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yGooble
BCU - Lausanne
llilllilllli
1094801240
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HISTOIRE
GÉNÉRALE
DE L'AS1E,DE L'AFRIQUE
ET DE L'AMÉRIQUE.
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'%^'
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HISTOIRE
GÉNÉRALE
S
DE UASIE, DE UAFRIQUE
ET DE ^AMÉRIQUE,
Contenant des Difcoursfur rHiftoireAn^
ciennê des Peuples de ces Contrées^ leurHif-
toire Moderne & la Defcription des lieux ^
avec des Remarques fur leur Hijloire Natu^
relie » & des Obfervations fur les Religions ,
les Gouvernemtns , les Sciences , Us Arts , U
Commerce , les Coutumes^ les Moeurs , les
CaraSeres , &c. des Nations.
Par m. L. A. R.
TOME CINQUI
A PARIS,
Chez Des Ventes de la Doué , Libfairc7
Jacques , vis-à-vis le Collège de Louis-k-Grani
M. D C C. L X X.
Avec Approbation & Privilège du Rçh
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HISTOIRE
GÉNÉRALE
DE L'ASIE, DE L'AFRIQUE
ET DE UAMÉRIQUE.
O Nervations particulières fur les diferens
Etats des Indes.
i^Ous commencerons parla defcriptîon i
<ie l'Indoftan ou Inde proprement dite , Histoire
&dela Prefqu'Ide en-deçà du Gange. Le des Indis,
Grand Mogol règne fur prefque tous les
peuples établis entre le Gange & Tlndus*
S'il y a fur quelques cotes des Princes
particuliers, ils font , pour k plûpari , fes
tributaires. Les marchrinds Européens
établis dans ces contrées, font prertjue par-
tour fous fa proteâiort ou même fous fa
^dépendance. Le Mogoliftan Indien eft
ppliiiquement divifé en ad ou ^\ Vice-
Tome V. - A
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^^^^^ 1 Hl$TOIREDEï.*AsiI,
SÎÏÎÎÎÏÏÏS royautés oi; Nababies. Ces grands Gou-
HisToiRE vernemens fe foiidivifent en Sarkars ou
PE5 Indes- proyjnces , & les Sarkars en Parganas ou
Gouvernemens particuliers. Enflés par la
vanité &: autorités par la:flarterïe , les Na-
babs prefîttcnt la qualité de Soubas , Rois ,
Souveraine; &c les Soubdars ou Phofdars,
Gouvettieiirs fubalternes , cieHc de Na-
hfi>s^ Nousiuivrons Tordre géographique.
"Nous n'avons garde de garantir ici Texac-
titiuie de nos defcriptions & de nos re*-
j nîarques. L'intérieur de ces contrées a été
(pn peu fréquenté d^s Européens j & les
pays maritimes font fi continuellement
i)ouIeverfés pir d^s guçrres ^ des révor
lutions , qu'il feroit tous les jours nécef-
^ faire de recevoir de nouveaux mémoireç
poijir rcforjiier les anciens. *
' L' I N p o s T A N.
Provinces de VEfi.
\ u iBçogai^ Le *Bçugatie , pays riche , tempéré , ar-
^rofé par lé Gange , borné au levant & a^
'ïud parle Golfe de ce nbm & par la Pç-
/ ninfule , divifé ep ii Toumans ou dif-
jtri(9:s, s'étend, fuivant M, Otter, l'ef-
pace de ^oo mllks en largeur, fur i6o
'À^ hï^mt. flçmfer iwer fîe pays ^u-dçiFui
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de r%ypte poxit la fecûlué. Le Gange
oui fe décbaige par quatre embouchures Hjstoiri
dans fon Golfe , y forme une infinité ^^* Iwosf.
d'ifles donc le ipeâacle eft charmant. On
y a créuTc de grapds canaux pour la fa^
cili(é du traniporc des mai;cbandires Se de
l'eau excellente de ce âeuve. L'abondanet
des chof4» neceflàires à la vie ôc des ma*
tiéres de cicunmerce, h bi^auté du lieu Se
hs azréaiens des femipes qui Th^bitenc ^
ont cbnné lieu aux Européens de dire ea
proverbe, qu'il y a cent portes pour entrée
dans le Royaume de Bengale Se qu'il n'y
ea a p^ «ne pour len fortir. C^pendanc
V^k n'y eft p^^ tr(^ Ain pour les ctran-
gçrsu $e« p^iacip^les villes font Cbatigaai
OQ Bengale ; Peça ou Daca > réfidence
du Viceroide la pçqvioçe j Ragi-Mohol ,
^r^de Se belle ville » remarquable pac
les forci^attons, par fe$ temples , par un
palais magnifique 4'ua c^iarré parfait »
vani;é p^t Qraas çomwenm lieu de dé^
lices, qu'on a<J«>irerait d^^is tout a^re
Î^y$.y &c; 3Mpjrtgi>er.,iat?elier où Ion fa-
brique toutes ;foâ:tes d'ouytâges. On dif-
lingue enore ces diftriâs ceux de Pruna^C
de Pauiv^ qui ont eu des Roi^ p^rt^éu*
lier^. Les Jrfan^s, jes Aa^lpis iSc les
Uollandpis ont d^ €oni|Hoir$ au Bea-
falerfur jes cives du Gange. L^ Hq)^
Ai;
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'4 Histoire DE l'Asie,
îlandois ont occupé jufqu'à 800 mille ou-
HisToiRE vriers du pays dans leur feule fadorerie de
DIS Indes. Caffam-Bazar. Les Européens ont rendu
Gugli , Chandernagor, Chincora , & plu-
fieurs autres villes de cette contrée, fa-
meufes parle commerce. Les Anglois do-
minent aujourd'hui dans le pays. La guerre
y a ruiné les établiflemens des François,
& il ne leur eft pas permis d'en relever
les fortifications. On dit que le Mogol
n'impofoit pas fur le Bengale un tribut
proportionné à fa rich^flTe , parce que fes
habitans font des peuples capricieux , prêts
à profiter de Téloignement où ils font de
la Cour & de la proj^imité des Rois en-
nemis des Mogols , s'ils n'étoient mé^-
nages. Tous les revenus du pays paflent
aujourd'hui par les mains des Anglois,
qui en remettent une partie à l'Empereur ,
une partie avi Souba. La Province d'Orixa ,
S" peu connue , eft fituée au-deflous du Ben»
f gale, le long du Golfe* Voyez la. fin de
( la defcription du Malabar.
i frovîuccs * Les Provinces d'UdelTe, <îe Meouat,
d'uicffc , «de de Jefuat , fuuées au-delà du Gange, ont
Mc€uai,&c p^^^ capitales Jokanat ou Jehanac & Ja-^
ganat , Narnol , Rajapbur. C'eft particu-^
Fièrement dans ces contrées orientales que
triomphe l'Idolâtrie Indollane. Elle y a
, été moins attaquée que vers le midi &
\
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^^^^
•^^•-^fe
©E l'Afrique et de l'Amérique, y
dans les Ifles par le Mahométifine ; elle!
y ctoit mieux défendue, foit par les eaux Histoire
du Ganae, foir par l'alliance avec les^" Indi».
Gentils Je la Prefqulfle. On voit Ifes jours
de fête dans leurs pagodes jufqu'à cent
mille Indiens des autres Provinces. Les
plus beaux temples Idolâtres de llndof-
tan font ceux de Jaganat &: de fianarous.
Cette dernière ville , ficuée fur le bord
du Gange , eft grande Se bien bâtiç.
Il y a un collège fondé par le Raja
Jeiflîng.
Patna , Province enfermée entre quatre
rivières , le Gange , le Perfilis , le Jemma
ou Gemené & le Candaefc, porte le noqi
de fa capitale , ville célèbre par fbn com-
merce & une des plus grandes de l'Inde.
La Compagnie HoUandoife y a un
comptoir j le foufre fait fon principal
trafic. Les Provinces de Kandonana , de
Gor & de Pitan , placées entre l'eft & le
nord , dans le voifinage clu Tibet , n'offrent
rien de remarquable dans les defcriptions
des voyageurs.
Le Bakar ou Bakish , fur la rive oc-
cidentale du Gange , au midi de Pitan
Ôc à l'oueft de Kanduana, eft préfenté
comme un pays très-riche & d'un grand
produit pour le Mogol , par ceux qui en-
ferment dans fon Gouvernement le Doab
A ii j ^
dby Google
IS HistoiHkdél'Asii, ,
î ou Sàtttbal , l'Udefle 8c le Jefuat. Becanar
ȣ9. j^^ Province de Halabas , autrefois Pu-
rop , a celle de Bakar au midi Se celle
de Patïia à louéft. La capitale qui a le
jtîème nom , firuée fur le bord du Gange,
à Tembouchure du Gémené , a été long-
temps un des boulevards du Royaume
des Patanes; c'eft, dir Thevenot, la ville
M^e Pline a appellée Chryfobacra. Akebar
la fubjugua Se la fo^rtifia d'une bonne ci-
tadelle , dans laquelle on voit un obé*
lifque fort antique, de foiîtante pieds de
Kaut. Oh y confervê avec foin des pagodes ,
2ue les gens du pays attribuent, dit-on , à
idam & Eve, dont ils prétendent fuivre
ta religion. L'Halabas , fi Ton y comprend
le Narvar Se le Sambal , ou bien le
Meouat , forme tin grand Gouverne-
ment.
vroTittcede Gualaor, capitale de la Ptovrnce de ce
ciuiaor. ^^^ ^ fituée entre Sambil & Narvar , en
tirant vers Toueft , eft une afTez grande
ville Se une des meilleures places de
rinde. Sa fortereffe fett de ptifon d'Etat.
11 y a dans fon enceinte une mofquée
bâtie fur le tombeau de Morad Bakche ,
cmpoifonné par Aurengzcb , avec une
grande place, environnée de voûtes 8e
de boutiques. C'eft Tufage des Indes de
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ut l'Afkiqui et m t'AuiKiQVfi. 7 ^ f
joindre à tous les édifices publics une "^*"'*^
place qui fert de marché, & d'y attacher Histoire
des fondations pour les pauvres. ^^^ Ikois.
La province d'Agra , entre Bakar & Province
Gualaor fur les bords du Gémené qui la ^^'
trayerfe dans toute fon étendue , eu unç
des plus confidérable de TEmpire. Scan-
4erbad , une de fes principales villes, a été
la capitale d'an puiflànt Roi Patane. On
voit encore à Fetipour , autrefois la pre^
miére ville du pays , un palais accompa-
f;né d'une des pli^s belles mofquées de
'Orient, bâtie par un Calender, efpéce de
Dervifch Mahomctan , qu'on y honpre
comme un faint. On 7 trouve encore
Andipour,Verapour, riche en beaux tapis;
Chitpour, célèbre par (es chitesou toilçs
peintes; Bargent, place d'un Raja, &
autres villes au nombre de plus de qua-
rante, fans parler de plus de 3500 viila-
Î;;es. Le commerce des chiies, toiles dont
e peuple de Turquie Se de Perfe aime
i fe vètlr , & qui fèrt en d'autres lieux de
couvertures de lits & de nappes à manger ,
fe fait principalement à Scronge , grande
ville.
Agra ou Egre eft la plus belle ville de
llndottan^ ou du moins il 0'y a que
Dehli q^i puilTe lui être comparé. Man-
ëcllo dit qu'on n'en peut faire le tour à
A iv
dby Google
i ïtlSTOlRE Dl t'^AsiE,
^*™'"'*^ chevaî en moins d*un jour ; mais il faut
Histoire obferver que fes maifons font écartées les
NDis. j^g^ jgj autres & que celles des Omrahs
eut des jardins très»fpacieux« Ces Palais y
entremêlés de grands arbres verds dont
on a rempli les jardins & les cours pour
fe procurer de la fraîcheur , forment une
perfpedive très-agréable fur-tout dans un
pays aride & brûlant, où les yeux, dit
Berniec, femblent ne demander que de
la verdure & de lombrage. Le palais
Impérial efl: accompagne de vingt- cinq
ou trente autres grands palais, fuivis fur
la même ligne d'autres beaux bâtimens ;
ce qui donne , dit Thevehot ,. le plus bel
afpeâ: du monde à ceux qui font au-delà
de la rivière de Geméné* On y voit une
galerie peinte en or 8c azur , donc Schah-
Jehan avoir déffein de couvrir la voûte
de lames d'argent : ce travail fut inter-
rompu par la mort de l'ouvrier François
qu'il avoir chargé de Texécution. Ce
Prince avoit eu auflî la fantaifîe d*orner
un petit fallon d'une treille de raifîns ^
repréfentés en rubis Se en émeraudes dont
on montra des feps à Tavernier. Man-
deflo vit dans le même palais un trône
d'or maffif couvert de pierreries 8c une
tour revêtue de lames d'or qui contenoit,
dit-on, huit chambres pleines d'or , d^ac-
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. ^^^
»E l'Afrique bt de l'Amérique. 9
gent, & autres chofes précicufes, tréfor SS — *T
eftimé i 500 millions d'écus. Histoire
On compte dans Agra quinze grands ®" Inpes.
marchés , 70 grandes mofquées ,800
bains publics dont TEmpereur tire des
profits coniidérables , So Caravenferas ,
où les étrangers font logés gratuitement.
Les tombeaux d'Agra & des lieux voifins
font très - remarquables. Les Seigneurs
ont ici l'ambition de fe faire inhumer
magnifiquement. Les Eunuques du palais
ne pouvant perpétuer que leur mémoire ,
conf^ccent la plus grande partie de leurs
richelFes à leur fépulture. Le maufolée
que Scliah Jehan fit élever à Tlmpératrice
Tadgé-Mahal, eft une des merveilles de
rOrient. Bernier qui en donne une def-
cription détaillée la met au-defTus des
pyramides d'Egypte. T'avernier vit com-
mencer & finir ce grand ouvrage , auquel
il affure qu'on employa pendant ii ans
le travail continuel de zo mille hommes.
On prétend que les feuls échafaudages
coûtèrent plus que l'ouvrage même,
parce que manquant de bois , on étoit
obligé de les faire de briques, comme le
ceintre de toutes les voûtes. Deux mille
hommes, fous le commandement d'ua
Eunuque , veillent fans cefle i la garde de
l'édifice Se du Tafimàkan^ ou grand Ba-
Av
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lo Histoire di l*Asib,
zar , auprès duquel Schah Jehan le fie
Histoire élever pour lui attirer plus d admirateurs.
DES Indes, jj y ^ toujours des Mollahs en prières
auprès du tombeau.
On a dit que la ville d'Agra étoit tel-
lement peuplée qu'elle pouvoit mettre
deux cent mille hommes fous les armes :
Tavernier dément cette aflertion. De
cette ville à Lahor, il règne une allée
d'arbres , à laquelle Edouard Terri donne
400 milles d'Angleterre de longueur.
Provinces du Midi.
Province de La province de Bando ou d'Afmîre,
Baado ou hC^r \ ^ 1 1 ■& «
oiije. forme a-peu -près le centre du Mogo-
liftan , entre les provinces de JefTelmire,
d'Agra, & dé Dehli. Ses principales
villes font Bando , Touri , Moafta ,
Godack & Afmire. Jeflelmire au midi
de Bando, a pour capitale une ville de
ïbn nom. On y trouve auflî Radimpour
& d'autres places moins confidéraoles.
Chitor, province encore plus méridio-
nale, étoit autrefois le Royaume des
Hanas, defcendans de Porus. Sa capitale,
Chitor , qui emtrafïbit autrefois plus de
fix lieues de circonférence , n'eft qu'un
amas de ruines j on y diftingue celles de
cent mgodes. Malotte ou Malvsj, coa-
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l
\
trce fertile à l'eft de Chitor, fait un grand
commerce dans Racifpour ou Rantipour Histoire
fa capitale. On y remarque auffi les villes ^^* Indes-
de Scrampour & d'Ugen. La rivière de
Cepra, fur laquelle eft fituée Catleada ,
réudence des anciens Rois de Maferdoa ,
arrofe une partie de cette province en
allant fe jetter dans le Golfe de Cam-
baye. Kandish, ^u midi de Malva» 1
pour capitale Brampour , ville très-com-
merçante t mal bâtie , fort peuplée , &
baignée par le Tapty qui fépare la pro-
vince d'un petit pays nommé Partabza,
tributaire du Grand - MogoK Brampour
fut la réfidence des Rois de Dekan ; on
voit devant fon château la figure de ^élé-
phant de Schah-Jehan , pered'Aurengzeb.
CePxincë qui ainioit beaucoup cet animal
lui érigea cette Sçatue dans le lieu même
où il étoit mort en combattant. Les GentiU
la vont barbouiller de couleurs , comme iÛ
font à leurs pagodes. Pala, Aflere, Si
Mandou , font des villes corifidérables de
la même province, dont le gouverne-
jnent eft n important qu'il é&, prefqoe
toujours le partage d'un âls ou d'un oncle
de l'Empereur. Ce canton voit au midi la
province de Bérar , peu connue , capitale,
Shapor- ^ ProTÎncedc
1-a province de Guzarate ou Cambayea Ga^^^^e ou
' A w: : Camb^yc.
A v;
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^^^^^ iz Histoire de l'Asiï,
^"*'*'**^ une des plus belles & des plus marchan-
HisToiRE des de i*Empire Mogol, contient dans
»£s Indes. ^^^ étendue a environ quatre- vingt lieues
tant en long qu'en large , plufieurs villes
du premier ordre. Amadabar, Métro-
pole du pays, eft compofée de deux villes
bâties , dit-on , par deux princes nommes
Tun Ahmed & l'autre Mahmoud:
* Thevenot croit que c'eft rAmadavaftis
d'Arrien. Mandeflo lui donne fept lieues ^
de circonférence , en comptant Tes faux-
tourgs. Son Meidanfchan, marché du
Roi , eft une place de 1600 pieds de long
fur 800 de large , ornée d'un double rang
de palmiers Se de tamarins , entremêlés
de citronniers qui rafraîchiflènt l'air &
forment une perfpedlive charmante. Ces
jnêmes arbres plantés dans les rues & élevés ^
au-delTus des maifons donnent de loin à
cette grande ville l'apparence d*une vafte
forêt. Les Jardins, les maifons de plai-
fance & les tombeaux offrent au dehors
un autre objet de curiofîté. Le plus
ibmptueux des tombeaux, eft celui qu'un
Roi de Guzarate fit ériger en l'honneur
ée fon précepteur , & qui a fervi de fépul-
tnre à plufieurs Princes. Le territoire de
cette ville comprend vingt- cinq gros
bourgs & près de trois mille villages j il
. produit environ zo millions de revenu.
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©ï l'Afrique et de l*Amérique. i j
Le Gouverneur, titré de Raja ou Prince , 1
eft obligé d'entretenir douze mille che- Histoire
vaux & cinquante éléphans pour la dé- ^^^ l^^^^*
fenfe du pays & pour la fureié des che-
mins. On Taccufe de protéger quelque^
fois les brigands & de partager le butin
avec eux. Ces brigands lont les fuiets de
quelques Rajas voifins , entr'autres du
R^ja de Badour y puifTant par des châteaux
Se des villes bâties fur des montagnes. U
a iine garde de deux cents hommes : fa
maifon eft compofée de plus de 500
Officiers.
'Broitfchia, une des plus fortes places
<ie rinde, bâtie fur une haute montagne, ^
étend fa jurifdidion fur 84 villages. Elle
eft bien peuplée. La plupart de fes ha-
bitans font des tiflerands qui fabriquent -
les baftaS) les toiles de coton les plus 6nes
de la Province. Brodra, viHe muée fur
Ja petite rivière de Vaffet , eft remplie
'de tiflerands & de teinturiers. Son diftriét
renferme plus de 200 villages.
Cambaye, grande & belle ville, eft
£tuée au fud^eft d'Amadabat , à trois milles
du Golfe auquel elle donne fon nom. Ses
habitans font un trafic confîdérable à
Diu , fur la frontière maritime du Gu-r
zarate, dans l'Arabie, dans Ja Perfe, à
Acbim Se à Goa. Sqs maifons font toutes
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14 Histoire DE l'Asii,
bâties de pierre» de brique & de marbre ,
Histoire g^ cependant fon enceinte a pour le moins
PM Indes, j^^^ Heues de tour. On dit que les Gen-
tils de cette ville ont obtenu , a force d ar-
{;ent , le privilège de ne laifTer tuer dans
eur ville ni bœuf, ni veau, ni vache j Se
que fi un Chrétien ou un Mahométan
etoit furpris à tranfgrefler cette défenfe ^
fa vie ne feroic pas en fureté. Il y a ap-
parence que ce privilège a du être à
terme.
Surate ou Soret 9^55 lieues au midi
de Cambaye & environ à 5 o d'^Âmadabat ,
• ^ cft une des villes du monde les plus com-
merçantes. Elle eft moins remarquable
par Ion étendue que par l'agrément & la
îblidité de £ts édifices. Sa grande place
eft magnifiquement décorée par les palais
qui l'environnent , & par le château qui
la termine. Les dehors des maifons font
lambriiTés de belles boiiteries, comme
HQs plus propres appartemens; & les
murs font intérieurement incruftés , ainfi
que les planchers , de carreaux de porce-
biae. Les fenêtres reçoivent le jour par
des carreaux d'écaillé ou de nacre qui
tempèrent l'éclat du foleil ^ fans^ trop
jifFoiblir fa lumière. On admire , entre ks
édifices pubLics , un beau Taquié ou re-
lier voir 4}ae The:v^uot ne craint pas de
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PE l'Afrique et de L*AMiRiQUE. 1 5
comparer aux plus beanx ouvrages que
les Romains ayent &its pour rucilicé pu- Histoire
biique. On dit qu'il n*a pas moins coulé ^^^ «•*••
2ue le château. Il a été fait aux dépens
*un riche Banian , nommé Gopy. Surate
n'avoit point d autre eau à boîre,avant qu'oiir
eut creufé les cinq puits qui eti fourniiTenc
aujourd'hui dans tous les quartiers. De-
puis que le* réfervoir eft devenu moins
nécedaire , on le laiflfe encombrer.
Cette ville a deux Gouverneurs ou
î^ababs, l'un pour fe fervice militaire.
Vautre pour les affaires civiles. Le premier
n'a d autorité que dans le château j l'autre
exerce fon pouvoir dans la ville. La por
lice y eft fi bien adminiftrée qu'on n'y
entend point parler de vols ni de meur*
très, & que les difputes même y font
rares. Dans le tems qu'Ovington étoit à
Surate , il y avoir plus de viiîgt ans que
perfonne n'avoir été puni de mort. Les
grands chemins font confiés i h garde
d'un Officier , nommé îoufTedar , & les
rues à celle du Kotual , efpéce de gran4
prev&t. Ces Officiers répondent des vols,
mais ils font ordinairement affez adroits
pour ne pas les payer. Cependant Repeu-
ple épuifc pr rénormité des tributs , y
eft réduit a la plus grande mrfére. Lq9
demeures de ces infortunés » au rapport
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i6 Histoire de l'Asie,
îde Xavernier, relTembienc plutôt a des
HisToiRï gr^Pggj qy'4 jg^ maifons, n'étant bâties
PMi Indes. q^ç j^ rofeaux enduits d'ordure de vache,
fiétrempée dans la boue. Le Gouverneui:
de la ville aggrave le joug impofc par le
Prince , fur-tout depuis que fa charge eft
fixe & vénale. Il femble avoir acheté le
droit d'exercer fur les habitans toute ve-
xation , jufqu'â les faire mourir pour s'em*
f>arer de leurs biens : il a fur eux toute
'autorité de defpote. Telles font les
deux faces de cette ville célèbre, que Ton
a de la peine à reconnoître pour la même
ville dans les defcriptions des voyageurs,
prefque toujours conduits par des afFec-
dons particulières & par des préventions
qui leur dérobent la moitié de . l'objet.
Les Anglois y dominent aujourd'hui.
Bifangatan , au centre de la province ,
eft une des plus grandes villes de l'Indof-
tan. On y a compté près de zo mille
maifons. Pettan avoir autrefois plus de
fix lieues de circonférence j elle eft tom-
bée avec fon commerce. Il y a dans cette
province beaucoup de petites villes, 8c
de gros bourgs très-marchands.
©Sfcnradonf Les anciens habitans du Guzarate , fe
i^'ll^d™^"" nomment Hindoys ou Indous. Ils l'em^
portent encore par le nombre fur les
étrangers. Les hommes font robuftes &
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Y>1 L*ArRIQUE IT DE l'AmIKIQVE tj
bien proportionnés dans leur taille. Les
fetnines font petites, propres, & recher- H«toi«i
chées dans leurs ajuftemens. Leur fein ^** iNPit.
cft prefque découvert j elles ont les bras
nuds ou plutôt chargés de bracelets juf-
qu*du coude. Un long commerce avec les
Aiogols a mis beaucoup de conformité
entre les ufaees des deux nations , fi 1 on
en excepte Tes Banians qui font plus
nombreux dans le Guzarate que dans
toute autre province. Il y a auilî beau-
coup de Rajeputes. Des villages entiers
y font peuples de voleurs , tels que les
Gratiates habitans de Bilpar. Leur Raia^
moyennant un péage qu'on lui a céaé^
doit payer le dommage qu'ils font. Pa%
mi les caftes des Gentils , celle des Tche-
roi>s fort eftimée par les idolâtres, eft
d'un grand fecours pour les voyageurs.
Quand on a un de ces Indiens & fa fem-
me avec foi , on fe croit en fureté , parce
que fi l'on rencontre des voleurs , le
Tcheron leur dit que le voyageur eft en
fa garde , Se que s'ils en approchent , il fe
coupera la gorge j & la femme les menace
de fe couper Ta mamelle avec un rafoit
qu'elle tient à la main. Les Gentils de ce
quartier croient que c'eft un grand maW
heur d'être la caufe de la mort d'un
Tcheron j on devient par-là le rebut de
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i8 Histoire de l'Asie,
!la cafte. II eft arrivé autrefois que ées
Histoire Tcherons, protedcurs des paiTans , fe
ȣs Iit0Es.fQj,j tuer pour les garantir de vols, mai$
aujourd'hui ils compofent avec les voleurs
i, certaine fomme que donne le voyageur,
& ils en retirent leur part. Thevenot rap-
porte que les faabitans du Bourg de Debca
etoient autrefois de ceux qu'on nommoit,
MerdiCoura, Anthropophages j Se qu'il
n'y avoir pas grand nombre d'années
qu'on y vendoit encore de la chair humai-
ne au marché. C'eft aujourd'hui une re-
traite de voleurs très-impudens qui por-
tent prefque toujours l'épée.
Provinces Je rOueJi.
Provinces de ' Soret, petite provîncej riçhe , peuplée,
sorctjdcMui- çy fréquentée des Européens, touche
iTahar* a 1 Orient le Guzarate & la mer au fud-
oueft* Sa capitale eft Jaganet. Tatta a
l'Occident de Soret eft coupée par le Sind
ou Indus , qui , après avoir formé plufîeurs
Ifles j fe décharge vers le 24^ degré d^
latitude dans un golfe qui porte fon nom.
Cette province eft infeftée de brigands
appelles Janûtes qui fe cantonnent dans
les montagnes du pays , & d'autre bri-
gands qui viennent des frontières de la
pçrfe , du Mekran, du pays des Bologes,
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La capitale & la province ont le!
vnètne nom* Les artifans de ce pays paf* Histoirb
£erit pour les plusinduftricux de TEmpire. "* Indes.
X>eibul eft un port de Tatra à l'entrée du
Cjrolfe de l'inae. Tlndus coupe auffi par
%^ nnlieu Bukor on Bakar , province dti
xiord de Tatta & de Soret» cafpitate Bi^
Icorfakor. Le Multan , borné à Toccideoc
par la Perfe & au midi par Bukor, eft
également arrofé par Ilndus. Sa capitale »
Sultan, eft une ancienne ville fameufe
par Ton étendue 8c pat fes manufaârures.
Mais les voitures font trop chères dans le
pays, pour que le commerce de cette
ville ne s'en re/Ienre pas beaucoup. K fe
répand de*lâ dans la Pérfè beaucoup de
Banians, grands ufuriers. Se beaucoup
de baladins. Les femmes du pays manient
les armes Se montent à cheval comme
les hommes. Ces Banians ont une loi qui
leur permet de ne ptetidre qu'une femme
entre deux ou trots frères.
Le Candahar & le Hajakan ont été cédés
à là Perfe par le traité fait avec Schah-
Nadir. Hajakan bordé à l'eft par Tlndus
Se i Toueft par le Lariftan , n'a point de
grande ville. On appelle fa capitale,
Duckié. Ses peuples oelliquetix nommés
Ballocks ^ de Ballocki ancien nom du
Royaume > ibnrpour Ja plupart > foitu^
h ^flT"-^ "^^^s^^*
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20 HlSTOXm BE L'AsrÉ, :
riers, conduiSteurs de chameaux, gujd^
Histoire Je caravannes. Ils fe piquenc de tant d^
x>Es Indes, gjélité , qu'ils perdroient oliuèt la vie
que de $*expofer au moindre reproche.
Toutes ces provinces Occidentales, à la
réferve de Soret , font frontières de l'Emw
pire Perfan,
^ Provinces du Nord.
Province de Dehli , province & ville , à Teft de
âutKi.^ Multan & de Bukor , eft prefqu au centre
de TEmpire Mogol. Jehannabad, ou la
nouvelle Dehli , n*a confervé de Tan*
cienne ville qu'un grand fauxbourg. Le
Mehal ou Serrail, c*e(l-à-dire, le palai$
Impérial , n a pas moins d'une demi-lieue
de circuit. Il y a trois cours à traverfec
avant que d'arriver à la falle du Divan ou
d'audience. Cette falle eft ouverte de trois
côtés. Trente deux pilaftres peints en or
te en azur , foutiennent fa voûte. Schah*
Jehan avoit formé le delfein de les cou-
vrir de pierres précieufes. Le trône
f»lacé a l'entrée a la forme d'un petit
it i colonnes , il eft revêtu de pier-
reries. Lorfque l'Empereur qui. donne
tous les jours audience génér||b^^à midi ,
vient s y alfeoir, on eleve a^dun des
ÇQiis% UD grand parafol au bouf d'unç
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i>EL*ÀPRiQtyE ET 0ï l'Amérique, it
Îîque Se Ton attache aux colonnes du lit
ts armes du Prince , fon fabre , fon car- Histoire
quois , fon arc & fes flèches. Des Ennu- ^^^ ^^"•
qaes chadènt les mouches avec des queues
de paon. Il y a dans la cour du Divan
appellée Âmkas , un efpace entouré de
baïuftres d'argent , occupé par les Omrahi
de garde & par des munciens qui ne
ceflent de jouer pendanc l'audience , de
snaniére à ne pas interrompre tes délibé-
rations. A quelque diftance, vers le mi-
lieu de la cour, il y a un petit ruifieau
derrière lequel tous <}eux qui demandent
audience , les Ambaflàdeurs mêmes doi-
vent s'arrêter jufqu'â ce qu on lènr per-
mette de paàfèr outre. L'habitation de
r£ihpereur eft d'un côté de l'Amkas;
fon Harem eft fur la gauche avec une pe-
tite mofquée. Entre les autres édifices
publics , on admire une mofquée placée
au centre de la ville. Comme la plûparc
des maifons ne font que des chaumières,
les incendies y font fréquens. fierniec
ne confidére cette ville que comme un
amas de villages joints enfemble, & un
camp d'armée plus commodément placé
qu'à la campagne. U n'y a que les grands
Seigneurs qui n'y vivent pas mifefable-»
ment, parce qu'à force d'argent, i force
de Korrah> à force d'efclares^ ils fe gro^
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11 HisToiRi i>s t*As r 1,
'curent tout ce qu'ils defireQC; fans cet
HisToi&E trois rertburces, on y manque de tout*
9ES iMDxs. Il y a dos lieux paniculiers appelles Kar-
kanays , où les artifans fe rendent pouf
travailler. Il y a ordinairement dans
Dehii plus de 55 mille cavaliers» & 10.
•a 1 1 mille hommes d'infanterie > {ans
parler des Omrahs. On voit à deux ou
trois lieues de Dehli , une très^belle mai-*
ion de campagne de l'Empereur > appelle
Schah-Limar.
Simba y Jengs^our 8c Jêmba font des
provinces montagneufes bornées au nord
Se à Teft par le Tibet. Le Gange paroît
(oïdt à Sioa d'un rocher , atiquel les habi^
tans trouvent beaucoup de refEbiiblance
fivec la tête d'une vache, animal très*
tivétc'y ce qui attire en fouie les Indiens
i cette fource dans laquelle ils fe baignent
religieufenaent.
Pcoyince de Ùl provifice de Lahor eft auflî appellée
*'*^'^* Pengab ou cinq eaux , parce qu'elle eft
ûxués entre cinq rivicres qui fe fectent
dains l'indus tlont le nom acabe eft Pengab
ou Panab , & le nom perfan Mehran. La
ville de Lahor a un palais Impérial ma*
gnifique, qnoiqu'inférieur à ceux d'Âgra
& de Dehli. Quelques-unes de ks ruen
ont plus d'une lieue de longueur » mais
k plupart de £es quamers font defertSà
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1»E L*ÂF11IQX)EET DE L*AmÉRIQU1. 1)
Quelques-uns prétendent que c'eft lat
fiucephaie d'Alexandre le Grand. Il y aHisTomi
dans cette contrée beaucoup de couvents •** Ih9mu
d^ Vartias , Religieux Gentils , fondés , à
ce qu'ils prétciident , depuis pins de 2000
ans* Il font vœu d obéinànce , de chafteté
Se <îe pauvreté. Leur noviciat fini , ils ne
peuvent fortit de Tordre , cependant leur
Général a le pouvoir de les renvoyer»
<5*ils commettent quelque faute grave
contre leurs vowix & principalement con^
tre celui de la chaftetc. On les chalTe alors
tion- feulement de Tordre, mais de toute
la trft)u. Ge$ Religieux changent fouvent *
de maifons. Le tems de leur noviciat
n'eft fus êxe. La maxime fondamentale
de leur inditut eft de ne faire à autrui
que ce qu'ils ^ulei^ ^ijl leur foit faiti
Si qiiel<Tu tm les bat , ik ne fe défendent
feint. 11 ne leur eft pas permis de regar-
der une femme au vitage. Ils vivent d'au*
mène. 11 ne mangent qu'à midi , & queU
quefois , quelque appérirqui les preflè du^
rant le tefte de la fournée y il faut qu'ilîi
îtttendcnt au lendemain pour boire ot|
pour manger. Quand le foleil fe couche >
ils fe couchent aaffi, pour ne point brûlct
dt chandelle, 6c dans une même cham^
br^. La terre leur fert de lit. Prier Dfea
te lire des livres, c'eft toute leur qccvh
|>ation. Il y en a qui n'adorent Dieu qu'en
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14 Histoire DE l'Asie,
îefprit, ceux-là nont point d'idoIes«
Histoire Attok & Nagrakut font deux villes
i>i$ Indes, ^^j donnent leur nom à deux provinces
montagneufes , (ituées au nord de Petv»
|ab : Actok paflè pour une des meilleures
Forterefles de l'Empire. On voit dans une
riche pagode de Nagrakut une idole monf^
trueufe , appellce Matta & fort honorée »
à laquelle quelques pèlerins offrent ua
morceau de leur langue, après fe 1 être
coupé. Un volcan attire oeaucoup de
Guébres à Kanamaka.
ProTiffice de La belle province de Kashmire ou
Kachcmire. Kachemire , forme une vallée environnée
des montaenes du Càucafe & d'Atto ,
autrefois fubmergée , fuivant des chroni--
ques Indiennes» & enfuiie miraculeufe-
pient defléchée par un Pire ou faint hom*
me nommé Kachet,qui donna une iâiie
aux eaux à travers un rocher. On pren*
droit cette pio/ince pour un grand jardin
toujours vert entremêlé de bourgades
qui fe découvrent entre lès arbres. 11 n'y
a rien de (i beau » dit Bernier , pour un
petit Royaume que Kachemire ; il méri-
teroit de dominer toutes les montagnes
circonvoifines jufqu'i la Tartarie , 8c
tout rindoftan jufqua Tlfle de Ceylan,
cçmme il a fait autrefois. Les Mogols
i'appeUent le paradis terreftre des Indes.
Sa 1
dbyGoOgfë
T>K l^Afrique ET DE l'Amérique, ij
capitale , Syranakar ou Kachemire , '
: une ville aiTez grande; les Kachemi- ^wtoiri
îns ont la réputation d'être fort rpirituels*^** Iudu.
plus adroits c|ue tous les autres Indiens,.
ans le talent pour la gocfîe & la difpo-
ion pour les fciences, ils égalent les
erfans. Us excellent dans les ouvrages
e tabletterie fur lefquels ils appliquent
or & le vernis d'une manière particu-^
tére. Le fang eft beau chez ce peuple.
(erniec dit que les Kachemiriennes ne le
édenc point en beauté aux femmes des
>ays les plus renommés de l'Europe. Si
les femmes de Lahor font les plus oelles
3runes des Indes, celles- d ont l'avan-
:age d'être blanches. Il n'y a pas vingt
ins, die le même voyageur, qu'il partoïc
tous les ans de Kachemire des caravanes
qui traverfoient les montagnes du grand
Tibet, entroient dans laTartarie, & fe
rendoient en trois mois ou environ à
Katay, quoiqu'il y ait de tuès-mauvais
paffages , & des torrens très- rapides qu'oa
pafle fur des cordes tendues d'un rocher
à un autre. C'eft ainfi que le commerce
par la force de Tintéret qui l'anime,
furmontetous les obftacles pour lier la
communication entre les peuples z ce fait
peut fervir i expliquer la prompte tranf-
Tome F. B
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itf H r s T O ï R F Dr-B t* A S I î- ,.
'latton des Religions Indienne^ â la Chine
Hktoi»! & dans la Tartarie.
ms l«PB«. Rh^^ gg X^ri placent au-delà de
j^^*^*^"^*'Kachemire le pays de Kakars} cepen-
dant Bernier regarde Kachemire comme
la dernière province de l'indoftan du
cêfté du nord« 11 y a apparence que les
deux Anglois ont vcmlu parler du
Royaume de Kafchgac ficaé â. l'orient de
Kachetnire en tirant un peuau feptentrion,
pftys étranger à l'Indodan. M. Otter , en
ûiivant les caufes de Thamas Koulikhan ,
fait mention d'une grande ville nommée
Pichaiver, capitale d'uneprovincede mcme
iK)m. U rappelle le fouvenir de la ville
de Gazna<, autrefois fi célèbre fous des
Princes Turcs, & féconde en grands
ftommes dans la littérature* Elle eft fur
la frontière de Tlnde. Le Zabliftan ou
KabouUftan appartient aujourd'hui à
ITEmpire de Perte. Les Indiens ne recon-
noilfoient autrefois leuri Princes que
<|uand ils ayoient été comxHinésà Kaboul.
Vt la Prtfqu'JJlc de L'Inde eji-dtçâ du^
Gangue
Cette péninfule qui s'étend' depws hmp
|«fqu'à vingt degrés de làdtude fepten-
trionale^la forme d'un cône renverfé dont
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. la longueur du nord au fud eft d'environ!
140 lieues. L'intérieur peut fe réduite à Histoire
trois contrées principales , le Dékan ou^^ !«©*»•
VifaDour , Carnate & Golkonde. La côte
occideiuale qui regarde l'Arabie, coure
fous le nom de Malabar , du Cap S. Jean ^
frontière du Guzarate , jufqu'au Cap Co-
inorin , pointe de la prefqu'iile. La cote .
orientale , fur le GoJfe de Bengale ,. porte
le nom de Coromandel depuis le Cap
Comorin , iufqu'à Bimilipatan , ffootiére
d'Orixa. Nous devons prérenir nos lec-
teurs que les dernières guerres de Tlndof-
tan ont entraîné dans ceç contrées des
changçmens qu'il ne nous a pas été poifi-
bïc de marquer avec exaâxtude.
Intérieur Je la Pcninfuk.
Le Dékan > auflî nommé Vifapour^ ic oékta.
touche du côté du nord aux provinces de ©olko^^'**
CJi^arate Se de Candisli > il s'étend au *€•
midi jufqu'au Pays de Carnate ;^ enti^
quinze & vingt degrés de latitude du nord^
cent lieues de long, fur une moindre
largeiar. Golkonde le borde à l'çft , & la .
cpie à l'oueft. Le Gou vernemelit du Dékaa
■fembraife aujourd'hui, le Carnate & Goî-
kpnde , ce qui a fait envelopper fous le
mime nom. de DéJbm ces deux conaces.
BiJ
dby Google
li HlSTOmi DF L*AsiE,
Balagate , Doltabad y Telenga , Bagla-
Histoire na, le Vifapour propre forment autant
DK iNOit.jg provinces de l'ancien Royaume de
Vifapour, & une partie du nouveau
Dékan , foumife au grand Mogol. ÂureH"
gabad , principale ville de Balagate >
n'étoit qu'un bourg qu'Aurengzeb , étant
viceroi du Dékan , aggrandit en mémoire
de fa première femme qui y étoit morte
& pour laquelle il avoir eu d'autant plus
d'affeâion que tous fes enfans venoient
d'elle* Le tombeau de cette PrincefTe,
8c la mofquée dont il eft accompagné
avec un beau caravenfera , ont coûté des
frais immenfes , parce qu'il a fallu appor-
ter de LahoT, par charroi , le marbre blanc
dont ces édifices font revêtus. La ville eft
marchande & bien peuplée. 11 y a dans le
Î>ays des moutons fi forrs qu'ils fooffrent la
isUe & la bride, & qu'ils portent des enfans
de dix ans partout ou l'on veut qu'ils aillent.
Les Gentils d'Aurengabad confervent , au
fujet des tombeaux & des pagodes nom-
• 1:>reux d'Elora taillés dans le focher l'ef-
pace d'environ deux lieues , une tradi-
tion fuivant laquelle ces temples font un
ouvrage de géans. Thevenot dit qu'ils
fttrpauent la force humaine , quoique la
> fculpture & l'architeûure n'en foient pas
attfii délicates que celles des édifices de
Digitiied by CjOOQ IC
BE l'Afrique et de.l'AmIiçiqui. 19
l'Europe. A Chitanagor, il y a un temple S
dédié à Chira femme de Ram avec un Histoire
{valais de très-bon goût, approchant de^** Indm»
ordre dorique.
Doltabat étoit une des meîlleures forte*
refles des états du MogoL Son château eft
f»erché far une montagne B efcarpée que
e chemin qu on y a pratiqué ne peut
recevoir à la fois qu'un cheval ou un
chameau* Ce pays , ainfi que le refte du
Dékan , eft fi peuplé que les routes font
toutes garnies de villages & de bourgs,
tjn voyageur vit à cinq lieues de la ville
de Nandec, auprès du village appelle
Patoda, des danfeurs de corde d'une fou-
ple/îè extraordinaire. Leur corps fe plioit
comme du linge. Dans cette troupe , il y
avoir une fille de treize i quatorze ans qui
fit pendant plus de deux heures , les tours
les plus furprenans , qu'elle termina pat
des traits finguliers d'équilibre. Un hom^
me mit fur fa tète une colonne de bois
haute d'un pied & grofle comme le bras,
fur cette colonne un badin , fur le baffin
quatre petits pilliers hauts de quatre pou*
ces , difpofés en quarré & furmoniés cha-
cun d'une planchette large de deux pou-
ces 9 enfin fur ces planchettes quatre au-*
très petits pilliers avec des planchettes '
xomme les premières. La fille fe mettait
B iij
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î© HiSTOiitB DE l'Asie^
î debout fur cet édifice , & rhomme cou-
Histoire roit de toute fa force fans qu'elle branlât.
PIS îNDïs^QygjqygfQjj pendant cette courfe , elle
s^atTéioit ou fe tenoit fut un pied , prenant
l'autre à fa main, .
Beder, dansleTelènga, eft une place
fone & munie d'une bonne artillerie. Le
pays eft le théâtre de la plus ûiperftitieufe
Zc de la plus honteufe idolâtrie. Les Bra-
mines de ce canton , & peut-être en tjft-
il de même ailleurs, mangent ^ un cer-
tain four de Tannée , de la chair de pour-
ceau, mail en fecret, fuivant les ftatuts
de leur feâe. 11 y a un autre jour de fctc
auquel ils font une vache de pâte qu'ils
cmplilTem de miel. Us Tégorgcnt enfui te
& la mettent en pièce. Le miel qui coule
repréfente le fang de la vache > Se la pâte
2u*ils mangent tient la place de la cnair.
)n peut conjeélurer que l'attachement
"^ aux anciennes coutumes a fait fubftituer
cette efpéce de facrifice aux facrifices fan-
glans dont il eft limage , abolis par l'opi-
nion de la métempfycofe.
Mouler eft la capitale de Telenga. Il
y a encore dans le Dékan un grand nom-
bre de villes très-confidérables telles que
Gracn , au centre du pays fur la rivière
de Corfena qui le traverfe; Myrfie , ville
vafte, mal peuplée, défendue par une
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DE t*AFRIQUI ET •! l'AmX&IQTJS* Jl
-très-bonne citadelle , & renommée poor^
deux tombeaux omde^s fiacctnsansibnt*s*€>fR«
tin objet de vénération potir toat le pajrs^*** 4Nf3«*.
Condelvai & Indelvai , fur les confins Jk
<5olk<>nde , célèbres par les lames -qu'on
y fabrique ; Àmadanagar , ^tiefois 0^
dence d un Roi ; Rajapour , ville des état»
du fameux Sév^gi, qui pofledok dans fc
même canton plufieiirs places foires dont
ies garnifons fasibbnt des cpurfos conti^
iiuelles fur les terres du Mc^l ^ ^c.
La ville de Vifapour tavcm environ cinq
lieues de tircuit ; il n*y a jamais eu que
feu de négoce & peu de chofes renur^-
jquables.
les montagnes de G^tt 6c de Bala- Des Raje-
Sjate coupent Ja Prefqu'ifle dans toute fa P"ic«-
ongueur du nord au îud. Elle fo«t habil-
lées par des peqples fiers & belliqueux par-
tagés^ en olufieurs tribus fous des Rafas.
Porcés d'abandonner aux Arabes,aux Turcs
Se aux Mogols lears plaines fertiles , ces
Indiens fe ibm étirés dans ces monts^es
incultes > où les excellentes moeurs des
Ïremiers Indiens, les afnciefmespofttiqTOS,
i douc^r^ la bonne foi, l'union, k
fimplicité & labravottfôfefontco^rvëes
avec la pauvreté. Les dificceme» kâts
nartagentlcur culte £ont fi peu faloufes
ire desprofélytes, qu'on bornow^qd
fit?
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Ji Histoire di l*Asii,
voudroit abandonner la fienne neferoît
wlwL^^^^^ reçu dans une autre, à moins qu'il
'^e prouvât que fes ancêtres ont toujours
fuivi ce dernier culte. Les ravages des
Tartares , des Maures & des Européens
ont établi parmi eux le préjugé que «ous
Jes^ peuples de la terre font cruels &
médians,
11 y a encore dans Tenceintc de l'Em-
pire Mogol , plus de cent Rajas qui con-
icrvent une eîpéce de fouveraineté dans
leur pays, quoiqu'ils payent polir la
plupart tribut au grand Mogol , & qu'ils
fervent dans fa milice avec leurs Raje-
Jmtes, fils ou fujets de Rajas. Ces cava-
iers portent toujours l'épée. Leurs princes
leur diftribuent des terres, à condition
qu'ils monteront à cheval au premier
ordre. Il ne leur manque que ladifcipline
pour être bons hommes, de guerre. Le
Grand Mogol donne aux Rajas des pen-
fions confidérables pour le fervir avec un
corps de troupes. A la Cour , ils partagent
avec les Omrabs Mahométans dont ils
ont le titre j toutes les humiliations de la
dépendance. Il en eft peu qui confervent
une ombre de grandeur en préfence du
Souverain. Le feul Raja qui jouifTe encore
du droit de marcher fous le parafol , hon-
neur refervé au Monarque de l'Indoftan,
c'eft le redoutable Raja de Zeduilié , dont
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De l'Afriqui et de l'Amérique, j j
la capitale fe nomme Ufepour, auprèsî
d'Amadabad y c'eft ce Raja , ifTu de Porus , Histoire
qui prend la qualité de fils de celui qui*" *'^"*
le fauva du déluge. Les Rajas de Rator
Se de Chagué font , après lui , les plus
refpeftés à la Cour , comme les plus re-
doutables. Schah- Jehan ayant un jour me-
nacé un Raja de Raior de lui rendre une
vifite dans (es Etats , le Raja lui répondit
que le lendemain il le dégoiueroit de ce
voyage. En effet , il fit ranger fur les bords
du fleuve vingt mille de les cavaliers , &
Eria l'Empereur de jetter les yeux da
aut d'un balcon du palais fur cette troupe.
Tu vois fans frayeur, lui dit-il, la bonne
contenance de mes foldats qui montent
paifiblement la garde devant ton palais;
fî m emreprenois de porter atteinte à leur
liberté , tu ne les regarderois pas fans pé-
ril. Schah- Jehan fit un préfent au brave
Raja.
Le Mogol tônoît plufieurs de ces Râjas
à fa folde, non7feulement à caufe de la
bonté de leur milice , mais parce qu'il
trouvoit ainfi de la facilité à fe les attacher
& à entretenir enir'eux la jaloufie par fes
faveurs. Ces Princes y naturellement liés
par une religion 8c par des intérêts com<*
muns , fe feroient bientôt prêté la main
cootre le peuple ufurpateur , fi Ton n avoir
B r
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34 Histoire de l*Asie,
^"""T— ' çu l'art de lés défunir. On employoit lears
Histoire armes & leurs négociations dans les <jue-
x>Es Indes. ^ç\i^^ fréquentes qui s ekvoient avec éts
Rajas rmutins , toujours prêts à r^fufer le
tribut, contre rinquiette & terrible nation
des Paianes, contre les Ornrahs révoltés
$c fur-tout contre les Perfans , ennemis
d^autant plus dangereux, que la plupart
des Ornrahs étant de cette nation & de
la religion d*Ali , TEmpereur ne devoit
point compter fur leur fecours ni fur leur
fidélité.
DeiMarattes, Parmi les nations indomptées , les plus
a« Pâtancs, forinij^bies f^^jjj j^j Marattes & les Pa-
tanes. Les Patanes font établis dans les
Provinces inférieures aux environs de
Dehlî , $c les Marattes dans le Dékan. Les
Marattes , fi célèbres depuis Sévagi , n*ont
d'autre métier que de defcendre de leurs
montagnes pour venir enlever , à la pointe
de l'épée , dans Tlndottan , de quoi fubfiC»
ter. Quoiqu'ils foient fan$ connoiffance
de l'art militaire & plus à craindre avec
la fronde que le mouCquet ou ie fabre à
Ja main , leur manière de faire la guerre
leur donne fur les Maures une grande
fupcriorité. Au lieu que les armées de ces
derniers font ordinairement pefantes Se
chargées do bagage , celles des Marattes
font toujours leftes & font }uf<|a'à quinze
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Di t'Avi^tQXji ET DE L'AuiKiqvt^ i J
lieues par jour. Un général naura dans!
leur camp qu'un cheval ôc une tente pa-^^sToiRE
reille à celle du dernier officier Mcjgol.^'^ Indw.
Ain(i ils faciguenc 5 ils harcèlent, ils af-
fament , ils défulem les Maures » qui 1
la fin ne pouvant les frapper d'un coup
décîGf par une bataille générale , le
trouvent obligés de leur donner de Tar-
gent, ce cjui eft le but ordinaire de ces
btigands idolâtres. Par leurs pillages ôc
par leurs épargnes dans leur manière de
vivre , ils fe font élevés en moins d'tm
fiécle à un tel degré de puiflance, dît
l'Auteur de THiftoire des dernières guerj?es
des Indes , qu'ils imprimenc la terreur à
tous les pays fiwés entre Ûehli & le Cap
Comorin , au lieu qu'ils n'étoient regar-
dés auparavant que comme un peuple de
fort peu d'importance. Les Princes In-
diens en prennent quelquefois des armées
à leur folde ; mais lî l'ennemi de cdûi
qui les foudoie leur offre des coadittons
plus favorables, x:ette reffcufce deviciiic
pour eux auffi funefte qu'elle pouvoit leur
être avantageufe.
Si les Marattes forment une cavalerie
redoutable, la meilleure infanterie eft, du
moins après les Maures , celle des Pa-
tanes, peuples Maboméians, qui de l'A-
rabie^ dic-^Hi^ vîarent long-temps avaar
_Bvj
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îtf HlSTCIlll DE L*ASIE,
— Tamerlan , s'établir fur le rivage mért-
HisToiRE dional de llnde , d'où s'étendant aux en-
Bis iNPEs. yi^^^^ jjj Qg.pgç jjj çA ^^ j^ Bengale , ils
fondèrent le Royaume de Parna , qui do-
mina fur la plus grande partie de Vlnde.
On les nomtne auifî Afghans. Ce nom
approche beaucoup de celui des Aghuans,
peuples du Candahar ; le voifinage & la
conformité de la vie des deux nations ,
donnent lieu de croire qu'elles ont la
même origine. Le Colonel Lawrence af-
fure qu'on les appelle, indifféremment
Aghuans ou Patanes. Cette nation fiere
& couragcufe méprife fouverainement les
Indiens & hait fouverainement les Mo-
gols , fe fouvenant toujours de ce qu'elle
fut autrefois. Tous ces peuples n obéiflTent
aux loix des vainaueurs qu'autant qu'ils
ne peuvent s'y fouftraire. 11 étoit aifé de
prévoir qu'ils extermineroient la race de
Tamerlan.
Les Montagnards de l'Inde font en
général (i diftingués par leur aâivité » qu'ils
ne paroilfent point participer à l'indolence
de la nation. Il éft néceffaire de rappeller
ici que nous parlons de la chofe publique »
relie qu'elle étoit avant la révolution eau-
fée par les Scyques , peuples inconnus au-
paravant. On trouve encore dans les mon-
tagnes beaucoup de ces nations fauvages»
dby Google
DE l'Afrique iTDi t*AMiiiiQifE. jy
Il y en a dont les arcs font fi forts » qu'un ^— — *^**'
Européen auroii peine à les courber. IIHitToiM
paroît que les Scyques font de ce nombre. *** Im»w»
Thcvenot prétend que Ton voit des can-
nibales dans les provinces de TEmpire les
mieux cultivées.
La féconde partie du Gourernement iec«ausK.
du Dékan & de l'intérieur de la Pénin-
fuie f s'étend fous le nom de Carnate ou
Bifnagar & Narfingue , depuis le Royaume
de Vifapour jufqu au Cap Comorin. Elle
comprend les Royaumes de Carnate , de
Tanjaour, de Marava, de Maduré, de ^^
Mayfour , de Gingi , &c. Arcate eft la
capitale de toute cette contrée Se la ré*
fidence du Nabab. Le Souba , Gouverneur
général du Dékan , difpofe du Gouverne-
ment d'Arcate. Les Jefuites > dans le re«
cueil des Lettres édifiantes , ont donné
quelques lumières fur ce pays > que les
voyageurs avoient néglige de décrire »
fur- tout avant les dernières guerres des
François avec les Anglois dans le Dékaa*
La capitale dii Carnate propre a chez
les anciens voyageurs les noms de Bifna-
gar, de Narungue, de Chandegri. Les
voyageurs les plus récens Tappellent Can-
gibouram ou Cangivaron. La ville de ce
dernier nom étoit autrefois > dit le Père
Boucher 9 une ville cckbre , qui reo£»^
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j8 HiSTOflLC I>« t'AsiH,
nx>it dans Tes murs plus de 300 mille
^"'w ^^^^y ^ 1'^° ^ c^oi* 1^ Indiens. Us
Mê ^*»«s.^jgjj^,^jjj <ju*on y gardok <|ans une
grande cour » des lames de cuivre , Air leC-
ipelles'étoienc gravés ks droits êc les ob-
ligations particulières de chaque cafte. Ces
Ismies fe £c>nt perdues dans les ruihes de
œtte fameufe ville , lorfqite les Maures
y lont fàccagée« Autre£;>is s'il s elevoit qud-
i^ diTpute de cafte , les deux parties al-
loient plaider devant les Brames de cetie
vJUe, dépofitaires clés loix. La décifton
-v^^ de (x$ Brames eft encore aujourd'hui d*uti
graïKl ffGfUsy parce qu'ils font du moins
mieux inftruics de k tradition* C'eft ttae
cttadelle bâtie iur fine mont^ne qui a
iioncvé le nom de Carnate à ce pays« La
ville de Y elour qui a un Nabab particulier,
a auflî une nès-tbrte ckadeUe» amour de
JaqueBe^dit le P. Saignas 9 on entretient
.des crocodiles pour en fermer le paftage
à l'ennemi.
Ce Miâfonnaire donne k defcriptioo
cnrieufe d'un tem;^ que l'on voit a Ti-
Kmnamaley , une des plus aïKiennes &c
des plus^fameufes villes de ta Péninfule.
Sur une des tours de ce fnperbe édifice ,
&nt repréfeatées les neufs rnétamorphofes
de Wifthnou. La voui» du temple fou-
«ffiue de deux caogi de piliers » OIÛB0
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dÎl'Apriqueetdil'AmIrique. 39
rhiftoire de Brama. Dans une colonnade'
magnifique , ouvene de tous côtes & pla- Histoim
fonnée de pierres de taille , on trouve fut ^'* ^^^^
neuf cens colonnes ouvragées , chacune
d une feule pierre haute de vingt pieds ,
les combats des Dieux avec les Gcans Se
leurs jeux avec les Déefles. C eft là que
les pèlerins qui viennent de toutes parts ,
fe retirent pendant la nuit. Derrière la
colonnade eft un corps-de-logis habité ^t
un grand nombre de Brames , d* Andis ,
de §ania(fis , de facrificateurs , de gardiens
du temple, de muficiens, de chanteulès
Se danfeufes , filles , dit le Miilionnaire ,
fort au-deflfbus d'une vertu médiocre,
u'on appelle pourtant par honneur fiUès
u temple ou nlles des Dieux.
Tanjaour eft la capitale d'un Royaume icTanja**;
dont les terres , dit le P. Boucher , font
les meilleures de toute l'Inde méridionale.
Ce Royaume peut être regardé comme le
centre de Tldolâtrie. Aufli eft-il renommé
par le nombre prodigieux de ks Pagodes.
On y compte plus de 5^0 villes & bourgs
2ui fe vantent de l'apparition de quelques
)ieux j Se c'cft fur la foi de ces préten-
dues apparitions qu'on leur bâtit tant de
temples. Les Rois de Tanjaour ont fr-
ênaie leur zèle à cet égard par des fommes
immenfes^ dont les pieux pèlerins leàx
i
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4Q HisTôiRH DE l'Asie,
****"^"*^ payent un gros inicrêt dans les douanes.
Histoire Lj^ principale force du Prince confifte dans
»i$ NDw. £^^ tréfors , qui montent au-delà de trois
cens millions. On compte qu'il tire an-
nuellement de fon pays plus de trente
tonnes d'or. Il n'a pas des troupes nom-
breufes fur pied^ mais l'argent lui en pro-
cure des levées très- promptes. Ce Prince»
comme tous fes voifins , rend homn>age
au Grand Mogol. Tranquebar, place Da-
noife, eft fituce dans fes Etats.
tcMatara. L^ Marava eft un petit Royaume placé
entre le Tanjaour , le Maduré & la côte
de la Pêcherie. Ce pays eft prefque tout
couvert de bois & de broflTailles. Le Prince
rélide à Ramanadaburam. 11 prend le titre
de protéfteur héréditaire & patron des
Pagodes qui font à Ramanacor ou Rame-
furan , petite Ifle , fituée entre Maduré
& rifle de Ceylan. Les terres du pays
font poflcdées par les plus riches habitans ,
moyennant un ceruin nombre de foldats
qu'ils font obligés de fournir au Prince
toutes les fois qu'il les demande. De cette
manière , le Prince peut lever , en moins
de huit jours, julqu'à quarante mille
hommes ; il eft d'autant plus exaâ:ement
obéi qu'il révoque à fon gré les poflef-
feurs des terres. Il a fecoué le joug du
Maduré.
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Le Maduré eft borné â l'orient par le ■
Tanjaour & par le Marava. Ce Royaume, Histoiri
auflî grand que le Portugal, compte 7^^^^^^^*
Palléagars ou Gouverneurs , auxquels le ^ ^^*^*^
Roi cède pour un impôt , l'autorité abfolue
dans leur diftriâ:. Maduré , capitale, a
beaucoup perdu <le fon ancienne fplen-
deur depuis une irruption des Mayfou-
riens , qui a engagé les Rois à. tranfporter
leur Cour à 'HrichirapaU ou Tricnena-
paljr , excellente place', qui contient plut
de j oo mille habitans. Le Pagode de Chî-
rangam eft un des plus beaux qui fe voient
aux Indes.
Le P. Martin Se les Hiftoriens de$
dernières guerres de l'Indcftan font ici
mention d'un peuple /îngulier qui diffère
a beaucoup d'égards des autres Indiens»
On le nomme Colleri. La gloire, chez
rette nation , conlîfte dans des vols on
brigandages hardis & heureux. C'eft pen-
dant la nuit que les CoUeris fortf ut de
Jeuts retraites & de leurs forts pour en-
lever les beftiaux des villages voilins , ou
pour les tuer avec des piques, s'ils ne
peuvent les emmener vivans. Leur grande
habitude dans ces forces d'exploits, leur a
donné tant d'audace 8c de dextérité , que
r)ur une fomme d'argent,, ils s'engagent
aller au milieu d'un camp fe faifir d'un
cheval £n 1755 , ^^^ ^^^^^^ decetc^
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4^^ Hl$TÔIB.« BS t'AsiMf
- nation ayant été convaincus d'avoir volé
Hi«To»i gu Major Lawrepcc & au Capitaine Clive
Ms ^'«^M'tous leurs chevt»x en différent teihps ,
Tun des deux offrit de ht aller chercher ,
rendant que fon frère refteroit en prifoti,
condition qu'on leur pardonneroit à l'un
•ôc à l'autre. On y confentit , il partit Sc
jie revint plus. Lorfque les Angfois tne-
<nacerent le CoUeri prifonnier de fe vea-
f er fur lui de cette infidélité , il répondit
Fort tranquittement <^u'il ^it furpris
qu'on eût la fuuplicité <fe croire que
lui Se ifon frère rendroient un butin qai
enrichiffoit leur famille, lorfqu'il étoit en
leur pouvoir de le garder , moyennant un
aufli petit facrifice que celui de la vie,
qu'il avoir fouvent hafardée dans un feul
repas. 11 ajouta qu'on ne pouvoit le blâmer
•d'avoir contribué au falut de fon frère,
fpuifqu'ik auroient plutôt péri tous les
4ieux que de resdre les chevaux. L'indHF-
'ftrence avec laquelle il fit cette ridicule
apologie 9 parut u iinguliere aux Anglois,
rqu'ils le renvoyèrent fans autre {Hinitioâi.
J^e P. Martin peint les CoUeris phis bac^
jbares que tous les Sauvages des autres
|>artiesdu Globe. Si on l'en croit, lorfque
•deux perfonnes de la nation ont entr'efles
des différends, une coutume inviolable
4>blige l'un des deux à £bu£Erir ou â faire
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VI I*AfMQUE et 1>S L^AuÎKlQVt. 4i
fouffirir aux (îens tous les maux aue l'autre
fe fait 1 lui-même ou qu'il feu à fa fo- Histoire
mylle : & Ton a vu cette fureur de fe vcn- ^** !«*»«•
ger , agir fur eux avec tant de violence ,
que pour un léger affront^ un Jumime
tuoic fa femme & fes enfans » pour av^
la fatisfaâion atroce de forcer (on en-
nemi à fe priver ain(t de ce qui lui ctoic
le plus clier. Heureufement jpour la na-
ture humaine , dit 4m Hiftorien Anglois ,
aucun officier n'a pu , jufqu'à préfent , dé-
couvrir aucune trace de cet ufage dia-
bolique, & le Jcfuite cft le feul qui en
ait parlé.
Le Royaume de Mayfbur, qui a pour Royaume de
capitale Chirengapamam , iVtend à loueft ^*y^**'-
& au nord du Maduré; le Malabar le borne
a l'occident. Cet Etat eft de tous ceux que
le Mogol n'a pas entièrement fubjugués ,
celui qui eft devenu le plus conudérable
par les conquêtes que fes Princes ont faites
de plufieurs fortereflTes , dans le Maduré
& dans les Etats voi^ns. Ce qui cend les
Mayfouriens fi redoutables , c'eft la tna-
niere cruelle dont ils traitent les prifon-
niers de guerre. Ils leur coupent le ness.
Les officiers & les foldats foat rccompen-
fés â proportion du nombre de nez qu^ils
envoient a la Coun Comme le Caveri
qui prend fa fcurce dans les montagnes
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44 Histoire DB l'Asie,
de Gatt , traverfe le Mayfour pour fe
Histoire rendre fur fa côte orientale, les Princes
ut Inoes. Jç ç^ p^yj Q^j fouvent eu des différends
i cette occafion arec les Rois de Maduré
te de Tan|aour.
A l'orient du Mayfour Se au nord de
Tanjaour Se de Maduré, on trouve la for-
teredè de Gingi , capitale d'un petit
Royaume de ce nom , loumis.au MogoK
Les anciens Rajas de ce pays avoietit une
Cour fort ibmptueufe.
«femtiDBf Toute cette contrée de l'Inde mérî-
••***^*^*^ dionale eft foit peuplée & garnie de villes
& de villages. Les peuples y font fore
miféirables » comme dans tous les pays
où ils ne recueillent pas le fruit de leurs
travaux. Les Princes obligent leurs fujets
à cultiver une certaine étendue de pays.
Au temps de la moiflbn » leurs officiers
font couper les grains , dont ils laiffent i
Csine la quatrième partie aux laboureurs,
e Gouvernement n'exerce ces vexations
fur les peuples que parce que les Maures
impofent fur les Princes des tributs exor-
bitans » qu'il faut exadement payer, fans
2[Uoi le pays feroit mis au pillage. Le grand
loignement de la Cour Mogole contribue
beaucoup i la manière dont les Indiens
font traités. Après les Nababs & les
princes , il n 7 a de richeffe que dans les
dby Google
1>E L*Af RÏQUE ET DE i'AacÉR IQUl, 4 J
mains de quelques officiers , qui n'en !
jouiflent qu'autant qu'on ne juge pas à Histoire
propos d'employer fur eux le chabouc,^*^ Indiv
gros fouet dont ils ne fe garantiffent
qu'en fe replongeant dans la mifére. La
juftice fe vend. Si les parties offrent des
fommes égales , le Gouverneur les re^'oit.
Se pour ne point commettre d'injuftice ,
il ne donne fatisfaâion ni à l'une ni i
Tautre. Les guerres des Anglois & des
François ont rendu ces pays célèbres.
Le Royaume de Golkonde, dernière
portion du Dékan , eft borné au levant
par la côte d'Orixa & par le Golfe de Ben-
gale, au nord par la même côte, au cou-
diant par le Vifapour, au midi par le
Carnate. Ce riche pays eft entrecoupe de
lacs & d'étangs , dont quelques-uns
doivent l'origine à l'induftrie des Indiens.
Ces peuples excellent dans la conftnac-
tion de ces étangs ; l'on en voit plufieurs
qui feroient admires en Europe. Bagna-*
gar 5 que les Perfans & les Mogols ap-
pellent Hidabrand , n'étôit au commence-
ment du dernier iiécle qu'une maifon de
plaifance. Le Monarque qui en forma une
ville , lui donna le nom de Jardin de Na-
gar , en l'honneur de Nagar, femme qu'il
aimoit paflîonnément. Elle a la grandeur
de nos villes du fécond ordre j un faux*
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_^^^^ 4( H I s T O I R IDE l'A 9 I « ,
SSSÏiïS bourg (Tune lieue de long» habité par des
Histoire marchands & des artifans, la précède. A-
»«s Inp£s. jgyx lieues de Bagnagar, eft la forterefle
dje Golkoxide » qui peut paifer pour une
g;:ande ville , puifqu'on lui donne juiqu a
douze milles de prcuit. On aiïure que le
jufc^ues dans les lieux où Pon n'emplc
ordinairemenc que le fer. Il y a des ^erxaUes^
qui forment des jardins fufpendus. A trois
lieues de la capitale, on rencontre une
belle Mofquée , qui contient les tombeaux
des Rois de Golkonde. On y diftribue ,
chaque jour après midi , du pain & du
p,ilau à tous les pauvres qui fe préfententw
A quarre lieues, on voit Teriara, reuiar-^
auable par quatre magnifiques Caravan-
ùxzs y dans lef<juels on donne gratuite*
ment la nourriture ^ tous les pauvres
voyageurs de quelque condition qu'ils,
(oient. On nomme trois places fortes,
Cundapoli , Cundavera , Bellumconda ^
enrre 70 qui font bâties for des montagnes
ipacceflîbles. Methold apprit du Gouver-
neur de Cundapoli que ceue place étoic .
défendue par 60 forts > qui fe comman-
daient les uns les autres.
. Les terres ,. fous l'autorité des Rois , .
étoienc divifées en gottveuiemens:> qjui^
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d^ officiecs; tenoienc à Ê^rme de USSSSSSST
Cour ,. qui les afiecmoienteux^cnèaiea i Hwtqi*»
des particaliers , fijbdivifions qui goo- '^** ^^^^^
tkiuoienc jafqu'au plus bas ordr« do
peuple. Le Mo^ol a confervé le même
tUage. Ceu)i qui n'avoienc pas le moyen
depayec leur terme, n'a voient pas d'autre
reâource que d'abandonner lie pays^^
fa famille deveneir compcàble de fa dette,
Metfaald vit mourir: fous les coups de
canne , un Gouverneur de Mafulipatan in*
folvable. Tous les ans , les gouvernement
ctoien t expoCés en vente. Les Indiens y font
partagés en quarante^(^etre tribus. La pre»
mîefe eft cdle des Bramines -y la fecoïKie
celledes Fairigams,prccfesd un ordre infé-
rieur j la troiSeme^ des Comitis, mar-»
diands ou banquiers 'y la quatrième , dc$.
Campovero , laboureurs & foldats , &c.
La dernière clalfe eft celle de Pariaras ^
dont la fonââon eft de préparer les cuirs, de
faire des fandales^, d emballer les mac-
chandifes. Us font fi méprifcs qu'on ne
Uuc permet pas de refter dans les villes*
Chacun ie marie dans^ fa tribu Sc même,
dans (à famille, fanségardî à la pareaté.
La cérémonie du mariage coufift^ à pro^»
mener les époux' en palanquins. Au re-
tour ,un; Bmmifiie étend aa tapis ibus le-^
^neLlès^fligrîé». m»t^» unejaaaiM flinr.
Digiti'zed by CjOOQ IC
4S Histoire de l'Asie,
^ic fe prefTent mutuellement le pied. Les
Histoire veuves font condamnées à. une vie fi
Mê *Nols.g^J^^J^Jg^ qyg plufieurs prennent le parti
de s'enfuir. Cette fuite eft un opprobre
pour la famille ; elle feroit punie au moins
du poifon , fi la transfuge étoit arrêtée. Le
caradere de ces Indiens eft la douceur ,
la civilité 1 la fobriété, rattachement aux
ufages & à la religion. Methold parle d'un
temple de la petite vérole , dont Tidole
principale repréfentoit une femme maigre ,
avec deux rêtes 6c quatre bras. Il y a des
adorateurs de cette divinité qui fe font
traîner Tefpace d'fin quart de lieue fuf-
pendus à une folive par des crochets paC-
lés dans les chairs mêmes des épaules. La
douleur ne leur arrache aucune marque
d'impatience. Ils retournent chez eux dans
un trifte état , mais confolés par Tadmi-
j:ation des fpedateurs.
Côlc de Malabar.
Toute la région maritime qui s'étend
du côté de Toueft , depuis le Cap S. Jean
jufqu'au Cap Comorin , porte ordinaire-
ment le nom de côte de Malabar , quoi-
que cette côte fie commence proprement
qu'au mont Dely , fitué fous le ii^ degré
au nord de }a ligne » environ f ^o lieues
au-deilbtts
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DE l'Afrique BT DE l^AmIriquc. 49
.ftu-defibus du Cap S. Jean » fur la fron- ^— *"* ?
tîere de Surate. Ceft de ce GaJ> cjue^^ToiRi
nous partirons dans la defcription lui- ^" Indei.
rahte.
Baçaïm, ville d'une lieue de circuit >
appartient aux Portugais. Le Gouverneur
prend le titre de Général du nofd« parce
qull commande fur toute cette côce. Le
port de Baçaim a pour principal abri U
petite Ifle Sayette ou Canarin, féparce
par un petit canal de l'habitation Angloife
de Bombay , autre petite Ifle qui fervit
de dot à rinfante de Portugal mariée i
Charles 11 , Roi d'Angleterre , & que ce
prince céda à la Compagnie Angloife qui
en a fait un de Tes plus beaux comptoirs. -
L'air eft û mal fain à Bombay » qu'elfe
pafle pour le tombeau des Anglois, Si
qu'on dit en prorerbe que deux moujfons
y font la vie d'un homme. De vingt en-
fans, à peine en arrive- t-il un à Tage de
maturité. On attribue la corruption de
l'air à la maûvaife qualité des eaux ,
au terrein bas Se marécageux , Se au poif-
fon puant dont on fumele pied des arbres*
Chaul eft dix lieues plus bas que Bombay^
au piéfS d'une montagne qui commanae
le port. Ceft une place fottifîée 1 la mo-
derne. Dabul , fur la même côte , fut enle-
vée aux Portugais par le Raja Sévari.
Tome K C
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50 HxSTai&B .BE L*ASXB,
Goa, la plus confidérable des villes d^
Histoire ç^jjg ^^^^ ^ [^ capitale ^des pofleffion$
»ES IWDEs. porjugaîfçj ^ s cleve en amphithéâtre (n
fept collines , comme Rome & Conftan-
tinople , au-delTas d'un bras d'une rivière.
On découvre, en entrant dans le port fof-*
mé par deux bras de cette rivière, les
deux péninfules de Salcet & de Bardes ,
qui lui fervent ep même tems de remparc
& d'abri. Tavernier remarque que ce port,
celui de Conftantinople & celui de Tou-
lon font les trois plus beaux ports du
frand continent de notre ancien monde.
a longueur de la ville eft de deux milles
fuc demi-riîille de largeur. Pyrard lui don^
ne une lieue & demie de circuit fans y
comprendre les fauxbourgs. Entre la ville
ic la rivière» il y a trois grandes places
fortifiées & féparées par des murs qui
tiennent à ceux de la ville. Le palais du
Viceroi s appelle Fortalezza, tortereffe.
C'eft-là que fe trouvent la ptifon, le
trcfor du Roi , & le tribunal de la Juftice,
l^e Viceroi , dans tous les étabUlfemens
diek nation aux Indes, jugé en dernier
rcHort les caufes civiles & criminelle!?, ex-
cepté celles qui concernent la.nobleffe &
la religion. Il eft fervi avec tout le fàfte
de la Royauté. Il ne mange famaîs hors
de fon paUis» ^ l'Archevêque feul eft
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OB L^Âf R1Q9B BT DB L^Al^iWQUE. 5 I
admis à fa table. Goa eft jèiicnenc bâtie.
Ses maifans font peintes, en dehors com- Histoirb
de dans l'intérieur , de blanc 8c de rotfge : *** "*^***
elles ont prefqoe toutes un ;ardih. Ony
trouve des Portugais de Portugal, ou nés
en Europe^ des Caftices ou Portugais
nés^ aux Incles de pères & de mères Pw-
tugais ; des métits , nés de pères dt dé
naeres , lun de Portugal , r^utre de Tlnde ;
des lodiens ^ les uns Chrétiens > les autre^
Gentils , les autres Mahoàiétati^ ^ des
Allemands» des Hollandois , des Fla-
mands, des ItaKens, des Anglots, des
Arméniens. Salmon allure que les prêtres
y font la moitié des habitans. Les Jéfuiti^
y écoient auffi riches qud nombreux» LeS
yoy^eurs dtfent » en parlant de Pln^ifi*
- cion, que c'eft la plus cruelle & la plul^
îmintoyaUe chofe du momte , qtre cette
fiàfkke. Une bagatelle, me [^rofe ra^^
pomée par un enfant, par vèh éfclave,
perd un homme. Les Juifs font tôbjourV
coupables, lorfqu'ils paroident rithes;
on les brûle au Campô Saiito Lazaro ; it
j a de ces exécutions pfefque tous Ut
|ours de fête. Les Gemils 8c les Maho«
métâns , Indiens ou Maures , ne (ont pa^
fiiiecȈ ce tnbcrAal, i mbitn qu'ils n^ai^nc
4miiaiéqo^)^tt^H!itte hiilbitant du Chrîf
«ifliÛM; C« utlitk '^ .tracé-pat titt
Cil
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• ancien voyageur. Quelques traits cîtéir
HisToiRi par Tavernier font préfumer qu*il repré-
pis Indbs. fenioit encore fidèlement ce tribunal dû
la barbarie dans des tems plus modernes.
Dans les premières années de rétabliC*
fement des Portugais , Goa étoit le centre
des richeffes des Indes & le plus fameux
marche de tunivers. »» Il eft confiant,
V dit Tavernier, que fi les Hollandois
j» n'étoient pas venus aux Indes , on ne
9t trouveroit pas aujourd'hui chez la plû^
M part des Portugais de cette capitale,
» un morceau de fer} tout feroit or ou
j> argent. Mais depuis xque les fources dé
» la richefïè ont changé de maîtres , Tan-
n cienne fplendeur de cette ville a dif-
H p^cu. J*ai vu ,, ajoute-t-il , des gens que
» j avods connus riches de deux mille écus
m de rente ^ venir le foir me demander
f> Taumône , fans xien rabattre néad^
!• moins dt ieur prgueil, fur- tout les
^'femti>es qui viennent en,palekis>
u accornpagnées 4'un valet. Souvint on
If enin 4n M/cours avtc la bille; & par
» honneur on la prie d'entrer pour faire
n une collation qui dure quelquefois luf*-
st qu'au lendemain.
' Les ^fclaves ne fe. ve|i4»t pw&k
Goa i^vfiç p}u$ de déceiKÇi^en Turquie J'
c;eft-4 d*«> q^V» ilesy méw en trou»*'/
DigitizedbyVjOOQlC
1- MÉffi I ' 1 1 ' I I
T>E l'Afkique ET M l'Amérique. 5 j
l^s de lun & de l'autre (e^e, & que!
chacun a la liberié de lei vifiten Les Por- Histoixi
tugais yivenc, dic-on, dans un concubi-^^* lN»st.
naée public avec leurs efclaves, parmi
Jekiu^les il s'en trouve de trèç-jolies, * '*
Leur impudicité, dit un Miffionnaire,
eft une chofe fur laquelle on n oferoit
s'expliquer. Linfchot qui entre là- delTus
dans de grands deuils , fait voir que fur
la terre, il n'y a peut-être famais eu une
corruption de nipeurs plus infâme 6c
flus générale <qiie celle des Ponugais des
ndes. Ils allient avec ce débordement ^
avec r.ufure j avec les , noirs adàffînatiP,
des pratiques dévotes , auxquelles la ft^
perftirion corrompue ne manque jamais
d.^at;tacheç l'idée de la piété» Leurs maria^
ges fe célèbrent avec des téfouillances qui
ne leur donnent pas Tair d'une fète chré- ^
tienne. *
* Carvar, à dix ou onze lieues de Goa>
en tirant vers le fud , eft la capitale d'un " ' ' ^
domaine appartenant à un Ra|a Indien.
