérétiques 
brûlés  vifs,  pp.  6,  287,  295,  3oi ,  33  1 ,  357,  36o, 
367,  407,  445,  619,  625,  655,  674,  689,  701, 
765,  769,  780,  802,  840;  corps  &  ossements 
d'hérétiques  exhumés  &  brûlés,  pp.  701,  765, 
840;  condamnés  à  la  prison  perpétuelle,  à  di- 
verses pénitences,  pp.  253,  701,  702,  763,  764, 
799,  800,  839,  840.  —  Voyez  Albigeois. 
Heivment,  château,  p.  287  (Puy-de-Vomc),  arr.  de 
Clermont-Fcrrciiîii . 

HERVÉ  DE  CHEVREUSE,  pp.  810,  812,  824. 

HERVÉ,  comte  de  Nevers,  l'un  des  chefs  de  la 
croisade  contre  les  albigeois,  pp.  267,  275,  284, 
285,  290;  refuse  la  seigneurie  des  pays  conquis 
parles  croisés,  p.  297;  quitte  la  Province,  p.  299. 

HiEi-.LE  (terre  d'^,  pp.  755,  83o. 

HISPAN,    frère    d'Otton ,    vicomte    de    Loraagne, 

p.  545. 
Homicide     &    autres    cr.nits  ;     leur     punition, 

pp.  I  i5,  636,  937,  938. 
Hommage    manuel    promis    par    Raimond  VII   au 

roi  d'Aragon,  p.  735. 

HuNur.iE,  p.  5j7. 

HONORÉ  III,  pape,  pp.  73,  461,  5oo,  5ii,  5i2, 
528,  535,  538,  570,  571,  637;  confirme  la  règle 
des  frères  prêcheurs  que  lui  soumet  saint  Do- 
minique, p.  469;  sa  lettre  au  cardinal  Bertrand 
en  faveur  d'Arnaud,  archevêque  de  Narbonnc, 
au  sujet  de  son  différend  avec  Simon  de  Mont- 
fort,  pp.  480,  481  ;  cherche  à  détacher  Jacques, 
roi  d'Aragon,  de  l'alliance  du  comte  de  Tou- 
louse, p.  5i  I;  s'intéresse  en  faveur  de  Simon  de 
Montfort,  p.  5l2;  ses  lettres  aux  habitants  de 
diverses  villes  en  faveur  de  Simon  de  Montfort; 
texte  de  sa  lettre  à  Raimond  le  Jeune,  pp.  5i3, 
514;  autres  lettres  au  comte  de  Foix,  à  Phi- 
lippe-Auguste, à  tous  les  évéques  de  France,  à 
Simon  de  Montfort,  &c.,  p.  5i4;  lettre  au  roi 
de  France  en  f.iveur  d'Amauri,  pp.  522,  523; 
lettres  au  légat,  p.  538,  à  Raimond  VII,  p.  539; 
sa  sentence  d'exhérédation  contre  Raimond  VII, 
p.  544;  ses  efforts  pour  amener  le  roi  Philippe- 
Auguste  à  secourir  Araauri  de  Montfort  Se  à 
accepter  ses  domaines,  pp.  546,  547;  sollicite 
Louis  VIII  de  marcher  en  personne  au  secours 
d'Amauri  de  Montfort,  pp.  371,  572;  accueille 
favorablement  la  demande  en  réconciliation  de 
Raimon-d  VII  &  suspend  la  croisade,  pp.  579, 
53o  ;  sa  lettre  i  l'archevêque  de  Narbonne, 
p.  \>i\  ;  donne  tous  ses  soins  au  secours  de  la 
Terre-Sainte;  révoque  les  indulgences  accordées 
par  le  concile  de  Latran  pour  la  guerre  d'Al- 
bigeois, p.  58i;  autorise  la  réconciliation  de 
Raimond  VII  avec  l'Église,  p.  58^;  ses  plaintes 
contre  ce  même  comte,  p.  090;  défend  au  roi 
d'Angleterre  de  le  secoL;rir,  pp.  601 ,  6c 2. 

HONORS  DE  BEAtiMONT,  p.  810. 

HÔPITAL  fondé  i  Avignon,  pur  saint  Bénézet,  pour 

recevoir  les  pèlerins,  p.  77. 
—  de  Béziîrs,  ordre  de  Saint-Je.m,  p.  40, 


VI. 


63 


994 


TABLE  GENERALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


Hôi'iïAL  de  Capestiing,  ordre  de  Salnt-Jc;in,  pp.  40, 
870. 

—  de  Goudargues,  p.  40. 

—  de  Larzac,  ordre  de  Saint-Jean,  p.  6\. 

—  Mage,  à  Millau,  p.  6  1  . 

—  du  Saint-Esprit,  à  Montpellier,  pp.  72,  20;  ; 
règle  donnée  aux  frères  &  chevaliers  ;  passe  sous 
différentes  juridictions,  p.  y.'i. 

—  de  Saint-Lazare,  à  Montpellier,  p.  204. 
• —  du  Pont-Saint-Esprit,  p.  891. 

—  de  Saint-Gilles,  ordre  de   Saint-Jean,   d.   241. 

—  de  la  porte  Arnaud-Bernard,  à  Toulouse,  p.  41^8. 

—  de  Saint-Jean  de  Jérusalem,  à  Toulouse,  p.  52  i . 

—  de  Saint-Michel,  p.  61. 

—  Saint-Rémy,  à  Toulouse,  p.  7^2. 
■^-  de  San  Suhra,  à  Toulouse,  p.  5  18. 

—  du  Vigan,  près  d'Albi,  p.   140. 
HospiTALinn.s,  pp.  Soy,  599. 

—  de  Costoge,  en  Catalogne,  p.  65 1. 

—  de  Saint-Bénézet,  p.  891 . 

—  du  Saint-Esprit,  à  Montpellier,  p.  72. 

—  de  Saint-Gilles,  p.  C?>  ;  privilèges  qui  leur  sont 
accordés  par  R.iimond  V,  p.  74,  par  Rai- 
iiiond  VII,  p.  55o. 

—  de  Saint- Jean  de  Jérusalem,  pp.  i  3,  32,  40,  59, 
63,  43 1,  Ô21,  533,  549,  566,  599,  829,  901,  9i3; 
reçoivent  en  don  la  ville  de  Manosque,  p.  32; 
leurs  privilèges,  pp.  5âo,  599. 

—  de  Saint-Jean  de  Narbonne,  p.  714. 

—  de  Saint-Jean,  à  Toulouse,  pp.  52i,  720. 

—  d'Orange,  p.  56o. 

HoRTA,  monastère  de  l'ordre  de  Cîteaux,  p.  210. 
HosTiE-S;  préparées  par  les  religieux  de  Fontfroide 

en  vertu    d'un    privilège  spécial  ;    origine   de  ce 

privilège,  pp.  7  14,  8  i5. 

HUBERT,  archevêque  de  Cantorbèry,  p.    190. 

HuESCA,  ville  d'Aragon,  p.   i5o. 

HUGUES  BÉROARU,  archevêque  d'Arles,  pp.  58-', 
591. 

HUGUES,  archevêque  de  Tarragone,  pp.   i3,  24, 

HUGUES,  èvêque  de  Bigorre,  p.  734. 

HUGUES,  èvêque  de  Clermon  t,  pp.  749,  75  i. 

HUGUES-RAIIMOND,  èvêque  de  Riez,  légat  dans 
la  Province,  pp.  272,  282,  3i9,  327,  3i!i,  334, 
402;  écrit  au  pape  avec  les  autres  légats,  en 
1 209,  contre  le  comte  de  Toulouse,  p.  304  ;  as- 
siste au  siège  de  Minerve,  p.  33  ij  préside  le 
concile  d'Avignon,  p.  3o3j  convoque  le  concile 
de  Saint-Gilles,  p.  335;  sa  lettre  au  pape  In- 
nocent m,  en  i2i3,  p.  336;  est  commissaire 
du  pape  au  concile  de  Lavaur  chargé  d'impcser 
au  comte  de  Toulouse  une  pénitence  canonitiue, 
pp.  403,  404. 

HUGUES,  èvêque  de  Rodez,  fils  d'Hugues  I,  comte 
de  Rodez,  81  frère  d'Hugues  II,  pp.  25,  26,  177, 
269;  est  déposé,  p.  349. 

HUGUES,  abbé  de  Bonneval,  p.   161. 
HUGt-'ES,  chanoine  de   Brioude,  fils  de   Pons,  vi- 
comte de  Polignac,  p.  37. 

HUGUES  D'ALFAR  [al.  ALFIER^  chevalier  Na- 
varrais,  mari  de  GuiUelmette,  fille  naturelle  de 


Raimond  VI,  pp.  329,  387,  555  666;  sénéchal 
d'Agenais,  p.  365. 

HUGUES,  comte  d'Ampurias,  pp.  413,  Soi. 

HUGUES  D'ARSIS,  sénéchal  de  Carcassonne, 
pp.  723,  758,  709,  768,  811. 

HUGUES  DE  BANNES,  p.  75. 

HUGUES  DES  BAUX,  pp.  24,  25. 

HUGUES  DES  BAUX,  prince  d'Orange,  pp.  pS, 
i63,  182,  i83,  2i3,  216,  278,  281,  3o3,  734, 
710;  vicomte  de  Marseille,  p.  417. 

HUGUES  III,  duc  de  Bourgogne,  p.  1  c3  ;  son 
alliance  avec  Raimond  V,  pp.    io5,   ic6. 

HUGUES  m,  duc  de  Bourgogne,  p.  io3;  répudie 
Alice  de  Lorraine  pour  épouser  l'héritière  du 
Dauphiné|,  Béatrix,  veuve  d'Albéric  Taillefer  ; 
a  un  fils  de  Béatrix,  meurt  en  iiçi,  pp.  ic5, 
T  06. 

HUGUES  BRUNEKS,  poète  provençal,  p.  162;  na- 
tif de  Rodez,  se  fait  religieux,  pp.  164,  i65. 

HUGUES   Carior.crji,  p.  566. 

HUGUES  DE  CARDAILLAC,  p.  754. 

HUGUES  DU  CAYLAR,  p.  743. 

HUGUES  DE  CESSENON,  p.  85o. 

HUGUES  V,  abbé  de  Cluny,  p.   ir;5. 

HUGUES,  seigneur  de  Coligny-le-Neuf,  troisièir.c 
mari  de  Béatrix,  p.   106. 

HUGUES  DE  CREYSSEL,  p.  869. 

HUGUES  DELFAU  (corr.  DEL  FAR).  Foye:^  HU- 
GUES D'ALFA  R. 

HUGUES  DE  DURFORT,  p.  753. 

HUGUES-PIERRE  DE  FENOUILLET,  p.  5di. 

rfUGUES-GAUFRED ,  des  vicomtes  de  Marseille, 
maître  de  la  milice  du  Temple,  p.  68. 

HUGUES  DE  LASTIC,  p.  3  58. 

HUGUES  DE  LAUDUMON,  prieur  de  Saint-Satur- 
nin de  Calvisson,  p.  209. 

HUGUES -ERMENGAl'D  DE  LAUTREC,  p.  209. 

HUGUES  DE  LÉSIGNEM  {corr.  LUSIGNAN),  comte 
de  la  Marche,  pp.  610,  73o;  se  ligue  avec 
Raimond  VII,  pp.  73.Î,  735;  prend  les  armes 
contre  le  roi  de  France,  p.  741  ;  est  battu, 
p.  742  ;  fait  sa  paix  avec  le  roi  de  France,  p.  742. 

HUGUES   LE  IMARÉCHAL,  p.   166. 

HUGUES  DE  MIRAKEL,  p.  096. 

HUGUES  DE  MONTLAUR,  maître  de  la  milice  du 
Temple  en  Provence,  p.  698. 

HUGUES  DE  PARDEILLAN,  p.  734. 

HUGUES  DE  PAULIN,  p.  419. 

HUGUES  DE  PÉRIGNAN,  p.   715. 

HUGUES  DE  PROVENCE,  p.  75. 

HUGUES   DE  RABASTENS,  p.  47. 

HUGUES  I,  comte  de  Rodez,  mort  en  1  109,  p.  177. 

HUGUES  II,  comte  de  Rodez,  pp.  14,  65,  118, 
177;  s'allie  avec  Alfonse,  roi  d'Aragon,  contre 
Raimond  V,  p.  25;  ses  différends  avec  l'évêque 
de  Lodève,  p.  66;  favorise  la  poésie  prcvenç.ile, 
p.   177;  sa  mort,  pp.  269,  270. 

HUGUES  m,  comte  de  Rodez,  p.  178. 

HUGUES  IV,  comte  de  Rodez,  pp.  533,  698,  7c5, 
711,  804,  816,  864,  869,  9o3;  se  ligue  avec  le 
comte   de  Toulouse    contre    le    roi,    p.    ySv;    se 


TABLE  GENERALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


990 


soumet  au  roi  après  la  paix  de  Lorris,  pjj.  y.^, 
73/; ;  prend  la  croix,  p.  788;  fait  hommage  8t 
prête  serment  de  fidélité  à  Alfonse  &  à^eanne, 
sa  femme,  p.  812;  ses  différends  avec  ce  prince, 
p.  874. 

HUGUES  DE  ROMEGOUS  {corr.  ROUMENGOUX), 
Tiguier  de  Carcassonne  &  du  Razès,  pp.  0),  65, 
71,   143. 

HUGUES  DE  ROMEGOUS,  p.  719. 

HUGUES  DE  ROVIGNAN,   p.  446. 

HUGUES  DE  SAINT-ROMAIN  [corr.  SAINT-ROME';, 
p.  875. 

HUGUES  DE  SAISSAC,  p.  64. 

HUGUES  DE  SAISSAC,  vicomte  de  Fenouillédes, 
pp.  618,  882. 

HUGUES  DE  SAINT. CYR,  poète  provençal,  p.  "1J9. 

HUGUES  DE  TURENNE,  religieux  de  l'ordre  des 
Mineurs,  p.  787. 

HUGUES  D'USSEL,  p.  38. 

HUGUES,  fils  de  Pons-Hugues,  comte  d'Ampurias, 
p.  924. 

HUMBERT  DE  BEAUJEU.  Foye^  IMBERT. 

HUMBERT  DE  MIRABEL,  évéqiie  de  Valence, 
p.  :'io;J. 

HUMBERT,  comte  de  Maurienne  ou  de  Savoie; 
fait  la  guerre  au  comte  de  Toulouse,  p.  27;  né- 
gocie le  mariage  de  sa  fille  avec  Jean,  quatrième 
fils  d'Henri  II,  roi  d'.\ngleterre,  p.  53. 

HYACINTHE,  cardinal,  légat  dans  la  Province, 
p.  41;  élu  pape,  prend  le  nom  de  Célestin  III, 
p.   i33. 

Hykp.es,  p.  94^>;  une  partie  de  cette  ville  est  don- 
née par  Raimoiid  V  aux  Génois,  p.  61. 


Ile  Amade.  Foyc^  I.sle-Made. 

IlES  Britanniques,  p.  2. 

li,i.E,  vicomte  en  Rousiillon,  p.  618. 

niKERT  Je  A<iuaria,  archevêque  d'Arles,  pp.  i83, 
22.^. 

IMBERT  DE  BEAUJEU,  gouverneur  de  la  Pro- 
vince pour  le  roi,  pp.  618,  629,  63o,  797; 
continue  la  guerre  contre  le  comte  de  Toulouse, 
p.  6iâ;  prend  le  château  de  Montech,  est  battu, 
pp.  627,  628;  ravage  les  environs  de  Toulouse, 
pp.  629,  (iji  ;  le  roi  lui  donne  l'o'rdre  de  com- 
battre Raimond  VII,  en  1242,  p.  749;  reçoit  la 
soumission  de  ce  comte,  p.  731. 

Impôt  du  dixième  levé,  par  ordre  d'Innocent  III, 
sur  les  biens  ecclésiastiques,  pour  les  frais  de  la 
croisade  contre  les  .ilbigeois,  pp.  283,  284. 

INDIE,  fille  naturelle  de  Raimond  V  &  sœur  de 
Raimond  VI,  pp.  i63,  ôj.»,  6i3,  880;  épouse 
Guillabert  de  Lautrec,  p.  209;  après  la  mort 
de  ce  vicomte,  elle  épouse  Bernard- Jourdain , 
seigneur  de  l'Isle-Jourdain,  p.  2!>è. 

I\Rti.r.E.NCES  accordées  pour  la  répression  de  l'hé- 
résie, p.  233. 

—  accordées  par  Innocent  III  à  ceux  qui  combat- 
tent les  hérétiques,  pp.  261,  267,  317. 


INGELBERGE,   première   femme   de  Philippe-Au- 
guste, p.  200. 

INNOCENT  II,  pape,  p.  87. 

INNOCENT  lir,  pape,  pp.  72,  73,  200,  210,   212, 

216,     22.5,     229,     234,     23f),     243,     260,     281,     f)!.-", 

.035,  &c.;  lève  l'excommunication  dont  avait  été 
frappé  Raimond  A'I,  p.  187;  ses  efforts  pour 
procurer  de  prompts  secours  à  la  Terre-Sainte, 
p.  188;  nomme  des  commissaires  contre  les  al- 
bigeois, p.  222;  dépouille  les  évéques  de  leur 
juridiction  ordinaire  pour  la  donnera  ses  lé- 
gats, pp.  23  I,  232;  ses  lettres  au  sujet  de  l'af- 
faire de  l'archevêque  de  Narbonne,  p.  23.'i  ; 
autre  lettre  très-vive  &  très-uienaçante  à  Rai- 
mond VI,  pp.  23.3,  2,'J6,  2.57;  exhorte  Phi- 
lippe-Auguste &  les  principaux  vassaux  du 
royaume  à  prendre  les  armes  pour  exterminer 
les  hérétiques,  p.  26  1  ;  sa  lettre  aux  évéques  au 
sujet  de  Pierre  de  Castelnau,  pp.  264,  263; 
lettres  sur  le  même  sujet  aux  comtes,  barons  8c 
chevaliers,  p.  265;  admet  le  comte  Raimond  VI 
à  se  justifier,  p.  271  ;  ses  lettres  au  roi  de  France; 
indulgences  accordées;  moyens  indiqués  par  lui 
pour  solder  les  troupes,  p.  272;  donne  ses  ins- 
tructions à  ses  légats  au  sujet  du  comte  de  Tou- 
louse; envoie  Milon  en  qualité  de  légat  a  îatcrc, 
p.  273;  sa  lettre  au  comte  de  Toulouse  sur  son 
absolution,  p.  283;  impose  le  dixième  en 
France  pour  les  frais  de  la  croisade,  pp.  283, 
284;  confirme  à  Simon  de  Montfort  la  posses- 
sion de  ses  conquêtes;  essaie  de  lui  procurer  de 
nouveaux  secours,  pp.  3i6,  3i7;  donne  l'ordre 
d'absoudre  les  Toulousains  de  l'excommunica- 
tion, p.  323  ;  ses  lettres  au  sujet  de  Raimond  VI, 
pp.  32-3,  321 ,  322;  confirme  Simon  de  Montfort 
dans  la  possession  de  la  ville  d'Albi  &  fait  lever 
de  nouveaux  subsides  pour  la  croisade,  p.  332; 
ses  lettres  à  plusieurs  personnages  de  la  Pro- 
vince, pp.  337,  338;  ses  lettres  contre  les  héré- 
tiques &  leurs  fauteurs,  p.  344;  confirme  la 
nouvelle  excommunication  prononcée  au  con- 
cile d'Arles  contre  Raimond  VI;  fait  saisir  le 
comté  de  Melgueil;  dépose  divers  évéques,  p.  348  ; 
excuse  auprès  de  Philippe  -  Auguste  la  con- 
duite des  croisés;  écrit  à  l'évêque  de  Mague- 
lonne,  pp.  376,  377;  ordonne  de  nouveau  à  ses 
légats  de  recevoir  la  justification  du  comte  de 
Toulouse,  &  refuse  d'accorder  ses  domaines  à 
d'autres,  p.  33  1  ;  sa  lettre  au  sujet  de  la  posses- 
sion de  la  ville  de  Montpellier,  p.  382  ;  envoie 
dans  la  Province  lever  le  cens  établi  en  faveur 
de  l'K.glise  romaine,  p.  392;  écoute  les  plaintes 
du  roi  d'Ar.'igon  en  faveur  des  comtes  de  Tou- 
louse, de  Foix  &  de  Comminges,  &  du  vicomte 
de  Béarii;  sa  lettre  à  ce  sujet,  pp.  399,  400, 
401;  suspend  la  croisade  contre  les  hérétiques 
de  la  Province,  &  recommande  de  combattre  les 
Sarrasins  d'Espagne,  p.  401  ;  confirme  le  ma- 
riage de  Pierre,  roi  d'Aragon,  avec  Marie  de 
Montpellier,  p.  412;  est  prévenu  par  les  dépu- 
tés du  concile  de  L.'iv.iur  contre  les  habitants  de 
Toulouse  &  leurs  alliés,  pp.  417,  418;  envoie 
le  cardinal  de  Bénévent  dans  la  Province;  le 
charge  de  s'informer  des  droits  de  Simon  de 
Montfort  sur  la  vicomte  de  Nimes;  de  réconci- 
lier avec  l'Eglise  le  comte  de  Comminges  &  Gas- 
ton   de   Béarn;    de    réconcilier   Toulouse   &    de 


990 


TABLE  GENERALE  DES  NOMS  ET  DES   MATIERES, 


mettre  celte  ville  soiiS  la  protection  du  Siuiit- 
Slége;  d'oblifjer  Simon  de  Montfort  à  rendre  le 
jeune  roi  d'Aragon  à  ses  sujets,  p.  4'i*)j  donne 
par  provision  le  comté  de  Tovilouse  à  Simon  de 
Monifort,  pp.  4")."),  4.")5;  écoute  favorablement 
les  plainti'S  portées  contre  Simon  de  Montfort 
par  l'archevêque  de  Narbonnc,  pp.  4i.'o,  461; 
ses  dispositions  pendant  8t  après  le  concile  de 
Latran,  p.  473;  sa  mort,  p.  ^'Jo. 

INNOCtNT  IV,  pp.  674,  774,  737,  788,  72.;,  7.;.^, 
8^4,  8c6,  817,  b'j.4,  b'27,  blii,  Sr,i,  S64,  876; 
son  élection  à  Pavie,  le  24  juin  124.'^,  p.  761; 
permet  à  Raiinond  VII  de  se  réconcilier  avec 
l'Eglise,  pp.  7f>2,  76;»;  ordonne  aux  inquisi- 
teurs de  continuer  leurs  procédures  &  modère 
leur  autorité,  p.  763  ;  se  réfugie  à  Gènes,  puis  à 
Lyon,  p.  770. 

IxoNDATiox  à  Toulouse,  en   1218,  p.  j  i  5. 

Inondations  de  la  Garonne,  p.   145. 

I.s  Qu  isiTEunS  à  Toulouse  &  à  Carcassonne, 
pp.  684,  690,  788,  739,  793,  803,  922;  sont 
chassés  de  Toulouie,  p.  609;  de  Narbonne, 
p.  693  ;  le  pape  modère  leur  zèle,  p.  700  ;  l.urs 
procédures,  pp.  731,  702;  suspendent  l.;uis 
poursuites,  p.  732;  pl.iintes  portées  contre  eux 
par  Raimond\'II,  p.  73J;  massacrés  à  Avigno- 
net,  pp.  740,  741;  plaintes  de  Raimond  \'II 
contre  eux  au  concile  de  Géziers  de  1  243,  p.  7,")  -; 
Oidres  qu'ils  reçoivent  d'Innocent  IV',  p.  76.'); 
le  concile  de  Narbonne  règle  leur  procédure, 
p.  7'')4;  le  pape  modère  encore  leur  autorité, 
p.  766. 

Inquisition,  pp.  79J,  796;  son  origine,  p.  ;23; 
établie  dans  le  pays  par  le  concil.-  ce  Toulouse, 
en  1229,  pp.  6;")2,  6Ô3;  confiée  aux  frères  prê- 
cheurs; érigée  en  tribunal  ordinaire,  p.  673  ;  ses 
procédures,  pp.  ici,  102;  son  exercice  est  sus- 
pendu, p.  702;  les  frères  prêcheurs  prétendaient 
l'exercer  indépendamment  des  évèques,  p.  73ij; 
nouveaux  règlements  pour  sa  procédure,  p.  779; 
bulle  d'Urbain  IV  qui  peut  être  con  sidérée  comme 
un  code  de  procédure  inquisitoriale,  p.  876. 

—  d'Espagne;  son  origine,  p.  796. 

—  de  Toulouse,  p.  r)44. 

Insahatc^,  nom   donné  aux   vauJois   ou  pcLuyrcs  do 

Lyon,  p.  2.")2. 
Interdit  jeté  sur  le  comté  de  Toulouse,  p.  20;  eit 

levé,  p.  2 I . 
Interdits   gém';i\alx   défendus    par   Innocent   III, 

p.  763. 
Investitui'.es,  p.  873. 
ISABEAU    DE    ROQUEFEUIL ,    fille    de    Raimond 

d'Anduze,  pp.  71  1,  903. 
ISABELLE,    fille   de    Jacques,    rc  i    d'Aragon;    son 

mariage  avec  Philippe  le   Hardi,  pp.   809,  88  i  ; 

son  douaire,  p.  87!). 
ISABELLE  DE   LÉVIS,  p.  91 3, 
ISABELLE,  femme  de  Hugues,  comte  de  la  Marche, 

p.  736. 
ISABELLE  DE  MONTMORENCY,  p.  873. 
ISARN,  abbé,  p.   m6. 
ISARN    D'ARAGON,   archidiacre   de   Carcassonne, 

p.  46J. 
ISARN  DE  DOURGNE,  p.  40. 


ISARN'-JOURDAIN  UE  L'ISLE,  pp.  8:1,81  1,  880, 

90;"). 

ISARN  DE  LAUTREC,  pp.  679,  8jj,  86.",,  86Û, 
901 ,  902,  91  3. 

ISARN,  vicomte  de   Saint-Antonin,   pp.   141,   1^2. 

ISARN   DE  SAINT-l'Al'L,  p.  r.O. 

ISARV  JOURDAIN  DE  SAISSAC,  p.  64. 

ISARN  DE  SAISSAC,  p.  942. 

Isle,  ville   du  Venaissin,  pp.   170,  664,  692,  700, 

7'8,  799,  918. 
IsLE-JoLKUAix,  ville,  pp.  14^,  1 9 1 ,  6  I  3  ;  co u t umes 

données  à  cette  ville,  p.    143. 
ISLE-JOURDAIN  (maison  de  1'),  p.  692. 
IsiE  d'AlliceoiS;  origine  de  cette  ville,  p.  798. 
—  (consuls  de  l'j,  p.  8  1  1 . 

Isi.e-Maue,  Ile  Amade,  lieu,  pp.  .'121,6^.(1;  Emy 
il  hUmade  {Tarr.-&-Garonne'),  arr.  Je  Caitelsar- 
rjs'tn. 

I3MIDON  DE  PAl'TE,  p.  68. 
ISNARD   ALDEGARIUS,  p.  ;")48. 
ISNAKD  DE  GARGAIA,  p.  93. 
Is.SOll'.E,  p.   S3p. 

IssoLui  X,  pp.   I  3i ,  I  73. 

ITIER  DE  VILLEBOE,  chevali.r,  p.  465 


jAri:A,  ville  d'Aragon,  p.  24^. 

JAC.ME  I.   Voye:;   JACQUES   I,  roi  d'Aragon. 

JACONIAIUS,  sénéch.il  de  Beaucaire,  p.  794. 

Jacocins  de  Béziers;  reçoivent  en  don  le  sol  sur 
lequel  Simon  de  Montfort  avait  élevé  son  pa- 
lais, p.  Ô7.). 

—  de  Narbonne,  p.  8.56. 

JACQUES,  cardinal-évéque  de  Préneste,  légat  dans 
la  Province,  pp.  708,  725. 

JACQUES,  abbé  de  Saint-Aphrodise  de  Eézicrs, 
puis  archevêque  de  Narbonne,  pp.  S27,  8.)-',  8^2, 
868. 

JACQUES  DE  VITRY,  curé  d'Argenteuil,  p.  377; 
prêche  la  croisade  contre  les  albigeois,  pp.  444, 
5o8. 

JACQUES  I,  roi  d'Aragon,  fils  de  Pierre  II  &  de 
Marie  de  Montpellier,  pp.  62,  63,  411,  429, 
52J,  J6.-.,  6-c,  61S.  6.;?,  68-,  659,  720,  733, 
777,  S49,  853,  853,  869,  873,  880,  889,  898,  Ç09; 
né  à  Montpellier;  circonstances  de  sa  con- 
ception &  de  sa  naissance,  p.  259;  passage  de 
ses  mémoires  relatif  aux  enfants  de  Guil- 
laume VIII,  son  grand-père,  pp.  412,  4i3;  est 
élevé  it  Carcassonne  par  les  soins  de  Simon  de 
Monifort,  p.  431  ;  est  remis  entre  les  mains  du 
légat-cardinal  Pierre  de  Bénévent,  p.  436;  suc- 
cède au  roi,  son  père,  pp.  429,  43o;  est  rendu 
il  ses  sujets  par  Simon  de  Montfort,  pp.  435, 
4!Î6;  son  âge;  amené  au  château  de  Monçon,  en 
Aragon,  il  y  demeu  re  deux  ans  &  den^.i,  p.  44c  ; 
allié  de  Raimond  VI,  p.  5  I  I  ;  recouvre,  en  1217, 
la   seigneuiie  de  Montpellier,   p.  5i2;  fait   un 


TABLE  CÉNÉRALB  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


997 


voyage  à  Montpellier,  p.  668;  fait  hommage 
pour  Montpellier  à  l'évéque  de  Miiguelonne, 
p.  698;  nssiége  la  ville  de  Valence  sur  les  infi- 
dèles, p.  -o^;  son  séjour  à  Montpellier;  pacifie 
la  ville,  p.  -12;  rerueille  la  succession  de  Nu- 
gnez  Saiiche  &  acquiert  le  Roussillon,  p.  71.1; 
pardonne  aux  habitants  de  Montpellier,  p.  86  1  ; 
son  voyige  à  Montpellier,  p.  87.');  ses  différends 
avec  l'évéque  de  M.iguelonne  a  propos  c!e  la 
nomination  des  professeurs  de  droit  civil  à 
MontpîUier,  p.  909;  s'embarque  pour  aller  en 
Terre  Sainte;  s'arrête  a  Algues-mortes  £c  aban- 
donne le  dessein  de  ce  voyage,  p.  914. 

JACQUES,  roi  de  Majorque,  fils  de  Jacques  I,  né  à 
Montpellier,  pp.  -.J9,  874,  SSi. 

JACQUES  UUHOIS,  clerc  du  comte  Alfonsc,  pp.  9   ■', 

908. 
Jallks,  coii'.inanderic  dans  le  Vêlai,  p.  7") 
Janes,  lieu  en  Albigeois,  p.  ?>o. 
JAflENTON  DE  KALFRE,    frère    de    l'hôpital    de 

Saint-Jean  de  Jérusalem,  p.  43. 
JAUSSERANDE  UEL  PUECH,  p.   164. 
JtviAC,  château,  p.   167. 
JEAN  DE  SAINT-PAUL,  cardinal  de  Sainte-Prls- 

que,  légat  dans   la  Province,  pp.  209,  2î;j. 

JEAN,  archevêque  d'Arles,  pp.  728,  7Ô9,  764. 
JEAN    DE    HELI.ES-MAINS,    évéque    de    Poitiers, 

p.  78;  est   promu   à   l'archcvccbé  de   Narbonne, 

puis  à  l'archevêché  de  Lyon,  p.  97. 

JEAN  DE  BURMN,  archevêque  de  Vienne,  légat 
du  Saint-Siège  dans  la  Province,  pp  67.'),  694, 
700,  701  j  assemble  un  concile  à  Béziers  en 
12.14,  P-  "^Sl. 

JEAN  DE  KHTHUNE.  cvêque  de  Cambrai,  tué  en 
1219,  au  siég.'  de  Toulouse,  p.  .^'î.'i. 

JEAN,  religieux  de  la  Grande-Chartreuse,  évêque 
de  Grenoble,  p.  20. 

JEAN,  évêiue  de  Limoges,  p.  22^. 

JEAN  I  DE  MONTLAUR,  évêque  de  Maguelonnc, 
pp.  :";,  24,  47,  62,  72,  ial,  MO,  119,  1,(6  ;  est 
exécuteur  testamentaire  de  Guillaume  VII  de 
Monipîllier,  p.  46;  assiste,  en  1  179,  au  concile 
de  Latran,  p.  86. 

JEAN  II  DE  MONTLAUR,  prévôt  de  Maguelonne, 
p.  662;  cvêque  de  Maguelonne,  pp.  63o,  698, 
71.1,  726,  764,  774;  inféode  à  Raimond  \'II  la 
ville  de  Montpellier,  p.  706. 

JEAN,  abbé  de  Valmagne,  p.  71. 
JEAN,  ministre  des   frères  mineurs    en   Gascogne, 
p.  701 . 

JEAN  DE  ROSSIGNOL,  frère  de  Ihôpital  de  Jéru- 
salem de  Bézieis,  p.  43. 

JEAN-SANS-TERKE,  fils  d'Henri  II,  roi  d'Angle- 
terre, &  d'Eléonore  d'Aquitaine,  pp.  52,  ô.t, 
i3o;  roi  d'Angleterre,  pp.  455,  473,  484. 

JEAN  D'ARCIS,  châtelain  de  Cabrières,  pp.  72.!, 
822,  946. 

JEAN  AURIOLE,  p.  8o3. 

JEAN  DE  BEAUMONT,  lieutenant  du  roi  en  Lan- 
guedoc, pp.  721 ,  723. 

JEAN  DE  BRIGIER,  pp.  529,  53o;  ses  briganda- 
ges; sa  pinition,  pp.  534,  535. 


JEAN  DE  CASTELNAU,  o.  828. 

JEAN,  seigneur  de  Châtilion,  p.   898. 

JEAN   LE  CLERC,  p.  754. 

JEAN     DE     CRANIS,    5én:chal    de    Carcasconue, 

pp.  -2:i,  783,  784. 

JEAN  ESTEVE,  poète  provençal,  p.  924. 
JEAN    DE    FRICAMPS,    sénilchal  de  Carcassonne, 
pp.  633,  701,  871. 

JEAN  DE  GAY  ou  LE  JAY,  chevalier,  p.  -50. 

JEAN  DE  MAISONS,  p.  8;  3. 

JEAN  DE  MONTEIL,  p.  3.-9. 

JEAN  DE  MONTFORT,  fils  de  Philippe  II  de 
Montfort,  porte  le  titre  de  comte  de  Squillace, 
p.  925;  meurt  en  i3oo,  sans  laisser  de  postérité, 
p.  926. 

JEAN  DE  MONT.MORILLON,  p.  898. 
JEAN  DE  NARKONNE,   p.  252. 
JEAN  DE  NESI.E,  p.  619. 

JEAN  DE  NETOYA,  provincial  des  f.ères  mineurs 
en  Provence,  p.  701. 

JEAN  DE  NANTEUIL,   camérier  du    roi,  pp    -21 
9-),  9  I». 

JEAN  D'ORLHAC  DE  MONTPELLIER,  p.  709. 
JEAN  DE  LA  PLANCHE,  p.  743. 
JEAN,  fils  du  comte  de  Rodez,  p.  543. 
JEAN  DE  SAUVE,  p.  85o. 
JEAN  DE  SERNAC   LE  BON',  p.  435. 
JEAN  DU  TE.MPLE,  p.  793. 

JE.AN  DE  TYANGES,  prieur  du  monastère  Saint- 
Saturnin  du  Port,  p.  890. 

JEAN  DE  VANVES,  p.  919. 

JEAN  V,  comte  de  Vendôme,  p.  925. 

JEANNE  D'ANGLETERRE,  veuve  de  Guillaume  II, 
roi  de  Sicile,  p.  1  46  ;  quatrième  femme  de  Rai- 
mond VI,  pp.  17'',,  ô,-,.,,  ,„ére  de  Raimond  \'II, 
p.  641  ;  accouche  à  Beaucaire  d'un  fils  qui  fut 
plus  tard  R.iimondVII,  p.  181;  fait  le  siège 
du  château  des  Cassés;  est  trahie,  veut  aller  re- 
joindre son  frère  Richard  dont  elle  apprend  la 
mort;  se  retire  à  l'.ibbaye  de  Fontevrault;  se 
rend  à  Rouen  près  de  son  autre  frère,  Jean-Sans- 
Terre;  tombe  malade,  p.  189;  prend  l'habit 
religieux,  meurt  en  état  de  grossesse  avancée; 
son  corps  est  porté  à  Fontevrault;  durée  de  son 
mariage  avec  Raimond  VI,  p.   197. 

JEANNE  DE  TOULOUSE,  fille  unique  de  Rai- 
mond \'II  &  femme  d'Alfonse  de  Poitiers,  frère 
de  saint  Louis,  pp.  682,  696,  814,  8i5,  8i3, 
823,  828,  83o,  8)3;  sa  naissance,  pp.  535, 
5  !6  ;  fiancée  à  Alfonse,  frère  du  roi,  p.  649;  est 
en  Terre-Sainte  avec  Alfonse  au  moment  de  la 
mort  de  Raimond  VII;  héritière  universelle  de 
ce  dernier,  p.  8o3  ;  apprend  sa  inort  3  Damiette, 
p.  809;  séjourne  à  Aigues-mortes,  p.  916;  fait 
son  testament,  p.  918;  accompagne  Alfonse  en 
Sicile,  p.  926;  tombe  malade  en  Italie  &  meurt, 
p.  928;  étendue  &  importance  de  ses  domaines. 
pp.  93o,  931. 

JEANNE  DE  LÉVIS,  pp.  913,  924. 

JEANNE,  fille  de  Philippe  de  Montfort,  p.  9:5. 

JEANNE,  veuve  de  Pierre  de  ^'oisins,  p.  çoô. 


998 


TABLE  GENERALE  DES  NOMS  ET  DES   MATIERES. 


JORI,  chevalier,  pp.  007,  ôi  .'i;  gouverneur  du  pays 
de  Comminges  pour  les  Françiiis,  p.  :>i2. 

JOURDAIN  DR  CABARET,  pp.   i55,  61 3. 
JOURDAIN   DE  DOURGNE,  p.  942. 
JOURDAIN,  abbé  de  Saiiit-Sernin,  p.  468. 
JOURDAIN   DE  L'ISLE,  pp.   10,  11. 
JOURDAIN  II,  seigneur  de  l'Isle-Jourdain,  p.  191. 
JOURDAIN   III,   fils  de  Jourdain   II,   seigneur  de 
risle-Jourdnin,  pp.   143,   191,  197. 

JOURDAIN,  second  fils  de  Bernard-Jourdain, 
p.  6 I 3. 

JOURDAIN  IV,  seigneiirderisle-Jourdain,  pp.  880, 
892,  893. 

JOURDAIN  V,  seigneur  de  l'Isle-Jourdain,  pp.  734, 
7.54,  772,  773,   816. 

JOURDAIN  DE  RABASTENS,  p.  811. 
JOURDAIN   DE  SAINT-FÉLIX,  p.    |5.5. 
JOURDAIN  DE  SAISSAC,  pp.  7  1  9,  8  1  1 ,  8  irt. 
JOURDAIN  DE  SAPIAC,  pp.  .52  1. 
JOINVILLE  ;  son  récit  de  la  fête  donnée  par  le  roi 
Louis  IX,  en  1241,  p.  730. 

JoNCELS  (abbé  de),  p.  842. 

J0XGI.ELKS  8c  JONGLEiSES,  expulsés  de  Toulouse, 
p.  237. 

JOSSERANDE,  fille  d'Aymar  I,  comte  de  Valenti- 
nois,  femme  de  Pierre  Bermond  d'Anduze, 
pp.  71  r,  83d. 

JoLTXAiGiES,  rue  de  Toulouse,  incendiée  en  1216 
par  ordre  de  Simon  de  Montfort,  p.  49.5. 

Joyeuse,  château  du  V'ivarais,  pp.  390,  024. 
JUEL  DE  MAYENNE,  pp.  35o,  3.J7. 
Juif  oculiste,  p.  829. 

Juirs,  pp.  Kj3,  278,  840,  862,  919,  944:  ne  peu- 
vent avoir  de  domestiques  chrétiens  ;  privilèges 
accordés  à  ceux  qui.  embrassent  le  christianisme, 
p.  172}  ne  peuvent,  aux  termes  d'un  article  du 
concile  d'Avignon  exercer  de  fonctions  publi- 
ques, p.  3o3  ;  canons  du  concile  de  Narborine 
de  1227  qui  les  concernent,  p.  623;  à  qui  ap- 
partiennent les  droits  perçus  sur  eux,  p.  6.58; 
ne  peuvent  sortir  le  jour  du  vendredi-saint, 
p.  828. 

—  de  Beaucaire,  p.  835. 

—  de  Béziers,  p.  779;  épargnés  par  les  Aragonais 
lors  du  massacre  des  habitants  de  cette  ville, 
p.  39. 

—  de  Girone,  p.  873. 

—  du  Lodévois,  p.    i  19. 

—  de  Montpellier,  p.  726. 

—  de  Narbonne,  p.  71 5. 

—  de  la   Province,  pp.  783,  794,  79,5,  796. 

—  de  Toulouse,  pp.  743,906;  leur  différend  avec 
le  sacristain  de  Saint-Etienne  au  sujet  du  poids 
de  cire  à  fournir  par  eux  le  vendredi-saint, 
pp.  92,  93. 

JULIENNE,  fille  de  Pons-Hugues  &  femme  de  Ber- 
nard-Guillaume, p.  413. 

JUMAT,  coseigneur  de  Lomagne,  p.  540. 
Justice  dans  la  Province,  p.  933. 


La  Bastide,  lieu  du  diocèse  d'Albi,  pris  par 
Amauri  de  Montfort,  p.  .566. 

La   Bastide  ue  Beauvoir,   en   Lauragais,  p.  723 

(^Haute-Garonne),  arr.  de  Villcfranche-dc-Laura- 

gais. 
La    Ba.stide   u'E.nghas,   p.  :jo4  (Gard),  arr.  d'U'^es, 
La   Bastide  d'Og.\ols,  p.  .5c4  (Gard\^  commune  de 

Goudargucs. 
La    BASTiDE-PAUsif.s,  p.  522  (Haute-Garonne),  arr. 

de  Saint-Gaudens. 

L\  Bastide  de  Rociian,  château,  p.  722. 

La  BtCKDE,  lieu  du  Lauragais,  p.  669  (Aude"),  arr, 

de  Casteinaudary, 
La    Bessiére,   lieu,   p.  855  (Tarn),  arr.  de  Gaillae. 
La  BnuGuiÉRE,  château,  pp.  679,  902. 
Lac,   château,   au    diocèse    de    Narbonne,    p.   211 

(Aude),  commune  de  Sigean, 

La  Caune,  château  en  Albigeois,  p.  66;  Roger, 
vicomte  de  Béziers,  y  donne  une  charte,  p.  1  16. 

L\  Cluse,  lieu  du  Roussillon,  p.  2i3. 
La  Couronne,  abbaye,  p.  ic3. 
La  Fo.xt,  abbaye,  p.  275. 

La  Gabde,  château,  pp.  362,  370,  466  ;  La  Garde- 
Viaur  (^Tarn),  commune  de  Montirat. 

LlcARDE,  p.  466  (Ariége),  arr.  de  Pamiers. 
La    Corse,  château,    p.    710;    Lagorce    (Ard'eche), 
arr.  de  Largentière, 

La  Grasse,   abbaye,  pp.  07,  326,  339,   5o2,  021, 
541,  600,  608,  609,  655,   854,  857,  899,  909; 
elle  est  autorisée  à  fortifier   la   ville  de   Rive-, 
saltes;    le   roi  d'Aragon  prend  cetteabbaye  sous 
sa  protection,  p.  92. 

—  ^abbé  de),  pp.  757,  802. 

La  Grave,  château  sur  le  Tarn,  pp.  375,  623. 

La  Guérie,  château,  pp.  362,  385  (Tarn-&-Ga- 
ronne),  arr,  de  Monîauhan, 

La  LiviMÉRE,   château  du  Minervois,  pp.  65,  67. 
LAMBERT  DE  CREICHI,  chevalier,  p.  309. 
LAMBERT  DE  LIMOUX,  pp.  486,  488,  637,  678, 
793,  9i5,  920. 

LAMBERT  DE  MONTÉLIMART  ou  MONTEIL 
ADHÉMAR,  pp.  286,  486,  627,  834. 

LAMBERT  DE  TUREY,  chevalier  français,  sei- 
gneur de  Lombers,  pp.  367,  416,  534,  573,  627, 
866,  905. 

Lande,  rivière  du  Vivarais,  p.   186. 

Langres,  pp.  576,  5;2. 

Languedoc,  p.   169;  origine  de  ce  nom,  p.  935. 

La.vgue  J'Rove.nçale,  pp.  935,  936. 

Lantar,  lieu,  p.  735;  Lantn  (^fiaute- Garonne),  arr. 
Je  Villefranche. 

L\f)N',  p.  23. 

L\  Palu,  château,  pp.  i33,  147,  2^2,  848.  Voye'^ 
Lates. 

La  Po.mmaréde,  château,  p.  377. 


TABLE  GENERALE  DES  KOMS  ET  DES  MATIERES. 


999 


L\  RioLr,  pp.  440,  446,  724,  S\^. 

La  Roche,  chàtenu,  pp.  38,  42. 

La  Roche  de  Glii.n,  château,  p.  796;  La  Rockc- 
tie-Glun  [Drôme'^y  arr.  de  l'aUnce, 

La  Rociinti.E,  p.  917. 

LAr.r.EMi(:r.E,  château  &.  ville  du  Vivaiais,  aïias 
Fanjeaix,  pp.  186,  277,  334,  33 j,  390,  396, 
433,  464,  J27,  .O67,  5^9,  947;  ses  consuls  prê- 
tent serment  aux  légats,  p.  3o3. 

La  Roqce,  p.  838. 

La   RoQiE  nE  Gaiac,   lieu,  p.  449;  I-a  Rajue  Ga- 

geac  iDordogne\  arr.  de  Sarlat, 
La   Ro',>lc    de  VALSEr.dtE',   château   du    Roucrgue, 

pp.  337,  4:>o,  .524,  534,  j3i. 

Larsac;  cet  hôpital  est  uni  au  monastère  de  No- 
tre-Dame de  Cassan,  p.  61. 

LAiîSAc.tES.  foye^  Arsaglés. 

La  Salvetat,  en  .\genais,  pp.  238,  jo?!. 

Las  Bordes,  à  une  lieue  de  C.rstelnaudary,  p.  371. 

Las  Bordes,  village  donné  à  l'évéque  de  Toulouse, 
p.  634. 

La  Serre,  château,  p.  i43j  Lasscrre  [Hautc-Ga- 
rohne)f  arr,  de  Toulouse, 

La  Souterraine,  p.   ')93. 

Lates,  château,  près  Montpellier,  pp.  110,  i38, 
i33,  îi3,  411,  413,  706,  712,  S^i;  est  brillé 
pnr  les  habitants  de  Montpellier,  p.  247;  ses 
habitants  sont  autorisés  a  établir  un  port  &  un 
entrepôt  de  commerce  en   1  1  j  1 ,  p.   101, 

La  Toi  r,  lieu,  p.  816. 

La  TiRRir,  près  Monaco,  p.  62. 

Laldin,  château,  p.  285  (Gard),  arr.  d'U-^ès. 

Lackac,  seigneurie,  pp.  192,801  [Haulc-Garonr.c' , 

arr.  de  Toulouse, 
Laurac,  château,  pp.  90,  3."ii,  600,  701 ,  7.Î2,  -.'i3, 

754,  794»  8.J9;  Raimond  VII  y  passe  en    ij3', 

p.  697  i  Laurac-U-Grand  (Aude),  arr.  de  Caslel- 

naudary,  • 

—  (consuls  de),  p.  811. 

LAtiBAGAis,  pp.  34,  90,  i'^,  1.5,"),  253,  3i3,  326, 
5i3,  600,  669,  857,  85?. 

Lalre,  LAtRA.N,  lieu,  pp.  719,  743,  798,  873; 
Lture  (Aude),  arr,  de  C,:rca<sonnc, 

LAURE,  fille  de  Simon  de  Montfort,  mariée  à  Gé- 
raud  de  Picquigiiy,  p.  5i8. 

