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HISTOIRE
GÉNÉRALE ET IMPARTIALE
DES ERREURS, DES FAUTES
ET DES CRIMES.
COMMIS PENDANT LA RÉVOLUTION FRANÇAISE,
T O M E V I.
H I s T O IRE
GÉNÉRALE ET IMPARTIALE
DES ERREURS, DES FAUTES
ET DES GRIMES
COMMIS PENDANT LA RÉVOLUTION FRANÇAISE,
A dater du 24 Août 1787 ;
Contenant le nombre des indiridus qui ont{)pii par la Révolution,
de ceux qui ont émigré , et les intrigues des factions qui pendant ce
t«ms ont désolé la Fkance.
OaNis D^ GRAVURES ET DE TABLEAUX.
D» Ilmouciinee des GooTtrnës naît It tyraMsie des Gouremaas.
CONVENTION NATION A-L £.
^ T O M Ë • 1 ï.:
Stà c <■ •*' h i > ^ i .•■
A PARIS,
Ko E DES Marais, N°. 90, Faubourg-Germain.
AN V DK LA RiFUBLIQ.UE ( 1797 , vieux style. }
I.
1 > / 0 1 '%* 4
TABLE
DES MATIÈRES
Contenues dans ce volume.
VJ R I M E s commis à Lyon , sous le proconsulat Page
. de Legendre,Basirc, Rovère,Robert-Lindet,
"Nioche , Gaultier, Vitet, Couthon , Laporte,
Maignet, Collot-d'Herbois, Regnaud, Châ-
teauneuf-Randon,Reverchon,Dubois-Crancc,
Albitte, le prêtre Fouché (de Nantes), le
prêtre Bassal , Alquier , Javogues s Boissy-
d'Anglas, Méaulle , Dupuis (fils), Cadroy ,
Despinassy , Poulain- Grandpré , Pocholle ,
Expert, Charlier, Boisset. i
Crimes commis dans la commune de Cusset et
de Vichy, département de l Allier , sous le
proconsulat de Forestier , Fouché (de Nante) ,
Noël Pointe et Vernerey. 78
Précis historique des crimes commis à Dijon,
département de laCôte-d'Or, sous le procon-
sulat de Bernard ( de Saintes ). 88
Précis historique des crimes commis dans le
département de TAin , particulièrement à
Bourg, soùs le proconsulat de Javogues ,
Amar , Mcrlinot , Albitte , Méaulle, et
Gouly. 94
Régime intérieur des prisons de la commune
du Puy, département de la Haute-Loire. 106
Précis historique des crimes commis dans le
département des Bouches - du - Rhône ,
particulièrement à Marseille , sous le procon-
sulat de Pomme , Charbonnière , Fréron ,
Barras, Robespierre jeune, Albitte, Ricord,
Salicetti , Gasparin , Ignard , Chambon ,
Tome VI. a
vj Table ^D ES MAxiiREs;
Cadroy , Jourdan , Gaultier , Mariette ,
Durand-MaiHane et Brune t. Page 108-
Crimes commis à Toulon, sous le proconsulat
de Gasparinf Lester-Beauvais 1 Robespierre
jeune, Albitte , Ricord , Barras, Fréron,
Salicetti. , 14^
Précis historique des Horreurs commises à
Orange , département de Vaucluse ', sous le
proconsulat du prêtre Maignet , et voyage
de 3i détenus de la ville de Grasse. ï6i
Incendie de Bédouin, département de. Vau-
cluse , par les ordres du prêtre Maignet. 17a
Crimes du prêtre Monestier, proconsul dans
le départ, des Hautes et Basses Pyrénées. 178
Un mot sur le proconsulat de Dartigoyte dans
le département du Gers. i83
Du proconsuiat de Bô , dans le départern^en t
du Cantal et autres. 184
Crimes du proconsul Esnue-Lavallée , dans le
département de^ayentie, et particulièrement
à Laval. 186
Précis historique des crimes commis à la Ro-
chelle et à Rochefort, sous le proconsulat
de Niou , Trulard, Mazade , Lequiijio ,
Laignelot , Garnier ( de Saintes ). 189
Crimes d'un dénonciateur à Caen, le 3 février . ,
1793. 197
Du proconsulat de Merlin ( de Thîonville ). 199'
Sur le proconsulat et mœurs de Lakanal. ^02
Crimes du proconsul Lecarpentier. 20S
Révélation du conventionnel Julien (de Tou-
louse ). , ^of
Crimes de Dupin , membre de la Convention
et ci-devant contrôleur général des fermes. 911
Crimes de Lejeune , ex-conventionnel. ^iS
Crimes de Duhem. sri7
Proconsulat de Dubouchet. 220^
Crimes commis sou5 le proconsulat de Pinct et
Table DES Matières. vîj
Cavaignàc , danâ le dépactetnent des Basses-
Pyrénées, ^ Page 221
Atrocités commises dans le département de la
Vendée et autres circonvoisins , sous le pro-
consulat de Hentz , Francastel , ^ Ingrand ,
Richard, Choudreu, Laignelot Phelippeaux,
Bourdon (de l'Oise), Goupilleau, Tliurreau,
Cavaignàc, Melle, Méaulle, Bourbotte , etc. asS
Suite des atrocités commises dans le départ,
de la Vendée , et autres départemens cir-
convoisins, sous le proconsulat de Carrier,
Hentz, etc. * 3 79
Précis historique des crûmes commis à Arras ,
Cambrai, et autres lieuK, sous le procQnsulat
du prêtre Joseph Lebon. 348
Précis historique des crimes commis dans le
département du Nord , sous le proconsulat
de Duquesnoy. S88
Massacres et incendies dans les Colonies
françaises. 409
enquête et réunion de la Belgique à la
France , et crimes commis sous ^e procon-
sulat de Danton, Lacroix, Robert, Portier
(deTOise), Haussmann, Briez , Lefêvre (de
Nantes) Jean - Baptiste Lacoste , Laurent,
Roberjot , Pérès , Roger-Ducos , Frécine
Gilet. 449
Journées du 9 thermidor an 2, 12 germinal
an 3, s et 3 prairial an 3, et 1 3 vendémiaire
^ an 4. * 470
Résultat des évènemens qui se sont passés sous
le règne de la Convention et en général sur
la révolution française. 5i3
Tableau général dé^ désastres de la révolution
française, des individus qui ont péri ou
, émigré , des villes , châteaux , villages qui
ont disparus, à dater du 24 août 1787, avec la
nomeaclature des qualifications auxquelles
vîîj Table Di^s Matières.
la révolution a donné naissance , le nombre Fagt
des lois rendues depuis l'Assemblée coi^ti-
tuante et le résultat des victoires remportées
par les Français , pendant la révolution
française. Sa 3
.Tableau des membres composant le comité de
Salut public, sous la Convention. 527
Tableau des membres composant le comité de
' sûreté générale , sous la Convention. Ssjg
Tableau des Députés de la Convention qui ont
été envoyés en mission dans les départc-
mens depuis le 2î septembre 1792, au 2
octobre i796( 10 vendémiaire, an 4. j 533
Liste des Membre composant la Convention
nationale. 553
Fin de la table.
HISTOIRE GÉNÉRAtË
DES CRIMES
COMMIS PENDANT LA RÉVOLUTION
FRANÇAISE. • ^
CONVENTION NATIOl^ALE.
Crimes commis. à Ly^n ^ sous It pro consulat
de Le gendre , Basire , Rovère , Ràbert-^
Lindet , Kioche , Gaultier , . Te'^V i Cou--
thon , Laporte , Màigriet , C(?//(?/ - d'Her-'
bois , Regnaud , Châte/iuneyf . -. Randon ^
Reverchon , Dubois^Çrqncé , Àlbitte , le prêtre
Fouché ( de KanUs )y le prêtre Èassal y
Alquier , Javogu£s , J5aii5;?. -, d^Anglas ,
Méuuïle , p;Upuii JiU ^Çadroy , Despinassy ,
Poulain - Grandpré , PfichoÛe , J^xpert y
Charlier y Boisse.t. . .
L'existence de JLyoçi compte déjà plu$
de dix-huit cent trente-deux ^ns. Les évé-
nemens que cette ville a éprouvés pendanf
cette longue série d'année^ ce saur^iient sç
comparer à ceux qui faillirçjiU fia -mettre à
deux doigts de sa perte , pcûdant le règne
de la Convention, , . ^,
jH^me VI. A
/^
s ^ Criffkei ^commis ç, Lyon ,
Auguste commença à la rendre célèbre
par un séjour çle trois années. Les étrangers
y accoururent en toiîle; etRqme elle-même
déserta ses foyers , pour venir dans Lyon
Wir^produire aux^yeiixde TEmpereur, son
îdolç. ^
Soixante nations se disputèrent lâchement
rhonneur d'ériger^i^im temple-4^ Auguste ;
et cet édifice magnifique fut construit au
con&ient du Rhône et ^de. k Siône , et
embelli par soixante- statues , qui offraient
ttri spectacle tout-à-fait liotiveaii alors dani
cette X^îUe. .- . *
Un siècle s'était à peine écoulé depuis sa
îôttââtiôn , qu un îhéendie d^s plus terribles
ia donsuma dans une nuit , et ne laissa au
lever du soleil que des monceaux de cendres:
le tctnple d'Auguste , et un Lycée construit
sous les auspices de Galigula , avaient seuls
échappés aïK flàttimes, Néroh fournit les
fontU nécessàîirié^ pour la retonstructiôn de
la ville ; et , dans peu de tèm^s ^ son indus-
trie et le concours des étrangers lui^reu-
idirent ÈOh prerùîef état ût splendeur.
Le commerce donnait alors urte grande
îttfluence au*k Lyéhhàis parmi les autres
peuples de la Gaule ; ses richesses ache--
Vèrent dé i enorgueillir* La religion cteré*
tienne comptait .déjà quelques prosélytes
dans Lyon, Ces nouveaux convertis nt
sous les Proconsuls conventionnels^ 3
purent voir sans horreur les apprêts des
Décennales , fêtes instituées à Lyon. La ma-
jorité des Lyonnais s'irrita de ce refus ; le
fanatisme dun côté , et la crainte de dé-
plaire à TEmpereur de l'autre , armèrent les
citoyens les uns contre les autres , et trente
mille hommes, périrent.
Ce premier . massacre pour les opinions
I religieuses se retraça sous le règne affreux
de Charles IX. Un nommé Maudelot avait
remplacé le Gouverneur , homme plein de
vertus : des lettres de Catherine Médicis
atrivem quatre jours après le massacre dé
Paris , avec ordre à la ville de Lyon de les
imiter. Le Gouveryi^ewr , rassemblant; les
protestans , les fait enfermer dans diffèr-
rentes maisons , et le signal jdu massacre
est donné. La quantité d'hommes qui
périrent dans cette occasion est incaku*
lable : le Rhône roula dans ses floto «anj
de cadavres , que ses eaux en futent lohg-
temsempoisonnées,et que la peste se détlara
dans la plupart des contrées qu'il arrosait.
Tels sont les événemens les plus consi*
dérables de. la ville de Lyon; il y en a
d'affreux : eh bien ! cette ville , rebâtie à
neuf par les soins de Néron, est démolie
par ordre de la Convention nationale
de France , en 1794 , sous la direction
de son Comité de Salut public. Elle a
A 2
4 Crimes commis à Lyon ,
essuyé plus de calamités en ces dernîert
teins , dans le court espace de quinze à
dix-huit mois , que pendant les dix-huit
siècles antérieurs de son existence. L'exposé
nud des: faits ne prouvera qpe trop cette
assertion historique. Entrons tout de suite
en matière , et que le lecteur frémisse à là
vue d'un tableau que nous n'avons pu
tracer sans frénlir nous-mêmes.
_ En janvier i ygS, une Municipalité orga-
nisée dans les cabarets , s'installe dans les
murs de Lyon, et avec elle s'installent
1 anarchie en écharpe et la magistrature du
maratisme.
-.Dans cette autorité si funestemcnt cons-
tituée pour le pillage et l'oppression de la
ville , on distinguait avec eftroi le procureur
de la Cpmmune , nommé Laussel , et son
substitut, appelé Bertholon , qui était alors
gardon perruquier.
Laussel , chassé autrefois des Joséphistes
en Languedoc , n'avait à Lyon d'autre
moyen d'existence que les produits d'une
messe , payée 3 liv. , qu'il disait tous les
dimanches a Tile Perrache ; mais à des
passions ardentes et à une ambition déme-
surée , il joignait une profonde scélératesse
qui ne s'effrayait point des obstacles , et une
grande facilité pour écrire et parler, moyen
Sjir de les surmonter tous avec succès^.
sous les Proconsuls conventionnels, 5
- ChalUer, ci-devant ahbé i. avait fui la
Savoie , son pays natal , pour vejiir à Lyon ,
où il entra chez un négociant pour faire
Téducat'on de ses enfans ; il se livra ensuite
au commerce, et s'associa avec Bertrand >
marchand de galons,
Cç Ghallier était une espèce de fou , dont
l'ambition n'en fut aussi que plus illimitée.
Il avait pris Marat pour son modèle en révo-
lution. Il vint à Paris , passa six mois aur
près d^ lui , y puisa ses leçons ; et de retoïkr
à Lyon , il afficha publiquement ses desseins
pour parvenir à la législature J en -f^itiiint
distribuer avec profusion;, â rla classe iQtt-
vrière, son portrait, aub&s duquel on Usait:
i( Ghallier , excellent patriô^,,- à passé six
au mois à Paris Tpour. être Vîldmirateur delà
yj MontagnQrjde iU iCarwentioîîit' nationale
59 et du patriotisme dé Marat. « •
_f La Municipalité. payait ;p;is encore de
•chef, LesrLyonnais^ffrayé^jpar la nomitia.-
-tipn de ces scélérjEys^^jvouit^fent réparer ^^^^
4ppuciance qui iGs-^avait'éloignéj des Assêmî-
blées sectionnaires. La cabale désorganisa-
-tricè futfi.djéjouéc , et le : citàyen^/Vïmér^-.
C-hol fut élu maire. Ce citoyen respectable
n accepta <ette place que pQjar ^auver son
.pays , en balançant, autant, qu'il serait en
«on pouvoir , J[es inteii<ions ^perfides dos
.Membres 4e iCjéte^Cppiiçune i>)d9nt re;s:u%-
A3
6 Crimes commis à Lyoïf , -
vagahce sacrifia dabordàTégalité les orne-
niens qui décoraient les bassins de la place
de Bellecour. ;
Les écarts révolutionnaires de ces Ma^
gîstrats consternèrent les habitans de Lyon.
Différentes adresses envoyées à la Cohven^-
tion, testèrent sans effet, La Montagne de
la Convention^ et Marat zélé partisan de
Challier, atténuaient les plaintes contenues
<lans ces adresses , et Ton y répondait d'ôr-
dinàite par le grand ordre, du jour, '[
<- Cette Municipalité , autorisée par lé
isikhce de la pnemière aùtorké ; mit eh jeii
tôtts ses ressorts révolutionfïairès. Un bureau
:de dénonciation fut créé ,' et douze cent§
citoyens des plufe riches d'entre les négo*
tians furent bientôt plotigés dans les càvêS
At la Maison cortimune; Lia cupidité muni-
cipale avait dicté led ptfemiètés listes de
proscriptions. ; Dé gràtids sacrifiées delà
^af t des déteflii^ leur fitfeht'rHéteuvrer leui:
liberté. Dans iêf ^scatidatteûx coriitnètce de
4a liberté îndivjdftuèire , le prêtre Xûwjjrf %
-distingua ptit ^ s-ôîfii impudeur et Sbii avarîcie.
' Le 6 févrvir^i7^3, la seène thange. Au
'^tlub qui éïaîl^'^ôtti|)ô^ de si* cerit*j furieux ,
'GAa7/t^rcfuî"èft'T dirigeait tous Iti mouvè-
'fflens , pataîi!\ih pôignai*d à la main , exigé
•dVbord que tfhàfeun pré^e le swmént dfe
-f atd^r le<ska:«ijJ«-«t^êt^ër 'rt^^ aHak
L A
sous Its ProconsnUtwfoentiànneh. ^
Àtre arrêté.: Les prétendus complois. dès
riches* et des aristocrates furent d'abord mfe
en a^aniv^t il fallait , sstns perdre u4
instaiû>i les' déjouer.-Le moment des ven^
geances^était arrivé ?il i*e fallait \pzs différer
plus long7tems de piacér la guillotine sur
le pont Saittt-Claire'ï et poui"' ïcscécutér ce
projet , les conjurés-arret?èrent'd'ahord;;dc
■se saisir de îrartillcriey de 1^ braquer 'Sur
^les priiicipales avenues , : de former ^un»tt»î-
bunakâemblable à «geliài^du sisêrpteoibre dt
Parcs. :Nepf cents citoryeitsl des ^pla6 richeft
désignés i'd^ns; Les listes rédigées: par iGbab-
lier ,:d|e\)aûent> ^tte im^nvlés , et tous jcëux
kiom icds >€G86assîns rcnnvDitâient les^riches
vdépôuSIles^IlGur siiccé^ier; On arrêta légale-
ment de: jeter: les càdavrëi dans lélRhôiia.
^ur Tobaervaftion d'^iiî )di3S assis tansij cqiie le
'.bourreau Jiepourrait'su&fe , et peut-êtrç se
iiefis8érâit';jl lôbtyenieiirtsres, le Procureur
ide la Commune , Laussbl:,- leva la difficulté
dh invdiaétile^ ûDu^i^éS'à-faire Ijoffice de
juges iet)a|» •^bourreaux:, en leur.t^emar-
jquant' q»e pomr guillotiner un hon^me , A
n'y avait qu une ficelle à tirer. Plusieiaté' dès
ClubisfflB^ së'présehtèrentipôurremplir ■ cet
affr€jirii:>mmisière. IJ« dTecrac propxxstt de ne
pas les g^jiddotiner /<mais 'd'avoir (pour mot
xi ordred'èiécution : \F4aim passeï' Icfontilà
M(msieuu\Qt^f^ xle nuot devait âtre le
A 4
8 Crimes, conimis à Lyon ,
«ignal.de son immersion dans Më Rhône.
Plusieurs témoins; ont déposé de ce fait
lors du jugement, de Chàllier.. Le pillage
-de Lyon était arçêlérpar Id Mdnidpalitéf.
Un de &es .MeiâtiirôSr que rerreùr environ-
nait alors ,! a confesafe; depuis : jqpe Je léol
létait. à.» Fordre •• du. jour;: dans; tOini}e& les
-siéabiceii' sécrètes de tes Munioipauix. 3 j' 1..
iji<3Etrbe'jcohsjiiraxi90i contre îlarhûrêté pH-
-blique parviht auxr. oneillcs du Maixc.^ Il
'£kit"r2iu$sitôt?,battfcejld^nérale , et -la force
^ubliqufi ■ ;sou&j lesjrawnes en ixïipoie.À ctes
^célêïats.r Irritéis de voir leurprojetiaiijçânti ,
ils firent affirhcr^âiycc^.profusijin un "placard
.-portant ^que le -maireî, NîvièretChol lavatit
-pert^ula confiance publique. LejJVÏaiarç' .y
xépoHflit en publiant les crimes idc la Mu-
'nicîpali.té. Satisfaitxl avoir sauvé .s«&conci-
:toyens , et craignant* de succomber.. soiis
le poids de la barneiet de la perfidie de
tant d'chnfemis' iqu-il vienait de démasquér/il
:donna sa démission v mais dans la nouvelle
élection qui eut lieu, la presque ^totalité
ides votans lui conféra de nouveau ia place
.<le- Maire, < .''.■. ■>.'; . . .- . •.• ^•
Un jeune Ixomme enhardi par' Icettie
réélection, élève îa .voix contre. Ghallier
qu il accuse desxomplots déjoués par le
Maire. Deux émissaires de la Municipalité
se saisissent aussitôt du .jeune -homme et
5ÔUS les Proconsuls conventionnels. g
reutraki^jdt ;dans les cachots. La .foule
indignée . Taxraqhe de leurs main^ , et
se porte, spontané mj^iit. au ; club centnil
et anéantit ce repaire du crime. Bertrand
et. Hidens soi\.fils naturel , membres de
cette société ; furent arrêtés et livrés au
tribunal cfiminjel. Challier qui en était le
.président , vûl^tfà bout d'étouffer k procér
duré; et q^e^u'es tems après ces deux pré-
yeiius fjirent trouvéspcndusdans leurs cham-
bras* Cb^lUier et Aej Clubistes , furieux de ce
qui venait, .^er se passer» ,.;rçc9ururent à la
Convention , et peîgnirçnt les Lyonnais
,commedeS{Cp;atre*,iiévoluti9n|iaires spus le
couteau deçgijiélsils se trouvaient. ïalliea
se chargea. 4p faiçe à ce sujet un rapport
^Qie^sp^ger^ ,. et la. Montagne devait trop à
ces Gl^bisteÇ:'Jp/s^^r, Jies abanjlqijner. Des
.bat<^illQ^s^ »fu^^f destinés pQurlje^.secçurij^.
Ba^ire ^jL^^eqdrc et Royère fureut ch^irgé»
;d>n *4i^igfiir,-Jçs ajp^ératiprif,, , .
Gç triuwv^^t çqmmença pai- rétablir le
club, et r^njmai audace. d^ 'çc parti. Ces
députés moftt^gi)^rd$,, en, , affiçjiant une
autorité très-étendu^),,jn>OAtTjèrej[at publi-
quegient Ipurv préférence. r^poij^ç Ifjs , Clu-
biste^r eu 3ej^ant escortQ{Vppa]gopJ[usieu2;s
d'epttr'çux : on.epj jer9ar^iji;^|tuîj-,q^i pr^
naît .t^autement le titfç ;de;.^i9jUÊçpau. dp
Madame : cUjLa^ïaballe* ;,j ^j^, ^rfrij. .j
10 Crimes commis â Lyon ^
Cependant Nivière - Chôl accablé de
dégoûts avait refusé la place à laquelle oti
venait de le nommer pour la seconde foisl
Le médecin Gilibert en fut pourvu. Ber-
trand Tassocié et le partisan de Challier ,
avait eu assez de voix pour bapïancer cette
nomination. Giiîbert fut précipité ^ans les
cachots, d'où il ne sortit qti'eù donnant. sa
démission. Les Clubistes itTiômphèrént ;
Bertrand fut installé Maire , et Lègénd^e
vint à la Convention se vabtfer d'avoir fofcfe
les Lyonnais d'^acdeptei: un 'Maife sàHï^
culotte. ' '-'^ '^; \ [ Vi ^- c • • • ■ ■ '»
Alors les plaintes dès Lyonnais sur^ît^
Vexationis ' municipales et ;p¥bCcîn^ulairés *,
furent iràîtées de cris sédkieuk. On fascina
les yeux du Peuple en lui ïesant sans ce^èfe
sappréhetider seS-finéienfiiîéijcliâînes',' et Yàti
•fit depèndjeyan saliit d« là irtPéàtion d'trnfe
*foTce aritiéë', deséinéc à màinteâit^ ïe dépar-
tement dans uri état de révolution.' Ce
corps, sous-ïé iktéd^â^fnéefévohttfoniiàire ,
devait être stsUldié pat* les rlcbe^V^t Challier
et ses partisans- 'se réservaient? Secrètement
les moyèïià d'^kécution. '
Lyon îttt'T)iéntôt tapissé de placards
xttaràmles''V'Iqû?'né servira t 'pis ' peu à
rehausser Tàtixîàce de très brigandsi Parmi
"ce ^rand nombre Jécrits iiiteiidiaîres , oh
en distingue un remarquztble par le serment
sous les Proconsuls conventionnels. 1 1
de trois cents prétendus républicains. Telle
était à peu-près la conclusion de cet hor-
rible écrit : << Nous jurons d'exterminer
9> quiconque ne pense pas comme, nous ;
»5 ce sont nos ennemis , et leurs cadavres
9i sanglans jetés d&ns le Rhône , porteront
» la terreur aux mers épouvantées. 15
Les bons citoyens étaient dans la cons-
ternation. Le i5 avril , huit mille hommes
^c rassemblèrent dansl'église des Augustins»
et arrêtèrent' d'envoyer trois commissaires
aux Représéntans , afin d'obtenir la liberté
de s assembler en sections à Tinstar dès
habitans de Paris , pour procéder à l'exa-
men de la conduite de la Municipalité.
Legendre , à qui ces cômmissaites s'adressè-
rent , leur dit qu'il ne leui!^ permettrait pas ,
dussent-ils le Coupet en '84 morceaux.
Prenez - vous lis' Représéntans du peuple
pour des coyôns ? dit-iï à la diéputatii3ri.
-Buissonat , l'orateur , lui repliqUa : p.rentt
vous Us Lyonnais pouf des genssaûs r..*Mi.^r
Cette repartie si digrfe par son briginàlité
de figurer à ùàti de l|i dtetriawde, valut à èôft
Auteur un 5erremenl-lteitiÀ>ii dcf la^à¥t
du boucher Legéttd¥è7 c]piiî l'inVita â Wfih
dîner âVéC 5iSi fe létidîémaÎ!i; Ce cîto^éti
paya par- 18 mois de^ détention da¥i^' Icfs
prisons de Paris , le dédalli qu'il marqûà^^fi
ne se rendant pas à ce4tie invitation, *^
12 Crimes commis à Lyon,,,
Basire , Rovère. et Legendre occupés cte
spectacles et des^repas les phij^ somptueux',
voyaient de^sang-frôid les mouvenxens Iqui
s'opéraient de. part et d autre , et ne s occu-
|>aient que du^r^tablissement.^es sociétés
populaires. Lçg:endre ,y présid^^,, et ses
virulentes motions furent Tappel etlacalise
des massacres qui sç commirent parja suite»
Ces trois Proconsuls qui sç pavanaient du
titre de défJensejujns^^de^Sans-Culottes., insulr
taifent ouvertement à c^ttç. çl^s^iQ d'hommes
par leur faste: et^ ûjn cpf tège,squijtetra;çai$.nt
Jes usages des cqura de nos: ci-devaiM:
Prînce§é-.- • '-' -:: . ;••.:,', -k^, M-../i/ '[
Le fils de .4'Otléan&' passait; pair cette
ville pour aller rejoindre Tarmée de Birori.
Il d,esççndit à rhptel de Milan où logeaient
ces trois Dépîutçs* Son séjoiir fut de trois
semaines, > peflçifuji; lequel.teras nos trois
.Proconsuls firfent ifégùliètement letir cour
à ce jeunç nicilitair^e. Ikle tr^îlèrçntmajgni'
ifiquÇfflent. IlsrmvHèyent à leurs ôrgiés aux^-
qUeWie* pn adn}(çttait:aussi le prêtre Laussel,
contre. lequel JaryoiH puJ>lrqU€i /sVlçvait de
^tomtes, parts. Çfp4jid^nt Légendre ne pou-
van^ ^éftis|t;jer awx? njpiijibre^aesracQmsations
qui 4m parveï>&ifin;tf<pntref cÇf(Pri[>c;ureur de
la[ Çoit]^mune , jleS fit; arrêter 'J^n^m^jfOur au
•sortir, d'un repas Tqtii avait v^qu lieu -a.ux
Brotteaux.. RovèrçjàvMt ïefusl.dfti^igtierjle
sous lés Proconsuh conventionnels. i3
mandat d'arrêt, en disant que Ton fesait
la guerre aux patriotes, Laussel , son secré-
taires Leclercet sa femme furent traduits au
tribunal révolutionnaire de Paris. Alors le
parti maratiste vînt à triompher, et Laussel
n eut qu'à se présenter pour être acquitté ,
quelques puissantes que fussent les preuve?
produites à leur charge.
Basire , Legendre et Rovère quittèrent
Lyon , après avoir tout fait pour aigrir les
esprits. Nommés pour pacifier cette ville ,
ils relevèrent un parti qui marchait à grands
pas au meurtre et au pillage. Ils lui tra-
cèrent sa marche , en accumulant proscrip-
tions sur proscriptions , et en privant un
grand nombre de citoyens tie leur liberté.
A leur arrivée , ils laissèrent ignorer à la
Convention la situation de cette ville ;
Basire dit seulement aux Jacobins : a Lyon
f» est en mauvais état ; mais la foudre y
jj fût-elle tombée , notre dévouement à la
9J Montagne et les sollicitations des Jaco-
>5 bins nous auraient fait revenir au plus
f> vite.
Cependant , à Lyon, la Municipalité^
le Département et les autres Corps admi-
nistratifs se réunirent sous la présidence du
Maire. La formation de Tarmée révolution-
naire déjà arrêtée par Challier et ses adhé-
rens est mise à exécution. Un Comité , sous
14 Crimes coij^mis 4 Lyon ^
le titre spécieux 4e Comité de Salut public^
fut également institué ; et les Représentans
Albitte aîné, Gauthier, Nioche ^Dubois-
Crancé , qui passaient par cette ville pour
se rendre à Uarmée des Alpes , sanction^'
nèrent ces différentes institutions.
L'authenticité donnée à ces mesures fut
le signal des attaques les plus effrénée^
contre les fortunes et la vie des citoyens*.
On arrête une contribution de 33 millions.
Des mandats impératifs sont déce^rnés
pour la perception de cette taxe mons-
trueusement exhorbitante. Quelques-uns dç
ces bulletins concussionnaires se montent
à une somme de 400,000 liv. ; et ceux qu'ils
frappent , sont menacés delà perte ^e leur
liberté.
Toutes ces vexations ont iin point fixç\
le désespoir des Lyonnais, afin de déclarer
leur malheureuse patrie en état de rébellion»
de Tensevelir sous des monceaux de cada-
vres , et d'effacer à jamais jusqu'au nom de
cette cité naguères si florissante par son
industrie ,^et digne objet de jalousie pouï
toutes les Nations commerçantes.
Le 28 mai 1793 , d-es jeunes gens se
rassemblent pendant la nuit, et font de
nombreuses patrouilles pouf $'opposer à
la tyranniç de la Municipalité : instruite de
ce fait , eUe en fit beaucoup arrêter. Cette
sous les Proconsuls conventionnels, i5
mesure causa une rumeur générale , à tra-
vers laquelle Tindignation se manifestait.
La Municipalité en craignit les suites. Elle
dépêcha un courier à Tarmée des Alpes ,
campé^e à douze lieues de Lyon. Elle peignit
Textrême agitation qui régnait dans la
ville , et demanda aux trois Proconsuls de
faire avancer une colonne sur Lyon. Un
bataillon d'Allobroges , et un de Vol on*
taires , à la tête desquels étaient les repré-
sentans Nioche et Gauthier , dirigèrent aussi-
tôt leur marche sur cette yille. A leur arri-
vée , la Municipalité se transporta dans les
sections quun décret précédent avait auto-
risées à s'assembler. Elles s'étaient déclarées
en permanance , et reçurent Tordre de se
dissoudre. Dans la nuit qui suivit les évé-
nemens , on arrêta plusieurs Pré^dens et
Secrétaires ; et cent pères de familles les
suivirent dans la cave des morts.
Le fig f ceux des Présidens des sections
échappés aux chaînes municipales , se réu-
nirent à TArsenal avec une partie des
Administrateurs du département. Ils se
formèrent en comité. La force armée du
parti des sections se rassembla sur la place
de Bellecour au nombre d'environ lo à
1 2,000 hommes. Ceux qui avaient embrassé
le parti de la Commune se rendirent sur
la place des Terreaux*
i6 • Crim€5 commis à Lyon ,
Le représentant Gaultier vint sur la
place de Bellecour pour haranguer les ci-
toyens armés , et les inviter à se dissoudre.
Pendant le court colloque qui eut lieu à
à cet égard , ce Représentant qui pt^imét-
tait néanmoins la destitution de la Muni^
cipalité , parut tergiverser sur quelques faits.
Ce corps aimé le retint en qualité dotage.
' La Municipalité usa de représailles , et lïiit
en arrestation deux de àes Commissaires.
La Municipalité commença lés hostilités
en fesant tirer le canon sur le bataillon de
la Pêcherie. Aussitôt ces 12,000 hommes
s'ébranlent , et s'avancent sur trois colonnes
vers la Maison Commune. Le feu s'engage
de part et d'autre ; il dure cinq heures , et
il périt 1200 pesonnes. Des femmes dignes
de donner la main aux furies de guillotines
de Paris , se distinguèrent par leur atrocité.
Elles étaient du parti de la Commune ; elles
s'acharnèrent contre les blessés qu elles
massacraient impitoyablement, La nommée
Giroudon se fit remarquer. La troupe de
ligne décida la victoire en faveur de la
Municipalité. A 8 heures du soir, les vaincus
se dispersèrent , et une partie des vain-
queurs célébrèrent leur triomphe par des
orgies où ils s'abandonnèrent à une impru-
dente sécurité. Les Lyonnais défaits , mais
jion désespérés, se rallient de nouveau
sous les Proconsuls conventionnels. 17
pendant la nuit sur la place des Carmes ;
et au milieu du silence de la nuit, cette
troupe commandée parle citoyen Madinier,
s'empare de la Maison Commune , arrête
tous les Municipaux ainsi que Challier
qu ils jettent dans les cachots.
Le Comité de TArsenal voyant son parti
victorieux, s'érigea en Municipalité provi-
soire. Les représentans Nioche et Gaultier
voyant la victoire changer de parti , chan-
gèrent également d'opinion. Ils blâmèrent
hautement la Municipalité dont ils feigni-
rent d'avoir ignoré les attentats , et repri-
rent le chemin de l'armée des Alpes.
Cependant la nouvelle Municipalité
et le Département s'empressèrent de
nommer une députation extraordinaire
pour instruire la Convention de l'événe-
ment du 29 mai. Mais les nouvelles de ce
qui venait d'arriver à Paris dans les journées
du 3i mai et suivantes , firent abandonner
le projet de cette députation. Conformé-
ment aux lois existantes , on érigea un tri^.
bunal sous le nom de commission départe-^
mentale , et une autre de cinq membres
pour juger les militaires.
Après cet événement , le peuple de Lyon
débarrassé de ses oppresseurs , respira
pendant quelque tems , et la Convention
en apprenant par Savoie des papiers publics
tome VL B
1 8 Crimes commis à Lyon ,
ce qui venait de se passer dans cette ville »
n'ayant eu aucuns renseignemens sur son
état précédent , par les députés Legendre ,
Basire et Rovère , envoya le 3 juin lygS,
Robert - Lindet , Membre du Comité de
Salut public. Il vit clairement que le parti
qui avait triomphé à Paris, aux journées du
3i mai, venait de succomber à Lyon;
et à son retour , le 29 juin , il dit à la
Convention :
Citoyens , vous avez décrété que je me rendrais
dans votre sein pour vous rendre compte de l'état
de la ville de Lyon , de la situatioù des esprit*
dans cette ville, et les ordres de votre Comité m'im-
posent l'obligation de garder le silence sur tout ce
que j'ai vu, jusqu'à ce que les fonctionnaires publics
que vous avez mandés aient obéi à votre décret.
Au reste , je puis assurer la Convention que si la
nouvelle autorité qui s'élève à Lyon tient les rênes
de l'administration avec fermeté , il n'y a rien à
craindre pour la liberté , mais beaucoup à observer.
En attendant , voici le projet que je suis chargé de
yous préseilter au nom du Comité de Salut public.
i^. La Convention nationale met sous la sauve-
garde de la loi et des autorités constituées , les ci-
toyens arrêtés à Lyon dans les derniers troubles qui
y ont eu lieu.
2°. 11 sera sursis à toute instruction et poursuites
eommencées contre ces citoyens. Le projet de décret
est adopté.
. Le triomphe de la Montagne avait fait
proscrire une foule de députés , ils se dis-
persèrent sur tous les points de la France
pour y chercher un asyle et un appui contre
sous les Proconsuls conventionnels. 19
la persécution, Chassey et Biroteau se ren-
dirent à Lyon , instruisirent les habitans
des evènemens qui avaient eu lieu à cette
époque , firent le récit de la tyrannie de
la Convention , et invitèrent les Lyonnais
à se prémunir contre elle : ici ils exposèrent
les vues anarchiques du parti Montagnard
et des fureurs sanguinaires des Maratistes.
Les Lyonnais ébranlés par cette nouvelle ',
se laissèrent entraîner par Téloquence de
Biroteau, s'assemblèrent en armes , et avec
leurs drapeaux , ayant à leur tète les Au-
torités supérieures et les deux Députés. On
yarrête rassemblée des sections; et quelques
jours après , eiles proclamèrent que Lyon
ne reconnaissait plus la Convention ni ses
décrets.
Cette première démarche faite , les
Lyonnais se trouvaient au bord d'un pré-
cipice que Biroteau avait creusé sous leurs
pas. Au milieu de Terreur qui les entourait,
ils ne songèrent même pas à retenir ces
deux Députés , qui contens d'avoir soufflé
les premières étincellea d'une insurrection,
s'échappèrent nuitamment , et l'un d'eux
gagna la Suisse.
C'est ainsi qu'après avoir résisté aux
invitations des Bordelais et des Marseillais
pour se .liguer contre la Convention na-
tionale , les Lyonnais se trouvèrent , sans
fi S
SJO Crimes commis à Lyon ,
s'en douter , du nombre des départemeiis
; que Ton dit alors s'être fédéralisés contre
la Convention , tandis que la force armée
départementale n'était destinée que pour
la protéger contre les maratistes qui Top-
primaient« Lyon convoqua en conséquence
toutes les gardes nationales de son arron-
dissement , pour célébrer la fédération du
14 juillets -sous le nom de fédération
Lyonnaise , à laquelle assistèrent des dé-
putés de Marseille.
La Commission départementale et les
sections ordonnèrent en même tems au
tribunal Criminel de juger Challier. Cet
Accusé usa de tous les moyens que la
loi accordait pour sa défense ; et le 17
juillet 1793 , il fut condamné à mort.
( Voyex le tome premier. ) Riard fut éga-
lement condamné comme convaincu d'avoir
commandé la force armée de la Municipa-
lité. Un Municipal du nom de Saute-Mouche^
ayant été précédenunent acquitté , fut
attaqué à la sortie de la prison. Pour éviter
ses assassins , il se réfugia dans un café au
coin du pont volant, où il reçut une balle
qui lui arracha la vie. Son corps fut jeté
dans la rivière.
^ Nous avons esquissé la tyrannie exercée
par la Municipalité Challier \ ses vexa-
tions de tout genre , avaient porté l'indi-
sous les Proconsuls conventionnels. « i
gnation au plus haut point. L'assentiment
donné par la Convention à ses .mesures
oppressives , avait achevé d'aigrir les
esprits , et chaque parti se vit obligé
de recourir aux armes. La victoire s était
décidée en faveur des opprimés , et les
oppresseurs dont les chefs venaient de
triompher à Paris , y trouvèrent par la
suite , de terribles vengeurs. Les évènemens
du 3 1 mai, l'arrivée subite des deux proscrits
Biroteau et Chassey , leurs invitations aux
Lyonnais de chercher à se garantir de la
tyrannie des Montagnards, ne laissèrent
d'autre parti aux Lyonnais , que de suivre
leur primitive impulsion. D'immenses pré-
paratifs de guerre , se fesaicnt dans les
armées avoisinantes ; le bruit jjiublic , un
certain pressentiment fesaient soupçonner
que CCS apprêts allaient être dirigés contre
Lyon : elle se prépara au combat. Le parti
royaliste , malgré qu'il ne se fût pas montré
à découvert , était cependant assez puissant
dans cette ville , voisine des Suisses. Les
troubles presque continuels qui l'avaient
agitée , favorisaient leur entrée. C'était au
milieu des tumultes civils qu'ils espéraient
relever l'étendart royal, et ils avaient trouvé
dans la conduite delaMunicipalité maratiste^
une protection pour l'érection de la royauté.
Le souvenir des premières coi^piratious
B 3
> 22 Crimes commis à L^^on ;
que V dès TAssemblée constituante , on
avait découvertes dans cette ville , aug-
mentait encore sur elle les inquiétudes na-
tionales. On n'avait pas oublié que c'était
daiis cette ville que les princes à Turin ,
et les conspirateurs du camp de Jalès ,
avaient résolu de porter le siège de la
royauté : d abord , pour se venger de la
Conduite des Parisiens , ensuite pour ra-
viver les manufactures que la révolution
anéantissait. Les négocians ne cessaient de
se plaindre a^uprès de la classe ouvrière
sur le nouvel ordre de choses. La Cour
de France une fois abolie , il ne fallait
plus songer à la fabrication des riches
étoffes , qui fesaient refluer tant de richesses
à Lyon. Ces différens propos divulgués
avec art , Turgence du moment , facilitèrent
à laConimission départementale une liberté
daction dont elle avait besoin pour ré-
sister à l'oppression qui menaçait la France.
La faction dominatrice qui criait sar^s cessé
contre les agens de l'Anglais et de l'Autriche ,
servait indubitablement Furie et l'autre
puissance , et. principalement la première,
en concourant à là. destruction d'une ville,
pour l'anéantissement de laquelle , sous le
règne de Louis XIV , ils avaient offert dix
millions.
Les ouvriers qui avaient beaucoup à s^è
sous les Proconsuls conventionnels. 83
plaindre de la morgue des négocîans et
de leur, luxe quils comparaient à la modi*
cité de leur salaire , étaient sans cesse ba-
lottés entre le parti de la Mcwitagne et. lé
parti royaliste qui, par des motifs différeni
visaient au même but- à, Ja guerre civile;
Cette classe d'hommes , peu éclairée , sani
occupations , et ne désirant que la vivi-
fication des ateliers, suivait aveuglément
les impressions qu on lui donnait , sous
le masque d'un avenit plus heureux. Par
TefFet de tant de suggestions , Challict
fut condamné et exécuté , malgré le décret
du 3 juillet , .qui rendait les dépositaires
de Tautorité publique de cette ville, rest
ponsables individuellement Aftt 3.ur Jeuts
têtes , des atteintes . qui • pourraient êtr«
portées a 1^ cureté des!. citoyens arrêtés ^
détenus, ou relaxés pat çwté des évènemeris
du a^ m?LJU .;. . : ^
Peut-être ^ût-il été; plu», .prudent oU
plij$ gf néreuJC de Jlaiss.er la yié à^ Ch^lUer:^
mais la: /Vindicte publique ^voulait irappér
en lui TAuteur des premières ^rresjatiôn5^
de c^ ajCtes . arbitraires - qui , f:çj;Asidéxés
comme l'efFet d'un cerveau mal or^nisé ,
n'en avaient pas moi^s-été le signal des
atrocités municipales,; .-âftP supplice en
fut donc la juste expiation , et les Lyonnais
ne durent y voir que Texe^cicé d'un dçoii
B 4
s 4 Crimes commis à Lyon ,
consacré légalement alors , le droit de la
résistance à Compression.
-Ce sentiment fut le premier mobile de
leur insurrection; et en prenant les armes ,
ils devaient d'autant moins soupçonner une
trahison , ^tietous les actes émanés de la
Commission ; départementale , portaient
Fempreinte de la Republique une et indivi-»
sible , et qu elle prenait élle-niême la déno-
mination d^ ComVnission populaire^ r^épubli^
caine et de Salut' public du département de
RMne et Loiret
C'fesr^sous ce titre qu'elle fit paraître
une proclamation destinée à pi*émunir les
ijitoyetis peu édairés contre les suggestions
des -Agens de là Montagne , qui venait de
remporter à Paris les triomphes du 3i
mai, et du 2 juin. Après avoir rappelé
dans cette proclamation lés récefifà outrages
faits au peuple français dans là personne
de ses RepréseAtàns proscrits par Tinsolence
aftarchîsted^jne minorité composée de c^nt
éhit:;^uante:meftïbï*es seulement: les Membres
de la com^mission ajoutaient ««qu'à leut
>) exemple , une grande majorité des dé-
fj partèmens se sont levés contre Tôppres*
99 sion. Ils les citent au nombre de soixante-
5 5 trois : cependant , ajoutent - ils , des
>5 hommes pervers prêchent par-tout la
n discorde, la guerre civile et le? principes
sous les Proconsuls conventionnels. 25
ij les plus contraires au bonheur public.
t> Ils invitent les citoyens à se défier de
I 5> leurs insinuateurs perfides, au nom de
n tout ce qu ils ont de plus cher. D'ailleurs
» qu'ils examinent scrupuleusement la
f> conduite de ces hommes qui se couvrent
,»9 du manteau du patriotisme. Ils recon*
n naîtront des hommes qui, sans aucun des
n liens qui attachent Thomme à la société ,
9r n'*ont de ressources que dans le crime
n et le brigandage in Ensuite cherchant
à détruire le soupçon qu'on élève contre
eux sur le projet de rétablir la royauté ,
a ils peignent les anarchistes comme les
« auteurs des maux qui désolent la France,
5) qui les premiers ontlevé Té tendart contre
n les amis des lois, î > Ils finissent par ranimer
Tespoir et le courage de ce peuple , u en lui
n apprenant que le bataillon envoyé
J5 contre Je Jura, avait fini par déposer
n ses armes et fraterniser avec eux : qu ainsi
M il ne leur reste plus qu à livrer au glaive
n des lois ceux qui cherchent à enchaîner
ij leur ardeut pbur défendre la cause quils
n ont embrassé , et d'où dépend leur salut
99 et celui de TEmpîre français, n
Il manquait un général aux troupes
lyonnaises. Précy^ ancien militaire, jouissant
d'une fortune médiocre , reçut à son do-
micile situé i, quelques lieues de Lyon «
s 6 Crimes commis à Lyon' i
une députation qui Tinvita à venir prendre
le commandement de la force départe-
mentale. Il vînt à Lyon pour y reconnaître
Tesprit qui ranimait. Il hésitait de prendre le
commandement;mais la C ommission layant
assuré que soixante-trois departemens en-
traient dans cette fédération , fit cesser ses
incertitudes. D'un autre côté , les négocians
pour augmenter le nombre des défenseurs,-
fern;tèrent leurs magasins et leurs ateliers;
Ouvriers et commis furent forcés de prendre
les armes ; on les y encouragea même en
leur donnant une paye de 5 liv. par jour,
non en espèces , mais en papier-monnaie
portant pour inscription ^Billets de. siège eb^
sidionale , et signés par Mes principaux
Membres de la Commission municipale.
L armée lyonnaise s'organisa en peu dé
tems. Elle fut composée de 6000 hommes
d'élite, et 1^ masse de ses défenseurs en
général, se montait à près de trente mille
hommes. Cette armée commença à s'em-
parer de tous les Inagasiqs -de vivres et de
niunitidns appartenant àila. République et
réservés- p'our Tarmée d'Italie, ainsi que
des fonderies de canons. Le citoyen /fr^/Vaw;
directeur de l'une de ces fonderies , refusa
son ministère et se sauva.
Les troupes destinées contre. cette ville,
conduites par Dubois- Crancé ,,se présenumt
sous les Proconsuls conventionnels. 27
sur les hauteurs environnantes et dominaient
du côté de la Croix-Rouge, Une artillerie
formidable avait é*é commandée pour ce
siège : par la suite , la levée en masse des
départemens voisitf» , eut ses quartiers
autour de- Lyon , qui se trouva bloqué de
toutes parts : elle n'eut de communication
de libre que celle des Brotteaux , par le
pont St.-Clair. L'opiniâtre résistance des
Lyonnais , fit accuser Dubois-Crancé de
ménager les assiégés. (1) On lui adjoignit i
Couthon , Châteauneuf- Randon , Maignet ,
Laporte ttrjavogues. Sous ces quatre Mon-
tagnards, le siège prit une nouvelle acti-
vité. Les bataillons de TAuvergne, et autres
appelés à ce siège , redoublent d'efforts ,
à la vue de cette ville riche dont on leur
promet le pillage. Les Montagnards qui
n'épargnaient rien pour en venir à leur
but , distribuaient avec profusion les asf-
signats dont ils dirigeaient à volonté la
fabrication. Danton écrivit à Couthon qu'il
fallait détruire cette ville , que tous les sa-
crifices devaient être faits. Cette invitation
de Danton était inutile , puisque le Comité
de Salut public avait arrêté cette mesure
(1) Pendant qu'il dirigeait ce siège , un nommé
Servan ,, aidé-de-camp de Précy , pris dans une
sortie, les armes à la main , fut jugé par une cour
martiale , et condamné à être fusillé.
X
28 Crimes commis à Lyon ,
relative à son plan de, dépopulation. Là
disette se fesait sentir dans Lyon où Ton
distribuait par jour à chaque individu
un gobelet d'avoine , et ceux qui n'avaient
pas voulu prendre le*" armes, étaient privés
de tout secours. Plusieurs femmes et erifans
étaient déjà morts de besoin : le peu d'é-
nergie d'une partie de ceux qui avaient pris
les ajrmes , la quantité de partisans de la
Montagne qui étaient comme autant d'es-
pions , les trahisons continuelles qu'ils
occasionnaient , et contre lesquels on avait
été force de sévir , soit en incarcérant
ceux qui était soupçonnés , soit en fesant
fusiller ceux qui étaient convaincus , ren-
dirent les efforts des assiégés inutiles ; et
après avoir soutenu un blocus de soixante-
trois jours , un des plus meurtriers et des
plus désastreux que l'histoire nous fournisse,
Lyon ouvrit ses portes à l'armée de la
Montagne , le 9 octobre 1 793.
Les assiégés qui s'attendaient à trouver
leurs assa^ssins dans les vainqueùrs,furent sin-
gulièrement étonnés et attendris , en voyant
l'armée entrer avec des vivres de toute
espèce , et chaque soldat distribuer une
portion de sa subsistance aux citoyens.
Un pareil début séduisit la multitude , qui
finit par regarder ces soldats comme ses
libérateurs \ mais elle ne pouvait s'imaginer
st)U5 les Proconsuls conventionnels. «9
que les Représentans qui étaient à leur suite,
vinssent y porter la désolation et le carnage*
Le général Précy , qui n ignorait pas le
peu de confiance que méritaient les Dé-
putés de la Montagne , avait déjà pris le
parti de la retraite à le tête de deux mille
cinq cents hommes , qui étaient l'élite des
assiégés. Cette retraite , qui lui avait parue
indispensable dès Tinstant où les pour-
parlers annonçaient la prochaine reddi-
tion de la place , fesait déjà déserter les
postes avancés par les factionnaires fatigués
d'un siège aussi long , et à qui les prélimi-
naires de paix firent briller une lueur de
yepos , dont ils s'empressèrent de jouir
par avance.
Ces malheureux ne voyant donc d'autre
salut que dans la fuite , emmènent leurs
femmes et leurs enfans , qu'ils mettent au
milieu de leurs bataillons , et abandonnent
leurs foyers , leur patrie et leur fortune»
On ne peut dépeindre la douleur qui dé*
chirait cette petite armée. Les mères , les
enfans qu'elles serraient contre leur sein ,
murmuraient contre le ciel , et accusaient
leurs ennemis d'injustice et de barbarie. La
destinée la plus affreuse les expulsait de
leur asyle ; elle présida à leur départ , en
leus fesant ressentir les plus terribles coups*
Une décharge d artillerie frappa le milieu de
3o Crimes commis à Lyon ,
cette colonne à sa sortie ; un obus mît le
feu à un caisson , son exJ>losion porta la
mort parmi les femmes et des enfans*
Plusieurs éprouvèrent des blessures mor-
telles , qui les firent périr au milieu des cris
d un désespoir déjà alimenté par cette re-
traite forcée^ Néanmoins cette petite armée
continua sa route ; mais les Représentans
ne la perdirent pas de vue ; ils préparèrent
sa destruction par tous les moyens que la
puissance et la barbarie leur fournirent.
Des Commissaires sont expédiés dans toutes
les campagnes par où ils doivent passer.
Le tocsin sonne à leur approche ; les paysans
s'arment de toutes parts, les harcèlent , leur
coupent le passage. Près de St. Cyr, au
Mont d'Or , à St. Germain , ils les at-
tendent d^ns les creux des défilés ; ils les
assaillent dans les difFérens endroits , et
parviennent à les détruire. Ils n'épargnent
ni les femmes ni les enfans , ils se préci-
pitent dessus à coups de bâtons , à coups
de fourches ; les assomment., les égorgent ,
et parviennent à exterminer jusqu'au der-
nier de ces infortunés.
Les Représentans , en possession de la
ville de Lyon , commencèrent d'abord à
rétablir le fameux club , présidé jadis par
Challier. Plusieurs Représentans s'y ren-
dirent, et y prononcèrent les discours les
sous Us Proconsuls conventionnels. 5 1
plus propres à exalter les têtes , et em-
braser toutes les passions. Javogues , dans
un de ses élans oratoires , y peignit Challier
et Riurd , comme les martyrs de la liberté ,
les héros de la République et les seuls amis
(du peuple. II. parla aux ouvriers de l'asser-
visse ment honteux dans lequel les riches les
avaient retenus silong-tcms , en s'appro-
prîant tous les fruits de leurs travaux et
de leur industrie.- Les propriétaires furent
signalés au peuple comme les usurpateurs
de son bien ; il finit par Tinviter à rentrer
dans ses droits , en dépouillant les pro-
priétaires ; et lorsque le décret sur la dis-
tribution des maisons des riches aux pauvres
fut devenu public , il leur persuada que la
démolition des édifices était un moyen
certain de parvenir à cette sainte égalité ,
qui est la base de la liberté.
C'est ainsi que ces Représentans pro-
clamaient ce système agrairien , conçu par
les Comités et la Convention, pour assurer
leur ^despotisme par la main même du
peuple; c'est ainsi qu'en offrant àPindigent,
fatigué d une longue misère , l'illusion en-
chanteresse d'une égalité future d'opulence
et de bonheur , ils achetaient ses bras et
sa force pour la ruine et l'extermination
des Français , qu'ils enchaînaient par de
chimériques espérances : les remords de la
i
32 Crimes commii à Lyon , '
multitude égarée , Fentraînaient des égà- |
Temens aux crimes , et lui firent bientôt un \
besoin de la férocité. J
Le même siystême s'étendait du Mi Si au \
Nord ; et Paris était comme un gouffre '
central où s'engloutissaient les victimes
d'élite , et comme un modèle des principes ,
de dépopulation offert au reste des dépar-
temens , pour encourager et activer les •
exécutions et les massacres.
Les prédications agrairicnnes dejavogues
ne furent que trop bien entendues , et ses
affreux succès sont imprimés en caractères
ineffaçables sur les murs et sur les ruines
de cette ville infortunée. '
Lyon , comme toutes les autres Com-
munes de la République , avait sans
doute des royalistes dans son sein ; mais
on y comptait en revanche une foule
d'excellens républicains. Les Représentans ,
on le sait , ne desiraient pas en trouver ; ils
trouvèrent même, un moyen de créer des
suspects de royalisme , en affichant et que
5> quiconque laisserait paraître sur son vi-
»> sage la moindre apparence de tristesse ,
3> serait déclaré <2n5/ocr^<^. »» Ainsi bravant
le^ deuil public , et se jouant de la famine
qui régnait dans les murs de Lyon , ils
commandèrent au père de sourire à la vue
de ses enfans expirans de besoin , ou
sous Us Proconsuls conventionnels. 33
assassinés ; ils voulaient étouffer jusqu'à cette
douloureuse mélancolie , que la nature a
voulu attacher au don sacré de la maternité*
Comme la présence et Tanêté des Re-
présentans ne commandaient pas la gaî té des
Lyonnais , CoUot-dHerbois écrivit à la
Convention que Taristocratie était peinte
sur le visage des Lyonnais ; que leur haine
pour la République s y lisait par leur air
sourcilleux ; comme si une ville , menacée
à chaque instant de pillage , de démoli-
tion, et dont les habitsms étaient sous les
poignards des sicaires du club Challier ,
devait s'abandonner à Talégresse.
Il ne manquait plus à la folie révolu-
tionnaire que de diviniser le crime , en
fesant Tapothéose de Challier ; ils indi-
quèrent pour cette fcte un jour destiné à
celle de notre ancien culte. Cette circons-
tance ne fit qu'ajouter au ridicule et à
Fhorreur dont se couvrirent dans cette
journée. les promoteurs de la dégradation
des Lyonnais , en leur présentant pour
idole ce Challier , Tennemi juré de son
repos et de son bonheur. Le Sénat romain
décerna des honneurs divins à ses tyrans.
Le Peuple français , dit souverain , fait
brûler Tencens aux pieds des siens.
Le jour fixé pour la fête de Challier , son
image est pompeusement promenée dans
Tome VI. c
34 Crimes commis à Lyon ,
les Yues de Lyon ; des hommes et des
femmes la portent avec respect : d'autres
'hommes sont chargés de vases sacrés ; au
milieu d'eux est un âne , couvert d'une
chappe et coîfFé d'une mître : à sa queue
sont suspendus la Bible et l'Evangile. On
brûle le corps supposé de Challier , et ses
cendres sont pieusement distribuées aux
sectateurs de sa morale. L'Evangile et la
Bible sont brûlés , et oh en jette les cendres
au vent. Cette cérémonie s'acheva par
faire boire l'âne dans un calice. On agita
ensuite de consacrer cette journée en im-
molant tous les prisonniers aux mânes de
Challier. Ce massacre , auquel ces indignes
partisans applaudirent, eut peut-être été
exécuté , sans un orage violent qui dissipa
tout-à-coup cette odieuse fête. La Com-
mune de Wris , à qui le club Lyonnais avait
envoyé le cœur de Challier , s'empressa
également de célébrer des fêtes en son
honneur. La réintégration de ce club , dont
les sentimens s'accordaient si bien avec les
siens , établissait entre les deux plus grandes
xités de la France , une correspondance
et une unité d'action qui devaient du Nord
au Midi faire tout courber sous la tyrannie
révolutionnaire.
Le sang des Lyonnais quel'on avait déjà
commencé à verser sur l'échafaud, celui
sous les Proconsuls conventionnels. 35
quf'on se proposait de verser encore , la
plupart des ennemis de Challier , frappés
de la hache , le reste n'attendant plus que
Imstant ou la rage des bourreaux devait
s appesantir sur eux , offrirent aux Rcpré-
sentans du Peuple un triomphe trop digne
de la Montagne , pour ne pas lui en faire
hommage. En conséquence , ils adressèrent
la lettre suivante à la Convention na-
tionale.
Commune-Affranchie^ sto Brumaire^ an 2 de la République
française^ une et indivisible. (^ lo novembre^ i793. )
Citoyens collègues.
L'ombre de Challier est satisfaite ; ceux qui dic-
tèrent l'arrêt atroce de son supplice , sont frappés
de la foudre ; et ses précieux restes, religieusement
recueillis par les républicains , viennent d'être
portés en triomphe dans toutes les rues de Com-
mune-AfiFranchie. *
C'est au milieu même de la place dU^.ce martyr
intrépide fut immolé à la rage effrénée de ses bour-
reaux, que ses cendres ont été exposées à la
vénération publique et à la religion du patriotisme.
Aux sentimens profonds et énergiques qui rem-
plissaient toutes les âmes, a succédé un sentiment
plus doux , plus touchant ; des larmes ont coulé de
tous les yeux à la vue de la Colombe qui Tavoit
accompagné et consolé dans son affreuse prison , et
qui semblait gémir auprès de son simulacre. Tous
les cœurs se sont dilates ; le silence de la douleur a
été interrompu par les cris mille fois répétés : Ven-
geancc ! vengeance !
C 2
36 ' Crimes commis â Lym. ,^ ^
. Nous le jurons , le peuple, sera vengé ! Notre
courage sévère répondra à sa juste in^patience. Lesol
qui fut fougi du sang des patriotes, sera boulversé ;
tout ce que le crime et le vice avaient éleyé scri
îtnéanti ; et sur les débris de cette ville superbe et
rebelle , qui fut assez corrompue pour demander
un maître , le voyageur verra , avec satisfaction ,
quelques monumens simples, élevés à la mémoire
des martyrs de la liberté , et des chaumières éparses ,
que les amis de Tégalité s'empresseront de venir
habiter , pour y vivre heureux des bienfaits de la
nature.
Signée FOUCHÉ, Représentant du Peuple.
La Montagne jéblouie par son triomphe
sur cette cité fam<euse , doat elle redoutait
peut-être le réveil , la proscrivit entière-
ment ; et par Torgane du Comité de Salut
public , la Convention avait rendu , dès le
Ûi vendémiaire, (12 octobre J 793) le décret
qui ensevelissait à jamais sa gloire , et qui
devait effacer jusqu'à son nom. En voici le
texte :
Du 21 Vendémiaire^ seconde année Républicaine,
La Convention nationale, après avoir entendu,
le rappOTt du Comité dç Salm public, décrète :
Article p b e m i e r.
Il sejra nommé par la Convention nationale
sur la présentation du Comité de Salut public,
une conwnission extraotrdinaire , composée de cinq
membres , pour faire -punir militairemeiit et sans
délai les contre-révolutionnaires de Lyon.
IL Tous les habitàns de Lyon seront désarmés.
Leurs armes seront distribuées sur-le-champ aux
défenseurs de la République,
sous les PrvconstUs çomentimneh. 37
Une p^irtie sera remise- aux patriotes de Lyon
qui ont été opprimés par les riches e^ les contrer
révolutionnaires. -; ,
III. La^ ville de Lyon sera détruite.. Tout ce qxri
futjhabité par le riche sera démoli. Il ne restera que
la maison du pauvre, les habitation^ des patnote;i
égorgés ou proscrits , les édifices spécialement
employés k ISndustrie , et les monunièns consacrés
à r humanité et à l'instruction publique.
IV. Le nom: de Lyon sera effacé du tableaq de^
villes dé la République.
La réufiion des maisons conservées portera
désormais le - nom de VilU-Affranehie,
V. IL sera élevé sur les ruines de Lyon une colonne
qui attestera à la postérité les crimes et la punition
des royalistes de cette ville, avec cette inscription :
^ Lyçnjit la guerre à la Liberté ;
j Lyon tiest plus.
Le dix- huiùème jour du premier mois ,
Lan deuxiimt de. la République Française ,
..U^i^, et indivisible.
t VI. Les Rfïyrisehtans du peuple nommeront snr-
le-champ des commissaires pour fp^rc le tableau de
toutes les propriétés qui ont appartenues aux riches
et aux cdntt'e- révolutionnaires de Lyon , pour être
«tatué incessamment par la Convention sur lés
moyens d'cxéx;ution du décret du 19 juillet 1793,
qui affecte ces biens à l'indemnité des patriotes.
. Du 28 , premier ynoifSr 4^ la seconde armée républicaine.
La Convention, nationale décrète que la lettrfe
écrite le 2 7 août dernier aux Représentant du peuple
Dubois-Crancé et Gaultier, par les citoyens de.L)^,on,
et revêtue de 20 mille signatures , sera déposée
dans ses archives , pour servir de monument étej^-
nel de la trahison des signataires de cette lettre. ^
ç 3
38 Crimes commis à Lyon ,
Ordonne en outre que cette lettre sera imprimée ,
et envoyée, à tous les corps administratifs, et qufc
copie oftcielle en sera envoyée par le Comité; dfe
Salut public , aux Représentans du peuple dfeins
Lyon, pour servir de base à leurs opérations dans
cette ville rebelle. - - -
,^._ Pour procéder à rcx.écùtion d'un ordre
aussi désastreux , il fallait être bien assuré
de Fassentiment ou plutôt de Faveuglement
du Peuple. Comment ne pas s'étonner
que cette foule d'ouvriers , qui devait sou
existence à la richesse des commer^atis ,
aux nombreux magasins , aux immenses
ateliers que Lyon renfermait dans ses
murs , n ait pas senti que la proscriptioii
des négocians , dé ces ateliers et la démo-
lition de leurs habitations', entraînaient
nécessairement Tanéantissement de ' toute
industrie et de tout moyen d'existence pour
elle-même ? Comment nVt-elle pas été
avertie par un sage pressentiment de là
misère et de la famine qui l'attendaient ,
sur l'affreuse perfidie des tyrans conven-
tionnels qui Tégarâîent , sur l'éternelle
exécration qui leur était due ?
Les vainqueurs , au lieu de se conduire
en pères de famille, toujours disposés à la
clémence qui aurait ramené les vaincus au
'centré commun, et conquis aux vainqueurs
.'de nqmbreux et de zèles partisans , agirent
en despotes irrités et avides de sang.
V
sous les Proconsuls conventionnels. Sç^
Les Membres de Tancienne Municipalité
avaient déjà été mis en liberté et réinstallés.
Que de vengeances à assouvir ! que de bri-
gandages à exercer ! Vils instrumens des Re-i
présentans du Peuple! ils alimentent leurs fu-
reurs, en désignant pour victimes ceux qui
avaient développé la plus vigoureuse résis-
tance à leurs projets liberticides. CoUot-s
d'Herbois, ci-devant comédien , avait aussi
une vengeance particulière à exercer contre
toute cette malheureuse cité. Lors de son
début sur le théâtre de Lyon , il avait été
sifflé. Aussi s'écrîa-t-il pendant le siège de.
cette ville , qu elle lui paierait bien cher
ses coups de sifflets. Ainsi Lyon deyait être
victime de son bon goût pour les arts (i).
(i) Cet histrion était en mission immédiatement
après ce siège , à Crépy , dan» le département de
TAisne , avec Lequinio et Isoré. Avant de se faire
connaître , ces Députés parcouraient les places pu-
bliques , se glissaient dans les groupes et cher-
chaient à révolutionner le pays , en soulevant le
Peuple contre les riches " : 11 n'est pas étonnant ,
51 disait-on de toutes parts , que nous soyons mal
» gouvernés , la Convention n'est composé que
i9 d'hommes ignares, sans délicatesse ; la plupart
n sont i4l>nnus, et n'ont jamais eu de moyens
jî de subsistance. Il y a jusqu'à des Comédien»
j> qui sont membres de cette Assemblée. ji Le
Procureur-Syndic était l'auteur de ces observations ,
dont le dernier trait ne devait pas flatter l'amour-
propre de Gollot. Deux heures après les Députéa
c 4
40 • Crifnes commis à Lyon , '"
Une Commission militaire composée de
cinq membres , quoique maratiste , jugeait
cejpendant avec queîqua^parence de jus-
tice.'Elle suivait à p.çu-près les formes, La
Société populaire établie datis la salle des
spectacles des Terreaux , se plaigtiit de ce
qu elle ne condamnait pas url as?ez grand
nombre d'individus; que la Nation avait
"besoin d'ctré vengée prdmptement , et qu'il
fallait en envoyer èbus ïes joùts soixante à
la mort. Cotlôt-d'Hferbois étrivit aux jaco-
bins de PiHs.ll invita de choisir dans leur
seîn de courageux Jacobins polir accélérer
le jugement des Lyonnais, ajoutant quit
ny avait pas vingt patriotes à Lyon. Ainsi ,
d'après cfette lettre, bn doit présunîer qiié
la*"Munic1pâlité , le "Club èl le Tribunal
n'étaient pas encore assez à la hauteur; .
Les Jacobins ' envoyèrent aussitôt une
annoncèrent leur arrivée au district. Aussitôt il
envoie une cléputation à la tête de Iqiielle se trou-
vait le^ Procureur-Syndic. Collot Tapperçôit , de-
mande ce que veulent ces hommes; on Ven instruit:
'Retirez-vous , s'ecrie-t-il aussitôt , vous êtes dés contre--
révotîitionnaires , vous ri' it es pas dignes de paràïtri
devant la Représentaiionnaiiofiale. Les membres, inter-
dits se retirent, vont iairé part à leurs conègues de
la réception qui leur a été faite , tous en ignorent
les raisons. Enfin , le Procureur-Syndic se rapjpelé
ses propos, et la figure de Collot-d'Herbois. Aussi-
tôt, frappé de terreur, ils prennent la fuite»
sous les Proconsuls conventionnels. 41
colonne de Tarmée révolutionnaire com-
jDiandée par Ronsin et Parrein ; ce dernier
ex-avocat et orateur du faubourg Saint-
Antoine de Paris. Les soldats de Tarmée
révolutionnaire furent choisis à dessein
parmi tout ce qu'il y avait de plus exécrable
dans ce corps. Ils furent suivis d'une com-
pagnie de canonniers. Lés nommés Antoine
et Lafagc , meinbres de la Société , parti-
rent également pour Lyon. Aussitôt une
Commission de sept membres fut installée.
jParrein la présidait. Il avait pour collègues
Lafage , Brùnières , Serjiet ,' Côurchand ,
Marcellin , Vauquoy et Andirieu laîné.
Ce tribunal de sang voulut , a l'exemple
des Grecs , juger en plein air; mais juger
n'était pas leur vœu : cette marche n'aurait
pas frayé aux détenus la route de Téchafaud.
CetteCommission signala son installationpar
l'envoi de 209 individus au supplice. C'était
la fusillade ; mais avant de narrer cette
épouvantable anecdote , remontons à la
source des jugemens des deux Commissions.
L'interrogatoire qu'on fesait subir, était
court et précis. Trois questions en fesaient
souvent la base : Quel est ton nom , ta pro-
fession ? Qji as-tu fait pendant le siège ? Ès-tù
dénoncé ? Ces lieux communs que les tri-
bunaux de la tyrannie s'étaient adoptés ^
tels que les dénonciations de fanatisme ,
42 Crimes commis à Lyon ,
de haine pour les Sans - Culottes , pour
Végalité ; Tinterprétation des discours , et
des gestes les plus innocens ; le propos le
plus léger , enfin la moindre indiscrétion ,
suffirent pour motiver cette foule d'arrêts
qui couvrirent les places de Lyon de sang
et de carnage. Au milieu de toutes ces hor-
reurs , plusieurs des accusés conservèrent
tout le calme de l'innocence , et leur ré-
ponse laconique annoncèrent leur mépris
pour leuts bourreaux /et la haine même
de la vie. j
Marie Adrian , jeune fille de seize ans ,
vêtue- en homme, avait servi au canoix
pendant le siège. Traduite devant ces juges ,
ils lui dirent : Comment as-tu pu braver le
feu et tirer le canon contre ta patrie ? C'était
au contraire pour la défe7idre^ répondit-elle^
Une autre du même âge et aussi inté--
ressante , ne voulait pas porter la cocarde.
Interrogée sur le motif de son refus : Ce
n'est point la cocarde que je hais , dit-elle ;
mais comme vous la portez , elle me paraît' le
signal du crime -^ elle déshonorerait mon front.
Lafage fit signe au guichetier d'attacher une
cocarde au bonnet de cette jeune accusée.
Vas , lui dit-il ensuite , en portant celle-ci
tu es sauvée. Aussitôt elle se lève avec sang-
froid , détache cette cocarde , et ne répond
aux juges que par ces mots : Je vous la
sous les Proconsuls conventionnels. 43
rends. Elle sort aussitôt , et court à la mort.
La citoyenne Marie Lolière , femme
Cochet , avait tellement pris la faction de
la Montagne en aversion , qu elle avait dit
hautement qu elle couperait la tête d'un
Représentant du Peuple, et qu'elle la porte-
rait au bout d'une pique. Elle fut guillotinée
pour ses propos , et pour avoir donné
Texemple de la rébellion en portant les
armes contre sa patrie , et en se travestis-
sant en homme pour mieux exécuter ses
desseins.
Un Commandant de bataillon de la garde
nationale réclamait auprès du tribunal la
liberté de son frère. 11 avait laissé son épéc
au corps de garde placé à l'entrée du tri-
bunal. Les soldats la tirèrent par curiosité
du fourreau. Malheureusement cette épée
qui était ancienne portait l'empreinte des
trois fleurs de lys. Aussitôt elle est mise
sous les yeux des juges. Ce Commandant
étonné, se trouble dans ses moyens de
défense. Tu venais , lui dit-on , réclamer ton
frère , tu partageras sa prison et son jugement.
Un accusé du nom de Calas se présente.
Etais-tu , lui demandent les juges , parent
de ces Calas que des Parlementaires ont fait
rouer ? Sur l'afl&rmative : Sois libre , lui
dit-on , ton parent te sauve.
Un autre évita la mort par une réponse
44 Crimes commis à Lyon ,
unique à tout ce qu'on lui demanda. Elle
se bornait aux deux mots : Comme vous.
Aimes-tu l'argent , lui demande - 1 - on ?
— Comme vous. As-tu porté les armes
pendant le siège ? ~- Comme vous. Es-tu
patriote ? -— Comme vous. Il fut acquitté.
Une jeune fille , au milieu des transports
du désespoir , entre dans la salle , et s'écrie :
'Mes frères sont fusillés ; vous venez de faire
périr mon père ; je nai plus de farnille , que
faire seule au monde ? Je m'' y déteste-^ mettez
tin terme à mon malheur ; de grâce faites-moi
périr, ^lle était aujc genoux des juges en
leuradressant cette triste prière, Courchand
et Fernèx firent paraître quelques mouve-
tnens de sensibilité. Relevez-vous , jeune*
fille , dit l'un; en vain vous nous demander
la mort ; nous voudrions bien vous accorder
votre demande , mais nous fie lé pou-
vons pas.
Tandis que la mori était a l'ordre du
jour parle ministère de ce tribunal de sang,
les accusés , parmi lesquels étaient des
religieuses et des prêtres , y paraissaient
'avec cette intrépidité qui sait braver la
mort et les hoxxxv^^xxx. Si votre devoir , disait
un d'eux, est de nous condamner , obéissez a
votre loi \f obéir aussi à la mienne'; elle m' or-
donne de mourir et de pardonner âmes ennemis.
Crois-tu à l'enfer ^ demandaient les juges
sous les Proconsuls conventicnnds. 45
au curé d'Amplepuy ? Comment en douter ,
dit-il , en vous voyant ? Un autre prêtre
croit échapper au trépas par Tathéisme.
Crois-tu en Dieu , lui deraanda-t-on ? T'rès^
peu , répondit-iL Meur\ , infâme , dit aussi-
tôt le Président, et va le reconnaître.
Qjie penses -tu de Jésus , de manda- t-on à
un autre ? 11 répond qu il croit que sa mo-
rale a mis les hommes dans Terreur. Court
au supplice. Scélérat , lui cria-t-on ; Jésu§
tromper les hommes ! lui qui leur prêcha f égalité^
et qui fut le premier et le meilleur sans-culotte
de la Judée.
La piété filiale et Tamitié fraternelle s'im-
mortalisèrent dans ces tristes circonstances
par leur dévouement héroïque. Le citoyen
Badger , dont le frère malade des blessures
qu'il avait reçues à Tafiaire du sjg mai ,
jetait grièvement dénoncé , fut arrêté à sa
place et conduit dans la prison. Un mot
pouvait le rendre à la liberté , à la vie. Il
se tut , fut condamné , et marcha gaiement
au supplice.
Les deux frères Bruyset, imprimeurs-
libraires , tous deux jouissant d'une pro-
bité exemplaire , firent incarcérés, comme
ayant participé à la défense de Lyon. L'aîné
5'était chargé du papier - monnaie , dit
billet de siège ohsidional. Sa signature était
même apposée au bas de ces billets. Malade,
46 Crimes commis à Lyon ,
il fut mis dans une infirmerie. Le frère
cadet fut mis en jugement. On lui présente
lesbilletsetlasignature.il répondit que cette
signature était bien celle deBruyset. Ce peu
de mots équivoques suffit au tribunal pour
éclairer leur conscience. Us renvoyèrent à la
mort. Ce trait de générosité devient encore
plus sublime,si Ton considère quece Citoyen
en se sacrifiant pour son frère qu une ma-
ladie avait fait transporter dans un hospice ,
s'arrachait à sa femme et ses enfans , qu'il a
laissé en mourant au soin de son frère.
Certainement l'ingratitude , dans une pa-
reille circonstance , serait un grand crime.
Ce dernier trait eut lieu à J'occasion de
révasion des prisonniers de la cave dite la
mauvaise Cave ; c'était là que Tpn déposait
les condamnés avant que de les conduire
au supplice. Ceux qui étaient sortis du tri-
1t>uiial la veille de la décade , attendaient
jusqu'au surlendemain pour subir leur
mort; car , les décades , les tribunaux et les
exécutions étaient suspendus , et les auto-
rités existantes donnaient des fêtes au
peuple , qu'ils préparaient par leurs dis-
cours féroces aux scènes sanglantes qui
devaient se succéder rapidement dans le
cours de la décade. A la faveur de cet inter-
valle , un détenu avait projette son évasion.
Il reçoit par un soupirail tous les instru-
sous les Proconsuls conventionnels. 47
tniens nécessaires pour Teffectuer ; et la nuit
qui devait précéder leur supplice , il fut
exécuté au milieu des plus vives alarmes
et des obstacles qui eussent été insurmon-
tables pour tout homme qui n'eût pas
eu la certitude de la mort. Quinze échappent.
Couchoux fils vient briser les chaînes de son
père octogénaire , et dont les jambes enflées
et ulcérées ne lui laissent pas la liberté de
jouir de cet avantage : u Fuis , mon fils ,
J5 lui dit-il , si tu en as l'occasion et le tems ;
9^ fuis à rinstant , je te l'ordonne : pour
îj moi , je ne puis te suivre , j'ai assez vécu*
j> Bientôt mes peines seront finies : la plus
M grande disparaît, si je te crois sauvé.^Son
fils insiste et l'assure qu'il ne quittera pas la
prison sans lui , et que par son refus il va
causer la perte de l'un et de l'autre. Enfin ,
le père se décide , il se lève ; et appuyé
sur son fils , il s'avance vers l'escalier. Il ne
peut soulever ses jambes : alors le fils , âgé
seulement de vingt-deux ans , et d'une faible
complexion , le prend sur ses épaules , et
gagne avec ce précieux fardeau la barrière.
La nuit acheva de couronner leurs efforts ;
ils sortent de la ville.
Cette mauvaise cave , continuellement
habitée par le sombre désespoir , en por-
tait l'empreinte sur ses murailles. Ici ily avait
crayonné: Dans cent trente minutes je nexis'^
48 Crimes commis à Lyon ,
ter ai plus : f aurai vu la mort ; quelle soit
bénie ! n est-elle pas mère du repos ? Près de
la porte on lisait ces mots : Jtiges barbares ,
vous vous êtes trompés en croyant me punir : la
Jin de mes jours est la fin de mes maux ; vous
êtes mes véritables amis, t^lus loin , la sombre
mélancolie avait esquissé ses sinistres pen-
sées sur l'existence et le néant. Le désespoir
y laisse des traces encore plus funestes. Un
citoyen veut hâter le moment de son sup-
plice ; un verre de bouteille estrinstrument
dont il se sert pour délivrer son corps : il
y fait plus de trente blessures pour s'ouvrir^
les veines. On le trouva , le matin , baigné
dans son sang , et le tribunal le fit conduire
sur un matelas , sous lechafaud de la
guillotine.
Un des malheureux condamnés , nommé
Grivet , fut oublié dans la cave ; il y passa
quatre jours , vivant des restes qu'avaient
laissé ses infortunés compagnons. Au bout
de ce terme , le geôlier amène une nouvelle
victime , et recule d'effroi en appercevant
Grivet. Il appelle aussitôt la sentinelle , et
crie à Finconnu : D'où viens-tu ? — Je ne
suis pas sorti d'ici , répond Grivet ; on a sans
doute couduit à la mort tous mes compagnons
d'infortune : on m'a oublié , c'est un malheur ,
car je n existerais plus ; mais il va être réparé ,
puisque je te vois. Le geôlier alla raconter ce
sous les Proconsuls conventionnels. 49
laît au tribunal, qui fit monter Grivet , et
Imtcrrogea. Il parla du profond sommeil
où il était plongé lors du départ des autres
condamnés \ et le tribunal , par lefFet d'une
contradiction sans exemple , jugea à propos
de le mettre en liberté.
Un stratagème bien conçu a souvent
sauvé son inventeur. Le sculpteur Chinard »
proscrit pour avoir servi pendant le siège ^
de concert avec quelques amis, se faif
arrêter au district , s'étant saisi de quelques
papiers inutiles. On le livre à la police cor*
^rcctionnçUe , comme filou. Ce tribunal le
condamna à un an de détention : c'était
son principal voeu, à laide d'un faux nom
qu'il avait pris lors de l'instruction de cette
afiaire , et d'un énorme bonnet qui lui cou-
vrait la moitié du visage. Il resta ignoré dans
cet asyle pendant tout le tems que durèrent
les massacres,
La guillotine n avait pas rempli le vœu
des bourreaux ; la fusillade et le canon
chargé à mitraille furent choisis de préfé-
rence , pour vomir la mort à grands flots.
Les Représentans du peuple craignaient
d'ailleurs que la grande quantité de sang
qui inondait la place des Terreaux , ne finit
par irriter le peuple. On avait cependant
creusé sur la place différens fossés pour y
recueillir le sang. On transporta donc
Tome VI. • D
5o ;u Crimes commis à Lyon ,
jailleursi le théâtre du carnage ; et pour
métayer cette nouvelle forme de donner la
mort, les Représentans dirent au peuple
que sa vengeance n'était pas assez promptç ,
que ses ennemis devaient périr en masse ^
et que la foudre seule^ pouvait hâter la des-
truction de ses ennemis.
Ronsin , général de Tarmée révolution^
naire , écrivit à la société des Cordeliers
•de Paris les moyens prompts qu'on allait
employer pour se débarrasser en masse des
contre-révolutionnaires , et que le Rhône ^
teint de leur sang , irait annoncer aux'
fédéralistes du Midi leur destruction,
Soixanteronze individus , choisis dans
toutes les classes et dans tous les âges ,
attachés deux à deux , traversent la ville ,
au son d'urie.musique guerrière , et arrivent
aux Brotteaux, Une allée J3ordée d'arbres:^
et sur les côtés de laquelle on avait creu^^
des fossés . parallèles , pour recevoir les
corps des morts et des mourans , des sol-^
dats bordaient de chaque côté la ligne , et
menaçaient du sabre et du fusil ceux qui
auraieht tenté de s'écarrter de la direction
horisontalê que le boulet devait parcourir
pour terminer leurs jours. Garottés deux à
deux , et à la suite les uns des autres , lesi
condamnés voient d'un coup-d'œil la tombe
qui les attend,et les farouches Exécuteurs qui
sous les Proconsuls conventionnds. 5i
s'apprêtent à les y précipiter ; ils entendent
la manœuvre du canoii. Quel raffinement
de cruauté ! on étend leur supplice au-delà
même de la mort. Au milieu de ces terribles
apprêts , les jeunes gens offrent de concert
et spontanément leurs derniers hommages
à leur patrie ; sans murmure et sans fai-
blesse , tous font entendre ce généreux
refrain :
Mourir pour sa patrie ,
Est le sort le plus beau, le plus digne d'envie.
Ils allaient le recommencer ; Thorriblc
décharge vint les interrompre. Les bouches
d'airain ont vomi la mort Mais que dis-
je ! plût au ciel qu ils Feussent vomie ! Le
canon et la mitraille dispersent dans les
afrs des membres fracassés { Voyez la lettre
E de la gravure du tome I , page i du discours
préliminaire ) , et laissent sur le champ du
supplice un tronc douloureux. On entend
les cris plaintifs et les gémissemens pro-
longés de ces infortunées victimes. Elles
coujurent leurs bourreaux de terminer leurs
souffrances. Elles invoquent une seconde
décharge plus sûre et plus meurtrière. Mais
les malheureux n'ont pas le choix du sup-
plice. On leur envie jusqu'à la consolation
d'une mort prompte et dégagée des hor-
reurs qui l'environnent. Leurs cohvulsions
D 2
52 Grimes commis à Lyon ,
ne sont pas à leur terme. Ces farouches
soldats , que ces juges-boufreaux façonnent
à toutes les exécutions militaires , couvrent ,
par le feu de leur armes dirigées sur ces
victimes , les plaintes et les gémissemens
qui s'exhalent dans les airs. Ensuite le sabre
à la main et la baïonnette en avant , îk
s'avancent et plongent le fer dans le sein ,
dans toutes les parties du corps de leurs
victimes ; le sang jaillit à grand flots , et les
cadavres déchirés par la mitraille ou hachés
par Tacier assassin , s'entassent pêle-mêle ,
fet vont ensanglanter le Rhône.
C'était de la prison de Roanne qu'étaient
sortis ces soixante-neuf jeunes gens. Deux
cent neuf autres malheureux , extraits du
même endroit , et jugés en masse le même
jour , sont conduits aux Brotteaux , au
milieu de nombreux bataillons de gardes
et de gendarmes. A chaque arbre d'une
allée de saules , était fixée une longue corde
à laquelle on attache chaque condamne
avec celle qui lui comprimait les mains
derrière le dos ( Voyez la lettre D de ta'^ra-
vure du tome I , page i du discours prélimi-
naire). A mesure qu'on lie ces victimes aux
arbres , un piquet , plus ou moins nom-
breux , placé à quatre pas en avant , attend
l'ordre de les fusiller. Corfibien furent
longues et douloureuses leurs angoisses ,
sous les Proconsuls conventionnels. 53
avant que le dernier de ces. malheureux eût
été fixé à Fafbre dont il ne devait plus être
séparé que mort ou mourant.
Le signal se donne , et le plomb atteint
les victimes. Mais cette décharge opérée
par des hommes peu experts dans le ma-
niement des armes , ne fit que prolonger
leur supplice. On voit la plupart de ces
malheureux tomber, se relever, et le visage
♦ couvert de boue , de sang et de meurtris-
sures , tous font entendre cette afFreuse
prière : Achevez-moi .... mes amis , ne m'^-
pargnez pas. Par leurs cris , ils cherchent à
fixer Tattention du soldat , et soulèvent une
tête languissante. Ils lui montrent le sein
sur lequel il doit diriger son feu.
Le supplice de ces deux cent neuf indi- ^
vidus se prolongea à raison du nombre des
victimes. L'ex-constituant Merle , maire dç
Mâcon , avait eu le poignet emporté par
une balle. Ce coup avait brisé ses liens. Il
fend aussitôt la presse qui s'ouvre pour lui
livrer le passage. Les volontaires et les
dragons qui protégeaient ces tristes expé-
ditions , Tavaieiit vu fuir sans se mettre en
peine de le poursuivre. Mais quelques ca-
valiers révolutionnaires se détachent , latr
teignent et l'achèvent à coups de sabre.
Cette exécution finie , on dépouilla les
corps et on les jeta daris de profondes
D 3
54 Crimes commis à Lyon ,'
fosses où on les couvrit de chaux. On voulut
les compter ; il s'en trouva deux cent dix
au lieu de deux cent neuf. Une des victimes
était parvenue à s'évader , et Ton ne savait
à • quoi attribuer cette augmentation de
cadavres , lorqu'on se rappela que , tandis
qu'on garrotait les détenus dans la cour des
prisons de Roanne , deux commissionnaires
avaient été saisis; en vain ils avaient élevé
la voix , et offraient de prouver qu'ils ne
se trouvaient dans l'intérieur de cette prison
qu'à cause des occupations mercenaires
qu'ils remplissaient journellement à l'égard
des prisonniers. On fut sourd à leurs récla-
mations. Ils furent liés et poussés jusqu'au
lieu de l'exécution à coups de bourrades;
ils y avaient trouvé la mort.
Le choix des victimes fait avec tant de
négligence , causa la mort de plus d'un in-
dividu que l'on enleva souvent sans prendre
aucune information sur l'existencç d'un
jugement. Le citoyen la Révolière fut ar-
raché de son cachot , pour être conduit à
la fusillade. Il a beau dire qu'on se méprend,
qu'il n'a pas été interrogé , qu'il n'a même
encore paru devant aucuns juges; on l'en-
traîne au supplice.
Il y avait deux caves distinguées par le
nom de bo7me et mauvaise caves , où l'on
déposait les détenus. Un signe démonstratif
sous les Proconsuls conventionnels. 55'
du Président du tribunal indiquait au
geôlier dans laquelle des deux il devait
conduire un accusé. Il est cependant arrivé
qu!une méprise de la part de ces guichetiers ,
ou leur défaut d'intelligence précipitèrent
plus d'une fois, indifféremment, dans la
mauvaise cave , ceux que le tribunal avait
désignés pour la bonne. Cependant , ceux
qui avaient le bonheur de s y voir conduits
n'étaient pas encore à couverts de la rage
de leurs juges. Toutes les décades un gui-
chetier venait retirer un ou deux d'entre
eux , pour les fusillades. Ainsi le tribunal
mêlait à Tespérànce de la liberté les fu-
nestes appréhensions du trépas.
Un citoyen détenu dans la bonne cave ,
entend un jour retentir son nom sous ces
sinistres voûtes. Il avance ; ses malheureux
compagnons lui donnent le dernier témoi-
gnage de leur sensil3ilité , en lui serrant la
main. Ce citoyen , nommé Laurenson\
Officier municipal de Momand , espérait
sa prochaine liberté. Sa Commune lui avait
fait passer une réclamation énergique ; mais
voyant ses dénonciateurs eux-mêmes se
rétracter des accusations portées contre lui,
et comptant déjà sur la liberté qu on lui
promettait , il avait mis dans sa poche la
réclamation , comme pièce inutile. Ce-
pendant on Tentraîne ; on l'attache aux
D 4
56 Crimes commis à Lyon ,
détenus dévoués à la guillotine. Son esprit
se trouble ; il prend pour un rêve affreux
ce passage subit.de la vie au supplicel Sa
réclamation tombe à ses pieds ; je n'ai pu ,
dit-il à un gendarme qui la ramasse , pré^
senter ce mémoire aux juges ; je rpe périrais
pas s'iU l'avaient lu. L'oflScieux Gendarme
Éend la presse , et se transporte , sans perdre
de tems , au tribunal. Sur le vu de cette
pièce , les Juges ordonnent la réintégration
du Condamné dans les prisons , s'il en est
encore tems. Le Gendarme court à la place
des exécutions. Une minute plus tard c'en
était fait. Laurenson -, que le hasard avait
placé le dernier des quarante victimes , était
déjà attaché à la planche fatale. Le Gen-
darme , tout essoufflé , crie d'arrêter , montre
son ordre , et le malheureux est détaché.
Sans connaissance et sans mouvement , on
le porte dans la salle de Fhôtel commun*
Pour le rappeler à la vie , on lui ouvre
trois fois la veine. Enfin il donne des signes
d'existence ; mais sa raison est entièrement
aliénée. 66 Ma tête n est-elle pas à terre? de-
mande-t-il dans l'excès de son égarement ;
ah ! quon me- la rende , quon me la rende....
Ne voyez-vous pas xe sang qui fume? Il couU
près de moi et sur mes souliers.... Voyez ce
gouffre où sont entassés tous ces corps.... Retenez-
moi , je vais y tomber. Ce spectacle remplit
sous les Proconsuls conventionnels. 5^
dliorreur et de pitié tous les assistans.
Laurenson fut conduit dans un hospice de
santé. '
Une femme , âgée de quatre-vingts ans ,
nommée Martinon , malade au point de ne
pouvoir marcher pour aller subir son ju-
gement , fut jetée sur une charrette ; mais
dans la crainte qu elle ne vînt à rouler à
terre , on Tétendit tout de son long , et au
moyen de cordes, on la billonna avec force
comme un balot. En vain elle fait entendre
des cris plaintifs ; plus sa douleur éclate ,
plus les barbares resserrent ses liens. Enfin ,
après quelques instans de marche , la cha-
rette éprouve une secousse. Le ventre de
l'octogénaire éclate , ses intestins sortent ,
elle expire.
Au milieu du sang innocent qui fumait
de toutes parts , la Commission militaire
voulut pafaître n'écouter que la justice.
Par ses ordres , on arrêtait une infinité
d'individus de' tout âge et de tout sexe y
absolument étrangers aux évènemens de
Lyon ; et , les jours destinés aux fêtes , ils
étaient pompeusement conduits au milieu
des cérémonies , et on proclamait solen-
nellement leur liberté aux acclamations du
peuple , et au bruit de lartillerie.
Tandis que par cette artificieuse politique
elle cherchait à éblouir le peuple^ beaucoup
58 Crimes cùmmis à Lyon i
de femmes honnêtes se voyaient forcées de^
feîre le sacrifice de leur honncwr entre
les bras de ce qu il y avait de plus hideux
parmi les buveurs de sang , pour soustraire
à leurs poignards ce qu elles ont de plus
cher. Quelques-uns d'entr eiix , affichant
une sévérité de mœurs républicaines , fe-
saient un crime à ceux de leurs collègues qui
se liaient avec des femmes nobles ; mais
îk se disculpaient de ces liaisons antî-
civiques , en disant qu'ils voulaient par là
ramener ces femmes nobles^ dans le giron
de la République •
Les Représentans , de leur côté , cher-
chèrent à se dél^arrasser des importunités
réitérées que tous les sentimens humains
attachaient à leurs pas.
Trois femmes , dont deux réclamaient
leurs maris , dont l'autre aussi jeune qu'ai-
mable implorait en faveur de son frère ,
furent arrêtées dans l'appartement même
des Représentans, qui les condamnèrent à
être exposées pendant deux heures sur
l'échafaud, comme importqiles^et cherchant
à les apitoyer sur le sort des détenus. ( Voyez
la lettre Q^de la gravure en tête du Tom. i ^pag. i
du discours préliminaire ) .hdiieune fille toucha
vivement un officier qui était de garde chez:
les Représentans. Cet outrage fait à la vertu
et à l'innocence , la lui fit accueillir à sa
sous les Proconsuls, conventionnels. Sg
descente de Téchafaud. Il s'étudia à verser
la consolation dans son ame , en Tassurant
qu il n'approuvait point la conduite infâme
des Représcntans ; et pour lui en donner
une preuve incontestable , il lui demanda
sa main , et Fobtint.
Cependant Lapdrte , Tun des députés ,
accorda la liberté d un citoyen , à la sol-
licitation de son épouse , femme d'une grande
beauté. Soit reconnaissance , soit que ce
fut un prix exigé d'elle , en échange de la
faveur qu'elle venait d'obtenir , elle divorça
et partagea sa couche avec ce Représentant,
après l'avoir épousé.
Sans doute on ne pensera pas que les
vertus républicaines , portées mêmes au
plus haut degré d'austérité , aient jamais
présidé à la conduite de ces odieux Mi-
nistres de la Convention et de la mort. Les
preuves d'itamoralité qu'ils ont fait éclater
pendant le cours de leur mission ; leur
faste asiatique dans une ville dont ils di-
rigeaient la démolition, contrastaient autant
avec les principes de sans-culotisme qu'ils
prêchaient au peuple , que leurs mitrail-
lades , sans cesse renouvelées , avec ceux
(T humanité , de justice , dont ils osaient aussi
proférer quelquefois, ou plutôt blasphémer
les noms. Café , sucre , vins , liqueurs ,
mets exquis , tout était mis en réquisition
6o Crimes commis à Lyon ,' •
pour leur gourmandise ; ce que les ma-
gasins conservaient encore de plus recherché
en bas de soie , en étoffes de toutes les
espèces , les ameublemens les plus riches ,
les hôtels les plus fastueux leur appar-
partenaient du droit de préhension ; et il
n'en coûtait à leur mollesse et à leur cupidité
toujours insatiables que de désirer* Un ordre
à la Commission suffisait^ et par sa comjplai-
sance sans bornes, elle s'empressait d acheter
rimpunité de ses brigandages personnels et
de son luxe effréné, La Commission tem-
poraire s'était aussi emparé pour se loger,
des plus belles maisons de la rue Sainte-?
Catherine ; et , comme si elle eut voulu
immortaliser son affreuse * résidence dans
cette ville , elle changea le nom de la
rue quïls habitaient , en celui de commis^
sion temporaire : par la position de cette
rue , des bâtimens trés-élevés masquaient
à ces bourreaux la place des Terreaux où
l'échafaud était dressé. Ils ordonnèrent
la démolition de ces maisons , toutes à
cinq étages et bâties en pierre de taille ,
et menacèrent de la peine de mort , si sous
huit jours , elles n'étaient pas abattues*
( Voyez les lettres S et T de la gravure 'du tome I
page première du discours préliminaire. ) Plus de
deux cents locataires n'eurent que quelques
heures pour déménager. Il fallait voir ce
sous les Proconsuls conventionnels. 6i
tableau. Des femmes , des enfans avec des
paquets sur le dos. D'autres traînant des
fardeaux ; les petits enfans attachés aux
jupons de leurs mères.
L'empire qu ils exerçaient sur les habitans
était tel, que nul citoyen ne pouvait extraire
aucun objet de son domicile. C'était avec des
peines infinies qu'on parvenait à livrer son
linge à une blanchisseuse. Il fallait un
laissez-passer de la Commission qui vérifiait
d'abord les paquets ; et si les effets étaient
de quelque valeur , ou le linge un peu fin ,
il se les appropriaient , en disant que les
aristocrates seuls pouvaient s'en permettre
l'usage ; que c'était au-dessus des besoins
du régime de l'égalité, et qu'ils seraient plus
utilement employés en les destinant pour
les défenseurs de la République.
Cette Commission présidait et ordonnait
les démolitions. Un arrêté qu'elle fit afficher
indiqua les quartiers qui devaient dispa-
raître sous le marteau destructeur. Cette
opération devait être conduite avec la plus
grande promptitude. Douze cents maisons
devaient être renversées à thaque moisv
Leur silence sur le tems que devait durer
ce travail , inquiétait tous les citoyens qui
craignaient qu'à la longue aucunes maisons
ne fussent épargnées.
Lorsque cet arrêté eut été public à Paris ,
62 Crimes commis à Lyon ,
des citoyens , qui se trouvaient au parquet
du Procureur de la Commune { Chaumette )
pour quelques intérêts particuliers , par-
lèrent sur cet arrêté , qu ils dépeignirent
comme très-impolitique. Ruiner cette ville ,
la plus forte .et la plus riche de la France
par ses fabriques , c'était certainement porter
une secousse très-violente au commerce ei]i
général. Les ennemis extérieurs, et sur-tout
l'Angleterre , obtenaient par cette mesure
un triomphe assuré sur l'industrie française.
Hébert , présent à cette discussion , fut
d'un avis différent. Il prétendit d'abord que
les arts ep le commerce étaient les ennemis
nés de la liberté. Que d'ailleurs , Paris
devant être le point central de toute l'auto-
rité publiqjue , il ne devait pas exister une
Commune assez puissante pour la rivaliser.
Cette opinion , émanée de T Auteur d'une
Feuille ordurière , portait le caractère dé
«on ignorance et de cette provocation au
meurtre et à la destruction , dont il avait
toujours été le fidèle partisan. Le citoyen
Real , son substitut , était bien loin de par-
tager son opinion.
Les Représentans ne crurent pas devoir
s'opposer à cet arrêté. Ils laissèrent à la
Commission toute la latitude pour, qu'elle
lé fit exécuter. .Ils indiquèrent seulement
les qusfftiçrs dont les bâtimens devaient
/
sous les Proconsuls conventionnels. 63
ra^és. Alors les maisons qui formaient
tlign^ depuis le pont du Change jusqu))r
re-Encisc , disparurent. Les Représen-
X% ordonnèrent ensuite la démolition des
téux superbes façades de la place de Belle-
^IW^iofin^ disaient-ils, d'humilier for gneÛ
iyoiinais. On ne donna que deux heures
IK: habîtans pour déménager. Qu'on se
plus de mille locataires obligés de
inager en deux heures ! Des femmes
les, des femmes en couche, des enfans,
Vieillards portant un paquet ou le traî-
t. ( Voyez la lettre S de la gravure , ea
t,du . tome i , page i du discours prélimi^
miatrc/]. Les ouvriers arrêtés pour cette ex-
p44î^on se mirent sur-le-champ à Touvrage.
Coutbon , qui s'était fait porter sur la place ^
accompagné de Châteauneuf • Randon ,
donna le premier coup de marteau , en
disant : Jfe te condamne à être démolie au nom
4e la loi (i). Aussitôt chacun se presse pour
sortiises meubles. Cependant les ouvriers ,
en possession du faîte de ces maisons , en
rénj^ërsent les débris , au milieu des effets
• • («) Sous la monarchie en France , les Rois , pendant
jc^oo.aûu ^posaient les premières pierres pour la cens-
tmction des édifices publics ; et la première année du
. ïègike des Républicains àt^ la Montagne de laConven»
•.4ui0n, des Législateurs donnent le premier coup d«
flôfarcèau pour les démalir : ce rapprochement est né-
64 Crimes commis à Lyon ,
que leurs habitans en ont déjà extraits ;
cette confusion ne pouvait s'éviter dans
1 instant où Ton donnait si peu de tems
aux uns , et où les ordres étaient si précis
pour les autres.
Le peuplé , dont les anciens travaux
étaient anéantis , embrassait avec plaisir ce
genre d'occupation ; il y applaudissait avec
d'autant plus de zèle , qu'il en retirait un
grand avantage. Quarante mille âmes des
deux sexes furent sans cesse occupées à ces
tlémolitions. hent grand nombre effraya
les Proconsuls , au point qu'ignorant les
moyens de pourvoir à leur nourriture , on
leur promit les dépouilles des riches. Ce
nouveau gouvernement, avare de dépenses
pour les établissemens publics les plus essen-
tiels , ne rougit pas de dépenser cinquante
millions pour la démolition de cette ville.
En promettant au peuple de Lyon la
dépouille des riches , on se modelait sur
tout ce qui s'était passé dans les grandes
cités. La Montagiïe d'ailleurs comptait si
peu de partisans , qu'elle n'sbvait d'autre
ressource que de démoraliser le peuple , et
de le porter à toutes sortes d'excès en lui
prodiguant ses assignats. ^ ,.
Tous les Comités révolutionnaii de
Lyon étaient composés de brig^ijcjs et
d'hommes ineptes» Leur conduite -a été
sous les Proconsuls conventionnels. 65
Teffet de rimpulsion qu ils ont re^ue de la
Convention , des Proconsuls et de la
Commission temporaire. Si ces itiistitutioAs
avaient existé deux ans de plus , elles au^
raient bouleversé l'Europe * ■ ■ ' .
. Les sans-culottes en place quittèrent de
leur côté leurs asylcs modestes , pour venir
habiter de superbes hôtels ; ils étaient »tout
étonnés de se trouver dans des appartemens
somptueux , décorés de glaces et enrichis
par la. peinture et la sculpture, '
Quelques sans - culottes de bonne-foî
convenaient entre eux qu'ils ne J)Ouvaientr
pas toiyours être si bien logés. Inquiets iur
leur existence future , en voyant que là
mort avait moissonné ceux qui les nourris--
saient par leur travail, ils gémissaient en
secret siir leur aisance actuelle et passagère f
d'autres arrêtaient de soumettre aux Pro-
concis l'inquiétude qui les agitait; ils en
recevaient q^clqiies parîsAes consolantes.
c« Soyez tranquilles , leur disait-on , le gmi-
« vernementiera travailler à son cottipte ?
>» il établira une caisse ; vous aureiff- des*
»5 fondr d avance pojir vous fournir de
»» soic-f vous fabriquerez 6t voias lîvterer
w vos létoflFes à un prix^mod^été. Continuez
»i totrJpnTs d'habiter Ire appartemehs que
fi ^aus occupez, n
Qjidques-uns de ces patriotes désignés
tovfit VI. K
66 Crimes eommis àLyon ', "
^u6, le nom de sans-culpttes , et dont lei
sentimçns probes difFéraient entièrement dé
1^ conduite des révolutionnaires , osèrent
iémoigner aux Représentans leur douleur à
la vue des excès qu on se permettait sous
leurs auspices et en leur nom , et toute Tin-
^igp^tion qu ils vouaient à la Commissk)ri
tenippraire , ainsi: qu'aux Comités- révolu-
lionnaires : ils furent traités de modérés et
incarcérés ; maist le caractère atroce de ces
Proconsuls se trouve peint dans leur cor^;
tespondahce avec la Convention, ('^Fd^^^z
'pfig^ 44c i iome premier des réjl.prélim. )
7 Lyon , preSqu entièrement anéanti par
les Tavages de la bombe , et comme en-
glouti sous ses propres décombres ; Lyon ,
yeuf de la plus forte partie de son ancienne
pQpulation , et réduit , par Tanéantissement
de ses ateliers et de son industrie, à la misère
ft à tous les besoins , Lyon semblait pou-=^
voir, prétendre enfin à Tindulgence de ses
bpU;çreaviK ; et quelqùesmns de ses plus-
infortunés habitans vinrent, au nom /de:
4ix mille concitoyens , implorer de la Con-
vention un regard de commisération. Qui
le croirait ? trente mille Français mt>issonnés
par le siège , et 3^5pq (i) emportési par la
(i) Plus de 400 femmes en couches périrent de
frayeur, ou par l'effet de la bombe : runè de ces'
femmes étouffa son enfaût ayant que de se suicider ;
sous les Proconsuls conventionnels. 67
guillotine , la mitraille, et la fusillade^
n étaient, pas assez encore. pour ces avides
dçvorateurs de Fespèce. humaine. Revers
choD., CoUpt et leurs: Coopéi:ateurs 4e des-
truction accoururenjfà Paris combattre ce
système de clémence que commandaient
enfin tant de. forfaits ; Us. exposèrent toute
leur conduite avec Taudaced^un tigre^^jui
compte ses exploits par Iç nombre des
cadavres qu'il a déchirés , et cette horrible
conduite obtint de la Convention la sanç^
tion d uuDpcret approbateur. Les Député^
jde cette çitç ^plaintive furent proscrits , et
n échappèrent que par la fuite ^un;décrel
d'arrestation , et par suite à Téchafaud. , .;
Le 9 thermidor an 2 ( 27 juillet; ijg^^).,
le supplice de Robespierre produisit Ve^et
(de la foudre SUE la totalité des citoye^^
Dans le sein de la Convention fut prosçriç
le mot;de terreur. ^ mot si cher pour v elle
pendant dix-huit mois. Tous les partisan^
du régime révolutionnaire ,. tous ceux flui
lui deva^ex^^ Içur existence , furent cohster*
pés, et tous Jes Comités révolutionnaires^^
les Tribunaux et Comraissipns miliiairesr.y
une autté jeta trois de ses enfeiis dans le Rhône , et
8y jeta après ; un vieillard, à la nouvelle de li
jnitraillade de sob fils , &e'.|»en4it à une pputre^i
une jeune fille de 16 ans 5e, jeta par la fenêtre ,
d'un sixième étage. Soixantë-dcax^ iiidividus pé-
'^rirent tu- travaillant aux âérnolmons; - -
£ 2
68 Crimes 'commis à Lyon ^
employèrent leurs derniers momens à lutter
cohime un assassin de grand ëhemin , lors-
qu'il voit la force armée sur le point de
latteindre, Lyon \ plus que toute autre
ville , avait des plaies à fermer; la presque
totalité était comprimée depuis long-tems ,
car les instruméns révolutionnaires avaient
frappe sans pitié la classe du peuple comme
celle des riches.
Le Député Dupuîs , fils , envoyé peu
avant thermidor à Lyon , y fut à cette
époque remplacé par Reverc^hori , qui n'était
j>lus' le Reverchon de la térreut. Apre*,
avoir^été' naguère Fardent prosélyte de cet
affreux régime , on le vit alors faire dé-^
sarra^ les terroristes; cinq furent arrêtés
comme complices de Robespierre , et par-
tirent pour Paris eh posté dans deux ber-
lines a six chevaux. Ce voyage a coûté
près de dix mille livres éciis à la Répu^
plique. i
Lafrorte iavait également changé , et pôuiî'
faite oublier les àiErocités commises sous
les auspices de la Convention et de iSesCo--
mités , il rejetta tout sui^ les terroristes,
Boisset , qui lui succéda , doit se reprocher:
les égorgemens ;:cblnmis dans les prisons
de Lyon ; il était présent au massacre des
prisonniers de Roanne, Les Assassins di-
saient : (( Nou^ vei^gêjSfn^ aojSf ^ pèrç^ , nojs
sous les Proconsuls cmvmtîomiels. 6g
9% fcmtnes , nos enfans ; il répondait ^ cette
w vengeance est légitime , mais qu elle se
» borne là, n
Le régime de la terreur qui a couvert
toute la France de cadavres , semble avoÎT
eu une nuance de férocité de plus dans tout
le Midi , et sur-tout à Lyon ; c'est dans cette
ville que les scènes sanglantes commen--
cèrent. Tous les jeunes gens qui avaient
survécu à leurs pères , leurs^ frères ,' leurs
épouses , leurs amis , attendaient le moment
de se venger de tous ceux qui au nom des
lois assassines , les avaient privés de ce
qu ils avaient de plus cher ; et ils enve-
loppèrent dans le vaste filet d'une proscrip»
tiori aveugle, tous ceux qui avaient oc-
cupés des places dans les Comité révolu*
tîonnaires , les Commissions populaires ^
et les Municipalités sanguinaires , et c. L'on
fit imprimer une liste m-4^. de tous ceux
qui avaient faits quelques dénonciations
pendant les horreurs de Lyon ; et eu face
du nom des dénonciateurs , on lisait , sur
un colonne parallèle , le noms des pei<r
sonnes dénoncées , et presque toutes par
suite guillotinées ou fusillées. La publicité
de cette liste eut un effet incalculable ; elle
rappella beaucoup de noms que Ton comv
mençait à oublier ; et à l'aide de ce funeste
mémorial , plusieurs jeunes gens allèrent
yô ' Crimes commis à Lyon , ' ' '
chez ceux: qu'ils croyaient devoir accuser dtr
leurs malheurs , les fesaient sortir devant*
eux , comme pour aller à la Maison com-
iïiune , et les égorgeaient ou les assom-
maient par derrière 5 le 'cadavre attaché
aussitôt à la première voiture qui passait ,
était ainsi traîné aux bords du Rhône , où
ils le précipitaient, ( Voyez la lettre R de la
gravure au tome I. ) Ceux qui se portèrent
d'abord à ces excès , se rappelèrent de la
lettre de Ronsin aux Cordeliers de Paris
qui leur annonçait que le Rhône irait por-
ter dans la Méditerranée l'épouvante aux
fédéralistes , avec les débris des conspi-
rateurs de Lyon,
Les Citoyens de cette ville regardaient
froidement traîner les cadavres ; ils ne
voyaient que la disparution d^un de leurs
assassins ; plusieurs d'entre eux encoura-
geaient cette jeunesse impétueuse. Mais,
hélas ! faut-il le dire ? l'homme se dégrade
aux yeux de l'Auteur de la nature , en
voulant imiter les scélérats qui trempent
leurs mains dans le sang. Ajoutons que
plusieurs voleurs se mêlèrent parmi ces
prétendus vengeurs , et beaucoup de mal-
heureux ne furent massacrés que pour
être plus aisément dépouillés.