Sut environ vingt lieues de côte » on troiK
ve encore les Principautés de Rama it de
Sevaféer , quantité de places fortes , & deç
ports, comme Aqkla, Kuddermaddi i^
Merzée. C eft un pays couvert de moA«-
t^nes Se de forêts. Les Anglois ont ua
comptoir & un ,fbrt aijiprès de Cacvar*
Ciij
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54 HisToiTii m t'A s'il,
î Ceft la plus faine & la pltis agréable cokh
Sr^iL îwe qu'ils ayent fur cette cAte. Aurengzeh
^ ^ • ruina le commerce Je ce canton , lorfqu'il
en rendit les Ratas fes tributaires.
it ^nara. Maiigdor, du diftriél de Canara, an-
/:ien Royaume fitué à Toueft du Carnate,
jift une ville plus fameofe par fon cona-
fiierce que par ta beauté de fes édifices.
Son terroir fournit du riz, non-feulement
à tout le Malabar, mais â plufieurs Ides,
1^ TArabie même S^ à la Perfe. Les Por--
lugais ont eu de grands dém&lés avec léi
. Caoarias pour ta pofTeffion de Mangalor
jk de fiarcalor , place voifine. Ils n'en ont
f étiré que quelques comptoirs > quoiqu'ils
a'atrogenr uae efpece de Souveraineté
dans le pays ibr ceux que la foibkfie
oblige à la reconnoître.
KoftxBtMào Les Indieos de cette côte lie prennent
caîi^r* jl^ï^"^'" d^ Malabaresou Malavares Qu'au
cnôganôr^dtpays ck CananoT, un des premiers lieux
^««*^*«««- rà les Portugais fe (oient établis. Delà
.au Cap Comorin 3 il ▼ a plufieurs petits
JRoyaames, peu de villes, beaucoup de
YÎlkges. Cananor eft une affez grande
:^iUe, gouvernée par on Roi Idolâtre,
/iinMmmé Colitry , qui, fans être. plus
fmififant que les autres Rois de Malabar ,
oe biffe pas d'avoir parmi eux un rang
lUftÎDgué, qu'il doit i de$ préjugés de re*
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m l'Afiuque et oi L^AuiKtQv?.. 5 j
lîgion. Balliepacan & Trecnepatan forment
dans ce Royaumedes bourgs confidérables. ^""^f^^*^*
On y fabrique de très-belles toiles , prin-^^^ ^^^^
cipalement à Coila. Le principal com-
merce e(ï entre les mains des Uoilandois
& des Maures. Les François ont pofTédé
dans ce canton le comptoir de Talichéry.
M. Mahé de la Bourdonnais a donné une
forme avantageiife au comptoir de Mahé,
fîtué dans un pays nommé Cartenattu»
foumis à un Seigneur nommé Bayanor ,
lequel reconnoît le Roi <le Cananq^jjgj^
Souverain.
Calicut , premier port des Indes dé-
couvert par Gama , eft encore , malgré [<^s
difgraces , une des plus grandes villes de
k contrée. On y compte fix mille maifons,
k plupart réparées les unes des autres par
des jardins. Elle a un Gouverneur Indien >
?ui prend le titre de Rajador , Viceroi.
)n aflure que le Zamorin de Calicut peut
mettre fut pied une armce de cenç
mille hommes. Il réfide à Pananej bourg
à huit milles de la capitale , oii Ton trouve
i peine les traces des magnifiques def-
criptions qu'on en a faices. Le petit
Royaume de Tanor eft enclavé dans le
Malléami) c*éft le nom que les Indiens
donnent au pays de Calicut. La m sr gagn^
tous les îours du terrein fur cetre côie.
Civ
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S<? Histoire de i^Asie,
' Cranganor, à cinq milles de Pananèi
Histoire fe divife en deux parties , Tune occupée
»is Indes. j^^ Hollandois &: Tautre par les Ma-
labares. La forierefle forme la première j
le quartier Malabar eft peu de chofe.
Cet Etat qui n'a que trois pu <juatre lieues
de tour, relevé du Zattiorin.
Cochin ,autre Royaume voifin de Cran-
ganor , a auflî comme deux capitales ,
qu'on diftingue de mcme , Tune fous la
donîînation Hollandoife , l'autre fous celle
d'un Roi , aufllî vaffal de Calicut. La forte-
réfle des Européens eft fituée dans une
grande Ifle , au fud de celle de Vaipin.
Après Goa, c'eft la meilleure place de la
côte occidentale de l'Inde. Les Hollandois
y tiennent le principal comptoir de cette
côte. La Cochin des Malabarcs où le Roi
fait fa réfidence , eft fituée plus avant dans
les terres fur une grande rivière. Ce pays
eft extrêmement peuplé ; mais l'air n'y eft
Eas fain , parce que les terres en font
aflTes & marécageu fes. Les Hollandois
€n chafîerent prfelqu'eniierement les Por-
tugais vers l'an i6Si.
Ces Européens ont^ainfi que les An-
glais, un comptoir au bourg de Porca ou
Percatti : ils en ont aufli un i Calicou-
lang, bourg fitué comme celui de Porca,
dans une \û^. Se un autre à Carnapoly >
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BE L^AfMQXJE et m L*AmÉJUQU£. 57
bourg <jui donne Ton nom à un ççtki
E^nc, . . , , Histoire
te RfOyamnç 4ç Travancor s'cçend fur"^* Inm^,
la cote ae Çoromandel. Le Souverain de
cet Etat eft tributaire des Badages , qui
viennent prefaae tous les ans de Maduré,
faire le degijt fur Cqs terres. On nomme'
fa capitale Coreuian. Les ^autres villes dç
ce pays font Tengapatan, ou les HoUan-
^dpis ont une.fbrtereire j Aniengo , où Ton,
voit un fort çopftruit par les Anglois j
£ruva, hameau où ies Danois ont une
loge couverte de paille^ qu ils appellent,
comptpirj Coilan ou Coulan, autrefois
capitale cPun Etat de ce nom j Cotace , .
grande ville , au pied des montagnes du
Cap Çomorin. Ces pays font fi peuplés]
que les, campagnes paroilTent ne former,
qu'un grand village , dont les* maifons
K>nt ifolces & difperfces fans ordre; On
regarde; le Malabar comme un des plus,
beaux pays de Vlnde. Toute la côte eft ^
couvert^ de villages , de prairies , deboisj ^
de cocotiers 8c de palmiers toujours verds,. .
de vaftes plaines cpupce^ de |acs &dQ,
ruifleaux ; fpedacle qui frappe tous les
voyageurs^ ^ ^ ,-. . , . .,
., Leis Maîabares,. malgré la .différence de . obfcmtîa»
liéiirs Souverains & loppoficion. 4e î^up^urS M^îa-
ip^rets yfjec^:fdip£epx par les mtpies Joix ^^ ^ Qp«-
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. . 5^ HiSTOIM DÉ t'As II,
te les mêmes uf»e$. Leurs Roîs^ à feor
Histoire avènement au trône , ont coutume de
^\s iNPïs. ^çjj jç ^ l'enchère la pbce de ptemier Mi*
DÎftre, à laquelle iU attachent prefque
toutes les prérogatives de la Royauté. Si
ce lieutenant-général abufe de ion pou-^
voir, il s'expofe à perdre fa place & les-
Ibmmes qu'il a dcboiufëes pour Tobtenir,.
tes Roi& portent dans les jours de céré-
monie une couronne d'or, du poids d*en^
viron fept marcs. Ift la reçoivent de Ut
main de leurs Minifhes. Ces officiers,»
quelque puiâEans qu'ils Soient, n'oferoient
pouâ<îr la liberté jufqu'à s'affeoir devant
le Prince , ni lui parler fans avoir les mains:
pofées l'une fur l'antre devant la bouche >
ce qui paiïè au Malabar pour la marque
du plus profond refpeék. Dans chaque
£tat il y a une tribu royale , compofée de
Ikmilles dé Princes. A la mort du Roi ,.
le pUis ancien des Princes eft déclaré foir
fticceffeur, fans qu'il y ai^ jamais de con-
tbftàtion pour la Royauté. Àinfî l'on n'y
voit jamais de jeunes Souverains, mais^^-
cm peut en voir beaucoup d'imbecilles-
tes Princes Se les Princeffes font efcortés
d'une nombreufè garde de Nattes , ac-^
, compagnes de trompettes, de tambours,
ou d autres ihftrumens.. '
it^t^4tiiij^ hçi Ptio^s,. £ /ijpéiieQrs: aux antiey^
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M
»E i.*ÂtKlQVE ET lïË L'ÂMÉHTQÛf . f J^
tribas dans 1 ardre politique , font infé-
rieurs daM Tordre de h religion aux Natn- HisTotR t
booris ou grande prêtres & aax Bramines.*** l«x>ï**
Ces hommes facr^s époufènc ordinaire-
Aient des PrincefTes^ Se leurs enfàns font
Princes te capaUes de fuccéder d la cou*
JKmne » parce que la loi claflè les enfan»
dans les tribus desr mères , fondée fut w
^pe la fmiltitode des maris qu'il eft per« .
mis aux femme^ de fe procurer , ne laifle
pas le moyen de difônguer le véritable
EBre de leurs enfans. Les hommes^ cm 1*
berté de fe choidr des femtnes ou det
maitrefles dans les tribus qui fuivent iin«
médiatemenr la leur^ ainfi les Naïres em
nobles épouferont des femmes Tivet, de
la tribu des kbouceurs 8c diftîUat^Br^ de
liqueurs différentes; leurs enfans ne foM^
point Naïres. Il n eft famaif pem^tf attt^
ftmmes de fe méfaltîet : rinâra&ioii
dé ceite Uâ leur co&rardit la vie en 1»
l^rté.
Apfèi Uâ PrifTces, les Nâinboum» h»
Btamine»^, \tii Naïres te les Tifes , lie
Mainats o» bianchiflèiirs , le» Ghetéfe d^
titfèfamb» les Moucotias ou ^heurs, kr
PDoHats , ^afrdicns des béftians ft dM
teifet 9 enfin lom lef métiet» fortMiri
èm nihm fiibaltetnes; Lef Ndïee» eni
IM^ k dieii i^^f^tm k$ àrtnesK. Ism
Cvî
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6o Histoire dE l*Asie>
îiribii eft la plus nombreufe. Comme ik
Histoire dédaignent la profeflîon du commerce, la
»xs I^DEs. piûp^fj Qiit fçf t peu de bien , mais ils n'en
font pas moins refpeûés. Leur pauvreté
les oblige de s'engager au fervice des
Grands , qui , s'ils font de la même tribu ^
les traitent avec autant d'honnêteté qu'ils en
exigent de refped , pour marquer l'égalité .
de leur naiiTance. Les étrangers font con-
traints de prendre des Naïres pour les
gardier j car fans cette précaution , l'infulte
Se le vol font les moindres dangers qu'ils
auroient à craindre de la part d'une triba
qui doit fa fubfiftance à cet ufaee.
Comme on prend foin d'en avertir Tes
étrangers , les vols & les meurtres de-
meurent ordinairement impunis. Quand
on employé volontairement leurs fervices ,
leur zèle va H loin qu'ils périroient tous
jufqu'au dernier plutôt que de fiirvivre à
ceux dont il$ ont entrepris la défepfe. Si
un Naïre commettoit envers celui qui lui
a donné fa confiance , une trahifon » fes
pjus proches parens le, mettroient en
pièces, pour réparer l'honneur de leur fa-
mille. Dellon dit que fous la garde d'uti <
enfant Naire , on eft plus en sûreté que
fous l'homme le plus redoutable de cexit
teibu , parce que les voleurs ont pour .
p»axime de n'attaquer ^^ê des eiuleniif ^
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DB L*AFRIQUElTDlI.'AMiRÏ^VB. 6i
en état de fe défendre & de refpeéler kl
foiblefTe. Cependant tout le monde prc-^*"^^**
fére le plaifîr de paroître avec une efcortei*** Indsi,.
nombreufe, à la certitude d'être à couvert
de toutes fortes d'infultes fous une efcorte l
quiNflatte moins la vanité.
Les Pouliats font le rebut des autres ,
caftes. On devient infâme en les fréquen-
tant , & 1 on eft fouillé pour s'être approché
d'eux à la diftance dé vingt pas. Ils errent .
prefque nuds dans les champs & dans les^
îbrèts , fans avoir d'autres afyles que des
huttes , des cavernes , des troncs d'arbres.
^ Si l'un de ces miférables ne fe retire au.
iignal que lui fait un homme d'une d&s
premières caftes* celui-ci a droit de le
tuer. Un foldat Malabare tirera de fang
froid fur le premier Pouliat, feulement,
pour éprouver fes armes. Chacun eft leur
tyran & leur bourreau. Une leur eft pas »
permis d'approcher des temples ; on a *
pourtant l'indulgence de recevoir leurs
offrandes eh or & en argent, pourvu
3u'ils les pofent à terre, à une certaine; ^
iftance. Cette malheureufe efpece
d'hôjnmes fe nourrit d'inimondices & de
-charognes, dé celles même des bœufs &. "
des vaches, ce qui contribue beaucoup à
la rendre exécrable. Si ce n'eftpas un.
anatbemé, qui Jahcé d abord fur desrjxialr|
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et RtsToïKB i»t t*Affxt 9
! fàitears ^ a pafle fur leurs en&ns , je fi0
HzsToiRi fçaîs quelle peut erre roririne de ceite
Mf !»•»»»• 0dieu{e infticution. Quelqu'exfgeant r
Îuelqiie dur que foie Torgueil de la gran*
eur, il n'a poinr une auifi froide , une
aufli vafte, une auffi confiante inhuma*
iiité dans prefque toute une nation. D'ail-
leurs les caftes qui touchent à la haSeSè
des Pouliats » fi elles ne partagem poinr
h tyrannie des caftes*honorables fur ceux-
ei^ ne font point livrées à l'outrage comme
ces mîférables. Ce que l'on voit , c'eft que
ces mêmes peines qui refpeâent & ho^
^ norent mhne la méchanceté dans les ani«
maux y chez qui l'efpece ne peut perdre
ion indépendance nararelle , font ordi-
nairemem durs dan» les leâx que fait l'or-
IpieH contre les citoyens » fur qui elbt
exercent leur aâion.
lobe fViùi§B9f Qooique la débauche fiait aittonfée en*
îSukL-f? ^'^ ^^5 aman» de la même trib», fi oif
homme eft convamcu de mielque imrrgoe
d'amo»: a^ec une femme d'une cafte fi^>é*
rteUre , les deux coupables font punis^ de
0oft ou vendus poitt l'efclava^e. Comme
les femmet de» quatre prenueres trH>a^
remp(»tent ordinairemem far les amret
par la beamé Se lesagrémen»,. A ie pié-
Ime un grand nombre "de Marchands
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\i cette punition. Les hommes de la tribu
d'une f etiime coopbte ont droit , pen- Histoiki
dant trois jours , à commencer du jour de »*^''^^>*^^**
fon fopplice , de tuer dans le Heu où le
crime s'eft commis, fans diflinâion de
fexe & d'îge, tontes les perfonmes qu'ils
rencontrent de la tribu du fédoâeur. Le»
mires exercent ce droit fur les Tive»
& les Chères j ceux-ci fur les Maucouas>
Se les Matscouas fur les Pouliats. Ces loix
orgueilteufes font au contraire fi doucet
en faveur de l'élévation , qu'il eft rare
que Ton punifie de mort ceux qui tuent
des gens d'une claffe inférieure , â moin»
que le meurtre ne foit aggravé par le» .
drconftance». En général 1 homicide ne
^a{ïè pas pour un granrf crime cher le»
Malabares qui démentent par- là le carac-
tère Indien. C'eft moins h juftice que le
letrentiment de» familles qui fe pone â 1»
vengeance. Le larcin paroit plus criminel»,
en çn abhorre jtifqu au nom. Un vofeuf
eft infâme , il e0r puni avec t^nt de févé^*
nté, koT» tes Czs dont on a parlé {rfus^
haut y que ibuvem le vot de quelque»'
grappe» de piMvre conduit air dernier lup-
p!ice. Ces loiï fcnèlent fiiites pour ui^
Eijs oàh population excède la^fubfiftance»^
à un coco eft quelque chofe de cohfidé-
tiSbit^ & h yie d^un k)mme t& mom»
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€4 HisTomi oi L*Asiif
3ue rien. Les Malabares, dans les afFaireff
puteufes , ont recours à I épreuve du feu.
s Indes, LefuppiJcç ordinaire eft de percer le corps
à coups de lances » ou de le fendre avec
le fabre en pIuHeurs quartiers. Le Roi,
feul juge les matières criminelles.
Les Malabares à qui la loi permet de
porteries armes t c'eft-à-dirc, les Naïres^
ou Nahers^ s*en fervent avec beaucoup,
d'adrefle. On les èleve & on les nourrit
gratuitement dans des Académies entre-
tenues aux dépens du Prince. Chacun fa- ,
«, brique les armes dont il fe fert. DelLon
w dit qu'il leur a vu tirer fpuvent deux
flèches lune après l'autre , & percer de
ia féconde le bois de la première, chofe,
difficile à perfuader. La jeune noblefle
s'exerce fouvent aux fondions militaires,
devant le Prince ic les grands. Ce font ,
des jeux qui dégénèrent prefque toujçurs.
en véritables combats, & qui coûtent
fouvent la vie à plufteurs de ces jeunes,
champions.
Quoique les paires foiçnt braves , Se
qu'ils portent toujours leurs armes nues,
la plupart de leurs différends (e terminent
par des injures ou à coups ^de poing. Mais ^
s'il s'élève entre des puiflîuis uneflucrellc
importance pour la fao^ille » chac^n arme r
quelques uas de. les^yaHausi^^ ^le combat
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BE l*Afri<^ue ET DE l'Amérique. 6y
fe livre entre ces malheureux en prcfenceî
de la Cour , & il ne finit ordinairement Histoire
que par la mort de tous les braves d'un^" In»ii*
des deux partis. Quand la viaoire a dé-
cide de la meilleure caufe , les chefs, lef-,
quels ne font point entrés en lice , parce
que leur fang eft trop précieux pour être
répandu dans toute autre caufe que celle
du Prince 9 fe réconcilient tranquille*
ment.
Les Malabares s'abandonnent rarement ,
à la colère j s'ils fe vengent, ç'eft toujours >
par les voies de Thonneur. Ils ont tant,
d horreur pour le poifon , qu'ils ignorenç .
même l'art de le préparer^ art fort com-
mun dans ks autres pays de l'Inde.
Dans leurs guerres , ils n'obfervent ni .
rangs , ni marches ré^lieres, ni la moin-
dre apparence de difcipline^ ce <jui a^
donne aux Européens tant de fupénorité
fur eux. Leurs Rois ne connoiflent pas ]
l'ambition j elle eft rarement la pafiîon de
la vieilleffe & celle de la mollette ; or les ' •
Princes ne montent guère fur le trône que ^
dans un âge très-mtir, & pour y vivre,
dans uiie plus agréable oifiveté. S'ils péné-
trent chez leurs ennemis, c'eft, non pour ,,
s'aggrandir par des ufurpations, mais j
pour fe venger de quelque injure par l
des ravages* A la paix^ ils fe reftituen; ^
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i£ - HiSTOIltl DI l'Asii»
! mutuellement leurs conquêtes, à l'excep-
HiiTQiKB tion du butin. Us font la çuerre comme
•■* lNDi$,|çj voleurs exercent le brigandage. S'ils
gouvernoient par eux mêmes , on pourroic
croire que Ta^quifition & la polTeflion
d'un grand Empire leur parc^Hcnt trop
onéreufes y mais il eft à préfumer qu'on*
tre la mollefle & l'âge , l'impuifTance les
enchaîne chez eux. 0>mme ils n'ont que
de petits états , ils font trop foibles pour
longer i devenir puiflans. On conçoit
comment » à la fuite d'un long re(H)s forcé
par la foibleffe » Thabitude de laitTer les
pofleflions de ics voifins dans leur entier »
peut avoir formé une'efpéce de droit 4e$
gens , une convention tacite de ne point
entreprendre les uns fur les autres. Le
djcoit des gens n'eft que coutume. L'ex«
trême divifion du p^ys en petits. Koyau*
mes a Êivocifc l'é^liâfement des Euro*
péens fur ces cotes.
Mantes dtt Les Gentils Malabates, ignorans commc
ÎAaUkar. iQos les Indiens dans l'art de la Marine »
abandonnent le commerce aux Maures \
ceux-ci l'exercent avec la piraterie. Ils
fent leurs courfes avec des galiote^ & des
Î galères qu'ils nomment Paras , dans toutes
es mers voifines , infultant fans diftinc-
tion tous les navires étrangers ou amis
qu'ils rencontrent , excepte ceux des Eu*
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»i l*Afriqt7E et de L'AMiniQtri. €7
ropéens qui ne lear paroiflenc point tné-i
prifabies. Plus fubuls que braves, la Histoire
moindre réfiftance 3es met en fuite. Cruels ^*' ^^^^^
ic infolens dans la YiAoîte, leur férocité
tombe dans le revers. Les Princes fous
Fautorité defquels ils font établis, n'ou-
vrent les yeux fur leurs btigatidages que
pour en partager le profit. Cependant
pour toiit autre vol , ils feroient punis
rigoureufement. On dît que lorfqu un de
ces corfaires met pour la première fois un
Paras eh mer , il Tarrofe du fane de quel-
ques captifs chrétiens, croyant le procurer
une courfe heureufe par cet exécrable
facrifice. En général les Gentils 8c les
Mahomérans de cette côte offrent fouvent
•des facrifices i la mer , fur-tout quand ils
entreprennent des voyages/Pour ouvrir,
comme ils le difent , cet élément lorfqu'il
devient navigable, ils vont en foule y
jetter des cocos ; les jeunes garçons s'élan-
cent dans l'eau pour les attraper ; & com«
me chacun tâche de s'en faifir ou de 1er
défendre , ils font cent tours de fouplelfe.
Quelquefois on abandonne i la mer , au
fon des inftrumens , un vaiffeau de paille »
Se 1 on laiilè fur le rivage des mets que
les pauvres viennent manger. ^:
Au Malabar, par une courame oppoféç coutuM
À la coutume générale des Indes i ce font^^^SSjJJ^
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^8 Histoire Di l'AsiU,
S les femmes des plus baffes tribus qui emr.
Histoire ploient les étoffes prccieufes à fe vêtir. Cel-
Dïs Ind£«. f^ quifont diftinguées par la naiflance , ou
par les richefTès, ne fe couvrent que de belle
toile de coton. 11 n'eft permis de .portée
des bracelets d or qu'à celles que le Sou-
verain honore de cette diftinâion. Les,
deux fcxes 'portent des bagues & des pen-
dàns d oreilles, fi pefans que leurs oreil*
les, qui font naturellement grandes, en
font fort allongées ^ c'eft pour eux un trait
fingulier de beauré. Les habitans origi-
naires font noirs ou fort bafànés ; ils ont
la taille belle. Les femmes font petites ,
mais d'une propreté extrême & d'une
figure agréable. L'habillement , à peu- .
près le même dans les deux fexes, con-
fifte dans une pièce de coton ou de foie ».
oui ne couvre que là ceinture Se les cui&,
les. Ils nç manquent pas d'efprit, mais
il n'y a que les Bramines qui cultivent le
leur. Leurs maifons font bâties de terre ^ .
& la (implicite règne dans leurs meublef,
ainfi que dans leur nourriture. ^
Cote de CoromandeL
C6ce de U Du Cap Comorin i la^poînte de Ra-
Féchcric. manancour , la cote de la Pêcherie forme
mi efpace d'environ quarante lieues. Elle
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.^J,
^E l^Afrïqve et de l*Amérique. 6t)
'êft inabordable aux vailTeaux de l'Europe , ■
parce que les brtfans y font furieux &Hi$TOiRi^
au on ne peut hiverner qu'à Tutucurin. •** Indu.
A l'exception de cette ville qui contient
plus de 50 mille habitans» il n'y a que
de miférables villages dont les principaux
ibnt Punicael , Alandaley » Manapar «
Tala , &c. dans un canton autrefois norif*
fànt fous la domination des Portugais»
Cette côte ,. couverte de ronces & dé
fables brûlans, eft dépourvue des chofes
«ccefTàires à la vie. Les Paravas qui en
font les habitans , ne fe les procurent que
"par un commerce de poiflbns. L'intérieur
3des terres eft chargé de grands bois infef-
tés de tigres.
. Tutucurin parôît du côté de la mer
une jolie ville , à caufe des grands maga-
£ns que les HoUandois ont bâtis fur le
î>ord de l'eau ; ce n*eft toutefois qu*une
gro(£s bourgade. Les HoUandois en tirenc
des revenus confidérables , quoiqu'ils n'eA
foient pas abfolumenc les maîtres ) car
toute cette côte appartient au Roi de Ma-
sure pu an Prince de Marava. Le profit
principal de leur commerce vient dé la
pèche Jet perles & des xanxus , gros
coquiilâgai femblables à ceux avec le&
ijude oii a coutimie de peindre lés Trî^
iKim. L^ Hollandols iimc il Jaleox dii
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7» HisTOtut DB L*Asri^'!
commerce de ces coquillages » qa'ii y^lrètt
Hii^ifts Je la vie pour un Indien qui ofermt en
ait lM9it. vendre à d'autres ncgocians qu'à eux. Us
les vendent fort cher au Bengale , où l'on
en fait des braflfelets qui ont autast de
luftre que l'ivoire. La pèche déi' peries
enrichie la Compagnie de Hollande d'une^
autre manière^ elle ne fait pas .pécher
pour fon compte» mais elle levé un droit
dé foixante écos au moins fur chaiquè
bateau , dont les habitansfe fervent pour
cela. Le P. Martin traite de contes ce que
l'on dit de l'huile que les plongeurs
mettent dans leur bouche , ou d'une eipece
de cloche dans laquelle ils ie renferment
pour s enfoncer dans l'eau.
A Outiar , non loin du Golfe de Tondi ,
on voit un pont d'environ un ^vtztt de
lieue > qui joint à la terre ferme Tlfle de
Ramanancor. Ce pbnt n'eft pas onnpoii
•d'arcades^ ce fout des rocners ou éss
pierres énornnes , au travecs^ defqiiejles
l'eau^a la libetti de couler. Cer rochers
ibnt en quelques eadroits féparé» par des
intervalles fuffifans pour le piaflage des
barques. Il n'eft pas aifé d'imaginer y dit
le P. Boucher, que ce pont Toit Ibuvrage
de. l'art ; Caron ne voit pas d'«à l'on au»
coït pu tirer ces maffesàiormes^ & encore
jpoias comment ou autek pu les.p ttanC^
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D€ l'Afrique et de VhuiKtçfiW'^ r«
porter. Mais Ci c'eft un ouvrage de la na-
ture, il faut avouer quex;'eft un des plus Histoire
furpreaans qu'on ait jan^ais vus. Les Ido- "* !»»«••
lacres difent que ce pont fut fabriqué par
les Dieux » quand ils allèrent «attaquer la
capiule de Tlfle de Ceylan. De Rama-^
nancor , une autre chaîne^e rochers &<]e
bancs de fable s'étend jufqu a rifle de
Manaak , fur la cote occidentale de
Ceylan : c'eft ce qu'on nomme le pont
d'Adam.
Suit le Cap Callamedu , & c'eft-U ^^*^
proprement que commence la c6te de Co- uiiiemâu e»
romandel. Negapatan , c'eft-à-dire , ville 'op^«*
aux ferpens, forme» auprès de l'embou-
i^hure du Naour ^ un des principaux ëca*
blidèmens des Hollandois fur cette cote.
Us y dépofent tomes les richefles qu'ils
tirent de Ceylan. On compte dam fbn
diftriâ: une douzaine de vil lages. Katical »
établifTement François, paroit avoir été ^
une viUe très-confidérable. Outre lafbfte^
reCe de Karcangery & le gros boarg de
Tiroumale Rayen*Patnam, le domaine de
Karîcal embrafTe neuf bourgs ou vill^es
dan» une circonférence de citiq ou fiât
lieues* Tcanqoebar y ville de$ Uands»
renferme dans fon enceinte envivon quinte
taille habttans, pxefque tmi$ étfangert»
atmés pêf le comoièrce. £Ue a lut leftNt
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71 Histoire DE l'Asie,
! d'une vingtaine de villages. Il y a dans
Histoire Perrajar , le plus notable de fes bourgs,
©ES Indes, prefqu'autanc d'habitans qu à Tranquebac
même.
Caveri Patnam ou Laure Patnam , à
Tembouchupe d'un des bras du Caveri ,
eft un endroit célèbre parmi les Indiens ,
qui croient s'y purifier par les bains , fur-
xout au temps des éclipfes. Un autre en-
droit très-fameux , mais plus avancé dans
les terrés , c'eft Schiali , grande ville , où
il y a plus de 60 pagodes. Les Anglois
occupent le cliâteau de Tivucottey ou Di-
vicocé, enfermé dans deux bras du Ca-
veri , ou Colladham , ou Coloron , qui
termine l'Etat de Tanjàour du côté du
nord.
La ville Indienne de Porto -Novo,
nommée par les Maures Mahmud Bendey,
^ par les Indiens Paranghy - Pottey , a
ordinairement pour Gouverneur un Bra-
mine, qui tient quelques lieux voifins
fous fa dépendance. Les Anglois, les
François, les Danois & les Hollandois
y ont des loges. Les incurfions des Mar
rates y ont affoibli le commerce. A trois
Ifeues eft la fameufe pagode de Chahn-
bron , chef-d'œuvre de l'art. Les Maurjes
^ ont &it une fortereffe. Cependant le
Gouventieur qui dépend du Nabab d'Ar-
cate.
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DE tktKKiXrÈ BT Illl*Â>fiRTÇ|VE« 7f
cate ) laiiTe aux pavens la libené âW exercer ^
Ictr culte , parœ qu'il dv retire oe grands HtrroixB
avantages. • *■!*«»•
Le bourg de Tevenepatnam , le fort
Saint David & la ville de Goudelout ne
font qu'une feule Se même ville » du do*
ûiaine des Ânglois« Les Hollandois ont
pourtant une belle loge dans le boui^. Ce
diftriâ: contient pluiieurs villages.
Pondichéry eftiitnée vers le milieu de Poiuikhéfy.
la cote de Coromandel, environ à ir
degrés de latitude feptentrionate. Avant les
dernières guerres, cette ville s'étoit accrue
fc Qnnd>elUe^» au point , remarque Mw d'An-
rille» de le difputer àîtont autre étabUfle^
mei^ Européen dans l'Inde; Sa drconfé-*
rence étoit d'une grande lieue Sijl'on j
comptoir 120 rniHehabitans. Il s'y étoit
établi beaucoup de Gentils , ces indiens
aimant mieux, dit Luillier, la domina^
tionfFianç(»fe que celle des Maures.. On
leur dwnott le nom de Bsames. Usfài*'
fôieht prèfque tonte la richel^ de la viUo
fic^upaiDS qui efl: naturellement fçc Se
ftérile. Leurs meilleurs ouvriers ne ga^-
gnoient que deux fous par jour, & ce gain
Biodique &i£bit fubfifter leur Êtmille. Ils
éidoient d'tme douceur. Se d*iine foumif*
(ion extiÊmes , poutvd qu'on a*atcabuat
poin^ jeurs; lois jfic leurs pcéjugës.On leur
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^ biâbit 1^ libie execcîccîde leac culte dai»
Hi^TOi^ç. i deux.paj^desiilicwls jpai^ns çtmenc pe-
ws;A»Mftijjjg5 ^ obfcutes & bâties de terre glaife
coftSe iu fûfciL^ Gdles dts Européens
ctoient'de biî^ue. On coroparoit la mai-
foÉi du Goiiverne:iir.^.has plusi beaux
hôtels. Cet oflicieri avoir- ■douze gardes à
cheval &trèistcen^.àl piieds 5 qu'on ap
pelloit pions, i Dana. lès pccafions» folethi^
. .... nèllesVil fe fâi£ait.pojierparjfiilM)miiies
dans un palanquin, donr les caheaux^ Se
^ le dais étoienr omcs' d^ brcttlerres y d©
créphies & de iglands d'or. »,Gefafteefl>
w prëfque néceuaire, dans un pays où l'oii
n ne jjuge de la? puiffkncô dunehnadèn
H que>par li magniâeencedeçeux qui la
n reprefenrencJ r Ui. .r>t ;
.; Un vofyageur Française qui avoir exa-
miné atremivement la fituarion ide Pon-
dichéry , ne comprend :point à quel 'def«
fcin ,/di^il, Jes pretoiersrflefaf naiioh^i
y étoi^t venus C s'étoient fixés dans un
endroit de fi difficile accès du; côté de k
nier, fi?feanBert du côté dc'}act^&BcA
incommode pour la vie , puifqué c'eft lô
terroir lef pms mauvais de Ja côte. iLei!;
vàifleaux «oient obî^és ide .rhoufllerfè
plus d'une fdebi-lieue^- lavage!^ ircMfe
(fc$rbri0ns/ï£ef chelingçe^ ifuefl^on» erm*^
ployoit^à.a^rgBr, fia à âléatatgecdes^na*!
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DE l^Afrïqub et db L'AMâmqtJï. 75
vires , comoicnt beaucoup j St leau y eu-
uoit de toutes pans en li grande quan-^"^^'*-^
lité , qu on^ ctpic tou|ours en rifque de fe^^* Ikdbç.
noyer , & que les marchandifes éroienc
toujours mouillées. Ce voyageur croie
qu*il n'eût pas été poflible d y faire un
quai poi^i: remédier à c€^ înconvéniens. .
Mais on auroic été moins en fureté dans
la place â les vailfeaux avoient pu ap-
procher da vantée. Le défaut du côté de
la terre paroi(roic avoir été réparc par les^
fprûâcacioQs & par les acquittions que la
Coti^pagnie avoir faites depuis dans les
environs. ï-es Anglois ont renverfé cette.
vill^4e fond en comWç, M. Law Ja rétablir.
j X-f ^ principales aidées autour de Pon-
dichéry font AriaiKupacn , Asbewak ,
Vilenur, Valdaour. Il y a un fort à Val-
daourj ce lieu conduit à Gingy, éloigné
de P<?ndichéry d'environ onze îieues. Vous,
avcz:^ difpit M. de Buffy dans un Mc^
moire adreffé à la Coriipagnie , depui»
NiTampatoam , en montant du fud au
nord jufquà la pagode de Jaganat, prcs
de deux cens lieues de cote j c'eft prelque
toute la côte d'Orixa & à peu-près la lon-
fu^ur des domaines de là Compagnie.
jBur plus grande largeur eft d environ
t jent^ lieues ,, & la moindi^e d'environ idîx.
Ils foet compofés destPrciviixces de Gon*
Dij
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7^ HlSTOIlLED£L*ÀsiE,
davir , de Vlûe de Divy , de Mazulipa-
Histoire tam , de Nifampatnam & des quatre Pro-
j>È$ Imd£$, yjncgs Je Mourranagar, de Rajitnandrie»
- de Chicakor & d'Elours , ainfi que Ville-
nour, Bdbour, Narfapour Se beaucoup
d'autres aidées que les NabaW du pajrs
avoicnt cédées , comme on Ta vu , dans
Tavant-derniere guerre. Avant ce tems*
là , fuivant le témoignage de M. Dupleix,
la Compagnie n'avoit pas dans tous fes
étabtifTemens ^ pluf de i lo mille roupies
de revenu fixe. Le total des revenus qu'il
avoit acquis à la Compagnie par les con*
ceffions depuis la guerre de 1749 9 eft
monté à 1 , ^7 9 , 4 5 7 roupies » c'eft-à-dire ,
qu'en évaluant la roupie a. 48 fous de
France , les revenus fixes de la Compagnie
étoient augmentés de 6 , 450, ^9^ livres.
Tout cet édifice a été renverfé j on n'en
a confervé que des ruines. Par le dernier
traité » la France a renotKé à, toutes les
pofleffions acquifes depuis Tannée^ ^ 749*
: Au nord de Pondichéry on trouve Con-
gtmer.> gros bourg; Lamparave, forte-
refle occupée par les Maures; Sadras-
patam ^ c'eft-à-dire , ville quarrée , appar-
tenante aux Hollandois ; Mabalipuram
ou les fept pagodes , lieu qui n'eft prefque
habité que par des Bramines ; Covellam ,
petite ville avec un château. appartenant*
dby Google
DE L*AïRIQUE ET DE l'AmIriQXJE. 77
âu Grand Mogotj San*Thomé» auprès!
de Méliapour , place aujourd'hui aban- Histoire
donnée des Européens , i l'exception de ^* i«»w.
quelques familles Portugaifes. Les Por-
tugais lui ont donné ce nom en mémoire
de r Apôtre S. Thomas > qui prêcha , dit- '
on ^ Tévangile dans ces quartiers , où Ton
croit que fon corps repofe dans une petite
grotte. Les Légendes des Orientaux
donnent le nom de Calamina » dont on
, ne retrouve plus de veftiges à la ville de
rinde où cet Apôtre termina fes travaux
par la mort. Non loin de là , dn voit le
petû Mont Se le grand Mont , endroits
fameux par divers monumens Chrétiens.
Au fommet du grand Mont eft une Eglife _
de Notre-Dame , édifice des plus célebrçs
de rinde. Sa croix taillée dans le roc paflè
pour un ouvrage de S. Thomas. Elle eft
entourée de quelques lettres anciennes»
dont Gouvéa & le P. Kircher ont donné
une explication , que les Miffionimires
Danois prétendent être faulTe dans toutes
£es parties. Les avenues de cette
montagne font couvertes de maifons de
campagne fort agréables , qni appartiennent
à des Malabares, i des Portugais , à des
Arméniens ëc fur-tout à des Anglois.
Madras ou le Fort S. George , un peu Macfrasou î«
au-deli du grand Mont, à une lieue de ^^"^-^«^^s •
D iij
dby Google
7^ HlS^TOIRE DE L*ASIE,
'^SSSSSSSS, s. Thomc , fe divife en deux cités , h
Histoire cité blanche , habitée par àes Européens ;
i»Es lNi>Es. ^ ja cité noire, peuplée dlndiens. Dans
la cité blanche eft la citadelle , & au centre
de la citadelle le palais du Gouverneur,
édifice très-fompiueux , qui fert de loge-
ment au Diredeur général des établiue-
mens Anglais fur les côtes de Coroman-
del , de Bengale & de Sumatra. Salmon
ne donne pas une grande idée des forti-
fications de Madras, & il n'y a pas îong-
temps qu'elles étoieni encore fort mé-
diocres. La paye du foldat eft très- forte',
mais il eft traité avec une rigueur extrêine.
- La Compagnie ne donne que fix mille
^ livres d'appointemens au Gouverneur du
Fort S. George j c'eft le commerce & les
profits cafuels qui rendent fon emploi
trèsconfidérable. Les autres membres du
Confeit fouverain & la plupart des of-
ficiers ont des moyens de s'enrichir , mal-
gré la modicité de leurs penfions. Les An-
?;lois ont des comptoirs dans les places
es plus commerçantes de l'Inde , à Ama-
dabad , à Cambaye , à Surate , à Agra , à
Daman , à Baliepatan ; dans les villes de
Cochin , de Cranganor & de Coulang ,
fur la côte du Malabar ; à Ougli dans le
Bengale , Sec. Ils font tout-puiflfans dans
cette dernière contrée. Ils fe font fort
I
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Rendus fur la cpte.de Coromandel. Ma-
dras eft le centre & le principal entrepôt Histoire
de lent coratoercevc'eft-ii que fo-raf-^" ^^"•
femblent dans la faifon jufqu à 40 8c 50
navires, dont la deftiriatioa eft ditferem^i
pourries Manilles , pour la Mer Ronge,
pour le Malabar, poqr lePcgo, pouif la
Chine, &c. Leurs ctablidemens dans
rinde font partagés en trois Gouverne-»
mens , indcpendans les uns des autres.
Ceux de Ja côte orientale de Corotnan-
del font fous le .Gouvemenient de Mat
dras. Ceux du Bengale dépendent de Ca*
Ucuta. Ceux de la côte de Malabar & de
Perfe. leflortiiTent à Bombay. -
Paliacate, place Hollandoife, où eft le Paiiacatc.
fort de Guèidre, a été; autrefois le fiéffe
du Gouvernement des Hollandois mr
cette côte. Elle a des nianufâdoies de
toiles trcs-floriflàntes. Vis-à^vis de cette .
ville i aU'd»là d'un grand lac, il y a la
pagode de Tripeti , temple des plus fa-
meux , en un mot , dit le colleâeur du
fuppiément à l'Hiftoire des Voyages , là
Lorette de cette partie de Tlnde. '
Mafulipatam ferme la partie fepten- Mafulipauiiu
ti ionale de la côte de Coromandel propre-
ment dite , par la hauteur de plus de feize
degrés. Cette ville, fur un canal forti du
Krishna, eft la capitale dun Sercar oi»
D iv
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So Histoire be i'Asie,
! Province, compofc de £èpi Paragancs 6a
Histoire Diftrids particuliers , dont Narfapour. Ge
* • ""^Sercara étéaccru du Sercar de Nifam-
pacnam 8c de trois Paraganés détachés du
3ercar de Kondépali. Les principales na-
tions, de l'Europe avoient autrefois- des
iromptoirs à Mafulipatam. Le Souba de
Gollconde donna en 1750 aux François
cette place avamageufe pour le commerce.
Ses toiles peintes font les plus eftimées.
On y voit un pont de bois, le plus-long
peut-être qui foit au monde. Ce qu'on
appelle Tlue de Divi, eft le lerrein enlermé
entre le bras de Sipeler , émané du
Krishna , & la cote tendante à Mafulipa*
tam.
C4t€ d'Oiîxaé Ceux qui terminent à cette ville la côte
de Co'romandél , appellent côte d*Orixa
celle quicontinue jufqu'auBengale.Cepen-
dant laPiQvince d'Orixa commence beau-
coup plus loin, à Bimilipatan : dn y trouve ,
outre Brampour, la ville de Ganjam, un
des meilleurs points d appui de ce canton
pour le commerce. Tout y abonde & fon
port eft très-commode; mais la jaloufie
des habitans s oppofe à l'établiffement des
nations Européenes. Ces peuples , quoique
fournis aux Mogols , s'imaginent confère
ver leur liberté , parce qu'ils font en pof-
feffion de n'avoir aucun Maure pour Uou-
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Dî l*Afriqub et de l'Amkri^ue. Si _
vernéur. Les Gentils de toute cette côte i '
ont toujours à la bouche le nom de Ja-^^xoiRE
grenat, idole fameufe dont il a été déjà^^* Indis.
fait mention plufieurs fois. C'eft en pro-
nonçant ce nom qu'il font furement tous
leurs marchés ou qu'ils prêtent leurs fer-
mens. Le Raja du pa)rs de Jagrenat eft en
apparence tributaire du Mogol, il prend
. même le titre d'officier de l'Empire. Tout
rhommage qu'on exige de lui , «'eft que
la première année qu'il prend pofTeflion
de fon Gouvernement , il vifite en per-
fonne le Nabab de Catek , ville con-
fidérable entre Jagrenat Se BalafTqr. Le
Raja ne fait fa viiîte que bien' efcortc.
Quoiqu'il y ait plufieurs ports fur cette
côte , ils font fi mauvais que les Européens
n'y font prefqu'aucun commerce.
Les Anglois , les François & les HoUan-
dois ont des loges â la rade de Balaflbr. En
remontant la rivière on trouve un pays afTez
peuplé. Coilicata , Calicuta ou Golgothe
eft une des plus confidérables colonies que
la Compagnie d'Angleterre ait dans les
Indes. Huit lieues plus haut on trouve
Chandernagor. Cette loge Françoife a fous
fa dépendance celle de Balaffor ou Balla-
ford & celle de CafTambazar. Elle eft i
une lieue de Çhinchurat , très- beau & très-
grand village des HoUandois qui porte /
D V ' t
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îi HistôiREDF. l'Asie,
le nom d'Ougli , nom d'une mau-
HisToiRE vaife fortereffe du Grand Mogol , fituée
DES Indes. f„f [^ Gange, une lieue plus haut, ©ù
les Hollandois s'étoient déjà établis. Ce
pays eft du Bengale.
Obfcrvations particulières fur VEmpîrt
Mogol &fur Us Colonies Européenes.
Gouverne- Les Empereurs Mogols , ou leurs Mi-
ment Moeol. ./i ' 1 T • ^ I
* niltres , ou leurs Lieutenans , ou leurs
Vaflaux, exercent un plein defpotifme dans
toutes ces contrées. L'Empire eft travaille
de tous les maux dérivans de ce Gouverne-
ment & de la trop vafte étendue : le chef
eft expofé à tous les dangers infcparables
d'une grande puiflànce. Donnons une idée
du régime, des forces , des finances, &c.
de cet Empire , tels qu'ils étoient avant
la dernière révolution, dont on ignore
les fuites.
Après l'Empereur , TAtehmadlloulet
ou prertiier Miniftre , eft le premier Def-
pôte de rEtat , à moins que ce litre ne
foit conféré â un Prince du fang ou au
père de quelque Sulthane, pour lui en
procurer les émolumens fans qu'il en
exerce? les fonctions. Alors tout le poids
du Gouvernement tombe fur les Secré-
taires d'Etat , dont l'un levé SWautre difi»
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Di l'Afrique et *b l'Amérïque. 85
penk les dams ou deniers de la Couronne. f'*^*TS S
Il y ^ un troififtine pfficier de finales Histoiks
chargé de recueillir |ôs héritages de ceux ®*^ iNOit.
qui meurent ^u (cfyke du Prince , c^wh-
miQion lucrative mais odieufe» il des en-
claves pouvoient féparet Thonneur de$
grands profirs. On n'arrive i ces pofte$
eminens que par la voie des arme^
Oblige 4e, ceoir des troupes coûGdéra-
bles fous les armes , ppur c^nir en reiCped
les Rajas y VEmpereur s'étoic vu dâiu là
néceffité > p<yuc ne point trop partager feç
forces, de donner de grands pays à gou-^
verner à (es Nababs. L'autorité de ce^
Officiers çtoit très bornée i elle ne s'éien^
doit point [ufqu a la puiilance de vie Se
de matt J.aqueJle éroit réfervéeay Souve-
rain.; elle nembraflbiç point Je^.àff^ire^
civiles, lefquelles reflbrriffbieni ^u iribur
nal des Cadhis : elle ne s'étendoit poijtt
f^r leç revenus & les dépenfes de la prpr
vipc^ , dopt T^dininiftratiqa apparjti^uok
ftu Quan, Lqîu que ces Nai>^$ dp^natTénf
1^; loi aux ;G(>tfverueurs parricuUçr.s d^^
pl^e$ fortes^e leurs fJtovipçe^fi ils é^ôienr
AÛTajettis au contrôle de ces O^iciQr^ fuba^
t^rnesv II étoit rare qu'ils reftaflTent longr
:reras dans le mèipe pofte j leurç muratioQs
devinrent Ç fréquentes, qa'an Nab^
f^itài d^. PehliJe dçs toum^A^bii^lèfe
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84 Histoire DH l'Asie,
defon éicpliant , en difant qu'il fe pfaçoîe
Histoire ^jjjg p^^^ y^jj. y^^^^ £^^ fucccflcut. Ces
^**' Gouverneurs, incertains de leur fort, fe
hâcoienc de vexer les peuples. Les divi-
sions de la famille Impériale leur fourni*
rent l'occaHon d'acquérir plus de fiabilité
dans leur gouvernement. Bientôt après
ils bravèrent l'Empereur Se (t$ arméesv
La moUeiTe des Empereurs , l'incertitude
^ la fucceflion , la rivalité des Suhhans ,
l'incompatibilité des nations établies dans
l'Inde , l'habitude des perfidies & des
troubles , la dégradation générale de Tln-
doftan , ces caufes de décadence accumu-
lées firent plier l'état , fur-tout après là
mort d'Aurengzeb. La révolution caufée
par les conquêtes dé Thamas-Kouli- Khan
précipita fa ruine. Depuis ce tems-U ,
rSmpire originairement diftribué eu gou«
vernemens , a été comme partagé, fuivant
la remarque de M. Dupleix, en plu-
fleurs Royaumes, foiblement liés au
trône du Mogoî.Les cafena ou droits fur
les terres, les maifons, ks denrées, lef-
quels levé$ autr^^MS par des Oftciers
amovibles étoient verfés immédiatement
dans le tréfor royal , ont été convertis en
une efpéce de tribut que doivetu lui payer
^s fucQefleurs des anciens Nababs, qui
^?eA«s> en quelque forte» Souverains»
dby Google
DEfL*AFR.iQiiE ET DE l'Amérique. 85
om rendu leurs ufurparîons héréditaires!
dans leurs familles. Par ces difpofitions» Histoire
4'Eiïmereur a perdu, non feulement fa^** !»»«»•
poiflance, mais encore fa richefle» parce
que , des impôts levés fur un peuple
appauvri par la multitude des oppreflfeurs
qu'elles produifent , elles ne lui donnent
que ce qu'il plate au Nabab de lui aban^
donner, après que leslfardars ou Fermiers
Généraux oUt auffi fatisfait leur avarice.
Quelques fommes queks Nababs s'appro^-
prient dans la perception des droits, 'fans
égard au tariflmpérial, réglé par les Eteftars
ou livres de la chancellerie , il faut que
l'fmpereur leur concède un territoire ou
domaine en Jacquir , c'ef^à-dire , an forme
tie falaire ou de pendon. Après le paye-
ment du caièna , ils n'ont point d'autre en-
g^ement envers l'Empereur que celui de
lui fournir des troupes quand il en abefoin.
tfs remplillènt fort mal cette obligation,
parce qu'alo^ il n*eft pas en état de les
contraindre , qu'ils peuvent aifément lui
fuiciter de l'embarras 5 & qu'ils font
prefque affurés d'être imités & fecourus
par d'autres Nababs. Ces Gouverneurs
font plus attachés au Souba qu'à leur pre^
mier Maître , parce qu'ils font dans la
dépendance de ce Viceroi , à qui la difpo*
fiôoA des Nàbabies appartient > du moini
dby Google
8^ Histoire de t'Asti,
dans les provinces les plus importantes..
HisToiRB A^infi ceft le Soubadu Dckan, qui jouit
•" lNP«s.j^ j^^ij a accorder au Nabab d'Aro^te
rinvefticure de cette place, par une coin*-
miûion à vie ou révocable à Ton gré. Le
grand Mogol s eft dépouillé de ce dioic
par les ades les plus fplemnels , confirmés
dans le traifé de paix avecThanfias Kouli-
Khan» & couftao^ment 9>ainter)us dans
leur pleine exécUiion* Dans ces convul-
fions de rérat, des Nababs fe font main-
tenus en pofleflSon de leurs Gouverne-
mens i malgré la Cour de Dêhli & mal^
^ gré leur Souba même. Dans lede0ein de
les rendre dépendans du Viceroi dans et
qui peut fervir à riniérêt public , Se <te
leuf laifler en même t^m^, alTez de pojjr
voir pour empcchen cet Officier de les
employer contre le trône , il avcnt été
réglé qu'ils feraient obligés de concourir
à les expéditions militaires, dans 1 eteifr
due dç fa Vicerc^yauté^mais non au dehoj:».
Enfin dar)s un Etxipire deipotiquç , on a
vu & l^s Soubas & le§ Nababs , nommer
leurs fuçcciïeurs qui ont goqv^icné ^prè^
eux 5 avec audi pou d opposition que ^'iù
en avoient été n;||ureUement les héritier!
^ préfompiifç-» Sc^v-anï lçs>fegures df l'Emr
pire, le nom de Nav^ ou Nab4> eft
fyQ^m^ i celui de Soubid^r» C« é^m^t
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DE l'AprTQUE et de l'AmÉRIQUE. 87
nom eft affeâé au Viceroi des grandes"
contrées. Les Européens Tont corrompu , Histoiki
en le changeant en celui de Souba, qui^'* ^*^^^*"
fignifie fimplement Province, La plupart
des Nababs ne font reconnus à Denli que
comme Phoufdars ou commandans d un
corps de troupes ; mais les Européens
établis dans leurs territoires , leur donnent
le nom qui leur plaît davantage , à l'e-
xemple des naturels avec lefquels ils font
le plus en liaifon. Concluons de là qu^fl
n*y a plus d'autre règle dans le Gouverne-
ment des Provinces de Tlndoftan que la
loi du plus fort ; & que dans les guerres
que ce boulevcrfemenr enfante , il eft
difficile de démêler la juftice & la lé-
gitimité.
L'Indoftan eft donc, à proprement par-.
1er , partagé entre les Nababs , les Rajas
& des nations fauvages ou du moins
libres : en forte c^e la famille Impériale
du fang de Tamerlan s'eft trouvée pre^
que ifolée fur un trône qui chanceloir. Les
forces de l'Etat ont donc paffe dans les
mains des ennemis ou Ats rivaux de TEnv
pereur; & c'eft de ces ennemis, de ces
rivaux qu'étoit principalement formée ht
milice de rEnrmire. Autrefois les Princes
du fang fe détronoiem les uns les autres:;
mais par ces changemens domeftiques i là
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88 Histoire de l'Asie,.
■ famille régnante fembloit s'affermir dans
HisToiRi fçj droits par une nouvelle pofleflîon
*'^''^^"- qu'elle tenoit d'elle-même. Depuis que
les Nababs font devenus fi puiffans , les
Rajas fonr devenus beaucoup plus puiffans
eux-mêmes , ainfi que les nations monta-
gnardes , parce que la force de l'Empire
a été partagée. Aufli les Marates ont-ils
fait plufieurs fois trembler Dehli : aufli
les Patanes fe font-ils emparés du trône j
auflî les Scvquesont ils,dit-on>entiérement
la race de Tamerlan, Ces évcnemens _
étoient inévitables. Il ne fe pouvoit pas
que des peuples, ennemis naturels des
Mogols, par leur religion^ par d'anciens
droi'ts fur la fouveraineté des Indes , par .
une humeur féroce ôc belliqueufe , par
une hfine invétérée , ne parvinrent à dé-
truire cette domination étrangère , puif-
qu*ils ne pouvoient eux-mêmes être dé-
truits dans leurs afyles inexpugnables. Les
montagnes régnent fur les vallées. Le
jurement familier des Paunes éioiti que
û m fois Jamais Roi de Dchli^Ji cela
n*tfi de lajoru. Les autres montagnards
xi'avoient pas àts fentimens plus modérés
& plus fliateurs à l'égard des Mogols. Un
vafte Empire ne pourra jamais fubfîfler
tranquillement dans les Indes 9 parce
qu'entrecoupées, compie elles le fooi» de s
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erands fleuves & «de montagnes kiacef- !
iibles, il y reftera toujours dans le fein ^»*^o«*
de l'Etat, des peuples indomptés, fens''*' ^^*'-
parler de la force que de riches Pro^
vinces donneront toujours à leurs Goa*
verdeurs.
Le Grand Mogpl adminiftre en peiv Ji^Uce.
fonne la juftice dans les lieux de fa ré*
fidence. Les affaires mêmes d'Etat fe
traitent en public dans la falle de rAmkaa,
4ieu d^aflfemblée que d'autres appellent
Durbal & Jdrneo. Cependant rEn^ereoc
tient des xronfeils particuliers avec les
grands Seigneurs dans la falle du Gou«-
zalkan. La juftice s'adminiftre à- peu-près
'de la même manière dans les autres Kcux
du Royaume. Les Vicerois , les Gouver-
neurs des villes , les chefs des bourgades
jouifTent dans leur diftriâ d'un pouvoir
qui n'eft guère moins abfblu que celui du
Souverain dans la capitale. Comment un
pauvre anifan iroit-il dans les Cours fu-
pçrieures fe plaindre des vexations de ces
tyrans fubalternes , toujours appuyés par .: r
leurs femblabies & prêts à employer jus-
qu'à l'aflaflinat pour fe délivrer d'un en*-
nemi? Comment obtiendroii^l des ré-
parations, dans des lieux oàl'on n'aborde
que les préfens à la main , & où les ve-
xations font autorifées , parce que le pror
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iduit en revient toc ou tar$J au Prince-?
Histoire Chaque ville a, outre fon Gouverneur ,
DES iNDÉs. jg^^^ Mî^iftrats , dont l'un nptnmç K^mal ,
£iities fonâions de Juge de police; & de
Î;rand prévôt, 5c l'autre appelle Cadlû,.a
a direâion de certaines affaires , telles
que les mariages, les divorces, le$ dif-
putes de religion. Le Gouvernement a
dans les villes un prodigieux nombre d'ef-
pions , dont les plus redoutables font les
Alarcos , valets publics , dont loflice eft
de balayer les maifons. Il n'y a que TEm-
pereur éc les. Vicerois qui prononcent des
•fentences de mort. Suivant les (btuts
d'Âkebar , ces . juges doivent avoir ap-
prouvé trois fois leur arrêt à trois jours
diffcrens avtant qu'il foit mis i exécution,;
xéglementhumam&fage, néce(faire dans
un pays où Tivrefle Se tant de paillons
font familières aux Grands. Les Indiens
Idolâtres font jugés fuivant leurs loix.
L'Empire des officiers Mogols ou Maures
eft dur.
Milice. A l'égard du Gouvernement militaire,
fi l'Empereur ne marche pas lui-nïeme à
la tcte de (es armées , le commandement
en eft confié à deux généraux , l'un Omrah
Mahométan, chef des troupes de l'Em-
pire j l'autre Raja Indien , général des
troupes auxiliaires. Les Omrans font Har
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T>B l' AïRIQVE ET Dl l'ÂMiRIQUI. '9 f
zaris ou commandans de mille » deux!
mille & jufqua douze mille chevaux : ^^tqire
expreffion fpécîeufe & vaine ; car Bernier ^'* !«*>"•
aflure que fon Omrah n*eniretenoit que
cinq cens chevaux , quoique le titre de
Seigneur de cinq mille lui fut affedké. Il
eft auflî â remarquer que chaque cavalier
a au moins deux chevaux. La penfion an-
nuelle des principaux Omrahs peut monter
jufqu'à trois millions de roupies, fi l'Au-
teur fuivi par THiftorien des voyages ne
fe trompe point : mais il doit y avoir er-
reur dans Ton calcul. L'Omrah de Der-
nier n'avoir , fa cavalerie payée , que cinq
mille écus par mois pour fon entretien
propre. Le train de ces officiers eft fi
magnifique , que leur penfion ne fuifit pas
a leur dépenfe. L'Empereur affeûe à plu-
fieurs de ces officiers des Jaghirs ou fonds
de terre confidcrables pour entretenir
leurs chevaux. Sous les Omrahs qui
forment l'état major de l'armée , font
les Manfebdars , cavaliers payés au mois ,
au lieu que les autres le (ont au titre de .
trois , de fix & de douze mois. Ils n'ont
point de cavaliers fous eux , mais leurs
dievaux font marqués au coin du Roi.
Les Rouzinders font payés à la journée ,
& leur emploi n'eft point honorable
comme celui des Manfebdars. Enfin les
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91 Histoire db t'Asii,
Sfimples cavaliers a la paye des Omrahs
Histoire font i la difcrétion de leurs chefs qui fe
»it ^)^i>£s« bornent quelquefois à leur donner de
vieilles hardes.
^ On aiTure que TEmpereur fournit les
fonds néceflaires pour la paye d'un mil-
lion de cavaliers; Se ceft beaucoup s'il y
en a 500 mille etfeâifs, comme le juge
Salmon, Le Grand Mpgol doit avoir une
garde de 5 o mille , autour de fa perfonne.
Au(fi lorfqu'il fort de fa capitale , fon ab-
fence y répand la folitude , excepté dans
les rues marchandes. Quand il voyage,
fa tente forme un vafte palais , & le camp
une ville. La plus çonlldérable des mî*
lices de fa garde eft un corps de quatre
mille homiBes, qu'on appelle les efclaves
du Prince » commandés par un Daroga.
Les compagnies fuivantes fe diftinguent
/ par la mafle d'or , la mafle d'argent , la
mafle de fer, L'Empereur entretient , outre
cela^ des corps nombreux dans chaque
Province. 11 fuffit , pour jueer des ref-
fources de cet Etat» d'obierver après
Mandeflo , que la Province de Guzarate
peut fournir feule 90 mille chevaux , celle
d'Orixa So mille, celle de Dehli 15a
mille. En réduifant ce calcul à la moitié ,
il refteroit encore des forces prodigieufcs.
L'infanterie eft une fois plus nombreufe
dby Google
DB l'ÂFUIQUE BT DE t'ÀMiltlQUE. çf
que la cavalerie ; mais les troupes de^S—^—TS
^ied n ont pas la mênic réputation que les Histoibi
gens de chevaL Un fanuffin ne fçait pas ^^* !«»«»•
tirer le moufquet, s'il n'eft ailis à tetre ;
encore craint-ii toujours de fe brûler la
barbe ou les yeux , Se fur-tout qu'ua
Dgen ou mauvais efprit ne fatlè crever
fon mourqaet. Au défaut du moufquet , *
il a un arc, une pique , le cimeterre &
le poignard. Les cavaliers n*ont point
d'arme à feu* Coniime chaque comman-
dant fournit des armes & des habits à fa
troupe , parcequ*il n'y a point d'arfenaux ,
il arrive que plufieurs corps font mal
équipés Scfouvent bigarrés. LesMogols^
quoiqu'eâféminés par le climat le plus^^
jtnott de l'Â/ie^ ont beaucoup de bra-
voure. Ils furpaffènt toutes les autres na-
tions Indiennes par Thabileté & par la
difcipline. Ce grand, nombre de ioldats
6c d'officiers eft également capable d'af-
furer Se de troubler la tranquillité de
l'Etat.
L'Empereur a pour fes armes particu-
lières un arfenat d'une magnificence écla«
tante ; il leur donne des noms. Un de fes
fabres s*appelle Âlamghir y conquérant de
la terre j un autre Fate*Alam , conqué|:anie
du monde* Les pierres précieufes y briUenc
de ^utes parts^ Sçs écufie^ ibm peuplée»
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^^^^^ 94 H I s T O^I R E D E l' Â s I E ,
"^^"^"^ d'un nombre prodigieux de chevaax &,
Histoire d clcphans. Il a environ douze mille che-
D^s «Dt». ^^^^ ^ j^j^^ ^j^ j^ choifit à la vérité que
20 ou 50 pour le fervice de fa perfonne.
Le refte e(t pour la pompe ou pour des
préfens. C eft Tufage des Grands Mogols
de donner un habit & uq cheval à ceux
'dont ils ont reçu quelque fervice. Les
éléphans font tput à la fois une des forces
du Prince & Tun des principaux ornemens
de fon palais. 11 en nourrit jufqu'à cinq
cens y fous de grands porches » bâtis ex-
près , fans parler de ceux qui font entre-
tenus en partie à fes frais , dans les mai-
fons des Omrahs. Terri fait monter la
nombre d^. ces derniers jufqu a 14
mille. Un éléphant coûte environ dix éçm
^par jour pourra nourriture , foit en fucre^
£bit en beurre, foit en grains, &c. S'ils
étoiejit en mauvais. état, celui qui les a
reçus en garde » coutroit rifque de perdra
fà fortune.» La Cour entretient dix hommes
pour le fervice de chaque éléphant du pa-;
hÀs. L'éléphant du trône , (t'eft-à-dice ,
, celui qui porte l'Empereur fur un trône.
ccUtant aor & de pierreries , porte le
nom d*Aureng-.Gas , capitaine 4es élé-
phans ^ il a toujours qn train nombreux
d fa fuite , avec des trompettes, des tim-
haies & 4lçs b^nniçres .quand il fort^ Ces,
dby Google
DE l'Afrique ET»DE L'AMéaiQVE. 95
animaux (orn oouvercjs de .plaques d or & I
d argent, de houflfes en riçhç§ broderies, Hxstoikb
de eaiî) panes & de franges dor. Jk fonc ^* ^^^h.
paiement drellës pour le combat & pour '*
k chafTe» On les accoutume au carnage ».
en leur faifant attaquer des tigres & des
lions. On dit gue le' man^g^ auquel on-
les plie pour; enfoncer leis pprres des villes ,*
a. quelque choie de fort militaire. L'ar-
tillerie eil très-confiderable. La plupart
des puces de canon que VEmptreur em^
ployé dans fis armées 9 dit THiAorien des
Voyages fur la foi de divers voy;îgeurs ^
font plus anciennes qu'il rie s'en trouye en
Europe^ On nefçauroic douter qne le ca^ .
Tton & la poudre ne fujfent connues a,ux,
Indes^uvant les conquêtes Jz Timuf»-Bcg4
C'ejl une tradition du pays que les Chinois
avoient fondu- de î* artillerie à Dehli dans
U tems qu'ils 4n étçiens tes maîtres. Les
Mogok ont appris à fe pafTer de nps c^-.
noniers. ainfi que r>de prefiçue to^s^ nps,
aactiftes. /L'onL.nfl vpit gȏre k la Cour,
d'awtces ilanguisi^uèf des médecins j8c à^9^.
orfèvres. Il y a une iartiUerte légère qui.
accompagne toujours la perfonne du Rpi >
âc.jpour.fcette^raifon on la appellcc V^niU
teîe. de 1 iicrîen , i.V • <î .r',:'j
. dba noagnâéccnce <^^la Gopr^ Vétstidix0. \kheSe ê$
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9^ HiSTOIRl DE L*Astfi, '
!de l'Empire , les forces de l'état , annon-
Histoire cent des richeflès immenfes. Quoique les
OEs Indes, jerres appartiennent toutes à l'Empereur ,
elles donnent à peine la moitié de fes
revenus. Pour fe délivrer du foiade Tad-
miniftration économique des terres , Âke«
bar en diftribua la plus grande partie aux
Officiers, à la charge de payer au fifc
une contribution proponionnée à leur
produit , & de remplir leur fervice fans:
autre gratification. Au rapport de la plupart
des voyageurs , ces fermiers viagers &
aniovibles tyrannifent , ainfi que leur»
fous-fernaiers , les laboureurs qui fouvent
aiment mieux déferter les campagnes, que
de s'aftreindre à un travail ingrat dont ils
ne retirent ordinairement d'autre friaire
qu'une modique nourriture. Des voya*
geurs plus récens affûtent que dans les
parties de l'Indoftan , fréquentées par le»
Eurc^éens y le cultivateur ou le payfan
3ui occupe une portion de terre , a Ici
roit de la vendre &c de la donner pac-
teftament. Le pofTeiletn: eft obligé dé»
donner une partie des fruits à un rentier*
qui paye une certaine (bmme au Seigneur
ou au Gouverneur du pays. Dans |e»
difbutes qui s'élèvent entre le fermSer te
«- ^ fe laboureur, le Seigneor eft ^^ ^Kt^ofa v
prefqoe
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©E t' Afrique et de l'Amérique. 97
prefque toujours favorable au dernier , 1
lequel n'a d'autre foutien , & s'il tnan- Histoire
quoit de donner cette preuve d'humanité ^^* 1n©is«
en faveur des pauvres , il feroit en exécra-
tion comme une homme capable de toutes
fortes d'iniquités. Le tribut impofé fur
le^ Indiens idolâtres , un droit levé fur
toutes les marchandifes qui n'appartien-
nent pas aux Mahométans , une taxe pour "
le blanchilTage des toiles , les mines de
diamans , les importions fur les villes
maritimes, les douanes, l'héritage des
Officiers, les contributions des Rajas
font pour le farquet ou tréfor un objet an
moins auflfî conndérable que ces fermes.
L'on peut faire monter le revenu de l'Em-
pereur Mogoi i deux milliards de nos
livres. Il faut remarquer que non-feule-
ment les Officiers & les foldats, mais
encore la plus grande partie des artifans
& des payfans employés , comme ils le
font par la Cour, font payés du tréfor
Impérial , & qu ainfi la moitié de l'Em-
pire eft aux gages du Souverain. Cette
politique rend la dépendance pluç étrpite ;
c*eft tout le bien qu'elle produit, on en
a vu les funeftes effets.
Nous ne devons pas omettre une obfer-
vation de THiftorien Anglois des guerres
4ie rinde , laquelle en nous donnant Tidce
Tûm€ K £
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98 HiSTOIRfDEt'Asil,
" ' dç la politique du gouvernement Indien ,'
Histoire peuç lervir de correctif plutôt que de dé-
ÇE§ *'^^^^* veloppement à ce que nous avons dit,
jiprès la plupart des voyageurs, fur la mifére
des peuples, » La poîitiqne de tout le
^9 Gouvernement Indien de l'Indoftan ,
P ainfi qu^ celle du grand Mogol, parôît
V confift^r dans une perpétuelle attention
99 à empcehqr que quelque famille n'ob-
^> tienne de grandes poflTeflîons plutôt qu'i
V rendre le corps du peuple efclave y d'au-
^> tant qu'un tel efclavage laifleroit peu
jî de grandeur pour la vanité du Souve-
I» rain , & pçu de fujets à fon comman-
V dément, Comme toutes les acquifitions
n de terres font fujettes i Tinfpe^ion du
fi Gouvernement , fi quelqu'un eflayoît
» de fe rendre maître d'un terrein fort
9} étendu , on lui refuferoit les patentes
>> nécefla^çs pour s'en mettre en poflef-
^» fion , & il feroit marqqé comme une
^ viditpe qu'il faudroit façrifier à la poli-
j> tique de i état. De ce que nous voyons
V dans l'Hiftoire de l'Inde , Çc dans cellç
tt des autres pys Orientaux , fur les vio-
P lences commifes contre les Grands ,
s> nous fommes portés à juger que les
99 hommes de hafle condition , font expo-
)} fés à en éprouver de beaucoup plut
p Q^ieilfesj 9c au contraire leur baflçffç eft
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T>B l'Afrique et de l'Amérique. 59
« k meilleure de leurs protections. Les!
»> Feudataires , au moyen de quelques Histoire
»? titres & de quelquesjpenfions qui y font ^^^* 1n*>^»»
» attachées, reconnoiflent le grand Mo-
» gol pour leur héritier, Perfonne, depuis
M le Vifir jufqu'aux plus bas-OflSciers ne
»> poflede aucune place de confiance qu a
»« cette condition ^ & à fà mort tout ce
» qu'on peut trouver de fes biens eft faifî
M au profit de l'Empereur qui rend à la
» famille la portion qu'il juge à propos,
i> Les biens de tous ceux qui ne (ont pas
>j Feudataires paffënt à leurs héritiers
» naturels. Ces barrières élevées contre
»j l'aggrandiifement des familles particu-
» liéres font abfolument néceiTaires dans
S) un pays où l'on eft forcé d'accorder une
H grande confiance a des particuliers <»•
Les jours confacrés aux réjouiffances Fêtes ic u
publiques foit pour Tanniverfaire de la^^"'^
naiflance de l'Empereur, foit pour le
fuccès de fes armes, foit pour quelque
folemnité religieufe, font l'occanon de
fMufieurs fèies orillantes dont l'Amkas eft
e théâtre ordinaire. Dans ces jours de
cérémonie , les Omrabs offrent à l'Empe-
reur des préfens proportionnés à leurs
richeffes, Bernier hit mention d'un diver-
tiflement particulier qui accompagne fou-
veat CCS fêtes : c'eft une efpcce -'de foire
Eij
dby Google
^^^^^ lOO H I s Tg5 I R 1 D E L* A s ï K ,
^^"""^^ qui fe tient dans le Mahal ou Serraîl ,
Histoire par les plus jolies femmes de la Cour,
Pis Indes. L'Empereur & les Begums ou Princefles
payent. Le piquant du divertifTement ,
c'eft de contefter en marchandant , jufqu'à
en venir aux injures. Les Kenchenis ou
Comédiennes étoient admifes à ces foires ,
avant Aurengzeb. Les combats des bètes
féroces forment un des principaux amufe-
mens de la Cour. Les Empereurs & en
fénéral tous les Mogols aiment lachafle,
>elle des bêtes fauves eft réfervée au
Souverain. H y va à la tête de 80 ou cent
mille hommes qui enferment «ne prodi^
gieufe quantité d'animaux dans l'enceinte
de pluneurs liejies. Lorfque ce Prince
entreprend un voyagç , il a toujours deux
camps ou deux amas de tentes qui fe
V dreflfent & qui fe lèvent alternativement,
^fin qu'en quittant un lieu , il trouve u^
logement tout prépare dans un autre. De-
là ces camps ont été appelles Pciche Ka^
nis , maifons qui précèdent. L'Empereur
' eft tantôt fur un éléphant , tantôt a cheval ,
itantôt fur une eftrade , appellée Taûravan,
portée par huit honimes , & fermée avec
des vitres. Il a toujours avec lui une partie
de fon Mahal. Les Mogols difent comme
çn proverbe , qu il faut fe garder ici de
trois f hpfç.s y de s'engager parmi de jeunes
dby Google
des
chevaux, de fe trouver dans les lieux où!
l'Empereur chaffe, & de trop approcher Histoire
les femmes du Serrail. ^Cependant la«^^ ï^^'*
févérité des loix n'empêche \pas qu'il
ft'arrive de gfandsf défordres jufques dans
ee lieu facré. "
La politique qui ôte aux particuliers la ufages
pofleflion certaine des terres, fupprime JS^g^Jfs ou
nécefïàirement une forte de luxej elle en Maures,
augmente une autre. Un homme qui ne
peut fe former à lui-même un établifle-
ment ftable , ne fonge qu'à jouir , dans
toute retendue de fes facultés , & d'une
manière analogue à fon exiftence fugitive.
Son luxe n*eft que mobilier. Il ne bâtit
point de fuperbes Palais; mais il y con-
lume tous les plaifirs avec fon être. Les
grands Seigneurs Mogols ou Maures n'ont
que des maifons bâties d'argille & de
terre, cimentées avec un moirtier de chaux
& de bouze de vache qui en écarte les
infeûes. Dans l'intérieur tout refpire la
moUefle Afiatique , tout reffent un luxe
délicat. Ils ont un fi grand attirail de
femmes &c de d@meftiques qu'on fe per-
fuaderoit avec peine aue des particuliers
puuent foutenir dételles dépenfes; que
toute l'opulence d'un Empire riche Se
vafteeft concentrée dans quelques. Palais j
que la plupart des domefliques ne gagnent
£ iij
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loi Histoire pz l*Asii,
! que leur entretien ; qu'on nourrit & qu'on
Histoire habille un homme pour cinq ou fix piftoles
par an. Les Omrahs ont le goiit de chan-
ger de domicile fuivani les faifons.
Les maifons du peuple ne font que de
terre & de paille. Plufieurs n'ont d'auae
habitation que des tentes ou des barques
portatives. II y a devant les maifons des
négocians une efpéce de hangar , dans
lequel ils expofent leurs marchandifes.
Les Gouverneurs ont auffi devant leurs
Ealais une falle fpacieufe, en forme de
aile , dans laquelle ils donnent leur au-
dience. Les pnncipales voitures du pays
font des palanquins , efpéces de litières
entourées d'un baluftre, dans lefqueiles
plufieurs perfonnes peuvent s'aifeoir ou fe
coucher; & les palekis, grands coches i
deux roues, traînés par des bœufs. Les
porteurs des palanquins vont nuds pieds y
ils fe relayent dans les voyages. Comme
les hôtelleries font rares & mauvaifes dans
rindoftan , on eft obligé, dans les voyages
un peu longs , de fe pourvoir d'uftenfiles
& des chofes néceflfaires à la vie. Les
chevaux Se les mulets font trop cheçf aux
Indes pour être employés à traîner les
voitures ou à tranfporter les marchandifes.
Tout fe charge fur le dos des bœufs Se
des chameaux, ou fur des charrettes tirées
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DE l'Atriqtje et be h'AuiKiq^k lÔJ
par des bœufs. Ces animaux que Ton ferre !
dans les lieux rudes, fervent auffi deHisToiRt
monture aflez communément. Un grand ®** Indi^
nombre de familles, entr^auttes les Mou*
ris des caftes Indiennes n'ont d'autre pro-
feflion que de louer des bœufs y de 1^1
conduire & de tranfporter les denréek
Les Mouris n'habitent que fous des tentes
avec leurs femmes Se leurs enfans qui les
foivent dans leurs courfes. Comme ÎU
marchent ordinairement en caravanes » il^
fe choidflent un chef qui tranche du
Souverain , & ils mènent avec eux leurs
prêtres qui élèvent des Idoles dans les lieux
eu Ion campe. Le bœuf eft pour les In-»
diens un objet de vénération. Les cara^
vanes des bêrbs ,de charge montent quel-*
quefbis jufqu'â dix ou douze mille bœufs 2
celles des charrettes ne pa(rent guère le
nombre de deux cens. Quand elles fe
rencontrent dans des défilés » elles en
viennent fou vent à des querelles fanglantes
pour le pas. Le Grand Mogol a cru mo*
dérer leur animodté , en etabliflTant une
forte d'égalité parmi leurs chefs , par le
collier de perles qu'il leur permet de por*
ter au cou.
Les Mogols font d'une conftitçtion ro-
bufte , d'une taille haute Se d'un teint
moins noir que Iqs Indiens. Ils ont les
£ iv
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T04 HrsTCiRi iJE t'Asrj!,
'.nœiirs douces, les manières polies, fa
Histoire converfation fpirituelle & des iéntimens
ws Ind£s. ^l(^vés. Ils aiment fi pafliQnnément le jeu,
fur-toqr celui des échets & une efpéçe de
|eu de cartes , qu'il leur arrive quelque-
fois de fe ruiner. Décens au- dehors, ils
s'abandonnent dans l'intérieur de leur»
xnaifons , à l'ivrefTe & aux plus infâmes
plaifirs. Infatués de Taftrologie judiciaire^
ils n'entreprennent aucune affaire impor-
tante fans confulter le Minatzim ou
Aftrologue. Ils ont da goût pour lés
fciences.
Des robes qui defcendent jufqa au mi-
lieu de la jambe , une vefte légère de toile
ou de foie , des caleçons amples par le
haut & étroits par le bas , d«s commet-
bant ou ceintures , Tune de foie & lautre
àe coton, â laquelle eft attaché un fyinder
ou poignard , des féripous ou fouliers de
cuir rouge dore , un turban de mouffe-
line , forment rhabillement Mogol. Avant
que d'entrer dans un appartement, ils
quittent leurs féripous pour ne poiat gâter
les tapis & les nattes. Les femmes.portent
un jupon de mouffeline & des caleçons»
Dans les maifons , elles ont le refte du
corps découvert jufqu'à la ceinture, Lorf-
qu elles fortem , elles paffent une robe ,
& metteat par-deûTus une ^charpe avec
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.»E t'AVKÏQVt ET t)E L^AMERÏQtÊ. lOj ___,
un voile j mais ces vêtemens font fi fins *''^'"**'*
& fi larges qu'ils laiflfenc leur bras & leur Histoire
fein prefque nuds. Elles ont les bras , les ^^* ^^^"•
oreilles , les jambes mêmes , & quelque-
fois le nez chargés d'anneaux. Leurs che-
veux flottent en boucles fur leurs épaules.
