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Full text of "Histoire générale de l'Asie, de l'Afrique, de l'Amérique"

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BCU - Lausanne 

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HISTOIRE 

GÉNÉRALE 

DE L'AS1E,DE L'AFRIQUE 

ET DE L'AMÉRIQUE. 



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HISTOIRE 

GÉNÉRALE 

S 

DE UASIE, DE UAFRIQUE 

ET DE ^AMÉRIQUE, 

Contenant des Difcoursfur rHiftoireAn^ 
ciennê des Peuples de ces Contrées^ leurHif- 
toire Moderne & la Defcription des lieux ^ 
avec des Remarques fur leur Hijloire Natu^ 
relie » & des Obfervations fur les Religions , 
les Gouvernemtns , les Sciences , Us Arts , U 
Commerce , les Coutumes^ les Moeurs , les 
CaraSeres , &c. des Nations. 

Par m. L. A. R. 
TOME CINQUI 

A PARIS, 

Chez Des Ventes de la Doué , Libfairc7 

Jacques , vis-à-vis le Collège de Louis-k-Grani 




M. D C C. L X X. 

Avec Approbation & Privilège du Rçh 



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HISTOIRE 

GÉNÉRALE 

DE L'ASIE, DE L'AFRIQUE 

ET DE UAMÉRIQUE. 

O Nervations particulières fur les diferens 
Etats des Indes. 

i^Ous commencerons parla defcriptîon i 

<ie l'Indoftan ou Inde proprement dite , Histoire 
&dela Prefqu'Ide en-deçà du Gange. Le des Indis, 
Grand Mogol règne fur prefque tous les 
peuples établis entre le Gange & Tlndus* 
S'il y a fur quelques cotes des Princes 
particuliers, ils font , pour k plûpari , fes 
tributaires. Les marchrinds Européens 
établis dans ces contrées, font prertjue par- 
tour fous fa proteâiort ou même fous fa 
^dépendance. Le Mogoliftan Indien eft 
ppliiiquement divifé en ad ou ^\ Vice- 
Tome V. - A 



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^^^^^ 1 Hl$TOIREDEï.*AsiI, 

SÎÏÎÎÎÏÏÏS royautés oi; Nababies. Ces grands Gou- 
HisToiRE vernemens fe foiidivifent en Sarkars ou 
PE5 Indes- proyjnces , & les Sarkars en Parganas ou 
Gouvernemens particuliers. Enflés par la 
vanité &: autorités par la:flarterïe , les Na- 
babs prefîttcnt la qualité de Soubas , Rois , 
Souveraine; &c les Soubdars ou Phofdars, 
Gouvettieiirs fubalternes , cieHc de Na- 
hfi>s^ Nousiuivrons Tordre géographique. 
"Nous n'avons garde de garantir ici Texac- 
titiuie de nos defcriptions & de nos re*- 
j nîarques. L'intérieur de ces contrées a été 

(pn peu fréquenté d^s Européens j & les 
pays maritimes font fi continuellement 
i)ouIeverfés pir d^s guçrres ^ des révor 
lutions , qu'il feroit tous les jours nécef- 
^ faire de recevoir de nouveaux mémoireç 

poijir rcforjiier les anciens. * 

' L' I N p o s T A N. 

Provinces de VEfi. 

\ u iBçogai^ Le *Bçugatie , pays riche , tempéré , ar- 

^rofé par lé Gange , borné au levant & a^ 
'ïud parle Golfe de ce nbm & par la Pç- 

/ ninfule , divifé ep ii Toumans ou dif- 

jtri(9:s, s'étend, fuivant M, Otter, l'ef- 
pace de ^oo mllks en largeur, fur i6o 
'À^ hï^mt. flçmfer iwer fîe pays ^u-dçiFui 



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de r%ypte poxit la fecûlué. Le Gange 

oui fe décbaige par quatre embouchures Hjstoiri 

dans fon Golfe , y forme une infinité ^^* Iwosf. 

d'ifles donc le ipeâacle eft charmant. On 

y a créuTc de grapds canaux pour la fa^ 

cili(é du traniporc des mai;cbandires Se de 

l'eau excellente de ce âeuve. L'abondanet 

des chof4» neceflàires à la vie ôc des ma* 

tiéres de cicunmerce, h bi^auté du lieu Se 

hs azréaiens des femipes qui Th^bitenc ^ 

ont cbnné lieu aux Européens de dire ea 

proverbe, qu'il y a cent portes pour entrée 

dans le Royaume de Bengale Se qu'il n'y 

ea a p^ «ne pour len fortir. C^pendanc 

V^k n'y eft p^^ tr(^ Ain pour les ctran- 

gçrsu $e« p^iacip^les villes font Cbatigaai 

OQ Bengale ; Peça ou Daca > réfidence 

du Viceroide la pçqvioçe j Ragi-Mohol , 

^r^de Se belle ville » remarquable pac 

les forci^attons, par fe$ temples , par un 

palais magnifique 4'ua c^iarré parfait » 

vani;é p^t Qraas çomwenm lieu de dé^ 

lices, qu'on a<J«>irerait d^^is tout a^re 

Î^y$.y &c; 3Mpjrtgi>er.,iat?elier où Ion fa- 
brique toutes ;foâ:tes d'ouytâges. On dif- 
lingue enore ces diftriâs ceux de Pruna^C 
de Pauiv^ qui ont eu des Roi^ p^rt^éu* 
lier^. Les Jrfan^s, jes Aa^lpis iSc les 
Uollandpis ont d^ €oni|Hoir$ au Bea- 
falerfur jes cives du Gange. L^ Hq)^ 

Ai; 



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'4 Histoire DE l'Asie, 
îlandois ont occupé jufqu'à 800 mille ou- 
HisToiRE vriers du pays dans leur feule fadorerie de 
DIS Indes. Caffam-Bazar. Les Européens ont rendu 
Gugli , Chandernagor, Chincora , & plu- 
fieurs autres villes de cette contrée, fa- 
meufes parle commerce. Les Anglois do- 
minent aujourd'hui dans le pays. La guerre 
y a ruiné les établiflemens des François, 
& il ne leur eft pas permis d'en relever 
les fortifications. On dit que le Mogol 
n'impofoit pas fur le Bengale un tribut 
proportionné à fa rich^flTe , parce que fes 
habitans font des peuples capricieux , prêts 
à profiter de Téloignement où ils font de 
la Cour & de la proj^imité des Rois en- 
nemis des Mogols , s'ils n'étoient mé^- 
nages. Tous les revenus du pays paflent 
aujourd'hui par les mains des Anglois, 
qui en remettent une partie à l'Empereur , 
une partie avi Souba. La Province d'Orixa , 
S" peu connue , eft fituée au-deflous du Ben» 

f gale, le long du Golfe* Voyez la. fin de 

( la defcription du Malabar. 

i frovîuccs * Les Provinces d'UdelTe, <îe Meouat, 

d'uicffc , «de de Jefuat , fuuées au-delà du Gange, ont 
Mc€uai,&c p^^^ capitales Jokanat ou Jehanac & Ja-^ 
ganat , Narnol , Rajapbur. C'eft particu-^ 
Fièrement dans ces contrées orientales que 
triomphe l'Idolâtrie Indollane. Elle y a 
, été moins attaquée que vers le midi & 



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^^^^ 



•^^•-^fe 



©E l'Afrique et de l'Amérique, y 
dans les Ifles par le Mahométifine ; elle! 
y ctoit mieux défendue, foit par les eaux Histoire 
du Ganae, foir par l'alliance avec les^" Indi». 
Gentils Je la Prefqulfle. On voit Ifes jours 
de fête dans leurs pagodes jufqu'à cent 
mille Indiens des autres Provinces. Les 
plus beaux temples Idolâtres de llndof- 
tan font ceux de Jaganat &: de fianarous. 
Cette dernière ville , ficuée fur le bord 
du Gange , eft grande Se bien bâtiç. 
Il y a un collège fondé par le Raja 
Jeiflîng. 

Patna , Province enfermée entre quatre 
rivières , le Gange , le Perfilis , le Jemma 
ou Gemené & le Candaefc, porte le noqi 
de fa capitale , ville célèbre par fbn com- 
merce & une des plus grandes de l'Inde. 
La Compagnie HoUandoife y a un 
comptoir j le foufre fait fon principal 
trafic. Les Provinces de Kandonana , de 
Gor & de Pitan , placées entre l'eft & le 
nord , dans le voifinage clu Tibet , n'offrent 
rien de remarquable dans les defcriptions 
des voyageurs. 

Le Bakar ou Bakish , fur la rive oc- 
cidentale du Gange , au midi de Pitan 
Ôc à l'oueft de Kanduana, eft préfenté 
comme un pays très-riche & d'un grand 
produit pour le Mogol , par ceux qui en- 
ferment dans fon Gouvernement le Doab 

A ii j ^ 



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IS HistoiHkdél'Asii, , 
î ou Sàtttbal , l'Udefle 8c le Jefuat. Becanar 

ȣ9. j^^ Province de Halabas , autrefois Pu- 
rop , a celle de Bakar au midi Se celle 
de Patïia à louéft. La capitale qui a le 
jtîème nom , firuée fur le bord du Gange, 
à Tembouchure du Gémené , a été long- 
temps un des boulevards du Royaume 
des Patanes; c'eft, dir Thevenot, la ville 
M^e Pline a appellée Chryfobacra. Akebar 
la fubjugua Se la fo^rtifia d'une bonne ci- 
tadelle , dans laquelle on voit un obé* 
lifque fort antique, de foiîtante pieds de 
Kaut. Oh y confervê avec foin des pagodes , 

2ue les gens du pays attribuent, dit-on , à 
idam & Eve, dont ils prétendent fuivre 
ta religion. L'Halabas , fi Ton y comprend 
le Narvar Se le Sambal , ou bien le 
Meouat , forme tin grand Gouverne- 
ment. 
vroTittcede Gualaor, capitale de la Ptovrnce de ce 
ciuiaor. ^^^ ^ fituée entre Sambil & Narvar , en 
tirant vers Toueft , eft une afTez grande 
ville Se une des meilleures places de 
rinde. Sa fortereffe fett de ptifon d'Etat. 
11 y a dans fon enceinte une mofquée 
bâtie fur le tombeau de Morad Bakche , 
cmpoifonné par Aurengzcb , avec une 
grande place, environnée de voûtes 8e 
de boutiques. C'eft Tufage des Indes de 



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ut l'Afkiqui et m t'AuiKiQVfi. 7 ^ f 

joindre à tous les édifices publics une "^*"'*^ 
place qui fert de marché, & d'y attacher Histoire 
des fondations pour les pauvres. ^^^ Ikois. 

La province d'Agra , entre Bakar & Province 
Gualaor fur les bords du Gémené qui la ^^' 
trayerfe dans toute fon étendue , eu unç 
des plus confidérable de TEmpire. Scan- 
4erbad , une de fes principales villes, a été 
la capitale d'an puiflànt Roi Patane. On 
voit encore à Fetipour , autrefois la pre^ 
miére ville du pays , un palais accompa- 

f;né d'une des pli^s belles mofquées de 
'Orient, bâtie par un Calender, efpéce de 
Dervifch Mahomctan , qu'on y honpre 
comme un faint. On 7 trouve encore 
Andipour,Verapour, riche en beaux tapis; 
Chitpour, célèbre par (es chitesou toilçs 
peintes; Bargent, place d'un Raja, & 
autres villes au nombre de plus de qua- 
rante, fans parler de plus de 3500 viila- 
Î;;es. Le commerce des chiies, toiles dont 
e peuple de Turquie Se de Perfe aime 
i fe vètlr , & qui fèrt en d'autres lieux de 
couvertures de lits & de nappes à manger , 
fe fait principalement à Scronge , grande 
ville. 

Agra ou Egre eft la plus belle ville de 
llndottan^ ou du moins il 0'y a que 
Dehli q^i puilTe lui être comparé. Man- 
ëcllo dit qu'on n'en peut faire le tour à 

A iv 



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i ïtlSTOlRE Dl t'^AsiE, 

^*™'"'*^ chevaî en moins d*un jour ; mais il faut 
Histoire obferver que fes maifons font écartées les 
NDis. j^g^ jgj autres & que celles des Omrahs 
eut des jardins très»fpacieux« Ces Palais y 
entremêlés de grands arbres verds dont 
on a rempli les jardins & les cours pour 
fe procurer de la fraîcheur , forment une 
perfpedive très-agréable fur-tout dans un 
pays aride & brûlant, où les yeux, dit 
Berniec, femblent ne demander que de 
la verdure & de lombrage. Le palais 
Impérial efl: accompagne de vingt- cinq 
ou trente autres grands palais, fuivis fur 
la même ligne d'autres beaux bâtimens ; 
ce qui donne , dit Thevehot ,. le plus bel 
afpeâ: du monde à ceux qui font au-delà 
de la rivière de Geméné* On y voit une 
galerie peinte en or 8c azur , donc Schah- 
Jehan avoir déffein de couvrir la voûte 
de lames d'argent : ce travail fut inter- 
rompu par la mort de l'ouvrier François 
qu'il avoir chargé de Texécution. Ce 
Prince avoit eu auflî la fantaifîe d*orner 
un petit fallon d'une treille de raifîns ^ 
repréfentés en rubis Se en émeraudes dont 
on montra des feps à Tavernier. Man- 
deflo vit dans le même palais un trône 
d'or maffif couvert de pierreries 8c une 
tour revêtue de lames d'or qui contenoit, 
dit-on, huit chambres pleines d'or , d^ac- 



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. ^^^ 



»E l'Afrique bt de l'Amérique. 9 

gent, & autres chofes précicufes, tréfor SS — *T 
eftimé i 500 millions d'écus. Histoire 

On compte dans Agra quinze grands ®" Inpes. 
marchés , 70 grandes mofquées ,800 
bains publics dont TEmpereur tire des 
profits coniidérables , So Caravenferas , 
où les étrangers font logés gratuitement. 
Les tombeaux d'Agra & des lieux voifins 
font très - remarquables. Les Seigneurs 
ont ici l'ambition de fe faire inhumer 
magnifiquement. Les Eunuques du palais 
ne pouvant perpétuer que leur mémoire , 
conf^ccent la plus grande partie de leurs 
richelFes à leur fépulture. Le maufolée 
que Scliah Jehan fit élever à Tlmpératrice 
Tadgé-Mahal, eft une des merveilles de 
rOrient. Bernier qui en donne une def- 
cription détaillée la met au-defTus des 
pyramides d'Egypte. T'avernier vit com- 
mencer & finir ce grand ouvrage , auquel 
il affure qu'on employa pendant ii ans 
le travail continuel de zo mille hommes. 
On prétend que les feuls échafaudages 
coûtèrent plus que l'ouvrage même, 
parce que manquant de bois , on étoit 
obligé de les faire de briques, comme le 
ceintre de toutes les voûtes. Deux mille 
hommes, fous le commandement d'ua 
Eunuque , veillent fans cefle i la garde de 
l'édifice Se du Tafimàkan^ ou grand Ba- 

Av 



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lo Histoire di l*Asib, 
zar , auprès duquel Schah Jehan le fie 

Histoire élever pour lui attirer plus d admirateurs. 

DES Indes, jj y ^ toujours des Mollahs en prières 
auprès du tombeau. 

On a dit que la ville d'Agra étoit tel- 
lement peuplée qu'elle pouvoit mettre 
deux cent mille hommes fous les armes : 
Tavernier dément cette aflertion. De 
cette ville à Lahor, il règne une allée 
d'arbres , à laquelle Edouard Terri donne 
400 milles d'Angleterre de longueur. 

Provinces du Midi. 

Province de La province de Bando ou d'Afmîre, 

Baado ou hC^r \ ^ 1 1 ■& « 

oiije. forme a-peu -près le centre du Mogo- 

liftan , entre les provinces de JefTelmire, 
d'Agra, & dé Dehli. Ses principales 
villes font Bando , Touri , Moafta , 
Godack & Afmire. Jeflelmire au midi 
de Bando, a pour capitale une ville de 
ïbn nom. On y trouve auflî Radimpour 
& d'autres places moins confidéraoles. 
Chitor, province encore plus méridio- 
nale, étoit autrefois le Royaume des 
Hanas, defcendans de Porus. Sa capitale, 
Chitor , qui emtrafïbit autrefois plus de 
fix lieues de circonférence , n'eft qu'un 
amas de ruines j on y diftingue celles de 
cent mgodes. Malotte ou Malvsj, coa- 



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trce fertile à l'eft de Chitor, fait un grand 
commerce dans Racifpour ou Rantipour Histoire 
fa capitale. On y remarque auffi les villes ^^* Indes- 
de Scrampour & d'Ugen. La rivière de 
Cepra, fur laquelle eft fituée Catleada , 
réudence des anciens Rois de Maferdoa , 
arrofe une partie de cette province en 
allant fe jetter dans le Golfe de Cam- 
baye. Kandish, ^u midi de Malva» 1 
pour capitale Brampour , ville très-com- 
merçante t mal bâtie , fort peuplée , & 
baignée par le Tapty qui fépare la pro- 
vince d'un petit pays nommé Partabza, 
tributaire du Grand - MogoK Brampour 
fut la réfidence des Rois de Dekan ; on 
voit devant fon château la figure de ^élé- 
phant de Schah-Jehan , pered'Aurengzeb. 
CePxincë qui ainioit beaucoup cet animal 
lui érigea cette Sçatue dans le lieu même 
où il étoit mort en combattant. Les GentiU 
la vont barbouiller de couleurs , comme iÛ 
font à leurs pagodes. Pala, Aflere, Si 
Mandou , font des villes corifidérables de 
la même province, dont le gouverne- 
jnent eft n important qu'il é&, prefqoe 
toujours le partage d'un âls ou d'un oncle 
de l'Empereur. Ce canton voit au midi la 
province de Bérar , peu connue , capitale, 

Shapor- ^ ProTÎncedc 

1-a province de Guzarate ou Cambayea Ga^^^^e ou 
' A w: : Camb^yc. 

A v; 



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^^^^^ iz Histoire de l'Asiï, 
^"*'*'**^ une des plus belles & des plus marchan- 
HisToiRE des de i*Empire Mogol, contient dans 
»£s Indes. ^^^ étendue a environ quatre- vingt lieues 
tant en long qu'en large , plufieurs villes 
du premier ordre. Amadabar, Métro- 
pole du pays, eft compofée de deux villes 
bâties , dit-on , par deux princes nommes 
Tun Ahmed & l'autre Mahmoud: 
* Thevenot croit que c'eft rAmadavaftis 
d'Arrien. Mandeflo lui donne fept lieues ^ 
de circonférence , en comptant Tes faux- 
tourgs. Son Meidanfchan, marché du 
Roi , eft une place de 1600 pieds de long 
fur 800 de large , ornée d'un double rang 
de palmiers Se de tamarins , entremêlés 
de citronniers qui rafraîchiflènt l'air & 
forment une perfpedlive charmante. Ces 
jnêmes arbres plantés dans les rues & élevés ^ 
au-delTus des maifons donnent de loin à 
cette grande ville l'apparence d*une vafte 
forêt. Les Jardins, les maifons de plai- 
fance & les tombeaux offrent au dehors 
un autre objet de curiofîté. Le plus 
ibmptueux des tombeaux, eft celui qu'un 
Roi de Guzarate fit ériger en l'honneur 
ée fon précepteur , & qui a fervi de fépul- 
tnre à plufieurs Princes. Le territoire de 
cette ville comprend vingt- cinq gros 
bourgs & près de trois mille villages j il 
. produit environ zo millions de revenu. 



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©ï l'Afrique et de l*Amérique. i j 
Le Gouverneur, titré de Raja ou Prince , 1 
eft obligé d'entretenir douze mille che- Histoire 
vaux & cinquante éléphans pour la dé- ^^^ l^^^^* 
fenfe du pays & pour la fureié des che- 
mins. On Taccufe de protéger quelque^ 
fois les brigands & de partager le butin 
avec eux. Ces brigands lont les fuiets de 
quelques Rajas voifins , entr'autres du 
R^ja de Badour y puifTant par des châteaux 
Se des villes bâties fur des montagnes. U 
a iine garde de deux cents hommes : fa 
maifon eft compofée de plus de 500 
Officiers. 

'Broitfchia, une des plus fortes places 
<ie rinde, bâtie fur une haute montagne, ^ 
étend fa jurifdidion fur 84 villages. Elle 
eft bien peuplée. La plupart de fes ha- 
bitans font des tiflerands qui fabriquent - 
les baftaS) les toiles de coton les plus 6nes 
de la Province. Brodra, viHe muée fur 
Ja petite rivière de Vaffet , eft remplie 
'de tiflerands & de teinturiers. Son diftriét 
renferme plus de 200 villages. 

Cambaye, grande & belle ville, eft 
£tuée au fud^eft d'Amadabat , à trois milles 
du Golfe auquel elle donne fon nom. Ses 
habitans font un trafic confîdérable à 
Diu , fur la frontière maritime du Gu-r 
zarate, dans l'Arabie, dans Ja Perfe, à 
Acbim Se à Goa. Sqs maifons font toutes 



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14 Histoire DE l'Asii, 
bâties de pierre» de brique & de marbre , 
Histoire g^ cependant fon enceinte a pour le moins 
PM Indes, j^^^ Heues de tour. On dit que les Gen- 
tils de cette ville ont obtenu , a force d ar- 
{;ent , le privilège de ne laifTer tuer dans 
eur ville ni bœuf, ni veau, ni vache j Se 
que fi un Chrétien ou un Mahométan 
etoit furpris à tranfgrefler cette défenfe ^ 
fa vie ne feroic pas en fureté. Il y a ap- 
parence que ce privilège a du être à 
terme. 

Surate ou Soret 9^55 lieues au midi 
de Cambaye & environ à 5 o d'^Âmadabat , 
• ^ cft une des villes du monde les plus com- 

merçantes. Elle eft moins remarquable 
par Ion étendue que par l'agrément & la 
îblidité de £ts édifices. Sa grande place 
eft magnifiquement décorée par les palais 
qui l'environnent , & par le château qui 
la termine. Les dehors des maifons font 
lambriiTés de belles boiiteries, comme 
HQs plus propres appartemens; & les 
murs font intérieurement incruftés , ainfi 
que les planchers , de carreaux de porce- 
biae. Les fenêtres reçoivent le jour par 
des carreaux d'écaillé ou de nacre qui 
tempèrent l'éclat du foleil ^ fans^ trop 
jifFoiblir fa lumière. On admire , entre ks 
édifices pubLics , un beau Taquié ou re- 
lier voir 4}ae The:v^uot ne craint pas de 



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PE l'Afrique et de L*AMiRiQUE. 1 5 
comparer aux plus beanx ouvrages que 
les Romains ayent &its pour rucilicé pu- Histoire 
biique. On dit qu'il n*a pas moins coulé ^^^ «•*•• 

2ue le château. Il a été fait aux dépens 
*un riche Banian , nommé Gopy. Surate 
n'avoit point d autre eau à boîre,avant qu'oiir 
eut creufé les cinq puits qui eti fourniiTenc 
aujourd'hui dans tous les quartiers. De- 
puis que le* réfervoir eft devenu moins 
nécedaire , on le laiflfe encombrer. 

Cette ville a deux Gouverneurs ou 
î^ababs, l'un pour fe fervice militaire. 
Vautre pour les affaires civiles. Le premier 
n'a d autorité que dans le château j l'autre 
exerce fon pouvoir dans la ville. La por 
lice y eft fi bien adminiftrée qu'on n'y 
entend point parler de vols ni de meur* 
très, & que les difputes même y font 
rares. Dans le tems qu'Ovington étoit à 
Surate , il y avoir plus de viiîgt ans que 
perfonne n'avoir été puni de mort. Les 
grands chemins font confiés i h garde 
d'un Officier , nommé îoufTedar , & les 
rues à celle du Kotual , efpéce de gran4 
prev&t. Ces Officiers répondent des vols, 
mais ils font ordinairement affez adroits 
pour ne pas les payer. Cependant Repeu- 
ple épuifc pr rénormité des tributs , y 
eft réduit a la plus grande mrfére. Lq9 
demeures de ces infortunés » au rapport 



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i6 Histoire de l'Asie, 
îde Xavernier, relTembienc plutôt a des 
HisToiRï gr^Pggj qy'4 jg^ maifons, n'étant bâties 
PMi Indes. q^ç j^ rofeaux enduits d'ordure de vache, 
fiétrempée dans la boue. Le Gouverneui: 
de la ville aggrave le joug impofc par le 
Prince , fur-tout depuis que fa charge eft 
fixe & vénale. Il femble avoir acheté le 
droit d'exercer fur les habitans toute ve- 
xation , jufqu'â les faire mourir pour s'em* 
f>arer de leurs biens : il a fur eux toute 
'autorité de defpote. Telles font les 
deux faces de cette ville célèbre, que Ton 
a de la peine à reconnoître pour la même 
ville dans les defcriptions des voyageurs, 
prefque toujours conduits par des afFec- 
dons particulières & par des préventions 
qui leur dérobent la moitié de . l'objet. 
Les Anglois y dominent aujourd'hui. 

Bifangatan , au centre de la province , 
eft une des plus grandes villes de l'Indof- 
tan. On y a compté près de zo mille 
maifons. Pettan avoir autrefois plus de 
fix lieues de circonférence j elle eft tom- 
bée avec fon commerce. Il y a dans cette 
province beaucoup de petites villes, 8c 
de gros bourgs très-marchands. 
©Sfcnradonf Les anciens habitans du Guzarate , fe 
i^'ll^d™^"" nomment Hindoys ou Indous. Ils l'em^ 
portent encore par le nombre fur les 
étrangers. Les hommes font robuftes & 



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Y>1 L*ArRIQUE IT DE l'AmIKIQVE tj 

bien proportionnés dans leur taille. Les 
fetnines font petites, propres, & recher- H«toi«i 
chées dans leurs ajuftemens. Leur fein ^** iNPit. 
cft prefque découvert j elles ont les bras 
nuds ou plutôt chargés de bracelets juf- 
qu*du coude. Un long commerce avec les 
Aiogols a mis beaucoup de conformité 
entre les ufaees des deux nations , fi 1 on 
en excepte Tes Banians qui font plus 
nombreux dans le Guzarate que dans 
toute autre province. Il y a auilî beau- 
coup de Rajeputes. Des villages entiers 
y font peuples de voleurs , tels que les 
Gratiates habitans de Bilpar. Leur Raia^ 
moyennant un péage qu'on lui a céaé^ 
doit payer le dommage qu'ils font. Pa% 
mi les caftes des Gentils , celle des Tche- 
roi>s fort eftimée par les idolâtres, eft 
d'un grand fecours pour les voyageurs. 
Quand on a un de ces Indiens & fa fem- 
me avec foi , on fe croit en fureté , parce 
que fi l'on rencontre des voleurs , le 
Tcheron leur dit que le voyageur eft en 
fa garde , Se que s'ils en approchent , il fe 
coupera la gorge j & la femme les menace 
de fe couper Ta mamelle avec un rafoit 
qu'elle tient à la main. Les Gentils de ce 
quartier croient que c'eft un grand maW 
heur d'être la caufe de la mort d'un 
Tcheron j on devient par-là le rebut de 



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i8 Histoire de l'Asie, 
!la cafte. II eft arrivé autrefois que ées 
Histoire Tcherons, protedcurs des paiTans , fe 
ȣs Iit0Es.fQj,j tuer pour les garantir de vols, mai$ 
aujourd'hui ils compofent avec les voleurs 
i, certaine fomme que donne le voyageur, 
& ils en retirent leur part. Thevenot rap- 
porte que les faabitans du Bourg de Debca 
etoient autrefois de ceux qu'on nommoit, 
MerdiCoura, Anthropophages j Se qu'il 
n'y avoir pas grand nombre d'années 
qu'on y vendoit encore de la chair humai- 
ne au marché. C'eft aujourd'hui une re- 
traite de voleurs très-impudens qui por- 
tent prefque toujours l'épée. 

Provinces Je rOueJi. 

Provinces de ' Soret, petite provîncej riçhe , peuplée, 
sorctjdcMui- çy fréquentée des Européens, touche 
iTahar* a 1 Orient le Guzarate & la mer au fud- 
oueft* Sa capitale eft Jaganet. Tatta a 
l'Occident de Soret eft coupée par le Sind 
ou Indus , qui , après avoir formé plufîeurs 
Ifles j fe décharge vers le 24^ degré d^ 
latitude dans un golfe qui porte fon nom. 
Cette province eft infeftée de brigands 
appelles Janûtes qui fe cantonnent dans 
les montagnes du pays , & d'autre bri- 
gands qui viennent des frontières de la 
pçrfe , du Mekran, du pays des Bologes, 



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La capitale & la province ont le! 



vnètne nom* Les artifans de ce pays paf* Histoirb 

£erit pour les plusinduftricux de TEmpire. "* Indes. 

X>eibul eft un port de Tatra à l'entrée du 

Cjrolfe de l'inae. Tlndus coupe auffi par 

%^ nnlieu Bukor on Bakar , province dti 

xiord de Tatta & de Soret» cafpitate Bi^ 

Icorfakor. Le Multan , borné à Toccideoc 

par la Perfe & au midi par Bukor, eft 

également arrofé par Ilndus. Sa capitale » 

Sultan, eft une ancienne ville fameufe 

par Ton étendue 8c pat fes manufaârures. 

Mais les voitures font trop chères dans le 

pays, pour que le commerce de cette 

ville ne s'en re/Ienre pas beaucoup. K fe 

répand de*lâ dans la Pérfè beaucoup de 

Banians, grands ufuriers. Se beaucoup 

de baladins. Les femmes du pays manient 

les armes Se montent à cheval comme 

les hommes. Ces Banians ont une loi qui 

leur permet de ne ptetidre qu'une femme 

entre deux ou trots frères. 

Le Candahar & le Hajakan ont été cédés 
à là Perfe par le traité fait avec Schah- 
Nadir. Hajakan bordé à l'eft par Tlndus 
Se i Toueft par le Lariftan , n'a point de 
grande ville. On appelle fa capitale, 
Duckié. Ses peuples oelliquetix nommés 
Ballocks ^ de Ballocki ancien nom du 
Royaume > ibnrpour Ja plupart > foitu^ 



h ^flT"-^ "^^^s^^* 



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20 HlSTOXm BE L'AsrÉ, : 
riers, conduiSteurs de chameaux, gujd^ 
Histoire Je caravannes. Ils fe piquenc de tant d^ 
x>Es Indes, gjélité , qu'ils perdroient oliuèt la vie 
que de $*expofer au moindre reproche. 
Toutes ces provinces Occidentales, à la 
réferve de Soret , font frontières de l'Emw 
pire Perfan, 

^ Provinces du Nord. 

Province de Dehli , province & ville , à Teft de 
âutKi.^ Multan & de Bukor , eft prefqu au centre 
de TEmpire Mogol. Jehannabad, ou la 
nouvelle Dehli , n*a confervé de Tan* 
cienne ville qu'un grand fauxbourg. Le 
Mehal ou Serrail, c*e(l-à-dire, le palai$ 
Impérial , n a pas moins d'une demi-lieue 
de circuit. Il y a trois cours à traverfec 
avant que d'arriver à la falle du Divan ou 
d'audience. Cette falle eft ouverte de trois 
côtés. Trente deux pilaftres peints en or 
te en azur , foutiennent fa voûte. Schah* 
Jehan avoit formé le delfein de les cou- 
vrir de pierres précieufes. Le trône 
f»lacé a l'entrée a la forme d'un petit 
it i colonnes , il eft revêtu de pier- 
reries. Lorfque l'Empereur qui. donne 
tous les jours audience génér||b^^à midi , 
vient s y alfeoir, on eleve a^dun des 
ÇQiis% UD grand parafol au bouf d'unç 



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i>EL*ÀPRiQtyE ET 0ï l'Amérique, it 

Îîque Se Ton attache aux colonnes du lit 
ts armes du Prince , fon fabre , fon car- Histoire 
quois , fon arc & fes flèches. Des Ennu- ^^^ ^^"• 
qaes chadènt les mouches avec des queues 
de paon. Il y a dans la cour du Divan 
appellée Âmkas , un efpace entouré de 
baïuftres d'argent , occupé par les Omrahi 
de garde & par des munciens qui ne 
ceflent de jouer pendanc l'audience , de 
snaniére à ne pas interrompre tes délibé- 
rations. A quelque diftance, vers le mi- 
lieu de la cour, il y a un petit ruifieau 
derrière lequel tous <}eux qui demandent 
audience , les Ambaflàdeurs mêmes doi- 
vent s'arrêter jufqu'â ce qu on lènr per- 
mette de paàfèr outre. L'habitation de 
r£ihpereur eft d'un côté de l'Amkas; 
fon Harem eft fur la gauche avec une pe- 
tite mofquée. Entre les autres édifices 
publics , on admire une mofquée placée 
au centre de la ville. Comme la plûparc 
des maifons ne font que des chaumières, 
les incendies y font fréquens. fierniec 
ne confidére cette ville que comme un 
amas de villages joints enfemble, & un 
camp d'armée plus commodément placé 
qu'à la campagne. U n'y a que les grands 
Seigneurs qui n'y vivent pas mifefable-» 
ment, parce qu'à force d'argent, i force 
de Korrah> à force d'efclares^ ils fe gro^ 



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11 HisToiRi i>s t*As r 1, 
'curent tout ce qu'ils defireQC; fans cet 
HisToi&E trois rertburces, on y manque de tout* 
9ES iMDxs. Il y a dos lieux paniculiers appelles Kar- 
kanays , où les artifans fe rendent pouf 
travailler. Il y a ordinairement dans 
Dehii plus de 55 mille cavaliers» & 10. 
•a 1 1 mille hommes d'infanterie > {ans 
parler des Omrahs. On voit à deux ou 
trois lieues de Dehli , une très^belle mai-* 
ion de campagne de l'Empereur > appelle 
Schah-Limar. 

Simba y Jengs^our 8c Jêmba font des 
provinces montagneufes bornées au nord 
Se à Teft par le Tibet. Le Gange paroît 
(oïdt à Sioa d'un rocher , atiquel les habi^ 
tans trouvent beaucoup de refEbiiblance 
fivec la tête d'une vache, animal très* 
tivétc'y ce qui attire en fouie les Indiens 
i cette fource dans laquelle ils fe baignent 
religieufenaent. 
Pcoyince de Ùl provifice de Lahor eft auflî appellée 
*'*^'^* Pengab ou cinq eaux , parce qu'elle eft 
ûxués entre cinq rivicres qui fe fectent 
dains l'indus tlont le nom acabe eft Pengab 
ou Panab , & le nom perfan Mehran. La 
ville de Lahor a un palais Impérial ma* 
gnifique, qnoiqu'inférieur à ceux d'Âgra 
& de Dehli. Quelques-unes de ks ruen 
ont plus d'une lieue de longueur » mais 
k plupart de £es quamers font defertSà 



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1»E L*ÂF11IQX)EET DE L*AmÉRIQU1. 1) 

Quelques-uns prétendent que c'eft lat 
fiucephaie d'Alexandre le Grand. Il y aHisTomi 
dans cette contrée beaucoup de couvents •** Ih9mu 
d^ Vartias , Religieux Gentils , fondés , à 
ce qu'ils prétciident , depuis pins de 2000 
ans* Il font vœu d obéinànce , de chafteté 
Se <îe pauvreté. Leur noviciat fini , ils ne 
peuvent fortit de Tordre , cependant leur 
Général a le pouvoir de les renvoyer» 
<5*ils commettent quelque faute grave 
contre leurs vowix & principalement con^ 
tre celui de la chaftetc. On les chalTe alors 
tion- feulement de Tordre, mais de toute 
la trft)u. Ge$ Religieux changent fouvent * 

de maifons. Le tems de leur noviciat 
n'eft fus êxe. La maxime fondamentale 
de leur inditut eft de ne faire à autrui 
que ce qu'ils ^ulei^ ^ijl leur foit faiti 
Si qiiel<Tu tm les bat , ik ne fe défendent 
feint. 11 ne leur eft pas permis de regar- 
der une femme au vitage. Ils vivent d'au* 
mène. 11 ne mangent qu'à midi , & queU 
quefois , quelque appérirqui les preflè du^ 
rant le tefte de la fournée y il faut qu'ilîi 
îtttendcnt au lendemain pour boire ot| 
pour manger. Quand le foleil fe couche > 
ils fe couchent aaffi, pour ne point brûlct 
dt chandelle, 6c dans une même cham^ 
br^. La terre leur fert de lit. Prier Dfea 
te lire des livres, c'eft toute leur qccvh 
|>ation. Il y en a qui n'adorent Dieu qu'en 



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14 Histoire DE l'Asie, 
îefprit, ceux-là nont point d'idoIes« 
Histoire Attok & Nagrakut font deux villes 
i>i$ Indes, ^^j donnent leur nom à deux provinces 
montagneufes , (ituées au nord de Petv» 
|ab : Actok paflè pour une des meilleures 
Forterefles de l'Empire. On voit dans une 
riche pagode de Nagrakut une idole monf^ 
trueufe , appellce Matta & fort honorée » 
à laquelle quelques pèlerins offrent ua 
morceau de leur langue, après fe 1 être 
coupé. Un volcan attire oeaucoup de 
Guébres à Kanamaka. 
ProTiffice de La belle province de Kashmire ou 
Kachcmire. Kachemire , forme une vallée environnée 
des montaenes du Càucafe & d'Atto , 
autrefois fubmergée , fuivant des chroni-- 
ques Indiennes» & enfuiie miraculeufe- 
pient defléchée par un Pire ou faint hom* 
me nommé Kachet,qui donna une iâiie 
aux eaux à travers un rocher. On pren* 
droit cette pio/ince pour un grand jardin 
toujours vert entremêlé de bourgades 
qui fe découvrent entre lès arbres. 11 n'y 
a rien de (i beau » dit Bernier , pour un 
petit Royaume que Kachemire ; il méri- 
teroit de dominer toutes les montagnes 
circonvoifines jufqu'i la Tartarie , 8c 
tout rindoftan jufqua Tlfle de Ceylan, 
cçmme il a fait autrefois. Les Mogols 
i'appeUent le paradis terreftre des Indes. 

Sa 1 



dbyGoOgfë 



T>K l^Afrique ET DE l'Amérique, ij 

capitale , Syranakar ou Kachemire , ' 

: une ville aiTez grande; les Kachemi- ^wtoiri 

îns ont la réputation d'être fort rpirituels*^** Iudu. 

plus adroits c|ue tous les autres Indiens,. 

ans le talent pour la gocfîe & la difpo- 

ion pour les fciences, ils égalent les 

erfans. Us excellent dans les ouvrages 

e tabletterie fur lefquels ils appliquent 

or & le vernis d'une manière particu-^ 

tére. Le fang eft beau chez ce peuple. 

(erniec dit que les Kachemiriennes ne le 

édenc point en beauté aux femmes des 

>ays les plus renommés de l'Europe. Si 

les femmes de Lahor font les plus oelles 

3runes des Indes, celles- d ont l'avan- 

:age d'être blanches. Il n'y a pas vingt 

ins, die le même voyageur, qu'il partoïc 

tous les ans de Kachemire des caravanes 

qui traverfoient les montagnes du grand 

Tibet, entroient dans laTartarie, & fe 

rendoient en trois mois ou environ à 

Katay, quoiqu'il y ait de tuès-mauvais 

paffages , & des torrens très- rapides qu'oa 

pafle fur des cordes tendues d'un rocher 

à un autre. C'eft ainfi que le commerce 

par la force de Tintéret qui l'anime, 

furmontetous les obftacles pour lier la 

communication entre les peuples z ce fait 

peut fervir i expliquer la prompte tranf- 

Tome F. B 



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itf H r s T O ï R F Dr-B t* A S I î- ,. 

'latton des Religions Indienne^ â la Chine 
Hktoi»! & dans la Tartarie. 
ms l«PB«. Rh^^ gg X^ri placent au-delà de 
j^^*^*^"^*'Kachemire le pays de Kakars} cepen- 
dant Bernier regarde Kachemire comme 
la dernière province de l'indoftan du 
cêfté du nord« 11 y a apparence que les 
deux Anglois ont vcmlu parler du 
Royaume de Kafchgac ficaé â. l'orient de 
Kachetnire en tirant un peuau feptentrion, 
pftys étranger à l'Indodan. M. Otter , en 
ûiivant les caufes de Thamas Koulikhan , 
fait mention d'une grande ville nommée 
Pichaiver, capitale d'uneprovincede mcme 
iK)m. U rappelle le fouvenir de la ville 
de Gazna<, autrefois fi célèbre fous des 
Princes Turcs, & féconde en grands 
ftommes dans la littérature* Elle eft fur 
la frontière de Tlnde. Le Zabliftan ou 
KabouUftan appartient aujourd'hui à 
ITEmpire de Perte. Les Indiens ne recon- 
noilfoient autrefois leuri Princes que 
<|uand ils ayoient été comxHinésà Kaboul. 

Vt la Prtfqu'JJlc de L'Inde eji-dtçâ du^ 
Gangue 

Cette péninfule qui s'étend' depws hmp 
|«fqu'à vingt degrés de làdtude fepten- 
trionale^la forme d'un cône renverfé dont 



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. la longueur du nord au fud eft d'environ! 
140 lieues. L'intérieur peut fe réduite à Histoire 
trois contrées principales , le Dékan ou^^ !«©*»• 
VifaDour , Carnate & Golkonde. La côte 
occideiuale qui regarde l'Arabie, coure 
fous le nom de Malabar , du Cap S. Jean ^ 
frontière du Guzarate , jufqu'au Cap Co- 
inorin , pointe de la prefqu'iile. La cote . 
orientale , fur le GoJfe de Bengale ,. porte 
le nom de Coromandel depuis le Cap 
Comorin , iufqu'à Bimilipatan , ffootiére 
d'Orixa. Nous devons prérenir nos lec- 
teurs que les dernières guerres de Tlndof- 
tan ont entraîné dans ceç contrées des 
changçmens qu'il ne nous a pas été poifi- 
bïc de marquer avec exaâxtude. 

Intérieur Je la Pcninfuk. 

Le Dékan > auflî nommé Vifapour^ ic oékta. 
touche du côté du nord aux provinces de ©olko^^'** 
CJi^arate Se de Candisli > il s'étend au *€• 
midi jufqu'au Pays de Carnate ;^ enti^ 
quinze & vingt degrés de latitude du nord^ 
cent lieues de long, fur une moindre 
largeiar. Golkonde le borde à l'çft , & la . 
cpie à l'oueft. Le Gou vernemelit du Dékaa 
■fembraife aujourd'hui, le Carnate & Goî- 
kpnde , ce qui a fait envelopper fous le 
mime nom. de DéJbm ces deux conaces. 

BiJ 



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li HlSTOmi DF L*AsiE, 

Balagate , Doltabad y Telenga , Bagla- 
Histoire na, le Vifapour propre forment autant 
DK iNOit.jg provinces de l'ancien Royaume de 
Vifapour, & une partie du nouveau 
Dékan , foumife au grand Mogol. ÂureH" 
gabad , principale ville de Balagate > 
n'étoit qu'un bourg qu'Aurengzeb , étant 
viceroi du Dékan , aggrandit en mémoire 
de fa première femme qui y étoit morte 
& pour laquelle il avoir eu d'autant plus 
d'affeâion que tous fes enfans venoient 
d'elle* Le tombeau de cette PrincefTe, 
8c la mofquée dont il eft accompagné 
avec un beau caravenfera , ont coûté des 
frais immenfes , parce qu'il a fallu appor- 
ter de LahoT, par charroi , le marbre blanc 
dont ces édifices font revêtus. La ville eft 
marchande & bien peuplée. 11 y a dans le 

Î>ays des moutons fi forrs qu'ils fooffrent la 
isUe & la bride, & qu'ils portent des enfans 
de dix ans partout ou l'on veut qu'ils aillent. 
Les Gentils d'Aurengabad confervent , au 
fujet des tombeaux & des pagodes nom- 

• 1:>reux d'Elora taillés dans le focher l'ef- 
pace d'environ deux lieues , une tradi- 
tion fuivant laquelle ces temples font un 
ouvrage de géans. Thevenot dit qu'ils 
fttrpauent la force humaine , quoique la 

> fculpture & l'architeûure n'en foient pas 
attfii délicates que celles des édifices de 



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BE l'Afrique et de.l'AmIiçiqui. 19 
l'Europe. A Chitanagor, il y a un temple S 



dédié à Chira femme de Ram avec un Histoire 

{valais de très-bon goût, approchant de^** Indm» 
ordre dorique. 
Doltabat étoit une des meîlleures forte* 
refles des états du MogoL Son château eft 

f»erché far une montagne B efcarpée que 
e chemin qu on y a pratiqué ne peut 
recevoir à la fois qu'un cheval ou un 
chameau* Ce pays , ainfi que le refte du 
Dékan , eft fi peuplé que les routes font 
toutes garnies de villages & de bourgs, 
tjn voyageur vit à cinq lieues de la ville 
de Nandec, auprès du village appelle 
Patoda, des danfeurs de corde d'une fou- 
ple/îè extraordinaire. Leur corps fe plioit 
comme du linge. Dans cette troupe , il y 
avoir une fille de treize i quatorze ans qui 
fit pendant plus de deux heures , les tours 
les plus furprenans , qu'elle termina pat 
des traits finguliers d'équilibre. Un hom^ 
me mit fur fa tète une colonne de bois 
haute d'un pied & grofle comme le bras, 
fur cette colonne un badin , fur le baffin 
quatre petits pilliers hauts de quatre pou* 
ces , difpofés en quarré & furmoniés cha- 
cun d'une planchette large de deux pou- 
ces 9 enfin fur ces planchettes quatre au-* 
très petits pilliers avec des planchettes ' 
xomme les premières. La fille fe mettait 

B iij 



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î© HiSTOiitB DE l'Asie^ 
î debout fur cet édifice , & rhomme cou- 
Histoire roit de toute fa force fans qu'elle branlât. 
PIS îNDïs^QygjqygfQjj pendant cette courfe , elle 
s^atTéioit ou fe tenoit fut un pied , prenant 
l'autre à fa main, . 

Beder, dansleTelènga, eft une place 
fone & munie d'une bonne artillerie. Le 
pays eft le théâtre de la plus ûiperftitieufe 
Zc de la plus honteufe idolâtrie. Les Bra- 
mines de ce canton , & peut-être en tjft- 
il de même ailleurs, mangent ^ un cer- 
tain four de Tannée , de la chair de pour- 
ceau, mail en fecret, fuivant les ftatuts 
de leur feâe. 11 y a un autre jour de fctc 
auquel ils font une vache de pâte qu'ils 
cmplilTem de miel. Us Tégorgcnt enfui te 
& la mettent en pièce. Le miel qui coule 
repréfente le fang de la vache > Se la pâte 

2u*ils mangent tient la place de la cnair. 
)n peut conjeélurer que l'attachement 
"^ aux anciennes coutumes a fait fubftituer 

cette efpéce de facrifice aux facrifices fan- 
glans dont il eft limage , abolis par l'opi- 
nion de la métempfycofe. 

Mouler eft la capitale de Telenga. Il 
y a encore dans le Dékan un grand nom- 
bre de villes très-confidérables telles que 
Gracn , au centre du pays fur la rivière 
de Corfena qui le traverfe; Myrfie , ville 
vafte, mal peuplée, défendue par une 



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DE t*AFRIQUI ET •! l'AmX&IQTJS* Jl 

-très-bonne citadelle , & renommée poor^ 

deux tombeaux omde^s fiacctnsansibnt*s*€>fR« 
tin objet de vénération potir toat le pajrs^*** 4Nf3«*. 
Condelvai & Indelvai , fur les confins Jk 
<5olk<>nde , célèbres par les lames -qu'on 
y fabrique ; Àmadanagar , ^tiefois 0^ 
dence d un Roi ; Rajapour , ville des état» 
du fameux Sév^gi, qui pofledok dans fc 
même canton plufieiirs places foires dont 
ies garnifons fasibbnt des cpurfos conti^ 
iiuelles fur les terres du Mc^l ^ ^c. 
La ville de Vifapour tavcm environ cinq 
lieues de tircuit ; il n*y a jamais eu que 
feu de négoce & peu de chofes renur^- 
jquables. 

les montagnes de G^tt 6c de Bala- Des Raje- 

Sjate coupent Ja Prefqu'ifle dans toute fa P"ic«- 
ongueur du nord au îud. Elle fo«t habil- 
lées par des peqples fiers & belliqueux par- 
tagés^ en olufieurs tribus fous des Rafas. 
Porcés d'abandonner aux Arabes,aux Turcs 
Se aux Mogols lears plaines fertiles , ces 
Indiens fe ibm étirés dans ces monts^es 
incultes > où les excellentes moeurs des 

Ïremiers Indiens, les afnciefmespofttiqTOS, 
i douc^r^ la bonne foi, l'union, k 
fimplicité & labravottfôfefontco^rvëes 
avec la pauvreté. Les dificceme» kâts 

nartagentlcur culte £ont fi peu faloufes 
ire desprofélytes, qu'on bornow^qd 
fit? 



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Ji Histoire di l*Asii, 
voudroit abandonner la fienne neferoît 
wlwL^^^^^ reçu dans une autre, à moins qu'il 
'^e prouvât que fes ancêtres ont toujours 
fuivi ce dernier culte. Les ravages des 
Tartares , des Maures & des Européens 
ont établi parmi eux le préjugé que «ous 
Jes^ peuples de la terre font cruels & 
médians, 

11 y a encore dans Tenceintc de l'Em- 
pire Mogol , plus de cent Rajas qui con- 
icrvent une eîpéce de fouveraineté dans 
leur pays, quoiqu'ils payent polir la 
plupart tribut au grand Mogol , & qu'ils 
fervent dans fa milice avec leurs Raje- 

Jmtes, fils ou fujets de Rajas. Ces cava- 
iers portent toujours l'épée. Leurs princes 
leur diftribuent des terres, à condition 
qu'ils monteront à cheval au premier 
ordre. Il ne leur manque que ladifcipline 
pour être bons hommes, de guerre. Le 
Grand Mogol donne aux Rajas des pen- 
fions confidérables pour le fervir avec un 
corps de troupes. A la Cour , ils partagent 
avec les Omrabs Mahométans dont ils 
ont le titre j toutes les humiliations de la 
dépendance. Il en eft peu qui confervent 
une ombre de grandeur en préfence du 
Souverain. Le feul Raja qui jouifTe encore 
du droit de marcher fous le parafol , hon- 
neur refervé au Monarque de l'Indoftan, 
c'eft le redoutable Raja de Zeduilié , dont 



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De l'Afriqui et de l'Amérique, j j 
la capitale fe nomme Ufepour, auprèsî 
d'Amadabad y c'eft ce Raja , ifTu de Porus , Histoire 
qui prend la qualité de fils de celui qui*" *'^"* 
le fauva du déluge. Les Rajas de Rator 
Se de Chagué font , après lui , les plus 
refpeftés à la Cour , comme les plus re- 
doutables. Schah- Jehan ayant un jour me- 
nacé un Raja de Raior de lui rendre une 
vifite dans (es Etats , le Raja lui répondit 
que le lendemain il le dégoiueroit de ce 
voyage. En effet , il fit ranger fur les bords 
du fleuve vingt mille de les cavaliers , & 

Eria l'Empereur de jetter les yeux da 
aut d'un balcon du palais fur cette troupe. 
Tu vois fans frayeur, lui dit-il, la bonne 
contenance de mes foldats qui montent 
paifiblement la garde devant ton palais; 
fî m emreprenois de porter atteinte à leur 
liberté , tu ne les regarderois pas fans pé- 
ril. Schah- Jehan fit un préfent au brave 
Raja. 

Le Mogol tônoît plufieurs de ces Râjas 
à fa folde, non7feulement à caufe de la 
bonté de leur milice , mais parce qu'il 
trouvoit ainfi de la facilité à fe les attacher 
& à entretenir enir'eux la jaloufie par fes 
faveurs. Ces Princes y naturellement liés 
par une religion 8c par des intérêts com<* 
muns , fe feroient bientôt prêté la main 
cootre le peuple ufurpateur , fi Ton n avoir 

B r 



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34 Histoire de l*Asie, 

^"""T— ' çu l'art de lés défunir. On employoit lears 

Histoire armes & leurs négociations dans les <jue- 

x>Es Indes. ^ç\i^^ fréquentes qui s ekvoient avec éts 

Rajas rmutins , toujours prêts à r^fufer le 

tribut, contre rinquiette & terrible nation 

des Paianes, contre les Ornrahs révoltés 

$c fur-tout contre les Perfans , ennemis 

d^autant plus dangereux, que la plupart 

des Ornrahs étant de cette nation & de 

la religion d*Ali , TEmpereur ne devoit 

point compter fur leur fecours ni fur leur 

fidélité. 

DeiMarattes, Parmi les nations indomptées , les plus 

a« Pâtancs, forinij^bies f^^jjj j^j Marattes & les Pa- 

tanes. Les Patanes font établis dans les 
Provinces inférieures aux environs de 
Dehlî , $c les Marattes dans le Dékan. Les 
Marattes , fi célèbres depuis Sévagi , n*ont 
d'autre métier que de defcendre de leurs 
montagnes pour venir enlever , à la pointe 
de l'épée , dans Tlndottan , de quoi fubfiC» 
ter. Quoiqu'ils foient fan$ connoiffance 
de l'art militaire & plus à craindre avec 
la fronde que le mouCquet ou ie fabre à 
Ja main , leur manière de faire la guerre 
leur donne fur les Maures une grande 
fupcriorité. Au lieu que les armées de ces 
derniers font ordinairement pefantes Se 
chargées do bagage , celles des Marattes 
font toujours leftes & font }uf<|a'à quinze 



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Di t'Avi^tQXji ET DE L'AuiKiqvt^ i J 
lieues par jour. Un général naura dans! 
leur camp qu'un cheval ôc une tente pa-^^sToiRE 
reille à celle du dernier officier Mcjgol.^'^ Indw. 
Ain(i ils faciguenc 5 ils harcèlent, ils af- 
fament , ils défulem les Maures » qui 1 
la fin ne pouvant les frapper d'un coup 
décîGf par une bataille générale , le 
trouvent obligés de leur donner de Tar- 
gent, ce cjui eft le but ordinaire de ces 
btigands idolâtres. Par leurs pillages ôc 
par leurs épargnes dans leur manière de 
vivre , ils fe font élevés en moins d'tm 
fiécle à un tel degré de puiflance, dît 
l'Auteur de THiftoire des dernières guerj?es 
des Indes , qu'ils imprimenc la terreur à 
tous les pays fiwés entre Ûehli & le Cap 
Comorin , au lieu qu'ils n'étoient regar- 
dés auparavant que comme un peuple de 
fort peu d'importance. Les Princes In- 
diens en prennent quelquefois des armées 
à leur folde ; mais lî l'ennemi de cdûi 
qui les foudoie leur offre des coadittons 
plus favorables, x:ette reffcufce deviciiic 
pour eux auffi funefte qu'elle pouvoit leur 
être avantageufe. 

Si les Marattes forment une cavalerie 
redoutable, la meilleure infanterie eft, du 
moins après les Maures , celle des Pa- 
tanes, peuples Maboméians, qui de l'A- 
rabie^ dic-^Hi^ vîarent long-temps avaar 

_Bvj 



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îtf HlSTCIlll DE L*ASIE, 

— Tamerlan , s'établir fur le rivage mért- 
HisToiRE dional de llnde , d'où s'étendant aux en- 
Bis iNPEs. yi^^^^ jjj Qg.pgç jjj çA ^^ j^ Bengale , ils 

fondèrent le Royaume de Parna , qui do- 
mina fur la plus grande partie de Vlnde. 
On les nomtne auifî Afghans. Ce nom 
approche beaucoup de celui des Aghuans, 
peuples du Candahar ; le voifinage & la 
conformité de la vie des deux nations , 
donnent lieu de croire qu'elles ont la 
même origine. Le Colonel Lawrence af- 
fure qu'on les appelle, indifféremment 
Aghuans ou Patanes. Cette nation fiere 
& couragcufe méprife fouverainement les 
Indiens & hait fouverainement les Mo- 
gols , fe fouvenant toujours de ce qu'elle 
fut autrefois. Tous ces peuples n obéiflTent 
aux loix des vainaueurs qu'autant qu'ils 
ne peuvent s'y fouftraire. 11 étoit aifé de 
prévoir qu'ils extermineroient la race de 
Tamerlan. 

Les Montagnards de l'Inde font en 
général (i diftingués par leur aâivité » qu'ils 
ne paroilfent point participer à l'indolence 
de la nation. Il éft néceffaire de rappeller 
ici que nous parlons de la chofe publique » 
relie qu'elle étoit avant la révolution eau- 
fée par les Scyques , peuples inconnus au- 
paravant. On trouve encore dans les mon- 
tagnes beaucoup de ces nations fauvages» 



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DE l'Afrique iTDi t*AMiiiiQifE. jy 
Il y en a dont les arcs font fi forts » qu'un ^— — *^**' 
Européen auroii peine à les courber. IIHitToiM 
paroît que les Scyques font de ce nombre. *** Im»w» 
Thcvenot prétend que Ton voit des can- 
nibales dans les provinces de TEmpire les 
mieux cultivées. 

La féconde partie du Gourernement iec«ausK. 
du Dékan & de l'intérieur de la Pénin- 
fuie f s'étend fous le nom de Carnate ou 
Bifnagar & Narfingue , depuis le Royaume 
de Vifapour jufqu au Cap Comorin. Elle 
comprend les Royaumes de Carnate , de 
Tanjaour, de Marava, de Maduré, de ^^ 

Mayfour , de Gingi , &c. Arcate eft la 
capitale de toute cette contrée Se la ré* 
fidence du Nabab. Le Souba , Gouverneur 
général du Dékan , difpofe du Gouverne- 
ment d'Arcate. Les Jefuites > dans le re« 
cueil des Lettres édifiantes , ont donné 
quelques lumières fur ce pays > que les 
voyageurs avoient néglige de décrire » 
fur- tout avant les dernières guerres des 
François avec les Anglois dans le Dékaa* 

La capitale dii Carnate propre a chez 
les anciens voyageurs les noms de Bifna- 
gar, de Narungue, de Chandegri. Les 
voyageurs les plus récens Tappellent Can- 
gibouram ou Cangivaron. La ville de ce 
dernier nom étoit autrefois > dit le Père 
Boucher 9 une ville cckbre , qui reo£»^ 



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j8 HiSTOflLC I>« t'AsiH, 
nx>it dans Tes murs plus de 300 mille 

^"'w ^^^^y ^ 1'^° ^ c^oi* 1^ Indiens. Us 
Mê ^*»«s.^jgjj^,^jjj <ju*on y gardok <|ans une 

grande cour » des lames de cuivre , Air leC- 
ipelles'étoienc gravés ks droits êc les ob- 
ligations particulières de chaque cafte. Ces 
Ismies fe £c>nt perdues dans les ruihes de 
œtte fameufe ville , lorfqite les Maures 
y lont fàccagée« Autre£;>is s'il s elevoit qud- 
i^ diTpute de cafte , les deux parties al- 
loient plaider devant les Brames de cetie 
vJUe, dépofitaires clés loix. La décifton 
-v^^ de (x$ Brames eft encore aujourd'hui d*uti 

graïKl ffGfUsy parce qu'ils font du moins 
mieux inftruics de k tradition* C'eft ttae 
cttadelle bâtie iur fine mont^ne qui a 
iioncvé le nom de Carnate à ce pays« La 
ville de Y elour qui a un Nabab particulier, 
a auflî une nès-tbrte ckadeUe» amour de 
JaqueBe^dit le P. Saignas 9 on entretient 
.des crocodiles pour en fermer le paftage 
à l'ennemi. 

Ce Miâfonnaire donne k defcriptioo 
cnrieufe d'un tem;^ que l'on voit a Ti- 
Kmnamaley , une des plus aïKiennes &c 
des plus^fameufes villes de ta Péninfule. 
Sur une des tours de ce fnperbe édifice , 
&nt repréfeatées les neufs rnétamorphofes 
de Wifthnou. La voui» du temple fou- 
«ffiue de deux caogi de piliers » OIÛB0 



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dÎl'Apriqueetdil'AmIrique. 39 
rhiftoire de Brama. Dans une colonnade' 
magnifique , ouvene de tous côtes & pla- Histoim 
fonnée de pierres de taille , on trouve fut ^'* ^^^^ 
neuf cens colonnes ouvragées , chacune 
d une feule pierre haute de vingt pieds , 
les combats des Dieux avec les Gcans Se 
leurs jeux avec les Déefles. C eft là que 
les pèlerins qui viennent de toutes parts , 
fe retirent pendant la nuit. Derrière la 
colonnade eft un corps-de-logis habité ^t 
un grand nombre de Brames , d* Andis , 
de §ania(fis , de facrificateurs , de gardiens 
du temple, de muficiens, de chanteulès 
Se danfeufes , filles , dit le Miilionnaire , 
fort au-deflfbus d'une vertu médiocre, 
u'on appelle pourtant par honneur fiUès 
u temple ou nlles des Dieux. 

Tanjaour eft la capitale d'un Royaume icTanja**; 
dont les terres , dit le P. Boucher , font 
les meilleures de toute l'Inde méridionale. 
Ce Royaume peut être regardé comme le 
centre de Tldolâtrie. Aufli eft-il renommé 
par le nombre prodigieux de ks Pagodes. 
On y compte plus de 5^0 villes & bourgs 

2ui fe vantent de l'apparition de quelques 
)ieux j Se c'cft fur la foi de ces préten- 
dues apparitions qu'on leur bâtit tant de 
temples. Les Rois de Tanjaour ont fr- 
ênaie leur zèle à cet égard par des fommes 
immenfes^ dont les pieux pèlerins leàx 



i 



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4Q HisTôiRH DE l'Asie, 

****"^"*^ payent un gros inicrêt dans les douanes. 
Histoire Lj^ principale force du Prince confifte dans 
»i$ NDw. £^^ tréfors , qui montent au-delà de trois 
cens millions. On compte qu'il tire an- 
nuellement de fon pays plus de trente 
tonnes d'or. Il n'a pas des troupes nom- 
breufes fur pied^ mais l'argent lui en pro- 
cure des levées très- promptes. Ce Prince» 
comme tous fes voifins , rend homn>age 
au Grand Mogol. Tranquebar, place Da- 
noife, eft fituce dans fes Etats. 
tcMatara. L^ Marava eft un petit Royaume placé 
entre le Tanjaour , le Maduré & la côte 
de la Pêcherie. Ce pays eft prefque tout 
couvert de bois & de broflTailles. Le Prince 
rélide à Ramanadaburam. 11 prend le titre 
de protéfteur héréditaire & patron des 
Pagodes qui font à Ramanacor ou Rame- 
furan , petite Ifle , fituée entre Maduré 
& rifle de Ceylan. Les terres du pays 
font poflcdées par les plus riches habitans , 
moyennant un ceruin nombre de foldats 
qu'ils font obligés de fournir au Prince 
toutes les fois qu'il les demande. De cette 
manière , le Prince peut lever , en moins 
de huit jours, julqu'à quarante mille 
hommes ; il eft d'autant plus exaâ:ement 
obéi qu'il révoque à fon gré les poflef- 
feurs des terres. Il a fecoué le joug du 
Maduré. 



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Le Maduré eft borné â l'orient par le ■ 



Tanjaour & par le Marava. Ce Royaume, Histoiri 
auflî grand que le Portugal, compte 7^^^^^^^* 
Palléagars ou Gouverneurs , auxquels le ^ ^^*^*^ 
Roi cède pour un impôt , l'autorité abfolue 
dans leur diftriâ:. Maduré , capitale, a 
beaucoup perdu <le fon ancienne fplen- 
deur depuis une irruption des Mayfou- 
riens , qui a engagé les Rois à. tranfporter 
leur Cour à 'HrichirapaU ou Tricnena- 
paljr , excellente place', qui contient plut 
de j oo mille habitans. Le Pagode de Chî- 
rangam eft un des plus beaux qui fe voient 
aux Indes. 

Le P. Martin Se les Hiftoriens de$ 
dernières guerres de l'Indcftan font ici 
mention d'un peuple /îngulier qui diffère 
a beaucoup d'égards des autres Indiens» 
On le nomme Colleri. La gloire, chez 
rette nation , conlîfte dans des vols on 
brigandages hardis & heureux. C'eft pen- 
dant la nuit que les CoUeris fortf ut de 
Jeuts retraites & de leurs forts pour en- 
lever les beftiaux des villages voilins , ou 
pour les tuer avec des piques, s'ils ne 
peuvent les emmener vivans. Leur grande 
habitude dans ces forces d'exploits, leur a 
donné tant d'audace 8c de dextérité , que 

r)ur une fomme d'argent,, ils s'engagent 
aller au milieu d'un camp fe faifir d'un 
cheval £n 1755 , ^^^ ^^^^^^ decetc^ 



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4^^ Hl$TÔIB.« BS t'AsiMf 

- nation ayant été convaincus d'avoir volé 
Hi«To»i gu Major Lawrepcc & au Capitaine Clive 
Ms ^'«^M'tous leurs chevt»x en différent teihps , 

Tun des deux offrit de ht aller chercher , 

rendant que fon frère refteroit en prifoti, 
condition qu'on leur pardonneroit à l'un 
•ôc à l'autre. On y confentit , il partit Sc 
jie revint plus. Lorfque les Angfois tne- 
<nacerent le CoUeri prifonnier de fe vea- 
f er fur lui de cette infidélité , il répondit 
Fort tranquittement <^u'il ^it furpris 
qu'on eût la fuuplicité <fe croire que 
lui Se ifon frère rendroient un butin qai 
enrichiffoit leur famille, lorfqu'il étoit en 
leur pouvoir de le garder , moyennant un 
aufli petit facrifice que celui de la vie, 
qu'il avoir fouvent hafardée dans un feul 
repas. 11 ajouta qu'on ne pouvoit le blâmer 
•d'avoir contribué au falut de fon frère, 
fpuifqu'ik auroient plutôt péri tous les 
4ieux que de resdre les chevaux. L'indHF- 
'ftrence avec laquelle il fit cette ridicule 
apologie 9 parut u iinguliere aux Anglois, 
rqu'ils le renvoyèrent fans autre {Hinitioâi. 
J^e P. Martin peint les CoUeris phis bac^ 
jbares que tous les Sauvages des autres 
|>artiesdu Globe. Si on l'en croit, lorfque 
•deux perfonnes de la nation ont entr'efles 
des différends, une coutume inviolable 
4>blige l'un des deux à £bu£Erir ou â faire 



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VI I*AfMQUE et 1>S L^AuÎKlQVt. 4i 

fouffirir aux (îens tous les maux aue l'autre 
fe fait 1 lui-même ou qu'il feu à fa fo- Histoire 
mylle : & Ton a vu cette fureur de fe vcn- ^** !«*»«• 
ger , agir fur eux avec tant de violence , 
que pour un léger affront^ un Jumime 
tuoic fa femme & fes enfans » pour av^ 
la fatisfaâion atroce de forcer (on en- 
nemi à fe priver ain(t de ce qui lui ctoic 
le plus clier. Heureufement jpour la na- 
ture humaine , dit 4m Hiftorien Anglois , 
aucun officier n'a pu , jufqu'à préfent , dé- 
couvrir aucune trace de cet ufage dia- 
bolique, & le Jcfuite cft le feul qui en 
ait parlé. 

Le Royaume de Mayfbur, qui a pour Royaume de 
capitale Chirengapamam , iVtend à loueft ^*y^**'- 
& au nord du Maduré; le Malabar le borne 
a l'occident. Cet Etat eft de tous ceux que 
le Mogol n'a pas entièrement fubjugués , 
celui qui eft devenu le plus conudérable 
par les conquêtes que fes Princes ont faites 
de plufieurs fortereflTes , dans le Maduré 
& dans les Etats voi^ns. Ce qui cend les 
Mayfouriens fi redoutables , c'eft la tna- 
niere cruelle dont ils traitent les prifon- 
niers de guerre. Ils leur coupent le ness. 
Les officiers & les foldats foat rccompen- 
fés â proportion du nombre de nez qu^ils 
envoient a la Coun Comme le Caveri 
qui prend fa fcurce dans les montagnes 



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44 Histoire DB l'Asie, 
de Gatt , traverfe le Mayfour pour fe 
Histoire rendre fur fa côte orientale, les Princes 
ut Inoes. Jç ç^ p^yj Q^j fouvent eu des différends 
i cette occafion arec les Rois de Maduré 
te de Tan|aour. 

A l'orient du Mayfour Se au nord de 
Tanjaour Se de Maduré, on trouve la for- 
teredè de Gingi , capitale d'un petit 
Royaume de ce nom , loumis.au MogoK 
Les anciens Rajas de ce pays avoietit une 
Cour fort ibmptueufe. 
«femtiDBf Toute cette contrée de l'Inde mérî- 
••***^*^*^ dionale eft foit peuplée & garnie de villes 
& de villages. Les peuples y font fore 
miféirables » comme dans tous les pays 
où ils ne recueillent pas le fruit de leurs 
travaux. Les Princes obligent leurs fujets 
à cultiver une certaine étendue de pays. 
Au temps de la moiflbn » leurs officiers 
font couper les grains , dont ils laiffent i 

Csine la quatrième partie aux laboureurs, 
e Gouvernement n'exerce ces vexations 
fur les peuples que parce que les Maures 
impofent fur les Princes des tributs exor- 
bitans » qu'il faut exadement payer, fans 

2[Uoi le pays feroit mis au pillage. Le grand 
loignement de la Cour Mogole contribue 
beaucoup i la manière dont les Indiens 
font traités. Après les Nababs & les 
princes , il n 7 a de richeffe que dans les 



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1>E L*Af RÏQUE ET DE i'AacÉR IQUl, 4 J 

mains de quelques officiers , qui n'en ! 
jouiflent qu'autant qu'on ne juge pas à Histoire 
propos d'employer fur eux le chabouc,^*^ Indiv 
gros fouet dont ils ne fe garantiffent 
qu'en fe replongeant dans la mifére. La 
juftice fe vend. Si les parties offrent des 
fommes égales , le Gouverneur les re^'oit. 
Se pour ne point commettre d'injuftice , 
il ne donne fatisfaâion ni à l'une ni i 
Tautre. Les guerres des Anglois & des 
François ont rendu ces pays célèbres. 

Le Royaume de Golkonde, dernière 
portion du Dékan , eft borné au levant 
par la côte d'Orixa & par le Golfe de Ben- 
gale, au nord par la même côte, au cou- 
diant par le Vifapour, au midi par le 
Carnate. Ce riche pays eft entrecoupe de 
lacs & d'étangs , dont quelques-uns 
doivent l'origine à l'induftrie des Indiens. 
Ces peuples excellent dans la conftnac- 
tion de ces étangs ; l'on en voit plufieurs 
qui feroient admires en Europe. Bagna-* 
gar 5 que les Perfans & les Mogols ap- 
pellent Hidabrand , n'étôit au commence- 
ment du dernier iiécle qu'une maifon de 
plaifance. Le Monarque qui en forma une 
ville , lui donna le nom de Jardin de Na- 
gar , en l'honneur de Nagar, femme qu'il 
aimoit paflîonnément. Elle a la grandeur 
de nos villes du fécond ordre j un faux* 



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_^^^^ 4( H I s T O I R IDE l'A 9 I « , 

SSSÏiïS bourg (Tune lieue de long» habité par des 

Histoire marchands & des artifans, la précède. A- 

»«s Inp£s. jgyx lieues de Bagnagar, eft la forterefle 

dje Golkoxide » qui peut paifer pour une 

g;:ande ville , puifqu'on lui donne juiqu a 

douze milles de prcuit. On aiïure que le 




jufc^ues dans les lieux où Pon n'emplc 
ordinairemenc que le fer. Il y a des ^erxaUes^ 
qui forment des jardins fufpendus. A trois 
lieues de la capitale, on rencontre une 
belle Mofquée , qui contient les tombeaux 
des Rois de Golkonde. On y diftribue , 
chaque jour après midi , du pain & du 
p,ilau à tous les pauvres qui fe préfententw 
A quarre lieues, on voit Teriara, reuiar-^ 
auable par quatre magnifiques Caravan- 
ùxzs y dans lef<juels on donne gratuite* 
ment la nourriture ^ tous les pauvres 
voyageurs de quelque condition qu'ils, 
(oient. On nomme trois places fortes, 
Cundapoli , Cundavera , Bellumconda ^ 
enrre 70 qui font bâties for des montagnes 
ipacceflîbles. Methold apprit du Gouver- 
neur de Cundapoli que ceue place étoic . 
défendue par 60 forts > qui fe comman- 
daient les uns les autres. 

. Les terres ,. fous l'autorité des Rois , . 
étoienc divifées en gottveuiemens:> qjui^ 



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d^ officiecs; tenoienc à Ê^rme de USSSSSSST 
Cour ,. qui les afiecmoienteux^cnèaiea i Hwtqi*» 
des particaliers , fijbdivifions qui goo- '^** ^^^^^ 
tkiuoienc jafqu'au plus bas ordr« do 
peuple. Le Mo^ol a confervé le même 
tUage. Ceu)i qui n'avoienc pas le moyen 
depayec leur terme, n'a voient pas d'autre 
reâource que d'abandonner lie pays^^ 
fa famille deveneir compcàble de fa dette, 
Metfaald vit mourir: fous les coups de 
canne , un Gouverneur de Mafulipatan in* 
folvable. Tous les ans , les gouvernement 
ctoien t expoCés en vente. Les Indiens y font 
partagés en quarante^(^etre tribus. La pre» 
mîefe eft cdle des Bramines -y la fecoïKie 
celledes Fairigams,prccfesd un ordre infé- 
rieur j la troiSeme^ des Comitis, mar-» 
diands ou banquiers 'y la quatrième , dc$. 
Campovero , laboureurs & foldats , &c. 
La dernière clalfe eft celle de Pariaras ^ 
dont la fonââon eft de préparer les cuirs, de 
faire des fandales^, d emballer les mac- 
chandifes. Us font fi méprifcs qu'on ne 
Uuc permet pas de refter dans les villes* 
Chacun ie marie dans^ fa tribu Sc même, 
dans (à famille, fanségardî à la pareaté. 
La cérémonie du mariage coufift^ à pro^» 
mener les époux' en palanquins. Au re- 
tour ,un; Bmmifiie étend aa tapis ibus le-^ 
^neLlès^fligrîé». m»t^» unejaaaiM flinr. 



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4S Histoire de l'Asie, 
^ic fe prefTent mutuellement le pied. Les 
Histoire veuves font condamnées à. une vie fi 
Mê *Nols.g^J^^J^Jg^ qyg plufieurs prennent le parti 
de s'enfuir. Cette fuite eft un opprobre 
pour la famille ; elle feroit punie au moins 
du poifon , fi la transfuge étoit arrêtée. Le 
caradere de ces Indiens eft la douceur , 
la civilité 1 la fobriété, rattachement aux 
ufages & à la religion. Methold parle d'un 
temple de la petite vérole , dont Tidole 
principale repréfentoit une femme maigre , 
avec deux rêtes 6c quatre bras. Il y a des 
adorateurs de cette divinité qui fe font 
traîner Tefpace d'fin quart de lieue fuf- 
pendus à une folive par des crochets paC- 
lés dans les chairs mêmes des épaules. La 
douleur ne leur arrache aucune marque 
d'impatience. Ils retournent chez eux dans 
un trifte état , mais confolés par Tadmi- 
j:ation des fpedateurs. 

Côlc de Malabar. 

Toute la région maritime qui s'étend 
du côté de Toueft , depuis le Cap S. Jean 
jufqu'au Cap Comorin , porte ordinaire- 
ment le nom de côte de Malabar , quoi- 
que cette côte fie commence proprement 
qu'au mont Dely , fitué fous le ii^ degré 
au nord de }a ligne » environ f ^o lieues 

au-deilbtts 



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DE l'Afrique BT DE l^AmIriquc. 49 

.ftu-defibus du Cap S. Jean » fur la fron- ^— *"* ? 
tîere de Surate. Ceft de ce GaJ> cjue^^ToiRi 
nous partirons dans la defcription lui- ^" Indei. 
rahte. 

Baçaïm, ville d'une lieue de circuit > 
appartient aux Portugais. Le Gouverneur 
prend le titre de Général du nofd« parce 
qull commande fur toute cette côce. Le 
port de Baçaim a pour principal abri U 
petite Ifle Sayette ou Canarin, féparce 
par un petit canal de l'habitation Angloife 
de Bombay , autre petite Ifle qui fervit 
de dot à rinfante de Portugal mariée i 
Charles 11 , Roi d'Angleterre , & que ce 
prince céda à la Compagnie Angloife qui 
en a fait un de Tes plus beaux comptoirs. - 
L'air eft û mal fain à Bombay » qu'elfe 
pafle pour le tombeau des Anglois, Si 
qu'on dit en prorerbe que deux moujfons 
y font la vie d'un homme. De vingt en- 
fans, à peine en arrive- t-il un à Tage de 
maturité. On attribue la corruption de 
l'air à la maûvaife qualité des eaux , 
au terrein bas Se marécageux , Se au poif- 
fon puant dont on fumele pied des arbres* 
Chaul eft dix lieues plus bas que Bombay^ 
au piéfS d'une montagne qui commanae 
le port. Ceft une place fottifîée 1 la mo- 
derne. Dabul , fur la même côte , fut enle- 
vée aux Portugais par le Raja Sévari. 

Tome K C 



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50 HxSTai&B .BE L*ASXB, 

Goa, la plus confidérable des villes d^ 
Histoire ç^jjg ^^^^ ^ [^ capitale ^des pofleffion$ 
»ES IWDEs. porjugaîfçj ^ s cleve en amphithéâtre (n 
fept collines , comme Rome & Conftan- 
tinople , au-delTas d'un bras d'une rivière. 
On découvre, en entrant dans le port fof-* 
mé par deux bras de cette rivière, les 
deux péninfules de Salcet & de Bardes , 
qui lui fervent ep même tems de remparc 
& d'abri. Tavernier remarque que ce port, 
celui de Conftantinople & celui de Tou- 
lon font les trois plus beaux ports du 
frand continent de notre ancien monde. 
a longueur de la ville eft de deux milles 
fuc demi-riîille de largeur. Pyrard lui don^ 
ne une lieue & demie de circuit fans y 
comprendre les fauxbourgs. Entre la ville 
ic la rivière» il y a trois grandes places 
fortifiées & féparées par des murs qui 
tiennent à ceux de la ville. Le palais du 
Viceroi s appelle Fortalezza, tortereffe. 
C'eft-là que fe trouvent la ptifon, le 
trcfor du Roi , & le tribunal de la Juftice, 
l^e Viceroi , dans tous les étabUlfemens 
diek nation aux Indes, jugé en dernier 
rcHort les caufes civiles & criminelle!?, ex- 
cepté celles qui concernent la.nobleffe & 
la religion. Il eft fervi avec tout le fàfte 
de la Royauté. Il ne mange famaîs hors 
de fon paUis» ^ l'Archevêque feul eft 



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OB L^Âf R1Q9B BT DB L^Al^iWQUE. 5 I 

admis à fa table. Goa eft jèiicnenc bâtie. 
Ses maifans font peintes, en dehors com- Histoirb 
de dans l'intérieur , de blanc 8c de rotfge : *** "*^*** 
elles ont prefqoe toutes un ;ardih. Ony 
trouve des Portugais de Portugal, ou nés 
en Europe^ des Caftices ou Portugais 
nés^ aux Incles de pères & de mères Pw- 
tugais ; des métits , nés de pères dt dé 
naeres , lun de Portugal , r^utre de Tlnde ; 
des lodiens ^ les uns Chrétiens > les autre^ 
Gentils , les autres Mahoàiétati^ ^ des 
Allemands» des Hollandois , des Fla- 
mands, des ItaKens, des Anglots, des 
Arméniens. Salmon allure que les prêtres 
y font la moitié des habitans. Les Jéfuiti^ 
y écoient auffi riches qud nombreux» LeS 
yoy^eurs dtfent » en parlant de Pln^ifi* 
- cion, que c'eft la plus cruelle & la plul^ 
îmintoyaUe chofe du momte , qtre cette 
fiàfkke. Une bagatelle, me [^rofe ra^^ 
pomée par un enfant, par vèh éfclave, 
perd un homme. Les Juifs font tôbjourV 
coupables, lorfqu'ils paroident rithes; 
on les brûle au Campô Saiito Lazaro ; it 
j a de ces exécutions pfefque tous Ut 
|ours de fête. Les Gemils 8c les Maho« 
métâns , Indiens ou Maures , ne (ont pa^ 
fiiiecȈ ce tnbcrAal, i mbitn qu'ils n^ai^nc 
4miiaiéqo^)^tt^H!itte hiilbitant du Chrîf 
«ifliÛM; C« utlitk '^ .tracé-pat titt 

Cil 



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• ancien voyageur. Quelques traits cîtéir 
HisToiRi par Tavernier font préfumer qu*il repré- 
pis Indbs. fenioit encore fidèlement ce tribunal dû 
la barbarie dans des tems plus modernes. 
Dans les premières années de rétabliC* 
fement des Portugais , Goa étoit le centre 
des richeffes des Indes & le plus fameux 
marche de tunivers. »» Il eft confiant, 
V dit Tavernier, que fi les Hollandois 
j» n'étoient pas venus aux Indes , on ne 
9t trouveroit pas aujourd'hui chez la plû^ 
M part des Portugais de cette capitale, 
» un morceau de fer} tout feroit or ou 
j> argent. Mais depuis xque les fources dé 
» la richefïè ont changé de maîtres , Tan- 
n cienne fplendeur de cette ville a dif- 
H p^cu. J*ai vu ,, ajoute-t-il , des gens que 
» j avods connus riches de deux mille écus 
m de rente ^ venir le foir me demander 
f> Taumône , fans xien rabattre néad^ 
!• moins dt ieur prgueil, fur- tout les 
^'femti>es qui viennent en,palekis> 
u accornpagnées 4'un valet. Souvint on 
If enin 4n M/cours avtc la bille; & par 
» honneur on la prie d'entrer pour faire 
n une collation qui dure quelquefois luf*- 
st qu'au lendemain. 