Les tueurs se portèrent chez le nommé
Richard , marchand de tableaux rue St.
S0U5 Us 'Proconsuls conventionnels. 71'
Dominique'; ne le trouvant pajS , ils s'em-
parèrent de sa fille âgée de dix-sept ans , la
conduisirent en prison où elle fut massacrée.
La femme Tabau , en Tabsence de son
mari , fut égorgée. La femme Jouve , Ja-
cobine , Tune des' furies de la terreur , et
la femme Jacob , éprouvèrent le même
sort. Ils se transportèrent chez la citoyenne
Roua , marchande de modes , la firent sortir
dans la rue , et lui brûlèrent la cervelle à la
porte même de sa boutique. Roux , c^cier
municipal , Lafage , Fomtx , Borgeret et
Robas , furent aussi massacrés dans diffé-
rentes circonstances.
Beaucoup de bons citoyens représen-
tèrent à plusieurs de ces jeunes gensThor-
reur d'une pareille conduite, u Vous ne
99 vous rappelez donc pas , reprenaient-ils ,
»j la manière atroce avec laquelle ils ont
»j assassiné et mitraillé nos frères , ils les
>j conduisaient même à la mort au son de
99 la musique. — Vous dites vrai , leur répon-'
99 dait-on ; mais ceux sur lesquels vous vous
Ȕ vengez , ne sont pas les plus coupables.^
»j C'est la Convention nationale , qui la
99 première a ordonné l'horrible boucherie
99 de nos concitoyens. Mes avis ne doivent;^
J5 pas être suspects , ajoutait un citoyen avec
99 V accent delà plus vive sensibilité puisque*
V jai perdu mon père et deux frères ,
E 4' '
7-2- Crimes comrfiis à Lyon ,'
99 puisque moi-même, je ne dois mon salut
j5 qu à la fuite, je ne voudrais cependant
3J pas souiller mes mains du sang de mes
ry assassins : je me repose sur la justice di-
>) vine , qui tôt ou tard fait tomber sa
99 verge de fer sur les coupables. : A ces
>5 mots , un jeune homme , comme agité par
♦5 ses remords , s^écrie : Ah ! Si j'avais eu le
?> bonheur de vous entendre plutôt , je
5» n'aurais pas à rougir aujourd'hui de bien
f9 de^ crimes ; oui : rougir. A chaque expé-»
99 dition où je me suis trouvé , j'ai éprouvé
M unfrisonnêment que je ne puis exprimer,
99 je n'étais point né pour être un assassin ,
99 pour m'allier à certains hommes qui ,
M sans doute , n'agissent pas comme moi
99 par désespoir , qui de sang-froid passent
5.5 d'iui massacre à une orgie ; et qui , dit-^
r9 on , reçoivent cinq livres par jours. 9$
Les autrçs gardèrent un profond silence;
D.ésîgnons les vrais coupables. Si Boisser
et Reverchon avaient parlé en particulier
à ces jeunes gens , dont plusieurs , il faut
l'avouer , croyaient exerder une vengeance?
légitime , nécessaire ; s'ils avaient tenté de
fermer leur^- cicatrices avec le calmant de
la morale V si , sur-tout , avec une géné-
reuse franchise , ils leur avaient crié : u Ar-
5 5 rêtez , Malheureux , les hommes que vouy
55 frappez^ ne sont pas les plus criminels ;
sous les Proconsuls conventionnels. 73
w cfe sont nos lois qui armèrent leurs mains ;
M ce sont nos fureurs qui leur désignaient
M les victimes-; c'est fa Convention qui a
55 organisé lafFreux système tfextermina-
jr tion ; ces hommes n'ont été que ses îns-
>> trumens aussi vils quelle était elle-même
« exécrable. 15 A ce noble aveu, garant
dun repentir sincère , et d'une prompte
réparation de tous les forfaits révolution-
naires , quel homme , assez aveugle dans ses
ressentimens , n'eût senti le besoin du par-
don , n'eût embrassé avec délices la douce es-
pérance ? Mais tant d^ générosité ne conve-
nait guère à ces Tyrans , si involontai-
rement détrônés par le 9 thermidor ; en-
traînés malgré eux par l'opinion , désormais
leur reine et leur juge , ils voulurent trom-
per sa justice , (1) en lui livrant eux-mêmesr
leurs propres agens , et par ce sacrifice*
insuffisant, ils^ crurent échapper à son
(1) Ce fut un spjcctacle bien étrange pour Tôbser-
vateur, que Teffronterie avec laquelle les principaux
Auteurs du terrorisme firent, après le g thermidor,'
un appel homicide contre leurs propres agens.
Fréron arma lui-même contre eux la jeunesse pari*
sienne ; Tallien se distingua aussi dans cette réac-
tion , si inconséquente avec leurs anciens torts j
et leurs 73 collègues, qui avaient de longs rcssen-
timeas à satisfaire , ne secondèrent que trop active-
ment ce nouveau système de terreur ; on attendait
d'^ux , du moins , un peu plus de générosité, maif
74 ^Crimes commis à Lyon ,
impassible vengeance qui déjà commence
pour eux , et leur garantit Téternelle cxé--
cration de la postérité.
L'un de ceux qui fesait le métier de tueur ,
montait seul dans la maison de celui à qui
il voulait ôter la vie. Il le sommait de le
suivre , et aussitôt qu'il était dans la rue ,
il Fassommait. Pour l'ordinaire , ils se
jetaient sept à huit sur les victimes , et le
peuple traînait de sang-froid ces cadavres
dans le Rhône ; ils en étaient quittes pour
dire c'est un Mathevon : c'était le nom d'un
ouvrier en soie , dont la famille a long-tems
existée au milieu de je ne sais quel ridicule
dont on la couvrait , au point que ce nom
à jamais fameux., <ivait fournj autrefois le
sujet d'une comédie. Pour quoi faut -il
qu'il soit devenu le signal tragique des mas-
sacres les plus iniques , et toujours les
plus odieux , puisqu'ils étaient sans] l'aveu
des lois ?
Le 16 floréal, an 3 (5 mai lygSj quelqu'un
■. " ■ I ■ ■■■
ils n'aspirèrent à la puissance que pour se venger.
Mercier, Tun d'eux, disait : Je ne mourrai pas content
^ue je n aie plongé un poignard dans le cœur d'un Mon-
tagnard.
Cadroy , dans une proclamation qu'il fit le 28
floréal an 3 ( i5 mai lygS ) , eut soin de désigner
comme seuls coupables de la tyrannie , les terro-
ristes et Robespierre , mais n'eut garde de jeter le
moindre soupçon sur la Convention.
sous les Proconsuls conventionnels. 75
fit la motion au spectacle d'aller tuer aux
prisons les terroristes ( i ) Une vingtaine
d'individus, accompagnés d'un détachement
armé se portèrent aux maisonsdes Recluses
de St. Joseph et de Roanne. ( Voyez la
lettre L de la gravure du tome I. page i.
du discours préliminaire)^ Quatre - vingt-
quatorze détenus, parmi lesquels étaient
trois femmes, furent massacrés. Dans une de
ces prisons il y eut une défense opiniâtre ,
le combat fut sanglant , les prisonniers
tuèrent douze des assiégeans , qui ne pou-
vant plus soutenir le combat , mirent le
feu à la prison. Et Ton vit alors une mal-
heureuse femme tenant son enfant dans ses
bras , se précipiter du haut d'une tour
dans les flammes. Le Cousin du général
Bonaparte fut égorgé i5 mois après ,
pour avoir tenu un propos relativement
(ï) A cette même époque un nommé Bonnard^ dé-
nonciateur connu, était au Tribunal criminel pour y
subir son jugement. Le Peuple s'y était porté en
foule; le Président vorulut feire évacuer le parquet. ,
Le Sergent de poste commanda de porter les armes :
au milieu du tumulte le peuple crut qu on le»
fesait charger. Quelques soldats même , par un mal-
entendu, à ce quon prétend, les chargèrent. Le
peuple se porte aussitôt à la prison voisine du tri-
bunal ; la garnison se met sous les armes , mais
il n''ëtait plus tems « soixante-dix victimes avaient
^té immolées.
76 Crimes commis à Lyon ,
aux assassinats qui se commentaient à Lyon*
Le Bureau central de cette ville fit arrêter ^
douze à quinze individus prévenus d assas-*
sinats : traduits au tribunal de Roanne ,
ils furent acquittés ; ils revinrent à Lyon ,
et des femmes sortirent au*devant deux
avec des fleurs , ils allèrent au spectacle
où ils furent couronnés.
Oh!.... humanité , pourquoi n'exerce-tu
pas ta puissance consolatrice sur les âmes
foibles ou méchantes ! Pourquoi faut - il
que les hommes se dévorent avec plus de
de barbarie que les animaux , quand donc
seront - ils bien convaincus de cette vérité
écrite dans la nature , que la destruction
de son semblable est un crime qui ne peut
s'expier Pâmais le plus grand de tous les
crimes , celui que rien ne peut ni expier
ni excuseï" , c'est la lâcheté d'un gouver*
nement qui protège ou tolère les assas-
sinats. Hélas ! voilà encore cent vingt-cinq
victimes de cette Convention dévoratricç ,
de ces Sénateurs presqu'aussi funestes par
leur faiblesse , qu'ils l'ont été dans leurs
longues fureurs ! '
Liste des individus massacrés à Lyon dans les prisonf de
Roanne et de S t. -Joseph^ les 16 et 17 fioréalan 3»
( 5 ^^ 9 mai 1795 ).
Claude Aubcrt , fabricant de bas. — L(5uÎ3 Abcl;
•— Louis Assada , ouvrier en soie. — Antoine Bcrgcr>
sous les Proconsuls conventionnels. 77
toHîer. — Jean B eau d, cordonnier. — Amant Bassîeux.
— Jacques benel. — Claude Bussière. — François
Blondel. — Anthelme fcolat. — Jacques Berdilot.
— Anne Bisset , veuve Rabate. — vntoine Hisset,
— Charles Brochol , cordonnier. — Martial Baillât*
— Etienne Bonnard, chapelier. — Vince&t-Philippè
Berttand , négociant. — Rose Bellin. — François
Biolay , graveùï. — Antoine-BenbîtClavel. — Paul
Chabus, fabriquant de parasols.- — Jean-Baptiste
Carteron ^ ouvrier en soie. — Pierre Givott'e y
chapelier. — FIfeury Chalonsr tourneur. — Antoine
Caries. — Fleury Guet , fabriquant. — Joseph
Chabran. — Louise Caraque. — CîornUi — Etienne
Dcbuis^ — André Duclos. — Antoine Duport v
aégeciant. -=r Jjsan-Fran^ois Charmette Desgraage]S«
'. — Catherine-, de Lyon , veuve de Jean Delormes.
— Jean-François Désireuses., greffier de la policé
municipale. -v-^ Antoine d'OrfcuUle , comédien.
7— Ëmmanuel^Melchior-Phillippe Oesmârtin,, négo-
ciant. — Durand, agent de la police. — Duseign^ur.
— Claude Estelle , ouvrière en soie. — Etiehne-
Fr. Friand , puvrier de bas. — Claude Forobert. ^^
François- Gabriel Frontain. — Ftatiçois Gonnct.'-^
Guillaume - Hubert Gault , dit Grand - Maison V
co9iniaQj;iant de gendarmerie. — Michel Gagneux^
-^— Antoine Glachet. — Claude Grand. — Jeanne
lournout. — François Jacquemel. — Gobert Alexis. -^^
Joseph Lacroix, coraohnïer. — r Jcajn-Àiitoïhe Làû-*
sent, ^^x Louitf JLarôche , ou.vr«srjj8ja soie, -r- Je?n/<
J^apdstç Lamber)^ é<:rivain. ; — JEtienne Léon. — •
ÎFrai^çoisJeste.ph Lebon. — Charles Langrume. —7
câtH^laudeJLachaud. — ^Jacques Laffôrre. — f eanne-
lââie MèillMi^femmeRoulet, couturière. — Antoincf
A^ajâcn.,.-!- Louis M,9ytvàfi , dit Capucin. — Claude
MolJar.c^\-^.FélixMaj:ifï»ecourt, prêtre, -^ Simon-
Nicolas .Macabeo*,. administrateur du district. — '•
Picri-è Morîn.--^— Laurent ^et MiHetv instituteur. —
-«^Charles Mlchattd«-rrJean^hilippe«Masson,reUeur«.
8o Crimes commis à Lyon ,
il fut condamné à la déportation ; le peuple
le traîna sur une charrette, et le couvrit dt
de boue. Demazures , mauvais comédien*
Thierriet , ex^prêtre , sans mœurs. Il avait
cherché à séduire la femme de son frère ,
Membre du Ck)mité révolutionnaire. Il
mettait la liberté des prisonnières à prix ;
il exigeait qu elles se prêtassent à sa brutale
passion. MarcïUat , autre prêtre : sa com
duite révolutionnaire le rendit digne d'aller
siéger à la Commission temporaire. Mazet ,
ex-prêtre , constamment hypocrite et le vil
esclave des Grands. Roiiyer , chassé dà,
barreau , à cause de son înconduite.'-
Saulnier , chirurgien : son incapacité Tavaii
réduit à la pîus extrême mrsère vil afficha à
la sï)ciété populaiifè la soif du sang par se»
motions forcenées; Biirelle,rédtiit égalemériê
à rindigence , à cause de ses excès en tout
genre. Verd , ancien employé dans îc^
gabelles : ses ifuretirs san^ulrtaires lui: pro-
curèrent remploi' de Procditur-général dé
la Commisision populaire v ses nombretoé
brigandages le fir-cnt exclure de cette placei
Mioche' , j^ôtaire prévaricateur : chassé 4èf
la société populaire pour uii vdl de farin'èî
fait aux casernes , il s -étail! 'procuré par cfe
moyen de très-beau pain /tandis que le
reste des citoyens n'eii ifiarigeaît que d'â-
voine. Ainsi /des voleurs avfdes <fe budii
dcns le départ, de f Allier. 8 1
composaient , comme ailleurs , le Comité
révolutionnaire de Moulins,
Dès leur installation , tout change dé
fece ; les prisons se remplissent , les pro-
priétés sont pillées , et l'humanité en pleurs
se voit par-tout repoussée. Fouché sortit de
k ville ; et Forestier , bien que sa mission
ne s'étendît^ que sur une fabrique d armes
voisine , ne laissa pas que d'influencer les
opérations de ce Comité, Il fait séquestret
.les biens des détenus , dès qu'il fut investi
des poi^voirs illimités qu il avait sollicités
auprès du Comité des décemvirs : le simple
nécessaire devait être prélevé pour leur
subsistance jusqu'à la paix.
Dans un arrêté du 3o septembre , il pro-
clame une loi émanée de sa seule puissance :
il condamne à une exposition de quatre
heurtes sur l'échafaud , quiconque s'oppo-
serait à ses arrêtés et à ceux du Comité révo^-
lutionnaire , comme aux décrets de la
Convention. La tyrannie n'a plus de bornes :
les citoyens , supposés riches , sont taxés
au-dessus de leurs facultés. Cette loi pèse
sur les détenus dont les biçns sotit séques-
trés. Il ne leur restait aucun moyen de
satisfaire à cette taxe énorme; le Comité en fit
exposer quatre sur l'échafaud , les citoyens
Heuillard , Saincy , Lavalette et Balore. Ce
/dernier avait été requis de verser une
Tomi VI. F
$8 Crimes commis
somme de quatre- vingt mille livres , le il
octobre 1 7 g3 ; k 8.2 , nouvelle réquisition
pour acquitter une nouvelle taxe de cent
mille livres , indépendamment de la somme
i laquelle il avait été précédemment cottisé.
Trois de ces citoyens parurent sur Técha-
faud , avec un écriteau portant ces mots :
Mauvais riche qui na rien donné à la caisse de
Ifienjaisance. Le citoyen Balore fut traîné
presque nud sur Téchafaud , par un froid'
fies plus rigoureux.
Le Comité révolutionnaire était embar-
rassé pou^r se pyocurcr des subsistances ,
des l(^em;ens , e^ c. ; le Représentant lève
facilement cette dif&culté. u Je suis étonné ,
t> Citoyens, de votre embarras, leur écrit-il ;
« il vous manque des farines ,j!?r^nez-<jn chez
f> les riches aristocrates , ils en ont ; il vous
xy maqque des bleds , orgajiiseï votre armée,
ii\ révolutiqnnaire , et mettez sur l'échafatid
8» les fermiers et prQpriètaires qui seront rebelles.
»> auK réquisitions \ il vous manque des loge- .
V mens , emparez-vous des hôtels de vos déte^
9) nus; il voua manque des lits , demandez-en
V aux riçhfis , et ç. En un mot, que rien ne
j5 vous arrête dans vos mesures : marchez
19 d'un pas ferme et hardi à la régénération
V universelle • »>
L'autorité du Comité est donc sans frein \
il inflige de son cheluue punition infamante
dans le départ, de C Allier. S3
i une femme dénoncée comme accapareusiB
de sucre par le concierge des prisons. ^Exé-
cuteur lui fit faire le tour de la ville avec
cette inscription , affameuse dli peuple^. Lb
perfide délateur trouvait dans cette dé-
marche , le moyen de se soustraire au
paiement de soixante-quinze livres dé cette
îienrée.
Trente-deux citoyens de Moulins , rc-
commandables par le courage que quel-
ques^ns avaient montré en divulguant et
dénonçant les brigandages de la Munici-
palîté , gémissaient dans les priions. Quatre
d'entr eux avaient déjà subî'une exposition
de quatre heures sur Téchafaùd , comme on
la déjà vu. Le Comité résolut de les envoyer
à la Commission populaire de Lyon. Quel-
ques-uns de leurs ancrens collègues y
•légeaient : en leur envoyant ces ennemis
communs , c'était les envoyer à la mon.
L'ouverture de cette boucherie fut pré-
Iodée par dés bruits de conspirations dans
les prisons , de la part des trente-deux ;
ensuite ils sont inculpés de fédéralisme ,
{>our avoir montré de la joie lors des évé-
nemens de Lyon. Ces accusations étaient
des plus absurdes -, ces infortunés étaient
dans les cachots long-tems avant ces évé-
nemens. La nouvelle de cette translation
consterna tous les habitans. Le Comité se
F 2
$4 Crimes commis \
joua de ropinion publique et des larmes
des 'épouses et des enfans de ces infortunés^
Xiés deux s^ dtns. , on les entasse sur dt$
4:harrettes , et une forte division de gfendarr
merie est cpmmandée pour leur escorte^
Ce triste cortège prend la route de Jjyon»
Jrîusieurs d.e leurs femmes et de leurs enfansr,
iâétenus comme eux , rompent leurs chaînea,
^ç.^ fopt jour à travers leurs gardes , et suivent
_fes voitures* Les menaces , la brutalité des
^sat|êUite5 qui les . env ne peuvent
^comprimer içs élans de leur tendresse; le^
jparoles de; consolatipn s'adressent aux
^épçjux et auji pères., et chacun les exhorte
,a,,puisef leur courage dans leur linnocencCb
iQueiques-unes de ces femmes, suivirent le$
voitures pendant quelque tems, La faiblesse
et Tépuisement diminuèrent bientôt ceUc
escorte , et livrèrent les malheureux captifi
à ridée désespérante quils ne verraieni
plus leurs femmes et leurs enfans.
Delan était chargé des pièces de convic-
tions-^ il trouvales trente-deux sur la route i
il insulta lâchement à leur malheur. Il étpit
alprs dans la voiture de lun d'eiijc.: ce fut
un nouveau motif d'outrage. '• .
Delan était porteur d'une Jçttre que le
Comité écrivait à Tun des m^e^bres de la
Commission , dont nous allons extraire le*
principaux paragraphes»
da7i5 le dépWt WV'AÏlier. i§
rM Eaîs^ksUÎdbc participer à^'honttetrt- de la graiitfff
»f fusillade, dQh( la cQJïc.epàpmTfaiti l'^éioge ,dc"Y^d
JX imagination révjolvtitî^nsûre. -N^TW^p^Quyjç^^^^
î^ aVec toi, que cette Manière de foudroyer les jçnnej
ji^-mis du peuple i est infinfeSeîit jffi?^^à^i^é^Ué"'?i
99; toute -puissance , etikûniifr^àX: Aiè^pottKMè^'è?
M en. grand ^a|s^uy9¥<iH^et^r^-|9|^ y^iori,tç dutragéefî
» :que le jeu mekuiniet Jps^fcam^^^^l^.Çi^^
ji Ce dernier lirsOrumeAt n est bon que pour Its
^^petits<crimihél8 obscurs ; «ne^éé? y^fté^ir ditts 4ë
» Iabyrin^f(l€^ifp>rim^''pcBn' jjigQDcVfl^ibiëgaiiidft
jj PTendsdj^:Coy^\té^f^m^^ a ,
15 sans au curiç^ remords, la cbpv^ctiori intime çt mq-
>«-Tale' dé leur ^c^(^^ératcsse^I^(îfôildftH»^ '^ ' " ' ^
La .dé|i(^ciation ides ig>Wî4irprpbéft^\xHï
l^ouliru contre les Y^xs^pcm^ éti -Agtisik
révo^ui^onriqiïes ,. signé; :'id^iinCi.:niajoiiti
^i»po8antiÇf.,/ e4a.it vUne^vrfldj principales
piècesrfJfj^ftviftiQp ççjjtrft ççf tïfii«çtjie.tt»i
tau5 3çigfl^iBs*f e«*i Le CQHiU^i^mv^eriftcGiomf
ipâ55^îpfl» fk dui i y^^
i^n^e' jRojupr opérer te eç^jRdairin^UfiOj^dc
pli^^e^i^ attlj^s^ignaj^rèftFlQiifi If^wlf .iô
Parmi les autres ipï^c^dites^d^ eméiitmt),
$e troUîY^i|ri$^iÇÎ^c^tjr€S iJ|un0itriÇ8rin&Igni-
fiantÇ; ^ya^t^ifé ,écrite d^i^^pn è^ll^Umtét'
dij citpjj^^EÙillar^^ji^ljVi Mo\xsé%
te Cpp;i^..:§^y^ît\bifMîi^^ comprio-
m^^it /p'4S,;lp.î m^ri iM^ftiA i«g^^ qiwJe
• F 3
xma^î doit être^ rcgîirdé comme. le véritable
CfOrrespondanti. D'aîlleurs il s'offre d'envoyet
tajemmesi lit'VbmrnissioH l'exige'. Lésàutre^"
lettrés portex(t Jj^x^eme caractère , et nou$-
çroypW inutile: âen faire mention; mais
à; est bon dc^ 'ft-Mismëttte âlTiisloirè \eï\
nott$ [;soi^dùn^^ » q^Ç. le Comité!
savait àdfe^sè; ^yi 90m des accusés. Nou»
allons transcrire les pins saiHa(ntei5i . '^
- Bàllvri tsi uri Bbmitiie tjrèè^^^ , par
conséquent^ janiJ^âeÉaliis^^ -it- to^ijej^, c^dttt
porte sa scélératesse sur sa figuré. -— Za-
ghf/«^éstnaifô€arfitt"de professioH; '-— Jîîzr-
iariB«e lafcenw^kir lyncfen fë^ftfiè. -^-^ S^ftit^
est un inaUVtfishricàfef-^èt puantd'arîstèci-iÉtîé/
•" Xes>treB(te-<y*ix âfrtvent à;Lyon^^etfô>i^
reimettî^eiaTtf Rè^pffeftntànl èfîi'-lfifiié^îî^^^ utï
inèïi^ireojaiûfLmm'îi^ BeîââtfaWiS ^ d'^ré
«utorisé:'âif^ftë3fti?He0ipftifttisil^ft^pb
*cquittet:te^^ifa«?s «tixi^aèllft Ik^'Qntféé
îmfiou^sf ëV deftfiïâdehi à^'^é'^ éfrtctfdu*
Mcwiiti; OÀ rf^ert *ifehdit' ^às '^îà"^f é^ôiisîtï
Ils furent assassinés le 1 1 nivôse ^ ari S* J
^•Si'dééembré i?g^. j ^ - ' -- - î ^^
• Le Comité ';"jàlôùîJi'é!d;T^^ sort
îèle tévolutioi^ake aux yèiïïk^^ëi Mara-
tistes de la Cotiyention , faii cdntîaîre^ sik
citoyens au ' îtrîterfàl iréVoîûtîoiliiaU^e de
Paris. Ils y furéitt' côftdaiiihéi .à moirt;
dans le départ dt TAltier. îj
Quinze autres étaient déjà destinés poujr
Lyon, lorsque le ciricyen Noël Pbinte ;
Représentant , vint i Mbulins , et s^^ppôsà
à cfe Nouveau crime.
Le citoyen Vernerey ,- aussi tnembré de
la Convention , se distingua pendant son
séjour dans cette ville par plusieurs aetéS
de justice. Il arracha des mairie dU Comité
révolutionnaire des citoyens dont il avait
juré la perte , parce que leur dépôsitioA
favorable à un détenu , Tclvait fait slcquittér^
Forcé de quitter ce Département < Fores^
tiet lui succède et fait renaître la tétteUr.
Ce Maratiste avait destitué les Membre!^
deis autorités constituées nommés pat Ver-
nerey. A Cusset , il renouvelle les admihis-
trations. Le père de son fiiévèu t^\. pladé au
Comité de surveillance. Ce ttiême tiéveu ,
nomnié Gi\}ùis, présidait celui de Moulins.
Le citoyen Villard e*t exclu de sa place.
Père d'une ndmbredke famille et d'une
probité sans tàthe , il hé peut évitef ce
triste effet dé la vengeance de Foïéstièr^
Le titdyeii Vetnerey avait éktgi la
famille Chaput-Dubôst. Forestier, qUi con-
voitait leurs biens immenses pour son
neveu , la fit de nouveau arrêter et tra-;
duîre là Paris où elle fut àssaissihée.
Forestier n'oublié pas ses intérêts per-
sonnels. C'est au détriment de futilité
F 4
83 Crirfies' commis ,. etc.
publiqiïe qu il agrandit ses propriétés^ La
loi sur le dessèchement des étangs avait
jexcepté celui du Rosier , dont Teau fesait
tourner les moulins de xinq ou ^ix Comr
mufies. Forestiejfait arrêter par k Dépatte-
ment; qu'il sera baissé de six pieds , et
parvient ainsi à agrandir les terres ; qu'A
possédait sur la rive.
/ Ses actions n étaient que le résultat de
^es principes. On Tentendit s'écrier :«6Riea
99 n'est plus beau , plus majestueux qu'un
39 tribunal révolutionnaire ; que cette foule
55 d'accusés qui y passent en revue avet uiic
^5 i^idité incroyable , et que ces juréS;qui
99 font feu de &l^. Un tribunal révolutioA-
39 naire est une puissance bien au-dessus de
5) la • Gonvention, »? •. . .t;
Deux de ses ennera.is avaient, échappés ,
on ne sait par quel hasard , à la guillotine
de Lyon. Ils ne seront jpfts si heureux , dit-il',
au tribunal de.P^isv' C'est à ce tribunsfl
-que son nevèuuluîi e;?cpédie ses viçtames.
Forestier, vieftt y jotair de leurs djerniens
iftstans.; Le citoyen Roiig[ane-Prinsat était
assis sur le fauteuil; Sérn défenseur, se dis-
posait à parler^ Qjn'âllez-vousiaire , ilui dit
Jorestier ? Défendre des aristQcratess c'ei^t
vous rendre suspect. Le Défénsfouar n'osa
ouvrir la bouche ,; et Rougane pcyH*.;
_ Pei|x par ticuUçrS bavaient obtenu^- leur
Crimes commis à Dijon. 89
élargissement auprès du Comité de Sûreté
générale. L'arrêté est perfidement soustrait ;
ils sont guillotinés.
Les habitans de Cusset indignés de tant
d'actes inhumains , après le 9 thermidor ,
se contentèrent de placer sous les fenêtres
de Givois et de Forestier un baquet rempli
de sang, d'ossemens et de têtes de morts ,
avec cette inscription : Contemplez votre
ouvrage^ étanchh votre soij:^ mais tremblez ,
tyrans !
Ce court exposé suffit pour juger ces
hommes de sang et de boue , qui semblent
avoir pris à tâche de faire regretter Tancien
régime , en souillant le nouveau.
Précis historique des crimes commis à Dijon j
Département de la Côte-d'Or , souslepro-
coViSulat de Bernarl-le-Saintes. '-
liE lecteur peut, d'un coup-d'œil, fixer
son opinion sur ce conventionnel par le
trait suivant : Son collègue Bernard *dç
ISaint-Affirique , eut souvent à sôuflfi'ir de
;^cette ressemblance de nô'm. C est sûr-tout
ce qui lui arriva dans une petite ville dix
Nord où il était en, mîssto'rî. ^^.L'^âpparîtion
^'un Bernard effraye les/hàbîïans au poinj;
gù Crimes commis à Dijon ,
i]uune partie sort de la ville; Un citoyen
vient trouver ce Député i ets'enqùit auprès
de lui , par forme de conversation , s'il
était Bernard^de-Saintes. Ëh ! mon dieu
non , dit celui-ci ! je suis Bernard de Saint-
AfFrique. En ce cas , Gitoyren , continue
cet habitant, hâtez-vous de faire publier quje
vous êtes Bernard de Saint^Affrique , sans
cela notre ville va être déserté.
Le citoyen Micault était de retour en
France depuis le 26 mars 1792 , fait certifie
par la Municipalité de Strasbourg, Il était
domicilié dans le département de rYonnr,
où il était porté sur la. liste despréveiiro
d'émigratioBi Les débats seuls, pouvaient
déterminer les opinions sur cette préven-
tion. Il fut , par ordre de Bernard , drstraît
de Ses jugejs naturels pour être traduit :^li
tribunal de Dijon. Micault avait demandé
la liberté d'aller à la section de Dijon .qu'il
habitait déptiîs 1793, pour faite fénOtivèler
son, certificat de résidence. Bernsird lui en
avait fait la promesse; mais en le fesài^l
extrairedelaprisopoûilétaitrenfermé , soy^s
Fespoîr d aller à sa section , il fut réintégipé
dans la mai&pn de justice d'où il ne sortit
qiie pour aller à Téchafaud. Bernard avait
déjà requis le commissaire Fauchey de lui
faire ouvrir les-portès de 1^ piaison Micault.
Il s'y établit avec toute sa famille qu'il
sous le ProcôHsutat de Bemard-de- Sain tes. ^ i
tmînait après lui pour la faire vivre sur le
produit de ses dilapidauons. Il augmente
Bieme son domestique de quatre individus.
Bernard manifeste sa joie avant cette exécu->
don , par des chants et des danses en pré-
sence de la fille de Micault et de ses
domestiques.
Il menace le tribunal V et le force de se
rassembler snr-le-champ pour juger le ci-de-
Yant'pré^ideât Gôurbeton. Gè vieillard , au
bout de tr^is heurei» ^ n'extsiait plus; La
Êimille dcjcétitoyen^expulséede sesproprié-
|é$i mêmeiavant son supplice , parle député
Bernard, ne' pouvait, «dam les tems , appré-
cier ^les.^ pertes que kii:*avafit'ôc<:asiohné
les dilapidations de ceTProcbnsul. Lés ôb*-
jtis de.consQniitikti6n futetit sur-tout^ehx
fur. lesquels â) étendit 'i^vo^ace rapà<:ité«
Qti.cite particulièrement. que daïi«^ FMfjîacie!
4*i«6f jours; irs'èst bu plu* de twîile boH-
%éS^s\ devin? des, itieilletities qlxaHté^. Quànt^
à son installation dans laiîiaiïfCifiï ^de'MkaUh «*
éB><noble ef rrclië propriétaitôi^ «4W Witre
écrite à la société de Montbc41îurdV dOtt«>
nous^lcKnsièflftraîre quelquefi^^i^agreLphés \
ne lâissBra:rienà'dési«r tfOX te^ moiift«-pâr-'
liculicrs -qui ont extiié livide; Bôriiafdf à
pcyOTsuivre;le5Tichesp<îo Mon C«Otrp d'edâii,
»x:iciv\ à- Dîjbir)aiélé de pretldre gîte daÉnS^
59 la maison àa.CHrm Micaûlt » présidiént-
g? Crimes^ comnlis 'à Dijon , ^^ ' '• ' '
9}, du Parlement,: et tj'akeujias&cz bon nezi
M; car outre que la cave' ^j^ meublée ^ de Jori
57 bon vin, il s'est trouvé quciiquei9-petiteSr
5> armoires qui. m'ont mîs^ dànsrtié 'ïai^'dë^
« confisquer ce superbe. hôtel au profit de?
9.9 la Nation J'invoie ckehher le maître A
t> Luxeuil pour le faire juger^ ^migri"^' (et
,» 400 mille livres i de rentc^ Vont tonAer
t9 dans les cofires dela?Nation; ' >'v! . . r
.Bernard écrivit à la Cdflvélifibtt^f
u Instruit que ks iAristocrates.deîDîjo*n'â#
w donnaient ' encore/ via. v<|uàlificatioii ' d3
9^ comte et de mapquisî^^jfenvafcfexfrédflî
3L> dix-sept au. tribtwia| «révohi^iiMiQkiir'èf , "j&
9^ jferài fairei1ie.-:infcihe^ voy^ej^ cedx Ipk
« 'lesirôiteroRtî jV^ : ■.']. ... : Ji.b'qi .io a^I
-U|i' Administrateur idijfDéparteioem dé-t
çenisjli ,des mandats d^arrêtda cè^terméW»^
i/:Jrt|va •arr^4é etAsa:ftwmt>ï\ilzm*m tm^. 13
Maire était le tyran de J>ijbn-r Beâu^i)^
administrateur , ,ctiiGu5M>iï/>^^gB/de paix))
^^ieîit ses miiîtiôtresit^ r- '^r >' r^^ ^.,- --.ri
L •î^igeriW', ^çcUsaiteur pubKc • du tribunal
Qïiîriinçli, éfîtnt à là r comédie , . dît f jau»
Acteurs:: «4 ,Vouç Jouez oui opérart^cjè .vaisr^
5j^moi^ (àoni^^ V»^ tragéfiié ;- aojourd^'hui .7
91 pour ;le pxemi&' actei^ an.eh»;expédi«r2t .
V ttPi? 9 demain^ ,çiaq: ; piôs' jtjtianiGL ^om j>^
5:> rSéra accoutumé ,'il faut (qu^jI-fombLe une
«rtete dans <fhaqué faniilIfe.Lrf» a>; • / 1 -^
sous le Proconsulat de Bernard-de-Sainte. gS
: ILorsqu ils voulaient perdre un homme ,
ils menaçaient de 1 arrêter. Le citoyen pre-
nait la fuite , et le lendemain on le mettait
6ur la liste des émigrés. Forcé de revenir ,
on le déclarait hors la loi.
Les places furent distribuées avec une
perfidie , que le prêtre Chaussieu , qui avait
pris le surnom de Marat ^ se fit nommer
médecin des prisons , dans Tinstant où une
épidémie terrible y exerçait ses ravages ,
et se communiquait aux habitans. Il fit
mettre six cents malades dans une église
propre à en contenir au plus deux cents*
Un grand nombre périt.
Le Comité révolutionnaire de cette ville
fut un des ^plus atroces de la République,
Tous ses Membres étaient autant de bri-
gands et, de faussaires. Le viol et l'assassinat
leur étaient familiers. Savans dans tous les
gpnres de terreur , ils imaginèrent des
conspirations dans les prisons. Ce fut à
Taide de cette chimère qu'ils firent traduire
dix-neuf individus au tribunal révolution-
naire de Paris , au nombre desquels était
une femme. Ils furent successivement égor-
gés , les i et 17 floréal , an 2 , ( 20 avril et
6 mai 1794.)
Ce fut de Dijon que quelques jours après
le 9 thermidor , on vit paraître cette affreuse
pétition à la Convention , tendante au réta-
94 Crimes commis
blisseracnt du régime révolutionnaire. Les
Jacobins la firent colporter dans tout^^ les
sections de Paris , afin de rallier leurs affî-
dés ; heureusement que le soleil4evant du
9 thermidor, (27 juillet 1794) dissipa cette
bourasque naissante , et la précipiu clans
Torabre du néant,
»' ■ 'I.' ■>' t.,; ■, ,.i.vi .', u '4 ' ; izssf:asssssssasaGsam
Précis historique des crimes commis dans le
département de l'Ain , particulièrement à
Bourg y sous le proconsulat de Javogues ,
Amar , Merlinot , Albitte , Méaulle et
Gouly,
Les habitans de Bourg furent comprimés
p^r une succession continuelle de Procon*-
suis. Agens dociles du triumvirat dont ils
tiennent leur fatal pouvoir, on croit voir
en eux les disciples aveugles et dévoués du
vieux de la Montagne , prince des assassins.
Les conventionnels Amar et Merlinot
furent envoyés en mission dans le Déparr
tement de T Ain en 1 7 gS , où ils arrivèrent
le 18 mars. On y jouissait alors dfe cette
paix profonde que lesautres Communes de
la République n'auraient jamais vu bannir
de leur sein , si le génie du mal n eût secoué
de toutes parts ses funestes brandons. Amar
et Merlinot , dès leur arrivée , rallièrent
autour d'eux ces homaies que la société
dans le diparU de F Ain. gS
9?ait droit de suspecter. Les Desisles , les
Gouvers et les RoUet , gens les plus mal-*
Camés , sont les instrumens de leur puis*
sance. C'est devant eux et leurs setablables
que le'prédicant Âmar sur-tout , exhale ses
jentimens. C'est à eux qu il donne le signal
du meurtre et du brigandage, u Dénoncez ,
9} disait-il à la fin de chaque discours ;
n dénoncez. Quoi ! point de dénonciation !
M Le père doit dénoncer son fils , et le fils
M son père. Il n'y a point de vrai pa-
»9 triotisme sans dénonciation, m
En conséquence de ces principes politi-
ques, la calomnie entraîna bientôt quatre
çu cinq cents de ses victimes dans les pri-
ions de la ville. Aux plaintes , aux récla-
Qiations , Amar répond par ces paroles :
w Tout ce qu'un détenu peut dire pour sa
55 justification , et rien , c'est la même
59 chose. M *
Citons-un trait sur cent. La maison de
\à citoyenne Bouvent , située à St. Ram-
bert , fut investie , la nuit du 26 au 27
mars ; on s'empare de cette femme , âgée
de soixante ans et couverte d'infirmités.
$es domestiques partagent ses fers ; les
perquisitions les plus sévères 3ont faites
4ans sa maison , et rien ne décèle la
inoindre trace de sa correspondance avec
^'Anois* Le dénonciateur de cette pré-
q6 ' Crimes commis
tendue correspondance , homme inconnu ^
déclare cependant qu il a appris par oui dire
ce complot. D'après une telle déposition ,
les Administrateurs s'eiripressent de solli-
citer , auprès des Commissaires , au moins
rélârgissement provisoire de la détenue ;
ils firent en même tems valoir son grand
âge et ses infirmités. Tout cela en vain.
L'interrogatoire qu'elle subit , fit triompher
son innocence , elle se crut alors en droit
demander sa liberté sous un caution-
nement ; elle pria en même tems qu'on lia
délivra l'extrait de la dénonciation dirigée
contre elle. De si justes demandes furenu
sans effet , elle continua d^ garder prison ,
et la dénonciation resta dans le porte-feuille
des Commissaires, qui préférèrent sacrifier
l'innocence , plutôt que de compromettre
le dénonciateur.
Parmi les Communes de ce département ,
que la présence des Proconsuls plongeait
dans le deuil , Trévoux fut une de ctûêè
qui eut le plus à se plaindre de leurs actes
^arbitraires. Cependant Merlinot était dé-
puté du département de l'Ain , et Merlinot
avait son domicile à Trévoux. Ses habitans
étaient bien éloignés de s'imaginer qu'ils
se choisissaient un bourreau en le nommant
leur mandataire. Despote, également cruel
et perfide , il fait enlever , au milieu d'un
dans le départ, de tAin. * 97
repas , qu'pn donnait à ses Cotoimissaires ,
le citoyen Chainague qui contribuait aux
frais de ce banquet. Son éppuse a'armfc ,
siux pieds des Représentans , de tous Atsr^
moyens que la tendresse lui suggère pouirl
les intéresser en faveur de son mari; ils
la font arrêter et conduire dans les prisons
destinées aux criminels. Cette, double dé-
tention enlève à une famille nombreuse
ses deux soutiens ; ils gémissent plusieurs
mots' dans les cachots , sans qu aucune in-
lenrogation ni procès-verbaux constatent
k motif de leur captivité.
Après s être entouré des hommes perdus
4e mœurs dont ils rehaussent le couragtf
par leur exemple et par leurs exhortations ,
Âmar et Merlinot parviennent à dominer
rassemblée de cette Commune. Il n'est
permis à qui que ce soit d'élever la voix
en faveur dés prévenus. Un frère ne peut
y prendre la défense de son frère : la pa-
role lui est impérieusement interdite , et
la gyiillotine sera son partage dans le délai
de vingt-quatre heures , s'il ose enfreindre
la loi qu on lui impose. C'est au milieu de
cette assemblée ainsi composée , que les
deux Proconsuls attaquent les certificats
de civisme ; ceux accordés par le Conseil
général de la Commune , sont révoqués ;
que d'abus et de vexations n entraîna pas
Tome VU G
gS :^\i^Criines commis
Unduvelle épuration ; nouveau poignard
dans la J^iaîtiictfc s: scélérats!
c ires-câtoyens-Chicod, Goyffon , Morel
a^Valentih , indignés de la conduite des
Procoi»sul$N, viennent à la barre delaCon-
vèhtibnr, le; i g mai, implorer sa justice
ônofeveat de leurs malheureux conci-
toyens, A leur retour , la prison les punit
dece qu'Amaat'etMerlinot appelaient leur
audace« ^'^.^
- Un Agent national , du nom de Rollet ,
dit Marat^ arrivait à Cerizat , Commune
de TAin ; un Cultivateur sonne une petite-
cloche pour: assembler la Municipalité et
ïfe recevoir* Ce Rollet traita cette action de
contre-révolution , de réveil du fanatisme ;
le Cultivateur fut traîné sur la terre pen-
dant une demi-lieue à la queue du cheval
dé Rollet.
Cependant les pouvoirs de ces deux
Commissaires étaient révoqués dès le 3o
avril. Le 25 du même mois , un arrêté du
Comité de Sûreté générale , avait autorisé
les Autorités constituées à prononcer sur le
sort des détenus. Mais ces deux Proconsul»
ne voient qu'avec peine la puissance
échapper de leurs mains. Les différentes
Autorités avaient déjà procédé à la relaxa-
tion de plusieurs détenus , et le tribunal
en avait acquitté d autres.
éans h départ, de VAin^ 99
Le 16 mai, Amar et Metlinot , firent
passer aux Administrateurs du Directoire ,
un arrêté J>at lequel ils ordonnent n que
>5 les détenus , dans iç département de
»^ FAîn >, par mesure de sûreté , resteront
^j dans tet. état jusqu'à ce que la Conven-
> j tîôn nationale en ait autrement ordonné %
>5 que toutes personnes dénoncées par six
5» citoyens pour fait d'incivisme , seront
>j inscrites 5ur la liste des notoirement
*5 suspectés et regardés comme complices
f> des révoltés de la Vendée. ^5 Ils finissent
par inviter le département à se conformer
au présent arrêté , et ils se plaignent de
ce que le Procureur- général syndic s^est
permis de donner Tordre verbal à plusieurs
Municipalités de mettre les détenus en
liberté. Ils le menacent de prendre des
mesures capables d'arrêter ces abus , s'ils
parviennent à acquérir la preuve de ce
fait.
Le Conseil général du département de
TAin rendit à cet arrêté toute la justice
qui lui était du. Après l'avoir regardé
comme non ^venu , il passa à l'ordre du
jour.
Javogues , déjà fameux par ses cruauté
et ses brigandages à Lyon , se mit en
marche à la tête d'une armée révolution-
naire pour se rendre dans ce département •
G S
100 Crimes commis
Sans mission , il se propose néanmoins d'y
exercer une autorité sans bornes , et il la
prélude à Feurs , où il institue un tribunsd
révolutionnaire. Des hommes d une igno-
rance crasse et adoimés à la plus crapur
leuse ivrognerie sont les jugés qu'il se
choisit pour les composer, a Mon ami ,
5 » disait-il à Tun d'eux , il faut que les
9 9 sans-çulottes profitent du moment pour
9 y faire leurs affaires , n'importe par quels
M moyens ; ainsi fais guillotiner tous lc$
j> riches , ou tu le seras, n
Avec des moyens si propres à en imposer
à l'ignorance et à la cupidité ^ Javogues
organisa proraptement la mort et le pillage;
dépouiller les citoyens aisés , en faire con-»-
duire tous les jours un grand nombre à
i'échafaud , à Taide de la perfidie la plu$'
atrocement combinée ; tel est le tableau
que nous offre sa conduite dans les villes
qu'il a parcourues.
Les laboureurs étaient arrachés à leurs
travaux et chargés de fers , sous le prétexte
de refus de payer l'emprunt forcé. Les
épouses de ces malheureux venaient solli-
citer auprès de Javogues la liberté de leurs
maris. << Ils sortiront, disait-il , quand ils
5> auront payés. Sont-ils dans Timpuissancc
n de satisfaire à cette taxe , ils ne sortiront
» pas >% Ces femmes , certaines que l'or seul
dans le départ, de tAin^ loi
pouvait briser lés chaînes de leurs époux ,
fesaient les plus grands sacrifices pout
• completter la somme exigée. Javogues pro-
mettait alors leur liberté pour le lendemain ,
jour où il les fesait traduire au tribunal
révolutionnaire. Quelle surprise de la part
de ces infortunées , en voyant leurs époux
prendre le chemin de Téchafaud ! En vain
elles vont de nouveau invoquer la justice
de Javogues , et la parole qu'il leur a donnée,
» Dans une heure, dit-il, ils seront guillo-
1 55 tinés; et si vous raisonnez, vous les suivrez:
5» vous êtes encore bien heureuses que je ne
55 vous fasse pas arrêter 55. L'une d'elles, à
ce terrible arrêt , perdit connaissance.
Javogues se mit à rire, u Ces bougresses-là^
55 dit-il, font les béguelles ; f. . • .. je vais
55 faire apporter une guillotine , cela les fera
55 revenir n. Après une foule de traits éga-
lement arbitraires et barbares , il se trans-
porta à Bourg, et y installa une Commission
populaire pour procéder au jugement des
détenus. L'activité de ce tribunal fut néan-
moins suspendue un moment par la pré-
sence du représentant Gouly.
Mais l'entrée de Javogues , dans cette
ville , fut semblable à celle d'un vainqueur
irrité. Il ordonna aux soldats de la traiter
comme si elle eût été prise d'assaut. Aussitôt
les maisons sont investies. Des brigands
G 3
io« Crim'es commis
armés les entourent , et tout devîe^it I objet
de leurs rapines» Javogues , digne chef de
ces pirates , reçut sa portion du butin ^
consistant en une grosse masse d'argenterie
et de numéraire. Son état d'ivresse conti-
nuelle , pendant son séjour à Bourg , le
fit regarder comme le plus méprisable et
le plus crapuleux des hommes; et s'il jouit
de quelques instans lucides , ce fut pouP
déployer, au milieu de la société populaire^
sa farouche éloquence. 44 Les propriétés ,
55 y disait-il un jour , sont une usurpation j|
99 faite sur les sans - culottes , et la Répu-^
55 blique ne pourra s'affermir que sur le
V cadavre du dernier des honnêtes gens »î.
Albitte, également couvert du sang et des
dépouilles des Lyonnais • suivit dé près
Javogues, Il se distingua à son entrée dans
cette ville , par un faste vraiment asiatique*
Le luxe et la mollesse ♦ qui semblaient ses
passions dominantes , ne laissaient pas
soupçonner que son cœur pût être suscep-
tible de cruauté. Son Conseil , composé de
plusieurs Membres de la Commission révo-
lutionnaire de Lyon, auxquels il joignit
son valet d'écurie , condamné depuis à vingt
ans de fer , fut chargé d'interroger et juger
les détenus. Seize d'entre eux , d'après ses
recommandations particulières , furent en-
voyés à Lyon , où ils périrent douze heures
dans le départ., dis l'Ain. ?io3
après kur arrivée , sans avoir été interrogés,
JLe représentant Gouly , dont nous avons
déjà parié , était parvenu à faire mettre en
liberté les citoyens incarcérés par r9rdre
de Javogues. Albitte, sans daigner s'informer
des causes qui avaient occasionné leur dé-
tention sous le proconsulat de Javogues',
avait ordonné qu ils seraient réintégrés dans
les prisons. C'est sur eux que les Jacobins,
dont il est entouré , exercent leur odieux
ministère.
La destruction , mise à Tordre du jour
dans ces tristes contrées , les couvre de
sépulcres et de ruines. Les couvertures des
portails , les colombiers , les cabinets des
jardins , les petites tours ou coupoles qui
éclairaient Fintérieur des maisons , les tours
servant de cages aux escaliers , et les clochers
sont jetés à bas , comme autant de châteaux
forts*. Les habitans des campagnes sont à
cet effet mis en réquisition. Il ne respecte
pas leur travaux précieux au moment de
la récolte. La terreur quil inspire à ces
malheureux cultivateurs , est telle , que six
d'entre eux , en pressant les démolitions ,
sont écrasés. Cet accident arriva presque
^ous ses yeux sans l'émouvoir.
Les Administrateurs probes et éclairés
furent destitués et remplacés par ses cra-
puleux et ignares satellites. Il n'admettait
G 4
ïtr4 Criines commis
à sa société que les assassins et les femmes
prostituées. Brigadd dans tous les genres ,
il met en réquisition , pour son usage , ie
vin des particuliers»; et pour rétablir sa
santé affaiblie par les débauches , il accapara
le lait qu on porte au marché , qu'il emploie
pour prendre des bains , et qu'il fait vendre
ensuite. Offrant une protection ouverte au
crime , il accueil le nommé Roitx , officier
municipal de Lyon , que ses meurtres obli*
geaient de fuir cette ville , et le nomme
inspecteur des chevaux mis en réquisition
à Bourg. Le voiturier qui conduisait ce
voleur avec intention de le livrer à la justice ^^
fut incarcéré et mis au secret , où il gémit
pendant long-tems.
Albitte ose se vanter que , pendant son sé^
jour à Lyon , il s'était débarrassé de quatre à
cinq cents femmes , invoquant par leun
c^s et leurs larmes son humanité en faveur
de leurs pères , de leurs époux et de lean
enfans , en fesant attacher deux des plus
jolies pendant deux heures à un poteau;
et U ajoutait avec un rire barbare : «4 après
s 5 avoir été détachées , elles n en dînèrent
39 pas moins de bon appétit m.
MeauUe , qui vient après Albitte , ne laisse
pas plus respirer les habitans de cette Ck)m-
xnune. Les mêmes intrigans Tentourent. Les
journées se passent en orgies sur les prés et à
, dans U départ, de tAin. io5
la pecfiè aux anguilles ; et les nuits se pro*
longent dans ces orgies. Au bout de quel*-
qu€S décades , on vit par^tre un arrêté ,
par lequel il était défendu aux femmes ,
parens et enfans des détenus , de solliciter
sa justice.
Pendant son séjour à Bourg , entouré de
^femioes sans pudeur , il y donne l'exemple
jde la plus crapuleuse débauche. Par - tout
ii porte les citoyens au désespoir par des
vexatioïis înnouies ; et le terme de sa mission
approdiant , pour consommer la perte de
cette Commune , qu il préméditait , il ose
en imposer i la France , en là peignant en
état de rébellion. En même-tems il fait
venir trois cents hommes de la garde na-
lûmale du district de Gex , pour égorger
les détenus et autres citoyens de cette
Commune.
Tels furent les excès auxquels se livrèrent
les proconsuls Javogues , Amar , Merlînot ,
Aibitte et Meaulle. Leur mémoire est
à jamais exécrée dans le département de
rAtn ; les citoyens craignent de prononcer
leurs noms , pour ne pas renouveler le sou-
venir des maux dont leur mission a flétri
kl génération actuelle.
io6 Régime intérieur des Prisons
Si s
RÉGIME intérieur des prisons de la commune \
du Puy y département de la Haute-Loirem
JL A Commune duPuy , ainsi que toutes celléî
du département, souffrit pendant très-long-
tcms le renversement de Tordre social. Des
inconnus , revêtus des fonctions publiques»^
furent créés Membres du Comité révolu-
tionnaire , et cinq cents personnes sont
aussitôt j etées dans les prisons. Le Concierge
choisi par ces hommes , ne remplit que
trop bien leurs vœux par son ^ excessive
dureté. Les vieillards sont entassés dans Ats,
salles humides dont on a intercepté Faîr '
en mâsonnant les croisées. Ils ne respirent'
que les exhalaisons infectes causées pat
des cochons nourris dans Tintérieur de la
maison. Là , comme par-tout , les vivres
destinés aux détenus , sont pillés avant de
leur parvenir ; et les plaintes à cet égard
^nt accueillies par des outrages , par de
mauvais traitemens , et la réclusion pen-
dant quinze jours dans un cachot des plus
affreux.
Les Auteurs de ces incarcérations, jaloux
de tourmenter leurs victimes , en puisent
tous les moyens dans leur génie infernal»
Un Concierge plus humain avait remplacé
de la commune du Puy. 107
le premier ; pour éteindre dans son cœur
le peii de sensibilité qu'il y conserve pour
ceux qui sont soumis à son inspection -, on
persuade à cet homme crédule que les
détenus ont formé le projet de Fassassiner ;
le même soupçon se propage parmi les
Membres de la Garde nationale. Les pa-
trouilles sont doublées ; les visites nocturnes
se multiplient. On fait Tappel-de chaque
détenu. L assassinat a failli punir plus
dune fois celui qu'un sommeil profond em-
pêchait de répondre à cet appel : Eveillons
ce b là avec la baïonnette.
Des épouses , des filles portent quelques
alimenk à leurs époux , à leurs pères ; on
insulte par-tout à la pudeur ; des chansons
obscènes , des gestes lubriques , des tableaux
infâmes , des nudités indécentes frappent
leurs oreilles et leurs regards. D'autres
exposent un Christ sur le seuil de la porte t
et forcent les femmes à le fouler aux pieds ;
c'est le seul moyen pour faire parvenir à
leurs parens la nourriture qu'elles leur
apportent : les insultes et les menaces de
la réclusion sont le partage de celles dont
la répugnance se manifeste trop évidem-
ment.
La Garde nationale que la calomnie
irritait sans cesse contre les prisonniers ,
f éitérait ses perquisitions au . milieu de la
lo8 Régime intéritur des prisons
buit , et imaginait , chaque jour , un noil^
Veau genre ne persécution. Elle trouve uii*
prisonnier dont la seule consolation étafj^
d'avoir ses deux chiens à ses côtés ; elle Icf
lui arrache , et précipite Tùn dans les lieuiè^.
d'aisance , et Tautré dans la cour.
On se fait un jeu de l'appareil le plu*
effrayant. Un canon est braqué sur la coitf
de la prison , et la mèche allumée jour êl
nuit. Un des canonniers nommé Lieutard^
commissaire de la maison , fait dessinier
deux guillotines , au bas desquelles il apposé
les inscriptions les plus terribles contre lèi
reclus , en les désignant nominativement,
A cet étrange spectacle , ils se plaignent t
ce commissaire , en lui peignant la fatale
impression qu'une telle image peut faire sur
leurs épouses et leurs ehfans. Il leur répond
avec fureur , que s'il en avait le pouvoir ,
ils les ferait tous guillotiner.
Dans le tems où l'on transférait au Puy
des détenus de la Commune de Saint-
Didier , l'escorte se permit de faire descendre
des charrettes deux de ces malheureux , et
ils les fusillèrent sans aucune autre forme de
de procès. Un de ces infortunés avait tenté
de s'évader ; il est atteint par ces furieux et
massacré. Deux autres ne durent la vie
qu'à l'intrépidité d'un canonnier qui , au
péril de ses jours , détourna les baïonnettes
qui les menaçaient.
de la commune du Puy. 109
Cette conduite atroce fut prolongée encore
Ipfig-tems après la chute du décemvirat»
Plus jaloux deii perpétuer les crimes qut
de les faire oublier , dans une séance pu'»
blique , les Jacobins veulent que Ton dé«
npace vingt - cinq individus portés sur
one vieille liste de proscription , et sus
laquelle on avait antérieurement demandé
des renseignemens. Leur délibération por-
^t pour principes qu'on devait recevoir
|out à charge et rien à décharge. C<
ne ^t qu^avec le temsque la justice pénétra
diosces sombres cachots , et en fit sortir les
^mocens pour les remplacer par leurs an*
ciens persécuteurs.
<
■■I" ■ I ' " i'--i
Précis historique des crimes commis dans U
département des Bouches-du- Rhône , partie
(ulièrement à Marseille ^ sous le procçn^
sulatde Pomme , Charbonnières , Fréron ,
Barras , Robespierre jeune , Albitte i^
Ricord , Salicetti , Gasparin , Isnard ,
Chambon , Cadroy , Jourdan , Gaultier ^
Mariette , Durand-de-Maillane , Brunet«
S I les suites de la journée du 3 1 mai on(
été funestes pour la plupart des Départe*
mens de la France , c'est sur-tout dans le
Midi que les ravages et le& atrocités révolu*
i
i\à Sang répandu dans le département
tionnaires se sont développés avec une
activité et une audace plus épouvantables!
La chaleur des têtes mérldiotiales qui exà^
gère tout , tie permet ni mesurés , ni modé^
ration; et lorsque le fanatisme de la liberté
est venu enflammer ces esprits turbulens ^
ôti a vu des despotes d'opinion juger dighé
de mort tout ce qui ne partageait pas leur
délire. ' ;
Avant de nous livrer à ces remarque!
locales si utiles pour apprécier , par un
rapprochement comparatif, le moral- etlë
caractère de ces Peuples et celui des Repré^-j
sentans qu on leur a envoyés , temontotii
à la source des événemens. ^^'"^
. Marseille s'insurge contre le 3i mai ; et
pour marcher au secours des Représentans
opprimés par la Montagne , elle organise
Une force départementale qui , dans sa
inarchc , se proposait de rallier sous scs^
étendards tout ce qu'il y avait de Républi-
cains zélés le long des rives de la Durante^ ;,
Une nouvelle Autorité, sous le nom de* Co-^
mité central de section , s'organise et lance .
plusieurs mandats d'arrêt contre certains
hommes turbulens et chauds partisans de }à
Montagne et de Marat , qui , dans les.tems
oùilsjouissaientde l'autorité, avaient exercé
la plus effroyable tyrannie. On institue . en
même - tems un tribunal populaire qui
des BoucheS'dU'Rhône. . iii
condamne à mort plusieurs de ces individus.
Ce renversement des Autorités révolution-
sjûres y leur réorganisation sur des bases
diamétralement opposées à la politique de
la Montagne , tels furent tous les torts de
cette cité.
Lyon était bloqué ; la Vendée toujours
anéantie , se relevait à chaque instant avec
un appareil de plus en plus formidable ;
ks frontières au Nord et au Midi étaient
entamées par les alliés. A la faveur de cet
lAcendie général , les Marseillais semblaient
ne devoir trouver aucim obstacle dans leur
ipute , lorsque Carteaux se présenta devant
la colonne marseillaise ; et après un combat
sanglant où il périt 56o Français , et qui
décida du sort dt Marseille , il y entra
triomphant. Alors tout change de face : la
jusdce , qui n'est plus que la loi du plus
fort, menace les vaincus; et le crime, en
signalant la défaite de ses ennemis , appelle
déjà sur leur tête toute la vengeance des
lois révolutionnaires.
La Convention rend le 9 juin lygS ,
un décret qui met hors de la loi tous les
Membres du tribunal populaire du Comité
. central ; elle englobe dans les mêmes filets ,
tous ceux qui auraient signé des arrêtés ou
délibérations liberticides , et charge' le tri-
bunal criminel du département des !&ouches«
1 1 2 Scmg répandu dans le département
dU'Rhône , de juger les conspirateurs. Deu^
Représentans sont envoyés pour surveiller
l'exécution de ces décrets : c'étaient ks ci-
toyens Pomme et Charbonnières ; le premier,
Américain , chaud Montagnard ; le second ,
jeime efféminé , se partageant entre le far-
deau de$ affaires publiques et les soins de
sa toilette. Mais comme ils paraissaient peu
propres à seconder les vues expéditives du
Comité décemviral , et qu ils n avaient en-
core fait guillotiner que 17 individus , ils
sont remplacés par Barras et Fréron qui ,
après avoir parcouru le département dvt
Var, arrivent à Marseille les premiers jounr
d'octobre 1792. Ils agirent conformément
au décret de mise hors de la loi , et zvasr
arrêtés et instructions particulières du Co«
mité de Salut public.
Tout est bientôt bouleversé , la terreur
s'organise ; elle médite ses vengeances ;
elle calcule ses victimes et aiguise ses
poignards. On installe une Commission
municipale avec de grands pouvoirs ; les
Autorités constituées se composent de Ja-
cobins forcenés. Ricord , fils du député de
ce nom , jeune homme de vingt ans , res-
pirant , dans les bras de son père , le soufile
empoisonné du terrorisme , est nommé
Procureur-syndic du département. 11 pré-
sidait en m^me-tems la société populaire
des Bouches-du'-Rhône. ii3
qui , sous ses auspices , secondait parfair
tement les décemvirs du Comité de Salut
public , dont Barras et Fréron n'avaient
été jusqu alors que les serviles exécuteurs
des arrêtés et décrets; m^-is jaloux de
faire quelques pas dans . la carrière révo-
lutionnaire , ils publièrent bientôt la pro«
clamatioii suivante :
Froclamatios des Représentans du Peuple Barras et'
Fréron, .
Le» Représentans du Peuple , Barras et Fréron ,
annoncent au département des Bouches-du-Rhônela
fenne lésolution- où ils sont de sauver la liberté
publique , ou de périr dans* leur sainte entreprise»
Us viennent faire succéder la vérité et la justicç
au système désastreux du modérantisme et du roya*
Usme ; il ne suffira plus d'avoir de l'or pour acheter
impunément le droit d'être scélérat : qu'ils tremblent
tous ces oppresseurs de la patrie ! Voye:^ toup
CCS mille vciisseaux resserrés dans vos ports ,, voyez
▼otjrc industrie captive , votre commerce paralysé !
c'est à eux que vous le devez !.... Mais la terreur
fst à Vi^rdre dujour..,, II ne suffira plus, pour jouir
«yeç insr$ititu4e des bienfaits de la révolution, d'êtrç
modères , d'être accapareurs ou sectionnaires. Nous
ne- voulons que des républicains : sauver Marseille et
raser Tûulon^ voilà le but de nos travaux.
Pou|:y parvenir, nous allons transformer les placer
publiques en ateliers, les boutiques en forges natio-
nales ; que l'enclume retentisse ; qup tout respire le
géniç martial et l'amour de la liberté. Nous serons
li^^i^fibles , inaccessibles à toute considération perr
sonu^Ue ; nous braverons et les séductions de la
beauté et les poignards des assassins. Que les saoji^
Tome VI. h
1 î4 Sangrépandu dans le département
culottes travaillent le jour, qu'ils veillent le nuit ,
et que le soleil n'achève point son cours sans nous
avoir vu faire des pas de géant vers cette libertç
chérie , pour laquelle nous sommes tout prêts . i
nous immoler.
Fait à Marseille , le 12 octobre lygS , Tan s de la
Hépublique française , une et indivisible.
Les Représentans du Peuple près les armées d'Ita-
lie et les départemcns méridionaux.
Stgne\ P. Barras et Frèron.
Cette proclamation s'exécute avec la plus
prompte activité ; ces travaux , dont la di-
tcction est •<îohfiée au zèle jacobin des
Ck)mmissaîrcs Nouette et Lambert^ ren-
dirent en un seul instant Marseille mé-
connaissable , et Ton eut pris pour une
place d armes cette cité jadis la plus com-
merçante de TEurope ; son port Tadmirà-
tion des étrangers /n'offrait plus qu'un
amas de navires oisifs.
Le g octobre , la nouvelle de la reddî-.
tion'de Lyon était parvenue à Marseille ,
et le nouveau triomphe sur le parti déjà
abattu à Paris , dans les journées du 3 1
mai , avait rehaussé singulièrement Tau-
dace des dignes janissaires du nouveau
gouvernement. Le tribunal criminel se
signala par l'assassinat de vingt citoyens
mis hors de la loi , qni furent guillotinés.
Les Marseillais , que Ton a vu les prin-
cipaux instrumens de Fanarchie , aux
des BoucheS'dU'Rhone. ' -' 1 15
époques les plus célèbres de la révolu-
tion , et sur-tout dans les journées des 2
septembre, doivent être singulièrement dis-
tingués de ceux qui se prononcèrent si for-
tement en cette circonstance contre le
triomphe de la même anarchie ; et Fhis*
torien doit, pour Thonneur du nom Mar-
seillais , désigner ces hommes qui ont , sous
ce titre usurpé , joué un rôle si funeste et
si exécrable dans les septembrisations dé
la capitale.
. Toulon et Marseille par leur position au
bord de la Méditerranée , et par la proxi-
mité de difFérens Etats , furent de tout tems
lasyle de tous les brigands , que la justice
poursuivait chez les puissances voisines ,
telles que la Catalogne , la Corse , l'Italie , la
Turquie et la Barbarie , et c. Cette classe
dliommes ne vivant que dans l'obscurité
àa crime , devait embrasser avec plaisir
tous les mouvemens convulsifs d'un gou*
vernement , qui non - seulement offrait
toutes les occasions et toutes les facilités à
leur penchant pour le crime , maisie sanç-^
tioiinait encore par ses éloges , ses places et
$ts recompenses; tels étaient ceux qui, après
avoir fait leurs premières armes dans les murs
d'Avignon , vinrent ensanglanter ceux de
Paris. Le propos que Ton prête à Barras ,
et dont une femme digne de foi atteste
H S
iii6 Sang répandu dans le département
rauthenticité , peint assez bien Tesprit qui
animait cette troupe forcenée. Il était aux
environs d'Avignon , lorsque cette horde se
livrait à ces massacres : (4 Cette race est abo-
^5 minable , dit-il ; pour les arrêter dan&leur$
f 5 débord^mens , il faut d'abord parler kur
»5 langage ; car , à les en croire, il faudrait
fj détruire tout le genre humain* ^Poultier
qui était aussi dans ces contrées ^ assurait
alors que parmi ceux qui* fesaient les pa- .
triotcs les plus exaltés , se trouvait un grand
nombre de voleurs et d assassins; c'était »>
sans doute , pour propager leur morale
atroce , que plusieurs de ces sicair^s , di-
saient hautement dans Paris , ne recon-
naître de patriotes q^e ceux qui paurraien|
aire: J'ai coupé tant de têtes, et fai tra^
vaille en septembre , attachant à ces funestes
_ journées tout l'honneur du républicanisme*
Ils s'empressèrent de faire passer à la Cou-*
vention une adresse , dans laquelle ils se
plaignirent que le décret du 23 février 1 7 gS,
qui ordonnait de poursuivre les auteurs
des journées de septembre, était un pré^
texte pour poursuivre les meilleurs par
triodes. Ces soi-disant républicains , comme
Ton voit , différaient entièrement de ceux
qui s'armèrent au 3i mai pour écraser
l'anarchie.
-:; L'ambition d^s Anglais cherchait à
* 'desBoûchêS'du-RkSne. fi7
«fivàhîr notre commerce; et la perfidie
avait déjà introduit leurs armées dans le
port de Tofulon. Leur or qui semblait di-
riger le Comité de Salut piïbiic v- refluait
$\ir toutes fes villes commèrçaiites pour en
opérer la destruction. Plusietirs des Agenâ
de cette pui&sance étaient même à Mar-
seille , lorsque Barras et Frérott , d'après
un arrêté du Comité de Salut publie , soit
ineptie , Soit asserviss«ement pour les ttrdrei
des décemvirs , ordonnèrent la démoli^
tion de cette cité. Un d'eux proposa ert
même - tems de combler son port. Les né-
gocians , dont le crédit ouvert dans tous
les ports de Funivers pouvait prôcurct
Tabondance à le France ; les riches arma-
teurs , les banquiers furent proscrits , et
portèrent leurs têtes sur Téchafaud. Le
Comité de Salut public , dont on ne fesait
*par là que remplir les instructions , trou-
vait plus expéditif de les assassiner pour
^'emparer deleurs biens, dédaignant l'avan-
tage que FEtat pouvait retirer de leurs cor-»-
respondances , quj seules suffisaient pour
mettre un terme à la disette générale^
Aussi ne put-on y opposer que de faibles
ressources , qui ne se soutinrent quavefc
les monceaux d'ôr et les riches meubles
que Ton fut forcé d'échanger pour les
blé« d'Afrique ; mais la disette entrait
H 3
1 1 8 Sang répandu dans le département
lelle-même dans les plans dn gouvernement ,
et en tarissant ainsi toutes les sources d'a-
bondance , tous les moyens de nourrir le
peuple affamé , Barras et Fréron , dont les
lumières en économie . politique étaient
d'ailleurs si bdmées , obéissaient avec plaisir
au système d'extermination que leur rap-
pellait sans cesse le Comité , dans sres cir-
culaires et dans ses lettres particulières , en
leur disant que la République ne devait con-
naître axicune considération , et qu elle serait
toujours assez riche avec du fer et du pain.
Marseille vit bientôt arriver les députés
qui avaient assisté au siège de Toulon , tôud
gen^ que la voix publique désignait comme
très-dangereux , tant pour leurs opinions
que pour leur caractère : ROBESPIERRK
jeune , digne émule de son frère , était de ce
nombre ; son nom seul inspirait Teffroi.
Ricord ne parlait que de terreur , et toutes
ses actions tendaient vers cet affreux régime.
Gasparin et Salicetti leur étaient adjoints :
ce dernier ne manquait pas de moyens , qu£
n'en étaient que plus dangereux , puisqu'il
les consacrait tout entiers à la tyrannie.
, Malgré cette recrue de Montagnards ,
Pomme et Charbonnières restèrent quelques
tems à Marseille , et prirent part à tout ce
qui sy passa. Le premier ne quitta cette
ville que le 21 brumaire an 2 ( 1 1 novembrr, .
des BoucheS'dU'Rhône. ^ 119
1793) ; son collègue Favait devancé dès la
veille.
Les Députés qui restèrent dans Marseille ,
travaillèrent de concert à porter le dernier
coup à son existence politique. Par un de
leurs arrêtés , ils Timposent à une somme
d^ quatre millions. Une contribution aussi
cxhorbitante jette la consternation dans
Tame des Marseillais ; leur fortune est
sapée dans les fondemens ; les arts sont
renversés ; les ateliers se ferment , et les
travaux cessent. La classe ouvrière , dénuée
de ressources , se jette du côté des Repré-
séntans du peuple , dont elle reçoit une
solde journalière , iqui augmente les soutiens
de l'anarchie • Le tribunal criminel , de son
côté, donne plus d'activité à ses assassinats^
Le jpremier brumaire an 2 (2 2 octobre 1 7 gS),
Imberty , Procureur-syndic du département
des Basses-Alpes , est conduit à Téchafaud*
Les incarcérations se multiplient ; les mai-
sons des Frères Ignorantins , les Dames
Sainte-Clair et Saint-James, reçoivent dans
leur enceinte onze cents citoyens. La ven-,
geance haineuse , avant de dresser leur
échafaud , épuise ses fureurs par les vexa-
tions les plus violentes et les privations de
toute espèce, et trente -personnes y périrent
d'inanition , ou furent consumées par le$-
maladies pestilentielles»
. H 4
120 Sang répandu dans le département
La société populaire , menée par des
jeunes gens inexpérimentés ou sanguinaires,
se livrant à toute la fougue de leur carac-
tère , criait sans cesse kxïr la lenteur du
tribunal , et demandait des visites domici-
liaires. Nombre d'excellens patriotes furent
compris dans les mesures quils prirent ,
dans rînteiltion , à ce qu ils disaient , d'o-
pérer le salut public.
Le tribunal criminel continua dés-lors ses
sanglantes expéditions jusqu'au 29 bru-
maire ( 19 novembre ). Le 3o , il assista à
une fête nationale. Des rochets roulés et
amoncelés sur la place , reçoivent le nom
de Montagne-^ le buste de Marat est pro-
mené solennellement au milieu de la Gardé
Nationale , de la Société populaire et dei'
Autorités constituées.
Le tribunal reprit ses fofic'tiohs jusqu'au
Ô6 nivôse ( 1 5 janvier 17^4) , qu'il tînL
.sa dernière séance. Deux cent quaratltè*^
individus furent envoyés à Féchafaud.
Depuis six àiois , Marseille Souffrait avec,
une patiente résignation les coups dont la
tèrféur rassàssihait. Toulon était J>ris , et
Ton présbmait qiie cette victoire iserait le
signal de la générosité et du pardon ; mâià
la perquisition faite dans les maisons dei
Touldnaîs procura quelques papiers qui
attestaient une espète de correspondance
des Bouches'du-Rhênè. ifi
8VCC les habitans de Marseille. Alors , les
Représentans Barras ^ Salicetti \ Fréron et
Ricord firent afficher sur les murs de Mar-
seille une proclamation dortt le considérant
attaqué le patriotisme des habitans de cette
ville , en l'accusant d avoir la première levé
Fétendard de la rébellion; d'avoir, pair ses
commissaires , cherché à soulever lès dépar-
temens circonvoîsins , et employé la terreur
pour forcer les paisibles habitans des cam-
pagnes à Tinsurrection. On leur reproche
d avoir insulté la Représentation nationale ,
en fesant arrêter ses Commissaires ; et ea
fesant marcher des bataillons contre lesf
Croupes dé la République ; d avoir assiégé ,
pris et saccagé les villes qui lui étaient,
fidèles. La Municipalité est particulièîemcnt
àdcusée de rébellion , coftime ayattt tenïé^
de soutenir sa désobéissance par la îprce;
^rmée ; enfin , . sa correspondance at^ec
Toulon , ^e§ efforti pour lî^rrër ^on^fovv
ayx AnglâîS/Tels sont lès prétendu^ griefs*
qui servent dé base à un arrêté deè Répr^^
s^entans , conçu en ces termes : .^
Les Représentans du Peuple , arrêtent : l'^. Le
nom de 'Marseille , que ^orte ,éticore Cette tApi-
mune crinaînelle , sera changé ; la Convention na-
tionale setâ ifivlié de lui en dbiîher UÀ autre ; pfo-^
visoircnrent cile restera sans ncm , et portera cette"
dénomination.
14^. Les repaires, ou se-tenàîentles assemblées des
12d Sang répandu dans te département
Sections et du Comité général, seront rasés, et un
f>otëâu , qui rappellera leur révolte , sera dressé sur
e terrein qu'ils occupaient.
3o. Est excepté de cette mesure le lieu de rassem-
blée de la Section n^. 1 1 . qui seule a donné tant de
preuves de son attachement pour Tunité et Tindivi-
sibiUté de la République:
4®. Il sera fait un inventaire exact des meuble»
et effets garnissant les lieux à démolir. Ces meubles
et effets seront péalablement enlevés pour être
vendus conformément à la loi sur la vente des biens
des rebelles ; les matières d'or et d'argent seront
portées à la monnaie.
L'Administratioix. du district désignera le lieu oà.
seront portés les titres et papiers.
' L'Administration des poudres et salpêtres aura ,
aluprcs de chaque édifice à démolir , un préposé-
pour y recueillir et faire valoir les terres salpêtréc*.
.5''. Le Commandant militaire de la Commune dç
sans^nom est chargé, sous sa responsabilité , de faire
eiécuter le présent arrêté au moment de sa réccp-'
tion ; il chargera , en outre , la Commission munici-
p^c provisoire , d'exécuter sur-le-champ les dispo-
sitions relatives aux démolitions des lieux où se
tenaient les sections.
6^. Le présent arrêté sera proclamé* , publié ,
imprimé et affiché dans la Commune.de sans nom ,
et dahs tous les départemens méridionaux.
,Fait au port de la Montagne , le 7 nivôse , l'an 2*
rfc^a République ( 27 décembre 1798 ).
Signé , Fréron , Paul Barras* , Salicetti ,
• ,. BlCO^RD (i).
Ainsi Marseille voit , pour airisi dire ,
son tombeau s'ouvrir ; elle est déjà effacée
(i) Le ci-devant marquis Lapoype , beau-frère de
' des BoucheS'dU'Rhàne. ^ isi5
du nombre des villes existantes. Une cor-
respondance insignifiante , nécessitée peut-
être par des raisons de commerce , ramène
la mort dans ses murs. Cette cité avait-ét^
fondée par une ancienne colonie de Pho-
céens , qui vinrent chercher la liberté sur
les côtes de Tancienne Gaule narbonnaise ;
sa splendeur et son commerce se soutinrent
au milieu des,secousses de TEmpire romain,
et des irruptions des peuples barbares q^ii ,
à différentes époques , ravagèrent jses pro-
vinces. Soumise ensuite aux lois des Francs ,
toujours florissante au milieu de nos dissen-
lions intestines et de nos guerres d'opinion ,
elle voit flétrir et s'anéantir sa renommée ,
son industrie et sa richesse , au nom de
cette liberté , sous les auspices de laquelle
elle avait , depuis nombre de siècles , porté
ses dieux pénates sur les parages de la
Méditerranée.
Lesmêmes Représentans du peuple prirent
un autre arrêté pour organiser une Com-
mission militaire. Ils la composèrent de
quatre membres , trois desquels pouvaient
procéder au jugement de ces nouveaux
coupables. Un jeune homme de vingt ansLj,
Fréron, avait été, après le sîége de Toulon, nommé
commandant de la place de Marseille, et chargé par
les Représentans de l'exécution de leifrs arrêtés.
124 Sang répandu dans le département
du nom de Louis , qu'il crut devoir eîFacer
par celui de Briitus , présida ce nouveau
tribunal, dont l'institution jeta une épou-
vante générale. A Tinexpérience de Tâge ,
ajoutez rignorance profonde de ces juges ,
à qui les tyrans , en leur remettant le glaive
vengeur, ne demandaient sans doute que dé
frapper aveuglément. Le président Brutus
ne savait pas rédiger lé moindre arrêté;
l'énoncé de leur jugement portait toujours
que les condamnés périssaient pouf avoir
porté les armes contre la République. Ce
protocole inepte et bannal assassinait iili«
distinctement des hommes infirmes et sép-
tuagénaires. *
Voici larrêté de Forgahisation de cette
Commission.
Les Représentans près les années et les départe-
mens du Midi ,
Considérant que les provocateurs de la guerre
pivile lèvent insolemment' la tête ;
Que les plus acharnés sectionnaires échappent ai^
supplice ; que dès négocians , Sangsues du peuple ,
continuent à afl&mcr leuts concitoyens' en se jouant ,
à TombrC' de ce tribunal , des lois lés plus précises ç
Considérant que les amis , les correspohdans de
Tinfâme Barbaroux , mis hors de la loi comme lui ,
ont trouvé grâce devant ce tribunal ; qu'au lieu
d'exercer lc« vengeances nationales , c'est plutôt
des haines particulières qu'il paraît assouvir ;
. Arrêtent: i^. Les Membres du tribunal révolution-
naire seront renouvelés.
2^. Il sera nommé parles Représentans/du Peuple
des BoucheS'dU'Rhône. ii^S
une Commission militaire^ pour juger les prévenus
de crime de contre-révolution.
3^. Les scellés seront mis sur les papiers du
greffe.
4*^. Maillet, Président de ce tribunal, et Giraud,
accusateur public , seront mis en état d'arrestation t
et traduits pardevant le tribunal révolutionnaire à
I^aris, comme prévenus d'avoir pré variqué dans leurs
fonctions , et de complots fédéralistes ; les scellés
seront mis sur leurs papiers.
5^. Les Représentans du Peuple nomment pour
membres de la nouvelle Commission militaire , les
citoyens Frutus, Lefebure, Thiberge et Lépine.
La Commission pourra juger au nombre de trois
Membres.
6**. Il sera établi un tribunal criminel du dépar-
tement pour juger les"^délits communs, conformé-
ment aux lois rendues par Tinstruction criminelle par
jurés ; ce tribunal tiendra ses séances à Aix.
L Adipinistration du département est chargée de
{)rendre les mesures les plus promptes , pour que
ce tribunal entre en activité sur-le-champ.
7**. Le présent arrêté sera proclamé , publié , im-
primé et affiché à la diligence du Commandant de
la place, lequel est en outre chargé des arrestations
et transféremens y mentionnés.
Fait au port d&la Montagne , le 17 nivôse î Tan i
de la République (6 janvier 1794 ).
Signé , Fréron , Paul Barras , Salicetti ^
R1CORD.
Cette Commission , depuis le 4 pluviôse
jjusqu'au i3 ( 23 janvier 1794 au premier
février ) , fit périr cent soixante personnes,
file eut lastuce de mettre e^ tête de son
premier jugement le texte de la loi du 19
giars 1 7 93 , par laquelle la Convention
1.26 Sang répandu dans le département
déclare ne vouloir faire ni paix , ni trêve avec
les aristocrates et les ennemis de la révolution ,
et les met hors de la loi.
Quel vaste champ une pareille loi n'ou-
vrait-elle pas aux partisans de la terreur ?
La Commission , toute sanguinaire qu elle
était, trouvait dans ce texte une espèce de
justification de ces assassinats journaliers ,
et en rejetait en quelque sorte toute Thor-
reur sur Danton , auteur de cette loi , et
sur la Convention , qui lavait adopté à
Tunanimité. Les Représentans en mission
' ajoutèrent encore à Tatroce iniquité de cette
jurisprudence , en nommant pour ses or-
ganes un tribunal composé seulement de
trois individus , que devait présider un
nommé Lacroix , guillotiné depuis à Paris ,
avec la faction Hébert. Heureusement sa
nomination n'eut pas lieu ; car cet Individu
qui n avait cessé de persécuter les patriotes,
dont il avait fait traduire un grand nombre
au tribunal révolutionnaire de Paris , n'au-
rait usé du droit de vie et de mort que pour
la mort
Enfin le Tribunal criminel et cette Com-
mission envoyèrent au supplice plus de
quatre cents individus , dont les noms se
trouvent dans les tom. i et 2. Des propos
tenus contre la Montagne et contre Marat ,
* dictèrent l'arrêt de plusieurs. On cite , à
des Bouches-du-Rhone. ii27
cet égard , une jeune femme guillotinée
pour avoir dit que les Députés montagnards
lésaient détester laRépublique , qu'ils étaient
autant dassassins et de maratistes ; que
Marat était un atroce scélérat ; que la Corday
avait rendu un service signalé à son pays ,
en le délivrant de ce monstre.
Cette Commission eût été aussi expé-
ditive que le tribunal Fouquier , sans l'em-
pire qu'un citoyen avait sur le président
Brutus. Il Tempêcha nombre de fois de
condamner à mort une infinité d'individus
simplement suspects d'aristocratie.
Nou^ tairons ici les outrages, les impré-
cations qui pleuvaient sur les victimes que
l'on conduisait à la mort. Il y a lieu de
croire qu'elles étaient commandées par leis
Comités de Salut public et de Sûreté
générale , pour faire insulter , jusqu'au
dernier mometit leurs victimes , par une
populace sans frein. Les condamnés ré-
pondaient aux criailleries de cette horde
furieuse , par le sang-froid et le mépris. La
mort semblait venir à leur secours pour les
délivrer de la vue de ces monstres. Il est
cependant essentiel de donner une notice
de la correspondance d'un des commis-
saires du Comité de Salut public avec
l'Accusateur public du tribunal révolution-»
naire de Marseille. Il commence par lui
is8 Sang répandu dans le département
faire des reproches sur la lenteur qu il met
dans la condamnation des conspirateurs ;
ensuite il ajoute :
Je citerai toujours Paris , car Paris peut servir de
modèle en tout. A Paris donc , Tcjrt de guillotiner
a atteint sa dernière perfection. S^nsson et ses
élèves guillotinent avec tant de prestesse , qu*on
croirait qu'ils ont pris des leçons de Cornus , à là
manière dont ils escamottent leur homme ; ils en
ont expédié douze en i3 minutes. Envoyez donc
à ParisTexécùteur des hautes-ceuvrçs de Marseille,
faire un cours de guillotine auprès de son collègue
Samson ; car nous n'en finirons pas. Tu dois savoir
que nous ne te laisserons pas manquer de gibier d^
guillotine , et qu'il faut en expédier grand nombris^
£n outre, je ne voudrais pas que tu fis accompager
ces bougreS'fà avec un tamDour , mais avec un trom-
pette, ce qui annonce mieux la justice du peuple..
Il faut suppléer à la promptitude de la guilla»
fine , pour électriser le peuple , en conduisant sey
ennemis à Péchafaud. Il faut que cela soit une espèce
de spectacle pour lui. Les chants , la danse ^ doi-
vent prouver aux aristocrates que le peuple ne voifc
de bonheur que dans leur supplice. Il faut en outrcv
faire ensorte qu'il y ait un grand concours de peuple
pour les accompagner à Téchafaud.
Nous ne devons pas omettre un trait qui
montre jusqu'où peut aller Tabus du pou-
voir. Pour se délasser de ses arrêtés fulmî-^
nans , de sa correspondance instructive , de
ses fatigues à la guerre , il fallait bien , au
représentant Fréron , des objets de distrac-
tions et d amusement* Parmi les laïs que
des Bouchti-dù-RMut. it^
le théâtre offrait sans cesse à ses regards s ii
avait distingué la j eune Masson,
Aussi - tôt un honnête Agent , dont lé
Bom obscur ne mérite pas d'être cité , est
chargé des premières propositions ; mais
au grand étonnement de celui qui disposait
tout à son gré , il nest pas. écouté. On.
apprend que la refusante a pour chevalier
lé colonel du régiment dliussards de Ber-
chiny y alors en garnison dans cette villel
Aussitôt le Proconsiil fait signifier au co*
|onel(le citoyen Bongon) Tordre de quitter
Marseille dans le jour , sous peiné) d^êtr^
traduit au tribunal révolutionnaire , et att
régiment, celui de partir dans la nuit,
'Nous ne devons pasjoublier que le citxs^ûtk
Bouf^, brave et intrépide militaire , après
t^âtre souvent signalé , est mort glorieuseJ^^
laent i larmée dltalie» Le mérite reconnut
de cet officier n'a pas empêché que Fréron \
lors de sa seconde inission dans te Midi ^
voyant toujours endui un rivai dangeveùx'i
le destitua de .sa pleine autorité. ^
, £nfin , le g thermidor vint abattre Té*
pouva^tabie colosse de la tyrannie ; les
Agens révolutionnaires des contrées méri^
djjonnales , étourdis de cette chute , cher-
chèrent à se mettre à Fabri des suites , en
joignant leurs applaudîssemens à Fappro*
badoa universelle. Mais le regret d'une Au«
Tome VI. i
1 3o San§ ripaiidii dans le département
Ib^itésappée dans ses fondemens, imprimait
sur leurs figurefc une honte inèfibçable;
Cet ab^cticm où ils se trouvaient réduits,
aurait dû suffire aux ressentimens de ceux
iquils avaient opprimés pen4aBi;faéur ty^
xaome • ;• mais cette modération sage et gé^^
HéteùsCLï ne. convenait guère à rex^ltatioU
ides.caTîârtères injéridionaux.
• ijLe verdgede la vengeance »feVmpara;j dé
toutes .les tê«e£b La Convention liavaît mis
laxrlémenceà lordireidu jour.: lesirîbun«uk
déviaient instruire .cpncrê ^les cou^i^blês ;
maib des hommes .dont lés plâiesM étaient
ioncore récentes .^i écartèrent la jjcléménoâ
et les lois. 5 se travestirent en bourrjeamxv
jOfe'fisxiouVelèrent à ^siQO \ lieues de iFasis les
$^i^es désastreuses, du 3 septembi!e« loLmeH
vifei etkcoxe flotter.' sur '^cs; vagues, les^ tristes
victimes d'une nouvelle révolution .dans
Jer/côiîps: politique;:! ^ ../..: :>
^ f iMàjîéille , Aixl, ; Arles ^ : Tarascoo) onf
^t^fjfoi^âtrie de oes'houvelli^ atrocitésr
Les Repré^eiitans : nxuôhtagnabdsiji avaient
excité ^: favorisé les premiers, massacrés,
qu'ils avaient en quelque sorte -léïgaliséK
Dé nouveaux Représèntans se taisent de-?
vant de nouveaux ^assassinats. Ils parlaient
de . la justice , et pas un arrêté., n'essaya
d'enchaîner des attentats qui usurpaient
les droits de la justicci Violateurs effrontés
des nouvellç5 lois qu ik ont proclamées ,
elles devieijinent entre leurs mains un . filç
si faible quÇ: le moindre souffle, le brise j
tandis que: leuts prcdécç^purs. pouvaient ,
ea quelque sorte exçus^f Jeur3. écarts s^n-..
gilinaires par cette foule de lois dont^Ja
conséquen^ce-futU terreur générale. .
Isnard, Cliambon-Latoi:jr,. Cadroiy, Jour-
dan, Gaultier , MAfiett^.^ Durand-Mûllaue;
parurent tour|^-tour dans, ces coniréesavjec
des pouvoir^ illimités. Éa.jvaip , .disent-ils
pqùr leur j^jstificatipn. , q^ aucun, massacre
Ufjr fijt commis de leur .tems ayant. .cçjuî
des prisonniers duj Fortrjean. Il est cansi
taté que différens ijidividùs c^e tout âge et
de toutjsexe furent ir^pitQYablemem égorgés
par des Jipmmes qui:^ej4^»içn^^ avec, impu-
dence les vengeurs de .VVumanité. Cejsi
affreuses lois icje rejprésaiiUes eussent mérité
peut-être quelques, applaùidj^pemens dan?
le tems où les frères , le^ parens , les ^amis
de ces terribles vengeurs courbaient "leiii;
tête sous la hache des tyrans ; mais ces
tyrans sont désarmés , réduits à Timpuis-j
s^ice„ et ;vous les assassinez ! ! ! Il failaij
biçn plutôt; les laisser survivre à votre
Jtriomphe, les écraser sous le poids d'une
honorable générosité ^ et les condamner
au long supplice du spectacle de vos vertus
et de votre bonheur,
I 2
i'5i Sang répandu dans le département
Les assassins formés encompagnie-franchc,
àômmées de Jésus et du Soleil , compriment
^ancienne terreur par la terreur , et ven-
gent l'assassinat par lassassiihit. Pour nou^
en convaincre , parcourons les massacres
partiels commis avant ceux du Fort-Jean,
Vincent /yi^<^ du tribunal du district Aé
Sisteton, et Breyssaud, administrateur du
même district , succombèrent sous les
poignards. La mort de ce defrïter , racontée
par son propre fils, fait frémir. Ce citoyen
avait d^àboird été arrêté par ordrç de
Mwo/Ai^n , secrétaire du Représentant Gaul-
tier , et relâché par ordre du Comité dé
Salut public. Arrêté une seconde fois par
èrdre dû même Mévalhon , il est assassiné
eh arrivant à Sisteron. Couvert de blessures;
en le laisse pour mort. Quelques personnes
s'appercevant qu'il respirait encore , le
font transporte!" à rhôpital. Les Assaçsîn^
apprennent que leur vicâme leur a échappé,
aussitôt ils viennent , la nuit , à ITiôpital ;
Fenlèvent ; ilç le lient dans un draps , lé
lancent , à forcé de bras , contre les murs ;
et son corps couvert de meurtrissures , çsi
précipité d'une fenêtre sur le pavé. Le*
Assassins descendent , le traînent au rivagç
de la Durance , et ses membres sont coupés
par morceaux et jetés dans les flots*
Ces deux meurtres avaient été précédée
des Bouçhes-dU'Rhont. r3j3
4^ plusieurs autres commis également dans
les Communes environnantes de Marseille.
Le ig nivôse , an 3 , ( 8 janvier 1795 )
, Toussaint Leblanc , âgé de rg ans , fut tué
à coups de baïonnettes. Lt 26 floréal , ( i5
mai J Vallon^ cordonnier, fut haché à
. coups de sabre ^ ainsi que Jean Bain , cof-
donnier ^ âgé de 3 2 ans« Le 2 prairiat,
. (s 1 mai ) réponse de Maillet , Président du
tribunal criminel de Marseille , Jean Ra-
chegal , cordonnier , et Grai , dégraisse^
d'habits\ furent trouvés assassinés en difF4-
rens endroits. Le 7 prairial, (26 mai]
Fraguier père et fils furent massacrés. Lis
l3 prairial (icr. juin) François Jullien , cafc-
iier,François-Ripère,€ribleur, ttLouisJulien^
dit Sevéran y furent tués. Le 27 prairial.,
.( l5 juin ) Pierre Louvet , dragon , fut ren-
versé d'un coups de pistolet. A cette même
époque périt Michel Fressun ^ caporal de la
83 me. demi - brigade. Le même jour,,
Jx>seph-Roussel fils , offici^sr municipal , fut
tué d'un coups de fusil. Le i3 messidor,
(premier juillet) Courbon fut assassiné dans
les prisons de Lambesc. Dans le cours de
fructidor , Fournier , gendarme fut tiré 4e
ibrce de la prison de Château-Renaud , et
assommé par des inconnus. Le premier jour
complémentaire (17 septembre) Mattùi
,j>ère et ses deux fils ayîint voulu se révolter
I o
'i34 Sangfêpandu dans le département
contre les gendarmes qui les escortaient ,
en furent massacrés, Claude Qur and tombai
Sous le fer des assassin? à Tarascon. Granet »
ancien Pré'si'dent du département des
'Bouchés - du - Rhône , fut massacré par le
'peuple, à Salon le 16 prairial ,^ (4 juin) : on
lavait arrêté malgré les efforts de la Muni-
cîpalîté. Le 3 messidor, ( 23 juin ) Tûiïle^
^cùisinîtr, Memfere dun Comité révolution-
inairè*, fut déchîïé en arrivarii à Salon, Les
tïômmés Dauphin^ Languin, Chaileau, Mare-
' rail e ^'tt Ravel ont été assommés à coups de
,bâton; comme on lés conduisait à la maison
'-iParYët; Truchement , ex-'commissaire natio-
nal du district de Salon; Bormard ^ ei-
agent du même district, tiLarduiot^ ont
été assassinés dans les prisons d'Aix, Le 4
thermidor , { 2î juillet) Jean-Martin Mau-
reau fut tiié à coups de sabre, A Eyragues ,
le fils de Bernard^ huissier , jeune homme
de 22 ans , fut assassiné.
Enfin arriva Févéïiement désastreux du
Fort-Jean, Cette prison était remplie , il
est vrai , des aveugles instrumens du gou-
vernement de la terreur ; Tindignation
publique s'élevait de toutes parts contre
eux. On ne s'imaginera pas sans doute
que la masse pure du peuple , dans cette
ville' plus qu'ailleurs, ait trempé ses main&
dans le sang. Il y 'eut des meneurs ; queils
••'•'■:.. des Bvuches-^dû-RhdiU. < '*• i55
flont-ils ? On Fignore; mais des Repïésen^
tans, revêtus de pouvoirs illimités; niaise
Cadroy , Isnard , Chambon devraient - ils
rignorer ? II fallait un prétexta , et les pre-
miers jours de prairial ,(20 mai) on juge î
i propos de faire insurger les ouvriers de
Tarsenal de Toulon, Le motif spécieux de
cette insurrection fut que les pçs^nniers
détenus à Marseille devaient être 4^ssa-'
crés avant la fin du jour. Ils accourent pour
les délivrer. Après avoir pillé le magasin
des armés v, leireprésentant Brifnet veut en
vain rétablir le calme ; après de longs et
inutiles efforts , il se retire chez lui ; et
dans son désespoir , il se brûle la cervelle. -
Cependant, au bruit de la marche des
révoltés , les habitans de Marseille étaient
plongés dans la stupeur. Isnard qui était
à la Maison commune , paraît sur le balcqn,
et dit : «< Quoi! Citoyens, vous manquez*
t> d armes ! Eh ! déterrez les ossemens de
>f vos frères, de vos. amis et de tant
»» d'hommes égorgés par la terreur, et
»v suivez-moi. ?> Ce peu de mots électrisè-
rent tous les habitans. Deux bataillons se
forment aussitôt, et aidés de ceux d'Aix ,
ils enveloppent et sabrent les révoltés» '
Un grand nombre est fait prisronnier j
on les conduit en triomphe à Marseille ,.
et la plupart périssent s\ir Téchafaud^, Une •
1 4
l3.$ Sang répandu daAs le dépdfUment
soixantaine de Marins trouvés sur le
chemin de Beausset (i), sont égaiemefil
envoyés à la mort.
A cette nouvelle , quatre mille cinq ceati
Matelots déaertent Totdon. Ils se réfugieiit
dans les campagnes pour se mettre à Tabri
de toutes poursuites. Un assez grand nora-i
bre se «endit à Marseille ; ils finirent pat sa
réunînaux compagnies de J^éim et ànSùléU
pour marcher contre les prisonniers do
Fort-Jean.
A midi y la compagnie du Soleil , conm
mandée par Robin , s'empare du Fort €€
des clefs. On se disposait à a^aquer le
numéro premier, qui opposa de la tési^
tance. Us se portèrent alors à la Chapelle »
et y massacrèrent tous ceux qui y étaient.
Ali, Robin j Durand , Roche , Lesellie9
et autres des compagnies de Jésus se por-J
tèrent dans les divers cachots pour y mas^
9acrer ceux qui avaient échappé au canoci
chargé à mitraille, à Tépaisse fumée de
la paille mor cillée , mêlée à celle du souftre.^
Le cachot , n^ 6 , se battit long-uems ^ fnai*
k feu mit fin à la résistance ; tout périt. Le
numéro 9 après avoir été incendié , ftit
balayé par un coup de canon à mitraflle f
' (i) Ces matins étaient du nombre de ceux qui
ftisillèrent à Toulon, après Tentrée de Tarmée de la
Mùntttgnê.
des SoucheS'dU'Rhône. i3ï
pfeicé vîs-à-vîs sur une brèche de la porte.
Le numéro 8 fui égorgé en entier. Enfin ,
sur les dix heures du soir, les Représentans
arrivèrent et firent cesser le carnage. Le
Commandant de la place s'empara du Fort »
harangua la multitude , et Tinvita , au nom
ëe la loi, à cesser cette boucherie. Le»
Assassins applaudirent et se retirèrent. La
coflipagnie , dite des Enfansdu Soleil , sontt
éa prisons en disant : La victoire est à
iidus. On £iit monter à soc le nombre des
îpriatomïîers massacrés dans le Fort, dont
aoUs n'avons pu nous procurer que les
Abms stnvàns :
JsKqnes- Vincent Etienne. Pcrrîii, jugeau tribunal
lévôlutidnnaire de Patis. Sotiche , employé aux
charrois. Payeme, cordonnier. Boycr, cordonnier,
Pons T cord. Renaud, cord.Petreman , cord. Gurét ,
cordonnier. Démarre, instituteur. Mille , porte-fcix.
Joseph Marcellier de Mont-Meiron , Pierre Bttuf
d'AutioL Joseph Ferreol. Bi^ot du Châtclet.
PnttTe-Michel d'AUauch. Jean-Baptbte Paumond ^
d'Attbagne. Bonnefay d'Auriol. Laugicr , cordon*
nier, Beinaud , de Garpentraj. Ferrand d'Anbagne.
Jacques Cordier. Dominique Bonni , cordonnier.
Jean Aubert, de Pourrière.Jean Garoutté, de Pour-
rîère^ Laurent Barthélémy, de Fourrière. Mathieu
Icard, de Fourrière. Joseph -Claude Bouchard , de
Poûrrière. Antoine Guilloher. Ricaud père. Ponliéu*.
Iean-Baptiâte Portai. J.Julien. Joserand , ton. Jean-
laptiste Ricord , fih Ponlîeur. Joseph Escan , tailleur
d*babit. Laugier fils.Hyadnthe Manéille , tonnelier.
Louis Penellon , marchand de coton. Jean-Pi errt
Michel. Jean-Pierre Coyol. Jean Just. Joseph Gan-
i35 Sang répandu dans le département
teaume. Joseph Seret. Joseph Massclin. Reynaiid..
Maximin Bônifaix. Nicolas Martin. Pierre Bceùf.
Jean-Baptiste Paumes. Clément Second. Astie^ fils^^
menuisier.ProbasseSavau.JosephjBizot.Jean-IkiptistC
Laugier , cordonnier. Jacques Michel, dit BjaQC.
Jean-Claude Bouchard. Antoiije Guillofier. Françoîà
Ainphoux.Làùrent Barthélémy .Jean A ubert. Mathieu
Icard. Joserahd, J ean- Baptiste. Ricord fils. Antoine
Feraud. Louis Guillot. Etienne Reynaud. Jeat^
Bàpstîste Portai. Joseph Julien. Jacques Cordier ,
Dominique Bonin.Jos^tfEscau. François Matfiïîcr*
Roubaud. Félix Paul,corcr. Joseph Petroman. Antoine
Merle. Ant, Payernc .Jacques Etienne. Ant. Guérjjft^
Louis Bennet. Jean-Baptiste Souche. Pierre Deinarre*
Antoine Boyer.JeanJustruel. Bernard Coq. Laurent
Reyboulet. Jeanjoseph Faure. Louis Agivot.''Om-
chard. Douvet. Louis Giraud. J eanr Baptiste Ljxtrci
Philippe Pelissier. Marc Salaisser. Jean Marra«»
Joseph Brun. Augustin Bondu. Joseph Bertrand.
Claude. Talsel , de Salon. Penelou neveu. Antoine
Vescio. Ange Reynaud. Ignace Laurent. .Robjn
Martin. Laurent Imbert. Joseph Portai. Laurent
Fouque. Joseph Mortan. Claude Moutret , dit
Bourguignon. André Giraud. Denis le Seignior.
Jean Lexcasque. Philippe Gaussier. Laforce. Louis
Lévêque. Jean - François Bonniud. Uochepcnot.
André Gravier. Hyacinthe Manille. François Fonta-
ncille. Jacques Ricord. Jean-Bapiiste Maigret. Joseph
Mauron. George Pastoret ( piémontais ). Antoine
Perrin , commissaire national. Jean-^aptiste Long.
Mathieu Manche , père. Noël, dit Saint-François*
Galissard, maçon. Joseph et Claude Bonnet, frères,
Firmin Viil. Guillaume Thibaud ^ dît Balaqnet.
Joseph Lieutard. Barrct , père. Flèche , vtrieir.
Gondard , père , cordonnier. Velut. Girard ,
gendarme. Rey dit Cassan , perruquier. Jr^seph
Mourre, maçon. Lachet fils, maçon. Tombeau ..fils*
André-LanchiJicorriste.BcssierdeMouriés.Troujas»
des Bouchtî-du^Rhone. tSg
lEi Thibois. Jean*Baptiste Mauche ., ex«chanoine.
Jean-Louis Triale. Noël Baoulx. Antoine AngeUer,
et Pelissier Foufnier.
Le 6 prairial , ( 25 mai 1796 ) iin déta-
chement d'hommes dégujsés , s'empare
par surprise du corps -de-garde des prisons
de Tarascon , et les détenus y sont mas-
sacrés au nombre de vingt-quatre ; on les
tnûne par les pieds jusqu àlaplate formedu
château, d'où on les précipite dans le Rhône. "
Le 3 messidor ,(21 juin 1 7 96 ) les mêmes
horreurs se renouvellèrent au fort d'E-
pragues de cette ville ; les mêmes indi-
vidus s'y transportèrent , se firent ouvrir
les portes , et vingt-trgis individus , dont
deux femmes , furent égorgés et précipités
dans le Rhône.
Dans un autre massacre , soixante -quinze
Individus sontprécipités du haut delà tour
de Tarascon , élevée de. deux cents pieds ,
sur un rocher. Leurs corps brisés et
meurtris , sont ensuite jetés dans le Rhône.
De nombreux spectateurs fesaient retentir
Tair de leurs applaudissements à chaque
chute de Tun de ces malheureux (i).
(i) Ainsi, dànsla société, il s'est trouvé des hommes
assez atroces pour applaudir au supplice de leurs
semblables ; on en a vu qui ont fait retentir l'air de
leur joie féroce autour de la guillotine , comme oa
en vit alors (à Tarrascon) 'assister gaiement à ces
massacres.
140 Sang répandu dans le département \
Le S2 floréal, ( 1 1 mai 1796] la maisoh \
de justice d'Aix fiit forcée. Les Assassins ;
s'étaient saisis de deux pièces de canon \
quils braquèrent contre les portes. La ^
troupe de ligne , Soit foiblesse , sôit cotH*
descendance , fit peu d'efforts pour ga-
rantir le$ détenus ^ dont trente , partie
lesquels on compte plusieurs femmeir^
lurent égorgés. Ce désastre aurait dû êtrfc
prévu , car dès le matin , des Individu»
arrivés récemment de Marseille , avaient
insulté )es prévenus en pleine audieâe6« -
Les EgoFgeurs , quelque tems après $e
9t ttanâpoîtèrent de nouveau à Aix , en-
foncèrent les portes de la prison, et tuèrettt
Ratante-deux détenus , parmi lesquels
étaient encore des femmes. L une d'elles ,
la fémâiè Fassy , allaitait nti enfetit de
quatre mois , elle le setrait contre son sein ,
dans la confiance que cette innocente
éréaturë lui servirait de bouclier contre
le fer dés as^sâins ; son nourrisoii lui est
arraché , mi lui brûle la cervelle , et ott la
met eii piècés.Le nombre des Individus mas-
sacrés dans ces différentes circonstatices st^
monte à peu pfès à trois cent cinquante.
Tels sont les évènemens désastreux qui ont
eu lieu dans ces contrées jusqu'au 3 messidor
an troisième (21 juin 27 gS) ;ils se sont passée
sous les yeux de plusieurs Reprësentans
des Bouches du Bhone. 141
du peuple qui avaient été , par leur silence
ou leur lâcheté , complices du régime de
b terreur. Us voyaient égorger de sang-froid
des hommes qui navaient. été que les
îiûtrumens passifs d'un plan de dépopula-
tion arrêté par la faction de la Montagne.