I.At'HE  DE  MONTFORT,  se  onde  femme  de  Ber- 
nard VII,  comte  de  Commingcs,  p.  735. 

LAURE  DE  SAUJORLAN,  p.  243. 

LAURENCE,  femme,  dit-on,  de  Dodoii,  comte  de 

Comminges,  p.   1  25. 
LAURENT,  évèque  de  Conserans,  p.  iE5. 
LAURETTE,    fille     de    Philippe    de    Montfort, 

p.  925. 
Lauriac,  lieu,  p.   144.  Voyc^  Loi.nis. 
Lai; RI 01,,  lieu  sur  le  Rhône,  p.  4'')4  ;  f-onol  (Drame), 

arr.  de  Faïence. 
Laisep.te,  en  Querci,  pp.  705,  821. 

—  (bailliage  de),  p.  755. 

—  (consuls  de),  p.  81  1. 

—  f prud'hommes  de),  p.  81  1 , 


i33. 


97, 
une 


Lautrf.c,  lieu,  p,  4. 

—  château,  p.  678. 

—  vicomte,  p.  Q9,  140. 

—  (vicomtes  de),  pp.  673,  707,  85^,  933. 
Lacthegois,  p.  679. 

Lavacr,  pp.  4,  97,  154,  237,  3j7,  369,  371,  384, 
392,  454,  466,  471,  536,  56o,  618,  629,  636, 
688,  754,  795,  958;  assiégé  &  pris,  p.  90;  est 
assiégé  par  Simon  de  Monifort,  pp.  .35 1,  352, 
355;  est  pris,  pp.  356,  357,  358  j  un  concile  y 
est  tenu,  pp.  402,  407,  408;  ses  murs  sont  dé- 
truits, p.  635;  plusieurs  hérétiques  y  sont  con- 
damnés en  1241,  p.  738. 

—  (consuls  de),  p.  811. 

—  (diocèse  de),  p.  641. 

Lavelanet,  château,  p.  388  (Ariége),  arr.  de  Fuit. 

La  VoiLTE-stu-LoiRE,  en  Vêlai,  p.  99. 

Le  Caihe,  p.  814. 

Lecqles,  château,  pp.  63,  3^6  (Gard),  arr.  de  Nî- 
mes, 

LECTOtBE  (diocèse  de),  p.  545. 

Le  Ma.vs,  pris  sur  Henri,  roi  d'Angleterre,  p 

Le.vtili.ac,  p.  450. 

Lto.xcEL,  abbaye,  p.   134. 

LÉOPOLD,  duc  d'Autriche,  p.  35o. 

Lk  Puy,  pp.  12,  469,  525,  789,  833,  839, 
906,  947;  un  concile  y  est  tenu  en  ii8f^ 
confrérie  s'y  établit  en  1  1  83  pour  le  rétablis- 
sement de  la  paiK,  pp.  107,  1  o3,  109;  on  y 
conclut  la  paix,  en  1  i83,  le  jour  de  l'Assomp- 
tion, p.  109;  Philippe-Auguste  y  séjourne  en 
I  188,  p.  129;  y  reçoit  divers  hommages;  péages 
perçus  dans  cette  ville,  p.  i3o;  régale  de  l'évc- 
ché  de  cetteville,  droit  de  leude,  p.  144;  charte 
établissant  la  paix  entre  l'éveque  &  les  habi- 
tants; droits  reconnus  à  la  commune,  p.  52j  ; 
ses  évèques,  p.  527;  ui'i  concile  y  est  tenu  en 
1  222,  p.  5')0;  entrevue,  dans  cette  ville,  des  rois 
de  France  &  d'Aragon,  p.  75^. 

—  (diocèse  du),  pp.  766,  922. 

—  (évèque  du),  pp.  768,  947. 

Le  Pi,  y,  forteresse  delà  vilIcdePéngicux,  p.  102. 
Le  Ptv  DE  VEr.NtJOi.,  p.  711. 
Lf.r.A.v,  château,    p.  258  (Arirgc),  arr. 
Ltr.iDA,  pp.    118,    i33,   5i2;    le   roi 
tient  sa  cour  en   1  173,  p.  48. 

—  (évèque  de),  p.  7':3. 

Lescire,  château,  pp.  95,  523;  rasé  par  Amauri 
de  Montfort,  p.  5j6  (Tarn),  arr,  d'Alhi, 

Ltsir.NAN,  pp.  478,  479,  ^'55,  723;  la  vicomtesse 
de  Narbonne  y  fait  sa  paix  avec  Roger,  vicomte 
de  Bézieis,  p.  44. 

Lei  DE,  p.  I  I  5". 

—  sur  la  boucherie  d'Albi,  p.    l35. 

Lecdes  &   CAiTio.\s  de  la  ville  d'Albi,  pp.  3o,  3i. 
LÉVIS  (maison  de),  pp.  679,  902. 

—  (maréchal  de),  pp.  466,  65o. 
LtzAT,  lieu,  pp.  732,  733,  917. 

—  (abbaye  de),  p.  732. 

—  (abbi  de),  pp.  747,  767,  887. 


de  Pamiers. 
d'.\ragon    y 


lOOO 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS   ET  DES   MATIÈRES. 


Lici;r,Ti';s  offertes,  moyennant  finances,  aux  villes 
par  Alfonse  de  Poitiers,  p.  500. 

—  &  FRANCHISES  des  habitants  de  Nimes  confir- 
mées parjlaimond  V,  en   118"),  p.   r23. 

LiciiiinLD,  évêché  d'Angleterre,  p.  Ô79.  , 

LiG.NA.N,  lieu,  pp.  208,  601,  6op,  870  [Hérault), 
arr.  Je  Bc:;iers. 

LiGL'E  entre  les  vicomtes  de  Nimes  &  de  Carcas- 
soiine,  la  vicomtesse  de  Narbonne,  les  seigneurs 
de  Montpellier  &  le  roi  d'Aragon  contre  Rai- 
mond  V,  p.  69. 

Lir.LE  du  roi  d'Aragon  Sv  de  divers  seigneurs 
contre  Raimond  V,  p.  87. 

Limoges,  p.  Si;  le  roi  d'Angleterre  &  Raimond  V 
y  séjournent,  p.  54;  son  château  est  livré  au  roi 
d'Angleterre,  p.  104;  ses  habitants  se  pronon- 
cent contre  Henri  II,  roi  d'Angleterre,  en  fa- 
veur de  son  fils,  p.   ic3. 

—  (diocèse  de),  p.  332. 

Limousin,  pp.  24,  io3,  862;  ravagé  par  les  rou- 
tiers, p.   109. 

LiMoux,  pp.  44,  90,  91,  3o9,  3i4,  jip,  521,  564, 
6i-j,  719,  74!,  Soo,  870;  son  bourg  est  assigné 
en  douaire  ji  Adélaïde,  par  son  mari,  Roger, 
vicomte  de  Béziers,  p.  43;  rentre  sous  la  do- 
]iiination  du  vicomte  Trencavel;  est  rebâtie  sur 
son  ancien  emplacement,  p.  57.");  ayant  été  re- 
bâtie par  ses  habitants  sur  la  colline,  Louis  VIII 
la  fait  détruire,  p.  610;  demandes  des  consuls 
de  Limoux  aux  commissaires  enquêteurs  en 
1 262,  p.  87 1 . 

LisLE,  en  Albigeois,  pp.  486,  798,  8ir,  918. 

LisSAC,  lieu  du  comté  de  Foix,  p.  18.0  [Aricgc], 
arr.  de  Pamlcrs. 

Livre,  poids  commun  de  Toulouse,  p.  93. 

Livre  prime;  son  poids,  p.  93. 

Loc-DiEU,  abbaye  de   l'ordre  de  Cîteaux,  p.   177. 

LoDKVE,  pp.  3,  4,  ,*),  48,  98,  118,  i38,  1.Î9,  202, 
.5;^4,  566,  069,  570,  789;  l'évêque  a  le  droit  de 
faire  battre  monnaie,  p.  119;  différends  des 
habitants  avec  l'évêque,  p.  172;  ils  l'obligent  à 
jurer  l'observation  de  leurs  usages  &  de  leurs 
coutumes;  l'évêque  est  assassiné,  p.  j3o;  sa 
mort  est  vengée,  p.  38  1  . 

—  (archidiacre  de),  p.  757. 

—  (chapitre  de),  p.  870. 

—  (comté  de),  p.  712. 

—  (consuls  de),  p.  9:7. 

—  (diocèse  de),  pp.   i36,  i38,  2c2,  6i5,  797,  830. 

—  (évêque  de),  p.  33o,  56  1 ,  757,  758,  767,  800, 
832,  842,  868,  869,  912,  9:7. 

LoDÈvois,  p.  66. 

LoGROGxo,  ville  d'Espagne,  p.  8c  i. 
Loi    romaine   observée   durant   le  treizième   siècle 
dans  la  Province,  p.  937. 

LOMAGNE  (vicomte  de),  p.  748. 

' —  vicomte,  p.  778. 

Lo.MRARDii;,  p.   892. 

LoMHERS,  château  &  ville  du  diocèse  d'Albi,  pp.   1 , 

3,  71,  220,  3o:,  3ii,  3i7,  343,  55'i,  5.''i7,  074, 

785. 

—  (baronnie  de),  pp.  627,  834. 


LoMREr.s  (châtellcnie  de),  p.  646. 

—  (seigneurs  de),  p.  798. 

—  (seigneurie  de),  p.  534. 
LoMCEZ  (diocèse  de),  p.  641. 
Lo.NGAGES,  inonastère,  p.  8o3. 

Lo.VGl'O.NT,   p.    874. 

LoRDAT,  château,  p.  65o  (Àrir'gc'),  arr.  Je  Foix. 

LoBDADAis,  pays,  p.   198. 

Lorraine,  pp.  220. 

LoRRis,  au  diocèse  d'Orléans,  pp.  144,  648,  75i, 
7Ô2. 

Loi'GE,  rivière,  pp.  27,  421. 

LOUIS  VI  dit  LE  GROS,  roi  de  France,  p.  526. 

LOUIS  VII  dit  LE  JEUNE,  roi  de  France,  pp.  3, 
4,  7,  i3,  19,  20,  38,  73,  87,  129,  467,  526; 
son  expédition  en  Auvergne,  pp.  8,  9;  confirme 
les  privilèges  de  l'église  de  Narbonne;  termine 
son  expédition  en  Auvergne  &  en  \'elai  ;  assiste, 
à  Paris,  aux  couches  de  la  reine  Alix  de  Cham- 
pagne, p.  1  I  ;  écrit  à  Alexandre  III,  en  faveur 
des  habitants  deToulouse,  pp.  20,  21;  nouvelle 
expédition  contre  levicomte  de  Polignac,  p.  35; 
ratifie  les  conventions  faites  entre  ce  vicomte  & 
l'église  du  Puy,  p.  38;  sa  lettre  au  vicomte  de 
Béziers  au  sujet  de  son  mariage  avec  Adélaïde, 
sa  nièce,  p.  43;  règle  le  cérémonial  du  couron- 
nement  de   son    fils   â  Reims;   meurt   en    1180, 

.    p.  92. 

LOUIS  VIII,  fils  aîné  de  Philippe-Auguste,  roi  de 
France,  pp.  570,  591,  592,  656,  919,  933;  se 
croise  contre  les  albigeois;  abandonne  son  des- 
sein, p.  4i5;  se  croise  de  nouveau  &  vient  dans 
la  Province,  pp.  4.54;  se  rencontre  avec  Simon 
de  Montfort,  p.  455;  récit  de  son  voyage, 
p.  458;  vient  à  Toulouse  &  y  finit  sa  quaran- 
taine; obtient  de  l'abbé  de  Castres  une  relique 
de  saint  Vincent,  martyr,  pp.  462,  463  ;  marche 
au  secours  d'Amauri  de  Montfort,  pp.  528,  529; 
soumet  la  Rochelle  &  vient  devant  Marmande 
accompagné  des  principnux  membres  du  clergé 
&  de  la  noblesse  de  France,  pp.  53o,  53  1  ;  lève 
le  siège  de  Toulouse,  p.  532  ;  est  sollicité  par  le 
pa]>e  de  faire  la  guerre  aux  albigeois,  p.  .')68  ^ 
part  pour  Reims  &.  y  est  sacré,  p.  569;  est 
sollicité  d'intervenir  en  faveur  d'Amauri  de 
Montfort,  p.  071;  engagé  à  se  charger  en  per- 
sonne d'une  expédition  contre  le  comte  de 
Toulouse;  fait  diverses  conditions  au  pape 
pour  se  charger  de  l'expédition  d'Albigeois, 
pp.  576,  577;  se  décide  â  cette  expédition, 
pp.  596,  597;  reçoit  la  croix  des  mains  du  légat 
du  pape,  p.  599;  se  met  en  marche;  ses  forces, 
p.  604;  plusieurs  villes  se  soumettent  à  son 
approche,  p.  6;5;  change  l'évêque  de  Carcas- 
sonne;  tient  une  assemblée  à  Pamiers,  p.  614; 
assiège  &  soumet  Avignon,  pp.  606,  607,  608, 
610,  611  ;  traverse  le  Rhô«e  &  s'assure  du 
pays  jusqu'à  quatre  lieues  de  Toulouse,  p.  612  j 
reprend  la  route  de  France,  p.  616;  suite  de 
son  voyage  dans  la  Province,  arrive  en  Auver- 
gne, pp.  618,  619;  tombe  malade  à  Montpen- 
sier;  y  meurt,  le  8  novembre  1226,  p.  619. 

LOUIS  IX,  pp.  852,  889,  9c^8,  932;  sacré  à 
Reims,  p.  6;o;  ordonne  qu'on  rende  à  Rai- 
mond les  biens  usurpés  sur  lui,  p.  660  j  envoie 


TABLE  Gl'.NERALE  DES  NOMS  ET  DES   MATIERES. 


lOOI 


dts  commifsnires  pour  recevoir  In  soumission 
de  R;iimond  ^'II,  p.  7Ôo;  reçoit  le  comte  de 
Foix  à  l'hommage  comme  vassal  immédiat, 
p,  7^1;  ses  voyages  en  1 24'>,  p.  709;  arrive 
dans  la  Province  pour  s'embarquer  à  Aiguej- 
mortes,  p.  796}  part  p.Tur  la  Terre-Sainte, 
p.  798  ;  revient  en  France  avec  divers  cheva- 
liers de  la  Province  qui  l'avaient  suivi  en  Terre- 
Sainte,  p.  83d;  arrive  à  Beaucaire  &  parcourt 
une  partie  de  la  Province,  p.  8^.");  envoie  des 
commissaires  dans  la  sénéchaussée  de  Beau- 
caire &  de  Carcassonne,  p.  liSp;  traite  avec  le 
roi  d'Angleterre  pour  la  possession  de  certaines 
provinces,  pp.  862,  863;  se  rend  à  Clermont 
pour  le  mariage  de  son  fils  Philippe,  p.  873; 
lève  des  subsides  pour  son  passage  d'outre-mer, 
pp.  911,  912;  son  arrivée  à  Aigues-mortes;  il 
séjourne  deux  mois  dans- cette  ville  ou  aux 
alentours,  p.  91.);  débarque  près  de  Tunis; 
y  meurt,  le  25  août  1270,  p.  923. 

LOl'IS,  fils  aîné  de  Louis  IX,  régent  du  royaume, 
pp.  833,  860. 

LOUIS  DE  SAVOIE,  p.  92".. 

LOUP  DE  FOIX,  fils  de  Raimond-Roger  &  frère 
de  Roger-Bernard  ,•  comtes  de  Foix,  pp.  .'129, 
563,  56^,  û5o,  700,  760,  810,  888. 

LoBPiAN,  château,  pp.  71,  izc^,  121,  112,  184, 
202,  J2i,  53  I,  583  {Hérault),  arr.  de  Moitt- 
pcllicr, 

Lotr.iiES,  château,  p.  499  (Haulcs-Pyrcnccs],  arr, 
H'Argclès. 

LOUVE  DE  PENAUTIEll,  surnom  donné  à  Étieii- 

nette  de  Penautier,  pp.  i63,  556. 
Locvr.E;  sert  de  prison   à   Raimond  VII,  après  la 

paix  de   1229,  p.  644. 
LUCAS,  procureur  de  Simon  de  Montfort,  pp.  493, 

494,  496,  49-. 

LUCE  II,   pape,  p.  218. 
l.UCE  III,    pp.  97,   104,  218,  260. 
LuKXS,  château,  pp.   65,    142,    194  {Hérault"),  arr. 
Je  Lodève. 

LuNEL,  au  diocèse  de  Maguelonne,  pp.  47,  68, 
457,  732,  733,  816,  817.  944,;  Raimond  VII  & 
Jacques,  roi  d'Aragon,  s'y  liguent,  p.  726. 

—  (baronie  de),  p.  869. 

—  (seigneur  de),  pp.  868,  933. 

Llzf.cii,  château,  p.  71  1  {Lot),  arr,  de  Cahors. 

Lyon,  pp.  6,  149,  455,  63o,  825;  la  première  ar- 
mée levée  contre  les  albigeois  s'y  réunit,  p.  284  ; 
un  concile  y  est  tenu  en   1  245,  p.  774. 

—  (archevêque  de),  pp.  96,  97,  222,  3  1  7,  593. 

—  (diocèse  de),  p.  383. 


M 


MABILIE,  fille  de  Gui  Fulcodi,  p.  885 
MABILIE  DE  PONTEVEZ,   p.  243. 
MAKILLE,  viguier  de  Béziers,  p.  743. 
M  A'  limi  m:,  p.   I . 


MADIÈRE3,  surnom  donné  à  Raimond-Guillaume 

de  Montpellier,  pp.    1  18,  J96. 
MAFFRÉ     ciuts     MAINFROI     DE     RABASTENS , 

pp.  754,  81  1. 
Magala.s,  p.  743  {Hérault),  arr.  de  Béliers. 
Magl-elo.v.nf-,    pp.    24,   4S,    47,    62,    72,   98,    lOC, 

110,    i37,    159,   201,   2o3,   232,   260,   554,   584, 

662,  782,  784;  Alexandre  III  y  séjourne,  p.  1  3  ; 

Raimond-Bérenger,    comte    de    Provence,    est 

inhumé  dans  la  cathédrale  Saint-Pierre,  p.  94; 

démêlés  entre  le  chapitre  &  l'évêque,  p.    119. 

—  ^archidiacre  de),  p.  707. 

—  (diocèse  de),  pp.    |36,   |37,  640,  93j. 

—  (église  de),  pp.  571,757. 

—  (évéque  de),  pp.  24,  56 1  ,  707,  795,  796,  842, 
848,  862,  868,  881,  896,  912,  947. 

MAHAUD  DE  GARLANDE,  mère  de  Bouchard  de 
Marly,  p.  33i . 

Maillcs  de  LATn.s,  p.  862. 

Mainades,  pp.  277,  278,  279;  nom  donné  aux 
compagnies  d'Aragonais  qui  dévastèrent  la  Pro- 
vince vers  la  fin  du  douzième  siècle,  p.    172. 

Maine,  p.  862. 

MAINFROI,  fils  naturel  de  Frédéric  II,  roi  de  Si- 
cile, pp.  873,  876,  883,  S92. 

MAINFROI  DE  RABASTENS.  Foye^   MAFFRÉ. 
Maison  d'Aymeri  ;    nom   donné  au    monastère  de 

Va  j  a  1 ,  p .   1  8  5 . 
Maîtres  en  théologie,  droit  canonique,  ès-arts  & 

régens  de  grammaire  entretenus  à  Toulouse  par 

Raimond  VII,  confon.iément  au  traité  de  1229, 

pp.  633,  643. 
Majouque,  île,  p.  663. 
MAt.AMOnT,    château,    pp.    586,    711;     Malcmort 

{Faucîuse),  arr,  de  Carpcntras. 
MalaitEne,  château,  pp.  69,  6o3,  658  {Vauclusc), 

arr.  d'Orange, 
MALAtiSE,  p.  179  {Tarn-S'-Garonne),  arr.  de  Moissac, 
Maievieille,  lieu,  p.  ij5. 
Malvers,  lieu,  p.  71  ;  Malyès  {Aude),  arr.  de  Car- 

cassonue,  ou  le  suivant  : 
Malvié.s,  lieu,  p.  466  (Aude),  arr.  de  Limoux, 
MANASSÉS,  évéque  d'Orléans,  p.  4:8. 
MANiniÉEN.s,  p.    228;   brilles   à   Orléans,  dans   le 

Toulousain,  &c.,  p.  2. 
—  d'Arménie,  p.   1 . 

Maniciiêis.me,  p.  221  ;  développement  de  cette  hé- 
résie, pp.  1,2;  principe  des  erreurs  des  hérétiques 
condamnés  par  le  concile  de  Lombers,  p.  5. 

Mano.sque,  ville,  p.  198;  donnée  par  le  comte  de 
Forcalquier  aux  hospitaliers  de  Saint-Jean  de 
Jérusalem,  p.  32. 

MANRIQUE  DE  LARA,  p.  617. 
MANRIQUEZ.  Voyc^  AMALRIC. 
Mantes,    p.    129;    Philippe-Auguste   y   meurt   le 

14  juillet  1  223,  p.  568. 
MANUEL    CO.MNÈNE,    empereur    de    Constanti- 

nople,  p.  62. 
Marais  de  Fontcouverte,  p.  22. 
MARConuiX AN,  p.  856  {Aude),  arr.  de  Narhonne, 
MARriiANDS  venant  au  port  d'Agde,  p.    1  16. 


lOOl 


TABLE  GENERALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


Mamibé  de  viande  de   boucherie  «tabli  à  Toulouse 

en  I  I  9^,  p.    1  Ô9. 
Mahéciial  de  la  foi,  p.  65j. 
Marctc  (lit),  étang  à  Aigiies-niortes,  p.  ySS. 
MARGUERITE,  fille  du  comte  de  Provenc»,  femni» 

de  saint  Louis,  pp.  680,  SyS,  874. 

MARGUERITE,  fille  de  Louis  le  Jeune  &  de  Cons- 
tance de  Castille,  mariée  à  Henri,  fils  aîné 
d'Henri  II,  roi  d'Angleterre,  p.  52. 

MARGUERITE  DE  LA  MARCHE,  fiancée  de  Rai- 
mond  VIIj  pp.  y.'jô,  775. 

MARGUERITE  DE  MARLY  ou  DE  MONTMO- 
RENCY, femme  d' Ay m eri,  vicomte  de  Narbonne, 
pp.  647,  672,  7i5. 

MARGUERITE  DE  MONTCADE,   p.  889. 
MARGUERITE,  seconde  femme  de  Pierre  de  Lara, 
p,  210. 

MARGUERITE,  fille  d'Amalric  de  Narbonne, 
pp.  918,  924. 

MARGUERITE,    fille    d'Aymeri    IV,    vicomte    de 

Narbonne,  p.  7  r  5. 
Mabglerittes,  château,    pp.    88,  5io   (Gar.l),  arr. 

de  Nimes. 

MARIE  D'ANDUZE,  femme  de  Arnaud-Othon, 
vicomte  de  Lomagne,  remariée  plus  tard  à  Ar- 
chambault,  pp.  83o,  918,  920. 

MARIE  D'ANTIOCHE,  dame  de  Thoron,  p.  8)4. 
MARIE    DE    KEARN,    prieure    du    monastère    de 
Sainte-Croix  de  Volvestre,  p.  48. 

MARIE,  fille  de  Guillaume  Vif,  seigneur  de  Mont- 
pellier, p.  j\6  ;  épouse,  en  1182,  Aymeri,  sei- 
gneur de  Clermont,  p.  47. 

MARIE  DE  MONTPELLIER,  reine  d'Aragon,  fille 
de  Guillaume  VIII,  seigneur  de  Montpellier,  & 
d'Eudoxe  Comnéne,  épouse  Barrai,  vicomte  de 
Marseille,  puis  Bernard,  comte  de  Comminges, 
&  en  troisièmes  noces  Pierre  II,  roi  d'Aragon, 
pp.  118,  181,  202,  207,  240,  41  I  ;  son  premier 
mariage  avec  Barrai,  vicomte  de  Marseille, 
p.  182;  renonce  à  la  succession  de  son  père, 
pp.  r83,  184;  est  répudiée  par  le  comte  de 
Comminges,  p.  212;  son  mariage  avec  Pierre  II, 
roi  d'Aragon,  p.  2|3;  titres  qu'elle  prend  après 
avoir  épousé  le  roi  d'Aragon,  p.  21  5;  sa  protes- 
tation au  sujet  d'une  disposition  du  projet  de 
mariage  de  sa  fille  Sancie,  p.  241;  accouche 
de  Jacques  à  Montpellier,  p  2.^9  ;  fait  un  voyage 
à  Rome  pour  défendre  la  validité  de  son  ma- 
riage} obtient  une  sentence  du  pape  contre  ses 
frères  du  second  lit,  p.  412;  meurt  à  Rome  en 
odeur  de  sainteté,  pp.  4i3,  414;  ses  dernières 
dispositions;  lieu  de  sa  sépiilttire,  pp.  414,  4  1  ô. 

MARIE,  fille  de  Raimond  VII,  p.  801. 

IMARIE,  sœur  d'Eustache  de  Boulogne  &  femme  de 

Philippe,  comte  de  Flandre,  p.  2j. 
MARIE  DE  PIERRELATTE,  p.   166. 
MARIE  DE  VENTADOUR,  p.    |65. 
MAr.MAXDE,   pp.   323,   522,   662,   723,    724,   755, 

82.'),   930;   ses  habitants  se  soumettent  à  Simon 

de  Mont  fort,  p.  389;  prise  par  ce  comte,  p.  446  ; 

assiégée    par    Amauri    de    Monifort,    p.    029; 

prise  de  cette  ville;  sort  de  ses  habitants,  p.  53 1 . 


Marquefavk,  château,  p.  742  {Haute-Garonne), 
arr.  de  Muret. 

Marqoisat  de  Provence,  pp.  554,  641,  670,  67Î, 
681,  <<32,  692,  761,  8i3,  814,  818,  823;  son 
étendue,  p.  170;  donné  par  le  légat  au  roi  au 
nom  de  l'Église  romaine,  p.  657. 

MARQUISE,  fille  d'Amalric,  vicomte  de  Nar- 
bonne, p.  924. 

MARQUISE,  fille  d'Aymeri  de  Clermont,  p.  870. 
MARQUISE,    femme     du    vicomte     de    Polignac , 
p.   16O. 

MARQUISE.  Voye^  GUILLELMETTE ,  sœur  de 
Guillaume  VII  de  Montpellier,  p.  47. 

Map.sSAC,  lieu,  p.  71;  Mansac  (Tarn),  arr.  d'Alhi. 

—  château,  p.  879. 

Mahmiillax,  lieu,  pp.  £9,  90  [Hérault),  arr.  de 
Béliers. 

—  château,  pp.   120,   121,   122,  58l,  533. 

Mauseilt.e,  pp.  14,  127,  149,  216,  3o3,  485,  486, 
004,  5i3,  608,  661,  799,  807,  848,  940;  une 
partie  de  cette  ville  est  donnée  par  Raimond  V 
aux  Génois,  p.  61;  assiégée  par  le  comte  de 
Provence,  p.  664;  cause  de  ce  siège,  p.  665. 

—  (évéque  de),  p.  757. 

Martel,  château  dn  Querci,  p.  2-79;  le  fils  aîné 
d'Henri  II,  roi  d'Angleterre,  y  meurt  en  11 83, 
p.  tct. 

MARTIN  D'ALGAIS,  chevalier  espagnol,  pp.  371, 
372,  389. 

MARTIN  DE  LUZIA,  seigneur  a ragonais,  p.  42C. 
Martres,   pp.  5o6,  522  [Haute-Garonne),  arr.  de 
Muret. 

Marvkjols,  pp.  211,  864;  assiégé  &  pris  par 
Guillaume  de  Peyre,  évéque  de  M  en  de,  pp.  21  1 , 

2  1  2. 

Masax,  abb.iye  de   l'ordre  de  Cîteaux.  Voyc^  Ma- 

ZAN. 
Mascmîon,  tour  â  Toulouse,  p.  495. 
MASCARON,  prévôt  de  la  cathédrale  de  Toulouse, 

p.  237. 

MASCAROSE,  fille  de  Bernard  VI,  comte  de  Com- 
minges,   femme    d'Henri    II,    comte    de    Rodez, 

p.  7>5. 

M  ïs-d'Agexais,  pp.  104,  724,  735  ;  est  assiégé  par 

Simon  de  Montfort,  p,  440, 
—  (prieur  du),  p.  693. 
Mas-d'Azil  (abbé  du),  pp.  887,  888. 
Mas-Garmer,  abbaye,  pp.  5oo,  878,  879. 
Mas  de  Verdin,  p.  734;  auj.  Mas-Grenier  (Tarn- 

&-Garonne),  arr.  de  Casteharrasin. 

Mas-Smxtes-Pi;ei.les,  pp.  5i3,  988  [Aude),  arr. 
de  Ca^telnaudary. 

Masmoléne,  p.  2?5i[Gflri/),  commune  de  la  Ca- 
pelle. 

MaSSILLARGLES,  p.  281    [Gard],  arr,  d'Usés. 

Massoire  (la),  pp.  814,  865. 

MATFRED,  premier  abbé   de   Bonnecombe,  p.  26. 
MATFRED  DE  BELVÈZE,  pp.  368,  428. 
MATFRED  DE  CASfELNAU,  p.  705. 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIERES. 


ioo3 


MATHE,  femme  de  Gaston,  vicomte  As  Bénin, 
p.  S'i6. 

MATHELINE,  (ille  de  Berna  rd-Aton,  femme  d'Ar- 
naud de  Béziers,  p.  58. 

i.lATHIEU,  abbé  de  Saint-Denis,  p.  916. 

MATHIEU,  frère  de  Philippe,  comte  de  Flandre, 
p.  22, 

MATHIEU  DE  MAILLY,  DE  MARLY  ou  DE 
MONTMORENCY,  connétable  de  France,  lieu- 
tenant du  roi  dans  la  Province,  pp.  Syo,  438, 
^'>'i,  4.S9,  397,  639,  647,  648,  65o,  672,  678. 

MATHIEU  DE  VENDOME,  abbé  de  Saint-Denis, 
pp.  910,  916. 

MATHILDE,  abbesse  de  Notre-Dame  de  Soissons; 
de  qui  elle  était  fille;  s'il  y  a  eu  deux  abbe.ses 
de  ce  nom,  p.  60. 

MATHIl.DE  DE  BOURGOGNE,  femme  de  Guil- 
laume VU  de  Montpellier,  pp.  46,  47. 

MATHILDE,  fille  de  Marie  de  Montpellier  &  de 
Bernard  de  Commingcs,  femme  de  Sanche,  sei- 
gneur d'Aiire,  pp.  21S,  414. 

MATHILDE  DE  MONTAGNAC,  p.   io5. 

Maubi  issoN,  abbaye,  p.  928. 

Maigiio  ou  Meloleii,,  p.  i3.  Voye^  Melgieil. 

Maihe.s  d'Espagne,  p.   17!!. 

MAURICE,  évêquede  Paris,  p.  36. 

Mairillac,  château  du  Rouergue,  p.  44'). 

MAURIN,  archevêque  de  Narbonne,  pp.  £70,  877, 
897,  909. 

MAURIN,  sacristain,  puis  abbé  de  Saint-Anionin 
de  Pamiers,  pp.  422,  616,  6;">  1 ,  732,  937;  pré- 
side un  concile  à  Montpellier,  p.  748. 

Mai  us,  abbaye,  p.  67. 

MAUVOISIN,  maison  de  laquelle  était  Agnès, 
▼  icomtesse  de  Lautrec,  p.  678. 

Mazax,  abbaye  du  Vivarais,  pp.  396,  ')(>j,  569. 

MazCres,  ville  &  château,  pp.  5:6,  8152,  853,  887 
(Ariégf),  arr.  Je  Pamiers. 

Mazerhes,  château,  p.  i36. 

MaziiEL,  château  du  Vivarais,  p.  25c. 

Meacx,  p.  63i . 

MtDECixE;  ne  pouvait  être  enseignée  par  les  ecclé- 
siastiques, p.   172. 

MeiuUum.  f^oye^  Mezoals. 

Meiiu N  (maison  de),  p.  467. 

MEIR  HACCOHEN,  juif  de  Narljonne,  p.  944. 

MEI.CHIOR.  cardinal  de  Polignac,  créé  en  1716, 
chef  de  l'ordre  régulier  hospitalier  du  Saint- 
Esprit  de  Montpellier  de  deçà  les  monts,  pp.  73, 

■^^■ 
Melgieil  ou   MAtGi;io,  comté,  pp.    i3,   19,   21, 
44,  46,  62,  68,  1  10,  124,  376,  377,  554,  622, 
646,  703,  709,  83  I,  895,  947. 

—  (ch&teau  de),  pp.  258,  281 ,  332,  456,  571. 
Melpbe,  château,  pp.  3Û4,  366. 

—  (châtelain  de),  pp.  371,  376. 

Mellm,   pp.  566,  759;    une  assemblée  y  est   tenue 

en   1233,  p.  675. 
Mende,  pp.  546,601,  755,  947;  sécularisation  de 

ta  cathédrale,  p.  546. 


Mf.nde  (chapitre  de),  p.  864. 

—  (diocèse  de),  pp.  25,  3')2,  6jI,  640,  766. 

—  (évèque  de),  pp.  768,  897,  947. 
MnncADAL  (le),  église  de  Pamiers,  p.  833. 
MFncoRLn,  p.  287. 

MERCŒUR  (m.iison  de',  p.  864. 

—  (Odilon  de),  p.  864. 
MEncoiP.E,  abbaye,  p.  5'5. 
MÉr.ENS,  p.  23?  (•^'■'<''g«')i  '"■'■•  '''■  foix. 
Merlt.YS,  château,  p.  705;  Mtyrucis  (Lo{irc),  arr. 

de  Florac, 

—  seigneurie,  p.  9c3. 

ME.srniNES,  lieu  d'Italie,  où  fut  rédigé  le  testament 
d'Alfonse  de  Poitiers,  p.  927. 

Mf.sSINE;  le  pape  Alexandre  III  y  débarque  après 
avoir  quitté  Maguelonne,  p.    14. 

Mesures  publiques  établies  â  Toulouse  dans  diffé- 
rents quartiers,  en   1  197,  p.   176. 

Melillox,  lieu  du  Dauphiné,  p.  6  1  ;  le  roi  d'Ara- 
gon &  Raimond  V  y  ont  une  conférence  en 
présence  de  plusieurs  évéques  &  seigneurs  de 
marque,  p.  62.  Foye^  Mezoals. 

MEUTA  DE  MONTAGNAC,  p.   1  o5. 

MtZE,  château,  pp.   5i,  67,  146,  657,  797. 

Mezix,  p.  755. 

Mezoals,  MeJuUurh,  écart  de  la  commune  de  Mau- 
guio,  p.  62.  Foye^  McJulium,  Mr. viLLOs. 

MICHEL,  légat  du  pape  au  troisième  concile  de 
Montpîllier,  p.   1  72. 

MICHEL  DE  MORÈSE,  archevêque  d'Arles, 
pp.  245,  281,  409,  453. 

MICHEL  DE  HARNES,  p.  514. 

MICHEL  DE   LUSIA,  seigneur  arngonais,  p.  428. 

INIICHEL  DE  TOULOUSE,  vice-chancelier  de  l'E- 
glise romaine,  p.  898. 

MICHEL  DE  LA  TOUR,  p.  948. 

MILIANE.  Foyc^  JULIENNE,  fille  de  Pons-Hugues, 

P-4'5- 

Milice  de  la  foi  de  Jésus-Christ,  ordre  institué 
par  le  pape  Honoré  111  pour  aider  la  maison  de 
Montfort  à  se  maintenir  dans  la  possession  des 
domaines  qu'elle  avait  conquis,  p.  540. 

—  de  Saint-Jacques,  p.  540. 

—  du  Temple,  à  Montpellier,  p.  47. 

MILON,   notaire    d'Innocent   III,   envoyé   comme 


léeat 


Utere  dans    la    Province,   pp.   269,  27 


23  I  ;  son  arrivée  en  France;  assemble  un  concile 
à  Montélimar,  &  cite  à  Valence  le  comte  de 
Toulouse,  pp.  275,  276;  son  entrevue  avec  Rai- 
mond VI  dans  cette  ville,  p.  276;  se  rend  à 
Saint-Gilles,  p.  277;  donne  la  croix  à  Rai- 
mond VI,  p.  282;  sa  lettre  aux  évéques  &  ar- 
chevêques pour  l'observation  des  statuts  du 
concile  de  Saint-Gilles,  pp.  282,  283;  reçoit 
du  p.Tpe  Innocent  III  une  lettre  de  félicitations, 
p.  284;  va  au  devant  de  l'armée  des  croisés  à 
Lyon,  p.  284;  reçoit  le  serment  des  consuls  de 
Nimes,  Avignon,  Orange,  p.  285;  fait  passer  le 
Rhône  à  l'armée  des  croisés  &  arrive  à  Mont- 
pellier, y  séjourne,  p.  286;  après  avoir  assisté 
au  sac  de  Béziers  &  à  la  prise  *e  Cancassonne,  il 


1004 


TABLE  GENERALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIERES, 


se  rend  à  Ailes;  reçoit  divers  serments;  fait  un 
voyage  à  Marseille  &  à  Aix;  préside  le  concile 
d'Avignon,  pp.  3o7.,  />o3;  ses  lettres  à  Inno- 
cent III,  pp.  304,  3o5,  3^6;  se  rend  à  Carcas- 
soniie,  p.  3i  i  ;  rend  compte  au  pape  des  con- 
quêtes faites  par  les  croisés,  &  lui  demande  de 
confirmer  à  Simon  de  Montfort  la  possession 
du  pays,  pp.  3ii,  3  12;  meurt  à  Montpellier, 
p.  Sip. 
MiLAr.ETS,  monnaie  au  coin  de  Mahomet,  p.  947. 

Mii.Liu,  en  Rouergue,  pp.  2Ô,  6r ,  i  lâ,  211,  ')2^, 
55.5,  565,  586,  705,  706,  734,  802,  8o3,  804, 
817,  822,  859,  946;  l'autorité  sur  cette  ville  est 
réservée  par  Alfonse,  roi  d'Aragon,  lors  de  son 
traité  de  1168  avec  Raimond-Hérenger,  p.  33; 
obtient  desi  privilèges  en  1187,  pp.  I23,  124; 
privilèges  accordés  par  Louis  IX  a  ses  habitants, 
p.  636;  assiégé  &  pris  par  le  roi  d'Aragon;  re- 
pris par  le  comte  de  Toulouse,  p.  649. 

—  (comté  de),  pp.  859,  860. 

—  (consuls  de),  p.  811. 

—  (prud'hommes  de),  p.  811. 

—  (vicomte  de),  pp.  61,  68,  91,  ii3,  116,  699, 
85o. 

MiLLMiD,  au  diocèse  de  Nimes,  pp.  404,  6i5. 

MiNEUVE,  château,  pp.  43,  90,  91,  299,  326,  3j2, 
844,  85^;  est  assiégé  par  Simon  de  Montfort, 
p.  327;  sa  situation;  moyens  d'attaque  em- 
ployés, p.  329;  est  pris,  p.  33o;  un  grand 
nombre  d'hérétiques  y  sont  brûlés,  p.  33  i  ;  dates 
du  commencement  du  siège  &.  de  la  prise  du 
château,  p.  332. 

—  (vicomtes  de),  p.  840. 

MiNnr.vois,  pp.  34,  67,  74,  90,  91,  ]55,  3i3, 
3i5,  326,  574,  742,  743,  791,  794,  798,  8.59. 

Mine  d'argent,  p.  874. 

Mines  d'argent  du  Vivarais,  p.   186. 

—  de  Boussagues,  p.    194. 

—  de  Cabrières,  p.  i  1 1 . 

—  du  Termenois,  p.   143. 

—  de  Villemagne,  pp.   194,  947. 

Mir.AMONT,  château,  p.  669;  Miremont  [Haute- 
Gr.ronne),  arr.  de  Muret. 

Mil; Ai;i;i.,  tour  de  la  ville  d'Agde,  p.    121. 
Mir.AYAL,  MinAVALX,   lieu,  p.  202;    M'irevaî  (^Hé- 
rault), arr.  de  Montpellier. 

—  château,  pp.  414,  757. 

Mirapctra,  château  construit  par  Rannond  VI  sur 
le  territoire  de  l'abbaye  de  Sa  in  t-G  il  les,  pp.  171, 
188. 

MIRAMOLIN,  roi  de  Ma -oc,  p.  3S3. 

Mir.AVAtx,  château.  Foye'^  Miiiaval. 

Mir.EPOix,  château,  pp.  258,  563,  764;  ses  cou- 
tumes datées  de   1207,  p.  253. 

—  (diocèse  de),  pp.   194,  227,  254,  641,  768. 
MIRErOIX  (maison  de;,  p.  807. 

—  (maréchal  de),  pp.  849,  852. 

—  (seigneur  de),  pp.  853,  873,  9i3,  914. 
MIRON  DE  «rON.XEINS,  p. '2;^. 


Mission  de  Pierre,  cardinal  de  Saint-Chrysogone, 
&  de  plusieurs  évéqiies  &  abbés  pour  combattre 
les  hérétiques,  pp.  78,  79,  80,  81,  82,  83;  ses 
résultats;  reste  à  peu  près  inutile;  croyances  & 
doctrines  des  hérétiques,  pp.  84,  85. 

—  de    l'évèque    d'Osina    &    de    saint    Dominique, 

p.    2.,5. 

MoEur.s,  cr.oYANCES  &  hites  des  hérètiqiies  albi- 
geois, pp.  227,  228,  229. 

—  &  COUTUMES  des  habitants  de  la  Province  du- 
rant le  treizième  siècle,  p.  931. 

MOINE  UE  MONTAUDON,  poëte  provençal, 
p.    177. 

MOÏSE  CARAVITE,  baile  du  vicomte  de  Carcas- 
sonne,  p.  44. 

MoissAC,  abbaye,  pp.  179,  193,  241,  328,  344, 
437,  523,  584,  655,  724,  755,  812;  prise  par  le 
duc  d'Aquitaine,  en  1188,  p.  1  2S  ;  coutumes  de 
la  ville  de  1  197,  p.  179;  est  assiégée  par  Simon 
de  Montfort,  p.  389;  détails  du  siège,  p.  jgo  ; 
est  prise;  conditions  de  la  capitulation,  p.  391  ; 
situation  du  monastère  après  la  prise  de  la  ville 
par  les  croisés,  p.  391;  se  soumet  au  comte  Rai- 
mond  VII;  rétablissement  de  ses  privilèges, 
p.  545;  ses  murs  sont  détruits,  p.  635;  les  in- 
quisiteurs y  font  brûler  plus  de  deux  cents  héré- 
tiques, p.  638. 

—  (iibbé  de),  pp.  693,  812. 

—  (consuls  de),  p.  812. 
JMOLINA  (comte  de',  p.  3  1 . 
MoLiNA,  comté,  p.  617. 

MoMÉTAiNES,  château,  p.  692;  corrige;  Mctamics 
(^Vaucluse)^  arr.  de  Carpentras. 

Monaco;  donné  par  Raimond  V  aux  Génois  pour 
y  construire  une  forteresse,  p.  6  1 . 

MoN\STi;nES  fondés  par  saint  Dominique,  suivent 
d'abord  la  règle  de  saint  Augustin,  p.  254. 

MONCADE,  famille  de  Catalogne  d'où  sortait,  dit- 
on,  Philippe,  feinme  de  Haimond-Rogcr,  comte 
de  Foix,  p.   127;  citée,  p.  401. 

MoNCLAB,  château,  pp.  67,  5o7;  Montclar-Jc- 
Querci  {^Tarn-&-Gc:ronne')^  arr.  de  Montauban. 

—  vicomte,  p.  3o;  confisquée  par  le  comte  de 
Toulouse  sur  Pons  de  Toulouse,  p.  67. 

MoNCoN,  château  d'Aragon.  Voyc-^  Moizox. 

MoNUENARD,  pp.  436,  778  (^Tarr.-Z--Garo::ne) , 
commune  de  Ça^ci-Mondcnard. 

MoNDHAGON.  Foye,  Montdhaco.v. 

Mo.NESTiÉS,  en  Albigeois,  p.  9-9. 

MoNFiEI.,  château,  p.  143  ;  Mcnvillc  [Haute-Ga- 
ronne]^ arr.  de  Toulouse. 

Monnaie  d'Agen,  p.  586. 

—  d'Albi,  p.  ■;^27. 

—  de  Lodève;  le  droit  de  la  frapper  est  accordé  à 
l'évèque,  p.   i  r  9. 

—  de  Melgueil,  p.  947. 

—  de  Mende  &  de  Narbonne,  pp.  897,  947. 

—  des  vicomtes  de  Polignac,  pp.  36,  3~,  947- 

—  de  Provence;  à  qui  clic  appartenait  en  1  168, 
p.  33. 

—  des  évéqucs  du  Pny,  pp.  "98,  947. 


TABLE  GENERALE  DES  NOMS  ET  DES   MATIÈRES. 


looa 


Monnaie  ici  comtes  de  Rodez,  p.  947. 

—  de  Toulouse,  pp.  2j8,  J^'t,  7^4.  822,  833,  8  J2. 
MoN.NAiES  royales  &  seigneurinles  de  la  Province, 

pp.   94:!,  94f>,  94-. 

Monopole  du  commerce  des  ports  de  la  Méditer- 
ranée, appartenant  à  Raimond  V,  concédé  par 
lui  aux  Génois,  pp.  61,  62. 

MoNTAGNAC,  cliâteau,  pp    .")34,  681,  797. 

—  fief  appirtennnt  à  l'évéque  d'Agdc,  p.  657. 

—  seigneurie,  p.  loj. 

MoNTAir.i-,  château,  pp.  3^,2,  376,  385,  6i3,  629, 
7.54,  7y8;  ses  murs  sont  détruits,  p.  63.');  occu- 
pait l  emplacement  A-  Lisle-J'AUigeois  [Tern). 

MosTALVAfiNn,  bastide,  p.  704. 

MoNT-Ar.AGON,  abbaye  au  diocèse  de  Tarragone, 
pp.  liç,  177,  233,  239,  2;jô. 

MuNTAr.xAtB,  château,  pp.   i3S,  184,  202. 

MoNT^r.cis,  p.  7-03. 

MoNTASTitic,  château,  p.  .J24. 

MONTAIBAN,    pp.     241,    349,    393,     398,    463,     474, 

j3.j,  666,  724,  7r>i,  765.  817,  822;  les  habi- 
tants de  la  campagne  se  réfugient  dans  la  ville 
à  l'approche  des  croisés,  p.  38.J;  est  la  seule 
ville  du  pays  qui,  en  septembre  1212,  1  este  à 
Raimond  V'I,  p.  391  ;  ce  comte  y  condamne  à 
mort,  pour  crime  de  félonie,  son  frère  Bau- 
douin, p.  437;  occupée  par  Simon  de  Mont- 
fort,  pp.  463,  464;  tente  inutilement  de  se- 
couer le  ioug  de  Simon,  pp.  5o9,  :>\o;  rentre 
'  sous  l'obéissance  de  R.iimcnd  VI,  p.  'iZ'j  ;  pri- 
vilèges accordés  par  celui-ci  à  la  ville,  p.  "144; 
ses  murs  sont  détruits,  p.  63j;  Raimond  A'II 
accorde  des  privilèges  à  ses  habitants,  p.  671; 
après  la  révolte  de  ce  comte,  ils  prêtent  serment 
au  roi,  p.  tS^;  confirmation  de  ses  coutumes, 
p.  823. 

—  'abbé  de),  p.  812. 

—  (consuls  de),  p.  812. 