' Les ^fclaves ne fe. ve|i4»t pw&k 
Goa i^vfiç p}u$ de déceiKÇi^en Turquie J' 
c;eft-4 d*«> q^V» ilesy méw en trou»*'/ 



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1- MÉffi I ' 1 1 ' I I 



T>E l'Afkique ET M l'Amérique. 5 j 
l^s de lun & de l'autre (e^e, & que! 
chacun a la liberié de lei vifiten Les Por- Histoixi 
tugais yivenc, dic-on, dans un concubi-^^* lN»st. 
naée public avec leurs efclaves, parmi 
Jekiu^les il s'en trouve de trèç-jolies, * '* 
Leur impudicité, dit un Miffionnaire, 
eft une chofe fur laquelle on n oferoit 
s'expliquer. Linfchot qui entre là- delTus 
dans de grands deuils , fait voir que fur 
la terre, il n'y a peut-être famais eu une 
corruption de nipeurs plus infâme 6c 

flus générale <qiie celle des Ponugais des 
ndes. Ils allient avec ce débordement ^ 
avec r.ufure j avec les , noirs adàffînatiP, 
des pratiques dévotes , auxquelles la ft^ 
perftirion corrompue ne manque jamais 
d.^at;tacheç l'idée de la piété» Leurs maria^ 
ges fe célèbrent avec des téfouillances qui 
ne leur donnent pas Tair d'une fète chré- ^ 
tienne. * 

* Carvar, à dix ou onze lieues de Goa> 
en tirant vers le fud , eft la capitale d'un " ' ' ^ 
domaine appartenant à un Ra|a Indien. 
Sut environ vingt lieues de côte » on troiK 
ve encore les Principautés de Rama it de 
Sevaféer , quantité de places fortes , & deç 
ports, comme Aqkla, Kuddermaddi i^ 
Merzée. C eft un pays couvert de moA«- 
t^nes Se de forêts. Les Anglois ont ua 
comptoir & un ,fbrt aijiprès de Cacvar* 

Ciij 



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54 HisToiTii m t'A s'il, 
î Ceft la plus faine & la pltis agréable cokh 
Sr^iL îwe qu'ils ayent fur cette cAte. Aurengzeh 
^ ^ • ruina le commerce Je ce canton , lorfqu'il 

en rendit les Ratas fes tributaires. 
it ^nara. Maiigdor, du diftriél de Canara, an- 
/:ien Royaume fitué à Toueft du Carnate, 
jift une ville plus fameofe par fon cona- 
fiierce que par ta beauté de fes édifices. 
Son terroir fournit du riz, non-feulement 
à tout le Malabar, mais â plufieurs Ides, 
1^ TArabie même S^ à la Perfe. Les Por-- 
lugais ont eu de grands dém&lés avec léi 
. Caoarias pour ta pofTeffion de Mangalor 
jk de fiarcalor , place voifine. Ils n'en ont 
f étiré que quelques comptoirs > quoiqu'ils 
a'atrogenr uae efpece de Souveraineté 
dans le pays ibr ceux que la foibkfie 
oblige à la reconnoître. 
KoftxBtMào Les Indieos de cette côte lie prennent 
caîi^r* jl^ï^"^'" d^ Malabaresou Malavares Qu'au 
cnôganôr^dtpays ck CananoT, un des premiers lieux 
^««*^*«««- rà les Portugais fe (oient établis. Delà 
.au Cap Comorin 3 il ▼ a plufieurs petits 
JRoyaames, peu de villes, beaucoup de 
YÎlkges. Cananor eft une affez grande 
:^iUe, gouvernée par on Roi Idolâtre, 
/iinMmmé Colitry , qui, fans être. plus 
fmififant que les autres Rois de Malabar , 
oe biffe pas d'avoir parmi eux un rang 
lUftÎDgué, qu'il doit i de$ préjugés de re* 



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m l'Afiuque et oi L^AuiKtQv?.. 5 j 
lîgion. Balliepacan & Trecnepatan forment 
dans ce Royaumedes bourgs confidérables. ^""^f^^*^* 
On y fabrique de très-belles toiles , prin-^^^ ^^^^ 
cipalement à Coila. Le principal com- 
merce e(ï entre les mains des Uoilandois 
& des Maures. Les François ont pofTédé 
dans ce canton le comptoir de Talichéry. 
M. Mahé de la Bourdonnais a donné une 
forme avantageiife au comptoir de Mahé, 
fîtué dans un pays nommé Cartenattu» 
foumis à un Seigneur nommé Bayanor , 
lequel reconnoît le Roi <le Cananq^jjgj^ 
Souverain. 

Calicut , premier port des Indes dé- 
couvert par Gama , eft encore , malgré [<^s 
difgraces , une des plus grandes villes de 
k contrée. On y compte fix mille maifons, 
k plupart réparées les unes des autres par 
des jardins. Elle a un Gouverneur Indien > 

?ui prend le titre de Rajador , Viceroi. 
)n aflure que le Zamorin de Calicut peut 
mettre fut pied une armce de cenç 
mille hommes. Il réfide à Pananej bourg 
à huit milles de la capitale , oii Ton trouve 
i peine les traces des magnifiques def- 
criptions qu'on en a faices. Le petit 
Royaume de Tanor eft enclavé dans le 
Malléami) c*éft le nom que les Indiens 
donnent au pays de Calicut. La m sr gagn^ 
tous les îours du terrein fur cetre côie. 

Civ 



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S<? Histoire de i^Asie, 

' Cranganor, à cinq milles de Pananèi 

Histoire fe divife en deux parties , Tune occupée 

»is Indes. j^^ Hollandois &: Tautre par les Ma- 

labares. La forierefle forme la première j 

le quartier Malabar eft peu de chofe. 

Cet Etat qui n'a que trois pu <juatre lieues 

de tour, relevé du Zattiorin. 

Cochin ,autre Royaume voifin de Cran- 
ganor , a auflî comme deux capitales , 
qu'on diftingue de mcme , Tune fous la 
donîînation Hollandoife , l'autre fous celle 
d'un Roi , aufllî vaffal de Calicut. La forte- 
réfle des Européens eft fituée dans une 
grande Ifle , au fud de celle de Vaipin. 
Après Goa, c'eft la meilleure place de la 
côte occidentale de l'Inde. Les Hollandois 
y tiennent le principal comptoir de cette 
côte. La Cochin des Malabarcs où le Roi 
fait fa réfidence , eft fituée plus avant dans 
les terres fur une grande rivière. Ce pays 
eft extrêmement peuplé ; mais l'air n'y eft 

Eas fain , parce que les terres en font 
aflTes & marécageu fes. Les Hollandois 
€n chafîerent prfelqu'eniierement les Por- 
tugais vers l'an i6Si. 

Ces Européens ont^ainfi que les An- 
glais, un comptoir au bourg de Porca ou 
Percatti : ils en ont aufli un i Calicou- 
lang, bourg fitué comme celui de Porca, 
dans une \û^. Se un autre à Carnapoly > 



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BE L^AfMQXJE et m L*AmÉJUQU£. 57 

bourg <jui donne Ton nom à un ççtki 

E^nc, . . , , Histoire 

te RfOyamnç 4ç Travancor s'cçend fur"^* Inm^, 
la cote ae Çoromandel. Le Souverain de 
cet Etat eft tributaire des Badages , qui 
viennent prefaae tous les ans de Maduré, 
faire le degijt fur Cqs terres. On nomme' 
fa capitale Coreuian. Les ^autres villes dç 
ce pays font Tengapatan, ou les HoUan- 
^dpis ont une.fbrtereire j Aniengo , où Ton, 
voit un fort çopftruit par les Anglois j 
£ruva, hameau où ies Danois ont une 
loge couverte de paille^ qu ils appellent, 
comptpirj Coilan ou Coulan, autrefois 
capitale cPun Etat de ce nom j Cotace , . 
grande ville , au pied des montagnes du 
Cap Çomorin. Ces pays font fi peuplés] 
que les, campagnes paroilTent ne former, 
qu'un grand village , dont les* maifons 
K>nt ifolces & difperfces fans ordre; On 
regarde; le Malabar comme un des plus, 
beaux pays de Vlnde. Toute la côte eft ^ 
couvert^ de villages , de prairies , deboisj ^ 
de cocotiers 8c de palmiers toujours verds,. . 
de vaftes plaines cpupce^ de |acs &dQ, 
ruifleaux ; fpedacle qui frappe tous les 
voyageurs^ ^ ^ ,-. . , . ., 

., Leis Maîabares,. malgré la .différence de . obfcmtîa» 
liéiirs Souverains & loppoficion. 4e î^up^urS M^îa- 
ip^rets yfjec^:fdip£epx par les mtpies Joix ^^ ^ Qp«- 



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. . 5^ HiSTOIM DÉ t'As II, 

te les mêmes uf»e$. Leurs Roîs^ à feor 
Histoire avènement au trône , ont coutume de 
^\s iNPïs. ^çjj jç ^ l'enchère la pbce de ptemier Mi* 
DÎftre, à laquelle iU attachent prefque 
toutes les prérogatives de la Royauté. Si 
ce lieutenant-général abufe de ion pou-^ 
voir, il s'expofe à perdre fa place & les- 
Ibmmes qu'il a dcboiufëes pour Tobtenir,. 
tes Roi& portent dans les jours de céré- 
monie une couronne d'or, du poids d*en^ 
viron fept marcs. Ift la reçoivent de Ut 
main de leurs Minifhes. Ces officiers,» 
quelque puiâEans qu'ils Soient, n'oferoient 
pouâ<îr la liberté jufqu'à s'affeoir devant 
le Prince , ni lui parler fans avoir les mains: 
pofées l'une fur l'antre devant la bouche > 
ce qui paiïè au Malabar pour la marque 
du plus profond refpeék. Dans chaque 
£tat il y a une tribu royale , compofée de 
Ikmilles dé Princes. A la mort du Roi ,. 
le pUis ancien des Princes eft déclaré foir 
fticceffeur, fans qu'il y ai^ jamais de con- 
tbftàtion pour la Royauté. Àinfî l'on n'y 
voit jamais de jeunes Souverains, mais^^- 
cm peut en voir beaucoup d'imbecilles- 
tes Princes Se les Princeffes font efcortés 
d'une nombreufè garde de Nattes , ac-^ 
, compagnes de trompettes, de tambours, 
ou d autres ihftrumens.. ' 
it^t^4tiiij^ hçi Ptio^s,. £ /ijpéiieQrs: aux antiey^ 



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M 



»E i.*ÂtKlQVE ET lïË L'ÂMÉHTQÛf . f J^ 

tribas dans 1 ardre politique , font infé- 
rieurs daM Tordre de h religion aux Natn- HisTotR t 
booris ou grande prêtres & aax Bramines.*** l«x>ï** 
Ces hommes facr^s époufènc ordinaire- 
Aient des PrincefTes^ Se leurs enfàns font 
Princes te capaUes de fuccéder d la cou* 
JKmne » parce que la loi claflè les enfan» 
dans les tribus desr mères , fondée fut w 
^pe la fmiltitode des maris qu'il eft per« . 
mis aux femme^ de fe procurer , ne laifle 
pas le moyen de difônguer le véritable 

EBre de leurs enfans. Les hommes^ cm 1* 
berté de fe choidr des femtnes ou det 
maitrefles dans les tribus qui fuivent iin« 
médiatemenr la leur^ ainfi les Naïres em 
nobles épouferont des femmes Tivet, de 
la tribu des kbouceurs 8c diftîUat^Br^ de 
liqueurs différentes; leurs enfans ne foM^ 
point Naïres. Il n eft famaif pem^tf attt^ 
ftmmes de fe méfaltîet : rinâra&ioii 
dé ceite Uâ leur co&rardit la vie en 1» 
l^rté. 

Apfèi Uâ PrifTces, les Nâinboum» h» 
Btamine»^, \tii Naïres te les Tifes , lie 
Mainats o» bianchiflèiirs , le» Ghetéfe d^ 
titfèfamb» les Moucotias ou ^heurs, kr 
PDoHats , ^afrdicns des béftians ft dM 
teifet 9 enfin lom lef métiet» fortMiri 
èm nihm fiibaltetnes; Lef Ndïee» eni 
IM^ k dieii i^^f^tm k$ àrtnesK. Ism 

Cvî 



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6o Histoire dE l*Asie> 
îiribii eft la plus nombreufe. Comme ik 
Histoire dédaignent la profeflîon du commerce, la 
»xs I^DEs. piûp^fj Qiit fçf t peu de bien , mais ils n'en 
font pas moins refpeûés. Leur pauvreté 
les oblige de s'engager au fervice des 
Grands , qui , s'ils font de la même tribu ^ 
les traitent avec autant d'honnêteté qu'ils en 
exigent de refped , pour marquer l'égalité . 
de leur naiiTance. Les étrangers font con- 
traints de prendre des Naïres pour les 
gardier j car fans cette précaution , l'infulte 
Se le vol font les moindres dangers qu'ils 
auroient à craindre de la part d'une triba 
qui doit fa fubfiftance à cet ufaee. 
Comme on prend foin d'en avertir Tes 
étrangers , les vols & les meurtres de- 
meurent ordinairement impunis. Quand 
on employé volontairement leurs fervices , 
leur zèle va H loin qu'ils périroient tous 
jufqu'au dernier plutôt que de fiirvivre à 
ceux dont il$ ont entrepris la défepfe. Si 
un Naïre commettoit envers celui qui lui 
a donné fa confiance , une trahifon » fes 
pjus proches parens le, mettroient en 
pièces, pour réparer l'honneur de leur fa- 
mille. Dellon dit que fous la garde d'uti < 
enfant Naire , on eft plus en sûreté que 
fous l'homme le plus redoutable de cexit 
teibu , parce que les voleurs ont pour . 
p»axime de n'attaquer ^^ê des eiuleniif ^ 



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DB L*AFRIQUElTDlI.'AMiRÏ^VB. 6i 

en état de fe défendre & de refpeéler kl 
foiblefTe. Cependant tout le monde prc-^*"^^** 
fére le plaifîr de paroître avec une efcortei*** Indsi,. 
nombreufe, à la certitude d'être à couvert 
de toutes fortes d'infultes fous une efcorte l 
quiNflatte moins la vanité. 

Les Pouliats font le rebut des autres , 
caftes. On devient infâme en les fréquen- 
tant , & 1 on eft fouillé pour s'être approché 
d'eux à la diftance dé vingt pas. Ils errent . 
prefque nuds dans les champs & dans les^ 
îbrèts , fans avoir d'autres afyles que des 
huttes , des cavernes , des troncs d'arbres. 
^ Si l'un de ces miférables ne fe retire au. 
iignal que lui fait un homme d'une d&s 
premières caftes* celui-ci a droit de le 
tuer. Un foldat Malabare tirera de fang 
froid fur le premier Pouliat, feulement, 
pour éprouver fes armes. Chacun eft leur 
tyran & leur bourreau. Une leur eft pas » 
permis d'approcher des temples ; on a * 

pourtant l'indulgence de recevoir leurs 
offrandes eh or & en argent, pourvu 

3u'ils les pofent à terre, à une certaine; ^ 
iftance. Cette malheureufe efpece 
d'hôjnmes fe nourrit d'inimondices & de 
-charognes, dé celles même des bœufs &. " 
des vaches, ce qui contribue beaucoup à 
la rendre exécrable. Si ce n'eftpas un. 
anatbemé, qui Jahcé d abord fur desrjxialr| 



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et RtsToïKB i»t t*Affxt 9 
! fàitears ^ a pafle fur leurs en&ns , je fi0 
HzsToiRi fçaîs quelle peut erre roririne de ceite 
Mf !»•»»»• 0dieu{e infticution. Quelqu'exfgeant r 

Îuelqiie dur que foie Torgueil de la gran* 
eur, il n'a poinr une auifi froide , une 
aufli vafte, une auffi confiante inhuma* 
iiité dans prefque toute une nation. D'ail- 
leurs les caftes qui touchent à la haSeSè 
des Pouliats » fi elles ne partagem poinr 
h tyrannie des caftes*honorables fur ceux- 
ei^ ne font point livrées à l'outrage comme 
ces mîférables. Ce que l'on voit , c'eft que 
ces mêmes peines qui refpeâent & ho^ 
^ norent mhne la méchanceté dans les ani« 

maux y chez qui l'efpece ne peut perdre 
ion indépendance nararelle , font ordi- 
nairemem durs dan» les leâx que fait l'or- 
IpieH contre les citoyens » fur qui elbt 
exercent leur aâion. 
lobe fViùi§B9f Qooique la débauche fiait aittonfée en* 
îSukL-f? ^'^ ^^5 aman» de la même trib», fi oif 
homme eft convamcu de mielque imrrgoe 
d'amo»: a^ec une femme d'une cafte fi^>é* 
rteUre , les deux coupables font punis^ de 
0oft ou vendus poitt l'efclava^e. Comme 
les femmet de» quatre prenueres trH>a^ 
remp(»tent ordinairemem far les amret 
par la beamé Se lesagrémen»,. A ie pié- 
Ime un grand nombre "de Marchands 



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\i cette punition. Les hommes de la tribu 



d'une f etiime coopbte ont droit , pen- Histoiki 
dant trois jours , à commencer du jour de »*^''^^>*^^** 
fon fopplice , de tuer dans le Heu où le 
crime s'eft commis, fans diflinâion de 
fexe & d'îge, tontes les perfonmes qu'ils 
rencontrent de la tribu du fédoâeur. Le» 
mires exercent ce droit fur les Tive» 
& les Chères j ceux-ci fur les Maucouas> 
Se les Matscouas fur les Pouliats. Ces loix 
orgueilteufes font au contraire fi doucet 
en faveur de l'élévation , qu'il eft rare 
que Ton punifie de mort ceux qui tuent 
des gens d'une claffe inférieure , â moin» 
que le meurtre ne foit aggravé par le» . 
drconftance». En général 1 homicide ne 
^a{ïè pas pour un granrf crime cher le» 
Malabares qui démentent par- là le carac- 
tère Indien. C'eft moins h juftice que le 
letrentiment de» familles qui fe pone â 1» 
vengeance. Le larcin paroit plus criminel», 
en çn abhorre jtifqu au nom. Un vofeuf 
eft infâme , il e0r puni avec t^nt de févé^* 
nté, koT» tes Czs dont on a parlé {rfus^ 
haut y que ibuvem le vot de quelque»' 
grappe» de piMvre conduit air dernier lup- 
p!ice. Ces loiï fcnèlent fiiites pour ui^ 

Eijs oàh population excède la^fubfiftance»^ 
à un coco eft quelque chofe de cohfidé- 
tiSbit^ & h yie d^un k)mme t& mom» 



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€4 HisTomi oi L*Asiif 

3ue rien. Les Malabares, dans les afFaireff 
puteufes , ont recours à I épreuve du feu. 
s Indes, LefuppiJcç ordinaire eft de percer le corps 
à coups de lances » ou de le fendre avec 
le fabre en pIuHeurs quartiers. Le Roi, 
feul juge les matières criminelles. 

Les Malabares à qui la loi permet de 
porteries armes t c'eft-à-dirc, les Naïres^ 
ou Nahers^ s*en fervent avec beaucoup, 
d'adrefle. On les èleve & on les nourrit 
gratuitement dans des Académies entre- 
tenues aux dépens du Prince. Chacun fa- , 
«, brique les armes dont il fe fert. DelLon 

w dit qu'il leur a vu tirer fpuvent deux 
flèches lune après l'autre , & percer de 
ia féconde le bois de la première, chofe, 
difficile à perfuader. La jeune noblefle 
s'exerce fouvent aux fondions militaires, 
devant le Prince ic les grands. Ce font , 
des jeux qui dégénèrent prefque toujçurs. 
en véritables combats, & qui coûtent 
fouvent la vie à plufteurs de ces jeunes, 
champions. 

Quoique les paires foiçnt braves , Se 
qu'ils portent toujours leurs armes nues, 
la plupart de leurs différends (e terminent 
par des injures ou à coups ^de poing. Mais ^ 
s'il s'élève entre des puiflîuis uneflucrellc 
importance pour la fao^ille » chac^n arme r 
quelques uas de. les^yaHausi^^ ^le combat 



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BE l*Afri<^ue ET DE l'Amérique. 6y 
fe livre entre ces malheureux en prcfenceî 
de la Cour , & il ne finit ordinairement Histoire 
que par la mort de tous les braves d'un^" In»ii* 
des deux partis. Quand la viaoire a dé- 
cide de la meilleure caufe , les chefs, lef-, 
quels ne font point entrés en lice , parce 
que leur fang eft trop précieux pour être 
répandu dans toute autre caufe que celle 
du Prince 9 fe réconcilient tranquille* 
ment. 

Les Malabares s'abandonnent rarement , 
à la colère j s'ils fe vengent, ç'eft toujours > 
par les voies de Thonneur. Ils ont tant, 
d horreur pour le poifon , qu'ils ignorenç . 
même l'art de le préparer^ art fort com- 
mun dans ks autres pays de l'Inde. 

Dans leurs guerres , ils n'obfervent ni . 
rangs , ni marches ré^lieres, ni la moin- 
dre apparence de difcipline^ ce <jui a^ 
donne aux Européens tant de fupénorité 
fur eux. Leurs Rois ne connoiflent pas ] 
l'ambition j elle eft rarement la pafiîon de 
la vieilleffe & celle de la mollette ; or les ' • 

Princes ne montent guère fur le trône que ^ 
dans un âge très-mtir, & pour y vivre, 
dans uiie plus agréable oifiveté. S'ils péné- 
trent chez leurs ennemis, c'eft, non pour ,, 
s'aggrandir par des ufurpations, mais j 
pour fe venger de quelque injure par l 
des ravages* A la paix^ ils fe reftituen; ^ 



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i£ - HiSTOIltl DI l'Asii» 
! mutuellement leurs conquêtes, à l'excep- 
HiiTQiKB tion du butin. Us font la çuerre comme 
•■* lNDi$,|çj voleurs exercent le brigandage. S'ils 
gouvernoient par eux mêmes , on pourroic 
croire que Ta^quifition & la polTeflion 
d'un grand Empire leur parc^Hcnt trop 
onéreufes y mais il eft à préfumer qu'on* 
tre la mollefle & l'âge , l'impuifTance les 
enchaîne chez eux. 0>mme ils n'ont que 
de petits états , ils font trop foibles pour 
longer i devenir puiflans. On conçoit 
comment » à la fuite d'un long re(H)s forcé 
par la foibleffe » Thabitude de laitTer les 
pofleflions de ics voifins dans leur entier » 
peut avoir formé une'efpéce de droit 4e$ 
gens , une convention tacite de ne point 
entreprendre les uns fur les autres. Le 
djcoit des gens n'eft que coutume. L'ex« 
trême divifion du p^ys en petits. Koyau* 
mes a Êivocifc l'é^liâfement des Euro* 
péens fur ces cotes. 
Mantes dtt Les Gentils Malabates, ignorans commc 
ÎAaUkar. iQos les Indiens dans l'art de la Marine » 
abandonnent le commerce aux Maures \ 
ceux-ci l'exercent avec la piraterie. Ils 
fent leurs courfes avec des galiote^ & des 

Î galères qu'ils nomment Paras , dans toutes 
es mers voifines , infultant fans diftinc- 
tion tous les navires étrangers ou amis 
qu'ils rencontrent , excepte ceux des Eu* 



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»i l*Afriqt7E et de L'AMiniQtri. €7 
ropéens qui ne lear paroiflenc point tné-i 
prifabies. Plus fubuls que braves, la Histoire 
moindre réfiftance 3es met en fuite. Cruels ^*' ^^^^^ 
ic infolens dans la YiAoîte, leur férocité 
tombe dans le revers. Les Princes fous 
Fautorité defquels ils font établis, n'ou- 
vrent les yeux fur leurs btigatidages que 
pour en partager le profit. Cependant 
pour toiit autre vol , ils feroient punis 
rigoureufement. On dît que lorfqu un de 
ces corfaires met pour la première fois un 
Paras eh mer , il Tarrofe du fane de quel- 
ques captifs chrétiens, croyant le procurer 
une courfe heureufe par cet exécrable 
facrifice. En général les Gentils 8c les 
Mahomérans de cette côte offrent fouvent 
•des facrifices i la mer , fur-tout quand ils 
entreprennent des voyages/Pour ouvrir, 
comme ils le difent , cet élément lorfqu'il 
devient navigable, ils vont en foule y 
jetter des cocos ; les jeunes garçons s'élan- 
cent dans l'eau pour les attraper ; & com« 
me chacun tâche de s'en faifir ou de 1er 
défendre , ils font cent tours de fouplelfe. 
Quelquefois on abandonne i la mer , au 
fon des inftrumens , un vaiffeau de paille » 
Se 1 on laiilè fur le rivage des mets que 
les pauvres viennent manger. ^: 

Au Malabar, par une courame oppoféç coutuM 
À la coutume générale des Indes i ce font^^^SSjJJ^ 



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^8 Histoire Di l'AsiU, 
S les femmes des plus baffes tribus qui emr. 
Histoire ploient les étoffes prccieufes à fe vêtir. Cel- 
Dïs Ind£«. f^ quifont diftinguées par la naiflance , ou 
par les richefTès, ne fe couvrent que de belle 
toile de coton. 11 n'eft permis de .portée 
des bracelets d or qu'à celles que le Sou- 
verain honore de cette diftinâion. Les, 
deux fcxes 'portent des bagues & des pen- 
dàns d oreilles, fi pefans que leurs oreil* 
les, qui font naturellement grandes, en 
font fort allongées ^ c'eft pour eux un trait 
fingulier de beauré. Les habitans origi- 
naires font noirs ou fort bafànés ; ils ont 
la taille belle. Les femmes font petites , 
mais d'une propreté extrême & d'une 
figure agréable. L'habillement , à peu- . 
près le même dans les deux fexes, con- 
fifte dans une pièce de coton ou de foie ». 
oui ne couvre que là ceinture Se les cui&, 
les. Ils nç manquent pas d'efprit, mais 
il n'y a que les Bramines qui cultivent le 
leur. Leurs maifons font bâties de terre ^ . 
& la (implicite règne dans leurs meublef, 
ainfi que dans leur nourriture. ^ 

Cote de CoromandeL 

C6ce de U Du Cap Comorin i la^poînte de Ra- 

Féchcric. manancour , la cote de la Pêcherie forme 

mi efpace d'environ quarante lieues. Elle 



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.^J, 



^E l^Afrïqve et de l*Amérique. 6t) 

'êft inabordable aux vailTeaux de l'Europe , ■ 

parce que les brtfans y font furieux &Hi$TOiRi^ 
au on ne peut hiverner qu'à Tutucurin. •** Indu. 
A l'exception de cette ville qui contient 
plus de 50 mille habitans» il n'y a que 
de miférables villages dont les principaux 
ibnt Punicael , Alandaley » Manapar « 
Tala , &c. dans un canton autrefois norif* 
fànt fous la domination des Portugais» 
Cette côte ,. couverte de ronces & dé 
fables brûlans, eft dépourvue des chofes 
«ccefTàires à la vie. Les Paravas qui en 
font les habitans , ne fe les procurent que 
"par un commerce de poiflbns. L'intérieur 
3des terres eft chargé de grands bois infef- 
tés de tigres. 

. Tutucurin parôît du côté de la mer 
une jolie ville , à caufe des grands maga- 
£ns que les HoUandois ont bâtis fur le 
î>ord de l'eau ; ce n*eft toutefois qu*une 
gro(£s bourgade. Les HoUandois en tirenc 
des revenus confidérables , quoiqu'ils n'eA 
foient pas abfolumenc les maîtres ) car 
toute cette côte appartient au Roi de Ma- 
sure pu an Prince de Marava. Le profit 
principal de leur commerce vient dé la 
pèche Jet perles & des xanxus , gros 
coquiilâgai femblables à ceux avec le& 
ijude oii a coutimie de peindre lés Trî^ 
iKim. L^ Hollandols iimc il Jaleox dii 



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7» HisTOtut DB L*Asri^'! 
commerce de ces coquillages » qa'ii y^lrètt 



Hii^ifts Je la vie pour un Indien qui ofermt en 
ait lM9it. vendre à d'autres ncgocians qu'à eux. Us 
les vendent fort cher au Bengale , où l'on 
en fait des braflfelets qui ont autast de 
luftre que l'ivoire. La pèche déi' peries 
enrichie la Compagnie de Hollande d'une^ 
autre manière^ elle ne fait pas .pécher 
pour fon compte» mais elle levé un droit 
dé foixante écos au moins fur chaiquè 
bateau , dont les habitansfe fervent pour 
cela. Le P. Martin traite de contes ce que 
l'on dit de l'huile que les plongeurs 
mettent dans leur bouche , ou d'une eipece 
de cloche dans laquelle ils ie renferment 
pour s enfoncer dans l'eau. 

A Outiar , non loin du Golfe de Tondi , 
on voit un pont d'environ un ^vtztt de 
lieue > qui joint à la terre ferme Tlfle de 
Ramanancor. Ce pbnt n'eft pas onnpoii 
•d'arcades^ ce fout des rocners ou éss 
pierres énornnes , au travecs^ defqiiejles 
l'eau^a la libetti de couler. Cer rochers 
ibnt en quelques eadroits féparé» par des 
intervalles fuffifans pour le piaflage des 
barques. Il n'eft pas aifé d'imaginer y dit 
le P. Boucher, que ce pont Toit Ibuvrage 
de. l'art ; Caron ne voit pas d'«à l'on au» 
coït pu tirer ces maffesàiormes^ & encore 
jpoias comment ou autek pu les.p ttanC^ 



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D€ l'Afrique et de VhuiKtçfiW'^ r« 
porter. Mais Ci c'eft un ouvrage de la na- 
ture, il faut avouer quex;'eft un des plus Histoire 
furpreaans qu'on ait jan^ais vus. Les Ido- "* !»»«•• 
lacres difent que ce pont fut fabriqué par 
les Dieux » quand ils allèrent «attaquer la 
capiule de Tlfle de Ceylan. De Rama-^ 
nancor , une autre chaîne^e rochers &<]e 
bancs de fable s'étend jufqu a rifle de 
Manaak , fur la cote occidentale de 
Ceylan : c'eft ce qu'on nomme le pont 
d'Adam. 

Suit le Cap Callamedu , & c'eft-U ^^*^ 
proprement que commence la c6te de Co- uiiiemâu e» 
romandel. Negapatan , c'eft-à-dire , ville 'op^«* 
aux ferpens, forme» auprès de l'embou- 
i^hure du Naour ^ un des principaux ëca* 
blidèmens des Hollandois fur cette cote. 
Us y dépofent tomes les richefles qu'ils 
tirent de Ceylan. On compte dam fbn 
diftriâ: une douzaine de vil lages. Katical » 
établifTement François, paroit avoir été ^ 
une viUe très-confidérable. Outre lafbfte^ 
reCe de Karcangery & le gros boarg de 
Tiroumale Rayen*Patnam, le domaine de 
Karîcal embrafTe neuf bourgs ou vill^es 
dan» une circonférence de citiq ou fiât 
lieues* Tcanqoebar y ville de$ Uands» 
renferme dans fon enceinte envivon quinte 
taille habttans, pxefque tmi$ étfangert» 
atmés pêf le comoièrce. £Ue a lut leftNt 



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71 Histoire DE l'Asie, 
! d'une vingtaine de villages. Il y a dans 
Histoire Perrajar , le plus notable de fes bourgs, 
©ES Indes, prefqu'autanc d'habitans qu à Tranquebac 
même. 

Caveri Patnam ou Laure Patnam , à 
Tembouchupe d'un des bras du Caveri , 
eft un endroit célèbre parmi les Indiens , 
qui croient s'y purifier par les bains , fur- 
xout au temps des éclipfes. Un autre en- 
droit très-fameux , mais plus avancé dans 
les terrés , c'eft Schiali , grande ville , où 
il y a plus de 60 pagodes. Les Anglois 
occupent le cliâteau de Tivucottey ou Di- 
vicocé, enfermé dans deux bras du Ca- 
veri , ou Colladham , ou Coloron , qui 
termine l'Etat de Tanjàour du côté du 
nord. 

La ville Indienne de Porto -Novo, 
nommée par les Maures Mahmud Bendey, 
^ par les Indiens Paranghy - Pottey , a 
ordinairement pour Gouverneur un Bra- 
mine, qui tient quelques lieux voifins 
fous fa dépendance. Les Anglois, les 
François, les Danois & les Hollandois 
y ont des loges. Les incurfions des Mar 
rates y ont affoibli le commerce. A trois 
Ifeues eft la fameufe pagode de Chahn- 
bron , chef-d'œuvre de l'art. Les Maurjes 
^ ont &it une fortereffe. Cependant le 
Gouventieur qui dépend du Nabab d'Ar- 

cate. 



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DE tktKKiXrÈ BT Illl*Â>fiRTÇ|VE« 7f 

cate ) laiiTe aux pavens la libené âW exercer ^ 



Ictr culte , parœ qu'il dv retire oe grands HtrroixB 
avantages. • *■!*«»• 

Le bourg de Tevenepatnam , le fort 
Saint David & la ville de Goudelout ne 
font qu'une feule Se même ville » du do* 
ûiaine des Ânglois« Les Hollandois ont 
pourtant une belle loge dans le boui^. Ce 
diftriâ: contient pluiieurs villages. 

Pondichéry eftiitnée vers le milieu de Poiuikhéfy. 
la cote de Coromandel, environ à ir 
degrés de latitude feptentrionate. Avant les 
dernières guerres, cette ville s'étoit accrue 
fc Qnnd>elUe^» au point , remarque Mw d'An- 
rille» de le difputer àîtont autre étabUfle^ 
mei^ Européen dans l'Inde; Sa drconfé-* 
rence étoit d'une grande lieue Sijl'on j 
comptoir 120 rniHehabitans. Il s'y étoit 
établi beaucoup de Gentils , ces indiens 
aimant mieux, dit Luillier, la domina^ 
tionfFianç(»fe que celle des Maures.. On 
leur dwnott le nom de Bsames. Usfài*' 
fôieht prèfque tonte la richel^ de la viUo 
fic^upaiDS qui efl: naturellement fçc Se 
ftérile. Leurs meilleurs ouvriers ne ga^- 
gnoient que deux fous par jour, & ce gain 
Biodique &i£bit fubfifter leur Êtmille. Ils 
éidoient d'tme douceur. Se d*iine foumif* 
(ion extiÊmes , poutvd qu'on a*atcabuat 
poin^ jeurs; lois jfic leurs pcéjugës.On leur 



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^ biâbit 1^ libie execcîccîde leac culte dai» 
Hi^TOi^ç. i deux.paj^desiilicwls jpai^ns çtmenc pe- 
ws;A»Mftijjjg5 ^ obfcutes & bâties de terre glaife 
coftSe iu fûfciL^ Gdles dts Européens 
ctoient'de biî^ue. On coroparoit la mai- 
foÉi du Goiiverne:iir.^.has plusi beaux 
hôtels. Cet oflicieri avoir- ■douze gardes à 
cheval &trèistcen^.àl piieds 5 qu'on ap 
pelloit pions, i Dana. lès pccafions» folethi^ 
. .... nèllesVil fe fâi£ait.pojierparjfiilM)miiies 
dans un palanquin, donr les caheaux^ Se 
^ le dais étoienr omcs' d^ brcttlerres y d© 

créphies & de iglands d'or. »,Gefafteefl> 
w prëfque néceuaire, dans un pays où l'oii 
n ne jjuge de la? puiffkncô dunehnadèn 
H que>par li magniâeencedeçeux qui la 
n reprefenrencJ r Ui. .r>t ; 

.; Un vofyageur Française qui avoir exa- 
miné atremivement la fituarion ide Pon- 
dichéry , ne comprend :point à quel 'def« 
fcin ,/di^il, Jes pretoiersrflefaf naiioh^i 
y étoi^t venus C s'étoient fixés dans un 
endroit de fi difficile accès du; côté de k 
nier, fi?feanBert du côté dc'}act^&BcA 
incommode pour la vie , puifqué c'eft lô 
terroir lef pms mauvais de Ja côte. iLei!; 
vàifleaux «oient obî^és ide .rhoufllerfè 
plus d'une fdebi-lieue^- lavage!^ ircMfe 
(fc$rbri0ns/ï£ef chelingçe^ ifuefl^on» erm*^ 
ployoit^à.a^rgBr, fia à âléatatgecdes^na*! 



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DE l^Afrïqub et db L'AMâmqtJï. 75 
vires , comoicnt beaucoup j St leau y eu- 
uoit de toutes pans en li grande quan-^"^^'*-^ 
lité , qu on^ ctpic tou|ours en rifque de fe^^* Ikdbç. 
noyer , & que les marchandifes éroienc 
toujours mouillées. Ce voyageur croie 
qu*il n'eût pas été poflible d y faire un 
quai poi^i: remédier à c€^ înconvéniens. . 
Mais on auroic été moins en fureté dans 
la place â les vailfeaux avoient pu ap- 
procher da vantée. Le défaut du côté de 
la terre paroi(roic avoir été réparc par les^ 
fprûâcacioQs & par les acquittions que la 
Coti^pagnie avoir faites depuis dans les 
environs. ï-es Anglois ont renverfé cette. 
vill^4e fond en comWç, M. Law Ja rétablir. 
j X-f ^ principales aidées autour de Pon- 
dichéry font AriaiKupacn , Asbewak , 
Vilenur, Valdaour. Il y a un fort à Val- 
daourj ce lieu conduit à Gingy, éloigné 
de P<?ndichéry d'environ onze îieues. Vous, 
avcz:^ difpit M. de Buffy dans un Mc^ 
moire adreffé à la Coriipagnie , depui» 
NiTampatoam , en montant du fud au 
nord jufquà la pagode de Jaganat, prcs 
de deux cens lieues de cote j c'eft prelque 
toute la côte d'Orixa & à peu-près la lon- 

fu^ur des domaines de là Compagnie. 
jBur plus grande largeur eft d environ 
t jent^ lieues ,, & la moindi^e d'environ idîx. 
Ils foet compofés destPrciviixces de Gon* 

Dij 



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7^ HlSTOIlLED£L*ÀsiE, 

davir , de Vlûe de Divy , de Mazulipa- 
Histoire tam , de Nifampatnam & des quatre Pro- 
j>È$ Imd£$, yjncgs Je Mourranagar, de Rajitnandrie» 
- de Chicakor & d'Elours , ainfi que Ville- 
nour, Bdbour, Narfapour Se beaucoup 
d'autres aidées que les NabaW du pajrs 
avoicnt cédées , comme on Ta vu , dans 
Tavant-derniere guerre. Avant ce tems* 
là , fuivant le témoignage de M. Dupleix, 
la Compagnie n'avoit pas dans tous fes 
étabtifTemens ^ pluf de i lo mille roupies 
de revenu fixe. Le total des revenus qu'il 
avoit acquis à la Compagnie par les con* 
ceffions depuis la guerre de 1749 9 eft 
monté à 1 , ^7 9 , 4 5 7 roupies » c'eft-à-dire , 
qu'en évaluant la roupie a. 48 fous de 
France , les revenus fixes de la Compagnie 
étoient augmentés de 6 , 450, ^9^ livres. 
Tout cet édifice a été renverfé j on n'en 
a confervé que des ruines. Par le dernier 
traité » la France a renotKé à, toutes les 
pofleffions acquifes depuis Tannée^ ^ 749* 
: Au nord de Pondichéry on trouve Con- 
gtmer.> gros bourg; Lamparave, forte- 
refle occupée par les Maures; Sadras- 
patam ^ c'eft-à-dire , ville quarrée , appar- 
tenante aux Hollandois ; Mabalipuram 
ou les fept pagodes , lieu qui n'eft prefque 
habité que par des Bramines ; Covellam , 
petite ville avec un château. appartenant* 



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DE L*AïRIQUE ET DE l'AmIriQXJE. 77 

âu Grand Mogotj San*Thomé» auprès! 
de Méliapour , place aujourd'hui aban- Histoire 
donnée des Européens , i l'exception de ^* i«»w. 
quelques familles Portugaifes. Les Por- 
tugais lui ont donné ce nom en mémoire 
de r Apôtre S. Thomas > qui prêcha , dit- ' 
on ^ Tévangile dans ces quartiers , où Ton 
croit que fon corps repofe dans une petite 
grotte. Les Légendes des Orientaux 
donnent le nom de Calamina » dont on 
, ne retrouve plus de veftiges à la ville de 
rinde où cet Apôtre termina fes travaux 
par la mort. Non loin de là , dn voit le 
petû Mont Se le grand Mont , endroits 
fameux par divers monumens Chrétiens. 
Au fommet du grand Mont eft une Eglife _ 

de Notre-Dame , édifice des plus célebrçs 
de rinde. Sa croix taillée dans le roc paflè 
pour un ouvrage de S. Thomas. Elle eft 
entourée de quelques lettres anciennes» 
dont Gouvéa & le P. Kircher ont donné 
une explication , que les Miffionimires 
Danois prétendent être faulTe dans toutes 
£es parties. Les avenues de cette 
montagne font couvertes de maifons de 
campagne fort agréables , qni appartiennent 
à des Malabares, i des Portugais , à des 
Arméniens ëc fur-tout à des Anglois. 

Madras ou le Fort S. George , un peu Macfrasou î« 
au-deli du grand Mont, à une lieue de ^^"^-^«^^s • 

D iij 



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7^ HlS^TOIRE DE L*ASIE, 

'^SSSSSSSS, s. Thomc , fe divife en deux cités , h 
Histoire cité blanche , habitée par àes Européens ; 
i»Es lNi>Es. ^ ja cité noire, peuplée dlndiens. Dans 
la cité blanche eft la citadelle , & au centre 
de la citadelle le palais du Gouverneur, 
édifice très-fompiueux , qui fert de loge- 
ment au Diredeur général des établiue- 
mens Anglais fur les côtes de Coroman- 
del , de Bengale & de Sumatra. Salmon 
ne donne pas une grande idée des forti- 
fications de Madras, & il n'y a pas îong- 
temps qu'elles étoieni encore fort mé- 
diocres. La paye du foldat eft très- forte', 
mais il eft traité avec une rigueur extrêine. 
- La Compagnie ne donne que fix mille 
^ livres d'appointemens au Gouverneur du 

Fort S. George j c'eft le commerce & les 
profits cafuels qui rendent fon emploi 
trèsconfidérable. Les autres membres du 
Confeit fouverain & la plupart des of- 
ficiers ont des moyens de s'enrichir , mal- 
gré la modicité de leurs penfions. Les An- 
?;lois ont des comptoirs dans les places 
es plus commerçantes de l'Inde , à Ama- 
dabad , à Cambaye , à Surate , à Agra , à 
Daman , à Baliepatan ; dans les villes de 
Cochin , de Cranganor & de Coulang , 
fur la côte du Malabar ; à Ougli dans le 
Bengale , Sec. Ils font tout-puiflfans dans 
cette dernière contrée. Ils fe font fort 

I 



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Rendus fur la cpte.de Coromandel. Ma- 
dras eft le centre & le principal entrepôt Histoire 
de lent coratoercevc'eft-ii que fo-raf-^" ^^"• 
femblent dans la faifon jufqu à 40 8c 50 
navires, dont la deftiriatioa eft ditferem^i 
pourries Manilles , pour la Mer Ronge, 
pour le Malabar, poqr lePcgo, pouif la 
Chine, &c. Leurs ctablidemens dans 
rinde font partagés en trois Gouverne-» 
mens , indcpendans les uns des autres. 
Ceux de Ja côte orientale de Corotnan- 
del font fous le .Gouvemenient de Mat 
dras. Ceux du Bengale dépendent de Ca* 
Ucuta. Ceux de la côte de Malabar & de 
Perfe. leflortiiTent à Bombay. - 

Paliacate, place Hollandoife, où eft le Paiiacatc. 
fort de Guèidre, a été; autrefois le fiéffe 
du Gouvernement des Hollandois mr 
cette côte. Elle a des nianufâdoies de 
toiles trcs-floriflàntes. Vis-à^vis de cette . 
ville i aU'd»là d'un grand lac, il y a la 
pagode de Tripeti , temple des plus fa- 
meux , en un mot , dit le colleâeur du 
fuppiément à l'Hiftoire des Voyages , là 
Lorette de cette partie de Tlnde. ' 

Mafulipatam ferme la partie fepten- Mafulipauiiu 
ti ionale de la côte de Coromandel propre- 
ment dite , par la hauteur de plus de feize 
degrés. Cette ville, fur un canal forti du 
Krishna, eft la capitale dun Sercar oi» 

D iv 



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So Histoire be i'Asie, 
! Province, compofc de £èpi Paragancs 6a 

Histoire Diftrids particuliers , dont Narfapour. Ge 
* • ""^Sercara étéaccru du Sercar de Nifam- 
pacnam 8c de trois Paraganés détachés du 
3ercar de Kondépali. Les principales na- 
tions, de l'Europe avoient autrefois- des 
iromptoirs à Mafulipatam. Le Souba de 
Gollconde donna en 1750 aux François 
cette place avamageufe pour le commerce. 
Ses toiles peintes font les plus eftimées. 
On y voit un pont de bois, le plus-long 
peut-être qui foit au monde. Ce qu'on 
appelle Tlue de Divi, eft le lerrein enlermé 
entre le bras de Sipeler , émané du 
Krishna , & la cote tendante à Mafulipa* 
tam. 

C4t€ d'Oiîxaé Ceux qui terminent à cette ville la côte 
de Co'romandél , appellent côte d*Orixa 
celle quicontinue jufqu'auBengale.Cepen- 
dant laPiQvince d'Orixa commence beau- 
coup plus loin, à Bimilipatan : dn y trouve , 
outre Brampour, la ville de Ganjam, un 
des meilleurs points d appui de ce canton 
pour le commerce. Tout y abonde & fon 
port eft très-commode; mais la jaloufie 
des habitans s oppofe à l'établiffement des 
nations Européenes. Ces peuples , quoique 
fournis aux Mogols , s'imaginent confère 
ver leur liberté , parce qu'ils font en pof- 
feffion de n'avoir aucun Maure pour Uou- 



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Dî l*Afriqub et de l'Amkri^ue. Si _ 
vernéur. Les Gentils de toute cette côte i ' 
ont toujours à la bouche le nom de Ja-^^xoiRE 
grenat, idole fameufe dont il a été déjà^^* Indis. 
fait mention plufieurs fois. C'eft en pro- 
nonçant ce nom qu'il font furement tous 
leurs marchés ou qu'ils prêtent leurs fer- 
mens. Le Raja du pa)rs de Jagrenat eft en 
apparence tributaire du Mogol, il prend 
. même le titre d'officier de l'Empire. Tout 
rhommage qu'on exige de lui , «'eft que 
la première année qu'il prend pofTeflion 
de fon Gouvernement , il vifite en per- 
fonne le Nabab de Catek , ville con- 
fidérable entre Jagrenat Se BalafTqr. Le 
Raja ne fait fa viiîte que bien' efcortc. 
Quoiqu'il y ait plufieurs ports fur cette 
côte , ils font fi mauvais que les Européens 
n'y font prefqu'aucun commerce. 

Les Anglois , les François & les HoUan- 
dois ont des loges â la rade de Balaflbr. En 
remontant la rivière on trouve un pays afTez 
peuplé. Coilicata , Calicuta ou Golgothe 
eft une des plus confidérables colonies que 
la Compagnie d'Angleterre ait dans les 
Indes. Huit lieues plus haut on trouve 
Chandernagor. Cette loge Françoife a fous 
fa dépendance celle de Balaffor ou Balla- 
ford & celle de CafTambazar. Elle eft i 
une lieue de Çhinchurat , très- beau & très- 
grand village des HoUandois qui porte / 

D V ' t 



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îi HistôiREDF. l'Asie, 

le nom d'Ougli , nom d'une mau- 
HisToiRE vaife fortereffe du Grand Mogol , fituée 
DES Indes. f„f [^ Gange, une lieue plus haut, ©ù 

les Hollandois s'étoient déjà établis. Ce 

pays eft du Bengale. 

Obfcrvations particulières fur VEmpîrt 
Mogol &fur Us Colonies Européenes. 

Gouverne- Les Empereurs Mogols , ou leurs Mi- 
ment Moeol. ./i ' 1 T • ^ I 

* niltres , ou leurs Lieutenans , ou leurs 

Vaflaux, exercent un plein defpotifme dans 
toutes ces contrées. L'Empire eft travaille 
de tous les maux dérivans de ce Gouverne- 
ment & de la trop vafte étendue : le chef 
eft expofé à tous les dangers infcparables 
d'une grande puiflànce. Donnons une idée 
du régime, des forces , des finances, &c. 
de cet Empire , tels qu'ils étoient avant 
la dernière révolution, dont on ignore 
les fuites. 

Après l'Empereur , TAtehmadlloulet 
ou prertiier Miniftre , eft le premier Def- 
pôte de rEtat , à moins que ce litre ne 
foit conféré â un Prince du fang ou au 
père de quelque Sulthane, pour lui en 
procurer les émolumens fans qu'il en 
exerce? les fonctions. Alors tout le poids 
du Gouvernement tombe fur les Secré- 
taires d'Etat , dont l'un levé SWautre difi» 



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Di l'Afrique et *b l'Amérïque. 85 

penk les dams ou deniers de la Couronne. f'*^*TS S 
Il y ^ un troififtine pfficier de finales Histoiks 
chargé de recueillir |ôs héritages de ceux ®*^ iNOit. 
qui meurent ^u (cfyke du Prince , c^wh- 
miQion lucrative mais odieufe» il des en- 
claves pouvoient féparet Thonneur de$ 
grands profirs. On n'arrive i ces pofte$ 
eminens que par la voie des arme^ 

Oblige 4e, ceoir des troupes coûGdéra- 
bles fous les armes , ppur c^nir en reiCped 
les Rajas y VEmpereur s'étoic vu dâiu là 
néceffité > p<yuc ne point trop partager feç 
forces, de donner de grands pays à gou-^ 
verner à (es Nababs. L'autorité de ce^ 
Officiers çtoit très bornée i elle ne s'éien^ 
doit point [ufqu a la puiilance de vie Se 
de matt J.aqueJle éroit réfervéeay Souve- 
rain.; elle nembraflbiç point Je^.àff^ire^ 
civiles, lefquelles reflbrriffbieni ^u iribur 
nal des Cadhis : elle ne s'étendoit poijtt 
f^r leç revenus & les dépenfes de la prpr 
vipc^ , dopt T^dininiftratiqa apparjti^uok 
ftu Quan, Lqîu que ces Nai>^$ dp^natTénf 
1^; loi aux ;G(>tfverueurs parricuUçr.s d^^ 
pl^e$ fortes^e leurs fJtovipçe^fi ils é^ôienr 
AÛTajettis au contrôle de ces O^iciQr^ fuba^ 
t^rnesv II étoit rare qu'ils reftaflTent longr 
:reras dans le mèipe pofte j leurç muratioQs 
devinrent Ç fréquentes, qa'an Nab^ 
f^itài d^. PehliJe dçs toum^A^bii^lèfe 



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84 Histoire DH l'Asie, 
defon éicpliant , en difant qu'il fe pfaçoîe 
Histoire ^jjjg p^^^ y^jj. y^^^^ £^^ fucccflcut. Ces 

^**' Gouverneurs, incertains de leur fort, fe 
hâcoienc de vexer les peuples. Les divi- 
sions de la famille Impériale leur fourni* 
rent l'occaHon d'acquérir plus de fiabilité 
dans leur gouvernement. Bientôt après 
ils bravèrent l'Empereur Se (t$ arméesv 
La moUeiTe des Empereurs , l'incertitude 
^ la fucceflion , la rivalité des Suhhans , 
l'incompatibilité des nations établies dans 
l'Inde , l'habitude des perfidies & des 
troubles , la dégradation générale de Tln- 
doftan , ces caufes de décadence accumu- 
lées firent plier l'état , fur-tout après là 
mort d'Aurengzeb. La révolution caufée 
par les conquêtes dé Thamas-Kouli- Khan 
précipita fa ruine. Depuis ce tems-U , 
rSmpire originairement diftribué eu gou« 
vernemens , a été comme partagé, fuivant 
la remarque de M. Dupleix, en plu- 
fleurs Royaumes, foiblement liés au 
trône du Mogoî.Les cafena ou droits fur 
les terres, les maifons, ks denrées, lef- 
quels levé$ autr^^MS par des Oftciers 
amovibles étoient verfés immédiatement 
dans le tréfor royal , ont été convertis en 
une efpéce de tribut que doivetu lui payer 
^s fucQefleurs des anciens Nababs, qui 
^?eA«s> en quelque forte» Souverains» 



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DEfL*AFR.iQiiE ET DE l'Amérique. 85 
om rendu leurs ufurparîons héréditaires! 
dans leurs familles. Par ces difpofitions» Histoire 
4'Eiïmereur a perdu, non feulement fa^** !»»«»• 
poiflance, mais encore fa richefle» parce 
que , des impôts levés fur un peuple 
appauvri par la multitude des oppreflfeurs 
qu'elles produifent , elles ne lui donnent 
que ce qu'il plate au Nabab de lui aban^ 
donner, après que leslfardars ou Fermiers 
Généraux oUt auffi fatisfait leur avarice. 
Quelques fommes queks Nababs s'appro^- 
prient dans la perception des droits, 'fans 
égard au tariflmpérial, réglé par les Eteftars 
ou livres de la chancellerie , il faut que 
l'fmpereur leur concède un territoire ou 
domaine en Jacquir , c'ef^à-dire , an forme 
tie falaire ou de pendon. Après le paye- 
ment du caièna , ils n'ont point d'autre en- 
g^ement envers l'Empereur que celui de 
lui fournir des troupes quand il en abefoin. 
tfs remplillènt fort mal cette obligation, 
parce qu'alo^ il n*eft pas en état de les 
contraindre , qu'ils peuvent aifément lui 
fuiciter de l'embarras 5 & qu'ils font 
prefque affurés d'être imités & fecourus 
par d'autres Nababs. Ces Gouverneurs 
font plus attachés au Souba qu'à leur pre^ 
mier Maître , parce qu'ils font dans la 
dépendance de ce Viceroi , à qui la difpo* 
fiôoA des Nàbabies appartient > du moini 



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8^ Histoire de t'Asti, 
dans les provinces les plus importantes.. 
HisToiRB A^infi ceft le Soubadu Dckan, qui jouit 
•" lNP«s.j^ j^^ij a accorder au Nabab d'Aro^te 
rinvefticure de cette place, par une coin*- 
miûion à vie ou révocable à Ton gré. Le 
grand Mogol s eft dépouillé de ce dioic 
par les ades les plus fplemnels , confirmés 
dans le traifé de paix avecThanfias Kouli- 
Khan» & couftao^ment 9>ainter)us dans 
leur pleine exécUiion* Dans ces convul- 
fions de rérat, des Nababs fe font main- 
tenus en pofleflSon de leurs Gouverne- 
mens i malgré la Cour de Dêhli & mal^ 
^ gré leur Souba même. Dans lede0ein de 

les rendre dépendans du Viceroi dans et 
qui peut fervir à riniérêt public , Se <te 
leuf laifler en même t^m^, alTez de pojjr 
voir pour empcchen cet Officier de les 
employer contre le trône , il avcnt été 
réglé qu'ils feraient obligés de concourir 
à les expéditions militaires, dans 1 eteifr 
due dç fa Vicerc^yauté^mais non au dehoj:». 
Enfin dar)s un Etxipire deipotiquç , on a 
vu & l^s Soubas & le§ Nababs , nommer 
leurs fuçcciïeurs qui ont goqv^icné ^prè^ 
eux 5 avec audi pou d opposition que ^'iù 
en avoient été n;||ureUement les héritier! 
^ préfompiifç-» Sc^v-anï lçs>fegures df l'Emr 
pire, le nom de Nav^ ou Nab4> eft 
fyQ^m^ i celui de Soubid^r» C« é^m^t 



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DE l'AprTQUE et de l'AmÉRIQUE. 87 

nom eft affeâé au Viceroi des grandes" 
contrées. Les Européens Tont corrompu , Histoiki 
en le changeant en celui de Souba, qui^'* ^*^^^*" 
fignifie fimplement Province, La plupart 
des Nababs ne font reconnus à Denli que 
comme Phoufdars ou commandans d un 
corps de troupes ; mais les Européens 
établis dans leurs territoires , leur donnent 
le nom qui leur plaît davantage , à l'e- 
xemple des naturels avec lefquels ils font 
le plus en liaifon. Concluons de là qu^fl 
n*y a plus d'autre règle dans le Gouverne- 
ment des Provinces de Tlndoftan que la 
loi du plus fort ; & que dans les guerres 
que ce boulevcrfemenr enfante , il eft 
difficile de démêler la juftice & la lé- 
gitimité. 

L'Indoftan eft donc, à proprement par-. 
1er , partagé entre les Nababs , les Rajas 
& des nations fauvages ou du moins 
libres : en forte c^e la famille Impériale 
du fang de Tamerlan s'eft trouvée pre^ 
que ifolée fur un trône qui chanceloir. Les 
forces de l'Etat ont donc paffe dans les 
mains des ennemis ou Ats rivaux de TEnv 
pereur; & c'eft de ces ennemis, de ces 
rivaux qu'étoit principalement formée ht 
milice de rEnrmire. Autrefois les Princes 
du fang fe détronoiem les uns les autres:; 
mais par ces changemens domeftiques i là 



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88 Histoire de l'Asie,. 
■ famille régnante fembloit s'affermir dans 
HisToiRi fçj droits par une nouvelle pofleflîon 
*'^''^^"- qu'elle tenoit d'elle-même. Depuis que 
les Nababs font devenus fi puiffans , les 
Rajas fonr devenus beaucoup plus puiffans 
eux-mêmes , ainfi que les nations monta- 
gnardes , parce que la force de l'Empire 
a été partagée. Aufli les Marates ont-ils 
fait plufieurs fois trembler Dehli : aufli 
les Patanes fe font-ils emparés du trône j 
auflî les Scvquesont ils,dit-on>entiérement 
la race de Tamerlan, Ces évcnemens _ 
étoient inévitables. Il ne fe pouvoit pas 
que des peuples, ennemis naturels des 
Mogols, par leur religion^ par d'anciens 
droi'ts fur la fouveraineté des Indes , par . 
une humeur féroce ôc belliqueufe , par 
une hfine invétérée , ne parvinrent à dé- 
truire cette domination étrangère , puif- 
qu*ils ne pouvoient eux-mêmes être dé- 
truits dans leurs afyles inexpugnables. Les 
montagnes régnent fur les vallées. Le 
jurement familier des Paunes éioiti que 
û m fois Jamais Roi de Dchli^Ji cela 
n*tfi de lajoru. Les autres montagnards 
xi'avoient pas àts fentimens plus modérés 
& plus fliateurs à l'égard des Mogols. Un 
vafte Empire ne pourra jamais fubfîfler 
tranquillement dans les Indes 9 parce 
qu'entrecoupées, compie elles le fooi» de s 



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erands fleuves & «de montagnes kiacef- ! 
iibles, il y reftera toujours dans le fein ^»*^o«* 
de l'Etat, des peuples indomptés, fens''*' ^^*'- 
parler de la force que de riches Pro^ 
vinces donneront toujours à leurs Goa* 
verdeurs. 

Le Grand Mogpl adminiftre en peiv Ji^Uce. 
fonne la juftice dans les lieux de fa ré* 
fidence. Les affaires mêmes d'Etat fe 
traitent en public dans la falle de rAmkaa, 
4ieu d^aflfemblée que d'autres appellent 
Durbal & Jdrneo. Cependant rEn^ereoc 
tient des xronfeils particuliers avec les 
grands Seigneurs dans la falle du Gou«- 
zalkan. La juftice s'adminiftre à- peu-près 
'de la même manière dans les autres Kcux 
du Royaume. Les Vicerois , les Gouver- 
neurs des villes , les chefs des bourgades 
jouifTent dans leur diftriâ d'un pouvoir 
qui n'eft guère moins abfblu que celui du 
Souverain dans la capitale. Comment un 
pauvre anifan iroit-il dans les Cours fu- 
pçrieures fe plaindre des vexations de ces 
tyrans fubalternes , toujours appuyés par .: r 

leurs femblabies & prêts à employer jus- 
qu'à l'aflaflinat pour fe délivrer d'un en*- 
nemi? Comment obtiendroii^l des ré- 
parations, dans des lieux oàl'on n'aborde 
que les préfens à la main , & où les ve- 
xations font autorifées , parce que le pror 



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iduit en revient toc ou tar$J au Prince-? 

Histoire Chaque ville a, outre fon Gouverneur , 

DES iNDÉs. jg^^^ Mî^iftrats , dont l'un nptnmç K^mal , 

£iities fonâions de Juge de police; & de 

Î;rand prévôt, 5c l'autre appelle Cadlû,.a 
a direâion de certaines affaires , telles 
que les mariages, les divorces, le$ dif- 
putes de religion. Le Gouvernement a 
dans les villes un prodigieux nombre d'ef- 
pions , dont les plus redoutables font les 
Alarcos , valets publics , dont loflice eft 
de balayer les maifons. Il n'y a que TEm- 
pereur éc les. Vicerois qui prononcent des 
•fentences de mort. Suivant les (btuts 
d'Âkebar , ces . juges doivent avoir ap- 
prouvé trois fois leur arrêt à trois jours 
diffcrens avtant qu'il foit mis i exécution,; 
xéglementhumam&fage, néce(faire dans 
un pays où Tivrefle Se tant de paillons 
font familières aux Grands. Les Indiens 
Idolâtres font jugés fuivant leurs loix. 
L'Empire des officiers Mogols ou Maures 
eft dur. 
Milice. A l'égard du Gouvernement militaire, 

fi l'Empereur ne marche pas lui-nïeme à 
la tcte de (es armées , le commandement 
en eft confié à deux généraux , l'un Omrah 
Mahométan, chef des troupes de l'Em- 
pire j l'autre Raja Indien , général des 
troupes auxiliaires. Les Omrans font Har 



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T>B l' AïRIQVE ET Dl l'ÂMiRIQUI. '9 f 

zaris ou commandans de mille » deux! 
mille & jufqua douze mille chevaux : ^^tqire 
expreffion fpécîeufe & vaine ; car Bernier ^'* !«*>"• 
aflure que fon Omrah n*eniretenoit que 
cinq cens chevaux , quoique le titre de 
Seigneur de cinq mille lui fut affedké. Il 
eft auflî â remarquer que chaque cavalier 
a au moins deux chevaux. La penfion an- 
nuelle des principaux Omrahs peut monter 
jufqu'à trois millions de roupies, fi l'Au- 
teur fuivi par THiftorien des voyages ne 
fe trompe point : mais il doit y avoir er- 
reur dans Ton calcul. L'Omrah de Der- 
nier n'avoir , fa cavalerie payée , que cinq 
mille écus par mois pour fon entretien 
propre. Le train de ces officiers eft fi 
magnifique , que leur penfion ne fuifit pas 
a leur dépenfe. L'Empereur affeûe à plu- 
fieurs de ces officiers des Jaghirs ou fonds 
de terre confidcrables pour entretenir 
leurs chevaux. Sous les Omrahs qui 
forment l'état major de l'armée , font 
les Manfebdars , cavaliers payés au mois , 
au lieu que les autres le (ont au titre de . 
trois , de fix & de douze mois. Ils n'ont 
point de cavaliers fous eux , mais leurs 
dievaux font marqués au coin du Roi. 
Les Rouzinders font payés à la journée , 
& leur emploi n'eft point honorable 
comme celui des Manfebdars. Enfin les 



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91 Histoire db t'Asii, 
Sfimples cavaliers a la paye des Omrahs 
Histoire font i la difcrétion de leurs chefs qui fe 
»it ^)^i>£s« bornent quelquefois à leur donner de 
vieilles hardes. 

^ On aiTure que TEmpereur fournit les 
fonds néceflaires pour la paye d'un mil- 
lion de cavaliers; Se ceft beaucoup s'il y 
en a 500 mille etfeâifs, comme le juge 
Salmon, Le Grand Mpgol doit avoir une 
garde de 5 o mille , autour de fa perfonne. 
Au(fi lorfqu'il fort de fa capitale , fon ab- 
fence y répand la folitude , excepté dans 
les rues marchandes. Quand il voyage, 
fa tente forme un vafte palais , & le camp 
une ville. La plus çonlldérable des mî* 
lices de fa garde eft un corps de quatre 
mille homiBes, qu'on appelle les efclaves 
du Prince » commandés par un Daroga. 
Les compagnies fuivantes fe diftinguent 
/ par la mafle d'or , la mafle d'argent , la 
mafle de fer, L'Empereur entretient , outre 
cela^ des corps nombreux dans chaque 
Province. 11 fuffit , pour jueer des ref- 
fources de cet Etat» d'obierver après 
Mandeflo , que la Province de Guzarate 
peut fournir feule 90 mille chevaux , celle 
d'Orixa So mille, celle de Dehli 15a 
mille. En réduifant ce calcul à la moitié , 
il refteroit encore des forces prodigieufcs. 
L'infanterie eft une fois plus nombreufe 



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DB l'ÂFUIQUE BT DE t'ÀMiltlQUE. çf 

que la cavalerie ; mais les troupes de^S—^—TS 
^ied n ont pas la mênic réputation que les Histoibi 
gens de chevaL Un fanuffin ne fçait pas ^^* !«»«»• 
tirer le moufquet, s'il n'eft ailis à tetre ; 
encore craint-ii toujours de fe brûler la 
barbe ou les yeux , Se fur-tout qu'ua 
Dgen ou mauvais efprit ne fatlè crever 
fon mourqaet. Au défaut du moufquet , * 
il a un arc, une pique , le cimeterre & 
le poignard. Les cavaliers n*ont point 
d'arme à feu* Coniime chaque comman- 
dant fournit des armes & des habits à fa 
troupe , parcequ*il n'y a point d'arfenaux , 
il arrive que plufieurs corps font mal 
équipés Scfouvent bigarrés. LesMogols^ 
quoiqu'eâféminés par le climat le plus^^ 
jtnott de l'Â/ie^ ont beaucoup de bra- 
voure. Ils furpaffènt toutes les autres na- 
tions Indiennes par Thabileté & par la 
difcipline. Ce grand, nombre de ioldats 
6c d'officiers eft également capable d'af- 
furer Se de troubler la tranquillité de 
l'Etat. 

L'Empereur a pour fes armes particu- 
lières un arfenat d'une magnificence écla« 
tante ; il leur donne des noms. Un de fes 
fabres s*appelle Âlamghir y conquérant de 
la terre j un autre Fate*Alam , conqué|:anie 
du monde* Les pierres précieufes y briUenc 
de ^utes parts^ Sçs écufie^ ibm peuplée» 



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^^^^^ 94 H I s T O^I R E D E l' Â s I E , 

"^^"^"^ d'un nombre prodigieux de chevaax &, 
Histoire d clcphans. Il a environ douze mille che- 
D^s «Dt». ^^^^ ^ j^j^^ ^j^ j^ choifit à la vérité que 
20 ou 50 pour le fervice de fa perfonne. 
Le refte e(t pour la pompe ou pour des 
préfens. C eft Tufage des Grands Mogols 
de donner un habit & uq cheval à ceux 
'dont ils ont reçu quelque fervice. Les 
éléphans font tput à la fois une des forces 
du Prince & Tun des principaux ornemens 
de fon palais. 11 en nourrit jufqu'à cinq 
cens y fous de grands porches » bâtis ex- 
près , fans parler de ceux qui font entre- 
tenus en partie à fes frais , dans les mai- 
fons des Omrahs. Terri fait monter la 
nombre d^. ces derniers jufqu a 14 
mille. Un éléphant coûte environ dix éçm 
^par jour pourra nourriture , foit en fucre^ 
£bit en beurre, foit en grains, &c. S'ils 
étoiejit en mauvais. état, celui qui les a 
reçus en garde » coutroit rifque de perdra 
fà fortune.» La Cour entretient dix hommes 
pour le fervice de chaque éléphant du pa-; 
hÀs. L'éléphant du trône , (t'eft-à-dice , 
, celui qui porte l'Empereur fur un trône. 
ccUtant aor & de pierreries , porte le 
nom d*Aureng-.Gas , capitaine 4es élé- 
phans ^ il a toujours qn train nombreux 
d fa fuite , avec des trompettes, des tim- 
haies & 4lçs b^nniçres .quand il fort^ Ces, 



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DE l'Afrique ET»DE L'AMéaiQVE. 95 
animaux (orn oouvercjs de .plaques d or & I 
d argent, de houflfes en riçhç§ broderies, Hxstoikb 
de eaiî) panes & de franges dor. Jk fonc ^* ^^^h. 
paiement drellës pour le combat & pour '* 

k chafTe» On les accoutume au carnage ». 
en leur faifant attaquer des tigres & des 
lions. On dit gue le' man^g^ auquel on- 
les plie pour; enfoncer leis pprres des villes ,* 
a. quelque choie de fort militaire. L'ar- 
tillerie eil très-confiderable. La plupart 
des puces de canon que VEmptreur em^ 
ployé dans fis armées 9 dit THiAorien des 
Voyages fur la foi de divers voy;îgeurs ^ 
font plus anciennes qu'il rie s'en trouye en 
Europe^ On nefçauroic douter qne le ca^ . 
Tton & la poudre ne fujfent connues a,ux, 
Indes^uvant les conquêtes Jz Timuf»-Bcg4 
C'ejl une tradition du pays que les Chinois 
avoient fondu- de î* artillerie à Dehli dans 
U tems qu'ils 4n étçiens tes maîtres. Les 
Mogok ont appris à fe pafTer de nps c^-. 
noniers. ainfi que r>de prefiçue to^s^ nps, 
aactiftes. /L'onL.nfl vpit gȏre k la Cour, 
d'awtces ilanguisi^uèf des médecins j8c à^9^. 
orfèvres. Il y a une iartiUerte légère qui. 
accompagne toujours la perfonne du Rpi > 
âc.jpour.fcette^raifon on la appellcc V^niU 
teîe. de 1 iicrîen , i.V • <î .r',:'j 

. dba noagnâéccnce <^^la Gopr^ Vétstidix0. \kheSe ê$ 



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9^ HiSTOIRl DE L*Astfi, ' 

!de l'Empire , les forces de l'état , annon- 
Histoire cent des richeflès immenfes. Quoique les 
OEs Indes, jerres appartiennent toutes à l'Empereur , 
elles donnent à peine la moitié de fes 
revenus. Pour fe délivrer du foiade Tad- 
miniftration économique des terres , Âke« 
bar en diftribua la plus grande partie aux 
Officiers, à la charge de payer au fifc 
une contribution proponionnée à leur 
produit , & de remplir leur fervice fans: 
autre gratification. Au rapport de la plupart 
des voyageurs , ces fermiers viagers & 
aniovibles tyrannifent , ainfi que leur» 
fous-fernaiers , les laboureurs qui fouvent 
aiment mieux déferter les campagnes, que 
de s'aftreindre à un travail ingrat dont ils 
ne retirent ordinairement d'autre friaire 
qu'une modique nourriture. Des voya* 
geurs plus récens affûtent que dans les 
parties de l'Indoftan , fréquentées par le» 
Eurc^éens y le cultivateur ou le payfan 

3ui occupe une portion de terre , a Ici 
roit de la vendre &c de la donner pac- 
teftament. Le pofTeiletn: eft obligé dé» 
donner une partie des fruits à un rentier* 
qui paye une certaine (bmme au Seigneur 
ou au Gouverneur du pays. Dans |e» 
difbutes qui s'élèvent entre le fermSer te 
«- ^ fe laboureur, le Seigneor eft ^^ ^Kt^ofa v 

prefqoe 



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©E t' Afrique et de l'Amérique. 97 
prefque toujours favorable au dernier , 1 
lequel n'a d'autre foutien , & s'il tnan- Histoire 
quoit de donner cette preuve d'humanité ^^* 1n©is« 
en faveur des pauvres , il feroit en exécra- 
tion comme une homme capable de toutes 
fortes d'iniquités. Le tribut impofé fur 
le^ Indiens idolâtres , un droit levé fur 
toutes les marchandifes qui n'appartien- 
nent pas aux Mahométans , une taxe pour " 
le blanchilTage des toiles , les mines de 
diamans , les importions fur les villes 
maritimes, les douanes, l'héritage des 
Officiers, les contributions des Rajas 
font pour le farquet ou tréfor un objet an 
moins auflfî conndérable que ces fermes. 
L'on peut faire monter le revenu de l'Em- 
pereur Mogoi i deux milliards de nos 
livres. Il faut remarquer que non-feule- 
ment les Officiers & les foldats, mais 
encore la plus grande partie des artifans 
& des payfans employés , comme ils le 
font par la Cour, font payés du tréfor 
Impérial , & qu ainfi la moitié de l'Em- 
pire eft aux gages du Souverain. Cette 
politique rend la dépendance pluç étrpite ; 
c*eft tout le bien qu'elle produit, on en 
a vu les funeftes effets. 

Nous ne devons pas omettre une obfer- 
vation de THiftorien Anglois des guerres 
4ie rinde , laquelle en nous donnant Tidce 

Tûm€ K £ 



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98 HiSTOIRfDEt'Asil, 

" ' dç la politique du gouvernement Indien ,' 
Histoire peuç lervir de correctif plutôt que de dé- 
ÇE§ *'^^^^* veloppement à ce que nous avons dit, 
jiprès la plupart des voyageurs, fur la mifére 
des peuples, » La poîitiqne de tout le 
^9 Gouvernement Indien de l'Indoftan , 
P ainfi qu^ celle du grand Mogol, parôît 

V confift^r dans une perpétuelle attention 
99 à empcehqr que quelque famille n'ob- 
^> tienne de grandes poflTeflîons plutôt qu'i 

V rendre le corps du peuple efclave y d'au- 
^> tant qu'un tel efclavage laifleroit peu 
jî de grandeur pour la vanité du Souve- 
I» rain , & pçu de fujets à fon comman- 

V dément, Comme toutes les acquifitions 
n de terres font fujettes i Tinfpe^ion du 
fi Gouvernement , fi quelqu'un eflayoît 
» de fe rendre maître d'un terrein fort 
9} étendu , on lui refuferoit les patentes 
>> nécefla^çs pour s'en mettre en poflef- 
^» fion , & il feroit marqqé comme une 
^ viditpe qu'il faudroit façrifier à la poli- 
j> tique de i état. De ce que nous voyons 

V dans l'Hiftoire de l'Inde , Çc dans cellç 
tt des autres pys Orientaux , fur les vio- 
P lences commifes contre les Grands , 
s> nous fommes portés à juger que les 
99 hommes de hafle condition , font expo- 
)} fés à en éprouver de beaucoup plut 
p Q^ieilfesj 9c au contraire leur baflçffç eft 



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T>B l'Afrique et de l'Amérique. 59 
« k meilleure de leurs protections. Les! 
»> Feudataires , au moyen de quelques Histoire 
»? titres & de quelquesjpenfions qui y font ^^^* 1n*>^»» 
» attachées, reconnoiflent le grand Mo- 
» gol pour leur héritier, Perfonne, depuis 
M le Vifir jufqu'aux plus bas-OflSciers ne 
»> poflede aucune place de confiance qu a 
»« cette condition ^ & à fà mort tout ce 
» qu'on peut trouver de fes biens eft faifî 
M au profit de l'Empereur qui rend à la 
» famille la portion qu'il juge à propos, 
i> Les biens de tous ceux qui ne (ont pas 
>j Feudataires paffënt à leurs héritiers 
» naturels. Ces barrières élevées contre 
»j l'aggrandiifement des familles particu- 
» liéres font abfolument néceiTaires dans 
S) un pays où l'on eft forcé d'accorder une 
H grande confiance a des particuliers <»• 

Les jours confacrés aux réjouiffances Fêtes ic u 
publiques foit pour Tanniverfaire de la^^"'^ 
naiflance de l'Empereur, foit pour le 
fuccès de fes armes, foit pour quelque 
folemnité religieufe, font l'occanon de 

fMufieurs fèies orillantes dont l'Amkas eft 
e théâtre ordinaire. Dans ces jours de 
cérémonie , les Omrabs offrent à l'Empe- 
reur des préfens proportionnés à leurs 
richeffes, Bernier hit mention d'un diver- 
tiflement particulier qui accompagne fou- 
veat CCS fêtes : c'eft une efpcce -'de foire 

Eij 



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^^^^^ lOO H I s Tg5 I R 1 D E L* A s ï K , 

^^"""^^ qui fe tient dans le Mahal ou Serraîl , 
Histoire par les plus jolies femmes de la Cour, 
Pis Indes. L'Empereur & les Begums ou Princefles 
payent. Le piquant du divertifTement , 
c'eft de contefter en marchandant , jufqu'à 
en venir aux injures. Les Kenchenis ou 
Comédiennes étoient admifes à ces foires , 
avant Aurengzeb. Les combats des bètes 
féroces forment un des principaux amufe- 
mens de la Cour. Les Empereurs & en 

fénéral tous les Mogols aiment lachafle, 
>elle des bêtes fauves eft réfervée au 
Souverain. H y va à la tête de 80 ou cent 
mille hommes qui enferment «ne prodi^ 
gieufe quantité d'animaux dans l'enceinte 
de pluneurs liejies. Lorfque ce Prince 
entreprend un voyagç , il a toujours deux 
camps ou deux amas de tentes qui fe 
V dreflfent & qui fe lèvent alternativement, 

^fin qu'en quittant un lieu , il trouve u^ 
logement tout prépare dans un autre. De- 
là ces camps ont été appelles Pciche Ka^ 
nis , maifons qui précèdent. L'Empereur 
' eft tantôt fur un éléphant , tantôt a cheval , 
itantôt fur une eftrade , appellée Taûravan, 
portée par huit honimes , & fermée avec 
des vitres. Il a toujours avec lui une partie 
de fon Mahal. Les Mogols difent comme 
çn proverbe , qu il faut fe garder ici de 
trois f hpfç.s y de s'engager parmi de jeunes 



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des 



chevaux, de fe trouver dans les lieux où! 
l'Empereur chaffe, & de trop approcher Histoire 
les femmes du Serrail. ^Cependant la«^^ ï^^'* 
févérité des loix n'empêche \pas qu'il 
ft'arrive de gfandsf défordres jufques dans 
ee lieu facré. " 

La politique qui ôte aux particuliers la ufages 
pofleflion certaine des terres, fupprime JS^g^Jfs ou 
nécefïàirement une forte de luxej elle en Maures, 
augmente une autre. Un homme qui ne 
peut fe former à lui-même un établifle- 
ment ftable , ne fonge qu'à jouir , dans 
toute retendue de fes facultés , & d'une 
manière analogue à fon exiftence fugitive. 
Son luxe n*eft que mobilier. Il ne bâtit 
point de fuperbes Palais; mais il y con- 
lume tous les plaifirs avec fon être. Les 
grands Seigneurs Mogols ou Maures n'ont 
que des maifons bâties d'argille & de 
terre, cimentées avec un moirtier de chaux 
& de bouze de vache qui en écarte les 
infeûes. Dans l'intérieur tout refpire la 
moUefle Afiatique , tout reffent un luxe 
délicat. Ils ont un fi grand attirail de 
femmes &c de d@meftiques qu'on fe per- 
fuaderoit avec peine aue des particuliers 
puuent foutenir dételles dépenfes; que 
toute l'opulence d'un Empire riche Se 
vafteeft concentrée dans quelques. Palais j 
que la plupart des domefliques ne gagnent 

£ iij 



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loi Histoire pz l*Asii, 
! que leur entretien ; qu'on nourrit & qu'on 
Histoire habille un homme pour cinq ou fix piftoles 
par an. Les Omrahs ont le goiit de chan- 
ger de domicile fuivani les faifons. 

Les maifons du peuple ne font que de 
terre & de paille. Plufieurs n'ont d'auae 
habitation que des tentes ou des barques 
portatives. II y a devant les maifons des 
négocians une efpéce de hangar , dans 
lequel ils expofent leurs marchandifes. 
Les Gouverneurs ont auffi devant leurs 

Ealais une falle fpacieufe, en forme de 
aile , dans laquelle ils donnent leur au- 
dience. Les pnncipales voitures du pays 
font des palanquins , efpéces de litières 
entourées d'un baluftre, dans lefqueiles 
plufieurs perfonnes peuvent s'aifeoir ou fe 
coucher; & les palekis, grands coches i 
deux roues, traînés par des bœufs. Les 
porteurs des palanquins vont nuds pieds y 
ils fe relayent dans les voyages. Comme 
les hôtelleries font rares & mauvaifes dans 
rindoftan , on eft obligé, dans les voyages 
un peu longs , de fe pourvoir d'uftenfiles 
& des chofes néceflfaires à la vie. Les 
chevaux Se les mulets font trop cheçf aux 
Indes pour être employés à traîner les 
voitures ou à tranfporter les marchandifes. 
Tout fe charge fur le dos des bœufs Se 
des chameaux, ou fur des charrettes tirées 



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DE l'Atriqtje et be h'AuiKiq^k lÔJ 
par des bœufs. Ces animaux que Ton ferre ! 
dans les lieux rudes, fervent auffi deHisToiRt 
monture aflez communément. Un grand ®** Indi^ 
nombre de familles, entr^auttes les Mou* 
ris des caftes Indiennes n'ont d'autre pro- 
feflion que de louer des bœufs y de 1^1 
conduire & de tranfporter les denréek 
Les Mouris n'habitent que fous des tentes 
avec leurs femmes Se leurs enfans qui les 
foivent dans leurs courfes. Comme ÎU 
marchent ordinairement en caravanes » il^ 
fe choidflent un chef qui tranche du 
Souverain , & ils mènent avec eux leurs 
prêtres qui élèvent des Idoles dans les lieux 
eu Ion campe. Le bœuf eft pour les In-» 
diens un objet de vénération. Les cara^ 
vanes des bêrbs ,de charge montent quel-* 
quefbis jufqu'â dix ou douze mille bœufs 2 
celles des charrettes ne pa(rent guère le 
nombre de deux cens. Quand elles fe 
rencontrent dans des défilés » elles en 
viennent fou vent à des querelles fanglantes 
pour le pas. Le Grand Mogol a cru mo* 
dérer leur animodté , en etabliflTant une 
forte d'égalité parmi leurs chefs , par le 
collier de perles qu'il leur permet de por* 

ter au cou. 

Les Mogols font d'une conftitçtion ro- 
bufte , d'une taille haute Se d'un teint 
moins noir que Iqs Indiens. Ils ont les 

£ iv 



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T04 HrsTCiRi iJE t'Asrj!, 
'.nœiirs douces, les manières polies, fa 
Histoire converfation fpirituelle & des iéntimens 
ws Ind£s. ^l(^vés. Ils aiment fi pafliQnnément le jeu, 
fur-toqr celui des échets & une efpéçe de 
|eu de cartes , qu'il leur arrive quelque- 
fois de fe ruiner. Décens au- dehors, ils 
s'abandonnent dans l'intérieur de leur» 
xnaifons , à l'ivrefTe & aux plus infâmes 
plaifirs. Infatués de Taftrologie judiciaire^ 
ils n'entreprennent aucune affaire impor- 
tante fans confulter le Minatzim ou 
Aftrologue. Ils ont da goût pour lés 
fciences. 