Elles n'ont ordinairement pour dot nue
leurs habits, leurs bijoux & quelquefois
deux ou trois efclaves. Le mari jure de-
vant le Moullah , le Cadhi & les parens
de rendre cette dot à la mariée y s'il la ré-
pudie. Après ce ferment y le prêtre leur
donne fa bénédi6tion. Le feftin nuptial
eft toujours très-fbmptueux« Les Mogob
fe piquent à cet égard d'une grande dé-
Jicateiïè , & la table eft un des principaux
objets de leur dépenfe. Le divorce n'eft
pas moins libre que la polygamie. Une
femme n'obtient pas en juftice la diflolu-
lion de fbn mariage , fi elle ne prouve que
fon mari Ta battue ou qu il lui refufe le*
chofes néceffaires à la vie. Un homme
qui furprend fa femme dans le crime otf
.^qui s'affure pai? des preuves de fon infidîé^
liié , eft en droit de la tuer. L'ufage or-
dinaire des Mogols eft de fendre la Côxh
pable en deux avec leurs fabres. J^e^ riches
Earticuliers, fur- fout les marchand^, éia^
lilTem leurs femmes de kùï$ concubioe^s?
duis les divers Ikux oà lem^ affaires le#
dby Google
/L.
Tôg Histoire de i*Asïê,
'^"^""n appellent , pour y trouver une maifon
Histoire prête & des càreffes plus afFeûueufes. Les
BE$ Ini>is. Jevoirs qu'on rend aux morts font accom-
pagnés de tc-^t de modeftie & de décence ,
qu'un voyageur Hollandois reproche i fa
nation d'en avoir beaucoup moins. Le
blanc eft la couleur tiu deuil. Ces ufages,
communs aux Mogols , à tous les Maho-
jnétans de l'Empire, mettent beaucoup
de reffemblance entr'eux dans toutes les
Provinces , malgré la variété de leur ori-
gine & la différence du climat.
Les Mogols, dit M. de Buffjr dans un
de fes Mémoires, font défignés indiftinc-
tement fous ce nom ou fous celui de
Maures. L'abus dç cette dernière déno-
mination vient des Portugais , qui trouvant
à leur arrivée dans l'Incje des peuples de
la même religion, que les habitans de
quelques côtes d'Afrique,leur donnèrent te
même nom. Parmi ces Mahométans, il
y a un grand nombre de Perfans , de
Turcs & d'Arabes. C'eft de ces difFérens
f peuples, que le temps a formé dans l'Inde*
a puilTante nation de près de dix millioirs
de Mahométans , que les Européens ap-
pellent très -improprement Maures. La
plus grande partie de l'Indoftan leur eft
affujettie , quoique le nombre des Indiens
les furpaâe encore de dix pour un > fuivanc
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^E L* AFRIQUE ET DE l'AmÉRIQUE. 1 07
rHiftorien àqs guerres de Tlnde. On aSS
obfervé que les Mahumccans établis dans Histoire
les Indes , outre l'indolence & la pufilla-»«« Indu-
nimité , acquièrent , à la troiAérne géné-
ration , une cruauté de caractère , qui
heureufemenc ne fe trouve point dans les
Indiens aduels. Cette remarque, dit cet
auteur Anglois , iious porte à fuivre le fen-
îiment de ceux qui croyent que la défenfc
portée dans leur religion de répandre le
fang d*ancune efpéce , eft une inftitution
politique, fagement établie pour changer
en ufages doux,ladifpofition fanguinaire^ .
qu'on prétend qui caradérifoit tous les
habitans de Tlnde , avant que la religion
de Braina y fût introduite. Je ne fçais
toutefois s'il faut attribuer à un climat &
k un pays amolliflànt , Tendurciflement
qui fait le fond de la cruauté. A confidé-
rer Tefprit du Mahométifme & Thumeuc
naturelle des Arabes , des Turcs & des
Tartares , il y a lieu de fe perfuader que
ces étrangers ont apporté en eux-mêmes
la barbarie qu'ils exercent aux Indes ; &
il eft â préfumer que fi elle y prend un
nouveau degré de force , c'eft que l'am-
bition & la varice qui les y mené , la rend
d'autant plus impitoyable , qu.e les peuples
y femblent , pour ainfi dire , faits pour leur
iervir de pâture ^ Se qu*à mefure que leur
EvJ
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lo? H r s T or k ï ite t*^Â s r r ; ^
oouragé s'énerve & que leur adivité fe*
Histoire râllentit , la cruauté paroît en quelque
Ms iNDE^f^^jç 3>^flfii^ d-elle-même pour fuppléer
par fan accroifTemenc à cette perte ôc
maintenir ainfi leur afcendarrt £c leur do-
mination. Les familles qui furviennentr
doivent naturellement affimiler leurs
moeurs aux mœurs des familles de leur
nation qu elles y trouvent établies. Quant
à la férocité des premiers Indiens , elk ne
fut vraifemblablement que la féracité d^
Fétat de nature ou de Tenrance fauvage des
nations.
WceuMtcoii- Les Indiens ne fe marîenr jaixiaîs qu'are
tûmes dci In- yg^ j^^ perfonnes de leur fe<5te , de leur
tribu & d'une condition à-peu-près cgale^
Les Ra|as feuls dérogent quelquefois é
cette loi pour donner leurs nlles à TErn-
pereur & aux Omrahs Mahométans. Les
femmes galantes fe livrent jufqu'aux étran-
gers. Pour la cérémonie du mariage, les
deux époux , après s'être promenés par la
ville dans des palekis , avec un cortège-
nombreux & bruyant, fe rendent au logis
de la mariée , où affis Fun devant l'autre ,
wn Bramine les couvre d'un voile , récite
àe& prières & les arrofe d'une eau par-
fumée , pendant que les époux fe tiennent
parla main & fe donnent réciproifuement
'ime noi» de cocpv Quoixpe la Ôc3filité:f;;ar
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i-
m L*Af RtQXTEïT UE t'AuiKrQVi. rô9
îegardce comme an état hamiKant , les î
Cemmes qui accouchent paflènt pour im- Histoire
mondes pendant quarante jours. On ^^* ^^*
n'enveloppe point les enfans dansf de»
langes; au âi les Indiens ont-'ils la taille
- libre & dégagée. Quand on leiTr donne
un nom , e eft-a-dire , dix jours aprèyleur
naiffance , douze jeunes garçons riennenc
dans leurs mains un drap , dans lequel u»
Bramine jette quelques poignées de riz,
©î/ couche Tenfant fur ce riz, & ©n le
nomme. Quelques mois après on le porte
au temple pour le faire initier dans la re-
ligion^ c'eft-à-dire, lui faire jetter fur ï» ,
tête par un Bramine une pondre odorifé-
rente : c'eft une efpéce de confirmation^
Les Indiens , fuivant leur feéte y brûlent
leurs morts , ou les jettent daiw l'eau , oir
les enfevelillent dans la terre. Le deuil
des veuves qui échappent à la coutume
de fe brûler eft très-auftere. Ceux des
hommes confifte à porter pendant queU
Sue temps des habits groffiers , qu'ils fè
échirent eux-mêmes lur le corps. On vi-
fîte fouvent les tombeaux & l'on y porte
des alimens pour lame des défunts, On^
remarque qu'indépendamment de l'air na-
tional , chaque cafte à fes traits particu-^
liers & caraâîériftiqnes ;. de manière que?
'I^ûclques-Unes^iiini aufli rcniaFqmBies:pai:
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IIO HlSTOXHB m L*ASIE,
leur beauté que d'autres le font par leur
Histoire laideur. J'ai déjà dit qu'on en compte en-
Bis iNDfis. yi^çyj^ quatre vingt quatre II eft à préfumer,
fuivant l'obfervation d'un auteur mo-
derne, qu'on en trouvera un nombre
beaucoup plus grand quand on connoîtra
mieux le pays , ces peuples ayant une dif*
pofition finguliere i former des corps fé-
parés les uns des autres fur les caufes les
plus frivoles. Outre les dénominations
particulières qu'ils reçoivent de leurs dif-
férentes tribus & des cantons différens où
^ ^ ils naiflfent , le nom de Hendoo , d où eft
venu celui d'Indien , eft le nom général
3ui fert à diftinguer ceux qui defcendenc
es anciens habitaHS d'avec ceux qui fe
font introduits parmi eux.
Les Indiens prennent leur premier re-
pas le matin & l'autre le foir. Le temps
de la grande chaleur eft confacré au fom-
meil. Leurs principaux ragoûts font le
pilau , riz bouilli avec des épices & une
volaille 9 & le cabob, compofé de bœuf
& de mouton , coupés par morceaux , af-
faifonnés de poivre & de fel, trempés
dans l'huile &c le jus d'ail, & rôtis à la
broche. Ils font une pâte qui leur fert de
pain avec du riz , dans lequel ils mêlent
quelquefois du hin ou alfa fœtida , drogue
qu'ils croyem uès-utile i la fanté* L'eau
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1» l'Aï aiQUB BT M l'Amérique, i i x
ell la boiflfon commune. Les Mogolsfont!
plus d'ufage du cafFcque les Indiens. Les^"^^^^*
{premiers font à table à peu-près comme®" ^^^^
es Chinois. Les Indiens font aflis for des
nattes ou for des carreaux, les jambes
croifées , fans nappes , fans fpurchettes ,
fans cueillers, fans couteaux ; des feuilles
de palmiers leur fervent d'afliettes. Us
boivent à grandes gorgées fans toucher
des lèvres les bords du vafe. Les repas de
cérémonie font accompagnés de muhques,
de danfes des Kenchenis & de feux d ar-
tifice.
Le falam ou falut ordinaire confifte i
porter une main ou toutes les deux au
front. La révérence la plus refpeéhieufe
eft de s'incliner entièrement & de toucher
avec la main la terre « enfuite la poitrine,
& puis la tête. Cette inclination fe répète
trois fois devant les Princes. Quelquefois
on fe tient à genoux en leur prefence, juf-
qu'à ce qu'ils donnent Tordre de fe rele-
ver. Les Indiens reçoivent aflis , les per-
sonnes qui les vifitent , & les placent fur
la même natte ou fur le même fofa. Us
parlent peu, vite & bas. Quelquefois la
villte fe paffe à mâcher du bétel ou à jouen
Us aiment beaucoup les échets.
» Dans Içs pays où les fciences ont été
f» cultivées > dit un Philofophç d'une iwa^
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! >» gination brillante , où 1 on conferve ert»
Histoire ^ ^.q^q [q jç^f d'écrire , où Ton eft cepen-
NDEs.^, danc fournis au pouvoir arbitraire , où
j> par conféquent la vérité ne peut fe pré-
w lenterque fous quelqu'emblême j il eft
w certain que les auteurs doivent contrac-
jj ter l'habitude de ne penfer que par al-
$t légorie. Ce fur^auflî pour faire fentir à
f5 je ne fçais quel, tyran Tinjuftice de fe»
9» vexations , & la dépendance réciproqufe
» & néceffaire qui unit les peuples & les
» fouverains , qu'un ,philofopne Indien
^ n inventa , dit-on , les échets. Il en don-
99 na des leçons au tyran •, lui fit remarquer
99 que fi dans ce jeu les pièces devènoieiH?
» inutiles , après la perte du Roi, le. Roi ,
>3f après la prife de {qs pièces , fe trouvoic
9» dans rimpuiffance de fe défendre, &
» que dans l'un & dans l'autre cas la par-
w tie étoit également perdue ». II y a ap-
parence que cette leçon fut inutile ; celle
du poignard même ne corrige pas ces mir
férables.
i^ortraîf de* Ùans Us parties méridionales, les In-
*»^»a"^ diens des deux fexes font abfolumenr noirs^
& vont pieds jmds. Ceux de la partie
feptentrionale ont le teint plus jaune que
noir. Leur habillemem eft une chemife <fe
<otoiî^ qui defcend plus bas que ks reihsy
aiftcoi»^ defcpeb o» .aoache une ceinture^
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©E l'Afrique it m l'Amérique, i t ^
11$ y ajoutent pendant Thiver une efpcceC
de manteau ; les femmes ont outre cela Histoire
un jupon de coton blanc. Les riches Ba-^^^ iwoEfc
nians font vêtus à-peu près comme les
Mbgols de robes de coron , ordinaire-
ment blanc & très- fin. Leurs femmes s'ha-
billent auflî comme celles des Maures ,
mais fans fe coiivrir le vifage d'un voile.
Le bétel que les Indiennes mâchent conti-
nuellement leur noircit les dents & lo^
gencives; elles font parvenues à fe per-
iuader fi bien , qu'il eft beau de les avoir
de cette couleur , qu'elles raillent les Eu-
ropéenesy qui ont, difent-ellcs, les dents
blanches comme les chiens ôc les finges.
Le peuple s'applique à l'agriculture &C aux
arts mécbaniques , particulièrement à la
fabrique & à la peinture des toiles. On
connaît la perfecflion de leurs manufac-
tures de coton & de foie , fi cftimces pour
la finefle des étoffes & pour la beauté ini^
raitable du coloris. Les Indiens font fans
doute les plus habiles tifTerands de l'u-
nivers. Toutes les nations de TAfie & de
l'Europe payent un tribut à leur induf-
trie.
Ces Afiatiques ont la taille médiocre
mais libre, dégagée & exacte dans fes
J proportions. Leur phyfionomie répond à
eut caraâere ^ elle eft douce & agréable*.
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Il4 HtSTOÏRE DE L*AsiH,
! Les femmes ont de refprit , de la vivâ*
Histoire cité , des gf aces naturelles qui leur con-
BEs Inoss. cilient les hommages des naturels du pays
& quelquefois lamour des étrangers.
Det Colonies Nous ajouterons ici quelques obferva-
ïuropccna. ^ions fur les Colonies Européenes. •> De
m quelque manière que ces Colonies ayent
>> commencé à s'établir , dit M. de la
$9 Bourdonnais , foit par la force des
I» armes, foit par des conventions faites
H avec les fouverains du pays , il eft tou«
M jours certain qu'elles ne fubiiftent qu'au-
» tant qu'elles vivent en bonne intelli-
M gence avec les nations Indiennes fur les
» terres de qui elles fe trouvent. On cou*
19 çoit en effet que dans des climats lî
M peuplés , une multitude de naturels du
M pays auroit bientôt détruit une poignée
f> d'Européens 9 dont ils croiroient avoir
M à fe plaindre. La principale attention
H d'un chef dé Colonie oui entend les
M intérêts de fa nation , eft donc d avoir
M beaucoup de ménagement pour les
» peuples oui les reçoivent ou qui les
fj fouffrent fur leurs terres. Cette politique
»> eft d autant plus néceûTaire , que c'eft
»> avec ces naturels du pays qu'on fait le
a> commerce , & que ce font eux qui vô-
f> nant s'habituer dans les comptoirs Eu-
n ropéens, forment la plus grande partie
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t>ï L*Af RIQUB ET ©E L*AmïRIQVB. 1 1 5
» & le fond le plus confidérable de nos!
» établiflTemens »>. Histoire
t> Qu'on fe reprcfente en effet les plus ^'* Indis.
M grandes villes que les nations d'Europe
» ont dans l'Inde , telles que Pondichéry ,
» Madras & Négapatan : cliacune de ces
M villes contient environ loo mille âmes,
if 6c il eft certain que de cette multitude
» d'habitans , les trois quarts pour le
» moins font des naturels du pays. Le
» furplus des habitans qu'on trouve dans
» ces villes eft compofé , pour la plupart ,
M de Juifs Se d'Arméniens qui font le né-
n goce & qui fouvent ont en même-temps
» des magafins chez les François , chez les
M Anglois , chez les Hollandois & eh^z
» les Portugais. On regarde^ dans tous
» les établiflTemens Européens, ces na-
>> tions , auflî bien que les naturels du
» pays , comme des peuples neutres qui
» ne prennent aucun parti dans les guerres
>> que les nations d'Europe peuvent avoir
«> entr'elles dans l'Inde , & qui trafiquent
9) par-tout avec liberté, tant qu'ils fe con-
» forment aux loix & qu'ils ne bleffent
j) point les privilèges de chaque Com-
» pagnie. On n'exerce donc jamais contre
99 eux' aucun aûe d^hoftilité : fouvenc
9» même dans les temps de guerre entre
9> les puiiTances d'Europe , on fait le com^
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tié JîistoiKÈ nti^ksitf
»> merde fous leur nom , & c*eft un avnri-'
Histoire „ j^gg q^j oblige à les ménager Ôc i le9
. fj il eft confiant que dans les grandes
» villes dont on vient de parler, il y a à:
st peine fix à fepc cens hommes qui foienr
f» de la nation dont elles portent le pavil-
>» Ion, & ces iîx à feptcens hommes font
j* compofés d^environ 5 à ^ôo hommes
» de troupes, 3© ou 40 employés & ou-
jj vriers, jo à 4e hommes de mer, &
» 1 5 ou 10 marchands particuliers. Voila .
» dans le vrai l'état adluel des plus flo-
»• riffantes villes de Tlnde , fi l'on en
» excepte Goa & Batavia , qui font beau-
99 coup plus confidérables i>.
Les guerres d'Europe arment infail-
liblement les Colonies des puiflànces bel-
ligérantes les unes contre les autres , lorf-
que leur proximité les y invite : car c'eft
toujours un très-grand avantage que de
détruire ou d'ébranler les fbndemens du
commerce de fon ennemi, & c'eft lobjet,
de la plupart des guerres. Con^ment,
fans parler de l'animofité nationale , pour-
roit-on fe promettre que , tandis que tous
les traités font rompus , un traité de
neutralité entre les Compagnies fe main-
tiendroit dans tQUte fa force , lorfqu'au
moins une des deux nations eft intéreflee
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msB
f>E l'Afrique et de l'Amérique. 117
^ ne pas robferver. Il eft fur- tout abfurde
de penfer qu'une puiflTance principalement Histoire
fondée fur le commerce , telle que la ®^* Iw^^Sf
Grande Bretagne, fonge férieufement à
s'abftenir d'hoftilités dans les Colonies. Il
jeft cenfc qu'une nation qui propofe une
neutralité entre les Compagnies de com-
merce , ne cherche qu'à endormir fa ri-
vale pour gagner du temps, l'expérience
de nos jours le prouve. Et quand Taccord
fe feroit de part & d'autre de bonne foi ,
feudroit-il efpérer que ce concert ne feroit
pas dérangé par mille événemens , qui
rendroient la guerre dans les Colonies
oéceffàire ou du moins avantageufe ? D'ail-
leurs les vaiffeaux de Roi des deux na-
tions n'étant pas liés par les traités des •
Compagnies , ils courroient réciproque*-
menr fur les navires marchands de ces , -
fociétés ; ainfi l'objet de ces traités ne
fçauroit erre entièrement rempli. Dans les
Colonies mêmes, la prudence qui en-
gagcroit néceffairemenc les deux parties i
fe prémunir contre toute furprife , or Jon-
neroit des préparatifs qu'elles n^ pour-
roient voir lanss*allarn[)çr, fans fe défiet
les unes des autres , fans s'efforcer de les
empêcher , fans en venir à des négocia*
fions , des négociations à la violence.
JLç plus îur moyen d'évifcr la guerrç
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ii8 Histoire BE l*Asxe,
îavec les Afiatiques, c'eft dctre en état de
Histoire J^ foutenir. La négociation , dit M. Mo-
Ms Indes, j^^jjj^ f^i^ le reiÏQ. Obligés de pourvoir
à leur défenfe contre les attaques , tant des
naturels du pays que des Européens , il a
donc fallu que les Colonies fe rortifiaiTenc
dans leurs établiiTemens j il a donc fallu
que des Compagnies commerçantes de-
vinflent des efpcces de puiffànces mili-
taires. Mais dans des contrées éloignées
& dans tatvt de comptoirs difperfés ça Se
là , ces Compagnies ne pourroient entre-
tenir beaucoup de troupes réglées d'Eu-
rope fans d'énormes dépenfes y leurs agens
fupplieront par des milices du pays. On
a ramafic pour les garnifons , des chrétiens
vagabonds qui fe nomment Portugais ,
hommes plus lâches que les Indiens des
caftes les plus baffes. Comme ils entendent
affez bien l'exercice, on les incorpore dans
ies Compagnies Européenes. Les naturels
du pays les ont appelles topafes , à caufe
qu'ils portent des chapeaux , Se les Eu-
ropéens ont fuivi cet exemple. On a ap-
pris à des Maures Se i des Indiens nos
ufageslnilitaires , mais, ils n'ont quitté ni
leurs autres coutumes ni leurs nabille-
mens j ils font commandés par des officiers
de leur nation 8c de leur religion* Sur la
^ôte de Coromandel » on dpiuie le nom
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DE L* Afrique et de l'Amérique. 1x9
de péans à toutes les troupes indifciplinées,
quelles que foiént leurs armes, bouclier. Histoire
arc, flèches, piques, lances, arquebufe , ^^* Inde»{
moufquet. On a amené outre cela de$
côtes &c des ifles orientales d'Afrique des
Nègres que Ton dcfigne fous le nom de
Carres : le colonel Lawrence dit qu'ils ne
Jâcbent jamais le pied. De ces différens
corps on aformé des armées y l'appareil des
guerres a été plus impofant.
Après des preuves éclatantes de fcience ,
de bravoure èc d'inttépidité^ les Européens
ayant des troupes à leurs ordres , ne pou-
voient réfufer leurs fervices â leurs pro-
tedeurs , fi ceux-ci les leur demandoient j
ils ne pouvoient pas ne pas les leur offrir ,
s'ils avoient des grâces à attendre d'eux.
Ainfi les Colonies ont dû fe trouver en-
gagées dans h$ guerres des Princes du
pays, fuivant l'intérêt qu'elles avoient à
luivre les étiendards des uns ou des autres.
Leurs fecours étoient récompenfés , leur
commerce prenoit de TaccroifTement , leurs
poiTeflions gagnoient en étendue, 6c leurs
affaires fe meloient de plus en plus avec
celles des Maures & des Indiens. Il eft
ainfî arrivé qu'elles ont formé en appa-
rence des puiflances dans l'Inde. Par
l'augmentation, de leur territoire , elles
gagnoient, nQQ-fçulemç^lc des revenus^
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120 Hl S TOIRE DE L*A SI H ,
S mais encore des profits , qu'elles portoient
Histoire auparavant à d'autres , dans les manufac-
»£s Imd£s. jm^ç.5 defqu elles elles ctoient obligées de
puifer. fvlais ce fyftème de grandeur avoir
de terribles inconvéniens. La rivalité ne
fouffroit point que lambition de Tune fût
fatisfâite , fans que l'ambition de l'autre
s'allumât. Comme leurs établiflemens ne
font point en malTe & qu'ils font au con-
traire épars dans l'immen/e étendue des
cotes de l'Indoftan , leur- domaine a été
expofé aux étincelles de toutes les guerres
qui ont embrafé divers cantons , & l'in-
cendie a du fe communiquer aux difté-
rens Gouverneoaens de cote en cote. Pour
fournir à tant de befoins^ il falloir que
les Colonies euflTent aidez de folidité pour
fe défendre par elles-mêmes , fans être
obligées d'attendre les fecours de l'Eu-
rope j mais l'Europe dévore, pour ainfi
dire , fans ceflTe leur fubftance j elle at-
tire à elle leur vigueur j elle épuife leur
foibleiïe. M. Dupleix agiffoic en gr.and
politique » lorfqu'il prenoit des nonis , le
fefte , les mœurs & des titres Indiens , ce
qu'on lui a ridiculement reproché. Il
{embloit par là que fa Colonie dépofât la
qualité toujours plus ou moins odieufe
d'étrangère ; elle fe naturalifoit dans le
lim, & l'afieâion des peuples du pays
Tauroif
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Dl L^ÂFUIQVE BT DC i*ÂMillIQUË. T X I
1 autoit adoptée. Ce n'eft Qu^en fe mettant!
au niveau des lndiens.& lous lear habit, ^"t^*^*
3u'on peut feflatter de les amener â aban- ®" Ik»^»*
enner, fans qu41s s*en doutent, les loix
& les coutumes fous lefquelles ils font
nés , pour prendre les ufages & Teforit
de l'Europe : moyen unique de les auer-
vir. Par la dignité de Nabab, le Gouver-
neur de Pondichéry , devenu membre de
TEmpire 9 homme de la Cour , Se ejti
quelque forte fouverain , pouvoit ârfpiter '
à tout \ il avoit droit à la projCeâion Se
a|ixf fecotirs du Grand jMpeoI ; il avoit les
moyens defe former des créatures parmi les
Seigneurs Indiens Se Maures^ il auroit pa :
inorqdaire ^e$ hommes de f^ natip^ jof- ,
qu'au pkd du trône j il devçpc^t Tégal de
es anciens' ftoteâeurs, (8ç avec ie^poîdis
^u'il avoit par l^i-même, je veux dîje,
psit f^ qualité de miaiftpe ou d'em|)ioyé
d'une puidànceétr^nger^uèsrrr^outàble»
fçn crédit n'a(^i;oit p^nçjejjj^erboriïes,
th^ ) «n teçipà I0Ù le; rfc^tfjf ;M0got ^ût
ç«é plus aflpré aux Srtlth^r\5, cetVmme
mixte, fi je puis.ain(| parfer, François &
Indien , eut été dans Une poftùte à tepir ,
par fes refliburces, t^m du côté de la France
que du çatéàf )a Cour de Pefali ^ des;
Cours fubalternes, j^s voifiiis enéchec^
les riv^aqx de f^^î^fj^orvà fç5 pieds^ Auffi.
Tmcr. F
u
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m MiSToïki ©E l'Asie,
-M. Saunders voukt>-il obliger M. Gode-
Histoire hcu i ftipaler <jue- les François ne recc-
9e$ IwDBs. vroient ancim mre, foit de Nabab, foie
d'autre dignité : auflï le Lord Clive , en
refufant d'autres grâces, a-t-il avidement
accepté le titre de premier Onrah de
l'Empire. Ne crai^tions pas de le dire :
M. Dupleir n ctoit point fait pour être
l'agent aune Compagnie de commerce ,
il etoit né pour être le Miniftre d'un grand
Roi. Ces fociétés oui n*afçirent qu a un
lucre préfent , ne- tont point propres i
entreprendre des comjtictes. Dès «joe les
envois ceflfent de la parc des Colonies , les
intéreiTés fouffrent ou tremblent. On ne
fçautoit attendre i>atienHnetit leis événe-
mens incertains d'une guerre qo'on n'eft
ififpioîéi trdtfvér avantagèufe, qu'autant
quelle ptbcur^ de gros^ retours. Au
moindre èch^ç, on eroft tout perdu , mille
l>cHiches aflFamées démodent la paix , on
n'ofe plii^ ri%tte^^ ifes dèniew, le crédit
b^Âe ; la Compàgnîe rèfhfé des fecours'
iffes'agëns, ou ne leur en envoyé pas â
propos, Cependant on né peut faire la
guerre & des conquêtes qu'avec les pro-
nis que le commerce reira, on ne peuç.
foutenir les opérations qtfaVeclestroupes
& les vaiffeaux de TEuiope, & où une
%émf€t^ fufirçit^poiir ftiie-évappuir »ne
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DE t' AyRÎQXJÎ 'Et ©E l' AliÉïlïQtTE. 1 1 J
'entreprife ^ iixille ouifes concoarent à la !
faire échouet avec de grandes pertes. Il Histoire
^ft certainement très* rare qae q«elqu avMi- ^^^ I><d«»»
tage que deux Compagnies rivales ayent
Eu avoir fucceifivement Tune fur Tauife^
i balance des pertes réelles n'ait pas été
beaucoup plus confidérable.
Des guerres des Européens dains rin*-
doftan ) il eft réfulté que les Maures fe
Ibnt difdplihés Se que les Indiens fe font
aguerris. Les Anelois rejettent fur les
François la faute d'avoir, les premiers,
inftruit les naturels du pays dans la dif-
cipline Europééne : c'eft affiirément une
des plus graâ^des fautes que l'on ait pu
commettre* Ces peuples , par leur nomore
feul, parles avantages que la propriété
du pays leur donne j étoient déjà adè^
fores pour en chafla: les étrangers fans
qu'on leur fournît deis armes égales. Na-
varette difoit que k prétention que les
Occidentaux avoient fur la fotrreraineté
de rOtientett vertu des bulles des Papes ^
coùteroit un }otir la vie à lOus^ceuKqui s^
trouveïoient , fi cette prétendon venoità
la connoiffance desrOïientatt3&. ILrt*eâ;plus
queftion aujoi»:d'hui de pareils droits ;
mais fi l'Empire' JMogol éioit une fois
tranquille, Û la premic|ré puiâfatu^ étoit
bien affermie, fi les^^iets de l'Empereur
Fi;
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ii4 Histoire DE l'Asie,
^^^T^ étoient fournis ainfi que les peuples , 8c
Histoire fur-tout fi les côtes de rindoftan fe par-.
VIS Indes, jj^geoienc comme lo local femble le de-
mander» entre quelques Princes abfolu*^
ment indépendans , les Européens n'y au-
roient plus qu'une exiftence très-précaire;
leur commerce , leurs biens & leur vte
feroient également à la difcrétion des In-
diens, & on les verroit mendier , pour
ainfi dire , avec la plus profonde humi-
lité , la faveur de donner leur or & leur
argent. Les Princes , fans même employer
leurs propres armées , n auroient pour les
exterminer, qu'à attirer fur eux, par Tap^
pas du pillage de leurs rîchefies , quelques
peuples barbares. Quand un Prince puif-
fant 8c délivré de tout autre ennemi ,
tomberoit fur les Colonies , après qu'elles
fe feroient affoiblies par leurs guerres par-
ticulières, raffurées par des traités & dé-
pourvues des fecours de l'Europe , com-
ment foutiendroient-elles fes efforts ? Il
eft donc de l'intérêt des Colonies <jue
l'Empire foit toujours troublé & divilé:
auili ne font-elles devenues jpuiflàntes que
depuis fa décadence. Ces Européens qui
ont paru quelquefois les arbitres du fort
de quelques Provinces, ne dominoient fur
les Indiens que par les Indiens thèmes.
S'ils, étoient les cheft , Ips principaax
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BE L^APHïQXyi ET DE t'kuiKÎQpt. 1 1^ ^^^^^^^^^^^^^^^
des armées , les armées étoient In- '■ ■ *
diennes comme les peoples de leurs villes j Histoire
& après leurs triomphes , qu'ils fuflem ^" ^^^**
abandonnés de leurs auxilitires , ils n'é-
toient rien. Une poiflTance d'induftrie
n'eft qu'illufion j un accident la diflîpe.
Il réfulre de ces confidérations que le
Gouvernement des Colonieane demande
pas feulement des hommes de comnterce f
mais encore des hommes d'Etat. Or ce
choix ne peut être fait par une troupe
mercantile. On ne trouve guère à placer
avec fruit dans de tels poftes de pareib
hommes ^ que dans les pays oà Fon fange
l'expérience du commerce à^tm ' la clalFe
des connoiflfànces de la politique , où leS'
Erojers ne trouvent dans l'exécution que
)s obftactes qui fiaiâfètit ^e h choier
mcm« , oà Us fervices reçoivent deîs ré-
cbmpenfes, où les falenis font honorés^
même après des difgraces. Il faut que ce»
hommes fe forment dans l'Inde même ,
car le commerçant , le polirique, le géné-
ral ne peHvent devenir Indiens'» je vq\x%
dire , qu'ils ne fçauroiehc prendre Fcfpric
& les lumierey propres au payj, que parc
une longue habitude pratiquée s^ec le lo-
cal, tant phyfiqueque morat Le Gouver-
neur François qui alla dans l'Inde pour h
pacifier fans la connoîcre , coup^ le nerT
Fiii .-
dby Google
îde la puiflance de fa nation, en lui faifart?
Histoire perdre, avec la réputation de fes armes »
Ms. In©£s. jç fa fidélité dans fes engagemens, de fa-
fupéri<M:ité fur fa rivale, leftime, la con-
fiance , TafFeiflion des Princes. En cher-
chant i établir l'équilibre de poifTance
entre les deux nations, il donna réelle-
ment tout Tavamage à la nation ennemie y,
Earce qu'il n'avoit pas de juftes idées des.
eux& du commerce, ainfi que M. D&
la démontré. S'il avoit pratiqué les.
Cours de Tlndoûan , il auroit appris que^
les Princes de qui dépendent les etablilfe-
mens Européens , troaveroietit toujours^
dans leurs quecelles fans ce^fle reBaiffantôS:
& dans leurs intérèts.perfonnels, centrai-
fons & cent occafions de rompre cet équi-^
libre , que les PriiKes d'Europe s'efforce-
roient inutilenuenç de maintenir, fuivant
Ipbfervation de M. D. quand il ferôit
poffible qu'un fyftcnie d'égalké. fût adopté
de bonne foi par deux Compagnies ja-
loufes 9 Se com^tvé daas le choc continuel
de leur commercé réciproque. Le Général
qui eft allé joutr Pondickcry centre Ma^
dras , pour me fervir de fon expreflîoa
qui répond aiTez à £a conduite , dévoie
Eerdre Pondtchéry , ou du moins lés éta-
liflTemens fitués dan& d autres Provinces,
, «a da moins le aédit & bientôt aprc^ le$>
dgitizedby Google
forces de fa narion, par l'idée ^bII «voit^
qu'il n'ctoit envoyé daw hs Indes cfoe Histoire
pour en chaffer les Anglois , que tout autre *^ !»*>•*'
. objet ctoit étranger à fa mimon , que les
\lémêlésda Dékan n'cïoieDt d'aucune ins-
portance pour la Comp^^ie , qu'il pou-
voit indifféremment attaquer les pays de«;
Nababs & des Rajas qu'il jugeoit à fa
bienféance, qu'il pouvoit impunément
méprifer totit ce qtii n'étoit point Angloi»
& négliger tout ce qui n'étoit point au-
tour de lui dans le Coromandel, 6cc. Pout
n'avoir pas connu ni voulu connoltre la
chvune des intérêts de l'Indoftan , il atiroir
kîfaiUiblenaent échoué, en y manaeuvraiît
à l'aveugle &c du jour au jour , quanj
ij'aurres paffions ne l'atHroient point
^aré;
Qui oféra dire que fa découvert» 8c 1er
commerce direâ: des Indes ont écé plu* . ,
avanc^eux que f uneftes aux Et^s^4e l Eti-
«cupe , Torfijiie l'on œnfidére les rava^s?
énorcnés que l'entretieh de lours^ Colonies:
fait dans l^ur popjtlacion au miliieu même
de la paixj tant de puerres cruelles que
les intérêts marcKan(& ne taiflent èie'mdpe
que p<wij: donner aux jiaiions le temps de
reprendae des forcer j. les /^oups 4e&:«o-
teurs que le fànaitifnie commeircai^t nV
^^ deiKUtec d l'a^icultuce^ ie luxe dé-
F iv
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1*8 HisTOÏRi DE L*Asri;
vontnt qui venge les Indiens des attentat»
Histoire Je notre cupidité j la fauflTe politique qui
Pis Indes. ^ conduit les Gouvernemens à prendre
pour bafe de leur grandeur, les mers, les
vents, le fable, des terres lointaines, la
richeffè étrangère ; le déplorable état au-
quel la fortune , toujours mobile & rou-
lante dans ces climats , a réduit diverfes
nations Européenes fucceffivement & ra-
pidement écrafées les unes par les autres;
les débats , les plaintes , les cris de la na-
tion mcme, qui aujourd'hui élevée dans
rinde fur les ruines des autres , n ofe croire
l'utilité de fes conquêtes , accufe fa Com^-
pagnie de commerce des maux publics >
Se n a que des idées vacillantes fur fes
vrais intérêts ? Un coup d œil fur les ré-
volutions des Colonies jettées dans
rinde.
v^Ji^s!"' Lorsque la Oiur de Portugal s'agita
pour la découverte des Indes , les Mi-
niftres ne penferent pas tous que le com-
merce de ces contrées fut toujours la fourcc
de la grandeur & des ricbe0es des peuples
qui s'en emparoiem ; que k Pravidence
TofFram à la nation, il ne refteroic plus
^qu'à aller fe mettre en polTeflSaii de ce
beau pays , qu'elle feule avoir lé moyen
d'acquérir j & qu'en s'afflirant de fon com-
merce, ce fbroit cooccebalancej: la mé-
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-^'^«^^
Vt h^AfKIQtji ET OE L*AMâïlIQt7B. ll^
diocre étendue du Royaume &r mettre k^i
peuples au niveau des peuples, en appa-^^^^^^^
i«nce , les plus puiffans : queligues- uns pré- *** ^^*^"
tendirent au contraire qu'au lieu de tenter
de fi périlleux hazards^ii étoit convenable
de cultiver les rerres du Royaume Se fup-
fout les fpacieufes friches qui étoient entre
FEbre & le Tage , pour retirer les habt-
rans de la dure néceffité d'acheter leurs^
pains de ^étranger j que les découvertes
& les conquêtes n'avoienr procuré juf-
3u'alors que quelques Nègres , de Ty voire»
es curiofités acquiies par des naufrage»'
ic autres défaftres (î terribles pour mï
Royaume dépeuplé^ & que quand ce ne-
feroir pas fe bercer d*uh longe que de fé
promettre de grandes richeflès fans s'é-
pttifer pardes^ dépenfes, il étoit à croire
que le fuceès même de Tentreprife attire-
foit à la Couronne de Ponugal des enne-
mis auxquels elle ne pourroit rcfifter;en-
fbrte que la profpériié intérieure de l'Etatr
feroit facritiée à une vaine fplendeur ex-
térieure. Le temps , ce juge fupreme de*
k politique, a décidé que le Portugaise'
puinoit lui-^mème par la< conquête de.*
i^Inde.
La Nation' Portugaife n*étoit pas com-
merçante, elle tira répée pour trafiquer
avec les Indiens» Quelques-uns» dé ik^
E y/
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ïjo Histoire dh L*Asir>
! Généraux eflàyerent de fonder fa domë-
HisToiRE nation aux Indes , fur latuchement vo-
pis Inj^m- lontaire des naturels du pays, projet-
chimérique. Les autres jugèrent qu*il
^itoit nécedàire de fe rendre maître du
^ajs pour conferver le commerce, projet
de brigands* Ils exécutèrent ce deiTein en
héros, en êtres furnaturelsj Us abuférent
de leurs fuccé$, en tyrans, en betes féro-
ces. Les Indiens fournis, les Maures-
xéprimés , les Turcs humiliés , l'or coula
dans le Portugal à torrens, il déyafta les.
terres du Royaume , il entraîna le gouver-
nement loin du centre de fa puiOance y il
attira violemment la nation vers fa fource.
Se toute entière , on l'eût vue fur des vaif-
feaux > aller piller aux Indes ou ven-
dre en Europe les richeflTès de TOrient ,,
s'il n'avoir todement attiré en Portugal:
des marchands, des mariniers, des foidats
des ouvriers de toutes les nations , donr
les uns s'y naturaliferenc Se les autres,
paiïêrenc aux Indes, pendant qu'une par-
ue diftribuoic par toute l'Europe les:
n^archandifes de ces contrées. Qui vou-
dra voir à leur comble toale la corruptîoib
de la fauffe opulence, tout le délire d'on^^
bpnheur inefpéré, toute 11n(bd>ilité de la.^
bsium fortune , qu'il fixe ks yeux Air «e
4oin du. vaflâiabknLde l!hiâoire du iuir
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gandagç. Déjà Toc met le çaux au[i!inéritei'
le général chargé cfe ccimtseftahfoœ^ptr^»*''5»^«'
h richefle, tandis que Je gtand-homme"" i*i»i«.
AU rhomme vertueux meoiit cUns la. mL-
fere ou la difgrace. Ici fe voit encore ce
paflage: fubit & inçtwuprélietifihèe de k
mutQ vtnu aux plasba» vices. Des vertu»!
ks tfvms de riode n'en ont plut , oaae
fes reconnou qu'àiear irtcoaiparalik arcc^-
gauce. lisneioiicqueinQti^^lâbhsté»»
£ei hommes fi accoutuoiés aux" grasdis*
exploits qtt*ib ne leur coutoicnt ph» d'^-
&>rt. Uidoe du bien rablic sVft évanoiâo,.
l'intérêt pàrfiiculiec régit ou plittot tà>i^^
& bouleverfe totu JcU on'valcancore^an>
bîeQ , pour une Bation qui p»r «m^^igoo^
i}e«^^ao> s'ej^eve aurdeuixsid!eJkHm&iiê,.
il eft plus diâicile de fémenir un val^
démeiuré q|ie de franchir les e^fiacles^
^i rarrctoiem. Qu'ils confeuvcot, ^
ijonquécans^ s'Us le pe»vcn«> l'empiiteî
immenfe qu-'llfi om acquis ipar foixanieî
Ms de viiftoires âc d'attentètt> Leafs^
Vicerciis oa£ kà lés^ plus veimuxv iÀs* .
plus vatllafts , les plus {^Egstàcs han»iii^s>
toais il fàm leur laîSTer une aoiioFité jpra^-
qu33 illtmitcc, poBur qu'ils en impolemti: ,
tant de ftbis. vadaux de la couronna,
quils voient avec toutes lès forcer dv la
'«dbnia>, où.U danger; les appeUe^ ^âe '
F Vj '
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i;2 HiSToiRi DE l'Asie,
-rien. n<; réfifte à leurs réfoiutions Se ne
HitTOi&i recarde lenr marche. Dans k crainte qu'ils
ABs iNois» j^ fortent des bornes que te devcHr leur
prefcrit^on ne leur confie qu'une admi-
AÎftration triennale , c'eft les provoquer à
de promptes rapines. En vain leurferoit^
on rendre compte de leur geftion , com^
me d'Âlbuquerque lavoit confeillé, ih
ont tant de ricfaeiTes, tant de complices,
. cint de prétextes., tant de moyens d'aveu-
gler , de Komper , de feduire, de détour-
ner le gouvernement! Dès que leoi pou-
voir saffoiblit, chaque Gouverneur dans
Ion département exerce les mêmes exac-
tîons4 conlpîrations, (bulévemens, révol-
tes. Et toutefois les Indiens , les Maures-,,
les Arabes, les Noirs qu'ils fe fonr opi-
niâtrement acharnés à ibumettre ou d
expulfer,n- attendent qu'une occafion favo-
Kible pour rompre lefoug& s élancer fi»
leurs tyrans, a*ec toute la fureur de k
kaine & de- la vengeance long-temps,
comprimées* Leur Empire pone fur des^
forts, répandus depuis lescôws de Perfe
fufqu'à la Chine, mais trop éloignés les
uns des autres pour qu'ils, puiflènt au be-
foin réunir leiurs forces avec célérité ; œ
,ae fom que de foibles ccdonnes ou'il feca
i^ile de brifer en détail , & que «/ J J^»^
Smfûe fatigue par fon poids. D'Albu-
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cjiïerque penfoic que le meilleur moyen î
pour confeiver les Indes ou du moins leur ^"'Jp**" ,
commerce , croît a emrerenir fax ou lept
places bien fîraces- & bien pourvues » outre
Goa, fans épuifer le Portugal d'hommes
pour de grandes conquêtes , 8c fans ren-
dre les domaines sl&z étendus, pouc
mettre obftacle à un gouvernement oien
réglé. Cet avis avoit été négligé parée
que les Vieerois s' étoiem remis les armes
fcs uns aux^ autres pour fe fignaler ât l'égal
de leurs prédécefleurs , augmenter Tes
tributs y taxer par-tout le commerce » Se
s'enrichir de nouvelles dépouilles. D'ail- . -^
leurs en opprimant les peuples i en divi-
fànt les cours, en dépofant, exilant, affaffi-
nant ks Princes, il fàlioit bien qu'ils fe-
miflènt è couvert de la vengeance, dans:
des lieux fortifiés dont l'entretien minoît
infenfiblement le commerce qu'ils ne
pouvoient plus maintenir que par ce
. noyen. Us n'affoiblilFent pas moins le
négoce par les importions qu'ils
levoient fur les marchands fous prétexte^
de les protéger conKe des- violences^ qu'i^s^
commettoieiK eux-mêmes, fur ceux qui.
' leur refufoient la meilleure partie du pro-
fit f pratiques funeftcs- que la- Cour de
Lionne ne put venir à bout de réprimer*
. Ce^ndant jamais on n'a. unt^ apporté qdi
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fj4 Histoire vn x'Asrî^
-Europe de mafcbandifes de rinde, qur
HisToi&B jj^nj içg premiers tems où elles ctoient
*** ''^^*** toutes dan$ les mains des Portugais »
quoique le Portugal ne pût y envoyer
beaucoup d'argent le de marchandifes-
d'Europe. Mais outre que le glaive Euro-
péen n'a ceSè de défoler ces contrées ,
cette nation retic<Mt un immenfe revenue
(bit de fes va((es domaines , foit des tri-
buts de Tes va(Iau2^,& trafiquant répée nue
& fans concurrent , elle achctoit & v en-
doit au prix qu'il lui plaifoit de fixer».
Toute l'Europe envioit fa fortune ; elle
^^ ^ chaiKeloit ; les HoUandois turent beau-
coup moins de peine à b Im enlever. ^.,
^*eUe n'en avoit eu à l'acquérir.
Les Colons Portugais » par leur molleflty
par leurs nuriages avec Les femmes du^
pays ,j>ar la licence , par Tagrément & la
richeflfe de leurs pofleiïîons , par labam-
àori de leurs affaires à des efclaves
Nègres , s'étoient & bien naturalifés aitx
Indes , qu'ils ne connoiifoient plus d'autre
^trie que leur demeure , & d autres com-
patriotes que leurs voifins. Auflî cmand les-
Uollandois s'emparoient d'un de leurs
établiiïemens, ceux qui en étoient éloi-
gnés & fur-tout ceux de Goa, n'auroient
pas quitté les débauches de la ville ou les-
iléUc^eSrde la Caocqpagiie » ^oor. Id dé&ndâe:
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1>£ L* AbRIQUE et D€ t'AMéKîQtri. "I }f
ou le reconqocrirj & ceux qui Thabi-!
K)ienr , chaflcs de leurs foyers , Ibin de Bistoir*
chercher un afyle auprès de leurs frères ^^ ï*<»»»
fous 1 étendard de leur Roi, fe répandoieitt
fur les terres des Princes Indiens , pour f
mendier quelque emploi ou une folde.
De-là cette foule de mifcrables Portugais
difperfés dans toute l'Jnde » occupes à
gagner leur vie dans quelques manufac-
tures oupar un petit commerce » employés
au fcrvice des Anglois , des Hollandoisv
dès François, des Nababs, & générale-
ment protégés par les Princes Gentils fit
Mahométans , qui femWent les traiter
comme naturels du pays , foit à caufe de
leur longue habitude dans les lieux Se de-
là conformité de leurs manières avec celles
des Indiens, foit par un fentimenr de
compaflion pour les reflet d'un peuplç jar
dis auffi admiré que redouté , ou par un
penchant de l'amour propre en faveur de-
ceux qui , après nous avoir outragés , im*»
plorent humblement notre ailiftance. An
commencement de ce (lécle , il y avoît
très-peu de ville commerçante où 1 on na
trouvât des defcendans des prenaiers cou-
quérans de llnde^
Les Colons Portugais font par euï-
mcàies trop peu de commerce pour être
€n^.éutd'eiivoj^er des cetour&co&udérafaies.
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tj6^ HrsToiRB 01 x'Asre ;
! en Europe. Il n*y a peut-être pas un feuf
Histoire négociant de la nation à Goa , qui pût
9M$ iNPfis. charger pour dix mille écus de marcha»-
difes , & l'on doaite fi tout leur commerce
monte it la valeur de deux cens mille
écus; auflS une année portant l'autre, il
ne vient direâement de Goa à Lisbonne
3ue deux navires , dont la cargaifon eft
e moitié moindre qtie ne l'étoit celle
d'un feul de leurs navires, lorfqu'il en ve-
Hoit vingt. Ce n'eft pas que de Goa , de-
Ditt, de Danian, êcc. il ne parte beauv
coup de vaiflfeaux pour tes côtes de Perfe,
le Pégu, les Manilles , la Chine, &c.
mais ils font prefque tous pour \t compte
des marchaaas Indiens. On abandonne
également les profeffions les^ plus lucra^-
tivesaux naturels du pays. LesCanarins,.
lancien^ peuple de Goa , font prêtres,
commerçaiTS, médecins, avocats, jouif-
iànt de la même liberté que les Portugais
te d'une. meilleure fomme, avec cette
diftinâion ieulement , que quelque riches
qu'ils foienr, il* ne leur eft pas permis de
porter des bas & de^ fouliers. Le ckrgé
eft aulli. opulent que les laïques font
pauvres. On aflure qne les Jefuites de
Goa nîavoiem pas moins de revenu que
kt couronne de Portugal. On prétend,
aiènie qu'ils fe mêioien; de traî&c ;^ es:
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DE L* Afrique et de L*AMéRiQVE. 137
Baldaeus, dans fa defcriprion des côtes de-—
Malabar & de Coromandel , rapporte que Histoire
quelques-uns d'entr'eux ont été punis pour *** ^^*'*
avoir trop irréligieufement exercé cette
profeflîon , jufques-là qu'ils le traveftif-
foient en faqutrs> afin de pouvoir aller
acheter avec plus de liberté & de profit »
des pierres d^un très-grand prix aux mines
de aiamans. Il y a peut*ètre à Goa [Jus
de 40 mille prêtres ou religieux de toute
nation Se de toutes couleurs. Le Mar-
quis de Villaverde ofa , la ville étant af-
iiégée par les Infidèles , ycecruter fes
troupes de tous les moines rainéans qu'il
put Attraper j il fut rappelle , excommu-
nié , perfécuté , quoique le péril eût été
û imminent que la ville auroit été em-
portée, fans la bravoure d'une Dame de
qualité , vivante encore en 1705 , la-
quelle » à la tète d'une poignée de gens
animés par fon exemple , chalTa rennemi
d'un pofte important &c fauva la ptaçe par
ce généreux exploit , pour lequel on lui
accorda le titre & la paye de capitaine..
On lie fçait ce que devient l'argent da
clergé. L'Inquifition a éloigné de Goa tous
les marchands Chrétiens, non-feulemenc
Proteftans, mais encore Catholiques. Pour
en relever le commerce ,.on y a é^bli une
Compagnie qui achevé de le ruiner. he%
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•^jS Histoire m t'Asï»>
! marchands Indiens ont fm à i'arpeâ: d'une
HisToiRi fociétc munie d*un privilège exclufif poiir
»E$ *NDEs.jg ^Qj^j^^{^-^g ^ Macao» & aflFermte
par une communauté d^intérêts avec les
oi&ciers du Roi.
La Couronne de Portv^l conierve aux
In4es une ombre de puiuânce & tie ma»-
|e(lé y à £;>rce de dépenfes. Ses Colonies
ne fe maintiennent dans leur déplorable
état qu a la faveur de la compaifion Se du
mépris que les autres mtions Européenes
ont pour elles. On a prédit qu'avant la fin
du nécle « les Portugais n auroient pas uu
pouce de terre aux Indes ; il feroit aifé
d'accomplir la prédiâion* Cependant avec
l'impoxtante place de Goa, avec Diu, la
clef des ludes Se leurs autres établifTe-
«nens , prefaue tous avanca^ufemem fî--
tués fur un bon fol ^ il feroit très-poilible
qu'en excitant TinduArie , la puiflance
Portugaife reprît quelque vigueur , pour*-
vu que Ton commençât par abolir Tln^
quiucion , fuibordonner les biens eccléfiaC-
tiques au bien public, établir la liberté gé»
nérale du commerce dans tous les poits,
mettre l'agriculture en honneur. •
coionkt Ef- he grand politique Charles Quint ne
failles. p^jj, jamais fe perfuader qu'il fut udle d'ar
v^r des Colonies lointaines, & que la
conquête du nouveau monde pur être
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»E I.*Af RIQVÎ ET 0E l*AMtKlQUE. J 5 J
avancageufe à TEfpagne ; je ne fçais fi lonî
doit en être aujourd nui étonne ^quoiqu'eti Histoire
difent les auteurs Ang!<»s de l'Hiftoire®*^ Indw*
Univerfelle. Les fentiiBens de cet Em-
pereur fiir cet objet fe manifeAerent pac
fa renonciation à fes droits fur les Mo-
laques, par ta froideur avec laquelle il ac-
cueillit Fernand Cortez , par le don qu'il
£t d'ufie Province de rÂnoérique aux ha-
bitans de la viHe d'Augsbourg , & par plit-
fieurs autres traies , fuivant la remarque
des mêmes auteurs*
A pebe les Efpagnols &>iU-ils comptés
parmi tes nations qm om nnt pùifTance
aux Indes ; néaiïnw>ins TArchipel de Saint
Lazare fur lequel ils font établis , eft , à
ee qu'on dit , compoâ de onze mille Lûes^
les Philippines &ules font an nombre de
onze cens i il eft vrai que même de ces.
derniers lieuic , il n'y en z pas h dixième
partie qui reconsoUTe leur autorité. Se que
dans ceux qu'ils poUëdent, la douzième
partie des peuples ne leur dk pas foumifa.
Cet Archipel , tant par la variété que par
l'abondance de fes produâiotis , n'eût pas.
été d'un moindre prix pour rEfpagne que
l'Amérique ; TEfpagne le négligea , dès.
le tem|^ de ù découverte , & ce ne fin
ris fans raifon j que feroit-elle devenue ,.
Philippe U, au lien de mettre un freim
dby Google
140 Histoire se l'Asie ,
! à la fureur des expatriations & des courfes
Histoire maritimes , eût aiguillonné fes fu}ets à des
DU Indes, conquêtes dans l'Orient ?
Dans le confeil d'Efpagne , il s'eft fouf-
Tenc trouvé des hommes qui ont ofé re-
f^réfenter , qu'une vafte Monarchie dont
es parties font féparées par des mers in>
menfes & fituées fous des climats û dif^
férens , foufFroit tant de fa propre gran-
deur , qu'il étoit évidemment de fon in-
térêt de rerirer fes forces vers foa centre,
& qu'aind la bonne politique exigeoic
quon abandonnât les Philippines. Ce pro-
cès a donné lieu i d*excellens mémoires.
A confidérer ce que font aujourd'hui ces
Mes 5 il n'eft peut-être pas bon de les gar-
der y à confidérer ce qu'elles peuvent être ,
on répugne à s'en dedàifir. La* Couronne
d'Efpagne n'en a qu'une propriété ftérile ;
quelques particuliers en recueillent les
fruits. Frappée de la malédiâion d'un
Gouvernement barbare , la terre s'y hériflfe
de ronces ; fécondée oar un Gouverne*
ment doux & fage, elle prodigueroit fes
biens autant que dans les lieux les plus
fertiles de l'univers.
Les Chinois , autrefois maîtres de ces
Ifles , les détachèrent volontairement de
leur Empire pour les laiffer à elles-mêmes ,
fondés, fur cette maxime > ^u'unpays moi/ui
dby Google
1D1 l'Afrique ET OB L*AMiRiQUE. 141
iundtt , mais bien peuplé & bien cultivé ,
ejl plus en état defefoutenir par lui-même Histoire
& de jouir d'un fage & jufie Gouverne-^^^ ^****
ment , que de vafies Etats dont les extrê^
mités doivent par leur Jituation mime étrt
expofées à defréquens & inévitables mal-
heurs. Leurs marchands , nommés San-r
gleyes, dominent à Manille, ils achètent
& vendent tout j ils font fi endurcis au
travail , (i dépourvus de fentimens , (1 ac-
tifs , fî induftrieux , fi habiles à ménager
les paffions & à faifir les foibles de ceux
qui gouvernent , que toute la richelTe des
habitans paffe dans leurs mains , & que
tout largent qui vient de la nouvelle £f-
pagne pade par leurs mains à la Chine.
On diloit au Mexioue que l'Empereur
des Chinois pouvoir bâtir un grand palais
des barres d'argent que ce commerce por-
toit dansXes Etats.
Les Gouverneui;s fourdement foudoyés
par les Sangleyes, pour qu'ils les laiflent
en poifeûion du commerce & prefqu'cn
poueffion de la capitale , malgré leur
nombre & leurs révoltes , ont eu 1 art de
Îerfuader à la Cour de Madrid que les
annir de Manille , ce feroit fruftrer la
Couronne du tiers dju revenu des Phi*-
lippines , qu'ils payent en taxes ordinaires
& extraordinaires 9 comme fi des mat-
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T4t Histoire Di l'Asie»
chands payoienc eax*mêine$ lettre taxes 8c
Histoire qu'ils ne les fiflent pas fupporter aux ha-
ns Indw. fjjj^jjj ^ foiç ^n achetant d eux à meilleur
marché » fok en leur vendant à plus haut
prix ; comme Ci un pays naturellement riche
en denrées de toute efpéce, en boi^, eâ
drogues , en pelleteries Se même en or ,
pouvoit foufFrir long^temps un vuide dans
fa population & dans Ion commerce»
quand on rendroit le commerce parfaite*
ment libre & les peuples heureux ; comme
û les taxes levées fur les perfi;>nnes & fur
ie commère, ne pouvoient pas Se ne de*
votent pas être remplacées par des impôts
fur les terres, qui feules produifent un
revenu annuel Se toujours renaiflànt. Ce
n eft pas à dire que je veuille qu'on en
expulfe les Chinois , s'ils demeurent fou-
rnis, s'ils n*en écartent pas les autres na-
tions par dès manèges , Se s'ils n'en épuifent
pas les peuples par des monopoles. Le
commerce m encore a(Eez libre à Manille
pour y paroitreflorifTant , mais il eft trop
chargé de taxes pour que la contrebande
ne fruftre point le fifc d'une groffe partie
<le ces faux revenus.
Les revenus publics ne fburnifTent pas
aux deux tiers , pas peut-être au tiers des
^épenfes publiques : il faut que ce déficit
ibft rempli par un envoi que la-nouvelfe
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-©1 l^Afrique et ce l'Amérique. 14}
Efpagne fait tous les ans aux Philippines. '
Le revenu n'eft guère que de deux à trois HièrbiM
eens miile pièces de huit , taiidis que les •^ ^^^^
dépenfes ont monté i plus de huit cens
uitlle , fur-tout lorique les Philippines
4toî$ni chargées de la- proteâion des Mo-
biques , ûas aucune forte de; dédommage-
jnent pour feifîraîs de la guerre.
Un homncie jufte, D. Faufte Cruzat f
'Gongora, en huit années d'adminift ra-
tion , avoit payé tout ce que le Gouveme-
ttient devoir aux Indiens , fourni aux
charges, publiques^ avec les r^evenus ordi-
naires « amafTé plos de 400 mille piécei»
4c huit dans^ le tréfor royal , augmenté le
revenu du fifc de cent mille , en s'attiranc
les bénédiébions du peuple , difent les au-
teurs de THiftawre Univerfèlle après Na-
varette , & même en acquérant d'im-
menfes richeflès , doitt il voulut par fon
teflamem. q^u^une grande partie mt em-
ployée en charités. Ce fait condamne i
mom la plûpatt des Gouverneurs. Ces of-
ficiers jouifTent pendant huit ans d'une
autorité prefque fouveraine. Leur com*
million expirée , leur conduite doit être
f igoureufement recherchée , avant qu'ils
fortentde Manille t leur fticoeffeur eft or-
^ftbairement leur juge ; un préfentle^ juf-
cifie. Il eâ: vr^ que^ le peuple fe fait^quel^
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144 Histoire db l'Asie»
quefbis juftice lui-même: en 1719 , le-
HisToiEx Viceroi tut tnatTacré.
DK$ iNDcs. ,, Quand les Indiens fournis aux Ef-
•9 pagnols femeuc du bled , les Gouver-
» neurs les prennent fouvent à bas prix»
»• & on ne les paye que long-temps apcès
» & fouvent point du tout ; c'eft ce qui
I» fait qu'ils ne veulent point cultiver leur&
1» terres t>. Voilà la fourcis du revenu pu-
blic , la fource du commerce » la fource
de la profpcrité» tarie. Or dans ce pays»
un des plus beaux pays du monde , un
bpi^eau de froment en a rapporte par an&
mauvaife culture cent- trente. "
D. Sebaftien Hurtado de Corcuera»
Gouverneur en i ^4^ , imagina , dic-on »
rimpoficion ou la vexation horrible , ap-*
pellee Wandalas , confiftant dans l'apport
qu'un Indien eft obligé de faire aux ma-
gafins publics ,non«feulement du bled oa
du riz que fon champ a produit , mais en«
core de la quantité , ou en nature , ou en
équivalent qu'on a eftimé qu'il devoit pro-
duire j pour en être payé quand 6c conune
il plaira au Gouverneur. Ce Corcuera fut
détenu cinq ans en prifon par fon fuccef-
feut^ enfuite renvoyé en Efpagne, & en-
fin abfous par le Confeil des Indes.
On affure que dans Tefpace de deux
cens ans^ rin|aftice , h râfHiie & l'oppref-
fion
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iïon ont fait périr plufieurs millions'
d'hommes , fans compter ceiix qui ont<ié- Histoire
ferré ie' pays : qui pourroit apprécier Je^** ^***^"*
nombre de ceux que i*anéanti(lement -de
la culture ou des fubfidances a fait périr
même avant que de naître ?
Lés Indiens cherchent donc leur fureté
dans la mifere, dans un afyle dévorant.
Ils ont de 1 or, mais ils ne le montrent
qu'aux Midionnaires qui ^fl^ont garde de
les trahir, ils enfoùittenf tout ce qu'ils
peuvent dérober i la connoiiTance de la
tyrannie , jufqu'à ce qu'elle les force de
s'enfevelir , pour ainn dire , eux-mêmes
tout vi vans. Oh , hommes , oh , Minières ,
refpedez les propriétés de ces peuples t
Jai(rez:leur la liberté de leurs personnes ,
encouragez leurs travaux par la fureté de
leurs biens Se de leurs produAions , ani-
mez leur commerce par l'immunité , levez
des impots fur leurs terres feules , fans
bleflfèr la main qui les féconde , & vous
aurez 'une des plus âoriflames Colonies
de l'uni^^rs, un fonds inépuifable de ri-
cheffesjun peuple heureux , nombreux
£c fournis.
La malheureufe deftinée des Philippines
a voulu que TEfpagne n'eût point de com-
munication direde avec dles , que fon
Gouvernement dépendît du Viceroi du
Toffu r. G
dby Google
%/^ JHiSTOIRE ©B l'AçIB,
'Mexique trop éloigne pour furveiller, •
Histoire que les abus s'invétéraflTent au point de
I.B5 jNpEs. j^fîfter au ^èle le plus adif & le plus
/éclairé de Thomme de bien , revêtu d'une
autorité paflagere \ que l'anarchie ait foc-
vent pris afTez de for-ce pour borner Us
foins des Gouverneurs à pourvoir à leur
propre fureté j que la cupidité ait prefqiie
toujours feule brigué & emporté les
places y que Tétat du pays n'ait été connu
dans la Métropole que par le rapport
d'hommes intérelfés à tromper la Cour &
la nation ^ que les maux devin0ent incu-
rables avant que le pouvoir fuprcme put
y apporter du remède ; que Ton n'ait re-
gardé ces Ifles que comme un fonds fuc-
curfal pour la nouvelle Efpagne ; que la
Cour aie toujours eu un intérêt plus pré-
fcnt i s'occuper de ce qui eft autour d'elle
DU plijs près d'elle j qu'une politique in-
fenfée adoptée dans toute l'Europe, ait
introduit une diftin<^ion barbare entre la
Métropole & les Colonies , par laquelle
la Métropole dévore fes Colonies commQ
la bête fçrocc dévore fa proie.
On a remarqué qu'en ouvrant » par Iq
détroit de Magellan » une correfpondance
direâe entre l'Efpagne^c Içs Philippines»
le Chili fçrvant de repos , il ne raudroic
que nç^f mçis pour recevoir en Efpagne
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DE l' ArRK^Ul ET DE L^AAiERIQUI. f 47
des nouvelles des Philippines , tandis
qu'elles n'y parviennenr<juelquefois qu'au Histoire
bout de (îx ans : même avanwge pour le ^^ Indes.
iranfport des marchandifes. Le voyage de
l'Efpagne aax Indes orientales par cette
route Teroir ait moins de deux moi^ plus
f ourt que par la route du Cap de Bonne-
ffpérance 9 beaucoup moins dangereux
rour la fanté des équipages , exempt de
inconvénient d'obéir aux vents réglés oxx
aux tempêtes des autres mers, &c., On a
dit que le pafTage du détroit de Magellan
étoit trop difficile & nop périlleux .j cel^
eft faux. On a dk qu'il nctoitpasprudenc
d'innover dans des points fixés par une
pratique ancienne j cela eft abfurde. Oii
a dit que l'Efpagne craignoit de frayer aux
autres nations une route par laquelle elles
pourroient aller détruire ks ctabliflemens
dans les deux Indes, cela peut être i.Boais
déjà d'autres nations ont pris cette voie ,
elles la fuive^c. Dans l'état où font les
Philippines, on a vu pendant ia dernière
guerre qu'il ne feroit pas malaifé de s'en
emparer ^ il le feroit encore moins de
^'emparer. ;desf Ifles Mariannçs. Les E^
^^agnols ont; eti^core auffi maltraité & plus
rnégljgé ces dernières Ides que les pr^-
4^ieres , cependant elles ne fotit pas d'ofi
mopAàtQ prix & d'uije moindre. reifourcc^j
Gij '^
dby Google
r4S HisToinfi DE t'A s II,
I Elles forment «ne barrière commune de
HisTOiftË leur Empire en Afie & en Amérique,
tha inM$. i^ife p^x les mains de la nature ; elles
ëourtôiént être le magafih des marchah-
dîfts des deux Indés & ta patte de 1 orient
AU fud, ainfi que du fud à I orient: une
liatîon qui s y établiroit , inteiaceptexoit la
iWthmùnîcation des Philippines avec la
tiôuvcUe Efpagne , l^attroit en ruine les
Philippines réduites i fe confumer dans
Tefir ^ifr^puiflTance , & feroit «rembler le
Mexique déjà troublé par la peite de fon
toiîintërce,
'Lé OTm Wêrce entre lés deux Xïx.des Ef-
%agn61és fe fit d^ibdrd de C^u au porc
&e Lima; le voyage «roît long Se fm^
M,ht. Quelque temps après la conquête
§e rifle de Lttç6h,il fe fit de cette Ifle à
^cà'pulco, àà la flotte du Pétcni abordoit
â-péu-pfès en tticriie temps qtfe lés <5a*
lidhs de Manillei il ctolt lîbte, il fotflo^
tiirirtit. Au édmtifiéiicehierit du dii^-
<eptiéme îîécle , oh s'im^iHà que t^ deux
Colonies s'âppàuvriffôient Tùne & Tautre,
^arce'queb h<«iveHe Efpagne y mettôit
"beaucoup d^î^ent qu^eHe rie dohhoit pa^
'èont fiéh ,& ^i^e^e^ argent fe pérdok
•^nOltïnè, cft >l'i?e :p?ârTbit due par 4é5
'édiahgés. Je de içais Tt^^e fat p6Hr.^ft^
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les tiabitans de Manille ne porteroient au!
Mexique que pour 15a mille piaftres de^^*7,9'.^*
marchandifes , ^ n*eji rapporteroient que.*^" 1 iiV
500 mille : le commerce fbc donc limitç.
On crut attirer par là plus d'argent en Ef-
_ pagne , camme fi TEipagne 6 avoir eu à
^acfirer que de l'argent, que cet.arge^r
, eut dû y refter, qu'elle eût pu cBe-mcme
vendre au Mexique les mêipes marçhâij-
difes que Nlanille 9 & qu'elle eût ^n ii^-
léïh à faire tomber la culture & les ipa«
nufadures de fes Colonies. Des hommçs
fages prefferent long- temps la Cour d'ac-
corder à Manille la liberté d'exporter (s^ns
rellri(îkion les denrées du crû Se Us m^-
çhandifes du lieu. II ne furp^rmisatyc
^bitans que d'envoyer , en payait au Rçt
15^ mille piaftres, deux gaHons ,^ doijt
l'un devoir lervir de convoi 1 l'amre char-
gé des marchandifes. La pjusgrande parcîe
de ces marcliandife^ e(k étrangère. Li^ v.a^.
feau en eft fi furct^rgé, «najgr4 1^ Içix
prohibitives, qu'il fç traîne pef^rx^qa^t
fous la voile, que l'équipage trop 9099-
breux ne fçaurciit f^ mojuvoif ^ m^i-
uœuvrer librement , Se qu'en ca^ de teto-
pête ou d'att:4quç, il e^ prefq^'iippoflî^
de pourvoir 4 fa fureté. S.a G^urfi^eftfç-
core rallentie par les (çtitraves' ^UjS l'Qn
liiet à 1^ mxig^iqpy ^n QhJigeêPt le^ qf-
G iij
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ÏJO llrSTOIRE DE t'AsiB,
^ficiers à fe conformer à des inftrudfcîonf
Histoire qui pourroienc bien n'avoir d'aatre utilité
w$ Indes, qyç Je lier les mains à des hommes jufte-
ment fufpeds , car ils obtiennent leurs
emplois à prix d'argent.
Que conclure de toutes ces obferva-
tions ? que les taxes , les prohibitions , les
rëglemens ofFçnfent & opprîraent le com-
înerce , qui de, fa nature tend à les éluder j
«ue4es loix qui violent les loix primitives
de Tordre focial , là propriété, la fureté,
la liberté , fappent un Etat par le fonde-
ment , en arrachant la terre à l'homme Se
l'homme à la terre j que dès que l'intérêt
* de ceux qui gouvernent eft féparé de l'in-
térêt de ceux ^ui font gouvernés , ce n'eft
que deftruftion , ruine , anéantiflement }
^ qu'il eft^ux Etats des bornes naturelles,
au-delà defquelles % l'œil du Gouverne-
jnent ne fçauroit voir ni fon bras agir,
au*delà defquelles il n'y a que tyrannie
'& anarchie; <jue le fyftcme qui met en
oppofitîon: les intérêts de la Métropole &
céuji des Colonies , & difïbut ainfi l'union
dès membres d'un même corps , eft un
fyftênoeJjarbare , tyrannique & funefte qui
met lés Colonies & la Métropole dans un
it9Lt de guerre , dévoue les Colonies â
' fetvif de pâture à la Métropole , & charge
i la en la Métropole de l'énorme fardeau
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bE l'Afrique BTi)E Vkui».i<^t. 15 f
lies Colonies cpuifées * fi le fer ne les ehî
fépare ; qu'il eft difficile, pour ne pas àixe^^^p^^'J
impoffible, attendu les feuffes idées de la''" ^^^"•
politique régnante , Se les circonftance^
des lieut, que des peuples |Ayfi<|ucment
& moralement antipodes les ans de»
autres , fe regardent comme une même
nation animée par le même intérêt , Si
que le Gouvernement du vainqueur ne.
foit pas une guerre continuelle contre
les vaincus j & qu'enfin du pays de'
L'Inde, qui eft par lui-même le plus riche
fans comparaifon de ceux que poflfedenc;
'les Européens , qui eft le' plus avan-
tageufement ûtué pour le conrimerce êe^*
deux mondes , qoî fous le Gouvernement
profpére de Tordre naturel, feroit peut-
être le plus floritfant de l'anivers, TEf-
pagne ne retire d'autre fruit qu'une foible
communication de fecours entre deux de
ffis Colonies; car elle n'y convertit pas
même des âmes au Chtiftianifme, objet'
louable que fes Rois feniblent s'être priit-*
cipalement propofé.
Les Hollandois, prefque farts territoire CcWa- *:
& fans richelTe, avoient leur liberté à re-^''
couvrer ou à maintenir contre une pûif-'
fance formidable , dans le temps que l'é-
clat du commerce de Tlnde; entre lei
mains des . fujets : de cette^ pKiiflTance i*
G iv
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iébtouiflbic TEurdpe «tii partageoic etifre
Histoire les deux Ind^s Ton admiration & fa cu-
»às Inoes. pjjj^^ Fruftrés par des oppreflfîons de la
parc de TETpagrie, de reipcratice qa'ils
avoienc confie ^c s'emparer de Tempiol
de faveurs oa devoicunersdes Mcresna^
tions pour- te commerce intéritut de la ri*
publique Européene, ils s elaacetent irn*
pécueivièmetK' kors die cette fphtre, danr
laquelle ils étoîenc trop pcefifésâc trop cii>
confcrits pour remplir de grandes vues qui
demandoient de grands moyiens. Au-delà
étoic leur ennemi , mais en décadence ^ Se
le vsùncre dan^ Iliade , c'étoit gagner dey
£cats en fauvanc la patrie. L'Etat n'avoit
encore que les forces de qpelques riches
particuliers , elles fe réunirent en différons
corps ) elles prirent diverfes routes ; le
courage , la prudence , l'ardeur , l'induftrie
luiimerenf Se dirigèrent leurs efforts pro^
portionnés à leurs deffeins^ deffeins qu'il
étoit plus étonnant de voir former qu'exé*
coter, puifque les Portugais fi puiflansyen
apparence, fe livrèrent en quelque fone
eux-mêmes ou furent livrés par les In-
diens. Lts Hellandois ne fe bornèrent pas
â fuivrele long de l'Afrique les p^s des
Portugais , ils tentèrent de percer à travers
le nord pour embratfer l'Inde par (es deux
exuemîtesé S'ils euiTent découvert utinour-
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©E L*ApIIIQUÉ et PÇ.L'AMiRlQUÏ. I 5 }
veau partage , iU ^^rQk»jC chalTé les Efr !
pagnaU, 4eç. Pbilippii^f s ^ pendant qu'ils HisjoiRi
enîevoient aux Portugais les Ifles péri- ^^* ^^^^'
dionales ^ $c teqrs pavillons , par J^qs^ vpies
Pppofées, fe feroienc rendus &fencppc|:^
JLU cemtp de l'Inde, où il$ ^upoienc r^qqi
les lumières de leurs découvertes , Ip; frtiifs
^e li^urs expéditions , h gloire de lçuf« (ri-
vaux » leurs forces triorxiphaptqf d^ toutes
parts, EnBn, ^près avoir tçu^ cqnquis , ^(s
.;|uroient tour perdu > ç^r pour avoir tjrqp
conquis » ils penferent toxit perdre. Lfnje
|>oUtique pi^s f^ge, ce fut de s'att^hj^r
opiniâtrement à fç rendre exclu(iyemei)C
les maîtres çi'wedes branche^ les pli|$
ftrécienks dp rimmpnfe çoirimerce «^s
Indes, les fépiçeries. l^s falloir- il qpp
de^ enrrepril^ frondâtes avec une prii-
dence ^xrr4prdinairç , que des fuccès ^
jFurés par Jes rpefnres les plus juftes » qu'une
adminiftration infpirce paruneptévoyaisce
iupérieitire > fu^fent rouillées par des baf«
Jfeffes &ç jdes ,atrocii€S ?.Falloit-il, fiir-coyc
j^ s*annonçanr en Ubéiateurs , rçfTufciter
la ryraoni^ » après Tavoir exterminée ? L^*
Jwrbarie répondra qpe fans les injuftices^^
Jeslâcheitçs, les perfidies , les attentats dp
loute ^/péce^, les conquêtes euffent étp
IHiQiîn^ r^^pid^s , les Indiens moins Tpa-^
IW^â.W JTttours ïXkom ^ichçs^ & qjie
G V
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I <4 Histoire i» e t* A s i e ,
dcs-lôrs la Compagnie eût moins impofé
Histoire à la nation, & la nation à fes ennemis , à
PIS iNDis. l'Europe entière.
La Compagnie des Indes Orientales >
formée de différentes Compagnies par-
ticulières , qui d abord utiles , s'étoient tny
faite entrechoquées & croifées , avoir em>-
pèché qu'il ne s'établît une Compagnie
pour h découverte d'un paflage par lé
nord, & le hazard avoir fait peut-être f($t-
vir i'injùftice de Tintérêt particulier à l'in^
térct public. La prudence des Diredeurs
maintint la nation aux Indes & la Com*
{>agnie en Holtânde. Autant les fuccès Sc
es profits rendoient cette fociété recom^
mandable , autant la rendoient-ils prof-
•criptiblé chez une nation commerçante»
Xe privilège exclufif d'un commerce aulE
lucratif que paroillbit Tctre celui des Indes,
n'étoit il pas préjudiciable aux fiijets des
Etats Généraux , & ce commerce n'auroit**
il pas rapporté plus d'argent dans les Pro-
vinces , s*il eût été libre ? La liberté eft
l'ame dvc comtnerce j la libené du com-
merce doit être lame d'une république
iharchahde. Par un ftmefte oubli des prinf
cipes de l'ordre focial tracés parla nature,^
on envifage peu le^ droits du citoyen»
pourvu que Ton tendea un prétendu intérêt
de l'Etat; Maij& étoîc-cé rifiiéiêt des Mxâ^,
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Bl l'AfRIQUB et »£ x'ÂMiRtQUS. I 5 5
Génératti, qu uiïe Compagnie parûculiere ' "' "
jouît de rinde Hollandoife, en fouve^ Histoire
r;iineté & en monopole ? Un politique auidî ^'* I«o*#»
Habile que zélé patriote , le grand pen-
fipnnaire de Wit ne penfoit pas ainfî.
M II eft çertain^, difoit-il , que le pre-
fj mier motif qui a tiit accorder des oc-
j? Cfois, Ravoir h gùeire avec TEfpagne
» & le Portugal , n a plus, lieu > & qu ea
» cas d*une nouvelle guerre . contre ce*
M peuples , nous ferions formidables pour
» eux &c non eux pour nous« £n fécond
» lieu 9 s'il eft conftaiK qu'il étoic xiéceCr
» faire dans le$ cammencemens de faic&
^quelques conquêtes fur l'ennemi dans.