—  (diocèse  de),  p.  641  ■ 

Mo.NTAior.AX,  lieu  près  de  Toulouse,  pp.  36?,  ''.29. 
MON'TAUT  (seigneur  de),  bienfaiteur  de  Inbbaye 

d'Eauncs,  p.   27. 
MoNTALT,  p.  393.  Voye:^  MoNrncii. 
Mo\TiiA/.ix,  châteiu,  pp.  i37,  184,  202. 
MoMiioNNET,  château,  p.   ")27. 
MoNTnr.i.soN-,  en  Forez,  pp.  3."),  527. 
Mo!<Ti!r.i'x,  château,  pp.  6.5,  66,  1  18. 
MoxicUR,  lieu,  p    Mj,' AuJe),  crr.de  Carcaisor.ne. 
MoNTCLAB,  en   Agenais;   reçoit  des  coutumes  d'Al- 

fonse   de    Poitiers,   en    I2.'i6,    p.    8)1;    MoncUr 

[Lot-€'-Garonnc),  arr.  de  I^iKeneave- sur-Lot. 
MoNTCtQ,  château  du  Querci,  pp.  3d6,  437,  446, 

635,  7.')">,  918;  s:s  murs  sont  détruits,  p.  63"i. 
. —  (consuls  de),  p.  811. 
—  (prud'hommes  de),  p.  811. 
Mii\Ti)ENAr.D,  château,  f'cye:^  Mondenaru. 
Mon  ruiiAc.cix,  château  en   Provence,   pp.  76,486. 
MoNTEr.ii,  pp.  3^3,  628. 
MoNTKjoBTE,  lieu  d'Italie,  p.  221. 
Mo.Mii.iMAr.,  pp.  286,  606,  734;  un  concile  y  est 

tenu,  pp.  275,  2-6. 


MoxïELS,  p.   232  [Hérault),  arr.  He  Ilé:^icrs. 

MoNTEREEDOX,  prieuré  près  de  Montpellier, 
pp.   i3:),   202,   204. 

MoxTESAKGUE.s,  prieuré,  p.   193. 

MoxTESQEiEU,  en  Volvestre,  pp.  179,  706,  7:'i4, 
8  ô  2 ,  9  D  1 . 

MONTFA  (seigneurs  de),  p.  679. 

MoxTKA,  seigneurie,  p.  902. 

MoNTFEr.RAND,  château,  pp.  276,  281  ;  chàtemi  en 
'P/ovence. 

MoxTiERRAXD,  en  Auvergne;  Henri  II,  roi  d'An- 
gleterre, y  a  une  entrevue  avec  Alfonse,  roi 
d'Ar.ngon,  &  Raimond  V,  comte  de  Toulouse, 
p.  j3. 

—  (comtesse  de),  p.  i65.  Foye-.^  Clei',:\iont,  en  Au- 
veigne. 

MoxïFERP.AXD  (comté  de),  pp.  4^6,  709. 
MoxTFERRAXD,  château,   pp.  36o,  3j8,  37.1,  38.Ï; 
Montferrand  [Aude)^  arr.  de  Casteînaudary, 

—  (consuls  de_\  p.  811. 

MoNTi'ERRiEi;,    bourg    &    château,    pp.    i83,    202, 

2o3,  2l3,  241   [Hérault),  arr.  de  Montpellier. 
MoxTFORT,  château  du  Périgord,  p.  449. 

MoNTrOr.T-L'AMALRY,    pp.    297,    520. 

MoNTFRix,  p.  285  [Gard),  arr.  de  Nimes. 
MoNTGAiLLAKD,  château  pris  de  Foix,  p.  5oo. 
MoxTGAiLlARD,  p.  5o3  [Aude),  arr.  de  Carcassonne. 
MuNTGALSi,  lieu  auprès  de  Foix,  p.  355. 
MoxTGEV  (Tarn);    lieu    probable  de  la   défaite  des 
croisés  allemands,  en   1211,  pp.  354,  355,  359. 

MoxTOiscARD,  château,  pp.  362,  368;  Simon  de 
Montfort  s'y  arrête,  p.  493. 

MoXTCr.ExiER,  château  près  de  Foix,  pp.  499,  53o, 
65o;   assiégé   &   pris   par   Simon   de   Montfort, 

pp.    5ol,   532.    Ko^ff  MoXTGAlI.LtliU. 

MoNïiRAT,  château   de  l'Albigeois,  pp.  671,  909. 
MoNTJOiRE,  château    à   deux   lieues    &   demie   de 

Toulouse,  pp.  355,  471. 
MoNTLAUR,  château  du  Toulousain,  pp.  3o7,  326, 

652. 
MoNTLALR,  en  \'ivarais,  p.  799. 
MoNTi.EVAi.D,  château.  Voye^  MoNDENAr.D. 
MoxiLt/.iER,  château,  p.  463. 
Moxri.ir:ox  ;   est   pris  par  le  roi   de  France  sur  le 

roi  d'Angleterre,  p.   128. 

MoNTMAiR,  château,  p.  385  [Aude),  arr.  de  Castel- 

n-iudary. 
MoNTMiRAT,  cliâteau,  p.  281  (Gari/),arr.  de  Nimes. 
MoNTOEiEu,  ville,  pp.  65,  5i5,  719;  ses  coutumes, 

p.    667;    est    ruinéj    par    les    Français,    p.    722 

[Aude],  arr.  d'  Carcassonn^. 

—  (abbaye  de),  pp.  64,   1  16. 

—  i'abbé  de),  p.  842. 

MuNTr>Lu:u,  lieu  pjès  de  Toulouse,  p.  507. 

—  'porte  ce),  â  Toulouse,  p.  5^9. 

MoNïii:i.i.iER,  pp.  14,  3i,  41,  73,  93,  9.(1  i35, 
i3J,  169,  175,  2^3,  225,  3i7,  4r4,  433,  45^, 
457,  4')4,  469,  5i3,  5.|3,  574,  640,  673,  84S, 
S59,  i;6i,  «69,  915,  944,  94.Î,  949;  le  p.-ipe 
Alexandre    III    y    fait    un    assez    long    sijour, 


ioo6  TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES, 

en   1168,    pp.   12,   i3;   menacée   par  les  Génois,  sujet,   p.   71^;    un   différend   entre   l'évcque  de 

p.    18;    les   juifs    ne    pouvaient   être    bailes    de  Maguelonne  &  le   roi  d'Aragon  y  est   terminé, 

Montpellier,   p.   46;    les  consuls   de   cette   ville  p.  726;  un  concile  y  est  tenu  en   1242,  p.  748; 

font  construire  dans  l'abbaye  de  Grandselve  un  Jacques,  qui    fut   plus  tard    roi    de  Majorque,  y 

tombeau    pour    Guillaume  VII,    leur    seigneur,  naît  en    1243,  p.  7Ô3J    un  concile  y  est  tenu  en 

p.  48;    Gui    y   fonde   un    hôpital  &  l'ordre  des  1246,  p.  779;  Jacques,  roi  d'Aragon,  y  vient  en 

hospitaliers   du   Saint-Esprit,   p.   72;    traité  de  1  246, p.  783  ;  ses  habitants, soutenus  par  l'évéqi.e 

commerce    de    Montpellier   avec    l'évéque   &    le  de  Maguelonne,  cherchent  à  se  soustraire  à  l'a  11- 

vicomte  d'Agde,   en    118."),  pp.   116,   117;   traité  tonte  du  roi  d'Aragon,  p.  848  ;  ce  roi  pardonne 

entre  les   habitants  de  cette  ville  &   les  Génois,  aux  habitants  &  y  fait  son   entrée  solennelle, 

p.    1 9,')  ;  conseil  des  principaux  habitants  chargé  p.  862  ;  un  concile  y  est  tenu,  p.  862;  tentative 

de  gouverner  cette   ville,   p.    2o3  j   la   ville   est  des  habitants  pour  se  rendre  indépendants;  ils 

ceinte   de  mtirailles,   p.  204;   sa   seigneurie  est  font  la   guerre  aux  Marseillais,  p.  848;    le   roi 

unie  au  domaine  du  roi  d'Aragon,  p.  2i3;  une  d'Aragon  y  fait   un  voyage  après   le  mariage  de 

partie    de    ses    habitants    sont    proscrits    pour  sa  fille  Isabelle,  &  y  marie  Pierre,  son  fils  aîné, 

avoir  pris    les   intérêt*  d'Agnès,  veuve  de  Guil-  p.    873;    le    roi    d'Aragon    dispute    au     roi     de 

laumeVIII;    ses   coutumes,    p.    214;    Pierre   II,  France  la  souveraineté  de  cette  ville,  p.  88oj  il 

roi  d'Aragon,  y  séjourne  en  i  2o5,  p.  24->  ;  l'abbé  y   fait   un  voyage  en   1267,  p.  898;    une  faculté 

de  Cîteaux,  Pierre  de  Castelnau,  le  légat  Raoul,  de   droit   civil-  est    établie  dans   son   université, 

l'évéque  d'Osma,  &  saint   Dominique  s'y  trou-  p.  909;   on   y  enseignait   publiquement    les  lois 

vent  réunis,  p.  24,")  ;  ses  habitants  font  la  guerre  romaines  durant  le  treizième  siècle,  p.  937  ;  ses 

au    roi    d'Aragon;    causes    &    résultats   de    cette  coutumes  rédigées  en  1  2C4,  p.  937  ;  filles  publi- 

guerre,  p.  246;  paix  conclue  après  ces  troubles,  ques    de    Montpellier,    p.    938;    ses    coutumes, 

pp.  247,  248;   le  château  seigneurial  de  Mont-  p.  939. 

pellier   est   détruit;    Marie,   reine   d'Aragon,  y  Montpellier  (diocèse  de),  p.  277. 

accouche  de  Jacques,  p.  209;   Innocent  111   re-  t-v           j       t.   i_i        •   i-        j   \ 

j     1       •       '    ■       j             I     i.. .„.,.,.  „  u  —  (Notre-Uame   des    labiés,  église    de),    pp.    202, 

commande  les  intérêts  de  ses   habitants  aux  le-  ^             r    /■/■                                              J<   ff           ' 

gnts,   p.   274;    l'armée  des  croisés   y    passe;   les  'M'  ^'^<        '• 

légats   y   font    un    séjour,    p.   285;    les   consuls  —  (religieuses  de  la  Vi.sitatio.v  à),  p.  854. 

prêtent  serment  aux  légats,   p.  3o3  ;   Simon   de  Montpclliéret,   partie   de  Montpellier,  pp.  66  1, 

Montfort  &    le   roi    d'Aragon    s'y    rencontrent,  726^  8.^8. 

p.   3i4i    le    légat  Milon  y  meurt,   p.  319;    un  Montpen-sieh,  en  Auvergne;   le    roi    Louis  VIII  y 

concile  y  est   tenu,  p.  34.');  donnée  en  fief  par  meurt,  p.  619. 

le    roi    d'Aragon    à    son    beau-frère    Guillaume,  '                .                          ^t      -.    ^       n/r 

,"■,,,•                         ,  MoNTPïZAT,    château,    pp.    03,     Jio:    Paonlpcrat 

p.  41  I  ;    relation  des    habitants   avec    leurs  sei-  /^       ,n               ,     »;■                        '       y    ■>              r    \ 

gneurs,    p.   4i3;    ils    reiusent   de    reconnaître  ^           " 

Jacques  I   pour  leur  seigneur  ;  s'érigent  en    ré-  Montpezat,    château,    pp.    67,    210;    château    du 

publique;    se    mettent    sous    la     sauvegarde    de  Narhonnais. 

Philippe-Auguste,  pp.  440,  441  ;   les  croisés    s'y  Montpezat,   pp.   1  Tu  ,  4'|5,  J84  {Tr.rn-&-Garo:int), 

rassemblent    en   1214,  p.  444;    un  concile  y  est  arr.  de  Montauhan. 

tenu  en  ,214;  les  hab-tants  refusent  l'entrée  de  jvJq.^^^,                     rGers),  arr.  de  Lombe^. 

la  ville  a  Simon  de  Montfort  durant  le  concile;  ,«             ■      A                                       -.0 

prennent  les  armes  pour  ce  motif,  pp.  45., 4^^!  '^°"'■•'^,.'^   "l??"'''"   ^''  Carcassez,.  pp.  290     .,3 

date   de   l'érection    de   l'église    Notre-Dame  des  333     ...n,   369,   672,   719,   771,   çcS.  906;    un 


une 


date    de    l'érection    de    l'église    Notre-Uame   des  " '-;, •    ■'"■>'     ,/        '.  '  v    "':    yw-,   ,^..  ,    ,,.,v 

Tables  en   paroisse,   p.  4.57;    les   habitants  pré-  conférence  entre  les  missionnaires  &  les  hereti- 

tent    serment    de   catholicité,   p.   4Ô8  ;    se    remst  1,"",^  "'   '«""■.•   P',  ^9  !    plusieurs  chevaliers 

sous  l'obéissance  de  Jacques  I,  p.  ô,2;  une  con-  ^  X  reunissent  &  implorent  1  .-ippui  du  roi  d  Ara- 

férence  ou  concile  y  est  tenu   pour  conclure  la  g^'^  "'^"^  Simon  de  Montfort,  pp.  .26,  327; 

réconciliation   de  Raimond  VII  &  de  ses  alliés  "'  P"-'=  ^"■-  Amauri,  p.  041. 

avec  l'Église,  pp.  532,  5i3,  584,  535;  Louis  A' III  Mo.vtredon,  château,  pp.  99,  438,  678,  6-;i)[Tarn), 

prendses  habitants  sous  sa  protection,  p.  609;  arr.   de  Ca.'tres. 

Jacques,  roi  d'Aragon,  y  fait  hommage  à  l'éve-  Mo.vTr.EDON,  château   du   pays   de   Nimes,  p.  241. 

que  de  Maguelonne,   p.    698  ;    plusieurs    habi-  Monti-.euil-Bonmn,  en    Poitou,   p.  946. 

tants  du  haut  Languedoc   se   refueieiu  dans   les  »/,           n                   iv         j          >               1         •                 , 

,                  P.,                           °       .    ,  Mont-Revel,    colline   donnée    par    le   vicomte    de 

environs  de  cette  viUe  pour  se  mettre  a  la  pour-  r,  »    ■         ■     1            , 

1       ■         ■   ■           ^                           I         •  Beziers  a  deux  de  ses  yassaux  pour  y  construire 

suite   des    inquisiteurs,    p.    702;    est   donnée   en  ,  ,                    ,                            ri 

r    r          !••    ■          J    •\,i           1             ■   n    ■           j^rir  i"'  chateau,  p.  0.1. 

fief  par  1  eveque  de  Maguelonne  a  Kaimond  VII,  '  1 

p.  706;  le  roi  Jacques  y  fait  un  voyage  après  la  Mo.vTr.osiER,  château,  pp.  269,  270,  450;  Uontro- 

conquête  de  Majorque;  lui  accorde  deux  privi-  V^'^  {Ayeyron),  arr.  de  Rode^. 

léges,  p.  668;   Nugnez  Sanche  prend  les  habi-  Montsalzat,  bastide,  p.  671;  MonM/rct  (Tii/n  &- 

tants  de  cette  ville   sous  sa    protection,  p.  668;  Garonne),  arr.  de  Montauhan. 

dédicace    de    l'église    Notre-Dame   des   Tables,  ivt„,.     c.      _„  ivi..,  .,      ui,                -! 

^,,?                  /-      ,                               1  Mont-Sainte-Makie,  abbaye,  p.  3io. 

p.  661  ;   le   roi   Jacques  y  londe  un   couvent   de  .      ,,<    ■ 

cordeliers,   p.   661  ;   confirmation   des  droits  de  Montsavez,  près  d  Avignon,  p.  209. 

l'évéque  de  Maguelonne  sur  l'université  de  cette  MoNTSAVEZ,  p.  604;  corr.  Montsaunès  {Ji.:ute-Gx~ 

ville,  p.   661  ;    le   roi  Jacme  y  séjourne  après  la  ronne),  arr.  de  Saint-Gaudens). 

prise   de  Valence;    la  ville  est  pacifiée  par  lui,  Mont.s(;ccp,,  château,  pp.  4-  1 ,  724,  739,  766,  768 

pp.  712,  7i3;  déclaration  du  roi  d'Aragon  à  ce  (^Ariége),  arr.  de  Foi.\. 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


1007 


MoRCT,  en  Gâtinais,  pp.  648,  649. 

MoRiMOND,  abbaye,  p.  zi. 

Mor.NAS,  château,    pp.    76,   27Û,   281,   587,   657, 

94-.. 
MoSTELLE.  machine  de  giierre,  p.  49^. 
Mocjon.v,  lieu  du  diocèse  deMngiielonne,  p.  202. 
Moulins  établis  sur  la  Garonne  en  1  192,  p.   14.). 

—  du  Bazacle,  p.   101 . 

—  de  P.uilhan;  confirmation  de  leur  don  à  l'ab- 
baye de  Valm,igne,  p.   102. 

MoLRGfLS.  Toyc^  Monaco,  p.  62. 

Mousso.v,  rivière,  p.   i36. 

MoLzox,  château  en  Aragon,  p.  :ji2. 

MuBA.ssON,  château  du  Rouergue,  p.  91. 

MtRET,  pp.  27,  i83,  5o7,  .509,  604,  73"!,  93'); 
pris  par  Simon  de  Monifort  en  1212,  p.  393; 
fortifié  par  les  soins  de  l'évéque  de  Carcassonne, 
p.  394;  Simon  de  Montfort  &  Amauri  s'y  ren- 
dent suivis  d'une  grande  partie  de  la  noble_sse 
de  Gascogne,  p.  419;  sa  situation;  est  occupé 
par  les  croisés;  assiégé  par  Raimond  VI  & 
Pierre  II,  roi  d'Aragon,  pp.  4:1,  422,  423, 
424,  420,  426. 

—  (bataille  de),  pp.  42  1  à  426. 

McRViEL,  château  du  diocèse  de  Béziers,  pp.  93, 
i37,  202,  ^>^6  ;  pris  &  rasé  par  Alfonse,  roi 
d'Aragon,   p.  94. 

—  (seigneurie  de\  p.   i36. 


N 


Najac,  en  Rouergue,  pp.   i  14,  .'i2.5,  629,  7.")2,  75.), 
794;  révolte  de  ses  habitants,  pp.  809,  810. 

—  (consuls  de;,  p.  811. 

—  (prud'hommes  de),  p.  Cm. 
NaplE-s  (royaume  de),  p.  892. 
Narbo.nnais,  pp.  74,  742,  743,  926. 
NiDLO.vNE,  pp.   :'>,  6,  14,  22,  41,  42,  51,62,  89, 

96,97,  lii,  139,  14",  149,  193,317,326,370, 
392,  396,  404,  43.),  4ÔC,  478,  J23,  037,  044, 
.'5.04,  .560,  572,  573,  574,  591,  601,  6o3,  623, 
644,  648,  673,  693,  Û99,  770.  77J,  784,  839, 
842,  8Ô9,  897,  912,  924,  944,  940;  s'allie  avec 
la  république  de  Gènes,  pp.  17,  18;  les  ambas- 
sadeurs de  la  vicomtesse,  des  consuls  &  des 
prud'hommes  de  cette  ville  font  un  traité  avec 
la  ville  de  Pise,  p.  ;")8  ;  conditions  de  ce  traité, 
p.  ."19;  le  comte  de  Toulouse  veut  s'assurer  la 
possession  de  Narbonne,  p.  71;  les  habiiants, 
le  vicomte  &  l'archevêque  font  un  accord  avec 
les  croisés,  p.  290;  une  conférence  y  est  tenue 
par  le»  légats  &  les  princes  du  pays,  p.  344; 
Arnaud-Amalric  prend  possession  de  l'archevc- 
ché  &  du  duché  de  Narbonne,  p.  379;  émeute 
contre  Gui  &  Amauri  de  Montfort,  p.  384; 
les  habitants  ferment  leurs  portes  à  Simon  de 
Montfort,  p.  433;  le  cardinal  Pierre  de  Bcné- 
vent  y  retire  Jacques  I  des  mains  de  Simon  de 
Montfort  Se  y  reçoit  la  soumission  du  comte  de 
Toulouse  &  de  divers  seigneurs,  p.  441  ;  la  ville 


est  démantelée,  pp.  468,  4Ô9  ;  Simon  de  Mont- 
fort y  entre  malgré  la  défense  d'Arnaud;  l'in- 
terdit eit  jeté  par  l'aichevèque  sur  toutes  les 
églises  de  la  ville;  les  Français  s'emparent  de  la 
leude  &  des  étaux  de  la  ville  qui  appartenaient 
à  l'archevêque,  p.  479;  les  murs  de  la  ville 
sont  reconstruits  avec  l'autorisation  de  Simon 
de  Montfort,  p.  481  ;  les  habitants  prêtent  ser- 
ment à  Simon  de  Monifort,  &  lui  promettent 
de  démolir  leurs  murailles,  p.  5  14;  traités  de 
commerce  faits  par  les  consuls  avec  Gênes  & 
Pise,  p.  .Ô90;  un  concile  y  est  tenu  en  1227, 
p.  623  ;  l'archevêque  Pierre  &  le  vicomte  Aymeri 
font  un  accord,  p.  672;  les  habitants  de  la  cité 
&  ceux  du  bourg  se  font  la  guerre,  pp.  684, 
685;  analyse  de  la  plaintedes  consuls  de  la  cité, 
p.  686;  l'archevêque  est  expulsé  après  avoir  jeté 
l'interdit  sur  le  bourg;  les  consuls  du  bourg  se 
justifient  dans  une  lettre  écrite  aux  consuls  de 
Nimes  8c  accusent  les  inquisiteurs  &  l'arche- 
vêque, p.  6?5;  les  habitants  jurent  d'observer 
une  trêve;  ils  concluent  la  p.. ix,pp.  686,  687; 
chassent  les  inquisiteurs,  p.  693;  coutumes  des 
nobles  8c  des  habitants  rédigées  &  confirmées 
par  le  vicomte  Ayineri)  p.  673;  un  concile  y  est 
tenu,  p.  764  ;  le  comte  de  Toulouse  8c  le  vicomte 
de  Narbonne  font  amende  honorable  à  l'arche- 
vêque Pierre  Amelii,  p.  771  ;  contestations  entre 
l'archevêque  8c  le  vicomte,  pp.  787,  789,  824; 
différends  entre  l'archevêque  8c  le  vicomte; 
monnaie,  p.  897. 
Narbonne  (archevêché  de),  pp.  96,  97. 

—  (archevêque  de),  pp.  3,  loi,  171,  181,  188, 
198,  212,  222,  226,  264,  3i7,  332,  392,  399, 
402,  4n4,  414,  421,  423,  45i,  628,  632,  65-, 
7Ô7,  7')8,  768,  8-0,  811,  826,  832,  838,  852, 
856,  857,  8<ii.  668,  869,  885,  912,  927. 

—  (archidiacre  de),  p.  757. 

—  (bourg  de),  p.  826. 

—  (Caimtole  de),  pp.  672,  824. 

—  (consuls  de),  p.  927. 

—  (diocèse  de),  pp.  172,  210,  219,  252,  254,  329, 
332,   ■:>Y>,  846,   857,  924,  950. 

—  (duché  de),  p.  859. 

(église^e\  p.  827;  confirmation  de  ses  privi- 
lèges par  Louis  le  Jeune,  p.   1  1. 

—  (Saint-Jcst,  église  de),  p.  826. 

—  (vicomte  de),  p.  833. 

—  (vicomte^de),  pp.  92.»,  933. 

NAUDIATS,  femme  du  seigneur  de  Marseille, 
p .   1 6  5 . 

NASI.MANS,  nom  poétique  donné  par  Foulques  de 
Toulouse  à  une  dame  chantée  par  lui,  p.  244. 

Navarrais,  p.  5o3. 

Navarre,  p.  67  i . 

NAVARRE,  évêque  de  Conserans,  pp.  zji,  267, 
353. 

NAVARRE,  fille  de  Rai  mond-Roger ,  comte  de 
Coinminges,  seigneur  de  Savez,  p.  720. 

Naves  de  Tolosa  (bataille  de),  p.  383. 

NiccotzA.v,  p.  836. 

NtcuoLOGE  de  Carcassonne,  p.  224;  marque  par 
erreur  la  mort  de  Raimond-Trencavel  au  14  oc- 
tobre 1 167,  p.  29. 


ioo8 


TABLE  GENERALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


Néchoi.ogc  de  Cassa ii,  p.  ?24;  fixe  la  date  de  l'as- 
sassinat de  Raimond-Trencavel  au  i5  octobre 
I  167,  p.  29. 

Nemalsois,  pays  de  Nimes,  p.  8jp. 

Nfcp.ic,  p.  920. 

—  (prieur  de),  p.  877. 

Netloc,  abbaye  du  diocèse  d'Agde,  p.  796. 

Nice,  pp.  22,  69,  940,  946;  assiégée  par  le  vi- 
comte de  Forcalquier,  p.  21;  une  partie  de  cette 
ville  est  donnée  par  Raiinond  V  aux  Génois, 
p.  6  I . 

NtCOL,  chef  de  brigands,  p.  2j2. 

NICOLAS  V,  pape;  sa  bulle  de  1448,  relative  au 
pont  Saint-Esprit,  p.  890. 

NICOLAS  DE  BAZOCHES,  p.  3:").). 

NICOLAS  DE  CHALONS-SUR-MARNE,  pp.  86", 
870,  916. 

NICOLAS,  évèque  de  Conserans,  p.  S')[. 

NICOLAS  DE  C:ORIiIE,  religieux  de  Cluny,  donné 
pour  évêciue  aux  Avignonais,  p.  61  1 . 

NICOLAS,  évèque  de  Viviers,  pp.  41,  74,  ji),  147, 
186,  242,  334. 

Nîmes,  pp.  3,  22,  70,  71,  99,  209,  3o3,  3i7,  433, 
454,  485,  486,  489,  554,  556,  569,  r,j2,  574, 
6oi,  657,  673,  755.  779.  782,  784.  797.  ^37, 
839,  854,  809,  935,  94.5,  946;  accord  des  che- 
valiers &  des  bourgeois  en  1  166,  p.  22;  le  droit 
de  criée  est  donné  en  fief,  p.  64;  donnée  par 
Bernard-Aton  au  roi  d'Aragon,  p.  08;  ses  habi- 
tants doivent  prêter  serment  à  Alfonse,  roi  d'A- 
ragon, p.  88;  en  1179,  la  tour  Magne  &  les 
Arènes  servent  de  forteresse  à  la  ville,  p.  89; 
privilèges  accordés  par  le  comte  de  Toulouse  a 
ses  habitants;  est  entourée  de  fossés,  p.  1  n  ;  ses 
libertés  &  franchises  confirmées  en  1184  par 
Raimond  V,  p.  i23;  la  vicomte  de  cette  ville 
est  cédée  par  Bernard-Aton  au  comte  de  Tou- 
louse, pp.  122,  123  ;  des  murailles  y  sont  cons- 
truites sur  l'cmplacemement  des  anciens  murs 
romains,  p.  139;  lo  comte  de  Toulouse  accorde 
aux  habitants  l'autorisation  de  l'entourer  de 
murailles,  p.  159;  privilèges  accordés  par  Rai- 
mond VI  en  1195,  p.  169;  privilèges  accordés 
par  Raimond  VI,  p.  i3o;  analyse  de  l'acte  de 
Raimond  VI,  réglant  l'élection  des  quatre  con- 
suls de  cette  ville,  p.  189;  révolte  de  ses  habi- 
tants contre  leur  comte;  rétablissement  de  la 
paix;  confirmation  des  coutumes  &  statuts  de  la 
ville,  p.  274;  les  consuls  prêtent  serment  à 
Milon,  p.  2S'>;  tentatives  des  habitants  pour 
renverser  les  consuls,  p.  32:");  ses  habitants 
s'unissent  à  ceux  d'Arles  pour  résister  aux  rou- 
tiers, p.  419;  Simon  se  retire  à  Nimes,  p.  491  ; 
ses  coutumes  sont  confirmées,  pp.  492,  4y3  ; 
rentre  sous  l'obéissance  des  comtes  de  Toulouse  ; 
ses  privilèges  sont  confirmés,  pp.  52."),  533, 
534;  le  pape  menace  de  supprimer  l'évèché, 
p.  538;  sa  réunion  à  la  couronne,  p.  6l-5;  un 
sénéchal  y  est  installé  par  le  roi,  p.  612; 
Louis  IX,  en  passant  dans  cette  ville,  y  donne 
plusieurs  chartes,  pp.  837,833, 

—  (archidiacre  de},  p.  737. 

—  (diocèse  de),  pp.  252,  45.),  640,  936. 

—  (église  de),  p.  75;;  confirmation  de  ses  privi- 
lèges, p.   I 80. 


Nîmes  (évèque  de),  pp.  38c,  ->57,  767,  800,  842. 

Nioi'.T,  château-fort  situé  vers  les  sources  de  l'Aude, 
pp.  701,  722. 

Nivernais,  p.  220. 

NoAiLLAc  ou  Neillac,  lieu  du  ^'e!ai,  p.  i65. 

Noi;lessi;  de  l'Agenais,  reconnaît  Simon  de  Mont- 
fort  pour  son  seigneur,  p.  387. 

—  de  la  Province  qui  accompagne  le  roi  à  la 
croisade,  p.  920. 

Noces,  p.  948. 

NoGEM-L'EliE.MDEf.T,    p.    874. 

NOIR  DE  LA   REDORTE,  p.  492. 

NOISIL  DE  MERCCEUR,   p.   i65. 

NOMPAR  DE  CAL'MONT,  pp.  524,  746,  75a. 

NoN.\EM,iLE,  abbaye,  pp.   i  19,  9-3. 

—  (abbesses  de),  p.  870. 

NoNNETTE,    château    aux    environs    de    Erioude, 

p.  35. 
Nor.MAXDiE,  pp.  129,  i33,  862,  863. 
Nor.MANDS,  p.  234. 
NOSTRADAHUS,  citations  de  son  ouvrage  sur  les 

poètes  provençaux,  pp.   164,  i65,  558. 
Notaires  publics,  p.  949. 
Notre-Dame  de  Soissons,  monastère,  p.  60. 
NUGNEZ  SANCHE,    fils   du   comte  de    Roussillon, 

pp.    412,  429,   436,   44:,    498,   499,   60c,   61Û, 

617,  699  j  sa  mort,  p.  714. 


o 


OCTAVIEN,    cardinal-diacre   du    titre   de  S.iinte- 
M.'irie  in  Via  Ijta^  p.  7*5. 

ODILON     GUARIN,     seigneur     de     Châteauneuf, 

p.  601 . 

ODILON  DE  MERCŒUR,  évèque  du  Puy,  p.  260. 
ODILON,   neveii   d'Odilon  de  Mercœur,  évèque  de 
Mende,  p.  864. 

ODON,  abbé  de  Boulbonne,  p.   i85. 

ODON,  vicomte  de  Lomagne,  p.  43. 

ODON  DE  LYLIERS,  p.  634. 

ODON  DE  MONTONIER.  Voyc^  EUDES. 

ODON   DE  PRESSAC,  p.  61  3. 

ODON   DE  TERRIDE,  p.  734. 

ODON,  seigneur  de  Tournon,  p.   i3c. 

ODON,     fils     de    ^'éi:ias,    vicomte     de    Lomagne, 

pp.    19''.    '9";   vicomte  de   Lomagne,  pp.  5-5, 

778- 
OrriciEBS  ROYAUX-,  p.  934. 
OuRGUES,  château,  p.  926. 
Olme,  château,  p.  436;  Lolmif  (/-ot),  commune'  de 

Saint-Laurent. 
Olmes  (terre  d'),  dans  le  pays  de  Foix,  p.  3i. 
OLIVIER,  chef  des  Bonshommes,  p.  4. 
OLIVIER  DE  PENNE,  pp.  533,  822. 
OLIVIER  DE  SAISSAC,  pp.  556,  557. 
OLIVIER  DE  TERMES,    pp.    340,  621,    625,  63-, 

663,  634,  719,  723,  725,  744,  798,  8i5,  829, 


TABLE  GENERALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIERES. 


1009 


853,  8  jj,  864,  873,  885  ;  prend  la  croix,  p.  786  ; 
quitte  le  roi  à  Chypre  par  crainte  de  périr  en 
mer,  p.  834;  son  retour  de  la  Terre-Sainte;  sa 
vie,  pp.  856,  857;  quitte  la  Terre-Sainte  pour 
servir  sous  Louis  IX  en  Afrique,  p.  pzS. 

Olonsac,  château,  pp.  67,  546,  588. 

Omehs,  baronnie,  pp.  202,  2o5. 

—  château,  pp.  i35,  lâç,  i83,  2i3,  241,  247, 
411. 

OxGF.s,  vicomte  du  nord  de  la  France,  p.  35o. 

—  ^vicomte  d'},  p.  371. 

Oppkde,  château  en  Provence,  pp.  276,  281. 
OmisoN-DiEf,  abbaye,  pp.  604,  8o3,  906. 
Orange  (diocèse  d'),  p.  807. 

—  (principauté  d'),  pp.  76,  486,  504,  56?,  608, 
71  I  j  les  consuls  d'Orange  prélent  serment  à 
Milon,  p.  285;  un  concile  est  tenu  dans  cette 
ville  en  1  229,  p.  657. 

Obd,  rivière,  p.  219. 

Ordonnance  de  Louis  IX  en  faveur  des   habitants 

des  deux  sénéchaussées  de  Beaucaire  &   de  Ca  r- 

cassonne,  p.  841 . 
Ordre  de  Saint-Jean  de  Jérusalem,  p.  74. 

—  de  la  Foi,  p.  543.  Voye^  Milice  de  la  Foi. 

de  la  Merci;  sa  fondation,  p.  5|3. 

Orléans  Jévéque  d"),  p.  818. 

Or.NOLS,  église,  p.  :o6. 

Or/.als,  en  Rouergue,  pp.  874,  873,  947. 

OsMA,  évéché  d'Espagne,  p.  243. 

OTHON,    évéque    de    Carcassonne,   pp.    143,    154, 

224;    assiste,    en    1179,   a"  concile  de  Latran, 

p.  86. 
OTHON,  empereur,  pp.  275,  3o8,  324. 
OTHON  DE  LTNIÈRES,  p.  628. 
OTHON    DE    TERRIDE,   vicomte    de   Gimoëz, 

pp.  6i5,  628,  629,  880. 
OTHON-BERNARD,  fils  de  Jourdain  II,  seigneur 

de  risle-Jourdain,  pp.  191,  192. 
OTON,  vicomte  de  Lomagne.  Voye\  ODON. 
OTON  DE  MONTAUT,  p.  5 10. 
Otbaxte,  ville  de  Calabre;  Amauri  de  Montfort  y 

meurt,  p.  639. 
OTTON,  cardinal-diacre,  p.  632. 
OUDARU   DE  MAGNEVILLE,  p.  797. 
OUDARD    DE  VILLIERS,   sénéchal  de    Be.uicaire, 

pp.   754,  755,  758,   8i3,   816. 
OtvEiLLAN,   château,    p.  58   (jluJe),   arr.    de    Nar- 

honne, 
OvrOBU,  p.  2. 


P.,  évêque  d'Agde,  p.  764. 

P.,  évéque  d'Agen,  p.  779. 

P.,  qu'on  croit  avoir  été  évêque  de  Béziers,  p.  726. 

P.,  évéque  élu  de  Béziers,  p.  764. 

Pacy,  château  en  Normandie,  p.  129. 


Padernes,  château,  p.  73t;  Pernes  (Faucluse),  arr, 

de  Carpentras. 
Pailiias,  comté,  pp.    125,  882. 
PaillPis,  lieu,  p.  757;  Pailhès  [Jriége),  arr.  de  Pa- 

niiers. 
Pairie  des  comtes  de  Toulouse,  p.  595. 
Pairs  de  France,  p.  162. 

—  laïques  du  royaume,  p.  641. 
Paix  &  Trkve  de  Dieu,  p.  219. 

Paix  rétablie  dans  la  Province,  pp.  ic6,  107,  108, 
109. 

—  instituée  dans  le  pays  d'Albigeois,  en  1191, 
pp.   140,  141. 

—  établie  dans  la  Province  par  le  premier  canon 
du  troisième  concile  de  Montpellier,  p.    172. 

—  dans  le  diocèse  de  Rodez,  en   1  196,  p.  177. 

—  entre  les  comtes  de  Toulouse  &  de  Savoie,  p.  27. 

—  entre  Raimond  V  &  le  vicomte  de  Béziers, 
p.  43. 

—  entre  Richard  &  Raimond  V'I,  pp.  173,  174. 

—  projetée  entre  Raimond  VII  &  le  roi,  p.  63  1, 

—  entre  le  vicomte  de  Béziers,  Roger,  &  Ermen- 
garde  de  Narbonne,  p.  44. 

—  entre  l'archevêque  de  Narbonne  &  Aymeri,  vi- 
comte de  cette  ville,  p.  672. 

—  entre  Henri  II  &  ses  fils,  p.  60. 

—  entre  les  comtes  de  Provence  &,  de  Forcal- 
quier,  p.  199. 

—  entre  le  comte  de  Foix  &  le  comte  d'Urgel, 
p.  248. 

Palairac,  château,  p.  339  [Aude),  arr.  de  Carcas- 
sonne. 

Palais,  lieu  dans  le  diocèse  d'Agde,  p.  025. 

Palais  comtal  situé  à  Nimes,  p.  274. 

Palmat,  château,  p.  269;  Palmas  (Ayeyron),  arr. 
de  Millau. 

Palmiers.  Fo^c^  La  Bastide-Paumés,  p.  522. 

Palid,  château,  p.  129;  château  du  Berry. 

Pamiers,  pp.  237,  319,  324,  345,  367,  368,  376, 
393,398,469,  519,  563,  564,  65  1,731,  888;  une 
grande  partie  des  habitants  hérétiques  se  con- 
vertissent, p.  25 1  ;  est  livré  à  Simon  de  Montfort, 
p.  3^9;  une  conférence  y  est  tenue  sans  aucun 
résultat  entre  Simon  de  Montfort,  le  roi  d'Ara- 
gon &  le  comte  de  Toulouse,  p.  326  ;  une  assem- 
blée y  est  tenue  par  Simon  de  Montfort  afin 
d'établir  des  coutumes  pour  le  gouvernement 
des  pays  conquis,  p.  396;  Louis  VIII  y  tient 
une  assemblée  ou  concile,  p.  614;  il  y  reçoit  le 
serment  de  fidélité  des  évéques  de  la  Provence, 
p.  6i5;  l'abbé  Maurin  accorde,  en  janvier 
1228,  une  charte  de  coutumes  aux  habitants, 
p.  616;  les  Français  s'approchent  de  cette  ville 
en  venant  dévaster  les  environs  de  Toulouse, 
p.  629;  Roger  IV  promet  d'en  respecter  les  cou- 
tumes, p.  7J2. 

—  (abbé  de),  pp.  747,  757. 

—  (coutumes  de),  pp.  616,  937,  943. 
^  (diocèse  de),  p.  641 . 
Pampelune  (diocèse  de),  p.  332. 

Pai'.adis  (Nothe-Dame  de),  au  diocèse  d'Agen, 
p.  854. 


\I. 


64 


lOIO 


TABLE  GENEllALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


PauAZA,  village,  p.  723   (Aude),  arr.  de  Narhonne. 
Pardaillan,   lie»    de    la    sénéchaussée   de    Carcas- 

sonne,    p.    678;    Parda'dlian    [Hérault),    arr.    de 

Saint-Pons. 
Pabkle,  château,  p.  3i.  Voye^  PEr.i;Lt.E. 
Pau I AGE  entre  le  comte  de  Foix  &  l'abbé  de  Saint- 

Volusien  au   sujet  des   droits  domaniaux  de  la 

ville  de  Foix,  p.  jz. 

PaiiiS,  p.  12;  piix  conclue  en tre  Raimond  VII  & 
le  roi  de  France,  due  paix  de  Pans,  pp.  6ji, 
6j2,   637. 

—  (évèque  de),  p.  829. 

PaulemEiNT  du  Languedoc,  pp.  891,  906,  9^3;  son 
origine,  p.  874. 

PASCAL  m,  antipape  élu  en  i  iCj,,  p.   19. 
Pas  de  la  Barre,  au  comté  de  Foix,  pp.  401,  629, 
646,  65o,  664,  753,  773. 

Patarins,  nom  donné  aux  hérétiques  de  la  Pro- 
vince par  un  canon  du  concile  de  Latran, 
pp.  86,  222.  Voye:^  Albigeois. 

PATAVE,  femme  de  Pierre  de  Bermond,  p.  797. 

PAUL  V,  pape,  p.  73. 

Pallhan,  château    du    diocèse  de   Béziers,   pp.  48, 

71,   101,    137,   l83,   202,   411    {Hérault),   arr.    de 

Lodève. 
Pauliciens,  hérétiques,  p.   1 . 
PaueignY,  lieu,  p.  791;    Pauligne  (Aude),   arr.   de 

Limoux. 
Pal'.ÇES.  château  du  Lodévois,  p.  601. 
Pauvres  de  Lyon,  nom   que    prenaient   les  Vaudois, 

p.   221 . 

PAYEN,  hérétique  albigeois,  autrefois  seigneur  de 
La  Bécède,  p.  669. 

Payrac,  château,  p.  1  10;  probablement  un  des  Pey- 
rat  du  Limousin. 

Péage  de  la  ville  du  Puy,  p.  37. 

—  levé  dans  différents  ports  &  dont  l'abbaye  de 
Franquevaux  est  exemptée,  p.  46. 

—  de  Béziers  à  Narbonne,  p.  89. 

—  de  Béziers  à  Montpellier,  réglé  en  1176,  & 
donné  en  engagement,  p.  67. 

—  de  Saint-Thibéry  à  MarseiUan,  p.  89. 
Pecii-Almari,  lieu  à  l'est  de  Toulouse,  p.  629. 
PEcii-SiEi;r.AN  ou  Pexioua,  château,  p.  837  (Aude), 

arr,  de  Castelnaudary. 
PfcCHEnic,  lieu  de  la  sénéchaussée  de  Carcassonne, 
p.  678;  Péchairic  (Aude),  arr.  de  Castelnaudary, 

PfxiiEnin.';  de  Froiitignan,  p.  414. 
Peines  édictées  par  Louis  IX  contre  les  hérétiques, 
p.  64:-;. 

Pki.eiiixage  de  Notre-Dame  du  Puy,  pp.   108,  109. 

—  de  Rocamadour,  p.   icp. 

PÈLEGRIN  LATINIER,  sénéchal  de  Beaucaire, 
pp.  602,  657,  794,  83,'),  910. 

Penautier,  dans  le  Carcasses,  pp.  i63,  333,  718, 
886  (Aude),  arr.  de  Carcassonne. 

Pènite.nces  des  hérétiques  condamnés,  changées 
en  amendes  pécuniaires,  p.  799. 

—  imposées  aux  héiéiiques  albigeois,  p.  78c, 


Penne,  château  d'Agenais,  pp.  387,  44n,  ^^i,  "iTiS, 
565,  748,  702,  7;).î,  -:»8,  794,  822;  Raimond  y 
est  absous  de  l'excommunication;  acte  dressé  à 
cette  occasion,  p.  736  (Lot-&-Garonne),  arr.  de 
faille  ne  uve-d' Age  n. 

Penne,  château  de  l'Albigeois,  pp.  .O73,  636  (Tarn), 
arr.  de  Gaillac. 

Péoïi.ra,  lieu,  p.  4i3;    lieu    d'Aragon   ou   de  Cata- 
logne. 
Pépiecx,  château,  pp.  67,  71,  6.")6  (Aude),  arr.  de 


Ca 


rcassonne. 


PERDIGON,  poète,  né  dans  le  Gévaudan,  pp.  ^30, 
43  1 . 

Pehelle,  château,  pp.  3i,  61  j;  Ptreille  (Ariêge), 
arr,  de  Foix. 

PÉRÉGRIN  LATINIER,  sénéchal  de  Beaucaire   & 

de  Nimes.  Voye^^  PELEGRIN. 
Pf.iiiGor.D,  pp.  104,  107,  448,  4.')i,  709,  862,  923. 
Pkp.iocel'x,  assiégée  par  Alfonse  II  d'Aragon  &  ses 

alliés,  p.   I  02. 
Pébousb,  ville  d'Italie,  p.  827. 
Perpignan,  pp.  92,   i5i ,   17.1,  411,  .'joi,  714,  88n; 

Alfonse    d'Aragon    y    passe    en     1174,    p.    61; 

Pierre  II  y  séjourne  en   i2i3,  p.  41J. 
Pesade  [pacata,  passata),  droit  perçu  en  Albigeois; 

son  origine,  p.  141 . 
Peste,  en  12J9,  p.  862. 
Pesth.lac  ,    château,    p.    J,i>i\    (Lot),  commune    de 

Montcabrier. 
Petit-iîi.ang,  impôt  de  cinq  deniers  tournois,  levé 

sur  chaque  chaque  minot   de   sel    remontant    le 

Rhône,  pour  l'entretien  du   pont   Saint-Esprit, 

p.  891. 

PÉTRONILLE,  reine  d'Aragon,  p.  616. 
PÉTRONILLE,  fille  de  Bernard  VI,  comte  de  Com- 

minges,   &  de    Marie    de    Montpellier,    épouse 

Cent  11  lie  II,  comte  d'Astarac,  pp.   126,  2  i3,  414; 

héritière    &   comtesse  de   Bigorre,  pp.  498,  537, 

771- 
PÉTRONILLE    DE    CHAMBON ,    femme    de    Gui, 

comte  d'Auvergne,  p.  287, 

PÉTRONILLE,  dame  de  Rambouillet,  deuxième 
fille  de  Pétronille  de  Comminges  &  de  Gui  de 
Môntfort,  p.  537. 

Pemoha.  Voye^  Pecii-Sieuran. 

Peyrelade,  château,  p.  63. 

Peyriac,  château  du  Minervois,  pp.  34,  546. 

Peyriès,  au  diocèse  de  Narbonne,  pp.  4?,  419. 

—  (commanderie  de),  p.  Sôy. 
PeyiiOLS,  château  d'Auvergne,  p.    i65. 
PEYROLS,  poète  provençal,  p.   iC~>. 
Peyrou  (leude  du),  p.  2c3. 

Peyrlsse,  alias  Roque  de  Peyrisse,  château  du 
Rouergue,  pp.  449,  619,  636,  644,  754;  ses 
murs  sont  détruits,  p.  635  (Aveyron)  ,  arr.  de 
Villefranche-de-Rouergue, 

—  (consuls  de),  p.  811. 

—  (prud'hommes  de),  p.  811. 

Pêzexas,  château,  pp.  40,  207,  314,  325,  35o, 
797,  872;  est  uni  au  domaine,  p.  872  (Hérault), 
arr.  de  Bé-^iers. 

—  (consuls  de),  p.  927. 


TABLE  GENERALE  DES  NOMS  ET  DES   MATIÈRES. 


lOI  I 


PHILIPPE,  archevêque  d'Aix,  p.  839. 

PHILIPPE,  archevêque  de    Bourges,  pp.  82c;,  838. 

PHILIPPE,  évêque  de  Beaiivais,  p.  ^55. 

PHILIPPE,  trésorier  de  Saint-HIKiire  de  Poitiers, 
pp.  768,  810,  82^,  8285  son  récit  du  voyage  des 
commissaires  envoyés  par  Blanche  de  Castille 
pour  prendre  possession  des  Etats  échus  à  Al- 
fonse  de  Poitiers,  pp.  812,  8  1 3. 

PHILIPPE,  frère  mineur,  p.  909. 