Des robes qui defcendent jufqa au mi- 
lieu de la jambe , une vefte légère de toile 
ou de foie , des caleçons amples par le 
haut & étroits par le bas , d«s commet- 
bant ou ceintures , Tune de foie & lautre 
àe coton, â laquelle eft attaché un fyinder 
ou poignard , des féripous ou fouliers de 
cuir rouge dore , un turban de mouffe- 
line , forment rhabillement Mogol. Avant 
que d'entrer dans un appartement, ils 
quittent leurs féripous pour ne poiat gâter 
les tapis & les nattes. Les femmes.portent 
un jupon de mouffeline & des caleçons» 
Dans les maifons , elles ont le refte du 
corps découvert jufqu'à la ceinture, Lorf- 
qu elles fortem , elles paffent une robe , 
& metteat par-deûTus une ^charpe avec 



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.»E t'AVKÏQVt ET t)E L^AMERÏQtÊ. lOj ___, 

un voile j mais ces vêtemens font fi fins *''^'"**'* 
& fi larges qu'ils laiflfenc leur bras & leur Histoire 
fein prefque nuds. Elles ont les bras , les ^^* ^^^"• 
oreilles , les jambes mêmes , & quelque- 
fois le nez chargés d'anneaux. Leurs che- 
veux flottent en boucles fur leurs épaules. 
Elles n'ont ordinairement pour dot nue 
leurs habits, leurs bijoux & quelquefois 
deux ou trois efclaves. Le mari jure de- 
vant le Moullah , le Cadhi & les parens 
de rendre cette dot à la mariée y s'il la ré- 
pudie. Après ce ferment y le prêtre leur 
donne fa bénédi6tion. Le feftin nuptial 
eft toujours très-fbmptueux« Les Mogob 
fe piquent à cet égard d'une grande dé- 
Jicateiïè , & la table eft un des principaux 
objets de leur dépenfe. Le divorce n'eft 
pas moins libre que la polygamie. Une 
femme n'obtient pas en juftice la diflolu- 
lion de fbn mariage , fi elle ne prouve que 
fon mari Ta battue ou qu il lui refufe le* 
chofes néceffaires à la vie. Un homme 
qui furprend fa femme dans le crime otf 
.^qui s'affure pai? des preuves de fon infidîé^ 
liié , eft en droit de la tuer. L'ufage or- 
dinaire des Mogols eft de fendre la Côxh 
pable en deux avec leurs fabres. J^e^ riches 

Earticuliers, fur- fout les marchand^, éia^ 
lilTem leurs femmes de kùï$ concubioe^s? 
duis les divers Ikux oà lem^ affaires le# 



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/L. 



Tôg Histoire de i*Asïê, 

'^"^""n appellent , pour y trouver une maifon 
Histoire prête & des càreffes plus afFeûueufes. Les 
BE$ Ini>is. Jevoirs qu'on rend aux morts font accom- 
pagnés de tc-^t de modeftie & de décence , 
qu'un voyageur Hollandois reproche i fa 
nation d'en avoir beaucoup moins. Le 
blanc eft la couleur tiu deuil. Ces ufages, 
communs aux Mogols , à tous les Maho- 
jnétans de l'Empire, mettent beaucoup 
de reffemblance entr'eux dans toutes les 
Provinces , malgré la variété de leur ori- 
gine & la différence du climat. 

Les Mogols, dit M. de Buffjr dans un 
de fes Mémoires, font défignés indiftinc- 
tement fous ce nom ou fous celui de 
Maures. L'abus dç cette dernière déno- 
mination vient des Portugais , qui trouvant 
à leur arrivée dans l'Incje des peuples de 
la même religion, que les habitans de 
quelques côtes d'Afrique,leur donnèrent te 
même nom. Parmi ces Mahométans, il 
y a un grand nombre de Perfans , de 
Turcs & d'Arabes. C'eft de ces difFérens 

f peuples, que le temps a formé dans l'Inde* 
a puilTante nation de près de dix millioirs 
de Mahométans , que les Européens ap- 
pellent très -improprement Maures. La 
plus grande partie de l'Indoftan leur eft 
affujettie , quoique le nombre des Indiens 
les furpaâe encore de dix pour un > fuivanc 



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^E L* AFRIQUE ET DE l'AmÉRIQUE. 1 07 

rHiftorien àqs guerres de Tlnde. On aSS 
obfervé que les Mahumccans établis dans Histoire 
les Indes , outre l'indolence & la pufilla-»«« Indu- 
nimité , acquièrent , à la troiAérne géné- 
ration , une cruauté de caractère , qui 
heureufemenc ne fe trouve point dans les 
Indiens aduels. Cette remarque, dit cet 
auteur Anglois , iious porte à fuivre le fen- 
îiment de ceux qui croyent que la défenfc 
portée dans leur religion de répandre le 
fang d*ancune efpéce , eft une inftitution 
politique, fagement établie pour changer 
en ufages doux,ladifpofition fanguinaire^ . 
qu'on prétend qui caradérifoit tous les 
habitans de Tlnde , avant que la religion 
de Braina y fût introduite. Je ne fçais 
toutefois s'il faut attribuer à un climat & 
k un pays amolliflànt , Tendurciflement 
qui fait le fond de la cruauté. A confidé- 
rer Tefprit du Mahométifme & Thumeuc 
naturelle des Arabes , des Turcs & des 
Tartares , il y a lieu de fe perfuader que 
ces étrangers ont apporté en eux-mêmes 
la barbarie qu'ils exercent aux Indes ; & 
il eft â préfumer que fi elle y prend un 
nouveau degré de force , c'eft que l'am- 
bition & la varice qui les y mené , la rend 
d'autant plus impitoyable , qu.e les peuples 
y femblent , pour ainfi dire , faits pour leur 
iervir de pâture ^ Se qu*à mefure que leur 

EvJ 



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lo? H r s T or k ï ite t*^Â s r r ; ^ 
oouragé s'énerve & que leur adivité fe* 
Histoire râllentit , la cruauté paroît en quelque 
Ms iNDE^f^^jç 3>^flfii^ d-elle-même pour fuppléer 
par fan accroifTemenc à cette perte ôc 
maintenir ainfi leur afcendarrt £c leur do- 
mination. Les familles qui furviennentr 
doivent naturellement affimiler leurs 
moeurs aux mœurs des familles de leur 
nation qu elles y trouvent établies. Quant 
à la férocité des premiers Indiens , elk ne 
fut vraifemblablement que la féracité d^ 
Fétat de nature ou de Tenrance fauvage des 
nations. 
WceuMtcoii- Les Indiens ne fe marîenr jaixiaîs qu'are 
tûmes dci In- yg^ j^^ perfonnes de leur fe<5te , de leur 
tribu & d'une condition à-peu-près cgale^ 
Les Ra|as feuls dérogent quelquefois é 
cette loi pour donner leurs nlles à TErn- 
pereur & aux Omrahs Mahométans. Les 
femmes galantes fe livrent jufqu'aux étran- 
gers. Pour la cérémonie du mariage, les 
deux époux , après s'être promenés par la 
ville dans des palekis , avec un cortège- 
nombreux & bruyant, fe rendent au logis 
de la mariée , où affis Fun devant l'autre , 
wn Bramine les couvre d'un voile , récite 
àe& prières & les arrofe d'une eau par- 
fumée , pendant que les époux fe tiennent 
parla main & fe donnent réciproifuement 
'ime noi» de cocpv Quoixpe la Ôc3filité:f;;ar 



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i- 



m L*Af RtQXTEïT UE t'AuiKrQVi. rô9 
îegardce comme an état hamiKant , les î 
Cemmes qui accouchent paflènt pour im- Histoire 
mondes pendant quarante jours. On ^^* ^^* 
n'enveloppe point les enfans dansf de» 
langes; au âi les Indiens ont-'ils la taille 
- libre & dégagée. Quand on leiTr donne 
un nom , e eft-a-dire , dix jours aprèyleur 
naiffance , douze jeunes garçons riennenc 
dans leurs mains un drap , dans lequel u» 
Bramine jette quelques poignées de riz, 
©î/ couche Tenfant fur ce riz, & ©n le 
nomme. Quelques mois après on le porte 
au temple pour le faire initier dans la re- 
ligion^ c'eft-à-dire, lui faire jetter fur ï» , 
tête par un Bramine une pondre odorifé- 
rente : c'eft une efpéce de confirmation^ 
Les Indiens , fuivant leur feéte y brûlent 
leurs morts , ou les jettent daiw l'eau , oir 
les enfevelillent dans la terre. Le deuil 
des veuves qui échappent à la coutume 
de fe brûler eft très-auftere. Ceux des 
hommes confifte à porter pendant queU 

Sue temps des habits groffiers , qu'ils fè 
échirent eux-mêmes lur le corps. On vi- 
fîte fouvent les tombeaux & l'on y porte 
des alimens pour lame des défunts, On^ 
remarque qu'indépendamment de l'air na- 
tional , chaque cafte à fes traits particu-^ 
liers & caraâîériftiqnes ;. de manière que? 
'I^ûclques-Unes^iiini aufli rcniaFqmBies:pai: 



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IIO HlSTOXHB m L*ASIE, 

leur beauté que d'autres le font par leur 
Histoire laideur. J'ai déjà dit qu'on en compte en- 
Bis iNDfis. yi^çyj^ quatre vingt quatre II eft à préfumer, 
fuivant l'obfervation d'un auteur mo- 
derne, qu'on en trouvera un nombre 
beaucoup plus grand quand on connoîtra 
mieux le pays , ces peuples ayant une dif* 
pofition finguliere i former des corps fé- 
parés les uns des autres fur les caufes les 
plus frivoles. Outre les dénominations 
particulières qu'ils reçoivent de leurs dif- 
férentes tribus & des cantons différens où 
^ ^ ils naiflfent , le nom de Hendoo , d où eft 

venu celui d'Indien , eft le nom général 

3ui fert à diftinguer ceux qui defcendenc 
es anciens habitaHS d'avec ceux qui fe 
font introduits parmi eux. 

Les Indiens prennent leur premier re- 
pas le matin & l'autre le foir. Le temps 
de la grande chaleur eft confacré au fom- 
meil. Leurs principaux ragoûts font le 
pilau , riz bouilli avec des épices & une 
volaille 9 & le cabob, compofé de bœuf 
& de mouton , coupés par morceaux , af- 
faifonnés de poivre & de fel, trempés 
dans l'huile &c le jus d'ail, & rôtis à la 
broche. Ils font une pâte qui leur fert de 
pain avec du riz , dans lequel ils mêlent 
quelquefois du hin ou alfa fœtida , drogue 
qu'ils croyem uès-utile i la fanté* L'eau 



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1» l'Aï aiQUB BT M l'Amérique, i i x 
ell la boiflfon commune. Les Mogolsfont! 
plus d'ufage du cafFcque les Indiens. Les^"^^^^* 

{premiers font à table à peu-près comme®" ^^^^ 
es Chinois. Les Indiens font aflis for des 
nattes ou for des carreaux, les jambes 
croifées , fans nappes , fans fpurchettes , 
fans cueillers, fans couteaux ; des feuilles 
de palmiers leur fervent d'afliettes. Us 
boivent à grandes gorgées fans toucher 
des lèvres les bords du vafe. Les repas de 
cérémonie font accompagnés de muhques, 
de danfes des Kenchenis & de feux d ar- 
tifice. 

Le falam ou falut ordinaire confifte i 
porter une main ou toutes les deux au 
front. La révérence la plus refpeéhieufe 
eft de s'incliner entièrement & de toucher 
avec la main la terre « enfuite la poitrine, 
& puis la tête. Cette inclination fe répète 
trois fois devant les Princes. Quelquefois 
on fe tient à genoux en leur prefence, juf- 
qu'à ce qu'ils donnent Tordre de fe rele- 
ver. Les Indiens reçoivent aflis , les per- 
sonnes qui les vifitent , & les placent fur 
la même natte ou fur le même fofa. Us 
parlent peu, vite & bas. Quelquefois la 
villte fe paffe à mâcher du bétel ou à jouen 
Us aiment beaucoup les échets. 

» Dans Içs pays où les fciences ont été 
f» cultivées > dit un Philofophç d'une iwa^ 



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! >» gination brillante , où 1 on conferve ert» 
Histoire ^ ^.q^q [q jç^f d'écrire , où Ton eft cepen- 
NDEs.^, danc fournis au pouvoir arbitraire , où 
j> par conféquent la vérité ne peut fe pré- 
w lenterque fous quelqu'emblême j il eft 
w certain que les auteurs doivent contrac- 
jj ter l'habitude de ne penfer que par al- 
$t légorie. Ce fur^auflî pour faire fentir à 
f5 je ne fçais quel, tyran Tinjuftice de fe» 
9» vexations , & la dépendance réciproqufe 
» & néceffaire qui unit les peuples & les 
» fouverains , qu'un ,philofopne Indien 
^ n inventa , dit-on , les échets. Il en don- 

99 na des leçons au tyran •, lui fit remarquer 
99 que fi dans ce jeu les pièces devènoieiH? 
» inutiles , après la perte du Roi, le. Roi , 
>3f après la prife de {qs pièces , fe trouvoic 
9» dans rimpuiffance de fe défendre, & 
» que dans l'un & dans l'autre cas la par- 
w tie étoit également perdue ». II y a ap- 
parence que cette leçon fut inutile ; celle 
du poignard même ne corrige pas ces mir 
férables. 
i^ortraîf de* Ùans Us parties méridionales, les In- 
*»^»a"^ diens des deux fexes font abfolumenr noirs^ 
& vont pieds jmds. Ceux de la partie 
feptentrionale ont le teint plus jaune que 
noir. Leur habillemem eft une chemife <fe 
<otoiî^ qui defcend plus bas que ks reihsy 
aiftcoi»^ defcpeb o» .aoache une ceinture^ 



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©E l'Afrique it m l'Amérique, i t ^ 
11$ y ajoutent pendant Thiver une efpcceC 



de manteau ; les femmes ont outre cela Histoire 
un jupon de coton blanc. Les riches Ba-^^^ iwoEfc 
nians font vêtus à-peu près comme les 
Mbgols de robes de coron , ordinaire- 
ment blanc & très- fin. Leurs femmes s'ha- 
billent auflî comme celles des Maures , 
mais fans fe coiivrir le vifage d'un voile. 
Le bétel que les Indiennes mâchent conti- 
nuellement leur noircit les dents & lo^ 
gencives; elles font parvenues à fe per- 
iuader fi bien , qu'il eft beau de les avoir 
de cette couleur , qu'elles raillent les Eu- 
ropéenesy qui ont, difent-ellcs, les dents 
blanches comme les chiens ôc les finges. 
Le peuple s'applique à l'agriculture &C aux 
arts mécbaniques , particulièrement à la 
fabrique & à la peinture des toiles. On 
connaît la perfecflion de leurs manufac- 
tures de coton & de foie , fi cftimces pour 
la finefle des étoffes & pour la beauté ini^ 
raitable du coloris. Les Indiens font fans 
doute les plus habiles tifTerands de l'u- 
nivers. Toutes les nations de TAfie & de 
l'Europe payent un tribut à leur induf- 
trie. 

Ces Afiatiques ont la taille médiocre 
mais libre, dégagée & exacte dans fes 

J proportions. Leur phyfionomie répond à 
eut caraâere ^ elle eft douce & agréable*. 



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Il4 HtSTOÏRE DE L*AsiH, 

! Les femmes ont de refprit , de la vivâ* 
Histoire cité , des gf aces naturelles qui leur con- 
BEs Inoss. cilient les hommages des naturels du pays 

& quelquefois lamour des étrangers. 
Det Colonies Nous ajouterons ici quelques obferva- 
ïuropccna. ^ions fur les Colonies Européenes. •> De 
m quelque manière que ces Colonies ayent 
>> commencé à s'établir , dit M. de la 
$9 Bourdonnais , foit par la force des 
I» armes, foit par des conventions faites 
H avec les fouverains du pays , il eft tou« 
M jours certain qu'elles ne fubiiftent qu'au- 
» tant qu'elles vivent en bonne intelli- 
M gence avec les nations Indiennes fur les 
» terres de qui elles fe trouvent. On cou* 
19 çoit en effet que dans des climats lî 
M peuplés , une multitude de naturels du 
M pays auroit bientôt détruit une poignée 
f> d'Européens 9 dont ils croiroient avoir 
M à fe plaindre. La principale attention 
H d'un chef dé Colonie oui entend les 
M intérêts de fa nation , eft donc d avoir 
M beaucoup de ménagement pour les 
» peuples oui les reçoivent ou qui les 
fj fouffrent fur leurs terres. Cette politique 
»> eft d autant plus néceûTaire , que c'eft 
»> avec ces naturels du pays qu'on fait le 
a> commerce , & que ce font eux qui vô- 
f> nant s'habituer dans les comptoirs Eu- 
n ropéens, forment la plus grande partie 



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t>ï L*Af RIQUB ET ©E L*AmïRIQVB. 1 1 5 

» & le fond le plus confidérable de nos! 

» établiflTemens »>. Histoire 

t> Qu'on fe reprcfente en effet les plus ^'* Indis. 
M grandes villes que les nations d'Europe 
» ont dans l'Inde , telles que Pondichéry , 
» Madras & Négapatan : cliacune de ces 
M villes contient environ loo mille âmes, 
if 6c il eft certain que de cette multitude 
» d'habitans , les trois quarts pour le 
» moins font des naturels du pays. Le 
» furplus des habitans qu'on trouve dans 
» ces villes eft compofé , pour la plupart , 
M de Juifs Se d'Arméniens qui font le né- 
n goce & qui fouvent ont en même-temps 
» des magafins chez les François , chez les 
M Anglois , chez les Hollandois & eh^z 
» les Portugais. On regarde^ dans tous 
» les établiflTemens Européens, ces na- 
>> tions , auflî bien que les naturels du 
» pays , comme des peuples neutres qui 
» ne prennent aucun parti dans les guerres 
>> que les nations d'Europe peuvent avoir 
«> entr'elles dans l'Inde , & qui trafiquent 
9) par-tout avec liberté, tant qu'ils fe con- 
» forment aux loix & qu'ils ne bleffent 
j) point les privilèges de chaque Com- 
» pagnie. On n'exerce donc jamais contre 
99 eux' aucun aûe d^hoftilité : fouvenc 
9» même dans les temps de guerre entre 
9> les puiiTances d'Europe , on fait le com^ 



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tié JîistoiKÈ nti^ksitf 
»> merde fous leur nom , & c*eft un avnri-' 
Histoire „ j^gg q^j oblige à les ménager Ôc i le9 

. fj il eft confiant que dans les grandes 
» villes dont on vient de parler, il y a à: 
st peine fix à fepc cens hommes qui foienr 
f» de la nation dont elles portent le pavil- 
>» Ion, & ces iîx à feptcens hommes font 
j* compofés d^environ 5 à ^ôo hommes 
» de troupes, 3© ou 40 employés & ou- 
jj vriers, jo à 4e hommes de mer, & 
» 1 5 ou 10 marchands particuliers. Voila . 
» dans le vrai l'état adluel des plus flo- 
»• riffantes villes de Tlnde , fi l'on en 
» excepte Goa & Batavia , qui font beau- 
99 coup plus confidérables i>. 

Les guerres d'Europe arment infail- 
liblement les Colonies des puiflànces bel- 
ligérantes les unes contre les autres , lorf- 
que leur proximité les y invite : car c'eft 
toujours un très-grand avantage que de 
détruire ou d'ébranler les fbndemens du 
commerce de fon ennemi, & c'eft lobjet, 
de la plupart des guerres. Con^ment, 
fans parler de l'animofité nationale , pour- 
roit-on fe promettre que , tandis que tous 
les traités font rompus , un traité de 
neutralité entre les Compagnies fe main- 
tiendroit dans tQUte fa force , lorfqu'au 
moins une des deux nations eft intéreflee 



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msB 



f>E l'Afrique et de l'Amérique. 117 
^ ne pas robferver. Il eft fur- tout abfurde 
de penfer qu'une puiflTance principalement Histoire 
fondée fur le commerce , telle que la ®^* Iw^^Sf 
Grande Bretagne, fonge férieufement à 
s'abftenir d'hoftilités dans les Colonies. Il 
jeft cenfc qu'une nation qui propofe une 
neutralité entre les Compagnies de com- 
merce , ne cherche qu'à endormir fa ri- 
vale pour gagner du temps, l'expérience 
de nos jours le prouve. Et quand Taccord 
fe feroit de part & d'autre de bonne foi , 
feudroit-il efpérer que ce concert ne feroit 
pas dérangé par mille événemens , qui 
rendroient la guerre dans les Colonies 
oéceffàire ou du moins avantageufe ? D'ail- 
leurs les vaiffeaux de Roi des deux na- 
tions n'étant pas liés par les traités des • 
Compagnies , ils courroient réciproque*- 
menr fur les navires marchands de ces , - 
fociétés ; ainfi l'objet de ces traités ne 
fçauroit erre entièrement rempli. Dans les 
Colonies mêmes, la prudence qui en- 
gagcroit néceffairemenc les deux parties i 
fe prémunir contre toute furprife , or Jon- 
neroit des préparatifs qu'elles n^ pour- 
roient voir lanss*allarn[)çr, fans fe défiet 
les unes des autres , fans s'efforcer de les 
empêcher , fans en venir à des négocia* 
fions , des négociations à la violence. 
JLç plus îur moyen d'évifcr la guerrç 



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ii8 Histoire BE l*Asxe, 
îavec les Afiatiques, c'eft dctre en état de 
Histoire J^ foutenir. La négociation , dit M. Mo- 
Ms Indes, j^^jjj^ f^i^ le reiÏQ. Obligés de pourvoir 
à leur défenfe contre les attaques , tant des 
naturels du pays que des Européens , il a 
donc fallu que les Colonies fe rortifiaiTenc 
dans leurs établiiTemens j il a donc fallu 
que des Compagnies commerçantes de- 
vinflent des efpcces de puiffànces mili- 
taires. Mais dans des contrées éloignées 
& dans tatvt de comptoirs difperfés ça Se 
là , ces Compagnies ne pourroient entre- 
tenir beaucoup de troupes réglées d'Eu- 
rope fans d'énormes dépenfes y leurs agens 
fupplieront par des milices du pays. On 
a ramafic pour les garnifons , des chrétiens 
vagabonds qui fe nomment Portugais , 
hommes plus lâches que les Indiens des 
caftes les plus baffes. Comme ils entendent 
affez bien l'exercice, on les incorpore dans 
ies Compagnies Européenes. Les naturels 
du pays les ont appelles topafes , à caufe 
qu'ils portent des chapeaux , Se les Eu- 
ropéens ont fuivi cet exemple. On a ap- 
pris à des Maures Se i des Indiens nos 
ufageslnilitaires , mais, ils n'ont quitté ni 
leurs autres coutumes ni leurs nabille- 
mens j ils font commandés par des officiers 
de leur nation 8c de leur religion* Sur la 
^ôte de Coromandel » on dpiuie le nom 



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DE L* Afrique et de l'Amérique. 1x9 
de péans à toutes les troupes indifciplinées, 
quelles que foiént leurs armes, bouclier. Histoire 
arc, flèches, piques, lances, arquebufe , ^^* Inde»{ 
moufquet. On a amené outre cela de$ 
côtes &c des ifles orientales d'Afrique des 
Nègres que Ton dcfigne fous le nom de 
Carres : le colonel Lawrence dit qu'ils ne 
Jâcbent jamais le pied. De ces différens 
corps on aformé des armées y l'appareil des 
guerres a été plus impofant. 

Après des preuves éclatantes de fcience , 
de bravoure èc d'inttépidité^ les Européens 
ayant des troupes à leurs ordres , ne pou- 
voient réfufer leurs fervices â leurs pro- 
tedeurs , fi ceux-ci les leur demandoient j 
ils ne pouvoient pas ne pas les leur offrir , 
s'ils avoient des grâces à attendre d'eux. 
Ainfi les Colonies ont dû fe trouver en- 
gagées dans h$ guerres des Princes du 
pays, fuivant l'intérêt qu'elles avoient à 
luivre les étiendards des uns ou des autres. 
Leurs fecours étoient récompenfés , leur 
commerce prenoit de TaccroifTement , leurs 
poiTeflions gagnoient en étendue, 6c leurs 
affaires fe meloient de plus en plus avec 
celles des Maures & des Indiens. Il eft 
ainfî arrivé qu'elles ont formé en appa- 
rence des puiflances dans l'Inde. Par 
l'augmentation, de leur territoire , elles 
gagnoient, nQQ-fçulemç^lc des revenus^ 



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120 Hl S TOIRE DE L*A SI H , 

S mais encore des profits , qu'elles portoient 
Histoire auparavant à d'autres , dans les manufac- 
»£s Imd£s. jm^ç.5 defqu elles elles ctoient obligées de 
puifer. fvlais ce fyftème de grandeur avoir 
de terribles inconvéniens. La rivalité ne 
fouffroit point que lambition de Tune fût 
fatisfâite , fans que l'ambition de l'autre 
s'allumât. Comme leurs établiflemens ne 
font point en malTe & qu'ils font au con- 
traire épars dans l'immen/e étendue des 
cotes de l'Indoftan , leur- domaine a été 
expofé aux étincelles de toutes les guerres 
qui ont embrafé divers cantons , & l'in- 
cendie a du fe communiquer aux difté- 
rens Gouverneoaens de cote en cote. Pour 
fournir à tant de befoins^ il falloir que 
les Colonies euflTent aidez de folidité pour 
fe défendre par elles-mêmes , fans être 
obligées d'attendre les fecours de l'Eu- 
rope j mais l'Europe dévore, pour ainfi 
dire , fans ceflTe leur fubftance j elle at- 
tire à elle leur vigueur j elle épuife leur 
foibleiïe. M. Dupleix agiffoic en gr.and 
politique » lorfqu'il prenoit des nonis , le 
fefte , les mœurs & des titres Indiens , ce 
qu'on lui a ridiculement reproché. Il 
{embloit par là que fa Colonie dépofât la 
qualité toujours plus ou moins odieufe 
d'étrangère ; elle fe naturalifoit dans le 
lim, & l'afieâion des peuples du pays 

Tauroif 



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Dl L^ÂFUIQVE BT DC i*ÂMillIQUË. T X I 

1 autoit adoptée. Ce n'eft Qu^en fe mettant! 

au niveau des lndiens.& lous lear habit, ^"t^*^* 

3u'on peut feflatter de les amener â aban- ®" Ik»^»* 
enner, fans qu41s s*en doutent, les loix 
& les coutumes fous lefquelles ils font 
nés , pour prendre les ufages & Teforit 
de l'Europe : moyen unique de les auer- 
vir. Par la dignité de Nabab, le Gouver- 
neur de Pondichéry , devenu membre de 
TEmpire 9 homme de la Cour , Se ejti 
quelque forte fouverain , pouvoit ârfpiter ' 
à tout \ il avoit droit à la projCeâion Se 
a|ixf fecotirs du Grand jMpeoI ; il avoit les 
moyens defe former des créatures parmi les 
Seigneurs Indiens Se Maures^ il auroit pa : 
inorqdaire ^e$ hommes de f^ natip^ jof- , 
qu'au pkd du trône j il devçpc^t Tégal de 
es anciens' ftoteâeurs, (8ç avec ie^poîdis 
^u'il avoit par l^i-même, je veux dîje, 
psit f^ qualité de miaiftpe ou d'em|)ioyé 
d'une puidànceétr^nger^uèsrrr^outàble» 
fçn crédit n'a(^i;oit p^nçjejjj^erboriïes, 
th^ ) «n teçipà I0Ù le; rfc^tfjf ;M0got ^ût 
ç«é plus aflpré aux Srtlth^r\5, cetVmme 
mixte, fi je puis.ain(| parfer, François & 
Indien , eut été dans Une poftùte à tepir , 
par fes refliburces, t^m du côté de la France 
que du çatéàf )a Cour de Pefali ^ des; 
Cours fubalternes, j^s voifiiis enéchec^ 
les riv^aqx de f^^î^fj^orvà fç5 pieds^ Auffi. 
Tmcr. F 



u 



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m MiSToïki ©E l'Asie, 
-M. Saunders voukt>-il obliger M. Gode- 
Histoire hcu i ftipaler <jue- les François ne recc- 
9e$ IwDBs. vroient ancim mre, foit de Nabab, foie 
d'autre dignité : auflï le Lord Clive , en 
refufant d'autres grâces, a-t-il avidement 
accepté le titre de premier Onrah de 
l'Empire. Ne crai^tions pas de le dire : 
M. Dupleir n ctoit point fait pour être 
l'agent aune Compagnie de commerce , 
il etoit né pour être le Miniftre d'un grand 
Roi. Ces fociétés oui n*afçirent qu a un 
lucre préfent , ne- tont point propres i 
entreprendre des comjtictes. Dès «joe les 
envois ceflfent de la parc des Colonies , les 
intéreiTés fouffrent ou tremblent. On ne 
fçautoit attendre i>atienHnetit leis événe- 
mens incertains d'une guerre qo'on n'eft 
ififpioîéi trdtfvér avantagèufe, qu'autant 
quelle ptbcur^ de gros^ retours. Au 
moindre èch^ç, on eroft tout perdu , mille 
l>cHiches aflFamées démodent la paix , on 
n'ofe plii^ ri%tte^^ ifes dèniew, le crédit 
b^Âe ; la Compàgnîe rèfhfé des fecours' 
iffes'agëns, ou ne leur en envoyé pas â 
propos, Cependant on né peut faire la 
guerre & des conquêtes qu'avec les pro- 
nis que le commerce reira, on ne peuç. 
foutenir les opérations qtfaVeclestroupes 
& les vaiffeaux de TEuiope, & où une 
%émf€t^ fufirçit^poiir ftiie-évappuir »ne 



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DE t' AyRÎQXJÎ 'Et ©E l' AliÉïlïQtTE. 1 1 J 

'entreprife ^ iixille ouifes concoarent à la ! 
faire échouet avec de grandes pertes. Il Histoire 
^ft certainement très* rare qae q«elqu avMi- ^^^ I><d«»» 
tage que deux Compagnies rivales ayent 

Eu avoir fucceifivement Tune fur Tauife^ 
i balance des pertes réelles n'ait pas été 
beaucoup plus confidérable. 

Des guerres des Européens dains rin*- 
doftan ) il eft réfulté que les Maures fe 
Ibnt difdplihés Se que les Indiens fe font 
aguerris. Les Anelois rejettent fur les 
François la faute d'avoir, les premiers, 
inftruit les naturels du pays dans la dif- 
cipline Europééne : c'eft affiirément une 
des plus graâ^des fautes que l'on ait pu 
commettre* Ces peuples , par leur nomore 
feul, parles avantages que la propriété 
du pays leur donne j étoient déjà adè^ 
fores pour en chafla: les étrangers fans 
qu'on leur fournît deis armes égales. Na- 
varette difoit que k prétention que les 
Occidentaux avoient fur la fotrreraineté 
de rOtientett vertu des bulles des Papes ^ 
coùteroit un }otir la vie à lOus^ceuKqui s^ 
trouveïoient , fi cette prétendon venoità 
la connoiffance desrOïientatt3&. ILrt*eâ;plus 
queftion aujoi»:d'hui de pareils droits ; 
mais fi l'Empire' JMogol éioit une fois 
tranquille, Û la premic|ré puiâfatu^ étoit 
bien affermie, fi les^^iets de l'Empereur 

Fi; 



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ii4 Histoire DE l'Asie, 
^^^T^ étoient fournis ainfi que les peuples , 8c 
Histoire fur-tout fi les côtes de rindoftan fe par-. 
VIS Indes, jj^geoienc comme lo local femble le de- 
mander» entre quelques Princes abfolu*^ 
ment indépendans , les Européens n'y au- 
roient plus qu'une exiftence très-précaire; 
leur commerce , leurs biens & leur vte 
feroient également à la difcrétion des In- 
diens, & on les verroit mendier , pour 
ainfi dire , avec la plus profonde humi- 
lité , la faveur de donner leur or & leur 
argent. Les Princes , fans même employer 
leurs propres armées , n auroient pour les 
exterminer, qu'à attirer fur eux, par Tap^ 
pas du pillage de leurs rîchefies , quelques 
peuples barbares. Quand un Prince puif- 
fant 8c délivré de tout autre ennemi , 
tomberoit fur les Colonies , après qu'elles 
fe feroient affoiblies par leurs guerres par- 
ticulières, raffurées par des traités & dé- 
pourvues des fecours de l'Europe , com- 
ment foutiendroient-elles fes efforts ? Il 
eft donc de l'intérêt des Colonies <jue 
l'Empire foit toujours troublé & divilé: 
auili ne font-elles devenues jpuiflàntes que 
depuis fa décadence. Ces Européens qui 
ont paru quelquefois les arbitres du fort 
de quelques Provinces, ne dominoient fur 
les Indiens que par les Indiens thèmes. 
S'ils, étoient les cheft , Ips principaax 



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BE L^APHïQXyi ET DE t'kuiKÎQpt. 1 1^ ^^^^^^^^^^^^^^^ 

des armées , les armées étoient In- '■ ■ * 

diennes comme les peoples de leurs villes j Histoire 
& après leurs triomphes , qu'ils fuflem ^" ^^^** 
abandonnés de leurs auxilitires , ils n'é- 
toient rien. Une poiflTance d'induftrie 
n'eft qu'illufion j un accident la diflîpe. 

Il réfulre de ces confidérations que le 
Gouvernement des Colonieane demande 
pas feulement des hommes de comnterce f 
mais encore des hommes d'Etat. Or ce 
choix ne peut être fait par une troupe 
mercantile. On ne trouve guère à placer 
avec fruit dans de tels poftes de pareib 
hommes ^ que dans les pays oà Fon fange 
l'expérience du commerce à^tm ' la clalFe 
des connoiflfànces de la politique , où leS' 

Erojers ne trouvent dans l'exécution que 
)s obftactes qui fiaiâfètit ^e h choier 
mcm« , oà Us fervices reçoivent deîs ré- 
cbmpenfes, où les falenis font honorés^ 
même après des difgraces. Il faut que ce» 
hommes fe forment dans l'Inde même , 
car le commerçant , le polirique, le géné- 
ral ne peHvent devenir Indiens'» je vq\x% 
dire , qu'ils ne fçauroiehc prendre Fcfpric 
& les lumierey propres au payj, que parc 
une longue habitude pratiquée s^ec le lo- 
cal, tant phyfiqueque morat Le Gouver- 
neur François qui alla dans l'Inde pour h 
pacifier fans la connoîcre , coup^ le nerT 

Fiii .- 



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îde la puiflance de fa nation, en lui faifart? 
Histoire perdre, avec la réputation de fes armes » 
Ms. In©£s. jç fa fidélité dans fes engagemens, de fa- 
fupéri<M:ité fur fa rivale, leftime, la con- 
fiance , TafFeiflion des Princes. En cher- 
chant i établir l'équilibre de poifTance 
entre les deux nations, il donna réelle- 
ment tout Tavamage à la nation ennemie y, 
Earce qu'il n'avoit pas de juftes idées des. 
eux& du commerce, ainfi que M. D& 
la démontré. S'il avoit pratiqué les. 
Cours de Tlndoûan , il auroit appris que^ 
les Princes de qui dépendent les etablilfe- 
mens Européens , troaveroietit toujours^ 
dans leurs quecelles fans ce^fle reBaiffantôS: 
& dans leurs intérèts.perfonnels, centrai- 
fons & cent occafions de rompre cet équi-^ 
libre , que les PriiKes d'Europe s'efforce- 
roient inutilenuenç de maintenir, fuivant 
Ipbfervation de M. D. quand il ferôit 
poffible qu'un fyftcnie d'égalké. fût adopté 
de bonne foi par deux Compagnies ja- 
loufes 9 Se com^tvé daas le choc continuel 
de leur commercé réciproque. Le Général 
qui eft allé joutr Pondickcry centre Ma^ 
dras , pour me fervir de fon expreflîoa 
qui répond aiTez à £a conduite , dévoie 

Eerdre Pondtchéry , ou du moins lés éta- 
liflTemens fitués dan& d autres Provinces, 
, «a da moins le aédit & bientôt aprc^ le$> 



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forces de fa narion, par l'idée ^bII «voit^ 
qu'il n'ctoit envoyé daw hs Indes cfoe Histoire 
pour en chaffer les Anglois , que tout autre *^ !»*>•*' 
. objet ctoit étranger à fa mimon , que les 
\lémêlésda Dékan n'cïoieDt d'aucune ins- 
portance pour la Comp^^ie , qu'il pou- 
voit indifféremment attaquer les pays de«; 
Nababs & des Rajas qu'il jugeoit à fa 
bienféance, qu'il pouvoit impunément 
méprifer totit ce qtii n'étoit point Angloi» 
& négliger tout ce qui n'étoit point au- 
tour de lui dans le Coromandel, 6cc. Pout 
n'avoir pas connu ni voulu connoltre la 
chvune des intérêts de l'Indoftan , il atiroir 
kîfaiUiblenaent échoué, en y manaeuvraiît 
à l'aveugle &c du jour au jour , quanj 
ij'aurres paffions ne l'atHroient point 
^aré; 

Qui oféra dire que fa découvert» 8c 1er 
commerce direâ: des Indes ont écé plu* . , 

avanc^eux que f uneftes aux Et^s^4e l Eti- 
«cupe , Torfijiie l'on œnfidére les rava^s? 
énorcnés que l'entretieh de lours^ Colonies: 
fait dans l^ur popjtlacion au miliieu même 
de la paixj tant de puerres cruelles que 
les intérêts marcKan(& ne taiflent èie'mdpe 
que p<wij: donner aux jiaiions le temps de 
reprendae des forcer j. les /^oups 4e&:«o- 
teurs que le fànaitifnie commeircai^t nV 
^^ deiKUtec d l'a^icultuce^ ie luxe dé- 

F iv 



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1*8 HisTOÏRi DE L*Asri; 
vontnt qui venge les Indiens des attentat» 
Histoire Je notre cupidité j la fauflTe politique qui 
Pis Indes. ^ conduit les Gouvernemens à prendre 
pour bafe de leur grandeur, les mers, les 
vents, le fable, des terres lointaines, la 
richeffè étrangère ; le déplorable état au- 
quel la fortune , toujours mobile & rou- 
lante dans ces climats , a réduit diverfes 
nations Européenes fucceffivement & ra- 
pidement écrafées les unes par les autres; 
les débats , les plaintes , les cris de la na- 
tion mcme, qui aujourd'hui élevée dans 
rinde fur les ruines des autres , n ofe croire 
l'utilité de fes conquêtes , accufe fa Com^- 
pagnie de commerce des maux publics > 
Se n a que des idées vacillantes fur fes 
vrais intérêts ? Un coup d œil fur les ré- 
volutions des Colonies jettées dans 
rinde. 
v^Ji^s!"' Lorsque la Oiur de Portugal s'agita 
pour la découverte des Indes , les Mi- 
niftres ne penferent pas tous que le com- 
merce de ces contrées fut toujours la fourcc 
de la grandeur & des ricbe0es des peuples 
qui s'en emparoiem ; que k Pravidence 
TofFram à la nation, il ne refteroic plus 
^qu'à aller fe mettre en polTeflSaii de ce 
beau pays , qu'elle feule avoir lé moyen 
d'acquérir j & qu'en s'afflirant de fon com- 
merce, ce fbroit cooccebalancej: la mé- 



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-^'^«^^ 



Vt h^AfKIQtji ET OE L*AMâïlIQt7B. ll^ 

diocre étendue du Royaume &r mettre k^i 

peuples au niveau des peuples, en appa-^^^^^^^ 

i«nce , les plus puiffans : queligues- uns pré- *** ^^*^" 

tendirent au contraire qu'au lieu de tenter 

de fi périlleux hazards^ii étoit convenable 

de cultiver les rerres du Royaume Se fup- 

fout les fpacieufes friches qui étoient entre 

FEbre & le Tage , pour retirer les habt- 

rans de la dure néceffité d'acheter leurs^ 

pains de ^étranger j que les découvertes 

& les conquêtes n'avoienr procuré juf- 

3u'alors que quelques Nègres , de Ty voire» 
es curiofités acquiies par des naufrage»' 
ic autres défaftres (î terribles pour mï 
Royaume dépeuplé^ & que quand ce ne- 
feroir pas fe bercer d*uh longe que de fé 
promettre de grandes richeflès fans s'é- 
pttifer pardes^ dépenfes, il étoit à croire 
que le fuceès même de Tentreprife attire- 
foit à la Couronne de Ponugal des enne- 
mis auxquels elle ne pourroit rcfifter;en- 
fbrte que la profpériié intérieure de l'Etatr 
feroit facritiée à une vaine fplendeur ex- 
térieure. Le temps , ce juge fupreme de* 
k politique, a décidé que le Portugaise' 
puinoit lui-^mème par la< conquête de.* 
i^Inde. 

La Nation' Portugaife n*étoit pas com- 
merçante, elle tira répée pour trafiquer 
avec les Indiens» Quelques-uns» dé ik^ 

E y/ 



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ïjo Histoire dh L*Asir> 
! Généraux eflàyerent de fonder fa domë- 
HisToiRE nation aux Indes , fur latuchement vo- 
pis Inj^m- lontaire des naturels du pays, projet- 
chimérique. Les autres jugèrent qu*il 
^itoit nécedàire de fe rendre maître du 
^ajs pour conferver le commerce, projet 
de brigands* Ils exécutèrent ce deiTein en 
héros, en êtres furnaturelsj Us abuférent 
de leurs fuccé$, en tyrans, en betes féro- 
ces. Les Indiens fournis, les Maures- 
xéprimés , les Turcs humiliés , l'or coula 
dans le Portugal à torrens, il déyafta les. 
terres du Royaume , il entraîna le gouver- 
nement loin du centre de fa puiOance y il 
attira violemment la nation vers fa fource. 
Se toute entière , on l'eût vue fur des vaif- 
feaux > aller piller aux Indes ou ven- 
dre en Europe les richeflTès de TOrient ,, 
s'il n'avoir todement attiré en Portugal: 
des marchands, des mariniers, des foidats 
des ouvriers de toutes les nations , donr 
les uns s'y naturaliferenc Se les autres, 
paiïêrenc aux Indes, pendant qu'une par- 
ue diftribuoic par toute l'Europe les: 
n^archandifes de ces contrées. Qui vou- 
dra voir à leur comble toale la corruptîoib 
de la fauffe opulence, tout le délire d'on^^ 
bpnheur inefpéré, toute 11n(bd>ilité de la.^ 
bsium fortune , qu'il fixe ks yeux Air «e 
4oin du. vaflâiabknLde l!hiâoire du iuir 



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gandagç. Déjà Toc met le çaux au[i!inéritei' 
le général chargé cfe ccimtseftahfoœ^ptr^»*''5»^«' 
h richefle, tandis que Je gtand-homme"" i*i»i«. 
AU rhomme vertueux meoiit cUns la. mL- 
fere ou la difgrace. Ici fe voit encore ce 
paflage: fubit & inçtwuprélietifihèe de k 
mutQ vtnu aux plasba» vices. Des vertu»! 
ks tfvms de riode n'en ont plut , oaae 
fes reconnou qu'àiear irtcoaiparalik arcc^- 
gauce. lisneioiicqueinQti^^lâbhsté»» 
£ei hommes fi accoutuoiés aux" grasdis* 
exploits qtt*ib ne leur coutoicnt ph» d'^- 
&>rt. Uidoe du bien rablic sVft évanoiâo,. 
l'intérêt pàrfiiculiec régit ou plittot tà>i^^ 
& bouleverfe totu JcU on'valcancore^an> 
bîeQ , pour une Bation qui p»r «m^^igoo^ 
i}e«^^ao> s'ej^eve aurdeuixsid!eJkHm&iiê,. 
il eft plus diâicile de fémenir un val^ 
démeiuré q|ie de franchir les e^fiacles^ 
^i rarrctoiem. Qu'ils confeuvcot, ^ 
ijonquécans^ s'Us le pe»vcn«> l'empiiteî 
immenfe qu-'llfi om acquis ipar foixanieî 
Ms de viiftoires âc d'attentètt> Leafs^ 
Vicerciis oa£ kà lés^ plus veimuxv iÀs* . 
plus vatllafts , les plus {^Egstàcs han»iii^s> 
toais il fàm leur laîSTer une aoiioFité jpra^- 
qu33 illtmitcc, poBur qu'ils en impolemti: , 
tant de ftbis. vadaux de la couronna, 
quils voient avec toutes lès forcer dv la 
'«dbnia>, où.U danger; les appeUe^ ^âe ' 

F Vj ' 



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i;2 HiSToiRi DE l'Asie, 
-rien. n<; réfifte à leurs réfoiutions Se ne 
HitTOi&i recarde lenr marche. Dans k crainte qu'ils 
ABs iNois» j^ fortent des bornes que te devcHr leur 
prefcrit^on ne leur confie qu'une admi- 
AÎftration triennale , c'eft les provoquer à 
de promptes rapines. En vain leurferoit^ 
on rendre compte de leur geftion , com^ 
me d'Âlbuquerque lavoit confeillé, ih 
ont tant de ricfaeiTes, tant de complices, 
. cint de prétextes., tant de moyens d'aveu- 
gler , de Komper , de feduire, de détour- 
ner le gouvernement! Dès que leoi pou- 
voir saffoiblit, chaque Gouverneur dans 
Ion département exerce les mêmes exac- 
tîons4 conlpîrations, (bulévemens, révol- 
tes. Et toutefois les Indiens , les Maures-,, 
les Arabes, les Noirs qu'ils fe fonr opi- 
niâtrement acharnés à ibumettre ou d 
expulfer,n- attendent qu'une occafion favo- 
Kible pour rompre lefoug& s élancer fi» 
leurs tyrans, a*ec toute la fureur de k 
kaine & de- la vengeance long-temps, 
comprimées* Leur Empire pone fur des^ 
forts, répandus depuis lescôws de Perfe 
fufqu'à la Chine, mais trop éloignés les 
uns des autres pour qu'ils, puiflènt au be- 
foin réunir leiurs forces avec célérité ; œ 
,ae fom que de foibles ccdonnes ou'il feca 
i^ile de brifer en détail , & que «/ J J^»^ 
Smfûe fatigue par fon poids. D'Albu- 



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cjiïerque penfoic que le meilleur moyen î 
pour confeiver les Indes ou du moins leur ^"'Jp**" , 
commerce , croît a emrerenir fax ou lept 
places bien fîraces- & bien pourvues » outre 
Goa, fans épuifer le Portugal d'hommes 
pour de grandes conquêtes , 8c fans ren- 
dre les domaines sl&z étendus, pouc 
mettre obftacle à un gouvernement oien 
réglé. Cet avis avoit été négligé parée 
que les Vieerois s' étoiem remis les armes 
fcs uns aux^ autres pour fe fignaler ât l'égal 
de leurs prédécefleurs , augmenter Tes 
tributs y taxer par-tout le commerce » Se 
s'enrichir de nouvelles dépouilles. D'ail- . -^ 
leurs en opprimant les peuples i en divi- 
fànt les cours, en dépofant, exilant, affaffi- 
nant ks Princes, il fàlioit bien qu'ils fe- 
miflènt è couvert de la vengeance, dans: 
des lieux fortifiés dont l'entretien minoît 
infenfiblement le commerce qu'ils ne 
pouvoient plus maintenir que par ce 
. noyen. Us n'affoiblilFent pas moins le 
négoce par les importions qu'ils 
levoient fur les marchands fous prétexte^ 
de les protéger conKe des- violences^ qu'i^s^ 
commettoieiK eux-mêmes, fur ceux qui. 
' leur refufoient la meilleure partie du pro- 
fit f pratiques funeftcs- que la- Cour de 
Lionne ne put venir à bout de réprimer* 
. Ce^ndant jamais on n'a. unt^ apporté qdi 



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fj4 Histoire vn x'Asrî^ 
-Europe de mafcbandifes de rinde, qur 
HisToi&B jj^nj içg premiers tems où elles ctoient 
*** ''^^*** toutes dan$ les mains des Portugais » 
quoique le Portugal ne pût y envoyer 
beaucoup d'argent le de marchandifes- 
d'Europe. Mais outre que le glaive Euro- 
péen n'a ceSè de défoler ces contrées , 
cette nation retic<Mt un immenfe revenue 
(bit de fes va((es domaines , foit des tri- 
buts de Tes va(Iau2^,& trafiquant répée nue 
& fans concurrent , elle achctoit & v en- 
doit au prix qu'il lui plaifoit de fixer». 
Toute l'Europe envioit fa fortune ; elle 
^^ ^ chaiKeloit ; les HoUandois turent beau- 
coup moins de peine à b Im enlever. ^., 
^*eUe n'en avoit eu à l'acquérir. 

Les Colons Portugais » par leur molleflty 
par leurs nuriages avec Les femmes du^ 
pays ,j>ar la licence , par Tagrément & la 
richeflfe de leurs pofleiïîons , par labam- 
àori de leurs affaires à des efclaves 
Nègres , s'étoient & bien naturalifés aitx 
Indes , qu'ils ne connoiifoient plus d'autre 
^trie que leur demeure , & d autres com- 
patriotes que leurs voifins. Auflî cmand les- 
Uollandois s'emparoient d'un de leurs 
établiiïemens, ceux qui en étoient éloi- 
gnés & fur-tout ceux de Goa, n'auroient 
pas quitté les débauches de la ville ou les- 
iléUc^eSrde la Caocqpagiie » ^oor. Id dé&ndâe: 



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1>£ L* AbRIQUE et D€ t'AMéKîQtri. "I }f 

ou le reconqocrirj & ceux qui Thabi-! 
K)ienr , chaflcs de leurs foyers , Ibin de Bistoir* 
chercher un afyle auprès de leurs frères ^^ ï*<»»» 
fous 1 étendard de leur Roi, fe répandoieitt 
fur les terres des Princes Indiens , pour f 
mendier quelque emploi ou une folde. 
De-là cette foule de mifcrables Portugais 
difperfés dans toute l'Jnde » occupes à 
gagner leur vie dans quelques manufac- 
tures oupar un petit commerce » employés 
au fcrvice des Anglois , des Hollandoisv 
dès François, des Nababs, & générale- 
ment protégés par les Princes Gentils fit 
Mahométans , qui femWent les traiter 
comme naturels du pays , foit à caufe de 
leur longue habitude dans les lieux Se de- 
là conformité de leurs manières avec celles 
des Indiens, foit par un fentimenr de 
compaflion pour les reflet d'un peuplç jar 
dis auffi admiré que redouté , ou par un 
penchant de l'amour propre en faveur de- 
ceux qui , après nous avoir outragés , im*» 
plorent humblement notre ailiftance. An 
commencement de ce (lécle , il y avoît 
très-peu de ville commerçante où 1 on na 
trouvât des defcendans des prenaiers cou- 
quérans de llnde^ 

Les Colons Portugais font par euï- 
mcàies trop peu de commerce pour être 
€n^.éutd'eiivoj^er des cetour&co&udérafaies. 



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tj6^ HrsToiRB 01 x'Asre ; 
! en Europe. Il n*y a peut-être pas un feuf 
Histoire négociant de la nation à Goa , qui pût 
9M$ iNPfis. charger pour dix mille écus de marcha»- 
difes , & l'on doaite fi tout leur commerce 
monte it la valeur de deux cens mille 
écus; auflS une année portant l'autre, il 
ne vient direâement de Goa à Lisbonne 

3ue deux navires , dont la cargaifon eft 
e moitié moindre qtie ne l'étoit celle 
d'un feul de leurs navires, lorfqu'il en ve- 
Hoit vingt. Ce n'eft pas que de Goa , de- 
Ditt, de Danian, êcc. il ne parte beauv 
coup de vaiflfeaux pour tes côtes de Perfe, 
le Pégu, les Manilles , la Chine, &c. 
mais ils font prefque tous pour \t compte 
des marchaaas Indiens. On abandonne 
également les profeffions les^ plus lucra^- 
tivesaux naturels du pays. LesCanarins,. 
lancien^ peuple de Goa , font prêtres, 
commerçaiTS, médecins, avocats, jouif- 
iànt de la même liberté que les Portugais 
te d'une. meilleure fomme, avec cette 
diftinâion ieulement , que quelque riches 
qu'ils foienr, il* ne leur eft pas permis de 
porter des bas & de^ fouliers. Le ckrgé 
eft aulli. opulent que les laïques font 
pauvres. On aflure qne les Jefuites de 
Goa nîavoiem pas moins de revenu que 
kt couronne de Portugal. On prétend, 
aiènie qu'ils fe mêioien; de traî&c ;^ es: 



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DE L* Afrique et de L*AMéRiQVE. 137 
Baldaeus, dans fa defcriprion des côtes de-— 
Malabar & de Coromandel , rapporte que Histoire 
quelques-uns d'entr'eux ont été punis pour *** ^^*'* 
avoir trop irréligieufement exercé cette 
profeflîon , jufques-là qu'ils le traveftif- 
foient en faqutrs> afin de pouvoir aller 
acheter avec plus de liberté & de profit » 
des pierres d^un très-grand prix aux mines 
de aiamans. Il y a peut*ètre à Goa [Jus 
de 40 mille prêtres ou religieux de toute 
nation Se de toutes couleurs. Le Mar- 
quis de Villaverde ofa , la ville étant af- 
iiégée par les Infidèles , ycecruter fes 
troupes de tous les moines rainéans qu'il 
put Attraper j il fut rappelle , excommu- 
nié , perfécuté , quoique le péril eût été 
û imminent que la ville auroit été em- 
portée, fans la bravoure d'une Dame de 
qualité , vivante encore en 1705 , la- 
quelle » à la tète d'une poignée de gens 
animés par fon exemple , chalTa rennemi 
d'un pofte important &c fauva la ptaçe par 
ce généreux exploit , pour lequel on lui 
accorda le titre & la paye de capitaine.. 
On lie fçait ce que devient l'argent da 
clergé. L'Inquifition a éloigné de Goa tous 
les marchands Chrétiens, non-feulemenc 
Proteftans, mais encore Catholiques. Pour 
en relever le commerce ,.on y a é^bli une 
Compagnie qui achevé de le ruiner. he% 



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•^jS Histoire m t'Asï»> 

! marchands Indiens ont fm à i'arpeâ: d'une 

HisToiRi fociétc munie d*un privilège exclufif poiir 

»E$ *NDEs.jg ^Qj^j^^{^-^g ^ Macao» & aflFermte 

par une communauté d^intérêts avec les 

oi&ciers du Roi. 

La Couronne de Portv^l conierve aux 
In4es une ombre de puiuânce & tie ma»- 
|e(lé y à £;>rce de dépenfes. Ses Colonies 
ne fe maintiennent dans leur déplorable 
état qu a la faveur de la compaifion Se du 
mépris que les autres mtions Européenes 
ont pour elles. On a prédit qu'avant la fin 
du nécle « les Portugais n auroient pas uu 
pouce de terre aux Indes ; il feroit aifé 
d'accomplir la prédiâion* Cependant avec 
l'impoxtante place de Goa, avec Diu, la 
clef des ludes Se leurs autres établifTe- 
«nens , prefaue tous avanca^ufemem fî-- 
tués fur un bon fol ^ il feroit très-poilible 
qu'en excitant TinduArie , la puiflance 
Portugaife reprît quelque vigueur , pour*- 
vu que Ton commençât par abolir Tln^ 
quiucion , fuibordonner les biens eccléfiaC- 
tiques au bien public, établir la liberté gé» 
nérale du commerce dans tous les poits, 
mettre l'agriculture en honneur. • 
coionkt Ef- he grand politique Charles Quint ne 
failles. p^jj, jamais fe perfuader qu'il fut udle d'ar 
v^r des Colonies lointaines, & que la 
conquête du nouveau monde pur être 



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»E I.*Af RIQVÎ ET 0E l*AMtKlQUE. J 5 J 

avancageufe à TEfpagne ; je ne fçais fi lonî 
doit en être aujourd nui étonne ^quoiqu'eti Histoire 
difent les auteurs Ang!<»s de l'Hiftoire®*^ Indw* 
Univerfelle. Les fentiiBens de cet Em- 
pereur fiir cet objet fe manifeAerent pac 
fa renonciation à fes droits fur les Mo- 
laques, par ta froideur avec laquelle il ac- 
cueillit Fernand Cortez , par le don qu'il 
£t d'ufie Province de rÂnoérique aux ha- 
bitans de la viHe d'Augsbourg , & par plit- 
fieurs autres traies , fuivant la remarque 
des mêmes auteurs* 

A pebe les Efpagnols &>iU-ils comptés 
parmi tes nations qm om nnt pùifTance 
aux Indes ; néaiïnw>ins TArchipel de Saint 
Lazare fur lequel ils font établis , eft , à 
ee qu'on dit , compoâ de onze mille Lûes^ 
les Philippines &ules font an nombre de 
onze cens i il eft vrai que même de ces. 
derniers lieuic , il n'y en z pas h dixième 
partie qui reconsoUTe leur autorité. Se que 
dans ceux qu'ils poUëdent, la douzième 
partie des peuples ne leur dk pas foumifa. 
Cet Archipel , tant par la variété que par 
l'abondance de fes produâiotis , n'eût pas. 
été d'un moindre prix pour rEfpagne que 
l'Amérique ; TEfpagne le négligea , dès. 
le tem|^ de ù découverte , & ce ne fin 

ris fans raifon j que feroit-elle devenue ,. 
Philippe U, au lien de mettre un freim 



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140 Histoire se l'Asie , 
! à la fureur des expatriations & des courfes 

Histoire maritimes , eût aiguillonné fes fu}ets à des 

DU Indes, conquêtes dans l'Orient ? 

Dans le confeil d'Efpagne , il s'eft fouf- 
Tenc trouvé des hommes qui ont ofé re- 

f^réfenter , qu'une vafte Monarchie dont 
es parties font féparées par des mers in> 
menfes & fituées fous des climats û dif^ 
férens , foufFroit tant de fa propre gran- 
deur , qu'il étoit évidemment de fon in- 
térêt de rerirer fes forces vers foa centre, 
& qu'aind la bonne politique exigeoic 
quon abandonnât les Philippines. Ce pro- 
cès a donné lieu i d*excellens mémoires. 
A confidérer ce que font aujourd'hui ces 
Mes 5 il n'eft peut-être pas bon de les gar- 
der y à confidérer ce qu'elles peuvent être , 
on répugne à s'en dedàifir. La* Couronne 
d'Efpagne n'en a qu'une propriété ftérile ; 
quelques particuliers en recueillent les 
fruits. Frappée de la malédiâion d'un 
Gouvernement barbare , la terre s'y hériflfe 
de ronces ; fécondée oar un Gouverne* 
ment doux & fage, elle prodigueroit fes 
biens autant que dans les lieux les plus 
fertiles de l'univers. 

Les Chinois , autrefois maîtres de ces 
Ifles , les détachèrent volontairement de 
leur Empire pour les laiffer à elles-mêmes , 
fondés, fur cette maxime > ^u'unpays moi/ui 



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1D1 l'Afrique ET OB L*AMiRiQUE. 141 
iundtt , mais bien peuplé & bien cultivé , 
ejl plus en état defefoutenir par lui-même Histoire 
& de jouir d'un fage & jufie Gouverne-^^^ ^**** 
ment , que de vafies Etats dont les extrê^ 
mités doivent par leur Jituation mime étrt 
expofées à defréquens & inévitables mal- 
heurs. Leurs marchands , nommés San-r 
gleyes, dominent à Manille, ils achètent 
& vendent tout j ils font fi endurcis au 
travail , (i dépourvus de fentimens , (1 ac- 
tifs , fî induftrieux , fi habiles à ménager 
les paffions & à faifir les foibles de ceux 
qui gouvernent , que toute la richelTe des 
habitans paffe dans leurs mains , & que 
tout largent qui vient de la nouvelle £f- 
pagne pade par leurs mains à la Chine. 
On diloit au Mexioue que l'Empereur 
des Chinois pouvoir bâtir un grand palais 
des barres d'argent que ce commerce por- 
toit dansXes Etats. 

Les Gouverneui;s fourdement foudoyés 
par les Sangleyes, pour qu'ils les laiflent 
en poifeûion du commerce & prefqu'cn 
poueffion de la capitale , malgré leur 
nombre & leurs révoltes , ont eu 1 art de 

Îerfuader à la Cour de Madrid que les 
annir de Manille , ce feroit fruftrer la 
Couronne du tiers dju revenu des Phi*- 
lippines , qu'ils payent en taxes ordinaires 
& extraordinaires 9 comme fi des mat- 



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T4t Histoire Di l'Asie» 
chands payoienc eax*mêine$ lettre taxes 8c 
Histoire qu'ils ne les fiflent pas fupporter aux ha- 
ns Indw. fjjj^jjj ^ foiç ^n achetant d eux à meilleur 
marché » fok en leur vendant à plus haut 
prix ; comme Ci un pays naturellement riche 
en denrées de toute efpéce, en boi^, eâ 
drogues , en pelleteries Se même en or , 
pouvoit foufFrir long^temps un vuide dans 
fa population & dans Ion commerce» 
quand on rendroit le commerce parfaite* 
ment libre & les peuples heureux ; comme 
û les taxes levées fur les perfi;>nnes & fur 
ie commère, ne pouvoient pas Se ne de* 
votent pas être remplacées par des impôts 
fur les terres, qui feules produifent un 
revenu annuel Se toujours renaiflànt. Ce 
n eft pas à dire que je veuille qu'on en 
expulfe les Chinois , s'ils demeurent fou- 
rnis, s'ils n*en écartent pas les autres na- 
tions par dès manèges , Se s'ils n'en épuifent 
pas les peuples par des monopoles. Le 
commerce m encore a(Eez libre à Manille 
pour y paroitreflorifTant , mais il eft trop 
chargé de taxes pour que la contrebande 
ne fruftre point le fifc d'une groffe partie 
<le ces faux revenus. 

Les revenus publics ne fburnifTent pas 
aux deux tiers , pas peut-être au tiers des 
^épenfes publiques : il faut que ce déficit 
ibft rempli par un envoi que la-nouvelfe 



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-©1 l^Afrique et ce l'Amérique. 14} 
Efpagne fait tous les ans aux Philippines. ' 
Le revenu n'eft guère que de deux à trois HièrbiM 
eens miile pièces de huit , taiidis que les •^ ^^^^ 
dépenfes ont monté i plus de huit cens 
uitlle , fur-tout lorique les Philippines 
4toî$ni chargées de la- proteâion des Mo- 
biques , ûas aucune forte de; dédommage- 
jnent pour feifîraîs de la guerre. 

Un homncie jufte, D. Faufte Cruzat f 
'Gongora, en huit années d'adminift ra- 
tion , avoit payé tout ce que le Gouveme- 
ttient devoir aux Indiens , fourni aux 
charges, publiques^ avec les r^evenus ordi- 
naires « amafTé plos de 400 mille piécei» 
4c huit dans^ le tréfor royal , augmenté le 
revenu du fifc de cent mille , en s'attiranc 
les bénédiébions du peuple , difent les au- 
teurs de THiftawre Univerfèlle après Na- 
varette , & même en acquérant d'im- 
menfes richeflès , doitt il voulut par fon 
teflamem. q^u^une grande partie mt em- 
ployée en charités. Ce fait condamne i 
mom la plûpatt des Gouverneurs. Ces of- 
ficiers jouifTent pendant huit ans d'une 
autorité prefque fouveraine. Leur com* 
million expirée , leur conduite doit être 
f igoureufement recherchée , avant qu'ils 
fortentde Manille t leur fticoeffeur eft or- 
^ftbairement leur juge ; un préfentle^ juf- 
cifie. Il eâ: vr^ que^ le peuple fe fait^quel^ 



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144 Histoire db l'Asie» 
quefbis juftice lui-même: en 1719 , le- 

HisToiEx Viceroi tut tnatTacré. 

DK$ iNDcs. ,, Quand les Indiens fournis aux Ef- 
•9 pagnols femeuc du bled , les Gouver- 
» neurs les prennent fouvent à bas prix» 
»• & on ne les paye que long-temps apcès 
» & fouvent point du tout ; c'eft ce qui 
I» fait qu'ils ne veulent point cultiver leur& 
1» terres t>. Voilà la fourcis du revenu pu- 
blic , la fource du commerce » la fource 
de la profpcrité» tarie. Or dans ce pays» 
un des plus beaux pays du monde , un 
bpi^eau de froment en a rapporte par an& 
mauvaife culture cent- trente. " 

D. Sebaftien Hurtado de Corcuera» 
Gouverneur en i ^4^ , imagina , dic-on » 
rimpoficion ou la vexation horrible , ap-* 
pellee Wandalas , confiftant dans l'apport 
qu'un Indien eft obligé de faire aux ma- 
gafins publics ,non«feulement du bled oa 
du riz que fon champ a produit , mais en« 
core de la quantité , ou en nature , ou en 
équivalent qu'on a eftimé qu'il devoit pro- 
duire j pour en être payé quand 6c conune 
il plaira au Gouverneur. Ce Corcuera fut 
détenu cinq ans en prifon par fon fuccef- 
feut^ enfuite renvoyé en Efpagne, & en- 
fin abfous par le Confeil des Indes. 

On affure que dans Tefpace de deux 
cens ans^ rin|aftice , h râfHiie & l'oppref- 

fion 



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iïon ont fait périr plufieurs millions' 
d'hommes , fans compter ceiix qui ont<ié- Histoire 
ferré ie' pays : qui pourroit apprécier Je^** ^***^"* 
nombre de ceux que i*anéanti(lement -de 
la culture ou des fubfidances a fait périr 
même avant que de naître ? 

Lés Indiens cherchent donc leur fureté 
dans la mifere, dans un afyle dévorant. 
Ils ont de 1 or, mais ils ne le montrent 
qu'aux Midionnaires qui ^fl^ont garde de 
les trahir, ils enfoùittenf tout ce qu'ils 
peuvent dérober i la connoiiTance de la 
tyrannie , jufqu'à ce qu'elle les force de 
s'enfevelir , pour ainn dire , eux-mêmes 
tout vi vans. Oh , hommes , oh , Minières , 
refpedez les propriétés de ces peuples t 
Jai(rez:leur la liberté de leurs personnes , 
encouragez leurs travaux par la fureté de 
leurs biens Se de leurs produAions , ani- 
mez leur commerce par l'immunité , levez 
des impots fur leurs terres feules , fans 
bleflfèr la main qui les féconde , & vous 
aurez 'une des plus âoriflames Colonies 
de l'uni^^rs, un fonds inépuifable de ri- 
cheffesjun peuple heureux , nombreux 
£c fournis. 

La malheureufe deftinée des Philippines 
a voulu que TEfpagne n'eût point de com- 
munication direde avec dles , que fon 
Gouvernement dépendît du Viceroi du 

Toffu r. G 



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%/^ JHiSTOIRE ©B l'AçIB, 

'Mexique trop éloigne pour furveiller, • 
Histoire que les abus s'invétéraflTent au point de 
I.B5 jNpEs. j^fîfter au ^èle le plus adif & le plus 
/éclairé de Thomme de bien , revêtu d'une 
autorité paflagere \ que l'anarchie ait foc- 
vent pris afTez de for-ce pour borner Us 
foins des Gouverneurs à pourvoir à leur 
propre fureté j que la cupidité ait prefqiie 
toujours feule brigué & emporté les 
places y que Tétat du pays n'ait été connu 
dans la Métropole que par le rapport 
d'hommes intérelfés à tromper la Cour & 
la nation ^ que les maux devin0ent incu- 
rables avant que le pouvoir fuprcme put 
y apporter du remède ; que Ton n'ait re- 
gardé ces Ifles que comme un fonds fuc- 
curfal pour la nouvelle Efpagne ; que la 
Cour aie toujours eu un intérêt plus pré- 
fcnt i s'occuper de ce qui eft autour d'elle 
DU plijs près d'elle j qu'une politique in- 
fenfée adoptée dans toute l'Europe, ait 
introduit une diftin<^ion barbare entre la 
Métropole & les Colonies , par laquelle 
la Métropole dévore fes Colonies commQ 
la bête fçrocc dévore fa proie. 

On a remarqué qu'en ouvrant » par Iq 
détroit de Magellan » une correfpondance 
direâe entre l'Efpagne^c Içs Philippines» 
le Chili fçrvant de repos , il ne raudroic 
que nç^f mçis pour recevoir en Efpagne 



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DE l' ArRK^Ul ET DE L^AAiERIQUI. f 47 

des nouvelles des Philippines , tandis 
qu'elles n'y parviennenr<juelquefois qu'au Histoire 
bout de (îx ans : même avanwge pour le ^^ Indes. 
iranfport des marchandifes. Le voyage de 
l'Efpagne aax Indes orientales par cette 
route Teroir ait moins de deux moi^ plus 
f ourt que par la route du Cap de Bonne- 
ffpérance 9 beaucoup moins dangereux 

rour la fanté des équipages , exempt de 
inconvénient d'obéir aux vents réglés oxx 
aux tempêtes des autres mers, &c., On a 
dit que le pafTage du détroit de Magellan 
étoit trop difficile & nop périlleux .j cel^ 
eft faux. On a dk qu'il nctoitpasprudenc 
d'innover dans des points fixés par une 
pratique ancienne j cela eft abfurde. Oii 
a dit que l'Efpagne craignoit de frayer aux 
autres nations une route par laquelle elles 
pourroient aller détruire ks ctabliflemens 
dans les deux Indes, cela peut être i.Boais 
déjà d'autres nations ont pris cette voie , 
elles la fuive^c. Dans l'état où font les 
Philippines, on a vu pendant ia dernière 
guerre qu'il ne feroit pas malaifé de s'en 
emparer ^ il le feroit encore moins de 
^'emparer. ;desf Ifles Mariannçs. Les E^ 
^^agnols ont; eti^core auffi maltraité & plus 
rnégljgé ces dernières Ides que les pr^- 
4^ieres , cependant elles ne fotit pas d'ofi 
mopAàtQ prix & d'uije moindre. reifourcc^j 

Gij '^ 



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r4S HisToinfi DE t'A s II, 
I Elles forment «ne barrière commune de 
HisTOiftË leur Empire en Afie & en Amérique, 
tha inM$. i^ife p^x les mains de la nature ; elles 
ëourtôiént être le magafih des marchah- 
dîfts des deux Indés & ta patte de 1 orient 
AU fud, ainfi que du fud à I orient: une 
liatîon qui s y établiroit , inteiaceptexoit la 
iWthmùnîcation des Philippines avec la 
tiôuvcUe Efpagne , l^attroit en ruine les 
Philippines réduites i fe confumer dans 
Tefir ^ifr^puiflTance , & feroit «rembler le 
Mexique déjà troublé par la peite de fon 
toiîintërce, 

'Lé OTm Wêrce entre lés deux Xïx.des Ef- 
%agn61és fe fit d^ibdrd de C^u au porc 
&e Lima; le voyage «roît long Se fm^ 
M,ht. Quelque temps après la conquête 
§e rifle de Lttç6h,il fe fit de cette Ifle à 
^cà'pulco, àà la flotte du Pétcni abordoit 
â-péu-pfès en tticriie temps qtfe lés <5a* 
lidhs de Manillei il ctolt lîbte, il fotflo^ 
tiirirtit. Au édmtifiéiicehierit du dii^- 
<eptiéme îîécle , oh s'im^iHà que t^ deux 
Colonies s'âppàuvriffôient Tùne & Tautre, 
^arce'queb h<«iveHe Efpagne y mettôit 
"beaucoup d^î^ent qu^eHe rie dohhoit pa^ 
'èont fiéh ,& ^i^e^e^ argent fe pérdok 
•^nOltïnè, cft >l'i?e :p?ârTbit due par 4é5 
'édiahgés. Je de içais Tt^^e fat p6Hr.^ft^ 



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les tiabitans de Manille ne porteroient au! 
Mexique que pour 15a mille piaftres de^^*7,9'.^* 
marchandifes , ^ n*eji rapporteroient que.*^" 1 iiV 
500 mille : le commerce fbc donc limitç. 
On crut attirer par là plus d'argent en Ef- 
_ pagne , camme fi TEipagne 6 avoir eu à 
^acfirer que de l'argent, que cet.arge^r 
, eut dû y refter, qu'elle eût pu cBe-mcme 
vendre au Mexique les mêipes marçhâij- 
difes que Nlanille 9 & qu'elle eût ^n ii^- 
léïh à faire tomber la culture & les ipa« 
nufadures de fes Colonies. Des hommçs 
fages prefferent long- temps la Cour d'ac- 
corder à Manille la liberté d'exporter (s^ns 
rellri(îkion les denrées du crû Se Us m^- 
çhandifes du lieu. II ne furp^rmisatyc 
^bitans que d'envoyer , en payait au Rçt 
15^ mille piaftres, deux gaHons ,^ doijt 
l'un devoir lervir de convoi 1 l'amre char- 
gé des marchandifes. La pjusgrande parcîe 
de ces marcliandife^ e(k étrangère. Li^ v.a^. 
feau en eft fi furct^rgé, «najgr4 1^ Içix 
prohibitives, qu'il fç traîne pef^rx^qa^t 
fous la voile, que l'équipage trop 9099- 
breux ne fçaurciit f^ mojuvoif ^ m^i- 
uœuvrer librement , Se qu'en ca^ de teto- 
pête ou d'att:4quç, il e^ prefq^'iippoflî^ 
de pourvoir 4 fa fureté. S.a G^urfi^eftfç- 
core rallentie par les (çtitraves' ^UjS l'Qn 
liiet à 1^ mxig^iqpy ^n QhJigeêPt le^ qf- 

G iij 



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ÏJO llrSTOIRE DE t'AsiB, 

^ficiers à fe conformer à des inftrudfcîonf 

Histoire qui pourroienc bien n'avoir d'aatre utilité 

w$ Indes, qyç Je lier les mains à des hommes jufte- 

ment fufpeds , car ils obtiennent leurs 

emplois à prix d'argent. 

Que conclure de toutes ces obferva- 
tions ? que les taxes , les prohibitions , les 
rëglemens ofFçnfent & opprîraent le com- 
înerce , qui de, fa nature tend à les éluder j 
«ue4es loix qui violent les loix primitives 
de Tordre focial , là propriété, la fureté, 
la liberté , fappent un Etat par le fonde- 
ment , en arrachant la terre à l'homme Se 
l'homme à la terre j que dès que l'intérêt 

* de ceux qui gouvernent eft féparé de l'in- 
térêt de ceux ^ui font gouvernés , ce n'eft 
que deftruftion , ruine , anéantiflement } 

^ qu'il eft^ux Etats des bornes naturelles, 
au-delà defquelles % l'œil du Gouverne- 
jnent ne fçauroit voir ni fon bras agir, 
au*delà defquelles il n'y a que tyrannie 

'& anarchie; <jue le fyftcme qui met en 
oppofitîon: les intérêts de la Métropole & 
céuji des Colonies , & difïbut ainfi l'union 
dès membres d'un même corps , eft un 
fyftênoeJjarbare , tyrannique & funefte qui 
met lés Colonies & la Métropole dans un 
it9Lt de guerre , dévoue les Colonies â 

' fetvif de pâture à la Métropole , & charge 
i la en la Métropole de l'énorme fardeau 



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bE l'Afrique BTi)E Vkui».i<^t. 15 f 
lies Colonies cpuifées * fi le fer ne les ehî 
fépare ; qu'il eft difficile, pour ne pas àixe^^^p^^'J 
impoffible, attendu les feuffes idées de la''" ^^^"• 
politique régnante , Se les circonftance^ 
des lieut, que des peuples |Ayfi<|ucment 
& moralement antipodes les ans de» 
autres , fe regardent comme une même 
nation animée par le même intérêt , Si 
que le Gouvernement du vainqueur ne. 
foit pas une guerre continuelle contre 
les vaincus j & qu'enfin du pays de' 
L'Inde, qui eft par lui-même le plus riche 
fans comparaifon de ceux que poflfedenc; 
'les Européens , qui eft le' plus avan- 
tageufement ûtué pour le conrimerce êe^* 
deux mondes , qoî fous le Gouvernement 
profpére de Tordre naturel, feroit peut- 
être le plus floritfant de l'anivers, TEf- 
pagne ne retire d'autre fruit qu'une foible 
communication de fecours entre deux de 
ffis Colonies; car elle n'y convertit pas 
même des âmes au Chtiftianifme, objet' 
louable que fes Rois feniblent s'être priit-* 
cipalement propofé. 

Les Hollandois, prefque farts territoire CcWa- *: 

& fans richelTe, avoient leur liberté à re-^'' 

couvrer ou à maintenir contre une pûif-' 
fance formidable , dans le temps que l'é- 
clat du commerce de Tlnde; entre lei 
mains des . fujets : de cette^ pKiiflTance i* 

G iv 



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iébtouiflbic TEurdpe «tii partageoic etifre 
Histoire les deux Ind^s Ton admiration & fa cu- 
»às Inoes. pjjj^^ Fruftrés par des oppreflfîons de la 
parc de TETpagrie, de reipcratice qa'ils 
avoienc confie ^c s'emparer de Tempiol 
de faveurs oa devoicunersdes Mcresna^ 
tions pour- te commerce intéritut de la ri* 
publique Européene, ils s elaacetent irn* 
pécueivièmetK' kors die cette fphtre, danr 
laquelle ils étoîenc trop pcefifésâc trop cii> 
confcrits pour remplir de grandes vues qui 
demandoient de grands moyiens. Au-delà 
étoic leur ennemi , mais en décadence ^ Se 
le vsùncre dan^ Iliade , c'étoit gagner dey 
£cats en fauvanc la patrie. L'Etat n'avoit 
encore que les forces de qpelques riches 
particuliers , elles fe réunirent en différons 
corps ) elles prirent diverfes routes ; le 
courage , la prudence , l'ardeur , l'induftrie 
luiimerenf Se dirigèrent leurs efforts pro^ 
portionnés à leurs deffeins^ deffeins qu'il 
étoit plus étonnant de voir former qu'exé* 
coter, puifque les Portugais fi puiflansyen 
apparence, fe livrèrent en quelque fone 
eux-mêmes ou furent livrés par les In- 
diens. Lts Hellandois ne fe bornèrent pas 
â fuivrele long de l'Afrique les p^s des 
Portugais , ils tentèrent de percer à travers 
le nord pour embratfer l'Inde par (es deux 
exuemîtesé S'ils euiTent découvert utinour- 



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©E L*ApIIIQUÉ et PÇ.L'AMiRlQUÏ. I 5 } 

veau partage , iU ^^rQk»jC chalTé les Efr ! 
pagnaU, 4eç. Pbilippii^f s ^ pendant qu'ils HisjoiRi 
enîevoient aux Portugais les Ifles péri- ^^* ^^^^' 
dionales ^ $c teqrs pavillons , par J^qs^ vpies 
Pppofées, fe feroienc rendus &fencppc|:^ 
JLU cemtp de l'Inde, où il$ ^upoienc r^qqi 
les lumières de leurs découvertes , Ip; frtiifs 
^e li^urs expéditions , h gloire de lçuf« (ri- 
vaux » leurs forces triorxiphaptqf d^ toutes 
parts, EnBn, ^près avoir tçu^ cqnquis , ^(s 
.;|uroient tour perdu > ç^r pour avoir tjrqp 
conquis » ils penferent toxit perdre. Lfnje 
|>oUtique pi^s f^ge, ce fut de s'att^hj^r 
opiniâtrement à fç rendre exclu(iyemei)C 
les maîtres çi'wedes branche^ les pli|$ 
ftrécienks dp rimmpnfe çoirimerce «^s 
Indes, les fépiçeries. l^s falloir- il qpp 
de^ enrrepril^ frondâtes avec une prii- 
dence ^xrr4prdinairç , que des fuccès ^ 
jFurés par Jes rpefnres les plus juftes » qu'une 
adminiftration infpirce paruneptévoyaisce 
iupérieitire > fu^fent rouillées par des baf« 
Jfeffes &ç jdes ,atrocii€S ?.Falloit-il, fiir-coyc 
j^ s*annonçanr en Ubéiateurs , rçfTufciter 
la ryraoni^ » après Tavoir exterminée ? L^* 
Jwrbarie répondra qpe fans les injuftices^^ 
Jeslâcheitçs, les perfidies , les attentats dp 
loute ^/péce^, les conquêtes euffent étp 
IHiQiîn^ r^^pid^s , les Indiens moins Tpa-^ 
IW^â.W JTttours ïXkom ^ichçs^ & qjie 

G V 



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I <4 Histoire i» e t* A s i e , 
dcs-lôrs la Compagnie eût moins impofé 

Histoire à la nation, & la nation à fes ennemis , à 

PIS iNDis. l'Europe entière. 

La Compagnie des Indes Orientales > 
formée de différentes Compagnies par- 
ticulières , qui d abord utiles , s'étoient tny 
faite entrechoquées & croifées , avoir em>- 
pèché qu'il ne s'établît une Compagnie 
pour h découverte d'un paflage par lé 
nord, & le hazard avoir fait peut-être f($t- 
vir i'injùftice de Tintérêt particulier à l'in^ 
térct public. La prudence des Diredeurs 
maintint la nation aux Indes & la Com* 

{>agnie en Holtânde. Autant les fuccès Sc 
es profits rendoient cette fociété recom^ 
mandable , autant la rendoient-ils prof- 
•criptiblé chez une nation commerçante» 
Xe privilège exclufif d'un commerce aulE 
lucratif que paroillbit Tctre celui des Indes, 
n'étoit il pas préjudiciable aux fiijets des 
Etats Généraux , & ce commerce n'auroit** 
il pas rapporté plus d'argent dans les Pro- 
vinces , s*il eût été libre ? La liberté eft 
l'ame dvc comtnerce j la libené du com- 
merce doit être lame d'une république 
iharchahde. Par un ftmefte oubli des prinf 
cipes de l'ordre focial tracés parla nature,^ 
on envifage peu le^ droits du citoyen» 
pourvu que Ton tendea un prétendu intérêt 
de l'Etat; Maij& étoîc-cé rifiiéiêt des Mxâ^, 



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Bl l'AfRIQUB et »£ x'ÂMiRtQUS. I 5 5 

Génératti, qu uiïe Compagnie parûculiere ' "' " 
jouît de rinde Hollandoife, en fouve^ Histoire 
r;iineté & en monopole ? Un politique auidî ^'* I«o*#» 
Habile que zélé patriote , le grand pen- 
fipnnaire de Wit ne penfoit pas ainfî. 