1? leS: Ijfle^ des tpiçe^^içi , parce que f hi*
» h Compagnie faiifoii d'acquifitionjs , p^»
^ elle avoit de droit & de moyen d'y
» commercer j d'un autre côte , on ne peut
«•nier qu'après ces..CQoqu&re$, les ma*
» i|il|ie$de.lapr0fpérité des Compagnies y
99 ne commçcncent à être contraires, ai»
>? bien général du pays, Celui-ci confiée,
n cpmnae on le fçait , dfwtîs l^çcroiffeme^c
n continuel des nMnufaâure^ , dur trafic
»»:Sc de la. navigation ^ au lieu que le vé-^
9 ritable intérêt desi Coimpagmes cofi*
9» fifte à procurer le plus grand aiyaiït^^
^ des inréreifés^ mçme en appoc|c^ft dafisi
»,ipÇ^y^içi en dét^utx^daosI'J^içMc^
Cv)
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15^ HiiToiRi Bi t'Asrt,
» étoffes & autres ouvrages auffi iioiffl>Ie^
Histoire „ i nos manufaaiures qu aux étrangers Sc
»M iHoif* „ g^jx habiiatis j & pour le dire en un mot,,
m en faifanc les pbs grands profits par le*
n moindre commerce Se la moîn^e na^
9» vrgacion poâibles. On * ff ait que iî la
}» Compagnie des Indes Orientales faifoir
>f un piuâ gros bénéfice fur les foies mife»
>• en cEUvre 4u Japon » ou fur les côu*
>> vemtres de tii & les tapis de fable
li des Indissy fltc. que fur les ibies crues}
>* ou fi en rendant les noît ^ la fieur de^
it mufcssde > les gén>fie6 ^ la caneUe , &c^
# plus raresy elle pouvoir en&iire mon^r
>« le ptfht de façor», qu'elle gagnât autant
9» fttc cent Mt^ de ces épiceries qu'elle*
Il fait fur miîte, ©lï ne devroit pas s'at*-
)i tendre qu'elle apportât des foies^crues^
9i ni qu'eue fît d^i dépenfes inutiles 8r
,r onéreufe^ psiut augmentée le commette
39 0c b itfttkâtitm sui-del de ce qu'il fe^
9i roît néitmaîre pour ceis ^m Iajh\ mai»
9» !i(i C0nrfatf0 V' ^^^ épM^ni^ ces fi^is ^
a eiin fetm hcil^ aiiic Iiide;s^ l'etoédenr
I» d^ épkeriti tvécélTftires ici. On ne peutr
jf ^i&bnvmik èinétKii qne plâ» ce» Côm-
jvpagmeis fym de ci^nquètes, plus elle»
# <bTvôm dép€ftfer de leur ^itâl pout le»
«^ èduftifva? j if ne ph» ettei om de paj^s i
jigoittetMr , ^MiM'dyiM fenrem $'«*»
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DB L'AmiQUB B¥t)B Z^kutVLlQXJU. I 57
«•f cuper de commerce ; âu lieu qoe fi ces !
>• forcerefies & ces pzjB conqak étoient Histoibb
»• entre les mains de U nation , les parti- "* Iwws;
M culiers auroienc te moyen de faire aux
» Indes un commerce plus confidérable Se
9» plus afluré ».
< >* Les Etats généraux & les Anriraptés y
» difoit encore cet écrivain , fe/. dc-
^ chargèrent du foin de couji^lipilï nari-
w galion (»ar rapport à TAfie , TÂifrique S^
M rAmériqoe , la pèche de k baleine dans^
•► le nord & le coriimerGe de ces pays-li,^
»à fe perfuadant que les différentes^ Corn-
I» pagnies étoient en état de faire leur tr^
!• fie 6c de pourvoir à leur fureté , fans
1»" convois cie PEtar, & qu'elles contri-
n bueroient au bien public en travaillant à
» leurs propres intérêts. Mais on a trouvé
>• au lÊontraire que le commerce de ces
1^ fociéiés privilégiées a été fi préjudiciable
I» aurëfte de ta nation qui en étoit exalue y
n jque fi ceux qui gouvernent avaient vou^
9> lu bu voutoieiK en agir de la même fa«
1^ f on à l'égard dttcomnterceide TEiitopei
n en établiflànt de pareilles Compagnie»
» exdufives, une pour k Méditerranée >
!► une pour fe France & TEfpagne , «ne
srpoiiit k mer Baltique & le^nord» une
ïT pour ta Grande Bretagne & ritkadë,
pcto" . les , 4ilRrentes» pêchéif , li
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l^i Hl.STÔIItE pt z'Asïtp
! >» dixième partie de nos habiiaos tnan*
Histoire „ qucrpit de p^in. De forte que la H#l-
?" Ini>£s. ^^ lapide auroit été ruii^ée <le fond en
n comble , quand oKioe le comnaerce de
n ces Compagnies privilégiées fe feroit
9> fait avec tant d'induftriei , que nonobfr
M tant les défendes faites par la France ,
«y 1* Angleterre ) la Suéde & les Etats d*l-
m ulie ^tfe laiffer entrer des ouvrage»
n, étrangers & par conféquent ceux de la-
it Hollande , ou de ne les laifTer entrée
» qu'en payant de giros droits , chacune de
y ces Compagnies auroit fait dans ledit
t> cercle de T Europe un commerce plu»
>• étendu que celui que la Compagnie d^es^
^ » Indes Orientales fait avec j'Afi©* quoir
>• qu'elle foit incomparablement plus puifn
»» iante & plus riclie: car on ne peutdîfr
9» convenir que le commerce libre du nord
j* feul 9 la pèche du barang feule » & ,1e,
» commerce de France ne rapportent* dise-
«>.fpis plus de profit à l'Etat Se aux citoyefi^
V de Hollande, qi^ie douze ou feize vaift*
1^ (eaux qui vont tous les ap^ aux Indes ou.
m en reviennent »>•
La Compagnie a, (ait de fî gros béné»
Êces dans (on commerce, que iesaâiops.
ont quelquefois monté jçiqu'à près de-
niille,pçur ce^t , ceft, à-dire, de trpis. milW
si treme niille florins. Quelques, cakuLa^
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BE L^AïUI^Ui ET DB L*AMiRIQÙB. I 59
i;eurs ont hazaxdé de fixer la valeur de fes!
retours annuels à feîze millionis de florins , Histoire
une année dans l'autre. H eft certain que ^** *nûes,
dans Tefpace de cent- trente ans , elle avoir
reparti aux incéreiTés plus de 1 80 millions
de florins , & que depuis fon premier oc-
rroi, elle a donné 5 une année portant
J autre , plus de vingt pour cent de fon
premier fonds, fans compter fes dépenfes
extraordinaires & fes referves. On ne
fçauroit apprécier les fommes qu'elle a dé-
bourfées en différens temps > pour le re-
nouvellement de fon oâroi » les néceflîtés
de TEtat & la captation de la faveur pu-
blique. Les taxes immenfès levées fur les
jmarchandifes , les prodigieufes richeffes
apportées cjes Indes en Hollande par [e$
agens, le mouvement donné par fes re-
tours au commerce général de la répu-
blique , l'accroilTement ^es forces navales
de TEtac par TextenHonde fa marine mar-
chande y ont été d'un grand poids dans id
balance d'uu Etat coaimerçant. Enfin !'&
tat trouve conftamment des refibucces dans
tsL banque , qu^dle entretient de fes
épargties,. tant pour les befoins publics que
I^our fes befoms particuliers. Tels fpnc
es moyens prépondérans par lefqueb la
Compagnie a triomphé de fes eunenût ^
iiKérieucs. , - ^ , ^
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^[T**'**^ Il ^ft i remarquée que depab lon^
M ^foï'** te»p«, il s'en faut bien que tts repartie
^'^ tions égalenc celles des premiers joors de
fon commerce, quoique depuis long temps
elle n'aii pas à envoyer dans rinde flone
fur flotte , à lerer fans cefTe de nouvelles-
armées, à prodiguer le fang & les tréfors
pour élever & affermir les établiflemens ,
comme autrefois f cependant il faut con«
venir que tel eft l'état de fes affaires , tant
au-dedans qu'au-dehors , le produit de fes
ventes , le prix de fes adions^ , fon cré-
dit , que fï elle éprouve quelque décadence ^
c eft en partie par la décadence du com-*
merce delà république en général. On ne
^ fera pas farpris 4p fa profpériçé , fi Von
confidere la vafte étendue de pays qu'elle
poÏÏede depuis le Cap de Bonne Éfpérance
îurqu'à la Chine , la ridieffe des Indes ou
elle exerce fa domination, les branches d»
fcmunetce dont elle feule recueille les
fruks , le priviliége exduiiFqu^elle a de tra»
iiquer au Japon , enfin les mines qu^elle »
Koiivées Ibus &s pas. Ce qiii dok £uc^
prendre , c'eft qu'elle ait conquis tant de
terceit>, c'eft qu'elle coufèfve un fi vafte
Jean ék Wtt di^t qtie Te» Etabli/]^
«lens iloUand^sitoiemcofitinudiemens:
expofés, fous ta domination de ia Coibk
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M l/Af RIQUE HT Bl I^AmArIQUI. l^t
pagnie , aux plus gramls dangers , Se que
s'ils y échappoiem fî fouvent , G'éroitH«ToiKB
uniquement par un effet de fa bonne for- ^^* ^^*^
tune & de fa vigilance, les femences du
mal fubfiftant toujours.
Les rcpubliqties qui prétendent être
feules libres, ont de tout tewps eu cou-
tume de régner tyranniquement fur lei
peuples vaincus : il faut pourtant que Tune
des deux manières de gouverner ne foit
E^as bonne. Les HoUandois ne traitent le»
ndiens ni avec équité ni avec prudence.
Les officiers , les agens d'une fimple
Compagnie foumife aux Etats Généraux ^
exercent le defpoiifme dans fes Colonies»
incomparablement plus vaftes & plu>
riches que la Métropole. Le Gouverneur
Î[énéral des Indes, préfident de Batavia,
es chefs des huit grands Gouvernemens,.
les chefs des direiîkions , des réfidences ,
des comptoirs , font tous plus ou rnoini
defpoies. Avec moins d*autoriié , ils ne
pourroient faire tète aux dangers fubits ;
avec tant de pouvoir , ils font violemment
tourmentés par la tentation de l'indépen-
dance & ils y fuccombent quelquefois.
Ces defpotes font efclaves. Depuis le
premier julqu'au dernier employé de la
Compagnie, chacun eft fervilement &
duremem aftretnt à fe conformée à Tcti*
dby Google
i(îi Histoire di l'Asie;
îquette & aux difpofitions des rcglemcné
Histoire qj^j q,,j ordonné toutes leurs adions , d^-
DBS ^^'^^^ puis le commencement jufqu'i la fin de
la journée & tons les jours d« la vie , fans
flu'ils puiffent foriir du cercle de leurs
fondions ordinaires. IJ faut que la Com-
pagnie ait de terribles inquiétudes fur la
fidélité de fes ferviteurs & la fureté de fes
ctabliflTemens , pour tenir ainfi perpétuel-
lement fous le joug du travail , de roçcu-
pation y de la vigilance > ceux qui font à
fon fervice. Il raut auffi que les agens
foient amplement dédommagés d'une
autre paît , des foins Se des facrifices for-
cés par un tel efclavage , pour qu itsayent
Je courage 6c la confiance d'obéir fa^ns re-
lâche^ comme des bêtes féroces appri-
voifées , à la chaîne qui doit diriger tous
leurs mouvemens.
On ferme les yeux fur le trafic que leS
équipages 8c autres ne manquent pas de
faire , ou plutôt le Gouvernement & les
Confeillers de Batavia autorifent les par-
ticuliers à faire un trafic , dont ils prélèvent
ia moitié pour leur compte; il faut donc
que la Compagnie , pour conferver Ion
commerce , en abandonne une pertion à
la cupidité des fiens , même de fes pria-
cipaux officiers.
.- JLes Colons n'ont garde de fe fami-
dby Google
DB L*AîîRlQUÉ ET DE L^AmÉRIQUE. I^J
liarifer avec les naturels du pays & d*a-
dopter leurs coutumes : ils ne s*amol- Histoire
liront & ne s'abâtardiront pas comme les^** lNi>fi»i
Portugais; mais ne feront-ils pas toujours
envies & haïs des Indiens? Une méthode
alTez conftamment fuivie, c'eft de ren-
voyer des Indes en Hollande par force ou
par adreffe , les familles qui ont acquis des
trcfors , & de retenir , dans ces pays , celles
qui n ont pas encore alTez de fortune pour
briller dans leur patrie, C'eft vouloir en-
fler cruellement la richefle apparente de
la Métropole , & épuifer bientôt la ri-
chetle réelle des Colonies.
On remarque comme un trait de la plus
profonde politique , l'attention que le
Gouvernement a eu de mettre la dignité
d'un càté & la fortune de l'autre , en fé-
parant les emplois lucratifs des emplois
honorables : cela eft vrai quant aux ap*»
pointemens ; mais il ne Teft pas moins que
les hautes places donnent la plus grande
facilité de s'enrichir fans mefure. On con-
vient qu^à tout ivénemisnt , un Gouverne'*
ment a en main les moyens d'amajfer en
peu de temps des biens immenfes ^fans cou*
rir le moindre rifque. Un de ces officiers ,
acrufé d'avoir exceflîvemcnt abufé de la
confiance publique dans ladminiftratipn
des âaances y }um6a fa conduite qu'il n'a*
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itf4 HisTomi D^B l'Asie i
^ ! voit pu bien défendre, par ao plein fouv
Histoire yoir figné <le la Compagnie.
Ms Indes, l^ Prcfident de Batavia & les amces
Gouverneurs, fuivant une certaine propor-
tion, éulent dans les reprcfentatbns pUr
bliques, ta pompe la plus faftueufe & la
plus impofante pour les peuples uibutai»-
res & les rois va(&ux. Ce luxe doit cor^
rompre la frugalité républicaine & mar#
cbande ; on ne la connoit point à B<atavia«
Il y a un c^ où le Gouverneur général
peut être pourfuivi aux Indes, c'eft le cri^
me de trahifon, il feroit ]\igé par le côn^
feil de juftice. Ce confeil louverain à qui
rinfpedtion Aes finances apparcient, & le
confeil fouverain des Indes à qui le gou-^
vernement politique cft dévolu» font de»
contre-forces oppofées Tune à l'autre , 2c
à l'autorité du Préfident. On croîroit j^ue
tous ces pouvoirs Souverains devroient
itre perpétuellemettt en oppofition ^ ils
n'y font prefque jamais, a ce que t'o»
. affure, ils fe contiennent réciproquement
fans fe heurter j myftere incompréhcnfi-
We , s'y l'on ne fuppofe un concert d'in-*
tércts particuliers.
Les procès font jugés aflez fommaîre-
ment & toutes les aflFaires doivent être
finies dans Tannée. L'on évite à la vérité
pat-U l'embarras & la ccHifufioa» mais ne
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fombe-t-on pas datls \es inconvéniens dtl
la précipitation & de i'arbitrariétc ? L'ex- Histoire
périence paroît favorable à cette méthode j **" ïNirM#
il faut attendre que ces abus foiem grof«
&s pour la condamner.
11 a été pourvu par des réglemens aufli
fages qu^humains à la fûrete des Orph^
Uos Se nu foulagement des pauvres , de
«naniereque les Colons font aiTurés de ne
1 amais manquer de pain , ni eux ni leurs
cnfans. On ne peut qu'admirer ici l'arc
avec lequel la Compagnie a heureufemenc
aflorti fes imérêts & ceux de la Colonie j
elle fait valoir à fon profit l'argent des
mtneufs , ain/i que les fonds detlinés aux
Malheureux , provenant des amendes ,
:des ronfifcations , des chiites , en payant
l'intérêt des capitau^x fort au deflbus du
bénéfice qu'ils lui procurent. Il ne faut
;pa$ exiger plus de défintéfefièment d une
fociété de commerce, mais elle devroit
au moios empêcher que le patrimoine des
ipauvresnefûtTalimônt du luxe, je ne dis
pas feulemest des Officiers prépofés à la
^égie» mais^d'une foule d'habitans infcrits
-fur la lifte des pauvres pour fe parer avec
magnificence des <lépoui Iles de la mifere.
Afin d cpacgnerles frais d'entretien d'une
niilice mercenaire , il a été établi que les
.Hàbitans le gaidecoient ew-mèmes, à
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•£5
léTtf HiSTOIRB DE 1*A$I15 '
leurs dépens; cependant le Gouverneur
HisToiRi a toujours en fa puilTance les forterefles
iNBEs. ^ygç jçj troupes réglées, ainfi que les
forces navales : arrangement par lequel les
Colonies & leurs chefs fe tiennent mu*
tuellement en refpeft. Ces précautions
prouvent la crainte & le péril.
Les places honorables font toujours
remplies par des hommes de commerce :
la chofe eft (împk^ les faveurs d'une
compagnie de commerce font les minif-
très naturels de fon Gouvernement. Le
mal eft que Tefprit du commerce n'eft
point militaire & qu'il eft ncceffairement
deftrudif des Colonies.
S'il étoit poflîble de fonder aux Indes
gn Empire durable , c'étoit dans les Ifles :
c'eft U que les HoUandois font puifTans ,
ailleurs ils font méprifés.
Je conclus de ces obfervatîons que la
Compagnie Hollandoife, pour fe mainte-
nir aux Indes, a pris les mefures les plus
fages , Se employé les meilleurs, moyens
3u il fût peut-être humainement poflîble
e trouver, pour fufpendre la chute inévi-
table d'une puiflance & d une conftitution
diamétralement contraires aux principes
naturels de l'ordre focial ^ de la faine
politique.
l^s Attteacss de THiftoire Univcifelle,
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PEt^AfKiQ0E ET i3kE l'Amérique, \€-j
«élcs défendeurs de la Compagnie font Î5^SÏ5!!SS
forcés de convenir que fon gouverne* Histoire
ment doit tendre Ji naturellement à lanar* ^^^ In ©Eté
chie^ quefd durée pendant une ejpace de
tems eonfidirable doh être une ejpice de
prodige. Nous reconnoîtrons avec eux que
J'Hiftoire de cette Compagnie, décharge
pleinement du foupçon d'exaggération ce
que les anciens Auteurs ont rapporté des
richeffes , de la puiflTance & de la profpé-
ritc de Sydon , de Tyr & de Carihage \
mais nous ne tirerons pas delà , la même
conféquence qu'eux en faveur du com-
merce en général, du commerce dès
Indes orientales en particulier; parce que
ce qui convient à une petite nation , à
une république , à une ville , à une fociétc
fans territoire, ne convient pas pour cela
à des nations puiflantes par leur fol , à de
grands peuples , à des Empires , qui par
les dei?rées de leur cru & les marchan-
difes de leur fabrication , attireront infail-
liblement chez eux, fans craindre les dan-
f;ers & les revers du commerce maritime,
es denrées & les marchandifes étrangères, *
comme il arrive aux Indes mêmes. Nous
avouerons qu'il eft telle Nation que le
commerce peut conduire â la poilïance,
& que des négocians peuvent exécuter
ৠgrands.prpjet$.4ttin bien que des con«
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1^8 Histoire di l'Asii,
fquérans^ mais nous njoucerons que H
Histoire commerce pris dans l'acception vulgaire
•w iNDis.ne conduit quelque Nation que ce pui(Iê
être , qu'à une puiflTance précaire & fugi-
tive ', qu'il autoii des conféqucnces funef-
tes pour des nations naturellement agri-
coles ^ & qu'il ne foutient la Hollande
qu'à raifon de fcs conquêtes. Nous con-
viendrons fans reftriâion que les forces
navales font fupérieures à toutes les au-
tres , lorfqu'il s'agit de s'établir & de fe
maintenir au milieu des mers les plus
éloignées. Nous dirons, non qu'un pays
fe ruine par un comnserce qui en fait fot-
tir des efpèces d'or êc d'argent , mais
qu'une nation qui a un bon tenitoire dé-
truit fa véritable puiflTance , iorfqu'elle fe
jette dans tin commerce qui lui fait nécef-
iairement négliger fa richeflTe territoriale.
Les Hollandois n'ont qu'un fol ingrat,
qu'ils deviennent les voituriers des autres
Nations , à la bonne heure ^ ce ne fera pas
leur or qu'ils porteront aux Indes , ce leia
x;elui des Etats auxquels il en vendront
^ les marchandifes. Quelque valeur que l'on
donne à leur commerce aux Indes, oa
ne peiu fe diffimuler qu'il eft en raifon
de leurs poflTeffions , & qu'ainfi c'eft leur
territoire plutôt que leur commerce qui
fait réellement leur richefli & leur putf-
fance.
dby Google
TTE l'Afrique et de l'Amérique. 1^9
ûnce. Quil leur feroic avantageux , à eux
à qui leur terre natale ne donne pas du Histoire
{>ain , d'aller chercher au loin un loi qui ®^^ Inde».
eur en prodigue, c'eft-à-dire que leur^
exemple doit être de quelque autorité vis-
à-vis des Nations qui n ont befoip que
de cultiver leur propre pays pour; partici-,
peraux richedes de tous les autres? Quand^
même d'autres peuples feroienc capables de.
fuivre le même plan, d'employer la même
politique, de fe façonner aux mêmes
mœurs , de s'aflervir aux mêmes régies-,
de s'abandonner aux mêmes foins , avec
autatit & auflî peu de vertu,aveç autant4e
prudence ôc aum peu de loyauié,avecautanc
de confiance & auffipeu de fécurité , avec
autant de cupidité fc aufli peu de jouif*
fance que les Hollandois, comn^etit fe
flatteroient^ils de fonder un Empire plu^
ftable, & d'acquérir une fortune, moinç
cafuelle que leur fortune & leur Empire i
C'eft l'argument illufoire tiré de l'exem-
ple de la Hollande en faveur du com-
merce cjui a ruiné plufieurs Etats de K£u-
rope j il étoit important d'eu dévoiler. le
Appelles par la namre a la navigation , s^®^«»
les Anglois le livrèrent à la manie régnante
des découvertes & du commerce. II? «'eni^i.
yrerent, comnae les autres Nationsi de
Tom r. tt /
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\jd Histoire di i*Asii,
! leurs premiers fuccès aux Indes , mais ce
Histoire n'étoît pas un peuple corrompu, un corn-
ées I«i)î$. j^gj^ç languiflânt, un Gouvernement
lâche , une puiflance déclinante , des Por-
tugais dont lis avoient à triompher ; c ctoit
une Nation frugale, le génie du com-
merce y l'adminiftration la plus vigilante ,
un' Empire dans fa vigueur, des Hollan-
dois qu'il falloir abbattre ou fupplanter.
Ces nouveaux Maîtres de l'Inde eurent
four eux la poflcflîon , la force 9 le zèle ,
k confiance , l'intrigue , le machiavcUfme
au (liprème degré, pendant que leurs
concurrens avoient la {implicite de s'unir
âi^ec eux pour régner , naviguer , trafiquer^
fç défendre, conquérir à frais & à pro-
iîjs Communs : c'eft ce qu'on voit par le
craité de 1^19 au fujet des Moluques,
traité abfurde de la part d'une puiUance
égale \ ttaité infenfé de la part d'une puif-
lance inférieure , comme l'événement le
idémontra. Les Anglois , par des plaintes
éclaiantei & continuelles, firent l'aveu de
leur'folblefTe à la face de FEurope; les
HolhtndtJTS, avec un air de juftice, accep*
' ' tereiît gravement la propofition d'un pro-
* cès'ën régie; & ce jeu-là dura tant gu'il
Éït au plus fort de baffouer le pltis fomle.
s Anglois contraints de renoncera leurs
pro/ets*ir ks liles, ft tournèrent vers le
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cotninem où les HolUndois laiffbieni ckS
grands vttides à teoipHc aa commerce & Hi«toi»i
aax Colonies des awieç Nations. Là leilr^^* Inbii.
.condake oa celie des Dijreâeitrs de iectr
Compagnie ne fut ni prudente ni honota-
4>le. Leur cccdit y fût tinné ptckpimt^
tôt qu'écablij Ton ne recouvra que p^r
'4'adulation > les baflèfles, la cotruptiôn
<£c autres moyens iniaofies > ce que l'on
mon perdu par des moyens également
infâmes, rambition , rinfolence, l'orgueil
& Tavarice: ceft ainfi qu^ s'expriman les
Autems natidnaux. '<;
A^ant ces derniers têtnSy leurs établff-
/eibebs ^ckaiènt éclq^£és pac ; les : érabliâer
sïiûai voîlins d une nation rivale* Ik au-
,t(nem éiè conquis ou an^mis dans la
.pénulciéme guerre , fi cette Nation avoit
.iuivi le plan d opérations propbfô pac
*Mj .ée It. Bourdonnais : Us adopte-
jîencceipiain abaindonné par. leurs enne*- ,
TSirsJ ife , fe feureretic. C'ctoit fait- d'eux
sàans/rrindev (i M. Dupleix n'avoit élé
jdeÊfervi^ Vffaverfé, r^pellc, perfëcucé
4>ar tm «ffa de leur*i intrigues; Quoi-
Sen^éduirant leucsominxtpaj: des idées
mériques d'égalité^ ils fe fuffem faifis
:dê la bdiance , qui peiftka auffi-cât bleuis
-Êtveùr, leirr)èxpum0n;^leuf tràÎBC' ireiif-
libit icè ifuec. ^fpe&daaî^ £ ^dansit dM>
Hij
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tjt •HiSTôinEroE t'Asïï, -
niere guerre; la prcfomotion, Tinfolence,
HisToiAB rimpéritie, l'avarice, l'opiniâtreté, lab-
Bis iHMU. furdîjé n*eufrent , pour ainfi dire , révolié
& irrité la fortune contre la Nation i qd
elle promettoit tous les fliccès de(irabl^.
Dans toutes cesconjonâures, les Andois
ont du leur falutâ leurs ennemis, ils leur
doivent leur aggrandifTetnent & leur
gloire. Après avoir profité des grandes
vues de M. de la Bourdonnais, ils ont
embrafle le vafte & étonnant fVftcme de
M. Dupleix. Ce qu'ils ont exécuté dans
le Bengale » M. Dupleix Tavoit entrepris
Sir la côte de Cofomandel, & il Icùt
exécuté fur toutes les côtes de rindoftan.
Mais cette fortune impofànte eft-elle
bienaflurée? Le grand Mogol leur eft,
dit-on , acquis , le Souba de Bengale leur
eil fubordonné, ils pofTedent le plus
riche pays de l'Indoftan , ils en tirent plus
de deux millions de livres âerlings dç
revenu > toutes déduâions faites , pour les
fortifications, le Gouvernement civil &
autres charges \ }e le veux î mais la guerre
n'eft pas éteinte , 6c elle ne s'éteindra pas»
parcejqu'ils om dao&la famille Se les an^is
des Soubas détrônés > des eniiemis qui
rfevaitfent^ns cefle de Jeurs^ cendres^
«'parce quïl ne faut qu'une légère /évolu*-
^o itaas lies événemens pour qu'on leur
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DE l!AiRÎ(JCE ET DE^l'AmAXÎQÎJIE. tff
arcache tout cq qn%$^ ont enlevé y parce- <
qu'ils font moins aimés que craints & ^i»to4Rb
moinis craints que haïs , parce qu'ils"* '**
om trop acquis pour ne^pas être fufpeâs
même i ceux qui les favorifem , & que
leurs forceS'foht trop peu proportionnées
^vec leurs acqiiifitions pour que leurs pro*
vinces fe façonnent paifiblement à leur
|oug. On dit qu'ils trnitent les naturels du
pays avec une fcvérité inflexible, qu'ils
gouvernent avec une infolence defpotique^
qu'ils énervent & aliènent leurs foldats
f>ar un durefclavage, qu'ils ^abandonnent
'autorité aux mouvemens deTintérêtper-
fonnel ^ que leurs meilleurs établiiremen^
ne répondent pas au but de leur fonda-
tiou, que les taxes font fouvent impofées
fans règle &c fans mefure , que les côm^
mis font facilement déterminés à Toppref-
fion pr des préfens , &c. Je n'aurois gar*
de del'aflurer, quoique plufieurs* événe^
mens donnent lieu de le croire. Mais je
veux bien écarter tous les vices intérieurs
de l'adminiftration j leur puiflance m'en
paroîjt toujours précaire & chancelante, ^
outre qu'elle eft embarraflante & onéreufe*
M. Holwell qui a rélîdé trente ans dans
le Bengale , donnoit à (es compatriotes
les avis fuivans, lorfque le Lord Clive
fut envoyé dans cette province, pour y
H il]
dby Google
HisTOîRB AuteaiT.
pw Indes. «^ Mdgré le bon éiAt dans Icqiiel ^nt
9» Ibâaellementnos affaires ab Bengale vit
1^ eft aifé iJe démoetrer qu elfes ae fçaiiH
I» l^ent nous faire obtenir k fin que noué
a» devons nous propofer, je veutx di^^
ir la paix èc la rranquillic^ dont nous
f» avons befoîn & fans lefqaeilès la Com«*^
if pagnie doit néceCairement fuccotnbct
9» fous le poids d'une guerre longue Se
n difpendieufey laquelle abforbe non- feo-^
9» lement fes nouveaux revenus v n^ais
M ébranle encore toutes les branches de
i^Cori commerce.*.... Comment ceux
» qui font à la tête des affaires pourroienr*
s> ik s'occuper tout à la fois, du commerce
» & de la guerre , puifque chaque objet
M demande un homme tout entier ? Une
>» Comp^nie commerçante & militaire
» tout enfembie , eft un monftre i deux
n têtes ^ dont Texiftence ne £çauroit être
^ de longue durée. La derniete confomme
i!> par fon inexpérience & par les dcpenfes
» qu'elle eft obligée de faire, les profits
i» & les gains que la première a faits*
i> Quelques vidoires paffageres nous ex-
p citent à augmenter nos acquifitions; &
n à force d'acquérir & de dépenfer , nous:
w nous trouvons à la. fin hors d'état da
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n lieu qu'il feroit acrivé U comrw<r, ^ J*^^^
♦» nous avions mis de» boraes à nerre anv-
t> biiion , ce que nous ne pouvons, mr©:,
n vu le fyftèoiie qae nous avons em^
n brafle .•.. •* ' ,. '
.» Prenons une toace^typpipfeev' «fon^
t» être Soobas nous^tnèmesî TEtiofe»»^
«. Bo«is la fouveoi pjopoft y p^irquoi^he-
>» fi^ns^nous d'accepter fon offre ?( Nou^
>3 ne nous fomme^ point fait fcr^mlé.de
>» nous empirer d'une pâme de fes^ido-
,^• maines à force oavertc ^ H le«oK biea
A» plus conforme aux loix dt la-namrc de
:«» des gens de tetik ces Provinces de fe
» pure libéralité .... Nous avons, il ûft
»> vrai, chalTé les Vicerois du Mogol dfe
» leurs Provinces , noais il eft vrai auffi quie
9» les troupes de ce Prince uni mootre ui>e
j0 bravoure qui doit nous caofer* ks plqs
»• vives albrmes... Sopp^fo^y^*?*»® '^
' » Vicerois d» Mogol recontioiflem enfm
» par expérience que le vrai moi^h de
»• nous réduire , eft d'éviter d'en venir a
s» une adion générale avec nous : il n<Mto
»» obligeront , vu la fupérioriié de leui
y» nombre , d'entrer en campagne lor£-
» qu'ils le jugeront i propos ; ils par-
» rageront leur cavalerie en plufîeuré pe*
I» tits corps , intercepteront nos convoi»^
H iv
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X7^ Histoire Di L*A s r« ,
**9 eiïleveront nos quartiers , harcèleront
^'^P*** ** "^* troupes & nous réduiront enfin au
Mt WDis.^.j^^^j^ On me dira qu'ils ne prendront
n ' point cette méthode j & moi je dis qu*ils
-li le feront, prce que c*eft la feule qui
j> puiflTe leur réui&r Nous avons
^> roftgc ces Provinces pendant huit ans,
»> & malgré les acquittions immenfes que
^> nouSf savons faitfs, qu'en êft-il revenu
3> à Ja Compagnie ? . • . Souba ou rien ,
^> doit erre noire dcvife ».
Les AngloisfontSoubas, finon en titre,
4Ju moins en céalité , & ils ont encore la
guerce , & ils n'auront jamais une paix
.folide , & ils feront toujours expofés aux
daiigers dont Tauteur les menace, & ik
iînironr ponr n ccre rien. Mais accordons-
leur la 'Soubabie dans fa plénitude , utl
'gros revenu fans variation , des forces
jHTopof tionnées à leurs domaines & , pat
irhpoffible^une paix fincere & ftable : qu'en
arrivera i- il? La Compagnie, c'eft- à-dire,
i:)uelqae5 particuliers » acquerront des biens
immenfes , mais queft-ce que la nation
& l'Etat y gagneront ? Plus ces particu-
liers feront riches , plus le refte de la na-
tion fera pauvre & mifcrable j car Mans
4*état àduel des chofes la richefle eft une
pqiffance oppreflîve ; car cts fortunes pri-
vilégiées profiteront des befoins publics
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DE l'ApRIQXJE et DE l'AmERIQUE, 1 77
pour tout foumcttre a désintérêts parti-!
culiers exclufifs & deftrudeurs de la prof- Histoire
périté nationale. La Compagnie ne don- ^^^^ "*^"'
Meta rien à la nation , elle lui vendra , &
ne lui vendra pas moins cher qu'aupara-
vant, puifqu*il eft conîUnc que fes direc-
teurs laiffent gâter fon thé & pourrir fes
marchandifes dans (es magafins plutor que
de les mettre en vente, lorfqu'ils prévoient
que leur furabondance en aviliroit le prix.
Quand elle aura , par fon revenu , beaucoup
de marchandifes de Tlnde à vendre, elle
aura moins d'échanges à faire dans l'Inde,
& par conféqucnt elle exportera moins de
marchandifes d'Angleterre. La confom-
mation fera fans doute toujours la inefure
de fon commerce , & ainfi fes agens ne
viendront pas augmenter le produit des
douanes, en augmentation de frais inu-
tiles & irrécupérables^ par une importa-
tion de marchandifes qui excéderaient la
quantité qu'on peut en vendre. Les 400
*nille livres fterliftgs que la Compagnie
s-eft obligée à. payer au Gouvernement
jttfqu'aux nouveaux arrangemens qui fe-
ront faits pour Je retîouvellement de fa
chartre , elle fçaura bien les rejetter & lei
lever fur la n2^tik)n dans fes ventes , fui-^
vant la confiante pratique & la loi in-
violable du conjmerce , comme elle l'a
Ht
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178 Histoire DE l'Asie,
!Fait fans douce â l*^gard du million (l'etv
HisToiRi ling de taxes que fon commerce fupportoic
x>is iNois. j^.^^ jg j^g fçaurois entrer dans les affaircs^
Se la régie domeftique de la Compagnie,
mais je ne pui» m'empècher d^être furpris
qu'après une augmentation d'un million:
^ demi , de deux millions de revenu > lesr
directeurs fe (oient refufés fi lông-temps i
une augmentation de deux pour cent des
dividendes , malgré les plaintes ameres
des intéretfés. Qu'une guerre s'allumar
entre les Colonies Europeenes , on verroir
bientôt la Compagnie folliciter avec ar-
deur > la proteâion du Gouvernement &
lés fecours du public; il eft vrai qu'elle
pourroit fort bien prêter les fonds à un in*
tcrêt honnête , dont TEtac auroit befoin*
pour la foutenir. Illufion ôc vanité qu^
toutes ces conquêtes , tous ces bcnéfices^»,
tout ce commerce.
La nation jaloufe des fuccès de la Com«^
>agme , a réclamé les concevons faites pat
e dernier tr^té du Lord CUve^àcet^
:ociétéy laquelle ne pouvait , difoit qh ,,
ies podeder légitimement, fans que U
parlement lui en eut confirmé la propriétés»
Pour fuger le droit. « il f^udroit faire uH:
examen approf!pi»di de la conftitution 44
l'Angleterre & des- cbaitres^ de la Cottii-
fâ^nie^ difcii^aéaai^^r^inoKe 4e£'
/
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Xm L*Af RTQÙE ET W t'^&MiMQOT. iTp
fein. Nous nous contente ran$ dç ïtmztri
quer que la nation avoit r ^ofinu» du a»oms Ki«toirb
tacitement, que lé droit de conquête éioit ®** Indis.
attacké aux titres de la Compagnie , fuG
qu'au monment oà les conçûtes de œ
corps privil^té ont éézffw vadës^^d»^^
prôduâives pour exciter Ténvie & la ctx)'
piditédu public. En remetfântje Gour
yernennrent de Bengale dans les mains de
TËtat y il auroit été a craindre que lesGoq^
vemeursne portalTent de terribles atteimet
au commerce & aux établiâemens.» tanr
par ignorance que par abujS de pwvxpjfv
A établir un GouYernement militaire , td?-
^e la aécef&é d'entretenir beaucoup À^
troupes leconfeilloity il eftévideocquelo:
marchand Anglois ainft que le malheiv^
reux Indien ieroient infailliblenitoi ,de«
venus la proie du foldar^ On ^ fort
Irien obfervé que le commerce^ fouà Tena-r
pire des reglemens , étoit mis en a€fêon^
par mille petits redorts qai échaf^esl
d la vue ôc qu'on n'apperçoit que quand^
ta machine eft détruite ; comment un aùcre^
qu'un marchand auroit il pu en rétablir 5,
en confervep , en perpétuer le [eu ? Il eflfc
à remarquer que ces inconvémen»& beau^
coup d'autre» ne font aucaneiiient :iiii elv
ht de la nature des choies;, mais^^ qu'ils»
«e (bot qii'un rcfoltat JonÊûilibb de leair
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i^B^JArt-r 1 'I ^à~i
^<ô Histoire de i'Asie ,
^SSS^SSSéxsit aâoeL Si les Gouvernemens fc bor-
HisToiRi ' noient comme leur droit les y borne , à
DIS lNDE$.gj^^^^jj. |ç commerce de rinjuftice & de
l'oppreflion , Tordre s'ctabliroir de lui<«
même, & U profpérité le fuivroir. Mais
idès que t'àntomé fe mêle de diriger , de
taxer »/de reftreindre , d*emraver » de
monter <& démonter » de difpofeT & con-
duire le commerce, Tabus eft dans fon
adion même, & le défordre marche de
front. Le moindre abus fera dans une Aurr
veillance intelligence ; ainfi rinfpeâiion
d'un objet de commerce eft dévolue à fe$
^ns. Il eft évident que dans Tlnde . on
Gout^emetrr , néceflTairement maître pref-
db'abrolu d'une riche Province , aiiroit été
d'autant phis fortement tenté de faire des
elTais de fon autorité ôc de fa richefle con-
trairas au bien public , que Téloignement
de la Métropole rend les recherches plus
diâicile^) le Miniflère plus corruptible,
le Parlement plus impuifTant. . Lorfque
dans jr dernier fiécie les forts & les éta«
btifl[èmeûs furent fous 1 autorité & la di-
reâion immédiate de la Couronne , ce ne
fut dans, le commerce que défordre » con*
fiiiian.&(jruine^ enforte que le Gouver-
nement crut devoir cédier à la Compagnie
pou^ le relever :> Sainte -Hélène 6c
Bombay. Dans la néceffité d'ap^rter ie^
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g
i)E l'Afkïque et m l'Amérique. i8 i
revenus en marchandifes , il auroit fellu
que le SQUverain devînt commerçant, Sc^^^^^^^
><v//* t 11' D£S IMDES*
c eut etc rumer le commerce de la nation.
On propofoit à ia Compagnie de fe ckar-
jcr du tranfport des revenus , moyennant
a fomme de 480 , 000 livres ; elle n'au-
roit donc pu occuper fes vaifleaux qu'à
cette opération. A mettre le Bengale en
ferme , le Gouvernement , la finance , le
commerceTauroient violemment preffc de
toutes parts & bientôt écrafé , &c. &c. &c.
par tout des inconvéniens inévitables &
des dangers extrêmes , lorfquon eft hors
des règles & des < proportions naturelles
qui exigent que tes branches tiennent au
tronc , que leur poids foit en rai*
fou de fa force , & qu'enfin on ne les
envifage pas comme racines.
Quoique la nation ait , en quelque
forte , l'efprit aliéné par I9 manie du comr
merce , au point que fes marchands font
aujourd'hui fes vrais légiflateurs ; que les
propriétaires des terres, feuls poflTéflèurs
d'un revenu, feul conftitutif du revenu
public , (ont vexés , tyrannifés , ruinés par
une légiilation mercantile, dévaftatrice des
terres ^ que le commerce fondamental , le
commerce intérieur , le commerce des
«natieres Se des denrées du crû, eft fub-
méftxné te façrific à ua commei ce pof-
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itt HrsTomi DE i*A5ri>
-S5S5SS5 tiche , au commerce extérieur , au comn-
Histoire merce de luxe ; que la naûon s'abyme de*
Ms^ INDS& jgfjg, pQyf jgj intérêts & des guerres de
commerce qui ne lui ont jamais procuré
que des avantages* illufoires^; & que pour
le rétabliilêment de l'Etat , on s'acrache à
donner plus de vigueur à ces caufes de ù^
décadence ; il eft toutefois encore de bons
citoyens , des hommes fages , d'habiles^
politiques y qui ofenr combattre le com-
merce des Indes , fur tout le commerce
exdttfif fait pac une Compagnie* Le temn»-
& Texpérience n'ont pas encore décide y
aux yeux de la nation , cette queftion im^
portante. Préfentons^inos leâ^urs les raîr
ions des deux partis*
Les forces navales, difem les défen»-
feurs de Topinion dominante, font le
boulevard du Royaume f quoi de plus
propre à les augmenter que le commer-
ce d^ Indes? Â quel pCMnt ne peut-il
Eas perfe&ionner là navigation? Com*^'
ien de Citoyens y ontpuiie leur fortune ?
Que de fu)^ts il occupe ? Que de taxes
tl paye au fifc ? Que de richedes il nous
diipenfe de porter à l'étranger? Quelle
eft la branche de notf e commerce qui ne
£>it en quelque facon^ dépendante de
célui'li ? Comment ians les marcfaandifè#
ib Vinde 9 afloc^ aucune cargaâToft poos
dby Google
rÉfoagne , le Portugal, Tltalie, les villes!
Anléatiques , la côte d'Afrique ou TAmé- Histoiri
rique ? Quelle exportation de nos manu- ^^^ ^^^^^
faâures , quelle importation de matières
non-ouvrées ! Pourquoi tant de cris fut
l'exportation des eipéces ? Le cours de
Targent ne fuit-il pa^ invariablement le
cours du çoq^merce , & l'argent peut-il
manquer où le commerce fleurit ? Pour
chaque pièce d*ëtofFe de foie , de toife de
coton ou de mouffeline apportée dans le
Royaume , ne fôrt-il pas de nçf^ mana*
iadures une ^éce de valeur égale , qui ^
. £ait rentrer dans Te Royaume , à peu de ^
cbofe près , les fommes que chaque pièce
jd'étofte a pu coûter dans Tlnde ? Si nou$
confommons annuell^sment douze mil*
lions de livre» pefant de thé , qui ne
coûtent pas dans rindc quatre cens mille
fivrcs fterlings , & qui opèrent plus de
&>briété que ne le feroient tous liss fer^
mons des T)iécJogiens , n'en vendons*
nous pâ^s ï l'étranger pour feize cens mille
livres , fi même le commerce ne va pas ii
4eux milliolK ? Comment preuveroit-on*
^ue l'imporcwon des foieries , des moufle*
hnes s des toiles peintes & autres man-
chandifes d'agrément donnéès^ dan» l'Inde
pour une bagatelle , (oient pour nous unfs.
ftxi^ d argenté une cauia de k imucÀki
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i?4 Histoire DE l'Asie,
-commerce de nos laineries & autres ma-'
nr^ils.^^^^^^^^ ^ L'urilité du commerce des
- ** Indes prouvée , ne voit-on pas qu'il eiV
abfôlument néceflTaire de le confier à une
Compagnie régulière? N'eft-ce pas là le
feul moyen de contrebalancer les Com-
pagnies étrangères , par Tégalité de force
& d'union néceflairc dans la concurrence ?
Les inftruélions pourront-elles être com-
modément dreflees , envoyées , exécutées ;
Tétatdu commerce & la fituation des af-
faires exaékement connus j les liaifons
^ d'un trafic exercé dans tant de lieux dif-
^ férens , entretenues avec tant de concert &
de juftefle , fi ce n'eft par une Compagnie ?
Seroit ce par les mains défunies de quel-
2ues négocians épars , qu'un pareil ordre
elTentiel au commerce fe'mamtiendroit ?
Si comme on l'a vu vers la fin du dernier
fiécle 5 deux Compagnies n'ont pu fub-
fifter féparément , fi Ta communauté d'in-
térêts a pu feule remédier aux inconvénient
dont elles foûffroient Tune & l'autre ,
comment une multitude de ^égocians fe
croiferoient-ils perpéiuelleiDent fans nuire
au commerce , & comment fe fouiien-
droient-ils fans s'aflToçier ? Ne feroit-ce
donc pas dans le fond multiplier les Com-
pagnies qui s'entrcchoqueroient avec plus
ctc violence ) ce qui foucnirok au coox-
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DE L'AfRIQUE ET Dl l'AmIrIQUE. 1S5
itterce puiflTant & uni des autres nations,-
les moyens de les ruiner -toutes & d'ex- Histoire
dure entièrement les Anglois dtt com-®*^ Inpi$#
merce de TAfie.
Le commerce des Indes , difent les par*
tifans de l'opinion contraire ,• demande
très-peu de vaillèaux , *il n'^n employé *
^ucre que quinze ; il eft donc très-peu
important pour la marine de VHêêÊ» Loin
Sue ce Toit une pépinière de mariniers >
en eft le fléau , car il revient â peine de
ces contrées le tiers des équipages. On ne
voit pa§ la propriété particulière qu'il au*
roit de perfeâ:ionner la navigation. Il ne
Eut jpas parler de quelques fortunes par*»
ticuheres , il s'agit ici de l'intérêt de l'Etat ;
& ces fortunes font faites aux dépens de
la nation. Que l'on ne vante pas tant les
profits de ce commerce, les dividendes
font compofés en partie des intérêts payés
{>ar le'Gouverneur pour les femmes que
a Compagnie lui a prêtées j charge tres-
pefante pour TEtat. Les fnjets que Te com-
merce des Indes employé , pourroient être
plus utilement & fans danger appliqués
à la culture des terres & aux travaux des
manufaâ:ures. Ce qu'il y a de plus impor-
tant pour la nation , c'eft de multiplier les
prodiî£tions de la terre & de diminuer les
frais ftériles : c'eft donc ici la premier^
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t*6 Hi$TotK9 nn i*A»if ,.
>à^Bâxmon des richeffes & des homme»
Histoire En auoi confiftent les retours des Indes?
j>jE$ iMDEâ. ç,j obje» de Usae : ce. n'eft aflkrémem pas
la un foulagemenc pour les pauvres y ni
tm bien pour la «arion Déjà les objets de
nécefBié fo»t hors de la portée d unr
* grandie paf de des citoyens. Les taxes ùi%
les marchan<fir^ des Indes , Se avec ces
laxes > Uft fi:^ de la levée font payés par
ceux qui confommenc les marchandifes ^
par les propriétaires des terres ou leur»
lalatiés y donc par les terres ou par la ^i-
4:heire nationale. Quand on feroit obligé
d'acheter ces marchandifes à l'étranger ,.
ce ne feroit pas une perte pour l'Etat , puiC-
qu'avec une plus tbrte agriculture > une
main d'œuvre moins chère , un commerce*
intérieur plus animé > on aaroie plus de
denrées & de matières ouvrées & non
ottvtéets à vendre dans les marchés ao-
dehors Se fans défavantage dans la con-
currence. Il faut fe refiifer voloniaireiTient
à révidence pour ne pas voir que la cou-
fommation des étoffes de Tlnde diminue
néceflairement la confommation desv
étoffes du pays : on ne porte pas deux ha*
Ijits à la fois. Les marchandifes de fa-
brique nationale que la Compagnie vend
aux Indes , les étrangers , les Hollandois
par exemple > viendroient les acheter pour
dby Google
k mcnje deftinaiion ,, le pcix »'£D étant
pas alors auffi exceffif qu'il Teft dans Wtat »[f?[«
aauel des cl>ofes. Il a etétrn temps , o» **
b cçmmerGe de It» Compagnie ct»>ii d^m
une telle langueur , que ce peuple tmt^
ckand foumilbit TAi^eterre ette-mcme
des marchandiies des Indes. Sans faire b
balance de l'avantage cvt du défevamiag©
de l'exportation des efpcces, il eftdc nà^
totiété publique que la Conopagnie verfe
dans rOriem on argent immenfe , quind
Ce teverfe dans le Royaume par aucun
atftre canal > du moins en égale quantité;
Ott fçait qu'en 17^6 ^ elle a remisa»
moins cinq cens mille livres fterlings k
k CBine en efpéces,fan«^ les effets; quels
f«it été fes retours en argent i Dans l'eC-
pace d environ vingt ans, elle açorté^Uff
de dix millions de livres fterlings à la.
Chine & aux hides ;,& loin de s être pro^
curé à elle-même une compenfation , elle
a plttfieurs fois 'recouru à des emprunts»
Quant au débit de fes marchandifes dam
les autres Etats de T Europe, de l'Afrique
ou de rÂmérique , comme il conflue par
les regiftres de la douane & par les fiens
propres que les trois quarts de Tiroporta-
tion font confommés en Angleterre, it
réfulte qu'il n'en eft tranfporté qu'Une
quatrième partie au plus i rétrangeti fie
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iS8 Histoire de t*Asri;
■s'il cft vrai que cette partie ne confifte
HisTOïKrS q^•ea caflc , J>oivre & indiennes groflîeres ,
31% W'•*^q^i dédommagent à peine des frais , oà
ià te bénéfice , où font les produits en
argent ?
La Compagnie tire donc tous (es pro^
its des Anglois mêmes, & comment?
en leur vendant le thé , par exemple ,
fins cher de cent pour cent que ne le vend
aucune autre Compagnie , ainfi du refte j
6c cependant on ne cetTe de dire que ces
marchandifes coûtent peu dans Tinde : il
faut donc très-peu de marchandifes de la
nation pour acheter celles là qu'on lui fait
payer un prix exorbitant. Une Com-
pagnie de commerce n*eft & ne peut être
qu'une troupe de monopoleurs. Elle acheté
i hàs prix, elle vend fort cher, autant
de vols faits à la nation , qui auroit mieux
vendu ^ acheté à meilleur marché, fi la
concurrence avoir été établie. Car plus il
y auroit en d'acheteurs de marchandifes
Angloifes & de vendeurs de marchandifes
étrangères , plus les unes auroient été
mifes à l'enchère & les autres au rabais.
99 Les fermiers d'Angleterre , difoit en
1^5 S l'auteur d'une Ir^/fre â un Gentil-
homme contre le commerce exclufif , » les
i9 fermiers qui font marchands & ài\*Qn*
M dans du commerce, trouverqient fouve-
dby Google
DE L^ArFUtQVE £T Ofi L^AuiKlQpE. 1 89
i> tainemenc déraifonnable d'établir par •
M une loi des Comp^nies qui auraient le ^'*^^^ ^
» monopole des grains , du bécail , de la ^* *•**>*••'
j> laiiie , &c* fi^ackant bien que ces corps /
» étant maîtres du prix acbeteroient à bon
» marché Se vendroient à haut prix , te
» par ce mojen ruineroient le p;:emier
»» vendeur ain(i que le confommateun Ils
« enleveroient aux propriétaires des terres
t> leurs revenus , priveroienc le peuple de
» fa fubfiftance » découragetoient les ma-
* M nufaâures , le travail « & toute forte
» d'induftrie , par rapport aux produâions
»> dupaystn Eh quoi donc! le commerce
ne feroit pas florilTant , s'il étoit libre ?
Ces marchands qui conduifent les autres
^'parties du vafte commerce de la nation »
.ne pourroient pas en diriger une branche
particulière, tandis qu'elle eft entre les
•mains de quelqi^es direâeuis qui ont très-
^peu de connoiuance de cette matière? lis
-ne feroient point en état d'équiper quinze
ou vingt vailTeaux , d'entretenir quelques
factoreries , de payer quelques agens ha*
biles y enfin de fournir a un commerce que
l'Etat le . moins riche de l'Europe pei|t
faire? N'eft-il pas à croire que leur in-
.éfifine f alfurée de tirer un nouve;(u hi*
jnéfice de leurs découvertes , en auroit
bientôt étendu le cercle? On convient qqe
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*Us particuliers trafiquent à moins de frarr
***^** <jue les Compagnies j pittHeurs eflais ont
'**''***** prouvé que leurs exportations en mar-
chancHfes feroient beaucoup plus confia
àèfshles. Dans les conteftations qui s'é-
fevetenc fur la fin du dernier fiécle , IcSs
mtfrdtands drapiers dcmontrerem qu'eh
i^yi , deux vaifTeaux particuliers avoiertt
•exporté , en deux ans ,955 pièces de drap',
'pendant que la G>tnpagnie n'en avoir et-
ponéijue 1S27 dans Teipace de cirKj ans*
Loin que Toppefition d'intérêts des maft-*
chands foit préjudiciable au commerce ^
<'eû au contraire ce qui le rend plus flo-
rilfant & plus avanrageux à là nation } plus
^oriirant pat Teflor que l'émulation & h
■cupidité lui donnent , plus avantageux i
la nation par le jtifte prix, que la concur-
rence établit dans les ventes. La Com-
pagnie a beau vanter fon adminiftratioU';
on fçait qu'elle eft pleine d'abus criatts!,
' * les aâriomiaires né ceflTent de s'eti
plrtitidre, àihfi que la nation. Si elle attribua
fes fuccès a fon intelligence , elle oublie
donc qu'élte doit tous fes progrès aux
bienfaits & a\jxfecôurs qu'elle a reçus Ai
•i^trtcfneirtentic'eft la nation eWe-mcnie
>}ui atmttitenftijiflrtiréi aggrandi fes iJi-
'teaities 2tux ïttdes: Avet la prot^élion pTà-
*Bqtte*, ^eft-ce ^œ 1er matchûfftàs ^r
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ticuliers aaroient de plus à craindre des
nations rivales que la Compagnie ? Les Hwtcm*»
Suédois , fans colonies, fans forts, fans^** i»»»^
établifTemeds Se mcme fans aucun porc
fur la route , vont commercer aux Indes
& à la Chine , malgré la jdouiie Se la
puiflance des Colonies Européeoes» mal-
fré la longueur de la traverfée , f\m èb
tockolm à Camon eft donze mille
milles, & ils commercent paifiblemcnc.
Ildlà remar<jaer qu'en i<>93 , lorfque
le Miniftère propofa de mettre quelques
Teftri<aions aux privilèges de la Conï-
pagnie , elle r^Jiama la liberté du oort»-
fnerce, qui, difoit-elle , ne Heurit ^mais
s'il eft gêné & limité ; elle reclama te
droit naturel , qui veut que chacun jpoiiiSè
faire de fon bien ce qui lui plaîc^ elle rei*
clama la juftice , qtti défend de liimtei
les prix; elle reckma le droit commun ^
la bonne politique, l'ordre focial , les loix
du Royaume, en faveur de la. propriété
Se de la libère j & ces piviléges exclufifs
font ils donc autre choie que des ofucpa-
tkms fiir la liberté & far k prctt>riété des
citoyens^ contraires i la profpérîté en
commerce , â la bonne politique , à l'ocdre
focial, à la ^nftioe, an émit commun , au
droic narocel ? A quel titre eitipèi^her des
àii&yetn*, ies^ ^aus des privioégiés ,. de
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ICI HlSTOIRl DE L*AsiE,
i faire valoir leur induftrie & leurs fondf
Histoire ^^ \^ manière qui leur feroit la plus pro-
ras Indes, fijj^ble, pour favorifer à leurs dépens &
aux dépens du public , des hommes qui
n*ont d'autre mérite particulier que de
fervir des vues d'ambition & d'intérêt ?
Pourquoi Briftol, Exeter, Pli mou th , Hull >
Yarmouth, 8cc. ne jouiroient-ils pas du
même avantage que le port de Londres ?
En Hollande > il eft au moins permis
d'importer des marchandifes des Indes ,
pourvu qu'on ne les en tire pas diredbe-
ment , au lieu que par l'aâe de naviga-
cion , la Compagnie peut feule importer
ces marchandifes dans le Royaume & en
droiture. Elle a même obtenu des aâes
pour empêcher non-feulement que les par-
dculiers fe procurafïènt des permiflîons &
des pafleports des puifTances étrangères »
mais encore qu'ils n'pudent quelqttimérêc
ou part aux fonds ou aux adions dans
quelqu'autre Compagnie des Indes que
ce pût être. Telle eft l'injuftice & la tyran-
nie du monopote»
Ces raifons pour Ôc contre le cooa-
merce Ôc la Compagnie des Indes , les
deux partis les ont mille fois expofées
avec force dans le courant du diernier
fiécle 8c du ficelé préfent, fur- tout lorf-
qu'il a. été queftion de renouveller la
chartre
dby Google
DE l'Afrique et de l'Amérique, t a j
chartre expirante de la Compagnie. Elles
ont été rebattues en i.y66 , lo^Gouverne- Histoire
ment étant alors obligé de prendre fes ^^^ ^^^^*'
réfoturions fur lodroi prolongé dans la
dîx-feptiéme année du règne de Georges
II, jufqu*au 15 Mar5 de Tannée 1770^
époque où , au moyen d'un averiiffemenc
donné trois mois d'avance , la Compagnie
ne doit plus avoir de privilège fur les
Indes orientales. La Compagnie avoir
alors & depuis long-temps une raifon dc-
• cifive en fa faveur. Sans parler de la perf-
pedive agréable pour le Gouvernement ,
de trouver des fecours dans les fonds de
cette fociété , jorfque les befoins publics
paroiflTent le forcer à recourir à la runefte
reflburce des emprunts 5 il auroit fallu que
r£tat chargé d'une dette de plus de 1 40
millions fterlings , & obligée d'augmenter
tous les ans cette dette, lui rembourfât,
fuivant les termes de la patente , 4 , 100 ,
000 livres fterlings , qu'elle avcît avancées
en trois fommes différentes , fous les
règnes du Roi Guillaume , de la R^ine
Anne & de Georges II. Où le Gouver-
nement auroit-ii pris des fonds pour le
rembourfement d'un pareil capital î '
Nous avons, obfervé dans le corps de colonîes
l'Hiftoire, que les Français, tandis que ^«nçoifci.
leurs voifins avoienr de vaftes poflTeifions
Tomcr. I
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L
194 His^ToiRE DE l'Asie,
. -'aux Indes , fie fongeoicnt pas a envoyer
Histoire ^es vaiffea^x & eiKore moins à former
P£s Indes. ^^^ ctabliflTemens àztïs ces contrées , quoi-^
qu'ils confommaflent plus de marchan-
difes de l'Orient qu aucune autre nation
Aq l'Europe : nous aurions dû- ajouter que
le Royaume n'en croit pas moins riche ,
moins floriflant , moins puifTant , moins
heureux.
On a été étonné de ce que les François
naturellement ambitieux & vifs , avoienc
été fi long-temps à fentir les avantage**
du commerce & d'une marine. On trouve
dans le teftament politique du Cardinal
de Richelieu & dans quelques autres ou*
vrages 9 des recherches fur les caufos de
la lenteur avec laquelle ils fe font appli^
qués à des objets fi importans. En pre-
mier lieu , l'aiguillon de la néceflîtc ne
les y excitoit point , comme les Vénitiens
& les HoUandois. En fécond lieu , les
Rois ont eu tantôt trop peu d'autorité pour
encourager des entreprifes de cette nature ,
J5c tantôt trop de defpotifme pour ne pas
étouffer rinduftrie de leurs fujets. Enfin la
vivacité , rinconftance & la vanité rendent
la nation peu propie à des opérations qui
demandent un efptçit calme , flexible Se
cîonftant. Il fàlloit dke d'abord qu'un Etat
inonarchiqae n'eft pi» s, par fcn génies
Dig,t,zec\by Google
i£*j ■ - ^
DE t,' Afrique et de l'Amérique. 195 .
commerçant , & qu'un Etat agricole ne f**^** — S-
doit pas l'être (à prendre. le mot de com- Histoike
merce dans Tacceptidb vulgaire, ) La ^** ^^^*^*
France n'a point de mines d or , & toute-
fois on remarquoit , il y a deux fiécles ,
qu'elle attiroit à elle prefque tout l'or de
l'Europe 9 & cela par (es grains , Tes vins «
fon fel & fon cnanvre. Le peuple qui
aura beaucoup de denrées de fon cru ôc
de marchandifes de fes fabriques à vendre »
verra toujours arriver dans fes ports beau-
coup de fadeurs étrangers qui lui donne-
ront en échange , toutes les chofes dont
il aura befoin ou envie. Que fes terres,
fbient bien cultivées > il participera aux
richeilès de l'univers > fans s'expofer aux.
viciditudes, avix dangers , aux guerres , à
la dépopubtion Se aux autres inconvéniens
infép.irables du commerce maritime Se
des domaines éloignés. S'il abandonne
ion fol pour monter fur des vaiiïeaux 9 il
quitte le corps pour courir après l'ombre :
les mers font perfides & la terre ne trompe
pas. On dira (ans doute que la même na-
tion peut être tout à la fois agricole 8c
commerçante , c'eft-à-dire, qije l'on peut
appliquer et! mêu^e temps la même chofe
à deux emplois oppofés, allier c^ux ob-
jets .i|icoiiipanbles/& placer^ pour ain(î
4ire^a^ |)eu^ amçs. 4^fi$ un même corps,
Ii|
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lii"i^lffl Wi ■ÉilMÉT
J^S Histoire de l'Asie,
j ^tMmmmm.^ jj jç^ hommcs & Icufs fichefles mobi-
HisTOïi^E lieres fc partagent entre le trafic & la eut-
DES Indes, jy^ç ^ ragriculture perd tout ce qai entre
dans le commerce : Tintérct du marchand
eft d'acheter à bas prix , du premier ven-
deur, rinrcrct du premier vendeur ou du
cultivateur eft de vendre â bon prix : le
génie agricole n afpire qu*à s'enrichir pai-
ublemcnt de fon propre fonds ; le gcnie
commerçant tend, avec envie & turbu-
lence , à s'enrichir du fond d'autrui y entre-
prifes, intérêts, caraâères oppofés. Nous
ne pouvons qu'indiquer ici quelques traits
d'un contrafte, dont le développement &
la démonftratioh demanderoient un traité
d'économie politique. Nous ne croyons
pas qu'on mette en queftion , fi chez un
peuple riche en terres , il ne faut pas fa-
vorifer le commerce préférablement à
ragriculture. Il eft évident que le métier
de faéleuts St de voîturiers ne fçauroir
convenir à de grands peuples , lefquels de
tous les temps l'ont abandonné à des villes
ou à de petites nations fans territoire, il
n'eft pas" moins clair que l'agriculture
donne la richefle nationale & le revenu
public ^ atinuellement renaiftant , tandis
que le commerce ne procuré que des fa-
laires & des profits cafuels a (Quelques
particuliers , qui ne inânquent^âa, W
dby Google
dVec raifon, de les fouftraire à rimpot.—
Il eft également manifefte que la terre & Histoire
la charrue font le feul fonds , le feul bien , ^^' I^«-
le feul patrimoine à jamais folide, fé-
cond, fuftifanr, fubftantiel & riche de
toute richefle j au lieu que le commerce
n'a qu'un vain éclar.
Nos ohfervations générales fur le com-
merce Se les Colonies des Indes , & nos
réflexions particulières fur radnoiniftia-
lion & les Compagnies des autres nations
s'appliquent d'elles-mêmes au commerce
des François , à leurs Colonies & à leur
Compagnie des Indes. On a vu dans
THiftoire le génie national rcfifter opi-
niâtrement à l'enthoufiafme prefqu'uni-
Veffel pour le commerce de l'Orient ; des
Compagnies éphémères fe diffbudre au/lî
rapidement qu'elles avoient été lentes à
fe former; une longue léthargie fuccéder
à des momens d'effervefcence ; les paf-
fions particulières des chefs des premières
entceprifes rompre le faifceau des forces
néceffaires pour atteindre au but ; les afr
laires publiques ramener fouvent la na-
tion à fa fphere propre ; la finance fe jetter '
avidement fur Iç commerce dès qu'il lui
offrit une proie j ^'incapacité & là négli-
gence détruire ou laiifer tomber ce qu'a-
voit élevé le talent Se maintenu la vigi-
I iij
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DES InD£S.
198 Histoire 'i> fi i'Asib,
lance ; Tavidité exiger des répartitions fuî-
HxsToiîiR vies de rimpuiflTance ôc du difcrédit ab-
folu j un mauvais fuccès engendrer le dé-
couragement & des fautes j les fecouffes
de l'Etat ébranler & entraîner la Com-
pagnie ; ropinion publique, fur Tinfluence
de Tautorité fupérieure dans fon admi-
nidration , dégoûter la nation d'une fo-
ciété privée du droit fondamental de dif-
pofer & de jouir de fes profits ; les chefs
de la Compagnie en France & fes agens
aux Indes , difcordant entr'eux , régir lès
affaire par Tinconféqucnce & la confù-
jfion ; les variations continuelles de plans
& de fyftêmes bouleverfer & énerver les
* Colonies par une agitation & des viciflî-
tudes continuelles ; des inftru£kions con-
traires armer leurs chefs, dans une emre-
{>rife commune, les uns contre les autres j
es officiers du Roi & ceux de* la Com-
pagnie , les officiers de mer ôc ceux de
terre , s'affoiblir , fe croifer , s'abandon-
ner réciproquement, pourfe dérober ré-
ciproquement la gloire & le fruit des fuc-
cès, &c. La Compagnie a pris aujour-
d'hui une nouvelle forme , elle femble
même reprendre une nouvelle vigueur.
Les Colonies ne font point tombées de
manière à défefpérer de leur parfait ré-
lablirtement j mais en paix comme en
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Histoire
D£s Indis.
DE l'Apriqtje et de l'Améri^e- 199
guerre , tout demande à être bien admi-
niftrc. On fçait qu'aucun peuple de l'Eu-
xope n a été aux Indes plus équitable , plus
doux , plus infinuant , plus facile à s'ac-
commoder aux manières, plus répandu,
mieux accueilli dans les Cours , plus ai-
mé & plus eilimé des peuiiles & des
Princes , mieux inftruit de l'ctat & de la
politique du pays que les François : il a>
fallu bien des défauts 6ç bien des fautes
pour rendre tant d'avantages inutiles.
. Nous ne dirons qu'un mot de la Co- ^Cotenie Da.
lonie Danoife établie fur la côte de Cor
romandel , dans les Etats du Roi de Tan-
jaour. Vranquebar étoit un lieu fi peu con-
fidéré , lorfque les Dajigis y jeçterent
l'ancre , que les Portugais embarralVés dan*
des foins domeftiques Se dans dçs guerres
extérieures » les HoUandois. acharnés à la
pourfuite du comrnfttce de$ épiceries .3. les
Anglois agités jufques dans Jes Inde^ à^
troubles inteftins de TEtat , ne parurent
pas même s'appercevoit qu'une auiire na-
tion entroit avec eux dans la carrière dont
ils étoient fi jaloux de s'exclure les uns
les autres. Ep yetidaot indifféremment 4
tous^des mmiîûons , dts prpvifions& des
armes , Ja nouvelle Colonie mérita par ces
fer vices une tolérance & même une li-
berté de commçrcç qu'ils lui laifferjent,
I iv
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' ioô- Histoire de l*Asie,
- — ■■ ■ tant qu*un intérêt plus preflTant les obligea
HxsToinE à recourir a fes magafins. Nulle gcne aux
sfs lHD£s, n^^^rchands étrangers , beaucoup de dou-
ceur & dé juftice envers les gens du pays»
cç fut par là qu'elle fleurit dès fon origine
fort au-delà des efpérances de la nation.
Lorfque les Hollandois eurent pris aux
.Indes Tafcendant fur leurs rivaux , elle
perdit par leur oppohtion les branches les
plus lucratives de fon commerce, & auflî-
tôt les longues 8c fanglantes guerres dti
Nord le déflecherent jufques dans fes ra-
cines , par rimpuiflTance à la(^uelle la Com-
pagnie fut réduite de lui faire des gnvois.
Sa profpérité n*avoit éré qu'un heureux
concours de cicconftances j elle devoir cef-
fer avec elles. Concentrée dans fes propres
forces, elle ne fe maintint que par fa
fbiblede : on ne lui envia point une fimple
exiftence. Elle s'entretint dans fa petite
fortune j en vendant aux marchands
Maures êc GeniiU le droit de commercer
fous le pavillon Danois , bénéfice que ne
négligent pas au;ourd'hui ceux qui ont le
maniment des affaires à Tranquebar. Le
Raja deTanjaour s après avoir rire d'elle ^
par droit de fuzeraineté , pour fe défendre
contre le Mogol , des hommes dont on
prétend que U piraterie la dédommagea >
fe feroit empâté de leur ville , pour la
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Dl L-AfRÏQUE ET DEX*AMéRIQUE.
vendre. , dic-or> y, à une autre "^tyl^
les Anglois ne l'^oient géncreufemaBR- Histoire
courue. 11 eft à préfumer qu'avec plus d'à- ""^^ ?'^''"-
drefle& de conduite, les Danois auroient
étendu leur territoire , chez un peuple na*
turellement bon & dans un pays extrême-
ment fertile. Pour le faire fleurir, on y a
envoyé des Miflîonnaires ; ceux-ci ont fiic
des prpfclytes , $c ces profélytes font de-
venus de fidèles fujets. Le fuccès des
Apôtres Danois a été fi décifif , qu&les
Anglois & les HoUandois ont commencé ,
fur cette épreuve, à s'appliquer à Tinf-
truélioii & à la converfion des Indiens^
Cependant quoiqu'on aflTure que l'état de
la Colonie eft devenu beaucoup meil-
leur, il ne paroît pas que la Compagnie
ù)it plus floriflante ; les artifices iîmployés
par la création de la Compagnie d'Aitena
pour relever le commerce, eh font la
preuve. La Colonie de TranquéHr eft
dans le même cas que ces petites nations
enclavées entre degrandes nations qui ne
les eftiment pas allez pour les fubjuguer,
mais qui ne fouffriroient pas qu'une puif-
fance rivale les, fournît.
Ces obfervations fur les Colonies Se le
commerce des Indes étoîent néceflaires
pour développer & même reformer nos pre-
JBiieïes idées fur le coaunèrceèç parùcolier
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z^r Histoire d i l'Asie,
—"^ "'""'■ J^Vle commerce engénéral* Nous priorts
Histoire n^Hedeurs de rapport^ & d'adapter aux
DES Indzs. principes que ttous venons d'établir, ce que
nous pouvons avoir dit peut-être préma^
turcment fur cet objet , avant que d'avoir
alfez approfondi les opinions dominantes
fur ces importantes matières. (*)
Dt la Frcfqu*Ip au delà du G^gc.
Les géographes modernes donnent à
c^tie Péninfule 5 30 lieues du nor.d au fud,
& 360 d'occident en orient dans fa plus
grande largeur. Vers fa partie méridionale,
ce n'eft qu'une longue terre, qui com-
munément n'a pas trente lieues de large.
On la divife en trois parties. La fepten-
trionale comprend les Royautiies d'Azem ,
d'Ava , de Pégu , de Laos , d'Arrakàn ,
de Boutan, de Tipra, du Tibet, &c. La
méridionale renferme Sîam Se Malaca.
L orientale comprend Campa , pays pref-
qu'incôqnu, Camboie, le Tonquin, là
Cochinchine, &c. Nous avons dtcnt ail-
leurs ces^ deux derniers pays. Siàm
eft de toutes ces contrées celle que les
relations ont tendu la plus célèbre. Je
(*) Cfs'obfcrTationf font partie de l*pttTra«î imituU
ïepiuJq^i Inékà.pu k^i^Miions fur le^ C^U^i ies
Indis Oma^Us, 176%. Çfce» Ucorabc , i w Cbnftinc.
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DE L*ApRIQXJE et DEX'AMiWQM. tOJ
commencerai par la defçripçion de ce
Royaume. Il y a apparence flue les mœur? Histoire
de/es habitans^oiu de^çrands rappprts^^* ??^'«
aveccelles de leurs
Royaume de $iam.
|. .Ce ROTauœeeft borné dM levant. aiiy
pordpar de hautes montagnes. V^MÎ le. ff-
parent du Royaume dç Xaos , &. du nord
au couchant par* d'a^'treV montagnes qu^
le réparent des Royaumes de Pégu &ç
d'Âva. Cette double chaîne de montagnes
habitées p^r des.peuples peu iiombreux.^
îauvage?^ & pauvres,, jnais libres & de
puBurs innocentes ,. WiÇe cncr'elles qpe
granjde y^llce , large en quelques eodi^Uf
de 80 à I op Heoes y Se, arrofée du liora
au tnidi par la belle rîviefe de Ménah ^
(mere-eau) qui fé décharge daîis le golfe
de Siam par trois embouchures. Malgré
uiif.b^c de fable: quon^^pelle la barré
c|ç^;§iaçi , Içjs' grandes vai^çâux trouvent
ji^^(vle àzï^l^j^^d i ^oiit ^é ciouillagp
eft trèstboû. ;Lf Ivf^,"^^." ^^^fi^i cômtnele
^il , a. des iivp/id^^ons ^çjciodiques , ¥ç
divife pn t^nt de branches^ qu'on courjc
f^^^v^^/'?, PÇ^^^P if!^"5 ce labyrlxuha
pix cottçoît qug.^c'cft. iur fes riy^s ,q4e îé
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204 HlSTOlKE DE l'AsiI ,
'commodités raffemblenr la plus grande
Histoire partie des habitans. Le refte du pays eft mal
3>ii ^Ni^É*' peuplé & peu connu. Les Siamois ont
mjime fort peu d'habitations fur les côtes
maritimes ; cependatu la fituation des
lieux leur ouvre ta navigation de toutes
les'mers de Torient. Ils ont deux cens
lieues dé côté fur feeolfe de Siam & 1 8^
lieues fur celui de Pengâle. Tandis que
la nature a fefufi^ 'des ports cbrtJtttodes i
îacôte dé Cofoniandel , au couchant de cq
dernier gdlfe elle en a donné un grand
nombre. Le Royaume eft couTert par beau-
coup d*ifles , qui fonneni pour les vaif-
feaux des afyles fûrr, dans îefquels ils
trouvent dé Teau douce & du bois. Lé
Roi de Stam les compte dans fes Etats»
quoique fes peuples ne les aieînt jamais
habitées & qu'il n'ait pas aflez de forces
markimes pour en défendre Taccès 2iii
étrangers,
de Le pays fe dîvîfe en haut ôc bas Siam^
îé premier ^u tiàrd l le fccônd ^ i\x miâii
Le haut Sîain, felotiiiï.onberfr-, cotïii
ptend fept Provinces /{^orcèlohe , Sah^ne-
lone , Locontaï , Campenf^pét , Cocdft»
repîna , Pêchèbonné , Pitcnaï. Le bas
«îam fe divife aaflfi^^n fept l>rè?vilticêi?!>
•JoT ou JohoriPaçaÀeVL^; Tétfirérîn^i
Chantel?ohfïé ; Peiclong <iu JBojïdWémg^ «d
Siam.
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DE ^'AfRIQÙE IT DI L*AMéRlQUB^ 10^
•Tchiau Koempfer ne donne à Siam que ^"""^"TT.
xlouze Provinces jJooftSchuten en compte Histoire
{Ans de vingt. Chaque voyageur écrit ^** Ino*^
eurs noms & ceux des villes 4'ttne ma-
nière différente.
La côté de Bei^ale offre deux ports
confidérables à la tcte de deux ifles , Mer-
guy Se Jonfalan. Ije long de la côte du
golfe de Siam , les lieux les plus femaiy
quables font Paiane ^ ville & cap à l'en-
trée du golfe I Bordelong & Ligor^ autre-
fois dépendances de Malaca,^ Se fur la
rnême hauteur > les Pulis ou ifles de Cor-
nam, Sançori , Bordia^ iàns parler de quan-
jUté d'aucrçs ifles de. iiaijwndre grandeur.
Quoique Ifes bords. d(& Mcnan foienc
t^s , .marccagcjjx fit d« difficile accès,
jc-^fi; là qu'on a.batiJes villes principales.
Bancock , appellée. . Fou , p^t hs Siamois ^
fe préfente en remontatoi la i;ivieiîe , à fepi
Jieues de fpn e|nbouchure.. Le territoirfe
îdç c^ue viUe, .e^ un yaft^ j jardin , ;qui
foiartnit r U cApi^lft une,^fa«^ ^uintitii
j4ô, fruits, ç'^ft-â-4ire ^l'effèçq de.n^urri-
4ture que ^ U$ habitans -^^ferent à toutes
les ' autres. rDoqzie qut treize lieues au-
difjJusde.B^QC^fei oo'itQUve Sy^io-chi-
y^,; don? leà 4lf«nèers 0n.t fm India, Jn-
jftia 1 • J^df^ , Qidioa .:^&irt<^a^^ll?, : d»
^oy,?SWÇj :Jfcli^fiô,J)aîiA.a^'-m^
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10^ HisToiai DE l'As 11^
• eaox dans une ifle aiTez vafti^ , formée par
Histoire je circuit du^Ménan. On a compare fa (ï*
©is iNOis, j„3jiQ„ ^ ^^||ç Je Venife. Les Rois de
Siam ^ plusiîmples que les Doges de cette
République , qui époufent ta ma: , fe
bornent d aller en baion fur le fleuve ^
quand il efk débordé , pour le fupplier de
rentrer dans -fort lit. On affure que cetti^
oipitale eft fermée par une muraille de
brique de deux lîeuesr de cîrc\;»t ^ mais
elle eft preique deferte à la parties du fud
êc à celle de l'oueft. Les Européens y ont
bâti quelques belles maifons. Un quartier
^ occupé par des étrangers Afiatiques >
qui*habitent dé petites loges de brique oà
de pierre. Partout aâieurs il n*y a que de
mmrables cal>âne^. £a Loabére cdmpàfé
les n*aifons"des^aiidaHns à de grandes
Armoires. C'eft toutefois là que logent le
maître, la principale époufe &fes enfans.