Le représentant Brunet a préféré se
donner la mort plutôt que d'être specta-
teur de tes assassinats qu'il h^avaît pu em-
pêcher. Mais vous , isnard , Chambon-
tatour , Cadroy , qu'on accusa', avez - vous
montrez la mrême énergie PLors des journées
des « septembre , vous siégiez à l'Assemblée
nationale ; si vous ave; ' sanctionnez ces;
horreurs par votre silence , vous vous
êtes montré dignes de .diriger de pareils
massacres , et ceux que vous avez excités
i venger leur père , leurs amis , ne vous
coiisidèfent pas moins comme de lâches
assassins de votre patrie. Mais craignez I4
justice éternelle qui tôt ou tard vous attein-
dra. Vous êtes responsables du sang qu^
s'est versé , et qui se versera peut-être pen-
dant deux générations. Vos noms sont
incrustés dans les annales de sang avec
cette épitdj>he :
Sous r Assemblée législative ,
f h furent complices des journées de septembre ;
Sous la Convention ,
Ils légalisèrent les assassinats^
14 st Crimes commis à foulon.
Crimes commis à Toulon , sous h proconsulal^
de Gaspariçi: , Lester-Beauvais , Rpbesr^
.. pierre 7 eîme , Albitte , Ricor-d ^ Barras ,f
Fréron , Salicetti.
DEUXipobilespuîssaûs détermînient toutes^
les actions hifmaîaes, la cramif^ et /Vi/?ofr ;
ce sont eux qui déterminèrent 1^ livraison,
de Toulon aux Anglais , et le crime n*eii
peut être justement attribué qu'à, ceux qui
réduisirent cette cité malheur,cuse à l'hu^
miWante nécessité de demander aux en-
nemis de ïa patfie , protection contre le
despotisme dç. ses propres tyrans , et as-
sistance dans §es plus urgeris ^tjesoins.
Le fléau de la terreur pesait ^ur la France ;
la factipn de .la Montagne. cpmptait ses
triomphes par ses forfaits ;.les cadavres, des
Lyonnajis n'avaient point encore, suivant
le mot de^Rons^n, po7té tépouvajite aux*
habitans de la.Méàiterranéc \,mms\t canon
qui réduisait Lyon en cendrçs retentissait;
daixs tout le Midi , les hornblês jnenaccs
des bandes révolutionnaires qui assiégeaient
Lyon , la férocité trop connue de leurs
chefs assassins , ne permettaient aux Tour
lonnais consternés , que TefFroi de la des-
truction , que Tattente de la mort, La
Crimes commis à Toulon. i 45
lÀort ! elle dévprait déjà ces infortunés ;
k famine , organisée avec irii dît perfide
far- les directeurs suprêmes' d'exteîtnîtia-
liori, cîéployait', sur-tout à Toulon, toutei
ses horreurs et tous ses ravagcsi L'Anglais
offrait à la fois Tabondahce et la tranquil-
lité ;• élises offres devenaient plus précieuses
parle contraste des fureurs- meiiaçant es des
Mafatîstès qui semblaient accourus de toutes?
^krtâ dans cette -cité , tout expfrès pour lui
fadre haïr , par leurs brigandages 6t leiir .
despotisme tumultuaire, là liberté / pour
contraindre , à force : d'excès -commis aii
nom de la* 'République , à Tabjtrrer , à se
jciet dans lès bî^s' d'une -royauté nourri-
cière et paisible.
• Il est, dît le Cardinal, de Reti :,- des posi-
tions si critique^ i^ où ^uoiqu on cHoisisse\-'Dii
ne peut que- faire une faute ^ et choisir un
malheur. Placé ainsi entre la crainte du ter-i
rorism^ de la Montagne , et Téspoir d'traf
meilleur régime V Toulon ouvrît son port i
imh si ces alarmes sinistrei nont été qui?
trop bien justifiées depuis ' petits' lotira
tt exéctable's a\t*?iKats de l*-*^Montagne ^?
les Anflai^s à tétiPtC3fftr, lie tardèrent parf
à prouver à cetÊé"<îké' malheuitiéùse qiie lei
dons d^ûn 'êmi^ni' à'ont lîoojèàrs^erfides.
Ils lui apportèrétit du pain , maiis ce n'était
que commcfTappât jeté p» ce voleur de*la
1 44 Crimes commis à tùulon.
fable au gardien vigilant , pour rendoraûv
et Tenchaîner; et quand les trpupes repu--
blicaxnes se présentèrent pour r^çpnqu^rtf
cette place, importante, cette clef de la
Méditerranée , les Anglais agirent comme
des brigands entrés à main armée dans uAe
maison, qiû ne cherchent à s'y maintenir
que pendant le tems nécessaire pour -eii
exporter tout le butin qu'elle renferniie.
A peine ^yon était ren^u , que Farmée
victorieuse s^ porti^ sur Toulpn , et trdM^ae
sans obstacle les gorges qui bordeoi Mil
territoire^ £Ue attaque , . emporte succès*?
sivement les redoutes les plus formidables t
çt défendues à la fois par.ljï nature, parief
travaux de Tart , et par des, forces no^
breuses.et des corps d'élite^ Ce^hit d»nsi:es
combats qijie le jeune Bonaparte ^ comt
mandant Tartillerie française , donna les
premiers témoignages de ses talens milirt
^dres , de spn ^ludace intrépide et calme»
de son zèlç ir^fatigable ; ce fut à TikitaqiM
de ia rt^uy^ 0u fort Phaçon qu'il ^ fit
remarquer fiies ileprésentans par la hiur-r
diesse et Vj|a1;>ileté 4? ^^ diisppsitions , et
quavec unie fierté jcépubUicaine , |i osa»
dit - on , répondre à Barras , qui se per«
metuit de içpndiMnner le placement d une
batterie , Unci^vous â votre métier de reprir
sentant , et- Uis^^f, * mi /ftiu le mien j
Crimes commis à Toulon. 145
(f artilleur. Cette batterie restera là , et je
réponds du succès sur ma tête. Le batterîe ne
fiit pas déplacée , et le fort Pharon fut pris.
Les Etrangers ne résistaiient qu autant de
tems qu'il leur en fallait pour ravager et
détruire. Ceux qui connaissaient la posi-
tion de Toulon , environnée par la nature
des remparts les plus insurmontables du
côté du continent , qui se rappellent que
Tes vaisseaux Anglais la rendaient impre-
nable du côté àe la mer , concevront diffi-
cilement la promptitude avec laquelle les
ennemis abandonnèrent cette conquêtes!
précieuse ; mais c'est moins l'envahissement
toujours dispendieux de nos contrées , que
leur entier ^anéantissement qui convenait
a la politique destructive du cabinet bri-
tannique ; et que pouvaient - ils faire de
plus sûr pour la prompte destruction de
Toulon , que de le livrer aux féroces Mon-:
tagnards ? Quels Agens plus actifs de dé-
molition et de mort ?
L'Ennemi songea donc bientôt à la re-
traite , et ne s'occupa que des moyens de
fa.e laisser aux assiégeans que des maisons
yides , des arsenaux dégarnis, des ports
sans vaisseaux.
L'Espagnol qui était accouru pour avoir
ifnt part à nos dépouilles , se livre au
pillage , et transporte sur ses bâtimens
Tome VI. k *'
146 Crimes commis à Toulpn.
ce qu il trouve de plus précieux. Maïs
ce quil y eut de plus malheureux , ce fut
Fexd volontaire de six mille familles tou-
lonaises. Après s'être chargé de leur or et
de leur argenterie' vîïs se précipitent en dé-
sordre sur le port , à travers le feu des bat-
teries et les bombes de larmée républî-
çâinè. qui les pressaient de tous côtés. Ils
jettent à la mer ce qu ils ne peuvent . em-
barquer sur les felouques qui doivent les
conduire à^ bord des vaisseaux. Plusieurs
hommes qui s'élancent avec précipitation
vers les barques , et beaucoup de femmes
sur-tout affaissées par le poids de Tor , de
largent et des bijoux dont elles ont rempU
leurs tabliers , tombent dans la mer ; et la
plupart des felouques surchargées de ri-'
chesscs et de fuyards , s'engloutissent.
On met aussi le feu aux vaisseaux qu'on
ne peut emmener , et aux magasins qu'on n'a
pu vider; et après avpir enclôué les canons
qui n'ont pu être jetés dans la mer ; après
avoir semé d/^s mèches allimiees dans les
magasins à poudre et aux mines , l'Ennemi ,
qui n'attendait que la nuit pour partir ^
s'éloigne à" Ta liieur des incendies. Alors
trois cents Toulonnais que.r6ri,avait chargés'
dé chaînes dans lé vaisseau dit le TTie-*
mistocle y aidés pair huit cents' galériens"
qui avaient brise leurs fers V^ouydfent les
Crimes commis à Toulon. 147
portes aux assiégeàns , après avoir attaqué
Varrîère-garde anglaisé , massacré tout ce
qui tomba sous leurs mains , et forcé le
reste à chercher son salut sur les vais-
seaux.
La ville fut mise au pillage , et le dé*
sordrc fut tel , que pendant vingt - quat'ré
lieures , lesReprésentans eux-mêmes eurent
peine à trouver un abri , et restèrent logéi
dans là salle de la Mais'on 'Commune , tan^
dis que les habitahs restés datis Toulon ^
les galériens déchaînés et les soldats •Vain*
queurs se partageaient lés <iépouilles et
leslogemens, ' -^ '- • -
Deux cerus chevaux 'abandonnés jpar
les Espagnols ^ furent saisis' et vendus pstf
les preneurs a- ceux qui en 'tfrànqtiâient» ' *
C est ati milieu dé ce- boikleVerséttieWt
que Ton rtindit la libetté^ii Représentant
Beàuvàis qtlî avait été traité avec iidaucé®^
d'égards par les Anglais , et s^fart lui-mêrh*
condamné à une captivité volontairç petit
n'être pas traité ensuite comme leur ^oin-^
plice par les Républicains'* ^vainqueurs. Il
taourut peu -de jours a^rès*, et fijt' suivi
'presqu'aussitôfpar son Collègue iGâ5pârifiî$
tjuî^'^rit .d'une indigeSÉi^fi', - ^tibiqU'-ôij
^ut prétêndûquilpèrclit'k A^ieà là tête dé
Tarmée ; qix Tes rèprés^ïiita f4us«(ém¥ifî
comme des-Wàr^yft de4i Ré|>ubliques'|)oliir
]^ 2
^3 Crimes commis à Toulon*
avoir un prétexte de leur immoler des
victimes en sacrifice expiatoire ; et ce fut
Tallien qui proposa de décerner à ces deux
iUusJLresvictiçnes les honneurs duPanthéon»
Aux brigandages qui signalèrent l'entrée
deç Repvésentans du peuple dans Toulon ,
succédèrent un bouleversement général et
ffis plus horribles boucheries» Il suffit de
jeter un coup ; d'oeil sur le rapport de
RuorcL :tt sur la çoirespondance de Fré^
ron po,ur voir U funèbre nomenclature
4es victimes livrées à la iportiil a soin
cKappfsndrç; lui - m^gie d^ns ses lettres 4
Moyst Çaile : m Que cela va bien , quil 9.
%>f^9^^' douze piiljre mâçpns pOHr démolir
•ft .^t-<r^ser la vi^e ; que ^ou$ les jours ii
jî t^esait tpm]i])€;r.dieu:^ççi)t$ tçtçs, et que déjà
)} huit cents Toulo^nai^étaie^^ fy,^illés,et cm
. .ji^si les i^ngjiaisj ^çat; ^u çop[ib|e de leur^
5ççcs^t•.Lyon^4ispa^aît insençil^leîn^çnt soiiç
les efforts de quarante miUç individus , et
yiiçLgt-guatre mille, b/,as sont 4éj.à levés pour
détï^ire Toujon. Qh ! comme ces qnnemis
fiaturfils de l^/Répu^lique 4?V;?^pn,t sourirç
Jprt ypyant. ç^ rdjis^yucteuçs révçlution*
p^iyeç.embr^ssjqy .^Y^^^ taw d ardeur leur
plàp d'anf angs^eiçetît de la/§plçncj^'uç çJL
és !^. gloire deJa Eçançe ! Quç.Ûe ne fut
p^Jle\ur jôief,j6n^pprenant q\i'un de ces
fci^m^s -aiy4it|>s^gp§é sfefPffliblçK le port
Crimes commis à Toulon. 44^
et Marseille , sous prétexte dé punir cette
viUe de la part qu elle avait prise dans là
résistance générale aux progrès affreux dé
Il action de la Montagne. Mais revenons
à Fréron. Dans une autre lettre datée de
Marseille , il annonce <« que «on tribunal
>i révolu^onnaire va un train époiiveu;-
»j table contre les conspirateurs; que les
99 négocians dansent la carmagnole ; que
f j c'est sur eux principalement qu'il s'attacha.
Ces derniers mots prouvent assez quelle
espèce de motifs dirigeaient les fureurs des
Proconsuls victorieux , et leur enlèvent
l'excuse mensongère d'avoir voulu venger
la République trahie*. Sans doute , il y eut
à Toulon des royalistes coupables , des
conspirateurs perfides qui tramèrent le dé-
membrement du territoire français , et
vendirent à TEtfanger la liberté de leurs con-
citoyens égarés ; mais là , comme par toute
la France , la masse des citoyens fut essen-
tiellement attachée à la patrie , à la libertés
Qu'une nation , façonnée , par ses habi-
tudes de 14 siècles , au régime et à l'amour
de la monarchie ; que cette nation attachée
par ses sermens encore récens à une royauté
constitutionnellement organisée , n'ait pu
•voir sans effroi s'écrouler cet édifice sous
lequel la paix et l'ordre semblaient s'être
réfugiés; qu'au nom soudain et presque
K 3
i5o Crimes commis à Toulon.
inintelligible alors de République , elle ait
redouté les désastres d'une révolution nou«
velle et sans fin ; qu elle ne se soit pas
prosternée de reconnoissance et d'amour
devant ce soleil , s'ofFrantpour la première
fbis aux regards , tout couvert de tache^
ensanglantées ; qu à Toulon , comme à
Verdun , comme dans toutes les villes
tombées au pouvoir de TEnncmi , le Vainr
queur ait obtenu de la peur universelle des
homi^ages et des rcmercîmens solennels ,
qui osera (i) de cet assentiment forcé
(i) Le silence est toujours suspect à la tyrannîe t
et ce n'est que par des actes bien formels de dévoue-
ment , qu'on espère pouvoir rassurer sa méfiance
ombrageuse. Lors des journées des 5 et 6 octobre ^
îl convenait peut-être au républicanisme du jeune*
Barras , de garder au moins le silence ; mais on
sait qu'il crut devoir au respect du gouvernement
alors subsistant , de déposer juridiquement contre
les auteurs et complices de cette insurrection*^
et déclara qu'il avait dit aux insurgés : Cette insurrec-
tion est une horreur^ le Roi n'est pas cause si ses Ministres
êntprévariqué.
Fréron aussi , sous la monarchie , avait fait preuve
de dévouement à l'autorité établie ; et sa qualité de
membre de la société des Amis de la Constitution de
1 791, ne fut pas le seul gage de fidélité qu'il ait
donné à ce pacte monarchique. Cependant combien
de citpyens fusillés par leurs ordres, sous les mura
de Toulon , n'avaient à expier qu'un attachement
semblable à cette même constitution, que le respect
nécessairement accordé à la royauté, auand les loi»
ou la force le commandaient ?
Crimes commis à JotUon. iBl
conclure contre Tensemble des hab.itans ,
lui reprocher une complicité impossiblf^
dans la conspiration ?
Des actes publics existent ; et des pièces
authentiques prouvent que les machina-
teurs de la défection de Toulon n'ont agi
qu en haine de la révolution toute entière.
L'Assemblée constituante quila commença,
le Ministre populaire qui contribua le plus
aux premiers succès de cette Assemblée ,
se trouvent condamnes aussi impitoya-
blement que les Jacobins et les Maratistes
eux-mêmes dans une délibération émanée
le i3 novembre 1 793 , rfw tribunal populaire^
martial , établi provisoirement à Toulon
sous les auspices du gouvernement Anglais.
Un jugement de ce tribunal contre Jean-
Baptiste Gueit , natif de Toulon, exprime ,
entre autres motifs de condamnation , le
grief , d'avoir violé le palais de nos rois en y
pénétrant à main armée , et fesant Jeu sur ses
gardes , à l'affaire du 10 août.
Ce sont là, sans doute , des délits contre
la République ; mais ces délits sont ils ceux
delà multitude ? quonexamine au contraire
la nature et la forme de ces actes repré-
hensibles ; qu on prenne garde au titre
de tribunal populaire-martial , à cette ins-
titution populaire dun Comité général des^
sections permanentes ^ à ce respect du moins
K 4
i5i Crîmei àrrimis à foiilèn.
apparent poiir lès jifîridipèè de là lîBéftè
du peuple, â te refus formel de la part
du gouvernement Anglais dé prendre lés
rênes du gouvernement , que le Comité géné-
ral , par une délibération du 8 septembre ,
voulut remettre entre ses mains, en le priant
de daigner , par pitié pour le peuple de ton--
Ion et j)our t intérêt même du royaume , lès di-
riger lui-même ; quon lise ces termes, de
la déclaration dé lainiral Hood à iqùi Tou-
lon tut livré : «« Je déclare cjull lïe sera
5» tbiiché en aucune manière aux prb^
55 prîétés ; que bien au contraire , elles
55 seront toutes très-scrupuleusément pirô-
55 tégées , n'ayant que le vœu de rétablît
5 5 la paix chez une grande nation , sur uii
5 5 pied juste et raisonnable ; et lorsque la
55 paix aura eu lieu , ce que j'espère bièn-
55 ^tôt , le port de 'l'oulbn , avec lès vaîs-
55 seaux qui s'y trouvent, ainsi que les
55 forteresses et toiites les forces qui y sont
5 5 réunies , seront rendues à la France ,
55 d'après l'inventaire qui en aura été fait
55 textuellement.
" Donné à bord du vaisseau la Victoire ^ le 2
^3 octobre lygS. . Signé tt o ô d. n
Ajoutez ces mots du gouverneur An-
glais , en réponse au Comité général de
Toulon, qui demandait la permission de
faire des visités domiciliaires :
[ Crimes eommis à Toulon. i53
««Une paà-eiile démarche est toujours un
i» acte de violence , et montre par consé-
» quëbt que le gouvemenient est faible ou
» ârbitfaire et despotique. Les visites do-
j» miciliâires ne tendent qu'à aigrir les
jî esprits ; et vous savez aXjssi bien que
ij moi que ce n'est que par des moyens
»> doù& qu'on peut ramener le peuple
n égaré ii.
iyén est assez , sans doiitc , pour prou-
ver que ce peuple , en invoquant le secours
et la protection des puissances étrangères contre
les horreurs de la famine qui le pressait »
les attentats de la Montagne qui le révol-
taient , n'avait point aliéné tout sentiment
de patrie et de liberté ; qu'il savait , au
fort même de l'oppression , inspirer le
besoin de le ménager lui - même en rcs-
|>ectant ses dtoits , que là condition essen-
tielle de sa défection momentanée ^ était
le ritablisserhent de la paix sur un pied juste
et raisonnable , et la certitude de rester invio-
lablcment attaché à t Empire français.
La réception de la nouvelle de la prisé
de Toulon, fut pour le comité suprême
de Salut public une bien douce occa-
sion d'exercer ses plans dé dépopulation.
Un décret de mort, rendu par son organe ,
frappe d'*abord cette malheureuse cité ; et ,
comme celui de Marseille , son noûi ti\
i54 Crimes commis à Toulon.
effacé de Fhistoire , et retnplacé par ceîui
de Port de la Montagne. On ordonne la
démolition de la ville ; et Fairain , fidèle
écho de celui qui déchire les membres des
/ Toulonnais , proclame par toute la France
leur destruction. Barbares Vainqueurs! bien
loin de se montrer les tuteurs de la Ré-
publique , et de déployer dans ces cir-
constances toutes les vertus paternelles et
compatissantes , qui devaient être Tapa-
nage de ses Représentans , ils se laissent
entraîner par leurs passions , et ne s'oc^
cupent que de fureurs ! on dirait que le$
Anglais , après avoir emporté For et Far-»
gent , ont confié le plus funeste article de
leur politique meurtrière au zèle de ces
assassins , qui conduisent à Féchafaud de«
femmes , des filles , des vieillards ; qui
livrent à la mort tous ceux dont la probité i
les lumières et le créait pouvaient faire
revivre le commerce et Findustrie dans
Toulon.
Oh ! si à cette époque , le génie de la
justice et de Fhumanité eût pu planer ùri
instant sur ces malheureuses contrées ,
combien il lui eût été facile de faire revenir
de Ferreur cette foule d'hommes qui âjéiuis-
s^îent intérieurement des maux qui acca-
blaient leur patrie! Mais F^irmée victorieu.^e
Ut s'est pas plutôt signalée par sa premicic
Crimes cornmis^ à Toulon, i55
'victoire sur les Anglais , que la frayeur
s'empare des Toulonnais : tous redoutent
, la présence de ces hommes de sang , que
la Convention envoie dans leurs murs.
L exil et la perte de leurs richesses leur
paraissent préférables aux sanglans outrages
quils en attendent. On va voir que cet
sdBreux pressentiment ne se réalisa que trop*
Le pillage de Toulon avait été promis à
l'armée ; mais, au moment de son^ entrée ,
un lui offrit une somme de quatre millions
pour l'indemniser, somme qu'on parvint
à se procurer par toutes sortes d'exactions*.
On avait aussi promis de lui livrer tous
ceux qui avaient porté les armes contre
elle , B&n qu'elle les sacrifiât aux mânes de
ses compagnons morts sous les murs de
cette ville. Alors , par ordre de Fréron ,
tous les citoyens qui s'étaient armés pour
soutenir la rebelUon , ou qui avaient accepté
quelques places au nom de Louis XVIII »
sont avertis de se rendre au Champ-de-
Mars , sous peine de mort. Cet ordre imprima
la terreur dans tous lés esprits. D'un autre
côté , les Toulonnais furent rassurés par.
l'espoir d'échapper à cette peine , en obéis-
sant ponctuellement. On ne pouvait mettre
en avant un piège plus abominable pour
se procurer des victimes. Huit mille citoyens
se rendent au lieu désigné. Cette multitude
i56 Crimes commis à Toulon.
de TouloTinais épouvante les ordônnâteurif '
du massacre, Fréron lui-même , entoura
d'une artillerie formidable , dénombre avec
effroi ses victimes, Ricord , Salicetti , Robes-î
pierre^jeune et Barras furent eflFrayés à là
vue de cette multitude de citoyens ; ils
prirent la résolution de livrer à Tarmée un
moindre nombre de victimes. L*un d'eux
proposa l'institution d'un jury pour choisir
Jes plus coupables. Un Citoyen digne dé
foi , et qui était à la suite des Répréscntâns ,
nous a assuré que ce fut sur les observati6iis
de Barras qu'on adopta ce nouveau moyen*
On délégua auît prisonniers duThémis-
toclc cette fonction , qui suppbâe l'impirr
tialité la plus rigoureuse et le calme de
toutes les passions. Ces hommes , à qui la
justice ne dénotait aucuns grands Coupables,
puisqu'ils avaient fui avec les Anglais ou piérî^
trouvèrent dans leur ragé et leur vengeance
des motifs de proscription : ils se précipitent
dans la foule , et saisissent leurs victimes
au gré de leurs caprices. ««Avance, disérit-
y> ils à un Citoyeri. — Mais , je n*ai pas
95 pris les armes.— Marches toujours. ïj Un
autre invoque leur équité , en alléguant
qu'il ne les a prises que par force : il est
également entraîné. Un vieilîard de 76 ans
leur dit : 4« Vous voyez pa:r mon grand âge
>» que je n ai pu offrir mon faible bras à
Crimes commis à Toulon. \5^
V TAnglaîs ; j'ai toujours fait des vœux
H pour le bonheur de mon pays, n Une
défense si frappante n'obtient qu'un sourire
dédaigneux ; on le pousse au nombre des
victimes , qu on range le long d'un mur.
Bientôt l'airain tonne et crible tous ces
malheureux. Une voix s^écrie : u Que tous
n ceux qui ne sont pas morts se relèvent ! »f
Excités par l'espoir d'être secourus , les
blessés obéissent ; ils sont de nouveau fou*
droyés , et le fer achève ce que la mitraille
avait épargné. {Voy. la lettre B de lagr. du 1. 1 .)
Parmi cette foule dinfortunés , on compte
plusieurs habitans des campagnes voisines ^
accourus à Toidon dans l'intention d'assister
i la fête qu'on devait célébrer pour le
triomphe de la République. Ils comptaient
n avoir qu'à se réjouir avec la patrie , qui
retrouvait ses enfans. De nouveaux vont
çncore être perdus pour elle , et lautel de
lapatrie est pour eux le tombeau.
Trois citoyens, échappés comme par pro-
dige de cette sanglante expédition, méritent
de trouver place dans cette narration.
Un vieillard est arraché d'entre les bra«
de son fils ; on l'entraîne au milieu de deux
mille victimes. Après avoir échappé à la
double canonnade et au fer meurtrier , en
simulant l'immobilité du cadavre , la nuit
étend son ombre« Des brigands d'un autre
i58 Crimes commis à Toulon.
genre viennent dépouiller les morts ; ils leJ
foulent aux pieds , ef les sabrent pour arra-
cher plutôt les^ étoffes et les bijoux. Bientôt
un profond silence règne. Ce vieillard osfë
soulever la tête ; il ne voit rien , il n'entend
rien. Il parcourt en frémissant ce vaste
champ de cadavres ; tout-à-coup il apper-
çoit un infortuné qui s'agite ; il l'appelle .;
et appuyés lun sur Tautrc , ils . s'éloigne;at
de cet affreux spectacle. Le soleil navlait
pas encore éclairé Thorison , qu ils avaient
trouvé dans la campagne ur e maison hos-
pitalière qui les mettait à l'abri de la rage
de leurs bourreaux. L'autre qui a eu le
bonheur d'échapper à cette fusillade , est ua
jeune officier de marine marchande : il fut
dépouillé et laissé pour mort. Frappé d'une
balle dans le bas-veritrc , il était tombé
dans un assoupissèttient mortel , dont là
fraîcheur de la nuit le fait revenir." Il se
relève , et s achétrifine au milieu des plu^
grandes souffrantes de l'autre côté du
Chàmp-de-Mats.' Ne pouvant résister aux"
douleurs aiguës qui le déchirent , il gémîé
âe voir encore ^le ciel ; il appelle , il cherche
un être bienfesant qui daigne lui donner la
mort. Un factionnaire l'arrête ; après lavôit
Instruit de son malheur et de§ tourmehs
qu'il endure ., il le prie , au nom de l'huma-
nité , il lui dçraaride de l'achevtr. u Mets-
Crimes commis à Toulon. i5g
11 toî à genoux , lui dit le militaire ; je vais
19 décharger mon fusil , crainte de jeter
» Falarme et de te manquer, n Aussitôt , il
' se dîs|>ose à Tassommer , en lui assenant un
coup de crosse. Le coup fut si violent que '
le crâne en fut fracassé dans plusieurs en-
droits ; mais malheureusement le fusil se
brisant" en deux par ce choc , en atténua la
force ; et ce malheureux , seulement étourdi,
tomba évanouL II resta dans cet état jus-
qu'au lendemain au soir. La fraîcheur de la
nuit le rappela une seconde fois à la vie ;
et disputant de nouveaii contre la mort , il
se traîna vers une chaumière , où des mains
hospitalières pansèrent ses plaies , et par-
vinrent, au bout de quinze jours , à le
rétablir. Ce jeune homme était connu à
Toulon pour bon patriote.
; Les fusillades furent répétées nombre
de fois. Suivons Fréron dafis sa corres-
pondance. Le 6 nivôse , { ?6 décembre
1793) , il écrit à ses amis Nouet et Lambert,'
à Marseille ; «4 Les fusillades sont ici à Tordre
93 du jour ; en voilà plus de 600 qui ne
»f porteront plus les armes contre la Ré-
55 publique. Là mortaUté est parmi les
ji Sujets de Louis XVin...i^Sans la crainte
99 de faire périr d'înnoc^titjes victime^ ,
>j telles que les enfaris , lesfemines infirmes,
99 et les patriotes détenus , tout était passé
i6o Crimes commis à Toulon^
n au fil de Tépée ; comme sans craintç
»5 d'incendier Fàrsenal et les magasins dii
5> port , échappés à la rage des anglais , l^^
3>> ville eût ^té livrée aux flammes; mais elle
,99 n'en disparaîtra pas moins du sol de la
5) liberté , cette cité pourrie de Royalisme!
99 Demain et jours suivans , nous allons
95 procéder au râsement. — Fusillade3, jus-
99 qu à ce qu il n'y ait plus de traîtres. 9?
La guillotine de son côté , frappait
nombre de victimes , des fçmmes et des
vieillards. Le citoyen Baussur âgé de 94
ans,fut porté dans uiie chaise à bras jusque^
çur réchafaud. Les bourreaux ne respec-
tèrent pas une fpmpfiç qui sortait de Tî^ç-t
çouchement. '^\
farmi ccyx qijî furent fusillés , on regrettç
le cit. C/mn,àgé de 70 an? çt maître mâteur
jie vaisseaux. Savant dans sop art , son
existence était précieuse ppur les seryiceç
«ans nombre qu'il rendait à l'arsenal. Oxx
cite encore le citoyen Delon , officier ref-
aire qui avait perdu un biras au service. H
se trouvait par hasard à TouIqi). lors dij
siège. Appelé , çomiïie les ai»tres , ay c^mjp
de Mars ,. sou filjs voulut en vain l'enlevef
de la foule , il s'y refu$a. Ce digne fils,
voyant la résistance de son père , ne put sç
décider à l'abaiidoî^nçr : tpuS; deux fureij^
fusillés. \ *' . ' '
.Horreurs commises à Orange. i6i
Le général Lapoype , cet ex-inarquis.,beaur
frère de Fréron , qui commandait le siège,
n ayak pas pu parvenir à obtenir du Gé-
néral anglais qu on rencUt la liberté à son
épouse alors à Toulon* Pour colorer se^
motifs de vengeance envers les Toulonnais,
il fit courir le bruit qu'elle avait été assas-
sinée , mais elle a démenti par la suite tes
£uDL bruits , en. rendant justice aux égards
que le Général anglais n'avait cessé d avoir
pour elle pendant la durée du siège , qui
a coûté Ifi vie à plus .de di^c mille hommek
en y aj4>utai>t leS)fu^Uades , guillotinades;^
les femmes et les enfans tombés iàJa mer ea
fe sauvant au nombre de 4,323 , ce qui fait
un ,tot}l.d>nvî^.on 14 ,3 8 5 individus sacrifiés
par ;^nti$ahi^an des Anglais , et idéyorés
îpor c^ an^opoph^ges de MôJôt^gttards.
■ ,. < . .1 . ■- c - ■■ ^ ■ —
PRÉGlê Mstorique des horreurs commiïfs à
jOFèHfge i département de Vauduse ^SùUs te
prBwnsulat du prêire MÂrGNET\ et ^pyage
diSi détenus de la ville de Grasiil
liE .pfêtre Maignet arrive dans le dépar-
tement de Vaucluse. La perte de ceux qui
avaient improuvé les massacres de la Glâ^
.cière .était jurée ; ils avaient mérité tous
Je ressentiment, et toute la rage sanguinaire
deis chefs d'assassinats ; les Payans cons«
Tome VI. L
i62 Hùrrews.' commises à Orangé.
piraiênLà Paris avec le Comité 5irj>rême
de Salut public ranéantissement de • ces
■citoyens • redoutés pour leur • courage , et
Ton a trouvé da'iks Ul papiers dé'RôbéS^
pierre wne note qui'vouaitàla mort i2,ooG
Jiommes dé ce dépattement, jMaigriet fot le
<ligiTe agent de destruction qu'eïtvoydî le
£omité vers ;ces contrées proscrites.
fcL Jties^ ihcarcéraitiaiik* sont - les premiers
■actes jqui annoncent '^ mission. Leis" lois
iéyoqujaièntJ au;- tribunal ^révolutionnaire dé
^3X1^ tous -les prévenus de conspiration. ;
,naais £ds* formes ^^liîéWt encore trop''lentéï
0isangvé.i^Il^s6l:ltcita> auprès des Membl'ës
:did iGpmité de Salut public -, ^ Imstitution
aâlimer^CommiseiôÀ ^éviolutio'nnfaire.'' il édHit
<d*abarfal à Couthon à ce sujet fîutfiil n'y
5 5.id)plup ^\tui'diUib ew propres t^fMn j^'i^^uni
j5__seulfe.:fehose que je-vous demande , c^est de
55 m'a^f priser à forcer un jrit^upjjl^i'év.ov
.5.5 ipt|^onnaire. 5 5 Le^. nombre ^es.d^ipftus ,
trahslaUoix ji^^Paris ^^pinaâde ^ »^ç^^ ajriji^^s et
des vivres pour la route et le déplacemeq^
■de 3©,oba 'hônwffes pour Venir d^pdiér
contr -eux. Il finitfpat représenter les dsln^rs
<lun pareil voyage.^ '[ ''" •^*'''^ /•
Quelques transcendahs qûfe fiisfeferit^ tes
motife 9 ce Procomsulcrùt de^bi!r éiivûyçîr
sous le pfocimulat du prêtre Maignet. i63
son secrétaire Layigae à Paris. Celui-ci
après plusieurs conférences avec Coutixact»
Robespierre et CoJJot » parvint à se /aire
écouter duÇqijuté de Salut public. t/Àgènjt
national près la Commune de Paris ;
(Payian) qui avait* long- temS séjourné dans
Orange, fut consulté sur cet étabKsséinenr,
et json avis fut favorable au prptjet» Hç
Maignet. Le Comité de Salut public -arrête
en ' conséquence le aï: floréall ani'( lo
«^ 1794) • . :.v . viT:i.:- .
•K QiTiT sera éta\)lî à Ôrkn'^é lifVfcoinmfsifoApa-
» pulaire . composée de cinq membres , pour^ger
li les ennemis de h rèvokitiofarv qiti sérortTmtivés
91 dans les pays environnans , et princi^[ialem^îft
», dans les départfsm^ns de Yaucluse et des Ro^dies-
V -iu-RbôbcV les' •MemBrPi' Aff^tifiu <îtfATTiMsioa
^f seroiu Icfc du>3*ensÂrtatf<r3^'jlirâ-Mï'iribuf al>èéjH<>-
^ lutî6f^n^]^c^ii«<A^:«^^.4^^<^paft^memdeiaJ>^
.n. Roman-foronsg^^ pcésidei^ç.d^ ladministration ou
i» district de Die/J'^rn«x,ijuge dû tribunal de district
'99' de Ciommatié^Affranchie. Ka§M. nie'mriôTier , toc
9> d'Auvergne ; à ComiBUno^ Affranchie. Le Ripri-
yf.^€n^f du Peuple^ Maiigntt ^ çsç-chs^igé d'ipmllec
n cette Commission, n '■-".*.
- - —J * ■ /L* ... » ■ i' f
^ .Qn liiî .adjoignit di^, iégorgeura jdesgl^
cièrcs d'Avignom Cesbxîg^uds^qyi ayaiet^t
été incarcérés -y n^oublièxjsiit'ipas dans cçttjp
occasîdn^la vengeançe^'^ls népargn^^r^t
aucun dç ceux qui avaient çontr-iboés à
provoquer sur leur tête un châtiment. Urpp
bien mérité. Le Cpmiié-de: Salut public
L 2
•164 Horreurs commises à €range*
adressa à la Commission rinstruction suL-
fvaûte-:
ce Lès pembres de la Commission établie à Orange
-sont npmmés pour juger lés' ennefois de -la révo-
Jution.
;;r.n Léft^ennemis dje<^Téyolutionsont tQU5ceuxqu^,
par Quelques moyens .jiue ce soit, et de quelque^
^dehors, qu'ils se sôiçn.t' couvehs;'bnt therc&é à cori-
'érariëf il^inarche de la révolution , et à etnpêclior
'j'affiersnûsetaQ&t de i^.R^p^Wique.
. .11^4 pjeinejdue -à ce^çrime e&t lajuçijrt: lapreuvp
requise pour la condamnation soiit tous les .rèn*
seignemens , de quelque nature qu*'ils islnent^'-cjdi
jxÇuy^ent.eQnvaiscjçe u,ii,Jipinme r^sonnable /ei ami
.dc'.fe. if^^rté./et.ç/'./^ ; '.'
.i¥Aa«a«*8S. >r ■ ... . =, . ,: ,
-€njfit précéder i?exéciidiûn paj^ ^n^ visite
•âbmidlîàîre, Uto Hstôsfassixwt * jpH^ 'en
.Toiirnit le ihotîf. Soji^jp té texte ^é découvrir
'les wMîe«?,s ^aupçQtiinë^ ^di^
cinq cents individus iforenl arrêtés,
'"\Aù 9' raessitltî^ i^('«f juin 1794 ) JaCoiff-
mission avait envoyé à la ^inort hëut iricfî-
-*îdu=^î^et au gUljjôrrtritlor !^-( i2(7J3.uïlfcir.)^^lus
•'de trois aenfestâvafeiudéjàtponmufctêw
'réchatfaud.^QcS'égcrrgènrs'ise ppéparaiént A
^en 'multiplier \é^€mbve^ lorsciieila'. chute
-deïRc^bespierrë^éur' arracha le ^glaive des
^niains. ' : ►/
-'Airappuide<é^iqu«<nèus-veiù>nS'^e dire.
som le prvcomiUat'dt Maignsl, tôS
▼oîci Textrait dune déposition faite devant
k tribunal criminel du dépaitemeni. de
Vaucluse ,, siégeant à AvigQiOA\
«« Le i8 frimaire an 3 ( 8 décembre 1794)-, cïtcotn-
pani Antoine Paqaet , exécuteur des jugermens erimi*
ncl de ce depaxtement v natif de la Commune d»
Lyon , âgé d'envkon 3o ans ^ lequel a dé.clàré «.
moyennant serment , que sur les différentes réqui-
sitions qui lui ont été faites^ par VSbt , Accnsatenif
public de la ci-deyant Gommissàpn^ditepopuioDre^civ
devant établie à Orange ;ilamisàmQrt 3 18 personnes
de sexe divers, dans le séjour que cette Commission
a fait à Orange ; que pendant ce teitis il a Tif ctiu
que Viot , Accusateur public , et Napier , Officief
ministériel, attachés à cette Gonuaission ,. Sie. poc-»
taient dans les maisons d'arrêt ou de détention ;
avant que le déclarant fut se saisir des condamnés à
mort ; et qu'ils les fouillaient dans toutes leurs
poches et goussets, et dans leurs marllcsi, et enlevaient
tous leurs effets , bijoux, montres , bagues., boudes
d'oreilles , chaînes en or au col des femmes , et
quelquefois les habits d'hommes ctr de femmes ; dé
manière, que lorsque le déclarant sVmpaYàât diei
personnes condamnées , leur dépouiUe ne consis-
tait qu à la chemise, culotte, bas et habits 1 s'ils
étaient mauvais. Déclare encore que lesditï Viot
et Napier apportaient les bijouxaux ju^cs de la-
dite Commission , et qu'its fessient le partage avec
eux. n
Le 6 floréal ,(21 avril 1794) des détenus
étaient partis de Grasse au nombre de 3 1 9
savoir , 27 hommes; et 4 femmes, dont
deux enceintes.
Pendant ce voyage de 23 o lieues , nous
omettrons de parler de ces cris de iiureuT
L 3
i66 H<>rreur\iç(mrnisei àVraiigê.''^
c^aîutîîpetople égâté fit entendre dans difFé--
rôns endroits^^ de leur passage : nous nous at-
tachons aux traita les plus saillàns.. Quelques
Communes eutr'autres celle de St.-Maximin,
cbeirchèrent à adoucir leur sort par tous les.
tnpyens qui étaient en leur pouvoir. Mais
à Aix , ils sont, cornfqndus 'dkns une cour*
étroite avec une ifoule de brigands et de
voleurs: on les jette ensuite dansnn galetas
mal sain , sans paille et sans aucuns'
yâsçs,. propres à leurs besoins. Les Geôliers
n'aidaient pas daigné répondre à leurs
pressantes soUt^tàtions. Il fallut se résoudre
à^s^éfendire sur la poussière. Vers les il
heures du soir , la Concierge vient leur,
demander 5o- sous chacun pour payer leur
^ttJ 'Cinquante sous par tête, s'écrie l'un
deux, pour £Qucher sur la planche ! Cette
observation rendit cette mégère furieuse*
Elle s'élance sur son Auteur , lui déchire se»
hardes, et veut le' traîner nud dans un
cachot à l'aide d'un des garçons de la
geôle. Il n'ira pas seul , dirent ses com-^
pagnons , en arrêtant la Concierge, ' Nous
partageons ses plaintes et son indignation ;
nous subirons son sort. Le bruit que pro-
duisit cette scène , attira la garde nationale
qui fut bien loin de l'approuver, >
Dans Avignon , la Municipalité s'étonna
de ce qu'ils n'étaient pas enchaînés. Le®
sous le prQcoHsulat: du prêtre Maigret. \6^
Proconsuls et le voisinage de la Commis*
sion d'Orange détruisait dans ces contrées
tout sentiment d'humanité. Les Autcrrités
constituées n'étaient quun ramas de bri-
gands. Ils ne firent que coucher à Orange ;
où ils furent frappés d'horreur à la vue de
l'Accusateur public. Ils continuèrent leur
route jusqu'à Valence, où ils eurent pour
compagnon un Exécuteur des jugemens
criminels, qui ne cessa v -dans le courant
de la nuit , de dénombrer avec complai-
sance les victimes qu'il avait immolées. On
célébraitla fête du i4Juillètlorsde leur arri^
vée à Lyon.Leur positioUidevint plus cruelle
dans, cette ville.On ies-attacha de ttois en
trois» par le cou au moyen de fortes chaînes.
Les femmes furent néanmoins exemptes de
cette rigueur. La gêne où se trouvaient ce&
n^alheureux , ne leur permettait qu'avec
peine de monter sur les charrettes- Un d'eux
fait un faux pas , entraîne son voisin aprè$
lui , et le troisième suspendu entre eux et
la chaîne commune , perd la voix et la
respiration par le resserrement de ce fatal
lien; ses yeux et sa langue offrent le
spectacle hideux d'un homme étranglé. Les
gendarmes regardaient froidement ce spec-»
tacle. Quelques bons citoyens s'empres^^
surent de relever ceux qui étaient à terre ^
et replacèrent ces \rois prisonniers à €Ôt4
L 4
l68 Horreurs commises é Orange j
de leurs compagnpns qui n avaient pu les
secourir.
Ils apprirent en route Idt moit de Ro-
bespierre. Cette nouvelle les* rappela à la
vie, et leur donna. assez de cotiira^e pour
supporter les avanies qu'iis^ eurem à essuyer
pendant le reste du chertiîn. Ils trouvèrent
néanmoins dans tes Autorités constituées
de Corbeil des Magistrats qui s'empres-
sèrent de mettre un frein aux rapides de la?
Concierge. Cette femme fouillait les déte-'
nuà avec une indécence révoltante qu'elle
accompagnait de propos et dé gestes iès>
plus grossiers^ Le 14 thermidor ^ ils arrivé-'
rent â Paris. Dépôàés àla Conciergerie et âctt
Plessis , ils futerit bicû tôt tendus à leaftfr-'
milles. Mais revenons à Orange.L€peu|]âé
accablé satts la puissance des boûfrealî*
révolutionftalires, sentant une fois seèehaînfeil
brisées , se porta dans différentes Gônhf-'
tnttnes à tous les excès de la vengesincë. Lé
département de Vaucltise vit couler auàfirf
le Sang de quelques-uns de ses oppressetir*.*
Napier ddnt nous avons déjà parM i hxmtiét
de la Commission , avait été cofidaitttlô
aux fers pat jugemenftdu tribufial ctiflSititflv'
Il était exposé à lin potfeau sur la plslcË
publique; La foule attirée par la curiosité ^
écarte la Gendarmerie r' arrache N^pîer
du poteau et le met tu pièces.
sous le procofisulat de Mafgnet. 169
Dans la Commune de llsle, près Avign on;
le nommé Prade^ gendarmé, est assailli
par^ne foule de forcenés. On le traîne à
lliôtel de la patrie. Les poignards se lèvent
sur lui ; et son épouse qui était accourue à
son: secours , reçoit un coup d^ sabre qui
lui coupe le bras , tandis qu elle s'élançait
vers lui. Dans celle d'Aiguille , on allait à
là chasse des partisans dé là terreur. Le
nommé Brassan a été enterré vif. Le curé
de Barbantanne , prêtre constitutionnel , a
été jeté , pieds et poings liés , dans la Du-
rance. Dans celle de Mondragon et autres
lieux du Département , environ vingt-
cinq personnes ont été immolées. Ces mas-
sacres partiels et les égorgemens juridiques
de la Commission , nous offrent une masse
d'à-peu-près quatre cents individus.
Tout ce sang versé est Touvragé de la
Convention. Jusqu'à elle , ij était inoui dans
les fiastes de l'histoire , de voir tant de
crimes commis sous les yeux , par le fait et
au nom de plusieurs centaines de Législa-
teurs ; il était iiioui de voir des Lé^slateurs
se faire eux-mêmes guichetiers, boureaux,
incendiaires et pillards. tJn grand Peuple
se fait représenter par sept cent cinquante
Mandataires;et ces Hommes n'usent de leurs
mandats que pour décimer cette même
Nation. Oh ! Comité de Salut public ! tu seras
,170 InceHdie de Bédouin ,
maudit dans tous les siècles ! puisses-tu
leur servir de leçons L tu en as donné
d'assez frappantes !
Incendie de la ville de Bédouin , département
de Vauclûse , par les ordres du prêtre
Maignet i et approuve par la Convention.
Bédouin à trois lieues de Carpentras^
était composée de cinq cents maisons , et
habitée par deux mille habitans. Son com-
merce en soirie , y fesait <^irculer labon-
dance. Depuis trois ans , cette Commune
éprouvait les vexations de la part des brî-
gginds que le régime révolutionnaire avait
élevés aux premières places ; taxes , con-
tributions exhorbitantes , tels étaient les
premiers moyens de spoliation dont on
usa d'abord ; mais on convoitait ses ri-
chesses. Il ne manquait plus qu'un prétexte
spécieux pour en valider le pillage. Un
petit arbre de la liberté , planté hors de
l'enceinte de cette Commune , fut coupé
dans la nuit du i3 au 14 floréal an sr ^
(3 mai 1794). Telle était rînnocenré des
habitans , qu'eux-mêmes allèrent eri porter
la nouvelle à Maignet '; néanmoins on crie
à la contre-révolution , et l'on aggrave ce;
par les ordres du prêtre Maignet. 171
premier fait par une inculpation assez usitée
dans ces tems-là ; on assure que le cri de
vive le rcri s'y était fait entendre. Maignet, en
mission à cette époque dans le département
de Vaucluse , prend un arrêté par lequel
il proscrit non - seulement les habitans de
cette Commune , mais encore ceux des
Communes environnantes. Son dernier ar-
rêté , en date du 17 floréal , condamne
la ville de Bédouin aux flammes. Une Com-
mission municipale composée en partie
d'hommes féroces qui s'étaient déjà distin-»
guésà Avignon etàOrange , et se trouvaient
à point nommé par-tout où le sang humain
devait couler , s y transportent. Barjavel
en est l'accusateur public. Lego , jadis no-
taire à Paris , nommé Agent national de
Carpentras , dénoncé de toutes parts comme
le complice de Robespierre , ployant sous
le poids de la haine publique , est nommé
Commissaire exécutif près ce tribunal* Ses
arrêtés affichés sur tous les murs de Bédouin ,
portent le caractère d'une profonde bar-
barie : 95 La Commune de Bédouin, y est--
j> il dit , est en contre - révolution , et tous
>9 ses habitans suspects de complicité pour
îj n'avoir pas déclaré les Auteurs des at-
V tcntats commis contre la liberté.. 5 5
Le fanatisme de quelque genre qu'il
soit est le fléau de Tordre social. Un arbre
17^ Incendie de Bédouin ,
coupé pendant la nuit , causer la destine--'
tion de toute une ville , anéantir ses ha-
bitans , son commerce ! L'esprit s'égare
parmi les raisonnemens et les réflexions. O
Rousseau ! ce n était pas là ton sentiment ,
lorsque tu disais que si une révolution devait
coûter une seule goutte de s aug humain, il fallait
f abandonner ; mais les Gouvernans ne s'ap-
puyaient alors que de quelques phrases de
cet écrivain , qui au premier coup - d'œil
flattaient leurs vues , tandis qu'ils déchi-
raient les pages où ce publiciste déve->
loppait les moyens d'obvier aux funestes
conséquences qui pouvaient en résulter.
Ce serait injurier le peuple français que
d'induire de toutes les atrocités commises^^
dans ces tems de désolation , qu'elles ont
été le fruit du fanatisme. La cupidité ^ laC
haine . et la vengeance allumèrent seule^
les torches , et aiguisèrent les poignards» i
car dans cette circonstance sur - tout , le
Président de la Société populaire de Bc-*
douin s'est vanté ^ après sa destruction ,
qu'il était l'auteur de ce délit.
Suchet se présente dans la plaine à la
tête d'un bataillon de l'Ardèche ; la ter-
rible Commission le précède ; soixante
pères de famille de Bédouin sont de suite
interrogés : en vain ces malheureux élèvent
la voix contre de fausses accusations ;
par ordre du prêtre Maignet. 1 7 3
r Accusateur public qui avaitpuisé ses leçons
dans les pages des séances du tribunal ré-
volutionnaire de Paris , les interrompt à
son gré pour leur dire : tfi n'as pas la parole ,
hors des débats. Cet axiome , complément
d'une proscription arrêtée depuis long-
tems , les conduit à Féchafaud ou à la fu^
silladc.
Une^ jeune fille, qui depuis long-tems
n habitait plus Bédouin , se jette aux ge-
90UX de Maignet , implore sa clémence en
faveur de son père détemi dansles prisons
de Bédouin. Maignet , sur sa déclaration ,
ayant appris qu elle était de cette Com*
mune, la fit aussitôt arrêter , et conduire
devant le' tribunal qui y siégeait , et deux
jaurs après elle accompagne son malheù^
•veux père à la i^iort. ^Ce qui reste dans lés
maisons de détention , est entraîné jusqu'au
pied de Téchafaud via terre y fume en-
core du sang de leurs proches von les laisse
près de cet affreux spectacle, jusqu'à ce
que des voitures arrivent pour les conduire
dans différentes prisons du département.
Suchetdonne alors le signal, «t le soldat
lance la''flamme de toutes parts. Ceux
deS'habitans- qui ont évité la hache du bour-
reau , cherchent leuf^ salut* dans les mon-
tagnes voisines; des pelotons de ces soldats
épars dan6 la campagne , 6e font un jeu de
174 Incendie de Bédouin \,
leur donner la chasse à travers les rochers {
le plomb en atteint plusieurs , ^ parmi
lesquels un grand nombre rend le dernier
soupir au milieu des convulsions les plus
douloureuses; et ces tirailleurs ne cessèrent
leur feu , que lorsque la consternation de ;
ces habitans les fit enfoncer dan^ les creuie^
des montagnes , après avoir vu la flamme
|ie leur laissant plus, aucune retraite dans
leur malheureuse patrie. j
Cependant la .flamme a tout dévoré t
des enf^n& au berceau , des:femhies eut
ceintes , des vieillards ; et" lèS .eflbns de ]»!
plupart d'çn^jre ièux pour échapper a ^r>
fléajD ,, {;,Voye^ i»:t^tneiKi^éâiiaàgrMusrcdu*
tpmll., ,ttikg^^A'£,'dii. disiavfficprilimbmirti}
iie.6(Ç|:tr qu^-prQlonger.ilettf) terreur, jîLs» '
niôrt les attend^i chaque» pafl. Une femme
accpuç)iéeîi4epiiis quatréjijoùrfs \ veât. rija*.
cendie gagïier.^jde4ieiwfe;}^'Sà.ïTièrd;, âgè^^
de quatrer^^i^gfc-fonze atW'îJ ^ ^paraly tique. j .
fesait-,ent6ndr.é dsuafik^ôOiJfJWîlies cri* Us plu^ ^
lamentables ;•. ^uspitonii , sa,- J&Hei . Uilv met son
nousrison ,cjîjri8;)es hxm qu.ellël'àttajaho
fQrtçmenj:.;/.€!tt^jraide d'un, de ^a'efa&ôs ,
âgé , de. troifr apft v elle s'empresaéide lireSidii*
lit le tna'telaiWH^quël eUe<e^t!é tendue;;; k^^
elle est; jfarve&ufi.à trwoèrj çe.tte préciewso
charge jusqifes siui: le. seuil de la porte ; la
Ëûblesse d.e .cette femme el leffcoî larrêtent
7hm /7 Aty i^^v
par les ordres du prêtre Maignet. 176
à cet endroit; La flamme qui brûle autour
^elle , ne lui laisse .que le tems de détacher
son jeune enfaut avec lequel eUe s'éloigne ,
en poussant les sanglots du désestpoir que
.lui arraché. la vue de sa mère s qui déjà
Ressentant les vives atteintes du feu , l'ap-
pelé vainement à son secoure *f mais, les
charbons afdens la couvrent de ioutes parts,
et les décombres enflammés rérrasent. "^
. Jl existait dans cette <2bmmqne une fih
lyrique en soie considérable; soii: magàsîÀ
jdontenaît à cette époque po^rt^ôo^ooo ïhL
aie soie. £91 vain on fit quelques teniat^vâ
«pour . le sauver > de x:et embrâiement^ét-
méralr, là funeste politique des niveleute
•f évolutionnaires: le ^réisip^a ^au : milieu * des
ifiammes^ - Un hèfHtal : emîer mslàim^b^
.Gomidune 'iïoiivhilementxcmsufmtjffureTk
ienvelbppé» dansinctteprosciriptroii. L'églisp
•^nt là '' cqmtruction àvaij: counè 33o ,bab
livres., résistait à^l» flaimitiEfqtlà mine'iot
Remployée pouf' hâter 9a iiidestFaction : ses
.souterrains sont remplis de >poudte />A
blnentôt'iune terrible détonation , jointe au
^£âaç^ ^épouvantable des ruines ^apprirent
'jatK Imn ijuxUBedouîn n'ej^sataw^us. ' ^ ^^
Ce malheureux pays avait fourni fifio
r?volohtaires à Tarméej iiAurs lettres à leurs
aparsns coateioàient lefrex|>ressions; de leur
«mour poiir k, RépuWiijueii iong-fiMaia
176 . Incendié d& R tdouin ,
après la destruction de leurs fpyers cl le
massacre de leurs parens*^c( Ne nous rb-
>9 commaBdez pass écnvaieiUrtls , d'être
99 répubticainsii*... Nous ne sommes pas au
/»> service 4e lâfiépublique pour Ja tromper.
5) Nqus hxL vso^cnmes attachés pour la ^servir
rv- jusqu'à la ;m(Mrt. 51 r ::..:: iî vi
, ;C.ettehelliqueusejeunQs6eaT&ttcependyit
été rmuocontie «cause delamort des iauteuiB
•diè Jeura i .jours/ HDelr^père fut assassiné .par
iâ- Commission; \ 69ÙS le prétexte que osom^
J&Is étaito&nâ^éji émigré •.•.<.^;)! Il servaitia
dRépublique.Vi^èt j*Dn nom oonsighé «ur dès
•icl^istrestdiedaiCQanmuhe paarmi ceux.dqi
adéieasêurs.de la^pattk/; iie^soUicite paaàm
instant leurs ..j u^Kfish &oft\k% ^' (leurs pères.
istà prêtflrèatassfiirm6nt;és{)^ativfin): yainem«Att
deur olpséifisancr aux kiisiBe da dlépubliquè) ,
^w kur t|xrès^oanL'4efieDi26nt eniregisivéxA
dadVfunicipaliiéj; iJAcrausateunipublic prà^
îOOnce la l4t?ik[mri&éihûrsr,deisi.dèbatç. . i
.Cesaffre«Kjèvèn«Lmensviuitc& <J'autrei^LUBsi
Combles .ipoQtamisv^idanB le ^dépactemenits»
jfurent r^oonioés :à Robespierre nu U iGomdé
Hit jaiisfait zda da lOthâttHie: ^de. Miaijgnit);^i£ït
la répQn;sèqlaNbQaaique]et£roidé.ikrc]emQi^
/Maignetaprès;fiétte.expédition , ordonne
au^ dbabitans édiappés^ der£air> pour jamaqs
lems^ j^nciennes ihkbjt^idoi3ié.:.ii^'audacieux
. par ordre du prêtre Maignet. 177
Proconsul va plus loin , il condamne le
tenfitoire à une éternelle, stérilité ; ici le
délire le dispute à Fatropté, Ceux qui purent
survivre à cette catastrophe , errèrent long-
tems dans ks bois et les montagnes , n'ayant
d'autre asyle qiie quelques trous creusés
de leurs mains, et ne devant leur subsis-
tance qu à la pitié de leurs semblables. Cet
état de réprobation outrageante ne cessa
que lorsque la Convention éclairée sur le
motif de tant de forfaits que la faction
conspiratrice lui av^it celé , rendit à ces
malheureux leurs biens , et leur fournît lep
pioyens de rpiever leurs habitations et d'eii-
semencer leurs terres* ^
Mais il faut que le nom de Bédouin ac-
compagne toujours celui de la Conveiilîon,
et serve à çffraj^er le peuple ^t à lé r^idr^
plus circonspect sur le choix des 'm'âhclà-
tajres auxquels ïl confié s,es destinées.
On lit dans les annales anciennes lé récit
de plusieurs villes livrées aux flammés ipiv
des conquérans fairouches. Mais il jti'y 91',
et vraisemblablement il n'y aur^ k}}^^
Francie qu^ôti aura vu des cités tq^ites éù-
tî^res,tëilés que la Vendée,Lyon et Bédouin,
démolies ^t incendiées dp siang-froid paf lés
ordres d'hommes qui se disHientlégîslaièuïs.
Jamais^lés Anglais , l^sr Atitrifeh|en.s et âutWïs
ennemis coalisés n'ont pu faire autàtftMe
Tome VL M
1 7 8 Crimes de Monestier, dans le département
mal à la France , que lui en a fait le Comité
de Salut public.
^— . I , il Mil 1 ,MM^— ^M—a — ^ — ^^^MM^
Crimes du prêtre Monestier , Proconsul
dans le département des Hautes et Basses-
Pyrénées.
Encore un prêtre parmi les persécuteurs
de rhumanité. Monestier , ex-curé de la ci-
devant paroisse de St, Pierre , à Clermont,
département du Puy-de-Dôme , dès les
premiers instans de la révolution , quitta
, îétole sacerdotale pour endosser les cou-
leurs de la liberté. Apôtre de ce nouvel
évangile , il parcourt les campagnes
jusqu'aux portes de Paris; mais toujours
,fan^ti,qqcou plutôt hypocrite , il précise les
7>ienfaits. dç la liberté y lorsqu'il ne respire
que la tyrannie et le brigandage. Il mérita
sans peine la confiance des maratistes , et fut
nommé à la Convention. Enfin ses goûts
satxguînaîres lui valurent un proconsulat
aans les départemens. Il fpt envoyé dans
celui, des Hautes-Pyrénées. Muni, de pou-
voirs illimités , son caractère se déploie en
piropçrtion ; immoralité , perfidie , cruauté,
' c^omposent çekii de Thomme public ; ivro-
'gnetie et crapuleuse, débaucha remplissent
sa vie privée, !
des Hautes et Bass€s-Pyrénées. '^ 179*
Laf société de Bagnères est le tempte-où
retentissent ses accens corrupteurs; Au jtibni
de la Convention , A invite les femmes et
les filles à s'abandonner aux désirs di^s Sans^
Culottes , For sera le prix de leiirfe jp^i^o^
titutions, et une couronne nationale cdn-
dra le front de celle qui les aura corhblé
de ses faveurs. Il provoque la' wjde^r' à
déchirer son voile ; il s'enorgueillit hautes
ment de ses débauches multipUées.- • {
La. Vierge-Marie et St. Joseph lui four-
nissent les sarcasmes, les plus indëcén^.
Sectateur des Hébert et des Chaumeijte , il
ordoinme le dépouillement des églises î' il y
.préside^ Ces vètemens que soti hypocrisie
aîvtfit' autrefois endossé pour captiver le
résptct, il les reçoit aujourd'hui pour proh
voquer les huées de la multitude. -^ j
L'immoral Monestier fait pis , il prend
le nom de Papa-la- Vertu. Cette dénomina^
tion sacrilège et ridicule lui fut nombre db
fois confirmée par cette horde de : gkaiTes
qu'il s'était attaché , et dont lescbissiàntes
adulations augmentèrenb ' rivressçrrjde'''sa
domination ; et de quels. hommes , grands
Dieux , était-il entoinré ? Qu'on me désign)i^,
dit-il, les plus scélérats ; ce sont cenib qu'il
me faut : pardsan de la terreur ; c^es^ sur
Tautelide ciette déesse que sa main sicrifie
désormais* . ■:.'ui.\j
M 2
.1 8o Crimes de Monesti^r^ dans le département
.. :L€5^ malheureux prisonniers deyîeiinent
Tobjet de ces prédications sanguinaires* A
JlTarbes., il iâvitê le Peuple à s armer de
fusils , d.e saWes et de poignards , et à fondre
^v«c lui dans les prisons potir égorger les
.déteniifs^ Il ne craint pas de s y transporter,
et il n est pas et iBoycn qu'il ne mette Cn
4usQge poury exçrcer sa tyrannie. Jongleur
féroce , il lève son sabre sureuK , provoque
par ses. menaces <une insurrection ; afin de
^notiver le massacre qu'ilwLédtte ,il mdt le
comblera Tàpouvaiiteen exhibant les terri'
:bles }pouvoiri$ pot'tés dans sa comœissioin*
Digne émule des barbares Proconaukt.sos
fcoîlègues^ il é^uffe les semioLens Ide;*!*
^nature. Les prisonniers dénués idertMtt
-sejcours , ne peuvent s'en procurer du
dehors. Malheur À -ceux qui vont d'inter*-
ïomprb .pojiir obtenir la pexmissîon de
donner quelques soins à leurs paréos >^à
4eurs amis! Ce devoir sacré ^est p<mr eux
^n tiae dje prosoription.
. 'Unenjoune femme se jette à :ses piicdiS!.;
iedle implore sa pitié i en faveur,de son pcr.e,
(^éi(»nWtprèâ:dehK>urir faute de aecowr&.U
,ki fiepousse avec viQlemce. Dans l-exccs de
isa. ; dfi(»uleur ^ elle istit .enteiidre quel-
jque^expressions 4CQntre .t:ûtte tyrannie.
AuSRôit il donfieiordre de la d^re «tran
duire au tribunal révolutionnaire idéi£aria;;
des Hautes et Basf es 'Pyréné^i^ i8i
et pour la punir de cet élan que/Iini avait
irradié la piété filiale éplorées ii veol
quelle fasse la route à pîéd , bien quelle
sôtt enceinte.
Une époQse éplorée demande ki liberté
de sofa mari : demain ^ répond le tôgre ; tii
verras sa tête d'un côté, et son corps dé
lautre. ;
' Voyez , réchaiaùd , At-il , montrairt: du
âoigt à des fonctionnaires publics qui de^
mandent un acte de justice ; vous y mon*
terez demain. . i
Monestier , qui se; croit tout permis >
oka bien mettre en délibération Farresta^
àon de son collègue Ferand. Il abrogé de
son autorité la sage institmion des ju9és.
' f . A iTaibes , trois : ^ citoyens avaietit é té
acquittés par le juré de cette ville. Mohes*
tier convoque le Peuple au son du tambour
dans la salle de la Société populaire ; 1^
tribunal criminel y est également appelé»
Monestier présente un acte * d accusatioa
contre les trois acquittés , ordonne au
tribunal criminel de les juger révolutionnai^^
rement. Il procède en même-tcms à Tinter*
rogation de ces trois citoyens , et leur impose
la loi de ne point se justifier, et Vous^aver
beau faire , leur dit-il ^ Téchafaud est^êt ;
vous Tavez vu , dans une heure votts y
monterez. ?> La hache était effectivement
\- M 3
1 8 2 Crimes de Mt^ntstiety dtAis ttJép/zrt. , et c.
suspeàdue. ;En Vain les enfans d€ ces trois
nkalhebreuses victimes arrosent èes pieds
de leurs larmes'. Leur innocence , les géhiis^
semens de la tendresse filiale , ri^ ne pé-
hètrè son tœur, Leyin^et les liqueurs dont
il segoargèy achèvent de rahriitir ; ilhâtè
rinstantdu.suppUcCv^ :; : ; '
Le citoyen Lasalle occupe le fauteuil» W
veut parler : Tais-toi ^.lui ditce boucreau
eiipaQaché ; ta têt^i;va tomiben Eh bien !
répond Lasalle V puisque vous voulez ma
mort , j e n'ai plus rien à dire. Monestier Si3rt;
Xiàsalleparleà ses: juges. Le Peuple iittendri
attes^teiibniihnocehtëà Malheureux v lui dit
It Président ,' que ne parlais-tu ainsîr eh
présencede Monestier ! Enfin , il Éallutaïitr
à réfihâfeud. Monestier r se, tient ? à 4ine
croiséeC de éon appartement «en face^ de la
guilk>tine. .Les Jacobiqs' , a ses ordres , dan-
sent autour de réchcifaiid , et leur «dorâon
se prolonge jusque»:' sous la fenêtrê^du Re^
présentant:,^ qui sourit à leur gaûé féroce.? '
Une troupe de brigands appelés de-toutes
parts forment une armée révolutionnaire.
Une Commission populaire laccompagnc ;
traînant à sa suite la guillotine. La» loi qui
suspend ces affreuses légions , est procla-
m^^ et Monestier quitte le pays eii
Tugrasant.
S'il fallait consigner les assassinats com*
Crimes dû Proconsul Dartigoyte. 1 83
mandés par Monestier , le lecteur s'égare-
rait au milieu du sang et des cadavres. Il
suffira de dire ici quil a conduit àiFécha-
faud les meilleurs patriotes du Midi , et il
s'est , dans les tems , disculpé de la pros-î»
cription qu il avait dirigée contre eux , en
disant qu'il navait sévi que contre les
Fédéralistes et les anti - Maratistès. Son
acharnement contre cette classe de citoyens^
ne tendait rien moins qu'à dépeupler tout
le Midi.
Un mot sur les crimes du Proconsul Dartigoyte
dans le département du Gers.
Dartigoyte, dans le cours de sa mission,
n'a cessé d'avilir son caractère en insultant
à l'humanité et aux bonnes mœurs. Toutes
les femmes qui s'adressèrent à ce Représen-
tant , ne le quittèrent jamais sans avoir à
rougir du langage obscène dont il avait
l'habitude. Il mettait en réquisition les
mères et les filles pour le spectacle ; il en
troubla un jour l'action parla sortie la plus
indécente, et révolta la pudeur par sa
nudité.
Les détenus furent attachés par ses
ordres, à des crèches comme.^^ vils
animaux. On leur distribuait la plus^goû-
M 4
184 Procofîsidat de Ba ^
tante nourriture. Dans la Société populaire,
il fesait la motion de ne laisset à chaque
particulier , que mille livres de «venus ,
et de corifisqùer le reste au profit de là
République. Des adresses ^ dahs le sens de
ces motions, dirigées par lui, parvinrent à la
Convention. Il avait aussi un tribunal à ses
ordres , qui fil exécuter sans jugeraens le
citoyen Lelong. La confiscation , la dépor-
tation , la réclusion , étaient sans cesse à
Tordre du jour dans le sein de laSbclété.
Dartigoyte s'emparait impudemment des
eîFets les plus précieux de ses victimes , et
inenaçàït cïe là guiliotînè ceux qui ehchéri^
rent sur lui dahs ces brigandages jour-
naliers.
Dû Ff(rconMat "dt Bè àahs le àépnrternenî du
Càhlàl et àntris.
Bô. Klùsûttoân à Goïistantinople ^ Juif
sur lès bords du Rhih , Montagnard , Ther-^
ïnidôrieh pendant là révolution , s'est %n-
totiré , dans le département du Cantal ,
d'homtnèi les plus immôraïix. Il érijgéa, dans
ce Département une Commission révolu-
tionnaire. Lé vol et rasSassiriat furent com-
pletmment organisés. Des contributions
exhOTMtantes furent imposées. On fabri-
dans le département du Cântat, etc. it5
quait , dans le sein de la Commission ,
de faux timbres des villes de Coblentz et
de Worms ; on menaçait ceuît qui hési-
taient de payer ces contributions , de leur
faire parvenir de ces letttès tjui , attestant
leur correspondance avec les émigrés , cau-
seraient leur mort.
Ce Représentant étant à Clhors , trouva
le Peuplé inquiet sur Ses subsistaftcés. Rassu-
rcz-vôus , dit-il au Peuple , la France aura
assez de 12 millions d'hommes ; ïiouls ferons
périr le reste.
Dans un canton du district dé Figeac ,
"comme il fésait abattre tous les signes du
culte catholique, qu il pénétrait dahs lestera-
j()les et dans les maisons pariicUlièreS pour
y enlever 1 ot , latgént; et fesâit même arra-
cheir les croix aux feniftiés , il y eut un
Trtouvemént causé par céS ekcès. Un coup
de fusil fut lâché dans la fôulé. feô crie à
1 assassinat. Son tribunal et la guillotine
atriVeïit, et Uombire d'habitàiis périrent.
A Rèîms , Bô disait publiquement qu'en
révolution, ou ne devait côiinàïtre nî
parens , ni amis ; que lé fils pouvait égorger
son père , si celui-ci n était pas â la hauteur
des circonstances.
J 8 8 Pro consulat (TEsnue^LavalUe v it c.
être supplicié; ainsi, fartes en sorte et pre&sez A
Commission , afin qu'à Tarrivée de Talmont, Enju*
bault soit prêt à recevoir les mêmes honneurs. 9f
La lettre suivante est plus caractéristique;
De Rennes , le 9 Pluviôse ( 28 janrîeT 1794 ).
EsNUE- Lavallém^ ëu mime Comité.
tt J'ai reçu votre lettre ée matiii à mon rcl^èilt
jugez combien la nouvelle que vous m'annoi^e; ,
relativement au scélérat fédéraliste Jourdain , m'a
égayé ; c'est le chef des conspirateurs de Laval que
je regrettais le plus de ne pas atteindre ; j'espère que
ces dépêches pour son voyage isetont bientôt prête 1 9
et qu'il pourra se mettre en route dans le cours de
la semaine.
" J'^^ppi^cnds dans ce moment , par François y
mon collègue , q\i Enjubault-Laroche , père , doit
être jugé et partir de compagnie avec Talmont ,
qu'il m'a aussi aunoncé être arrivé hier aa soîr à
Laval.
99 Je vous^ recommande aussi de faire à Jourdain v
après son jugement et son exécution ^ fes mêmet
honneurs qu'à Enjubault pèrté ^ et à Talmont , > €d
sera une pique de plus à fabriquer. Je crois que vOtiS
ferez bien d'en commander de suite encore (fitt"
qu'autre, afin d'en avoir de prêtes au besoin , à for
Cl mesure que les conspirateurs Mayennois seront
arrêtés. Je ne puis prendre un arrête qui ordonne
la translation d'Ënjubault fils , et Sourdille-Lavalettei»
a Laval; tout ce que vous pouvez faire ^ et moiaossi-'^ .
c'est d'écrire au Comité de Sûreté générale de ta
Convention nationale , pour demander que ces
deux fédéralistes soient conduits à Laval pour y être
jugé^^exécutés, afin de jeter la terreur dans î'âmc
des^Hlistes et des fédéralistes de Laval. Le tableat|
de lenr supplice y sera infiniment plus salutaire
Précis des crimes commis à la Rochelle. i8$
qu'à Paris , où ces individus nç sont presque pas
connus , et c.
99 J'attends de vos nouvelles au premier moment
•UT Téxécution des mesures que je vous ai recom-
ibandées, relativement à Talmont et à son Agent
et concierge , et que je vous recommande relative-
ment à Jourdain. 9) Salut , et c."
Tout , dans cette lettre ; est prévu pour
raccomplissement de la haii^ et delà veu-
gean'ce. Jourdain fut sacrifié , et sa tête
fiu transportée à Esnue , lieu de sa naissance,
et fut exposée sur une pique en face de
la maison habitée par sa famille désolée,
i^uant à Enjubault , père , son supplice
bxt accompagaé des circonstances les plus
outrageantes.
/
pJtÉjCIS historique des crimes commis à la
JBioihelle etd Rochefort , sous le Proconsulat
4e Niou , Trulard , Mazade , Lequinio ,
Laignelot , Garnicr ( de Saintes J.
ïiE S Maisons d'arrêt de la Rochelle étaient
conformément à la loi , sous la surveil*
lance de la Municipalité. Celle rf(/e le cou-
vent des DamesJBlanches était sous Tins-
pectîon.du Comité de surveillance. Un vais-
j5cau rase et mouillé près de Tiie d'Aix ,
servait égaletûent de prison. On y^Vn-
lassé dans les teras une tçès-grande qualRité
igo Précis des crimes commis
de prêtres , dont plusieurs sont morts ,
suffoqués par Fair épais et pestilentiel qui
y régnait. La tour de la Lanterne et celle
de St. Nicolas, ont servi par la suite de
prison aux Vendéens ; l'air y ^tait ' si
infect, que plusieurs factionnaires okt péril
L'huissier , chargé d aller prendre et rfin-
troduire les prisonniers , est également
mort, ainsi que plusieurs juges de la Goni^
mission militaire , qui procédaient ti^aii*
moins à l'interrogatoire dans une salle très-
vaste. Quelques spectateurs assidus , pat-
mi lesquels on remarqua Legros , chanteur
de rOpérade Paris, ont pareillement été
victimes de la contagion.
Le régime des prisons fut,tôur-à-tour
cruel et humain , selon que les Commis-
saires de la Convention furent plus ou
moins partisans de la terreur. Le Concierge
d'une de ces maisons d'arrêt avait coutume
d'appeler tous les détenus Monsieur. L^'un
d'eux, fournisseur de la République , y
était, comme suspecté dans sa comptabi-
lité ; u pourquoi , dit-ij , au Concierge nç
m'appelles- tu pas citoyen ? je. ne suis pas
ici comme aristocrate , je n'y suis qu'en
qualité de fripon. — Ah ! je te demande
p^cdpn, lui dit le Concierge , je te croyais
su^PIct ?«
La petite ville de Brôuages , située entre
à la Rochelle et à Rochejort. 191
Soubise et Mareincs , avait aussi sa maison
d arrêt , elle servait de prison aux hommes
et aux femmes, à raison de sûreté générale*
Le nombre de ces détenus fut considé-
rablement augmenté par les suspects de la
Charente-Inférieure.
Le tribunal révolutionnaire établi à Ro-
chefort , était composé de gens très-mal
famés , ils ont à peu-près tous disparus.
Créés par Lequinio, ex-moine et Laignelot^
ils ont condamnés à mort le Représentant
du peuple Dechézeau , le 5 ventôse an 2 ,
( «3 février 1794). Ils condamnèrent éga-
lement à mort Charles-Auguste Farigneau ,
comme convaincu d'avoir entretenu des
intelligences avec Tennemi de FEtat , c<en
r» ne cultivant pas sa terre , et en disant
99 que si tous les propriétaires voulaient
p^ Ten croire , ils sèmeraient de manière
»> à n avoir du grain que pour eux ; n tel
était au moins le texte du jugement.
Ce tribunal a siégé révolutionnairement
à plusieurs époques. Quelques Vendéens
ont été jugés à mort ; le sort de ces Ven-
déens , fut par la suite confié à une Com-
mission militaire* Nombre périrent sur
Téchafaud , d'autres furent jugés à quelques
années de fer. Trois de ces derniers s'étant
évadés dans la nuit , furent arrêtés. iJÊ^m*
mission demanda aux. deux ProcoasUs
ig^ Précis des crimes commis
quel parti il fallait prendre à leur égard ,
ils répondirent qu'il fallait les ranger dans
la classe des instigateurs , et les condamner
à mort. Ils subirent ce supplice le 6 floréal
an 2 ( 25 avril 1794 ).
Tous les jours le tribunal envoyait cinq
ou six victimes à 1 echafaud. Le nombre et
les noms de ces infortunés sont inconnus ;
le tribunal n ayant tenu aucun registre de
ceux qu'il a fait périr.
Les Députés qui ont été en mission dan$
ce département , sont les nommés Xiou >
Trulard , Mazadc et Garnier ( de Saintes )
qui y a séjourné peu de tems.
Sous le régime de la terreur , Lequinio
et Laignelot y ont fait une plus longue ré^
sidence. Leur mission paraissait avoir pour
principal objet , la destruction de toute
idée morale. (1) Lequinio fit un jour à la
Société populaire une scène épouvantable ,
parce que personnç ne voulait accepter les
(i) Le nom de Lequinio c'est présenté sous notre
Ïlume , dans j5lusieurs occasion^, qui ne font point
onneur à celui quile porte. Ce Lequinio, ex-moinié,
a beaucoup écrM sur la morale ; semblable aux prêtres ,
il n*a rien fait de tox^t ce qu'il a prêché ; toujours ojti
le surprend , bas valet du Comité de Salut public ,
lui fesant la cour, et exécutant avec un zèle barbare\,
les iPsures les plus sanguinaires. Il n'est rien de
pire qu'un scélérat Jhypocrite,
à la Rochelle et à Rochefort. igS
fonctions de bourreau. Un ancien chantre
de la cathédrale s'étant enfin présenté ,
reçut Faccolade fraternelle de ce Repré-
sentant , avec le titre de vengeur du
peuple.
Ces deux Proconsuls portèrent la même
immoralité à Rochefort , d'où ils écrivirent
le premier frimaire^ , aux Jacobins de Paris :
«« Nous venons, de donner à celui qui
^^ se charge soigneusement de l'exécution
55 des jugemens du tribunal révolution-
5» naire , le nom de vengeur du peuple ,
9) et à rinstrument , celui de justice du
99 peuple 95.
C'était dans des orgies que les bourreaux ,
les juges et les jurés préparaient leurs ju-
gemens ; et Tun d'eux disait : c est de la ma-'
nière dont nous posons les questions que dépend
le sort des accuses.
Dans le cours de ses visites domiciliaires ,
le Comité de Rochefort se présenta avec
un appareil si effrayant chez Tépouse du
Député JWow , qui était enceinte , quelle
vît son terme avancé ; elle , son enfant ,
la domestique et la nourrice périrent peu
de tems après.
Tous lés moyens d'ajvilir , de dépraver le
sexe étaient mis en usage dans cette ^ville:
Les jeunes filles étaient forcées d'asàîstèt
à toutes les exécutions , et à venir puisé*
tome VI. N
i 94 ; . ' Précis des crimes commis
dans le spectacle de, TefFusion de sàng^»
Toubli de toute moralité , et Fhabitude de
la férocité. Celles 'qu'effrayait la vue de
Téchafaud, étaient obligées de dissimuler,
sous peine d'arrestation -, elles étaient sou-
mises à la censure de toutes les prostituées
des Proconsuls , et des principaux Agens *
révolutionnaires ", et les femmes honnêtes .
Hiévitaient la prison qu en leur fesant la
cour. . *
Telle était enfin Faudace de ces révolu-
tionnaires ,. que Fun. d £ux., à Fépoque de la
clôture des Jacobins de Paris y dit en pleine
Société populaire , et devant le Repré-
sentant Blutel lui-même : lis ne sont que sept
uni quarante - six à lui ^Convention ^ . nous
sommes douze mille^^ et noms marcherons.
:.• Avant Faa.rivée. de liequinio et dé Làigne-
lot, les jeunes gens de la. Rochelle avaient
été convoqués pour 'tirer au sort , àFetfet
de. former un corps, de cavalerie. Réunis à
laM^on Commune , ils éludèrent ce ti-
rage sous différen» prétextes , et les repré-
seifttations des oflSciers Municipaux fureût
sans effet. Ils y répondirent en dansant , et
se retirèrent. Au bout de huit jours , on
les convoqua de h6\iveau. Ils se prêtèrent
c^efte fois de bonne grâce à ce tirage , sept
se présentèrent même volontairement y et
le:$ort décida des autres. Lequinio en fit
à lu Rochelle et à Rcchejort. igS
arrêter une vingtaine qu il dénonça à l'Ac-
cusateur public ;ils furent provisoirement
condamnés à la détention , jusqu'à ce que
la Convention nationale eût prononcé sur
leur sort.
Le tribunal , après ce jugement , se
rendant à Saintes , fut arrêté par les ordres
de Lequinio. Le Président , qui seul avait
opiné pour la mort de trois de ces jeunes
gens , fut mis en liberté le lendemain ; les
autres trois Juges furent consignes dans leur
auberge.
Le 21 mars i793 , quatre prêtres , dé-
tenus depuis long-tems à la Maison d'arrêt,
furerit , par ordre de l'Administration du
district , conduits au port pour être em-
barqués pour Tisle de Rhé-, le but de cette
translation était d'empêcher qu'ils ne com-
muniquassent avec le général Marcet , qui
venait d'être arrêté après sa déroute dans
la Vendée. Le peuple était exaspéré. Le?
quatre prêtres -ifurent massacrés; on les*
avait déposés dans un corps-de-garde près
le port de hier , en attendant que rembar-
quement fut prêt, La garde fut forcée ; bri
traîna leurs corps dans la ville , et leurs
têtes furent portées au bout des piques. Le
lendemain deux autres prêtres éprouvèrent
le même sort.
Lequinio entend dire dans la société
N 2
igô Précis des crimes commis à la Rochelle, ecL
populaire de Fontenay , que les prison-
niers , au nombre de 4 ou 5oo , étaient
eh rumeur; c'étiait une inquiétude vague au
sujet du bruit qu'ils entendaient dans la
ville pour les préparatifs d'une fête , et qnih
prenaient pour un mouvement dirigé contre
eux. Lequinio se présente dans Tapparte-
tement des insurgés : Où est , s'écrie-t-il , le
chef de la redellion? Quel est celui d'entre vous
qui excite les autres à rinsurrection?\Jn homme,
haut de six pieds,lui répond qu'il n y apoint
d'insurrection , mais que les prisonniers
craignent qu'on ne veuille les massacrer»
Le ton déterminé dont il articule cette
crainte , épouvante le Représentant , qui ,
le prenant pour un motêUr de la prétendue
insurrection , lui brûle lâchement la cervelle ;
son secrétaire en terrasse un autre d'un coup
de feu. Mes b , ajoute Lequinio, si queU
quun ctentYe vou^ ose remuer , vous serez tous
fusillés ; surveillez-vous , car vous répondrez
tous les uns pour les autres. ( Voyez la lettre M
de la gravure du tome premier , page 1 , du
discours préliminaire. )
Le 24 frimaire ( 14 décembre 1793 ),.
Lequinio écrivit à la Convention : u Je
»5 viens de donner ordre que 4,5 00 bri-
f9 gands qui encombrent les prisons de
99 Fôntenay-le-Peuple , soient fusillés. Ces
t) prisonniers voulaient faire quelques
Crimes (Tun dénonciateur à Caen. ig7
»f mouvemens, j'ai brûlé la cervelle au plus
5j audacieux ; j'ai dit par-tout qu'il ne fal-
f> lait plus faire de prisonniers dans la
5j Vendée , et il faut ce décret pour finir
55 cette guerre. 55
Tel est Tapperçu des massacres en masse
qui ont eu lieu sous les auspices de cet ex-
moine , qui , s'entourant comme ses misé-
rables collègues , d'une foule dé femmes
.prostituées , épousa leurs mœurs et leur
caractère.
Crimes cTun dénonciateur à Caen , le 3
février lygS,
Au tems où la terreur pesait particulière-
ment sur les prêtres ; Gombaud , curé de
Saint-Gilles , à Caen , et qui s'était refusé
constamment à prêter le serment civique ,
quitte la ville , où de jour en jour il deve-
nait plus suspect , et se réfugie à Paris.
Ne pouvant plus vivre dans la capitale ,
faute de ressources , il prend le parti de re-
tpurner à Caen , et s'y cache dans la maison
d'un ami. Un de ses anciens paroissiens
hantait cette maison ; un jour qu'il vint y
faire visité , l'hôte du Curé lui dit : 44 Re-
55 tirez-vous dans votre chambre , une cje
55 vos ouailles est ici , un tel pourrait vous
N 3
igS ' Crimes iTiin dénonciateur à Caen.
55 voir, — - Qu'ai-je a craindre de lui, répond
5 5 Gômbaud ; je lui ai toujours fait du bien',
■55 cVst monèompèréy'ai tenu un desesenfaiis
55 sur les fonds baptismaux. '9 Uirnpruderft
Curé se laisse donc voir ; son paroissien ,
$ans lui rien dire , sort de la maison pour
'aller de suite' dénoncer son ancien Pasteu^.
"L'âsyle de celui-ci est cerné le jour même*;
Gombaud trouve moyen de s'évadeï* ; 41
se sauve dans les bois voisins , on Ty pour-
suit ; on lâche même des chiens sur lui%
il ne peut éc-happer à de telles recherches ;
ramené à Çaen , il y. est presquaussitçt
guillotiné, 'y
Le peuple , -j^r^sént à cette exécution , la
trouva un peu sévère ; il n'Qsait dire illégale
et cruelle. Le Cùte montra d ailleurs beau-
coup de constance sur Fécliafaud. On veii^t
lui fairfe prêtef îè serment civique ; irrepb'ùd :
' Citoyens !' vous n'hâtiez pas pins de droit d'exiger
' ce serment , que de me guillotiner.
L'exécution à peine achevée ,un citoyen
demanda la parole aux assîstans , qui en-
" tbùraient réchafàiid : u Citoyens t voîis
'55 venez de voir justicier un . prêtre pour
* 55 refus de serment"; j'ai à vous' dénoncer
55 un bien pïus grand cô.upàblé* Depiiîs
" 59 plusieurs anrxées il existe ^lafisnos prisons
39 un assassîi^ qti'ôn semblé a^^bif oublié ^
' 53 et pourtant il devait passer îtf premier* 5 3 —
JProconsulat de Merlin de Thionville^ 1 99
-On crié bravo. Ordre est donné , par le
peuple , à TExécuteur des jugemens , de
rester auprès de Tinstrument, On va à la
prison pour .vérifier le fait dénoncé ; le cri>
xninel est trouvé, .On fait assembler les
Juges â la hâte; Taffaire est rapporté som-
mairement en moins dune heure, et le
malheureux est guillotiné.
Du proconsulat de Merlin de tliionv.ille. :
JVIerlin de Thionvilte est k fik.dun pra-
cureur de cette ville : dans toutlje çQurs du
régime révolutionnaire , il fut le, bas valet
des Jacobins et de la Montagne , et; parvint
à se faire nommer copimissaire auxiarméeç.
Pendant le cours, de sa mission 'ii. étala
un faste des plus insolent ; il traînâil; à $a
suite une foule de courtisans et de femmes;
les plus beaux chevaiUX et quatre voilures
formaient une partie, de son coïtège» Les
Autrichiens s'en emparèrent dans une af-
faire , et sa correspondance tomba entre
leurs mains.
Merlin, crapuleux. dan S; ses goûts et ses
actions, fit citer devant un juge de paix
.une fille publique à qui il avait donné un
assignat de 10 mille livres pour un de 5oo
livres. Cette femme dans sa défense exposa
N 4
500 Procomulat de Merlin de Thionvilîè.
qu'un des premiers hommes de la Répu-
blique devait être plus généreux que les
autres citoyens : d'ailleurs , qu'il lui avait
promis de faire sa fortune , attendu que sa
qualité de Représentant le mettait dans le
cas de faire des heureux , et qu elle regardait
c€ léger don comm« le premier effet de
ses promesses. Le juge de paix alloua le billet
de 1 0,000 1. à la femme , motivé sur ce que le
genre de plaisir que cette femme lui avait
procuré n'était' ni né pouvait être soumis
à une taxe : et il ne resta à Merlin que la
honte d'avoir rendu publics ses honteux
plaisirs , par cette démarche encore plus
avilissante.
Merlin , de retour à Paris , entretint la
St.-Rotnain , petite danseuse de l'Opéra. Ce
nouvel âccroissenieht de dépense l'excita à
faire l'indécente motion , à la tribune de îa
Convention, qui sôus l'apparence de la
crainte de la diminution du salaire des
Représentans , tendait plutôt à son augmen-
tation. <4 On parle de diminuer les indem-
n ni tés des Représentans du peuple , dit-
>5 il : je ne ferai pas ici le généreux , je
>5 dirai en franc républicain , que je suis le
jy mari d'une- femme malade (1) depuis six
(1) Cette femme , infiniment respectable , était
aveugle lorsque Merlin Tépousa , par l'appât d'une
Pfoconsulat de Merlin de Thionvilte. «oi
7f mois , et père de plusieurs enfans , je
99 ne rougis pas d'avouer mes besoins. »•
Après cette scène frappée au coin du
charlatanisme le plus impudent , Merlin fut
chez la St.-Romain insulter à la crédulité du
peuple que lui et ses collègues achevaient
de réduire aux abois , sous le masque de la
franchise républicaine. EfFectivementMerlia
ne tarda pas a se jouer de la misère publique
en afficlûint le luxe le plus marqué. Cest
au château du Rainci , cette magnifique pro-
priété de la maison d'Orléans , qu il Tétala
avec une impudence qui n a pas d'exemple.
Un nombre infini de voitures remplissait
journellement les cours de ce château , et
une table servie avec profusion , y recevait
un grand nombre de convives. Devenu pro-
priétaire du Calvaire, il prodigue les trésors
de la France pour Tembellissement de cette
maison. On cite à son sujet Tanecdote sui-
vante. Avant la révolution , il s'était pré-
senté au théâtre de la Montansîer pour y
jouer les troisièmes rôles dans la comédie :
se trouvant un jour chez cette Directrice, il
somme de 20,000 lîv. environ , qu^elle lui apporta
pour dot. Ce petit avoir ne peut pas permettre à
Merlin le luxe qu'il affiche. Il est ces personnes qui
doutent de la destination des voitures d'argen-
terie de rélecteur de Mavence , lors de la reddition
de cette place. ' -
202 Proconsulat et mœurs de Lakanal. '
luiditutvous souvenez-vous, Mademoiselle,
»i d'avoir refusé de me recevoir à votre
»j théâtre,pour.jouer dans la comédie? — Hé
»5 bien î lui répondit la Montansier, je vous
3 5 ai refusé parce que vous étiez trop laid; je
55 vous ai rendu service , puisque vous, avez'
5 5 depuis joué un des premiers rôles dans
5* la tragédie révolutionnaire: vous y avez
55 gagné davantage, n'est-ce pas ? 55
Disons-ici que la Convention ne futquua
-sale tripot de tragi-comédiens; encore si
les membres n'avaient * été que ridicules^ :
. mais hélas ! ils furent atroces* Il n'y a pas ïe
mot pour rire dans Thistoire de leurs crimes,
on n en n'a pas le courage.
Sur le Proconsulat et mœurs de Lâkanâl.
i-'AKANAL , prêtre doctrinaire , Député du
département de la Nièvre , fut , tour-à-
tour , Brissotin ^ Montagnard du ventre,,
de la plaine , et c, , par^tout intrigant et
bavard insupportable. Il parvint à la fin à
à se faire envoyer en mission. On ne
peut lui reprocher d'avoir fait verser le
sang; mais dans le^ différentes missions
qu'il a rempli , il a déployé, l'appareil de
la puissance avec un faste qui annonçait
son orgueil et son ineptie. A Bergerac^
Vroconsulat et mœurs de LakanaL 2p3
département de la Dordogne , à Chantilly
et autres lieux , on le vit toujours marcher
entouré de canons et d'un corps de troupes
composé d'infanterie et de cavalerie. Son
but n'était pas d'inspirer de l'effroi. II
aimait le bruit; il jouissait au milieu du
tumulte de tout genre. Il se plaisait aussi
I beaucoup en voyant l'inquiétude se peindre
sur le visage de ceux qui rapprochaient,
• Connu sous le titte de Montagnard , on
- n'osait l'aborder qu'en tremblant, A
Chantilly , il s'est rendu coupable de spo-
liatures en tout genre.
Il fait une fois appeler des prêtres mis-
sionnaires ; après avoir jeté l'incertitude
dans leur âme , il feint d'écrire l'ordre de
leur arrestation. Tenez , leur dit-il , à la
fin : lisez ; je vous ordonne de vous
retirer tranquillement et modestement :
allez prêcher l'Evangile ; allez prêcher
l'amour de la République. Ce trait qu'on
peut traiter d'espièglerie ne sert qu'à dégra-
der le caractère du Législateur; mais du
moins ce Proconsul s'amusait plus inno-
cemment que les CoUot, les Carrier-, les
' 'Lebon , et c. " "•'''-'• "> .- ♦
' " Son cœur s'enflammait facilement à>la
* vue d'une jolie femme. Une foule d'ânéc-
•' dotes en ce genre pourraient figurer dans
- un roman. Nous n-'en citerons qu'une
S04 Proconsulat et mœurs dç LakanaL
pour montrer que Tamour , chez lui , dégé-
nérait en lâche tyrannie.
Epris des charmes de la fille du concierge .
du Jardin desFoliés-de-Cïiartres , à Mous*
seaux , il s aperçut qu'elle nourrissait un
fond de mélancolie dont il voulut savoir It
motif. Il conçut que Tamour pouvait bien
en être le sujet. Vous paraissez , lui dit-^il
un jour , recevoir mes soins avec répu-
gnance. Vous aurais-je offensé ? Mon inten-
tion cependant est de vous épouser. Cela
ne se peut, lui répondit avec candeyr
cette jeune fille. J'ai un amant , je lui iBti
promis mon cœur. Rien de plus naturel ,
répliqua le caffard ; pourquoi ne me Tavez-
vous pas dit plutôt ? Mais dites-moi : Est-il
à Paris ? — Monsieur , je ne puis vous le
dire , parce quil est de la réquisition.
Lakanal lui offrit alors ses bons offices
pour lui faire rendre son amant. Cette
jeune fille , trop crédule , lui confie le lieu
de sa retraite. Aussitôt Lakanal le dénonce.
Heureusement le jeune homme averti à
tems , avait quitté sa retraite à l'arrivée des
jannissaires commandés pour le saisir.
Lakanal , outré du peu de succès de cette
démarche , fit le lendemain une sortie vio-
lente contre les jeunes gens de la pre-
mière réquisition , qu'il traita dépolissons.
Cette indécente sortie ne satisfit point sa
À
Crime du Proconsul Lecarpentier. 5io5
colère. Il fit ses efforts pour faire évincer
le père de sa place de concierge ; mais la
Commis^on d'Agriculture et des Arts ne
voulut pas partager finfamie de LakanaL
Ce Prêtre ignare et immoral a presque
toujours été chargé de la partie de Tins-
traction publique. Il est aujourd'hui
Membre de l'institut , place qu il s'est
procuré en allant chez tous les savans pour
mendier leurs voix.
O J. Jacques ! Si les morts sont sensible»
aux outrages qu'on leur fait , que dois-ta
penser en apprenant que le, prêtre Lakanal
se porte pour ton éditeur ? La Fable de
ÏAne chargé d'or et de reliques ne Ta poin(
guéri de ses-sottes prétentions.
O mon .pays ! à quels plats Tyrans étais-
tu donc réservé sous tous les régimes ?
Crimes du Proconsul Legârpentier.
Ce Député Montagnard , l'un des Agens
les plus actifs et les moins scrupuleux du
Comité de. Salut public , eut , pour sa part,
trois Départemens à purger de leur popu-
lation , celui de la Manche , celui de Flsle
et Vilaine , et celui des Côtes-du-Nord.
A Cherbourg, il arrive la nuit. Il débute
par se faire rendre compte des mesures^
2o6 Crimes du Proconsul Luatpentief^-
qu on a prises contre les suspects. Ils sont^
tous en arrestation , mais les Sœurs-Grises ,
font encore leur service dans les hôpitaux* .
Il chasse ces femmes utiles à Fhumanité. Il /
incarcère celles qui ont refusé le serment
civique. ASaint-Mâlo, se ihettant au-dessus--
de la loi , il ordonne des visites domici-.
liaires pendant la nuit.
Les prisons sont pleines ; il ny. a plus de
place. Lecarpentier va bientôt en faire. Il
fait trier les détenus.. Ceux qui. ne sont
que suspects ,\resteront dans leurs cachots ;
mais la guillotine réclame les prévenus de
fédéralisme et de conspiration. Lecarpen-
tier eût souffert de laisser le bourreau un.
seul jour oisif.
Même conduite , même amour pour le
sang humain , et le régime révolutionnaire
à Coutance.
A Port-Mâlo , presque toutes les classes
de la Société passent par son épuratdire,
nobles et prêtres , riches et pauvres , admir
nistrateurs et citoyens privés. 4« À votre
exemple, écrit le Proconsul Lecarpentier au
>5 Comité de Sûreté générale ,- j'ai appé^^
55 satiti , pour ma part, le poids de la jus-
»? tice nationale. Je nai fait grâce à per-
55 sonne. >» Ses proclamations englobent
tous les états. Ses' atrêtés sont tous des
arrêts de proscriptions et de mort. Celui
f
Révélation du conventionnel Julien. 207
du 1 1 prairial, an 2, ( 3o mai 1794), porte
qu il fait au Comité de Salut public , un
envoi de 29 détenus , pirmi lesquels le
misérable comptait douze femmes. Foilà
du gibier , s'écrie-t-il , en voyant partir ces
malheureux*
On cessait apparemment d'être homme
du moment qu'on devenait Proconsul,
RÈY ÈLATiOK du conventionnel Julien
( de Toulouse. )
Julien ( de Toulouse ) , Ministre protes-
. tant , se montra à la Convention digne de
la robe noire qu'il portait avant d y entrer;
îl fut Tun des persécuteurs du culte et des
prêtres catholiques, et ne valait pas mieux
que ceux-ci. Charlatan plutôt qu homme
public , ses mœurs privées étaient loin
d'être pures et conformes à la réformation
dont il tenait état avant d'être député. Il
fut décrété d'accusation comme complice
de Chabot, Delaunay (d'Angers) et Basire,
accusés de trafiquer de leurs opinions poli-
tiques ; il parvint à se soustraire , et ne re-
parut qu'après le 9 thermidor. Malgré les
éfForts qu'il fit pour répondre aux impu-
tations graves dont on le chargea , son
mémoire rie le justifie pas , sans doute ; maig
2o8 Révélation du conventionnel Julien.
il révèle bien des iniquités conventionnelles 9
dont rhistorien^oit faire son profit. On ne
saurait que très-peu de choses , saris les indis*
crétions et les récriminations des scélérats ,
se démasquant eux-mêmes tour-à-tour. Nous
apprenons d'abord dans le mémoire de
Julien ce que nous savions , que Robes-
pierre aspirait à h, dictature; mais on saura
que Chabot s'était rendu le bas-valet, et en
quelque sorte l'exécuteur des desseins de
Robespierre. Le Capucin écrivait ainsi à
r Avocat d'Arras : << Robespierre , toi qui
55 chéris les patriotes , daigne te souvenir
9î que tu m'as compté dans Ifeur liste ; om
5j j'ai toujours marché derrière- tbî dans le
j9 bon chemin ; ne m'abandonne (1) pas à
55 la fureur de mes ennemis , qui sont les '^
99 tiens , n'en doute pas. N'oublie pas, sur-
»> tout , que je suis malade au secret , pour
99 avoirponctuellementexécuté tes ordres. «
a C'est d'après ton conseil , dit-il autre
55 part au Tyran , que je crus devoir taire
99 quelques faits dans ma déclaration , qui«
9 9 cependant , serviraient aujourd'hui à
99 mettre les deux Comités en garde contre
99 les manœuvres de la faction. 99
Du fond de sa prison , Chabot entretenait
(i) Ne dirait-ron pas d'une parodie du Patir
nosUr,
îiivélatîon du conventionnel Julien* 209
là correspondance la plus active avec Ro-»
bespierre. Celui*ci dirigeait Jcs accusations ;
et Chabot , pour se conformer à ses intén4
tions , lui m?irqu'ditqu il fallait décréter d'accu^
sation les fuyards. Il fallait , pour se concilie^
la bienveillance de Robespierre , lui présen*
ter la tête sanglante de ceux dont il avait
juré la perte. '
Julien nous apprend , entre autres parti-
cularités, qu Amar, dans son rapport > ad
tojet de Tâffaire de Delaunay ( d'Angers ) ,
Conclut à l'accusation de ceux désignés dans
ce rapport ; cela allait de droit , car il était
en principe reconnu qu'un Député mis.eii
arrestation , était déjà condamné , ai^isi
que tous les individus arrêtés comme sus-
pects. Si , une seule fois , ce principe ne
s'est pas réalisé , il est à croire que les 7 S
n'ont survécu à leur arrestation que par
tin rafinement de barbarie.
Poursuivi d asyle tîn asyle , Julien ( dé
Toulousiê ) prend le parti de se rendre au
Comité de Sûreté générale ; il était déjà
dans Fintérieur du local , lorsqu'il apper-
çoît un de ses collègues qui en sortait. Ce
Représentant lui dit , en le voyant : «< Où
f f vas-tu , malheureux ? Tu cours au sup-
>5 plîce. — Vâ-t-en. — Eloigne-toi de ce
T^ séjour de mort — Mais je n'ai
ff rien à me reprocher , lui répond le tar-
Tome VL o
i
819 Révélation du proconsul Julien^, tU.
5J tufFe Ministre protestant. — N'importe i
î5 ta perte est résolue , éloigne toi. jj Les
absurdités les plus manifestes , les choses
les plus frivoles donnaient lieu selon lui ,
aux plus terribles accusations.Telles sont les
prétendus complots de fédéralisme qjiii ont
fait vetser tant de sang innocent ; Timagi-
haire conspiration des prisons qui a donné
lieu à un rapport , écrit en lettres de sang ,
et, a fait extraire des nombreuses bastilles de
Paris , une multitude infinie de malheureux
détenus , pendant plus de six mpis , pour
àvoir^ voulu assassiner le Tyran depuis
iipan. • .
; ISIjous apprenons encore , par les soiiis de
julien, que Vadier écrivait à un de .^s
agens à Toulouse , de ne rien négliger pour
perdrt les prévenus de fédéralisme . et (Canti^
maratisme\ qu'au 3i mailles choses étaient
portées au point qu on empêcha les députés
dénoncés de parler pour leur défense à la
tribune de la Convention ; que les suit^es
des évènemens de cette journée* n'appar-
tiennent qu'à ctna qui en furent les auteurs
secrets , qu'à ceux qui forcèrent la main
à la majorité de la Convention ; (\ixHenriot
voulait tout engloutir , etla Commune cons*
piratrice sauver seulement quelques-uns dt
ses partisans ; que Robespierre se plaignait
couvent de ce qu'on palliait les crimes sup-
Crimes de V ex-conventionnel Dupin. 211
posés des prétendus fédéralistes; qu ainsi
|)lusieurs de ces êtres malheureux ont été
cruellement trompés dans la suite. Il dé^
clare encore que Vadier leur fesait dire
d'être tranquilles , et les fesait guillotiner*
Ces révélations de Julien ( de Toulouse)
sur les menées des Montagnards , dont il
était Tun des coriphées , sont précieuses
pour Thistoire.
Crimes de Dupin . membre de la Convention ,
• et ci-devant Contrôleur-général des Fermes.
Xj£ crime capital de ce Montagnard , est
d'avoir provoqué le supplice de Sa pères de
famille.
- Mais , dira-t-on , c'était des Fermiers*
généraux.
■ Eussent-ils été des scélérats , fallait-il les
envoyer à la guillotine sans les entendre ?
Dupin , la cause première de ce grand forfait,
en a fait laveu solennel dans cette même
tribune de la Convention , où il avait de-
mandé renvoi des 32 prévenus au tribu-
nal révolutionnaire.
L'afiaire des malheureux Fermiers-géné-
raux est peut-être Tune des plus exécrables
qu on ait à reprocher à la Convention* Sa
conduite, dans cette circonstance, fut des
02
«,i 2 Crimes de f ex- conventionnel Dupin.
plus viles et des plus atroces. Jamais peuple
de ce tems n'eut pour le gouvernement un
Sénat plus corrompu et plus sanguinaire»
Cambon , Dupin , les deux Comités de Sûreté
générale et de ÎSalut public , et toute la Conr
vention, la Convention entièye , offrent ici
le spectacle le plus dégoûtant de la perver*.
site humaine. ( Voy. le Tabl. n^. 3 , tome 2* )
Les Fermiers- généraux n ^talent pas ^ans
reproches, (i). Beaucoup d'entr'eux se mon-
trèrent d'avides concussionnaires , et ne
contribuèrent pas peu à creuser ce déficit
qui amena la révolution. La justice nationale
avait des droits à exercer sur leurs fortunes ,
et peut-être sur leurs personnes ; mais fallait?
il s'y prendre ain&i ? Uhp rentrée de 2oa
millions , annoncée paY Cambon , devaitr
elle être la miçe en jugement des Fermiers-
généraux ? Devait-on violera leur égarc^
toutes les règles de la procédure criminelles ?
Dupin , alléché par Todeur de porte-feuilles
bien garnis de çè3 millionnaires , devait-il
dégrader son tiçre auguste de Législateur ^
^u point de devenir le plus suspect des
-*r ' ^ i . ■' ' ■' "!■■ '•' !"'.'" ' " ' ■———<>
(i) Le malheureux Lavoisier, quoique Fermier»
général , n'avait rien à se reprocher ; son plus grand
crime fut d'être l'ami des sciences , et le premier
chymiste de l'Europe. Là France de deux siècles ne
réparera cette perte , malgré les prétentions .dé
•Fourçroy.
Crimes du proconsul Lejeune. 1 1 3
dénonciateurs , le plus vil des brise-scellés »'
et le plus plat des agens de Robespierre? Et
cette Convention qui décrète tout ce qu ort
veut dans la crainte de déplaire au Comité
de Salut public ; qui croit en être quitté
pour- faire imprimer le repentir de Dupin ,
couvert du isang de trente-deux pères de fa-
mille , et les mains et les pochés pleines dé
leur or,. de leurs bijoux , de leurs billets au
porteur !... Sainte Liberté, il faut que tu aies
bien des charmes pour conserver des adora-
teurs après tous les crimes que des monstres
ont commis en ton nom.
Crimes de S. P. Lejeuxe , Membre de la
Convention.
D'A B O R D très - modéré , ce Député ,
bientôt après ne respira plus que le sang \ il
fabriqua une petite guillotine avec laquelle
il s amusait à couper des têtes d'oiseaux et
de poulets ; il avait sans cesse sou^ les
yeux cette guillotine , placée sur sa tablé
dans sa salle à manger , ou dans sa chambre
à coucher , ou dans son cabinet. \
Lejeune , décrété d'arrestation , ré-
pondit dans un imprimé prolixe , u que
n le fait était une calomnie atroce ; il y
n déclare en outre que jamais il n'a été
O 2
s 1 4 Crimes du proconsul Lejeum.
9 5.repaître sa vue du spectacle douloureux de
>5 la destruction d'un de ses semblables, m
n n'est pas dans notre intention de chercher
des coupables. Pourtant nier simplement
iinfait , n'est pas le détruire.
Mais on Taccuse d'un crime bien plus
grave , et pour sa justification , il avoue et
il imprime son aveu ; on l'accuse d'avoir
fait périr .des citoyens. •
Sa réponse est curieuse , quoique ban-
nale , et fait le procès à toute la Con-
vention.
44 On m'accuse de ne respirer que le sang,
parce que j'ai envoyé au tribunal révolu-
tionnaire , d'après des ordres précis et
formels , quelques hommes mis hors la loi.
Où est mon crime ? des Représentans du
peuple qui siègent parmi vous ( il s'adresse
à ses collègues ) n'ont-ils pas fait la même
chose ? Je n'ai été dans cette circonstance
qu'un instrument passif. Si je n'avais pas
obéi , n'eût-on pas dressé mon acte d'accu-
sation , et la Convention nationale ne
m'eût-elle pas envoyé à l'échafaud ?
5 5 De deux cents individus hors de la loi
dans les départemens de Loire et de l'Ain ,
où j'ai été envoyé, quatorze seulement ont
péri. Où est donc mon crime ? Si dans cette
circonstance , le sang innocent a coulé ,
j'ai tout simplement fait mon devoir. 5»
Crimes du proconsul Lejtunt. 2 1 5
n est facile tle répondre à ce Proconsul
«ans employer ces mots de providence éter-
ndU ^ de monstres , qu'on lit dans. sa justifi-
cation prétendue.