M II eft çertain^, difoit-il , que le pre- 
fj mier motif qui a tiit accorder des oc- 
j? Cfois, Ravoir h gùeire avec TEfpagne 
» & le Portugal , n a plus, lieu > & qu ea 
» cas d*une nouvelle guerre . contre ce* 
M peuples , nous ferions formidables pour 
» eux &c non eux pour nous« £n fécond 
» lieu 9 s'il eft conftaiK qu'il étoic xiéceCr 
» faire dans le$ cammencemens de faic& 
^quelques conquêtes fur l'ennemi dans. 
1? leS: Ijfle^ des tpiçe^^içi , parce que f hi* 
» h Compagnie faiifoii d'acquifitionjs , p^» 
^ elle avoit de droit & de moyen d'y 
» commercer j d'un autre côte , on ne peut 
«•nier qu'après ces..CQoqu&re$, les ma* 
» i|il|ie$de.lapr0fpérité des Compagnies y 
99 ne commçcncent à être contraires, ai» 
>? bien général du pays, Celui-ci confiée, 
n cpmnae on le fçait , dfwtîs l^çcroiffeme^c 
n continuel des nMnufaâure^ , dur trafic 
»»:Sc de la. navigation ^ au lieu que le vé-^ 
9 ritable intérêt desi Coimpagmes cofi* 
9» fifte à procurer le plus grand aiyaiït^^ 
^ des inréreifés^ mçme en appoc|c^ft dafisi 
»,ipÇ^y^içi en dét^utx^daosI'J^içMc^ 

Cv) 



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15^ HiiToiRi Bi t'Asrt, 
» étoffes & autres ouvrages auffi iioiffl>Ie^ 
Histoire „ i nos manufaaiures qu aux étrangers Sc 
»M iHoif* „ g^jx habiiatis j & pour le dire en un mot,, 
m en faifanc les pbs grands profits par le* 
n moindre commerce Se la moîn^e na^ 
9» vrgacion poâibles. On * ff ait que iî la 
}» Compagnie des Indes Orientales faifoir 
>f un piuâ gros bénéfice fur les foies mife» 
>• en cEUvre 4u Japon » ou fur les côu* 
>> vemtres de tii & les tapis de fable 
li des Indissy fltc. que fur les ibies crues} 
>* ou fi en rendant les noît ^ la fieur de^ 
it mufcssde > les gén>fie6 ^ la caneUe , &c^ 

# plus raresy elle pouvoir en&iire mon^r 
>« le ptfht de façor», qu'elle gagnât autant 
9» fttc cent Mt^ de ces épiceries qu'elle* 
Il fait fur miîte, ©lï ne devroit pas s'at*- 
)i tendre qu'elle apportât des foies^crues^ 
9i ni qu'eue fît d^i dépenfes inutiles 8r 
,r onéreufe^ psiut augmentée le commette 
39 0c b itfttkâtitm sui-del de ce qu'il fe^ 
9i roît néitmaîre pour ceis ^m Iajh\ mai» 
9» !i(i C0nrfatf0 V' ^^^ épM^ni^ ces fi^is ^ 
a eiin fetm hcil^ aiiic Iiide;s^ l'etoédenr 
I» d^ épkeriti tvécélTftires ici. On ne peutr 
jf ^i&bnvmik èinétKii qne plâ» ce» Côm- 
jvpagmeis fym de ci^nquètes, plus elle» 

# <bTvôm dép€ftfer de leur ^itâl pout le» 
«^ èduftifva? j if ne ph» ettei om de paj^s i 
jigoittetMr , ^MiM'dyiM fenrem $'«*» 



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DB L'AmiQUB B¥t)B Z^kutVLlQXJU. I 57 

«•f cuper de commerce ; âu lieu qoe fi ces ! 
>• forcerefies & ces pzjB conqak étoient Histoibb 
»• entre les mains de U nation , les parti- "* Iwws; 
M culiers auroienc te moyen de faire aux 
» Indes un commerce plus confidérable Se 
9» plus afluré ». 

< >* Les Etats généraux & les Anriraptés y 
» difoit encore cet écrivain , fe/. dc- 
^ chargèrent du foin de couji^lipilï nari- 
w galion (»ar rapport à TAfie , TÂifrique S^ 
M rAmériqoe , la pèche de k baleine dans^ 
•► le nord & le coriimerGe de ces pays-li,^ 
»à fe perfuadant que les différentes^ Corn- 
I» pagnies étoient en état de faire leur tr^ 
!• fie 6c de pourvoir à leur fureté , fans 
1»" convois cie PEtar, & qu'elles contri- 
n bueroient au bien public en travaillant à 
» leurs propres intérêts. Mais on a trouvé 
>• au lÊontraire que le commerce de ces 
1^ fociéiés privilégiées a été fi préjudiciable 
I» aurëfte de ta nation qui en étoit exalue y 
n jque fi ceux qui gouvernent avaient vou^ 
9> lu bu voutoieiK en agir de la même fa« 
1^ f on à l'égard dttcomnterceide TEiitopei 
n en établiflànt de pareilles Compagnie» 
» exdufives, une pour k Méditerranée > 
!► une pour fe France & TEfpagne , «ne 
srpoiiit k mer Baltique & le^nord» une 
ïT pour ta Grande Bretagne & ritkadë, 
pcto" . les , 4ilRrentes» pêchéif , li 



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l^i Hl.STÔIItE pt z'Asïtp 
! >» dixième partie de nos habiiaos tnan* 
Histoire „ qucrpit de p^in. De forte que la H#l- 
?" Ini>£s. ^^ lapide auroit été ruii^ée <le fond en 
n comble , quand oKioe le comnaerce de 
n ces Compagnies privilégiées fe feroit 
9> fait avec tant d'induftriei , que nonobfr 
M tant les défendes faites par la France , 
«y 1* Angleterre ) la Suéde & les Etats d*l- 
m ulie ^tfe laiffer entrer des ouvrage» 
n, étrangers & par conféquent ceux de la- 
it Hollande , ou de ne les laifTer entrée 
» qu'en payant de giros droits , chacune de 
y ces Compagnies auroit fait dans ledit 
t> cercle de T Europe un commerce plu» 
>• étendu que celui que la Compagnie d^es^ 
^ » Indes Orientales fait avec j'Afi©* quoir 

>• qu'elle foit incomparablement plus puifn 
»» iante & plus riclie: car on ne peutdîfr 
9» convenir que le commerce libre du nord 
j* feul 9 la pèche du barang feule » & ,1e, 
» commerce de France ne rapportent* dise- 
«>.fpis plus de profit à l'Etat Se aux citoyefi^ 
V de Hollande, qi^ie douze ou feize vaift* 
1^ (eaux qui vont tous les ap^ aux Indes ou. 
m en reviennent »>• 

La Compagnie a, (ait de fî gros béné» 
Êces dans (on commerce, que iesaâiops. 
ont quelquefois monté jçiqu'à près de- 
niille,pçur ce^t , ceft, à-dire, de trpis. milW 
si treme niille florins. Quelques, cakuLa^ 



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BE L^AïUI^Ui ET DB L*AMiRIQÙB. I 59 

i;eurs ont hazaxdé de fixer la valeur de fes! 
retours annuels à feîze millionis de florins , Histoire 
une année dans l'autre. H eft certain que ^** *nûes, 
dans Tefpace de cent- trente ans , elle avoir 
reparti aux incéreiTés plus de 1 80 millions 
de florins , & que depuis fon premier oc- 
rroi, elle a donné 5 une année portant 
J autre , plus de vingt pour cent de fon 
premier fonds, fans compter fes dépenfes 
extraordinaires & fes referves. On ne 
fçauroit apprécier les fommes qu'elle a dé- 
bourfées en différens temps > pour le re- 
nouvellement de fon oâroi » les néceflîtés 
de TEtat & la captation de la faveur pu- 
blique. Les taxes immenfès levées fur les 
jmarchandifes , les prodigieufes richeffes 
apportées cjes Indes en Hollande par [e$ 
agens, le mouvement donné par fes re- 
tours au commerce général de la répu- 
blique , l'accroilTement ^es forces navales 
de TEtac par TextenHonde fa marine mar- 
chande y ont été d'un grand poids dans id 
balance d'uu Etat coaimerçant. Enfin !'& 
tat trouve conftamment des refibucces dans 
tsL banque , qu^dle entretient de fes 
épargties,. tant pour les befoins publics que 

I^our fes befoms particuliers. Tels fpnc 
es moyens prépondérans par lefqueb la 
Compagnie a triomphé de fes eunenût ^ 
iiKérieucs. , - ^ , ^ 



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^[T**'**^ Il ^ft i remarquée que depab lon^ 
M ^foï'** te»p«, il s'en faut bien que tts repartie 
^'^ tions égalenc celles des premiers joors de 
fon commerce, quoique depuis long temps 
elle n'aii pas à envoyer dans rinde flone 
fur flotte , à lerer fans cefTe de nouvelles- 
armées, à prodiguer le fang & les tréfors 
pour élever & affermir les établiflemens , 
comme autrefois f cependant il faut con« 
venir que tel eft l'état de fes affaires , tant 
au-dedans qu'au-dehors , le produit de fes 
ventes , le prix de fes adions^ , fon cré- 
dit , que fï elle éprouve quelque décadence ^ 
c eft en partie par la décadence du com-* 
merce delà république en général. On ne 
^ fera pas farpris 4p fa profpériçé , fi Von 
confidere la vafte étendue de pays qu'elle 
poÏÏede depuis le Cap de Bonne Éfpérance 
îurqu'à la Chine , la ridieffe des Indes ou 
elle exerce fa domination, les branches d» 
fcmunetce dont elle feule recueille les 
fruks , le priviliége exduiiFqu^elle a de tra» 
iiquer au Japon , enfin les mines qu^elle » 
Koiivées Ibus &s pas. Ce qiii dok £uc^ 
prendre , c'eft qu'elle ait conquis tant de 
terceit>, c'eft qu'elle coufèfve un fi vafte 

Jean ék Wtt di^t qtie Te» Etabli/]^ 
«lens iloUand^sitoiemcofitinudiemens: 
expofés, fous ta domination de ia Coibk 



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M l/Af RIQUE HT Bl I^AmArIQUI. l^t 

pagnie , aux plus gramls dangers , Se que 

s'ils y échappoiem fî fouvent , G'éroitH«ToiKB 

uniquement par un effet de fa bonne for- ^^* ^^*^ 

tune & de fa vigilance, les femences du 

mal fubfiftant toujours. 

Les rcpubliqties qui prétendent être 
feules libres, ont de tout tewps eu cou- 
tume de régner tyranniquement fur lei 
peuples vaincus : il faut pourtant que Tune 
des deux manières de gouverner ne foit 

E^as bonne. Les HoUandois ne traitent le» 
ndiens ni avec équité ni avec prudence. 
Les officiers , les agens d'une fimple 
Compagnie foumife aux Etats Généraux ^ 
exercent le defpoiifme dans fes Colonies» 
incomparablement plus vaftes & plu> 
riches que la Métropole. Le Gouverneur 

Î[énéral des Indes, préfident de Batavia, 
es chefs des huit grands Gouvernemens,. 
les chefs des direiîkions , des réfidences , 
des comptoirs , font tous plus ou rnoini 
defpoies. Avec moins d*autoriié , ils ne 
pourroient faire tète aux dangers fubits ; 
avec tant de pouvoir , ils font violemment 
tourmentés par la tentation de l'indépen- 
dance & ils y fuccombent quelquefois. 

Ces defpotes font efclaves. Depuis le 
premier julqu'au dernier employé de la 
Compagnie, chacun eft fervilement & 
duremem aftretnt à fe conformée à Tcti* 



dby Google 



i(îi Histoire di l'Asie; 
îquette & aux difpofitions des rcglemcné 
Histoire qj^j q,,j ordonné toutes leurs adions , d^- 
DBS ^^'^^^ puis le commencement jufqu'i la fin de 
la journée & tons les jours d« la vie , fans 
flu'ils puiffent foriir du cercle de leurs 
fondions ordinaires. IJ faut que la Com- 
pagnie ait de terribles inquiétudes fur la 
fidélité de fes ferviteurs & la fureté de fes 
ctabliflTemens , pour tenir ainfi perpétuel- 
lement fous le joug du travail , de roçcu- 
pation y de la vigilance > ceux qui font à 
fon fervice. Il raut auffi que les agens 
foient amplement dédommagés d'une 
autre paît , des foins Se des facrifices for- 
cés par un tel efclavage , pour qu itsayent 
Je courage 6c la confiance d'obéir fa^ns re- 
lâche^ comme des bêtes féroces appri- 
voifées , à la chaîne qui doit diriger tous 
leurs mouvemens. 

On ferme les yeux fur le trafic que leS 
équipages 8c autres ne manquent pas de 
faire , ou plutôt le Gouvernement & les 
Confeillers de Batavia autorifent les par- 
ticuliers à faire un trafic , dont ils prélèvent 
ia moitié pour leur compte; il faut donc 
que la Compagnie , pour conferver Ion 
commerce , en abandonne une pertion à 
la cupidité des fiens , même de fes pria- 
cipaux officiers. 
.- JLes Colons n'ont garde de fe fami- 



dby Google 



DB L*AîîRlQUÉ ET DE L^AmÉRIQUE. I^J 

liarifer avec les naturels du pays & d*a- 
dopter leurs coutumes : ils ne s*amol- Histoire 
liront & ne s'abâtardiront pas comme les^** lNi>fi»i 
Portugais; mais ne feront-ils pas toujours 
envies & haïs des Indiens? Une méthode 
alTez conftamment fuivie, c'eft de ren- 
voyer des Indes en Hollande par force ou 
par adreffe , les familles qui ont acquis des 
trcfors , & de retenir , dans ces pays , celles 
qui n ont pas encore alTez de fortune pour 
briller dans leur patrie, C'eft vouloir en- 
fler cruellement la richefle apparente de 
la Métropole , & épuifer bientôt la ri- 
chetle réelle des Colonies. 

On remarque comme un trait de la plus 
profonde politique , l'attention que le 
Gouvernement a eu de mettre la dignité 
d'un càté & la fortune de l'autre , en fé- 
parant les emplois lucratifs des emplois 
honorables : cela eft vrai quant aux ap*» 
pointemens ; mais il ne Teft pas moins que 
les hautes places donnent la plus grande 
facilité de s'enrichir fans mefure. On con- 
vient qu^à tout ivénemisnt , un Gouverne'* 
ment a en main les moyens d'amajfer en 
peu de temps des biens immenfes ^fans cou* 
rir le moindre rifque. Un de ces officiers , 
acrufé d'avoir exceflîvemcnt abufé de la 
confiance publique dans ladminiftratipn 
des âaances y }um6a fa conduite qu'il n'a* 



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itf4 HisTomi D^B l'Asie i 

^ ! voit pu bien défendre, par ao plein fouv 

Histoire yoir figné <le la Compagnie. 

Ms Indes, l^ Prcfident de Batavia & les amces 
Gouverneurs, fuivant une certaine propor- 
tion, éulent dans les reprcfentatbns pUr 
bliques, ta pompe la plus faftueufe & la 
plus impofante pour les peuples uibutai»- 
res & les rois va(&ux. Ce luxe doit cor^ 
rompre la frugalité républicaine & mar# 
cbande ; on ne la connoit point à B<atavia« 
Il y a un c^ où le Gouverneur général 
peut être pourfuivi aux Indes, c'eft le cri^ 
me de trahifon, il feroit ]\igé par le côn^ 
feil de juftice. Ce confeil louverain à qui 
rinfpedtion Aes finances apparcient, & le 
confeil fouverain des Indes à qui le gou-^ 
vernement politique cft dévolu» font de» 
contre-forces oppofées Tune à l'autre , 2c 
à l'autorité du Préfident. On croîroit j^ue 
tous ces pouvoirs Souverains devroient 
itre perpétuellemettt en oppofition ^ ils 
n'y font prefque jamais, a ce que t'o» 
. affure, ils fe contiennent réciproquement 
fans fe heurter j myftere incompréhcnfi- 
We , s'y l'on ne fuppofe un concert d'in-* 
tércts particuliers. 

Les procès font jugés aflez fommaîre- 
ment & toutes les aflFaires doivent être 
finies dans Tannée. L'on évite à la vérité 
pat-U l'embarras & la ccHifufioa» mais ne 



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fombe-t-on pas datls \es inconvéniens dtl 

la précipitation & de i'arbitrariétc ? L'ex- Histoire 

périence paroît favorable à cette méthode j **" ïNirM# 

il faut attendre que ces abus foiem grof« 

&s pour la condamner. 

11 a été pourvu par des réglemens aufli 
fages qu^humains à la fûrete des Orph^ 
Uos Se nu foulagement des pauvres , de 
«naniereque les Colons font aiTurés de ne 
1 amais manquer de pain , ni eux ni leurs 
cnfans. On ne peut qu'admirer ici l'arc 
avec lequel la Compagnie a heureufemenc 
aflorti fes imérêts & ceux de la Colonie j 
elle fait valoir à fon profit l'argent des 
mtneufs , ain/i que les fonds detlinés aux 
Malheureux , provenant des amendes , 
:des ronfifcations , des chiites , en payant 
l'intérêt des capitau^x fort au deflbus du 
bénéfice qu'ils lui procurent. Il ne faut 
;pa$ exiger plus de défintéfefièment d une 
fociété de commerce, mais elle devroit 
au moios empêcher que le patrimoine des 
ipauvresnefûtTalimônt du luxe, je ne dis 
pas feulemest des Officiers prépofés à la 
^égie» mais^d'une foule d'habitans infcrits 
-fur la lifte des pauvres pour fe parer avec 
magnificence des <lépoui Iles de la mifere. 

Afin d cpacgnerles frais d'entretien d'une 

niilice mercenaire , il a été établi que les 

.Hàbitans le gaidecoient ew-mèmes, à 



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•£5 



léTtf HiSTOIRB DE 1*A$I15 ' 

leurs dépens; cependant le Gouverneur 
HisToiRi a toujours en fa puilTance les forterefles 
iNBEs. ^ygç jçj troupes réglées, ainfi que les 
forces navales : arrangement par lequel les 
Colonies & leurs chefs fe tiennent mu* 
tuellement en refpeft. Ces précautions 
prouvent la crainte & le péril. 

Les places honorables font toujours 
remplies par des hommes de commerce : 
la chofe eft (împk^ les faveurs d'une 
compagnie de commerce font les minif- 
très naturels de fon Gouvernement. Le 
mal eft que Tefprit du commerce n'eft 
point militaire & qu'il eft ncceffairement 
deftrudif des Colonies. 

S'il étoit poflîble de fonder aux Indes 
gn Empire durable , c'étoit dans les Ifles : 
c'eft U que les HoUandois font puifTans , 
ailleurs ils font méprifés. 

Je conclus de ces obfervatîons que la 
Compagnie Hollandoife, pour fe mainte- 
nir aux Indes, a pris les mefures les plus 
fages , Se employé les meilleurs, moyens 

3u il fût peut-être humainement poflîble 
e trouver, pour fufpendre la chute inévi- 
table d'une puiflance & d une conftitution 
diamétralement contraires aux principes 
naturels de l'ordre focial ^ de la faine 
politique. 

l^s Attteacss de THiftoire Univcifelle, 



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PEt^AfKiQ0E ET i3kE l'Amérique, \€-j 
«élcs défendeurs de la Compagnie font Î5^SÏ5!!SS 
forcés de convenir que fon gouverne* Histoire 
ment doit tendre Ji naturellement à lanar* ^^^ In ©Eté 
chie^ quefd durée pendant une ejpace de 
tems eonfidirable doh être une ejpice de 
prodige. Nous reconnoîtrons avec eux que 
J'Hiftoire de cette Compagnie, décharge 
pleinement du foupçon d'exaggération ce 
que les anciens Auteurs ont rapporté des 
richeffes , de la puiflTance & de la profpé- 
ritc de Sydon , de Tyr & de Carihage \ 
mais nous ne tirerons pas delà , la même 
conféquence qu'eux en faveur du com- 
merce en général, du commerce dès 
Indes orientales en particulier; parce que 
ce qui convient à une petite nation , à 
une république , à une ville , à une fociétc 
fans territoire, ne convient pas pour cela 
à des nations puiflantes par leur fol , à de 
grands peuples , à des Empires , qui par 
les dei?rées de leur cru & les marchan- 
difes de leur fabrication , attireront infail- 
liblement chez eux, fans craindre les dan- 
f;ers & les revers du commerce maritime, 
es denrées & les marchandifes étrangères, * 
comme il arrive aux Indes mêmes. Nous 
avouerons qu'il eft telle Nation que le 
commerce peut conduire â la poilïance, 

& que des négocians peuvent exécuter 
ৠgrands.prpjet$.4ttin bien que des con« 



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1^8 Histoire di l'Asii, 
fquérans^ mais nous njoucerons que H 
Histoire commerce pris dans l'acception vulgaire 
•w iNDis.ne conduit quelque Nation que ce pui(Iê 
être , qu'à une puiflTance précaire & fugi- 
tive ', qu'il autoii des conféqucnces funef- 
tes pour des nations naturellement agri- 
coles ^ & qu'il ne foutient la Hollande 
qu'à raifon de fcs conquêtes. Nous con- 
viendrons fans reftriâion que les forces 
navales font fupérieures à toutes les au- 
tres , lorfqu'il s'agit de s'établir & de fe 
maintenir au milieu des mers les plus 
éloignées. Nous dirons, non qu'un pays 
fe ruine par un comnserce qui en fait fot- 
tir des efpèces d'or êc d'argent , mais 
qu'une nation qui a un bon tenitoire dé- 
truit fa véritable puiflTance , iorfqu'elle fe 
jette dans tin commerce qui lui fait nécef- 
iairement négliger fa richeflTe territoriale. 
Les Hollandois n'ont qu'un fol ingrat, 
qu'ils deviennent les voituriers des autres 
Nations , à la bonne heure ^ ce ne fera pas 
leur or qu'ils porteront aux Indes , ce leia 
x;elui des Etats auxquels il en vendront 
^ les marchandifes. Quelque valeur que l'on 
donne à leur commerce aux Indes, oa 
ne peiu fe diffimuler qu'il eft en raifon 
de leurs poflTeffions , & qu'ainfi c'eft leur 
territoire plutôt que leur commerce qui 
fait réellement leur richefli & leur putf- 

fance. 



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TTE l'Afrique et de l'Amérique. 1^9 
ûnce. Quil leur feroic avantageux , à eux 
à qui leur terre natale ne donne pas du Histoire 

{>ain , d'aller chercher au loin un loi qui ®^^ Inde». 
eur en prodigue, c'eft-à-dire que leur^ 
exemple doit être de quelque autorité vis- 
à-vis des Nations qui n ont befoip que 
de cultiver leur propre pays pour; partici-, 
peraux richedes de tous les autres? Quand^ 
même d'autres peuples feroienc capables de. 
fuivre le même plan, d'employer la même 
politique, de fe façonner aux mêmes 
mœurs , de s'aflervir aux mêmes régies-, 
de s'abandonner aux mêmes foins , avec 
autatit & auflî peu de vertu,aveç autant4e 
prudence ôc aum peu de loyauié,avecautanc 
de confiance & auffipeu de fécurité , avec 
autant de cupidité fc aufli peu de jouif* 
fance que les Hollandois, comn^etit fe 
flatteroient^ils de fonder un Empire plu^ 
ftable, & d'acquérir une fortune, moinç 
cafuelle que leur fortune & leur Empire i 
C'eft l'argument illufoire tiré de l'exem- 
ple de la Hollande en faveur du com- 
merce cjui a ruiné plufieurs Etats de K£u- 
rope j il étoit important d'eu dévoiler. le 

Appelles par la namre a la navigation , s^®^«» 
les Anglois le livrèrent à la manie régnante 
des découvertes & du commerce. II? «'eni^i. 
yrerent, comnae les autres Nationsi de 

Tom r. tt / 



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\jd Histoire di i*Asii, 
! leurs premiers fuccès aux Indes , mais ce 
Histoire n'étoît pas un peuple corrompu, un corn- 
ées I«i)î$. j^gj^ç languiflânt, un Gouvernement 
lâche , une puiflance déclinante , des Por- 
tugais dont lis avoient à triompher ; c ctoit 
une Nation frugale, le génie du com- 
merce y l'adminiftration la plus vigilante , 
un' Empire dans fa vigueur, des Hollan- 
dois qu'il falloir abbattre ou fupplanter. 
Ces nouveaux Maîtres de l'Inde eurent 
four eux la poflcflîon , la force 9 le zèle , 
k confiance , l'intrigue , le machiavcUfme 
au (liprème degré, pendant que leurs 
concurrens avoient la {implicite de s'unir 
âi^ec eux pour régner , naviguer , trafiquer^ 
fç défendre, conquérir à frais & à pro- 
iîjs Communs : c'eft ce qu'on voit par le 
craité de 1^19 au fujet des Moluques, 
traité abfurde de la part d'une puiUance 
égale \ ttaité infenfé de la part d'une puif- 
lance inférieure , comme l'événement le 
idémontra. Les Anglois , par des plaintes 
éclaiantei & continuelles, firent l'aveu de 
leur'folblefTe à la face de FEurope; les 
HolhtndtJTS, avec un air de juftice, accep* 
' ' tereiît gravement la propofition d'un pro- 
* cès'ën régie; & ce jeu-là dura tant gu'il 

Éït au plus fort de baffouer le pltis fomle. 
s Anglois contraints de renoncera leurs 
pro/ets*ir ks liles, ft tournèrent vers le 



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cotninem où les HolUndois laiffbieni ckS 



grands vttides à teoipHc aa commerce & Hi«toi»i 
aax Colonies des awieç Nations. Là leilr^^* Inbii. 
.condake oa celie des Dijreâeitrs de iectr 
Compagnie ne fut ni prudente ni honota- 
4>le. Leur cccdit y fût tinné ptckpimt^ 
tôt qu'écablij Ton ne recouvra que p^r 
'4'adulation > les baflèfles, la cotruptiôn 
<£c autres moyens iniaofies > ce que l'on 
mon perdu par des moyens également 
infâmes, rambition , rinfolence, l'orgueil 
& Tavarice: ceft ainfi qu^ s'expriman les 
Autems natidnaux. '<; 

A^ant ces derniers têtnSy leurs établff- 
/eibebs ^ckaiènt éclq^£és pac ; les : érabliâer 
sïiûai voîlins d une nation rivale* Ik au- 
,t(nem éiè conquis ou an^mis dans la 
.pénulciéme guerre , fi cette Nation avoit 
.iuivi le plan d opérations propbfô pac 
*Mj .ée It. Bourdonnais : Us adopte- 
jîencceipiain abaindonné par. leurs enne*- , 
TSirsJ ife , fe feureretic. C'ctoit fait- d'eux 
sàans/rrindev (i M. Dupleix n'avoit élé 
jdeÊfervi^ Vffaverfé, r^pellc, perfëcucé 
4>ar tm «ffa de leur*i intrigues; Quoi- 

Sen^éduirant leucsominxtpaj: des idées 
mériques d'égalité^ ils fe fuffem faifis 
:dê la bdiance , qui peiftka auffi-cât bleuis 
-Êtveùr, leirr)èxpum0n;^leuf tràÎBC' ireiif- 
libit icè ifuec. ^fpe&daaî^ £ ^dansit dM> 

Hij 



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tjt •HiSTôinEroE t'Asïï, - 
niere guerre; la prcfomotion, Tinfolence, 
HisToiAB rimpéritie, l'avarice, l'opiniâtreté, lab- 
Bis iHMU. furdîjé n*eufrent , pour ainfi dire , révolié 
& irrité la fortune contre la Nation i qd 
elle promettoit tous les fliccès de(irabl^. 
Dans toutes cesconjonâures, les Andois 
ont du leur falutâ leurs ennemis, ils leur 
doivent leur aggrandifTetnent & leur 
gloire. Après avoir profité des grandes 
vues de M. de la Bourdonnais, ils ont 
embrafle le vafte & étonnant fVftcme de 
M. Dupleix. Ce qu'ils ont exécuté dans 
le Bengale » M. Dupleix Tavoit entrepris 
Sir la côte de Cofomandel, & il Icùt 
exécuté fur toutes les côtes de rindoftan. 
Mais cette fortune impofànte eft-elle 
bienaflurée? Le grand Mogol leur eft, 
dit-on , acquis , le Souba de Bengale leur 
eil fubordonné, ils pofTedent le plus 
riche pays de l'Indoftan , ils en tirent plus 
de deux millions de livres âerlings dç 
revenu > toutes déduâions faites , pour les 
fortifications, le Gouvernement civil & 
autres charges \ }e le veux î mais la guerre 
n'eft pas éteinte , 6c elle ne s'éteindra pas» 
parcejqu'ils om dao&la famille Se les an^is 
des Soubas détrônés > des eniiemis qui 
rfevaitfent^ns cefle de Jeurs^ cendres^ 
«'parce quïl ne faut qu'une légère /évolu*- 
^o itaas lies événemens pour qu'on leur 



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DE l!AiRÎ(JCE ET DE^l'AmAXÎQÎJIE. tff 

arcache tout cq qn%$^ ont enlevé y parce- < 



qu'ils font moins aimés que craints & ^i»to4Rb 
moinis craints que haïs , parce qu'ils"* '** 
om trop acquis pour ne^pas être fufpeâs 
même i ceux qui les favorifem , & que 
leurs forceS'foht trop peu proportionnées 
^vec leurs acqiiifitions pour que leurs pro* 
vinces fe façonnent paifiblement à leur 
|oug. On dit qu'ils trnitent les naturels du 
pays avec une fcvérité inflexible, qu'ils 
gouvernent avec une infolence defpotique^ 
qu'ils énervent & aliènent leurs foldats 

f>ar un durefclavage, qu'ils ^abandonnent 
'autorité aux mouvemens deTintérêtper- 
fonnel ^ que leurs meilleurs établiiremen^ 
ne répondent pas au but de leur fonda- 
tiou, que les taxes font fouvent impofées 
fans règle &c fans mefure , que les côm^ 
mis font facilement déterminés à Toppref- 
fion pr des préfens , &c. Je n'aurois gar* 
de del'aflurer, quoique plufieurs* événe^ 
mens donnent lieu de le croire. Mais je 
veux bien écarter tous les vices intérieurs 
de l'adminiftration j leur puiflance m'en 
paroîjt toujours précaire & chancelante, ^ 
outre qu'elle eft embarraflante & onéreufe* 
M. Holwell qui a rélîdé trente ans dans 
le Bengale , donnoit à (es compatriotes 
les avis fuivans, lorfque le Lord Clive 
fut envoyé dans cette province, pour y 

H il] 



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HisTOîRB AuteaiT. 

pw Indes. «^ Mdgré le bon éiAt dans Icqiiel ^nt 
9» Ibâaellementnos affaires ab Bengale vit 
1^ eft aifé iJe démoetrer qu elfes ae fçaiiH 
I» l^ent nous faire obtenir k fin que noué 
a» devons nous propofer, je veutx di^^ 
ir la paix èc la rranquillic^ dont nous 
f» avons befoîn & fans lefqaeilès la Com«*^ 
if pagnie doit néceCairement fuccotnbct 
9» fous le poids d'une guerre longue Se 
n difpendieufey laquelle abforbe non- feo-^ 
9» lement fes nouveaux revenus v n^ais 
M ébranle encore toutes les branches de 
i^Cori commerce.*.... Comment ceux 
» qui font à la tête des affaires pourroienr* 
s> ik s'occuper tout à la fois, du commerce 
» & de la guerre , puifque chaque objet 
M demande un homme tout entier ? Une 
>» Comp^nie commerçante & militaire 
» tout enfembie , eft un monftre i deux 
n têtes ^ dont Texiftence ne £çauroit être 
^ de longue durée. La derniete confomme 
i!> par fon inexpérience & par les dcpenfes 
» qu'elle eft obligée de faire, les profits 
i» & les gains que la première a faits* 
i> Quelques vidoires paffageres nous ex- 
p citent à augmenter nos acquifitions; & 
n à force d'acquérir & de dépenfer , nous: 
w nous trouvons à la. fin hors d'état da 



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n lieu qu'il feroit acrivé U comrw<r, ^ J*^^^ 
♦» nous avions mis de» boraes à nerre anv- 
t> biiion , ce que nous ne pouvons, mr©:, 
n vu le fyftèoiie qae nous avons em^ 
n brafle .•.. •* ' ,. ' 

.» Prenons une toace^typpipfeev' «fon^ 
t» être Soobas nous^tnèmesî TEtiofe»»^ 
«. Bo«is la fouveoi pjopoft y p^irquoi^he- 
>» fi^ns^nous d'accepter fon offre ?( Nou^ 
>3 ne nous fomme^ point fait fcr^mlé.de 
>» nous empirer d'une pâme de fes^ido- 
,^• maines à force oavertc ^ H le«oK biea 
A» plus conforme aux loix dt la-namrc de 
:«» des gens de tetik ces Provinces de fe 
» pure libéralité .... Nous avons, il ûft 
»> vrai, chalTé les Vicerois du Mogol dfe 
» leurs Provinces , noais il eft vrai auffi quie 
9» les troupes de ce Prince uni mootre ui>e 
j0 bravoure qui doit nous caofer* ks plqs 
»• vives albrmes... Sopp^fo^y^*?*»® '^ 
' » Vicerois d» Mogol recontioiflem enfm 
» par expérience que le vrai moi^h de 
»• nous réduire , eft d'éviter d'en venir a 
s» une adion générale avec nous : il n<Mto 
»» obligeront , vu la fupérioriié de leui 
y» nombre , d'entrer en campagne lor£- 
» qu'ils le jugeront i propos ; ils par- 
» rageront leur cavalerie en plufîeuré pe* 
I» tits corps , intercepteront nos convoi»^ 

H iv 



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X7^ Histoire Di L*A s r« , 

**9 eiïleveront nos quartiers , harcèleront 

^'^P*** ** "^* troupes & nous réduiront enfin au 

Mt WDis.^.j^^^j^ On me dira qu'ils ne prendront 

n ' point cette méthode j & moi je dis qu*ils 

-li le feront, prce que c*eft la feule qui 

j> puiflTe leur réui&r Nous avons 

^> roftgc ces Provinces pendant huit ans, 
»> & malgré les acquittions immenfes que 
^> nouSf savons faitfs, qu'en êft-il revenu 
3> à Ja Compagnie ? . • . Souba ou rien , 
^> doit erre noire dcvife ». 

Les AngloisfontSoubas, finon en titre, 
4Ju moins en céalité , & ils ont encore la 
guerce , & ils n'auront jamais une paix 
.folide , & ils feront toujours expofés aux 
daiigers dont Tauteur les menace, & ik 
iînironr ponr n ccre rien. Mais accordons- 
leur la 'Soubabie dans fa plénitude , utl 
'gros revenu fans variation , des forces 
jHTopof tionnées à leurs domaines & , pat 
irhpoffible^une paix fincere & ftable : qu'en 
arrivera i- il? La Compagnie, c'eft- à-dire, 
i:)uelqae5 particuliers » acquerront des biens 
immenfes , mais queft-ce que la nation 
& l'Etat y gagneront ? Plus ces particu- 
liers feront riches , plus le refte de la na- 
tion fera pauvre & mifcrable j car Mans 
4*état àduel des chofes la richefle eft une 
pqiffance oppreflîve ; car cts fortunes pri- 
vilégiées profiteront des befoins publics 



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DE l'ApRIQXJE et DE l'AmERIQUE, 1 77 

pour tout foumcttre a désintérêts parti-! 
culiers exclufifs & deftrudeurs de la prof- Histoire 
périté nationale. La Compagnie ne don- ^^^^ "*^"' 
Meta rien à la nation , elle lui vendra , & 
ne lui vendra pas moins cher qu'aupara- 
vant, puifqu*il eft conîUnc que fes direc- 
teurs laiffent gâter fon thé & pourrir fes 
marchandifes dans (es magafins plutor que 
de les mettre en vente, lorfqu'ils prévoient 
que leur furabondance en aviliroit le prix. 
Quand elle aura , par fon revenu , beaucoup 
de marchandifes de Tlnde à vendre, elle 
aura moins d'échanges à faire dans l'Inde, 
& par conféqucnt elle exportera moins de 
marchandifes d'Angleterre. La confom- 
mation fera fans doute toujours la inefure 
de fon commerce , & ainfi fes agens ne 
viendront pas augmenter le produit des 
douanes, en augmentation de frais inu- 
tiles & irrécupérables^ par une importa- 
tion de marchandifes qui excéderaient la 
quantité qu'on peut en vendre. Les 400 
*nille livres fterliftgs que la Compagnie 
s-eft obligée à. payer au Gouvernement 
jttfqu'aux nouveaux arrangemens qui fe- 
ront faits pour Je retîouvellement de fa 
chartre , elle fçaura bien les rejetter & lei 
lever fur la n2^tik)n dans fes ventes , fui-^ 
vant la confiante pratique & la loi in- 
violable du conjmerce , comme elle l'a 

Ht 



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178 Histoire DE l'Asie, 
!Fait fans douce â l*^gard du million (l'etv 
HisToiRi ling de taxes que fon commerce fupportoic 
x>is iNois. j^.^^ jg j^g fçaurois entrer dans les affaircs^ 
Se la régie domeftique de la Compagnie, 
mais je ne pui» m'empècher d^être furpris 
qu'après une augmentation d'un million: 
^ demi , de deux millions de revenu > lesr 
directeurs fe (oient refufés fi lông-temps i 
une augmentation de deux pour cent des 
dividendes , malgré les plaintes ameres 
des intéretfés. Qu'une guerre s'allumar 
entre les Colonies Europeenes , on verroir 
bientôt la Compagnie folliciter avec ar- 
deur > la proteâion du Gouvernement & 
lés fecours du public; il eft vrai qu'elle 
pourroit fort bien prêter les fonds à un in* 
tcrêt honnête , dont TEtac auroit befoin* 
pour la foutenir. Illufion ôc vanité qu^ 
toutes ces conquêtes , tous ces bcnéfices^», 
tout ce commerce. 

La nation jaloufe des fuccès de la Com«^ 
>agme , a réclamé les concevons faites pat 
e dernier tr^té du Lord CUve^àcet^ 
:ociétéy laquelle ne pouvait , difoit qh ,, 
ies podeder légitimement, fans que U 
parlement lui en eut confirmé la propriétés» 
Pour fuger le droit. « il f^udroit faire uH: 
examen approf!pi»di de la conftitution 44 
l'Angleterre & des- cbaitres^ de la Cottii- 
fâ^nie^ difcii^aéaai^^r^inoKe 4e£' 



/ 



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Xm L*Af RTQÙE ET W t'^&MiMQOT. iTp 

fein. Nous nous contente ran$ dç ïtmztri 

quer que la nation avoit r ^ofinu» du a»oms Ki«toirb 

tacitement, que lé droit de conquête éioit ®** Indis. 

attacké aux titres de la Compagnie , fuG 

qu'au monment oà les conçûtes de œ 

corps privil^té ont éézffw vadës^^d»^^ 

prôduâives pour exciter Ténvie & la ctx)' 

piditédu public. En remetfântje Gour 

yernennrent de Bengale dans les mains de 

TËtat y il auroit été a craindre que lesGoq^ 

vemeursne portalTent de terribles atteimet 

au commerce & aux établiâemens.» tanr 

par ignorance que par abujS de pwvxpjfv 

A établir un GouYernement militaire , td?- 

^e la aécef&é d'entretenir beaucoup À^ 

troupes leconfeilloity il eftévideocquelo: 

marchand Anglois ainft que le malheiv^ 

reux Indien ieroient infailliblenitoi ,de« 

venus la proie du foldar^ On ^ fort 

Irien obfervé que le commerce^ fouà Tena-r 

pire des reglemens , étoit mis en a€fêon^ 

par mille petits redorts qai échaf^esl 

d la vue ôc qu'on n'apperçoit que quand^ 

ta machine eft détruite ; comment un aùcre^ 

qu'un marchand auroit il pu en rétablir 5, 

en confervep , en perpétuer le [eu ? Il eflfc 

à remarquer que ces inconvémen»& beau^ 

coup d'autre» ne font aucaneiiient :iiii elv 

ht de la nature des choies;, mais^^ qu'ils» 

«e (bot qii'un rcfoltat JonÊûilibb de leair 



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i^B^JArt-r 1 'I ^à~i 



^<ô Histoire de i'Asie , 
^SSS^SSSéxsit aâoeL Si les Gouvernemens fc bor- 
HisToiRi ' noient comme leur droit les y borne , à 
DIS lNDE$.gj^^^^jj. |ç commerce de rinjuftice & de 
l'oppreflion , Tordre s'ctabliroir de lui<« 
même, & U profpérité le fuivroir. Mais 
idès que t'àntomé fe mêle de diriger , de 
taxer »/de reftreindre , d*emraver » de 
monter <& démonter » de difpofeT & con- 
duire le commerce, Tabus eft dans fon 
adion même, & le défordre marche de 
front. Le moindre abus fera dans une Aurr 
veillance intelligence ; ainfi rinfpeâiion 
d'un objet de commerce eft dévolue à fe$ 
^ns. Il eft évident que dans Tlnde . on 
Gout^emetrr , néceflTairement maître pref- 
db'abrolu d'une riche Province , aiiroit été 
d'autant phis fortement tenté de faire des 
elTais de fon autorité ôc de fa richefle con- 
trairas au bien public , que Téloignement 
de la Métropole rend les recherches plus 
diâicile^) le Miniflère plus corruptible, 
le Parlement plus impuifTant. . Lorfque 
dans jr dernier fiécie les forts & les éta« 
btifl[èmeûs furent fous 1 autorité & la di- 
reâion immédiate de la Couronne , ce ne 
fut dans, le commerce que défordre » con* 
fiiiian.&(jruine^ enforte que le Gouver- 
nement crut devoir cédier à la Compagnie 
pou^ le relever :> Sainte -Hélène 6c 
Bombay. Dans la néceffité d'ap^rter ie^ 



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g 



i)E l'Afkïque et m l'Amérique. i8 i 
revenus en marchandifes , il auroit fellu 
que le SQUverain devînt commerçant, Sc^^^^^^^ 

><v//* t 11' D£S IMDES* 

c eut etc rumer le commerce de la nation. 
On propofoit à ia Compagnie de fe ckar- 
jcr du tranfport des revenus , moyennant 
a fomme de 480 , 000 livres ; elle n'au- 
roit donc pu occuper fes vaifleaux qu'à 
cette opération. A mettre le Bengale en 
ferme , le Gouvernement , la finance , le 
commerceTauroient violemment preffc de 
toutes parts & bientôt écrafé , &c. &c. &c. 
par tout des inconvéniens inévitables & 
des dangers extrêmes , lorfquon eft hors 
des règles & des < proportions naturelles 
qui exigent que tes branches tiennent au 
tronc , que leur poids foit en rai* 
fou de fa force , & qu'enfin on ne les 
envifage pas comme racines. 

Quoique la nation ait , en quelque 
forte , l'efprit aliéné par I9 manie du comr 
merce , au point que fes marchands font 
aujourd'hui fes vrais légiflateurs ; que les 
propriétaires des terres, feuls poflTéflèurs 
d'un revenu, feul conftitutif du revenu 
public , (ont vexés , tyrannifés , ruinés par 
une légiilation mercantile, dévaftatrice des 
terres ^ que le commerce fondamental , le 
commerce intérieur , le commerce des 
«natieres Se des denrées du crû, eft fub- 
méftxné te façrific à ua commei ce pof- 



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itt HrsTomi DE i*A5ri> 
-S5S5SS5 tiche , au commerce extérieur , au comn- 
Histoire merce de luxe ; que la naûon s'abyme de* 
Ms^ INDS& jgfjg, pQyf jgj intérêts & des guerres de 
commerce qui ne lui ont jamais procuré 
que des avantages* illufoires^; & que pour 
le rétabliilêment de l'Etat , on s'acrache à 
donner plus de vigueur à ces caufes de ù^ 
décadence ; il eft toutefois encore de bons 
citoyens , des hommes fages , d'habiles^ 
politiques y qui ofenr combattre le com- 
merce des Indes , fur tout le commerce 
exdttfif fait pac une Compagnie* Le temn»- 
& Texpérience n'ont pas encore décide y 
aux yeux de la nation , cette queftion im^ 
portante. Préfentons^inos leâ^urs les raîr 
ions des deux partis* 

Les forces navales, difem les défen»- 
feurs de Topinion dominante, font le 
boulevard du Royaume f quoi de plus 
propre à les augmenter que le commer- 
ce d^ Indes? Â quel pCMnt ne peut-il 
Eas perfe&ionner là navigation? Com*^' 
ien de Citoyens y ontpuiie leur fortune ? 
Que de fu)^ts il occupe ? Que de taxes 
tl paye au fifc ? Que de richedes il nous 
diipenfe de porter à l'étranger? Quelle 
eft la branche de notf e commerce qui ne 
£>it en quelque facon^ dépendante de 
célui'li ? Comment ians les marcfaandifè# 
ib Vinde 9 afloc^ aucune cargaâToft poos 



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rÉfoagne , le Portugal, Tltalie, les villes! 
Anléatiques , la côte d'Afrique ou TAmé- Histoiri 
rique ? Quelle exportation de nos manu- ^^^ ^^^^^ 
faâures , quelle importation de matières 
non-ouvrées ! Pourquoi tant de cris fut 
l'exportation des eipéces ? Le cours de 
Targent ne fuit-il pa^ invariablement le 
cours du çoq^merce , & l'argent peut-il 
manquer où le commerce fleurit ? Pour 
chaque pièce d*ëtofFe de foie , de toife de 
coton ou de mouffeline apportée dans le 
Royaume , ne fôrt-il pas de nçf^ mana* 
iadures une ^éce de valeur égale , qui ^ 

. £ait rentrer dans Te Royaume , à peu de ^ 
cbofe près , les fommes que chaque pièce 
jd'étofte a pu coûter dans Tlnde ? Si nou$ 
confommons annuell^sment douze mil* 
lions de livre» pefant de thé , qui ne 
coûtent pas dans rindc quatre cens mille 
fivrcs fterlings , & qui opèrent plus de 
&>briété que ne le feroient tous liss fer^ 
mons des T)iécJogiens , n'en vendons* 
nous pâ^s ï l'étranger pour feize cens mille 
livres , fi même le commerce ne va pas ii 
4eux milliolK ? Comment preuveroit-on* 
^ue l'imporcwon des foieries , des moufle* 
hnes s des toiles peintes & autres man- 
chandifes d'agrément donnéès^ dan» l'Inde 
pour une bagatelle , (oient pour nous unfs. 
ftxi^ d argenté une cauia de k imucÀki 



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i?4 Histoire DE l'Asie, 
-commerce de nos laineries & autres ma-' 

nr^ils.^^^^^^^^ ^ L'urilité du commerce des 
- ** Indes prouvée , ne voit-on pas qu'il eiV 
abfôlument néceflTaire de le confier à une 
Compagnie régulière? N'eft-ce pas là le 
feul moyen de contrebalancer les Com- 
pagnies étrangères , par Tégalité de force 
& d'union néceflairc dans la concurrence ? 
Les inftruélions pourront-elles être com- 
modément dreflees , envoyées , exécutées ; 
Tétatdu commerce & la fituation des af- 
faires exaékement connus j les liaifons 

^ d'un trafic exercé dans tant de lieux dif- 

^ férens , entretenues avec tant de concert & 

de juftefle , fi ce n'eft par une Compagnie ? 

Seroit ce par les mains défunies de quel- 

2ues négocians épars , qu'un pareil ordre 
elTentiel au commerce fe'mamtiendroit ? 
Si comme on l'a vu vers la fin du dernier 
fiécle 5 deux Compagnies n'ont pu fub- 
fifter féparément , fi Ta communauté d'in- 
térêts a pu feule remédier aux inconvénient 
dont elles foûffroient Tune & l'autre , 
comment une multitude de ^égocians fe 
croiferoient-ils perpéiuelleiDent fans nuire 
au commerce , & comment fe fouiien- 
droient-ils fans s'aflToçier ? Ne feroit-ce 
donc pas dans le fond multiplier les Com- 
pagnies qui s'entrcchoqueroient avec plus 
ctc violence ) ce qui foucnirok au coox- 



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DE L'AfRIQUE ET Dl l'AmIrIQUE. 1S5 

itterce puiflTant & uni des autres nations,- 
les moyens de les ruiner -toutes & d'ex- Histoire 
dure entièrement les Anglois dtt com-®*^ Inpi$# 
merce de TAfie. 

Le commerce des Indes , difent les par* 
tifans de l'opinion contraire ,• demande 
très-peu de vaillèaux , *il n'^n employé * 
^ucre que quinze ; il eft donc très-peu 
important pour la marine de VHêêÊ» Loin 

Sue ce Toit une pépinière de mariniers > 
en eft le fléau , car il revient â peine de 
ces contrées le tiers des équipages. On ne 
voit pa§ la propriété particulière qu'il au* 
roit de perfeâ:ionner la navigation. Il ne 
Eut jpas parler de quelques fortunes par*» 
ticuheres , il s'agit ici de l'intérêt de l'Etat ; 
& ces fortunes font faites aux dépens de 
la nation. Que l'on ne vante pas tant les 
profits de ce commerce, les dividendes 
font compofés en partie des intérêts payés 

{>ar le'Gouverneur pour les femmes que 
a Compagnie lui a prêtées j charge tres- 
pefante pour TEtat. Les fnjets que Te com- 
merce des Indes employé , pourroient être 
plus utilement & fans danger appliqués 
à la culture des terres & aux travaux des 
manufaâ:ures. Ce qu'il y a de plus impor- 
tant pour la nation , c'eft de multiplier les 
prodiî£tions de la terre & de diminuer les 
frais ftériles : c'eft donc ici la premier^ 



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t*6 Hi$TotK9 nn i*A»if ,. 
>à^Bâxmon des richeffes & des homme» 

Histoire En auoi confiftent les retours des Indes? 

j>jE$ iMDEâ. ç,j obje» de Usae : ce. n'eft aflkrémem pas 
la un foulagemenc pour les pauvres y ni 
tm bien pour la «arion Déjà les objets de 
nécefBié fo»t hors de la portée d unr 
* grandie paf de des citoyens. Les taxes ùi% 
les marchan<fir^ des Indes , Se avec ces 
laxes > Uft fi:^ de la levée font payés par 
ceux qui confommenc les marchandifes ^ 
par les propriétaires des terres ou leur» 
lalatiés y donc par les terres ou par la ^i- 
4:heire nationale. Quand on feroit obligé 
d'acheter ces marchandifes à l'étranger ,. 
ce ne feroit pas une perte pour l'Etat , puiC- 
qu'avec une plus tbrte agriculture > une 
main d'œuvre moins chère , un commerce* 
intérieur plus animé > on aaroie plus de 
denrées & de matières ouvrées & non 
ottvtéets à vendre dans les marchés ao- 
dehors Se fans défavantage dans la con- 
currence. Il faut fe refiifer voloniaireiTient 
à révidence pour ne pas voir que la cou- 
fommation des étoffes de Tlnde diminue 
néceflairement la confommation desv 
étoffes du pays : on ne porte pas deux ha* 
Ijits à la fois. Les marchandifes de fa- 
brique nationale que la Compagnie vend 
aux Indes , les étrangers , les Hollandois 
par exemple > viendroient les acheter pour 



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k mcnje deftinaiion ,, le pcix »'£D étant 

pas alors auffi exceffif qu'il Teft dans Wtat »[f?[« 

aauel des cl>ofes. Il a etétrn temps , o» ** 

b cçmmerGe de It» Compagnie ct»>ii d^m 

une telle langueur , que ce peuple tmt^ 

ckand foumilbit TAi^eterre ette-mcme 

des marchandiies des Indes. Sans faire b 

balance de l'avantage cvt du défevamiag© 

de l'exportation des efpcces, il eftdc nà^ 

totiété publique que la Conopagnie verfe 

dans rOriem on argent immenfe , quind 

Ce teverfe dans le Royaume par aucun 

atftre canal > du moins en égale quantité; 

Ott fçait qu'en 17^6 ^ elle a remisa» 

moins cinq cens mille livres fterlings k 

k CBine en efpéces,fan«^ les effets; quels 

f«it été fes retours en argent i Dans l'eC- 

pace d environ vingt ans, elle açorté^Uff 

de dix millions de livres fterlings à la. 

Chine & aux hides ;,& loin de s être pro^ 

curé à elle-même une compenfation , elle 

a plttfieurs fois 'recouru à des emprunts» 

Quant au débit de fes marchandifes dam 

les autres Etats de T Europe, de l'Afrique 

ou de rÂmérique , comme il conflue par 

les regiftres de la douane & par les fiens 

propres que les trois quarts de Tiroporta- 

tion font confommés en Angleterre, it 

réfulte qu'il n'en eft tranfporté qu'Une 

quatrième partie au plus i rétrangeti fie 



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iS8 Histoire de t*Asri; 

■s'il cft vrai que cette partie ne confifte 

HisTOïKrS q^•ea caflc , J>oivre & indiennes groflîeres , 

31% W'•*^q^i dédommagent à peine des frais , oà 

ià te bénéfice , où font les produits en 

argent ? 

La Compagnie tire donc tous (es pro^ 
its des Anglois mêmes, & comment? 
en leur vendant le thé , par exemple , 
fins cher de cent pour cent que ne le vend 
aucune autre Compagnie , ainfi du refte j 
6c cependant on ne cetTe de dire que ces 
marchandifes coûtent peu dans Tinde : il 
faut donc très-peu de marchandifes de la 
nation pour acheter celles là qu'on lui fait 
payer un prix exorbitant. Une Com- 
pagnie de commerce n*eft & ne peut être 
qu'une troupe de monopoleurs. Elle acheté 
i hàs prix, elle vend fort cher, autant 
de vols faits à la nation , qui auroit mieux 
vendu ^ acheté à meilleur marché, fi la 
concurrence avoir été établie. Car plus il 
y auroit en d'acheteurs de marchandifes 
Angloifes & de vendeurs de marchandifes 
étrangères , plus les unes auroient été 
mifes à l'enchère & les autres au rabais. 
99 Les fermiers d'Angleterre , difoit en 
1^5 S l'auteur d'une Ir^/fre â un Gentil- 
homme contre le commerce exclufif , » les 
i9 fermiers qui font marchands & ài\*Qn* 
M dans du commerce, trouverqient fouve- 



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DE L^ArFUtQVE £T Ofi L^AuiKlQpE. 1 89 

i> tainemenc déraifonnable d'établir par • 

M une loi des Comp^nies qui auraient le ^'*^^^ ^ 

» monopole des grains , du bécail , de la ^* *•**>*••' 

j> laiiie , &c* fi^ackant bien que ces corps / 

» étant maîtres du prix acbeteroient à bon 

» marché Se vendroient à haut prix , te 

» par ce mojen ruineroient le p;:emier 

»» vendeur ain(i que le confommateun Ils 

« enleveroient aux propriétaires des terres 

t> leurs revenus , priveroienc le peuple de 

» fa fubfiftance » découragetoient les ma- 

* M nufaâures , le travail « & toute forte 

» d'induftrie , par rapport aux produâions 

»> dupaystn Eh quoi donc! le commerce 

ne feroit pas florilTant , s'il étoit libre ? 

Ces marchands qui conduifent les autres 

^'parties du vafte commerce de la nation » 

.ne pourroient pas en diriger une branche 

particulière, tandis qu'elle eft entre les 

•mains de quelqi^es direâeuis qui ont très- 

^peu de connoiuance de cette matière? lis 

-ne feroient point en état d'équiper quinze 

ou vingt vailTeaux , d'entretenir quelques 

factoreries , de payer quelques agens ha* 

biles y enfin de fournir a un commerce que 

l'Etat le . moins riche de l'Europe pei|t 

faire? N'eft-il pas à croire que leur in- 

.éfifine f alfurée de tirer un nouve;(u hi* 

jnéfice de leurs découvertes , en auroit 

bientôt étendu le cercle? On convient qqe 



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*Us particuliers trafiquent à moins de frarr 
***^** <jue les Compagnies j pittHeurs eflais ont 
'**''***** prouvé que leurs exportations en mar- 
chancHfes feroient beaucoup plus confia 
àèfshles. Dans les conteftations qui s'é- 
fevetenc fur la fin du dernier fiécle , IcSs 
mtfrdtands drapiers dcmontrerem qu'eh 
i^yi , deux vaifTeaux particuliers avoiertt 
•exporté , en deux ans ,955 pièces de drap', 
'pendant que la G>tnpagnie n'en avoir et- 
ponéijue 1S27 dans Teipace de cirKj ans* 
Loin que Toppefition d'intérêts des maft-* 
chands foit préjudiciable au commerce ^ 
<'eû au contraire ce qui le rend plus flo- 
rilfant & plus avanrageux à là nation } plus 
^oriirant pat Teflor que l'émulation & h 
■cupidité lui donnent , plus avantageux i 
la nation par le jtifte prix, que la concur- 
rence établit dans les ventes. La Com- 
pagnie a beau vanter fon adminiftratioU'; 
on fçait qu'elle eft pleine d'abus criatts!, 
' * les aâriomiaires né ceflTent de s'eti 
plrtitidre, àihfi que la nation. Si elle attribua 
fes fuccès a fon intelligence , elle oublie 
donc qu'élte doit tous fes progrès aux 
bienfaits & a\jxfecôurs qu'elle a reçus Ai 
•i^trtcfneirtentic'eft la nation eWe-mcnie 
>}ui atmttitenftijiflrtiréi aggrandi fes iJi- 
'teaities 2tux ïttdes: Avet la prot^élion pTà- 
*Bqtte*, ^eft-ce ^œ 1er matchûfftàs ^r 



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ticuliers aaroient de plus à craindre des 
nations rivales que la Compagnie ? Les Hwtcm*» 
Suédois , fans colonies, fans forts, fans^** i»»»^ 
établifTemeds Se mcme fans aucun porc 
fur la route , vont commercer aux Indes 
& à la Chine , malgré la jdouiie Se la 
puiflance des Colonies Européeoes» mal- 

fré la longueur de la traverfée , f\m èb 
tockolm à Camon eft donze mille 
milles, & ils commercent paifiblemcnc. 

Ildlà remar<jaer qu'en i<>93 , lorfque 

le Miniftère propofa de mettre quelques 

Teftri<aions aux privilèges de la Conï- 

pagnie , elle r^Jiama la liberté du oort»- 

fnerce, qui, difoit-elle , ne Heurit ^mais 

s'il eft gêné & limité ; elle reclama te 

droit naturel , qui veut que chacun jpoiiiSè 

faire de fon bien ce qui lui plaîc^ elle rei* 

clama la juftice , qtti défend de liimtei 

les prix; elle reckma le droit commun ^ 

la bonne politique, l'ordre focial , les loix 

du Royaume, en faveur de la. propriété 

Se de la libère j & ces piviléges exclufifs 

font ils donc autre choie que des ofucpa- 

tkms fiir la liberté & far k prctt>riété des 

citoyens^ contraires i la profpérîté en 

commerce , â la bonne politique , à l'ocdre 

focial, à la ^nftioe, an émit commun , au 

droic narocel ? A quel titre eitipèi^her des 

àii&yetn*, ies^ ^aus des privioégiés ,. de 



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ICI HlSTOIRl DE L*AsiE, 

i faire valoir leur induftrie & leurs fondf 
Histoire ^^ \^ manière qui leur feroit la plus pro- 
ras Indes, fijj^ble, pour favorifer à leurs dépens & 
aux dépens du public , des hommes qui 
n*ont d'autre mérite particulier que de 
fervir des vues d'ambition & d'intérêt ? 
Pourquoi Briftol, Exeter, Pli mou th , Hull > 
Yarmouth, 8cc. ne jouiroient-ils pas du 
même avantage que le port de Londres ? 
En Hollande > il eft au moins permis 
d'importer des marchandifes des Indes , 
pourvu qu'on ne les en tire pas diredbe- 
ment , au lieu que par l'aâe de naviga- 
cion , la Compagnie peut feule importer 
ces marchandifes dans le Royaume & en 
droiture. Elle a même obtenu des aâes 
pour empêcher non-feulement que les par- 
dculiers fe procurafïènt des permiflîons & 
des pafleports des puifTances étrangères » 
mais encore qu'ils n'pudent quelqttimérêc 
ou part aux fonds ou aux adions dans 
quelqu'autre Compagnie des Indes que 
ce pût être. Telle eft l'injuftice & la tyran- 
nie du monopote» 

Ces raifons pour Ôc contre le cooa- 
merce Ôc la Compagnie des Indes , les 
deux partis les ont mille fois expofées 
avec force dans le courant du diernier 
fiécle 8c du ficelé préfent, fur- tout lorf- 
qu'il a. été queftion de renouveller la 

chartre 



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DE l'Afrique et de l'Amérique, t a j 
chartre expirante de la Compagnie. Elles 
ont été rebattues en i.y66 , lo^Gouverne- Histoire 
ment étant alors obligé de prendre fes ^^^ ^^^^*' 
réfoturions fur lodroi prolongé dans la 
dîx-feptiéme année du règne de Georges 
II, jufqu*au 15 Mar5 de Tannée 1770^ 
époque où , au moyen d'un averiiffemenc 
donné trois mois d'avance , la Compagnie 
ne doit plus avoir de privilège fur les 
Indes orientales. La Compagnie avoir 
alors & depuis long-temps une raifon dc- 
• cifive en fa faveur. Sans parler de la perf- 
pedive agréable pour le Gouvernement , 
de trouver des fecours dans les fonds de 
cette fociété , jorfque les befoins publics 
paroiflTent le forcer à recourir à la runefte 
reflburce des emprunts 5 il auroit fallu que 
r£tat chargé d'une dette de plus de 1 40 
millions fterlings , & obligée d'augmenter 
tous les ans cette dette, lui rembourfât, 
fuivant les termes de la patente , 4 , 100 , 
000 livres fterlings , qu'elle avcît avancées 
en trois fommes différentes , fous les 
règnes du Roi Guillaume , de la R^ine 
Anne & de Georges II. Où le Gouver- 
nement auroit-ii pris des fonds pour le 
rembourfement d'un pareil capital î ' 

Nous avons, obfervé dans le corps de colonîes 
l'Hiftoire, que les Français, tandis que ^«nçoifci. 
leurs voifins avoienr de vaftes poflTeifions 
Tomcr. I 



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L 



194 His^ToiRE DE l'Asie, 

. -'aux Indes , fie fongeoicnt pas a envoyer 

Histoire ^es vaiffea^x & eiKore moins à former 
P£s Indes. ^^^ ctabliflTemens àztïs ces contrées , quoi-^ 
qu'ils confommaflent plus de marchan- 
difes de l'Orient qu aucune autre nation 
Aq l'Europe : nous aurions dû- ajouter que 
le Royaume n'en croit pas moins riche , 
moins floriflant , moins puifTant , moins 
heureux. 

On a été étonné de ce que les François 
naturellement ambitieux & vifs , avoienc 
été fi long-temps à fentir les avantage** 
du commerce & d'une marine. On trouve 
dans le teftament politique du Cardinal 
de Richelieu & dans quelques autres ou* 
vrages 9 des recherches fur les caufos de 
la lenteur avec laquelle ils fe font appli^ 
qués à des objets fi importans. En pre- 
mier lieu , l'aiguillon de la néceflîtc ne 
les y excitoit point , comme les Vénitiens 
& les HoUandois. En fécond lieu , les 
Rois ont eu tantôt trop peu d'autorité pour 
encourager des entreprifes de cette nature , 
J5c tantôt trop de defpotifme pour ne pas 
étouffer rinduftrie de leurs fujets. Enfin la 
vivacité , rinconftance & la vanité rendent 
la nation peu propie à des opérations qui 
demandent un efptçit calme , flexible Se 
cîonftant. Il fàlloit dke d'abord qu'un Etat 
inonarchiqae n'eft pi» s, par fcn génies 



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i£*j ■ - ^ 



DE t,' Afrique et de l'Amérique. 195 . 
commerçant , & qu'un Etat agricole ne f**^** — S- 
doit pas l'être (à prendre. le mot de com- Histoike 
merce dans Tacceptidb vulgaire, ) La ^** ^^^*^* 
France n'a point de mines d or , & toute- 
fois on remarquoit , il y a deux fiécles , 
qu'elle attiroit à elle prefque tout l'or de 
l'Europe 9 & cela par (es grains , Tes vins « 
fon fel & fon cnanvre. Le peuple qui 
aura beaucoup de denrées de fon cru ôc 
de marchandifes de fes fabriques à vendre » 
verra toujours arriver dans fes ports beau- 
coup de fadeurs étrangers qui lui donne- 
ront en échange , toutes les chofes dont 
il aura befoin ou envie. Que fes terres, 
fbient bien cultivées > il participera aux 
richeilès de l'univers > fans s'expofer aux. 
viciditudes, avix dangers , aux guerres , à 
la dépopubtion Se aux autres inconvéniens 
infép.irables du commerce maritime Se 
des domaines éloignés. S'il abandonne 
ion fol pour monter fur des vaiiïeaux 9 il 
quitte le corps pour courir après l'ombre : 
les mers font perfides & la terre ne trompe 
pas. On dira (ans doute que la même na- 
tion peut être tout à la fois agricole 8c 
commerçante , c'eft-à-dire, qije l'on peut 
appliquer et! mêu^e temps la même chofe 
à deux emplois oppofés, allier c^ux ob- 
jets .i|icoiiipanbles/& placer^ pour ain(î 
4ire^a^ |)eu^ amçs. 4^fi$ un même corps, 

Ii| 



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lii"i^lffl Wi ■ÉilMÉT 



J^S Histoire de l'Asie, 

j ^tMmmmm.^ jj jç^ hommcs & Icufs fichefles mobi- 
HisTOïi^E lieres fc partagent entre le trafic & la eut- 
DES Indes, jy^ç ^ ragriculture perd tout ce qai entre 
dans le commerce : Tintérct du marchand 
eft d'acheter à bas prix , du premier ven- 
deur, rinrcrct du premier vendeur ou du 
cultivateur eft de vendre â bon prix : le 
génie agricole n afpire qu*à s'enrichir pai- 
ublemcnt de fon propre fonds ; le gcnie 
commerçant tend, avec envie & turbu- 
lence , à s'enrichir du fond d'autrui y entre- 
prifes, intérêts, caraâères oppofés. Nous 
ne pouvons qu'indiquer ici quelques traits 
d'un contrafte, dont le développement & 
la démonftratioh demanderoient un traité 
d'économie politique. Nous ne croyons 
pas qu'on mette en queftion , fi chez un 
peuple riche en terres , il ne faut pas fa- 
vorifer le commerce préférablement à 
ragriculture. Il eft évident que le métier 
de faéleuts St de voîturiers ne fçauroir 
convenir à de grands peuples , lefquels de 
tous les temps l'ont abandonné à des villes 
ou à de petites nations fans territoire, il 
n'eft pas" moins clair que l'agriculture 
donne la richefle nationale & le revenu 
public ^ atinuellement renaiftant , tandis 
que le commerce ne procuré que des fa- 
laires & des profits cafuels a (Quelques 
particuliers , qui ne inânquent^âa, W 



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dVec raifon, de les fouftraire à rimpot.— 
Il eft également manifefte que la terre & Histoire 
la charrue font le feul fonds , le feul bien , ^^' I^«- 
le feul patrimoine à jamais folide, fé- 
cond, fuftifanr, fubftantiel & riche de 
toute richefle j au lieu que le commerce 
n'a qu'un vain éclar. 

Nos ohfervations générales fur le com- 
merce Se les Colonies des Indes , & nos 
réflexions particulières fur radnoiniftia- 
lion & les Compagnies des autres nations 
s'appliquent d'elles-mêmes au commerce 
des François , à leurs Colonies & à leur 
Compagnie des Indes. On a vu dans 
THiftoire le génie national rcfifter opi- 
niâtrement à l'enthoufiafme prefqu'uni- 
Veffel pour le commerce de l'Orient ; des 
Compagnies éphémères fe diffbudre au/lî 
rapidement qu'elles avoient été lentes à 
fe former; une longue léthargie fuccéder 
à des momens d'effervefcence ; les paf- 
fions particulières des chefs des premières 
entceprifes rompre le faifceau des forces 
néceffaires pour atteindre au but ; les afr 
laires publiques ramener fouvent la na- 
tion à fa fphere propre ; la finance fe jetter ' 
avidement fur Iç commerce dès qu'il lui 
offrit une proie j ^'incapacité & là négli- 
gence détruire ou laiifer tomber ce qu'a- 
voit élevé le talent Se maintenu la vigi- 

I iij 



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DES InD£S. 



198 Histoire 'i> fi i'Asib, 
lance ; Tavidité exiger des répartitions fuî- 
HxsToiîiR vies de rimpuiflTance ôc du difcrédit ab- 
folu j un mauvais fuccès engendrer le dé- 
couragement & des fautes j les fecouffes 
de l'Etat ébranler & entraîner la Com- 
pagnie ; ropinion publique, fur Tinfluence 
de Tautorité fupérieure dans fon admi- 
nidration , dégoûter la nation d'une fo- 
ciété privée du droit fondamental de dif- 
pofer & de jouir de fes profits ; les chefs 
de la Compagnie en France & fes agens 
aux Indes , difcordant entr'eux , régir lès 
affaire par Tinconféqucnce & la confù- 
jfion ; les variations continuelles de plans 
& de fyftêmes bouleverfer & énerver les 
* Colonies par une agitation & des viciflî- 
tudes continuelles ; des inftru£kions con- 
traires armer leurs chefs, dans une emre- 
{>rife commune, les uns contre les autres j 
es officiers du Roi & ceux de* la Com- 
pagnie , les officiers de mer ôc ceux de 
terre , s'affoiblir , fe croifer , s'abandon- 
ner réciproquement, pourfe dérober ré- 
ciproquement la gloire & le fruit des fuc- 
cès, &c. La Compagnie a pris aujour- 
d'hui une nouvelle forme , elle femble 
même reprendre une nouvelle vigueur. 
Les Colonies ne font point tombées de 
manière à défefpérer de leur parfait ré- 
lablirtement j mais en paix comme en 



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Histoire 
D£s Indis. 



DE l'Apriqtje et de l'Améri^e- 199 
guerre , tout demande à être bien admi- 
niftrc. On fçait qu'aucun peuple de l'Eu- 
xope n a été aux Indes plus équitable , plus 
doux , plus infinuant , plus facile à s'ac- 
commoder aux manières, plus répandu, 
mieux accueilli dans les Cours , plus ai- 
mé & plus eilimé des peuiiles & des 
Princes , mieux inftruit de l'ctat & de la 
politique du pays que les François : il a> 
fallu bien des défauts 6ç bien des fautes 
pour rendre tant d'avantages inutiles. 
. Nous ne dirons qu'un mot de la Co- ^Cotenie Da. 
lonie Danoife établie fur la côte de Cor 
romandel , dans les Etats du Roi de Tan- 
jaour. Vranquebar étoit un lieu fi peu con- 
fidéré , lorfque les Dajigis y jeçterent 
l'ancre , que les Portugais embarralVés dan* 
des foins domeftiques Se dans dçs guerres 
extérieures » les HoUandois. acharnés à la 
pourfuite du comrnfttce de$ épiceries .3. les 
Anglois agités jufques dans Jes Inde^ à^ 
troubles inteftins de TEtat , ne parurent 
pas même s'appercevoit qu'une auiire na- 
tion entroit avec eux dans la carrière dont 
ils étoient fi jaloux de s'exclure les uns 
les autres. Ep yetidaot indifféremment 4 
tous^des mmiîûons , dts prpvifions& des 
armes , Ja nouvelle Colonie mérita par ces 
fer vices une tolérance & même une li- 
berté de commçrcç qu'ils lui laifferjent, 

I iv 



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' ioô- Histoire de l*Asie, 

- — ■■ ■ tant qu*un intérêt plus preflTant les obligea 
HxsToinE à recourir a fes magafins. Nulle gcne aux 
sfs lHD£s, n^^^rchands étrangers , beaucoup de dou- 
ceur & dé juftice envers les gens du pays» 
cç fut par là qu'elle fleurit dès fon origine 
fort au-delà des efpérances de la nation. 
Lorfque les Hollandois eurent pris aux 
.Indes Tafcendant fur leurs rivaux , elle 
perdit par leur oppohtion les branches les 
plus lucratives de fon commerce, & auflî- 
tôt les longues 8c fanglantes guerres dti 
Nord le déflecherent jufques dans fes ra- 
cines , par rimpuiflTance à la(^uelle la Com- 
pagnie fut réduite de lui faire des gnvois. 
Sa profpérité n*avoit éré qu'un heureux 
concours de cicconftances j elle devoir cef- 
fer avec elles. Concentrée dans fes propres 
forces, elle ne fe maintint que par fa 
fbiblede : on ne lui envia point une fimple 
exiftence. Elle s'entretint dans fa petite 
fortune j en vendant aux marchands 
Maures êc GeniiU le droit de commercer 
fous le pavillon Danois , bénéfice que ne 
négligent pas au;ourd'hui ceux qui ont le 
maniment des affaires à Tranquebar. Le 
Raja deTanjaour s après avoir rire d'elle ^ 
par droit de fuzeraineté , pour fe défendre 
contre le Mogol , des hommes dont on 
prétend que U piraterie la dédommagea > 
fe feroit empâté de leur ville , pour la 



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Dl L-AfRÏQUE ET DEX*AMéRIQUE. 

vendre. , dic-or> y, à une autre "^tyl^ 
les Anglois ne l'^oient géncreufemaBR- Histoire 
courue. 11 eft à préfumer qu'avec plus d'à- ""^^ ?'^''"- 
drefle& de conduite, les Danois auroient 
étendu leur territoire , chez un peuple na* 
turellement bon & dans un pays extrême- 
ment fertile. Pour le faire fleurir, on y a 
envoyé des Miflîonnaires ; ceux-ci ont fiic 
des prpfclytes , $c ces profélytes font de- 
venus de fidèles fujets. Le fuccès des 
Apôtres Danois a été fi décifif , qu&les 
Anglois & les HoUandois ont commencé , 
fur cette épreuve, à s'appliquer à Tinf- 
truélioii & à la converfion des Indiens^ 
Cependant quoiqu'on aflTure que l'état de 
la Colonie eft devenu beaucoup meil- 
leur, il ne paroît pas que la Compagnie 
ù)it plus floriflante ; les artifices iîmployés 
par la création de la Compagnie d'Aitena 
pour relever le commerce, eh font la 
preuve. La Colonie de TranquéHr eft 
dans le même cas que ces petites nations 
enclavées entre degrandes nations qui ne 
les eftiment pas allez pour les fubjuguer, 
mais qui ne fouffriroient pas qu'une puif- 
fance rivale les, fournît. 

Ces obfervations fur les Colonies Se le 
commerce des Indes étoîent néceflaires 
pour développer & même reformer nos pre- 
JBiieïes idées fur le coaunèrceèç parùcolier 



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z^r Histoire d i l'Asie, 

—"^ "'""'■ J^Vle commerce engénéral* Nous priorts 

Histoire n^Hedeurs de rapport^ & d'adapter aux 

DES Indzs. principes que ttous venons d'établir, ce que 

nous pouvons avoir dit peut-être préma^ 

turcment fur cet objet , avant que d'avoir 

alfez approfondi les opinions dominantes 

fur ces importantes matières. (*) 

Dt la Frcfqu*Ip au delà du G^gc. 

Les géographes modernes donnent à 
c^tie Péninfule 5 30 lieues du nor.d au fud, 
& 360 d'occident en orient dans fa plus 
grande largeur. Vers fa partie méridionale, 
ce n'eft qu'une longue terre, qui com- 
munément n'a pas trente lieues de large. 
On la divife en trois parties. La fepten- 
trionale comprend les Royautiies d'Azem , 
d'Ava , de Pégu , de Laos , d'Arrakàn , 
de Boutan, de Tipra, du Tibet, &c. La 
méridionale renferme Sîam Se Malaca. 
L orientale comprend Campa , pays pref- 
qu'incôqnu, Camboie, le Tonquin, là 
Cochinchine, &c. Nous avons dtcnt ail- 
leurs ces^ deux derniers pays. Siàm 
eft de toutes ces contrées celle que les 
relations ont tendu la plus célèbre. Je 

(*) Cfs'obfcrTationf font partie de l*pttTra«î imituU 
ïepiuJq^i Inékà.pu k^i^Miions fur le^ C^U^i ies 
Indis Oma^Us, 176%. Çfce» Ucorabc , i w Cbnftinc. 



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DE L*ApRIQXJE et DEX'AMiWQM. tOJ 

commencerai par la defçripçion de ce 
Royaume. Il y a apparence flue les mœur? Histoire 
de/es habitans^oiu de^çrands rappprts^^* ??^'« 
aveccelles de leurs 



Royaume de $iam. 

|. .Ce ROTauœeeft borné dM levant. aiiy 
pordpar de hautes montagnes. V^MÎ le. ff- 
parent du Royaume dç Xaos , &. du nord 
au couchant par* d'a^'treV montagnes qu^ 
le réparent des Royaumes de Pégu &ç 
d'Âva. Cette double chaîne de montagnes 
habitées p^r des.peuples peu iiombreux.^ 
îauvage?^ & pauvres,, jnais libres & de 
puBurs innocentes ,. WiÇe cncr'elles qpe 
granjde y^llce , large en quelques eodi^Uf 
de 80 à I op Heoes y Se, arrofée du liora 
au tnidi par la belle rîviefe de Ménah ^ 
(mere-eau) qui fé décharge daîis le golfe 
de Siam par trois embouchures. Malgré 
uiif.b^c de fable: quon^^pelle la barré 
c|ç^;§iaçi , Içjs' grandes vai^çâux trouvent 
ji^^(vle àzï^l^j^^d i ^oiit ^é ciouillagp 

eft trèstboû. ;Lf Ivf^,"^^." ^^^fi^i cômtnele 
^il , a. des iivp/id^^ons ^çjciodiques , ¥ç 
divife pn t^nt de branches^ qu'on courjc 
f^^^v^^/'?, PÇ^^^P if!^"5 ce labyrlxuha 
pix cottçoît qug.^c'cft. iur fes riy^s ,q4e îé 



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204 HlSTOlKE DE l'AsiI , 

'commodités raffemblenr la plus grande 
Histoire partie des habitans. Le refte du pays eft mal 
3>ii ^Ni^É*' peuplé & peu connu. Les Siamois ont 
mjime fort peu d'habitations fur les côtes 
maritimes ; cependatu la fituation des 
lieux leur ouvre ta navigation de toutes 
les'mers de Torient. Ils ont deux cens 
lieues dé côté fur feeolfe de Siam & 1 8^ 
lieues fur celui de Pengâle. Tandis que 
la nature a fefufi^ 'des ports cbrtJtttodes i 
îacôte dé Cofoniandel , au couchant de cq 
dernier gdlfe elle en a donné un grand 
nombre. Le Royaume eft couTert par beau- 
coup d*ifles , qui fonneni pour les vaif- 
feaux des afyles fûrr, dans îefquels ils 
trouvent dé Teau douce & du bois. Lé 
Roi de Stam les compte dans fes Etats» 
quoique fes peuples ne les aieînt jamais 
habitées & qu'il n'ait pas aflez de forces 
markimes pour en défendre Taccès 2iii 
étrangers, 
de Le pays fe dîvîfe en haut ôc bas Siam^ 
îé premier ^u tiàrd l le fccônd ^ i\x miâii 
Le haut Sîain, felotiiiï.onberfr-, cotïii 
ptend fept Provinces /{^orcèlohe , Sah^ne- 
lone , Locontaï , Campenf^pét , Cocdft» 
repîna , Pêchèbonné , Pitcnaï. Le bas 
«îam fe divife aaflfi^^n fept l>rè?vilticêi?!> 
•JoT ou JohoriPaçaÀeVL^; Tétfirérîn^i 
Chantel?ohfïé ; Peiclong <iu JBojïdWémg^ «d 



Siam. 



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DE ^'AfRIQÙE IT DI L*AMéRlQUB^ 10^ 

•Tchiau Koempfer ne donne à Siam que ^"""^"TT. 
xlouze Provinces jJooftSchuten en compte Histoire 

{Ans de vingt. Chaque voyageur écrit ^** Ino*^ 
eurs noms & ceux des villes 4'ttne ma- 
nière différente. 

La côté de Bei^ale offre deux ports 
confidérables à la tcte de deux ifles , Mer- 
guy Se Jonfalan. Ije long de la côte du 
golfe de Siam , les lieux les plus femaiy 
quables font Paiane ^ ville & cap à l'en- 
trée du golfe I Bordelong & Ligor^ autre- 
fois dépendances de Malaca,^ Se fur la 
rnême hauteur > les Pulis ou ifles de Cor- 
nam, Sançori , Bordia^ iàns parler de quan- 
jUté d'aucrçs ifles de. iiaijwndre grandeur. 

Quoique Ifes bords. d(& Mcnan foienc 
t^s , .marccagcjjx fit d« difficile accès, 
jc-^fi; là qu'on a.batiJes villes principales. 
Bancock , appellée. . Fou , p^t hs Siamois ^ 
fe préfente en remontatoi la i;ivieiîe , à fepi 
Jieues de fpn e|nbouchure.. Le territoirfe 
îdç c^ue viUe, .e^ un yaft^ j jardin , ;qui 
foiartnit r U cApi^lft une,^fa«^ ^uintitii 
j4ô, fruits, ç'^ft-â-4ire ^l'effèçq de.n^urri- 
4ture que ^ U$ habitans -^^ferent à toutes 
les ' autres. rDoqzie qut treize lieues au- 
difjJusde.B^QC^fei oo'itQUve Sy^io-chi- 
y^,; don? leà 4lf«nèers 0n.t fm India, Jn- 
jftia 1 • J^df^ , Qidioa .:^&irt<^a^^ll?, : d» 
^oy,?SWÇj :Jfcli^fiô,J)aîiA.a^'-m^ 



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10^ HisToiai DE l'As 11^ 
• eaox dans une ifle aiTez vafti^ , formée par 
Histoire je circuit du^Ménan. On a compare fa (ï* 
©is iNOis, j„3jiQ„ ^ ^^||ç Je Venife. Les Rois de 
Siam ^ plusiîmples que les Doges de cette 
République , qui époufent ta ma: , fe 
bornent d aller en baion fur le fleuve ^ 
quand il efk débordé , pour le fupplier de 
rentrer dans -fort lit. On affure que cetti^ 
oipitale eft fermée par une muraille de 
brique de deux lîeuesr de cîrc\;»t ^ mais 
elle eft preique deferte à la parties du fud 
êc à celle de l'oueft. Les Européens y ont 
bâti quelques belles maifons. Un quartier 
^ occupé par des étrangers Afiatiques > 
qui*habitent dé petites loges de brique oà 
de pierre. Partout aâieurs il n*y a que de 
mmrables cal>âne^. £a Loabére cdmpàfé 
les n*aifons"des^aiidaHns à de grandes 
Armoires. C'eft toutefois là que logent le 
maître, la principale époufe &fes enfans. 
Les âUcre^ Fen^mes ont dés Virabanes %a- 
té^Sfàbtit un4f>aUflade y^ Bambou forme 
ime hajbifàticwjcoïiîmâfîii fv^ ftttKi" 
mlemaifon;' île palais àd^^pi^fi* fee^t 
être tonritt ^ ^ttfe qa*ïl efe feirn^é mènlè 
attjc naturel duf ays; ll^tt^y ^ (Jâé la fattê 
du confeil qui fôfc ^GceflSWe; 4Péur ^en^ 
tter , lês^iâittofe^fe^triÎRêHèfiiP leisJ-lmai^ 
& forces gefjoàx^ 5éi^(î^n lâ^iW^is/dk 
ûïv vd^eur /^ii^^riâtoit4i'il!^^4«6titàà 



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©EL'APRI^l^EETDtL'AMtltl^H. 207 

ibrprendre le Roi. Les dehors du ferrail 
ont quelque thofe de majeftucux. Histoire 

• Les Européens ont coutume d'appeller*"** hmts. 
cette ville Siam. Ce nom tû inconnu auii 
naturels. Ceux* ci appellent leur pays 
Nleuang'tai, Royaume des hbres. Les 
Portugais paroiffent» dit-on , les inven- 
teurs du nom de Siam , qulU empîoyent 
pour défigner non le Royaume, miîs là 
nation. Ceux qui fçavent la langue de 
Pégu affiirent que Siam en cette langue » 
fignifie libre. C'eft de U fans doute que 
les Portugais ont emprunté ce mot , qui 
répond à la dénomination que les Siamois 
fe donnent eux-mêmes, 

Louvo, à dix lieues de la capitale» 
forme un fé}our agréable, où fe Roi paffè 
une grande partie de Fannée. Ce Prince 
y a un palais moins fpacieux , mais plus 
riant que celui de Jttthia. L'édifice tel que 
le, décrit Gervaife, ne feroit en Fraiure 
qu'une maifon de plaifance aflcz com- 
mune. On nomme encore parmi les places 
principales, Thainatbouri , ancienne ca;- 
pitale d un Royaume parriculier , dans la- 
quelle on compte trois mille habitans, La- 
conceran , ville où h Ménan reçoit une 
grande rivière, Campengpet , rivale de 
juthia, danî une Province où fe trouvent 
des mines d'acier abondantes , Tian-i6ng ; 



t 



1 .ji 



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loS HiSTOi&E DE l'Asie, ^ 
-place ruinée, Mécac» frontière du Royaa* 

Ss ^S"^" me entre le nord Se Toueft , Cambori , fur 
^^**la frontière de Pégu , Corazema ou Car 
ridîma fur celle de Laos : Socotai & Saa- 
quelouk ont aufll mérité Tauention des 
voyageurs. On trouve encore dans les re- 
lations quelques autres villes , ou du moins 
d'autres noms donnéspeut-être aux mêmes 
amas de cabanes. Dans les grandes rnai' 
fons Siamoifcs , il n'y a point de plein- 
pied, quoiqu'il n'y ait qu'un étage. L^s 
Îâéces le fuivent fur la même ligne, 8c de 
'une à l'autre , il y a quelques marches à 
monter. La même inégalité fe trouve dans 
les toits. C'eft cette fuccéffion de toits iné* 
gaux qui fait la diftinâion des degrés, de 
grandeur. Le palais de la capitale en a fept, 
avec quelques tours quarrées , qui ont 
aufli piufîeurs combles. Les grands offi* 
ciers en ont jufqu'à trois. On remarque la 
même gradation 4Ans les pagodes. De 
trois loits , le plus élevé eft celui fous le- 
quel eft placée Pldole. Le principal orne- 
ment de ces édifices conufte dans plu- 
Heurs pyramides de brique & de chaux « 
dont les plus hautes ne le font pas moins 
que nos clochers ordinaires. 

wftoitc na- Les Siamois ne connoiflênt que trois 
faifons , Tbiver , le printemps ou le petit 
<té & le grand été. L'hiver eft fec gff .l'ét^. 