PHILIPPE-AUGUSTE,  roi  de  France,  pp.  20,  96, 
io3,  119,  144,  169,  200,  234,  3o8,  3i3,  338, 
412,  404,  4S5,  467,  526,  028,  541,  542,  544, 
543,  546,  547,  5^1  j  sa  naissance,  p.  ii;  est 
couronné  à  Reims  &  associé  à  la  couronne;  suc- 
cède à  Louis  le  Jeune  en  1  180;  chasse  tous  les 
juifs  du  domaine  royal,  p.  92;  accorde  un  di- 
plôme à  l'église  de  Lodève,  p.  119;  sa  diversion 
en  faveur  du  comte  de  Toulouse  dans  la  guerre 
que  le  duc  d'.\quitaine  faisait  à  ce  dernier, 
pp.  125,  I  29;  SCS  entrevues  avec  le  roi  d'Angle- 
terre; son  voyage  au  Puy,  p.  129;  le  Vivarais 
est  soumis  à  sa  dom>>'>aiioii  ;  motifs  qui  lui  font 
entreprendre  le  voyage  du  Puy,  p.  i3o;  sert  de 
médiateur  entre  Henri,  roi  d'Angleterre,  &  Ri- 
chard, duc  d'Aquitaine,  pp.  i3o,  i3i;  cède  à 
Richard,  roi  d'Angleterre,  la  ville  de  Cahors  &. 
tout  le  Querci,  à  l'exception  des  abbayes  de  Fi- 
geac  &  de  Souillac,  p.  1  34  ;  part  pour  la  Terre- 
Sainte,  p.  |34;  est  inviié  par  Innocent  III  à 
réprimer  l'hérésie  en  Languedoc;  sa  réponse  au 
pape,  p.  2Û1;  dans  sa  réponse  a  Innocent  III 
il  expose  ses  griefs  contre  le  comte  de  Toulouse, 
p.  265;  il  essaie  de  modérer  le  zèle  des  croisés, 
p.  267;  ses  conseils  au  comte  Raimond  \'I, 
p.  271;  se  plaint  des  conquêtes  de  Simon  de 
Montfort  au  pape,  p.  J76;  appuie  la  croisade 
contre  les  albigeois;  permet  que  Louis,  son  fils, 
prenne  la  croix,  p.  41  1  ;  prend  sous  sa  protec- 
tion les  habitants  &  la  ville  de  Montpellier, 
pp.  440,  441;  reçoit  l'hommage  de  Simon  de 
Monifort  pour  le  duché  de  Narbonne,  le  comté 
de  Toulouse,  &c.,  p.  483;  envoie  cent  chevaliers 
français  servir  pendant  six  mois  sous  les  ordres 
de  Simon  de  Montfort,  p.  5c;5;  est  aussi  prié 
par  Raimond  VII  de  procurer  sa  réconciliation 
avec  l'Kglise,  p.  548;  sa  mort,  p.  568. 

PHILIPPE  m,  fils  aîné  de  Louis  IX,  roi  de  France, 
p.  859,  860,  83  I  j   accompagne  son   père  à  Ai- 
gues-mortes,  p.  920  ;  lui  succède  ;  prend  le  com- 
mandement   de   l'armée;    reçoit   le   serment   des 
princes  présents  en  Afrique,  p.  923;  repasse  en 
France,  p.  924;    unit   les   Kiats  d'Alfonse  à  ses 
domaines,  p.  927. 
PHILIPPE  IV  LE  BEL,  roi  de  France,  p.  891. 
PHILIPPE,  fils  de  l'empereur  Frédéric,  p.  75. 
PHILIPPE  D'ANDUZE,  p.  825;  femme  d'Amalric, 
vicomte   de    Narbonne,  pp.  807,  825,  83c,  924. 
PHILIPPE,  femme  d'Arnaud  d'Espagne,  p.  887. 
PHILIPPE  DAUKIGNAC,  p.  593. 
PHILIPPE    DE    BEZTESI,    sénéclial    d'Albigeois, 

p.  626. 
PHILIPPE    DE    BOISSY,    sénéchal    de    Rouergue, 

p.  874. 
PHILIPPE,    comte    de    Boulogne   &   de   Clermont, 
pp.  597,  619. 


PHILIPPE  DE  CAHORS,  p.  872. 

PHILIPPE  D'EAUBONNE,  chevalier,  pp.  818,  846, 

802. 

PHILIPPE  D'ENCONTRE,  p.  49c. 
PHILIPPE  DE  FAY,  dame  de  la  Voulte,  pp.  711, 
83o,  918. 

PHILIPPE,  comte  de  Flandres,  p.  34. 

PHILIPPE  GOLOYN,  chevalier  français,  plus  tard 
sénéchal  de  Carcassonne,  pp.  384,  465,  842. 

PHILIPPE  DE  LOMAGNE,  fille  d'Arna  ud-Othon, 
héritière  universelle  de  Jeanne,  fille  de  Rai- 
mond VII,  comtesse  de  Toulouse,  pp.  918,  919. 

PHILIPPE  DE  MAMOLÈNE,  femme  de  Rai- 
mond m  d'Uzès,  p.  837. 

PHILIPPE  DE  MONTLÉARD,  p.  879. 

PHILIPPE  I  DE  MONTFORT,  fils  de  Gui,  sei- 
gneur de  Castres,  puis  de  Tyr,  pp.  627,  63o, 
645,  646,  655,  679,  798,  834,  902,  905,  9i3, 
924;  remarié  dans  le  Levant;  ses  enfants  du 
second  lit  héritent  de  ses  dom.iines  d'outre-mer, 
&  y  forment  une  branche  de  leur  maison, 
p.  926. 

PHILIPPE  II  DE  MONTFORT,  seigneur  de  Cas- 
tres, pp.  679,  834,  854,  855,  857,  892,  893, 
938  ;  sa  mort,  p.  924. 

PHILIPPE  DE  NANTEUIL,  p.  097. 

PHILIPPE,  femme  de  R.iimond-Roger,  comte  de 
Foix,  pp.   127,  564. 

PHILIPPE  DE  VOISINS,  sénéchal  d'Agenais, 
p.  465. 

PlCAr.DIE,   p.    22  I  . 

PIE  II,  supprime,  en  1459,  les  chevaliers  de  l'or- 
dre du  Saint-Esprit  de  Montpellier,  p.  73. 

PIERRE,  cardinal-prêtre  du  titre  de  Saint-Chry- 
sogone,  est  envoyé  comme  légat  à  Toulouse  pour 
y  combattre  les  hérétiques,  p.  78;  son  entrée  à 
Toulouse;  moyens  qu'il  emploie  pour  connaître 
&  confondre  les  hérétiques,  p.  79;  envoie  des 
délégués  dans  l'Albigeois,  p.  b  1  ;  condamne  dans 
la  cathédr.ile  de  Saint-Ktienne  de  Toulouse  deux 
cheis  d'hérétiques  ;  fin  de  sa  mission,  p.  84. 

PIERRE  DE  BÉNÉVENT,  légat  dans  la  Province 
en  1214,  pp.  434,  45  1 ,  452,  453,  462,  5oo  ;  dès 
son  arrivée,  il  impose  une  trêve  aux  belligé- 
rants, p.  439;  reçait  la  soumission  du  comte  8c 
des  habitants  de  Toulouse,  des  comtes  de  Foix, 
de  Comminges  &  de  Roussillon,  du  vicomte  & 
dej  habitants  de  Narbonne,  pp.  441,  442;  part 
pour  l'Aragon,  installe  Jacques  I  sur  le  trône 
&  met  ordre  aux  affaires  du  pays,  p.  443;  pré- 
side,en  i2i4,leconciIedeMontpellier,p.  451; 
ses  craintes  en  voyant  se  croiser  le  fils  aîné  du 
roi  de  France,  p.  455;  opinion  qu'il  faut  avoir 
de  sa  conduite  durant  sa  légation,  p.  444. 

PIERRE  DE  CASTIiLNAU,  archidiacre  de  Mague- 
lonne,  religieux  de  Fontfroide,  légat  du  pape 
dans  la  Province,  pp.  223,  224,  229,  23o,  234, 
242,  244,  245,  252,  258,  266,  267,  277,  304, 
3o5,  404,  405,  412;  veut  se  démettre  de  sa  lé- 
gation, pp.  235,  2  31;  quitte  Béliers  &  se  rend  à 
Montpellier  où  il  rétablit  la  pa  ix  entre  Pierre  II 
&  les  habitants,  p.  246;  excommunie  Rai- 
mond VI,  comte  de  Toulouse,  p.  249;  sa  mort 
tragique,  pp.  261,  262;   est    inhumé  dans   l'ab- 


1012 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


h.iyc  de  Saint-Gilles,  p.  262;  est  honoré  à  titre 
de  bienheureux;  ses  reliques  sont  dctrui  tes  par 
les  religion  naircs,  p.  26.'i. 

PIKURE  AMELII,  archevêque  de  Naibonne, 
pp.  ;'>9'>,  ^00,  60;"),  616,  62't,  63o,  648,  6;j^, 
658,  672,  673,  698,  726,  7^8,  7.59,  752,  76.}, 
768,  793,   Sjp,   872;  sa  mort,  p.  77'J. 

PIERRE,  cardinal-évèaue  d'Albano,  pp.  7-9,  81  3, 

8>i. 
PIERRE-RAIMOND,  évèqiie   d'Agde,    pp.    99,    119, 

120,   779. 
PIERRE,  évéque  d'Ausone,  p.  24. 
PIERRE,  év-êque  de  Béziers,  p.  38.^.  ^ 
PIERRE,  évéque  de  Clermont,  p.  37. 
PIERRE  FROTIER,    évéque    de    Lodève,    pp.    172, 

3  3  o ,  616,  712. 
PIERRE  UE  CONQUES,    cvêque    de    Mnguelonne, 

pp.  796,  848,  Sfi^. 
PIERRE  DE    MO.NTLAUR,  évéque    de    Marseille, 

p.  609. 
PIERRE,  évéque  du  Puy,  p.  10;  ses  différends  avec 

Pons,  vicomte  de  Polignac,  pp.  35,  36,  37. 

PIERRE  IV,  évéque  du  Puy,  pp.   108,   129. 

PIERRE,  évéque  de  Rodez,  pp.  5i5,  532,  671, 

PIERRE,  évéque  de  Saragosse,  p.  68. 

PIERRE,  évéque  d'Urgel,  p.  7o3. 

PIERRE  UE  COLMIEU,  vice-légat,  pp.  647,  648, 
65o,  65i,  657,  652,  865. 

PIERRE,  abbé  d'Ardorel,  p.  3. 

PIERRE,  abbé  d'Aurillac,  p.  67. 

PIERRE,  abbé  de  Cendras,  p.  3. 

PIERRE-GUILLAUME,  abbé  de  Combelongue, 
p.  353. 

PIERRE  DE  DALBS,  abbé  de  Lézat,  p.  732. 

PIERRE  D'UZÈS,  abbé  de  Psalmodi,  p.  64. 

PIERRE,  abbé  de  Saint-Gilles,  p.  .154. 

PIERRE,  abbé  de  Saint-Volusien  de  Foix,  pp.  32, 
127. 

PIERRE,  abbé  de  Sorèze,  p.  733. 

PIERRE,  abbé  de  ^'alm,^gne,  p.   229. 

PIERRE-ARNAUD,  moine  de  GaiUac,  p.  914. 

PIERR.E,  prévôt  de  l'église  du  Puy,  p.  799. 

PIERRE  CELLANI,  inquisiteur,  pp.  674,  638, 
6i9;  cesse  ses  fonctions  d'inquisiteur  à  Tou- 
louse sur  la  demande  de  Raimond  VII;  est  en- 
voyé en  Querci,  p.  689. 

PIERRE  II,  roi  d'Aragon,  pp.  i39,  176,  198,  200, 
207,  23 1,  259,  554,  555;  rompt  la  paix  avec 
le  comte  de  Toulouse,  p.  114;  engage  la  vi- 
comte de  Millau  &  de  Gévaudan  au  comte  de 
Toulouse,  p.  211;  épouse  Marie  de  Montpel- 
lier, p.  21 3;  son  voyage  à  Rome  &  son  cou- 
ronnement parle  pape  Innocent  III,  p.  216; 
son  édit  contre  les  vauJois,  p.  221  ;  son  voyage 
à  Montpellier  ;  privilèges  qui  lui  sont  accordés 
par  Innocent  111,  pp.  239,  240;  cherche  à  répu- 
dier Marie  de  Montpellier,  p.  248;  tente  vai- 
nement de  ménager  la  paix  entre  les  croisés 
&  le  vicomte  de  Béziers,  pp.  292,  293;  refuse 
l'hommage  de  Simon  de  MontforI;  pousse  à  la 
résistance  les  nobles  des  vicomtes  de  Béziers  & 
de   Carcassonne,    pp.    314,   3|5;    essaie   vaine- 


ment de  réconcilier  Simon  de  Montfort  &  le 
comte  de  Foix;  assiste  à  la  conférence  de  Pa- 
miers;  vi^nt  à  Toulouse  avec  Raimond  VI, 
p.  326;  près  de  Montréal,  il  refuse  l'hommage 
de  plusieurs  chevaliers;  s'avance  jusqu'à  Portet; 
confère  avec  les  légats;  passe  les  Pyrénées  pour 
continuer  la  guerre  contre  les  Maures,  p.  32"; 
rétablit  la  paix  entre  le  comte  de  Foix  &  Simon 
de  Montfort  ;  reçoit  l'hommage  de  Simon  de 
Montfort  pour  Carcassonne;  assiste  au  concile 
de  Montpellier;  consent  au  projet  de  mariage 
entre  la  fille  de  Simon  de  Montfort  &  son  fils 
Jacques,  p.  3.;5;  confie  l'éducation  de  celui-ci 
à  Simon  de  Montfort;  donne  sa  sœur,  Sancie, 
en  mariage  à  Raimond  VI,  p.  346;  est  informé 
par  les  Toulousains  de  la  conduite  des  croisés 
à  leur  égard,  p.  366;  fait  un  voyage  à  Tou- 
louse, y  établit  son  vicaire,  combat  les  infi- 
dèles en  Espagne,  p.  333  ;  envoie  une  ambassade 
au  pape  en  faveur  de  Raimond  V'I,  p.  394;  ses 
plaintes  contre  Simon  de  Montfort,  p.  401;  se 
rend  à  Toulouse  &  négocie  avec  les  évéques  as- 
semblés au  concile  de  Lavaiir  en  faveur  des 
comtes  SCS  alliés,  p.  402;  causes  de  son  alliance 
avec  Raimond  \'I,  p.  407;  tâche  de  gagner  le 
pape  &  le  roi  Philippe-Auguste  en  laveur  du 
comte  de  Toulouse,  p.  410;  donne  Montpellier 
à  Guillaume,  son  beau-frère;  fait  demander 
la  main  de  la  fille  du  roi  de  France;  se  dis- 
pose à  répudier  Marie;  sa  conduite  envers 
cette  princesse;  donne  en  fief  à  Guillaume  IX 
les  domaines  de  la  maison  de  Montpellier, 
p.  41  I  ;  se  rend  à  Perpignan  &  prie  Simon  de 
Montfort  de  se  rendre  à  Narbonne,  p.  410; 
défie  Simon  ;  apaise  des  différends  entre  l 'évéque 
de  Viviers  8c  le  comte  de  V^alentinois  ;  se  pré- 
pare à  la  guerre  contre  Simon,  pp.  416,  417; 
reçoit  une  lettre  fort  vive  d'Innocent  III, 
pp.  417,  418;  est  menacé  des  censures  ecclé- 
siastiques à  cause  de  l'abandon  de  Marie  de 
Montpellier,  p.  412;  se  joint  aux  comtes  de 
Toulouse,  de  Foix  &  de  Comminges;  assiège  Mu- 
ret, p.  421;  est  tué,  p.  427;  son  éloge,  pp.  429, 
430,  431. 

PIERRE,  fils  aîné  de  Jacques,  roi  d'Aragon,  p.  873. 
PIERRE,  frère  d'Alfonse,  roi   d'Aragon,  prend    le 

nom  de   Raimond-Bérenger,  p.  33.   Voir  ce  d:r- 

nicr  nom, 
PIERRE  D'ALBARON,  p.   137. 
PIERRE  D'AMI,  pp.  213,770. 
PIERRE-KERMOND  D'ANDUZE,    fils    de    Bern.ird 

d'Anduze.  Toy-- PIERRE-KERMOND  DE  SAUVE. 

PIERRE  L'ARAGONAIS,  p.  3oi. 
PIERRE-ARNAUD^  notaire  ou  greffier  de  l'Inqui- 
sition, p.  739. 

PIERRE  D'ARSIS,  p.  365. 

PIERRE  DE  ATHIIS,  dit  Fahri,  sénéchal  de  Beaii- 

caire,  p.  794. 
PIERRE  D'AUI.IRET,    p.  524. 
PIERRE    D'AUTEUIL,   sénéchal    de   Carcassonne, 

pp.  791,  842,  854,  866,  870,  8S6. 
PIERRE  D'AUVERGNE,  poëte  provençal,  pp.  i65, 

948. 
PIERRE  DE  BARGEAC,  poëte  provençal,  p.   i6j; 

proiailemcnt  Barjac  [Lozère'),  arr.  de  Marvé]oU. 


TABLE  GENERALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIERES. 


ioi3 


PIERRE  DE  BART,  maître  de  I.i  ccminnndciie  de 

ViHedieii,  p.  .^;^. 
PIERRE  DE  KKRMOND,  p.  797. 
P1ERRE-HE:îNARU,  frère  de   Ihôpir;!!   de  Jinis.i- 

lem  de  Béiiiers,  p    .^3. 
PIERRE  liERNARUI,  hérétique,  pp.  r>^r>. 
PIERRE  KERNARDI,    s.rgcnt    du    comte    Alfoiisc, 

pp.  828,    846. 
PIERRE  DE  BERNIS,  p.  87. 
PIERRE-RAINARD  I  ou    RAINARD  DE  liÉZIERS, 

pp.  .)3,  76;   son  testament,  p.  57. 
PIERRE-RAINARD   II,  p.  58. 
PIERRE  GÉRAUD  DE  LA  BOLÉNE,  p.  ,"),". 5  ;   ^o^- 

léne  [Vaucluse),  arr.  d'Orange. 
PIERRE  DE   BONIFACE,    habitant   de   Montpel- 
lier, p.  7  i3. 
PIERRE  DE  BOTIGNAC,  poëte  provençal,  p.   \6-J. 
PIERRE,  cornto  de  Bretagne,  pp.  53  1,  :>■)•],  (>io. 
PIERRE  DE  BRUIS,  iiianichcen.  p.  2. 
PIERRE-ROGER,   seigneur   de  Cabaret,   pp.  292, 

3r5,  326,  333,  339,350,  85:^. 

PIERRE    DE    CABRESPINE,    commandeur    de    la 
maison  du  Temple  de  Montpellier,  p.   188. 

PIERRE  DE  CADEROUSSE,  p.  42. 
PIERRE  CARDINAL,  poste  provençal,  p. 


PIERRE-.MARTIN  DE  CASTELNAU, 


pp.  4C 


53(5. 


PIERRE,  vicomte  de  Castillon,  p.  io3 
PIERRE  DE  CASTRO,  p.  793;  prohahh-ment  Châ- 
tres (Scine-S'-M.-inte),  arr.  de  Mclun. 
PIERRE  CELLANI,  habitant  de  Toulouse,  p.  468. 
Voir  plus  haut,  aux  dignitaires  (cclésiasti^ues. 

PIERRE-BERNARD  DE  CHARTRES,  p.  852. 
PIERRE  CONSTANS  DE  SAINT-GILLES,  p.  206. 
PIERRE-RAIMOND  DE  CORNEILLAN,  p.  601. 
PIERRE    DE     COURTENAY,    comte     d'Auxerre, 

pp.  2o5,  35 1 . 
PIERRE  DE  CUCUGNAN,  p.  725. 
PIERRE  DE   Dl'RBAN,  p.  6i5. 
PIERRE  D'ESTAING,  p.  21 3. 
PIERRE    FABER,    sénéchal     de    Beaucairc.    foye^ 

PIERRE  DE  ATHIIS. 
PIERRE  DE   KAKRÈGUES,  p.  698. 
PIERRE  DE  KENOUILLEIT,   vicomte  de    Fenouil- 

litdes,  pp.  6i5,  617. 
PIERRE  DE  FIRAC,  p.   40. 

PIERRE-GAUCELIN  DE  FOLLAQL'IER,  p.  903. 
PIERRE  DE  FONTFROIDF,  p.  5oo. 
PIERRE  DE  FRÉDOL,  p.  869. 
PIERRE   Ftn.CODII,   juge  &   clwncelier   de    Rai- 

mond  \',  pp.   125,  i33. 
PIERRE  GALTERII,  commandeur  de   l'hôpital  de 

Saint-Gilles,  p.  74. 
PIERRE-GÉRAL'D,   fils   de   Bernard  IV,   comte  de 

Fezensac,  p.  778. 
PIERRE    DE   GRAVE,    pp.    752,    753,   841,    855, 

PIERRE  LE  GROS,  neveu  du  papa  Clément  IV, 
p.  885. 

PIERRE  GUITARD,  Toulousain  envoyé  en  am- 
bassade au  pape,  p.  435. 


PIERRE   RAIMOXD    D'HAUTPOUL,    pp.    65,    90, 

91. 

PIERRE  ISARN.  évèque  héictiquo,  brûlé  vif  à 
Ca  u  n  es ,  p .  619. 

PIERRE  DE  LANDREVILI.E,  sénéchal  de  Tou- 
louse, pp.  876,  878,  9c5,  ^07. 

PIERRE  DE  L.ARA,  neveu  d'Ermeng.i  rde,  vicomte 
de  Narbonne,  pp.  71,  89,  r)o,  1  19,  6175  succède 
à  sa  tante  dans  la  vicomte  de  Na  i  bonne,  p.  )39; 
se  démet  de  la  vicomte  en  laveur  de  son  fils, 
p.  i5i;  quitte  le  nom  de  Lara  pour  prendre 
celui  de  Narbonne,  p.   i  53  ;  sa  mort,  p.  216. 

PIERRE  DE  LAURAN  (^rorr.  LAURE  ,  p.  85d.     ' 
PIERRE,  vicomte   de   Lautrec,   pp.  679,  723,  772, 
811,  816,  855,  865,  866,  874,  9:2. 

PIERRE-ERMENGAID    DE    LAUTREC,    p.    2-9. 
PIERRE    DE     LERCIO,    fondateur    de    l'ermitage 
Saint-Victor,  p.  210. 

PIERRE  DE  L'ISLE,  p.  811. 

PIERRE-GAUCELIN,  seigneur  de  Lunel,  p.  68. 

PIERRE  DE  MAILLAC,  p.   i52. 

PIERRE  MARC,  chargé  par  Innocent  III  d'une 
mission  financière  en  Languedoc,  p.  ■Î92J  cor- 
recteur des  lettres  apostoliques,  p.  408. 

PIERRE    DE    MARTIN,    p.    536.    l'oyc^    PIERRE- 
•     MARTIN  DE  CASTELNAU. 

PIERRE  MAUCLER,  comte  de  Bretagne.  Fo/c^ 
plus  haut. 

PIERRE  MAURAN,  chef  de  la  secte  des  Henricicns; 
sa  position  à  Toulouse;  tst  appelé  devant  le 
légat,  refuse  d'abord  de  comparaître,  p.  79; 
obéit  &  est  déclaré  hérétique;  ses  biens  sont 
confisqtiés;  il  est  empiisciiné;  reconnaît  ses 
erreurs;  pénitence  qui  lui  est  imposée,  pp.  80, 
81. 

PIERRE  DE  ."^lÈZE,  pp.  525,  797. 

PIERRE,  vicomte  de  Minerve,  pp.  34,  53,  f5o. 

PIERRE  HIR,  p.  608. 

PIERRE  DE  MIREMONT,  p.  753. 

PIERRE-ROGER  DE  MIREPOIX,  pp.  67,  i55,  556, 
563,  6i5,  739,  740,  768. 

PIERRE  MIRON,  p.  35o;  peut-être  le  même  (jue 
Pierre  Mir,  ci-dessus  indiijué. 

PIERRE  DE  MONTl'.RUN,  p.  852. 

PIERRE  DE  MONTLAUR,  archidiacre  d'Avignon, 

p.  304. 
PIERRE-RAIMOND  DE  M0NTPF:YR0UX,  pp.  4-, 

65. 
PIERRE,  vicomte  de  Murât,  p.  711. 
PIERRE-RAIMOND  DE  NARBONNE,  p.  76. 
PIERRE    DE    NONNECOURT,    sénéchal  de  Beau-- 

caire,  p.  794. 
PIERRE  PARDI,  seigneur  aragonais,  p.  428. 
PIERRE  PF:LET,  seigneur  d'Alais,  p.  895. 
PIERRE  PELET,  damoiseau,  p.  9o3. 
PIERRE  DE  PENAUTIER,    p.   i55. 
PIERRE  DE  PROVINS,  p.  853. 
PIERRE  DU   PUY,  p.  872. 
PIERP.E-RAIMOND  DE  RABASTENS,  p.  S11. 


10I4 


TABLE  GENERALK  DES   NOMS   ET  DES   MATIÈRES. 


PIERRE-RAIHOND,  fils  nîitiirel  de  Rjilinond  V, 
frère  de  Raimond  VI,  comte  de  Toulouse, 
pp.   168,  197. 

PIRRRE-RAIMOND,  fils   de    Bérenger    de    Béziers, 

p.    .)0. 

PIERRE-RAIMOND,    poète    provençal,    natif   de 

Toulouse,  p.   162;  meurt  à  Pamiers;  ses  poésies, 

p.    164. 
PIERP.E  RAMBAUT,  parent  du  pape  Clément  IV, 

pp.  9  i5,  920. 
PIERRE  DE  RICHEKOURG,  pp.  315,   329. 
PIERRE-ROGER,   poëte  provençal,  pp.   iô5,   162, 

177. 
PIERRE  DE  RODEZ,  p.  40. 
PIERRE  DE  SAINT-ANDRÉ,  p.    leo. 
PIERRE  DE  SAINT-KÉLIX,  p.   102. 
PIERRE  DE  SAINT-GRÉGOIRE:,  commandeur  du 

Temple  de  Montpellier,  p.  2^4. 
PIERRE  DE  SAINTE-MARTHE,  p.  35d. 
PIERRE  DE   SAISSI,  pp.  393,  419. 
PIERRE  SAISSUN,  p.   127. 
PIERRE-BERMOND  DE  SAUVE,   pp.  44,   4,';,    47, 

48,    14';,   28  r,   833. 
PIERRK-BERHOND  DE  SAUVE,  petit-fils  du  pré- 
cédent, pp.  278,    334,    394,  39,'),  396,  4.)D,  47.J, 

:)24,   .'>34,   ;k),),   569,   601, 
PIERRE-KERAIOND  DE  SAUVE,  fils  du  précédent,' 

pp.  711,   7-">.^,   B29,   83o,   8.5o. 
PIERRE-RAIMOND  DE  SAUVIAN,  p.   137. 
PIERRE  S.WARIC,  maître  de   la  milice  de  l'ordre 

de  la  Foi,  p.  ^>^^. 
PIERRE-GUIRAUD  ou    GUILLEM  DE  SEGURET, 

p.  53d. 
PIERRE -OLIVIER    DE  TERMES,    pp.    07,    143, 

339. 
PIERRE  DE  TOULOUSE,    prieur    &   maître  de   la 

maison  du  Temple,  p.  ."14. 

PIERRE  DE  TOULOUSE,  viguier  du  comte,  à 
Toulouse,   p.  690. 

PIERRE  DE  LA  TOUR,  p.    1  5.). 

PIERRE  VAIRAT   LE  GROS,   p.    100. 

PIERRE  DE  VAUX-CERNAY,  pp.  161,  228,  284, 
294,  359,  36o,  36i,  352,  363,  3,^4,  36.j,  366, 
367,  375,  376,  377,  378,  379,  38?,  384,  380, 
386,  387,  388,  389,  393,  398,  399,  402,  404, 
420,  425,  427,  429,  438,  442,  443,  444,  44;';, 
446,  447,  448,  449)  4-")o.  401;  vient  dans  la 
Piovince  avec  son  oncle  Gui,  p.  2.5o;  son  récit 
du  sac  de  Béziers,  p.  289^  son  récit  du  concile 
de  Saint-Gilles  de  1210,  p.  33j. 

PIE:RRE  VIDAL,  poète  provençal,  natif  de  Tou- 
louse, pp.  162,   177,  .0.56;  ses  aventures,  p.  i63. 

PIERRE  DES  VIGNES,  ministre  de  Frédéric  II, 
pp.  766,  769. 

PIERRE  DE  VILAR,  p.  44. 

PIERRE  DE  VILLENEUVE,  p.  601. 

PIERRE  DE  VOISINS,  chef  de  la  maison  de  Voi- 
sins, pp.  46"),  ")i"),  63o,  65o,  6:")7,  667,  668, 
701,  723. 

PIERRE  DE  VOISINS,  fils  du  précédent,  sénéchal 
de  Toulouse,  pp.  793,  811,  822,  840,  8.12,  8,5."», 
8.57,   867,   870,   871. 


PIERRE,  chevalier,   chambellan   du    roi,   pp.  918, 

919. 
PIEP>RE,    charpentier   du    Fuy,    fonde,    en    11 83, 

une  confrérie  pour  le  rétablissement  de  la  paix, 

pp.   106,   1 07,  I  oS. 

PIERRE,  maître  des  Templiers,  p.  .O27. 
Piebiie-Alue,  église  à  Castelnaudary,  p.  665. 
PlERBECLil-iKnE,    p.    7JÔ    [Haute-Vienne),    arr.    Je 

Limoges. 
PiEniiELATTE,  comté,  pp.  .Oi,  486,  6^4. 
Piicr.REPEr.TLSE,  château,  pp.    i.5o,  714,  722,  S.jj. 
PlERRCPERTL'/.ÉS  (pays  de),  p.  809. 
PiEussE,    PiEtssAx,    PoNCUN,    château    du    Razcs, 

pp.  .')44,  .Î64,  6.5');  Piemses  [Aude),  arr.  de  Li- 

moux. 

PiG.wN,  château,  pp.  i35,  i3j,  184,  202,  5i2 
[Hérault),  arr.  de  Montpellier. 

PILFORT  DE  RABASTENS,  pp.  196,  yoi,  545, 
537,   629,  704. 

PINCELE,  femme  de  Géraud,  comte  d'Armagnac, 
pp.  811,  876. 

PiNEL,  monastère  de  l'ordre  de  Gramont,  pp.  552, 
l'>9- 

PiSANS;  leur  guerre  contre  les  Génois,  pp.  14,  |5, 
16,  17;  leur  alliance  avec  le  seigneur  de  Mont- 
pellier &  l'évéque  de  Maguelonne,  p.  18;  ten- 
tent de  s'emparer  du  pape  Alexandre  III,  p.  1  1  1  . 

PiSE,  ville  d'Italie,  pp.  590,945;  fait  un  traité 
avec  la  ville  de  Narbonne,  p.  59. 

Plaintes  des  légats  contre  Bérenger,  archevêque 
de  Narbonne,  pp.  232,  234. 

—  de  Raimond  Vil  contre  le  clergé,  &  plaintes 
du  clergé  contre  les  baillis  du  roi,  pp.  680, 
681,  707, 

PocLET,  abbaye  en  Catalogne,   pp.   175,  233,  239. 

Poblicains,  nom  donné  aux  hérétiques  de  l.a  Pro- 
vince par  un  canon  du  concile  de  Latran. 
p.  86;  en  Flandre  &  en  Bourgogne,  ils  s'appel- 
lent Poplicains,  p.  6. 

Pot.siE  provençale,  p.  948. 

Poètes  provençaux  célèbres,  pp.  iSi,  162,  i63, 
164,  i65,  166,  167,  740. 

Poitiers,  p.  98. 

Poitou,  pp.  091,  742,  823,  862,  900. 

PoLiGNAc,  château,  pp.  467,  94-';  ses  vicomtes, 
p.  527. 

POLIGNAC  (vicomte  de\  pp.  7,  i3o,  919. 

P0MER01.S  [alias  PoMEinoLs),  château,  pp.  534, 
657,  681,  872;  Pomcrols  [Hérault),  arr.  de  Bé- 
liers. 

PoNCiAN,  château.   Foye^  PiECS.îns. 

PONS  D'ARSAC,  archevêque  de  Narbonne,  pp.  3, 
5,  II,  i3,  17,  41,  43,  55,  62,  65,  74,  340; 
assiste,  en  1179,  au  concile  de  Latran,  p.  85; 
déposé,  p.  97. 

PONS,  évèque  d'Agde,  p.   784. 
PONS,  évèque  de  Béziers,  pp.   882,  883. 
PONS,  évèque  de  Carcassonne,  p.  5. 
PONS,  évèque  d'Urgel,  p.  716. 

PONS  AMELII,  abbé  d'AIet;  date  de  sa  mort, 
p.   i58. 


TABLE  GENERALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES.  ioi5 

PONS,  abbé  de  Saint-Gilles,  p.  439.  PONS,  seigneur  de  Vissée,  p.  799. 

PONS  UE  BRAM,  abbé   de  Snint-Hilaire,  p.   i.03.  Pontoise,  p.  7,")rj. 

PONS,   prieur   des   frères   prêcheurs   en    Provence,  PoriAN,  château,  pp.   i36,i02j  Poup'ian  (_Hcr~-iuU), 

p.  7^1.  arr.  Ai  Lodeve. 

PONS  DE  ARLENC,    neveu   de   Pons,   vicomte   de  PoM-  de  la  Daurade,  à  Toulouse,  p.  690. 

Polign.ic,  p.  .17.  —  jç    pierre   construit    à    Avig)ion,  en   1178,    par 

PONS  AMELII,  baron   de  lAIbigeois.  Voye^  PONS  saint  Bénézetj  sa  description,  pp.  77,   209. 

AMELIUS  DE  CAHUZAC.  nui 

.     „    .           ,  ,,„  Pont-Haut,  lieu,  p.   170. 

PONS  D'ASTOAl'D,  chancelier   de   Raimond  VII,  r-                        ■.           .    „,        > 

,,.,,           j      D       •                       -/•          toi  rOXT-bAiNT-tsi'Biï,  pp.   i.i4,    ro:),  0.14,   004,  S14; 

puis  d  Allons*  de   Poitiers,   pp.    7.)5,   77J,  ooJ,  '  rr     .   n»     /    >       t>  ■'   "t'    .'^> 

S          o          0          0    3     0,        0-       0.,-     a„„      ,„i  sa  construction  ;  opposition  du  prieur  de  Saint- 

804,     Cl,     012,     0     3,    021,     074,     09a,     099,     goi,  c                   •         j        n                           no         n 

y          '                    '          '      /t>     >   '     yy>  y      >  Saturnin  du  Port,  pp.  889,  890;  ressources  em- 

"      ■       ,  ployées   pour  le  construire  ;   confrérie   de   frères 

PON5-AZEMAR,  p.  6,:u  donnés,  p.  891  ;  ses  dimensions,  p.  892. 

PONS  DE  BEAUMONT,  bailli  de  la  Grave,  p.  .375.  „                 „                      ,.                        -,           .    n           ^ 

'^       '  HoNT-un-boncLE.s,    château,    pp.   3o4,    048,    046; 

PONS   DE  BESSAN,  p.  2o3.  „„y    Sor^ucs  ^rauduse),  arr    rAvignon. 

PONS  AMELIUS  DE  CAHl'SAC,  seigneur  de  l'Ai-  po^TlrRS   (frères).    J'oyc-,    HosiMTALiEns   de   Saint- 

bigeois,  pp.  7'4,  «11.  Bénézet,  p.  891. 

PONS  DE  CAPDL'EIL,  poète  provençal,  p.   i65.  Pontig.vv,  abbaye,   pp.   i,3,  78,  r,i6. 

PONS  DE  CAUX,  p.  52:..  Foplicains.  Voyez  Pohlicains. 

PONS  DE  DOL'UGNE,  p.  4,  PonciiEniA,  lieu  du  comté  de  Meigueil,  p,  49. 

PONS-PIERRE  DE  GANGES,  p.   742.  p^,,.  j.^^p,^  p,    .^j, 

PONS-HUGUES,    frère    d'Hugues,    comte   d'Ampu-       d-  Cluse    d 


I  le. 


rias,  pp.  4l3,  881,  924.  ,     ,                    ,,               n 

'  "^r     -r      '          '  /    T  —  tle  Lattes,  crée  en    1  1 0 1 ,  p.   ici. 

PONS-JORDANI,  hérétique,  p.  249.  „            ,      ,      «  « . , 

^         "^       J'     ,      _    .           .  For.T.s  de   la   Méditerranée  appartenant  au   comte 

PONS-GAUCELIN  DE    LUNEL,   fils  de   Raimond-  ^^  Toulouse  ,    le    monopole   de    leur   commerce 

Gaucelin,  seigneur  de   Lunel,   pp.   47,  64,  69,  est  donné  aux  Génois,  pp.  6  1 ,  62. 

'      '  ■''  ^    ''  PonT-SAi.NTE-MAïui;,  pp.  724,  7J."i '■Z.o(-(5--Gi;ro;:«r'), 

PONS  DE  MATAPLANE,  p.  88.  „^^    H'Aaen.             f^"    '    -»           ^                            ^• 

PONS  DE  MONTLAUR,    pp.    4-,    25^,   335,   433,  p^,,.^^  Montolieu,  i  Toulouse,  p.  009. 

!}z6,  ."i?.^,  .533,  6q3.  «                                ■      j       j-      •       jitt   ■                  o 

'          '               '  Portes,    seigneurie    du    diocèse  d  Uzes,   pp.    107, 

PONS-AMANIEU  DE  NADAILLAN,  p.  -jô').  39.5. 

PONS  U'OLARGUES,    pp.   66,   76,    137,  325,  J87,  Poutet,   pp.    1 J9,   327;   '«  prieur    des   frères    prê- 

601,  73s,  "37,  744,  7^4»''^°'  9^^-  cheurs   y    réside  après  l'expulsion   des  religieux 

PONS  I,  vicomte  de  Polignac,  p.  8;  réclame  l'in-  ^'  Toulouse,   p.   691    {Haute-Garonne;,   a,r.  Je 

tervcntion    du    rt.i    lors    de    ses   diff/rcnds   .ivec  Toulouse. 

révéque    du     Puy;    est     prisonnier    du     roi     de  PdSgt  ièhes,  château ,  a  ujourd'h  u  i  \'a  uvcrt,  pp.  c  8, 

France,    p.    34;    il    termine   ses  différends  avec  4^5,  ."104,  5ic. 

révêque  du    Puy;   différentes   phases  des   négo-  Poiget,    château,    pp.    71,    101,    i36,     i83,    202 

ciations,  pp.  35,  36,  37,  38.  [Hérault),  arr.  Je  Lojève. 

PONS  II,  vicomte  de  Polignac,  p.  98.  Polille,  pays  d'Italie,  p.  893. 

PONS   III,    vicomte   de    Polignac;    succède   à    Hé-  Pot  L\  ou    Poils,  dans  le  diocèse  de   Nimcs,  p.  64 

racle  III,  son  père,  pp.  99,   134.  [GarJ/,  arr.  Je  Nimes. 

PONS  IV,  vicomte  de  Polignac,  p.  467.  PotssiN,  seigneurie,  p.  396. 

PONS  V,  vicomte  de  Polignac,  pp.  528,  567,  798.  Poi/.IN,  château,  p.  710  (Ard'echt),  arr.  Je  Privas. 

PONS  POMMADE,  bourgeois  de  Toulouse,  p.  5i  1 .  PriAnELr.RS,  lieu  du  Vivarais,  p.  395. 

PONS  DE   LA   REDORTE,  p.  827.  Pbades,  village  du   Rouergue,  p.    166;  PraJes-Sé- 

PONS  DE  RIGAUD,  maître  du  Temple,  p.   189.  gur  {Aveyronj,  arr.  de  RoJe^. 

PONS  AYMAR  DE  RODELE,  chevalier,  p.  .568.  Pp.Aprs,  près  Pamiers.  p.  852;   prohahUment    Pra- 

PONS-ROGER,    hérétique    convsrti  ;    pénitence    à  Jctta  iAnége),  arr.  J.-  P.imi:rs. 

lui  imposée  par  saint  Dominique,  p.  253.  PnATS,  château  d'Aragon,  p.   118. 

PONS,  vicomte  de  S.iin t-Antonin,  p.  386.  Pp.EiXAX,   château,   pp.  314,  3i8,  65o  [Aude),  arr, 

PONS    DE    SAINT-GILLES,    des   frères    prêcheurs,  Je  Carcasronne. 

p.  839.  PuÉMONTiif:  (ordre  de),  p.   10. 

PONS  dp:  SAINT-JUST,  p.  486.  PRF.Tr.E.s   blancs,   nom   des    hospitaliers   du    Pont- 

PONS  DE  THÉSAN,  pp.  325,  61.  Saint-Esprit,  p.  891. 

PONS,  comte  d'L'rgel,  p.  759.  PniMATlE  prétendue  de  l'archevêque  de  Tolède  sur 

PONSDE  VALLAUQUEZ,  chevalier,  p.  2i3.  plusieurs  provinces  ecclésiastiques,  p.  466. 

PONS    DE    VILLENEUVE,    chevalier,    sénéchal    de  Pnis,  lieu   du    Rouergue;    Raimond  VII    y   meurt, 

Toulouse,    pp.    6i5,   621,   625,    666,    697,    744,  p.  8--3;    Pri^  iAveyron),  arr.  Je  Fillr/ranchc-Ju- 

753.  Rouergue. 


ioi6  TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 

Privas,  château,  p.  710  [Ardcchc).  Puyiiinoi,  (montagne  de),  p.  779  (Lct-&-Garo,ine), 

Privilèges  accordés,   en   1167,   aux   habitants   du  arr.  d'Agen. 

hoiirg  de  Foix,  p.  3i.  Pi  Y  des  Pexdls,  lie»  où  étaient  situées  les  four- 

—  accordés  par  le  vicomte  de   Polignac  aux  cha-  ches  patibulaires  de  Beaucaire,  p.  490, 
iioines  &  aux  habitants  de  Brioude,  p.  98.  Plï-Sainte-Marie.  Foye^  PuY. 

—  accordés  aux  habitants  de  Nimes,  p.  ici.  PtysEr.GuiER,  château,  pp.  3i5,  046;  Puisserguicr 
Procédure  des   inquisiteurs   réglée   par  le  concile  [Hérault),  arr.  de  Bé-^iers. 

de  Narbonne,  pp.  764,  755.  Puïveut,  château,  p.  34^;  Puivert  (Aude),  arr.  de 

Procédures    des    inquisiteurs    dans    la     Province,  Limouv. 

pp.  700,  701 ,  780. 
Prouille,    monastère,    pp.    2,^4,    389,    468,    469, 

.561,    552,   564,   80J,   870,   906,   91J;    sa    fon-  (~^ 

dation,  pp.  253,  254.  ^C_ 

Provekce,  pp.  21,  74,   110,    ii5,  116,   127,    169, 

216,    591,    appartient   à   Raimond,    comte    de  <^i-ara.nte,  abbaye,  p.   i52. 

Toulouse,  p.  22;    sa  possession  disputée  à  Rai-  —  (abbé  de),  pp.  757,  767,  825,  842,  870. 

mond  par  Alfonse,  roi  d'Aragon,  p.  23;  est  ce-  Qlerci  ,    pp.    41,    67,    100,    110,    128,    i3i,    i33, 

dée    par   ce    dernier   à    Raimond-Bérenger,   son  169,    173,    174,   287,  ,3o7,   386,   389,  447,  449, 

frère,  p.  33;  échangée  par  le  roi  d'Aragon  con-  461,   454,  514,   5i5,   525,  552,   504,  558,   583, 

tre    le  comté   de   Roussillon,   p.   ii3;    prise  en  087,   634,  641,  642,  649,  683,   727,  754,   807, 

général,   la  Provence  comprend  la  province  de  811,  812,   822,   823,   859,   862,   863,   895,   900, 

Languedoc,  p.  935.  918,   9J0,   943;    le   duc  d'Aquitaine  y   porte   la 

—  (marquisat  de),  pp.  807,  8i3.  guerre  en  1188,  p.  1  28  ;  est  cédé  par  Philippe- 
Prud'iiommes  de  Toulouse,  p.  i32.  '  Auguste  au  roi  d'Angleterre,  p.  134;  rentre  nu 
„  ,,  /  ^o  -  o  pouvoir  du  comte  de  Toulouse,  p.  179;  conquis 
Psalmodi,  abbaye,  pp.  04,  60,  417,  781.  1             ■    .                      j     c             j    nîi        r 

1                 .r                   '  t    /'  /      •  par  les  croises  au  nom  de  Simon  de  Montfort, 

(abbe  de),  p.  j:>.>.  p_  _^.^.-, .   revient   tout   entier,  sauf  sa  capitale,  à 

Pli   de  Boxaiocexs,  p.  727,  ancien  nom  de  Castcl-  Raimond,  p.  575. 

nau-de-Bonafous.  _  (sénéchaussée  de],  p.  936. 

Pui   ou  Garde  de  Vébrln,   p.    193;    corr.    Valros  Quéridcs,  château,  pp.  842,  859. 

(Hérault),  arr.  de  Béliers.  n.t.     „.!.«.                    /-          00 

^                  .                                                .  t^uÉRiGUT,  château,  pp.  699,  889. 

PuJAULT,    château,    pp.    93,    |33;    Pujaut   (Gard),  r.   ■     ,.      ■      j   \            •/      1  t   ■  •     \              ,     c-  ■ 

j^.Tj  ,             '    ri      /    >            >          I          \           /i  —  (seigneurie  de),    p.   064  [Arïege),  arr.  de  Foix. 

„',,"„            _                       ....  Qleste,  pp.   ii5,  939. 

PuJOL,  château ,   Haute-Garonne,  auj.  écart  de  la  ^                 '            ,         .         ,          ,          .   . 

commune  de  Sa.nte-Fo.   d'Aigrefeuille,  canton  Q'L"="  °;'  î^""'>  ^°"'-'"'"  .'^,°""^*"  ^^^^  PP'   '^^• 

deLanta,pp.4i9,  420;  sa  prise,  sa  destruction,  '^77,  Ou,  707,  889;  Qme  {Ar.ege),  arr.  de  Foix. 

p.  635.  Qii.NTAL,  heu,  p.  720. 

PuNiTiOM  des  crimes  dans    la  Province,  vers  la  fin 
du  treizième  siècle,  p.  937 

PlY  (le),  pp.  88;,  948;    péages    qui    y   sont    levés,  X) 

p.  37.  t\ 

—  (diocèse  du),  pp.  332,  64D. 

—  (église  du),  pp.  35,  863.  R.  évéque  d'Elne,  p.  38o. 

(évcque  du),  p.  862,  868.  R.,  archidiacre  de  Saint-Nazaire,  évéque  de  Béziers, 

—  (Notre-Dame  du),  p.  35.  P'  ^^    • 

—  (régale  du),  p.  863.  «•  ^^  CHAUDERON,  p.  5o3. 

o                     ,.                   .,,.         .              ■,,■>■-  R.  DE  CHER  ou  DE  QUIE,  p.    127. 

PuYCELSi,  château  en  Albigeois,  pp.  362,  37J,  419,  ,,1;    <-,-,  .u  «cci-      1         i-                  o 

^n         ~                                           ",,       ■             7i'  R-  DE  COARASSE,  chevalier,  p.  408. 

587,  7.-)2,  794;   SCS   murs  sont  détruits,  p.  633;  '           "«'<^')  y-  -^v»- 

SCS   habitants   prêtent  serment  au    roi   après  la  ^-  DE  CONQUES,  notable  de  Montpellier,  p.  ôcç. 

révolte  de  Raimond  VII,  en   1242,  p.  754;  P ui-  R-   GAL'CELIN,  habitant  de  Tarascon,  p.  488. 

celcy  (Tarn),  arr.  de  Gaillac.  R.   LAMBERT,  consul  de  Montpellier,  p.  609. 

PuY-CoRXET,    p.    711     (Tarn-£— Garonne),    arr.    Je  R-    LOUP,  consul  de  Mon tpellier,  p.  609. 

Montauian.  R.  D'ORGUEIL,  p.  7-3. 

PuYLACliEi!,   château,  p.  47    (^Hérault),  arr.  de   Lo-  R.  DE  SAURET,  notable   de  Montpellier,  p.  609. 

''^''<^-  Rabastexs,  château   de  l'Albigeois,   pp.  197,  237, 

PuY-LA-RoQUE,  château,  p.  287  {Tarn-&-Garonne),  346,  362,   375,   385,   629,   772,   8o5,   902,   918; 

arr.  de  Montauban.  soumis  par  Simon  de  Montfort,  p.  432;   charte 

PuYLAURENS,  château,  pp.  44,  368,  375,  385,  536,  àe   Raimond  VU   en    faveur   de   ses    habitants, 

618,   654,666,754,844,859;   pris   par  Simon  p.  627;  ses  murs  sont  détruits,  p.  635;  les  che- 

de  Montfort,  p.  358;   se  soumet  à  Louis  VIII,  valiers  &  les   bourgeois  prêtent  serment  au  roi 

roi   de  France,  p.  6o5;   ses   murs  sont   détruits,  après    la     révolte    de    Raimond    VII    en     1242, 

p.    635;    les    inquisiteurs   y    passent   en    1287,  P-  7M- 

p.  702  (Tarn),  arr.  de  Layaur.  —  (consuls  de),  p.  811. 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


RlBAT,  château,  p.  dl5  (Aricge),  arr.  de  Foix. 

—  (seigneurs  de},  p.  554. 