Carrier , Lebon , Maîgnet , et tous les
scélérats conventionnels , ont vouhi se
justifier , en répondant comme Lejeiine :
J{ous avons obéi ; il fallait obéir ou mourir.
En pareil cas , le devoir d'un Législateur
est de mourir plutôt que de faire périr
quatorze individus qui n'avaient commis
d'autres crimes que d'avoir improuvé la
journée du 3 1 mai.
Un Représentant du Peuple dont le pou-
voir fatal fait mouvoir à son gré'Finstru-
ment du supplice, et qui, sur sa table,
amuse les convives à répandre le sang dé la
volaille avec une petite guillotine , n'an-
nonce-t-ir pas ce caractère féroce , qui ne
craint pas de se jouer de la vie de ses sem-
blables? Cette barbare récréation eut cumulé
sur la tête d'un simple citoyen toute l'hor-
reur du crime ; mais il n'est point d'ex-
pression pour peindre le honteux avilisse-
ment où elle plonge un Législateur. Lejeune
en a senti les funestes conséquences ; mais
vainement , dans son mémoire soi-disant
justificatif, a-t-il cherché à éloigner l'incul-
pation de cruauté que ce trait élève de
toutes parts contre lui. Lejeune ne sera
O 4
$ i6 Crimes du praconml Lejeuni^ >
jamais regardé que comme un atrocci agent
des Décemvirs , qui peut-être n'eussent pas
couverts notre math,eureus,e patrie de tant
de deuil et de ruines , s'il ne se fût présenté
des hommes comme Lebon , Leje^ne et
tant d autres, qui ^ sous la dénpminatioii»
évasive . d'Agens passifs, se sont livrés à
toutes sortes, d'excès.
Lejeune ose bien invoquer la justice
divine en sa faveur. II ignore sans doute
que le cœur pur ose seul élever vers elle sa
yoij; touchante ; semblable à cet homme
couvert d'opprobre et de forfaits , qui
détom;ne en frémissant la vue de ; Técha-
faud(4^essé pour son supplice, le coupable
cheijcherà oublier l'idée d'un Dieu vengeur^
L'insensé ! détruit-Il ses remords? Lejeune ,
ton cœur doit être bourrelé par le spectacle
de« quatorze citoyens ,qu"e tu as sacrifié , et
oppressé par ce déchirant souvenir. Les
mots d'assassin et de bourreau ne se pré-
sentejit-ils pas à chaque instant sur tes
lèvres souillées de leur sang? Les ombres
du crime qui ombragent tes regards pexi-
dant la lumière du jour , ne te font-elles,
pas voir leurs cadavres sanglans et tronqués,
qui te disputent , pour ainsi dire , le passage ?.
La justice humaitie en épargnant tesjours ^
ne voulut qu'augmenter ton supplice.
Crimes de Duhem. 217*
Crimes de D u hem.
No u s ne ferons pas un crime à Duhem .
des malades qu'il a pu tuer , il u y a pas
encore de décret contre les médecins
ignares qui compromettent la vie des ci-
toyens. Mais il était écrit sur le livre des
destins , que ce Duhem serait le tourment
de la pauvre espèce humaine dans tous
les sens.
On n'a pas oublié la motion qu il fit à
la Commune daller briser ou incendier
les presses chez les Imprimeurs de Paris
suspectés de travailler en faveur des Brîs-
sotins. Incapable de détruire par le rai-
sonnement les principes de cette faction
où il y avait quelques lumières , Duhem
trouva plus court et plus aisé de rompre
le travail des Imprimeurs. C'est ainsi qu'en
agissait avant Duhem , le calif Omar , qui
ordonnait de brûler les bibliothèques.
En conséquence on vit à la chute du
jour y une horde de Jacobins réunis à des
fédérés , courir , le sabre en ^main , les
rues de Paris , violer lasyle du citoyen
Garncry , et rompre ses presses. On ne
trouve que la sœur du Typographe ^ on la
^m
& 1 8 Un mot' sur le proconsul Pocholle.
prend à la gorge pour la forcer de déda*
rer oif est son frère.
Mêmes atrocités furent commises chez
Gorsas , et rue Guénégaud. Ces attentat!
s'appelaient alors du patriotisme.
Duhem se qualifiait de républicain paf
excellence. Nous ne dirons ici rien autt'e'
chose de ce Député rentré dans le néant ,
d'où il n'aurait jamais du sortir pour .%t
montrer le persécuteur de la pensée , et le
violateur du plus sacré des droits et dès
devoirs de Thômme.
Encore un mot sur le Proconsul Pocholle. . •
Charles VII , Roi de France , fut un
Prince comme il y en eut tant d'autres ; il
vit Agnès-Sorel ,et se prit de passion pour
elle. Cette femme lui dit dans le style et
les mœurs du tems : <«Un Astrologue m'a
55 prédit que je serais aimée un jour par un
55 Monarque plein de vertus et de cou-
55 rage , de lumières et d'énergie. Charles,
55 vous n'êtes pas encore l'homme digne
5 5 de moi. Voilà que les Anglais envahissent
55 la France , y commettent tous les excès ,
55. et vous les laissez faire. Quand vous au-
55 rez repoussé l'Ennemi commun; quand.
55 vous aurez rétabli l'ordre dans les
Un mot sur le proconsul Pocholle. « i g
w finances de FEtat /venez à'moi ; je con-^
« sens d'être alors toute à vous. î> •
Les cendres d'une femme de ce caractère
méritaient sans doute le respect de la posté-
rité. PochoUe n'en tint compte. Nous
lisons dans les registres de la Municipalité
du canton de Loches , que ce Député , in-
sensible au souvenir de la belle conduite de
cette femme , sans égard pour ce qu'on
doit aux morts, viola l'asyledes tombeaux;
et d'une main profane , s'empara du crâne
d'Agnès-Sorel , en arracha les cheveux qui
y étaient attachés , et détruisit ce monu-
ment funéraire , propriété nationale , à
laquelle les étrangers ne manquaient pas .
de venir porter le tribut de leur admi-
ration.
Citoyen PochoUe , on ne viendra jamais
rendre hommage à votre cendre; mais
quelqu'un pourra bien écrire avec un
charbon sur votre bière : <« Là est ren-
)» fermé le corps de PochoUe , violateur
H du tombeau d'Agnès-Sorel. Cet homme
55 bas et cupide dispersa les restes d'une
55 femme , la gloire de son sexe. PochoUe
55 ne po'uvant atteindre à son mérite,
5 5 voulut s'en venger par ce lâche attentat.
>5 Passans ! bénissez le nom d'Agnès Sorel ;
>5 vouez à l'infamie le nom de PochoUe. 5>.
«20 Troconsnlat de DuboucheU
'■'..'' ■ ■ ■ I'
Trocomvlat de Dubouchet , dans le dépar-
tement de Seine-et-Marne.
C E médecin , Membre de la Convention ,
fut envoyé en mission dans le département
de Seine et Marne.
Il fallait voir ce Député toujours bien
coiffé et plusieurs diamans à ses doigts y
prêcher le sans-culotisme le- plus outre'
dans les termes les plus sales et les plus*
grossiers. Ce Proconsul petit maître , affec-'
tant les airs farouches d'un Montagnard l
allait en mission escorté de 4 à 5oo volon-
*taires , et fesait traîner à sa suite plusieurs^
pièces de canon. Arrivé dans une Com-
mune , il promulguait , avant tout , un
arrêté , ordonnant , sous deux heures , une
forte contribution; et lei? sommes levées
servaient à payer les orgies scandaleuses
de son armée révolutionnaire. Il en restait
quelque chose, sans doute , entre les mainS"
procon^ulaircs de Dubouchet. Mais qu'on
ne demande pas te qu'il gardait pour lui.
II. n'a jamais rendu de comptes. Cartouche*
était plus loyal ; en demandant la TDOurse ,
souvent il la partageait avec les propriétaires, '
et plus d'une fois il la vidait en faveur de
CtWL qui n'avaient rien.
Le médecin Dubouchet ne fut point
Horreurs commises à Dax. sîi
heureusement envoyé dans nos Départe-
mens méridionaux ; avec les goûts qu'ori
lui connaît , que de familles il eût saignées!
Du moins ne fut-il que concussionnaire.
Crimes commis sous le proconsulat de Pinet et
Cavaignac , dans le département des Basses-^
Ty renées et autres.
A Baypnne, on représentait une pièce
nouvelle. Deux Gendarmes ne pouvaient
trouver place. Rigodot , Tun d'eux , marié
de la veille , aperçoit une loge vide ; il se
la fait ouvrir de force , et demande la pa-^
rôle aux Spectateurs. «4 II est bien étonnant ,
dit-il , que sous le règne de Tégalité , il y
^t des privilèges. Cette loge était vacante;
on me la refuse , parce qu elle est destinée
aux deu5c Représentant qui arrivent ce soir
4 Bayonne. Je ne reconnais point de.Re-
présentans ici au spectacle ; à la bonne-^
çieure , chez eux , quand ils renden^t hu
justice.» 5
. H s'agissait de^ Pinet et de Cavaignac.
prévenus , sans doute , ils ne se présen-
tèrent pas à la comédie , mais ils se rendirent
à la Société des Jacobins pour y dénoncer
èur-le-champ les deux Gendarmes , . qui
(tirent arrêtés de suite , et peu de jours
1
22sr Horreurs commises. à Da^.
après , guillotinés , comme convaincus
d'avoir outragé la Représentation nationale;
Contraignons notre juste indignation
pour raconter quelque chose de plus atroce
encore.
Labarrère , prévôt de la Maréchaussée
de Dax , département des Landes , mis. en
état d'arrestation, avait une fille de 17
ans et fort jolie , demeurant à St. -Sévère.
A l'arrivée de Pinet et Cavaignac en- cç
Keu., elle court aussitôt solliciter là déli-
vrance de son père. Les deux Prdconsuls
la lui promettent. Demain , nous devons
nous rendre à Dax ; notre premier acte
de justice sera de te rendre l'Auteur de tes
jours.
La jeune fille leur marque sa vive recon-
naissance , et ajoute qu'elle va faire le
voyage de Dax tout exprès pour receveur
son père dans ses bras.
Cavaignac lui propose de la conduire
dans sa voiture. Elle l'accepte. Le monstre ^
en route , exige d'elle le prix de la rançon
de son père....
. Ce n'est pas tout. L'infortunée attendait
le surlendemain , chez une amie , l'effet des
promesses qu'on lui avait fait acheter si
cher. Un tambour se fait entendre y c'était
à Dax l'usage. On conduisait à la guillotine
au son du tambour. La jeune fille met IdL
• . Atrocités commises dans la Vendée. I2s3
tête à la croisée..., O crime ! ô désespoir !
on menait son père à Téchafaud. Elle
tombe évanouie ,et ne revint à elle que pour
ft'écrier : Les monstres ! ils m'ont violée
en me flattant de me rendre mon père !....
Une répugnance invincible nous fait
passer sous silence une infinité de traits
pareils. Nous aurions de quoi en faire plu-
sieurs volumes.
Atrocités commises dans le département
de la Vendée et autres circonvoisins , sous
les proconsulat de Hentz , Franicastel ,
Ingrand, Richard, Chuodieu, Lequinio ,
Laignelot, Phelîppeaux, Bourdon (de
rOise ] , Goupilleau , Thurreau, Ruelle ,
Cavaignac , MéauUe , Bourbotte , etc.
vJn devrait peut-être remonter jusqu'à
Mirabeau, pour trouver la cause pre-*
mière de cette épouvantable guerre civile
tt religieuse de la Vendée , où l'on répandit
plus de sang que la rivière , dont ce Dé-
partement porte le nom , n'a fait couler
d'eau jusqu'à présent. Mirabeau n'était pas
de bonne foi , quand il rédigea et fit dé«
crétcr une constitution à part piour le
Clergé. Il avait trop de lumières pour
ignorer qu'il était d'une bonne politique
de ne faire aucune mention du culte , et
de. ne point s'occuper sépaïément de» mî*
««4 Atrocités commises dans le département
nîstres de la religiou ; mais ce moderne
Machiavel prévoyait que la constitution
civile du clergé servirait bientôt de pierre
d'achoppement, et deviendrait une pomme
de discorde.
Le serment exigé , pour son exécution ,
mit le comble aux désordres , et fut comm^
la torche incendiaire qui causa le premiéf
embrasement de la Vendée. L'Assemblée
constituante commença le mal par son
imprévoyance , la législative lé consomma
par son ineptie. U était tems encore
d'étoufFer ce germe de dissention civile ,
lors du rapport des C6m,missaires envoyés ,
au mois d'août 1791, dans le départejmçnt
fanatique de la Vendée. Sans reculer d^cv^nt
la superstition, il ne s'agissait que d'en
détourner la vue , et de laisser libres dabit
leurs croyances et les actes de leur Foi , dci
milliers de bons Poitevins qui , à ce prix i
pussent continué à payer leurs imposition» ,
et même à prendre de rattachement pour I9
RépubliqMe.. Jamais ces hommes bornésr,
mais labQ\*içu3^ , n eussent souffert que lès
Anglais vomissent parmi eux de$ légiona
entières qui furent bien reçues ^ patoQ
qu elles parurent ne débarquer que pont
venir au secours de IpuyS autels menâtes ,-
et de leurs prêtres persécutés. Le Gouver-
nement britapliicjueprQfiîft^aveq S2i perfidici
\
de la Vendée^ et autres circonvohinSé^'- SSî5
ordinaire-, de cette faute capitàté'*dti^
Gouvernment Français , et conçut des*
plus «ini^tres projets i tant qu il eut un pied'
clandestin sur - notre tèrrîfoire, • : ' . * r? ; . ♦
La sécoi*de législatuiîé- ne prît aucune*
déteraîin|Lti4^n sage pfôiir'rassfurtr les âmes»
faibles , et- calmer lefertrièïit que ffilétoHsF
ennelniâ 'a\aîent* jetés; - tl fallait '-sur-tôub
enlèvera la^hoblèsfe^ et/au clergé tout pré-
texte d^gitatîon. - 'j^i- / *
La Convention dotitlc système était tJf
tout détruiré pour rèjgher ^clù^vëtnènt /
loin dafrêter le mal- à sk- naissance ,• s^ém-'
pressa avec une perfidie' îitrôeëvde-fiftWnîr^
eïle-înèitté les brandons ^rtéteisSâlt^èsî j^dur
iaceiidiet ces roûlfeeïitîeasès^ cduttéW; jf^ê^
com«a*idement d^ïiné à'^ùb^-Dlifiayé^
semblait sUinoncer iiftë't^^ndûité tôtitô-iôpï^
posée: Ce Général se côndmî^Tt avec autârit?
depnideQceque de patrk)tism^Ë,r Sahs^céi^.
férir ^ â^éîrl^s seuls àrmiCs delà persriafeSfé^fiV
on lê^i«î faire rêhtrép'dâns4a«ôuMÎ!5>*toft-âtl#
loisdtsJa^R^Ubli^e f céifl^^'ifuî ^araissaiéni
d%abbrd- leis^^plu^ àîdlJatH^cdhttr'elié. Kfaîi!
ce n'était -^as le côtn'ptè^ 'dès Jacobins d'é^
Part» V des généraux -tènS^riSèto ne' coifi^
\nena:ieAt point à leurs .vtrés,- il -i^eflr felfcîît*
des 4iamtnes: ignares et des' bôutrètttfx i^hyii?
niâttre* a efcéèution ' aveuglement efe âânîP
toute leur atrocixé Icte^décf^Mî-^ail^âairèS^
Tome VI. p
S26 Atrocités commisesdam le département
et destructeurs qu ils fesaient rçndre. On
qualifia les Vendéens de brigands : cette
dénomination fausse €^perfide fut peut-être
la première source de toutes \t$ i^alamitéa
de ce pays infortuné. Comme, pfi s'y at-
tendait, cette mésujte. accrut le . parti, des
méâontenS) et fournit un texte au^&.sensiens
incendiaires des prêtres y appii|yé« par les
nobles, a Vous voyez jaien , direnHlsauK
55 habitansdela Vendée ,.quW yeqt vou»
w ,trâi^r^ en bn^ind^&vec lesqjuf}^. pq ne
99 ménage rien: si ypi^s ne vou^ défendez »
9^ vous alle^ être i volé S:, violés. 1 noyés , in-<
çendiiés , égorgea. >> » >
..|La nouvelle des affreuses journées de
septembre vint, m,ettre le comble à. la rage
4es.Vend^riSb 11$ crurent, devoir s'armer
jusqu'aux dentç pour défendre leurs ptêtres
et leurs autels« Ab commencement de cette
guerre, affreuse, on avait vu jusqu'aux
fGrSQ^e& des- nobles prendre Tépée et çom-
battrp-ppuçr leHi^-'palirohemins^ et;pQur le
T^rçit^e» Ce i^tbien pi^ sous la GonvcntioïK.
]|§syenclé|&ii> né furent plus re!d0ini4issalilest,
eux qu'on avpit vu traiter avec des égards
les volontaires, de la Gatde nationale %
échaetger leurs :a^ignats- contre -dk l'argent
et û^ renvoyer. sur iewpîur.olè, apr^M^aivoir
^& 4'^ux la proo>ess9:4e. né point com^
delà Vendée^ et autres circônvoùin$. 927
Msus la Montagne qui n'était pas assei(
généreuse pour rendre justice aux vertuf
de ses ennemis, dans sa politique infâmci
et mal-adroite , après le 3 1 mai trop fameux,
fit poursuivre et arrêter ceux qui racontaient
naïvement les bons traite mens qu'ils avaient
reçii3 dans la Vendée. On opposa à ces rap^*
ports des imputations ridiculement atroces ,
pour aigrir les partis , àu^lieu de chercher à
les réunir ou du moins à les calmer. D^ns
tous les JQurpaux vendus à la faction de la
Montagne , ainsi quç d^^ns les tribunes des
Jacobijqs ,; des Cordeliers , de la Com];nune »
et même de la Convention , on affecta de
débiter que les. Vendéens arrachaient les
yeux aux volontaires avec des tire-bourre >
^'ils les enterraient tous vifs. Malheur aux
incrédules i On en fit guillotiner plusieurs
pour Tcxemple. C'est ainsi qu on animait
tout le reste dç la France contre la Vendée ;
et c'est ainsi qu'elle devint le tombeau d'un
taillion d'hommes. Les Vendéens , ca-
lomniés , réalisèrent par la suite les atro-
cités qu'on leur prêtait : ils firent plus , ils
payèrent des volontaires nationaux pour
commettre des meiirtres , afin d'allonger la
Uste de leurs forfaits , et grossir le parti de
l'opposition au récit de ces horreurs.
Les prêtres souriaient entre eux de tous
ces désordres , et poursuivaient leur plan*
- P 2
îsS Aïrocités^cammises dans le dépârtenittit
Abusant de la crédulité des femmes ; ils
J)àrç6ura:ient les xâttipàgne's , afFuWés" de
Mrrs 'hatbits dé catàctère', ét'uri'St.-Sàcre-
merit à la main. Us fchkhtaîent la*inesse à
la tête des pelotoftVarraés, et disaient 'au*
épouses des combattant t u Sî; ^cyS' maris'
ii' meurent sur "* ïè^ champ' ' dé '■ Bàtkffle ,
99 consolez - VOUS ,'âriïes cathçJlïcJiittV As^
yi vous seront rehdus ati^bdliiî *dê^ trois
>>' jours ; Dieu fera Un mîràîde^'potiï-VôusJ
jS- Gm^rsaiitifes-fcm-Àiyst v6^ ttïâîfli ; ttibfc^
^V pour la sainte E^ijë, ressusciteront (i)^
y^' àu^bput de trois • îottrs ïv If arrivait dfe-
r.':"- • 'T" .'"'^ • . I 5*> '^li- .'■•■ îi»
ten
'espoir qa'il,ressiiscitéràu d^s inr'éis fôuVs.
de ce , teins sa voisiue arrivfii, ct<«e, plaiiit;;?.dé: la mau*--
vaise odeur qui règne daçis p maison. La .veuve luL
confie Qu'elle provient du xadàvre de son mari,
qu'elle avait conservé dans Pespoiri^u'il se rânïine^
mitv mais que le te'rme étant expiré", ^dU&.ptesseft'v
tait qu'il. n'était pas^*no.rj en état degrâci^, et que «y
résurrection n'aurait lieu que dans un an. ^
.Un ciiltlvatèur étâit'àâhgereusement blessé, il ^cr
traîne avec grand peine vers sa chaumière.- Safemme
vient à sa rencontre , et li^j prête ^oi^bças: pour l'ai»
der à parcourir le. peu (ji^,^çhcj;nin^\\i. ùji jçstç.;
Arrivés à leur demeuré , il se "plaint à sa femme dès
douleurs qu'il éprouVe f et lui dit qu'il craint d'é-
prouver, une longue agoàie. Le* seul terme à sea.
maux , c'est la mqrt , et^qu'elle doit s-'apprêter à la
lui donner, afin çle hâter l'instant de sa résurrection :
iTètfeoialhcureasê-rinvrtfei' s'acquitter de ttrâî îii»
de la Vendée, et autres circonvohin^ ssg
là que les femmes elles-mêmes forçaient
leurs maris à prendre les armes. Les plus
pçitrqris ou les plus pacifiques étaient
obligés de marcher au nom de la religion
de leurs pères- La Vendée et la Convention
fournissaient , chacune de son. côté , des
scélérats prêts à tput : Tune avgit.ses nobles
et ses pire très ; Tautre ses généraux et ses
proconsuls , triés par le Comité de Salut
public.
actes que "prescrivent la religion catholique ; et à
peiné a-t-il achevé , qu'elle le tue.
: Une jeune tille, non moins crédule, ne quittait
point le chevet de son amant , qu'une maladie de
langueur consumait depuis quelques mois ; sur le
point de le voir expirer , elle se rappelle cette pré-
tendue résurrection. Il ne s'agissait plus que de lui
(lire donner la mort par les troupes rép.ublicaines ;
quelques coups de fusds qu'elle entend dans le voi-
sinage , l'avertissent de leur approche. Elle apper-
çoit e£Fecnvement quelques soldats ; tWt saisit un
arme, fait leu sur eux , et s'échappe par une. porte
de derrière, dans les bruyères voisines. Au co|ip de
fco les soldats accourent vers cette maison , en en-
foncent les portes , et massacrent ce fcune homme.
Qoelcmes heures après la jeune fille revient au
logis de son ajnant , le trouve mort. Elle ferme soi-
^ensement la porte ; le second jour elle met sur
une table, à côté de son lit , quelques provisions.
Le lcndeinaiiv5oir elle arriveàbas bruit; elle écoute;
elle appelle , un profond silence règne dans Tin-
térieur. Elle revient encore le lendemain , dans la
confiance qu'il sommeillait; mais la putréfaction qui
fesait déjà ses ravages, Tavertit que son amsnt était
peidu. ponr elle
P 3
àSb Atrocités commises dans le dépdrttméht
Les décrets sur la Vendée sufBraient
seuls pour faire ïe procès à la Convention ,
qui donna à ce département le nom de
vengé. C'était le département exterminé l
qu'il fallaitdire.il faudrait condamner tous
les Membres de cette Convention à par-
courir ces malheureuses contrées , pour y
t^nir registre de toutes les réclamation^ , dé
toutes les malédictions dont elles retentiront
encore long-tems.
La Vendée ne fut pas la seule"* sacnfiéc
au système affreux de la. Montagne :.le>
départemens de Mayenne , de Mayenne et
Loire , des Deuît- Sèvres , de la Charente-
Inférieure , et plusieurs autres encore par-
tagèrent ses malheureuses destinées.
Une partie de toutes les atrocités que
nous allons dénoncer à la postérité , le fut
dtu Comité de Salut public : mais cons-
tamment sourd au cri de Thumanîté , il
avait arrêté , dans son horrible politique »
de faire ^exterminer une moitié des Français
par Fautre , pour réaliser ce partage de*
terres réclamé par Chaumette. Chaque fois
qu'on^ apportait la n^ouvelle d'une cxterr
mination d'un grand nombre de familles »
alors de féroces brava éclataient de toutes
parts ; à la Convention , à la Commune ,
5ur-tout aux Jacobins et aux Cordeliers*
On distribuait des listes mortitaires ^
de la Vendée^ et autres circonvoisinsi s3 1
comme s'il eût s'agit d'étrangers, armés
contre la France. Et cependant c'étaient
des frères qui s'entr égorgeaient ; et l'oii
remarquera qu'il périssait autant de Ré*-
publicains que Me Vendéens.
Dans les différentes armées que nous
connaissons sous le nom de troupes de la
Vendée , on comptait une infinité de
femmes , la plupart ex-nobles , qui , dans
plusieurs occasions , donnèrent les preuves
de la plus grande intrépidité. Ui:ie soeur de
Lescure , à l'affaire de Thouars , le 14 sep-
tembre 1793 , fit le service d'une pièce de
huit, pendant une partie de l'action ^ et
ne quitta ce poste qu'avec la vie. Une
femme , dont nous ignorons le tiom , com^
mandait un corps de troupes à l'affaire de
Gesté.^ On la vit rallier ses troupes pendant
trois fois , et les ramener autant de fois au
combat, en chargeant elle-même à leur
tête. Un coup de feu renversa cette héroïne
sur le champ de bataille.
Ces traits de valeur mériteraient sans
doute notre admiration , si on ne voyait
quelques-^es de ces femmes , se dépouiller
ensuite cette sensibiHlè , le plus bel appa-
nage de leur sexe , pour savourer à longs
traits le plaisir de la vengeance. Les mal-
heureux prisonniers étaient fusillés de part
€t d'autre; elles s'offraient pour être les
P 4
i3^ Atrocités commùisdam le dipàttement
à^s.instrumens de leur 'supplice v eUcs -ap-
plaudissaient à i mhumation. -de .ces; iinalr
béù reîix:, doiu Us cris plaintifs annonçaient
■encore- un reste: d- existence. . :. /j.
Le trait suivant est d'une atrocké, si réflé-
chie , qu;t)n le jugera sans peine inspiré par
i aveugle, fatiatisme^. Deux jeun«eSvfille5^ sont
fcondiiites au général Duhoux ; ^ elles -lui
;d£mandent Thonneur et la vie. Ce Prépubli-
:cain.,Hjouché:de leur jeunesse. et de Fait
ïd'hooBeteté-quillit sur leur physionomies
Id&cïenvtdie à leiiT habitation ; pe^ éloignées
îayecuixeoortbreust» escorte. EUeg invîtcnst
leur&pacotècteurii à sCi rafraîchir.; quelqu^s-
omâ acioeptent. 7 La colonne républicaine
-avait à peine: défilé ^ qu'elles font entourer
déur inaison par une foule de Viendéens , et
jvioieffliLtf massacrer de sang-froid. teux qui
javaieîlt.protégé leur vie;et leur, hoiiuèur.
Ces deux jeunes filles , qui ^ par Ja: suite >
joûtétè guillotinées., montrèrent une grande
fermeté devant leurs juges.
: . Suri la route d'Harney» à Lav^l , ;des. Ven-
déens arrêtèrent un volontaire. . qui rejoi-
gnait spix çorp§ ; ils lui coupèrent les pieds
et les mains, lui' crevèrent les yeux , le per-
cèrent de plusieurs* coups , et le laissèrent
expirer sur la; route. . ; ..
Un Vendéeuicultivait son champ , ayant
son iiisil à;ses côtés \/û apperçoit un volonr
: de la Vendée , et antres circonvoisim. 233
;taire , le couche en joue et le tue. De retour
.chez lui , il .dit : et Ma foi !.j ai tué un bleu. ?:»
Ccst ainsi qu ils appelaient les volontaires»
:Sa femme lui dît : <* Mais , il fallait donc
j> Je fouiller. Allons-y ensemble. 5 9 Arrivés,
quelle. est leur surprise de reconnaître leur
enfant, dont ils ignoraient le sort depuis
long-tems !
JLors de. la prise de Fougères , ils for-
cèrent le Maire à crier plusieurs fois i.vivt
le iRoi ! en lui promettant la vie : néan-
moins, ils, le fusillèrent en présence de ses
concitoyens.
-A la Roche-Servière , lerf Vendéens en-
terrèrent un fils vivant sur le cadavre, de
son père assassiné.
Coquerçau , chef des chouans , fesait
«arracher les yeux à tous ses prisonniers,
ensuite on les. perçait de mille coups.
Au mois de brumaire ^n 2 (novembre
1793) , les chouans arrêtèrent la diligence
de Nantes à Laval: ils pillèreût les voya-
-geurs et les massacrèrent. Un jeune homme
iiouvelleftient ma;:ié , ayant été dépouillé
. à nud i éprouva les plus cruels traitemens.
Lep cris de sa, jeune, épouse fixèrent Tatten-
tiôn de ces fjanâjtiques ; ils la* mirent à côté de
iSpn époux ; et. ,: aprè^ lui avoir faitéprou-
fver des outrages sans nombre , ils 1^ massa-
cfèrjeçt sur. le, corps de. son, mari expirant.
«34 Atrocités commises dans le di^rttnipnt
Lés aftreuses lois de représailles, activé^
de part et d autre , ont produit des suppliée^
d'un genre nouveau. Les Vendéens avaient
traversé cinquante volontaires d'une corde
à puits ; cette corde , qu'ils agitent forte-
itient par les deux extrémités , fit périr ces
malheureux au milieu dWe longue et dou-
loureuse agonie. Quelques jours après , les
républicains font quelques prisonniers; ils les
précipitent vivans dans un puits, et pressem
leurs corps sous le poids des pierres et des
décombres dont ils le remplissent,
A l'instar du gouvernement républicain^,
la Vendée avah aussi ses tribunaux révolu-
tionnaires. Quelques citoyens , dont le»
noms ne nous sont pas parvenus , ont été
les victimes de leurs jugemens ; d'autres ,
par des réponses conformes à l'opinion defe
juges de ce tributial , ont évité la mort.
Le citoyen Duporruard , de l'Orient ,
ancien juge de l'amirauté , avait été nommé
au tribunal de Quimper : comme il s'y
rendait , il fut arrêté sur la route qui com-
munique à ces deux villes ; les chouans le
•firent descendre de sa voiture , lui ban-
dèrent les yeux, et le firent irtatcher pendant
une bonne demi-heure : il appréhendait
sans cesse <i'être massacré. Lorsqu'on liai
débanda les yeux , il se trouva dans ufi
appartement éclairé par des lampes. Six
de la Vendée , et autres cîrconvoisins* 235
personnes entouraient un bureau ; deux
d^éntre eux semblaient reipplir les fonctions
de président et de greffier. La porte était
éeenpée par des gardes. Le Président lui
âyâbt demandé ses noms et qualités , Fin-
terpeila de dire : <« SU avait occupé des
99 places dans la République. 99 II dit
»» qu oui. — Quelles places ? — Celles de
»» juge. — Pour quoi les avcz-vous acceptées?
» — Je n'ai pu faire autrement. — Etes- vous
fj républicain ? — Non. — ^Avez-vous acheté
»» des biens nationaux ? — Non. — Greffier ,
99 dit alors le Président , voyez si le nom
99 de Monsieur est inscrit dans Tencyclo-
«> pédie de la mort, m Le Greffier , après
avoir feuilleté un gros registre , assura que
non. «« On va vous reconduire à votre voi-
h tare , sous condition que Vous recom-
>» manderez à tous les amis du Roi d'idée ep ter
99 le plus de places qu ils pourront dans la
f9 République ; mais qu'ils n'achètent pas
M de biens nationaux. 99 Detix de ceux qui
siégeaient dans ce tribunal, vinrent alors
Fembrasser ; il les recoilnut pour être ses
tousins. Il apprit de leur bouche quils
jugeaient pour et au nom de Louis XVIIL
« Nous avons , ajoutèrent-ils , des pouvoirs
99 de lui. Si vous aviez été acquéreur de
99 biens nationaux , vous auriez été fusillé.99
fls lui apprirent en même tem$ qu'ils avaient
9t36 Atfoiités commises dans U d^purtmsnt
la liste de tous ceux qui a,chetaientj4e;-c^
biens. Ils avaient une cQr)re$po^d^nc^ ÇHÎviîë
avec toutes lestadministration^ dépaxtem^ni
taies , qiii'^ leur fes^ient passer presque- jg^i;
par, jour le .nom;des acquéreurs et^di^ ji^eps
vendus. On rebanda les ye.u?c au citoyei}
Duporruard , pour le freconiduire a, : sa
voiture. • •..« - . , \ j ..
\ Un autre particulier fuf arrêté sur. la
route de Nantes, et conduit dans une^chau?
mière où siégeait un tribunal. S'étant déclara
royaliste , et acquéreur de, biens, patiooajyxij
dans Imtention de lesïendr^[auxi pjfQjjyi^v
taires Iqrs de. la cpntre-i:éYRlutiQp ; Ûî /m
renvoyé. Ces juges, d',apr.ès diffé^rens vrapn
ports, déployaient moins de sévérité visrà-viç
lés acquéreurs des propriétés du clergé ,,qu4
regard de ceux qui avaient acquis celles
des Nobles, •• it
Les horrçyrs commises par une foule- de
scélérats qui déshpnoraientles afméeS;yé:Tj
publicaines , . pprten.t^ . ua. , caractère aiissi
atroce. Des Représeiïtans ., , parmi lesquels
on. nomme Hentzr et FrmcasUl^ en ^ sont
principalement responsables , puisque;. ^e
soût eux qui les ordonnèrent ou les approur
vèrent ; et ,;poMr prouver que la plupart d/ç*
ces faits ont été Touvra^ge du- Comité' 4iç
Salut jpublic , c'est quils ont été dénonkcés à
çe& Membres par douze commissaires. dp î^
delà Vendée et autres circonvoisins. ^ ^3y
Commission d'Agriculture , envoyés dans
ce pays pour y protéger les récoltes.
'Ce- iut d'abord 'à AngeïS ^ue ces deux
Proconsuls exercèrent lefir sanguinaire au*
torité. Ils se portèrent ensuite dans diffé-
rentes communes , selon que la soif du
carnage^ leur fit entrevoir ûs moyens de
Hétanchcn Cette ville , ainsi que celle de
Saumur , avait une Commissk>n militaire ;
$cs« Membres ne sfe nimitraient jamais en
public qu'entourés de' gendarmes ; per-
sonne ne pouvait les approcher. Les pré-
vsebus , à ce redoutable tribunal , étaient
diin^ un isolement affreux : leur procès
s^iffitmisait sans témoins ^;. et la faculté
consolatrice- d avoir un. défenseur officieux
leur «tait interdite. Si , parmi ces accusés ,
ifc-Ven trouvait, quelques t uns qui em-
ployassent pour leur ■ défense des moyens
▼ktoiicux ■,: deux juges - quittaient leurs
sièges , citaient •des'.Éiits atroces à la charge
dcs^ «accusée-, et? en attestaient eux-memei
Tauthenticité.. Us s'étaient frayes' de cette
manière mille chemins pour conduire leurs
victimes au bord de leur fosise^ Là , le plomb
meurtrier i mais pas. toujours homicide ,
nnversait le mort à côté du blessé ; une
couche épaisse de terre étou&ii Inentôt les
ctis de la douleur et du désespoir. Si quel'
ques-uns conservaient encore asses de força
s58 Atrocités commises dans le département
pour soulever cette mai^se de terré , et s'ils
tendaient leurs mains pour implorer le
secours de leurs concitoyens , un monstre ,
nommé Goupil , plongeait son sabre dans
les flancs des uns , et hiÊichait les bras des
autres ; il s'en retournait ensuite au son des
instrumens , qui jouaient Tair çn ira ; et en
criant vive la République ! il montrait soil
sabre tout sanglant :. vous n'êtes pas répubWi
cains , disait-il au peuple attendri à la vue
dun spectacle aussi déchirant.
Par suite des formes inquisitori^les àxk
tribunal , sept cent soixante-huit individus
futent condamnés sans autre preuve 'dis
délit que la vague imputation d avoir porté
les armes contre la République. Un citoyen
nommé Macé , domicilié près d'Angers î
arrêté.faute de passe-port » était du nombre
de ces infortunés. On les. conduisait tous! à
la fusillade , lorsque sa Municipalité arrive
et le réclame comme un excellent patrioteé
Ce ne fut pas sans peine qu'elle obtint sa
liberté : la Commission , dans son dépit dé
se voir ainsi arracher sa proie , chargea les
réclamans des invectives les plus dures. On
trouvera à la fin de ce volume les noms des
citoyens massacrés parles ordres des Com^
missions populaires d'Angers et de Saumui*«
- Angers avait coumgeusement repoussé
l'armée Vendéenne. La Commission pro<»
de la Vendée i et autres circonvoisins* si3g
posa de faire couper les têtes des ennemis-
tués sous les murs de la ville , de les mettre
au bout d'une pique , et de les promener
4ans les rues , on devait ensuite les placer
«ous les remparts. Les Angevins s'empres-
«èfent de creuser des fosses, et d'y ensevelir
les cadavres. Cette action qui , chez un
peuple humain , eût mérité à ces braves
haibitàns des droits à la reconnaissance pu^*
Ij^Uque , fut traitée de modérantisme par
cette Commission impie.
: Quelqu'un des membres de ce tribunal ,
Kncontrait-il un homme mal vêtu : Si tu
iiaU un bon républicain , disait-il , tu entrerais
ihet un coquin de marchand ^ et tu lui deman^
4mUs de quoi f habiller.
XeiteCommission s'entourrait des hommes
4ontles passions étaient»les plus sanguinaires;
elle les chargeait même de procéder à Tin-
tenrogatoire des détenus. Cet interrogatoire,
comme le jugement , n'étaient qu'un simu-
Iftcte de pure forme , dont on ne tenait au-
cunes notes. Ces Commissaires se conten*
talent de faire des listes , et de mettre eh
flKUge , à côté du nom , la lettre F. ( foutu ).
Un jiommé Obrumier remplissait un jour
ffitte fonction. Deux femmes ^quilui avaient
ICmIus de grands services , cherchent à se
concilier sa bienveillance , en lui rappellant
kurs anciens bienfaits ; elles4ui observent
240 Atfociiér commises dans ledipûrtânMt
d-ailleurs qu'elles ne sorft arrêtée que par
mesure de sûreté , et qu'eUes ncint jamais-
porté les; armes contrela. République; te
féroce* Obrumicr trace de sang-froid la fatale
lettre f à côté de leurs noms. Elk^. furent
fiisillées aydc 70 autres femmes.-On le^ 'vii/
passer précédées d'une musique qui jouait^
les airs de là. Liberté. Deux jeunes filles^ iii-:
térçssantes par la fraîcheur et rinnocfencé
de leur âge {elles avaient- i5 à 16 alï$ j^y
couvraient par intervalle» îV*de leurs :<îris>
funèbres, le briiit de cettemusique miliiq^re :
Saiweirtious^ ^'écriaient«e£les ^ea embrassaicrt
les genoux de leurs bourreaux , sauvez^nùw
lavie ! Les agens de la Commission l^^é^
poussaient , et insultaient en meme-tetos-i^
la force armée «t au peuplefqui vfensia&t
des larm.es y en. leu^ reprochant de d'hêtre
pas républicams. . i : — . 1 . ;
. Le nom.rcLé'.\ Bardçul ^ commissaire' des
prisons, disait à. cette. Commission : Pour>
quoi aller sidom .p(nurjtmtlet>les coqtUns^'nc
vaudrait-il pas mieux Veè massacrer'^ suf^U»
placée .' ' "il /• h j.-i'.;i..T
\ Les proGonsuU HentretfrancastelcOB**
mencèrentleurautoritésanguinaireàAngersJ
Soixante et un prêtre du département d« :la^
Nièvre^ presque tous sexa^éiiaÎTes V avaieiiC.
été transférés; à AngersL' iLcicbinité' révplu-
tijonnaire ) dcicexiie yillèiJoiétaiL'ipas iadéflii^
de la Vendée , et autres circonvoistns. 84 i
sur le sort qu'il leur ferait ; mais il déli-
bérait sur les moyens à employer pour s eu
débarrasser plus promptement, a Les en-
»ï. verrons-nous à Nantes ? Les enverrons-
f> nousàla Commission militairePLes ferons-
u nous fussiller au coin dW bois , ou leur
» ferons-nous faire la pêche au corail devant
» la ^eaumette , parlez ? »? Telles sont les
questions qui furent faites au Représentant
Francastel. Le registre de ce Comité contient
une note , par laquelle ce Député or-
doime qu il fallait les faire filer à Nantes.
Ils furent eflfectivement livrés aux bourreaux
à sous-pape ; et Goupil rapporta leurs vête-
mens au Comité d'Angers. Cette anecdote
est antérieure au siège de Nantes.
Francastel ne voulait pas que le Comité
révolutionnaire inscrivît sur les registres les
noms des hommes que Ton fesait fusiller;
c'était pour se mettre à Tabri de tout repro-
ches , qu'ils ne laissaient exister aucun titre
capable de prouver que des femmes et des
enfans avaient été enveloppés dans leurs
massacres journaliers.
Les rebelles venaient d'effectuer le passage
de la Loire à Varades; une quantité d'habi-
tans delà campagne avaient, malgré eux, pris
part à la révolte. Se voyant près de l'armée
républicaine , ils offrent au général Moulin
de mettre bas les armes , s'ils peuvent espérer
Tome VL ^
é/^i Atrocités commises dans le dépaftemeàt
ttnr pardon. Ce Général , dont raulbrité
était circonscrite , fait assembler les Auto-
rités constituées de Saint-Florent; on arrêté
provisoirement qu il sera donné des sauf-
conduits à huit ou dix d'entre eux , poiir
engager leurs compagnons à se rendre.
Effectivement , 1,200 rentrent sous les lois
de la République, Le généra Moulin s'em-
presse de faire part de cet évènemient à
Francastel , en lui demandant quel serait le
sort de ces 1,200 hommes, Francastel les
fait conduire à Angers , et déposer dans la
ci-devant église dé Saint-Maurice , aux cris
de Vive la République ! et périssent les brigands!
Le lendemain ils sont fusillés dans la plaine
de Sainte-Game. Ces actes de perfidies ,
nombre de fois répétés , n^ont pas peu servi
à perpétuer la guerre de la Vendée.
La Société populaire de Niort , soulevée
d'indignation à la vue des atrocités com-
mises dans la Vendée par les généraujt
Grignon , Huchet , et c. , sous les yeux de
ces deux Représentans , députa au Comité
de Salut public quatre Commissaires. Ro-
bespierre régnait alors , et ces quatre ci-
toyens faillirent payer de leur tête une
démarche inspirée par leur ardent désir
de servir la République ; le Comité de Sa-
lut public les accusa même d'avancer des
faits faux , puisque la correspondance
. Irf^ la Vendée , et autres circomoisins. * 945
d'Hentz et de Francastel qui étaient sur
ks lieux, ne fesait aucune mention de
ce qu ils avançaient. Ces deux Députés re-
çurent alors Tordre de se rendre dans la
Vendée ; ils prirent leur route par Niort ,
ne respirant que la vengeance contre là
Société populaire.
Ils y arrivèrent le 24 germinal an 9 ( i3
aviril 1794), et se glissèrent furtivement
dans les tribunes de la Société. Le len-
demain ils annoncèrent leur arrivée ; la
Société convoqua une assemblée extraor-
dinaire pour les recevoir , et ils y arri-
vèrent au milieu des applaudissemens
réitérés des Assistans et des Sociétaires. Le
Président se met en devoir de les compli-
menter, il est durement apostrophé ainsi
que le peuple. Un instant après Hentz
s élance à la tribune , interrompt un ora-
teur qui parlait de la nécessité sur Finstruc-
tion publique , le traite de contre-révolu-
tionnaire , déclame contre ceux qui savent
lire et penser , et traite de muscadines les
mères qui desiraient donner de Téduca-
tion à leurs enfans.
Hentz toujours à la tribune , Toeil sombre
et Tair inquiet , provoque la dissolution
de la Société, fait Téloge des généraux
Grignon et Huchet , en disant de ce dernier :
" Que c'était un bon et franc sans-culotte ;
0.2
«44' Atrocités commises dans, le diparlemeni
» que c'était le seul homme qui convînt à
>ï la Vendée ; que s'il avait dissoutla Société
» populaire de Luçon , il en avait le droit;
>5 que dans une ville contre - révolution-
55 naire , le Militaire est tout ; le Général
>5 est souverain , et doit exercer la toute
>j puissance. îj Revenant ensuite à Tinsti-
tutiondes Sociétés populaires , il dit qu elles
ne doivent être composées que de bons
sans-culottes , et non d'orateurs et de riches,
ni des hommes qui parlent toujouirs d'hu-
manité ; ces derniers sont toujours dan-
gereux.
Passant ensuite à la guerre de la Vendée ,
îl fait un crime à la Société de l'envoi des
quatre Commissaires à Paris pour faire
cesser le brûlement ; il n'y avait que des
contre-révolutionnaires qui pussent s'api-
toyer sur les brigands de la Vendée
La Municipalité de Niort fut également
traitée de contre - révolutionnaire , parce
qu'elle avait fait sortir de la maison
d'arrêt les prisonniers qui y étaient en-
tassés , au point qu'il y régnait une maladie
épidémique. Plus de quatre cents détenus
étaient déjà morts , ainsi que les commis-
saires des prisons ; un notable qui se trou-
vait à la séance , voulut parler du motif
qui avait déterminé ce déplacement ; il fut
interrompu par Hentz , qui s'écria : «i Je
delà Vendée^ et autres circonvoisins. ^4$
f 9 m attendais bien à trouver ici quelques-
35 uns de ces scélérats que je viens de si^
99 gnaler , encore plus scélérats que ceux
99 qu ils protègent. <«
Un Membre fatigué de ces scènes scan-
daleuses , proposa la dissolution de la So-
ciété. Aussitôt Hentz et Francastel, sans
permettre aucune discussion à cet égard,
déclarèrent la Société dissoute , et s'é-
crièrent : (( Sortons , allons , sortons de
ii suite ; que quelques bons sans-culottes
5î viennent demain le matin à notre au-
« berge , ils formeront un noyau , et ils
jî choisiront ceux qui doivent former la
ii Société ! n Hentz en entrant chez lui ,
dit à Francastel : n As-tu vu comme j'ai
» arrangé ces b là, ils n échapperont
M pas celle-ci ; on a confiance en nous. »>
Ces deux Députés voulurent ensuite enlever
les pièces de conviction contre Grignon et
Huchet, déposées au Comité de surveillance
de Niort ; un Membre s y opposa avec éner-
gie , un autre Membre dit que le Comité de
Luçon avait sauvé la chose publique , en
fesant arrêter Fassassin Huchet : u il a
5j outrepassé ses pouvoirs , mais sans cela ,
n dit Hentz ^ eût-il sauvé la chose publique ?
55 il faut qu il y ait des victimes. 55 Le gé-
néral Bard qui avait été destitué vint leur
demander justice , il fut chargé de fers sans
être entendu» C^ 3
846 Airocités commises dans le département
, Us se transportent de là à Luçon , et font
incarcérer tous les citoyens qui avaient dé-
noncé rincendiaire Huchet 5 Tarrachent en-
suite du tribunal de Rochefort , pour
renvoyer à celui de Paris , où il fut
absous.
Quarante-rhuît individus des deux sexes
étaient malades , et ne pouvaient se rendre
du fort St. Pierre à Tîle de la Montagne ,
où leur translation avait été ordonnée par
Hentz et Francastel. Le Commandant tem-
poraire ordonna à la troupe qui les escor-
tait de les fusiller en chemin, ce qui fut
exécuté. Les Membres du Comité de sur-
veillance voulurent faire quelques obser-
vations sur cette mesure qui confondait le
coupable avec l'innocent; ce Commandant
répondit que cela ne les regardait plus ,
que les prisonniers n étaient plus sous leur
surveillance. Le président de la Commission
lui ayant démandé , par quel ordre il avait
fait fusiller ces citoyens. Il répondit qui!
lavait pris sur lui , que ces gens n étaient bons
quà tuer. D'ailleurs il n'avait point de
voitures pour leur transport. Quelques
lettres de ces deux Représentans méritent
de fixer plus particulièrement l'opinion
publique. -
Âc la •Vdttdé.e^' et autres; circtmvoisins: S 47
Lsttrb de cts deux Proconsuls au général Grignon/^
. commandant une division de l'armée révoluiionaaire\
dans La Vendée.
éi Tu feras trembler en même-tcms tous lés bri-
gands . auxquels il ne faut pas faire de quartier^..^
Nos prisons en regorgent. Des prisonniers dans l^i
Vendée!.... Ilfeut donner la chasse à ce qui reste de
rassemblement et de révoltés, incendier les maisons
écartées , moulins, et c.
n Signé i Francastel. >»
« L'ordre général a été donne , d'incendier tous
les fours et moulins , toutes les maisons isolées , les
châteaux sur-tout; enfin, d'achever la transformation
de ce pays en désert , après avoir sous-tiré les richesses
qu'il renferme.... Pas de mollesse ni de grâces dans
un^pays qui mérite l'indignation et la vengeance na-
tionale.... Ces vues sont celles de la Convention.
99 Signé , Francastel. 99
Le 8 Nivôse ( 28 décembre I7g3 ) Fran-
castel écrit aux Jacobins de Paris :
. >*. Qj^'ils viennent dans la Vendée , ces nouveaux
modérés qui abusent du beau nom de morale , de
justice , et qui énervent l'esprit public par les sen-
timens d'honnêteté; pour moi , périétre des devoirs
que m,'impose le* bonheur du peuplé, la Vendée seri
dépeuplée , mais la République sera vengée., j» •
. Cette lettre est écrite d'Angers. * ''
- Le général Huchet , dont Hehtz et Fpn*
castel avait épousé si ardemment les iri-
térêts s était campé aux Sorinières. Une
Municipalité d'une Commune exposée
aux incursions des Vendéens , vint èta
'■ ■'••• ■■ ■■ ■'- -0.-4 ■ •'
548 Atrocités commises dans le département
écharpe , accompagnée de plusieurs cîv
toyens connus , implorer son appui. Il
prit à part ces Députés ,' et demainda à
chacun d'eux s'ils avaient monté la garde
pour les rebelles. Il en interrogea ainsi
vingt- trois qu il fit passer dans un champ
voisin , où il les fit fusiller. Après cette
exécution , il dit tout haut que sïl tenait
les femmes de ces scélérats , il leur ferait
subir le même sort sur les cadavres de
leurs maris.
Le même jour , les Députés HenU et
Francastel étant venus le visiter dans son
camp , il leur demanda s'ils ne seraient
pas curieux de voir sa fricassée humaine ; et
d'après leur consentement , il les conduisît
dans ce camp , où ils jouirent un instant
de ce spectacle , et donnèrent des éloge*
à sa conduite. ( Voyez les lettres H. L J. B.
de la gravure du tome II , page i. )'
Il ajouta : a Comment trouvez-vous aussi
J5 le superbe coup-d'œil de tous ces pays
99 que j'ai fait incendier; observez l'effet dé
99 ces flammes, qui se disputent avec les
j5 nuages. j> ( Voyez la lettre A. de la gravure
du tome II.] r. /
Pendant que ces deux Députés étaient au
Pont-de-Cé, le Comité révolutionnaire y
fit fusiller douze cents personnes. Ua
nommé Pecquenel , chirurgien du bataillon
'S
«leJn Vendée , et autres circonvoisinu S49
des Ardennes , choisit environ trente ca-
davres des plus robustes , et les fit écor-
cher , dans le dessein d'en faire tanner les
peaux pour les transformet en culottes.
Le premier tanneur à qui il s'adressa , re-
fusa net sieis services ; le second suivit cet
exemple. On le menaça d'un traitement
pareil à celui qu'on avait fait éprouver à
ces trente cajdavres. u Vous êtes libres ,
» leur ^ répondit-il , de me faire périr, mais
J5 je ne puis me résoudre à prêter mes
« mains à cette opération. îj Aucun de ses
ouvriers n'ayant voulu se souiller par cette
înfame action , on en chargea quelques
soldats , en qui l'habitude du carnage avait
étouffé toute espèce de répugnance.
Mais revenons à la ville d'Angers , avant
de promener nos regards sur ces contrées
noyées dans le sang et couvertes de char-
bons et d'ossemens. Boussac dit Marat ,
écrit à la Municipalité d'Angers, de re-
cevoir et de donner , comme par le passé
du travail au citoyen Besnard , parce que ,
dit-îl , nous l'avions , par ordre du Re*
présentant Bourbotte , requis de venir nous
uider pour rintirrcfgatoire ^individus guil-
lotinabljts.
e - Voici «ne lettre de^ Membres de ce Co-
mité au Montagnard Aii^ftar^ , Représentant
«lu peuple, ^. '.. ^ . . .
fi5o Atrocités commises dans le dépûirietAmt
(€ citoyens , nous vous eùvoyons le noHinté^Heiili
Verdier , dit de la Sorinière , copie de son interrô*
gatoire , son procès-verbal d'arrestation , une suite
d'interrogat qu'il a- plu au dé|)aTtement de lui
faire subir ; enfin , ui^c pièce qui le concerne , et
signé Garot. Vous ne serez pas long-tems à vqiv qut
c'est un présent que nous faisons à la guillotine ç
iiotre vœu sera rempli , si la danse qu*ït mérite suit
de près Tcnvoi. Sous peu vous en recevrez un autre
d'aussi bonaloi; c'est le sieurDelahayes-DuhQmme«
qui vient de nous arriver L'exemple est un motif
si puissant sur le peuple , que le" Comité vous prie
de lui envoyer la sacram s anctam guilloti'n am, et
les ministres républicains de son culte.... Il n est pas
d'heures dans la jo^imée qu'il xie nous arrive des
lécipièndaires que ' nous désirons initier dans ses
mystères. — J^gcz de l'a joie que nous éprouvons i
fin songeant que cette divinité . ( libératrice de la
République) , n'est pas près d'être abandonnée^
Pour que le service n'éprouve aucuA.ret2ird,tjouvèiç
bon que nous en prévenions Saint-Félix ttyéfb-
phante , du Sacré -Collège. '
5>. Salut, et c. Signe\ Thierry , Président ; Robin ;
Obrumier y père; Maunion ; Louis Choudîeu $
"MAntiN ^CoKHiER^ Secrétaires, a
La correspondance des Généraux des
armées républicaines , va. npuS ouvrir la
scène du carnage. Leur plume distillait le
sang , leurs subordonnés vont le faire
couler à grands flots.
Voici des extraits de Turreau , général
en chef, à Grignon , général divisionnaire^
«1 Les environs du payiou tutetrouves,t'offtèntuii
champ pour fouiller, incçadier métaieries, bois, etc.
et purger le pays des scélérats qui Thabitent. Fais dc>
de la Vendée , et autres circonvoisim:^ . jfiSi
incursions sur tous les sens ; que quelques marches
de nuit te mettent à portée de surprendre quelques
lassemblemens partiels , et c.
99 Signé ^TvRKZAV, jj
i< Il est bien étonnant que tu me demandes, mon
Camarade, s'il faut désarmer les gardes nationales de
la Vendée ; c"'est mettre en question s'il est prudent
d*ôter à nos ennemis les moyens de nous faire du
mal ; croyons que dans ce maudit pays nous ne
devons nous fier à personne , et agissons en consé-
quence; J'ai reçu une croix de St. -Louis , un calice
et une patenne Dépcçhç-toi. de m'envoyer une
collection complète de tous ces br.inbQpons*
99 Signée TURREAU. i^
. « Continue, mon Camarade, à brûler le pays,, et à
exterminer les rebelles ;.plus je v^iis en avant , plus
je suis à portée de juger qu'il y a peu d'habitans à
excepter de la proscription.
J5 Signe\ TuRREÀU.'î»
Le général de brigade Grignon ne pou-
vait pas recevoir d'ordres plus précis , . le
Député Frahcastel et le général en cheif
Turreau ne pouvaient mieux placer leur
choix. C'est à la tête d'une colonne de
Tarmée dite révolutionnaire , que le gé-
néral Grignon part d'Argcnton-le-Peuple ^
« Mes Camarades , dit-il, à sa trouJf)e y nous
i\ entrons dans le pays des insurgés, vous
î) y brûlerez tout , voils passerez au fil de
«. la baïonnette tous les habitant que vous
« y trouverez. Il peut y avoir quelques pa-
» triotes dans le pays , mais c'est égal ^ il
95s Atrocités commises dans le dipattement '
f> faut tout sacrifier, n Cest égal ! O
ma patrie !.... • '
On croirait peut - être que Grignon se ■
transporte réellement dans les pays ha- '
bités par les insurgés ; mais c'est dam j
des Communes voisines , qui avaient docb |
nées de nombreuses preuves de leur dé-
vouement à la République , et qui réduites
à leurs propres forces , avaient néanmoins
repoussé à plusieurs reprises les attaques
de larméie Vendéenne, S'il s'en trouvait
quel ques-uneç dont rattachement pour le
gouvernement républicain parut chan-
celant , on doit en accuser Finexpérience
et la mauvaise foi de jios généraux , qui
les abandonnèrent aux incursions ré-
pétées de Tarmée dite royale , aux yeux
de laquelle le moindre mouvement ré-
volutionnaire eût été pour ces malheureux
habîtans un arrêt de mort.
Revenons à Grignon. Déjà ses bataillons
sont en tri arche ; Tétendart de la mort
flotte dans leurs rangs ; ils avaient à
peine fait une lieue , que rigoureux ob-
servateuts des ordres de leurs chefs , c'eijt
à qui enchérira sur ses compagnons par
une cruauté brutale , et jusqu'alors sànS
exemple. Les campagnes qu ils parcourent ,
sont bientôt un vaste cimetière. Une mère
de famille , dont le sein est frappé dun
de la Vendée^ et autres drconvoiUns. 253
fer meurtrier , entr'ouvre son ϔl mourant ,
et cherche le nourrison qu'elle allaitait il
B y a qu un instant. Elle le voit : le même
coup les a percé Fun et l'autre ; Tenfant
est encore fixé sur la pointe du fer qui
Ta arraché du sein de sa mère. L'Auteur
de ce double attentat contre la nature ,
porte ce trophée au milieu de ses com-
pagnons , qui jouissent tous avec une joie
féroce des cris et des convulsions que la
douleur arrache à cette tendre victime.
Plus loin , une autre mère de famille
périt sous les yeux de son époux désarmé ,
et de trois enfans en bas âge. L un d'eux ,
comme évanoui de douleur et de rage , se
roule à terre près du cadavre maternel
qu'il n'ose fixer. Les deux autres s'attachent
après ses membres , comme pour s'unir ^
par une mort volontaire , à sa dernière
heure. Le mari s'élance sur son épouse
chérie qui semble l'appeler encore , et
son cœur est partagé entre Texcès de son
désespoir conjugal , et la violence de la
tendresse paternelle. ( Voyet la lettre E. de
kf gravure du tome II , page i. )
De jeunes femmes renversées sur les
pierres amoncelées le long des grandes
routes , et aux pieds des arbres , expirent
assassinées par ceux-là même qui venaient
d'assouvir dans leurs bras leur criminelle
s54 Atrocités commisesdahs le' département
lubricité. ( Voyez la lettre G. de la gravure du \
jomà IL ) Cette armée poursuit sa carrière \
précédée de la terreur , et par - tout le
pillage , et le meurtre signalent son pas-
sage. Elle arrive à Bressuire , petite ville du
département des Deux-Sèyres , et n aban-
donne cette Commune quaprès avoir
exterminé honunes , femmes et enfans ,
et qu un incendie général eut consumé jus-
qu'aux subsistances.
Un Commissaire pacificateur apprend
que cette terrible colonne menace son
pays ; il vient au-devant de Grignon qui le"
fait désarmer , en lui demandant qui il est ?
Ce Commissaire ayant satisfaità sa demande,
en disant qu il est autorisé du départemîent
et du général Barre , à mettre une garde
nationale en activité ; Grignon répond
quil ne connaît ni département ni district ,
ni général Barre , et le fait garotter ainsi
que sa garde. L'ordre de les fusiller était
déjà donné ; le Commissaire pacificateur
ne doit son salut qu'au témoignage d'un
soldat , avec lequel il avait fait toute la
guerre de la Vendée ; mais les dix hommes
de garde furent hachés à coups de sabre.
Ce Commissaire était maire de la Com-
mune de Floutière. Grignon le force à l'y
suivre , et refuse de prendre de sa main la
liste des grands coupables , en disant que
di ia Vendée , et autres circonvôùinu 255
cette précaution était inutile, A peine
arrivé dans cette Commune , la troupe se'
disperse ; bientôt des tourbillons de flammes
obscurcissent les airs ; le sang des habitans
inonde les rues , et le soldat chargé de
butin , achevé de massacrer tout ce qui se
présente à ses yeux.
Trente dé ces brigands assouvirent leur
rage sur une femme âgée de soixante-dix
ans , ainsi que sur une autre plus difforme
et presque aussi âgée ; et comme la cruauté
avait présidé à cette débauche effrénée ,
ib la couronnent de mille coups , en
perçant leurs victimes , tandis que d'autres
coupent en morceaux un citoyen connu et
sa servante , ainsi que deux vieilles femmes ,
dont Tune était en enfance.
Quatre-vingts individus se retiraient à la
Châteigneraye , avec un laissez-passer de
leur Municipalité. Ils sont arrêtés et con-
duits au général Guignon , qui en fait
fusiller un grand nombre ; et renvoie ,
comme par grâce , six vieillards , les femmes
et les enfans.
Le Château de Pouzanges , qui se trouvait
dans ce canton , renfermait de jolies pri-
sonnières.Le Général, et quelques Membres
de son état-major vont dîner avec elles.
Après le repas , il fallut que ces femmes
souffrissent leurs embrassemens et tout ce
fi56 Atrocités commises dans le dipûfiemenl
que leur inspira le libertinage le plus di
bordé. Quelques soldats même furent adm
en partage dans cette orgie scandaleuse. O
les entendit s'écrier , en sortant , qu'i
avaient joui de quatre belles filles. Tro
d'entre elleà furent fusillées après.
La Commune de Bon-Père , instruite c
l'arrivée de la division Grignon , et cra
gnant , selon les bruits qu'il affectait c
répandre , qu'il n'eût réellement la missic
précise de tout massacrer et incendiei
députe vers ce Chef le Commandant de
garde et sa Municipalité , pour prend;
auprès de lui quelques renseignemens si
ses intentions. Il ne leur cela point qi
tels étaient ses ordres. Cependant, comn
cette Commune jouissait d'une réputatic
de patriotisme non suspect , il leur accorc
deux jours pour enlever leurs effets les pi
précieux. Dix-sept individus , que ces d
pûtes avaient conduits au Général , comn
autant de victimes expiatoires en témc
gnage assuré de la constante résistance i
leur Commune aux insurgés , furent fusilla
Après cette expédition , Grignon pron
de les aller voir , et de visiter leur gari
nationale.
Le 11 pluviôse ( 3o janvier 1794) ,
s'avance effectivement du côté de Bon-Pè'i
La flamme qui éclaire de tous côtés
de la Vendée i et autres circonvoisins. 25^
campagne,' ( Voyez la lettre A de la gravure du
tome II. ) annonce au loin son arrivée.
Quelques habitans vont à la découverte ,
et par leurs récits , reviennent semer reflEroi
parmi leurs concitoyens. Déjà le bourg de
Mcilleray , peu distant d'eux , ne renfer-
mait plus que des cadavres et des ruines
fumantes. Tout ce quil y avait de répu-
blicains , ayant Tex-curé à leur tête , avait
été soigneusement ramassé ; et le massacre
de ces malheureux s'effectua avec de nou-
veaux rafinemèns , qui prolongèrent leur
trépas au milieu des angoisses les plus
Wribles. ,
Tous les habitans avaient eu ordre de
se rendre à l'église, La colonne sépare ies
hommes d'avec les femmes ; ils sont tous
fouillés et dévalisés ; l'ex-curé est conduit
le premier dans le cimetière ; là , on le
fusille. Cette mort inattendue est annoncée
au reste de ces malheureux par le bruit de
la mousqueterie et par la vue des cadavres
mutilés et ensanglantés de leurs compa-
triotes , lorsqu'ils sont conduits , chacun
à son tour , à ce champ de carnage. Douze
femmes sont égorgées dans les rues , ou
périssent au milieu des. flammes , ainsi
I qu'un malheureux vieillard , âgé de quatre-
vingt-quatre ans , retenu au lit par ses in-
firmités.
Tome VI. R
f
258 Atrecités commises dans le département
La commune de Bon-Père , forte de son
patriotisme , ne pouvait pas se persuader
qu elle était comprise dans la proscription.
Un de ses habitans vient au-devant des
soldats de cette division. Le crime était
peint dans leurs regards. Ce citoyen, appelé
Guesdron , ne craignit pas de leur repro-
cher hautement une conduite réprouvée
par les lois et Thumanité, Soldat comme
eux, il appartenait à. une armée dont la
valeur était le plus ferme bouclier de la
vie et de la fortune de ceux dans le sang
desquels ils venaient de tremper leurs
mains. Ces reproches faits avec cette noble
audace inséparable de la vertu , en impose
aux assassins.
Le citoyen Guesdron augurait avanta-
geusement du changement heureux qui
s'était opéré dans leurs cœurs. Plein de
cette confiance , il vient trouver Grignon ^
lui raconte ce qui vient de se passer. Grignon
lui répondit : ,Tu es bien heureux que je ne
Refasse pas fusiller* Enfin ce Général entre
à Bon-Père : il y voit quatre cents hommes
sous les armes , et tous animés du désir de
se sacrifier pour, le maintien de la Répu-
blique. Grignon eut d'abord envie de faire
oharger cette garde par son escorte ; mais
comme elle n'était que de vingt -cinq à
trente hommes , il fut intimidé par le
de la Vendée , et autres drconvoisins. sjg
nombre, La Municipalité était à la tête ;
deux cents femmes qui formaient un corps
à part , lui présentent un bouquet. La Mu-
nicipalité raconte au Général les services que
ces braves habitans ont rendus à la Répu-
blique , et qu'ils sont toujours dans la dis-
position de lui continuer. Un ordre de
désarmement sort de la bouche de Grignon,
et il dit qu il a ordre de tout incendier et
de tout fusiller*
Cette Commune remit ses armes et ses
munitions , et envoya une députation au
général Barre , qui , sur leur invitation ,
attesta le civisme qu'elle avait montré sous
ses ordres, Grignon renvoie alors les dé-
putés au Général en chef, leur promet de
ne rien entreprendre jusqu'à leur arrivée.
Mais sa colonne avance , ce pays est bientôt
livré aux flammes , et les habitans égorgés.
Cependant l'armée des vendéens était
près de Bon -Père. L'incendie de cette
Commune parut au Général une action
plus glorieuse que de combattre un en-
nemi , dont il accrut les espérances par sa
retraite.
Cinq hussards, détachés de celte colonne,
se renfermèrent dans la cour d'une maison ,
au Bois-Tison-d'Eau , y égorgèrent une
femme de quatre-vingt-quatre ans , et ses
deux filles , non sans avoir fait précéder ce
R 2
a6o Atrocités commise^ dans le département
massacre des outrages les plus odieux. Ils
emportèrent de cette ijiaison dix mille livres
• en espèces monnoyées ou en argenterie.
La Municipalité de Montournois , décorée
de son écharpe , et réunie à une grande
quantité de patriotes , attendait sur la place
de cette Commune Farmée révolutionnaire ,
pour lui donner le salut fraternel. Ttoîs
Officiers de cette armée se présentent , an-
noncent l'arrivée prochaine du Géipiéral ,
promettent aux bons habitans de Mon-
tournois qu il ne 4eur sera rien fait , et
invitent quatre d'entre eux à monter à
cheval pour aller au-devant de Grignon.
Ces trois Officiers font appeler le sacris-
tain du lieu , le renferment dans F église ,
et , à force de menaces , le forcent de dé-
signer Fendroit où est renfermée Fargen-
terie propre à leur culte. Ils s'en emparent
aussitôt. La Municipalité leur justifie en
vain d'une lettre , par laquelle le district
de la Châtaigneraye ordonne que cette ar-
genterie y soit transportée le jour même*
Ils répondirent encore , cest égal.
Trois soldats de la même armée entrèrent
un jour dans la tour du château de la
Bridurière , Commune de Moutiers sur le
Loir. Ils demandèrent des chevaux. On leur
répondit qu'il n'y eh avait pas. Us veulent
d« Fargent; même réponse. Us se meittalejat
de la Vendée , et autres circonvohim. a6i
en devoir de massacrer , lorsque le jardinier
les invite à passer à'ia métairie , en assurant
quil en emprunterait pour les satisfaire.
A peine y sont-ils arrivés qu'un des volon-
taires propose de mettre le feu à la maison ,
et déjà Ton commençait à incendier un lit
où était aouchée une vieille femme. On
les appaisa à force d'assignats ; et sur leur
invitation , trois domestiques s'offrent de
les conduire à Moutiers. Chemin fesant ,
un volontaire lâche un coup de fusil dans
le dos de Fun de ses guides , et le renverse
roide mort ; les autres ne durent leur salut
qu'aux fusils qui manquèrent.
Quatre de ces soldats se transportent
dans une autre métairie , où ils forcent les
propriétaires à leur donner de l'argent pour
se préserver de l'incendie : cependant cette
maison est livrée aux flammes. Ils n'épar-
gnent pas les femmes après les avoir
indignement violées.
Le citoyen Loyau , étant à la caille au
passage de l'armée révolutionnaire , fut
couché. en joue par un cavalier, qui brûla-
sur lui deux amorces. Sa femme et sa nièce,
qui étaient dans la cour, sont apperçues par
quelques-uns de ces pillards ; aussitôt ils
se précipitent sur elles le pistolet à la main ,
et leur demandent leur porte-feuille. Un
d'eux arrache aussitôt à Loyau sa montre
R 3
302 Atrocités commises dans le département
et ses assignats-, et le reste de la maiso
est livrée au pillage. Les détachemens d
cette armée , qui avaient saisis dans 1(
environs plusieurs habitans , les fusîUèren
Vingt-sept subirent ce supplice dans lacot
du citoyen Loyau. .
A Saint-AubinidU'Pluz , la Municipalîi
et la gardé nationale sont massacrés , et ]
plupart des maisons incendiées , parc
qu on avait trouvé dans le clocher u
devant d'autel que Grignon prétendit êti
un signe de i^allicment des Rebelles. ^
La colonne arrive aux Essarts où ell
séjourne pendant quelque tems. Cette Gon
mtme fut ensanglantée par Tégorgemei
de vingt jeunes gens qui , conformément
la proclamation des Représentans , étaiei
rentrés dans leurs foyers après avoir dépoi
leurs armes. Depuis cette époque , î
avaient manifesté leur amour pour la R
publique par la guerre continuelle qu i
avaient faite aux Vendéens.
Au milieu de toutes ces ruines , la Cor
mune des Herbiers existait encore au va'ûU
de l'incendie , qui couvrait son territoire
trois lieues à la ronde. Filles , femm(
enceintes , enfans à la mamelle , avaiei
succomoé sous le fer meurtrier. Maisons
bestiaux, fourrages, grains , tout éta
consumé par les flammes»
de la Vendée^ et autres circonvoisins* 263
Des soldats entrent à la Pépinière , dans
la maison du citoyen Joubert à quelques pas
des Herbiers, Ils y mettent le feu. Un
valet veut détacher les bœufs de Tétable ,
il est atteint d'un coup de fusiL Un domes-
tique , excellent républicain , éprouvé le
même sort. Une fille de confiance à qui
l'on enlève 1200 liv, , ne doit son salut
qu'à une prompte fuite. On les punissait
de mort , parce qu'ils avaient voulu sauver
les bestiaux de l'embrasement.
i La femme Rustaut , du village des Her-
biers , vint au-devant d'un détachement
de cette armée pour lui offrir des rafraî-
chîssemens ; elle était porteuse d'un certi-
ficat de civisme, signé du général Barre.
Ces monstres lui déclarent qu'ils en veulent
à sa bourse. Us lui enlèvent environ 42 liv.
qu'elle avait sur elle , et la forcent de ren-
trer dans sa maison pour lui donner le
peu d'argent qu'elle peut y avoir caché*
Aussitôt quatre d'entre eux la saisissent , et
leurs camarades,au nombred 'une vingtaine, .
assouvissent sur elle leurs infâmes désirs:,
et la laissent presque nue. Cette "femme
ramasse le peu de forces qui lui restent en
voyant ses granges en feu. Elle veut voler
au secours de ses bestiaux. Trois de ces
furieux accourent , et la menacent de la
faire brûler avec ses bœufs. Elle s'échappe
R 4
804 Atrocités commises dans le département
et court se réfugier chez sa mère. Elle
n'était plus ; quelques-unc de ces rôdeurs
lui avaient coupé la tête et un bras.
Le général Ancey était dans la Commune
des Herbiers. Grignon y arrive et dit aux
habitans qu'ils sont bienheureux que son
collègue y soit, parce qu'il les aurait > sans
cela , fait tous fusiller sans distinction dès
Républicains. Tels étaient les ordres du
Général en chef: il avait même fait subir
ce sort à des Municipalités en écharpe.
Le général Ancey prévient les habitais
d'emporter leurs effets les plus précieux , .
attendu qu'à 2 heures de l'après-midi , leur
Commune sera incendiée selon les ordres
précis du Général en chef. Un instant après,
ordre du Commandant de place à Fontenai,
de fournir 400 voitures à bœufs pour le
transport des grains et fourrages , avec me-
nace du fusiller tous les habitans , en com-
mençant par la Municip'alité , si ces voitures
n'étaient pas prêtes pour le lendemain. Ces
malheureux se détachent de toutes parts
pour trouver un nombre de bestiaux et de
voiture^ suffisans. Mais tout est dévasté^
onze cents mille bœufs ou vaches avaient
péri dans ces contrées par le fer et le feu»
Le peu qui reste de ces animaux utiles
errent dans les genêts. Leur épouvante les
rend innaccessibles. Enfin, le matin, on
de la Vendée , et autres circonvoisins. 265
charge , sur ce qui se trouve de voitures ,
'les grains et fourrages. Aussitôt la générale
bat. On apprend que la division de Grignon
avait essuyé un échec près St.-Fulgent. Le
général Ancey ^ à la tête de deux mille
hommes , préféra de mettre à exécution
Tordre de brûler cette Coftimune , avant
de se retirer à Cholet. Aussitôt la flamme
s'élève de toutes parts , les volontaires dé-
pouillent les femmes , violent les filles , et
arrachent leurs boucles d'oreilles et leurs
anneaux.
Si , dans ces incendiés , quelques mal-
heureux habitans avaient la faculté d'em-
porter quelques peu d'effets , ils n'étaient
pas plutôt au milieu de la colonne , que
les volontaires , à l'exemple des généraux ,
fondaient sur eux , fesaient essuyer aux
femmes et aux filles les violences les plus
outrageantes , massacraient le tout , et lais-
^ «aient cette foule de cadavres nuds et tnu-
tilcs sur la route.
Des volontaires , après avoir pîUé et
incendié toute une maison , poignardèrent
les vieillards et les enfàns. Ils s'étaient ré-
servés les jeunes filles. tJne d'elles , sur le
point d'être victime de leur brutalité , voit
iout-à-coup son amant accourir à sa défende.
Mais que fera-t-il contre cette troupe
d'assassins ? Leur nombre rend ses efforts
s66 Atrocités commises dans le département
inutiles/Sa résistance ac^croît leur furèui
Séus ses yeux , ils assouvissent leurs mon:
tnicux désirs^ Ils le forcent ensuite à imite
leur pxemple. A peine ces deux amans d
ploraient dans leurs embrassemens la fatalii
de leur sort , que ces bourreaux les pe
cèrent du même fen
Cinquante Républicains qui habitaiei
une petite Commune , vinrent au-devai
de la colonne. Ces bonnes gens avaiei
préparé un banquet fraternel pour les reo
voir ; la troupe l'accepte. On se met à tabL
et ce repas est assaisonné d'une gaieté qi
paraît sincère. Il n'est pas plutôt ache\
que les soldats entraînent leurs hôtes dai
le cimetière , et les y poignardent.
Dans le mois de floréal , an 2 , (mai 179^
cinq cavaliers entrèrent, à Soulans , chez
citoyen Baudet , administrateur du distri
de Challans. Ils demandent à sa femir
de confiance le linge de son maître en '.
menaçant de leurs sabres. Sur cesentrefait<
des Vendéens arrivent , chassent ces cavî
liers , et emmènent cette femme avec eu:
Le, 19 thermidor , ( 6 août ) le pays ayai
été conquis par les Républicains , çl
revient à Soulans. La maison était rempi
de volontaires occupés au pillage. Un d'eu
lui enlève ses assignats et son argents C
idétachejnent était de la colonne du Perrie
de la Vendée, et autres circonvoîsins. 267
Treifte Volontaires étant venus , le 28
messidor, même année , ( 16 juillet lygS )
chez le citoyen Froidfond, enfoncent les
coffres , les armoires , le fouillent lui-même
ainsi que son oncle , et volent tout ce qu ils
trouvent. Les maisons voisines sont égale-
ment mises au pillage. Un mois auparavant,
une colonne de Machecoult lui avait enlevé
sa femme , son fils et plusieurs bestiaux.
Le citoyen Pillet de la même Commune,
estrencontré par un détachement. Il s'avance
pour se faire reconnaître. Son patriotisme
généralement connu , semblait le mettre
à labri de tout danger ; c'était dans cette
confiance qu'il se transportait vers ces
soldats. Il est sur - le - champ fusillé sans
avoir été entendu , ainsi qu'un de ses
parens.
.. Une colonne revenant de Saînt-Leger ,
entre dans cette Commune , y met tout à
feu et à sang , égorge la veuve Pillet. Les
citoyens sont assassinés dans leurs maisons
et dans les rues. On estime qu'il fut tiré
plus de cinq mille coups de fusils sur ce
' pays. Les traîneurs étaient chargés d'effets.
Une femme disant , les larmes aux yeux »
qu'il était bien affreux d'être ainsi traité par
des Républicains , fut aussitôt assassinée.
Une petite fille de 14 ans avait été violée
par quelques soldats de cette troupe;
s68 AtrocHés commises dans le département
D'autres qui suivaient , la i^assactèrent^
Une colonne commandée par radjudant«=»
général Chadot, pille Gurmarche. Le dtoyei^
Bçtis , au service de Tarmée , et revenu 1^
veille pour cause de maladie, n'est pass
exempt de ce brigandage. A TEspinacièrc ^
deux citoyens employés aux charroit-^e'
larméç , sont massacrés , ainsi qu'une jeune
fille. Quelques volontaires entrent chez le
citoyen Baudet , se mettent en devoir de
fusiller ses petits enfana ; mais Taîné leur
ayant dit qu'ils n'étaient pas chez des bri-
gands , que , comme eux , ils étaient au
service de la République , fut tué d'un
coup de pistolet à bout portant. Ce jeune
homme était absent de l'armée depuis deux
jours pour cause de maladie. Cette maison
fut entièrement dévastée , et la mère du
propriétaire qui coupait du blé dans un
champ voisin , fut massacrée.
Ces horreurs se commettaient le lende-
main d'une proclamation , qui invitait tous
les habitans à rentrer dans leurs possessions ;
Proclamation faite par les ordres du Co-
mité de Salut public , qui , dans le même
instant , commandait d'attaquer sur trois
colonnes ceux des Vendéens qui étaient
encore armés.
A la Huichère , cinquante Volontaires du
bataillon de la Charente inférieure pillent» ^
r de la Vendée , et autres circonvoisins. 269
insultent , détruisent les clôtures , et cou-
pent les arbres à fruits. Bressuire ne fut
abandonné qu'après qu on eut exterminé
' hommes , femmes et enfans , et qu un in-
cendie général eut consumé jusqu'aux
subsistances.
Un autre Général fait bâillonner deux
jeunes filles et les livre à ses soldats ; par
«es ordres , les enfans sont précipités au
fond d*un puits , et cet homme a Timpu-
dence de dire qu il est le boucher de la
Convention.
Des Communes sont investies pendant
la nuit , les habitans sont ramassés dans un
même local et fusillés. Dans d'autres cir-
constances , des Communes entières sont
invitées à se réunir dans un champ indiqué^
Tous , -sans exception , s'y rendent. La
Municipalité en écharpe est à la tête ; la
Garde nationale est sous les armes ; des
groupes de femmes , d'enfans , de vîeiU
lards les suivent. La brigade révolution-
naire arrive , les cerne , et bientôt ils ne
sont plus.
Quelquefois on vît ces brigands tourner
leurs poignards les uns contre les autres ,
et offrir à l'observateur étonné une masse
de meurtres présidée par Tappas du gain,,
Après la prise de Noir-Moutier , une
itfuniçipalité en écharpe vxjat désigner ua
«70 Atrocités commises dans le département
repaire deVendéens ; elle fut fusillée. jParn
cette horde de massacreurs , un soldai
possesseur d'une somme de 24 louis en i
qu'il avait enlevée à un rebelle , avait é
tué par un de ses camarades. Un aut
soldat tue ce dernier pour avoir cet 01
vingt-cinq ou trente pressés par le mên
motif s'arrachèrent successivement la vi
A Bourgneuf , ladjudaht-général Lefev
donne le spectacle d'une noyade. C'est
5 ventôse an 2 ( 23 février 1794), qu
ordonne à Pierre Macé , capitaine du bai
ment le Destin , d'embarquer dans s<
navire , pour Nantes , quarante-un iii<j
vidus extraits des marais de Saint- Cy
fesant partie des pays insurgés. L'arrêté \
la Municipalité portait qu'ils seraient ti
duits à la Commission militaire de Nantc
A sept heures du soir , le navire mit à
voile. Quarante-un prisonniers , parmi b
quels étaient deux hommes, dont un aveug
depuis six ans , âgé ' de soixante-dix-hi
ans ; douze femmes de difFérens âges ; quin
enfans , dont dix depuis l'âge de six à d
ans , et cinq à la mamelle , furent doi
embarqués avec quatre fusiliers volontaii
et un caporal. Arrivés à la hauteur 1
Pierre-Moine , le capitaine reçoit un secoi
ordre de l'adjudant Lefevre , d'extraire <
son bâtiment la nommée Jeanne Bidet , i
de la Vendée , et autres circonvoisins. sy i
conduire le reste à la hauteur de Pierre-
Moine y et de les jeter à la mer comme
rebelles à la loi. Cet ordre , qui frappait
sur des vieillards , des femmes et des enfans
à la mamelle , s'étendit aussi sur les quatre
fusiliers et le caporal. Sans doute que ,
témoins d'un assassinat aussi atroce , ils
devenaient redoutables aux yeux de l'adju-
dant Lefevre.
Ses exploits ne se bornèrent pas à ce
seul fait. Deux cent soixante insurgés se
rendent à cet Adjudant ; il les conduit à
Angers , et le lendemain ils sont fusillés et
noyés au Pont -de -Ce. Quatre mille per-
sonnes ont subi cet affreux sort au même
ebdroit. Cet Adjudant rapporte aussi que
depuis le Mans jusqu'à Savenay , la route
était couverte de cadavres d'hommes et de
femmes hachés à coups de sabre,
Garnier (de Saintes) écrivait alors , du
Mans , aux Jacobins de Paris , qu'on ame-
nait les prisonniers par trentaine , que dans
trois heures on les jugeait , et qu'à la qua-
trième ils étaient fusillés.
Le général Cordelier , à Clisson , fesaît
égorger les femmes etles enfans qui n'avaient
pu suivre leurs maris à Nantes , à cause de
leur faiblesse. Le lendemain , comme il
passait par le bourg de Vallet , plusieurs
citoyens et citoyennes viennent au-devant
\
272 Atrocités commises dans le département
de lui , en criant : vive la République ! Ils
n'en furent pas moins fusillés sur-le-champ
par ses ordres.
A Saint-Laurent-des-Autels , deux cents
femmes , enfans et vieillards sont également
assassinés. Un guide obsei'vait à Cordelier
que s'il voulait, surprendre les Vendéens , il
le pouvait facilement dans les marais proche
la Chapelle-Hulin. Les détails, utiles quil
donna à cette occasion lui valurent la mort.
Mortagne était assiégé ; deux citoyens
viennent le lui annoncer , afin de l'engager
à y porter du secours : ils sont tués* Deux
Ordonnances, pressées par le même motif,
sont mises en état d'arrestation. Cordelier
rebrousse chemin , préférant continuer
d'exercer ses brigandages. La garnison de
cette place lui avait fait demander des car-
touches .; il se contenta de répondre que la
peur l'excitait sans doute à cette démarche ,
et ne fit donner aucune munition.
Lusignan , général de brigade , s'em-
presse de suivre les traces de ses frères
d'armes. Le village de la Pallue , près les
forges de Cugan , le voit un jour arriver
avec trente cavaliers. Il rencontre à Fentrée
les femmes du village , et leur demande où
sont leurs maris ; elles répondirent qu'ils
étaient chez eux , occupés à leurs travauii:
de tisserands, 5ur ses ordres , elles vont les
de la Vendée , et autres circênvoisinsi ^^S
chercher: ils se présentent avec leurs tabliers
cje travail. Ce Général les conduit à Clisson ,
^t dix - sept d'entre eux , tous pères de
famille dont les enfans étaient aii service
de la République , sont fusillés dans cette
ville.
Les nommés BtUlevaére et Musca dé-
noncent en même tems à la force armée en
cantonnement au Château- d'Eau j plus de
huit cents individus , tous habitans des
Communes voisines de Nantes : ih sont
également fusillés sans aucun jugement.
. A Paimbœuf , la Municipalité et le Comité
livrent aux bourreaux armés une foule d'in-
dividus que la haine et la cupidité avaient
proscrits.
Belordre , adjudant du général Délage ,
passe la Loire à plusieurs reprises , sous
prétexte de détruire les Vendéens.Il ramène
une fois de la côte vingt-trois femmes , filles
ou enfans de Tâge de dix , douze , qua-
torze et dix-sept ans ; dix-sept sont fusillés.
Une vieille femme était du nombre ; il
l'abandonne à ses soldats , qui la hachent
à coups de sabre , et la précipitent dans
la Loire.
Le général Huche t s'ébranle aussi ei^
recevant les ordres du général en chef
Turreau. Nous allons ici transcrire sa
lettre.
Tome VL S
«74 Atrocités commises dans le département
TuRRjRAv ^ Général en chef de r armée de F Ouest.
' *« Il est ordonné au général Huchet de partir sur-
le-champ pour se rendre à Luçon; il prendra le com**^
mandement de toute la force armée qui s'y trouve ^
^insi que dans les postes adjacents. Il fera enlever ,
par tous les moyens militaires , les subsistances et
fourrages qui se trouvent par sa droite , et c. Aussi-
tôt les enlèvemcns faits , tous les bourgs , villages ,
hameaux , fours et moulins , seront entièrement in-
cendiés sans exception. Les habitans qui seront re-
connus avoir pris part directement ou indirecte-
ment à la révolte ae leur pays , seront exterminés
sur-le-champ. Il se conformera particulièrement à
l'arrêté des Représentans du Peuple , du 8 ventôse
( ap février 1794) , concernant les réfugiés ; il re-
mettra au général Barre notre ordre portant sa sus-
j)ension provisoire.
•f Signé , TuRREAU. ji
Huchet ne se croit pas digne de la con-
fiance de son chef, s'il ne se distingue par
quelques actes barbares. Un Officier de
santé lui déplaît ^ il le fait massacrer. Dans
le jardin de la maison qu il habitait , il y
avait le cadavre d un citoyen tué par ses
ordres. Il ordonne à urie jeune fille , pleine
de vertu , d'aller lui cueillir une salade dand
ce même jardin , en lui disant : B , si
tu n'y vas pas , je t'attacherai les mains ; jt
ti f sur ce corps , et j^ te ferai fusiller
' aprjs.
D'après les ordres de Turreau , il part de
Chollet » à la tête de sa division , et la fait
k
• de la Vendée , et autres cîrconvoisins% 27 5
avancer avec tant de précipitation , qu'il est
impossible aux habitans d'enlever ce qu'ils
ont de plvis*^récieux. Sur quelques obser-
vations faites à ce sujet par plusieurs d'entre
eux , il les menace de les faire fusiller.
Un jeune homme , une jeune fille et leur
père , arrêtés par ses ordres , spnt mis entre
les mains des hussards. On fait briller le
sabre à leurs yeux ; ils veulent fuir , on le?
fusille. Le nommé Laurent , volontaire , se
précipite sur Tun d'eux , et l'achève à coups
de sabre.
Quelques soldats de cette même colonne
entrent dans une maison où étaient vingt à
vingt-cinq malades des deux sexes , et les
égorgent. Huchet se transporte sur les lieux
pour s'assurer si la maîtresse du logis avait
été tuée. '
Ce Général accoste , près Montaigu ,
deux vieillards qui s'occupaient à la mois-
son ; il en assassine un de sa main , pendant
que ses soldats égorgent l'autre. A quelques
pas de là, plusieurs individus sont amenés
mç le bord du chemin , où ils sont fusÛlés
et sabrés. Au Poiré , Huchet tue de sa main
une femme et un homme ; .et pendant cette
expédition il ordonne à ses soldats d'en
auassacrer cinq autres.
La garnison de Mortagne reproche à cç
Général d'avoir , pendant neuf jours dfî
S 2' '
■%
276 Atrocités commises dans le département
suite , donné le même mot d'ordre et de
rallieipent , ce qui pouvait compromettre
la troupe , en facilitant aux Veitdéens les
moyens de la surprendre.
Quand les trois colonnes marchèrent
pour attaquer Charette vers Legé , Hu-
chet en commandait une. L'expédition
fut sans succès ; mais au retour , il donna
ordre au troisième bataillon des Vosges dé
n'épargner ni hommes , ni femmes m
ienfans. Tout ce qui avait jusques-là échappé
aux flammes , grains et fourrages , en devint
la proie.... Il a péri dans cette marche en-
. viron cinq cents personnes sabrées ou 61-
sillées. Il se fesait passer pour Charette, afin
d'induire les habitans en erreur , et de tirer
d'eux l'aveu qu'ils étaient royalistes , ce qui
lui servait de prétexte pour les faire fusiller.
Ses cruautés ont été telles , que le gé-
néral Ferrand , indigné de tant d'horreurs ,
s^est séparé de lui. Ingrand l'a désapprouvé,
et s'est vu forcé à mettre un frein à ces atro-
cités. Six mille Vendéens, du nombre de
ceux qui avaient été battus à Angers et au
Mans , avaient repassé la Loire , et s'étaient
retirés dans leurs foyers ; mais à la nou-
velle des massacres et incepdies ordonnés
par Huchet , ils rejoignirent Charette et
se battirent dans les tems avec toute la
fureur du désespoir.
de la Vendée , et autres circonvoisins. «77
Huchet , après avoir fait camper sa .
troupe dans deux champs de froment ,
donna ordre dy mettre le feu. Il a de même
fait incendier plusieurs fermes et un
village , après en avoir enlevé les bestiaux
et les effets.
Pendant ces expéditions , Turreau ne
restait pas inactif. La Commune de Cha-
lonnes , entourée des armées Vendéennes ,
avait en vain fait part aux Représentans ,
aux Généraux et aux Autorités constituées
de la position critique où elle se trouvait.
Privée d'armes et de soldats > car sa jeu-
nesse la plus vigoureuse était incorporée
dans les troupes républicaines , la laissait
à la merci des ennemis. Effectivement elle
fut attaquée à Timproviste et forcée de se
réfugier dans Tisle. Cependant , revenue
de cette première surprise , son vœu est
de chasser les assaillans. Un Commissaire
nommé le Febvre , envoyé pour s'opposer
à toute incursion » et qui avait fui dès
rapproche des Vendéens , ordonne , pour
rendre ce projet inutile , qu'on brûle ovL
coule une partie des bateaux qui étaient
sur la rive.
Turreau arrive sur ces entrefaites. Les
habitans croyant trouver en lui un libé-
rateur , sortent de leur retraite aux cris de
vive la République l vive la Convention !
S â
«7 â Atrocités commises dans le département
Trois cents rebelles étaient rangés en ba-
taille devant la division Turreaù ; mais se
battre n'était pas sa mission, il bivouaqua
toute la nuit ; et le lendiemain , les flammes
apprirent aux habitahs die Chalonnes , la
perte de leurs propriétés. Les soldats de ce
chef ne le cédaient pas en atrocités à ceux
des autres colonnes. Le viol et le brigan-
dage étaient à Tordre du jour dans ces odieux
bataillons ; les femmes , lesenfans , et ceux
qui échappèrent aux sabres de ces assassins*,
furent judiciairement fusillés.
Dagonrie , Commissaire du pouvoir
exécutif à Quimpér , instruit que le jour de
St. Corantin , patron de Tégilse cathé-
drale de cette ville , les habitans des mon-
tagnes voisines en dtScendaient pour satis-
faire aux devoits de leur religion , fait as-
semblèt* lihe force àrmëe imposante , s'en-
toure d'une artillerie chargée à mitraille ,
et se fait apporter au milieu de. la place
publique , les vases de Téglisc , et tout ce
qui était Fobjet du culte de ces bons mon-
tagnards. Il se fait un jouet de leur piété ,
boit dans quelques-uns de ces vases , .pisse
dans les autres; enfin , les indécences les
plus révoltantes , font reculer d'horreur
ces bons montagnards , ils reprennient
fort tristement le chemin de leurs mon-
tagnes.
de la Vendée , et autres circonvoisins^ 279
Dans le nombre des atrocités commises
par les Vendéens , nous avons omis les
traits suivans : ^ :
Au Leroux , ils clouèrent à Tarbre de la
liberté , un volontaire qu'ils nourrirent
dans cet état pendant trois jours ; au bout
dé ce tems il expira.
A la Commune de Machecoult , ils jetèrent
dans un puits deux cent cinquante volon-
taires , ce qui donna lieu au trait de re*
préssailles que nous avons cité page â34»>
Suite des atrocités commises ians le Dépar^
tement de la Vendée et autres départ emens
. circonvoisins , sow l^ Prpconsulal de Carrier»
Hentz,etc.
li'ŒiL étonné parcourt les superbes et vastes
plaines de la Vendée , dont les iriamenses
productions refluaient sur une partie de
notre sol. Quelle profonde soUtude ! les trou-
peaux ne bondissent plus dans ces prairies
jadis émaillées de fleurs -, k laboureur , par
Ks chants innocens , nç bâte plus les pas
du bœuf traçant de pénibles siUoiis ; ces
antiques forêts , ouvrage de plusieurs siè-
cles , ont ployé leurs têtes sous la hache , et
la flamme a dévoré létw^troncs dépouillés \
ThabitM^ des airs ne trouvi^splus un bran*
S 4
çtSo Airocités commises dans le diparUmeni
châge pour se reposer. Les ruines ont pris
la place de ces habitations agréables , séjour
du bonheur et de Tinnocence ; le croas-
sement du corbeau , et le cri clapissant de
Toiséau de la nuit , y font entendre leurs lu-
gubres concert^ vdes plantes parasites se sont
emparé de ces champs jadis si fertiles ; des
jossemens humains sont épars sur leur sur-
face ; le crêpe de la mort couvre ces
malheureuses contrées ; il se déchire : et
le nom de Carrier écrit en caractère de
sang , s'offre aux regards du voyageur ;
les voix gémissantes de tant de victimes ,
retentissent sous cette voûte funèbre r
toutes accuisent Carrier : c'est Carrier qui
est -leur assassin; c'est Garrîèr qui, dans
sa barbare insouciance , a privé leurs ca-
davres de sépulture , pour les livrer à la
dent des animaux carnassiers.
Mais , qu'avait donc fait ce malheureux
pays , pour s'attirer une si terrible répro-
bation ? étaif-il habité par des êtres en hor-
reur au genre humaifr ? Ouvrons les fastes
sangl'ans de l'anarchie , nous y trouverons
les causes de cette proscription , dont on
î'a enveloppé.
La Convention et la France entière gé-
missaient sous la domination d'une faction
orgueilleuse , qui du sommet d'une mon-
tagne révolutionnaire lançait se^oudrei
de la Vendée^ et autres ciuonvoisins. 281
destructeurs , et menaçait d'engloutir la
patrie sous ses éruptions volcaniques. Déjà
d'horribles catastrophes avaient signalé sa
funeste puissance d'extermination ; une
dernière explosion plus violente mit le
comble au désespoir universel ; la terreur
fut solennellement proclamée à Tordre
du jour ; et ce décret en jaillissant comme
une lave brûlante de ce gouffre empoisonné,
répandit à la fois sur tous les points de la
Jlépublique Fattente et Teffroi d'un entier
anéantissement. Mais il ne suflRsait pas d'un
j)areil décret ; et il semblait impossible de
trouver pour son exécution assez d'Agens
dUgnês de cette mission infernale.
C'en est fait ; de la caverne convention-
nelle s'élancent au loin les nombreux génies
de destruction et de mort ; ils se partagent
tous les départemens de la République.
Ceux de l'Ouest sont dévolus au farouche
Carrier , et Nantes devient le siège de son
despotisme sanguinaire. C'est là , qu'une
maison , dont il a chassé le légitime pro-
priétaire , se change pour ce nouveau
Cacus en un antre affreux où se trace le
plan de mort , et d'où partent tous les
ordres et le signal de tous ks forfaits révo-
lutionnaires.
L'horreur des cachots , les travaux expé-
ditifs d'une Commission militaire ^ ne suf-
s82 Atrocités commises dans le département
fisent pas à ses projets de dépopulation. U
crée de nouveaux supplices ; la fusillade
et les noyades. C'est dans ce dernier sur-
tout qu on lui voit développer un rafiBL^-
nement tellement varié , que les réflexions
qu'il produit ne servent qu à dégrader Tes-
pèce iiumaine. Emule des Nérons et des Cali-
gula , le théâtre de ses sanglantes tragédies ,
est celui de ses orgies. Compatriote de
Couthon , dont nous avons été nous-
mêmes quelque tems la dupe. Il fut Tesclave
des volontés sanguinaires de cet être am-^
, bilieux , qui ne dut un peu de célébrité
qu'à ses infirmités , fruit de ses débauches ,
et à cette extrême popularité qu'il affecta
si long-tems pour éblouir le peuple , lors-
qu'il lui forgeait des chaînes.
Le 8 octobre 1793, (17 Vendém. ) Carrier
arrive à Nantes ; cette Commune avait
déjà son Comité révolutionnaire , dont les
Membres étaient Goulin , Chaux , Grandir
Maison , Bachelier , Perrochaux , Mainguet y
Lévêque , Nain ^ Bologniel , Galloi , Du*
rassier , Bataille , Joly et Pinard , tous
monstres nés pour le crime , et se fesant un
jeu de la fortune et de la vie des hominefi.
Ce Comité bien imbu des principes révo*
lutionnaires , n'était pas encore à cette
hauteur d'énergie républicaine ^que le sys-
tème des dépopulateurs exigeait desAgens
delà Vendée, et autres circonvoisins. 283
subalternes. Aussi voit on Carrier s'em-
porter contre cette Autorité , lorsque fa-
tigué des importunités de ceux qui viennent
solliciter la sortie de quelques détenus , il
s'écfie : (< Comment ce f,%.. Comité révo-
yj lutionnaire travaille - t- il donc ? vingt-
9^ cinq mille têtes doivent tomber, et je n'en
99 vois pas encore une. m "
Ce fut sans doute pour complaire à ce
despote redoutable , que ce Comité , après
s'être adjoint tous ks Membres des autres
Autorités constituées , reconnus pour dé-
terminés révolutionnaires , prit en séance
secrète un arrêté portant un or-dre d'incar-
cération , motivée sur les suspicions les
plus frivoles , d'attentats , de conspirations
et de liaisons avec les rebelles , et sur-tout
ceux que le cri public désignait pour leurs
complices ; leurs Agens secondaires sont
.autorisés à incarcérer dans tous les quartiers
'de la ville , les individus ainsi désignés*
:Quel vaste champ pour ces êtres qui comp-
taient pour ennemi , tout ce qu'il y avait
de gens riches , probes et laboriei^x.
Jusques-là , Carrier avait eu beau pro-
voquer les dénonciations contre lesNantais :
en vain n'exigeait - il que la signature de
deux Sans - Culottes , pour incarcérer un
Aristocrate. Ce's. funestes sugges-tions avaient
■été repoussées de toutes » parts ô enfin il
s 84 Atrocités commises dans le département
fallut prendre un autre moyen pour rem-
plir les prisons ; on eut recours à Fexécra-
ble invention des conspirations^
Le 22 brumaire ( 12 novembre 179^ ) ,
la générale battit ; le canon d'alarme tonna.;
les Sans-Culottes prirent les armes ; des par
trouilles nombreuses parcoururent les rues ;
de forts détachemens , protégés par Fartil-
lerie , fermèrent toutes les issues , et trois
mille citoyens y inscrits sur des listes pré-
parées avant cette époque , furent fouillés:,
pillés et incarcérés. Le même jour , plusieurs
de ceux qu'on arrêta furent guillotinés.
Durassias , Tun des agens du Comité , écrir
vait à ce sujet à Crepin : t« Tuas laissé lu
99 compagnie Marat sans armes ; mais nous
99 avons inventé une conspiration pour ar-
5 5 rêter les Aristocrates , et nous avons pris
99 leurs armes m. Déjà Ton avait agité au
Comité si Ton ferait périr les prisonniers
en masse ; Chaux avait un autre moyen
pour opérer leur destruction ; c'était d'iiv-
troduire dans les prisons un homme affidé
qui y aurait fait une insurrection , et tous
auraient été fusillés. Ce plan se rapportait
précisément à ce qui se passait alors daas
les prisons de Paris. Un Officier municipal
.d« Nantes voulut lui observer , qu'on trai-
tait lestement les affaires au Comité , sur-
tout lorsqu'il s'agissait de$ propriété^» delà
'de la Vendée , et autrei circonvoisins. 285
liberté et de la vie des citoyens. Le même
Chaux lui répondit : a Nous marchons ici
») sur les corps morts et sur les jolies fem-
>9 mes !!!!! i>
La fameuse Compagnie révolutionnaire ,
dite Marat , avait présidé aux arrestation6 ;
elle exigea même des proscrits une somme
de cent livres pour subvenir aux frais de
leur incarcération.
Lors de l'organisation de cette troupe ,
formée sous les auspices de Francastel et
de Carrier , un Membre du Comité s'écriait
à chaque nomination : tt N'y en a-t-il pas
» un plus scélérat ? Il nous faut des hom-
t> mes de cette espèce pour mettre les aris-
99 tocrates à la raison 9 9.
Tel était le mode par lequel chacun de
ces militaires passait au scrutin épuratoire ;.
on en exigea ensuite le serment que nous
allons retracer.
** Je jure que Marat ^ tant calomnié , tant avili par
le parti Feuillantin , par les crapauds du Marais ,
rr les contre-révolutionnaires , ne vécut que pour
défense du peuple , et qu41 mourut victime de
son dévouement pour le peuple.
" Je jure que les principes révolutionnaires qu'il
professa , et dans ses écrits , et à la tribune conven*
lionnelle , furent, sont et seront, toujours les
miens.
n Je jure que les sociétés populaires sont les vraies
colonnes de la liberté et de* Tégalité , et que je les
regarderai toujours comime telles, n
286 Atrocités commises dans le dépariement
Suit la promesse de poursuivre les ca-
lomniateurs de ces sociétés , et la déclaration
d'une guerre à mort aux Royalistes , Feuil-^
lans , et c. Le sercûent de ne jamais- coinb'
poser avec les parens , amis , et c. , ni avec
les intérêts personnels ,et de ne reconnaître
pour frères que les seuls patriotes et les
défenseurs de la République , et c.
Ce fut à la suite de ce serment , que les
soldats enthousiasmés de ce conventionnel,
demandèrent qu'il leur fût permis d'adopter
le titre d'armée de Marat.
Un choix fait d'après ces diffiérens prin-
cipes , incorpora dans ce corps tout ce qiic
Nantes avait de gens perdus de réputation
et de. crimes. Us attentent ,avec une impu^
dence impunie , à la liberté et aux pro-
priétés des citoyens. On leur délègue aussi
la fatale mission de fusiller les victimes à
bord des bagarres, et Carrier les encourage
et les récompense : il en rassemble chez lui
un jour une trentaine : «< Je vous croîs ^
59 leur dit-il , tous de bons b je vais vous
5J donner des pouvoirs , j'espère que^ous
f5 les exécuterez , et que vous remplirez mes
55 volontés 9% Il fixe ensuite la solde de ces
soldats à dix livres par jour , somme exhor-
bitante , qu'on leur prodigue à dessein d'en
faire autant de bourreaux entièrement dé^
voués. Par un arrêté postérieur , Carrier
de la Vendée , et autres eirconvoisins. sSy
le$ avait entièrement subdrdonnés à la sur-
veillance du Comité. Mais offrons ici quel-
ques traits des Membres de ce Comité , en
attendant que la marche historique déve-
loppe naturellement lesi faits qui peuvent
concourir à peindre leur moralité.
Bachelier , président , notaire prévarica-
teur , frappa de préférence ses confrères de
ses mandats d'arrits : leur incarcération
augmenta sa clientelle et les produits de son
étude. Chaux , jaloux d'un terrain qui était
à sa convenance , disait : «<Je ferai arrêter
« le propriétaire , il sera trop heureux de
'i) m'abandonner sa possession pour sortir
n de prison > j. Jadis banqueroutier , il pros-
crivit tous ses créanciers ; il était au greffe
du Tribunal , àTépoque où une loi enlevait
au Citoyen le droit de relâcher les détenus :
((C'est bien dommage , dit-il, toute la ville
9i de Nantes eut passé par nos mains ; nous
^9 eussions Ait incarcérer tous les habitans
« les uns après les autres ; ceux-ci pour une
»îi décade, ceux-là pour deux ; après un
^> quartier plus ou moins long y les Nantais
9J en eussent mieux valu »».
Grand-Maison , assassin avant la révolu^
tion , n avait échappé aux lois que par le
moyen des lettres de grâces qu il avoit ob-
tenues par le crédit de quelques nobles.
Goulin , ex -noble , était connu par une
-288 Atrocités commises dans le département ^
vie des plus licentieuse ; on Taccusait publia
quement d'avoir frappé d'un bâton son
père , deux jours avant sa mort. Il fit mourir
dans les cachots son bienfaiteur; une jeune
femme , dont il partageait le cœur et la
fortune, ne fut pas plus épargnée. Ce Goulin
reprochait souvent au Tribunal la lenteur
de ses formes, u Ah ! Président , disait-il ,
55 au nommé Philippe Tronjoly , avec votre
5j air sévère , lorsque vous êtes sur le siège
5 5 vous avez Tame trop timorée ; est-ce qu il
5 5 faut des preuves pour faire passer cer-
55 taines personnes au rasoir national? On
5 5 leur fait mettre la tête à la fenêtre sui
5 5 rétiquette du sac »5. ^
Ce Comité reçut Tordre de Carrier , le
lo Pluviôse , an 2, { 29 janvier 1794 )", de
faire incarcérer , sous vingt-quatre heures,
les courtiers , et ceux qui , depuis la révo-
lution , avaient exercés ce commercé. Le
lendemain , il joint à cette liste générale
tous les interprètes , sans exception ; tous
les acheteurs , acheteuses , revendeurs et
revendeuses de denrées de première néces-
sité , sans nulle distinction.
u Peuple , âvait-il dit un jour dans le sein de la
société , prends ta massue , écrase tous ces gros négo-
cians, tous ces hommes qui se sont enrichis du fruit
de tes sueurs ; vas , cours enfoncer ces magasins qui
regorgent de richesses ; prends ce sabre , et exter-
mine tous ces scélérats , qui abusent de ta patience ;
de ia Vendée , et autres circonvùisins. 9&9
mais je saurai bien au défaut du Peuple tirer ven^
"geance de ces vampires publics , la guillotine me
iera justice de tous, et je ferai rouler leurs têtes sur
récbafaud national. 9t
Mêmes propos à la société populaire
d'Ancenis : «jJe vois PAR-TOUT, dit Carrier,
jj des gens en guenilles ; vous êtes aussj
99 bêtes ici qu'à Nantes ; Fabondance est
i> près de vous , et vous manquez de tout.
31 Ignorez-vous donc que la fortune , les
»» richesses de ces gros coquins de négo-
« cians vous appartiennent ? et la rivière
« n'est-elle pas là ? 35 De quel effroi ne
péhétrait-il pas les Nantais , en disant qu'ils
étaient tous scélérats , et qu il fallait jouer
à la boule avec leurs têtes.