Les âUcre^ Fen^mes ont dés Virabanes %a-
té^Sfàbtit un4f>aUflade y^ Bambou forme
ime hajbifàticwjcoïiîmâfîii fv^ ftttKi"
mlemaifon;' île palais àd^^pi^fi* fee^t
être tonritt ^ ^ttfe qa*ïl efe feirn^é mènlè
attjc naturel duf ays; ll^tt^y ^ (Jâé la fattê
du confeil qui fôfc ^GceflSWe; 4Péur ^en^
tter , lês^iâittofe^fe^triÎRêHèfiiP leisJ-lmai^
& forces gefjoàx^ 5éi^(î^n lâ^iW^is/dk
ûïv vd^eur /^ii^^riâtoit4i'il!^^4«6titàà
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©EL'APRI^l^EETDtL'AMtltl^H. 207
ibrprendre le Roi. Les dehors du ferrail
ont quelque thofe de majeftucux. Histoire
• Les Européens ont coutume d'appeller*"** hmts.
cette ville Siam. Ce nom tû inconnu auii
naturels. Ceux* ci appellent leur pays
Nleuang'tai, Royaume des hbres. Les
Portugais paroiffent» dit-on , les inven-
teurs du nom de Siam , qulU empîoyent
pour défigner non le Royaume, miîs là
nation. Ceux qui fçavent la langue de
Pégu affiirent que Siam en cette langue »
fignifie libre. C'eft de U fans doute que
les Portugais ont emprunté ce mot , qui
répond à la dénomination que les Siamois
fe donnent eux-mêmes,
Louvo, à dix lieues de la capitale»
forme un fé}our agréable, où fe Roi paffè
une grande partie de Fannée. Ce Prince
y a un palais moins fpacieux , mais plus
riant que celui de Jttthia. L'édifice tel que
le, décrit Gervaife, ne feroit en Fraiure
qu'une maifon de plaifance aflcz com-
mune. On nomme encore parmi les places
principales, Thainatbouri , ancienne ca;-
pitale d un Royaume parriculier , dans la-
quelle on compte trois mille habitans, La-
conceran , ville où h Ménan reçoit une
grande rivière, Campengpet , rivale de
juthia, danî une Province où fe trouvent
des mines d'acier abondantes , Tian-i6ng ;
t
1 .ji
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loS HiSTOi&E DE l'Asie, ^
-place ruinée, Mécac» frontière du Royaa*
Ss ^S"^" me entre le nord Se Toueft , Cambori , fur
^^**la frontière de Pégu , Corazema ou Car
ridîma fur celle de Laos : Socotai & Saa-
quelouk ont aufll mérité Tauention des
voyageurs. On trouve encore dans les re-
lations quelques autres villes , ou du moins
d'autres noms donnéspeut-être aux mêmes
amas de cabanes. Dans les grandes rnai'
fons Siamoifcs , il n'y a point de plein-
pied, quoiqu'il n'y ait qu'un étage. L^s
Îâéces le fuivent fur la même ligne, 8c de
'une à l'autre , il y a quelques marches à
monter. La même inégalité fe trouve dans
les toits. C'eft cette fuccéffion de toits iné*
gaux qui fait la diftinâion des degrés, de
grandeur. Le palais de la capitale en a fept,
avec quelques tours quarrées , qui ont
aufli piufîeurs combles. Les grands offi*
ciers en ont jufqu'à trois. On remarque la
même gradation 4Ans les pagodes. De
trois loits , le plus élevé eft celui fous le-
quel eft placée Pldole. Le principal orne-
ment de ces édifices conufte dans plu-
Heurs pyramides de brique & de chaux «
dont les plus hautes ne le font pas moins
que nos clochers ordinaires.
wftoitc na- Les Siamois ne connoiflênt que trois
faifons , Tbiver , le printemps ou le petit
<té & le grand été. L'hiver eft fec gff .l'ét^.
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i
DE L Afrique et m L^kuiKiQtSE. 20*9 ^
pbvieux. Les pluies commencent au mois ^**^^*'^^
de Mars , elles finiflTent avec le mois de Histoire
Septembre j & alors Tinondation corn- ^^^ Iki^is.
inence. Les Siamois ne cultivent que les
terres fur lefquelles les eaux fe débordent j
les autres cantons font deferts & couverts
de bois. Ce Royaume eft fi vafte , il a fi
peu d'habitatîs , les terres voifines des ri-
vières font fi'graflTes & fi fertiles, il y a
tant de fobrictc ou plutôt fi peu de be-
foîjis , la forme du Gouvernement cft fi
contraire à la culture , que la plus confi-
cfcrable partie du pays refte en friche.
Le riz eft la principale récolte , la nour-
riture la plus ordinaire , Se le plus fain dus
alipiens des Siamois. Un officier qui a le
titre d*Oc-ya-Chaou , Prince ou furintcn-*
dant du riz , ouvre le labourage des terres ,
en traçant quelques filions, accompagiïé
d un nombreux cortège qui le ièrt avec
de grandes démorjftrations de refped. Ce,
Prince tient ici la place du Roi, quune
crainte fuperftitieuie a depuis quelques
temps détourné de cette noble fonâiod,
>Sa loyauté n^ dure qu'un jour > elle rapr
porte quelqu'argent , mais on la croit fu'-
neftô à celtii qui l'exerce, La Loubere rair
conte que le Roi feul recueille du fro-
nieht, & peut-être moins^pour le goût
que par curiqfité. Les François habitués
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210 Histoire de t*Âsic,
! dans le Royaume , étolent obligés de faire
Histoire venir de la farine de Surate. Les potagers
©ES Indes, j^ ^j^^^ abondent en légumes , la plupart
difFérens des nôtres. Les fleurs y ont
moins d'odeur & d'éclat qu ep Europe.
Les fruits y ont beaucoup de parfum & de
faveur, on ne les trouve délicieux qua*
près s'y être accoutumé , ic quand on
eft parvenu i en aimer le goût « on trouve
ceux d'Europe fades & mfipides. Cette
qualité eft commune aux fruits de tous les
pays de l'Inde.
Les vaftes forets dont le Royaume eft
couvert « fournilTent aux habitans une
grande variété d excellens arbres. Entre
leurs cotoniers, on vante le capoc, qui
• produit u^e efpéce d'ouate fi fine , qu'on
ne peut la filer ; elle tient lieu de duvet.
Une efpéce d'arbres fort communs dans
ces forêts jette la gomme qui fait le corps du
plus beau vernis de la Cnine & du Japon.
Les Siamois~ignorent Vart de la mettre en
oeuvre ^ peut-être manquent-ils d'une cec«
faine huile ou'on doit mêler dans cette
gomme pour remployer. Ils font du papier ,
non feulement de vieux linges de coton,
mais auifi de- l'écorce du tonkoë. Leurs
livres confifteot en ptufieurs feuilles collées
enfemble , que Ton plie en plufieurs fens.
Us écrivent auûi avec un ftyleou un poin-
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DE l'Afrique et de l'Amérique, i 1 1
çon furies feuilles d'un certain arbre. Les25!SS55?S
Siamois entreprirent fur la fin du dernier Histoire
fiécle de planter des poivriers j & Gervaife ^^^ Indïi .
atTure que dans le temps quHl étoit à
Siam , on auguroit fort bien de ces plan-
tations. Les cannes de fucre y font fi abon-
dantes , qu une livre de caiibnade ne coure
que deux deniers. La Loubere remarque
avec étonnemenc, que parmi tant def-
pcccs d arbres dont le pays eft rempli , il
n y en a pas ttne feule qui reflemble à
celles d*Ëurqpe. Il s'y trouve des arbres
fi hauts Ôc fi droits, qu'un feul fnffit pour
faire un balcon de»feize â vingt toifes de
longueur.^
Comme la religion ne permet pas de
manger la chair des animaux, les Siamois
ne fongent qu'à élever les efpéçes def-
tinées au labourage , telles que le bœut
•& le buffle. Le Roi de Siam eft obligé
de tirer des chevaux de Batavia pour le
fervice de fes armées. On prétend que
les Siamois font à proportion le it!ê,me
cas des chevaux blancs que des cléphans
de cette couleur. Le Roi étonné un jour
de la répugnance que Vincent, médecin
François, marquoit à traiter un de ces
animaux de fon écurie, lui fit aflTurer,
cour vaincre fa déficateffe , que le cheval
écoit Mogol, c'eft-à-dire, blanc, & que
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111 HlSTClilE DE t*AsiÉj
^^ùs ancêtres, jufqu'à la quatrième gcnéi*
Histoire ration, avoient été du même poil, fan^
018 1nd£». aucun mélange de fang Indien. Le grand
commerce que font les HolUndois des
peaux de daims & de buffles fauvages
qu'ils tirent de Siam , preuve qu'il y a
une quantité prodigieufe de ces ani-
maux.
Parmi les oifeaux du pays , l'aigrette
e(l très-vantée dans nos relations. Elle
doit Ton nom & fa beauté aux a^rettes
?|U'eile a fur le dos & fous je ventre. Sa
orme approche de celle dû hérom Son
plumage d'une blancheur éclatante & de
la finefïè du duvet le plus beau^, eft U
matière des ouvrages cie plumes les. plus
cftimés. Le nokto, animal plus grand que
l'autrucKe , eft un oifeau particulier à ce
pays. Les volatiles y multiplient extraor*
dinairement , à caufe de la chaleur du clir
mat y qui feiile fuffit pour faire éclorre les
oeufs. En général , tous les pifeaux ont
dans l'orient un très-beau plumage. Leur
ramage eft un cri qui blelfe l'oreille. Leur
quantité dans ce Royaume paroîxroit focr
prenante ainG que leur familiarité , Ci l'on
ne fe rappelloit que perfonne ne chercha
a leur nuire , & que pludeurs dévots ont
la charité de les nourrir.
La chaleur 6c. l'humidité fooc croître
œdby Google
Di l'Afrique et de l'AmIrique. 21^
dans les forets & dans les herbages des T— — — ?!
reptiles de différente efpèce. Parmi les in- Histoire
feâes vokns, les maringouins ou mof- ®^^ Indes.
quites font les plus redoutables. Leur ai-
guillon eft fi fort qu'il perce les bas de
peau les plus épais. La fumée les chaffe ,
& c'eft le feul naoyen de s'en garantir. On
aflTure qu'à Camboie , la coutume eft d'ex-
pofer les criminels à la piquure de ces
mouches , & qu'ils ne réfiftent jamais plus
d'une nuit à ce cruel tourment. Les
mouches luifantes forment fur les bords
de la rivière de Siam un fpedacle noc-
turne fort agréable. De loin on croit voir
des nuages lumineux. Quelquefois, (i l'on
en croit Koempfer, elles cachent leur lu-
mière pour la raire reparoître un moment
après avec un accord &c une régularité qui a
quelque chofe de merveilleux. Le caboche
eft un poiilbn 4a Ménan dont les Hollan-
de*^ portent degroffesprovifions à Batavia^
& dont les nations voifines de Siam con-
fument une prodigieufe quantité.
» La pofition du Royaume de Siam,
n dit l'auteur de la fuite de l'Hiftoire an-
11 cienne de M. RoUin 9 eft parfaite^
p ment antipode au Pérou. Les grains d'or
s) qu'on trouve fur les bords des rivières
n quand les itiondations font pàftées, fai
Ku qoaijticéde puits & de £>tir|ieaux creuf^9
Digitizedby VjOOQIC
ÈÊÊÊÊÊÊk^^MÊiàÊi mr -^(11 ,11, ■
Histoire
IÎ4 Histoire de l'Asxe,
» fur les montagnes par des mains d'hom-
«»e ^T^J^r. •* ^^^ > & q*" ï^'o^f P" fervir qu'au travail
D£S iNDES» j • * * i- 1/ * o-
« des mmes , ont periuadc aux Siamois
» que leur pays renfermoit dans fon fein
» les plus précieux métaux. Lcuf$ voifins
»> en ont la même idée , Se il paroît que
n c ctoit auffi le fenttmmc des anciens 9
»f puifqu ils ont donné le nom de Cherfo-
»» néfe dorée â cette partie de la Prefqu ifle
» de rinde , où Siam & Malaca font au-
»> jourd'hui fitués» Ces motifs ont porté ies
M Roîs de Siam à faire ouvrir pluHeurs
99 mines. Les derniers travaux n'ont abouti
» qu'à la découverte de quelques mines
» de cryftal, d antimoine, d'eméril & de
w cuivre, mêlée d'un peu d'or & d'argent.
» Ces dernières étoient fi peu riches , qu'à
» peine cinq cens livres de minerai ren-
» doient-clles un once de métal. On dit
M^ue le médecin Vincent^ dont il a déjà
%> été queftion , trouva une mine d'or »qu'il
» ne voulut point indiquer aux Siamois.
^> Les mines d'or dont parle le P. Tachard ^
s> n'ont pas plus de r^ilité que les IdoUs
ai coloifales d'or maffif , qu'il place dans les
a> pagodes.
Siam a des, mines de plosib » d'étaîm,
4e fer , d'aimant & de pierres fines. L- é^
laim de ce pays eft le métal mixte , parti*
cipant du cuivrcv & du . plooab.» que le«
dby Google
^'^à
PE l'Afrique et de l'Amérique, iiy
Portugais ont appelle câlin. On y joint , 2
pour Te blanchir, de la calamine autre Histoire
mincr^^onc on fe fert auHî pour purifier ^^ Inois,
le cuivre. L'étaim ainfi prépaie , s'appelle - ^
tourenague^*Les boëtes de thé qui viennent
en droicurede kChine & du Japon , font
de ce métal Siamoii* L'ufage que ces In-»
diens font du fer eft fi borné , qu'ils ne
fè mettent point en peine d*en faire valoir
les mines. Us n'emploient dans leurs édi-*
fices aucun ferrement ; des pointes de
Bambou leur tiennent lieu d'épingles ; les
ancres de leurs navires font de bois j enfin
ils n'ont ni cifeaux , ni aiguilles, ni clous.
La Loubere raconte que la découvene
d'une mine de diamans attira fi peu l'at-
tention du Miniftère , ou'on n'accorda pas
la moindre rctompenfe â ceux à qui on
la devoir.
» Je dirai franchement ,,( c'eft le Che- obferyadoii
!• valiet de Forbin qui parle) que j*ai été Çûr U Iniftfe
•• furpris plus d'une fois que l'Abbé de an payi.
» Choifî Se le P. Tach^rd qui ont fait le
» voyage avec moi & qui ont vu les
•> mêmes chofes que moi, femblent s'être
99 accordés pour donner au public fur le
M Royaume 4e Siahi des idées brillantes
91 & n peu conformes à la vérilé. 11 eft
«9 vrai que n'y ayant demeuré que peu de
m mois , Se M; Confiance ayanc iniérêt de
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1^6 Histoire de l'Asie,
^î g— — — ; „ les éblouir , ils ne virent dans ce Royau-
HisToiRE o nie que ce qu'il y avoit de plus propre à
PIS Indes. ^ en impofer. Mais après tout, il faut qu'ils
^ » aient Clé étrangement prévenus pour n'y
»> avoir point apperçu la miféce^ui fe ma*
i> nifefte par-tout , à iel point qu'elle
» faute aux yeux Se qu'il eft impodible de
f> ne pas la voir ». Cet officier afTure que
M. de Ceberet fut fi frappé de l'air mifé-
rable de ce pays*, qu'il ne concevoir pas
comment on avoit pu en faire des rela-
tions fi magnifiques. Il ajoute que .M,
Confiance avoit cpuifé l'épargne pour en*
. voyer des préfens a Louis.Xl V. Le Royau-
me de Siam , dit-il après fon retour à ce
Prince , ne produit rien & ne confume
rien. Son témoignage s'accorde aflTez bien
avec la relation de la Loubere.
Ce pays ne peut être regardé que comme
un entrepôt commode pour le commerce
des Indes , de la Chine & du Japon. Les
■ Rois fe font emparés de tout le commerce
du dehors i& ils partagerxt avec leurs fu-
jets celui qui fe fait dans l'intérieur du
Royaume , en fe réfervant le débit exclu-
fif des itiarchandifes les plus lucratives*
Ce Prince , fa femme ^ les autres Princes
t ont des «lagafins où les marchandifes fe
débitent en gros, ô(, des boutiques ou
elle^ f* vrendetu m détail. Toutes le$ terres
appartietmenc
■ wD^ ze
i by.Google
©B l'Afrique et bï l^AmIrique. 117
appartiennent au Roi , & chaque fujet!
Irbre lui doit fix mois de fervice. Le feul Histoire
moyen de fe fouftraire à ta loi commune, ^" Indis.
aux corvées, c'eft de payer au fifc une
quinzaine de tirais, valant environ qua-
rante fols la pièce, ou de lui apporter une
certaine quantité de denrées Se de mar->*
ctiandifes. Il réfulte de ces ufages que le
commerce & Tagriculture font ici dans
une éternelle langueur. Au produit de
ces deux fources da richefTes , le Roi
réunit celui des importions fur les balons ,
fur les liqueurs , fur certains arbres , Se
enfin les bénéfices cafuels confiftant en coti-
fifcations, amendes , préfens , fuccéflions,
taxes extraordinaires. Aiiifi la richede
de la nation fond prefqut toute entier»
d^ns le tréfor royal , dont le foin ett confié
au Pra-clang ou Barcalon , furintendanc
des finances. La Loubere dit qu'on faifoic
monter , de fon temps , le revenu de la
Couronne i deux millions. Il eft à remar-
quer que le Roi n*eft jamais bien payé des
tributs impofés fur les terres éloignées de
la Cour 'y que , fuivant les loix , celui qui
ne laboure pas fa terre ne paye rien , quoi-
que ce (bit par ùl négligence qu*il ne re-^
cueille rienj que pour s'exempter des cor-
vées I plufieursfe cachent dans les bois, ou
abandonnent 1q pays^ ou fe vendent ^ Se
Tome F. K
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n8 Histoire DE l*Asii,
! qu'enfin dans toute l'étendue de ce vafte
Histoire p^y^^ ^^ ne trouve pas un million d'ha-
»i$ HDzs. Ijjj^j^ Un SÎMiois vantoic un jour au Roi
de Golkonde la grandeur des Eutsde fon
nuunre. Vous avez raifon^^lui dit le Mo-
iHif que » votre maître a des Etats beaucoup
dus étendus que les miens» mais les miens
font peuplés d'hommes » & ks fiens d%.
finges & de moucherons.
G«itfenie. Le peuple Siamois eft divifé en deux,
SnS^ aTi^ claffes générales , celle des efdaves & celle ,
neiiiquc ck des perioiines libres. Le maînre a tout 0ou-
^**^ voir fur l'efclave f à Texceptbn du droit
de mort. La différence qu'il y a des ef-
claves du Roi i fes fujecs de condition
libre # c'eft qd'il occupe toujours fes ef-
claves à des tiihraux jpedbnnels & qu'il
les nourrit i au lien qoe les per ibnnes libres .
ne lut doivent que Rx mois de fervice.
dans Tannée I à leurs propres dépens. Les.
efdaves des particuliers ne font |K>im em-
ployés aux corvées de l'Etac* Amfi la dé-
gradation d'une pet£bnne bbre qui» pour
dette ou par une vente vokmfaire » too^
dans h 1er vimde » eft une perte séelle pour
le Souveratnyqui loin de $*€xpfokt au cours
de l'u&gé ou des lok» n'exige pas meme>
un dtcit d'indraEsaité : diofe fiirprenante >
dans un Gouvementent d'ailleurs & lyran-
mque* Les pec(biuie^ltbresa dans le temps .
dby Google
i
DE %AvKlQVt BT BE X*AMÉRT<îtrE. llf
de leur fervice^ foiic employées, les unes'
i la garde , à la tultuce des j«rdio5 Se dans Histoire
les acceliers du paUis^ les autces mx tri-r ^** *n»«i»
vaux pabUcs ic i là défenfe jde l'Etat ;
d'autres enfui dans les maîfons des^rœds
officiers du Royattoie. La nobbile fi'eft
^ue la po({èffiim aâruelle des changes \ il
^. rare que des faoïiUfisVy maintieimeni,
lon^'temps , quoique les oiSces foient hé-
réditaires y parce que la moindre £tute ou
tuème le caprice feul-du Souver^n dé-
cade ies plus grands Seigmeurs. Celui qui
perd fa place n'a plus rien qui le di(tingue
du menu peuple. La diftinâion antre tc
I»eup4e £c les prêtres ii'eft auffi quie paf-
^eire » ptiifqu'cai .peut toujoitrs nsvemc
d'un état i l'autre. LesfrctcesiontexeQif^ts
/de toute Cstvimàt.
Pour ne iaifTet échapper |»erfon«e ao
liervice perfonnel^ on tient tous les ans
mn compte esaâ: du peuple £;>us la divi*
-^àom de geos de mam droite & de gens
ulexnain gauche. Les uns ic les «ute» font
ribudwiféspax bandes ou compagciies,dont
-chacune a fou xiief appelle NtL Plus une
Jxuide eft ootnhœufe, plus le chef eft ho-
jKxfê. On d^neoe enoe ks Naïs fepc de*
-^rès qui répondent au nombre é^ leurs
^ fidldats <ra lerfs. Atnfi TOc-Mcni ^g , le*
lijudtdk-cbefde dix Aille hommes, eft
Kij
Digitized by CjOOQ iC
iio Histoire de l*âsie,
* aa^dflus de l*Oc-Pan , lequel n en com-
HisToiRi mande que mille. Les titres de Pa-ya,
ns iNi>«.rfOc.ya, d'Oc-pra , d'Oc-louang & d'Oo-
coune , {ont ceux des autres grades. Le
mot Oc femble (ignifier chef. Tous les of-
ficiers du Royaume font Nais. Ce mot eft
devenu un terme de civilité , que les
Siamois fe donnent mutuellement, comme
les Chinois fe donnent celui de maître ou
de précepteur.
Le Roi de Siam n'élevé perfonne aux
dignités fans lui donner un nouveau nom ;
uuge aifez commun dans TOrient. Ce
nom eft toujoturs une louante, Ces o£^
ciers n*ont ni gages nLappomtemens. Ils
ne tiennent du Prince que le logement ,
ides meubles ^ quelques naa ou terres la^
bourables cju'ils perdent avec leur charge.
Leur principal bénéfice vient des concuf-
fions qu'ils ei^ercent, d'intelligence les
uns avec les autres^ fur le peuple, & que
' la Cour autorHe par fon (ileoce. Le corn»»
:^merce des préfens eft public. Un juge ne
feroit point puni pour en avoir accepté»
•6'il n'étoit manifeftement convaincu d'in-
juftice. Le ferment par lequel les officiera
^'engagent à l'obfervation fidèle de leurs
devoirs , confifte i boire de l'eau , fun la-
^ quelle les TalapcSns ont prononcé de9
imprécations contre celui ^ui Tayale ^ s'il
Digitizedby CjOOQ!'^
»E L'ÂFRIQtl ET DE L •AMÉRÏQtTÈ; 1 1 1 ^^
manque jamais aux obligations qu'il con- Î5?!
trà6te. Histoire
Une diftindion importaftte eft celle ^*^ ^*^^"*
duon met entre les Cang-Naï ou officiers
du dedans, & les Gang-Noc ou officiers
du dehors. Les Mîniftres intérieurs af^
/îftent au Confeil d'Etat, qui fe tient en
préfence du Prince j ils compofent le tribù^
nal où fejugent les affaires civiles & cri-
liîinelles. On emploie auffi ces derniers
i des meflages , à la garde du Roi , &C4
Ils font beaucoup plus honorés que les
Cang-noc,qui font moins affervis. Cette
différence a heu dans les Provinces^ envers
la petfonne du Gouverneur.
Il y a dans le Royaume plufteurs cours
de judicature, qui reffortiffènt toutes à
la Courfouveraine établie dans la capitale^
Ces tribunaux ne corififtènt proprement
qu'en un feul officier nommé Pouran-j
pcrfonnc qUi commande^ puifque le droit
de juger réfide en lui feul , & que fes af-
leffeurs nijnt que voix confultative , ainfî
que dans les Etats voifins. La prérogative
là plus importante/de ce préfîdent efl le
gouvernement civil & militaire de fon
reflort, qu'il joint ordinairement à l'ad-
mmiftration de la juftice. Comme Tes
grands gouvernemens étoient autrefois i
vie, l'ambiifon des Vicerois parvint à lei
K: iij
dby Google
s rendre hérédiaires» & dans certains lictnt
Histoire éloignés de la Cour , indépendantes. Ceft
ws ^^'^^^SLinSqM la Province de JoHor'eft deve-
nue un Etat particulier. On prétend qoê
Paune » autre Province du bajs Sîam y gou<*^
vernée par use femme, que Lahos, Pc*
gn y Candie ic d'autres pays de la P^
ainfttle ont fecoué de ta même manière le
lougduRoi de Siam> comme les Nababs
de llndaftan fecouetôm cehii du MogoL
Ua^us de ces uf^pations a ùk aDolir
l'hérédité des grands gouvernemens. A
ces cfeirpotes » on a fubuimé des Pourans >
oui n'cMtt que pour trois ans la comtmf*
won de gouveroem^» Cependant il y a eii»
cote beaucoup de Tchaou Meiiang ou Sei«
gneurs de Province , qui fom&nt, par
droit de focceflion de gouvernemens >
dans lefquels ils femblent paruger aveè
le Roi ta fouveraineié^ car ils s'arrogent
une partb de tous les imf&ts. Le Roi leur
enuetieat une garde nombroile de Keulaï
ou. bras peims ,. foidaits aînft nommés ;
parce qu*il^ cmt fiir les bras des émpteinceS'
d'un bleu noirâtre , fotïnées avec de la
poudre à canon* jettée dans Jks incifions
qu'on y a faites.
Xjes oâciersTConfeiUers du tribunal de
la capitale oot , commeceux des provinces ,,
divers départemens. ^ les finances » U
dby Google
i>E i*Afrique et de l'Amérique* 1 1 )
guerre , Tintendance des jardins & des-
p^lais , le foin des balons & des g^««^cs,^'"f^^"
la maifon du Roi , la police iftiérieure de^** ^^^ **
la ville , rinfpedioiî des éléphans te das
'équipages , la garde des magafins royaux,
la direfliion du commerce étranger. Le
préfident de ce tribunal avoit ancienne-
ment une autorité prefqu^abfolue , comme
chef de la juftice & comme Viccroi de
la province. On a facement divifé ces
deux emplois. Celui de Viceroi , la pre-
mière dignité de TEtat , eft exercé par un >
Mandarin , titré Maha-o-barat. Le Maa-
darin qui préfide i ta juftice fe nomme
Yumràt. On peut toujours appelter de fes
jugemens au Roi, qui feul prononce des
arrêts de mort y i moins qu'il ne délègue
ce droit par une attribution particulière i
certains magîftrats, tels* que les infpec-
teurs extraordinaires âes provinces ,^ qui
peuvent faire fubir, même aux officiers,
upe peine capitale. Le chef général de ^
la police fe nomme Tchacry. ^
On plaide par écrit & après avoir '3oli-
né caution. Le procès rapporté par un
greffier au Pouran , celui-ct conlulie le
code , explique la loi â fa fantaifîe , &
prononce. Toute affaire devroit être ter-
minée en moins d'une femaine; mais l'a-
varice des juges les éternife & ruine les
K iv
DigitizedbyCjOOQlC
ÉÊÊÊÊÊ MMll— riiMii
114 HlSTOIM DE t*A$lI,
^ 'plaideurs. Il eft fingulier que les frais de
»£s^Iw**i '^^^^ ^^^^"^ énormes dans un pays où
'^ ks vivres font a un prix fi bas. On voit
par un mémoire que la Loubere rapporte,
que les fiais d'un procès ordinaire montenç
à plus de foixante livres, fomme exor-
bitante dans ce Royaume miférable , fans
parler des préfens qui reflemblent a nos^
> anciennes épices. 11 n'y a point ici de no-
f taire ni d'autre praticien de ce genre* Les
obligations fe font par l'encremife d'un
tiers qui écrit la promeflTe, & ce titre
îiiffit. L'ufage des cachets eft inconnu;
les magiftrats feuls ont un fceau. Les par-
ticuliers ne fignent de leur nom aucune
écriture j ils fe contentent de mettre au
bas une marque qui a la forme d'une
croix. On fait les donations par mariage
ou autrement de la main à la main , 4e
vive voix , même à l'article de la mortj
ainfi nul teftàment.
Dans les accufations graves , on a -^
^^ recours à la. queftion au défaut des
^^ preuves ordinaires. Les parties paflent
y par les épreuves de l'eau , du feu , de$
vomitifs , pilules qu'il faut garder dans
l'eftomac pour être innocent. Enfin on
eft expofé aux tigres. Si les deux adver-
fàires font dévorés , ils étoient tons les
deux coupables. La conftance avec laquelle
Digitized by CjOOQ iC
in voit fouffrir aux Siamois ce genre deî
mort , eft incroyable , dans Une nation qui Histoire
montjie fi peu de courage les armes à la""^* *ndes.
main. Les fupplices font affreux. Brûler
à petit feu les criminels , les^ livrer à un
tigre affamé qui ne peut les déchirer que
lentement , les plonger dans l'huile bouil*
Jante, les nourrir de leur propre chair,
font des cruautés ordinaires. La peine da
glaive eft pour les criminels de diftinc-
tion. Quant aux Princes du fang que la
politique du defpotifmè condamne à la
mort ou à une exiftence plus duré , oti
les aflbmme avec des maffues de bois pré-
cieux j on les étouffe dans des draps d e-
carlate, on les laiffe mourir de faim , ôii
on leur affoiblit refprîi par des breuvages.
La baftonnade qui fe donne ici avec des
rotins ou rofeaux gros comme le doigt ,
eft fi cruelle qu elle laiffe quelquefois une
telle impreflîon de foiblefle , qu'on s'en
xeffent toute la vie. 0\i a ici , comme à la
Chine, l'ufage de la ka ou caneue , fup«-
plice qui n'imprime aucune Sctriffure»
La peine ordinaire du vol eft la reftitu-
lion du double ou du triple à partager par
égales portions entre le juge & la partie
léfée. On étend ici la^ pein& du vol à toute \
pôfleffion injufte en matière réelle j de
ibrte que quiconque eft évincé d'un héri- .
K V
Digitizedby CjOOQ IC
tage par procès» non * fcirfemfint neni
♦ ***sTox^B riStitagei la partie, mai» en. paye «n-.
^^** core le pox > nome ;» u parue» moitié aa
Quelque le» SSamob (bieec p w propres
i la guerre ^ comme on la déjà (tic »
ils ne laifleDt potifcaiu pas ctr ia fiôre foit^
yenc & a^ec avancage » pacce qtie leurs
Toidos ne Ibnt ni plus piûSâiis m pins
braves c^'eox. La Lodaere rappor» un
fût qui (k)nne une idée fiogcdiiere de la
bravoure & des giitôrre^ de ces Indiens»
Un Provençal, nommé Cyptic», em-
plojré dans une guerre contre te Roî de
Sîngor , comnve cannomec » ayant reça
ordre du général de ne point ajuAer Ten-
nemi , fuivant le droit public , qui ne per-
met point de tirer droit, ne douta point
que le Roi ne fôt trahi par ion généraL
Las de voir des armées en préfence qui
n'attentoîe^nt à ta vie de perfonne , il fe clé*
termina à pa({er feul dans tecan^ ennemi
pour aller prendre le Roi de Singor dans
la terne ^ & il réuifit. Son audace termina
.ain£ une guerre qui dur^t depuis vipgt
ans. Le Roi de Siam voulut réicompen-:
fer ce fer vice par le don d'une quai^ité de
boi&de Sapan; des inurigues^ de Cour Ten.
détcHjrnef ont , fc CyprieR mécontent St
HUMz à Surate*.
Digitized by CjOOQ IC
OT l'Afrique £T DE i*AMiKiQUi. 127
Des forets impénétrables , un grand ^
Sombre de canaux , Tinondation annuelle Histoiw
e fix mois, défendent aflez le Rovaume^^^ ^^^*^-
pour que leshabicans négligent le feçour^ J^J^^^^.^
des fortifications de l'art:. Ik n'élèvent cipiiac miiir
point de pUces fortes, de peur de le$^**"'*^^'
perdre & de ne Pouvoir les reprendre»
Celles qu'ils ont loutiendroient à peine
la première inrfulte d'une troupe aguerrie.
Quelques années avant l'arrivée de M. de
Chaumont , un ancien valet de U Miifion
de S. Lazare de Paris , dont toute l'ha-
bileté confiftoit à faire une faignce , avoit
été obligé par Tordre abfolu du. Roi de
Siam > de cpnftruire un fort fur la fron- •
tiere du Pégu , quoiqu'il proteftât de fon
ihcapacitéj poar prix de ce fcuvice, il ob-
tint un gouvernement.
L'artillerie du Royaume confifte ea
cjuelcjues pièces de canon , fqnduies par uo
portugais de Maçao. La cav^erie eft corn--
pofçe d'environ deux mille chevaux. L«
marine n'eft <^ue de cinq ou û% vaif-
féaux fort petits , ordinairement em-
plpyéç au comnjerce , $c d'une cinqu^n^
taine de galères ou petits bateaux à U5
pont , montés ^e cinquante ou foixante
hommes , tant pour ramer que pour com-
battre, (^uant à l'infanterie , tout Siamois > .
tout Indien eft foldat : c'eft pourquoi Toû
Digitized by CjOOQ iC
ii8 Histoire di l*Asiï;
voit dans ces contrées des Princes qoî
Histoire n'ont pas deux millions de fuiets , mettre
w$ iNDEs.fyj piçj jçj armées de trois ou quatre
cens mille hommes, qui pourvoient eut-
mêmes à leur modique fubfiftance. Outre
ce fonds de milices nationales , le Roi
entretient diverfes compagnies de foldats
étrangers, les uns à pied^ les autres â
cheval , la plupart pour fa garde. Cette
garde eft formée de fotdats de Laos & de
Mécn 'y de Mahométans-Mogols, gens de
bonne mine & d'une infign« lâcheté ; de
Tartares-( chinois qui paflfent pour braves j
d'aventuriers Indiens qui s'appellent Raje-
bouts , tous itTus , fi on les en croit , de
maifons fouveraines , hommes de coeur
quand ils fe font enivrés d*opium , ainfi
que les Matais , voifins de Siam. Quant
aux Siamois , ils n'ufent point de cette
liqueur ; ils auroient peur ae devenir cou-
rageux. Les Rois de Siam avoient autre-
fois une garde Japonnoife qui leur faîfoit
la loi. Le père de Chaou-Naraïe fe défit
d'une nation trop fupérieure en efprit 8c
en valeur à fes fumets.
L'artillerie commence toujours le com-
bat , & fi elle ne le termine point , on fe
met en devoir de fe fervir de flèches 8c
de moufquets \ mais on n'attaque famais
avec aJÛTez de vigueur ^ ni l'on ne fe dé-:
Digitized by CjOOQ IC
.. j/ .^^
fend avec affez de confiance pour en ve-
nir à la mêlée. Tous ces Péninfulaires Hutoirb
comptent principalement fur leurs élé-*^^* IwmSh'
phans , quoique cet animal , pour n'avoir
ni mords ni bride , ne puiiTe être fûrement
gouverné } qu'il revienne fouvent fur foa
maître quand on le bleilè j & qu'il craigne
il fort le feu qu'il ne s'y accoutume pres-
que jamais. Tachard donne au Roi de
Siam vingt mille étéphatis. Suivant le ré«
cit de la Loubere > les Siamois tout men-
teurs & tout vains qu'ils font > fur- tour
dans cette matière , en comptent tout au
plus dix mille, nombre que aes voyageurs
réduifent à quelques centaines. Le com>-
mandant général des éléphans s'appelle
Oc pra-Petratcha j c'eft un des plus grands
emplois du Royaume.
Le Calahom a le département de fa
guerre, & il cft naturellement Général
des armées : il a auffi l'intentfance de la
mer & la garde des balons du Roi. Les
Siamois donnent ce nom à de petites bas»
ques de rivières, qui ont communément
une toife dans leur plus grande largeur , &
quelquefois fix- vingt pieds de long. Les
grands Balons, tels que ceux du Roi ic
Àts Princes, ont {ufqu'à cens pagayeurs oa
rameurs , qui femblent former avec legrs
rames ou pagayes les ailes ou les nageoires
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IJO HlîTOIRH DE t'As !E,
! de certains animaux monftrueux,repréfeiv
Histoire j^j 4 {^ pouppe'& à la proue des bateaux.
Les p^ayeurs chantent en manœuvrant ,
& plongent la rame en cadence ; il y a att
centre des bâtons ordinaires, une loge de
bois oui peut cootenir une famille. Quarr-
lité de Siamois n ont jpoint d'autre habi-
^ ration que ces maifons nottàntes.Les balons
de l'Erat ou du Roi y & ceux des perfonnes
qualifiées , n'ont qu'un fîége d'une place y
plus 00 moins élevé félon la dignité des
perfonnes. Si c'eft un Mandarin du pre^
«lier ordre , Teftrade eft furmontée d'une
^ impériale que les Siamois appellent coup.
Se les Européens chirole. Quand le, balon
du Roi vogue fur la rivière , tous les Sia-
mois qui font dans d'autres balons, fe
profternent , comme par tout ou ils le ren-
contrent. Il n'y a qu'an feul officier qui
ne foit pas affojetti à cette loi d*é-
tiqiieue , ce qui rend fa dignité fort ho-
norable > à Taudience': cet officiera coujours
les yeux atiacliés fur le Prince , pour rece-
voir 8c donner , en (ignes , fes ordres à des
officiers qui font hors de la (aile. Les Sia-
mois n'entrent point dans te vangt;», ç'eft-
i-dire ,dans Tenceînte intérieure du Palais,
laquelle contient Tappartement du Roi ,
des cours Sç des jardins , fans fe profler-
her. Ils ne paifent point devant le praflat
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DE l*Afmqui et de L^AmÉRIQM. 1 ) t
ou i€ Palais ^ & fi quelquefois le fil de I
Teau les y porte, le&gensdu Roi lancent Histoire
fur em une gtêb «le pois avec des farba- ^^* In©£^
canes ^ les pagayeurs doivent ramer fi
doucement , qu^on n^eneeiide point le
bruit de la manœuvre.
Le filence rtgne toujounrs^ S profonde* De la Coor
ment dans le praffat Se dans les environs, * ^**""
malgré la multitude des Gardes & laf-^
âuence des Mandarins , qu'on prendroîe
ce lieu pour une folitude écartée ; les or-
dres mime ne s'y donnent point verbale-
ment , comnie on Ta obfervé r il femble
ti»il n'^eA habi;té que par des ombres»
Les couTtifan» les plus accrédités n'ap-
fkocbem |amâis le Prince de fort près , 9c
é'eft une ifaveur s'il daigne fe montrer i
eux d^iine des fenêtres du prafTat. Il ne re-
çoit point autrement les Âmbaffadeurs ^ it
leur parie laconiquement du haut d'une
tribime , & toujours dans les mêmes ter««
Aies. Tout ce qui fe paflfè dans le palais
eft enfeveli dans le myttere ; c'eft un crime
de léze-Majedé que de parler du Roi. Il
y a très peu de gens qui fachen^ le notit
du Ptînce régnant , & ceux là n'oferoienr
h prononcef pendant fà vie. Làr(qu*iï
daigne fcnfioniref en public , c*teft tçufour»
atvee un :^^retl qui infpirç la crainte»
tkin&i loin dee%téreâèrila€onfiteva6oo
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^""""^^ du Monarque» les peuples voyent avec^
PiriK^^ plaifir les révolutions qui arrivent dan$
OBI. |»Etat. Le defpote vit dans une. continuelle
inquiétude i c'eft en-vain que, pourferaf-
furer , il s'enferme dans une triple en-
ceinte de fortifications ; fon defpotifme
fombre rend fa fortune au(fi incertaine
que celle de fes Sujets. Il efl: aifé d ufur-*
per l'autorité dans un pays où l'exercice en
eft concentré dans un feul homme» Se
peut- être dans le fceau de cet homme, la
feule autoritéque le peupleconnoifTe.Qui*
conque s'empare de Pefprit, de la perfonné,
du iceau du Prince , n'a plus rien à faire
" pour le dépoflcder. Le fils aîné de la Reine
devroit être, fui vant les loix , l'héritier du
uône j mais c'eft ordinairement le plus
fort des enfans du Prince, ou le plus c}iéri»
quoiqu'il foit né d'une concubine. Les
nlles , loin de ftfccéder , font à peine re*
gardées comme libres.
Le fervice intérieur du palais eft fait
par des Mahadex, efpéce de pages , par
quelques Eunuques, en très- petit nombre»
Se par de jeunes filles. Tous ces domef-
tiques font fous la dépendance de 1»
Reine ; elle a le pouvoir de les faire châ-
tier : fon autorité s'étend jufques fur les
jmaîtçcfires xlu Roi. On comprend fans*
peine ^e fi le Roi favor^e une de ce^
dby Google
1>E l'Aphique et de l'AmIuique, 1 j j
fetnmçs , il fçait la dérober à la jaloufiede^
la Reine. Ces Afiatiquesqui attachent une ^^stoire
idée de grandeur à la multitude des Sultha-®^* Ihdei^
nés , ne pouvoient concevoir comment un
auffi grand Prince que le Roi de France ,
n'avoir qu'une femme, & point d'c-
léphans. Les véritables officiers de la chanv
bre & de la cuifinedu Roi de Siam , font
des femmes} elles le fervent à table , elles
l'habillent , mais ne touchent jamais à fà
tète. On choifit dans tout le Royaume des
filles pour lefervice du vang Se des plai-
firs du Roi^ oppreffion dontla plupart des
Siamois délivrent leur famille â prix d'ar-
gent. C'eft un ufagefi bien établi, cjue les
officiers du palais prennent quantité de
filles dans la feule vue de les faire racheter
par leurs parens.
La religion des Siamois a été traitée Scieacet;
dans les obfervations générales des Inde"» 3 ^j^; ^^ *
on a auffi jette un coup d'œil fur les fcien-
ces & les arts de 6ette Péninfule orientale.
Nous ne nous étendrons point fur les lan-
gues de Siam y la langue commune a quel-
que reffemblance avec celle de la Chine.
Les Européens ont beaucoup de peine
d trouver dans les leurs l'équivalent
des caraâeres Siamois. Il n'y en a guère
de plus pauvre & de moins variée dans
fes tours ^ que celle de Siam ^ elle maxir
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1J4 HisTomi Di t*Asii ,
! que même de mots (impies pour ezpri*
Histoire mer une infinité de chofes communes*
»xs Indes, l^^ fçavans Sc les perfonnes polies par-
lent bali, c'eft la langue de la religion Se
les loîxj elle a quelque conformité avec
un idiome de la côte de Coromandel. Les
Siamois écrivent de gauche à droite contre
la coutume prefque générale de l'Orient. 11
nous refte à parier des ufages les plus re-
marquables du pays.
Mowrs, cou- Les Siamoifes ont , comme toutes les lu-
ÎKl? ' ^h, ^^^'^"^^ ^ ^^ tempérament prématuré. Quoi-
**"*^ qu'il ne Ibit pas permis aux filles de con-
verfer avec les garçons , la naturcf eft plus
fone que h loi , & Tadrefle parvient i
tromper la vigilance. Lorfau^un jeune
homme recherche une fille, u le parti pa-
roît fouhaitable aux parens de la per-
fonne , & qtfelle mêmen*y répugne point,
^ les deux familles donnent chacune de leur
c6té la nativité de la fiUç Se du garçon aux^
devins , pour fçavoir fi le mariage durera
fans divorce juiauà la mort. Comme tout
le monde cache loigneufement fes richeffes
pour fe mettre à couvert des concuffions^
on confulte aufli les devins fur le bien de
chacun , & on prend fur leur avis une ré-
folution définitive. La dôt Sc les préfen$
de famille reçus , le mariage fe conibmme
au milieu des fefiins Sc des fpeâacles , fans
dbyGoOgl'"
»i i'Afriqui et Di t' AmIrique. 1 J 5
aucune cérémonie religieufe. L^s Tala-^
poins viennent fe«leinent un ondeux jours Histoire
après la confommation petterde Teau be- ^'* Inde»
l^ice Sa réciter dés prières fur les mariés.
La plus riche dbc à Siam eft de cens catia
ou quinze mitte livres ; on fe marie or-
dinairement i fertur^ ^g^l^ 9 dis^^ l^s plus
forces communautés ne font que de dix
tnl\é écus. Le mariage eft défendu aux
premiers degrés de. parenté; les Rois qui
0nc le malheur d*ètre indépendans des rè-
gles , fe mettent quelquefois au-deffus de
eet afage. Chaou-Naraïe aveit époufé fa
feur & fa fille unique , née de fa fœur.
Parmi les femmes des Siamois , la gr^nJi
f^mt a toures fortes d*avantbges fut les
petites ou concubines ; fa fuccemon lui ap-^
partienr, elle lui donne le droit de ven-
dre les autres femmes & leurs -ehfans , il
il n'y a que les fiens qui héritent , & par
portions égales. Le mari eft naturellement
le nwîrre du divorce ; cependant il ne le
leftife guère à une femme qui l'exige ab-
folument. On dk que les ménages font
prefque tous heureux ; il n'en fiiut peut*
être pas conclure que les femmes font fi-
délies^ mais plutôt que les maris ne font
pas jaloux : cependant les Siamoifes ont
moins de penchant à fe livrer aux étrangers,
qufiL les Péguanes étabUes parmi elles;
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-Comme elles ont moins de vivacité, ori
Histoire p^^ croire qu'elles font de complexîon
DES IndIS. • /*
'^ ^ moins amoureule.
Les Siamoifes font détournées de la
galanterie par le Iravail auquel elles font
condamnées pendant les corvées de leurs
marîs , qu'elles nourriATent du fruit de
leur propre labeur ; paf la privation de
toute efpéce de luxe de table &€ d'habits 9
par la retraite dans laquelle elles vivent ^
du moins celles d'utie certaine condition ^
par le droit que leurs maris ont de les
cùer ou de les vendre dans le cas du crime'
avéré. Cependant ceux qui vantent leur
fidélité donnent , fans s'en appercevoir^
beaucoup de preuves de leurs débauches»
Le lit même des Rois n'eft point â l'abrî
de cette fouillure. Les Siamoifes font fî
fécondes , que fouvent elles âccouchenç
de deux enfans à la> fois.
Les funérailles , dit un Hiftorien de
divers peuples de VACfe , fe font à Siam ,
comme dans toutes les Indes , avec des
cérémonies qui n ont ri|n de lug4ibTe) Se
qui femblent fuppofer que ces Adatiques
ont moins d'horreur de la mort que les
autres peuples. Cette indifférence doit
naître naturellement de leur mifere& de
l'idée de la métempfycofe ; cependant
leurs obliques n'en ont pas moins Tappa*
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BE l'Afriqxje et de t^AuitilQVt. 1J7
feil de la criftefle & du deuil que chez les!
nations que Ton fuppofe plus eflfrayces de Histoire
rafoeûdeUaiott. ^ pis Inpes^
Dès qu'un homme a fermé les yeux »
les Talapoins annoncent fa mort avec utie
grolfe cloche d*airain deftinée à cet ufaee.
Après qu on a lavé , ferré avec des bande*
lettes & in|eâé le corps , on Téleve dans
une bierre fur une eftrade au tour de la*
Suelle on brub dçs bougies te des par*
ims. Pendant trois nuits les Talapoins
chantent dans la chambre des moralités
fur là mort Se des leçons fur le chemin du
ôel qu'ils enfeignent à lame. Ce temps
-expire , le corps eft poné à la campagne
idans le lieu où il doit être bjrûlé, c*eft-â^
dire 5 auprès de quelque temple. La fa*
niille raccompagne en habit de deuil au
fon des inftrumehs qui fe mêlent à leurs
lamentations. Lorfque le corps eft placé
fiud £arle bûcher y les Talapoins chantent
pendant un quart d'heure, ils fe retirent
enfuite , & l'on met le feu au bûcher. On
ne lai0e jamais confumer entièrement le
corps. Le feu éteint, U$ reftesdu cadavre
font enfermés dans, la bierre 6c dépofés
fous une des pyraoïides qu^^n voit autpot
.jdes temples* Quelquefois on enterre avec
le mort dts ridiefTes » fans aairidre qu'on
f SW¥^kç 4m 4Ç5 ÎW<jqe h Relie;
dby Google
i}S HisToms Di l'Asib,
! gkm 4oK rockire inviolables. Dans ks fn^
HisTotftt nécadles des grands » on jei» fur le bu-
4IM Inms. cher des papiers décalj^ repréfentant
mm la plûpait des aïonfbes bifarres , don c
les Chrédcos ont pris quelques-uns i fi-
Sre homaîne pour des cUaëles. Il anive
ivent qae les Takpoins les iattvencdes
flammes pointes employer à d*aacr^sobâ-
ques. Quelquefois avant que de brûler
le corps , on donne èes fpàflades autour
du bûcher } oe qui a ^ut-ècse doàné liea
à la remarque de TÂutein: que j'ai doé au
commencement de ceiardcfe. « Ces fpec-
>• racles, dit h Lgubete , mai copié par
'^ l'Hift^rieii des voyages y ne ibnc ippel^
» lés aux fimcraîlies par aucune vue de
» Religion, mais /eidemem |KHir les ten^
» dre plus lygnifiques, Ih donnent à la
n. cérémonie un aîfr de^te , A néanmoins
»> les parms du mort nt laiflî^ pas dy
:»i £ciire beaucoup cfe lametiMiioas 6c d*f
^ verfer beaucoup de larmes. » Les paa-
ivres qui 4i ont pas le moyen de Mte iet
frais néce^atres poor btûier les cadavres
de Jçurs proches , ni de payer les Taû-
poinspour les enterrer , les ei^ofem dans
quelque lieu^minent pourfervic de patois
«tfz oifeaux de proie. Ia loi dé^nd 4e
i>r&ler ceux tpà ont fki «l'une mew vài-
^ate ^le$^ciimi{tels,le$eÀfefy$mo4^^néf,
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À
DE L*ÂFRIQVEET DE l'AmEHIQVE IJJI
les femmes mortes en couche , &c. Les " ' ■' ■ *
Siamois ftiettent les malheureux au rang Histoire
des coupables, parce que dans leurs prin-"* Indw?
cipes^ii ne peut arriver de malheur à Tin**
nocence. Le deuil n'eft point forcé à Siamj
chacun y fuit le fendment de fa douleur.
L'on y voit pl«s {buvent les perès Se les
mères vêtus de blanc &rafés pour la mort
de leurs enfans , que les enfans pour celle,
de. leurs pères & de leurs mères ^ té-
moignages d'une horrible barbarie.
Les^erfs- volans ou vas de papier , amu-
fement de toutes les Cours des Indes > le«
luttes corps à cotps , les courfes de balons
6c celles des boeufs y les combats d'élé-
phans» det^res& de coqs, les feuxd'ar«
tifice , les tours des Saltinbauques , les
marionettes de Laos, des comédies Chi«
noifes, forment les principaux divertif-
iemens des fêtes. Les Siamois ont aufli
trois fortes de fpeâacles de théâtre } It
Cône , danfepantomÎAie, mêlée de chants
& exécutée par des hommes mafqués
d'une manière hideufe & armés pour rer
préfenierpar des comorfions exuavagantet
des combats ; le Lacone, poème qm tien^
de répiane & du dramatique dont le ûijeç
eft une hiftoire férieuie dont le récit ou h
repréfemation dure environ trente -iii(
heurtes dans Tefpaçe de trois jours } le
£abam, dont les chants ôc lesdanfes^exé-
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14^ HisTomi DE l^^Asie;
! cotées par des femmes & par des hom*
Histoire tnes , roulent fur des fujets de galanterie.
M$ iNiiEs-LeCone & leRabam font employés^'dans
les funérailles. Le Lacone fert principale-
ment à folemnifec la dédicace des tem-
ples.
Le divertifTement le plus familier de
ces Indiens eft le jeu, qu'ils aiment juf-
qui rifquer leur formne, leur liberté,
& celle de leurs enfans. Ils préfèrent à
tous les autres le faca ou triârac; Le ta-
bac en fumée a beaucoup de charmes pour
les deux fexes. Ces plaifirs, les repas & le
fommeil remplilTent la vie d'un oiamois»
pendant tout le temps où il n'eft point oc-
tupé au fervice du Prince. Ils abasidon-
nent à leurs femmes la culture des terres»
les travaux pénibles , les foins du ménage,
& tout fouffre.
La politefTe eft (i grande danis tout
rOrient , même , à l'égard des étrangers ,
qu'un Européen > au rapport de la Lou-
bere, s'il y a fait un long féjour, a bien
de la peine à s'accoutumer de nouveau aux
familiarités & â l'incivilité de nos con-
trées. Les cérémonies font aufii eflentielles
êc aufli multipliées à Siam qu'à la Chine.
Accoutumés dès leur plus tendre enfance i
ces pratiques , les Otientaux ne les trouvent
point pénibles. Il eneftxlemèmedesdif-
tinâionsi
dby Google
JÊ^
DE l'Afrique et m L'AMïRiquE. 14 1
lindionsi elles font encore moins dores J
par l*efpoir qu ils ont d'en jonir à leur Histoire
tour, ic de changer le lendemain de conr*^* Indes.
dition avec leurs fupérieurs, fuivant le
caprice du Prince. La politelTe & la dou«
ceur des Siamois Te peignent dans leur
langue, qui eft remplie de termes ref-
peâueux Se flatteurs. Leur conGdération
pour les femmes ne leur |)ermet pas de
leur donner d'autres noms que ceux des
chofes les plus précieufes & les plus
agréables 9 jeune diamant , jeune or ^
jeune fleur » jeune cryftal. On ne manque
jamais d'appliquer aux Dames la qualité
de Nang, jeune» parce qu'on croit ici
comme ailleurs que c'eft le compliment
le plus flatteur qu'elles puiflent entendre.
La civilité exige ici, comme dans tout
rOrient, que quand on s'afiied^ ce (oit
les jambes croiiées. Dans un cercle , les
Siamois , s'ils ne font affis , s'accroupifTent
}»ar refpeél les uns pour les autres. Les
erviteurs devant les maîtres, les eens du
rtuple devant les Mandarins , fe tiennent
genoux le corps appuyé fur les talons,
la tête un peu inclinée & les mains jomtes
à la hauteur du front j devant le Roi , ils
ïçi tiennent profternés fur les genoux &
iur les coudes* Le lieu le plus élevé paflfe
pour le plus honowblej dans un terrein
, Tome K " L
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i
lÉlil^tÉliM
241 :HlSTOIRl DE t*AsiE,
' uni la droite eft la place d'honneor ; dans
^IIY'""^ une chambre , c'eft le fond oppofc à la
^^^^' porte. Quand les Envoyés de France
ctoi^ht dans la falle bafle de leur hôtel ,
lés Siamois qui les fervoient ne montoienc
j^oint ait premier étage, pour ne pas avoir
hs'pîed*s àu-delTus de h tête des Mi-
fîiftre^. Quûtid ki Mandarins de Siani
logereht dans une hotelleriede VincjBnne ,
lûndts Ambafladeutsfobaltetnei qui étdit
au fécond étage, s'ctant kpperçu qu'il étoii?
âu-deflus de la lettre du R^i /gardée au
|)remier étage par le principal Ambaffa-
dcur, defcendit de fa chàunbre avec prér
èfpit^tioft , 8c fte vouîut filHs y Temonter.
Par lihe fuite de ■ce- pi^gé , les Samois
tlrouvent fort extraordinaire qti'eti Europe
on place les valets dans le Heu le plus ex-
liatiffé du logis. Par le même principe ,
il eft plils honorable, non-feulemenç
tfêiris affe fifr.ufi fiége haut; que fur ùti
fié^e bas, thais encôte d'ètte debout qu^
d'êtfè affis. -
Comitie ïe lieu le pluséminent eft la plac^
de diftiniftion, la tête, comme la parti»
du corps la pins haute ; eft la plus refpec^
tée. Ceft faire à queiqû'tih le plui gran(|
des àffrôrjfe , que dele toa^^her à cette psz^
fit là : t^oûcher w^fme 4 îdn bohtiet , s'il Ji
ïwflfe^Aelque part , i'tft nrïtà jnçivîfèrév
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DE l'Afrique et de l'Amérique. 145
Aaffi c'efl une très-grande marque de
refped, que de fe mettre à foi- même fur Histoire
la tête , une cbofe que Ton donne ou que ^^ ^^^*
Ton reçoit.
La table de ces Indiens n'eft pas fomp-
meufe. Un Siamois fait a({èz b<inne chère
avec une livre de riz par jour , qui revient
fout au plus à un liard , & avec un peu
de poiâon fec qui ne coûte pas davan^^
«âge. Il boit ordinairement de Teau. Une
pinte d arrouk ne vaut que deux fous. Il
«e faut point s'ctonner fi ces peuples ne
font point en grand fouci pour leur fub^
fiftance^ &c fî Ton n'entend que chant dans
leurs maîfoos. Les Siamois y quand ils
mangeât de Ja chair , ce qui d% rare , prén
ferait lés boyaux , les inteftiiis^. Se ce opi
nous paraît le plus dégoûtant dans les
animaux. Les poiflbns pourris , ks ceufs
puans y les rats., l^ infeâes font pour, eux
des mets exquis* Ils mêlent dans Ja plut
part de; leurs alimens du capî y efpcce dé
pâte dont l'odenair eO: très-puante : ce qui
rend croyable ce qu'on a die des Chinoise ^
3u'ils tâtent fans dégoût les exorémeas
es hommes 6c dés animaux , pour choi^
fir les plus propres i er^aiiler les terreai
Les- viandes font dans œ fMiys fî pea iuc«
oilentes Se fi indi^ôftes, que des JEun
tc^>éetis c^^mêmes s'en.dégoûteacayeà
Lij
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144 HiSTOiHE DB l'Asie,
!le temps* A ta honte « ce femble , de la
Histoire fobriétc , ou plutôt parce qu'à proportion
vt$ iNDis. jg 1^ chaleur de leur eftomac , les Siamois
ne font pas plus fobres que nous , ils ne
vivent guère plus long- temps que nons ,
ic leur vie n'eft pas moins attaquée de
maladies que la notre. Les maux de dé-
bauche n'y font pas rares ; mais la vé-
ritable pefte du pays s'eft la petite vé-
role.
Rien n'eft plus (impie ^ue les meubles
des Siamois. Ils fe réduifenc ordinaire-
ment à quelques nattes d'ofier ou de paille
de riz, qui leur fervent de lits, de fiéges
& de foras. On voit dans les palais des
Mandarins ^ des cabinets de la Chine, des
porcelaines, des tapis de Perfe 6c quel-
ques oreillers. L'élcphant eft la monture
ordinaire des grands y les fimples particu-
liers montent des bœufs Se des buffles.
Leurs chaifes portatives confiftent dans un
brancard qui loutient un iiége. Quatre ou
huit bomm^ les portent fiirkurs épaules.
11 y a pour les malades 6c pour les vieil-
lards des efpéces de hamack , ou lits fuf-*
pendus â une barre de fer portés de
même par des hommes.
Les Siamois ne connoilTent pas les hor-
loges à roues. La Loubere fait mention
iisulemenc d'une horloge d'eau # cbnc çn
dbyGoOgl'^
M L'AmiQtJl IT Dl VAmÉRIQVE. 14J
fe fdrt dans le palais. Le Roi tient des af-
cronomes Mahométans à fon fervice. Le Histoire
jour naturel fe divife ici en^x parties "^^^ Inpes.
égales. Les années communes ont douze
mois , divifés en femaines, dont les jours
ont le nom d'une des fept planètes ^ fui-
vanr l'ordre que nous obfervons. Les jours
te les nuits font prefqu'égaux â Siam pen-
dant toute Tannée. L'aftrdogie judiciaire
eft profeffée par des Péguans ou des de-
vins du pays des Bramas. ITne de leurs
manières de deviner eft de fortir dans la
rue > après avoir fait quelques opérations
fuperftitieufes » & de recueillir au hazard
les premières paroles qu'ils entendent pro-
noncer* Cet oracle pafie pour infaillible.
La magie & fes principales pratiques ont
chez ce peuple beaucoup de reifemblance
avec celles des Chinois. La fuperftition
qui fe mefure par-tout au degré de Ti-
gnorance , eft extrême à Siam.
La médité des Siamois peut être une
fuite de leur pauvreté 6c de la fimpli-
cité de leurs mœurs autant que de la
chaleur du climat. La plupari n>'ont
pour tout habillement qu'un pagne , ou
une pièce de roile peinte qu'ils roulent
autour des reins & des cuiâes, & qui
ne flefcend pas jufqu'au genou. Les
Mandarins poncnc outre cela une che^
L iij
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24^ Histoire DE l'Asie ;
î mife de moufleline fans colet , & fî ou*
p^rh^D^ verte par devant qu'elle leur laifTe la poi-
^^*** trine découverte : elle fe met par deffus
le pagne. Les Européens ont d'abord trou-
vé plaifarit gue l'on portât la chemife par
deflus rhabit, fans faire attention que
cette chemife n'eft proprement qu'une
refte ou un jufte-au-corps j de que ce qu'on
appelle Thabit n'eft qu'une nmple toile
dont la pudeur revêt ces Indiens. ()ans
l'hiver, les grands ajoutent à ces vète-
meïts une efpéce de mantciau ou d'é-
charpe. Le bonnet blanc , haut & pointu^
eft une coëffure de cérémonie. Le foldaç
a une efpéce de vefte en temps de guerre.
L'habillement des femmes diffère peu de
celui des hommes. Leur pagne eft feule-
ment plus long, & elles le couvrent le
fein. Malgré leur nudité, ces Indiens font
très-modcftes , Se cette nudité même né
furprend pas les Européens j il femble
que leur couleur leur tient à nos yeux lieu
d'habit. Les Siamois , auili peu vêtus qu'ilsf
le font, peuvent aifément être propres -j
ils prennent fouvent le bain & ils fe par-
fument en plusieurs endroits du corpi*
Une des loix de la polttefle, c'eft de ne
point faire de viute de conféquencé
fans s'être auparavant lavés. Ces Indiens
s'arrachent la barbe. Ils ne coupent paç
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DE L*AFRÎQVE^TMX*Awiïl1i<3?E- t^^^
leurs ongles, mais ils oin foin ji^ les^
peindre. ^ ^''''^''\
Lqs Siamois font d'une taille médiocre ^^^ ^^^^
mais bien proportionnée , qï^çi^'pn tes
néglige plus qu'en tout autre ^ pays dants
leur enfance. Geryaife aflure qyip ces Iiv
diens , comnfxe la plupart des a|itre$ , n<î
naiflent point bafanés , mais qu'ils n^
tardent pas à le devenir , parc^ que dès
leur bas âge , on les accoutumé à marr
cher nuds aux ardeurs du foleiL Ils on(
le tour du vifàge plutôt lofange iqu*pval^>
les yeujç petits y inanimés Se jaijmâtr^s^ 1^
xv^z court & arrondi parle bofltj Ig? foy^js
creufes & larges *par le haut , la bouçh^
grançle.» les lèvres pâles & grofTes , Iç
teint bran & rougeâtre. Les fçpjmçs foni:
bien faite^, mais leurs traits fppt ihpqfr
fîçrs qupn diftiugue â peine le^ir phybônqe
mie do celle des hommes. L^uf;fein n^ i^
foutient plus dès leur prepiiete JeunePTe*
mais quoique pendant , U ne cboqpe pas
les yeu^ de leurs maris. Les Siamois qui
avpiept été en France avq^Qient que, qupi-
Qu'ils n'eu/Tent pas d abord été fprt toi*r
chés ni de la blancheur, nj de^ yf^iits 4^
Fr^ngQif(^s , néanmoins ils ^vpient bientôt
compris qu'elles feules ^toi^nt bçUes ^
que les Siamoifes nç rétpiçnt p^s, Le^
Rois de Siam , ainiî que le Mpgol ^
L iy
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14* H I S T O I R I D« l* A S I E ,
! d'autres Monarques Indiens , onk toa*
Histoire jours dans leur ferrail des femmes
f>ts Indes, blanches de Mingrélie ou de Géorgie,
caraaercdc» L^ Loubere i avec fa plume philo-
^"^^^ fophique» retrace ainfi le caraûerejde
ces Indiens. Comme l'aifance fe trouve
dans le bon marché des chofes néceflaires
à la vie , ic comme les bonnes moeurs fe
confervent plus facilement dans une ai-
fance mbdérée que dans une pauvreté ac-
compagnée de trop de travail ou d'une
oifivete trop abondante » on peut apurer
que les Siamois font gens de bien. Les
vices font honteux chez.ce peuple. On ne
les ^ excufe ni comme plaifanterie « ni
comme fupériorité d'efprit. Cet éloge
fouffre pourtant beaucoup de reftri^lions ,
&4e prmcipe fur lequel il porte n eft pas
tigoureufément applicable aux Siamois ,
qui pafleht la moitié de l'année dans les
travaux & l'autre moitié dans l'inaiftion.
Un Siamois, pour peu qu'il foit au-de(Fùs
^ de la liedu peuple, loin de s'enivrer, auroit
honte de boire de Tarrouk , du moins pu*
bliqtiement. Les anciens ont retnarqué que
c'eft rhumidité des alimens qui défend
les Indiens contre l'aâion du foleil qui
brûle le teint des Nègres \ & cotone leurs
cheveux, La nourriture des Siamois eft
encore plus aqueufe que celle d'aucun
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BB l'Afrique et de i'Amériqui. 14^
autre peuple des Indes ^ & Ton peut leur •
attribuer toutes les bonnes & les mau- Histoire
vaifes qualités qui viennent du flegme & ^^^ ^^^^^*
de la pituite, effets néceffaires de leurs
alimens. Ils cm de la douceur , du fang
froid & peu de fouci. Ils fe pofTedeat
long- temps, mais (^uand une lois la co;*
1ère les emporte > ils ont peut-être moins
de retenue que nous. La timidité, la dif-
fimulation,la taciturnité, l'inclination à
mentir croifTent avec eux. Ils font opi-
niâtrement attachés à leurs coutumes au-
tant par pareffe que pat refpedt pour leurs
ancêtres. Ils ne font point curieux & ils
^'admirent rien : ce qui eft le caraâere de
l'extrême bêtife. Leur phyfionomie auffî
ftupide que (ombre , paroît confirmer cette
ideej cependant on aflure qu'ils ont la
conception aifée , les reparties vives , l'ob-
Jeûion jufte & l'art de l'imitation. Leur
fi^areffe invincible détruit tout d'un coup
es efpérances que leur intelligence femble
donner aux premiers effais.
Orgueilleux avec ceux qui les mé-
nagent, rampans avec ceux qui lesdé-^
daignent, ils font ruiés Se changeans,
comme tous ceux qui fentent leur propre
.foiblcflTe. Le roenlbnge eft fort commua
.parmi eux. Quoiqu'ils fe promettent une
xtecnelle amkié avec de grandes cérénu>^
Lv
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1^0 Histoire pi t'A su;
^"***^*^ nies , jufqu'i boire du fang l'un de l'autre^
Histoire ^ la manière des anciens Scythes & de
DES Indes plufieurs nattons de TOrient , ils ne laiflenc
pas (Quelquefois de fe trahir. Il n'eft pas
étrange que le vol foit eftimé fi infâme dans
un pays où I on peut fi aifément gagner fa
vie. La honte d'un vol fe répand fur toute la
famille du coupable. Cependant loccafion
de voler a tant de Rîrce fur eux » qu'elle les
entraîne quelquefois , lors même qu'elle
eft très-pérideufe. Un Siamois avoit été ^
dit-on , chargé de retirer de la gorge d'un
voleur quelques onces d'argent qu'on lui
avoît fait avarier ; il ne put s'empccher d'en
dérober une partie. Puni du même fup-
plice , un fécond s'y expofa en Commettant
fur lui la même faute. Un troifieme cou-
rut le même danger fur celui ci. Le Roi fit
grâce au dernier , en difant qu'il feroît
mourir tous (es fiiiets , s'il ne fe déter-
minoit une fois à pardonner. Je ne puis
citer cette hiftoire que comme un conte
imagina pour donner ime idée de la vé*
rite. On fçait qu*utt des Mandarins en-
voyés en France prit en Flandres dans unfe
maifon où il avoit dîné , dcb jetions > qu'il
prit pour de la monnoie du pays.
Ceft par la calomnie que ces peuples
exercent leurs haines fecrettes êc leurs ven-
geances « Se ils y trouvent de la faciUcé zxt^
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DE l'AîriqiJeit de L'AwiAIQWE. 1 5 ?
près des Juges qiri , en ce pays comn^e en
Europe, vivent Ae leùrprofeffioh. Quand Histoire
leur haine eft extrême ^ce qui eft rare , ils ^^^ ^°^V
affaifinént bu ils empoifonnent j ils ne
connoififent point U vengeance incertaine
des duels y la plupart de leurs querelle^
néanmoins n'aboutilTent qù*à des injùrea
réciproques & à des coups de coude. La
bonne roi eft grande a Siam dans le com^
merce j mais Tufure y eft pratiquée fans
bornes , parce que les Loîx ne la pu-
niffent point. L'avarice paroît être le vice
eflentiel du Siamois j s'il amaflTe des ri-
chûffes , c*eft , non pour les employer, maïs
four les enfouir : tout y j «fqu a la religion ^
uî infpire cette prévoyance. ,
Les vieillards fgnt auflî refpedcs ^
Siam qu a la Chine. Vidée ^ue 1 on a de
U fubordination Se de Tunion Iqui. doit
régner dans les familles , eft telle , qu'un
fils qui voudroit y plaider contire fes pa-
ïens y pafleroît pour un monftre.' Perfori-
ne , dans ce Pays y ne craint ni le maria-
ge , ni le nombre des enfans; mais ce n'eil
point vertu , puifque le nombre des enfans
peut faire là richçffe du père. L'intérêt ne
divife point les famille&i car elles feroient
vi(ftimes de leur imprudence , s'il les çon-
duifoit devant les M^giftrats. P'ailleuts'
xout y eft réglé par le d^fpotifme du petc
Lvj
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15* HisToiRi Di i*Asxi,
fur les enfans , & par des loîx fimples*
HisToiRB Les parens ne fouffrenc pas que leurs pà-
i>*s Npis. ^ç^^ demandent Taumônc , i cauft que la
mendicité eft honteule pour toute la fi-
mille. La jaloufie n'eft , dit-on , chez les
Siamois qu'un pur fentiment de gloire ,
qui eft plus grand en ceux qui font ptu,s
élevés en dignité. Il n y a point dans tour
tes ces contrées de femme de bien qui
n'ainue miei^x » en une occafion de guérie »
que Ton maj:i ta tue , que s'it là jailTo^c
tomber au pouvoir des ennemis. Cepen-
dant , quoiqu'elles ibient capables (k fà-
crifier leur vie à îeur gloire, eties ne laif.
fcnt pas quelqiiefois de fifquer pour leurs
.plaifîrs fecrets leur gloire & leur vie. En-
fin les humeurs de^ Siamois , dit la Lou-
bcre, (ont tranq^illel comme leur ciel^
3ui ne chinge que deux fois Tannée , &
'une manière infennbte. Ils ont , a;oute-
t-il, le bonheur de naître Philofophes. Je-
©e crois pas que mes Leâ:eiir§ adoptent
cette idée..
ïfi»crN«t Diverfes Nations' Étrangères ont form^
^^^ de& Colonies, i Siam. Gervaife aflure que
ces Colonies compofen^ au moins U tiers;
des habiiâns du Royaume. £tleS' (ont fi
Htifcs que llmérêt du gouvernement les^
girantit de h tyrannie. Les, Siamois;
SuumQUter t^noisbre <les- Nations cta.-^
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©Ei*ArRïQ^i îT ©E t* Amérique, i jj
biies dans la Capitale feule à quarante y '
maïs la Louberc n'en compta que vingt-.^^*^^^
utjc , piar les Députés qui vinrent le faluer ^^^ *hdis.
comme Envoyé de France. Chaque Na-
tion a un chef qn*elle élit avec l^agrément
du Prince , & qui la gouverne félon feis
Loix. Les Laos Se les Peguans font les
{>lus anciens Cotons Etrangers. Les Ma-
ais^ les Maures Indoftans Se les Macaf-
faiois, font alTez nombreux pour caufer ..^
de grands mouvcmcns dans TEtau Lci
Japonnois» les Chinois, IcsTonquinoîs^,
les Cochinchinois & les Camboyens , jr
ont auffi des établiflèmenî. Le plus flô- "
TÎflTanteftcetui des Chinois y iîs contribuent -
beaucoup , avec les. Cochinchinois , à, faire
valoir les terres. Parmi l'es Nations Eu-
fopéenes, les Portugais y font auffi pauvres:
Sue libertins Se pareneux. 11 y a peu
'Ânglois. Les Holtandois plus heureux..
Se peut-être plus rufôs que le» autrés^
Européens , s*^y maintiennent dans un état
alTer brillait. Les François n ont £àit qu^
paroître.
Peignons d\in feuï trait te pays , legoa-
vernement & l'état d^ Siam, Les terres,
cultivées y rapportent ordinairement loo-
pour un » pu pmtot la natiu:^ , pour peu
qu'elle fbit fbllîeitée par le travail', y ré-
pand fes dbwi Êuii mcfuié ^ & un» ttc^
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-• ^■^' ÎÊià
254 HisToiRi T>,E i*ÀsrE,
petite population ne jouit que du ncce.Ç;
Histoire {^Ij-ç j^ns ce paradis terreftre.
PIS IN0£^. ^
Vc la Prefqu'Iflc de Malaca.
Elle forme une langue de terr,e fott
étroite i la pointe méridionale delà gran-
de péninfule. Sa longueur peut être de
quatre vingt ou cent lieues du midi au
nord. Elle ne tient au continent que par le
coté du nord , lequel confine au Royaume
de Siam , ou pluiôt à celui de Johor. Un
canal étroit qui porte fon nom , la fépare
au fud-oueft de l'Ifle de Sumatra. C'eft
un des pafTâges les plus difficiles & les
fJus pénibles de Tlnde pour la navigation.
1 baigne quelques petites liles.
Obfarvatîons Avant que le Cap de Bonne- Efpéranqe
*^*"*fîit découvert, la ville de Malaca étoit le
grand marché du Levant pour les épices ,
les drogues, & toutes les produétioos des
Mes. Les Na[ions de l'Occident s y ren-
doienr pnr la Mer Rouge Lorfqae I^$-
Hollandois la conquirent fur les Portu-
g.us,elle croit fart ucchue de fa fplen-
deur, quoique firuée fur une h.mteur, la
feule que ion voie Jans fes campagnes,,
les palmiers de les cocotiers dont la ^ôt^
eft couverte , en dérobant la vue du côté
de h mer. Le P. de Rhodes obferve quj?
quoique la chaleur foii eitrème daa& k
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T>E l' Afrique tT t>i t'ÂMiaiQTTB. 155
Pays y puifque Malaca n'eft qu'à deux de- !
grés de la ligue , les fiuits d'Europe n'y Hi&toiri
uiùrifTent point, faute de chaleur^ parcç^" In»i$i
aue le foleil, dans le tems qu'il a toute fa
force , attire tant d'exhalaifons & de va«-
peurs » qu^l eft toujours czçhé par les nua*
ges^ & que les vents impétueux 6c les
pluies continuelles s'oppofent à la matur
rite des fruits qui ne font pas propres aa
climat i ce que l'on peut entendre des fruits
qui ne demandent pas beaucoup d'bumidi!-
lé. Le pays eft fujet aux inondatipiis , cour
vert de bois épais , remplis d'animaux fé-
roces^ ce qui oblige beaucoup de voya*
gçurs à pa(ler ta nuit f^r d^ grands arbres»
Des relations affurem ,que l'intérieur du
Royaume , c'eft-à-dire y ce que les Euror
péens n ont pas fubjuguc , eft habité par
fept Nations qui ont chacune un Souve-
rain particulier. Les Indiens font braves »
6c leurs femmes libertines a l'excès. Sau-
vages 6c brigands , ils vivent dans les
bois 6c fur les rochers , de fruits , &
de la chair des animaux. On a dit que / ^
les Malais avoiem tant 4e penchant 6c
d'eftime pour les blancs , que quand ils
Vpyoieni arriver quelqu' Européen fur leurs
cotes, ils leurs offroiem leurs femmes $c
leurs Hlles , pour avoir des enfans qui leuc
leiTefubiaireac. Malgré la barbarie de leui^
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15* HlSTOIRl DB i*AsrE,
î mœarç , leur langue paffe pour la plos
2$ ^'** belle des Indes ; & c'eft ridiome le plus
^^** univerfellement répandu dans toutes ces
contrées. Elle doit fans doute fon éten*
due» & peut-être fa beauté à lancieu corn*
merce du Pays.
Au milieu des dons les plus précieux
de la nature, Tinquiet & féroce Malais
eft miférable. Entre ce miférable peuple »
les Siamois Se les Camboyens aûfli tnu
férables que lui » un négociant Chinois^
nommé Kiang-tfe , a entrepris au com-
mencement ^ ce fiécle de défricher le
territoire de Cancar , ^pellé Royaume de
Ponthiamas, & de gouverner fa Colonie
par les loix feules de la r>amre. Ce pays
eft aujourd'hui le grenier de la reflburce
des peuples voifins. Le ftls de Kiang-ife
règne comme lui, ou plutôt il eft le pre-
mier laboureur de fon Royaume , car c'eft
la nature qui règne , & tout eft bien.
Royaume de Camboyc.
ob^rradwir Ce Pays , autrefois dépendant de Sititv,
^cr Royâu.jji,înfi que Malaca , eft fitué dans la partie
"**' orientale de la prefqu'Ifle , borné- à Teft
par la Cochinchine & le Royaume de
Chiampa , au* midi par la Mer , au nord
par le Royaume de Laos , au couchant par
l'Et^u de Siam, Un grand Eeuve^ nommé
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fi
DE t*AFRIQUE ET DE L*AMilLIQtJB. 257 ^^^^^
Xlécon , le cdupe dans toute fa longueur. ■'*
Lauweck, Capitale, bâtie fur ce fleuve,^*"^'**
eft la feule ville qui nacrite quelqu*atten- ^** **^^**
tion. Le Roi y fait fa réfîdence dans un
Palais fort fîmple , environné d'une nalif^
fade en forme de cloifon de Hx pieds de
haut , 6c défendu par un grand nombre
de canons de la Chine , k de quelques
pièces fàuvées du naufrage de deux vai^
leaux Hollandois. L'intérieur du Palais »
quoique bâti de bois , y éclate d or & d'at-
^ent ; tout y eft d*une propreté charmante.
1 y a beaucoup d'Etrangers dans ce Pays
mal peuplé, quoique fertile. Ileftrenipli
d'eaux , de montagnes 6c de forêts* On
nomme les principaux Officiers de TEtac
Okneas ou Okinas , 6c les Officiers fubal*
ternes Tonimas. On reconnoît les premiers
â une marque d'honneur reçue a Siam }
c'eft une boëie d'or, pleine de bétel , qu'ils
font porter devant eux , ainfi que deux
épées , ou qu'ils ont dans les mains. Les
Tonimas n'ont que des boctes d'argent.
Les Talapoins tiennent le premier rang
dans l'Etat , quoique , fi l'on en croit le
P. Martini , a les juger par leurs mœurs ,
on doive les regarder comme le rebut 6c
la lie du peuple. Leur pouvoir s^étend fut
les atfaires civiles. Us ont avec ceux de
Laos un chef commun, titré Raja Pour/on^
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158 HïSTotRE pE i*A$i«;
Roi des Prêtres , qui réfide à Spmbrapour^'
HnîToiRE fuj. içj frontières des deux Royaumes , 8C
NDis.jq^j I jç toutes les caufcs de fon dif-
triâ:. Les Talapoins de Laos peuvent
avoir une femme. En 1717, le Roi des
Camboyens étant menacé d'une irruption
des Siamois y offrit au Roi de la Cochin^-
chine un tribut perpétuel , pour obtenir
fon affiftance j fpn offre fut acceptée. On
donne à ce Royaume cent trente lieues
du midi au nord , & cent du levant ^^
couchant. La plus grande partie du terreip
eft inculte & inhabitée* Ces Indiens tuent
fans fcrupule les cerfs , les buffles , & mê-
me les éléphans j ils fe fervent fort adroi-
rement des armes à feu y leurs femmça
font jolies , fpirituelles Se coquettes.
Au fud eft du Royaume de Çamboye ;
on trouve celui de Chiampa , qui eft fx
peu confidérable , qu'il n'a point attiré les
regards des voyageurs. On n'en connpjt;
pas même la Capitale.