Rachat  du  service  de  Terre-Sainte  imposé  par 
Alexandre  IV  à  ceux  qui  n'étaient  pas  en  état 
de  faire  ce  voyage  avec  Alfonse  de  Poitiers, 
p.  85o. 

RAIMBAUD,  évéque  élu  de  Vaison,  p.  409. 

UAIMBAl'D,  frère  de  Tiburge  de  Montpellier, 
comte  d'Orange,  p.  7'). 

RAIMBAl'D,  (ils  de  Tiburge  de  Montpellier  & 
de  Guillaume  d'Omelas,  quitte  le  surnom 
d'Omelas  pour  celui  d'Orange,  p.   |36. 

RAIMBAUD  DE  CALM,  p.  486. 

RAIMON'D     DES    ARÈNES,    cardinal-diacre    de 

Sainte-Marie  in  Via  lata,  pp.  41,   .ïp,  69. 
RAIMOND,  archevêque  d'Aix,  p.  764. 
RAIMOND,  archevêque  d'Arles,  p.  68. 
RAIMOND-GUILLAU.ME     DE     MONTPELLIER, 
évéque  d'Agde,    pp.     119,     iSy,    182,    18.!,    2o3, 
208,  224,  220,  .il  5,  326,  33o,  466. 
RAI.MOND,  fils  de  Guillaume  VII  de  Montpellier, 
p.  46;    religieux  de  Cîteaux,  plus    tard   évéque 
d'Agde  &  non  de  Lodève,  p.  jjS  ;  son   élection; 
années   pendant  lesquelles   il  exerce  sa   charge; 
son  testament,  p.  124. 
RAIMOND  DE  VALLAUQUEZ,  évéque  de  Béziers, 

p.  726. 
RAIMOND  DE  SALLE,  évéque  de  Béziers,  pp.  726, 

784,827. 
RAIMOND -ARNAUD,    évéque     de     Comminges, 

pp.  182,  2aû. 
RAIMOND-GUILLAUME,  oncle  de  Guillaume,  sei- 
gneur de  Montpellier,  abbé  d'Aniane,  plus  tard 
évéque  de  Lodeve,  pp.  62,  66,  72,  118,   172  ;  sa 
mort,  p.  1  19. 
RAIMOND,  évéque  de  Lodève,  p.  869. 
RAIMOND,  évéque  de  Nimes,  pp.  728,  75."),  764. 
RAIMOND  DE  RABASTENS,  archidiacre  d'Agen, 
puis  évéque  de  Toulouse,   pp.    197,    ^36,    2Jo, 
24.5,  258,  3oo,  490;    reconnu  comme  évéque  de 
Toulouse,  p.  226;  son  élection  est  cassée  comme 
simoniaque,  p.  227;  déposé  par  les  légats,  p.  237; 
envoyé  à  Rome  par  Raimond  VI,  p.  258. 
RAIMOND    DU    FELGAR    (DE    FAUGA),     prieur 
des  frères   prêcheurs,  puis  évéque  de  Toulouse, 
pp.    701,  702,   7o5,   707,  738,  774,  779.  8i5, 
824,  825,  879,  906;  suit  l'exemple  de  Foulques, 
son  prédécesseur,  &  poursuit  vivement  les  héré- 
tiques, p.  669;    est  chassé  de  Toulouse  avec  les 
inquisiteurs,    pp.    69:1,    691;    négocie    la     paix 
entre  Louis  IX  &  Raimond  VII,  pp.  748,  749  ; 
ses    démêlés    avec     les    commissaires    du     pape, 
pp.  877  &  suivantes. 
RAIMOND    DUZÈ5,   évéque   d'Uzès,    pp.    26,    38, 
87  j  assiste,  en  1  1  79,  au  concile  de  La tran,  p.  86. 

RAIMOND,  évéque  d'Uzès,  p.  87. 

RAIMOND,     évéque     d'Uzès,     légat     apostolique, 

pp.   148,  33i,  334,  345,  38c.,  454,  616,  83;. 
RAIMOND,  évéque  de  Viviers,  pp.  41,  74,  7-"'- 
RAIMONDARNAUD,  abbé  de  Bonnefont,  p.  852. 
RAIMOND,  abbé  de  Candeil,  p.  855. 


ICI  7 

RAIMOND    DE    ROFFIAC,    abbé    de   Moissac, 

pp.  329,  523,  6o3,  701  ;  ses  plaintes  contre  Si- 
mon de  Montfort,  pp.  391,  392. 
RAIMOND,  abbé  de  Psalraodi,  p.  797. 
RAI]\10ND,    abbé   de   Sa  int-Antonin    de    Pamiers, 

p.    127. 
R.AIMOND,  abbé  de  Saint-Guillem,  p.  3. 
RAIMOND,   abbé    de   Saint-Martial    de   Limoges, 

p.  665. 
RAIMOND,  abbé  de  Saint-Pons,  p.  3. 
RAIMOND,  abbé  de  Salvanez,  p.  82. 
RAIMOND,  prévôt   de    la   cathédrale  de  Toulotise, 

p.  75--. 
RAIMOND  DE  CHARTRES,  inquisiteur,  p.  858. 
RAIMOND  VITAL,  inquisiteur,  p.  767. 
RAIMOND  DE  CANTIO,  jacobin,  p.  788. 
RAIMOND    DE    COSTIRAN   dit   l'Ecrivain,    prieur 

de  l'hôpital    de  Capestang,   p.  40;    inquisiteur, 

massacré  à  Avignonet,  p.  739;   avait  cultivé  la 

poésie  provençale,  p.  740. 

RAIMOND  DE  MOULINS,  maître  de  l'hôpital  de 
Jérusalem,  p.  59. 

RAIMOND  DE  DEVENTER,   prêtre,  p.  218. 
RAIMOND  D'ABAN,  pp.  81  5,  91 5,  920. 
RAIMOND    D'AGOUT,   chevalier,    pp.    61,     ni, 

278. 
RAIMOND   AGALERIUS,  p.   545. 
RAIMOND  D'ALFARO   ou    D'ALFAR,  viguier   de 

Raimond  VII,  pp.  734,  739,  789,  804. 

RAIMOND  D'ANDUZE,  p.  711. 

RAIMOND  D'ANIORT.  Voyc^  R.  DE  NIORT. 

RAI.MOND  DES  ARÈNES,  cardinal.  Voyc^  plus 
haut, 

RAIMOND  D'ARGENS,  p.  6S4. 

RAIMOND  D'ARSAC,  p.  241. 

RAIMOND  DE  BAINIAC,  chef  des  hérétiques,  ré- 
fugié en  Albigeois;  vient  à  Toulouse  8c  compa- 
rait, à  Saint-Étienne,  devant  le  légat  8c  les 
évéques  assemblés;  fait  une  profession  de  foi 
catholique,  mais  refuse  de  l'affirmer  par  ser- 
ment, p.  83;  est  excommunié;  se  réfugie  à  La- 
vaur,  pp.  84,  95;  se  convertit  8c  devient  cha- 
noine de  Saint-Sernin,  p.  96. 

RAIMOND-BÊRENGER  IV,  comte  de  Barcelone, 
pp.  68,   139,  616,  699. 

RAIMOND  DES  BAUX,  pp.  45,  68. 

RAIMOND  DES   BAUX,  pp.  278,  281. 

RAIMOND  DES  BAUX,  prince  d'Orange,  pp.  704, 
7°7.  772.  818. 

RAIMOND-FORT  DE  BEAUPUY,  p.  244. 

RAIMOND  DE  BELAROS,  p.  489. 

RAIMOND  DE  BENQUE,  p.  706. 

UAIMOND-JiERNARD,  p.  53  1. 

RAIMOND  BESANT,  ha  bitant  de  Toulouse,  p.  ici. 

RAIMOND-ROGER,  vicomte  de  Béziers  &  de  Car- 
cassonne,  fils  de  Roger  II  8c  d'Adélaïde  de  Tou- 
louse, p.  142;  succède  à  son  père  dans  la  vicomte 
de  Béziers.  pp.  i56,  176,  220;  s'allie  à  Kai- 
mond-Roger, comte  de  Foix, contre  Raimond  VI, 


ioi8 


TABLE  GENERALE  DES  NOMS   ET  DES  MATIÈRES. 


p.  1 93  j  accorde  divers  privilèges  à  l'ordre  du 
Temple,  p.  194;  épouse  Agnes  de  Montpel- 
lier, p.  207;  s^'^g'^g^  plusieurs  de  ses  dom<'ii- 
nes  à  l'évèque  de  Béziers,  p.  208  ;  tente  inutile- 
irient  de  faire  sa  paix  avec  les  croisés;  pourvoit 
à  la  sûreté  de  ses  places;  va  s'enfermer  à  Car- 
cassonne;  implore  le  secours  du  roi  d'Aragon, 
p.  286;  se  défend  dans  C.'ircassonne,  pp.  291, 
292;  capitule,  pp.  294,  29");  est  enfermé  dans 
une  étroite  prison,  pp.  296,  297;  y  meurt  de 
dyssenterie  ou  de  mort  violente;  ses  obsèques, 
p.  21?). 

RAIMOND-TRENCA'VEL,  vicomte  de  Béziers  & 
de  Carcassoniie;  rompt  la  paix  conclue  entre  lui 
&  Raimond,  comte  de  Toulouse,  p.  27  ;  est  assas- 
siné par  des  bourgeois  de  Béziers  dans  la  cathé- 
drale; motifs,  détails  &  date  de  cet  assassinat, 
pp.  28,  29;  son  testament,  p.  jo;  ses  assassins 
sont  excommuniés  par  le  pape,  p.  3i  . 

RAIMOND-TRENCAVEL,  vicomte  de  Béziers,  fils 
de  Raimoiid-Roger  &  d'Agnès  de  Montpellier, 
p.  .Ti.).   Foycî  TRENCAVEL. 

RAIMOND  DE  CAHORS  ou  DE  SALVANHAC, 
bourgeois    de    Montpellier,    pp.    35o,  392,  872. 

RAIMOND  DE  CAHORS,  fils  de  Raimond,  p.  B72. 

RAIMOND  DU   CAILAR,  p.  64. 

RAIMOND  DE  CANET,  p.  .')  1  . 

RAIMOND  DE  CAPENDU,  pp.  ;-.74,  760,  768,  784. 

RAI.^IOND   CARBONERII,   p.  73;. 

RAIMOND,  vicomte  de  Cardone,  pp.  65 1,  700, 
887,    888. 

RAIMOND  DE  CASTELBON,  p.  364. 

RAIMOND  DE   CASTELNAU,   pp.  79,  f  1 . 

RAIMOND  DE  CASTRIES,  p.  7  1 . 

RAIMOND,  seigneur  du  Cayla,  p.  837. 

RAIMOND  DE  CAUSSADE,  p.  746. 

RAIMOND  DE  CAUVISSON,  baile  &  viguier  de 
tous  les  domaines  des  seigneurs  de  Liincl, 
p.  4.">7- 

RAIMOND  DE  COMIAC  ou  COMINIAC,  pp.  7Ô4, 
705. 

P.AIMOND  DE  DOURGNE,  p.  666. 

RAIMOND  DE  Dl'RHAN,  p.  826. 

RAIMOND  DE  DURFORT  ,  poète  proveni,nl, 
p.    166. 

RAIMOND  DE  DURFORT,  p.  732. 

RAIMOND-BERNARD   DE  DURFORT,  p.  7  I  1 . 

RAIMOND  FERROI.,  p,   i55. 

RAIMOND-ROGER,  comte  de  Foix,  pp.  126,  127, 
208,  228,  25i,  412,  462,  499,  529,  536,  537, 
575,792;  part  pour  la  Terre-Sainte,  p.  134; 
revient  en  Europe;  reçoit  du  roi  d'Aragon  le 
pays  de  Fenouillèdes,  p.  r5o;  sa  guerre  avec  les 
comtes  de  Comminges  &  d'Urgel,  p.  184;  s'allie 
avec  Raimond-Roger,  vicomte  de  Béziers  &  de 
Carcassonne,  contre  Raimond  VI,  p.  193;  est 
fait  prisonnier  par  le  comte  d'Urgel,  p.  198; 
fait  sa  paix  avec  le  comte  d'Urgel,  p.  248;  con- 
ditions de  cette  paix,  p.  249;  accusations  portées 
contre  lui  par  l'abbé  de  Pamiers,  pp.  309.  3io; 
est  chargé  de  la  garde  de  Raimond-Trencavel, 
vicomte  de  Béziers;  donne  son  fils  en  otage  à 
Simon   de  Montfort,  p.   3i4;   se    brouille    avec 


ce  dernier,  p.  3i8;  fait  sa  paix  avec  l'Kgiise 
par  l'intermédiaire  du  roi  d'Aragon,  p.  346; 
attaque  &  bat  des  croisés  allemands  à  Mcntgey, 
p.  355;  s'allie  avec  Raimond  VI  contre  Simon 
de  Montfort,  p.  369;  combat  les  croisés  devant 
Castelnaudary ,  pp.  371,  372;  sa  bravoure, 
p.  372;  est  battu,  p.  374;  défie  Montfort, 
p.  376;  va  à  Monta  uban;  combat  les  croisés, 
p.  390;  défend  ses  domaines  contre  Simon, 
p.  3j,'!;  étend  ses  courses  vers  Carca.'sonne  & 
Narbonne,  p.  396;  prête  serinent  au  roi  d'Ara- 
gon, p.  406;  ne  répond  à  de  nouveaux  actes 
d'hostilité  de  Simon  de  Montfort  que  par  un 
appel  au  pape,  p.  493;  mis  au  rang  des  poètes 
provençaux,  p.  559;  *''  mort,  p.  562;  son  testa- 
ment; ses  enfants,  son  héritier,  p.  563. 

RAIMOND-ROGER,  fils  de  Bernard  de  Comminges, 
seigneur    de  Savez,  p.  720. 

RAIMOND  DE  FOIX,  chevalier,  p.  564. 
RAIMOND  FOr.C,  vicomte  de  Cardone.  Fcyi-^  plus 

haut. 
RAIMOND,  seigneur  de  Ganges,  p.  83r:. 
RAI.MOND-PIERRE  DE  GANGES,  p.  755. 
RAIMOND  GARSIAS  DE  LÉRIDA,  p.  498. 
RAIMOND     GAUTIER,     habitant     de    Toulouse, 

pp.   101,   145. 

RAIMOND  DE  GILAHERT,  p.   127. 
RAIMOND  DE  GINESTOUS,  p.  524. 
RAIMOND-GUILLAUME,    juge    &    chancelier    de 
Raimond  \'I,  pp.   189,  196. 

RAIMOND-JOURDAIN  DE  L'ISLE,   pp.    734,  811. 
RAIMOND-JOURDAIN,    fils    d'Odon    de    Terride, 
pp.  734,  880. 

RAIMOND  DU   LAC,  p.  827. 
RAIMOND  DE   LAMBERT,  p.    169. 
RAIMOND  HUNAUD   DE  LANTA,  p.  671. 
RAIMOND  LOMBARD,  baile  de  l'honneur  comtal 
de  Carcassonne,  p.  208. 

RAIMOND-GAUCELIN,  seigneur  de  Lunel,  pp.  46, 
47,  5o,  62,  64,  68,  2o3,  278,  279,  281,  414. 
457. 

RAIMOND-GAUCELIN,  seigneur  de  Lunel,  fils  du 
précédent,  pp.  608,  707,  729,  734,  735,  737, 
752,  758,  771,  772,  773,  776,  8i5,  816,  818, 
822,  829,  788,   860,   869,   873. 

RAIMOND  DE  LUNEL,   p.    199. 
RAIMOND  DE  MANDAGOUT,  p.  4-. 
RAIMOND-MARC,   alias   MARCHI ,   clerc    du    roi, 
pp.  913,  916. 

RAIMOND  DE  IMAUVOISIN,  p.  35o. 

RAIMOND,  comte  de  Melgueil,  fils  de  Raimond  V, 
comte  de  Toulouse,  l'oye^  R.  VI,  comte  de  Tou- 
louse. 

RAIMOND   SEGUIN  DE  MELGUEIL,  p.  899. 

RAIJMOND  DE  MIRAVAL,  poète  provençal,  p.  556. 

RAIMOND-GÉRAUl)  DE  MOISSAC,  p.  773. 

RAIMOND   DE  MONTCADE,  pp.  68,  241. 

RAIMOND  DE  MONTCADE,  seigneur  de  Fraga, 
p.  945. 

RAIMOND  DE  MONTAUBAN,  p.  489. 

RAIMOND   DE  MONTAUT,  p.  448. 


TABLE  GENERALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 

de  Toulouse 


1019 


UAIMOND-ATON  DE  MUUVIEL,   fils  deTiburge 

&  d'Aymar,  p.   i,!5. 
KALMOND  DE  NIORT,  pp.  ôi.'.,  72.-). 
RAIMONU,  vicomte  dOnges,  pp.  30-,  ^^:,3. 
RAI.MONU  D'ORZALS,  p.  jk). 
RAIMOND  PELET,  seigneur  d'AIais,  p.  207,  281, 

334,  4r8,  486,  504,  .110,  024,  535,  756,  S.).', 

8q5. 

RADIOND    DE    PENNAFORT    ^frère),    cnnoniste. 
p.  -96. 

RAIMOND  DE  PÉRÈLE,  pp.  766,  7Û8. 
RAIMOND  DE  PIGNAN,    p.  iSj. 
RAIMOND  DE  POSQUIÈRES,  p.  5 10. 
RAIMOND -BÉRENGER,      comte      de      Provence; 
prend  le  titre  de  comte  de  Melgueil,  p.    17;  tiié 


RAIMOND   V,   coint 
34,    82,    89,    121, 


étendue  de  ses  domaines,  pp. 


devant  Nice 
69. 
RAIMONU-BÉRENGER,  autrement  dit  PIERRE, 
frère  du  roi  d'Aragon,  comte  de  Provence, 
pp.  34,  44,  59,  83,  91,  I  i3i  abandonne  le  nom 
de  Pierre,  &  reçoit  du  roi,  son  frère,  la  Provence 
en  commenji-,  avec  les  comtés  de  Rodez  &  ("e 
Gévaudan;  cède  à  Alfonse  le  comté  de  Cnrcns- 
sonne,  p.  33;  est  tué  dans  une  embuscade, 
p.  93;  est  inhumé  dans  la  cathédrale  de  Ma- 
guelonne,  p,  94. 

RAI.MOND-BÉRENGER,  dernier  du  nom,  comte 
&  marquis  de  Provence,  comte  de  Força  Iqiiier, 
fils  d'Alfonse  II,  roi  d'Aragon,  pp.  3'-7,  43 1, 
553,  608,  664,  676,  fiSc,  698,  704,  7i3,  7ir., 
729,  "33,  774,  775;  succède  dans  le  comté  de 
Provence  i  Alfonse  II,  sous  la  tutelle  de  Pierre, 
roi  d'Aragon,  p.  3t-;  se  réconcilie  avec  Rai- 
mond  \  II,  p.  725. 

RAIMOND  DU  PUY,  p.  8.8. 
RAIMOND  DE  QUIÉ,  p.  5^i. 
RAIMOND  III,  seigneur  d'Uzès,  p.  837. 
RAIMOND  DE   LA  REDORTE,  p.  5i. 
RAIMOND  DE  RICAUD,    viguier.    puis    sénéchal 

de  Toulouse,  pp.   196,  329,  35i,  403,  52i. 
RAIMOND   DE  ROGER,  chevalier,  p.  869. 
RAIMOND-ROGKR,    frère    du    comte    de    Pailha?, 

p.  887. 
RAI.MOND    DE    RO(^UF.FEL'IL,    fils    de    Bertrand 

d'Anduze  Se  d'Adélaïde  de    Rcquefeuil,  mari   de 

Guillelmetie  de  Montpellier,  pp.  47,  2o3,  414, 

471, '5 o3,  600,  601,  903. 
RAI.MOND- OAUCELIN   DE  SABRAN,  p.  869. 
RAIMOND-JOURDAIN,   vicomte    de    Salnt-Anto- 

nin,  poète,  p.  55i. 
RAI.MOND  DE  SALMTE-EIGÉNIE,  p. 
RAIMOND  DE  SAINT-PAUL,  p.  893. 


r, 


oye 


.,74. 


RAIMOND    DE    SALVANHAC. 

DE  CAHORS. 
RAIMOND -ARNAUD  DE  SAISSAC,  p 
RAIMOND   DE  SAUVE,  p.  241. 
RAIMOND-HUGUES  DE  SERRE-LONGUE,  p 
RAIMOND  DE  SIERRA  LONGA,  p.  85(5. 
RAI.MOND   DE  TAIS,  p.  792. 
RAI.MOND  DE  TERMES,  pp.    143,  326,  339^ 

341,  342. 
RAIMOND,  fils  d'Olivier  de  Termes,  p.  856, 


869. 
RAIMOND 


719. 


34c 


pp.  3,  4,  26, 
I2,i,  126,  170;  sa  séparation 
avec  Constance,  pp.  7,  8;  séjourne  à  Beaucaire, 
p.  i5;  campe  entre  les  Génois  &  les  Pisans,  près 
de  Saint-Gilles,  p.  16;  s'allie  à  Raimond-Béren- 
ger,  comte  de  Provence;  causes  de  cette  alliance, 
p.  19;  embrasse  le  pnrti  de  l'antipape  Pas- 
cal III,  p.  19;  donne  l'ordre  aux  eccléslasti- 
t|ues  qui  ne  veulent  pas  reconnaître  l'antipape 
'le  sortir  de  ses  Etats,  pp.  19,  20;  est  maître  du 
Dauphiné,  p.  20;  est  cause  de  l'interdit  jeté 
par  Alexandre  III  sur  le  comté  de  Toulouse, 
p.  2  I  ;  se  saisit  de  la  Provence;  épouse  Richilde, 
veuve  de  R:ninond-Bérenger  ;  répudie  Cons- 
tance, p.  22;  a  pour  compétiteur  Alfonse,  roi 
d'Aragon,  pour  la  possession  de  la  Provence, 
p.  23;  son  entrevue  avec  Henri,  roi  d'Angle- 
terre, p.  24;  continue  la  guerre  contre  le  roi 
d'Aragon,  p.  25;  fonde  les  abbayes  de  Bonne- 
combe,  de  Feuillans  &  d'Eaunes,  pp.  26,  27;  le 
roi  d'Arajon  lui  suscite  pour  ennemi  le  comte 
de  Savoie,  p.  27;  dispose  des  biens  de  Roger, 
vicomte  de  Béziers,  p.  3i;  s'unit  avec  le  comte 
de  Força Iquier  contre  le  roi  d'Aragon  ;  confirme, 
en  1168,  les  privilèges  accordés  à  l'abbaye  de 
Grandselve  par  ses  prédécesseurs,  p.  32;  est,  k 
la  cour  du  roi  de  France,  un  des  juges  du  diffé- 
rend entre  l'évéque  du  Puy  &  le  vicomte  de 
Polignac,  p.  36;  est  donné  pour  caution  par 
Pons,  vicomte  de  Polignac,  lors  du  règlement 
de  ses  différends  avec  l'évéque  du  Puy,  p.  37; 
fait,  en  1  169,  un  voyage  dans  le  bas  Languedoc 
&  y  reçoit  divers  hommages;  déclare  la  guerre  i 
Roger,  vicomte  de  Béziers  &  de  Carcassonnc, 
p.  38  ;  va  joindre  l'empereur  Frédéric  aux  envi- 
rons du  Rhône,  en  1170,  p.  41;  passe  une 
partie  de  l'année  1  171  sur  les  bords  du  Rhône; 
y  continue  la  guerre  contre  le  roi  d'Aragon; 
confirme  les  privilèges  des  églises  de  Cavaillon 
&  d'Albl;  son  sceau,  pp.  42,  43;  fait  sa  paix 
avec  Roger,  vicomte  de  Béziers  &  de  Carcas- 
sonne,  &  lui  donne  sa  fille  Adélaïde  en  ma- 
riage, p.  43;  se  qualifie,  en  1174,  comte  de 
Melgueil,  p.  49;  fait  la  paix  avec  Henri  II, 
roi  d'Angleterre,  pp.  52,  53;  se  ligue  avec  ce 
roi  contre  ses  fils  révoltés,  pp.  53,  54;  par  suite 
de  son  divorce  avec  Constance,  il  prend  parti 
pour  le  roi  d'Angleterre  contre  Louis  le  Jeune, 
p.  5);  abandonne  les  Intérêts  de  l'antipape  & 
se  remet  sous  l'obéissance  d'Alexandre  III,  ne 
paraît  pas  s'être  réconcilié  avec  Constance; 
tient  une  cour  plénière  à  Beaucaire,  p.  6oj  s.i 
réconciliation  avec  le  roi  d'Aragon,  p.  61;  sa 
charte  de  1  174  en  faveur  des  Génois;  pilvilégcs 
excessifs  accordés  par  cette  ch.'irte,  j).  61  ;  fait 
sa  paix  avec  Guillaume  VIII,  seigneur  de 
Montpellier,  p.  62;  passe  la  plus  grande  partie 
de  l'année  i  i  74  aux  environs  du  Khône,  p.  63  ; 
sert  de  médiateur  entre  le  vicomte  de  Béziers 
&  le  seigneur  de  Lunas,  p.  65;  confisque  la 
vicomte  de  Montclar;  quelques  actes  de  ce 
comte,  p.  67;  sa  paix  avec  le  roi  d'Aragon, 
p.  68;  est  à  Malaiicène  au  moment  de  la  mort 
d'Krmessinde  de  Melgueil,  p,  69;  accorde  divers 
privilèges  aux  hospitaliers  de  Saint-Gilles, 
p.  74;  reconnaît  tenir  en  fief  le  château  de 
Beaucaire  &  la  terre  d'Argence  de  l'archevêque 
d'Arles,    p.    76;    favorise    la    construction    d'un 


io:o 


TABLE  GENERALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


pynt  sur  le  Rhône,  à  Avignon;  s'iidresse  aux 
religieux  de  Cîteaux  pour  combattre  Thérésie 
dans  ses  Etats,  p.  77;  reçoit  des  rois  d'Angleterre 
S<  de  France  l'ordre  de  donner  main-forte  au 
cardinal  de  Saint-Chrysogone,  p.  79;  donne, 
en  ti78,  une  charte  de  coutume  à  la  ville  de 
Villemur,  p.  86  ;  s'allie  avec  plusieurs  seigneurs 
du  bas  Languedoc;  motifs  de  cette  alliance, 
p.  87;  raisons  qui  l'empêchent  d'assister  au 
sacre  de  Philippe-Auguste,  p.  92;  soutient  la 
guerre  contre  le  roi  d'Aragon,  p.  9.')  ;  fait  un 
voyage  en  Querci,  puis  vient  à  Toulouse  &  fait 
dresser  des  règlements  de  police  de  l'avis  du 
chapitre  &  du  commun  conseil;  privilèges  qu'il 
accorde  à  l'abbaye  de  Grandselve,  p.  100;  con- 
tinue la  guerre  contre  le  roi  d'Angleterre  &  son 
fils;  fait  sa  paix  avec  le  seigneur  de  Montpel- 
lier dont  il  reçoit  l'hommage;  fait  un  traité 
avec  Alfonse,  roi  d'Aragon,  p.  1  10;  accorde  di- 
vers privilèges  aux  habitants  de  Nimes,  p.  1  i  r; 
soutient  la  guerre  contre  le  roi  d'Aragon  &  le 
duc  d'Aquitaine,  p.  117;  cède  à  l'évéque  de  Lo- 
dève  ce  qu'il  possède  dans  ce  diocèse,  p.  119; 
confirme  la  donation  de  Bernard-Aton  à  l'église 
d'Agde,  p.  120;  ses  sœurs;  sa  donation  à  l'ab- 
baye de  Franquevaux;  observations  sur  cette 
donation,  p.  124;  fait  la  guerre  à  Richard, 
duc  d'Aquitaine,  p.  127;  est  secouru  par  Phi- 
lippe-Auguste, p.  128;  son  voyage  vers  le 
.Rhône;  divers  actes  de  lui,  pp.  l'ij,  184;  sa 
paix  avec  Roger,  p.  140;  pacifie  la  querelle 
entre  le  comte  de  Comminges  &  le  seigneur  de 
l'Isle-Jourdain,  p.  14^);  termine  ses  différends 
avec  les  évêques  de  Viviers,  p.  147;  autres  diffé- 
rends avec  l'évéque  de  Vaison,  p.  148;  derniers 
actes  de  sa  vie,  p.  155;  meurt  à  Nimes,  en  1  194, 
p.  160;  remarques  sur  la  vie  de  ce  prince, 
pp.   lOi,  162;  ses  enfants,  pp.   167,  i63. 

RAIMOND  VI,  comte  de  Toulouse,  pp.  176,  18,'?, 
214,  412,  710,  860,  863;  comte  de  Melgueil, 
p.  i35;  succède  à  son  père  à  l'âge  de  trente- 
huit  ans,  pp.  167,  168;  favorise  les  Pisans  à 
Saint-Gilles,  pp.  14,  i5,  16,  17;  son  mariage 
avec  Ermessinde  de  Pelet,  pp.  48,  49;  accorde, 
en  120.'),  divers  privilèges  aux  frères  du  pont 
d'Avignon,  p.  77;  est,  en  1184,  à  la  tête  des 
routiers,  p.  110;  accorde  divers  privilèges  aux 
habitants  de  Nimes,  p.  1  i  1  ;  confirme  un  accord 
comme  vicomte  de  Nîmes,  p.  123;  s'il  a  repris, 
en  1192,  la  guerre  contre  Richard,  roi  d'An- 
gleterre, p.  14.'^;  prend  possession  du  comté  le 
jour  de  l'Epiphanie  de  l'an  1  1  9.1,  p.  168  ;  reçoit 
de  Philippe- Auguste  la  garde  de  Figeac;  fait 
un  voyage  dans  le  bas  Languedoc  &  la  Pro- 
vence; fait  un  traité  avec  le  comte  de  Foical- 
quier,  p.  169;  excommunié  pour  ses  entreprises 
sur  l'abbaye  de  Saint-Gilles,  p.  1  7  1  ;  fait  sa  paix 
avec  Richard,  roi  d'Angleterre;  épouse  Jeanne 
après  avoir  répudié  Bourguigne  de  Chypre, 
pp.  173,  174,  17.1;  rentre  en  possession  du 
Querci;  accorde  des  privilèges  aux  habitants 
de  Moissac,  p.  179;  confirme  les  privilèges  de 
l'église  de  Nimes,  p.  180;  se  ligue  avec  le  roi 
d'Angleterre  contre  le  roi  de  France,  pp.  i85, 
186;  s'accorde  avec  l'évéque  de  Viviers  au  sujet 
des  mines  du  Vivarais,  p.  186;  il  est  relevé  de 
son  excommunication,  p.   187;  son  ordonnance 


touchant  l'élection  des  consuls  de  Niircs,  p.  1  09  ; 
après  la  mort  de  la  reine  Jeanne  d'Angleterre,  il 
épouse  Eléonore  d'Aragon,  p.  190;  fait  hommage 
pour  le  Querci  &  l'Agenais  à  Jean  Sans-Terre, 
p.  191;  est  à  Carpentras  en  janvier  I2ci,  p,  192; 
à  Narbonne  peu  de  temps  après;  son  différend 
avec  le  comte  de  Foix  relativement  au  château  de 
Saverdun,pp.  193,  1  94  ;  prend  part  à  la  guerre 
entre  Alfonse  II,  comte  de  Provence,  &  Guil- 
laume ÏV,  comte  de  Forcalquier,  p.  19J;  s'ac- 
corde avec  l'abbé  de  Cliiny  touchant  le  lieu  de 
Saint-Saturnin  du  Port,  p.  196;  est  arbitre 
entre  les  habitants  de  Toulouse  &  ceux  de  Ra- 
bastens,  pp.  196,  197;  s'accorde  avec  l'évéque 
de  Saint-Paul-Trois-Cliâieaux ,  p.  199;  passe 
la  plus  grande  partie  de  l'année  1  2o3  aux  envi- 
rons du  Rhône,  p.  2c8;  est  à  Nîmes  au  mois  de 
septembre,  à  Toulouse  au  mois  d'octobre,  &  y 
marie  Indie,  sa  ïoeur  naturelle,  p.  209;  reçoit 
à  Capestang  l'hommage  d'Aymeri  III,  vicomte 
de  Narbonne,  pp.  210,  21  i;  reçoit  en  eng;ige- 
ment  de  Pierre,  roi  d'Aragon,  les  vicomtes  de 
Millau  &  de  Gévaudan,  p.  21  i;  promet  aux 
légats  de  chasser  les  hérétiques  de  Toulouse, 
p.  23-;  divers  actes  de  ce  comte,  p.  233;  pro- 
ir.et  son  fils  Raimond  en  irariage  à  Sancie, 
fille  de  Pierre  II;  douaire  assigné  à  Sancie; 
pourquoi  cet  accord  ne  fut  jamais  exécuté, 
p.  241  ;  est,  en  mars  1206,  du  côté  du  Rhône, 
p.  24.5;  est  excommunié  par  le  légat  Pierre  de 
Castelnau,  p.  249;  reçoit  une  lettre  très- vive 
d'Innocent  llï,  pp.  2.'i."),  2.56,  2.^7;  se  rend  aux 
volontés  du  légat,  p.  2.')3;  son  entrevue  à  Saint- 
GiUes  avec  les  légats,  pp.  261,  262;  est  soup- 
çonné d'avoir  participé  à  la  mort  de  Pierre  de 
Castelnau,  pp.  262,  263;  est  qualifié,  par  In- 
nocent III,  de  tyran  &  d'ennemi  de  la  foi, 
p.  265  ;  envoie  une  députation  au  pape,  pp.  267, 
268  ;  son  entrevue  avec  l'abbé  de  Cîteaux  à 
Aubenas,  p.  268;  son  voyage  en  Rouergue, 
p.  269;  il  indispose  contre  lui  Philippe-Au- 
guste; est  admis  à  se  justifier,  p.  271;  pardonne 
aux  habitants  de  Nîmes  révoltés;  confirme  leurs 
statuts  &  leurs  coutumes,  p.  274;  se  rend  au 
Caylar,  puis  à  Toulouse,  p.  276;  se  rend  à  Va- 
lence &  promet  d'exécuter  les  ordres  du  légat, 
p.  276;  texte  du  serment  qu'on  lui  fait  prêter, 
pp.  277,  278;  ordres  qu'il  reçoit  du  légat, 
p.  278;  fait  amende  honorable;  reçoit  l'abso- 
lution; nouveaux  ordres  du  légat,  pp.  279, 
280;  déclare  qu'il  accorde  liberté  entièrc''à  tou- 
tes les  églises  existantes  dans  ses  domaines; 
s'accorde  avec  l'abbé  de  Samt-Gilles,  pp.  280, 
28  1  ;  prend  la  croix  contre  les  albigeois,  p.  282  ; 
rencontre  l'armée  à  ^'alence;  s'accorde  avec 
l'évéque  d'Uzès,  p.  225;  se  brouille  avec  le 
légat  &  avec  Simon  de  Montfort,  p.  299;  son 
appel  au  pape,  au  roi,  à  l'empereur,  pp.  3co, 
3oi;  est  excommunié  au  concile  d'Avignon, 
en  1109,  p.  3o5;  causes  de  cette  excommuni- 
cation, p.  3o6;  fait  son  testament,  p.  807;  va 
à  la  cour  de  France,  part  pour  Rome,  p.  3o8; 
succès  de  son  voyage  à  Rome,  pp.  319,  32c; 
va  à  la  cour  de  l'empereur  &  à  celle  du  roi 
de  France,  p.  324;  assiste  à  la  conférence  de 
Pamiers;  vient  à  Toulouse  avec  le  roi  d'Ara- 
gon, p.  326;  ses  démarches  inutiles  auprès  du 
légat  pour  obtenir  sa   justification,  p.  327;   est 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES.  1021 

convoqué  à  Saint-Gilles;  vn  à  Moissac,  p.  ."SjS;  sitions    durant    le    siège    de  Toulouse,    p.    ;")2i' 

se  rend  en   Provence,  pp.  329,  S-lj,  304;  assiste  cède   à  Pierre-Bermond  de  Sauve,  son   petit-fils, 

au  concile  de  Saint-Gilles  &  ne  peut  s'y  justi-  ses  droits   sur  les  vicomtes   de  Millau  &  de  Gé- 

fier,  malgré  Us  ordres  du  pape,  p.  335;  sa  troi-  vaudan,   p.   024;    se    rend    à   Nimes   au    mois  de 

siéme  excommunication,  p.  337;  a    une  confé-  mars   1219,    p.    SzS;  continue    la    guerre  contre 

rence  avec  Simon   de  Montfort,  pp.   338,  343;  Amauri  de  Montfort,  p.  642;    inféode  les  bou- 

rentre  à  Toulouse,  p.  344;   assiste  à  la  confé-  chéries    de    Toulouse;     le    5    juillet     1222,    il 

rence  de  Narbonne,  pp.  344,  34Ô;    puis  à  celle  meurt   subitement;   détails  circonstanciés  de  sa 

de  Montpellier,  p.  340;  donne  à  Raimond,  son  mort,  pp.  :')49,  .5.")o;   son   caractère,  p.  55o;  ses 

fils,   le   comté    de  Toulouse,    p.  346;    se    rend    à  bonnes  qvialités   &    ses   défauts,    pp.   55 1 ,   552; 

Rubastens,   p.  346;    conditions  que  veulent  lui  étendue  de  ses  domaines,  p.  553;  ses  femmes,  ses 

imposer  les  légats,  pp.  34'!,  347;  est  cxcommu-  enfants,  pp.   554,   555;   information    ordonnée 

nié  de  nouveau,  p.   348;    se  met   en  état  de  dé-  par  Grégoire  IX   au  sujet  de  la  sépulture  ecclé- 

fense,  p.  349;  permet  aux  Toulousains  de  por-  siastique  de  ce  comte,  p.  663;  ce  pape  s'informe, 

ter   des   vivres    aux    croisés   assiégeant    Lavaur,  en    1  234,  si  Raimond  avait  donné  à  sa  mort  des 

p.  352  ;  se  rend  au  siège  de  Lavaur  &  se  brouille  marques   de  pénitence,  p.  676;    malgré   tous  les 

entièrement  avec  Simon,  p.  354;  offre  de  remet-  efforts  de  son  fils  Raimond  VII,  il  ne  peut  ob- 

tre  au  pouvoir  des  lég.its  sa  personne  &  ses  do-  tenir  la  sépulture  ecclésiastique,  p.  789. 
maines,  à  l'exception  de  Toulouse,  p.  359;   ^*"^ 

une  dernière  tentative  pour  obtenir  la  paix;  RAIMOND  VII,  comte  de  Toulouse,  fils  de  Rai- 
est  poursuivi  par  Simon  de  Montfort,  p.  36o  ;  mond  VI  &  de  la  reine  Jeanne,  pp.  241,  711, 
son  entrevue  avec  Baudouin,  après  la  prise  de  846,  9  10,  942  ;  né  à  Beaucaire,  p.  1  8  1  ;  est  pro- 
Montferrand,  p.  36i;  recouvre  diverses  places  mis  en  mariage  à  une  fille  du  comte  d'Auver- 
&  assiège  Simon  de  Montfort  dans  Castelnau-  gne,  p.  269;  est  dénoncé  au  pape  comme  n'étant 
dary,  pp.  368,  359;  reçoit  la  soumission  des  pas  fils  légitime,  pp.  394,  395;  le  roi  d'An- 
peuples  du  pays;  plusieurs  abbés  lui  prêtent  gleterre  prend  hautement  sa  défense,  p.  458; 
serment  de  fidélité,  p.  370;  lève  le  siège  de  accompagne  son  père  au  concile  de  Latran, 
Castelnaudary,  p.  374;  remet  diverses  places  pp.  470,  471;  domaines  qui  lui  sont  réservés 
sous  son  obéissance,  pp.  375;  est  admis  à  se  en  vertu  des  décrets  du  concile  de  Latran, 
justifier  par  Innocent  III,  p.  382;  sa  conduite  p.  475;  demeure  six  semaines  à  Rome;  son  en- 
est  noircie  à  Rome,  p.  383  ;  réside  à  Montauban,  trevue  avec  Innocent  III;  reçoit  le  comté  Ve- 
p.  385;  renforce  la  garnison  de  cette  ville;  naissin;  rejoint  Raimond  VI  à  Gênes;  se  rend 
s'allie  aux  comtes  de  Foix  &  de  Commingcs,  avec  lui  à  Marseille,  p.  477;  recouvre  une  par- 
p.  393  ;  implore  la  protection  du  roi  d'Aragon,  tie  de  la  Provence;  prend  le  commandement  des 
p.  394;  fan  de  nouveaux  efforts,  mais  en  vain,  troupes,  p.  486;  établit  sa  principale  résidence 
pour  être  admis  a  se  justifier,  p.  40S  ;  prend  à  Avignon;  est  appelé  par  les  habitants  de 
le  château  de  Pujol,  pp.  419,  420;  assiste  à  la  Saint-Gilles,  donne  plusieurs  chartes;  titre 
bataille  de  Muret,  pp.  421  &  suiv.;  abandonne  qu'il  prend  dans  ces  actes,  p.  5o3  ;  reçoit  iinç 
Toulouse  après  la  bataille  de  Muret,  p.  432;  lettre  du  pape  Honoré  III,  p.  5i3;  recouvre 
après  s'être  retiré  à  la  cour  du  roi  d'Angleterre,  une  partie  de  l'Agenais,  pp.  521,  522;  remet 
il  vient  à  Montauban  &  y  condamne  à  mort  son  une  partie  du  Rouergue  &  du  Querci  sous  son 
frère  Baudouin,  p.  437;  se  rend  à  Narbonne  &  autorité,  p.  525;  se  rend  à  Baziége  pour  secou- 
es! réconcilié  à  l'Eglise  par  le  carJinal  Pierre  rir  Raimond-Roger,  comte  de  Foix;  part  prise 
de  Bénévent,  p.  442  ;  texte  de  l'acte  de  sa  récon-  par  lui  à  la  bataille  de  Baziége,  pp.  529,  5!)o  ; 
citition;  vit  à  "Toulouse,  avec  son  fils,  comme  défend  Toulouse  contre  Louis  de  France  & 
un  simple  particulier,  p.  443;  est  obligé  de  contre  Amauri  de  Montfort,  p.  532;  confirme 
quitter  le  château  Narbonnais  &  de  se  réfugier  les  privilèges  des  habitants  de  Nimes,  p.  534; 
chez  David  de  Roaix,  p.  453;  se  retire,  avec  récompense  les  habitants  d'Avignon;  il  con- 
son  fils,  à  la  cour  du  roi  d'Angleterre,  p.  457;  firme  la  donation  de  la  ville  de  Montauban  en 
se  rend  an  concile  de  Latran,  pp.  47'-,  4"^';  est  faveurdu  cotnte  de  Foix;  confirme  les  coutumes 
dépouillé  de  son  comté  pa  r  ce  concile,  pp.  47  i,  &  privilèges  de  la  ville  de  Gai  lia  c,  p.  542  ;  reçoit 
474;  obtient  une  audience  d'Innocent  III,  la  soumission  de  la  ville  d'Agen,  pp.  543,  544; 
p.  475;  quitte  Rome,  y  laisse  .son  fils  &  va  à  soumet  Lavaur,  Puylnurens,  Montauban,  Cas- 
Viterbe,  a  Gênes,  p.  476,  puis  3  Marseille,  telnaudaty,  pp.  535,  536  ;  prie  le  roi  Philippc- 
p.  477;  est  entièrement  dépouillé  de  ses  Ktats,  Auguste  de  procurer  sa  réconciliation  avec  l'K- 
p.  433;  a  quels  princes  il  était  allié,  p.  484;  g''se;  se  rend  à  Avignon,  p.  548;  accorde  divers 
tente  de  recouvrer  une  partie  de  ses  domaines;  privilèges  aux  hospitaliers,  p.  56o;  assiège 
la  Provence  se  déclare  en  partie  pour  lui.  Penne  &  Verdun-sur-Garonne,  p.  565;  conclut 
p.  485;  vient  à  ,\vignon  &  reçoit  l'hommage  une  trêve  avec  Amauri  de  Montfort,  pp.  !'i66^ 
des  h -1  bit. mis;  recouvre  Tarascon  ;  forme  à  Avi-  5^7;  visite  Amauri  de  Montfort  à  Carcassonne, 
gnon  une  armée  dont  il  confie  le  commande-  p.  567;  soumet  le  comté  de  Melgueil,  p.  570; 
ment  à  son  fils;  part  pour  l'Aragon,  p.  486;  rentre  en  possession  d'AIbi  &  du  Querci,  sauf 
lève  un  grand  corps  de  troupes  en  Catalogne  &  Cahors,  p.  575;  envoie  des  ambassadeurs  au 
en  Aragon;  s'avance  dans  le  dessein  de  repren-  P^'P'^'  ^^  demande  son  absolution;  p.  579;  s'as- 
dre  Toulouse,  p.  493;  rentre  à  Toulouse  en  sure  de  la  ville  d'Agde,  p.  58  1  ;  rentre  dans  les 
1217,  p.  5^6;  s'y  fortifie,  pp.  5?7  &  suiv.;  y  bonnes  grâces  de  la  cour  de  Rome,  p.  582;  sa 
soutient  le  siège  contre  Monilort,  pp.  5io  &  soumission  &  sa  j-aix  avec  l'Efflise,  pp.  582,  5J3  ; 
SUIV.,    514    &   suiv.;    fait    ses    dernières   dispo-  rend    U    ville    &    la    vicomte   d'Agde  à   l'èvéque. 