A la suite de ces imprécations venaient
les arrestations , qui dans un instant , et
sous les prétextes les plus frivoles , mon-
tèrent à plus de trois mille. Ici ce sont
toutes les filles suspectées d'avoir été , il
y avait un an ou deux , à la messe d'un
prêtre réfractaire. Le plus léger soupçon
de mœurs équivoques devient contrç
d'autres un motif de proscription ; çt
Carrier punit par la noyade une faute
souvent supposée , tandis qu'il se souille
publiquement dans la fange de la débauche
la plus crapuleuse.
Prieur de la Marne , collègue de Carrier
Tome VL T
tQO Atrocités c<fmmtses dans te département
dans cette mission , essaya un jour de lu
faire quelques représentations sur le dange
des noyades , et proposait de substituer î
ces mesures illégales la fusillade sur 1(
cl^amp de bataille. Carrier, qui savait com
bien ces expéditions étaient du goût de
Comités qui les approuvaient , et de 1;
Convention qui y applaudissait , repouss;
dédaigneusement Prieur , en le traitan
d'imbécille en révolution , et les baignade
révolutionnaires continuèrent.
On parlait un jour à Robespierre de ce
atrocités , et de la peur que tous les Nar
tais , jusqu'aux enfans , avaient de roim>r
eeulf de Carrier. « C'est un patriote , répond
49 le Tyran ; il connaît ses devoirs^ et Nanti
55 avait besoin d'un pareil homme. . . .
Revenons aiix Membres des Comités r^
volutionnaires.
La citoyenne Mallet fut conduite e:
prison; ladjudant général Richard s'em
para de son or , de son argent , de se
assignats , et de soixante- dix mille livre
de tabac ,:sous prétexte quil était en r<
quisition. Cinq semaines après , Perrochau
€t Bologniel lui apportèrent sa liberté, i
peine sortie , elle réclame ce qui lui ava
été enlevé ; Perrochaux Tinvite à venir a
Comité , pour avoir la clef de son appartc
^ent. Chemin fesant , il la presse d'allt
de la Vendée^ et autres circbnvoisins. agi
voir , dans la prison du Bon-Pasteur , sa
sœur , dont il lui montre la mise en liberté»
A peine entrée dans cette maison , elle
apprend sa nouvelle arrestation. Elle se
plaint à Perrochaux , qui visitait la prison ,
de cette nouvelle et injuste incarcération
quji altérait sa santé • Bon! dit-il , la guillotine
guérira tout cela. Joly, quelque tems après,
fcsant une visite dans cette prison , de-
mande au geôlier si ce n'est pas la veuve
Mallet ? Sûr Taffirmative, il dit : Elle est bien
bonne pour aller boire à la grande tasse.
' La femme de confiance de cette prison-
nière^ pressait Perrochaux de lui obtenir
quelques secours : Tu es une bête , lui dit-il ,
. lorsque cette b sera morte ^ tu y gagneras
davantage , tu seras maîtresse à ton tour.
Cependant le Comité fait afficher que
ceux qui solliciteront en faveur des détenus,
seront regardés comme suspects. L'amitié
et la piété filiale franchirent souvent les
barrières élevées par Tinhumanité ; mais
avec quelle dureté furent-elles accueillies !
Une malheureuse épouse demandait à
Goulin des nouvelles de son mari : Bon ,
pi importe, lui répondit-il , plutôt il mourra ,
pliitot nous aurons son bien.
Perrochaux , de son côté , exige que la
citoyenne Brelonville lui sacrifie son hon-
lieur , afin d'obtenir la liberté de son père*
T 2
«9^^ Atrocités commises dans le département
Témoignant ailleurs sa soif d'argent , il
demande à la citoyenne Ollemard-Dvdan
une somme de 3o,ooo liv., pour la laisser
jouir de sa liberté.
Carrier , de son côté , affichait une in-^
flexibilité féroce , mais qui n était pas tou*
jours à répreuve des séductions de For ou'
des plaisirs lubriques. Le citoyen Throuard^
accompagné de sa fille , invoquait un jour
&a justice en faveur du citoyen D&tvo ^
détenu , destiné pour le voyage de Paris \
là, il fesait valoir auprès de ce Représentant
le délabrement de sa santé. Carrier quitte
brusquement le local où ils étaient. Throuard
le poursuit dans celui où il se redre. Il
le voit armé d'un chandelier , dont il veut
le frapper. Throuard lui représente que s'il
est républicain , il ne doit pas frappcir un
citoyen qui a donné des marques éclatantes
de son patriotisme depuis 1789. Cette re*
montrancc , au lieu d'appaiser Carrier ;
valut aux malheureux pétitionnaires d'être
poussés avec violence et fureur hors de la
maison.
La citoyenne Perrote Breret avait un frère
détenu à la maison d'arrêt dite f Entrepôt ;
ignorant le sort qui lui était destiné , elle
se transporte chez Carrier , qui lui demande
d'abord quel âge a son frère : Trente • six
uns , répond-elle. // est bon à /.•... à l'eau ,
de la Vendée^ et autres circonvoisins. SgS
répliqua-t-il; s'il ri avait que dix-huit ans , je
pourrais te le remettre; mais il faut quil
périsse , et bien d'autres à sa suite ^ et les trois
quarts de Nantes. Quelques jours après , cette
soeur désolée fait une nouvelle tentative au-
près de lui , et , prosternée à ses genoux »
demande une permission de sa main pour
voir son frère , ainsi que quelques infor-
mations sur le sort qu on lui prépare.
Carrier lui répond que son jugement était
prononcé depuis son incarcération , et
quil serait noyé sans d'autres formalités,
ÉUc insiste pour avoir le jugement. Il lui
répond avec fureur que c'était lui qui ren-
flait ces jugemens , et que si elle récidivait ,
il la ferait L.... à Teau ; en même-tems il
là frappe du fourreau de son sabre , et la
j€ttc à la porte. Elle n'était pas au bas àt
Tcscalier qu il la fait remonter , et lui offre
la liberté de voir son frère , à condition
quelle s'abandonnera à ses désirs. En lui
parlant ainsi , il la saisissait par la main \
et cherchait à l'embrasser. Elle résiste à ses
foUicitations , en lui observant que son
honneur est ce qu'elle a de plus ch^r ; T?t
que le sacrifice qu'il en. exigeait ne serafit
peut-être d'aucune utilité à son frère. Toat
ce qu'elle put obtenir de lui , fut quelle
pouvait aller au Comité pour avoir la per-
mission qu'elle demandait. Elle appVèrïd
T 3
«94 Atrocités commises dans le département
alors que son frère doit partir pour Pain-
bœuf, Elle retourne auprès de Carrier ^
lui demande la permission de pourvoir à
sa subsistance pendant la route. // ri'a
besoin de rien , lui répond-il , il aura suffis
sammcnt à boire. Et pour se débarrasser des
importunités de cette jeune fille , il la
menaça de lui faire subir le mêrae sort que
son frère , si elle ne s'éloignait.
Habitué à fouler ainsi , d un pied or-
gueilleux , les droits de l'humanité , il ne
respectait pas davantage le caractère sacré
des fonctionnaires publics ; et plus d'une
fois les représentations officielles des Au-
torités constituées ne leur obtinrent de lui
que de brutales injures et des proscriptions,
La Commune de Nantes avait fait quel-
ques achats de grains pour sa subsistance.
La municipalité de Rozier , se disant auto-
risée du représentant Carrier, avait mis
un embargo sur les bâtimens chargés de
ce transport. Une députation des Au-
torités constituées de Nantes , se rendit
auprès de lui pour le solliciter à ordonner
le prompt transport de ces grains. C6 Est-ce
»5 que cela me regarde, f.....? C'est à vous
5 5 d'écrirç au département de Mayenne et
5 5 Loire. Vous voulez me faire faire une
55 c.....ade , f..... ; mes collègues ont pu
»5 donner des réquisitions qui se trouvent
de la Vendée , et autres circonvoisîHs. 2g'5
» en opposition à la mienne ^^^ Un Membre
de la députation voulut lui mettre sous les
yeux les lettres jxistificatives de cet empê-
chement; Au fait, au fait ^ h lui dit-iL
Un autre voulut parlet à ison ^;our* Tàh-toi^,
lui dit-il \ je montais Vân dernier une 'bou^
tique qui raisonnait mieux que toi.
Tel fut le résultat d'une démarche dont
lobjet aurait dû être sacré aux yêiix d'un
ami de Thumanité ; mais les destinées de
TEmpire français étaient erttre les mains
de ses plus cruels ennemis.
Le Maire de Nantes se ttâ^nsportc à son
tour dans la maison dé plaisance habité,e
par Carrier. La sentinelle lui Refuse d'abord
l'entrée ; mais il pénètre a la faveur de- sa
qualité. Quelle ne -fut pas sa surprise en
le voyant entre deux femmes dans le plus
grand désordre. Ce* sardanapatev*â son
aspect se lève ave^* ftitiei, et *s^'4Îcrié 4
Pourquoi la sentin€U€^fve4'4ir4'dle pàsf:..u sa
hdionnette au tra'otrs diftêfps ? Que viens^tu
\hercher ici ? Des subsistances pour rives frères ,
pour mes malheureux concitoyens -qui softt ft"
duits aune demi-livre de pain exécrable par
joMr. Carrier , pour^toute réponse , Tinvèc-
live et le chasse de^fô-ptésence«
Le citoyen MifiiiT^i Ptésidéili du Dépar*
tement , vient aussi lùï demander deà sub«
sistances. Allà-en ^hercktr^ dam la Vendée ^^
B9§ 4^ocUés commis es'dans le département
dit Carrier. On lui observe que les Com-^
missaire'ç ont été repoussc$« Ce sont des
i!9^y^6f,,:î§plique-t-il; j> parie défaire, seul
IV.touîiideJa Ver^dée avec une quenouille. Ce
tifait sufiif ait , s'il en ' .était besoin , pour
j)rouver combien nQS Tyrans av/iient une
petite idée de cette Vendée , qu'ils ne
pfeignaijejtit;: si redput^ble qu'e-pour modver
Jif jLirs ej^écrables fureurs*
: Le citoyen S^uvigni ^ adjudant-général
4é.Naîitjes ^ ^e présente un jour chez lui
pour lui faire quelques observations.Carrier
le menace aussitôt de la ptison , et mande
la garde pput le faire arrêter. Si je ïai
mis^nqué , lui dit cet Adjudant ^ fais -moi punir ;
je k rernefffHon tfj&^^. Carrier , furieux de. ce
sang-froid , saisit son sabre pour le frapper.
., \^ouq'i(f6i.,^lLQ,mbeçrty y Agens du Comité
p^éyolpt^io&naire , avaient i:eçu des. pouvoirs
trcsrétondus deHGarriei/jpour la conduite
deçi gabarres , avec défense à qui que ce
fût de les entrave^Çid^i?^ toutes les opéra-
tions que pourraient exiger 'tes différentes
x>pération^. :-;, ..v .^
, pn yertu de cet .pr4a^<e. v ils se mettaient
cpdç.i^oir d'enlever: d^jlisntrepôt une quan-
tité de dét^w , .pareil iesquels.on comp-
iftit be^iifQupvjiç ; femntes - ei^ceintcs et
plusieurs enfans..©n;Ja[ae;-. igje,. Le P^é^sident
pi TAc^cttSaxei»: pijblic du tribunal criminel
de la Vendée, et autres circonvoisins. 297
k transportèrent dans cette maison d arrêt
pour s'opposer à une extraction si con-
traire aux lois. Fouquet , sourd aux réclama-
tions de ces deux fonctionnaires , voulut
faire Tenlèvement malgré eux. Il fait venir
à cet effet vingt hommes de garde. Le
Président et l'Accusateur public se déco-
rèrent alors des marques distinctives de leurs
charges , et , de par la loi , ordonnèrent
aux soldats de se retirer; ce qu'ils firent ,
après en avoir requis par écrit leur refus
de laisser sortir les prisonniers.
Carrier , instruit de l'opposition des
Membres du tribunal criminel , le fait
mander le lendemain. Le Président se
rendit à son invitation, it C'est donc toi y
» j... f..... de Président, ^2*/ flu$sitôtle/urieux,
^. Carrier , qui t'opposes à mes ordres ?
".Tu disque tu veux juger : eh bien ! b......
)^ juges donc ; et si , dans deux heures ,
» l'cn^trepôt n'eçt pas vide , je te fais fu-
>î siller ainsi que ton tribunal, >» Le Prési-
dent fut tellement frappé que la feèvre le
^sit en rent^'^rU[chez lui , et le conduisit ,
peu de jours aprè;. , au tombeau. Au milieu;
de çp3 accès , il s'jécjri^it ! Carrier eitrUparlifr
Carrier est un scéUrat.j^^ Carrier est-il aruté ?^
. .ÛnCommis&airç de l'Oricfit ,lai appojtç;)
yu jour des dépeiq^^ep'j.Çafri^r , après =les[
^yxpir lues j.s'éç^îe,:^ N^^^ fA^s tous 4Ç-S.:
k
3oo Atrocités commises dans le dépattemetil
Le sans-culotte Goulin écrit d abord en
ces termes aux Membres du Comité de
surveillance de Nantes.
i« Frères républicaîAs , les Représentans me re—
mettent les pièces ci-jointes que je m'empresse der
\ous faire passer: examinez et sur-tout agissez roidc
et vite, frappez en vrais Révolutionnaires , sinon je
▼ous réprouve. Le Carreau populaire vous est dé-
volu , sachez en user , ou vous êtes, ou pour mieux
dire nous sommes foutus. Vous manquez, dites-vous^
de bras exécuteurs; parlez, demandez, et vous
obtiendrez tout : Force armée , Commissaires ,
Courriers , Commis , Valets , Espions , or même
s'il en est besoin , encore une fois , et je suis sût
que vous serez servi sur les deux toits Songef
au Navire etc. a
Le général Grignon , dont il est parlé
dans le cours de cet ouvrage , ravageait
les environs de Fdhtcnai-le-Peuple et de
Bressuire. Huche , d'après les ordres dé
Thurem , ravage les environs de Luçon ; et
Westermann ^ vantant ses victoires répétées^
court de massacres en massacres , n'épar-
gnant ni les adversaires pris les armes à
la main , ni Thabitant paisible des cam-»
pagnes*
, Cette horde de sîcaires, aveugles instru-
mens d'utie faction qui ne veut dominer
que sur des cadavres , se livre aux même»
fureurs que les autres divisions» Le pillage ,
le meurtre J'incendie y tels sont le» forfaits
qui signalent le passage de ces brigands
de la Vendée , et autres circonvoisins. Soi
dans un espace de cent lieues. Ils ont
trouvé dans leur violence envers les femmes
dafiEreuses jouissances. Plus d'une mère
de famille expirante sur la place qui a été
témoin de son déshonneur, voit son enfant
ballotté par ces furieux ; ils se le jettent
de Tun à Tautre , et le reçoivent sur leurs
baïonnettes. Barbarie sans exemple , comme
au-dessus de toute expression ! Ces brigands
fanatisés avaient reçus de la bouche de
Carrier des éloges faits pour enivrer le
crime , et Taiguillonneraux derniers excès.
A Montaigu , Carrier harangue la colonne
des Cordeliers en ces termes : u Braves
»ï soldats , vous qui avez porté le nom
5y d'armée infernale au Nord , j'espère que
39 vous le porterez de même ici. Je vous
-fî ordonne de mettre le feu par-tout, et
99 de tout fusiller sans distinction. 99
On ne sera pas étonné de la célérité
de ces expéditions militaires , en lisant les
ordres laconiques qu'il donne au général
Dufour. tu te plains , lui dit-il , des déndn*
dations ; sois tranquille , je t'ai rendu justice.
Brûle , brûle , brûle. Ce Représentant qui
n'avait de l'audace que pour assassiner ,
satisfait de faire trembler tout Nantes , ne
se présente jamais en face des ennemis. Il
a néanmoins assisté à l'incendie d'une Com-
mune; citait celle de Petit-Fages ^oix il ne
3o2 Atrocités commises dans^ le département
restait que quelques femmes et ènfans. Le
feu et la flamme vomirent la destruction ,
et Carrier se fit un point de gloire de donner
le signal de Tincendie en mettant lui-même
le feu à Téglise.
L'axmée révolutionnaire n est pas la
seule qui J)orte la mort dans le sein des
familles. Pinard^ Membre du Comité révo-
lutionnaire , à la tête d'un détachement de
Mulâtres , parcourt les campagnes , et sème
par-tout TelFroi, A son nom les femmes
fuient ; elles savent que cet homme s'est
déclaré leur ennemi. C'est à elles qu il a
juré une guerre à mort. Les charmes de la
jeunesse n ont aucun empire sur son âme
féroce. Il arrive près la forêt de Pimé , chez
la nommée Chauvette ^ ^dont le mari avait
pris les armes avec les Vendéens , mais que
sa femme avait refusé .de suivre sous des
étendards qu'elle condamnait. Elle avait
chez elle quelques militaires conduisant un
convoi à Nantes. Pinard leur dit qu'elle
était la femme d'un brigand; qu'il avait
tué ce jour-là six femmes, et qu'elle serait
la septième : u Consoles-toi , dit-il à cette
j5 femme , qui tenait son enfant dans ses
5 5 bras ; consoles-toi , ton enfant sera expc-
55 dié avant toi. C'est Pinard qui te parle ,
15 Pinard qui fait la guerre aux femmes. »»
Le citoyen Mariette^ l'un de ceux quicscor-
de la Vendée , et autres circonvoisins. 3o3
tait le convoi , présent à cette scène , s arma
d'une noble indignation , et fesant briller
S9n sabre , il dit à cet assassin qu'il n'arri-
verait à cette femme qu'en marchant sur
son corps. Pinard désarmé par ce ton
ferme , se contente de dire à Mariette qu il
est un crâne ; et se retournant vers cette
femme , il lui demande soixante mille liv.
qu'un seigneur des environs avait caché
dans un local qu'elle n'ignorait pas. Elle
affirma que le dépôt avait été enlevé* Ce
brigand arrêté dans son homicide, et fhistré
dans l'espoir de sa cupidité , se retire la
rage dans le cœur , en menaçant Mariette.
Le lendemain , le convoi et la troupe qui
accompagnait Pinard se rencontrèrent dans
une forêt. Ce malheureux avait déjà mas-
sacré deux femmes; lune d'elles demandait
grâce pour deux enfans de cinq à six ans.
Cette mère tombe un instant après morte
aux pieds de Pinard , qui vint furieux , le
pistolet à la main , pour donner la mort à
ces deux enfans. Mariette et» un autre ci-
toyen les avaient déjà adopté. Qne veux-tu
faire de cet enfant , dit-il à ce Citoyen géné-
reux ? 0 tes- toi de laque je lui brûle la cervelle.
Mariette le couche en joue , et le force
d'abandonner son affreux dessein. Bientôt
deux volontaires amènent un vieillard ,
grand-père de ces deux enfans ; c'était le
3o4 Atrocités commises dans le département
seul espoir de sa vieillesse , a qui cette in-
fernale guerre avait enlevé le reste de sa
famille : Otez-moi la vie^ mais conservez-là à
mes deux en/ans. Tels étaient les cris lamen-
tables de cet infortuné vieillard.
L'assassin Pinard s'écartait de la route
pour se gorger du sang des femtnes et
des enfans. Trois de ces malheureuses dont
îl avait joui , furent livrées de son chef à la
garnison de la Commune de Vue. Elles
forent traitées avec une barbarie dont la-
suite fut des plus funestes. Une d'elles essuya
dans un seul jour , les outrages de plus de
cent de ces furieux. Ses compagnes subirent
un sort a peu-près semblable. De pareils
atrocités les avaient tellement afFa:iblies,.que
sortant de leurs bras , elles ne purent se
soutenir , et elles étaient en outre dans un
état d'imbécillité déplorable. Trois jours
après ,xes bourreaux les fusillèrent.
Quelquefois 'fatigué de carnage , Pinard
conduisait ses prisonniers au Comité. Le
citoyen Heilré-Lambauche , propriétaire _
aux environs de Nantes , âgé de 7 1 ans ,
fut enlevé de son domicile , ainsi que sa
fille. Pinard , accompagné de trois noirs ,
avait bu le vin de ce citoyen , et s'était
emparé d'une somme de quatre mille livres.
En route , il leur dit : u Vous n'avez que
»î deux partis , ou de boire à la grande
de la Vendée , et autres circonvoisins. 3o5
99 tasse, ou la fusillade. 99 D autres partîcu*
liers \ conduits par le même au Comité ,
sont indistinctement traités de brigands
par ces membres , et renvoyés à la Com*
mission militaire en termes qui respirent
la dérision la plus barbare, u On recom-
99 mande , y disent-ils^ les gredins ci-de§sus.. .,
99 Ces honnêtes gens sont fatigués , mala-;
99 des ; ils ont besoin des soins les plus
99 délices. C'est justice de leur expédier^
99 un billet d'hôpital. En vérité , en vérité ,
59 le Comité révolutionnaire ne peut s'em-
^9 pêcher de les recommander chaudement
99 à ses frères de la Commission militaire
99 et révolg^onnaire. 99
Pinard , à la tête d un détaqhemeut
composé de noirs et de blancs , entre , le
S 8 octobre 1793, dans la maison de la,
citoyenne Tarel , y exerce toutes sortes de-
"vexations , lui enlève son or et ses assi-
gnats , ainsi qu à toute sa famille. Pinard
sort , en le^ menaçant de^ la guillotine ,1
cle la baignoire nationale , et d'une seconde»
visite pour le lendemain. Cette visite.
leut effectivement lieu à deux heures du,
Knatin.
La troupe , commandée par un Noir , fit
Lever toute cette famille , qije IVn consi-
gna provisoirement dans une salle basse.
Etendant ce tems-là , tous leurs effets sont
Tome VI. v
3o6 Atrocités cBmmises da7\s le département
mis en ballots et en paquets , et trente voi-
tures en sont chargées. On parle ensuite de
brûler la maison ; la belle-sœur de la ci-
toyenne Tarel offre sept à huit cents livrels
pour empêcher cet incendie : on atcepte
Targent , et la maison est brûlée. Tous sont
ensuite placés sur un tombereau ; le mari
seul , âgé de soixante-cinq ans , suivit à
pied , et fut conduit avec les autres ^u
Comité révolutionnaire de Nantes4^^^e Lieu-
tenant de cette ttoupe , qui était un mu-
lâtre , vantait sa modération dans cette"
opération , puisqu'il s'était contenté de'
brûler la maison , quoique* ses ordres por-
tassent de tout tuer. On lui' répondit qu'il
aurait bien fait de le faire.
Au milieu de cette nuée d'assassins qui
ont répandu la consternation générale ,
Carrier se dîstuigue par l'horreur plus pro-
fonde , plus universelle , dont son nom
seul glace les cœurs. A son approche,
chacun se renferme ; et cette iafFreuse soli-
tïide qui le livre tout entier au supplice de
sfes remords -, ne fait qu'accroître dans son
âme bourrelée le besoin de la solitude.
Dans chaque figure humaine qu'il apperçoit,
il peut reconnaître une victime , et craint
de trouver uil .vengê^ur. Tout le mondé le
fuit , et il. fuit tout le monde ; et dans l'excès
de ses frayeuifs , il donna un jour Tordre-
de la Vendée , et autres circonvoisins. Sof
de tirer un coup de fusil àurie jeune femme
qui , par hasard , se trouvait à sa fenêtre
dans rinstant où il traversait la place. Soa
espoir est dans le désespoir des Nantais ,
qu il provoque à dessein par mille fureurs ,
et dont un seul murmure suffirait pour en
motiver la ruine , préméditée depuis long-
tems ; car , dans une orgie , il avait dit à
sesconfidens , quil aurait voulu voir Nantes
remuer un peu, afin de pouvoir déclarer
cette ville en état de contre-révolution*
Avant de dessiner Teffirayant tableau des
massacres , pénétrons un instant dans les
prisons , où les hommes et les femmes >
jetés pêle-mêle , sont confondus pour tous
les besoins et pour toutes les souffrances.
Un peu de pain et d'eau , telle est leur
nourriture journalière. Des enfans, exténués
de besoins , cherchent là nuit le baquet
qui renferme Teau , ils tombent dans celui
destiné aux ordures , et s'y noient.
Un officier de santé est envoyé par la
Commission militaire dans les prisons ,
pour constater le nombre des femmes en-
ceintes ; il en reconnut plus de trois cents
qui Tétaient depuis cinq , six et huit mois/
Cet ^étatsi respectable , et sacré pour les
Hurons eux-mêmes , ne les exempte pas
de la noyade. L'bfficiér , à son retour , ne
les vit plus. L'affliction que lui causa ce
V 2
3o8 Atrocités commises dans le département
premier événement s'accrut à la vue de
plusieurs enfans qui , dans moins de, cinq
minutes , expirèrent en sa présence , faute
d'alimens. Huit cents femmes , et autant
d^enfans , sans paille , sans nourriture ,
éprouvaient les horreurs du froid. If sort
aussitôt , et peint la situation des détenus
aux citoyennes qui avoisinaientles prisons ,
en les invitant à leur porter quelque nour-
riture. 4 6 Comment faire , repondirent-elles,
»j Grandmaison fait incarcérer tous ceux,
J9 qui apportent à manger à ces femmes et
f> à leurs enfans? n
Dans un profond cachot était renfermée
tarie mère , du nom de Jourdan , avec ses
filles , dont la plus jeune avait treize ans*
Un jeune homme , nommé Delille , et le
directeur des hôpitaux y descendirent pour
sauver cette dernière. Le premier spectacle
qui frappe leurs yeux est celui de plusieurs
cadavres inanimés de femmes et d'enfans.
Es trouvent ensuite cette malheureuse mère
entourée dans la paille avec ses filles , qui
se pressaient autour d'elle pour conserver
le peu.de chaleur qui leur reste. La plus
jeune était ensevelie sous ses hardes ; ils
Tinvitent à les suivre ; non ., vous n'aurez
pas ma fille , s'écrie cette malheureuse mère,
en soulevant avec effort s^ tête languissante,
non ^ nous voulons mourir toutes ensemble^ Il
de la Vendée^ et autres circonvoisins. 3og
fallut user de violence pour entraîner cette
jeune personne hors du fatal cachot. Elle
y avait contracté une maladie grave , qui
l'entraîna au tombeau, après avoir langui
pendant six mois dans la prison.
Les maisons d'arrêt étaient tellement en-
combrées , que cinq ou six détenus , et, par
la suite une trentaine , mouraient par jour
dans chaque salle , et les cadavres y res-
taient abandonnés pendant plus de trente-
six heures. La corruption fut si contagieuse^
qu'elle s'étendit au- dehors, et plusieurs
factionnaires en perdirent la vie. Ce n'était
plus des maisons d'arrêt , maïs des lazarets
pestiférés ; et quarante malheureux , dé-
voués à la mort , consentirent seuls à essayer
de les nettoyer , pour racheter leur vie au
prix de ces dangers ; mais plusieurs y
périrent sur-le-champ, et le peu qui sur-
vécut fut indignement fusillé par ordre de
Carrier.
L'action de la peste n'était pas asser
prompte encore , et la guillotine continuait
ses sanglantes épurations. Un jour ,^ un jeune
enfant de i3 ans avait été conduit à l'écha-
faud ; placé sur la planche fatale , ri regar*
dait le bourreau avec douceur , et deman-
dait avec une naïveté attendrissante : Me
feras - tu bien du fnal ? Aussi - tôt la hache
tombe..... Dieux! son col n'atteignait pas la
V a
3 10 Atrocités commises dans le département
ligne où frappe le fer mortel ; Imnoçenté
victime a le crâne partagé en deux , et n'a
point encore expiré ! Il faut recommencer ,
Il faut rajuster son corps pour les dimen-
sions fatales . et sa vie prolongée par cette
opération , se termine ainsi par une éter-
nité de supplice.
Un autre jour , six jeunes fiUçs , douées de
tout ce qui commande aux hommes Imtéret
et l'amour , apprennent l'arrêt de leur des-
tinée de la bouche du concierge : 44 Mes
3t5 amies , leur dit- il y préparez - vous à la
5> mort , car dans une heure vous ne serez
jî plus , c'est Carrier qui le veut ainsi. Que
5> l'on nous juge , au moins , s'écrient-elles ,
3) qu'on nous entendent! 95 Tout est sourd à
de si justes réclamations. N'ayant plus d'es-
poir que dans le ciel , elles se prosternent la
face contre terre » et s'adressent à rÉternel
consolateur des opprimés ; une heure après
elles sont guillotinées sans jugement. Le
supplice de ces six infortunées fit une telle
impression sur l'esprit de l'Exécuteur, qu'il
en mourut huit jours après.
Carrier en mit un des départemens voisins
en réquisition ; et sans doute pour le mettre
nu pas , il le maltraita tellement à coups de
sabre , qu'il en tomba malade. Pour ap-
précier par apperçu la quaptité de personnes
^u'on égorgeait journellement , il est boa
de la Vendée , et autres circonvoisins. 5 1 1
de savoir qu'un jour le bourreau avait tant
guillotiné , qu il déclara être fatigué , ha-
rassé , au point de ne pouvoir plus remuer
les bras pour travailler.
Les : formalités judiciaires étaient trop
longues au gré de Carrier ; les têtes ne pleur-
vaient pas à son idée : il avait pris sur lui
de les abroger , en envoyant à cet effet des
ordres précis aux Juges du Tribunal cri-
min^el.
. Le 5^7 frimaire (17 décembre 1793^), , il
fait tenir au Président une liste de vingt-
quatre individus , prévenus d'avoir été pris
'les armes à la main (1).
On lit Tordre suivant : u Pour ordre au
n citoyen Philippe , président du Tribunal
» criminel, de faire exécuter sur-k-champ ^
>5 sans jugement , les vingt-quatre brigands
» ci-dessus , qui viennent d'être arrêtés les
V armes â la main. Nantes , le 27 frimaire»
»» an II ; le Représentant da peuple >
75 Carrier. »? ,
Un nouvel ordre verbal est donné au
Tribunal , qui , pressé par le Proconsul »
ordonne que la liste des prévenus sera de
suite remise , pour être exécutés selon la
volonté et l'exprès commandement du
(i) Voyez les noms de ces vingt- quatre vie tim«s^
au Supplément t à la fin dece volume.
y 4
s j a Atrocités commises dans le département
Représentant , et que la confiscation sera
prononcée , s'il y a lieu.
Une autre liste de vingt-sept prévenus est
adressée au même Tribunal , avec ordre dé
les faire exécuter sans jugement: tous furent
fusillés (!)•
Une marche aussi rapide dans le sys-
tème de dépopulation , était trop conforme
aux vues du Comité de Salut public , pour
que Carrier n'en fût pas récompensé par les
éloges de ses dignes collègues, u Courage,
5J mon brave ami , lui écrit Hérault de Sé-
»5 chelles, voilà comme on marche, jai lu
5> ta lettre au comité de Salut public , qui
5> en a entendu la lecture avec satisfaction >».
Ce massacre de prétendus brigands , va
nous offrir les traits de la plus infâme tra-
hison.
Une proclamation faite par Carrier , as-
surait une amnistie aux rebelles qui se
rendraient à Nantes : en effet , quatre-vingt
(i) Voyez ces vingt-sept noms 2m Supplément ^
7L la fin de ce volume.
Il importe de remarquer que dans ces cinquante-
xrne victimes,, parmi lesquelles on compte sept
femmes, il n'y a que des Laboureurs, des Tisserands,
des Tonneliers, des Jardiniers et des Bateliers ; ce
qui prouve assez qlie , dans le système des pros-
criptions , le peuple n'était pas plus ménagé que
Içs autres citoyens. ^
delà Vendée , et autres circonvoisins. 3 1 3
cavaliers , tous armés et équipés , arrivent
dans cette Commune ; et après avoir rejeté
tout le blâme de leur insurrection sur leurs
chefs , ils ofiroient de les livrer pieds et
poings liés. Les Administrateurs s'assem-
blent , et arrêtent qu'il en soit référé à Car-
rier. Comme chacun craignait de rappro-
cher , Xaud fut le seul qui osa lui foire part
de ce qui venait d'arriver. Cette incertitude
lui attira les plus grandes invectives de la
part de Carrier , qui lui intima Tordre de
les faire- conduire à l'entrepôt , et le lende-
main ils furent fusillés dans la plaine de
. Sainte-Mauve.
Dans le jardin de la prison de VEpe-
roniere , on fusilla un jour une cinquan-
taine de détenus : on a vu leurs cadavres
nuds entassés les uns sur les autres.
Quatre-vingt-six cavaliers qui étaient en-
core venus remettre leurs armes , furent fu-
sillés au poste du bourg Fumée. Ils étaient
arrivés à onze heures du matin , à une
heure après midi ils n'existaient plus.
Un détachement d'infanterie vint aussi se
rendre volontairement , les soldats furent
conduits à la plaine de S te .-Mauve et fusillés.
Le canonnier Jacob suppléait aux coups de
feu , en fesant sauter avec son sabre les
têtes de ceux qui avaient échappé aux
balles.
3 14 Atrocités commises dans Udèparte\
Environ quatre-vingt femmes » ex
de l'entrepôt , traduites à ce champ de car
nage , y furent fusillées ; ensuite on les dé
pouilla , et leurs corps restèrent ainsi ép
pendant trois jours.
Cinq cents enfans des deux sexes, doi
les plus âgés avaient quatorze ans , 901
conduits au même endroit pour y êtf^
fusillés. Jamais spectacle ne fut plus atte
drissant et plus effrovablc ; la petitesse d.çil
leur taille en me urs àFabri des cou
de feu; ils délienv liens , s'éparpille
jusques dans les bataillons de leurs bour
reaux , cherchent un refuge entre leur]
jambes , quils embrassent fortement , «
levant vers eux leur visage , où se peignem
à la fois l'innocence et l'effroi. Rien ne fài
impression sur ces exterminateurs , ils le
égorgent à leurs pieds ; d'autres parviennen
à s'écarter de ces bataillons de la mort : d
soldats se détachent , et le plomb arreti
leur course , en les renversant sur la pou
sière : des cavaliers les atteignent et les mas
sacrent ; les plus proches sont assommé;
par ces cannibales. La vigueur de Tâge Iç
fait relever plusieurs fois sous les coups i
crosse qu on leur assène ; autant de fois 1
sont renversés , jusqu'à ce qu'ils soient privé
de la lumière. Malheureux enfans , ils ap
pellent à haute voix leur père , leur mhx\
■*» »*
de la Vendée > et antres circonvohins. 3 1 5
à leur secours : hélas ! ils ne sont plus. La
Nature est muette pour eux ; rhumanité ne
peut se livrer à ses heureux sentimens. La
mort attend ceux à qui elle inspire le plus
léger mouvement : un soldat perd connois-
sance à la vue de ce spectacle horrible , le
fer achève de le plonger dans les ténèbres.
Un Officier ose demander grâce ; il est tra- '
duit au milieu d'un de ces groupes d'en-
fans , et fusillé avec eux.
Tous ces cadavres entièrement dépouillés,
sont entassés les uns sur les autres. Le Co-
mité sourit à cette méthode de disposer ainsi
les corps morts , en appelant cet exhausse-
ment une montagne.
Un Commandant conduisait soixante-
douze prisonniers d'Ancenis à Nantes ; sur
la route il les fit fusiller par partie , à l'ex-
ception de trois. Un gendarme de son dé-
tachement lui demandait comment il ferait
pour justifier cette fusillade, c* Ce sont des
>5 brigands , répondit - il ; ils sont censés
;5 s^être révoltés en route ; il y en a déjà
>» de trop à Nantes »% Le Comité lui donna
une décharge.
Enfin , par tout la destruction a marqué
ses traces par les ruines fumantes et le sang
humain. Ici le soldat a trouvé des charmes
dans les cris lamentables des malheureux
incendiés dans leur chaumière : là , de jeunes
3i6 Atrocités commises dans le département
Elles ont expiré au milieu des violences ,
inspirées par la licence la plus effrénée :
plusieurs de ces brigands ont Aême assouvi,
leurs infâmes désirs jusques sur le sein des
femmes inanimées quils viennent de mas-
sacrer , tandis' que d'autres fouillant avec
leurs baïonnettes dans les entrailles des
femmes enceintes , en retirent les lambeaux
d une innocente victime prête à recevoir le
jour*
Avant de parler des noyades , nous dirons .
Un mot sur les cent trente - deux tvlantais
envoyés à Paris , pour être traduits au Tri-
bunal révolutionnaire. En voyant une pa-
reille démarche , on croirait qu'un reste de
pudeur a suspendu pour un instant le fer
meurtrier dans les mains de ces bourreaux.
Une liste de cent trente-deux Nantais , pres-
que tous négocians , prise au hasard , est
confiée à Bologniel : tous sortent de prison
sans pouvoir se charger des effets les plus
utiles. Leurs parens , leurs amis , ne peuvent
les embrasser ; ils partent sous une escorte
nombreuse ; les infirmes sont à pied : an-
noncés par- tout comme complices de. la
Vendée, par -tout une populace furieuse
fait retentir à leurs oreilles Theurlement af-
freux , à la guillotine ! A Saumur , ils sont
traînés à petits pas derrière une voiture
d'individus qu on conduisait au supplice»
\
de la Vendée , et autres circonvoisins. 3 1 7
Cet affreux spectacle les affecta tellement,
que plusieurs eu moururent. Conduits dans
les prisons d'Angers , ils y furent traités
comme des gens destinés à la mort. Le Bour-
reau les comptait un jour , en leur disant:
J Savez 'VOUS que je puis vous expédier tous en
I moins d'une heure? C'est-là quun père eut la
I douleur de voir expirer son fils sur le pain
I destiné à sa subsistance. Il souffrit pendant
vingt-quatre heures les angoisses de la mort ,
sans qu il fut possible d'obtenir le moindre
secours des garçons de la geôle : ce n'est
pas le dernier qui soit mort ainsi victime
de la dureté des concierges. Un jeune homme
malade sort de son cachot , et tombe sur un
tas de fumier qui était au milieu de la cour
des prisons ; on le traîne aussitôt sur un lit
de cadavre , où il achève de rendre le der-
nier soupir. Angers est attaqué , Igs Nantais
offrent à la Municipalité de prendre les
armes pour combattre les assiégeans , contre
lesquels ils avaient si souvent et avec succès
essayé leur courage ; ils promettent de ren-
trer après l'action dans leur prison. Cette
pétition attendrit la Municipalité ; mais elle
u osa prendre sur elle de déférer à la de-
mande de ces détenus , qui leur était dé-
peints sous les couleurs les plus affreuses.
A leur départ d'Angers , Bologniel les
quitte et les remet entre les m^ins d un dé<-
]
3i8 Atrocités commises dans It département
tachement de la force armée , qui commence .
à les garrotter : cette mesure leur parut si
outrageante , que plusieurs en murmurè-
rent ; aussitôt des volontaires sortent de
leurs rangs , en portant Tarme haute , et
les contraignent à se prêter à cette humi-
liation ; on les menaça de les fusiller au
moindre mouvement que ferait l'un* d'eux*
Ce ne fut pas^ sans de grandes appréhen-
tiohs qu'ils firent cette route. Ils savaient
que le pont de Ce avait souvent été lé
théâtre de sanglantes exécutions envers plu-
sieurs convois de détenus qui les avaient
précédés.
Enfin ils sont rassurés par les militaires
eux-mêmes, qui témoignent avoir été trom-
pés sur leur compte , et sont prêts à réparer
leur erreur , en les défendant contre tous
ceux qui viendraient attenter à leur vie. C'est
au milieu de ces consolantes promesses que
ces infortunés arrivent à Saumur ; la plu-
part sont reconnus par un Commandant de
bataillon , qui trouva parmi eux ses frères
d'armes : ttOù donc trouver maintenant des
M patriotes 15 ? s'écrie-t-ir avec le plus vif
étonnement. Quelques jours après l'Adju-
dant de la place vint leur dire : et Mes amis,
55 réjouissez- vous, vous partez demain pour
55 Paris 5 5. Ces mots n'étaient plus un énigme
pour eux ; ils quittent Saumur , dans la
de la Vendée, et antres circonvoisins. 3 1^
pleine confiance qu ils paraîtront devant
un Tribunal , où il leur sera permis de se
justifier. Ils arrivent à Paris , les mêmes
calomnies les précèdent ; on cherche à
irriter le public , par la fausse nouvelle que
TEtat-major de Farmée de Charette est ar-
rivé et sera fusillé le lendemain à la plaine
des Sablons. Ce bruit fut répaiidu par Hen-
riot , qui cherchait une occasion pour ex-
citer le peuple à se porter sur les prisons :
car ce Général , à l'arrivée des Nantais , dit :
i% Carrier est une f... b... , je les aurais fait
« fusiller , ce sont tous des aristocrates >»•
Ces malheureux Nantais étaient si évidem-
ment condamné d'avance , que TEpouse
d'un d'eux étant allé à la Municipalité pour
demander quelques papiers nécessaires à la
justification de son mari , en reçut cette
réponse : tt Cela est inutile ? ce sont des
»i hommes sacrifiés ; ils ne sont plus >». De
son côté , Carrier se plaint de la faiblesse
de Francastel. tx Ces cent trente-deux Nan-
93 tais r dit-il , n'étaient pas destinés pour
n Paris : j'avais écrit à Francastel pour les
»> faire noyer au pont de Ce ; mais ce foutu
n coyonn'a pas osé »». (Le citoyen Saiitin ,
Ministre de la police , était du nombre de ces
victimes ).
Lors de leur départ de Nantes , Chaux était
d'avis qu on mêlât parmi eux un citoyen non
320 Atrocités commises dans le dépatiement
détenu , dont Tévasion facilitée à dessein,
servirait de prétexte pour faire fusiller tous
les autres indistinctement^ Le Commissaire
du Comité , Maingûet, assura quils de*
vaient être fusillés dans la journée, et Ton
avait proposé dans la Société populaire de
nommer trente hommes vigoureux pour
une expédition secrète.
Le Courier était tout prêt ; il se nom-^
mait Lalloue ; c'était un jeune homme de
dix-neuf ans , originaire de Paris , de la
section du Pont Neuf , voleur de profes*
sion ; ses premiers faits révolutionnaires
dataient du 2 septembre ; pendant ces mas-
sacres, il ^vai^ fait un cours de férocité
qui ne le cédait en rien aux scélérats les plus
consommés etlesplus avides de sang : iljal'-
lait voir , s'écriait cet infâme jeune homme
dans le Comité, comme nous les dépêchions aux
prisons de Paris. Il aspirait donc à Fhonneur
d'ordonner , et de présider, jiu massacre
des cent trente-deux Nantais , et il se pro-.
mettait bien dans cette affreuse mission ,
de se distinguer par des prouesses supé-
rieures à ces précédens assassinats.
Carrier traitait ce jeune tigre avec beau-
coup de familiarité ; il mangeait souvent,
avec lui , et par ses conseils et ses exhor-
tations sanguinaires , il en fit un des ins-
trumens les plus actifs de ses fureurs. Elles
de la Vendée^ et autres circonvoisins. 32 1
trouvèrent une foule A^Agens trop zélés à
les seconder ^ à les devancer.
Des soldats de la compagnie Marat , re-
çoivent des mains du Comité huit individus
pour les prisons. Le chemin leur parut trop
long , ils les massacrèrent à coups de sabre
sous les fenêtres du Comité.
Dès long-tems. Carrier avait témoigné son
goût pour Texccrablc invention des noyades*
En soupant chez le nommé Philippes , il lui
avait dit : <* Bah ! bah ! vous autres juges , il
99 vous faut cent preuves , cent témoins pour
ff faire guillotiner un homme , f. le à
5> Feau, vous aurez plutôt fait. >>
Attachons-nous ici à auelques-unes de
ses expressions , recueillies pendansle cours
de sa vie politique , pour nous pénétrer de
plus en plus qu'il était rhomm.e de tous
les despotismes.
&'agissait-il d'interroger sa pitié enfaveur
des enfanSi^que Iç Comité désignait sous
le nom de bugands ? ce sont des touvetaux ,
disait-il , il faut les détruire ; et lui demaii-
doit-on , si c'était la sa dernière sentence ; il
répondait: ne suis -je pas Représentant du
peuple? PiiWtur s , il les désigne sous une autre
expression non moins affreuse. Ce sont des
vipères , dit-il , il faut les étouffer.
Il existait cependant un arrêté du. Co-
mité de sûreté générale enfaveur des enfaûs ,
tome VI. X
322 AtrociUs commisfs daiti le département
mais les instructions particulières en éloi-
gnait Texécution. Nombre de bons citoyens
se présentèrent pour en sauver ; mais le
Comité révolutionnaire se piroînit , non-
seulement de faire défenses expressés au
Concierge de délivrer des enfans à qui que
ce fut ; mais encore il proscrivit et fit ar-
rêter ceux qui les avaient réclamés.
Le Commissaire ordonnateur de la ma-
rine se présenta pour choisir ceux qui
pouvaient être employés sur les vaisseaux ;
Futilité publique commandait cette dé-
marche , déjà sanctionnée par les Comîtéà
de gouvernement ; on lui répondit froi-
dement que les ordres étaient changés.
Le citoyen Hérisson , chaircuitier], se pré^
sente pour avoir une fille? de quatorze ans ;
Fouquet et Lamberty lui disent qu'il est
un scélérat de vouloir avoir de cette race ;
Carrier qui était présent dit ^ renvoyez-^oi
ce b... là* La femme le Normand , avec la*
quelle Carrier vivait dans une intimité scan-
daleuse , occupait quelques femmes pour
les armées ; elle denlande un jour à Carrier
qui les payera ? La guillotine , répond -il ?
Un Membre du tribunal lui demandait
quelques éclaircissemens sur un article de
la loi : la guillotine , toujours la guillotinée
Cet instrument de mort était son code su-
prêmé, Eiifin , un dernier trait acheva de
de laVendie^yet autres circonvoisinr^^ 3 «3
développer la moralité cfe ce Prdconsul*
5ur la fiir don dîner , il :s oublia utt-joùf àii
poku- de.;:déclarer. ;que ; -comme -dt^pxè'à
^: récapitulation:,, il «y avait mille habt tans
j»r lieucB carréés^^il; était dértiôft'tré qiic
îc sol de. la France- ne pouvait lés nourrir ;
qu en conséquence , il- était esfsentiel de sfe
délivrer de cet excédent, de population-^
iâns quoi la République ne pouvait exister :
Jl faudrait commencer par îles prêffes-, iéi
nobles , les marchands ^ les banquier is.,
les ■ négocians , qui- n€'; peuvent • aimer la
République ; et dans son transport , il
.criait : Tue , tue , tue. a Dans mon dépar-
99 tçmcnt.^icontintui't'U , nous allions' à la
53 chasse aux prêtres. Je n ai jamais' tant
99 ri qu'envoyant la grimace que fesaient
»3 ces b....... là eh mourant. j>
Transportons - nous maintenant sur les
}>'ords de la Loire', nous y verrons ses
flots i grossis par les cadavres d'individus,
de tout âge et de tout sexe.i Les enfans à
la mamelle ne trouvent point de grâce au-
près de ces bourreaxix; en vain les mères,
ail moment de la ^submersion , demandent
à genoux qaon. épargne CCS mnocentes
victimes: Bahl bah ! s- écrient les • digne^
échos de la morale de Carrier , ce sont des
louvetaux qu'il faut Mouffer* { Voyez ia lettri
K.dç la gravure duiome 2 , j>, !• ) ^'
X 2
. i:^ Urtfuttés commises dans le département
La livnuttie humàîn. croit obtenir , par
Iduûoiitê de Carrier , lé terme de ces
uo\aoks , en laver tissant de ce qui se passe j
.^4 \:Tk^ terras bien d^ autres , loi réponçUiL Ei
vain le mêmie citoyen insiste en faveur def
femmes , Carrier répond qu il n'y à pai
d autres, moyens pour sans - culotiser lei
femmes ; d^ailleurs , qu'il a des ordres pour
cela. Il confie à un autre citoyen que s'il
n'agissait pas ainsi , il se ferait guillotiner',
que telles étaient ses instructions.
Les premiers qui subirent ce supplice
furent quatre-vingt malheureux prêtres du
département de la Nièvre , condamnés à la
déportation. Transférés d'abord à Angers j
delà à Nantes , Canîer les fit conduircsur
\me gabane ^ où , selon ses expressions ,
le décret de déportation fut exécuté vertu
calement.
Ce Représentant écrivit à ce sujet à la
Convention. Cet événement fut dépeint
comme accidentel. Cependant , la vérité
perce à la fin de sa lettre : Oiid torrent
raclutionniùre ^ s écrie-t-il , que LîCîe Lcirei
Au récit de cette no^'ade . un Membre de
la Couvendon eut Timpudeur d'en deman-
der la mendon honorable : et pas un de ces
vik Sénateurs ne réclama courre cerie pro-
portion , propre à dégrader le peupic
Cran^^ais dons la personne de ses Reprèsen-
de fa Vendée , et atdres circonvoisins. 325
tans. Dès-lors les noyades fet les supplices
de tout genre pâturent légalisés : la Conven-
tion sembla mêtne s^assocîer à ses crimes ,
et en autoriser la continuation (i).
• Parmi les prêtres 'noyés , deux septua-
génaires furent 'roulés sur les rives de la
Loire , où ils furçht recueillis par des mate-
lots. Lé Comité en étant instruit , les réin-
tégra dans les prisons: ils ont disparu.
La dépouille des prêtres étaient sur une
gabarre ; on TéValtekit à une somme de
quarante mille livres. Carrier vint y dîner ;
et Lattiberïi lui ayant' demandé ce qu on
fdrait de ces dépouilles": F. , s'écrià-t-il ,
ceux qui ont fait tauvrage/n est-ce pas pour
eux ? Dans Tdrgie qui eut lieu à cette occa-
sion , Carrier et ses convives burent à la
santé des calotins qui avaiên't bu à la gfande
tasse^ Il y eut encoife^ dans un- autre tems
une seconde noyade de prêtres.
Ainsi , il ne lui sûflftt pas d;ordonnèr ces
fatales expéditions ; il- vient repaître ses
(i) On agitait une fois , en présence de Carrier ,
rexécution du décret de déportation : Oui ^ oui ,
dit-il, les déporter à ma manitre.
Il faut , dit-il une autre fois au Comité , que vous
opériez cet après - dîner , sans exception de qui que et
soit, — Ne t"^ embarrasses pas , Représentant , ion affaire
sera faite ce soir. Telle fut la réponse d'un del
Membres. . '-
X 3
3 20 AirocUés commist^:dans, Uiiip^fjtcrAent
regards de. ces sanglantes tragédies;, £t lé
cri des victimes a souvent retenti, à soïi
oreille. C'est dans les gabarrestjuèlesbchants
patriotiques annonçem Fivresse des. con-
vives. , et . leur pefsévér&nce . dans teurs
affre iax desseins.. ,CVîs1;. à Robiti\ qi.ie Carrier
s'adresse P9ur égayer»»^ mcgistruëusesociété,
en lui disant': u^Pptit b .> . v., .pjetit revo-
ie lutionnaire yÇh^.ntë.la:Çamdle et ia chan-
.?5..son de la Montagne, jî Ces : élans id'une
joie féroce étaient entremêlés .par ie^, récit
^t çeux^qui. présidaient d'ordinaire aux
'l:^aigna(cles.jLambç.jtj{:Sijr-tqKt y? vantail ses
prçqcss.es , et s'é>:5n4*ii Ipriguement. swr lés
, coups de .saixre^ qu iJ . donut^it:^ ^ceux qui
tentaîçnt .c^e s'écl^i^p^r àjla.nage* j :
Ç^Ufil mçlangie. affr,epx de iq^s les crimes !
.M2.lh.e1jr au citoyen -qui ^ pw ^fis. vertus ^ a
fixé ie^.cœur dupe, épouse, dont lés appas
ont allumé Içs feux criminels du' Proconsul !
Cl'e3t,.en prjé!cipit^nii;l;'épouxr au foijd des
")eaux , qti]il brise lies liais qui.mejttent un
frein a ses désirs ! Alors les Commis de
ÎTïat^âfor prêtaient leur infâme ministère
à Tenlèvement de'ces raalhéureiises , fait au
nom du Représentant du peuple , q,ui ,
, disaient-ils ,. a v^<?joen rf'^//^j (1).
(i) Sous le régime monarchique , les Rois ^ les
. Trinces^ se contentaient <de faire enfermer à la Bas-
tille les maris des femmes qu'ils convoitaient.
de la Yendée^ et. autres circonvoisins. 827
Trois jeunes prisonnières de la . Ven-
dée , que la voix publique nous dépeint
avec tous les charmes de la beauté , de
la jeunesse et tout l'intérêt du malheur,
sont réservées pour les plaisirs du Procon-
sul , qui , .après avoir assouvi ses coupables
feux , les repousse de son sein , et les fait
précipiter dans la Loire. ,
La seconde noyade eut lieu la nuit du
24 au 25 frimaire an 2 ( 14 au 1 5 décembre
Jjg3 ). Qn conduisit cent trente-huit déte-
nus au corps-de-garde de la machine , en
leur fesai^^ accroire qu'on les conduisait à
.Bellç-Isle. Pendant ce trajet, un des détenus
parvint à s'échapper ;• Grandmaison ren-
versa d un coup de pistolet celui avec lequel
il était attaché. Arrivés à -la «gabarre , les
.Rebelles se .trouvèrjent trop courtes pour
les descendre au fond ; on pourvoit à cet
inconvénient ,. en les. précipitant , la tête
première , à fond décale. Aussitôt on ferma
Fécoutille ; les conducteurs chavirèrent la
gabarré ; les charpentiers soulevèrent les
sabords ; le fond s'ouvre ^ et tout e.st en-
glouti.. Ces infortunés , nullement instruits
du. genre de mort qui leur était destiné , se
sentent à peine submergés , qu'ils font
entendre des cris affreux: sauvez -nous. ^
sauvez-nous , il en est encore tems , s'écrient-il&
à leurs propres assajssins. D autres , emportés
X 4 ' '.
SaS Atrocités commises dans le département
par un juste désespoir , disent : sautons dans
les bateaux , nos bourreaux périront avec nous.
Alors ils s'accrochent aux barques où les
Exécuteurs s'étaient retirés avant la submer-
sion ; mais à coups de sabre on leur hache
les mains , et à coups de rame et de croc
on assomme ceux qui paraissent assez vigou-
reux pour échapper à la nage. ( Voyez la '
lettre 0 de la gravure du tome i , pag. i des
Réflexions préliminaires.)
Dans une de ces noyades , un matelot
implorait la pitié de celui qui présidait à
ces horribles exécutions /^n faveur d'unt
femme qui se débattait près du bateau.. Cette
malheureuse l'appelait à haute voix , invo-
quait son secours : est-ce que tu es de moitié
avec elle ^ dit Lambertî ? Aussitôt, dun.
coup de sabre , il fend la tête de cette
malheureuse.
Parmi ceux qui périrent de cette manière,
on en remarque plusieurs déjà juges pour
des délits criminels , et *qui , d'après tin
appel en cassation , avaient obtenu la révi-
sion de leur procès devant un autre tri-
bunal. En vain l'Accusateur public près
celui de Nantes les réclame ; et demande
au Comité uiie décharge justificative du
retard dans l'envoi de ces prisonniers ; le
Comité se tait et continue ses affreuses opé-
rations. Cependant, quelques-uns échappent
de la Vendée , et autres çirconvoisins'. S29
^ux flots ; Tun , condamné par la police
correctionnelle , s'accroche à un rocher ,
^t y reste suspendu jusqu'au jour : il est
Repris et plongé dans les cachots. Un autre,
plus heureux, évite la mort et le Comité.
Joseph-Leroi , condamné à quatte ans
de détention , fut un de ceux qui échappa.
Les détenus avaient les mains liées der-
rière le dos , ils étaient en outre attachés
deux à deux ; on les sépara pour les
faire descendre dans la gabarre , il vint à
bout def^ couper avec ses dents la corde de
son camarade , qui à son tour le débar-
rassa de ses liens. Aussitôt que le fond
s'entr'ouvrit , il eut la liberté de riager, ce
'qii'îl effectua pendant deux heures au mi-
lieu des cadavres : étant parvenu à échap-
per des flots , il fut repris et conduit à
onze heures du matin , au Comité révolu-
tionnaire , dont les Membres se mirent à
rire en Tappercevant : u Voici un homme
j» qui s'est sauvé-, disent-ils , <{u en feTons-
>5 nôu^ ? il faut le f,.i.... à Peau répliqua
95 Joly : '-Bachelier ajouta': fesons-le recon-
>5 duire au BufFay , nous le mienerons ce
» soir avec les autres. 9> Alors on le trans-
féra au Buffay , couvert d'une capote , et
à onze heures du soir , il fut mis au secret
dans une basse-fosse , où il est resté trois
mois et demi , réduit à une demi-livre de
33o Atrocités commises dans le département
pain par jour , et à une chopine d'eau.
Le Comité , pour se garantir des éva-
sion^ continuelles , qui mettaient au grancf
jour ses forfaits , avait pris , comme on
Ta déjà vu, la précaution de faire garotter
ceux qu'il destinait à ce supplice. La com-
pagnie Marat était chargée de cette fonction,
mais Joly les surpassait tellement dans
cette opération , qu'il en garda le nom dt
garotteur par excellence. On fesait sortir les
détenus de leurs cachots à coup§ de sabre^ pu
enks frapp?int s\ir la tête avec le pommeau
d'un pistolet,. Un de ses collègues les mer
naçait de leur brûler la cervelle ; on les
liait ensuite par douzaine , et les soldats
de Marat s'amusaient aies percer avec leurs
baïonnettes , en attendant Tinstant dp
départ.
: Une masse de huit cepts individus ainsi
garottés ^ fut conduite à bord de la fatale
.gabarre. . .
- : Le nommé Perdreau , batelier , le len-
demain de cette expédition , demanda une
éprise de tabac, au citoyen Thomas , officier
de santé , .qui profita de son état d'ivresse
«pour s'informer de la manière dont ils pro-
cédaient à ces noyades. Il répondit , que
d abord on les dépouillait, qu ensuite , on
les attachait par .les poignets et les bras ;
queçfin on les. fesait monter deux à deux
de la Vendée^ et autres circonvouins. SS i
dans un bateau , d'où on les précipitait ,
la tête première, dans la Loire. Ce Citoyen
lui ayant observé que quelques - uns pou-
vaient échapper en nageant sur le dos ;* '
il répondit que quand cela arrivait., il y
avait dés gats pour les assortimen.
. . Deux militaires furent dire un soir à
Carrier qu ils conduisaient dans un bateau
trois cents prisonniers faits à Ancenîs; ils
lui demandèrent en même tems ses ordres*
Carrier leur répondit , >> comment f,
h imbécilles que vous êtes : f......moi ces
39 bougres - là à Teau , et que demain il
•fî.ncn soit plus question. 5» Ce qui fut
. cflFectué.
j' 'Dans une autre circonstance , cinq cents
j8ortaient de l'entrepôt à onze heures du
:jsdir q; Robin qui était un des conducteurs ,
•se jetait , chemin fesant sur eux , avec tant
de rudesse, qu'il en renversait dix ou douze
à la fois. Les liens dont ils étaient serrés ,
s'opposaient à ce qu'ils se relevassent :
Robin se précipitait sur eux à coups de
sabre , et ne cessait de frapper que lorsqu'ils
étaient relevés. Ces scènes furent souvent
répétées pendant l'espace qui leur restait
à parcourir. Entrés dans la barque , on
leur enlève leur vêtement ; on avait même
-projeté de les dépouiller entièrement. Les
femmes demandent en grâce- qu'on leur
33z Atrocités commises dans le département
laisse au moins le linge qui les couvre. L'in-
dignation des matelots appuya cette prière ,
et cette triste consolation leur.fut laissée en
mourant. A peine ces victimes sont-elles ^
précipitées dans la Loire , qu elles sont
assomm^ées à coups de crosse , et les soldats
Marats font un feu continuel sur la surface
qui les entoure. Le bruit dès vagues , celui
de la mousqueterie et les chants affreux des.
principaux Agens de ces supplices , étouf-
fent les cris des mourans. Les habitant
des bords de la Loire , ont entendu pluï
d'une fois dans le courant de la nuit » -ces
mousquetadesqui se prolongeaient pendant
plusieurs heures.
Le Comité avait d abord choisi la huit
pour ces expéditions ; mais cet çssaî
de sa tyrannie , effectuée sans le moindre
obstacle , le rendit plus aiidacieux. Il jeta
tout-à-fait le masque , et le soleil éclaira
bientôt ses nombreux forfaits ; des hommes,
des femmes, des enfans totalementnuds sont
précipités du haut des gabarres dans les flots.
Les bourreaux s'amusent sur le pont à
les frapper à coups de sabre ; ils tranchent
la tête aux uns ; ils en saisissent d'autres par
les jambes et les culbutent dans la Loire,
Lorsque le nombre des victimes est tro^
considérable , tout est prévu pour qu'au-
cunes n'échappent -, les crocs, les rames, k
\
' delà Vendée^ et autres circonvoinns. 3o3
plomb , plus sûrement dirigés les atteignent
de toutes parts. Lamberty se distingue
toujours dans cette série de massacres. Ha-
bile à couper les bras et les mains de ceux
qui , dans les premiers tems , s'accrochaient
au bateau , il plonge à plusieurs reprises
son sabre dans le cœur^ de ceux qui sont
à portée de ses coups.
Une quantité de femmes , la plupart
enceintes , et d'autres pressant leur nour-
risson sur leur sein , sont menées à bord
des gabarres. Les cris les plus lamentables
se mêlent aux sombres murmures des flots*
Ces infortunées n'attendent plus rien de
la pitié des hommes. Leur douleur se ma-
nifeste sous les traits les plus affligeans :
ici une mère invoque le secours du ciel
en faveur de son enfant ; plus loin cette
autre , l'œil fixé sur le tendre fruit d un
Kên chéri , l'arrose , en sanglottant , de
ses larmes : ailleurs , une autre lui présente ,
en frémissant , ses mamelles , dont les
sources nourricières , vont dans peu être
taries : voyez encore cette infortunée » son
faible fils est étendu à ses côtés ; elle pro-
mène sur lui . son regard sombre , et ne
pouvant se familiariser à l'idée de cette
funeste séparation , elle s'écrie : fi> Quoi !
« l'on nous fait donc périr sans jugement
u et sans nous entendre. 99 Les innocentes
534 Atrocités commises dans le département
caresses , le sourire de ces tendres vic-
times , versent dans lame de ces mères
éplorées , un sentiment qui achevé de .dé-»
chirer leurs entrailles ; elles répondent avec
vivacité à leurs tendres caresses , en songeant
que c'est pour la dernière fois ! ! Une d'elles
venait d'accoucher sur la Grève , les bour-*
reaux lui donnent à peine le tems de terminer
ce grand travail ; ils avancent , toutes sont
amoncelées dans la gabarre , et après lesi
avoir dépouillées à nud , on leur attache
les mains derrière le dos. Les cris les plus aîb
gus , les reproches les plus amers de ces mal-
heureuses mères se font entendre de toutes
parts cpntïe les bourreaux ; f ouiquet^'
Robin et Lam^erty; y répondaient à coups
de sabres , et la timide beauté , déjà.ajssèz
occupée à cacher S4 nudité aux monstres
qui l'outragent , détourne en frémissant
ses regards de sa compagne défigurée par. le
sang , et qui déjà chancellante vient rendre
le dernier soupir à ses pieds. Mais le signal
est donné ; les charpentiers d'un coup de
hache lèvent les sabords, et l'onde les ense-
velit pour jamais. ("Fo^^^z la lettre 0. delà gra^
vitre du tome I , page i du discours prélimiri. }
Les difFérensTenseignetnens sur ces expé-
ditipns , font monter le nombre des noyades
qui ont eu lieu à Nantes à vingt-cinq , paitni
lesquelles on en compte une de six cents
de la Vendée, et autres circonvoisins^ 336
enfans. On ne peut affirmer au juste le
nombre des individus qui ont été préci-:
pités dans les flots ; les outrages qu on leur
fit éprouver furent si variés ; les Agens de,
ces atrocités y portèrent un tel rafinement ,.
que la plume ne peut saisir tous les traits
que ces phénomènes de cruauté inventèrent
à chaque minute. '
Quelquefois on les avait vu sur le pont
de ces bateaux stationnés au milieu de la
Loire, se faire une espèce de passe -tems,
en y précipitant quelques-unes de leurs
victimes. Mais habiles dans la funeste
science de donner la mort , ils créèrent un
nouveau genre de supplice qu ils nom-
mèrent mariages républicains* Cette horrible
cérémonie consistait dans l'assemblage der
deux personnes de difFérens sexes , nues et
attachées. Tune à Fautre. La bisarre imagina--
tion de ces montres y réunit tantôtla vieillesse
à côté de la vieillesse , la jeunesse à côté de
la jeunesse , et quelquefois ces deux âg<;s
furent entremêlés. On peut d'abord se faire
une idée de Tironie et des sarcasmes que
vomissaient les acteurs de ces atroces tra-
gédies : mais on se peindra difficilement
les impressions douloureuses qui déchi-
raient ainsi la pudeur , et combien était
terrible pour le cœur sensible et aimant ,
ce jeu cruel qui consistait à exposer à nud
336 Atrocités commises dans le département
deis charmes que rimagination ne se peint
jamais que sous les couleurs du plaisir et
avec ridée du bonheur. ( Voyez la lettre P
de la gravure du tome i , page i des réflexions
préliminaires ).
Debout sur les bords de la Loire , ces
malheureux restaient pendant une heure \
exposés aux intempéries de Tair , et au^
insultes de ces Cannibales , qui finissaien*-
par les frapper sur la tête à coups de sabre ^
et les précipitaient ensuite dans ce fleuve •
Endurcis par tant de cruautés , ils dédaL ^
gnèrent souvent la précaution de conserve:^
leurs victimes jusqu'à Finstant fixé pou::*
leur mort. Conduits par partie dans le^
bateaux , dont on fermait les écoutilles ---s
le défaut d'air en suffoqua plusieurs à diffé —
rentes reprises. Un événement semblable , -
qui arriva à d'autres malheureux , ne peut ^
être attribué à la simple négligence. La -
gabarre se trouva clouée , et dans cette
espèce de tombeau vivant, plus de quatre-
vingt citoyens trouvèrent la mort. Un grand
nombre resta souvent pendant trois jours
privé de toute espèce d'alimens. Ce n'était
qu'avec des peines infinies que des matelots
parvenaient à leur faire passer des secours.
Il est intéressant pour Thonneur de l'hu-
manité de remarquer que: ceux qui furent
employés à ces opérations montrèrent
de la Vendée , et autres circonvoîsins. 33^
d'abord tant de répugnance , qu'il fallut
les sabrer et les menacer des plus grands
supplices pour les forcer à prêter leur
ministère.
Au milieu de tant d'horreurs , un sen-
timent pénible cherche encore à calculer
le nombre des victimes que ces bourreaux
précipitèrent dans la nuit du trépas , par
tous les moyens destructeurs que Tenfer
seul pouvait leur inspirer. ( Voyez la lettre K
de la gravure du tome //,/?•!)•
En nivôse an 2 , ( décembre lygS )
Lamberty étant chez Carrier, avec plusieurs
généraux , montra à ceux-ci la Loire , en
disant : Il y en a déjà passé 2800. Un de
ces généraux demanda ce que cela signi-
fiait. Carrier répondit : Eh bien! oui, 2800
dans la baignoire nationale. Un affidé du
Comité porta un jour le nombre des sub-
mergés à 6000. Fouquet se vantait d'en
avoir , pour son compte , expédié ainsi
plus de 9000 , et les différens aveux sufBsent
pour motiver cette assertion d'un homme
cligne de foi , qui assura c[ue , pendant
long-tems , et dans une étendue de dix-huit
lieues , la Loire était , depuis S^umur jus^
qu'à Nantes , toute rouge de àang. Enflée
par la foule immense des cadavres quelle
roulait avec ses flots , elle portait Tépou-
vante à l'Océan ; inais tout-à-coUp uat
Tome VI. Y
33S Atrocités commises dans le département
-marée violente repousse jusques sous le^
murs de Nantes ces affreux monumens d^
tant de cruautés ; toute la surface du fleuve
est couverte de membres flottans ça et là ,
que se' disputent avec acharnement les
poissons voraces qui les déchirent. Quel
spectacle pour les Nantais ! Une sage pré-
voyance leur interdit Tusage de cette eau
et des poissons qu elle nourrit ; Tun et
Tautre empoisonneraient infailliblement les
sources de la vie.
Mais comme si le ciel eût voulu épou-
vanter le crime lui-même , par le spectacle
forcé des victimes de ses forfaits , une mul-
titude considérable de ces cadavres , portée
tout-à-coup par le remoux de Fonde sur
ies grèves , y restent déposés lors de la
_J>^isse de la marée. Les oiseaux de proie ,
les animaux caîrnaciers les déchirent par
lambeaux. L'effroi éloigne dabord tout
i^ecours ; mais bientôt des invitations for-
melles et le sentiment de la conservation
•personnelle fout courir en foule les habi-
Xans riverains , qui consacrèrent plusieurs
jours aux devoirs de Tinhumation. Que de
iarmès î qjife de gémissemens se mêlent à
5::^ d'ÇMloui^ei^s^s fonctions ! Ils se montrent
eô silence., -Cette mère infortunée , qui serre
^ncorfe son enfant contre son sein ; elle
Avmt invité le« bourreaux à ne pas les
d^ la Vendée , et^Autres circonvoisins. 33q
séparer. Une autre avait sa Bouche étroi-»
temént collée ^ùr les lèvres de son jeune
nourrisson. Dans' cet état , elle avait paru
chercher à recueillir son dernier soupir.
Un. poisson voracfi à déchiré lès entrailles
de cette jeune épouse ; le fruit qu elle por-
taib^st devenu sa tpâture.
A ces victim^sn des noyadts , ajoutez
celles des fusillades ou de la guillotine ^
dont -nous 'n avons pu citer qu'une par-
tie; mais qui «''élevèrentà un nombre tel ,
quer 3oo Kominës furent occupés pendant
six semaines entières sur la seule place du
dépjartement i à recouvrir les vastes et pro-
fonde^ fossés quon y avait remplies dû
cadavres. Ajoutiez tous ceux que les besoins ^
lé misère et: lés maladies pestilentielles en-^
levèrent dans Tintérieur des prisons , et
qu^un témoin digne de foi fait monter à plus
4e dix/tnillë! H... Rapprochez , si vous en
avez Ib courage V tous ceux que itioisson-
nèrent ainsi , comme^à Fenvie , toutes les
fureurs conjurées avec les élémens , et vous
aurez , par uiï calcul approximatif , plus
de ioo,ooo;vifctit|cwjs de Carrier à, déplorer.
Ajoutez encore plus de loo mille hommes
péri par Lin«ptiç fdes généraux , tels que
Ronsin , Saritferre V'ett* Ce dernier, dans
sa première affairé lâisifa pretïdreai^îhoiris
80. pièces de canoln ^et causa la jperte d*
i Y 2
340 Atrocités commises dms le département
quinze mille homme^ Ge qui £Eiit un total
de plus d'un million d'individus deç deux
sexes , et tous Français ! . . •'. moissonnés
dan§ cett€ malheureuse guerre de la Vendée ,
au nom de la royauté,,,,., de la religion.. ••
de la liberté,...
Mais tirons le voile sqr tant d'atrocités :
elles fatiguent , elles suffoquent Fâme ; elles
font rougir Thumanité. '
Carrier s'éloigne enfia de Nantes , où
îl laisse encore par- tout les ineffaçables
monumens de sa cruau-té ! Les Nantais , à
qui son absence permit de renaître au sen-
timent de la vie , n'en sentirent que plus
vivement la profondeur de leurs plaies;
Il n'était pas de famille qui ne fût dans le
deuil y et qui , dans l'excès d'un juste dé-î
sespoir ,. in 'exécrât à jamais la mémoire dé
ce Tyran et de la Convention.
La haine de Carrier pour les Nantais ,
n'est pas encore éteinte dans son cœur.-
Des Députés de cette Commune viennent
à Paris solliciter des subsistances. Carrier
d'abord leur promet de les aider. Le lende-
main il apprend que Fouqùet et Lambertj^
deux de ses agens les plùs^ffidés , pnt été
guillotinés. Alors il s'emporte contre les
Députés , les menace de solliciter, auprès
de la Convention l'installation d'une Com-
^issÎQn militaire , u qu'il se mettra à la tête
de la Vendée i et autres circonvoisim. S\\
55 et qu il fera roulef toutes les têtes des
» Nantais sur Féchafaud national, n
Mais le fer vengeur mit fin à ses desseins
criminels. Le Comité révolutionnaire de
Nantes traduit au tribunal de Paris , accuse
Carrier de touS les crimes qu il a commis.
Le peuple ne pouvant contenir sa juste
indignation , le demande à haute voix. La
Convention cède presque à regret aux cris
de Thumanité éplorée > qui demande ven-
geance ; et après avoir épuisé toutes les
formalités de la garantie accordée aux
Représentans accusés , elle le livre au
tribunal qui, enfin, par jugement du 6
frimaire , an 3 , {26 novembre 1794 J le
condamne à mort , et purge à jamais la
société d un monstre qui Ta tyrannisée , et
qui Ta déshonorée par les actes les plus
révoltans.
Voici le texte du jugement r
«< Le Tribunal, après avoir entendu la déclaration
5î du jury, portant 1^. qu'il" est constant que , et c.
» suit une énumération très-longue de crimes ^ (\rxi
>j se trouvent relatés dans l'historique ci-dessus.
" *°* QP^ Taccusé Carrier est convaincu de s'être
»» rendu coupable de tous ces faits^ ;
>5 3^. Qu'il l'a fait dans des intentions crimî-
99 nelles ;
. '* 4°- Qj^^l ^^' également constant que MoreaUy
n dit Grankmais on ^ est signataire de l'ordre du i5
f^ frimaire , pour noyer; qu'il a conduit les détenu»
>j à la gabarre , et maltraité les victimes , en leur
V 3
S42 Atrocités commises dam la Vendée ^ àc*
jj coupant les doigts à cotips de sabre , et qu'iPest
j» convaincu de Tavoir fait dans des intentions, crir
jî minelles ;
n b^. Que Finard est convaincu d'avoir commis
99 plusieurs assassinats de femmes et d'enfans ;
» d avoir volé une somme de 40P0 liv. , et d'avoir
îj incendié plusieurs habitation», et qu'il l'a fait
9> dans des intentions criminelles ;
jj En conséquence le Tribunal , après avoir en*
n tendu l'Accusateur public sur l'application delà
99 peine , et d'après les lois par lui invoquées ,
99 condamne lesdits Carrier^ Grandmaison et Pinard
99 à la peine de mort, et déclare leurs biens acquis
»9 et confisqués au profit de la République 99.
A regard des autres Accusés , les faits
furent déclarés constans ; mais ils furent
acquittés sur la question intentionnelle, O
crime de la jurisprudence révolutionnaire!
Des hommes convaincus de tant d atroces
forfaits , a convaincus d'avoir ordoimé les^
55 fusillades, les noyades; dé s'être approprié
99 les dépouilles de leurs victimes jj : cette
• foule barbare d'Exécuteurs reconnus de ces
ordres^sanguinaires; ctHéron , u convaincu
55 d'avoir assassiné des enfans , d'avoir porté
99 publiquement à son chapeau des oreilles
35 d'hommes , etc. également massacrés par
jî lui; 99 tous ces monstres échappent au fer
de la justice , parce que leur intention n'est
pas supposée contre-révolutionnaire! '
Tous ces forfaits qui ont couvert la
révolution de sang et d'opprobre , ne sont
pas , censés les plus grands des attentats
\
Précis des crimes du proconsul Lehon. 343
contre la révolution elle-même ! Ah ! ces
forfaits sont les seuls qui n'admettent pas
d'excuses, et qu un républicain sincère doit
frapper sans pitié. Le prétexte de la liberté
ne fait qu'ajouter à' l'horreur du crime qui
l'usurpe , et la république ne reconnaît que
la vertu.
JV. 5. Ces hommes ne sont pas les seuls cou-
pables des horreurs commises dans la Vendée.
On ne doit pas oublier que le malheureux Phe-
lippeauK a été sacrifié pour avoir voulu , au mois de
mvôse an 2 (janvier 1794 ), dévoiler au Comité de
Salut public et à la Convention ces atrocités. Mais
Phelippcaux devait savoir que le Comité de Salut
public avait ordonné de tout exterminer.
Précis historique des crimes comviis à Arras ,
Cambrai et autres lieux , sous le Proconsidat
du prêtre Joseph Lebon,
liA mission de Lebon dans les Départe-
mens frontières du Nord , peut être com-
parée à l'apparution de ces noires furies si
redoutées dans les tems du paganisme»
Comme elles , il sème sur la route , les poi-
sons , les serpens et la mort. C'est dans sa
malheureuse patrie , dans Arras qu'il en-
tasse victimes sur victimes ; mais avant de
parler de cette Commune , entrons avec
lui dans celle de Cambrai. Son redoutable
tribunal l'entoure. Le costume de chacun
de ses Membres , les armes meurtrières.
Y 4
344 Précis historique des crimes
dopt ils sont couverts , ajoutent à leur aîr"
rebarbaratif et à la terrible renommée dont-
ils jouissent.
L'arrestation de quelques femmes sans
cocardes , signale leur entrée. Ils se trans-
portent au département où ils requièrent
une maison toute meublée pour le Repré-
sentant et sa suite. Lebon s'étehd négligem-
ment sur un fauteuil , et jette ses pouvoirs
sur la table , en disant : Vous me connaissez
sans doute. Cependant ses sbires parcourent
la salle. Ils trouvent par-tout des emblèmes '
de la Royauté. Ici c'est une rosette suspen-
due à un lustre qu'ils transforment en fleurs
de lys. Là c'est une vieille carte d'Angle-
terre colée derrière un tableau. Les armoi-
ries de ce royaume qu'on y voit encore ,
excitent les emportemens de ces furieux*.
Ils crient à la guillotine. Lebon , son sabre
à la main qu'il agite d'une manière épou-
vantable , se promène à grands pas dans la
salle et se répand en imprécations et en
juremens affreux contre les Administrateurs,
A la. Municipalité il déploie la même
impudence. JSTy a-t-il ici , demande-t-il ,
ni nobles , ni prêtres ? Il n'y a ni nobles , ni
ex-prêtres, répond avec assurance un Muni-
cipal. Le mot d'ex-prêtre heurta peut-être
avec trop de violence le passionné Lebon. Ce
Magistrat fut destitué et envoyé enprison.
commis ious le proconsul J. Lebon. 345
Le même scandale Taccompagne à la
Société populaire. Qjiel est le Monsieur ,
dit-il , qui monte à la tribune ? Il ny a point
ici de Monsieur ; nous sommes tous égaux ,
xépond un Sociétaire, et Egaux ! qui de vous
3j oserait se dire mon égal ? moi , le Repré-
-39 sentant de 26 raillions d'hommes î 95
Sa présence opprime déjà les^ maisons
darrêt. Le Concierge reçoit Tordre de
n obéir à aucun acte de mise en liberté ,
sans en référer au trit>unal révolutionnaire.
Toutes communications au-dehors sont dé-
fendues ; en vain on insiste pour que le
perruquier aie la liberté dy pénétrer, u Je
j> mp charge , dit-il , de faire raser les
99 détenus avec le rasoir national. 99 Veut-
on lui mettre sous les yeux quelques pièces
en faveur des détenus : t^ Je n'ai pas besoin
99 de vos preuves , je m'en rapporte à ce
îî qu'on m'a dit ; il faut qu'il y passé. 99
Avant d'aller plus loin , fesons connaître
les individus quïl associe à ses brigandages ,
et précisons quelques faits qui leur sont
particuliers.
Célestin Lefetz , vice-président du district
d'Arras, ex-Génovéfin, ensuite prêtre cons-
titutionnel , fondé de pouvoirs du Repré-
sentant du peuple , brise les scellés , pille
les effets , et viole toutes les lois de la dé-
cence en fouillant les détenus.
346 Trécis historique des crimes
Hidoux n'apposait jamais de scellés cm
présence des parties intéressées. Il vient
arrêter une femme perdue de ses membres
depuis huit ans , et la traîne sur un matelat
le long deTescalier, en lui disant : «4 Crèves,
99 vieille garce , nous aurons plutôt ton '
bien.
Gamot , ex-procureur, s'offrait de trouvet
des papiers à la charge des détenus , si ToO
se trouvait embarrassé pour les condamneiT»
Warnier , administrateur du district
et Ausart , Tagent national , tous deu^
ex-Oratoriens , brisaient les scellés et cro —
chetaient les portes.
Bacqueville , meunier , homme d'un^
naturel très-bouillant , disait à la Société^
populaire , comme on y parlait de
l'embarras qui résultait du ^rand nombre
des détenus : // ny a pas tant d'affaire , il
faut tout guillotiner.
Duponchel, ancien laquais , homme
ignare, nommé à la place du Maire d'Arras,
donna Tidée de faire périr les prisonniers
en masse : a Qu'on me demande ma signa-
55 ture , s'écriait-il , pour les faire fusiller ,
55 je suis prêt à la donner , car c'est un
5) tas de gueux. 55
Jouy , juré , à l'époque du 9 ther-
midor , dit publiquement : a Qiie la
n Convention était plus scélérate que les
commis sous le proconsul J. Lebon. 347
w deux Robespierre ; qu il n'y avait pas
>î d'autres moyens pour les sauver que de
» se porter aux maisons d'arrêt pour y
9i assassiner tous les prisonniers , parce
♦j que c'était des prisons que sortaient les
» conspirations, n
Danel , chirurgien , jure ; le Directeur
de rhôpital lui avait refusé son paiement
à raison de son ignorance, m Eh bien ! P9l
?5 dit Danel , je vais aller trouver Lebon ^
n je gagnerai davantage à faire guillotiner.»»
Lebon fut très-content de ce nouveau pro-
sélyte, u C'est , dit-il , un de ces b
»» à poil , comme il m'en faut ; j'aime à les
jj trouver tout façonné pour la mort. »»
Caubrières , juré et accusateur public ,
fils d'un valet de caserne ; il avait puisé son
éducation au milieu des corps-de-garde. Il
citait toujours la terrible maxime de Saint-
Just : La révolution est un coup de foudre , il
faut frapper.
Darthé , homme de loi à Saint-Pol ,dans
la prétendue conspiration de Boulogne ,
fit guillotiner un vertueux père de famille ;
et le soir , les mains encore fumantes du
sang de cet infortuné , il ose les présenter
à une de ses filles en la forçant de danser
avec lui.
Lemire , perruquier , juré au tribunal ;
ce monstre n'avait que le mot gnillolinc à
348 Précis historique des crimes
la bouche : c* On avait eu tort , disait-il n
9J jour , d'avoir suspendu son activité ; car;
9> si on l'eût encore laissé aller trois mois,
« on aurait commencé à être tranquille.»»
Il fut le dénonciateur de la famille Mayoul-
sur-Saint-Leger , dont la fin tragiquç est
rapportée plus bas. On lui demanda lors
de ce jugement , s'il y en avait beaucoup à
gpuillotiner ce jour-là. Toute la sacrée sequelU
y passera , répondit-il. Un autre Citoyen k
questionne à son tour , pour savoir s'il n'est
pour rien dans cette affaire. Je suis leur dé^
nonciateur , ajoute- t-il. — Mais tu restes i
à ce que je crois , chez elle. — Oui , j'y
reste ; je boirai leur vin , et je les ferai
encore guillotiner.
Rémi. C'était la perle des jurés. Lebon
l'appelait son petit canarien , allusion à un
habit jaune qu'il portait. Sa vie publique ; à
Bapaume , n avait été qu'un tissu de crimes.
A Cambrai , il criait sur la place : »5 II y
55aura au moins 600 têtes qui tomberontici
y 9 par mois. Il est bien étonnant qu'on ne
59 vienne pas nous dénoncer.Il faut que nous
îîsoyons dénonciateurs, témoins et juges. »
Intime avec le bourreau , Petitpierre , il en
recevait différentes hardes , ainsi que sa
digne cohorte. Lebon avait la montre du
citoyen Bourdon ; sa femme , le collier de
la citoyenne Rauguilly , et c. etc. Lebon ne
f.
commis sous le pro consul J. Lebon. 3^g
^-/7J roulait laisser subsister qu une quinzaine de
Êuniiles dans Cambrai. Elles suffisaient ,
i son avis , pour soutenir cette ville.
Parmi cette bande de voleurs, Taccusa-
tcur public , Caron , beau-frère de Lebon , ^^
y tient une place remarquable. C'est lui qui
fait des signes aux jurés dans le cours des
débats , c'est lui qui dresse les actes d'accu-
âation. Son Secrétaire lui demandait un
jour sur quels chefs il baserait un acte
d^accusation. Aristocrate , dit Caron. — Arîs-
tiocrate , c'est bientôt dit. — Eh ! f.... bête !
«n met aristocrate enragé^ anti-maratiste ^
9nodéré ., et c. L'ex-capucin , Pottier , son
<:ollègue , un misérable vuidangeur, le
cousin de Robespierre , Carreau , et trois
ou quatre oncles de la femme de Lebon , se
£rent principalement distinguer par leurs
T>rigandages et leur cruauté.
L'huissier André mérite de trouver ici
sa place. Chargé de la surveillance des
xnaisons d'arrct , il s'y transportait souvent
a.vec réponse de Lebon et ses frères. Cha-
cun d'eux fesait éprouver des outrages
sans nombre aux détenus. André chasse
"€me mère qui attendait son enfant qu'elle
^vait conduit à son mari incarcéré. Il disait^
^n la frappant à coups de pieds : La révo--
dution est un.coup de foudre , il faut frapper^
Cet Huissier se plaignait de ce que
35o Précis historique des crimes
Cambrai n était pas à la hapteur, qu'il y
avaitune foule d'aristocrates à raccourcir f
1» Car , disait-il , lorsque le tribunal acquitte
quelques accusés , les spectateurs manifestent leur
joie ; quand , au contraire, il y en a de condanméi,
il régne parmi eux un morne silence. C'est de
l'aristocratie. En conséquence , on va faire venir
»à grande force des accusés des autres Communes)
pour accoutumer les habitans de Cambrai à ce
spectacle; après cela, on frappera les grands coups,
et quarante à cinquante têtes de scélérats tombe-
ront chaque jour »».
Comme les jurés , il spéculait sur les dé-
pouilles des détenus , il les invitait à se vêtir
de leurs meilleurs habits , et à prendre
leurs bijoux ; on le vit même traiter dure-
ment le citoyen Limeliette qui , au moment
de monter au tribunal , avait mis sa lAônt'^c
dans la poche du nommé Lévêque. André'
fouille ce dernier : «t C'est toi , dit-il , Scé-
5J lérat , qui a pris sa montre. Voyez ces
59 coquins d'aristocrates , ils sont voleurs
55 jusques sur Téchafaud. 55
Le tribunal révolutionnaire était en acti-
vité. Lebon , pour se soustraire aux sollici-
tations , fait mettre sur sa porte' cettef
inscription : «t Ceux qui entreront ici pour
55 demander l'élargissement des détenus ,
55 n'en sortiront quepour^ller en prisori.'sj
En effet , tous ceux qui osent l'aborder ,
subissent cette peine.
Lebon , un jour de fête , se transporte
commis sous le proconsul J. Lebon. 55 1
fax la place des exécutions , où par un
effet de son goût barbare , Torchestre était
placé à côté de Téchafaud : 44 Jeunes filles ,
n dit-il à celles qui s'y trouvaient , n'écoutez
>j pas toujours vos mères , suivez la^ voix
9y de la nature , livrez-vous , abandonnez-
»j vous dafns les bras de vos amans. >>
Par TefFet de ses suggestions perfides ,
une troupe de jeunes enfans menaient une
conduite des plus licencieuses. L^athéisme .
^t la négligence de tous devoirs leur atti-
xaîent les monstrueux éloges du Proconsul.
ies menaces , les prières des parens étaient
infructueuses. On en vit même d'assez
liardis pour dire aux auteurs de leurs jours
<]u ils les dénonceraient aux Représentans ,
sHls recevaient le moindre mauvais traite-
ment dé leur part. Ils traitaient leurs mères
de b , de s putains , à^ aristocrates.
Plusieurs d'entr eux formaient une garde à
Lebon^ et criaient sans cesse : Vive Joseph
Lebon ! Déjà familiers avec le sang , quel-
ques-uns avaient de petites guillotines avec
lesquelles ils s'amusaient à donner la mort
à des oiseaux et à des souris. Le jeune
Damiens , âgé de i3 ans, correspondait
avec d autres enfans de son âge, et s'infor-
maitauprès d'eux de ce que disaient leurs
parens sur tel ou tel événement. Lebon
lavait chargé d'ouvrir les lettres a la poste ,'
352 Précis historique des crimes
et sa femme prêtait souvent son ministère Je!
à cette opération.
Le spectacle de cette ville fut bientôt
soumis à sa surveillance immédiate ; s'éta-
blissant le censeur des ouvrages dramati-
ques , il les défigure par les retranchemens
qu'il y fait. Dans YEpoux Républicain , il fit
rayer cette phrase : Mes amis , ne jugez point
vos frères sans les entendre. Il chassa de la
scène les meilleurs articles , et finit par \^
rendre déserte.
Des femmes ne s'étaient pas , un jour ^
levées à son arrivée : C4 Voyez , ces musca ^
55 dines , ditAl , autrefois on se précipL^^^
»> tait au-devant d'un Prince pour lui oStit^
55 sa place , ces b.... -là ne se dérangent:^
55 pas pour le Représentant de 25 millions
55 d'hommes.Tonnerre de Dieu ! je les ferai
55 f.,.., en arrestation pour leur apprendre
55 le respect qu'elles me doivent.55
Souvent au milieu du spectacle ; il
s'élançait sur la scène ; et tirant son sabre ,
il l'agitait avec fureur, et les spectateurs
quittaient un lieu qui était devenu l'arène
de ce gladiateur. D'ordinaire il remplissait
les entr'actes par ses discours au peuple
sur la loi agraire et sur l'éducation des
en fans.
L'établissement de cette loi agraire est
l'appas grossier qu'il tend aux habitués de
lommis sous le proconsul J. Lebon. 55$
5â Société populaire. c< Il y a assez long-tems,
J5 Sans-Culottes , s'écrie-t-il , que vous ha-.
5t. bitezdes caves ; c'est pour vous ces belles
9i maisons , ces hôtels d'aristocrates à guil-
M lotinen m Trouvant le code révolution-
naire trop lent à son gré, il annonce qu il a
dans les mains un expédient plus propre à
les faire jouir sans délai des bienfaits de
cette loi : c'est la guillotine. Alors il excite
le peuple à la délation.
a Dénoncez hardiment, dit-il, pour quitter plutôt
»j vos chaumières ,.... Sans-Culottes. C'est pour
« vous qu'on guillotine ; si Ton ne guillotinait plus
jj vous mourriez de faim. Il faut que lc3 Sans-
i> Culottes prennent la place des richesjadis ceux-cî
« se divertissaient toute la journée. Eh bien! Sans-
n Culottes, ce doit être assez pour vous de travailler
99 désormais la moitié de la journée , et de vous
9> délasser le reste du tems.
'99 Te voilà bien embarrassé , f. bête , dit-il
99 un -jour à un particulier, qui se plaignait de sa
99 misère ;. n'y a-t-il pas quelqu'un dans ta rue qui
99 soit riche , noble , gros marchand ; viens me le
99 dénoncer -, je te donnerai sa maison , tu y de-
99 meureras , tu auras tout à gogo.
Dans cette sociétç populaire , Leroux
parlait de mettre la fusillade à Tordre du
jour, Lebon voulait un 2 septembre;
a II ne faut conserve!' ici^ s'écriait-il, que des hommes
99 énergiques , des h à poil ^ sur qui la patrie
99 puisse compter. Les instans sont critiques ,
99 l'aristocratie lève la tête , il viendra peut - être
J9 un instant où il faudra agir vigoureusement. Il
99 n'est peut-être pas éloigné ; il faudra tomber sur
tome VI. Z
354 Précis historique des crimes
99 les prisons , ajoutait-il en fesant briller son snbr*^
5» et égorger tous les scélérats qu'elles renferment *•
$9 ils conspirent , et c. , et c.
Nous allons citer ici quelques traits o ^^
ce Proconsul a développé toute Thorreif- ^
de Tarbitraire, Nous le verrons foulant au^^
pieds toute espèce de pudeur, traîner lui -*•
même dans les cachots des citoyens que 1^^
hasard présente à ses regards. ^
La citoyenne Omoran, dont le mari avaic==^
été guillotiné , venait à Arras pour déposeï — '
dans une affaire criminelle. Lçbon la faît:::^
conduire au Comité avec cette note : t« Le^
99 comité de surveillance dira pourquoi la
99 femme du guillotiné Omoran n'est point
»5 encore en arrestation. 99 Cette femme
ayant justifié de la citation, le Comité crut
devoir faire quelques observations à Lebon*
«fi Ce ne sont point des images que je vous
5> demande , dit-il , c'est de la f en
>5 prison. 9j
Le beau-frère de Lebon , Régnier , arrête
et conduit à la Municipalité une femme qui
avait vendu du vin au-dessus du maximum.
Le citoyen Brabant , officier municipal ,
lui fait subir un interrogatoire , et la met
en liberté. Régnier s'emporte contre lui , le
menace , et court avertir Lebon. Celui-ci
se transporte aussitôt à la Maison Com-
mune , saisit fortement Brabant par le
commis sous le proconsul J. Lebon. 555
collet , Tentraîne sur la place , Fexpose aux
regards du peuple , en disant : Voyez comme
vos Magistrats font leur devoir. Il le fait
ensuite conduire à la maison d arrêt.
Chamonat , marchand de vin , est incar-
céré , parce qu il ne salue pas Lebon. Deux
jeunes filles qui sVtaient mises à rire en le
voyant passer , sont traduites au corpsnde-
^arde pour être mises en arrestation., La
citoyenne Gamonet est traduite au dépar-
tement par ses sbires -, Lebon ordonne
qu'on la fouille : on lui fit ôter jusqu'à sa
chemise.
Lebbn rencontre la fille Gérard , qui
•allait au comité faire signer son passe-port ;
où vas'tu? qui es-tu ? lui demande-t-il. Cette
jeune personne répond que cela ne le regar-
dait pas.Conduite au Comité par ses ordres,
elle est pendant quelque tems le jouet de
ces forcen'^s. Lebon la fait conduire à la
maison d'arrêt, où le Concierge , dès sou
entrée , la désigna comme un^. fille pour la
guillotine. Elle fut tellement affectée de cç
propos , qu'elle faillit perdre la vie. Son
père et sa mère sont arrachés de leur domi-
cile et chargés de fers.
; Un Juré voit un jour, dans la Commune
ûe Camblains j uncfemme qui ^iUaitait sort
enfant à la porte de sa chaumière. Elle n'a-
vait point de cocarde ; il lui en fait un
Z 2
356 Précis historique des crimes
reproche , en la menaçant de la guillotîne^^^*
Ci Est-ce quon gxdllotine pour cha , répon -*^
^5 la paysanne ? Je r viens de ché camps
99 et je voie y retourner; nai mi besoin
«j cocarde pour ouvrer.. — Quoi , b. • • . . .
9J reprend le Juré en colère , lu réponds
55 je vais à Arras , je te ferai guillotiner. -
fî Eh bien ! va , si tu me fais guislotiner pot
|5 cha , m a ben raison d'dire quen eu guilU
»> tine à Arras qui sont aussi innochens que
>5 ch Vinnochent que je tiens dans mes braux.^y
Elle fut incarcérée et guillotinée quelques
jours après.
La citoyenne Desvignes et sa fille , assises
sur le rempart d'Arras , s'occupaient à lire
Clarisse Harlowe. Lebon lâche près d'elles
tin coup de pistolet ; et , sansleur donner
le tems de revenir de leur frayeur , il ren-
verse la fille d'un coup de poing dans l'es-
tomac , arrache le livre des mains de la
mère , en la menaçant de l'assommer "du
pomeau de son sabre. Il ordonne ensuite
à la fille d'ôter son mantelet et son mou-
choir ; il lui plonge sa main dans le sein ,
et la retire en l'égratignant ; et après l'avoir
palpé avec indécence , il lui enlève les
boucles d'argent qu'elle avait à ses souliers.
Leur porte-feuille contenait quelques gra-
vures grossières d'un almanach de Milan ;
elles furent aux yeux de Lebon des em-
commis sous le proconsul J. Lebon. 35t
Hêmes de la royauté : ce qui causa la tra-
ducdon de ces femmes dans une maison
d'arrêt. Il les conduisit lui-même à la Pro-
vidence. La fille Desvignes voulait lui faire
quelques observations en .chemin : u Eh !
5 5 marches donc; tu es bien familière, lui,
9j disait-il en Tcn traînant avec plus de
9 9 rudesse, >> L'ivresse avait présidé à cette
action brutale , car , le lendemain , nen
conservant aucun souvenir , il fit mettre
oes deux, citoyennes en liberté.
Au mois de février , Lebon rencontre ,
sur les cinq ou six heures du soir , le citoyen
Payen , fepnier des environs, u Oit vas-tu ^
99 lui dit-il, — A JSfcuvillc.-" Descends
9 9 Tes poches ? ton porte - feuille ? »> Le fer-
mier donne son habit , qu'on lui retient ,
ainsi que son cheval. Quelques pas plus
loin , Lebon apperçoit un autre fermier :
€4 Voici encore , dit-il , un de ces fermiers
99 à grosses bottes A bas î jj On lui fit
les mêmes questions , et il subit le même
sort : c'était le troisième qu'il avait dévalisé
dans la soirée. Lebon les conduisit lui-même ^
au département. Il ne lui manquait que ces
expéditions nocturnes pour le rendre cour
pable de tous les genres de crimes. Rémi
avait dès long-tems fait ses premières armes
sur les grandes routes. En 1791 , il avait
aiYeté un fermier > en lui demandant la
2 3
358 Précis historique des crimes
bourse ou la vie ; n^ais , renversé par le
robuste cultivateur , il avait échoué dans
ses criminels desseins.
Gilles et Garlier , agens de Lebon ^
arrêtent le citoyei:i Vasseur ; son écrou
mérite de trouver ici sa place : u Le Con-
îî cierge de la maison ditedes Baudets^ y esi-il
>5 dit, recevra le nommé Vasseur , prévenu
>5 d'être complice de la faction des intrigans
55 qui veulent protéger tous les crimes. >>
Ces Commissaires font aussi conduire dans
les maisons d'arrêt des enfans en bas âge ;
ils les visitent souvent, cherchent à les per-
vertir , en les engageant à secouer le joug
paternel. Ces malheureux devinrent par la
suite le fléau le plus redoutable des prisons;
La conduite perfide de Lebon à Tégard
d'un ex-,carmê , doit être consignée ici.
Ce Moine , xonnu sous le nom de Père
Gérard , logeait chez ses tantes. Il ve-
nait d'y faire conduire une assez grande
quantité de meubles. Lebon persuade à ses
tantes qu'elles doivent chasser cet homme :
ce vieillard , presqu'infirme , est alors telle-
ment tracassé , qu'il est contraint d'aller
chercher ailleurs une maison hospitalière.
A peine est-il sorti , qu'il est dénoncé
comme émigré ; Lebon et ses tantes par-
tagent ses dépouilles.
Il s'agissait de procéder à l'épuration des
tommis sous le proconsul J. Lcbon. S5g
prisons ; la société populaire fut choisie
pour cette opération. On avait construit
une estrade élevée , sur laquelle les détenus
devaient paraître les uns après les autres.
Lebon présidait à leur interrogatoire ; il
s'adressait ensuite aux Sociétaires , pour
s'informer auprès d'eux si le détenu était .
riche , noble , ou agent d'émigré. Le citoyen
Gayette fut inculpé de royalisme , sur
l'attestation de Jouy , qui dit l'avoir connu
au collège , et qu'alors il en professait les
principes : Lebon 'fit écrire le mot royaliste
à côté de son nom. On rendait justice aux
vertus sociales du citoyen Landa , mais
malheureusement il était riche : emportez-
moi ce bougre-là , dit aussitôt Lebon. Ce
Proconsul commande à un prêtre de lui
faire voir le diable. Des religieuses sont
apostrophées par les propos les plus obs-
cènes. De jeunes filles sont inculpées d'aris-
tocratie , parce que la pudeur leur interdisait
l'entrée des danses et des orgies qui avaient .
lieu les décadis dans le temple de la Raison.
La citoyenne Bacqueville , Tune d'elles ,
veut observer qu'elle n'avait pu y assister^,
vu sa détention : 44 Tais- toi , lui dit Lebon ;
99 tu n'as pas la parole , tu l'auras à l'Abba-
95 tiale (la prison).
Un jeune homme , pour se soustraire i
la réquisition , jouait le béat. Ses par en s ,
Z 4
36o Précis historique des crimes
soit tendresse ou esprit de fanatisme , sem-
blaient partager son opinion. Cette famille
est conduite à la société : t< Voyons , dit
55 Lebon au jeune homme , si ton Jésus-
5) Christ te sauvera de cette affaire. j5 II
s'adresse ensuite à la mère , en criant qu il
va faire un miracle , qu'il va faire parler
cette vieille ; et prenant un pistolet à sa
ceinture , il la couche en joue : u Parle ,
5) ajoute-t-il , où je vais te brûler la cer-
55 velle.5> Cette femme se contente de lever
les yeux au ciel, a Voilà comme ils sont
<< tous , s'écrie-t-il ; ils s'adressent là-haut ,
55 comme s'ils pouvaient en obtenir quel-
55 que chose. 55 Le lendemain, il fît publier
à son de trompe que cette famille serait
guillotinée dans la journée. L'exécution:
eut en effet lieu le soir , aux flambeaux.
Quelques Membres s'intéressaient en
faveur du prêtre Aysart , âgé de quatre-
vingt-quatre ans , et demandaient sa dé-
portation. Lebon observa qu'il ne fallait-
pas suivre ainsi les mouvemens de la pitié;
que plus ce prêtre Hait vieux , plus son aristo^
cratie était enracinée ; d'ailleurs on trouve-
rait d'autres moyens pour s'en débarrasser.
Alors on fixa le nombre des prêtres* à guil-
lotiner à dix par décade.
L'indignation publique était à son comble.
Pour la comprimer , Lebon avait autorisé
commis sous le proconsul J. Lehon. 36 1
ses Agens à faire incarcérer toutes les per-
sonnes jugées inciviques , même hors du
district d'Arras. Le Comité exige en vain
XJLVL ordre du Représentant, u Si, Icur-ré-
» 9 pond - il , vous cherchez d'éternelles
» 5 formes pour sévir contre les scélérats
9 9 qui nous assassinent , nous «n'aurons
^ 3 jamais fini. Je m'adresserai à des hommes
^ a plys dignes que vous d'opérer le salut
» -à public 95. Prenant ensuite le ton du des-
Ji^ote le plus absolu , il ajoute : uTout in-
* 3 dividu qui s'aviserait de transmettre un
^ ^ ordre que je n'aurais même pas donné
^ ^ verbalement , paierait sa témérité de sa
^5 tête 5>.
Les maisons de détention étaient en-
combrées, Lebon et ses Agens avaient mis
tant d ardeur , que vingt - quatre heures
avaient suffi pour cette opération. Le
Comité avait reçu un ordre des plus im-
pératifs pour faire réincarcérer ceux que
le représentant Laurent avait fait mettre
en liberté. Les détenus sont privés de toutes
les consolations qu'ils reçoii^ent du dehors.
Il fut même défendu à ceux de leurs do-
mestiqueç , dont la fidélité ne s'était pas
démentie , de les approcher davantage :
plusieurs , même , furent incarcérés. Cette
rigueur avait été précédée par l'arrêté
suivant.
562 Préuis historique des crimes
• De par Joseph Lebon^ le iS ventôse an 9.
a Les gens détenus comme suspects n'ont p!
f» aucuns besoins ; la République Us nourrit fi
99 gaiement , partant qu'on ne leur laisse aucui
99 sommes.
9J Qji il soit dressé procès-verbal exact de toui
99 celles qu'on trouvera chez eux , pour leur êi
j> rendues dans le cas ou ils seraient élargis ^ (
>> pour être, dans l'autre cas, versées dans le tré»
>> public î>. y
Lefetz paraît , et défend de ne laissa
entrer aucuns objets , pas même des corne
tibles. Du pain et de l'eau sont bans pour c
bougreS'là ^ dit-il. Il y avait deux puits dai
Tune de ces prisons , on ne laisse q\\t
faculté de puiser de Teau dans celui q
était infecté par le voisinage des latrirre
Il s'agissait cependant d'exécuter dai
son entier Tordre de Lebon sur Tenlèv
ment des sommes appartenantes aux,déi
nus. Le 8 février 1794 , une force arm
imposante est introduite dans les prison
Les Détenus ont ordre de descendre da
la cour ; ils sont tous fouillés. Ensuite (
place des factionnaires à toutes les isssu
d,es chambres. 44 Sentinelles , dit Lefetz ai
55 soldats , si un de ces b. . . . là avan
55 pour monter , foutez-lui la baïonne»
99 au travers du ventre. >9 Les Commissaiî
se répandent alors dans les logemens d
Détenus y s'emparent de tous les corne
commis sous le proconsul J* Lebon. 363
ibles qui s y trouvent , brûlent pendant la
ttuit leurs bois , et ne sortent de table qu'à
Jcpt'heures du matin, gorgés de vin et de
liqueurs. Le même jour , à trois heures
ïprès-midi , ils recommencent leur brigan-
dage : effets , bijoux , tout devient leur
oroie ; ils n'épargnent même pas un jeune
înfant de cinq ans , dont ils déchirent les
oreilles pour en retirer les anneaux.
Des femmes , dépouillées jusqu'à la che-
nîse , sont en butte à la plus insolente
ubricité. La rougeur qui couvre leurs fronts
ndique leurs alarmes ; elles détournent, en
rémissant, leurs regards de Thomme impu-
iique qui les outrage. Il poursuit avec opi-'
liàtreté ses desseins affreux ; sa main a déjà
itteint 6 4 Tu pourrais bien y avoir
j caché quelques papiers suspects ; tu en
5 es bien capable î» Voilà le motif
lont il voile ses infâmes procédés.
Carreau fouillait une jeune fille ; elle
)pposait quelque résistance à ses projets
:riminels. Il fait placer deux sentinelles à
es côtés , avec ordre de la percer de leur
baïonnette au premier mouvement,
Duponchel soutient à une autre qu'acné
rst enceinte ; il imite sur son corps le pro-
:édé des accoucheurs : 4< C'est dommage ,
9 dît-il après cet outrage ; mais il faut que
> tu passes à la guillotine. «
564 Précis historiqicf dei crimes
Les hommes n'étaient pas traités d'une? "
manière plus décente ; il fallait qu'ils missent
bas leurs culottes : les expressions les plus
dégoûtantes frappaient leurs oreilles , tant
^uils restaient entre les mains de ces impu-'
dens voleurs. Lefetz enleva la bande ^qui )
couvrait un cautère , parce qu'il prétendit
qu on pouvait y cacher des assignats.
Après ces scènes révoltantes, ils se ré'
pandent de nouveau dans les chanibre^ ^
font main-basse sur tout ce qui se présente '
et ne sortent que le matin , après s'être repi^
des provisions qui s y trouvèrent. Les Dé '
tenus avaient été forcés de passer ces deu^^
nuits dans la cour , exposés à un froid de^
plus rigoureux. Parmi ces scélérats , il s'en^
est trouvé d'assez impudens pour se faire<
donner une décharge par le propriétaire
des effets volés.
Les prisonniers n'avaient pas encore
épuisé la fureur de leurs bourreaux. La
porte s'ouvre une troisième fois , avec le
"même appareil ; on enlève les femmes , et
on les conduit à la Providence , maison de
force destinée de tout tems aux prostituées,
et surveillée par la nommée Lemaire. Cette
mégère prenait plaisir à annoncer le sup-
plice de quelques-unes d'entre elles , en
disant : AtijonrcTInn je craches du sang.
Au départ dés femmes pour la Provi-^
commis sous le proconsul J. Lebon. S65
dence , le citoyen Clément traversa la cour,
en s'écriant : t< Ma femme , ma pauvre
«> femme ! mes £nfans , mes chers enfansî
« Les scélérats ! ils les ont enlevés ; ils vont
« les massacrer Je n ai plus rien au
»j monde ; j'ai tout perdu, je veux mourir, ti
Ces accens douloureux fixent Tattention
des Détenus , qui se pressent autour de ce
-père infortuné. 11 frappe tous ceux qui rap-
prochent ; il ne veut point de secours : il
demande la mort. Le commissaire Gilles
arrive , et le fait plonger dans un cachot.