Du Royaume de Laos.
obrêrratloM I! eft placé prefqu au centre de la pref-
^«pay»« qu'ifle , entre le Tonquin , Camboye',
Siam & Pégu , £tats dont il éft féparé par
des forêts impénétrables , & par des pion-
tagnes inacceilibles. Il eft traverfé ^ ainfi
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l
DE i.*Afriqub et de l'Amériqve. 259
^ue Camboye , par le Mécon , qui prends
*a fourcë dans la Tartarie.On doit le peu Histoire
de connoiCTance que Ion a de rintérieur*^^* Indïi^
de cecte contrée , à des HoUandois en-
voyés , en 1 ^41 , en amba0ade au Roi p^
le Gouverneur de Batavia , lefqaels re-
montèrent le Mécon , depuis Camboye
jufqu'd Winkjan ou Langion , Capitale
du Pays des Laos. Le rivage leur ofFric,
par intervalle , des villages & des bourgs
alTez bien bâtis , i la manière du Pays. La
petite ville de Baatfiong étoit autrefois le
féjour des Rois. Les Laos font prefque
tout leur commerce à Meunhok. Les
Etrangers ne pénétrent pas aifément dans
l'intérieur du Royaume. Les Siamois met-
tent fouvent quatre ou cinq mois pour v^"
nir, 8c trois moispour s'en retourner ches
eux. Les Chinois le rendent une fois tous
les deux ans à Meunfwa , lieu retiommé
fur les frontières du Pé^u , où ils defceni-
dent la rivière dans des pirogues » pour
venir vendre des étoffes de foie.
Les revenus du Roi coniiftent , pour la
plus grande partie , en or , en gomme^lac-
que , en benjoin , en dents d'é^phans , en
mufc , en foie > en peaux , &c. Cent famil-
les font taxées à lui fournir entr elles ua.
demi*marc d'or chaque année. L'entretien
des pagodes abforbe pre%i'emiéremenc
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^^
C:'f^\iâèié^'^
i6o Histoire de l'Asie^
ce produit. Il n'y a que tcois charges prîn-
ftisToiM dpales dans le Royaume » doncIeGoo-
^is iNois. yernement eft panagé entre ceux qui en
font revêtus » fous le titre de Tevinia. Le
premier » Vîceroi général , difpofe de tout .
a la mon du Roi , comme Souveraiu ^
jufqu'â ce que Ton fnccedeur ait été recon-
nu. S'il ne fe trouve point d'héritier légi-
time , il a droit i la Couronne , au pré-
jndtce des enfans des concubines du feu
Roi. Le P. Martini divife le Payi en fept
Provinces gouvernées par fept Vifceroi^ ,
avec une ^ale aatortié. Chaque Gouver-
nement entretient fur les taxes une mi&e
Ivaniculiere. Au rapport des HoUandois ,
e Roi de Laos peut menre en campagne
une armée de quatre-vinet mille hommes.
Le Pays eft l^n. Les éîéphans y font (î
communs , qu'on affure qu'il en a tiré fon
nom , Laos (igniâant milliers d'élépbans.
Le fel s'y forme naturellement d'une ef-
péce d'écume que les grandes pluies laif-
lent fur la terre, 6c qui fe durcit aa
foleil.
Du Royaume du Pégu , iTjiva , &c.
«bfetvttîoni Le Royaume du Pégu , en y compre-
ftir CCI diffé- nant le Pays ci'Ava , Martaban , Prom ,
"^ Brama, & d^tres petits Etats de fop an-
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Dî L*AfRIQU1 et D1 L'AMiMQUE. itf I
ciennc dcpcndance qu'il a perdus & recou-
vres en divers tems , a cent lieues d'cten- Histoir»
due du nord au midi , cinquante du levant *** ^«des*
au couchant dans fa plus grande largeur.
Ces Pays font dans la partie occidentale
ic dans la partie feptentrionale de la pref-
qu*I Ae i la Chine au nord ; Arrakan Se le
Golfe de Bengale au couchant y Siam au
midi i Laos i l'Orient.
A va , Capitale du Royaume de ce nom^
& réddence aéhielle des Rois de Pégu ,
eft fur un fleuve de fon nom. Le Palais
du Roi confifte en quatre corps de logis ,
au milieu defquels s'élève un pavillon ,
dont les murs extérieurs font dorés. Les
3uatre pones de ce corps de logis regard-
ent les quatre points au ciel. Elles s'ap-
pellent la porte d'or » la porte de la juftice,
la porte de la faveur , la porte de la magni-
ficence. Les Ambafladeuts & les perfonnes
qui apportent de;;s préfens , paflent par la
première^ la féconde cènduit au Tribu*
liai ; ceux qui ont obtenu des bienfaits
palTent par la troifiéme \ la dernière s*ou-
vre lorique le Roi fe fait voir au peuple
d^ns réclajt de Sa Majefté. Les rues d'Âva
font alignées & bordées d'arbres.
Bakan eft une ville aifez bien bâtie
pput le pays. Prom fprmoit la capitale
4'^n petit t^i (imîcrophe 4'Ay4 <S^ du
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îtfi Histoire di l*Asie,
îpégu. Soriam , ou Syriam fur le golfe de
mJ^'w Bengale , eft le feul pore confidérable du
• Royaume. Les Européens y font un grand
débit de rubans & de chapeaux. Les Pc
guans connoiiTent fi peu la véritable qua-
lité de l'argent qu'on y mcle jufqu a un
quart d'alliage fans qu'ils s'en apperçoi-
vent. Le ptomb eft là monnoie courante
du pays,
Pégu , ou plutôt Siren , bâtie fur le
fleuve de fon nom qui fe jette dans le
golfe de Bengale, n'a pas aujoiird'hui I2
vingtième partie des habitans <jueUe
comptoit dans le temps de fa fplendeur.
Ses anciens foflKs , qui font aujourd'hui
une terre labourée, ontfixou feptli^es
de circonférence , ce qui prouve que c'é-
toit autrefois une des plus erandes villes
de l'Orient. .
Mamban , près du golfe de Bengale.,
«nvirori trente lieues au deffus de Mer-
gui, ville Siamoiiè ,'eft la capitale d^ua
État fituéentrele f)a)rs^u Pégu & celui dé
Siam.Sofi porc, autrefois capable de por«
ter des yaifleauxde toute grandeur , a été
comblé par les Monarques du Pégu , qui
ont tâché d'attirer à Suriam toutlecom*-
merce maritime.
Tavern^er dit de ce Royaume , qu'il n*a-i
voit jamais va , que c'eft une des plus pau*^
DigitizedbyCjOOQlC
t)B^' Afrique it de L'AMéRijçjvE. i^ j
vres contrées du monde , d*6ù il ne vient !
que des rubis. Sheldon ^ qui avoît vifiié Histoire
le pays pouf en canndkre le terroir & les ®^* Indest.
ûfages , aflTure qu'avant les dernières guér-
ies , les ricfaeffes du Roi égaloient celles
des plus grands Pïinces de l'Orient. La
partie méridibnàle eft d un bel afpeéè , &
d'une fertilité con/îdérable, canfïe parlés
débordemens réglés ées rivières. Dans le
refte du Royaume , il y a beaucoup de*
lieux deferts. Le long des côtes de Ben-»
gale , il y a quelques ifles inhabitées de la
dépendance du Pegu. L'air de ce Royaume
eft très fain-j il convient mieux aux Euro»
Î^éens que cehit d'aucun antre pays de
Inde. La petite vérole infpire tant de
frayeur aux Itabitans que Ibrfque quel-
qu'un en eft attaqué, on le laifle feul dans
le logis avecquèiquenourrimre, & qu'on
fte vient qu'au botu de trois femaines s'in-
former de fou fort. S^l guérit , on le porte
jen triomphe , 8c l'on célèbre fa convalef-
cence avec de grande^ démonftrationi
jd'allégfeflr^.
Le Rôi de Pépi eft appelle Kîak , Dieu ^ Goureme-^
car fes fuj^s. Chaque province entretient ^^■g^"^*^^
a la Colir un Député qui rend compté ad çu.
Roi ou à Ifes Mibiftres de la conduite diià
Gbuveiiiètrrs. Lotfque ceS' Officiers font
i» fettte / otx çfiïfeirim !îWrfiple^#^
Digitizedby CjOOQ IC
1^4 H LS TOI RE DE l'AsiE,
î Les Grands font tenus dans une ctrpice
Histoire fujeition. Il y a une milice réglée qui ne
Ms Imdbs ^qqjç jJç„ J^^ j^^qJ ^^^ temps de paix.
Entre les fètes que Ton célèbre dans ce
pays , celle qu on appelle Kollok en Thon-
neur des Dieux de la terre , conHAe dans
des danfes exécutées par des aâeurs que
le peuple a choifis. On veut que ce
(bient^rdinairement des hermaphrodites ,
dont le nombre eft , dit-on , fort grand
dans le pays. Us danfent jufqu à perdre
haleines &.-quelquefois jufqu à tomber
en défaillance. Revenus de cet évanouif-
feraent, ils aflTurem que les Dieux avec
lefquelsilsont converlé , leur ont révélé
des fecrets importans.
Les Péguans paient uâe dot aux parens
des femmes qu'ils époufent. Les loixdu
mariage font très rigoureufes contre les
Péguanes , fans qu'elles puiflent mettre des
bornes à la corruption. Les maris peuvent
répudier â: vendre leurs époufes lorfqu'iis
s en dcgoûtent , ©u qu elles font infidèles.
Les femmes n'ont en main d'autres armes
pour fe venger de rinfidéUté de leurs
époux que le poifon , & elles s'en fervent
" quelquefois. Cept^ndant Sheldon affure
quelles jouîffent de la liberté d'abandon*
ner leurs maris en leur reftituant ce qu'i'f
ont donné pouî: Us obtenir. Un mari qui
quitte
dby Google
DEL-AFUîQTJIÏTDEL'A^tlRIQUE. l(j$.
quicte le pays pour fes affaires y doir
donner à fa femme unepenfionjaurrement Histoire
après un an d'abfence elle eft dégagée du »*« Indes.
lien conjugal. Si la rente lui ell exade-
ment payée , il ne lui eft permis de pren-
dre un autre époux <ju'au bouc de trois ans.
Les loix du Pégu ont en général beau-
coup de conformité avec celles du Japon ,
& {es ufages avec ceux de Siam. Les Pé-
guans font, comme leurs voifins , doux ,
tociables , parefleux, voleurs , fourbes,
menteurs , lâches , Ôcç. C'eft une opinion
établie dans les Indes <}ue les peuples y
om plus ou moins d'efprit ielon qu'ils
font plus voifins ou plus éloignés du Pégu.
Les peuples de la Péninftle difent que Tf adîtîom
Jes reliques de Sommonaçodom font gar^ duvé^M.
dées dans ce Royaume , & que fes os ^
dont une partie eft changée en métal , ré-
pandent un éclat extraordinaire. Au milieu
du Royaume , il y a une petite ifle dan«
laquelle Ion voit un temple dédié à ce
Dieu. On dit que cette ifle , quelque
groflTes que foieniles eaux & quoiqu'elles
mondem^es lieux les plus élevés, rcfte
toujours à fec. On ajoute que les préfens
que Ton offre à ce Dieu en les jettan t dans
le fleuve , fuivant la coutume du pays ,
fuivent le courant de Teau , jufqu'â ce
qu'étant arrivés à l'ifle, ils s'y arrêtent. Sur
Tome F. M
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iCS Histoire DE L*Asii,
^ ^""""^ les confins du Royaume , il y a une petite*
Histoire colline fur laquelle leur Dieu , dit la
DIS Indes, tradirion , fe retiroit fouvent. Quoique le
haut en foit fort étroit, quelque grand
que foit le nombre des pèlerins i ils n'en
rempliffent jamais Te/pace. On raconte
qu'une armée Chinoife ayant enlevé les
créfors dépofcs fur cène colline par les
dévots"; elle périt toute entière la nuic
faivante j & que les Anges rapportèrent le
néfbr fur la colline. Le fommet de <ie
lieu eft Toujours couvert d'une ombre
fraîche & agréable , fans qu'il foit garanti
par l'art ni par la nature des ardeurs du
ibleil. Ces Indiens rapportent ime infinité
de femblables rêveries , & qliand ils les
otir vantées à nos JMiflîonnnires , ils leur
demandent à leur tour des miracles en con.-
firmation de TEvangile. Voyiez Tachard. '
Les Pramas ou Bramas ont, en dernier
Keu , ravagé la capitale & faccagé la Couc
du Pégu.
Royaumes (TArrakan , de Tïpra >
d'J{em , &c.
Le Royaume d'Arraknn , fitué fur fa
côte orientale du golfe de Bengale, entre
feize & vingt- deur degrés de larirude
feptentrionalc , a la mer au couchant ^
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t>E L*Af B.IQUB ET DE L^Auil^qVt. X6j
TEmpire du Péga au fud & à Teft , le
Royaume de Tipra au nord. Histoire
Arrakan , capitale , eft bâtie à cinquante ®^^ Indes.
milles de la mer dans une vallée de cinq avituiwui?*
ou fix lieues de circonférence , entoui;ée
dé montagnes qui lui fervent de rem-
parts y 8c défendue par des ouvrages iî
confidérables qu'un Roi du Péçu , de la
DynafUe des firamas , entreprit inutiler
mène de les forcer , quoiqu'il eût , dit*
on , une armée de trois cens mille hom-
mes & de quarante mille éléphans. L^
liviere d'Ârrakan ou de Chaberis , coule
à. travers la ville par différens canaux. Soa
embouchure , quoique femée de rochers
Se de fables , ne laiue pas de former un
beau port , capable de contenir des vaif-
féaux de la première grandeur j mais les
marées y font fi violentes, fur-tout dans
la pleine lune $ que les navires n'y entrent
point fans danger.
Les édifices ordinaires d'Arrakan font
compofés de pièces de bambous avec des
catines entrelacées. Les palais des grands
font conftruits avec plus de folidité ^
ornés de peinture & de fculpture. Le pa-
lais royal eft fort vafte , & fon étendue
n'égale point fa richeflc. Dans la defcrip-
tion qu'en donne Sheldon , tout eft or ^
pierreries ^ c'eft un palais de fées. £n-
Mij
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i6S Histoire de l'Asie;
! tr'autres fingularitcs précieufes , il y a , (t
HisToiRi I'qo veut l'en croire , une falle revêtue de
i>Es Indes. ^^Ç3 j.^^ ^ ^ p^^^e dun dais dor, de
cent culs de lampe d'or chacun du poids
de quarante livres , &: de ftatues d or
grandes comme nature , Se épaifles de
deux doigts. Au milieu Ton adimire une
chaife d'or qui foutient un cabinet du mè-
Xne métal dans lequel font deux rubis longs
comme le petit doigt , & gros à leur baie
comme des œufs de poule. Ces joyaux ,
dit le Conte , ont caufé des guerres fan-
glantes entre les Rois du pays , non-feu-
fement à caufe de leur ineflimable var
leur, mais çncore parce que l'opinjon pu-
blique accorde un droit de fupcrioritc 4
celui qui les poflTede, On compte dans la
ville fix cens pagodes ic cent foixante
mille habitans.
Orietan eft une ville où , malgré la
diflScuhé de l'accès, les marchands de la
Chine , du Pégu ^ de Malaca , d une
partie du Malabar, & de divers cantons
del'Indoftan, trouvent le moyen d'abor-
der pour l'exercice du commerce. Elle eft
* gouvernée par un Lieutenant Général ,
que le Roi établit à fon avènement au
trône , en lui mettant une couronne fur la
icte & lui donnant le titre de Roi ; parce
* oue cetjc v^llc eft capitale d'uae des douzQ
Digitized by CjOOQ iC
Î>E L^AfUTQTJE ET Dl L*AmÉRIQVI. itfj
provinces du Royaume, lefquelles font
toujouts régies par des têtes courennécs. Histoire
On voit près de ce lieu la montagne de ^^ ^^^'^^'
Naum , où Ton relègue les criminels ,
après leur avoir coupé les talons pour le?
empêcher de fuir. C'eft un repaire de
l)êtes féroces.
Les autres places les plus confidérables
de la côte font Pervem , Ramu , Dianga ,
Chatigam , dépendance de l'Indoftan,
Dobazi. On nomme parmi les villes peu
remarquables , Coromoria , Sedoa , Zara,
Megaeni , Chudahe , &c. Près le cap
Negraes , qui termine les poffeflîons ma-
ritimes du Royaume, eft TifledeMunay,
du diftrid d'Arrakan ou de Pégu. Ceft là
queréfide le chef des Raulins, Prêtres du
.pays , perfcnnage fi refpedé que le Roi
même s*incline' en lui parlant & lui don-
ne la place d'honneur. Le Monarque & la
Cour font obligés d'aflîfter à fe^ funérail-
les dont Pinto fait monter les frais à cent
mille ducats. L'ifle de Sundiva donne
beaucoup de fel. Les BufRes, Negraille,
Je Diamant forment d'autres ifles dépen-
dantes du Royaume, entre quantité d!c-
cueils qui. rendent la navigation très-pé-
ril leufe.
La partie méridionale d*Arrakan eft in-
culte .& deferte. La partie fcptentrionale
M iij
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17^ Histoire de i*Asiï,
ctoit peut-être un des plus beaux pays Je
Js^NDE^ '*""'^^"> ^^^nf q^e des guerres étran-
* gères & domeftiques en eufTent changé la
Face. Un peuple immenfe rrouvoît dans
ce Royaume une abondance égale à Ces
agrémens. La campagne coupée ci'étangs,
de lacs & de rivières , ofTre Us plus char-
mans payfages. L'air y eft très-fain. On
obferve comme un phénomène très-fin-
gulier dans un climat auflî méridional
qa*Arrakan, qu'en 1660 le froid y fut fi
rigoureijx au mois de Décembre , que
rhuile gefa dans les flacons, au point
qu'on la fendoit avec le couteau* Les
voyageurs ne nous apprennent rien tou-
chant les productions de Tinduftrie des
habitans, auflî barbares fans doute à cet
égard que leurs voifins. Le commerce y
fleurit autrefois ^ les Bengalois ont chaffé
les Européens de ces côtes.
•ePEwpc- Le Paxda ou Empereur d'Arrakarr,
.jcot d'Arra. ^^^^^ j^ ^j^^^ j^ j^^- légitime du PégU ,
du pays de Brama , des douze provinces
de Bengale, & de fes douze Rois qui
mettent leur tête fous la plante de fes pieds.
11 fe montre très- rarement au peuple,
& toujours dans l'appareil le plus faftueux.
Schouten dit que cette folemnité n'arrive
que de cinq en cinq ans , & que c'eft le feul
temps auquel il foit permis à fes fujets de le
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i>E l'Afrique et di l'AmIrique. 171 '
regarder i fi toutefois il n'y a pas qne ''****^ SS!
exception en faveur des grands que leurs ^^^stoire
emplois obligent d'être fouvent auprès de^^^* *«»£».
fa perfonne. Tous les fujets doivent fe
rendre pour cette cérémonie i la Capi-
tale, fous peine 4 une amende d'environ
dix fols j plaifant ufage , obferve ce
Voyageur, pour lever des fommes iai-
menfes dans un pays fi peuplé. Le Mc>-
narque reçoit à cette fête le ferment âô
fidélité de fes fujets.
Ce Prince fait tous les ans un voyage
à Orietan > pour vifiter la pagode célè«
bre du Dieu Quiay-Poragray, auquel il
fait fervir tous les jours un magnifique
repas. A la fête de ce Dieu, plufieurs
fanatiques périfTent comme au Japon Se
dans rindoftan. Chaque Gouverneur ou
plutôt chaque defpote de province, eft
oblige d'envoyer tous les ans à l'Empereur
douze filles âgées de douze ans , élevées
fous fes yeux depuis leur enfance. Quand
elles font arrivées à la Cour, on les ex-
{)ofe à un foleil brûlant jufqu'à ce que
a fueur ait trempé leurs robes, & le Roi
ne retient pour fon ferrail que celles dont
la fueur n'a point une odeur forte.
Ces Indiens appliquent une plac|ue de Comtfmcs,
plonib fur le front des enfans qui vien- ««["«dcia
^ 1 A 11 I * • » nation.
nent de naître pour le leur applattir. Les
Mir
. , ' DigitizedbyCjOOQlC
17^ Histoire Di t*Asii!;
^^"""""^ oreilles pendantes font auflî beauté i leurs
Histoire yeux, comme à ceux de leurs voifins &
pit iMBBf. jgg Malabares. Ils ont le corps afTez re-
5 Jet & la taille moyenne. On affure que
es femmes n'apportent point de dot à
leurs époux, & qhe le mariage fe coii-
fomme à la vue des parens,fouvent après
qu'un étranger a joui des premières
faveurs de l'cpoufe. On remarque parmi
les fuperftitions de leurs funérailles , qu'a-
vant que les Raulins brûlent le corps,
les Domeftiques du défunt font le guet
autour du cercueil , pour empêcher que
- le grand chat noir n'entre dans la falle ;
car s'il venoit malheureùfçment à pafTer
fur le cadavre, l'ame du mort feroit con-
damnée à errer dans ce monde pendant
{►lufieurs fiécles. Ces Indiens portent fur
es bras ou fur les épaules les Stigmates
de certaines idoles domeftiques ou Dieux
pénates, imprimées avec un fer chaud.
Ils leur offrent tous les /eurs une partie
des mets de leur table. Leurs ragoûts font
. ordinairement aflailfonnés d'une mou-
tarde très-puanre. La pourriture eft affe*
• du goût de tous ces pcninfulaires.
Royaumes Les Royaumes de Tipra & d'Azem ,
peu conauf. j^ç font peut-être que des provinces d'Ar-
rakan , comme Sheldon l'alfure ainfî que
. de Chacomas. Ces contrées font peu con-
Digitizedby Google
DE l'Afrique ET Di l^Amériquï. 17 j
nues. Tavernier dit que le pays de Tipra
cft au nord d'Arrakan , que fes habiians Histoire
font comme ceux de Boutan , fort fujcts ^^^ ^^^^*
aux goitres, & qu'on y voit des femmes
à qui cette tumeur pend jufques fur les
mammelles j qu'il cft gouverncapar un Roi
qui n'exige de (es peuples , d'autre contri-
bution annuelle qu'un fervice perfonnel de
iix jours pour la mine d'or ou pour la foie \
qu'enfin le pays ne produit rien qui con*
vienne auxcrrangers.
Le Royaume d'Azem borné au midi
par le Tipra & le Pégu , au nord par les
Etats de Boutan & de La0a , avoit pour
Sfincipale ville Azo , avant que l'Emir
emla l'eût ravagée. Kemmerouf ou
Chamdara eft devenue djepuis ce tems l'ha-
bitation ordinaire des Princes. Ce pays eft
riche en mines de divers métaux. L'or &
l'argent ne fe convertificnt point en ef-
péces monnovées ; on les panage comme
.au Japon en lingots , dont on fe fert pour
. le commerce intérieur. Les Rois d'Azem
, Comme ceux de Tipra ne lèvent, dit- on,
aucun fubfide fur leurs fdjets, ils fe con-
tentent du produit des mines qu'ils font
travailler par des efclaves* On ajoute que
les payfans mêmes y vivent dans une telle
. aifance , qu'il y en a peu qui n'aient une
. maifoû à eux & que la plupart emre-
M V
dbyGoogle
174 HlSTOlUE DE L*A8II,
I tiennent \m éléphant pour les femmes r
Histoire autant de fables. Dans le centre du Royau-
i>is iNDis. ^g ^ 1^5 hommes Se les femmes font d'une
taille avantageufe, le fang y eftbeau. Aux
funérailles , tous les afliftans jettent leurs
bracelets ^ns le tombeau du mort. On
dit que ce peuple préfère la chair de chier»
à toute autre viande.
Le Royaume de Boutan ou du Tibet
dont nous avons donné une idée dans la
defcription de la Tartarie , appartient en
grande panie à Tlnde, comme nous l'a-
vons remarqué y il forme le palfage de ce
Eays à la Chine. Les Mogoh Schah-Je-
an & Aorengzeb ont impofé tribut à
quelques-uns de ces peuples, ainfi que
nous l'avons 4it.
IflesdêVIndi.
La mer de l'Inde contient une prodi-
gieufe quantité d'Ifles de différentes gran-
deurs. Nous donnerons «ne notion fuc-
cinte des plus confidérables , qui font les
Maldives , à Toueft du Gap.Gomorin j
CeyUn, àl'eft du même Cap; Sumatra,
au midi de Siam ; Java au fad-eft de Su-
matra ; Bornéo , au nord de Java ; Celé-
bes ou MacafFar , à l'eft de Bof néo ; fes
'Mokques , encore plus vers TOrienr^ U
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©B t'AFaïQUi ET oï l-Amériqtji. 275 ^^^^^
nouvelle Guinée,. à left des Moluques ; **"""*"*
les Philippines, au nord de ces dernières Histoire
Ifles y les liles Marianes ou des Larrons. ^^ ^^*^*^
Les Maldives.
Ces Ifles forment du midi au nord un Dercrîptron
cordon d'environ deux cent lieues de Ion- ^" >**i<i*^«*-
Îjueur. Elles font divifées en treize A toi- -
ons ou Provinces , qui forment un group-
pe de petites Ules. Cette divifion eft l'ou-
vrage de la nature ; car cll« a environné
chaque Atollon d'un banc de pierre qui le
défend mieux que la plus forte muraille
contre les attaques de Tennemi & contre
rimpétuoiité des Ilots. Le Roi des Mal-
dives prend le titre de Sulthan des treize
Provinces & des douze mille Ifles. Le
nombre de ces petites Ifles ne peut ctre
compté , parce qu'une grande partie n'of-
fre que des mottes de fable inhabitées ,
que les courans ou les grandes marées
rongent ou emportent tous les jours. On
prélume que cet amas de terre a pont,
bafe commune un banc de fable conti-
nuel, 5c qu'il ne faifoit jadis qu'une
feule Ifle. Onze de ces Atollons font au
nord de la ligne > il y en a deux au fud.
Les plus fertiles ne produifen t que des het^
bages 6c des cocof 'y^ la chaleur y e^ ex*
M V j
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^^,^^—^^7^ HiSToi».E DE l'Asie,
'^"^"^T* ceflîve , & l'air très^nal fain. Les nuits i
Histoire toujours égales aux jours , y font rafraî-
•'* ^^'^"•chies par d abondantes rofées. ,
Au centre eft l'Atollon de Maie , capi-
tale des Maldives. Cette ville a une lieue
& demie de tour. Le Bafquan ou TEm-
pereur y fait fa réfidence dans un Palais
bâti de pierre , ainfi que les maifons des
riches. Il fe repofe du foin de Ja Royauté
furies Prêtres. Chaque AtolJon forme un
j#gouvernement fournis a un Naybe , Doc-
teur de la Loi , qui a l'intendance des Loix
& de la Religion. Ces Naybes ont fous
eux d'autres Miniftres de l'ordre des Prc-
: 1res nommés Catibes , pour exercer la juf-
ticedans les Ifles des Atollons , ou pour
la faire exercer par les Prêtres particuliers
des Mofquées. Le Chef de ces Officiers
eft tout-à-lafois Souverain Pontife , & pre-
mier Magiftrat de 1^ Nation. Il fe nom-
me Pandiarc ^ jamais il ne s'éloigne de 2a
perfonne du Roi. Dans les affaires impor-
tantes , il eft obligé de confulter les Mo-
couris, Confeillers du Tribunal vetfés
dans la fcience de l'Alcoran. Le Roi feul ,
affifté de fes Mofcoulis , principaux Offi-
ciers , a droit de reformer les jugemens
. de ce Tribunal. La fonûion de Quilaguec
répond à celle de Lieutenant général du
Royaume. La Reine porte 1^ titro deRe-
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BE l'Afrique et de l'Amérique. 177
nequillague. Le Rafquavi a fon domaine
particulier , compofé de plufieurs Ifles , le Histoire
cinquième de tous les fruits , tout ce que ^^^ l«o^«»
la mer jette fur le rivage, des droits fur
les coris , le poiflbn fcc & les marchan-
difes étrangères, enfin la jouiilànce du
commerce extérieur.
La nation eft diftînguce en quatre DifTïreni
. ordres, dont le premier comprend la fa- Maidivo"?
. mille régnante & les Princes des ancienne s lîursufagcs.
races royales ; la féconde » les hommes
c^onftitués dans les premières dignités j la
troifieme , la noblefle } la quatrième , le
peuple. Outre les nobles d extraâion ou •
a office , il y en a qui le font devenus
par des lettres du Prince. Une femme
noble, quoique mariée à un roturier,
conferve la noblefle , & la tranfmct à fes
enfans fans la communiquer â fon mari.
La même règle s'obferve à Tégard des
hommes nobles qui époufent des femmes
du peuple. L'honneur du pays confîfte à
manger du riz accordé par le Roi. Les
nobles même obtiennent peu de cônfidé-
ration, lorfqu'ilsne joignent point cet avan-
tage à ctlui de la naiffance. Tous les foldats
en jouiflent, fur-tout ceux de la garde du
Roi , qui font au nombre de fix cens , di-
.vifés en fix compagnies, fous le com-
jpandemçai de fix MoJfçQuli?, Lq Rafqua»
dby Google
178 HlITOïRï ©B t'Asif ,
"^^"^^^ entretient dix autres compagnies» com-^
Histoire mandées par les plus grands Seigneurs da
, DES *NBEs. j^^y^^ç^ p^^j. 1^ fuivreà la guerre. Les
privilèges de ces officiers confiftent â por-
ter les cheveux longs , à avoir au doigt
un gros anneau pour les aider à tirer de
Tare , à jouir du produit de quelques
terres & de certains droits fur les paf-
fages. Une loi finguliere de ce peuple, '
c'eft que la punition des offenfes les plus
griéves dépend uniquement de loffenfé
ou de la famille.
Les Mâldivois ne mangent qu'avec
leurs égaux , tant en ricbefTe qu'en naif-
j&nce & en dignité : ce qui ne peut fe ren-
contrer que rarement. Une galanterie re-
çue chez eux comme une grande marque
d'honneur , c'eft d'envoyer à un ami une
table couverte de mets, La loi défend la
vaiflelle d'or ou d'argent. Leur médecine
confifte plus dans des pratiques fiiperfti-
tieufes que dans des méthodes. Outre
. une fièvre Ci commune & fi daiïgereufe
dans leurs ifles qu'elle eft connue par toute
rinde fous le nom de fièvre des Mal-
dives ^ il fe répand chez eux de dix en dix
ans une petite vérole maligne , dont la
contagion les force à s'abandonner les uns
les autres. Ils prétendent que le mal vé-
. nérien leur eft venu d'Europe. Ils Tap-
dby Google
DE l'Afrique et de l'Amérique. 279
f>eUent mal des francs, & il paroît qu'ils^
'ont reça des Poftugais de Goa, avec lef- Histoire
quels ils ont eu beaucoup de commerce,*^* l»i>^s.
Les hommes ont la taille haute Se la
phyfîonomie avantageufe. Ils ont naturel-
lement le corps fort velu ; mais ils fe.rafent
le poil de la poitrine & ^de l'eftomac , ce
qui offre , dit Pyrard , l'apparence d'une
étoffe découpée. Leur habillement corn
iifte dans des haut de^ chauffes ou des
caleçons de toile.
JJIe Je Ceylan.
Les géographes placent l'ifle de Ceylan xf^^^n
entre 6 Se \o degrés de latitude fepten- P5"pi" «^
trionale, & entre 5^8 & 99 degrés de lon-ccykn..
gitude du méridien de Paris. La domina-
tion du pays eft partagée entre deux puif-
fances. Le Roi de Candi eft maître de
l'intérieur , Se la Compagnie Hollandoife
poffede prefque toutes les c6tes. Les Be-
' das ou "W^adas , peuples prefque fauvages
de la partie fcptentrîonale , poffedcnt ua
terreifi plus confidérable par fon étendue
que par fes richeffes. Leur canton eft par-
tagé entre pkfieurs familles fotfmifes cha-
cune it une chef, & liguées enfemble par
une étroite union. Une garde de foldats
'- défend contre k% étrangers l'enceinte ile
dby Google
i8o Histoire de l^Asie^
! leurs habitations ou cabanes placées ordî-^
»Es Y^^' nairement fur les bords des rivières. Ces
'*^*" Infulaires font braves, généreux, taci-
turnes , humains envers les étrangers ^
quoiqu'ils n'en reçoivent aucun dans leur
diftrià fans la permiffion de leur chef ; &
fi jaloux de leurs femmes & de leurs
. filles , qu'ils tueroient un homme qui ofe-
roit les regarder. Leurs armes font des
flèches & un arc qui leur fert auflî de
lance. Ils terminent leurs différends à l'a-
miable. La chair de cerf, le miel & les
fruits font leurs alimens ordinaires. Les
Bedas ont à leur voifinage dans la partie
occidentale du nord , les Vannias , peuples
de l'ancien Royaume dé JafFanapatan.
itaMîiTcmens Les Hollandoîs pofledent un grand
Uo Undois. j^Qj^b^g jç phccs fur les côtes de Tifle.
En commençant le tour de Ceylan par le
fud , on trouve d'abord fur une éminence
Point de-Galle, ville bien fortifiée, qui
dans l'enceinte de fes remparts , rehfern^e
une demi-lieue de tertein. Se;s maifons
font bien bâties. Ses environs offrent de
charmantes campagnes où l'on a pratiqué
même au travers des rochers , de belles
gravettes du allées qui rendent le féjour
de Galle un des plus délicieux dé l'ifle.
On y refpire un air fort fain , dont on eft
redevable à rélévation 4u iicu. Les vetws
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Mt^AfRIQUEETDlI*AMiRIQUE. lit
y entretiennent une fraîcheur continuelle. '
. On donne à cette ville le fécond rang. A Histoiri
,une jeurnce de chemin on voit Caliture,*^^* Ihbu»
.petite ville très-forte, fituée au fommet
d'une haute niontagne , à rextrêmité d'une
vafte prairie &c fur l'embouchure d'une
belle rivière.
La célèbre ville de Columbo conferve
encore de beaux édifices & des ouvrages
qui la rendent capable d'une longue ré-
• nftance. Les guerres & la vétufté en ont
. détruit une partie ; & les HoUandois eux-
mêmes engagés par la difficulté de la gar-
der fans une garnifon fort nombreufe , en
ont diminué l'étendue pour en faire une
fbrtereiïe régulière. Tous les comptoirs
de l'ifle relèvent du confeil de Columbo.
L'hôtel du Gouverneur peut paflTer pour
un des plus beaux bâtimens de l'Inde. La
meilleure cânelle fe recueille dans fon ter-
roir. Negumbo eft une autre forterelfe im-
portante. Les Portugais avoient bâti ces
f places , en vue de couvrir les diftri6ks de
a canelle. Ces diftri6ts font terminés par ^
la rivière de Chilauw , qui fépare les do*
maines HoUandois des Etats du Roi dé
, Candi.
Près de là font les ifles Calpentyn , de
Manaar Se de Rammanancor. Entre ces ♦
deux dernières ifles ^ des bancs de fable
dby Google
itl HlSTOim DE L*Asi«,
! forment une efpccc de barre qui porte
Histoire \q nom de ponc d'Adam. On découvre
Ms iNPts. çj^fyiçg jgj iflesd'Amfterdam, de Leyde,
deDeIft, de Cays ou Hammenbiel, 5c
pluHeurs autres.
JafFanapatan , prefqu'ifle , ttoit ancien-
nement un Royaume qu'on dxvife aujour-
d'hui en quatre Provinces. On y compte
jufqu'à i6o bourgs ou villages dans une
étendue de douze i treize lieues. La ville
qui donne le nom au pays a une lieue de
circonférence. Une langue de terre joint la
prefqu'ifle a^ pays des Beddas , qui s'é-
tend au fud le long de la côte orientale
jufqu'à Trinquemale, place confidérable
par fon port , l'un des plus beaux & de*
meilleurs de Ceylan. Cette ville & Bati-
calo étaient autrefois ce que les Hollan-
4ois nomment des commandemens ,
comme JafFanapatan & Point-de-Galle,
m.iis on n'y envoie plus que des chefs de
comptoir. On revient par le fort de Ma-
ture à la première place que nous avons
décrite. En général , l'ifle a peu de bons
ports. Les cotes orientales qui offrent les
meilleurs mouillages font pour l'ordinaire
baffes , les vaiffeaux n'y ont point d'abri ,
du moins dans les baies extérieures. Celles
\du midi & du couchant font hériffées de
, rochers > & la mer y eft garnie de bancs.
DigitizedbyCjOOQlC
t>E L*A!f RIQtJE ET DE i'AmIrIQUI!. 2 8 }
Les Hollapdois ont dans rintérieur du-
pays , plufieurs châteaux pour la carde des Histoire
paliages.
L'intérieqr de Tifle renferme fix Royau- Royaumesde
mes , qui ont été réunis fucceflîvement à J'j^^"^^^ ^^
celui de Candi ou Kondeuda , lequel a
donné fon nom à TEmpire. Les fix Royau-
mes font Candi, Cotta , Sitavaca , Dam-
badan , Amorayapour & Jafanapatnamf.
Vne divifion plus particulière repréfente
toute rifle en trente-quatre corles o«
grandes provinces , & en trente-deux pro-
vinces de moindre rang. Il y a dans la
feule province d'Ouvah trenté-dewx tribus
particulières , foumifes à autant de chefs
qui reconnoiflent eux-mêmes Tautorité du
Souverain de Tifle. La crainte de la puif-
fance HoUandoife a engagé les Naturelii
de Ceylan à fe retirer darî$ Tintcrieur du
pays qui eft fort peuplé & prefqu^impéné-
trahie. Les diftridts font féparés par des
forêts épaifles, que perfonne n'a la liberté
d'abattre, parce qu'elles fervent de défenfe
à TEmpire. Le pays eft coupé par de
grandes rivières poiflbnneufes. La plus
haute montagne de l'ifle , appellée Pie
d'Adam ou Hamalel , à quinze lieues de
Columbo , fe découvre de plus de douze
milles en mer. Au bas de la montagne eft
pn étang, dans lequel les Chingulais voftC
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lt4 HlSTOIHEDE l'A S TE,
! dévotement fe laver de leurs péchés. Après
Histoire ce premier ade de fuperftition^ils montent
pz$ Ihdis. jufqQ»au haut dû Pic par des chaînes de
fer , fans lefquelles il feroit impoffible d*y
atteindre , tant il eft efcarpé. A quelque
diftance de la cime , les pèlerins trouvent
une grofle cloche fur laquelle ils frappent
un coup pour /çavoir s'ils font purifiés ;
parce qu'ils s'imaginent que s'ils ne Vé^
toient point , la cloche ne rendroit aucua
fon , quoique ce malheur ne leur arrive
jamais. Le fommet de la montagne eft
une furface plane , au milieu de laquelle
eft la fameule pierre platte, dans laquelle
les Chingulais croient voir l'empreinte
d*un pied humain gigantefque. Baldeus a
décrit beaucoup de ftatues & de figures
qui fe trouvoient dans des niches. On y
voyoit une pagode, dont les Indiens ra-
conrefît des merveilles.
Du Gouvet- Lj^ capitale du Royaume nommée par
CancU. les Européens Candi & par les Indiens
Hingadayulneur , ville du peuple , ou
Moncaire, ville royale , a été abandonnée
de Cqs Souverains depuis que les Portu-
gais l'ont ruinée. Ils. réfident aujourd'hui
a Digligineur , dans la province de He-
voihattai. Leur palais confifte dans un
grand nombre de bâtimens irréguliers , la
plupart fore bas & couverts de paille. Le^
^ 1^*^' 1'-^■*,^^' 1 '^ ft*** ■
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DE L*AFiiiquE ET m l'Amérique. 185
triaifons des habitans font de pauvres *'***'**TT
huttes élevées fur des perches. Il eft dé- Histoire
fendu à tout particulier , fous peine de la ^*^ Inm^i
vie, de leur donner deux étages & d'en
blanchir les dehors. LeHollandoisKnox,
pour avoir enduit de chaux une petite
maifon;, auroit fubi la peine attachée à
Tinfradion de ce réglament, fi fa qualité
<l*étranger n'avoit paru aux yeux du Roi
mériter quelqu'indulgence. Nellimbe-
neur , Alloutneur , Badoula , font des villes
confidérables , jettées au milieu d'un grand
nombre de bourgs. Les Chingulais ne bâ-
tiflent jamais près du grand chemin , de
peur d'être expofés aux regards des paf-
îans. Knox nous apprend que lorfqu'une
maladie mortelle commence à fe répandre
dans un eamon , les habitans prennent
auffi-tôt la fuite, perfuadés que le diable
qu'ils voient partout , a pris pofleffion de
' c^ lieu funeftô.
Le Defpote choifit à fon gré fon fuc-
cefleur parmi ks enfans, ou il partage
-cntr'eux fes Etats. Le fceau des deux Adi-
gars , fes premiers Miniftres , & le bâton
crochu des officiers chargés de l'exécution
de leurs ordres , trouvent dans tout l'Em-
pire une obéiflance aveugle. La qualité
' de Diffauva eft un titre d'honneur que lé
Roi joint ordinairement aux gr^nde^
dby Google
iZt9 HisToiiiE »B l*Asie;
? dignités. Dans la création des grands oP-
HisToiRE ficiers , le Prince a moins d'égard à la ca-
•iis Indes, pacité qu à la nailTahce , & 1 opinion des
Chingulais eft toujours favorable au choix
qui tombe fur la haute nobleffe. Lesgou-
vernemens des provinces aflTujeitiuent
ceux qui en font revêtus à réiider à la
Cour pour veiller à la garde du Roi j Se
des Kourlividan y exercenc leur office. Les
emplois font au plus ofiFranc.
©iffîrcBtei Les Hondreous, première claffe de
cau*uwL ^'^^*^ » ^^"^ diftingués des autres cm leurs
*" . habillemens 9c par de grands privilèges.
Tous les Blancs font confidérés comme
appartenant à cet ordre ; cependant on leur
rend moins d'honneur qu'aux vrais Hon-
dreous, parce qu'ils mangent du bxEuf,
£c qu'après avoir fatisfait aux néceffités
naturelles , ils ne lavent pas leurs mains.
Le Roi confère la noblefle comme un
ordre de chevalerie , en metranc autour*
de la tète du î:écipieodaire un ruban brodé
d'or & d'argent- Les quaxre prpfcffiorvs
d'orfevres, de peintres , de taillandiers Se
de charpentiers forment le fécond ordre
de TEtac. Ceft la néceffité , dit Knox^^
qui paroît avoir attiré cet honneur au mé-
tier de taillandier , pacce que les Chingu-
lais ayant peu de commÊrce au-dehoçj ,
fie pettvont tirer leurs ioftcumens que de
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i>E î.*Afrique et de l'Amérique. 187
leurs propres ouvriers» Mais dans routes ****"——?,
ces diftindions , il y a plus de bizarrerie Histoire
que de politique. '^^^ Ikdes,
Les forces du pays confiftent dans fa Forcddn
difpofition naturelle, dans une milice ^*^*'
compofée dei gardes du Prince , & dans
Tartifice plutôt que dans le courage des
foldats. De hautes montagnes & des bar-*
tieres d épines qui ferment les paflages ,
font de tout le Royaume une efpcce de
fort imprenable. Les foldats ne livrent
I'amais bataille en pleine campagne j leur
labiletc militaire confifte à dreffer des em*
bufcadcs & à fermer les chemins.
Les terres paflent des pères aux enfans Coutum«i
a titre d'héritage. Le mariage n'eft qu'une '•®"^-
cérémonie civile qui confiite dans quel-
ques préfens , qui donnent droit à un
homme fur une femme dès qu'ils font ac-
ceptés. Quoique les deux parties puillent
igalemenc reprendre leur liberté , la
femme ne peut difpofer d'elle même après
Je divorce , qu'après que l'homme s*eft
engagé dans un nouveau mariage. L ufage
n'affujettit les veuves qu'à un deuiL de
quelques jours j & tant qu'elles vivent
dans le veuvage » elles font exemptes des
charges de la fociété. Les pères ont le
pouvoir d'expofer ou de noyer leurs en=-
tkps au moment de leur naiCance & de
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Histoire
DES Indes
iti Histoire de l'Asie;
les vendre dans i ajge adulte. On enterre
les morts de bade extraâion , & Ton
brille avec appareil les gens de qualité.
Uhabiliement commun des Chingulais
eft un linge autour des reins , & un pour-*
point tel que celui des François , dit Kn^x ,
avec des manches qui fe boutonnent au
poignet & qui fe plifTènt fur l'épaule
comme celles d'une chemife. Simples dans
leurs maifons > les femmes ne paroiflent
au-debors qu'avec éclat, & leurs maris
mêmes mettent une partie de leur gloire
à les parer d'un luxe étonnant. L'hon-
neur de porter des fouliers eft refervé aa
Roi feuK
Les Chingulais font mieux faits que la
ée* chiûgu- plupart des Indiens. Leur contenance eft
^*^ grave , quoiqu'ils aient l'humeur aflez
gaie. On vante leur adrefle , leur agilité ,
leur intelligence. Us ont les manières aufli
obligeantes que leur langage eft agréable.
Leur frugalité, leur fobriété, leur dou-
ceur , leur facilité à fe calmer , entrer
tiennent le bon ordre dans les familles &
dans la fociété. Ils n'ont rien de barbare
dans leurs inclinations & dans leurs
ufagcs , la plupart empruntés du Malabar.
Leurs bonnes qualités font ternies par une
préfompiion infùpportable , par la perfi-
die, par rinfidélité dans le commerce, &
une
Ctraâeret
éeti
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DE l*Afrïque et de l' AmIrique. 189
une fi forte habitude de mentir , que le ^^'^'**^ .
menfongeneleurparoîtpasunvice. Knox, Histoire
dont le jugement n'eft pas d'un grand ^^^ Indes.
poids } remarque que les nabitans des val-
lées font obligeans, compatilTans , hon-
nêtes pour les étrangers , au lieu que ceux
des montagnes font de mauvais naturel ,
quoiqu'ils afFeâent de paroître civils &
ue leurs manières , ajoute-t-il , aient plus
*agrémens que dans les vallées.
IJ1< de Sumatra.
3'
Sumatra, ifle plus grande que ]'Angle- Dcrcriptîon
terre > fituée au midi du golfe de Bengale , "^^^^^ **^ ^*''
s ctend à cinq degrés & demi de latitude
du nord jufqu'au détroit de la Sonde, vers
cinq degrés & demi du fud , dans la lon-
gueur d'environ trois cens lieues. Ainfî
réquateur la coupe en deux portions pref-
qu'égales. Cette contrée, ainfi que tous
les pays ficués fous la ligne ^ eft moins
expofée aux ardeurs brûlantes de Tété que
celles qui font fous les Tropiques , parce
que les jvmrs y font plus courts & que le
foleil y tourne moins long-temps autour
de fon zénith. Les vents & les pluies y
rafraîchiirçnt l'air ; mais après la faifon
humide, il fe charge de vapeurs pcftileh-
tielles. Le terroir de l'ifle eft généralement
Tome F. ' ' ■ N
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190 Histoire de l*Asie,
î très-bon. L'intérieur eft divifé par une
Histoire chaîne de montagnes, couvenes d'herbes
pcs ïwoEs. ^ aarbriffeauxj il s> trouve de Tor. Le
Volcan de fialatan donne aux Infulaires
une efpéce d'haiie. Les principales rivières
de ce pays aqueux , font Achem , Pedir ,
Daya , Cinquel , Jambi & Indripoura ,
ainli nommées, des villes ou des terri-
toires qu'elles arrofent , fuivant l'ufage des
Indiens.
Royaume Le Royaume d' Achem embraûTe la meil-
hua^Tns^^' ^^^^^ P^"^^ ^^ Sumatra. Il commence à U
HoiUndoh 8c pointe du nord & s'étend dans la longueur
ÀA^ioif. d'environ quatre-vingt lieues. Une patrie
de la côte orientale de ce Royaume dé-
pend de plusieurs Princes Malais. Ses
montagnes fervent de retraite à quelques
peuples Ubres. Sur la cote de Teft , Ton
trouve le petit Eut d'Andigri , tributaire
de la Compagnie HotLindoife ; au fud , le
Royaume de Jambi , le plus riche aprè$
celui d* Achem & uès- fréquenté des Hol-
landois, qui par le moyen d'une forte-
reflê , tiennent en bride Jambi » capitale ,
& tout le paysi le Royaume de Palim-
ban où les Européens ont le commerce
exclufif des plus riches marchandifes ,
moyennant un tribut ; enfin les Etats de
Manimcambo & d'Indripoura , dont les
'fjpllgndois poiTe^wç k^ pWçs mmùmçu
dby Google
X.eur principiil comptoiç eft à Padang au î
nord de Manimc^mbo. Us font auflî établis ^*s"r<^^*^
à Priaman , à Tiçou , à Paflaman , près^d^ ®^* Iwo**
la ligne. A Teft de Palimban ^ eft la grande
iile de Banca , habitée par des peuples far
touches & gouvernée par un Prince par-
ticulier. La côte occidentale de Sumatra
eft bordée d un gr^d nombre d'ifles, dont
les principales le nptpment Werkens oi|
l'ifle des cochons , Nias , Montabay , Tifle
de Fortune, Naflau , Inganno ou Tifle trom*
peafe, &c. Cette dernière eft peuplée de
fauvages cruels qui maflacrent fans pitié
les étrangers. Il y a beaucoup de Maures
Matais dans les parties mjarifimesi de Sur
matca > fournis en partie au Roi d'Achetii
& en partie à des Pangarans, ou Princes
particuliers, tributaires ou alliés du Roi
d'Achem , ou dépendans des nations £u-
ropéenes établies 'dans ces cantons. Lin^-
térieur du pays eft habité par des Indien^
.idolâtres, peu connus & commerçant avec
les peuples des côtes. Les Anglois ont ici
beaucoup de places de commerce , Mo-
chomoco , Bantal , Cattoun , Ipoé , Si lie-
bar , & des forts. . . ,^
Quelques voyageurs ont donné une
defcription particulière des villes ,. des ■.
forces, du gouvernement & des ufages
d'Achem ou Achin. On compte dans Ja *
Nij
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ici Histoire dk l'Asie»
îcapitale, nommée comme le Royaume,
Histoire h,jij itiillemaifonsqui occupent un terrein
**^**' très-vafte , à caufe des intervalles qui les
réparent. Pour les garantir des fortes ma-
rées & des inondations périodiques » on
les élevé fur des piliers. Les murs en font
de cannes entrelacées. Les Chinois & les
Européens logés dans des habitations plus
folides , fe font cantonnés dans un mcme
quartier pour la défenfe commune de
leurs comptoirs , qui dans cette retraite
de brigands , feroient expofés à des infultes
continuelles ^ s*ils n'étoient foigneufement
gardés. Beatdieu donne une demi-lieue
de circuit au palais royal. La rote de Teft
h-otfre de villes remarquables que Pedir ,
Pacem & Deli. Pacem & Deli étoient
autrefois capitales de deux Royaumes.
Beaulieu allure qu'on trouve dans la der-
nière une fource d'huile qui a la propriété
•de ne pas s'éteindre , même dans l'eau ,
une fois qu'elle eft allumée, ôc que les
Achemois s'en fervent dans les combats
de mer pour brûler les vaiffeaux ennemis.
Sur la Côte de Toueft, on parcourt fuccef-
fivement Daya , Càbo , Cinquel , Barros ,
^Bataban , &c.
Forces d'A* Les fprces d'Achem confiftent dans une
cbcm. TyraQ. g3^^. jg nationale de trois mille hommes,
daqs un corps de quiwe ççns çfciayes,
Digitizedby CjOOQ!'^
M l/kvKlQVlE ET DE zAjAEKKÎCE. tc)}
la plupart étrangers , des garriifons , ?
un grand nombre de galères plus grandes Histou^p
&c plus larges que les nôtres , mais '^^^ ïn^jeç*
pefantes & mal armées, & dans^ des
-éléphans exerces à Ja vue du feu $c au
.bruit du^ moufquet. Beaulieu y compte
rcent galères & rieuifcens éléphans* Le Roi
oblige tous fes fujets , aflez bons fotdattf^
à marcher à la guerre a leurs propres frais ;
il ne leur fournit que des armes & quel-
quefois du riz , la feule nonrriiure du
peuple. Sa maifon & tous les ouvriers
employés à fon fervice n'ont de même
^ que du riz pour falaire , quoique ce Prince
attire à lui prefque toutes les richefles par
les contributions en denrées , par le pro*
duit du domaine, par les douanes , par les
bénéfices cafuels & fur- tout par le com-
merce. Il force (es fujets à lui doner àbas
prix leurs marchandifes pour les vendre
à letranger au prix qu'il y met lui-même^
Quelquefois il appelle la difette par des
monopoles. - Quand tous les grains ont
paffe dans fes magafins , il les vend au
peuple au double & au triple de leur
valeur. Auffi la mifere eftcUe fi grande
que la bonne chère confifte dans quel-
ques herbages & un peu de pojflbn.
Il faut être grand Seigneur pour avoir
une poule qui fert à tous les repas de
Niij
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L..L_
29'4 Histoire di i*Asîh,
!la journée. Beaulieu dit que la prc-
Histoire fçnce du Roi fervoit de fon tems , comme
Teaxqa'il y avoit d'habitans dans la ca*
pitale. Il ietnble que la- tyrannie foii na-r
turelie ad pays. Les voyageurs n*y ont ja-
mais vu fur le trône que la barbarie qai
^crafe fous fès pieds de fer la méchanceté ,
il je puis me fervir de figures. La race de
tyrans qui regnoit dans le dernier fiécle
étoit fortie d*ùn bourreau, qui, la première
année de fon règne, avoit afTafiiné plus de
vingt mille des principaux Achemois , 8c
tous les anciens Orancaies ou gouverneurs^
bourreaux des peuples avant lui.
Bel femmes* Les femmes du Roi, fuivant le jonr-
éiiKou -j^^j jjj Davis , font prefque Tunique con*
feil de ce Prince. D'un grand nombre de
"belles Indiennes qui portent ce titre, il
n-y en a que trois auxquelles il foît lié
par des cerémoiûes de région. Tomes
les nations de l'orient contribuent à l'en-
tretien de fort incontinence •, Çc les fommes
employées à lui acheter des femmes ne
font pas une des moindtes dépenfes de
l'Etat. Une efclave ne peut être reçue par-
mi les concubines du Roi , fi elle a été
cxpofée en vente à d'autres yeux que les
fiehs , & le marchand qui feroit convain-
cu d'en avoir préfenté quelqu'une falîe
par les regards a un autre homme > £erot&
dby Google
i
DÉ l' AfRIQVB Et ÛÉ l^AMiKiQÙE. l^J
puni de mort. La modeftie & la fouraif-2
îîon font des venus fi néceffaires pcmrîi«ToiRE
celles qui ont une fois le trifte honneur ^^* Inde».
de le toucher , qu'une faute légère feroit
punie de mort. Ainfî ce qui devroit adpu-
çir leur efclavage Taugniente. Tel eft le
récit de I>avis. Ces coutumes étoient peut-
être particulières au Roi qu'il vit fur le
trône \ Se on les attribue à tous les Rois ,
peut-être à tort. Il arrive fouvent que le»
voyageurs ne peignent qu'un homme,
qu'un canton , qu'une çlafTe d'habitans^
qu'un règne, qu'un temps fugitif; & que
les auteurs qui travaillent far leurs mé-
moires , caradérifent avec les mêmes trait»
tout un peuple , tout le pays , le gouverne-
ment habituel & tous les tems.
Les rênes de l'Etat (ont dans les maixts Gouverne-
de quatre ou cinq Miniftres réfidens à k™^^'^"^^^'
Cour , & d'un grand nombre d'^Onmcaîes
ou Gouverneurs répandus en différens dif-
iriâs. Il y a dans coûtes les villes, auprès
de la principale mofquée , deux tribimaux
for lefquels ks Orancaies jugent , là les
affaires civiles , ici les procès criminels^
Les Cadhis connoiffènt des chofés de 1»
religion. Celles du commerce font entre
les mains du Sdiah Bandar. La! police eft
exercée par des Mérignes.
Les grandes ufures.&'les prêts fur gage
N iv
dby Google
l^S H1STOIB.E DE t*AsiE,
• font ici plus rigoureufement défendus que
Histoire ^^ns la plupart des contrées de Tlnde. La
DES Indes, jjjj^j^ç ^ç^ inexorable envers les débiteurs,
lefquels tombent dans Tefclavage de leurs
créanciers , lorfqu'ils font déclarés infol-
vables. Outre les prifonniers retenus dans
les cachots , un grand nombre dé cou-
pables jouiffent de la liberté d aller par la
ville avec les fers aux mains. Beauliea
parle avec admiration du refpeâ que les
Achemois ont pour la juftice. Un crimi-
nel fe laide arrêter ôc conduire par une
femme ou par un enfant devant le juge ,
avec la même docilité que s'il n'avoit pas
la force d oppofer de la réfiftance; c'eft
la fuite d'un préjuge répandu dans le Ma-
labar en faveur des foibles. La honte eft
fi loin du fupplice , qu'un homme a le
droit de tuer ceux qui lui reprocheroient
la peine qu'il aura foufferte. Tout homme,
dit-on ici, eft fujet à faillir, de le châti-
ment expie la faute. Loriqu'on rappelle
aux droits de la nature & de Thumanité
ces peuples accoutumés à accufet leurs
propres pères & leurs enfans , ils ré-
pondent que Dieu eft loin , mais que le
Roi eft. toujours proche.
Religion d'A- Le Mahométifme d' Achem eft mêlé de
««"dobûa-^"P^^ft*"o"s judaïques. Le Roi fe rend
ien. une fois l'année avec un cortège nombreux
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à
©E l'Afrique et de l'Amérique. 297 ^
à la mofquée principale , pour y chercher^
le Meffie, que ces Infulaires attendent h^^^^^^^-
comme les Juifs, Beaulieu accorde beau-
coup de talens aux Achemois , & leur re-
fufe prefque toutes les qualités morales.
JL'eavie , la fierté brutale , la plus noire
,;perâdievl'injuftice atroce, les vices les
plus infâmes forment le côté hideux de
leur cacadere. On loue leur induftrie ,
leur adîvité , leurs difpofitions pour les
fciences, leur goût pour la poefie , & leur
habileté dans les arts méchaniques , &
comme la méchanceté change tout en vice ,
.elle leur infpire tant de préfotnpiion ,
qp ils traitent toutes les autres* nations de
barbares.
ÏJIe de Java.
Cette Ifle , fcparée de celle de Sumatra DWîfion de
par le détroit de la Sonde, eft placée par ^'^^^*^*•
Us^Çépgraphes niodernes, entre m 8c
1 J.1 degrés de longitude, & entre fix &
neuf degiés de latitude du fudé Elle a
environ deux cens lieues de l'eft à Toneft >
fur une largeur de vingt jufqu à quarant^s
Jieues. Salmon y compte quarante villes
.du premier ordre , dIus 3e cjuatre mille
villages, ^ jcrente-oeux millions d'habi-
uns. L'intempériq.du climat y produit
-' N y
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t^V HiSTOIRI DE L*Asie;
f***"^*^ beaucoup de maladies. Les Indiens idoIa«
Histoire çj-gj^ nation primitive, habitent le centre
PIS lND£s. ^ quelques contrées maritimes. La mul-
ritude des Chinois établis dans cette Ifle^
jointe à quelques traditions, adonné liea
de conjeàurer que ces Colons en étoient
les premiers habitans. On y trouve beau-
coup de Maures qui paroifTent Malais.
d*origine. Le pays a été partagé entre une
foule de Princes. On' peut y coinipter au-
jourd'hui cinq principaux états , Bantam ^.
à la partie occidentale; Mataram , aucen-*
ne ; Tfieribon , dans la partie feptentrio-^
nalej Balamboâng, au lûd-eft, & le fo^
meux établifTement de Batavia à l'eflr de
Bantam. Nous décrirons d'abord le pays.
& les mœurs des Infulaires Asiatiques.
Kcyanmc de Le Royaumë de Bantam , qui a compté
^"**™* Sumatra même & Bornéo parmi fes dc^
pendances, eft réduira trois villes, RVon
en croit quelques écrivains. Se à quelques
villages bâris fur les (fores. Ces villes font
Anir , TittîaflTe , & Banum , capitale.»
Depuis que le Roi eft devenu vaffal &
tributaire de la Compagnie Hollandoife,
Bantam, jadis kme des plus riches places
de commerce de ITnde, a perdu pref-
que tout fon luftre. Il refte à peme quel-
ques traces , de fc^n enceinte qui éroit de
qjiatre lieues, Ses maifcns font environ^^
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x^èts de grands' arbres qui lui donnent un
air agréable & champêtre. Chaque quar- Histoire
fier de Bantar» eft lufet aux recherches ^*^ ^^*^
d'un Infpe<aeur > & féparé des autres pat
,des portes qu'on ferme' le foir. 11 eft dé-
fendu de voguer la nuit fur les canaux^qui
^parcourent la ville & de marcher dans les;
'rue9 , fans la permiflîon du Magiftrat. Les
Chinois ont a l'extrémité occidentale de
Bancam. un quartier fermé qui porte le^
nom de ville Chinoife. Les Hollandoist
entretiennent une gatnifon dans cette
capitale. .
Le Royaume de Mataram eft mer- Royaume dr
veilleufement. peuplé. On comptoir dans^^«»«^»^
.& capitale jufqu'à loixanter mille ^millçs;.
mais depuis que £qs Empereur^ dont tous
l«s Rois de l'iile ont pendant long-tems
reconnu Tautorité , ont -tranfporté leui
cour à Nîngrat, dans la partie du NorcJ>
ville qui peut avoir trente rpilie habit^nsî^
MataratA n'a plus le même éçlaç. Lefi*
Hollandois tiennent tout ce pays dan^ l'ofK
prelfion. ^ , /
Le Royaume de Tfienbotii fe trouvant Roya«njc <&^^
^enclavé dans les poffeffions des HoUa^- Tûcnbo».-
dois ou de leurs alliés, les trois Princes»
de> ce pays y aut^efi^is qualifiés» vSijitth^n^^.
•nt éteioreés de fè- n:^tte*fol)s |a ptQt^--
tioa de la>CpAipagnip.l^lU f^
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JOO HïSTOÏRl DE t* As II,
! eniretîent des garniibns dans les prîncî-
HisToiRE «aux lieux. Tfieribon, capitale, contieat
i>ES Indes, f^pj ^^i^ familles.
Royaume de Le Rovatime de Balamboane eft un
^ petit ctat qui a maintenu la liberté, non-
feulement contre lambition desRois de
Mataram, mais contre les entreptifes des
HoUandois. La capitale de ce pays fertile
eft avantageufemem fituée fur le détroit
de.Batî, en face de Tlfle de ce* nom. Le
Roi fait fa rclîdence dans une fortereffe à
cinq lieues de la mer.
Les principales villes de ces quatre
Hoyaumes connues des Etwopcens , font
fituées fur la cète feptentrionale. D'orîént
ien occident. Von trouve a^rès Ealam-
beang , Panarucân , ville-où les Portugais
trouvèrent un Roî ( PaiTarvan , dont le
territoire formoît fur la fin du feiziéme
*lîécle un petit état gouverné par un
*Nàbab Manométan ; Jdartam , bon port J
<5errici-, ville dont le Rqi" étoit autrefois
fi refpeaé que les autres Princes de
rifle ne^ lui parloient que les mains
jointe^, â la manière des efclavesjTu-
bâon ou Tuban, autrefois la plus belle
ville de java, dont le Prince a voit dans
. fon ■ Palais dés appartemens poar ^ une
; muUituJ^d'eftèctôs difê^enres d animau*,
j^uijei éi( pliais jipout L»chien«^ pouc
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m t*Af RiQUE ET 01 l'Amérique. 301
les^: perroquets , pour hs canards » pour!
les tourterelles, &c. Après les villes de^^^'^^^*^
Gaïaon, de Japara, de Tprabaja, de^" ^""^^^
Mataran , de Satnarang, de Pati, de
Dauma , de Taggal , de Tfieribon , de
Dermaio , de Moncaon ^ &c. on entre
fur les terres de Jaçatra qui formoit un
état puidànt dont les Hollandois fe font
emparés. De là on va fur les doihaines
de Bantam.
A Teft fe au nord-eft de Balamboang,
il y a deux Ifles, nommées Tlfle de Bail
ou la petite Java , & llfle de Madure.
Le Roi de Bali éft un Prince puiflanc
& refpeûé» de fes voiiîns. Son pays eft
:une rade foraine &c un excelleiit lieu de
rafraîchiffement pour les vaifleaux. On
afTure que les habitans adorent pendant
le jour le premier objet qu'ils ont ren-
contré le matin. Madure eft partagée en
trois provinces , dont deut fe font fouf-
traites à la domination de» 1 ancien SouvQ-
l'ain de Tiflepour fe foumettre aux Hol-
landois. Laplûpart de ces Infulaires vivent
de pirateries , quoiqu'on vante la fertilité
de leurs terrés.
Les Javanois du centre •& des hauts Mœurs &
.pays pnt les opinions & les mœurs con- J^"^""5* ^
fisrmes à celles des Indiens du; cpritinent. ^*^***
Lâs J^aooîl Mâhométans ferment la plus
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JÔl HrfTOIHE DM i*Asit l
nombreufe portion des habiuns dts pays
Histoire connus. Le Mahométifme règne à fian-
•B^ iNDEi. j^ ^ à Tfieribon & i Maturam. On af-
iure que ie$ femmes font ici prépofées 2^
la garde intérieure des palais, au foin des
oppartettiens , . au' fervice perfonnel du
Prince. Celles qui font en fanion font ar-
mées d'un fabre Se d un poignard qu'elles
manient avec autant d'adrefl^ que dlntré-
Îddité. On lit dans quelques relations qoe
'Empereur de Matiiram avoit dix mille
de ces femmes à fon fervice. Ce Prince
entraîne tellement dans fes cMirices la
conduite de (es (ujetsdans les choies même
les plus indifTirentes ^.que s'il parokdaBS-
lamphitiié&cre avec un nouvel ornement
fîir la tcte 9 les fpeâatencs (ont obligés de
conformer la couleur de leurs bonnets à
celles de l'ornement impérial , fous peine
d'être écorchés vifis depuis les pieds ;uf-
qu'à la tête , Se d'être plongcs^en cet état
dans l'huile bouillante.
A Bantath , on délibère des affaires dp
gouvernement pendant la nuit & au chk
de la lune. Le confeil doit être au moins,
de cinq cens perfonnes , lorfqu'il s^agit
d'impoler un nouveau droit. Les m^^if-
trats rendent la juftice le foir a» palais^»
dont rentrée eft ouverte à tout le nionde>.
parce' que chacun y plaide^ & catt£e« Le»
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DE l'ApRIQTTÎ ET Dt L^Al^ixrQOT. fO^
étrangers qui onr encouru la peine de mort'
peuvent fe racheter en pyant une fomme^""^^^* .
d'argent au maître ou à la famille du morr^^^f Inow^-
fi c*eft un meurtre j loi dont le but eft de .
fevorifer le commerce. Les Infulaires^ ne
font pas traités avec la nicme indulgence.
Les Javanois foi>t cruels dans^ leurs que-
relles. Le fort conrmun du plus foible eft:
de périr par leîj mains du plus fort. La
certitude du châtiment produit un effet
étrange ;. c*èft qiie faffaffin s'abandonnant
à fa fureur, perce tous ceux qu'il ren-
contre fur fes pas , jufquà ce qu'il tombe-
kii-mcme fous les coups de ceux qui le •
pôurfuivent, ou qu'il foir faifi pour être
Kvré aux fvtg^&. Le gouvernement aime
ces meurtres^ parce qu'ils apportent beau-
coup d'argent au fifc. Cts-îrtfulaires fonr
fi vindicatifs que s-ils font bleffés par leurs
ennemis , ils s'enfilent dans leurs armes^
pour le plaifir de fe venger en périflanr.
Us ne font p'as-moinS' lâches dans leur ven-*
geance, car ils emploient to»ute leur âdrefiTe.
à faifir l'avantage du temps ou du liea*
J)our airaffirter leur advetfoire , fens lui
ailfer le moyen de fe reconnoître. Leurs*
atmes font ordinairement empoifonnées.
Les relations Hollandoifes ajoutent qu^r
de toutes les nations connues, c'eft k plui.
adroite au-larcin. Les grands Seigneurs M:
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J04 Histoire de l^Asie;
font pas moins voleurs que le peuple. Le
HisToiRB foin ^'un étranger doit cire de veiller con-
NDBs. ^^^^^çIlgpnent à la garde de fa bourfe Se de
fon bagage.
La loumiâion des Javanois pour touc
ce qui porte le caraûere d'une jufte au-
torité eft fi profonde , que k certitude
même de la mort n'eft pas capable de re-
froidir leur obéiflance. Avec ces qualités,
ils font nécedairement bons foldats ^ auflî^
leur intrépidité ne connoît point de dan-
ger. Ils ne fçavent point manier les armes
a feu. Ils fe fervent très-bien de la pique ,
(du crit^ efpéce de poignard, du fabre &
du c€tutela$. Ils s'arthenc au fil quelquefois
de çerraines cannera vent ,, avec lefquelles
ils lancent de petites flèches d'os de ppif^
Ion , dont ils afibibliffent la pointe y afin
qu'elle demeure dans la plaie. Ils ne re-
paferoieiK pas tranquillÊmejir, s^ils n a-
yoient leurs armes auprès d*etix. T^rairres
comme ils fe connoifient mutuellemeiK,
ils ne prennent jamais de. confiance aux
liens du fang ni à ceux de Vamiiié* Le
Roi donne un poignard à chaque entant
dès Tage de cinq ou fii ans* La milîce ne
reçoit point de folde, mais pendant la
guerre on lui donne des habits ^ des
atmcs èc la nouriiiure en r^z Se en ppif-
fon. La plupart des foidats font aiiacbes
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DE l'Afrique et de t'AuimqvE. J05
à des perfonnes riches qui las logent Sc-
ies entretiennent. Ceft dans le nombre de Histoire
ces efdaves que l'on fait confifter la dif-*** •^*'^^^-
tinétion des Seigneurs. On comprend que
dans cette fituation , avec le pencnant qu'ils
ont naturellement a robciflTance , il eft tou-
jours aifé de les mettre en marche ou de
les défarmer. Ils excellent dans les expé-
■ dirions fubites.
Les Javanois ont une raifon puifée , ce
femble , dans la nature , de ne pas fe bor-
ner à une femme , c'cft que , luivant les
relations Hollandoiles , dans Tifle Se à
Baniâm en particulier , on trouve dix
femmes pour un homme. Cependant une
loi ou une coutume particulière reflcrre y
au rapport de Scot, 1 ufage de la polyga-
mie, en obligeant les hommes de naif-
fance libre à donner à chacune de leurs
fenimes dix efclaveSj dont ils ont e droit
d^ufer , avec la perrhiflîon des femmes lé-
gitimes. Les enfans des concubines font
cenfés appartenir aux époufes qui s'en dé-
font fouvent par le poifon. Les femmes
de aualité font gardées fi étroitement,
que leurs propres fils n'ont pas la liberté
d'entrer dans leurs chambres. Quand elles
fortent , les hommes qui les rencontrent,
fans en excepter le Roi , font obligés de
fe retirer i l'écart. Leur propreté eu ex-
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S>. .-*
jotf Histoire de t*Asiig,
ftrcme. Les excès d'incontinence font
HisToiRi également communs dans les deux fexes*
i>B$m j^ Bantam , un homme riche fe procure
aifén^ent la femme d'un autre en cherchant
i prêter à celui-ci de l'argent ; parce que
la pauvreté , qui eft fort commune , fait
accepter les prêts avec avidité , & que là
loi autorife le créancier à faifir la femme
& les enfans du débiteur. C'eft un u^ge
fort fingulier à Bantam , que (i le fea
ptend à quelque maifon , les femmes
doivent travailler à l'éteindre (ans le ie^
coucs des hommes, qui fe tiennent feule-
ment fous les armes pouf empêcher qu'on
ne les vole.
, Les Princes & les Seigneurs de Tifle
ont coutume d'aâfermer Jeurs domaines à
des efclaves qui les payent en denrées ou
• en argent. Quelques-uns de ces efclaves
jie gagnent que leur fimple entretien. II
y en a d'autres qui travaillent fix ;our^
pour leurs n>aîtres & fix jours pour leur
propre compte. Les femmes font affujetiies
aux mêmes loîx. La principale monnoie
du pays eft le pitil ou caxas , mélange de
plomb fondu & d'écume de cuivre ,. tiré
de la Chine.
Les Chinois ont apporté à Java une
partie de leurs goûts & de leurs ufages.
Avant cette communicatioa^ les Javanois*
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»E L*AfriQUB ET ©E L'AM^RIQftJÏ. JOJ
croient fi- barbares , qu'à peine vivoient-
ils en fociété. Ils ont ccHifervé de leur an-^^sTOiRi
cienne barbarie une averfion extrême pour ^^* Indes»
le travail. Ils abandonnent aux Chinois
les travaux pénibles , la culture des terres
& la plus grande partie du commerce. Le
même efprit les éloigne des emplois pu-
blics Se du manimem des affaires. Âufll
les grands poftes & toutes les richeffes de*
viennent la proie de letranger. Leur
oifiveté n'empêche pas qu'ils ne foient
grands mangeurs ^ mais elle réduit leur ,
gourmandife à fe contenter de riz , de
poilTon &c de racines. Les connoilTances
de ces barbares fe bornent à fçavoir lire
& écrire. Ils font habiles dans les arts mé-
chaniques. Le commerce a porté dans leur
pays diverfes l^igues.
L'habillement du pays confifte, pouf
les hommes, dans un pagne de deux
couleurs , dont ils fe couvrent les reins Se
les cuifTes; pour les femmes, dans deux
pièces de toile qui leur enveloppent tout Te
corps. Les hommes portent le turban. Il
en eft pourtant qui ont la vanité d'aller
tête nue pour montrer leur belle chevelure
dont ils ont grand foin. Les enfans font
prefque nuds jufqu'à l'âge de douze oxt
treize ans ; on les marie fouvent avant ce^
âge , foit parce que la nature le demande ^
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}o8 HiSToiM DE l'Asie,
tfoic parce que s'ils perdoient leur père
Histoire avant que d'être mariés , le Roi fe fai-
DES Indes, g^^jj j^^^j^ comme.il fe faiût des femmes
& des biens du défunt.
Religion da Ces peuples ont mêlé à la religion
f^y*' de Mahomet beaucoup de fuperfticions
étrangères. Il y a dans le pays trois mof-
Juées prefque auflî révérées que celle
e la Mecque , parce qu'on prétend que
l'une renferme le toml^au de Ben-Ifracl ,
Légiflateur de Java , auteur de la famille
des Rois de Bantam » & des Rois de
Macaram , à ce que croyent ces Princes j
& que les deux autres fervent de fépul-
tures aux enfansdece perfonnage. La prin-
cipale de ces Mofquces eft bâtie dans le
voifinage de Tfieribon, fur le fommec
d'une colline , où les aumônes des Pèlerins
font fubfifter près de trois cens familles.
On arrive à la Mofquée par quatre ter-
râtes. Les chrétiens 8c les idolâtres ne
peuvent paffer au-delà de la première
fans s'expofer aux plus grands périls. C'eft ,
, difent les Maures , une jufte vengeance .du
- ciel qui ne fouffre point que des infidèles
profanent le tombeau de leur Légiflateur;
mais c'eft en effet l'intolérance cruelle &
perfide des Prêtres qui font périr fecrctte-
ment les étrangers qui approchent de €e
lieu. Les Javanois enterrent leurs morts
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©E l'Afrique et pb l'Amérique. 30^ ^^^^^^^^.^.^
au fon <ks inftrumens & avec des hurle- ■ "
païens horribles. Lorfqu'un homme eft à Histoire
rextrémité , fes parens & fes amis le ^^^
conjurent les larmes aux yeux, & avec
les plus vives inftances de relier encorç
quelque tems parmi eux.
Les Chinois vivent ici, fuivànt leurs chmouae
loix, fous la dire<3:ion de chefs qui veil^ ^*^^*
lent à leurs intérêts. Quoiqu'ils ayent
beaucoup à fouflrir de 1 humeur fiere &
impérieufc des Maprçs, leur induftrie,
leur aâtiviié , leurs fouplefTes & leur pa^
tiençe fan$ égales, les conduifent furer-
ment à leurs fins, fous des Maîtres indo-
lens. Ils emploient tous les moyens^ jus-
qu'au vol, pour s'enrichir. Lorfqu'ils meu-
rent dans le pays, le Roi hérite de leurs
biens. Il ell rare qu'ils s'y marient 5 ils fe
bornent à acheter des efçlaves qui leur
tiennent lieu de femmes. Ces Colons ont
toute la poltronerie, toute l'hypocrifie,
. toute la mauvaife foi , tpute l'avidité ,
toute la baflefle , toute la lâcheté attribuées
^ leur nation.
Les HoUandois font les véritables Sou- Pui(îancfd«
verains de l'Ifle de Java, quoiqu'ils n*y "°"^"'^''** ^
pofledent qu^un territoire peu confidérable
vers le nord , entre Bantam & Tfieribon.
Les garnifgns qu'ils entretiennent dans les
pt^t^ dçs Prince^ Ipdiens tieni^ent çe$ Hqî^
Java.
Digitizedby.CjOOQlC
jio Histoire dc t'Asts;
îfous leur dépendance. Les forts qu'ils
iïs'ÏÏ''^ ont dans la circonférence de riûe ,
^***leur aflurent l'Empire maritime de ces
quartiers. Us font ain(i Maîtres de toutes
les forces & de tout le commerce du
pays.
Batavia ou Jacatra , métropole de leurs
pofTeflions , eft bâtie à quatorze ou quinze
lieues de Bantam , fur un golfe qui forme
en port fpacieux & commode, abrité de
pluheurs Ifles qui rompent l'effort des
vents & des vagues.Une rivière la traverfe
dii midi au nord ; & de l'eft à Toueft , elie
eft coupée de canaux. Graat,dans l'ample
defcription qu'il fait de cette ville , laiflè
à defirer fa véritable grandeur. Salmon
lui donne trois grandes lieues de circuit
en y comprenant les fauxbourgs qui font
plus grands , mais moins peuplés que la
ville même , dont un large canal les fc-
pare. Le même relateor y compte cent
mille habitant tant Indiens qu'Européens.
Bruin la regarde pour l'agrémem de fa
ficuatioii & pour la régularité de fes bâti-
mens comme une des plus belles villes
.<ie l'univers.