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i 



DE L Afrique et m L^kuiKiQtSE. 20*9 ^ 

pbvieux. Les pluies commencent au mois ^**^^*'^^ 
de Mars , elles finiflTent avec le mois de Histoire 
Septembre j & alors Tinondation corn- ^^^ Iki^is. 
inence. Les Siamois ne cultivent que les 
terres fur lefquelles les eaux fe débordent j 
les autres cantons font deferts & couverts 
de bois. Ce Royaume eft fi vafte , il a fi 
peu d'habitatîs , les terres voifines des ri- 
vières font fi'graflTes & fi fertiles, il y a 
tant de fobrictc ou plutôt fi peu de be- 
foîjis , la forme du Gouvernement cft fi 
contraire à la culture , que la plus confi- 
cfcrable partie du pays refte en friche. 

Le riz eft la principale récolte , la nour- 
riture la plus ordinaire , Se le plus fain dus 
alipiens des Siamois. Un officier qui a le 
titre d*Oc-ya-Chaou , Prince ou furintcn-* 
dant du riz , ouvre le labourage des terres , 
en traçant quelques filions, accompagiïé 
d un nombreux cortège qui le ièrt avec 
de grandes démorjftrations de refped. Ce, 
Prince tient ici la place du Roi, quune 
crainte fuperftitieuie a depuis quelques 
temps détourné de cette noble fonâiod, 
>Sa loyauté n^ dure qu'un jour > elle rapr 
porte quelqu'argent , mais on la croit fu'- 
neftô à celtii qui l'exerce, La Loubere rair 
conte que le Roi feul recueille du fro- 
nieht, & peut-être moins^pour le goût 
que par curiqfité. Les François habitués 



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210 Histoire de t*Âsic, 
! dans le Royaume , étolent obligés de faire 
Histoire venir de la farine de Surate. Les potagers 
©ES Indes, j^ ^j^^^ abondent en légumes , la plupart 
difFérens des nôtres. Les fleurs y ont 
moins d'odeur & d'éclat qu ep Europe. 
Les fruits y ont beaucoup de parfum & de 
faveur, on ne les trouve délicieux qua* 
près s'y être accoutumé , ic quand on 
eft parvenu i en aimer le goût « on trouve 
ceux d'Europe fades & mfipides. Cette 
qualité eft commune aux fruits de tous les 
pays de l'Inde. 

Les vaftes forets dont le Royaume eft 
couvert « fournilTent aux habitans une 
grande variété d excellens arbres. Entre 
leurs cotoniers, on vante le capoc, qui 
• produit u^e efpéce d'ouate fi fine , qu'on 
ne peut la filer ; elle tient lieu de duvet. 
Une efpéce d'arbres fort communs dans 
ces forêts jette la gomme qui fait le corps du 
plus beau vernis de la Cnine & du Japon. 
Les Siamois~ignorent Vart de la mettre en 
oeuvre ^ peut-être manquent-ils d'une cec« 
faine huile ou'on doit mêler dans cette 
gomme pour remployer. Ils font du papier , 
non feulement de vieux linges de coton, 
mais auifi de- l'écorce du tonkoë. Leurs 
livres confifteot en ptufieurs feuilles collées 
enfemble , que Ton plie en plufieurs fens. 
Us écrivent auûi avec un ftyleou un poin- 



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DE l'Afrique et de l'Amérique, i 1 1 

çon furies feuilles d'un certain arbre. Les25!SS55?S 
Siamois entreprirent fur la fin du dernier Histoire 
fiécle de planter des poivriers j & Gervaife ^^^ Indïi . 
atTure que dans le temps quHl étoit à 
Siam , on auguroit fort bien de ces plan- 
tations. Les cannes de fucre y font fi abon- 
dantes , qu une livre de caiibnade ne coure 
que deux deniers. La Loubere remarque 
avec étonnemenc, que parmi tant def- 
pcccs d arbres dont le pays eft rempli , il 
n y en a pas ttne feule qui reflemble à 
celles d*Ëurqpe. Il s'y trouve des arbres 
fi hauts Ôc fi droits, qu'un feul fnffit pour 
faire un balcon de»feize â vingt toifes de 
longueur.^ 

Comme la religion ne permet pas de 
manger la chair des animaux, les Siamois 
ne fongent qu'à élever les efpéçes def- 
tinées au labourage , telles que le bœut 
•& le buffle. Le Roi de Siam eft obligé 
de tirer des chevaux de Batavia pour le 
fervice de fes armées. On prétend que 
les Siamois font à proportion le it!ê,me 
cas des chevaux blancs que des cléphans 
de cette couleur. Le Roi étonné un jour 
de la répugnance que Vincent, médecin 
François, marquoit à traiter un de ces 
animaux de fon écurie, lui fit aflTurer, 
cour vaincre fa déficateffe , que le cheval 
écoit Mogol, c'eft-à-dire, blanc, & que 



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111 HlSTClilE DE t*AsiÉj 

^^ùs ancêtres, jufqu'à la quatrième gcnéi* 
Histoire ration, avoient été du même poil, fan^ 
018 1nd£». aucun mélange de fang Indien. Le grand 
commerce que font les HolUndois des 
peaux de daims & de buffles fauvages 
qu'ils tirent de Siam , preuve qu'il y a 
une quantité prodigieufe de ces ani- 
maux. 

Parmi les oifeaux du pays , l'aigrette 
e(l très-vantée dans nos relations. Elle 
doit Ton nom & fa beauté aux a^rettes 

?|U'eile a fur le dos & fous je ventre. Sa 
orme approche de celle dû hérom Son 
plumage d'une blancheur éclatante & de 
la finefïè du duvet le plus beau^, eft U 
matière des ouvrages cie plumes les. plus 
cftimés. Le nokto, animal plus grand que 
l'autrucKe , eft un oifeau particulier à ce 
pays. Les volatiles y multiplient extraor* 
dinairement , à caufe de la chaleur du clir 
mat y qui feiile fuffit pour faire éclorre les 
oeufs. En général , tous les pifeaux ont 
dans l'orient un très-beau plumage. Leur 
ramage eft un cri qui blelfe l'oreille. Leur 
quantité dans ce Royaume paroîxroit focr 
prenante ainG que leur familiarité , Ci l'on 
ne fe rappelloit que perfonne ne chercha 
a leur nuire , & que pludeurs dévots ont 
la charité de les nourrir. 

La chaleur 6c. l'humidité fooc croître 



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Di l'Afrique et de l'AmIrique. 21^ 
dans les forets & dans les herbages des T— — — ?! 
reptiles de différente efpèce. Parmi les in- Histoire 
feâes vokns, les maringouins ou mof- ®^^ Indes. 
quites font les plus redoutables. Leur ai- 
guillon eft fi fort qu'il perce les bas de 
peau les plus épais. La fumée les chaffe , 
& c'eft le feul naoyen de s'en garantir. On 
aflTure qu'à Camboie , la coutume eft d'ex- 
pofer les criminels à la piquure de ces 
mouches , & qu'ils ne réfiftent jamais plus 
d'une nuit à ce cruel tourment. Les 
mouches luifantes forment fur les bords 
de la rivière de Siam un fpedacle noc- 
turne fort agréable. De loin on croit voir 
des nuages lumineux. Quelquefois, (i l'on 
en croit Koempfer, elles cachent leur lu- 
mière pour la raire reparoître un moment 
après avec un accord &c une régularité qui a 
quelque chofe de merveilleux. Le caboche 
eft un poiilbn 4a Ménan dont les Hollan- 
de*^ portent degroffesprovifions à Batavia^ 
& dont les nations voifines de Siam con- 
fument une prodigieufe quantité. 

» La pofition du Royaume de Siam, 
n dit l'auteur de la fuite de l'Hiftoire an- 
11 cienne de M. RoUin 9 eft parfaite^ 
p ment antipode au Pérou. Les grains d'or 
s) qu'on trouve fur les bords des rivières 
n quand les itiondations font pàftées, fai 
Ku qoaijticéde puits & de £>tir|ieaux creuf^9 



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ÈÊÊÊÊÊÊk^^MÊiàÊi mr -^(11 ,11, ■ 



Histoire 



IÎ4 Histoire de l'Asxe, 
» fur les montagnes par des mains d'hom- 
«»e ^T^J^r. •* ^^^ > & q*" ï^'o^f P" fervir qu'au travail 

D£S iNDES» j • * * i- 1/ * o- 

« des mmes , ont periuadc aux Siamois 
» que leur pays renfermoit dans fon fein 
» les plus précieux métaux. Lcuf$ voifins 
»> en ont la même idée , Se il paroît que 
n c ctoit auffi le fenttmmc des anciens 9 
»f puifqu ils ont donné le nom de Cherfo- 
»» néfe dorée â cette partie de la Prefqu ifle 
» de rinde , où Siam & Malaca font au- 
»> jourd'hui fitués» Ces motifs ont porté ies 
M Roîs de Siam à faire ouvrir pluHeurs 
99 mines. Les derniers travaux n'ont abouti 
» qu'à la découverte de quelques mines 
» de cryftal, d antimoine, d'eméril & de 
w cuivre, mêlée d'un peu d'or & d'argent. 
» Ces dernières étoient fi peu riches , qu'à 
» peine cinq cens livres de minerai ren- 
» doient-clles un once de métal. On dit 
M^ue le médecin Vincent^ dont il a déjà 
%> été queftion , trouva une mine d'or »qu'il 
» ne voulut point indiquer aux Siamois. 
^> Les mines d'or dont parle le P. Tachard ^ 
s> n'ont pas plus de r^ilité que les IdoUs 
ai coloifales d'or maffif , qu'il place dans les 
a> pagodes. 

Siam a des, mines de plosib » d'étaîm, 
4e fer , d'aimant & de pierres fines. L- é^ 
laim de ce pays eft le métal mixte , parti* 
cipant du cuivrcv & du . plooab.» que le« 



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^'^à 



PE l'Afrique et de l'Amérique, iiy 
Portugais ont appelle câlin. On y joint , 2 



pour Te blanchir, de la calamine autre Histoire 
mincr^^onc on fe fert auHî pour purifier ^^ Inois, 
le cuivre. L'étaim ainfi prépaie , s'appelle - ^ 
tourenague^*Les boëtes de thé qui viennent 
en droicurede kChine & du Japon , font 
de ce métal Siamoii* L'ufage que ces In-» 
diens font du fer eft fi borné , qu'ils ne 
fè mettent point en peine d*en faire valoir 
les mines. Us n'emploient dans leurs édi-* 
fices aucun ferrement ; des pointes de 
Bambou leur tiennent lieu d'épingles ; les 
ancres de leurs navires font de bois j enfin 
ils n'ont ni cifeaux , ni aiguilles, ni clous. 
La Loubere raconte que la découvene 
d'une mine de diamans attira fi peu l'at- 
tention du Miniftère , ou'on n'accorda pas 
la moindre rctompenfe â ceux à qui on 
la devoir. 

» Je dirai franchement ,,( c'eft le Che- obferyadoii 
!• valiet de Forbin qui parle) que j*ai été Çûr U Iniftfe 
•• furpris plus d'une fois que l'Abbé de an payi. 
» Choifî Se le P. Tach^rd qui ont fait le 
» voyage avec moi & qui ont vu les 
•> mêmes chofes que moi, femblent s'être 
99 accordés pour donner au public fur le 
M Royaume 4e Siahi des idées brillantes 
91 & n peu conformes à la vérilé. 11 eft 
«9 vrai que n'y ayant demeuré que peu de 
m mois , Se M; Confiance ayanc iniérêt de 



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1^6 Histoire de l'Asie, 

^î g— — — ; „ les éblouir , ils ne virent dans ce Royau- 
HisToiRE o nie que ce qu'il y avoit de plus propre à 
PIS Indes. ^ en impofer. Mais après tout, il faut qu'ils 
^ » aient Clé étrangement prévenus pour n'y 
»> avoir point apperçu la miféce^ui fe ma* 
i> nifefte par-tout , à iel point qu'elle 
» faute aux yeux Se qu'il eft impodible de 
f> ne pas la voir ». Cet officier afTure que 
M. de Ceberet fut fi frappé de l'air mifé- 
rable de ce pays*, qu'il ne concevoir pas 
comment on avoit pu en faire des rela- 
tions fi magnifiques. Il ajoute que .M, 
Confiance avoit cpuifé l'épargne pour en* 
. voyer des préfens a Louis.Xl V. Le Royau- 
me de Siam , dit-il après fon retour à ce 
Prince , ne produit rien & ne confume 
rien. Son témoignage s'accorde aflTez bien 
avec la relation de la Loubere. 

Ce pays ne peut être regardé que comme 
un entrepôt commode pour le commerce 
des Indes , de la Chine & du Japon. Les 
■ Rois fe font emparés de tout le commerce 
du dehors i& ils partagerxt avec leurs fu- 
jets celui qui fe fait dans l'intérieur du 
Royaume , en fe réfervant le débit exclu- 
fif des itiarchandifes les plus lucratives* 
Ce Prince , fa femme ^ les autres Princes 
t ont des «lagafins où les marchandifes fe 
débitent en gros, ô(, des boutiques ou 
elle^ f* vrendetu m détail. Toutes le$ terres 

appartietmenc 



■ wD^ ze 



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©B l'Afrique et bï l^AmIrique. 117 
appartiennent au Roi , & chaque fujet! 
Irbre lui doit fix mois de fervice. Le feul Histoire 
moyen de fe fouftraire à ta loi commune, ^" Indis. 
aux corvées, c'eft de payer au fifc une 
quinzaine de tirais, valant environ qua- 
rante fols la pièce, ou de lui apporter une 
certaine quantité de denrées Se de mar->* 
ctiandifes. Il réfulte de ces ufages que le 
commerce & Tagriculture font ici dans 
une éternelle langueur. Au produit de 
ces deux fources da richefTes , le Roi 
réunit celui des importions fur les balons , 
fur les liqueurs , fur certains arbres , Se 
enfin les bénéfices cafuels confiftant en coti- 
fifcations, amendes , préfens , fuccéflions, 
taxes extraordinaires. Aiiifi la richede 
de la nation fond prefqut toute entier» 
d^ns le tréfor royal , dont le foin ett confié 
au Pra-clang ou Barcalon , furintendanc 
des finances. La Loubere dit qu'on faifoic 
monter , de fon temps , le revenu de la 
Couronne i deux millions. Il eft à remar- 
quer que le Roi n*eft jamais bien payé des 
tributs impofés fur les terres éloignées de 
la Cour 'y que , fuivant les loix , celui qui 
ne laboure pas fa terre ne paye rien , quoi- 
que ce (bit par ùl négligence qu*il ne re-^ 
cueille rienj que pour s'exempter des cor- 
vées I plufieursfe cachent dans les bois, ou 
abandonnent 1q pays^ ou fe vendent ^ Se 
Tome F. K 



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n8 Histoire DE l*Asii, 
! qu'enfin dans toute l'étendue de ce vafte 
Histoire p^y^^ ^^ ne trouve pas un million d'ha- 
»i$ HDzs. Ijjj^j^ Un SÎMiois vantoic un jour au Roi 
de Golkonde la grandeur des Eutsde fon 
nuunre. Vous avez raifon^^lui dit le Mo- 
iHif que » votre maître a des Etats beaucoup 
dus étendus que les miens» mais les miens 
font peuplés d'hommes » & ks fiens d%. 
finges & de moucherons. 
G«itfenie. Le peuple Siamois eft divifé en deux, 
SnS^ aTi^ claffes générales , celle des efdaves & celle , 
neiiiquc ck des perioiines libres. Le maînre a tout 0ou- 
^**^ voir fur l'efclave f à Texceptbn du droit 

de mort. La différence qu'il y a des ef- 
claves du Roi i fes fujecs de condition 
libre # c'eft qd'il occupe toujours fes ef- 
claves à des tiihraux jpedbnnels & qu'il 
les nourrit i au lien qoe les per ibnnes libres . 
ne lut doivent que Rx mois de fervice. 
dans Tannée I à leurs propres dépens. Les. 
efdaves des particuliers ne font |K>im em- 
ployés aux corvées de l'Etac* Amfi la dé- 
gradation d'une pet£bnne bbre qui» pour 
dette ou par une vente vokmfaire » too^ 
dans h 1er vimde » eft une perte séelle pour 
le Souveratnyqui loin de $*€xpfokt au cours 
de l'u&gé ou des lok» n'exige pas meme> 
un dtcit d'indraEsaité : diofe fiirprenante > 
dans un Gouvementent d'ailleurs & lyran- 
mque* Les pec(biuie^ltbresa dans le temps . 



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i 



DE %AvKlQVt BT BE X*AMÉRT<îtrE. llf 

de leur fervice^ foiic employées, les unes' 
i la garde , à la tultuce des j«rdio5 Se dans Histoire 
les acceliers du paUis^ les autces mx tri-r ^** *n»«i» 
vaux pabUcs ic i là défenfe jde l'Etat ; 
d'autres enfui dans les maîfons des^rœds 
officiers du Royattoie. La nobbile fi'eft 
^ue la po({èffiim aâruelle des changes \ il 
^. rare que des faoïiUfisVy maintieimeni, 
lon^'temps , quoique les oiSces foient hé- 
réditaires y parce que la moindre £tute ou 
tuème le caprice feul-du Souver^n dé- 
cade ies plus grands Seigmeurs. Celui qui 
perd fa place n'a plus rien qui le di(tingue 
du menu peuple. La diftinâion antre tc 
I»eup4e £c les prêtres ii'eft auffi quie paf- 
^eire » ptiifqu'cai .peut toujoitrs nsvemc 
d'un état i l'autre. LesfrctcesiontexeQif^ts 
/de toute Cstvimàt. 

Pour ne iaifTet échapper |»erfon«e ao 
liervice perfonnel^ on tient tous les ans 
mn compte esaâ: du peuple £;>us la divi* 
-^àom de geos de mam droite & de gens 
ulexnain gauche. Les uns ic les «ute» font 
ribudwiféspax bandes ou compagciies,dont 
-chacune a fou xiief appelle NtL Plus une 
Jxuide eft ootnhœufe, plus le chef eft ho- 
jKxfê. On d^neoe enoe ks Naïs fepc de* 
-^rès qui répondent au nombre é^ leurs 
^ fidldats <ra lerfs. Atnfi TOc-Mcni ^g , le* 
lijudtdk-cbefde dix Aille hommes, eft 

Kij 



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iio Histoire de l*âsie, 
* aa^dflus de l*Oc-Pan , lequel n en com- 
HisToiRi mande que mille. Les titres de Pa-ya, 
ns iNi>«.rfOc.ya, d'Oc-pra , d'Oc-louang & d'Oo- 
coune , {ont ceux des autres grades. Le 
mot Oc femble (ignifier chef. Tous les of- 
ficiers du Royaume font Nais. Ce mot eft 
devenu un terme de civilité , que les 
Siamois fe donnent mutuellement, comme 
les Chinois fe donnent celui de maître ou 
de précepteur. 

Le Roi de Siam n'élevé perfonne aux 

dignités fans lui donner un nouveau nom ; 

uuge aifez commun dans TOrient. Ce 

nom eft toujoturs une louante, Ces o£^ 

ciers n*ont ni gages nLappomtemens. Ils 

ne tiennent du Prince que le logement , 

ides meubles ^ quelques naa ou terres la^ 

bourables cju'ils perdent avec leur charge. 

Leur principal bénéfice vient des concuf- 

fions qu'ils ei^ercent, d'intelligence les 

uns avec les autres^ fur le peuple, & que 

' la Cour autorHe par fon (ileoce. Le corn»» 

:^merce des préfens eft public. Un juge ne 

feroit point puni pour en avoir accepté» 

•6'il n'étoit manifeftement convaincu d'in- 

juftice. Le ferment par lequel les officiera 

^'engagent à l'obfervation fidèle de leurs 

devoirs , confifte i boire de l'eau , fun la- 

^ quelle les TalapcSns ont prononcé de9 

imprécations contre celui ^ui Tayale ^ s'il 



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»E L'ÂFRIQtl ET DE L •AMÉRÏQtTÈ; 1 1 1 ^^ 

manque jamais aux obligations qu'il con- Î5?! 



trà6te. Histoire 

Une diftindion importaftte eft celle ^*^ ^*^^"* 
duon met entre les Cang-Naï ou officiers 
du dedans, & les Gang-Noc ou officiers 
du dehors. Les Mîniftres intérieurs af^ 
/îftent au Confeil d'Etat, qui fe tient en 
préfence du Prince j ils compofent le tribù^ 
nal où fejugent les affaires civiles & cri- 
liîinelles. On emploie auffi ces derniers 
i des meflages , à la garde du Roi , &C4 
Ils font beaucoup plus honorés que les 
Cang-noc,qui font moins affervis. Cette 
différence a heu dans les Provinces^ envers 
la petfonne du Gouverneur. 

Il y a dans le Royaume plufteurs cours 
de judicature, qui reffortiffènt toutes à 
la Courfouveraine établie dans la capitale^ 
Ces tribunaux ne corififtènt proprement 
qu'en un feul officier nommé Pouran-j 
pcrfonnc qUi commande^ puifque le droit 
de juger réfide en lui feul , & que fes af- 
leffeurs nijnt que voix confultative , ainfî 
que dans les Etats voifins. La prérogative 
là plus importante/de ce préfîdent efl le 
gouvernement civil & militaire de fon 
reflort, qu'il joint ordinairement à l'ad- 
mmiftration de la juftice. Comme Tes 
grands gouvernemens étoient autrefois i 
vie, l'ambiifon des Vicerois parvint à lei 

K: iij 






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s rendre hérédiaires» & dans certains lictnt 
Histoire éloignés de la Cour , indépendantes. Ceft 
ws ^^'^^^SLinSqM la Province de JoHor'eft deve- 
nue un Etat particulier. On prétend qoê 
Paune » autre Province du bajs Sîam y gou<*^ 
vernée par use femme, que Lahos, Pc* 
gn y Candie ic d'autres pays de la P^ 
ainfttle ont fecoué de ta même manière le 
lougduRoi de Siam> comme les Nababs 
de llndaftan fecouetôm cehii du MogoL 
Ua^us de ces uf^pations a ùk aDolir 
l'hérédité des grands gouvernemens. A 
ces cfeirpotes » on a fubuimé des Pourans > 
oui n'cMtt que pour trois ans la comtmf* 
won de gouveroem^» Cependant il y a eii» 
cote beaucoup de Tchaou Meiiang ou Sei« 
gneurs de Province , qui fom&nt, par 
droit de focceflion de gouvernemens > 
dans lefquels ils femblent paruger aveè 
le Roi ta fouveraineié^ car ils s'arrogent 
une partb de tous les imf&ts. Le Roi leur 
enuetieat une garde nombroile de Keulaï 
ou. bras peims ,. foidaits aînft nommés ; 
parce qu*il^ cmt fiir les bras des émpteinceS' 
d'un bleu noirâtre , fotïnées avec de la 
poudre à canon* jettée dans Jks incifions 
qu'on y a faites. 

Xjes oâciersTConfeiUers du tribunal de 
la capitale oot , commeceux des provinces ,, 
divers départemens. ^ les finances » U 



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i>E i*Afrique et de l'Amérique* 1 1 ) 
guerre , Tintendance des jardins & des- 
p^lais , le foin des balons & des g^««^cs,^'"f^^" 
la maifon du Roi , la police iftiérieure de^** ^^^ ** 
la ville , rinfpedioiî des éléphans te das 
'équipages , la garde des magafins royaux, 
la direfliion du commerce étranger. Le 
préfident de ce tribunal avoit ancienne- 
ment une autorité prefqu^abfolue , comme 
chef de la juftice & comme Viccroi de 
la province. On a facement divifé ces 
deux emplois. Celui de Viceroi , la pre- 
mière dignité de TEtat , eft exercé par un > 
Mandarin , titré Maha-o-barat. Le Maa- 
darin qui préfide i ta juftice fe nomme 
Yumràt. On peut toujours appelter de fes 
jugemens au Roi, qui feul prononce des 
arrêts de mort y i moins qu'il ne délègue 
ce droit par une attribution particulière i 
certains magîftrats, tels* que les infpec- 
teurs extraordinaires âes provinces ,^ qui 
peuvent faire fubir, même aux officiers, 
upe peine capitale. Le chef général de ^ 
la police fe nomme Tchacry. ^ 

On plaide par écrit & après avoir '3oli- 
né caution. Le procès rapporté par un 
greffier au Pouran , celui-ct conlulie le 
code , explique la loi â fa fantaifîe , & 
prononce. Toute affaire devroit être ter- 
minée en moins d'une femaine; mais l'a- 
varice des juges les éternife & ruine les 

K iv 



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ÉÊÊÊÊÊ MMll— riiMii 



114 HlSTOIM DE t*A$lI, 

^ 'plaideurs. Il eft fingulier que les frais de 

»£s^Iw**i '^^^^ ^^^^"^ énormes dans un pays où 
'^ ks vivres font a un prix fi bas. On voit 
par un mémoire que la Loubere rapporte, 
que les fiais d'un procès ordinaire montenç 
à plus de foixante livres, fomme exor- 
bitante dans ce Royaume miférable , fans 
parler des préfens qui reflemblent a nos^ 
> anciennes épices. 11 n'y a point ici de no- 

f taire ni d'autre praticien de ce genre* Les 

obligations fe font par l'encremife d'un 
tiers qui écrit la promeflTe, & ce titre 
îiiffit. L'ufage des cachets eft inconnu; 
les magiftrats feuls ont un fceau. Les par- 
ticuliers ne fignent de leur nom aucune 
écriture j ils fe contentent de mettre au 
bas une marque qui a la forme d'une 
croix. On fait les donations par mariage 
ou autrement de la main à la main , 4e 
vive voix , même à l'article de la mortj 
ainfi nul teftàment. 

Dans les accufations graves , on a -^ 

^^ recours à la. queftion au défaut des 

^^ preuves ordinaires. Les parties paflent 

y par les épreuves de l'eau , du feu , de$ 

vomitifs , pilules qu'il faut garder dans 

l'eftomac pour être innocent. Enfin on 

eft expofé aux tigres. Si les deux adver- 

fàires font dévorés , ils étoient tons les 

deux coupables. La conftance avec laquelle 



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in voit fouffrir aux Siamois ce genre deî 
mort , eft incroyable , dans Une nation qui Histoire 
montjie fi peu de courage les armes à la""^* *ndes. 
main. Les fupplices font affreux. Brûler 
à petit feu les criminels , les^ livrer à un 
tigre affamé qui ne peut les déchirer que 
lentement , les plonger dans l'huile bouil* 
Jante, les nourrir de leur propre chair, 
font des cruautés ordinaires. La peine da 
glaive eft pour les criminels de diftinc- 
tion. Quant aux Princes du fang que la 
politique du defpotifmè condamne à la 
mort ou à une exiftence plus duré , oti 
les aflbmme avec des maffues de bois pré- 
cieux j on les étouffe dans des draps d e- 
carlate, on les laiffe mourir de faim , ôii 
on leur affoiblit refprîi par des breuvages. 
La baftonnade qui fe donne ici avec des 
rotins ou rofeaux gros comme le doigt , 
eft fi cruelle qu elle laiffe quelquefois une 
telle impreflîon de foiblefle , qu'on s'en 
xeffent toute la vie. 0\i a ici , comme à la 
Chine, l'ufage de la ka ou caneue , fup«- 
plice qui n'imprime aucune Sctriffure» 
La peine ordinaire du vol eft la reftitu- 
lion du double ou du triple à partager par 
égales portions entre le juge & la partie 
léfée. On étend ici la^ pein& du vol à toute \ 
pôfleffion injufte en matière réelle j de 
ibrte que quiconque eft évincé d'un héri- . 

K V 



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tage par procès» non * fcirfemfint neni 
♦ ***sTox^B riStitagei la partie, mai» en. paye «n-. 
^^** core le pox > nome ;» u parue» moitié aa 

Quelque le» SSamob (bieec p w propres 
i la guerre ^ comme on la déjà (tic » 
ils ne laifleDt potifcaiu pas ctr ia fiôre foit^ 
yenc & a^ec avancage » pacce qtie leurs 
Toidos ne Ibnt ni plus piûSâiis m pins 
braves c^'eox. La Lodaere rappor» un 
fût qui (k)nne une idée fiogcdiiere de la 
bravoure & des giitôrre^ de ces Indiens» 
Un Provençal, nommé Cyptic», em- 
plojré dans une guerre contre te Roî de 
Sîngor , comnve cannomec » ayant reça 
ordre du général de ne point ajuAer Ten- 
nemi , fuivant le droit public , qui ne per- 
met point de tirer droit, ne douta point 
que le Roi ne fôt trahi par ion généraL 
Las de voir des armées en préfence qui 
n'attentoîe^nt à ta vie de perfonne , il fe clé* 
termina à pa({er feul dans tecan^ ennemi 
pour aller prendre le Roi de Singor dans 
la terne ^ & il réuifit. Son audace termina 
.ain£ une guerre qui dur^t depuis vipgt 
ans. Le Roi de Siam voulut réicompen-: 
fer ce fer vice par le don d'une quai^ité de 
boi&de Sapan; des inurigues^ de Cour Ten. 
détcHjrnef ont , fc CyprieR mécontent St 
HUMz à Surate*. 



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OT l'Afrique £T DE i*AMiKiQUi. 127 
Des forets impénétrables , un grand ^ 

Sombre de canaux , Tinondation annuelle Histoiw 
e fix mois, défendent aflez le Rovaume^^^ ^^^*^- 
pour que leshabicans négligent le feçour^ J^J^^^^.^ 
des fortifications de l'art:. Ik n'élèvent cipiiac miiir 
point de pUces fortes, de peur de le$^**"'*^^' 
perdre & de ne Pouvoir les reprendre» 
Celles qu'ils ont loutiendroient à peine 
la première inrfulte d'une troupe aguerrie. 
Quelques années avant l'arrivée de M. de 
Chaumont , un ancien valet de U Miifion 
de S. Lazare de Paris , dont toute l'ha- 
bileté confiftoit à faire une faignce , avoit 
été obligé par Tordre abfolu du. Roi de 
Siam > de cpnftruire un fort fur la fron- • 
tiere du Pégu , quoiqu'il proteftât de fon 
ihcapacitéj poar prix de ce fcuvice, il ob- 
tint un gouvernement. 

L'artillerie du Royaume confifte ea 
cjuelcjues pièces de canon , fqnduies par uo 
portugais de Maçao. La cav^erie eft corn-- 
pofçe d'environ deux mille chevaux. L« 
marine n'eft <^ue de cinq ou û% vaif- 
féaux fort petits , ordinairement em- 
plpyéç au comnjerce , $c d'une cinqu^n^ 
taine de galères ou petits bateaux à U5 
pont , montés ^e cinquante ou foixante 
hommes , tant pour ramer que pour com- 
battre, (^uant à l'infanterie , tout Siamois > . 
tout Indien eft foldat : c'eft pourquoi Toû 



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ii8 Histoire di l*Asiï; 
voit dans ces contrées des Princes qoî 
Histoire n'ont pas deux millions de fuiets , mettre 
w$ iNDEs.fyj piçj jçj armées de trois ou quatre 
cens mille hommes, qui pourvoient eut- 
mêmes à leur modique fubfiftance. Outre 
ce fonds de milices nationales , le Roi 
entretient diverfes compagnies de foldats 
étrangers, les uns à pied^ les autres â 
cheval , la plupart pour fa garde. Cette 
garde eft formée de fotdats de Laos & de 
Mécn 'y de Mahométans-Mogols, gens de 
bonne mine & d'une infign« lâcheté ; de 
Tartares-( chinois qui paflfent pour braves j 
d'aventuriers Indiens qui s'appellent Raje- 
bouts , tous itTus , fi on les en croit , de 
maifons fouveraines , hommes de coeur 
quand ils fe font enivrés d*opium , ainfi 
que les Matais , voifins de Siam. Quant 
aux Siamois , ils n'ufent point de cette 
liqueur ; ils auroient peur ae devenir cou- 
rageux. Les Rois de Siam avoient autre- 
fois une garde Japonnoife qui leur faîfoit 
la loi. Le père de Chaou-Naraïe fe défit 
d'une nation trop fupérieure en efprit 8c 
en valeur à fes fumets. 

L'artillerie commence toujours le com- 
bat , & fi elle ne le termine point , on fe 
met en devoir de fe fervir de flèches 8c 
de moufquets \ mais on n'attaque famais 
avec aJÛTez de vigueur ^ ni l'on ne fe dé-: 



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.. j/ .^^ 



fend avec affez de confiance pour en ve- 



nir à la mêlée. Tous ces Péninfulaires Hutoirb 
comptent principalement fur leurs élé-*^^* IwmSh' 
phans , quoique cet animal , pour n'avoir 
ni mords ni bride , ne puiiTe être fûrement 
gouverné } qu'il revienne fouvent fur foa 
maître quand on le bleilè j & qu'il craigne 
il fort le feu qu'il ne s'y accoutume pres- 
que jamais. Tachard donne au Roi de 
Siam vingt mille étéphatis. Suivant le ré« 
cit de la Loubere > les Siamois tout men- 
teurs & tout vains qu'ils font > fur- tour 
dans cette matière , en comptent tout au 
plus dix mille, nombre que aes voyageurs 
réduifent à quelques centaines. Le com>- 
mandant général des éléphans s'appelle 
Oc pra-Petratcha j c'eft un des plus grands 
emplois du Royaume. 

Le Calahom a le département de fa 
guerre, & il cft naturellement Général 
des armées : il a auffi l'intentfance de la 
mer & la garde des balons du Roi. Les 
Siamois donnent ce nom à de petites bas» 
ques de rivières, qui ont communément 
une toife dans leur plus grande largeur , & 
quelquefois fix- vingt pieds de long. Les 
grands Balons, tels que ceux du Roi ic 
Àts Princes, ont {ufqu'à cens pagayeurs oa 
rameurs , qui femblent former avec legrs 
rames ou pagayes les ailes ou les nageoires 



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IJO HlîTOIRH DE t'As !E, 

! de certains animaux monftrueux,repréfeiv 
Histoire j^j 4 {^ pouppe'& à la proue des bateaux. 
Les p^ayeurs chantent en manœuvrant , 
& plongent la rame en cadence ; il y a att 
centre des bâtons ordinaires, une loge de 
bois oui peut cootenir une famille. Quarr- 
lité de Siamois n ont jpoint d'autre habi- 
^ ration que ces maifons nottàntes.Les balons 
de l'Erat ou du Roi y & ceux des perfonnes 
qualifiées , n'ont qu'un fîége d'une place y 
plus 00 moins élevé félon la dignité des 
perfonnes. Si c'eft un Mandarin du pre^ 
«lier ordre , Teftrade eft furmontée d'une 
^ impériale que les Siamois appellent coup. 

Se les Européens chirole. Quand le, balon 
du Roi vogue fur la rivière , tous les Sia- 
mois qui font dans d'autres balons, fe 
profternent , comme par tout ou ils le ren- 
contrent. Il n'y a qu'an feul officier qui 
ne foit pas affojetti à cette loi d*é- 
tiqiieue , ce qui rend fa dignité fort ho- 
norable > à Taudience': cet officiera coujours 
les yeux atiacliés fur le Prince , pour rece- 
voir 8c donner , en (ignes , fes ordres à des 
officiers qui font hors de la (aile. Les Sia- 
mois n'entrent point dans te vangt;», ç'eft- 
i-dire ,dans Tenceînte intérieure du Palais, 
laquelle contient Tappartement du Roi , 
des cours Sç des jardins , fans fe profler- 
her. Ils ne paifent point devant le praflat 



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DE l*Afmqui et de L^AmÉRIQM. 1 ) t 
ou i€ Palais ^ & fi quelquefois le fil de I 
Teau les y porte, le&gensdu Roi lancent Histoire 
fur em une gtêb «le pois avec des farba- ^^* In©£^ 
canes ^ les pagayeurs doivent ramer fi 
doucement , qu^on n^eneeiide point le 
bruit de la manœuvre. 

Le filence rtgne toujounrs^ S profonde* De la Coor 
ment dans le praffat Se dans les environs, * ^**"" 
malgré la multitude des Gardes & laf-^ 
âuence des Mandarins , qu'on prendroîe 
ce lieu pour une folitude écartée ; les or- 
dres mime ne s'y donnent point verbale- 
ment , comnie on Ta obfervé r il femble 
ti»il n'^eA habi;té que par des ombres» 
Les couTtifan» les plus accrédités n'ap- 
fkocbem |amâis le Prince de fort près , 9c 
é'eft une ifaveur s'il daigne fe montrer i 
eux d^iine des fenêtres du prafTat. Il ne re- 
çoit point autrement les Âmbaffadeurs ^ it 
leur parie laconiquement du haut d'une 
tribime , & toujours dans les mêmes ter«« 
Aies. Tout ce qui fe paflfè dans le palais 
eft enfeveli dans le myttere ; c'eft un crime 
de léze-Majedé que de parler du Roi. Il 
y a très peu de gens qui fachen^ le notit 
du Ptînce régnant , & ceux là n'oferoienr 
h prononcef pendant fà vie. Làr(qu*iï 
daigne fcnfioniref en public , c*teft tçufour» 
atvee un :^^retl qui infpirç la crainte» 
tkin&i loin dee%téreâèrila€onfiteva6oo 



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^""""^^ du Monarque» les peuples voyent avec^ 
PiriK^^ plaifir les révolutions qui arrivent dan$ 
OBI. |»Etat. Le defpote vit dans une. continuelle 
inquiétude i c'eft en-vain que, pourferaf- 
furer , il s'enferme dans une triple en- 
ceinte de fortifications ; fon defpotifme 
fombre rend fa fortune au(fi incertaine 
que celle de fes Sujets. Il efl: aifé d ufur-* 
per l'autorité dans un pays où l'exercice en 
eft concentré dans un feul homme» Se 
peut- être dans le fceau de cet homme, la 
feule autoritéque le peupleconnoifTe.Qui* 
conque s'empare de Pefprit, de la perfonné, 
du iceau du Prince , n'a plus rien à faire 
" pour le dépoflcder. Le fils aîné de la Reine 
devroit être, fui vant les loix , l'héritier du 
uône j mais c'eft ordinairement le plus 
fort des enfans du Prince, ou le plus c}iéri» 
quoiqu'il foit né d'une concubine. Les 
nlles , loin de ftfccéder , font à peine re* 
gardées comme libres. 

Le fervice intérieur du palais eft fait 
par des Mahadex, efpéce de pages , par 
quelques Eunuques, en très- petit nombre» 
Se par de jeunes filles. Tous ces domef- 
tiques font fous la dépendance de 1» 
Reine ; elle a le pouvoir de les faire châ- 
tier : fon autorité s'étend jufques fur les 
jmaîtçcfires xlu Roi. On comprend fans* 
peine ^e fi le Roi favor^e une de ce^ 



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1>E l'Aphique et de l'AmIuique, 1 j j 
fetnmçs , il fçait la dérober à la jaloufiede^ 
la Reine. Ces Afiatiquesqui attachent une ^^stoire 
idée de grandeur à la multitude des Sultha-®^* Ihdei^ 
nés , ne pouvoient concevoir comment un 
auffi grand Prince que le Roi de France , 
n'avoir qu'une femme, & point d'c- 
léphans. Les véritables officiers de la chanv 
bre & de la cuifinedu Roi de Siam , font 
des femmes} elles le fervent à table , elles 
l'habillent , mais ne touchent jamais à fà 
tète. On choifit dans tout le Royaume des 
filles pour lefervice du vang Se des plai- 
firs du Roi^ oppreffion dontla plupart des 
Siamois délivrent leur famille â prix d'ar- 
gent. C'eft un ufagefi bien établi, cjue les 
officiers du palais prennent quantité de 
filles dans la feule vue de les faire racheter 
par leurs parens. 

La religion des Siamois a été traitée Scieacet; 
dans les obfervations générales des Inde"» 3 ^j^; ^^ * 
on a auffi jette un coup d'œil fur les fcien- 
ces & les arts de 6ette Péninfule orientale. 
Nous ne nous étendrons point fur les lan- 
gues de Siam y la langue commune a quel- 
que reffemblance avec celle de la Chine. 
Les Européens ont beaucoup de peine 
d trouver dans les leurs l'équivalent 
des caraâeres Siamois. Il n'y en a guère 
de plus pauvre & de moins variée dans 
fes tours ^ que celle de Siam ^ elle maxir 



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1J4 HisTomi Di t*Asii , 
! que même de mots (impies pour ezpri* 
Histoire mer une infinité de chofes communes* 
»xs Indes, l^^ fçavans Sc les perfonnes polies par- 
lent bali, c'eft la langue de la religion Se 
les loîxj elle a quelque conformité avec 
un idiome de la côte de Coromandel. Les 
Siamois écrivent de gauche à droite contre 
la coutume prefque générale de l'Orient. 11 
nous refte à parier des ufages les plus re- 
marquables du pays. 
Mowrs, cou- Les Siamoifes ont , comme toutes les lu- 
ÎKl? ' ^h, ^^^'^"^^ ^ ^^ tempérament prématuré. Quoi- 
**"*^ qu'il ne Ibit pas permis aux filles de con- 
verfer avec les garçons , la naturcf eft plus 
fone que h loi , & Tadrefle parvient i 
tromper la vigilance. Lorfau^un jeune 
homme recherche une fille, u le parti pa- 
roît fouhaitable aux parens de la per- 
fonne , & qtfelle mêmen*y répugne point, 
^ les deux familles donnent chacune de leur 

c6té la nativité de la fiUç Se du garçon aux^ 
devins , pour fçavoir fi le mariage durera 
fans divorce juiauà la mort. Comme tout 
le monde cache loigneufement fes richeffes 
pour fe mettre à couvert des concuffions^ 
on confulte aufli les devins fur le bien de 
chacun , & on prend fur leur avis une ré- 
folution définitive. La dôt Sc les préfen$ 
de famille reçus , le mariage fe conibmme 
au milieu des fefiins Sc des fpeâacles , fans 



dbyGoOgl'" 



»i i'Afriqui et Di t' AmIrique. 1 J 5 
aucune cérémonie religieufe. L^s Tala-^ 



poins viennent fe«leinent un ondeux jours Histoire 
après la confommation petterde Teau be- ^'* Inde» 
l^ice Sa réciter dés prières fur les mariés. 
La plus riche dbc à Siam eft de cens catia 
ou quinze mitte livres ; on fe marie or- 
dinairement i fertur^ ^g^l^ 9 dis^^ l^s plus 
forces communautés ne font que de dix 
tnl\é écus. Le mariage eft défendu aux 
premiers degrés de. parenté; les Rois qui 
0nc le malheur d*ètre indépendans des rè- 
gles , fe mettent quelquefois au-deffus de 
eet afage. Chaou-Naraïe aveit époufé fa 
feur & fa fille unique , née de fa fœur. 
Parmi les femmes des Siamois , la gr^nJi 
f^mt a toures fortes d*avantbges fut les 
petites ou concubines ; fa fuccemon lui ap-^ 
partienr, elle lui donne le droit de ven- 
dre les autres femmes & leurs -ehfans , il 
il n'y a que les fiens qui héritent , & par 
portions égales. Le mari eft naturellement 
le nwîrre du divorce ; cependant il ne le 
leftife guère à une femme qui l'exige ab- 
folument. On dk que les ménages font 
prefque tous heureux ; il n'en fiiut peut* 
être pas conclure que les femmes font fi- 
délies^ mais plutôt que les maris ne font 
pas jaloux : cependant les Siamoifes ont 
moins de penchant à fe livrer aux étrangers, 
qufiL les Péguanes étabUes parmi elles; 



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-Comme elles ont moins de vivacité, ori 
Histoire p^^ croire qu'elles font de complexîon 

DES IndIS. • /* 

'^ ^ moins amoureule. 

Les Siamoifes font détournées de la 
galanterie par le Iravail auquel elles font 
condamnées pendant les corvées de leurs 
marîs , qu'elles nourriATent du fruit de 
leur propre labeur ; paf la privation de 
toute efpéce de luxe de table &€ d'habits 9 
par la retraite dans laquelle elles vivent ^ 
du moins celles d'utie certaine condition ^ 
par le droit que leurs maris ont de les 
cùer ou de les vendre dans le cas du crime' 
avéré. Cependant ceux qui vantent leur 
fidélité donnent , fans s'en appercevoir^ 
beaucoup de preuves de leurs débauches» 
Le lit même des Rois n'eft point â l'abrî 
de cette fouillure. Les Siamoifes font fî 
fécondes , que fouvent elles âccouchenç 
de deux enfans à la> fois. 

Les funérailles , dit un Hiftorien de 
divers peuples de VACfe , fe font à Siam , 
comme dans toutes les Indes , avec des 
cérémonies qui n ont ri|n de lug4ibTe) Se 
qui femblent fuppofer que ces Adatiques 
ont moins d'horreur de la mort que les 
autres peuples. Cette indifférence doit 
naître naturellement de leur mifere& de 
l'idée de la métempfycofe ; cependant 
leurs obliques n'en ont pas moins Tappa* 



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BE l'Afriqxje et de t^AuitilQVt. 1J7 
feil de la criftefle & du deuil que chez les! 
nations que Ton fuppofe plus eflfrayces de Histoire 
rafoeûdeUaiott. ^ pis Inpes^ 

Dès qu'un homme a fermé les yeux » 
les Talapoins annoncent fa mort avec utie 
grolfe cloche d*airain deftinée à cet ufaee. 
Après qu on a lavé , ferré avec des bande* 
lettes & in|eâé le corps , on Téleve dans 
une bierre fur une eftrade au tour de la* 

Suelle on brub dçs bougies te des par* 
ims. Pendant trois nuits les Talapoins 
chantent dans la chambre des moralités 
fur là mort Se des leçons fur le chemin du 
ôel qu'ils enfeignent à lame. Ce temps 
-expire , le corps eft poné à la campagne 
idans le lieu où il doit être bjrûlé, c*eft-â^ 
dire 5 auprès de quelque temple. La fa* 
niille raccompagne en habit de deuil au 
fon des inftrumehs qui fe mêlent à leurs 
lamentations. Lorfque le corps eft placé 
fiud £arle bûcher y les Talapoins chantent 
pendant un quart d'heure, ils fe retirent 
enfuite , & l'on met le feu au bûcher. On 
ne lai0e jamais confumer entièrement le 
corps. Le feu éteint, U$ reftesdu cadavre 
font enfermés dans, la bierre 6c dépofés 
fous une des pyraoïides qu^^n voit autpot 
.jdes temples* Quelquefois on enterre avec 
le mort dts ridiefTes » fans aairidre qu'on 
f SW¥^kç 4m 4Ç5 ÎW<jqe h Relie; 



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i}S HisToms Di l'Asib, 

! gkm 4oK rockire inviolables. Dans ks fn^ 

HisTotftt nécadles des grands » on jei» fur le bu- 

4IM Inms. cher des papiers décalj^ repréfentant 

mm la plûpait des aïonfbes bifarres , don c 

les Chrédcos ont pris quelques-uns i fi- 

Sre homaîne pour des cUaëles. Il anive 
ivent qae les Takpoins les iattvencdes 
flammes pointes employer à d*aacr^sobâ- 
ques. Quelquefois avant que de brûler 
le corps , on donne èes fpàflades autour 
du bûcher } oe qui a ^ut-ècse doàné liea 
à la remarque de TÂutein: que j'ai doé au 
commencement de ceiardcfe. « Ces fpec- 
>• racles, dit h Lgubete , mai copié par 
'^ l'Hift^rieii des voyages y ne ibnc ippel^ 
» lés aux fimcraîlies par aucune vue de 
» Religion, mais /eidemem |KHir les ten^ 
» dre plus lygnifiques, Ih donnent à la 
n. cérémonie un aîfr de^te , A néanmoins 
»> les parms du mort nt laiflî^ pas dy 
:»i £ciire beaucoup cfe lametiMiioas 6c d*f 
^ verfer beaucoup de larmes. » Les paa- 
ivres qui 4i ont pas le moyen de Mte iet 
frais néce^atres poor btûier les cadavres 
de Jçurs proches , ni de payer les Taû- 
poinspour les enterrer , les ei^ofem dans 
quelque lieu^minent pourfervic de patois 
«tfz oifeaux de proie. Ia loi dé^nd 4e 
i>r&ler ceux tpà ont fki «l'une mew vài- 
^ate ^le$^ciimi{tels,le$eÀfefy$mo4^^néf, 



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À 



DE L*ÂFRIQVEET DE l'AmEHIQVE IJJI 

les femmes mortes en couche , &c. Les " ' ■' ■ * 
Siamois ftiettent les malheureux au rang Histoire 
des coupables, parce que dans leurs prin-"* Indw? 
cipes^ii ne peut arriver de malheur à Tin** 
nocence. Le deuil n'eft point forcé à Siamj 
chacun y fuit le fendment de fa douleur. 
L'on y voit pl«s {buvent les perès Se les 
mères vêtus de blanc &rafés pour la mort 
de leurs enfans , que les enfans pour celle, 
de. leurs pères & de leurs mères ^ té- 
moignages d'une horrible barbarie. 

Les^erfs- volans ou vas de papier , amu- 
fement de toutes les Cours des Indes > le« 
luttes corps à cotps , les courfes de balons 
6c celles des boeufs y les combats d'élé- 
phans» det^res& de coqs, les feuxd'ar« 
tifice , les tours des Saltinbauques , les 
marionettes de Laos, des comédies Chi« 
noifes, forment les principaux divertif- 
iemens des fêtes. Les Siamois ont aufli 
trois fortes de fpeâacles de théâtre } It 
Cône , danfepantomÎAie, mêlée de chants 
& exécutée par des hommes mafqués 
d'une manière hideufe & armés pour rer 
préfenierpar des comorfions exuavagantet 
des combats ; le Lacone, poème qm tien^ 
de répiane & du dramatique dont le ûijeç 
eft une hiftoire férieuie dont le récit ou h 
repréfemation dure environ trente -iii( 
heurtes dans Tefpaçe de trois jours } le 
£abam, dont les chants ôc lesdanfes^exé- 



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14^ HisTomi DE l^^Asie; 
! cotées par des femmes & par des hom* 

Histoire tnes , roulent fur des fujets de galanterie. 

M$ iNiiEs-LeCone & leRabam font employés^'dans 
les funérailles. Le Lacone fert principale- 
ment à folemnifec la dédicace des tem- 
ples. 

Le divertifTement le plus familier de 
ces Indiens eft le jeu, qu'ils aiment juf- 
qui rifquer leur formne, leur liberté, 
& celle de leurs enfans. Ils préfèrent à 
tous les autres le faca ou triârac; Le ta- 
bac en fumée a beaucoup de charmes pour 
les deux fexes. Ces plaifirs, les repas & le 
fommeil remplilTent la vie d'un oiamois» 
pendant tout le temps où il n'eft point oc- 
tupé au fervice du Prince. Ils abasidon- 
nent à leurs femmes la culture des terres» 
les travaux pénibles , les foins du ménage, 
& tout fouffre. 

La politefTe eft (i grande danis tout 
rOrient , même , à l'égard des étrangers , 
qu'un Européen > au rapport de la Lou- 
bere, s'il y a fait un long féjour, a bien 
de la peine à s'accoutumer de nouveau aux 
familiarités & â l'incivilité de nos con- 
trées. Les cérémonies font aufii eflentielles 
êc aufli multipliées à Siam qu'à la Chine. 
Accoutumés dès leur plus tendre enfance i 
ces pratiques , les Otientaux ne les trouvent 
point pénibles. Il eneftxlemèmedesdif- 
tinâionsi 



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JÊ^ 



DE l'Afrique et m L'AMïRiquE. 14 1 
lindionsi elles font encore moins dores J 
par l*efpoir qu ils ont d'en jonir à leur Histoire 
tour, ic de changer le lendemain de conr*^* Indes. 
dition avec leurs fupérieurs, fuivant le 
caprice du Prince. La politelTe & la dou« 
ceur des Siamois Te peignent dans leur 
langue, qui eft remplie de termes ref- 
peâueux Se flatteurs. Leur conGdération 
pour les femmes ne leur |)ermet pas de 
leur donner d'autres noms que ceux des 
chofes les plus précieufes & les plus 
agréables 9 jeune diamant , jeune or ^ 
jeune fleur » jeune cryftal. On ne manque 
jamais d'appliquer aux Dames la qualité 
de Nang, jeune» parce qu'on croit ici 
comme ailleurs que c'eft le compliment 
le plus flatteur qu'elles puiflent entendre. 
La civilité exige ici, comme dans tout 
rOrient, que quand on s'afiied^ ce (oit 
les jambes croiiées. Dans un cercle , les 
Siamois , s'ils ne font affis , s'accroupifTent 

}»ar refpeél les uns pour les autres. Les 
erviteurs devant les maîtres, les eens du 
rtuple devant les Mandarins , fe tiennent 
genoux le corps appuyé fur les talons, 
la tête un peu inclinée & les mains jomtes 
à la hauteur du front j devant le Roi , ils 
ïçi tiennent profternés fur les genoux & 
iur les coudes* Le lieu le plus élevé paflfe 
pour le plus honowblej dans un terrein 
, Tome K " L 



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i 

lÉlil^tÉliM 



241 :HlSTOIRl DE t*AsiE, 

' uni la droite eft la place d'honneor ; dans 
^IIY'""^ une chambre , c'eft le fond oppofc à la 
^^^^' porte. Quand les Envoyés de France 
ctoi^ht dans la falle bafle de leur hôtel , 
lés Siamois qui les fervoient ne montoienc 
j^oint ait premier étage, pour ne pas avoir 
hs'pîed*s àu-delTus de h tête des Mi- 
fîiftre^. Quûtid ki Mandarins de Siani 
logereht dans une hotelleriede VincjBnne , 
lûndts Ambafladeutsfobaltetnei qui étdit 
au fécond étage, s'ctant kpperçu qu'il étoii? 
âu-deflus de la lettre du R^i /gardée au 
|)remier étage par le principal Ambaffa- 
dcur, defcendit de fa chàunbre avec prér 
èfpit^tioft , 8c fte vouîut filHs y Temonter. 
Par lihe fuite de ■ce- pi^gé , les Samois 
tlrouvent fort extraordinaire qti'eti Europe 
on place les valets dans le Heu le plus ex- 
liatiffé du logis. Par le même principe , 
il eft plils honorable, non-feulemenç 
tfêiris affe fifr.ufi fiége haut; que fur ùti 
fié^e bas, thais encôte d'ètte debout qu^ 
d'êtfè affis. - 

Comitie ïe lieu le pluséminent eft la plac^ 
de diftiniftion, la tête, comme la parti» 
du corps la pins haute ; eft la plus refpec^ 
tée. Ceft faire à queiqû'tih le plui gran(| 
des àffrôrjfe , que dele toa^^her à cette psz^ 
fit là : t^oûcher w^fme 4 îdn bohtiet , s'il Ji 
ïwflfe^Aelque part , i'tft nrïtà jnçivîfèrév 



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DE l'Afrique et de l'Amérique. 145 
Aaffi c'efl une très-grande marque de 
refped, que de fe mettre à foi- même fur Histoire 
la tête , une cbofe que Ton donne ou que ^^ ^^^* 
Ton reçoit. 

La table de ces Indiens n'eft pas fomp- 
meufe. Un Siamois fait a({èz b<inne chère 
avec une livre de riz par jour , qui revient 
fout au plus à un liard , & avec un peu 
de poiâon fec qui ne coûte pas davan^^ 
«âge. Il boit ordinairement de Teau. Une 
pinte d arrouk ne vaut que deux fous. Il 
«e faut point s'ctonner fi ces peuples ne 
font point en grand fouci pour leur fub^ 
fiftance^ &c fî Ton n'entend que chant dans 
leurs maîfoos. Les Siamois y quand ils 
mangeât de Ja chair , ce qui d% rare , prén 
ferait lés boyaux , les inteftiiis^. Se ce opi 
nous paraît le plus dégoûtant dans les 
animaux. Les poiflbns pourris , ks ceufs 
puans y les rats., l^ infeâes font pour, eux 
des mets exquis* Ils mêlent dans Ja plut 
part de; leurs alimens du capî y efpcce dé 
pâte dont l'odenair eO: très-puante : ce qui 
rend croyable ce qu'on a die des Chinoise ^ 

3u'ils tâtent fans dégoût les exorémeas 
es hommes 6c dés animaux , pour choi^ 
fir les plus propres i er^aiiler les terreai 
Les- viandes font dans œ fMiys fî pea iuc« 
oilentes Se fi indi^ôftes, que des JEun 
tc^>éetis c^^mêmes s'en.dégoûteacayeà 

Lij 



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144 HiSTOiHE DB l'Asie, 
!le temps* A ta honte « ce femble , de la 
Histoire fobriétc , ou plutôt parce qu'à proportion 
vt$ iNDis. jg 1^ chaleur de leur eftomac , les Siamois 
ne font pas plus fobres que nous , ils ne 
vivent guère plus long- temps que nons , 
ic leur vie n'eft pas moins attaquée de 
maladies que la notre. Les maux de dé- 
bauche n'y font pas rares ; mais la vé- 
ritable pefte du pays s'eft la petite vé- 
role. 

Rien n'eft plus (impie ^ue les meubles 
des Siamois. Ils fe réduifenc ordinaire- 
ment à quelques nattes d'ofier ou de paille 
de riz, qui leur fervent de lits, de fiéges 
& de foras. On voit dans les palais des 
Mandarins ^ des cabinets de la Chine, des 
porcelaines, des tapis de Perfe 6c quel- 
ques oreillers. L'élcphant eft la monture 
ordinaire des grands y les fimples particu- 
liers montent des bœufs Se des buffles. 
Leurs chaifes portatives confiftent dans un 
brancard qui loutient un iiége. Quatre ou 
huit bomm^ les portent fiirkurs épaules. 
11 y a pour les malades 6c pour les vieil- 
lards des efpéces de hamack , ou lits fuf-* 
pendus â une barre de fer portés de 
même par des hommes. 

Les Siamois ne connoilTent pas les hor- 
loges à roues. La Loubere fait mention 
iisulemenc d'une horloge d'eau # cbnc çn 



dbyGoOgl'^ 



M L'AmiQtJl IT Dl VAmÉRIQVE. 14J 

fe fdrt dans le palais. Le Roi tient des af- 
cronomes Mahométans à fon fervice. Le Histoire 
jour naturel fe divife ici en^x parties "^^^ Inpes. 
égales. Les années communes ont douze 
mois , divifés en femaines, dont les jours 
ont le nom d'une des fept planètes ^ fui- 
vanr l'ordre que nous obfervons. Les jours 
te les nuits font prefqu'égaux â Siam pen- 
dant toute Tannée. L'aftrdogie judiciaire 
eft profeffée par des Péguans ou des de- 
vins du pays des Bramas. ITne de leurs 
manières de deviner eft de fortir dans la 
rue > après avoir fait quelques opérations 
fuperftitieufes » & de recueillir au hazard 
les premières paroles qu'ils entendent pro- 
noncer* Cet oracle pafie pour infaillible. 
La magie & fes principales pratiques ont 
chez ce peuple beaucoup de reifemblance 
avec celles des Chinois. La fuperftition 
qui fe mefure par-tout au degré de Ti- 
gnorance , eft extrême à Siam. 

La médité des Siamois peut être une 
fuite de leur pauvreté 6c de la fimpli- 
cité de leurs mœurs autant que de la 
chaleur du climat. La plupari n>'ont 
pour tout habillement qu'un pagne , ou 
une pièce de roile peinte qu'ils roulent 
autour des reins & des cuiâes, & qui 
ne flefcend pas jufqu'au genou. Les 
Mandarins poncnc outre cela une che^ 

L iij 



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24^ Histoire DE l'Asie ; 
î mife de moufleline fans colet , & fî ou* 
p^rh^D^ verte par devant qu'elle leur laifTe la poi- 
^^*** trine découverte : elle fe met par deffus 
le pagne. Les Européens ont d'abord trou- 
vé plaifarit gue l'on portât la chemife par 
deflus rhabit, fans faire attention que 
cette chemife n'eft proprement qu'une 
refte ou un jufte-au-corps j de que ce qu'on 
appelle Thabit n'eft qu'une nmple toile 
dont la pudeur revêt ces Indiens. ()ans 
l'hiver, les grands ajoutent à ces vète- 
meïts une efpéce de mantciau ou d'é- 
charpe. Le bonnet blanc , haut & pointu^ 
eft une coëffure de cérémonie. Le foldaç 
a une efpéce de vefte en temps de guerre. 
L'habillement des femmes diffère peu de 
celui des hommes. Leur pagne eft feule- 
ment plus long, & elles le couvrent le 
fein. Malgré leur nudité, ces Indiens font 
très-modcftes , Se cette nudité même né 
furprend pas les Européens j il femble 
que leur couleur leur tient à nos yeux lieu 
d'habit. Les Siamois , auili peu vêtus qu'ilsf 
le font, peuvent aifément être propres -j 
ils prennent fouvent le bain & ils fe par- 
fument en plusieurs endroits du corpi* 
Une des loix de la polttefle, c'eft de ne 
point faire de viute de conféquencé 
fans s'être auparavant lavés. Ces Indiens 
s'arrachent la barbe. Ils ne coupent paç 



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DE L*AFRÎQVE^TMX*Awiïl1i<3?E- t^^^ 

leurs ongles, mais ils oin foin ji^ les^ 

peindre. ^ ^''''^''\ 

Lqs Siamois font d'une taille médiocre ^^^ ^^^^ 
mais bien proportionnée , qï^çi^'pn tes 
néglige plus qu'en tout autre ^ pays dants 
leur enfance. Geryaife aflure qyip ces Iiv 
diens , comnfxe la plupart des a|itre$ , n<î 
naiflent point bafanés , mais qu'ils n^ 
tardent pas à le devenir , parc^ que dès 
leur bas âge , on les accoutumé à marr 
cher nuds aux ardeurs du foleiL Ils on( 
le tour du vifàge plutôt lofange iqu*pval^> 
les yeujç petits y inanimés Se jaijmâtr^s^ 1^ 
xv^z court & arrondi parle bofltj Ig? foy^js 
creufes & larges *par le haut , la bouçh^ 
grançle.» les lèvres pâles & grofTes , Iç 
teint bran & rougeâtre. Les fçpjmçs foni: 
bien faite^, mais leurs traits fppt ihpqfr 
fîçrs qupn diftiugue â peine le^ir phybônqe 
mie do celle des hommes. L^uf;fein n^ i^ 
foutient plus dès leur prepiiete JeunePTe* 
mais quoique pendant , U ne cboqpe pas 
les yeu^ de leurs maris. Les Siamois qui 
avpiept été en France avq^Qient que, qupi- 
Qu'ils n'eu/Tent pas d abord été fprt toi*r 
chés ni de la blancheur, nj de^ yf^iits 4^ 
Fr^ngQif(^s , néanmoins ils ^vpient bientôt 
compris qu'elles feules ^toi^nt bçUes ^ 
que les Siamoifes nç rétpiçnt p^s, Le^ 
Rois de Siam , ainiî que le Mpgol ^ 

L iy 



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14* H I S T O I R I D« l* A S I E , 

! d'autres Monarques Indiens , onk toa* 
Histoire jours dans leur ferrail des femmes 
f>ts Indes, blanches de Mingrélie ou de Géorgie, 
caraaercdc» L^ Loubere i avec fa plume philo- 
^"^^^ fophique» retrace ainfi le caraûerejde 
ces Indiens. Comme l'aifance fe trouve 
dans le bon marché des chofes néceflaires 
à la vie , ic comme les bonnes moeurs fe 
confervent plus facilement dans une ai- 
fance mbdérée que dans une pauvreté ac- 
compagnée de trop de travail ou d'une 
oifivete trop abondante » on peut apurer 
que les Siamois font gens de bien. Les 
vices font honteux chez.ce peuple. On ne 
les ^ excufe ni comme plaifanterie « ni 
comme fupériorité d'efprit. Cet éloge 
fouffre pourtant beaucoup de reftri^lions , 
&4e prmcipe fur lequel il porte n eft pas 
tigoureufément applicable aux Siamois , 
qui pafleht la moitié de l'année dans les 
travaux & l'autre moitié dans l'inaiftion. 
Un Siamois, pour peu qu'il foit au-de(Fùs 
^ de la liedu peuple, loin de s'enivrer, auroit 
honte de boire de Tarrouk , du moins pu* 
bliqtiement. Les anciens ont retnarqué que 
c'eft rhumidité des alimens qui défend 
les Indiens contre l'aâion du foleil qui 
brûle le teint des Nègres \ & cotone leurs 
cheveux, La nourriture des Siamois eft 
encore plus aqueufe que celle d'aucun 



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BB l'Afrique et de i'Amériqui. 14^ 
autre peuple des Indes ^ & Ton peut leur • 
attribuer toutes les bonnes & les mau- Histoire 
vaifes qualités qui viennent du flegme & ^^^ ^^^^^* 
de la pituite, effets néceffaires de leurs 
alimens. Ils cm de la douceur , du fang 
froid & peu de fouci. Ils fe pofTedeat 
long- temps, mais (^uand une lois la co;* 
1ère les emporte > ils ont peut-être moins 
de retenue que nous. La timidité, la dif- 
fimulation,la taciturnité, l'inclination à 
mentir croifTent avec eux. Ils font opi- 
niâtrement attachés à leurs coutumes au- 
tant par pareffe que pat refpedt pour leurs 
ancêtres. Ils ne font point curieux & ils 
^'admirent rien : ce qui eft le caraâere de 
l'extrême bêtife. Leur phyfionomie auffî 
ftupide que (ombre , paroît confirmer cette 
ideej cependant on aflure qu'ils ont la 
conception aifée , les reparties vives , l'ob- 
Jeûion jufte & l'art de l'imitation. Leur 

fi^areffe invincible détruit tout d'un coup 
es efpérances que leur intelligence femble 
donner aux premiers effais. 

Orgueilleux avec ceux qui les mé- 
nagent, rampans avec ceux qui lesdé-^ 
daignent, ils font ruiés Se changeans, 
comme tous ceux qui fentent leur propre 
.foiblcflTe. Le roenlbnge eft fort commua 
.parmi eux. Quoiqu'ils fe promettent une 
xtecnelle amkié avec de grandes cérénu>^ 

Lv 



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1^0 Histoire pi t'A su; 
^"***^*^ nies , jufqu'i boire du fang l'un de l'autre^ 
Histoire ^ la manière des anciens Scythes & de 
DES Indes plufieurs nattons de TOrient , ils ne laiflenc 
pas (Quelquefois de fe trahir. Il n'eft pas 
étrange que le vol foit eftimé fi infâme dans 
un pays où I on peut fi aifément gagner fa 
vie. La honte d'un vol fe répand fur toute la 
famille du coupable. Cependant loccafion 
de voler a tant de Rîrce fur eux » qu'elle les 
entraîne quelquefois , lors même qu'elle 
eft très-pérideufe. Un Siamois avoit été ^ 
dit-on , chargé de retirer de la gorge d'un 
voleur quelques onces d'argent qu'on lui 
avoît fait avarier ; il ne put s'empccher d'en 
dérober une partie. Puni du même fup- 
plice , un fécond s'y expofa en Commettant 
fur lui la même faute. Un troifieme cou- 
rut le même danger fur celui ci. Le Roi fit 
grâce au dernier , en difant qu'il feroît 
mourir tous (es fiiiets , s'il ne fe déter- 
minoit une fois à pardonner. Je ne puis 
citer cette hiftoire que comme un conte 
imagina pour donner ime idée de la vé* 
rite. On fçait qu*utt des Mandarins en- 
voyés en France prit en Flandres dans unfe 
maifon où il avoit dîné , dcb jetions > qu'il 
prit pour de la monnoie du pays. 

Ceft par la calomnie que ces peuples 
exercent leurs haines fecrettes êc leurs ven- 
geances « Se ils y trouvent de la faciUcé zxt^ 



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DE l'AîriqiJeit de L'AwiAIQWE. 1 5 ? 
près des Juges qiri , en ce pays comn^e en 
Europe, vivent Ae leùrprofeffioh. Quand Histoire 
leur haine eft extrême ^ce qui eft rare , ils ^^^ ^°^V 
affaifinént bu ils empoifonnent j ils ne 
connoififent point U vengeance incertaine 
des duels y la plupart de leurs querelle^ 
néanmoins n'aboutilTent qù*à des injùrea 
réciproques & à des coups de coude. La 
bonne roi eft grande a Siam dans le com^ 
merce j mais Tufure y eft pratiquée fans 
bornes , parce que les Loîx ne la pu- 
niffent point. L'avarice paroît être le vice 
eflentiel du Siamois j s'il amaflTe des ri- 
chûffes , c*eft , non pour les employer, maïs 

four les enfouir : tout y j «fqu a la religion ^ 
uî infpire cette prévoyance. , 

Les vieillards fgnt auflî refpedcs ^ 
Siam qu a la Chine. Vidée ^ue 1 on a de 
U fubordination Se de Tunion Iqui. doit 
régner dans les familles , eft telle , qu'un 
fils qui voudroit y plaider contire fes pa- 
ïens y pafleroît pour un monftre.' Perfori- 
ne , dans ce Pays y ne craint ni le maria- 
ge , ni le nombre des enfans; mais ce n'eil 
point vertu , puifque le nombre des enfans 
peut faire là richçffe du père. L'intérêt ne 
divife point les famille&i car elles feroient 
vi(ftimes de leur imprudence , s'il les çon- 
duifoit devant les M^giftrats. P'ailleuts' 
xout y eft réglé par le d^fpotifme du petc 

Lvj 



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15* HisToiRi Di i*Asxi, 
fur les enfans , & par des loîx fimples* 
HisToiRB Les parens ne fouffrenc pas que leurs pà- 
i>*s Npis. ^ç^^ demandent Taumônc , i cauft que la 
mendicité eft honteule pour toute la fi- 
mille. La jaloufie n'eft , dit-on , chez les 
Siamois qu'un pur fentiment de gloire , 
qui eft plus grand en ceux qui font ptu,s 
élevés en dignité. Il n y a point dans tour 
tes ces contrées de femme de bien qui 
n'ainue miei^x » en une occafion de guérie » 
que Ton maj:i ta tue , que s'it là jailTo^c 
tomber au pouvoir des ennemis. Cepen- 
dant , quoiqu'elles ibient capables (k fà- 
crifier leur vie à îeur gloire, eties ne laif. 
fcnt pas quelqiiefois de fifquer pour leurs 
.plaifîrs fecrets leur gloire & leur vie. En- 
fin les humeurs de^ Siamois , dit la Lou- 
bcre, (ont tranq^illel comme leur ciel^ 

3ui ne chinge que deux fois Tannée , & 
'une manière infennbte. Ils ont , a;oute- 
t-il, le bonheur de naître Philofophes. Je- 
©e crois pas que mes Leâ:eiir§ adoptent 
cette idée.. 
ïfi»crN«t Diverfes Nations' Étrangères ont form^ 
^^^ de& Colonies, i Siam. Gervaife aflure que 
ces Colonies compofen^ au moins U tiers; 
des habiiâns du Royaume. £tleS' (ont fi 
Htifcs que llmérêt du gouvernement les^ 
girantit de h tyrannie. Les, Siamois; 
SuumQUter t^noisbre <les- Nations cta.-^ 



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©Ei*ArRïQ^i îT ©E t* Amérique, i jj 
biies dans la Capitale feule à quarante y ' 
maïs la Louberc n'en compta que vingt-.^^*^^^ 
utjc , piar les Députés qui vinrent le faluer ^^^ *hdis. 
comme Envoyé de France. Chaque Na- 
tion a un chef qn*elle élit avec l^agrément 
du Prince , & qui la gouverne félon feis 
Loix. Les Laos Se les Peguans font les 

{>lus anciens Cotons Etrangers. Les Ma- 
ais^ les Maures Indoftans Se les Macaf- 
faiois, font alTez nombreux pour caufer ..^ 
de grands mouvcmcns dans TEtau Lci 
Japonnois» les Chinois, IcsTonquinoîs^, 
les Cochinchinois & les Camboyens , jr 
ont auffi des établiflèmenî. Le plus flô- " 

TÎflTanteftcetui des Chinois y iîs contribuent - 
beaucoup , avec les. Cochinchinois , à, faire 
valoir les terres. Parmi l'es Nations Eu- 
fopéenes, les Portugais y font auffi pauvres: 

Sue libertins Se pareneux. 11 y a peu 
'Ânglois. Les Holtandois plus heureux.. 
Se peut-être plus rufôs que le» autrés^ 
Européens , s*^y maintiennent dans un état 
alTer brillait. Les François n ont £àit qu^ 
paroître. 

Peignons d\in feuï trait te pays , legoa- 
vernement & l'état d^ Siam, Les terres, 
cultivées y rapportent ordinairement loo- 
pour un » pu pmtot la natiu:^ , pour peu 
qu'elle fbit fbllîeitée par le travail', y ré- 
pand fes dbwi Êuii mcfuié ^ & un» ttc^ 



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-• ^■^' ÎÊià 



254 HisToiRi T>,E i*ÀsrE, 
petite population ne jouit que du ncce.Ç; 
Histoire {^Ij-ç j^ns ce paradis terreftre. 

PIS IN0£^. ^ 

Vc la Prefqu'Iflc de Malaca. 

Elle forme une langue de terr,e fott 
étroite i la pointe méridionale delà gran- 
de péninfule. Sa longueur peut être de 
quatre vingt ou cent lieues du midi au 
nord. Elle ne tient au continent que par le 
coté du nord , lequel confine au Royaume 
de Siam , ou pluiôt à celui de Johor. Un 
canal étroit qui porte fon nom , la fépare 
au fud-oueft de l'Ifle de Sumatra. C'eft 
un des pafTâges les plus difficiles & les 

fJus pénibles de Tlnde pour la navigation. 
1 baigne quelques petites liles. 
Obfarvatîons Avant que le Cap de Bonne- Efpéranqe 
*^*"*fîit découvert, la ville de Malaca étoit le 
grand marché du Levant pour les épices , 
les drogues, & toutes les produétioos des 
Mes. Les Na[ions de l'Occident s y ren- 
doienr pnr la Mer Rouge Lorfqae I^$- 
Hollandois la conquirent fur les Portu- 
g.us,elle croit fart ucchue de fa fplen- 
deur, quoique firuée fur une h.mteur, la 
feule que ion voie Jans fes campagnes,, 
les palmiers de les cocotiers dont la ^ôt^ 
eft couverte , en dérobant la vue du côté 
de h mer. Le P. de Rhodes obferve quj? 
quoique la chaleur foii eitrème daa& k 



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T>E l' Afrique tT t>i t'ÂMiaiQTTB. 155 
Pays y puifque Malaca n'eft qu'à deux de- ! 
grés de la ligue , les fiuits d'Europe n'y Hi&toiri 
uiùrifTent point, faute de chaleur^ parcç^" In»i$i 
aue le foleil, dans le tems qu'il a toute fa 
force , attire tant d'exhalaifons & de va«- 
peurs » qu^l eft toujours czçhé par les nua* 
ges^ & que les vents impétueux 6c les 
pluies continuelles s'oppofent à la matur 
rite des fruits qui ne font pas propres aa 
climat i ce que l'on peut entendre des fruits 
qui ne demandent pas beaucoup d'bumidi!- 
lé. Le pays eft fujet aux inondatipiis , cour 
vert de bois épais , remplis d'animaux fé- 
roces^ ce qui oblige beaucoup de voya* 
gçurs à pa(ler ta nuit f^r d^ grands arbres» 
Des relations affurem ,que l'intérieur du 
Royaume , c'eft-à-dire y ce que les Euror 
péens n ont pas fubjuguc , eft habité par 
fept Nations qui ont chacune un Souve- 
rain particulier. Les Indiens font braves » 
6c leurs femmes libertines a l'excès. Sau- 
vages 6c brigands , ils vivent dans les 
bois 6c fur les rochers , de fruits , & 
de la chair des animaux. On a dit que / ^ 

les Malais avoiem tant 4e penchant 6c 
d'eftime pour les blancs , que quand ils 
Vpyoieni arriver quelqu' Européen fur leurs 
cotes, ils leurs offroiem leurs femmes $c 
leurs Hlles , pour avoir des enfans qui leuc 
leiTefubiaireac. Malgré la barbarie de leui^ 



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15* HlSTOIRl DB i*AsrE, 
î mœarç , leur langue paffe pour la plos 
2$ ^'** belle des Indes ; & c'eft ridiome le plus 
^^** univerfellement répandu dans toutes ces 
contrées. Elle doit fans doute fon éten* 
due» & peut-être fa beauté à lancieu corn* 
merce du Pays. 

Au milieu des dons les plus précieux 
de la nature, Tinquiet & féroce Malais 
eft miférable. Entre ce miférable peuple » 
les Siamois Se les Camboyens aûfli tnu 
férables que lui » un négociant Chinois^ 
nommé Kiang-tfe , a entrepris au com- 
mencement ^ ce fiécle de défricher le 
territoire de Cancar , ^pellé Royaume de 
Ponthiamas, & de gouverner fa Colonie 
par les loix feules de la r>amre. Ce pays 
eft aujourd'hui le grenier de la reflburce 
des peuples voifins. Le ftls de Kiang-ife 
règne comme lui, ou plutôt il eft le pre- 
mier laboureur de fon Royaume , car c'eft 
la nature qui règne , & tout eft bien. 

Royaume de Camboyc. 

ob^rradwir Ce Pays , autrefois dépendant de Sititv, 
^cr Royâu.jji,înfi que Malaca , eft fitué dans la partie 
"**' orientale de la prefqu'Ifle , borné- à Teft 

par la Cochinchine & le Royaume de 
Chiampa , au* midi par la Mer , au nord 
par le Royaume de Laos , au couchant par 
l'Et^u de Siam, Un grand Eeuve^ nommé 



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fi 



DE t*AFRIQUE ET DE L*AMilLIQtJB. 257 ^^^^^ 

Xlécon , le cdupe dans toute fa longueur. ■'* 

Lauweck, Capitale, bâtie fur ce fleuve,^*"^'** 
eft la feule ville qui nacrite quelqu*atten- ^** **^^** 
tion. Le Roi y fait fa réfîdence dans un 
Palais fort fîmple , environné d'une nalif^ 
fade en forme de cloifon de Hx pieds de 
haut , 6c défendu par un grand nombre 
de canons de la Chine , k de quelques 
pièces fàuvées du naufrage de deux vai^ 
leaux Hollandois. L'intérieur du Palais » 
quoique bâti de bois , y éclate d or & d'at- 
^ent ; tout y eft d*une propreté charmante. 
1 y a beaucoup d'Etrangers dans ce Pays 
mal peuplé, quoique fertile. Ileftrenipli 
d'eaux , de montagnes 6c de forêts* On 
nomme les principaux Officiers de TEtac 
Okneas ou Okinas , 6c les Officiers fubal* 
ternes Tonimas. On reconnoît les premiers 
â une marque d'honneur reçue a Siam } 
c'eft une boëie d'or, pleine de bétel , qu'ils 
font porter devant eux , ainfi que deux 
épées , ou qu'ils ont dans les mains. Les 
Tonimas n'ont que des boctes d'argent. 
Les Talapoins tiennent le premier rang 
dans l'Etat , quoique , fi l'on en croit le 
P. Martini , a les juger par leurs mœurs , 
on doive les regarder comme le rebut 6c 
la lie du peuple. Leur pouvoir s^étend fut 
les atfaires civiles. Us ont avec ceux de 
Laos un chef commun, titré Raja Pour/on^ 



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158 HïSTotRE pE i*A$i«; 
Roi des Prêtres , qui réfide à Spmbrapour^' 
HnîToiRE fuj. içj frontières des deux Royaumes , 8C 
NDis.jq^j I jç toutes les caufcs de fon dif- 
triâ:. Les Talapoins de Laos peuvent 
avoir une femme. En 1717, le Roi des 
Camboyens étant menacé d'une irruption 
des Siamois y offrit au Roi de la Cochin^- 
chine un tribut perpétuel , pour obtenir 
fon affiftance j fpn offre fut acceptée. On 
donne à ce Royaume cent trente lieues 
du midi au nord , & cent du levant ^^ 
couchant. La plus grande partie du terreip 
eft inculte & inhabitée* Ces Indiens tuent 
fans fcrupule les cerfs , les buffles , & mê- 
me les éléphans j ils fe fervent fort adroi- 
rement des armes à feu y leurs femmça 
font jolies , fpirituelles Se coquettes. 

Au fud eft du Royaume de Çamboye ; 
on trouve celui de Chiampa , qui eft fx 
peu confidérable , qu'il n'a point attiré les 
regards des voyageurs. On n'en connpjt; 
pas même la Capitale. 