Ce Père respectable, se voyant au milieu de
la garde, revient à lui ; il se persuade qu'on
le conduit à Téchafaud: u Mes amis , dit-il
M à ceux qui Fentouraient, je suis heureux,
5> je vais à la guillotine ; dans un quart-
»5 d'heure je ne serai plus , mes maux seront
55 finis, n
Dans l'interrogatoire que les Commissaires
fesaient subir aux Détenus , ils regardaient
le silence et la timidité comme une preuve
de leur haine pour la révolution. La fanar-
tîque inquisition , dans ses froides ven-
geances , ne connut peut-être jamais de
moyens aussi perfides. D'abord , par *des
questions insidieuses , ils s'efforcent de leur
arracher un aveu qui peut les conduire à
Téchafaud, en assurant qu'ils ont par-deters
eux des pièces à charge ;: que la moindrfc
366 Préciy historique des crimes
dénégation pouvait leur devenir funeste ;
et que , dans le cas contraire , on regar-
derait comme une erreur les faits dont ils
étaient accusés. L'innocence , enlacée dan>
les pièges qui lui étaient tendus , et inti-
midée par ces prétendues preuves que le*
Commissaires disaient avoir en leur puîs^
sance , offrait-elle dans le cours de ses dé ^
clarations un mot , une phrase un pf^
équivoque , alors on dressait un procès -^
verbal dont Lebon tirait. parti selon se^
affections sanguinaires.
Les Commissaires se font également un
jouet delà pudeur. C'est aux jeunes filles^
qu'ils adressent les paroles les plus obscènes:
« Tu.es bonne à f. , disait-on à l'une
99 d'elles; vois si tu veux me le permettre^
5> si non tu iras à la petite fenêtre. îj
Une autre est criminelle à leurs yeux ,
,parce qu'elle n'a pas assisté à leurs bals
patriotiques ; elle en démontre l'impossi-
bilité j vu sa détention, u Veux-tu te marier,
jj lui demande Duponchel , peu importe
59 avec qui? 55 Sur une réponse affirmative,
jl rejp^ifend j.-du ton le plus, terrible : «< Tu
«Vne crains donc pas la mort?. ...... Tu
» périras dans trois jours. ~ Tu rie yevifi
?».. donc pas soi;tir-, dit à son tour Bacque-
55 ville ? >9 Elle répond qu elle le veut bien ,
pourvu giie jse^ pareus j.ouissent du même
I
commis sous le proconsul J. Ltbon. 367
1)ienfait : u Tu n'auras bientôt plus de
V » parens , s'écrie de nouveau 4e furieux
^5 DuponcheL ?) Ce colloque épouvantable
se termine par les propos les plus indécens^
Tu rougis , lui dit-on ; elle a de la pudeur ^
ajoute Caubrières ; cest du fanatisme , ré-
plique le médecin Blondel. Il appartenait
â rimmoral Duponchel de terminer une
scène aussi indécçnte : il lui soutient
cju'eile est enceinte , et s'en assure , en
j)arcourant de ses mains impures le corps
^e cette jeune vierge,
Caubrières savait aussi faire tomber Tin-
nocence dans ses pièges, u Je viens d'inter-
fj roger plusieurs individus , disait-il un
« jour ; c'est comique ; je ne trouvais pas
M de quoi les faire guillotiner ; mais
« vous m'entendez par de certains dé-
»5 tours, je les ai si bien interloqués , que
>» demain leur tête tombera. C'est f. »>
Ces rapports excitaient long-tems les rires
de Lebon et ceux de sa femme.
Le citoyen Dauchez venait d'ê tre acquitté ;
quelques jurés l'embrassaient pour lui té-
moigner leur joie. Il avance vers Cau-
brières. Retires-loi , lui dit-il , fai voté ta
mort. Cette réponse lui mérita les éloges
de Lebon , dont le goût antropophage se
décèle à la réception de la loi du 22
prairial, u A la bonne heure , s'écric-t-il ;
568 Précis historique des crimes • .
»j voilà ce que j'attendais ; nous pourrons
5j maintenant faire tomber des têtes. »
Ivre de sa puissance , il veut en reculer
les bornes. C'est dans cette intention qu'il
écrit au district de Saint-Omer. Il lui re-
cofnmande de Ténergie et du courage, et
il désigne les gens riches et éclairés comme
autant d'ennemis de la République. La
Société montagnarde lui fait une réponse
qui mérite de trouver ici sa place.
« Le fanatisme de la religion , le fa-
5> natisme de la royauté , le fanatisme
5j des richesses , et tous les fanatismes
î5 possibles , dit-elle , ne cessent de faire
5j leurs ravages. Vous avez le remède qui
35 convient à tant de maux ; c est la
55 guillotine. Elle encourage les faibles ,
95 soutient les chancèlans , et n'effraie que
»5 le crime ; elle sera ici en pleine activité ,
55 et le tribunal de notre district a de
35 quoi l'alimenter pendant plusieurs dé-
35 cades , et c. 55
Les sinistres desseins de Leboù mena*
çaient même Lille. Il parlait d'aller révo-
lutionner cette ville , dans laquelle il se
proposait de faire tomber au moins 4,000
j^êtes.
Une caisse remplie de couteaux , avait
été saisie à Boulogne, Lebon déroule le
commis sous le proconsul y. Lebon. 36g
ctêpc de la mort sur cette ville. Ces cou-
teaux sont transformés en poignards des-
!:înés pour une vaste conspiration. Aussitôt
les détacheraens de la bande terrible
Partent pour cette Commune. Les arres--
ations et les vols pèsent sur plus dun
itoyen. Darthé était un des envoyés de
^bon. Un Membrç du Directoire du dis-,
rict voulut le dissuader de cette prétendue
onspiration, Darthé se fâche ; et s'armant
le tpute Tarrogance de Lebon , il s'écrie :
( Le. district est composé de sacrés modér
% rés Les détenus ont l'esprit aigri ; on
♦ ne peut ramener cette sorte de gens â
3 l'amour de la République ; il faut qu'ils
9 pourrissent dans les prisons ; nous pren-s
9 drons des mesures à la Carrier, m
Lebon avait fait le rapport de cet événe-
ment à la Convention, a Vous frémirez,
M d'horreur , dit-il à la fin de sa lettre ,
>5 j'attends vos ordres ; si vous voulez que
» j'agisse par moi-même , lâchez-moi la
» bride. Songez aux prisons qui regorgent*
n que je voudrais faire évacuer. î^
Le Comité de Salut public plein de cont-
fiance dans ses talens révolutionnaires , lui
écrivît plusieurs lettres , où son énergie
puisa continuellement un nouvel aliment.
Nous allons citer ici quelques fragmens 4e
cette correspondance.
tome VI. A a
^70 Précis historique des crimes ,
Paris , ce 26 Brumaire , Tan 2 de la République fran^aiM*
Xes Représentans du peuple^ membres du Comité de Salut 1
public , au citoyen J. Lebon^ Représentant du peïtplt
dans le département du Pas-de-Calais,
Le Comité de Salut public, citoyen Collègue ♦
vous observe , qu'investi de pouvoirs illimités m, v(?t*-^
jdevez prendre dans votre énergie toutes les mesures corn —
mandées pour le salut de la chose publique.
Continuez votre attitude révolutionnaire, V AMnisti"^^
^prononcée lors de la Constitution captieuse et invoqué^^
par ious les scélérats^ est un crime qui ne peut en^
couvrir d'autres ; les forfaits ne se rachètent point ^
contre une République , ils s^ expient sous le glaiv^. Le
Tyran rinvoqua :1e Tyran fut frappé. V.ôus pouvez.
Vous devez même faire acquitter à la trésorerie les
frais de voyage des Députés qui sont venus dénoncer-
les projets fédéralistes ; les dénonciateurs ont bien
mérité de la Nation.
^ Déjà les conspirateurs s'arment de nouveau contre
elle , le Comité de Salut public est instruit que le
})rojet infe;rnal de livrer les places de première
igné existe.
Portez Tœil de la surveillance sur tous les points,
depuis Dunkerque jusqu'à Maubeuge, Le centre de
ces intelligences paraît être Douay. Dirigez sur
Douay Tactivité de l'observation. Souvenons-nou»
de Givet et des trahisons.
Secouez sur les traîtres le flambeau et le glaive^ marchez
toujours^ citoyen Collègue , sur cette ligne révolutionnaire
que vous décrivez avec courage. Le Comité applaudit à
vos travaux,
. Salut et fraternité , les membres du Comité de Salut
public, Barrère, Carnot , Billaud-Varennes.
raris ^ le,,.. Brumaire^ Billaud-Varennes ^ seul, écrit
à Lebon,
^ *Le Comité de Salut public applaudit aux mesures que
voui avez prises ; il yous obserye que les autorisations
commis sous le procons^il J. Ltbon. Sji
tjue vous demandez seraient surabondantes. Toutes
€65 mesures vous sont non-seulement permises , mais com^
mandées par votre mission. Rien ne doit faire obstacle
à votre marche révolutionnaire ; abandonnez- voua
à votre énergie, vos pouvoirs sont illimités : tout
ce que vous jugez convenable au salut de la chose
publique, vous pouvez, vous devez le faire sur-le-
champ.
Nous vous adressons un arrêté qui étend votre
xnissicn aux départemens voisins.
Armé de ces moyens, de votre énergie, continuez
à renverser sur eux-mêmes les projets des ennemis
de la République.
Salut et fraternité^ Billaud-Varennes.
On voit par ces lettres que Lebon a
reçu la plus grande latitude pour continuer
ses opérations révolutionnaires : aussi tout
est en activité, a II dépêche à chaque instant
5j des gibiers de guillotine. S'il garde le
5j silence, c'est tant mieux. Joseph Lebon
u travaille bien fort.... Les têtes vont
5j tomber comme la grêle. »5
Cependant la Convention , par un décret
du 27 germinal , an 2 , (16 avril 1794 )
évoqua le jugement de tous les délits révo- .
lutionnaires , au tribunal de Paris. Cette .
nouvelle fut un coup de foudre pour
Lebon. Il se plaint au Comité en ces
termes : C4 II vient de nous arriver une cir-
»5. culaire qui nous jette dans Tembarras ;
99 mais elle ne sera communiquée qu'aux
$9 vrais Républicains, Si vous êtes dang
Aa 2
372 Précis historique des crimes
>j rintention de laisser subsister cet arrêté ,
55 commandez-moi de périr , ou rappelez-
5j moi dans le sein de la Convention ; assi-
5) gnez aussi un asyle aux braves qui m'ont
>5 secondés , et c. n Le Comité de Salut
public maintient le tribunal de Lebon. Le
25 floréal suivant , ( 14 mai 1794 ) il le
, mande auprès de lui. Par cette miissive ;
« on lui rend toujours justice de Téner-
5J gie avec laquelle il comprime leS:
5j ennemis de la révolution ; mais il s'agit
5> de la diriger d'une manière plus utile ;
>> c'est de ce dont on Tinstruira à Paris. 55
Mais avant son départ , il veut repaître
Ses regards dii supplice d'un citoyen que sa
vengeance avait déjà signalé. Jean-François'
Payen , fermier de Neufville-la-Liberté dont '
Lebon avait été curé constitutionnel ,
n'avait jamais voulu assister à sa messe. '
Lebon avait adressé à la Municipalité Tar- ■
rêté suivant :
*6 Lebon charge les OflBciers municipaux;
99 de Neufville-la-Liberté de faire arrêter
55 et conduire au Département tous ceux , •
99 mâles et femelles , qui , en 92 et g3 ,;
55 n'ont, pas assisté aux messes dès prêtires'
5j constitutionnels M Sottise nécessaire de ce'
tems4à. Payen n'avait pas plutôt été arrêté'
que Lebon se transporta dans son dotnî-
cile , et dit ; u^^Me voici donc dans le salon
commis sons le proconsul J.Lebon. 3tS
f5 de Payen : qui aurait cru , quand j'étais
35 curé , que je serais un jour le maître de
99 cette maison ? Oui , j'en suis le maître.
99 Payen sera guillotiné , et. tout ce qui est
»5 ici m'appartient ; il faut qu'on m'obéisse.tf
Lebon fit donc traduire Payen , lié et
garrotté, des prisons d'Arras à celle de
.Cambrai, Il arrive à huit heures du matin*
On le conduit directement au tribunal où
on le condamne sans Tentendre. A dix
heures , il n'existait plus. Lebon n'eut pas
plutôt vu tomber sa tête , qu'il partit pour
Paris.
L'absence du Proconsul ne rabattit rien
de l'audace de ses agens. Forts des secrets
de leur indighe maître , ils en tirent de$
pronostics épouvantables. Ils fixent l'atten-
tion de cette Commune tremblante sur la
prochaine arrivée de ce tigre, a Çà ne
99 durera pas toujours , s'écriait Rémi ; çà
5j ne durera pas toujours ; Lebon , à son
M retour , va les travailler à blapche
»> taille. 9 5
En effet , Lebon paroît et annoncé qu'il
y aura au moins six cents têtes qui tombe*
ront. Instruit des vues des Tyrans , il se
transporte à la Société populaire^ t* Braves
99 Sans-Culottes , dit-il , je vous nourris
9 9 dans l'aisance ; je vous loge dans les
M maisons d'aristocrates ; c'est pour vous
Aa 3
374 Précis historique des crîmer
55 que la guillotine travaille ; jurez de mes
55 soutenir, 55 II exigea un serment de touss
ces membres qui Tentouraient d'ordinaire^
çn criant: Vive Joseph Lebonl .
55 Le Comité de Salut public m'a reproché
55 d'avoir été trop mou, trop modéré,
55 disait-il hautement. On va voir , f...,, ,
55 si je ne suis pas à la hauteur. 55 Enfin ^
selon les expressions de l'Accusateur pu-
blic , Darthé , dans ses lettres à Lebas :
ïj Lebon est transporté d'une sainte fureur contre
rînertie qui entravait les mesures révolutîorfnaiTes.
U casse son tribunal et le compose de soixante
bougres à poil. Les détenus sont plus étroitement
claquemurés. Les têtes des aristocrates tombent
comme grêle. Lebon est sans cesse occupé à dresser
des actes d'accusation. Par ses ordres , le Comité
cle surveillance a fait des arrestations sans nombre
à St. Pol. Il n'y a pas un de ces coquins-là, observe
Darthé , qui n'ait mérité d'étCinuer dans le sac 99.
Pour que la guillotine ne désempare pas ,
Lebon ordonne à chaque Commune de
lui envoyer une liste des principaux con-
tribuables. Voici l'arrêté qu il leur fit passer
à cette occasion :
i< Les Agens sont requis de faire dresser de suite
une liste des principaux contribuables de leur
Commune , savoir :
lo dans celles au-dessous de 600 ârnes^
i5 dans celles de 600 à 2000.
so dans» celles de «000 à 3ooo.
40 dans celles de 3ooo à 4ooo«.
commis sous le proconsul J. Lehon* SjS
5o dans celles de 4000 à 5ooo.
£t dans les Communes au-dessus des 5ooo âmes ,
la liste de tous les individus payans annuellement
toutes contributions jointes au-delà de cinquante
Les difFérens ordres quil transmet au
Comité de surveillance , pour faire incar-
cérer les citoyens , sont également frappés
au coin de la turpitude et de la scéléra-
tesse. Il suffit d'en lire deux pour s'en
convaincre.
(( L'ex-président de Madré , écrit-il , est riche ;
le Comité de surveillance voudra donc bien me
faire part des preuves de civisme qu'il a données
{)Our ne ]^as être mis en état d'arrestation, comme
es autres individus de sa classe.
j> D'après ce que m'a dit le personnage renvoyé,
il n'y a qu'un instant au Comité , il parait qu'il â
une façon de penser qu'il craint de manifester ;
or , un tel homme pense apparemment mal , et devient
dangereux , mettez-le où vous voudrez , jusqu'à
nouvel ordre jj.
Lebon ne s'en tient pas là. Il met une
foule de témoins en réquisition pour dé-
poser contre les prétendus conspirateurs
de Saint-Pol , Commune que Lebon avait
désignée comme une petite Vendée.
Mienne , porteur de pouvoirs , s'y trans-
porte , et dit à son entrée dans cette ville :
// ne faut que des gueux pour fonder la Répu^
blique. Aussitôt il convoque la Société po-
pulaire , lui fait part de la réquisition du
▲ a 4
s 7 6 Précis historique des crimes
Représentant , et la /Municipalité arrête
qu'il sera fait sur-le-champ une proclamation
par laquelle les Sans-Culottes sont invités
de venir déclarer au sein de la Société po-
pulaire , tout ce qu'ils savent de trames des
aristocrates , contre lesquels on va informer,
sous peine de complicité. Mienne termine
en promettant le partage des biens des
condamnés, ^
Darthé , Lebas , LeboA et son Epousé
étaient originaires de cette Commune ; des
haines particulières y organisèrent une
boucherie ; une cinquantaine de citoyens
furent incarcérés.
Mienne , Flamand et Duez leur firent un
crime d'avoir assisté à la plantation d'un
arbre,qui avait eue lieu à Saint-Pol en 1791,
le jour de la St, Pierre ; ce qui s'exécutait
depuis un tems immémorial dans cette
Commune. Trente d'entr'eux furent con-
duits dans les prisons d'Arras , et l'Accu-
sateur public prit des conclusions si vigou-
reuses que vingt-huit périrent.
Cet affreux tribunal n'admet aucune
forme légale. La soif du sang qui dévore
le Tyran , y dicte ses arrêts , et les chars
de la mort voiturent les victimes au nombre
de 12 , i5 , 20 , 25 à la fois.
Deux jeunes personnes du nom de
commis sous le proconsul J. Lebon. 3^^
^4ayoul-sur-Saint-Leger , autant intéres-
santes parleurs charmes que par leur vertu ,
xae quittaient point leur père , vieillard ,
travaillé de la goutte , et par de petits
croncerts exécutés sur Xtuxjor té-piano , elles
cherchaient à adoucir les douleurs de ce
"V^ieillard, On leur fit un crime de ce léger
divertissement. Lors de la prise de Valen-
c^ienne , ces deux jeunes filles , leur père et
leur mère montèrent sur Téchafaud,
La veuve Bataille tenait chez elle un
ï^egistre , sur lequel elle consignait les sora-
xnes quon lui confiait pour des actes de
fcienfaisancc. On la regarde comme chef
d^une grande conspiration f^éV^tHh^ssairi
de Lebon se transportent chez elle ;#BOi|
registre est compulsé et ses papiers enlevés^
On Tarrête , ainsi que ceux dont les noms
étaient inscrits sur ce registre, et tous sont
conduits au tribunal révolutionnaire , au
Tiombre de vingt-trois ": trois seulement
échappèrent à la mort. LéfcBourreau se per-
mit d'exercer sur le cad^lhre de ceux qui
furent sacrifiés les plus grandes horreurs ,
en les plaçant dans les postures les plus
lubriques.
Lebon , sa Femme etDuquesnoy , avaient
assisté à ce jugement ; et par leurs signaux
ils avaient achevé de décider leur sort.
L'atrocité de ce jugement se manifeste
378 Précis historique des crimes
encore plus évidemment à l'égard de deux
citoyennes du nom de Baclers. Leur tante,
morte depuis finit ans , avait consigné une
somme de trente sols entre les mains de la
veuve Bataille. C'était à cause de cette pa-
renté quelles étaient mises en jugement. On
en fit l'observation aux jurés , ils déclarè-
rent qu'ils étaient convaincus : elles mar-
* chèrent à l'échafaud.
Cependant Lebon devint furieux , en.
voyant acquitter trois des prévenus : il fit^
arrêter le président du tribunal , Betignet ,
l'accusateur public Demensur , le juré Le-
.blond , et^QP frère , Adjudant général. Il
Itejià^îS^ ^^ ^^^ conduire
tmÊo heures àParïs : son ordre porte qu'ils
seront incarcérés << comme prévenus d'in-
»> trigues pour arracher les conspirateurs
>j du glaive de la loj^, et de tentatives pour
jj avilir la représentation nationale m.
Dourlens fils , Camus , et cinq autres ,
étaient au* tribun|l , et se défendaient d'une
manière vîctorSuse. u Citoyens jurés , dit
>j l'accusateur :^public Caron , vous venez
>j d'entendre les défenses des accusés ; eh
»5 bien ! je vous assure que ce sont autant
>> de mensonges ; ce sont autant de cons-
59 pirateurs ; vous êtes assurément assez
.55 convaincus , et vous seriez des lâches
»j vous-mêmes , si vous laissiez de pareils
commis sous le proconsul J. Lebon. Syg
»5 monstres sur la terre »». Ce réquisitoire
■/
suffit pour les faire égorger.
Joseph Lebon étant curé constitutionnel
c3e Neufv'ille , avait eu une rixe avec l'an-
cien curé , qui continuait de dire la messe
dans la même église. Cité devant le juge
de paix Maniez , il fut condamné à 6 livres
d'amende. En mission dans le département ,
îl vient à Beaurains , Commune voisine de
3a Neufville , il se rend à la Société popu-
laire , où , après avoir harangué le peuple,
il ajoute : <« Je ne vois plus ces petits mor-
95 ceaux de bois , tous ces petits marmots m.
Il prend ensuite quelques in^Kiç|q)^ons sur
ce qui se passe dans le J^s ; on^Ttti rap-
porte quW nommé Coquet avait casslS'les
vitres du maire de Beaurains ; mais que le
juge de paix , à la sollicitation du maire ,
avait assoupi cette affaire. <« Il y a long-tems,
J9 s'écrie Lebon , que je veille à la conduite
55 de ce juge de paix : U est tard aujour-""
55 d'hui , qu'on se rend^jdemain à Arras
55 pour faire la dénonciatioii 55,
Lebon qui ne perdait pas de vue le juge
de paix depuis la condamnation qu'il avait
prononcée contre lui , le fait arrêter , con-
duire au tribunal de Cambrai , où il fut
guillotiné le lendemain de son arrivée.
Le juge de paix qui succéda à Maniez ,
fut digne du choix de Lebon, Cet Officier
38o Précis historique des crimes -
public instruit de la prochaine arrivée du
Proconsul , fit la motion de faire couper
quatre têtes pour lui en faire hommage.
Quel horrible assemblage offre cette"
troupe de brigands. L'infâme Rémi se com-
pare à un grand seigneur , 44 il peut offrir
99 tous les jours à ses amis un plat de têtes
V de guillotinés n. Flamant trempe la main
dans le sang qui ruisselle au bas de Fécha-
faud , et s'écrie : Ah ! que cela est beau !
JLebon y plonge son sabre , en disant :4t II
>> y along-tems que je désirais cela: »» As-tiM^
vu comme le lait coulait avec le sang l de-*
mandait MIJhi£pr Tantropophage Carlier..
L'assasi&i jbarËftli^e veut point faire dou-
' blci* de cuir le panier qui reçoit les têtes ,
afin de voir couler le sang ; il reproche à
celui qui donne cet avis , de n'être pas à la
hauteur. Lebon assiste à toutes les exécu-
tions : placé au balcon de la Comédie , il
fait entendre les cris de vive la République !
Lebon force en^re les mères de famille à
se transporter 'èur la place des exécutions
avec leurs eiifans. Il n'avait pas fait un
mystère de sa mission dans ces départemens»
*Un maître de poste l'avait prié de lui faire
avoir des chevaux pour le service public :
44 Adresse-toi , lui dit-il , aux Représentans
V près des armées ; ma mission ici est de
>> faire couper des têtes ?%
commis sons le proconsul J.Lebon. 38i
Le tribunal , de son côté , crée des cri-
mes : ses questions d'usage consistent dans
ces mots : a As-tu été à la messe des prêtres
« constitutionnels ?Non. — Fanatique , per-
n turbateur , aristocrate , guillotiné »%
Si Ton ne savait de quel délit accuser les
prévenus , les galeries étaient interrogées ;
le mot aristocrate quelles prononçaient
babituellement, était le cri de la mort.
' Des capucins , des religieuses de la Bel*
tique , sont installés pêle-même sur les ban*
luettes. Prisonniers de guerre avant la réu-
lion de ces provinces à la France , entendant
^eu le français , on se contente de leur
lemander s'ils sont auteurs des sermons
u'ils ont prêches : un oui est leur sen*
ence de mort ; les femmes comme com-
plices les accompagnent à Téchafaud.
La Supérieure des Ursulines y figure avec
Tielques-unes de ses religieuses. Elle cher-
lie à toucher les juges en faveur de ses
ompagnes, en leur disant : <« Que si Texer^
» cicede la religion catholique était regardé
' comme un crime , elle seule devait en
• porter la peine : quand amt trois soeurs ,
• entrées au couvent à Tâge de quatorze a
quinze ans , elles n'ont fait qu'obéir au
vœu qu elle en avait exigé : pardonnez*
leur , sécrie-t-clle , et je meurs contente ti.
'ouces furent égorgées ; et le Bourreau se
382 Précis historique des crimes.
permit les plus grandes horreurs sur leurs
cadavres.
Pierre-François Devault , vieillard de 68
ans , était en jugement : il récusait les té-
moins ses dénonciateurs , avec lesquels il
était en procès. Qu as-tu fait pour la Repu-
blique ? lui demande le Président : il veut
répondre ; Lebpn fait un geste , et Devault
est condamné.
Lallart-Bellette avait été acquitté , Lebon '
s'emporte contre les jurés , à qui il dit :
«4 Quand je vous donne un riche ou utt
5 5 noble à juger » vous ne devez pas 1^
.55 regarder comme innocent 55. Il le fait tra-^
duire de nouveau au tribunal , comm^
prévenu d'avoir servi la côntre-r évolution^
de toutes manières : quelques fragmens de
gazettes étrangères qu'on trouva chez lui
dans la perquisition qu il ordonna , furent
le motif de sa condamnation.
Petain , concierge de la prison de Saînt-
Pol , accusé davoir favorisé Tévasion de
deux détenus , avait été acquitté : un arrêté
de Lebon , du 1 5 germinal , le remit en
jugement, et trois jours après il monte à
Téchafaud.
La femme Plunquet venait d'être mise
en liberté : à son entrée chez elle , des
sbires l'arrêtent de nouveau, et la traduisent
au tribunal. £lle réclame en vain la parole
commis sous le proconsul J. Lebon. 383
pour se défendre : hors des débats , s'écrie-
t-on : elle est condamnée. Son crime était
d'avoir signé une pétition au ci-devant Roi ,
en faveur des prêtres , dans les tems où
l'autorité royale et la liberté des cultes
étaient sanctionnées par la constitution.
Le citoyen Duvieuxfort nourrissait depuis
long-tems un perroquet , qui disait à mer-
veille : vive l'Empereur ! Les possessions de;
ce citoyen étaient en partie dans les pays
soumiS'à Tautorité de la maison d'Autriche.
Le perroquet est dénoncé , il crie vive U
Roi , la Reine ! et c. Un décret est lancé
contre ce citoyen, sa fille , et quelques per-
sonnes de sa maison : ils sont acquittés à
Béthune. Un arrêté de Lebon les fait tra-
duire au tribunal d'Arras : la déclaration
du jury fut que les accusés étaient conr
vaincus d'être auteurs et complices de la
conspiration ourdie contre le peuple Fran-î^
çais , en enseignant à leur perroquet à pro-
férer les mots odieux de iiiveje Roi /et c;
en conséquence ils furent condamnés 4
mort.
Devieuxfort était déjà garotté sur li
planche , lorsque Lebon arrive : ««Arrêtez ^
99 dit-il , que le scélérat en mourant emporte
99 le désespoir de nos victoires : m il monte
aussitôt sur Téchafaud , ordonne qu'on le
délie , et qu'on le fasse descendre ; il
384 Précis historique des crimes.
annonce alors au public quelques victoires
remportées parles armées françaises. ( Voya
la lettre F. de la gravure du tome I y page i
des réflexions préliminaires. )
Ensuite s'adressant à Duvicuxfort , il
lapostrophe en termes les plus injurieux:'
«t Expédiez-le maintenant , dit-il au bouT',
99 reati , et périssent de rage les ennemis \
j> de la République, n l
On ne saurait mieux caractériser la lur- '
pîtude de ce tribunal , que par la conduite
qu'il tint à Tégard du perroquet ; il voulait
le mettre en jugement. Enfin Tépouse de
Lebon se Tappropria , et cherchant àeffacet
son éducation aristocratique , elle TiaS-
truisait à crier vive la Montagne !
Le ci-devant Comte deBéthune, accasé
d'émigration, pourvu néanmoins de cc^'
tificats authentiques , avait été absous, t^^
même jour Lebon ordonne de nouve^^
sa mise en jugement , il est condamné ^
mort. Le))on qui avait trouvé dans L^s
papiers, de Béthune , une lettre dai^^s
laquelle il était traité de scélérat , s'acharr^a
tellement à sa perte, qu'il fut exécuté a
dix heures du soir. Il eut encore des vicj-
toires à publier ce jour là , et le fatal couteaw
resta suspendu sur la tête de Béthunè
jusqu'après la lecture de ces nouvelles. Uti
juré ayant vu la tête de cet infortuné
i
commis sous le proconsul J. Lebon. 385
citoyen , s'écria : «« Si les lêtes de veaux
n étaient aussi fraîches que celle-là , j'en
f> ferais provision. »»
Le défenseur de Béthun^ avslit été in-
carcéré. A sa sortie , Lebon lui fit les plus
sanglans reproches sur ce qu il s'attachait à
défendre les aristocrates. // faut être , lui
dit - il , sans - culotte et coupe - tête comme
nous.
Couronnons ce volume d'atrocités par
un fait encore plus barbare :
Deux jeunes gens , Tun nommé Vaillan,
et l'autre fils du maître de poste de Lens ,
condamnés à mort, avaient étéconduitsàdix
heures du matin sur la place des exécutions,
etgarottés aux pieds deTéchafaud. Pendant
deux heures ils restent exposés aux injures
et aux insultes d'une populace effrénée ;
on les couvre d'ordures , on brûle leurs'
habits ; quelques-uns même osent les frap-
per. Une de ces victimes perd la- connais-
sance , le Bourreau lui jette uh stean d'eau
sur la figure. Sept individus condamnés à
mort , arrivent , il sont guillotinés , et lèuri
sang inonde ces deux jeunes gens , qui dé*'
tournent la vue en frémissant. Le Bourreau'
portant la tête du dernier supplicié , l'ap-
pliqua toute sanglante sur les lèvres mou-^
rantes de l'un d'eux. Enfin la mort met'
un terme aux angoisses douloureuses quei
Tome VI. B b
386 Précis historique cUs crimes
ce monstre leur faisait essuyer depuis deux
heures , avec un rafincmcnt de cruauté
bien digne de lafFreux emploi qu'il fesait
de son horrible ministère.
La tyrannie" apprêtait de nouvelles vic-
times. Près de deux mille personnes
dirent égorgées ou périrent à Arrias et à
Cambrai. Les prisons encombrées , et de^
Venues le tombeau d'une infinité d'indi^
yidus de tout âge et de tout sexe ; cin-
quante mille familles ruinées et dispersées ,
ne satisfesaient pas ces tigres altérés de
sang et de brigandages. (Déjà on avait,
creusé sous Téchafaud une fosse capable
de contenir soixante-quatre têtes à la fois ,.
lorsque le g ^thermidor fit cesser ces égor-
gemens , avec les pouvoirs des monstres
dévoués aux a,nciens Comités de gouver-
liement;. :,
Lebon, la veille de soçl départ , fait'
assembler les Autorités constituées. Il pé-
rore* en faveur jde Robespierre ; il veut
rassembler ses braves pour le venger. Tous^
proposent différentes mesures contre les
détenus ; il s agissait de décider du sort
de céi^x qui depuis long-tems étaient portés
sur la liste de mort, Lebon voulait les faire
tiraduire àp;^ris; mais ses ppuvqirs étaient
expirés , sa motion resta ç^pç effet. Il
l^art, et biexuôt frappé de Texécratioa
€ûfnmis.soîLs le pracônmlj. Leboh. 3if
publique , il est accusé et traduit au tribunal
d'Amiens. En vain sa cohorte s'agite en
tout sens pour arracher des déclarations
en sa faveur , il est frappé du glaive de la
loi. A la lecture de sqû jugement , il de-
mande qu'il lui soit permis de se pourvoir
en cassation. La Convention consultée ,
accueille sa pétition par Tordre dû jour.
Instrument servile de ces moteurs de tous
les crimes 5 il est brisé comme un faible
:roseau dès quHl a cessé de leur être utile*
£t aussi lâches que tpes brigands qui fuient
à, laspect d'une force majeure , en aban-
donnant leurs compagnons chargés, de fers [
les Membres du Comité décemviraî livrent
I^ebonà toute la rigueur dèslois; ils crurent
sans doute par ce moyîen-se débarrasser du
poids de la haine des^ Fran^çais. Ils! étaient
dansrerréup,.la France les .accusait; plus
scélérats et plus astucieux que cet Agent
secondaire , ils furent sacrifiés à leur bàrbarp
politique. ../::;. , :; ..ot
V Le i3 vehdém. , ari 4 {5 octobre 1-796 )
Joseph Lebon , vêtu d'une chemine -irbuge j
fut conduit sur la place idite du Grand-»
Marché , à Amiens , oùni xânmiria sur rjéchâ-^
faùd une vie souiliée des plbdgrandsifoirfaîfisi
Lebon en mourant dit qu il périssait ^pour
avoir suivi les instructions du Comité de
Salut public, ( Voyez le tome IL —'* Exécuté
à Arras , Ihei Amiens )• B b 2
388 Crimes commis dans le départ, du Nord ^
Précis historique des crimes commis dans le
département du Nord , sous le Fraconsulat
de f ex-moine Duquesnoy.
Ernest Duquesnoy , trois fois moine ,
autant de fois passant de la sacristie aa
corps-de-garde , montra toujours cet esprit
turbulent qui lui fesant abhorrer la vie pairi
sible du cloître , lui inspira , , sous Thabit
militaire , ce caractère grossier qui lui valut
le. mépris de son corps. Sans cesse dans
les cabarets » sotisang s allume par la quaû-^
tité de boissons dont il s abreuve. Né de
parens violens , leur fureur codle dans ses
veines. Son père est noté d assassinat , il
s'est déjà rendu coupable d'un pareil crime.
Aggresseur sans frein , deux citoyens ont
déjà succombé sous ses coups:, et ce n'est
qulk la faveur de la révolution? qu'il ose*'
reparaître dans son pays , d'où l'avait chassé
tin décret de prise de corps. Son séjour
dans Paris , où il s'était réfugié i avait été
ensanglanté par une de ses actions homi-
cides. iAu milieu d£S coupables intrigués qui
prohoisliquaicnt te' régime conventionnel ^
û se distingua par une conduite des plus
dépravée ; lès tripots , les tavernes , le
voient alternativement partager ses loisirs»
ïous le procomul Duquesnoy. 3Sg
Enfin , dans une orgie des plus crapuleuse ,
il est promu à la première législature ; son
naturel fanatique , et son penchant pour
rivresse , le firent bientôt réélire à la Con-
vention par les meneurs de ce corps mal-
heureux , qui le regardaient déjà comme
l'instrument de leur sanglante politique.
Duquesnoy associé à Lebon , lui imprime
ses élans révolutionnaires ; il Tencourage
dans sa marche populicide : a Courage ,
99 dit-il à Lebon , lors du jugement de la veuve
9 9 Bataille et de ses coaccusés : courage ! vas
9 9 toujours ferme; nous reviendrons ces
^j jours-ci avec St. Just et Lebas , et ça ira
>j bien plus roide. j»
Lebon outrage les jurés qui en avaient
sicquité quatre. <t Duquesnoy , lui dit \ fais-
9 9 moi f.... tous ces b.... là dedans , si non
9» je me brouille avec toi. Sa correspond
99 dance porte le même caractère. J'étais à
»5 dîner avec Robespierre quand il a reçu
55 ta lettre , écrit - il à Lebon ; nous avons
55 bien ri , vas ton train et ne t'inquiète de
55 rien ^ la guillotine doit marcher plus
55 que jamais. r>
Ces deux Conventionnels réunis oflFrent
une masse de puissance encore plus ter-
rible. Il faut que les têtes pleuvent comme
la grêle. Dans une lettre quils écrivent
Bb 2
r.
Sgo Crimes commh dans le départ; du Kord ,
de concert au Comité de Sâlut public ,
ils s'expriment ainsi :
<« Nous sommes inondés d'un t^s de vauriens
civils et militaires > que nous avons envoyés au
tribunal pour y subir la peine 4e leurs crimes contre
la république. Nos arrêtés autorisent le tribunal
criminel du Pas-de-Calais à expédier ces scélérats
xévolutionnairemcnt ; mais il renvoiç nos coquiiis
à des jurés qui vont les innocenter à tort et à
travers n, : ^
Après avoir demandé ati Gpmîté qu'il
confirme leurs arrêtés pour Torganisation
de ce tribunal , sans quoi ils enverront lés
prévenus à celui de Paris ; ils observent
que leur procès sera moins coûteux à Arras ,
et que l'exemple sera utile à l'armée.
La mission de Duquesnoy ne regardait
que les armées ; et, par un abus d'autorité^
•que plusieurs de sescgllègues oi;t imité , il
-s'immisce dans la sur\^eillance des dépar-
temens frontières. Dans une autre circons-
tance , sous prétexte de maladie , il obtient
un congé , se transporte à Boyefflcs , son
pays natal , dans l'intention , comme il
l'avoua ensuite , de remonter Fesprit public
dans le département de Calais. Aussitôt les
mandats d'arrêts se multiplient , et la per-
sécution met au jour ses batteries redou-
tables. C'est au milieu des orgies, qu'il
endoctrine les Autorités constituées , et
quil leur persuade de faire arrêter sans
sous le proconsul Duquesnoy.' Sgi
examen quiconque serait dénoncé , n'im-
porte par qui. Les mauvais traitemens ,
les injures attendaient ceux que Tinnoeence
de leurs parens détenus , conduit à son
domicile pour invoquer sa justke.r
Une femme était parvenue à l'approcher;
elle réclame son mari , il lui dit de venir
le trouver à jour nommé à Bé thune. Elk
s'y transporte , et après beaucoup de diffi-
cultés pour obtenir une audience , elle
lui rappelle le rendez-vous qu'il lui a donné
pour s'occuper de la liberté de son mari.
«« Tu en as menti , répond le déloyal Dn-
9 9 quesnoy , si je t'ai dit l'autre jour de
9 9 venir ici , c'était pour me débarrasser
99 de toi. >5 , '
Pendant son séjour à Boyeffles , il se
rendit coupable de plusieurs actes despo-
tiques. Nous nous contenterons d'en citer
un : comme il r-egarde ses parens , il suffim
pour donner^une idée de sa conduite dans
cette Commune.
La loi du 21 messidor rendait la liberté
à tous les cultivateurs. Le bruit se répand
que Duquesnoy a pris un arrêté contraire;
la femme Goujie , açcompagiiée d'Augustin
Mathicr , cultivateur, et muire d'une Com-
mune voisine , s'en vont chez ce Repré-
sentant, leur cousin. A peine cette femme
eut ouvert la bouche , pour lui souhaiter
B b 4
âg^ Crimes.commis dans le départ, du Kcrd ,
le bonjour, que notre furieux s'écria-:
a Qu'est-ce que tu viens f.**.. ici ? je n aï
»9 que faire d'aristocrates et de contre-révo-
9) lutionnaires dans ma maison; 99 en même,
tems cette femme est assaillie de soufflets
et de coups de poings sur la tête ; il criait
toujours : f.,,. moi le camp. Cette femme
succomba sous les mauvais traitemens de
Duquesnoy , et tomba à la renverse dans
sa cuisine, il ne cessa de la frapper à coups
de pieds , ^n vociférant : F... moi le camp ,
sacrés aristocrates : F..... moi le camp.
L'anihilation de la loi du 21 messidor
par Duquesnoy , n'était que trop assurée*
Son arrêté en date du ig messidor an 2,
(7 juillet I7g4) postérieur à l'époque de
la chute des conjurés , ne fait qu'ajouter
une teinte plus tyrannique à cet abus de
pouvoirs , qu'il n'a cessé de manifester
dans le cQurs de ses différentes missions
Après un considérant écrit en termes per-
fidement révolutionnaires de ces tems-là,
il ordonne que ceux desdits cultivateurs rais
mal à propos en liberté , seront sur-le-
champ réincarcérés , et livrés aux tribunaux
qui doivent en connaître. Le tribunal de
Paris était alors le seul à qui une loi ré-
cente attribuait le jugement des délits dits
révolutionnaires.
Cet arrêté , et les menaces de Duquesnoy,
\
sous le proconsul Duquesnoy. . 3^
firent émigrer plus de cinq cents culti*
vateurs des districts deBéthune , d'Arras *
de Douai et de Cambrai, Cependant une
liste de cinquante-sept individus se dresse
dans un instant d'ivresse. Leroux , pré-
sident du district, Clément, du village
d'-Aix , Go blet , commis ; puis Curé et
Bla.imont , ces deux derniers adminis*
trateurs du district , coopérèrent à cette
liste de proscription , tous furent regardés
comme suspects, pour n'avoir pas assisté
à la messe des prêtres constitutionnels. Du-
qixesnoy dicte les noms de ceux que la
haine lui désignait , et tous avalaient
d"* avance le sang de ces victimes , en
buvant à la santé de la sainte guillotine.
Mais cette liste ne contenait que des
hommes peii faits par état , pour être
ï'egardés comme contrerrévolutionnaîres.
VJn des assistans en fit la remarque en
Ces termes : << Sacredié nous sommes de
*i foutues bêtes , nous n'avons pas mis de
*ï ci - devant sur la liste ; f,.... prenons
^5 garde à nous , ça serait trop vulgaire. 15
On y entremêla quelques ci-devant.
Cinquante-sept victimes furent chargées
de fer , et mises sur trois chariots. Leur ar-
restation avaiÉ^ été suivie de la violation de
leurs propriétés. Les armoires , les coffres
. avaient été enfoncés ou crochetés ; pn les
394 Crimes commis dans le départ, du Nord.
'fit parquer une nuit comme un troupeau
de bétail. Si quelques-uns affaissés par la
douleur et Tépuisement prenaient un instant
de repos , Clément les réveillait à coups
de pieds, A Béfliune , à Arras , on dé- a
couvrit les voitures , afin de les exposer éi
aux regards d un peuple égaré par Lebon
ct^Duquesnoy. Ils furent insultés et couverts
de Huées ; on voyait parmi ces malheu-
reux, des vieillards, et des femmes malades;
lune d'elles venait d'accoucher ; son enfant
qu'on lui avait enlevé , faillit périr par
Fengorgement de son lait.
Voici quelques paragraphes de la lettre
que Duquesnoy écrit à leur sujet aux
Membres du Comité de Salut public, .
<« Je vous fais passer , citoyens Collègues , tro^*
arrêtés que j'ai pris ici. Je vous fais passer égaleme^^
la liste de cinquante-sept individus qui vont pat*^^^
pour le tribunal de "Pzris ^formant à-peu-près le ti^[^
de ceiLK du district qui doivent y être traduits. Je si>^^
presqu'entièrement délivré de la goutte ; j espè^^
me rendre à Arras sous peu de jours , pour y
prendre des mesures pour y faire réincarcérer to"*^^
les contre-révolutionnaires des campagnes , élar^^*
par une fausse application de la loi , et c. m.
Cette lettre datée de Béthune , est dti
16 messidor an 2 , (4 juillet 1794. )
Duquesnoy comptait tellement sur les
tons offices du tribunal révolutionnaire ,
pour le délivrer de.ses ennemis , qu'il dit
^' sem le proconsul Duquesnoy. * SgS
^ hautement aux habitans deBoyéfflies , quik
' pouvaient aller voir passer les Bacons \
^ famille proscrite. Les enfans de Duquestioy
dévastèrent aussitôt leur jardin ; celui du
citoyen Fromentin , également détenu , a
été exposé à leur pillage ; ses étangs ont
été mis à sec , etDuquesnoy s'est approprié
le poisson.
Si Taudace caractérise le crime , la lâcheté
devient aussi son partage au moindre dan-
ger qui menace son auteur. L'ex - moine
IDuquesnoy qui ne parlait sans cesse que
de détruire le fanatisme , éprouva un accès
de goutte remontée pendant son séjour à
3Boyeffles ; la crainte de la mort s'etnpare
de ses esprits , il demande un confesseur:
tin ci-devant curé , oubliant les inimitiés
de famille s y transporte. A sa vue , Duques-
• noy laisse couler quelques larmes , et dit :
«t Ah ! je vois bien que Thomme vertueux
55 et sensible , \sait oublier les injustices.
5î C'est Dieu , ajoute-t-il , qui vous envoie
'^5 pour me confesser , permettez-moi de
55 satisfaire au devoir de chrétien. Je, sais
55 que je vais mourir... 55 Je ne vous con-
fesserai pas , répliqua Tex-curé , cela n est
pas de saison ; d'ailleurs vous n'êtes pas
en danger , nous verrons cela un autre
jour. Quelques jours après , Duquesnoy
célébra sa convalescence par de conti-
Sg6 Crimes commis dans le départ, du Xori ,
nuelles orgies. Sans doute , il eut hontt
de sa faiblesse ^ car il fît incarcérer c^t
cx-prêtre et sbn frère. Le Comité de Sû-
reté générale les rendit à la liberté. Les
cinquante-sept victimes dont nous avons
déjà parlé doivent également leur liberté
à la fameuse époque du 9 thermidor.
Le citoyen Hoyez , horloger , était mis
en jugement au tribunal de Lebon ; Du-
quesnoy accourt, et ses dépositions le font
condamner à mort. Ce Citoyen dit à l'exé-
cuteur Petitpierre , au moment où il le
liait à la planche : << Ce que je regrette le
»j plus , c'est que celui qui me fait mourir
n aujourd'hui est celui à qui j'ai sauvé la
»y vie. n
Hoyez avait sauvé Duquesnoy de la
corde , quelques années auparavant.
Sous les auspices de Lebon et Duquesnoy,
le président du district , Lefetz , avait offert
une gratification de mille écus à un citoyen,
pour l'exciter à dénoncer une foule de dé-
détenus. Duquesnoy abuse d'une femme
détenue , Tengage à divorcer avec son mari
chargé de fers ; et après avoir fait pronon-
cer le jugement , il s'empare du bien du
mari. Par ses instigations , un procès est
intenté à un autre détenu ; le tribunal pro-
nonce contre le gré de Duquesnoy: il mande
les juges dans un cabaret, les injurie , et
-, sous le proconsul Duquesnoy. Sgj
menace de les casser , parce qu ils n'ont pas
condamné Thorame qu'il haïssait.
Duquesnoy influence les sociétés popu-
laires que Leboh avait chargées de Tépu-
ration des détenus. Dans une de ses lettres»
en d^te du 29 messidor , il recommande aux
Men)bres composant la Commission pour
Tépuration des détenus , de regarder comme
ennemis de la révolution ceux qui n'ont
rien fait pour elle. Il juge que les Mathier
tont de ce nombre. ««La femme de son col-
*5 lègue Lebon pourra donner des renseî-
» gnemens sur les Mathier, qu'il a toujours'
•V regardés comme des ennemis de Tégalîté,
^ et n'ayant pout amis que des aristocrates'
'V et la moinerie, etc. m On voit que ce
Mathier , son cousin , qu'il avait sî mal reçu
chez lui , ne resta pas long - tems sans
éprouver le poids de sa vengeance.
Un caractère aussi haineux^ et dont Tirri-
ation se perpétuait par les vapeurs du vin ,
levait porter la désorganisation dans l'ar-
née que la mission de Lebqn chargeait de
flirveiller. Son imbécille de frère , promu
aar sa protection au généralat , également
idonné à l'ivresse , dénonce tous les gêné-
aux qni ont le ma-Iheur de lui déplaire. La
juillotine , la fusillade , privent la Répu-i
:>lique de ces chefs instruit?. Gïllet , chef
ie brigade au corps du gémé, est un de
400 Crimes commis dan s le départ. duKord ,
et sa fille , et s'installe dans leur maison/
A Bergues , on Ta vu entouré d'une
vingtaine de citoyens totalement ivres. Le
local quils occupaient représentait une vraie
tabagie. On buvait , on trinquait, en criant
à tue-tête : vive la République! vive la guillo-
tine ! Duquesnoy chancelle au sortir de cette
auberge ; quelques pas plus loin il tombe
par terre : plusieurs citoyens s'empressent
de le relever pour le conduire chez lui.
Duquesnoy avait été envoyé à Metz, Des
patriotes prononcés furent députés vers
lui :
«c Tu as des yeux qui me déplaisent^ dit- il à Vun
d*eux. A un autrç : Tu as Pair d^un évéque , tu nt
Îeux pas être patriote, A un troisième : Tu es un fripon*
e viens ici, ajoute-t-il, avec des pouvoirs illimités.
L'esprit public n'est pas bon, je le mettrai au pas;
sous quinze jours j'en ferai fusiller cinq à six cents i
tant à Metz qu'à JVancj »>.
Le feu se manifesta le même jour aux
fours de la Munitionnaire ; Duquesnoy s'y
rendit ians marque distinctive. Le Juge de:
paix , décoré de sa médaille , y donnait
des ordres, Qjie fais-tu là , lui demande
Duquesnoy ? Le Juge de paix réplique que
rincendie étant dans son arrondissement,
son devoir Ty appelait, Duquesnoy exhibe
ses pouvoirs , et le fait incarcérer. Plus
loin, Duquesnoy rencontre un habitant de.
sous Je proconsul Duquesnoy. 401^
la campagne, il le prepd au collet et le
maltraite de coups : un jetihe homme , âgé
de seize ans , témoigne sa sensibilité ; Du*
^uesnoy fond sur- lui , et , d'un coup . de
poing dans i-estomac , le» renversé à dix pas
de là. Un Citoyen , du nom de Mahu^ cou-
vert de sueur , se retirait de lincendie ,
dans l'instant où il cessait: ««Que fais-tu-
5j là , dit Duquesnoy ? Pourquoi ne tra-
j> vailles- tu pas? — J'ai peut-être travaillé
'j> plus que toi , répond ce^ Citoyen , sans
fj le connaître. »5 II eticorê battu et incar-
céré. (( Où vas-tu, demande-t-il à un em-
jj ployé au dépôt des habillemehs militaires? -
»> -— A mon bureau. —Tu m'as lair d'un
'jj aristocrate. En prison ! m Un enfant ,
''nommé Dorvaux , est encore conduit en
^prison. Un militaire, à qui on avait appli-
qué les vessicatoires , au premier coup
d'alarme avait quitte son lit , pour former
la. chaîne avec ses camarades ; Duquesnoy
lui donne un coup de. poing dans le dos ;
il se retourne , et en reçoit un autre dans
l'estomac: Duquesnoy le fait encore arrêter
et conduire au corps-de-garde.
On remarqua qu'il était dans un tel état
d'ivresse , qu'il ne pouvait tenir son crayon ;
îl se laissa même aller par terre , en voulant
passer par-dessus un petit mur. On peut
juger , par ces légers renseignemens , com^^
Tome VI. ce'
40? Massacres et incmdies
bien les faits. qw nous om èchap|>é ajoi^-
teraient à ce taUeau d-unc vie crapuleuse
et féroce. Duquesnoy a été condamné à mor ^
à Paris , le 28 prairial an 3 ( 16 juin iTgby^
.( Voyez le Tableau »^. 2 , tome 2. j
Massa c RE s et incendies dans les Colonies
Françaises.
Avant les désastres survenus à Saint-t)o-
luingue , pn calculait à deux cents niillipi\s
tourâoiis ou à peu près la valeur des denrées
«coloniales importées en France ; à quatre-
vingt et quelques millions , celle de ces den-
rées qui se consommaient dans Tintérieur
de TEtat ; à 1 20 miUîorisou environ , céljes
qui se vendaient à Tctrànger ; etenyiron.à
60 millions les marchandises que Tétrançer
Jious fournissait ; eh sorte que la balance
ordinaire du commerce était , en faveu^* de
la France , d'une soixantaine de millions
par ajn , dont' elle était redevable à la seule
.colonie de Saint-Domingue , qui , d'après
les calculs du Ministre Necker , rendait à la
Métropole plus que toutes les autres colo-
nies Françaises ensemble.
Cet état de splendeur devait naturelle-
ment extîter la jalousie de TAngîe terre , si
avide de la souveraineté commerciale ; et
dans les colonies françaises. Î4a3
«ans aspirer à s'approprier cette portion si
importante des Antilles Françaises par une
invasion qui soulèverait toutes les puissances
3de l'Europe , contre son despotisme , le
Cabinet Britannique a du diriger toutes ses
* ^mesures vers leur entière dévastation ; dans
^rim possibilité de conquérir , Hd i voula
anéantir.
Telle est l'origine politique des fféaux
^ui , par un horrible privilège ^ ont pesé
«i spécialement sur la colonie Française de
-Saint-Domingue ; et quelle que puisse être
:1a. sincérité de tjuelques provocateurs ou
âgens principaux de la révolution colo-
niale , les ruines de Saint-Domingue , les
cendres de ses habitations si florissantes , le
désespoir de deux cents mille Français
^échappés par une fuite lointaine aux fureurs
des farouches Africains , la perte de deux
cents mille autres égorgés par ces tigres dé-
muselés , la joie sanguinaire de TAnglais
applaudissant à ces massacres , et les perpé-
tuant avec son or et son machiavélisme ;
voilà les accusateurs irrécusables de ccS
vains philantropes , voilà la réfutation de
leurs systèmes destructeurs !
La révolution Française fut un coup de
foudre pour ses colonies ; le seul mot des
Droiês de C Homme , devint Tarrêt de disso^
lution de leur système social /fondé sur une
c c 2
1404 Massacres et incendies
servitude alors nécessaire , et qu'il apparu
.tenait au tems seul de modifier : Ce que je
craindrais , a dit Rousseau aux Polonais , sur
le projet d affranchir leurs esclaves : «trce
îj n'est pas seulement Tintérêt mal entendu»
9î lamajur-propre er les préjugés des maî-
3) très ^ ce: sont les vices et la lâcheté des
99 serfs ; la liberté est un aliment de bon
9} suc , mais de forfe digestion ; il faut des
99 estomacs bien sains pour la supporter ^n
Si les préjugés invétérés des Colons et des
grands Planteurs , leur amour-propre habi'-
tué à un système de distinctions , en quelque
sorte indiquées par la Nature , si Tinstincit
.aveugle4erintérêtrepoussaitcommeunjoùg
humiliant et funeste , le niveau d'une Comr
mune égalité , c'est sur-tout dans la lâcheté^
dans les vices des serfs , qu'elle trouvait un
obstacle plus insurmontable ; le cœur plein
de toutes les viles habitudes de l'esclavage ,
les uns s'imaginèrent que pour être libres ,
il suffisait d'être mutins ; d'autres , incapa-
bles d'apprécier leurs droits autrement que
par leurs besoins sensuels , se livrèrent avec
une intempérance effrénée à leurs appétits
honteux et sanguinaires ; tous prouvèrent
que , si une fausse philosophie avait stipulé
pour l'égalité , en revanche la politique ^ la
vraie justice et même l'humanité récla-
maient contre ces indiscrétions précoces
danî les cdlmus ffûniçmsh. 40S
pour les voiles de la prudende et les droits
seuls imprescriptHïlés du t^iris.
Ce fut un crime de Vouloir anticiper sur
ces droits ; et tandis que la France s'avan-
çait à grands pas vers la liberté républi-
caine , dont ses lumières lui permettaient
de faire un digne usage , elle ne pouvait
être que funeste dans un pays où la raison
était moins éclairée | et ppur une espèce
dont les facultés plus tardives n'avaient en-
core reçu aucun développement de l'édu-
cation. Cependant , à Paris , une société de
préteflidus amis des Noirs déguisait , sous l'in-
tention apparente de leur affranchissement,
le but réel du bouleversement des colonies,
et l'espoir de partager les dépouilles des
propriétaires mis en fuite ou massacres.
Un mulâtre , que son intelligence supé-
rieure à celle des hommes de son espèce
avait mis en relation avec les principaux
. moteurs de la révolution Française { Rai-
mond ) était le point de contact entre les
agitateurs révolutionnaires de la Métropole^
et les révoltés de la colonie ; une lettre d/a
sa main , en donnant la mesure de son in-
fluence sur la dévastation et les troubles de
Saint-Domingue , en fera connoître aussi les
moyens et le but.
(( Notre cau&e, écrivait- il aux hommes de couleui
qui s'insurgeaient pour Tcgalité politique, com-
GC 3
4o8 Massacres et incendies .
étant ce qui nous intéresse davantage. C'était
à en encQurager la culture , à en activer U
fécondité , que devaient ,s'appliquer toutes
nos prétentions , c'étaità rihtérêt des Colons-
Propriétaires , si naturellement d accord
avec celui de la Métropole qu'il feUait parler
et demander des conseils ; et, c est contre
les propriétaires qu'ont toujours été dirigés
les soupçons , les ordjes , les armes de
l'autorité. Là , se trouve l'explication des
désastres de Saint-Domingue , qui sont pour
tant de Français une énigme.
11 n'entre point dans notre plan de suivre
pas à pas les intrigues qui ont frappé tant
de coups faux et désastreux aux colonies ,
de citer successiveipent la foule dé décisions
contradictoires , de mesures incohérentes ,
de marches incertaines et croisées des divers
partis qui se sont arrachés le sceptre de la
puissance , pour en faire réciproquement
une arme de destruction. Nous croyons
néa.nmoins devoir à la clarté des faits que
nous voulons offrir, de dire que les décrets
vagues et entortillés de l'Assemblée cons-
tituante furent les fermens les plus actifs de
dissention dans les colonies ; que , comme
des armes à deux tranchans , ils paraissaient
propres à défendre les uns et les autres , et
ne servaient qu'à les blesser tous.
Epouvantés des principes révolution-
dans Us cûloniesfrança}s€s. ^ôg
naires qui se développaient tin France au
nom des Droits de THomme , les colons-
propriétaires songèrent sérieusement à en
prévenir l'effet contagieux sur leur pays
^nenacé d'un entier bouleversement. A Saintp
Etomingue comme en France , on s'était
réuni dès 1789, en assemblées. On avait
pris les armes pour? la liberté politique;
Les Assemblées primaires avaient créé au
Cap , au Port-au-Prince et aux Cayes des
Assemblées provinciales , qui rivalisaient
d'enthousiasmes , et recevaient l'impulsion
de celle du Cap. Une assemblée supérieure
s'était constituée à Saint-Marc sous le nom
d'assemblée coloniale , formée des Repré-
sentans réunis de toutes les provinces. Ce
fut là que se conçut l'idée sage et patrio-
tique de combiner pour le régime intérieur
des Colonies une constitution distincte pour
les principes et les moyens de la consfifu*
tion française , et soumise seulement à
l'acceptation de la Métropole dont les.
droits exclusifs pour la législation extérieure
et commerciale de la Colonie n'en étaient
pas moins reconnus et respectés. Cette
conception simple et naturelle trouva de
grands obstacles dans lajalousie de l'assem-
blée provincial^ du Cap , qui, protégée par
le Gouverneur militaire de la Colonie i et
corrompue par le dévouement servile des
410 Massacres, et incendies
autres assemblées provinciales , répugnait
à reconnaître une autorité supérieure à k
sienne. Elle affecta de travestir les projeo
de rassemblée de Saint-Marc en projets
coupables d'indépendance ; elle cassa des
municipalités qui paraissaient les partager;
et par ses ordres , le colonel Mauduit fol
chargé de dissoudre rassemblée de Saiot-^
Marc à main armée , comme il avait fait
contre un Comité du Port-au-Prince. Obi^s*
sancc fut à la force ; et à la vue des troupM
qui l'assiégeaient, TÂssemblée toute cndère«
au nombre de quatre-vingt-cinq membvet «
s'embarqua sur le Léopard , le 7 août 179O)
et vint présenter à la barre de TÂssemblée
constituante son innocence à reconnaître t
et son oppression à venger.
Cette démarche fut sans effet; et le 19
octobre suivant , l'Assemblée constituante ,
tout en promettant expressément de ne
porter aucune loi sur l'état des personnes dans
les Colonies , sans la demande précise et for^
melle des Assemblées coloniales , consacra par
le même décret l'accusation d'indépendance
élevée contre celle de Saint-Marc , et en
cassa , sous ce motif, toutes les délibérations
et tous les actes.
Cependant l'Assemblée provinciale du
Cap , triomphante et libre , ne tarda pas
à adopter les alarmes de l'Assemblée qu'elle
dans lés colonies frûnçaiits. 411-
avait proscrite. Avertie à tem^ <k rapproche "
êtxiTi homme de couleur, nommé Ogé ^
parti de France avec des décrets perfide-
ment équivoques de FAssemblée constî-
mante pour troubler les Colonies au nom dei
l?Egalité , elle ordonna toutes les mesures
propres à prévenir le soulèvement médité ;
mais ne put empêcher le débar<jttcment
^Ogé , qui se iftit aussitôt à la tête d'un
le^dsemblement nombreux. On promit trois
cents portugaises à celui qui le mettraic à
taoTt. Apr^s beaucoup de brigandages et
de massacres, il fut obligé de fuir chez îes
Espagnols qui le rendirent à ses juges natu*
tels , et il périt enfin sur la rOu^ avec vingt
de ses complices , après- tfiae procédure
qui dura deux mois. L'exécution se fit sur
ÏH place du Cap avec solfeftnit^. L'Assemblée
{provinciale y assista toute entière ; toutes
es troupes prirent les armes , et les dt^-
peaux tricolors furent^déployés.' Le con-^
cours immense des citoyens qui parurent
applaudir à ce supplice , fit dti cet acte dou'
loureux de sévérité une espace* de fête natio-
nale. Cette journée offrait aux- jf>ahi»ans de
FAssemblée de Saint-Marc là justification
et le triomphe de ses principes ; et celle
du Cap vit tout-à-coup se déclarer contre ,
elle les dispositions lés plus haineuses. De
nouvelles insurrections de Nègres dans la
419 'Mtissacfes et incendies
partie du Sud, en justifiant davantage la
précédente rigidité deTÂssemblée de Saint-
Marc y ajoutent à Tindignation générale
contre celle du Càp. Mauduit , qui avait si
bien servi les prétentions ambitieuses de
celle-ci , en partage aussi la défaveur , et
périt victime de ses propres soldats désa^
busés.... :. de nouvelles troupes arrivées de
France avec les dispositions les plus favo-
rablefs à l'Assemblée exilée , se joignent aux
régimens déjà existans dans la Colonie,
rétablissent au Port-au-Prince le Comité
que Mauduit y avait dissous , font sortir
des prisons les citoyens que ce Colonel avait
fait arrêter, et protègent de leurs armes une
Municipalité nouvelle et une Commissioft
judiciaire qui , sous les auspices de l'appro-
bation générale, s'organisent pour la pour-
suite de tous les fauteurs de troubles. Le
ihaire , Lerembourg, est chef de ce tribunal
dont les jugemens se rendent et s'exécutent
avec la même célérité. Un interrogatoire
rapide et quelques témoignages suffisent
aux juges ; un mot , un signe du Président
qui n'a besoin que de porter la main au
cou , annoncent Farrêt fatal. Des Exécu-
teurs toujours prêts s'emparent de la vic-
time, et lé premier arbre, devient l'instru-
ment de son supplice.
Cependant l'opinion générale et une
dans les colonies françaiies. 4^
proclamation du gouverneur Blanchelan<te
appellent les Assembléel» 'primaires pour
remplacer celle provinciale du Cap par
une Assemblée coloniale. Aussitôt la noii*
velle non-officielle encore dW décret du
i5 mai 1791 9 qui admet les hommes de
couleur à la jouissance des mêmes droits
:politiques que les blancs , excite tine fer-
mentation universelle. On se précipitle
dans les assemblées primaires poux^- terminer
.toute élection, ayant que la publicité ^au*
thentique et formelle ^e la loi en eut ouveit
les portes aux hommes dte couleur. ÏAvtxs
.prétentions anticipées ^ appuyées par de^
menaces et des émeutes , arment contr'^tik
4es citoyens. Dans le délire de l'indignatioft
et de Teffroi , : quarante villes bu bouirg^
;s annèrent pour leur destruction. On mît
4m prix, à chaque tête de mulâtres qu appôr^
terait un Africain ; et c'est alors quon les
^fusilla dans les rues du Cap , comme dans
les forêts Ton fusille les bêtes fauves.
Le désespoir doubla Faudace des hommes
de couleur révoltés. Ils s'adjoignirent et
armèrent leurs Nègres , qui , tout-à*c6up
et au nombre de cinquante mille , serépan-*
dirent , la torche d une main et le poignard
de Tautre , sur la vaste et riche plaine da
Cap. C'est dans cette ville que devait se
tenir , le %b août l^^i% la nouvelle Assemi;*
^414 Massacres il incendies
blée coloniale ; ce fut le s3 qu éclatèrent
rinsurrection et lincendie , qui dévorèrent '
en quelques heures les innombrables éto-
.blis^emens que deux siècles de travaux
•avaient élevés à la prospérité nationale';
qu'on imagine un torrent de feu roulant sur
i5 lieues de pays. .Ceux que la flamme
avait épargnés ; ceux qu une fuite tirop
•lisnte laissa en proie au danger , tombèrent
30u$ le fer des assassins ; femmes , enfans^,
vieillards ^ rien ne lut respectée pour périr,
il suffisait d'être né blanc.
L msurrectiou et la terreur se propagè-
rent rapidement daps le jceste de laCoLome.
Des troupes d'hommes ide couleur zt de
Akoirs répandus dans les campagnes y poin-
taient la dévastation et La mort; ce que h
brigandage le plus effréné , ce que la plus
rafinée barbarie: peuvent cumuler d'iunv
reurs , ils le commirent. •
Le Cap , le Port-au-Prince et les Cayeis
étaient les seules places en état d'arrêteir
les entreprises des révoltés. Le Port-au-
Prince qui , dans tous les tems , avait mà^
nifesté le plus -^d'énergie contre eux , fut
aussi la ville contre laquelle ils dirigèrent
la plus grande partie de leurs forfait»»
Campés à trois lieues de ses murs , ils lui
ôtèrent toute communication du côté de
4a terre ; ils allèrent même jusqu à détQurner
dans Us colonies française^. ^ 4.1$
les sources; et plus d'unie fots le besoin
d'efiu occasionna, entre les déuchéirhens
#viincés de Tune et de l'autre armée , des,
^ptions sanglantes où les homiaes de cou-
leur eurent presque toujours layantage.
... Cependant TAsseçiblée coloniale s'était
^ièuoie au Cap ; et après quelques exécu-
«tipns tumultuairement faites ( i) , des
Ji^flQLfnes dê^ couleur et des Nègres qu^oa
^tlpecta , elle av^t pris solennellement
AQUS sa protection ceiix qui resteraient
JSid$les à Tordre , et promis Texécution
imt^ entière du. décret du i5 mai , aussitôt
j^-il durait été envoyé* Ces dispositions
4ineQèrent des conférences où l'on parla
idÉ conciliation^ La fatigue plutôt que la
iTpnliance fit déposer les armes. .
oî. JJn décret nouveaiu , du 24 septembre ,
j^>portaofiicieUement la révocation de celui
idu i5 ihai , qui n avait jamais été reçu. Les
«belles reprirent les armes , et jurèrent
(i) Des correspondances interceptées" avaient
4lésigné aux sonpç'ons une foule de nègres restés
<latis kCap; oi^en^rassémbla-ua grand nombre dam
JOL Savanne de la, Fossette , où . 4ès foss^^ construis
four contenir vingt à trente cadavres , recevaient
eux qui étaient Tusillés ; on les forçiait , pour cette
'exécution, de se mettre à genoux sur le bord
anéme de ces fosses , où ils s'entertai€at,eux-même8
fn tombant. Tout ceci se ferait, par les ordres de
Commissions militairement établies par TAssemblée
toJomale. ^ , -. .
41 6 Massacres et incendies
d'obtenir par la force cç que leur refusait
la loi. Au Port-au-Prince 4 on avait , sur la
foi de la paix jurée , >laissé i5oo hommiek
de couleur entrer en armes dans la vïHc^
et s'établir un quartier général au gouver-
nement; bientôt aux i5oo hommes étaient
venus se joindre successivement plùsieurt
détachemens de 2 à 3oo hommes ; et cette
affluence donna aux blancs des inquiétudes
que Tévènement ne tarda pas à justifiti;
Une rixe particulière et préparée servit aUX
hommes de couleur de signal de ralliement.
On etitend la générale dans* leurs casernes;
Il s'engage une action J^ntr^èux et le régî*^
ment de ligne de Normandie que la Muni-
cipalité avait appelé à * son* secours; La
résistance fut vive ; et ce ne fut qu'après ua
combat opiniâtre de quelques heures , que
les hommes de couleur se déployèrent; au
bourg delà Croix^des-Bouquets. Ils com-
mirent, en s'éloignant de la ville-, tout et
que la rage et tai)arbarie peut inventer de
plus révoltant. Dés blancs mialades furent
massacrés dans I05 hôpitaux , les maison^
pillées et dévastées ; les propriétaires égorgés
au milieu des plus cruels tourmehs ; etpoui:
comble de désolation , un incendie épour
vantable dévorant les édifices et les richesses
immenses d'une cité si florissante , teji
furent les iBéaux qui signalèrent ïa retraite
dans les colonies françaùis. ^vj
dés révoltés qui inondèrent aussitôt toute
la province de TOuestl' Le camp principal
dans cette partie , et comme le chef-lieu
des assassins , était près -des hauteurs dô
Léogane , au Trou-Cassé ; c'est de4à que ,
chaque jour, quiiize ou vingt hommes de
couleur partaient à la tête d'une troupe de
ndirs , et fusillaient impitoyablement tous
les blancs qu'ils rencontraient , hommes ,
femmes , enfans. ils n'étaient bien reçus
du chef du Trou-Cassé , l'abbé Ouvrière ,
qu'en rapportant les oreilles des blancs
qu'ils avaient massacrés.
. Au îiJord , et dans la plaine du Cap ,
qui déjà n'était plus qu'un monceau de
cendres , ils se livrèrent à peu près aux
fnêmes fhreurs,; les Blancs, réfugiés chez
les Espagnols , élâîèht vendus par eux
ccfnt trente-deux livres par tête aux Nègres
qui les sciaient entre deux planches ; et
les enfans étaient pqftés aux bouts des
piques ; trente-trois pères de famille , pris
dans leurs habitations , ptts du carrefour
Alquier , furent pendus vivans à des
arbres , et si 2 autres "â des crochets fichée
^à sept pieds de hàût-eur ; à cette même
époque , trois Nègres commandeurs de
l'habitation Charitte près le Cap , furent
accrochés par - dessous le menton , pour '
ii'avoir pas voulu ré volter leurs ateliers ^
Tome VI. d d
4iS Massacres et incendies '
on doit juger quelle fut la durée des
tourmens d'un pareil supplice. Les hommes
de couleur présidaient à ces atrocités \
et Ton vit Tun d'eux , nommé Caiidy,
arracher alors avec des tire-bouchons les
yeux aux victimes ainsi crucifiées à des
arbres. A la nouvelle des révQltés et de
l'incendie de la province du iNQrd , les
citoyens du Port-de-Paix , étaient accourus
en armes; et en leur. absence , Içs assàs^
sinats et les incendies, éclatèrent, dansi leur ^
pays ; la ville fut aussitôt le refuge de-
tous les habitans d'alentour , qui accpu*-
rurent tout nuds , à la faveur de }t^ iiuit ,
à travers les bois ; des hom;i|Les de côiir
leur envoyés par k .Mulâtre [Pinchinat,
affluaient aussi ajniés . de tputçs pièces ;
et telle était refFro.nteXie avec laquelle ils
menaçaient la ville ,du piUage et de l'in-^
cendie , que les çitpy^ens étaient obligés de
rester tout le jour sur pied ^ et chaque soir de
mettre les femmes, les enfi^ns , les vieillards
et les malades en sûreté dans le fort et dans
les vaisseaux. Indignés, de cette déplorable
consternation , les grenadiers du régiment
çi-devantd^ la Reine ^ entourèrent les fossés
de la ville , pour empêcher les hommes de
couleyr qui s'y. trouvaient alors de: sortir,
et dernandèrent que ^ pour prévenir leur
tf^hispn , ou les embarqHât tous à bord dt
daniles cdldnies françaises. -419
la Nouvelle Rosalie. Cette idémarche éner-
gique effraya les hommes ;d^ couleur., qui
s'y rendirent aussitôt àpinès » avoir déposé
leurs armes V et prévinrent, par cette sou^
ftiission les vengeances terribles prêtes à
éclater. . • • '. , ,
Au Sud , rinsurrection/ éclate d'abord
aux Cayercites ; les hommes de couleur se
portent chez le citoyen Séjourné , assas-
sinent sa mère , le saisissent lui-même et
rattachent à un poteau, violent sous ses
yeux sa jeûne épouse qu ils livrent aux fu-
reurs lubriques de leur troupe , lui ouvrent
ensuite le ventre , eti arrachent Tenfant
qu elle portait , th frappent le visage du
malheureux Séjourné , qu enfin ils assas-
sinent à son tour, et sortent en jetant
Tenfant dans un parc à cochons (r). Cette
action atroce , ainsi que le spectacle jour-
nalier des assassinats commis à Jacmel ,
à Plimouth , à Lance , a Veau , à Saquin ,
et dans divers quartiers du Sud , inspirèrent
( I ) Il ne faut pas laisser ignorer une abomina-
tion du même genre, et plus atroce encore, exercée
Î)ar les hommes de couleur sur la malheureuse
àmille Plainguel. Après avoir coupé par morceaux
la mère et le gendre , cventré la jeune femme en-
ceinte , et jeté son fœtus aux cochons , ils s*empa-
rèrent aussi de trois petits enfans , qu'ils grillèrent
Dd 2
45.0 . Massacres et incendies \
une telle horreur aux Nègres de la dé-
pendance dejërémie, que rinsurrection y
fut générale contre les hommes de couleur.
La Municipalité pour les soustraire à Tin^
dignation due à tant d'atrocités , leur
offrit des bâtimens dans la. rade , où ils
furent nourris . et protégés.
/ Telle était la position de St. Domingue ,
malgré larrivée des . trois Cotnmissaires
jcivils, Mirbech^ Roume et St. Léger ^ des-
cendus au Cap dans les premiers jours de
décembre 1791. Tous les quartiers gémis«
saient sous la dépendante ou la terreur des
>hommcs' de couleur , qui avaient déjà
égorgé plus de quatre mille Blancs , et
voulaient enfermer le reste. Les'Commis^
saires crurent devoir pour ramener la
tranquillité , accorder une amnistie à tous
les coupables ; mais loin de se prosterner
devant cette indulgence , trop généreuse
pour eux - mêmes , ils en refusèrent le
bienfait aux victimes qu'ils tenaient sous le
couteau.
Au petit Goave , le Comité reçut lam-
«ous les pieds à petit feu. L'un a été écorché tout
vivant , çt Ton a fait porter à l'autre la tête et la
peau de son frère , dont ils firent un tambour sôus
ses yeux , et comme pour le faire assister tout
.vivant et par anticipation au supplice qu'ils lui
destinaient , et qu'il éprouva à son tour.
dam les' cotonies françaîsh. 4 «1
nîstic le i3 décembre 1791 à midi ; maïs
le Président , Gaston Duvivier , en em-
pêcha la publication ; et le soir même
à= trois heures , cinquante hommes de
couleur allèrent à la géole , s'emparèrent
de trente-trois détenus aux fers qu'ils garot-
tèrent , et conduisirent aux limites dû
petit Goave- , où ces cannibales eurent
la .cruauté de les fusiller aux jambes , et
de les sabrer ensuite , afin de prolonger
et accroître leurs douleurs. En suite un
détachement de vingt-cinq hommes se porta
auTrou-Canarie , parles ordres du même
Duvivier ; et telle fut la précision avec
laquelle îjts furent exécutés , qu'ils massa*
crèrent soixante - dix Blancs dans cette
soirée.
Ce ne fut qu'après ces exécrables expé^
ditions , que les scélérats encore couverts
de sang , vinrent sur les cadavres palpitans
de leurs victimes , publier dérisoirement
Tamnistie.
Les Commissaires civils employèrent tous
les moyens de conciliation avec aussi peu
de succès. Les promesses de paix des Hom-
mes de couleur n étaient que des pièges ;
et la confiance des Blancs fut plusieurs fois
récompensée par la plus horrible trahi-
son. A Bayné , près du petit Goave , les
Hommes de couleur , soua le prétexte d'une
D d 3
422 Massacres et incendiet '^
délibération pacifique , avaîerit * cohvoqué
les habitans de la Commune ? il5> dcscen-i
dent avec joie et sécurité du haut des Mon
nés où ils se tenaient retranchés ;? et iréunis
au bourg , ils sont pris au nombre! de trente-
sept , gârottés et conduits à deux cents pas
du bourg , où les Hommes de couleur les
fusillent. C'est ainsi qu après ks concordats
faits aux Cayes de Saint-Louis , à Bayeul et
à Âquin , les habitans qui se redraient pai-^
siblem.ent , furent toiit-à-coup circonvenus
par une troupe d'Hommes db couleur , qui
les désarmèrent et les assassinèrent.
Voici encore un trait de Fatroce jterfidié
des Hommes de couleur. Les -^Jègres ré^
voltés dans la parde des Anglais , qui csl
au-delà de Tiburon , du côté des Cayes ;
après avoir égorgé les Blancs du côté de
Cavaillon , venaient comme un torrent pour
se jeter dans la partie de la grande Ance ,
jusqu alors intacte ; il fallait que ces Nègres,
pour y arriver , passassent par Tiburon ; les
Habitans de cette ville , mêlés avec les Mu-
lâtres , marchèrent avec confiance. Les deux
troupes en présence , le premier feu que
firent les Mulâtres fat dirigé contre les
Blancs , et trois frères tombèrent à Tîns-
tant victimes de cette trahison ; la plus
grande partie des Blancs ne put y échap-
per ; et ^eux qui restaient appelèrent à
dans les colàniès françaises. 47$
teur ^secours leurs propres Nègres r Jean
Kina , enclave du citoyen Laroqué , se mit
à la tête de deux cents Nègres, avec les-
quels il établit un poste , d'où il repoussa
avec *vatleur les révoltés , qui assiégeaient
Tiburon , et^ les Hommes de couleur qui
voulaient le leur livrer. Il périt cihq cents
Nègres rébelles , et cinquante ou soixante
Mulâtres ; le reste prit la fuite.
Peu de jours après , ceux-ci soulevèrent
* les Nègres du Port-au-Prince , de la Croix
dès Bouquets , de TArcaye et des Habi-
tations voisines , au nombre de plus de
cent mille ; ils lancèrent; des chiens dans les
bois , pour forcer les Blancs qui sy réfu-
■giaient oe sortir ; et le massacre en fut
-porté à un tel excès , qu au lieu de donner
•i32 livres par tête comme on le leur avait
promis , on en pa^a par paires d'oreilles \
et presque tous en portaient à leurs cha-
peaux ou à leurs bonnets en place de ca-
carde.
A cette progression toujours croissante
de désastres et de forfaits , que pouvaient
opposer les Commissaires civils , qui , bor-
nés à la seule force de la raison et des
réquisitions morales , n avaient reçu de la
loi que des faisceaux sans hache ? Impufs^
sans pour réprimer , ils essayèrent en vaia
de concilier des haines trop inconcilia*
D d 4
4^4 Massacres -çt incendies
blés; et les fureurs Africaines mises aut
prises avec les passions Européennes , coti-
tinuèrent à fermenter ensemble pour I9
désolation et la dévastation d uti pays., que
la Nature elle-même . semble avoir destin^
à rinaction et au repos.-
Ce n'est point en révolution quil est
permis de rétrograder; et ce fut en accorr
dant solennellement aux Hommes de cou:
leur cette égalité politique , dont 1» pré-
tention servait de prétexte à tous leùlrs
forfaits , que TAsseiùblée législativie espéra
dy mettre un terme. Le décret du 4 ayrîl
1792 , qui consacra cette égalité v loin d'ir-
riter les préjugés orgueilleux de^Colons ,
leur offrit un moyen honorable dVbîtn-
donner , par respect, pour la loi, des prin-
cipes qu il eût été plus humiliant de ne
paraître abjurer que forcément ; il fut donc
accueilli avec plaisir , et enregistré dans
tous les Tribunaux , sans réclamation , sans
délai ; on envoya même à plus de cent
lieues en mer une députation d'honneur
au-devant des Commissaires civils San-
thonax , Polverel et Ailhaud , qui venaient
chargés dé son exécution.
On ne leur demandait point de vengean*
ces , ni même de punitions ; mais on espé*
rait une juste sévérité pour l'avenir ; ils
devaient du moins et ils promirent une-
dans les colonies françaises. 4^$
•entière impartialité. Missionnaires intimes
de Brissot , ils étaient devancés par le soupr
çon que cet ami des Noirs les avait chargés
en secret d'jen opérer TafFranchissement ; et
le 94 septembre i79St , une seiqaine après
)eur débarquement , ils déclarèrent dans
un:e proclamation authentique , que sincè-
rement attachés au décret , dont Texécution
leur avait été confiée , ils reconnaissaient
1 esclavage commre 4< nécessaire à la culture
» et à la propriété des coloiiies , et ne tou-
?» cheraient jamais à cet égard aux préro-
9i gatives des Colons ♦> ;:§aiithonax , par-
ticulièrement,. poussa rhypocrisie jusqu a
protester expressément da^s ;une proclar
mation du 4 décembre 9 que <« si rÀssem*
«5 blée nationale égarée po»vîiit se porter à
If oublier sur ce point. les -prérogatives des
»5 habitans de Saint-Domingue , çt à -d^
jrtruire dans le régime colonial. le gçf me
^j de sa prospérité , il déclarait , lui , qut
j5 jamais il ne se rendrait r^ixéçuteur d'une
f^ pareille injustice , qu iî s y. opposerait de
M toutes ses forces , et quîl ien fesait le
99 serment solennel t9«
Ces promesses étaient au tai^t de meor
songes atroces ; et les brîgiands révoltés
trouvèrent dans les déposit^res de Tau^
torité nationale des complices et des pro-
tecteurs. Investis d'une force armée de i3
'4^ ' Massacrés et incendia. '
mille hommes pour la •reslauration de ror-
dre et de la prospérité dans les Colonies^
par rentier et prompt anéantissement des
rébelles , ils ne- ^devaieftt redouter d'obsta^
clés que dans^a funeste dësrtmîon des Hom^
mes de couleur libres et des Blancs; et
l'objet spécial de leur mission^ le but po^
çitif de la loi qu'ils venaient exécuter iiait
rétablissement de Tharmonie et de Téga-
lité entre ces deux classefs trop long-^ems
distinctes ^ et leur fusion civique et légale
tn une seule et même femillct. -Tel était 1^
Vœu de la philosophie , tel était cehiidc^
tons les cftôyen^'i qui 9 vqyaût dans cette^^
Téunîoh feàtérttteile , ràccroîss^ment . dcp
forces a opposer à rlnsurrection des cs*^
claves , qui allait aussi en croissant., appe*
latent à gfaflds'jcris et avec une^ sincère im*
patience 'Fentièïê'^xëcutiori dé la loi. . î :
Mais là guerre civile semblait être dans
le cœur des Commissaires civils -, ils furent
accusés dWoir employés ce moyen pour
Servir leur ambition ; et loin de songer à
effacer les distinctions de couleurs , c'était
à les augmenter , à fomenter la lutte des
préjugés ^tif ''^•a|)'plîquaientoces Commis-
saires en aspitiint , suivant l'expression de
S^nthonax lui-même , à la dictature cotbnialeX
Ije ,pi?emier aicte public d'autorité fut , de
lai part des 'Commissaires , Tordre au gé-
dans les. colonies françaises. 427.
néral Desparbès de tenir ses troupes sur la
défensive ; et c'est ainsi qu ils paralysèrent
Tardeur de braves ^ soldats , indignés de
laudace des brigands révoltés , et specta-
teurs impuissans des désastres de la colonie.
^« Depuis un ip;ois que nous sommes dé-
^vbarqués., écrivirent-ils alors aux Com-
if missaires , ce 'ièms peut-être aurait suffi
fi- déjà pour réduire des esclaves révoltés ,
99 dont la multitude indiscipliuéfe Tembar-
99 rasse elle-même ; et cependant nous per-
«ivdons ce terni sprécieiiiK jdâns une inaction
htàïissi dangereuse qu'humiliantCi :
: 99 Qu'attendOns-nous ,' MWhj ou pliitôt,
w qu'attcndez-vous pour, mettre en acfioii
»: six mille «soldats français q*ui lie peuvent
fsT'sans indignation.végéterja^hement en se
fj. tenant surla 'défensive y iiuahd le salut
w de la colonie et Ja conservation des pro-^
99 priétés , que nous sommes Venus défendre^
iff' semblent dépendre d'une' attaque gêné-
n raie ? Cependant les brigands se prévalent
99 de notre inaction qu'ils -prennent peut-
« être pour de la timidité., attaquent jour-»
99 tîellementen>détailplusieùr'S petits camps,
f9 dont la perte , en affaiblissant d'autant
99 notre parti , fortifie le leur, et ils brûlent
>9 à nos yeux des propriétés qu'une attaque
»> pliis ptojnpte aurait soustraites à l'in-
». ccndie.jn ..',.-.
42S . Massacres et incçndiei
On leur avait promis Tattaque du i s aa
i5 octobre ; et le 19 , aucun prépatatîfjiie
s'annonçair encore ; cwtnce fneme jour
qu'ils exprimaifint ainsi deur généreuse im-
patience , et c'est par des arrêts tyranniques
qu on répondit à cette expression franche
du courage , et le général Dcsp^rbès expia
par la destitution et la déportation le ton
commun à toute sa troupe d'iavoirdémjandé
des ordres pour se^battrc contre, des rebelles ei
les anéantir^
L armée ainsi comeniié: dans rîntéribuf
semblait du moins autoriser la convocation
dés Assemblées jirimaires sollicitées par tous
les bons citoyens , pour constituer enfin lé**^
gaïement Pégalité politique , et diOnner à 1»
colonie des Magistrats et des Représentans
de son choix; la présence imposante d'une
force militaire permettait une réorganisa-»
lion de la garde nationale , conformément
au décret qui admettait les hommes de
toutes les couleurs aux droits d'éligibilité;
mais loin d'effectuer cette salutaire incor-*
poration , loin de consommer le mélange
déjà commencé des hommes de toutes les
couleurs , sous les mêmes? armes et sous
les mêmes drapeaux , Santhonax crée tout
exprès un sixième bataillon de garde na-
tionale , exclusivement composé d'hommes
de couleur , et dans lequel on fait même
dans les colonies françaiiks. 4^9
entrer forcément des hommes déjà enrôlés
dans les compagnies de leurs sections res^
pectîves*
- Pour mieux consacrer cette existence dis-
tincte et séparée d'une caste que la loi or-»
donnait de fondre avec celle des blancs ,
de manière à n'en faire qaune seule , le
Dictateur affecte de n accorder de confiance
qu'aux hommes de couleur , n'admet qu'jeux
à l'honneur de l'escorter et de le défendre ,
et crée des compagnies franches exclus!*
vcment composées de ces mêmes citoyens*
L'Assemblée coloniale devait , ainsi que
les Municipalités anciennes , faire place à
d'autres magistratures choisies directement
par tous les citoyens ; les Commissaires
abrogent en effet , le 1 2 octobre , cette as-
semblée coloniale pour y substituer une
Âutoiité de leur composition , une Commis'^
sien intermédiaire , formée de 12 membres^
dont six blancs au choix de l'Assemblée
•coloniale , et six hommes de couleur à celui
'des commissaires civils , ce qui consacrait
une lutte des couleurs,sous le prétexte men-
songer de les mettre en équilibre. La loi /en
autorisant la dissolution de l'Assemblée colo-
niale, en prescrivait l'immédiate réélection ;
mais les Commissaires, obligés de convoquer
les Assemblées comunalespourla formation
<les Municipalités , les restreignirent provi">
43o .Massacres et tncenxlies
soîrement à cette opération , et investirent
la corporation hétéroclite qu^ils avaient ima-'
ginée , de toute l'autorité que la loi n avait
voulu conférer qu'4 une Àsseniblée colo-
niale du choix du peuple.
La Commission intermédiaire 3insitrzvchût
en autorité populaire , les Commissaires
civils , sûrs de la diriger à leur gré par le
fait, des créatures qu'ils y avaient placées
arbitrairement , et par la menace d'une des-
titution aussi arbitraire , contre ceux qui
contrarieraient leurs vues, ne travaillèrent
plus qu'à empêcher son remplacement ,
qu'à réprimer tyranniquement l'élan naturel
de tous les citoyens vers le droit inalié-
nable d'élire eux-mêmes leurs Magistrats et
leurs Représentans, Polverel se chargea des
provinces de l'Ouest et du Sud ; Santho-
nax resta dans le Nord : la ville du Cap ,
qui s'était le plus signalée par son zèle à
réclamer l'exécution de la loi à laquelle ces
Dictateurs substituaient si insolemment leur
volonté , méritait les premiers coups de leur
vengeance tyrannique ; et ce fut le 2 dé-
cembre que Santhonax y donna la mesure
de son audace , et apprit par quels forfaits
il était prêt à subjuguer toute résistance à
son oppression.
La protection spécialement affectée en
faveur des hommes de couleur,les patrouilles
dans Us colçnies francises. 43i
nombreuses qu on ne commandait qu^à euix,
ae pouvait qu agiter les esprits , et faire
craindre aux blancs une proscription auissi
^roce qu'injuste. ' Les. troupes elle-mêmes.
partageaient cette indignation des citoyens,
avec d'autant plus de raison qu on voulait for-
cef tin de ces régîmens d'accepter des bornâ-
mes de couleur généralement détestés , pour.
QfBciers , au détriment de ceux que l'ancicn-
ijeté de leur service et l'estime de leurs,
camarades appelaient aux grades vacan$«
Cette répugnance des soldats manifestée
par des murmures avait suffi à Santhonax.
pour ordonner la convocation extraordi-.
Qaire de toute la ligne sur le champ de
Mars : Les hommes de couleur avaient été
J)areillement appelés en bataille ; on affecta
d[e leur faire charger les armes en présence
dçs troupes qui étaient sans cartouches. Les
citoyens qui en voyaient leurs gibernes toutes
garnies , crièrent à la trahison , et les blancs
devaient d'autant plus la redouter contre
eux-mêmes , que seuls ils n'avaient reçu
aucun ordre.
Sur ces entrefaites , on arrête un Citoyen
de couleur portant un sac que réclament
aussitôt le général Laveaux et un Chef du
bataillon des hommes de couleur , comme
étant une provision de biscuits destinés pour
eux ; malgré cette réclamation , le sac porté
432 Massacres et incendw
à la Municipalité est ouvert et se trouve
ne contenir que des cartouches. D'un autre
côté , Ton voyait passer continuellement
dans une rue des bières^ semblables à celles
dans lesquelles on met les esclaves qu cm
porte au cimetière : on arrête une de ces
prétendues bières , c'était des fusils qu elle
contenait.
Le bruit de ces découvertes ne laisse plus
de doutes sur des projets hostiles ; les têtes
s'échauffent, les citoyens s agitent , et avant
qu ils aient eu le tems de se réunir armés
en état de défense imposante , les hommes
de couleur firent une décharge à laquelle
ripostèrent ceux qui se trouvèrent à portée: .
d'autres se rendirent à Tarsenal d'où ils ti-
rèrent deux pièces de canon de 4 , qui
furent augmentées d'une cinquième enlevée
sur la place d'armes. Déjà trois ou quatre
soldats du régiment du Cap avaient été
tués aux fenêtres de leurs casernes par les
hommes de couleur , et ceux-ci avaient
aussi tiré dans les rues deux ou trois rafales
sur les blancs.
L'action eût eu les suites les plus funestes
sans le courageux dévouement de la Mu-
nicipalité et du citoyen d'Assas , colonel du
régiment du Cap , qui se jetèrent entre les
deux feux , et réussirent à calmer l'agita-
tion universelle, D'Assas eut le pied fracassé
datù les colonies frùriçahes. 453
ffiine décharge qtié flttnt sur lui Iti
Irommes de ccralétrV'^ et àoti domestiqué 'fut
iné a ses côtés. Dalfcaûrf, major dû taèmè
tégîttiefîit:, ne dut son ;ssiltlt qu^â la frâyeut
de ion cheval qui en se cabrant reçut lé
toup destiné à son maître* '
Cette journée du 2 déVrenlbre se.tétnfiîn^
par la retraite deè hOmmfes de couleur
àti poste de Bclair ; 'difr; èous le prétexte
de frayeurs àrtïficïeusdfnènt entretenues j^
ils continuèrent à twënacet ja ville dé leu#S
armes et de leurs- fureurs. Après de nohi-
Brtîuses députattofns qui leur . portkîehMrf
Tceu fraternel dé là réconciliation ïâ'pllûiâf
sincère , ils rentrèrent' te 6 dans la ville en:
armei , €ft reprirent' letirt casernes /après
avoir dicté les proscriptions de plusieurs*
cîtoyeiis dont Santhonax , de conceit avec
éwt , ordonna la déportation en France; ^
Ce fut à Id suîcc d'ë ces jourrréeèn(ju*i|
autorisa , le 6 décembre , Rochartibèàu à li
formation de ces compagnies exclusives
d'hommes de couleur , dont nous avons
parlé plus haut : on lés disait destinées à'
ûîïe Sortie' contre lés révbltès^ qt»i étaieni
réellement lés* véritat)lfc$ ennemis de la'cb-
Ibnîé; rirais elles né'fureiit enire lesmains du
Çofrfmtssàflre que des itfs(rumens de terreur'
et d'è^ptessioh toïitre ïa classe déiblàncs'
qu'A avait juré d'anéantie Cesont les colorfs^
Tome VI. Ee
544 Massacrts et incendtes \
spontanétnent réunis sous le général Lavaux,
oui essayèrent plus tard des attaques vigou-
reujse^ contre les révoltés qui infestaient la
presque totalité de la province du nord, et
qui , après les avoir forcés dans leurs derr
niersT retranchemens, touchaient au moment
lipvreux de les voir déposer leurs armes i
lorsque Santhonax trop intéressé à la durée
dè.\la révolte , ordonna à laiimée triom*
pliante d'abandonner son attitude et de
sÇjtenir sur 1^ défensive. ,
_.Ia. nouvellô des troubles supposés a^
Çprt-au-Prince sêrvit/de prétexte à Tordre
^^1 .ramena subitement dans la. ville unç
^rmée qui , par la rapidité de ses succès^
avait tellement réduit les révoltés , que huit
jmrs, au plus, auraient suffi pour terminer cette
expédition. Cette cessation des opérations dç
la campagne consterna les citoyens qui ap-^
prirent presqucn même tems la fausseté
des craintes qu'on avait communiqué sur.
la ville du Port-au-Prince. Santhonax pro-.
mit une sortie nouvelle. et très-prochaine;,
mais ce fut contre la ville de St.-Marc quil.
partit le 28 février, escorté d'une portion.
de Tarmée de ligne , laissant les citoyens.
livrés à leurs propres forces y et ^ la mercir
des hommes de couleur qui fiers de Km-,
punité V ne marchaient plus que le fusil à,
la main et des pistpïeçs à I9 ceint^re•
dans Jes coloniey françaises. 4â5.
l^liisi^ui's proyiQcatjUuiS qu'ils se pendirent^
coiure le^ Btonca..^ restèrent sans eflfiéts.if
grices à la pri;idenc& il£[^ ces derniers ;qaiî
ne remuer enipointi ? 1- . r-^'; ! . » i :'> :\o\-
Gependant^Polverela^vait «atain soulevév>
daqs lies prPMinces.deiFOutistiet du Sod,*
les Hommes d^ couleur !fiJt:kfif:i^lègresUb^^
contre les Blancs ; 1» loi':di(ri4iavrit avait»
Qbteausoiii^e^écution dans les tilles pidn^*
cipales , et notamment au Pôrt-au-Prince ;>
les Hommes de couleur , conte ns .de l'éga;-*.
lité que leur assure la loi ,i ny aspiraient)
plus à cette suprématie .-promise' par les*
commissaires > et telle est la cause du vqyà^éf
de S^inthonax ; qui , ne cachant ptils . sow
puojet d'assiéger cette, wUe * fait aianeit en:
secret les esql^es de St.-Marc , met les.qua-
torze paroisses de FOuest en -réquisitions
armée contre le Port-au-Prince ^ et vient i
1 assiéger par terre et: v:par mer ;l?arméé*
de terre commandée par Lasalk , se i pré*»
sente aux porties de la viUb , qui iconseût à
les lui ouvrir , , ^ m«ais. en rcfuaant i Tentrée àt
une horde d'hommes de Couleur qui avaient/
juré solennellement en quittant iSt«-Marc it
de n'y revenir qu'après avoir attéré la factions
des Blancs aU-Port-au-Prince , et extermini\
jusqu au dirnier.: On offrit pareillement àJ
Santhoiiax quiLse présenta, dans la rade lesî
premiers jours d'avril , de s'expliquer .swri
£ e s
456. Masuxcrçs et incendies ^'
tous les griefs încoimus qui avaient pu
motiver son appvoche hostile ; mais trop
impérieux pour écouter aucune proposi-
tion de conciliation , il ordonne Tattaque ,
et dès neuf heures du matin , le 19 avril ,
trois volées de baétèrie fondent sur la ville,
qiilne comptantpkfê sur aucun m^nagetnent
comménciC enfin à riposter: le feu «ira en-
viron huit heures ; et si les femf^mes , les
enfans , les vieillards ne- se fussent {>réci-
pités Sur les bords de ta mer , pou)? exciter
la pitié des marins , il eut duré plus long-
tcjTDS encore. Trois mille boulets tirés mr la
Ville y endommagtèrient presque toutes les
cases. .On en a compté jusqu'à tj , dirigés^
sur rib&tel ttusnicipai. ^^
L'armée entra le lendemain i3 avril ; et
comme la Municipalité Favait prévu, tous
les habitam qui n avaient pas pris la fuite
furent incarcérés , pillés et embarqués ar-
bitrairement.
Huit ou dix déclarations faites par des
nègres, portaient qu'ils avaient fiait écoïcher
vifs les blancs qu'ils attrappaient , qu'ils les
mutilaient de toutes' les manières , qu'ils
afvaient été portés à ces actes horrible^ en
buvant de l'eau bénite , et qu'on les avait
fait jurer secrètement d'ensevelir dans le
silence les atrocités qu'ils devaient c6m*
mettre*
danr hv colotws frtmçahïs. X^ri
Ceoxîdès tîtoyens:qiiî échappèrent i ces
massacres furent dépoiiéîs; cm en fait inionter
le .nombre i' plus desixteiits , et ce soht/,
ponr la plupart , des soldais e( xies dcctsy-
sans.- '■ '. ■^'- '''" '-'^ ■ ''/ -'*- '^*
Tous les Vaisseaux de commerce; <,-toià
le^ bâtiraens de FEitat létaiënf autant de
bastilles ffbttaràtes , dont Santhonax se Ser-
vait dans Les déportations arbitraires ; pour
sb débarrasser de ceux qu il avait provisoi-
rement jetés dans les cachots. De cent shc
Citoyens blancs ;. 'enfermés à bord du St.-
Honoré , dont vingt- quatre de la garde soldée
du Port -i au r Prince ; quatre malhisureuses
femmes , dont deux^sexagéHairès^ ; touls
entassés sans lit , sans. lioige , sànis^ argent^,
5an$ vivres ^ ssins secours ; plusieurs son(t
morts* danatxètte bière ilpuante , plusieurs
ont été jetaéS'iii la mer;: grand «nombore de
citoyens ont été arrachas à leurs iamillésf ,
pour être -employés en qualité de matelots ;
nombre dé cultivateurs théine' la vieillesse
la plus aVadcéé, n?jén'^a pas été esiceptée.
Un homme r^pôctable, Lauthillm^' âgé de
rsioxamé-^eize ans vU'été obligé dé^ sfaririr ep
ecettie qualité ; arrivé à 'Paris actablé de &r
^ ligues ^ il meartk - ■ ,
•' oLa grande quantilé de ces déporiàdoni^,
cda: resacrestatloiis arbitraires n'étonnera
plus V lorsqu'on saura que tes mêmes. pou-
£e 3
îjSjS MatîMfh'tt incendier '\
voirs' attribués eh France par ks Décemtirs
aux Comités révolutionnaires , i étaient at-
tribués àSaint'DQminguediààiS):ious sei
•cjuaxtieÉs yià tous les- nègres , à tousriesvinur
lâtrcs qui couraient par bandes sur toutes
^esthabcitationsi;;» dans toutes les 'tnaismis ,
les pîUaienrviestkicendîiaient <;'éç6xgéaiei&
les habitans', et' violaient les féraides et
les filles làe ceux quiils traîiïaient à. bord/^
-daprèsiles ordres .'de Polvercl .tletj de
:Santhona?d. -J* ■ - . : "■ r ; jc .•..!' t
X^dofaise pdgneia: douleur ?<!& tant de
dBûiiillesI, dont Leb chefs:étaieht:eniiassés dans
.ceS: bastilles ilottantes , sani qu'<on -kiiV eôt
laisséla&culté «lie ^ems de faire aucuneproH
.vision^ et de réiEflear leurs araires vqu onima-
igicue Vétat affreuxi de .tous' lc« pitoyebs me*-
nacésr/d'un isort'j^areilivj fit TexcèS' d'indi-
gnation, de deuil et de terreur qu avait
.répandu la nouvelle de ces horribles triom-
phes ; et Fori jugera avec quelle alégresse
fut reçue la. frégate i/2 Concorde^, 'qui ap-
porta le 7 *inai dans là rade du Cap. le gé^
néral Qalbaud , 'en qualité; d« Gouverneur
jgéniéral^de, Sâirit-I>ominguei.i:Tomcs les
AutôritéS'.constituSefi lui adreàsiirent Leuss
plaintes unanimes ; ses premiers soins furent
donnée' auÀbesoiris tiés troupes. 4/cpt à l'or-
ganisatibn delà défense de la Goiojaiexontbe
les révoltés dtes nègres; cependant' Içs
dam tes cùlonieï françaises. 4^9
déclamations des victimes de la tyrannie dés
Commiissâîres civils se multipliaient ; ce
qui fit le^jilus d'împressîoh sur tdti'slés
esprits , ce fut dé vdir Fëtat affreux des pri-
sonniers qne cei? Commîssàirts àvâ^ fait
jeter à fôiids de' ciaf/tofut coiiVért's'de bïeS-
isures , tout ihondéy dé lëiir prêtre' sang'î
avec défense expresse aux céntte-AmîfauSd
d'ién descendre aucun' à fèrfëv soirs quelque
prétexté que ce. fûtv Des inalâdies* tifàii^
gieuses ^^étaiënt manifestées parmi eux ; et
àbandbriâés par les chirurgiens ; qtie la
tefreut ^mpêchzntde lés visiter *, plusieurs
avaient tléjà péïi tniséirâblettient. îj'^xtès
de ces besoins avaietrt • fûnrcé lés contte-
Âîiiiràùx à éiifreindfc lés J3|rôKibitioiis,'ct à
méttte à terre trèiité*- uric* ^(fersônnés ih4^
lades \ dont plusieurs* moururent quelquei
jours aprèsi - /'*' --- '^ ' ' ' ' ^
Cependant les CqmÀîssjiîw's civils v pré-
cédés de iôîxânte-dix ^iàléts 'êliàr^ 'déJ
dépouillés dii Port-au-Princé , a^ortaféniÉ
au NordTàÙdàcèéxtéréimatrîce qui venait
de désaster la partie de rOUesï : ù Nous
5> venons de la purger de fous les factieux ^
ty de tous lés aristocrates de la peau , s'é-
>» crient-îlsïe lojuîn, eii arrivant aa Cap ;
5J que ceux qui se trouvent entachés des
ff mêmes cfriities daife la partie du Nord
fr sortent de la Colonie ? ttîr les Commis-
£ e 4
44^ "Massacres et incendieT
est mis eh pièces ; le second haché à coups
dé sabre et noy^ dans son sang , est tràiné
éhez Santhonax , qui le fait arrêter/
^ Dans la ïiuit ; des milliers de révoltés ,
appelés par Pôlverel et Santhonax , entrée
dans la ville , y exercèrent les cruautés Ici
plus inouies : la place de Cliigni et ses en*
virons furent rempli deleurs'hoîireurs ;'il$
y défoncèrent tous les magasins , qu'ils pil-
lèrent , après avoir égorgé les habitans.
Ajoutez à toutes ces atrocités que ce soflt
les nègres doitiestiqaes', etifôlés secrète^
ment depuis quelque tems par Polvérét et
Santhonax , qui, après avoir égQrgélctifs
maîtres , s étaient emparés' îde leurs armes.,
et tiraient' sut' là tiroupè dé Galbçnidipixlci
fenêtres des tnàiions. Huit cents femmes et
leurs ciifans / WfugîéS aux casernes , ont
disparu pour la plupart^: de jeunes inno^
cèntes , déjjôt pf écieiix ^ cprifîëeS aux sôih^i
de> dames dû Gap , ont été HHolées et èù-:
suite assà^iriéc». Tou^ les citoyens hàbitiaiht
hors- de la Jville- , qui purent échapper aux
poignards de leuts domestiques , se réfu-
giaient à FArsenal , conjurant* le général
Gnlbaud de ne point abahdoilnerà ces sfcé-
létâts le reste de la population blahchiè-:'
trois personnes ' se réfugiant \aux casérnerf
forent fusillées. '' ' r,? : ^
» L'armée : slir quatre coldnaiés sortît def
dans les 'Sorties frnnçàises. 4qS
yàrseitadaTec •chacûiié une^pièceide canom
JbdHtûasskrre fetommença pa:^ les fenêtre^ ,
idifcù Je^s Nègres tiiriMcnf sur rarmée , et
onpêchaiènti les Blancs de se téunir ; Pol-
Mewl etiSanthcmax cercaras d'^etre arrêtés ,
lûrivent lalfuite par les derrières-, entraînant
•avec euxle frire du ' général» G»/iaud ; let
se8'compaghons> d'infortuniesi,; tous chargés
de<ftrs, au mîlîsea d'aQe:^ailB dbftrois cenu
JKDoiiDes : i ilMiett;ez 5 ^ircut^ilis, fin» fuyant';
99 et sur-tout Dufay , homme. de couUuPv
yi i 'mettez le >feii) pa]Mpue.^.t}uîil9 * soien t tous
^i:gTÎlIés cammtt:dés'x:ochoris«:tfi .
f i Gctbaud' qub ne- fiesaiti pmm la' guëvre aux
jNi^es et' auK 'Mulâtres sapptrenànt la ref-
tiHÎtedePolveriel etdeSaofliotiax^ se retira
Ini-tmême à' ramenai , dorniaiiti ordre dar^*
jpêter Ies'.pOiÉiim0Miresi*civils.;Les Mulâtres
«et'Negm ^nfiacdia par cette /retraite , sort
•tirent du Gxui^^enieniemêi'recioinniehcèrefit
deurfeu.rLes Bbacs accablésipab leur noi»
^rê!|3p:irent;la>laiie ': dans toutes; les rues' ,
dans toutes les^maîsons'.y on- n'entendait
7qiie'gémisseauna.'jct cris de id^sespoin Ix^f
siiiofeus réumniàvoL mmiins^j eflprayés pâl-
dar.cris desIbiigaïUs ^ tààijwàémnt Galb'aud
àik ne piisi U exposer ^:rnni loi^oyaiit cé^
Jsoiu de moifebbi tecmi |poiid ^ ils /le ^foirc^^
obnt de se.rexoiiaKqaer^ '>i >; :/> .
-.. A chaque iiMtafit.aii'iAi^t àtôver ^ au
4 46 . Massacres tt incen^in - " / .
C'est lorsque la: ville était en proie ^ux
flammes , et que le sang européen^y coulât
de toutes parts , que lès Commissaires civils
firent un appel à. tous les Nègres révoltés
dans les Mornes ; et ce fut le 21 juin que
parut cette proclamation, qui, la première ,
oSrit aux Africains la liberté. Beaucoup de
Nègres crurent que cette liberté les auto-i
risaient à continuer le massacre et la dévas-*
tation , et bientôt les Commissaires ne,
furent plus maîtres d'arrêter ces désordres.