Les dehors de Batavia offrent quantité
^e maifons de plaifance , outre uri grand
nombre de hameaux peuplés d'Indiens ,
de Chinois Se de Maures. On y voie en
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©EL'AFUKjtyBETDEL'AMifllQUE. JXI
divers endroits des tuileries , des brique-
teries , & beaucoup de moulins à fucrè , HistoiAb
à poudre, à bled, à papier, &c. dont la *^* ^^^*'*
Colonie cire des profits coniidcrables. Pour
mettre cts beaux établilTemens à l'abri de
toute efpcce d'irruption , la Compagnie a
fait conftruire plufieurs forts, fur tout
dans les parties les plus expofées. Quélr-
iques corps de gardée difpofés par inter-
valles, achèvent d'aflurer la tranquillité
des Colons. Les Chinois contribuent beau-
coup à la profpériié de la ville. Ils furpaf-
fent tous les autres peuples de l'orient ,
dans la connoiflfance de la mer & de
l'agriculture. C'eft leur diligence & leur
attention qui entretient la grande pèche,
& c'eft par leur travail qu on eft pourvu
à Batavia des néceflités de la vie. Le^s
Malais s'attachent particulièrement à la
pêclie. La plupart des Maures font Col-
porteurs. L'occupation ordinaire des Am-
boiniens eft une efpéce de charpenterie
qui confifte dans la conftrui£):ion de mai^
Jons de bambou , ouvrage qui demande
beaucoup d'adrefle. C'eft une Nation har-
die , d'un commerce très- difficile , & tou-
jours prère à fe foulever.
L'autorité civile & militaire de la Co- Aamîaiiif^
lonie, eft toute entière entre les mains ^?^ ^* ®*^*
' 4'dp chef fiîprçme ijui % le lijre dç .Gw-^ *
Digitized
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5it Histoire de l'Asie,
îverneur général des Indes. Ileft élu en
Histoire Hollande par les dix-fept Diredeurs de
Ms iNDBs. jjj Chambre Souveraine , & fon éleaion
idoic être confirmée par les Etats Généraux.
Sa puifTance ne doit durer que trois ans ,
mais quand la Compagnie eft facisfaite
de Ces fervices, elle le confirme dans Ton
emploi , iSc cette prorogation eft fouvenc
pour la vie. Quoique dans certaines mar
tieres , il foit obligé de prendre l'avis du
-Confeil des Indes, il peut néanmoins»
■en fe conduifant avec adreffe, fe rendre
Maître des délibérations, & il n eft pas
-tenu de rendre compte. Il préfide au Con-
feil Souverain de Batavia, compofé àt(i%
membres nommés par la Chambre Syn-
dicale de Hollande, & de quelques Affef-
feurs qui n'ont que le droit de donner
leur avis fans qu*ils ayent de voix. On
délibère dans cette alTemblée fur les inté-
rêts de l'état & iiir les affaires du com-
merce. Il y a outre cela une cour de juf-
tice qui connoit de tout ce qui regarde les
principaux officiers & les comptables. Un
Confeil de Bourguemahres ou Echevins,
4ont deux Chinois , chargés de fuger les
conteftations qui s'élèvent entre les Ci-
toyens de condition libre, uneChatpbre
dcftinée à veiller aux intérêts des QrpJiê-
lins, un Tribunal dont Tobj^et ©ft de fp-
glec
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Bfc l'Afrique et de l'Amérique. 31 j
gler ce qui concerne les mariages; un!
Confeil qui a la direftion des milices Histoire
bourgeoifes de la ville qui n a point ^^s Indes;
id'autres gardes que fcs propres habitans.
La Compagnie a toujours un entrepôt Forcei àc I*
confidcrable de troupes pour la garde de^®^***"**
toutes les Colonies Holiandoifes. Le tra-
ducteur Italien de Salmon , cité par l'au-
teur de THiftoire moderne, fait monter
le nombre des milices à douze mille fol-
dats , dans le feul territoire de Batavia , &
à cent mille dans toute retendue des Co-
lonies des Indes. Quant aux forces mari-
times , le même écrivain les fait monter
à 1 80 vaifleaux de guerre , depuis trente
jufqu'à foixante canons, c'eft-a-dire, fui-
vant M. TA. de M. le double ou le qua-
druple de Tes forces réelles, même dans
les plus beaux jours de fon commerce.
Quelques navigateurs ont fait le trajet de
Hollande à Batavia en quatre mois & de-
mi 'y on en mec jufqu'à quinze dans les
voyages malheureux ; les navigations or-
dinaires font de fîx ou fept mois. Les
vailFeaax qu.i viennent de Batavia en
Hollande ne forment, dans le courant de
Tannée , que deux en^^ois de fept ou huit
navires qui fe fuccedent de fort près , &
qui fe joignent au Cap de Bonne-Efpé-^
rance. Dans le cours du voyage , on ob-
dby Google
M4 Histoire de l'Asie,
*^*^*^ ferve une difcipline très-rigoarçufe , &
Histoire l»on exerce régulièrement les foldats au
^"^^^«•maniment lies armes.
cufTiuT^* * ^^ commerce , dit le Hollandois Graaf ,
4o'u. ^ ' confidéré en général , eft permis fans doute
i tout le monde , & chacun a droit de
l'exercer , lorfqu'il eft capable de Tentre-
prendre & de le foutenir : mais il en faut
excepter ceux qui ont cédé ce droit en
s'engagcant au (ervice d'autrui , & qui ont
confirmé cette ceffion pat la foi du fer-
ment. C'eft le cas des officiers employés
par la Compagnie. Cependant les capi-
taines de navire , fuivant ce voyageur nn-
cere , ont coutume d'étendre fort au-àeU
de {es bornes le droit d'avarie ou dm-»-
demnité, en prétextant des pertes ima-
ginaires pour obtenir des dédommage-
mens confidérables , & de faire un fecret
traSc des vivres , des cordages & des
autres munitions maritimes qu'on leur
confie , Se qu'ils volent quelquefois fub-
tilement pour les revendre par d'autres
mains i la Compagnie. Les yaifleaux qu'on
envoie tous les ans de Batavia au Japon
portent toujours, contre l'ordre établi,
tant d'effets appattenans à des particu^
liers, que ceux de la Compagnie reftent
quelquefois fur le rivage » & que h tna^
noe^vrç çn a été ironW^e |u/^«'* oçç^-*
dby Google
DB l'Afrique et de l'AMiRiQUE. j 1 5
fîonner des naufrages fréquens. Ce font'
des hommes décries par leuts moeurs , M^toUcï
mais fecrcttement proccgés , qui font par ^** lNi>tf,
eux-mêmes ou par des agens ce commerce
frauduleux j les femmes même s*en
mêlent , malgré les défenfes Spéciales qui
leur font intimées. Par ces prévarications,
les vailTeaux font chargés d'une multitude
d officiers inutiles , qui prennent le titre
ridicule de ftathouders de la Compagnie.
L on s'imagineroit , dit Graaf , que ces mi-
fcrables tiennent à ferme le voyage du
Japon & de Bengale. Sur terre , c eft la
même infidélité. Les magafins de la Com-
pagnie fe vuident avec une rapidité in-
concevable, fes atteliers font remplis d'ou-
vrages qui ne Tintéreflent point, fes em-
ployés travaillent pour le fervice des par-
ticuliers , &c pendant que le bien public
fouffre , les entrepreneurs des travaux pu-
blics , des hôpitaux , des vivres , s'enri-
chiflfent. Ces rapines ne portent plus le
nom de vol , & Ton fe perfuade que l'im-
punité les légitime.
Ce Hollandois peint avec de femblables Mœu« da
couleurs les mœurs des habitans de Bata-"®"*"****^
via j fon pinceau s'exerce particulièrement
fur les femmes. Leur extrême molleffe ,
leur luxe faftueux , leur afFreufe dureté
^envers leurs efclaves, Tobfcénitéou lafri*
Oij
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)i(» Histoire de l'Asie^
volitc de leurs propos , leur penchant pour
Histoire j^ débauche , leur goût pour k table , litî
Nois. ^Qnnçnj ijçy d'exercer fur elles une vive
cenfure, dans laquelle il protefte qu'il ne
s'eft point éloigné de la vérité dans ta
moindre circonftance, & qu'il a veiHc
feulement fur fes expreffions pour ne point
bleflfer Timagination des femmes d'hon-
neur. Il dit , en parlant des Hollandoifes
de père fc de mère , que non-feulemenr
elles ont perdu Vufage, Ci bien établi en
Hollande , de nourrir elles-mêmes leur^
enfans « mais qu'elles abandonnent leur
éducation à des Maurefques ou Bani^nes^
qui font couler dans leurs veines le germe
& le goût de tous les vices, » Il y a cJe
» quoi s'étonner , ajoute-t-il , quand on
» vient à confidérer â quel degré cqs
»» femmes portent la fierté dans les Indes ,
» & qu'on fait réflexion fur ce que la phi-
w part étoient en Hollande} car je ne veijx
»» pas y intéreffer celles qui doivent ctpç
» exceptées. Les unes font des jxetfonnes
» de bas ordre dans la venu, qui prefTé^s
M par la pauvreté ou ayant commis quel-
M ques fautes , ont cherché une dernière
»> reffource aux Indes. D'autres du plus
s> bas étage qui gagnoient leur vie à fer-
'w vir & qui s'ennuyoient du travail , fe
•» fopç bief! trouvées 4*avoir pris le txicttm
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DE l'Afrique et de l'Amériq^je. j 17
' » parti. Je ne veux pas oublier celles qui , ^**'***'^^
» après avoir vécu chétivement en Hoi-^^^^^^^^
» lande à vendre les denrées les plus viles, **^^ iNots,
» ont rcuflî dans leur voyage & font de-
» venues des dames des Indes. Mais je
»> paflTerai fou55 filence, que malgré' leurs
w aventures de Hollande , elles font re-
» çues aux Indes comme apures , nettes &
»> vertueufes , de forte que fouvent elles
«font de bons mariages. Ce font des
*> chofes paffées , le mari n'en fçair rien ;
»> & quand il le fçauroit , c eft la mode.
*y Elles n'en (ont pas moins les maîtrefles,
>y & ne manquent pas de fe dire parentes
»>. & nièces de quelques confeillers , de
»^ quelques bourguemaitres ou de quel-
*» ques marchands confidérables i».
IJlc de Bornéo.
- Cette ifle, la plus grande des ifles In- i>îver$
diennes , eft coupée par la ligne équi^&j;'''*^
noxiale. Elle s'étend à quatre degrés &
demi au fad & à huit degrés au nord de
réquateur ; ce qui fait 1 x degrés & demi
de latitude. Sa longitude eft entre 1 50 &
15 8 degrés. Son circuit eft de plus de 5 30
milles 5 le P. Vintimiglia, Jéfuite Portu-
gais, lui donne 1850 milles de tour. On
cpmpte dans cette iile fept principaux
O iij
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- }l8 HlSTOIHE DH L'Asili
T^""""""^ Royaumes , qu'on dcfigne par les noms
Histoire de leurs principales places ; Banjar-Maf-
Mà$ ND£s. g^ ^ Succadana , Landa , Sambas , Herma-
ta , Jachou & Bornéo. Les côtes font oc-
cupées par des Princes Maures , qui
viennent d'Arabie , comme ceux de Su-
matra & de Java. Le centre eft idolâtre.
Baniac-MaT. fianjar-Maflii^, capitale du plus paif-
*^ fant Royaume de Bornéo , n'eft qu'un vafte
bourg , fitué au fud , près d'une grande
xiviere. Ses maifons font la plupart bâties
de bambou , à la manière Indienne,
il y en a quelques-unes de planches. Ie5
principaux lieux qu'on rencontre en allant
au nord font Taus ; Kaitongié ou Cota-
tengah , réfidence du Roi ; Caljoncam-
pang , riche en or ; Mandavay , abondante
en mines , en bezoard , en cire , en ou-
vrages de jonc ^ Sampit qui fait un grand
commerce en or , en épiceries & en autres
marchandifes, dans une baie où mille vaif-
feaux pourroient être à Tabri de tous les
vents; Ponbouang, dont la rivière roule
beaucoup d'or & arrofe de belles cannes j
Cotaringa , dernière pUce du Royaume ,
laquelle furpaffe en richeflfe tous les autres
lieux de la cote où Ton peut lever plus de
fept mille foldats. Le Roi de Banjar prend
le vain titre d'Empereur de Bornéo.
Succadana. Qn entrô enfuite dans le« Etats du Roi
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DE t*A]PRIQUl BT DE L^AxciRlQ^È Ji^
de Succadana , qui n a pas plus de mille
hommes de troupes, mais qui recueille ^'st^irb
beaucoup de diamans&tic camphre. Saris^^* Indis.
préfère les diamans à ceux de rlddcftan ;
il y en a qui font de la groffeur d'un ocut
de pigeon. Cependant ils font en général
petits , & les gros font jaunes & très-im-
parfaits, fuivant d'autres voyageurs. Le
Roi , pour s'en rendre maître , tient fur
la rivière dans lefquelles on les pêche ,
des bâtimens armés , qui en empêchant
la communication avec les étrangers, ob-
K^ent fes fujets à lui porter toutes leurs
f serres , dont ils ne retirent que ce qu'il
ui plaît de leur donner. La vule de Suc-
cadana , fituée fur la rivière , n'offre rien
de remarquable. Vis-à-vis du Golfe , eft
l'ifle de Crimataja, dont on tire beaucoup
de fer.
Le Royaume de Landa commence im- Undà.
médiaiement au nord de l'équatear. Le
bourg de ce nom eft bâti au bord du grand
fleuve de Lauwe. Ce pays a été fuccef-
fivement foumis au Roi de Sourabaja,
dans rifle de Java , & au Roi de Suc-
cadana. On ne connoît guère fa puif-
fance.
Hermata , boiKg qui donne fon nom à Sambai.
un autre Royaume maritime , touche au
pays du Roi de Sambas , Prince puiflant ,
Oir
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;2o Histoire DE l^Asii;
*eu égard à C^s voifins. Ses Etats font 4
Histoire quelques milles dans les terres j il acheté
'^^^^'à vil prix àes montagnards de riniérieiir
des diamans & d'autres marchandifes pré-
cieufçs.
••rnéo. Le Roi de Bornéo réfide dans un bourg
de ce nom , placé fur une belle rivière ,
auprès d'une fort grande baie , bordée de
petites ifles environnées de bancs de fable.
Les environs de Bornéo, Quoique maré-
cageux , offrent quantité d'habitations or-
nées de jardins. Ses habitans paflent pour
les plus riches des Infulaires, parce qu'ib
recueillent beaucoup plus d'or & de l'or
plus fin que les autres. Ils ont d'autres
marchandifes fort recherchées , comme le
camphre. Leurs pirogues font les plus
belles , les plus fortes & les plus grandes
que Ton voie chez les Orientaux. Il paroît
Sue Taujonbuofo , Sedang & Ta/ong;-
atoe font d'anciennes dépendances de
cet Efat , dont la puiffance efl fort dé-
chue.
, Le fleuve Sandanaon fait la frontière
du Royaume de Bornéo. Au-delà eft le
pays de Marudo , fuivi d'un pays inconnu
qui porte le nom de côte delerte. Vis-à-
vis , la mer s'entrelace dans une grande
quantité d'ifles. Pour rentrer dans la ri-,
yiere de Banjar-Maffio > on p^court une
dby Google I
'ymÊÊlà
1>E l'Aphique et di l'Amériqt?e. } 1 1
côre qui fait partie des Etats de ce nom.^^^
Quoiqu'elle (bit aflez habitée, il n'y a Histoire
guère que Paflir qui mérite dctre nom-^^'^^^'*-
nié , â caufe de ion commerce avec les
Macalfarois.
11 refteroic â defirer des éclairciffemens . i?«^"«"r ^e
lue i inreneur du pays , mais tout ce qu on
en fçait , c'eft qu'il eft rempli de hautes
montagnes & de forces impénétrables.
Le Royaume de Lava, au cœur de Tifle ,
n'eft prefque connu que de nom ; & Ion
ne trouve pas beaucoup plus de lumières
touchant ceux de Succadana, de Landa,
de Hermata & de Sambas /où l'on pré«
fume qu'il y a beaucoup de deferts , en
avançant dans les terres. On voit derrière
Marudo, un« montagne d'une hauteur
prodigieufe, que l'on nommé le Mont S.
Pierre. Ces contrées fauvages font peuplées
d'une infinité d'Orangoutang.
Le commerce de Bornéo offriroit de Commerce
grands avantages aux nations Européenes ^^ ^*^^^^'**
qui auroient l'habileté de gagner la con-
hance ôc l'amitié des Princes Maures.
Mais l'orgueil, la férocité, l'inconftance, "^
la défiance , l'infidélité de cette nation re-
butent prefque tous les étrangers. Ils ont
éloigné les Portugais de Banjar , les Hol-
landois de Succadana, les Anglois de ces
d^x villes & les Efp;^gnols du port de
Ov
dby Google
jif «Histoire i>é l'Asie,
' Bornéo. Au commencement de ce fiécFe,
Histoire les Anglois , après s'ctre emparés faoftile-
Dis Inois. j„ç,^j Jç Banjar , l'abandonnèrent. Cepen-
dant leur Colonie n*a pas été entièrement
détruite, comme on la dit. Vaientyn af-
fûte qu*il a vu en 1 7 1 3 au Cap de Bonne-
iÊfpérance , le chef d un comptoir Anglois
établi dans ce canton , lequel en rappor*
loit de grands iréfors. Le bord de fbn
chapeatr'tDut garni de diamans pouvoit
faire juger de ce que contenoient fes
coffres. Cet officier, pendant fon fé/our
au Cap, attiroit tous les regards par /à
brillante figure. Cet établillemeni doit
donner de la /aloufie aux HoUandois, car
le pays eft peut-être un des plus favorables
entrepotis de Tlnde , par l'avantage de fa
pofition pour le commerce de la Chine Sc
des Ifles des épiceries. Beekman , naviga-
teur expérimenté , donne des ouvertures
pour furmonter les obftacles que les Eu-
ropéens peuvent rencontrer pvur fe fixer
dans cette ifle,
Def^mien Les Portugais ont nommé Béajou les
iS.'"** Indiens du centre , divifés en peuplades
appellées K!ans , fous des chefs particu-
liers. Ces habitans primitifs de Bornéo
forment un peuple guerrier , adonné à la
chaflTe & à la vie paftorale, dédaignant
les fdences & les ^rts , ennemi du vol 6c
dby Google
DE l'Afrique bt de l'AmIriqtje, j ij ^^^^
de l^raude, fenfible à ramitié, vivant SSg
enfemble dans ia plus parfaite union , Histoire
mais auffi farouche & cruel envers Tétran-^^* ^**^***
ger que doux & généreux envers les (îens.
Ils fe font un plairir barbare de tremper
leurs mains dans le fane des Européens
& des Maures. Ils po^^dest» outre les
f>rincipales richefles de Tifle , les femmes
es plus belles, les plus blanches & le;»
plus fpirituelles. Les Rois & les Princes
des côtes ne dédaignent pas de rechercher
leur alliance. La modeftie eft extrême
dans les deux fexes, fur-tou{ dans les
jeunes filles que leurs maris ne voient pas
avant le jour de leur union. L'infidélité
dans le mariage leur paroit un aime &
odieux , qu'ils la pnniuent de mort , fans
aucune exception en faveur des hommes.
Leur principale gloire conHfte à fe diftin*
guer à la cnalTe , d*oà ils s'efforcent de
rapponer quelques cornes pointues qu'ils
poliiTent Se qu'ils portent a leur ceinture.
La plupart vont nuds y à l'exception des
parties que la pudeur condamne. Les plus
aifés ponent un petit pourpoint de toile
d'écorce d'arbres, douce comme du co-
ton, qu'ils fabriquent eux*fnèmes; Un
chapeau de feuilles de palmier les garantit
du foleil. Ils ont pour armés des poignards
femblables aux cangiaci dos Maures > 6c
Ô V j
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Bri.-^
}i4 HisTOïRïDB t^Asii;
? des farbacanes avec lefqaelles ils Idftcent
HjsTOiRB des flèches empoifonnées. Sajmon parle
»is Indes. j»jjj, inftrument nommé fampit , qui leur
fert tantôt d'arc, tantôt de javelot /& quel-
quefois de bayonnette qu'ils attachent au
bout de leur fufil.
Le P. Vintimiglia dit dans Carrerî
Îu'ils n'adorent aucune idole , & que le
>ieu du ciel éft leur unique Dieu. Ce-
pendant on lit dans le fupplément à rHif*
toire des voyages, que (ans avoir ni pa-
godes ni Bramines , ils offrent leurs hom-
mages au fofeil , â la lune , aux étoiles 6c
■à tous les objets qui fe ptéfentent à leurs
yeux le matin , locfqu'ils fortent de leurs
maifons« Chacun fe fait un Dieu 8c un
culte à fa fantaitie. Il eft peu de ces mon-
tagnards qui fe convertiîlcnt au Maho-
mttifme , parce que ceux qui fouhaitent
TembralTer font obligés de payer bien cher
les prêtres qu'on leur donne. Ces peuples
attribuent les maladies & généralement
toutes leurs difgraces à un efprit infernal
qulls tâchent d appaifer par des offrande$
tk des facrifices. Si leurs prières font fans
fruit, ils accablent d'injures le génie mal-
faifant. Ils ont beaucoup de fuperftitiotïs
Chinoifes.
Les Béajou , accoutumés à des exercices
dors , font plus &rcs Ce plus agiles que
dbyGoOgI'"
DE l' AFRIQUE ET »E l'ÀmÉRIQUE. Jl^*
les Maures que la parefTe amollit. Ils fe-
frottent le corps avec une huile d'une ^""^^^^^
odeur forte, & ils fe peignent la peau avec ^^^ ^^^^
du bleu. Un de leurs plus finguliers ornc-
mens , eft de porter un collier de dents
de tigre. On dit que les Grands ont le
bifarre ufage de s'arracher les dents de
devant pour y fubftituer des dents d or.
Ce peuple parle une langue particulière.
Les Maures établis depuis pluûeurs Maures d»
ficelés dans les parties extérieure^ de Bor-^"****»
néô , ont confervé les mœurs des Arabes ,
leurs ancêtres : c'eft une nation préfomp-
tneufc , inconftante , perfide , adonnée au
vol , intelligônte , née avec d'heureufes
difpofitîons pour les fciences , mais avec
un fond de pareffe qui rend inutiles leurs
tàlens naturels. Ils exercent la piraterie
fur de petits bâtimens» jufqu a cniq cens
lieues loin de leur ifle. Leurs femmes
font aflei jolies. Elles ont la liberté d'aller
acheter & vendre fur les vaiffeaux Eu-
ropéens , mais fi on leur fait la moindre -^
agacerie , leurs maris témoignent par des
f;eftes menaçans qu'ils font prêts à percer
e coeur de celui qui les careffe , fuivanc
le témoignage d'Olivier de Noort. Les
nobles vivent avec beaucoup de fafte.
Leur plus grand luxe confifle dans le
nombre illimité des fenunes & de$ cou-.
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jitf Histoire de l^Aste Î
— cubines qu'ils entretiennent. Le langage
Histoire ae ces peuples eft le Malais.
IJlcs CcUbcs ou Macajfar.
£^hu^^ Cette ifle , féparée de Bornéo par un
Eutt difii- ' détroit de fon nom, dont la largeur com-
'*^ mune eft de quarante lieues , s*étend dans
la zone torride , à un degré & demi de
la ligne du c6té du nord , & à fix degrés
vers le fud, cent-foixante lieues du midi
au feptentrion , foixante de l'eft à l'oueft.
Quoique les maladies contagieufes dé<-
folent ce pays lorfque les vents du nord^
celTent de rafraîchir & de purifier l'air
chargé de vapeurs & des exhalaifuns des
mines d or & de cuivre , les habiuns
jouiflent d une famé fi parfaite , qu'ils
vivent jufqu a Tâge de cent ôc de /îx-vingt .
ans.
La cote occidentale commence au bourg
de Turatte, qui donne fon nom à un
Royaume de Tiflei En la fuivani au nord
on trouve la pointe & Tifle de Tanahkeke j
après quoi l'on rencontre les bourgs de
Tanac & de GeliflTon , la forterefle de
Pan.^koke , la ville & le château de Sam-
boupo, le château Hollant^ois de Jom-
pandan , aujourd'hui Rotterdam , maître
de llfle; & la célèbre ville de Ma-
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t>i t'APRIQUE ET DE l'AmIrIQUE. JI7
cafTar ou Mancaçar , capitale de tout ce *
pays. HisTOiKE
• Les Hollandois entretiennent à Rotter- '"''!"*"•
1 /. •/• - i_ Etabliflcmeus
dam une rorte garnilon Se une bonne pro- Hollandois.
vifion de munitions de guerre, parce que
Macaflar eft réputée la clef des provinces
orientales, & que d ailleurs on ne peut
accorder la moindre confiance aux Ma-
caiïarois. Cette place importante eft Pentre*
pot du commerce de Bornéo , des Mo-
luques , de Siam , de la Cochinchine , du
Tonquin , du Japon & de la Chine, Les
Européens donnent à la ville de Mancâ-
çar le nom de Negrerie de Waardingen. *
Cette place qu'on a repréfentée comme
une grande & belle ville , qui comptoir
autrefois , foit dans fon enceinte , foie
dans les villages voifins , i6o mille
hommes capables de porter les armes, &
qui en levé encore 80 mille, paroît dans
d autres relations un méchant bourg ou-
vert, qui n a qu'une grande rue & d^ux
ou trois pet tes. il eft certain que des
deux côtés de fa rade , on y voit d'afTez
belles maifons ornées de bois d'ébene»
rédat furprend les étrangers. La plupart
font foutenues en l'air fur des colonnes
d'un bois fi dur , qu'il pafle pour incor-
ruptible On y monte par une échelle que
chacun tire foigneufement après foi » dans
dby Google
^sur
)iS Histoire DE i.*A s i£»^
!la crainte dcire pourfuivî par quclqae
Histoire chien , animal que ces Mahométans fa-
ȣs Indes, perftitieux regardent comme fi immonde
qu'ils fe croiroient indignes du jour , s'ils
n'alloient fe laver dans la rivière auffi-iôc
qu'ils en font touchés. Les rues de cette
ville font bordées d'arbres touffus. Il n'y
a que les femmes qui paroiflent aux mar-
ches; un homme qui s'y trouveroit, fe-
roit expofé aux huées des enfans qui font
élevés dans lopinion que le fexe viril
cft rcfervé pour des occupations plus im-
portantes.
Goa , ancienne capitale d'un Royaume
particulier, eft aujourd'hui une des capi-
tales des Etats de Macaflar. 11 y avok
autrefois une forterelfe, mais inférieure
à, celle de Samboupo, la feule qu'on ait
lailfée au Roi par la paix. Goa eil à deux
milles de Macaflar du côté du nord. Par-
mi les villes du fécond ordre de ce Royau-
me , on nomme quelques villes célèbres
par des manufaâ;ures de toiles de coton
& d'étoffes de foie ; Tello ou Tallou , ca-
f)itale d'un Etat de ce nom ; Maros où
a Compagnie tire un profit confidérable
de ladixme du riz; Tanetta, capitale d'un
pays puiffant au milieu d'une baie , fuivie
de la baie de Badjoukike, où cent vs^C*-
féaux pourroient êtr^à leur aife. Sur cette
dby Google
©B l'Afrique ET DE L'AnâiiiQUî. 319
dernière bàe, eft la ville de Mandar,î
chef-lieu d'un grand pays limîîrophe des^"'^^^*^
Etais du Roi de Ternaie^ dans la partie*^' ^^^"'
feptentrionale de l'ifle.
En retournant au fud !e long du golfe
de Boné ou Boni, ou de Saleyer , la ville
de Louvou paroît d'abord , fuivie de celles
de Sopping : l'une & Tautre ont donn»
leurs noms à des Etats confîdérables , au-
jourd'hui fournis au Roi de Boné ou Cé-
lebes , qui partage avec celui.de Macaf-
far TEmpire de l'ifle , fous la domination
des Hollandois. On entre cnfuite dans lé
pays des Bonguis, dont là principale ville
conduit à Tiynrana, rcfidence du Roi de
Célebes , fitùée fur une rivière du mcme
nom. Les ifles les plus remarquables pla«
cées au voifinage du golfe de Boni , font
Bouloucomba , où Ton feme quand on
raoiffbnne à Barros , quoique ces lieux ne
foient fcparcs que par une montagne d'une
hauteur médiocre j Tifle de Saleger , deux
ifles appartenant au Roi de MacalTar . &
beaucoup d'iflots. La côte méridionafle de
Célebes offre une grande baie , au fond
de laquelle eft fituée Bonteyn , ville des
Etats de Boné. On n'a aucune connoif-
fânce de la partie orientale du golfe de
Boni. Dans l'ifle de Pangafane , Tibore
eft le chef-lieu d'un petit Royaume, fa^
dby Google
})0 HisToiRBM l'Asie,
! meux autrefois. Le Roi de Tifle de But*
Histoire ton tient fa Cour à Toulongfoufou ;^ il
»E» Indes, ^ft tributaire du Roi de Ternate. On
nomme parmi les principales places du
Royaume de Boné ou Cclebes , Vadjoée ,
Renugui, Mamoja, Badjing» Bancala,
Sayo ; Toraja , capitale d*un Royaume
particulier, &c.
La côte orientale de Célebes eft bor-
dée des bourgs de Tambouco , de Mo-
done , de Balante , de Goromale & autres
jufqu*d Manado , fur la pointe fepten*
trionale où les Hollandois ont la fortereiïe
d'Amfterdam. De là on parcourt les
Royaumes de Boulan & de Caudipan ic
plufieurs ifles. On pafle enfuite dans la
grande baie de Cajeli , dont les environs
font fort peuplés. Le Roi de Ternate pof^
fede une étendue de côtes de io8 milles
entre Manado Se cette baie.
Ajnimtniéc Getvaife fait une peinture charmante
^ de cette ifle , de la ncheffe & de la va-
riété de fes produirions , ainfi que de la
beauté de fes paffages. 11 affure qu il n'y
a aucune provmce que la nature n'ait dil-
tinguée par quelque faveur particulière.
Les contrées du nord , moins agréables
que celles du fud , ne font pas moins
riches par leurs mines & par leurs car-
rières. L'or s'y préfente de lui-même ea
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DE l'Afuiqub et DI t'AuiKîQVl. J J I ^^^^^
poudre & en lingots dans les vallées après ^"'™*'**^
l'écoulement des ravines. Il abonde dans Histoire
le Royaume de Toraja. •" ^n^^^- ^
Le defpotirme règne dans ces contréeSé courern**
Le trône eft héréditaire ; mais les frères °^*'^**
fuccedent , du moins dans quelques can-
tons, à Texclufiondes enfans, pour éviter
les inconvénièns des minorités. Tel eft
l'ordre de la fucceflion à Goa. A Boné^
quoique le Royaume foit également hé-
réditaire , fept Pitos ou Ele6keurs nom-
ment , pour la forme , le fuccefleur du
Monarque défunt en préfence de deux
députés Hollandois. Lorfque ces officiers
ne s'accordent point , tes Hollandois ter-
minent leur différend par leur fuffrage.
Tous les Etats de rifle font unis par une
alliance étroite qui les oblige de fe dé*
fertdrè mutuellement en cas d'attaaue.
Cette ligue eft l'ouvrage des Hollandois
qui veillent à fon maintien, en qualité de
protefteurs. Les Princes s'aflemblent quel-
quefois pour les affaires^ relatives à l'in-
térêt général. Le Roi de Boné convoque
la diète > le Gouverneur Hollandois y pré-
ilde , & les décifions de laflemblée lont
des loix pour chaque Etat. Les officiers de
là Compagnie tiennent ces defpotes dans
une dépendance étroite , après les avoir
défarmés , fous prétexte de les mettre daas
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ÎJl HlSTÔlRB t>t l'AsîE,
Tutile impuiflance de fe nuire les uns aiir
Histoire autres. Du refte, on dit que ces mar-
«f$ NDBs. chands-fouverains font ici un ufage mo-
déré de leur pouvoir.
Les Monarques Se les Seigneurs de
Célebes ont , dans les armées , des dra*
peaux particuliers , qu'ils confient d leurs
plus braves' foidats Se dont* la perte eft
luivie d'une honteufe flétriflure. Us fe
fervent de pièces d'artillerie fi groCTcs.qu'un
homme peut y enrrer & s'y cacher entière-
ment i mais leur poudre eft fi mauvaife ,
que ces prodigieu fes machines ont aflez
peu d'effet. Le premier choc des Macaf-
farois eft furieux ; mais une réfiftance de
deux heures fait fuccéder dans leur caur
1 abattement à la rage; parce qu'alors l'i-
vreffe de l'opium , fource de leur feu , fe
diflîpe fans doute , après avoir cpuifc leur
force , par de violens tranfporrs. Ils pa/ïènc
pour les meilleurs foldats de l'Afie méri-
dionale, & Ton vante leur habileté dans
Us. exercices militaires. Dans leurs duels ,
ils fe battent ordinairement avec le cric
& quelquefois avec le fabre & la ron-
dache ^ jufqu a la mort d'un des deux
champions. Us lancent des (lèches avec
des farbacanes , fi adroitement , que
Gervaife afliire qu'ils ne manquent ja-
mais de donner dans l'ongle d'un doigt
qu'ils fe font propofé pour but.
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©el*Afrîqueetdf l'Amérique, jjj
La nol^lefle eft fondée fur des titres I
qui la rendent perpétuelle. On la diftingue Histoire
en trois ordres , celui des Dacus ou Ducs , ^^f Indes*
celui des Carrés , Marquis ou Comtés & oJarw'^ac* d-
celui des (impies nobles. La qualité des toyent.
Dacus eft attachée à des terres » ancienne-
ment anoblies par les Rois » en faveur
de quelques fujets diftineués par leurs
fervices. Les conceflîons de cettç nature
rendent une terre inaliénable ; ces terres
font réunies à la Couronne, quand la race
de leurs polTeflcurs s'éteint. D'un côté les
vafTaux de ces feigneuries font tenus, fans
diftinftion de fexe , de fervir leurs Sei-
gneurs par quartier , ou de fe racheter du
lervice , par une fomme équivalente. De
Tâutr^, Ie$ Seigneurs doivent payer au
Roi une certaine fommç & le fuivre à la
guerre, à leurs propres frais. Comme la
multiplication d*une noblelTequi ne fouffre
aucune concurrence l'aviliroit & nuiroit à
l'Etat , le nombre des Dacus eft fixé. Le
Roi foutient ces illuftres races , foit en l^s
honorant des premières dignités, foit en
lei^r diftribuant des terres nçbles , foit en
leur abandonnai>t des confifcations {Je
d'autres profits. La nobleffe du fécond
ordre confifte dans l'éreftion d'un village
en carré. Cette faveur dépend de la feule
V9lon(é du Roi. Le$ Lo)os fpnç anol^s
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))4 Histoire di l*Âsie,
' par des lettres particulières & par quel-
Histoire ques préfens qui répondent à leurs fer-
Bis IKDES. ;;ices.
Il 7 a peu d*cfclaves à Célebes , parce
que les loix ne permettent point aux pères
êc aux mères de vendre leurs enfans , ni
aux perfonnes avancées en âge de vendre
leur liberté ; qu'elles ne foufFrene point
de Mufulman à la chaîne , & que la
'^ crainte de voir la tranquillité publique
troublée par Us prifonniers de guerre,
engage la Cour à les faire tranfporter dans
les contrées voifines. Les femmes font
prefqu'entiérement chargées des offices
domeftiques. Le fervice eft très-doux chez
ce peuple.
Génie , ca- Les vojrageurs conviennent aûTez génc-
d^hS^^-^^^^^^^^ que parmi les peuples des Indes ,
wi. il n'y en a pomt qui aient reçu de la na-
ture plus de difpofition que Jes MacaflTk-
rois pour les arts & les fciences, comme
* pour les armes. Ils ont la conception vive
Se Tefprit jufte, avec une mémoire fi heu-
reufe , qu'ils n'oublient , dit-on , prefque
jamais ce qu'ils ont une fois appris. Leur
corps eft formé pour une ame forte. Ils
font robuftes , grands , laborieux & ca-
pables deréfîfter aux plus grandes fatigues.
Leur nez plus écrafé que celui des Sia-
mois , eft chez eux une beauté qu'on fe
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©B l'Afrique it de L*AMiRiQXJE. j jç
plaît à former dès leur enfance. A toutes !
les heures du jour leur^ nourrices leur Histoire
preflTent doucement le nez de la main ^^^ Ini>*«^
gauche , pendant que de l'autre elles le
frottent avec de Thuile & de l'eau tiède.
On leur fait les mêmes frottemens dans
les autres parties du corps , pour faciliter
les développemens de la nature j delà
vient qu'ils ont tous la taille fine &: dé-
gagée. On les fevre un an après leur naif-
lance , dans l'opinion qu'ils auroient moins
d'efprit s'ils continuoient plus long-tems
d'être nourris du lait maternel. A l'âge de
cinq ou fix , les enfans mâles de quelque
diftinétion font mis , comme en dépôt ,
chez un parent ou chez un ami, de peur
que leur courage ne foit amolli par les ca<-
rtSes de leijrs mères & par l'habitude
d'une tendreffe réciproque. Ils ne re-
tournent dans leur ramille qu'à l'âge où
la loi leur permet de fe marier, c'eft-à-
ilire , à quinze ou feize ans. Il eft rare
. qu'ils ufent de cette liberté avant que de
s'être perfeâ:ionnés dans l'exercice des
afiiies.
Les MacaflTarois font plus proprement
vêtus qu'aucune autre nation des Indes*
Les nobles portent fous leur vefte une
; culotte qui relTemble aux nôtres & une
ççinture par-dçflus. Lprfqu'ils paroiflenj
dby Google
}}(î Histoire de l'Asib ,
en public, ils ajoutent à cet habillenienc
Histoire un manteau. L'ufage commun eftde mar-
dfis Indes, cher pieds nuds. Les perfonnesde qualité,
pour fe garantir de I*incommodité du
fable , chauffent de petites fandales Mau-
rcfques. Leur refped pour le turban va
Cl loin , qu'ils ne s'en fervent qu'aux jours
de fêtes & de rcjouiflances publiques. Ils
ont ordinairement la tète couverte d'un
bonnet d'étoffe blanche , qui a la forme
d'un chapeau. C'eft un ufage indifpen-
fable pour les gens de qualité d'entretenir
fur leurs ongles une teinture rouge. Us ne
font pas moins curieux de fe peindre les
jd^nts en rouge , ou en verd , ou en noir.
Il y a des Seigneurs qui fe font arracher
les meilleures pour en porter d'or, d'ax-
gent ou de tombac.
Les femmes , plus paflîonnées encore
pour la propreté que les hommes , mais
moins magnifiques , s'habillent avec une
chemife de moulTeline , une culotte & un
^ jupon femblable à celui des ïrançoîfes.
£lies bouclent & parfument leurs che-
veux qui font naturellement noirs : c'eft
leur feule coëfFure. Elles n'ont pour
collier qu'une petite chaîne d'or que leurs
maris leur donnent le lendemain de leur
noce , pour les faire fouvenir qu'elles font
leurs premières efclaves. Les bagues &
les
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Dl L'AjîRIQtJE f T DE l'AmÉRÏQUE. J J7
les pierreries font l'ornement des hommes.
On racome qu'à leur mariage , on iaifle Histoire
pendant les trois premiers jours & les^** Indes,
trois premières nuits qui fuivent la céré-
monie y les mariés tout feuls dans une
chambre obfcure , oii une vieille femme
va leur fournir les chofiss qui leur fbnc .
nécedaires » pendant que les parens & les
amis palTent le t^mps en réjouifTances.
Dès le matin du quatrième jour un ef*
clave porte dans la chambre des mariés
une barre de fer , fur laquelle font gra-
vés des chiffres myftérieux, avec un leau
d'eau fraîche. Comme les dçux époux
mettent les pieds nuds fur la barre de fer,
le plus âgé de la famille ou de la com-
pagnie leur jette le feau deau fur le
corps en prononçant quelques prières. Les
femmes ne perdent point leur nom en fe
mariant, mais elles y ajoutent celui de
leurs maris. Ceft un titre recommandable
d'avoir plufieurs femmes & fur-tout une
;nombreufe famille. Un coup d'oeil , un
fourire , la moindre faveur qu'une femme
accorde à un autre homme qu'à fon mari
eft un crime capital & une caufe fuffi-
fante de divorce. Du refte , elles ont la
liberté de fe raffèmbler & de s amufer
cntr'elles.
TomcF. P
Digitized by CjOOQ IC
JjS HlSTOlRl Dl L*ASI1,
Histoire Les Moluquts & les JJles voijincs.
ȣ$ Indes.
Les Moluques proprement dites , côa-
>ces par la ligne équinoxiale , s'éiendeiit
beaucoup plus vers le noïd que vers le
'ud , dans une efpace d'environ cinquante
riéues* On en compte cinq principales,
Tetnite , Tidor , Motir , Machian , au
nord de l'équateur, & Bachian au fud.
La plus étendue n'a guère que douze oii
quinze lieues de circuit fur quatre ou cinq
de longueur. Elles font fcparées les unes
des autres par de petits détroits , dans
lefquels on trouve d'autres ifles de
moindre grandeur. On aflTure que leur
terroir eft fi aride & fi fpongieux , mal*-
gré l'abondance des pluies, que ies ror-
rens qui tôftiberit des montagnes s^c-
puifent dans leur cours fans parvenir à la
mer. ^
^ . - ïèrnate , la plus renommée, quoi-
qu'elle ne foit pas la plus étendue , a deux
ports à une lieue de diftance l'un de
l'autre , TcUngamma & Tolaco. A une
detiii-lieue du^bourg de Telingamma , les
^'ardicres , Indiens libres qui fe regardent
plutôt comme les alliés que comme les
fuiets de U Compagnie Hollandoife , ha-
biient la petite ville de Malêïo qm voit
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DE l' AfRIQXJE et I>£ i'AMÉWÇVl. 3^9
au nord, le fort d'Orange, château co^fi-!
dérable des Hollandais. Gamnaalamma , Histoire
a trois lieues du fort, boatgquip'a qu'une ^^^ Indes.
rue , paiTe jpour la capitale , comme le fé-
jour ordinaire des Rois de Ternate. Au
centre del'ifle , on découvre une haute
montagne , dont le fommet offre la vue
d'un gouffre qui' paçoît aiiffi profond que
U montagne même. Les éruptions jàe ce
▼olcan font terribles , fur- tout dans les
équinoxes , où régnent des vents orageux*.
Son bruit eft fiépouvantable qu*on croiroit^
c'eft reypreflion du Uollandcis de Roi ^
que c*efi rabymt immen/i duftu iternpl }
& rimaginatipn d0U icifuppUcr à Vtx^
prtj^on qui $fi irop fpibU four en dépeindre
touêes ks horfews* On remarque que la
montagne eft Gp^usr^te d'arbriflfeaux &
d'herbages toujours verds > & Ion croie
3ue le volcaa contûbue à les entretenir
ans utie fraîcheur cQn;i]melle , par labon"
^nçt d^ ruîfTewx qu.i ie forment de fes
vapeurs^
Le KUn pu KoUn de Ternate prétend
3ue fa domination eft étendue fur plus de
eux cens ifles. En 1 69 1 , il pouvoir avpic
Juatre à cinq ç^ns mille réaies en efpéces
ans fpn tréfor, fans compter quelques
quintaux d'qr igc d'argent mis en œuvre.
Ia .Cim\f(^nie j^lUn4oiiè lai donne une
Pi;
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jîfO HlSTOIHE DE L*AsiI,
' garde de douze hommes avec un fergent
Histoire ^ ^j caporal , fous prétexte de lui faire
9£$ NDEs. iiQ^j^çûr^ mais dans le fond , pour cpiec
fa conduite 6c pour être mattreffe de
fa perfonne. Cette garde Taccompagne
par- tout , excepte lorfqu il fe rend au' châ-
teau d*Orange.
ifltaeildoc. Tidor ou Tudura , ifle un peu plus
grande que Ternatç, eft un pays fort
peuplé & gouverné par un Sulthan , qui a
des poiïemons dans Tifle d*Amboine Se
dans la nouvelle Guinée. Les Hollandois
ont un fort à Motir , la plus pecite des
cinq ifles. On vante la fertilité de celle
de M^chian , où les Hollandois poffedent
plufieurs places , dont la plus confidérable
eft Gnoflfikia. Ces deux ifles nont point
de Princes particuliers. Bachian comprend
deux ifles à portée du canon l'une de
l'autre , Ombachian & Labova , dont cha-
cune avoir autrefois fon Roi particuher.
Le Roi qui y regnoit avant Tartivée des
Hollandois avpit environ douze mille
hommes fous fes ordres ; dans certain
tems , il n'en a pas eu deux cens.
Ifles de Mîa- La grande ifle Philippine de Mindana©
jltttao,deTa. Jes ifles de Taïaut, la grande ifle de San-
Uui,«cc. ^^^ j^^ j^^^ j^^ Tortues , Bangay & une
centaine d'ifles de fa dépendance , Gilolo
en partie , Ceram en partie , dp même
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t>E VAfKÎQV^ ET DI L^AMiaiQTJfE. 54 1
qu'Amboine , Solor , &c. font au Roi de*
Ternate. Les Rois de Tidor ont des do- Histoire
maines dans les ifles des Papous , dans ^^* 1«de$.
Gilolo , fur les côtes de Ceram , &c. Le
Roi de Bachian a auffi des droits fur les
ifles des Papous & fur quelques autres. La
fouveraineté de tous les lieux du reflbrc
de Terrtaie appartient à la Compagnie de
Hollande , en vertu du tranfport que le
Roi Amjlerdam lui en fit en 1678. Le Roi
de Bechian lui rendit quelques années
après pluCeurs petites \([ts.
Sarangani pu Carongan , au fud^eft de
Mindanao , étoit anciennement la réH-
dence du Roi de BouwiiTang^^ qui l'eft
en même temsde Çandahar, & qui fait
aujourd'hui foj^ féjour dans Tifle de San*
gir , ainfi que quelques Rois des ifles de
Taïaut. Les habitans de ces dernières con-
trées manqueroient même du néceiTaire»
s'ils n ecoient accoutumés à vivre comme
les Brutes , dont ils femblent ne différée
que par la figure. Leur principale nour«
riture fe tire d'une plante fauvage nom-
mée foutou-foutou, dont le fruit eift fort
mal fain. On compte jufqu'à trente fa-
milles dans une même maifon. Leur ca-
raÛere n'eft pas féroce , il eft d une grande
/implicite. Chaque ifle a fon idiome & un
démon auquel elle eft confacrée. . i
P iij
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$4^ HisToiRB DE ï.* Asie 9
Sangir eft foQmife à quatre Rois , qui
HisToiRi réunis ehfemble peuvent mettre quatre
»tt lnt>u. n^iiiç hommes fous les armes. Le nombre
des habitans monte i près de treize milles
Ces roitelets font toujours en différend les
uns avec les autres. Ils donnent beaucoup
d'embarras anx CommiiTaires de la Com-
pagnie qui vont chaqi»e année faire la vi*
iite èes quartiers feptentrionaux^Le vol-
can d*Âbou , haute montagne , a quelque^
fois fait périr dans fes éruptions un peuple
entier. 11 y a un autre volcan , toujours
enflammé , dans Tifle de Sjauw , lequel
lancé de Teau , des cendres & de gro0ês
pierres rondes comme âts boulets. Ce
pays eft pauvre , 8c le Roi lui-même vit
miférablement. Les Rois de Saneir, de
Sjauw & de Tagulanda, capitale de Tifle
Pangafare , ont coutume oe fournir au
Gouverneur des Molirques une petite
flotte de vingt- cinq Corracores , montes de
mille deux cens cinquante hommes , mé-
chans foldats pour i attaque » admirables
pour les courfes. Les Pangafarois font ex-
cellens mariniers , & totijours prêts â s*èx-
pofer généreufcment avec autant de bra-
voure que de prudence pour fauver les
bâtimens en danger,
inci des Toi- En fuivant la côte orientale de Célebes ^
•^ on trouve les iflcs Togias ou des Tonues >
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toutes defertes, à Texccprion de dieux , r— ^— *
gouv/ernces par un Prince particulier. Les^^^^^^^
peuples des ifles Bangay ont été tranf-^^* ^^^^
portes fur la côte deCélebes. Celles de
Xoula font habitées par des hommes au(fi
cruels & perfides que fainéans & polr
-trons. Les femmes font chargée^ de tous
les ouvrages du dedans ôc du dehors. Une
de ces iites eft remarquable par la points
d'un roch^îr qui a la figure d^un homme^
Les Infulaires qui paflent auprès ont coiir
tume de lui jecter des fruits en oflFïaïKle^
pour fe concilier (es faveurs.
Gilola, grande ifle qui s étend à deux ,^|ûç d« ca*.
degrés au ftord & à un degré au fud de '
l'équateur » dans la longueur de 80 lieues»
£e divife en trois parties » qui forment
comme autant de branches, Bato^chiiie»
Gammocanora ^'^Gilolo. Ses Rois te-
noient autrefois le premier rang entre l(i$
^ Princes des Moluques. Les gijerfes. ont
dépeuplé ce pays , dont la pmtie fepten^
trionale eft fous la domination^ dja, Bm de
Ternate , la partie orientale foiss ceUe du
Roi de Tidor. Les habitans de la pointe
de fiacochine Ibnt fauv;^esw  Gzfmn&*
cmora, il fauta en i^yj oneku>tem0nr
tagne par un tems calme 66: iforein.. Le^
ifles voifines , â cent lieues à la ronde ,
furent couvertes de cendres. Il en tomboii
Piv
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;44 Histoire 9i t^Asri,
^^^ **^^"™^ en fi grande quantité , que les vaiileaux
Histoire étoient arrêtés en pleine mer , (ans qu'ils
PM$ iNDBs. j^jj-çj^^ fg f^^^jj. jç jgy^j ^^jj.çj^^ Les ifles
de Morotai font habitées par des peuples
ftroces qui fe choififlénr des chefs aux*
quels ih obéifTent fans leur payer aucun
tribut. Les Rois de Ternate & de Tidor
ont des prétentions fur ces ifles. Dans la
plupart des contrées -du diftriâ des Mo*
iuques » on adore le diable fous des figures
hideufes , excepté dans les cantons où le
Chriftianifme & le Mahométifmd ont
rcnverfé Tidolâtrie.
TtM^let dec Les peuples des Moluques & de ieur
Moiuqucf. d^endance font un mélange d^ différentes
nations. Valentyn ne leur a trouvé aucune
reâemblance avec les Chinois, dont quel-
ques-ims les font defcendre. Les Rois de
Ternate , de Machian & de fiachian y Ce
difent fbrtis d'un mcmô dragon, mais de
trois œufs différens trouvés entre des ra-
chers. Le droit de fucceflîdn paffe aux col-
latéraux, non aux defcendans en ligne
direâe. La Couronne n'en eft pas moins
élediye ; car on choifit le Prince parmi
fes collatéraux , fans égard à la primogé*
nitute. On préfère ordinairement les en-
iàns, dont les mères font d'iUuftre nait-
fahce. Le Roi de Ternate eft vctu à la
Moilandoife > mais d'une maïuere & bôr
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itE l'Afrique ET de L'AMiRiçcri- 145
farre , qu'on le prendroit pour un €harla-
tan. Ses courtifans lé prennent pour mo- Histoire
- dele. Le peuple n a pour habit qu un bad-^" ^«^**'
jou ou pourpoint aflTez large. Les femmes
du commun font vêtues comn>e les Ja-
: vanoifes* _
Peu capables d'infpirer de l'amour par
, leurs attraits naturels, il n'y a point d'art
Îiue les MoUiquoifes n'emploient pour
éduire le5 hommesj les grâces empruntées
de l'habillement , les manières , les^i-
. nauderies » les danfes lafcive^ , les philtres
ou plutôt les poifons. Un Èomme ne^-
rpit point eftimé , s'il n'a voit quelque
maîtreiTe. Ces Infulaires , à l'exemple de
plufieurs autres peuples des Indes, ex-
priment leitr amour par des fruits, des
.fleurs & autres chofes difpofees de ma-
nière à faire comprendre à celles qui en
font l'objet leurs fecrettes penfces. On
emploie quelquefois cettemcihode dans
^ les affaires d*Etat d'une grande impor-
. tance.. Les loix pardonnent l'adultère.
Dans tous les lieux confidérables , il y a
^ des hommes dont l'emploi eft de battre
la cailTe à la pointe dur jour, pour avertir
les perfonnes mariées de remplir le devoir
conjugal. Le larcin eft inexorablement pu-
ni. Ces Infulairesne connoiflent point le
.luxe dans Leurs meubles ni dans leurs rC'-
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34^ Histoire db l*Asie,
SSÎÏSSSpas/Contens du néceflfàire , ils troavenr
Histoire ridicule dan? les Chrétiens d'efTuyer tant
j>Es Indes^. jg fatigues & de s'expofcr à tant de dan-
gers pour fatisfaire les chimères de Tarn-
bicion. Ici chacun eft Tarchiceâe de fon
logis 'y chacun fe fait fes vêtemens , fe
creufe un canot /pcche Se chafTe pour fe
repofer après avoir pourvu aux premiers
befoins de la vie. Les. Moluquois font
bons marins,
koînc &^f' ^*^^^ d'Amboine ou Ambon , fitu^e
4éj»"acaacc«r entre le }• & le 4* degrés de latitude mé-
ridionale & environ à 145 de longitude
du méridien des Canaries» a quinze ou
vingt lieues de circuit. Un golfe la tra-
verfc dans'prefque toute fbn étendue &
la coupe en deux parties. Suivant cette
divifion naturelle , elle offre deux prin-
cipaux quartiers , le plus grand nommé
Hitto & l'autre Leytimor ou Roflfânive.
La côte Hitto ou du nord comprend fept
oulis ou cantons , dont chacun eft corn-
!)ofé de cinq ou fix habitations ou vil-
ages. Les Hollandois y ont bâti les forts
de Verre, de Haerlera , de Rt)tterdam>
d;i/s la ville de Larike, 8cc. Leytimor,,
contrée du fud , feroit peu conudérable
ÙT)s, la ville d^Amboine &c fen château»
:|u on nomme le château de la viAoire*
)n co^mpte dans cette capitale onze prin-
t
dby Google
DE l'Afrique et di t^AMini^^^. î47
cipales rues , divifèes en -trente grandsJS T— — ?
quartiers , qui comprennent plus de mille Histoire
nwifons fans les édifices publics. Le châ-^^* Indi».
teau , le marché, la maifon de ville»
riîopital , rhôtel du Gouverneur , &c.
paflfent pour des ouvrages dignes d'atten-
tion. On fait monter le nombre des ha-
bitans de la cote Hitto â quinze mille^
dont deux mille Datis. On nomme ainu
ceux que le Gouvernement emploie auK
corvées publiques. Chaquç famille eft ob-
ligée de fournir un homme à fes frais
pour cet u(kge. Les peuples de ce canton
font Mahométans , a la referve de quel-
ques villages qui ont embrafTc le Chrif-
tianifme , la religion commune du cai)ton
4e Leytimor qui n'a pas fept mille âmes.
Le nombre des habitans de Tifle eft or-
(Knairement entre tfo & 80 mille hommes,
dont les Européens ne forment guère que
la quatre-vingt-quinzième partie»
Sous le Gouvernement d'Amboine>
on comprend dix autres ifles , q^i font de
J'oiieft à Tcft , Bouro , Ambku , Manipa ^
Kelan^ > Bonoa , Ceram , Ceram-laout »
Nouffa-IaoutjHonimoa ou Liafe & Boang-
befi ou Oma , fans parier de beaucoup de
petites ifles.
Tous les habitans de Bouro ont été
obligés de fe réunir dans un grand bourg
Pr,
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**^*"TrS nommé Cajeli , fous le Port Hollandoîs;.
Histoire Cependant chaque village a confervé foi*
iws. Indes. Orancaie ou Commandant. Ces peuples
formoient une nation aflez pniffànre avant
que leur révolte contre Te Roi de Ternate
eût acciré chez eux les Hollandois , alliés
de ce Prince. Il eft refté fur les hauteurs
des fauvages nommés AJfouriens. L'ifle
feft renommée pour la beauté de fcs hois^
Ce qu'il y a de pflis, fingulier dans Tinié-
tipur » c'eft uii grand fac interne fur le-
fommet d'ujie montagrwu
Les iflcs fuivantes, jufîjti^a Ceram^.
fonç,des pays pauvres dont les HoUandois
ont raiïembfe (bus ^eut canon le petit
nombre des habitans. L'ifle de Ceram a.
foixame lieues de fong & quinze ou^ vingç^
de krge en quelques endroits. Oh la di^
yife en grande & petite Cèram.; cellte-c£
fie- tient à Tautre que par une hngue de
terre qu'on nomme \e pas de Tanouno.
Les HoUàndois ont détruit prefque tous
l'es villages d'Houvamohel ou petite Ce-
fam. Les habitans qui ont échappé au.fct
©nr été ctanfjx>riics dans les iffes voifines,.
de forte que le pays eft entièrement de-
fert, quoique ce foit une des plus fertiles
contices àes Indes. La grande Ceram con-
tient beaucoup de negreries ou habitar
timis. L'Orancaie da village de Nunialî^
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^EL'ApMQtrifT DE l'Amérique. J457
prend le titre de grand adminiftrateur & ï
préfide à une des aflemblées générales du^^^^^^^
pays. Cesaffcmbléesdeschefidcs Alfou-^** ^"^""^
riens fe tiennent aux environs du fleuve
Sapalewa. La negrerie de Hatouve eft re-
nommée par fon commerce de Sagu. Les
hâbitans de LiflTabatta , mélange de difFé*'
lens peuples étrangers, ont donné de tour
'tems beaucoup d'embarras aux HoUan-
dois. Ils ont fouveot changé de féjour ^
exerçant une tyrannie infupportable fut
ïes villages voinns. Purmata fait un trafic
confidérable avec les Papous de Miffeval ,.
qui y viennent vendre des efclaves , des;
oifeaux de paradis & d'autres marchan-
difes. La côte qui fuit le mont de la Table
cft très-peuplée. Toutes les femaines il y
a un marché général de ceue contrée à
Kien. Les Infuïaircs de la petite ifle de
Keffing font en commerce avec les habi-
tans de la nouvelle Guinée , auicquels ils
portent des boîtes garnies de coquillages
blancs & diverfes fortes âe colifichets.
Les chaloupes que les Gouverneurs d*Am-
boine & de Banda envoient pour croifet
'dans ces parages, les privent en partie da
profit confidérable qu'ils trouvoient autre- '^
fois dans le trafic clandeftirr dés doux de
girofle & de mufcade. Auflî ne laiffent-
us échapper aucune occa^oa d'en mar^[ue£
dby Google
n<> Histoire de l*Asie,
^'^**'^"™^ leur reflentiment à la Compagnie. Les
Histoire habîtans de Ceram-laoïufe font jettes dans
»£s *Nois.jçyj. jji^ ^ ^^ jjj compofetit avec eux onze
diftridb diftingués par des privilèges par-
ticuliers de commerce. La foumiilion de
ces peuples aux Hollandois a été fuivic de
la deftruâion de leurs siroâes. La parde
méridionale de Céram fedivife en quatre
diftrids , qui font Goumilan , Kottorouva,
Silan-binauver Se Selan. Kelibon & Kelli-
mori dans le fécond diftriâ , ont chacun
an Roi. Le Sangiac de la belle habitation
de Tobo eft plus puiflant que ces Rois.
On dit qu'il peut armer quatre mille
hommes éc qu'il compta une vingtaine dc^
villages Âlfouriens dans fon domaine. Les
habitans d*EIipapouteh pouvoient an^
ciennement équiper. dix corracores : ils font
Chrétiens. Les Hollandois ont retiréd eux
de fort bons fervîces, fur^tout en les em-
ployant comnie Âmbaf&deacs auprès des
Alfouriens , pour engager ceux-ci à des-
cendre de leurs montagnes quand on avoit
befoin d'eux. L'intérieur de l'ifle contient
une infinité de hameaux Alfouriens > pac-
agés entre trois principaux Souverains >
dont relèvent quelques Princes vaiTaux.
Il n'y a pas plus de quinze mille âmes à
Ceram.
L'iûe inonta^neofe de Nouflfa-laout prêt
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DE l'Afrique et i>e l'Amérique, j 5 f
fente fur fon rivage fepc grands ♦ourgs,!
deux defquels , Titauvay & Amet, font^"^^^^^*
gouvernés par des Rajas ou Rois , & les ^^* l^DEi.
autres par des Paris ou Comtes. Ses ha-
bitans , qui montent à quatre mille, avant
qu'ils connuiTent le gixoAe dont ils rirent
aujourd'hui leur fubuftance» ne vivoient
que de leurs pirateries , & ils mangeoienc
les corps de leurs ennemis. La profeflion
qu'ils font d'être Chrétiens n'empêche pas
qu'ils ne reviennent à leur ancienne bar-
barie y 6c qu'ils ne cèdent à l's^as que U
chair humaine a pour eux , loriqu'ils «
trouvent Toccafion de s'en raflTaficr fans
témoins.
Il Y ^ onze mille âmes dans l'ifle d'Ho-
nlmoa* On peut >uger par ce nombre, de
Ja force de ireia» villages qui compofent
cette ifle. Le confeil du pays fe tient à
Saparouva. Le commandant HoUandois y
|iréitde. Ce pofte eft un des plus luaatirs
^es comptoirs externes d'Amboine. On
compte onze villes & cinq mille habi-
taos dans l'ifle d'Oma » o^ les affaires fe
traitent comme dans la précédente.
Dans toutes ces ifles, l'afpeâ intérieur TaWcai» glw
ilii pays , fuivant la defcription de Vaten-jfl^ ^ *^
tyn , n'offre d'abord aux yeux qu'un de-
iert très-rude. De quelque côté qu'en
tourne les yeux > on le voit eaviroiuié de
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^(i Histoire de l'Asie^,
haute^ montagnes, dont le fommet £e
» ^^ibi*'^* perd dans les nues, d*afFreiix rochers eD-
* tafles les uns fur les autres , des cavernes
épouvantables, d'cpaiffès forêts & de pro-
fondes vallées qui en r^oivent uneobfcu-
rite continuelle; pendant que Toreille efk
frappée par le bmit des rivieres^qui fe pré-
cipitent dans la mer avec un fracas hor-
rible , fur-tout au commencement de la
mouflon de Teft , tems auquel les vaif-
feaux arrivent ordinairement de l'Europe.
Cependant les étrangers qm s'arrêtent dans
le pays|u(q&'à la mouuon de l'oueft, y
trouvent des agrémens^ fans -nombre. Ces
montagnes qui abondent en fagu & en
girofles , CCS forêts toujours vertes Se
remplies de beaux bois , ces vallées fer-
tiles, ces rivières qui roulem des eaux
pures ic argentines , ces rochers même
& ces cavernes qwi font comme les ombres
<lans un tableaU , tous ces objets diverfi-
fies en tant de manières , forment le plus
magnifique tableau du monde. Suivant le
témoignage du même atueur qui né peui
être fufpeâ: , on refpire fous ce climat un
«ir fort fàki , malgré ce. que d'autres
voyageurs ont publie fur les maladies du
B>cf peuptbs pays.
îlïialTuaiV ^^ AnAôiiiiens font de moyenne fta-
•é«, de icurtfure& fort bafanés. Us ont je nezbici^
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DE l'Afrique et de l'Amérique, j 5 j
farmé , & les ^raits du vifage xéguliers/
Leurs femmes ne font pas fans agrcmens.^"Y^^^^
On trouve parmi ces Infulaîres une ef-®" ^^^*
pcce d'hommes qu'on nomme cakerlaks ,
prefqu'auffi blancs que les Hollandois,
mais d'une pâleur de mort. Leur nation
les a eiï horreur. C'eft, dit-on, une forte
de lépreux comme il s'en trouve dans le
Royaume de Lovango & ailleurs. Leur
nom vient d'un inle6te qui mue tou^
les ans , ôc dom la peau reffemble à la
leur.
Toute l'agriculture de ces pareffeux In-
fulaires conufte â^planter des herbes po-
tagères & des légumes. Si le pays eft de
Iiea de report , il ne faut l'attribuer qu'à
amollefledeshabirans. Valentyn prouve
par fa propre expérience qu'on pourroit
avoir de Don vin dans ces ifles. Les
femnies qui font ici les efcîâves des
hommes , font chargées du commerce 8c
des foins du ménage. Les hommes at«
tachent une efpéce d'infamie i tout autre
travail qu'à la récolte du girofle , à la
pêche 5 k la coupe des bois & i l'exercice
des armes. Leur habillement eft un mé-
lange de leurs anciens vctemens &c de
vêiemens empruntes des HoUandois. Il
fembje qu'ils ont feuls confervé un orne-
ment trèsrcommun dans les tems reculés
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)54 Histoire Dfi l*A$ie9
Parmi les Orientaux : c'eft un joyau que
on porte au milieu du front & qui def-
ws ^NDit.ççj^j çj^j^ç |çj fourcils. On remarque dans
la parure des Princes du pays , les ferpens
d or qui font ordinairement à deux têtes.
Les Rajas , les Paris & les Orancaies
tirent un revenu honnête de leurs terres
^ du girofle. Tout le refte efl pauvre* Les
plus riches dépenfent tout en fedins , en
Eréfens & en procès. Malgré la prodiga-
té des grands &c la pauvreté des autres,
on ne voit point ici de mendians , parce
aue les arbres y produifenx en abondance
es fruits que tout le monde peut cueillir.
Se que chacun a la liberté de couper dU
bois pour fon ufage.
Les Amboiniens & en général tous les
Moluquois, ont , pour voyager fur mer,
des parabous ou pirogues , canots formés
d'un tronc d'arbre , foute^nus en équilibre
par des ngadjos ou grandes aues ,* âûS
orembaies , bateaux de pécheurs^ les
champans , navires à un mat , avec lef-
quels les Amboiniens alloient jufqu à Ja-
va , quelques fçavans ont dit p jufqu'à
Madagafcar, fondés fur une conformité
de langage & de gouvernement entre les
peuples des deux ifles j des corracores ou
tortues de mer, grands bâtimens de guerre
i deux ponts & à rames. Les Hollandois
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OT l'Afrique bt pe l'Amérique. 355
aflfemblent tous les ans des hongi ou flottes
de ces vaifleaox pour vifiter les côtes de Histoire
ces ifles. Le hongi eft conduit par le gou- ^** l^^^^
verneur d*Amboine, qui a fous fes ordres
des Rois Se d'autres cnefs. Au retour de
la flotte» Tufage eft 4e donner , dans le
jardin de la Compagnie , une grande fèce
aux Orancaies. Ces chefs régalent à leur
tour les Européens du fpeâacle d'un com-
bat (imulé , dans lequel ils s'efcriment à
leur manière. Le but principal de ta Com-
pagnie dans cette fête eft de découvrir
pa( quelqu'Orancaie ivre » les menées
lourdes clés Infulaires mal-intentionnés ^
pour fes intérêts , ce qui a réufli quelque-
Fois, Les convives qui fe défient d'eux-
mêmes ont la polit^ue de feindre d'abord
une profonde ivrelle ic de fe faire esv-
porter par leurs gens.
Ces Princes oq chefs de village ont une
grande autorité fur leurs fumets > dont ils
font Cl refpeâés , que jamais ceux-ci n'ap-
pochent d'eux qu'en s'accroupiffant & en ^
tenant les mains jointes Se les yeux fixés
contre terre pour recevoir leurs ordres ,
qu'ils vont exécuter avec toute la diligence
& l'exaâitude imaginables, marchant d
reculons dans la même pofture jufqu'à ce
qu'ils foient hors de la vue du Prince.
Les Amboiniens , quoique convertis i
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J5^ HlSTÔlUÉ »£ l'Astf,
la religion chrétienne » n'ont pu renoncer
Histoire entièrement à des ufages qu elle réprouvej
pif Indes, ^^^j^ j^ crainte qu'ils ont du fifcal les ob-
lige â fe cacher avec foin quand ils les
pratiquent , pour éviter la punition. Les
hommes achètent leurs femmes, fuivanr
l'ancienne coutume de TOrient j le plus
offrant eft ordinairement celui à qui une
fille eft adjugée. Lorfque la dot eft payée
aux parens de la fille , elle fe rend auprès
de l'acheteur , fans autre formaUté. De-
vient-elle groffe avant le mariage, on
s*en ré;ouit ; finon , il en réfulte fouvent
de grandes querelles. Dans ce cas » l'é-
poule ufant d'un reftede liberté» retourne
chez fes parens , qui ne la rendent pas à
fon époux qu'il ne lui en coure des pré-
fens nouveaux. Une femme , qui dans
l'intervalle fe trouveroit enceinre d'un
autre, n'en feroit que plus chère à foti
mari. C'eft pour eux un furcrcwt de bon-
heur qui leur vient fans aucune peine. Fut-
elle déjà mère de deux ou trois enfans ,
cette circonftance ne. change rien dai^
leurs difpoiitions.
L'aîné des enfans fuccede au père; il
ne donne à fa mère , à fes frères & à fes
iceurs que ce qu'il juge néceffaire â leur
fubfiftance. Les dignités héréditaires paf-
feac aux collatéraux. Le père , la mère 2c
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DB L^AfUIQUB £T DE L^AmIrIQUÏ. J 57
les enfans d'une même famille pourroient ^^'— ^
fans blefler la loi manger à la même table , Histoire
quoique Tufage y foit oppofé j mais non ^^* Inois.
le père avec fa bru ou fes petites filles
lorfqu'elles font à an certain â^e , ni la
mère avec fon gendre Se fes petits fils. La
loi leur défend aufli de fe voir quand ils
prennent leur repas. C*eft une infamie
qui ne peut être lavée que par un préfent »
que l'homme doit faire à la femme qu'il
a furprife à table , par hazard ; car avec
deflem , c'eft ce qui n'arrive jamais. Leurs
feftins font accompagnés de danfes & de
chants. Ils n'ont d'autres annales que leurs,
chanfons.
Les Alfburiens, montagnards fauvages Wontagnar«ii
de Ceram & autres ifles , font plus grands , nommé!. Ai-
plus charnus & plus robuftes que les In- ^ouneni*
fulaires établis fur le rivage , mais d'un
naturel farouche & barbare. Leur habit
D'efl; qu'une large ceinture , compofée de
l'écorce d'un arbre nommé facca» que
l'on prend pour le fycomorre blanc. Sur
U t^te ils portent une coque de noix de
cocos , autour de laquelle ils entortillent
leurs cheveux. Cet étrange bonnet efl or-
né de pannacbes , l'un fiir l'autre* Leur
chevelure eft liée avec un cordon auquel
ils enfilent des coquillages blapcs , dont
11$ fe garniJÛ^nt de mêipe le cou & ïss
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558 HiSTOïHE DEL* Asie,
! doigts des pieds. Leur grande parure con-
Histoire (J^g Jans des rameaux d'arbres aux bras
PIS In DIS. ^ ^^^ eenoux , dont ils ne manquent pas
de fe charger, fur«tout lorfquils doivent
fe battre.
Tous ces montagnards , quoique par^
ntgés en faâions» ont les mêmes ma-
nières , les mêmes mœurs, le même culte.
Cefl une loi inviolable parmi eux , qu'au-
cun jeune homme ne peut cotivrti^ la nu-
dire ou (à maifon , ni fe marier , ni tra«
vailler à leur baleou ( hôtel-de-ville ) s'il
n'^apporte pour en acquérir le droit , au-
tant de têtes d^ennemis dans le hameau ,
où elles font pofées fur une pierre con-*
«facrée à cet ufage. Celui qui a coupé le^
plus de têtes , foit d'hommes , foit de
femmes , foit d'enfans, paflè pour le plus
noble & peut afpirer aux meilleurs partis.
Par cette politique , il leur eft aifc de dé-
truire fans guerre un village ennemi. Oans
ces maraucres les jeunes Alfsuriens battent
la campagne en petites troupes, le corps
tellement couvert de verdure , de moufle
ic de rameaux, qu'au milieu des bois,
on les prend facilement pour des arbres.
Si dans leurs embufcades ils voient pafTer
un ennemi , ils lui lancent par derrière
une zagaie & s'élancent auflS-tôt fur lui
^our lui couper la tête. ^Enfuite ils r«-
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l>EL*AFRIQUElTDEt'AMÉllIQUE, J59
tournent dans leurs habitations, où les^'^'^^S
femmes & les filles les conduifent , en Histoire
chantant & daafant , au baleou , pour y ^^* Indis.
célébrer leur vidoire & expofer la lête fur
la pierre des trophées. Lorfqu'un Alfou-
fien a perdu fa tète dans un combat , Ton
cadavre eft réputé indigne de Urépuicure.
Leur' extrême délicateffe fur le paint
d'honneur perpétue les occafions d'exercer
ces barbares maximes. L'oubli de la
moindre formalité dans la réception d'un
Alfourien, la pliis légère apparence d'in-
jure , devient un fujet de querelle qui ne
peut être terminée que par un préfent, 6i
â ce défaut , par àQs combats particuliers ^
3ui entraînent des guerres nationales, fi le
émon que les ofïenfés invoquent, leur
accorde des préfages favorables.
Lts Alfouriens fe nourriflent de fer-
petss , de rats , de grenouilles Se d'autres .
reptiles. La chair de fanglier^ le riz qu'ils
commencent â cultiver eux • mêmes ^
entrent auflî dans leurs alimens. La bouillie
de fagu eft pour eux un mets friand qu'ils
mettent dans desbambous qui leur fervent
de marmite , de pots & de verre. L'eau eft
leur boiflbn commune j ils aiment l'eau-
de-vie paffionnément.
Les Princes n'ont prefqu-^ucune marque
4sxtérieure qui les diftingue de leurs fu-
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^60 Histoire DiL^Asis^
î jets. Il paroît toutefois qu'ils exercent fur
Histoire eux un cruel empire. Un Raja puiflant,
PIS Indes, ^^j ^^^ honorer un Miniftre Hollandois
nommé Montanns , avoit ordonné une
efpéce de joute qui s*étoit changée en un
combat férieux , difoic aux Hollandois qui
le fupplioient de terminer cette fcene tra-
gique, it Ce font mes* fujets ; ce ne font
9» Que des chiens morts , donc la perte n'efi:
j9 d'aucune importance , & je ne me fsth
»> pas une affaire de vous en lacrifier mille
t» pour vous marquer mon eftime ». Ces
{peuples payens font affez fidèles i
eurs alliés ; ils ont plufieurs fois con-
duit les Hollandois à travers leur pays.
Ils couchent fur des claies de bambou »
fous lefquelles ils entretiennent un petit
feu, parce que les nuits font froides fur
leurs montagnes. Quoiqu'ils n'aient qu'une
femme , on n'entend jamais parler chez
eux d'adultère.
Tfle Àe Ban- L'iile de Banda,, fituée entre 4 & $
^ degrés de latitude n^éridionale, & 147 fiC
148 de longitude » forme un Gouverne-
ment, duquel dépendent les ifles de Ne«
ra, où le (gouverneur & les officiers prin-
cipaux de la Compagnie Hollandoife ont
établi leur demeure ; l'ifle de GonoHg-
Api y un des plus terribles volcans des
Indes ^ Pulo-Ay , pays fort agréable i Pu'o-
Rhum
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^E l'Afrique ET DE l'Amérique, jdi
Rhum & Rafingein , toutes ifles habitées
Se garnies de forts Hollandois. 11 faut y Histoire
ajouter quatre Pulo ou ifles qui n'ont point ^^^ Indes.
d'habitans ; Maniouk ou Pifang , Capal ,
rifle des femmes ou Nalacan & Seythaan
ou Salacan. Banda porte auilî le nom de
Lonthoir d une de les principales negte-
ries. Les tremblemens de terre font fré-
quens & terribles dans ces ifles comme à
Amboine. La guerre a exterminé une par-
lie de leurs habitans, il ne s'en trouve
peut-être pas cinq mille , dont les efclaves.
forment feuls plus de la moitié. Les na-.
turels font fauvagcs, cruels , perfides , in-
difciplinables. Leur principale nourriture
eft le poifTon. Le brou de noix mufcades.
ctuvé forme un de leurs mets les pbs dé-
licieux. L'ifle de Banda a prodigieufemenc
foufFert des éruptions du volcan en 17^5.
La terre en étoit brûlante , l'air infeûé ,
la campagne enfevelie fous la lav^.
. Sologo, Key, Aroe, Buttôn , Solor, Mes dépca-
timor , Lombate, Serbice, Floris, Cum-nZiit!
bava, Lambae, Sec. font des ifles de la
dépendance des Moluques , au fud de Té-
quâteor. Les Princes de Key font conti-
nuellement en guerre, pour s'enlever des
efclaves qu'ils vendent i Banda. Leurs
{ii|ets font le même trafic de leurs ami&
Se de leurs parens dont il^.pcttvenc fefair
Tome F. Q
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{il HiSToriLB BE t*Asi*;
î fie. Ces peuples confultem fur toutes leurs»
Histoire affaires une efpéce de magicientre qui-
a , difent-ils , quatre yeux , & qui inter-
roge en leur prcfence un efprit invifible ,
dont ils croien^t entendre la roix. Les ha-
bitans de Bucton mefurent leur gloire par
le nombre des têtes qu'ils ont «coupées à
leurs ennemis. Solor eft une ifle confidé-
rable, dont les principales peuplades
Maures ic Idolâcres font Lamakere ^
Maie , Toulon , Adenare , Prototoli ,
Aude & Sallelauvo. Les habitations des
Chrétiens s'appellent Cherebate , Paman-
caie & Louolaing. Cette ifle eft de que/-
qu'imponance pour le commerce des Mo*
luques , parce qu'on en tire une grande
abondance de vivres. Timor , la plus
grande de toutes ces ifles , eft partagée en
fouverainetés , dont les plus diftinguées
font Koupftn, Anabao, Lafao, Amba/e,
Lortribie , Polumbie & Nanquinal. Les^
Hollandois ont* à Kbupan une fotterelïe
appellée la Concorde. Ils ne tirent pas un
grand profit de cttte ifle , dont une-
partie àes habitans font fi farouches qu ils*
maffacrent fans pitié les étrangers qui ap-»
prochent de leurs habitations. Dans di-^
vers cantons , les campagnes font com--|
munes. Chacun choifit U terrein qu'il lai
plaît de cultir#r^ * -
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^E L* Afrique et de l'AmÊriqvb. ji?|
Les Philippines. Histoire
DES InBES.
Les Philippines , autrefois appellces Hiftoîre na-
Luçones ou Manilles , font fituéesau nord {"JpJei"^* *'
des Moluques , au midi de la Chine & à
l'orient de Bornéo , dans la Zone torride ,
entre Icquateûr & le tropique de cancer,
depuis le 6^ degré de latitude du 'nord
juiqu au-delà du 19*, formant une lon-
gueur de plus de 12.0 tieues du feptentrion
au midi, fur un efpace à peu-près le
même rfu levant au couchant, entre 131
& 145 degrés de longitude. La chaleur
& l'humidité régnent à peu-près au même
degré dans ces ifles , d'où il réfulte une
adez bonne température de climat. Elles
font fujettes aux tremblemens de terre.