Du Royaume de Laos. 

obrêrratloM I! eft placé prefqu au centre de la pref- 

^«pay»« qu'ifle , entre le Tonquin , Camboye', 

Siam & Pégu , £tats dont il éft féparé par 

des forêts impénétrables , & par des pion- 

tagnes inacceilibles. Il eft traverfé ^ ainfi 



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l 



DE i.*Afriqub et de l'Amériqve. 259 
^ue Camboye , par le Mécon , qui prends 
*a fourcë dans la Tartarie.On doit le peu Histoire 
de connoiCTance que Ion a de rintérieur*^^* Indïi^ 
de cecte contrée , à des HoUandois en- 
voyés , en 1 ^41 , en amba0ade au Roi p^ 
le Gouverneur de Batavia , lefqaels re- 
montèrent le Mécon , depuis Camboye 
jufqu'd Winkjan ou Langion , Capitale 
du Pays des Laos. Le rivage leur ofFric, 
par intervalle , des villages & des bourgs 
alTez bien bâtis , i la manière du Pays. La 
petite ville de Baatfiong étoit autrefois le 
féjour des Rois. Les Laos font prefque 
tout leur commerce à Meunhok. Les 
Etrangers ne pénétrent pas aifément dans 
l'intérieur du Royaume. Les Siamois met- 
tent fouvent quatre ou cinq mois pour v^" 
nir, 8c trois moispour s'en retourner ches 
eux. Les Chinois le rendent une fois tous 
les deux ans à Meunfwa , lieu retiommé 
fur les frontières du Pé^u , où ils defceni- 
dent la rivière dans des pirogues » pour 
venir vendre des étoffes de foie. 

Les revenus du Roi coniiftent , pour la 
plus grande partie , en or , en gomme^lac- 
que , en benjoin , en dents d'é^phans , en 
mufc , en foie > en peaux , &c. Cent famil- 
les font taxées à lui fournir entr elles ua. 
demi*marc d'or chaque année. L'entretien 
des pagodes abforbe pre%i'emiéremenc 




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^^ 



C:'f^\iâèié^'^ 



i6o Histoire de l'Asie^ 
ce produit. Il n'y a que tcois charges prîn- 
ftisToiM dpales dans le Royaume » doncIeGoo- 
^is iNois. yernement eft panagé entre ceux qui en 
font revêtus » fous le titre de Tevinia. Le 
premier » Vîceroi général , difpofe de tout . 
a la mon du Roi , comme Souveraiu ^ 
jufqu'â ce que Ton fnccedeur ait été recon- 
nu. S'il ne fe trouve point d'héritier légi- 
time , il a droit i la Couronne , au pré- 
jndtce des enfans des concubines du feu 
Roi. Le P. Martini divife le Payi en fept 
Provinces gouvernées par fept Vifceroi^ , 
avec une ^ale aatortié. Chaque Gouver- 
nement entretient fur les taxes une mi&e 
Ivaniculiere. Au rapport des HoUandois , 
e Roi de Laos peut menre en campagne 
une armée de quatre-vinet mille hommes. 
Le Pays eft l^n. Les éîéphans y font (î 
communs , qu'on affure qu'il en a tiré fon 
nom , Laos (igniâant milliers d'élépbans. 
Le fel s'y forme naturellement d'une ef- 
péce d'écume que les grandes pluies laif- 
lent fur la terre, 6c qui fe durcit aa 
foleil. 

Du Royaume du Pégu , iTjiva , &c. 

«bfetvttîoni Le Royaume du Pégu , en y compre- 

ftir CCI diffé- nant le Pays ci'Ava , Martaban , Prom , 

"^ Brama, & d^tres petits Etats de fop an- 



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Dî L*AfRIQU1 et D1 L'AMiMQUE. itf I 

ciennc dcpcndance qu'il a perdus & recou- 
vres en divers tems , a cent lieues d'cten- Histoir» 
due du nord au midi , cinquante du levant *** ^«des* 
au couchant dans fa plus grande largeur. 
Ces Pays font dans la partie occidentale 
ic dans la partie feptentrionale de la pref- 
qu*I Ae i la Chine au nord ; Arrakan Se le 
Golfe de Bengale au couchant y Siam au 
midi i Laos i l'Orient. 

A va , Capitale du Royaume de ce nom^ 
& réddence aéhielle des Rois de Pégu , 
eft fur un fleuve de fon nom. Le Palais 
du Roi confifte en quatre corps de logis , 
au milieu defquels s'élève un pavillon , 
dont les murs extérieurs font dorés. Les 

3uatre pones de ce corps de logis regard- 
ent les quatre points au ciel. Elles s'ap- 
pellent la porte d'or » la porte de la juftice, 
la porte de la faveur , la porte de la magni- 
ficence. Les Ambafladeuts & les perfonnes 
qui apportent de;;s préfens , paflent par la 
première^ la féconde cènduit au Tribu* 
liai ; ceux qui ont obtenu des bienfaits 
palTent par la troifiéme \ la dernière s*ou- 
vre lorique le Roi fe fait voir au peuple 
d^ns réclajt de Sa Majefté. Les rues d'Âva 
font alignées & bordées d'arbres. 

Bakan eft une ville aifez bien bâtie 
pput le pays. Prom fprmoit la capitale 
4'^n petit t^i (imîcrophe 4'Ay4 <S^ du 



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îtfi Histoire di l*Asie, 
îpégu. Soriam , ou Syriam fur le golfe de 
mJ^'w Bengale , eft le feul pore confidérable du 
• Royaume. Les Européens y font un grand 
débit de rubans & de chapeaux. Les Pc 
guans connoiiTent fi peu la véritable qua- 
lité de l'argent qu'on y mcle jufqu a un 
quart d'alliage fans qu'ils s'en apperçoi- 
vent. Le ptomb eft là monnoie courante 
du pays, 

Pégu , ou plutôt Siren , bâtie fur le 
fleuve de fon nom qui fe jette dans le 
golfe de Bengale, n'a pas aujoiird'hui I2 
vingtième partie des habitans <jueUe 
comptoit dans le temps de fa fplendeur. 
Ses anciens foflKs , qui font aujourd'hui 
une terre labourée, ontfixou feptli^es 
de circonférence , ce qui prouve que c'é- 
toit autrefois une des plus erandes villes 
de l'Orient. . 

Mamban , près du golfe de Bengale., 
«nvirori trente lieues au deffus de Mer- 
gui, ville Siamoiiè ,'eft la capitale d^ua 
État fituéentrele f)a)rs^u Pégu & celui dé 
Siam.Sofi porc, autrefois capable de por« 
ter des yaifleauxde toute grandeur , a été 
comblé par les Monarques du Pégu , qui 
ont tâché d'attirer à Suriam toutlecom*- 
merce maritime. 

Tavern^er dit de ce Royaume , qu'il n*a-i 
voit jamais va , que c'eft une des plus pau*^ 



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t)B^' Afrique it de L'AMéRijçjvE. i^ j 
vres contrées du monde , d*6ù il ne vient ! 
que des rubis. Sheldon ^ qui avoît vifiié Histoire 
le pays pouf en canndkre le terroir & les ®^* Indest. 
ûfages , aflTure qu'avant les dernières guér- 
ies , les ricfaeffes du Roi égaloient celles 
des plus grands Pïinces de l'Orient. La 
partie méridibnàle eft d un bel afpeéè , & 
d'une fertilité con/îdérable, canfïe parlés 
débordemens réglés ées rivières. Dans le 
refte du Royaume , il y a beaucoup de* 
lieux deferts. Le long des côtes de Ben-» 
gale , il y a quelques ifles inhabitées de la 
dépendance du Pegu. L'air de ce Royaume 
eft très fain-j il convient mieux aux Euro» 

Î^éens que cehit d'aucun antre pays de 
Inde. La petite vérole infpire tant de 
frayeur aux Itabitans que Ibrfque quel- 
qu'un en eft attaqué, on le laifle feul dans 
le logis avecquèiquenourrimre, & qu'on 
fte vient qu'au botu de trois femaines s'in- 
former de fou fort. S^l guérit , on le porte 
jen triomphe , 8c l'on célèbre fa convalef- 
cence avec de grande^ démonftrationi 
jd'allégfeflr^. 

Le Rôi de Pépi eft appelle Kîak , Dieu ^ Goureme-^ 
car fes fuj^s. Chaque province entretient ^^■g^"^*^^ 
a la Colir un Député qui rend compté ad çu. 
Roi ou à Ifes Mibiftres de la conduite diià 
Gbuveiiiètrrs. Lotfque ceS' Officiers font 
i» fettte / otx çfiïfeirim !îWrfiple^#^ 



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1^4 H LS TOI RE DE l'AsiE, 

î Les Grands font tenus dans une ctrpice 
Histoire fujeition. Il y a une milice réglée qui ne 
Ms Imdbs ^qqjç jJç„ J^^ j^^qJ ^^^ temps de paix. 

Entre les fètes que Ton célèbre dans ce 
pays , celle qu on appelle Kollok en Thon- 
neur des Dieux de la terre , conHAe dans 
des danfes exécutées par des aâeurs que 
le peuple a choifis. On veut que ce 
(bient^rdinairement des hermaphrodites , 
dont le nombre eft , dit-on , fort grand 
dans le pays. Us danfent jufqu à perdre 
haleines &.-quelquefois jufqu à tomber 
en défaillance. Revenus de cet évanouif- 
feraent, ils aflTurem que les Dieux avec 
lefquelsilsont converlé , leur ont révélé 
des fecrets importans. 

Les Péguans paient uâe dot aux parens 
des femmes qu'ils époufent. Les loixdu 
mariage font très rigoureufes contre les 
Péguanes , fans qu'elles puiflent mettre des 
bornes à la corruption. Les maris peuvent 
répudier â: vendre leurs époufes lorfqu'iis 
s en dcgoûtent , ©u qu elles font infidèles. 
Les femmes n'ont en main d'autres armes 
pour fe venger de rinfidéUté de leurs 
époux que le poifon , & elles s'en fervent 
" quelquefois. Cept^ndant Sheldon affure 
quelles jouîffent de la liberté d'abandon* 
ner leurs maris en leur reftituant ce qu'i'f 
ont donné pouî: Us obtenir. Un mari qui 

quitte 



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DEL-AFUîQTJIÏTDEL'A^tlRIQUE. l(j$. 

quicte le pays pour fes affaires y doir 
donner à fa femme unepenfionjaurrement Histoire 
après un an d'abfence elle eft dégagée du »*« Indes. 
lien conjugal. Si la rente lui ell exade- 
ment payée , il ne lui eft permis de pren- 
dre un autre époux <ju'au bouc de trois ans. 

Les loix du Pégu ont en général beau- 
coup de conformité avec celles du Japon , 
& {es ufages avec ceux de Siam. Les Pé- 
guans font, comme leurs voifins , doux , 
tociables , parefleux, voleurs , fourbes, 
menteurs , lâches , Ôcç. C'eft une opinion 
établie dans les Indes <}ue les peuples y 
om plus ou moins d'efprit ielon qu'ils 
font plus voifins ou plus éloignés du Pégu. 

Les peuples de la Péninftle difent que Tf adîtîom 
Jes reliques de Sommonaçodom font gar^ duvé^M. 
dées dans ce Royaume , & que fes os ^ 
dont une partie eft changée en métal , ré- 
pandent un éclat extraordinaire. Au milieu 
du Royaume , il y a une petite ifle dan« 
laquelle Ion voit un temple dédié à ce 
Dieu. On dit que cette ifle , quelque 
groflTes que foieniles eaux & quoiqu'elles 
mondem^es lieux les plus élevés, rcfte 
toujours à fec. On ajoute que les préfens 
que Ton offre à ce Dieu en les jettan t dans 
le fleuve , fuivant la coutume du pays , 
fuivent le courant de Teau , jufqu'â ce 
qu'étant arrivés à l'ifle, ils s'y arrêtent. Sur 

Tome F. M 



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iCS Histoire DE L*Asii, 
^ ^""""^ les confins du Royaume , il y a une petite* 
Histoire colline fur laquelle leur Dieu , dit la 
DIS Indes, tradirion , fe retiroit fouvent. Quoique le 
haut en foit fort étroit, quelque grand 
que foit le nombre des pèlerins i ils n'en 
rempliffent jamais Te/pace. On raconte 
qu'une armée Chinoife ayant enlevé les 
créfors dépofcs fur cène colline par les 
dévots"; elle périt toute entière la nuic 
faivante j & que les Anges rapportèrent le 
néfbr fur la colline. Le fommet de <ie 
lieu eft Toujours couvert d'une ombre 
fraîche & agréable , fans qu'il foit garanti 
par l'art ni par la nature des ardeurs du 
ibleil. Ces Indiens rapportent ime infinité 
de femblables rêveries , & qliand ils les 
otir vantées à nos JMiflîonnnires , ils leur 
demandent à leur tour des miracles en con.- 
firmation de TEvangile. Voyiez Tachard. ' 
Les Pramas ou Bramas ont, en dernier 
Keu , ravagé la capitale & faccagé la Couc 
du Pégu. 

Royaumes (TArrakan , de Tïpra > 
d'J{em , &c. 

Le Royaume d'Arraknn , fitué fur fa 
côte orientale du golfe de Bengale, entre 
feize & vingt- deur degrés de larirude 
feptentrionalc , a la mer au couchant ^ 



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t>E L*Af B.IQUB ET DE L^Auil^qVt. X6j 

TEmpire du Péga au fud & à Teft , le 
Royaume de Tipra au nord. Histoire 

Arrakan , capitale , eft bâtie à cinquante ®^^ Indes. 
milles de la mer dans une vallée de cinq avituiwui?* 
ou fix lieues de circonférence , entoui;ée 
dé montagnes qui lui fervent de rem- 
parts y 8c défendue par des ouvrages iî 
confidérables qu'un Roi du Péçu , de la 
DynafUe des firamas , entreprit inutiler 
mène de les forcer , quoiqu'il eût , dit* 
on , une armée de trois cens mille hom- 
mes & de quarante mille éléphans. L^ 
liviere d'Ârrakan ou de Chaberis , coule 
à. travers la ville par différens canaux. Soa 
embouchure , quoique femée de rochers 
Se de fables , ne laiue pas de former un 
beau port , capable de contenir des vaif- 
féaux de la première grandeur j mais les 
marées y font fi violentes, fur-tout dans 
la pleine lune $ que les navires n'y entrent 
point fans danger. 

Les édifices ordinaires d'Arrakan font 
compofés de pièces de bambous avec des 
catines entrelacées. Les palais des grands 
font conftruits avec plus de folidité ^ 
ornés de peinture & de fculpture. Le pa- 
lais royal eft fort vafte , & fon étendue 
n'égale point fa richeflc. Dans la defcrip- 
tion qu'en donne Sheldon , tout eft or ^ 
pierreries ^ c'eft un palais de fées. £n- 

Mij 



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i6S Histoire de l'Asie; 
! tr'autres fingularitcs précieufes , il y a , (t 
HisToiRi I'qo veut l'en croire , une falle revêtue de 
i>Es Indes. ^^Ç3 j.^^ ^ ^ p^^^e dun dais dor, de 
cent culs de lampe d'or chacun du poids 
de quarante livres , &: de ftatues d or 
grandes comme nature , Se épaifles de 
deux doigts. Au milieu Ton adimire une 
chaife d'or qui foutient un cabinet du mè- 
Xne métal dans lequel font deux rubis longs 
comme le petit doigt , & gros à leur baie 
comme des œufs de poule. Ces joyaux , 
dit le Conte , ont caufé des guerres fan- 
glantes entre les Rois du pays , non-feu- 
fement à caufe de leur ineflimable var 
leur, mais çncore parce que l'opinjon pu- 
blique accorde un droit de fupcrioritc 4 
celui qui les poflTede, On compte dans la 
ville fix cens pagodes ic cent foixante 
mille habitans. 

Orietan eft une ville où , malgré la 
diflScuhé de l'accès, les marchands de la 
Chine , du Pégu ^ de Malaca , d une 
partie du Malabar, & de divers cantons 
del'Indoftan, trouvent le moyen d'abor- 
der pour l'exercice du commerce. Elle eft 

* gouvernée par un Lieutenant Général , 
que le Roi établit à fon avènement au 
trône , en lui mettant une couronne fur la 
icte & lui donnant le titre de Roi ; parce 

* oue cetjc v^llc eft capitale d'uae des douzQ 



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Î>E L^AfUTQTJE ET Dl L*AmÉRIQVI. itfj 

provinces du Royaume, lefquelles font 
toujouts régies par des têtes courennécs. Histoire 
On voit près de ce lieu la montagne de ^^ ^^^'^^' 
Naum , où Ton relègue les criminels , 
après leur avoir coupé les talons pour le? 
empêcher de fuir. C'eft un repaire de 
l)êtes féroces. 

Les autres places les plus confidérables 
de la côte font Pervem , Ramu , Dianga , 
Chatigam , dépendance de l'Indoftan, 
Dobazi. On nomme parmi les villes peu 
remarquables , Coromoria , Sedoa , Zara, 
Megaeni , Chudahe , &c. Près le cap 
Negraes , qui termine les poffeflîons ma- 
ritimes du Royaume, eft TifledeMunay, 
du diftrid d'Arrakan ou de Pégu. Ceft là 
queréfide le chef des Raulins, Prêtres du 
.pays , perfcnnage fi refpedé que le Roi 
même s*incline' en lui parlant & lui don- 
ne la place d'honneur. Le Monarque & la 
Cour font obligés d'aflîfter à fe^ funérail- 
les dont Pinto fait monter les frais à cent 
mille ducats. L'ifle de Sundiva donne 
beaucoup de fel. Les BufRes, Negraille, 
Je Diamant forment d'autres ifles dépen- 
dantes du Royaume, entre quantité d!c- 
cueils qui. rendent la navigation très-pé- 
ril leufe. 

La partie méridionale d*Arrakan eft in- 
culte .& deferte. La partie fcptentrionale 

M iij 



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17^ Histoire de i*Asiï, 
ctoit peut-être un des plus beaux pays Je 

Js^NDE^ '*""'^^"> ^^^nf q^e des guerres étran- 
* gères & domeftiques en eufTent changé la 
Face. Un peuple immenfe rrouvoît dans 
ce Royaume une abondance égale à Ces 
agrémens. La campagne coupée ci'étangs, 
de lacs & de rivières , ofTre Us plus char- 
mans payfages. L'air y eft très-fain. On 
obferve comme un phénomène très-fin- 
gulier dans un climat auflî méridional 
qa*Arrakan, qu'en 1660 le froid y fut fi 
rigoureijx au mois de Décembre , que 
rhuile gefa dans les flacons, au point 
qu'on la fendoit avec le couteau* Les 
voyageurs ne nous apprennent rien tou- 
chant les productions de Tinduftrie des 
habitans, auflî barbares fans doute à cet 
égard que leurs voifins. Le commerce y 
fleurit autrefois ^ les Bengalois ont chaffé 
les Européens de ces côtes. 

•ePEwpc- Le Paxda ou Empereur d'Arrakarr, 

.jcot d'Arra. ^^^^^ j^ ^j^^^ j^ j^^- légitime du PégU , 

du pays de Brama , des douze provinces 
de Bengale, & de fes douze Rois qui 
mettent leur tête fous la plante de fes pieds. 
11 fe montre très- rarement au peuple, 
& toujours dans l'appareil le plus faftueux. 
Schouten dit que cette folemnité n'arrive 
que de cinq en cinq ans , & que c'eft le feul 
temps auquel il foit permis à fes fujets de le 



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i>E l'Afrique et di l'AmIrique. 171 ' 
regarder i fi toutefois il n'y a pas qne ''****^ SS! 
exception en faveur des grands que leurs ^^^stoire 
emplois obligent d'être fouvent auprès de^^^* *«»£». 
fa perfonne. Tous les fujets doivent fe 
rendre pour cette cérémonie i la Capi- 
tale, fous peine 4 une amende d'environ 
dix fols j plaifant ufage , obferve ce 
Voyageur, pour lever des fommes iai- 
menfes dans un pays fi peuplé. Le Mc>- 
narque reçoit à cette fête le ferment âô 
fidélité de fes fujets. 

Ce Prince fait tous les ans un voyage 
à Orietan > pour vifiter la pagode célè« 
bre du Dieu Quiay-Poragray, auquel il 
fait fervir tous les jours un magnifique 
repas. A la fête de ce Dieu, plufieurs 
fanatiques périfTent comme au Japon Se 
dans rindoftan. Chaque Gouverneur ou 
plutôt chaque defpote de province, eft 
oblige d'envoyer tous les ans à l'Empereur 
douze filles âgées de douze ans , élevées 
fous fes yeux depuis leur enfance. Quand 
elles font arrivées à la Cour, on les ex- 

{)ofe à un foleil brûlant jufqu'à ce que 
a fueur ait trempé leurs robes, & le Roi 
ne retient pour fon ferrail que celles dont 
la fueur n'a point une odeur forte. 

Ces Indiens appliquent une plac|ue de Comtfmcs, 
plonib fur le front des enfans qui vien- ««["«dcia 

^ 1 A 11 I * • » nation. 

nent de naître pour le leur applattir. Les 

Mir 



. , ' DigitizedbyCjOOQlC 



17^ Histoire Di t*Asii!; 
^^"""""^ oreilles pendantes font auflî beauté i leurs 
Histoire yeux, comme à ceux de leurs voifins & 
pit iMBBf. jgg Malabares. Ils ont le corps afTez re- 

5 Jet & la taille moyenne. On affure que 
es femmes n'apportent point de dot à 
leurs époux, & qhe le mariage fe coii- 
fomme à la vue des parens,fouvent après 
qu'un étranger a joui des premières 
faveurs de l'cpoufe. On remarque parmi 
les fuperftitions de leurs funérailles , qu'a- 
vant que les Raulins brûlent le corps, 
les Domeftiques du défunt font le guet 
autour du cercueil , pour empêcher que 
- le grand chat noir n'entre dans la falle ; 
car s'il venoit malheureùfçment à pafTer 
fur le cadavre, l'ame du mort feroit con- 
damnée à errer dans ce monde pendant 
{►lufieurs fiécles. Ces Indiens portent fur 
es bras ou fur les épaules les Stigmates 
de certaines idoles domeftiques ou Dieux 
pénates, imprimées avec un fer chaud. 
Ils leur offrent tous les /eurs une partie 
des mets de leur table. Leurs ragoûts font 
. ordinairement aflailfonnés d'une mou- 
tarde très-puanre. La pourriture eft affe* 
• du goût de tous ces pcninfulaires. 
Royaumes Les Royaumes de Tipra & d'Azem , 
peu conauf. j^ç font peut-être que des provinces d'Ar- 
rakan , comme Sheldon l'alfure ainfî que 
. de Chacomas. Ces contrées font peu con- 



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DE l'Afrique ET Di l^Amériquï. 17 j 
nues. Tavernier dit que le pays de Tipra 
cft au nord d'Arrakan , que fes habiians Histoire 
font comme ceux de Boutan , fort fujcts ^^^ ^^^^* 
aux goitres, & qu'on y voit des femmes 
à qui cette tumeur pend jufques fur les 
mammelles j qu'il cft gouverncapar un Roi 
qui n'exige de (es peuples , d'autre contri- 
bution annuelle qu'un fervice perfonnel de 
iix jours pour la mine d'or ou pour la foie \ 
qu'enfin le pays ne produit rien qui con* 
vienne auxcrrangers. 

Le Royaume d'Azem borné au midi 
par le Tipra & le Pégu , au nord par les 
Etats de Boutan & de La0a , avoit pour 

Sfincipale ville Azo , avant que l'Emir 
emla l'eût ravagée. Kemmerouf ou 
Chamdara eft devenue djepuis ce tems l'ha- 
bitation ordinaire des Princes. Ce pays eft 
riche en mines de divers métaux. L'or & 
l'argent ne fe convertificnt point en ef- 
péces monnovées ; on les panage comme 
.au Japon en lingots , dont on fe fert pour 
. le commerce intérieur. Les Rois d'Azem 
, Comme ceux de Tipra ne lèvent, dit- on, 
aucun fubfide fur leurs fdjets, ils fe con- 
tentent du produit des mines qu'ils font 
travailler par des efclaves* On ajoute que 
les payfans mêmes y vivent dans une telle 
. aifance , qu'il y en a peu qui n'aient une 
. maifoû à eux & que la plupart emre- 

M V 



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174 HlSTOlUE DE L*A8II, 

I tiennent \m éléphant pour les femmes r 
Histoire autant de fables. Dans le centre du Royau- 
i>is iNDis. ^g ^ 1^5 hommes Se les femmes font d'une 
taille avantageufe, le fang y eftbeau. Aux 
funérailles , tous les afliftans jettent leurs 
bracelets ^ns le tombeau du mort. On 
dit que ce peuple préfère la chair de chier» 
à toute autre viande. 

Le Royaume de Boutan ou du Tibet 
dont nous avons donné une idée dans la 
defcription de la Tartarie , appartient en 
grande panie à Tlnde, comme nous l'a- 
vons remarqué y il forme le palfage de ce 
Eays à la Chine. Les Mogoh Schah-Je- 
an & Aorengzeb ont impofé tribut à 
quelques-uns de ces peuples, ainfi que 
nous l'avons 4it. 

IflesdêVIndi. 

La mer de l'Inde contient une prodi- 
gieufe quantité d'Ifles de différentes gran- 
deurs. Nous donnerons «ne notion fuc- 
cinte des plus confidérables , qui font les 
Maldives , à Toueft du Gap.Gomorin j 
CeyUn, àl'eft du même Cap; Sumatra, 
au midi de Siam ; Java au fad-eft de Su- 
matra ; Bornéo , au nord de Java ; Celé- 
bes ou MacafFar , à l'eft de Bof néo ; fes 
'Mokques , encore plus vers TOrienr^ U 



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©B t'AFaïQUi ET oï l-Amériqtji. 275 ^^^^^ 
nouvelle Guinée,. à left des Moluques ; **"""*"* 
les Philippines, au nord de ces dernières Histoire 
Ifles y les liles Marianes ou des Larrons. ^^ ^^*^*^ 

Les Maldives. 

Ces Ifles forment du midi au nord un Dercrîptron 
cordon d'environ deux cent lieues de Ion- ^" >**i<i*^«*- 

Îjueur. Elles font divifées en treize A toi- - 
ons ou Provinces , qui forment un group- 
pe de petites Ules. Cette divifion eft l'ou- 
vrage de la nature ; car cll« a environné 
chaque Atollon d'un banc de pierre qui le 
défend mieux que la plus forte muraille 
contre les attaques de Tennemi & contre 
rimpétuoiité des Ilots. Le Roi des Mal- 
dives prend le titre de Sulthan des treize 
Provinces & des douze mille Ifles. Le 
nombre de ces petites Ifles ne peut ctre 
compté , parce qu'une grande partie n'of- 
fre que des mottes de fable inhabitées , 
que les courans ou les grandes marées 
rongent ou emportent tous les jours. On 
prélume que cet amas de terre a pont, 
bafe commune un banc de fable conti- 
nuel, 5c qu'il ne faifoit jadis qu'une 
feule Ifle. Onze de ces Atollons font au 
nord de la ligne > il y en a deux au fud. 
Les plus fertiles ne produifen t que des het^ 
bages 6c des cocof 'y^ la chaleur y e^ ex* 

M V j 



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^^,^^—^^7^ HiSToi».E DE l'Asie, 
'^"^"^T* ceflîve , & l'air très^nal fain. Les nuits i 
Histoire toujours égales aux jours , y font rafraî- 
•'* ^^'^"•chies par d abondantes rofées. , 

Au centre eft l'Atollon de Maie , capi- 
tale des Maldives. Cette ville a une lieue 
& demie de tour. Le Bafquan ou TEm- 
pereur y fait fa réfidence dans un Palais 
bâti de pierre , ainfi que les maifons des 
riches. Il fe repofe du foin de Ja Royauté 
furies Prêtres. Chaque AtolJon forme un 
j#gouvernement fournis a un Naybe , Doc- 
teur de la Loi , qui a l'intendance des Loix 
& de la Religion. Ces Naybes ont fous 
eux d'autres Miniftres de l'ordre des Prc- 
: 1res nommés Catibes , pour exercer la juf- 
ticedans les Ifles des Atollons , ou pour 
la faire exercer par les Prêtres particuliers 
des Mofquées. Le Chef de ces Officiers 
eft tout-à-lafois Souverain Pontife , & pre- 
mier Magiftrat de 1^ Nation. Il fe nom- 
me Pandiarc ^ jamais il ne s'éloigne de 2a 
perfonne du Roi. Dans les affaires impor- 
tantes , il eft obligé de confulter les Mo- 
couris, Confeillers du Tribunal vetfés 
dans la fcience de l'Alcoran. Le Roi feul , 
affifté de fes Mofcoulis , principaux Offi- 
ciers , a droit de reformer les jugemens 
. de ce Tribunal. La fonûion de Quilaguec 
répond à celle de Lieutenant général du 
Royaume. La Reine porte 1^ titro deRe- 



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BE l'Afrique et de l'Amérique. 177 
nequillague. Le Rafquavi a fon domaine 
particulier , compofé de plufieurs Ifles , le Histoire 
cinquième de tous les fruits , tout ce que ^^^ l«o^«» 
la mer jette fur le rivage, des droits fur 
les coris , le poiflbn fcc & les marchan- 
difes étrangères, enfin la jouiilànce du 
commerce extérieur. 

La nation eft diftînguce en quatre DifTïreni 

. ordres, dont le premier comprend la fa- Maidivo"? 

. mille régnante & les Princes des ancienne s lîursufagcs. 
races royales ; la féconde » les hommes 
c^onftitués dans les premières dignités j la 
troifieme , la noblefle } la quatrième , le 
peuple. Outre les nobles d extraâion ou • 
a office , il y en a qui le font devenus 
par des lettres du Prince. Une femme 
noble, quoique mariée à un roturier, 
conferve la noblefle , & la tranfmct à fes 
enfans fans la communiquer â fon mari. 
La même règle s'obferve à Tégard des 
hommes nobles qui époufent des femmes 
du peuple. L'honneur du pays confîfte à 
manger du riz accordé par le Roi. Les 
nobles même obtiennent peu de cônfidé- 
ration, lorfqu'ilsne joignent point cet avan- 
tage à ctlui de la naiffance. Tous les foldats 
en jouiflent, fur-tout ceux de la garde du 
Roi , qui font au nombre de fix cens , di- 

.vifés en fix compagnies, fous le com- 
jpandemçai de fix MoJfçQuli?, Lq Rafqua» 



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178 HlITOïRï ©B t'Asif , 

"^^"^^^ entretient dix autres compagnies» com-^ 
Histoire mandées par les plus grands Seigneurs da 
, DES *NBEs. j^^y^^ç^ p^^j. 1^ fuivreà la guerre. Les 
privilèges de ces officiers confiftent â por- 
ter les cheveux longs , à avoir au doigt 
un gros anneau pour les aider à tirer de 
Tare , à jouir du produit de quelques 
terres & de certains droits fur les paf- 
fages. Une loi finguliere de ce peuple, ' 
c'eft que la punition des offenfes les plus 
griéves dépend uniquement de loffenfé 
ou de la famille. 

Les Mâldivois ne mangent qu'avec 
leurs égaux , tant en ricbefTe qu'en naif- 
j&nce & en dignité : ce qui ne peut fe ren- 
contrer que rarement. Une galanterie re- 
çue chez eux comme une grande marque 
d'honneur , c'eft d'envoyer à un ami une 
table couverte de mets, La loi défend la 
vaiflelle d'or ou d'argent. Leur médecine 
confifte plus dans des pratiques fiiperfti- 
tieufes que dans des méthodes. Outre 
. une fièvre Ci commune & fi daiïgereufe 
dans leurs ifles qu'elle eft connue par toute 
rinde fous le nom de fièvre des Mal- 
dives ^ il fe répand chez eux de dix en dix 
ans une petite vérole maligne , dont la 
contagion les force à s'abandonner les uns 
les autres. Ils prétendent que le mal vé- 
. nérien leur eft venu d'Europe. Ils Tap- 



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DE l'Afrique et de l'Amérique. 279 

f>eUent mal des francs, & il paroît qu'ils^ 
'ont reça des Poftugais de Goa, avec lef- Histoire 
quels ils ont eu beaucoup de commerce,*^* l»i>^s. 
Les hommes ont la taille haute Se la 
phyfîonomie avantageufe. Ils ont naturel- 
lement le corps fort velu ; mais ils fe.rafent 
le poil de la poitrine & ^de l'eftomac , ce 
qui offre , dit Pyrard , l'apparence d'une 
étoffe découpée. Leur habillement corn 
iifte dans des haut de^ chauffes ou des 
caleçons de toile. 

JJIe Je Ceylan. 

Les géographes placent l'ifle de Ceylan xf^^^n 
entre 6 Se \o degrés de latitude fepten- P5"pi" «^ 
trionale, & entre 5^8 & 99 degrés de lon-ccykn.. 
gitude du méridien de Paris. La domina- 
tion du pays eft partagée entre deux puif- 
fances. Le Roi de Candi eft maître de 
l'intérieur , Se la Compagnie Hollandoife 
poffede prefque toutes les c6tes. Les Be- 

' das ou "W^adas , peuples prefque fauvages 
de la partie fcptentrîonale , poffedcnt ua 
terreifi plus confidérable par fon étendue 
que par fes richeffes. Leur canton eft par- 
tagé entre pkfieurs familles fotfmifes cha- 
cune it une chef, & liguées enfemble par 
une étroite union. Une garde de foldats 

'- défend contre k% étrangers l'enceinte ile 



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i8o Histoire de l^Asie^ 
! leurs habitations ou cabanes placées ordî-^ 
»Es Y^^' nairement fur les bords des rivières. Ces 
'*^*" Infulaires font braves, généreux, taci- 
turnes , humains envers les étrangers ^ 
quoiqu'ils n'en reçoivent aucun dans leur 
diftrià fans la permiffion de leur chef ; & 
fi jaloux de leurs femmes & de leurs 
. filles , qu'ils tueroient un homme qui ofe- 
roit les regarder. Leurs armes font des 
flèches & un arc qui leur fert auflî de 
lance. Ils terminent leurs différends à l'a- 
miable. La chair de cerf, le miel & les 
fruits font leurs alimens ordinaires. Les 
Bedas ont à leur voifinage dans la partie 
occidentale du nord , les Vannias , peuples 
de l'ancien Royaume dé JafFanapatan. 
itaMîiTcmens Les Hollandoîs pofledent un grand 
Uo Undois. j^Qj^b^g jç phccs fur les côtes de Tifle. 
En commençant le tour de Ceylan par le 
fud , on trouve d'abord fur une éminence 
Point de-Galle, ville bien fortifiée, qui 
dans l'enceinte de fes remparts , rehfern^e 
une demi-lieue de tertein. Se;s maifons 
font bien bâties. Ses environs offrent de 
charmantes campagnes où l'on a pratiqué 
même au travers des rochers , de belles 
gravettes du allées qui rendent le féjour 
de Galle un des plus délicieux dé l'ifle. 
On y refpire un air fort fain , dont on eft 
redevable à rélévation 4u iicu. Les vetws 



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Mt^AfRIQUEETDlI*AMiRIQUE. lit 

y entretiennent une fraîcheur continuelle. ' 
. On donne à cette ville le fécond rang. A Histoiri 
,une jeurnce de chemin on voit Caliture,*^^* Ihbu» 
.petite ville très-forte, fituée au fommet 
d'une haute niontagne , à rextrêmité d'une 
vafte prairie &c fur l'embouchure d'une 
belle rivière. 

La célèbre ville de Columbo conferve 
encore de beaux édifices & des ouvrages 
qui la rendent capable d'une longue ré- 
• nftance. Les guerres & la vétufté en ont 
. détruit une partie ; & les HoUandois eux- 
mêmes engagés par la difficulté de la gar- 
der fans une garnifon fort nombreufe , en 
ont diminué l'étendue pour en faire une 
fbrtereiïe régulière. Tous les comptoirs 
de l'ifle relèvent du confeil de Columbo. 
L'hôtel du Gouverneur peut paflTer pour 
un des plus beaux bâtimens de l'Inde. La 
meilleure cânelle fe recueille dans fon ter- 
roir. Negumbo eft une autre forterelfe im- 
portante. Les Portugais avoient bâti ces 
f places , en vue de couvrir les diftri6ks de 
a canelle. Ces diftri6ts font terminés par ^ 

la rivière de Chilauw , qui fépare les do* 
maines HoUandois des Etats du Roi dé 
, Candi. 

Près de là font les ifles Calpentyn , de 
Manaar Se de Rammanancor. Entre ces ♦ 

deux dernières ifles ^ des bancs de fable 



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itl HlSTOim DE L*Asi«, 

! forment une efpccc de barre qui porte 

Histoire \q nom de ponc d'Adam. On découvre 

Ms iNPts. çj^fyiçg jgj iflesd'Amfterdam, de Leyde, 

deDeIft, de Cays ou Hammenbiel, 5c 

pluHeurs autres. 

JafFanapatan , prefqu'ifle , ttoit ancien- 
nement un Royaume qu'on dxvife aujour- 
d'hui en quatre Provinces. On y compte 
jufqu'à i6o bourgs ou villages dans une 
étendue de douze i treize lieues. La ville 
qui donne le nom au pays a une lieue de 
circonférence. Une langue de terre joint la 
prefqu'ifle a^ pays des Beddas , qui s'é- 
tend au fud le long de la côte orientale 
jufqu'à Trinquemale, place confidérable 
par fon port , l'un des plus beaux & de* 
meilleurs de Ceylan. Cette ville & Bati- 
calo étaient autrefois ce que les Hollan- 
4ois nomment des commandemens , 
comme JafFanapatan & Point-de-Galle, 
m.iis on n'y envoie plus que des chefs de 
comptoir. On revient par le fort de Ma- 
ture à la première place que nous avons 
décrite. En général , l'ifle a peu de bons 
ports. Les cotes orientales qui offrent les 
meilleurs mouillages font pour l'ordinaire 
baffes , les vaiffeaux n'y ont point d'abri , 
du moins dans les baies extérieures. Celles 
\du midi & du couchant font hériffées de 
, rochers > & la mer y eft garnie de bancs. 



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t>E L*A!f RIQtJE ET DE i'AmIrIQUI!. 2 8 } 

Les Hollapdois ont dans rintérieur du- 

pays , plufieurs châteaux pour la carde des Histoire 

paliages. 

L'intérieqr de Tifle renferme fix Royau- Royaumesde 
mes , qui ont été réunis fucceflîvement à J'j^^"^^^ ^^ 
celui de Candi ou Kondeuda , lequel a 
donné fon nom à TEmpire. Les fix Royau- 
mes font Candi, Cotta , Sitavaca , Dam- 
badan , Amorayapour & Jafanapatnamf. 
Vne divifion plus particulière repréfente 
toute rifle en trente-quatre corles o« 
grandes provinces , & en trente-deux pro- 
vinces de moindre rang. Il y a dans la 
feule province d'Ouvah trenté-dewx tribus 
particulières , foumifes à autant de chefs 
qui reconnoiflent eux-mêmes Tautorité du 
Souverain de Tifle. La crainte de la puif- 
fance HoUandoife a engagé les Naturelii 
de Ceylan à fe retirer darî$ Tintcrieur du 
pays qui eft fort peuplé & prefqu^impéné- 
trahie. Les diftridts font féparés par des 
forêts épaifles, que perfonne n'a la liberté 
d'abattre, parce qu'elles fervent de défenfe 
à TEmpire. Le pays eft coupé par de 
grandes rivières poiflbnneufes. La plus 
haute montagne de l'ifle , appellée Pie 
d'Adam ou Hamalel , à quinze lieues de 
Columbo , fe découvre de plus de douze 
milles en mer. Au bas de la montagne eft 
pn étang, dans lequel les Chingulais voftC 



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lt4 HlSTOIHEDE l'A S TE, 

! dévotement fe laver de leurs péchés. Après 
Histoire ce premier ade de fuperftition^ils montent 
pz$ Ihdis. jufqQ»au haut dû Pic par des chaînes de 
fer , fans lefquelles il feroit impoffible d*y 
atteindre , tant il eft efcarpé. A quelque 
diftance de la cime , les pèlerins trouvent 
une grofle cloche fur laquelle ils frappent 
un coup pour /çavoir s'ils font purifiés ; 
parce qu'ils s'imaginent que s'ils ne Vé^ 
toient point , la cloche ne rendroit aucua 
fon , quoique ce malheur ne leur arrive 
jamais. Le fommet de la montagne eft 
une furface plane , au milieu de laquelle 
eft la fameule pierre platte, dans laquelle 
les Chingulais croient voir l'empreinte 
d*un pied humain gigantefque. Baldeus a 
décrit beaucoup de ftatues & de figures 
qui fe trouvoient dans des niches. On y 
voyoit une pagode, dont les Indiens ra- 
conrefît des merveilles. 
Du Gouvet- Lj^ capitale du Royaume nommée par 
CancU. les Européens Candi & par les Indiens 

Hingadayulneur , ville du peuple , ou 
Moncaire, ville royale , a été abandonnée 
de Cqs Souverains depuis que les Portu- 
gais l'ont ruinée. Ils. réfident aujourd'hui 
a Digligineur , dans la province de He- 
voihattai. Leur palais confifte dans un 
grand nombre de bâtimens irréguliers , la 
plupart fore bas & couverts de paille. Le^ 



^ 1^*^' 1'-^■*,^^' 1 '^ ft*** ■ 



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DE L*AFiiiquE ET m l'Amérique. 185 
triaifons des habitans font de pauvres *'***'**TT 
huttes élevées fur des perches. Il eft dé- Histoire 
fendu à tout particulier , fous peine de la ^*^ Inm^i 
vie, de leur donner deux étages & d'en 
blanchir les dehors. LeHollandoisKnox, 
pour avoir enduit de chaux une petite 
maifon;, auroit fubi la peine attachée à 
Tinfradion de ce réglament, fi fa qualité 
<l*étranger n'avoit paru aux yeux du Roi 
mériter quelqu'indulgence. Nellimbe- 
neur , Alloutneur , Badoula , font des villes 
confidérables , jettées au milieu d'un grand 
nombre de bourgs. Les Chingulais ne bâ- 
tiflent jamais près du grand chemin , de 
peur d'être expofés aux regards des paf- 
îans. Knox nous apprend que lorfqu'une 
maladie mortelle commence à fe répandre 
dans un eamon , les habitans prennent 
auffi-tôt la fuite, perfuadés que le diable 
qu'ils voient partout , a pris pofleffion de 

' c^ lieu funeftô. 

Le Defpote choifit à fon gré fon fuc- 
cefleur parmi ks enfans, ou il partage 

-cntr'eux fes Etats. Le fceau des deux Adi- 
gars , fes premiers Miniftres , & le bâton 
crochu des officiers chargés de l'exécution 
de leurs ordres , trouvent dans tout l'Em- 
pire une obéiflance aveugle. La qualité 

' de Diffauva eft un titre d'honneur que lé 
Roi joint ordinairement aux gr^nde^ 



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iZt9 HisToiiiE »B l*Asie; 

? dignités. Dans la création des grands oP- 

HisToiRE ficiers , le Prince a moins d'égard à la ca- 
•iis Indes, pacité qu à la nailTahce , & 1 opinion des 
Chingulais eft toujours favorable au choix 
qui tombe fur la haute nobleffe. Lesgou- 
vernemens des provinces aflTujeitiuent 
ceux qui en font revêtus à réiider à la 
Cour pour veiller à la garde du Roi j Se 
des Kourlividan y exercenc leur office. Les 
emplois font au plus ofiFranc. 
©iffîrcBtei Les Hondreous, première claffe de 
cau*uwL ^'^^*^ » ^^"^ diftingués des autres cm leurs 
*" . habillemens 9c par de grands privilèges. 
Tous les Blancs font confidérés comme 
appartenant à cet ordre ; cependant on leur 
rend moins d'honneur qu'aux vrais Hon- 
dreous, parce qu'ils mangent du bxEuf, 
£c qu'après avoir fatisfait aux néceffités 
naturelles , ils ne lavent pas leurs mains. 
Le Roi confère la noblefle comme un 
ordre de chevalerie , en metranc autour* 
de la tète du î:écipieodaire un ruban brodé 
d'or & d'argent- Les quaxre prpfcffiorvs 
d'orfevres, de peintres , de taillandiers Se 
de charpentiers forment le fécond ordre 
de TEtac. Ceft la néceffité , dit Knox^^ 
qui paroît avoir attiré cet honneur au mé- 
tier de taillandier , pacce que les Chingu- 
lais ayant peu de commÊrce au-dehoçj , 
fie pettvont tirer leurs ioftcumens que de 



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i>E î.*Afrique et de l'Amérique. 187 
leurs propres ouvriers» Mais dans routes ****"——?, 
ces diftindions , il y a plus de bizarrerie Histoire 
que de politique. '^^^ Ikdes, 

Les forces du pays confiftent dans fa Forcddn 
difpofition naturelle, dans une milice ^*^*' 
compofée dei gardes du Prince , & dans 
Tartifice plutôt que dans le courage des 
foldats. De hautes montagnes & des bar-* 
tieres d épines qui ferment les paflages , 
font de tout le Royaume une efpcce de 
fort imprenable. Les foldats ne livrent 

I'amais bataille en pleine campagne j leur 
labiletc militaire confifte à dreffer des em* 
bufcadcs & à fermer les chemins. 

Les terres paflent des pères aux enfans Coutum«i 
a titre d'héritage. Le mariage n'eft qu'une '•®"^- 
cérémonie civile qui confiite dans quel- 
ques préfens , qui donnent droit à un 
homme fur une femme dès qu'ils font ac- 
ceptés. Quoique les deux parties puillent 
igalemenc reprendre leur liberté , la 
femme ne peut difpofer d'elle même après 
Je divorce , qu'après que l'homme s*eft 
engagé dans un nouveau mariage. L ufage 
n'affujettit les veuves qu'à un deuiL de 
quelques jours j & tant qu'elles vivent 
dans le veuvage » elles font exemptes des 
charges de la fociété. Les pères ont le 
pouvoir d'expofer ou de noyer leurs en=- 
tkps au moment de leur naiCance & de 



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Histoire 
DES Indes 



iti Histoire de l'Asie; 
les vendre dans i ajge adulte. On enterre 
les morts de bade extraâion , & Ton 
brille avec appareil les gens de qualité. 

Uhabiliement commun des Chingulais 
eft un linge autour des reins , & un pour-* 
point tel que celui des François , dit Kn^x , 
avec des manches qui fe boutonnent au 
poignet & qui fe plifTènt fur l'épaule 
comme celles d'une chemife. Simples dans 
leurs maifons > les femmes ne paroiflent 
au-debors qu'avec éclat, & leurs maris 
mêmes mettent une partie de leur gloire 
à les parer d'un luxe étonnant. L'hon- 
neur de porter des fouliers eft refervé aa 
Roi feuK 

Les Chingulais font mieux faits que la 
ée* chiûgu- plupart des Indiens. Leur contenance eft 
^*^ grave , quoiqu'ils aient l'humeur aflez 

gaie. On vante leur adrefle , leur agilité , 
leur intelligence. Us ont les manières aufli 
obligeantes que leur langage eft agréable. 
Leur frugalité, leur fobriété, leur dou- 
ceur , leur facilité à fe calmer , entrer 
tiennent le bon ordre dans les familles & 
dans la fociété. Ils n'ont rien de barbare 
dans leurs inclinations & dans leurs 
ufagcs , la plupart empruntés du Malabar. 
Leurs bonnes qualités font ternies par une 
préfompiion infùpportable , par la perfi- 
die, par rinfidélité dans le commerce, & 

une 



Ctraâeret 
éeti 



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DE l*Afrïque et de l' AmIrique. 189 

une fi forte habitude de mentir , que le ^^'^'**^ . 
menfongeneleurparoîtpasunvice. Knox, Histoire 
dont le jugement n'eft pas d'un grand ^^^ Indes. 
poids } remarque que les nabitans des val- 
lées font obligeans, compatilTans , hon- 
nêtes pour les étrangers , au lieu que ceux 
des montagnes font de mauvais naturel , 
quoiqu'ils afFeâent de paroître civils & 

ue leurs manières , ajoute-t-il , aient plus 

*agrémens que dans les vallées. 

IJ1< de Sumatra. 



3' 



Sumatra, ifle plus grande que ]'Angle- Dcrcriptîon 
terre > fituée au midi du golfe de Bengale , "^^^^^ **^ ^*'' 
s ctend à cinq degrés & demi de latitude 
du nord jufqu'au détroit de la Sonde, vers 
cinq degrés & demi du fud , dans la lon- 
gueur d'environ trois cens lieues. Ainfî 
réquateur la coupe en deux portions pref- 
qu'égales. Cette contrée, ainfi que tous 
les pays ficués fous la ligne ^ eft moins 
expofée aux ardeurs brûlantes de Tété que 
celles qui font fous les Tropiques , parce 
que les jvmrs y font plus courts & que le 
foleil y tourne moins long-temps autour 
de fon zénith. Les vents & les pluies y 
rafraîchiirçnt l'air ; mais après la faifon 
humide, il fe charge de vapeurs pcftileh- 
tielles. Le terroir de l'ifle eft généralement 

Tome F. ' ' ■ N 



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190 Histoire de l*Asie, 
î très-bon. L'intérieur eft divifé par une 
Histoire chaîne de montagnes, couvenes d'herbes 
pcs ïwoEs. ^ aarbriffeauxj il s> trouve de Tor. Le 
Volcan de fialatan donne aux Infulaires 
une efpéce d'haiie. Les principales rivières 
de ce pays aqueux , font Achem , Pedir , 
Daya , Cinquel , Jambi & Indripoura , 
ainli nommées, des villes ou des terri- 
toires qu'elles arrofent , fuivant l'ufage des 
Indiens. 
Royaume Le Royaume d' Achem embraûTe la meil- 
hua^Tns^^' ^^^^^ P^"^^ ^^ Sumatra. Il commence à U 
HoiUndoh 8c pointe du nord & s'étend dans la longueur 
ÀA^ioif. d'environ quatre-vingt lieues. Une patrie 
de la côte orientale de ce Royaume dé- 
pend de plusieurs Princes Malais. Ses 
montagnes fervent de retraite à quelques 
peuples Ubres. Sur la cote de Teft , Ton 
trouve le petit Eut d'Andigri , tributaire 
de la Compagnie HotLindoife ; au fud , le 
Royaume de Jambi , le plus riche aprè$ 
celui d* Achem & uès- fréquenté des Hol- 
landois, qui par le moyen d'une forte- 
reflê , tiennent en bride Jambi » capitale , 
& tout le paysi le Royaume de Palim- 
ban où les Européens ont le commerce 
exclufif des plus riches marchandifes , 
moyennant un tribut ; enfin les Etats de 
Manimcambo & d'Indripoura , dont les 
'fjpllgndois poiTe^wç k^ pWçs mmùmçu 



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X.eur principiil comptoiç eft à Padang au î 
nord de Manimc^mbo. Us font auflî établis ^*s"r<^^*^ 
à Priaman , à Tiçou , à Paflaman , près^d^ ®^* Iwo** 
la ligne. A Teft de Palimban ^ eft la grande 
iile de Banca , habitée par des peuples far 
touches & gouvernée par un Prince par- 
ticulier. La côte occidentale de Sumatra 
eft bordée d un gr^d nombre d'ifles, dont 
les principales le nptpment Werkens oi| 
l'ifle des cochons , Nias , Montabay , Tifle 
de Fortune, Naflau , Inganno ou Tifle trom* 
peafe, &c. Cette dernière eft peuplée de 
fauvages cruels qui maflacrent fans pitié 
les étrangers. Il y a beaucoup de Maures 
Matais dans les parties mjarifimesi de Sur 
matca > fournis en partie au Roi d'Achetii 
& en partie à des Pangarans, ou Princes 
particuliers, tributaires ou alliés du Roi 
d'Achem , ou dépendans des nations £u- 
ropéenes établies 'dans ces cantons. Lin^- 
térieur du pays eft habité par des Indien^ 
.idolâtres, peu connus & commerçant avec 
les peuples des côtes. Les Anglois ont ici 
beaucoup de places de commerce , Mo- 
chomoco , Bantal , Cattoun , Ipoé , Si lie- 
bar , & des forts. . . ,^ 
Quelques voyageurs ont donné une 
defcription particulière des villes ,. des ■. 
forces, du gouvernement & des ufages 
d'Achem ou Achin. On compte dans Ja * 

Nij 



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ici Histoire dk l'Asie» 
îcapitale, nommée comme le Royaume, 
Histoire h,jij itiillemaifonsqui occupent un terrein 
**^**' très-vafte , à caufe des intervalles qui les 
réparent. Pour les garantir des fortes ma- 
rées & des inondations périodiques » on 
les élevé fur des piliers. Les murs en font 
de cannes entrelacées. Les Chinois & les 
Européens logés dans des habitations plus 
folides , fe font cantonnés dans un mcme 
quartier pour la défenfe commune de 
leurs comptoirs , qui dans cette retraite 
de brigands , feroient expofés à des infultes 
continuelles ^ s*ils n'étoient foigneufement 
gardés. Beatdieu donne une demi-lieue 
de circuit au palais royal. La rote de Teft 
h-otfre de villes remarquables que Pedir , 
Pacem & Deli. Pacem & Deli étoient 
autrefois capitales de deux Royaumes. 
Beaulieu allure qu'on trouve dans la der- 
nière une fource d'huile qui a la propriété 
•de ne pas s'éteindre , même dans l'eau , 
une fois qu'elle eft allumée, ôc que les 
Achemois s'en fervent dans les combats 
de mer pour brûler les vaiffeaux ennemis. 
Sur la Côte de Toueft, on parcourt fuccef- 
fivement Daya , Càbo , Cinquel , Barros , 
^Bataban , &c. 
Forces d'A* Les fprces d'Achem confiftent dans une 
cbcm. TyraQ. g3^^. jg nationale de trois mille hommes, 
daqs un corps de quiwe ççns çfciayes, 



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M l/kvKlQVlE ET DE zAjAEKKÎCE. tc)} 

la plupart étrangers , des garriifons , ? 



un grand nombre de galères plus grandes Histou^p 
&c plus larges que les nôtres , mais '^^^ ïn^jeç* 
pefantes & mal armées, & dans^ des 
-éléphans exerces à Ja vue du feu $c au 
.bruit du^ moufquet. Beaulieu y compte 
rcent galères & rieuifcens éléphans* Le Roi 
oblige tous fes fujets , aflez bons fotdattf^ 
à marcher à la guerre a leurs propres frais ; 
il ne leur fournit que des armes & quel- 
quefois du riz , la feule nonrriiure du 
peuple. Sa maifon & tous les ouvriers 
employés à fon fervice n'ont de même 
^ que du riz pour falaire , quoique ce Prince 
attire à lui prefque toutes les richefles par 
les contributions en denrées , par le pro* 
duit du domaine, par les douanes , par les 
bénéfices cafuels & fur- tout par le com- 
merce. Il force (es fujets à lui doner àbas 
prix leurs marchandifes pour les vendre 
à letranger au prix qu'il y met lui-même^ 
Quelquefois il appelle la difette par des 
monopoles. - Quand tous les grains ont 
paffe dans fes magafins , il les vend au 
peuple au double & au triple de leur 
valeur. Auffi la mifere eftcUe fi grande 
que la bonne chère confifte dans quel- 
ques herbages & un peu de pojflbn. 
Il faut être grand Seigneur pour avoir 
une poule qui fert à tous les repas de 

Niij 



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L..L_ 



29'4 Histoire di i*Asîh, 
!la journée. Beaulieu dit que la prc- 
Histoire fçnce du Roi fervoit de fon tems , comme 

Teaxqa'il y avoit d'habitans dans la ca* 
pitale. Il ietnble que la- tyrannie foii na-r 
turelie ad pays. Les voyageurs n*y ont ja- 
mais vu fur le trône que la barbarie qai 
^crafe fous fès pieds de fer la méchanceté , 
il je puis me fervir de figures. La race de 
tyrans qui regnoit dans le dernier fiécle 
étoit fortie d*ùn bourreau, qui, la première 
année de fon règne, avoit afTafiiné plus de 
vingt mille des principaux Achemois , 8c 
tous les anciens Orancaies ou gouverneurs^ 
bourreaux des peuples avant lui. 
Bel femmes* Les femmes du Roi, fuivant le jonr- 
éiiKou -j^^j jjj Davis , font prefque Tunique con* 
feil de ce Prince. D'un grand nombre de 
"belles Indiennes qui portent ce titre, il 
n-y en a que trois auxquelles il foît lié 
par des cerémoiûes de région. Tomes 
les nations de l'orient contribuent à l'en- 
tretien de fort incontinence •, Çc les fommes 
employées à lui acheter des femmes ne 
font pas une des moindtes dépenfes de 
l'Etat. Une efclave ne peut être reçue par- 
mi les concubines du Roi , fi elle a été 
cxpofée en vente à d'autres yeux que les 
fiehs , & le marchand qui feroit convain- 
cu d'en avoir préfenté quelqu'une falîe 
par les regards a un autre homme > £erot& 



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i 



DÉ l' AfRIQVB Et ÛÉ l^AMiKiQÙE. l^J 

puni de mort. La modeftie & la fouraif-2 



îîon font des venus fi néceffaires pcmrîi«ToiRE 
celles qui ont une fois le trifte honneur ^^* Inde». 
de le toucher , qu'une faute légère feroit 
punie de mort. Ainfî ce qui devroit adpu- 
çir leur efclavage Taugniente. Tel eft le 
récit de I>avis. Ces coutumes étoient peut- 
être particulières au Roi qu'il vit fur le 
trône \ Se on les attribue à tous les Rois , 
peut-être à tort. Il arrive fouvent que le» 
voyageurs ne peignent qu'un homme, 
qu'un canton , qu'une çlafTe d'habitans^ 
qu'un règne, qu'un temps fugitif; & que 
les auteurs qui travaillent far leurs mé- 
moires , caradérifent avec les mêmes trait» 
tout un peuple , tout le pays , le gouverne- 
ment habituel & tous les tems. 

Les rênes de l'Etat (ont dans les maixts Gouverne- 
de quatre ou cinq Miniftres réfidens à k™^^'^"^^^' 
Cour , & d'un grand nombre d'^Onmcaîes 
ou Gouverneurs répandus en différens dif- 
iriâs. Il y a dans coûtes les villes, auprès 
de la principale mofquée , deux tribimaux 
for lefquels ks Orancaies jugent , là les 
affaires civiles , ici les procès criminels^ 
Les Cadhis connoiffènt des chofés de 1» 
religion. Celles du commerce font entre 
les mains du Sdiah Bandar. La! police eft 
exercée par des Mérignes. 

Les grandes ufures.&'les prêts fur gage 

N iv 



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l^S H1STOIB.E DE t*AsiE, 

• font ici plus rigoureufement défendus que 
Histoire ^^ns la plupart des contrées de Tlnde. La 
DES Indes, jjjj^j^ç ^ç^ inexorable envers les débiteurs, 
lefquels tombent dans Tefclavage de leurs 
créanciers , lorfqu'ils font déclarés infol- 
vables. Outre les prifonniers retenus dans 
les cachots , un grand nombre dé cou- 
pables jouiffent de la liberté d aller par la 
ville avec les fers aux mains. Beauliea 
parle avec admiration du refpeâ que les 
Achemois ont pour la juftice. Un crimi- 
nel fe laide arrêter ôc conduire par une 
femme ou par un enfant devant le juge , 
avec la même docilité que s'il n'avoit pas 
la force d oppofer de la réfiftance; c'eft 
la fuite d'un préjuge répandu dans le Ma- 
labar en faveur des foibles. La honte eft 
fi loin du fupplice , qu'un homme a le 
droit de tuer ceux qui lui reprocheroient 
la peine qu'il aura foufferte. Tout homme, 
dit-on ici, eft fujet à faillir, de le châti- 
ment expie la faute. Loriqu'on rappelle 
aux droits de la nature & de Thumanité 
ces peuples accoutumés à accufet leurs 
propres pères & leurs enfans , ils ré- 
pondent que Dieu eft loin , mais que le 
Roi eft. toujours proche. 
Religion d'A- Le Mahométifme d' Achem eft mêlé de 
««"dobûa-^"P^^ft*"o"s judaïques. Le Roi fe rend 
ien. une fois l'année avec un cortège nombreux 



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à 



©E l'Afrique et de l'Amérique. 297 ^ 
à la mofquée principale , pour y chercher^ 



le Meffie, que ces Infulaires attendent h^^^^^^^- 
comme les Juifs, Beaulieu accorde beau- 
coup de talens aux Achemois , & leur re- 
fufe prefque toutes les qualités morales. 
JL'eavie , la fierté brutale , la plus noire 
,;perâdievl'injuftice atroce, les vices les 
plus infâmes forment le côté hideux de 
leur cacadere. On loue leur induftrie , 
leur adîvité , leurs difpofitions pour les 
fciences, leur goût pour la poefie , & leur 
habileté dans les arts méchaniques , & 
comme la méchanceté change tout en vice , 
.elle leur infpire tant de préfotnpiion , 
qp ils traitent toutes les autres* nations de 
barbares. 

ÏJIe de Java. 

Cette Ifle , fcparée de celle de Sumatra DWîfion de 
par le détroit de la Sonde, eft placée par ^'^^^*^*• 
Us^Çépgraphes niodernes, entre m 8c 
1 J.1 degrés de longitude, & entre fix & 
neuf degiés de latitude du fudé Elle a 
environ deux cens lieues de l'eft à Toneft > 
fur une largeur de vingt jufqu à quarant^s 
Jieues. Salmon y compte quarante villes 
.du premier ordre , dIus 3e cjuatre mille 
villages, ^ jcrente-oeux millions d'habi- 
uns. L'intempériq.du climat y produit 
-' N y 



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t^V HiSTOIRI DE L*Asie; 

f***"^*^ beaucoup de maladies. Les Indiens idoIa« 
Histoire çj-gj^ nation primitive, habitent le centre 
PIS lND£s. ^ quelques contrées maritimes. La mul- 
ritude des Chinois établis dans cette Ifle^ 
jointe à quelques traditions, adonné liea 
de conjeàurer que ces Colons en étoient 
les premiers habitans. On y trouve beau- 
coup de Maures qui paroifTent Malais. 
d*origine. Le pays a été partagé entre une 
foule de Princes. On' peut y coinipter au- 
jourd'hui cinq principaux états , Bantam ^. 
à la partie occidentale; Mataram , aucen-* 
ne ; Tfieribon , dans la partie feptentrio-^ 
nalej Balamboâng, au lûd-eft, & le fo^ 
meux établifTement de Batavia à l'eflr de 
Bantam. Nous décrirons d'abord le pays. 
& les mœurs des Infulaires Asiatiques. 
Kcyanmc de Le Royaumë de Bantam , qui a compté 
^"**™* Sumatra même & Bornéo parmi fes dc^ 
pendances, eft réduira trois villes, RVon 
en croit quelques écrivains. Se à quelques 
villages bâris fur les (fores. Ces villes font 
Anir , TittîaflTe , & Banum , capitale.» 
Depuis que le Roi eft devenu vaffal & 
tributaire de la Compagnie Hollandoife, 
Bantam, jadis kme des plus riches places 
de commerce de ITnde, a perdu pref- 
que tout fon luftre. Il refte à peme quel- 
ques traces , de fc^n enceinte qui éroit de 
qjiatre lieues, Ses maifcns font environ^^ 



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x^èts de grands' arbres qui lui donnent un 
air agréable & champêtre. Chaque quar- Histoire 
fier de Bantar» eft lufet aux recherches ^*^ ^^*^ 
d'un Infpe<aeur > & féparé des autres pat 
,des portes qu'on ferme' le foir. 11 eft dé- 
fendu de voguer la nuit fur les canaux^qui 
^parcourent la ville & de marcher dans les; 
'rue9 , fans la permiflîon du Magiftrat. Les 
Chinois ont a l'extrémité occidentale de 
Bancam. un quartier fermé qui porte le^ 
nom de ville Chinoife. Les Hollandoist 
entretiennent une gatnifon dans cette 
capitale. . 

Le Royaume de Mataram eft mer- Royaume dr 
veilleufement. peuplé. On comptoir dans^^«»«^»^ 
.& capitale jufqu'à loixanter mille ^millçs;. 
mais depuis que £qs Empereur^ dont tous 
l«s Rois de l'iile ont pendant long-tems 
reconnu Tautorité , ont -tranfporté leui 
cour à Nîngrat, dans la partie du NorcJ> 
ville qui peut avoir trente rpilie habit^nsî^ 
MataratA n'a plus le même éçlaç. Lefi* 
Hollandois tiennent tout ce pays dan^ l'ofK 
prelfion. ^ , / 

Le Royaume de Tfienbotii fe trouvant Roya«njc <&^^ 
^enclavé dans les poffeffions des HoUa^- Tûcnbo».- 
dois ou de leurs alliés, les trois Princes» 
de> ce pays y aut^efi^is qualifiés» vSijitth^n^^. 
•nt éteioreés de fè- n:^tte*fol)s |a ptQt^-- 
tioa de la>CpAipagnip.l^lU f^ 



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JOO HïSTOÏRl DE t* As II, 

! eniretîent des garniibns dans les prîncî- 
HisToiRE «aux lieux. Tfieribon, capitale, contieat 
i>ES Indes, f^pj ^^i^ familles. 
Royaume de Le Rovatime de Balamboane eft un 
^ petit ctat qui a maintenu la liberté, non- 
feulement contre lambition desRois de 
Mataram, mais contre les entreptifes des 
HoUandois. La capitale de ce pays fertile 
eft avantageufemem fituée fur le détroit 
de.Batî, en face de Tlfle de ce* nom. Le 
Roi fait fa rclîdence dans une fortereffe à 
cinq lieues de la mer. 

Les principales villes de ces quatre 
Hoyaumes connues des Etwopcens , font 
fituées fur la cète feptentrionale. D'orîént 
ien occident. Von trouve a^rès Ealam- 
beang , Panarucân , ville-où les Portugais 
trouvèrent un Roî ( PaiTarvan , dont le 
territoire formoît fur la fin du feiziéme 
*lîécle un petit état gouverné par un 
*Nàbab Manométan ; Jdartam , bon port J 
<5errici-, ville dont le Rqi" étoit autrefois 
fi refpeaé que les autres Princes de 
rifle ne^ lui parloient que les mains 
jointe^, â la manière des efclavesjTu- 
bâon ou Tuban, autrefois la plus belle 
ville de java, dont le Prince a voit dans 
. fon ■ Palais dés appartemens poar ^ une 
; muUituJ^d'eftèctôs difê^enres d animau*, 
j^uijei éi( pliais jipout L»chien«^ pouc 



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m t*Af RiQUE ET 01 l'Amérique. 301 
les^: perroquets , pour hs canards » pour! 
les tourterelles, &c. Après les villes de^^^'^^^*^ 
Gaïaon, de Japara, de Tprabaja, de^" ^""^^^ 
Mataran , de Satnarang, de Pati, de 
Dauma , de Taggal , de Tfieribon , de 
Dermaio , de Moncaon ^ &c. on entre 
fur les terres de Jaçatra qui formoit un 
état puidànt dont les Hollandois fe font 
emparés. De là on va fur les doihaines 
de Bantam. 

A Teft fe au nord-eft de Balamboang, 
il y a deux Ifles, nommées Tlfle de Bail 
ou la petite Java , & llfle de Madure. 
Le Roi de Bali éft un Prince puiflanc 
& refpeûé» de fes voiiîns. Son pays eft 
:une rade foraine &c un excelleiit lieu de 
rafraîchiffement pour les vaifleaux. On 
afTure que les habitans adorent pendant 
le jour le premier objet qu'ils ont ren- 
contré le matin. Madure eft partagée en 
trois provinces , dont deut fe font fouf- 
traites à la domination de» 1 ancien SouvQ- 
l'ain de Tiflepour fe foumettre aux Hol- 
landois. Laplûpart de ces Infulaires vivent 
de pirateries , quoiqu'on vante la fertilité 
de leurs terrés. 

Les Javanois du centre •& des hauts Mœurs & 
.pays pnt les opinions & les mœurs con- J^"^""5* ^ 
fisrmes à celles des Indiens du; cpritinent. ^*^*** 
Lâs J^aooîl Mâhométans ferment la plus 



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JÔl HrfTOIHE DM i*Asit l 
nombreufe portion des habiuns dts pays 
Histoire connus. Le Mahométifme règne à fian- 
•B^ iNDEi. j^ ^ à Tfieribon & i Maturam. On af- 
iure que ie$ femmes font ici prépofées 2^ 
la garde intérieure des palais, au foin des 
oppartettiens , . au' fervice perfonnel du 
Prince. Celles qui font en fanion font ar- 
mées d'un fabre Se d un poignard qu'elles 
manient avec autant d'adrefl^ que dlntré- 

Îddité. On lit dans quelques relations qoe 
'Empereur de Matiiram avoit dix mille 
de ces femmes à fon fervice. Ce Prince 
entraîne tellement dans fes cMirices la 
conduite de (es (ujetsdans les choies même 
les plus indifTirentes ^.que s'il parokdaBS- 
lamphitiié&cre avec un nouvel ornement 
fîir la tcte 9 les fpeâatencs (ont obligés de 
conformer la couleur de leurs bonnets à 
celles de l'ornement impérial , fous peine 
d'être écorchés vifis depuis les pieds ;uf- 
qu'à la tête , Se d'être plongcs^en cet état 
dans l'huile bouillante. 

A Bantath , on délibère des affaires dp 
gouvernement pendant la nuit & au chk 
de la lune. Le confeil doit être au moins, 
de cinq cens perfonnes , lorfqu'il s^agit 
d'impoler un nouveau droit. Les m^^if- 
trats rendent la juftice le foir a» palais^» 
dont rentrée eft ouverte à tout le nionde>. 
parce' que chacun y plaide^ & catt£e« Le» 



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DE l'ApRIQTTÎ ET Dt L^Al^ixrQOT. fO^ 

étrangers qui onr encouru la peine de mort' 
peuvent fe racheter en pyant une fomme^""^^^* . 
d'argent au maître ou à la famille du morr^^^f Inow^- 
fi c*eft un meurtre j loi dont le but eft de . 
fevorifer le commerce. Les Infulaires^ ne 
font pas traités avec la nicme indulgence. 
Les Javanois foi>t cruels dans^ leurs que- 
relles. Le fort conrmun du plus foible eft: 
de périr par leîj mains du plus fort. La 
certitude du châtiment produit un effet 
étrange ;. c*èft qiie faffaffin s'abandonnant 
à fa fureur, perce tous ceux qu'il ren- 
contre fur fes pas , jufquà ce qu'il tombe- 
kii-mcme fous les coups de ceux qui le • 

pôurfuivent, ou qu'il foir faifi pour être 
Kvré aux fvtg^&. Le gouvernement aime 
ces meurtres^ parce qu'ils apportent beau- 
coup d'argent au fifc. Cts-îrtfulaires fonr 
fi vindicatifs que s-ils font bleffés par leurs 
ennemis , ils s'enfilent dans leurs armes^ 
pour le plaifir de fe venger en périflanr. 
Us ne font p'as-moinS' lâches dans leur ven-* 
geance, car ils emploient to»ute leur âdrefiTe. 
à faifir l'avantage du temps ou du liea* 

J)our airaffirter leur advetfoire , fens lui 
ailfer le moyen de fe reconnoître. Leurs* 
atmes font ordinairement empoifonnées. 
Les relations Hollandoifes ajoutent qu^r 
de toutes les nations connues, c'eft k plui. 
adroite au-larcin. Les grands Seigneurs M: 



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J04 Histoire de l^Asie; 
font pas moins voleurs que le peuple. Le 
HisToiRB foin ^'un étranger doit cire de veiller con- 
NDBs. ^^^^^çIlgpnent à la garde de fa bourfe Se de 
fon bagage. 

La loumiâion des Javanois pour touc 
ce qui porte le caraûere d'une jufte au- 
torité eft fi profonde , que k certitude 
même de la mort n'eft pas capable de re- 
froidir leur obéiflance. Avec ces qualités, 
ils font nécedairement bons foldats ^ auflî^ 
leur intrépidité ne connoît point de dan- 
ger. Ils ne fçavent point manier les armes 
a feu. Ils fe fervent très-bien de la pique , 
(du crit^ efpéce de poignard, du fabre & 
du c€tutela$. Ils s'arthenc au fil quelquefois 
de çerraines cannera vent ,, avec lefquelles 
ils lancent de petites flèches d'os de ppif^ 
Ion , dont ils afibibliffent la pointe y afin 
qu'elle demeure dans la plaie. Ils ne re- 
paferoieiK pas tranquillÊmejir, s^ils n a- 
yoient leurs armes auprès d*etix. T^rairres 
comme ils fe connoifient mutuellemeiK, 
ils ne prennent jamais de. confiance aux 
liens du fang ni à ceux de Vamiiié* Le 
Roi donne un poignard à chaque entant 
dès Tage de cinq ou fii ans* La milîce ne 
reçoit point de folde, mais pendant la 
guerre on lui donne des habits ^ des 
atmcs èc la nouriiiure en r^z Se en ppif- 
fon. La plupart des foidats font aiiacbes 



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DE l'Afrique et de t'AuimqvE. J05 
à des perfonnes riches qui las logent Sc- 
ies entretiennent. Ceft dans le nombre de Histoire 
ces efdaves que l'on fait confifter la dif-*** •^*'^^^- 
tinétion des Seigneurs. On comprend que 
dans cette fituation , avec le pencnant qu'ils 
ont naturellement a robciflTance , il eft tou- 
jours aifé de les mettre en marche ou de 
les défarmer. Ils excellent dans les expé- 
■ dirions fubites. 

Les Javanois ont une raifon puifée , ce 
femble , dans la nature , de ne pas fe bor- 
ner à une femme , c'cft que , luivant les 
relations Hollandoiles , dans Tifle Se à 
Baniâm en particulier , on trouve dix 
femmes pour un homme. Cependant une 
loi ou une coutume particulière reflcrre y 
au rapport de Scot, 1 ufage de la polyga- 
mie, en obligeant les hommes de naif- 
fance libre à donner à chacune de leurs 
fenimes dix efclaveSj dont ils ont e droit 
d^ufer , avec la perrhiflîon des femmes lé- 
gitimes. Les enfans des concubines font 
cenfés appartenir aux époufes qui s'en dé- 
font fouvent par le poifon. Les femmes 
de aualité font gardées fi étroitement, 
que leurs propres fils n'ont pas la liberté 
d'entrer dans leurs chambres. Quand elles 
fortent , les hommes qui les rencontrent, 
fans en excepter le Roi , font obligés de 
fe retirer i l'écart. Leur propreté eu ex- 



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S>. .-* 



jotf Histoire de t*Asiig, 
ftrcme. Les excès d'incontinence font 
HisToiRi également communs dans les deux fexes* 
i>B$m j^ Bantam , un homme riche fe procure 
aifén^ent la femme d'un autre en cherchant 
i prêter à celui-ci de l'argent ; parce que 
la pauvreté , qui eft fort commune , fait 
accepter les prêts avec avidité , & que là 
loi autorife le créancier à faifir la femme 
& les enfans du débiteur. C'eft un u^ge 
fort fingulier à Bantam , que (i le fea 
ptend à quelque maifon , les femmes 
doivent travailler à l'éteindre (ans le ie^ 
coucs des hommes, qui fe tiennent feule- 
ment fous les armes pouf empêcher qu'on 
ne les vole. 

, Les Princes & les Seigneurs de Tifle 
ont coutume d'aâfermer Jeurs domaines à 
des efclaves qui les payent en denrées ou 
• en argent. Quelques-uns de ces efclaves 
jie gagnent que leur fimple entretien. II 
y en a d'autres qui travaillent fix ;our^ 
pour leurs n>aîtres & fix jours pour leur 
propre compte. Les femmes font affujetiies 
aux mêmes loîx. La principale monnoie 
du pays eft le pitil ou caxas , mélange de 
plomb fondu & d'écume de cuivre ,. tiré 
de la Chine. 

Les Chinois ont apporté à Java une 
partie de leurs goûts & de leurs ufages. 
Avant cette communicatioa^ les Javanois* 



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»E L*AfriQUB ET ©E L'AM^RIQftJÏ. JOJ 

croient fi- barbares , qu'à peine vivoient- 
ils en fociété. Ils ont ccHifervé de leur an-^^sTOiRi 
cienne barbarie une averfion extrême pour ^^* Indes» 
le travail. Ils abandonnent aux Chinois 
les travaux pénibles , la culture des terres 
& la plus grande partie du commerce. Le 
même efprit les éloigne des emplois pu- 
blics Se du manimem des affaires. Âufll 
les grands poftes & toutes les richeffes de* 
viennent la proie de letranger. Leur 
oifiveté n'empêche pas qu'ils ne foient 
grands mangeurs ^ mais elle réduit leur , 
gourmandife à fe contenter de riz , de 
poilTon &c de racines. Les connoilTances 
de ces barbares fe bornent à fçavoir lire 
& écrire. Ils font habiles dans les arts mé- 
chaniques. Le commerce a porté dans leur 
pays diverfes l^igues. 

L'habillement du pays confifte, pouf 
les hommes, dans un pagne de deux 
couleurs , dont ils fe couvrent les reins Se 
les cuifTes; pour les femmes, dans deux 
pièces de toile qui leur enveloppent tout Te 
corps. Les hommes portent le turban. Il 
en eft pourtant qui ont la vanité d'aller 
tête nue pour montrer leur belle chevelure 
dont ils ont grand foin. Les enfans font 
prefque nuds jufqu'à l'âge de douze oxt 
treize ans ; on les marie fouvent avant ce^ 
âge , foit parce que la nature le demande ^ 



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}o8 HiSToiM DE l'Asie, 

tfoic parce que s'ils perdoient leur père 
Histoire avant que d'être mariés , le Roi fe fai- 
DES Indes, g^^jj j^^^j^ comme.il fe faiût des femmes 

& des biens du défunt. 
Religion da Ces peuples ont mêlé à la religion 
f^y*' de Mahomet beaucoup de fuperfticions 

étrangères. Il y a dans le pays trois mof- 

Juées prefque auflî révérées que celle 
e la Mecque , parce qu'on prétend que 
l'une renferme le toml^au de Ben-Ifracl , 
Légiflateur de Java , auteur de la famille 
des Rois de Bantam » & des Rois de 
Macaram , à ce que croyent ces Princes j 
& que les deux autres fervent de fépul- 
tures aux enfansdece perfonnage. La prin- 
cipale de ces Mofquces eft bâtie dans le 
voifinage de Tfieribon, fur le fommec 
d'une colline , où les aumônes des Pèlerins 
font fubfifter près de trois cens familles. 
On arrive à la Mofquée par quatre ter- 
râtes. Les chrétiens 8c les idolâtres ne 
peuvent paffer au-delà de la première 
fans s'expofer aux plus grands périls. C'eft , 
, difent les Maures , une jufte vengeance .du 
- ciel qui ne fouffre point que des infidèles 
profanent le tombeau de leur Légiflateur; 
mais c'eft en effet l'intolérance cruelle & 
perfide des Prêtres qui font périr fecrctte- 
ment les étrangers qui approchent de €e 
lieu. Les Javanois enterrent leurs morts 



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©E l'Afrique et pb l'Amérique. 30^ ^^^^^^^^.^.^ 
au fon <ks inftrumens & avec des hurle- ■ " 
païens horribles. Lorfqu'un homme eft à Histoire 
rextrémité , fes parens & fes amis le ^^^ 
conjurent les larmes aux yeux, & avec 
les plus vives inftances de relier encorç 
quelque tems parmi eux. 

Les Chinois vivent ici, fuivànt leurs chmouae 
loix, fous la dire<3:ion de chefs qui veil^ ^*^^* 
lent à leurs intérêts. Quoiqu'ils ayent 
beaucoup à fouflrir de 1 humeur fiere & 
impérieufc des Maprçs, leur induftrie, 
leur aâtiviié , leurs fouplefTes & leur pa^ 
tiençe fan$ égales, les conduifent furer- 
ment à leurs fins, fous des Maîtres indo- 
lens. Ils emploient tous les moyens^ jus- 
qu'au vol, pour s'enrichir. Lorfqu'ils meu- 
rent dans le pays, le Roi hérite de leurs 
biens. Il ell rare qu'ils s'y marient 5 ils fe 
bornent à acheter des efçlaves qui leur 
tiennent lieu de femmes. Ces Colons ont 
toute la poltronerie, toute l'hypocrifie, 
. toute la mauvaife foi , tpute l'avidité , 
toute la baflefle , toute la lâcheté attribuées 
^ leur nation. 

Les HoUandois font les véritables Sou- Pui(îancfd« 
verains de l'Ifle de Java, quoiqu'ils n*y "°"^"'^''** ^ 
pofledent qu^un territoire peu confidérable 
vers le nord , entre Bantam & Tfieribon. 
Les garnifgns qu'ils entretiennent dans les 
pt^t^ dçs Prince^ Ipdiens tieni^ent çe$ Hqî^ 



Java. 



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jio Histoire dc t'Asts; 
îfous leur dépendance. Les forts qu'ils 



iïs'ÏÏ''^ ont dans la circonférence de riûe , 

^***leur aflurent l'Empire maritime de ces 

quartiers. Us font ain(i Maîtres de toutes 

les forces & de tout le commerce du 

pays. 

Batavia ou Jacatra , métropole de leurs 
pofTeflions , eft bâtie à quatorze ou quinze 
lieues de Bantam , fur un golfe qui forme 
en port fpacieux & commode, abrité de 
pluheurs Ifles qui rompent l'effort des 
vents & des vagues.Une rivière la traverfe 
dii midi au nord ; & de l'eft à Toueft , elie 
eft coupée de canaux. Graat,dans l'ample 
defcription qu'il fait de cette ville , laiflè 
à defirer fa véritable grandeur. Salmon 
lui donne trois grandes lieues de circuit 
en y comprenant les fauxbourgs qui font 
plus grands , mais moins peuplés que la 
ville même , dont un large canal les fc- 
pare. Le même relateor y compte cent 
mille habitant tant Indiens qu'Européens. 
Bruin la regarde pour l'agrémem de fa 
ficuatioii & pour la régularité de fes bâti- 
mens comme une des plus belles villes 
.<ie l'univers. 

Les dehors de Batavia offrent quantité 
^e maifons de plaifance , outre uri grand 
nombre de hameaux peuplés d'Indiens , 
de Chinois Se de Maures. On y voie en 



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©EL'AFUKjtyBETDEL'AMifllQUE. JXI 

divers endroits des tuileries , des brique- 
teries , & beaucoup de moulins à fucrè , HistoiAb 
à poudre, à bled, à papier, &c. dont la *^* ^^^*'* 
Colonie cire des profits coniidcrables. Pour 
mettre cts beaux établilTemens à l'abri de 
toute efpcce d'irruption , la Compagnie a 
fait conftruire plufieurs forts, fur tout 
dans les parties les plus expofées. Quélr- 
iques corps de gardée difpofés par inter- 
valles, achèvent d'aflurer la tranquillité 
des Colons. Les Chinois contribuent beau- 
coup à la profpériié de la ville. Ils furpaf- 
fent tous les autres peuples de l'orient , 
dans la connoiflfance de la mer & de 
l'agriculture. C'eft leur diligence & leur 
attention qui entretient la grande pèche, 
& c'eft par leur travail qu on eft pourvu 
à Batavia des néceflités de la vie. Le^s 
Malais s'attachent particulièrement à la 
pêclie. La plupart des Maures font Col- 
porteurs. L'occupation ordinaire des Am- 
boiniens eft une efpéce de charpenterie 
qui confifte dans la conftrui£):ion de mai^ 
Jons de bambou , ouvrage qui demande 
beaucoup d'adrefle. C'eft une Nation har- 
die , d'un commerce très- difficile , & tou- 
jours prère à fe foulever. 