Les incendies et les pillages coqtijiuèrept,
deux mois après la ruine du Cap. Les cl^c-r.
mins étaient des deux côtés bordés de.
Négresses et de Mulâtresses , qui g^^rdaîent
le pillage que leurs homities apportaie^^ en
dépôt sur la route. Il y. eut , le sr6 ., une:
proclamation qui portait la peine de mort
contre ceux qui continueraient à tuer , à
piller et à incendier: on conçoit quelle fut
sans effet ; mais , le 24 juillet suivant , elle
fut étendue aux malheureux qui viendraient
chercher, dans les décombres de leurs mai-
sons , ce qui pourrait avoir . échappé aux
flammes ; et c'est ainsi que plusieurs pro-
priétaires ou économes , surpris sur leurs
propres* habitations , ont été fusillés.
La retraite de presque tous les Blancs
ouvrit la porte à un genre nouveau de pira-
terie ; quand un Homme de couleur trou- .
dans les colonies françaises. 447 *
y^y à spn gré une propriété d'un Blanc
fugitif , voici de quel moyen il usait poui[
se rappropner sans retour : il allait trouyer
ce Blanc dans, son asyle , afFectàit un intérêt
jparticulier pour ses malheurs , l'avertissait
que la Commission le voulait faire arrêter ,
offrait de lui fourair un passeport pour la
Nouvelle-Angleterre , et de gérer ses bien^
^ous son nom ; les fugitifs, acceptaient c,ç$
offres avec reconnaissatxce ,, et livraient une;
procuration extorquée* ^
. V Tous ces désordres étaient impunis, Le^
Commissaires nommèrent Glgno^x com-
inajgidant de la place , et Galineaude Gasq,^
commandant de Tarsenal: Vergi^iaiix obtiat[
l^ place de sénéchal. ^ i . :. /«:
Entre les plus féroces assassins se dis-^
tinguait un nommé Gaulard , qui avait , ei^
plein jour et sur le grand chemin , massacré
\t citoyen Lavaux , riche propriétaire du
Port-de-Paîx , au moment même où il lui
amenait des farines dont il avait fait à ses,
ifraîs les avances.
Tous ces hommes , en remplacement des,
troupes blanches que les persécutions et ie[
découragement avaient presqu entièrement,
cîssîpëes , organisaient des compagnies
franches de Noirs , qui , tout fiers de leur'
liberté nouvelle , résistaient â toute disci-
pline y et se servaient souvent de leurs
444 Massâcra et incendiei
Nord de la mer , à la faveur d'unts fumée
épaisse , des femmes essoufflées, échevelées^
ensanglantées. Les Nègres furieux , amà
que les Mulâtres , de voir tant de victimes
leur échapper , pourvus de matières com>'
bustibles , mirent le feu dans le haut de :1a
rue du conseil ^ et en plusieurs autres env
droite. Polverel et Santhonax leur avait
recommandé d^é^argner seulement le Gou-
vernement, les iCasernes i la Providettce^ck
le Trésorau.
Le madndu 22:^ plus ; de iquinze. -mille
révoltés, appelés.pBr Polverel et Santhooax^
descendirent dans: la ville:*, là ^torche él le
poignard à la main ^ et Yecommencèrènî
avec ceux de la: veille toiites les horreurs
dont on a déjà parlé ; quelques-uns même
soufflaient des tisons dans des |>aillassesL
Galbaud , vivement affecté dé ^nt datro»-
cités , invita inutilement par écrit les Coirh
missaires de les faire cesser. Lcfs. -maisons
des environs:," encore intactes^ furent ipiliéds
et ravagées par ces brigatids. - : . i^
' Une vingtaine de lœtlheureax esclaves
-fidèles , qui s'étaient ré&igiés horsr'^de ht
Ville , furent fusillée en descendant le pafltfe
da :Bel^Ainl Les* femmes bkabches et dès
^fens livrés à laifanjitaUiaé des*Nt>irs, étaîient
enfermés dans les. easemes , ainsi que la
troupe de iigtvq^'iie' feu y »ràit»été mis plu*
dans les colonies françaises. 445
sieurs fois ; il ne fut bientôt plus possible
d'en sortir , non plus que de larsenal , dans'
1*8 environs duquel Tincendic fesait de
grands progrès. Galbaud donna des ordres
pour faire cesser Tintendie , et pour le
transport de^ poudres à boi^d des bâtimçhs.
tes Nègres voyant ces bâtimens défiler dans .
la passe , se portèrent au* forts , dans le
dessein de noyer ceux quils n'avaient pu
assassiner. -
Santhonax étant au camp de Breda , pcn-*
dant que la ville était en feu , se mit à U
fenêtre , et dit que c était le plus beau jovr'
dé sa vie.
Le ôo juin , Etienne Laveaùx , délégué
dt Santhonax , avait donné Tordre de
ihettre le feu à la flbtte ; ce qui fut pré-
venu par le général Galbaud, qui fit en-
douer les canons des batteries et enlever
les poudres. L'ordre portait de tirer sur les
vaisseaux , dès qu il se ferait un mouvement
de descente. ■
Ce fut le 24 juin que Galbaud quitta la
rade , emmenant avec lui tous les bâtimen*
chargés de tout ce qu'il y avait dans le Cap
d'hommes attachés a Tordre et à la justice ,
et abandonnant leurs propriétés et jeur
patrie à tous lès hommes que la soif du
pillage , de la débauche et du meurtre avait
rassemblas autour de Polveréï etSanihonaX.
45o Crimes commis dans la Belgique ,
y envoya (i). plus impudens dans ce pay^
conquis , ces dilapidateurs plongèrent les
habitans dans cette morne consternation
qui,bien loin d'exciter les peuples à secouer
un joug trop pesant, les laissa stupidement
écraser sous son poids.
Tout ce qui pouvait irriter plus cruel-
lement les esprits , fut mis en usage. Le culte
catholique y était observé avec la plus grande
fidélité : les Belges y attachaient tout le
prix que la superstition inspire aux hommes
simples et crédules. On ne tarda pas \
heurter ouvertement leurs opinions reli-
gieuses par la profanation des objets qu'elles
avaient consacrés. Une horde de Jacobins »
comme une nuée de ces sauterelles que l'his-
toire nous peint si malfaisantes , parcourent
les différentes Communes de ces provinces,
pénètrent dans les temples , outragent et
chassent les ministres du culte , s'affublent
de leurs chasubles , montent sur les autels ,
y prêchent ouvertement l'athéisme dans le
style le plus ordurier. Ces scènes indécentes
tendaient à la dévastation des Eglises. Toute
l'argenterie est pillée par ces brigands,parmi
lesquels on comptait des septembriseurs.
Les calices , les patènes , les ciboires sont
(i) Ces premiers Commissaires furent choisis et
présentés par la Commune de Paris.
sous les proconsuls conventionnels ^5 1
«n leur puissance : iis les font sauter en
Fair avec dérision , ils se permettent de pi&ser
et de cracher dans les calices et Us cibohreSt
Les plus grossières plaisanteries accom-
pagnées de tout ce que la dérision a de
plus amer , firent frémir d'indignation les
Belges. Mais trop circonspects pour la
faire éclater au dihors , ils se préparèrent
des maux ^ans nombre.
Ces brigands enhardis par ce premier
succès, se transportent chéries particuliers
les plus riches : ils en exigent des contribur
tions arbitraires : ils s'approprient les meu-
bles , les bijoux qui flattent le plus leurs
goûts rapaces. Le nommé Hugxtenin » ce
fameux Président de la Commune-Septembre j,
Y exerça ses rapines avec Taudace la plus
caractérisée. Ce Sans-culotte éhonté s'était
réservé le lit de la Ootivernante des Pays-
Bas pour son appartement de Paris ; c'était
là où il recevait les Sans-culottes du faux-
bourg Antoine , s'enîvrant sans ces$e avec
de Feau-de-vie dont il ayait toujours une
provision sur sa cheminée. L'un de ces francs
iSans-culottes lui témoigna sa surprise de le
voir logé av-ec une magnificence vraiement
Toyale : Huguenin lui observa que tout
ce qu'il voyait était destiné pour être vendu
au profit des Sans-culottes. Huguepin. avait
fait conduire à Paris douze charriots chargés
f f 2
4^^^ Crimes commis dans la Belgique ^
de meubles er de tableaux précieux dont
une partie servit à décorer ses appartemens :
Le nommé Bezon se distinguait parmi ces
voleurs ; on y voyait aussi plusieurs Belges
dont beaucoup avaient été flétris. Ils se con-
fondirent parmi les patriotes opprimés.
Tous ces faux patriotes Belges ont été
par la suite chargés des fournitures les
plus considérables de Farmée. L'agiotage
et les dilapidations de tout genre ont acquis
d'immenses richesses à plusieurs d'entr'eux
qui , par la suite , sont en partie devenus
les ennemis les plus déclarés de la révo-
lution.
C'est au milieu des ravages de ce ramas
de scélérats de tous les pays , que s'effectua
la réunion de la Belgique à la France. La
stupeur et la consternation ôta aux Belges
jusqu'à la douce satifaction de se livrer à
l'enthousiasme que cette opération politique
leur dictait,
Dumourier lui-même avait tellement été
indigné de la ccyiduite de cette foule de
concussionnaires, qu'il en fit arrêter plu-
sieurs. Les difiFérens Commissaires que la
Convention choisit dans son sein ou parmi
les Jacobins les plus atdens de Paris et
ceux de la Belgique qui les surpassaient
en brigandages , remirent les mêmes ma-
ximes en activité*
seusles proconsuls cotivenlionnels. 45S
On avait déjà vu Danton et son col-
lègue Lacroix pressurer à la hâte les for-
tunes des habitans de la Belgique , lors de
la déroute de Dumourirr, tandis que d'autre
part leur main avide ramassait la solde dejS
défenseurs moissonnés par le fer ennemi.
Le génie révolutionnaire, danssa poli-
tique étroite, tremblait à la vue;xie cette
immense population et ne connaissait pas
de moyen de la substanter , en fcsant re-
vivre rindustrie et les arts quils avaient
proscrits. Il n'eut alors d autres ressources
que de déployer dans ces heureuses contrées
le machiavélisme des plus lâches despotes.
Le siècle de fer s'y renouvelle so\j^ le pro-
çonsulat de différens Conventionnels, Les
coups que Ton porte aux Belges se suc^
cèdent avec tant de rapidité , les frappent
avec tant de violence , qu'étourdis par lé
bruyant midrteau qui rivait leurs fers , il
jie leur reste pas même la faculté de ré-
fléchir. S'il n'y eut point de boucheries hu-
maines, si on n'y alluma point de bûchers
funèbres, c'est que le sang-froid des ha-
bitans de ces régions , opposa sans cesse
une égide puissante à l'effervescence des
Commissaires français et des brigands de
leur pays. i
Le Comité de Salut public , sans au-
cunes vues politiques , cruel comme 'de
Ff5
454 Crimes commis dans la Belgique ,
chétifs atpbitieux qui ne visent qu'à la ty-
rannie du moment , savai^t bien que ses loii
révolutionnaires étaient insuffisantes pour
faire disparaître la moitié de la population
gémissante sous son Gouvernement : il
s avisa d'une résolution bien digne de lui.
Ce fut de réduire ce peuple au désespoir ,
de le forcer à une juste insurrection , afin
de déployer au milieu de ses Communes
Vétendart de la mort. Ce fut de provoquer
par cette affreuse perspective , la résistance
à r oppression , maxime sacrée , lorsque les
iacdeux en eurent besoin pour élever leur
trône , et qu ils criminilisèrent , dès l'ins-
tant qu elle pouvait devenir le juste effort
de Vindignation publique : il s'agissait donc
de convertir ses plaines en autant de Vendées
qui eussent été à la fois le tombeau des
Belges et d'une infinité de Français : idées
d'une immense population , vous effrayez
l'âme des despotes , tandis qu'un Gouver-
nement humain sourit en voyant ses cités
et ses bourgs habités par une foule de ci-
toyens rendant les nations voisines tribu-
taires de leur industrie; au milieu des plus
pénibles travaux, l'air retentit de ces cris si
doux pour leurs fondés de pouvoirs,^ Vive
notre Gouvernement ! Mais qu'importait à des
hommes ne respirant que la mort et le bri-
gandage , que leur importait la réunion de
sous les proconsuls conventionnels 455
la Belgique ? Ils n aspiraient qu à s^emparer
de la fortune publique. Les riches dépouilles
des Belges flattaient leur cupidité , Tillusiou
de la jouissancelesentoutait dé ses charmes;
ils s'étaient déjà partagés leurs terres. Ces
peuples conquis ou rendus à la France , que
pouvaient - ils attendre de ces Agens qui
n avaient pas hésité de sacrifier leurs con-
citoyens, leurs amis, leurs frères. Des arrêtés
plus terribles que les lois révolutionnaires,
des nuées d'espions, de délateurs;des tribu^
naux révolutionnaires, des commissions mi-
litaires, les fusillades, les échafauds , tout
concourait à faire repentir le Belge de sa
résignation. Les contributions en argent se
multiplient à Tinfini. Sous la foi des traités
les plus sacrés , ces peuples ont reçu les
assignats français au taux de l'argent ; amis
de la liberté y ils chérissaient ce signe mo-
nétaire qui avait fait triompher une révolu-
tion dont ils goûtaient d'avance les principes,
et qu'ils considéraient comme le pbrt de la
félicité. Eh bien ! dans ces contributions
frappées au sceau du brigandage le plus
effréné , ils veulent offrir l'assignat; c'est de
l'or qu'on leur demande , et on les force
de recevoir l'assignat au pair.
Vouons ici à l'exécration des siècles
futurs quelques - uns de -ces Proconsuls
envoyés en mission dans de ces malheù-
F f 4
456 Crimes commis dans la -Belgique ,
reuses provinces ; leur dévouement au' ré-
gime d'horreur qui nous a comprimé , les
fit distinguer par les Comités d^ Gouver-
nement , et rimpunité les rendit plus témé-
raires. Une réflexion générale sur ces faux
républicains , fut de les voir abjurer tout-
à - coup ce sans - culotisme qui fut le bou-
clier , à laide duquel ils séduisirent la fai-
blesse et la crédulité , pour étaler en tous
lieux un faste oriental si insultant pour les
peuples qu'ils réduisaient aux extrémités.
Briez , homme immodéiré , dans sa vie
politique et privée , connu par ses actes
vexatoires et ses rapines , s appropriait les
meilleurs vins , et fesait pour ainsi dire,
mettre en réquisition les plus belles femmes;
il s'est rendu coupable de tous les excès
que son ivresse et la corruption dé ses
mœurs lui suggérait. Ce Briez est mort vic-
time d'une honteuse maladie,
Laurent était toujours ivre. Aussi c^est
dans cet état qu'il se transportait dans les
églises pour enlever les tableaux les plus
précieux. La fameuse bibliothèque de Lou-
vain , celles du chapitre de Tournay et du
duc de Bourgogne , ont été dilapidées.
Jean-Baptiste Lacoste , flétri déjà de tous
les vices qui lui étaient communs avec ses
collègues , les surpassa par son amour pour
le sang. Il fit guillotiner à Valenciennes
sous les proconsuls conventionnel. 457.
sept religieuses et le citoyen Portalcs , Ma-
gistrat de cette ville. Les juges se mon-
trèrent dignes du farouche Proconsul, par
les débats outragcans qui s'élevèrent dans
le cours de la procédure de ces infortunés.
Toutes les corporations connues sous le
nom de béguignage^éprouvèrent ses fureurs,
Haussmann , marchand de toiles à Ver-
sailles , montagnard hypocrite et féroce,
palliait son amour pour les richesses par
sa sobriété et son austérité apparentes ;
mais il était aussi cupide que ses infâmes
collègues. Chupier, jacobin de Paris, fut
son adjoint dans toutes les vexations qu'il
se permit.
Quel vaste champ la Belgique n'ouvrait-
dle pas à ces hommes nourris dans la fai-
néantise et le crime , pour acquérir d^
richesses. Les Potentats d'Allemagne , les
Communautés, les Eglises, les Princes-
évêques, jouissaient d'un immense revenu*
Les arts embélissaient leurs demeures ,
leurs basiliques ; le commerce y fesait cir-
culer l'or des peuples voisins ; ses ports »
ses canaux multipliaient les branches de
l'industrie. Le Belge sobre , patient et labo-
rieux , vivait à l'abri d'une honnête ai-
sance. La liberté proclamée par le peuple
français , déploie son étendart sur ses fron-
tières» ♦ ; • . •
458 Crimes commis dans la Belgiquf,
Mais , Belges ! ce n'est pas votre fortune
particulière que les brigands attaquaient »
la France entière devait fondre dans leurs
mains dilapidatrices ; la France , comme
vous , souffrait les horreurs de la famine ;
chacun de nous allait à votre exemple,
passer la nuit sur le seuil du ^boulangea,
pour en recevoir une mesquine portion
d'un pain dégoûtant : vautours créés pour
dévorer les productions du sol le plus fer-
tile de TEurope , et Tindustrie de ses laboh»
rieux habitans , ne les vit-on pas écraser
chacun de nous individuellement, et saper
le gouvernement dans ses basés les pliii
solides , en dilapidant ses finances pour
se les partager ?
Tout est mis en réquisition par une foule
de Commissaires savans dans Fart de déro*-
ber leurs escroqueries ; ils ne tiennent au-
cune note des objets saisis *, ceux qui étaient
chargés de fournir des toiles pour Tarmée ,
s'emparaient des mousselines et des den-
telles ; d'autres prenaient indistinctement
les souliers d'hommes et de femmes. Un
de ces Commissaires avait mis en réqui-
sition quatre cqnt mille aulnes de toiles
de Courtray pour l'usage de l'armée.
Cette toile , connue sous le nom de celle
d'Hollande , est de 5 liv. l'aune. Comme la
qualité n'était pas spécifiée suç le piocès*
sous les proconsuls conventionnels. 45g
verbal , le Commissaire fit porter au maga-
sin quatre cents mille aulnes dune toile
grise , propre à faire des sacs , qui s'élève
tout au plus à 1 8 sols Taulne. Le moindre
calculateur peut d'un coup-d œil , appré-
cier rénorme bénéfice que le Comnfissaire
infidèle se procura par cette fraude.
Les Belges portaient, par goût, des armes
à^un travail précieux ; épées , fusils , tout
est requis. On estime que les épées seules
^ se montent à ime somme de plus de 8o mille
louis ; quant aux fusils , dit de chasse, on
en porte le nombre à cinquante mille , qui
Fun dans Fautre étaient d'une valeur de
quatre louis.
La plus infâme concussion s'exerça pour
la levée des chevaux ; les plus beaux étaient
requis chez les cultivateurs , qui ne les ra-
chetaient quavec des sommes exhorbî-
tantes. Les perfides fournisseinrs achetaient
ensuite des harideles pour le service de
Farmée , quils se procuraient à un prix
modique de trois louis. Plus de soixante
mille chevaux ont été Fobjét d'un mono-
pole affVeux..
Les bœufs et vaches étaient laissés aux
habitans aisés , moyennant un prix assez
haut. Mais cette nuée de Commissaires qui
se suivaient à la file, rentraient chez les
particuliers qui avaient déjà contribué pour
460 Crimes commis dans la .Belgique ,
la conservation de leurs bestiaux , et le
propriétaire , dépouillé peu à peu de soa
or , était à la fin obligé de les livrer.
Ce fut sur-tout sous le commissariat dt
Joubert , à qui on avait confié les intérêts
de l'aAnée , qu'il n y eut plus de bornes
pour les vols et les exactions; il les sanc-
tionnait tous par son exemple. Cet effronté
concussionnaire acheva d'opprimer le
peuple.
Les blés , les fourrages destinés pour
Tarmée , sont transportés au-delà du Rhin,
et la plus effrayante famine attaque le
citoyen et le soldat; les chevaux périssent
d'inanition ; Tarmée de Sambre et Meuse
manqua tellement de pain , que plusieurs
bataillons n'en eurent pendant un mois que
douze livres par chaque individu. Joubert
avait près de dix mille chevaux de réserve
dans 'un parc ; et dans son insouciance
pour nos revers , il les laissait oisifs /tan-
dis que Tarméc dans une retraite , était obli-
gée de faire sauter ses munitions d'une
rive à l'autre ef d'abandonner ses bagages.
Les Belges , écrasés de tous côtés par les
insolens vampires, n'eurent bientôt -çAus la
liberté de se pourvoir devant leurs admi-
nistrations , pour y déposer leurs justes
plaintes; Joubert les casse et substitue à
leur place une nouvelle Administratioa
Sêus les proconsuls conventionnels. 461
composée de huit hommes de guerre ;
alors le régime constitutionnel se changea
en militaire , d'autant plus exécrable , que
ces huit individus étaient tous complices de
ses brigandages. La toute - puissance est
dans leurs mains ; il ne reste au faible
qu'à gémir et à se taire^
Le général Lefebvre , instrument du ré-
gime dont il était un des principaux agens,
se jouait des propriétés et de la liberté des
citoyens ; Joubert fesait des réquisitions
multipliées pour la table des Généraux.
L'Administration de Bonn ne voyait plus
de moyens licites; pour y satisfaire ; un des
membres en fit lobservation à Lefebvre ,
^ui Tarracha de la séance et le fit plonger
dans un cachot.
Le citoyen Bergars rédigeait un journal.
Dans un. de ses numéros, il dévoilait les
liaisons du sénat de Cologne avec TEnnemi ;
Lefebvre le fit maltraiter de coups de bâton
et charger de fers. Sa femme vint implorer
sa liberté auprès de ce Général , en lui ob-
servant que son Epoux était entièrement
dévoué à la cause du peuple. Que rn importe
À moi, dit Lefebvre, qu'il soit patriote ou
aristocrate ?
La compagnie Rousseau , qui avait l'en-
treprise des transports militaires , enlevait
les hommes et les chevaux pour le service
462 Crimes commis dans la Belgique;
des armées ; elle leur avait promis , il est
vrai , un salaire proportionné à leurs tra-
vaux ; mais aujourd'hui elle achève de rai-
ner les malheureux habitans de la canih
pagne en leur fesant supporter une perte
de cinq sixième. Ils prétendent légitimer
ce dernier acte de leurs rapines , sur le
mode de paiement que le gouvernement a
observé à leur égard , en les liquidant en
bons , qui perdaient 80 pour 100 sur h
place ; cependant ces bons admissibles en
paiement de domaines nationaux , ont éeé
employés par ces entrepreneurs, à Tacqui-
sition des plus belles propriétés de la Bel-
gique , et ces bons sont devenus dans leurs
mains , un signe représentatif de la valeur
métallique ; ajoutons à cela les sommes
exhorbitantes qu'ils, se procuraient par
toutes sortes de voies pour les différentes
fournitures quileurétaient nécessaires*; nous
connaîtrons d'un coup-d'œil la source de
ces fortunes étonnantes , dont Fexistence
déshonore le gouvernement et excite l'in-
dignation générale. Pour appuyer cette as-
sertion , il suffit de nommer ici un de ces
cupides fournisseurs et de dévoiler la gra-
dation de son odieuse fortune.
Jean-Baptiste Verstraetcn, natif de Bru-
xelles, avait en 1790 abusé du nom du
vicomte de Nieulan, dont il contrêfesaît
sûus les proconsuls conventionnelu 465
la signature , pour voler plusieurs sommes
à 4ifférens particuliers de Saint - Orner ,
Calais et Boulogne-sur-Mer ; ce Vicomte
fut obligé de signaler ce faussaire par une
affiche. Verstrafeten était en prison lors de
l'entrée des Français dans la Belgique , et
à la suite du mouvement nécessaire dans
une pareille circonstance , il parvint à
s^échapper. Ce filou obtint du Gouverne-
ment la préférence sur des citoyens hon-
nêtes pour les fournitures, soit en sub-
sistances ou ce qui pouvait concerner
Téquipement de Tarmée. Cet homme qui
n'^avait pas un écu avant de commencer
ses premières livraisons , montrait au bout
de quelques tems un gillet à la hussarde
garnie de six rangs déboutons, quil annon-
çait être de pierres fines ; il estimait la
valeur de ce gillet à une somme de quatre-
vingt-seize mille livres ( écus ). Tant d'ob-
jets d'un si grand prix , dilapidés et yen-
<lus ; des contributions montant à plus
d'un milliard , ont à peine fourni unç
somme de 600 mille livrçs au gouverne-
ment français , qui a établi une Commis-
sion pour épurer les comptes. Cette admi-
nistration a ^éjà plus coûté que la Bel-
gique n'a rapporté à la France.
Quatre cents maisons des plus riches de
Bruxelles, décorées de tableaux précieux et
464 Cfirms commis dans la Belgique^
des plus riches meubles , ont été piilé^.
Plus de vingt mille maisons dans la Bel-
gique, ont été la proie de ces vampires;
les Commissaires, à leur arrivée, s'empa-
raient de tout ce qui leur convenait ; ik
se distribuaient dans les appartemens les
plus somptueux. L'hôtel et le lit du duc
d'Arambert furent occupés par eux , à leur
sortie, tout disparut; ils s'étaient sur -tout
attachés à la cave de cet ex-duc ; elle reur
Icrmgdt quarante mille bouteilles de via
d'un grand prix. Lefebvre ( de Nantes) était
loge dans ce palais ; ce Proconsul fastueux
ii'admettait que des grenadiers pour sa
garde. Tout en affectant Tinsultante haûr
teur des princes , il avait épousé leurs
mœurs.
A tant de fléaux réunis pour désespérer
les Belges , les faux amis de la liberté éri-
gèrent des tribunaux révolutionnaires, qui
îîU nom des lois, rougirent leur fer assas-
rsî'n dans le sang des malheureux habita ns
de ces contrées ; on fit même guillotiner
plusieurs individus , sous prétexte qu'ils
avaient refusé des assignats. Ces jugemens
1 taient d'autant plus révoltans , que ces
Commissaires, comme nous l'avons déjà dit,
avaient les premiers déprécié les assignats.
Un homme nommé Lamothe, commis-
saire civil à Mons , dont le souvenir ne
sous les proconsuls conventionnels. 465
s'^efFacera jamais , fit fusiller six paysans
sans jugement préalable Les hommes
de sang né voulaient conquérir que la
Belgique et non les Belges.
Des persécutions si multipliées et si ré-
voltantes , étaient bien propres sans doute
à terrifier les Belges ; ils eurent à éprouver ^
outre les décrets révolutionnaires , une
foule d'arrêtés , d'ordonnances , émanés
des Proconsuls et de différentes Autorités
constituées , qui remplissent douze énormes
volumes. Avec un peu de modération, il
est aisé de faire de la Belgique , Tun des
plus forts boulevards de la République
française.
On se trompe quand on croit que le
Belge répugne à un système nouveau par
ignorance ou superstition ; c'est par une
juste défiance sur les effets des innovations.
Cet esprit de défiance lui vient de la
comparaison qu'il a fait de son état avec
celui des autres peuples; elle a toujours,
depuis des siècles, été à son avantage.
Son ancienne constitution , quoique te-
nant dans son principe quelque chose de
la féodalité , a été successivement élaguée
à tel point qu'on ne ressentait rien de l'op-
pression des Grands ; les prérogatives des
Nobles étaient peu de chose ; les emplois
étaient électifs, et souvent le prix du mérite«
Tome VI. G g
466 Crimes commis dans la Belgique ^
jLe roturier , les emportait presque tous ,
'parce que le besoin se dirige toujoun
vers les talens.
Quant aux prêtres de ce pays, ils affichaient
d'ailleurs des mœurs assez bonnes ; leur
puissance , sur-tout dans les matières têm«
porelles , était fort bornée ; Texerciee en
était sage et modéré , et leurs excmpdons
presque rien.
De là résultait qu en jettant les yeux sur
le Continent , le Belge ne voyait aucun
peuple plus heureux, plus florissant , où
les bonnes mœurs , le commerce et sur-^
tout lagriculture , fussent phis honorés ,
les emplois moins prostitués , la finance
aussi bien régie , et les impôts , que le
Belge asseyait d'ailleurs lui - même , plus
supportables.
Ce n est donc pas à l'ignorance , à la
superstition qu il faut parler ici , c'est à
cette défiance des innovations qu'il faudrait
vaincre , et on sent que la chose n a jamais
été moins facile , depuis qu à tous ses argu*
mens , le Belge a ajouté le tableau désolant
des malheurs de la France depuis sa révo-
lution.
On prétend faussement que le Belge en
général est peu instruit , c'est une erreur ;
il est calculateur et logicien ; s'il parle peu ,
s'il agit avec lenteur et prudence , ce n'est
sous Us procoHsuls conventionnels. 467
pas une preuve dé stupidité', c'est une
preuve de sagesse. Au reste , si on pouvait
lui reprocher quelque chose du côté de
Tésprit , ce léger défaut serait compensé
par bien des vertus ; il a éminemment toutes
celles qui maintiennent les républiques ;
Tamour de Tordre , du travail , de la jus-
tice , la simplicité , la décence , l'éco-
nomie , la probité profonde , Tobéissance
aux lois. Les vBelges sont les anciens ado-
rateurs de la liberté ; leur haine contré le
despotisme ne s'éteindra jamais ; ne les
violentez pas , ayez le courage et la patience
de les éclairer ; si la vérité est lente à les
frapper , ils la sentent fortement ; si leurs
passions sont plus difliciles à s'alIùmcr ,
elles sont aussi plus constantes v lorsqu'ils
sont traités avec douceur et justice, hommes,
argent , tout est pour le gouvernement ,
témoin leur générosité lors des périls do^
Marie- Thérèse ; quand ils sont pénétrés
d'un principe, ils périssent pour lui, témoin
kur énergie à la fin du seizième siècle , telle
qu'ils l'ont montré en 1789. Quant à la
bravoure on ne saurait la leur refuser , et si
on en peut dire actuellement d'eux comme
César : horum omnium fortissimi sunt Belga^
du moins leurs soldats ont marché de pair
avec les plus courageux défenseurs de la
répuT)lique française ; dix-neuf bataillons
Gg 2
468 Crimes commis dans la Belgique «
ont péri presqu'en entier depuis quaàre ans
sous ses drapeaux.
De ce caractère du Belge on peut infé-
rer aisément quelle est la meilleure manière
de le gouverner.
Calculateur , il se pénètre facilement
dç l'obligation de faire des sacrifices à
rÉtat ; observateur des lois, il les paie fi-
dèlement ; mais adorateur de la justice , il
s'irrite de la violation des propriétés , du
mépris des lois, quel qu'en soit le prétexte.
Par exemple , on a crié dans la Belgique à
loccasion de l'emprunt forcé ; tnais ce n*a
pas été contre le principe , c'a été contre
la forme , contre l'arbitraire des réparti-
tions; çna crié encore sur le paiement des
vingtièmes arriérés , ce n'a pas été non .plus
sur le fond , c'a été encore sur le mode
de perception : les hommes opulens , as-
tucieux ou protégés sont parvenus à les
payer en assignats au pair : les bonnes gens
qui n'ont, pu approcher les bureaux ont
dû les payer en numéraire : cela leur pré-
sente l'égalité comme un mot vide de sens.
Patient , le Belge supporte avec courage
le malheur si on lui démontre qu'il est
l'ouvrage de la nécessité •, mais s'il est celui
de la malveillance , de la rapine ou des
passions, il se roidit
Plein de probité , le Belge déteste les
sous les proconsuls conventionnels. 469
agens infidèles et le Gouvernement qui
s'en servirait ; plein d'économie , il mé-
prise le Gouvernement qui n a pas d'ordre
dans ses finances : d'après cet esprit de
comptabilité , nous pensons qu un Gou-
vernement totalement ruiné pourrait en-
core être respecté et assisté par les Belges ,
s'illeur montrait son bilan et leur présentait
un plan bien solide d'amélioration; au lieu
qaun Gouvernement riche qui n aurait ni
ordre ni permanence dans ses mesures , en
serait abhorré. Aussi , rien n indigne plu$
ce peuple que la dilapidation énorme des
Agens de la France et le luxé insolent qu'é-
talent des hommes qui y sont arrivés réelle-
ment Sans-culottes.
Voilà pourquoi quand on dépouille les
Belges , sur un qui ne se plaint que pour
lui , on en entend vingt s'oublier -et dire :
Pu moins , si l'État en profitait !
Mais ce qui irrite le plus le Belge ^
c'est le faussement de la foi qu'on lui donne:
son amour - propre se coalise alors avec
son amour de la justice : il regarde les
promesses qui ne sont pas suivies d'effets,
comme une insultante dérision. Un sys-
tème de terreur n'y produirait rien de bon,
la force d'inertie ferait avorter toutes se&
mesures.
Cette force d'inertie est le grand moyen
G S 3
47 o Journées du g thermidor^ etc.
des .Belges; aucun peuple n'en étudie rem^
ploi comme lui : c'est encore de son esprit
de calcul et de patience que sort ce moyen
irrésistible.
Jo URJ^É ES du g thermidor , 12 germinal ,
Q et 4. prairial an' 2 ^ an 3 , et i3 ven-
démiaire , un 4. (1)
La Convention nationale réclame la jour-
née du 9 thermidor , comme Tépoque de
son courage et de sa gloire ; elle ne fut
que celle de sa peur et de son incurable
égoisme. Sans doute Thumanité a fait son
profit de ce triomphe à jamais remarquable
sur le colosse d'orgueil et de despotisme
qui écrasait la France entière ; un baume
réparateur s'est répandu sur nos cicatrices ;
l'espoir légitime du salut et du bonheur
enivra les âmes , plaça dans toutes les
bouches les accens de la reconnaissance ;
et les législateurs qui n'avaient pas tous
bien mérité de la patrie furent nommés
par elle ses vertueux libérateurs ; ils s'é-
criaient eux-mêmes avec orgueil c'est /lu-
(i) 9 Thermidor , an 2 ( «7 juillet 1794 ). -
14 Germinal , an 3 ( premier mai 1795 ).
4 Prairial, an 4 ( 23 mai 1795 ).
i3 Vendémiaire , an 4 { i3 octobie 1796 ).
Journées du 9 thermidar » etc. 47 1
jaurd'hui que nous avons sauvé la Républiquel
et de tous les points de la Républiqite #
on leur répondît avec transport : Vivait
nos sauveurs et nos pires ! Mais ces élans de
gratitude aveugle , ces rcmercîmens étaient
ceux du malheureux mutilé , à qui son as-
sassin laisse par fatigue un souffle de vie.
Ce n est point la terreur qu'attaquèrent
les dignes émules de Robespierre , ce fut
cette dictature , qui dédaignant déjà de
les admettre à titre de co-associés , les
menaçait tous de ses proscriptions et ntf
leur laissait que Fexpectative d'être ses
victimes.* 4 Robespierre est un grand homme,
J5 il fait bien marcher la machine révolu-
)> tionnaire , n s'écriait un grand nombre i
en se pressant autour de ce Dominateur
superbe , tant qu il leur permit de Tescorter
comme ses gardes du corps , jaloux d'ob-
tenir de lui un seul regard de faveur : mais
son orgueuil s'indignait de trouver dans
ces instrumens de son despotisme , la pré-
tention d'être utiles complices , ou même
des serviteurs indispensables ; non content
d'avoir sacrifié Danton qu'il avait supposé
vouloir aspirer un moment à marcher de
niveau avec lui , il annonça hautement le
même sort à tous ceux qui se présentaient
comme ses concurrens , il expulsa des Ja-
cobins Tallien et Frérori , il indiqua au*
Gg 4
47 2 jfournéeS'du g thermidor ,: et c»
dacietisement une quantité d'autrescoUègues
marqués pour ses vengeances ; et par cette
indiscrétion mal-adroite , il arma contre lui
des hommes obligés à le perdre pour n'être
pas perdus euxrmêmes , et dressa ainsi son
propre échafaud.
Tallien , Fréron , Cambon , Vadier ,
Billaud , CoUot , Bourdon ( de l'Oise ) , Le-
gendre avaient été spécialement désignés
par le Tyran vindicatif, et ces mêmes hom-
mes furent ceux qui les premiers levèrent
le bouclier. Pressés du besoin de se sauver,
ils n'intéressèrent à leurs périls leurs autres
collègues , que par Teffroi contagieux d'un
péril semblable , le parti de la Plaine sur
lequel , depuis le 3 1 mai , pesait principa-
lement riiorrible terreur: ce parti comptait
si peu sur les intentions des chefs de Fin-»
surrection , qu'on le vit long-tems indécis ,
impassible entre le Dictateur farouche qui
se vantait le 8 thermidor (i) de Tavoir tou-
jours protégé , et ses antagonistes nouveaux
qui , descendus de leur Montagne , venaient
de banquettes en banquettes recruter des
auxiliaires à leur querelle. Prodigues de
promesses et de protestations , ils ne triom-
(i) Robespierre , le 8 thermidor , déclara qu'il
n'avait pris aucune part à la mise en arrestation dcf
73 , qu'il s'y était même opposé.
Journées du 9 thermidor . ttc. 4/3
plièrent pas sans peine de la répugnance
qu'inspiraient leurs anciens torts , de la mé-
fiance que méritait leur soudaine conversion.
Comment se dissimuler en effet que
beaucoup d'entre ces aggresseurs duTyran^,
en étaient les émules ; que ces Membres des
Comités de Salut public et de Sûreté gé-
nérale qui proscrivaient aujourd'hui Robes-
pierre, étaient précisément ceux qui, depuis
sa longue absence du Comité de gouver-
nement , dirigeaient seuls les atrocités tou-
jours croissantes du Tribunal révolution-
naire , accéléraient par toute la France la
marche des guillotines , et en multipliaient
Faction exterminatrice ? Quel crime repro-
chaient-ils enfin à celui qu'ils vouaîcnt au
supplice , que celui de leur préparer le
même sort ? Qu'opposaient-ils à ses prin-
cipes , que des principes semblables , la
terreur ?
u Je parlerai avec le calme de la vertu ,
»5 ( quelle vertu ) ! dit Vadier , j'accuse
5> Robespierre d'avoir appelé le rapport
»» de Catherine Théos une farce ridicule de
95 mysticité , d'avoir dit que c'était une
5> femme à mépriser, tandis que nous prou-
55 virons qu'elle avait des correspondances
5) avec Pitt , avec la duchesse de Bourbon,
55 avec Bergasse. j»
Hélas ! que promettait au peuple , à la
474 Journées du g thermidor ^ etc.
justice , à rhumanité , une semblable ac<-
cusatlon ? et qui ne savait alors même que,
dans cette dispute de proscription , la raison
et rhumanité étaient cette fois du côté de
Robespierre ?
Cambon à son tour,blessé par Robespierre
dans son orgueuil financier , ne lui reproche
avec amertume que Timprobation de ses
plans et de ses calculs ; et c'est ainsi quç
l'opinion nationale semblait encore se décla-
rer pour Robespierre contre le destructeur
abominable de la fortune publique qui»
en imaginant le projet de son grand livrt^
paraissait avoir eu celui de le faire brûler
dans une insurrection.
Aux yeux de Billaud,les torts de Robes-
pierre étaient ses déclamations contre les
Comités de gouvernement , quil accusait
d'avoir dégarni Paris de ses canons ; il lui
reproche encore, et Barrère, Panis, Amar,
Thirion, Bourdon (de TOise) , Tallien, etc.
lui reprochent avec fureur , non pas d'en-
traîner despotiquement et les Comités et
]a Convention elle-même à des mesures
atroces et parricides , mais de calomnier et la
Convention et les Comilés dans leur marche
énergique et révolutionnaire -, non pas de
conspirer contre la vie et la liberté de
tous les citoyens , mais d'étendre les arres--
iations et les proscriptions sanguinaires jusqua
Journées du g thermidor^ etc. 475
sut eux-mêmes , d'' environner ses collègues de
mouchards ; de les avoir placés nommément sur
une liste connue de ses victimes.
Vadier n accuse pas Dumas , président
du Tribunal révolutionnaire , d'égorger
indignement les meilleurs citoyens , mais
d'avoir Voulu faire passer pour conspirateur
If vertueux Collot-d'Herbois.
Dumas est arrêté ; mais le premier chef
de Billaud , qui laccuse , c'est celui d'avoir
toute sa famille émigrée : Robespierre , le
jeune , est arrêté , sur la motion d'Elie
Lacoste ; mais seulement pour avoir sonné
le tocsin aux Jacobins contre les Comités^ dont
Lacoste est membre ; de même que Fréron ,
pour obtenir l'arrestation de Couthon ,
Saint-Just et Lebas , ne leur reproche que
£ avoir , par passe-tems royal , demandé cinq
à six têtes ....de la Convention !
Un seul semble un instant songer à l'in-
nocence , si odieusement assassinée par le
tribunal révolutionnaire ; mais s'amendant
•aussitôt , nous ne sommes pas pour cela des
modérés , continue Tallien , et nous voulons
que le Président du tribunal révolutionnaire
traite les accusés avec décence , c'est-à-dire ,
sans doute qu'il les envoie poliment à
l'échafaud. Ainsi , dans regorgement jour-
nalier de soixante victimes non écoutées ,
Tallien ne voit quune violation de forme.
470 Journéerdu g thermidor ^ etc.
qu'un manque de politesse ; mais quelque»
mots grossiers, adressés à un Représentant
du Peuple , réveillent toute son indigna-
tion ; il dénonce Tinsulte faite à un Collègue
par un juge du tribunal , comme un crime
de Use-représentation nationale !
Cest ainsi qu'au nom seul de leurs dan-
gers personnels , et jamais en réparation
des outrages faits au Peuple et à rhumanitéf ,
}a Convention mit tout d'un coup cent
vingt individus hors là loi , mesure injuste
autant qu atroce ^ qui en confondant d'in-
sensées victimes d'un égarement révolu-
tionnaire avec les coupables avérés et faciles
à distinguer de la révolte de la Commune
contre la Convention , a fait planer si
long-tems sur quelques hommes échappés
à cette odieuse proscription , un droit de
mort que l'humanité repousse et que la
philosophie a peine encore à reconnaître.
Robespierre et son frère , Saint-Just , Cow-
thon , Lebas , tous représentans mis en ar-
restation par la loi , étaient en révolte
ouverte contre elle , et méritaient sa prompte
sévérité ; Henriot , à la tête d'une armée
qu'il dirigeait contre la Représentation
nationale ; Fleuriot ^ maire , et Payan ,
procureur de la Commune , s'étaient cons-i
titués les directeurs de la rébellion , et
devaient en porter la peine \ mais de quel
Journées da g thermidor , et c. 477
droit en menacer tant d'autres qui n'étaient
pas notoirement dans Tinsurrecition ? et
présume-t-on le crime pour avoir le plaisir
cruel de le frapper ?
Ce fut un double tort d'avoir attribué
à cet arrêt de mort la dispersion soudaine
des satellites du Tyran et de la t)Tannie en
rébellion à la Commune. Si la nouvelle
du décret de condamnation en masse avait
écarté quelques partisans peureux , yindî-
gnation de son iniquité avait centuplé
Taudace et la force du reste des révoltés ,
dont la défection ne doit s'attribuer qu'à
lîapproche soudaine des troupes conven-
tionnelles , et sur- tout à la lâcheté de Ro-
4>espierre , incapable de se mettre à la tête
de son armée qui l'appelait , et qui préféra
ia honte certaine de périr sur Téchafaud ,
au risque glorieux de périr, comme Catilina,
sur le champ de bataille, Robespierre fut
guillotiné avec vingt-un de ses complices >
le 10 thermidor ; le lendemain , soixante-
dix membres de la Commune périrent sur
le même échafaud , et quinze autres le 12.
( Voyez le tableau n^. 2 , Jin du tom II. )•
La grande facilité du triomphe de la
Convention est un témoin de plus qui
dépose de l'inutilité de cette mesure ex-
trême qu'elle opposait ainsi à des ennemis^
forts de sa seule faiblei»se , et qu'un seul
478 Journées du 9 thertnidor * eic.
regard fit rentrer dans le néant. Ce n'était
donc point Turgence des dangers , mais
seulçment Thabitude'et le goût des moyens
révolutionnaires , qui inspiraient alors la
Montagne ; et c'est avec toute la bonne-foi
de la persuasion la plus inébranlable que
Legendre , en la félicitant d'avoir sauvé la
République , en offrait pour preuve les dé-
crets de mise hors la loi » quelle venait de
•xendre.
On ne devait pas attendre de ceux qui
^c servaient avec tant d'orgueil de pareilles
armes , qu'ils les abandonneraient après le
triomphe ; ce n'était pas la terreur quils
avaient voulu détruire ; et de tous les ins^
trumens affreux que Thumànité leur ordonr
nait de briser , ils devaient naturellement
jie rejeter que ceux qui les avaient ou
blessés ou menacés eux-mêmes ; ainsi , ce
ne fut point l'abrogation du Comité qui
réunissait despotiquement tous les pou-
voirs , ce fut le complettement de ses
Membres que prononça la Convention,
Contente de rentrer ainsi dans le droit de
participation à ce despotisme , elle s'em.-
pressa de lui ravir cette faculté si abusive
d'arrêter même provisoirement un Repré-
sentant du Peuple , mais elle lui laissa le
droit d'opprimer vingt-cinq millions de
Français; ses quarante - quatre mille bas*
Journées du 9 thermidor ^ etc. 479
tilles , de les assassiner avec sa foule in-
nombrable de tribunaux révolutionnaires ,
de commissions militaires et révolution-
naires. Ces prisons, ceséchafauds n'étaient-
ils pas les échafauds et les prisons du des-
potisme qu on venait d'abattre , et ne de-
vaient-ils pas tomber à jamais avec lui ?
Mais loin d'ordonner que ces prisons s'ou-
vrissent toutes à la fois , pour rendre à la
liberté les victimes d'une tyrannie vaincue,
on voyait les héritiers de cette tyrannie
n'en laisser échapper les prisonniers que
successivement et en petit nombre; et fiers
d'avoir , dans un jour, prononcé dix ou
douze libertés pour les détenus de Paris ,
ils allaient dans les lieux publics et dans les
Spectacles se pavaner de leur bonté , et
recueillir , comme d'autres Titus , les ap-
plaudissemens et les hommages d'une re-
connaissance-trop facile.
C'est ainsi qu'à l'abri d'une modération
hypocrite se maintenait le régime révolu-
tionnaire avec toutes ses institutions ; la
loi du 22 prairial ne fut pas même abrogée
nommément, et l'on jugeait toujours en
son nom dans la Belgique , à l'Orient et
à Brest. Le déficit des bourreaux du tri-
bunal assassin de Paris commanda quelques
modifications dans son organisation , et
sur-tout dans sa composition ; mais il con«
480 Journée du 9 thermidor ^ etc.
tinua d'être un tribunal révolutionnaire .
et le fer de la guillotine immola encore des
Jédiralistes et des avilisseurs de la Représea-
lation nationale. Ce n était donc pas la
réparation de ses anciens forfaits que mé-
ditait cette Convention qui frappait ainsi
de mort quelques propos moins haxdis que
vrais contre elle ; et Téchafaud dtsfédira-
listes , qui se dressait encore , attestait assez
la persévérance des partisans de la terreur
d^ns ses romans perfidement destructeurs ,
et la fausseté de ses promesses données
dans le moment des dangers aux amis des
soixante -treize Députés prétendus fédéra"
listes. L'opinion publique eut à lutter deux
mois encore pour obtenir leur réintégration
si hypocritement jurée ; et les vainqueurs de
thermidor, en rappelant ces mandataires ,
parurent moins réparer une violation ma-
nifeste de leurs droits, qu'acheter , par une
faveur politique , de courageux auxiliaires
contre la faction des Jacobins , qui jurait
de venger Robespierre.
Cette ^faction , un instant étourdie par
le coup qui avait anéanti son chef, n'avait
pas tardé a reprendre ses espérances et
son audace; son antre , fermé dans la nuit
du 9 au 10 thermidor, s'était rouvert quel-
ques jours après sous les auspices de la
victoire ; et aussitôt cette victoire y avait
Journées du 9 thermidor , et c. 48 1
trouvé ses détracteurs les plus effrontés ,
ies plus implacables. Les Jacobins du 9 M^r-
midor , s'écriait Collot , ne Jurent pas les
vieux &t fidèles Jacobins ; ceux-ci vont re^
prendre leur lustre ; et c'est ainsi que Collot
encourageait ses frères , encore consternés
de la catastrophe thermidorienne : Jaco^
bim^ reprenez votre ancienne énergie , s'écriait
J un deux , en les invitant au développe-
ment de leurs anciennes fureurs ; et déjà
Billaud menacé , annonçait le réveil pra-^
chain et terrible du LION.... Le lion Billaud ,
ses émules féroces Collot , Barrère , Vadier,
Amar , Vouland , accusés par l'exécration
universelle de tous les désastres dont les
Comités où ils régnaient avec Robespierre ,
avaient couvert tout le sol français , trou-
vaient des soutiens intrépides dans la
majorité des Montagnards , qui , après
avoir été les instrumens habituels et ser-
viies de leurs fureurs , prévoyaient les
dangers d'une responsabilité solidaire ;
ceux mêmes qui , restés paisibles specta-
teurs de ces. forfaits , y avaient néanmoins
concouru par l'autorisation de leurs lois
révolutionnaires , redoutaient une juste
récrimination ; et celui qui , le premier ,
attaqua l'ancien Comité , et dénonça ses
nombreux forfaits si bien prouvés par les
ruines de Lyon , par les cendres de Bédouin,
Tome VI. h h
489 Journées du 9 thermidor , etc.
par la dévastation du Midi , et de toute la
Vendée , par les flots ensanglantés de la
Loire , de FOcéan , du Rhône et de la
Méditerranée ; Lecointre fut , le 14 fruc-
tidor , an 2 , déclaré calomniateur^ par un
décret de cette Convention , pour qui
, rheure de la justice n'*arriva jamais qu avec
celle de ses dangers.
Chaque jour laudace des Jacobins ajou-
tait à Firritation de Fopinion publique;
et ce déni révoltant de justice n'enchaina'
ni les réclamations de la patrie indignée ,
ni les fureurs de ses assassins impunis v
leurs conspirations, sans cesse renaissantes 1
forçaient chaque jour la Convention à des
capitulations nouvelles avec cette opinion
nationale qu'elle redoutait , et qui seule
pourtant fesait sa force ; c'est ainsi que se
détruisait pièces par pièces Fédifice affreux
de la terreur ; c'est ainsi qu'après de lon-
gues résistances , et malgré un premier
rapport de Merlin contre les soixante-treize
Représentans en arrestation , et leurs Col-
lègues mis hors la loi , la Nation obtient
enfin le 1 8 frimaire , et le 18 ventôse , an 3,
la rentrée de ces Mandataires, dont si peu
ont répondu depuis à son amour et à ses
espérances.
Leur retour fut un épouvantail terrible ,
et le motif principal d une émeute qui
Journées du g thermidor , et c. 483
éclata le 12 germinal ; une disette momen-
tanée en fut le prétexte. Une horde de
femmes jacobines , et des instrumens ré-
volutionnaires , viennent à la barre pré-
senter une pétition ; TOrateur dit :
ce Vous voyez des hommes du 14 juillet , du
10 août , du 3i mai. Depuis le g thermidor vous
avez mis la justice à Tordre du jour. Ce mot est
vide de sens. Vous avez dit que cette journée ramè-
nerait l'abondance , et nous mourons de faim»
L'assignat ne vaut pas un cinquième de sa valeur.
Le peuple veut du pain ^ la constitution de i-ygS et
la liberté de nombre de patriotes incarcérés. »
Une partie des Montagnards applau-
dirent. Certainement il y avait quelques
vérités dans cette pétition ; mais ceux qui
en étaient les organes ne méritaient au^
cune confiance.
Cette députation était suivie d'un grand
nombre d'individus armés de pistolets et
de gros bâtons ; en général c'était des gens
inconnus et à figure sinistre. Le Président ,
Pélet(de la Lozère j » répondit évasive-
ment en parlant contre Tafiarchie , et ac-
corda les honneurs de la séance aux Pé-
titionnaires, qui entrèrent en foule. Tallien,
André Dumont , Bourdon ( de TOise ) ,
parlèrent dans le même sens ; des huées
vives , des menaces audacieuses présa-
geaient d'affreux assassinats.
Au moment où le crime allait se
H h 3
4S4 journées du 9 thirmidor , ttî.
cônsotnmer , les Conjurés furent comme
interdits par Tembarras de reconnaître
reûrs victimes. Utie députatiôn dcTHomme-
Atiné était venue deux heures auparavant ;
et , confondue avec les Représentans du
peuple , ainsi que là section de TUiiîté en
masse , contribuèrent à jeter dans TAssem-
bléé une confusion qui arrêta le poignard
des assassins , indécis sur le choix beaucoup
Ï)lus qu'épouvantes du nombre. Cependant
e général Pichegru, nommé momentané-
ment au commandement de la troupe pari-
sienne , rétablissait au dehors , de concert
avec Barras et quelques autres Représentans,
Tordre menacé par d'impuissantes émeutes ;
les cris des révoltés , dans le sein de la Con-
vention , furent en vain appuyés par quel-
ques mandataires qui ne firent , par cette
adhésion criminelle , qu offrir à la loi de
nouveaux traîtres à frapper. Les députés
Barrère , Billaud , Collot , Vadier , qu'on
voulait sauver, par cette révolte , et que
la Convention trouvait si pénible de con-
damner , furent , par un attermoiement
honteux avec la justice, condamnés le
soir même à la peine de la déportation (i).
[i\ Carnot, Tun des membres de cefamcux Comité
de destruction , prit leur défense , et déclara que sî
tes collègues étaient coupables il avait partagé leurs
Journées du g thermidor . etc. 485
€t Farrêt s'exécuta le lendieqiain malgré Top-
position d'une bandç dçfHrieux qui s'étaient
id abord emparés de la vof ture qui les, con-
duisait à leur destination. Huit des Mont^-
■gnards. qui avaient protégé la rébellion ,
furent ,1e jour même, décrétés d'arrestation;
le 16, on en fit autaqt contre njeuf autres ;
-et contre sept . encore ,. Ift sg suivant,
(V. le Tableau , J^."" 2 , tom. i )'.
A ces Députés arrêtés , on joignit encore
quelques Jacobiujs , tels que Raisson , Ros-^-
^signol , Facbe. eï is^utres , qupn envoya au
château de Ham , où ils restèrent détenus
jusqu'après le. i3 Vendémiaire , sans être
interrogéis , entendus ni jugés , et appri-
rent parleur, propre expérience tQute l'im-
portance de§ formes protectrices de la
jsûreté individuelle dont ils s'étaient joués
^si impudemment contre tant d'ianocens ;
£)n les viola aussi contr'eux , comme en
vertu de la Loi cjw Talion ; mais cette
loi n'est pas celle dp l'équité.
Cependant ces illégalités , qui étaient
-des conséquences du gouvernement révo-
-crimes. Carnot a'^iyaitpas )i>e9Qin de cet aveu, per-
sonne n'ignorait que sous prétexte de ne s'occuper
que de la guerre il prenait part à tous les actes
Sanguinaires , et même qu'il en rédigeait : de ce
-nombre se trouve Tinstructioa de la Commission
.crO^anffc.,
Hh S
486 Journées du g thermidor iy etc.
ludonnaire , commençaient * à en dégOHttfr
ses vieux partisans , devenus aùjbût?d'hui
ses victimes ; la multitude apptéicîait en-
fin toute rinîfjui té dt ràtbitràîre, et vou-
lait une Constitution régulière et fixe ;
ses meneurs lui fifcnt demànidber celle de
1793, qui n avait ffûhc •Gôftstittilioh que
le nom. A ces cris univcrs^èls de Cons-
titution, la Convention créporiâitipar' la
création d'une Commission chargée d'en
prépafèr Ics'Ldîs ùi^dtiih\ue%i céim hkh
moyen de temporisation îhdWpehsable ; et
nécessairement l'audace desVidnspirateurt
devait amenai aye<î<îè liouveauxfrrimes à
réprimer \ iaPdëiÀônStraiibilile^la Héccssité
d'un Côdé^iéfeial plus vigOt*rëux qui «lui
dont ils féclatiïaiént l'exécution. . . . Plus
ils pressentaient cette utile -et sage substi-
tution , plus ils s'àcliarnaieht à la prévenir,
et le mauvais succès de la dernière insur^
rection était loin de les décourager.
Les circonstances d'ailleurs se trouvaient
bien plus favorables. La pénurie des sub-
sistances était extrême ; et si le Gouver-
nement sous lequel le peuple meurt de
faim est toujours sans excuse , jamais Gou-
vernement ne fut plus coupable que ce
Comité de Salut Public , qui , resté tou-
jours maître de la fortune publique et par-
ticulière par le droit de préhension <jù'ii
Journées du g thermidor ^ etc. 487
s^était conservé , avait néanmoins laissé
approcher la famine jusqu'au sein de cette
capitale populeuse quil s'était chargé de
nourrir (1). Les murmures ^ comme les be-r
soins étaient universels; le rentier ruiné par
la baisse subite de tout papier- monnaie ,
louvrier obligé de perdre à la rçcherche
tf un chétif morceau . de pain , sa journée
dun travail nécessaire pour en payer le
prix ; la malheureuse mère de famille atten-
dant en vain pendant une nuit entière
aux portes du boulanger quelques onces
de. pain ou de riz insuffisantes pour ses
isnfans exténués ; le père tendre et pauvre
56 suicidant de désespoir au milieu dnne
famille épuisée de besoins ; du côté op-
posé ., rimmoralité la plus effrontée affi-
chant avçc scandale son luxe nouveau et
sa criminelle abondance ; le monopole ,
sous le masque de la liberté du commerce ,
pompant avidement toutes ses ressources
et arrêtant la circulation de tous ses pro-
duits ; Tagiotage impuni se jouant du cré-
dit particulier , et altérant au gré de ses
spéculations meurtrières le crédit national ,
trafiquant de la substance et s'engraissant
du sang du peuple ; le nouveau riche affec-
(i) On doit se rappeler les rapports mensongers
de Bois^y-d'Augial , sur les subsistances.
H b 4
488 Journées du g thermidor, etc.
tant ridiculement les manières de rancîea
régime et la volonté de le rétablir ; quel
contraste énergiquement accusateur du
Gouvernement subsistant ! quelle satyre
de son impuissance! quelle excuse des
plaintes aveugles du Sans-Culotte , trop
iaigri pour remonter de sang-froid aux
véritables auteurs de sa détresse , à ses
tyrans révolutionnaires , ainsi que des es»
pérdnces chimériques du Royaliste , trop
habile pour perdre cette occasion de ré-
tablir Tancien régime !
Une insurrection convenait également
aux deux partis; les Jacobins seuls en avaient
la tactique et laudace ; les Royalistes ;
spectateurs perfides , en espéraient Tavaii-
tage par l'anéantissement de la Convôntionu
Le premier prairial fut le jour marqué pour
cette grande tentative , à laquelle il ne maïi-
qua ni chefs habiles quoiqu'obscurs,ni secta-
teurs déterminés ; l'acte suivant fut comme
le manifeste qui annonça les hostilités.
Insurrection du peuple pour avoir du pain ei recouvrer
ses droits,
a Le peuple , considérant qu'on le laisse impi-
toyablement mourir de faim ; que le gouvernement
est tyrannique ; qu'il fait arrêter arbitrairement et
tranférer de cachot en cachot les meilleurs patriotes;
39 Considérant que Tinsurrection est le plus saint
des devoirs ;
i^onsidéranl que c'est à la portion du peuple la
Journées du g thtrmidot , elc: 489
plus voisine du gouvernement à le rappeler à ses
devoirs» le peuple .arrête .:
n Que les citoyens de tout âge , de tout sexe , se
porteront â la Convention pour lui demander du
J^ain , Tabolition du gouvernement révolutionnaire ,
a constitution de 1793, la destitution de» Membres
du gouvernement actuel ,, leur arrestation ; la liberté
des patriotes , la convocation des Assemblées prî-
imaicei pour le 2 5 itieiftidor.
.f*> Il ?ci^a pris les mesures nécessaires pour assurer
le $i|cçès dp ceitte insurrection.; les bixrières seront
fermées ; le peuple s'emparera de la rivière , du
télégraphe vies canonniers*, le» cavaliers et autres
soldats qui se -trouvent à Paris , sont invités à se
.nmger sous les. drapeaux du peuple.
i> Tout pouvoir eSnané du peuple est suspendu ;
tout, fonctionnaire public qui refusera d'abdiquer
>'sur«l&^hamp sera puai comme ennemi dû peuple ;
quiconque pjroposefait de marcher contre le peuple
sera puni comme ^e^nçii^i de la liberté; les Sections
partiront dans un désordre fraternel ,. et emmène-
ront celles' qui se trbuverant'sur'leur passage. Le
mot de ralliement: du peuple est du pain , et* /a
iQiutitution di 1793 ; quiconque ne porter^ pas ce
signe de ralliement sera arrêté, n
Cette ;proclam?ition écsun déjà répandue
depuis plusieurs jours dans les départcmehs ;
.déjà nombre de fonctionnaires publics
- avaient .abdiqué, leurs fonctions pour se
^ ranger du côté de Tinsurrection. Les Co-
mités de Salut public et de Sûreté géné-
rale devaient en être prévenus. Eh bien !
ce ne fut que le matin dn premier. Prairial ,
que Fun des Membres de celui de Sûreté
générale en fit part à la Convention,
490 Journées du g thermidor , et e.
Les Chefs de rinsurrection s'étaient dîs^
tribués les difFérens quartiers de la viUè
de Paris ; ce. fut dans le Ê^vbourg Map-
ceau que le rassemblement commença. Des
Hommes et dés fetnmé$^^y de petites son^
nettes à la main, où frappant sur des
chaudrons , des casserolles ^ et des poëk&i^
invitaient ies^ citoyens à se 'réunir. Dans
le faubonfg Antoine; là force armée était
sous les armes , et dans diffiirèiites sectionii
où le part} jacobin dominait, nomim
d'individus s* étaient emparés • dfe- ' Ist. sàflfe
.des séances, ", i ',.":' ' ''':'";■''.. '-V : ''^'.:'- »
Cette multitude*, soulevée àr>la-ibi»,;Ct
' dirigée Vers le mêmef - bu t ï arrive • âtft
"mêmiès heures autour deîà<3oïivçtttion.
Les tribunes étaient occupées, parades
femmes , la plupart ivres v plusieurs tenaient
à leurs mains des enfans : dupaifi *i dttpaih;
nous mourrons de faim -^ nos enf ans 'n'ont pas
mangé depuis pîusieurs joun'.^^Téis 'soïitf les
cris auxquels le président. Vernier ^honirirc
d'un certain âge , essaye -envain^^d'imposer
silence ; les femmes redoublent "avec me-
naces; André Dumont s'empare du fea-
teuil , mais sa pétulance paraît peu propre
à en imposer à l'audace de cette multitude
effrénée.
Le général Hoche monte dans les tri-
bunes pour faire sortir quelques femmes 9
Journées du 9 thermidor^ etc. 491
^nctis qu une horde de forcenés assiégeait
*f entrée de la salle. André Domontcède la
présidence à Boissy-d'Anglastqui cn^rein?-
{dit les fonctions avec plus de sang- frcMd ;
^s ^hommes armés engorgent la salle de la
t^berté ; une partie de la garde de la Con-
V(ention veut les repousser^.le nombre des
tonjurés grossissait ; Ion en vient aux
mains. Plusieurs fois repousséés-, les femmes
irariaiMit qu on les égorgeait; Ion arrête quet
tjues-uns des Conjurés , un nombre de Déi-
-^tités abandonnent leur poste ; une partie
de la Montagne applaudissait aux efforts des
insurgés, qui après des attaques réciproques,
pénètrent enfin dans la'salle" se répandent
dans '^lesi)anquet tes , armés de sabres^ die
«piqijfes , de fourches , de croissans fiké&aa
4lciut des bâtons. L'on entend les.cris: vive la
Montagn^! du pain et la Constitution de ijg3.
'y. Ce fut alors que le député Firaud .périt
^etime de son courage; irrités par sBTé^-
«stance , les révoltés ie saisirent de ^lui
dans la salle , lui coupèrent la tête , .qu'ils
-présentèrent' devant le Président, en mêime
'lems que d autres furieux lui counnau'-
-daient de proclamer et ^e isignerdes décrets
-{irononcés par cette nuïitiiude en délire.
Woissy-d -Allias refuse , ont Presse !sur sa
poitrine des piques et des baïonnettes ; im*
Mu>bile^ii pcrsisÀ danssèn rtfus ; quelques
498 Journées du 9 Ihermidor , et e.
coups de pistolets sont tirés sur lui , ii|l
entend le sifflement des balles $fuis chsuk
ger de couleur.
Cependant un pétitionnaire avait lu If
manifeste de Imsurrection ; et toutes ^Ui
conclusions qu il présente , ainsi quç niilit
autres propositions non moin» .rfollesr et
non moins airoees, avaient reçu d'un pew
nombre de Députés montagnards et de 1| i
foule dans laquelle ils sont confondus , \t
titre mensonger de lois nationales \ les fiir
reurs de ces Législateurs-improvistes.cr^ \
saient en raison de la facilité de les satisr
faire ; eljes n'éprouvaiem d'autre résistance
que celle du Président , qui n avait :i leujr
opposer que son silepce. Les progrès dcjs
révoltés , manifestés au dehors par dos
signaux que quelques affidés iesaient dcf
hauteurs du dôme des Tuileries , et procU-
mes au loip par le son funèbre du tocsin
national avaient rassemblé tous les citoyens
sous les murs de la Convention ; mais ii^
restèrent indifférehs sur les dangers qwK
courait la Convention. La têt^ de Féraud
fut même promenée au milieu de la foros
armée. Beaucoup de citoyens de bonnfr-
foi disaient : u Avec tout cela, les Sani^
5> Culottes ont raison. Lion croyait jq.uie))fi
99 chute de Robespierre et la rentrée de^
9» jâ et des mis hors la loi proci^rai^alt
Jâurnies du g thirniidot « et t. 4§2.
* Vabôndance ; nous allons de mal en pis ,
M ilous sommes sans pain , les assignats
99 sans crédit , et les rentiers meurent de
Wih Ae faim. '9
»'Sut le soir^ tous les citoyens se retî-
Hffeiit et laissèrent la Convention à la
Ibefci de ceux qui engorgeaient la salle*
L^alarmé se répand vers les dix heures sur
le bruit que Goujon , Peyssard , Duquesnoy ^
BourbotU et Albitte avaient demandé que
Ton décrétât la destitution de toutes les
Autorités constituées depuis le 9 thermi->
dor , et avaient fait décréter des visites
domiciliaires pour découvrir lès accapa-
rcmens de subsistances. La destinée des
citoyens étant liée au sort de la Conven-
tion , beaucoup crièrent aux armes ! mais
9s n'avaient aucun point de ralliement.
Les représentans Legendre [ de Paris ) , et
Delcloy ( du départ, de la Somme ) , se
ihirent à la tête du bataillon de la Butte ^
des-Moulins , entrèrent au pas de charge
dans la salle de la Convention , le sabre
•à la main et drapeaux déployés , tout le
bataillon criant : hors la loi la Montagne l
m bas leç brigands ! Ils mirent en fuite les
févoltés qui s'étaient emparé de la salle ,
et qui se sauvèrent dans leurs sections ,
triant : aux armes ! mais tout le monde fut
iourd i leur appel. Dans le court espace de
494 Journées du 9 Ihirniidot j de.
dix minutes , la salle fuc libre , èt^totts lei
Représentans revenus à leur poste , déffé^
tèrent d'arrestation leurs collègues, Du^en
noi , Bourboite , Diiroi , Prieur de la Mamt^
Romme , Soubrany , Goujvn ^ Albitte aîné,
Peyssard , Lecarpentier de là M^iche , Pintl
aine , Borie , Fayau , Ruki ; tous coupaUa
d'avoir pris part active à la rébellion et àfM
délibérations criminelles des assassins de Féruûd.
Tallien dit : Je. demande que demain k
soleil ne se lève pas sur leurs têtes. Bourdon
( de rOise ) demande quon les faille dans le
salle.
La lenteur des secours apportés par lei
Parisiens à la défense de la Convention ,
inspira aux insurgés Taudace de la persé-
vérance et Tespoir du succès; ils revinrent
le lendemain à la charge , mais en meil-
leure contenance et avec tout Tappareil
d'une armée déterminée à combattre. Les
bataillons des faubourgs St. -Antoine et
Saint -Marceau , descendirent avec leurs
canons et vinrent jusques sur les hauteurs
avantageuses de la place du Carrousel ,
ou ils les braquèrent sur la troupe pari-
sienne qui investissait la Convention. Plu-
sieurs fois la mèche fatale fut suspendue
ftur les lumières des canons, et des Repré-
sentans envoyés sur les lieux , pour préve-
nir l'explosion , furent forcés de permettre
Journèti du g thermidor , tt c. 495
r VQrateur des faubourgs d'allçr à la tête
i'ùne députation, présenter à TÂssemblée
nationale , le vœu de ses commettans pour la
wnstitution de g3 , pour la liberté 4^s patriotes
Upour le rapport d'un décret qui regardait for
\t (argent comme marchandises.
Gossuin , qui avait été envoyé au Ca-
rouzel pour engager les Citoyens armés à
fraterniser , revint sans succès. Il apperçut
i la barre de la Convention une députation
les rebelles , et sans connaître le motif de
a pétition qu ils avaient lue , il fit la mo*
ion inconsidérée de donner le baiser fra-
ternel à rOrateur de la députadon , ce qui
fut décrété.
L'Orateur sans-culotte fut reconnu pour
te fils d'un ci - devant employé comme
espion auprès, des cours étrangères , sur-
;out dans les pays en révolution ; il se
lommait Saint - Ligier. La Convention ,
linsi réduite à capituler , pour prévenir
.'effusion du sang , promit solennellement
ie mettre promptement en acdvité la const-
itution de 1 7 93 , et ces promesses eurent
.'effet salutaire de calmer les révoltés , qui
(ans renoncer à leurs espérances , ajour-
nèrent l'expédidon et se retirèrent avec
eurs armes.
Le lendemain éclaira im nouvel attentat.
L'assassin de Féraud, livré au tribunal et
496 Journées du 9 thermidor , et c.
condamné à mort , avait été arraché de k
charette fatale par des hommes déguiséi
en femmes , qui le portèrent en triomphe
au feubourg St.- Antoine ; la nouvelle de ce
crime , si facile à prévoir , frappa d'efiroi les
citoyens , parmi lesquels se trouvait une
partie de la Jeunesse de Paris , surnommée
la jeunesse de Freron. Le général Menou , à
la tête de vingt mille hommes , dirigea
sa marche vers le fauxbourg Antoine , fit
trembler les révoltés qui se barricadèrent
en vain dans la rue .principal^ ; on leur
coupa toute communication avec le faux-
bourg Saint-Marceau ; et dans l'impuis-
sance de soutenir une longue défense , ils
livrèrent leurs canons , leurs fusils et même
quelques chefs de la rébellion , parmi les-
quels s'était distingué un Nègre qui com-
mandait les canonniers. Une Commission
militaire , établie aussi-tôt, jugea les vaincus
et en condamna à mort un grand nombre,
parmi lesquels se trouvèrent vingt-un gen-
darmes , comme convaincus de s'être réunis
aux rebelles , mais la plupart avaient été
cntr^nés de force dans cette défection.
Cette Commission , chargée pareillement
de juger les Représentans décrétés d'arres-
tion le premier prairial , dont deux ne
furent pas saisis , condamna Peyssard à la
déportation , et à la mort Duroy , Goujon ,
Journées du 9 thermidor , et c. 497
Rômme , Duquesnoy , Bourbotte et Soubrany^
{voyez le tableau^ n. 2 , tome II) [1) qui tous
eurent le courage de se poignarder avec le
même couteau ; trois seulement purent être
conduits àla guillotine; quan t aux trois autres
que Ton crut morts , les médecins en rappel-
ièrent à la vie deux ^ Homme qui est actuelle-
tuent à Saint-Pétersbourg , où il avait fait
Féducation d'un prince russe, et Goujon y qui
n'a survécu que de six semaines à spn suicide*
Cette victoire de la Convention sur les
Sans-culottes , qui là harcelaient sans cesse ,
fiit décisive (^); et les sections autorisées
(i) L'établissement d'une commissioii militairs
pour juger des Représentans du peuple ,' était un
outrage Elit aux principes et une vengeance qu'exer-
çaient la Plaine , les Soixante-treize et les mis hors la
loi. C'est le cas de dire qu^ils furent plus impoli-
tiques que les Montagnards à Fépoque du 3i mai.
Cependant Ton ne peut.se dissimuler que dans
cette circonstance une partie de cette même Moti*
tagne se joignit à la Plaine, f
(2) Si les Comités de Salut public et de Sâreté*
générale avoient voulût ils auraient évité cette in-
surrection ^ et épargné le sing d'un grand nombre
d'individus qui n'étaient que des instrumens passifs.
Tout cela était, combiné ; on voulait donner une
autre constitution et réduire lés Sans-culottes au
silence , ainsi que les partisans de la terreur et de
Kobespierre. Cette Convention , après avoir appelé
nombre de fois la multitude à son secourjs , n'en
ayant plus besoin , il fallait bien s'en débarrasser.
Mais pourquoi toujours du sang?
tome VI. I i
49' Jôurnies du g thirmiddr, etc.
ensuite à prononcer Fincarcération ou le dé'-
sarmement de tous les Âgens de la terreur ,
travaillèrent avec une activité et une passion
qui épouvantèrent ces mêmes Législateurs ,
qui avaient ainsi livré leurs anciens protégés à
la discrétion des citoyens, La haine aveugle
frappa indistinctement une foule d'amis
purs de la liberté , de patriotes vraiment
dignes de ce nom. Les mêmes actes arbi-
traires s'exercèrent dans les départemehs ;
Topinion désormais affranchie de toute
contrainte , ne se déchaîna point, contre
cette foule d'instrumens servU^s du gduver-:
ne ment révolutionnaire , san& attacher la
juste et publique indignation aux inven-
teurs et soutiens de cet exécrable gouver-
nement. Trop bien avertie par le long
abandon qui faillit assurer sa perte au pre-
mier prairial , la Convention était depuis
long-tems convaincue du peu de confiance
qu on lui accordait ; et dans Timpossibilité
de reconquérir les suffrages de la Nation ,,
elle s'occupa de l'asservir par la crainte.
Obligée enfin à la retraite , elle voyait
avec effroi cet abandon d'un pouvoir qu'elle
avait raison de croire si nécessaire à sa
sûreté ; néanmoins les mieux intentionnés
sentirent Jes dangers que la liberté allait
courir , si toute la Représentation nationale
avait été changée ; représentation nouvelle
Journées du g thermidor , ttp. 499
^u^uraient partagés des hommes , ou ulcé-
rés par le souvenir du régime révolution-
naire , ou apportant dans les deux conseils
des opinions peut-être subversives du gou-
vernement républicain.
Les besoins indispensables dassurer au
Peuple la garantie de la charte constitu-
tionnelle , les détermina donc à se main-
tenir en majorité. Les patriotes éclairés se
rangèrent de cet avis , en convenant de la
violation des principes.
Il fut question de soumettre à la sanction^
du Peuple , et ce décret qui limitait ses
droits délections , et la Constitution elle*
même. Tous les partis , également fatigué»
de la révolution , s accordaient à chercher
le repos dans une constitution fixe ; et
quelqu'imparfaite que parût celle qu'on
présentait , chacun Tadopta avec d'autant
plus de plaisir , qu'elle portait avec elle-
même les moyens de modifications qu in-
diqueraient le tems et l'expérience : les
Jacobins , plutôt par mauvaise humeur que
de bonne-foi , réclamaient le pacte social de
g3 , que la Convention leur avait promis
de mettre en activité; ils arguaient de
nullité contre toute acceptation à laquelle
ne pouvaient participer les détenus , à
l'exemple de Marat , qui écartait la cons-»
titution de Condorcet , par Timpossibilité
li 2
5oo Journées du 6 thermidor , ete.
de consulter les armées occupées à com-
battre^
Les Assemblées primaires accueillirent i
la presquunanimité la constitution nou-
velle. Il n en fut pas de même du décret
qui raccompagnait ^ et la Convention , qui
s'attendait au refus , Féluda par adresse de
ce& interprétations ; elle accola sa loi par^
ticulière au code constitutionnel , sur lequel
seul eUe provoqua officiellement une dé«
libération ; et tout-à-coup se déclarant ju^e
exclusif des procès- verbaux , elle interpréta
en faveur de son décret , et comme con*
séquence nécessaire, tous ceux qui, sans
en faire aucune mention expresse , por«
taient de^ suffrages d'acceptation de la
constitution.
Cependant les royalistes tentèrent de
persuader qu'on ne devait accepter Tactc
constitutionnel qu'après avoir discuté à
fond et prononcé sur les décrets des 5 et
l3 fructidor, moyen infaillible d'ajourner
indéfiniment l'acceptation de la Constitu-
tion. Les vrais patriotes ne furent pas les
dupes de cette supercherie.
Le royalisme aiguillonnait les mécon-
tentcmens , excitait à une résistance active »
provoquait des mouvemens dont il espé-
rait faire son profit. Dans lc?S conciliabiile^
où se trouvaient une partie des Président
Journées du g thermidor\ ete. Soi
des sections , on tournait la République en
ridicule , et Ton vit alors certains Députés ,
liés personnellement à là éause de la li-
berté , être obligés d'entendre ces» disposi-
tions et de se taire. Parmi les hommes qui
se distinguèrent parleur franchise royaliste ,
on doit citer Richer-Sérisy , dont les nu-
méros du journal de YAccusatenr puhlk
portent le cachet le mieux marqué de sa
haine contre la République ; et le ci-devant
comte Barruel de Btauvert , qui rédigeait
aussi un journal des Actes des Martyrs , avec
les mêmes principes et la même audace-,
et qui entretenait, comme Président du
canton de Mantes , une correspondance
avec les Assemblées primaires de Paris ,
les encourageant impunément aux plus
fortes mesures (i) , et leur offrait, des bras
et des subsistances.
(i) Tous les royalistes intriguaient : d un côté, la
faction d Orléans ; de Tautre , les partisans de la
famille de Louis XVI.
L*un des meneurs de la section de TUnité prétea*
dait que le duc d'Yorck gouvernerait mieux , et que
Ton ne réussirait pas facilement à rétablir la monar-
chie , si préalablement on n'incarcérait tous \t%
patriotes , et sur- tout si on ne déportait pas tous les
terroristes. Cette lutte des royalistes les affaiblit
eux-mêmes ; et les bons citoyens s'^pperçurent qu'il»,
allaient être la dupe de meneurs inconnus depuis la.
révolution.
li 3
5ô2 Journées du g thermidor, etc.\
On avait vu le machiavélisme des Comités
exciter sous main, aux époques de prairial ,
les émeutes de Sans-culottes , pour avoir
occasion de les comprimer.
La même astuce meurtrière mettait peut-
être en œuvre , dans cette dernière circons-
tance , tous ces provocateurs insensés de
Fancien régime , qui appuyaient adroite-
ment les réclamations dune partie des
Parisiens contre le principe violé , par les
décrets des 5 et i3 fructidor, et tous ces
Meneurs eurent Tadresse d'échapper à Fex-
plosion du i3 vendémiaire.
S'il n'est pas clairement démontré que
ces principaux agitateurs pouvaient être
secrètement d'accord avec les Comités ,
pour opérer un mouvement, il est certain
du moins que ceux-ci le desiraient avec
ardeur. Voici le résultat dun entretien
qu'un citoyen eut avec le député G........ ,
place du Garrouzel , à dix heures du soir ,
le 12 vendémiaire : il observait à G
que la Convention courait le même danger
que le Roi au lo août ; que si tout Paris
se mettait dans la tête de détruire la Con-
vention, Pariis réussirait. — a Oui, reprit
•5 le Député ,.mais au lo août, les Sans-
5 5 culottes se déclarèrent contre la Cour.
5 5 II fût arrivé bien autre chose , si elle
55 avait fait tirer quelques coups.de canon
Joiimêes du g thermidor ^ etc. 5o3
J5 sur la multitude par le guichet du
. 55 Louvre , et braquer les pièces sur toutes
9 9 les autres issues , ce que nous ferons ;
99 au lieu que les Sections de Paris .ont la
9 9 gaucherie , ( heureusement pour nous )
99 de ne pas rallier à elles les Sans-culottes.ti
Ce Citoyen lui répondit: 4 1 Vous avez
55 raison ; jamais une insurrection ne peut
5 5 réussir par des hommes bien frisés , bien
55 poudrés, et en bas de soie blancs, rj
Effectivement , les Sans-culottes furent
signalés par les Meneurs de sections , qui
étaient tous bien endimanchés ; quelques-
uns , même , furent assez sots pour dire :
4 6 II faut lever la séance , voilà Theure où
55 les ouvriers sortent de leurs ateliers, m
Plusieurs partis dans la Convention ,
les Girondins mis hors la loi et leurs
soixante-treize amis rentrés, croyaient que
l'insurrection , comme Tindignation géné-
rale , ne se dirigeaient que contre cette
portion de la Montagne , qui avait défendu
constamment le régime de la terreur , si
universellement et si justement exécré.
L'audace des royalistes , qui ne ménageait
plus rien , parce qu'elle ne doutait plus
du succès , prouva bientôt que leurs fureurs
destructives embrassaient la totalité de la
Convention natiQnale. Depuis long-tem»
les Comités avaient attiré auprès d'eux ,
li 4
5 04 Journées du g thermidor^ etz.
avec grand appareil , des bataillons d'élite^
qu'on enferma dans un camp bien palissade,
pour empêcher toute communication, tout
rapprochement avec les citoyens de Paris^
A cette troupe, la Convention adjoignit
tin bataillon sous le nom de Patriotes de 8g;
c'était en partie tous ceux que les Sections
et les Comités de la Convention avaient fait
incarcérer après Tinsurrection de prairial ^
sous la dénomination de terroristes^ c'est-à^
dire,qui avaient la plupart occupé des places
sous le régime de la terreur , sans eu avoir
été tous des partisans. Cette réunion ne
montait pas à plus de 2600 ; il est constant
quon les crut généralement en nombre^
beaucoup plus considérable (i). Cette levée'
de boucliers provoqua Talarme , et justifia
en apparence Tinsurrection de plusieurs
Section^,
Sans fusils en état, sans cartouches,
mais sur- tout sans canons , quelques Sec-
tions s'avancèrent contre une armée bien
disciplinée , approvisionnée de munitions
de tout genre , et maîtresse d'une artil-
(1) Le bruit public fesaît monter à trente mille
hommes la troupe de ligne ; il est de fait qu'il n'y
avait que quatre mille cinq cents hommes. Plusieurs
t)éputés disaient que les royalistes auraient le dessus,
«ils étaient instruiti du peu de troupes qu'il y avait»
Journées du 9 thermidor ^ etc. 5o5
lerîe formidable^ Le mouvement fut rapide,
simultané , universel. L'effroi que fit naî-
tre la vue des hommes réarmés par la
Convention , semblait motiver la nécessité
de se tenir sur la défensive , chacun igno-
rant ' les intentions de cet appareil. On
te rassembla donc tumultuairement ; et
c'est au milieu de cet empressement inat-
tendu , qu'il devint facile d'égarer ceux
des citoyens qui pouvaient avoir les meil-
leures intentions. </
Les premières mesures se dirigèrent con-
tre la sec tionLepelletier. Le général Menou,
qu'on avait chargé , le 12 Vendémiaire ,
de la réduction de cette Section , retran-
chée en armes au chef-lieu de son arron-
dissement , crut devoir la traiter avec des
ménagemens conciliateurs ; il parlementa ,
et les insurgés , en paraissant céder à
cette indulgence , y virent un motif d'es-
poir , et même le garant d'un succès iné-
vitable.
Le soir même , au général Menou
succéda Barras ; beaucoup de sections
prirent les armes. Le i3 , à 5 heures du
matin , un Secrétaire principal du Comité
de Sûreté-générale , averti par les rapports
des observateurs qu'on battait la générale
dans certaines sections , s'empresse d'en
porter la nouvelle au Comité , qu'il in-
5o6 Journées du g thermidor , etc.
vite à prendre , pendant qu'il en est teiM
encore , des mesures pour arrêter ce
signal contagieux^ de guerre civile Di
quoi vous mêlez-voUs , lui répond brusque-
ment le représentant Gauthier ? Laissez
faire ces badauts , rhous savons bien ùù nom
les amenons. Effectivement la générale se
battait; les proclamations se publiaient
aux carrefours des différentes Sections sous
les yeux et comme' sous les auspices des
patrouilles delà cavalerie conventionnelle,
qui suivait officieusement , dit-on , et les
tambours et les proclamateurs , sans Ici
troubler dans leurs fonctions.
On aurait cru que les rassemblemens
étaient protégés par ceux mêmes quils
semblaient menacer ; ils se grossirent consi-
dérablement en quelques heures , et la
foule armée des secftionnaircs s avança vers
les lieux occupés par les troupes de la Ré-
publique et de la Convention ; elles cédè-
rent le Pont-Neuf à leur masse impor-
tante , et ce pont fut un point de com-
munication nécessaire entre les habitans
des deux rives de la Seine. Conduits par
des Généraux choisis au hasard, et au
milieu desquels on distingua deux Maré-
chaux-de-camp de Tancien régime , et
Danican , remarquable par son effronterie
joyaliste ,. les insurgés se divisèrent sur
Journées du g thermidor , elc. 607
ux colonnes, dont Tune marcha par la
g St. Honoré vers la rue de rEchelie
la Convention , et lautre par le quai
la Monnaie vers, le pont ci-devant
>yal et les Tuileries. On a hasardé
aucoup de conjectures sur les intentions
térieures de ces colonnes armées : il
est point douteux que les chefs des
)yalistes voulaient terminer tout par un
•up de main décisif; mais il est possi-
e et présumable que d'autres meneurs
us circonspects, sans être moins roya-
les , sentaient Fimpossibilité de réussir
ir une attaque ouverte , et , que calculant
ieux pour le profit de leurs projets Ur
rticides l'emploi de cettte masse énorme
: citoyens , ils espéraient, au moyen d'une
iternisation adroite avec les troupes répu-
icaines , amortir la puissance de ces trou-
s par le mélange et la confusion de
utes les armes , enlever à la Conven-
m Tappui de ces soldats voués à la dé-
idre , la réduire à la seule force de ce
taillon des Patriotes de 89 , facile alors
dissiper ou à détruire , et imposer ainsi
'Assemblée nationale l'obligation de con-
Iter les Départemens sur le fameux décret
réélection ; ce qui eût assuré son renvoi.
Dilà du moins ce que semblaient annon-
r ces hommes qui , quoiqu'en armes ^
b
5o8 Journées du g thermidor^ etc.
tenaient en main Tolivier , et présenuùent
aux troupes ce signe auguste de la paix et
de la fraternité.
Au sein de la Convention et des Coi
mités, quelques hommes inclinaient aià
voies de conciliation ; mais plus clairvoyaoi
sur leurs intérêts , les Montagnards se
hâtèrent de trancher la difficulté : Si h
sections ne nous attaquent pas , avaient-ib
dit , nous attaquerons. A deux heures de
relevée , un Officier de la force armée
dit : L'affaire ne tardera pas à s''engager.
Enfin quelques minutes avant 4 heures
et demie, André Dumont trahissant indis-
crètement le secret de Tattaque , parait
dans le salon de la Liberté , où se pro-
menaient inquiets ses collègues : En placc^
Citoyens , en place , s'écrie-t-il comme pour
annoncer quelque grande nouvelle ; et
aussitôt une décharge terrible explique
son annonce.
Le feu était parti des fenêtres de quel-
ques maisons de la rue Honoré sur les
soldats de la Convention , et notamment
de la maison du traiteur Venua. Le canon,
placé à rinstant même vis-à-vis l'église
Saint-Roch , foudroya une foule d'insurgens
qui s y étaient placés. Maîtresse alors de
la rue Honoré , la troupe dirigea son
artillerie sur les Sectionnaires qui se reti*
Journées du 9 thermidor , ete. 509
^tent, n'ayant d'autres armes que leurs
bsils. Cependant par-tout où il fut pos-
lible ^e se retrancher , il y eut résistance.
Les canons , braqués sur le quai d'Orsay »
Srent feu sur une colonne qui s'avançait
(e long des Théatins , composée des sections
du Théâtre - Français , de l'Unité , de la
Fontaine-de-Grenelle et de Bon-Conseil ,
lesquelles étaient dirigées parDanican , qui
Rit provoquer le Commandant du poste du
pant,des Tuileries (i)/£n même tems , en'
bce de la rue de l'Echelle , un combat s'en-
gagea entre la troupe qui environnait le
Comité de Sûreté-générale {2) et les Ci-
toyens qui se trouvaient en présence.
CetteUriple décharge fut pour la Con-
irention la gairantiede son triomphe. Quel«
)ues Membres s'élancent de leurs places
>our aller sur le champ de bataille. Que
— - — " — ■ " — '- —
(i) A la première décharge qui fut faite sur cette
K>lonnc , elle %c tauVâ; les uns en jetant leurs^ fiisili ,
es autres en se cacb^nt ^nt lei portes cochères. De^
'emmes eurent le.couage de reste; à leurs croisées ,
mi le quai , et leur crièrent : 0 Us. lâches ! â Us pot*
fr<mj / Ce n'est pas que Ton puisse blâmer ces ch
ïoyetis de ne pas avoir osé lutter contre Tartillerie d#
 C onvention^ ncanmoins, si les Sans-culottes eussent
un devoir se mêler de la querelle , les canons au-
raient été enlevés, et la Convention faite prisonnière.
(9) Ce Comité de sûfecé générale se tenait alors à
['ancien b&tcl de firiennc.
5 10 Jôurnits du g thermidof , et c\
tout le monde reste , s'écrie Lecoînte-Puy-
ravcau moins rassuré sur les dangers,
ou que tout le monde sorte avec les bataillensl
tout le inonde resta.
C'est sur-tout dans la rue St, Honoré
que Faction fut plus meurtrière; 1 opi-
niâtreté inutile de quelques citoyens ne
fil qu'augmenter le nombre des victimes,
que Ton porte à 228 individus, dont 65
de la troupe conventionnelle. N y eot-il
péri qu'un seul homme , les vainqueurs
n'auraient encore qu'à pleurer sur leur
triomphe !
Bonaparte , qui dirigeait l'artillerie , fit
tirer toute la nuit le canon à poudre pour
effrayer les Scctionnaires et empêcher une
nouvelle réunion. Cette tactique épargna
beaucoup de sang ; car déjà des insurgés
allaient de plortc en porte , pour se rallier
de nouveau et marcher rue Saint-Honoré :
et peut-être que si les sections insurgées
eussent eu un succès de quelques momens ,
le sang eût coulé à grands flots.
Du succès de cettte joiifnée , résulta , en
faveur de la Convention , l'acceptation de
Facte constitutionnel , même de la part de
ceux qui tenaient fortement pour la consd-
tiition de gS. .. ,^
Passons rapidement^ sur ces journées
meurtrières , dont le résultat inquiétait
I
Journées du g thermidor^ de. 5ii
t>eaucoup de citoyens , et qui craignaient
de voir renaître le régime de la terreur.
P'abord Barras distribue des diplômes à
ceux pour lesquels et avec lesquels il a
vaincu ; déjà ils se donnent les places ;
mais bientôt quelques-uns de ces patriotes
turbulens se déclarèrent contre le Gouver-
nement, c'est-à-dire, parlaient de la consti-
tution de 1793 ; ce qui les fit expulser de
beaucoup d'emplois.
On établit quatre Commissions pour
juger les chefs de la rébellion ; 40 per-
sonnes le furent par contumace (1) , à
l'exception de Lebois et de Lafond-Soulé ^
qui furent exécutés. Plusieurs autres furent
condamnés à la détention. ( Voyez le Tableau
A"^. 2 , Tom. 2. )
Sur les cinq places de Directeur, l'une
échut à Barras ; on le crut dès-lors capable
de donner de Ténergie à ses collègues.
Lar éveiller e - Lépeaux , Letcurntur ( de la
Manche ) et Rewbel , furent nommés ,
le premier comme victime du 3 1 Mai ,
l'autre comme officier éclairé dans là ma-
(i) Pourtant Ton ne peut refuser de dire que le
gouvernement ne fit aucune recherche pour arrêter
ceux qui s'étaient soustraits aux poursuites. Beau-
coup se promenaient dans Paris : l'un des mis hors
la loi fut arrêté , et l'on n'exécuta pas le jugement
de mort rendu contre lui.
5it* *" j///nidoT , etc^
fi-** *
/r . ..,^îy/;e en reconnaissance
r ^ :• ^/^'r^nait de conclure entre
.' .' /./* ^f /5 République Française ,
-' pj^'^^^ ivcc Sycyes, qui obtint au
Il ' 're ^^ ï^C"^^ place, quu refusa;
^,;,v//^^l/3ça par Carnot , dont la nomi-
^///^^^usa de Tépouvante, Comment
/ï^'î^^,i oublier ce Comité de Salui-Pu-
^^y^jotit il fut un Membre si marquant ,
tes ces mesures atroces , ces créations
î^ Tribunaux révolutionnaires, cette or-
^fl/sation de la Commission d'Orange
qu'il a signée ?
Nous ne nous étendrons pas davantage;
nous attendrons la fin de la mission de
chacun pour juger de ses droits à Testime
et à la reconnaissance du peuple.
JV. B. La Convention a rendu ,
Onze mille deux cent dix Lois.
II a été dénoncé sous son règne , par ses Membres
individuellement , ou par ses Comités de Salut
public et de Sûreté générale ,
Trois cent soixante conspirations ,
Et Cent quarante insurrections.
Résultat général, etc. 5x3
» ■ ■» — I II I II ■ ■ l.i ■ ■ ■■■■■■ I ■ .1 ]«■■.,. ni » « ,, I >
RESULTAT GENERAL
Des événcmens de la révolution française^
Es T - I L donc écrit dans le livre des des-
tinées de toutes les nations qu'elles ne seront
gouvernées que par des hommes corrompus
ou sanguinaires ? -
Hélas ! bien peiy d'hommes publics ont
été de Tavis de ce sage Capitaine thébain ,
que le philosophe Montaigne donne , dans '
ses Essais \ pour le premier et le plus par-
fait des hommes :
<< Epaminondas ne pensait pas qu il fust
iî loisible , pour recouvrer mesme la liberté
M de son pays, de tuer un homme sans
)> cognoissance de cause. »>
Mais , à ce beau trait d'humanité que
nous a conservé Thistoire grecque , nos Me-
neurs de la révolution , nos Proconsuls ^
nos Membres du Comité de Salut public et
la Convention ne manqueront pas d'oppo-
jer cet autre trait des annales romaines ,
que nous a transpais Sénèque Tépistolaire :
44 II y a des crimes qu'on est autorisé à com-
^> mettre par les décrets du Sénat et les
5 5 arrêtés du Peuple (i). '5
(i) £x senatus consultis plebisque scitis scebra cxer^
gtntur. ÉPiST. xcv.
tome VI. K k
5 1 4 Résultat général
Les Fondateurs de la République fran-
çaise , qui ne peuvent se justifier que par
des récriminations , ne manqueront pas de
nous dire , à nous autres plébéiens , qui
croyons qu'on peut concilier à la fois les
droits de la liberté et les devoirs de Thuma-
hité : << Qu'avez - vous à nous reprocher?
5? Nous n avons fait que ce qui a été fait
99 avant nous. Nous ne prétendons pas être
55 meilleurs que Moyse , Zoroastre , Romu-
m lus et presque tous les grands Législateurs
99 du tems passé. Celui des Hébreux , pour
3 5 les conduire à la porte de la terre pro-
9 9 mise , ne les fait-il pas marcher sur des
99 milliers de cadavres hébreux ? Zoroastre,
35 pour faire prendre son culte religieux et
9j civil et pour réformer les Perses , boule-
9 9 verse cet ancien royaume , provoque des
M guerres civiles et religieuses , change la
5 5 dynastie , et meurt au sein de la gloire
5 5 et du crime. Qu'est-ce qui ignore de
55 quelle nature ont été formés les premiers
5 5 élémens" de la République romaine ? Ro-
5? mulus commence cet Empire par tuer
55 son frère , appelle à lui tous les brigands,
15 les nîveleurs , leur partage les terres ,
55 organise un Sénat d'hommes sans prin-
5 5 cipes et sans caractère ; et si la Conven-
15 tion a panthéonisé Marat et divinisé
M Robespierre, les premiers Sénateurs de
des événemms de la révolution. 5i5
t> Rome Dût fait Tapothéose de ce même
9 9 Romulus , qui avait plus de génie que
99 nous. Qu'on ne fasse donc pas le procès
99 k la Convention; si elle a commis des
55 crimes ; ils sont tous politiques. ^9
Voilà le langage des hommes de sang qui
ont régi la France , et particulièrement sous
le gouvernement révolutionnaire. Et qu'oti
ne s'y trompe pas, telle fut la morale dW
grand nombre , dani? lequel on doit remar-*
quer des pTotestans , $oi-disant philosophes ;
tous se son^t conduits d'après ces principes ,
depuis l'ouverture jusqu'à la fin de la ses-
sion conventionnelle.
Comparons d'abord les deux classes des
Députés protestans. La première , celle qui
a ouvert la révplution , coopéré à la pre*-
mière de nos constitutions, et aidé à sappèr
l'ancien gouvernement jusque dans ses
bases , est demeurée spectatrice silencieuse
du gouvernement révolutionnaire , et a
favorisé par une lâche et cruelle adhésion
la tyrannie de Robespierre. Tous se sont
ptosternés devant le monstre , et n'ont pas
craint de former la majorité qui légalisa les-
atroces mesures de l'avocat d'Arras ; ils ont
été les notables du ventre de la Convention ,
de cette masse inerte qui n'eut pour carac*
tère que la bassesse et la versatilité. Deux
mois avant sa chute, Robespierre fut élu
Kk 2
5î6 Résultat général
Président de la Convention par scrutin
secret. Nous le demandons aux Membres
lÈle ce Sénat qui réunis3ait tous les pouvoirs ,
lequel d'entre eux , protestant , catholique
ou philosophe , osa refuser sa voix au
jnônstre : tous les suffrages furent unanimes
tu sa faveur ; il ne lui manqua qu'une seule
yoix , la sienne !
Depuis le g thermidor , quand le péril
fut passé , ce qu'on appelait le vtntre de la
Convention s'empara du gouvernement. Au
lieu de réparer les forfaits qui en étaient
susceptibles , il s'en permit de nouveau^
qui lui furent particuliers. Les protestant
Johannot , Pelet , Boissy, et c. , organisèrent
la banqueroute la plus infâme , la plus impu-
dente , et telle qu'aucune puissance tyran-
nique n'aurait jamais pu Timaginer. D'une
main ils conduisaient à l'échafaud les restes
du despotisme de Robespierre , auteur du
maximum^ de ce vol décrété contre les pro-
priétaires de fonds , tandis que dé l'autre
main ils dirigeaient la chute des assignats
( cette autre espèce de vol) au préjudice de
ce même peuple et des rentiers.
La différence de la banqueroute du pro-
testant Cambon d'avec celle des protestans
Johannot , Boissy et complices , fut, en ce
que le vol du premier affectait les tenanciers
de biends-fonds , au lieu que celui des ther-
des évènemens de la révolution. Si?
mîdoriens, achevait de ruinei les patriotes
journaliers ; en sorte que la totalité de la
nation fut la victime sous les deux régimes ,
€t pillée tour à tour par chacune des fac*
tions qui déchiraient son sein.
Nous ne peindrons pas ici les protestans
de la Montagne , présidée par les protes-
tans Marat et Jean-Bon-Saint-Andté ; les
excès et les massacres de cette faction sont
décrits dans le cours de cet ouvrage. Mais
il résulte de ce tableau et de cette division
des deux classes- de protestans , que Tune
ctlautre furent plus ou moins sanguinaires,
et plus ou moins coupables dans la forma-
tion de nos mœurs révolutionnaires,
La secte , depuis des siècles , couvait
dans son sein un feu lent et caché , et la
révolution fut pour elle un ouvrage de res-
sentiment plus ou moins énergique , et plus
ou moins profond , que ses individus te-
naient de leurs ancêtres. Une sanglante
révolution devint si nécessaire pour éteindre
en eux ce feu dévorant , que Barnave , le
plus modéré , le plus doux de sa faction ,
répondait, dans la première de nos Assem»
blées constituantes , à des Français plus
humains que lui , et qui lui témoignaient
leur aversion pour les premières exécutions
sanglantes du peuple : Etait-il donc bien pur
le sang que vous regrettez ? Ge mot , dans ua
Kk 3
5 1 8 Résultai général
sens , parut patriotique et révolutionnaire ;
mais il annonçait clans son Auteur un
homme cruel. Quels tableaux nous ferions^^i
nous avions le courage de descendre dans
les détails sur la personne de ceux qui ont
figuré dans les diverses phases de cette ré-
volution, grosse de tous les crimes à la fois.
Mais nous ne sommes point condamnes
à parler de cette foule de Sénateurs qui
avilirent eux-mêmes la Représentation na-
tionale. Devons-nous entretenir nos lecteurs
aussi fatigués peut-être que nous , de ces
Députés agioteurs ( i ) qui traitaient la nation
en prostituée , et disaient que la République
française n'était bonne qu'à être volée,piIlée
et qui en conséquence faisaient rendre des
décrets ruineux pour la fortune publique :
mais ils avaient trouvé d'avance le prix de
leur trahison ; ou bien , ils se fesaient re-
cevoir fournisseurs de la République sous
un nom emprunté.
Désignerons-nous ici plus particulière-
ment ces lâches adorateurs de Marat et de
(i) Dans ce nombre , Ton doit remarquer Bour-
sault , ci-devant comédien , dont le souvenir du
proconsulat ne s'effacera jamais dans le Comtat-
Venaissin. Cet ex-Conventionnel jouit d'une for-
tune scandaleuse, et affiche dans Tintérieur de son
hôtel le luxe d'un ci-devant Prince. Il vaut mieux ,
dit-il , que la fortune de la République soit dans les mains
d'unpatriote tel que mot , que dans celles d'un royaliste.
des évènemens de la révolution. 5 1 ^
Robespierre successivement , et ces autres
de la même trempe , qui ont eu Fimpudeur
de prendre la défense des Massacreurs de la
Glacière d'Avignon et de solliciter Famnistie
pour ce forfait inoui de ces mêmes hommes ,
affreux agens de toutes les réactions. Et
pourquoi ne pas nommer un M. de Rovère
qui prit le nom de Leblanc marchand de
vin , et qui , comme nous Favons déjà dit ,
pour se faire porter au Sénat conventionnel»,
se prétendit le petit-fils d'un boucher ? Ré-
péterons-nous encore ici que ce Rovère
qui sefesait appeler, selon les circonstances ,
Monsieur le Marquis de Général de l'armée
des égorgeurs de la Glacière , se vanta d'avoir,
de compagnie avec Hassenfratz et Pache ,
organise le 3i mai , d'avoir poussé à
la guillotine Mainvieille et Duprat ; d'être
arrivé à la Convention sans le sou et criblé
de dettes , et de se voir 400,00a !• Pauvre
Nation ! dans quelles mains tu es passée !
c'est un miracle que tu existes encore.
Devons-nous parler de cette foule de Pror-
consuls , n'ayant aucune connaissance dans
Fart militaire ,. envoyés près les aïmées :
ils y voulaient ordonner les batailles , ea
dépit des Généraux expérimentés: combien
de braves tués par l'ineptie de ces hommes
dont le moindre crime était l'ignorance !
nos succès , nos victoires n'^ont été assurés
K k 4
520 pésultal général
que depuis qu'il n'a plus été envoyé de ceî
individus présomptueux et perfides. Jamais
nous n eussions fait la conquête de lltalie,
sous la conduite de tels hommes.
Plusieurs de ces Généraux nous ont assuré
que rignorance de quelques*uns de ces Pro-
consuls avait fait périr des milliers de Fran-
çais, Sans égard aux observations que leur
lésaient les Généraux,ils disaient tiij'efitends
5j que vous exécutiez mes ordres, votre tête
5> en répond : je prends sur moi totit évé-
»> nement.M Quelle caution ! O Turcnne !
<\x calculais avant de donner une bataille ,
combien elle pourrait perdre d'hommes,
tu ménageais le sang des Français. Grand
homme de guerre , tu étais digne de com^
mander à des troupes républicaines.
En dernier analyse, voici donc le résultat
des crimes commis pendant la révolution :
des fleuves de sang encombrés de cadavres,
de grandes provinces incendiées , des villes
entières disparues , un million d'hommes
détruit par les fureurs civiles, au nom de la
religion, de la royauté et de la liberté ; un
million d'autres dévoré par la coalition! des
puissances étrangères (i).
** ■ I" «Il I II ——— ———«—— —— I _^
(i) Néanmoins , il faut faire passer à la postérité
le résultat du courage invincible et sans exemple
des défenseurs de la République. Si la coalition
des puissances étrangères nous a déyoré beaucoup
/
des évènemens de. la révolution. 52 1.
La barbarie et la corruption , tous les»
crimes et tous les vices ont été portés à leur
comble. Mais la Convention, qu'avait-elle à
faire ? fonder un gouvernement : rien n'était
plus facile. Plus de noblesse , plus de clergé
du premier ordre, plus de droits féodaux,
plus de corporation civile et judiciaire , la
journée du lo août était avouée de presque
toute la France,
Il est vrai , les Puissances étrangères ont
tout fait pour autoriser cette Convention à
prendre des mesures capables de rebuter leg
Français ^ de les dégoûter du régime repu-*
blicain. Tous les partis doivent verser dej
■ Il ' ■ ■ I I II II < I I I ■ ■ • 1 1 I I I là
d'homniei , les armées françaises ont remporté iroit
cent dix-huit victoires , dont soixante-cinq en bataille
rangée ; il a été tué à l'ennemi six cent trente-six
mille huit cent quatre-vingts hommes sur le champ
de bataille , sans comprendre le gfdnd nombre dé
blessés et morts dans les hôpitaux. Il lui a été fait
deux cent soixante-seize mille neuf cents prisonniers.
Il faut joindre à cela la prise de deux cent quatre-
vingt-dix-huit places fortes , ou villes de la pirertiicré
classe ; cinq cent vingt forts , camps ou tcdoutes ;
huit mille neuf cents canons ; deux cent ioixante-
huit mille cinq cents fusils ; quatre millions huit
cent cinquante mille livres .de poudre ; trois cent
trente-quatre drapeaux.
La valeur française a réuni à la France les tunt
départemens de la Belgique et pays de Liège , le»
départemens du Mont-Blanc et du Mont-Terrible ;
procuré la liberté aux Hollandais et à toute-
ritaiic , et G. - . . ..
52 1 Résultat général
larmes atùères à la vue du tableau ef*
froyable que nous mettons ici sous leurs
yeux. Que d'innocens , que d'êtres qui
n avaient pas encore vu le jour , ont péri
dans le sein de leur mère f.... Que ce
tableau du moins persuade tous les peuples
quils ne doivent pas se révolutionner,
sans que préalablement la philosophie ne
leur en ait tracé la route. Ce n'est pas
l'ouvrage d'un jour qu'une révolution : les
Hollandais avaient renoncé à la leur , il
y a douze ans. Us ont attendu la nôtre
et l'ont commencée comme nous la finis-
sons. La chute du clergé en France fut
l'ouvrage de deux siècles ; les prêtres l'ont
bien senti , et pour prolonger leur règne ,
ils ont temporisé avec les évènemens.
Dans notre révolution , ce qui leur a
fait le plus de bien , ce sont les horribles
journées des 2 et 3 septembre , ce sont
les noyades de Nantes , ce sont les mauvais
traitemens qu'ils ont éprouvés. Ce n'est pas
les prêtres qu'il fallait tuer , mais bien les
préjugés ; ce qui ne pouvait s'opérer que
par l'instruction publique sagement or-
ganisée.
Si ceux qui ont dirigé la révolution avaient
eu de bonnes intentions , les prêtres eussent
été bien payés ; seulement on les eut soumis
aux lois de la République , sous peine de
■i f ■ImI'i
XaJ.
« Orjciïnîjtef.