1022 


TABLE  GENERALE  DES  NOMS  ET  DES   MATIÈRES. 


p.  533  j  présent  au  second  concile  de  Montpel- 
lier; son  serment,  p.  585;  rend  les  domaines 
usurpés  par  lui  sur  diverses  églises,  p.  586; 
envoie  des  ambassadeurs  au  pape,  pp.  586,  537; 
s'allie  avec  Henri  III,  roi  d'Angleterre,  p.  592; 
est  excommunié  par  le  légat  romain,  p.  5^7; 
ses  efforts  pour  se  concilier  la  bienveillance 
de  ses  alliés  &  de  ses  sujets,  p.  6o3;  renouvelle 
sa  ligue  avec  le  comte  de  Foix,  p.  6i5;  se  met 
en  campagne,  p.  621;  exempte  les  consuls  &  les 
habitants  de  Gaillac  de  certains  péages,  p.  626; 
prend  divers  châteaux,  p.  627;  prend  Castel- 
sarrasin,  p.  627;  accorde  la  vie  sauve  à  la  gar- 
nison, p.  628;  reconnaît  par  une  exemption 
de  péage  les  services  à  lui  rendus  par  les  habi- 
tants de  Rabastens,  p.  627;  emprunts  reconnus 
par  lui,  p.  627;  traité  de  Paris;  il  jure  de  l'ob- 
server devant  la  cathédrale  de  Paris,  p.  63i; 
reçoit  l'absolution  dans  la  même  église,  p.  63-; 
étendue  des  domaines  qu'il  cède  par  le  traité 
de  1229,  p.  639;  étendue  de  ceux  qui  lui  res- 
tent après  ce  traité,  p.  641;  rang  qu'il  occupe 
parmi  les  pairs  du  royaume,  p.  642;  fait  hom- 
mage au  roi  &  se  remet  en  prison  jusqu'après 
l'exécution  de  quelques  articles  du  traiié, 
p.  643;  conditions  auxquelles  il  peut  quitter 
le  Louvre  qui  lui  servait  de  prison,  p.  6^4; 
exhorte  le  comte  de  Foix  à  faire  sa  paix,  p.  646; 
sort  de  prison  &  est  créé  chevalier  par  le  roi, 
qui  lui  rend  la  vicomte  de  Millau  &  ses  autres 
fiefs  du  Rouergue,  p  648  ;  donne  au  rci  la  ville 
de  Saint-Antonin,  p.  649;  fait  sa  paix  avec  le 
comte  de  Foix,  pp.  65o,  65i;  revient  à  Tou- 
louse, p.  65i;  rentre  à  Toulouse,  p.  652;  on 
cherche  à  le  rendre  responsable  des  troubles 
occasionnés  par  la  répression  de  l'hérésie, 
p.  659;  fait  un  voyage  à  la  Cour,  p.  660;  ob- 
tient un  sursis  pour  son  voyage  d'outre-raer, 
p.  662;  son  divorce  avec  Saiicie  d'Aragon, 
p.  663;  reçoit  l'hommage  du  comte  d'Astarac, 
pp.  663,  6.')4;  reçoit  de  l'empereur  le  comté 
de  Forcalquier,  p.  664;  prend  le  titre  de  mar- 
quis de  Provence;  secourt  Marseille  assiégée, 
pp.  664,  665;  est  cité  au  tribunal  du  légat 
Gautier  comme  accusé  d'avoir  enfreint  le  traité 
de  Paris,  comparaît  à  Castelnaudary,  promet 
de  satisfaire  aux  réclamations;  continue  la 
guerre  de  Provence,  p.  665;  prend  soin  de  ses 
domaines  &  transige  avec  les  abbés  de  Gaillac 
&  de  Montauban,  p.  656;  s'emploie  à  la  re- 
cherche des  hérétiques,  p.  669;  est  protégé  par 
le  pape  contre  les  entreprises  des  ecclésiasti- 
ques, pp.  669,  670;  accorde  des  privilèges  aux 
habitants  de  Montauban;  s'abouche  avec  le  roi 
d'Angleterre,  p.  671;  est  accusé  par  l'évêque  de 
Tournai  de  négligence  dans  la  pouisuite  des 
hérétiques  &  dans  l'exécution  des  articles  du 
traité  de  Paris,  p.  âyS;  dresse,  d'après  les  ins- 
tructions de  l'évêque  de  Toulouse  &  d'un  en- 
voyé du  roi,  un  édit  contre  les  hérétiques, 
pp.  676,  677;  se  rend  à  la  cour  du  roi  de 
France,  p.  679;  soumet  ses  différends  avec  Rai- 
mond-Bérenger  de  Provence  à  la  décision  du 
roi,  p.  680;  se  plaint  au  roi  des  ecclésiastiques 
de  la  Province,  pp.  680,  681;  rentre  dans  la 
possession  du  marquisat  de  Provence,  pp.  681, 
682  ;  demande  aux  inquisiteurs  de  modérer  leurs 
poursuites,   p.    689;    revient    d'Italie,    va    à    la 


cour  de  France  &  ensuite  à  celle  de  l'empereur, 
p.  692;  est  excommunié  à  plusieurs  reprises, 
p.  693;  rétablit  les  frères  prêcheurs  dans  leur 
couvent  de  Toulouse,  pp.  696,  697;  va  à  la  cour 
de  l'empereur,  p.  697  ;  se  porte  caution  des  con- 
suls du  bourg  de  Narbonne,  p.  697;  confirme, 
en  1237,  une  concession  faite  aux  frères  du 
pont  d'Avignon  par  Raimond  VI,  p.  77;  de- 
mande au  pape,  par  l'entremise  du  roi,  de  reti- 
rer leurs  pouvoirs  aux  inquisiteurs,  &  de  lui 
permettre  de  différer  son  départ  pour  la  Terre- 
Sainte,  p.  700;  reprend  la  guerre  contre  le 
comte  de  Provence,  p.  704;  suspend  la  guerre 
de  Provence  &  envoie  une  ambassade  à  Rome, 
p.  705  ;  reçoit  une  lettre  de  Grégoire  IX,  p.  703  ; 
est  à  Toulouse  en  août  1238;  fait  ensuite  un 
voyage  en  Rouergue;  reçoit  en  fief  la  ville  de 
Montpellier,  p.  706;  ses  demandes  au  pape; 
son  absolution;  est  dispensé  de  passer  outre- 
mer, pp.  707,  708;  ses  arrangements  pécu- 
niaires, p.  709;  reçoit  l'hommage  de  l'évêque 
de  Carpentras;  s'accorde  avec  différentes  per- 
sonnes, pp.  711,  712;  reprend  la  guerre  contre 
le  comte  de  Provence,  p.  716;  bat  les  Français, 
assiège  Arles  &  ravage  la  Camargue,  p.  717; 
pacifie  les  troubles  d'Avignon  &  retourne  à 
Toulouse,  p.  718  ;  refuse  de  secourir  le  sénéchal 
de  Carcassonne  contre  Trencavel,  p.  719;  in- 
tervient dans  la  capitulation  de  ce  dernier  à 
Montréal,  p.  722;  fait  un  voyage  i  la  cour, 
p.  723;  abandonne  l'empereur  pour  s'allier 
avec  le  pape;  son  traité  avec  le  roi  de  France, 
p.  724;  fait  sa  paix  avec  le  comte  de  Provence, 
p.  725;  note  sur  ses  rapports  avec  la  cour  de 
France,  p.  725;  quitte  la  cour  pour  se  rendre  à 
Rome;  se  ligue  avec  le  roi  d'.\ragon,  pp.  725, 
726,  727;  fait  hommage  pour  Beaucaire  à  l'ar- 
chevêque d'Arles,  p.  728;  conclut  un  nouveau 
traité  avec  le  roi  d'Aragon  &  le  comte  de  Pro- 
vence; répudie  Sancie  d'Aragon  pour  ép'ouser 
Sancie  de  Provence,  p.  729;  reçoit,  à  Lunel, 
l'hommnge  de  Roger  IV,  comte  de  Foix,  p.  732; 
envoie  demander  au  pape  une  dispense  pour 
son  mariage  avec  Sancie  de  Provence,  p.  733; 
donne,  étant  à  Beaucaire,  des  coutumes  &  des 
privilèges  à  Buzet,  p.  733  ;  retourne  à  Toulouse; 
s'allie  par  un  traité  secret  avec  Hugues  de  Lusi- 
gnan,  comte  de  la  Marche;  fait  un  voyage  à 
Barcelone,  pp.  734,  735;  tombe  dangereusement 
malade  à  Penne;  reçoit  l'absolution  de  toutes 
les  sentences  d'excommunication  qu'il  avait  en- 
courues, p. 735;  il  guéritdecettemaladie;  prend 
les  armes  contre  le  roi,  pp.  735,  736;  sollicite 
les  évéques  de  ses  Ktats  d'agir  par  eux-mêmes 
contre  les  hérétiques;  appelle  au  pape  des  pro- 
cédures des  inquisiteurs,  pp.  737,  "38;  excom- 
munié par  l'archevêque  de  Narbonne,  p.  741; 
l'attentat  commis  à  Avignonet  sur  les  inquisi- 
teurs fait  beaucoup  de  tort  à  sa  cause,  p.  741  ; 
s'empare  de  la  ville  de  Narbonne  Se  en  chasse 
l'archevêque;  est  excommunié,  p.  742;  ses  con- 
quêtes en  1242,  p.  743  ;  reprend  le  titre  de  duc 
de  Narbonne,  p.  744;  il  va  trouver  à  Bordeaux 
le  roi  d'Angleterre  &  se  ligue  avec  lui,  p.  745; 
assiège  le  château  de  Penne,  p.  746;  ses  propo- 
sitions de  paix  sont  rejetées  par  le  roi;  il  se 
soumet  sans  réserve  à  la  volonté  de  ce  prince, 
pp.  748,  749,  750  ;  se   rend  à  la  cour  &  y  con- 


TABLE  GENERALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


ioî: 


chit  sa  pnix;  texte  de  ses  engageinents,  pp.  -j  i , 
752;  retourne  dans  ses  Etats;  punit  les  auteurs 
du  massacre  des  inquisiteurs  à  Avignonet  ;  fait 
prêter  un  nouveau  serment  entre  les  mains  des 
commissaires  du  roi  par  ses  vassaux  &  princi- 
paux sujets,  p.  754;  fiance  Marguerite  de  la 
Marche;  le  mariage  ne  ftit  peut-être  pas  con- 
sommé, p.  7J6;  de  retour  à  Toulouse,  il  reçoit 
divers  hommages,  assiste  au  concile  de  Béziers; 
analyse  de  ses  plaintes  contre  les  inquisiteurs, 
pp.  ""ly,  j'iii  somme  les  évéques  de  ses  Etats 
d'exercer  eux-mêmes  l'inquisition  ;  sa  lettre  au 
roi  touchant  le  château  de  Penne,  p.  758  ;  fait 
une  trêve  avec  le  comte  de  Provence,  p.  759; 
fait  un  voyage  en  Italie,  pp.  759,  761;  obtient 
de  l'empereur  Frédéric  la  restitution  du  mar- 
quisat de  Provence  &  du  comté  Venaissin,  p.  761; 
obtient  son  absolution  du  pape  &  prolonge  la 
trêve  avec  le  comte  de  Provence,  p.  762;  pléni- 
potentiaire de  l'empereur  Frédéric,  s'entremet 
pour  la  paix  de  ce  prince  avec  le  pape,  p.  769; 
jurée  de  son  séjour  en  Italie;  repasse  les  Alpes; 
reçoit  différents  hommages,  p.  770;  donne  sa- 
tisfaction à  l'archevêque  de  Narbonne,  pp.  771; 
reçoit  à  Toulouse  les  ambassadeurs  du  comte  de 
Savoie,  auquel  il  marie  sa  nièce,  Cécile  de 
Baux,  p.  ''72;  crée  deux  cents  nouveatix  cheva- 
liers; fait  un  voyage  en  Albigeois,  p.  772;  va 
à  la  cour  de  France  &  à  la  cour  romaine;  lait 
tommer  le  comte  de  Foix  de  lui  remettre  Saver- 
diiii  &  son  territoire,  p.  773;  f.iit  annuler  son 
mariage  avec  Marguerite  de  la  Marche  &  pro- 
jette d'épouser  Béatrix,  fille  Je  Roger-Bernard, 
pp.  77-">,  776;  obtient  la  dissolution  de  son 
mariage  avec  Marguerite  de  la  Marche,  mais  ne 
peut  obtenir  la  dispense  nécessaire  pour  épouser 
Béatrix,  p.  777;  fait  un  voyage  en  Galice, 
p.  778;  va  à  la  cour  &  y  prend  la  croix, 
p.  786;  engage  une  partie  de  ses  sujets  à  se 
croiser  avec  lui;  tente  inutilement  de  procurer 
la  sépulture  ecclésiastique  au  comte,  son  père, 
p.  788;  protège  les  inquisiteurs  &  fait  un 
voyage  en  Espagne,  p.  790;  déclare  que  le  con- 
sulat de  la  ville  appartenait  aux  habitants; 
son  zèle  pour  la  découverte  des  hérétiques, 
p.  793;  va  joindre  le  roi  à  Algues-mortes, 
p.  79S  ;  diflère  son  départ  pour  la  Terre-Sainte, 
p.  799;  parcourt  ses  domaines,  p.  800;  passe 
en  Espagne;  ses  différends  avec  le  vicomte  de 
Lomagne,  p.  801  ;  est  pris  de  la  fièvre,  s'arrête 
à  Pris  8c  y  meurt;  son  testament,  pp.  802,  8o3, 
804;  sa  sépulture;  son  caractère,  pp.  8c5,  806; 
étendue  de  ses  domaines,  pp.  807,  808. 

RAI.MOND,  vicomte  deTurenne,  pp.  79,  100,  io3, 
270,  44'),  697;  deux  pcrionnagfs  différents^ 

RAIIMOND-TRENCAVEI,,  second  fils  de  Haimond- 
Trencavel,  vicomte  de  Béziers,  frère  de  Roger  II, 
vicomte  de  Béziers  &  de  Carcassonne,  pp.  '')o, 
82,  90,  99,  121,  126,  143,  i54,  33i,  3i2;  hé- 
ritier présomptif  de  Roger  II  jusqu'à  la  nais- 
sance de  Raimond-Roger ;  vivait  encore  en 
I 2  1 1 ,  p.   114. 

RAI.MOND  dit  RASCAS,  seigneur  d'Uzès  &  Pos- 
quières,  fils  de  Bermond,  pp.  26,  62,  64,  69, 
88,  III,  124,  i33,  i36,  lâj,  170,  206,  278, 
281. 

RAIMOND  DE  VAIRAC,  p.  910. 


RAIMOND  VASSADEL  DE  PUISSERGUIER,  p.  1  1  1 . 
RAIMOND  DE  VENOUS,  pp.  61,  96. 
RAIMOND  DE  VÉZÉNOBRE,   p.  49. 
RAIMOND  DE  VIGORON,  p.  21. 

RAI.MOND  DE  VILLA-DE-MfLS ,  seigneur  cata- 
lan, pp.  88,  91 . 

RAIMOND  DE   VILLENEUVE,   p.  719. 

RAIMOND,  écuyer  d'Aymeri  IV,  p.  yi  ",. 

PiAIMOND,  fils  du  vicomte  de  Cardone,  p.  -Z^. 

RAIMOND,  fils  de  Guillaume  VIII,  seigneur  de 
Montpellier,  désigné  pour  être  moine  de  Grand- 
selve,  p.  202. 

RAIMOND,  fils  de  Pierre-Bermond  VI,  p.  .•Î96. 

RAIMOND,  fils  de  Raimond  Foie,  vicomte  de  Car- 
done, p.  6;)i . 

RAIMONDE  DE  BIOIL,  p.  i63. 

RAIMONDE,  fille  de  Raimond-Gaucelin  de  Liinel, 
p.  437. 

RAIMONDE,  fille  de  Raimond  VI,  p.  ofij. 

RAIMONDE  D'ASPEL,  p.  886. 

Raimonuens  (sous),  d'Albi,  p.  727. 

RAINALD,  évêque  de  Béziers,  p.  SîS.  Voyc'^  RÉ- 
GIN  ALD. 

RAINAUD  SALOiNION,  p.   'jJ. 

RAINIER  DE  MARSEILLE,  p.   i6j. 

RAINON,  frère  d'Elzéar  d'Uzès,  p.  49. 

RAINON  DE  SABRAN,  seigneur  d'Uzès,  pp.  170, 
206. 

RAINON  DE  SABRAN,  seigneur  d'Uzès,  p.  869. 

RaiS.SAC,  p.  791;  Ruissac-sur-Lampy  (^AuJe),  arr. 
de  Carcassonne. 

Ra.mPILLON,  p.  900  (Sein:-&-Marne'j,  arr.  de  Pro~ 
vins. 

RANDON  DE  CHATEAUNEUF,  pp.  r,66,  864. 

Randon,  en  Gévaudan,  p.  9o3  ;  Chàieauneuf-Ran- 
dan  (^Lo\ere^^  arr.  de  Mende. 

RAOUL,  religieux  de  Fontfroide,  légat  dans  la 
Province,  pp.  229,  234,  23.5,  236,  242,  244, 
243,  267,412;  sa  mort  à  Franquevaux,  p.  2^2. 

RAOUL,  cardinal-évêque  d'Albano,  p.  888. 

RAOUL,  évêque  d'Arras,  p.  432. 

RAOUL  (maître),  ambassadeur  du  roi  de  France, 
p.  .îj. 

RAOUL,  avocat  &  chancelier  du  comte  de  Tou- 
louse, Raimond  V,  pp.  42,  43,  62,  69. 

RAOUL  DE   COURTENAY,  p.  j3j. 

RAOUL  DE  GONESSE,  p.  874. 

RAOUL  DE  LA  ROCHE-TESSON,  p.  037. 

RaïKAl',  château,  p.   148;  Rastcau  [Vaucluse),  arr, 

d  Orange. 
RATIER  DE  BESSAN,  p.  32.';. 
RATIER  DE  CAUSSADE,  p.    141. 
RATIER,  seigneur  de  C.astelnau,  pp.  436,  44^. 
Ravages   causés   par    la   guerre   aux    environs    de 

Toulouse,  p.  96. 
RAYNIER,    légat    du    pape    dans    la    Province, 

pp.     187,    188,    200,    222,    223,    224. 

RAYNIER,    des   frères   Prêcheurs,   p.    774;    évêaue 

de  Maguelonne,  p,  796. 
RAYNON  DE  FENOUILLET,  p    2.")4. 


1024 


TABLE  GÉNÉRALE  DES   NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


Ra/.iïs,  château,  pays  &  vicomte,  pp.  4,  ji ,  ^3,  90, 
I  I  î,  114,  116,  i4.'5,  I  ;").'!,  154,  i5."),  264,  3o9, 
3i3,  362,  466,  54 j,  624,  742,  743,  791,  8')7, 
8,19. 

Redorte,  nom  d'une  fortification  faisant  partie 
du  château  de  Beaucnire,  p.  488. 

RftoALE  (droit  dej,  pp.  837,  838. 

—  de  l'évéché  du  Puy,  pp.    144,  863. 

—  de  l'église  de  Toulouse,  p.  880. 
RliGINALD,  évêque  de  Bath,  en  Angleterre,  p.  78. 
RÉGINALD  UE  MONTPEYROUX,  évéque   de    Bé- 

ziers,  pp.  288,  325,  332,  38o. 

RÉGINALD,  évèque  de  Toul,  p.  390. 

Règle  de  Saint-Augustin  donnée  aux  chevaliers 
&  aux  clercs  des  hospitaliers  du  Saint-Esprit, 
p.  73;  suivie  d'abord  par  l'ordre  de  saint  Do- 
minique, p.  204. 

Reim.s,  p.  624. 

—  (archevêque  de),  pp.  201,  284,  Sço,  093,  697. 
Religieuses  de  l'Espinasse,  p.  906. 

—  de  Gaillac,  p.  906. 

—  cloîtrées  de  Saint-Damien  d'Assise,  p.  883. 
Religieux  Augustins,  p.  931. 

—  Carmes,  p.  931 . 

—  de  la  Merci  pour  la  rédemption  des  captifs, 
p.  931. 

—  des  Sacs  ou  de  la  Pénitence;  leurs  divers  cou- 
vents, p.  906. 

—  de  la  Trinité,  p.  93  1 . 

Reliques  de  saint  Vincent   données  par  l'abbaye 

de  Castres,  p.  463. 
Remoulins,   château,   p.  334   (^Gard),   arr.   d'U\es. 
RENAUD,  comte  de  Bourgogne,  p.  27:"). 
RENÉ  D'AMIENS,  p.  597. 
RENÉ  DE  KEAUVAU,  p.  892. 
RENÉ  DE  MONTFAUCON,  p.  .'J97. 
Rentes    assignées    en    terres    dans    le    diocèse    de 

Carcassonne  à  divers  personnages  par  Adam  de 

Milli,  p.  607. 
Repauset,  étang  à  Aigues-mortes,  p.  783. 
Répuulique  de  Gênes,  pp.   14,   i5,   16,  17. 

—  de  Pise,  pp.    14,  l5,    16,   17. 

Rngui^iTE  présentée  par  Raimond  VII  aux  commis- 
saires nommés  par  le  pape  pour  informer  sur 
les  bonne  vie  &  mœurs  de  Raimond  \^I,  pp.  ^49, 
55c,  55  I . 

Resson,  château,  p.  207;  il  faut  certainement  cor- 
riger Kousson  (G(ir</),  arr,  d'Alais. 

Restitution  dans  la  Province  des  biens  mal  ac- 
quis au  domaine,  pp.  867,  870. 

Revel,  en  Lauragais,  doit  peut-être  son  origine 
au  château  construit  par  deux  vassaux  du  vi- 
comte de  Carcassonne  &  de  Béziers  sur  la  col- 
line de  Mont-Revel,  p.  64  {^Hautc-Garonne), 
arr,  de  Fillefranche-de-Lauragais. 

Révolte  de  ses  fils  &  de  sa  femme  Eléonore 
contre  le  roi  Henri  II  d'Angleterre,  p.  53. 

—  des  Gascons,  p.  833. 

—  des  Toulousains   contre   leur   comte,   pp.   i3i, 


RlIlN,    p.    2. 

RllÔNE,    pp.     14,     110. 

RIBAGORÇA  (comte  de),  p.  882. 

RiBÉUAr,  en  Périgord,  p.   i65. 

RICARD  de  Carniumpo,  p.  278. 

RicAOD,  lieu,  p.  453  (Aude),  arr,  de  Castelnaudary . 

RICAUT  DU  PUY,  p.  818. 

RICHARD,  second  fils  d'Henri  II,  roi  d'Angle- 
terre, duc  d'Aquitaine,  puis  roi  d'Angleterre, 
pp.  34,  38,  102,  io5,  I  10,  8o3,  8Û2;  sa  révolte, 
pp.  53,  54;  se  ligue  avec  le  roi  d'Aragon  contre 
le  comte  de  Toulouse,  p.  114;  ravage  les  ter- 
res du  comte  de  Toulouse  &  prend  divers  châ- 
teaux, p.  117;  attaque  les  États  du  comte  de 
Toulouse,  p.  127;  se  rend  maître  de  dix-sept 
cliâteaux,  p.  128;  est  arrêté  par  une  diversion 
de  Philippe-Auguste,  p.  129;  sa  réconciliation 
avec  ce  prince,  p.  i3o;  demeure  en  posses- 
sion des  places  prises  sur  le  comte  de  Toulouse, 
p.  I  3  I  ;  succède  à  son  père  Henri  ;  reste  l'ennem  1 
du  comte  de  Toulouse;  conserve  les  conquêtes 
faites  par  lui  en  Querci,  p.  i33;  part  pour  la 
Terre-Sainte  avec  Philippe-Auguste;  abandonne 
ses  prétentions  sur  l'Auvergne  &  est  confirmé 
dans  la  possession  du  Querci  &  de  la  ville  de 
Cahors,  p.  134;  son  retour  de  la  Palestine, 
p.  145;  prisonnier  de  l'empereur  Henri  VI, 
p.  145;  refuse  le  royaume  de  Provence,  p.  149; 
fait  sa  paix  avec  Raimond  VI,  pp.   173,  174. 

RICHARD,  frère  du  roi  d'Angleterre,  comte  de 
Poitiers,  p.  59'2;  épouse  Sancie  de  Provence, 
p.  733. 

RICHARD,   aïeul  d'Hugues  II,   comte   de   Rodez, 

p.    25. 

RICHARD,  frère  d'Hugues  II,  comte  de  Rodez, 
pp.   I  78,  533. 

RICHARD  PHILAGRIUS,  p.  804. 
RICHARD  DE   LA   TOUR,  p.  937. 
RICHILDE;  son  mariage  avec  Raimond,  comte  de 
Toulouse,  p.  20. 

RICHILDE,  femme  de  Raimond-Bérenger,  p.  21. 
RICHILDE,  impératrice,  p.  68. 
RiEUNETTE,  monastère;  sa  fondation,  p.  224. 
Rielx,  dans    le  ^'olvestre,  pp.   27,  65,  67;  Origine 

de  cette  ville  &  de  ses  seigneurs,  p.  706  I^Haute- 

Garonne),  arr.  de  Muret, 

—  (consuls  de),  p.  8  1  t . 

—  (diocèse  de),  pp.  27,  641. 

RIEux■MI^EIlvoIS,  p.  743. 

Riez  (évêque  de),  pp.  272,  273,  274,  3c3,  32i, 
322,  327,  332,  334,  379,  38 I,  399,  402,  4' 3, 
404,  41 2,  733,  8 I 8. 

RIGORD,  religieux  de  Saint-Denis,  p.  948. 
RiPOLL  OU  RiuroLL,  abbaye  de  Catalogne,  pp.  56  1 , 

670. 

Rites,  moeurs  et  croyances  des  hérétiques  albi- 
geois, pp.  227,  228,  229. 

RiVESALTES,  ville;  est  fortifiée  après  1172,  p.  92 
(Pyrénées-Orientales),  arr.  de  Perpignan, 

RIXOVENDE  DE  TERMES,  femme  de  Guillaume 
de  Minerve,  pp.   143,  339,  340. 


TABLE  GENERALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIERES. 


io;:3 


RIXOVENDIS,  sœur  de  Géraud  de  Pépieux,  p.  209. 
ROBAUT,  abbé  de  Saint-Pniil  de  Narbonhc,  piMS 
évêque  de  Pavie,  p.  673. 

ROBERT,  archevêque  de  Rouen,  pp.  385,  388. 
ROBERT  D'ALBERT,  évéque  de  Viviers,  puis  ar- 
chevêque de  Vienne,  pp.  87,  41,  68,  147. 

ROBERT,  évêque  de  Clermont,  p.  ^04. 
ROBERT,  évêque  de  Laon,  pp.  38.5,  388. 
ROBERT  DE  MEHUN,  évéque  du    Puy,   pp.   466, 

467,  Jiûj  est  assassiné;   son   éloge;   lieu  de  sa 

sépulture,  p.  :>!•] , 

ROBERT,  abbé  d'Arles,  en  Roussillon,  p.  32o. 
ROBERT  D'ARTOIS,  frère  de   Louis  IX,   p.  798. 
ROBERT  III,  comte  d'Auvergne,  p.  8. 
ROBERT  DE  CORÇON,  cardinal-légat  en  France, 

pp.   415,  434,    444,    45ij    dispose   en  faveur  de 

Simon    de    Monifort   de    toutes    les    conquêtes 

faites  sur  les  hérétiques,  p.  447. 
ROBERT  DE  COL'RTENAY,  bouteillier  de  France, 

pp.  z85,  3jo,  357,  597. 

ROBERT,  comte  de  Dreux,  pp.  340,  097. 

ROBERT  DE  MAUVOISIN ,  pp.  298,  315,  3 16, 
329,  33i,332,  377, -378,  389;  envoyé  comme 
ambassadeur  par  Simon  de  Monifort  à  Inno- 
cent III,  p.  3l2. 

ROBERT  DE  MONTFORT,  fils  de  Simon,  p.  5 18. 
ROBERT  DE  PASSY,  p.  3i5. 
ROBERT   DE  POISSY,  p.  597. 
ROBERT  DE  SAINT-CLER,  p.  822. 
ROBERT  DE  SARTES  ou  DISARCES,  p.  419. 
ROBERT,  comte  de  Séez  &  d'Alençon,  p.  455. 
ROBERT  D'LîZÈS,  frère  de  Decan ,  seigneur  d'Uzès, 

évêque  d'Avignon,  p.  837. 
RocAMADOL'ii,  en  Querci,  pp.   41,  io3,  loj,  270, 

367,  552,  559,  616,  711,  919. 
RociiEBARON,  château,  p.  467. 
RociiEMAtRE,  seigneurie.  Voye-{  Ro(,ii  emalp.e. 
RociiEioiiT,  château  dans  le  Comminges,  p.  42c. 
RociiEroriT,    dans    le    diocèse    d'Avignon,   p.    193 

[GirJ],  arr.  dU^ii. 
Ror.ozELS,  p.  743  (Hérault),  commune  Je  Ceilles- 

Roco^els. 
RODERIC  ou  RODRIGUES,  fils  de  Pierre  de  Lara, 

vicomte  de  Narbonne,  pp.  210,  211. 
RODERIC    XIMENÈS,   archevêque   de   Tolède, 

p.  466. 
RODOLPHE,  roi  de  Bourgogne,  p.  75. 
RODRIGUES,  frère  d'Aymeri  III.  f^oye;;  RODERIC. 
Rode/.,  pp.  25,  26,  270.  574,  619,  693,  772,  778, 

8-^7,   859,  947;   privilèges  accordés  au  bourg  en 

I  196,  p.  178;  nouvelles  franchises  accordées  en 

1201 ,  p.   195. 

—  (comtes  de),  pp.  177,  178,  179,  533,  744,  807, 
869,  875. 

—  (diocèse  de),  pp.  25,  332,  892,  641,  644,  766, 
8co. 

^  (évêques  de},  pp.  i3,  26,  317,  449,  400,  684, 
757,  758,  768,  788,  8o3,  804,  862. 

ROGER,  abbé  de  Castres,  p.  3. 


ROGER,  chanoine  de  Salnt-Étienne  de  Toulouse, 
fils  de  Bernard  de  Comminges,  seigneur  de  Sa- 
vez, p.  720. 

ROGER  D'ASPEL,  pp.  5o6,6i2,  81  i;  Aspet{Haute- 
Garonne'),  arr,  de  Saint-Gaudcns. 

ROGER  II,  fils  de  Trencavel,  vicomte  de  Béziers, 
Carcassonne,  Albi,  Razès,  pp.  14,  oi,  64,  71, 
121,  123,  i35,  141,  783,  920;  succède  à  son 
père  dans  la  vicomte  de  Béziers,  pp.  3o,  3i; 
s'allie  avec  le  roi  d'Aragon  contre  le  comte  de 
Toulouse;  ses  domaines  sont  confisqués  par  le 
comte  de  Toulouse,  p.  3i;  construit,  en  1  i6d, 
le  château  de  Cambon,  en  Albigeois,  p.  27; 
s'unit  au  roi  d'Aragon  pour  tirer  vengeance  des 
habitants  de  Béziers,  nuleuis  de  la  mort  de  son 
père;  ne  pouvant  prendre  cette  ville,  il  com- 
pose avec  les  habitants,  p.  32;  est  paisible 
possesseur  de  ses  domaines,  p.  34;  appelle  les 
troupes  du  roi  d'Aragon  à  Béziers,  p.  38;  fait 
massacrer  les  habitants  de  cette  ville,  p.  89; 
s'accorde  avec  l'abbé  de  Saint-Pons  de  Thomiè- 
res,  au  sujet  du  château  de  la  Salvetat,  &  con- 
sent au  rétablissement  du  monastère,  p.  42;  fait 
sa  paix  avec  Raimond  V,  épouse  la  fille  de  ce 
comte;  devient,  à  la  suite  de  cette  union,  vassal 
immédiat  de  la  couronne,  p.  43;  fait  sa  paix 
avec  la  vicomtesse  de  Narbonne;  tient  sa  cour 
à  Limoux,  confirme  des  donations  à  l'abbaye 
de  Salvanez;  se  réconcilie  avec  le  comte  de 
Foix,  p.  44  ;  divers  actes  donnés  par  lui,  pp.  66, 
67;  est  présent  à  la  paix  conclue  en  1  176  entre 
le  roi  d'Aragon  &  le  comte  de  Toulouse,  p.  68; 
favorise  les  hérétiques  ;  fait  emprisonner  l 'évêque 
d'Albl,  p.  81;  actes  donnés  par  lui  de  1178  à 
1182,  p.  82;  actes  de  ce  vicomte  datés  de  1  179, 
p.  89;  se  déclare  vassal  d'Alfonse,  roi  d'Aragon, 
p.  93;  reçoit  divers  fiefs  sous  la  suzeraineté 
des  comtes  de  Barcelone;  la  promesse  d'observer 
un  accord  faite  par  lui  sur  les  Evangiles  prouve 
qu'il  n'était  pas  hérétique;  se  reconnaît  pour 
vassal  de  Raimond-Bérenger,  comte  de  Provence, 
p.  91;  favorise  les  hérétiques,  p.  95;  se  soumet 
après  la  prise  de  Lavaur  &  promet  de  renoncer 
entièrement  à  l'erreur,  p.  96  ;  continue  la  guerre 
contre  le  comte  de  Toulouse;  divers  de  ses  actes 
donnés  en  Rouergue,  p.  99;  fait  encore  la  guerre 
au  comte  de  Toulouse  en  [i83,  p.  102;  hom- 
mages qu'il  reçoit;  sa  paix  avec  le  comte  de 
Toulouse,  p.  iir;  aurait  reconnu  la  suzeraineté 
de  Richard,  duc  d'Aquitaine,  sur  la  vicomte  de 
Carcassonne;  il  adopte  Alfonse,  infant  d'Ara- 
gon, p.  I  14  ;  sa  paix  avec  le  comte  de  Toulouse, 
p.  140;  prend  des  précautions  pour  assurer  sa 
succession  à  son  fils  Raimond-Roger  ;  tient  i^n 
plaid  â  Carcassonne,  pp.  142,  148;  ses  der- 
nières dispositions,  pp.  |53,  154;  sa  mort, 
p.  |55;  jugement  sur  ses  actes  &  sur  sa  vie, 
pp.   i55,  i56. 

ROGER-HEUNARD  I,  comte  de  Foix,  pp.  3i,  34, 
68,  7  I  5;  épouse,  en  ii5i,  Cécile,  fille  de  Rai- 
mond-Trentavel ,  p.  3o;  meurt  en  1188;  est 
inhumé  d.ins  l'abbaye  de  Boulbonne,  p.  126. 

ROGER-BERNARD,  fils  de  Raimond-Roger,  comte 
de  Foix,  pp.  248,  354,  369,  372,  393,  396, 
433,  5;o,  52  1,  529,  53 1,  536,  544,  !jj5,  585, 
587,  6o3,  624,  629,  646,  672,  697;    se    marie 


VI. 


65 


I02( 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


avec  Ennesslnde,  fille  d'Arn.iud,  vicomte  de 
Ciistelbon,  p.  198^  prêle  serment  au  roi  d'Ara- 
gon, p.  406;  défend  le  châtenii  de  Montgrenicr, 
pp.  .Ooo^  5o  1 ,  5o2  ;  est  étroitement  uni  à  Rai- 
mond  VII,  p.  555;  ses  domaines,  p.  563;  fait 
sa  paix  avec  l'Eglise,  p.  583;  ses  propositions 
de  paix  au  roi,  p.  609;  se  ligue  étroitement 
avec  Raimond,  comte  de  Toulouse,  pp.  614, 
6i5;  sa  paix  avec  le  roi,  p,  651;  épouse  Bru- 
nissende,  p.(J5i  j  est  pouisuivi  par  l'inquisition 
d'Aragon,  p.  702;  épouse  Ermengarde,  fille 
d'Aymeri,  vicomte  de  Narbonne,  p.  672;  est 
reconnu  pour  bon  catholique,  p.  716;  inter- 
vient dans  la  capitulation  de  Trencavel,  à 
Montréal,  p.  712;  sa  mort,  p.  7-3  i  ;  apprécia- 
tion de  son  caractère;  ses  qualités;  sa  famille, 
pp.  yBi,  732. 

ROGER-BERNARD  III,  comte  de  Foix,  pp.  127, 
886,  889,  937;  ses  domaines,  pp.  887,  888. 

ROGER  IV,  comte  de  Foix,  pp.  735,  760,  774, 
775,  810;  succède  à  Roger-Bernard  II,  p.  73  I  ; 
fait  hommage  au  comte  de  Toulouse,  p.  732; 
s'allie  avec  Raimond  VII  lors  de  la  révolte  de 
celui-ci  contre  le  roi  de  France,  p.  737;  fait  sa 
paix  avec  ce  dernier,  sa  lettre  à  Raimond  VII, 
p.  747;  va  à  la  Cour;  le  roi  le  reçoit  à  l'hom- 
mage comme  vassal  immédiat,  p.  703;  sa  mort, 
p.  886. 

ROGER,  fils  de  Roger-Bernard,  comte  de  Foix, 
p.  3  I  ;  mort  avant  1182,  p.  1  26. 

ROGER-BERNARD,  fils  de  Loup  de  Foix,  p.  811. 

ROGKR-BERNARD    DE    ROVIGNAN,  p.  574. 

ROGER,  fils  de  Bernard  IV,  seigneur  de  Fezensac, 
p.  77>i. 

ROGER  DE  BÉZIERS,  fils  de  Trencavel,  dernier 
vicomte  de  Carcassonne,  p.  792. 

ROGER  DE  COMMINGES,  comte  de  Pailhas, 
pp.    125,   5oo,   507,  697,   757,  760,  771. 

ROGER  DE  COMMINGES,  fils  du  précédent, 
pp.  757,  760,  772,  887. 

ROGER  DE  COMMINGES,  vicomte  de  Conserans, 
seigneur  de  Savez,  pp.   I25,   126,  193,  353. 

ROGER  DE  DURFORT,  p.  71. 

ROGER  D'ESPIÈS,  alias  de  Espicrlis ,  baile  de 
Gascogne,  pp.  902,  917. 

ROGER,  frère  de  Géraud ,  comte  d'Armagnac, 
p .   5  I  o . 

ROGER  DE  MONTAUT,  pp.  5o6,  811. 

ROGER,  fils  de  Pier,re-Bermond  d'Anduze,  pp.  71 1, 
83cr. 

ROGER  PELAPOUL,    p.  34. 

ROMAIN,  cardinal-diacre  de  Saint-Ange,  légat  en 
France,  pp.  579,  591,  597,  614,  632,  646,  656, 
657;  excommunie  le  comte  Raimond  &  fait 
prêcher  la  croisade,  p.  597;  sa  lettre  à  tous  les 
métropolitains  de  France,  p.  599;  est  prorogé 
dans  sa  légation,  p.  629;  quitte  la  Province; 
jugement  porté  sur  les  actes  de  sa  légation, 
p.  658. 

Romans,  p.  433  {Drame),  arr.  de  Valence. 

ROMIEU  DE  VILLENEUVE,  p.  776. 

RoQUK  DE  VALSrr.GLE,  en  Rouergue,  pp.  S73,  828; 
Val^trgue  {Aveyron) ,  arr.  de  J'illefranche-de- 
Rouergue. 


RoQL'Ecnt.N',  p.  743   (Hérault),  arr.  de  Saint-Pvns. 
RoQUECOtniiE,  château,   pp.  924,  925  [Tarn),  arr. 

de  Caitres. 
Ro(,iue-de-Fa,    château,    p.    857    (Aude),    arr.    de 

Carcassonne. 
RoQLEDU,  château,  p.  755;  Ro^uedur  (Gard),  arr. 

du  Vtgan, 
RoyLEFEUiL,   château,    p.    601    (Gard),    commune 

d'Al-^en. 

—  seigneurie,  p.  903. 

—  terre,  p.  712. 

RoQLEFisSADE,  p.  7^7;  Roijuifixade  (Ariége),  arr. 
de  Foix. 

Roquefoi;rcade,  château,  p.  281. 

RoQtEMALT.E,  château,  pp.  276,  281,  715  [Gard), 
arr.  d'Usés. 

Roqleville,  lieu  de  Lauragais,  p.  367  (Haute- 
Garonne),  commune  de  JMontgtscard. 

ROSE  DE  COMBRET,  p.  66. 

RosiKBES,  village  de  l'Albigeois,  p.  S17  (Tarn) 
arr.  d'Albi. 

RoSNY,  près  de  Mantes,  p.  679;  Rosny-sur-Seine 
[Scine-&-Oise),  arr,  de  Mantes. 

ROSTAING  D'AIGUILLON,  p.  71. 

ROSTAING  D'ANDUZE,  prieur  de  Vernède,  p.  196. 

ROSTAING  DE  BAUX,    p.  3o3. 

ROSTAING  DE  MONTAUT,  p.  834. 

ROSTAING,  seigneur  de  Montlaur,  p.  661. 

ROSTAING  DE  POSQUIÈRES,  pp.  278,  281,  455. 

ROSTAING  DE  SABRAN ,  connétable  de  Rai- 
mond VI,  pp.  47,  159,  192,  198,  199,  207,  209, 
247,  28  I . 

ROSTAING  DE  SABRAN,  pp.  81  3,  837. 

ROSTAING  DE  SABRAN,  seigneur  de  Bagnols, 
p.   608. 

ROSTAING  DE  SAUVE,  prieur  d'Anduze,  p.  1^6. 

ROTROU,  archevêque  de  Rouen,  p,  53. 

RotEN  (archevêqnes  de),  pp.  284,  388,  538,  093, 
597. 

—  (Notbe-Dame  de),  p.  190. 

ROLEUGUE,    pp.     21,25,61,67,82,99,    104,    110, 

114,  ii5,  ii6,  154,  174,  287,  362,  447,  449, 
451,  024,  525,  534,  554,  60 1,  61 5,  634,  642, 
706,  711,  727,  754,  778,  799,  807,  811,  3l2, 
816,  822,  823,  859,  870,  90D,  918,  93o;  le 
comte  de  Toulouse  y  passe  en  1  1  80,  p.  93  ;  con- 
quis par  les  croisés  au  nom  de  Simon  de  Mont- 
fort,  p.  44Ô- 

—  (sénéchaussée  de),  pp.  935,  ()j6. 
RouiFiAc,  château,  p.  379. 
ROUGI  (comte  de),  p.  597. 

RoujAN,  p.  743  (Hérault),  arr.  de  Béliers. 

ROUSSELIN  DE  LUNEL,  p.  869. 

ROUSSELIN,  fils  du  seigneur  de  Lunel,  p.  914. 

ROUSSELIN,  vicomte  &  seigneur  de  Marseille, 
pp.   181,  2i3,  216;  est  excommunié,  p.  304. 

ROUSSELINE,  fille  de  Raimond-Gaucelin  de  Lu- 
nel, p.  457. 

Roissiti.ON,  comté,  pp.  5i,  2i3,  340,  616,  714, 
839,  936;  uni  au  domaine  des  comtes  de  Bar- 
celone &  rois  d'Aragon,  p.  5o;  appartient  au 
roi  d'Aragon  à  la  suite  d'un  échange,  p.  1  i3. 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIERES. 


1017 


UOUSSON  (dame  de),  p.  79.'). 

Routes  venant  aboutir  à  Toulouse,  p.  237, 

RotTiÉ,  château,  p.  666  {Aude),  arr.  Je  Limoux. 

RoLTiEiis,  pp.  278,  4:4,  40J,  434;  désolent  le 
pays,  pp.  IC9,  ifo;  ont  à  leur  tête  le  fils  de 
Raimond  V,  comte  de  Toulouse,  p.  110;  se 
mettent  au  service  de  Raimond  \'I,  p.  436. 

RtSTiQCES,  château,  p.  887  (^AuJe],  arr.  de  Carcas- 

sonne. 
RoYAX,  p.  741  Î^Charentc-Infcrieurc). 
Royaume  d'Arles  ou  de  Provence,  pp.   19,  149. 


S^bhutafij    nom    vulgaire    donné    aux    Vaudois, 

p.  221. 
SABRAN  (Rostaing  de),  p.  81  3. 
Sabr^n  (maison  de),  p.  869. 
SABitANE.vc,  bois,  p.  207. 

Sacbe  d'un   évéque  de  Toulouse   par  l'archevêque 
d'Arles,  contre    les  droits   du    métropolitain    de 
Narbonnc,  p.  244. 
Sade,  château,  p.  281. 
SAIL  ou  ADÉLAÏDE  DE  CLAUSTRA,   femme    de 

Béraud  de  Mercœur,  p.   li:i. 
SAILL   DE   SCOLA,    troubadour,    né    à    Bergerac, 

p.    |52. 
Saint-Affrique,  p.  706  (Aveyron). 
SAiNT-AcRtVE,  château,  p.  710  {Ardiche),   arr.  de 

Tournon. 
Saixt-Aoricole  u'Avig.non,  collégiale,  p.  77. 
Saint-Alcax,  château,  pp.  710,  864;  l'un  des  sui- 
vants. 
Saint-Ai.dax   u'Ay  {Ardèche),  p.  J27. 
SAI.NT-AtBA.-i    EX    MoxTAGXE  [Ardèche),  p.  J17. 
Saixt-Amaxs  ne  Valtoret,    pp.   194,  19J  [Tarn), 

arr.  de  Castres. 
SAiNT-AMtofcE,  prieuré  du  Dauphiné,  p.  106. 
Saixt-Anuéol,  p.  710. 
Saint-André  d'Avignon,  abbaye,  pp.  93,  i33,  258, 

548,  712,803. 
Saint-André,  lieu  qui   porte  aujourd'hui  le  nom 
de  Villtneuve  d'Avignon,  p.  612  ;  château  cons- 
iruit  par  Louis  XII,  p.  621. 
Saint-Andrk,  église  de  Bordeaux,  p.  333. 
Salnt-Antoine,  abbaye  du  Viennois,  p.  464. 
Saint-Antoine  des  Champs  Lts  Pir.is,  p.  Ji8. 
Saint-Antonin    de  FrRdelas  ou  de  Pamiers,    ab- 
baye &  château,   pp.   67,    127,   141,    |85,   287, 
3'.9,  3io,   352,  37"),  .'■>i9,  6i6,  716,  786,  807, 
852,   946;  sa   situation,   p.    385;  est  assiégé    & 
pris,  p.  386;   se   soumet  à  Louis  'VllI,   p.  600; 
est  donné  au  roi  par  Raimond  VII,  p.  649. 

—  (abbé  de),  pp.  364,  888. 
Saint-Ai'Iirodise  de  BtziERS,  abbaye,  pp.  193,6.5?, 

784,  826,  857. 

—  (abbé  ae),  pp.  764,  767,   842. 


Saixt-Aueax,  p.  527.  VoycT^  Saint-Alban. 
Saint-Bas,  lieu  sur  l'Agoùt,  p.   196. 
Saint-Bei-.tix,  abbaye,  p.   101. 
Saint-Bonnet,  château,   pp.   63,   396  [Gard),  arr. 
du  Vigan. 

SAINT-BONNET  (demoiselle  de),  p.  919. 
Saint-Caprais,  prieuré  d'Agen,  p.  238. 
Saint-Ciievrieh,  lieu,  p.  816;    corr,  Saint-Capra^y 
(Aveyron),  arr.  de  Saint- Affr'Kjue. 

Saint-Ciiiniax  (abbé  de),  p.  842. 

SAINT- CHRYSOGONE    (cardinal     de).    Voyei 

PIERRE. 
Saint-Cvr,  château,  pp.  141 ,  649,  705  ;  au/.  5a m t- 

Cirq  [Tarn-&-Garonne'),  arr.  de  Montauhan. 

Saint-Cyb,  château,  p.  559;  Saint-Cirq  [Lot),  arr. 

de  Figeac. 
Saint-Damien,  ordre  religieux,  p.  854. 
Saint-Denis,  abbaye,  pp.  38,  9i5;   les   ossements 

d'Alfonse,  comte  de  Toulouse,  y  sont   déposés, 

p.  928. 
Saint-Élix,    p.    522    [Haute-Garonne) ,    arr.     de 

Muret. 
Saint-Ei.oi   de  Novon,  p.  919. 
Saint-Esprit,  hôpital,  pp.  208,  891. 

—  (hospitaliers  du),  pp.  72,  73. 

Saint-Esprit  in  Saxia,  hôpital  à  Rome,  p.  891. 

Saint-Etienne,  église  d'Agde,  pp.   120,  121. 

Saint-Ètienne  d'Agen,  monastère,  p.  238. 

Saint-Étienne  de  Balérac,  château,  p.  57. 

Saint-Elverte  d'Orléans,  abbaye,  p.  10. 

Saint-Félix,  monastère,  p.  201. 

Saint-Félix  de  Caraman,  château  du  Toulou- 
sain, pp.  36o,  375,  385,  6o3,  6i5,  747;  les 
hérétiques  y  tiennent  un  conciliabule,  pp.  6,  7 
[Haute-Garonne),  arr.  de  Villcfranchc. 

—  (consuls  de),  p.  8  I  I  . 

—  (prud'hommes  de),  p.  8  1  I . 

—  (seigneur  de),  p.  189. 

Saint-Félix  de  Montseau,  abbaye,  p.  202. 
Saint-Flolr,  p.  567  [Cantal). 
Saint-Frodille,  abbaye,  p.  247. 
Saint-Firmin,  église  de  Montpellier,  p.  202. 
Saint-Front,  château  de  Périgueux,  p.   102. 
Saint-Gaudexs,    pp.    126,497,522,886;    se   rend 
volontairement  à  Simon   de  Montlori,  p.  383. 
Saint-Geniés,  abbaye,   pp.  202,  457. 

Saixt-GexièS,  château,  p.  743;  Saint-Geniés  de 
Varensale  [Hérault),  arr.  de  Béliers. 

Saint-Geniés,  château  du  Rouergue,  p.  430. 

Smnt-Georois,  lieu  dans  le  Toulousain,  pp.  202, 
3o7  ;  Saint-Jory  (Haute- Garonne),  arr.  de  Tou- 
louse. Voyei  Saint-Jory. 

Saint-Gérald,  quartier  de  Toulouse,  p.   176. 

S.   GÉRI,  natif  de  Lunel,  p.  817. 

Saixt-Gekmain,  abbaye,  plus  tard  Gigean,  p.  661. 

Saint-Germain,  village,  p    98. 

Saint-Germain   ex   Laye,  p.  61 5. 

Saint-Germain  uc  la  Puade,  p.  527. 


I028  TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 

Saint-Gbrmain  des  Pkés,  abbaye;    une  relique  de  Saint-Laurent,   château,    pp.  608,   660;  chàlcau 

saint    Vincent,    martyr,    y    est    apportée    p.ir  Ac  l'Ardèclie. 

Louis  VIII,  p.  463.  Saint-Lai^kent,  p.  3^i;  château  du  Gard. 

Saint-Gcumieu  (seigneurs  de),  p.  679.  SAiNï-LA/.Ar.ic  d'Acre,  p.  83o. 