L'autorité civile & militaire de la Co- Aamîaiiif^ 
lonie, eft toute entière entre les mains ^?^ ^* ®*^* 
' 4'dp chef fiîprçme ijui % le lijre dç .Gw-^ * 



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5it Histoire de l'Asie, 
îverneur général des Indes. Ileft élu en 
Histoire Hollande par les dix-fept Diredeurs de 
Ms iNDBs. jjj Chambre Souveraine , & fon éleaion 
idoic être confirmée par les Etats Généraux. 
Sa puifTance ne doit durer que trois ans , 
mais quand la Compagnie eft facisfaite 
de Ces fervices, elle le confirme dans Ton 
emploi , iSc cette prorogation eft fouvenc 
pour la vie. Quoique dans certaines mar 
tieres , il foit obligé de prendre l'avis du 
-Confeil des Indes, il peut néanmoins» 
■en fe conduifant avec adreffe, fe rendre 
Maître des délibérations, & il n eft pas 
-tenu de rendre compte. Il préfide au Con- 
feil Souverain de Batavia, compofé àt(i% 
membres nommés par la Chambre Syn- 
dicale de Hollande, & de quelques Affef- 
feurs qui n'ont que le droit de donner 
leur avis fans qu*ils ayent de voix. On 
délibère dans cette alTemblée fur les inté- 
rêts de l'état & iiir les affaires du com- 
merce. Il y a outre cela une cour de juf- 
tice qui connoit de tout ce qui regarde les 
principaux officiers & les comptables. Un 
Confeil de Bourguemahres ou Echevins, 
4ont deux Chinois , chargés de fuger les 
conteftations qui s'élèvent entre les Ci- 
toyens de condition libre, uneChatpbre 
dcftinée à veiller aux intérêts des QrpJiê- 
lins, un Tribunal dont Tobj^et ©ft de fp- 

glec 



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Bfc l'Afrique et de l'Amérique. 31 j 
gler ce qui concerne les mariages; un! 
Confeil qui a la direftion des milices Histoire 
bourgeoifes de la ville qui n a point ^^s Indes; 
id'autres gardes que fcs propres habitans. 

La Compagnie a toujours un entrepôt Forcei àc I* 
confidcrable de troupes pour la garde de^®^***"** 
toutes les Colonies Holiandoifes. Le tra- 
ducteur Italien de Salmon , cité par l'au- 
teur de THiftoire moderne, fait monter 
le nombre des milices à douze mille fol- 
dats , dans le feul territoire de Batavia , & 
à cent mille dans toute retendue des Co- 
lonies des Indes. Quant aux forces mari- 
times , le même écrivain les fait monter 
à 1 80 vaifleaux de guerre , depuis trente 
jufqu'à foixante canons, c'eft-a-dire, fui- 
vant M. TA. de M. le double ou le qua- 
druple de Tes forces réelles, même dans 
les plus beaux jours de fon commerce. 
Quelques navigateurs ont fait le trajet de 
Hollande à Batavia en quatre mois & de- 
mi 'y on en mec jufqu'à quinze dans les 
voyages malheureux ; les navigations or- 
dinaires font de fîx ou fept mois. Les 
vailFeaax qu.i viennent de Batavia en 
Hollande ne forment, dans le courant de 
Tannée , que deux en^^ois de fept ou huit 
navires qui fe fuccedent de fort près , & 
qui fe joignent au Cap de Bonne-Efpé-^ 
rance. Dans le cours du voyage , on ob- 






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M4 Histoire de l'Asie, 
*^*^*^ ferve une difcipline très-rigoarçufe , & 
Histoire l»on exerce régulièrement les foldats au 
^"^^^«•maniment lies armes. 
cufTiuT^* * ^^ commerce , dit le Hollandois Graaf , 
4o'u. ^ ' confidéré en général , eft permis fans doute 
i tout le monde , & chacun a droit de 
l'exercer , lorfqu'il eft capable de Tentre- 
prendre & de le foutenir : mais il en faut 
excepter ceux qui ont cédé ce droit en 
s'engagcant au (ervice d'autrui , & qui ont 
confirmé cette ceffion pat la foi du fer- 
ment. C'eft le cas des officiers employés 
par la Compagnie. Cependant les capi- 
taines de navire , fuivant ce voyageur nn- 
cere , ont coutume d'étendre fort au-àeU 
de {es bornes le droit d'avarie ou dm-»- 
demnité, en prétextant des pertes ima- 
ginaires pour obtenir des dédommage- 
mens confidérables , & de faire un fecret 
traSc des vivres , des cordages & des 
autres munitions maritimes qu'on leur 
confie , Se qu'ils volent quelquefois fub- 
tilement pour les revendre par d'autres 
mains i la Compagnie. Les yaifleaux qu'on 
envoie tous les ans de Batavia au Japon 
portent toujours, contre l'ordre établi, 
tant d'effets appattenans à des particu^ 
liers, que ceux de la Compagnie reftent 
quelquefois fur le rivage » & que h tna^ 
noe^vrç çn a été ironW^e |u/^«'* oçç^-* 



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DB l'Afrique et de l'AMiRiQUE. j 1 5 
fîonner des naufrages fréquens. Ce font' 
des hommes décries par leuts moeurs , M^toUcï 
mais fecrcttement proccgés , qui font par ^** lNi>tf, 
eux-mêmes ou par des agens ce commerce 
frauduleux j les femmes même s*en 
mêlent , malgré les défenfes Spéciales qui 
leur font intimées. Par ces prévarications, 
les vailTeaux font chargés d'une multitude 
d officiers inutiles , qui prennent le titre 
ridicule de ftathouders de la Compagnie. 
L on s'imagineroit , dit Graaf , que ces mi- 
fcrables tiennent à ferme le voyage du 
Japon & de Bengale. Sur terre , c eft la 
même infidélité. Les magafins de la Com- 
pagnie fe vuident avec une rapidité in- 
concevable, fes atteliers font remplis d'ou- 
vrages qui ne Tintéreflent point, fes em- 
ployés travaillent pour le fervice des par- 
ticuliers , &c pendant que le bien public 
fouffre , les entrepreneurs des travaux pu- 
blics , des hôpitaux , des vivres , s'enri- 
chiflfent. Ces rapines ne portent plus le 
nom de vol , & Ton fe perfuade que l'im- 
punité les légitime. 

Ce Hollandois peint avec de femblables Mœu« da 
couleurs les mœurs des habitans de Bata-"®"*"****^ 
via j fon pinceau s'exerce particulièrement 
fur les femmes. Leur extrême molleffe , 
leur luxe faftueux , leur afFreufe dureté 
^envers leurs efclaves, Tobfcénitéou lafri* 

Oij 



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)i(» Histoire de l'Asie^ 
volitc de leurs propos , leur penchant pour 
Histoire j^ débauche , leur goût pour k table , litî 
Nois. ^Qnnçnj ijçy d'exercer fur elles une vive 
cenfure, dans laquelle il protefte qu'il ne 
s'eft point éloigné de la vérité dans ta 
moindre circonftance, & qu'il a veiHc 
feulement fur fes expreffions pour ne point 
bleflfer Timagination des femmes d'hon- 
neur. Il dit , en parlant des Hollandoifes 
de père fc de mère , que non-feulemenr 
elles ont perdu Vufage, Ci bien établi en 
Hollande , de nourrir elles-mêmes leur^ 
enfans « mais qu'elles abandonnent leur 
éducation à des Maurefques ou Bani^nes^ 
qui font couler dans leurs veines le germe 
& le goût de tous les vices, » Il y a cJe 
» quoi s'étonner , ajoute-t-il , quand on 
» vient à confidérer â quel degré cqs 
»» femmes portent la fierté dans les Indes , 
» & qu'on fait réflexion fur ce que la phi- 
w part étoient en Hollande} car je ne veijx 
»» pas y intéreffer celles qui doivent ctpç 
» exceptées. Les unes font des jxetfonnes 
» de bas ordre dans la venu, qui prefTé^s 
M par la pauvreté ou ayant commis quel- 
M ques fautes , ont cherché une dernière 
»> reffource aux Indes. D'autres du plus 
s> bas étage qui gagnoient leur vie à fer- 
'w vir & qui s'ennuyoient du travail , fe 
•» fopç bief! trouvées 4*avoir pris le txicttm 



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DE l'Afrique et de l'Amériq^je. j 17 

' » parti. Je ne veux pas oublier celles qui , ^**'***'^^ 
» après avoir vécu chétivement en Hoi-^^^^^^^^ 
» lande à vendre les denrées les plus viles, **^^ iNots, 
» ont rcuflî dans leur voyage & font de- 
» venues des dames des Indes. Mais je 
»> paflTerai fou55 filence, que malgré' leurs 
w aventures de Hollande , elles font re- 
» çues aux Indes comme apures , nettes & 
»> vertueufes , de forte que fouvent elles 
«font de bons mariages. Ce font des 
*> chofes paffées , le mari n'en fçair rien ; 
»> & quand il le fçauroit , c eft la mode. 
*y Elles n'en (ont pas moins les maîtrefles, 
>y & ne manquent pas de fe dire parentes 
»>. & nièces de quelques confeillers , de 
»^ quelques bourguemaitres ou de quel- 
*» ques marchands confidérables i». 

IJlc de Bornéo. 

- Cette ifle, la plus grande des ifles In- i>îver$ 
diennes , eft coupée par la ligne équi^&j;'''*^ 
noxiale. Elle s'étend à quatre degrés & 
demi au fad & à huit degrés au nord de 
réquateur ; ce qui fait 1 x degrés & demi 
de latitude. Sa longitude eft entre 1 50 & 
15 8 degrés. Son circuit eft de plus de 5 30 
milles 5 le P. Vintimiglia, Jéfuite Portu- 
gais, lui donne 1850 milles de tour. On 
cpmpte dans cette iile fept principaux 

O iij 



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- }l8 HlSTOIHE DH L'Asili 

T^""""""^ Royaumes , qu'on dcfigne par les noms 
Histoire de leurs principales places ; Banjar-Maf- 
Mà$ ND£s. g^ ^ Succadana , Landa , Sambas , Herma- 
ta , Jachou & Bornéo. Les côtes font oc- 
cupées par des Princes Maures , qui 
viennent d'Arabie , comme ceux de Su- 
matra & de Java. Le centre eft idolâtre. 
Baniac-MaT. fianjar-Maflii^, capitale du plus paif- 
*^ fant Royaume de Bornéo , n'eft qu'un vafte 

bourg , fitué au fud , près d'une grande 
xiviere. Ses maifons font la plupart bâties 
de bambou , à la manière Indienne, 
il y en a quelques-unes de planches. Ie5 
principaux lieux qu'on rencontre en allant 
au nord font Taus ; Kaitongié ou Cota- 
tengah , réfidence du Roi ; Caljoncam- 
pang , riche en or ; Mandavay , abondante 
en mines , en bezoard , en cire , en ou- 
vrages de jonc ^ Sampit qui fait un grand 
commerce en or , en épiceries & en autres 
marchandifes, dans une baie où mille vaif- 
feaux pourroient être à Tabri de tous les 
vents; Ponbouang, dont la rivière roule 
beaucoup d'or & arrofe de belles cannes j 
Cotaringa , dernière pUce du Royaume , 
laquelle furpaffe en richeflfe tous les autres 
lieux de la cote où Ton peut lever plus de 
fept mille foldats. Le Roi de Banjar prend 
le vain titre d'Empereur de Bornéo. 
Succadana. Qn entrô enfuite dans le« Etats du Roi 



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DE t*A]PRIQUl BT DE L^AxciRlQ^È Ji^ 

de Succadana , qui n a pas plus de mille 
hommes de troupes, mais qui recueille ^'st^irb 
beaucoup de diamans&tic camphre. Saris^^* Indis. 
préfère les diamans à ceux de rlddcftan ; 
il y en a qui font de la groffeur d'un ocut 
de pigeon. Cependant ils font en général 
petits , & les gros font jaunes & très-im- 
parfaits, fuivant d'autres voyageurs. Le 
Roi , pour s'en rendre maître , tient fur 
la rivière dans lefquelles on les pêche , 
des bâtimens armés , qui en empêchant 
la communication avec les étrangers, ob- 
K^ent fes fujets à lui porter toutes leurs 

f serres , dont ils ne retirent que ce qu'il 
ui plaît de leur donner. La vule de Suc- 
cadana , fituée fur la rivière , n'offre rien 
de remarquable. Vis-à-vis du Golfe , eft 
l'ifle de Crimataja, dont on tire beaucoup 
de fer. 

Le Royaume de Landa commence im- Undà. 
médiaiement au nord de l'équatear. Le 
bourg de ce nom eft bâti au bord du grand 
fleuve de Lauwe. Ce pays a été fuccef- 
fivement foumis au Roi de Sourabaja, 
dans rifle de Java , & au Roi de Suc- 
cadana. On ne connoît guère fa puif- 
fance. 

Hermata , boiKg qui donne fon nom à Sambai. 
un autre Royaume maritime , touche au 
pays du Roi de Sambas , Prince puiflant , 

Oir 



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;2o Histoire DE l^Asii; 
*eu égard à C^s voifins. Ses Etats font 4 

Histoire quelques milles dans les terres j il acheté 
'^^^^'à vil prix àes montagnards de riniérieiir 
des diamans & d'autres marchandifes pré- 
cieufçs. 

••rnéo. Le Roi de Bornéo réfide dans un bourg 

de ce nom , placé fur une belle rivière , 
auprès d'une fort grande baie , bordée de 
petites ifles environnées de bancs de fable. 
Les environs de Bornéo, Quoique maré- 
cageux , offrent quantité d'habitations or- 
nées de jardins. Ses habitans paflent pour 
les plus riches des Infulaires, parce qu'ib 
recueillent beaucoup plus d'or & de l'or 
plus fin que les autres. Ils ont d'autres 
marchandifes fort recherchées , comme le 
camphre. Leurs pirogues font les plus 
belles , les plus fortes & les plus grandes 
que Ton voie chez les Orientaux. Il paroît 

Sue Taujonbuofo , Sedang & Ta/ong;- 
atoe font d'anciennes dépendances de 
cet Efat , dont la puiffance efl fort dé- 
chue. 

, Le fleuve Sandanaon fait la frontière 
du Royaume de Bornéo. Au-delà eft le 
pays de Marudo , fuivi d'un pays inconnu 
qui porte le nom de côte delerte. Vis-à- 
vis , la mer s'entrelace dans une grande 
quantité d'ifles. Pour rentrer dans la ri-, 
yiere de Banjar-Maffio > on p^court une 



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'ymÊÊlà 



1>E l'Aphique et di l'Amériqt?e. } 1 1 

côre qui fait partie des Etats de ce nom.^^^ 
Quoiqu'elle (bit aflez habitée, il n'y a Histoire 
guère que Paflir qui mérite dctre nom-^^'^^^'*- 
nié , â caufe de ion commerce avec les 
Macalfarois. 

11 refteroic â defirer des éclairciffemens . i?«^"«"r ^e 
lue i inreneur du pays , mais tout ce qu on 
en fçait , c'eft qu'il eft rempli de hautes 
montagnes & de forces impénétrables. 
Le Royaume de Lava, au cœur de Tifle , 
n'eft prefque connu que de nom ; & Ion 
ne trouve pas beaucoup plus de lumières 
touchant ceux de Succadana, de Landa, 
de Hermata & de Sambas /où l'on pré« 
fume qu'il y a beaucoup de deferts , en 
avançant dans les terres. On voit derrière 
Marudo, un« montagne d'une hauteur 
prodigieufe, que l'on nommé le Mont S. 
Pierre. Ces contrées fauvages font peuplées 
d'une infinité d'Orangoutang. 

Le commerce de Bornéo offriroit de Commerce 
grands avantages aux nations Européenes ^^ ^*^^^^'** 
qui auroient l'habileté de gagner la con- 
hance ôc l'amitié des Princes Maures. 
Mais l'orgueil, la férocité, l'inconftance, "^ 

la défiance , l'infidélité de cette nation re- 
butent prefque tous les étrangers. Ils ont 
éloigné les Portugais de Banjar , les Hol- 
landois de Succadana, les Anglois de ces 
d^x villes & les Efp;^gnols du port de 

Ov 



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jif «Histoire i>é l'Asie, 
' Bornéo. Au commencement de ce fiécFe, 
Histoire les Anglois , après s'ctre emparés faoftile- 
Dis Inois. j„ç,^j Jç Banjar , l'abandonnèrent. Cepen- 
dant leur Colonie n*a pas été entièrement 
détruite, comme on la dit. Vaientyn af- 
fûte qu*il a vu en 1 7 1 3 au Cap de Bonne- 
iÊfpérance , le chef d un comptoir Anglois 
établi dans ce canton , lequel en rappor* 
loit de grands iréfors. Le bord de fbn 
chapeatr'tDut garni de diamans pouvoit 
faire juger de ce que contenoient fes 
coffres. Cet officier, pendant fon fé/our 
au Cap, attiroit tous les regards par /à 
brillante figure. Cet établillemeni doit 
donner de la /aloufie aux HoUandois, car 
le pays eft peut-être un des plus favorables 
entrepotis de Tlnde , par l'avantage de fa 
pofition pour le commerce de la Chine Sc 
des Ifles des épiceries. Beekman , naviga- 
teur expérimenté , donne des ouvertures 
pour furmonter les obftacles que les Eu- 
ropéens peuvent rencontrer pvur fe fixer 
dans cette ifle, 
Def^mien Les Portugais ont nommé Béajou les 
iS.'"** Indiens du centre , divifés en peuplades 
appellées K!ans , fous des chefs particu- 
liers. Ces habitans primitifs de Bornéo 
forment un peuple guerrier , adonné à la 
chaflTe & à la vie paftorale, dédaignant 
les fdences & les ^rts , ennemi du vol 6c 



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DE l'Afrique bt de l'AmIriqtje, j ij ^^^^ 
de l^raude, fenfible à ramitié, vivant SSg 
enfemble dans ia plus parfaite union , Histoire 
mais auffi farouche & cruel envers Tétran-^^* ^**^*** 
ger que doux & généreux envers les (îens. 
Ils fe font un plairir barbare de tremper 
leurs mains dans le fane des Européens 
& des Maures. Ils po^^dest» outre les 

f>rincipales richefles de Tifle , les femmes 
es plus belles, les plus blanches & le;» 
plus fpirituelles. Les Rois & les Princes 
des côtes ne dédaignent pas de rechercher 
leur alliance. La modeftie eft extrême 
dans les deux fexes, fur-tou{ dans les 
jeunes filles que leurs maris ne voient pas 
avant le jour de leur union. L'infidélité 
dans le mariage leur paroit un aime & 
odieux , qu'ils la pnniuent de mort , fans 
aucune exception en faveur des hommes. 
Leur principale gloire conHfte à fe diftin* 
guer à la cnalTe , d*oà ils s'efforcent de 
rapponer quelques cornes pointues qu'ils 
poliiTent Se qu'ils portent a leur ceinture. 
La plupart vont nuds y à l'exception des 
parties que la pudeur condamne. Les plus 
aifés ponent un petit pourpoint de toile 
d'écorce d'arbres, douce comme du co- 
ton, qu'ils fabriquent eux*fnèmes; Un 
chapeau de feuilles de palmier les garantit 
du foleil. Ils ont pour armés des poignards 
femblables aux cangiaci dos Maures > 6c 

Ô V j 



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Bri.-^ 



}i4 HisTOïRïDB t^Asii; 
? des farbacanes avec lefqaelles ils Idftcent 



HjsTOiRB des flèches empoifonnées. Sajmon parle 
»is Indes. j»jjj, inftrument nommé fampit , qui leur 
fert tantôt d'arc, tantôt de javelot /& quel- 
quefois de bayonnette qu'ils attachent au 
bout de leur fufil. 

Le P. Vintimiglia dit dans Carrerî 

Îu'ils n'adorent aucune idole , & que le 
>ieu du ciel éft leur unique Dieu. Ce- 
pendant on lit dans le fupplément à rHif* 
toire des voyages, que (ans avoir ni pa- 
godes ni Bramines , ils offrent leurs hom- 
mages au fofeil , â la lune , aux étoiles 6c 
■à tous les objets qui fe ptéfentent à leurs 
yeux le matin , locfqu'ils fortent de leurs 
maifons« Chacun fe fait un Dieu 8c un 
culte à fa fantaitie. Il eft peu de ces mon- 
tagnards qui fe convertiîlcnt au Maho- 
mttifme , parce que ceux qui fouhaitent 
TembralTer font obligés de payer bien cher 
les prêtres qu'on leur donne. Ces peuples 
attribuent les maladies & généralement 
toutes leurs difgraces à un efprit infernal 
qulls tâchent d appaifer par des offrande$ 
tk des facrifices. Si leurs prières font fans 
fruit, ils accablent d'injures le génie mal- 
faifant. Ils ont beaucoup de fuperftitiotïs 
Chinoifes. 

Les Béajou , accoutumés à des exercices 
dors , font plus &rcs Ce plus agiles que 



dbyGoOgI'" 



DE l' AFRIQUE ET »E l'ÀmÉRIQUE. Jl^* 

les Maures que la parefTe amollit. Ils fe- 
frottent le corps avec une huile d'une ^""^^^^^ 
odeur forte, & ils fe peignent la peau avec ^^^ ^^^^ 
du bleu. Un de leurs plus finguliers ornc- 
mens , eft de porter un collier de dents 
de tigre. On dit que les Grands ont le 
bifarre ufage de s'arracher les dents de 
devant pour y fubftituer des dents d or. 
Ce peuple parle une langue particulière. 

Les Maures établis depuis pluûeurs Maures d» 
ficelés dans les parties extérieure^ de Bor-^"****» 
néô , ont confervé les mœurs des Arabes , 
leurs ancêtres : c'eft une nation préfomp- 
tneufc , inconftante , perfide , adonnée au 
vol , intelligônte , née avec d'heureufes 
difpofitîons pour les fciences , mais avec 
un fond de pareffe qui rend inutiles leurs 
tàlens naturels. Ils exercent la piraterie 
fur de petits bâtimens» jufqu a cniq cens 
lieues loin de leur ifle. Leurs femmes 
font aflei jolies. Elles ont la liberté d'aller 
acheter & vendre fur les vaiffeaux Eu- 
ropéens , mais fi on leur fait la moindre -^ 
agacerie , leurs maris témoignent par des 

f;eftes menaçans qu'ils font prêts à percer 
e coeur de celui qui les careffe , fuivanc 
le témoignage d'Olivier de Noort. Les 
nobles vivent avec beaucoup de fafte. 
Leur plus grand luxe confifle dans le 
nombre illimité des fenunes & de$ cou-. 



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jitf Histoire de l^Aste Î 
— cubines qu'ils entretiennent. Le langage 
Histoire ae ces peuples eft le Malais. 

IJlcs CcUbcs ou Macajfar. 

£^hu^^ Cette ifle , féparée de Bornéo par un 
Eutt difii- ' détroit de fon nom, dont la largeur com- 
'*^ mune eft de quarante lieues , s*étend dans 

la zone torride , à un degré & demi de 
la ligne du c6té du nord , & à fix degrés 
vers le fud, cent-foixante lieues du midi 
au feptentrion , foixante de l'eft à l'oueft. 
Quoique les maladies contagieufes dé<- 
folent ce pays lorfque les vents du nord^ 
celTent de rafraîchir & de purifier l'air 
chargé de vapeurs & des exhalaifuns des 
mines d or & de cuivre , les habiuns 
jouiflent d une famé fi parfaite , qu'ils 
vivent jufqu a Tâge de cent ôc de /îx-vingt . 
ans. 

La cote occidentale commence au bourg 
de Turatte, qui donne fon nom à un 
Royaume de Tiflei En la fuivani au nord 
on trouve la pointe & Tifle de Tanahkeke j 
après quoi l'on rencontre les bourgs de 
Tanac & de GeliflTon , la forterefle de 
Pan.^koke , la ville & le château de Sam- 
boupo, le château Hollant^ois de Jom- 
pandan , aujourd'hui Rotterdam , maître 
de llfle; & la célèbre ville de Ma- 



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t>i t'APRIQUE ET DE l'AmIrIQUE. JI7 

cafTar ou Mancaçar , capitale de tout ce * 
pays. HisTOiKE 

• Les Hollandois entretiennent à Rotter- '"''!"*"• 

1 /. •/• - i_ Etabliflcmeus 

dam une rorte garnilon Se une bonne pro- Hollandois. 
vifion de munitions de guerre, parce que 
Macaflar eft réputée la clef des provinces 
orientales, & que d ailleurs on ne peut 
accorder la moindre confiance aux Ma- 
caiïarois. Cette place importante eft Pentre* 
pot du commerce de Bornéo , des Mo- 
luques , de Siam , de la Cochinchine , du 
Tonquin , du Japon & de la Chine, Les 
Européens donnent à la ville de Mancâ- 
çar le nom de Negrerie de Waardingen. * 
Cette place qu'on a repréfentée comme 
une grande & belle ville , qui comptoir 
autrefois , foit dans fon enceinte , foie 
dans les villages voifins , i6o mille 
hommes capables de porter les armes, & 
qui en levé encore 80 mille, paroît dans 
d autres relations un méchant bourg ou- 
vert, qui n a qu'une grande rue & d^ux 
ou trois pet tes. il eft certain que des 
deux côtés de fa rade , on y voit d'afTez 
belles maifons ornées de bois d'ébene» 
rédat furprend les étrangers. La plupart 
font foutenues en l'air fur des colonnes 
d'un bois fi dur , qu'il pafle pour incor- 
ruptible On y monte par une échelle que 
chacun tire foigneufement après foi » dans 



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^sur 



)iS Histoire DE i.*A s i£»^ 
!la crainte dcire pourfuivî par quclqae 
Histoire chien , animal que ces Mahométans fa- 
ȣs Indes, perftitieux regardent comme fi immonde 
qu'ils fe croiroient indignes du jour , s'ils 
n'alloient fe laver dans la rivière auffi-iôc 
qu'ils en font touchés. Les rues de cette 
ville font bordées d'arbres touffus. Il n'y 
a que les femmes qui paroiflent aux mar- 
ches; un homme qui s'y trouveroit, fe- 
roit expofé aux huées des enfans qui font 
élevés dans lopinion que le fexe viril 
cft rcfervé pour des occupations plus im- 
portantes. 

Goa , ancienne capitale d'un Royaume 
particulier, eft aujourd'hui une des capi- 
tales des Etats de Macaflar. 11 y avok 
autrefois une forterelfe, mais inférieure 
à, celle de Samboupo, la feule qu'on ait 
lailfée au Roi par la paix. Goa eil à deux 
milles de Macaflar du côté du nord. Par- 
mi les villes du fécond ordre de ce Royau- 
me , on nomme quelques villes célèbres 
par des manufaâ;ures de toiles de coton 
& d'étoffes de foie ; Tello ou Tallou , ca- 

f)itale d'un Etat de ce nom ; Maros où 
a Compagnie tire un profit confidérable 
de ladixme du riz; Tanetta, capitale d'un 
pays puiffant au milieu d'une baie , fuivie 
de la baie de Badjoukike, où cent vs^C*- 
féaux pourroient êtr^à leur aife. Sur cette 



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©B l'Afrique ET DE L'AnâiiiQUî. 319 
dernière bàe, eft la ville de Mandar,î 
chef-lieu d'un grand pays limîîrophe des^"'^^^*^ 
Etais du Roi de Ternaie^ dans la partie*^' ^^^"' 
feptentrionale de l'ifle. 

En retournant au fud !e long du golfe 
de Boné ou Boni, ou de Saleyer , la ville 
de Louvou paroît d'abord , fuivie de celles 
de Sopping : l'une & Tautre ont donn» 
leurs noms à des Etats confîdérables , au- 
jourd'hui fournis au Roi de Boné ou Cé- 
lebes , qui partage avec celui.de Macaf- 
far TEmpire de l'ifle , fous la domination 
des Hollandois. On entre cnfuite dans lé 
pays des Bonguis, dont là principale ville 
conduit à Tiynrana, rcfidence du Roi de 
Célebes , fitùée fur une rivière du mcme 
nom. Les ifles les plus remarquables pla« 
cées au voifinage du golfe de Boni , font 
Bouloucomba , où Ton feme quand on 
raoiffbnne à Barros , quoique ces lieux ne 
foient fcparcs que par une montagne d'une 
hauteur médiocre j Tifle de Saleger , deux 
ifles appartenant au Roi de MacalTar . & 
beaucoup d'iflots. La côte méridionafle de 
Célebes offre une grande baie , au fond 
de laquelle eft fituée Bonteyn , ville des 
Etats de Boné. On n'a aucune connoif- 
fânce de la partie orientale du golfe de 
Boni. Dans l'ifle de Pangafane , Tibore 
eft le chef-lieu d'un petit Royaume, fa^ 



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})0 HisToiRBM l'Asie, 
! meux autrefois. Le Roi de Tifle de But* 
Histoire ton tient fa Cour à Toulongfoufou ;^ il 
»E» Indes, ^ft tributaire du Roi de Ternate. On 
nomme parmi les principales places du 
Royaume de Boné ou Cclebes , Vadjoée , 
Renugui, Mamoja, Badjing» Bancala, 
Sayo ; Toraja , capitale d*un Royaume 
particulier, &c. 

La côte orientale de Célebes eft bor- 
dée des bourgs de Tambouco , de Mo- 
done , de Balante , de Goromale & autres 
jufqu*d Manado , fur la pointe fepten* 
trionale où les Hollandois ont la fortereiïe 
d'Amfterdam. De là on parcourt les 
Royaumes de Boulan & de Caudipan ic 
plufieurs ifles. On pafle enfuite dans la 
grande baie de Cajeli , dont les environs 
font fort peuplés. Le Roi de Ternate pof^ 
fede une étendue de côtes de io8 milles 
entre Manado Se cette baie. 
Ajnimtniéc Getvaife fait une peinture charmante 
^ de cette ifle , de la ncheffe & de la va- 

riété de fes produirions , ainfi que de la 
beauté de fes paffages. 11 affure qu il n'y 
a aucune provmce que la nature n'ait dil- 
tinguée par quelque faveur particulière. 
Les contrées du nord , moins agréables 
que celles du fud , ne font pas moins 
riches par leurs mines & par leurs car- 
rières. L'or s'y préfente de lui-même ea 



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DE l'Afuiqub et DI t'AuiKîQVl. J J I ^^^^^ 
poudre & en lingots dans les vallées après ^"'™*'**^ 
l'écoulement des ravines. Il abonde dans Histoire 
le Royaume de Toraja. •" ^n^^^- ^ 

Le defpotirme règne dans ces contréeSé courern** 
Le trône eft héréditaire ; mais les frères °^*'^** 
fuccedent , du moins dans quelques can- 
tons, à Texclufiondes enfans, pour éviter 
les inconvénièns des minorités. Tel eft 
l'ordre de la fucceflion à Goa. A Boné^ 
quoique le Royaume foit également hé- 
réditaire , fept Pitos ou Ele6keurs nom- 
ment , pour la forme , le fuccefleur du 
Monarque défunt en préfence de deux 
députés Hollandois. Lorfque ces officiers 
ne s'accordent point , tes Hollandois ter- 
minent leur différend par leur fuffrage. 
Tous les Etats de rifle font unis par une 
alliance étroite qui les oblige de fe dé* 
fertdrè mutuellement en cas d'attaaue. 
Cette ligue eft l'ouvrage des Hollandois 
qui veillent à fon maintien, en qualité de 
protefteurs. Les Princes s'aflemblent quel- 
quefois pour les affaires^ relatives à l'in- 
térêt général. Le Roi de Boné convoque 
la diète > le Gouverneur Hollandois y pré- 
ilde , & les décifions de laflemblée lont 
des loix pour chaque Etat. Les officiers de 
là Compagnie tiennent ces defpotes dans 
une dépendance étroite , après les avoir 
défarmés , fous prétexte de les mettre daas 



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ÎJl HlSTÔlRB t>t l'AsîE, 

Tutile impuiflance de fe nuire les uns aiir 
Histoire autres. Du refte, on dit que ces mar- 
«f$ NDBs. chands-fouverains font ici un ufage mo- 
déré de leur pouvoir. 

Les Monarques Se les Seigneurs de 
Célebes ont , dans les armées , des dra* 
peaux particuliers , qu'ils confient d leurs 
plus braves' foidats Se dont* la perte eft 
luivie d'une honteufe flétriflure. Us fe 
fervent de pièces d'artillerie fi groCTcs.qu'un 
homme peut y enrrer & s'y cacher entière- 
ment i mais leur poudre eft fi mauvaife , 
que ces prodigieu fes machines ont aflez 
peu d'effet. Le premier choc des Macaf- 
farois eft furieux ; mais une réfiftance de 
deux heures fait fuccéder dans leur caur 
1 abattement à la rage; parce qu'alors l'i- 
vreffe de l'opium , fource de leur feu , fe 
diflîpe fans doute , après avoir cpuifc leur 
force , par de violens tranfporrs. Ils pa/ïènc 
pour les meilleurs foldats de l'Afie méri- 
dionale, & Ton vante leur habileté dans 
Us. exercices militaires. Dans leurs duels , 
ils fe battent ordinairement avec le cric 
& quelquefois avec le fabre & la ron- 
dache ^ jufqu a la mort d'un des deux 
champions. Us lancent des (lèches avec 
des farbacanes , fi adroitement , que 
Gervaife afliire qu'ils ne manquent ja- 
mais de donner dans l'ongle d'un doigt 
qu'ils fe font propofé pour but. 



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©el*Afrîqueetdf l'Amérique, jjj 
La nol^lefle eft fondée fur des titres I 
qui la rendent perpétuelle. On la diftingue Histoire 
en trois ordres , celui des Dacus ou Ducs , ^^f Indes* 
celui des Carrés , Marquis ou Comtés & oJarw'^ac* d- 
celui des (impies nobles. La qualité des toyent. 
Dacus eft attachée à des terres » ancienne- 
ment anoblies par les Rois » en faveur 
de quelques fujets diftineués par leurs 
fervices. Les conceflîons de cettç nature 
rendent une terre inaliénable ; ces terres 
font réunies à la Couronne, quand la race 
de leurs polTeflcurs s'éteint. D'un côté les 
vafTaux de ces feigneuries font tenus, fans 
diftinftion de fexe , de fervir leurs Sei- 
gneurs par quartier , ou de fe racheter du 
lervice , par une fomme équivalente. De 
Tâutr^, Ie$ Seigneurs doivent payer au 
Roi une certaine fommç & le fuivre à la 
guerre, à leurs propres frais. Comme la 
multiplication d*une noblelTequi ne fouffre 
aucune concurrence l'aviliroit & nuiroit à 
l'Etat , le nombre des Dacus eft fixé. Le 
Roi foutient ces illuftres races , foit en l^s 
honorant des premières dignités, foit en 
lei^r diftribuant des terres nçbles , foit en 
leur abandonnai>t des confifcations {Je 
d'autres profits. La nobleffe du fécond 
ordre confifte dans l'éreftion d'un village 
en carré. Cette faveur dépend de la feule 
V9lon(é du Roi. Le$ Lo)os fpnç anol^s 



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))4 Histoire di l*Âsie, 
' par des lettres particulières & par quel- 
Histoire ques préfens qui répondent à leurs fer- 
Bis IKDES. ;;ices. 

Il 7 a peu d*cfclaves à Célebes , parce 
que les loix ne permettent point aux pères 
êc aux mères de vendre leurs enfans , ni 
aux perfonnes avancées en âge de vendre 
leur liberté ; qu'elles ne foufFrene point 
de Mufulman à la chaîne , & que la 
'^ crainte de voir la tranquillité publique 

troublée par Us prifonniers de guerre, 
engage la Cour à les faire tranfporter dans 
les contrées voifines. Les femmes font 
prefqu'entiérement chargées des offices 
domeftiques. Le fervice eft très-doux chez 
ce peuple. 
Génie , ca- Les vojrageurs conviennent aûTez génc- 
d^hS^^-^^^^^^^^ que parmi les peuples des Indes , 
wi. il n'y en a pomt qui aient reçu de la na- 

ture plus de difpofition que Jes MacaflTk- 
rois pour les arts & les fciences, comme 
* pour les armes. Ils ont la conception vive 
Se Tefprit jufte, avec une mémoire fi heu- 
reufe , qu'ils n'oublient , dit-on , prefque 
jamais ce qu'ils ont une fois appris. Leur 
corps eft formé pour une ame forte. Ils 
font robuftes , grands , laborieux & ca- 
pables deréfîfter aux plus grandes fatigues. 
Leur nez plus écrafé que celui des Sia- 
mois , eft chez eux une beauté qu'on fe 



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©B l'Afrique it de L*AMiRiQXJE. j jç 
plaît à former dès leur enfance. A toutes ! 



les heures du jour leur^ nourrices leur Histoire 
preflTent doucement le nez de la main ^^^ Ini>*«^ 
gauche , pendant que de l'autre elles le 
frottent avec de Thuile & de l'eau tiède. 
On leur fait les mêmes frottemens dans 
les autres parties du corps , pour faciliter 
les développemens de la nature j delà 
vient qu'ils ont tous la taille fine &: dé- 
gagée. On les fevre un an après leur naif- 
lance , dans l'opinion qu'ils auroient moins 
d'efprit s'ils continuoient plus long-tems 
d'être nourris du lait maternel. A l'âge de 
cinq ou fix , les enfans mâles de quelque 
diftinétion font mis , comme en dépôt , 
chez un parent ou chez un ami, de peur 
que leur courage ne foit amolli par les ca<- 
rtSes de leijrs mères & par l'habitude 
d'une tendreffe réciproque. Ils ne re- 
tournent dans leur ramille qu'à l'âge où 
la loi leur permet de fe marier, c'eft-à- 
ilire , à quinze ou feize ans. Il eft rare 

. qu'ils ufent de cette liberté avant que de 
s'être perfeâ:ionnés dans l'exercice des 
afiiies. 

Les MacaflTarois font plus proprement 
vêtus qu'aucune autre nation des Indes* 
Les nobles portent fous leur vefte une 

; culotte qui relTemble aux nôtres & une 
ççinture par-dçflus. Lprfqu'ils paroiflenj 



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}}(î Histoire de l'Asib , 
en public, ils ajoutent à cet habillenienc 
Histoire un manteau. L'ufage commun eftde mar- 
dfis Indes, cher pieds nuds. Les perfonnesde qualité, 
pour fe garantir de I*incommodité du 
fable , chauffent de petites fandales Mau- 
rcfques. Leur refped pour le turban va 
Cl loin , qu'ils ne s'en fervent qu'aux jours 
de fêtes & de rcjouiflances publiques. Ils 
ont ordinairement la tète couverte d'un 
bonnet d'étoffe blanche , qui a la forme 
d'un chapeau. C'eft un ufage indifpen- 
fable pour les gens de qualité d'entretenir 
fur leurs ongles une teinture rouge. Us ne 
font pas moins curieux de fe peindre les 
jd^nts en rouge , ou en verd , ou en noir. 
Il y a des Seigneurs qui fe font arracher 
les meilleures pour en porter d'or, d'ax- 
gent ou de tombac. 

Les femmes , plus paflîonnées encore 
pour la propreté que les hommes , mais 
moins magnifiques , s'habillent avec une 
chemife de moulTeline , une culotte & un 
^ jupon femblable à celui des ïrançoîfes. 
£lies bouclent & parfument leurs che- 
veux qui font naturellement noirs : c'eft 
leur feule coëfFure. Elles n'ont pour 
collier qu'une petite chaîne d'or que leurs 
maris leur donnent le lendemain de leur 
noce , pour les faire fouvenir qu'elles font 
leurs premières efclaves. Les bagues & 

les 



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Dl L'AjîRIQtJE f T DE l'AmÉRÏQUE. J J7 

les pierreries font l'ornement des hommes. 
On racome qu'à leur mariage , on iaifle Histoire 
pendant les trois premiers jours & les^** Indes, 
trois premières nuits qui fuivent la céré- 
monie y les mariés tout feuls dans une 
chambre obfcure , oii une vieille femme 
va leur fournir les chofiss qui leur fbnc . 
nécedaires » pendant que les parens & les 
amis palTent le t^mps en réjouifTances. 
Dès le matin du quatrième jour un ef* 
clave porte dans la chambre des mariés 
une barre de fer , fur laquelle font gra- 
vés des chiffres myftérieux, avec un leau 
d'eau fraîche. Comme les dçux époux 
mettent les pieds nuds fur la barre de fer, 
le plus âgé de la famille ou de la com- 
pagnie leur jette le feau deau fur le 
corps en prononçant quelques prières. Les 
femmes ne perdent point leur nom en fe 
mariant, mais elles y ajoutent celui de 
leurs maris. Ceft un titre recommandable 
d'avoir plufieurs femmes & fur-tout une 
;nombreufe famille. Un coup d'oeil , un 
fourire , la moindre faveur qu'une femme 
accorde à un autre homme qu'à fon mari 
eft un crime capital & une caufe fuffi- 
fante de divorce. Du refte , elles ont la 
liberté de fe raffèmbler & de s amufer 
cntr'elles. 

TomcF. P 



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JjS HlSTOlRl Dl L*ASI1, 



Histoire Les Moluquts & les JJles voijincs. 

ȣ$ Indes. 

Les Moluques proprement dites , côa- 

>ces par la ligne équinoxiale , s'éiendeiit 

beaucoup plus vers le noïd que vers le 

'ud , dans une efpace d'environ cinquante 

riéues* On en compte cinq principales, 

Tetnite , Tidor , Motir , Machian , au 

nord de l'équateur, & Bachian au fud. 

La plus étendue n'a guère que douze oii 

quinze lieues de circuit fur quatre ou cinq 

de longueur. Elles font fcparées les unes 

des autres par de petits détroits , dans 

lefquels on trouve d'autres ifles de 

moindre grandeur. On aflTure que leur 

terroir eft fi aride & fi fpongieux , mal*- 

gré l'abondance des pluies, que ies ror- 

rens qui tôftiberit des montagnes s^c- 

puifent dans leur cours fans parvenir à la 

mer. ^ 

^ . - ïèrnate , la plus renommée, quoi- 
qu'elle ne foit pas la plus étendue , a deux 
ports à une lieue de diftance l'un de 
l'autre , TcUngamma & Tolaco. A une 
detiii-lieue du^bourg de Telingamma , les 
^'ardicres , Indiens libres qui fe regardent 
plutôt comme les alliés que comme les 
fuiets de U Compagnie Hollandoife , ha- 
biient la petite ville de Malêïo qm voit 



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DE l' AfRIQXJE et I>£ i'AMÉWÇVl. 3^9 

au nord, le fort d'Orange, château co^fi-! 
dérable des Hollandais. Gamnaalamma , Histoire 
a trois lieues du fort, boatgquip'a qu'une ^^^ Indes. 
rue , paiTe jpour la capitale , comme le fé- 
jour ordinaire des Rois de Ternate. Au 
centre del'ifle , on découvre une haute 
montagne , dont le fommet offre la vue 
d'un gouffre qui' paçoît aiiffi profond que 
U montagne même. Les éruptions jàe ce 
▼olcan font terribles , fur- tout dans les 
équinoxes , où régnent des vents orageux*. 
Son bruit eft fiépouvantable qu*on croiroit^ 
c'eft reypreflion du Uollandcis de Roi ^ 
que c*efi rabymt immen/i duftu iternpl } 
& rimaginatipn d0U icifuppUcr à Vtx^ 
prtj^on qui $fi irop fpibU four en dépeindre 
touêes ks horfews* On remarque que la 
montagne eft Gp^usr^te d'arbriflfeaux & 
d'herbages toujours verds > & Ion croie 

3ue le volcaa contûbue à les entretenir 
ans utie fraîcheur cQn;i]melle , par labon" 
^nçt d^ ruîfTewx qu.i ie forment de fes 
vapeurs^ 

Le KUn pu KoUn de Ternate prétend 

3ue fa domination eft étendue fur plus de 
eux cens ifles. En 1 69 1 , il pouvoir avpic 
Juatre à cinq ç^ns mille réaies en efpéces 
ans fpn tréfor, fans compter quelques 
quintaux d'qr igc d'argent mis en œuvre. 
Ia .Cim\f(^nie j^lUn4oiiè lai donne une 

Pi; 



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jîfO HlSTOIHE DE L*AsiI, 

' garde de douze hommes avec un fergent 
Histoire ^ ^j caporal , fous prétexte de lui faire 
9£$ NDEs. iiQ^j^çûr^ mais dans le fond , pour cpiec 
fa conduite 6c pour être mattreffe de 
fa perfonne. Cette garde Taccompagne 
par- tout , excepte lorfqu il fe rend au' châ- 
teau d*Orange. 
ifltaeildoc. Tidor ou Tudura , ifle un peu plus 
grande que Ternatç, eft un pays fort 
peuplé & gouverné par un Sulthan , qui a 
des poiïemons dans Tifle d*Amboine Se 
dans la nouvelle Guinée. Les Hollandois 
ont un fort à Motir , la plus pecite des 
cinq ifles. On vante la fertilité de celle 
de M^chian , où les Hollandois poffedent 
plufieurs places , dont la plus confidérable 
eft Gnoflfikia. Ces deux ifles nont point 
de Princes particuliers. Bachian comprend 
deux ifles à portée du canon l'une de 
l'autre , Ombachian & Labova , dont cha- 
cune avoir autrefois fon Roi particuher. 
Le Roi qui y regnoit avant Tartivée des 
Hollandois avpit environ douze mille 
hommes fous fes ordres ; dans certain 
tems , il n'en a pas eu deux cens. 
Ifles de Mîa- La grande ifle Philippine de Mindana© 
jltttao,deTa. Jes ifles de Taïaut, la grande ifle de San- 
Uui,«cc. ^^^ j^^ j^^^ j^^ Tortues , Bangay & une 

centaine d'ifles de fa dépendance , Gilolo 
en partie , Ceram en partie , dp même 



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t>E VAfKÎQV^ ET DI L^AMiaiQTJfE. 54 1 

qu'Amboine , Solor , &c. font au Roi de* 
Ternate. Les Rois de Tidor ont des do- Histoire 
maines dans les ifles des Papous , dans ^^* 1«de$. 
Gilolo , fur les côtes de Ceram , &c. Le 
Roi de Bachian a auffi des droits fur les 
ifles des Papous & fur quelques autres. La 
fouveraineté de tous les lieux du reflbrc 
de Terrtaie appartient à la Compagnie de 
Hollande , en vertu du tranfport que le 
Roi Amjlerdam lui en fit en 1678. Le Roi 
de Bechian lui rendit quelques années 
après pluCeurs petites \([ts. 

Sarangani pu Carongan , au fud^eft de 
Mindanao , étoit anciennement la réH- 
dence du Roi de BouwiiTang^^ qui l'eft 
en même temsde Çandahar, & qui fait 
aujourd'hui foj^ féjour dans Tifle de San* 
gir , ainfi que quelques Rois des ifles de 
Taïaut. Les habitans de ces dernières con- 
trées manqueroient même du néceiTaire» 
s'ils n ecoient accoutumés à vivre comme 
les Brutes , dont ils femblent ne différée 
que par la figure. Leur principale nour« 
riture fe tire d'une plante fauvage nom- 
mée foutou-foutou, dont le fruit eift fort 
mal fain. On compte jufqu'à trente fa- 
milles dans une même maifon. Leur ca- 
raÛere n'eft pas féroce , il eft d une grande 
/implicite. Chaque ifle a fon idiome & un 
démon auquel elle eft confacrée. . i 

P iij 



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$4^ HisToiRB DE ï.* Asie 9 
Sangir eft foQmife à quatre Rois , qui 
HisToiRi réunis ehfemble peuvent mettre quatre 
»tt lnt>u. n^iiiç hommes fous les armes. Le nombre 
des habitans monte i près de treize milles 
Ces roitelets font toujours en différend les 
uns avec les autres. Ils donnent beaucoup 
d'embarras anx CommiiTaires de la Com- 
pagnie qui vont chaqi»e année faire la vi* 
iite èes quartiers feptentrionaux^Le vol- 
can d*Âbou , haute montagne , a quelque^ 
fois fait périr dans fes éruptions un peuple 
entier. 11 y a un autre volcan , toujours 
enflammé , dans Tifle de Sjauw , lequel 
lancé de Teau , des cendres & de gro0ês 
pierres rondes comme âts boulets. Ce 
pays eft pauvre , 8c le Roi lui-même vit 
miférablement. Les Rois de Saneir, de 
Sjauw & de Tagulanda, capitale de Tifle 
Pangafare , ont coutume oe fournir au 
Gouverneur des Molirques une petite 
flotte de vingt- cinq Corracores , montes de 
mille deux cens cinquante hommes , mé- 
chans foldats pour i attaque » admirables 
pour les courfes. Les Pangafarois font ex- 
cellens mariniers , & totijours prêts â s*èx- 
pofer généreufcment avec autant de bra- 
voure que de prudence pour fauver les 
bâtimens en danger, 
inci des Toi- En fuivant la côte orientale de Célebes ^ 
•^ on trouve les iflcs Togias ou des Tonues > 



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toutes defertes, à Texccprion de dieux , r— ^— * 
gouv/ernces par un Prince particulier. Les^^^^^^^ 
peuples des ifles Bangay ont été tranf-^^* ^^^^ 
portes fur la côte deCélebes. Celles de 
Xoula font habitées par des hommes au(fi 
cruels & perfides que fainéans & polr 
-trons. Les femmes font chargée^ de tous 
les ouvrages du dedans ôc du dehors. Une 
de ces iites eft remarquable par la points 
d'un roch^îr qui a la figure d^un homme^ 
Les Infulaires qui paflent auprès ont coiir 
tume de lui jecter des fruits en oflFïaïKle^ 
pour fe concilier (es faveurs. 

Gilola, grande ifle qui s étend à deux ,^|ûç d« ca*. 
degrés au ftord & à un degré au fud de ' 
l'équateur » dans la longueur de 80 lieues» 
£e divife en trois parties » qui forment 
comme autant de branches, Bato^chiiie» 
Gammocanora ^'^Gilolo. Ses Rois te- 
noient autrefois le premier rang entre l(i$ 
^ Princes des Moluques. Les gijerfes. ont 
dépeuplé ce pays , dont la pmtie fepten^ 
trionale eft fous la domination^ dja, Bm de 
Ternate , la partie orientale foiss ceUe du 
Roi de Tidor. Les habitans de la pointe 
de fiacochine Ibnt fauv;^esw  Gzfmn&* 
cmora, il fauta en i^yj oneku>tem0nr 
tagne par un tems calme 66: iforein.. Le^ 
ifles voifines , â cent lieues à la ronde , 
furent couvertes de cendres. Il en tomboii 

Piv 



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;44 Histoire 9i t^Asri, 
^^^ **^^"™^ en fi grande quantité , que les vaiileaux 
Histoire étoient arrêtés en pleine mer , (ans qu'ils 
PM$ iNDBs. j^jj-çj^^ fg f^^^jj. jç jgy^j ^^jj.çj^^ Les ifles 

de Morotai font habitées par des peuples 
ftroces qui fe choififlénr des chefs aux* 
quels ih obéifTent fans leur payer aucun 
tribut. Les Rois de Ternate & de Tidor 
ont des prétentions fur ces ifles. Dans la 
plupart des contrées -du diftriâ des Mo* 
iuques » on adore le diable fous des figures 
hideufes , excepté dans les cantons où le 
Chriftianifme & le Mahométifmd ont 
rcnverfé Tidolâtrie. 
TtM^let dec Les peuples des Moluques & de ieur 
Moiuqucf. d^endance font un mélange d^ différentes 
nations. Valentyn ne leur a trouvé aucune 
reâemblance avec les Chinois, dont quel- 
ques-ims les font defcendre. Les Rois de 
Ternate , de Machian & de fiachian y Ce 
difent fbrtis d'un mcmô dragon, mais de 
trois œufs différens trouvés entre des ra- 
chers. Le droit de fucceflîdn paffe aux col- 
latéraux, non aux defcendans en ligne 
direâe. La Couronne n'en eft pas moins 
élediye ; car on choifit le Prince parmi 
fes collatéraux , fans égard à la primogé* 
nitute. On préfère ordinairement les en- 
iàns, dont les mères font d'iUuftre nait- 
fahce. Le Roi de Ternate eft vctu à la 
Moilandoife > mais d'une maïuere & bôr 



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itE l'Afrique ET de L'AMiRiçcri- 145 
farre , qu'on le prendroit pour un €harla- 



tan. Ses courtifans lé prennent pour mo- Histoire 
- dele. Le peuple n a pour habit qu un bad-^" ^«^**' 
jou ou pourpoint aflTez large. Les femmes 
du commun font vêtues comn>e les Ja- 
: vanoifes* _ 

Peu capables d'infpirer de l'amour par 
, leurs attraits naturels, il n'y a point d'art 

Îiue les MoUiquoifes n'emploient pour 
éduire le5 hommesj les grâces empruntées 
de l'habillement , les manières , les^i- 

. nauderies » les danfes lafcive^ , les philtres 
ou plutôt les poifons. Un Èomme ne^- 
rpit point eftimé , s'il n'a voit quelque 
maîtreiTe. Ces Infulaires , à l'exemple de 
plufieurs autres peuples des Indes, ex- 
priment leitr amour par des fruits, des 

.fleurs & autres chofes difpofees de ma- 
nière à faire comprendre à celles qui en 
font l'objet leurs fecrettes penfces. On 
emploie quelquefois cettemcihode dans 
^ les affaires d*Etat d'une grande impor- 

. tance.. Les loix pardonnent l'adultère. 
Dans tous les lieux confidérables , il y a 

^ des hommes dont l'emploi eft de battre 
la cailTe à la pointe dur jour, pour avertir 
les perfonnes mariées de remplir le devoir 
conjugal. Le larcin eft inexorablement pu- 
ni. Ces Infulairesne connoiflent point le 

.luxe dans Leurs meubles ni dans leurs rC'- 



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34^ Histoire db l*Asie, 
SSÎÏSSSpas/Contens du néceflfàire , ils troavenr 
Histoire ridicule dan? les Chrétiens d'efTuyer tant 
j>Es Indes^. jg fatigues & de s'expofcr à tant de dan- 
gers pour fatisfaire les chimères de Tarn- 
bicion. Ici chacun eft Tarchiceâe de fon 
logis 'y chacun fe fait fes vêtemens , fe 
creufe un canot /pcche Se chafTe pour fe 
repofer après avoir pourvu aux premiers 
befoins de la vie. Les. Moluquois font 
bons marins, 
koînc &^f' ^*^^^ d'Amboine ou Ambon , fitu^e 
4éj»"acaacc«r entre le }• & le 4* degrés de latitude mé- 
ridionale & environ à 145 de longitude 
du méridien des Canaries» a quinze ou 
vingt lieues de circuit. Un golfe la tra- 
verfc dans'prefque toute fbn étendue & 
la coupe en deux parties. Suivant cette 
divifion naturelle , elle offre deux prin- 
cipaux quartiers , le plus grand nommé 
Hitto & l'autre Leytimor ou Roflfânive. 
La côte Hitto ou du nord comprend fept 
oulis ou cantons , dont chacun eft corn- 

!)ofé de cinq ou fix habitations ou vil- 
ages. Les Hollandois y ont bâti les forts 
de Verre, de Haerlera , de Rt)tterdam> 
d;i/s la ville de Larike, 8cc. Leytimor,, 
contrée du fud , feroit peu conudérable 
ÙT)s, la ville d^Amboine &c fen château» 
:|u on nomme le château de la viAoire* 
)n co^mpte dans cette capitale onze prin- 



t 



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DE l'Afrique et di t^AMini^^^. î47 

cipales rues , divifèes en -trente grandsJS T— — ? 
quartiers , qui comprennent plus de mille Histoire 
nwifons fans les édifices publics. Le châ-^^* Indi». 
teau , le marché, la maifon de ville» 
riîopital , rhôtel du Gouverneur , &c. 
paflfent pour des ouvrages dignes d'atten- 
tion. On fait monter le nombre des ha- 
bitans de la cote Hitto â quinze mille^ 
dont deux mille Datis. On nomme ainu 
ceux que le Gouvernement emploie auK 
corvées publiques. Chaquç famille eft ob- 
ligée de fournir un homme à fes frais 
pour cet u(kge. Les peuples de ce canton 
font Mahométans , a la referve de quel- 
ques villages qui ont embrafTc le Chrif- 
tianifme , la religion commune du cai)ton 
4e Leytimor qui n'a pas fept mille âmes. 
Le nombre des habitans de Tifle eft or- 
(Knairement entre tfo & 80 mille hommes, 
dont les Européens ne forment guère que 
la quatre-vingt-quinzième partie» 

Sous le Gouvernement d'Amboine> 
on comprend dix autres ifles , q^i font de 
J'oiieft à Tcft , Bouro , Ambku , Manipa ^ 
Kelan^ > Bonoa , Ceram , Ceram-laout » 
Nouffa-IaoutjHonimoa ou Liafe & Boang- 
befi ou Oma , fans parier de beaucoup de 
petites ifles. 

Tous les habitans de Bouro ont été 
obligés de fe réunir dans un grand bourg 

Pr, 



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**^*"TrS nommé Cajeli , fous le Port Hollandoîs;. 
Histoire Cependant chaque village a confervé foi* 
iws. Indes. Orancaie ou Commandant. Ces peuples 
formoient une nation aflez pniffànre avant 
que leur révolte contre Te Roi de Ternate 
eût acciré chez eux les Hollandois , alliés 
de ce Prince. Il eft refté fur les hauteurs 
des fauvages nommés AJfouriens. L'ifle 
feft renommée pour la beauté de fcs hois^ 
Ce qu'il y a de pflis, fingulier dans Tinié- 
tipur » c'eft uii grand fac interne fur le- 
fommet d'ujie montagrwu 

Les iflcs fuivantes, jufîjti^a Ceram^. 
fonç,des pays pauvres dont les HoUandois 
ont raiïembfe (bus ^eut canon le petit 
nombre des habitans. L'ifle de Ceram a. 
foixame lieues de fong & quinze ou^ vingç^ 
de krge en quelques endroits. Oh la di^ 
yife en grande & petite Cèram.; cellte-c£ 
fie- tient à Tautre que par une hngue de 
terre qu'on nomme \e pas de Tanouno. 
Les HoUàndois ont détruit prefque tous 
l'es villages d'Houvamohel ou petite Ce- 
fam. Les habitans qui ont échappé au.fct 
©nr été ctanfjx>riics dans les iffes voifines,. 
de forte que le pays eft entièrement de- 
fert, quoique ce foit une des plus fertiles 
contices àes Indes. La grande Ceram con- 
tient beaucoup de negreries ou habitar 
timis. L'Orancaie da village de Nunialî^ 



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^EL'ApMQtrifT DE l'Amérique. J457 
prend le titre de grand adminiftrateur & ï 
préfide à une des aflemblées générales du^^^^^^^ 
pays. Cesaffcmbléesdeschefidcs Alfou-^** ^"^""^ 
riens fe tiennent aux environs du fleuve 
Sapalewa. La negrerie de Hatouve eft re- 
nommée par fon commerce de Sagu. Les 
hâbitans de LiflTabatta , mélange de difFé*' 
lens peuples étrangers, ont donné de tour 
'tems beaucoup d'embarras aux HoUan- 
dois. Ils ont fouveot changé de féjour ^ 
exerçant une tyrannie infupportable fut 
ïes villages voinns. Purmata fait un trafic 
confidérable avec les Papous de Miffeval ,. 
qui y viennent vendre des efclaves , des; 
oifeaux de paradis & d'autres marchan- 
difes. La côte qui fuit le mont de la Table 
cft très-peuplée. Toutes les femaines il y 
a un marché général de ceue contrée à 
Kien. Les Infuïaircs de la petite ifle de 
Keffing font en commerce avec les habi- 
tans de la nouvelle Guinée , auicquels ils 
portent des boîtes garnies de coquillages 
blancs & diverfes fortes âe colifichets. 
Les chaloupes que les Gouverneurs d*Am- 
boine & de Banda envoient pour croifet 
'dans ces parages, les privent en partie da 
profit confidérable qu'ils trouvoient autre- '^ 

fois dans le trafic clandeftirr dés doux de 
girofle & de mufcade. Auflî ne laiffent- 
us échapper aucune occa^oa d'en mar^[ue£ 



dby Google 



n<> Histoire de l*Asie, 
^'^**'^"™^ leur reflentiment à la Compagnie. Les 
Histoire habîtans de Ceram-laoïufe font jettes dans 
»£s *Nois.jçyj. jji^ ^ ^^ jjj compofetit avec eux onze 
diftridb diftingués par des privilèges par- 
ticuliers de commerce. La foumiilion de 
ces peuples aux Hollandois a été fuivic de 
la deftruâion de leurs siroâes. La parde 
méridionale de Céram fedivife en quatre 
diftrids , qui font Goumilan , Kottorouva, 
Silan-binauver Se Selan. Kelibon & Kelli- 
mori dans le fécond diftriâ , ont chacun 
an Roi. Le Sangiac de la belle habitation 
de Tobo eft plus puiflant que ces Rois. 
On dit qu'il peut armer quatre mille 
hommes éc qu'il compta une vingtaine dc^ 
villages Âlfouriens dans fon domaine. Les 
habitans d*EIipapouteh pouvoient an^ 
ciennement équiper. dix corracores : ils font 
Chrétiens. Les Hollandois ont retiréd eux 
de fort bons fervîces, fur^tout en les em- 
ployant comnie Âmbaf&deacs auprès des 
Alfouriens , pour engager ceux-ci à des- 
cendre de leurs montagnes quand on avoit 
befoin d'eux. L'intérieur de l'ifle contient 
une infinité de hameaux Alfouriens > pac- 
agés entre trois principaux Souverains > 
dont relèvent quelques Princes vaiTaux. 
Il n'y a pas plus de quinze mille âmes à 
Ceram. 
L'iûe inonta^neofe de Nouflfa-laout prêt 



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DE l'Afrique et i>e l'Amérique, j 5 f 
fente fur fon rivage fepc grands ♦ourgs,! 
deux defquels , Titauvay & Amet, font^"^^^^^* 
gouvernés par des Rajas ou Rois , & les ^^* l^DEi. 
autres par des Paris ou Comtes. Ses ha- 
bitans , qui montent à quatre mille, avant 
qu'ils connuiTent le gixoAe dont ils rirent 
aujourd'hui leur fubuftance» ne vivoient 
que de leurs pirateries , & ils mangeoienc 
les corps de leurs ennemis. La profeflion 
qu'ils font d'être Chrétiens n'empêche pas 
qu'ils ne reviennent à leur ancienne bar- 
barie y 6c qu'ils ne cèdent à l's^as que U 
chair humaine a pour eux , loriqu'ils « 
trouvent Toccafion de s'en raflTaficr fans 
témoins. 

Il Y ^ onze mille âmes dans l'ifle d'Ho- 
nlmoa* On peut >uger par ce nombre, de 
Ja force de ireia» villages qui compofent 
cette ifle. Le confeil du pays fe tient à 
Saparouva. Le commandant HoUandois y 
|iréitde. Ce pofte eft un des plus luaatirs 
^es comptoirs externes d'Amboine. On 
compte onze villes & cinq mille habi- 
taos dans l'ifle d'Oma » o^ les affaires fe 
traitent comme dans la précédente. 

Dans toutes ces ifles, l'afpeâ intérieur TaWcai» glw 
ilii pays , fuivant la defcription de Vaten-jfl^ ^ *^ 
tyn , n'offre d'abord aux yeux qu'un de- 
iert très-rude. De quelque côté qu'en 
tourne les yeux > on le voit eaviroiuié de 



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^(i Histoire de l'Asie^, 

haute^ montagnes, dont le fommet £e 

» ^^ibi*'^* perd dans les nues, d*afFreiix rochers eD- 
* tafles les uns fur les autres , des cavernes 
épouvantables, d'cpaiffès forêts & de pro- 
fondes vallées qui en r^oivent uneobfcu- 
rite continuelle; pendant que Toreille efk 
frappée par le bmit des rivieres^qui fe pré- 
cipitent dans la mer avec un fracas hor- 
rible , fur-tout au commencement de la 
mouflon de Teft , tems auquel les vaif- 
feaux arrivent ordinairement de l'Europe. 
Cependant les étrangers qm s'arrêtent dans 
le pays|u(q&'à la mouuon de l'oueft, y 
trouvent des agrémens^ fans -nombre. Ces 
montagnes qui abondent en fagu & en 
girofles , CCS forêts toujours vertes Se 
remplies de beaux bois , ces vallées fer- 
tiles, ces rivières qui roulem des eaux 
pures ic argentines , ces rochers même 
& ces cavernes qwi font comme les ombres 
<lans un tableaU , tous ces objets diverfi- 
fies en tant de manières , forment le plus 
magnifique tableau du monde. Suivant le 
témoignage du même atueur qui né peui 
être fufpeâ: , on refpire fous ce climat un 
«ir fort fàki , malgré ce. que d'autres 
voyageurs ont publie fur les maladies du 
B>cf peuptbs pays. 
îlïialTuaiV ^^ AnAôiiiiens font de moyenne fta- 
•é«, de icurtfure& fort bafanés. Us ont je nezbici^ 



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DE l'Afrique et de l'Amérique, j 5 j 
farmé , & les ^raits du vifage xéguliers/ 
Leurs femmes ne font pas fans agrcmens.^"Y^^^^ 
On trouve parmi ces Infulaîres une ef-®" ^^^* 
pcce d'hommes qu'on nomme cakerlaks , 
prefqu'auffi blancs que les Hollandois, 
mais d'une pâleur de mort. Leur nation 
les a eiï horreur. C'eft, dit-on, une forte 
de lépreux comme il s'en trouve dans le 
Royaume de Lovango & ailleurs. Leur 
nom vient d'un inle6te qui mue tou^ 
les ans , ôc dom la peau reffemble à la 
leur. 

Toute l'agriculture de ces pareffeux In- 
fulaires conufte â^planter des herbes po- 
tagères & des légumes. Si le pays eft de 
Iiea de report , il ne faut l'attribuer qu'à 
amollefledeshabirans. Valentyn prouve 
par fa propre expérience qu'on pourroit 
avoir de Don vin dans ces ifles. Les 
femnies qui font ici les efcîâves des 
hommes , font chargées du commerce 8c 
des foins du ménage. Les hommes at« 
tachent une efpéce d'infamie i tout autre 
travail qu'à la récolte du girofle , à la 
pêche 5 k la coupe des bois & i l'exercice 
des armes. Leur habillement eft un mé- 
lange de leurs anciens vctemens &c de 
vêiemens empruntes des HoUandois. Il 
fembje qu'ils ont feuls confervé un orne- 
ment trèsrcommun dans les tems reculés 



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)54 Histoire Dfi l*A$ie9 

Parmi les Orientaux : c'eft un joyau que 
on porte au milieu du front & qui def- 
ws ^NDit.ççj^j çj^j^ç |çj fourcils. On remarque dans 
la parure des Princes du pays , les ferpens 
d or qui font ordinairement à deux têtes. 
Les Rajas , les Paris & les Orancaies 
tirent un revenu honnête de leurs terres 
^ du girofle. Tout le refte efl pauvre* Les 
plus riches dépenfent tout en fedins , en 

Eréfens & en procès. Malgré la prodiga- 
té des grands &c la pauvreté des autres, 
on ne voit point ici de mendians , parce 

aue les arbres y produifenx en abondance 
es fruits que tout le monde peut cueillir. 
Se que chacun a la liberté de couper dU 
bois pour fon ufage. 

Les Amboiniens & en général tous les 
Moluquois, ont , pour voyager fur mer, 
des parabous ou pirogues , canots formés 
d'un tronc d'arbre , foute^nus en équilibre 
par des ngadjos ou grandes aues ,* âûS 
orembaies , bateaux de pécheurs^ les 
champans , navires à un mat , avec lef- 
quels les Amboiniens alloient jufqu à Ja- 
va , quelques fçavans ont dit p jufqu'à 
Madagafcar, fondés fur une conformité 
de langage & de gouvernement entre les 
peuples des deux ifles j des corracores ou 
tortues de mer, grands bâtimens de guerre 
i deux ponts & à rames. Les Hollandois 



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OT l'Afrique bt pe l'Amérique. 355 
aflfemblent tous les ans des hongi ou flottes 
de ces vaifleaox pour vifiter les côtes de Histoire 
ces ifles. Le hongi eft conduit par le gou- ^** l^^^^ 
verneur d*Amboine, qui a fous fes ordres 
des Rois Se d'autres cnefs. Au retour de 
la flotte» Tufage eft 4e donner , dans le 
jardin de la Compagnie , une grande fèce 
aux Orancaies. Ces chefs régalent à leur 
tour les Européens du fpeâacle d'un com- 
bat (imulé , dans lequel ils s'efcriment à 
leur manière. Le but principal de ta Com- 
pagnie dans cette fête eft de découvrir 
pa( quelqu'Orancaie ivre » les menées 
lourdes clés Infulaires mal-intentionnés ^ 

pour fes intérêts , ce qui a réufli quelque- 
Fois, Les convives qui fe défient d'eux- 
mêmes ont la polit^ue de feindre d'abord 
une profonde ivrelle ic de fe faire esv- 
porter par leurs gens. 

Ces Princes oq chefs de village ont une 
grande autorité fur leurs fumets > dont ils 
font Cl refpeâés , que jamais ceux-ci n'ap- 
pochent d'eux qu'en s'accroupiffant & en ^ 
tenant les mains jointes Se les yeux fixés 
contre terre pour recevoir leurs ordres , 
qu'ils vont exécuter avec toute la diligence 
& l'exaâitude imaginables, marchant d 
reculons dans la même pofture jufqu'à ce 
qu'ils foient hors de la vue du Prince. 

Les Amboiniens , quoique convertis i 



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J5^ HlSTÔlUÉ »£ l'Astf, 
la religion chrétienne » n'ont pu renoncer 
Histoire entièrement à des ufages qu elle réprouvej 
pif Indes, ^^^j^ j^ crainte qu'ils ont du fifcal les ob- 
lige â fe cacher avec foin quand ils les 
pratiquent , pour éviter la punition. Les 
hommes achètent leurs femmes, fuivanr 
l'ancienne coutume de TOrient j le plus 
offrant eft ordinairement celui à qui une 
fille eft adjugée. Lorfque la dot eft payée 
aux parens de la fille , elle fe rend auprès 
de l'acheteur , fans autre formaUté. De- 
vient-elle groffe avant le mariage, on 
s*en ré;ouit ; finon , il en réfulte fouvent 
de grandes querelles. Dans ce cas » l'é- 
poule ufant d'un reftede liberté» retourne 
chez fes parens , qui ne la rendent pas à 
fon époux qu'il ne lui en coure des pré- 
fens nouveaux. Une femme , qui dans 
l'intervalle fe trouveroit enceinre d'un 
autre, n'en feroit que plus chère à foti 
mari. C'eft pour eux un furcrcwt de bon- 
heur qui leur vient fans aucune peine. Fut- 
elle déjà mère de deux ou trois enfans , 
cette circonftance ne. change rien dai^ 
leurs difpoiitions. 

L'aîné des enfans fuccede au père; il 
ne donne à fa mère , à fes frères & à fes 
iceurs que ce qu'il juge néceffaire â leur 
fubfiftance. Les dignités héréditaires paf- 
feac aux collatéraux. Le père , la mère 2c 



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DB L^AfUIQUB £T DE L^AmIrIQUÏ. J 57 

les enfans d'une même famille pourroient ^^'— ^ 
fans blefler la loi manger à la même table , Histoire 
quoique Tufage y foit oppofé j mais non ^^* Inois. 
le père avec fa bru ou fes petites filles 
lorfqu'elles font à an certain â^e , ni la 
mère avec fon gendre Se fes petits fils. La 
loi leur défend aufli de fe voir quand ils 
prennent leur repas. C*eft une infamie 
qui ne peut être lavée que par un préfent » 
que l'homme doit faire à la femme qu'il 
a furprife à table , par hazard ; car avec 
deflem , c'eft ce qui n'arrive jamais. Leurs 
feftins font accompagnés de danfes & de 
chants. Ils n'ont d'autres annales que leurs, 
chanfons. 

Les Alfburiens, montagnards fauvages Wontagnar«ii 
de Ceram & autres ifles , font plus grands , nommé!. Ai- 
plus charnus & plus robuftes que les In- ^ouneni* 
fulaires établis fur le rivage , mais d'un 
naturel farouche & barbare. Leur habit 
D'efl; qu'une large ceinture , compofée de 
l'écorce d'un arbre nommé facca» que 
l'on prend pour le fycomorre blanc. Sur 
U t^te ils portent une coque de noix de 
cocos , autour de laquelle ils entortillent 
leurs cheveux. Cet étrange bonnet efl or- 
né de pannacbes , l'un fiir l'autre* Leur 
chevelure eft liée avec un cordon auquel 
ils enfilent des coquillages blapcs , dont 
11$ fe garniJÛ^nt de mêipe le cou & ïss 



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558 HiSTOïHE DEL* Asie, 

! doigts des pieds. Leur grande parure con- 

Histoire (J^g Jans des rameaux d'arbres aux bras 

PIS In DIS. ^ ^^^ eenoux , dont ils ne manquent pas 

de fe charger, fur«tout lorfquils doivent 

fe battre. 

Tous ces montagnards , quoique par^ 
ntgés en faâions» ont les mêmes ma- 
nières , les mêmes mœurs, le même culte. 
Cefl une loi inviolable parmi eux , qu'au- 
cun jeune homme ne peut cotivrti^ la nu- 
dire ou (à maifon , ni fe marier , ni tra« 
vailler à leur baleou ( hôtel-de-ville ) s'il 
n'^apporte pour en acquérir le droit , au- 
tant de têtes d^ennemis dans le hameau , 
où elles font pofées fur une pierre con-* 
«facrée à cet ufage. Celui qui a coupé le^ 
plus de têtes , foit d'hommes , foit de 
femmes , foit d'enfans, paflè pour le plus 
noble & peut afpirer aux meilleurs partis. 
Par cette politique , il leur eft aifc de dé- 
truire fans guerre un village ennemi. Oans 
ces maraucres les jeunes Alfsuriens battent 
la campagne en petites troupes, le corps 
tellement couvert de verdure , de moufle 
ic de rameaux, qu'au milieu des bois, 
on les prend facilement pour des arbres. 
Si dans leurs embufcades ils voient pafTer 
un ennemi , ils lui lancent par derrière 
une zagaie & s'élancent auflS-tôt fur lui 
^our lui couper la tête. ^Enfuite ils r«- 



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l>EL*AFRIQUElTDEt'AMÉllIQUE, J59 

tournent dans leurs habitations, où les^'^'^^S 
femmes & les filles les conduifent , en Histoire 
chantant & daafant , au baleou , pour y ^^* Indis. 
célébrer leur vidoire & expofer la lête fur 
la pierre des trophées. Lorfqu'un Alfou- 
fien a perdu fa tète dans un combat , Ton 
cadavre eft réputé indigne de Urépuicure. 
Leur' extrême délicateffe fur le paint 
d'honneur perpétue les occafions d'exercer 
ces barbares maximes. L'oubli de la 
moindre formalité dans la réception d'un 
Alfourien, la pliis légère apparence d'in- 
jure , devient un fujet de querelle qui ne 
peut être terminée que par un préfent, 6i 
â ce défaut , par àQs combats particuliers ^ 

3ui entraînent des guerres nationales, fi le 
émon que les ofïenfés invoquent, leur 
accorde des préfages favorables. 

Lts Alfouriens fe nourriflent de fer- 
petss , de rats , de grenouilles Se d'autres . 
reptiles. La chair de fanglier^ le riz qu'ils 
commencent â cultiver eux • mêmes ^ 
entrent auflî dans leurs alimens. La bouillie 
de fagu eft pour eux un mets friand qu'ils 
mettent dans desbambous qui leur fervent 
de marmite , de pots & de verre. L'eau eft 
leur boiflbn commune j ils aiment l'eau- 
de-vie paffionnément. 

Les Princes n'ont prefqu-^ucune marque 
4sxtérieure qui les diftingue de leurs fu- 



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^60 Histoire DiL^Asis^ 
î jets. Il paroît toutefois qu'ils exercent fur 
Histoire eux un cruel empire. Un Raja puiflant, 
PIS Indes, ^^j ^^^ honorer un Miniftre Hollandois 
nommé Montanns , avoit ordonné une 
efpéce de joute qui s*étoit changée en un 
combat férieux , difoic aux Hollandois qui 
le fupplioient de terminer cette fcene tra- 
gique, it Ce font mes* fujets ; ce ne font 
9» Que des chiens morts , donc la perte n'efi: 
j9 d'aucune importance , & je ne me fsth 
»> pas une affaire de vous en lacrifier mille 
t» pour vous marquer mon eftime ». Ces 

{peuples payens font affez fidèles i 
eurs alliés ; ils ont plufieurs fois con- 
duit les Hollandois à travers leur pays. 
Ils couchent fur des claies de bambou » 
fous lefquelles ils entretiennent un petit 
feu, parce que les nuits font froides fur 
leurs montagnes. Quoiqu'ils n'aient qu'une 
femme , on n'entend jamais parler chez 
eux d'adultère. 
Tfle Àe Ban- L'iile de Banda,, fituée entre 4 & $ 
^ degrés de latitude n^éridionale, & 147 fiC 

148 de longitude » forme un Gouverne- 
ment, duquel dépendent les ifles de Ne« 
ra, où le (gouverneur & les officiers prin- 
cipaux de la Compagnie Hollandoife ont 
établi leur demeure ; l'ifle de GonoHg- 
Api y un des plus terribles volcans des 
Indes ^ Pulo-Ay , pays fort agréable i Pu'o- 

Rhum 



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^E l'Afrique ET DE l'Amérique, jdi 
Rhum & Rafingein , toutes ifles habitées 
Se garnies de forts Hollandois. 11 faut y Histoire 
ajouter quatre Pulo ou ifles qui n'ont point ^^^ Indes. 
d'habitans ; Maniouk ou Pifang , Capal , 
rifle des femmes ou Nalacan & Seythaan 
ou Salacan. Banda porte auilî le nom de 
Lonthoir d une de les principales negte- 
ries. Les tremblemens de terre font fré- 
quens & terribles dans ces ifles comme à 
Amboine. La guerre a exterminé une par- 
lie de leurs habitans, il ne s'en trouve 
peut-être pas cinq mille , dont les efclaves. 
forment feuls plus de la moitié. Les na-. 
turels font fauvagcs, cruels , perfides , in- 
difciplinables. Leur principale nourriture 
eft le poifTon. Le brou de noix mufcades. 
ctuvé forme un de leurs mets les pbs dé- 
licieux. L'ifle de Banda a prodigieufemenc 
foufFert des éruptions du volcan en 17^5. 
La terre en étoit brûlante , l'air infeûé , 
la campagne enfevelie fous la lav^. 
. Sologo, Key, Aroe, Buttôn , Solor, Mes dépca- 
timor , Lombate, Serbice, Floris, Cum-nZiit! 
bava, Lambae, Sec. font des ifles de la 
dépendance des Moluques , au fud de Té- 
quâteor. Les Princes de Key font conti- 
nuellement en guerre, pour s'enlever des 
efclaves qu'ils vendent i Banda. Leurs 
{ii|ets font le même trafic de leurs ami& 
Se de leurs parens dont il^.pcttvenc fefair 
Tome F. Q 



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{il HiSToriLB BE t*Asi*; 
î fie. Ces peuples confultem fur toutes leurs» 
Histoire affaires une efpéce de magicientre qui- 
a , difent-ils , quatre yeux , & qui inter- 
roge en leur prcfence un efprit invifible , 
dont ils croien^t entendre la roix. Les ha- 
bitans de Bucton mefurent leur gloire par 
le nombre des têtes qu'ils ont «coupées à 
leurs ennemis. Solor eft une ifle confidé- 
rable, dont les principales peuplades 
Maures ic Idolâcres font Lamakere ^ 
Maie , Toulon , Adenare , Prototoli , 
Aude & Sallelauvo. Les habitations des 
Chrétiens s'appellent Cherebate , Paman- 
caie & Louolaing. Cette ifle eft de que/- 
qu'imponance pour le commerce des Mo* 
luques , parce qu'on en tire une grande 
abondance de vivres. Timor , la plus 
grande de toutes ces ifles , eft partagée en 
fouverainetés , dont les plus diftinguées 
font Koupftn, Anabao, Lafao, Amba/e, 
Lortribie , Polumbie & Nanquinal. Les^ 
Hollandois ont* à Kbupan une fotterelïe 
appellée la Concorde. Ils ne tirent pas un 
grand profit de cttte ifle , dont une- 
partie àes habitans font fi farouches qu ils* 
maffacrent fans pitié les étrangers qui ap-» 
prochent de leurs habitations. Dans di-^ 
vers cantons , les campagnes font com--| 
munes. Chacun choifit U terrein qu'il lai 
plaît de cultir#r^ * - 



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^E L* Afrique et de l'AmÊriqvb. ji?| 



Les Philippines. Histoire 

DES InBES. 

Les Philippines , autrefois appellces Hiftoîre na- 
Luçones ou Manilles , font fituéesau nord {"JpJei"^* *' 
des Moluques , au midi de la Chine & à 
l'orient de Bornéo , dans la Zone torride , 
entre Icquateûr & le tropique de cancer, 
depuis le 6^ degré de latitude du 'nord 
juiqu au-delà du 19*, formant une lon- 
gueur de plus de 12.0 tieues du feptentrion 
au midi, fur un efpace à peu-près le 
même rfu levant au couchant, entre 131 
& 145 degrés de longitude. La chaleur 
& l'humidité régnent à peu-près au même 
degré dans ces ifles , d'où il réfulte une 
adez bonne température de climat. Elles 
font fujettes aux tremblemens de terre. 
Tous h% voyageurs les repréfentent' 
comme une des plus fertiles & des plus, 
belles contrées de Tunivers. Entre leurs 
fruits on diftingue le fantor , qui a la - 
forme & la couleur d*une pêche àc donc 
on fait d'excellentes confitures \ le mabol 
qui reflTemble à lorange & dont le bois 
approche de la couleur & de la beauté de 
. Tébene ; le bizimbin ou carambola , très- 
doux dans le territoire de Man)ile&, acide 
dans les autres contrées de Tlnde. Diyers 
fMibres y donnent des Uqueius très-fuav^s. 