Lc9 Partisans d« la Commun^ i à.is ancî^noês LlniLtes ^
1 L«s PaTrlorei du cul -de- sac niuphin* Les PiirLotes
-OIS RPWriTTtc 0)''^=^'^ LesPffïionïsttï. Les Philîpoùna. Les FLmsTer»
' Kinuy£5 P«KUT8, Les Frocomu^s. Les Propagandlsies.
^fncraîrtj. L« R^^énèrïcËiiTS. Les R^^lâtËurâ. Le*
Sfiembléâ COn^^^'^^^"^^^^' ^*^ Hobuiocraics^ Le Rocher. Leï
Slemblee IpfTïJ'^^^^ <^^ Cobourg^ Les Sïiigii]aac»»s. Les Sani-»
o^r». Les Suspecu,
OnVûntioa naf^ '^^"™^^'^*'i*"- !■** Tiicotemer L« Triumvirs.
ï l àe priirlil^ L« VeAtrc* Lci VindécD^* La Yen-
des èvènemens de la révolution. 5s3
la déportation. En les persécutant , or\ les
21 rendu intéressans : D'ailleurs le Gouver-
nement a été infidèle à leur égard , il n a
tenu aucune des paroles qui leur avaient
été données.
Mais voici quelle a été la spéculation
d'une partie des prêtres ; car Ton a dû re-
marquer que les plus acharnés contr'eux
étaient des leurs. Ils ont dit: «4 II faut que
55 plusieurs de nous périssent pour ressus-
5J citer notre puissance , c'est un sacrifice
35 à faire. î5 Ainsi , chaque prêtre que Ton
a maltraité, a donné un nouveau degré
jde puissance à la masse.
L'on s'est conduit avec la même mal-
adresse envers lejs^ royalistes , quoiqu eux
et les prêtres aient eu les premiers torts.
On ne corrige pas celui quon pend , dit
Montaigne. C'est ainsi que vainement on
tua les royalistes , sous prétexte de tuer
leur fanatisme pour un gouvernement qu'ils
devaient naturellement aimer , parce qu'ils^
y trouvaient leur compte , et parce que ,
depuis 1 ,400 ans , ils y étaient habitués.
Un préjugé politique ou religieux de 14
siècles ne se détruit pas en cinq ou six
années.
Si les Meneurs de la révolution , nous .le
répétons, avaient eu de bonnes inten-
tions , ils auraient empêché les révolution-
5^4 Résultat général
naires outrés de poursuivre avec un achar-
nement barbare, les prêtres et les royalistes.
Encore une fois, ce n'est pas en assommani
les hommes qu'on les corrige , et nous
ne sommes pas de Tavis de Tabbé Raynalj
qui , dans son histoire philosophique , pré-
tend quon ne peut régénérer une nation qui
dans un bain de sang.
Il fallait leur prouver que le gouver-
liement républicain est le meilleur de tous;
qu'il est indulgent , pacifique pour tous*
C'iest à force de vertus et d'humanité que
l'on fait rougir l'ennemi de son pays et
de l'égalité. Le médecin qui traite un en-
gorgement d'humeur , donne l'émétiquc
à son malade pour lui procurer un moment
de crise ; mais tout de suite après il lui
administre les caïmans.
Tandis que d'un côté la Cour et ses Pro-
tecteurs défendaient la Bastille au nom dé
la royauté ; que par la suite encore , dam
le Comtat-Venaissin , à Jalès , dans la Ven-
dée , on massacrait, on incendiait au nom
de la religion et de la royauté , les grands
Meneurs de la révolution , jaloux de tout
abattre sans vouloir rien reconstruire , ont
incarcéré au nom de la liberté , pillé au
nom de la fraternité , incendié au nom de
Tégalité ; guillotiné , mitraillé , noyé , au
Âom dé l'humanité.
des évènemens de la révolution. 525
Il a été planté cinquante-un mille six cent
trente-quatre ^rbres de la liberté , et Ton a
incarcéré quatre cent mille individus. Il a
été porté plus de cent soixante mille bonnets
rouges , signe de la liberté , et Ton a guillo-
tiné , égorgé un millipa d individus. On a^
ruiné et fait mourir de faim une parde de
la population , pour gorger uaç classe de
nouveaux riches.
Toutes ces horreurs ne sont pas , certes !
Touvrage de la philosophie , ni de la révo-
lution, mais bien Touvrage de la corruption,
de la cupidité ^ de Tignorance* Hélas ! est-ce
donc une vérité historique que tout peuple
vieilli qui se révolutionne, e;5t sacrifié à l'am-
bition d'un petit nombre , qui sait en reti-
rer le. fruit?
La philosophie seule dçvr^ît donc révo-
tîonner , et non les hommes, i^is peuple en
masse ne peut faire son bopihcqr , parce que
Ton ne raisonne pas en m^sse : Ton ne peut
s^'entendre quand tout le monde parlç à la
fois. .
D'après tout ce que nous avons éprouvé
pendant la révolution , tou^ les partis
qoivent être bien convaincus de la nécessité
de maintenir un gouvernement établi. Celui
que nous avons est loin sans doute d'être
parfait ; ce n'est qu'avec le tems qu'il s'amé-
liorera. Malheur donc à celui qui veut en-
526 l^isuHat général , et c.
core révolutionner ! Ton ne pourrait éviter,
malgré toutes les précautions , les mêmes
horreurs que nous avons éprouvées. Les
échafauds se dressent , les proscriptions se
combinent dans le secret. Il est des hommes
pour qui la vengeance est un besoin , et le
crime tin aliment.
Le peuple ht doit pas plus avoir de con-
fiance dans une faction qui lui parle du
bonheur commun , que. dans celle qui
semble vouloir lui faire regretter l'ancien
régime. Presque toujours des intérêts par-
ticuliers dirigent ceux qui parlent le plus
haut du salut'public.
Le soldat,is6ùs la monarchie, avait cinq
sous par joui* pour défendre la royauté et
servir les caprices de$ rois entre eux ; sou^
une république , c^fest sa propre cause , c'est
lui-même que le soldat défend: il descen-
drait de sa dignité , s'il servait l'ambition
des gouvemans contre le peuple , ou les
intérêts d'une faction liberticide.
Le but de cet ouvrage est donc de ratta-
cher tous les esprits à la constitution , afin
d'éviter de nouveau les maux dont nous
n'avons tracé le tableau , que pour en
inspirer l'horreur. »
5t 1 Co^mité de salut public de la Cicmveniton.
.- <ggggBBBB-.H I lÊÊSSSSÊSSÊÊBS ■ ■ggâBB— '
l TABLEAU des Membres de la Convention nationale qui
ont composé le Comité de Salut public.
179 3- .
JuE 7 Avril Barrèrc. Delmas. Bréard. Danton. R, Lîndet,
r Trellhard. Guyton-Morveaux. Lacroix , d'Eure et Loire«
! Cambon.
! 1 1 Mat. Les mêmes Membres.
12 Juin, Les mêthes; mais on a adjoint Jeanbon-Saint-
André et Gaspaiin.
Barrère. Delmas. Bréard. Cambon , fîls aîné. Danton*
Guyton-Morveaux. Lacroix, d'Eure et Loire. Jeanbon-:
Saint-André. Gasparin.
1 1 Juillet. Décrété qu*il n'y auroît que neuf Membres.
Barrère. Gasparin. Couthon.*Thuriot. Saint- Juû. Prieur ^
de la Marne. Herault-Séchelles. R.. Lindet. Jeanboh-Saint*
André. Robespierre.
13 Août, Le« mêmes Membres.
Septembre, Les même Membres. ^
Il Octobre (ou), 20 Vendémiaire \ an 2. Les mêmes
Membres.
22 Brumaire ^ Novembre. Les mêmes MeÀibres.
23 Frimaire ^Décembre* Barrèrc. Billaud-Varénne. Car-
not. Coilot d'Herbois. C. A. Prieur, R. Lindet. Robéir<^
pierre. Couthon, Saint- Juft. Jeanbon-Sajnt-André. \
Nivôse^ Janvier 1794. Les mêmes ^Membres. ^ .
Pluviôse^ Février, Les mêmes Membres. , .'_ ;.
Vcntose ^ Mars. Les mêmes ^embrë^'. , " ^' "^ '
Germinal ^ AvriL Les nâêines Mémbriès'. ,. ' ,
JFÏ9réal , Mai, Les mêmes Membres. ' . '^ ' .
Prairial^ Juin. Les mêmes Membres. . \
Messidor, Juillet. Les mêmes Membres. ,
Tàermidor jusqu*au 9 Juille^ Les ^mêmes Membres.* ^'
14 Thermidor t Août, AnciAis,. Cartîot. Barrère. Coilot
d'Herbois. Billaud-Varenne. Prieur , àe la Côte d'or. Lindet.
Eschasseriaux l'aîné. Bréard. Laloy . Thuriot. Treiihard*
Tallitn. ' . . .. ' "
1 5 Fructidor , Août, Fourcroi. Coch'<^n« Delmas.'Melrlin
r^sS Comité de Salut ptAltc
deDouay, Eichasseriaux l'ainë. Bréard* Laloy. Thuiiotil
Treiihard, Prieur , de la Côte d^or. Carnot. Lîndet.
j4n III.
15 Vtndémîaîrt , Septembre. Prieur de la Marne. Guyton-
Morveaux. Richard. Fourcroi , Cochon. Delmas. Merlin de
Doiiay. Eschasseriaux aîné. Bréard. Laloy. Thurlot et
TreilUiard.
15 Brumaire* Cambacérès. Pclet 9 de la Lozère. Camot.
Prieur, de la Marne. Guyton-Morveaux. Richard. Four-
croi. Cochon. Delmas. Merlin de Douay. Bréard Thuridt.
15 Frimaire* Boiasy d'Anglas, André Dûment. Dubois-
Prancé. Cambacércs. Pelet , de la Lozère. Carnot. Prieur ,
3e la Maine. Guyton-Morveaux. Richard. Fourcroi. Del-
inas. Merlin , de Douay.
15 Nivosi, Bréard. Marec* Chasal* Botssy d'Anglas.
André Dumont. Duboîs-Crancé. Cambacérès. Pelet, de la
Xozère. Carnot. Prieur, de' la Marne. Guyton-Moxveaux*
•Richard.
15 Pluviôse. Merlin, de Douay. Fourcroi. Lacombe,
du Tarn. Bréard. Marec. Chasal. Boissy d'Anglas. André
Pumont. Dubois-Crancé. Cambacérès. Peler, de la Le-
zére. Carnot
15 Ventôse, Sieyès. Laporte. Rewbell. Meilin , de
Douay. Fourcroi. Lacombè, du Tarn. Bréard. Marec.
Cîiasal. Boissy d'Anglas. André Dumont. Dubois-Crancé.
Le Comité, ce mois- ci, sera composé de seize Membres.
1 5 Germinal. . Cambacérès. Aubry. Tallien. Creuzé-
Latouche. Gillet. Roux, de la Haute- Marne. Sieyès. La-
porte. Rewbell Merlin, de Douay. Fourcroi. Lacombe,
du Tarn. Bréard. Marec. Chasal.
15 Floréal, Treilhard. Fer^nont. VernJer. Habault-Pom-
mier. Doulcet. Cambacérès. Aubry. Taïlien. Giliet. Roux,
de la Haute-Marne. Sieyès. Laporte. Revbcïl. Merlin , de
Douay, Fourcroi. Lacombe, du Tarn.
ij Prairial. Marec. Gart|on. Larivière. Blad. Treilhard.
Fermont. Vernier. Rabault-Fômmier. Doulcet, Cambacérès.
Aubry. Tallien. Gtllet. Roux, de la Haute-Marne. Sieyès.
Rewbel .
.15 Messidor. Bpissy d'Anglas. Louve t. Jean - de - Brie.
dt la Convention Nationale* 529
Lf sage , d'Eure et Loire. Marec. Gamon. Larîvière» Blad.
Treilhard. Ferment. Vernier. Rabault-Pommier. Doulcet.
Cambacérès. A^ibry. Tdllien.
15 Thtrmidor, Merlin, de Douay. Letourneur , de la
Manche. Sieyès. Rewb^ll. Boissy d'Anglas. Louvet. Jean-
de-Brie. Lesige, d'Eure et Loire. Marec. Gamon. Lari-
vière. Blad. Fermont. Vernier. Rabault-Pommier. Doulcet.
i^ Fructidor. Laréveillère-Lépaux. Cambacérès. Daunou.
Berlitr. Merlin, de Douay. Letourneur , de la Manche*
Sieyès. Rewbell. Boissy d'Anglas. Louvet. Jean-de-Brie.
Lesage y d'Eure et Loire. Marec. Gamon, Larivière. Blad.
An IF.
1 5 Vendémiaire, Chénier. Eschasserlaux , aîné. Gourdan»
Thibaudeau. Laréveillère - Lépaux. Cambacérès. Daunou*
Berlier. Merlin de Douay. Letourneur , de la Manche.
Sieyès. Rewbell. Boissy d'Anglas. Louvet. Jean-de-Brie.
Lesjge , d'Eure et Loire.
Comité de Sûreté générale^
1793-
Il Janvier» Bazîre. Lamarque. Chabot. Legendre,' de
Paris. Bernard, de Saintes. Rovère. Ruamps. Maribon-
Montaut. TalLen. Ingrand. Jean-de Brie. Duhcm.
SuppUans.
Lasourcc. Grangeneuve. Quinète. Drouet. Bréard. Ker-
velégan.
II Septembre. Panîs. Lavîcomterîe. GufFroy. Chabot*
Alquier. Lejeune. Bazire. Gafnier , de Saintes. Julien , d«
Toulouse.
An IL
3 Vendémiaire^ 26 Septembre Rulh. Joseph Lébon. La-:
vîcomterie. Amar. VouUand. Panis. A. Benoît. Guffiroy.
Moi!>e Bayle. Lebas. Vadicr. David.
22 Vendémiaire^ 14 Octobre. Adjoints. Laloy. Dubarran.
Jagot. Louis , du Bas-Rhin,
Tom.YJ. tl
530 Comité dt Santé générale
Brumaire. Panis, Lavîcomterie. GufFroy. Chabot. L©-
jeune. Gtrnicr^ de Saintes, Laloy. Dubarran. Jagot. Louis,
du Bas-Rhin. Amar. Vadier. VouUand. David. Moïse
Bayle.
Frimaire. Panb. Lavîcomterîe. Guffroy. Lejeune, Gnr-
nier, de'Saintes. Laloy. Dubarran. Jagot. Louis, du Bas^
Rhin. Amar. Vadier. Voulland. David. Moïse Bityle.
Nivôse. VouUand. Louis, du Bas-Rhin. Moïse Bayle,
Laioy. Lavicomterie, Vadier. Dubarran. Elie Lacoste. Ja^^ot
Louis , du Bas-Rhin. Guffroy. Amar. Cambon. D.ivid. Le-
ba«. Panis.
Pluviôse, Lavîcomterîe. Vadier. Amar. VouUand. Elit
Lacoste. Giîffroy. Dubarran. Louis, du Bas-Rhin. David.
Moïse Bayle. Lebas. Jagot. Ruih, Laloy. Panis.
Vtntose, Vadier. VouUand. Louis , du Bas-Rhin. Jagot.
Amar. Rulh. pubarran. David. Moïse Bayle. La vicomterie .
Lebas. Elie Lacoste. GufFroy. Laloy. Panis.
Germinal. Les mêmes.
Floréal. VouUand. Vadier. Amar. Elie Lacoste. Dubar-
ran. Jagot. Louis y du Bas - Rhin. Lavicomterie. Moïse
Bayle. Philippe Rulh. David. Panis.
Prairial, Vadier. Amar. VouUand. Elie Lacoste. Dubar-
ran, Jagot. Louis, du Bas- Rhin. Lavicomterie. Moïse
B«yle. Ph lippe Rulh. David. Panis.
Messidor, Vadier. Amar. VouUand .Philip^^e Rulh. Moïse
Bayle. Lavicomterie. Elie Lacoste. Jagot. David. Guffroy.
Dubarran. Louis, du Bas-l\hin. Panis.
Thermidor, jusqu^au 13. Dubarran. Amar. Louis, du
Bas- Rhin. VouUand. Vadier. Philippe Rulh. Moïse Bayle.
Lavicomterie. Elie Lacpste. Jagot. JJavid. Guffroy. Laloy.
Panis.
13 Thermidor. Vadier. Moïse Bayle. VouUand. Elfe
Lacoste. Dubarran. Amar. Guffroy. PhUippe Rulh. Le-
fendre, de Paris. Goupilleau, de Fontenay. Merlin, de
IhionviUc. André Dumont. Bernard, de Saintes. Louis, du
Bas-Rhin. 1
Fructidor. Colombelle. Meauld , Clauscl. Mathieu.
Montmayou. Lesage-Sènaut. Bourdon , de l'Oise. Amar.
Dubarran. -Guffroy. Philippe Rulh. Legendre , de Paris.
Goupilleau , de Fontenay. Merlin , de Thionville. André
Pumont. Bernard , de Saintes. Louis, du Bas-Rhin,
de la Convention Nationaît* 531
An III.
15 yendémla: n. BentzhoWe. RewhelL La porte. Rcver-
chon. Colombelle. Meauld. Clause!. Mathieu. Montmayon.'
Lesage Sénant. Bourdon , de l'Oise. GufFroy. Legendre, de
Paris. Goupilleau , de Fontenay. Merlin , de Thionvillc»
André Dumont.
ly Brumuire, Garnier de l'Aube. Barras. Armand, de la
Meuse Laignelot. Bentabolle. Rewbell. Laporte. Rever-^
chon. Colombel. Meauld. Clausel Mathieu. Montmayon.
Lesage - Senaut. Bourdon, de i Oise. Levasseur , de la
Meurthe.
1 5 frimaire. Legendre , de Paris. Goupilleau , de Mon-
taigu. Lomont. Boudin, de Lmdre. Garnier, de l'Aube.
Barrjs. Armand, de la Meuse. Laignelot. Bentabolle. Rew-
bell. Liporte. Reverchon. Meauld. Mathieu. Montmayon.
Bourdon , de l*Oise.
15 Nivôse. Clauzgl. Rovèrç. Guffroy. Vardon. Legen-
dre, de Paris. Goupilleau, de Montaigu. Boudin , de llndre*
Garnier , de TAube. Barras. Armand , de la Meuse. Lai-
gnelot. Bentabolle. Rewbdl. Laporte. Reverchon.
ij Pluviôse, Mathieu. Auguis Perrin , des Vosges.^
Bourdon, de POisc. Clause!. Rovère. GufFroy. Vardor.
Legendre, de Paris. Goupilleau de Montaigu. Lomont."
Boudin , de l'Indre. Garnier , de TAube. Barras. Armand ,
de la Meuse. Laignelot. Philippe Ruih.
i^Ventose. Isabeau. Calés. Gauthier, de TAins. Deleclov.
Pémartin. Montmayon.- Mathieu. Au^uis. Perrin , des
Vosges. Clauzel. Rovère. Guflfroy. Legendre, de Paris.
Goupilleau , de Montaigu. Lomont. Boudin , de Plndre.
15 GermlnaL Courtois. Thibaudeau. Sevestre. Chénicr.
Isabeau. Calés. Gauthier, de l'Ain. Djlecl y. Pémartin.
Montmayon. Mathieu. Auguis# Perrin, des Vosges. Clau-
zel. Rovère. ( Thibaudeau a donné sa démission ).
15 Floréal. Guyomar. PicAret. Kervelégan, Bergoîng.
Courtois. Sevestre. Chénier. Isabeau. Ca.ès. Gauthier., de
r^in. Debdoy. Pémartin. Montmayon. Mathieu. Auguiis.
Perrin, des Vosges. Calés.
15 Prairial. Genevois, Lomont. Boudin. Kîrvclégan,
LI2
532 Confite dt Santé gêner jU dt la Convention Nationale:
Montmayon. Courtois. Pémartin. Pîerret. Guyomar. Isa-,
beau. Calés. Gauthier. Bergoing, i^evestre. Chénier.
15 Messidor. DeUunay, d'Angers. Mariette. Perrin,
des Vosges. Baillv, Baiileul. Chéiiier. Sevestre. Courte s.
Genevoia. Kervelégan. Pémartin. Pîerret. Guyomar. CaUs.
Bergoine. Lomont. Rovère. Boudin.
15 Thermidor, Calés. Pémartin. Gauthier , de TA in. Isa-
beau. Bergoing. Kervelégan. Guvomar. Pierret. Perrin,
des Vosges. Rovère. Mariette. Bailly. Baiileul. Lomont.
Delaunay. Boudin.
15 Fructidor. Quirot. Montmayon. , Colombel. Hardy.
Barras. Lomont. Rovère. Mariette. Boudin. Calés. Pémar-
tin. Gauthier, de TAin. Isabeau. Bailly. Baiileul. De-
launay.
An I V.
15 Vendémiaire, Bordas. Guyomar. Roberjot. Kervelégan.
Quirot. Montmayon. Colombel. Hardy. Barras. Calés. Pé-
martin. Gauthier, de TAin, Isabcai^ ^aiily. Baiileul. De-
launay,
TA B L EAU des Députés de la Convention qui
ont lié envoyés en mission dans Us Départemens
depuis le il Septembre 1791, au 1 Octobre 1796,
(10 Vendémiaire an ^).
A L B E R T. 26 nlvose , an 3 , envoyé cm mission ave«
Coiombel.
Albitte. 21 septembre 1793 , envoyé à Lyon pour le
siège ; et dans le département de l'Ain.
Alquier. 26 octobre 1793 , à Lyon ; 20 vendémiaire, an
a , à Rouen , avec Faussedoirc , à Ververne ; 23 frimaire ^
an 3 , dans le département de H lUte-Loire , avec Pierret ;
10 nivôse, an 3, avec Lcvasseur (de la Meurthe) , et
Treilihard.
Amâr. Dans le département de l'Ain.
Antoine. Dans le département de la Meurthe. '
AugÛis. 18 prairial, an 3 , en mission.
AuBRY. 3 prairial , an 3 , chargé de la force de Paris avec
Delmas.
AuDOT. 3 septembre 1793, à Toulouse.
AuFFMAN. Le.... an 2 , à Bruxelles et en Hollande.
Bailly. 27 brumaire , an î , en mission avec Genevois."
Bancal. 1793 ,<itfprès de Dumouriez avécCamus, Drouet
et Qjinette.
Bar. 28 pTÎmaire, an 3 , en mission.
Barras. 8 brumaire, an 2 , près l'armée sous Toulon avec
Fréron, Sallicéty et Gasparin, à Marseille ; 23 germinal ,
an 3 , nommé près la force armée destinée à assurer les
subsistances de Paris ; 1 3 vendémiaire , an 4 , nommé
général en chef de l'armée de Paris et de l'Intérieur.
Barthe. 9 septembre 1793» près l'armée du Nord avec
Isoré et Drouet.
Bassal. En 1793 , à Lyon^
Bjvzirb 26 février 1793, à Lyon»
Baudran. 29 nivôse, en mission avec Cavagnac. "
Beaudot. 26 juillet 1793 , dans le département du Lot; 29
août 1793, près l'armée deâ Pyrénées orientales; ij
brumaire , département de la Gironde , près les armées
Ll3,
j]4 DéputJs de la Convention
du Rhin et de la Moselle avec Lemane « Hermann et
Lacoste ( du Cantal }.
Bbauchamps. 12 frimaire., près l'armée des Pyrénées
oiientales,
BBAuPRi. 14 nîvcsej en mission ; 20 thermidorien mission.
BeckeR' a Landau.
Beffroi. 8 p uviose^ an 9 , à Tarmée d'Italie.
Bbrmier. En mission dans le département d'Eure et Loire>
le 1 1 pluviôse , an 3.
Bessom. 24 germinal j en mission avec Olivier- Gerente
et Richou.
Bellegardb. II février 1793, pour visiter les frontières
du Nord ; 1 2 avril 1793 , af ec Cochon et Lequinio , rem-
plir, conjointement avec Dubois -Dubais et Briez, la
mission dont ces derniers sont chargés.
Bbvtabolle. 20 septembre 1793, «rappelé avec Levasseur.
Beruer. 27 août 175)3, près l'armée du Nord, avec
Treilhard.
Berkard (de Saintes). 17 août 1793, envoyé dans divers
départemens avec Bassaf, Alquier et Reverchori } dans le
département de la Côte d*Or.
Bion. 6 pluviôse, an 3 , en mission.
BiTTER. 25 thermidor, an 3 , se rendra à Nice.
Blad. 1 3 messidor , an 3 , dans le département de l'Ouest ,
avec Tallien ; 1 5 thermidor , sa mission est terminée.
Blanqui. 14 germinal , en mission dans plusieurs dépsrtc-
mens avec Fayolie , Periès et Joseph Lacombe.
Blaux. 31 janvier 1793, dans les départemens de la
Meurthe, de la Mozelle et du Bas-Rhin ; 25 ventôse, an
3 , dans les départemens de la Somme avec Casenave.
Bc. 28 vendémiaire, an 2, prpl Tarmée des Ardennes
avec Coupé, Hentz; J nivcse, an 2, dans les départe-
mens de la Marne et de l'Ardèche , pour y prendre des
mesures de salut public; 6 frimaire, an 3, dans le dis-
trict de Reims; 21 floréal, an 3, en mission avec Piquet
dans le département du Cantal.
Bodin. 28 prairial , en mission avec Guesno et Mathieu.
BoissET. 22 vendémiaire, an 3 , dans les départemens de
l'Allier et à Lyon ; 13 germinal , avec JEspinassy et Ca-
droy; 24 prairial, rappelé ; 25 brumaire, an 2, ses
arrêtés sont approuvés ; 2 frimaire , il retourne dans les
départemens de l'Hérault et de TAveyron.
envoyés en mission. 5^5
BoissiEU. a8 ventôse, en mission avec Dumas, Real,
Brunel ( de l'Hérault ) , Méaule , Pagânei et Gomaireî ,
en Tan 3.
BoissY d*Anglas. a Lyon , «n l'an 2.
BoNNET-MoKTY. i8 juillet 1 793 , daris le départetitbnt du
Calvados avec R. Lindet et Duroi ; 3 septembre 1^93 ,
rappelé avec Duroi.
Bonnet. 13 brumaire , il est rappelé ; il étoit envoyé ptês
l'armée des Pyrénées orientales , an 2.
Bonnet ( de la H^ute-Loire ). 20 germinal , an 3 , ért mis-
sion avec Dulaure et Bousquet,
Bonneval. 18 juillet 793, dans les départemens de
Seine et Oise et circonvoisin%, aVec Roux , Maure et
Dubouchet.
BoREL. 27 pluviôse , an 3 , en mission avec Gûerîn.
Bordas. 29 brumaire, an 3 , dans les départemens du Bec-
d'Ambès et Charente , Bordeaux , avec Du vaL
BouïLLEROT. 28 fructidor, an 2, près l'Ecole de Mar^^
avec Moreau ; 2 brumaire, an 3, dans les départemens du
Cher et de la Haute-Garonne , avec Mallarmé ; 16 btu-
maire, ses pouvoirs dans celui du Tarn.
BouRBOTTE. 18 Mars 1793, à Orléans avec Delmas et
Mathieu ; i août 1793: il restera près l'armée deô cÉrtes
de la Rochelle.
fiotjRDON (derOisc). Dans le département de la Vendée,
an 1 ; 3^ jour complémentaire , dans le département
d'Eure et Loire, avecFleury , an 3 ; 4 vento:e , an 3 , à
nie Saint-Domingue, avec Gîraud et Vardon.
Bourdon (Léonard). En mars 1793, ^^^^ le département
du Jura avec Proste; le 17 août 1793 , dans divers dé-
partemens , avec Bassal, Bernard et Reverchon.
BouRET. 19 frimaire, an 2, à Cherbourg; le 25 fructidor y
dans le département du Morbihan -, 15 germinal , an } ,
dans celui de la Manche.
BouRSAULT. Dans difïerens départemens, en l'an 2; le 17
messidor, an 3, en mission avec Durand-Maillane et
Guerin ( du Loiret.
BoussiON. 22 pluviôse, an 3, en mission dans les dépar-
temens dei la Gironde et de la Dordogne.
Bousquet. 20 germinal, an 3^ en mission avec Dulaure et
Bonnet ( de la Haute Loire.
LI4
5}6 Députés de la Convention
Brbard. aÇ août 1793, a Brest, avec Trehouart.
Briez. 12 avril ij^^'^ ,en mission avec Bellegarde , Cochon
et Lequînio, prêt les armées ; le 6 août 1793 » il est
rappelé.
B RI VAL. Dans le département de la Vienne, en l'an 2.
Brue. 30 brumaire I an 3^ près les armées des Côtes de
Brest et de Cherbourg.
BRu^EL. 28 ventôse^ an 3, en mission avec B.éal,Bois-
sieu , RuauU, Paganel et Gomaire.
Brun ET. £n mission à Marseille.
Cadroi. 29 brumaire, dans les départemens des Bouches-
du- Rhône , avec Expert , an 3 ; 17 floréal, an 3 , en mis-
sion; 24 prairial , rappelé avec Boisset; 12 messidor, en
mission à Lyon en 1793*
Cales. 17 Juin 1793, P'^^ l*armée de» Ardennes , avec
Massieu et Perin; 5 nivôse, an 3 , à Besançon ; le 18 ven-
démiaire , dans les départemens de l'Orne et de la Sar-
tho , avec Gènissîeux.
Camus. 13 décembre 179*, près l'armée de Dumouriez;
13 janvier 1793, Commissaire <l^ns la Belgique ; il est
mandé dans le sein de la Convention; 14 mars 1793^ il
est rappelé à Paris,
Carra. 13 juin 1793 , est rappelé de sa mission à Blois.
Carrier. 12 juillet 1793 , envoyé dans le département de
la Seine-Inférieure ; le 22 vendémiaire, an 2 , envoyé près
l'armée de l'Ouest, avec Bourbotte, Francastcl , Pinet ,
Thurreau et Hcntz.
Cassagne. i«^ nivôse, an 2 : il est rappelé. /
Cassenies. 27 thermidor, an 3, dans le département du
Mont-Blanc.
Castillon. 8 ventôse, an 3 , en mission avec Grenat ; 16
prairial, rétabli dans sa mission avec SouHgnac et
Cazenave.
Cavaignac. h Mai 1793, près l'armée des Côtes ; 29
nivôse, an 3 , en mission avec Baudran.
Cazenave. 15 germinal, en 3 , en mission; i floréal , an
3, en mission avec Meîîhan ; 4 floréal , an 3, continua-
tion de sa mission avec Blaux , dans le département de 1^
Somme; î6 prairial, rétabli dans sa mission avec Sou-
lîgnac et Castillon.
Chabot. 28 juillet 1793 , continuation de sa mission
tnvoyis en mission, 533
et de celle de Dumont^ dans le département de la
Somme*
Chambon. 23 prairial, an 3, en mission à Marseille avec
Merlin ( de Douai ) , dans les départemens du Nord.
-Chanvier. 17 nivôse, an 3 , envoyé en mission.
Chateauneuf-Randon. 27 août, près les armées des
Alpes y pour le siège de Lyon ; le i brumaire > an 2 , dans
les départemens de la Lozère , TArdèche, l*Aveyron , le
Gard et l'Hérault; 2 frimaire, adjoint aux Dépuffis en-
voyés à Lyon.
Charbonkières. a Marseille.
Char LIER. 20 nivôse, an 2 , à Lyon.
Chaudrok-Rousseau. 10 juillet 1793 , à Bordeaux avec
Tallien, Ys^beau et Carreau; le 3 septembre 1793 » rap-
pelé de Toulouse avec Leiris -, le 20 septembre , il est
rétabli dans sa mission du département de la Haute-
Garonne; le 22 frimaire, an 2, dans les départemens du
Cantal , de l'Aveyron et de la Lozère , pour épurer les
Corps administratifs et les Municipalités; le 18 prairial,
an 3 , rappelé de sa mission avec Paganel , près l'armée
des Pyrénées occidentales*
Clauzel. 27 août 1793, près Tarmée des Pyrénées orien-
tales avec Expert ; le 24 prairial , en 3 , en mission avec
Dentzel ; le 2y prairial , ses pouvoirs sont étendus aux
départemens cle TAudc et des Pyrénées orientales ; le 29
tberm'dor , an 3 , sa mission avecChazal est étendue.
Chazal. Le 10 prairial, an 3 , en mission avec Coupé ( des
Côtes du Nord ) ; le 29]thermidor , an 3 , sa mission est
étendue avecClauzcl.
Cher R 1ER. 14 ventôse, en mission; 16 ventôse, mission
qui étend ses pouvoirs sur un autre département , an 3.
Chiappe. 15 germinal, an 3, envoyé près l'armée des Alpes
et dltalie; le 14 fructidor , an 3 , il est spécialement
attaché , avec Real, à l'armée des Alpes.
Cledel. 8 frimaire, an 3 , chargé de mission avec Robin et
Letellitr ; le 9 frimaire, an 3 , décret relatif à ses pouvoirs.
Cochon. 8 pluviôse, an 3, près les armées de Hollande,
avec Ramel ; le 6 février 1793 , nommé Commissaire à
la place de Varier ; 12 avril 1793 , nommé avecLequinio
et Beilegarde; le 2 septembre , près l'armée du Nord.
CoLLOMBEL, 26 nivose, an 3^ en mission avec Albert.
5J8 Députés de la Convention
CoLLOT d*Herbois. 1 août 1793 9 dans les départeir.ens de
Loire et TÂisne , avec Isoré et Lequinio; à Lyon , immé-
diatement après le siège.
CouFi. 28 vendémiaire, an 2 , près l'année des Ardennes ,
avec Hentz et Bô.
CoUPt (des Côtes du Nord). 10 prairial , an 3, en mis-
sion avec Chazal ; 19 fructidor , avec Lamarre et Froger.
Courtois. 13 juin 1793 , maintenu près l'armée du Nord;
31 août 1793, envoyé dans les départemens voisins de
Paris avec Viennet.
CouTHON. 3 mars 1793 , Commissaire dans la principauté
de Salm, avec Goupiileau et Michel; envoyé à Lyon
pour le siège.
CussET. Adjoint , le 29 juin 1793, aux quatreDéputés déjà
envoyés près l'armée de la Mozelle.
Dartigoete. a frimaire, an 2, continuera ses pouvoirs
dans les départemens du Gers, des Landes, des Hautes
et Basses-Pyrénées; 35 germinal^ an 2, attentat sur sa
personne.
Debry ( Jean). 19 frimaire, an 3, se rendra dans les dé-
dartemcns de la Drôme, de Vaucluse et de TArdèche;
5 ventôse , an 3 , décret concernant se^ pouvoirs 'y 6 veiv-
tose , décret qui étend ses pouvoirs.
Delacroix. 6 septembre 1793, dans le département de
Seine -Inférieure, avec Louchet et Legendre; 23 fri-
maire, an 3 , à Versailles et lieux circonvoisins ; 24 fri-
maire, an 3 , décret relatif à ses pouvoirs ; 25 tl^rmidor y
il se rendra près de la Manufacture de fusils de Mau-
beuge.
Delmas. 18 mars 1793 , Commissaire à Orléans avec
Mathieu et Bourbotte ; 1 prairial , an 3 , dirigera en chef
la force armée de Paris ; 3 prairial , an 3 , il est chargé
de la direction et de la surveillance de la force armée
avec Gillet et Aubry.
Delamarre. 19 prairial, an 3 , en mission avec Saladin
et André Dumont; 15 prairial, an 3, rétabli dans sa
mission.
Delaunay. 27 floréal, an 3 , déjà à Tarmée de TOuest ;
ses pouvoirs sont étendus à Tarmée des Côtes.
Delcher. 2" jour complémentaire , en mission.
Deleyre 27 frimaire , an 3 , près l'Ecole normale de Paiis*
tnvoycs en mission» «jjç
Dentzel. 24 prairial , an 3 , en mission avec Clauzel ; to
fructidor , dans le département de la Manche.
Despinassy. 27 floréal, en 3, en mission avec Poulain-
Grard-Pré, à Lyon. ^
Desrues. 23 vendémiaire , an 3, à Brest et à TOrient
avec Villers.
Droueï. 16 mars 1793 , adjoint , avec Batellîer^ Commis-
saire près l'armée du Nord; 9 septembre, en place de
ceux à l'armée du Nord, avec Isoré et Bartlie.
Drulh. 7 nivôse . en 4 , en mission avec Talot et Leftvre
(de 1 1 Loire-fnfériei re) j Richou.
DuBARRAN. 5 brumaire, an 2, dans le* département du
Calvados, pour suivre les opér4tions commencées par les
Représentans du Peuple.
DuBois-CRANct. 15 vendémiaire i an 2, rappelé de Lyon
avec Gauthier.
Dubois ( du Haut-Pihin ). 4 ventôse , en mission avec Talot
et Lefèv re ( de la Loire-Inférieure ).
Dubois Dubay. 4 mai 1793 , restera près Parmée du Nord,
avec Briez, jusqu'à son rappel.
- DuBoucHET. 18 Juillet 1793 5 dans le département de Seine
et Marne, avec Bonneval, Roux et Maure.
Dumas. 25 acût 1793 , dans le département du Mont-
Blanc 9 avec Simon ; 28 ventôse, an 3 j en mission avec
Héal , Brunet , Boissieu , Ruault , Paganel et Gomaire.
DuMONT (André). 28 juillet 1793, dans le département
de la Somme , avec Chabot ; 4 septembre, il restera seul
dans ce département; 19 germinal, an 3 , en missson
avec Saladin et Delamarre.
DuLAURE. 20 germinal, an 3, en mission avec Bonnet et
Bousquet.
DuPORT. 20 nivose, an 3 , en mission; 17 germinal , an
3 , rappelé pour donner des renseignemens à la Con-
vention.
Dupuis, fils. A Lyon, en 1793 et an 2.
DuQUESNOi. 2 octobre 1793, en mission dans le départe-
ment du Nord ; 2 août 1793 , envoyé , avec Lebas , près
l'armée du Nord.
Durakd-Maillane. 17 messidor, en mission avec Bour-
sault et Guérin ( du Loiret ) , à Marseille.
DuROY. 18 juillet 1793, dans le Calvados, avec R«Lindct
et Bonnet-Monty 5 3 septembre > rappelé.
540 Députés de la Convention
DuvAL ( de la Seine-lnférieure ). 26 germinal, en mission;
28 fructidor , 29 brumaire, an 3, en mission dans le dé-
partement du Bec-d' Arabes avec Bordas.
DuvAL ( Charles }• 25 thermidor, an 3, en mission ou
en congé.
Ermakm. 22 juillet 1793, en mission prèsi*armée de la
Mozelle.
Es» ue-Lay ALLÉE. Nivosc , an 2 , en mission dans les dé«
partemens de l'Ouest et du Centre.
EscuDiER. 9 acût 1793 , adjoint à Gasyparin aux années des
Aipes et d'Italie.
EsPiNASST. II prairial , an 3 , en mission avec Ferauiti
pour remplacer Poultier et Guérin à Toulon ; 24 prairial 9
an 3 , en mission avec Cadroi et Boisset ; ils .sont rap-
pelés te
Expert. 5 Juin 1793 , adjoint aux Députés près Tarmée
des Pyrérées ; 2.7 août , ad joint , avec Qauzel, près
Tarmée des Pyrénées orientales 5 envoyé à Lyon en Pan j.
Fabrb. 2 nivôse, an 2, près l'armée des Alpes avec
Gaston.
Faure. 12 mars 1793 , en mission avec Petit- Jean; en sep-
tembre J793, en mission d'ans le département de la
Meurthe; 24 pluviôse, an 3.
Faure ( de la Haute- Loire). Septembre 1793 , départemens
des Voges, de la Meurthe , de la JVlozeile et du Bas-
Khin ; Tan 2 , en mission dans le dép. de la Haute-Loire.
Fayolles. 14 germinal, an 3 , en mission avec fiianque ,
Periès et Joseph Lacombe.
Feraux. 10 ventôse, an 3, près l'armée de Mozelle et
du Rhin.
Feroux. I© prairial, an 3, en mission à Lyon.
Fery. 7 février 1793, Commissaire près les frontières
du Rhin.
Fleur y ( des Côtes du Nord ). 7 ventôse , an 3 , en mis-
sion , 3* jour complémentaire , an 3 , dans le département
d'Eure et Loire , avec Bourdon ( de l Oise.
FoucHi ( de Nantes). L'an 2 , à Lyon lors du siège.
FrancaStèl. 22 vendémiaire, an 2 , en mi«^sion dans le
département de la Vïjndee et autres environnant ^ avec
Bourbotte , Carrier ^ Pinet et Thurreau,^
mv0yis en missiùn* ^ J41
Fkakçois ( de la Sarthe ). 17 bmmaire, an 3 , dans le départ,
des Alpes Maritimes et circonvoisins avec Servières.
Fréron. 8 brumaire van 2 , près Tarmée de Toulon avec
Barras , adjoint à Sallicetty et Gasparin , à Marseille ; 18
vendémiaire, an 4, en mission dans le Midi.
Fricot. 28 thermidor, an 3 , en mission.
Froger. 24 nivôse, an 3 , en mission dans les départemens
qui environnent Paris , avec Souiignac, Lequinioet Jaco-
min; 19 fructidor^ an 3^ en mission avec Lamarre et
Coupé ( des Côtes du Nord ).
Gantois. 17 pluviôse, an 3, en mission.
Garmier. 17 septembre 1793, adjoint au citoyen Lecar«>
peritier-, 25 septembre, dans le départ, de rVonne; 21
sept., se rendra sur le champ dans le district de Tonnerre*
Garnier ( de PAubs ). 27 germinal , an 3 , en mission avec
Meynard et Qiroulr.
G ARM 1ER (de Saintes). 10 prairial, an 2, en mission dans
le département de la Gironde; 21 floréal ^ an 3, appelé de
mission pour donner des rensèignemens à la Convention.
Garreau. 10 octobre 1793 , en mission dans le départe-
ment de la Gironde.
Gasparin. 9 août 1793 « adjoint aux Représentans près
les armées des Alpes et d'Italie avec Escudier ; 8 bru»
maire , an 2 , envoyé près l'armée sous Toulon avec
Barras, Fréron et Sallicetty.
Gaston. 2 nivôse, an 2, en mission près l'armée des
Alpes , avec Fabre.
Gaudin. 10 juin 1793 , est adjoint aux Représentans dans
les départemens de la Vendée et des Deux-Sèvres; 12
septembre, il est rappelé.
Gaultier. 20 juillet 1793 ^ envoyé à Lyon; 15 vendé-
miaire, an 2j rappelé de Lyon; a Marseille.
Genevois. 27 brumaire, an 3, en mission avec Bailli ; en
mission dans le département de la Meurthe avec Antoine
Levasseur , Faure et Mazade. ^^
Genissieux. 18 vendémiaire , an 3 , en mission dans le dé-
partement de l'Orne et de la Sarthe avec Calés.
G ENTES. En mission l'an 3.
Gerente (Olivier). 24 germinal, en mission avec Besspn
N çt Richou ; le a 8 germinal , ses pouvoirs sont étendus au
département de la Lozère*
54^ Députés de la Convention
Gbxtil. 11 juin 1793 , en mission près Tarmée de h
Mozclle.
61LLET. 15 septembre 1793» continuera ses fonctions pour
Parmée de Brest ; 3 prairial 9 an ^ , chargé de la surveil-
lance et de la direction de la force armée de Paris y avec
Aubry et Delmas; 24 ventôse, an 3 , décret (jui proroge
ses pouvoirs; 23 messidor, an 3 , il est envoyé en mission.
GiRAUD. 4 ventôse, an 3, dans rîle Saint-Domingue avec
Vardon et Bourdon (de l'Oise) ; 25 germinal, an 3 j
envoyé en mission; 10 vendémiaire, en mission avec
Perrin ( des Vosges ) et Phlieger.
GiROT PoussoL. 1 5 nlvoçe, an 3 , en mission avec Duboîs-
Dubay et Menuau ', 7 ventôse, an 3 ; les mesures prises
par eux sont approuvées.
CiRousT. 27 germinal, an 3 ,en mission avec Meynard et
Garnier ( de i'Aube ).
GoDEFRoV. 5 fructidor , an 2 , en mission dans les départ,
de Seine et Marne, et de TAube, avec Maure.
GûMAiRE. 28 ventôse > an 3, en mission avec Dumas,
Real, Ruault, Paganel, Brunet (de THérault) , BoissieUi
GouLY ( de rile-de- France). 14 frimaire, an 2, en mission
dans le département de TAin.
GoupiLLEAu (de Montaigut). 17 prairial, an 3, appelé
pour donner des renscignemens sur les objets de sa mis-
sion ; 14 messidor, an 3 , en mission.
GouPiLLEAU (deFontenay). 3 mars 1793, Commissaire
dans la principauté deSalm; 11 mars 1793 ,dans les dép.
de Loir et Cher, d'Indre et Loire , avec Taliien; 6 avril
1793 , adjoint aux Commissaires du dép. de la Vendée.
GossuiN. 10 mars 179} , remplace Lecjuinio près Tarmée
du Nord.
Grand-Fré. 27 floréal, an 3, à Lyon , avec Despinassy
et Poulain.
Grenot. 8 ventôse, an 3, en mission avec Castillon ; 14
ventôse , décret concernant ses pouvoirs.
GuERiN. 28 pluviôse, an 3^ en mission avec Borel ; it
prairial , an 3 , en mission ou remplacé. 17 messidor , en
mission avec Boursault et Diirand-Maillane.
GuESNO. 28 prairial , en mission avec Mathieu et Bodin ,
en Tan 3 ; ij thermidor, an 3, qui rapporte la disposi-
tion du 1 5 thermidor.
GuiLLEMARDET. 13 frimaire, en mission dans l'an 3.
envoyés tn mission. y4j
GuiLLERAULT. 22 germinal , an 3 « en mission.
GuiMBERTEAU 28 Vendémiaire , an 2, en mission <îans les
départ, de Loir et Cher , d'Indre et Loire j 16 frimaire,
an i , prè» l'armée des Côtes de Cherbourg , avec Jehon
et Phlieger.
GuFFROY. 13 mars 1793 , en mission à la place de Lom-
bard-Tachan.
GuYOT. 2 frimaire, an 2 , en mission près l'armée du Nord.
GuYARDiN. An 2, dans le départ, du Haut et Bas-Rhin.
GuFFROY (Florent). 25 frimaire, en 3 , en mission dans
divers départ. ; 25 nivôse, an 3, ses pouvoirs sont étendus.
Hemtz. 7 février 1793 , en mission près les frontières du
Centre, avec Fer y ; 4 octobre, an 2, en mission près
Tarmée du Nord et du dépaift. de la Vendée; 28 vendé-
miaire , an 2 , près Parmée des Ardennes , avec ^ô et
Coupé; 18 frimaire, an 2, à Dunkerque.
Hermamn. 13 brumaire , an a , en mission près les armées
du Rhin et de la Mozelle | avec Brauadot , Lamarre et
Lacoste ( du Cantal ).
HouRiER (C. Éloy ). 18 pluviôse^ an 3 , en mission.
HuMBERT. 16 frimaire, an 2, en mission dans les dépar-
temens de la Haute-Vienne.
Ja VOGUES. 20 juillet 1793, adjoint aux citoyens Revcr-»
chon et Laporte; 20 pluviôse, an a , rappelé de sa mis-
sion ; en mission dans le département de l'Ain.
Jacomin. 24 nivôse, an 3 , en mission dans les dép. envi-
ronnant Paris, avec Soulignac , Froger et Lequinio.
Jard-Panvilliers. 18 thermidor, an 3 , adjoint à Cochon.
Jarry. 7 pluviôse, an 3 , en mission avec Masson, Foul-
tier et Letourneur.
JsANBON'SAiMT-ANDRi. Mafs 1793 , dans le départ, du Lot
et de laDordogne, avec Lacoste; 4 octobre 179} ^ en
mission à Brest avec Prieur.
Jehon. 16 frimaire, an 2, en mission à l'armée de TOuest
avec Guimberteau et Phlieger.
Imgrand. 14 brumaire, an 2 ^ en mission dans les départ,
de la Haute- Vienne et de la Vienne ; 1 1 frimaire, an 2 ,
décret relatif à diverses imputations qui lui ont été faites.
JouBERT. 26 vendémiaire , an 3 , près les armées du Nord ,
Sambre et Meuse, avec Portier; 16 frimaire, an 3 , il
exercera sa mission près le quartier-géiéral de l'armée
et Sambre et Meuse.
•4
544 Députés dt U Con9tntîon
JouRDAK. A Marseille.
IsABEAU. Octobre 1793* en mission dans le départ, delà
Gironde avec Tallien ; 15 thermidor^ an 1, envoyé à
Bordeaux; 3 juillet 1793» piês l'armée des Pyrénées
orcidentales ; le 10 juillet, à Bordeaux avec Garreau,
Tallien et Beaudot ; en fructidor , en 3 , à Bordeaux.
IsNARD. 12 floréal, an 3, en mission; 19 âoréal,an 3,
décret relatif à sa mission dnns le départ, des Bouches-
du-Rhône; 23 Aoréal « an ^ , extension de ses pouvoirs au
département des Basses- Alpes.
IsoARD. 14 pluviôse, an 3, en mission avec Pépin.
IsoRi. 25 mars 1793 > dans les départ. delOise et Seine-
Inférieure; 1 août 1793, dans les départ, de Loire et de
l'Aine avec Collot ( ci*Herbois), Lequinio et Le)eune ; 9
septembre 1793 , près l'aimée duNord avec Drouet.
Julien, i août 1793 > en mission prés l'armée des Cotes
de Brest y avec Rulh et Meaulle. '
Lacombe (loseph). 14 germinal, an 3^ en mission avec
Blanqui et Periès.
Lacombe (St.-Michel). 15 prairial, an 3, en mission ou
en congé.
Lacoste. 26 Juillet 1793, remplace le citoyen Delcher ;
mars 1793 , dans les départ, du Lot etdela Dordogne ,
avec Jeanbon-Sajnt- André , dans le départ, de la Haute-
Loire avec Regnaud et Faure.
Lacoste (du Cantal). 1 3 brumaire , an 2, près les armées
du Rhin et delaMozelle^ avec Lemanne^ Baudot et
Ehrmann.
Lacoste (Elie ). 7 vendémiaire, an 3 ^ près la Manufac-
ture d'armes deTouI.
Lacroix ( d'Eure et Loire ). 29 août 1793 * ^*"® ^^^ départ,
de la Seine-Inférieure.
Laignelot. 18 frimaire, an 2, avec Lequinio; pourront
exercer leurs pouvoirs dans le départ, de la Vendée.
Lakaknal. 12 frimaire, ap 2, à Bergerac, auprès de la
Manufacture d'armes; 17 nivôse , an 2 , dans le départ,
de la Dordogne et environnans , est investi de tous les
pouvoirs dont sont revêtus les Représentans du Peuple ;
22 vendémiaire, an 3, nommé près l'Ecole normale
avec Sieycs.
Lamarre. 1 9 fructidor , an 3 , en mission avec Coupé
(des Côtes du Nord ) et Froger. Laport».
envoyés en mission. ^45
Laîorte. An a , en mission à Lyon ; an 3 , S Lyon.'
Laurence. 15 septembre 1793 ^ adjoint aux autres Rtfpré-
sentans prés Tarmée du Nord ; 24 germinal an } , en
mission.
Laur^çot. I pluviôse, an 3 , en mission ; 9 prairial , an
3, nouvelle mission.
Laurent X du Bas-Rhin ). 3 ventcse , an 3 , en mission dans
les départ, de Paris , voisins de Paris.
Laplanche. 28 vendémiaire , an 2 , sa conduite dans *le$
dépar?. de Loir et Cher, est approuvée, ses arrêtés' et
réquisitions coilfirmés; 7 brumaire, an 2, en mission
dans le Calvados ; 18 brumaire^ ^^ 3» '^^ caisses d'ar*
genteries déposées chez lui seront apportées au Comité.
des Inspecteurs de la Salle.
Lecarpentier. En mission dans les départ, de la Manche f
de nie et Vilaine et de la Côte d'Or.
Lebas. 2 août 1793 , près l'armée du Nord, avec Duques-
noy ; 2 1 août 1793 , il est rappelé.
Lebon. 9 août 1793, envoyé à Abbevîllc à la place de
Chabot ; 4 septembre , il est rappelé ; 17 vendémiaire ,
an 2, dans ledép. de l'Oise, pour rétablir Tordre à Beau*
vais , dans les départ, du Nord , Pas-de- Calait , Arras y
Cambrai , &c.
LEf EBvRE ( de Nantes). 4 ventôse, en mission avec Du-
bois (du Haut-Rhin) etTalot , an 3 ; 5 fructidor, an 3 ,
ses pouvoirs sont prorogés.
Lefiot. 27 frimaire, an 2 , dans les départ, du Cher et de
la Nièvre, avec Legendre (de Paris ;.
Lfgekdre ( de la Nièvre). 2 ventoic, an 3 , envoyé eH
mission.
LsGEKDRE ( de Paris ). 26 février 1793 , Commissaire à
Lyon ; 1 5 août 1793 , dans le départ, de ia Seine-Inférieure
avec Loucher; 6 septembre 1793, dans le même* départ.
avec Lacroix; 27 irimaire, an 2, dans les dép4rt. du
Cher et la Nièvre , avec Lefiot.
Legot. 24 frimaire , an 3 , dans !e départ, de la Manche ;
23 pluviôse, an 3, sa conduire dans le départ, de la
Manche est approuvée.
Leieuke. I août 1793 , dans les départ, de l*Oise et 1* Aisne»
avec Lequinîo, Collot d'Kerbois et Isoré.
Lemake. 1 3 bnuBaire, an 2 , près les armées ds Rhin et de
U Mozelie , avec Eàndoc et Hertsann.
Tom. FI. M m
546 Demies de la Conftntionl
Lbmoikb. I) rendémiaire, an 3 » dans les départ. Aejjonxt^
Haute Loire et de l'Ardèche, pour y surveiller les tra-
vaux de l'exploitation des mines et manufactures d'armes.
Leqitimio. 23 février 17939 Commissaire près les fron-
tières du Nord; 12 avril 1793 , nommé près les armées
avec Bellegarde , Cochon, Dubois - Dubay et Briez;
1 août 1793 9 ^"^ ^^ départ» de POise et de l*Âisne ,
avec Isoré ^ Collot d*Heibois et Lejeune; 7 septembre
1793 y dans le départ, de la Charente-Inférieure , avec
Laignelot ; 18 frimaire , an d , ses pouvoirs dans la Vendée
et le départ, de la Charente-lnféneure , avec Laignelot ;
24 nivôse » an 3 , dans les départ, voisins de Paris , avec
Froger , Soulignac et Jacomin.
Lbsterpt-Beauvais. a Toulon, an 1794.
Lbtellier. 8 frimaire , an 3 , en mission avec Robin et
Cledel.
Lbtgurmeur. 22 juillet 1793 , près Parraée du Nord , avec
Levasseur et Ricord ; 4 octobre 1793* dans le départ, de
l'Orne, pour prendre des mesures de salut public; 9 bru-
maire , an 2, il eft rappelé.
Letourmeux (deia Manche). 7 pluviôse, an 3, en mis*
sionavec Poultier, Mathieu et Jarry ; xo pluviôse, décret
concernant son envoi en mission ; 17 prairial , an j ,
délégué près le cajnp sous Paris , avec Thabaud.
Levasseur. 22 jû:!et 1793, P^^* l'armée du Nord; 20
septembre, rappelé avec Bentabolle ; 18 vendémiaire^
dans le département de TOise, à lap'ace de Lebon; dans
le dép. de la Meurthe avec Faure^ 6enevois et Mazade.
Levasseur ( de la Sarthe). 10 nivôse, an 5 , en mission
avec Alquier et Treilhard.
Legris. 3 septembre 1793 , rappelé de Toulouse.
LiNDET* 3 juin 1793, quoique Membre du Comité de
Salut public; il est adjoint aux Représentans près l'armée
des Alpes; 17 juin 1 7v3, rappelé de Lyon ; 22 juin 1793,
nommé Membre du Comité de Salut public; 18 juillet
1793 , dans le Calvados, avec Bonnet Monty et Durôi.
LoisEAU. 27 ventôse, an 3, dans les départ, voisins de
Paris , pour surveiller et assurer les approvisionnemens
de cette commune.
LosEAu. 17 ventôse, an 3 , en mission.
LoucHET. 15 août 1793, envoyé dans le départ, de la
Seine-lnfériourc avec Legendre (de Paris ); 6 septembre
envoyés •/> mission. 547
1793 , il est envoyé dans le départ, avec Delacroix et
Legendre (de Paris ).
Maignet. 6 juillet 1793 , envoyé à Lyon; dans le départ»
de Vauclttse.
Mailhe. X pIuviose,an 3 , envoyé en missioa; 1 5 germinal;
dans le départ: de la Côte d'Ôr , an 3 .
Mallarmé. 13 brumaire j an 2 , écrit avec Lacote de l'ar-
mée du Rhin et de la Mozelle; 27 vendémiaire, an 3 , est
rappelé 5 ses pouvoirs dans les départ, de la Haute-Ga-
ronne et du (jers, oîi il est avec Bouiilcrot , s'étendront à
celui du Tarn.
Mariette. En mission à Marseille.
Massieu. 17 juin 1793, près l'armée des Ardennes avec
Perrin et Csdès ; 25 brumaire, an 2, se rendra près
l'armée des Ardennes.
Mathieu. 18 mars 1793, à Orléans avec Bourbotte et
Delmas; 17 juin 1793, envoyé dans les départ, delà
Gironde , de Lot et Garonne , et autres circonvoisins ,
avecTreilhard; 20 juillet 1793 , ils sont rappelés ; 7 plu-
viôse , an 3 , en mission avec Letourneur , Jarry et Poul-
tier ; 8 pluviôse, an 3, rappelé de Tarmée d'Italie ; 28
prairial , an 3 , en mission avec Guesno et Bodin.
Mauldb. p inai 1793» dans le départ, de la Charente |
adjoint aux autres Députés.
Maure. 18 juillet 1793 , dans les départ, de Seine et Oise,
et autres circonvoisins , avecBonncval , Roux et Dubou*
chec; 5 fructidor, an 2, dans les départ, de Seine et
Marne, et de l'Aube, avec Godefroy.
Mazade. Dans le départ, de la Meurthe, avec Antoine
Lcvasseur, Faure et Genevois.
MIaulle. 20 juin 1793 , près l'armée du Nord; «4 juin
1793 y ^^^ ^^ départ, du Centre et de l'Ouest , avec Fau-
cher, Phelippeaux et Lavallé, pour faire prendre les
armes contre les Rebelles ; 1 août 1793 , près l'armée de
Brest, avec Ruelle et Juliicn; 18 frimaire, an 2 , envoyé
à Cherbourg , puis à Lyon ; 10 frimaire 9 an 2 , rappelé \ '
en mission dans le départ, de I Ain.
Meïllaud. I floréal^ an 3 , en mission avec Cazenave.
Menuau. 1^5 nivôse, an 3, en mission avec Dubots-Dubay
et Girot-Pousols.
Merlin <de Douay ). 17 prairial, an 3 , décret relatif aux
pouvoirs qui lui sont confiés dans le départ, du Nord ; 23
prairial ^ ses pouvoirs et ceux de Chambon sont étendus à
d^autres départemens, an 3. M z
j49 DipuUs'^t la Convention
AIljllin ( de Thionville ), 6 brumaire, an 3, envoyé aux
armccs du Rhin et de la Mozelle ; 23 germinal , an 3 ,
en misMon.
TVItRLiNOT. Dans le département de l'Ain.
MtYNARD. 27 germinal, an 3, en mission avec Gîroust et
Garnier (de l'Aube ) ; 27 floréal , an 3 , il lui est assigné
une noMvelIe destination.
MicBAUD. 14 vendémiaire, an 3, en mission avec Musset ;
extsp.sion de leuis pouvoirs aux départ, des Vo5=ges et de
Id Nièvre ; il est seul dans le départ, de la Meurthe.
IVIicHEL. 3 mars 1793 , commissaire dans la principauté de
^.i.m avecGoupiiieau et Couthon*
Michel (du Morbilun). 15 floréal, an 3 » est envoyé en
mission.
AIii HAUD. 2 nivôse , an 2 , près l'armée des Pyrénées oricn*
. talcs , avec Soubrany ( du Haut et Bas-Rhin )•
MoMESTiER. En mission dans Le dép. des Hautes-Pyrénées.
MoREAu. 28 fructidor , an 2 « près l'Ecole de de Mars avec
Bouillerot.
Musset. 14 vendémiaire, an 3, extension de ses pouvoirs
au départ, des Vosges et de la Nièvre ; 4 germinal , an 3 ,
il est envoyé en mission ; 29 messidor , an 3 , il est en-
voyé en mission. .
Kl ou. 25 germinal , an 3 , en mission dans les départ, de la
Charente- Inférieure.
]NiocHE. A Lyon en 1793; 16 vendémiaire, an 4, ses pou-
voirs sont prolonges.
OuDOT. 3 septembre 1793 , dans le départ, du Calvados.
Paganel. 21 brumaire, an 2, se rendra dans le départ, du
Lot, pour y épurer les autorités constituées. 19 nivôse ,
an 3 , envoyé en mission 5 28 vent. 3, an en mission avec
Gomaire-Dumas, Real , Kuault, Brunet ( de THérault )
et Boiîisieu ; 18 prairial , an 3 , il est rappelé avec Chau-
dron Rousseau.
Palusne-Champeaux. 2 ventôse, en 3, en mission avec
Topsent; 5 fructidor, an 3 , ses pouvoirs sont prorogés.
Patrin, 15 nivcse, an 3 , en mission avec Vcrnerey.
Pauchot. 13 juillet 1793, dans les départ, de la Seine-»
Inférieure et autres circonvoisins , avec Carrier.
Pelet ( de la Lozère ) . 18 germinal , an 3 , en mission.
PfiitETtER. 3 vqntose , an 3 , rappelé de sa mission.
Pémères. 28 germinal , an 3 , en mission ; 30 prairial , an
3 , ses pouvoirs font étendus à d'autre$ départ, ; 10 ther-
miclor» m 5^ îl se r^drg^ avec TabaiK » au aànp sous
Paris.
Pefin. 14 pluviôse, en mission avec Isoard.
l'BRRiM (des Vosges). 29 therfnidoi:,an 3 , en mission ; 17
juin 179} , pr& l'armée des Ardennes avec Massieu e€
Calés; 10 vendémiaire, ah 4 1 en mission avee Giroc-i
Pousols et Phliegcr.
Peries, 14 germinal, an 3 , dans les départ. avecBlanqui,
FayoUe et Joseph Lacombe.
Petit- Jean. 12 mars 1793 , en mission avecFaure.
Peyrès. 22 fructidor ,an 2 , dans plusieurs départ, du Mor-.
bihan et autres , avec Thtbeaudeau.
Peyssard, 2j juillet 179J f en mission près l'armée du
. Nord.
Phlieger. 16 frimaire, an 2, près Tarmée des Pyrénées
orientales avec Jehon et Guimberteau ; 10 vendémiaire,
an 4, en mission avec Perrin ( des Vosges) et Girot-^
Pousols.
PiERRET. 23 frimaire, an 3 , dans le départ, de la Haute*
Loite avec Alquier.
PiNET. 22 vendémiaire, an 2 , près l'armée de l'Ouest avec
Bourbotte , Francastcl et Turreau.
PiORY. 14 bruu maire, an 2 , dans le départ, de la Vienne.
Piquet. 21 ventôse^ en mission avec B6.
FocHOLLE. 30 ventôse» an 3 ^ en mission à Lyon; 25 et 26
thermidor , an 3 , en mission ou congé.
Pointe ( Noël ). 20 juin 1793 , à Saint-Etienne; 24 vendé-
miaire , an 2 , dans les départ, de la Nièvre et de l'Allier ;
a 8 frimaire, an 2 , dans le départ, du Cher ; 14 pluviôse ,
en 3 , en mission.
FoMMB. $ août 1793 , dans le départ, de l'Hérault avec
Servierre ; en mission à Marseille avec Charbonnier.
ÇpULTiER. 27 juin 1793 , dans les départ, des Bouches-du*
Rhône; pluviôse , an 3 , en mission avec Mathieu , Le-
tourneur et Jarry ; 18 floréal, an 3 , rappelé dans le sein
de la Convention ; 11 praiiial, an 3, en mission ou
remplacé.
PouLAiN-GRANDPRi. 27 florcal, an 3 , en mission à Lyon
avec Despinassy et Grandprey.
Porcher. 2 nivôse, en mission dans plusieurs départ. ; 12
. prairial^ an 3 , concernant sa mission ; 5 thermidor ^ an 3,
relatif à ses pouvoirs et ceux de Cazenave.
Portier. 26 vendémiaire,, an } ^ eii mission avec Joubcft.^
550 Difutis it ta Ctnpm^bn
prêt les «rmées du Nord et de Sambreee Bfèiiëe.
P&iEUR. 4 octobre 1793^ à Brest arec Jeanbon - Satot-
André ; 4 septembre, à Tannée de i'Oaest ayecHentz.
PiojEAV. 17 brumaire, an 3, ptès Tarmés des Pyrénées
orientales, avec Gouptlleau (de Fomenay >.
P&oftTE. 27 septembre 1 79 3 9 adjoint aux Uépatés en mîs-
siondans le Jura et départ, circonvoisios j en mars 1793»
cnToyé dans le départ, du Jura avec Léonard Bourdon.
QuiKETTE. En 1793 , envoyé près l'armée de Dumouriezj
avec Bancal, CaiLuset Drcuet.
RjLMEL. & pluv. an 3 ^ près les armées de Hothnde avec
Cochon ; !>/ thermidor | an 3 , envoyé dans la Hollande
et la Belgique.
RiAL» 28 ventôse,, an 3, en mission ou congé; 14 fruc-
tidor, an 3 , il est spécialement attacbé à l'armée des
Alpes avec Chiappe.
Retebcrq^. 17 août 1793, envoyé-dans différens départ.
avec Bissai , Bernard et Alquier, à Lyon ; dans l*an 3 , en
.mission à Lyon*
Reynaud. En 1793 ^ à Lyon; en mission dans le départ, de
la. Haute- Loire avec Lacoste et Faure.
Ricard. 22 juillet 1793 , eu mission près Tarmée da Nord
avec Levasseur et Leiourneur.
Richard. 2 ventôse , an 3 , envoyé en Hollande parle Co-
mité de Salut public ; son envoi est approuvé par la Con-
vention.
RicoRD. En mission à Marseille et à Toulon.
RiCBOu. 7 nivôse , an 3 , en mission avec Drulh ; 24 ger-
minal » an 3, en mission avec Besson et Olivier-Gérente.
Rivaux. 30 nivôse, an 3 , en mission.
RiTTBR. 20 fructidor, an 2 9 se rendra près les armées qui
lui acront indiquées, avec Vidal.
Robert ( de Paris). 6 floréal, an 3 , en mission; 28 février
Ï793 9 Commissaire-adjoint da-is leBrabant.
RoFERTjEOT. 4 nivosc, envoyé en mission en l'an 3.
RoBESPïERP E , jeune- En Tan 2 , à Marseille et à Toulon.
RoEiN. 8 frimaire , an 3 , en mission avec Letellier etCledeL
RoGER'Bucos. rç vendémiaire, an 3, chargé de surveiller
dans les dép. du Nord et de l'Aisne, la distribution deSL
secours en faveur des pîl^és incendiés par l'ennemi ; 30
bramaire , atî 3, envoyé dans les dépar. du Nord et de
TAisne.
RovÈRB. ^6 icvrier 1793 , en mission i Lyon»
€H90yis in mission. 5 fx
RouGBMOHt. 19 vendémiaire, an 3 • près Pétablissementde
de Meudon, avec Trelihard.
RouYBU. 26 germinal, an 3, nommé près la force armée
ebsployée à protéger l'arrivage des subsistances de Paris ;
16 vendémiaire 4 an 4, ses pouvoirs sont prolongés-, %
brumaire , an 4, il est rappelé.
Roux. x8 juillet 1793 , près l'armée des Côtes de Brest aveâ
Julien et Meaulle.
RuAULT. 28 ventôse, an 3, en mission avec Paganel,
Gomaîre, Dumas, Real, Brunet { de l'Hérault ) et
Boissieu.
RuEL. I août 1793, près le déparc, de Seine et Oise, avec
Maure et Dubouchct.
RuLH. 16 septembre 1793, en mission datts les départ, de
la Marne et de la Haute-Marne.
Saladim. 29 germinal, an 3 ^ en mission avec Delamarre
et André Dumont.
Salicsty.. 8 brumaire, an 2, près Tarmée sousToidon,
avec Barras et Fréron ; à Marseille.
Sauvé. 13 prairial, an 3, autorisé à se rendre à Ram-
bouillet.
Savarv. ; fructidor, an 3, en mission.
SsaviÈRES. 27 brumaires , an 3 , dans le départ, des Alpes-
maritimes et circonvoisins, avec François Cde la Sarthe );
23 fructidor, an 3 , envoyé dans le départ. duYar ; 6août
1793 » ^^^^ ^® départ, de l'Hérault, avec Pomme.
SiBYÈs. 22 brumaire, an 3 , nommé près l'Ecole normale ,
avec Lakanal.
Simon. 28 septembre 1792 , adjoint aux Commissaires de
Parmée du Midi ; 25 août 1793 , «nvoyé dans le Mont-
Blanc arec Dumas.
SouBRAMMY. Pçtobre 1793 , dans le>départ.de la Gironde,
avec Isabeau et Beaudot ; 2 ni vosç , onyoyé près l'arméa
des Pyrénées orientales avec Milbaud.
SouLiGMAC. 24 nivôse, an 3 , dans les départ» qui avoisinent
Paris, avec Froger, Léquinio et Jacominj 16 prairial,
an 3 , rétabli d^ sa mission avec Castillon et Cazenave ;
17 prairial, an 3, envoyé près le camp sous Paris, avel:
Letourncur. ( de la Manche ).
Tabaut. 10 thermidor, an 3 , se rendra au camp sous Paris
avec Pénières. .
TÀLLiEN. 1 1 mars 1793 , ^^"^ ^^ f^^P^^^:. d*Indrp , Ldne et
Cher; 23 août 1793 , dans les départ, de Lot et Garonne,
55* Députés de U CûHPtntioH tnlfayis tn mission,
la Dordogde et la Gironde, avec Gôûpîlieau ( de Foii'^
tenay ) ; en octobre 1793 , dans les départ, du Morbihan
et autres, avec Peyrès ; 1 3 mess.clor, ah }, décret relatif
à ses pouvoirs, dans les départ, de l'Onest, oii il est en-
voyé avec filad; 15 thermidor, an 3 , sa mission est
terminée.
Talot. 4 ventôse, en mission avec Dubois (du Haut-
Rhin ) et Letebvre (de la Loire-Inférieme ) , en Tan 3 ;
4 ventôse au 10 prairial, an 3 , il est rappelé.
Tellier. 26 fructidor, an 3 , en mission.
Thibaud. a6 fructidor , an 3 , envoyé en Hollande ; 28
fructidor , sci pouvoirs sont étendus à la Belgique.
Thibaudeau. aa fructidor , an 2 , dans Is départ, du Mor-
bihan et autres, avec Peyrts; 2 j fructidor, an 2, rappelé.
ToFSEMT. 2 ventôse, an 2, en mission avec Paiasne et
Chainpeaux ; le 17 thermidor , an 2 , le décret concer-
nant Topsent et Guesno est rapporté.
TrIouaud. 2J août 1793 , à Brest avec Bréard ; 20 juin ^
à POrient.
Treil«ard. 16 janvier 1793, dans la Belgique; 26 inarsv
rappelé; le 17 juin, dans les départ, de la Gironde et
Lot et Garonne^ avec Mathieu; 20 juillet, rappelé; 27
août , à l'armée du Nord avec Berlier ; 1 9 vendémiaire ,
an 3 , à Meudon avec Rougemont ; ic nivôse, an 3 , en
mission avec Alquier et Levasseur ( de la Meurthe ).
TuREAu. 24 Juin 1793, près l'armée desCoics de la Ro-
chelle; 2i vendémiaire, an ,2, prè« de TOuest, avec
Bouibotte , Carrier , Francastel et Pi.net.
Vardon. 4 ventôse, an 3, à Tlle Saint-Domingue, avec
Bourdon { de l'Oisfe et Giraut.
Varlet. 6 février 1793 ^ est rappelé de sa mission.
Verneret. En nivosé, an 2, en mission dans le départ.
' de l'Allier ; 15 nivôse , an 3 , en mission avec Patrin.
Vidal. 20 fructidor, an 2, se rendra, avec Ritter, près
les années qui leur seront indiquées; 14 nivôse, an 5 ^
' rappelé de sa mission.
ViENNET. 31 août 1793 , dans les départ; voisins de Paris
avec Courtois.
ViTET. 18 ventôse, en mission à Lyon avec Boissy d' An-
glas et Alqtiier ; 1795 , en congé.
Villers. 23 vendémiaire, an 3, se rendra à Brest et à
l'Orient avec Desrues.
LisU des Membres cU la Convention.
553
Liste des Membres de la Convention nationale j
* commencée le 9i Septembre 4792 , et Jinie
le 26 Octobre 1795 ( 4 Brumaire , an 4. }
Nota, Les Membres qui ont été de TAssemblée
législative sont désignés par une étoile au commen-
cement des lignes.
Albert , aîné , député
du Haut- Rhin*
*AIbite, de U Seine-Infé-
rieure.
Albite , jeune , de la Seine-
Inférieure.
Alboùy, du Lot.
Allafort, de la Dordognc.
Allain , du Cher.
Allard , de là Haute-Ga-
ronne.
Allassœur, du Cher.
Alquier, de Seine et Oise.
Amar , de Tlsère.
Amyon ,, du Jura.
Anacharsis { Ciootz ) , de
rOise;
Andrei^ de Corse.
Anthoine , de la Moselle.
Antiboul , du Var.
Antonelle , des Bouches-
du-Rhône.
Aoust , du Nord.
*Arbogast^ du Bas-Rhin.
Armouville, (J. B.) de la
Marne.
Arrighi , de Corse.
Tome VL
Artauld, duPuy^de-Dôme.
Aubry , du Gard.
Audouin, de Seine et Oise.
*Audrein, du Morbihan.
Aiiger , de l'Oise.
*Augui« dcsDeux-Sèvrei*
Ayral , de la Haute^-Ga*
ronne.
* Azema , de l'Aude.
Babfey , du Jura.
Baille , des Bouches-du-
Rhône.
Bailleul ^ de la Seine-In-
férieure.
Bailly-Juilly , de Seine et
Marne.
Balivct, de la Haute-Saône.
Ballade ^ du Gard.
Bàlland , des Vosges.
Balmain, du Mont-Blanc,
Bancal, du Puy-de-Dôme*
Bar , de la Moselle.
Barailon , de la Creuze,
Barbaroux , des Bouches*
du-Rhône.
Barbau - Dubarran , du
Gers.
N a
554
Barras , du Var.
Barrère-de-Vieuzac , des
Hautes-Pyrennées. '
Barety, des Hautes- Alpes.
Barrot^ de la Lozère.
Barthélémy, Haute-Loire.
Bassal , de Seine et Oise.
Batellier , de la Marne.
Baucheton , du Cher.
* Baudin , des Ardennes.
Baudot, de Saône et Loire.
Baudran , de l'Isère.
Baujard , d'Ille et Vilaine.
Bayle,(Pierre) dcsBouches-
du-Rhône.
Bayle , ( M. ] idem. » .
* Bazire, de la Côte-d'Or.
Bazoche^ de la Meuse.
Beauchamp-Chevalier, de
TAUier.
Beauchamp , idem,
Bcaugrard , de Tille et
Vilaine.
Beauprey , de l'Orne.
* Beauvais , de Paris.
Becker , de la Moselle.
Beftroy , de l'Aisne.
*Bélin , idem,
Bellegarde, de la Charente.
Belley, de St.-Domingue.
Bentabole, du Bas-Rhin.
Beraud, de Rhône et Loire.
Bcrgoints, de la Gironde.
Berlier , de la Côte-d'Or.
Berlucat, de Saône etLoire.
Bernard , de la Charente-
Inférieure.
Bernard-des-Sablons , de
Seine et Marne.
LisU dés Membres
Bernard - de - Sainte - Af-
frique, de TAveiron.
Bernier , de Seine et
Marne*
Bertezenc , du Gard.
Bertrand , du Càntal-
Bertucat , de Saéne et
Loire.
*Besson, du Doubs.
Bezard , de TOise.
Bidault^ de TEure.
Billaud-Varennes, de Paris.
Bion , de la Vienne.
Biroteau, des Pyrennces-
Orientales.
Bissy,jeune,delaMayenne.
Blad , du Finistère.
Blanc , de la Marne.
Blanval, du Puy-de-Dôme*
Blanqui^ des Alpes-Mari-
times.
Blaux^de la Moselle.
Blaviel , du Lot.
Blondel , des Ardennes.
Blutel , de la Seine-Infé-
rieure.
* Bô , de TAveyron.
Bodin , d'Indre et Loire.
*Bohan , du Finistère,
Boilleau , de l'Yonne.
Boiron , de Rhône et Loire.
Boisset , de la Drôme.
Boissier, du Finistère.
Boissieu , de l'Isère.
Boisson , dç S. Domingue«
Boissy-d'Anglas , de l'Ar-
dèché.
Bolot , de la Haute-Saône.
BoUct , du Pas-de-Calais.
de la Convention nattânaU.
555
Bonguyode , du Jura.
Bonnemain , de TAube.
Botinesœur , de la Manche.
Bonnet , de TAude.
Bonnet ^ du Calvados.
Bonnet, de la Haute-Loire.
* Bonn eval, delà Meurthe.
* Bonnier , de l'Héirault.
*Bordas, de la H. Vienne.
Borel, des Hautes- Alpes.
* Borie , de la Corrèzc.
Bornier , (Dutron) de la
Vienne.
Boucher -Saint- Sauveur,
de Paris.
Boucherau , de TAisnc. *
Boudin , de Tlndre.
Souillerot , de TEurc.
Bouquier , aîné , de la
Dordogne.
Bourbotte , de l'Yonne.
Bourdon 9 de l'Oise.*
Bourdon, (Léonard) du
Loiret.
Bouret , des Basses-Alpes.
Bourgain , de Paris.
Bourgeois, de la Seine-In-
férieure.
Bourgeois,d'£ure etLoire.
Boursault , de Paris.
* Bousquet , du Gers.
Boussion, de Lot et Ga-
ronne*
Boutroue , de la Sarthe.
Bouygues , du Lot.
Boyaval , ( Laurent ) du
Nord.
Boyer - Fonfrède , de la
Gironde.
Bozy, de la Corse*
Bresson , des Voges
*Bréart , de la Charente*
Inférieure.
Briez , dti Nord.
* Brissoft , Loire et Cher.
* Brissot , de l'Eure.
* B rival , de la. Corrèssel •
Brin, de la Charente
Brué i, dn Morbihan.
Brunel , de 1 Hérault. '
Burot,. du Pas-de-Calali.
Buzbt , de L'Eure. .>
Cabarot , de Lot et Ga-
ronne.
Cadroy, des Landei*^' ■►
Caila , du Lot. :i^
Calés, de la Haute "^Ga*
.rodne. ' » ' *
Calon , de l'Oise.
Cambàcérès, de FH^iwilt.^
* Cambon , idem. •* ?
Camboire , de la Dtk-i
dogne.
Cathbouiàs, de F Aveyrofa/
Camille -Desmoulins, do
Paris. ... ;î V
Campmas , du Tarn. i
Campmartin , de l Arriègc;
Camus , de la Haute-Loiïc.
* Cappin , du Gers, ! >
Carelly , flu Mont-Blanc.
* Carnot,duPas-de-Galais^
* Carpenticr , du Nord. "^
Carra , de TOrne. ■ •
* Carrier ,. du, Cantal. ' ♦
Casabianca , de Corse.
Caseneuvé , des Hauteâr
Alpes.
N n 2
156
*' Liste des Membres .
Caseneuve , des Baises-
Pyrcnnées.
Cassanyei , des Pyrennées-
Orientales.
Castainy , de TOrne.
Castilhon , de THérault.
Cavaignac , du Lot.
Chabanon, (Bertrand) du
Cantal.
Chabot, de Loîre-et-Cher.
Chaillon , de la Lpire-In-
. fiérieure.
Châles ^ ( Lambert ) d*£ure
et Loire.
Chambon, de la Corrèze.
Chambon-Latour^duGard.
Chambord , de Saône et
Loire.
Champeaux ^ de la Côte-
du-Nord.
Champigny , d'Indre et
Loire.
Champmartin , de * TAr-
riège.
Chanvier, de la H.-Saône.
charbonnier , du Var.
Charlier , de la Marne.
iCharrel , de l'Isère ,
Qhassct , de Rhône et
.„ Loire.
Châteauneuf-Randon , de
la Lozère. ^
Chatelin, de TYonne.
* Chaudron-Rousseau, de
la Haute Marne.
Chauraont , d'IUe et Vi-
laine.
Ghauvier , de la Haute -
Saône.
chauvin, des Deux-Sèvres.
Chazal , du Gard.
* Chazaud , de la Cha-
rente.
Chedanneau , idem.
Chenier, de Seine et Oise.
Cherrier , des Vosges.
Chevalier , de l'Allier.
Chiappe , de la Corse.
* Choudieu , de Maine et
Loire.
Christiani, du Haut-Rhin.
Clausel , de TArriège.
Claverie , de Lot et Ga-
ronne.
Cledèl , du Lot.
Cochet , du Nord.
Cochon, des Deux-Sèvres.
Colaud la Salcette , de la
Drôme.
CoHot-d'Herbois, de Paris.
Collombel , de la Meurthe.
Colombel , de l'Orne.
* Condorcet , de l'Aisne.
Constant, ( Saint-Estève )
de l'Arriège.
Gônte, des B.-Pyrennées
^■Corbel, du Morbihan.
Cordier , de Seine et
Marne.
Corenfustier , de l'Ar-
dèche.
Cosnard , du Calvados.
Couhey , des Vosges.
Coupard , des Côtes-du-»
Nord.
* Coupé , de l'Oise.
Couppé ; de la Côte-du-
Nord.
de la Convention nationale.
m
Coutî«on-Dumas , de la
Creuzc.
* Courtois , de l'Aube.
Coustard , de la Loire-
Inférieure.
* Couthon , du Puy-de-
Dôme.
* Couturier ^ de la Moselle.
Crassous^de laMartinique.
Creuzé, de la Vienne.
Creuzé - Latouche , de la
Vienne.
Crevés , du Var.
Crévélier, de la Charente.
* Curée , de l'Hérault.
Cusset, de Rhône etLoire.
Cussy , du Calvados.
Dabray, des Alpes mari-
times.
Danjou , de l'Oise.
* Dameron^ de la Nièvre.
Dandenac , Faîne , de
Maine et Loire.
Dandenac , jeune , idem.
Dange , de l'Aube.
Danton , de' Paris.
Daoust, (Jean-Marie) du
Nord.
Dartigoyte , des Landes.
Dauberménil , du Tarn.
Daunou^ du Pas-de-Calais.
Dautrjche, de la Charente-
Inférieure.
David , de Paris.
David , de TAube.
Debourgcs, de la Creuzc.
Dechezeau , de la Cha-
rente- Inférieure.
*Dcbry,(Jean) de TAisne.
Defermon,d'Ifle etVilainé.
Defrance , de Seine et
Marne.
Dehouliere , de Maine et
Loire.
Delahaye , de ......
Delaportc, du Haut-Khïti.
Delaunay, jeune , de Maine
et Loire.
Delaunay-du-Pcrret , des
Bouches-du-Rhône.
Delacroix, (Charles) de la
Marne.
^' Delacroix , d'Eure et
Loire. .
Delagueulle , du Loiret*
Delamarre , de l'Oise.
Delaplanche, de la Nièvre.
*Delaunay, de Maine et
Loire.
Dcibrel, du Lot.
Delcasso , des Pyrennéeft-
Orientales.
* Delcher d« la Haute -
Loire
Dcleage , de l'Allier.
Delecloy , de la Somme*
Deleyre , de Befe-d'Ambct
Delleville , du Calvados.
* Delmas , de la Haute-
Garonne.
Del tel , du Tarn'.
Denis-Roy -, de Seine et
Loire.
Dentzel, dn Bas-Rhin.
Dequence , de la Somme.
Derazey, de ITndrc.
Derbez-Latour, des Basies- .
Alpes.
Nn 3
558
Liste des
Desacy , de la Haute-
Garonne.
* Descamps , du Gers.
Dei»grouas - la - Prise , de
rOrne.
* Despinassi , du Var.
Desrozieres ^ dEure et
Loire.
Desrues . de Paris.
Deviri , de la Charente.
Devcrité ,. de la Somme.
Deville , de la Marne. '
* Deydicr , de TAin.
DizcA^ des Landes.
Doublet , de la Seine-
. Inférieure.
Douge, de l'Aube.
'Doulcet , ( Pontecoulan )
du. Calvado's. !
Dornierdela Haute-Saône.
Drouet , de la Marne.
Drulhe , de la Hautcr
Garonne.
Dubignon , dllle et Vi-
laine.
Duboë , de TOrne.
Dubois, du Haut-Rhin.
Dubois-Bdiegarde , de la
Charente.
* Dubois - Dubais , du
Calvados.
Dubois - de - Crancé , des
. Ardennes.
Dubois, (Julien) deTOrne.
Dubouchet, de Rhône et
Loire.
Dubouloz , du Mont-Blanc.
* Dubreuil - Chambartcl ,
des Deux- Sèvres»
Membres
Dubrœucq, du Pas-de-
Calais.
Dubusc, de TEure.
Duchistel , du Calvados.
Duchezeau, de la Charente-
Inférieure
Ducos , aîné, des Landes.
* Ducos , de. la Gironde*
Dufay, de St. Domingue.
DuflFriche-Valazé , du
Dugenne, du Cher.
Dugué-Dassé , de l'Orne.
* Duhem , du Nord.
Dulaure, du Puy-de-Dôme-
Dulier , de l'isàre.
Dumas , du Mont-Blanc.
Dumont , du Calvados.
Dumont , de la Somme.
Dupin , le jeune , de
TAisne.
Duplantier, delà Gironde.
Duperret , des Bouches-
du-Rhône.
Dupont , jeune , d'Indre
et Loire.
Dupont , des Hautes-Py-
rennées.
Duport , du Mont-Blanc.
Duprat , des Bouches-du-
Rhône.
Dupuch , de la Guade-
loupe.
Dupuis , de Seine et Oise.
* Dupuis , fils , de Rhône
et Loire.
*Duquesnoy, du Pas-de-
Calais.
Durand - Maillanne , des
Bouches-du-Rhône.
Durocher , de la Mayeime-*
Duroy , de l'Eure.
Duruy, de Seine.
Dussaulx , de Paris.
Dutrou r de la Vienne.
Duval , de TAube.
Duval , d'Ille et Vilaine.
Dyzez , des Landes»
Edouard , de la Côte-d'Or.
Egalité , (Joseph duc d'Or-
léans ) de Paris.
Ehrmann , du Baâ-Rhin.
Engerran, de la Manche.
Enjubault, delà Mayenne.
Enlard, du Pas-de-Calais.
* Eschasseriaux , Taîné , de
la Charente-Inférieure.
Eschasseriaux , jeune , de
la Charente-Inférieure.
Escudier , du Var.
Esnue - Lavallée , de la
Mayenne.
Espert, de TArriège.
Estadens, de la Haute-
Garonne.
Ezmard , ( J. ) du Bec-
d'Ambés.
Fabre . des Pyrcnnécs -
Orientiiles*
Fabre - d'Eglantiite , de
Parii«
Fauchet , ( Tabbé ) du
Calvadoi.
Faure, de la HamU-Iahic,
Faurc, de la Seine -loié-
rieure.
Faurc , de h Creuze.
Fauvre - labruiierie , d«
Cher.
de la ConvetUiûn nationale» 5^9
Fayau , de la Vendée*
* Fayc , de la Hauti-
Vienne.
FayoUe , de la Drômc..
Ferrand , de lAin.
Ferraud , des Hautes*
Pyrennées.
Ferroux - de - Salin , du
Jura.
Fery , des Ardenne».
Finot , de l'Yonne.
* Fiquet ,. de l'Aisne.
* Fleury , des Côtes-du-
Nord.
Florence - Guyot , de b
Côte-d'Or.
Fochcdey, du Nord.
Forestier , de l'Allier.
Fores t , de Khône et
Loire*
Earîcher» de Loire- In£é«
rieure.
Fouchc, de la Loire-Infér
rieure.
Foucher , du Cher.
Fourcroy, de Paris.
Fourmy , de rOrnc.
Fournel , de Lot et G^
ronne«
Fournier , de Rhôtie et
Loire,
Foui$edoire , de Loire et
Cher.
Francastel , de 1 Eure.
VftfK^oh de la Somme.
* Frecîne , de Loire
Cher.
Fremenger , d'Eure
JU^irc^
N a 4
et
et
56ô
Liste des Membres
Fréron., de Paris.
Froger , de la Sarthe.
Gaillard , du Loiret.
Gamon , de rArdèchc.
Gantois , de la Somme.
Gardien , de llndre et
Loire.
Garilhe , de TArdèche.
Garnier , de lAube.
Garnicr , de la Charente-
Inférieure.
Gafnier , ( Antoine ) de
la Meuse.
Garnot, de St.-Domingue.
Garos , de la Vendée.
* Garan-de-Coulon , du
. Loiret.
Gatrau, de Bec-d'Ambès.
* Gaston , de TArriège.
* Gaudin , de la Vendée,
Gaultier , jeune , des
Côtes - du - Nord.
Gauthier , de l'Ain.
* Guai - Vernon , de la
Hartite-Vienne.
*Gelin,de Saône et Loire.
Genevois, de l'Isère.
Genin, du Mont-Blanc.
Génissieu , de l'Isère.
Gensonné, delà Gironde.
* Gentil , du Loiret.
Gentil , du Mont-Blanc.
Geoffroy, jeune, de Seine
et Marne.
Gérard - Ï>esrivière5 , de
l'Orne.
Gérente , (Olivier) de la
Drôme.
Germinac , de la Corrèze.
* Gertoux , des Hautcs-
Pyrennées.
* Gibergues , du Puy-de-
Dôme.
Gillet , du Morbihan.
Girard , de l'Aude.
Girard , de la Vendée.
Giraud , de la Charente-
Inférieure.
Giraud, de l'Allier.
Giraud , des Côtes - du -
Nord.
Girot-Pouzol , du Puy-
de-Dôme.
Gleizal , de l'Ardéche.
Godefroy , de l'Oise.
Gomaire , du Finistère;
Gorsas , de Paris.
Goujepn , de Seine et
Oise.
Gouzy , du Tarn.
Goudclin , des Côtes-du-
Nord.
Gouly, de l'Isle-de-France.
* Gossuin , ( Eugène ) du
Nord.
* Goupilleau-de-Fontenay,
(J.F.) de la Vendée.
Goupilleau-de-Montaigu ,
(P.C.) idern.
Gourdan , de la H.-Saône.
Goyer-la-PIanche , de la
Nièvre.
* Granet , des Bouches-
du-Rhône.
* Grangeneuve , de la
Gironde.
* Grégoi re , ( H. ) de Loire
et Cher.
de la Convention nationale'
Grcnot , du Jura.
* Grosse-du-Rocher, de
la Mayenne.
Guchan , des Hautes -Py-
^rénnées.
* Guadet, de la Gironde.
* Guérin , du Loiret.
Guermeur, du Finistère*
Guezno , idem,
Guiter , des Pyrennées-
Oricntales.
GuflFroi, du Pas -de- Calais.
Guîllerault, de la Nièvre.
Guillemardet , de Seine
et Loire.
Guillermin , de Seine et
Oise.
Gumcry, du Mont-Blanc.
Guimberteau, de la Cha-
rente.
Guîot , ( Florent ) de la
Gôte-d'Or.
* Guyton-Morveau , de la
Côte-d'Or.
Guyardin , de la Haute-
Marne.
* Guyes de la Creuze.
Guyet-Laprade , de Lot et
Garonne. -
Guyomar, des Côtes-du-
Nord,
Hardy , de la Seine- Infé-
rieure.
Harm^nd , de la Meuse.
* HaussiAann , dé Seine
et Oise.
Havin , de la Manche.
Hecqiiet , de là Seine-
Inférieure.
55i
du
* Henri - Larîvière ,
Calvados.
Hcntz , de la Mozelle.
Hérard , de l Yonne.
* Hérault - Séchelle , de
Seine et Oise.
Himbert , de Seine et
Marne.
Hourier-Ëloi^de la Somme,
Hubert, (Michel) de U
Manche.
* Huguet , de la Creuze*
Humbert , de la Meuse.
* Ichon , du Gers.
* Ingrand de la Vienne*
* Isnard , du Var.
Isoré de TOise ,
Izoard, des Hautes-Alpes.
Jac , du Gard.
Jacob , de la Meurthe.
Jacomin , de la Drôme.
*Jagot , At l'Ain.
* Jard - PanVillier , des
Deux -Sèvres.
Jarry , de la Loire - Infé-
rieure.
Jaurand , de la Creuze.
Javogues , fils , de Rhône
et Loire.
* Jai ( de Sainte-Croix ) ,
de la Gironde.
Jean-Bon (Saint-André) ,
du Lot.
eannest , de TYotitie.
ohannot^ du Haut-Rhin,
orrand , de la Crcuzé. •
oubert , de THérault. ■
ouenne , ( Longchamps)
du Calyados.
56t
Liste des Miinbra
onrdan , de la Nièvre.
^ ouve, du Puy-de-Dôme.
^ ullien , de la Drôme.
[ ullien ( de Toulouse ) ,
du ....
Julien , (Jean) de la Haute-
Garonne.
Karcher , de la Mozelle.
Kersaint, de Seine et Oise.
Kervelegan , du Finistère.
Laa ^ des Basses-Pyrennées.
* Laboissière , du Lot.
Lacaze, &k , de la Gironde.
Lacombe , de Laveyron.
locombe-Saint-Michel, du
Tarn.
* Lacoste , du Cantal.
Lacoste , ( £lie ) de la
Dordogne.
Lacrampe , des Hautes-
Pyrennées.
Ladrise , de TOrne.
JLacroix, de la H. Vienne.
Lafond , de la Corrèze.
* Laguyre , du Gers.
Laignelot , de Paris.
Lakanal , de TArriège.
Laloue , du Puy-de-Dôme.
Laloy, de la Haute-Marne.
Lalande , de la Meurthe.
Lamarque,delaDordogne.
* Lambert , de la Côte-
dOr.
Lanjuinais , de rille et
, Vilaine.
Lanot , de la Corrèze.
Lanoue, du Puy-de-Dôme.
Lanthenas , d« Rhône et
Loire.
* Laplaigne , du Géra*
Laporte r du Haut-Rhin.
Laroche , du Lot et Ga-
ronne.
* Lasource , du Tarp.
Laurence , de la Manche.
Laurenceot ^ du Jura.
Laurent, des Bouches-dur
Rhône.
Laurent , de Lot et Ga-
ronne.
Laurent , du Bas- Rhin.
Lavicomterie , de Paris..
Leblanc > des Boùches-da-
Rhône.
Lebon , dut Pas-derCalais»
* Lebreton , d'Isle et Vi-
laine.
Lecarlier » de TAisne.
Lecarpentier,cfe laManche.
Leclerc, de Loire et Cher,
* Lecointre , de Seine et
Oise.
* Lecointe - Puyravaux ,
des Deux-Sèvres.
Lecomte , de la Seine-In-
férieure.
Lefebvre , de la Loire-In-
férieure.
Lefebvre , de la Seine-In-
férieure.
Lefiot , de la Nièvre.
Lefranc , des Landes.
Legendre , de la Nièvre^
Legendre , de Paris.
Legot , du Calvados.
Lehardy, du Morbihan^
Lehaut , de la Sarthe.
Lejeune , de l'Indre ».
de la Cûnvention nationale.
56J
Lejeunei (René-François)
de la Mayenne.
Lemaignan , de Maine et
Loire.
* Lemailhaud , du Mor-
bihan.
Lemane , du Mont-Ter-
rible.
* Lemoine, de la Manche.
Lemoine, (de Vernon)de
la Haute-Loire.
Lemoine , du Calvados.
Lepage, du Loiret.
Lcpelletier-Saint-Fargeau ,
des Vosges.
Lequinio , du Morbihan.
Lesage, d'Eure et Loire.
Lesage-Senault, du Nord.
Lesterp-Beauvais , de la
Haute-Vienne.
Letourneur , de la Sarthe.
* Letourneur , de la Man-
che.
Levasseur , de la Meurthe.
Lievasseur , de la Sarthe.
Leyris , du Gard.
Lidon , de la Correze.
Lindet , de l'Eure.
*Lindet, (Robert) idem.
Lion , des Isles-du-Vent.
Littée , idem.
Lobinhes , aîné , de TA-
veyron.
Loflficial, des Deux-Sèvres.
Loiseau , d'Eure et Loire.
Lombard - Lachaux , du
. Loiret.
Lonchamp, du Calyados.
Lomont , idem.
Loncle , des Côtcs-dti-
Nord.
Lonqueiîe,d'Eure etLoire,
Louchet , de TAveyron,
Louis , du Bas - Bhin.
* Louvet , de la Somme.
* Loysel, de l'Aisne.
Lozeau , de la Charente-
Inférieure.
Ludot , de l'Aube.
Magniez, du Pas-de-Calaîs.
* Maignjen, de la Vendée,
* Maignet , du Puy-de-
Dôme.
* MaiJhe , de la Haute-
Garonne.
Mailly, de Saône et Loire.
Mainvielle, des Bouches-
du Rhône.
Maisse , des Basses- Alpes.
* Mallarmé , de la Meurthe.
Mallet, du Nord.
Manuel , de Paris.
Maragon , de TAudc.
Maras , d'Eure et Loir.
Marat , de Paris.
Marbot , de la Drômc*
Marcoz , du Mont-Blanc.
Marec , du Finistère.
Marcy , jeune , de la Côte-
d'Or.
Maribon , ( Montant ) du
Gers.
Mariette , de la Seine-
Inférieure.
Marin , du Mont-Blanc.
Marquis , de la Meuse.
Martel , de l'Allier.
^arvejoub, du Tarn.
et
et
564 Liste des
Martin , de la Somme.
Martineau , de la Vienne.
Martinel , de la Drôme.
Massa , des Alpes - Mari-
times.
Massieu , de TOise.
* Masuyer , de Saône
Loire.
Mathieu , de TOise.
Mauduyt , de Seine
Marne.
Maulde , de la Charente.
Maure 5 aîné, de l'Yonne.
Maurel , d'ille et Vilaine.
Mazade , de la Haute-
Garonne.
MeauUe , de la Loire-
fcrieure.
Meillan , des Basses - Py-
rennées.
Méjansac , du Cantal.
Meliinet , de la Loire-
Inférieure.
Menesson, des Ardennes.
Menuari , de Maine et
Loire.
Mercier , de Seine et Oise.
* Merlin- de -Thionville ,
de la Mozelle.
Merlin - de - Douai , du
Nord.
Merlino , de l'Ain.
Meyer , du Tarn.
Meynard,delaDordogne.
* Michaud , du Doubs.
Michel , de la Meurthe.
Michel , du Morbihan.
Michet, de Rhône et Loire.
Millard , de Saône et Loire.
Membns
Mills , de St. Domîngnei
Milhaud , du Cantal.
Mirande , idem.
Mollet , de l'Ain.
Mollevaud, de la Meurthe.
Moltedo , de la Corse.
Monel, de la Haute- Marne.
Monestier, du Puy-de*
Dôme.
* Monestier, de la Lozère^
* Monnot , du Doubs.
Montégut, desPyrennées-
Orientales.
Montgilbert, de Saône et
Loire.
Montmayou , du Lot.
Mot'eau , de Saône et
Loire.
Moreau , de la Meuse.
Morin, de l'Aude.
* Morisson , de la Vendée.
Moulin , de Rh. et Loire.
Moycsset, du Gers.
* Musset , de la Vendée.
Neveu , des Basses - Py-
rennées.
Nioche , d'Indre et Loire.
* Niou , de la Charente-
Inférieure.
Noally, de Rhône et Loire.
Noël , des Vosges.
Nogueres, de Lot et Ga-
ronne.
Obelin , d'ille et Vilaine.
Opoix, de Seine et Marne.
Osselin , de Paris.
* Oudot, delaCôte-d'Or.
* Paganel , de Lot et Ga-
ronne.
de la Convention nationale.
56S
Palasme , des Côtes-du-
Nord.
î Panis , de Paris.
. Payne , (Thomas ) du Pas-
de-Calais.
Patrin , de Rhône et Loire.
Pechina^desHautes- Alpes.
Pelé , du Loiret.
Pelet , de la Lozère.
Pelletier , du Cher.
Fellissier , des Bouches-
du-Rhône.
Pémartin , des Basses-Py*
rennées.
Penières, de la Corrèze.
Pépin , de Flndre.
Perard, de Maine etLoire.
Pérès , de la Haute - Ga-
ronne.
Periez , de l'Aude.
Perrin , des Vosges.
Perrin , de TAube.
Personne , du Pas-de-
Calais.
Pétion , de Paris.
Petit , de TAisne.
Petitjean , de l'Allier.
Peyre , .des Basses-Alpes.
Peynard , de Maine et
Loire.
Peyssard, delaDordogne.
Pflieger , aîné , du Haut-
Rhin.
Phelippeaux, de la Sarthe.
Picqué , des Hautes - Py-
rjennées.
Pierret , de l'Aube.
Piette , des Ardennes.
Pilastre , Maine et Loire*
Pinel , de la Manche.
* Pinet , aîné , de la Dor-
dogne.
* Piorry , de la Vienne.
Plaichard-Cholière, de la
Mayenne.
Plazanet, de la Corrèze,
PochoUe , de la Seine-
Inférieure.
Pointe, (Noël) de Rhône
et Loire.
* Poisson, de la Manche.
Pomme , de la Guyanne-
Française.
Pons, (de Verdun) de la
Meuse.
Porcher , de l'Indre.
Portiez , de l'Oise.
Pottier, d'Indre etLoire.
Poulain , de la Marne.
Poulain- Grand- Pré , des
Vosges.
Poulticr , du Nord.
Précy , de l'Yonne.
Pressavin , de Rhône et
Loire.
* Prieur , de la Côte-d'Or.
Prieur , de la Marne.
Primordièrcvde la Sarthé.
Privât- Garilhe, de l'Ar-
déche.
Projean, de la Haute-Ga-
ronne.
Prost , du Jura.
Prunelle - de - Lierre , de
l'Isère.
Qu«inec , du Finistère,
* Quinette , de l'Aisne.
Quiot , de la Drôme.
566
Liste des Membres
Quîrot , du Doubs.
Rabaud-Saint-£tienne , de
TAube.
Rabaud , du Gard.
Bafiron, de Paris.
Rameau , de la Côte-d'Or.
Ramel-Nogaret^ de T Aude.
Real , de Tlsère.
Rébecqui , des Bouches-
du-Rhône.
Regnaud , de la Manche.
Reguis , des Basses-Alpes.
Réveillcre - Lcpanx , de
Maine et Loire.
Revelle ^ ( le comte ) de
Seine-Inférieure.
♦Reverchon, de Saône et
Loire.
Rewbell , du Haut-Rhin.
* Reynaud , de la Haute-
Loire.
Ribereau , de la Charente.
Ribet , de la Manche.
Riboucher , de Rhône et
Loire.
* Richard , de la Sarthe.
Richaud vde Seine et Oise.
Richoux , de 1 Eure.
Ricord , du Var.
* Ritter , du Haut-Rhin.
Rivaud , de la Haute-
Vienne.
* Rivery , de la Somme.
Rivière , de la Gorrèze.
Roberjot , de Saône et
Loire.
Robert - Lindet , de la
Haute-Marne.
Robert , de Paris.
Robert, des Ardeimes.
Robespierre , jeune , de
Paris.
Robespierre , aîné , ideM*
Robin , de TAube.
Rochegude , du Tarn.
* Rommcf, ( Gilbert) du
Puy-d«-Dôme.
Rouault , du Morbihan.
* Roubaud , du Var.
Rougemont , du Mont*
Terrible.
Rougier , de la Haute-
Loire.
Rovére , des Bouches-du-
Rhône.
Rousseau , de Paris.
Roussel , de la Meuse.
Roux, de TAveyron.
Roux, de la Haute-Marne.
* Roux - FaziUac , de b
Dordogne.
Rouyer, de THérault.
Rouzet , de la Hautes-
Garonne.
Roy , de Seine et Marne.
Royer , de l'Ain.
* Ruamps , de la Charente*
Inférieure.
Ruault , de la Seine-In-
férieure.
Rudel, du Puy-de-Dôme.
Ruelle , d Indre et Loire.
* Ruhl ; du Bas-Rhin.
Saint-Martin, de TArdèche.
Saint-Martin-Valogne , de
l'Aveyron.
Saint-Prix , de TArdèche,
* Salàdin, de la Somme.
lie la Convention naliçnate.
i^l
i Saliçetti^ de la Corse.
Salles , de la Meurthe.
Salle, da Lot.
Salleles , idem.
* Sallengros , du Nord.
» * Salmon , de la Sarthe.
Saurine , de l'Aude.
* Sautayra , de la Drôme.
* Sautereau , de la Nièvre.
Sauvé , de la Manche.
Savary , de l'Eure.
Savournin , ( Marc- Ant. )
des Basses-Alpes.
Scellier , de la Somme.
Seconds , de l'Aveyron.
Seguin , du Doubs.
Sergent , de Paris.
Serre , des Hautes-Alpes.
Serres , deJ'Isle-de-Francc.
Scrveau , de la Mayenne.
Servières^ de la Lozère.
Servonat , de l'Isère.
Sevestres, d'IUe et Vilaine.
* Siblot , de la Haute-
Saône.
Sieyes , de la Sarthe.
Sillery , de la Somme.
Simon ^ du Bas-Rhin.
Solemiac , du Tarn.
* Soubrany , du P.uy- de-
Dôme.
Souhait, (Julien) des
Vosges.
Soulignac , de la Haute-
Vienne.
Taillefer , de la Dordogne.
Tallien, de Seine et Oise.
Talot , de Maine et Loire«
T^veau , du Calvados.
* Tavemel , du Gard.
Tellier, de Seine et Marne.
Terrât , du Tarn.
Texier , de la Creuze.
Thabaud , de l'Indre. .
Thibaudeau , de la Vienne.
Thibault , du Cantal
Thierriet , des Ardehnes.
Thirion , de la Moselle.
Thomas , de Paris.
Thomas , de l'Orne.
* Thuriot , de la Marae«
Tocquot , de la Meuse.
Topsent , de l'Eure.
Toulouse , de l'Ardèchc.
Tournier , de l'Aude.
Trehouart,d'Ille etVilainc.
Treilhard , de Seine et
Oise.
Triboulat , du Tarn.
TruUard, de la Côte-d'Or.
Turreau , de TYonne.
Vadier^ de PArriège.
Valdruche , de la Haute*
Marne.
Vallée , de l'Eure.
Valadi , de l'Aveyron.
Vardon , du Calvados.
Varlet, du Pas-de-Galaîs.
Vasseur , de la Somme.
Veau, d'Indre et Loire.
Venaille, de Loire et Chçr.
Venard, de Seine et Oise.
VerdoUin , des Basses-
Pyrennées.
* Vergniaud , de la Gi-
ronde.
Vernier , du Jura.
Vermon , des Ardennes«
568
Liste des Membres de la Convention,
du Doubs.
* Verncrey ,
Vigée , du ... .
Villcitc , ( Charles ) de
rOise.
Villctard , de TYonnc.
Vidal, des B.-Pyrcnnées.
Vidalin , de T Allier.
'» Vidalct , de Lot et Ga-
ronne.
* Viennet , de 1 Hérault.
Vigneron , de la Haute-
Saône.
Vîllars , de la Mayenne.
Villers, de la Loire-Infé-
rieure.
Vincent , de la Seine
Inférieure.
Vinet , de la Charente
Inférieure.
Viquy, de Seine et Marne
Vouland , du Gard.
Wanderlincourt , de h
Haute-Marne.
Yger , de la Seine-Infé-
rieure.
Ysabeau , d'Indre et Loire.
Zangiacomi , &ls , de h
Meurthe.
Fin du Tome VI.
^^
^A ^i
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