Saint-Gili.es,   abbaye  &  château,  pp.   14,    lô,  63,  Saint-Lizier,  p.  499  (..^ricge),  arr.  de  Saint-Girons, 

119,    149,    160,   161,    171,    ^72,    188,   284,  3o3,  Saint-Lolis,  chapelle    sur   le    Pont-Saint-Esprit, 

3i7,  3i8,  489,  5o3,   ")04,  r>i3,  5.O7,  Mo,  601,  p.  891. 

608,  709,   884,   83."),  936:   les   Pisans  &  les  Gé-  .,  ..  ,.  ,.      •■    o     j . 

•      ;     ,•  ,         li  -      /       _     1.,  sai.nt-IVIarcei.,  château,  pp.  .162,  ije  ;  détruit  par 

nois  s'y  livrent  bataille,  pp.  14,  ly,  16,   17;  les  '         r  -n-    ,-r       -  , 

,      T      t  o     j       r  1  '       1;  Simon    de   Montlort,     p.    iJj    (Tarni,   arr.     de 

comtes  de    Toulouse   &   de    1-ovcalquier    s  y    11-  ^    ■„  '  ^  ' 

.-.>  1  -l'A  ■>  Gjtllac. 

puent,    en    i  160,  contre  le  roi  d  Aragon,  p.  J2  ; 

Riiimond    V    y    conclut    la    paix    avec    Roger,  Sai.nt-Marcel  d'Abdéciie,  p.   147. 

vicomte  de  Béziers,  p.  43  j  les  noces  de  Béairix,  Sa  int-Mai',ti\   de  Crez,  p.  4J. 

héritière  du  Dauphiné,  &  de  Hugues  III,  duc  de  Saint-Maktin   des  Landes,  village  prés  de  Castel- 

Boiirgogne,    y    sont    célébrées,    p.     loj;     Rai-  naudary,  pp.  370,  371;   Saint- Martin-U-Lande 

mond   V   y    confirme    plusieurs    actes   en    1189,  (Aude),  arr.  de  CastelnauJary. 

p.   i33;    les   légats  &   Raimoiid  \'l  y  ont   une  c.  ^yI  i  >    i 

r  '        r.     °        1      ,-        1  '    o  Saint-Martin-    de  Li.molx,  eehse,  p.  2^4. 

entrevue;     Pierre    de    Castelnau    y    est    tue    «  ..  ,.  1     ,,    ,  ,  ,    ,7 

inhumé  dans  l'abbaye,  p.  262;  un  concile  y  est  ^aint-.Marti.v,  chapelle  de  1  abbaye  deValmagne, 

tenu,  p.  277  ;  accord  entre  le  comte,  l'.ibbé  &  les  P'    '■'■'• 

consuls,   p.    281;    Raimond    VI    y    est    appelé  Saint-Maktin     de    Uuertas,    église    paroissiale, 

par  les  légats,  p.  323;  le  comte  de  Toulouse  s'y  p.  40. 

rend      p     334;    un    concile     dans    lequel    Rai--  Sa.nt-Martin    de  V,i.eerecla,n  ,    lieu,    pp.    79., 

mond   VI    ne    peut    se    ,ustifier,   y    est    tenu    en  -;c)2  ;  Saint-Martin  de  rHlereglan  (Au.ie). 

1 2io,  p.  .!3.);    Louis  \  lu  y  reçoit  les  deputesdu  '    '  o         v  ; 

concile  de  Montpellier  envoyés  À  Rome,  p.  4".ri;  Saint-Maurin  (abbé  de),  p.  737. 

l'entrée  de  la  ville  est  refusée  à  Simon  de  Mont-  Saint-Merry,  église  de  Paris,  p.  872. 

fort,  p.  ;Ï34;   le  roi  Louis  IX  y  passe  en  juillet  Saint-Michel,  château,  pp.  375,  385;  Saint-Mi- 

1254,  pp.  836,  837.  ckel  de  Lane^l^Aude),  arr.  de  Castelnaudary. 

—  (abbé  de),  p.  764.        ^  Saint-Micuel  de  Cuxa,  abbaye,  p.  701. 
_  (comté  de),  pp.  48,  854,  Saint-Michel  de  Gailuc,  abbaye,  p.  666. 

—  (port  de),  p.  46.  Saint-Michel,  hôpital  dans  le  Larzac,  p.  61. 
Saint-Girons,  p.  886.  Saint-Nazaibe,  château,  p.  856;  Saint-Na^aire  de 
Saint-Gum.lEM  du  Dkseiit,  abb.nye,  pp.  3,  41  ,  247.  Rive  d'Aude  {Aude),  arr.  de  Narionne. 

—  (abbé  de),  p.  842.  Sai\ï-Ma/.aire,  église  de  Carcassonne,  pp.  154,520, 
Saint-Gcillem,  hôpital,  à  Montpellier,  p.  202.  — (chapitre  de),  p.  75. 

Sai.vt-Haond  ,    en    N'clai  ,    p.    528;     Saint-Haon  Saint-Omer,  en  Artois,  p.  101. 

{Haute-Loire),  arr.  JuPuy.  Saint-Orens,  château  du  Gers,  p.  664. 

Saint-Hilaire,  abbaye,  pp.  i53,  154,  56i,  562,  Saixt-Papoll,  abbaye,  pp.  204,  5i3. 

—  (abbé  de),  pp.  707,  842.  —  (abbé  de),  p.  737. 
Saint-Hil.\ire  de  Poitiers,  p.  921.  Sai.nt-Pakgoire,  lieu,  p.  202. 
SAiNTjACQt;ES  DE  Bkziers,  abbaye,  p.  40.  Sainï-Pail  slr   l'Acoet,    p.   60S,  754;   ses    murs 

(abbé  de)    pp.  767,  842.  doivent  être   détruits,  p.    635;   Saint-Paul-Cap- 

Saint-Jacqles  de  Co.mpostelle,  pp.  779,  9,9.  '''-^■""'  C^"'-").  "'■  '''  ^''^'""■■ 

Saint-Jacques  de  Doliie,  abbaye,  p.   10.  —  (consuls  de),  p.  8,,. 

Saint- Jacques,  cloître  de  Melgueil,  p.   1  20.  -  (prud'hommes  de),  p.  8  .  . . 

Saint-Jacques,  église  de  Toulouse,  p.  658.  Saint-Paul,  village  près  de  Beaucaire,  p.  270. 

Saint-Jacques  (chemin  de),  p.  143.  Saint-Paul  de  Fenouillédes,  prieuré,  p.  57. 

Saint-Jean,  église  d'Alais,  p.  535.  Sai.nt-Paul  de  Fboxtigxan,  paroisse,  p.  2o5. 

Saint-Jean  d'Angély,  p.  917.  Sai.vt-Paul  de  Naiido.nne,  abbaye,  pp.  29c,  414, 
Saint-Jean  de  Campaunac,  commandcrie  au   dio-  597,715,784. 

cèse  de  Béziers,  p.  737.  —  (abbé  de),  pp.  758,  802,  897. 

Saint-Jean  de  Jérusalem  (chevaliers  de),  pp.  i3,  Saint-Paul  de  S(clérac,  château,  p.  207. 

864.  Saint-Paul-Trois-Ciiate\ux,  ville,  pp.  199,  £o3. 

Saint-Jean  de  Verges,  ville  &  château,  pp.  494,  —  (diocèse  de),  p.  807. 

614,  6H0  {Ariége),  arr.   de  Poix.  Saint-'Pauliian  ,    château,     p.    36;    Saint -Paulicn 
Sa.NT-JorY,    près    Toulouse,   pp.    209,   237,  754.  {Haute-Loire),  arr.  duPuy.  ^ 

Voye^  Saint-Geokces.  Saint-Pierre  de  Amelariis,  château,  p.  47. 

Saint-Julien,  abbaye  à  Brioude,  p.  98.  Saint-Pierue  d'Abéna,  faubourg  de  Gènes,  p.  928. 

Saint-Julien,  église  du  Mans,  p. .104.  Saint-Pierbe  de  Bannes,  église,  p.  75. 

Saint-Just  (maison  de),  p.  883.  Saint-Pierre  du  Bois,  église,  p.  220. 


TABLE  GENERALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIERES. 


1039 


Saint-Pierkb  nrs  Clisinks,    bourg    de   Toulouse, 

pp.  176,  497. 
Saint-Pikrke  nn  n  Tolu,  abbaye,  p.  S.lp. 
Saint-P(ïns,    château,    pp.    71,    i.'îrt,    202;    Samt- 

Pons  de  Mauchicns  (^Hérault],  arr.  Je  Béliers. 
Sai>t-Po>s  de  TiioMiÈr.ES,  abbaye,  pp.  236,  672, 

784.870. 

—  (abbé  de),  pp.  757,  842. 

Saixt-Pons,  ville,  p.  19")  ;  groupée  autour  de  l'ab- 
baye de  Saint- Pons  de  Th  ornière  s,  est,  dès  1171, 
entourée  de  mur.iilles,  p.  42;  ses  habitants 
jurent  fidélité  à  Louis  VIII,  p.  606. 

Saint-Pout-sir-Seine,  p.  823. 

SAIXT-Qt  F.NTIN,  château,  p.  37;  Siint-Qucnlin- 
sur-les-Monts  [Haute-Loire],  arr.  du  Puy. 

Saint-Resiésy,  rue  à  Toulouse,  p.  49:"). 

SAi.\T-RtMY,  p.  1)^6  [Bouchcs-du-Rhàne). 

SAiNT-RtMi   iiE  Reims,  abbaye,  p.  388. 

Saint-Romaix,  église  à  Toulouse,  p.  4'i9. 

Saixt-Rome,  château,  pp.  671,  7Ô1  {Haute-Ga- 
ronne), arr.  de  Vdlcfranche  de  Lauragais. 

Saixt-Rif,  abbaye,  p.  331. 

Saixt-Salvi,  église  collégiale  d'Albi,  pp.  2-,  626, 
912. 

SAixT-SATfKNiN   OE  Caivisson,  prieuré,  p.  209. 

Saixt-Satirxin  dl   Port,  monastère,  p.   196. 

—  Tille,  pp.  49,  134,  19"»,  334,  J04,  814,  890, 
891,  892. 

Saixt-Sauveur   de  Carcassonxe,  monastère,  p.  82. 
Saixt-Serxix,  église  de  Béziers,  p.  ;»8. 
SAl^T-SE^Xl^,    abbaye,  à  Toulouse,  pp.  176,  233, 
584,  6.*);). 

—  (abbé  de),  à  Toulouse,  p.  689. 
Saixt-Sever  d'Agde,  abbaye,  p.  Ô6. 
Saixt-Sever-Cai-,  abbaye,  p.  9'i. 
Saixt-Séverix,  église  de  Bordeaux,  p.  323. 
SAi!«T-Stt.rir.E,   au    diocèse    de  Toulouse,  p.    691; 

Saint-Sulpice-de-la-Pointe  {Tarn), arr.  de  Lava ur. 

Saixt-TiiEodard,  abbaye,  p.  666. 

Saixt-TiiibèrY,  abbaye  8c  lieu,  pp.  41,  60,  68, 
89,  90,  I  i5,  3i3,  784;  des  statuts  de  réforme  y 
sont  dressés  dans  une  assemblée  générale  des 
Bénédictins,  en   1271,  p.  931. 

—  (abbé  de),  p,  7J7- 

Saint-Thomas,  château,  p.  1  43  j  Saint-Thomas-du- 
Désert  (Haute-Garonne),  arr.  de  Muret. 

Saint-Valkre,  château,  p.  8J6;  Samtc-Valicre 
{Aude),  arr.  de  Carcassonne. 

Saint-Victor,  château,  p.  811. 

Saint-Victor,  ermitage  au  diocèse  de  Narbonne, 
p.  210. 

Saixt-Victor  de  Marseille,  abbaye,  pp.  97,  178. 

Saint-Victor  de"Paris,  abbaye,  p.  10. 

Saint-Vincent  de  Laon,  abbaye,  p.  463. 

Saint-Vincent  de  Castres,  église,  p.  672. 

Saixt-Vincext  de  Lixel-Viel,  p.  199. 

Saixt-Volisiex   de  Foix,  abbaye,  pp.  32,  127. 

Saixt-Ydars,  lieu,  p.  -33;  ancien  nom  de  Sauve- 
terre  Saint-Yhars. 

Sainte -Anastasie,  p,  28J  (Gard),  arr.  d'Unis. 


Siixte-Baseiile,  p.  027;  Sa'inte-Ea\c'illc  {Lot-&- 
Garonne),  arr.  de  Marmande. 

Saixte-Ciciie.  cathédrale  d'Albi,  p.  626. 
Smxte-Claire  de  Béziers,  couvent,  p.  883. 
Saixte-Colomue,   village   du    pays    de   Cheircorb, 

p.   28  ;    Saintc-Cclomèe-sur-Lcrs    {Aude),    arr.    de 

Limoux. 
Saixte-Colomte,  lieu  près  de  Saint-Gilles,  p.  280. 
Saixte-Croix  de  Bordeaux,  abbaye,  p.  95. 
SvixTE-Cnoiv   DE  MoNTi'ixMEi'.,  église,  p.  204. 
Saixte-Croiv  DE  VoLVESTi'.E,  monastère  de  l'ordre 

de  Fontevrault,  dans  le  Toulousain,  pp.  48,  8o3. 

Sainte-Elgéxie,  monastère,  p.    140. 

Saixt-Eilalie  de  Béziers  ,  église  donnée  par 
l'évéque  aux  frères  de  la  milice  du  Temple, 
p.  40. 

Saixte-Foy  d'Aiorefelili.e  ,  p.  419  (Haute-Ga- 
ronne), canton  de  Lanta. 

Saixte-Foy,  nom  du  chef-lieu  du  Savez,  p.  720; 
Sa'inte-Foy-de-PcyroVt'eres  [^Hautc-Garonne),  arr, 
de  Muret. 

Smxte-Foy,  en  Agcnais,  reçoit  des  coutumes  d'Al- 
fonse  de  Poitiers,  en   1206,  p.  Sâi. 

Saixte-Livrade,  p.  447  [  Lot- &- Garonne),    arr.  de 

Villeneuve -sur-Lot. 
Saixte-Marie,  église  de  Carcassonne,  p.  154. 
Saixte-Marie  de  Corxéillax,  prieuré,  p.  8J9. 
Saixte-Marie  de  Lesccre,  église  située  entre  La- 

vaur  &  Puylaurens,  p.  46c. 
Sainte-Marie  de  Limocx,  église,  p.  Ô62. 
Saixte-Marie  de  Procille,  p.  2J4, 
Saixte-Marie  du   Piy,  p.  709. 
Sainte-Marie  de  Suméxe,  église,  p.  47. 
Saixte-Martiaxé,  église  d'Albi,  pp.  27,  626. 
Saintes,  p.  749. 

Smxtes-Scardes,  place  de  Toulouse,  p.  49'). 
Saintoxce,  pp.  742,  823,  900. 
Saissac,  château  de  la  sénéchaussée  de  Ca  rcasscnne, 

pp.  57,  3i;ï,  319,  367,  371,  678,  719. 
—  (maison  de),  p.  617. 
Salescit,  lieu,  p.  Ô28. 
Salies,  château,   p.    442  {Haute-Garonne^,  arr.   de 

Satnt-Gaudens. 
Salisrlry,  château  en  Angleterre,  p.   io3. 
Salin  de  Carcassonne,  p.  52o. 
Salléles,  prieuré,  p.  6. 
Salléles,   village,  p.  40;    SaV.eUs    d'Aude  [Aude), 

arr.  de  Narbonne. 
Salles,  bastide  construite  par  Alfonse  de  Poitiers, 

p.  930  (Haute-Garonne),  arr.  de  Muret, 

Salu;xac,  ehâteau  du  Périgord,  p.  697. 
SALOMON  ABEN  TYBBON,  juif  de  Montpellier, 

P-  944- 

SALOMON   RASCI,  juif  de  Lunel,  p.  944. 

Salvaosvc,  château  en  Albigeois,  p.  "187  (Tarn), 
,arr.  de  Gaillac. 

Salvaxez,  monastère  en  Roucrgue,  pp.  :'Ï7,  82; 
Roger,  vicomte  de  Foix,  confirme  des  donations 
faites  en  sa  faveiir  par  ses  prédécesseurs,  p.  44^ 
auj.  Silvanes   (Aveyron),  arr.   de  Saint-AJfrijue, 


lOJO 


TABLE  GENERALE  DES  NOMS   ET  DES  MATIERES. 


Salvf.tat,  cliâteau;  accord  à  son  sujet  entre  le 
vicomte  de  Béziers  &  l'abbé  de  Saint-Pons  de 
Tlioraières,  pp.  42,  771;  l't  Salvctut  d'Angles 
(^Hérault'),  arr.  i;  Sù'tnt-Pons . 

Sa.m\tan,  château,  p.  73.")   [Gers),  arr.   de   Lomhe^. 

Samnon,  château,  p.  7J4. 

SAMUEL  BKNf  SALOMON ,  surnommé  NIN  DE 
CARCASSONNE,  p.  944. 

SAMUEL,  juif,  baile  des  domaines  de  Raimond- 
Roger,  vicomte  de  Béziers  &  de  Carcassonne, 
p.  208. 

San-Subra,   faubourg   de  Toulouse,  pp.  â^p,  "118. 

SANCHK  VI,  roi  de  Navarre,  pp.  :i()'),  484. 

SANCHE,  frère  du  roi  d'Aragon,  pp.  69,  II.3; 
devient  comte  de  Provence  après  la  mort  de 
Raimond-Bérenger,  p.  94;  oncle  de  Pierre  II, 
roi  d'Aras;on,  pp.  211,  2  1  6  ;  comte  de  Roussil- 
lon  &  de  Provence,  pp.  Ô4,   19"),  199,  441,  442. 

SANCHE,  infant  d'Aragon,  fils  du  roi  Jacques, 
p.  5i 2. 

SANCHE,  seigneur  d'Aure,  p.  213. 

SANCHE,  fils  de  Raimond-Bérenger  IV,  p.  33. 

SANCHE  GASCUS,  p.  2.04. 

SANCIE  DE  CASTILLE,  femme  d'Alfonse  II,  roi 
d'Aragon,  pp.  62,  63,  176. 

SANCIE  D'ARAGON,  fille  d'Alfonse  II,  roi  d'Ara- 
gon, &  femme  de  Raimond  \'II,  pp.  177,  240, 
625,  534,  567;  son  divorce  avec  Raimond  VII, 
p.  668;  se  retire  au  château  de  Pernes  &  y 
meurt  en   1249,  pp.  729,  730. 

SANCIE  DE  NAVARRE,  première  femme  de  Pierre 
de  Lara,  p.  210. 

SANCIE  DE  PROVENCE,  pp.  727,  729;  est  épou- 
sée, par  procuration,  par  le  roi  d'Aragon,  au 
nom  de  Raimond  VII;  son  mariage  est  rompu; 
elle  épouse  Richard,  frère  du  roi  d'Angleterre, 
p.  733. 

Sardane  (porte),  à  Toulouse,  p.  490. 

SARRA.S1NS,  p.  172;  sont  battus  à  Los  Naves  de 
Tolosa,  p.  383. 

SAtLT  (vicomte  Sk  pays  de),  pp.  44,  66,  91,  768, 
81  8,  809,  934;  une  partie  est  réunie  au  domaine 
du  roi,  p.  722. 

SAURE,  seconde  femme  de  Raymond  Trencavel, 
vicomte  de  Carcassonne,  mère  de  Roger,  p.  3o. 

SAURE,  fille  de  Hugues  de  Cessenon,  p.  S:)0, 

SAURIMÈNE,  sœur  de  Gentile  de  Gensac,  p.  706. 

Saussan,  château,  p.  5i2  (Hérault),  arr.  de  Mont- 
pellier. 

Saussen.s,  lieu  du  diocèse  de  Carcassonne,  p.  142; 
SauTens  (Aude),  commune  de  Caux-Sau^ens. 

Sauve,  château  &  seigneurie,  pp.  39."),  396,  601, 
75.1,  83o. 

—  monastère,  p.  666. 

—  (baillage  de),  p.  934. 

—  (seigneurs  de),  p.  39.")  (Garrf),  arr.  du  Vigan. 
SauVecane,  monastère  du  diocèse  d'Aix,  p.  24. 
Sauvegarde  confirmée  à  Toulouse,  p.   168. 
Sauveterre;  sa  fondation,  p.  ^ZZ  (Haute-Garonne), 

arr.  de  Muret. 
SauviAN,  p.  546  (Hérault),  arr.  de  Béliers. 


S^LZET,  domaine,  p,  71. 

SAVARIC    DE    MAULÉON,    sénéchal    d'Aquitaine, 

pour   le    roi    d'Angleterre,  pp.   349,    363,   371, 

3/3,  417;  poète  provençal,  p.  559. 

Saverdun,  château,  pp.  193,  197,  3io,  319,  3-,5, 
664,  732,  748,  7.-M,  704,  7Û0,  773,  794,  889; 
soumis  à  Montfort,  p.  393;  ses  murs  doivent 
être  détruits,  p.  63.'). 

—  seigneurie,  p.  760  (Ariége),  arr.  de  Pamiers. 
Save/,,  portion  du  Toulousain,  pp.  I25,  126,667. 

—  (seigneurs  de),  pp.  720,  7.51,  757. 
Savignac,  château,  p.  720. 

Sceau  de  Raimond  V;  sa  description,  p.  43. 
Sceaux   de  barons,  apposés  â  une   ordonnance  de 
saint  Louis  touchant  les  juifs,  p.  639. 

—  d'évéques  apposés  au  traité  de  1229,  p.  632. 
SEBASTIEN,  évéque  de  \'iviers,  pp.  693,  770. 
Secte  des  encapuchonnés  au  Puy,  pp.  108,  109. 
Sécui.arisatio.n  de  la  cathédrale  de  Mende,  p.  540. 
SE3NIS,  comtesse  d'Astarac,  pp.  771,  778,  811. 
SEGUIN"  DE  BOULOGNE,  p.  287. 

Ségur,  château,  p.  4.50. 
Seguret,  abbaye,  p.  36. 
SEISSE,  femme  de  Guillaume-Bernard  de  Lescure, 

p.  Ô66. 
Séxéciial  de  Beaucaire  &  de  Nimes,  pp.  612,  897. 

—  de  Carcassonne,  p.  614. 

—  de  Rouergue,  p.  641. 

SÉ.vfxiiAU.ssÉK  d'Agenais,  p.  46Ô. 

—  de  Beaucaire  &  de  Nimes,  pp.  643,  935;  son 
origine,  p.  464;  son  étendue,  p.  64c. 

—  de  Carcassonne  &  de  Béziers,  pp.  640,  642,  6  )3, 
927;  son  origine,  p.  464. 

—  de  Rouergue,  p.  46.'). 

—  de  Toulouse,  p.  9o3. 

Sénéchaussées;  origine  de  leurs  assemblées,  p.  912. 
Sénéchaux,   pp.   933,    934;   administrent   la    Pro- 
vince sous  Alfonse  de  Poitiers,  p.  823. 

Sèneoas,  château,    pp.  438,  678,  679  (Tarn),  com- 
mune de  Saint-Pierrc-de-Trévisi. 
Seneuil,  seigneurie,  p.  799. 

—  château,  p.  37. 
Senlis,  p.  63  I . 

—  (érêque  de),  p.  829. 
Sens,  pp.   12,  624,  63 1,  680. 
Septimanie,  p.  97. 

Serfs,  p.  942;  vendus  à  l'abbaye  de  la  Grasse, 
p.  .)02;  affranchis  par  Alfonse  de  Poitiers  dans 
son  testament,  p.  919. 

SériGNAN,  pp.  .Î46,  857  (Hérault),  arr.  de  Béliers. 

Serment  refusé  aux  légats  par  Bérenger, archevêque 
de  Narbonne,  p.  232;  prêté  par  les  consuls 
d'Avignon,  de  Nimes  &  de  Saint-Gilles  au  légat, 
p. ,279. 

Servian,  château,  pp.  286,  32  j,  535,  658  (Hérault), 
arr.  de  Béliers. 

—  forêt,  p.  873. 
SERyiKZ  (Aude),  p.  601. 


TABLE  GENERALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIERES. 


io3i 


SEnviTL'Dr.  iibolie  dans  la  Province  par  Philippe  le 

Bel,  p.  943. 
Seu-d'Urgel,  ville  d'Espagne,  p.  7o3. 
Selue,  village  près  de  Saint-Gilles,  p.  280. 
StVEr.Ar,    château,    p.   ^JO    (Aveyron),   arrond.    de 

Millau. 
SIBYLLE    D'ALAIS,    veuve     de     Raimond-Pelet, 

p.  8.".-. 
SIBYLLE  D'ANDUZE,  p.  772. 
SIBYLLE  UAUTERIVE,  p.  -oC. 
SIBYLLE  DE  FOIX  ,  femme  dAymeri,  vicomte  de 

Narbonne,  pp.  887,  924. 

SIBYLLE,  fille  de  Guillaume  VII,  seigneur  de 
Montpellier,  femme  de  Rairaond-Gaucelin  , 
pp.  46,  47,  4:)7. 

SIBYLLE,  fille  de  Raimond-Aton  de  Murviel, 
pp.   |36,  137. 

SICARU,  abbé  de  Montolieu,  p.  64. 

SICARU    0'ALAMAN,   fils   de    Déodat    d'Alaman, 

pp.  f.92,  727,  ^(,",  771,  772,  778,  8o3,  811, 

8i-7,    88j,    937,    908,     918;    confirmé     comine 

lieutenant-général  d'AKonse  dans  !e  comté   de 

Toulouse,  p.  817. 
SICARD  U'ALAMAN,  fils  de  Sicard,  pp.  917,  918, 

921. 
SICARD  D'AYDIE,  p.  489. 
SICARD  DE  BOYSSE,  p.  8.5. 
SICARD  CEI.LERIKR,  hérétique,  p.  220. 
SICARD  DE  KROTIERS,  p.  697. 
SICARD  V,  vicomte  de  Lauirec,  pp.   4,  99,    140, 

149,    i:J3;  épouse,  en    1176,    Adélaïde,    fille    de 

Raimond  Trencavel,   p.  3^. 

SICARD  VI,  vicomte    de    Lautrcc,  pp.   438,   ;J3û, 

;'.83,  587,  626,  673,  678. 
SICARD  VII,  vicomte  de  Lautrcc,  pp.  £.">.">,  9^2. 
SICARD  DE   !\UREMONT,  p.  772. 
SICARD  DE  MONTAUT,  pp.  r,3c,  6\:,,  697,  773, 

811,  399,  917. 
SICARD,   seigneur   de    Murviel,    pp.   93,  94,  730, 

784. 
SICARD   DE   PUYLAURENS,   pp.    194,    368,  373, 

60.5,  606,  942. 
SICARD,    frère    du    vicomte    de    Saint-Antonin, 

p.   142. 
Sicile,  pp.  14,  i34,  892. 
Siège  de  Beaucaire,   pp.  487,  408,  489,  49-,  491, 

492. 

—  de  Béziers,  par  le  roi  d'.\ragon,  p.  3;. 

—  de  Cabaret,  p.  3.îo. 

—  de  Casseneuil,  p.  446. 

—  de   Castclnaudary,    pp.    369    à    374;    est    levé, 
pp.  3t4,  37.*»,  .'>39. 

—  du   château   de  Fourques,  par  le   roi   d'Aragon, 
p.  93.  ^ 

—  du  château  de  Hauiefort,  p,    104. 

—  &   prise    de    Lavaur,   pp.    (;■>,   97.    3.îi,     3,")2  , 
3.>4,  35;"»,  356,  .357. 

—  de  Limoges,  en   11 83,  p.   io3. 

—  de  Marmande,  p.  446. 

—  de  Maurillac,  p.  445. 


SiKci;  de  Montferrand,  p.  36o. 

—  de  Montréal,  p.  ;'>4i. 

—  &  prise  du  château  de  Montségur  sur  les  héré- 
tiques', p.  768. 

—  du  château  de  Murviel,  par  Alfonse  II,  p.  94. 

—  de  Nonnette,  par  Louis  le  Jeune,  p.  35. 

—  &  prise  de  Penne,  pp.  387,  388, 

—  du  Pujol,  p.  42?. 

—  &  prise  du  château  de  Quéribus,  p.  842. 

—  de  Séverac,  p.  450. 
SIGISMOND,  noble  génois,  p.  16. 
SIGNIS,  comtesse  d'Astarac.  Voyc:^  SEGNIS. 
SIGUIRAN,  château,  p.  857. 

SIMON,    trésorier    de     Saint-Martin    de    Tours, 
p.  863. 

SIMON  DE  LISESNES,  pp.  419,  420. 
SIMON    DE    MONTFORT,    comte    de    Leycestre, 
pp.    114,    123,    126,   284,  324,   325,   417,   ÛOI, 
69-,  868,  872,  873;   se  croise,   p.   267;   est   un 
des   premiers  à  montera  lassant  des  faubourgs 
de  Carcassonne,  p.  292;  est  élu  seigneur  de  tous 
les  domaines  du  vicomte  Raimcnd-Roger,  p.  297; 
ses    qualités,   son    portrait,   p.    298;    établit   un 
cens  annuel  en  faveur  de  l'Eglise  romaine  dans 
tout    le  pays,   pp.    298,   299;    garde    une  partie 
des  croisés  à  sa  solde,  p.  299;  après  une  course 
à  Castres,  rejoint  l'armée  campée  vers  Carcas- 
sonnne,  pp.  3oi,  3o2j  ce  qui  lui   reste  de  trou- 
pes   en    septembre    1209,   p.   3o3;    suite    de    ses 
expéditions;   établit  sa    principale   résidence   à 
Carcassonne;  soumet  le  château  de  Mirepoix  & 
prend   possession   de  Pamiers;    soumet    les  châ- 
teaux de  Saverdun  &  de  Loinbers,  la  ville  d'Albi 
&  une  grande  partie  de  l'Albigeois;    revient  à 
Carcassonne,  pp.  309,  3  I  o,  3  il  ;   écrit  au   pape 
&  lui    envoie    un    ambassadeur,  p.  3i2;    fait  de 
nouvelles  conquêtes;  veut  fa  ire  hommage  au  roi 
d'Aragon    qui    refuse;    s'accorde  avec   Agnès   de 
Montpellier,  p.  3i4;  perd  une  partie  des  lieux 
conquis    par   lui,    p.    3i5;    est  confirmé    par   le 
pape  dans  la  possession  de  ses  conquêtes,  p.  3  1  7; 
plus  de   quarante  châteaux  se  révoltent,  en   peu 
de  temps,  contre   lui,  p.  3i9;   amène  sa    femme 
à  Carcassonne;   suite  de  ses  expéditions;  assiste 
à   um  conférence,  à  P,nniers;   attaque   les   do- 
maines   du  comte   de   Foix,   p.  326;    sur  la   de- 
mande du   roi  d'Aragon,  accorde   une  trève  qui 
est   bientôt  rompue,  p.  327;   assiège  &  prend  le 
château    de    Minerve,    pp.    329,   3:')o,   33 1  ;   est 
confirmé  par  le   pape  dans   la    possession  de  la 
ville   d'Albi,  p.  3j2;    suite   de   ses   expéditions; 
liège  du  château  de  Termes,  pp.  333,  338,  339, 
340;    accorde    une   capitulation   à   ce   château, 
p.  341;  retient  Raimond  de  Termes  prisonnier; 
protège    les    femmes   laissées  au  château  de  Ter- 
mes, p.  342;   soumet   plusieurs   places   &  va    en 
Albigeois;    son    entrevue    avec    Raimond    \'I  ; 
son  Itinéraire  après  la   prise  de  Termes,  p.  3^3; 
assiste   à    la   conférence   de    Narbonne,    p.  344; 
fait   hommage   à   Pierre,   roi   d'Aragon,   pour  le 
comté    de    Carcassonne;    assiste    au    concile    de 
Montpellier;  offre  sa  fille  en  mariage  pour  Jac- 
ques,   fils    du    roi   d'Aragon,    p.    345;    reçoit   la 
soumission  du  château  de  Cabaret,  p.  35o;   en- 
treprend le  siège  de  Lavaur,  p.  35i  ;  reçoit,  à  ce 


TABLE  GENERALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


sicge,  des  secours  des  Toulousîiins,  p.  j  J2  ;  déclii  re 
la  guerre  au  comte  de  TouloLise  Se  prend  sur  lui 
diverses    pinces,    p.  'Î.Jp;    prend    différents   châ- 
teaux; ravage  le  Toulousain,  met  le  siège  devant 
Toulouse;  combat  le  comte  de  Toulouse  dans  la 
plaine    de    PHers;    tente   l'assaut;    est    repoussé, 
pp.  36o,  ?>6i,  !>62,  363,  364;  lève  le  siège;   fait 
le  dégât  dans  le  Toulousain  ;  ravage  le  comté  de 
Foix,  pp.  365,  366  ;  s'empare  de  Cahors,  p.  067; 
sa  situation  désespérée,  p.  368;  est  assiégé  dans 
Casielnaudary  par  Raimond  VI,  p.  369;   trahi 
par  Guillaume  Cat,  p.  371;   sa    présence  décide 
du    gain    de    la    bataille  de   Castelnaudary  pour 
les  croisés;  rentre  dans  Castelnaudary  pieds  nus 
&  fait  chanter  le  Te  Dcum ,  pp.  373,  374;  prend 
le  château  de  Coustaussa  ;  perd  une  partie  de  ses 
conquêtes  dans  T Albigeois,  p.  37:3  ;  va  à  Pamiers, 
puis   à   Fanjeaux,    p.   376;    reçoit   un   nouveau 
renfort   de   croisés  &  continue  ses   expéditions; 
est    secouru    par    Gui    de    Montfort,   son   frère, 
p.  377;  assiège  8c  prend  le  château  d'Hautpoul, 
le   fait    raser,  va   à  Sorèzc,    p.    384;    reçoit   un 
nouveau    secours   de  croisés   &  reprend   diverses 
places  sur  le  comte  de  Toulouse,  p.  385;  assiège 
&  prend  Saint-Antonin,  p.  386;  soumet  l'Age- 
nais;    assiège    &    prend    le    château    de    Penne, 
p.   387;   prend    Marmande   &  Biron,  punit   la 
défection    de    Martin    d'Algais;    traite    avec    le 
vicomte    de    Béarii;    assiège    Moissac,    p.    389; 
prend  Moissac  &  différentes  places  des  environs  ; 
fait   présent  au   pape  de  mille   marcs  d'argent, 
pp.  390,  391,  392;  porte  la  guerre  dans  le  pays 
de  Koix;   soumet  Muret  &  une  partie  du  Com- 
minges,  p.  393;  étend  ses  courses  jusqu'aux  en- 
virons de  Toulouse   &   fait  le   dégât  aux  alen- 
tours,   p.    394;    fait   encore    des   conquêtes   sur 
le  comte  de  Toulouse;   convoque  une  assemblée 
à    Pamiers    &   y    publie   des   coutumes    pour   le 
gouvernement  du  pays  conquis,  p.  396;  articles 
qu'il   doit  observer   lui-même,  p.  397;    inféode 
des    terres   à   divers    chevaliers    français;    visite 
plusieurs  villes,  p.  398  ;  sa  conduite  blâmée  par 
Innocent    III,    pp.    399,  400;    acquiesce   à    une 
trêve   de  huit   jours,  durant    le  concile  de   La- 
va ur,  p.  402;  se  rend  à  Narbonne;  défie  Pierre  II, 
p.  416;  reçoit   un    nouveai;  renfort  de  croisés  & 
continue    ses    expéditions,    p.    418;    don.ne    la 
ceinture    militaire   â   Amauri,   son    fils,  p.  419; 
est  dans  le  CommingeS;  vient  à  Carcassonne,  à 
Castelnaudary;    vient     au     secours    de    Muret, 
pp.    421,   422;    s'arrête   à    Boulbonne,    passe    la 
nuit  à   Saverdun,  s'avance  sur  Auterive,  arrive 
en   face  de  Muret,  p.  423;    entre   dans   Muret, 
entend  la  messe  dans  l'église  du  château;  donne 
l'ordre  à  son  armée  de  marcher,  p.  425;  engage 
le    combat,    pp.    426,    427;    est  vainqueur;    re- 
cherche le  corps  du    roi   d'Aragon;   se   rend    nu- 
pieds   dans    l'église    de    Muret,    p.   428;    offre   à 
Dieu  ses  actions  de  grâces,  p.  429;   profitant  de 
sa  victoire,  il  porte  ses  armes  d,u  côté  du  Rhône, 
désole  le  pays  de  Foix,  p.  432;  conclut  le  ma- 
riage d'Amauri,  son   fils,  avec   Béatrix,  fille  du 
dauphin   de  Viennois,  pp.  433,  434;    retourne 
du  côté  de  Toulouse;   les  Aragonais  &  les  Cata- 
lans lui  réclament  leur  jeune  roi;   est  obligé  de 
le  leur  rendre,  pp.  434,  435,  436;   fait  le  dégât 
dans   le    pays   Narbonnais;    se    rend    maître    de 
Moissac;    part   pour  l'Agcnais,  p.   438;   assiège 


le  Mas-d'Agenais;  lève  le  siège;  passe  à  Penne; 
se  rend  à  Narbonne  &  remet  Jacques  I,  roi 
d'Aragon,  aux  mains  du  légat,  p.  440;  achève 
d'envahir  les  Etats  de  Raimond  VI;  se  fait 
donner  les  vicomtes  de  Nimes  &  d'Agde  par 
Bernard-Aton;  va  au-devant  de  l'armée  des 
croisés  qui  arrive  de  France,  pp.  443,  444; 
retourne  vers  le  Rhône  &  ramène  Béatrix  a 
Carcassonne,  p.  440;  soumet  l'Agenais  à  son 
obéissance,  p.  446;  assiège  &  prend  Casseneuil; 
reçoit,  du  cardinal  de  Courçon,  toutes  les  con- 
quêtes faites  sur  les  hérétiques;  s'empare  de  di- 
vers châteaux  dans  le  Périgord,  repasse  en 
Querci  &  en  Rouergue;  reçoit  l'hommage  du 
comte  de  Rodez,  pp.  447,  448,  449,  45^;  prend 
le  château  de  Sèverac;  a  recours  à  l'autorité  des 
légats  du  pape  pour  s'assurer  la  possession  des 
pays  conquis,  p.  45  1  ;  est  choisi  par  le  concile 
pour /ïr/ncc  &  monarque  de  tous  les  pays  conquis 
sur  Raimond  VI,  p.  402;  fait  un  voyage  à 
Beaucaire  &  reçoit  en  fief  cette  ville  &  la  terre 
d'Argence,  p.  453;  ses  libéralités  envers  diverses 
églises;  reçoit  plusieurs  hommages;  rencontre 
Louis,  fils  aîné  de  Philippe-Auguste,  pp.  454, 
455;  reçoit  provisionnellement  d'Innocent  III 
le  comté  de  Toulouse,  Sic,  p.  456;  ses  différends 
avec  Arnaud,  archevêque  de  Narbonne,  pp.  459, 
460,  46  r  ;  prend  possession  du  château  de  Foix, 
de  la  ville  &  du  comté  de  Toulouse;  procure 
au  prince  Louis  une  partie  de  la  mâchoire  de 
saint  Vincent,  martyr;  prend  possession  de 
Monta uban;  se  rend  àBeaucaire;  établit  divers 
sénéchaux,  pp.  462,  463,  464;  s'applique  au 
gouvernement  de  ses  domaines;  ses  différends 
avec  l'abbé  de  la  Grasse;  fait  raser  les  murs  de 
Toulouse;  reçoit  plusieurs  hommages,  p.  465; 
ne  peut  se  rendre  au  concile  de  Latran,  p.  470; 
y  envoie  son  frère  Gui,  p.  471  ;  le  concile  de 
Latran  lui  adjuge  le  comté  de  Toulouse,  p.  473  ; 
limites  de  ses  domaines,  p,  474;  prend  posses- 
sion du  duché  de  Narbonne,  malgré  l'archevê- 
que, qui  l'excommunie;  entre  dans  Narbonne, 
y  fait  célébrer  l'office  divin,  malgré  l'interdit 
de  l'archevêque,  pp.  478,  479,  480;  conserve  le 
duché  de  Narbonne,  malgré  l'appel  de  l'arche- 
vêque au  pape;  prend  de  nouveau  possession 
du  comté  de  Toulouse  &  tâche  de  s'assurer  de 
cette  ville;  se  rend  à  Toulouse,  convoque  les 
habitants  au  château  Narbonnais;  reçoit  leur 
serment  pour  lui  &  son  fils  Amauri;  prête  à 
son  tour  serment  aux  habitants,  fait  raser  les 
murs  de  la  cité  8c  du  bourg,  pp.  481,  482; 
va  à  la  cour  de  Philippe-Auguste,  qui  reçoit 
son  homm.age  pour  le  duché  de  Narbonne,  le 
comté  de  Toulouse,  Sec,  pp.  483,  484;  marche 
au  secours  du  château  de  Beaucaire,  pp.  488, 
489;  se  retire  de  devant  Beaucaire,  dont  il 
cède  le  château  au  jeune  Raimond  par  un 
traité,  p.  491  ;  cherche  querelle  au  comte  de 
Foix,  pp.  493,  494;  se  venge  des  Toulousains; 
en  arrête  un  grand  nombre;  entre  dans  Tou- 
louse 8c  incendie  différents  quartiers;  est  battu 
par  les  habitants,  mais,  grâce  à  une  trahison, 
devient  maître  de  Toulouse,  qu'il  veut  piller  8< 
détruire,  pp.  490,  496;  quitte  Toulouse,  se  rend 
à  Saint-Gaudens,  ensuite  à  Tarbes,  où  il  marie 
son  fils  Gui  à  Pétronille  de  Comminges,  p.  498  ; 
assiège    Lourdes,    qu'il    ne    peut    prendre,   va    à 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


10 


33 


Saint-Lizier,  rentre  à  Toulouse,  où  il  commet 
de  nouvelles  déprédations,  &  porte  la  guerre 
dans  le  pays  de  Foix,  p.  499;  assiège  &  prend 
le  château  de  Montgrenier  &  empêche  la  récon- 
ciliation du  comte  de  Foix  avec  l'Eglise;  ravage 
le  pays,  prend  la  ville  de  Foix;  s'accorde  avec 
l'évéqvie  d'Agen,  pp.  ."13c,  5di  ,  ")0i  ;  soumet  di- 
vers châteaux  dans  leTèrmenés;  porte  la  guerre 
aux  environs  du  Rhône,  pp.  5o3,  !>:>/\;  atta- 
que le  comte  de  ^'aUntlnoi5,  p.  "loj;  fait  sa 
paix  avec  ce  comte;  perd  la  ville  de  Toulouse, 
qui  retourne  à  Raimond,  pp.  ")o6,  .^c7;  conclut 
une  trêve  avec  Raimond  VII;  envoie  demander 
du  secours  en  France;  entreprend  le  siège  de 
Toulouse,  p.  .")o3;  dirige  l'attaque  du  faubourg 
San-Subra  ;  est  repoussé  par  le  comte  de  Foix 
&  poursuivi  jusqu'à  Muret;  tombe  dans  la  Ga- 
ronne en  s'embarquant ;  ramène  ses  troupes  de- 
vant Toulouse,  près  la  porte  Montolieu  ;  se 
fait  remettre  des  otages  par  les  habitants  de 
Montauban,  p.  .'139;  continue  le  siège  de  Tou- 
louse, pp.  5i4,  Ô16;  une  pierre  partie  d'un 
mangonneau  des  assiégés  l'atteint  à  la  tête  & 
le  tue,  p.  5 16;  son  éloge,  p.  .")i7;  sa  famille, 
p.  .O18;  son  corps  est  transporté  à  Carcassonne; 
il  est  ensuite  apporté  dans  le  monastère  des 
Hautes- Bruyères ,  à  une  lieue  de  Montfort- 
l'Amaury,   pp.  519,  520. 

SIMON  DE  MONTFORT,  gouverneur  de  Gasco- 
gne, pp.  801,  81 3,  863. 

SI.MON  II,  seigneur  de  Montfort,  comte  d'Évreux, 
père  de  Simon  de  Montfort,  comte  de  Leycestre, 
p.  297. 

SIMON  DE  MONTFORT,  fils  de  Philippe  II  de 
Montfort,  p.  92.'!  ;  meurt  sans  enfants,  en 
Fouille,  p.  926. 

SIMON,  sire  de  Nesle,  pp.  860,  91O,  916. 

SIMON  DE  l'ASSY,  p.  8  I  5. 

SIMON  DE  TUREY,  pp.  903,  678. 

SisTEno.v,  comté,  p.  604. 

SotL,  village,  p.  9  1  8  ;  Soual  (^Tarn),  arr.  de  Castres. 

SocitTf;  des  pauvres  catholiques,  p.  2;>i. 

SoEiBS  minoretes  de  Toulouse,  p.  906. 

—  gf'se».  P    891. 

SommiCbks,  pp.  108,  39.J,  39Û,  705,  848  (^Gard), 
arr,  de  Nîmes. 

SoMpiY,  château,  p.  664;  Mansempuy  (^Gers"^,  arr. 
de  Lcctoure. 

So\,  château  dans  le  Donezan,  pp.  Ô64,  601 ,  696, 
889;  Usson  {^Ariègc)^  commune  de  Rou^e. 

SoRKZE;  Simon  de  Montfort  y  séjourne  le  23  avril 
1212,  p.  384. 

—  (abbé  de),  p.  8J7. 

SouiLLAC,  abbaye  dans  le  Querci,  pp.    134,  173. 
SotviGNi,  abbaye  du  Bourbonnais,  pp.  8,11,  56o. 
StRKOMS;  ne  sont  pas  encore  héréditaires  au  trei- 
zième siècle,  p.  942. 

SpEiBAN,  lie\i  près  de  Saint-Gilles,  p.  280. 
Stagel,  lieu  près  de  Saint-Gilles,  p.  280. 
Statuts  de    1212,  promulgués  à   Pamiers,  pour  le 

gouvernement  du   pays  conquis,  par  Simon   de 

Montfort,  pp.  396,  397, 


Statuts  pour  l'observation  de  la  trêve  &  de  la 
paix,  p.   I  98. 

—  dressés  pour  faire  observer  la  paix  dans  le  pays 
d'Albigeois,  pp.   140,  141. 

—  pour  la  corporation  des  bouchers  de  Toulouse, 
p.  110. 

SinsiDES  accordés  par  Innocent  IV  à  Alfonse  de 
Poitiers,  pour  son  expédition  de  Terre-Sainte, 
p.  832. 

—  levés  par  Alfonse  en   1202,  p.  829. 
SuBSTANTiox,  comté,  pp.  21,45,   110,  159. 
SiscRiPTiON  d'une  lettre  du  comte  de  Toulouse  au 

pape  Luce,  p.  104. 

Suspension  de  l'évêque  de  Béziers  par  les  légats, 
pp.  235,  236. 

—  de  l'archevêque  de  Narbonne  par  les  légats, 
p.   232. 

SYBILLE,  fille  de  Pierre- Eermond  de  Sauve, 
p.  395. 


T 


Tabellionage  de  Béziers  donné  en  fief  par  l'évê- 
que &  le  vicomte  de  cette  ville,  p.  40. 

Taillebolbc,  sur  la  Charente,  p.  741. 
TAILLEFER,  fils  de  Raimond  V,  p.  167. 
Tulle  &  autres  subside>  payés  dans  la    Province, 
p.  939. 

Talaibax,  château,  p.  856  (Aude),  arr.  de  Carcas- 
sonne. 

—  (seigneur  de),  p.  924. 

TALAYRAND,  comte   de  Périgord,  pp.   102,  io5. 

Tax(ji:eli.\' j  son  insurrection,  p.  221. 

Tarascon,  sur  le  Rhône,  pp.  33,  68,  110,317,  486, 

489,   5^4,   5i3,  520,  608,  666,  729,  797,  946; 

se  soumet  à  Raimond  VI,  p.  ^86. 

Tarascox,  dans  le  pays  de  Foix,  p.  198;  confir- 
mation de  ses  coutumes,  p.  499. 

Tarijes,  p.  497. 

TAREGNEUX  ou  TEREGNUS  DE  CASTILLON, 
p.  499. 

Tarentaise,  pp.  591,630. 
Tarrago.ne,  pp.  25,  III,  118,  703. 

—  (archevêque  de),  p.    19. 