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5^4 HisTomi DB L*Asii, 
-On tire du pain de quelques autres & de 
Histoire certaines plantes , tehe que le glabis. L*i fle 
DU "«>£$. jg jj^i^^j. pfpjyit la fameule fève, que 

les Efpagnois ont appellée fruit de Saine 
Ignace , parce qu'on en doit la découverte 
** aux Jéfuites , excellent antidote OHicte di^ 

vers poifons. On y trouve des plantes fen- 
iitives. La fertilité naturelle du pays rend 
extrême la population des animaux. L*oi« 
feau de mer , appelle tavan , noir & plus 
petit qu'une poule » eft remarquable par 
une (ingislarité aiTez furprenante de Tes 
ceufs. Lorfque les petits font éclos , le 
faune tefte tout entier dans la coque kns 
aucun blanc , d où Ton croit pouvoir coa- 
durç que là fécondité ne vient pas tou« 
jours de cette partie de Tœuf. Les petiis 
du tavan éclos , les œufs ne font pas moins 
bons à manger ou'auparavant. On afTure 
que le falagan eft cet oifeau fameux donc 
les nids pafTent pour des mets délicieux 
• dans tout l'Qrienc. L'herrero oi^ charpen- 

lier fe diftingue par un bec fi long & fi 
dur, qi^'il perce ^vec grand bruit les plus 
grands arbres pour y Faire fon nid. On 
attribue au coiocolo le double avantage de 
nager & de voler avec la même vîteffè. 
Parmi une multitude depoiffons de 
jtoute cfpéee , un des plus curieux eft le 
pefcemu^er oa .poi0bi^ femmç , ^Ht 



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fit l'Afrîquï et m i* AMimdtrf . fë$ 
a Us mamelles Se les parties da fexe. 

L'ifle Manille ou de LuÇon paiflTe pour la Hi jtoirii 
plus confidérable des Philippines. Son ex-^" ^^^*- 
trêmité orientale eft au treizième degré de ^^' ^"*"*- 
kritude & celle du nord touche preiqu'au 
dix neuvième. Sa longueur eft de I ^o lieues 
Efpagnoles, fa largeur commune de 30 
. ou 40 , fbn circuit d'environ 3 jo. Les Ef» 
pagnols la divifent en plusieurs provinces, 
doht les principales font Balayan , Taya- 
bas , Camarines , Cantaduànes, Parecala, 
Cagagan , lloccos , Pangafinan , Pampan- 
gon, Bulacan, Bahi 8c Manille. 

La province de Balayan , fur la côte 
occidentale , offre les baies de Bambon & 
de Batangas. Lovoet & Galban en font 
deux habitations confidérables. Les petites 
iffes de Lacaza & de MirabHla fotit partie 
de ce gouvernement. La province de 
Tayabas ou Calilaia , plus grande & plus 
peuplée que la première, s'étend depuis 
Galban jufqu*au cap de Bondo. Elle pé- 
nètre dans les terres jufqu à Maubun , fur 
la côte oppofée. 

Camarines qui s'étend des confins de 
Tayabas fufqu*ao détroit qui fépare Ma^ 
nillede Samar, la principale entrée des 
Philippines, compte parmi fes diftriéb 
Bondo, PaifacaO) Ibalon, Bul.nn, Sorfo- 

Qiii , 



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^éTif Histoire »i t'Asix; 
kon & Albai. Sorfokon eft un port ou 
Histoire l'on conftcnit de très-gros vaifleaux. Albai 
»i$ Indis. ^ff^^ auprès d'une baie un volcan qu'on 
apperçoit de fore loin en venant de la nou« 
velle Efpagne. Cette montagne a des 
fources d'eau chaude , une entr'autres y qui 
a y dit-on , la vertu de pétrifier non-feule- 
ment le bois ôc les os , mais encore les 
feuilles , les étoffes & les matières les plus 
molles. Ibalon eft la capitale de la jurif* 
diAîon de l'ifle de Cantaduenes , dont les 
habitans font un grapd commerce de ba- 
teaux. Les femmes portent fur le front 
une plaque d'or battu & beaucoup d'an- 
neaux aux bras & aux jambes. Caceres 
eft un évcché dont la jurifdiûion s'étend 
dans les provinces dlbalon, de Camar 
lines & de Calilaia. "** 

Parecaia, confidérable par fes mines 
d'or & fes pierres d'aimant , offre , en ti- 
rant vers le nord , les baies de Lampon 
& de Mauban. La grande province de 
Cagayan commence au cap del-Engafio , 
le plus feptentrional de Tille. Elle a pour 
capitale la nouvelle Segovie. Les habitans 
de cette fertile contrée fe partagent entre 
l'agriculture & le commerce, tandis que 
leurs femmes travaillent à des ouvrages 
de coton. Les montagnes leur fbamifleni 
une £ grande abondance de cire> que 



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BE L^ÂFRÏQrgÈ ET DE L^AwÉRlQtJE. ' }*7 

ks pauvres s'en fervent au lieu d'huile à 

brûler* Indes» 

La province d'Iloc€OS, une des plus 
peuplées & des plus riches, n'a pas plus 
de huit lieues dans les tarres , parce qu a 
, cette diftance elle eft bornée par des fo- 
rets & des montagnes qu'habitent la na- 
tion guerrière des Igolottes & des Noirs 
qui n'ont pas été fubjugués. 

Pangafinan a des montagnes contîgues 
à celles d'Uoccos & peuplées de fauvagcs 
errans auflî nuds & auflî féroces que les 
animaux de ces mêmes lieux , mais qui 
néanmoins fement des grains dans leurs 
vallées. Les Efpagnols n'ont dans ces dif- 
férentes contrées qu'un petit nombre d'In- 
diens tributaires, mais ils commercent 
avec les peuples indépendaus. 

La province de Pampangan qui fait la 
Réparation du diocèfe de la nouvelle Se- 
govie & de l'archevêché de Manille , eft 
d'une extrême importance pour les Ef- 
pagnols, non-feulement parce que Ma- 
nille en tire fes provifions , mais encore 
parce que fes habitans que les Efpagnols 
ont accoutumés â leurs mœurs , fervent à 
les défendre & même à les féconder dans 
toutes leurs entreprifes. Les montagnes 
de Pampangan font habitées par les Zam- 
J)ales ; peuples féroces ^ ic par des Noirs 

Qiv 



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Histoire 
ȣs Indes. 



V<î8 HxsToiai Di l'Asie , 
aux cheveux crépus , qui font continaelle-^ 
ment aux mains pour défendre les limites 
de leurs jurifdidions fauvages , & suinter- 
dire mutuellement l'accès des bois donc 
ils s'attribuent la propriété. 

Bahi ic Bulacan font de petites pro^^ 
vînccs qa'on rencontre du côté du fiid 
après celle de Pampangan. Bahi fournit 
aux Efpagnols beaucoup de bois de cot^f- 
truâton ic du buys ou bétel dont ces Eu* 
ropéens mâchent du matin au foir. Le 
beiel de cette ifle eft très- renommé. Bahi 
a un grand lac de trente lieues de circon- 
férence , bordé d'habitations. Â peu de 
diftance dé ce lac , on en trouve un plus 

{>etit , mais très-profond , dont Teau eft fa- 
ée quoique celle du premier foit douce. 
Les Indiens trouvent aux environs de 
grandes chauve-fouris , dont ia chair leur 
paroît un mets excellent. Il y a auprès de 
ces lacs une fource d'eau brûlante , très- 
bonne â boire » dit-on , quand eWe eft ré« 
froidie. Du lac Bahi fort la grande ri- 
vière de Bahia. 

Manille, la plus importante de cette 
province, a fon territoire autour d'une 
grande baie formée par l'embouchure de 
cette rivière. La métropole de l'ifle qui en a 
emprunté fon nom , n'a qu'une petite 
lieue de circuit j mais les fauxbourgs ont 



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.] 



ifirs L*AïRjQtrE ET DBL^AHÉaiQVE. (3<^9 

mnt vafte étendue. Ses muraHles & fes ^ . 
fortifications font très- bonnes. Son châ- Histoire 
teau porte le nom de S. Jacques. Divers^* ^^^^^^^ 
ordres religieux y ont de beaux établifle- 
mens^. Les Chinois , fous le nom deSan- 
gleys, habitent dans les fauxbourgs un 

Suanier très- marchand, {bumîs i des of- 
ciers Efpagnols , qui tirent de ces mar- 
chands des fommes confidérables. An 
con^mencemem de leur année , on leuc 
fait payer pour' la fimple permiiSon de 
jouer à la métoua ( c'eit on pair ou non ) 
dix mille pièces de huit. On ne leur laifle^ 
cette liberté que durant quelques jours , . 

I>our ne pas les expofer au ri(que de perdrec 
e bien d'autruî ; car ils ont dans les nsain» 
tout celui des Espagnols. Il leur eft dé« 
fendu de paiTer la nuit dans une maifont 
de Chrétiens. Leurs boutiques ne doivent 
jamais être fans lumière. Carreri atlure: 
que c'eft pour les détourner d'un vice; 
abominable fort commua dans leur lu^ 
tioiT. 

La ville de Cavité, défendue par uw»- 
bon chateaa, eft à la vue de Manille aui 
(ud , fur une langue de terre alTez étroite ^ 
qui a d'un côté la mec & de l'autre lé 
port. On voit dans (on arfenal jufqu'i^ 
600 Indiens travailler à la fabrique des; 
luiflèaux âcdes galions. Outre que le bpis; 



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ment , 
mercc. 



}7d Histoire be t'Asii; 
dé rifle eft dur & pefant, les planc&ef 
Histoire qu*on empk>}e font fi épaifles & fi bien 
PIS IUDEs. Joubl^es qu'elles rcfiftent aa canon. On 
conftruit dans cet arfenat des vaiileaax 
d'une grandeur extraordinaire^ pratique 
que Gemelli condamne, parce que ces 
vaftes machines courent plus de danger 
fur ces mers orageufes que les bâtimens 
moyens. Saint-Roch, fauxbourg imiqae 
de Cavité , a plus d'habitans que la ville 
même j Efpagnols , Indiens & Sangleys. 
GoBTcrBc- Le centre de la puiifance Efpagnole eft 
-' acl°*' ^ Manille , qui commerce principalement 
I daifpagaoïs. avec Acapulco 9 port du Mexique , où 

f oh envoie tous les ans des marcnandifes 
fur un ou de^ix galions, égaux en gran- 
deur à tles vaiiTeaux de guerre & montes 
éuelquefois de iioo hommes. Le galion 
|i dont l'amiral Anfon s'empara avoir, à fort 

retour d'Acapulco , un chargement d'un 
million 51} mille, 84? pièces de htiit & 
)$6S^ OBces d'argent en lingots , fans la 
cochenille & les jiutres marchandifes. Les 
Efpagnols ne pofledent pas la dixième 
partie des Philippines. Le gouverneur ou 
t capitaine général, dont l'office dure huit 

ans , préfide à un tribunal fouverain , corn* 
[ pofé de quatre confeillers & d'un procu- 

[ reur.fifcal. Cet officier dîfpofe de tous les 

f emplois militaires » du commandemem 



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BE l'Afrique et nfe t'AMERiQtrE. 571 
des armées & des gouvernemens despro-î 
vinces , qui font au nombre de vingt-deux Histoire 
diftribuées à autant d'Alcades, llalepou-'^^^ ^«^"• 
voir d'accorder aux Indiens des commif- 
fîons de colonel , de donner des terres 
aux foldats Efpagnols , & d'ériger ces con- 
cédions en fiefs ou pour la vie du Sei- 
gneur ou avec droit de fucceflîon. Son ad- 
miniftration finie , chacun peut durant 6h 
jours porter contre lui des plaintes au nou- 
veau gouverneur , qui moyennant un don 
de cent mille écus , à ce que GemeHî af- 
fûte , juge fa conduite irréprochabtfe. 'Le 
Î;ouvernenfient eccléfiadique appartient à 
'archevêque de Manille & aux évêqaes 
de Zebû, de Camarines & de Cagayâfn , 
-fes fufFragans* Le tribunal du Mexique 
nomme le grand Inquifiteur des PRilip* 
pines. 

Mindanao , à deux cens lieues de Ma- Dcfcriprilii 
nîlle au fud-eft, répond du fixiéme ^^umàal^o! 
dixième degré de latitude feptentrionale » 
du 140* au 144* degrés de latitude. Ainfi 
elle a de Teft à l'oueft 80 lieues, &^0 
du nord au fud. Son circuit eft d'environ 
300 lieues ; mais elle a tant de caps avan- 
cés & des baies fi profondes qu'on la tra- 
verfe en un jour & demi. Elle eft envi- 
ronnée deè ides de Xolo , de Bafitan , db 
Sangail & de la prcfqu ifle de Santrangant 



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J7i HiSTOTM DE l'AsiI'^ 

Sa figure repréfente un triangle irréguKet^^ 
Histoire jQ^t les pointes font formées par les caps 
ȣ$ Indes, j^ 3^ Auguftin au fud , de Saliago au 
nord & Samboangan au couchant; Ses 
principales provinces font Los Caragos-, 
contrée maritime & belliqueufe , qui va 
du nord au fod > ontre les caps de Suliago 
& de S. Auguftin j Dapitan, llligan , dé- 
pendance de Dapitan , 8c Subanos qui 
courent du nord-eft à Toueft jufqu'aa cap ^ 
de Samboangan; MindanaOf Samhoan- 

Î;an , Buhayen , litué vers le fod entre 
es caps de Samboangan ic celui de 
$• Auguftin. Caragos eft en proie à une 
mer orageufo. Samboangan jouit d*ua 
air tempéré. Les^ terres de Mindanap Se 
de Buhayen font marécageufes Se rem*» 
plies d^infeâes. Le pays eft arrofé d ua 
grand nombre de rivières, dont les prin- 
cipales fo nomment Buhayen , courant 
vers le fod , Batoan vers le nord^ & Si* 
buguey qui coule entre MindanaoSc Sami 
boangan. Ses grands lacs font Mindanao 
au fod & Malanao au nord. Le terrein de 
Tifle eft inégal, montueux., noir & très 
fertile. La canelle y croît fans culture dan; 
des lieux dcferts , où comme elle n' 
d'autre maître q^ie celui qui s'en faifit Ir 
premier , on fe hâte de l'enlever avant ù. 
maturité, & bientôt elle perd fa venu. 
Le tabac y eft fi conimun qu'on en a 10 



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6xx 1 1 livres pour une piaftre , maïs il eft! 
moins jaune & moins parfait que celui de Histoire 
Manille, dont les Efpagnols font w fi^' ^"^""^^ 
grand commercer On trouve dans fes 
mines & dans fcs rivières de fore bon or. 
Ses volcans donnent beaucoup de foufFre. 
On pêche de grofles perles- dans les mers 
voifinesr Le P. de Gombes, Jéfuite, qui 
ja, publié une hiftiMte de Mindonao y ra<- 
conte qu'on en< a^ perdu dans un endroit 
wès-profond , une qui ctoit de la^grofleue 
d'un œuf L'ifle de Xolo eft l'entrepôt d'un 
comxrterce confldérable. On vante parmi 
fes fruits, une cfpéce de pomme, appel- 
lée le fruit du Roi , parce qu'elle ne fe 
trouve, dit-on , que dans fes j[ar^ins. Viûé 
de Bafilan a mérite d'êrre appcHée le jar- 
din de la province de Samboangan , qui 
eft en face.*La lanzone eft un de fes fruits 
qui renferme feus une écorce qirelques 
pépins G: doux & fi délicats, qu'on en 
mange une quantité furprenante fans^ en 
reffentir aucune incommodité. La mef 
fournit aux Infulaires toutes fortes de 

Sâ(&ns. On joint i ces richelfes deux 
rtes de jais. 

Deux Princes Maures partagent lia fou- Pnocet de 
veraineté de Mindanax). Les proviaces mé- kuïfoibkffe ,. 
f idion^les habitées paf les Mindanaos , ufsf|etpattic«* 
fpiimtnt VEtat le ^us puiâam ^ le plu$ ^*^ 



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^74 HiSTotm DB l'Asîh ^ 
ï commerçant 6c le plus peaplé* Sa capicafe 
Histoire a deux milles de longueur. Ses maifons 
>i« ÎN»i«. font ^levçes fur des pieux. Le palais du 
Sulthan eft foucenu par des piliers. Les 
deux Souverains de Tifle laiuenc le loin 
du gouvernement à un Miniftre nomme 
Zarabandal. Tuam eft le titre des grands 
conftitués en dignités. Les* Princes da 
fang royal fe nomment Cachils ou Cacites« 
On donne le titre d'Orançayas, peut-être 
Orancaies , aux Seigneurs qui ont foas 
eux un certain nombre de vadàux. L'au- 
torité Souveraine eft trop foible pour re- 
primer la tyrannie des grands; par- tout le 
peuple gémit fous Toppreffion , auiS ne 
travaille- 1 il jamais s'il n y eft forcé par la 
faim. Des maîtres tyraniûques prenant aux 
pauvres tout ce qu'ils gagnent , ils ne 
longent qu'à fe procurer, dirDampier» 
ce qu'ils peuvent porter de la main à h 
bouche. Cependant ils ont natureUement 
beaucoup d'efprit 8c d'bduftrîe. Malgté 
leur mi(ere, ils font fiers & orgueilleux , 
quoique civils à l'égard des étrangers. Us 
çpuifent leurs moyens pour rendre leurs 
funérailles magninques. La coutume les 
oblige à faire leur cercueil pendant leur 
vie, & à le tenir en vue dans leurs 
maifons , pour {k rappeller fans ceffegue 
la condition humaine les deftinie à lamorti 



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DE t'AmiQUE ET DE L^AmIriQUE. Î75 

Xéurs femmes trouvent dans leur laideur! 
un grand fecours pour la pratique de la^"Toi^* 
chafteté ; cependant de loin elles paroîflent *** *^*^ 
jolies. Elles fe familiariferoient aifément 
avec les Blancs, (i l'ufage du pays ne les 
privoit d une liberté pour laquelle on leur 
connoît du goût. Un des privilèges de la 
Reine , c'eft-à-dire, de la femme qui a 
Jonné au Roi le premier enfant mâle , eft 
de paffèr deux nuits de ftiite avec le Mo- 
narque lorfque c*eft fon tour de coucher 
avec lui j au lieu que les autres femmes 
n'ont qu'une nuit. 

Ces Infulaires ont la coutume de porter * 

l'ongle du pouce fort long. On les accufe 
d'être cruels , vindicatifs , implacables & 
d'une noire perfidie. Ils ont , dit Dam- 
pier, une manière particulière de men- 
dier. Lorfqu'il arrive des étrangers dan» 
leur ifle , ils fe rendent Lbovd pour leur 
demander s'ils n'aurûient pas befoin d'un 
corurade 5c d'une pagali , c'eft- à-dite , 
d'un ami Se d'une aniie , ou plutôt d'u» 
hôte & d'une hôtefle. Lespaflàgers doivent 
accepter leurs offres , payer leur politefle 
d'un préfent & la cultiver de la même 
ttîaniere. Après cela , ils vont manger ic 
coucher chez leur hôte ou hôtefle , pour 
de l'argent. Les femâies de la plus haute 
qualité ont la liberté de faire le rôle de 



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).7^ HistotmE «^H É*Astfi 5 
'pagalî. La mifefc Se la parefle portent ^^^ 
Histoire peuples ^U vol. Les Mahoractans ont pouc 
' *' *^^*** armes 1« crit, la lance, le bouclier, I0 
cimeterre , des babacàies-, cannes pointues^ 
te les farbacânes à flèches. Ledrs feftins 
il*appareil font accompagnés de^ ditnCes-^ 
de cnants & d'un fpeâacle particulier. Des 
Jbommes armés' de pied' en cap fe^enr 
de fe battre avec des ennemis invikoles^ 
Se ils s'efcriment du fabre & de la lance^ 
^ufquâ ce qu'ils jogçnt que lettr adver-* 
feire eft tferrafTé. 
f înSriwc ^c L'intérieur du pays eft habité pat d^9 
i^iâe.- montagnards , qui ne defcendent jamais 

(ur les côtes. On y trouve aufli des Noirs 
à qui leur barbarie ne produit d'autre avan -^ 
tage que lia conservation de leur liberté* 
Tous ces Indiens font Idolâtres ou fans 
culte. lUont de» coutumes rrès-barbares. 
Cfn père qui racheté fon fils, un éls qui 
racheté fon pare en fait fon propre eA 
clave. Le moindre bienfait àonne droit 
fur la liberté d'autrui i & toute une fa- 
mille eft réduite i l'efclavage pour le 
crime d'un feul. Le vol eft en horreur* 
L'adultère s^expie par une amende, Leis 
nations ne s'arment gueres les unes contre 
les autres , mais les particuliers fe vengent 
par toutes fortes de voies , fi l'ofFenleur 
a'etface rinjure^ar d^ prcfcns. La marq^^ 



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*B l^Amiiqt;! et bi L'AxciRTQtri. |77 
des btaves eft un turtai de diverfes cou- 5? 



g leurs, nommé baxacho, ou (împlement ^*^*^'^*^^ 

\ un turban rouge » qu'on n'a droit de por-*^* lN©£»îi 

^ ter qu'après avoir tué quelques ennemis. 

I Ces peuples ne font pas fort humains 

^ envers tes étrangers. Les Mahométans 

j qui les entourent ne connoiflent guère de 

j leur propre loi , que la défenfe de man- 

{^er du porc, la loi de la circoncifîon & 
a liberté d'entretenir plufieurs femmes.^ 
Carreri divife ces Infulaires en quatre na- 
tions principales , les Mindanaos , gens 
Eîrfides y les Caragos , bons foldats j les 
utaos , peuple pêcheur j les Sabanos, 
vafTaux de ces derniers y, méprifés des 
autres nations. Les Dapitans forment aufli 
une nation plus brave Ôc plus prudente 
que les autres : ils ont puifTamment af- 
nfté les Efpagnols. Salmon ne diftingue 

Î[ue trois peuples y les Mindanaos établis 
ur les côtes , les Hilanoïtes , retranchés 
dans les bois intérieurs y les Sologuites > 
peuplade du nord. 

Les deux grandes iiles de Manille & Autres iflr^ 
de Mindanao ont entr'elles celles de 
Leyth, de Samar ou Ibabao & de BohoL 
Leyih , la plus voifine de Manille, entre 
lo Se 11 degrés de latitude, peut avoir 
cent lieues de circuit. Elle forme avec la 
pQtite ifle de Panaban un détroit, par le^ 



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}78 HiSTOIRl Dl L*ÂSI«; *.- 

îcjucl Magellan s'ouvrit Tentrée des Phi- 
Hjstoire hppines. Elle eft ctès-peuplée du coté de 
M$ lN©t$.i'eft.^c'eft-à-dire,depuis le détroit de Pa- 
natnao jufqu'àKelui de Panahan ^ & {es 
plaines y font (i feniles qu'elles rendent 
deux cens pour un. De haures montagnes 
qui la partagent lui donnent l'hiver d'un 
côté , pendant que l'autre jouit des agré- 
mens delabeliefaifon. Ses peuples', d'un 
naturel doux , exercent entr'eux , dans les 
voyages , une parfaite hofpitalité. Une 
ancienne coutume a tellement fixé le prix 
des vivres dans toute l'ifle , qu'on af- 
fure qu'il ne varie pas même en tems de 
difette. 

L'ifle dont la partie feptentrionale porte 
le nom de Samar , & la partie méridionale 
celui d'Ibabao , a une circonférence de 
130 lieues.. Son cap de fialiquaton , a la 
pointe du nord , forme avec la pointe de 
Manille le décroît de S. Barnabe, une des 

(principales portes de l'Archipel des Pti- 
ippines. Entre le cap du S. Efprit , qui 
eft au-defibus de Baliquaton & celui de 
Guignan qui eft à l'extrémité du fud » on 
trouve les ports de Palapa , Caduvig & 
Borongon. Des fauvages jettes dans les 
derniers fiécles fur la côte de Palapa , 
firent entendre aux Philippinois que les 
ifles d'où ils étoient partis n'étoient pas 



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toi t' Afrique et de l^AmIrique. $79 
ibrt éloignées , & qu'une de ces ifles n'é- ■ 
toit habitée que par des femmes , aux- Histoire 

Suelles les hommes des ifles voifines ren- ®^^ In°15» 
oient des vifites dans des tems réglés. 
Les Efpagnols , fans mieux connoître cette 
ifle, lont appellée l*ifle des Amazones. 
A rextrèmite méridionale de Samar eft 
le détroit de Juanillo. Dans la partie da 
nord , le long du détroit de S. Bernardin , 
^ on voit les villages d'ibatan , de Bonga- 
hon , de Paranos , de Calviga 8c de Cat- 
balogan, réfid^cede TAIcade Major. 

Bohol , qui regarde l'ifle de Leith , a 
du nord au fud feize lieues de long , fur 
huit ou dix de large. Sa partie méridionale 
eft la plus habitée depuis Obog fa capi- 
taie y jufqu'â la prefqu'ifle ou petite ifle 
de Panglao. Son terroir eft ricne en or. 
Elle eft bordée de trois autres ifles moins 
peuplées. 

Sibu ou Zebu , la première ifle où les 
officiers de Magellan plantèrent l'étendart 
Efpagnol , s'étend en longueur de quinze 
à vingt lieues: elle a environ 80 lieues 
de tour. Sa principale habitation eft 
nombre di Dios , nom de Jcfus , pref- 
qu'au centre de l'ifle , an dixième degré, 
L'ifle de Matta eft en face de Zebu , a 4a 
portée du moufquet ou du canon. Le dé- 
troit qui les fépare forme un port i Tabii 



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j8o HisToiac ^t i'Asït; 
- des vents 9 mais dangereux par fes h^n'CB 
H1ST011.1 ^ fable. 11 y a darns la capitale un évèque 
Mt iNVEKj^ ^j^ gouverneur ; on y cômpee cîn^ 
mille maifons. L'ifle a encore deux 
bourgs , l'un nommé Payran , habité paûr 
des marchands 6c des ouvriers Chinois ; 
& Tautre peuplé d'Indiens , exempts de 
tribut, parce qu'ils reçurent les Efpagnots 
Se qu'ils leur découvrireni d'autres ines^ 

Zeba a au nord-eft les ides de Ban- 
tayan y des Camotes , de Negros ou des 
Noirs. Les montagnes de cette dernière 
ifle font couvertes de Noirs aux cheveux 
crépus y qui fe battent fans ceflè ou pour 
étendre leurs limites , ou pour s'enlever 
des femmes , & qui ie rétiniffent contre 
tes ennemis communs , teU qite les cor- 
faices de Mindanao & de Xolo. Les BU 
fayas habitent les plaines, en^ partie fous 
le gouvernement des Jéfuites. 

La petite ifle de Fuegos ou de Siqaior 
eft habitée par des peuples comateux., 
redoutés jufqu'à Mindanao. L'ifle de Pa- 
namao , nouvellement peuplée , a un cir- 
cuit de feize lieues. 

Capoul , i l'entrée du détroit qui fépare 
Manille de Samar^ eft entourée d'autres 
petites ifles qui, en refferrant le canal, 
rendent les courans fi rapides , qu'ils font 
toorner pluâeurs fois les plus gros bâtU 



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f)i l''Afri<jue et de î.'Amériq^e. itï 
mens. Sa hauteur eft de 14 degrés. L'ide! 
<îe Ticao offre un bon port & des ra- Histoire 
fraîchiflemens aux navires. Les plus grands "** Inpeç^ 
f rouvept ^n n^ouillage commode dans les 
ports de l'iile 4e Masbate , de laquelle 
dépend celle de Bourias. Masbace olFre 
des mines que les Efpagnols négligent 
d ouvrir j^ poiur des raifons politiques , & 
que les Indjiens méprifenc , parce qu'ils 
croient devoir préférer à des travaux durs 
qui ne leur donnent que du métal, les 
travaux faciles qui leur donnent Ja noqr* 
riture. 

L'ide de Marindnque , à quinze lieues 
de Manille , nourrie ks habitaws, nation 
douce & paifible , de cocos & autres fruits. 
Mindoro , à huit lieues de Manille & cinq 
de Marinduque, a 70 lieues de circuit. 
Un de {qs caps forme au fud avec la pe- 
tite ifle d'Ébia, le détroit de Potol. Elle 
a pour habitans , des Tagales , des Bi^ 
iayas &c des Manghicns. Ceux-ci font des 
fauvages nomades qui vont nuds & fe 
nourriUent de fruits. Ils échangent encore 
la cire de leurs montagnes contre des doux 
& des aiguilles. Des Jifuites , fi Ton en 
croit Carreri , ont afluré qu'ils avaient des 
queues de quatre ou cinq pouces de long. 
Ils font bravas .& iîdéles i payer le tribut* 
L'AJcade Efpagnoifait fa demeure i BacOi( 



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ijSi HxKTOiXE DE l'Asie; 

P— "**'*^ Les ifles de Verte , Louban & d'AmbU 

Histoire font aaprès de Marinduque. 

^s Indes, Les ifles baflfes de Babayanes , vis-à- 
vis la nouvelle Ségovie , s étendent jufqu a 
celles de Formofe 8c de Lequios. A qua- 
torze ou quinze lieues au fud-oueft de 
Louban , on découvre dix-fept petites ifles 
qui cooipofent une province Èfpagnole » 
on les nomme las Calamiones. La plus 
grande ie nomme Paragua , dont le centre 
eft fous le dixième degré de latitude Se 
dont la pointe au fud-oueft n'eft qu'à cin-. 
quante lieues de Bornéo. Une partie ap-* 
partientaux Efpagnols & l'autre au Roi 
de Bornéo, qui tient un Lampon ou Gou- 
verneur à Lavo , dans la partie méri- 
dionale. Ces Européens ont un fort mé- 
diocre à Tairai, fur le cap Bornei, oppofe 
à celui de Tagufo. La forme de Tifle eft 
celle d'un brias , par lequel Manille & 
Mindoro femblent donner la main à Uor- 
néo. Le Roi de ce dernier pays domine 
fur les côtesdes ifles bafles des Calamianes» 
Le milieu des terres eft peuplé de fauvages 
Doirs fans chefs & fans loix , qui apportent 
tout leur foin à fe défendre du joug des 
étrangers. Proche le cap feptentripnal de 
Paragua, trois ifles nommées Calamianes 
forment avec neuf autres Sç les cinq iiles 
lie Cuyo , une province. 



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BE L* Afrique ET DEX^AMiaiQWE jSj 
Panay, à Teft des Calamianes, eft la! 



Îlus riche & la plus peuplée de ces ifles du Histoire 
écond ordre. Son circuit eft de cent lieues. ^^^ Indes, 
ï On attribue fa prodigieufe fertilité au 
j grand nombre de rivières qui Tarrofent. 
\ Elle eft divifée en deux jutifdiÛioiis. Le 
j gouverneur de la province du fud réfidef 
I dans le fort d'Ilolo , fur un cap de ce nom ,' 
placé vis-à-vis de la petite ifle dlmaras. 
Le refte de Tifle dépend de PAlcade de 
Panay. Les Efpagnols affurent que lors- 
qu'il tonne dans Ji'ifle il tombe de petites 
croix de pierre. Outre les Indiens tribu-^ 
taires, on trouve dans Tépaifleur des boisr 
des Noirs qui font nuds & fi légers à la 
courfe qu'ils prennent des cerf? & des 
fangliers fans le fecours des flèches. La 
bcte prife , ils fe rangent tout autour 
pour manger fa chair crue, & ils s'a- 
charnent fur leur proie comme des vau- 
tours. Aux environs de Panay on trouve 
ies ifles de Sibugam , de Rombino , de 
Batan , de Tablas » &c. 

Le hazard ou le goût a rafïemblé di- Nations 4if- 
verfes nations aux Philippines. On nomme p^fu '"nlT 
les Tagales , les Bifayas , les Zambales , Uun mam, 
les Uayas , &c. On croit les Bifaya^ 
originaires de 'Macaflar , & l.es Tagalç^ 
Malais d'exira€tion. Ces deux nations*, 
autrefois maîtrefles de la plus grande pai^. 



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j84 Hi$Toi&E DE l*âsib; 
! ne des Philippines » Comt prefque par-toat 
Histoire tributaires des Efpagnols , dont ils ont 
f £s Imp£$« ^d^pj^ l'icriture & divers ufages. Cepen- 
dant ils fe gouvernent par leurs propres 
ioiz. Leurs caufes font jugées par le chef 
du Barangué ou de la peuplade s aHiflé 
d'un confeil des anciens. Dans les caufes 
civiles , on s'efforce de terminer les di^ 
férends a Tamiable , avant que de procé- 
der à un jugement. Dans les caufes cri- 
minelles, u le coupable nianque d'argent 
pour fatisfaire la partie offenfée , les prin- 
cipaux du fiérangua lui otent la vie i 
coups de latKe. Quand le mort eft lui- 
même un des notables , fa famille fait la 
guerre à celle du meurtrier, jufqu'à ce 
qu'un médiateur propofe une compenfa- 
don en or , que Ion partage entre les 

{pauvres & les parens du dénint. Quand 
ameur d'un larcin e(t inconnu , Iqu ob^ 
lige toutes les petfotmes foupçonnées à 
mettre quelque chofe fous un drap blaiic, 
afin de fournir au voleur locà^ou de 
reftituer fans honte. Si cette tentative ne 
réuffit point , les accufcs fe plongent dans 
une rivière , Se celui qui fort le premier 
de l'eau eft cenfé coupable j ou ils font 
condamnés à retirer une pierre du fond 
d'une chaudière bouillante, & celui qui 
f efiife répreuve paye le montant du vol. 

L'aduUero 



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•Si 



î-*àdultere eft puni par une amende. Le **— — T S? 
<iéslionneur du mari cefle , dès <ju il a reçu Histoire 
4jne fomme d'argent. La tonunence tie ^^^ l^^^^'* 
pafTe point pour une vertu. * 

Un homme , pour obtenir une fille en 
tnariage y eft obligé de payer aux parens 
^e cette fille le palTava ou l'entrée ae leur- 
«naifon , le patignog ou la liberté de par- 
ler à fa prétendue , le paflalog ou la par- 
tnifiion de boire & de manger avec elle» 
enfin le ghina-|>uang ou le droit de con- 
sommer le mariage , par une dot propor- 
tionnée à la condition de$ parens* La 
polygamie- n*étoit point en ufage chez'les 
Tagâles} mais fi le mari ii*avoit point 
d'enfant de fa femme , il pouvoic , avec 
fon ronfenteinent , recevoir une efclava 
daos fon lit. Les Bifayàs ctoient libres de 
prendre plufieurs femmes. Ces peuples 
ayoient l'ufage de i'adopçion. Ils ne per- 
mettent point aux filles d'aiflSfter aux ac« 
cèuchemens , parce qu'ils croient que leur 
préfence rend le travail pl^ difficile. 
Avant que les Efpagnols ettflent adouci 
leurs mœurs 9 ils immoloient fouvent fur. 
la tombe d'«n mort les efirl^ves qu'il avoîc 
le plus chéris^ Leur loi la plus îacrée eft 
d^onorer les auteurs de, leur naiflfance. 
On parle avec, éloge de leur induftrie^ 



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}S< HlSTOIKl Bl L*AsiE, 

1 Les hommes Se les femmes de diftioc-' 
Histoire rion font chargés d'anneaux & de bijoux* 
9ES biBss. Autrefois , pour marouer leur noblefife , 
ils fe peignoienc fur le corps divtrfes û^ 
gures : doù vient aue les Efpagnols 
avoient donné à quelques peuplades le 
nom de Piniados, Ces Indiens ne peuvenc 
fe réfoudre à être feuls i table. Us boivent 
à propordoQ beaucoup plus qu'ils ne 
mangent. Leurs principaux amuièmens 
font la muiique ^ la danfe & le combat 
des cocqs qu'on arme d'un fer tranchant , 
dont on leur apprend l'exercice. Ces iùes 
font partagées , pour la religion » entre le 
Chiiftianifme , l'Idolitrie Se le Mahch 
métiûne. 

Dis IJlcs Pataos ^ atunmem Us nouyclUs 
Philippines ou les Carôlincs. 

Freofei àt Le collefteut des voyages, te après lai 
c^!!2?L'f.'*^I*wteur de l'Hiftoire moderne, affurent 
leariiniation, que ce qui couceme cesiUes eu encore 
UucdiTifioiu ^^j,5 unevériubleobfcuritéi & que d'ha- 
biles voyageurs qu'ils ne nomment point 
révoquent en doute leur exiftence, juf- 
qu'à dire que fi elles exiftoient dans la 
position qu on leur attribue , il faudroit . 
que leurs vaiflèaux euflent paile {>ar def- 



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Bi l'Afrique ET DBi.*AMlRn2UE^ $87 
fuf en traverfant cette mer. Le P. le Clain , l 
ÀMs le comeLcl^u recueil des Lettres cdi- Histoire 
fiantes, a parlé de ces ifles, fur le té-»" ^"^"^ 
moignage .de quelqaes-un$ de fes habi* 
tans , jenés par un vent impétueux fur la 
côte de GuÎY^m aux Philippines. Jofcph 
Somera, cité dans Thiftoire même des 
voyages i aborda dans une de ces ifles » 
dont il entreprenait la conquête , fuivanc 
la relation publiée dans le XI^ recueil des 
Lettres éditantes. Dans le XVIII^ recueil 
de ce même ouvrage , le P. Cantova en 
fait une aflez ample relation que les deux 
auteurs dont j*ai parlé ont ignoré. Ces 
ifles ^nt clairement indiquées dans le 
Journal de l'amiral Anfon. Il feroit aifé de 
confirmer ces témoignages par ceux de 
beaucoup d'autres voyageurs. 

Selon la lettre du P. Cantova écrite en 
17^1 9 on eut connoiflànce de quelques- 
unes des ifles Palaos , prêfque dans le 
même tems que les Efpagnols prirent pof^ 
feffion des ifles Marianes. Ce nouvel Ar-* 
chipel reçut alors le nom d'ifle^ Caro^ 
* Unes, du nom du Roi Charles II » qui 
regnoit en Efpagne. On regardoit Tifle de 
Guahan , capitale des Marianes, comme 
la porte qui devoir ouvrir l'entrée d'une 
maltitudç d'ides Auflral^s inconnues. Le#- 

Ri) 



\ 



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}8S Histoire DE L*A8i£ ; 
gouverneurs de Guahan tentèrent inutife^' 
HisToiRi tuent dV pénétrer. Les Infalaires jettes 
ws ^«•««•j^ijx Philippines donnèrent quelques la- 
inières fur leur (ituation. On a tiré beau* 
coup d'éclairciflTemens du rapport de quel- 
ques-uns de leurs compatriotes, que Ion 
a vus aux Marianes en 1711. Je fuivrai 
la relation du P. Cantova , alors Miflîon-- 
^ naire xlans ce dernier pays. 

Ce Jéfuite croit ne pas fe tromper en 
plaçant les ifles Palaos entre le 6^ Se le 
1 1^ degrés de latitude feptentrionale , 8c 
en les raifant courir par les 50 degrés de 
^ longitude, â Teft du cap S. £(prit. Ces 

4 ifles fe partagent en cinq provinces , qui 

parlent chacune des dialéâes difTérens 
d'une même langue matrice , qui paroîc 
être TÂrabe. 

La province de Citrac à /*eft a pour 
îfle principale Torres ou Hoguoieu. Ses 
habiuns font négres,mulâtres & blancs. La 
province eft gouvernée par un petit Roi 
} ' nommé Tafaulucapin Elle comprend «les 

^' ifles d'Etel , de Ruao » de Pis , de Lamoil , 

de Falalu , d'Ulahi , de Magur , de Vlou , • 
de PuUep , de LefguiCchel , de Temetem 
Se de Schoug , du pord-eft i loueft y Se 
les ifles de Cuop, de Capeugeug, de 
JEpiip , de J^euk , de Pat , dà Srfipug i à| 



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BfcX^AFRKjtTE ET 0E L* AuiKlQ}Stl J Sp 

fud-eft au fud-oueft, fans parler d'un 

grand nombre de petites iflcs. Histoire 

Lafeconde province commence à quatre ^** lw»*5. 
degrés & demi du méridien de Guahan. 
Elle contient vingt- fix ifles un peu con- 
iidérables , dont quatorze font fort peu* 
plées^UIée, Lamurrec, Seteoel, Ifeluc» 
Eurrupuc, Farroilep, &c. entre le 8« Se 
le 9* degrés de latitude feptentrionale. 
Cette province fe divife en deux prin- 
cipautés , celle d*Ulée , dont le Prince fe 
nomme Gofalu » celle de Lamurrec dont 
le Seigneur porte le nom de Mattufon» 

La troinéme province eft un amas 
d'ides , dont le Souverain , nommé Caf- 
chattel , réfide à Mogmog. Les barques 
qui naviguent dans le golfe amènent les 
voiles auflî-tôt qu'elles font à la vue de 
ce lieu ) pour marquer leur refpeâ à leuc 
. Prince. L'ifle de Feis , une des principales , 
eft gouvernée par un Seigneur patticulier, 
nommé Meirang. L'ifle de Zaraol appar* 
tient à la même province , ainfi que Fala- 
lep , Oiefcur , Sagaleu & Marururrul. Les 
ifles de l'eft s'appellent Lumululutu , celles 
de loueft Egoy. 

La quatrième province , à l'oueft Sç à 
50 lieues de la trpifiéme, a une ifle de 
quarante lieues de tour^ nommée Yap» 



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)9o HitToïKB BE l'Asxi ; 
On y xxmuvt des mines d'argent , mais on 
HirroiRE en tire peu de métal , faute d'inftrutnens 
Bk% Im>Bs. propres i les exploiter. Lorfqu'il combe 
ibus la main de ^uetqulnfulaire on 
morceau d arg^t , il ^ travaille à l'ar- 
' rondir poiur le préfenter au Souveraia ^ 
<{ui s^appelie Teguir. Les ides Negolu , 
Laddo & Petangaras forment untciangle*. 
La cinquième province, à 45 lieues de 
rifle dTap , renferme les iflcs Palaos ou 
Panleu. L'Yaray , leur Souveraih, tient (a 
Cour i Yalap. Les habicans de ces ifles 
font entiëremem nuds. Us mangent , dk- 
on i la chair humaine. Les Indiens du refte 
des Caroiines les regardent comme des 
ennemis du genre humain, avec lefquels 
il eft dangereux d*avoir aucun commerce. 
Les noms des principales ifles de cette 
province font Pelilieu , Coaengal .^ Ta- 
galeteu^ Cogeal, Yaiap, Moguiibec êc 
Nagatrol. 

On trouve au fud-oueft de Nagarrol 
les deux ifles de S. André , que les na« 
turels du pays appellent Sonrrol & Ca-» 
docopuei. A left de toutes ces ifles il 
y en a un grand nonibre d'autres , tine 
iar-tottt très-étendue qu'on nomme Fa- 
lupet , & dont les habitans , nègres fau- 
vages , adorent le Tiburon , eipéce de 



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pi t*Af MQtE BT HE VAuitLlQVl. i 9 1 , 

poiflbn cetacé très-^vorace. Les ifles Ca- *'*"*''** 
rolines ont auffi reçu le nom d'iflcs de S. Histoiri 
Barnabe. i>is Indis; 

Les habîtans de ce vafte Archipel ont croyance des 
très-peu d-idées de religion & de ces^^^ïî^w^L 
connoiuances qui caraétcnfent l'homme 
civilifé. Ils fupppfent de bons Se de 
mauvais efprits > auxquels ils attribuent 
les paffions humaines » des avenmres ex- 
travagantes ic de l'influence fur les chofes 
terreftres. Quoiqu'ils admettent de fa- 
buleufes divinités , on ne voit parmi eux 
ni temples, ni idole, ni culte extérieur « 
du moins réglé. Ils donnent des âmes 
raifonnables i la lune , aux étoiles Se au 
foleil , qu'ils croient habités par des 
peuplés celeftes. Leur religion admet un 
paradis & un enfer. Leurs prçtres & leurs 
prctreffes. que l'on croit çn commerce 
avec les âmes des morts , déclarent de 
leur pleine autorité ceux qui ont mérité 
le paradis Se ceux qui ont l'enfer çn par- 
tage. Les âmes qui vont au ciel y çn re- 
tournent le quatrième jour pour demeurer 
invifibles au milieu de leurs parens. Lorf- 
qu'un malade eft fur le point d'expirer, 
on lui peint le corps de couleur jaune. 
Quand il eft mort, les parens & les amis 
«'alTemblent autour du cadavre pour 

R iv 



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JJÎ- HlSTOrrHE DE l'AsTH,' 

pleurer avec des cris épovantables leur 
HisToiRi perjç commune & pour entendre pronon^ 
•41 Indes ^^^ £^^ oraîfon funèbre par une femocieé 
Chaque fatniKe a fon Tahutup ou Saint 
Patron , qu*on invoque dans les be- 
ibins , dans les entreprifes , dans les 
Toyages , dans les travaux. Les habirans 
de Tifle dTap honorent le crocodile. Ife 
ont parmi eux des impofteurs, qui fous 
prétexte de communication avec le malin 
efpric y commettent impunément toutes 
fortes de crimes. 
Comitmet , La pluralité des femmes eft une marqtie 
S'ctî^VÎ^r^e diftïnûion & d'honneur. L adultère, 
quoiqu'il pa(Ie pour un grand crime » e(t 
facilement pardonné y iln'y a qu'à faire 
un préfent au mari qu'il offenfe. Le dir 
Yorce eft permis aux femmes comme aux 
hommes. La veuve d'un homme mort 
fans poftérité époufe le fi-ere de fon mari. 
Chaque canton a deux maifons d'éduca-- 
tion , Tune pour les garçons , l'autre pour 
les filles. On enfeigne aux garçons des 
principes vagues d'wronomie pour l'o- 
tilité de la navigation. L'intérieur de la 
maifon eft entre les nuiins des femmes* 
Les travaux du dehors, la pêche, l'agri- 
culture , la conftruâion des barques font 
l'occupation des hommes. Le tort lôi^ 



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t>E i'Afrique et de l'Amérique. 395^ 
apprend , fi la navigation fera heureufe & ' 
la pèche abondante. pi'w. 

Ces peuples, quoiqae barbares, ont 
une certaine police qui les diftingue de 
beaucoup d'Indiens qui n'ont , pour ainft 
dire , que la forme humaine. L'autorité 
do gouvernement fe partage entre plu- 
fieurs familles nobles , donc les Tamols 
ou chefs commandent avec empire, parlent 
peu y Se affcâent un air grave devant leurs 
fujeis inclines iufqtt'à terre.^ Les parole» 
de chaque Tantol , dans fa province , font 
autant d'oracles. Les criminels ne font 
punis que de Texih 

Ces Infulaire^ fe baignent trois fois le 
jour. Us fe lèvent avec l'aurore, & ils fe 
mètrent au lie dès que le fbleil eft couché» 
Le Tamol s'endort au bruit d'un concerc 
formé par de [eunes gens , qui chantent 
ks pièces de leurs meilleurs poètes. Quand 
ils danfent y. ils ont la tète couverte de 
plumes ôc de fleurs *, des herbes aroma- 
tiques pendent de leiors narrines y Se des 
feuilles de palmier , titfue^ avec art , A>nt 
attachées à leurs oreilles^ 

Les querelles panicuUeres le terminent 
nt des préfens. Dans les euectes pi)- 
cliques , les batailles font &s combats 
ttpguliecs PU chacua n a ea tète qju'i|i» 

^? 



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;94 Histoire DtL'AsiB^ 
ennemi qu'il combat avec des pierres Se 
HisToiRi ^yçg j^s lances armées doflemens. Les 
i>£s Indes, g^fjjj^g, (^ dtvifenc en trois rangs, fuivanc 
l*^e & la force. Lorfqu'un combattant du 
premier rang eft hors de combat , un ibl- 
dat du fécond prend fa place, & ainfi 
du refte. La guerre finit par des cri$ de 
triomphe des vainqueurs qui infultent aux 
vaincus. 

Les habitans d'Ulée & àt% ifles voifîoes 
ont l'air plus gracieux , les manières 
moins groflieres > l'humeur plus g*aie , le 
caraâere plus humain que les autres. Il 
y a parmi eux des Metifs & des Nègres 
ou Mulâtres qui leur fervent de domef- 
tiques. On conjeâure que les Nègres 
viennent de la nouvelle Guinée / & que 
les filancs de(cendent des Ifpagnols des 
Philippines, Le P, CaJJin, dam ion ïàf- 
toirô ae ces dernières ifles , feit mention 
d'un événement qui laiffa plufieurs de 
ces Européens dans une ifle de Barbares, 
fituée â Teft des Marianes- C'eft fi^s doute 
tinedes Carolines où «s malheureu* au- 
ront époufé des Indiennes. 

La nourriture de ces Indien^ confifte 
en fruits, en racines &«n poiflTons. LeUr 
terre ne produit ni riz, m ftomeiat, ni 
bled dinde. On n'y v^t aucuo animal 



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DE t'AFRfQtJB ET DE L*AMéRIQt;B. ?95 

è, quatre pieds. Ceux qu'on vil aux Phi-- ~ 

lippines furent fort étonnés de voir des Histoihx 
vadxes brouter & d'entendre des chiens ^^^ ^«^* 
aboyer. Leur vie paroiflbit toute animale, 
uniquement bornée au foi» de boire & 
de manger , lorfque la faim & la foif hs 
y détcrminoient. Quelques-uns avoient 
le corps peint de diverfes figures. Par le 
tour & la couleur du viface , ils avoient 
quelque reflemblance avec les Philippinois. 
Leur marque da refpeâk confiftoit , fui- 
vant qu'ils étoient aflis ou debout , à fe 

frotter doucement le vifage avec la niai» 

ou le pied de celui auquel ils vouloient 

faire honneur. Us fe mettoient rarement 

en coler^B , & leurs amis s'entremettoient 

avec fuccès pour les appaifer. Ils avoient 

de la vivacité dans Tefprit. Ils étoient dans 

une joie continuelle de fe trouver dans l'a- 
bondance des chofes néccÛTaires à la*vie, 

JJlcs Marhms, 

Les Marianes forment une chaîne de Dîyifian ac I 
pluOeurs ifl^s qui s'étend du fad au nord ^^'X^l,^. J 
depuis le I )^ degré 4c latitude fepten- nanes. 
wionale jufqn'au a^*, dans la longueur 
de 169 lieues depuis Guahan , la plus 
méaridianalc rafmi'à Uvac, bplus voifine 

Rvj 



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59^ HisTôim DE l'Asi,e, 
da cropiaue du cancer. Elles fonc à Tes^ 
Histoire tremité de la mer pacifique , i près de 
m$ Indes. ^^^ Henes des Philippines. En tirant de 
là vers le Japon , elles touchent à d*autres 
ides qui font avec elles une corditiere. 
Magellan les nomma ifles des Larrons-, 
parce que les habitans hii volèrent quel- 
ques bagatelles. La multitude de petir^ 
bâtimens qui viennent à voiles déployées^ 
au devant des navires de TÉurope , /etvr 
fit donner le nom d'iflestles voiles qu'elIes^ 
ont perdues vers le milieu du 16^ Hécie, 
en recevant celui de M arianes , à rhon- 
neur de Marie d'Autriche,, veuve de 
Philippe IV & Régente d'Efpaghe. L*e»- 
tretien de la Colonie feroit fort à charge a 
TEfpagne , fi Ton n'eftimoit les avantages^ 
qu'elle lui procure en fervanr d'entrepôt 
pour le commerce de ManiJie i la nou« 
Telle Efpagne. 

Goahan ou Tifle S. Jean » la plusr 
grande de ces ifles , a plus de trente lieue» 
de circuit. Sa hauteur eft de treize degrés-- 
Salmon y compte j ou 400 habitans , Se 
le P. Gobien plus de jo miHe. Ehmpier 
n'y trouva en 1 9^7 ^ environ vingt ans 
après f établilTcment des Efpagnols, qu'une 
centaine d'Indiènis naturels , refte d'une 
• peuplade beaucoup plut jgcgsibrettCe ^ qiii 



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»H t*AïRIQXJB ET DE L^AMiRIQUE. J97 

dégoûtée d'une domination étrangère 3 

âvcfh paffé dans les ifles voifines', après Histoire 

avoir détruit les habitations de Guahan.^^* 1n*i&; 

Le pays eft agréable & fertile. On y trouve 

plufieurs ports commodes , Hati , Uma- 

tage, Iris, Pigpug, Agadna^ k meilleur 

de tous , &c. 

Du fud au nord , on rencontre fuccef- 
/îvement Zarpane , autrement Rota 6» 
rifle Sainte Anne , qui a quinze lieues de 
tour & deux bons ports j Aguigan ou 

■ l'ifle S. Ange , qui s eleve au milieu de 
la mer comme une fortereflè ; Tinian 0» 
Buenavifta Mariana , ifle prodigieufemenr * 

fertile, où Tefcadre de TamiralAnfon qe 
trouva point d'habitans , une maladie épi- 
démique ayant engagé les. Efpagnols è 
faire paflTer ailleurs ceux qu'elle n avoit 
point emportés j Saypan , bu Tifle de Sr 
Jofeph ; Anatajan , ou Pifle de S. Joa- 
chim ; Gugnan , ou Tifle de S. Philippe 5^ 
Alamagan, oti Tifle de lia Conception; 
Pagon, ou rifle de S. Ignace j Agrigan,, 
ou rifle de S. François ; Affbnibng , an 
t'ifle de la Conception; Maiig, autre- 
ment Tunas où Tifle de S; Laurent, corn- 
pofée de trois rochers , qui \ont chacut^ 
trois lieues de circuit. Cette iflie eft à cina 

4i6ue$^ d'Urac« On appelle Gani le^ aeut 



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J9S HiSTOIRB BB I*AST E, 

- dernières du coté du nord. Carreri £kk 
Histoire mentbn de trois volcans, de Pato», de 
BU Indes. Defconofida , de Malabrigo, de la Gua- 
dalupe, des trois ides de Tula» &c* 

Ces ides jouiflent d'un air H pur que 
les habitans arrivent à une extrême vieil- 
lelTe , ôc que r^en n'eft moins rare panni 
eux que de vivre un fiécle. Le terroir eft 

f;énéralement aflezbon. Onobferve dans 
eurs mers une étrange variation dans ia 
boudble. Depuis le cap de S. Bernardin 
dans le détroit de Manille , elle décline 
conHdérablement , tantôt au nord-eft , tan* 
tôt au nord^oueft, pendant le cours de 
plus de raille lieues. 
Origine, por- ^^^ inclinations femblables à celles 
mit , mœuri djfs Japonuois & fur-tottC la fierté de la 
fciJ^^"*^noblefle , ont fait foupçenner que les 
Marianois étoient venus du Japon. Lear 
couleur, leur laitue , leurs coutumes^ 
leur gouvernement dcmnent Ueu de cojat^ 
jeâurer qu'ils ibot iiTos des Taga\e$ des* 
Philippines ou des fA^dm^ pe^es des Ta- 
gales. Avant que les Efpa^oU euHeiit 
paru dans leurs ifles , ils jomflbient d'uQe 
libené parfaite , fans autres loix que celles 
qu'ils vouloient s'impofer. Un enfant eft 
m^tre de Tes aâions , dès qu'il coni' 
mçpce â ie connoître* JL'^uitorité des chefs 



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»E iTAfrxqub et de l'AlciRIQXrE. }99 
jde la nation n'eft pas moins bornée que 
celle des pères. Chacun fe fait juftice^"^^*** 
dans les querelles particulières. Les®*^- ^**' 
guerres entre les peuplades font courtes 
& peu fanglantes. Dans les batailles, la 
vif^oire eft déterminée par la mort de 
deux ou trois hommes. Les vaincus ef- 
frayés de voir couler le fang de leurs ca- 
marades^ demandent aufli- tôt la paix en 
fuyant , $c quelques préfens la leur rendent. 
Ces Infulaires nonc pour armes que 
des pierres & des bâtons garnis d os hu- 
mains. 

La nation eft diftinguée en trois Etats. • 

La nobleile tient avec une fierté iq- 
croy able , le peuple dans un abaiflèmenc , ' 
qu*il eft impoflîble, dit le P. Gobien dans 
rbiiloired^ leurs tiles, de s'imaginer en 
. Europe. C'eft la plus ^ritninelle infamie > 
parmi \e$ nobles » ^ue de s'allier avec les 
Pleb^'ens. S'il arri voit qu'un Chamorri 
(c*eftle nom des personnes diftinguées) 
fe dégradât par un mariage fi révoltant » 
ùs p^cens s'airemblcroient pour Javer 
dans fon fang cette tSLçh^. Les chefs de 
la noble^ préfident aux aflèmblées na- 
tionales. Qn refpeéte leurs avis, mais la 
déférence â leur femiment n'eft jamais 
fondée. Chacun prçad» dit-on^ le p^rti 



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400 HisTomc db i.'^Asr*;? 
ïgui lui conTienc fans y trouver cPof^ 
Histoire fation , parce que ces peuples n'cmt propre- 
' •*» Im>Es. nient aucun maître ni d^aatres règles 
que de$ nfages religienfement observés. 
Pour coticitier ces idées contracHâxiîres 
d'indépendance & d'^efdavage , it faut dt- 
vifer la nation en hommes IH^res , cdt 
la noblefle } & en efday es , c'eft le petipfe. 
Quaiu aux affaires publiques , if eft ridi' 
cute de prétendre que chacun ait fa liber* 
té de Ce conduire fuivant fes idées parti* 
culieres ^ il n*y a point de feciété , même 
Cauvage > fans fouveratneté & fans iu5* 
ordination. Si Ton ajoutoit foi à cette 
fuppbfition » on pourroit croire auffi » ce 
que dit Pîgaphetta , que ces Indiens n'a- 
voient jamais vu de feti^ avant Tarrivée 
des Efpagnols » & que ces Européen» 
Tayant mis à des mai/ons , quelques ha« 
bitans s*en approchèrent de u près qu*iU 
fe brulerenr. La nation , dk-on , s'imagina 
que le feu étoit un animât qui dëvocou le 
Dois , & qui blellbit par la feide violence 
de fa refpiration. Cette dernière idée eft 1 
aflTez naturelle à des ûuvagesw 

Quoique barbares » difent les relanons^^ 
ces peuples ont de lia politeire) Sr^fufr 
quelques articles Rut deiicatefle va juf^ 
j^'à h ibperftition ; tel eft le précepte i^ 



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civilité qui leur défend de cracher devant ! 
ceux à qui Ion doit du refpeâ:. En man- Histoire 
géant peu, ils ont un embonpoint extra- ^*' In*e^ 
ordinaire, fc avec cet embonpoint , ils? 
ont une foGpleflTe & une agilité extrêmes. 
L'homicide eft f dit-on , en horreur dans 
toute la nation ; cependant on afTure que 
la vengeance eft chez eux ifne paflion & 
ardente , quoique fourde , qu'ils fatisfont 
leur reflentiment par-tout ce que la haine 
& la trahifon peuvent infpirer de plus noir 
& de plus affreux , lorfque loccafion 
s'offre de détruire leur ennemi fans com- 
promettre leur lâcheté. On dit , malgré 
cela , qu'ils ne connoiffent guère d'autres 
crimes que ceux du libertinage. 

Le P. Gobien affiire qiil les Marianoîs Rcngio» #r 
liront ni temples, ni prêtres , ni culte ^ ni ^^ 
aucune idée de religion. Cependant ils 
admettent un enfer , non pour les mé- 
dians , dit-on > mais pour les hommes qui 
périflènt d'une manière violente ^ & un 
paradis pour ceux qui meurent naturelle- 
ment. N'eft-ce pas qu'ils attachent la mort 
violente au crime & la mort naturelle à 
la vertu ? Dans la relation Espagnole d'un 
voyage de Don Alvarez de Mindana , ces 
Inlùlaires adorent la lune , le foleil , des 
poiflbns^ les os de leurs ancêtres, £ccv 



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401 HiiTôiHl Bl l'Âiim^ 
N'ayant pu prendre le Caiman , le Xibch 
Histoire ron Sc la Caclla, ils ont pris le p^ti d'en 
91$ iHDEê. £^j.^ jgj Dieux. Ils croient que les anies 
des morts pafTent dans les corps «ie ces 
poiâTons , ôc Us payent i ces Dieux m:^' 
tins la dixme de leur fruit en les lançani 
i l'eau dans on bateau abandonne. 
pSk iflet*5L I-'Hiftorien des Marianes prétend qu'on 
Hm^ôsT n*^ pu fans injuftice donner à ce pays Je 
fiom d'ifles dei Larrons, car ces Indiens 
abhorrent le vol. Cependant il n'y a aucun 
voyageur qui ait abordé 6c rur-toiit com- 
mercé dans ces lieux , qui ne fe plaigne 
dy avoir été volé. Il y a apparence qu'ils 
font peu fcrupuleux fur la probité envers 
les étrangers , quoiqu'entr'eux , ils foiepi 
de fi bonne #bi, qu'ils ne tiennent pas 
iDème leur$ tnaifons fermées. 
ecOTpatîoM, La pèche eft leur principale occupation. 
^tJ^'éu Leurs canots font d une telle légèreté , 
UuUnoU. qu'ils peuvent faite , foivant Gemeili , 
oottze milles par heures & vîng^-quatrr , 
fuivant Dampier. Ces Indiens ont un goût 
vif pour le piaiiîr. Ils aiment for-tout â 
fe donner des fêtes. S'ils font fobres , c'eft 
moins par inclination que par néceffité. 
Leurs divertiffemens font la danfe, la 
lutte , le chant , le récit des vers de leurs 
poètes ic de leurs chroniques fabuleufes. 



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Dï L'Af RIQVE ET M t'ÀMiRIQUl. 4OJ 

Quoiau'ils n'aient aucune connoi^Tance! 

des faences & des atts , ils ibnt remplis Histoiei 

d'une préfompiion fi fotte qu'ils n*en*^** ^^^^* 

tendent parler des autres pays qu avec des 

(îgnes de pitié. Avant l'arrivée des Efpa- 

gnols, ilslecroyoient les Teuls habicans 4^ 

l'univers. Un poëte eft refpedé de toute 

!a nation. Les femmes ont leurs alTembléçt 

,:)articulieres où elles paroiflent chargées de 

.x>quillages , detiffus de racines d'arbres 9 

Je petits grains de jai & de morceaux 

récaille qui leur pendent fur le front* 

£Ues chantent d'un air fi animé , avec 

ant d'agrément te de jufteflè , une décla^ 

mation fi noble, une expreffion fi vive » 

2ue leur chant plaît même aux Européens* 
lies font parvenues à jouir de tous Içi 
droits qui font ailleurs le partage des 
maris* Les hommes vont nuds Ce les 
femmes prefque nues. 

L'inconftance & la légèreté des Ma- 
rianois eft fans exemple. Les Millionnaires 
regardent leur mobilité d'humeur comn^e 
le plus grand obftacle qu'ils trouvent â ja 
convernon de ces barbares. lU ont n^« 
turellement de la gaité. Ils s'exerceot 
agréablement par des railleries mutuelles 
& par des bouffoneries qui ne laifTeirc 
j>oint languir la joie. Leur douleuc eft 



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464 HisToiRi STE t* KsTie i 
! éloquence & fort fpiruaelle , firiv^ant l\t 
Histoire preflîon du P. Gobicn. A la more de letm 
•tois IWDEs. pp^^j^çj ^ jl^ $*épuîfcnt, dit-on , par leur 
abftinence & par leurs larmes ; cependam 
leur deuil ne onre ordinairement que fept 
ou huit jours. On célèbre Fanniverlàire 
de cet événement. A cette cérémonie, 
on récite l'hiftoire de la vie da dcfunxm 
S'il fe rencontre dans le narré quelque 
chofe de plaifant y on rit â gorge dé- 
ployée, on boit un coup, & Ton fe re- 
met à pleurer à chaudes larmes , au rap- 
port de Mandana. Les amis , les voi/îns 
6c des pleureufes affiftent à ces parties 
funèbres , fuivies de feftins. On pleure la 
nuit te l'on s'enivre le jour. L'ufage eft 
de déroflTec les cadavres , de brûler leur 
chair & d*avalec la cendre dans du tuba » 
vin de cocos. Si le àéhni étoh Chamorri 
ou chef de peuplade , I affliction des Ma- 
rianois a Tair d'une défolation extrême. 
On arrache les arbres, on brûle les ha- 
bitations , on met les canots en pièces , 
& Ton élevé des monumens i Thon* 
neur du mort,, fuivant Gobien. 11 
faut pourtant fuppofer des bornes i. cette 
douleur , car le pays feroit bientôt dévaf- 
té, s'il Y avoit beaucoup de nobles. 
On trouvera^ vers la nn de cet ouvrage^ 



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^E i'AfKlQVt ET 1)1 l'AmeRÏQUÏ. 405 

dans la Defcription desTerres Auftrales,' ^ 

quelques pays que des Géographes Ik des Histoire 
Hiftoriens renferment dans Tenceinte de ®" Indis^ 
la mer des Indes. 

Fin dt la Defcription des Indes fy dli 
Cinquième Fçlumpn 



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4«7 




TABLE 

DES 
MATIERES PRINCIPALES 

Contenues dans U Cinquième Volume. 



^llpAM, Quels peu- 
ples prétendent fuivre 
fa religion , 6, 

Agra. Fertilité de 

cette province. Sa ficua- 

tion. Nombre de fes 

villes , de fes villages. 

. Ses fabriques , 7. 

Agra, £ten<due de 
cette ville. Sa beauté. 
Ses édifices. Nombre 
de fes marchés 9 de fes 
mofquées , de fes Câra- 
vanferas , ibid, 

Amadabat, Mandef- 
lo donne à cette ville 
fept lieues de circonfé- 
rence. Son marché, Sc$ 

Tome F. 



jardins. Ses tombeaut. 
Son territoire contient 

f>rè$ de trois mille vil- 
âges. II. 

Anglois, C'eft par 
leurs mains que paficnt 
prefque tous les reve- 
nus clu Bengale , 4, Ils 
dominent aujourd'hui 
à Surate , i ^. Leurs éta- . 
bliffcmens à Sumatra, 
i5>o. Voyez Colonies, 

Arbres qui donnent 
des liqueurs crès-fuaves. 
Autres dont on Cire du 
pain, }<rj. 

Atrakan, Situation 
de ce Royaume. Moeurs 
S 



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4o8 TABLE 

& coattiines de Ces ha* 

bitans> 2.^^. C 



BAiM OU mille vaif- 
feaux pourroicnc 
être à Tabri de tous les 
vents, }i8. 

Banjar-Majpn, Voy. 
Bornéo. 

Batavia, Sa poiicion* 
Sa defcription. Forme 
de fon adminifttatioti. 
Forces de la Colonie. 
Commerce des HoUan- 
dois. Leurs moeurs , 
310 & fuiv. 

Bengale, Situation 
de ce pays. Sa beauté. 
Agrémcns des Benga- 
loifes. Proverbes fur 
cette contrée. Ses villes. 
Ce qu'elles ont de re- 
marquable. Les Fran- 
çois j les Anglois & les 
Hollandois y ont des 
comptoirs, 1 &/uiv, 

Bornéo. Pofîdon de 
cette ifle. Son étendue. 
Royaumes qu'elle con- 
tient ,317. Caradcres 
des Maures de Bornéo , 
311. Des premiers 
ïiabitans de ce pays, 
5x1. 



CAISSE batme aa 
point du jour pour 
avertir les pcrfonncs 
mariées de remplir le 
devoir conjugal , 345. 

Cambaye. De quoi 
font conflruites les 
maifons de cette rilîc» 
Privilège obtenu par fes 
habitans, 14. 

Camhoye. Sa dercrip* 
tion. Ob(ervatioQs mr 
ce Royaume, 15^. 

Candahar. Fidélité 
des peuples de cette 
contrée. Ils font , pour 
la plupart , conduâeurs 
de chameaux, 15. 

CaraBere. Voyez 
Mœurs, 

Camate. Defcription 
de ce IwO^aume , 37. 

Caftes (des") o\i tri- 
bus Indiennes, 5S & 
fuiv. 

Celebts, Etendue de 
cesiflcs. Leur defcrip- 
tion. Leur gouverne- 
ment. Àdreac des ha- 
bitans. Leur caradère. 
Leurs Moeurs, &c. 31^. 

Ceylan. Sa po/ition. 
Caraélére des Lbicans 



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DES MA 

ûc cette iïle. Leur ja- 
louHe j ^79. Forme du 

fouvernemcnt. Claffcs 
'habitans. Forces du 
pays. Loix. Mœurs. 
Ulagcs, 184 ^ fuiv, 

Coliari, Peuple de 
rindoftan. En quoi con- 
fîfte la gloire chez cette 
nation. Trait fîngulier 
de deux frères, 41. 

Colonies ( obrcrva- 
tions fur les) Euro- 
pécnes établies dans les 
Indes ,114 &fuiv. Sur 
les Colonies Portugai- 
fes, iii&fùiv. E^a- 
gnoles, 138 &/. Hol- 
landoifes, 151 &fuiv. 
Angloifes , i ^^ & fuzv, 
Françoifes, 195. Da- 
noifcs, 19^. 

Commerce des Euro- 
péens aux Indes. Ses 
avantages Se fcs défa- 
vancagcs. Balance rai- 
fonnée de ces deuiç 
chofes. Difficultés qu'il 
comporte. Moyens à 
employer pour les évi-, 
ter ou pour les furmon- 
tcr. Difficultés plus 
grandes pour une na- 
tion que pour une au- 
tre. Pofîtion aduelle 
eti fe trouvent dans ces 



T I E R E S. 409 

cpntréesles nations reC- 
peâ:ives de TEurope , 
&c. Voyez Colonies, 

Cordes tendues fur 
lefquelles on pafFe d'un 
rocher à un autre, 15. 

Crocodilles, En quel 
pays on en entretient 
pour fervir de foldats 
& jfcrmer le paffagç à 
renncmi , 3 8r 

Coutumes diverfes ,' 
Voyez Peuples & Pays, 
Coutume particulière 
au Malabar. Sangui- 
aaire des Pirates de ce 
pays, 66. 

' J^. 

Y^EHLi, capitale de 
JL-^ l'Empire du Grand 
Mogol. Defcription de 
cette ville , lo. 

Dents; Peuples qui 
s'arrachent celles de de- 
vant pour y fubfticuer 
des dents d*ox, 32-5. 

E. 

T^MPïRE du Grand' 
JCd Mogol. Sur quels 
pays il s'étend. En com- 
bien de Viceroyautés il 
cft divifé, I. Forme du 



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4ÎO TABLE 

gouTcrncmeot, 8i. Juf- Maldives > 2.5 5 - De 5o- 
rct. Elles montent à 
cheval comme les hom- 
mes, 19. 

Fenêtres qui reçoi- 
vent le jour à travers 
des carreaux de nacre 
ou d'ccaille^ 14. - 

Frarifois. La guerre 



tice. Comment elle y 
cft admioiftrée « 85. 
Milice, 50. RicfaeiOrede 
cet Empire, 55. Fêtes 
de la Cour. En quoi 
elles confîftent , ^f. 
Ufages & mccars des 
Moeols, lor. 

x^ui/i^rf (traits fur- 
prenansd*) 151. 



I. 

FEMMES* Comment 
font cfaoi(tes celles 
deftinées aux plaifîrs du 
Koi d*Arrakan » 171. 
De l'idc de Bornéo. 
Leur beauté, leur ef- 
prit , leur modeffie , 
31J. Du pays de Ca- 
chemire. Leur beauté, 
25. Du GuiaratCj 17. 
Hollandoifes de Bâta-- 
via. Leur molefTe. Leur 
luxe. Leur incontinen- 
ce. Leur aflFrcufe dureté 
envers leurs efclaves, 
3 15. De Macaiïar. Leur 
extrême propreté , } j ^• 
Des Moluques. Leur 
laideur. Leur lubricité. 
Moyens qu'elles met- 
tent en ulage pour la 
fatisfairc, 34j« Des 



a ruiné tous leur^ ct4- 
bliiTemens dans le Bca- 

gale,4- . 

^ Funérailles dagaliè-* 
tes , 404. 

a 

GAL£KiE peinte ea 
or & en azur ^ 8. 
G^a, Pofîtion de cet- 
te ville. Sa didxibatioam, 
Fafte de /on Viceroi. 
Atrocité du tribunal de. 
rinqui^on qui y c/l 
établi. Débordement. 
des Portugais, Les ef- 
claves s*y vendent com- 
me en Turquie, 50. 

ÛDlkonde, Ricbcfïè 
de ce pays. Manière 
dont il étoit gouverné. 
Ezpofé de tout Ce qui le 
regarde , 45 bfujiv. 

gouvernement. Voyez 
Peuples. Ifles, 

Guiarate. Etendue 



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DES MA 

de ce pays. .Ses villes. 
e Cara<flére ic mœurs de 
s fcs habicans y iiSc 16, 

H. 

HOLLAITDOIS» Ih 
ont occupé jufqu'à 

p 8 00 mille ouvriers dans 

î «ne feule fadorerie , 4r 
Leurs établilTemens à 
Ceytan,^8o. ASuma- 

[ tra, 290. Leur puiflan- 
cc à Java , 4^5. De 
quels moyens ils ont 
«fé pour le rendre les 
maîtres dans les ides 

j Cclcbes, 317. Voyez 
Colonies, 



JGiXACB : (févc ap- 
pelée fruit de Saint ) 
excellent antidote , 3 6^, 
. Indiens. ( Poctraic 
ées) 1 1 1. 

e Ja(/(>/?<z». Defcription 
des pays qu'il corn- 
prend, r &futv, 

Ifle ( Prefqu ) de 
yind^een-defà du.Gan- 
gc.Contrées qu'elle ren- 
ferme , Hr-j. Prcfqu'iflc 
au-delà de ce fleuve. 5a 
dcfcnp tioi», 2.oa»t 



TIERES. 4T1 

IJles. (Noms d' ) 
Bornéo. CélAcs. Cey* 
lan. Java. Maldives* 
Marianes. Moluqi es* 
Palaos. Philippines. Su» 
matra. Voye^ chaci ne 
d'elles à fa place alpKar 
bétiquc. 



/AVA, Defcrîption de 
celte ifle. Royau- 
mes qu'elle contient. 
Mœurs-fic coutumes dey 
Javanois. Religion dui 
pays, 1^7. 

K. 

yjr'iAïTG'TsSj négo- 
XV ciant Chinois , for- 
me un Etat par le 
moyen des défriche- 
mens. Eloge de la for- 
me de gouvernemçnc 
qu'il y éublit > %j6^ 



LAOS, Sa defcrip- 
tion. Obfervations 
fur ce Royaume y 15! 
bfuiv. 

. L^ix, Voyez P$u^lesi, 
Pays. 

SUj 



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411 



TABLE 



M. 



têJTadkas. Pofitioti 
XVm de cctrc ville. Son 
importance, 77. 

Maifons larobriffécs 
flu-dehors de belles- 
boifcries, 14» 

MalaBar, Sadc(cnp^ 
tton , 48. Loi fingulière 
en uHige parmi Us peu- 
ples, 6%. 

Malaca. ( Prefqu*ifl«- 
de ) Sa defcription. Ob- 
fervation fur les Malais. 

Maldivis* Pofition 
^e ces ifles. Leur defcri- 
ption. Diffi^rens ordres 
des Maldivois. Lear 
gouvernement , leurt 
nfages, leurs mœurs > 
leur caraâcré, 2.75. 

Marottes, Quel eft 
It^jf pays. Ils fe font 
rendus formidables 
^ns les Indes. Leur 
manière dâ faire la 
guerre, 34. 

Marianes, Poficiofi 
des ifles de ce nom. Orir 
gipe> portrait, ufages* 
mœurs & caradcrc des 
peuplf^ qui les habi^ 



Maufolie (le) <fe 
Tadgé-Mahal , cft uac 
des merveilles de l'O- 
rient. Vingt mille en- 
ouvriers occupés pen- 
dant vingt ans à Ck 
conftruétion , ^. 

Mayfouruns. Carac- 
tère de ce peuple. Trai- 
tement qu'il taie à fes 
ptifonniers, 45. 

Mmun ^ c^ia€tère » 
ufages & ) deshabitaQ» 
du Guxarate, 1^. Des 
Cacbemiriens, %$- ^^' 
Malabàres , 6x. Des 
Mogols, ICI. Des In- 
diens, 108. Des Arra* 
kaniens, X7i. Des Mal-^ v 
divois, 177. Desbabi- 
tans de Ccjlan, ztj. 
Des JsLW&nois ,501. D^s 
Hollandois à Batavia» 
315. Des ^temiers ba- 
bîtans de Boinio , )^z« 
Des Maures de ce pays » 
315. Des Macaflarois» 
334. Des Moluquois> ^ 
358. 

Moîuques. Leur po- 
fition. £ numération der 
iÛcs cempiifes fbùs ce 
nom. Mœurs de leurs 
divers kabiun^ > ^ 3 ^ ^ 
fuiv. 

Murs iftcraii^ 4e 



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DES MA 

carreaux de porcelaine, 

14. 

N. 

iyT-4 B AB y nom de 
X V dignité. Ce qac 



OBfMRVATiùNs par- 
ticulières fur les 
difFércns Etats des In- 
des, I. Sur le gouver- 
nement Mogol , 8i & 
/idv. Sur les Colonies 
fondées par les nations 
Européenes en général 
dans les Indes , & fur 
celles de chacune de ces 
nations en particulier, 
114 &/ùiv. Sur la mi- 
fère du pays de Siam, 
115. Sur les Malais , 
254. Sur le Royaume 
deCamboie, z^6. Sur 
le Laos, 158. Sur le 
Pcgu,i^3. 

(Bufs, Singularité de 
ceux de loifcau appelé 
Javftn> 5^4, 



\AL3ios (ifles de), 
ou Nouvelles Phi- 



TIERES. 41 r 

lippincs. Preuves de. 
leur exiftence. Coutu*. 
mes &: caraïbe re da 
leurs peuples, $86 & 

Fatanes. ( les ) Bon- 
té de leur infanterie. 
Us ont exterminé la. 
race de Tameilan , 

ratna* Province 
orientale de l'Indoftan. 
Les HoUandois y ont 
un comptoir. Le foufre 
fait le principal trafic 
de ce pays, 5. 

Fatna ( la ville de y 
eft une des plus grandes 
villes des Indes , ;• 

Pays ( noms des prin- 
cipaux ) dont il eft par-, 
lé dans ce volume. Ar- 
rakan. Bengale. Cam« 
boye. Candahar. Car-* 
nate. Guzarate. Indof* 
tan. Ifle ( prefqu ) en- 
deçà , prefqu'ifle en- 
delà du Gange. Lao& 
Malaca. Malabar. Pat- 
na. Pegu. Siam. Vifa- 
pour. Voye:^ à leurs 
Boms refpeâifs , ce qui 
regarde leur (icuation^ 
leurs produâions > leur 

Î gouvernement ,. leurs 
oix , Icms ufagjes & les 



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414 TA 

moeurs èc caraâèrc 
des peuples qui les ha- 
bitent. Voyei encore 
Jfies. 

Pégu. Sa pofition. . 
SoftgouTerncment. Ses 
mœurs. Ses ufages. Ca- 
radére des Peguans^ 
%6i\ Traditions accré- 
ditées dans ce pay9„ 

Pejiemuger. Poi(K>n 
qui a les mammetles- & 
ks parties naturelles do^ 
fexe, }^4. 

Peuples, (noms de X 
CoUery. Marattes. 
Mayfourîens. Patanes^ 
Koyei à leurs noms ref- 
pedhfs. yoyetf encore 
Pays. 

Pki/îppines. Sitaz- 
tion des ifles de ce nom. 
Leur étendue; Leurs» 
lichefles. Leurs diver-> 
fes produâions. Carac- 
tère & mœurs de leur» 
divers habitans^^^ 5 & 

Pondichiry, Sitoa- 
fioiide cette ville. Def- 
cription de fa rade. Faf- 
te néccfTaire de foa 
gouverneur , 73. 

Pmi d'un ^uart de 



BLE 

lieue formé par ^esio^ 
chers» 70. 

Ports. Ceux de ConC- 
tantinople , de Gost Se 
de Toulon , foat les 
plu;s beaux . de oQtre 
continent^ 50. 



J\. te ville ed tetnar- 
quable par Tes fortifica- 
tions & pac ua palais- 
magnifique « 1, 

Rdja. Nom de di— 
. gnité. Réponfe ficrc de 
celui de Rator à Schah-^ 
Jehan , ^^. 

Réjervvir de Surate. 
U câ comparable auxc 
pliis beauxou vrages des 
Romains, 14. 

Roymunu. Yoyex 
Payj. 



Or A M. PofitioQ' de 
O ce Royaume. S» 
divifion en différens 
Etats. Son hiftoire oa-^ 
turelle: Obfervation^ 
fur la miiere du pays;» 
Soir gouTçxQcmcAt ^os:^ 



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DES MATIERES. 41J 

t. 



litiquc & domcftique. 
De la cour du Prince. 
Sciences & arts des 
Siamois. Leurs Mœurs. 
Leurs coutumes. Leurs 
jeux. Leur manière de 
vivre. Leur habille- 
ment. Leur figure. Leur 
caraé^ère. Enumération 
des nations étrangères 
qtu le trouvent a Siam , 
2.05 &fuiv, 
' Soubd, Nom de di- 
gnité des Indes. Ce que 
c'eft, 1. 

Soubdars, Nom de 
dignité. Ce que c'eft, i. 
Succadana, Voyez 
Bornéo, 

Sumatra, Pofition 
de cette ifle. Tyrannie 
des Rois d'Achin. For- 
ces du pays. Gouver- 
nement. Juftice. Reli- 
gion. Ufages. Mœurs 
& caradèrc de fcs ha- 
bitans, xS^. 

Surate. Beauté d*unQ 
partie de Tes édifices; 
Mifère dont l'autre par- 
tie offre le tableau. A 
quel point la police y 
eft bien adminiftréc. 
Malheureufe condition 
dereshabitaD$»i4, 



TcHBRON. Nom 
d'une cafte Indien- 
ne. Ils fervent de con- 
duéèeurs aux voya- 
geurs. Comment ils les 
mettent à l'abri des vo- 
leurs, 17. 

TempU (dcfcrîption 
du ) magnifique de Ti-* 
rounamaley, 5 S. 

Tombeaux & pagodes 
qui pafl'ent pour un 
ouvrage de géans > 
.18. 

Treille de raifins re* 
préfentés en rubis & en 
émeraudes, 8. 



"TTÂKA i AS. Nom 
V de religieux du 
Royaume de Laos. 
Ce qui les concerne , 

Villes (noms des) 
principales dont il eft 
queftion dans ce vo- 
liirâc^ ^gra. Amaîla- 
bar. Batavia. Cambaye. 
Dehli. Goa. Madras. 
Patna* Pondicbéry. Ra» 



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^ -1^ 



TABLE DES MATIERES. 

Vifapour. ( le) Sm 
defcripcioB, 17. 

f^olcan de Tiflc de 
Tcrnatc, 53^. 



416 

gi-Mdiat. Surate. Fijy. 
9UX noms refped^ifs. 
VoycT^ encore Pays , 
lues. Peuples, 



Fin de la Table du Cinquième Kolumc» 




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