Tous h% voyageurs les repréfentent'
comme une des plus fertiles & des plus,
belles contrées de Tunivers. Entre leurs
fruits on diftingue le fantor , qui a la -
forme & la couleur d*une pêche àc donc
on fait d'excellentes confitures \ le mabol
qui reflTemble à lorange & dont le bois
approche de la couleur & de la beauté de
. Tébene ; le bizimbin ou carambola , très-
doux dans le territoire de Man)ile&, acide
dans les autres contrées de Tlnde. Diyers
fMibres y donnent des Uqueius très-fuav^s.
dby Google
5^4 HisTomi DB L*Asii,
-On tire du pain de quelques autres & de
Histoire certaines plantes , tehe que le glabis. L*i fle
DU "«>£$. jg jj^i^^j. pfpjyit la fameule fève, que
les Efpagnois ont appellée fruit de Saine
Ignace , parce qu'on en doit la découverte
** aux Jéfuites , excellent antidote OHicte di^
vers poifons. On y trouve des plantes fen-
iitives. La fertilité naturelle du pays rend
extrême la population des animaux. L*oi«
feau de mer , appelle tavan , noir & plus
petit qu'une poule » eft remarquable par
une (ingislarité aiTez furprenante de Tes
ceufs. Lorfque les petits font éclos , le
faune tefte tout entier dans la coque kns
aucun blanc , d où Ton croit pouvoir coa-
durç que là fécondité ne vient pas tou«
jours de cette partie de Tœuf. Les petiis
du tavan éclos , les œufs ne font pas moins
bons à manger ou'auparavant. On afTure
que le falagan eft cet oifeau fameux donc
les nids pafTent pour des mets délicieux
• dans tout l'Qrienc. L'herrero oi^ charpen-
lier fe diftingue par un bec fi long & fi
dur, qi^'il perce ^vec grand bruit les plus
grands arbres pour y Faire fon nid. On
attribue au coiocolo le double avantage de
nager & de voler avec la même vîteffè.
Parmi une multitude depoiffons de
jtoute cfpéee , un des plus curieux eft le
pefcemu^er oa .poi0bi^ femmç , ^Ht
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fit l'Afrîquï et m i* AMimdtrf . fë$
a Us mamelles Se les parties da fexe.
L'ifle Manille ou de LuÇon paiflTe pour la Hi jtoirii
plus confidérable des Philippines. Son ex-^" ^^^*-
trêmité orientale eft au treizième degré de ^^' ^"*"*-
kritude & celle du nord touche preiqu'au
dix neuvième. Sa longueur eft de I ^o lieues
Efpagnoles, fa largeur commune de 30
. ou 40 , fbn circuit d'environ 3 jo. Les Ef»
pagnols la divifent en plusieurs provinces,
doht les principales font Balayan , Taya-
bas , Camarines , Cantaduànes, Parecala,
Cagagan , lloccos , Pangafinan , Pampan-
gon, Bulacan, Bahi 8c Manille.
La province de Balayan , fur la côte
occidentale , offre les baies de Bambon &
de Batangas. Lovoet & Galban en font
deux habitations confidérables. Les petites
iffes de Lacaza & de MirabHla fotit partie
de ce gouvernement. La province de
Tayabas ou Calilaia , plus grande & plus
peuplée que la première, s'étend depuis
Galban jufqu*au cap de Bondo. Elle pé-
nètre dans les terres jufqu à Maubun , fur
la côte oppofée.
Camarines qui s'étend des confins de
Tayabas fufqu*ao détroit qui fépare Ma^
nillede Samar, la principale entrée des
Philippines, compte parmi fes diftriéb
Bondo, PaifacaO) Ibalon, Bul.nn, Sorfo-
Qiii ,
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^éTif Histoire »i t'Asix;
kon & Albai. Sorfokon eft un port ou
Histoire l'on conftcnit de très-gros vaifleaux. Albai
»i$ Indis. ^ff^^ auprès d'une baie un volcan qu'on
apperçoit de fore loin en venant de la nou«
velle Efpagne. Cette montagne a des
fources d'eau chaude , une entr'autres y qui
a y dit-on , la vertu de pétrifier non-feule-
ment le bois ôc les os , mais encore les
feuilles , les étoffes & les matières les plus
molles. Ibalon eft la capitale de la jurif*
diAîon de l'ifle de Cantaduenes , dont les
habitans font un grapd commerce de ba-
teaux. Les femmes portent fur le front
une plaque d'or battu & beaucoup d'an-
neaux aux bras & aux jambes. Caceres
eft un évcché dont la jurifdiûion s'étend
dans les provinces dlbalon, de Camar
lines & de Calilaia. "**
Parecaia, confidérable par fes mines
d'or & fes pierres d'aimant , offre , en ti-
rant vers le nord , les baies de Lampon
& de Mauban. La grande province de
Cagayan commence au cap del-Engafio ,
le plus feptentrional de Tille. Elle a pour
capitale la nouvelle Segovie. Les habitans
de cette fertile contrée fe partagent entre
l'agriculture & le commerce, tandis que
leurs femmes travaillent à des ouvrages
de coton. Les montagnes leur fbamifleni
une £ grande abondance de cire> que
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BE L^ÂFRÏQrgÈ ET DE L^AwÉRlQtJE. ' }*7
ks pauvres s'en fervent au lieu d'huile à
brûler* Indes»
La province d'Iloc€OS, une des plus
peuplées & des plus riches, n'a pas plus
de huit lieues dans les tarres , parce qu a
, cette diftance elle eft bornée par des fo-
rets & des montagnes qu'habitent la na-
tion guerrière des Igolottes & des Noirs
qui n'ont pas été fubjugués.
Pangafinan a des montagnes contîgues
à celles d'Uoccos & peuplées de fauvagcs
errans auflî nuds & auflî féroces que les
animaux de ces mêmes lieux , mais qui
néanmoins fement des grains dans leurs
vallées. Les Efpagnols n'ont dans ces dif-
férentes contrées qu'un petit nombre d'In-
diens tributaires, mais ils commercent
avec les peuples indépendaus.
La province de Pampangan qui fait la
Réparation du diocèfe de la nouvelle Se-
govie & de l'archevêché de Manille , eft
d'une extrême importance pour les Ef-
pagnols, non-feulement parce que Ma-
nille en tire fes provifions , mais encore
parce que fes habitans que les Efpagnols
ont accoutumés â leurs mœurs , fervent à
les défendre & même à les féconder dans
toutes leurs entreprifes. Les montagnes
de Pampangan font habitées par les Zam-
J)ales ; peuples féroces ^ ic par des Noirs
Qiv
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Histoire
ȣs Indes.
V<î8 HxsToiai Di l'Asie ,
aux cheveux crépus , qui font continaelle-^
ment aux mains pour défendre les limites
de leurs jurifdidions fauvages , & suinter-
dire mutuellement l'accès des bois donc
ils s'attribuent la propriété.
Bahi ic Bulacan font de petites pro^^
vînccs qa'on rencontre du côté du fiid
après celle de Pampangan. Bahi fournit
aux Efpagnols beaucoup de bois de cot^f-
truâton ic du buys ou bétel dont ces Eu*
ropéens mâchent du matin au foir. Le
beiel de cette ifle eft très- renommé. Bahi
a un grand lac de trente lieues de circon-
férence , bordé d'habitations. Â peu de
diftance dé ce lac , on en trouve un plus
{>etit , mais très-profond , dont Teau eft fa-
ée quoique celle du premier foit douce.
Les Indiens trouvent aux environs de
grandes chauve-fouris , dont ia chair leur
paroît un mets excellent. Il y a auprès de
ces lacs une fource d'eau brûlante , très-
bonne â boire » dit-on , quand eWe eft ré«
froidie. Du lac Bahi fort la grande ri-
vière de Bahia.
Manille, la plus importante de cette
province, a fon territoire autour d'une
grande baie formée par l'embouchure de
cette rivière. La métropole de l'ifle qui en a
emprunté fon nom , n'a qu'une petite
lieue de circuit j mais les fauxbourgs ont
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.]
ifirs L*AïRjQtrE ET DBL^AHÉaiQVE. (3<^9
mnt vafte étendue. Ses muraHles & fes ^ .
fortifications font très- bonnes. Son châ- Histoire
teau porte le nom de S. Jacques. Divers^* ^^^^^^^
ordres religieux y ont de beaux établifle-
mens^. Les Chinois , fous le nom deSan-
gleys, habitent dans les fauxbourgs un
Suanier très- marchand, {bumîs i des of-
ciers Efpagnols , qui tirent de ces mar-
chands des fommes confidérables. An
con^mencemem de leur année , on leuc
fait payer pour' la fimple permiiSon de
jouer à la métoua ( c'eit on pair ou non )
dix mille pièces de huit. On ne leur laifle^
cette liberté que durant quelques jours , .
I>our ne pas les expofer au ri(que de perdrec
e bien d'autruî ; car ils ont dans les nsain»
tout celui des Espagnols. Il leur eft dé«
fendu de paiTer la nuit dans une maifont
de Chrétiens. Leurs boutiques ne doivent
jamais être fans lumière. Carreri atlure:
que c'eft pour les détourner d'un vice;
abominable fort commua dans leur lu^
tioiT.
La ville de Cavité, défendue par uw»-
bon chateaa, eft à la vue de Manille aui
(ud , fur une langue de terre alTez étroite ^
qui a d'un côté la mec & de l'autre lé
port. On voit dans (on arfenal jufqu'i^
600 Indiens travailler à la fabrique des;
luiflèaux âcdes galions. Outre que le bpis;
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ment ,
mercc.
}7d Histoire be t'Asii;
dé rifle eft dur & pefant, les planc&ef
Histoire qu*on empk>}e font fi épaifles & fi bien
PIS IUDEs. Joubl^es qu'elles rcfiftent aa canon. On
conftruit dans cet arfenat des vaiileaax
d'une grandeur extraordinaire^ pratique
que Gemelli condamne, parce que ces
vaftes machines courent plus de danger
fur ces mers orageufes que les bâtimens
moyens. Saint-Roch, fauxbourg imiqae
de Cavité , a plus d'habitans que la ville
même j Efpagnols , Indiens & Sangleys.
GoBTcrBc- Le centre de la puiifance Efpagnole eft
-' acl°*' ^ Manille , qui commerce principalement
I daifpagaoïs. avec Acapulco 9 port du Mexique , où
f oh envoie tous les ans des marcnandifes
fur un ou de^ix galions, égaux en gran-
deur à tles vaiiTeaux de guerre & montes
éuelquefois de iioo hommes. Le galion
|i dont l'amiral Anfon s'empara avoir, à fort
retour d'Acapulco , un chargement d'un
million 51} mille, 84? pièces de htiit &
)$6S^ OBces d'argent en lingots , fans la
cochenille & les jiutres marchandifes. Les
Efpagnols ne pofledent pas la dixième
partie des Philippines. Le gouverneur ou
t capitaine général, dont l'office dure huit
ans , préfide à un tribunal fouverain , corn*
[ pofé de quatre confeillers & d'un procu-
[ reur.fifcal. Cet officier dîfpofe de tous les
f emplois militaires » du commandemem
dbyGoogle
BE l'Afrique et nfe t'AMERiQtrE. 571
des armées & des gouvernemens despro-î
vinces , qui font au nombre de vingt-deux Histoire
diftribuées à autant d'Alcades, llalepou-'^^^ ^«^"•
voir d'accorder aux Indiens des commif-
fîons de colonel , de donner des terres
aux foldats Efpagnols , & d'ériger ces con-
cédions en fiefs ou pour la vie du Sei-
gneur ou avec droit de fucceflîon. Son ad-
miniftration finie , chacun peut durant 6h
jours porter contre lui des plaintes au nou-
veau gouverneur , qui moyennant un don
de cent mille écus , à ce que GemeHî af-
fûte , juge fa conduite irréprochabtfe. 'Le
Î;ouvernenfient eccléfiadique appartient à
'archevêque de Manille & aux évêqaes
de Zebû, de Camarines & de Cagayâfn ,
-fes fufFragans* Le tribunal du Mexique
nomme le grand Inquifiteur des PRilip*
pines.
Mindanao , à deux cens lieues de Ma- Dcfcriprilii
nîlle au fud-eft, répond du fixiéme ^^umàal^o!
dixième degré de latitude feptentrionale »
du 140* au 144* degrés de latitude. Ainfi
elle a de Teft à l'oueft 80 lieues, &^0
du nord au fud. Son circuit eft d'environ
300 lieues ; mais elle a tant de caps avan-
cés & des baies fi profondes qu'on la tra-
verfe en un jour & demi. Elle eft envi-
ronnée deè ides de Xolo , de Bafitan , db
Sangail & de la prcfqu ifle de Santrangant
dby Google
J7i HiSTOTM DE l'AsiI'^
Sa figure repréfente un triangle irréguKet^^
Histoire jQ^t les pointes font formées par les caps
ȣ$ Indes, j^ 3^ Auguftin au fud , de Saliago au
nord & Samboangan au couchant; Ses
principales provinces font Los Caragos-,
contrée maritime & belliqueufe , qui va
du nord au fod > ontre les caps de Suliago
& de S. Auguftin j Dapitan, llligan , dé-
pendance de Dapitan , 8c Subanos qui
courent du nord-eft à Toueft jufqu'aa cap ^
de Samboangan; MindanaOf Samhoan-
Î;an , Buhayen , litué vers le fod entre
es caps de Samboangan ic celui de
$• Auguftin. Caragos eft en proie à une
mer orageufo. Samboangan jouit d*ua
air tempéré. Les^ terres de Mindanap Se
de Buhayen font marécageufes Se rem*»
plies d^infeâes. Le pays eft arrofé d ua
grand nombre de rivières, dont les prin-
cipales fo nomment Buhayen , courant
vers le fod , Batoan vers le nord^ & Si*
buguey qui coule entre MindanaoSc Sami
boangan. Ses grands lacs font Mindanao
au fod & Malanao au nord. Le terrein de
Tifle eft inégal, montueux., noir & très
fertile. La canelle y croît fans culture dan;
des lieux dcferts , où comme elle n'
d'autre maître q^ie celui qui s'en faifit Ir
premier , on fe hâte de l'enlever avant ù.
maturité, & bientôt elle perd fa venu.
Le tabac y eft fi conimun qu'on en a 10
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6xx 1 1 livres pour une piaftre , maïs il eft!
moins jaune & moins parfait que celui de Histoire
Manille, dont les Efpagnols font w fi^' ^"^""^^
grand commercer On trouve dans fes
mines & dans fcs rivières de fore bon or.
Ses volcans donnent beaucoup de foufFre.
On pêche de grofles perles- dans les mers
voifinesr Le P. de Gombes, Jéfuite, qui
ja, publié une hiftiMte de Mindonao y ra<-
conte qu'on en< a^ perdu dans un endroit
wès-profond , une qui ctoit de la^grofleue
d'un œuf L'ifle de Xolo eft l'entrepôt d'un
comxrterce confldérable. On vante parmi
fes fruits, une cfpéce de pomme, appel-
lée le fruit du Roi , parce qu'elle ne fe
trouve, dit-on , que dans fes j[ar^ins. Viûé
de Bafilan a mérite d'êrre appcHée le jar-
din de la province de Samboangan , qui
eft en face.*La lanzone eft un de fes fruits
qui renferme feus une écorce qirelques
pépins G: doux & fi délicats, qu'on en
mange une quantité furprenante fans^ en
reffentir aucune incommodité. La mef
fournit aux Infulaires toutes fortes de
Sâ(&ns. On joint i ces richelfes deux
rtes de jais.
Deux Princes Maures partagent lia fou- Pnocet de
veraineté de Mindanax). Les proviaces mé- kuïfoibkffe ,.
f idion^les habitées paf les Mindanaos , ufsf|etpattic«*
fpiimtnt VEtat le ^us puiâam ^ le plu$ ^*^
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^74 HiSTotm DB l'Asîh ^
ï commerçant 6c le plus peaplé* Sa capicafe
Histoire a deux milles de longueur. Ses maifons
>i« ÎN»i«. font ^levçes fur des pieux. Le palais du
Sulthan eft foucenu par des piliers. Les
deux Souverains de Tifle laiuenc le loin
du gouvernement à un Miniftre nomme
Zarabandal. Tuam eft le titre des grands
conftitués en dignités. Les* Princes da
fang royal fe nomment Cachils ou Cacites«
On donne le titre d'Orançayas, peut-être
Orancaies , aux Seigneurs qui ont foas
eux un certain nombre de vadàux. L'au-
torité Souveraine eft trop foible pour re-
primer la tyrannie des grands; par- tout le
peuple gémit fous Toppreffion , auiS ne
travaille- 1 il jamais s'il n y eft forcé par la
faim. Des maîtres tyraniûques prenant aux
pauvres tout ce qu'ils gagnent , ils ne
longent qu'à fe procurer, dirDampier»
ce qu'ils peuvent porter de la main à h
bouche. Cependant ils ont natureUement
beaucoup d'efprit 8c d'bduftrîe. Malgté
leur mi(ere, ils font fiers & orgueilleux ,
quoique civils à l'égard des étrangers. Us
çpuifent leurs moyens pour rendre leurs
funérailles magninques. La coutume les
oblige à faire leur cercueil pendant leur
vie, & à le tenir en vue dans leurs
maifons , pour {k rappeller fans ceffegue
la condition humaine les deftinie à lamorti
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DE t'AmiQUE ET DE L^AmIriQUE. Î75
Xéurs femmes trouvent dans leur laideur!
un grand fecours pour la pratique de la^"Toi^*
chafteté ; cependant de loin elles paroîflent *** *^*^
jolies. Elles fe familiariferoient aifément
avec les Blancs, (i l'ufage du pays ne les
privoit d une liberté pour laquelle on leur
connoît du goût. Un des privilèges de la
Reine , c'eft-à-dire, de la femme qui a
Jonné au Roi le premier enfant mâle , eft
de paffèr deux nuits de ftiite avec le Mo-
narque lorfque c*eft fon tour de coucher
avec lui j au lieu que les autres femmes
n'ont qu'une nuit.
Ces Infulaires ont la coutume de porter *
l'ongle du pouce fort long. On les accufe
d'être cruels , vindicatifs , implacables &
d'une noire perfidie. Ils ont , dit Dam-
pier, une manière particulière de men-
dier. Lorfqu'il arrive des étrangers dan»
leur ifle , ils fe rendent Lbovd pour leur
demander s'ils n'aurûient pas befoin d'un
corurade 5c d'une pagali , c'eft- à-dite ,
d'un ami Se d'une aniie , ou plutôt d'u»
hôte & d'une hôtefle. Lespaflàgers doivent
accepter leurs offres , payer leur politefle
d'un préfent & la cultiver de la même
ttîaniere. Après cela , ils vont manger ic
coucher chez leur hôte ou hôtefle , pour
de l'argent. Les femâies de la plus haute
qualité ont la liberté de faire le rôle de
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).7^ HistotmE «^H É*Astfi 5
'pagalî. La mifefc Se la parefle portent ^^^
Histoire peuples ^U vol. Les Mahoractans ont pouc
' *' *^^*** armes 1« crit, la lance, le bouclier, I0
cimeterre , des babacàies-, cannes pointues^
te les farbacânes à flèches. Ledrs feftins
il*appareil font accompagnés de^ ditnCes-^
de cnants & d'un fpeâacle particulier. Des
Jbommes armés' de pied' en cap fe^enr
de fe battre avec des ennemis invikoles^
Se ils s'efcriment du fabre & de la lance^
^ufquâ ce qu'ils jogçnt que lettr adver-*
feire eft tferrafTé.
f înSriwc ^c L'intérieur du pays eft habité pat d^9
i^iâe.- montagnards , qui ne defcendent jamais
(ur les côtes. On y trouve aufli des Noirs
à qui leur barbarie ne produit d'autre avan -^
tage que lia conservation de leur liberté*
Tous ces Indiens font Idolâtres ou fans
culte. lUont de» coutumes rrès-barbares.
Cfn père qui racheté fon fils, un éls qui
racheté fon pare en fait fon propre eA
clave. Le moindre bienfait àonne droit
fur la liberté d'autrui i & toute une fa-
mille eft réduite i l'efclavage pour le
crime d'un feul. Le vol eft en horreur*
L'adultère s^expie par une amende, Leis
nations ne s'arment gueres les unes contre
les autres , mais les particuliers fe vengent
par toutes fortes de voies , fi l'ofFenleur
a'etface rinjure^ar d^ prcfcns. La marq^^
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*B l^Amiiqt;! et bi L'AxciRTQtri. |77
des btaves eft un turtai de diverfes cou- 5?
g leurs, nommé baxacho, ou (împlement ^*^*^'^*^^
\ un turban rouge » qu'on n'a droit de por-*^* lN©£»îi
^ ter qu'après avoir tué quelques ennemis.
I Ces peuples ne font pas fort humains
^ envers tes étrangers. Les Mahométans
j qui les entourent ne connoiflent guère de
j leur propre loi , que la défenfe de man-
{^er du porc, la loi de la circoncifîon &
a liberté d'entretenir plufieurs femmes.^
Carreri divife ces Infulaires en quatre na-
tions principales , les Mindanaos , gens
Eîrfides y les Caragos , bons foldats j les
utaos , peuple pêcheur j les Sabanos,
vafTaux de ces derniers y, méprifés des
autres nations. Les Dapitans forment aufli
une nation plus brave Ôc plus prudente
que les autres : ils ont puifTamment af-
nfté les Efpagnols. Salmon ne diftingue
Î[ue trois peuples y les Mindanaos établis
ur les côtes , les Hilanoïtes , retranchés
dans les bois intérieurs y les Sologuites >
peuplade du nord.
Les deux grandes iiles de Manille & Autres iflr^
de Mindanao ont entr'elles celles de
Leyth, de Samar ou Ibabao & de BohoL
Leyih , la plus voifine de Manille, entre
lo Se 11 degrés de latitude, peut avoir
cent lieues de circuit. Elle forme avec la
pQtite ifle de Panaban un détroit, par le^
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}78 HiSTOIRl Dl L*ÂSI«; *.-
îcjucl Magellan s'ouvrit Tentrée des Phi-
Hjstoire hppines. Elle eft ctès-peuplée du coté de
M$ lN©t$.i'eft.^c'eft-à-dire,depuis le détroit de Pa-
natnao jufqu'àKelui de Panahan ^ & {es
plaines y font (i feniles qu'elles rendent
deux cens pour un. De haures montagnes
qui la partagent lui donnent l'hiver d'un
côté , pendant que l'autre jouit des agré-
mens delabeliefaifon. Ses peuples', d'un
naturel doux , exercent entr'eux , dans les
voyages , une parfaite hofpitalité. Une
ancienne coutume a tellement fixé le prix
des vivres dans toute l'ifle , qu'on af-
fure qu'il ne varie pas même en tems de
difette.
L'ifle dont la partie feptentrionale porte
le nom de Samar , & la partie méridionale
celui d'Ibabao , a une circonférence de
130 lieues.. Son cap de fialiquaton , a la
pointe du nord , forme avec la pointe de
Manille le décroît de S. Barnabe, une des
(principales portes de l'Archipel des Pti-
ippines. Entre le cap du S. Efprit , qui
eft au-defibus de Baliquaton & celui de
Guignan qui eft à l'extrémité du fud » on
trouve les ports de Palapa , Caduvig &
Borongon. Des fauvages jettes dans les
derniers fiécles fur la côte de Palapa ,
firent entendre aux Philippinois que les
ifles d'où ils étoient partis n'étoient pas
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toi t' Afrique et de l^AmIrique. $79
ibrt éloignées , & qu'une de ces ifles n'é- ■
toit habitée que par des femmes , aux- Histoire
Suelles les hommes des ifles voifines ren- ®^^ In°15»
oient des vifites dans des tems réglés.
Les Efpagnols , fans mieux connoître cette
ifle, lont appellée l*ifle des Amazones.
A rextrèmite méridionale de Samar eft
le détroit de Juanillo. Dans la partie da
nord , le long du détroit de S. Bernardin ,
^ on voit les villages d'ibatan , de Bonga-
hon , de Paranos , de Calviga 8c de Cat-
balogan, réfid^cede TAIcade Major.
Bohol , qui regarde l'ifle de Leith , a
du nord au fud feize lieues de long , fur
huit ou dix de large. Sa partie méridionale
eft la plus habitée depuis Obog fa capi-
taie y jufqu'â la prefqu'ifle ou petite ifle
de Panglao. Son terroir eft ricne en or.
Elle eft bordée de trois autres ifles moins
peuplées.
Sibu ou Zebu , la première ifle où les
officiers de Magellan plantèrent l'étendart
Efpagnol , s'étend en longueur de quinze
à vingt lieues: elle a environ 80 lieues
de tour. Sa principale habitation eft
nombre di Dios , nom de Jcfus , pref-
qu'au centre de l'ifle , an dixième degré,
L'ifle de Matta eft en face de Zebu , a 4a
portée du moufquet ou du canon. Le dé-
troit qui les fépare forme un port i Tabii
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j8o HisToiac ^t i'Asït;
- des vents 9 mais dangereux par fes h^n'CB
H1ST011.1 ^ fable. 11 y a darns la capitale un évèque
Mt iNVEKj^ ^j^ gouverneur ; on y cômpee cîn^
mille maifons. L'ifle a encore deux
bourgs , l'un nommé Payran , habité paûr
des marchands 6c des ouvriers Chinois ;
& Tautre peuplé d'Indiens , exempts de
tribut, parce qu'ils reçurent les Efpagnots
Se qu'ils leur découvrireni d'autres ines^
Zeba a au nord-eft les ides de Ban-
tayan y des Camotes , de Negros ou des
Noirs. Les montagnes de cette dernière
ifle font couvertes de Noirs aux cheveux
crépus y qui fe battent fans ceflè ou pour
étendre leurs limites , ou pour s'enlever
des femmes , & qui ie rétiniffent contre
tes ennemis communs , teU qite les cor-
faices de Mindanao & de Xolo. Les BU
fayas habitent les plaines, en^ partie fous
le gouvernement des Jéfuites.
La petite ifle de Fuegos ou de Siqaior
eft habitée par des peuples comateux.,
redoutés jufqu'à Mindanao. L'ifle de Pa-
namao , nouvellement peuplée , a un cir-
cuit de feize lieues.
Capoul , i l'entrée du détroit qui fépare
Manille de Samar^ eft entourée d'autres
petites ifles qui, en refferrant le canal,
rendent les courans fi rapides , qu'ils font
toorner pluâeurs fois les plus gros bâtU
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f)i l''Afri<jue et de î.'Amériq^e. itï
mens. Sa hauteur eft de 14 degrés. L'ide!
<îe Ticao offre un bon port & des ra- Histoire
fraîchiflemens aux navires. Les plus grands "** Inpeç^
f rouvept ^n n^ouillage commode dans les
ports de l'iile 4e Masbate , de laquelle
dépend celle de Bourias. Masbace olFre
des mines que les Efpagnols négligent
d ouvrir j^ poiur des raifons politiques , &
que les Indjiens méprifenc , parce qu'ils
croient devoir préférer à des travaux durs
qui ne leur donnent que du métal, les
travaux faciles qui leur donnent Ja noqr*
riture.
L'ide de Marindnque , à quinze lieues
de Manille , nourrie ks habitaws, nation
douce & paifible , de cocos & autres fruits.
Mindoro , à huit lieues de Manille & cinq
de Marinduque, a 70 lieues de circuit.
Un de {qs caps forme au fud avec la pe-
tite ifle d'Ébia, le détroit de Potol. Elle
a pour habitans , des Tagales , des Bi^
iayas &c des Manghicns. Ceux-ci font des
fauvages nomades qui vont nuds & fe
nourriUent de fruits. Ils échangent encore
la cire de leurs montagnes contre des doux
& des aiguilles. Des Jifuites , fi Ton en
croit Carreri , ont afluré qu'ils avaient des
queues de quatre ou cinq pouces de long.
Ils font bravas .& iîdéles i payer le tribut*
L'AJcade Efpagnoifait fa demeure i BacOi(
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ijSi HxKTOiXE DE l'Asie;
P— "**'*^ Les ifles de Verte , Louban & d'AmbU
Histoire font aaprès de Marinduque.
^s Indes, Les ifles baflfes de Babayanes , vis-à-
vis la nouvelle Ségovie , s étendent jufqu a
celles de Formofe 8c de Lequios. A qua-
torze ou quinze lieues au fud-oueft de
Louban , on découvre dix-fept petites ifles
qui cooipofent une province Èfpagnole »
on les nomme las Calamiones. La plus
grande ie nomme Paragua , dont le centre
eft fous le dixième degré de latitude Se
dont la pointe au fud-oueft n'eft qu'à cin-.
quante lieues de Bornéo. Une partie ap-*
partientaux Efpagnols & l'autre au Roi
de Bornéo, qui tient un Lampon ou Gou-
verneur à Lavo , dans la partie méri-
dionale. Ces Européens ont un fort mé-
diocre à Tairai, fur le cap Bornei, oppofe
à celui de Tagufo. La forme de Tifle eft
celle d'un brias , par lequel Manille &
Mindoro femblent donner la main à Uor-
néo. Le Roi de ce dernier pays domine
fur les côtesdes ifles bafles des Calamianes»
Le milieu des terres eft peuplé de fauvages
Doirs fans chefs & fans loix , qui apportent
tout leur foin à fe défendre du joug des
étrangers. Proche le cap feptentripnal de
Paragua, trois ifles nommées Calamianes
forment avec neuf autres Sç les cinq iiles
lie Cuyo , une province.
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BE L* Afrique ET DEX^AMiaiQWE jSj
Panay, à Teft des Calamianes, eft la!
Îlus riche & la plus peuplée de ces ifles du Histoire
écond ordre. Son circuit eft de cent lieues. ^^^ Indes,
ï On attribue fa prodigieufe fertilité au
j grand nombre de rivières qui Tarrofent.
\ Elle eft divifée en deux jutifdiÛioiis. Le
j gouverneur de la province du fud réfidef
I dans le fort d'Ilolo , fur un cap de ce nom ,'
placé vis-à-vis de la petite ifle dlmaras.
Le refte de Tifle dépend de PAlcade de
Panay. Les Efpagnols affurent que lors-
qu'il tonne dans Ji'ifle il tombe de petites
croix de pierre. Outre les Indiens tribu-^
taires, on trouve dans Tépaifleur des boisr
des Noirs qui font nuds & fi légers à la
courfe qu'ils prennent des cerf? & des
fangliers fans le fecours des flèches. La
bcte prife , ils fe rangent tout autour
pour manger fa chair crue, & ils s'a-
charnent fur leur proie comme des vau-
tours. Aux environs de Panay on trouve
ies ifles de Sibugam , de Rombino , de
Batan , de Tablas » &c.
Le hazard ou le goût a rafïemblé di- Nations 4if-
verfes nations aux Philippines. On nomme p^fu '"nlT
les Tagales , les Bifayas , les Zambales , Uun mam,
les Uayas , &c. On croit les Bifaya^
originaires de 'Macaflar , & l.es Tagalç^
Malais d'exira€tion. Ces deux nations*,
autrefois maîtrefles de la plus grande pai^.
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j84 Hi$Toi&E DE l*âsib;
! ne des Philippines » Comt prefque par-toat
Histoire tributaires des Efpagnols , dont ils ont
f £s Imp£$« ^d^pj^ l'icriture & divers ufages. Cepen-
dant ils fe gouvernent par leurs propres
ioiz. Leurs caufes font jugées par le chef
du Barangué ou de la peuplade s aHiflé
d'un confeil des anciens. Dans les caufes
civiles , on s'efforce de terminer les di^
férends a Tamiable , avant que de procé-
der à un jugement. Dans les caufes cri-
minelles, u le coupable nianque d'argent
pour fatisfaire la partie offenfée , les prin-
cipaux du fiérangua lui otent la vie i
coups de latKe. Quand le mort eft lui-
même un des notables , fa famille fait la
guerre à celle du meurtrier, jufqu'à ce
qu'un médiateur propofe une compenfa-
don en or , que Ion partage entre les
{pauvres & les parens du dénint. Quand
ameur d'un larcin e(t inconnu , Iqu ob^
lige toutes les petfotmes foupçonnées à
mettre quelque chofe fous un drap blaiic,
afin de fournir au voleur locà^ou de
reftituer fans honte. Si cette tentative ne
réuffit point , les accufcs fe plongent dans
une rivière , Se celui qui fort le premier
de l'eau eft cenfé coupable j ou ils font
condamnés à retirer une pierre du fond
d'une chaudière bouillante, & celui qui
f efiife répreuve paye le montant du vol.
L'aduUero
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•Si
î-*àdultere eft puni par une amende. Le **— — T S?
<iéslionneur du mari cefle , dès <ju il a reçu Histoire
4jne fomme d'argent. La tonunence tie ^^^ l^^^^'*
pafTe point pour une vertu. *
Un homme , pour obtenir une fille en
tnariage y eft obligé de payer aux parens
^e cette fille le palTava ou l'entrée ae leur-
«naifon , le patignog ou la liberté de par-
ler à fa prétendue , le paflalog ou la par-
tnifiion de boire & de manger avec elle»
enfin le ghina-|>uang ou le droit de con-
sommer le mariage , par une dot propor-
tionnée à la condition de$ parens* La
polygamie- n*étoit point en ufage chez'les
Tagâles} mais fi le mari ii*avoit point
d'enfant de fa femme , il pouvoic , avec
fon ronfenteinent , recevoir une efclava
daos fon lit. Les Bifayàs ctoient libres de
prendre plufieurs femmes. Ces peuples
ayoient l'ufage de i'adopçion. Ils ne per-
mettent point aux filles d'aiflSfter aux ac«
cèuchemens , parce qu'ils croient que leur
préfence rend le travail pl^ difficile.
Avant que les Efpagnols ettflent adouci
leurs mœurs 9 ils immoloient fouvent fur.
la tombe d'«n mort les efirl^ves qu'il avoîc
le plus chéris^ Leur loi la plus îacrée eft
d^onorer les auteurs de, leur naiflfance.
On parle avec, éloge de leur induftrie^
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}S< HlSTOIKl Bl L*AsiE,
1 Les hommes Se les femmes de diftioc-'
Histoire rion font chargés d'anneaux & de bijoux*
9ES biBss. Autrefois , pour marouer leur noblefife ,
ils fe peignoienc fur le corps divtrfes û^
gures : doù vient aue les Efpagnols
avoient donné à quelques peuplades le
nom de Piniados, Ces Indiens ne peuvenc
fe réfoudre à être feuls i table. Us boivent
à propordoQ beaucoup plus qu'ils ne
mangent. Leurs principaux amuièmens
font la muiique ^ la danfe & le combat
des cocqs qu'on arme d'un fer tranchant ,
dont on leur apprend l'exercice. Ces iùes
font partagées , pour la religion » entre le
Chiiftianifme , l'Idolitrie Se le Mahch
métiûne.
Dis IJlcs Pataos ^ atunmem Us nouyclUs
Philippines ou les Carôlincs.
Freofei àt Le collefteut des voyages, te après lai
c^!!2?L'f.'*^I*wteur de l'Hiftoire moderne, affurent
leariiniation, que ce qui couceme cesiUes eu encore
UucdiTifioiu ^^j,5 unevériubleobfcuritéi & que d'ha-
biles voyageurs qu'ils ne nomment point
révoquent en doute leur exiftence, juf-
qu'à dire que fi elles exiftoient dans la
position qu on leur attribue , il faudroit .
que leurs vaiflèaux euflent paile {>ar def-
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Bi l'Afrique ET DBi.*AMlRn2UE^ $87
fuf en traverfant cette mer. Le P. le Clain , l
ÀMs le comeLcl^u recueil des Lettres cdi- Histoire
fiantes, a parlé de ces ifles, fur le té-»" ^"^"^
moignage .de quelqaes-un$ de fes habi*
tans , jenés par un vent impétueux fur la
côte de GuÎY^m aux Philippines. Jofcph
Somera, cité dans Thiftoire même des
voyages i aborda dans une de ces ifles »
dont il entreprenait la conquête , fuivanc
la relation publiée dans le XI^ recueil des
Lettres éditantes. Dans le XVIII^ recueil
de ce même ouvrage , le P. Cantova en
fait une aflez ample relation que les deux
auteurs dont j*ai parlé ont ignoré. Ces
ifles ^nt clairement indiquées dans le
Journal de l'amiral Anfon. Il feroit aifé de
confirmer ces témoignages par ceux de
beaucoup d'autres voyageurs.
Selon la lettre du P. Cantova écrite en
17^1 9 on eut connoiflànce de quelques-
unes des ifles Palaos , prêfque dans le
même tems que les Efpagnols prirent pof^
feffion des ifles Marianes. Ce nouvel Ar-*
chipel reçut alors le nom d'ifle^ Caro^
* Unes, du nom du Roi Charles II » qui
regnoit en Efpagne. On regardoit Tifle de
Guahan , capitale des Marianes, comme
la porte qui devoir ouvrir l'entrée d'une
maltitudç d'ides Auflral^s inconnues. Le#-
Ri)
\
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}8S Histoire DE L*A8i£ ;
gouverneurs de Guahan tentèrent inutife^'
HisToiRi tuent dV pénétrer. Les Infalaires jettes
ws ^«•««•j^ijx Philippines donnèrent quelques la-
inières fur leur (ituation. On a tiré beau*
coup d'éclairciflTemens du rapport de quel-
ques-uns de leurs compatriotes, que Ion
a vus aux Marianes en 1711. Je fuivrai
la relation du P. Cantova , alors Miflîon--
^ naire xlans ce dernier pays.
Ce Jéfuite croit ne pas fe tromper en
plaçant les ifles Palaos entre le 6^ Se le
1 1^ degrés de latitude feptentrionale , 8c
en les raifant courir par les 50 degrés de
^ longitude, â Teft du cap S. £(prit. Ces
4 ifles fe partagent en cinq provinces , qui
parlent chacune des dialéâes difTérens
d'une même langue matrice , qui paroîc
être TÂrabe.
La province de Citrac à /*eft a pour
îfle principale Torres ou Hoguoieu. Ses
habiuns font négres,mulâtres & blancs. La
province eft gouvernée par un petit Roi
} ' nommé Tafaulucapin Elle comprend «les
^' ifles d'Etel , de Ruao » de Pis , de Lamoil ,
de Falalu , d'Ulahi , de Magur , de Vlou , •
de PuUep , de LefguiCchel , de Temetem
Se de Schoug , du pord-eft i loueft y Se
les ifles de Cuop, de Capeugeug, de
JEpiip , de J^euk , de Pat , dà Srfipug i à|
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BfcX^AFRKjtTE ET 0E L* AuiKlQ}Stl J Sp
fud-eft au fud-oueft, fans parler d'un
grand nombre de petites iflcs. Histoire
Lafeconde province commence à quatre ^** lw»*5.
degrés & demi du méridien de Guahan.
Elle contient vingt- fix ifles un peu con-
iidérables , dont quatorze font fort peu*
plées^UIée, Lamurrec, Seteoel, Ifeluc»
Eurrupuc, Farroilep, &c. entre le 8« Se
le 9* degrés de latitude feptentrionale.
Cette province fe divife en deux prin-
cipautés , celle d*Ulée , dont le Prince fe
nomme Gofalu » celle de Lamurrec dont
le Seigneur porte le nom de Mattufon»
La troinéme province eft un amas
d'ides , dont le Souverain , nommé Caf-
chattel , réfide à Mogmog. Les barques
qui naviguent dans le golfe amènent les
voiles auflî-tôt qu'elles font à la vue de
ce lieu ) pour marquer leur refpeâ à leuc
. Prince. L'ifle de Feis , une des principales ,
eft gouvernée par un Seigneur patticulier,
nommé Meirang. L'ifle de Zaraol appar*
tient à la même province , ainfi que Fala-
lep , Oiefcur , Sagaleu & Marururrul. Les
ifles de l'eft s'appellent Lumululutu , celles
de loueft Egoy.
La quatrième province , à l'oueft Sç à
50 lieues de la trpifiéme, a une ifle de
quarante lieues de tour^ nommée Yap»
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)9o HitToïKB BE l'Asxi ;
On y xxmuvt des mines d'argent , mais on
HirroiRE en tire peu de métal , faute d'inftrutnens
Bk% Im>Bs. propres i les exploiter. Lorfqu'il combe
ibus la main de ^uetqulnfulaire on
morceau d arg^t , il ^ travaille à l'ar-
' rondir poiur le préfenter au Souveraia ^
<{ui s^appelie Teguir. Les ides Negolu ,
Laddo & Petangaras forment untciangle*.
La cinquième province, à 45 lieues de
rifle dTap , renferme les iflcs Palaos ou
Panleu. L'Yaray , leur Souveraih, tient (a
Cour i Yalap. Les habicans de ces ifles
font entiëremem nuds. Us mangent , dk-
on i la chair humaine. Les Indiens du refte
des Caroiines les regardent comme des
ennemis du genre humain, avec lefquels
il eft dangereux d*avoir aucun commerce.
Les noms des principales ifles de cette
province font Pelilieu , Coaengal .^ Ta-
galeteu^ Cogeal, Yaiap, Moguiibec êc
Nagatrol.
On trouve au fud-oueft de Nagarrol
les deux ifles de S. André , que les na«
turels du pays appellent Sonrrol & Ca-»
docopuei. A left de toutes ces ifles il
y en a un grand nonibre d'autres , tine
iar-tottt très-étendue qu'on nomme Fa-
lupet , & dont les habitans , nègres fau-
vages , adorent le Tiburon , eipéce de
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pi t*Af MQtE BT HE VAuitLlQVl. i 9 1 ,
poiflbn cetacé très-^vorace. Les ifles Ca- *'*"*''**
rolines ont auffi reçu le nom d'iflcs de S. Histoiri
Barnabe. i>is Indis;
Les habîtans de ce vafte Archipel ont croyance des
très-peu d-idées de religion & de ces^^^ïî^w^L
connoiuances qui caraétcnfent l'homme
civilifé. Ils fupppfent de bons Se de
mauvais efprits > auxquels ils attribuent
les paffions humaines » des avenmres ex-
travagantes ic de l'influence fur les chofes
terreftres. Quoiqu'ils admettent de fa-
buleufes divinités , on ne voit parmi eux
ni temples, ni idole, ni culte extérieur «
du moins réglé. Ils donnent des âmes
raifonnables i la lune , aux étoiles Se au
foleil , qu'ils croient habités par des
peuplés celeftes. Leur religion admet un
paradis & un enfer. Leurs prçtres & leurs
prctreffes. que l'on croit çn commerce
avec les âmes des morts , déclarent de
leur pleine autorité ceux qui ont mérité
le paradis Se ceux qui ont l'enfer çn par-
tage. Les âmes qui vont au ciel y çn re-
tournent le quatrième jour pour demeurer
invifibles au milieu de leurs parens. Lorf-
qu'un malade eft fur le point d'expirer,
on lui peint le corps de couleur jaune.
Quand il eft mort, les parens & les amis
«'alTemblent autour du cadavre pour
R iv
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JJÎ- HlSTOrrHE DE l'AsTH,'
pleurer avec des cris épovantables leur
HisToiRi perjç commune & pour entendre pronon^
•41 Indes ^^^ £^^ oraîfon funèbre par une femocieé
Chaque fatniKe a fon Tahutup ou Saint
Patron , qu*on invoque dans les be-
ibins , dans les entreprifes , dans les
Toyages , dans les travaux. Les habirans
de Tifle dTap honorent le crocodile. Ife
ont parmi eux des impofteurs, qui fous
prétexte de communication avec le malin
efpric y commettent impunément toutes
fortes de crimes.
Comitmet , La pluralité des femmes eft une marqtie
S'ctî^VÎ^r^e diftïnûion & d'honneur. L adultère,
quoiqu'il pa(Ie pour un grand crime » e(t
facilement pardonné y iln'y a qu'à faire
un préfent au mari qu'il offenfe. Le dir
Yorce eft permis aux femmes comme aux
hommes. La veuve d'un homme mort
fans poftérité époufe le fi-ere de fon mari.
Chaque canton a deux maifons d'éduca--
tion , Tune pour les garçons , l'autre pour
les filles. On enfeigne aux garçons des
principes vagues d'wronomie pour l'o-
tilité de la navigation. L'intérieur de la
maifon eft entre les nuiins des femmes*
Les travaux du dehors, la pêche, l'agri-
culture , la conftruâion des barques font
l'occupation des hommes. Le tort lôi^
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t>E i'Afrique et de l'Amérique. 395^
apprend , fi la navigation fera heureufe & '
la pèche abondante. pi'w.
Ces peuples, quoiqae barbares, ont
une certaine police qui les diftingue de
beaucoup d'Indiens qui n'ont , pour ainft
dire , que la forme humaine. L'autorité
do gouvernement fe partage entre plu-
fieurs familles nobles , donc les Tamols
ou chefs commandent avec empire, parlent
peu y Se affcâent un air grave devant leurs
fujeis inclines iufqtt'à terre.^ Les parole»
de chaque Tantol , dans fa province , font
autant d'oracles. Les criminels ne font
punis que de Texih
Ces Infulaire^ fe baignent trois fois le
jour. Us fe lèvent avec l'aurore, & ils fe
mètrent au lie dès que le fbleil eft couché»
Le Tamol s'endort au bruit d'un concerc
formé par de [eunes gens , qui chantent
ks pièces de leurs meilleurs poètes. Quand
ils danfent y. ils ont la tète couverte de
plumes ôc de fleurs *, des herbes aroma-
tiques pendent de leiors narrines y Se des
feuilles de palmier , titfue^ avec art , A>nt
attachées à leurs oreilles^
Les querelles panicuUeres le terminent
nt des préfens. Dans les euectes pi)-
cliques , les batailles font &s combats
ttpguliecs PU chacua n a ea tète qju'i|i»
^?
Digitized by CjOOQ IC
;94 Histoire DtL'AsiB^
ennemi qu'il combat avec des pierres Se
HisToiRi ^yçg j^s lances armées doflemens. Les
i>£s Indes, g^fjjj^g, (^ dtvifenc en trois rangs, fuivanc
l*^e & la force. Lorfqu'un combattant du
premier rang eft hors de combat , un ibl-
dat du fécond prend fa place, & ainfi
du refte. La guerre finit par des cri$ de
triomphe des vainqueurs qui infultent aux
vaincus.
Les habitans d'Ulée & àt% ifles voifîoes
ont l'air plus gracieux , les manières
moins groflieres > l'humeur plus g*aie , le
caraâere plus humain que les autres. Il
y a parmi eux des Metifs & des Nègres
ou Mulâtres qui leur fervent de domef-
tiques. On conjeâure que les Nègres
viennent de la nouvelle Guinée / & que
les filancs de(cendent des Ifpagnols des
Philippines, Le P, CaJJin, dam ion ïàf-
toirô ae ces dernières ifles , feit mention
d'un événement qui laiffa plufieurs de
ces Européens dans une ifle de Barbares,
fituée â Teft des Marianes- C'eft fi^s doute
tinedes Carolines où «s malheureu* au-
ront époufé des Indiennes.
La nourriture de ces Indien^ confifte
en fruits, en racines &«n poiflTons. LeUr
terre ne produit ni riz, m ftomeiat, ni
bled dinde. On n'y v^t aucuo animal
dby Google
DE t'AFRfQtJB ET DE L*AMéRIQt;B. ?95
è, quatre pieds. Ceux qu'on vil aux Phi-- ~
lippines furent fort étonnés de voir des Histoihx
vadxes brouter & d'entendre des chiens ^^^ ^«^*
aboyer. Leur vie paroiflbit toute animale,
uniquement bornée au foi» de boire &
de manger , lorfque la faim & la foif hs
y détcrminoient. Quelques-uns avoient
le corps peint de diverfes figures. Par le
tour & la couleur du viface , ils avoient
quelque reflemblance avec les Philippinois.
Leur marque da refpeâk confiftoit , fui-
vant qu'ils étoient aflis ou debout , à fe
frotter doucement le vifage avec la niai»
ou le pied de celui auquel ils vouloient
faire honneur. Us fe mettoient rarement
en coler^B , & leurs amis s'entremettoient
avec fuccès pour les appaifer. Ils avoient
de la vivacité dans Tefprit. Ils étoient dans
une joie continuelle de fe trouver dans l'a-
bondance des chofes néccÛTaires à la*vie,
JJlcs Marhms,
Les Marianes forment une chaîne de Dîyifian ac I
pluOeurs ifl^s qui s'étend du fad au nord ^^'X^l,^. J
depuis le I )^ degré 4c latitude fepten- nanes.
wionale jufqn'au a^*, dans la longueur
de 169 lieues depuis Guahan , la plus
méaridianalc rafmi'à Uvac, bplus voifine
Rvj
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59^ HisTôim DE l'Asi,e,
da cropiaue du cancer. Elles fonc à Tes^
Histoire tremité de la mer pacifique , i près de
m$ Indes. ^^^ Henes des Philippines. En tirant de
là vers le Japon , elles touchent à d*autres
ides qui font avec elles une corditiere.
Magellan les nomma ifles des Larrons-,
parce que les habitans hii volèrent quel-
ques bagatelles. La multitude de petir^
bâtimens qui viennent à voiles déployées^
au devant des navires de TÉurope , /etvr
fit donner le nom d'iflestles voiles qu'elIes^
ont perdues vers le milieu du 16^ Hécie,
en recevant celui de M arianes , à rhon-
neur de Marie d'Autriche,, veuve de
Philippe IV & Régente d'Efpaghe. L*e»-
tretien de la Colonie feroit fort à charge a
TEfpagne , fi Ton n'eftimoit les avantages^
qu'elle lui procure en fervanr d'entrepôt
pour le commerce de ManiJie i la nou«
Telle Efpagne.
Goahan ou Tifle S. Jean » la plusr
grande de ces ifles , a plus de trente lieue»
de circuit. Sa hauteur eft de treize degrés--
Salmon y compte j ou 400 habitans , Se
le P. Gobien plus de jo miHe. Ehmpier
n'y trouva en 1 9^7 ^ environ vingt ans
après f établilTcment des Efpagnols, qu'une
centaine d'Indiènis naturels , refte d'une
• peuplade beaucoup plut jgcgsibrettCe ^ qiii
DigitizedbyCjOOQlC '
»H t*AïRIQXJB ET DE L^AMiRIQUE. J97
dégoûtée d'une domination étrangère 3
âvcfh paffé dans les ifles voifines', après Histoire
avoir détruit les habitations de Guahan.^^* 1n*i&;
Le pays eft agréable & fertile. On y trouve
plufieurs ports commodes , Hati , Uma-
tage, Iris, Pigpug, Agadna^ k meilleur
de tous , &c.
Du fud au nord , on rencontre fuccef-
/îvement Zarpane , autrement Rota 6»
rifle Sainte Anne , qui a quinze lieues de
tour & deux bons ports j Aguigan ou
■ l'ifle S. Ange , qui s eleve au milieu de
la mer comme une fortereflè ; Tinian 0»
Buenavifta Mariana , ifle prodigieufemenr *
fertile, où Tefcadre de TamiralAnfon qe
trouva point d'habitans , une maladie épi-
démique ayant engagé les. Efpagnols è
faire paflTer ailleurs ceux qu'elle n avoit
point emportés j Saypan , bu Tifle de Sr
Jofeph ; Anatajan , ou Pifle de S. Joa-
chim ; Gugnan , ou Tifle de S. Philippe 5^
Alamagan, oti Tifle de lia Conception;
Pagon, ou rifle de S. Ignace j Agrigan,,
ou rifle de S. François ; Affbnibng , an
t'ifle de la Conception; Maiig, autre-
ment Tunas où Tifle de S; Laurent, corn-
pofée de trois rochers , qui \ont chacut^
trois lieues de circuit. Cette iflie eft à cina
4i6ue$^ d'Urac« On appelle Gani le^ aeut
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J9S HiSTOIRB BB I*AST E,
- dernières du coté du nord. Carreri £kk
Histoire mentbn de trois volcans, de Pato», de
BU Indes. Defconofida , de Malabrigo, de la Gua-
dalupe, des trois ides de Tula» &c*
Ces ides jouiflent d'un air H pur que
les habitans arrivent à une extrême vieil-
lelTe , ôc que r^en n'eft moins rare panni
eux que de vivre un fiécle. Le terroir eft
f;énéralement aflezbon. Onobferve dans
eurs mers une étrange variation dans ia
boudble. Depuis le cap de S. Bernardin
dans le détroit de Manille , elle décline
conHdérablement , tantôt au nord-eft , tan*
tôt au nord^oueft, pendant le cours de
plus de raille lieues.
Origine, por- ^^^ inclinations femblables à celles
mit , mœuri djfs Japonuois & fur-tottC la fierté de la
fciJ^^"*^noblefle , ont fait foupçenner que les
Marianois étoient venus du Japon. Lear
couleur, leur laitue , leurs coutumes^
leur gouvernement dcmnent Ueu de cojat^
jeâurer qu'ils ibot iiTos des Taga\e$ des*
Philippines ou des fA^dm^ pe^es des Ta-
gales. Avant que les Efpa^oU euHeiit
paru dans leurs ifles , ils jomflbient d'uQe
libené parfaite , fans autres loix que celles
qu'ils vouloient s'impofer. Un enfant eft
m^tre de Tes aâions , dès qu'il coni'
mçpce â ie connoître* JL'^uitorité des chefs
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»E iTAfrxqub et de l'AlciRIQXrE. }99
jde la nation n'eft pas moins bornée que
celle des pères. Chacun fe fait juftice^"^^***
dans les querelles particulières. Les®*^- ^**'
guerres entre les peuplades font courtes
& peu fanglantes. Dans les batailles, la
vif^oire eft déterminée par la mort de
deux ou trois hommes. Les vaincus ef-
frayés de voir couler le fang de leurs ca-
marades^ demandent aufli- tôt la paix en
fuyant , $c quelques préfens la leur rendent.
Ces Infulaires nonc pour armes que
des pierres & des bâtons garnis d os hu-
mains.
La nation eft diftinguée en trois Etats. •
La nobleile tient avec une fierté iq-
croy able , le peuple dans un abaiflèmenc , '
qu*il eft impoflîble, dit le P. Gobien dans
rbiiloired^ leurs tiles, de s'imaginer en
. Europe. C'eft la plus ^ritninelle infamie >
parmi \e$ nobles » ^ue de s'allier avec les
Pleb^'ens. S'il arri voit qu'un Chamorri
(c*eftle nom des personnes diftinguées)
fe dégradât par un mariage fi révoltant »
ùs p^cens s'airemblcroient pour Javer
dans fon fang cette tSLçh^. Les chefs de
la noble^ préfident aux aflèmblées na-
tionales. Qn refpeéte leurs avis, mais la
déférence â leur femiment n'eft jamais
fondée. Chacun prçad» dit-on^ le p^rti
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400 HisTomc db i.'^Asr*;?
ïgui lui conTienc fans y trouver cPof^
Histoire fation , parce que ces peuples n'cmt propre-
' •*» Im>Es. nient aucun maître ni d^aatres règles
que de$ nfages religienfement observés.
Pour coticitier ces idées contracHâxiîres
d'indépendance & d'^efdavage , it faut dt-
vifer la nation en hommes IH^res , cdt
la noblefle } & en efday es , c'eft le petipfe.
Quaiu aux affaires publiques , if eft ridi'
cute de prétendre que chacun ait fa liber*
té de Ce conduire fuivant fes idées parti*
culieres ^ il n*y a point de feciété , même
Cauvage > fans fouveratneté & fans iu5*
ordination. Si Ton ajoutoit foi à cette
fuppbfition » on pourroit croire auffi » ce
que dit Pîgaphetta , que ces Indiens n'a-
voient jamais vu de feti^ avant Tarrivée
des Efpagnols » & que ces Européen»
Tayant mis à des mai/ons , quelques ha«
bitans s*en approchèrent de u près qu*iU
fe brulerenr. La nation , dk-on , s'imagina
que le feu étoit un animât qui dëvocou le
Dois , & qui blellbit par la feide violence
de fa refpiration. Cette dernière idée eft 1
aflTez naturelle à des ûuvagesw
Quoique barbares » difent les relanons^^
ces peuples ont de lia politeire) Sr^fufr
quelques articles Rut deiicatefle va juf^
j^'à h ibperftition ; tel eft le précepte i^
dby Google
civilité qui leur défend de cracher devant !
ceux à qui Ion doit du refpeâ:. En man- Histoire
géant peu, ils ont un embonpoint extra- ^*' In*e^
ordinaire, fc avec cet embonpoint , ils?
ont une foGpleflTe & une agilité extrêmes.
L'homicide eft f dit-on , en horreur dans
toute la nation ; cependant on afTure que
la vengeance eft chez eux ifne paflion &
ardente , quoique fourde , qu'ils fatisfont
leur reflentiment par-tout ce que la haine
& la trahifon peuvent infpirer de plus noir
& de plus affreux , lorfque loccafion
s'offre de détruire leur ennemi fans com-
promettre leur lâcheté. On dit , malgré
cela , qu'ils ne connoiffent guère d'autres
crimes que ceux du libertinage.
Le P. Gobien affiire qiil les Marianoîs Rcngio» #r
liront ni temples, ni prêtres , ni culte ^ ni ^^
aucune idée de religion. Cependant ils
admettent un enfer , non pour les mé-
dians , dit-on > mais pour les hommes qui
périflènt d'une manière violente ^ & un
paradis pour ceux qui meurent naturelle-
ment. N'eft-ce pas qu'ils attachent la mort
violente au crime & la mort naturelle à
la vertu ? Dans la relation Espagnole d'un
voyage de Don Alvarez de Mindana , ces
Inlùlaires adorent la lune , le foleil , des
poiflbns^ les os de leurs ancêtres, £ccv
dby Google
401 HiiTôiHl Bl l'Âiim^
N'ayant pu prendre le Caiman , le Xibch
Histoire ron Sc la Caclla, ils ont pris le p^ti d'en
91$ iHDEê. £^j.^ jgj Dieux. Ils croient que les anies
des morts pafTent dans les corps «ie ces
poiâTons , ôc Us payent i ces Dieux m:^'
tins la dixme de leur fruit en les lançani
i l'eau dans on bateau abandonne.
pSk iflet*5L I-'Hiftorien des Marianes prétend qu'on
Hm^ôsT n*^ pu fans injuftice donner à ce pays Je
fiom d'ifles dei Larrons, car ces Indiens
abhorrent le vol. Cependant il n'y a aucun
voyageur qui ait abordé 6c rur-toiit com-
mercé dans ces lieux , qui ne fe plaigne
dy avoir été volé. Il y a apparence qu'ils
font peu fcrupuleux fur la probité envers
les étrangers , quoiqu'entr'eux , ils foiepi
de fi bonne #bi, qu'ils ne tiennent pas
iDème leur$ tnaifons fermées.
ecOTpatîoM, La pèche eft leur principale occupation.
^tJ^'éu Leurs canots font d une telle légèreté ,
UuUnoU. qu'ils peuvent faite , foivant Gemeili ,
oottze milles par heures & vîng^-quatrr ,
fuivant Dampier. Ces Indiens ont un goût
vif pour le piaiiîr. Ils aiment for-tout â
fe donner des fêtes. S'ils font fobres , c'eft
moins par inclination que par néceffité.
Leurs divertiffemens font la danfe, la
lutte , le chant , le récit des vers de leurs
poètes ic de leurs chroniques fabuleufes.
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Dï L'Af RIQVE ET M t'ÀMiRIQUl. 4OJ
Quoiau'ils n'aient aucune connoi^Tance!
des faences & des atts , ils ibnt remplis Histoiei
d'une préfompiion fi fotte qu'ils n*en*^** ^^^^*
tendent parler des autres pays qu avec des
(îgnes de pitié. Avant l'arrivée des Efpa-
gnols, ilslecroyoient les Teuls habicans 4^
l'univers. Un poëte eft refpedé de toute
!a nation. Les femmes ont leurs alTembléçt
,:)articulieres où elles paroiflent chargées de
.x>quillages , detiffus de racines d'arbres 9
Je petits grains de jai & de morceaux
récaille qui leur pendent fur le front*
£Ues chantent d'un air fi animé , avec
ant d'agrément te de jufteflè , une décla^
mation fi noble, une expreffion fi vive »
2ue leur chant plaît même aux Européens*
lies font parvenues à jouir de tous Içi
droits qui font ailleurs le partage des
maris* Les hommes vont nuds Ce les
femmes prefque nues.
L'inconftance & la légèreté des Ma-
rianois eft fans exemple. Les Millionnaires
regardent leur mobilité d'humeur comn^e
le plus grand obftacle qu'ils trouvent â ja
convernon de ces barbares. lU ont n^«
turellement de la gaité. Ils s'exerceot
agréablement par des railleries mutuelles
& par des bouffoneries qui ne laifTeirc
j>oint languir la joie. Leur douleuc eft
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464 HisToiRi STE t* KsTie i
! éloquence & fort fpiruaelle , firiv^ant l\t
Histoire preflîon du P. Gobicn. A la more de letm
•tois IWDEs. pp^^j^çj ^ jl^ $*épuîfcnt, dit-on , par leur
abftinence & par leurs larmes ; cependam
leur deuil ne onre ordinairement que fept
ou huit jours. On célèbre Fanniverlàire
de cet événement. A cette cérémonie,
on récite l'hiftoire de la vie da dcfunxm
S'il fe rencontre dans le narré quelque
chofe de plaifant y on rit â gorge dé-
ployée, on boit un coup, & Ton fe re-
met à pleurer à chaudes larmes , au rap-
port de Mandana. Les amis , les voi/îns
6c des pleureufes affiftent à ces parties
funèbres , fuivies de feftins. On pleure la
nuit te l'on s'enivre le jour. L'ufage eft
de déroflTec les cadavres , de brûler leur
chair & d*avalec la cendre dans du tuba »
vin de cocos. Si le àéhni étoh Chamorri
ou chef de peuplade , I affliction des Ma-
rianois a Tair d'une défolation extrême.
On arrache les arbres, on brûle les ha-
bitations , on met les canots en pièces ,
& Ton élevé des monumens i Thon*
neur du mort,, fuivant Gobien. 11
faut pourtant fuppofer des bornes i. cette
douleur , car le pays feroit bientôt dévaf-
té, s'il Y avoit beaucoup de nobles.
On trouvera^ vers la nn de cet ouvrage^
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^E i'AfKlQVt ET 1)1 l'AmeRÏQUÏ. 405
dans la Defcription desTerres Auftrales,' ^
quelques pays que des Géographes Ik des Histoire
Hiftoriens renferment dans Tenceinte de ®" Indis^
la mer des Indes.
Fin dt la Defcription des Indes fy dli
Cinquième Fçlumpn
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4«7
TABLE
DES
MATIERES PRINCIPALES
Contenues dans U Cinquième Volume.
^llpAM, Quels peu-
ples prétendent fuivre
fa religion , 6,
Agra. Fertilité de
cette province. Sa ficua-
tion. Nombre de fes
villes , de fes villages.
. Ses fabriques , 7.
Agra, £ten<due de
cette ville. Sa beauté.
Ses édifices. Nombre
de fes marchés 9 de fes
mofquées , de fes Câra-
vanferas , ibid,
Amadabat, Mandef-
lo donne à cette ville
fept lieues de circonfé-
rence. Son marché, Sc$
Tome F.
jardins. Ses tombeaut.
Son territoire contient
f>rè$ de trois mille vil-
âges. II.
Anglois, C'eft par
leurs mains que paficnt
prefque tous les reve-
nus clu Bengale , 4, Ils
dominent aujourd'hui
à Surate , i ^. Leurs éta- .
bliffcmens à Sumatra,
i5>o. Voyez Colonies,
Arbres qui donnent
des liqueurs crès-fuaves.
Autres dont on Cire du
pain, }<rj.
Atrakan, Situation
de ce Royaume. Moeurs
S
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4o8 TABLE
& coattiines de Ces ha*
bitans> 2.^^. C
BAiM OU mille vaif-
feaux pourroicnc
être à Tabri de tous les
vents, }i8.
Banjar-Majpn, Voy.
Bornéo.
Batavia, Sa poiicion*
Sa defcription. Forme
de fon adminifttatioti.
Forces de la Colonie.
Commerce des HoUan-
dois. Leurs moeurs ,
310 & fuiv.
Bengale, Situation
de ce pays. Sa beauté.
Agrémcns des Benga-
loifes. Proverbes fur
cette contrée. Ses villes.
Ce qu'elles ont de re-
marquable. Les Fran-
çois j les Anglois & les
Hollandois y ont des
comptoirs, 1 &/uiv,
Bornéo. Pofîdon de
cette ifle. Son étendue.
Royaumes qu'elle con-
tient ,317. Caradcres
des Maures de Bornéo ,
311. Des premiers
ïiabitans de ce pays,
5x1.
CAISSE batme aa
point du jour pour
avertir les pcrfonncs
mariées de remplir le
devoir conjugal , 345.
Cambaye. De quoi
font conflruites les
maifons de cette rilîc»
Privilège obtenu par fes
habitans, 14.
Camhoye. Sa dercrip*
tion. Ob(ervatioQs mr
ce Royaume, 15^.
Candahar. Fidélité
des peuples de cette
contrée. Ils font , pour
la plupart , conduâeurs
de chameaux, 15.
CaraBere. Voyez
Mœurs,
Camate. Defcription
de ce IwO^aume , 37.
Caftes (des") o\i tri-
bus Indiennes, 5S &
fuiv.
Celebts, Etendue de
cesiflcs. Leur defcrip-
tion. Leur gouverne-
ment. Àdreac des ha-
bitans. Leur caradère.
Leurs Moeurs, &c. 31^.
Ceylan. Sa po/ition.
Caraélére des Lbicans
Digitized by CjOOQ IC
DES MA
ûc cette iïle. Leur ja-
louHe j ^79. Forme du
fouvernemcnt. Claffcs
'habitans. Forces du
pays. Loix. Mœurs.
Ulagcs, 184 ^ fuiv,
Coliari, Peuple de
rindoftan. En quoi con-
fîfte la gloire chez cette
nation. Trait fîngulier
de deux frères, 41.
Colonies ( obrcrva-
tions fur les) Euro-
pécnes établies dans les
Indes ,114 &fuiv. Sur
les Colonies Portugai-
fes, iii&fùiv. E^a-
gnoles, 138 &/. Hol-
landoifes, 151 &fuiv.
Angloifes , i ^^ & fuzv,
Françoifes, 195. Da-
noifcs, 19^.
Commerce des Euro-
péens aux Indes. Ses
avantages Se fcs défa-
vancagcs. Balance rai-
fonnée de ces deuiç
chofes. Difficultés qu'il
comporte. Moyens à
employer pour les évi-,
ter ou pour les furmon-
tcr. Difficultés plus
grandes pour une na-
tion que pour une au-
tre. Pofîtion aduelle
eti fe trouvent dans ces
T I E R E S. 409
cpntréesles nations reC-
peâ:ives de TEurope ,
&c. Voyez Colonies,
Cordes tendues fur
lefquelles on pafFe d'un
rocher à un autre, 15.
Crocodilles, En quel
pays on en entretient
pour fervir de foldats
& jfcrmer le paffagç à
renncmi , 3 8r
Coutumes diverfes ,'
Voyez Peuples & Pays,
Coutume particulière
au Malabar. Sangui-
aaire des Pirates de ce
pays, 66.
' J^.
Y^EHLi, capitale de
JL-^ l'Empire du Grand
Mogol. Defcription de
cette ville , lo.
Dents; Peuples qui
s'arrachent celles de de-
vant pour y fubfticuer
des dents d*ox, 32-5.
E.
T^MPïRE du Grand'
JCd Mogol. Sur quels
pays il s'étend. En com-
bien de Viceroyautés il
cft divifé, I. Forme du
dby Google
4ÎO TABLE
gouTcrncmeot, 8i. Juf- Maldives > 2.5 5 - De 5o-
rct. Elles montent à
cheval comme les hom-
mes, 19.
Fenêtres qui reçoi-
vent le jour à travers
des carreaux de nacre
ou d'ccaille^ 14. -
Frarifois. La guerre
tice. Comment elle y
cft admioiftrée « 85.
Milice, 50. RicfaeiOrede
cet Empire, 55. Fêtes
de la Cour. En quoi
elles confîftent , ^f.
Ufages & mccars des
Moeols, lor.
x^ui/i^rf (traits fur-
prenansd*) 151.
I.
FEMMES* Comment
font cfaoi(tes celles
deftinées aux plaifîrs du
Koi d*Arrakan » 171.
De l'idc de Bornéo.
Leur beauté, leur ef-
prit , leur modeffie ,
31J. Du pays de Ca-
chemire. Leur beauté,
25. Du GuiaratCj 17.
Hollandoifes de Bâta--
via. Leur molefTe. Leur
luxe. Leur incontinen-
ce. Leur aflFrcufe dureté
envers leurs efclaves,
3 15. De Macaiïar. Leur
extrême propreté , } j ^•
Des Moluques. Leur
laideur. Leur lubricité.
Moyens qu'elles met-
tent en ulage pour la
fatisfairc, 34j« Des
a ruiné tous leur^ ct4-
bliiTemens dans le Bca-
gale,4- .
^ Funérailles dagaliè-*
tes , 404.
a
GAL£KiE peinte ea
or & en azur ^ 8.
G^a, Pofîtion de cet-
te ville. Sa didxibatioam,
Fafte de /on Viceroi.
Atrocité du tribunal de.
rinqui^on qui y c/l
établi. Débordement.
des Portugais, Les ef-
claves s*y vendent com-
me en Turquie, 50.
ÛDlkonde, Ricbcfïè
de ce pays. Manière
dont il étoit gouverné.
Ezpofé de tout Ce qui le
regarde , 45 bfujiv.
gouvernement. Voyez
Peuples. Ifles,
Guiarate. Etendue
dby Google
DES MA
de ce pays. .Ses villes.
e Cara<flére ic mœurs de
s fcs habicans y iiSc 16,
H.
HOLLAITDOIS» Ih
ont occupé jufqu'à
p 8 00 mille ouvriers dans
î «ne feule fadorerie , 4r
Leurs établilTemens à
Ceytan,^8o. ASuma-
[ tra, 290. Leur puiflan-
cc à Java , 4^5. De
quels moyens ils ont
«fé pour le rendre les
maîtres dans les ides
j Cclcbes, 317. Voyez
Colonies,
JGiXACB : (févc ap-
pelée fruit de Saint )
excellent antidote , 3 6^,
. Indiens. ( Poctraic
ées) 1 1 1.
e Ja(/(>/?<z». Defcription
des pays qu'il corn-
prend, r &futv,
Ifle ( Prefqu ) de
yind^een-defà du.Gan-
gc.Contrées qu'elle ren-
ferme , Hr-j. Prcfqu'iflc
au-delà de ce fleuve. 5a
dcfcnp tioi», 2.oa»t
TIERES. 4T1
IJles. (Noms d' )
Bornéo. CélAcs. Cey*
lan. Java. Maldives*
Marianes. Moluqi es*
Palaos. Philippines. Su»
matra. Voye^ chaci ne
d'elles à fa place alpKar
bétiquc.
/AVA, Defcrîption de
celte ifle. Royau-
mes qu'elle contient.
Mœurs-fic coutumes dey
Javanois. Religion dui
pays, 1^7.
K.
yjr'iAïTG'TsSj négo-
XV ciant Chinois , for-
me un Etat par le
moyen des défriche-
mens. Eloge de la for-
me de gouvernemçnc
qu'il y éublit > %j6^
LAOS, Sa defcrip-
tion. Obfervations
fur ce Royaume y 15!
bfuiv.
. L^ix, Voyez P$u^lesi,
Pays.
SUj
dby Google
411
TABLE
M.
têJTadkas. Pofitioti
XVm de cctrc ville. Son
importance, 77.
Maifons larobriffécs
flu-dehors de belles-
boifcries, 14»
MalaBar, Sadc(cnp^
tton , 48. Loi fingulière
en uHige parmi Us peu-
ples, 6%.
Malaca. ( Prefqu*ifl«-
de ) Sa defcription. Ob-
fervation fur les Malais.
Maldivis* Pofition
^e ces ifles. Leur defcri-
ption. Diffi^rens ordres
des Maldivois. Lear
gouvernement , leurt
nfages, leurs mœurs >
leur caraâcré, 2.75.
Marottes, Quel eft
It^jf pays. Ils fe font
rendus formidables
^ns les Indes. Leur
manière dâ faire la
guerre, 34.
Marianes, Poficiofi
des ifles de ce nom. Orir
gipe> portrait, ufages*
mœurs & caradcrc des
peuplf^ qui les habi^
Maufolie (le) <fe
Tadgé-Mahal , cft uac
des merveilles de l'O-
rient. Vingt mille en-
ouvriers occupés pen-
dant vingt ans à Ck
conftruétion , ^.
Mayfouruns. Carac-
tère de ce peuple. Trai-
tement qu'il taie à fes
ptifonniers, 45.
Mmun ^ c^ia€tère »
ufages & ) deshabitaQ»
du Guxarate, 1^. Des
Cacbemiriens, %$- ^^'
Malabàres , 6x. Des
Mogols, ICI. Des In-
diens, 108. Des Arra*
kaniens, X7i. Des Mal-^ v
divois, 177. Desbabi-
tans de Ccjlan, ztj.
Des JsLW&nois ,501. D^s
Hollandois à Batavia»
315. Des ^temiers ba-
bîtans de Boinio , )^z«
Des Maures de ce pays »
315. Des Macaflarois»
334. Des Moluquois> ^
358.
Moîuques. Leur po-
fition. £ numération der
iÛcs cempiifes fbùs ce
nom. Mœurs de leurs
divers kabiun^ > ^ 3 ^ ^
fuiv.
Murs iftcraii^ 4e
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DES MA
carreaux de porcelaine,
14.
N.
iyT-4 B AB y nom de
X V dignité. Ce qac
OBfMRVATiùNs par-
ticulières fur les
difFércns Etats des In-
des, I. Sur le gouver-
nement Mogol , 8i &
/idv. Sur les Colonies
fondées par les nations
Européenes en général
dans les Indes , & fur
celles de chacune de ces
nations en particulier,
114 &/ùiv. Sur la mi-
fère du pays de Siam,
115. Sur les Malais ,
254. Sur le Royaume
deCamboie, z^6. Sur
le Laos, 158. Sur le
Pcgu,i^3.
(Bufs, Singularité de
ceux de loifcau appelé
Javftn> 5^4,
\AL3ios (ifles de),
ou Nouvelles Phi-
TIERES. 41 r
lippincs. Preuves de.
leur exiftence. Coutu*.
mes &: caraïbe re da
leurs peuples, $86 &
Fatanes. ( les ) Bon-
té de leur infanterie.
Us ont exterminé la.
race de Tameilan ,
ratna* Province
orientale de l'Indoftan.
Les HoUandois y ont
un comptoir. Le foufre
fait le principal trafic
de ce pays, 5.
Fatna ( la ville de y
eft une des plus grandes
villes des Indes , ;•
Pays ( noms des prin-
cipaux ) dont il eft par-,
lé dans ce volume. Ar-
rakan. Bengale. Cam«
boye. Candahar. Car-*
nate. Guzarate. Indof*
tan. Ifle ( prefqu ) en-
deçà , prefqu'ifle en-
delà du Gange. Lao&
Malaca. Malabar. Pat-
na. Pegu. Siam. Vifa-
pour. Voye:^ à leurs
Boms refpeâifs , ce qui
regarde leur (icuation^
leurs produâions > leur
Î gouvernement ,. leurs
oix , Icms ufagjes & les
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414 TA
moeurs èc caraâèrc
des peuples qui les ha-
bitent. Voyei encore
Jfies.
Pégu. Sa pofition. .
SoftgouTerncment. Ses
mœurs. Ses ufages. Ca-
radére des Peguans^
%6i\ Traditions accré-
ditées dans ce pay9„
Pejiemuger. Poi(K>n
qui a les mammetles- &
ks parties naturelles do^
fexe, }^4.
Peuples, (noms de X
CoUery. Marattes.
Mayfourîens. Patanes^
Koyei à leurs noms ref-
pedhfs. yoyetf encore
Pays.
Pki/îppines. Sitaz-
tion des ifles de ce nom.
Leur étendue; Leurs»
lichefles. Leurs diver->
fes produâions. Carac-
tère & mœurs de leur»
divers habitans^^^ 5 &
Pondichiry, Sitoa-
fioiide cette ville. Def-
cription de fa rade. Faf-
te néccfTaire de foa
gouverneur , 73.
Pmi d'un ^uart de
BLE
lieue formé par ^esio^
chers» 70.
Ports. Ceux de ConC-
tantinople , de Gost Se
de Toulon , foat les
plu;s beaux . de oQtre
continent^ 50.
J\. te ville ed tetnar-
quable par Tes fortifica-
tions & pac ua palais-
magnifique « 1,
Rdja. Nom de di—
. gnité. Réponfe ficrc de
celui de Rator à Schah-^
Jehan , ^^.
Réjervvir de Surate.
U câ comparable auxc
pliis beauxou vrages des
Romains, 14.
Roymunu. Yoyex
Payj.
Or A M. PofitioQ' de
O ce Royaume. S»
divifion en différens
Etats. Son hiftoire oa-^
turelle: Obfervation^
fur la miiere du pays;»
Soir gouTçxQcmcAt ^os:^
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DES MATIERES. 41J
t.
litiquc & domcftique.
De la cour du Prince.
Sciences & arts des
Siamois. Leurs Mœurs.
Leurs coutumes. Leurs
jeux. Leur manière de
vivre. Leur habille-
ment. Leur figure. Leur
caraé^ère. Enumération
des nations étrangères
qtu le trouvent a Siam ,
2.05 &fuiv,
' Soubd, Nom de di-
gnité des Indes. Ce que
c'eft, 1.
Soubdars, Nom de
dignité. Ce que c'eft, i.
Succadana, Voyez
Bornéo,
Sumatra, Pofition
de cette ifle. Tyrannie
des Rois d'Achin. For-
ces du pays. Gouver-
nement. Juftice. Reli-
gion. Ufages. Mœurs
& caradèrc de fcs ha-
bitans, xS^.
Surate. Beauté d*unQ
partie de Tes édifices;
Mifère dont l'autre par-
tie offre le tableau. A
quel point la police y
eft bien adminiftréc.
Malheureufe condition
dereshabitaD$»i4,
TcHBRON. Nom
d'une cafte Indien-
ne. Ils fervent de con-
duéèeurs aux voya-
geurs. Comment ils les
mettent à l'abri des vo-
leurs, 17.
TempU (dcfcrîption
du ) magnifique de Ti-*
rounamaley, 5 S.
Tombeaux & pagodes
qui pafl'ent pour un
ouvrage de géans >
.18.
Treille de raifins re*
préfentés en rubis & en
émeraudes, 8.
"TTÂKA i AS. Nom
V de religieux du
Royaume de Laos.
Ce qui les concerne ,
Villes (noms des)
principales dont il eft
queftion dans ce vo-
liirâc^ ^gra. Amaîla-
bar. Batavia. Cambaye.
Dehli. Goa. Madras.
Patna* Pondicbéry. Ra»
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^ -1^
TABLE DES MATIERES.
Vifapour. ( le) Sm
defcripcioB, 17.
f^olcan de Tiflc de
Tcrnatc, 53^.
416
gi-Mdiat. Surate. Fijy.
9UX noms refped^ifs.
VoycT^ encore Pays ,
lues. Peuples,
Fin de la Table du Cinquième Kolumc»
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i Ma-Bi^-i !
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