TARROGE,  femme  de  Raimond  Foie,  p.  65i. 
Tarsat,  lieu,  p.  71  ;  Tersac  (Tarn),  arr.  d'Albi. 
Taurians,  lieu  duVivarais,  p.    186;  Tauriers  (Ar- 

deche),  arr.  de  Largenùère. 
Taurisan,   château,   p.   857;    Taurine  (Aude),  arr. 

de  Carcassonne. 
Tegra,  lieu  en  Querci,  p.  559. 
Templiers,  pp.  540,  599,  628,  901,  913. 

—  d'Arles,  p.  392. 

— ,de  Béziers,  pp.  39,  40. 

—  de  Montpellier,   pp.    188,    204,    3i5,  457,  536. 

—  de  Montredon,  p.  466. 

—  de  Narbonne,  p.  386. 


io34 


TABLE  GENERALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIERES, 


Templiei'.s  de  Saint-Gilles,  p.  392. 

—  de  Toulouse,  pp.  ;)2i ,  7R8. 
Tenaille,  abbaye  en  Saintonge,  p.-i85. 
TÉRÉSA    GIL,    maîtresse    de    Jacques    d'Aragon, 

p.  915. 
TcBMENOis,  pp.  91,  t~>^,  3i^>,  339,  .T.ji,  668,  74^, 
81  5,  857,  8r)9. 

TERMES  (Olivier  de),  p.  81"). 

Tehmes,    château,    dans  le   diocèse   de  Narbonne, 

pp.  91,  299,  .')o3,  541 ,  ."173,  ")74,  608,  81.5,  8J9; 

assiégé   par   Simon  de  Montfort,  pp.  333,  338, 

339,  340,  341;  est  pris,  p.  342. 

—  (ville  de),  p.  856. 

TEnr.AiL,  lieu  du  diocèse  de  Narbonne,  p.   140. 

Teuhe-Sainte,  p.  577. 

Terre  du  maréchal  de  Lcvis,  pp.  634,  641;  son 
étendue,  p.  640;  partie  méridionale  du  Toulou- 
sain donnée  à  Gui  I"  de  Lévis,  556. 

Terres  inféodées  à  divers  chevaliers  français. 
p.  398. 

Terreur  causée  dans  la  Province  par  la  prise  &  le 
sac  de  Béziers,  pp.  289,  290. 

Testament  de  RaimondVIIj  consultation  d'Aï- 
fonse  8c  de  Jeanne,  pour  faire  casser  ce  testa- 
ment; décision  des  jurisconsultes  à  ce  sujet, 
pp.  819,  820;  accords  passés  par  Alfonse  &  par 
Jeanne  avec  les  légataires,  p.  821  . 

Terride,  vicomte,  p.  191. 

THADÉE  DE  SUESSE,  conseiller  de  Frédéric  II, 
p.  769. 

THÉDISE  ou  THÉODORE,  chanoine  de  Gènes, 
envoyé  dans  la  Province,  pp.  274,  275,  284, 
304,  321,  322,  323,  324,  364,  33i,  382,  399, 
402,  403,  404,  408,  417,  45o,  454;  évêque 
d'Agde,  pp.  465,  466,  472,  535,  562,  583,  586, 
681;  vient  à  Toulouse,  p.  327;  son  portrait; 
donne  l'absolution  aux  habitants  de  'Toulouse, 
p.  328;  assiste  à  la  prise  de  Minerve,  p.  33o; 
se  rend  à  Saint-Gilles,  p.  334;  refuse,  malgré 
les  ordres  du  pape,  de  recevoir  la  justification 
de  Raimond  VI,  p.  335;  écrit  au  pape,  p.  336; 
assiste  à  la  conférence  de  Narbonne,  pp.  344, 
345,  au  concile  de  Montpellier,  p.  345. 

THÉODORIC  BAUDOUIN,  hérétique,  p.  325. 
THÉRÈSE,  femme  de  Bernard  VII,  comte  de  Com- 
mingcs,  p.  735. 

THÉRÈSE,    femme    d'Olivier    de   Termes,    p.    856. 
THÉSAN,  p.  546;  Thé^an  {Hérault),  arr.  de  Béliers. 
THIBAUD,  comte   de   Champagne,   pp.  547,  610, 
63i,  637,  663. 

THIBAUD,  comte  de  Blois,  p.  35. 
THIKAUD,  comte  de  Bar,  p.  362. 
THIBAUD  DE  CORBEIL,  p.  723. 
THIBAUD  DE  NONGEVILLE,    sénéchal    de    Tou- 
louse, p.  939. 

THIERRI,  hérétique,  brûlé  en  Nivernois,  p.  220. 
THOMAS,  archevêque  de  Cantorbéry,  p.  38. 
THOMAS   DE    MONTCILIART  ou   MONTLEARD, 
sénéchal  de  Carcassonne,  pp.  853,  854. 

THOMAS  DE  NEUVILLE,  p.  917. 
THOMAS,  comte  de  Savoie,  p.  804. 


THOMAS  TORTOSE,  second  fils  de  Guillaume VIII, 
seigneur  de  Montpellier,  p.  202. 

THOMAS,  citoyen  de  Toulouse,  p.  468. 

THOU  (de),  historien,  cité,  p.  6. 

TIBURGE   DE  MONTPELLIER- ORANGE,    femme 

de  Bertrand  de  Baux,  p.  75;  héritière  du  comté 

d'Orange,  p.    1  36. 

TIBURGE,  sœur  de  Raimbaud,  femme  d'Aymar, 
seigneur  de  Murviel,  &  mère  de  Raimond-Aton 
de  Murviel,  p.   1  86. 

TIBURGE,  fille  de  Raimond-Aton  de  Murviel, 
pp.   i36,  137. 

TIBURGE,  veuve  de  Bernard  Pelet,  p.  794. 

Tiers-Etat,  p.  939. 

Tu,,  château,  p.  191;  Thil  [Haute-Garonne),  arr. 
de  Toulouse. 

Tolède,  p.  944. 

Tor.TE,  pp.   I  I  5,  939. 

TOMIERS   EN   PALAZIS,  poète  provençal,  p.   167. 

Tor,  château,  p.  542;  Thor  [Faucluse),  arr,  d'Avi- 
gnon. 

ToROLLE,  château,  p.  534. 

ToRONET,  monastère  en  Provence,  p.  243. 

ToRTOSE,  ville  de  Catalogne,  pp.  202,  859,945. 

ToRTOiRERA,  ancien  nom  du  lieu  où  fut  fondée 
l'abbaye  de  Valmagne,  p.  64. 

ToRVES,  château,  pp.  208,  314,  35o,  872;  Tourbes 
[Hérault],  arr.  de  Béliers. 

TOSET  DE  TOULOUSE,  p.   |32. 

ToiLotsAix,  pp.  2,  6,  26,  3i,  104,  220,  754,  757, 
811,  8i5,  816,  83o,  895;  est  ravagé  par  Al- 
fonse II,  roi  d'Aragon,  p.  94. 

TotLousr;,  pp.  3,  88,  110,  401,  5i3,  535,  558,  671, 
766,  801,  853,  859,  946;  affection  du  peuple 
de  cette  ville  pour  Constance,  p.  ii;  députe 
plusieurs  prud'hommes  à  Louis  le  Jeune  â  l'occa- 
sion de  la  naissance  de  Philippe  II,  p.  12;  si 
cette  ville  a  été  assiégée  deux  fois  par  Henri  II, 
roi  d'Angleterre,  pp.  5i,  52;  est  infectée  de 
l'hérésie  des  henriciens,  p.  77;  le  légat  &  les 
évéques  désignés  pour  la  combattre  sont  reçus 
avec  des  huées,  p.  79;  Pierre  Mauran,  hérétique, 
est  soumis  à  la  pénitence  publique  à  Saint-Ser- 
nin,  p.  80;  deux  chefs  d'hérétiques  sont  con- 
damnés dans  la  cathédrale  Saint-Etienne  en 
présence  du  cardinal  légat,  de  plusieurs  évéaues 
&  d'environ  trois  cents  ecclésiastiques,  pp.  83, 
84;  les  juifs  y  sont  tenus  à  une  redevance  en 
cire  tous  les  ans  le  Vendredi-Saint,  p.  93;  Al- 
fonse II  ravage  le  Toulousain  &  vient  camper 
sous  les  murs  de  cette  ville,  p.  94;  Raimond  V  y 
fait  dresser  des  règlements  de  police,  de  l'avis  du 
chapitre  &  du  commun  conseil  de  la  ville  &  du 
faubourg,  p.  ICO;  règlement  fait  par  les  consuls 
de  Toulouse  pour  les  moulins  du  Bazacle,p.  loi; 
révolte  d'une  partie  de  la  population  contre 
Raimond  V,  p.  i3;;  assemblée  du  peuple  à 
Saint-Pierre-des-Cuisines;  charte  donnée  par 
le  comte;  serments  prêtés  par  lui  &  par  les 
consuls,  p.  i32;  les  consuls  font  un  règlement 
touchant  le  droit  d'épaves,  p.  140;  seize  mou- 
lins sont  établis  sur  la  Garonne,  en  1  192, 
p.  109;  un  marché  de  boucherie  est  établi  près 


TABLE  GENERALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES, 


io35 


de  l'église  de   la    Dalbnde  en    1194,  p.    iJ.p;    les 
héréiitjiies  &  ceux  chez  qui  ils  se  réfugient  sont 
condamnés    au    feu    &    leurs    biens    confisqués, 
p.   162;   règlement  de  police,  p.   162;  le  comte 
Raimond    \'I    prend    possession    du    comté    & 
reçoit    le    serment    des    consuls    &   des    princi- 
paux habitans}  coutumes,  établissements,  sta- 
tuts conservés;  sauvegarde,  exemption  de  leude 
&  de  péage  pour  tous  les   liabitants  confirmées, 
p.    i('i8;   Raimond  \'I  accorde  &  confirme  leurs 
libertés,  coutumes,  us<iges  St  privilèges,  p.    170; 
des    poids   81    mesures    publics    sont    établis    à 
Saint-Pierre-des-Cuisines,  Saint-Géraud,  Saint- 
Sernin,   p    lyf);  règlement  du  viguier  touchant 
les  moyens  que  les  créanciers  doivent  employer 
pour  se   faire  payer  de  leurs  débiteurs,  p.   181; 
règlements    des    consuls    défendant    à    tous    les 
habitants  de  la  ville  d'entretenir  des   relations 
avec    les    ennemis    de    l'un    des    bourgeois;    de 
faire  à  tout  homme  sujet  à  la  puissance  pater- 
nelle   ou    en    tutelle    des    prêts    d'argent;    inise 
en    vigueur    d'un     ancien     statut     relatif    aux 
courtisanes;    celles    de    la     rue    de    Comminges 
sont   expulsées,   p.    192;   guerre   entre   les  Tou- 
lousains   81    les    habitants   de   Rabastens,   en- 
tre les  Toulousains  &  le  vicomte  de  Lomagne, 
p.   196;   paix   conclue   entre  eux,  pp.   196,  197; 
détails    sur   les    traités   de    paix  ou    les    accords 
intervenus   entre    les   consuls    &    les   seigneurs 
ou    habitants    des   petites   villes   du   voisinage, 
p.   197;  composition  du  chapitre  de  cette  ville  ; 
ses  attributions;  origine  du  nom  de  capitouls  ; 
tentatives  du  chapitre  pour  diminuer  les^char- 
ges  de  la  ville,  p.  209;  troubles  dans  son  Eglise, 
p.    226;    pourquoi    les    hérétiques    y    ont    fait 
des  progrès,  p.  229;  les  habitants  de  cette  ville 
abjurent   leur   erreur,   prêtent  serment  aux  lé- 
gats, p.  23  3;   règlement  contre  l'hérésie   conte- 
nant des   indication  curieuses  sur   les  auberges 
de  Toulouse,  p.  2I6;    les   légats  déposent  l'évé- 
que    Raimond    de  Rabastens,   p.    s!!-';  le  comte 
Raimond  VI  promet  de  ne  jamais  changer  la 
monnaie    septène,  p.   2''>7;    un    grand    nombre 
d'hérétiques   vivent   à  Toulouse,  pp.  244,  24,5; 
les   consuls   passent    un    accord    avec    ceux    de 
Cahors,   p.    2.>3;    Raimond  VI   s'y   retire   après 
la  prise  de  Carcassonne  par  les  croisés,  p.  299; 
les  consuls  refusent  de  livrer  les   h.ibitants  que 
demandent   les   croisés,  p.   3ooj    les   légais  jet- 
tent l'interdit  sur  la  ville,  p.  .'Sîi;   les  consuls 
sont  excommuniés;    la  ville  est  mise  en   inter- 
dit,  p.   3o6;   Raimond   VI    &   le   roi    d'Aragon 
y  arrivent,  p.  326;  les  légats  y  font  un  séjour  ; 
ses    habitants   sont    relevés  de   l'excommunica- 
tion, p.  328;  Raimond  VI  vient  dans  le  château 
Narbonnais,   p.  344;   y  vient   après  sa   seconde 
excommunication,    p.    349;   cinq   mille    de    ses 
habitants  prennent  la   croix   &   se   rendent  au 
siège  de  Lavaur,  J).  3'>2;  l'hérésie  dominait  dans 
cette  ville;    confrérie    blanche,  confrérie  noire, 
p.  3.')2;  l'évèque  Foulques  est  chassé,  p.  35:);  est 
assiégée   par   Simon   de  Montfort,   p.    362;    les 
habitants  ne  voulant   pas  abandonner  les  inté- 
rêts de  Raimond  VI  sont  de  nouveau  excommu- 
niés,   p.    363;    le    bourg    est    attaqué;    l'assaut 
donné  par  Simon  de  Montfort  est  repoussé;  les 
Toulousains    se   défendent   bravement,   p.   364; 
le  siège  «st  levé,  p.  36.');  le  roi   d'.4ragon  y  éta- 


blit un  vicaire,  p.  3,S3;  les  habitants  de  la  cam- 
pagne se    réfugient  dans   la    ville    à    l'approche 
des    croisés,    p.  385;    Pierre    II,    roi    d'Aragon, 
vient   dans   cette  ville  S*,  communique  avec    les 
habitants,  p.  412;    Raimond  VI   &  son  fils  re- 
mettent leur  personne  &  leur  ville  au  roi  d'Ara- 
gon, 406;   comparée    à  Sodome   &   à   Gomorrhe 
par  les  évèques  du  concile  de  Lavaur,  dans  leur 
lettre  à  Innocent  III,  p.  40g;  ses  environs  sont 
ravagés  par  Simon  de  Montfort.  p.  419;  ses  ha- 
bitants   écrivent  des    lettres   déclarant  qu'ils  se 
soumettent  au  pape  &  aux  lég;its,  p.  42!);  pour- 
parlers avant   la    bataille    de    Muret,    pp.  424, 
425;  après  la  bataille  ils  font  de  nouvelles  dé- 
marches pour  se  soumettre,  p,  43  1  ;  Raimond VI 
abandonne  la   ville,   p.  432;  ses  habitants  en- 
voient  à    Narbonne   sept  de   leurs  consuls  &  se 
soumettent  au  légat,  Pierre  deBénévent,  p.  444; 
Foulques  en  prend  possession  au  nom  del'Eglise 
romaine;   le  château   Narbonnais  est  remis  au 
pouvoir   de   l'évèque;    des    of.iges    sont   donnés, 
p.    45.');   ordre    est   donné    de    démolir    les    mu- 
railles, pp.  453,  459;  Gvii  de  Montfort  en  prend 
possession  ;   ses  murailles  sont  abattues  par  or- 
dre   de    Montfort;    le   château    Narbonn.iis    est 
seul    conservé;   de  quelle  façon    sont   traités  les 
habitants,    pp.   4^2,   4^3;    Simon  de  Montfort 
exige  d'eux  trois  mille  marcs  d'argent,  p.  464; 
saint    Dominique    y    fonde    l'ordre    des    Frères 
Prêcheurs,   qui    reçoit  en  don   des  maisons  près 
du  château  Narbonnais   &  l'hôpital  de  la  porte 
d'Arnaud-Bernard,    p.    468;    l'évèque    Foulques 
donne  à  saint  Dominique  l'église  de  Saint-Ro- 
main; fondation  du  couvent  dit  de  Saint-Tho- 
mas   d'Aquiii;    séjour   de   saint    Dominique    à 
Toulouse,   p.  469;    le   7   mars    1216,   Simon   de 
Montfort  réunit  les  habitants  de  la  ville  &   du 
bourg  au  château  Narbonnais;  les  murailles  de 
Toulouse  sont    rasées,  les   tours  des  maisons  dé- 
molies; les  chaînes  qui  fermaient  les  rues  enle- 
vées; le  château  Narbonnais  est  fortifié,  p.  48:  ; 
douze  consuls  retenus  en  otage  à  Arles  rentrent 
dans  la  ville;  G.  de  Chameninc  y  exerce  les  fonc- 
tions de  sénéchal,  p.  483  ;  ses  habitants  font  pri- 
sonnier un  détachement   de  cavalerie  de   Simon 
de    Montfort,    p.    493;   Simon    de  Montfort  se 
venge  sur  cette   ville,  de   concert  avec  Foulques, 
p.  494;  détails  sur  différents  combats;  incendie 
de    plusieurs    quartiers,    p.    495;    les    habitants 
déposent    les   armes;    sont    trahis;    le    sac   de  la 
ville  est   racheté    par    les  principaux  habitants, 
pp.  496,  497  ;    Raimond  VI  y  rentre  pn  r  le  gué 
du  Bazacle;  fortifiée    par  des  travaux  exécutés  à 
la  hâte,  p.  5^7;  Gui   de   Montfort    tente  vaine- 
ment de  reprendre  la  ville,  p.  607;  est  attaquée 
par    Simon    de    Montfort    du    côté    du    château 
Narbonnais,  de  la    porte  Montolieu    &   du  fau- 
bourg de  San   Subra;    préparatifs  pour  attaquer 
le  château    Narbonn.iis;   les    habitants   relèvent 
ses    murailles,    p.    5?9  ;    Raimond    VI    attaque 
le  château  Narbonnais  défendu  par  la  garnison 
laissée  par  Simon   de  Montfort,  pend.int  que  la 
ville  est  assiégée  par   Simon    lui-même,  p.  5io; 
les  biens  des  bourgeois  qui  n'ont  pas  défendu  la 
ville  contre  Simon  de  Montfort  sont  vendus  à 
l'encan,  p.  5i  1  ;  les  consuls  reçoivent  une  lettre 
d'Honoré  III  en    faveur  de  Simon  de  Montfort, 
p.    5i3;    le    siège  de   la    ville   continue,  p.  514; 


io36  TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 

détails  sur  l'attaque  &  sur  la  défense  de  la  ville,  château  Narbonnais,  p.  810;  noms  des  sei- 
p.  5iô;  sortie  du  ijjuin  1218;  mort  de  Simon  gneurs  qui  prêtèrent  ce  serment,  p.  811;  en 
de  Montfort,  p.  Ô16;  le  siège  est  continué  par  présence  des  consuls  &  du  peuple  assemblés, 
Amauri,  pp.  317,  ûi8;  les  habitants  font  une  Sicard  Alaman  est  reconnu  comme  gouverneur 
vigoureuse  sortie  par  le  faubourg  San  Subra  ;  du  pays,  p.  811  ;  il  promet  de  inaintenir  les 
empêchent  l'incendie  de  la  ville,  battent  les  libertés  &  les  coutumes;  les  habitants  prêtent 
croisés,  p.  :)|8;  le  siège  est  levé  le  2.5  juillet  aussi  le  serinent  de  fidélité,  p.  812;  Alfonse 
1218,  p.  .np;  le  château  Narbonnais  est  brûlé,  &  Jeanne  reçoivent  le  serinent  des  habitants, 
p.  ôiy;  tombeau  de  Simon  de  Montfort  à  Car-  p.  8ic;;  les  commissaires  réformateurs  envoyés 
cassonne,  p.  519  ;  troisième  siège,  mis  par  Louis  par  Alfonse  de  Poitiers  y  publient  un  règle- 
de  France;  défense  de'la  vil  le  par  Raimond  VII  ment  en  iiTi^,  p.  828;  bail  de  la  monnaie  de 
&  ses  alliés,  pp.  5.)  1  ,  5!)2  ;  le  siège  est  levé  après  Toulouse  en  i  2,")3,  p.  83.'}  ;  troubles  en  l'absence 
aVoir  duré  quarante-cinq  jours,  p.  532  ;  ses  pri-  du  comte  pour  atteintes  portées  aux  privilèges  & 
viléges,  p.  j33  ;  le  pape  menace  de  supprimer  aux  coutumes  des  habitants,  p.  844  ;  Alfonse  veut 
l'éveché,  p.  ô38;  règlements  pour  l'élection  des  maintenir  les  anciens  usages  &  se  refuse  à  toute 
consuls,  p.  54:);  ses  grandes  boucheries  sont  innovation,  pp.  84r),  846;  troubles  &  agitation 
données  en  fief;  Raimond  VI  y  meurt;  circons-  au  sujet  du  procès  fait  à  Raimond  du  Felgar 
tances  de  sa  mort,  pp.  r)48,  549,  .")5o  ;  les  consuls  par  le  commissaire  du  pape,  pp.  877,  878,  879; 
&  le  commun  conseil  de  la  ville  garantissent  ses  habitants  offrent  un  don  gratuit  à  Alfonse 
le  traité  passé  entre  Raimond  VII  &  le  comte  de  de  Poitiers,  p.  893;  réclamation  des  consuls  & 
Poix,  p.  6  I  :")  ;  Grégoire  IX  engage  le  comte  de  des  habitants  ;  réponses  du  comte  ou  de  ses  délé- 
Champagne  à  chasser  les  marchands  de  Toulouse  gués,  pp.  894,  896;  s'abonne  pour  le  foiiage  avec 
des  foires  de  son  comté,  p.  627  ;  ses  murs  doivent  Alfonse,  p.  90c;  le  comte  Alfonse  accorde  quel- 
être  détruits  &  ses  fossés  combles,  p.  63"i;  éta-  ques  privilèges  à  ses  habitants,  p.  906;  mémoire 
blissement  de  l'université;  premiers  maîtres  qui  des  habitants  concernant  leurs  libertés  &  privi- 
y  enseignent,  p.  643;  quelles  parties  de  ses  mu-  ^^g^^»  P-  9°^»  privilèges  accordés  aux  pécheurs 
railles  doivent  être  démolies,  p.  644;  le  vice-  confirmés  par  Alfon;e  de  Poitiers,  p.  959;  fait 
légat,  Pierre  de  Colmieu,  réconcilie  la  ville  avec  un  don  gratuit  à  Alfonse,  p.  919;  le  château 
l'Eglise,  pp.  6i>\,  6J2;  un  concile  y  est  tenu  en  Narbonnais  est  réparé  par  Alfonse  de  Poitiers. 
1229,  p.  OÔ2;  les  Dominicains  sont  transférés  p.  980;  on  y  enseignait  publiquement  les  lois 
du  couvent  de  Saint-Rome  dans  leur  nouveau  romaines  durant  le  treizième  siècle,  p.  937;  les 
couvent;  la  première  pierre  de  l'église  des  Jaco-  lieux  de  débauche  étaient  placés  dans  les  fau- 
bins  est  posée  par  l'évéque  Foulques,  p.  669;  bourgs  hors  de  l'enceinte  de  la  ville,  p.  928;  ses 
Raimond  VII  y  reçoit  différents  hommages,  en  coutumes,  p.  çSçj;  règlement  concernant  les 
1232,  p.  671;  son  université  jouit  des  mêmes  jongleurs,  p.  949. 
privilèges  que  l'université  de  Paris,  p.  674;  ToiLOL'SE  (archidiacre  de'),  p.  737. 
Raimond  publie,  dans  le  cloître  de  Saint-  _.(capitulaires  ou  capitouls  de),  p.  877. 
Etienne,  en  présence  du  legat,  des  barons  du  )  .  .  ^  t.,-!-  «-  ■,  ^ 
pays,  du  sénéchal  de  Carcasfonne,  &c.,  un  éd.t  "  (^°'"«=  "^'î'  P?'  "î^û.  794.  8^9-  9'9.  93°.  93>, 
contre  les  hérétiques,  pp.  676,  677;  les  inquisi-  94>.  947;  '^  «""'o"  »  •"  couronne,  p.  929. 
teurs  sont  chassés,  avec  l'évéque  de  cette  ville  &  —  (Saint-Etiexne,  cathédrale  de),  p.  8o3  ;  Ral- 
les  Frères  Prêcheurs,  pp.  688,  689,  690,  691;  mond  VI  est  considéré  comme  le  fondateur  de 
les   capitouls    sont    excommuniés    nommément,  '•<  '"'.  P-  302.^ 

p.  691  ;    l'évéque  de  Comminges  y  excommunie  —  (place  Sai.nt-Etie.n.ne,  i),  p.  490. 

Raimond   VII,    p.   693;    des    hérétiques  y   sont  — (Église  de),  p.  707. 

brûlés   vifs,   p.    701;    le  viguier   &    les   consuls  _  (diocèse  de),  p.  800. 

sont  excommuniés,  pp.  701 ,  702;  Raimond  VII  1   »        j   \          00 

.     ,.                 >  rr    /      >  /      >  —  (Saixt-Etiexxe,  cloître  de),  p.  878. 

y  reçoit  divers  hommages  en  1240,  p.  72c;  Rai-  ;,    .                              n-,                  n      ^ 

mond  VII  donne   le   bail   de   la   monnaie  &  en  —  («veques  de),  pp    733,  737,  738,  767,  772,  8o3, 

règle  le  poids,  pp.   723,  724;   les  consuls   sont  '*°4.   »".   8'^.   «^2.   «4^.  874.   887.   8«8- 

donnés   pour    répondants   par  le   comte   lors   de  —  (grenier  à  sel  de),  p.  82  1 . 

son    alliance   avec   le   pape   contre   l'empereur,  —  (sénéchal  de),  pp.  81 3,  813,  877,  878. 

p.    724;    Raimond    VII    permet    aux   juifs    de  — (sénéchaussée  de),  pp.  933,  936. 

vendre  leurs  maisons,  p.  743;  établissement  des  _  rviguier  de),  pp.  877,  878. 

Carmes,  p.  743;  serment  des  consuls  de  la  ville  „    ^                   ,  .                     ,,,      -,   y-     .          ... 

,,      ,       ,    r     '^    '                     1        1     L                »    ■      j  lori.ViON,    château,    p.  606;   il   faut  proba hument 

&.   du    boure    &  de    tous    les    habitants   âges    de  .        '_               ',{.    ■    ,    ^  ■             j  \     rT         c 

■  ^                           ,             .        j          °       .  corriger    1  ulmont   {^>aint~£jttenne    itc),   ( I arn~tj'~ 

■    plus  de  quinze  ans  entre  les  mains  des  commis-  ^             \              1     n/r           r 

^  .         ,^-           -.'ijT^-           I  A7TT  (jaronne),  arr.  de  monîauban, 

saires  du    roi  après  la  révolte  de  Raimond  VII,  '•  , 

p.  734;    Raimond  VII   y   reçoit  plusieurs  hom-  "oiQLES,  rivière,  p.  369. 

mages;  mariage  de  Cécile  de  Baux,  p.  771;  Rai-  ToiT,  d'Aigles,  p.  837. 

mond  VII  y   tient   une  cour  plénière  où  il  crée  —  du  comte  Pierre,  à  Narbonne,  p.  210. 

deux  cents  chevaliers,   p.  772;  nomination   de  _  Je  Constance  à  Aigues-Mortes.  p.  781. 

ses    consuls,    pp.    794,    793;   le    corps  de    Rai-  _  Magne  à  Nimes,  pp.  88,  89. 

mond  VII  y  est  apporte,  p.    8o3;   les  consuls  &  °                    .,      '^'^ 

prudhommes  de  Toulouse   reçoivent  des    lettres  —  de  humet,  p.  341. 

de  Blanche  de  Castille,  leur  enjoignant  d'obéir  Toukaine,  p.  862;  conquise   par   le   roi  de   France 

aux  commissaires  qui  venaient  prendre   posses-  ^i"'  '*  'O'  d  Angleterre,  p.   128. 

sion  du  pays;  le  serment  de  fidélité  est  prêté  au  Tournon,  château  en  Vivarais,  pp.  i3o,  527,  710. 


TABLE  GENERALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


1007 


Tolus,  pp.  i33,  592,  624. 

Traité  de  commerce  entre  Gènes  &  Narbonne,  en 
I  224,  pp.  22,  59,  590. 

—  d'Abbeville,  p.  863. 

—  deCorbeil,  p.  861. 

—  de  Lorris,  p.  853. 

—  ou  convention  entre  Montpellier  &  Pise  contre 
Gènes,  p.   1  8. 

—  entre  Narbonne  &  Pise,  pp.  ô8,  J9. 

—  de  Paris,  p.  812. 

—  entre  l'archevêque.  In  vicomtesse  &  les  habi- 
tants de  Narbonne  &  la  répiiblique  de  Gènes, 
p.   18. 

—  de  paix  entre  Henri  II,  roi  d'Angleterre  &  Rai- 
mond  V,  comte  de  Toulouse,  p.  33. 

—  de  paix  entre  Raimond  V  &  Alfonse,  roi  d'Ara- 
gon, p.   1  10. 

—  entre  Raimond  V,  comte  de  Toulouse  &  Rai- 
mond Bérenger,  comte  de  Provence,  p.    19. 

—  de  paix  de  1229  entre  Raimond  \'II  8t  le  roi 
de  France,  pp.  6j2  à  637. 

—  de  paix  entre  Richard,  roi  d'Angleterre  &  Phi- 
lippe-Auguste, p.   173. 

—  touchant  les  marchands  venant  nu  port  d'Agde, 
p.    116. 

—  conclu  avec  Us  villes  situées  sur  les  côtes  de  In 
Méditerranée  par  les  printes  croisés,  p.  94.'). 

Tbamksiiglks,  grange,  pp.  852,  853. 
TRENCAVEL,  vicomte  d'Albi,  pp.   |3,   14,   |5,   16, 
17,  41 5.  Foy^î  RAIMOND. 

TRENCAVEL,  vicomte  de  Béziers,  pp.  537,  ^85, 
587,  6i5,  Û24,  735,  744;  rentre  en  possession 
de  Carcnssonne,  p.  574;  sa  paix  avec  l'Eglise, 
p.  583;  recouvre  Limoux  &  une  partie  de  ses 
autres  domaines,  p.  623;  se  retire  à  la  cour  du 
roi  d'Aragon,  p.  699;  reprend  sur  le  roi  une 
partie  des  anciens  domaines  de  ':a  maison, 
pp.  718,  719,  720;  se  rend  maître  du  bourg  de 
Carcassonne  &  assiège  la  cité,  pp.  720,  721;  se 
retire  à  Montréal;  est  battu  par  les  Français; 
retourne  en  Catalogne,  p.  722  ;  se  soumet  au  roi 
&  lui  cède  tous  ses  droits  sur  les  vicomtes  de 
Béziers  8c  de  Carcassonne,  pp.  783,  784,  785; 
conclut  la  paix  &  prend  la  croix;  sa  postérité, 
pp.  799,  791;  suit  le  roi  outre-mer;  s'y  distin- 
gue; revient  de  la  Terre-Sainte  ;  époque  proba- 
ble de  sa  mort,  pp.  792,  835.  Foye:^  RAIMOND. 

TRENCAVELLE  DE  BÉZIERS,  p.   |3. 

Tbevti.n  établi  dans  la  cathédrale  de  Béziers,  p.  40. 
Tressan,  lieu,  p.  202  (^Hérault),  arr.  df  LoAèvc. 
Tkkve  up.  DiKu,  pp.  172,  279;  confirmée  en  1170 
par  l'évèque  de  Béziers,  Sp. 

—  entre  le  roi  d'Angleterre  &  le  roi  de  France 
rompue,  pp.   128,   |32. 

—  entre  les  comtes  de  Toulouse  &  de  Provence, 
p.  759. 

—  entre  le  roi  de  France  &  le  roi  d'Angleterre  en 
1243,  p.  755. 

TRiBt;.\AL  de  l'inquisition;  son  établissement  dans 
la  Province,  p.  654. 

Tkinitaires  de  Toulouse,  p.  900. 


Trinqleïaillk,  faubourg  d'Arles,  p.   16 

—  poft.  P-  a(>- 

—  château,  p.  717. 
Tripoli,  en  Syrie,  p.  807. 
Tkoyes,  p.  538. 
Tlciian,  château,   p.  857   {Aude), 

sonne, 
Tldclle,  château,  p.  378;    Thoels 

Briatexte  [Tarn),  arr.  de  Lavaur. 
TuMET,  rocher,  p.  339. 
TURC  MALEC,  poète  provençal,  p.   166. 
TuuENNE,  vicomte,  pp.  63,  io3,  553,  807. 


arr.   de  Carc^is- 
ancicn    nom    de 


u 


UciiAUT,  château,  p.  333;  Uchaud  {Gard),  arr,  de 
Ni  mes. 

UDALGER  DE  FENOUILLET,  p.  254. 

UDALGER  DE  PONCIAN  {corr.  DE  PIEUSSE), 
p.   112. 

UiMON  de  l'abbaye  d'.\let  à  la  cathédrale  de  Nar- 
bonne, p.  560. 

Umveh.sité  de  Montpellier,  pp.  661,  947,  948. 

^-  de  Toulouse,  pp.  7o5,  709,  947,  948;  son  ori- 
gine, p.  643;  confirmation  de  sa  fondation; 
elle  reçoit  les  mêmes  privilèges  que  l'universiié 
de  Paris;  le  pape  se  plaint  de  l'état  d'abandon 
dans  lequel  la  laisse  Raimond  VII,  p.  694. 

URBAIN   II,  pape,  p.  880. 

URBAIN  III,  pape,  p.    119. 

URBAIN  IV,  pape,  pp.  866,  869,  87^,  873,  877, 
879,   882. 

URBAIN  VIII,  pape,  p.  73. 

UnGia,  p.  7o3;  assiégée  &  prise  par  le  comte  de 
Foix,  p.  184. 

—  (comté  d'j,  pp.  859,  836. 

Us  8c  COUTUMES  de  Paris,  p.  642. 

UssEL,  alias  WissEL,  château,  pp.  33,  6c8,  660. 

Usure,  p.  1  72. 

UsuKiEiiS,  p.   172. 

UZALGER,  fils  de  Gila,  vicomte  de  Saiilt,  p.  723. 

UzERCiIE;  le  comte  de  Toulouse  y  arrive  le  26  mai 

1 183,  p.  I o3. 
UzÉs,  pp.   38,  69,  88,   170,  334,  454,  554,  572, 

574,  608,  779,  782. 

—  fcointè  d');  assigné  par  Raimond  V  pour  le 
douaire  de  sa  femm;  Ermessindc,  p.  49. 

—  (diocèse  d'),  p.  814. 

—  (èvèque   d'),  pp.  364,  377,  767,  800,  837,  842. 

—  (seigneurs  d'),  pp.  837,  933. 


V 


V.    DE  KKNA,  sénéchal  de  Rouergtie,  p.  465. 
Vachkbks,  château,  p.  irrî;   Vac^ ueiras  {^Vaucluîe)^ 
arr.  d'Orange, 


io38 


TABLE  GENERALE  DES  NOMS   ET  DES  MATIERES. 


VACHERIE  DE  MONTEIL-AUÉMAR,    femme    de 
Pierre  de  Lautrec,  pp.  679,  8;j5,  902. 

VAGIER  DE  MONTOLIEU,  p.  7ÔJ. 
Vaison,  p.  69, 

—  (château  de),  pp.   148,  278,  786. 

—  (évêques  de),  pp.   148,  814,  818. 
Vajal  ou  Vaïal,  abbaye,  p.   i85. 
Val-de-Daigne,  territoire,  p.  8.05. 
VAL-UES-EcOLitns,  ordre,  p.  793. 
Valacris,  château,  p.  28.O  [Gard),  arr.  li'U-ès. 
Valbonne,  chartreuse,  p.  206. 

Valence,  en  Dauphiné,  pp.  2-j6,  280,  434,  443, 
606;  un  concile  y  est  tenu  en   1248,  p.  Soo. 

—  (royaume  de),  p.  936. 
Valextinois,  comté,  pp.  76,  710. 

—  (comte  de),  p.  807. 

Valehaugue,  château,    pp.   47,  601,   9o3;    Vallc- 

ravguc  {Gard),  arr.  du  Frgan. 
VALE.sriii,  pays,  pp.  616,  699,  714. 
Vallachégues,  pp.  489,  525  (Gard),  arr.  de  Nimcs. 
Vallée  d'Andorre,  pp.    198,  65 1,  887. 

—  de  In  Garde,  p.  887. 

—  de  Saint-Jean,  p.    198. 
VuLLiGuiÉUE,  dans  le  comté  d'Uzès,  p.  49. 
Valmagne,    monastère,    pp.   48,   57,  64,  71,    101, 

102,   124,   i55,  247,  3o2,  797. 

VALNÉGr.E,  monastère  de  filles,  p.   i85. 
Valseguier,  abbaye,  p.   116;   ancien  nom  de  Mcn- 
tolieu. 

VAQUERIE  DE  MONTEIL-AUÉMAR ,  p.  902. 
Fo^e^  VACHERIE. 

Vauagne  (maison  de),  p.  671. 

Variliie.s  ou  ^'A^.EILLES,  dans  le  comté  de  Foix, 
pp.  357,  627  (Aricgc),  arr.  de  Pamicrs. 

Valdois,  pp.  220,  222,  229;  un  des  noms  donnés 
aux  hérétiques  de  la  Province  au  commencement 
du  treizième  siècle,  pp.   118,  701. 

VauVEUT,  p.  5d4  {Gard),  arr.  de  Nimes. 
Vavasseui-,,  p.  557;  signification  de  ce  mot,  p.  509. 
VftDEiLLAX,  lieu,   p.  584    Védillan   {Aude),   arr.   de 

Narbonne. 
Veili.ac  ou  KoAiLLAc,  lieu  du  Vêlai,  pp.  165,948. 
Vêlai,    pp.    3,    10,   35,   99,  287,  525,   527,  601, 

934;    la    tranquillité  y  est   rétablie,   pp.  3(5,  Sy, 

38. 

—  (comté  de),  uni  au  domaine  des  évéques  du 
Puy,  p.  9. 

—  (église  du),  p.  35. 

Ve.xaissin,  pp.  692,  718,  823,  83  I,  8Û0,  90c.  Foycj 
pays  Venaissin,  coratat  Venaissin,  comté  Ve- 
naissin. 

—  (sénéchal  de),  p.  817. 

Vendôme,  p.  597. 

Vendues,  paroisse  du   diocèse  de    Béziers,  p.   332 

{Hérault),  arr.  de  Bé:^icrs. 
VénejAN,  château,  p.  285  {Gard),  arr.  ti'l/^èf. 
Ventadour,  vicomte,  p.   104. 
Ventalon,  château,  pp.  326,  333. 


Verdun,  lieu  sur  la  Garonne,  pp.  143,  393,  565, 
635,  636,  754,  800,  812,  822;  se  soumet  à  Si- 
mon de  Montfort,  p.  391. 

—  (consuls  de),  p.  84. 

Verfeil,  château  &  bastide,  p.  514,  906,  9-10;  les 
missionnaires  y  ont  une  conférence  avec  Us 
hérétiques,  p.  245^  donné  à  l'évêque  de  Tom- 
louse,  p.  634. 

Vergne  (la),  île  du  Rhône,  p.  729. 

VEREES  D'ENCONTRE,  pp.  309,  333,  338,  339, 
393,   437.     Foyex    GUILLAl'ME  DE  CONTRES. 

Vernon,  pp.  526,  759. 

Véblne  (seigneur  de  la),  p.  869. 

Vexin  normand,  p.   129,  i33. 

Vf.zELAi,  pp.  6,   134,  221. 

VEZIAN,  vicomte  de  Lomagne,  p.  196. 

VEZIAS,  vicomte  de  Lomagne,  p.  529. 

ViAGE,  prieuré  fondé  par  Héraçle  lïî,  vicomte  de 
Poliguac,  p.  99. 

ViAS,  château,  pp.  40,   195  {Hérault),  arr.   de   Bé- 

Vie  (évéque  de),  en  Catalogne,  p.  703. 
Vicomtes  de   Lautrec;  s'ils  descendaient  de  Bau- 
douin, frère  de  Raimond  VI,  p.  438. 
ViDOLRLE,  rivière,  pp.   i35,  2c;2. 
^'lE^.^E,  pp.  37,  242,  332,  52j,  5.91,  633,  673. 

—  (archevêché  de),  p.    147. 
Viennois,  p.   1  49. 

—  (comte  de),  p.   106. 

VIERNE,  veuve  de  Bernard  d'Anduze,  p.  569. 

VIERNE,  dame  du  Luc,  p.  395. 

VIERNE,  femme  de  Sicard   de   Boysse,   hérétique; 

sa  confession,  p.  85. 
ViELX,  p.    l3  {Tarn),  arr.  d'Alhi. 
ViGAN,  faubourg  d'Albi  ;  son  hôpital,  p.   140. 
ViGEOiS,  abbaye,  p.  54. 
ViGORON,  château,  p.  21. 
VIGOUREUX    DE    BARTHONE,    c.Uas   DE    BACO- 

NIA,   é^que  des    hérétiques   albigeois,  pp.  568, 

674- 
ViGUERiE  inféodée  de  Montpellier,  p.  2o5. 

—  de  Portes,  au  diocèse  d'Uzès,  p.   187. 

—  de  Termenois,  p.  339. 

—  d'Uzès,  p.  454. 

ViGUiER  de  Béziers,  pp.  193,  208. 

—  de  Carcassonne,  pp.    193,  208. 

—  de  Razès,  p.  208. 

^'loulEl.s,  pp.  933,  934. 

Vilar,  château  dans  le  Razès,  p.  254. 
ViLARZEL,  lieu,  p.  384  {Aude),  arr.  de  Carcassonne. 
ViLLALiER,  lieu    dans    le   Carcasses,   pp.   520,  785 
{Aude),  arr.  de  Carcassonne. 

VILLARS  (Oudard  de),  p.  81  3. 

ViLLEDiEU,    commanderie    du    Temple,    pp.    438, 

524,  628,  706. 
Ville-FlAiran,  p.    102;  l'illc/toure  {A ude) ,  arr.  de 

Ltmoux. 
ViLLEFRANCiiE,  p.  323;    peut-être   Villcfranche-de- 

Queyran  {Lot-&- Garonne),  arr.  de  Nérac, 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


1089 


ViLLEFRANCiiE,  bastide   construite  par  Alfonse  de 

Poitiers,  pp.  85 1,  93o,  pSS,  989  [Aveyron). 
ViLlEGLY,  p.  840  f^AuJe),  arr.  de  Carcassonne. 
ViLLELONCUE,  abbaye,  pp.   IJ4,  870. 

VlLLE.MAG.XE-L'Ar.GENTlÉRE,   pp.   44,    l53,    194. 

—  abbaye,  pp.  784,  947. 

—  (abbé  de),  pp.  737,  842,  870. 

ViLLEMcn,  pp.  197,  636,  704;  une  charte  de  cou- 
tumes est  donnée  à  cette  ville  par  Raimond  V, 
p,  86  ;  brûlé  par  les  habitants  à  l'approche  des 
croisés,  p.  287  (^Haute-Garonne),  arr.  de  Toulouse. 

—  (consuls  de),  p.  84. 

ViLLEXELVE,  château,  pp.  40,  Ô8,  546;  Villeneuve- 
lèi-Bê^iers  [Hérault],  arr.  de  Béliers. 

Villenelye-d'Avigson  ,  autrefois  Saint- André, 
p.  612. 

ViLi.E.NELVE,  sur  l'étang  de  Maguelonne,  p.  247; 
Villeneuve-lès-Maguelone  (Hérault),  arr.  de  Mont- 
pellier. 

Villeneuve  (consuls  &  prudhommes  de),  pp.  734, 
Si  I   (Aveyron),  arr.  de  Ville  franche. 

ViLLE.vECVE-LE-Roi,  au  diocèse   de  Sens,  p.  27.'). 

ViLLEPiNTË.  lieu,  pp  701,  857  (Aude),  arr.  de  Cas- 
telnaudary. 

Villes-Passans,  p.  152  (Hérault),  arr.  de  Saint- 
Pons-de-  Tkom  ières . 

ViNASSAN,  château  au  diocèse  de  Narbonne,  pp.  34, 
67  (Aude),  arr.  de  Narhonne. 

ViNDÉMiAN-,  lieu,  p.  202;  Vendèmian '(Hérault), 
arr.  de  Lodève. 

Vi.vGTiÈME  levé  sur  le  clergé  de  France;  son  em- 
ploi, p.  523. 

VlNTIMILLE,  p.    945. 

VissEC  (seigneur  de),  p.  799. 

VITAL,  abbé  de  Fontfroide,  p.  5i. 

VITAL  DE  GONTAUD,  p.  755. 

VITAL,  abbé  de   Frédelas,  livre  Pamiers  i  Simon 

de  Montfort,  pp.  309,  3io. 
VITAL  DE  MONTAIGU,  p.  i83. 

VlTERBE,    p.  927. 

VrmoLE,  château,  p.  281  ;  Vitrolles(Vauclute),  arr. 
d'Apt. 

VivAP.Ais,  pp.  i~,  74,  464.  524,  554,  569,  698, 
83o,  934. 

VIVIEN,  évèque  de  Rodez,  p.  874. 

VIVIEN,  vicomte  de  Lomagne  &d'Auvillar,  p.  124. 

VIVIEN,  vicomte  de  Lomagne,  p.  045. 

Viviers,  pp.  3?,  375,  396,  417,  5o4,  947;  privi- 
lèges accordés  à  ses  habitants  par  l'empereur 
Frédéric,  p.  74)  lettre  de  Clément  IV  à  Louis  IX, 
au  sujet  des  plaintes  de  son  clergé,  p.  910. 


Viviers  (cathédrale  de),  p.  334. 

—  (diocèse  de),  pp.  710,  922. 

—  (évèques  de),  pp.  41,   147,  692,  693,   770,  8t 
947- 

VOISINS  (Pierre  de),  pp.  811,  822. 
Voisins  (maison  de),  pp.  679,  902. 
VOLVESTRE,  p.  563. 

VouLTE,  château,  pp.  711,  83o  (Ardiche"),  arr. 
Privas. 


de 


WALBURGE,   fille   de   Hugues,   comte   de   Rodez, 

p.  903, 
WAUTIER    DE    MARNIS,    évèque    de    Tournny. 

Voye-^  GAUTIER,  p.  665. 
WAUTIER,  archevêque  de  Rouen,  p.    iço. 
WissEL,  château.   Voye-^  Usskl. 


X 


XIMENE  DE  BARCELONE,  p.  127. 


Y 


Yerle  (terre  d'),  p.  83o. 

—  baronie,  p.  83o. 

YOLANDE  DE  HONGRIE,   femme  de  Jacques,  roi 

d'Aragon,  pp.  680,  759,  915. 
YRDOINE   DE   CANILLAC,   femme    du    comte    de 

Rodez,  p.  269. 
YVES,  abbé  de  la  Cour-Dieu,  p.  35-i. 


ZERACHIA  BEN  ISAAC  HAIETSARI,  juif  de  Lu- 

nel,  p.  944. 
ZOEN,  archevêque  d'.\vignon,  pp.  762,  780,  819, 

839. 


FIN   DE   LA   TABLE   GÉNÉRALE  DES   NOMS   ET   DES   MATIÈRES, 


TABLE   DES   MATIERES 


Préface  des  nouveaux   éditeurs P^ge  v 

Avertissement  du  tome  III  de  l'édition  originale p.  xvij 

Table  analytique  des  additions  &  corrections  mises  au  bas  des  pages  par 

les  nouveaux  éditeurs p.  xxiij 

Sommaires  des  chapitres  contenus  dans  ce  volume p.  xxxv 

Histoire  générale  de  Langi'edoc.  —  Livre  dix-neuvième p.  i 

—  —                          —                    Livre  vingtième p.  ii3 

—  —                           —                     Livre  vingt   &  unième p.  217 

—  —                           —                     Livre  vingt-deuxième p.  3^9 

— -                 —                           —                     Livre  vingt-troisième p.  485 

—  —                           —                     Livre  vingt-quatrième p.  589 

—  —                           —                     Livre  vingt-cinquième p.  683 

—  —                           —                     Livre  vingt-sixième p.  809 

Table  générale  des  noms  et  des  matières p.  951 


TOULOUSE,    TYPOGRAPHIE   EDOUARD    PRIVAT,    RUE   TRIPIERE,    9. 


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-'7 

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359 

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485 

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589 

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683 

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809 

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951